EE En pd ne PRÉSENCE Jap red) vaeg ppt se Le Run tré : da dope, ia ue re nee é à eh ac Pénd pris a : : RE x rs en . , Sd PU ue Bts mn nt ie De PT agé D = . ESA va Er ret ms Fr Faim ed ré nd à és au ee NE Pie get ten spot Gi + es + © LS Noel SFR étre pe RSR RTE BARESIRRE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE BULLETIN DE LA Wciété Nationale d'Acclinatation de Francs FONDÉE LE IO FÉVRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE Par Décret du 26 Février 1855 ANNÉE 1911 CINQUANTE-HUITIÈME ANNÉE LIBRART KEW YORK HY}T ANICAË. SEA UNE PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 39, RUE DE BUFFON, 93 AM ationale d'Acelimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58e ANNÉE * JANVIER 1911 SOMMAIRE = _ Organisation pour 1911 : Conseil, Commissions. ÊTRE desSectonst SN ANNE LENS AA 1 _ Liste Supplémentaire des éMémMEDEES EEE RAC ANNEE MURS AE ANNEE A IN SAN ARE % ‘4 MAGAUD) d'AUBUSSON. — Sur l'acclimatation de quelques espèces de Francolins . : ,: : 6 PAR LE CERE. — Note surle Cionus de la Scrofulaire. . . Aa RON FH COURTET. — La Vanille et la Vanilline artificielle. . . . . . . . SAN AN ET RATS PA AO CA ï D ORonmmuetgentmnlerteth faits diverse RU AU AC LEP NE NDAE CIE RENT EUTANTE par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. ii \ Un numéro, 9 francs ; — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL SE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 188 rue de Buffon (près du Jardm des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS La distribution solennelle des Fécompenses de 1a Société aura er le dimanche 12 Février 1911, à 2 h.1/2, dans le grand am- phithéâtre du Muséum d’Histoire naturelle. \ ‘4 Conférence par M. le D' LOISEL : « Lie jardin zoologique de kansen à Stockholm et le rôle des ménageries dans les Sciences zoologiques ». Les membres étrangers « ou de province qui désirent assister à e séance sont priés de demander des cartes au Secrétariat. D. sci NATIONALE DACCLAPATON DE FRANCE Reconnue d'utilité Mae par side en date du 26 RES 18551: BurroN — PARIS 33, RUE: DE BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR ER Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de HN Directeur. à Muséum d’ Histoire naturelle, Paris. af CES. 0 ; MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire de Professeur à ve pe Ts coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). … Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. ë ° Comte de PoNTERIAND, Sénateur, boulevard Saint- M de 938, Paris. %e C. RavereT-Warrez, 20, rue des Acacias, Paris. , Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le ForrT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Zér He ï ? H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint-. … Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). Re : CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M, le D' SeBILLOMTE, 1, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. FT Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. AAA { Membres du Conseil MM. D' LEPRiINCE, 62, rue de Ja Tour, Paris. MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TrouEssART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de Vizmorin, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des: Écoles, Paris. Le MYRE DE VILERS, 3, rue Canfbacérès, Paris. Comte d'ORFELILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. : ‘ WuIr1oN, 7, rue Théophile- -Gautier, Neuiliy-sur-Seine. ACHALNE, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d’ Histoire LORIE 1, rue Andrieux, BR DÉTARDIN, 23, rue Claude-Lorrain, Paris. £ MaGaAuD-p' AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. { D° P. MarcuAL, Professeur à l’Institut National Agronomique, Rene de la Station entomolog de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. rs POUR L’ ANNÉE 1911 Janvier | Février | Mars Avril Mai a —— À ———————— | — — Mondes le lundi Are SECTION. 4 p'eUres 9 6 6 3 2° SECTION. — Ornithologie, le lundi + 43 h-M4/2910% ACTE 9 6 6 3% 3° SECTION. — Aquiculture (1), Je lundi \ : BHAREUTES AN A CE AL 13 13 10 4e SECTION. — Entorologie, le lundi à 3 h. 1/2. k CRT ME EE MIE 13: 243710 5° SECTION. — Botamque, le lundi | | ANS AND AT Er 23 20 20 24 1 20: | 18018 6e Ron - Colonisation, le lundi , Pa 5 heures . . 23 20 20 24 15 20* LE Soës- SxériOn d'Etudes Caprines, À le ven- ‘ Je | dredi à 5 heures . . . A MH OZ 24 21 26 | 24 22 | des Sections recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels séances SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE EN BOTANIC. BAR ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1911 CONSEIL — COMMISSIONS — BUREAUX DES SECTIONS CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 BUREAU Président. M. Edmond PERRIER, membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine, directeur du Muséum d'Histoire naturelle. Vice-Présidents. MM. C. RAVERET-WATTEL. Comte de PONTBRIAND, Sénateur. D. BOIS, assistant au Muséum d'Histoire naturelle, professeur à l'Ecole coloniale. Maurice de VILMORIN. Secrétaire général. M. Maurice LOYER. Vice-Secrétaires. MM. R. LE FORT, Secrétaire pour l'Étranger. H. HUA, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes-Etudes, Secré- taire du Conseil. DEBREUIL, Secrétaire pour l'Intérieur. CREPIN, Secrétaire des Séances. Trésorier. M. le Dr SEBILLOTTE. Archiviste-Bibliothécaire. M. CAUCURTE. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911 — 1 PA BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION MEMBRES DU CONSEIL MM. ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle. DÉJARDIN. LECOMTE, professeur de Botanique au Muséum d'Histoire naturelle. LE MYRE DE VILERS, ambassadeur honoraire. Dr LEPRINCE. MAGAUD D’AUBUSSON, docteur en droit. MAILLES. Dr P. MARCHAL, professeur à l’Institut national agronomique, directeur de la Station entomologique de Paris. Comte d'ORFEUILLE. E. TROUESSART, professeur de Mammalogie au Muséum d'Histoire naturelle. Ph. de VILMORIN. WUIRION, ancien inspecteur général au jardin d’Acclimata- tion. Présidents honoraires. MM. Albert GEOFFROY SAINT-HILAIRE. LE MYRE DE VILERS. Vice-Président honoraire. MM. BUREAU. Baron Jules de GUERNE. Secrétaire général honoraire. M. Amédée BERTHOULE. Archiviste-Bibliothécaire honoraire. M. MOREL. Membres honoraires du Conseil. MM. le D' BLANCHARD. Comte Raymond de DALMAS. MILHE-POUTINGON. COMMISSION DES CHEPTELS MM. le PrésipenrT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. Membres pris dans le Conseil. Membres pris dans la Société. MM. DEBREUIL. MM. Duriez. TROUESSART. GÉRÔME. WuIRION. MAILLES. ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ 3 COMMISSION DES RÉCOMPENSES MM. le PRÉsIbENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (Membres permanents). Délégués du Conseil. MM. DEBREUIL, D'ORFEUILLE, RAVERET-WATTEL, MAGAUD D'AUBUSSON. Délégués des Sections. Première section. — Mammifères. — MM. Maires. Deuxième section. — Ornithologie. — WUIRION. Troisième section. — Aquiculture. — PELLEGRIN. Quatrième section. — Entomologie. — MARCHAL. Cinquième section. — Botanique. — Bors. Sixième section. — Colonisation. — PERROT. COMMISSION DE COMPTABILITÉ MM. DeBreuIL, D'ORFEUILLE, COURTET. COMMISSION DES ARCHIVES MM. Le Fort, DEBREUIL, RONSSERAY. COMMISSION DE PUBLICATION La Commission de publication est composée des Présidents de Section, du Secrétaire général et des Vice-Secrétaires. BUREAUX DES SECTIONS 4re Section. — Mammifères. PELLEGRIN, vice-président. A Se : C. DAGr y, secrétaire. MM. Desreuiz, délégué du Conseil. ? TROUESSART, président. Wuiriow, vice-président. 4 Section. — Entomologie. KozLMAN, secrélaire. MM. MarcHar, déléqué du Conseil. : : ; CLÉMENT, président. Sous-Section d'Etudes Caprines. MARCHAL, vice-président. M. D'ORFEUILLE, président. Royer, secrélaire. Me CAUCURTE, vice-présidente. M. CREPIN, secrétaire. 5° Section. — Botanique. MM. Hu, déléqué du Conseil. 2° Section. — Ornithologie. Bois, président. MM. Marzres, déléqué du Conseil. Poisson, vice-président. MaGauD D'AuüBussON, président. GÉRÔME, secrétaire. MÉNEGAUX, vice-président. D'ORFEUILLE, secrétaire. 6° Section. — Colonisation. MM. Lecoure, déléqué du Conseil. CHEVALIER, président. MM. Le Forr, délégué du Conseil. ACHALME, vice-président. RAvERET-WATTEL, président. LABRoy, secrétaire. 3° Section. — Aquiculture. Agent général de la Société : M. Charles BALLEREAU. € ASP RENAN LESC REED ee. RAR LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ARRÊTÉE AU 31 DÉCEMBRE 4910 Membres titulaires. Mes Boxiray (J.), 55 bis, boulevard Pereire, à Paris, présentée par MM. A. Bonnet, D' M. Royer et A.-L. Clément. Gozpscamipr (S.), château de Chérupeau, par Tigy (Loiret), présentée par MM. Ch. Debreuil, Aron et Raveret-Wattel. Pæisazix (D' M.), 62, boulevard Saint-Germain, à Paris, présentée par MM. Perrier, Achalme et Ch. Debreuil. MM. Besse (Ch.), 70, boulevard Voltaire, à Asnières (Seine), présenté par M. E. Perrier, Raveret-Wattel et M. Loyer. Bouzzaxp (D'), château de Grandvilliers, La Chapelle-St-Gauthier (Seine-et-Marne), présenté par MM. Ch. Debreuil, R. Caucurte et le capitaine Tolet. Caizcarp (P.), 27, rue de Tocqueville, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, E. Roger et Ch. Debreuil. CasarTELLt (J.-M.), oiselier naturaliste, 18, rue de la Bourse, Bor- deaux (Gironde), présenté par MM. E. Perrier, A. Delaurier et M. Loyer. CLair (M.-L.), ingénieur des Arts et Manufactures, 62, rue Saint- Lazare, à Crépy-en-Valois (Oise), présenté par MM. E. Perrier. E. Déjardin et Ch. Debreuil. DEcacour (J.), industriel, 28, rue de Madrid, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Boullet et Debreuil. JarDEL (E.), colon, à Hongay, province de Quang-Yen (Tonkin), présenté par MM. E. Perrier, Magaud d’Aubusson et E. Wuirion. OxeLut (Clemente), directeur du Jardin zoologique, à Buenos-Aires (République Argentine), présenté par MM. E. Perrier, Magaud d’Aubusson et le comte d’Orfeuille. PauweLzs (R.), au Grubbe, par Cortenberg (Belgique), présenté par MM. Perrier, Pays-Mellier et R. Caucurte. Roure (l” L.), professeur au Muséum d'histoire naturelle, 57, rue Cuvier. à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Raveret-Wattel et M. Loyer. ScHœLer (A.), 6, rue de Copenhague, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, E. Dejardin et Ch. Debreuil. Vincenr (Dr P.), licencié ès sciences, 17, rue Oudry, à Paris, pré- senté par MM. E. Perrier, Trouessart et Ménegaux. SUR L’ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE FRANCOLINS Par MAGAUD D'AUBUSSON Dès l’époque de sa fondation, l'attention de la Société zoolo- gique d’'Acclimatation fut appelée sur le groupe intéressant des Francolins, car en 1855, M. Florent Prévost, aide-natura- tiste au Muséum, chargé de dresser une Liste des mammifères et des oiseaux des diverses parties du monde dont l’acclimatation en France et en Algérie peul être tentée (1), signalait plusieurs espèces de Francolins asiatiques et africains. Il ne paraît pas qu'alors notre Société, préoccupée d’autres soins, ait donné suite à des expériences concernant ces Oiseaux : le Bulletin ne fait aucune mention des Francolins jusqu’en 1864. A cette date, notre distingué collègne, M. P.-A. Pichot, ana- lysant un rapport fait à la Société d'Acclimatation de la Grande- Bretagne par M. Layard sur les animaux du Cap, parle de quatre espèces de Francolins dont « l'introduction dans notre pays, dit-il, serait désirable et l’acclimatation facile » (2), et il indique que le Jardin du Bois de Boulogne possède déjà une de ces espèces : Francolinus clamator Layard, F. capensis Stephens. L'appel de notre collègue sembla tout d'abord avoir été entendu et, en 1866, M. Le Prieur communiqua à la Société le résultat satisfaisant de son élevage de Francolinus bicalca- ralus Graye ou Francolin d’Adanson. Malheureusement cet exemple fut peu suivi; aussi, dans la séance générale du 24 mars 1882, M. Pichot attire-t-il de nouveau l'attention de la Société « sur l'intérêt qui s'attacherait à l'acquisition de plu- sieurs espèces de Francolins de l'Inde, lesquels seraient pro- bablement plus faciles à acclimater que ceux du Cap habitués à un climat plus chaud (3) ». Entre temps, notre collègue M. Koehler avait réussi à faire reproduire le Francolin de Clapperton'(#. Clappertoni Children), et il donna cette même année, dans le Bulletin, le récit instruc- (1) Bull. 1855, p. 358. (2) Bull. 1864, p. 487. {3) Bull. 1882, p. 229. 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION tif de son élevage. Puis le silence se fait. Si l’on parcourt les Bulletins de la Société depuis 1882 jusqu'à nos jours, on ne trouve plus rien ou à peu près rien sur les Francolins. Je vou- drais les tirer de l’oubli, et montrer l'intérêt que nous pour- rions avoir à nous occuper d'eux. Et d’abord, quels sont ces Oiseaux? Les Francolins se rapprochent beaucoup des Perdrix, ils en diffèrent cependant par des caractères qui leur sont propres. Ils ont le corps épais, supporté par des pattes robustes et plu- tôt longues, qui se distinguent de celles des Perdrix par la présence, chez le mäle, d'un ou deux ergots cornés. Le pouce, faible et court, se trouve situé sur un plan plus élevé que les autres doigts, et ne porte guère sur le sol que par l'extrémité de l’ongle, tandis que les Perdrix l'ont bien développé et s’ap- puyant à terre. Leur bec est aussi généralement plus fort, plus allongé, plus bombé, un peu crochu. Les organes du vol indi- quent que les Francolins sont des Oiseaux essentiellement cou- reurs, dont la vie s'écoule sur le sol, bien qu'ils aient l'habitude de percher sur les arbres, principalement pour y passer la nuit. En effet, leurs aïles courtes. trèssub-obtuses et arrondies, montrent qu'ils volent moins bien que les Perdrix. Leur queue, plus longue que celle de ces dernières, prend une forme carrée ou légèrement arrondie. Leur plumage abondant, composé de plumes douces au toucher, est souvent varié et bigarré, quoique sa coloration n'offre pas, dans toutes les espèces, des tons vifs et brillants. Enfin, les sexes ne présentent d'ordinaire, dans leur livrée, que de légères différences. Mais un caractère exté- rieur forl remarquable, propre au mâle et à la femelle de quel- ques espèces de Francolins parvenues à l’âge adulte, est la dénudation de la face et de la gorge, caractère que l'on ren- contre d'ailleurs dans d'autres groupes de Gallinacés. Cette nudité plus ou moins étendue apparaît seulement dans certaines espèces africaines, et ces parties du corps, dégarnies de plumes, sont toujours colorées d'une manière brillante. La biologie des différentes espèces de Francolins est encore peu connue, quoique de nombreux voyageurs aient pu les observer dans les régions qu'elles habitent. C'est ce que fait remarquer très justement M. de Schaeck, dans la bonne monographie de ce genre de Gallinacés qu'il a publiée en 1891 dans les Mémoires de la Société Zoologique de France, et à laquelle j'ai fait plus d’un emprunt. « De notre SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE FRANCOLINS 7 temps, dit-il, où les habitudes des Oiseaux, aussi bien que leurs formes particulières, sont mieux étudiées, il reste néanmoins encore quelques groupes dont on ne connait qu'en partie la manière de vivre. Il en est ainsi des Francolins, car les obser- vations basées sur la biologie de ces Gallinacés sont loin d’être complètes pour beaucoup d’entre eux, et des données en particulier sur le mode de reproduction de plusieurs espèces nous manquent encore. » Et il ajoute : « On peut, il me semble, invoquer une raison plausible à cette lacune. Si les régions qu'habitent ces Oiseaux ont été généralement explorées par d'intrépides voyageurs, tels que Delalande, Jules Verreaux, Layard, Anderson, Rüp- pell, de Heuglin, en Afrique, par Smith, Hume, le capitaine Legge, aux Indes, il n’en est pas moins vrai que les dangers et les difficultés de toute sorte qu’elles présentent ont rendu plus ardue et moins fructueuse l'étude des allures spéciales aux Oiseaux qui les habitent (1). » On doit compter que le mouvement d'expansion coloniale qui emporte aujourd’hui la France et les autres nations euro- péennes en Afrique et en Asie permettra, en diminuant les dif- ficultés d'étude, de mieux pénétrer les mœurs et les habitudes des Francolins, comme celles de beaucoup d’autres animaux. Souhaitons toutefois que l’action civilisatrice, qui s’étendra en particulier sur le continent noir, témoigne de quelques égards envers le règne animal, et fasse œuvre à son endroit de protec- tion etde conservation, au moins en ce qui concerne les espèces utiles et inoffensives. | Sinous ignorons encore beaucoup de chosessur la manière de vivre des Francolins,etsous ce rapport, leur acelimatation etleur élevage en captivité ne pourraient manquer d'ajouter à nos con- uaissances, noussavons cependant que ces Oiseaux aiment à fré- quenter les jungles, les endroits marécageux, le voisinage des étangs et des cours d’eau où croissent les jones et les roseaux en- tremèêlés de broussailles. Cet habitat cependant n’est point ex- clusif,et l’on trouve des Francolins dans des régions découvertes et herbeuses ou parsemées d'épais buissons, sur le versant des collines, et sur les plateaux. Certaines espèces s'élèvent même à une altitude considérable, tandis que d’autres habitent les côtes maritimes. Celles, moins nombreuses, qui vivent dans les (1) Mérm. Soc. Zool., 1891, p. 281. o NT LRU SNA K 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION plaines, s'approchent volontiers des habitations et vont, dit-on, jusqu'à se mêler aux Oiseaux de basse-cour, comme le faisaient d'ailleurs autrefois les Perdrix grises de notre pays dans des localités que j'ai connues. Mais quels que soient les territoires que hantent les Francolins, il faut qu'ils puissent se tenir à proximité de l’eau. C’est là une condition essentielle à laquelle il semble que soit liée leur existence. Les voyageurs tour- mentés par la soif dans les solitudes de l'Afrique équatoriale reprennent courage au cri du Francolin, car il leur annonce presque toujours le voisinage de l’eau. Les Francolins sontomnivores dans toute l’acception du mot; ils se nourrissent de graines, d'herbes, bourgeons d'arbres, de feuilles, de bulbes qu'ils déterrent avec leur bec, de baies, d’in- sectes, de limaces, de vers et parfois, au rapport de quelques voyageurs, de petits vertébrés. On conçoit qu'il leur est facile de trouver des aliments si divers dans un espace relativement res- treint, et qu'ils n’ont pas besoin d'entreprendre de lointains déplacements à la recherche d’une nourriture répandue autour d'eux à profusion. Leur vol vigoureux et rapide en ligne droite reste toujours court et inhabile aux longues étapes. Les Fran- colins n effectuent donc jamais de migrations, et se montrent tell:ment sédentaires qu'un fleuve, une rivière, un bras de mer de .aédiocre largeur, suffisent pour assigner des limites à leur aire de dispersion. On cite de ce fait des exemples frappants (1), et il était utile de le noter au point de vue qui nous occupe, car ces habitudes sédentaires des Francolins sont de nature à favoriser, par la facilité du cantonnement, l'introduction et l'acclimatation de ces Oiseaux dans des régions appropriées. Les Francolins volent mal, mais en revanche courent sur le sol avec une grande rapidilé, et quand ils sont à découvert, font preuve de beaucoup d'adresse et de ruse pour se soustraire (1) « Pour ne citer que deux exemples, dit M. de Schaeck, le Francolinus longirostris, qui a pour patrie Bornéo et Sumatra, n'a jamais franchi le détroit de la Sonde. Et si cette espèce est établie maintenant sur Java, c'est qu’elle y a été importée par un bâtiment, comme nous l’apprend Temminck. Et Francolinus Lathami, que l’on rencontre sur une partie de la côte occidentale d'Afrique, a pour limite méridionale de distribution le Zairé. Car on a reconnu ce Francolin abondant même dans les régions au nord du fleuve, mais il manque dans les contrées situées au sud ; et ces terres portugaises, l'Angola, le Benguela, ont été assez explorées pour mettre cette observation hors de doute. » Mém. Soc. Zool., 1891,p. 283. Voir aussi Barboza du Bocage, Urnithologie d'Angola, p. 411. SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE URANCOLINS 9 aux regards de leurs ennemis, en utilisant les accidents du terrain ; puis si on les oblige à prendre leur essor, ils font un vol court avant de s’abattre, et vont quelquefois se remiser sur les arbres où ils se blottissent le long des branches à la manière des Gélinottes. Dans cette position le chasseur éprouve sou- vent de la difficulté à les découvrir. Pour chasser les Franco- lins avec succès sur une terre couverte, il faut que le chien et le maître aient de bonnes jambes, car ils sont entraînés parfois en des courses effrénées. On est payé des fatigues de la pour- suite, si l’on réussit, par la capture d’un excellent gibier à la chair blanche et délicate. Dans certaines contrées, on se sert, pour cette chasse, de lévriers qui forcentles Oiseaux à la course ou les saisissent même lorsqu'ils s’envolent. Les indigènes de l'Afrique centrale les prennent au collet et au filet, et en font une énorme destruction pour se nourrir. Partout les Franco- lins sont poursuivis avec acharnement, aussi bien par les Eu- ropéens établis dans les possessions africaines où vivent ces Oiseaux que var les naturels. Il est à craindre que certaines espèces, déjà moins nombreuses ou plus attaquées, finissent par disparaître de leur pays d'origine, comme a disparu d'Eu- rope le Francolin vulgaire (F. vulgaris Stephens), si l'on ne met pas un frein à des massacres déréglés. C'est dans cette pensée qu'appelé à rédiger, au nom de la Société nationale d'Acclimatation, une note sur les Oiseaux de la Faune africaine dignes d’être protégés, j'ai signalé à la solli- citude de notre administration coloniale les Francolins, au nombre des espèces considérées comme gibier, et pouvant, dès lors, faire l’objet d’une chasse régulière, mais dont la destruc- tion devait être restreinte et réglementée. Avec d'autant plus de raison que les Francolins, pour des Perdiciens, ne sont pas très féconds, car ils ne pondent au plus que de douze à qua- torze œufs, le plus souvent de six à huit et quelquefois moins, tandis que notre Perdrix grise va jusqu’à dix-huit ainsi que la Perdrix rouge, et la Perdrix grecque au Barlavelle jusqu’à seize. Nous n’avons, il est vrai, que des données encore assez incer- taines sur le mode de reproduction de la plupart des espèces de Francolins, cependant le Francolin vulgaire, d'après des observations précises, ne dépasse pas quatorze œufs, et ils sont ordinairement au nombre de dix à douze. Les œufs, de forme elliptique, ont une coloration généralement claire et uniforme. Ils sont déposés par la femelle dans une petile dépression 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION creusée au pied d’un buisson ou au milieu des herbes et des jones et lapissée grossièrement de feuilles, de chaumes et de petites racines. Ces Oiseaux, dans leur patrie, se reproduisent depuis le moisde mai jusqu’en septembre et même octobre. Monogames comme les Perdrix, tout semble se passer, pour l'éducation des jeunes, comme chez ces dernières. Le père et la mère en prennent grand soin, veillent sur eux avec dévoue- ment lorsqu'ils les accompagnent pour leur apprendre à cher- cher leur subsistance, et les défendent avec courage s'ils sont menacés d'un danger par l’homme ou un animal carnassier. Leur voix est éclatante et s'entend, paraît-il, de fort loin. Dele- gorgue, dans le récit de son voyage, parle du cri « hardi, sac- cadé, bruyant, original, sans harmonie, mais pourtant agréable à l'oreille du chasseur », des Francolins de l'Afrique centrale. Quand on jette un coup d'œil sur la distribution géogra- phique des Francolins, on voit que la plupart de leurs espèces ont l'Afrique pour patrie, et qu'un petit nombre seulement vil en Asie. Une seule espèce habite à la fois l'Europe, l'Afrique septentrionale et J’Asie, mais, hélas! en ce qui concerne son habitat en Europe, je devrais plutôt m’exprimer au passé; car combien reste-t-il, à l'heure actuelle, sur toute l'étendue du continent européen, de représentants du Francolin vulgaire (Francolinus vulgaris Stephens), qui peupla jadis la Sicile et une parlie de la péninsule italienne, vécut en Espagne (1), et fonda des colonies dans quelques îles de l'archipel grec?.… Et cependant, il y a un peu plus d’un demi-siècle, ce Frau- colin était encore répandu en Sicile et en Italie. Jusqu'en 1857, l'espèce s'était maintenue en Calabre. Les ducs de Tos- cane l'avaient aussi introduite dans leurs chasses, à Artimino près de Florence : elle s’y éteignit au commencement du siècle dernier, faule de mesures protectrices (2); et, en effet, le Fran- colin, plus encore que les autres gibiers, a besoin d’être pro- tégé à cause de la nature particulière de son habitat. Les chas- seurs d'autrefois l'avaient bien compris, car au xv° et au xvi° siècle, quelques-unes des lois qui réglaient Les chasses en Toscane visent expressément la conservation et la reproduc- tion de cet Oiseau. Mais c’est en Sicile que le Francolin vulgaire (1) H. Saunders. On the Birds of Southern Spain. Ibis, 1871, p. 324. (2) Savi. Ornilologia toscana, II, 1829, p. 187-189. SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE FRANCOLINS 11 paraît avoir été le plus abondant. Il était surtout répandu dans les parties méridionales de l'ile. M. le professeur Giglioli, dont nous avons à déplorer le perte récente (1), nous dit qu'il était commun dans le district de Terranova, province de Caltanisetta, et pullulait dans l’ex-feudo de Cutomino. On le voyait aussi en nombre dans les terrains humides de Falconara, Desusino et Carubba. Le dernier individu fut capturé à Desusino en 1864 (2). Aujourd'hui, il a disparu de partout. Cependant, en 1883, M. Giglioli fut informé que quelques Francolins vivaient encore dans les territoires de Suero-Bulera, près de Terranova, et aux environs de Corleone. C'était bien le cas de protéger ces der- niers survivants afin de reconstituer, si possible, ce précieux gibier dans les lieux où il avait si longtemps prospéré. Il n’en fut rien, et il est probable qu'il n'existe plus à l'heure actuelle un seul Francolin dans toute la Sicile. Ici deux questions se posent : Le Francolin vulgaire est-il originaire du sol italien, ou y a-t-il été importé d'Asie, et pour- quoi en a-t-il si subitement disparu? À la première question, Salvadori, dans sa Faunaitalica, Ucelli, répond qu'il croit probable que cette espèce a été introduite en Sicile au temps des Croisades (3), et M. le professeur Giglioli, dans l’Avifauna ilalica, dit nettement : « Mon opi- nion est que le Francolin n’est pas originaire de Sicile, mais y à été importé au siècle précédent (l’auteur écrivait en 1895), peut-être même avant, par de grands propriétaires de terres en partie incultes; à cette époque, la culture de l'ile était très limitée, et on avait aménagé en Sicile des chasses réservées. » Nous nous trouverions donc là en présence d’un fait très remarquable d’acclimatation. Nous savons que le Francolin existait en Toscane au moins aux xv° et xvi° siècles. Vivait-il aussi en Sicile à cette époque? M. Giglioli semble en douter malgré l’assertion de Salvadori, qui fait remonter son intro- duction dans cette île au temps des Croisades. Quoi qu'il en soit, il y fut acclimaté, à une époque incertaine. Quelles sont les causes qui l’en ont fait disparaitre? J'ai dit que le Francolin réclame une protection plus efficace que tout (1) Le professeur Enrico Hyllier Giglioli, conservateur du Musée d'His- toire naturelle de Florence, est décédé dans cette ville, le 15 décembre 1909, à l'âge de soixante-quatre ans. (2) Avifauna italica et Avifauna locale, 1886, 1889, 1890. (3) Fauna italica, Ucelli, II, 1872, p. 108. 49 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION autre gibier à plume, en raison des lieux qu'il habite de préfé- rence. D'une part. cette protection lui a fait défaut, et, de l'autre, sa diminution coïncide avec les pragrès de l’agriculture en Sicile, qui ont amené dans les localités où se plaisait cet Oiseau, la destruction en grande partie des roseaux et des joncs des bords des eaux et des broussailles. Si, à ce moment, on avait pris quelques mesures conservatrices faciles, car le Fran- colin se cantonne aisément dans les lieux où on le transporte, pourvu que ces lieux soient appropriés à son genre de vie, on aurait sauvé au moins un cerlain nombre de ces Oiseaux inté- ressants qui furent un des ornements des campagnes sici- liennes. On avait un précédent. Au commencement du xix° siècle, on transporta quelques Francolins dans le domaine royal de « la Favorite », situé au pied du mont Pellegrino, près de Palerme, et ils se multiplièrent rapidement dans la plaine de Finale. Malheureusement, comme toujours, le peu de soin que l’on prit de ces Oiseaux finit par les faire disparailre. Au nombre des causes qui ont contribué à la diminution du Francolin en Sicile, l'auteur de l'Avifauna italica en cite une qui ne manque pas de singularité. Un vicaire de Terranova, don Paolo Ventura (son nom méritait-il d’être conservé à la postérité?), s'était mis en tête de domestiquer le Francolin vul- gaire. Dans cette intention, d’ailleurs louable, il fit rechercher des œufs de cet Oiseau et les mit à couver sous des Poules. Les débuts ne furent pas encourageants, mais l'abbé était têtu, et, malgré les échecs successifs, car, la plupart du temps, les jeunes, nouvellement éclos, mouraient au plus vite, il se fit apporter, pendant trois ans. tous les œufs que pouvaient recueillir les paysans de la contrée, en enlevant les nids des Francolins. On conçoit le vide que ce pillage d'œufs, pendant trois années consécutives, produisit parmi les Francolins de Terranova, et ce fut, pour cette région, le commencement de la fin. Il est profondément regrettable qu'une pareille tenta- tive, qui, en somme, eût pu être intéressante, ait si mal tourné, et son insuccès montre suffisamment quel préjudice peut causer l'inaptitude avicole d’un seul homme. (A suivre.) NOTE SUR LE CIONUS (CHARANÇON) DE LA SCROFULAIRE Par F. LE CERF. Les Cionus sont des Charançons de taille moyenne ou petite, de forme très ramassée, trapus, presque globuleux, vivant d’une manière très générale sur les plantes de la famille des Scrofulariées, principalement les Scrofularia et les Verbascum. Si l'on excepte le Cionus Fraxini (1) qui cause quelquefois d’appréciables dégâts aux Oliviers, les Cionus sont plutôt consi- dérés comme peu nuisibles et bien des traités d’Entomologie agricole ou horticole n’en parlent même pas. Pourtant certaines années, lorsque les conditions les plus favorables à leur développement se trouvent réalisées, ils se multiplient en très grande abondance et ont alors tendance à s'attaquer aux plantes cultivées. Tel est le cas pour Cionus Fraxini, plus haut cité, qui vit fré- quemment sur Olea europæa, Ornus europæa et Phyllirea varia- bilis, et aussi pour quelques autres espèces, dont Cionus Scro- fulariæ, signalées à plusieurs reprises sur les Puddleyia, Bud- dleyia cornula en particulier. Il n’est pas douteux que ces Charançons qui se sont accommo- dés si aisément d’une plante exotique, ne puissent à l’occasion se multiplier sur d’autres Scrofularia ornementales impor- tées, et si des observations à ce sujet n'ont pas encore été publiées, du moins à ma connaissance, il ne s’en suit pas que le fait ne se soit pas encore produit ni ne doive se produire. Le cas d’une espèce indifférente, devenant nuisible plus ou moins rapidement, n’est malheureusement pas rare, et si, en France, l'Entomologie appliquée n'était pas si dédaignée, si l'attention des observateurs de bonne volonté était plus souvent et mieux attirée vers cette étude si intéressante à tant de titres, on aurait sûrement, le cas échéant, une foule d'observations utiles que trop souvent nous devons aller chercher ailleurs. Grâce à M. Debreuil, j'ai pu éludier le Cionus Scrofulariæ (1) Bedel (Faune Coleopt.Bass. de la Seine, t.VI (1888), p.321) place cette espèce dans le genre Séereonychus Sufir. 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION qui ravageait en juin dernier les touffes de Scrofularia palustris cultivées dans le jardin de notre collègue. La photographie que nous avons prise ensemble à l’époque et que je reproduis ici (pl. I| montre bien les ravages considéra- bles causés par l'Insecte qui nous occupe. La biologie du Charançon de la Scrofulaire est bien connue depuis que Perris en a décrit la larve et sa manière de vivre si curieuse dans les Annales de la Société linnéenne de Lyon — (4850), p. 291 ; — mais j'ai pensé qu'il n’était peut-être pas sans intérêt de grouper en une seule note toute l’histoire du Cionus Scrofulariæ L.,en utilisant mes propres observations qui confir- ment d’ailleurs ce que l’on sait sur cet intéressant Insecte. La larve naissant de l’œuf pondu sur les feuilles ou les tiges par la femelle du Cionus se tient de préférence à la face infé- rieure des feuilles dont elle ronge le parenchyme. Il semble que ce soit de Geer qui ait le premier étudié cette larve; il la décrit assez bien et signale sur son corps la présence d'une couche de substance gluante qui la fait adhérer aux feuil- les et aux tiges sur lesquelles elle se meut. La présence de cette matière parait avoir été ignorée par Réaumur, qui n’en parle pas dans ce qu’il écrit à propos de la larve d’une espèce très voisine, qui présente pourtant au même degré ce curieux carac- tère. Longue d'environ 0 m. 006 lorsqu'elle atteint son maximum de développement (pl. Il, fig. 1), elle est complètement apode, molle, luisante, d’une couleur jaunâtre plus ou moins sale, quelquefois brunâtre à cause des aliments contenus dans le tube digestif et qui paraissent par transparence. Sa têle, noir brillant, présente, entre les lobes céphaliques, une ligne suturale blanche qui se bifurque à sa partie inférieure. Le corps, allongé, est formé de douze segments peu distincts, fortement plissés transversalement et dont le premier porte, en dessus, une plaque chitineuse noire, interrompue, à bord ‘ antérieur sinué et n'atteignant pas les côtés. Le douzième, de forme très variable au gré de la larve, porte à sa base, en dessus, une sorte de mamelon rétractile qui est l'organe d'émission de la substance visqueuse dont l’étalement sur toute la surface de l'animal est assuré par des mouvements péristaltiques très pro- noncés. La progression dc cette larve, qui est susceptible d’un dépla- cement assez rapide, s'effectue par le jeu de tubercules charnus NOTE SUR LE CIONUS (CHARANÇON) DE LA SCROFULAIRE 15 rétractiles, situés sur la face ventrale et faisant office de pseudo- podes; il y en quatre par anneau, placés symétriquement de cha- que côté de la ligne médiane. A ces tubercules, il faut ajouter, à droite et à gauche, une autre série de mamelons latéraux moins développés mais ayant le même rôle et qui manquent sur le douzième segment. La secrétion si curieuse qui enduit complètement la larve du Cionus Scrofulariæ a des rôles multiples : elle ne lui sert pas seu- lement à se fixer sur les feuilles et les tiges, elle constitue aussi une protection spéciale, mais très efficace, contre les chocs, la pluie, le vent, les variations thermiques, l'insolation trop vive et aussi contre la voracité des Oiseaux. | Elle lui sert enfin, en dernière analyse, à former le cocon dans lequel elle se transforme en nymphe d’où éclora l’adulte. C'est encore à Perris (/.c.) que l’on doit la connaissance exacte de l’origine et du mode de production de la matière visqueuse et de la formation du cocon des Cionus, sujet qui n'avait été qu'entrevu par de Geer et Réaumur, mais que Rossi connais- sait pourtant, comme le montrent bien les détails sommaires qu'il donne à ce propos dans la Fauna etrusca, p. 121. « Arrivée au terme de sa croissance, la larve, dit Perris, se fixe sur un point quelconque de la plante où elle à vécu et con- tracte son corps de manière à le rendré très bombé et presque sphérique. Elle travaille alors à épaissir la couche de matière yisqueuse qui la recouvre, et enfin elle ne présente plus que la forme d'un sphéroïde luisant et roussâtre sans aucune trace de son corps, car la tête qui habituellement demeurait visible dis- paraît elle-même complètement ou ne peut être vue que par transparence. » Quand l’enduit s’est désséché, la larve se détend, puis saisis- sant à leur origine, avec ses mandibules, des gouttelettes de substance visqueuse, elle les étend intérieurement en s’aidant de sa tête, consolidant ainsi son cocon qui se trouve terminé en quelques heures et se présente alors sous la forme d’une petite vessie brun clair, un peu translucide (pl. II, fig. 2). Deux jours suffisent à la larve enfermée dans son cocon pour se transformer en nymphe. Celle-ci que nous figurons (fig. 3) est du type normal de la famille; elle présente toutes les parties de l'adulte dispo- sées et emmaillotées comme à l'ordinaire. Blanche d’abord, elle brunil assez rapidement; les yeux transparaissent en noir 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION les premiers, puis le rostre et les élytres se colorent, les tarses noircissent et, après quelques jours de nymphose, — six à huit d'après Perris, sept à onze d'après mes observations, — l'imago rompt ses membranes et, découpant avec ses mandibules à l'un des pôles du cocon une calotite assez régulièrement circulaire, émerge enfin au dehors. L'Insecte adulte (fig. 4) est globuleux avec le prothorax moins large que les élytres. Sa tête, au rostre assez allongé, est noire ou brun noirâtre foncé ainsi que les élytres, dont la décoration consiste en bandes veloutées, noires, piquetées de blanc, placées entre les stries. On voit aussi, à la suture des élytres, deux taches rondes communes, pareillement veloutées et noires, que suivent ou précèdent quelques squamules päles. De ces deux taches, l’une est placée un peu après l'origine des élytres, et l'autre un peu avant leur extrémité. Les pattes sont concolores. Le prothorax et les côtés du tho- rax sont revêtus d'une pubescence rase, de couleur fauve ou blanchâtre. Les antennes ont le premier article aussi long que le funi- cule avec lequel il forme un angle ouvert. Peu actif dans la journée, le Cionus Scrofulariæ se tient géné- ralement caché à la base des tiges et sous les feuilles, d'où il se laisse tomber au moindre choc, mais, dès la chute du jour, il prend son vol ou circule sur les feuilles qu’il ronge et troue comme les larves. Parasites. — L'étude des parasiles est au double point de vue de la Biologie d'abord, de l'Enlomologie appliquée ensuite, une des plus intéressantes qui se puissent offrir au natu- raliste. C'est par le parasilisme que la nature maintient entre tous les êtres un équilibre qui assure la perpétuité des espèces, tant végétales qu'animales. On à même pu établir, dans bien des cas, une loi très approximative entre le développement d'une espèce et la multiplication parallèle de ses parasites. Depuis quelques années, la parasitologie à pris en Ertomo- : logie appliquée une importance considérable à la suite des résultats si encourageauts obtenus en Italie, en Amérique, en Australie, etc., par l'étude systématique, l'importation et la multiplication artificielle des parasites nalurels des espèces nuisibles. Bull. de la Soc. Nat. d'Acclimat. | Pr. Touffes de Scrofularia palustris ravagées par Cionus scrofulariæ. Bull. de la Soc. Nat. d'Acelimat. PrelTe Larve adulte du Cionus scrofulariæ peu de temps avant sa nymphose: l'épaisse couche de matière visqueuse a été indiquée schématiquement. — 2. Cocon fixé sur la face inférieure d’une feuille de Scrofularia palustris. — 3. Nymphe, vue par la face ventrale. — 4. Cionus scrofulariæ adulte. — 5. Larve du ? Péeromalus larvarum Spin. à sa sortie du corps de la larve de Cionus scrofulariæ. — 6. Nymphe du ? Pleromalus larvarum. — 7. ? Plero- malus larvarum adulte. (Toutes ces figures sont grossies.) NOTE SUR LE CIONUS (CHARANÇON) DE LA SCROFULAIRE 17 Ces parasites sont aujourd'hui couramment recueillis et envoyés de leurs pays d’origine dans les lieux où sévissent des espèces nuisibles de même provenance, accidentellement pro- pagées. C'est là, je le répète, une question des plus importantes, mais que je n’ai nullement l'intention de traiter ici, où des voix plus autorisées que la mienne pourraient s'élever avec bien plus de compétence et d'autorité. Je me borne donc à la signaler en passant, et j'arrive aux parasites qui sont éclos de mon élevage. Perris ({. c.) signale trois Hyménoptères parasites des larves de Cionus : Stomoctea pallipes Duf., Pteromalus larvarum Spin.., et Eurytoma abrotani Rossi. De ces trois espèces, une est sortie par centaines de mes cocons de Cionus Scrofulariæ, c'est le Pteromalus larvarum. La larve de cet Insecte (pl. Il, fig. 5), longue au plus de 2 millimètres, est cylindrique, atténuée aux deux bouts; blanc grisâtre, complètement apode et aveugle. Elle vit, en nombre variable, deux, trois, quatre individus (j'en ai compté jusqu'à neuf) à l'intérieur du corps de la larve du Cionus que leur pré- sence ne parait pas gêner outre mesure, car elle mange, croît, et même file son cocon. Pourtant, c'est là tout ce qu'elle peut faire; la confection du cocon coïncide en effet avec le maximum de développement des larves-parasites qu'elle porte dans son sein. Celles-ci, arri- vées à leur tour à l’époque de la nymphose, quittent la dépouille vidée de leur victime et se transforment, sans autre protection que le cocon du Cionus, en petites nymphes noires, brillantes et un peu aplaties dans le sens dorso-ventral (pl. I, fig. 6). L'adulte éclôt après un temps qui peut varier de douze ou quinze jours à six semaines et même plus. Pour sortir, le petit Hyménoptère perce avec ses mandibules un trou arrondi dans le cocon parcheminé de son hôte. Quand il y a beaucoup de parasites dans un même cocon, ils percent quelquefois plusieurs trous, trois ou quatre, rarement cinq; généralement un ou deux trous seulement servent à l'évasion de tous les adultes. : Le Pteromalus (fig. 7) est un très joli petit Insecte, d'un beau vert métallique, finement ponctué, avec les cuisses noires et les tibias flaves. Ses ailes sont transparentes, irisées, avec une nervulation très réduite. BULL. SOC. NAT. ACCKL. FR. 1911 — 2 13 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Il parcourt activement les feuilles, les tiges et même les cocons, tâtant fébrilement tout ce qu'il rencontre de ses antennes toujours en mouvement. Je ne l'ai pas vu pondre, mais comme à plusieurs reprises j'ai vu des femelles se promener sur des larves de Cionus et que celles-ci, par les torsions brusques qu'elles exécutaient, paraissaient manifester une vive inquiétude, j'ai tout lieu de croire que le Pteromalus n'est pas gêné par la sécrétion vis- queuse dont s’enveloppent les larves de Cionus et qu'il pond directement ses œufs sur le corps de ces larves, ce qui est con- forme d’ailleurs avec ce qu'on sait des mœurs de ces Hymé- noptères. Ce parasite est lui-même hyperparasité par un autre Hymé- noptère (? Eulophus) dont j'ai recueilli quelques spécimens. Les adultes de cette espèce sortent de la nymphe du Ptero- malus par un trou qu'ils font sur le côté vers l'extrémité posté- rieure. Il n'y a jamais qu'un seul hyperparasite par nymphe, et par suite de la vie toute cachée de la larve du Pferomalus qui rend peu probable un parasitage direct, il faut eroire que la ponte de l'hyperparasite doit s'effectuer dans l'œuf du parasite du Cionus. Enfin, j'ai encore obtenu trois ou quatre individus d'une infime espèce d'Hyménoptère du groupe des Proctotrypides dont le développement s’est peut-être effectué au dépens d'œufs du Cionus Scrofulariæ, qui existaient probablement sur les tiges ou les feuilles avec lesquelles je nourrissais mes larves. Nota. — Deux spécimens de Cionus Alauda me sont éclos de larves assez petites que j'avais prises pour des larves jeunes de Cionus Scrofulariæ et que je n’ai pas su distinguer de ces dernières. LA VANILLE ET LA VANILLINE ARTIFICIELLE Par H. COURTET. Le mot « Vanille » évoque instinctivement ce parfum fin et délicat que l’on connaît si bien et qui pendant longtemps a été le monopole exclusif de cette plante. Malheureusement pour nos planteurs et pour nous, la chimie est intervenue, et malgré la loi du 1° avril 1905 sur la répression des fraudes dans la vente des marchandises et des falsifications des denrées ali- mentaires et des produits agricoles, nous ne savons pas, quand nous savourons quelque chose à la Vanille, si nous avons bien le parfum naturel ou celui de la Vanilline chimique, car il faut être spécialiste pour les distinguer l’un de l’autre. La première indication relative à la Vanille (1) se trouve dans un ouvrage publié de 1560 à 1575 par un religieux de l’ordre des Franciscains mineurs, Bernhardino de Sahagun (Historia general de las cosas de Nueva Espana). L'auteur avait habité longtemps le Mexique en qualité de missionnaire. Il ne dit d’ailleurs que quelques mots sur la Vanille qu'il désigne sous le nom mexicain de Tlilxochitl, comme l’un des produits em- ployés en mélange avec le Cacao. En réalité, nous devons les premières observations bota- niques à Carolus Clusius, qui avait reçu, en 1602, des fruits qui lui avaient été adressés par Hugo Morvan, apothicaire de la reine Elisabeth d'Angleterre. Les observations de Francois Hernandez sont antérieures à celles de Clusius (1571-1577), mais elles ne furent publiées qu'en 1615. Bauñin ne fit que reproduire, en 1650, les indications de Clusius. Piso, dans un ouvrage publié en 1658, citait la Vanille comme l’une des substances employées dans la fabrication du chocolat. Rodi étudia des fruits secs au microscope et décrivit les gousses et les graines (1675). (1) Voir pour plus de détails : La Vanille, par H. Lecomte, ouvrage duquel sont extraits la majeure partie des renseignements historiques donnés ici. 20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Dampier indiquait son emploi dans la fabrication du cho- colat. Le mot Vanilla fut employé pour la première fois, en 1658, par Piso. Guyane. — Malgré la présence de la Vanille dans les forêts de la Guyane, la culture de cette plante n’a jamais fait de pro- grès dans cette colonie. Ce fait est intéressant à relever, car la Guyane possède aussi le Cacao à l’état spontané. Or, dans d’autres régions améri- caines on voit le Cacao associé avec la Vanille dans la prépara- tion d’un produit alimentaire. Il ne paraît donc pas douteux que les indigènes de la Guyane, d'une civilisation moins avancée, ne connaissaient pas l'usage que l'on pouvait faire du Cacao associé à la Vanille, et n’ont cultivé ni l'un ni l’autre quoique possédant les deux plantes dans leurs forêts. Ils ne durent sans doule se servir de la Vanille recueillie accidentellement que comme parfum cor- porel. Même aujourd'hui, la Guyane ne possède que de rares plantations de Cacao. Lorsque Philibert et Perrotet prirent à la Guyane des plants de Vanille pour les transporter à la Réunion, en 1819, elle n’était cultivée dans les jardins qu'à litre de curiosité, et aujourd'hui la Guyane ne possède pas encore de plantations de Vanille. Martinique. — Deux religieux passant à Cayenne, en 1697, se rendant à la Martinique, emportèrent trois pieds de Vanille pour cette colonie. Les premiers essais faits avec ces trois pieds ont été détruits par inadverlance. Il n’en était resté qu'un rameau laissé par mégirde sur un arbre, et de nouveaux essais furent faits avec ce rameau en 1703. Réunion. — David de Floris dit que le Vanillier fut introduit à la Réunion en 181% par Marchant. Philibert et Perrotet reven- diquent l honneur d’avoir introduit la Vanille à la Réunion de pieds provenant de la Guyane, le 27 juin 1819, introduction renouvelée le 21 mai 4820 (1). | La fécondation artificielle aurait été faite dans les serres du Muséum d'Histoire naturelle, mais c’est à un jeune noir, (1) Leltres de P.rrotet à la Société nationale d’acclimatation : Bulletin de 1860, p. 421. LA VANILLE ET LA VANILLINE ARTIFICIELLE 24 Edmond Albius, qu’on doit, en 1841, la fécondation artificielle pratique dans les plantations de la colonie. À cette époque on avait déjà pratiqué la fécondation artificielle depuis plus de dix ans ea Europe, Tahiti. — Deux variétés ont été introduites dans la colonie, la variété aromatica, en 1848, par l'amiral Hamelin, etla variété planifolia, en 1850, par le contre-amiral Bonnard, qui, comme capitaine de vaisseau, fut gouverneur de Tahiti du 19 juillet 1849 au > septembre 1851. Congo. — Dès 1852, le Vanillier était introduit aux environs de Libreville par les soins de M. Aubry-Lecomle; mais, en 1874, il n'avait pas été possible de retrouver trace des plants introduits. Mais, à cette date, les Pères de la mission de Sainte-Marie, près Libreville, possédaient un pied de Vanille provenant des serres du Muséum qui avait été confié au R. P. Klaine, qui allait rejoindre son poste. Après bien des vicissitudes pendant la traversée, le R. P. Klaine arriva au Congo avec un bout de tige resté vert. C'est ce bout de tige qui, cullivé et multiplié, a permis de créer la vanillerie de la mission, et plus tard les autres vanilleries du Congo. Nos colonies à Vanille sont : Tahiti, la Réunion, Mayotte et Comores, Madagascar, la Guadeloupe et la Martinique. Citons pour mémoire le Congo, où les vanilleries ont des tendances à se développer. Ces colonies ont fourni, en 1906, à l’exportatior 428.866 kilogrammes de Vanille et 323.038 en 1907. La consom mation française, en 1907, a été de 55.913 kilogrammes, dont 42.108 proviennent de nos colonies. La consommation de la Vanille en France et dans le monde entier pourrait être beaucoup plus importante si nous n'avions pas la Vanilline artificielle, qui est utilisée pour aromatiser un grand nombre de produits alimentaires et dans un certain nombre de produits de parfumerie. Indépendamment des matières grasses, résine, sucre, gomme, acide vanillique que la Vanille naturelle renferme, elle renferme encore une substance particulière qui existe, soit dissoute dans le liquide huileux qui entoure les graines, soit à l’état cristallin dans le fruit et même à la surface du fruit; on dit, dans ce dernier cas, que la Vanille est givrée. Gobley démontra la nature spéciale de cette substance et l’appela Vanilline. Plus tard, elle fut étudiée par Carles, Tiemann et 929 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Harmann, et de cette étude sortit la Vanilline artificielle fabri- quée de toute pièce avec des éléments pris complètement en dehors de la Vanille, éléments provenant de la distillation de houille et autres, dont il sera parlé plus loin. On se servit d’abord pour certaines préparations de la Vanilline naturelle extraite des gousses de la Vanille et qui était d’un prix de revient élevé, et l'extraction de la Vanilline des gousses donna naissance à un genre particulier de fraude que le prix élevé de la Vanille et de la Vanilline naturelle rendait fructueuse pour l'opérateur. Cette fraude consistait à épuiser les gousses par l'alcool étendu, alcool qui recevait ensuite de multiples applications dans la confiserie, la pâtisserie et la fabrication des liqueurs. Les gousses épuisées étaient ensuite revêtues de baume de Pérou, et malgré l'odeur différente de ce baume, ces gousses se vendaient. Aujourd'hui, on épuise encore les gousses par l'alcool, mais au lieu de les enduire de baume du Pérou, on les trempe dans une solution de Vanilline artificielle avant de les livrer à la consommation. Quand une gousse de Vanille a été épuisée par l'alcool, la crosse, c’est-à-dire la queue dela gousse, devient cassante. Il faut donc se défier particulièrement des gousses de Vanille à crosse cassante ou ne possédant pas de crosse. C’est là un des meilleurs signes pour reconnaître actuellement les gousses épuisées et trémpées ensuite dans une solution de Vanilline artificielle pour leur rendre une certaine odeur. Un autre exemple de fraude de la Vanille est le suivant : comme la Vanilline naturelle cristallisée à la surface des gousses qui sont alors givrées, augmente la valeur de ces gousses, cer- tains falsificateurs ont saupoudré les gousses ordinaires d'acide benzoïque en petits cristaux. La Vanille ainsi saupoudrée est communément vendue dans tous les coins de Paris et surtout dans les quartiers populeux. On la saupoudre aussi avec de la Vanilline artificielle. Ce genre de fraude se décèle en ce que la Vanilline naturelle ayant cris- tallisé sur une gousse, a ses cristaux perpendiculaires à la sur- face de la gousse et comme piqués sur cette gousse ; comme on manie toujours pour la vente la Vanille givrée avec beaucoup de précautions, quels que soient les froissements qu'elle peut avoir subis, on voit toujours une grande quantité de cristaux perpendiculaires à la surface qui la font reconnaître. Quand la Vanille a été saupoudrée soit avec des cristaux d'acide LA VANILLE ET LA VANILLINE ARTIFICIELLE 923 benzoïque, soit avec des cristaux de Vanilline artificielle, les cristaux sont couchés sur la surface de la gousse, on peut le remarquer facilement à la loupe et même à l'œil nu. Comme autre genre de fraude à citer, des usines se font une spécialité de tremper des gousses de Vanille ordinaire non givrées dans une dissolution chaude de Vanilline artificielle et ces gousses en séchant restent couvertes de givre, en cristaux ou flocons cotonneux, difficiles à reconnaitre du givre naturel. Cette Vanille est ensuite vendue sous le nom de Vanille d’été, de la Réunion, etce., et c'est là la fraude la plus dangereuse qui existe pour la bonne Vanille. Si les faits dénoncés ci-dessus peuvent être remarqués par des gens consommant pour leur industrie des quantités impor- tantes de Vanille, l'achetant en gros et étant en quelque sorte des connaisseurs ayant intérêt à prendre certaines précautions, il n'en est pas de même pour celui qui achète la Vanille soit en quantité restreinte, soit au détail, et qui sera toujours ou du moins en général trompé. Après avoir étudié la Vanilline, Tiemann et Hermann ont montré que la Vanilline artificielle pouvait ètre préparée à l’aide d'une substance extraite de la sève de diverses espèces de Conifères et qu'on a nommée Coniférine. La Coniférine traitée par l’eau et l'émulsine (ferment soluble des amandes douces et amères) se dédouble en deux produits, dont l’un est l'alcool coniférylique. Cet alcool, traité par le bi- chromate de potasse et l'acide sulfurique, donne la Vanilline artificielle. En se basant sur les travaux de Tiemann et d'Erlenmeyer, de Laire obtint de la Vanilline artificielle en traitant l'essence de girofle par l’éther, un hydrocarbure, et en combinant l'eugénol avec la soude ; la liqueur obtenue est ensuite traitée par l'acide sulfurique qui met l’eugénol en liberté. L’eugénol est ensuite traité par l’éther, l'acide acétique, le permanganate de potasse, l'acide sulfurique, et après diverses manipulations on obtient de la Vanilline artificielle. Plus tard, on a substitué à l’éther, l'alcool et le chloroforme. En 1876, la Vanilline artificielle était estimée 7.500 francs le kilogramme, et en 1890 elle valait encore 500 francs le kilo- gramme. Depuis, d'autres procédés de fabrication moins coûteux ont été découverts, et on extrait la Vanilline artificielle du son 2% BULLETIN DE LA SOCITÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION d'avoine, du benzène, du gaïacol : le prix de revient de cette substance est tombé à 40, 35 et même 30 francs le kilogramme. Certaines usines peuvent même la livrer à 20 francs le kilo- gramme. Dernièrement on cherchait à lancer sur le marché français (chose qui doit être faite à présent) une nouvelle espèce de Vanilline chimique allemande dont le prix serait de 15 à 15 francs le kilogramme. Il y a donc là un danger sérieux pour le planteur, car il faut songer que le pouvoir odorant d’un Ailogramme de Vanilline équivaut au pouvoir odorant de cinquante kilogrammes de gousses; d’aucuns disent que l'équivalent est de cent kilo- grammes de gousses. Cet énorme pouvoir odorant, la facilité de son emploi, son prix peu élevé, ont fait adopler la Vanilline artificielle par beaucoup d’industriels qui font ainsi de lucra- tives opérations. Cependant la Vanilline ne constitue pas à elle seule le parfum de la Vanille, il v a même une différence sensible, mais comme le public ne saurait s’en apercevoir, il appartient dans une semblable circonstance aux Pouvoirs publics d'intervenir. Il n’est pas prouvé non plus que la Vanilline artificielle est inoffensive, autre raison d'intervention publique. On fait inter- venir dans la préparation de la Vanilline artificielle des pro- duits dangereux, ces produits sont-ils entièrement éliminés ? La consommation annuelle de la Vanille artificielle en France est d'environ 30.000 kilogrammes, ce qui correspond, en nous basant sur l’équivalent d’un kilogramme pour 50 kilogrammes de gousses, à 1.500.000 kilogrammes de gousses et à 3.000.000 de kilogrammes de gousses si l’ou se base sur l'équivalent d’un kilogramme pour 100 kilogrammes de gousses. On comprend facilement, devant de semblables chiffres, l'importance que prendrait dans nos colonies la culture de la Vanille si l’applica- tion des lois actuelles, ou une loi nouvelle, prohibait la Vanil- line artificielle ou en restreignait l'emploi. (A suivre.) CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS. Exposition d'Oiseaux à Londres. Les Perruches ondulées bleues. — Migra- tions. — Envoi d’une famille d'Okapis vivants au musée de New-York. — Enquête sur les méfaits du Hérisson, — Nouvelles de Pilawin. — Le Jardin zoologique de Para au Brésil. — Collection de peaux du Syr Daria. — Le jardin zoologique de Schœænbrunn. — Ouvrages d'Histoire naturelle pour la jeunesse de MM. Westell et Turner. — L'Oie du Canada. — Les Poissons d’aquarium. — La guérison des piqûres d’Abeilles par l’eau de Javel. — Importations récentes. L'association des amateurs d’Oiseaux de cage de Londres avait organisé une Exposition dans l’Agricultural Hall de Westminster au mois de novembre dernier. Les Oiseaux exo- tiques y étaient représentés par de nombreux spécimens, dont plusieurs espèces figuraient pour la première fois dans une exposition, notamment un Grand Oiseau de Paradis en beau plumage, un Manucode violet, un Rouloal de Malacca, un Trogon de Cuba, plusieurs Sucriers et les Tangaras variés qui sont maintenant d’une introduction courante dans les volières des amateurs. Mais le clou de cette exhibition fut sans contredit le lot de Perruches ondulées bleues envoyé par un amateur belge, M. Pauwels. 11 y a déjà longtemps que cette variété obtenue en captivité avait élé signalée, mais elle ne s’est pas beaucoup répandue comme la variété jaune qui s’est mainte- nant tellement multipliée qu'on ne la vend guère plus cher que l'espèce ordinaire. L’Ondulée bleue a conservé les zébrures foncées de l’'Ondulée ordinaire, mais le pigment jaune du plu- mage a disparu et a été remplacé par un pigment bleu de ciel du plus harmonieux effet; les maculatures jaunes de la tête sont devenues blanches. L’éleveur qui avait obtenu ces beaux Oiseaux n'avait pas voulu les vendre pendant l'Exposition, mais il en a offert un spécimen au Jardin zoologique de Lon- dres avant de quitter l'Angleterre. On a signalé de grands passages de Pinsons des Ardennes en Écosse. Des Jaseurs de Bohême ont été vus aux environs d'Édimbourg. Les migrations de Roitelets à huppe jaune et de - - CPR 7 C- — = Ness, CE, — Ca Pat mi Fe 26 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION | Mésanges charbonnières ont été particulièrement nombreuses à travers les îles Scilly. La façon dont ces minuscules Oiseaux, les Roitelets à huppe jaune, traversent les mers du Nord est assurément un des phénomènes les plus merveilleux de la migration, et il n’est pas étonnant que la légende se soit accré- ditée que le Roïitelet, pour franchir ces grands espaces, se pla- cait sans facon sur le dos d'Oiseaux plus gros que lui. Les pêcheurs de Harengs, au moment des passages, en voient souvent de grandes bandes venir se reposer sur les cordages et les gréements de leurs embarcations, mais ils ne les voient jamais descendre d'aéroplanes. Le cinquième rapport annuel du Comité d'Etudes de la Migra- tion de l'Ornithologist club d'Angleterre vient de paraître chez Witherby. Ce travail minutieux traite de la migration du prin- temps de 1909 et s'appuie comme les précédents sur les obser- vations recueillies par les veilleurs des phares. Les tables chronologiques, les variations atmosphériques soigneusement relevées, viennent ainsi documenter chaque année une enquête de longue haleine qui ne peut être l’œuvre d’un jour. On se souvient du bruit que fit, au commencement du siè- cle, la découverte dans les forêts du Congo d’un animal auquel on conserva son nom local d'Okapi et que l’on considéra comme une nouvelle espèce de Girafe. Ce fut en 1900, que le D' Sclater présenta à la Société zoologique de Londres deux fragments de peau zébrée de rayures bizarres que sir H. John- stone avait rapportés de la forêt de Semliki et qu'on eut quelque peine à déterminer. On crut d'abord avoir affaire à un Zèbre inconnu, mais dans la même année, sir H. Johnstone envoya au Bristish Museum une peau entière d'après laquelle sir Ray Lankester reconnut que l'Okapi était bien un être d'un genre nouveau. très voisin des Girafes et ayant aussi quelques analogies avec les Antilopes. D'après les renseignements que l'on recueillit petit à petit, on apprit que cet animal singulier et qu'aucun bomme blanc n'avait encore vu par corps, habitait les plus profondes et épaisses forêts de l'Afrique certrale, où il menait une vie quasi-solitaire, et qu'il était d’un naturel si farouche que les nègres des tribus de Pygmés Mabatti pouvaient seuls CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 27 l’approcher parfois et le tuer. En 1905, un Suisse, employé du gouvernement du Congo, parvint à voir un Okapi dans un épais massif boisé où l'animal fut tué par l’indigène qui le lui avait fait voir. D’autres peaux d'Okapis parvinrent dans la suite à différents musées, et même, en 1907, M. Ribotti communiqua, à une séance de la British Association, la photographie d’un faon d’Okapi qu'il avait pu prendre à . Bambili, dans l’État libre du Congo, et le colonel Harrisson, écrivant au Z'imes, en 1907, raconta qu'il avait eu la chance de rencontrer un Okapi en chassant dans le Welle pendant le cours de l’année 1904, de sorte que l’animal est aujourd'hui bien identifié quoique, vu son existence au fond de forêts impénétrables, son histoire reste encore très mystérieuse. On conçoit donc de quelle importance pour le monde zoologique est la nouvelle que vient de recevoir le D' Bumpus, le direc- teur du Musée d'Histoire naturelle de New-York, qu'un de ses collectionneurs a réussi à capturer vivants un mâle, une femelle et un faon d’Okapi qui traversent actuellement le Congo pour venir s'embarquer sur la côte et gagner le Nou- veau-Monde! Une des plus importantes maisons d'Angleterre pour la fourniture des accessoires de chasse et d'élevage, MM. Gilbert- son et Page, de Hertford, publie une revue mensuelle, 7he (ramekeeper, à laquelle collaborent les gardes-chasses de plu- sieurs tirés renommés et les éleveurs de gibier des centres cynégétiques de la Grande-Bretagne. On trouve donc dans ce recueil beaucoup d'indications utiles et pratiques et des obser- vations prises sur le vif par des praticiens. Une enquête a été dernièrement ouverte par le (amekeeper pour s'assurer de la réalité des accusations portées contre le Hérisson, d’être un animal nuisible dans les chasses et dont la destruction s'im- posait. C'est toujours une chose délicate de déclarer qu'un animal est nuisible ou utile, car cela dépend beaucoup des circonstances dans lesquelles il a été placé par l’évolution de l'agriculture et de la civilisation, lesquelles peuvent modifier sa manière de vivre. Ainsi dans certaines régions où la culture des arbres fruitiers est très développée, le Bouvreuil est consi- déré comme un implacable destructeur de bourgeons et de fleurs et on lui fait une guerre acharnée. Ailleurs la Corneille PAIN ENT CRT 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION est proscrite comme consommant les semailles et ne se conten- tant pas de fouiller la terre pour y chercher les larves de Hannetons et les Lombrics. La destruction des Oiseaux de proie sur les moors d’Ecosse aurait beaucoup contribué à la propagation de la maladie des Grouses, ces Oiseaux n'éliminant plus des réserves giboyeuses les individus faibles et malades qui étaient naturellement leurs premières victimes; enfin les invasions de Mulots dont l’agriculture a eu tant à souffrir à des époques récentes, ont été attribuées en grande partie à la suppression des Hibous, des Belettes et des petits Carnassiers qui se nourrissaient principalement de Rongeurs. L'enquête du (ramekeeper n'est pas, il faut bien le reconnaître, favorable au Hérisson. De nombreux correspondants ont écrit au journal pour citer leurs observations particulières où ils ont pris le Hérisson sur le fait, mangeant les œufs, attaquant les couveuses ou les jeunes Oiseaux et abandonnant pour ce régime subs- tantiel sa nourriture habituelle de Vers et d’Insectes. Certains ont même vu le Hérisson poursuivre des Lapins et inspirer à ces Rongeurs une telle terreur que ceux-ci, avant même d’être atteints, se mettaient à crier, comme lorsqu ils se sentent pour- suivis par une Hermine ou une Belette qui s'attache obstiné- ment à leur donner la chasse. M. Lydekker, qui a publié un très intéressant récit de sa visite au grand parc à gibier du comte Potocki à Pilawin (1), a reçu de bonnes nouvelles de la multiplication des animaux lâächés dans cette réserve pendant le cours de la dernière année. Les Cerfs Wapiti d'Amérique et les Elans y prospèrent si bien qu'on à pu en chasser un certain nombre à l'approche. Le troupeau d’Aurochs augmente peu à peu et contribuera sans doute à empêcher l'extinction de ce Bison d'Europe, en four- nissant, à un moment donné, un sang nouveau pour régénérer le troupeau de Bielowitz. On a essayé d'introduire l’Antilope _ Saïga à Pilawin, mais le sol y est trop humide et marécageux pour que cet habitant des steppes sablonneuses de l’Europe orientale ait pu s’y plaire. (1) À trip to Pilawin. Rowland Ward, édit., Londres, 1908. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 29 * # * Le nouveau directeur du Musée de Para au Brésil s'emploie activement à développer le jardin zoologique annexé à cet éta- blissement et où l’on s’est surtout attaché à réunir des spéci- mens de la faune du bassin de l’Amazone. Par suite de mala- dies microbiennes, beaucoup d'animaux sont morts dans le cours de l’année. La collection compte environ 671 spécimens, dont un Caïman à gros museau (C. latirostris), un très gros exemplaire de Gymnote électrique et 32 Lepidosirens para- doxals. Le Jardin zoologique de Schônbrunn, près de Vienne, s’est agrandi de plusieurs grands enclos bien boisés et pourvus de maisons d’abri pour les gros animaux-gibiers : Cerfs, Rennes, Bouquetins et Mouflons. On y voit une petite bande de Cha- mois, qui furent offerts à l'Empereur à l’occasion de son jubilé, et des Bouquetins de la Carinthie où, grâce à la protection qui leur a été donnée, ces animaux ont recommencé à se multiplier et comptent environ 300 têtes. M. Lindig, naturaliste à Weimar, nous communique une liste de peaux d'Oiseaux du Turkestan et régions voisines qu'il vient de recevoir du Syr-Daria. Ces spécimens de collection sont en très bel état et comprennent des Grives à gorge noire, des Traquets, des Glaréoles, des Mésanges, des Pies-Grièches, des Loriots de Sykes, des Guëêpiers et des Becs-fins de plusieurs espèces. Nous avons reçu de MM. Percival Westell et Henry E. Turner une série d’intéressants petits volumes, publiés par Dent, de Londres, qui rentrent bien dans le plan d’études d'Histoire natu- relle que la Société d’Acclimatation se propose d'encourager dans les écoles primaires. Sous les titres divers : Le ruisseau, la prairie, l’élang, la haie, le bois, le territoire communal que je connais, les auteurs décrivent tout ce qui peut frapper les 30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION yeux du promeneur attentif dans les différents règnes de la nature et cela dans des termes fort simples, sans un déploie- ment d'érudition scientifique qui fatiguerait inutilement l'esprit des jeunes lecteurs. Les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles, les Insectes, les Plantes que l’on rencontre dans chaque loca- lité différente sont signalés au cours de chacune de ces prome- nades et des dessins graphiques, des photogravures, même de jolies chromos, contribuent à l'intelligence du texte, qui ne dépasse pas 80 à 100 pages par volume. Nous voudrions voir ces petits manuels ou d’autres analogues entre les mains de tous les enfants des écoles, estimant que l’histoire des Bêtes contribuerait à asseoir leur jugement avant que les préjugés et les passions, qui fourmillent dans l'Histoire des Hommes, n'aient perverti le sens commun de ces jeunes intelligences. L'intérêt que l’on porte aux choses de l'Histoire naturelle en Angleterre est l'occasion de nombreuses publications sur les faunes locales qui constituent de précieuses monographies. De ce nombre est l'important ouvrage de MM. Coward el Oldham sur les Vertébrés du comté de Chester et de la baïe de Liver- pool (Witherby, éditeur, Londres). Ces auteurs nous apprennent que l'Oie du Canada, dont le Bulletin rappelait en août 1909 l'historique à ses lecteurs, s'est beaucoup multipliée à l'état sauvage sur les eaux du comté, et que ces Palmipèdes améri- cains s’y réunissent pendant l'hiver en grandes bandes où l’on compte plus d'une centaine d'individus. Nous nous intéressons peu, en France, aux Poissons dils d'aquarium. Le Poisson rouge a, presque seul, les faveurs du publie qui ignore les nombreuses et brillantes espèces de petits Poissons exotiques qui peuvent orner un aquarium d'appartement. En Allemagne et en Autriche, le goût de l'élevage des Poissons d'ornement est fort développé et l’on y compte de nombreuses Sociétés d'amateurs de Poissons d’aquarium, qui élèvent et font reproduire quantité de petites espèces, une centaine environ, fort décoralives et à peu près inconnues en France. Tels sont CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 31 entre autres le Chanchito (Âeros facetus) de l'Amérique méri- dionale, le Macropode (Polyacanthus viridiauratus) de la Chine, le Gourami {Ctenops vittatus) de l'Inde, pour ne citer que les plus répandus. Ces jolis animaux, dont les brillants coloris rivalisent avec ceux des Oiseaux et des Insectes les plus richement parés, méri- teraient d’être connus et élevés en France. Un aquarium contenant quelques litres d’eau maintenue à une température de 15 à 25 degrés, une touffe de plantes aqua- tiques, et quelques vers de vase, voilà leur logement et leur nourriture. Le prix d'achat de ces Poissons est modique et l’on ne peut que souhaiter de voir s’introduire en France le goût de l’obser- valion et de l'élevage de ces intéressants et jolis animaux. Les piqüres des Abeilles et des Guêpes font cruellement souffrir ceux qu'elles atteignent. Un cultivateur de Seine-et-Oise, celte année, vil tout à coup son attelage de charrue environné par un essaim d'Abeilles. Ces Insectes s’attaquèrent d’abord aux Chevaux qui, après s'être cabrés, après avoir lancé d’inu- tiles ruades, roulèrent sur le sol. Leur conducteur voulut venir à leur secours, mais, piqué à son tour, ils’enfuitet tomba bientôt sans connaissance, à quelques mètres de ses Chevaux. Un voi- sia le prit par ses vêtements et le tira, non sans peine, hors des atteintes des Abeilles furieuses. Le cultivateur, soigné aussitôt par un médecin, s’en tira après quinze jours de souffrances, mais ses deux Chevaux étaient morts à l'endroit où ils avaient subi l'assaut de l’essaim. M. Piedallu nous indique dans le Bulletin du Muséum d'His- toire naturelle un remède pratique, qu'il a expérimenté sur lui- même, après qu'il eut été environné par un essaim de Guëépes, et piqué à plus de vingt endroits. Il fit une solution d'eau de Javel au quart et l’appliqua en compresses sur les parties du corps atteintes par les piqüres. En quelques minutes les douleurs cessèrent. Cette solution massive au quart, ajoute-t-il, n'est pas nécessaire et la dose au dixième et même au vingtième serait, croit-il, suffisante. 32 Importations récentes. Il y a quelque temps que nous n'avions recu de nouvelles de la maison Hamlyn. Sa liste de disponibilités de décembre est assez chargée. D'abord Le Chim- panzé, Peter IIT, a été vendu 3.250 francs. C’est un animal très intelligent qui marchera sur les traces de Peter I, le Chim- panzé qui a fait d'aussi grosses recettes sur la scène que tous les autres Singes exbibés jusqu'ici. Dorothée a été vendue 1.250 francs ; reste Doris, un Chimpanzé noir dont l'éducation est déjà très avancée. Un Orang-Outang est attendu en février. Gazelle de Perse; Agouti; Nilgaut; Zébus de l'Inde (petite race); plusieurs espèces d'Écureuils; Cygnes noirs ; Grues cou- ronnées du Cap; Cerfs axis; Cerfs de Virginie; Colins mas- séna; Oies céréopses; Bêtes fauves et petits Oiseaux divers. Chez Philip Castang : Demoiselles de Numidie; Palmipèdes divers. Chez A.-E. Jamrach : Gazelles de Perse; Grues de Mand- chourie ; Cariamas. Chez Cross : deux Faucons pèlerins dressés; Mangoustes de l'Inde excellents fureteurs de Rats. Au Jardin des Plantes de Paris : une Girafe, deux Lions et un Zèbre envoyés par l'Empereur Menelik au Président de la République. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. É.. S E | dispombiités. PA … Graines de Voandsein Poissoni À. Chevalier. OFFRES rix Paris 1909 : poules et coqs Catinais _ blanc ei type Gâtinais Club Français, race pratique par excellence, pour tout usage “en tout climat; saison 1909 : poulettes pour ponte hiver et coquelets, 6 fr. 50 pièce; 60 fr. les 10; . s'inscrire. M. pe SAINVILLE, membre du Gâtinais-Club, Saint- Germain-des- Prés (Loiret). . ponte, 6 francs pièce. M. ALBERTIN, faisanderie Louveciennes (Seine- SÉRIE ie Garde-régisseur de ne boisée, connaît l'amé- nagement, l'exploitation mécanique des bois et la pisciculture. COLETTE, Marmagne (Saône-et-Loire). D à siffleurs du Chili, 1910, à céder ou échan- es Le Canards ou Oiseaux de parc rares. lus de 10.000 Poulettes Caussade, pondeuses in- comparables pour l'hiver. Sujets de Æ mois. 2 fr. 50 et 3 francs selon choix. M. MEZIN, à à Saint-Jean- du-Gard. _ Jeunes Notons de l'année, livrables en mars 1911, à céder aux Membres de la Société, au prix de 60 francs pièce. e faire inscrire au Secrétariat. Sers Beauce (bas rouge) « Hautes origines cham- pion Brissac »- inscrire au sevrage. Prix: 50 à 70 francs l’un. avissants chats siamois. enny's FARM, Créteil (Seine). ; ix d'honneur Paris. vres sélectionnées du. Poitou, excellentes lai- tières, élevage Deux-Sèvres. Ecrire à M. L. Fourré,5, Boul Saint-Martin altaise 3 ans, provenance Capitaine), Tolet, im- portée Algérie, ravissant sujet. 150 fr. èvre 1/2 sang,? ans, grande et robuste, 100 francs, S'adresser au Secrétariat. OFFRES. DEMANDES, ANNONCES 00 NE faisanes des bois, ayant servi à la céder quelques magnifiques chiots mâles ber- EN DISTRIBUTION (Légumineuse du Dahomey.) Offertes par M. BOIS, saillie Maltais. Saanen, importée, forte laitière, saillie 80 francs. Bouc par importé d'Algérie, 2 ans, alezan cuivré, 30 francs. Cobayes, Ofr. 5 pièce. Saillies étalons Cœkers blanc-noir 1er et 2e prix, nez très fin, 60 francs. Blanc-orange vif également, très bon pédigrée, 50fr. Chiots à céder, T5 francs, sevrage. 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Chrysalides vivantes de Papillons, d'espèce indit- | férente, faites en même temps: M. Jean ROSTAND, Arnaga, Pyrénées). Cambho (Basses- + FONDÉE EN 4854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 \ Fe. bd: - PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) ; É $: Le but de la PPEibIe nationale d’Acclimatation de France est de c concourir : 4° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et nent: 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. & Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol À même de la France. L'attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des | animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en Ÿ encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. ; Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- | sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d’'Acclimatation poursuit un “but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Fo Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au £ même titre que les Français; les dames peuvent égalemeñt en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo- | ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). à Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti-. sation annuelle de 35 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions Su gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, elc., - faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieures à son admission, etc. “ Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société acc matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8&, illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Let ÿ Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les” matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés > part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les, Mammi- fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et. de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont. plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour les membres de la Société, Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le Manuel de l’'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien connus du Dr Moreau sur les Poissons de France. # Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — 1. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. DE LA M0 Suciété Nationale d'Acelimatation + . DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58e ANNÉE 15 JANVIER 1911 SOMMAIRE “1 ÿ M LOYER: — Pilawin et les réserves du comte J, Potocki. . . . . . . . . . . . . . . 33 ; F: de CHAPEL. — Note ur les Merops (Guêpiers), visitant le midi de la France. . . . . 46 | MAGAUD d'AUBUSSON. — Sur l'acclimatation de quelques espèces de Francolins (suite). 48 | Paul PARIS. — Essai d'incubation artificielle des œufs d'Ecrevisses. . . . . . . . . . . . 56 H. COURTET. — La Vanille et la Vanilline artificielle (suife) . . . : . . . . . . . . . . . 59 - La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Da Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL PE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS i LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS La distribution solennelle des Récompenses de la Société aura eu le dimanche 12 Février 1911, à 2 h.1/2, dans le grand am- ithéâtre du Muséum d'Histoire naturelle. _ Conférence par M. le D° LOISEL : « Le jardin zoologique de kansen à Stockholm et le rôle des ménageries dans les Sciences zoologiques ». … Les membres étrangers ou de province qui désirent assister à cette séance sont priés de demander des cartes au Secrétariat. ‘ 10e j Fe Mrs Sbcrétaire Éénéra a Prpnnenr d'informer MI [M. mbres de la Société À et les personnes qui désireraient l'entretenir qu’il se one leur disposition, au siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 42à"7 heures. Les SLT NATIONALE DACLMAEATION DE FAN Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS 2 , BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 . L Président, M.JEdmond Perrier, membre de l'Institut et de l’Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. #4 MM. D. Bois, Assistsent au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). M Vice- Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. 3 Comte de PoNTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAvERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. a MM. R. Le ForrT, 89, boulevard Maleshertes, Paris (£Ztranger).' Te H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole les Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- - Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). CreriN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). ES Ch. DEBREUIL, 25, rue de Chäteaudun, Paris (/ntérieur). Trésorier, M. le D: SeizLorTe, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D' LePRiNCes, 62, rue de la Tour, Paris. * ; + MzrLces, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. CRE Dr E. TRoOUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuwvier, Paris. Pb. de Vizmorix, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 44, rue des Ecoles, Paris. | Le MyREe pe Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. « Comte d'ORFELILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. M2 Wurriox, 7, rue Théophile-Gantier, Neuiliy-surSeine. d ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. DÉJARDIN, 93, rue Claude-Lorrain, Paris. MAGAUD-D'AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. L D: P. Marc#aL, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomelogique de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. 1. Dates des Séances du Conseil et des Sections À POUR L'ANNÉE 1911 x Jaurvier Séances pu Coxseir. le Mardi à 5 heures.| 10 414 15 11 9 44 Are Secrion. — Mammifères, le lundi Février Mars à 5 heures . . . TEEN: 9 6 6 3 1 6 SECTION. — Ornithologie, le lundi à 3 h..1/2. LT - 9 6 6 3 :| 6 4 3 SECTION. — Aquiculture (4), le lundi à 5 heures . . . ME ES 13 43 « 8 13 11 42 SECTION. — Entomologie, le lundi RER RE TR EN Let SFEUIG 43 13 10 8 43 14 5® SECTION. — Bolamque, le lundi 2 BAL A2: 0-1 FE 23 20 20 24 45 20 48 ?} 6° SECTION. — Colonisation, le lundi à 5 heures . . . 23 20 20 24 15 20 48 Sous-Secrion d'Etudes Caprines, le ven- | dredi à 5 heures . . . 1021 24 24 21 26 24 (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séan des Sections recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels séances! PILAWIN ET LES RÉSERVES DU COMTE J. POTOCKI (1) Par MAURICE LOYER. Les animaux sauvages, les grands Mammifères surtout, dis- paraissent; et, il devient oiseux de le répéter, si l’on n'y prend yarde, presque toutes les espèces qui n'auront pas été réduites eu domesticité seront éteintes avant la fin du siècle présent. Il ne s’agit pas seulement de celles qui vivent dans notre pays, mais aussi des animaux sauvages de l’ancien et du nouveau coatinent. Cependant ces grands Mammifères, orgueil des forèts et des vastes plaines, victimes des transformalions apportées par la civilisation à la surface de notre globe, présentent au moins autant d'intérêt, au point de vue scientifique et artistique, que les œuvres d'art sorlies de la main des hommes qui ornent nos musées et nos places publiques; ils devraient être respectés au même titre et placés, comme elles, sous la protection de lois qui préserveraient leurs derniers représentants de la manie destructive des barbares. Plusieurs États se sont préoccupés de cetle grave question ; l'Angleterre et les États-Unis d'Amérique, l'Allemagne tout récemment, ont créé de vastes réserves pour la protection de leur faune indigène. Nous devons déplorer l’inertie de notre pays en présence du dépeuplement intense qui se poursuit en France et dans nos colonies, et notre Société a, à maintes reprises, adressé dans ce sens, aux pouvoirs publics, des vœux, qui, hélas! sont demeurés platoniques. Quelques rares personualilés en Europe el en Amérique se sont etlorcées de créer, avec leurs seules ressources, et dans des proportions moins vastes que les États précités, des réserves où les grands Mammifères pourront, à l'abri des chasseurs et des braconuiers, vivre et se reproduire en fouie sécurité. L'une de ces réserves. urie des plus récentes, puisque sa créa- lion ne remonte qu'à 1902. est celle de Pilawin, en Volhynie. (1) Voir Bullelin, année 1909. p. 137. BULL. SOC. NAT. ACCL. Fk. 1911 — 5 ÿd E % 34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Une délégation de notre Société, composée de MM. Ed. Per- rier, Caucurte, Debreuil, Loisel et moi-même, répondant à une invitation que notre collègue, M. le comte Joseph Potocki, nous avait adressée lors de son dernier séjour à Paris, prenait le 30 juillet 1910, à la gare du Nord, le train pour Varsovie, afin d'aller étudier sur place cette intéressante organisation. De Paris à Pilawin le trajet est long, aussi avions-nous résolu de nous arrêter en cours de route à Berlin et à Varsovie. Nous ne pouvions, du reste, traverser Berlin sans aller rendre visite à notre collègue M. le D' Heck, le distingué directeur du Jardin zoologique de cette ville, auquel je suis heureux d'adresser ici, ainsi qu'à ses collaborateurs MM. le D° Heinroih, sous-directeur technique, Meissner, directeur administratif, et le professeur Matschi, nos plus vifs remerciements pour l'accueil si cordial qu'ils réservèrent à notre délégation. De Paris à Varsovie. la route est monotone; c'est la plaine sans fin. sauf pendant la traversée des Ardennes belges et dans la Westphalie, mais la bonne humeur de mes compagnons de voyage fait paraître moins long le chemin. Aussi quand nous franchiscons. vers cinq heures du matin, la frontière russe à Alexandrowo, ne nous semble-t-il pas que nous ayons quitté Paris depuis trois jours déjà. Nous demeurons deux heures à la douane russe. où l'on examine nos pass2-ports, et, au petit jour, nous partons pour Varsovie, où nous arrivons vers sept heures du matin. C'est là notre seconde étape. Le D° Stolzmann, qui a bien voulu quitter la plage de la Bal- tique où il villégialurait avec sa famille, pour nous faire les honneurs de Varsovie, nous atlend à la gare et nous soubaite la bienvenue. Zoologiste distingué, le D° Stolzmann a fait de nombreux voyages dans l'Amérique du Sud et en Afrique, et il en a rapporté de fort belles collections parmi lesquelles se trouvaient des espèces nouvelles pour la science. C’est, en outre, un charmant compagnon de voyage. et c'est grâce à son extrême obligeance que nous avons pu visiter rap!- dement et utilement la capitale de la Pologne russe. Sous sa direction, nous avons parcouru la ville et visité ses principales curiosités, entre autres le château de Lazienski, ancienne résidence des rois de Pologne; le château de Villanow, demeure historique appartenant au comte X. Branicki, dont M. C. Przeclowski, conservaleur, nous fait admirer en détail, PILAWIN ET LES RÉSERVES DU COMTE J. POTOCKI 99 avec une bonne gràce inlassable, les merveilleuses collections ; la villa de la Favorite et le Musée d'Histoire naturelle Branicki, dont les honneurs nous sont faits par le D" Stolzmann qui en est le conservaleur. Nous y avons remarqué tout spécialement quelques raretés, entre autre le Leptopsiltacus Branickii, Per- roquet du Pérou, ainsi qu’un Oiseau-mouche, Loddigesia mira- bilis, décrits tous deux par le D' Stolzmann ; un Aigle de Corée, fahætus Branickü; puis un Æhea Darwini, Nandou que l’on rencontre habituellement dans le sud du continent américain et dont cet exemplaire cependant a été tué dans le haut des Cor- dillères du Pérou, près du lac Titicaca (4.000 pieds de hau- teur) (1). Nous notons encore parmi tant d’autres, un Eperon_ nier, le Polyplectron hehrkornæ Blasius : un hybride sauvage de Tetrao tetrax et de Tetrao urogallus et enfin un Aheinartius ocellatus Oustalet. Le D' Stolzmann nous fait remarquer que les plumes de ce magnifique Oiseau, aux ocelles rouges, ponc- tuées de noir et traversées de barres plus rouges, ne corres- pondent pas à la description qu’en a fait Elliot dans sa Mono- graphie des Phasianides, non plus qu'aux figures en couleur du même ouvrage représentant trois rectrices du Rheinharte. L'Oiseau du Musée Branicki appartiendrait-1l à une espèce non ‘encore décrite ? Guidés par le D’ Stolzmann qui nous accompagne à Pilawin, nous quittons Varsovie le lendemain soir, vers 4 heures. Nous devons passer la nuit en wagon, mais si les trains russes vont lentement, leurs voitures, construites pour les longs voyager, sont pourvues de toutes les commodités que peut réclamer le voyageur. La chaleur est extrême, aussi faisons-nous honneur aux eaux minérales et à l'excellent thé servi à la russe, que nous fournit le wagon-restaurant. Vers onze heures du soir, nous arrivons à Brest-Litowski, vaste gare, où se croisent les trains qui vont à Odessa, Moscou et Berlin. La.disposilion &e la voie nous permet d'apercevoir la facade de la gare, de forme byzantine, au décor polychrome, sous les vastes porches de laquelle vont et viennent des groupes d'hommes et de femmes du peuple en costumes pittoresques, mêlés aux cosaques, dont les chevaux sont attachés aux poteaux (1) Cet Oiseau a les plumes grises, mais loutes leurs extrémités sont lisérées de blanc. Est-ce là une variété ou une espète nouvelle ? 36 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION qui entourent la place de la gare. Tout cet ensemble, violem- ment éclairé par de nombreuses lampes à are, forme un spec- tacle saisissant qui nous retient pendant le long arrêt du train. Vers quatre heures du malin, nous arrivons à Slavouta, petite slation située au milieu d'une forêt de sapins, et qui des- sert Pilawin. Il nous reste encore cinquante-cinq kilomètres à parcourir avant d'atteindre le but de notre voyage. Nous allons faire la route dans des voitures découvertes que le comte Potocki a envoyées à notre rencontre. Ces voilures légères sont tirées chacune par quatre chevaux attelés de front et conduites par un cocher vêtu d'une longue redingole plissée, de couleur bleue, serrée à la taille par une large ceinture jaune, et d’un pantalon bleu bouffant dont les plis se perdent dans des bottes noires. Les bagages suivent dans des voitures spéciales. Nous partons au trot soulenu des petits chevaux du pays, et devant nous se déroule la route que nous allons suivre pendant cinq heures environ. Cette route est plutôt une piste, large d’une trentaine de mètres, qui court à travers les champs et les bois, semée d'ornières profondes et de larges flaques d'eau, jamais entre- tenue. Lorsque la piste est trop défoncée, les voitures passent à côté, et la route s'élargit d'autant. Nous iraversons d'abord un bois de sapins, puis de vastes plaines couvertes, de-ci, de-là, de maigres cultures de céréales, entrecoupées de bosquels de sapins et de bouleaux. De temps en temps nous traversons des villages situés de chaque côté de la route. Les maisons basses, composées d'un rez-de-chaussée surmonté d'un loit de chaume, aux petites fenètres carrées, sont entourées d'un jardinet clos d'une palissade afin d'en empécher l'accès aux animaux domesliques. Les habitants, au type slave très prononcé, sortent des chaumières pour nous voir passer. Les hommes sont vêtus d'une redingole de laine brune bordée de galons rouges, la sivitku, e! d'uu pantalon de toile blanche serré à la cheville ; les femmes portent sur la lête un foulard rouge ou bleu qui fait quelquefois le tour de leur cou, cachant la partie inférieure du visage; une longue che- mise de toile, la £oszula, serrée à la taille, et un tablier de cou- leur rouge semblent être tout leur vêtement. Hommes, femmes et enfants portent des bottes ou vont nu pieds. Tous nous saluent, non de la tète, comme en France, mais en inclinant lentement toute la partie supérieure du corps. PILAWIN ET LES RÉSERVES DU COMTE J. POTOCKI 31 C'est au sortir d'un village que nous apercevons sur le toit d'une grange le premier nid de Cigognes. Deux jeunes Oiseaux s'y tiennent debout, tandis que les parents sont non loin de là dans les champs. Du reste, nous verrons des Cigognes tout le long de notre route; les paysans les respectent, et ces Oiseaux ne semblent en aucune facon effrayés par notre passage. Au moment du départ, il n’est pas rare, paraît-il, de voir trois ou quatre cents Cigognes réunies en une sorte de conci- liabule. Ces Oiseaux se mettent en route, nous dit-on, à la même date, le 24 août, chaque année et presque à la même heure. Deux heures après notre départ, nous faisons halte sur la place d’un gros village, Pitcheff, où, pendant que nos chevaux se reposent, nous prenons une rapide collation que le D" Stolz- mann à eu l'heureuse idée d'apporter de Varsovie. Nous la prenons debout, devant la porte de l'auberge où nous étions tout d’abord entrés, car l'odeur qui se dégageait de la salle dans laquelle on nous avait introduits nous en avait aussitôt fait sortir. Nous remontons dans nos voitures et roulons encore durant deux heures sur le sable de la piste. Tout à coup, au détour de la route, nous apercevons des sol- dats à cheval. Ce sont des Cosaques du Don, au service du comte Potocki, qui nous attendent sur les limites du territoire de Pilawin. Ils nous saluent, encadrent les voitures, et, de ja sorte escortés, nous franchissons au bout d'une heure de roule une porte en bois surmontée du Pilawa, sorte de croix à trois branches d’un côté, à deux de l'autre, entourée de l'inscription latine : Scutum opponebat sculis, qui sont les armes et la devise des Potocki, créés comtes par Casimir le Grand au xiv® siècle. Encore quelques kilomètres à travers une forêt de sapins, sur une belle route bien entretenue, et bientôt nous apercevons Pilawin, le rendez-vous de chasse, but de notre voyage. Le comte Joseph Potocki, qui vient d'arriver en automobile de son château d'Antoniny, nous soubaite la bienvenue et nous présente son secrétaire M. P. de Kaczkowski, le régisseur et le grand veneur M. Sokalski, dans un seyant uniforme, une dague à la ceinture; puis après un déjeuner auquel nous faisons honneur, nous montons sans perdre de temps dans des voi- tures de chasse très basses qui vont nous conduire dans les 38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION parties de la forèt où les Cerfs et les Bisons ont été signalés par les gardes. La forêt de Pilawin était, avant que l’on y eût installé les réserves que nous allons visiter, c’est-à-dire avant 1902, une forêt inextricable de 3.600 hectares. Une visite faite vers celte époque au duc de Bedford à Woburn Abbey décida le comte Potocki à tranformebr la forêt en un parc d'acclimatation pour les grands Mammifères de l’ancien et du nouveau continent. Il fallut un an de travail pour rendre la forêt accessible : 180 kilomètres de routes furent tracés, plus de 400 ponts furent jetés sur les fossés et les ruisseaux, 44 kilo- mètres de palissades de 2 à 3 mètres de hauteur circonserivirent le parc. Aujourd'hui sa superficie, accrue récemment encore, est de 4.200 hectares. Les animaux qui y vivent sont en complète liberté dans cet immense enclos ; néanmoins ils sont l'objet d’une surveillance discrète de la part des vingt-quatre veneurs qui se partagent l'exploitation de douze cantons dont se compose le domaine et de gardes chasse qui ont également chacun leur circonserip- cription. - Un invenlaire est dressé des naissances et des décès et celui de 1910, que nous avons eu sous les yeux, indique une popula- tion de grands Mammifères de 287 individus, répartis ainsi qu'il suit : 1 2 Ours des Karpathes (enfermés dans un vaste parquet). 2 Castors d'Europe 60 Alces palmatus (Elans + Cervus sungaricus. C. wapili canadensis . maral asiaticus. . 1 © BOND LO De ds re bn 2% Qt re GO I 9 Ps rs dada aiadasne 19 10 10 40 40 10 10 40 40 10 10 10 + D [> C. Dybowskii . bis Le Mn =) LD LD 4 © C. caucasicus . . lien-schan . C. hanqul. se : Capreolus pyqarqus Cerene He She) Colus fatarica. = M < |: Bos (bison) europæus (Zubry en lOneRe Le LE Bos (bison) asmnericanus (le mâle est un croisement avec l'européen) 22 > - -15 22 2. CEE co LA He Ha Là © ms a 10 —— bè Le) PILAWIN ET LES KÉSERVES DU COMTE J. POTOCKI 39 L’accroissement de la population est constant, ainsi qu’en témoignent les chiffres suivants : AO OCR ER ETES A Re STD NTÈTE SE AT, sooto tent Au ER NE PSE ARR RE NE PAR 110 À SORA EL LEE er RAR AL IS, Les premiers hôtes du pare de Pilawin furent des Elans au nombre de 20, provenant des domaines de Lithuanie du prince Antoine Radziwill, père de la comtesse Potocka; puis d’autres envoyés par le maréchal Ouvaroff, du nord de la Volhynie; des Wapiti, achetés chez Hagenbeck en 1902; puis un couple de Bisons d Europe, offert par l'Empereur de Russie, et provenant de la forêt de Bialowicz, réserve de 100.000 hectares où en 1902 vivaient encore 665 Aurochs; depuis, leur nombre a diminué, car une épizootie sévit sur ce magnifique troupeau et en a réduit le nombre à environ 500 sujets. La forêt de Pilawin est composée surtout de Sapins, auxquels s'ajoutent des Mélèzes et des Bouleaux. La plupert des routes y sont jalonnées par de fortes lattes, d'environ 50 centimètres de hauteur, peintes en blane et enfoncées obliquement dans le sol, elles permettent aux promeneurs de ne pas s’écarter de la bonne voie el leur note blanche qui se détache sur la verdure des sous-bois est du plus joli effet. . La végétation de ces sous-bois rappelle celle de nos mon- tagnes, et nombreuses sont les espèces alpestres que nous recueillons au cours de nos promenades; une Azalée forme ici de grands buissons : c'est l’Azalea pontica, espèce originaire des bords de la mer Noire et qui, dit-on, fut apportée au xvi° siècle en Pologne par les Tartares, mélangée avec l’avoine de leurs chevaux. Nous partons donc en voiture pour observer de près les hôtes sauvages du domaine; des gardes à cheval postés sur certains points de notre parcours, désignent de la main l'endroit où paissent ies animaux. Successivement, au cours de notre pro- menade qui n’a pas duré moins de cinq heures, nous avons vu des Elans, des Cerfs de diverses espèces, mais cette fois-ci il nous est impossible d’apercevoir les Aurochs. De retour à Pilawin, nous voyons, près du chalet, le gibet où l’on suspend les animaux tués à la chasse et qui tient lieu de tableau. C’est un grand arbre, haut de 8 à 10 mètres, dont la tête, coupée, est enfoncée dans le sol tandis que les racines, en A0 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION l'air, dépourvues de leurs radicelles, font autant de potences où l’on hissera les Cerfs et les Chevreuils tombés sous les coups des chasseurs. Le chalet lui-même est une vaste habitation entourée de dépendances. Sa décoration extérieure, loute rustique, est empruntée aux malériaux du pays; les bois de la charpente, apparents, sont recouverts de leur écorce: les murs sont revêtus à l'extérieur des plaques de l'écorce argentée des Bouleaux; de- ci de-là sont accrochés les bois de divers Cerfs tués sur le domaine. Tout cel ensemble produit le meilleur effet. L'inté- rieur, d'une sobre élégance, est divisé en plusieurs grandes pièces loutes remplies de souvenirs cynégétiques et de trophées de chasse. Parmi eux, au milieu de la cheminée du salon, nous sommes agréablement surpris de reconnaître la médaille de notre Societé, décernée au comte Potocki en février 1910. Cette médaille est très artistiquement supportée par un socle qui tigure un Aigle, aux ailes largement éployées. Le lendemain, une battue blanche est donnée en notre honneur afin de faire défiler devant nousles animaux que nous n'avons pu voir la veille. Nous quittons vers neuf heures du matin le pavillon de chasse où nous avons passé la nuit, et toujours en voiture, nous nous rendons sur le lieu de la battue, à une dizaine de kilomètres en forêt. Au milieu d'une allée, large d’une vingtaine de mètres, nous apercevons, rangés sur une ligne, huit agents des forêts. Tous portent l’uniforme des veneurs du comle : veste et culotte de drap gris, liséré de vert, et boutons de corne, chapeau tyrolien, bordé également de vert. Ces cavaliers nous saluent et se séparent en deux bandes qui disparaissent dans la forêt. La baltue va commencer. On nous place à la distance de 100 mètres l’un de l’autre, chacun derrière un arbre, en nous recommandant de ne pas bouger. Le grand veneur, M. Sokalski, sonne alors d'une trompe de forme archaïque, faite d'une corne de taureau deux fois recour- _bée. C'est, m'a-t-on dit, le modèle de celles dont se servent, depuis les temps reculés, les chasseurs polonais; elle était faile autrefois d'une corne d’Auroch. A cette sonnerie, d'autres répondent du fond des bois, et le silence de la forêt n’est plus troublé que par les sons bizarres de ces instruments dont l’in- tensilé augmente au fur et à mesure que les rabatteurs se rap- prochent de nous. Voici maintenant le défilé des animaux : PILAWIN ET LiS RÉSERVES DU COMTE J. POTOCKT 41 Chevreuils de Sibérie, Elans, Cerfs de Dybowsky, Marals, pas- sent devant nous, franchissent l'allée et se perdent dans les broussailles. Mais la ligne desrabatleurs apparait, conduite par les gardes. Ce sont, pour la plupart, des paysans rhuléniens, au costume primitif et bizarre, chaussés de sandales faites de fibres de Bouleaux. Le comte Potocki appelle l’un d'eux qui, plus mort que vif, ne sachant ce qu'on lui veut, s'arrête en tremblant; le comte le rassure, il lui parle doucement et le flatte de la maio. Nous pouvons le photographier lout à notre aise, mais ce n en est pas moins avec un gros soupir de satisfaction qu'il se retire, sans avoir compris l'inlérêt que nous Jui avons témoi- gné. Les Bisons n'étaient pas dans celte partie de la forèt; nous partons en voiture à leur recherche, désespérant de jamais les voir, quand tout à coup, dans une clairière, nous apercevons le troupeau tout entier. Nous descendons de voiture, nous nous en approchons à une vingtaine de mètres et le spectacle que nous avons sous les yeux est vraiment saisissant. Ces beaux animaux, plus sveltes, plus élégants que leurs frères d'Amérique ne semblent pas émus à notre vue; les uns broutent, les autres ruminent, couchés sur la mousse, d’autres nous regardent; un mâle superbe frappe la terre de ses pieds de devant, tandis qu'avec ses cornes et sa tête énorme il achève de déraciner un jeune Bouleau. Soudain, il se redresse et fixe d'étrange manière les indiscrets qui l’examinent, sans doute de de trop près à son gré; on nous crie de rebrousser chemin, ce que nous nous hâtons de faire, heureux d'avoir pu admirer de près ces bêtes magnitiques dans toute la beauté de leur vie libre. Vers la fin de notre excursion, nous pouvons apercevoir en- core une troupe d'une cinquantaine de Wapiti(1) aux bois énor- mes, qui paissent dans un pré et que notre venue fait dispa- raître rapidement dans les bois d'alentour. Un garde nous apporte un Tetras urogalle, probablement blessé, et qu'il vient de prendre. Nous revenons par la partie nouvelle du pare, appelée « le (1) Un de ces Wapiti tué par un ami du comte Potocki, depuis notre voyage, pesait 326 kilogrammes. 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION iocher » : cette partie a un aspect entièrement différent, et du haut d’un élégant belvédère nous dominons des champs culti- vés, des villages, des prés, qui rappellent, à s'y méprendre, la campagne anglaise. Çà et là broutent, en confiance, quelques grands animaux. Avant de rentrer, nous visitons le village de Kamionka; ce petit village, englobé dans les terres de Pilawin, est des plus curieux ; il est exclusivement composé de nobles pauvres qui vivent en cultivant quelques terres données au x1° siècle à un des leurs par un ancêtre de notre hôte. Ces terres jadis large- ment suffisantes pour une famille, les nourrissent aujourd’hui, à peine. Pour rien au monde, cependant, ils ne voudraient les abandonuer, et très fiers de leurs parchemins, ils centinuent à se marier entre eux et à vivre suivant les mœurs d'autrefois. Nous pénétrons dans l’une des maisons ; l’intérieur est pro-- pre, et la femme, tout en balançant une grande corbeille sus- pendue au plafond et qui sert de berceau à un jeune enfant, confectionne des fromages et du beurre. Tous ces paysans sem- blent avoir la plus grande vénération pour le comte Potocki, à qui ils baisent les mains et les vêtements. Cette coutume, d’ailleurs, de baiser la main est très répan- due ; c’est une marque de respect que tous les serviteurs pro- diguent, sans, je crois, y attacher une grande importance ; au début, elle nous avait autant gènés que surpris. Nous quittons Pilawin le lendemain à midi, emportant de: notre trop court séjour un souvenir inoubliable; et, dans deux automobiles construites spécialement pour larégion nous partons pour Antoniny, résidence du comte Potocki, à 150 kilomètres de là. Nous franchissons cette distance à une allure moyenne de 30 kilomètres à l'heure ; cette vitesse, qui n’a rien de surpre- naut sur nos routes de France, devient stupéfante si l’on veut bien se rappeler que nous courons sur une piste sablonneuse, aux profondes ornières presque toujours encaissées entre deux berges qu'ilfaut souvent franchir pour éviter d'énormes flaques d'eau. Le pays, uniformément plat, devient aceidenté ; la terre est noire, c'est le steppe ; et les automobiles dévalent et remon- tent les pentes rapides, franchissent des rivières et des ruis- seaux sur des ponts rustiques formés de deux madriers sur lesquels quelques planches ont été jetées. Malgré la route, malgré les obstacles de toutes sortes dont elle est hérissée, nous arrivons à 5 heures à Schepetowka, où nous prenons le PILAWIN ET LES RÉSERVES DU COMTE J. POTOCKI 43 thé dans une confortable maison de chasse attenant à une des trois sucreries du comte Potocki. Le comte a, en effet, introduit la culture de la Betterave, qui a fort bien réussi et qui devient un élément de prospérité pour le pays. La région que nous venons de traverser est, d’ailleurs, remarquablement cultivée, et sous l’heureuse impulsion du comte Potocki, ces steppes faconnés avec les instruments agricoles les plus perfectionnés, n'ont rien à envier aux terres les plus soignées de la Beauce. Après avoir pris congé du D' Stolzmann et de M. C. de Kaczkowski, nous reprenons notre course à travers le steppe. C’est dimanche; dans les villages, les femmes ont revêtu leur plus beau costume, et rien n'est pittoresque et gai comme de les voir rangées sur une seule ligne pour nous regarder passer. L'air un peu effaré devant ces mécaniques extraordinaires, paysans et paysannes se courbent très bas au passage des au- tomobiles en nous adressant leurs souhaits. Leur geste ne manque pas de grandeur, mais nous passons (rès vite, et c’est à peine si nous pouvons remarquer les Polonaises aux traits fins, à l'air distingué, et quelques jolies juives. Bientôt, par une superbe route bordée de chaque côté de beaux arbres entourant des pelouses, les voitures franchissent les grilles d'Antoniny et s’arrètent enfin devant la grande facade du château. Malgré la rapidité du voyage, nous avons pu observer les allées el venues des Cigognes à travers les champs, et même apercevoir un Rollier, appelé ici Perroquet polonais, perché sur les fils du téléphone qui relie Pilawin à Antoniny. Après une rapide toilette, nous descendons dans le grand salon du château, pour saluer la comtesse Potocka qui, entou- rée de ses fils etde ses neveux, veut bien nous réserver le plus gracieux accueil. Nous pénétrons, à sa suite, dans la grande salle à manger où tout à coup nous entendons les accords d'un orchestre, qui se fera entendre durant tout le repas. Notre étonnement est extrême, car nous nous attendions peu à cette surprise, étant donné que nous sommes bien loin de tout centre et que la plus proche station de chemin de fer est encore à cinquante kilomètres de là. Mais Antoniny est comme une petite ville; autour du château 44 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION sont groupés tous les services que nécessitent les exigences de la vie moderne : sans compter les vastes écuries où, à cerlains moments, vivent trois cents Chevaux, sous les ordres du « ritt- meister » Lüffler, capitaine de cavalerie hongroise, et de deux lieutenants; il y a ici une usine pour la production de l’électri- cité et l'élévation de l’eau, un vaste hall pour l'entretien et la réparation d'une douzaine d'automobiles, des ateliers de menui- serie, de plomberie, de peinture, jusqu'à des tapissiers, un corps de sapeurs-pompiers, un bazar et un hôtel meublé avec tout le confort moderne, bref, tous les corps de métiers sont représentés dans ce coin de Pologne qui semble si loin du reste du monde. Antoniny est entouré d’un parc admirable; ses jardins et ses serres sont remplis des plantes et des fleurs les plus belles, et lorsque la comtesse Potocka veut bien le lendemain de notre arrivée nous en faire elle-même les honneurs, nous ne pouvons que lui manifester l'admiration que nous éprouvons à la vue de ce magnifique ensemble. Dans l'après-midi du même jour, sous la conduite de nos hôtes, nous parcourons en voitures remarquablement attelées de superbes chevaux nés dans les haras d’Antoniny, les hautes futaies sous lesquelles se courent les grandes chasses d'automne. Quelques Cerfs élaphes qui seront lâchés plus tard, paissent dans un vaste enclos. Loin d'eux se trouve la meute, composée d'une centaine de superbes Chiens courants, sous les ordres d’un piqueux français, qui répond au nom classique de la Brisée, aidé de deux valets polonais. L'équipage d’Antoniny vient de célébrer par de grandes fêtes, l’an dernier, le 25° anniversaire de sa fondation. C’est, je crois, le seul équipage de Cerf, mené d’après les règles de la vènerie française, qui existe en Russie. Puis nous allons visiter les élevages de Canards sauvages, situés sur des marais en bordure du parc. Ces élevages sont considérables, l'eau disparaît sous le nombre des Oiseaux qui s’y pressent et qui serviront, dans quelque temps, de cible aux tireurs lors des grandes chasses d'automne. Nous reprenons la route à travers bois et, après avoir passé sous les ombrages d'arbres séculaires, nous revenons à Anto- niny. | Le soir, à l'heure du toast, M. Ed. Perrier s'est fait notre interprète pour adresser à nos hôtes nos plus chaleureux remer- PILAWIN ET LES RÉSERVES DU COMTE J. POTOCKI 45 ciements; il leur a dit toute notre admiration pour l'œuvre entreprise et les résultats déjà obtenus, et notre gratitude pour l’accueil si gracieux que la comtesse Potocka avait bien voulu réserver à notre délégation. La soirée, ensuite, se prolongea dans le hall du château; nous causons beaucoup du passé et un peu de l'avenir; parmi d’autres, le nom de Napoléon I‘ est prononcé, et c'est vraiment un récit poignant que celui que nous fait le comte Potocki lorsqu'il nous conte les efforts d’un de ses ancêtres qui, recevant l'Empereur des Francais, cherche à le détourner de sa marche sur Moscou. « Si Napoléon avait écouté ces sages conseils, nous dit-il, la face du monde aurait été changée. » Tout vibrant à ces souvenirs, le grand seigneur polonais évoque la mémoire des hommes illustres de son pays, nous parle du rôle de la Pologne. de ses poètes, de ses artistes, et c'est aux accents d'une polonaise de Chopin que nous lui faisons nos adieux et que nous nous séparons. Le lendemain, dès 6 heures du matin, nous prenons, en automobile, la route qui, à 50 kilomètres de là, nous conduit à Dimitri-Ostroff; nous y trouvons le train qui, par Podwolo- zyska, Cracovie et Vienne, doit nous mener à Graz, au Congrès international de Zoologie. NOTE SUR LES WÆEROPS (GUËPIERS) VISITANT LE MIDI DE LA FRANCE Par F. DE CHAPEL. Parmi les Oiseaux venant visiter la France méridionale, je ne crois pas qu'il en existe pouvant rivaliser avec les Guépiers, pour l'éclat etla richesse de leur livrée. Deux variétés se voient dans nos parages méditerranéens, ce sont : Werops apiaster Linné et Merops ægyptius Forskal, ou Promerops Sarignyi Le Vaillant. Tous les Oiseaux de celte tribu vivent dans des pays chauds et tous brillent des plus belles couleurs. Les deux variétés qui nous intéressent habitent l'Afrique et l'Asie. Le Werops apiaster (Guêpier vulgaire) que nous rencontrons le plus souvent chez nous, habite l'Asie occidentale et l'Afrique. Autrefois, lorsque les environs d'Aigues-Mortes, au lieu d'être plantés en Vignes, étaient ombragés par une longue forêt de Pins s'étendant sur les dunes, les Guêpiers y venaient en assez grand nombre au printemps et y nichuient ; on en rencontrait souvent daus ces parages. La culture semble les avoir chassés, car c'est bien plus rarement qu'on les rencontre actuellement, soit sur le littoral immédiat, soit plus avant dans l'intérieur des terres. Il y a une trentaine d'années, un de mes amis en tua plusieurs. dans un des grands jardins qui donnent sur le Prado à Mar- seille. Moi-mème, vers la même époque, j'en ai vu au printemps cinq ou six qui tournoyaient en volant au-dessus de ma tête, et faisaient entendre un cri que, pour ma part, je peux traduire par crou, crou: et que Gerbe, dans son ouvrage, nous dit être schurr où quep, quep. Je n'ai pas entendu ces deux derniers cris. Ces chasseurs d'Afrique, comme on les nomme vulgaire- ment en Algérie, devaient avoir leur nid dans le voisinage, car à cel endroit les berges des fossés ou des bords de l'étang de Valcarès étaient perforées de trous de Lapins; les Guêpiers de- vaient en avoir trouvé d'abandonnés et à leur guise pour éta- blir leurs nids. J'ai aussi vu, un jour, un Guéêpier vulgaire venir saisir une — ( NOTE SUR LES MEROPS (GUËPIERS) À Abeille sur la place de mon village dans le Gard. Il avait été attiré par les ruches d’un enclos voisin. Ce Merops, Sans être commun chez nous, se rencontre assez régulièrement. Gerbe nous rapporte qu'en 1840, une bande de quinze à vingt individus nichèrent près d’Abbeville ; mais voir ces Oiseaux remonter, si avant vers le nord, doit être un cas tout à fait exceptionnel. La deuxième variété qui vient nous visiter, mais plus rare- ment que la précédente, c'est le Yerops ægyptius Forskal, ou Promerops Savignyi Le Vaillant. Je ne crois pas que cet Oiseau ait jamais niché dans notre midi médilerranéen ; il est origi- naire de l'Afrique orientale et de l'Asie occidentale. Crespon nous signale deux sujets qui furenttués en 1832 à l'embouchure du Lez, près Montpellier, et trois dans le Gard. On en signale aussi des captures en Italie. À ma connaissance, il y a environ vingt ans, 1l a été tué deux sujets de cette variété, par le marquis de Grasset, dans une bande qui s'était posée sur les grands arbres du parc du chà- teau de Saint-Pierre, près Montblanc (Hérault). Je crois que les apparitions du Merops de Savigny sont rares, très rares même dans le Gard et-la Provence, pays que je connais plus particu- dièrement. SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE FRANCOLIXS Par MAGAUD D'AUBUSSON. [Suile (4}: L'histoire lamentable du Francolin vulgaire en Europe, en nous dévoilant les causes multiples de sa disparition. nous indique aussi la voie que nous devrions suivre pour ramener, dans nos climats. cette espèce d'oiseau-gibier. si digne de uotre attention et de nos efforts. Ce qu'on a fait à l'origine, ou pour- rait le refaire. et je connais en France, notamment dans nos départements du midi et du sud-ouest, plus d'un lerrain maré- cageux et couvert où le Francolin aurait chance de prospérer, avec un peu de soin et de protection. Dans tous les cas, ce serait un honneur pour notre Société. quel que soit le pays qui réponde à son appel, de redonner à l'Europe l'espèce pré- cieuse qu'elle a si maladroitement perdue. Il faudrait, pour cette œuvre de repeuplement, aller chercher maintenant des Francolins vulgaires en Asie Mineure, à Chypre, ou aux Indes. Ils ont énormément diminué dans le nord de l'Afrique, au Maroc, en Algérie, en Tunisie, et là encore on pourrait chercher à les multiplier. Je n'en ai pas vu en Egypte bien que, d’après Rüppel. on ait observé quelquefois cet Oiseau dans le Delta du Nil, mais déjà avant moi de Heuglin avait fait justice de cette asserlion. Ce qu'il y a de certain, c'est que, pendant mes années de chasse dans la Basse-Egvpte, je n'ai jamais rencontré de Francolins. Au contraire, comme je viens de le dire, dans l'Asie Mineure, en Syrie et en Palestine, ils paraissent être abondants. L'ar- chiduc Rodolphe d'Autriche qui les a chassés en Palestine, au cours d'uu voyage effectué en Orient, nous fournit sur ces oiseaux les renseignewenls suivants : « Dans la région supé- rieure du Jourdain. raconte-t-il, à une journée du lac de Tibé- riade, non loin de Besam. dans les endroils marécayeux qui environuent ce xillage, nous vimes cel Oiseau en très grand nornbre. Nous en découvrimes des paires dans ces localités {) V. Bulietin. {+ janvier 1914. Bull. de la Soc. Nat. d'Acclimat. t de Pilawin. dans la forê ) Alces palmalus an (| — El F1G. 141: TR NP De. Cerfs de Dybowski dans la forêt de Pilawin. Bull. de la Soc. Nat. d'Acclimat. Ps. IV. Fi. 1. — Cerf wapiti tué à Pilawin et pesant 326 kg., arbre-gibet servant à suspendre le gibier. F1G. 2. — Bisons d'Europe et Bison d'Amérique. SUR L’ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE FRANCOLINS 49 humides où poussent des taillis épais, de l'herbe et quelques roseaux. Le Francolin se laisse approcher de près et il ne songe à s'envoler qu'au dernier moment. À cette époque les femelles couvaient assurément, car nous n’en levâmes qu'une seule. Le matin et dans la soirée, on entend sans cesse et de toutes parts le chant monotone des mâles. Pendant la chaleur accablante du milieu du jour, ce bruit cesse. Le cri de cet Oiseau qui n’est point discordant, guide le chasseur dans son approche et facilite beaucoup la poursuite de ce joli gibier (1). » Le Francolin vulgaire est d’un tempérament robuste. Aux Indes, nous dit Adams, il supporte aussi bien les neiges des chaînes élevées que la chaleur torride des plaines (2). Dans l'Himalaya il s'accouple au mois d'avril, et un peu plus tôt dans les régions bassés. Cette résistance du Francolin vulgaire aux températures excessives et disparates est de bon augure pour les essais de repeuplement qu'on voudrait entreprendre en Europe. Il supporterait donc le climat de beaacoup de pays, mais il serait indispensable de le cantonner dans des localités situées près de cours d’eau ou sur des terrains humides et marécageux,couverts de broussailles. Et c'est précisément cette nécessité qui, en restreignant son aire de dispersion en Europe, subordonne sa conservation à une vigilante et sérieuse protec- tion. Si le Francolin vulgaire doit fixer en première ligne notre attention par l’espérance que nous pourrions concevoir de refaire prochainement sa conquête, il est d’autres espèces, dans ce groupe assez riche des Francolins, qui sont dignes d’exciter notre zèle d’acclimateurs, et de prendre place à côté de leur congénère, peut-être un jour comme gibier nouveau, dans tous les cas après avoir fait un stage plus ou moins pro- longé dans nos volières et nos parquets. Certains d’entre eux ont déjà élé l’objet d'expériences, et quelques-unes de ces ten- tatives d'élevage en captivité ont été couronnées de succès. Je citerai tout d’abord celle de M. Le Prieur avec le Fran- colin d’Adanson (francolinus bicalcaratus Linné). Cette espèce que l’on trouve au Sénégal et aussi au Maroc, où elle est abon- dante près de Mogador, est très connue et a déjà vécu souvent en caplivité, notamment au Jardin d'Acclimatation de Paris et 1) Jagden und Beobachtungen, 1887, p. 518. 2) Proceedings of the zoological Society of London, 1858, p. 502. ( ( BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. OIL — 4% )0 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION au Jardin de la Sociélé zoologique de Londres. C’est le Bis-ergot des Planches enluminées de Buffon (1). Le noir, le roux, le marron, le chamois, le blanc se mêlent élégamment dans son plumage. Le tarse porte toujours deux ergots chez le mâle. La livrée est la même dans les deux sexes : la femelle a peut-être la coloration des plumes un peu plus päle. M. Le Prieur se procura un couple de ces Oiseaux au Jardin du bois de Boulogne, et, quelque temps après son arrivée chez lui. la femelle lui donna quatre œufs qui, mis sous une poule, se trouvèrent clairs. En octobre, M. Le Prieur rentra ses Fran- colins dans un local, où ils passèrent l'hiver en compagnie d'autres Oiseaux. Ils y restèrent jusqu'aux premiers jours d'avril, époque à laquelle on les lächa dans un grand parquet. Vers les premiers jours de mai la femelle pondit sept œufs, qu'on lui retira pour les mettre en incubalion sous une poule. Tous furent clairs, mais on s'apercut bientôt que la femelle était allée compléter sa ponte dans un panier à Tourterelles, accroché à une hauteur de 350, où elle couva quatre œufs. Ces derniers heureusement étaient fécondés. On retiendra, à titre d'indication, que la ponte avait été de dix œufs. « Le jour de l'éclosion arriva, nous dit l'observateur, et je vis avec plaisir qu'aucun œuf n'avait été clair. La mère condui- sait ses quatre jeunes avec beaucoup de soin et de vigilance, ne craignant même pas de se jeter sur moi lorsque j'allais lui porter à manger. À l'heure qu'il est. les quatre jeunes Oiseaux sont en parfaite sanlé et ont la taille d'une Cuille ordinaire. Toutes les plumes sont poussées, et je crois pouvoir les con- sidérer comme sauvés {2}. » C'était un succès. J'ignore ce qu'il advint par la suite. Nous sommes en 1866. En 1876, M. Koebler élève des Clapperton. Le Francolin de Clapperton (Francolinus Clappertoni Chil- dren habite l'intérieur de l'Afrique, à l'est du Soudan, depuis le lac Tchad jusqu'au Choa dans l'Ethiopie. On l’a rencontré dans le Bornou, le Kordofan, le Darfour, le Sennaar et lu région du Nil Blanc. Cette espèce ne redoute pas les hautes altitudes et s'élève jusqu'à 1.700 et 2.000 mètres. Le Francolin de Clapperton vit, soit par paires. soit en compagnies. Dans le 1) PL. enlum., 131, ft. WU, p. #49 (1765). Bulletin, 1866. p. 518. SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE FRANCOLINS D pays des Bogos, il se reproduit pendant la saison des pluies, et établit son nid dans les broussailles. La couleur dominante du plumage est le jaune fauve : la tète est noire avec les plumes légèrement bordées de brunâtre. Le dos et les couvertures alaires sont bruns, variés de jaunèätre, et les ailes d'un jaune fauve, marquées de traits irréguliers et de taches d'un brun roux. Les parties inférieures du corps, d'une teinte plus pâle, ont les plumes frangées de jaunûtre, avec une tache allongée noire à leur extrémité. Le mâle se reconnait à ses éperons et à sa taille un peu plus forte, mais chez les deux sexes le plumage est le même. La note de M. Koehler serait tout entière à citer; je la résu- merai en quelques lignes, renvoyant pour les détails, extrême- ment intéressants, au Pulletin de 1882. Au printemps de l'année 1875, M. Koehler fit l’acquisition d'une paire de Francolins de Clapperton, espèce jusqu'alors assez rare en Europe. Ils furent installés pendant l’été dans une volière où vivaient des Colins de Californie et en hiver dans une écurie non chauffée. Le printemps suivant on leur donna une volière séparée dans le jardin, mais ils ne nichèrent pas, bien que le mâle poursuivit sa femelle, les plumes ébou- riftées, les ailes déployées, et en poussant un pelit cri sem- blable à « tré-tré » ou « qué-qué » et très percant. Au printemps de 1877, on remit le couple dans la même volière, et cette fois on fut plus heureux. La femelle se confec- tionna un nid dans une petite corbeille, remplie de foin, qui se trouvait posée à terre, et, vers le milieu d'avril, pondit quatre œufs à intervalle de cinq ou six jours. Ces œufs, d'après M. Koehler, étaient d’un blanc très légèrement leinté de rouge. Au bout de vingt-quatre jours d’incubation, naquirent trois petits Francolins semblables en tout à de jeunes Perdrix. Un des trois mourut malheureusement dès le premier jour. Des deux autres, qui se montraient pleins de gaité et qui consti- tuaient un couple, le mâle mourut subitement, à l’âge d'un mois, Sans qu'on puisse savoir à quoi en attribuer la cause. Il restait donc de cet élevage une femelle, que M. Koehler apparia, l’année suivante, avec le Francolin mâle dont elle était la fille. Celte union réussit à merveille, et la femelle pondit, au milieu d'avril, six œufs à intervalles égaux. Elle se mit à les couver et, vingt-deux jours plus tard, naissaient six petits Francoïins. Un seul mourut, dans les huit jours qui sui- 52 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION pa virent l’éclosion; les autres grandirent et devinrent aussi beaux que leurs parents. « Les Francolins de Clapperton, ainsi que j'ai pu le cons- tater, dit M. Koehler, sont p'us faciles à nourrir que les autres espèces de leur famille; à l’âge de quatre semuines, en effet, il n’est déjà plus nécessaire de leur faire la pâtée spéciale. Cette espèce se recommande donc tout spécialement à l'amateur et à l’éleveur par sa rusticité; malgré son origine sud-africaine elle supporte adimirablement notre climat, devient très familière et plait en outre par ses formes el sa vivacilé (1). » J'ai tenu à relater ces deux expériences parce qu'elles ont été faites par des membres de notre Société, et qu’elles ont donné des résultats suffisamment honorables pour servir d’encoura- gement. Plusieurs autres espèces de Francolins ont été conservées en captivité, soit dans les jardins zoologiques, soit chez des ama- teurs. Elles y ont montré de l'endurance et seraient sans doute capables, avec quelques soins, de s’y reproduire et de s adapter définitivement à nos climats. Je citerai notamment : Francolinus pintadeanus Scopoli, qui habite Madagascar, les iles de la Réunion et Maurice. Plusieurs individus ont vécu au Jardin de la Société zoologique de Londres (2). Francolinus nudicollis Gmelin, que l’on trouve dans l'Afrique méridionale, à l’est depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu’à l'Equateur, à l’ouest environ jusqu'au 20° degré de latitude. Cette espèce est commune dans toute la colonie du Cap et au Transvaal. L'Oiseau adulte a la région périophthalmique et la gorge dénudées et d'un rouge cramoisi. C'est une des espèces recommandées par notre collègue M. Pichot en 1864. Plusieurs individus ont vécu au Jardin zoologique d’Acclima- tation de Paris, où ils avaient été importés en 1866. Francolinus rubricollis Rüppel, abondant sur toute la côte nord-ouest du pays des Somalis. Cet Oiseau habite encore le Choa et le sud de l'Ethiopie. Les Somalis appellent Digrin et les Tigréens Zeit Abrehi. Il (1) Bulletin, 1882, p. 632. (2) Proc. zoo. Soc., 186%, p. 374; List of Verlebr. anim. of z0ol. Garden Î lhe zool. Soc. of London, 1879, p. 400, n° 1043. SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE FRANCOLINS 33 s’apprivoise facilement : de Heuglia en a nourri longtemps sur son embarcalion, où ils se promenaient librement, avec du pain, du maïs, de l'orge, qu'ils venaient prendre dans la main. À vécu dans le Jardin de la Société zoologique de Londres (1). Et les espèces asiatiques : Francolinus pondicerianus Gmelin, F. qularis Temminck, F. longrrostris Temminck, #. pictus Jardine et Selby, #. chi- nensis, G. R. Gray, qui ont été conservés au Jardin de la Société zoologique de Londres et au Jardin d’Acclimatation de Paris (2). Toutes les espèces que je viens de nommer ont fait leurs preuves. de rusticité. D'autres encore doivent solliciter notre zèle. El en première ligne je placerai les espèces abyssiniennes telles que : Æ. gutturalis Rüppell, F. spilolænus G. R. Gray, F. Erckeli Rüppell, qui vit à de hautes altitudes, #. Ruppelli G. R. Gray, Oiseau essentiellement abyssinien, commun aussi au Sennaar, et les Francolins qui habitent la Sénégambie : F. alboqularis G. R. Gray et #”. Lathami Hartlaub.Si l’on ajoute à cette liste F. capensis Gmelin, F. Levaillanti Temmincek, et deux espèces voisines de la précédente : F. gariepensis Smith et F. jugularis Buttikofer, on aura, à peu de chose près, les espèces de Francolins sur lesquelles nous pouvons dès main- tenant diriger nos efforts avec le plus de chance de succès. Toutefois, comme les Oiseaux qui composent ce genre font preuve en général d’une grande résistance et d'une souplesse d'adaptation climatique remarquable, on ne saurait négliger de tenter des expériences d'acclimatation sur d'autres espèces originaires des parties chaudes du continent africain. Je me contenterai de désigner entre plusieurs : F. infuscatus Cabanis, qui paraît être propre à la région de l'Afrique orientale formée par la côte de Zanguebar, limitée au nord par l’Equateur et au sud par le 10° degré de latitude; F. Boehmi Reichenow, dont l’aire de dispersion est très étendue dans l'est de l'Afrique, depuis les sources du Nil Blanc et le sud de l'Ethiopie jus- qu'au nord du lai Nyassa; F. Sclateri Barboza du Bocage, de l'Angola; F. Cranchi Leach, qui habite l’ouest el le centre de l'Afrique, vit au Congo et s'étend vers l’est jusqu'au bord du lac Tangauika; #. Lucani Barboza du Bocage, découvert par (4) List of Vertebr. anim., 1819, p. 400, n° 1045. (2) List” Vertebr. anim., 1879, p. 401, n° 1050, n° 1054, p. 400, n° 1044. D4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION deux de nos compatriotes, MM. Lucas et Petil, sur la côte du Loango. On ne l'a trouvé jusqu'ici que sur cette côle, en parli- culier près de Landana, et au Congo. Je terminerai enfin cette énumération. qui deviendrait fasti- dieuse, en indiquant comme une bonne acquisition le Francolin de Swainson (Francolinus Swainsoni Smith). On le trouve au Matabelé, au Transvaal et dans le Damara, par conséquent à l'est et à l'ouest de l'Afrique australe. Suivant Anderson, il fréquente les endroits herbeux. clairsemés de broussailles, et recherche le voisinage des sources, des rivières et des marais. La nuil il perche sur les arbres et s'y repose parfois le jour. Sa nourrilure consiste en pelits bulbes, graines, baies et insectes. Son nid, d'après M. Ayres, est placé sur le sol, dans une légère excavation inasquée par les hautes herbes, et se compose d'herbes sèches, tapissées quelquefois de plumes que l'Oiseau s’arrache de la poitrine. Les œufs, d'un crème rosé, parsemés de petites laches blanches, mesurent : grand diamètre 0 m.0%#: pelit diamètre Om.037. L'élevage des Francolins, en dehors des chservalions ornitho- logiques auxquelles il peut donner lieu, aurait-il pour nous une réelle utilité, surtout au point de vue de l'acquisition d'un nou- veau gibier? À cette question, on doit répondre en tenant compte des mœurs et des habitudes spéciales de ces Oiseaux. - Il est bien évident que les Francolins ne pourront jamais rem- placer les Perdrix, ni même prendre place à côté d'elles dans les lieux où elles sont établies. Ils y vivraient d’ailleurs difficile- ment. De plus le Francolin est un Oiseau qui vole mal et piète beaucoup: il ne prend son essor qu'à la dernière extrémité, à moins d'étre surpris, et s’abat à courte distance pour courir sur le sol. Il serait donc un gibier de médiocre valeur sportive dans nos grandes chasses, pour le tir en battue : il aurait vite fait de se dérober à la course devant les rabatteurs plutôt que de prendre son vol. Il lui faut aussi le voisinage constant del'eau et, de préférence, un terrain humide et couvert, tandis que notre Starne grise fréquente les champs cultivés, les bles, les guérels, la Perdrix rouge les pays accidentés, les hauts pla- teaux, les coleaux coupés de gorges et de vallées, les bruyères, les vignes et mème les endroits rocailleux et arides. Le Fran- colin ne peut donc, d'aucune facon, entrer en concurrence avec ces espèces. si ce n'est à la broche. où il fait, comme elles, un excellent rôti. Son domaine est la plaine marécageuse, semée SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES DE FRANCOLINS 99 d’arbrisseaux épais, de broussailles, de louffes de jones et de roseaux. Dans ces lerres basses et détrempées, voisines le plus souvent de la rivière, le gibier sédentaire est nul. Elles ne s'animent qu'en certaines saisons, quand Echassiers et Palmi- pèdes viennent s’y abattre, et encore faut-il, pour que les voya- geurs sy arrêlent en nombre, que ces landes humides se trouvent sur une ligne de migration. Le silence et la solitude s étendent de nouveau sur elles lorsqu'ils ont passé. Le Fran- colin est l’Oiseau désigné pour les peupler. le seul qu'on puisse y cantonner. Le chasseur n'’attendra plus, pour les parcourir, les époques de passage de la sauvagine, il sera sûr de ren- contrer, dès l’ouverture de la chasse, dans ces lieux autrefois déserts, un gibier sédentaire à la poursuite passionnante et à la chair exquise. Les Perdrix resteront toujours le gibier privi- légié de nos plaines et de nos montagnes, mais le Francolin peut devenir en France et en Europe « la Perdrix des marais ». ESSAI D'INCUBATION ARTIFICIELLE DES OEUFS D'ÉCREVISSE Par PAUL PARIS. La grande quantité d'Écrevisses, porteuses d'œufs, que l’on voit sur les marchés, m'a, devant la rareté toujours plus grande de ces Crustacés, incité à chercher si l’on ne pourrait pas recueillir et faire éclore ces œufs inutilisés. Ne connaissant aucun essai de ce genre et n'ayant sous la main, concernant l’Astacicullure, que le seul ouvrage de Carbonnier, dont je ne pouvais d'ailleurs songer à employer le procédé compliqué d'incubation, puisqu'il fallait conserver aux Écrevisses leur valeur marchande, j'ai done cherché à réaliser un appareil placant les œufs dans des condilions aussi rapprochées que possible des conditions naturelles. | L'agitation des œufs pouvait être facilement produite dans les appareils ordinaires de pisciculture, malheureusement, outre le fréquent entassement des œufs dans un coin de l’appa- reil, les jeunes Écrevisses, à l'éclosion, ne trouvant nul support où se cramponner, étaient entrainées par le courant d’eau et périssaien! misérablement. Je me suis donc arrêté à l'appareil suivant, qui m'a donné des résultats inespérés, puisque j'ai pu avoir jusqu’à 60 p. 100 d’éclosions dans ces œufs ayant séjourné plusieurs jours hors de l’eau et parfois en parlie desséchés. Une caisse supportant à une certaine distance du fond une série de cadres sous lesquels passe un fort courant d’eau et munie d'un couvercle pour abriter les œufs de la grande lumière constitue tout l'appareil. Les œufs, détachés avec soin de la mère et grossièrement triés, sont placés, sur une seule couche, dans ces cadres dont le fond est constitué par de la grosse toile dite toile d’embal- lage et dont les bords sont détachables. Sous l’action du courant d’eau inférieur qui renouvelle con- tinuellement le liquide qui Les baigne sur une hauteur de quel- ques centimètres, ils se trouvent en légère trépidation et la jeune Écrevisse, à l’éclosion, trouve facilement à se Cram- ponner à la toile du fond, ce qui lui est indispensable. ESSAI D'INCUBATION ARTIFICIELLE DES OEUFS D'ÉCREVISSE 57 Dix à douze jours après l’éclosion, alors que la réserve de vitellus renfermée dans le céphalothorax de l'animal a presque disparu et que la première mue va se faire, mue à la suite. de laquelle la Jeune Écrevisse abandonne son support, les fonds de cadre, porteurs de leurs jeunes Crustacés, sont placés dans les réservoirs pourvus de nombreux abris où l’on a l'intention de parquer les Écrevisses qu'il faut à ce moment commencer à nourrir. Le Poisson d'eau douce grossièrement haché leur convient très bien. Les Saprolégnées et l'éclatement sont les grands ennemis des œufs d'Écrevisse; l'enlèvement quotidien des œufs avariés est donc, il est inutile de la dire, de toute nécessité, ceux-ci favorisant considérablement le développe- ment des Cryptogames qui attaquent également beaucoup plus les œufs entassés, il faut donc également l’éviter et remédier aussitôt à cet accident. Les œufs sur lesquels ont porlé mes expériences apparte- naient aux espèces Astacus fluviatilis et Astacus leplodactylus, principalement à la première. L'eau qui me servait élait l’eau d'alimentation de la ville de Dijon, par suite assez froide et de température presque constante. | Est-ce le fait de la basse température de cette eau ou parce que j'avais des œufs d'Écrevisses de provenance étrangère, toujours est-il que mes éclosions ont toujours eu lieu dans la 58 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION première quinzaine de juillet, alors que Carbonnier donne le milieu de mai comme date de l’éclosion des Écrevisses en France. Le manque d'emplacement ne m'a pas permis de suivre, comme je l'aurais voulu, le développement de mes Écrevisses, dont j'ai dû me débarrasser dans les premiers mois. À LA VANILLE ET LA VANILLINE ARTIFICIELLE Par H. COURTET. (Suile) (1). Etant donné le faible prix de la Vanilline artificielle et son “énorme pouvoir odorant, si on n'y prend pas garde, la culture du Vanillier aura bientôt vécu et nos colonies à Vanille seront ruinées. En présence d'une semblable siluation, des groupements -s’émurent et entreprirent une campagne favorable à la Vanille naturelle, et à ce sujet il y a lieu de faire remarquer que la Société d'Acclimatation s’est trouvée à l'avant-garde, puisque la question fut traitée à la section de Botanique dans la séance -du 21 janvier 1907 (2). Le Congrès colonial de Bordeaux de 1907, l'Association syndicale des Journalistes coloniaux et surtout M. 4. Vermond qui mène sa campagne dans la Dépêche Colo- niale, réussirent à constituer un syndicat de 2.500 planteurs de Vanille et à réunir plus de 10.000 signatures contre l'emploi de la Vanilline artificielle. La Sociélé d’Acclimatation signala à M. le Ministre de l’Agri- . Nat. [NS] à 07 C de la Bull. stors. as e C — Hutte d 1. Fi. les castors. par levée é gue — Di Fi. PL Mr. Bull. de la Soc. Nat. Acer stors. e par les ea xé lex — Digue 6 2 bis. ONE FrG. UNE COLONIE DE CASTORS EN POLOGNE 67 leur volume par putréfaction. Ce mastic de glaise et de feuilles sèches bouche suffisamment tous les interstices de la digue et l’eau retenue ne coule que par quelques minces filets et a son niveau considérablement relevé : 83 centimètres par exemple, à la digue n° 1. Voici, d’après M. Rosinski, les dimensions de ces digues : DIFFÉRENCE DE NIVEAU Digue I. Longueur : 685 Largeur : 2"40 83 centimètres. Digue Il. — 1"50 — 2250 69 centimètres. Digue III. — 1390 — 0®90 171 centimètres. Digue IV. = STAO . — 0®80 12 centimètres. Digue V. — Se 5) — 1240 35 centimètres. Digue VI. — 240 — JE 15 centimètres. La longueur totale des digues est donc de 36 mètres. Il est regrettable qu'on ne puisse savoir le nombre de Castors employés à ce travail; personne, parmi les habitants des envi- rons, n'en à la moindre idée. Je crois, toutefois, que leur nombre ne doit pas dépasser quatre ou six individus. Grâce à ce système de digues et à l’élévation de l'eau, la rivière a inondé le terrain sur un espace d’un demi-hectare environ. Ces Castors ont donc obtenu un étang d'assez grande dimension, dans lequel l’eau n’a presque pas de courant. Après avoir accompli cet énorme travail, par rapport à leur petite taille, les Castors se mirent à construire leur hutte, qui fut ter- minée l’année dernière. La hutte s'élève au bord même du terrain inondé et, ainsi que les digues, a été construite au moyen de branches de gran- deur différente et du mastic dont j'ai parlé plus haut; cepen- dant je dois ajouter que les branches employées dans ce travail sont beaucoup moins longues que celles des digues. Deux ouvertures, situées sous l'eau, conduisent à l'intérieur de la hutte ; la première se trouve dans un endroit de peu de profon- deur et les Castors ont dû creuser un canal pour la mettre sous l’eau; la seconde se trouve du côté opposé, où la profondeur est suffisante. La base de la hutte affecte plutôt la forme d’une ellipse .que celle d'un cercle; le plus grand diamètre est de 5295, le plus petit de 4"40. Le pourtour de la base mesure 12280 et la hauteur de la hutte 1"45. J'ai eu, il y a une douzaine d’années, l’occasion de visiter 68 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION l'intérieur d'une hutte de Castors,; j'étais alors à Pérékalé (dis- trict de Pinsk), propriété de M. Pierre Orda. Ayant appris qu’à quatre heures de route en bateau se trouvait, dans un site absolument désert, une hutte de Castors abandonnée (comme toujours, ses habitants avaient été tués par les paysans), je me décidai à en faire l'excursion, en emportant un appareil photo- graphique. Cette hutte était identique, quant à sa construc- tion, à celle de la Kropiwna et ses dimensions répondaient à celles que j'ai données plus haut, Seul, le mastic de terre glaise et de feuilles sèches, par suite d’un abandon durant déjà toute une année, avait dü être enlevé par les eaux de crue; la hutte ne présentait plus qu'un bâti de bàtons et de branches entre- lacés. L’axe de la hutte était formé du tronc d’un Aulne abattu par les Castors, et autour duquel ils avaient élevé leur cons- truction. Assuré de l’abandon complet de la hutte, je me permis de la défaire afin de pouvoir me convaincre de son arrangement intérieur; Car j'avais toujours entendu dire qu'elle était à deux étages, l’un au-dessus de l’eau, l’autre au-dessous. Les branches de la coupole étaient si solidement entrelacées que l’homme qui m'avait amené et moi düûmes employer une bonne demi- heure pour arriver à la chambre. Nous trouvâmes à l'intérieur une espèce de chambre assez grande, entièrement tapissée de menues branches; un canal, obliquement dirigé vers le bas, conduisait au dehors de la chambre et formait avec elle une sorte de cornue. Cet arrangement indique visiblement que le Castor et ses petits peuvent tranquillement dormir dans leur hutte et, au moindre signe de danger, fuir par le canal, dont l’ouverture se trouve sous la surface de l’eau. Ce que je viens d'exposer m'autorise donc à mettre au nombre des fables le récit que l’on fait sur les deux étages de la hutte des Castors et me permet de réfuter sa description extérieure, dans laquelle il est dit qu’elle ressemble assez à un four de boulanger, au mur fortement crépi, travail que les Castors exécuteraient au moyen de leur queue. En effet, la hutte, comme en témoigne la photographie que j'en donne, présente l'aspect d'un amas de branches; ce n’est qu’en l’exa- minant de près qu'on peut se convaincre de la grande intelli- gence des Castors, dont les digues, si admirablement cons- truites, en sont encore un témoignage probant. UNE COLONIE DE CASTORS EN POLOGNE 69 Le comte Branicki a rendu un grand service à la science, en placant spécialement un homme à la garde des Castors. On pourra donc, de cette façon, les défendre contre toute tentative de destruction (1). (1) Les photographies qui accompagnent cette courte description repré- sentent : 10 La hutte des Castors ; 20 La plus grande des six digues ; MR 30 Un des arbres abattus par les Castors, et dont les hautes branches se sont appuyées sur les arbres voisins. Ce sont les reproductions des photographies que M'e Hedvige Branicka a bien voulu me communiquer. CRE ROME SET TE 2 T2 re OBSERVATIONS SUR LA PONTE DES JEUNES AUTRUCHES Par CHARLES RIVIÈRE. Malgré les efforts de la Société d’Acclimatation depuis plus : d'un demi-siècle, la domestication de l'Autruche dans les colo- nies francaises n'a donné aucun résultat, notamment en Algérie, oùles premiers essais ont été tentés et fortement encou- ragés par notre association. Aujourd'hui, la question est reprise à Madagascar, au Soudan, dans le Sud tunisien et en Algérie, et, partout, sauf peut- être à Madagascar, qui importe des animaux du. Cap, on est en présence d’une première difficulté, qui est la constitution rapide d'un troupeau à l’aide de bons reproducteurs pouvant assurer l'éclosion et l'élevage de leurs petits, sans forcer à recourir à l'incubation artificielle, quiprésente parfois certaines difficultés, notamment avec la vraie race de Barbarie. Les derniers insuccès signalés dans un modeste essai fait par le gouvernement général del’Algérie sur les hauts plateaux oranais, auraient eu pour cause la destruction des œufs ou des jeunes Autruchons éclos par le couple. J'ai déjà entretenu la Société d'Acclimatation deces premiers incidents de la phase de reproduction, et je dois compléter mes observations sur ce sujet qui présente des variantesconcourant toutes aux insuccès de multiplication du troupeau. L'éducation de la jeune femelle au temps de la première ponte a une grande importance en domesticité. Au début, les œufs sont pondus un peu partout dans le parc, mais on arrive facilement à amener la femelle sur un point choisi que l’on a préalablement recouvert d'une forte épaisseur de sable. Certaines femellesne s'accroupissent pas pour pondre, etalors l'œuf tombe d’assez haut sur un sol durci où il se casse : c’est une mauvaise condition, car, outre la perte de l'œuf, le couple, toujours glouton, se précipite sur le contenu et, fait plus grave, est incité à absorber de mêmeles petits au moment del'éclosion. Par des parcs restreints et bien sablés, en obvie à ces divers incidents de pontes éparses et d'œufs cassés. On remarque qu'au moment de la ponte, l’œuf à la sortie du OBSERVATIONS SUR LA PONTE DES JEUNES AUTRUCHES 74 cloaque est tiède etencore malléable, mais la coquille ne tarde pas à se durcir. | Divers accidents assez ignorés peuvent se produire lors de la première ponte des jeunes animaux. Le premier œufest ordinairement petit, parfois sans coquille, mais aussi il peut être très gros et, dans ce cas, des troubles graves, même des mortalités, sont constatés quand l'œuf reste engagé dans le cloaque. J'ai observé un premier cas sur une belle femelle. L'animal ne mangeait plus et dépérissait ; le plumage était altéré, la peau livide, la démarche de plus en plus difficile. L'absence inexplicable d’excréments nécessita un purgatif relativement énergique : 50 grammes de sulfate de soude, 20 grammes de magnésie dans un litre d’eau. L'effet fut nul. L'animal se coucha pour ne plus se relever ; la masse abdo- minale inférieure était chaude, lesenvirons du eloaquebrülants, presque tuméfiés. L'examen interne du cloaque, à la main préalablement graissée, révéla la présence d’un corps dur, poli: c'était, à n’en pas douter, un œuf qui résista à toute traction et à toute poussée. Depuis longtemps, il interceptait la sortie des matières fécales. L'emploi de l’ergotine fut sans effet. Avec un long poincon, je cassai la base de l'œuf pour le vider d’abord, puis je perforai la partie supérieure pour donner passage aux excréments, poussés par un violent purgatif. L'animal parut soulagé, mais la coque était restée adhérente aux muqueuses. Un écoulement infect et de mauvaise nature ne put être modifié par des lavages antiseptiques, et la bête mourut. Instruit par cette première expérience, le second cas fut plus rapidement et plus heureusement résolu. On substitua avec succès la strychnine el l'hyoscyamine à l’ergotine(2 milligram- mes de chaque toutes les vingt minutes) accompagnées d’un purgatif d'huile de Ricin. Le cloaque fut fortement graissé et aussi profondément que possible et des massages méthodiques furent exercés sur la base de la masse abdominale. On obtint ainsi la sortie del'œuf : il était volumineux, allongé, étranglé par le milieu et sa forme était, en gros, celle d’une cacaouette ou fruit de l’Arachide (Arachis hypogea). Evidemment, la vie sédentaire imposée à ces grands coureurs 72 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION d'espace, confinés dans des petits parcs, engendre l’atonie de certaines fonctions ; c'esl pourquoi les jeunes femelles des couples destinés à la reproduction doivent être attentivement survéillées au début de leur ponte, et la cause d’un trouble dans leur état peut être parfois trouvée par l'exploration du cloaque. Dans tous les cas, la première mesure à prendre consiste à écarter le mäle. > à. LA VANILLE ET LA VANILLINE ARTIFICIELLE Par H. COURTET. (Suile) (1). Mais en supposant que les produits aromatisés ou parfumés à la Vanilline artificielle produit chimique portent à l'avenir cette appellation complète, il n'en reste pas moins vrai qu'au point de vue économique la Vanilline artificielle produit chimi- que doit aussi êlre traitée, en ce qui concerne la consommation, sur le pied de la plus parfaite égalité avec la Vanille, et sur ce point l'accord est loin d'être parfait. On avait d’abord estimé que le pouvoir aromatisant d'un kilogramme de Vanilline chimique correspondait à celui de 50 kilogrammes de Vanille. Le Syndicat des Planteurs de Vanille déclare que le pouvoir aromatisant d'un kilogramme de Vanilline chimique correspond, non pas à 50 kilogrammes, mais à 100 kilogrammes de gousses de Vanille. En outre, pour que l'égalité soit complète, il faut que le prix de la Vanilline chi-. mique, ou plutôt de l'équivalent aromatisant de la Vanilline chimique corresponde au prix de la Vanille, et les calculs faits ont conduit le Syndicat des Planteurs de Vanille à réclamer, comme il a été dit plus haut, un droit de 416 francs par kilo- gramme de Vanilline chimique livrée à la consommation. (La Vanille de nos colonies acquitte à son entrée en France un droit de 208 franes par 100 kilogrammes, et la Vanille prove- nant de l’étranger un droit de 416 francs.) Les ressources prévues ne permettant pas au Gouvernement d'équilibrer le budget de 1910, les réclamations du Syndicat furent prises en considération comme ressource budgétaire, mais non pas sur les bases données par le Syndicat. La base budgétaire de M. Caïllaux était la suivante : La quan- tité de Vanille nécessaire pour obtenir un pouvoir aromatisant équivalent à celui d’un kilogramme de Vanilline serait, en moyenne, de 28 kil. 500 supportant un droit de 59 fr. 25, soit 60 francs en chiffres ronds, et la quantité de Vanilline actuelle- ment consommée en France serait de 10.000 kilogrammes. (1) V. Bull., 1er et 15 janvier 1911. 74 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Cochery, successeur de M. Caillaux, d'accord avec la Com- mission du budget, a ensuite porté ce droit à 100 francs. Il reste là un désaccord complet, puisque le Syndicat admet l'équivalent de 100 kilogrammes et une consommation en France de 30.000 kilogrammes de Vanilline chimique. La question a été portée au Congrès des anciennes colonies, qui a tenu ses séances du 11 au 16 octobre dernier, et M. H. Vermond, au nom du Syndicat, a demandé de nouveau que les produits parfumés avec la Vanilline soit présentés avec l’éti- quette « Parfumés à la Vanilline chimique », que la loi sur les fraudes soit strictement et sévèrement appliquée, et il réclame encore le droit de consommation de 46 francs par kilogramme. Cependant il se rallie momentanément, et pour éviter une dis- jonction possible de la loi de finances de 1910, au droit de 104 francs par kilogramme. Elle a été ensuite soumise au Par- lement tant au sujet de la loi de finances de 1910 qu’au sujet du nouveau tarif douanier qui est en discussion. Elle est très importante ponr nos colonies, car la production moyenne mondiale est d'environ 532.000 kilogrammes, dont 397.000 produits par nos colonies et 135.000 par les pays étran- gers. Nos colonies fournissent donc les trois quarts de la pro- duction mondiale, et la quantité qu'elles peuvent fournir serait bien plus considérabie et constituerait pour elles un élément sérieux de richesse, si l'égalité de traitement existait entre la Vanille naturelle et la Vanilline chimique, et si l'application de la loi du 1° août 1905 sur les fraudes avait effectivement lieu. En présence des prix de la Vanilline chimique cités plus haut et de son pouvoir odorant, il est compréhensible que les plan- teurs se plaignent de la concurrence qui leur est faite et récla- ment des mesures protectrices. - Nos planteurs escomptaient les moyens de protection suivants: 1° Un droit proportionnel appliqué à la Vanilline chimique, de facon à établir l'égalité de valeur commerciale entre la Va- nilline chimique et la Vanille naturelle; 2° Application rigoureuse de la loi sur les fraudes. Ces deux moyens leur échappent, car la protection du produit naturel est totalement insuffisante, le Parlement n'ayant adopté qu'un droit de 60 francs sur la Vanilline chimique, et n'ayant même pas voulu tenir compte du droit de 100; francs demandé par la Commission, d'accord en cela avec M. le Ministre des Colonies. LA VANILLE ET LA VANILLINE ARTIFICIELLE 75 Quant à la loi de 1905 sur la répression des fraudes, son applicalion est insignifiante ; aucune suite n'étant donnée aux protestations formulées, elle n’atteint pas la grosse consomma- tion. ; Non seulement l'application de cette loi est insignifiante, mais les planteurs craignent que, par une subtilité quelconque, ses dispositions ne restent définitivement éludées à leur détri- ment, et au bénéfice d'un produit chimique plutôt étranger que français. Lors de l'apparition de la saccharine, des dispositions radi- cales furent prises ; c’est que la saccharose lésait grandement notre agriculture métropolitaine. Il peut donc paraître étrange qu'un autre produit lésant notre agriculture coloniale, ne soit l'objet que de dispositions insignifiantes, ou d’une loi qui semble tombée en désuétude au début de son application en ce qui concerne la Vanilline chimique. Nos colonies se trouvent donc sacrifiées en faveur du produit chimique, et cela avec une compensation insignifiante pour la Métropole, puisque le droit adopté pour la Vanilline chimi- que n'est que de 60 francs par kilogramme, et qu'un kilo- gramme correspond, ainsi que l'indiquent les prospectus d’un fabricant, à 50-67 kilogrammes de Vanille naturelle payant, elle, un droit d'entrée de 2 fr. 08 par kilogramme. Déjà avant le vote du Parlement, prévoyant la défaite de la Vanille natu- relle, et devant l'application dérisoire de la loi sur les fraudes, l'inquiétude des chimistes allemands s'était dissipée. Comme revanche de la campagne française contre la Vanilline chimique, des docteurs allemands, chargés de contrôler la qualité des denrées, ont failli décider que la Vanille de Tahiti ne devait pas être considérée oomme Vanille, qu'il y aurait lieu d'examiner si le commerce n'en était pas frauduleux, et s’il n’y avait pas là matière à poursuites ! Fort heureusement la ville de Hambourg, qui fait en grand le commerce de la Vanille de Tahiti, qu’elle manipule dans ses usines et qu'elle nous renvoie givrée de Vanilline chimique. s’est émue, et s’est assurée auprès du président de la Chambre d'Agriculture de Tahiti, que la Vanille de Tahiti était bien de la Vanille. Après le vote du Parlement consacrant cette défaite, les chi- mistes allemands, définitivement rassurés sur l’avenir de leur produit, ont protesté par tous les moyens qui étaient en leur 716 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION pouvoir contre les planteurs français qui avaient osé dire que leur Vanilline chimique était toxique. Le physiologiste Kobert nie la toxicité du produit allemand, en donnant comme raison que, depuis dix-huit ans, il ne s'est produit aucun cas d'empoi- sonnement parmi les ouvriers de la maison Haarmann et Reimer, une des plus importantes fabriques de Vanilline. Cette raison n en est pas une, car beaucoup de manipulateurs de pro- duits toxiques ne s'intoxiquent pas. I! faudrait, en tout cas, que la chose soit examinée plus impartialement que les Allemanäs n'ont l'habitude de le faire quand il s’agit d'un de leurs pro- duits. Il est évident que ce qu'il convient de faire pour donner en- tièrement satisfaction à nos planteurs, c'est de mettre des droits proportionnels, de réglementer rigoureusement l'emploi de la Vanilline artificielle produit chimique, et d'en interdire la vente si besoin est. Pour que le législateur intervienne dans l'interdiction de la vente, il faut prouver d'abord que cette substance est toxique ou nuisible à des doses déterminées; il appartient donc aux ministères intéressés, et cela dans l'intérêt public, de faire pro- céder à des expériences qui permettront de les fixer sur ce point particulièrement délicat. Mais, si l'interdiction de la vente rentre dans la catégorie des choses impossibles, le législateur peut toujours restreindre l'emploi de la Vanilline artificielle en lui faisant payer des droits de consommalion en conséquence, et en réglementer la consommation par l'application de la loi de 1905. La valeur de la Vanille varie suivant l’origine, et ajoutons, suivant la préparation. C'est ainsi qu'en première ligne vient la Vanille du Mexique. Après viennent les Vanilles de la Réunion, des Comores et de Madagascar, ensuite celle de la Guadeloupe, et vient en dernier lieu celle de Tahiti dont le prix sur place est parfois extrêmement faible, par suite, dit-on, de sa préparation défectueuse. Cependant, à Tahiti, la Vanille a été autrefois bien préparée, souvent givrée, et malgré la légère odeur d’Héliotrope qu'on lui reprochait, avait une valeur assez élevée. C'est néanmoins la colonie qui exporte le plus de Vanille et, par conséquent, celle qui aurait le plus grand intérêt à faire reprendre à ses planteurs la bonne préparation d'autrefois. On s'occupe d'ailleurs de cela dans la colonie. LA VANILLE ET LA VANILLINE ARTIFICIELLE el On pourrait appliquer à la Vanille de Tahiti l'expression qu'on applique au vin quand on dit: «il a le goût de terroir ». La Vanille de Tahiti a « l'odeur de terroir » ; cette odeur vient- elle de la préparation du sol? Il est évident qu'il y a des crus de Vanille comme il y a des crus de vins et que des plants de Vanille de même origine, plantés dans des colonies différentes ou dans différents en- droits d'une même colonie, peuvent donner des gousses ayant une intensité d'odeur différente, voire même une odeur légè- rement différente, tout en étant préparées de la même manière; elles peuvent aussi être plus ou moins riches en Vanilline. C’est ainsi que, dans les gousses très riches, la Vanilline vient facilement cristalliser à la surface; dans d’autres gousses, elle cristallise à l’intérieur sans atteindre la surface, et dans les gousses de richesse ordinaire, elle ne cristallise pas. Il est vrai- semblable que la richesse en Vanilline ne vient pas seulement de la préparation, car la préparation n'étant qu une transforma- tion chimique, il faut, pour que cette transformation puisse se faire, que la gousse contienne les éléments nécessaires. Or, d'où viennent ces éléments ? du sol. La richesse du sol en cer- taines matières peut donc influer sup la quantité de Vanilline contenue dans les gousses et peut-être aussi sur l'odeur. Il y aurait donc intérêt si, par suite de la réglementation de l'emploi de la Vanilline artificielle, les cultures prenaient de l'extension, et même à présent, à étudier scientifiquement le rapport qui peut exister entre les différents sols et la richesse en Vanilline des gousses, et à tirer parti des découvertes qui pourraient être faites au cours de ces études. En résumé, nous avons des colonies où la main-d'œuvre est rare, et nous avons à notre portée, un produit riche, la Vanille, qui peut, dans une large mesure, favoriser le développement commercial de ces colonies, et qui n’exige qu'une main-d'œuvre restreinte. Nous avons donc intérêt à favoriser la culture de la Vanille, mais la chose devient difficile par suite de la consom- mation considérable que nous faisons de la Vanilline artifi- cielle. C'est donc à la Vanilline artificielle qu'il faut s'attaquer si nous voulons que ces colonies deviennent ou redeviennent prospères, * EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Je SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 Présidence de M. Trouessart, Président. Au sujet du procès-verbal, M. Trouessart insiste de nouveau sur la nécessité d'établir un permis de chasse dans nos posses- sions africaines. Il y a d'autant plus lieu de se préoccuper de cette question, qu'une campagne très active est menée en ce moment en faveur de la liberté de la chasse. Le gros gibier passe, en effet, pour être le réservoir de virus où vont s’infecter les Glossines qui transportent les diverses trypanosomiases animales. Il est trop facile de voir que la destruction du gros gibier n'entraverait en rien la propagation des trypanosomiases, qui trouveraient toujours dans les Bœufs domestiques un réservoir de virus. M. Courtet s'associe à ces observalions en faisant remarquer qu'on peut parfaitement faire voyager et conserver le bétail dans les régions à Tsé-tsé, à la condition de prendre les précau- tions suffisantes. M.Loisel offre à la Société etau Muséum plusieurs spécimens de Chats de l'île de Man. M. Magaud d'Aubusson communique une lettre de M. de Chapel. Notre correspondant rappelle qu'il est d'observation courante de voir des troupeaux de Bœufs ou d’autres animaux s'arrêter et faire cercle autour d'un de leurs compagnons mort ou même simplement autour d'une peau étendue à terre. Il communique une très belle photographie où nous voyons un groupe de Bœuf rassemblés à l'endroit où un de leurs compa- gnons a été enterré. Ces animaux faisaient entendre, paraît-il. des beuglements plaintifs, semblant exprimer une sorte de EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 79 +, désespoir. Les Bœufs auraient donc l'idée de la mort et expri- meraient leur désespoir à leur manière. M. de Chapel nous signale également l'observation d’une sorte de surveillance exercée sur une jeune Jument par deux vieilles femelles, qui semblent la garantir de l'approche des étalons. M. Trouessart et plusieurs de nos collègues pensent que ces deux faits sont sans doute susceptibles d’une autre expli- cation. Enfin M. de Chapel signale un nouvel exemple d’une Mule qui, couverte par un Cheval barbe, fut réellement fécondée, _ mais avorla à trois mois. M. Debreuil communique une lettre de M. Millet-Horsin. Notre collègue annonce qu'il élève un jeune Chacal, qu'il a l’in- tention d'apporter en France dans le but de le faire servir à des expériences d'hybridation. Cetanimal est assez docile, mais il faut l’éloigner des volailles et le protéger des Chats, contre lesquels il ne sait pas se défendre. M. Debreuil communique enfin une lettre de M. Pays Mellier, où notre collègue annonce l’arrivée dans son pare zoologique de Coatis, Civettes du Sénégal, d’un Muntjac doré et d'un couple de Kangourous géants. M. Loyer fait une relation de la visite de la délégation de la Société d’Acclimatation à « Pilawin, et aux réserves du comte J. Potocki ». M. Debreuil insiste sur l'extraordinaire développement des bois des Cerfs, qu’il a pu admirer chez le comte Potocki et dont nous n'avons aucune idée en France. Cette différence tient en partie à l’âge. Dansles chasses françaises lesCerfs ne dépassent guère leur quatrième ou cinquième année. M. Debreuil com- munique la photographie d’un Wapiti appartenant au comte Potocki, qui atteignait le poids de 326 kilogrammes. Cet animal était donc parfaitement adulte et sans doute déjà vieux. Les bois était extrêmement développés. En comparaison, nos Cerfs de Fontainebleau les plus grands ne pèsent que 140 kilo- grammes. Enfin M. Loyer lit un article du D' Sitolzmann sur une colonie de Castors en Pologne. Il y a environ dix ans, une famille de Castors s’est établie sur les bords de la Kropiwna, dans les propriétés du comte X. Branicki. C’est cette colonie 80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION que le D' Stolzmann a étudiée et grâce à laquelle il a pu préci- : ser quelques détails de la vie des Castors. Le Secrétaire, Max KocLmManx. II: SECTION. — ORNITHOLOGIE — AVICULTURE - SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1909. Présidence de M. Magau& d'Aubusson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Président souhaite la bienvenue à un membre nouveau, M. Delacour, qui a le projet d'utiliser un parc qu'il possède pour faire de nombreux élevages, et notre Section sera heu- reuse d'applaudir plus tard aux résultats obtenus par notre collègue. _ Si nous nous félicilons de le compter parmi nous, nous avons, hélas! la triste mission d'adresser un dernier adieu à un amateur passionné d'Ürnithologie, M. Louis Erbeau, qui, s'il fut empêché par ses occupations d'assister à nos séances, était toujours heureux de recevoir, dans son appartement du boulevard Sébastopol, les visiteurs curieux de voir sa belle collection d'Oiseaux vivants, et d'admirer les Insectivores les plus rares placés dans des cages du meilleur goût. Notre Bul- letin avait dû à la plume de M. Erbeau un article précieux, car on y trouve bien des recettes et procédés que lui avait ensei- gnés une longue pratique. M. Ménegaux rappelle que ce n’est pas d'aujourd'hui qu'on a observé des Oiseaux lumineux; les auteurs les plus anciens en ont parlé. Le passage du procès-verbal de la dernière séance, qui a trait aux recherches de M. Louis Bureau sur les Perdrix, donne occasion à M. Le Fort de dire que, cetie année, dans sa pro- priélé de Sologne, les nids ont été emportés par les eaux, et que sur 80 Perdreaux, il lui en reste 4. M. Caucurte a su que M. Bureau était arrivé à des résultats dans ses recherches sur l'âge des Perdreaux gris; il s’occupe actuellement des rouges. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 81 Au commencement du mois d'août, nous avons recu de M. Louis Ternier une lettre à propos du compte rendu de notre séance du 10 janvier. M. Canaple écrivait à cette époque qu'il avait tué, en Camargue, des « Siffleurs huppés », et, par suite de la rédaction de la note qu'il avait envoyée, il pouvait se produire une petite confusion. M. Canaple tue des Brantes roussètres, Pranta rufina Boie, qu’on nomme souvent Siffleurs huppés. Voir « Canards sauvages », par Ternier et Masse, p. 234, et Degland et Gerbe, p. 530. Ces Canards sont des Fuligules, et le nom vulgaire, qu'on leur applique souvent, peut les faire confondre avec le Canard siffleur ou Vingeon, que Degland appelle Marèque Penelope. Ce dernier est l’ancien Penelope de Linné, la Mareca Penelope de Selby. Les Brantes sont des Fuligules, les Vin- geons sont des Anatiens, des Canards proprement dits. Si la Brante roussâtre est extrêmement rare dans le nord de la France, la Marèque y est, au contraire, très commune. De pareilles confusions n'auraient pas lieu si on voulait bien s’en tenir aux noms génériques et spécifiques latins. Profitons de l’occasion que nous offre la lettre de M. Ternier pour dire que, d’après notre collègue M. le marquis de Bre- teuil, le Vingeon nicherait, à l'état sauvage, dans ses étangs de Seine-et-Oise. Il paraitrait aussi qu’on l’a domestiqué et que, devenu Oiseau d'agrément, il se reproduirait facilement, notamment en Vendée. M. Loyer communique un entrefilet de journal intéressant pour nos études. La Société allemande pour la protection des sites, dont le siège est à Stuttgart, vient d'acheter, moyennant 195.000 francs, la colline de Wildsederberg, située sur la lande de Lunebourg. Cette colline formera la base d’un pare national de 50 kilomètres carrés el qui sera porté par la suite à une superficie triple. On compte que l'installation sera complète en 1915. Les frais s’élèveront à 2.500.000 francs, dont une bonne partie sera couverte par les subsides accordés par la province de Hanovre et les villes de Hambourg, Brême et Hanovre. Au retour d’une longue excursion en Allemagne, en Pologne et même en Bosnie, exécutée par plusieurs de nos colllègnes, MM. Debreuil et Loyer ont bien voulu nous remettre plusieurs ouvrages, dont nous sommes heureux de pouvoir parler ici. Le premier de ces travaux est intitulé : « Die Vogelsammlung von Sarajevo » et est dû à la plume de son éminent conser- BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911 — 6 " PTE éérgrms + LP 48. Len 7 L'abe ‘ ae ï LITTLE GS DL PONT SESSES 7 Eee rs Ver e 82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION vateur, M. Othmar Reiser. Après une préface, contenant une longue bibliographie, se trouve le catalogue des Oiseaux observés dans le pays depuis l'occupation autrichienne; il con- tient une liste de 268 espèces, plus 45 autres douteuses. Suit un second catalogue, cette fois-ci dressé par vitrines, et qui est un véritable guide du visiteur. Le nombre des exemplaires est de 1.718 avec mention de la date et du lieu de capture, ainsi que du nom du chasseur ou donateur. Le second ouvrage, que nous avons eu le plaisir de par- courir, est un tirage à part d'un travail inséré dans le volume de 1901 des Communications scientifiques de Bosnie et Herzé- govine et intitulé : « Résultats des observations ornitholo- giques en Bosnie et Herzégovine, publiées par le conservateur Othmar Reiser et le professeur Johann Knotek. » On y trouve des instructions pour les observations à faire dans les Stations ornithologiques. C'est un véritable modèle, qui rappelle, dans un autre genre, les instructions publiées, il y a quelque cinquante ans, par le Comité des Monuments historiques à l'usage des archéologues français; il serait à désirer que celte circulaire füt publiée dans notre langue. On aura une idée de ce que contient l'énorme fascicule dont nous parlons quand nous aurons dit avoir compté jusqu'à 33 Stations, dans lesquelles on a consciencieusement travaillé. On est peut-être en France un peu trop porté à regarder avec une certaine pitié mêlée de dédain certains autres pays, aux- quels même il arrive de donner l'épithète assez peu gracieuse de demi-sauvages. Nous devrions plutôt imiter ce qui se passe chez les Jougo-Slaves. Non contents d'observer chez eux, ils savent encore rayonner. C'est ce que nous apprend un troisième travail de M. Reiser, publié dans J’Ornis de 1901. Le Muséum de Serajevo a organisé une expédition qui a visité presque toutes les parties du Montenegro, des bords de la mer Adriatique aux sommets arides du Kom et du Durmitor ; la collection recueillie et conservée au Musée de Serajevo ne comprend pas moins de 246 espèces d'Oiseaux. Trois autres expéditions, ayant pour objectif le vaste territoire de la Bul- garie et de la Roumélie orientale ont été entreprises en 1890, 1891 et 1893, et ont donné de magnifiques résultats ; il suffit de rappeler qu'au mois d’octobre, les Oiseaux pullulent aux abords des trois grands lacs d’eau saumätre qui avoisinent la EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 83 ville de Burgas. En 1894, 1897 et 1898, les recherches furent dirigées du côté de la Grèce et de l’Archipel. Les zoologistes visitèrent la Thessalie, la Grèce centrale, le Péloponèse, Corfou, Céphalonie, Cerigo, Milo, Syra, etc., etc., et dans plusieurs des îles, qui ne sont visitées que très rarement, on fit, selon l'expression de M. Reiser, des découvertes stupéfiantes d'Oi- seaux maritimes. Mais il faut mettre fin à ces citations déjà trop longues et mentionner un quatrième ouvrage rapporté par nos collègues. Nous avons nommé letravail de M.le D'Heinroth,sous-directeur technique du Jardin zoologique de Berlin, publié en allemand et ayant pour titre « Die Brautente, ZLampronessa sponsa L., et sa naturalisation sur les pièces d’eau de nos parcs ». Le volume, d’une exécution fort élégante, est accompagné de quatre planches en photographie et d’une planche en couleur. Analyser cette monographie serait difficile, c'est une véritable traduction qu'il faudrait faire, car Morphologie, Mœurs et tous autres côtés de la question y sont traités. Une des planches offre un intérêt tout spécial, c’est celle qui représente le Canard de la Caroline entrant dans son nid. On sait en effet que, con- trairement à ce qui se passe chez les autres Anatidés, l’Aix sponsa, dans son pays, s'empare, pour nicher, du nid du Grand Pic impérial, ou encore d'un nid abandonné d’Écureuil, soil même quelquefois d'une simple crevasse de rocher. Aussitôt que le dernier œuf a été pondu, la Cane, excellente mère de famille, tapisse de duvet le fond de son nid, et, chaque fois qu'elle s'’absente, elle en recouvre sa couvée. On ne saurait faire le même éloge du mâle, qui abandonne sa femelle dès que l’incubation est commencée. L'excellente idée de M. Pierre-Amédée Pichot d'encourager par des récompenses de petits travaux faits par les élèves des écoles sur des sujets d'Histoire naturelle, rencontre de plus en plus de faveur, comme en témoignent les lettres de directeurs et de directrices de la ville de Paris, reçues depuis notre der- nière séance. Citons parmi les signataires : MM. Acs, Boc- quillon et Collette, M" Bizot, Jacquet et Sali. Ces éducateurs de la jeunesse comprennent tout le charme que donne à la vie la connaissance des productions de la nature au milieu des- quelles, malheureusement, beaucoup passent indifférents, pro- fessant même une sorte de dédain, doublé chez des gens 84 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION appartenant cependant à une classe élevée, d'une ignorance à faire honte. Combienseraient heureux, au contraire, de pauvres déshérités s'ils pouvaient quelquefois posséder une fleur et en respirer le parfum, ou bien encore entendre gazouiller un Oiseau. C'est ce qu'a rêvé un homme à l'âme délicate, M. Eugène Figuière, le créateur du Jardin de Jenny. Un charmant article du « Journal », du 23 septembre, apporté par M. Loyer, nous apprend ce qu'est le Jardin de Jenny : « Une fleur, avait dit Bernardin de Saint- Pierre, nous intéresse plus qu'une étoile, et le plus petit jardin que tout le firmament. » Un jour le poète, doué d’une charité sentimentale, errait, paraît-il, dans un de ces quartiers du vieux Paris, reste du moyen âge, sombre labyrinthe de rues étroites et sordides, et le promeneur se mit à penser devant la mélancolie du lieu. Il songea à Jenny l’ouvrière, dans sa chambre du sixième, penchée sur l'aiguille ou la machine à coudre, qui rapporte si peu. Il se représenta le triste mur au papier décoloré et la vue d'en face, un mur plus lugubre encore que le premier. Il se dit qu'un pot de géranium, une tulipe, un boulon de rose, une guirlande de volubilis apporterait peut- être comme un rayon de bonheur en ce lieu désolé. Le Jardin de Jenny était désormais fondé. M. Figuière, s'interdisant formellement de voir aucune de ses protégées, fit distribuer partout, sur une simple demande, à toutes les ouvrières jeunes ou vieilles, aux jolies comme à celles qui... le sont moins, des pots, des oignons, des graines, des plantes, et voilà que 1.500 fenêtres possédèrent bientôt le plus délicieux des orne- ments. L'œuvre se développe, le Conseil municipal a voté une subvention annuelle, M. Georges Bonjean fait cadeau de 1.000 kilogrammes de terre, et un brave ouvrier sculpteur offre de faire gratuitement plusieurs douzaines de jardinières. Bref, un Comité est fondé, dont le secrétaire est M. Mercereau, l’auteur de l'article en question. Il le termine en disant : « Nous révons de donner aussi des Oiseaux. » Comment vou- driez-vous que la Section d’Ornithologie de la Société d'Accli- matation ne fit pas le même rêve? Quittons un moment Paris pour aller au Guatémala, car nous ne saurious perdre de vue le projet d’acclimater, ou pour mieux dire de sauver de la destruction le magnifique Dindon ocellé. A la date du 16 août, M. Rigoreau, gérant de la Légation de France au Centre-Amérique, écrivait une lettre à ce sujet à EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 8) M. Gavarry, ministre plénipotentiaire, directeur des affaires administratives et techniques au Ministère des Affaires étran- gères. À la suite du décès de M. Auzépy et depuis leur arrivée au Guatémala, M. Rigoreau et M. Pliche se sont occupés active- ment de la question, sans toutefois obtenir de résultats jusqu’à présent. Ces Oiseaux sont rares, difficiles à capturer et surtout à conserver. Le district du Guatémala où ils se rencontrent le plus ordinairement est celui de la Vera Paz, assez éloigné. Quelques jours auparavant, M. Rigoreau avait eu occasion de voir à la Légation, où il était venu pour affaire, un Français établi dans cette région, comme planteur de caoutchouc. Il à promis bien volontiers de chercher à se procurer un couple de Dindons ocellés. Mais notre Société ne tient pas encore pour cela le rara avis, et, füt-il pris, il restera encore une question assez délicate : l'envoyer en France et surtout l'y faire par- venir à bon port. M. Debreuil s’est empressé de remercier M. Rigoreau au nom de la Société d'Acclimatation, ajoutant qu'il conviendrait que les Oiseaux fussent apprivoisés avant la traversée et quil se- rait à désirer que l'envoi fût composé d’un lot et non d'un couple. Faire venir des animaux de l'étranger rentre absolument dans le cadre de nos préoccupations, mais conserver nos Oi- seaux n'offre pas certainement un intérêt moindre ; aussi nous ne pouvons passer sous silence l’envoi d’un prospectus de M. Hans Schatzmann, de Lenzbourg (Suisse), qui fabrique des nichoirs et mangeoires automatiques. Pourquoi l'inventeur ne nous adresserait-il pas un modèle, qui resterait exposé dans la salle de nos réunions pour permettre à nos collègues d'émettre leurs observations ? Un correspondant écrivait du Dauphiné, au milieu d'octobre, pour savoir si, par un procédé quelconque, on pourrait nourrir une majiheureuse Hirondelle blessée, les Mouches commen- çant à se faire rares. Il est probable qu’à l'heure qu'il est, la question présente peu d'intérêt, la pauvrette ne souffrant plus de la faim depuis longtemps. De Tunis, M. Labbe nous fait savoir que les résultats des tentatives des membres de la Société d’Aviculture de Tunisie concernant l'élevage des Kaisans ont été absolument déplorables. Ambherst, versicolores, Mongolie, dorés ont eu des œufs clairs en majorité et les quelques Faisandeaux qui sont éclos sont morts 86 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION jeunes, de maladies de la gorge ou des pattes ou dévorés par les Chats. Tout est à recommencer. A Saint-Géraud-le-Puy (Allier), M. Dulignier a fait des obser- vations très intéressantes sur le Canard siffleur du Chili, Mareca chilensis, et ses remarques concordent avec celles de M. Gabriel Rogeron sur la Bernicla jubata, publiées dans notre Bulletin. M. Dulignier s’était procuré un couple de Siffleurs, dont le mâle, alors àgé de trois ans, était donné comme né en France, et la femelle comme importée depuis deux ou trois ans. Ils furent mis en liberté dans un parc, et de suite, comme cela était arrivé pour les Bernaches de M. Rogeron, la femelle montra pour le mâle une véritable aversion. Ce sentiment se manifestait surtout lorsqu'on donnait du pain aux autres Ca- nards sur la pièce d'eau ; la femelle était alors prodigue de coups de bee pour son époux. En dehors de ces moments, elle affichait vis-à-vis de lui plus que de l'indifférence, ne lui per- mettant pas notamment de passer devant elle; il acceptait du reste celte situation humiliante avec la soumission la plus complète. Aussi, le printemps de 1909 ne donna aucun espoir de reproduction et la situation demeura telle jusqu’en mai1910, où l'humeur du Canard parut changer. A la fin du mois, la Cane disparut et fut retrouvée sur l'île de la pièce d’eau, occu- pée à couver huit œufs, qui furent donnés à une Poule. Très peu de jours après, nouvelle ponte de huit œufs sur une autre ile; ils furent également enlevés. De ces seize œufs, qua- torze étaient fécondés. L’éclosion fut très laborieuse ; il fallut briser la coquille et les jeunes étaient sans force. La pluparl s'élevèrent cependant, mais les Pies et les Rats n’en ont laissé que six. Pendant ce temps, la Cane faisait une troisième ponte de sept œufs, ils lui furent conservés. Le 95 juillet, les sept jeunes étaient éclos sans difficulté et tellement vigoureux qu'il fallut les poursuivre pendant près de deux heures pour les reprendre et les enfermer avec leurs- parents dans un petit parc. Dès l’apparition de ses petits, le Canard les prit sous sa protection, et lui, si doux jusqu'alors, était toujours furieux et hérissé quand on s’approchait de son enclos ; il se précipi- tait même sur les personnes qui y pénétraient. Il se tenait tou- jours entre les visiteurs et ses enfants et il les a soignés avec une tendresse qui a surpassé de beaucoup celle de la mère. Malgré les pluies torrentielles et ininterrompues de cette époque, jamais les jeunes ni leurs parents ne sont entrés dans EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 87 l'abri qui leur avait été préparé. Ils sont demeurés, depuis leur naissance, exposés à toutes les intempéries; aucun n'a suc- combé et aujourd'hui ils sont complètement adultes. Pendant les nuits et matinées très froides qui ont suivi l’éclosion, les jeunes se couchaient non pas sous la mère, mais en rond autour d'elle, leurs têtes seules sous les ailes maternelles. En résumé, et malgré les accidents, sur vingt-trois œufs obte- tenus en trois pontes, vingt et un ont été fécondés et treize petits ont été élevés. M. Dulignier a done le plaisir de posséder sur sa pièce d’eau quinze de ces beaux Oiseaux, qui, outre leur brillant plumage, ont sur la presque totalité des autres Canards l'énorme avantage de conserver leurscouleurs toutel’année, au lieu de devenir grisâtres dans la saison où on a le pl occasion de les regarder dans les parcs. Ajoutons que M. Dulignier se ferait un plaisir d'échanger des Siffleurs du Chili contre d’autres Canards, si quelques-uns de nos collègues le désiraient. M. Germain nous envoie, de Brantôme, l’histoire d’un jeune Chardonneret, qui a vécu plus d'un an, apprivoisé en liberté, et a été après ce temps tué par le Chat de la maison. A la suite d’un violent orage et d'unepluie torrentielle, la mère disparut; dans le nid, quatre petits, à peine éclos, étaient noyés, deux étaient morts, les deux autres agonisaient. Ils furent placés auprès du feu, dans de la laine, se séchèrent peu à peu et ac- ceptèrent avec avidité une pätée mélangée de millet. L'un d'eux se tua en tombant du petit nid qu'on lui avait improvisé ; l’autre s’habitua à venir chercher librement sa nourriture dans la main. Un jour, la fenêtre étant restée ouverte, il s’évada ; mais, le lendemain, il revint de lui-même et ne fit aucune dif- ficulté pour réintégrer son domicile. Depuis lors, il montra la plus grande familiarité vis-à-vis de ceux qui lui avaient sauvé la vie. Longtemps encore, les migrations des Oiseaux demeureront un véritable problème, aussi on ne saurait être trop reconnais- sant envers ceux de nos collègues qui veulent bien nous faire part de leurs observations. Le 13 octobre, à cinq heures du soir, M. Debreuil a vu, à Me- lun, deux vols de Grues, passant à environ 200 mètres de hau- teur; il n’y avait pas de vent et elles se dirigeaient vers le sud- ouest. Le 15, à 6 heures du soir, environ deux cents de ces Oiseaux allaient dans la même direction et à la même hauteur. nr L ex LEE de 88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION À Argenton, M. Rollinat notait, dès le printemps de cette année, les pérégrinations de ces Echassiers. Le 11 mars, à deux heures et demie du soir, par fortes bourrasques de vent sud-ouest, accompagnées de pluie violente, sont passées de grandes bandes de Grues, se suivant de très près ; qualre retardataires suivent à une petite distance. Après avoir dépassé la ville, les Oiseaux entremélent leurs lignes, puis se refor- ment en ordre de route et filent vers le nord. Le 20 mars, à onze heures et demie du matin, par un beau soleil et un ciel clair, mais par un vent du nord extrêmement violent, quatre Grues évoluent au-dessus de la maison de notre collègue et à une très faible hauteur d’environ 50 mètres. Ces Oiseaux cherchaient à lutter contre le vent, qui les repoussait vers le sud, exécutaient des voltes, s’élevaient, s’abaissaient et repiquaient souvent, sans succès du reste, vers le nord; finalement, ils renoncèrent, et, toujours réunis, filèrent enbiais vers l'ouest et disparurent. Avec un fusil chargé dechevrotines, on aurait pu facilement les abattre, lorsqu'ils s’efforçaient d’ai- ler vers le nord et que le vent contraire les rendait presque immobiles dans l'air. Le 25 mars, M. Rollinat a reçu de Parnac, localité située à vingt kilomètres au sud d’Argenton, une Grue mâle, magni- fique, qui venait d’être tuée ; elle mesurait 2220 d'envergure et 1255 de l'extrémité du bec au bout despaites. Le 27 mars, des gens qui passaient près de l’étang des Ro- saies, sur la route de Luzeret, ont vu deux Grues à terre; cet endroit est situé à huit kilomètres au sud-ouest d'Argenton. Les Grues ne s’envolèrent pas au passage de la voiture et on aurait pu les tirer ; elles étaient probablement très fatiguées. Le 29, à 10 heures du matin, deux Grues se trouvaient à terre près d’Argenton et ont filé vers le nord. Ce fait, tout bizarre qu'il paraisse, est absolument certain. Comment expli- quer la présence de ces animaux dans le Berry, à la veille du mois de juin? Après avoir assisté à la remontée de 1910, voyons, toujours avec M. Rollinat, ce que fut la descente. Le 8 octobre, des Grues ont été vues près d'Argenton, et un métayer de la localité prétend qu'il en est déjà passé une bande quelques jours auparavant. Dans la nuit du 9 au 10, on entendait les cris des bandes de Grues passant au-dessus d’Argenton. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES. DES SECTIONS 89 Le 14, un peuavant midi, il passe une bande au-dessus de la ville, par très peu de vent sud-ouest et un beau soleil. Le 15, il a plu pendant la nuit précédente, le vent est sud et il fait un beau soleil. À six ou sept kilomètres à l’est d'Argen- ton, dix-sept Grues passent à sept heures un quart du matin, à une faible hauteur, mais trop loin pour qu’on puisse les tirer. Une forte bande passe à dix heures moins un quart à une assez faible hauteur. Une très petite bande, suivie d’une autre, à _dix heures et demie. Le 16, vers neuf heures un quart du rnatin, quatre-vingt-six Grues passent en ordre de route, au-dessus d’Argenton, se dirigeant vers le sud-sud-ouest. Le vent très léger, est sud. Le même jour, une assez forte bande passe à une heure du soir. Le 16 octobre encore, des chasseurs au miroir ont apereu, entre sept et neuf heures du matin, quatre fortes bandes. Enfin le 25, par un beau soleil el un vent léger du sud, notre collègue à vu, à huit heures trois quarts du matin, une petite bande de moins de vingt Grues. À neuf heures cinq, il y en a eu une seconde d'une vingtaine, et, à dix heures trois quarts, passait une forte bande, en ordre de route. Tous. ces Oiseaux filaient vers le sud-sud-ouest. Nous avons cru bon, malgré leur longueur, de reproduire ici ces détails, car ils fournissent une observation complète de ce qui se passe dans une région déterminée. M. Rollinat à donné l'exemple, espérons qu'il sera suivi. Mais ce zélé naturaliste ne se borne pas à l'étude d'un seul groupe d Oiseaux, etles notes qu’il envoie offrent toujours un grand intérêt. C'est ainsi qu'il nous apprend que les Martinets noirs sont cette année arrivés à Argenton le 98 avril. Le 7 août, on pou- vait encore en voir quelques-uns; le 8, le 14 et le 15, ils n’ont pas absolument disparu; mais, à partir de cette dernière date, il n’en existait plus un seul dans le pays. M. Rollinat nous apprend encore — que de avec lui? — que l'Hirondelle de cheminée est.en diminution à Argenton et qu'elle est arrivée le 11 avril ; on ne l’a prie revue après le 16 octobre. L'Hirondelle de fenêtre ea de plus en plus rare. Un couple a bâti.un nid en septembre et l’a entièrement achevé quant à la maçonnerie. Pourquoi cette construction à la veille du départ? ” # OO CPE SI SE TR f ? : PNEUS # L LL 17 da pe abri Là cale 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le dernier hiver a détruit, grâce aux pluies abondantes, les Campagnols des champs, et par suite il n'y à presque pas de Busards et même très peu de Faucons. Autant ces Rapaces étaient abondants l'an dernier, autant ils ont été rares en 1910. Les glands ont manqué. aussi les Geais ne stationnent pas dans les bois; on en a vu passer de petites bandes, se dirigeant vers le pays des Châtaignes, c'est-à-dire le sud de l'Indre et le département de la Creuse. Les Alouettes des champs ont été très abondantes et beau- coup ont été tuées au miroir; l’'Alouette Lulu, au contraire, ne s’y laisse pas attirer. Le Pipit des prés a été très abondantau mois d'octobre et il y a eu énormément de Pigeons ramiers; en revanche, moins de Vanneaux et moins d'Etourneaux. Enfin un soir, vers les onze heures, on a aperçu des Oiseaux lumineux. Nous avons dit plus haut toute notre reconnaissance envers ceux qui veulent bien nous faire part de leurs observations; que dire de ceux qui, ainsi que le fait M. Rollinat, nous adresseraient des travaux qu'on pourrait appeler la Chronique ornithologique du département? M. le D° Loisel fait une communication fort intéressante sur un voyage en Finlande; nous tenterons d'autant moins d’ana- lyser son improvisation que nous espérons bien qu'il voudra en faire profiter les lecteurs du Bulletin qui n'ont pas eu le plaisir de l'entendre. M. le D Trouessart se demande comment, dans les stations zoologiques de ce pays, on parvient à identifier les noms locaux; il y a là une énorme difficulté. M. le D’ Loisel l'ignore, mais aux Etats-Unis, chaque station est dirigée par un ornitho- logiste, auquel on envoie les becs et les pattes. M. Chappelier a recu des Canaris sauvages; il présente deux Cinis tués dans le Loiret. Enfin M. Magaud d'Aubusson communique une note de M. de Chapels ur les visites que fait dans notre Midi le Guépier Merops apiaster. Et maintenant il reste au Secrétaire de la Section d'Ornitho- logie à solliciter l'indulgence de ses collègues. Peut-être vont- ils penser qu'il fait seulement allusion à la longueur exagérée de ce procès-verbal, mais il n’y a de reproches à adresser qu'au zèle de ceux qui rendent nos séances de plus en plus Lu. : EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 91 intéressantes. Il veut s’excuser aussi d’avoir dû remettre au compte rendu du mois prochain un certain nombre de commu- nications déposées sur Le bureau, ayant pensé qu'il ne pouvait accaparer un Bulletin tout entier et qu'à bon droit les autres Sections dela Société pourraient y trouver à redire. Le Secrétaire, COMTE D'ORFEUILLE. IIIe SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1910. Présidence de M. Pellegrin, vice-président. M. Debreuil présente une note sur son élevage de Saumons de fontaine. Ces Poissons, nés en janvier 1907, lui furent envoyés en juin 1907 et ne furent pêchés qu’en juillet 1910 ; à cette date, ils pesaient de 7 à 800 grammes, sauf deux qui n'avaient que 12 centimètres de longueur et paraissaient âgés de sept à huit mois. M. Debreuil demande si ces derniers sont nés chez lui ou si ce sont des Poissons qui ne se sont pas développés? Cette der- nière opinion est adoptée. M. Pellegrin donne connaissance d’une lettre adressée à M. Raveret-Wattel par M. Smith, chef du bureau des Pêcheries au ministère du Commerce et du Travail, à Washington (E.U.), en réponse à une demande d'envoi d'œufs de Truite dorée (Salmo Roosewelli) faite au nom de la Section, par son prési- dent. M. Smith répond qu'il n'en possède pas en ce moment, mais qu'il espère, plus tard, satisfaire au désir exprimé par la Section. M. le Président présente un ouvrage de notre collègue M. Gensoul sur les Poissons du département de Saône-et- Loire. Me Physalix fait ensuite une communication sur les Protées des grottes d’Adelsberg. Cette communication est accompa- gnée de la présentation de sujets vivants. 92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION M. Loyer donne lecture, au nom de M. l'abbé Foucher, d’une note sur le Molglandina vanuxenensis, Escargot carnivore de Puebla, note dont l’auteur est M. J.-B. Berthier, directeur d’école à Puebla (Mexique). Ces deux communications seront insérées in extenso dans le Bulletin. M. Le Fort met la Section au courant des multiples difti- cultés qu'il a éprouvées dans sa tentative, infructueuse, du reste, pour faire venir des Pejerrey vivants de la République Argentine en France. M. Eug. Vincent, pisciculteur à l’aquarium du Trocadéro, fait hommage à la Société de deux brochures contenant la description d'appareils de pisciculture qu'il a inventés. Le Secrétaire, G. DAGry. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Les cultures acclimatées à Ceylan. — Les mégapodes et le Mallee scrub. — Les cat-fish, poissons chats des États-Unis. — Fruits frais et légumes exotiques. — Les méfaits des aéroplanes chez les éleveurs. M. J. Fergusson a publié dans le Field une étude sur la cul- ture dans l'ile de Ceylan où nous trouvons des indications intéressantes sur le roulement des acclimatations successives qui ont assuré la prospérité de la colonisation anglaise dans cette partie du globe. Le développement des plantations de café date de 1837 ; au bout de quarante années les planteurs arri- vèrent à en exporter pour 125 millions par an. Mais vers la fin du siècle dernier une maladie cryptogamique sévit avec tant d'intensité sur les plantations, qu'en moins de dix ans les champs de Caféiers furent ravagés et il fallut se mettre à cher- cher autre chose. Les différentes espèces de Quinquinas du Pérou attirèrent alors l'attention des cultivateurs. Celte nou- velle culture prospéra rapidement, au point de faire baisser l'écorce de Quinquina dont la production ne fut plus suffisam- ment rémunératrice. On était arrivé à en exporter jusqu’à sept millions de kilogrammes en une seule année. Entre temps la culture du Thé avait remplacé ceile du Café et on en exportait “if CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 93 90 millions de kilogrammes par an. En 1876, on avait introduit du Brésil le Caoutchoutier du Para (Æevea brasiliensis) ; l'état florissant de la culture du Thé retarda l'extension de cette nouvelle culture dont les introducteurs trouvèrent plus avan- tageux de se transporter en Malaisie, où ils sont devenus les premiers fournisseurs du marché. 4 Néanmoins, depuis 1904, les plantations de Caoutchoutiers à Ceylan, vu la demande croissante de cette matière dans le vieux monde, ont décuplé, et le revenu des arbres datant des premiers temps de l'importation, c'est-à-dire d’une trentaine d'années, est considérable. La persévérance et l’ingéniosité des colons de Ceylan à remplacer par des cultures nouvelles celles qui, par des circonstances fortuites, avaient périclité dans la dernière moitié du xix° siècle, sont à proposer en exemple aux coloni- sateurs et font bien ressortir les avantages que l’on peut tirer d’acclimatations bien comprises. LS x x Dans les Bulletins d’août et de septembre 1909, notre collègue M. Magaud d’Aubusson a passé en revue les différentes. espèces d'Oiseaux mégapodes dont la caractéristique est de confier l’incubation de leurs œufs à la chaleur que développe la décomposition de matières végétales dont ils font une meule ou tumulus où ils enfouissent leurs œufs. M. Magaud d’Au- busson a rappelé les nombreuses reproductions du Talégalle de Latham, obtenues pendant la seconde moitié du siècle dernier chez des amateurs ou dans les jardins zoologiques européens, et a constaté avec regret que ces tentatives de domestication n'avaient pas été poursuivies. En effet, il fut un temps où le Talégalle était assez répandu chez les amateurs pour que les importateurs renoncassent à en introduire, et maintenant il n’en existe guère ailleurs que chez le duc de Bedford et chez sir Edmond Loder. Toutes les tentatives faites pendant ces der- niers temps par quelques amateurs pour reprendre cet élevage ont été infructueuses, faute de pouvoir se procurer de ces Oiseaux. M. Magaud d'Aubusson indiquait que quatre espèces de Mégapodes paraissaient plus particulièrement de nature à réussir dans nos climats, dont le Leipoa ocellata du sud-ouest de l'Australie, où il est connu sous le nom de Faisan indigène, Lowan, ou Mallee fowl,du nom de la-broussaille Hallee, au milieu de laquelle il se plait à élever ses tumulus. Cet Oiseau est rare- 94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION ment importé, quoiqu'il ait déjà figuré dans les collections des jardins zoologiques, et nous apprenons que Hagenbeck, de Ham- bourg. vient d'en recevoir un couple. M. Ward, dont les explo- rations en Australie ont été publiées par M. Fountain en 1907 (Rambles of an Australian naturalist), donne quelques détails sur le Leipoa. Son nid est figuré dans une bonne photographie de l'ouvrage de M. Le Souëf, le directeur du Jardin zoologique de Melbourne ( Wäld life in Australia), qui a observé sur place la facon dont ces Oiseaux construisent leur tumulus et y déposent leurs œufs. Le Wallee Scrub où le Leipoa se tient de préférence est une très singulière variété d Eucalyptus dont les rameaux qui n'’at- teignent pas plus de 14 à 15 pieds d’élévation partent d’une souche étalée ayant parfois plus d'un mètre de diamètre et qui est fixée au sol par une infinité de racines ténues dont l'adhérence est telle qu'il est excessivement difficile de l'arra- cher. C’est une plante du désert quine pousse pas dans le voi- sinage des cours d'eau ni dans les sols humides, et cependant ses radicelles contiennent tant de sève qu'en les coupant en petits morceaux et en les mettant à égouter au-dessus d'un seau ou de tout autre récipient, on obtient rapidement une assez grande quantité d'un liquide buvable, grâce auquel les voyageurs égarés dans les régions désertiques ont pu étancher leur soif. La présence du Mallee scrub est d'ailleurs un indice certain de la présence de l’eau dans le sous-sol, et en creusant à 14 ou 15 pieds de profondeur on arrive à une couche humide où l'eau est de bonne qualité (1). L< 2 - Le 733° Bulletin du Bureau des Pêécheries des Etats-Unis traite longuement des mœurs, de l'élevage et de l'importance commerciale des Cai-fish de l'Amérique du Nord. La plus grosse espèce (/ctalurus furcatus) qu'on trouve dans le Missis- sipi, peut atteindre un poids de 150 livres. Le Cai-fish des Grands Lacs (Amiurus lacustris) ne dépasse pas 100 livres, et le Cat-fish jaune (Leptops olivaris) 50. L'Amiurus nebulosus, de beaucoup plus petite taille, se plait dans les eaux les plus sta- gnantes. La chair de tous ces Poissons est fort appréciée ; elle est ferme et d'un goût délicat et les statistiques de 1908 mon- 1) Cette plante est, sans doute, l'Eucalyptus gracilis Ferd. von Muller. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 95 trent qu'il en a été vendu pour près de quatre millions de francs sur les marchés des États-Unis. En 1909, 14.000 alevins d'A. nebulosus ont été élevés dans les stations piscicoles du yvouvernement en vue de repeuplements; cependant les habi- tants de certaines localités, comme la Californie, ont protesté, mais inutilement, contre l'introduction de ce Poisson dans leurs eaux sous prétexte qu'il était vorace et destructeur des autres espèces. Dans les établissements piscicoles on ne donne à ces Poissons qu'une alimentation végétale, mais à l’état sauvage il semblerait que ces Cat-fish ne sont pas exclusifs et absorbent jusqu’à leur propre progéniture. * x x L'aménagement de chambres frigorifiques à bord des paquebots permet aujourd’hui le transport à grande distance de fruits frais et de légumes exotiques qui, grâce à la colonie étrangère, de plus en plus nombreuse dans Paris, sont assurés d'un écoulement rapide chez nos marchands de comestibles dont ils ornent les devantures d’une facon pittoresque. Un des magasins les mieux fournis en produits coloniaux est celui de la maison Hédiard, place de la Madeleine, et une visite à cet établissement vaut un voyage autour du monde. Les Melons d’eau jaunes de Malaga et d'Espagne y arrivent, portant parfois gravés sur leur écorce le nom, voire même les armoiries des producteurs; on y trouve non seulement les Bananes des Açores, aujourd'hui si répandues qu'elles se vendent sur les petites charrettes des marchands ambulants, mais encore la grosse Banane à cuire et les Bananes rouges de la Floride et du Mexique. Les Mangues de Bombay, les Avocats verts et rouges des Antilles, les Anones d'Egypte feraient venir l’eau à la bouche du Singe le plus difficile qui se croirait transporté dans ses forêts vierges. Mais les légumes exotiques appellent particulièrement notre attention à une saison où les légumes sont rares. C’est le Gombo de Turquie ou des Indes, les Fenouils d'Italie, la Chayotte ou Chouchou du Mexique, les Patates des Antilles, les délicates petites Lentilles arabes et un Potiron exquis du Pérou et du Brésil, la Carabas- sette, variété à petits fruits de la Courge pleine de Naples (Cucurbita moschata). Elle peut être cultivée sous le climat de Paris et doit être préférée à la Courge pleine de Naples dont la maturité est trop tardive. 96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION + = D La réglementation de la circulation dans l'air est une question qui s'impose aujourd'hui et que les intéressés feront bien de prendre en considération avant qu un sentiment d'animosité contre les aviateurs ne se soit généralisé parmi les populations qui auront à souffrir du nouveau mode de locomotion. La sécu- rité de leurs frontières et de leurs places fortes a été déjà l'objet d'un échange de vues entre différents gouvernements, mais la paisible jouissance des biens particuliers n’est pas moins respectable et des plaintes commencent à se faire entendre. Le Journal de la Propriété, organe de l'association des possesseurs de terres en Allemagne, demande que l'article 905 du Code civil allemand soit modifié de façon à interdire tout em- piétement des aviateurs sur les domaines particuliers. Le journal de droit, The Law magazine and Review, en Angleterre, publie une substantielle étude de M. H. Meyer sur la violation des pro- priétés en aéroplane. Les conclusions sont que tout individu a le droit d'empêcher un aviateurde voler au-dessus de ses champset d'exiger le paiement d'une indemnité en cas de contravention. En France, plusieurs cultivateurs de Seine-et-Oise, voisins de l'aérodrome de Buc, ont déjà assigné M. Farman devant le Tribunal de la Seine et demandent la condamnation de l'avia- teur à des dommages-intérêts et l'interdiction pour lui de voler au-dessus de leurs terres à une hauteur moindre de 200 mètres. L'apparition d'un aéroplane à l'horizon agrémentée du grondement de l'hélice, jette en effet l’effroi dans les trou- peaux qui, affolés. vont se briser contre les clôtures. Ainsi un de nos collègues, M. 1..., qui possède des collections d'animaux exotiques importants daus la même région, a eu a subir de faicheux accidents à la suite d'un passage d’aéroplane, et si ce fait devait se reproduire il se verrait obliger d'abandonner les - intéressants élevages qu'il poursuit dans un but d'intérêt général. Il estincontestable que les routes aériennes ne doivent pas plus être livrées aux caprices des aviateurs que les routes de terre ne le sont aux piétons, et avant le moment inéluctable où chacun sera appelé à monter au ciel il ne faudrait pourtant pas rendre le séjour sur la terre insupportable. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. tenir os be. sont priés aroor Le andes au Snerbtarint 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après en de la. Commission compétente, suivant le rang RARES et au fur et à Graines d'Anssrine, offertes par MM. REYNIER (d'Aix) et GUILLOCHON (de Tunis). EN DISTRIBUTION Pois de senteur anglais, en mélange, offerts par M. DEJARDIN. S'adresser au Secrétariat. OFFRES he prix Paris 1909 : poules et coqs Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais Club Français, race pratique par excellence. pour tout usage … en tout climat; saison 1909 : pouleltes pour ponte hiver et coquelets, 6 tr. 50 pièce; 60 fr. les 10; s'inscrire. DE SAINVILLE, membre du Gâtinais-Club, . Saint-Germain-des-Prés (Loiret). 1 4.200 poules faisanes des bois, ayant servi à la Ro 6 francs pièce. . ALBERTIN, faisanderie Louveciennes (Seine- et -Oise). G RE . de propriété boisée, anal l'amé- … nagement, l'exploitation mécanique des bois et la . pisciculture. M. COLETTE, Marmagne (Saône-et-Loire). nards siffieurs du Chili, 1910, à céder ou échan- ger pour Canards ou Oiseaux de parc rares. DRRIGREES Saint Gérand, Le Puy (Allier). ” comparables pour l'hiver. Sujets de 4 mois. 2 fr. 50.et 3 francs selon choix. : M. MEZIN, à Saint-Jean-du-Gard. 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DURIEZ, boulevard Henri-IV, 44. leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour FONDÉE EN 485%, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 4855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 4° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au pérfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à ARS et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L’attention des personnes compétentes doit êlre appelée tout spécialement sur l'intérêt qu’il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, Te de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo- ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la. Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, etc., faites par la-Société, ou aux cheptels ConeclEs par elle. — Divers avantages ln sont également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix “réduit des. publications de la Société antérieures à son admission, etc. ! | Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli- matalion à publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8°, illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Lei Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- fères et leur élevage, les Oi > [= — 58 = be CEE. Epend Est EE — es Emme Laye) re _— | =) Cie Éeersecneg He eu =} FS ei. = = dan. Bennet [sm ] Em | DE. ann (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58° ANNÉE N°5 —1* MARS 1911 1 SOMMAIRE Re CG: RAVERET-WATTEL,. — Le Black-Bass et son élevage (suite ef fin) ... . : . : . :... Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. 6° — Colonisation. — Séance du 21 novembre it ER NT tel te TN LS Eat 10 € NS 453 X dre Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les sun des articles insérés dans le Bulletin. : Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 îr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. le 2 mbres de la O4 et les personnes qui désireraient l’entreténir qu’il se tient à leur dispositio siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7? heures. SORTE NATIONALE D'ACCLNATATON DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 ù EE Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS {BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 Président, M. Edmonä PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur d . . Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole w coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). d Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. : Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. LE ForT, 89, boulevard Maléshertes, Paris (Etranger). 3 H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole les Hautes Etudes, 254, boulevard Saint= Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). É CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DeBREUIL, 95, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' SeBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. " Membres du Conseil MM. D' Leprincer, 62, rue de la Tour, Paris. . MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. à ; Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61; rue Cuvier, Paris. Ph. de VirmoriN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. C : LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire uaturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. Le MYRE DE ViLErs, 3, rue Cambacérès, Paris. # : a Ve) 6 Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Wuiriow, 7, rue Théophile-Gautier, Neuiliy-sur-Seine. - Ke”. ACHALME, directeur du Laboratoire colonial -du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. DÉIARDIN, 23, rue Claude-Lorrain, Paris.’ : L : #4 MAGAUD-D'AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. F4 D' P. Marcxar, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeurde la Station entomologique nm. de Paris, 149, boulevard Saint-Germain, Paris. 4 & Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 . << ———_—— Janvier | Février | Mars Avril Mai | Novembre | Décembre L x SÉANCES DU CONSEIL, le Mardi à 5 heures.| 10 | 14 14 11 9 12 l ; re SECTION. — Mammifères, le lundi : (à 29 -RÉBPOR GORE UE VMS 20 6 6 3 1 In 2° SECTION. — Ornithologie, le lundi Es BD HAE 7 tel 0) UT CON CE LL 3e SECTION. — Aquiculture (1), le lundi G | à 9 heure ER CCG 13 13 410 8 (3 4° SECTION. — Enlomologie, le lundi 8 ETS RAR RE Al PAST A M 8 k 59 SECTION. — Rolamgue, le lundi x CS A. MAD RESORT 23 20 20 24 | 45 k 6° SECTION. — Colônisation, le lundi J c” à 5 heures . A TRUE ES ENNISS SORT OÙ 24 15 | = Sous-SECTION d'Etudes Caprines, le ven- (3 dredi.à-5-heures -:2""#, 1.4 7917 ;2194 24. | 24 :|- 26. $ (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. ë | NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances des Sections recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des j LE PAGURE CÉNOBITE DE CEYLAN CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE L'HÉRÉDITÉ DES CARACTÈRES ACQUIS par le D' E. BUGNION Professeur d'embryogénie à l’Université de Lausanne, Membre correspondant de la Société. Commun sur les plages de Ceylan (district de Galle), le Céno- bite (Cænobita rugosa Edwards) (1) vit à la manière du Bernard l'Hermite (Pagurus Bernhardus Lin.) dans la coquille vide d’un Mollusque univalve. On le trouve d'ordinaire à quelques mètres de la mer sur le sable sec, au milieu des pierres et des racines, parfois sous les écorces, au pied des arbres rive- rains (2). Sa longueur est de 4 à 5 centimètres. Ses pattes qui (lorsque l’animal n'est pas inquiété) émergent de l'ouverture de la coquille avec la partie antérieure du corps lui permet- tent de courir assez vite de côté et d'autre, à la manière des Crabes. Les gros individus habitent des coquilles évasées, larges de 3 centimètres et demi à l'ouverture, appartenant presque toujours au genre Purpura (P. mancinella Lam. et persica Lin.). Un exemplaire à peu près adulte a été observé dans une coquille de 7riton, sous genre Ranularia. Les jeunes se trouvent dans des coquilles beaucoup plus petites, à ouver- ture élroite, mesurant à peine 1 centimètre (parfois 8 milli- mètres) de la base au sommet. Celles-ci peuvent appartenir à divers genres, car si le Cénobite adulte s'approprie presque toujours la même coquille (Purpura), les jeunes sont à cet égard beaucoup moins difficiles. Sur douze coquilles ramassées au hasard et renfermant chacune un jeune Cénobite, il s'est trouvé sept Purpura (diverses espèces), un Turbo (probable- (4) Le genre Cœnobila à été créé par Latreille en 1810: — La descrip- tion de C. rugosa se trouve dans Milne-Edwards, 18317, t. II, p. 241. — Voyez encore Milne-Edwards, 1836. — Gerstæcker, 1863, t. II, p. 371. — Perrier, IT, 1893, p. 1036. — Houssay, 1900, p. 693. (2) Un Pagure de plus grande taille, le Cœnobila Diogenes Latreille (Encycl. méth. Crust, No 284), habitant la Havane, a été observé au haut des collines, tirant sa coquille après lui à plus de quatre lieues de la mer (d'après Latreille, 1831; Lucas, 1854). BULLE. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911 — 9 130 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION ment 7. tuber Lin), un Vérita tessellata Gmel., un 7riton, un Littorina obesa Sow. et un Litt. dilaiata d'Orb. (1). On sait, d'ailleurs, que le Pagure en voie d’accroissement change de lui-même sa demeure lorsqu'il se trouve trop à l’étroit. Il quitte simplement l'ancienne et s'installe dans une autre. Mais, si le Crustzcé se transporte volontiers d'une coquille étroite dans une coquille un peu plus large, agissant en cela en locataire avisé, il regimbe en revanche d'une manière comique quand on lui propose une maison moins confortable. Un Cénobite que j'avais sorti de sa coquille et enfermé dans une boite avec une Purpura un peu trop étroite s'agita en tous sens pendant plus d'une heure avant de se décider à y entrer. Je le vis enfia installé dans la coquille, mais il parais- sait mal à son aise car l'opercule (formé par les première et troisième pattes gauches) était trop grand pour trouver place dans l'ouverture, et la bête entière incapable de se cacher à l'intérieur. Aussi le rusé compère ne se fit-il pas prier long- temps lorsque je lui présentai l'ancienne conque. Quittant prestement la coquille étroite, il monta sur le bord de l’autre, tourna sur lui-même et s'y enfonca en un clin d'œil. Cette expérience, bien facile à répéter, dénote chez le Cénobite une dose de sagesse qui dépasse, semble-t-il, les limites d'un simple instinct. Il faut, pour s'approprier ainsi la maison d'un autre, être de nature un peu « roublard ». L'intérêt qui s'attache à l'étude du Cænobita rugosa provient surtout d’une asymétrie des patles, beaucoup plus marquée dans cette espèce que chez le Pagure Bernhard, et en général d'une adaptalion 5eaucoup plus complète à la vie recluse. On remarque, lorsque l'animal est retiré à l'intérieur de la coquille, que l'orifice de celle-ci est exactement fermé : 4° par la pince gauche (1 patte, élargie à cet effet, formant par sa face externe une sorte de plaque, 2° par sa troisième patte du même côté, ajustée au bord de la précédente, aplatie, elle aussi, sur sa face externe, limitée en dehors par une crête tranchante qui suit exactement le contour de la coquille, enfin 3° par l'extré- mité des deuxième et troisième pattes droites dont les tarses, 1) Je dois ces déterminations à l'obligeance de M. Lador, préparateur au musée géologique de Lausanne. — Les douze Cénobites, bien qu'encore trés petits, montrent déjà tous une hypertrophie manifeste des premiére et troisième pattes gauches. L'opercule est, chez la plupart, assez diffé- rencié pour s'adapter à l’ouverture et recouvrir l'animal. Bull. de la Soc. Nat. d'Acclimat. PrAIxe 2e el 3° tarses droits. 3e patte gauche. 1'e patte gauche (grosse main). Coupe de la plaque verruqueuse de la quatrième patte. N. Pororr. del. COENOBITA RUGOSA. Mn = Der LE PAGURE CÉNOBITE DE CEYLAN 131 durs et acérés, contribuent également à compléter l'occlusion. La bête entière est conformée de telle façon que, lorsqu'elle se rétracte, les première et troisième pattes gauches se placent d’elles-mèêèmes en avant des autres, formant un véritable oper- cule (1). Les quatrième et cinquième paires de pattes, beau- coup plus courtes que les autres, retirées à l'intérieur de la coquille, portent de petites plaques brunes couvertes d'aspé- rités transformées par là-même en organes fixateurs (pattes verruqueuses de Milne Edwards). L'adaptation est si parfaite que lorsque le céphalothorax proémine au dehors, les pattes verruqueuses se placent dans les deux échancrures de la coquille de Purpura (à droite et à gauche de l’orifice) et, grâce à la structure. particulière (fig. 3 et 4), font l'office de cram- pons. Des organes sembiables aux précédents se voient égale- ment sur les prolongements asymétriques qui surmontent le bout du corps. L’abdomen, de consistance molle, privé de pattes, appendu au thorax par une portion rétrécie, s'est adapté d’autre part à la forme spiroïde de la coquille. Courbé sur lui-même, tordu en spirale de gauche à droite, il offre un côté gauche plus long, convexe, répondant à la paroi dorso- externe, et un côté droit plus court, concave, qui, appliqué contre la columelle, en reproduit les contours. À sa base, en arrière de la portion rétrécie, se trouve un bourrelet arrondi, qui, s'appuyant contre le rebord postérieur de l'ouverture, contribue également à maintenir l'animal (2). On se convainc, en essayant de saisir le Cénobite avec une pince, qu’une fois retiré dans sa coquille, il est impossible de l’en faire sortir. On remarque, en outre, que ce ne sont pas les pattes verruqueuses qui offrent une telle résistance (3), mais que c’est le bourrelet abdominal qui gonflé par l’action des muscles s’arc-boute fortement en arrière du rebord. Il faut, pour faire sortir le crustacé, le saisir vivement avec la pince, en arrière du thorax, et le tirer dehors, avant qu'il ait eu le temps de se cramponner à l'intérieur. (1) Une disposition analogue existe chez le Pytopagurus discoïdalis des Antilles, habitant la coquille du Dentale, avec cette différence que l'opercule est essentiellement formé par la pince droite. (2) Le bourrelet abdominal, relativement plus développé chez les exem- plaires de petite taille, forme chez ceux-ci un prolongement asymé- trique terminé en pointe mousse, proéminant fortement du côté du corps. (3) L'usage des pattes verruqueuses est plutôt de retenir le Cénobite lorsqu'il s’avance au dehors. 132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le Cénobite, qui n’a cependant pas été créé de toute pièce à l'intérieur d'une coquille, mais dérive manifestement d'une forme libre, s’est donc adapté à sa vie d'ermite, en dévelop- pant quelques-unes de ses parties d'une manière asymétrique. Le Pagure Bernhard offre quelque chose d'analogue ; il a lui aussi une pince plus forte désignée sous le nom de grosse main et un abdomen asymétrique, tordu en spirale, avec un côté plus long et un côté plus court (1). La consistance molle de l'abdomen (partie protégée par la coquille) indique ici encore une adaptation très exacte. Toutefois la différenciation des pattes n’est, chez cette dernière espèce, pas poussée assez loin pour former, comme chez le Cénobite, un opercule protecteur. Ces faits ont, comme on voit, une portée générale. — Les Pagures dérivent, ainsi que l'a montré Rathke (1840), de larves symétriques, vivant librement dans l'eau de mer, rappe- lant quelque peu de jeunes Crevettes. A une première larve, connue sous le nom de Zoë, succède une deuxième forme Métazoë) symétrique également, puis une troisième (Wegalopa, chez laquelle l'asymétrie commence à se montrer (2). La troi- sième larve, bien que rappelant déjà le Pagure définitif, offre encore un abdomen droit, composé de six segments distincts, avec cinq paires de pattes-rames ou pléopodes, portées par les segments 2 à 6. L'asymétrie affecte seulement la première patte marcheuse droite (future grosse main) et les rames cau- dales. Les genres Galathodes et Lithodes, voisins du Pagure, viennent au monde sous une forme plus avancée, répondant à la phase métazoë. Chez Birqus latro de l'Archipel malais, la métamorphose parait être plus raccourcie. D'après un renseignement donné par M. Hanitsch, directeur (t) La grosse main du Pagure commun est, à l'opposé du celle du Cénobite, placée d'ordinaire du côté droit. Les deuxième et troisième pattes droites sont également un peu plus fortes que les pattes corres- pondantes du côté gauche. Une disposition analogue s’observe chez P. granulosus des îles Bahama et chez P. forceps. Sur trente-cinq espèces de Pagures décrites par Milne Edwards, dans sa monographie (1836). treize ont la grosse main à gauche, trois la grosse main à droite, les autres les pattes des deux côtés à peu près égales (Voy., au sujet du genre Cancellus, A. Milne Edwards et Bouvier, 1891). 2) Les jeunes Pagures, déjà un peu asymétriques, ont été décrits autrefois par M. Edwards sous le nom de G{aucothoë et rangés par cet auleur dans le groupe des Thalassinides à une époque où leur nature véiilable était encore ignorée. LE PAGURE CÉNOBITE DE CEYLAN 133 du musée de Singapore, les jeunes, qui ne vont jamais à la mer, sortent de l'œuf sous une forme déjà voisine de la forme adulte. Ce dernier type qui vit actuellement à l’état libre dans les trous des rochers, mais dont les ancêtres vivaient autrefois dans une coquille, présente aujourd'hui encore une légère asymétrie de l'abdomen. (Voyez Claus, 1884; Sars, 1889; Korschelt et Heisder, 1890; Willemoës-Suhm, Hanitseh, 1908.) L'étude du développement des Pagures permet de tirer cer- taines conclusions au sujet de la question si intéressante de la transmission héréditaire de caractères acquis au cours de l’existence individuelle. Le Cénobite, dérivant vraisemblablement d’une larve libre et symétrique, l’asymétrie des pattes, si marquée chez notre espèce, doit être considérée comme un caractère acquis au cours du développement phylogénétique, .en suite d'adaptation à un genre de vie spécial. De même la torsion de l’abdomen, la formation du bourrelet abdominal, la consistance inégale des téguments, l’altrophie des pattes abdominales et la transforma- tion des 4° et 5° paires thoraciques en organes fixateurs. Le Cénobile hérite d’une disposition qui, lorsqu'il est parvenu à une certaine phase, l'oblige d'hypertrophier ses première et troisième pattes gauches, de les ajuster l’une à l'autre et d'aplatir leur face externe de manière à former un opercule. Cette même disposition l’oblige à modifier ses autres pattes, à tordre son abdomen dans un certain sens. Je dis une disposi- tion qui l’oblige, parce que, s'il en était autrement, si, par exemple, le jeune Cénobite devait à chaque génération accommoder sa forme à celle d’une coquille, il pourrait bien, en suite de ces conditions nouvelles, présenter quelques variations (hypertrophie de l’une ou de l’autre patle, décalcifi- cation des téguments de l'abdomen, etc.), mais ne saurait mo- difier ses première et troisième pattes gauches, de manière à former un opercule toujours identique. Des différenciations aussi précises, aussi exactement adaptées à un certain but, indiquent une disposition héréditaire parfai- tement fixée (1). ï (1) Les Pagures, accidentellement entrainés vers la haute mer avant d'avoir {trouvé une coquille protectrice, offrent néaumoins une asy- métrie manifeste. Cette asymétrie est toutefois moins accusée que celles des individus qui mènent depuis longtemps la vie recluse. 134 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Il y a plus. Le Cénobite hérite d’un instinct qui, lorsqu'il a atteint une cerlaine phase, le pousse à choisir une coquille vide pour s'y installer. Cette adaptation de l'instinct est, comme celle des organes, si exactement fixée, qu'on ne trouve jamais un Cénobile qui, passé l’état larvaire, vive volon- tairement à l’état libre. L'instinct qui détermine le genre de vie se transmet d'une génération à l'autre en même temps que les formes organiques qui en dépendent. On remarque encore que l'instinct se précise davantage à mesure que l’animal se rapproche de l’âge adulte. En effet, tandis que les jeunes Cénobites se contentent (pourvu que les dimensions correspondent) de coquilles à peu près quelconques, les adultes choisissent presque exclusivement des conques du genre Purpura. Il y a là un bel exemple d'un ensemble de caractères qui, acquis au cours de la vie individuelle en suite de modifications successives, se transmet avec une régularité parfaite en même temps que les instincts. Un zoologiste, auquel je soumettais les réflexions qui précè- dent, m'a objecté que l’asymétrie du Cénobite s'explique par la sélection naturelle, sans qu'il soit nécessaire de faire inter- venir d’autres facteurs. Les Pagures, à l'époque où quelques- uns d’entre eux ont eu l'idée de se réfugier dans une coquille, se seraient trouvés dans des conditions telles que seuls les individus doués de cet instinct auraient été à même de sub- sister. Les autres, moins bien armés pour la lutte, auraient dis- paru d’eux-même. {l ne s'agirait en d’autres termes, dans le cas qui nous occupe, pas tant de la transmission héréditaire de certains caractères acquis durant la vie Me que de la transmission d'un certain instinct. J'avoue ne pas bien comprendre. Je ne vois pas, pour ce qui me concerne, en quoi la transmission héréditaire d’un instinct diffère de la transmission hérédilaire d'une forme orga- nique. L'instinct qui détermine le genre de vie est néces- sairement associé aux particularités anatomiques qui en dépendent. Il faut dans les deux cas (pour parler avec Weiss- mann) des déterminants spéciaux transmis d’une génération à l’autre par les cellules sexuelles, aussi.bien pour les instincts que pour les caractères visibles. Il faut, pour qu’une modifica- tion s'établisse, que l'instinct se modifie en même lemps que la structure. Je ne comprends pas davantage pourquoi, dans la LE PAGURE CÉNOBITE DE CEYLAN 135 diseussion qui nous occupe, les caractères acquis en suite de sélection naturelle seraient «a priori écartés. Des diverses modifications qui peuvent affecter l'individu pendant sa vie, les unes, inutiles ou franchement nuisibles, ne s’héritent pas. Telles sont, par exemple, les mutilations. Les amputés n'ont pas des enfants privés de membres. De même les hommes-troncs (1). J'ai vu moi-même un homme-tronc, originaire de Sibérie, qui, s'étant marié, avait sept enfants bien conformés. — Un aulre exemple, souvent cité, est celui des enfants juifs qui, malgré la circoncision pratiquée depuis des siècles, naissent avec un prépuce de longueur ordinaire. Les Chiens fox-terriers chez lequels on à coutume d’amputer la queue au premier tiers engendrent des petils à queue nor- male (2). Une deuxième classe comprend des modifications qui, bien que nuisibles, ont une tendance à s'hériter. Telles sont cer- taines malformalions (bec-de-lièvre, syndactylie, brachydac- tylie, polydactylie), la luxation congénitale de la hanche, la myopie (en suite d’allongement du bulbe oculaire}, la disposi- tion à la calvitie, la surdi-mutité, l’imbécillité. Il s’agit ici, contrairement à la catégorie précédente, d'altérations remon- tant le plus souvent à l’époque fœtale et par là-même profon- dément enracinées dans l’organisme. Certaines diathèses plus ou moins héréditaires (lympha- tisme, scrofulose, arthrilisme, disposition au cancer, à la carie dentaire) pourraient encore être rangées dans la même classe. Les tares de cette nature seraient, par le fait qu’elles se trans- (1) On appelle hommes-troncs ceux qui ont subi une quadruple ampu tation intra-ulérine (peut-être par l'effet de filaments amniotiques enroulés autour des membres à l’état de bourgeons). (2) Pour ce qui est de l'hérédité des déformations artificielles, la ques- tion n’est pas encore résolue. Divers anthropologistes, Gosse entre autres, soutiennent que les déformations du crâne, pratiquées sur les deux sexes pendant plusieurs générations, deviennent héréditaires. (Voy. Ledouble, Varialions du système musculaire de l'Homme, &. I, p. 491.) Il semble éga- lement que certaines atrophies, provenant de défaut d'usage, aicnt une tendance à s’hériter ; telles sont l’atrophie partielle des muscles des orteils (en suite de compression), l'ankylose partielle d’un ou de deux orteils, l’ankylose du coccyx. C'est à peine si les modifications indiquées sous cette rubrique peuvent être données comme des exemples de transmission de caractères acquis, et pourtant il faut bien que lesdites modifications aient, au cours de la vie individuelle, une fois commencé. NL ES DOTE TE 6 - UT K 4 136 BULLETIN DE LÀ SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION meltent, désastreuses pour notre race, si elles ne se corri- gaient d'ordinaire en suite du croisement des sexes, par l’in- fluence prépondérante du parent le plus normal. Une troisième classe, enfin, comprend les modifications acquises au cours de la vie individuelle, en suite d'adaptation à des conditions nouvelles, à un genre de vie nouveau. Ces dernières, uliles à la conservation de l'espèce, ont, d’après les lois si sages de la nature, une tendance manifeste à s’hériter. Agissant dans le même sens que les phénomènes de sélection, elles jouent dans l’évolution des êtres un rôle essentiel. Le cas du Cénobite rentre précisément dans cette classe. L'asymétrie des Pagures est particulièrement instructive, par le fait que ces animaux dérivent primitivement de formes libres. On peut, en suivant leurs transformations, toucher du doigt, pour ainsi dire, les modifications, organiques résultées de la vie recluse à l'intérieur d’une coquille. Ma conclusion est que les caractères acquis au cours de l'existence individuelle en suite d’adaplation peuvent, si les circonstances sont favorables, se transmettre d'une génération à l’autre par hérédité. Cette transmission des caractères adaptatifs est, pour que l'évolution puisse se produire, une condition sine qua non. N'est-ce pas dans cette transmission héréditaire que se trouve la clé du transformisme ? OUVRAGES CITÉS 4810. — LarreILLe (P.-A.). Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux. Paris. É 4825. — LaTReILLE (P.-A.). Familles du règne animal. genre Cénobite (Pagurus clypeatus). Paris, p. 271. 4831. — LarreiLze (P.-A.). Cours d'Entomologie. Paris, Ire année, p. 372. 1836. — Myrixe-Enwarps. Observalions zoologiques sur les Pagures. Ann. d. Sc. nat., 2 série, VI, Zoologie. . 4837. — Mrrxe-Enwarps. Histoire naturelle des Crustacés. Paris, t. II, p. 241 (genre Cœnobita). 4840. — Raruke. Zur Entwickelungsgeschichle der Decapoden. Archiv für Naturgeschichte, Bd VI. 14854. — Lucas. Nole relative au Cœnobita Diogenes de Catesby. Ann. Soc. entom. de France, 3° s., t. Il, p. LIv. 4863. — GEersrAECKkER. Handbuch der Zooiogie, t. WI, p. 371. LE PAGURE CÉNOBITE DE CEYLAN 137 4884. — Craus. Trailé de Zoologie, 2e éd. fr., p. 741. 4889. — Sarc. Bidrag til Kundskaben om Decapodernes Fowandliger. Archiv f, Mathem. og Naturvid. Bd XIII. 4890. — Korscnezr und Heiner. Lehrb. der vergl. Entwickelungsge- schichte, t. 1, p. 473. 4890. — Bouvier (E.-L.) | ariations progressives de l'appareil cireula- loire arlériel chez les Crustacés anomoures. — Sur la respiration el quelques disposilions organiques des Pagures terrestres du genre Cénobile. Bull. de la Soc. philomatique de Paris, 8e sér., t. II. 4894. — Mrrxe-Enwarps (A.)et Bouvier (E.-L.). Sur les Paguriens du genre Cancellus. Bull. de la Soc. philomatique de Paris, 8° sér., t. III. 1893. — PErRIEK (En.). Traité de Zoologie, II, p. 1036. 1900. — Houssay. — La forme el la vie, p. 693. 4908. — Haxrrscn (R.) Guide to the zoological Collections of the Rafftes Museum Singapore, p. 13, pl. XVIII (Birgus lalro). EXPLICATION DES FIGURES Fie. 1. — Le Pagure cénobite de Ceylan retiré dans sa coquille (Purpura persica). On voit, dans l'orifice, le bouclier protecteur formé par les première et troisième pattes gauches et, au-dessus, l'extrémité des deuxième et troisième pattes droites. Les flèches tracées sur la figure indiquent, en suivant de haut en bas : le premier, les 2° et 3° tarses droits, le second, la 3e patte gauche, le troisième, la première patte gauche (grosse main). F16. 2. — Le Pagure cénobite, à moitié sorti de sa coquille. Fic. 3. — La quatrième patte, transformée en patte verruqueuse. FiG. 4. — La même. Coupe longitudinale, faite par le D' Popotf X 31. La coupe colorée (après décalcification), äl'hématine et au liquide de Van Gieson, montre les aspérilés du tégument (nervures) colorées en jaune vif, la cuticule teintée en lilas, et en dessous de celle-ci, dans la régions des verrucosités, un tissu compact, jaune, semé de noyaux violets, avec de petits groupes de cellules glandulaires (vio- lettes). Les aspérités perforées d’un petit canal sont implantées dans des alvéoles ménagés dans l'épaisseur de la cuticule et permettant une communication du canal avec la couche sous-jacente. LE BLACK-BASS ET SON ÉLEVAGE Par C. RAVERET-WATTEL. (Suile et fin) (1). Resté seul, le mâle ne quitte plus un instant le nid, sur lequel il veille avec une sollicitude extrême, éloignant tout visiteur dangereux (2) et se servant de ses nageoires pour déterminer au-dessus des œufs de légers courants qui les empêchent de se couvrir de sédiments nuisibles. Ce nid n’est pas, comme celui du Black-Bass à petite bouche, établi sur un fond de sable ou de gravier, mais généralement dans un endroit garni de végétaux aquatiques, lequel est soi- gneusement nettoyé de toute trace de vase sur un espace cireu- laire de 50 centimètres à 1 mètre environ de diamètre; la dimension varie suivant la taille du Poisson (3). Les œufs étant plus petits et plus adhésifs que ceux du Black-Bass à petite bouche courraient le risque, s’ils étaient déposés sur du gra- vier, de former des amas entre les cailloux, où ils périraient étouffés. Fixés, au contraire, en une seule couche, sur Îles racines fibreuses de plantes aquatiques, ils se trouvent dans de très bonnes conditions pour éclore. En établissant son nid, le mäle lâte soigneusement le terrain avec l'extrémité de son museau et se serl de sa nageoire caudale pour nettoyer minu- tieusement la place, qu'il rend parfaitement nette. C’est tou- jours à une faible profondeur — 030 au moins et 4 mètre au plus — que le nid est établi. Le nombre des œufs est très variable : une femelle peut en produire de 2.000 à 10.000 et même plus, suivant son âge et sa grosseur ; généralement elle en donne 2.500 par livre de son poids. Dans une eau marquant de 18 degrés à 19 degrés centigrades, (1) Voir Bulletin. 15 février 1911. 2) Il montre à l'occasion beaucoup de courage pour défendre sa progé- niture. À l'établissement de pisciculture de Neoska (Missouri), on a vu un Black-Bass attaquer et réussir à tuer une Couleuvre trois fois plus longue que lui, qui s'était mise à l’eau pour venir dévorer les aievins. (3) En général, le diamètre du nid est égal à deux fois la longueur du Poisson (Henshall). LE BLACK-BASS ET SON ÉLEVAGE 139 l'éclosion survient au bout de cinq jours (1) et, tant que la vésicule vitelline n’est pas résorbée, soit pendant quatre ou cinq jours, les alevins, qui n’ont guère que 6 ou 7 millimètres de longueur, restent couchés sur le flanc au fond du nid. Ils sont d'abord presque incolores et on ne les aperçoit que difficile- ment; mais, au bout de cinq ou six jours, ils commencent à se colorer, surtout dans la région du dos, et deviennent d’un gris verdâtre, tandis que l’alevin de l'espèce à petite bouche est noirätre. Vers le douzième ou le treizième jour après l’éclo- sion, ils commencent à sortir du nid pendant la journée, mais sans jamais s’en éloigner beaucoup, et à circuler en bande serrée sous la surveillance du mâle, qui ne cesse de s'occuper d'eux que lorsqu'ils ont atteint 3 centimètres de longueur environ. Tout d’abord, ils ne se nourrissent guère que d'infu- soires ; mais bientôt des aliments plus substantiels leur devien- nent nécessaires et c’est pourquoi leur fidèle gardien les conduit, soit sur des haut-fonds, soit au milieu de plantes aquatiques, dans des endroits bien ensoleillés, où l'eau s'échauffe beaucoup et où ils peuvent trouver en abondance les larves, les Insectes et les petits Crustacés qui deviennent la base de leur nourriture. Dans une eau à 21 degrés centigrades au bout de quinze ou vingt jours ils ont généralement pris la livrée des adultes et le père cesse de s'occuper d’eux. Ils se dispersent alors et vont chercher nourriture et abri dans des endroits peu profonds bien garnis de plantes aquatiques. Lorsque l’été est chaud, il arrive souvent au Black-Bass de frayer plusieurs fois dans la même saison. M. J. Bayard Lamkin, Directeur de l'établissement de pisciculture de Bullochville (Géorgie), rapporte qu'ayant placé quatorze couples de Black- Bass dans un bassin, il remarquait, déjà de bonne heure au printemps, l'existence de quatorze nids dans ce bassin; le nombre des nids alla en augmentant jusqu’au 15 juillet, époque où l’on en comptait 57, les uns naturellement abandonnés depuis très longtemps par les alevins qui y avaient pris nais- sance, ies autres encore garnis d'œufs ou de tout jeunes ale- (4) Vingt-quatre heures après la ponte, on apercoit déjà dans l’œuf, sous l’aspect de deux points noirs, les yeux de l’embryon, lequel se montre animé des mouvements saccadés qui s’observent chez l'embryon de Perche. Lorsque, pendant la durée de l’'incubation, la température de l’eau vient à s'abaisser et à descendre à 16 ou 17 degrés, l'éclosion ne se produit guère qu’au bout d'une douzaine de jours. 140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION vins (1). Dans le même établissement, on a vu un mâle, qui était facilement reconnaissable à sa forte taille ainsi qu'à une diffor- milé de sa nageoire caudale, établir successivement six nids et y mener à bien l'élevage des alevins. À peine le sixième nid était-il vide qu'il y amenait de nouveau une femelle, la faisait pondre et produisait ainsi une septième nichée avant la fin de la saison. Des faits analogues ont été observés par M. F. A. Stranahan, de Cleveland (Ohio), qui rapporte même avoir vu un mäle s'occuper de deux nids à la fois : un dans lequel les œufs venaient seulement d'éclore, et l’autre où les alevins, nés depuis une dizaine de jours, commencaient déjà à s'ali menter (2). La croissance est très irrégulière chez les Black-Bass; peu après l'éclosion, certains individus sont déjà plus grands que les autres, et se développent tout de suile beaucoup plus rapi- dement que les individus d'apparence délicate de la même ponte. Sous les climats un peu froids les changements brusques de température peuvent être parfois une cause d'insuccès de la ponte du Black-Bass. Quand l’eau d'un bassin ou d'un étang, après s'êlre suffisamment échauffée pour permettre au Poisson de frayer, vient à se refroidir, sous l'influence de pluies très abondantes, par exemple, et descendre à 10 degrés centigrades dans les endroits peu profonds où sont les nids, les mâles aban- donnent ceux-ci pour gagner les parties plus profondes et plus chaudes de la pièce eau, et les œufs ou les alevins sont asphyxiés par les sédiments qui ne tardent pas à les recouvrir. Il en serait de même si, les eaux venant à baisser, le nid n'était plus recouvert que de 12 ou 15 centimètres d’eau; le mâle l'abandonnerait inévitablement. De fortes chaleurs sont, au contraire, favorables à l'alevin, qui montre même une résistance très grande sous ce rapport. M. William F. Page, surintendant de la station de Neosho, rapporte avoir vu des alevins, âgés d'environ deux mois seule- ment, vivre dans une eau stagaante, marquant 98 degrés Fahrenheit, soit 36°6 centigrades. Du reste, plus l'eau d'un étang s'échauffe en été, plus rapide est la croissance du Poisson, à la condition toutefois que l'eau soit limpide; quand elle est trouble, il est préférable que sa température ne s'élève pas (1) Transactions of the American Fisheries Sociely, 1900, p. 129. 2) Transactions of the American Fisheries Sociely, 1902, p. 148. < LE BLACK-BASS ET SON ÉLEVAGE A4l pendant trop longtemps au-dessus de 32 degrés centigrades, car de la mortalité pourrait se produire. « Dans des conditions favorables, le jeune Poisson se développe très vite. Ces condi- lions sont : une abondante nourriture, de l’eau chaude ou de température modérée en été, et beaucoup d'espace. L'espèce est, en outre, très prolifique. En mai 1892, la Commission fédérale des Pêcheries placa dans un des étangs d'élevage de Washington 15 Black-Bass adultes, dont 7 femelles. Ces Pois- sous frayèrent en juin et, à la fin de novembre, on trouva 31.000 jeunes, longs de 3 à 4 pouces (7 à 40 centimètres); 500 sujets, beaucoup plus développés que les autres, pesaient déjà une demi-livre. Tous avaient eu à leur disposition une abondante nourriture; mais il est probable que ces 500 gros alevins avaient dévoré considérablement de petits (1). » Bien que la croissance du Black-Bass se montre générale- ment un peu moins rapide dans les établissements de pisei- culture européens que dans ceux des États-Unis, elle est néanmoins très satisfaisante encore. Dans les bassins de la station de Starnberg, où l’eau est un peu froide pour le Black- Bass, les alevins atteignent de 6 à 7 centimètres de longueur à la fin de l’automne (2), et de 10 à 14 centimètres à l’äge d’un. an; ils dépassent le poids de 100 grammes à la fin de leur deuxième année, arrivent la troisième année à 750 grammes et, à quatre ans, pèsent de 1 kilogramme à 1 kil. 500 (3). Rappelons ici que notre collègue M. Edgar Roger a obtenu, dans l'étang de son parc de Nandy (Seine-et-Oise), des sujets de deux ans pesant de 180 à 360 grammes (4), et des sujets de cinq à six ans atteignant 875 grammes avec une longueur de 38 centimètres (5). De son côté, M. Emile Bertrand, ayant mis de tout jeunes Black-Bass dans une simple mare alimentée par les eaux pluviales, dans sa propriélé voisine de Versailles, a (4) D. S. Jorpan et B. W. EvERMaNN (loc. cit.). (2) Ils pèsent alors de 2 gr. 1/2 à 4 grammes environ. (3) L’alevin de Carpe est, dans cet établissement, leur nourriture cou- rante. Comme le Black-Bass n’a besoin, pour effectuer sa ponte, que d'une eau à 18 degrés ou 19 degrés centigrades, il fraye généralement un peu plus _tôt que la Carpe qui, plus frileuse, ne pond que quand l’eau atteint une vingtaine de degrés. Il en résulte que ses alevins sont déjà en état de s’alimenter quand l’alevin de Carpe paraît à son tour et vient leur fournir “use nourriture des plus riches. (4) E. Rocer, L'Acclimatalion du Black-Bass (Bull., 1906, p. 171). (5) Ibid. (Bulletin, 1907, p. 351). 142 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION vu ces Poissons arriver, au bout de leur seconde année. à une longueur de 20 à 25 centimètres, avec un poids d'environ 300 grammes. Notre collègue rapporte également que deux ale- vins de 8 centimètres de longueur, qu'il avait placés, au mois de février, dans une petite mare d'environ 15 mètres carrés de superficie, atteignaient 30 centimètres à la fin de juillet, grâce à la nourriture très abondante que leur avaient fourni de petits Cyprinidés habitant la même mare (1). Ces faits montrent que, sous notre climat, la croissance du Black-Bass est beaucoup plus rapide que celle de la Perche indigène, lorsque le Poisson est convenablement nourri. Aux États-Unis, dans les établissements créés par la Com- mission fédérale des Pêcheries pour la propagation du Black- Bass, le Poisson est élevé en étroite captivité et nourri en partie artificiellement. Des bassins spéciaux sont employés pour faire frayer les sujets adultes; d’autres servent à l'élevage de l’ale- vin. Dans deux établissements, ceux de Cascade et de Mill Creek (Michigan), les bassins pour Poissons adultes mesurent environ 60 mètres de longueur, 40 mètres de large et sont dis- posés à peu près comme un étang ordinaire. Vers le centre, _ qui en est la partie la plus profonde, on compte environ 2 mèlres d'eau, tandis qu'il n'y en a guère que 060 sur le bord. Le fond est de nature sableuse; mais les matières que charrie l'eau d'alimentation, fournie par des ruisseaux voi- sins, y forment des dépôts très favorables au développement d'abondantes plantes d'eau. Les Daphnies, des Bosmina, des Corises et autres petits [nvertébrés aquatiques foisonnent dans ces bassins et servent de première nourriture à l'alevin. Les Corises, en particulier, sont très recherchées par l'alevin de Black-Bass. « Tout d'abord, dit M. Dwight Lydell, Directeur des établis- sements précités, nous ne réussissions pas à nourrir nos sujets reproducteurs avec du foie de bœuf; mais, en le coupant en morceaux ayant à peu près la forme et la dimension de vers de terre, nous avons fini par le leur faire très bien accepter. Il est indispensable de le leur donner toujours très frais, car dès qu'il a quelque odeur, comme cela arrive fréquemment en été, la faim ne les décide pas à y toucher, et il est également indispensable d'ajouter des proies vivantes (menus Pois- 1) V. Bull. Sor. cenl. Aquicullure, 1889, p. 94, et 1890, p. 442. LE BLACK-BASS ET SON ÉLEVAGE 143 sons, etc.) à cette nourriture, à partir du mois de septembre, pour que les Poissons soient en parfaite santé à l'entrée de l'hiver, au moment (fin novembre) où ils commencent à se cantonner dans la partie profonde de leur bassin pour s’y engourdir et y passer la mauvaise saison. Sans ces soins de nourriture en automne, ils seraient peu vigoureux au prin- temps suivant, et les reproductions s’en ressentiraient. Toute la menuaille non consommée par eux avant l’arrivée du froid leur assure le vivre au printemps suivant, lorsque, sortant de leur engourdissement hivernal, ils recommencent à manger abondamment, ce qui est une très bonne préparation à la fraie; mais ce fretin doit être retiré du bassin, à l’aide de sennes, quand la ponte du Black-Bass approche, parce qu'il gênerait la reproduction. À cette époque quelques-uns de ces menus Pois- sons (Cyprinidés divers) ont eux-mêmes déjà frayé, et les alevins provenant de leur ponte servent de nourriture à l’alevin de Black-Bass, un peu plus tardif. « Quant aux jeunes Black-Bass, on réussit parfois à leur faire accepter du foie de bœuf en le leur donnant haché menu comme on le prépare pour l'alimentation des Truitelles; mais ce genre de nourriture n’est pas favorable aux petits Black-Bass et peut déterminer chez ceux-ci de grandes mortalités. » La fécondation artificielle n'est pas pratiquement utilisable pour la multiplication du Black-Bass, attendu que les œufs ne peuvent être récoltés que très difficilement sur les femelles (1), el l’on serait obligé de tuer les mâles pour recueillir leur lai- tance. Mais la reproduction naturelle, s’effecluant très bien dans les bassins, rend inutile l'emploi des procédés artificiels. La seule précaution à prendre est de ne pas mettre ensemble un trop grand nombre de reproducteurs (2), afin de ne pas multiplier les batailles entre mâles. Parfois plusieurs de ceux-ci se réunissent contre un seul prêt à frayer et le tuent. Il est éga- lement prudent d'adopter la proportion de quatre mâles seule- ment pour six femelles; on rend ainsi les Futtes moins nom- breuses. (1) Chez les Black-Bass, en effet, les œufs arrivés à maturité passent, comme chez les Perches, de l’ovaire dans un oviducte, au lieu de tomber directement dans la cavité abdominale, comme chez le Saumon, lies Truites, etc, où 1l est facile de les recueillir. (2) Un bassin à fraie ne doit pas recevoir plus d’un couple de Black-Bass par 50 mètres carrés. 144 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION En temps ordinaire, les deux sexes se ressemblent tellement qu'il ne serait guère possible de les reconnaître autrement que par la dissection. Mais, à l'approche de la fraie, on distingue aisément les femelles au volume de leur ventre, ballonné, distendu par les œufs. C'est alors que l’on procède au triage des Poissons, pour les mettre par couple dans les bassins, où des nids ne tardent pas à être élablis. Quant la ponte est faite, on laisse au mâle, gardien du nid, le soin de protéger les œufs, puis les alevins, Jusqu'au moment où ceux-ci, suffisamment développés, vont se disperser. On les pêche alors, à l’aide de filets en mousseline, pour les trans- porter dans les bassins d'élevage. Ces bassins sont généralement de très petite dimension : 12 ou 15 mètres de long sur 3 ou 4 mètres de large, avec une profondeur de 075 à 0®90 près de la bonde. Le fond ne doit présenter qu'une pente {rès faible de l’amont vers l'aval, afin que l’eau soit presque stagnante. Dans le tout jeune âge, les Black-Bass sont un peu délicats et ne doivent pas être exposés à de véritables courants, soit dans les bassins à fraie, soit dans ceux d'alevinage. Inutile d'ajouter que ces bassins doivent être bien garnis de plantes aquatiques, pour que les alevins y trouvent d’abondantes proies vivantes, ce qui ne dispense pas de leur donner de la nourriture artificielle consistant surtout en Poisson haché (1). La ration quotidienne est de 4 1/2 p. 100 de leur poids, quantité suffisante pour assurer un développe- ment convenable de ces Poissons, tout en les maintenant en bonne santé (2). Il importe que la nourriture ne leur manque pas, car ils sont très enclins à s'entre-dévorer, et cette disposi- 1) Dans un établissement d'élevage situé près de Washington, les Black- Bass ne sont même jamais nourris que de Poisson, vivant ou haché. Ce Poisson est surtout de la Carpe, que l’on distribue coupée en morceaux du volume d'une petite noix, pour les sujets adultes, et de la moitié ou du quart de celte grosseur pour les sujets d'environ un an. On y ajoute, autant qu'il est possible, de la chair de Cambarus finement hachée: c'est la nourriture préférée des Black-Bass. (2) Lorsqu'ils ont déjà pris un certain développement, vers le mois de juillet, par exemple, on utilise aussi pour leur alimentation des larves de Mouches (asticots), dont ils se montrent très friands et dont l'emploi accélère beaucoup leur croissance. Les morceaux de foie de bœuf, devenus, à cause de leur manque de fraicheur, inutilisables pour l’alimentlation des Poissons, sont employés à la production de ces larves de Diptères. L'alevin de Carpe est aussi très employé. La station de pisciculture de Washington LE BLACK-BASS ET SON ÉLEVAGE 145 tion se manifeste chez eux de très bonne heure. Elle oblige à les surveiller avec soin, et, dès que des inégalités de croissance se produisent parmi eux, on doit procéder à des triages, afin de grouper les sujets par taille dans des bassins différents. Le succès de l’élevage du Black-Bass en étroite captivité dépend beaucoup des soins apportés à ces triages. Chaque bassin peut recevoir un grand nombre d’alevins, soit environ dix par mètre carré de superficie. Il va de soi que les indications qui précèdent s'appliquent uniquement à l'élevage du Black-Bass pratiqué à un point de vue tout à fait industriel. Pour l'amateur qui vise simplement à posséder une certaine quantité de ces Poissons, les conditions changent ; la moindre pièce d'eau peut être utilisée, pourvu : 1° que l’eau s’y échauffe convenablement en été, c'est-à-dire qu'elle atteigne au moins 18 ou 19 degrés centigrades; 2° Que les Poissons y trouvent suffisamment de plantes aquatiques submergées ; 3° Enfin, que la nourriture leur soit assurée comme elle le serait pour des Brochets, par la présence d'une nombreuse population de menus Poissons blancs, lels que Gardons, Ablettes, etc. Deux cents alevins de sept à huit mois, qui mesurent de 6 à 7 centimètres de longueur, ou une dizaine de sujets adultes, suffisent amplement pour peupler une pièce d'eau d'un hectare, car l'espèce est très prolifique. (1) A l’état d'alevin, le Back-Bass, étant assez délicat, doit être transporté dans une eau marquant de 4 degrés centigrades au moins à 15 degrés au plus, suivant la température de l’eau du vivier d’où on letire. Mais il est préférable, pour faire voyager ce Poisson, d'attendre qu'il mesure de 4 à 10 centimètres de longueur. Les sujets plus âgés doivent également être lrans- en produit, chaque année, plus d’un million pour la nourriture des 250 ou 300 mille alevins de Black-Bass qu'élève l'établissement. On recourt, en même temps, à l’alevin d’autres Cyprinidés (Cafostomus divers, [chthyo- bus, etc.). Sous l'influence de cette nourriture de choix, l’alevin de Black- Bass grossit vite et, bien que toujours en nombre considérable dans d'étroits bassins, est rarement atteint de maladies. Les pertes pendant l'élevage jusqu'à un an ne dépassent pas 20 p. 100. (1) On en jugera par le fait suivant. Il y a une vingtaine d'années, la Commission fédérale des Pêcheries faisait mettre 200 Black-Bass adultes dans les eaux du Potomac, où ce Poisson n'existait pas jusqu'alors. Dix ans après, pendant le premier semestre de 1900 (à l'exclusion d'avril et mai, période d'interdiction de la pêche). 41.795 livres de Black-Bass, pro- venant du Potomac, étaient vendus sur les marchés de Washington. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 10 # fa ANS à. PUR PET RTS } t 446 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION portés dans une eau ne dépassant pas 15 ou 16 degrés de tem- pérature. Très voraces, les jeunes Black-Bass se mangent assez fréquemment entre eux dans les appareils de transport. Un bidon d’une cinquantaine de litres peut suffir à transporter : 18 Poissons de 20 à 30 centimètres de longueur. 30 Poissons de 12 à 20 _— — 60 Poissons de 5 à 42 — = Lorsque des Carpes et des Black-Bass sont élevés ensemble dans une pièce d'eau, il convient que l'empoissonnement soit réglé dans la proportion de 20 Black-Bass pour 80 Carpes (1). pour permettre d'obtenir le plus fort rendement possible. On sait que la chair du Black-Bass est excellente, comme consistance et saveur ; « elle peut. dit notre collègue M. Edgar Roger, être comparée à celle des Poissons les plus estimés, par exemple le Rouget (Wullus barbatus) ou le Bar (Labrax lupus). Je ne connais pas de Poisson d'eau douce qui en approche » (2). Mème lorsqu'il vit dans de simples mares, ce Poisson ne parait pas contracter de goût de vase, sauf peut-être lorsque, à l’au- tomne, l'eau se trouve trop salie par la décomposition d’abon- dantes feuilles tombées des arbres (3). « C'est en août, sep- tembre et octobre que la chair acquiert toutes ses qualités : convenablement cuite au court-bouillon, elle constitue à cette époque un mets réellement délicieux. » {Fifth Report of the Massachusetts Commissioners of Fisheries, ASTA ) Nous n'avons pas à rappeler ici que, au point de vue sportif, le Black-Bass est un Poisson fort inléressant, qui aîtaque l'amorce avec beaucoup de vigueur et qui se défend ensuite avec une extrême énergie. Quand il se sent piqué par lhamecon il fait, comme le Saumon, un saut vertical hors de l’eau d'une hauteur étonnante. Ce sont les sujets d'environ trois ans qui ont la plus belle défense, surtout quand ils ont vécu dans une eau un peu froide. M. E. Roger a signalé que, dans la pêche au lancer, l'appät américain dit Fellow-Kid (gosse jaune) parait ètre la proie de prédilection du Black-Bass (4). Les mouches artificielles réussissent bien aussi, mais plutôt pour la pêche en rivière que sur une pièce d’eau, et seulement à partir de la (4) Dr C. Bane. Die milleleuropäischen Süsswasserfische, woL IE, p. 148. Berlin. 3) Voir Bulletin, 1907, p- 350. (3) Ibid., p. 352: (4) E. Roces. L'Acclimalation du Black-Bass (Bulletin, 1906, p. 171). LE BLACK-BASS ET SON ÉLEVAGE 4147 fin de juin ou du commencement de juillet, c'est-à-dire quand la température est devenue chaude ; ces mouches doivent avoir de 25 à 35 millimètres de longueur et être choisies parmi les plus chatoyantes ; l’Alexandra et les diverses « Palmer » sont à recommander. D’après M. Max von dem Borne, la plus meur- trière serait peut-être la bo (1), simple houppette de mohair jaune paille enroulée autour de l’hamecon (v. fig. 3) ; elle est très employée, paraït-il, en Floride, à la Louisiane et au Texas par les pêcheurs de Black-Bass. Le meilleur moment pour celte pêche est l'après-midi, par un temps chaud et calme, quand l’eau ne présente aucune ride. Généralement le Black-Bass se tient alors immobile très près de la surface et, détail assez curieux, sa position n'est pas complètement horizontale ; le corps est légèrement penché en avant, de sorte que la têle se trouve à un niveau plus bas que l'extrémité de la nageoire caudale (2). Le Poisson semble dormir ; mais qu'un appät quel- conque vienne à être lancé dans son voisinage, immédiate- ment il fond dessus avec sa violence habituelle et se fait très facilement prendre. Pour la pêche au vif, le Poisson utilisé doit avoir de 6 à S centimètres de longueur. Parfois les pêcheurs américains accrochent ce petit Poisson par la mâchoire supérieure et masquent la pointe de l’hamecon par un Ver rouge, qu'ils tâchent de rendre aussi apparent que possible. Ce Ver attire d'autres petits Poissons, qui vont, viennent, frétillent, se disputant le vermisseau. Tout ce mouvement éveille bientôt l'attention de quelque Black-Bass en quête d’une proie, et qui, apercevant la bande de fretins, s’élance au milieu d'elle. Tous fuient et vont chercher refuge au milieu des herbes aquatiques. Le petit Poisson captif à l'extrémité de la ligne, resté seul sur place, est immédiatement avalé par le Black-Bass, qui, ainsi pris au piège, va garnir le panier du pêcheur, pourvu que ce dernier ait l'adresse de ferrer habilement et solidement. (1) M. vox Dem Borne, Der Schwarzbarsch und Forellenbarsch, Neu- damm, 1888. (2) Renseignement dû à l'obligeance de M. L. Bouglé. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Jr SECTION. — MAMMIFÈRES (Sous-section d'Études caprines) SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 1910. Présidence de M. le comte d’Orfeuille, vice-président. La parole est donnée au secrétaire de la Section pour une communication concernant la durée de lactation d’une bonne Chèvre alpine. Voici Le fait. M. Buhot, avocat à la Cour d'appel de Paris, acheta le 12 novembre 1908 une Chèvre laitière ayant mis bas au cours de l'été, pourallaiter son jeune enfant. Ce régime d'allaitement réussit à merveille, comme il arrive toujours lorsque les parents s'appliquent à faire les choses rationnellement el se préoccupent d'éviter la suralimentalion qui est le grand écueil de l'allaitement artificiel. En novembre 1910, c’est-à-dire deux ans après, cette même Chèvre nourrice donne encore 2 litres et demi de lait par jour, sans l'intervention d’aucune nouvelle mise bas; sa lactation aura donc déjà duré deux ans et demi. Elle a élevé son nou- risson, qui est l'enfant le plus robuste, le plus sain, le plus normal que l’on puisse voir. Aussi M. Buhot, qui vient d'avoir un second bébé, est fermement résolu à soumettre le nouveau- né au même régime alimentaire que son petit frère, et la Chèvre suffit pour nourrir les deux enfants. Il est certain que pour maintenir cet animal en état de donner un produit si con- sidérable et si constant au delà de la durée normale d’une lactation, il faut le soumettre à un régime alimentaire excep- tionnel. C'est à l’aide de mash tièdes au grain, cuites à point pour la mise en valeur de tous les éléments nutritifs et servies deux fois par jour, qu'est obtenu ce remarquable résultat. M. William Robert fait une communication au sujet d’une Chevrelte, née au commencement de l’année, mais qui, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 149 quoique douée d’un excellent appétit et d’un certain entrain, avait cessé de se développer et était arrivée à une extrème maigreur. Cet animal, envoyé à l'Ecole d’Alfort, fut examiné par M. le professeur Moussu qui constata un état de grande cachexie, mais sans pouvoir en préciser l’origine. Lorsque la bête eut succombé, M. Moussu trouva, à l'’autopsie, de l’atrophie des glandes thyroïdes, quelques parasites de l’in- testin, mais aucune autre lésion sur les viscères : cœur, poumons, foie, rate, rein, etc., intacts. Le nombre de parasites de l'intestin a paru tout à fait insuffisant pour expliquer l’anémie et la cachexie, de telle sorte que ce sont vraisem- blablement des troubles de sécrétion des sucs digestifs qui ont provoqué l’anémie progressive. Le manque de développement des glandes thyroïdes, à lui seul, ne peut provoquer pareils troubles de la nutrition générale. Dans tous les cas, il n'existait aucune lésion pouvant se rapporter à une maladie contagieuse. À cette occasion, M. Moussu fait observer que l'affection qui a décimé les troupeaux de Chèvres dans ces dernières années est surtout la strongylose gastro-intestinale. Il n’a pas connais- sance qu'il y ait eu de la broncho-pneumonie vermineuse aux environs de Paris. Il ajoute que les années trop humides sont toujours néfastes pour l'élevage de nos animaux domestiques. M. Caucurte a la parole pour faire le compte rendu d'un Con- cours international des races caprines el ovines qui a eu lieu à Bruxelles du 18 au 20 juin 1910. Ce concours installé au Palais des Expositions temporaires, à l'Exposition universelle et internationale, avait été organise par les présidents de diffé- rentes fédérations des syndicats d'élevage de Chèvres, au nombre de 24, dont M. Maenhaut était le président et M. le Baron Frédéric de Crombrugge de Picquendaele vice-président. L'organisation était parfaite dans ce grand palais des con- cours temporaires qui était divisé, dans sa largeur, en six travées en planches peintes en blanc, pas trop hautes pour ne pas nuire à la perspective. De chaque côté des travées, des séparations de 1 mètre de long sur 1 mètre de large et de 80 centimètres de hauteur, formant comme autant de petits boxes, ouverts sur un côté et donnant sur des allées très larges pouvant contenir les nombreux visiteurs que cette exposition avait amenée, surtout le dernier jour où l'entrée était gratuite. Dans chaque travée, un ràtelier et un anneau pour atlacher chaque animal. 150 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION La nourriture, son, avoine blanche, pain noir, regain de luzerne de première qualité, paille, verdure, tout était en abondance. Le Roi, accompagné d’une nombreuse suite, a inauguré l'Exposition. À son arrivée M. Maenhaut, le président du Comité organisateur, a souhaité la bienvenue à sa Majesté et a exposé le but poursuivi par les éleveurs de Chèvres. Le Roi a remercié M. Maenhaut et a dit combien il s'intéres- sait à tout ce qui touche à l'existence des petits cullivateurs. Ii a visité ensuite en détail l'Exposition. Sa Majesté s’est arrêtée devant les animaux de M. Caucurte qui lui a été présenté par le Présidentet a été amené à fournir au roi de nombreux rensei- gnements sur ses Caprins. Ceux de Nubie et du Nedjed ont attiré plus particulièrement l’attention du souverain. Il serait à souhaiter qu'en France nous puissions faire des expositions semblables; nous verrions immédiatement la question caprine prendre un essor considérable avec les races de choix que nous possédons et qui sont aborigènes de nos régions. En Belgique, le Gouvernement s'intéresse à l'élevage des Chèvres et le protège, tandis qu’en France cette espèce animale est bannie officiellement de tous les concours agri- coles organisés par le Ministère d'Agriculture, alors qu'à ces mêmes concours, Ô logique! les fromages de Chèvres sont primés. M. Caucurte a été très sensible à l’acueil parfait qui lui a été fait par les membres du Comité et en particulier par MM. Maenhaut et van der Snickt. Il a eu également à se louer de la grande amabilité de M. Martel, le secrétaire de la Section française (agriculture et horticulture). En réalité, il n’a été rien épargné pour donner à ce concours de races caprines toute l'importance que le Gouvernement belge attache au développement de l’industrie caprine dans l'intérêt particulier des petits paysans. Le Concours était classé en six divisions comportant chacune une race ou variété particulière, chacune des cinq premières divisions se subdivisait en quatre classes. Dans la 1° classe, étaient des Boucs de 6 dents et plus (4 ans); Dans la 2° classe, des Boucs de 2 à 4 dents (2 et 3 ans); Dans la 3° classe, des Chèvres laitières de 6 dents et plus ‘4 ans); EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 151 Et dans la 4° classe, des Chèvres de 2 à 4 dents (2 à 3 ans). Chacune de ces classes était dotée de 5 prix : Premier prix, 30 francs ; deuxième prix, 40 francs; troisième prix, 30 francs; quatrième prix, 20 francs; cinquième prix, 10 francs. La VI: division s'appliquait au concours entre syndicats d’éle- vage. Chaque syndicat ne pouvait présenter qu'un seul lot et ce lot devait se composer d’un Bouc et de cinq Chèvrés de même race, de même variété et de même couleur, avec 15 prix dont le premier était de 150 francs et en diminuant de 10 francs jusqu'au dernier qui n'était plus que de 40 francs ; ce qui donne un total de 1.200 francs pour cette seule VI° division. Les 20 classes des cinq premières divisions ont eu pour 3.000 francs de prix. Il y avait au concours : 65 exposants, 31 syndicats, 4 fédéra- tions de syndicats, qui ont présenté 59 Boucs et 154 Chèvres laitières, soit en tout : 213 caprins. Les membres du Jury avaient adopté pour baser leur juge- ment la méthode de points suivants. BOUC CHÈVRE HE TEMDE UNE LED OISE RER 5 5 Avant-corps et ne A EUR ME AIO) 5 Dos et venire . . .: - ebeesd0 10 Cuisses, arrière-train ct CTOLX ANSE RENE 15 10 Membres fe timMarche PRES 10 Signes lactifères . . . . STATE 5 30 Qualités reproductrices et té Beta ge dure oil) 20 Muerd'ensemiblenea nee nee EE 10 100 100 À mérite égal, les juges donnaient les prix aux sujets non cornus. Quelques classes étaient très chargées et les membres du Jury avaient fort à faire. M. Caucurte a remporté les 4 premiers prix dans les quatre classes où il avait présenté 13 Caprins. Il était seul exposant étranger. Si M. Caucurte rend pleinement hommage à la grande bonne volonté des organisateurs du concours et à l'expérience qu'ils ont montrée dans l'appréciation des animaux en général, il doit faire toute réserve en ce qui concerne leur compétence pour Juger des races caprines. Il n’est guère possible de commettre 152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION plus d'erreurs qu'il n’en est ressorti de leur manière de diviser et de grouper les races, et M. Caucurte regrette que M. Crepin, qui avait été nommé juge à ce concours par le Ministère français, n'ait pas cru devoir y paraitre et y apporter ses conseils. M. Crepin demande la parole pour s’excuser de son absten- tion. I1 déclare que ses idées sur la zootechnie caprine étant en opposition complète avec celles des éleveurs belges, il ne pou- vait se poser en trouble fête en venant critiquer les méthodes et contester les principes d’après lesquels le Jury a décerné ses récompenses. Il prétend qu'avant de classer des races, il faut savoir reconnaître celles-ci. Or,en Belgique,on en est encore à classer les Chèvres d'après leur couleur, la présence ou l'absence de cornes; à croire que les Chèvres blanches de Saanen, les Chèvres marrons de Tog- genbourg, les Chèvres gris brun de la Gruyère forment des races distinctes, alors qu'en réalité elles sont exactement du- même sang, ont exactement les mêmes qualités laitières et la même morphologie que toutes les autres Chèvres de la race alpine, dont elles diffèrent par la robe. On ignore que l’ua des caractères de la race alpine est préci- sément la variété des livrées avec des tons de couleur indécis, vagues, souvent lavés, se dégradant insensiblement du noir au brun, du brun au fauve pour tomber dans les teintes claires jusqu'au blanc plus ou moins complet mais rarement éclatant. Telle Chèvre naît noire pour brunir à l'age adulte et vieillir dans le fauve plus ou moins clair. Ce caractère indécis des livrées, s’il n'est pas absolument spécial à la race alpine, n'existe en aucune facon dans les autres races de choix où les tons de robe sont francs et nettement accusés soit dans le roux, dans le noir ou dans du blanc éciatant; telles la race de Murcie. Les livrées de la Maltaise, de la Nubienne, de la Syrienne, de la Schwartzhals sont également très caractéristiques de ces races par la netteté des cou- leurs. Le jour où les Belges se seront bien rendu comple de ces faits et que l'étude scientifique des races caprines les aura fait revenir sur certains préjugés qu'ils n'ont gardés jusqu'alors que parce qu'ils flattent leur amour-propre,nousles verronsréus- sir en capriculture comme ils ont pleinement réussi dans toutes les autres branches d'élevage grâce aux encouragements que EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 153 leur gouvernement sait donner à propos et avec grande géné- rosité. Le préjugé qui nuit à l'effort que font les Belges pour déve- lopper l’industrie caprine dans leur pays, c’est de croire qu'il existe en Belgique une race caprine indigène. Depuis plus de quinze ans, ils travaillent avec soin à l'amélioration de leurs troupeaux, mais ils auront beau entremèêler le sang incohérent de leurs aniraaux, ils n'accuseront jamais aucune qualité ori- ginale, ni dans les facultés, ni dans les formes. L’abâtardisse- ment subsistera, et si certains animaux ont pu s'améliorer un peu, c’est grâce aux bons soins seulement. Les Chèvres belges tirent leur origine d’animaux importés soit des Alpes, soit des Pyrénées, et encore plus souvent du Massif central, trois régions montagneuses qui possèdent des troupeaux caprins aborigènes, de race bien caractérisée. En agissant sur leurs troupeaux incohérents avec des sujets importés de sang bien pur, il n’est pas douteux qu'on arriverait à refaire, en Belgique, soit la magnifique Alpine qu’on admire dans les Alpes suisses et françaises, soit la belle Chèvre des Pyrénées, au poil long et brillant, à l'allure saine et vigoureuse. On obtiendrait dès lors, avec l’ampleur et la beauté des formes, l'abondance laitière de l’Alpine, ou la richesse beurrière de la Pyrénéenne. Nous livrons ces réflexions à nos amis les Belges et, s’ils veu- lent bien les adopter, nous ne tarderons pas à chercher chez eux le bon exemple sur la manière d'élever les Chèvres et de les utiliser judicieusement. Le Secrétaire, J. CREPIN. VIe SECTION. — COLONISATION. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1910 Présidence de M. le Dr Achalme, vice-président, M. le D' Achalme fait part du retour de M. Aug. Chevalier et regrette que l’état de la santé du Président de notre Section, altérée par les deux années qu'il vient de passer dans les forêts de notre empire ouest-africain, ne lui ait pas permis d'assister 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION à la séance de ce jour. Il exprime l'espoir que M. Chevalier sera promptement rétabli et pourra reprendre une part active aux travaux de la Section. M. Debreuil annonce ensuite le décès de M. Vermond. Cet ami de la Société a consacré une bonne partie de son exis- tence à l'amélioration de la culture du Caféier et du Vanillier à la Guadeloupe où il possédait une plantation qui peut être citée ‘ comme modèle à beaucoup de colons; il s'était d’autre part efforcé de protéger le marché du Café et de la Vanille dans nos colonies contre la concurrence d’adversaires plus favorisés que nos planteurs et contre certains produits de synthèse, dont le plus redoutable est, de beaucoup, la Vanilline. Désireux de mettre en pratique les procédés de greffage préconisés par M. E. Thierry pour lutter contre l’Æemileia, M. H. Vermond n’a pas hésité à entreprendre sur une échelle commerciale, la plantation d’un lot important de Caféier d'Arabie greffé sur Libéria. C’est l'opinion émise par lui dans le Journal d’A gricul- ture tropicale, sur la valeur commerciale du Café du Congo (Coffea congolensis), qui a encouragé les planteurs de la côte est de Madagascar à adopter en partie cette espèce, reconnue résis- tante à la maladie des feuilles. Enfin, à une date plus proche de nous. M. Vermond s'était mis courageusement à la tête d’un groupe important de planteurs de Vanille et provoqua un légi- üme mouvement de protestation contre les droits de faveur dont bénéficie la Vanilline. Cette question a été traitée au cours de plusieurs séances de la Section. La mort de M. Ver- mond, douloureusement ressentie dans les milieux coloniaux français, laisse également de sincères regrets parmi les mem- bres de la Société d’Acclimalation, qui connaissent l'œuvre de cet intelligent praticien. M. Courtet fait ensuite une communication sur l’Arachide; il discute, avec des documents empruntés aux meilleures sources, le point encore bien confus de l’origine de cette précieuse Légumineuse. D’après M. D. Bois, qui a eu l'occasion d'étudier récemment des échantillons se rapportant à cette question, l'Arachide était connue au Pérou à une époque antérieure à la découverte de l'Amérique. A la suite de cette partie de sa com- munication relative à l'histoire de l'Arachide, M. Courtet exa- mine l'importance de cette culture au Sénégal ainsi que ses conditions d'avenir. L'étude substantielle de notre collègue . CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 455 devant paraître in extenso dans le Bullelin, nous croyons inu- tile de lui consacrer plus d'espace dans ce procès-verbal. M. Labroy présente à la Section un échantillon de bourre de Kapok du Vénézuéla qui a été coté sur le marché du Havre, avec une prime de 20 francs sur la meilleure fibre de Java. Il fait observer qu'il y aurait intérêt à connaître la source bota- nique de ce Kapok de cueillette, qui pourrait fort bien dériver d’une espèce autre que l’Zriodendron anfractuosum, et d'en faire l’objet de quelques lots d'expériences dans nos colonies. Le Secrétaire, O. LABRoY. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Le Jardin zoologique de Calcutta. — L'Aquarium de New-York. — Envoi d'animaux marins à l'Aquarium d’Anvers. — Expériences sur la varia- bilité de coloration chez les Poissons. — Publications scientifiques de la Société zoologique de New-York. — Reproduction du Bec-Croisé en captivité. — Le repeuplement des cours d’eau en Allemagne. — La culture de la Carpe dans les rizières de la vallée du Pô. — Conférence de Mile Bérillon sur le rôle de la fleur. M. Beebe, le directeur de la section ornithologique du jardin zoologique de New-York, voyage actuellement dans les Indes en vue d'étudier sur place les différentes espèces de Phasia- nidés. Il à envoyé à la Société zoologique de New-York le récit d’une visite qu'il a faite au jardin zoologique de Calcutta, et ce récit a été publié dans le Bulletin de la Société, accompagné de charmantes illustrations qui donnent une bonne idée de ce petit paradis terrestre. L'étendue du jardin de Calcutta n’est pas. considérable, mais la collection d'animaux y est excessivement variée. Dans ce climat où l'été est perpétuel, des hangars et des cabanes assez simples suffisent pour loger les animaux, mais la cha- leur affecte sérieusement les créatures qui proviennent des régions froides ou désertiques, et leur vie en captivité est de courte durée. Les Faisans de l'Himalaya qu'on y installe au commencement de novembre ne résistent que pendant quelques mois. Les Orangs-Outangs, que l’on a fréquemment amenés de 156 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Singapore. arrivent généralement déjà atteints de tuberculose et succombent rapidement à ce mal. Par contre, les Kangurous d'Australie se reproduisent facilement, et parmi ces Marsu- piaux on remarque parliculièrement le Kangurou arboricole (Dendrolagus) que l'on a rarement vu en Europe et qui se trouve installé au jardin de Calcutta de facon à pouvoir exercer dans la cime des arbres ses talents de gymnaste. Le Rhino- céros s'est reproduit au jardin de Calcutta, ainsi que les Tapirs, les Hémiones et les Anes sauvages, les Gayals et les Bœufs sauvages de la Sonde et aussi le curieux Ours-Chat, le Panda, de l'Himalaya. Mais ce qui donne une physionomie particu- lière au jardin zoologique de Calcutta, c'est la quantité d'Oi- seaux sauvages du pays qui, gräce à la protection qu'ils y trouvent, ont élu domicile dans cet Éden: on rencontre à chaque pas, dans les arbres et les buissons, des multitudes de Drongos, de Pies vagabondes, de Meinates, de Bulbuls, de Pics dorés ; des Aigrettes perchent sur le dos des Ruminants pour les débarrasser de leurs parasites; des Vautours et des Milans planent au-dessus du parc en quête des matières en décomposition dont ils font leur nourriture; des Hérôns biho- reaux et des Anhingas nichent en colonies nombreuses dans les bouquets d'arbres qui surplombent les pièces d’eau. Le Bulletin de la Société zoologique de New-York publie les plans d'un agrandissement de l'aquarium que l’on se propose d'élever dans le jardin de la Société et qui triplera l'étendue de l'aquarium actuel: mais avant d'en commencer la construc- tion, le Comité a chargé le D° Townsend d'aller visiter les établissements analogues en Europe. D’après les plans que nous avons sous les yeux, le nouvel aquarium sera sans rival dans le monde. Il n’y a pas que le jardin zoologique de New-York qui se préoccupe d'avoir un aquarium répondant aux besoins actuels de la Science et de l'Océanographie. Le jardin zoologique d'Anvers va inaugurer prochainement un aquarium digne de cet établissement, et M. le professeur Pruvost vient de lui, faire envoyer pour peupler ses bacs toute une série d'animaux CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 157 marins de la Méditerranée : des Éponges, des Actinies, des Alcyonaires, des Echinodermes et des Annélides. Ces animaux proviennent du laboratoire de Banyuls, toujours disposé à faire tous les envois qu’on lui demande dans l’intérêl de la science et sans autres frais que ceux du transport. Il est déplorable que nous n’ayons, à Paris, aucun aquarium pouvant mettre sous les yeux du public le Monde de la Mer, naguère si bien décrit par notre vice-président Moquin-Tandon. Un aquarium monu- mental avait été autrefois commencé au jardin d’Acclimatation par M. A. Geoffroy-Saint-Hilaire. Les ressources ont manqué pour mener à bien cette entreprise, et le Paris port de mer dont on parle tant sera obligé d’aller chercher ses Sirènes et ses Méduses dans les cafés-concerts si l’on ne se hâte de le mettre au niveau des autres capitales du monde. Remarquons que l'installation intérieure de l'aquarium d'Anvers est l’œuvre de notre collègue M. Dagry, le pisciculteur du quai du Louvre. Dans le 13° rapport annuel de la Société zoologique de New- York, le D' Townsend a décrit quelques-unes des transforma- tions de coloration qu'il a observées chez de nombreuses espèces de Poissons de l’aquarium. Ces changements de cou- leurs ne paraissent pas pouvoir dans la plupart des cas être attribués à une assimimilation aux milieux, mais ne seraient que l’expression d’excitations émotionnelles analogues à celles qui, dans l’espèce humaine, font rougir ou pälir les individus. Certains changements de couleur, chez les Poissons, ont cependant un rapport plus direct avec l'assimilation, et le D' Summer cite, dans le Bulletin, les expériences qu'il a faites avec un Turbot de la baie de Naples, le Rhomboidichtys podas, lequel, placé sur des fonds variés agrémentés de dessins géo- métriques tels que damiers el semis de pois de différentes grosseurs, se couvre de taches analogues au fond sur lequel il repose. Son jeu de couleurs, qui ne reproduit jamais les cou- leurs vives, est limité à des nuances noires, blanches, grises et brunes localisées dans les mêmes régions comme dans des centres pigmenlaires invariables et qui ne peuvent qu’approxi- mativement ‘reproduire l'ordonnancement général de son entourage. Cela suffit pourtant pour le rendre presque invi- sible, et on peut bien s’en rendre compte par les photographies LAN 7 LAVE ae) AUS 158 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION qui accompagnent ce travail. Il faut vraiment une certaine attention pour découvrir où est le Poisson. Les expériences faites avec des Poissons aveugles, chez lesquels ces change- ments de coloration ne se produisent pas, prouve que c’est bien l'organe de la vue qui met en mouvement le travail de l’adap- tation. Le Bulletin de la Société zoologique de New-York n’est pas la seule publication intéressante de cette savante association. Ses Zoologica constituent des fascicules d’études scientifiques d'une très haute valeur. Dans une de ces brochures, M. Beebe a donné sur l’Hoatzin des détails plus complets que ceux que nous avons déjà signalés dans le récit de son voyage au Véné- zuéla et à la Guyane. C'est par erreur que sir Harry Johnston avait annoncé dans la Nature (de Londres) la capture de trois Okapis vivants des- tinés au Muséum d'Histoire naturelle de New-York. Le D' Towrsend dément cette nouvelle que nous nous étions empressés, on le conçoit, de porter à la connaissance de nos lecteurs. M. Lang, chargé de l'expédition américaine, rapporte bien trois Okapis, mais ils sont morts et seront montés dans les vitrines du musée. M. Allen Silver a communiqué à la Société d’Aviculture de Londres les résultats de la nidification des Becs-croisés (Loxia curvirostra) dans les volières de M. Reed à Tunbridge Wells. Ces Oiseaux se sont tellement apprivoisés qu'ils viennent manger à la main et rentrent dans leur domicilé dont on laisse souvent les portes ouvertes pour leur procurer les charmes d'une promenade en plein air. Ils avaient construit leur nid dans un fagot de branches de Sapin dressé dans un coin de la volière et c'est par dégorgement qu'ils nourrissaient leurs jeunes dont les mandibules se croisent au moment où ils quittent le nid. Au bout de quatorze jours, le chevauchement est complet. M. Lewis Bonhote, le directeur de l’Avicultural Magazine, qui a publié la communication de M. Silver dans sa livraison de février, l’a complétée par d’autres observations sur la nidification du Bec-croisé en captivité, d’où il résulte que ce charmant volatile, que l'on peut presque appeler le Perroquet CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 159 de nos pays, et dont le plumage, rouge chez le mâle, et ver- dâtre chez la femelle, tranche sur les nuances sombres de la plupart de nos Oiseaux, devrait être tout particulièrement l’objet de l'attention des amateurs qui se trouveraient récom- pensés de leurs peines. Les travaux de repeuplement des cours d’eau se poursuivent en Allemagne avec une activité et par l’emploi de procédés qui mériteraient d’êlre imités en France. On pouvait voir dernière- ment, stationnant dans la gare de Toul, deux wagons réser- voirs à Poissons, venus de Berlin pour prendre un chargement de 11.000 kilogramme de Carpes, Brochets, elc., lesquels pèchés dans le grand étang Roméo, au milieu de la forêt de la Reine, ont élé transportés en Allemagne et déversés dans les rivières. Ces wagons sont pourvus chacun de deux grands bacs, où l’eau est aérée à l’aide d’un moteur à essence, qui occupe le milieu du wagon. Le Poisson est acheté en gros au prix de 1 franc le kilogramme et, grâce à l'excellente ins- tallation de l’appareil de transport, la perte pendant le voyage est absolument nulle. On sait que la culture du Riz est encore actuellement très répandue en Lombardie; un vaste système de canalisation permet d'amener sur les terres consacrées à cette culture l’eau qui lui est indispensable et qui est empruntée à des rivières souvent très éloignées. Dans la seule plaine du PÔô, 200.000 hec- tares sont ainsi irrigués et recouverts, pendant une partie de l’année, d’une couche liquide qui atteint jusqu'à 30 centimètres d'épaisseur. Cette immense étendue d'eau stagnante favorise malheureusement d’une facon terrible la pullulation des Moustiques, propagateurs de la fièvre. Afin de combattre ce fléau, des propriétaires ont eu l’heureuse idée d'empoissonner leurs rizières, et ils ont obtenu des résultats si remarquables que le gouvernement a donné des récompenses et décerné des prix. La Carpe surtout s’est distinguée par les services rendus. Non seulement elle fait disparaitre les larves des Moustiques, mais elle détruit aussi tous les Insectes qui vivent en parasites aux dépens du Riz, dont le rendement se trouve ainsi accru. Enfin, elle-même, grâce à cette alimentation qui 160 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION lui est très favorable, croît rapidement et acquiert une chair d'excellente qualité, de telle sorte que, tout en protégeant la récolte, elle apporte au cultivateur un surcroît de bénéfices. On estime que quand ce système sera généralisé, la plaine du PÔô pourra produire chaque année de très grandes quantités de Carpes. Mie Lucie Bérillon, professeur de lettres au Lycée Molière, à fait à l’École de Psychologie de la rue Saint-André-des-Arts une très jolie conférence sur le rôle de la Fleur dans l'éducation et dans la vie. M'® Bérillon rappelle que M**° de Genlis, éducatrice des Enfants de France, voulait que les enfants eussent un jardin, parce que le jardinage, à son avis, développait la logique, et elle ajoute que «la culture des fleurs développe bien d'autres qualités. Non seulement elle exerce les sens de la vue et de l’odorat, mais encore elle enseigne l'attention si précieuse et si difficile à obtenir, la persévérance, le respect de la propriété et l’ordre. Elle forme le goût et donne l’idée de l'harmonie et de la beauté ». On ne saurait imaginer plus éloquent commen- taire à l’encouragement à l'étude de l'Histoire naturelle dans les Écoles primaires que la Société d'Acclimatation vient d’en- treprendre. M'e Bérillon a cité tout ce qui se fait dans les écoles à l'étranger pour donner aux élèves l'amour des fleurs et le culte des plantes. Il est urgent que nous rattrapions en France le temps perdu et nous remercions vivement M'!° Béril- lon de l’aide indirecte qu’elle apporte à notre œuvre. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. E - Graines d’Ansérine, offertes par. -REYNIER (d’Aix)et GUILLOCHON (de Tunis). 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DURIEZ, boulevard Henri-IV, 44, FONDÉE EN 4854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 4855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) . Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 4° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux | utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles où d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions noie comme au sol : même de la France. L'attention des personnes compétentes doit être appélée tout . spécialement sur l'intérêt qu'il y'a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des … animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. è La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en » encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans | ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou æécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites w agrégées où affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité | générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. * Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo- ratoires, Jardins zooloziques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- : sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de fi Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, etc: faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avantages ji sont : également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à re reouit des È publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli- à matation a publié, depuis son origine én 1854, cinquante-huit volumes in-8, illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les” matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à. part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi-« fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la* pratique de la Pisciculture, l’'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits,“ leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ges mémoires, dont” plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le“ Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien | connus du D' Moreau sur les Poissons de France. | — —_—— 2 —— Le Gérant : A. MARETHEUX. 4 à 14 Paris. — I. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. Société Nationale d'Acelimatation _ (Revue des Sciences naturelles appliquées) + Ne _ 58° ANNÉE 2 Fe | N° 6 — 15 MARS 1911 | F Fr =: = « _ 2 Ar SOMMAIRE 4 SALE x Dre Pages he Pierre-Amédée PICHOT. — Au Pays des Dindons ocellés. .., . :. ... .. . .. . 161 | D Mn PHISALIX. — Les! Protées des grottes d'Adelsherg. . . .. . . . . . . D NOM EE de 168 | ' ‘ FES Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. LE 2® Section. — Ornithologie. — Aviculture. — Séance du 5 décembre 1910 . . . . . . . .. 173 3 — Aquiculture. — Séance du 12 décembre 1910. . . . . RS ne PL AN DRAC 182 1 D 4 —. Entomologie. — Séance du 12 décembre 1910. . . . . . ..: . . . . .., 184  5 —. Botanique: -— Séance du 19 décembre 1910. . 2... . 185 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises | RSS Re Por les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. é; Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE er SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE | 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BUELETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS eg mn 2 de 0 cor mg drhe eos ire mt sucré NATIONALE DACCLNATATION DE FAN Fondée le 10 Février 1854 > Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE {DE Burrox — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911. [4 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l’Académie de Médecine, Directeur d Muséum d'Histoire naturelle, Paris. - MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoïre naturelle, Professeur à l'Ecole c coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. e Comte de PONTERIAND, Sénateur, boule Saint-Germain, 238, Paris. C. RAVERET-W ATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le Fort, 89, boulevard Malesheries, Paris (£trang er). - H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole ies Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Secrétaires, Germain, Paris (Conseil). CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). É. Ch. DEBREUIL, 25, rue de Chéteaudun, Paris (Zntérieur). Trésorier, M. le D' SeBiLLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. CauUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D' LePrixces, 62, rue de la Tour, Paris. MarLLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. - D: E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Pb. de Virmorix, Verriéres-le-Bnisson, Seine-et-Oise. Lecowrr, professeur de botanique au Muséum d'Histoire ot 14, rue des Ecoles, Paris. Le MYRE DE VILERs, 3, rue Cambacérés, Paris. . Comte d’ ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles: - Wurriox, 7, rue Théophile-Gautier, Neuiliy-sur-Seine. é ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, P2 DÉJaRDIS. 23, rue Claude-Lorrain, Paris. 5 Macaup-D'AuBusson, 18, rue Erlanger, Paris. : D° P. MarcaaL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directenr de la Station entomologiqu de Paris, 142, boulevarä Saint-Germain, Paris. ” « Le Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 | - Jauver | Février | Mars Séances pu Cowseir, le Mardi à 5 heures.| 10 44 14 Are Secriox. — Mammifères, le lundi à 5 heures . . . 9 6 6 2* SECTION. — Ornithologie, le lundi | a3h. 14/9522 9 6 6 | 3° SECTION. — Aguiculture a), le lundi à 5 heures . . . RE, ge 1 13 43 { 4° SECTION. — Entomologie, le lundi| l 23. LAS - 16 45 43 Ù 58 Secnon. — Botamgue, le lundi | 3 b. 1/2. x 23 20 20 - Ù 6° ot — Colonisation, le lundi 3 à 5 heures . . . 23 20 ": 20 Sous-Secriox d'Etudes Caprines, le ven- | | dredi à 5 heures . . . LLC AT. À 22 24 {1) Batracieñs, Reptiles et Invertébrés = Rire L ; NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séanc des Séctions recevront sur leur demande les ordres du jour mensueis d séances. … AU PAYS DES DINDONS OCELLÉS Par PIERRE-AMÉDÉE PICHOT. Hypnotisés par leurs rêves de grandeur et fascinés par l'or de Montézuma, les conquérants du Mexique au xvi° siècle ne s'attardèrent pas longtemps à contempler d’une facon plato- nique les merveilles de la civilisation des Aztèques. L’incendie, venant naturellement en aide au pillage, paracheva la destruc- tion d’une foule de choses précieuses qui sombrèrent dans un des plus épouvantables cataclysmes dont les guerres humaines nous aient donné le spectacle. Les temps n'étaient pas encore venus où un autre conquérant, aussi soucieux des intérêts de l’Art et de la Science que du succès de ses armes, adjoindrait à ses armées triomphantes le bataillon sacré des membres de l'Institut d'Egypte. Des notes hâtives et superficielles nous ont donc seules con- servé le souvenir de tant de monuments et d'institutions de l'ancien empire mexicain dont nous serions heureux de connaître aujourd'hui de plus amples détails. De ce nombre sont les Ménageries où les souverains aztèques entretenaient, dans leurs résidences royales, une nombreuse collection d’ani- maux de leur pays. Il y en avait une à Istapalapan et une autre à Mexico, que l'on appelait la Maison des Oiseaux. La nature légère des conslruclions de cette dernière, faite de charpentes et de bambous ouvragés avec cetle élégance carac- téristique de l'architecture indienne, devait fatalement l’exposer à être la proie de l'incendie, et ce fut, en effet, un des premiers foyers qu'allumèrent les assiégeants lorsqu'ils mirent le feu au palais dont la ménagerie était voisine. Les hôtes innom- brables de ce jardin zoologique périrent dans les flammes ou furent étouffés par la fumée, quand ils ne purent s'échapper à temps de leurs demeures croûlantes pour regagner, en pous- sant des cris de terreur, leurs forêts natales, abandonnant à son inéluctable destin la capitale condamnée. Un des compagnons de Cortez, Bernal Dias de Castille, dans Sa Véridique histoire de la conquête de la Nouvelle-Espagne, dont s’est inspiré Prescott pour son Âistoire de la conquête du Mexique, et dont un membre de l’Académie française, Hérédia, a publié, à la fin du siècle dernier, une traduction intégrale, BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 11 162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION a donné une description sommaire de la Maison des Oiseaux des souverains azlèques. « Là, dit le chroniqueur espagnol, il me faudrait par force m'attarder pour dénombrer chaque espèce et ses qualités, depuis l’Aigle royal, les autres Aigles plus petits et quantité d'autres Oiseaux de grande taille, jusqu'aux oisillons les plus menus peints de diverses couleurs. C'est là aussi que les Mexi- cains font ces riches ouvrages qu'ils brodent de plumes vertes. L'Oiseau dont on les tire est, par le corps, à peu près pareil aux Pies de notre Espagne et se dit Quetzal. D'autres ont la plume de cinq nuances : verte, rouge, blanche, jaune et bleue. Je ne sais comment on les nomme. Quant aux Perroquets de toutes couleurs, il y en avait tant que je ne me souviens pas de leurs noms. Je passe, laissant les Canards de bonne plume et d’autres plus gros qui leur ressemblaient un peu. « Dans la saison convenable, on ôtait à tous ces LÉ ler plumage, qui repoussait ensuite. « Toutes ces bêtes volatiles reproduisaient dans cetle volière et, au temps où elles gloussent pour couver, certains Indiens et Indiennes, employés à les soigner, étaient chargés de leur mettre les œufs, de nettoyer les nids et de leur donner à manger, à chaque race, à chaque espèce, sa nourrilure parti- culière. On voyait dans cette maison un grand étang d'eau douce où se tenaient d’autres Oiseaux, fort hauts sur pattes, dont tout le corps, les ailes et la queue étaient rouges. Je n’en sais pas le nom, mais, dans l'ile de Cuba, il en est de semblables que l’on nomme ipiris. Il y avait encore sur cet étang d’autres espèces qui vivaient loujours dans l’eau. « Laissons les Oiseaux et allons à une autre grande maison où les Mexicains tenaient avec leurs idoles, qu'ils disaient être leurs dieux terribles, des Tigres, des Lions de deux espèces, dont les uns sont faits comme des Loups et dans le pays se nomment adives, des Renards et autres petites bêtes sauvages. Tous ces carnassiers étaient nourris de chair, et pour la plu- part reproduisaient dans cette maison. On leur donnait à manger des Cerfs, des Poules, de petits Chiens, maint autre gibier qu'ils chassaient au temps de leur liberté, et même, à ce que j'ai oui-dire, les corps des Indiens sacrifiés. Comme je l'ai déjà dit, lorsque les Mexicains sacrifiarent quelque misérable Indien, ils lui ouvraient la poitrine avec iL, AU PAYS DES DINDONS OCELLÉS 163 des poignards de pierre dure, lui arrachaient le cœur tout bouillant et sanglant, le présentaient aux idoles en l'honneur desquelles ils avaient fait ce sacrifice et lui coupaient aussitôt - les cuisses, les bras et la tête, qu'ils mangeaient dans leurs fêtes et banquets, moins la tête, qu'ils pendaient à des poutres. Quant au tronc de l’Indien, ils ne le mangeaïent point, mais le jetaient à ces animaux fércces. Ils avaient aussi, dans cette maudite maison, quantité de Vipères et Couleuvres venimeuses qui ont comme des castagnettes au bout de la queue. Ce sont les pires de toutes. Ils les tenaient dans des berceaux, tinettes et grands cruchons pleins de plumes. Là, elles faisaient leurs œufs et élevaient leurs petits. On leur donnait à repaître les corps des Indiens sacrifiés et autres chaiïrs, telles que celle de Chiens qu'ils élèvent dans le pays. Nous tinmes même pour assuré que, lorsqu'ils nous chassèrent de Mexico et nous tuèrent environ 850 de nos soldats et de ceux de Narvaëz, ils nourrirent avec les morts, durant plusieurs jours, ces bêtes féroces et ces Couleuvres, comme je le conterai en temps et lieu. « Ils avaient fait offrande de ces Couleuvres et de ces bêtes à leurs dieux terribles pour leur tenir compagnie. Ajoutons que ces bêtes menaient un train infernal. Lorsque les Tigres et les Lions rugissaient et les Renards hurlaient et que sifflaient les Serpents, c'était chose horrible que de les entendre. On eüt dit de l'Enfer. » À cette description, malheureusement trop sommaire et dont l’auteur n’était pas naturaliste, il est facile pourtant de recon- naître plusieurs des espèces auxquelles il est fait allusion. C'est d'abord le Couroucou resplendissant et les Oiseaux- Mouches, les Flamants aux longues pattes, plus rouges que les Flamants d'Egypte; puis les Jaguars et les Pumas, que l’on nomme Tigres et Lions dans le Nouveau-Monde, et enfin le Serpent à sonnettes, dont le noble Espagnol ne semble pas apprécier les castagnetles autant que celles des manolas ma- drilènes. Mais ce qui ressort de plus intéressant dans ce récit, c'est que les Aztèques semblent avoir été de grands amateurs d'Oiseaux et d’habiles aviculteurs. S'il est vrai qu'ils faisaient vivre le Quétzal dans leurs volières et le plumaient régulière- ment, comme nous ferions de Poules et de Canards, c'est plus que nous ne saurions dire, car, de nos jours, ce merveilleux Trogon se plie fort malaisément à la captivité et justifie com- 7 ? D 4 164 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION plètement la réputation qui lui a été faite de tant aimer la liberté que les Indiens l'ont érigé en symbole d'indépendance et que les Guatémaliens ne pouvaient pas mieux choisir qu’en l’'adoptant pour leurs timbres-poste en signe d'affranchissement. Oiseau légendaire, d'ailleurs, un Trogon ou Quétzal gigantesque passe pour avoir plané au-dessus des batailles que les armées de Guatimozin livraient aux conquistadors espagnols sur les frontières du Mexique, encourageant la vaillance des malheu- reux patriotes massacrés en masse par les envahisseurs. Il n'est pas jusqu'à son nid dont on n'ait raconté des choses merveilleuses et qu'il consiruisait avec l’aide de ses amis les Timbre-poste du Guatémala. carpinteros, les Charpentiers ou Pics-Verts, de façon à ménager deux entrées, l'une en face de l’autre, pour ne pas abimer les longues plumes flottantes de sa queue en se retournant pour sortir. Saivin émet quelques doutes sur la véracité de cette assertion, quoique les Indiens disent que c'est en le saisissant par la queue qui dépasse les bords du trou où il niche qu'ils le capturent. Toujours est-il que le plumage métallique du Quétzal était admirablement utilisé par les Indiens dans le tissage des bril- lantes étoffes en plumes dont les Aztèques avaient la spécia- lité. Les ateliers où se fabriquaien! ces mosaïques de plumes étaient annexés à la maison des Oiseaux. La dépouille étincel- lante des volatiles des tropiques fournissait une palette d'une richesse inouïe, et les plumes étaient appliquées avec tant d'art sur une trame de coton d’une très grande légèreté, que l’on en obtenait des dessins aussi modelés qu'avec un pinceau. Ces étoffes, dont on faisait des vêtements somptueux, des ten- AU PAYS DES DINDONS OCELLÉS 165 tures de palais et des ornements de temple, figurèrent parmi les trophées les plus précieux que les Espagnols envoyèrent à la Métropole où l’on conserve encore quelques admirables spécimens d'un art délicat, aujourd’hui disparu. Bustamente, l'historien de l'Etat d’Ananuac, dit pourtant que l’on en a gardé le secret à Patzquaro, où ces tissus se vendent excessivement cher. Assurément, le Dindon ocellé du Honduras devait être un des Oiseaux dont la dépouille, au moins aussi brillante que celle du Quétzal, entrait dans la composition des plumasseries aztèques, et, à ce titre, il devait être l’un des hôtes de la maison des Oiseaux. Malheureusement, il ne semble pas que sa domes- tication y fut aussi avancée que celle du Dindon du Mexique, sans quoi les importateurs du Coq d’Inde n’eussent pas manqué d’en doter nos faisanderies et nos basses-cours, comme ils l’ont fait du Gallinacé qui fut la souche de notre Dindon ordinaire, lequel ne descend pas, comme on l’a cru longtemps, du Dindon sauvage des Etats-Unis. Peut-on aujourd’hui espérer réussir là où les aviculteurs mexicains auraient échoué? Comment se procurer des individus d’une espèce aussi rare et dont les derniers survivants sont réfugiés dans les impénétrables forêts du centre de l’Amé- rique? Les hardis explorateurs qui, dans ces derniers temps, ont fini par ramener sains et saufs en Europe le Coq de roche de la Guyane et les Oiseaux de Paradis de la Nouvelle-Guinée, ne sont pas pour reculer devant cette tâche difficile, et l’un d'eux, M. Pomeroy, a déjà tâté le terrain. Le récit de son Yoyage ne peut manquer d’intéresser les amateurs qui rêvent d'enrichir leurs volières du magnifique Dindon ocellé. Or, à la date du 2 mai 1908, M. Pomeroy écrivait au Field : Le Dindon sauvage du Honduras anglais est un des plus beaux gibiers que l’on connaisse, mais on sait très peu de chose de ses mœurs. Il est beaucoup plus petit et beaucoup plus brillamment coloré que le Dindon sauvage de l'Amérique du Nord, son plumage est un mélange d’or et de vert bronzé où le bleu irisé domine et sa queue est ornée d'ocellures qui lui ont valu son nom.On ne le trouve que sur les côtes de l'Atlantique, dans l'Amérique centrale, depuis le Yucatan jasqu’à la frontière méridionale du Guatemala. Il fut un temps où il était commun à Balize, mais il a reculé devant la civilisation et devient de 166 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACELIMATATION plus en plus rare dans les savanes du Guatémala et les collines boisées d'arbres verts du Honduras anglais. Il y en à un bel exemplaire dans les collections d'Histoire naturelle du musée de South Kensington où on peut le comparer à son cousin du Nord Amérique, mais je crois qu'il n’en est pas arrivé de vivant en Angleterre depuis 1881. C’est avec le fol espoir de réussir là où d'autres avaient échoué, que je visitai pendant l'hiver de 1907 le Honduras anglais, et quoique je n’aie pas réussi à rapporter aucun de ces Oiseaux vivants à notre jardin zoolo- gique, un récit de mon voyage à travers cette partie si pea comnue des possessions anglaises pourrait peut-être avoir de l'intérêt pour vos lecteurs. On nous avait dit que nous arriverions à Balize à minuit et que nous pourrions débarquer à sept heures du matin, de sorte que je m'étais couché et que je dormais profondément lorsque le garcon vint me réveiller et me dire qu'il fallait que tous les passagers se rendissent à terre immédiatement. A la Résidence, je fus accueilli de la facon la plus hospitalière par le colonel E. J. E. Swayne, bien connu pour avoir commandé les troupes ang aises dans le pays des Somalis. La Résidence est admira- blement située dans une immense prairie verte qui descend vers la mer, et je ne me lassais pas d'admirer la vue que l’on avait de la vérandah. Au premier plan, on voyait des Pélicans bruns et des Oiseaux frégates se livrer à la pêche; des schooners et des sloops à voilures blanches et ressemblant à des yachts, croisaient au large, les uns suivant les côtes, les autres rentrant avec du poisson ; des eanots à vapeur allaient et venaient d'un steamer à l'autre et, tout au fond, la belle mer d'azur et les îles boisées qui font de la baie de Balize un havre parfaitement sûr, mais malheureusement peu profond. La brise marine qui souffle tout le long du jour rafraïîchit les chambres, même pendant les heures les plus chaudes de la journée. Le Tarpon abonde à l'embouchure de la rivière de Balize, mais on ne le pêche jamais; je croïs que le médecin du « Bril- lant » en ferra deux, mais sans pouvoir les amener. Mes pre- mières questions à Balize, relativement aux Dindons, ne furent pas très encourageantes et je ne pus rencontrer personne qui les aït vus ou tirés, quoique tout le monde s’accordàt à dire qu'on les trouvait en plus grand nombre dans la province de Peten., au Guatémala, que partout ailleurs ; de sorte que je me décidai à remonter ia rivière de Balize en canot jusqu'au Cayo, AU PAYS DES DINDONS OCELLÉS 467 2 petit village à dix milles de la frontière guatémalienne. Des canots à vapeur remontent la rivière de Balize jusqu'au Cayo presque tous les jours et il faut environ deux journées pour faire cette excursion. Après avoir quitté Balize, la rivière est très boueuse; le courant rapide circule entre des côtes basses, tantôt boisées, tantôt découvertes, mais au fur et à mesure que l'on s’avance, les eaux deviennent plus claires et changent d'aspect ; il fallait franchir des rapides contre lesquels notre machine avait beaucoup de peine à lutter et on entrait dans de longues étendues d'eaux calmes et cristallines où se reflétaient les arbres de la forêt. Les rives s’élevaient en approchant du Cayo ; le pays devenait plus découvert et nous mouillämes au bord d'une plaine étendue qui était le point terminus de notre voyage. Je n’oubliérai jamais l’aimable accueil que me fit M. Fran- klin, le commissaire du district, qui me souhaïta la bienvenue. Sa maison est située dans un beau petit parc qui domine la plaine à travers laquelle la rivière forme une succession de rapides et de bassins unis. Derrière la maison s'étend la forêt vierge et, sauf sur la façade qui donne sur la plaine occupée par le village, dont les habitants sont, chose étrange, des Syriens venus d'Arménie, tout l'horizon est fermé par des collines boisées. Des routes rayonnent dans tous les sens où l’on peut se promener pendant des milles à l’ombre des arbres. C’est un paradis pour le collectionneur, et j'y recueillis plusieurs beaux Oïseaux : les Trogons masséna et à tête noire, des Toucans de deux espèces, des Motmots, des Jacamars et des Caciques. Je rencontrai aussi plusieurs variétés de Perroquets et des Oiseaux-mouches en abondance. (A suivre.) LES PROTÉES DES GRUTTES D'ADELSBERG ÉCHANTILLONS VIVANTS présentés par M=° PHISALIX. Les trois Protées Anguillards que je présente à la Société ont élé rapportés au mois d'août dernier des grottes d’Adels- berg par MM. Debreuil et Nibelle, qui ont bien voulu me les prêter (1). Au moment où je les ai recus, leurs léguments étaient d'un blanc rose très pur, comme il arrive pour les sujets qui viennent d'être capturés ou qui ont été conservés à l'obscurité complète ; mais, depuis, l'exposition à la lumière, même faible et diffuse, a déterminé chez eux une pigmentation partielle, qui masque d'un voile grisätre leur leinte originelle. On sait d’ailleurs, par les expériences de Duméril (1844-1847), que cette pigmentation peut régresser jusqu'à la disparition com- plète lorsqu'on remet les animaux à l'obscurité. Pendant tout le mois de septembre 1910, nos Protées ont été tenus dans un courant d'eau fraiche, à une température de 11 degrés, qui est précisément celle des eaux souterraines et d’un grand nombre de sources. De plus, toutes les menues proies molles qu'on peut recueillir à la campagne leur ont été offertes successivement ou simul- tanément : chenilles, limaces, mouches, vers de terre... C'est toujours à ces derniers animaux qu'ils ont donné la préférence. Ils les mangent même avec une cerlaine voracité, et acceptent d’ailleurs tout aussi bien les larves de Chironomus. On a cru longtemps que les eaux soulerraines de la Carniole étaient les seules à abriter les Protées ; mais l'intérêt que ces animaux présentaient pour les naturalisles les ont fait recher- cher ailleurs, et, actuellement, on en a signalé dans plus de cinquante localités, parmi lesquelles les grottes de la Made- leine, de Kieinbausler, de Verb sont les plus connues. Leur habitat est toutefois assez restreint : il est localisé aux eaux 1) Schreiber (Herp. Europa), qui habita la région, dit expressément que le Protée n'a jamais été trouvé dans la grotte d'Adelsberg et qu'on en amène d’autres grottes pour l'amusement des visiteurs. LES PROTÉES DES GROTTES D'ADELSBERG 169 souterraines des Alpes de Carinthie, de Carniole, de Croatie et de Dalmatie, jusque vers le nord de l'Herzégovine (1). On ne constate, parmi les individus issus de ces diverses régions, que des différences minimes tenant à la forme plus ou : moins arrondie du museau, au nombre de sillons cutanés oscillant autour de %5, différences qui correspondent seulement à des races. Depuis Laurenti, qui a décrit et nommé le pre- mier échantillon provenant des environs de Littich (Synopsis reptilium, p. 37, n° 36, 1768), le Proteus anguinus Laur, que les Allemands avec Oken appellent Olm, seule espèce du genre, et seul représentant européen de la famille des Proteidx, Proteus angquinus Laur., provenant des grottes d’Adelsberg. est bien connu des naturalistes. Les recherches de Schrei- bers (1801), de C. Cuvier (1807, 1817), de Configliachi et Rus- coni (1819, 1826), de Michahelles (1831), de Delle Chiaie (1840), en ont fixé les caractères anatomiques internes. Quant à leurs caractères extérieurs, ils vous sont rappelés par nos trois sujets. Ce sont des Batraciens urodèles, dont les branchies externes, en panaches lrilobés, persistent pendant toute leur vie, et dont ils se servent concurremment avec leurs poumons. Leur corps allongé, de la grosseur maxima d'un doigt, pré- sente extérieurement, sur les côtés 26 ou 27 sillons verticaux (la variété Carraræ de Dalmatie en présente 24, la variété Loizu (1) D’après les renseignements que MM. Reiser et Apfelbeck, directeurs du musée de Sarajevo, ont bien voulu me transmettre, la localité clas- sique qui, en Dalmatie, fournit la variété Carraræ est la source située aux environs de Metkovich et Sinj; pour la Bosnie, Grmec plavina, Lusci Palanka, Bezir; pour l'Herzégovine, les sources de Studenci, entre Capljina et Ljubuski; la citerne de Jrebizat, près de Capljina, et la citerne des envi- rons de Tebinje. D'autres localités sont également réputées pour abriter les Protées, . mais avec moins de certitude que les précédentes. “70: 0e, SERVER RES 270 BULLETIN DE L4 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGLIMATATION de Carinthie en à 25). La queue aplatie latéralement à une longueur qui est sensiblement égale au tiers de la. longueur totale de l'animal, longueur qui dépasse rarement 30 centi- mèlres ; elle est entourée d’une nageoire caudale fine et mem- braneuse. La tête plate, allongée, se termine par un museau tronqué chez nos sujets, qui représentent le type primitivement déerit tandis que la tête est plus courte et le museau plus arrondi dans la race Loïzii. La bouche est petite et recouverte par les expansions labiales; les yeux n'existent qu'à l’état rudimen- taire et sont cachés sous la peau, où une tache pigmentaire en décèle parfois la place, comme chez les Batraciens apodes, animaux terricoles des régions intertropicales. Ce sont donc, comme ces derniers, des animaux pratiquement aveugles, tandis que les individus du genre Vecturus, qui représentent dans l'Amérique du Nord la même famille, vivent à la lumière et ont des yeux bien développés. Quatre membres grêles, à trois doigts et à deux orteiis, dont l’animal se sert activement dans l'eau, sont insuffisants à sup- porter le corps quand celui-ci est hors de son élément : déposé sur la table, vous voyez en effet que le Protée se tortille et se déplace en glissant, sans pouvoir marcher. Leur peau présente cette particularité rare, parmi les Batra- cieus, de me posséder qu'une seule catégorie de glandes, cutanées, les glandes muqueuses, alors que les Apodes des genres Âerpele et Ichthyophis, considérés comme les plus anciens représentants de la classe, ont une double cuirasse de glandes muqueuses et de glandes granuleuses qui les enve- loppe complètement. Il serait intéressant de pouvoir recher- cher si les glandes granuleuses ont apparu à quelque: période du développement des Protées, pour disparaître ensuite comme chez les têtards de quelques Ranidæ d'Asie (Rana alticolæ, en particulier), ou si elles ne se sont jamais développées, marquant ainsi le degré ultime de leur régression chez des animaux qui, par leur genre. de vie, n’ont guère d’ennemis à éloigner. Leur mucus même n’est pas toxique, ainsi que l'avait déjà indiqué Bugnion, et comme je l’aï vu aussi en l’expérimentant sur la Souris blanche, qui est le réactif de choix, en raison de sa sensibilité au mucus des Batraciens. Il en résulte que l’ac- tion toxique, que manifeste à un si haut degré le mueus d’Alyte, de Discoglosse ou de Grenouille verte, semble due, : LES PROTÉES DES GROTTES D'ADELSBERG I74 non à la substance muqueuse elle-même, sécrétion fondamen- tale de la peau des Batraciens et qui a pour eux une utilité per- sonnelle, mais à une ow plusieurs substances secondaïrement sécrétées par les glandes et servant à la défense de Fespèce. Le Protée apparait donc actuellement comme le seul type connw de Batracien absolument dépourvu de venin (car la Gre- nouilie rousse dont le mucus est aussi inactif, possède néan- moins un venin granuleux); il pourrait être employé, sans restriction de cuisson et sans précautions aucunes, aux usages culinaires, si l’acclimatation et l'élevage en étaient plus faciles. C’est que, en effet, malgré les observations des naturalistes, om n’est pas encore très fixé sur les conditions normales de la reproduction; déjà en 1831, Michahelles avait observé la vivi- parité chez un Protée nouvellement capturé qui avait produit des jeunes avec leurs quatre membres normalement conformés. Maïs plus tard, F. E Schulze (1876), Marie de Chauvin (1883), Zeller (1889) ont observé que des sujets captifs ont pondu des œufs, de #£ à 12 millimètres de diamètre total, et qui mettaient près de trois mois à éclore. La viviparité fut de nouveau signalée par Nussbaum (juin 1907). Ayant conservé en aquarium à parois de verre trois sujets provenant d’Adelsberg, il vit, après plus d'un an de captivité, l’un d’entre eux donner naissance à un seul jeune très maigre et long de 12 cent. 6. Connaissant les observations de ses devanciers, il pensa qu'il s'agissait d’une anomalie due à une action retardatrice de la lumière sur la parturition. En même temps, Kammerer poursuivait à Vienne des obser- vations analogues sur quarante Protées de toutes tailles, ins- tallés depuis décembre‘1903 dans une citerne obscure, où l'eau ne dépassait pas la température de 11 dégrés. Pendant long- temps, les Protées, dont un certain nombre étaient particuliè- rement surveillés, parurent indifférents à toute idée de conju- gaison. Ce n’est qu’en octobre 1905, soit après vingt-deux mois de captivité, que l'observateur vit apparaître, d’une manière inattendue, quelques exemplaires plus petits que les autres; il se demanda si c'étaient des jeunes ou simplement des indi- vidus réduits par la cachexie. Mais en 1906, il vit de très petits Prolées pour lesquels le doute n'était plus possible, car ils avaient une nageoire s'étendant jusque sur le tiers postérieur du dos, et de grands yeux caractéristiques des animaux jeunes. En explorant la citerne qui contenait la plupart des quarante 172 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Protées introduits primitivement, il ne trouva qu'un seul jeune de 12 centimètres de long. Malgré les conslalations qui le portent à admettre la vivipa- rité dans les conditions naturelles de la vie de ces animaux, il ne considère pas la question comme définitivement tranchée, et il pense que la température peut être l’un des facteurs capables de modifier la rapidité du développement; car, dit-il, « la Salamandra maculosa, qui est ovovivipare dans la nature, et aussi en captivité, jusqu'à la température de 22 degrés, devient nettement ovipare si on la maintient à la température de 25 degrés. Les œufs pondus nécessitent alors de neuf à seize jours pour éclore, et les larves qui en sortent n'ont parfois que leurs pattes antérieures ». Si cette dernière expérience, que je me propose de répéter, donne des résultats constants, on s'ex- pliquerait les divergences des auteurs qui ont tous bien observé, en même temps qu'il en résulterait des données pratiques pour l'élevage et l’acclimatation du Protée. Mais il n’en resterait pas moins la difficulté provenant de la longue réflexion quil faut à ces animaux pour pourvoir à leur reproduction. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS II: SECTION. — ORNITHOLOGIE. — AVICULTURE e SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1910. Présidence de M. Magaud d'Aubusson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le passage relatif aux Martinets donne lieu à une observa- tion de M. Magaud d'Aubusson, qui dit que ces Oiseaux dimi- nuent à partir de la fin de juillet et qu'on voit les derniers vers le 10 août. Notre collègue en a aperçu un, le 16 de ce mois, à l'ile d'Oléron, mais c'est là une exception. On se souvient que les communications faites à la séance de novembre avaient été si nombreuses que, pour ne pas envahir tout un numéro du Bulletin, nous avions dû en remettre quel- ques-unes pour un autre procès-verbal. Nous devons donc les faire connaître, avant d'aborder le compte rendu de notre réunion du mois de décembre. A Melun, M. Debreuil, afin de prouver une fois de plus la rusticité du Nandou et son entière acclimatation dans la région, a voulu cette année le laisser pondre et couver sans aucune intervention de l'Homme. Il possédait trois femelles et deux mâles ; il a mis deux femelles avec le plus jeune mâle et une avec le plus vieux. Un mois après la ponte du premier œuf, les deux femelles furent séparées du premier Nandou. Le 16 mai, un jeune fut aperçu sous les plumes du mâle, et quand on eut fait lever ce dernier, on constata qu'il avait couvé vingt œufs, dont quatre étaient clairs et cinq n'étaient pas encore éclos. Sept petits étaient nés et quatre œufs contenaient des poussins morts. Des sept petits, cinq survécurent malgré le froid et les pluies presque continuelles ; on ne s’occupa de la couvée que pour donner de la nourriture et les jeunes ne furent jamais rentrés ni abrités. 174 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION On s’occupa encore moins du deuxième Nandou et de sa femelle. Ils pouvaient se retirer dans un petit bois de Sapins et on ne s'apercut de l’existence d’un nid que dans le courant de juin. Le # juillet, le mâle se promenait avec des jeunes ; on lui retira la femelle et on constata qu'il y avait dix coquilles dans le nid ; on compta également dix petits avec le mâle ; la réus- sile avait donc été complète. Aujourd'hui, tous ces jeunes se portent bien, ils n’ont été l’objet d'aucun soin et ont toujours vécu dehors. Ces observations démontrent d'unemanièrepéremptoire que, s'il vaut mieux surveillerles Nandous pour éviter les accidents, el entre autres pour ne laisser qu'un nombre normal d'œufs, ces Oiseaux sontextrêmement rustiques et se passent foribien, eux et leurs couvées, des soins les plus élémentaires. Si, à la place des Nandous, il s'était agi de Dindes, pas un jeune, dans ces conditions, n'aurait survécu. Il faut cependant ajouter qu’au début d'octobre, M. Debreuil est intervenu auprès de deux jeunes qui allaient probablement mourir. À cette époque de l’année certaines feuilles de Grami- nées (Fétuque, Ray-grass, etc.) se sèchent en partie et devien- nent dures et très résistantes. Les Oiseaux les avalent entières et elles re tardent pas à produire dans Îles intestins des sortes -de longs bouchons très difficiles à évacuer. Les deux jeunes Nandous en question, qui en avaient beaucoup mangé, avaient pu heureusement, après bien desefforts, les expulser en partie, et il fut possible, non sans peine d’ailleurs, de les dégager complètement. Les Oiseaux se rétablirent rapidement, mais il n'en aurait pas été de même si le bouchon était demeuré entièrement dans l'intestin. Pour empêcher cet accident, ïl convient, à l'arrière-saison, de faucher les prairies le plus ras de terre possible et de mettre, avec de la verdure tendre, des graviers et de petits morceaux de plâtre à la disposition des Oiseaux. M. Debreuil communique ensuite le résultat de plusieurs autopsies pratiquées par M. Lucet. Dans la première, il s'agissait d’un Pigeon. Ilavait succombé à une entérite parasitaire causée par une multitude de Tricho- somes, paraissant appartenir au frichosoma Columbæ Bud. Pour essayer de préserver les autres, il faudrait employer la poudre suivante, que l’on peut donner à titre préventif à tous les Oiseaux, au moinsauxjeunes. Elle se compose des mégétaux EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 179 suivants, à parties égales : Semen contra, Fougère mâle, Tanaisie, Armoise, Absinthe, Fenouil, Gingembre et (Gentiane. Une pincée administrée tous les jours dans des pâtées suffira par tête d'Oiseau. Le Thymol en pilules à la dose de 0 gr. 02 pour les Pigeons et 0,06 pour les Poules, réussit encore très bien. Chez des Tinamous, M. Lucet a trouvé des Vers rouges, et, dans l'intestin, des Trichosomes. En somme, c'est toujours la même chose : infection parasitaire due au mauvais temps qui favorise la conservation et le développement des œufs des animaux en queslion, et contamination des lieux d'élevage par les adultes porteurs de quelques parasites sans inconvénients pour eux, mais qui pondent et infestent les parquets. Au mois de juillet, M. Pierre-Amédée Pichot installa ses Colins tous ensemble dans le même parquet, car il était trop tard pour espérer la reproduction d’Oiseaux fraichement importés. Cela faisait un groupe intéressant composé de deux paires de Colins Masséna, une paire de Zonicolins, une paire de Colins Houi du Texas, très différents des Colins Houi ordi- naires. Notre collègue se demandait si tout ce monde-là allait vivre en bonne intelligence, car ils se regardaient d’une manière fort peu aimable et leur mandibule dentelée rend leurs coups de bec cruels, la plume pincée ne pouvant glisser, une fois prise par ces dents de scie. Depuis, les Colins Masséna sont morts; l’un avait une tuber- culose du foie, l’autre des nodosités crayeuses, lisez abcès, dans le thorax. Il serait à désirer que de nouveaux essais soient tentés pour élever ce joli Oiseau. M. Pichot, qui habite Sèvres, va essayer de laisser ses Son- nerat passer l'hiver dans une volière non chauffée, mais bien abritée et exposée au soleil. M. Debreuil communique une lettre, que lui a adressée de Dijon M. Thircuit-Lefrère sur ses élevages de Nandous. En 1908, on avait laissé couver deux œufs au mâle, pendant que la femelle pondait douze œufs, qui furent placés sous le mâle en une seule fois ; puis les deux premiers œufs furent enlevés au mäle et mis sous une Dinde, qui couvait. Or, il arriva que les douze œufs placés sous le Nandou n'étaient pas fécondés ; ceux donnés à la Dinde l’étaient, les deux petits très bien formés et ayant leurs plumes moururent malheureusement dans la coquille, sans avoir pu la rompre. 116 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION En 1909, les œufs pondus furent laissés au Nandou jusqu à concurrence d’une douzaine. Il y euttrois éclosions dans l'espace de dix jours ; puis, le mâle ne voulant plus rester sur le nid, les autres œufs furent brisés, ils renfermaient tous des petits plus ou moins formés. Des trois jeunes, un s'’échappa pendant une nuit, eut froid et mourut au bout de quelques jours ; le second demeura chétif et mourut en novembre. Le seul qui resta est superbe, et, à la date du 27 juillet, mesurait 1 m. 65; c'est cerlainement un mäle, car à plusieurs reprises il a tenté de couvrir la mère. En 1910, six œufs mis de côté ont été placés sous le mäle en une fois, et six autres au fur et à mesure d2 la ponte. Il y a eu cinq éclosions en quaranle-huit heures, mais le père n'a voulu rester sur le nid que par inlermitlences, probablement par préoccupation de ses pelits, et aucune autre éclosion ne se produisit. Le correspondant de M. Debreuil lermine sa lettre par une remarque. D'après lui, chez le Nandou mäle, le plumage noir, qui forme la base du cou, serait beaucoup plus foncé que chez la femelle. Est-ce un fait constant ou isolé ? De Valenciennes, Mi° Alglave écrit que l’an dernier un de ses Nandous mäles, après avoir couvé dix œufs, a conservé, pendant deux mois environ, quatre jeunes. Cette annéeles deux femelles n'ont pas pondu. M!!° Alglavea été plus heureuse avec ses Poules du Japon, dont la couvée a fort bien réussi. M. Wuirion raconte avoir vu, boulevard Haussman, près d'une fenêtre de l'appartement de notre collègue M. Pichot, un nid de Colombins ; on apercoit les petits qui sortent sur le rebord du mur. D'une leltre de M. le D° Millet-Horsin, nous extrayons un passage sur l'Airundo rustica qui, chaque anpée, laisserait quelques individus dans l’oasis de Gabès, où ils passentl'hiver, ef un autre constatant le retour de l'Autruche en Tunisie, grâce à l'établissement fondé à Kebili par M. le colonel Pujade, ancien commandant du Territoire du Sud. Plus près de nous, à la Roche-sur-Yon, M. Plocq a constaté que cette année, en dépit d'observalions qui auraient pu être faites ailleurs, les premières Hirondelles sont arrivées dans cette localité comme d'habitude. D’après lui, les Hirondelles de fenétrearrivent ordinairementavecles Hirondelles de cheminée, ou seulement quelques jours après elles ; cette année, au con- ? EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 177 traire, il s’est écoulé plus d’un mois avant l’arrivée de l'Hiron- delle de fenêtre. Du reste, tous les autres Oiseaux ont eu aussi un retard d’une bonne quinzaine, mais, malgré cela, quelques- uns sont arrivés aux dates habituelles, mais quelques-uns seu- lement. En 1910, les Martinets ont été enretard de près de trois semaines et on les voyait remonter en plein jour par petits groupes d’une dizaine tout comme les Hirondelles. Ces dernières ont niché beaucoup plus tard que de coutume. Certaines étaient arrivées depuis un mois qui n'avaient passongé à faireleur nid, c'est pour cela que les nichées ont été si en retard ; ces irrégu- larités sont dues au mauvais temps. Habituellement, les nids contiennent des jeunes Hirondelles à la Pentecôte ; si cette année cette fête eut été très tardive, il n’y en aurait pas eu. Voilà déjà un procès-verbal bien long, et nous n'avons pas encore parlé de la séance de décembre; il est temps de l’aborder. Le 8 novembre, M. Rigoreau, chargé d’affaires de France au Centre-Amérique, voulait bien communiquer à M. Debreuil une lettre de M. H. Maillet, qui habite Saranzana, dans l’inté- rieur du Guatémala. Il disait qu'ayant parlé longuement des Dindons ocellés avec ses Indiens, ceux-ci ont répondu qu'ils connaissent un Oiseau qui semble de la même race et a le plumage jaune et rouge. Les « huleros », ou cultivateurs de caoutchouc, en avaient du reste rapporté un spécimen, qui est mort peu de jours après son arrivée dans la basse-cour de M. H. Maillet. Ce dernier priait M. Rigoreau de lui envoyer le dessin colorié qu'il Lui avait montré, afin de le faire voir à son tour, et pour pouvoir mieux identifier ledit animal. M. Rigo- reau a satisfait à cette demande le 24 octobre. La question des Oiseaux lumineux intéresse, et cela se com- prend, vu son étrangeté, nos correspondants. Elle ne pouvait laisser indifférent M. Rollinat, toujours à l'affût de ce qui a rapport à la zoologie; aussi nous envoie-t-il une note sur ce sujet. Le 8 août 1910, à onze heures du soir, M. Guérinet, d’Argenton, revenait de Chäteauroux et causait avec un employé du télégraphe, sur la place Saint-Amand, près de la gare, lors- qu'il entendit de nombreux cris d'Oiseaux. Arrivés près du bureau de poste, situé à 50 ou 60 mètres de là, les deux inter- locuteurs constatèrent que les cris flütés, ressemblant, en plus faible et en plus prolongé, à celui de l'animal appelé en patois _ T'urlu, et qui n’est autre que l’Ædicnemus crepitans, se fai- BULL. SOC. NAT. ACCL- FR. 1911, — 12 178 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION saient de plus en plus nombreux. Il était évident qu'une forte troupe d'Oiseaux en migration évoluait au-dessus d'eux, sans doute retenue par la lumière d'une vingtaine de lampes à arc fonctionnant en ce moment dans la gare. La lune n'éclairait pas, le temps était extrêmement sombre, et même il tombait quelques gouttes d'eau. Tout à coup un Oiseau lumineux répandant une lueur blan- châtre, phosphorescente, presque analogue à celle du Ver luisant, apparut à environ 100 mètres de hauteur, puis un autre, puis un autre encore. Ces Oiseaux, de la grosseur appa- rente d’un très gros Pigeon, étaient extrêmement lumineux et on voyait parfaitement leur corps, leurs ailes, leur queue. Ils tournoyaient au-dessus de la rue qui conduit de la place d'Armes à la gare, étaient aussi brillants lorsqu'ils s’éloi- gnaient de l'emplacement de la gare que lorsqu'ils s’en rappro- chaient, et il était évident qu'ils ne réfléchissaient pas la lueur des lampes à arc, mais étaient brillants par eux-mêmes: Du resle, trois Oiseaux seulement, sur le grand nombre de ceux qui évoluaient au-dessus de la ville éclairée à l’électricité, mais pas par des lampes à arc, étaient seuls visibles, parce qu'ils étaient phosphorescents, et non à plumage blanc parmi d'autres normalement colorés. La troupe resta longtemps au-dessus d'Argenton. Quelques habitants, même couchés, entendaient leurs cris; plusieurs personnes, dont un employé de la gare, constatèrent la présence des trois sujets lumineux. La troupe semblait venir du nord et aller vers le sud, car c'est dans cette direction que le bruit cessa. M. Guérinet et l'employé du télégraphe eurent l’idée d’aller prévenir M. Rollinat et il est bien regrettable qu'ils ne l'aient pas mise à exécution. Mais dès le iendemain, M. Gué- rinet, très étonné de ce qu'il avait vu, fit part à notre collègue de ses observations, et ce dernier interrogea l'employé, qui les confirma. Plusieurs personnes dirent aussi avoir entendu les cris, même de leur chambre, et un employé de la gare affirma avoir vu les Oiseaux, lui et d’autres individus. ; La luminosité des Oiseaux est connue, mais le fait rapporté dans la communication de M. Rollinat est particulièrement intéressant, car jusqu'ici, elle n'avait été constatée que chez le Strix flammea, espèce qui habite souvent les arbres creux, dont l'intérieur se décompose et où se développent les moisissures phosphorescentes dont leurs plumes finissent par être garnies, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 179 de sorte que ces rapaces nocturnes, sortant pendant la nuit, émettent une assez vive lumière. À quelle espèce pouvaient appartenir les migrateurs qui évo- luaient sur Argenton dans la nuit du 8 au 9 août? Ces Oiseaux ne pouvaient être des Effrayes, car ces animaux ne voyagent pas en troupes nombreuses et n'ont pas le cri entendu. Vus à environ 100 mètres de hauteur, ils avaient l'apparence d’un très gros Pigeon; ils étaient donc plus gros en réalité. Peut- être étaient-ils des Moyens Ducs, Strigidés qui voyagent en troupes assez nombreuses, mais n'atteignent pas cependant, à beaucoup près, des centaines d'individus. De plus, ce n’est guère qu'au début du printemps, mais surtout en automne et aussi en hiver, qu'on rencontre de petites troupes de cette espèce. Il est vrai toutefois que cette année, par suite des pluies continuelles, ce qu’on appelle d'ordinaire la belle saison a ressemblé plus à l'automne qu'à l'été. Il faudrait donc sup- poser que les Moyens Ducs étaient déjà en bandes, que plusieurs de ces bandes se suivaient et s’entremélèrent au-dessus d'Ar- genton, et que quelques individus les composant se seraient introduits, et même auraient peut-être séjourné dans des arbres creux phosphorescents. Les pluies avaient détruit la plus grande partie des petits Rongeurs, Campagnols et Mulots, qui composent d'ordinaire la nourriture de la plupart des Rapaces nocturnes, et peut-être les Moyens Ducs émigraient- ils déjà vers des contrées moins éprouvées par les intempéries. Chaque Rapace nocturne à plusieurs cris, et le Moyen Duc émetparfois des sons un peu flûtés. Telle est l’explication qui semble la plus plausible. * En zoologiste consciencieux qu’il est, M. Rollinat donne pour ce qu'il vaut le récit qu'on vient de lire; c'est sage, mais ces détails sont si précis qu'ils présentent un grand cachet de vérité, et c'est pourquoi nous les avons rapportés, pensant qu ils seront jugés curieux par tous ceux qu’intéresse la ques- tion des Oiseaux lumineux. M. Ménegaux dit qu'on a observé des Hérons lumineux. M. Lucet a autopsié un Jeune Nandou appartenant à M. De- breuil. Toujours, hélas! les mêmes constatations : entérite et lésions, présence abondante de parasites. Il est mis sous les yeux de la Section la photographie d'une mangeoire destinée à être placée dans les bois, les pares ou les jardins, et dans laquelle les Merles, les Fauveltes, voire 189 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION même les Écureuils, viennent chercher leur nourriture. C’est, du reste, le modèle des Sociétés allemandes de protection. M. Debreuil a eu l'idée de rechercher quelle est la tempéra- ture du cloaque chez le Casoar, et il a trouvé 37°7. Cette con- statation est intéressante pour le cas où l'on voudrait faire éclore les œufs dans une couveuse. M. Louis Bureau, le savant ornithologiste, directeur du Musée d'Histoire naturelle de Nantes, a fait une excursion dans les marais de la Vendée, où s'était établie une petite colonie d'Échasses. Un mâle a été tué et quatre jeunes ont élé capturés. Il ne faut pas, du reste, trop s'étonner de cetle sta- tion accidentelle; l’Échasse est coutumière du fait qui n'en demeure pas moins fort intéressant. M. Magaud d’Aubusson dit à ce sujet que, dans la baie de la Somme, l'Échasse était autrefois beaucoup plus commune qu'aujourd'hui; elle portait même un nom spécial dans le patois du pays, où on l'appelle encore la Gambade. Il en fut tué un couple vers 1895; un autre, plus tard, dans la baie d'Authie, où, sans cela, il aurait pu certainement nicher. M. de Lamotte a observé, en 1849, la nidification de l'Échasse blanche dans les dunes de Picardie. Notre Président a trouvé sur les ilots de la côte, près de Paramé, des nids de Goelands argentés, d'Huitriers pie. et, pour la première fois, celui du Thalassidrome-tempête, qui babitait un trou sur l'ilot du Grand-Chevreuil, et dans lequel il reposait sur le rocher absolument nu. L'Oiseau capturé ne se défendait nullement et semblait absolument abruti, fait déjà observé chez le Pétrel glacial. * M. Bureau, à qui M. Magaud d'Aubusson avait communiqué cette découverte, lui dit que le Thalassidrome-tempète est assez répandu sur les côtes de Brelagne, aussi bien du côté de la Manche que du côté de l'Océan. Il y niche sur un grand nombre d'ilots rocheux et ne pond qu'un seul œuf facile à découvrir par l'odeur de la mère et de son produit. On sait que M. Louis Bureau a entrepris un travail des plus intéressants sur la manière de déterminer l’âge des Perdrix. Le 14 septembre, il écrivait à M. Magaud d'Aubusson une lettre dont nous extrayons les lignes suivantes : « Pour la Perdrix grise, la vérification est déjà faite jusqu’au cinquante-cinquième jour sur des Perdreaux dont la date d'éclosion est exactement connue. Jusqu'ici mon tableau AN : Dr SF Re JE TU RTE sa 3 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 184 dressé à la chasse sur des Perdreaux, dont je ne connaissais pas l’âge, est d’une étonnante précision. Les Perdreaux gris achèvent leur mue à cent dix jours; c'est donc une période de cinquante-cinq jours qui reste à vérifier. J'espère v arriver, car le plus difficile est fait. » M. Caucurte nous communique également deux lettres qu'il a recues de M. Bureau sur le même sujet, ainsi qu'une bro- chure intitulée : « Note préliminaire sur l'âge des Perdrix ». On comprend qu'il uous est absolument impossible de nous étendre plus longuement, car l'analyse serait difficile; ce qu’il faudrait, c'est une reproduction complète, que ne comporte pas le cadre de ce procès-verbal. Contentons-nous donc de dire que la lecture des pages de M. L. Bureau fait naïlre le désir de voir bientôt paraître son travail au complet. M. Caucurte cite un fait fort curieux. Au mois d'août dernier le Corriere delle Pugli', de Bari, constatait que depuis deux mois les Oiseaux avaient disparu de la région des Pouilies, et cette disparition avait été contemporaine de l'apparition du choléra. En 1884, pendant la grande épidémie du choléra de Naples, un phénomène identique s'était produit dans la région du Vésuve. M. Chappellier dépose sur le bureau la traduction qu'il a bien voulu faire des « Instructions destinées aux observations des stations ornithologiques en Bosnie et Herzégovine », travail que nous signalions dans le procès-verbal de la séance de novembre. M. Magaud d’Aubusson met sous les yeux de ses collègues une aquarelle de M. de Chapel, représentant une femelle de Dendrocygne, tuée aux environs d’Aigues-Mortes, et actuelle- ment au Muséum de Nîmes. Il paraît qu'un mâle aurait élé tué dans la même région et mangé par le chasseur ignorant. Cet Oiseau habite Java, le haut Nil, le Kordofan. M. Ménegaux se demande s’il ne serait pas arrivé en France avec une bande de Canards. M. Ch. Rivière fait une communication verbale sur les Autruches en Algérie. Il insiste particulièrement sur la clima- tologie de ce pays, où il y a des variations de température énormes, et où, à la mi-avril, le sol est sur les-plateaux cou- vert de neige. À Hambourg, où l'Autruche réussit, ces varia- tions n’existent pas. Notre collègue parle de l'élevage de l’Autruche en Amérique, particulièrement en Californie et dans QE 182 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION l'Arizona, où il existe des troupeaux très considérables. A mettre en parallèle ce qui s’est passé dans notre colonie afri- caine. Quand le général Margueritte eut dépeuplé toute la région sabarienne, il restait au Jardin d'essai du Hamma des Autruehes de l'espèce de Barbarie; M. Ch. Rivière les offrit au gouvernement. Savez-vous ce que répondit celui-ei? Il accepta à la condition que notre collègue ajouterait 1.500 francs. La France, malgré tous nos impôts, n'était pas assez riche pour payer le transport. C’est assez triste et assez éloquent pour qu'il n'y ait rien à ajouter. Il est procédé, au terme du règlement, à l'élection du Bureau pour l’année 1914. Sont élus : MM. Magaud d'Aubusson, président. Ménegaux, vice-président. Le comte d'Orfeuille, secrétaire. Wuirion, déléqué à la commission des récompenses. Le Secrétaire, COMTE D'OURFEUILLE. IIIe SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1910 Présidence de M. Raveret-Wattel, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. La Seclion procède au renouvellement de son bureau pour 1911. Sont élus à l’unanimité : MM. Raveret-Watel, président. J. Pellegrin, vice président. H. Bruyère, secrétaire. M. Dagry, secrélaire-adjoint. J. Pellegrin, déléqué aux récompenses. M. le Président donne connaissance à la Seclion d’une note de M. Paris sur un essai d’incubation artificielle et d'élevage des Ecrevisses. Des échantillons, conservés dans l'alcool, per- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 483 mettent de constater la transformation qui s’est opérée chez les jeunes sujets depuis leur éclosion jusqu'à l’âge de deux mois. Cet article paraîtra in extenso dans le Bulletin. Il est regrettable que notre collègue n’ait pu prolonger cette expérience, afin de pouvoir arriver à faire dépasser aux jeunes Ecrevisses l’âge critique. M. Cler avait déjà poursuivi le même but, mais il n’a pas pu empêcher ces Crustacés de se manger entre eux, et il a aban- donné l'expérience, pensant que ce ne pouvait avoir aucun intérêt pratique. Il n'est malheureusement pas suffisant d'ar- river à obtenir l’éclosion des œufs et d'élever de tous jeunes sujets, il faudrait pouvoir en poursuivre l'élevage jusqu’à l’âge où ces Crustacés ont une valeur commerciale. M. le Président explique comment il est arrivé à détacher les œufs de l'abdomen des femelles ; les Ecrevisses possèdent des fausses pattes et les œufs restent fixés à ces attaches tem- poraires. Avec une petite pince, on arrache ces œufs qui viennent très bien, mais il est bon de dire que souvent, dans ce cas, la femelle est sacrifiée. Cependant, on peut arriver à les détacher comme le font les Américains et, de cette facon, l’Ecrevisse femelle n’est pas blessée. il en est de même de l’incubation artificielle et de l'élevage du Turbot; on arrive aussi à mener ces jeunes Poissons jusqu'à un âge critique; mais, au lieu de tenter cet élevage depuis l'œuf jusqu’à l’âge de quelques mois sans en tirer aucun profit, ne pourrait-on pas prendre de jeunes Poissons venus naturel- lement, ayant dépassé cet âge critique, et que l’on rencontre sur les plages par milliers, pour lesquels on n’aurait plus rien à redouter, et dont l'élevage deviendrait alors productif et rémunérateur? Il conviendrait également de prohiber la vente de milliers de petits Turbots ayant environ 8 centimètres de longueur; e’est là un massacre fort inutile et l’on épuise de cette façon les réserves naturelles que nous possédons sur notre littoral. Si la venle de ces petits Poissons sur nos marchés était rendue impossible, les pêcheurs rejetteraient à la mer tout ce fretin qui pourrait, par la suite, augmenter la richesse de nos pêche- ries côtières. Le Secrétaire, G. DAGRrY. t1: MAR ES 7 3 NEA RE 27 7 k x + 184 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION IV: SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1910. Présidence de M. Clément, président. M. de Chapel adresse à la Section une petite boîte conte- nant des Pucerons vivants sur des Coleus. Ces Insectes se rapprochent beaucoup du Puceron de l'Orlie, ils présentent les mêmes sécrétions fuligineuses, mais ils sont de plus petite taille. Ils appartiennent très vraisemblablement au genre Orthezia. » M. Debreuil a observé également sur des plants de Coleus une grande abondance de ces Pucerons, qui se reproduisent d'ailleurs avec rapidité. M. Ch. Rivière expose les observations quil a faites sur le Neiroun de l'Olivier, puis lit une communication sur l'An- tonia du Cyperus rotundus. Ces travaux seront insérés in extenso au Bulletin. Au sujet de la communication de M. Rivière sur le Neiroun, M. Le Fort parle d’un moyen de défense employé sur des Sapins. Il s’agit d’un trait de scie circulaire d'environ 1 centi- mètre de large, fait à 0 50 du pied, qui arrêterait les Insectes. M. Rivière pense que cette incision circulaire ne serait pas favorable à l'Olivier. Il en résulierait, en effet, un bourgeon- nement à la base, ce que l'on cherche à éviter. D'autre part, le Neiroun s'attaque aux rameaux de 1° 50 à 2 mètres et non à la base. Cet Insecte, connu depuis la plus haute antiquité, ne détruil pas les arbres. mais il endommage la produclion en détruisant les rameaux porteurs d’olivettes. Il paraissait autre- fois être inoffensif sur les vieux Oliviers. Actuellement. on observe tous les trois ans une bonne récolte, suivie d'une L1auvaise et d'une autre nulle. MM. A. Bonnet, A.-L. Clément et Maurice Royer présentent pour faire partie de la Société : M°° J. Bonifay, 55 bis, boule- vard Pereire à Paris, et château du Peuch, Plazac, Dordogne. Cette demande d'adhésion sera remise au Conseil. La Section procède conformément au règlement, à l'élection de son bureau : EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 185 Elle renouvelle par acclamation les pouvoirs du bureau sortant : Président : M. M. Clément. Vice-président : Professeur P. Marchal. Secrétaire : D' Maurice Royer. Déléqué aux récompenses : Professeur P. Marchal. Le Secrélaire, D' MacricE RoYEr. Ve SECTION. — BOTANIQUE. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1910 Présidence de M. D. Bois, Président, Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, qui est ensuite adopté. M. le président fait part d’une lettre de M. Jules Poisson, vice-président de la Section de Botanique, remerciant les membres de la Section du témoignage de sympathie qu'ils lui ont témoigné à l’occasion de la perte cruelle de son fils, Eugène Poisson. « Bien que mon fils ne füt pas membre de la Société, nous ne pouvons oublier qu’elle a eu la générosité de l'honorer d'une médaille d'argent en 1905. Pour Eugène Poisson, cette récom- pense fut un encouragement au travail, et il fit tous ses efforts pour justifier cette distinction. « Hélas, il fut victime de satrop grande activité. Il avait amené la production du coton, indépendamment d'autres cultures entreprises au Dahomey, au chiffre, inconnu dans cette colonie, de 130 tonnes rendues au Havre en 1909. Mais il était épuisé par des efforts de huit années dans une contrée où le surme- nage est dangereux et une insuffisance de personnel évidente. La maladie, qui l'avait terriblement éprouvé et averti en au- tomne de l’année dernière, ne put abattre son courage. Il con- sidérait comme un devoir impérieux pour lui de reprendre la campagne nouvelle et de ne pas abandonner son œuvre gran- dissante, malgré les conseils des médecins et les craintes jus- tifiées de sa famille. » st 24 fe ÉTÉ M'TrLET IN RATÉ CR 1 ' « 186 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION La correspondance comprend aussi une leltre de M. E. Mézin, membre de la Société, qui a remarqué au cours d'une prome- nade « un Cerisier, donnant des fruits en grappes de cinq ou six fruits de grosseur moyenne ». Il s'agit très probablement du Cerasus Padus, dont l'un des noms vulgaires est Cerisier à grappes. M. Bois fait part ensuite d'un projet de visite d'une cham- pignonnière à Issy, route des Moulineaux, dans laquelle, dit-il, des essais très curieux ont été réalisés; il indiquera, à une séance ultérieure, à quelle date cette visite pourra avoir lieu, d'accord avec le propriétaire. M. le président communique le Bulletin des renseignements agricoles et des maladies agricoles publié par l'Institut inter- national d'Agriculture et signale l'intérêt que cette publication peut avoir pour nos collègues: elle sera demandée en échange du Bulletin de la Société. Il signale aussi la publication de M. R. de Noter : Le Rensei- gnement agricole et horticole, revue mensuelle illustrée des nouveautés et des cultures modernes, dont le n° 6 (décembre 1910) est déposé sur le bureau. M. Debreuil communique une pholographie du Cèdre de Martigny-Lencoup (Seine-et-Marne), planté par Bernard de Jussieu, en 1734, dans le parc de M. Trudaine, et qui mesure 8=90 de circonférence de tronc à 1 mètre du sol, une hauteur de 32 mètres, et couvre 1.000 mètres de superficie avec sa ramure. La Section, sur la proposition de son président, s'occupe ensuite du choix des candidats à présenter pour leur travaux à la Commission des récompenses de la Sociélé. La parole est ensuite donnée à M. Ch. Rivière, qui fait une série de communications, dont quelques-unes figureront au Bulletin avec développement, mais, en attendant, il les résume textuellement et très brièvement ainsi : « L'Orange américaine. Washington navel, ons il présente des échantillons, n’estqu'une vieille variété connue danslebassin méditerranéen. On a introduit depuis quelques années cet Oranger prétendu nouveau en Algérie, où il ne se signale pas par ses qualités. I} est toujours imprudent de prédire des résultats écono- miques avant une longue expérience du sujet mis en observa- tion, et M. Rivière en trouve encore la preuve dans les décep- tions que donneraient les résultats de la culture des deux Ro- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 187 siers dits Aose de l'Hay et Roseraie de l'Hay, qui ont été l’objet de rapports favorables publiés par le Ministère de l'Agriculture. M. Rivière cite à ce sujet qu'il a fait plusieurs milliers de plants de la Æose de l’Hay qui ont été mis en culture par un colon, distillateur de la Mitidja (Algérie), dans le but d’en obtenir l'essence de Rose. Or, à la troisième année de planta- tion, le produit de 3.000 kilogrammes de pétales a été absolu- ment nul, et l'opérateur, M. Picimbono, maire de Rovigo, se dispose à détruire cette plantation stérile. : Sur le même sujet, M. Rivière a consulté un autre planteur, M. Cazin, maire de Cour-Cheverny (Loir-et-Cher), et ancien pharmacien, qui lui a déclaré que le Rosier Roseraie de l'Hay ne lui avait donné qu'un rendement insignifiant, 130 grammes d'essence pour 480 kilogrammes de pétales, et encore ce pro- duit manque-t-il de finesse. La floraison de ces deux Rosiers est très abondante en Algé- rie, mais M. Rivière constate, encore une fois, qu’il n’y a pas toujours de relations entre le parfum et sa fixation, notamment dans les Roses. Une touffe de Ramie, Urtica nivea, a présenté done les cul- tures du Jardin d'Essai d'Alger des feuilles de très grandes dimensions, puisque quelques-unes qui sont soumises à l’exa- men de la Section ont 25 centimètres de longueur sur 20 centi- mètres de largeur. Ce tvpe est multiplié actuellement par bou- turage et éclat de souche. L'an dernier, M. Rivière avait montré en séance une photo- graphie d'un Pritchardia filifera (Washingtonia), qui portait sur une grande partie de sa base des racines adventives. Ce curieux spécimen se trouve à Tunis. M. Rivière a été le voir et a reconnu que ces racines adventives, serrées el très courtes, étaient émises sur un parcours de 180. Cetie anomalie s’expli- querait par une influence spéciale de milieu, car ce Palmier, haut d’une dizaine de mètres, se trouve enserré dans la cour mauresque d'un établissement de bains et soumis aux effluves constantes de vapeur d’eau. Une autre photographie représente le beau /ubæa spectabilis, qui domine le lac Majeur dans Isola Madre, dans la région alpine. Ce magnifique Palmier a 12 mètres de haut et 3"93 de circonférence au niveau du sol. A ce sujet, M. Rivière rappelle Jes dimensions des principaux exemplaires connus en Europe et en Algérie et la perte d’un des plus gros dans ces dernières 488 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION années, celui de la villa Thuret, à Antibes, qui a péri par le froid, en même temps que celui de l'établissement horticole de Rovelli Fratelli à Palianza élait fortement endommagé et main- tenant en complet dépérissement. . Au Jardin d'Essai d'Alger subsistent quelques remarquables exemplaires, ainsi qu'à Lisbonne, mais le fait climatérique intéressant réside dans les dimensions colossales du Jubæa du lac Majeur, semé en 1858. Pour continuer la description des principaux végétaux de cette région, notamment de ses iles, qui sont cependant domi- nées par des altitudes avec neiges éternelles, M. Rivière, sans revenir sur le cachet de végétation tropicale que donnent aux pays différentes formes, comme les Musa japonica, Chamaærops excelsa et divers Bambous, etc., cite quelques arbres de dimen- sions gigantesques, Quercus rubra, Mirbeckii, Ilex; Ceratonia siliqua, des Camphriers énormes au feuillage très vert et odo- riférant ; de grands £ucalyptus globulus, rostrata, amygdalina, viminalis, populifolia, etc. Quelques autres espèces australiennes sont véritablement remarquables comme développement, notamment l'Acacia dealbata qui se couvre d’une abondante floraison, ainsi que l'A. cullr'formis. Les Conifères du Mexique sont d'une vigueur peu commune et l'on en trouve une belle collection dans l'établissement de M. Rovelli, à Pallanza. Quelques Pinus canariensis el longifolia présentent des sujets gigantesques. | Les Araucariées, en plus de leur haute taille, sont d'une ver- deur absolument remarquable. À. imbricata, mais notamment l'A. brasiliensis, au feuillage très brillant : on sait que ce der- nier est moins beau dans la région méditerranéenne et surtout en Algérie. Dans les iles, où le climat est plus tempéré, on voit de nom- breux exemplaires de Dracæna indivisa, Brahea Roezli, Cocos Yataïi, Washinglonia filifera, Chamærops humilis, Agave sal- miana gigantesque, Opuntia divers, etc., puis Camellia, Rhodo- dendron, Azalea divers, etc., ces dernières plantes en arbres ou en gros buissons aux merveilleuses floraisons. On ne peut tout citer dans ce court exposé, mais M. Rivière insiste tout particulièrement sur l'intérêt que présenterait une EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 189 sérieuse étude au point de vue-climatologique de cette région située en plein milieu alpin. Le Zecoma grandiflura, dont la floraison est merveilleuse pendant l'été dans les régions les plus tempérées de l'Europe, a rarement des graines. M. Rivière a reconnu quil n'y avait pas concordance de développement entre les organes repro- ducteurs : le pistil est retardataire. Mais du pollen conservé et appliqué sur le stigmate en temps opportun a permis de cons- tater que les deux lèvres du stigmate sont contracliles et que la fécondation peut être facilement obtenue. Des graines résultant de cette fécondation sont soumises à l'examen de la Section. Egalement celles du Pignonia jasmi- noides obtenues par fécondation artificielle. D’avtres renseignements sont fournis sur ce suJet. Les Raphiolepis (Rosacées\ sont de lrès beaux arbrisseaux à abondante floraison dans le climat méditerranéen. Un croisement, fait au Jardin d’Essai d'Alger, entre le R. indica et le R. ovala, à donné un type particulier à grandes fleurs de teinte rosée. Le fruit de cet hybride est de forme intermédiaire entre les deux espèces. Greffé sur R. ovata, le R. indica reste de végétalion réduite. L'an dernier M. Rivière avait entrelenu la Section des expé- riences qu'il avait entreprises dans le Jura avec les races de Maïs de M. Blaringhen, mais les mauvaises conditions météo- riques de cette année ne lui ont pas permis d'arriver à des résultats bien concluants. La race androgyna à représenté ce type huit fois sur vingt, mais elle se trouve assez communément dans les cuitures du pays et M. Rivière en présente un bel échantillon. La race de « Pensylvanie » reste intéressante et, à Alger, elle se comporte bien. Une variation de la race du Jura tend à constituer de gros épis aplatis, souvent élargis au sommet. Cetle hypertrophie, d'après l'échantillon étudié, paraît être due à la bifurcation de l'axe plutôt qu’à la soudure de deux épis. Cette race, semée depuis quelques années par notre confrère, semble prendre une cerlaine fixité. Il conclut encore une fois de ces expé- riences que le Maïs à une tendance innée à varier et qu il con- viendrait mieux de choisir d’autres plantes pour démontrer l’action de l’homme sur la modification des espèces ou sur la création de nouvelles. PR RS D ed Que air de | Ch hr dé LA CARRANNE E 2 | gr: É ] sd . % Ÿ re î pe le - 190 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Le Sorgho, Sorghum vulgare, cultivé avec le Maïs dans le Jura, a encore démontré à notre confrère que cette première plante réclamait beaucoup plus de chaleur que la seconde et arrivait à peine à former des inflorescences, tandis que le Maïs était en pleine maturité. Le Néflier du Japon ou Bibassier est un arbrisseau rus!ique que l'on rencontre très vert, vigoureux et fructifère jusque sur les bords des lacs de l'Italie du nord. Les fruits malheureuse- ment voyagent mal. Depuis quelques années, on a fixé par la greffe quelques variétés intéressantes par la forme et la grosseur de leurs ” fruits, mais quand on voit toutes ces fructifications dans le bassin méditerranéen, sur le littoral algérien, en Espagne, dans l'Italie méridionale, etc., on se demande, en présence de l’äge d'arbres qui ont au moins une trentaine d'années, quels ont été les vrais centres d'amélioration de cette espèce. Dans la région d'Alger, grâce aux efforts de Liautaud, Delorme, Degron, qui remontent déjà à près de quarante ans, ce Néflier a été amélioré, mais ce que l'on constate ailleurs démontre qu'il y a eu plusieurs centres d'amélioration. Cet arbre est très fruclifère, mais cette Nèfle supporte mal le transport, ou perd bientôt ses qualités, ce qui réduit en ce moment l'extension de sa plantation, aussi doit-on considérer comme un conseil au moins imprudent, de remplacer par le Néflier les Vignes détruites en Algérie par le phylloxéra. Faire une sorte de cidre avec les fruits ou les distiller, ce n'est qu'une fantaisie d'amateur fortuné, mais non une opéra- tion d'ordre pratique. À Java, on se préoccupe beaucoup de la culture de ce Néflier, de végétation médiocre aux faibles altitudes, mais qui se plaît mieux dans les régions hautes. M. Wigman, qui s'occupe prin- cipalement d'arboriculture fruilière au Jardin botanique de Buiteuzorg, fut vivement intéressé lors de sa visite au Jardin d'Essai, au printemps dernier, par quelques variétés que M. Ri- vière put lui faire apprécier. Il s'intéressa également à diverses variétés d'Avocatiers, et au Machilus qui leur sert de porte- grefle. On prépara alors au Jardin d'Essai d'Alger de très petits sujets greffés de ces diverses plantes capables de supporter le long trajet d'Alger à Java. Le Sterculia acerifolia, arbre dont la floraison est encore EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 191 très rare dans nos régions, à fleuri au Hamma pendant l'été, floraison merveilleuse en panicules rouge -brique, éclatante au soleil et qui se produit avant la foliaison. L'arbre s’est couvert d’une abondante fructification. La même plante paraît avoir été décrite en 1903 dans la Revue horticole. Le greffage en plein air de divers Chorisia sur le Ch. speciosa, pris comme sujet, continue à donner de bons résultats et les plantes sont vigoureuses el florifères, tels sont les Ch. insignis, Lhommer, specrosa, inermis. Malheureusement, les greffages d’£riodendron sur Chorisia qui s'étaient maintenus pendant deux ans, ont brusquement fléchi, sauf cependant le Ceiba Bailloniana, qui résiste encore. Ces essais de greffage ne sont pas seulement intéressants au point de vue botanique ou horticole, mais ils peuvent avoir un résultat pratique en ce sens qu'ils indiquent que l’on peut greffer sur certains sujets des espèces de valeur comme celles dont M. Labroy nous montrait des produits soyeux, sortes de Kapok. me Les Chorisia speciosa et insignis, continue M. Rivière, ont leur écorce revêtue d’épines très serrées les unes contre les autres ; ces épines sont coniques, à large base, très acérées au sommet et rendent la plante absolument inabordable. Cepen- dant, il y a une trentaine d'années, à la première fructification d’un Chorisia speciosa, le semis révéla quelques sujets inermes, qui ont conservé depuis ce caractère. Ge fait est intéressant, en ce sens que cette première fructification d'un arbre, dont l’es- pèce ne semble jamais avoir été soumise à la culture, accuse de suite une telle variation d'un de ses caractères les plus apparents ; il est regrettable que la culture, le greffage, le bou- turage, l'hybridation, le semis, etc., n'aient pas eu la même action sur le Rosier qui reste une plante agressive. M. Rivière donne ensuite quelques observations sur le ren- flement du tronc de certains Pombax. L'an dernier, notre collègue nous avait entretenus de ses observations géothermiques qui avaient pour but de déterminer si, en été, et surtout dans les pays chauds, il convenait d’arroser en plein soleil, en d’autres termes si, comme on le prétend, au contact de la pluie ou de l’eau d’arrosage, une terre échauffée par le soleil dégage un nombre de calories suffisantes pour nuire aux végétaux ? Dans une série de tableaux résumant les observations de 192 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1909 et de 1910 quil a faites à Alger et en France, dans des tranches de terre épaisses de 10 centimètres et de diverses natures, M. Rivière conclut que si au contact de l’eau il yaun dégagement de chaleur, qui cependant ne se produit pas tou- jours. celte élévation de température du sol n'est pas assez forte et prolongée pour altérer des plantes même tendres et Jeunes. D'abord, le dégagement de la chaleur est fagace, souvent peu saisissable, se produisant au premier contact de l'eau avec la terre, puis la température s'abaisse brusquement pour ne plus se relever dans la journée au degré initial qu'elle avait avant l'arrosage. IL est vrai que, théoriquement, en laboratoire, une terre des- séchée à l'étave, surtout si elle est argileuse ou humique, dégage au contact de l’eau un certain nombre de calories, mais une terre de culture n'est jamais exempte d'humidité etle phénomène est tout autre. M. Rivière cite un grand nombrede cas particuliers, mais il conclut que, dans l’arrosage en plein soleil, la terre est soumise à des réactions physico-chimiques et plutôt physiques variant avec sa nature et son degré d'humidité. La Section de Botanique remercie bien vivement M. Rivière des indications si variées qu'il vient d'apporter sur un grand nombre de points qui intéressent, les uns, particulièrement la culture et l’acclimatation en Algérie et, les autres, la culture en général. Il est ensuite procédé au renouvellement du bureau de la section, qui est maintenu par acclamation : Président : M. Bois. Vice-président : M. J. Poisson. Secrétaire : M. Gérome. Déléqué aux récompenses : M. Bois. M. Bois, en son nom et au nom du bureau, remercie les membres de la Section de Botanique du témoignage d'estime qu'ils viennent de lui donner, ainsi qu'à ses collaborateurs. Le Secrélaire de la section, J. GÉROME. Le Gérant : À. MaARETREUx. Peris. — L. MARETREUX, imprimeur, {, rue Cassette. * Graines d'Anssrine, offertes par NE | M1 LM. NREYNIER (d'Aix) et GUILLOGHON (de Tunis). Te OFFRES urs de dessin, peinture et Sculpture d'après animaux vivants en plein air et en atelier, 8, rue de là Barouillère (rue de Sèvres, près le boulevard du Montparnasse), Paris, 6°. lanc sélectionné, type Gätinais Club Français, ace pratique par excellence, pour tout usage : iver et coquelets, 6 fr. 50 pièce; 60 fr. les 10; s'inscrire. DE SAINVILLE, membre du. Gâtinais-Club, Saint-Germain-des-Prés (Loiret). 06 } hottes faisanes des bois, ayant servi à la - ponte, 6 francs pièce. ALBERTIN, faisanderie Louveciennes (Seine- t-Oise). re réblaur de propriété boisée, connaît l'amé- nagément, l'exploitation mécanique des bois. ec la- pisciculture. cu COLETTE, RE (Saône-et-Loire). comparables pour l'hiver. Sujets de 4 mois. 2 fr. 50 et 3 francs selon choix. ra de 10.000 Poulettes Cnndacde pondeuses in- M. MEZIN, à Saint-Jean-du-Gard. hèvres sélectionnées du Poitou, excellentes lai- … tières, élevage Deux-Sèvres. Ecrite à M. L. Fourré, 5, Boul. Saint-Martin. EC Haise 3 ans, provenance Capitaine Tolet, im- - portée Algérie, ravissant sujet, 150 fr. Chèvre 1/2 sang, 2? ans, grande et robuste, 100 francs, . saillie Maltais. aanen, importée, forte laitière, saillie 80 francs ouc par importé d'Algérie, 2 ans, alezan cuivré, 4 30 francs. Cobayes, 0 fr. 75 pièce Saillies étalons Cœkers blanc-noir 1°" ef 2° prix, nez très fin, 60: francs. es vif égalément, très bon pédigrée, 50fr. Ghiots à céder, 75 francs, sevrage. M" Marguérite COTTIN-ANGAR, Domaine de Docs dates (Seine-et- -Marne). : oule Ho-Ki, adulte, 90 fr. M- BESNIER, à Pereuil-Blanzac (Charente). usieurs os Paris 1909 : poules et cogs Gâtinais n tout climat; saison 1909 : pouleltes pour ponte’ EN DISTRIBUTION S'adresser au Secrétariat. OFFRES. DEMANDES, ANNONCES x - Pois de senteur anglais, en mélange, offerts par M. DÉJARDIN. Très beau Daim mâlé, deux ans, parfait état. Mie ALGLAVE, Grande-Place, Valenciennes. Co. Canards Rouen. ” : Très bonne Chèvre normande, deux ans, très doubs excellente laitière. Chevrette, même race, six mois, prix modérés. M'e Suzanne RAPP, Compainville, par Forges-les- Eaux, Seine- Inférieure. Combattants indiens 1910, 6 fr. pièce. = Minorques blancs 1910, 6fr. pièce. Dindons croisés blanc et bronzé d'Amérique, 20 fr. pièce ; emballage en plus. Livrable gare Vitry. M. le Baron LE PELLETIER, Salvert, par Vivy (Maine-et-Loire). ÿ À vendre plusieurs couveuses et éleveuses de la célèbre marque anglaise ‘* Hearson ”, garanties: état de neuf et fonctionnement parfait. 3 couveuses n° {1 pour 120 œufs de poule ou 180 œufs de faisan. 4 éleveuses hydrothenmiques n° 13 pour 100 poussins. M. Eotis JACOT, 7, rue Chernoviz, Paris. # DEMANDES c 2 femelles Ho-Ki, sexe garanti. — 10 cogs versi- colores purs. — Paons blancs, sexes et âges indifférents. M. ALBERTIN, Louveciennes (Seine-et-Oise). Gros spécimens de plantes de serres et particu- lièrement Fougères en arbre. M. FOUGERAT, 44, rue Chaptal, Levallois-Perret (Seine). Chrysalides vivantes de Papillons, d'espèce indif- férente, faites en même temps. M. Jean ROSTAND, Arnaga, Cambo (Basses- Pyrénées). Femelle Paon. blanc. M. DURIEZ, boulevard Henri-IV, 44 2 femelles paons bleus. 2 femelles paons nigripennes. 1 mâle sæœmering. 4 femelle cygne noir. M. HERMENIER, Les Sables, à Draveil (S.-et-O.). Pour compléter série : Bulletin juillet 1901. M. LOYER, 12, rue du Four, Paris. ER Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir {° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux | ET: utiles et d'ornement; 2 au perfectionnement et à Ja multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la DÉONIEAUe k Ne. de végétaux utiles ou d'ornement. Fe * he + Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sd Has même de la France. L'’attention des personnes compétentes doit être appelée tout “x spécialement sur l'intérét qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des LE animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. re La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en DT encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans. ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par muis et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei-. _gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, HR Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. 4 Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis. au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés ARS ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). FES Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une Lo An sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la | Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement “4 _ gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, elc., _ faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avantages lu sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des e. < __ publications de la Société antérieures à son admission, etc. | 11 -_ Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli- 5 matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8, . $ illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le $ Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les 4 matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à 72 part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi-. HE fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la : > pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et. de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour | les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moïtié prix le Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ourrages bien connus du D' Moreau sur les Poissons de France. FT a ee ee | Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — I. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, ” BULLETIN E lL Société Nationale d'Acelimatation ne DE FRANCE Er + d (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58° ANNÉE N°7 — 1” AVRIL 1911 SOMMAIRE Mi PE Le EN RUR | cs ù Pages M} Louis TERNIER. — La disparition du Pigeon passager d'Amérique . . . . . . . . . . . 193 UN". Pierre-Amédée PICHOT. — Au Pays des Dindons ocellés (suite ef fin) : : à : . . . . : . 196 à J.-B. BERTHIER. — L'Escargot carnivore de Puebla. + . . . . . . . . . . . . . : . . . 202 È Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. ; À re Section. — Mammifères. — Séance du 5 décembre 1910 , , . . . à - . : . . . . . .. 206 al — — _ (Sous-section d'Etudes caprines) Séance du 23 décembre 1910. 208 il D Botanique. SCENE Cr RENAN TE SERIES SRE PAROI 213 PO 07 Een Ule le Tant divers Ale D Nan Ut n/a ae a EU ele ne à 219 Bibliographie DÉBOIS = rTesplantesaicommest et arrésiness 22, Need are in. à 222 TERRE jPeT La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. SRE Le 7 Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 0 NES REP ES AU SIÈGE SOCIAL M DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE | ‘ 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS he LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS - Ê de Ê - Le Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé aux membres de la Société, aura lieu le 15 Mai prochain, à midi, au Buffet de la Gare de Lyon. Prix du déjeuner, 10 fr. Les femmes des membres de 1a Société sont admises à ce déjeuner. … Prière d'adresser, dès maintenant, les adhésions au Secrétariat. Aucune adhésion ne sera acceptée après le 10 Mai. PA 3 heures, visite des Jardins et = Aie du Muséum. 12 et les personnes qui désireraient l'entrefenir qu’il se tient à leur dispositi siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 2 SUCÈTÉ NATIONALE D'ACCHMATAMION DE FRANCE | Fondée le 40 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décrei en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BurroN — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 3 Président, M. Edmond Pesaier, membre de l'Institnt et de l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris: 5 AN MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole LT coloniale, 15, rue Fsidherbe, Saint-Mandé (Seine). : © Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PoxTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. Raverer-WaTTEL, 20, rue des Acacias, Paris. Ve a Secrétaire général, N. Maurice Love, 12, rue du Four, Paris: “2 > 3 3 sr MM. R. Le Fort, 89, boulevard Maleshertes, Paris (£tranger). | 4 7 2e H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole les Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- L 1 1EnS Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). $ es CrEpix, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). - ; Je = ce Ch. Desreuiz, 95, rue de Châteaudun, Paris ({ntérieur). 4 D Trésorier, M. le D° SasizLotre, 11, rne Croix-des-Petits-Champs, Paris. LES Archiviste-Bibliothécaire, M. CaUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. É> Membres du Conseil ne MM. D' Lepanes, 62, rue de la Tour, Paris. 2 Marrxes, rue de J Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. TJ Dr E. Trouessarr, Professeur au Muséum d'Hisioire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Fe L Ph. de Vamonx, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Qise. É ‘ î EE Læcowrsz, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. À D | Le Myes pe Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. : Comte d'OrFreciLce, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. E Wuzriox, 7, rue Théophile-Gautier, Neuiliy-sur-Seine. : À Der Acaarwe, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rué Andrieux, Paris Fr Désarpix, 93, rue Claude-Lorrain, Paris. | RS. Fes J MaGaup-n'Ausussox, 18, rue Erlanger, Paris. % : D: P. MarcHaz, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique Ê de Paris, 14, boulevard Saint-Germain, Paris. Le Le Dates des Séances du Conseil et des Sections LR POUR L'ANNÉE 1911 100 | | ts | dunvier | Février | Wars | Av | Mai | Norembre | Décembre | 24 | Séances pu Coxseiz, le Mardi à 5 heures.| 10 14 14 11 9 14 De | 4re Secriox. — Mammifères, le lundi « , 24 | à 5 heures +..." "7: 1-2 6 6 3 1 6 Las - | 2° Secriox. — Ornithologie, le lundi # | à 3h. 4/2 +. ER 9 6 6 3 1 6 are | 3° Section. — Aquiculture (1}, le lundi KE | à 5 heures. - te cui A6 13 13 10 8 13 2 | 4° Secriox. — Enfomologie, le lundi = e » as h 12:45... 7. 0 16 3 13 10 8 13 15° Secrionxn. — Bolamigue, le lundi : | m3 h. 12 CR ER POS 20 20 24 15 20 6s Secriox. — Colonisation, le lundi n à 5 heures . . . 23 20 20 24 45 |: 20 Sous-Secriox d'Etudes Caprines, le ven- dé dredx à 5 heures 2 5: . | Let 702 24 21 26 24 (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aguatiques. NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances LA DISPARITION DU PIGEON PASSAGER D'AMÉRIQUE par LOUIS TERNIER. La plus frappante des disparitions d’une race d'Oiseaux, par sa rapidité autant que par le nombre formidable de sujets qui composaient autrefois l'espèce disparue, est assurément celle du célèbre Pigeon passager (Passenger pigeon), ou Pigeon voyageur d'Amérique (Columba migratoria). J'ai recu derniè- rement de New-York une communication fort intéressante sur la disparition de cette race. Cette communication m'a été adressée par la « National Association of Audubon Societies ». sorte de confédération de Sociélés ornilhologiques dont l’objet le plus important est la protection des Oiseaux. Je crois ne pouvoir mieux faire que de transmetlre à notre Société les renseignements qui vont suivre, dont je dois la majeure partie à la communication de la National Association of Audubon Societies. On sait que le Pigeon voyageur d'Amérique était un fort bel Oiseau, un peu plus petit que le Pigeon domestique, au plumage nuancé de gris-brun foncé sur le dos, rose sur le dessous avec les plumes du cou d’un vert changeant mordoré et cramoisi. Cet Oiseau avait la queue notablement plus longue que les autres Pigeons et étagée. Le Pigeon voyageur nichait autrefois sur tout le continent de l'Amérique du Nord. Il nichait en société, un seul arbre comptait parfois une centaine de nids ne contenant chacun qu'un petit. Mais le Pigeon passager faisait plusieurs couvées par an, ce qui explique pourquoi l'espèce a toujours passé pour très prolifique. Sans remonter plus loin qu’à l’année 1877, les Pigeons voyageurs se trouvaient encore en bandes assez nombreuses à cette date pour qu’on ait pu noter qu'à l'une de leurs dernières stations de nidification située dans le Michigan, leurs nids, serrés les uns contre les autres, couvraient les arbres sur une superficie de 28 milles de long sur 4 de large. Audubon avait observé, dans le Kentucky, un endroit où venaient percher les Pigeons sauvages, et ce perchoir s’étendait sur 40 milles de long et 2 ou 3 de large. En 1850, en certains endroits, leurs voliers passant au-dessus des villes, obscurcis- BULL. SOC. NAT. ACCL. ER. 1911. — 13 CA SSP RON ONCE k ds 194 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION saient le soleil, et dans les ports de mer on chargeait en vrac les navires avec les corps de ces Oiseaux, qu’on amenait par millions sur les quais où ils étaient vendus un cent pièce. C'est ainsi que le marché de New-York recut une fois 80.000 kilo- grammes de Pigeons. En 1878,-le port de Petoskey, dans le Michigan, en exporta 300.000 kilogrammes; à Hartford, dans le même Etat, il fut, une année, en six semaines, embarqué 11.880.000 de ces Oiseaux. Les deux années suivantes, dans un port voisin, les navires emportèrent 15.840.000 Pigeons. Cependant, malgré leur nombre, ces Oiseaux n’ont pu résister à la destruction irraisonnée dont ils ont été l’objet. Les bêtes de rapine, Oiseaux et Quadrupèdes, détruisaient une grande quantité de Jeunes Pigeons; au-dessus des perchoirs, les petits Vautours, les Faucons, les Milans, les Aigles à tête blanche planaient sans cesse et prélevaient une dime importante sur les jeunes Oiseaux. Mais les animaux seuls ne seraient jamais venus à bout de cette race si nom- breuse. L'homme est parvenu, lui, à anéantir l'espèce du Pigeon passager dont les passages étaient cependant irréguliers et souvent imprévus. Lorsque, le soir, les Oiseaux revenaient à leurs perchoirs temporaires, une foule de chasseurs se pres- saient sans cesse, armés de filets, de fusils, de gourdins et de torches. On abattait des arbres entiers dont la chute entrainait des milliers d'Oiseaux, stupéfiés par la lumière des torches et qui souvent étaient assommés dans leur chute; les autres étaient massacrés par les hommes, les femmes et les enfants. Tous les fermiers et colons du voisinage amenaient leurs chariots sur le lieu du carnage, et les cadavres des Pigeons que les véhicules ne pouvaient emporter étaient abandonnés à des bandes de Porcs qui s’engraissaient de la sorte sur les lieux même de la tuerie. ‘ ” On alla même jusqu'à employer des canons chargés à mitraille contre les malheureux Oiseaux. Quant aux stations de nidification, elles étaient également ravagées sans merci. Aussi, dès 1855, les rangs des Pigeons voyageurs commen- cèrent à s’éclaircir, et, il y a deux ans, les Américains consta- tèrent avec stupeur que sur tout leur continent, il n'existait plus que 7 Pigeons passagers : 4 à Milwaukee dansle Wisconsin, et 3 au Jardin zoologique de Cincinnati. Au dernier printemps (1910), sur ces 7 survivants, il n’en restait plus que 2 : un mâle âgé de vingt-deux ans et une femelle âgée de dix-huit ans. Le LA DISPARITION DU PIGEON PASSAGER D'AMÉRIQUE 195 mâle est mort en juin, et maintenant un unique Pigeon passager terminant tristement sa vie dans le Jardin zoologique de Cincinnati est tout ce qui reste d'une espèce d’Oiseaux qui, au siècle dernier, évoluait par millions au-dessus du continent américain. La « National Associalion of Audubon Societies » a entrepris des recherches en vue de retrouver quelques débris de cette race de Pigeons, autrefois innombrable. Elle a offert une prime de quinze cents dollars à celui qui découvrirait un nid de ces Oiseaux. Mais, quoique bien des tentatives aient été faites, personne n’est venu réclamer la prime. Aussi, lorsque bientôt la mort viendra clore l’œil rose de l’Oiseau solitaire du Jardin zoologique de Cincinnati, l'espèce des Pigeons voyageurs d'Amérique sera définitivement éteinte. Et ce ne sera pas, j'imagine, sans une certaine émotion et sans regrets que les naturalistes américains enregistreront la fin de cette race si intéressante à tant de points de vue (1). (1) M. Ternier nous a envoyé une notice complétant cet article. Nous la ferons paraître dans le prochain Bulletin. a ——— AU PAYS DES DINDONS OCELLÉS Par PIERRE-AMÉDÉE PICHOT. Suile et fin (\). J'eus la bonne fortune de rencontrer au Cayo M. Blanca- neaux, un naturaliste francais qui connait bien tous les coins de l'Amérique centrale et qui me fit profiter de son expérience. Il ne me fit guère espérer que je pourrais voir les Dindens ocellés, car il me dit qu’on ne les rencontre que par hasard en hiver, quoique, au printemps, lorsque les mäles rappellent, il est facile de les tirer. Ma meilleure chance, selon lui, était d'explorer le pays découvert autour de Yasché dans la province de Péten, au Guatémala, à une centaine de miles du Cayo, et il me procura un guide, deux mulets et un muletier. M. Franklin eut l'ama- bilité de m accompagner jusqu'à la première élape, au village frontière de Banque Vieijo, où nous recüumes l'hospitalité du Père Stanton, de la Compagnie de Jésus, naturaliste et archéo- logue distingué. Sur une colline boisée qui domine le village admirablement situé sur les bords de la rivière. il y a une ruine indienne lrès importante, restes probables du temple de quelque déesse Maïa, et qui a au moins trois étages de hauteur. Plusieurs des salles sont en bon état de conservation et au pied des ruines s'élèvent de grands monolithes sculptés autour d’un passage souterrain aujourd'hui comblé. À partir de Banque Viejo la route n'est plus qu'un simple sentier de mulet qui s'enfonce sous les arbres gigantesques d'une forêt d'un seul tenant, composée d'Acajous, de Cèdres et de Cotonniers dont les cimes se rejoignent au-dessus de la tête du voyageur et qui sont couvertes d'Orchidées ou envahies par des Lianes grimpantes. Le sous-bois est presque impénétrable et je m'apercus bien vite qu'il était dangereux de s’enfoncer dans le taillis sans relever sa route avec la boussole. Lorsque l'on y pénètre à la recherche d'un Oiseau mort ou blessé, au bout de quelques mètres, on ne sait plus où l'on est. Tous le s arbres sont pourvus d'un genre de défense quelconque : les Bambous eux-mêmes sont épineux; tei buisson est garni de (4) Voir Bulletin, 15 mars 1911. AU PAYS DES DINDONS OCELLÉS . 497 feuilles dont la surface inférieure est recouverte d'une poussière vénéneuse ; telle écorce vous cause, en la touchant, une sensa- tion de brülure ; là, ce sont des épines; plus loin, des Fourmis agressives qui vous barrent le chemin ; il faut continuellement lutter pour triompher des obstacles. Pendant six jours, nous ne sortimes pas de cette forêt, si ce n'est pour traverser quelques elairières où les bûcherons avaient semé du maïs, abattu des Acajous ou récolté le chicklé. Les abatis d'Acajou ou de Cèdre ne se font que dans les endroits où l’on peut faire flolter les bois; le chicklé est la gomme qui suinte des incisions faites à l'écorce du Sapotillier ; on en fait des paquets cubiques que l’on exporte aux États-Unis, où elle sert à faire une pâte à chiquer après avoir été mélangée à quelques essences sapides. Nous faisions environ quinze milles par jour dans un sentier qui suivait généralement le cours d’un ruisseau d'eau transparente. Je partais une heure ou deux avant les hommes, dans l'espoir d’avoir quelque chose à tirer. On rencontrait dans toutes les directions les empreintes de Cerfs, de Tapirs et de Pécaris; la nuit et de bon matin, le silence était troublé par toutes sortes de cris inconnus, mais je n’eus pas la chance de rien voir d’intéressant. Les seuls Oiseaux vrai- ment nombreux étaient les Hoccos, les Pénélopes, les Chaca- lacas (Ortalides) qui remplacent les Faisans du vieux monde, et je pouvais toujours en tirer autant que je voulais. Le Hocco (Kambool) est un bel Oiseau de la taille du Dindon ; le mâle est noir, la femelle chocolat, et tous deux ont des huppes décora- tives. La Pénélope a une moins brillante livrée, on l’appelle cocolito. Le Ghacalaca est de la taille d’une Poule faisane et lui ressemble. Tous ces Oiseaux sont très bons à manger, mais leur chasse n'est guère sportive. Tandis que vous suivez le sentier, vous faites partir un de ces gros volatiles qui va aussitôt se brancher au sommet d’un arbre. Reste à le découvrir au milieu du feuillage et il faut le tuer raide, car s’il n’est que blessé, il est sûr de vous échapper dans la broussaille. L'hiver n’est malheureusement pas la bonne saison pour voir des Papillons, sans quoi c’est dans les profondeurs de ces massifs forestiers que fréquente le grand Morpho bleu de l’Amérique centrale, et j'eus la chance de me procurer cinq exemplaires du grand Papillon crépusculaire, le Caligo l'elamon. Les Ithomies aux ailes vernissées étaient nombreuses, et il y avait plusieurs espèces d’'Héliconies jaunes et noires. Dans les 198 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION endroits découverts, on trouvait le Gonoptheryx Chlorindæ, énorme Papillon d’un jaune soufre qui ne diffère guère que par la taille de l’analogue que l'on trouve chez nous ; puis il y avait encore des Junons à yeux de paon et des Papilio noir et jaune. Nous terminions la journée sous quelque appentis recou- vert de feuilles de Palmier où mes hommes s’abritaient pour la nuit; moi, je préférais suspendre mon hamac entre deux arbres, et je le recouvrais d’une petite tente imperméable. Toute ma cuisine se faisait sur un fourneau « Primus », et mes provisions consistaient en riz, biscuits, confitures et thé. Je ne fus pas fàché de sortir, enfin, de cette forêt et de retrouver le grand air et le soleil au lieu de l'atmosphère humide et étouffante qui régnait sous les arbres. Nous traver- sämes d'abord une prairie verte entourée d'arbres, puis un vallon qui avait l’air d’un parc autour duquel s’étageaient des collines plus ou moins boisées. On se serait cru dans un pare de chasse en Angleterre. Ce pays a dû être autrefois très habité, car à chaque pas on rencontre les restes de grands villages indiens construits en pierre, et ces mystérieux monticules, si communs dans toute l'Amérique centrale; au sommet de chaque colline, il y a presque toujours des restes de temples ou de forts dont le sol est parsemé d'ustensiles de silex taillés, en quantités étonnantes. Il est très difficile de repérer son chemin dans ce pays. Tous les paysages se ressemblent et les sentiers tracés par les che- vaux et le bétail se croisent dans toutes les directions. Mon guide lui-même, qui était du pays et qui y avait passé toute sa vie, s'y perdit, et, si le chant des coqs ne nous avait pas remis dans la direction de Yasché, nous aurions dû passer la nuit à la belle étoile, sans avoir une goutte d’eau à boire. Yasché n’était pas, comme je l'avais cru, un village, mais simplement un groupe de cabanes et de hangars à bétail appartenant au señor Martinos Castellanos, très aimable vieillard qui vit sur ce domaine avec la simplicité des patriarches et qui possédait. tout le bétail et les Chevaux que nous avions vus paître dans la plaine. A l'exception des vêtements qu'il faut se procurer à Balize, le domaine lui fournit tout ce dont il peut avoir besoin : bétail, chevaux, blé, dindons, cochons, canards, volailles, riz et même du café et du sucre. Nous devinmes de grands amis et il me présenta à l’alcade de Santa Torribia, le chef du dis- trict, qui m'invita à lui rendre visite. Santa Torribia est un AU PAYS DES DINDONS OCELLÉS 199 grand village où je pus me procurer du lait frais et des oranges, et je fus confortablement installé dans la casa real, sorte de maison de ville où l’on rend la justice et où l’on recoit les voyageurs. L’alcade, Salvador Gusman, est le type du gentil- homme hispano-américain ; il comprenait mon espagnol d’éco- lier d’une facon qui me surprit. Je le comprenais bien aussi, mais il n’en était pas de même de mes hommes qui parlaient un patois mélangé de beaucoup de mots indiens. J'avais un exem- plaire du Don Quichotte en espagnol qui eut un grand succès et qu'ils m'empruntaient pour en lire tout haut des passages, le soir, aux habitants du village. Mon fourneau « Primus », dont ils n'avaient jamais vu l’analogue, était aussi pour eux une grande source d’étonnement. Ma première question, bien entendu, fut pour m informer des pavos del monte, les Dindons sauvages. « Oui, me dit l’alcade, ils ne sont pas rares ici au printemps, et on peut les entendre rappeler (cantando) dans les bois et sur les clairières; mais pour le moment ils sont en forêt et il n’en a pas été tué récemment. » En résumé, après avoir campé pendant plusieurs jours à dix milles au sud de Santa Torribia, être sorti matin et soir et à toutes les heures, je n'avais pas aperçu le moindre signe de l'existence du Dindon ocellé; je dois même avouer que je n'avais pas vu une seule pièce de gibier, sauf parfois un Cerf au milieu des hautes herbes. De cela, il ne fallait pas trop s'étonner, car mon campement étant devenu le centre de réunion des firadores ou chasseurs du village, je vis que tout le monde est chasseur et porte un fusil dans le Centre Amé- rique. Pourtant, avant de renoncer à mon projet et de retourner à Balize, je voulus aller camper pendant deux jours sur la lisière même de la forêt que nous avions quittée en entrant dans le pays découvert. Le premier jour, au lever du soleil, m'étant écarté à un mille de mon campement, je fis lever, dans un épais couvert au bord d’un bocqueteau isolé, un Dindon sauvage. Enfin! Il se présenta dans des conditions de tir faciles, et j'eus le plaisir de le voir tomber. C'était un admirable spé- cimen, n'ayant pas une plume abimée. Il pesait environ dix livres. Il fallait voir la tête de mes hommes, lorsque je revins avec mon trophée! Le lendemain, je poussai une pointe dans la même direction, et j'arpentai le terrain sans rien voir. J'avais renoncé à ren- 900. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION contrer mes Oiseaux, et je cherchais des silex taillés dans les ruines d'un ancien village, lorsqu'en arrivant au sommet d'un monticule j'apercus, de l’autre côté, une bande de Dindons tout ruisselants d'or et de bronze qui picoraient dans un champ ‘herbe nouvelle qui avait repoussé sur un espace brûlé. En un elin d'œil, ils s’envolèrent; rien ne tomba à mon coup de fusil, mais pendant que je suivais de l'œil la compagnie qui disparaissait au-dessus des arbres comme autant de Perdreaux gigantesques, je vis un des Oiseaux rester en arrière, puis piquer dans le ciel et s'abattre avec un grand fracas au milieu des branches. Ayant bien relevé le point, je fus assez heureux pour retrouver ma victime, mais c'étail un jeune et il avait été tellement abimé par sa chute à travers les arbres qu'il ne valait guère la peine d’être mis en peau. Je m'alttardai un jour encore en vain dans cet endroit, et, comme mes provisions tiraient à eur fin, je me vis obligé de retourner au Cayo, mais je ne quittai pas les savanes du Guatémala sans regrets et sans me promettre d'y revenir l’année suivante. C'est un pays idéal pour camper pendant l'hiver; il n’y a ni mouches, ni mous- tiques pour vous tourmenter, mais pour y trouver des Dindons ocellés ou même du gibier d'aucune sorte, il faudrait être accompagné d’un bon chien ou d’un guide indien. L’hispano- américain que j'avais avec moi ne connaissait rien du pays en dehors des routes. Quand je rentrai au Cayo, j'appris qu'une famille espagnole possédait deux Dindons ocellés qui lui avaient été apportés par les Indiens quatre mois auparavant. C'était un magnifique couple : mâle et femelle étaient en beau plumage et très appri- voisés. Les possesseurs de ces Oiseaux n'étaient pas du tout disposés à les vendre, mais M. Franklin finit par les décider à me les céder. Je Les rapportai sains et saufs à la Résidence à Balize, où ils furent fort admirés, et j'avais grand espoir de les ramener avec moi en Angleterre. Mais hélas! malgré tous nos soins, ils moururent en quelques jours ; ils dépérirent petit à petit, ne voulaient rien manger et finalement périrent de faim. Il y a quelque chose d’extraordinaire chez ces Oiseaux; ils s’apprivoisent complètement en captivité et pourtant ne vivent pas plus de quelques mois. Il y a quelques années, M. Blan- caneaux recut un nid plein d'œufs qu'il mit à couver sous une poule. Les œufs éclorent tous et les jeunes prospérèrent tant que la poule en prit soin, mais lorsqu'elle se fatigua de pro- 1 AU PAYS DES DINDONS OCELLÉS 201 mener des poussins plus gros qu'elle et qu’elle les abandonna à leurs propres ressources, ils refusèrent de manger et mou- rurent les uns après les autres. Il est curieux que deux des plus beaux Oiseaux qu'il y ait au monde, le Quetzal (7'ogon resplendens) et le Dindon ocellé, ne puissent plus être élevés en captivité, car il y a toute raison de croire qu'ils ont été domestiqués par les Indiens avant la con- quête et qu'on les plumait alors tous les ans pour employer leurs dépouilles à la fabrication de ces ouvrages en plume dont les anciens Indiens avaient la spécialité. Sans doute, ce n’est qu'une question de nourriture, et si on trouvait l'aliment qui leur convient, on n'éprouverait aucune difficulté à les con- server. J'ose espérer que si quelques-uns de mes lecteurs ont plus d'expérience que je n’en ai dans l'élevage de ces Dindons sauvages, ils voudront bien me faire profiter des connais- sances qu'ils auront acquises. Ré D << € ge F nb D. n L'ESCARGOT CARNIVORE DE PUEBLA (MOLGLANDINA GUTTATA) (4) Par J.-B. BERTHIER, directeur du collège Saint-Pierre et Saint-Paul, à Puebla (Mexique). Les Glandines ou Glandinas comprennent : 140 espèces, vivant principalement dans l'Amérique centrale et tropicale ; 48 espèces sont connues au Mexique, { espèce vit en Europe sur les côtes de la Méditerranée. Ces Mollusques, essentiellement carnivores, sont, au Mexique, les ennemis naturels des Escar- gots, car ils s'alimentent de Colimacçons herbivores nuisibles à l'agriculture. Ils se reproduisent dans les lieux humides et sont inoffensifs. Les agriculteurs doivent se procurer ces bienfaisants Gasté- ropodes pour les “ächer dans leurs terres, assurant la protec- tion nécessaire à leur développement sans craindre que plus tard ils constituent un fléau; car, dans le cas où ils extermine- raient complètement les Escargots dont ils font leur nourriture, ils périraient plutôt d'inanition, s'il leur était impossible d'émigrer en quête de leur pâture. Voici ce qu'écrivait, à ce sujet, en novembre 1906, M. Guil- lermo Gandara : « Les Glandinas se rencontrent aux environs de Puebla, ainsi que dans six autres Etats du Mexique. « À l’état adulte, ces Mollusques possèdent une coquille spiralo-conique allongée qui, selon l'espèce, mesure de un à dix centimètres de longueur (2) ; la couleur varie, mais n'offre rien de remarquable : jaune tigré, jaune terreux, blanc mou- cheté, gris rayé, etc. « L'animal, « allongé », entièrement sorti de sa coquille, atteint, dans les plus grandes espèces. jusqu à vingt centimètres de longueur ; la queue affecte une forme lancéolée et la tête porte quaire antennes ou tentacules comme les Escargots terrestres communs ; mais ce qui distingue spécialement les 1, Tzompilacahuitl, en mexicain : Glandina ou Glandine en français. 2} Les huit sujets vivants capturés ces jours-ci mesurent en moyenne, coquille seule, sept centimètres et demi. L'ESCARGOT CARNIVORE DE PUEBLA 203 Glandinas de ces derniers, ce sont deuxappendices qu'ils portent au-dessus de la bouche et qui ont toutes les apparences de grandes moustaches. « Si l’on humecte ces Mollusques carnivores en les mettant dans l’eau, ils laissent bien voir leur bouche qui, ense dilatant, apparait blanche, circulaire ; sur les bords, on remarque de nombreux piquants semblables aux fleurons d’une petite cou- ronne : si l’on approche d’eux un Escargot herbivore, ils élar- gissent la cavité buccale jusqu'à couvrir une partie du corps de leur victime qu’ils commencent à dévorer. « La Commission estparvenue à acquérir plus de 2.500 exem- plaires de Glandinas de variétés diverses qu’elle a distribuées à Molglandina qutlata Crosse et Fischer. plusieurs agriculteurs qui en ont demandé, non seulement dans le pays, mais encore à l'étranger. « M. G. Renaudet, de Vibraye (France), et la Direction d'Agriculture et Commerce de Tunis ont recu quelques Glandinas de cette officine. M. Renaudet écrit qu’il a vu que les Glandinas dévorent les Escargots, et que les premières sont demandées par les personnes à qui il lesa montrées. « M. le Directeur de l’Agriculture et du Commerce de Tunis. a écrit ce qui suit : « J’ai l'honneur de porter à votre connais- « sance que 29 Glandinas mises en observation dans le Jardin « d'expériences de Tunis en une caisse contenant du sable « humide, dans laquelle caisse on leur distribuait des Escar- « gots ordinaires, en ont dévoré 60en 15 jours et quelques-uns « d’entre eux étaient très gros. » « M. le maire d'Acultzingo, canton d’Orizaba, état de Vera- « Cruz, écrit de son côté: «J'ai mis les Glandinas sur le sol, re- couvertes d'un grand panier, et en même temps des feuilles de Chou et 150 Escargots; et, en quatre jours, elles avaient 2 = 2 90% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATAIONT détruit complètement ces derniers; quant au Chou, elles n’y avaient pas goûté. » « M. E. Orozco, professeur de biologie au collège de l'Etat de Puebla, dans sa lettre du 9 août 1905, écrit à laCommission : La Glandina, comme vous pourrez le voir, car les coquilles « d’Aspersa (Mol. Æelix aspersa, Escargot herbivore) arriveront sûrement vides, est extraordinairement friande de ses inoffen- sifs congénères qu'elle dévore, les absorbant en une quantité qui appelle véritablement l'attention, puisque la Glandina mange chaque jour quinze ou vingt Escargote. » « Il est hors de doute que les Glandinas sont carnivores ; elles dévorent chaque jour plusieurs Escargots et sont pour cela très utiles, et cela a été vu non seulement par les autorités mentionnées, mais encore par Bocourt, Villada, nous-même et plusieurs personnes qui ont visité le iaboratoire de la Com- mission. « D'après Crosse et Fischer (£tudes sur les Mollusques ter- restres et fluviatiles, page 82), les Glandinas sont carnivores et cela se déduit clairement de l'organisation de leur appareil digestif, adapté exclusivement pour cette sorte d'alimentation. « Au Mexique, il y a 48 espèces de Glandinas. » A A a À = mn À 2 À À Qu'ajouter à cette traduction, sinon que mes observations personnelles la confirment de tous points. J’ai eu la bonne fortune de manipuler ces Gastéropodes et de les voir agir, non seulement dans notre laboratoire d'Histoire naturelle, mais encore, ce qui est plus probant, en liberté, dans le jardin d'une de nos écoles de Puebla, où j'ai, person- nellement, déposé un de ces carnivores dans une touffe de Haricots nains peuplée d'Escargots; une heure et demie après, il y avait déjà quatre coquilles vides. Lorsque la Glandina rencontre un Limacon ou qu'un expéri- mentateur curieux en place un à sa portée, si ce dernier est caché dans sa coquille, elle le chatouille doucement au moyen de ses palpes ou moustaches dont on s'explique alors l’utilité, la pauvre victime s’empresse de sortir entièrement ; sil'Escargot est en marche, c’est beaucoup plus simple : la Glandina lève la tête, la bouche s’allonge et se dilate considérablement, elle atteint souvent un centimètre de diamètre ; sur les bords on remarque de nombreux petits piquants en forme d'écailles trian- gulaires ; dans la cavité centrale se meut, avec un mouvement vw L'ESCARGOT CARNIVORE DE PUEBLA 205 alternatif de rotation rapide, une lamelle jaunâtre, dentelée, absolument semblable à une scie à ruban. On comprend que dame Nature ait ainsi armé des êtres destinés à étreindre irré- sistiblement des Mollusques essentiellement visqueux, glissants et contractiles. L’Escargot, bien quil sente les palpes de la Glandine, ne cherche jamais à fuir ; souvent il grimpe, l’imprudent, sur la Appareil buccal de Molglandina quitala. coquille et même sur le corps de son ennemi ; le vorace, lui, prend son temps, contourne délicatement sa proie et, le moment venu, la saisit par le dessus du cou, si l’on peut ainsi parler, et commence son repas. Pour les Limaces, c’estencore plus facile, elles sont absorbées en un instant. En somme, les Glandinas sont des animaux utiles, et je suis heureux d'avoir eu l’occasion d'admirer une fois de plus la sagesse de la Providence en éludiant de très près ces auxiliaires modestes mais néanmoins précieux de l’agriculleur et du jar- dinier. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Je SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1910. Présidence de M. Magaud d'Aubusson. M. Chappellier rappelle que la plus grande partie de l’ivoire étant utilisée à la fabrication des boules de billard, si l'on par- . venait à trouver une composition susceptible de se substituer à l’ivoire dans la fabrication de ces objets, on ferait faire du même coup un pas sérieux à la question de la protection de l'Eléphant d'Afrique. Ce problème aurait été résolu déjà en Amérique. La Société ferait sans doute œuvre utile en mettant au concours l'invention d’une composition Rovers remplacer l’ivoire pour cet usage particulier. M. Loyer présente trois brochures sur le Jardin zoologique de Berlin où nous admirons de très belles reproductions pho- tographiques des animaux conservés dans cet établissement, notamment un Ovibos moschatus du Groenland, depuis six ans au Jardin, et un Oreamnos montanus, importé il y a deux ans du nord de l'Amérique. M. Magaud d'Aubusson communique une lettre et des photo- graphies envoyées par M. de Chapel. Notre collègue s’est con- sacré depuis de longues années à l'amélioration du Cheval de la Camargue. En croisant le Camargue avec l’Arabe et l'Anglo- Arabe, il a obtenu une modification des caractères, notamment un relèvement de la taille, qui ont fait de cette race améliorée un véritable cheval d'armes. Les résultats ont été excellents, car un grand nombre des individus présentés à la remonte ont été acceptés. M. Magaud d’Aubusson et M. Debreuil sont d'avis de demander à M. de Chapel, au nom de la Société, un travail détaillé et complet sur ces essais particulièrement intéressants. M. Loyer, au sujet des Castors du Rhône et des efforts de EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 207 M. Galien Maingaud pour la protection des derniers représen- tants de cet animal, rappelle qu'il a vu dans le Jardin zoologique de Berlin un couple de Castors du Rhône qui s’est reproduit en 1910. L'expérience montre donc que cet animal est facile- ment domesticable. Il est à souhaiter que les villes riveraines du Rhône prennent des mesures pour empêcher la disparition totale, sur notre sol, de cette intéressante espèce. M. Loisel analyse rapidement les documents qu'il a pu recueillir sur les ménageries anciennes en Pologne, en Russie, en Suède. Les ménageries d’animaux féroces étaient autrefois beaucoup plus nombreuses et même plus importantes qu’au- jourd’hui. Les plus anciennes sont, sans doute, les ménageries slaves. Les skomorosky étaient des sortes de troubadours qui se fai- saient accompagner d'animaux dressés et particulièrement d'Ours. De véritables centres d'élevage et de dressage s’orga- nisèrent dans le but de fournir aux skomorosky les Oursons qui leur étaient nécessaires. Ces établissements portaient le nom d’'Académie des Ours. Ces exhibitions d’Ours sont actuel- lement interdites depuis 1865. Les seigneurs avaient aussi leurs Ours privés. Les Radzwill notamment, qui possédaient d'immenses forêts, prenaient des Ours à la chasse, conservaient les adultes pour les combats lors des grandes fêtes, et parquaient les jeunes dans des enclos où l’on procédait à leur éducation. Enfin, nous voyons de véritables réserves d'animaux se fonder en Pologne dès le xvi° siècle. C’est là que vécurent les derniers Aurochs proprement dits. À la cour des rois de Pologne, il y eut aussi des ménage- ries sur lesquelles nous n'avons aucun renseignement. Les boyards moscovites avaient également leurs ménage- ries. Près de Moscou, Pierre le Grand organisa un établis- sement de ce genre où il conserva des Ours apprivoisés. En 1728, le monarque fonda à Péterhoff, qu'il venait de faire construire, une grande ménagerie imitée de celle du Parc de Versailles. Elle disparut assez rapidement; aujourd’hui, il n’en reste que les bassins. En Suède, on débuta également par le dressage des Ours; mais ce n'est qu'à la suite de la guerre de Trente ans qu’appa- rurent les premières grandes ménageries. Vers 1650, à la cour de Christian IV, on donna de grands combats d'animaux Et ml En nd 208 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION féroces, Buffles, Lions, etc., mais cetle coutume disparut rapi- dement. Elle fut supprimée complètement par Christian VI. Le Bureau est renouvelé à l'unanimité pour 1911 : Président : M. Trouessart. Vice-président : M. Wuirion. Secrétaire : M. Kollmann. Délégué aux récompenses : M. Mailles. Le Secrétaire, Max KoLLMANx. (Sous-section d'Études caprines.) SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1910. Présidence de M. le comte d’Orfeuille, vice-président. Lecture est faite du procès-verbal de la séance du 25 novem- bre, dont les conclusions sont adoptées sans observation. M. Caucurte fait connaître qu'après avoir vu sa chèvrerie ravagée en 1908 par le Strongle filicole dont l’étiologie et l’évolution ont été décrites par M. le professeur Moussu dans le Bulletin de février 1910, il ne constata plus au cours de l’année 1909, aucun cas de strongylose. Il avait, d’ailleurs, eu soin de faire désinfecter la prairie de pâturage, en y répandant du sulfate de fer DONEESE Il avait de plus, à titre préventif, fait absorber à chacun de ses Caprins adultes, pendant huit jours consécutifs, 8 grammes de racine de fougère mâle en poudre et à ses Chevreaux, pen- dant la même durée, 4 grammes de cette même poudre. Tout alla bien jusqu’au 20 septembre 1910, date à laquelle il commenca à perdre des animaux. En peu de jours, 5 à 7 bêtes succombèrent. L'autopsie ne révéla la présence d’aucuñ Strongle, mais elle avait été pratiquée plusieurs heures après la mort. On ne vit que des traces de piqûres dans les intestins. Ses animaux conlinuaient à mourir malgré les applications de fougère mäle faites tous les jours. Enfin, l'intervention de M. Rossignol, ent inspecteur sanitaire du département de Seine-et-Marne, amena M. Caucurte EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 209 à faire l'essai du parasiticide bien connu en médecine humaine, le thymol, avec lequel on avait traité avec succès les Moutons du D' Bar, professeur à la Faculté de Médecine. Celui-ci a même engagé M. Caucurte à s'adresser à M. le D' Brumpt, professeur agrégé de parasitologie à la Faculté de Médecine. M. Brumpt trouva le cas intéressant, se rendit personnelle- ment compte de l’état des animaux malades, fit donner à un des sujets les plus atteints — ils l’étaient tous — un lavement au thymol. Il reconnut, à la première défécation qui se produisit, la présence du Sclerostome hypostome. Le traitement au thymol fut alors institué d’une facon éner- gique et eut les plus heureux effets, car la mortalité s'arrêta presque aussitôt et eut pour cette première opération de bons résultats, mais M. Caucurte avait déjà perdu une quarantaine de Caprins. Le thymol coûtant 1ë francs environ les 500 grammes, le traitement par animal est insignifiant. On administre ce médicament en deux fois : une première fois, en lavement, à raison de 1 gramme de thymol finement pulvérisé pour un poids vif de 5 kilogrammes. Cette poudre n’est pas soluble dans l’eau; on la délave le mieux que l’on peut dans un litre d’eau à 37 degrés. L'animal subit l'opération à jeun; cinq heures après le lave- ment, on lui ingurgite comme purgation une cuillerée à soupe de sulfate de soude. On ne prendra pour une jeune bête qu’une cuillerée à dessert. Quarante-huit heures après, la même préparation au thymol est administrée cette fois par la voie buccale et suivie cinq heures après de la même purgation. Quinze jours après, la double purgation est refaite une seconde fois, mais comme le thymol éprouve violemment l’ani- mal, M. Caucurte n’a donné cette fois qu'un gramme de thymol pour 8 kilogrammes de poids vif. M. Caucurte conclut en exprimant sa reconnaissance au D' Brumpt pour le service qu'il lui a rendu et en signalant les pertes considérables que Sclerostome hypostome a faitsubir aux éleveurs de Seine-et-Marne, qui ont vu périr plus de 25.000 Moutons. M. Caucurte aborde ensuite la question de la fièvre de Malte. Il fait part, à ce sujet, à la Société, de la proposition qui lui a été BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 14 4 è nee SORA 2 Nr pe ñ - Vagithé 2 PLIS à Tir tés, se 210 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION faite de faire inoculer à ses Chèvres le vaccin découvert par MM. les D Vincent et Collignon contre la fièvre méditerra- néenne. M. Caucurte est d'avis que ses Chèvres, à peine remises des fortes fatigues que leur a fait éprouver le traitement institué contre le Strongle, ne sont pas en état de supporter. quelque atténuée qu'elle puisse être, une fièvre pernicieuse quelconque, et a demandé un sursis pour acccepter l'offre en queslion. M. Crepin s'élève avec vivacité contre l'idée d'inoculer des troupeaux caprins quelconques contre la fièvre de Malte. Pour- quoi, dit-il, ne pas nous faire vacciner tous tout de suite contre le choléra qui menace de venir nous surprendre en Europe? C'est aussi justifié! Nous avons suivi avec attention et soin tous les détails des recherches faites pour déterminer l'étiologie, les caractères et la marche de la fièvre ondulante qui sévit à Malte comme dans tout le bassin de la Méditerranée et nous n'avons pu surprendre le moindre indice, scientifiquement établi, pour assurer que la fièvre de Malte est une maladie caprine. Les mesures auxquelles l'Académie de Médecine a souscrit pour établir la prophylaxie de cette maladie, trahissent cette opinion que tous les animaux domestiques peuvent, tout comme l'homme, véhiculer le micrococcus melitensis. La preuve de cette opinion la voici : Les prescriptions administratives et sanitaires relatives à la déclaration de la fièvre de Malte recommandent à ceux que leur profession ou d'autres circonstances obligent à des con- tacts avec le bétail, de s'astreindre à un supplément de précau- tions consistant en de fréquents savonnages après la traite, le dépecage, après la manipulation des fumiers. Les corps de métier cités comme susceptibles de se conformer à ces instruc- tions sont : les chevriers, les bergers, les bouchers, les équa- risseurs, les laitiers, les charcutiers. Comment l'Académie de Médecine et l'Administration sanitaire ont-elles pu penser aux bouchers, aux équarisseurs et aux charcutiers, si dans leur esprit le seul animal dangereux en l'espèce était la Chèvre ? De plus, que M. Fernand Widal et les autres savants qui affirment. d'ailleurs gratuitement, dans leurs rapports, que cette Éèvre prend sa source dans la Chèvre même; nous expli- quent un peu comment il se fait que cette maladie, qui selon l'expression du D° Cantaloube est probablement aussi vieille que le monde, bien qu'on n’en ait parlé pour la première fois EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 211 qu’en 1861, et que le microbe qui l’engendre n'ait été isolé et nommé qu’en 1886, comment il se fait, disons-nous, qu'on n'ait jamais constaté rien d’anormal pouvant rappeler de loin ou de près la fièvre gastrique rémittente, dans les nombreux centres d'élevage caprin que nous trouvons dans toutes les Alpes suisses, francaises, italiennes et allemandes. Avait-on jamais parlé d’affections intestinales, causées par l'usage du lait, ou même existait-il dans les populations chevrières des fièvres d’ailleurs intermittentes, en Espagne, en Italie, en Algérie, en Grèce, en Turquie, partout où la fièvre de Malte sévit aujourd'hui, avant l’explosion de cette épidémie qui remonte à une dizaine d'années. Si c'était là une maladie toute spéciale à la Chèvre, on la trouverait dans tous les pays où vivent des Chèvres en nombreux troupeaux et elle aurait été constatée de tout temps dans les centres caprins. Or, c'est le contraire que l’on pourrait affirmer. Le D’ Lesage, spécialiste pour enfants, et médecin à l'hôpital Hérold, nous à déclaré qu'un voyage d'études qu’il a fait dans tout le sud de l'Europe lui a permis de constater que l'état sanitaire des enfants était supérieur dans ces parages méridionaux parce que là, partout, on fait un usage suivi de la Chèvre pour l’allai- tement des jeunes enfants et l’alimentation générale du public. M. Crepin conclut en manifestant toute son admiration pour les travaux de MM. Vincent et Collignon, auteurs de la vaccine contre la fièvre de Malte, mais en soutenant que cette belle découverte s'adresse surtout opportunément aux populations du Midi qui vivent au milieu du foyer d'infection et subissent trop souvent les atteintes du redoutable microbe. M. Debreuil expose au nom de M. le professeur Dechambre, d’Alfort, l’échelle des points, pour apprécier les caractères de race des Chèvres d’Angora, des Pyrénées et du Massif central. Après quelques remarques de peu d'importance échangées entre MM. Caucurte, Debreuil et Crepin, le travail de M. De- chambre est approuvé. M: Fourré, à propos de la Chèvre du Massif central, éveille l'intérêt de l'assistance en parlant des résultats que donne la Chèvre dans le Poitou, où il existe une véritable industrie caprine, ayant pour objet la fabrication des fromages et l’écou- lement de ce produit sur Paris. Chaque fermier possède un troupeau de 10 à 30 Chèvres qui 912 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION vivent, pendant la belle saison, dans des prés de sainfoin entourés de grandes haies qui les closent complètement. Là, ces animaux peuvent paitre ou brouter à leur aise, ce qui cons- titue pour eux un excellent régime, en raison de cette variété d'aliment, qui répond absolument à leurs besoins instinctifs. Lorsqu'ils rentrent le soir à la chèvrerie, ils recoivent encore une bonne brassée de feuilles de choux-cavaliers, ou autre verdure leur permettant de manger abondamment, même la nuit. En hiver, on nourrit les Chèvres de foin, de choux et de betteraves cuites. A la faveur d'un tel régime, la Chèvre produisant beaucoup lorsqu'elle mange beaucoup et vice versa, les résultats obtenus par la traite sont très rémunérateurs. Un des facteurs de réussite est le bon état d'appétit des Chèvres, disposition qui dérive du bonétat de santé. M. Fourré fait remarquer que les terrains calcaires conviennent le mieux pour l'élevage caprin. Pour rendre les terrains argileux plus favorables à cet élevage, il conseille l’emploi des superphos- phates. Il a vu de très bonseffets produits par des améliorations de sol, pratiquées dans ces conditions. On retrouve, par ce moÿen, l'avantage des terrains calcaires, surtout si dans l’ali- mentation des animaux on fait entrer le phosphate de chaux à la dose de 10 grammes par tête. On procède à l'élection du Bureau pour 1911. Avant l’ouverture du vote, M. le comte d'Orfeuille fait part à l'assistance que, pour des raisons de santé, M. le baron de Guerne ne peut plus accepter les fonctions de président. M. d'Orfeuille se fait l'interprète de tous les membres de la Section pour exprimer les regrets que cause la retraite de M. de Guerne chez tous les amis de la Chèvre. L'élection donne les résultats suivants : Président : M. le Comte d’Orfeuille, Vice-président : M%° Caucurte, Secrétaire : M. Crepin. Le Secrétaire, J. CREPIN. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 213 Ve SECTION. — BOTANIQUE SÉANCE DU 23 JANVIER 1911 Présidence de M. D. Bois, président. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précédente. Au sujet de ce procès-verbal, M. Le Fort indique que le nécessaire a été fait pour obtenir l'échange du Bulletin de la Société avecle Bulletin du bureau des renseignements agricoles et des maladies des plantes, publié par l'Institut international d'Agriculture. f M. Debreuil indique que des pourparlers sont engagés pour organiser une excursion botanique et zoologique en Italie, de façon à coïncider avec les expositions de Rome et de Turin, et que la date projetée est aux environs de la Pentecôte. M. Bois, au sujet de la visite projetée à la champignonnière de M. Bonhomme à Issy, propose la date du 17 février à trois heures du soir. Le procès-verbal est ensuite adopié. M. Debreuil avait déposé sur le bureau des petits fruits rouges, en baie, et une tarte faite avec ces fruits; chaque membre avait été invité à la déguster avant la séance. L'opinion générale est que cette « tarte aux Cranberries » est excellente. M. Debreuil demande quels sont ces fruits. M. Bois dit que ce sont ceux du Vaccinium macrocarpum (ou Oxycoccos macro- carpus), arbrisseau poussant dans les marais de l’Amérique du Nord et très proche parent d’autres Vacciniées indigènes, habi- tant les marais et fournissant également des fruits comestibles, les uns rouges, les autres noirs ou bleuâtres. Les espèces à fruits rouges sont Vaecinium Oxycoccos (ou Oxycoccos palustris) et Vaccinium Vitis Idæa ; les espèces à fruits bleuâtres ou noirs sont Vaccinium uliginosum et Vaccinium Myrtillus. Cette dernière est peut-être la plus connue et particulièrement abon- dante dans ka région montagneuse des Vosges, M. Debreuil demande qu’en outre de ces renseignements, V7 Les nés APP AS * PU) SE) CRT : « 914 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION qui figureront au procès-verbal, une note soit rédigée sur ces Cranberries et Vacciniées indigènes à fruits comestibles, pour bien préciser les conditions dans lesquelles elles vivent afin que nos collègues ne soient pas tentés de leur donner le trai- tement des plantes ordinaires de jardin à fruits rouges, telles que les Groseilliers. M. Gérôme est chargé de rédiger cette notice. Une circulaire de la Commission d'organisation du Congrès génétique est déposée sur le bureau; la section décide de déléguer MM. Maurice de Vilmorin, Bois et Gérôme pour représenter la Société d’Acclimatation. Le Congrès se tiendra à Paris du 18 au 23 septembre 1911. La parole est ensuite donnée à M. Labroy, qui fait une com- munication sur les plantes proposées comme textiles nouveaux, et sur leur valeur économique. Ces plantes se classent en deux séries bien distinctes : A. Les unes sont des succédanés du Jute (Corchorus capsularis), Malvacée-Tiliacée herbacée originaire de l'Inde, où elle est très cultivée, ainsi qu’en Chine. B. Les autres sont des succédanés du Sisal (Agave Sisalana, et autres espèces mexicaines). Dans le premier groupe, M. Labroy cite les espèces suivantes : Urena lobata L., Hibiscus radiatus L., Hibiscus cannabinus L., Melochia pyramidala L., Abutilon Avicennæ L., Helicteres Isora L., Triumfetta semitriloba L., Asclepias semilunata L., Centaurea salmantica L., Symphitum sp. Dans le deuxième groupe, il signale les Agaves du groupe Zapupe, dans lequel les botanistes ont reconnu cinq espèces, mais dont trois sont particulièrement intéressantes, puis les Sanseviera. Enfin, comme succédané de la bourre ou kapok fourni par l'Eriodendron anfractuosum, il indique que l’on recherche de nouveau beaucoup. maintenant, une Asclépiadée des régions chaudes et sèches extratropicales, la « Fafetone », Calotropis gigantea qui a, d'ailleurs, depuis longtemps déjà, fre l’objet de nombreux essais peu concluants. Des indications de valeur marchande, de production annuelle, et autres renseignements économiques sont donnés sur les plus importantes de ces plantes, mais seront réunis dans une note spéciale. Ce compte rendu ne peut que résumer les plus saillants. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 245 4° L'Urena lobata L., Malvacée chinoise, connue sous le nom vulgaire d’Aramina, Kirudza à Madagascar, a été prônée depuis sept ou huit ans comme textile, et essayée au Brésil, État de Saint-Paul, dans le but de lui faire produire la matière première nécessaire à la confection des sacs à café; mais n’a pas donné les résultats espérés. Cette plante a été aussi essayée à Madagascar, puis aban- donnée. La résistance de sa fibre n’atteint pas le tiers de celle du Chanvre d'Italie. 2° Hibiscus radiatus est le nom scientifique d’une autre plante soi-disant textile, lancée en 1905, sous le nom de Lin brésilien, Lin Perini et Canhamo brésilien, a été essayée comme culture industrielle au Brésil, mais l'échec a été complet. 3° Dans la région du Haut-Sénégal et du Niger, le Dâ-Fou, l'Hibiscus cannabinus L., est très cultivé par les indigènes, notamment pour la fabrication des filets de pêche; d’après cer- tains essais, cette culture donnerait 750 francs de bénéfice net à l’hectare. C’est une culture très importante dans l’Inde, et qui serait à essayer où le Jute ne peut pas venir, à cause de la sécheresse du climat. | Le Melochia pyramidata L., Sterculiacée, originaire de l’Amé- rique du Sud, a été essayée à Cuba, dans le but de faire avec sa fibre des sacs pour l'expédition du sucre (on en utilise pour près de 10.000 francs par an, à Cuba). Mais ce textile ne paraît pas avantageux. et l'opinion qu'on s’est fait de sa valeur est que ce textile ne vaut pas les déchets de Jute. Dans la région de Santos, on à essayé, dès 1906, l'Æibiscus bifurcatus, Cav., pour faire des cordages. Le Sida Abutiton L. (Abutilon Avicennæ Gærtn.) Malvacée annuelle est aussi exploitée depuis quelques années dans le nord de la Chine, mais ne présente qu'un intérêt local. Dans les plaines de l'Inde existe en abondance une Stercu- liacée, AHelicteres Isora L., dont les fibres servent à faire des tissus très recherchés, notamment des rideaux; on a aussi essayé cette espèce pour la fabrication de sacs qui résistent à l'humidité, et peuvent durer quatre à cinq ans. Une Asclépiadée, Asclepias semilunata, connue sous le nom vulgaire de Chanvre de l’Ouganda, a été essayée en Australie ; elle a le mérite de bien résister à la sécheresse, mais parait être d'un médiocre intérêt commercial, sa fibre étant de peu 216 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION de valeur. Il y a de plus à craindre l'envahissement de la plante. Enfin, à titre de curiosité, il ya lieu de signaler l’utilisation au Mexique d’une Composée, Centaurea salmantica pour la fabrication de cordes avec les fibres de l'écorce, et une Borru- ginée de Haïti, espèce indéterminée du genre Symphitum que l'on ne s’altendait guère à voir placée dans la série des plantes textiles. Pour les espèces qui sont des succédanées du Sisal, comme les « Zapupe », l'intérêt que présentent ces Zapupe est d’être plutôt en rapport et de montrer moins vite leur tige florale; en certains points de l'Afrique de l'Est, le Sisal monte à fleur bien trop vite; les Agaves de la série des Zapupe vivraient douze à quinze ans avant de fleurir, et permettent la récolte des feuilles deux ans ou deux ans et demi au plus après la plantation des rejetons. Pour les Sanseviera, les espèces les plus intéressantes au point de vue de la valeur de leur fibre sont : S. £hrenbergi, S. quineensis, S. cylindrica et S. longiflora (cette dernière, répandue sous de nombreuses synonymes). M. Bois remercie M. Labroy des renseignements si intéres- sants fournis sur les diverses espèces que l’on a essayées avec plus ou moins de succès comme textiles en divers pays, et signale toute l'importance que présentent ces sortes derevisions _des diverses catégories de plantes. Puis il annonce que M. La- broy va très prochainement partir pour un voyage au Brésil, d'où il pourra rassembler, en outre du but particulier du voyage, des renseignements intéressants pour nos collègues. Le Secrétaire, J. GÉRÔME. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Le commerce des fourrures en Russie. — La protection du gibier. L'Ex- position de la chasse à Vienne. — La protection de la Bécasse. — Un poisson à cornes. — Importations d'animaux. L'Eléphant d'eau. La statistique du commerce des fourrures en Russie pendant l’année 1910 nous montre que si les quantités de peaux mises sur le marché ont été à peu près les mêmes que dans l’année précédente, les prix on! presque doublé pour la plupart. Cela tient à ce que la mode des fourrures se répand de plus en plus tous les jours et aussi à la diminution progressive des ani- maux sauvages qui à été telle dans certaines régions que les chasseurs ont renoncé à exploiter plusieurs localités. Il est question d'interdire par une loi la chasse de la Zibeline en Sibérie pendant une durée de deux ans, et la même protection est demandée pour les Renards blancs. Aux foires de Nijni et d’Irbit, ilest généralement vendu de 45 à 50.000 peaux de Zibeline de l'Est sibérien, sur plus de 244.000 qui sont mises en vente. À la foire d'Irbit, on a disposé de 6.325.000 peaux d'Écureuil, de 61.000 peaux de Renard bleu; de 250.000 Putois, de 600.000 Marmottes, de 50.000 Chats sauvages, de 1.800.000 Lièvres et le reste à l'avenant. Le produit des tran- sactions a dépassé de 2.218.000 roubles le rendement normal. La place de Moscou n’absorbe pas seulement la production russe et sibérienne. 100.000 douzaines de peaux de Lapins y sont importées de France, sans compter celles qui viennent d'Australie. Plus d’un demi-million de peaux de Rats musqués d'Amérique, qui servent à faire la fausse Loutre et le faux Castor, arrivent sur le marché russe à l’état brut ou déjà tra- vaillées et teintes à Leipzig, qui est le grand centre de prépa- ration et de teinture des peaux employées par la confection. La vente annuelle des fourrures de Chaten Russie est estimée à plus de 100.000 peaux, celle des Hermines à 200.000. Enfin il arrive environ 2.000.000 de peaux de Marmotte des steppes de la Mongolie, qui, bien qu’emplovées à des confections à bon marché, ont augmenté de valeur depuis 1908 de 90 p. 100.Quel- que intense qu’ait été jusqu'ici la multiplication de ces animaux, on ne peut croire qu'ils résistent longtemps à une exploitation 918 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION aussi acharnée, et c'est faire œuvre de prévoyance que de tenter la domestication des animaux à fourrures, pendant qu'il en existe encore, comme on l’a déjà entrepris pour le Renard argenté, le Renard bleu et le Rat musqué, en Amérique et dans les iles Aléoutiennes. L'exploitation de la fourrure des animaux n'est pas le seul agent de leur extinction progressive. Beaucoup d'espèces qui servent à l'alimentation sont l'objet de chasses destructives qui pourraient avoir de funestes conséquences, si une sage régle- mentation n’intervenait à temps pour assurer leur reproduction. Dans un excellent compte rendu de l'Exposition de la Chasse qui a eu lieu à Vienne, l'année dernière, notre collègue M. de Lesse fait ressortir dans la Revue du Saint-Hubert Club le côté économique de l'aménagement du gibier qui est poussé à un si haut point en Allemagne et en Angleterre. Les chiffres que relève M. de Lesse sont instruclifs. Vienne consomme 475.000 Lièvres, Berlin 188.000, Paris 184.000. La consomma- tion moyenne par an du gibier pendant ces dix dernières années est en milliers de kilogrammes pour Vienne 2.600, pour Paris 2.160, pour Berlin 1.850, etc. M. de Lesse se joint à M. le comte de Sabran pour insister sur la nécessité d’une protection sérieuse et d'une érève de printemps contre laquelle s'élèvent encore d'une facon si ridicule quelques braconniers endurcis qui ne songent qu à leurs plaisirs personnelset nient les vérités les plus incontestables. L'enseignement cynégétique est entiè- rement à faire dans notre pays et il faut féliciter M. le comte Clary et le Saint-Hubert Club d’avoir si courageusement entre- pris de faire entendre raison à nos 600.000 porteurs de permis de chasse. Si, comme le demande M. de Lesse et le président du Conseil municipal, M. Bellan, Paris doit organiser comme Vienne, dans un avenir prochain, une Exposition de Chasse, ce sera le cas de mettre sous les yeux de nos compatriotes les lecons de choses dont on a si bien profité à l'étranger. M. Béjot, au nom de la Société centrale des Chasseurs, renou- velle auprès du ministre de l'Agriculture des protestations mille fois répétées contre l'autorisation de chasser la Bécasse à CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 219 la remonte du printemps. Comme le dit fort bien M. Béjot, les Bécasses nichent dans toutes les forêts françaises et la chasse à la croûle détruit précisément des Oiseaux en train de s’appa- rier et se disposant à nicher. Les intrigues électorales ont fait revenir il y a deux ans ie Gouvernement sur les dispositions si sagement édictées par M. Mougeot, mais nous espérons bien que la voix de la raison finira par se faire entendre, et M. Béjot demande que la chasse à la Bécasse soit fermée au plus tard le 1% mars. Les chasseurs réguliers du Midi, dit le journal l’£leveur, protestent aussi avec énergie contre la chasse de printemps. Ils sont payés pour en savoir quelque chose, eux dont le gibier plume et poil est si près de disparaître grâce aux Vandales qui, depuis tant d'années, aussi bien avec le filet qu'avec le fusil, saccagent des régions autrefois si giboyeuses. Pourtant un chasseur qui se dit secrétaire d’une Société pour la répression du braconnage, prend hardiment, dans le Chasseur françans, la défense de la chasse printanière. Ses raisons sont admirables ! Nous n’en citerons qu'une, les autres ayant été maintes fois réfutées. Ce Nemrod convaincu se plaint de n'avoir pu tuer qu'une seule Bécasse en novembre dernier, malgré que le passage fût d'une abondance anormale, parce qu'il y avait trop de feuilles aux arbres pour qu'il pût les voir lorsque le gibier se levait, tandis qu'au printemps, les bocquetaux n'étant pas si feuillus, il n'en manque pas une, paraît-il. Mais c'est bien pour cela qu'il est urgent de défendre absolument la chasse de la Bécasse au printemps! Il restera à cet excellent tireur (secrétaire d’une Société pour la répression du bracon- nage), la ressource de chasser la Bécasse sous le couvert de la chasse des animaux nuisibles, comme il avoue que le font beau- coup de gens de sa connaissance. Voilà un pays à recom- mander à la brigade spéciale du Saint-Hubert Club. Dans son importante étude du Black-Bass d'Amérique M. Ra- veret-Watlel nous à initié aux soins que ces Poissons prennent de leurs nids pendant l’incubation de leurs œufs. Plusieurs Poissons montrent, en effet, pour leur progéniture une sollici- tude des plus touchantes. Le D' Lorentz, au retour de son voyage d'exploration des montagnes de la Nouvelle-Guinée, a présenté à la Société de géographie de Londres un singulier 990 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Poisson, qu'il a eu l’occasion de voir dans les cours d'eaux de ce pays, le Aurtus Gulliveri, espèce voisine du Aurtus indicus, qui est mieux connu. Cet animal ne construit pas de nid pour y pondre ses œufs, mais le mâle les porte agglutinés sous une protubérance cornée dont son front est orné, et qui se replie en forme d’anneau pour retenir la grappe d'œufs qu'y dépose la femelle. Le D' Lorenz ne nous dit pas ce que fait la femelle pendant ce temps-là, mais il semble qu’elle en prend bien à son aise en faisant tout porter à son époux. Importations récentes. — Un joli lot de Kangurous de Bennet dorsalis et à cou rouge a été rapidement enlevé chez Rambaud, de Marseille, qui met actuellement en vente des Poules sultanes, des Paons spicifères, des Sarcelles de Formose, de Casarkas, des Cygnes noirs, ete. Comme Mammifères : des Myopotames, des Pacas bruns, des Makis, des Cerfs Eldi, des Daims blancs et des Antiiopes Nilgau. M. Dagry, le pisciculteur du quai du Louvre a continué à acheminer ce mois-ci sur l’aquarium d'Anvers de nombreux bidons contenant des Poissons de mer vivants, des Syngnates, des Labres, etc., pour peupler les bacs dont l'inauguration est prochaine. Hamlyn, à Londres, a recu trois Pandas, l'Ours-chat dont nous signalions le mois dernier la reproduction au Jardin de Calcutta. Ils ont vite été casés dans les Jardins zoologiques. Cet importateur attend un envoi de Grues d'Amérique et des Antilopes à quatre cornes. Nous relevons dans sa liste de dis- ponibilités, des Ecureuils gris, des Blaireaux d'Amérique, un Hamster albinos, des Loirs, qu'il ne faut pas confondre avec le Lérot si commun dans nos vergers. C'est ce Loir que les Ro- mains engraissaient en captivité et dont ils faisaient leurs délices. Pourquoi ne reprendrait-on pas l'élevage de ce joli animal, qui se multiplie bien en captivité et dont la fourrure, d'autre part, pourrait rivaliser avec celle du Chinchilla? Hamlyn se souvient qu’étant au Congo, où il allait chercher des Gorilles et des Chimpanzés, un chasseur Panguin lui parla des Æléphants d'eau dont M. le professeur Trouessart nous a CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 291 entretenu à une de nos dernières séances, mais lorsqu'à son retour en Angleterre, Hamlyn fit part de cette découverte à quelques zoologistes éminents, son information ne trouva que des incrédules. Aussi est-il heureux de voir son récit confirmé aujourd'hui par le rapport de M. Le Petit qu'il avait eu le plaisir de rencontrer à cette époque à Brazzaville. M. Hamlyn est tout disposé à retourner dans ces régions lointaines qu'il con- naît bien et d’où il se fait fort de rapporter des Okapis, si quel- ques riches amateurs veulent bien subventionner son entre- prise. Chez Albert-Edward Jamrach, nous trouvons des Moutons nains à toison noire des îles Faroë, analogues à nos petits Moutons noirs ou blancs d’Ouessant, des Ecureuils de terre d'Afrique (Xerus setosus), des Paonnes spicifer, une paire de Gazelles de Perse, l'espèce qui se reproduit bien en capti- vité, etc. Chez Cross : 60 Sarcelles de Formose venant du lac Baïkal, #20 Canards mandarins importés, 1 Nandou, 2 Kangourous; Lémurs et Singes en quantités. Chez Philip Castang : Oiseaux d’eau et de faisanderie en nombre, Faisans vénérés adultes propres à mettre en parquets, pour la ponte; Grues de Numidie, Räles d'Australie, etc. ie Un de nos collègues nous demande 100 œufs de vénérés pour essayer de cet élevage dans ses tirés. Nous serons heu- reux de le mettre en rapport avec un éleveur qui pourrait les lui fournir. à ' DA PAR RE BIBLIOGRAPHIE Les plantes à gommes et à résines, par M. H. JacoB DE CoRDEMoY (1). M. Jacob de Cordemoy, qui s’est spécialisé depuis longtemps dans l'étude des sécrétions végétales, était particulièrement désigné pour traiter le vaste sujet exposé dans le livre qui vient d'être offert à notre Société et qui a pour titre : Les plantes à gommes et à résines. Les végétaux gommifères et résinifères sont extrêmement nombreux, et les matières premières qu'ils fournissent au com- merce, à l’industrie et aux arts ont parfois une importance considérable. Les applications industrielles des produits étant liées à la connaissance parfaite de leurs propriétés générales, M. Jacob de Cordemoy consacre une partie de son livre à la définition de ces substances, en étudiant leur origine, leur mode de produc- tion, leur composition chimique. Le botaniste trouvera là un exposé concis, mais complet, de ces questions purement scien- tifiques. L'auteur passe ensuite en revue les plantes productrices, “groupées dans un ordre méthodique d’après les caractères et la nature des matières qu'elles fournissent, étudiées elles- mêmes avec soin au point de vue économique et pratique. Son ouvrage se divise en trois parties consacrées : 1° aux plantes à gommes : 2 aux plantes à résines; 3° aux plantes à gommes-résines. Dans le premier chapitre, M. Jacob de Cordemoy définit biolo- giquement l’origine des gommes, qui peuvent avoir la signili- cation de produits de sécrétion en paraissant prendre nais- sance dans des conditions purement physiologiques et nor- males, mais qui, le plus souvent, exsudent, des tiges surtout, (1) H. Jacob de Cordemoy, docteur ès sciences, docteur en médecine, chargé de cours de l'Université d’Aix-Marseille. Les plantes à gommes el à résines, 1 volume in-18 jésus cartonné toile, de 425 pages, avec 15 figures dans le texte, 5 fr. Bibliothèque de botanique appliquée. O0. Doin et fils, éditeurs, 8, place de l’Odéon, Paris. BIBLIOGRAPHIE 293 dans des circonstances particulières et sont manifestement alors des produits pathologiques. Ce chapitre des plantes jommifères comporte trois sections consacrées : 1° aux plantes à gommes vraies [plantes gommi- fères d'Afrique (gomme arabique), de l’Inde, de l'Australie, de l'Amérique]; 2° plantes à gommes mixtes (gomme adragante, gomme de Bassorah); 3° plantes à gommes tannifères (kinos). Les plantes gommifères ont un réel intérêt économique. Les gommes solubles les plus belles et les moins colorées sont employées pour clarifier les liqueurs, dans le finissage de la soie (impression et apprêts) et pour la préparation de certaines couleurs fines. Les autres sortes les plus estimées sont utili- sées en confiserie et en pharmacie, pour le collage du papier et dans l’industrie textile, pour l’impression des étoffes et dans certains procédés de teinture. Les sortes de valeur moindre ont leur application en papeterie, dans la fabrication des allu- mettes et des encres. Les Æinos sont employés en thérapeutique comme médicaments astringents. Dans le chapitre consacré aux PLANTES RÉSINIFÈRES, l’auteur étudie également, tout d’abord l’origine, le mode de formation, les propriétés générales et les ‘usages des produits, qui sont employés surtout dans la fabrication des vernis. À cette caté- gorie appartiennent : les plantes à térébenthine : [Pin maritime dans le sud-ouest de la France (Térébenthine des Landes); Picea vulgaris (T. du Jura); Abies pectinata (T. de Strasbourg) ; Larix europæa (T. de Venise); Pinus Laricio (T. d'Autriche); P. silvestris (T. de Russie); P. halepensis (T. d’'Algérie)]|. La téré- benthine d'Amérique est surtout tirée du Pinus palustris. La térébenthine connue sous le nom impropre de Baume du Canada est fournie par l’Abies balsamea. La térébenthine d’Asie (inde et Indo-Chine) est produite principalement par le Pinus longifolia. L’Ambre ou Succin, qui est une résine fossile, est le produit d'exsudation de Pins de l’époque tertiaire. La Sandaraque est tirée du Callitris quadrivalvis, de l'Algérie et du Maroc et d’une espèce qui habite l'Australie. Viennent ensuite les plantes à copals : Copaliers d'Afrique (Trachylobium verrucosum, Copaifera (Guibourtiana); copa- liers d'Amérique (Æymenæa Courbaril) ; les plantes à damars (Copals tendres, Kaoris) (espèces diverses du genre Dammara, de la Nouvelle-Zélande et de la Nouvelle-Calédonie) ; les plantes 294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION à élémis d'Asie et d'Afrique (diverses espèces de Canarium) ; les élémis d'Amérique (Protium, Bursera, Dacryodes); les plantes à mastics (Pistacia Lentiscus); les plantes à huile de bois ou Baume de Gurjum (diverses espèces de Dipterocarpus) ; les arbres à Baume : Baume du Pérou (Wyroxylon Pereiræ); Baume de Tolu (Wyroxylon toluiferum); Baume de Copahu Copaifera of ficinalis) : les arbres à Styrax ou Copalmes (diverses espèces de Ziquidambar): les Benjoins (produits surtout par le StyraxBenzoin) ; Ile Sang-Dragon (Dæmonorops Draco et autres espèces) ; l'Aloès purgatif (Aloe Perryi, feroæ, etc.). Dans le troisième chapitre, GOMMES-RÉSINES, l’auteur donne d'utiles et intéressants renseignements sur les laques : laque du Japon (Rhus vernicifera), laque de Chine(A.succedanea), laque du Tonkin (ZX. succedanea, var. Dumoutieri), laque du Cambodge et de la Cochinchine{Welanorrhæa laccifera); sur la gomme gutte, produite surtout par le Garcinia Hanburyi, du Siam et de l'Indo- Chine ; sur la myrrhe (divers Commiphoraet surtout le C.Myrrha, du pays des Somalis etdel'Arabie); sur l’encens(Poswellia Carteri etautres espèces du même genre) ; l'Asa fœtida (Ferula fætida), le Galbanum (Ferula galbaniflua) ; lOpopanax (Opopanax chiro- nium) ; le Thapsia (7'hapsia garganica) ; la Scammonée (Convol- vulus Scammonia), ete. Cette énumération succiacte peut donner une idée du nombre et de la diversité des produits étudiés dans ce très intéressant ouvrage, que complète utilement un index bibliographique. D. Bors. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. ÿ Graines d'Anssrine, offertes par - OFFRES ours de dessin, peinture et seulplure d'après nimaux vivants en plein air et en atelier, , rue de la Barouillère (rue de Sèvres, près le oulevard du Montparnasse), Paris, 6°, sieurs prix Paris 1909, 1910, 1911 : Le et Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais ob: Français, race pratique par excellence, pour tout usage en tout climat; saison 1911: - pouleiltes pour ponte hiver et coquelets, en - Juillet-octobreé: poulette 7 fr. pièce, 65 fr. - les 10 ; coquelets 8 à 10 fr. pièce. Co. we _blanes 1910, 180 fr. femelle mélanote 25 frx Oies d’ Egypte, reproducteurs 35 fr. ,:DE SAINVILLE, membre du Gâtinais-Club, Saint-Germain-des-Prés (Loiret). sarde-régisseur de propriété boisée, connaît l'amé- _ nagement, l'exploitation mécanique des bois et la . pisciculture. . COLETTE, Marmagne (Saône-et-Loire). Plus de 10.000 Poulettes Caussade, pondeuses in- … comparables pour l'hiver. Sujets de 4 mois. 2 fr. 50 et 3 francs selon choix. - MEZIN, à Saint-Jean-du-Gard. vres sélectionnées du Poitou, excellentes lai- - tières; élevage Deux-Sèvres. crire à M. L. Fourré, 5, Boul. Saint-Martin. oule Ho-Ki, adulte, 90 fr. # L BESNIER, à Pereuil-Blanzac (Charente). IMrès beau Daim mâle, deux ans, parfait état. M}: ALGLAVE, Grande-Place, Valenciennes. Co. Canards Rouen. “Très bonne Chèvre normande, deux ans, très douce, _ excellente laitière. |Chevrette, même race, six mois, prix modérés. M! Suzanne RAPF, Compainville, par Forges-les- - Eaux, (Seine- Inférieure). 3 ombattants indiens 1910, 6 fr. pièce. Minorques blancs 1910, 6 fr. pièce. Dindons croisés blanc et bronzé d'Amérique, 20 fr., pièce ; emballage en plus Livrable gare Vitry. f REYNIER (d'Aix) et GUILLOCHON (de Tunis). S'adresser au Secrétariat. qui d sirent tente es tél sont priés d’adresser 1 ndes au: x Secrétariat, 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après EN DISTRIBUTION Pois de senteur anglais, en mélange, offerts par M. DÉJARDIN. OFFRES. DEMANDES, ANNONCES M. le Baron LE PELLETIER, Salvert, par Vivy (Maine-et-Loire). À vendre plusieurs couveuses et éleveuses de la célèbre marque anglaise ‘‘ Hearson ”’, saranties état de neuf et fonctionnement parfail. 3 couveuses n° 11 pour 120 œufs de poule ou 180 œufs de faisan. 4 élereuses hydrothermiques n° 13 pour 100 poussins. M. Louis JACOT, 7, rue Chernoviz, Paris. 1-2 versicolores 1910, race pure. M: MÉREL, 63, rue Chauveau, Neuilly-sur-Seine: Couple coq et poule Andalous bleus extra, sujets de grands Concours, 95 fr. 1-2 Brahmas Herminés, 30 fr. 1-2 Canards Barbarie bronzés, 25 fr. Couple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. Superbe couple Paons Nigripennes, né chez moi et prêt à reproduire en Mai, 150 fr., emballage gratuit. Coqs et poules Caumont extra, 6 fr. 50 pièce. Œufs à couver, 5 fr. la douzaine franco. © M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). DEMANDES Gros spécimens de plantes de serres et particu- lièrement Fougères en arbre. M. FOUGERAT, 44, rue Chaptal, Levallois-Perret (Seine). Chrysalides vivantes de Papillons, d'espèce indif- férente, faites en même temps: M. Jean ROSTAND, Arnaga, Pyrénées). Cambo. (Basses- Femelle Paon blanc. M. DURIEZ, boulevard Henri-IV, 44. 2 femelles paons bleus. 2 femelles paons nigripennes. 1 mâle sæmering. 1 femelle cygne noir. M. HERMENIER, Les Sables, à Draveil (S.-et-O.). Couple Paons blanes, jeunes ou adultes, même de cinif ans. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). SOCIÈTÉ NATIONALE D'AGCLINATATION DE FRAN FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 , PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : {o à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la Propagation! de végétaux utiles ou d'ornement. 3 Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol: même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des. animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans. ses séauces publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines. qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites. agrégées ou affiliées, la Société d’Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité. générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei-. gaements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Fan Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au. même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que . les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo ratoires, Jardins zoolosiques ou botaniques, Musées, etc.). ÿ Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la - Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement . gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d’Oiseaux ou de Poissons, elc., : faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieures à son admission, etc. 1 Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli- . matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8e, illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le « Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les “ matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à" part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi-" fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la pratique de la Pisciculture, l’Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et « de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs Le 1 leur culiure en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont ” plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour. les mermbre- de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien | connus du D' Moreau sur les Poissons de France. ! Re ee Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — 1. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. DE. FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58° ANNÉE N° 8 — 15 AVRIL 1911 SOMMAIRE S RAS £ $ Pages. | 3 D Gustave LOISEL. Les ménageries des pays slaves et scandinaves avant le XIX° siècle. . # L: TERNIER. — À propos de la disparition du Pigeon passager d'Amérique rues, 229 L L'Aquarium CAT A0 010 PUS ARANTETS PRES AN OR Ne 232 | F: _ BRET. — Sur les possibilités de culture du Funtumia elastica en Afrique occidentale. 238 : Extraits des procès-ver baux des séances des Sections. “ 1re choc = Mammiferes == Séance du SHanvier 104122 4/4 2122 Hier «ie cr 244 2e F1 4 Mammifères (Sous-section d'Etudes caprines). — Séance du 21 janvier 1911 : 245 Je ? — Ornithologie-aviculture. — Séance du 8 JaLYIOR LOL ETS USE NRES 251 _— Entomologie. — Séance du 16 janvier 1911 . . . . . . . . Ru NON RE 256 53 Le Socièté ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises . par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 5 Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 0 AD SIFGE SOCIAL: DE AL SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS - LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS SRE 07 : | SATA : à _ Le Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé aux membres de la Société, aura lieu le 15 Mai prochain, à midi, au Buffet de Le Gare de Lyon. Prix du déjeuner, 10 fr. Les femmes des membres de la Société sont admises à ce déjeuner. ë Prière d’adresser, dès maintenant, les adhésions au Secrétariat. ucune adhésion ne sera acceptée après le 10 Mai. A 3 heures, visite des PRE et Serres du Muséum. _ P. 2. L'ARLALPS < | LA Ve ch à D FANL SL ARTE = = Fa y D RL D DENT EU | & Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membre et les personnes qui désireraient l’entretenir qu’il se tient à Jeur disposi siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCHINATATION DE FRANCE | Fondée le 10 Février 1854 ; Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'InstitutZet de[ l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. : 1 MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole’ coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). ; Vice- Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PoNTertAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. secrétaire général, M. Maurice LoyER, 12, rue du Four, Paris. ; MM. R. LE ForrT, 89, boulevard Malesherkes, Paris (Etranger). # H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole les Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Secrétaires} Germain, Paris (Conseil). # CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). ICh. DesreUIL, %, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). | NE Trésorier, M. le D'SeBiLLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M.!CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. à , Maïres, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. s Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d’'Hisloire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de VizMoriN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. $ LecoMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. Le Myr&/DE ViLers, 3, rue Cambacérès, Paris. : Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Wurriox, 7, rue Théophile-Gautier, Neuiliy-sur-Seine. : ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. DÉSARDIN, 23, rue Claude-Lorrain, Paris. MaGaAuD-D'AuBussoN, 18, rue Erlanger, Paris. à | D: P. MarcxaL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. : à Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 Janvier | Février | Mars Avril Mai | Novembre | Décembre SÉANCES DU Conseir, le Mardi à 5 heures.| 10 14 1 A1 9 44 Are SECTION. — Mammiferes, le lundi A7) DEUTES STAR PNR TT 9 6 6 3 1 6 2° SECTION. — Ornithologie, le lundi 4 3, h: 42 ER EL EE 9 6 6 3 À 6 3° SECTION. — Aquicullure (1), le lundi | à 5 1hEUTES >, ON NS TER ENG 13 13 10 8 13 11 4e SECTION. — ÆEntlomologie, le lundi | à 8h14)" one Van LS nl 13 13 40 8 13 11 5e SECTION. — Bolanique, le lundi | 458 D. A9 ES RE LE ReS 20 20 24 45 | 20 | 18 6° SECTION. — Colonisation, le lundi 14 | à 5 heures . . 23 20, °; "90 24 15 20 18. Sous-SECTION d'Etudes Caprines, le ven- dredi à 5 heures . es à (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des … séances EF: LES MÉNAGERIES DES PAYS SLAVES ET SCANDINAVES AVANT LE XIX° SIÈCLE Par le D' GUSTAVE LOISEL (!. I. Les bêtes privées des anciens Slaves. — Réserves de chasses en Pologne. — Animaux du roi Jean Sobiesky. La religion des anciens Slaves fut essentiellement animiste et comporta, un peu comme en Égypte, la garde et la vénéra- tion d'animaux sacrés. Les Lithuaniens, par exemple, avant leur conversion au christianisme, à la fin du xiv° siècle, avaient chacun, dans un coin de la maison, un Serpent couché sur du foin auquel le père de famille faisait chaque jour un sacrifice en lui donnant à manger (2). À côté de ces sortes de ménageries sacrées, les Slaves eurent aussi leurs conducteurs de bêtes, dont les premiers furent peut-être les Skomoroki, ces poètes errants, comparables à nos troubadours qu'on voit apparaitre en Russie dès le x1° siècle, et qui ne disparurent guère qu'au xvi° siècle (3). Mais, à cette dernière époque, il y avait longtemps déjà que des conducteurs d'Ours dressés allaient de village en village avec leurs bêtes. C'étaient des Tsyganes, des Tatars, des paysans polonais, lithua- niens ou moscovites qui venaient surtout des gouvernements de Nijny-Novgorod, de Vostromskoy, de larolavsky et du nord de la Lithuanie (4). (1) Cet article est extrait d'une Histoire des Ménageries depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours qui est actuellement sous presse. C'est à cet ouvrage que nous renvoyons le lecteur pour la bibliographie et les sources originales. (2) Cosmographie moscovite, par André Thévet, recueillie et publiée par: le pince Augustin Gaiitzine, Paris, 1858, in-12, p. 86. (3) Ces Skomoroki seraient représentés avec leurs bêtes, nous avait-on dit à Moscou, dans de curieuses fresques qui ornent un escalier intérieur de la vieule cathédra'e Sainte-Sophie de Kiew. Pour notre part, nous n'avons vu, dans ces peintures, en grande partie détruites, et que, du reste, nous u’avons étudiées qu'en passant, que des scènes de chasse et de danse, accompagnées d'animaux plus on moins fantastiques. (4) D'après l’Encyclopéilie russe de Brockhaus et Efront (1892), articles : Vogaki Medvedey (cond icteurs d'ours) et Smorgôni, (en Russe). BULL. SOC. NAT. ACCL. VR. 1941. — 45 A] 996 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Dans ces pays les Ours vivaient en abondance et il était facile, au cours de grandes battues, de capturer des Oursons vivants que des paysans élevaient et dressaient pour leur usage personnel, pour celui de leur seigneur ou pour les vendre à des conducteurs ambulants. Dans le petit village de Smorgôn ‘ou Smorgony, par exemple, là même où Napoléon abandonna les restes de la Grande Armée, en 1813, il y eut un de ces éle- vages d'Ours dont le souvenir est encore aujourd'hui très vivace dans la famille des Radzivill qui posséda ce village dès la fin du xvu° siècle; on l’appelait | « Académie des Ours » non par ironie, comme le pense la comtesse Joseph Potocka, une Radzivill, qui nous en a parlé en Pologne, mais plutôt parce que c'était l'habitude alors de décorer du nom d’Académie les ménageries foraines. On venait acheter des Ours dressés dans ces sortes d’écoles et on les conduisait, de bourgade en bourgade, pour leur faire donner, sur les places publiques, des représentations plus ou moins burlesques. Deux hommes accompagnaient généralement chaque bête ; l’un qui jouait du tambour ou du violon, l’autre qui se déguisait en Chèvre savante, au moyen d'un grand sac pourvu d'un masque, d'une paire de cornes et d’une barbiche. Au son de la musique, l’Ours et la Chèvre se dressaient, se pla- çaient en face l’un de l’autre et se mettaient à mimer des scènettes amusantes, lelles que : « Le petit garcon dérobant des pois », « La femme à sa toilette », ete. Ces spectacles avaient naturellement beaucoup de succès auprès de ce peuple resté encore si doux et si naïf, et ils auraient duré jusqu'à nos jours, si les conducteurs d'Ours n'avaient (rop souvent marty- risé leurs bêtes, pendant le dressage ou même au cours de leurs représentations. Aussi, sous l'influence de la « Société pro- tectrice des Animaux » russe, ce métier fut interdit et, à partir de l’année 1867, les Ours dressés disparurent peu à peu de Russie. Les riches propriétaires slaves avaient aussi leurs Ours pri- vés et, en particulier, les propriétaires de l’Académie de Smor- sony. Vieille et riche famille lithuanienne, les Radziwill, notam- ment leur lignée protestante, possédaient des forêts immenses dans lesquelles ils aimaient à chasser la grosse bête : Bisons, Élans, Ours, Loups, Cerfs, Daims, Sangliers. Au cours de ces grandes chasses, on trouvait parfois l’occasion de capturer des Oursons, ou même des bêtes adultes vivantes, que l’on plaçait LES MÉNAGERIES DES PAYS SLAVES ET SCANDINAVES 29. dans des cages en bois ou dans des enceintes spéciales entou- rées d'une palissade et d’un fossé profond (1) : les Oursons étaient généralement conservés pour le dressage; les bêtes adultes, plus fortes et plus belliqueuses, et par là même beau- coup plus appréciées par les seigneurs, étaient gardées pour les donner en spectacle contre des Dogues danois ou anglais, lors de quelque grande fête. En 1592, par exemple, le prince Chris- tophe-Nicolas Radziwill envoie des Ours sauvages pour les noces du roi Sigismond III. En 16143, le fils de ce Radziwill, Jassusz, à la veille de se marier, veut lui aussi des Ours pour ses noces. Il éerit à son frère, à Vilna, pour lui recommander avant tout ces animaux. S'il n’en trouve pas sur place, lui dit- il, qu'il en fasse venir des élevages de Stuck, de Kojdonov, ou de Romanow, et qu'il choisisse des Ours assez bien dressés pour pouvoir dénouer les rubans des pantalons de ses beaux- frères {2). Seize ans plus tard, en 1629, c’est un autre Radziwill, Chris- tophe II, qui donne l’ordre d'acheter dans les provinces du sud : douze Chameaux, des Chevaux rares, des Faucons, des Aigles, et d’une facon générale tousles animaux peu connus en Lithuanie qu'on trouvera. Les seigneurs polonais entretenaient du reste de grandes réserves d'animaux où l’on trouva, jusque dans la dernière moitié du xvu° siècle, le véritable Aurochs à côté des Bisons ou Wisents, qui vivent encore aujourd'hui dans ce pays. La présence de ces Aurochs est signalée en effet, en 1517, par le baron autrichien Herberstein, dans un parc situé en Mazovie, près de Varsovie. L'erreur ici n’est pas possible, car ce diplomate voyageur a soin de donner, dans l'édition originale de ses Commentaires, la figure des deux animaux; il ajoute, et c'est là un dêtail qui explique les erreurs qu'on a faites depuis dans l’histoire du Bison et de l’Aurochs, que les Allemands commencaient, en son temps, à confondre ces deux animaux sous un même nom. C'est dans un autre pare de la (1) La prédilection pour de telles enceintes était partagée par bon nombre de seigneurs polonais, entre autres par Jean Zamoyski, qui fut Srand chancelier de Pologne, au temps glorieux du règne d'Étienne Ba- tory (1516). (2) Tous ces renseignements nous ont été fournis par un érudit polonais, M. J. Kordzikowsky, que nous avons trouvé, à la Bibliothèque impériale publique de Saint-Pétershourg, préparant un ouvrage historique sur les prince Radziwill. NAT PAU ds 7 SF 228 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION République de Pologne, dans celui du comte de Künigsberg, qu'on signale pour la dernière fois, en 1669, l'existence indé- niable de l'Aurochs (1). Au siècle suivant, en 1793, Robert Townson dit bien qu'il vit à Vienne un Aurochs privé, servant à des combats d'animaux (2), mais il est probable qu'il veut parler ici d'un simple Bison. Enfin, pour en finir avec les grandes réserves de chasses polonaises, nous dirons que c'est dans une de ces réserves, celle de Bialovitz, dont nous aurons l'occasion de parler plus tard, que l’on vit, un jour de grande battue, la reine de Saxe et Pologne, l'épouse d’Auguste III, tuer vingt Bisons de sa main, « s'amusant, entre temps, à la lecture d'un roman francais » (3). Quant à la cour des rois polonais, qui se tint le plus souvent à Dresde, au xvim° siècle, nous ne connaissons en Pologne que celle de Jean Sobiensky pour avoir eu des animaux sauvages. Ce prince conserva quelque temps, à son palais de Willanow, près de Varsovie : un Casoar, un Lynx et une Loutre appri- voisée que lui avait donné le maréchal Passek (4). (A suivre.) (4) Knackfuss, cité par de Noirmont. (2) Voyage en Hongrie, trad. fr., t. I. (3) Knackfuss,/oc. cit. (4) L'histoire curieuse de cette Loutre a été racontée par le maréchal Passek lui-même. Voir Brehm. Les Mammifères.éd. fr., t. 1, p. 642 et suiv. A PROPOS DE LA DISPARITION DU PIGEON PASSAGER D'AMÉRIQUE (1) par LOUIS TERNIER J'ai adressé dernièrement à notre Société une communi- cation relative à la disparition du Pigeon passsager d’Amé- rique (Æctopistes migratoria). Gette communication à, parait-il, donné lieu à quelques observations de la part de quelques-uns de nos collègues que la rapidité de la disparition de cette espèce migratrice a paru étonner et qui, par l’entremise de M. Debreuil, m'ont fait demander des renseignements complémentaires. Je dois d'abord exposer que je tenais les renseignements relatifs, tant à l'abondance des Pigeons passagers et à l'impor- tance de la destruction dont ils furent l’objet qu’à la question elle-même de leur disparition, de M. Pearson, secrétaire de l'Association nationale des Sociétés d’Audubon (National Asso- ciation of Audubon Societies). J'avais puisé la confirmation des faits avancés par M. Pear- son dans une revue publiée à New-York, sous la direction de M. Frank Chapman, directeur de la section d’Ornithologie au Muséum d'Histoire naturelle de New-York. Lors de ma visite à Tring, en 1905, j'avais personnellement entendu sir W. Roth- * schild affirmer à notre regretté collègue M. Oustalet, en lui montrant un Pigeon passager monté, que cette espèce était à peu près disparue. Et, en fait, l'Oiseau figurait au nombre de ceux exposés dans la section des espèces en voie de disparition. J'ai, depuis, suivi dans les revues scientifiques étrangères Les progrès de cette disparition; aussi la communication de M. Pearson et la notice publiée dans la revue américaine ne m'avaient-elles point grandement surpris. Mais j'ai voulu, afin de satisfaire le légitime désir de nos collègues, avoir de plus amples renseignements, et voicice que j'ai pu recueillir au sujet de la disparition du Pigeon passager. M. Chapman, auquel je me suis tout d’abord adressé, m'a répondu qu’en ce qui le concerne il sait pertinemment que les (4) V. Bulletin, 1* avril 1911. 230 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION ornithologistes américains considèrent comme cerlain que si l'espèce du Pigeon passager n’est pas éteinte, elle est du moins si près de l'être qu'il n’en existe plus que quelques individus, et qu’en tout cas, depuis quelques années, il n'a pas été fait mention authentique de la capture d’un seul de ces Oiseaux. M. Chapman m'a, en outre,communiqué un rapport de M. J.-A. Allen, attaché au Muséum de New-York, relatif à cette ques- tion du Pigeon passager d'Amérique. M. Allen commence son rapport par cette phrase : « Il est généralement admis que l'espèce du Pigeon passager est main- tenant éteinte à l’état sauvage et que parmi les Pigeons passa- gers qui antérieurement vivaient en captivité, un seul survivant se trouve au Jardin zoologique de Cincinnati. » M. Allen examine ensuite quelle créance on doit accorder à de prétendues cap- tures de Pigeons passagers, mentionnées au cours de ces der- aières années, et il établit, dans une discussion qu'il serait trop long de rapporter ici, que les Oiseaux capturés n'étaient pas des Pigeons passagers et appartenaient à d’autres variétés de Pigeons américains. L M. Chapman a bien voulu, d’un autre côté, me mettre en rapports avec M. E. H. Forbush, directeur du service orni- thologique au Ministère de l'agriculture de l'État de Massa- chusets, qui s’est tout spécialement occupé de cette question. M. Forbush a été chargé de faire une enquête sur les Oiseaux- gibier, la Sauvagine, les Oiseaux de rivage, et a fait des recherches toutes particulières sur la question du Pigeon pas- sager. Cet ornithologiste termine en ce moment un rapport considérable sur le résultat de cette enquête. Voici ce que m'a répondu textuellement M. Forbush : « Malgré tous les bruits qui ont circulé contrairement à cette opinion, Je suis convaincu que la race du Pigeon passager est maintenant éteinte en fait (practically extinct). La promesse d'une prime s’élevant à 3.000 dollars à quitrouverait une nichée intacte de Pigeon pas- sager n'a donné aucun résultat. « La dernière mention authentique de la capture d’un Pigeon passager est relative à celle faite à Bar Harbor (Maine), en 1904. Constamment, nous recevons avis de gens qui croient qu'ils ont vu un Pigeon passager, mais chaque fois que l’Oiseau est tué, il se trouve être un : Mourning-Dove, ou un Pigeon à queue barrée, Oiseaux qui sont encore assez nombreux. » Et M. Forbush ajoute : « Et il n’y a pas que le Pigeon passager DE LA DISPARITION DU PIGEON PASSAGER D'AMÉRIQUE 231 dont l’espèce soit en fait éteinte; le Courlis esquimau semble aussi actuellement disparu. « La cause de cette disparition provient de la culture des ter- rains où il se nourrissait et de la chasse de cet Oiseau au prin- temps, au moment de sa migration, le long de la vallée du Mississipi. Le Perroquet de Caroline est aussi probablement une espèce disparue. « De fortes primes n'ont pu procurer un seul spécimen et on ne signale l'existence d’aucun de ces Oiseaux depuis plusieurs années, excepté en Floride. Il y à encore diverses autres espèces qui, au train dont va leur destruction, disparaïitront bientôt. » Il me semble résulter de ces diverses communications que, conformément à la communication qui m'avait été faite par M. Pearson, les ornithologistes américains les mieux en situa- tion d’être exactement renseignés ne connaissent actuellement qu’un seul survivant de l’espèce du Pigeon passager, celui qui existe au Jardin zoologique de Cincinnati. L'espèce semble donc éteinte à l’état sauvage, et il est fort probable qu’elle disparaîtra complètement avec le Pigeon de Cincinnati. L'AQUARIUM DU JARDIN ZOOLOGIQUE D'ANVERS Le nouvel Aquarium du Jardin zoologique d'Anvers, dont l'inauguration a eu lieu le 30 janvier derüier, est, à coup sûr, l’un des plus beaux du genre et peut figurer aisément au pre- mier rang de tous ceux qui ont été construits jusqu'à ce Jour. Extérieurement, l’Aquarium est constitué par un amoncelle- ment de rochers abrupts du meilleur effet, surmontés du Palais des Reptiles, longue galerie blanche encadrée de deux portiques grecs, d’un aspect sérieux, coquet el somptueux. L'ensemble du bâtiment intérieur forme un rectangle de 63 mètres de longueur sur 16 mètres de largeur et comprend trois étages, dont celui du milieu est réservé au public. Cet étage est divisé en 3 parties : 1° L'entrée, composée d’un grand vestibule de 10 mètres de largeur sur 16 mètres de profondeur; celte pièce est ornée d'un grand bassin en marbre blanc, et d’une grotte en rocaille, formant élévation et cascade; cet ornement occupe toute la largeur du vestibule, soit 10 mètres, sur une profondeur de > mètres; celte entrée est précédée d’une grande porte monu- mentale en fer forgé, se rapprochant du style de la porte d'entrée du Jardin zoologique; les revêtements des côtés sont en marbre blanc, le pavage est en mosaïque. Sur le côté droit se trouvent trois ouvertures : celle du milieu est plus large et s'ouvre en deux parties, l’une servant à l’entrée et l’autre à la sortie des visiteurs. Ces portes sont garnies de vitraux améri- cains opaques pour atténuer la lumière et l'empêcher d'éclairer le Grand ball du public; 2° Le Grand hall a 42 mètres de long sur 8 mètres de large. A droite et à gauche sont les ouvertures des aquariums. Elles sont au nombre de treize de chaque côté et donnent sur vingt-deux bassins, dont deux plus grands au milieu et se composant chacun de trois ouvertures; ces grands bassins ont 10 mètres de longueur et contiennent 30 mètres cubes d’eau, les vingt autres contiennent 9 mètres cubes. Les ouvertures ont 2%50 de longueur sur 1*30 de hauteur. Les glaces ont 266 de long sur 146 de large et leur épaisseur varie entre 40 et 42 millimètres, ce qui représente environ, par glace, le poids de 430 kilogrammes; elles sont placées à l’aide d’un système noise: | L'AQUARIUM DU JARDIN ZOOLOGIQUE D'ANVERS 233 spécial qui en assure la parfaite élanchéité et donne toute garantie contre la forte pression et ie changement de tempéra- ture, celle-ci étant différente entre la salle des visiteurs et les salles de service des bassins. Le cûté droit, composé de onze bassins, est destiné aux Pois- sons d’eau douce ; le côté gauche, aux Poissons de mer et aux diverses espèces d'animaux marins; une balustrade en fer forgé est placée dans toute la longueur et à une distance d’en- viron 90 centimètres des glaces, afin que les visiteurs ne puissent toucher celles-ci en allongeant le bras. Les parois intérieures des bassins sont garnies de rocailles de différentes formes suivant les espèces de Poissons logées dans ces bas- sins; il y a également différents fonds aménagés pour les plantes aquatiques et les animaux marins. L'éclairage de cette grande salle est produit par @es ouvertures garnies de vitraux assez opaques pour tamiser la frop forte lumière qui nuirait à l'éclairage des bassins, ceux-ci étant du côté du service en pleine lumière. La hauteur de la salle est d'environ 8 mètres; la décoration imite la pierre de taille et forme une voûte avec pilastres par- tant de la base qui est en marbre; le pavage est en mosaïque, et l'aspect général, quoique sévère, produit un grand effet qui correspond bien à la quantité d’eau contenue dans les bas- sins, el qui est d'environ 230 mètres cubes. Le service est assuré de chaque côté par un couloir ayant la longueur de la grande salle et 5 mètres de largeur; c’est dans cet espace que sont construits les bassins; un passage est ré- servé pour le personnel chargé d'entretenir, de nourrir les Poissons, etc. La distribution de l’eau se fait à l’aide d’une conduite placée au-dessus des bassins avec tubulures et robi- nets correspondant aux divisions des bassins qui sont alimentés séparément; la sortie d’eau, c’est-à-dire le trop-plein, tombe à l'étage inférieur où sont construits les grands réservoirs; 3° En quittant le Grand hall, on pénètre dans la salle des Poissons exotiques; cette salle a 16 mètres de largeur sur 10 mètres de profondeur; la hauteur est de 8 mètres. Elle est éclairée par de grandes fenêtres. L'aménagement et la dispo- sition de cette salle comprennent : au centre, un bassin ovale, dont la bordure est eu marbre, ainsi que le revêtement des murs; puis une série de vingt-sept aquariums dont quatre grands, octogones ; un grand rectangulaire à pans coupés, et 234 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION vingt-deux, rectangulaires, de 090 de largeur; ces aquariums, placés sur des meubles en chêne d’un très beau style, forment un ensemble aux lignes régulières. Les aquariums sont com- posés d'une tablette d'ardoise,avec monture en cuivre et glaces; ils sont construits de manière à y placer une glace comme cou- vercle tout en laissant assez d'air à la surface de l'eau; ils sont également alimentés séparément par des moyens invisibles comme arrivée et sortie d'eau. Un fond de sable permet aux plantes aqualiques de vivre et de se développer. Cette salle est chauffée de facon à maintenir une tempéra- ture constante. L'eau qui alimente les aquariums passe dans un réchauffeur, réglable suivant les saisons; l’eau contenue dans les aquariums est donc tempérée, non seulement par le chauffage de la salle, mais encore par elle-même. Dans cette salle se trouvent les plus belles collections de Poissons exo- tiques aux couleurs les plus variées. L'étage inférieur est également divisé en trois parties dans sa longueur : 1° la salle des machines (moteurs, pompes, chau- dières, etc.); 2° une salle de 42 mètres sur 16 mètres où sont construits les grands réservoirs; 3° la salle des filtres. Les machines servent à remonter une partie de l’eau conte- nue dans les réservoirs de l'étage inférieur dans des réservoirs situés à la hauteur de l'étage supérieur. Cette eau est ensuite distribuée dans les bassins au moyen d’une conduite d’eau placée au-dessus de ceux-ti. Les machines se composent de moteurs électriques et de pompes rotatives. Elles sont en double, de manière à assurer le service par les moteurs et pompes de réserve. L'ensemble de cette salle est d'apparence remarquable par son aménagement. Le revêtement est en car- reaux blancs, de même que les motifs des moteurs et pompes. Le pavage esl en carrelage de couleur. Toute la tuyauterie est suspendue au plafond, et il existe des combinaisons permet- tant d'utiliser soit de l’eau de mer ou de l’eau douce ; les con- duites d’eau de mer sont émaillées intérieurement. Le tableau distributeur des courants électriques figure aussi dans la salle des machines. Les chaudières du chauffage central sont pla- cées dans une petite pièce contiguë à la salle des machines. La salle des réservoirs est une grande pièce de 42 mètres de long sur 16 mètres de large. Les réservoirs sont dans le sens de la longueur et divisés en deux parties séparées par le milieu, pour isoler l’eau douce de l’eau de mer. Ce sont donc deux L'AQUARIUM DU JARDIN ZOOLOGIQUE D’'ANVERS 235 réservoirs distincts et qui sont encore divisés en deux parties, toujours dans le sens de la longueur. L’eau venant du trop- plein des bassins où sont exposés les Poissons est conduite, à l’aide d’une rigole suspendue dans toute la longueur, vers la troisième salle où sont les filtres. Une fois passée dans les filtres, elle est dirigée de nouveau, au moyen d'une autre rigole, vers l'extrémité du réservoir. Or, comme ce réservoir est divisé en deux parties et que l'aspiration de la pompe n'est pas de ce même côlé du réservoir, mais dans l’autre partie, l'eau a donc à parcourir le double de la longueur, soit 84 mètres, de façon qu'elle ait le temps de se décanter. Ce bassin a, en plus, des séparations placées en travers, ce qui retient encore l’eau dans son parcours. Dans le sens de la longueur, il est réservé un passage pour le service. L'obscurité est complète, afin d'éviter les végétations d'Algues qui pourraient croître sous l'influence de la lumière. Filtres. — Cette partie à 16 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur et comprend quatre filtres, dont deux seulement en fonctions et deux de rechange. Chaque filtre est composé de deux grands réservoirs garnis de plusieurs couches de gravier, sable et charbon. L'un de ees réservoirs est tilire descendant, c'est celui qui recoit l’eau venant directement des aquariums; le second réservoir filtre l’eau en remontant, d'où elle va ensuite dans le grand réservoir prête à être remontée dans le réservoir supérieur à l’aide de pompes. Chaque grand réservoir de l'étage inférieur peut contenir 400 mètres cubes d’eau. Les réservoirs de la partie supérieure contiennent un peu plus de 100 mètres cubes chacun. Si l’on ajoute l’eau contenue dans les aquariums, et qui mesure un peu plus de 100 mètres cubes de chaque côté, on peut compter un ensemble de 600 mè- tres cubes, autant pour l'eau de mer que pour l’eau douce, ce qui fait au total 1.200 mètres cubes d’eau. L'eau de mer et l’eau douce peuvent servir durant plusieurs années puisqu'elles sont filtrées chaque fois qu'on les utilise. On estime que l’eau de mer peut servir pendant cinq à six ans; le volume peut diminuer un peu, mais comme les sels marins ne s'évaporent pas, on remplace l’eau évaporée par de l’eau de pluie. L'eau douce peut sans inconvénient remplacer la perte produite par l’évaporation. Ces deux eaux sont aérées après leur passage dans les filtres et en tombant dans les réservoirs supérieurs; elles sont 236 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION donc décantées, clarifiées et aérées avant de repasser dans les aquariums. Les réservoirs d’eau claire situés à l'étage supérieur sont placés à 9 mètres environ de hauteur au-dessus des aquariums, de sorte que la pression est suffisante pour lancer l’eau avec force dans les aquariums, ce qui lui donne encore plus d’oxy- gène. En plus des réservoirs de l’étage supérieur, se trouve une grande galerie composée de trois parties, et destinée aux Reptiles et aux terrariums. Cet ensemble s'étend sur une lon- gueur de 62 mètres. La partie du milieu mesure 42 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur; les salles des extrémités ont 16 mètres sur 10 mètres. Cette galerie ne pourra être aménagée que pour fin mai prochain. Personnes ayant collaboré à l'installation de cet aquarium : M. Lhoëst, directeur du Jardin zoologique ; M. Michel Loëst fils, directeur du nouvel aquarium; M. Thielens, architecte ; M. À. Dxgry, constructeur de la partie technique; M. le commandant Butling, directeur de l'institution mari- üme ZL'Ihis qui, à l’aide de ses chalutiers à vapeur, assure le renouvellement de la faune marine. Poissons contenus dans les Aquariums d’eau douce. Épinoches, Épinochettes, Bouvières, Perches, Sandres, Gré- milles, Chabots, Lottes, Carpes communes, Carpes cuir, Carpes miroir, Barbeaux, Goujons, Gardons, Tanches, Tanches rouges, Carpes Hi-Goï, Rotengles, £upomotis gibbosus, Cat-fishs, Loches, Ablettes, Brèmes, Vairons, Chevaines, Ides Mélanotes rouges et noirs, toutes les espèces de Truites et de Saumons, Anguilles, Brochets et Black-Bass. Poissons et Zooplhites marins contenus dans les Aquariums d'eau de mer. Hippocampes, Syngnathes, Crenilabres, Labres de diverses espèces, Torpilles marbrées, Cycloptères, Gades, Anges, Bau- droies, Blennies, Cottes, Gobies, Rascasses, Vives, Bars, Raïes, Plies, Soles, Limandes, Orphies, Congres. L'AQUARIUM DU JARDIN ZOOLOGIQUE D'ANVERS 937 Suberites domuncula, Gorgonia, Anemonia suleata, Actinia equina, Asteria glacialis, Echinaster sepositus, Asterina gibbosa, Spirographis Spallänzanii. Heliothis tuberculata, Purpura lapillus, Buccinum audatum, Doris tuberculata, Eolis pa illosa, Anemonia ephippium, Mya arenaria, Octopus vulgaris, Seyia officinalis. | Poissons exotiques (Salle des Petits Aquariums). Télescopes et Queues en Voile de Chine ; Chaetodons ; Cal- lichthys fasciatus, C. punctatus ; Eleotris; Barbues de diverses espèces; Danio rerio ; Acara cærulea et bimaculata ; Heros face- tus (Chanchïto); Cichlasoma ; Hemichromis fasciatus et auratus ; Geophagus; Betia pugnax; Cienops vittatus (Gurami); Macro- podes; Z'richogaster lalius, Tr. fusriatus; Badis Badis; Gambusia bimaculata et holbrooki ; Girardinus de diverses espèces ; Pæci- lia divers ; Niphophorus hellerie:; Pseudoxiphophorus; Fundulus qularis; Haplochilus divers; Tetragonopterus; Scatophaqus argus; Pantodon Buchholtzi; Rivulus flabellicauda; Monopterus Jjavanensis, etc. SUR LES POSSIBILITÉS DE CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE par M. BRET, Sous-inspecteur d'Agriculture à la Côte-d'Ivoire (1). Ce n'est pas un lieu commun que de répéter qu'il existe en Afrique Occidentale un arbre à caoutchouc très différent de l'arbre à caoutchouc du Para, mais susceptible de présenter un intérêt aussi grand. Il est malheureusement vrai que l'on ignore généralement l'existence du Funtumia elastica et, à plus forte raison, sa valeur réelle. 11 serait d’ailleurs difficile qu'il en fût autrement, devant la multitude des sortes de gomme élastique qui proviennent des régions africaines, sur les marchés, avec l'empreinte de la pré- paration la plus défectueuse. La présence de populations très primitives suffit d'ailleurs à expliquer cette situation. Devant l'appauvrissement progressif de vastes régions en réserves de plantes à caoutchouc, devant la tournure spéciale prise par une production qui tend à devenir le résultat d'une exploitation méthodique, en l'espèce, de la cullure, on s'est inquiété de la possibilité da créer également des plantations en Afrique. Les essences à caoutchouc indigènes de la catégorie des lianes n’ont pas retenu longtemps l'attention; il n’en a pas été de même de l’arbre qui nous intéresse, le Funtumia elastica, qui a paru plus indiqué. Mais, devant l'exemple fourni par une exploitation désastreuse pratiquée par les noirs, une sorte de parti-pris s’est élevé contre cette espèce qui végète rapidement et facilement, fournit un caoutchouc de toute première qualité, mais paraissait ne pas résister aux saignées nécessaires. En même temps, les résultats remarquables fournis par l'Hevea en Extrème-Orient ont attiré l'attention générale. Il n'en a pas fallu davantage pour que dans tous les essais, et contrairement à la logique, le Funtumia, Y'arbre du pays, soit plus ou moins délaissé. Cependant les deux espèces, élant très différentes, devaient 1) Etude communiquée par M. Angoulvant, gouverneur de la Côte d'Ivoire. CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 239 être étudiées spécialement et en partant de données particu- lières. Aujourd'hui la question en est toujours à peu près au même point; quelques personnalités scientifiques ont essayé à diffé- rentes reprises d'attirer l'attention sur l'arbre à caoutchouc d'Afrique, sans pouvoir élayer malheureusement leur opinion sur des données précises. EXEMPLE D'UNE PLANTATION DE « FUNTUMIA ELASTICA ». Dans la petite plantation d'arbres à caoutchouc entreprise par M. D... R..., à Tiassalé, il y a sept ans, se trouve une parcelle réservée au Funtumia elastica. Il nous a été donné, à la fin du mois d'août 1910, de consacrer quelques jours à des recherches sur cette plantation, et d’en tirer quelques données paraissant susceptibles d'attirer l'attention. Les Funtumia elastica de la plantation D... R... proviennent de graines récoltées dans le pays et furent plantés en 1905, dans un terrain profond, constitué par des alluvions sili- ceuses, situé au bord du fleuve Bandama. Chaque année, au moment de la crue, la nappe d’eau arrive à 50 ou 75 centi- mètres de la surface du sol où elle reste pendant quelques jours, puis elle se retire à 6 ou 7 mètres plus bas. Les sujets plantés forment actuellement un peuplement serré couvrant le sol : il est vrai qu'ils ont été plantés très rapprochés, à des intervalles de 1 à 2 mètres; ils commencent seulement à se gèner et l’écartement devrait être plus grand, pour ménager l'avenir, sans quil soit nécessaire, semble-t-il, de dépasser 4 mètres, en raison du port très pyramidal de cette espèce, lorsqu'elle se développe en spécimen découvert et dégagé. Il faut remarquer que ces arbres ont été plantés en terrain complètement débroussé et sans aucun ombrage permanent, ce qui ne les a pas empêchés de prendre un fort beau développe- ment. Mais l’absence de la forêt est sans doute cause de l'aspect irrégulier des tiges principales. En effet, à première vue et par comparaison avec l'Hevea, par exemple, ces Funtumia parais- sent mal appropriés à la saignée; le plus souvent le tronc pri- mitif se divise en deux, quelquefois trois tiges, à des hauteurs variables, mais souvent très près du sol; de plus, ces tiges 240 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION secondaires sont plus ou moins obliques et tortueuses, bien qu'elles tendent à se rapprocher franchement de la verticale. Aucuns soins spéciaux n'ont été donnés à ces arbres et l'on peut ainsi se rendre compte que les branches secondaires qui s'étagent le long des deux ou trois tiges principales, en donnant à la plante son port pyramidal, s’élaguent naturellement et petit à petit. à partir de la base; de sorte que ces branches, qui, pendant le jeune âge, peuvent inquiéter le planteur parce qu'elles s'opposeraient aux saignées, disparaissent sans laisser de traces gênantes. {L Il est probable que si l’on devancait la nature en taillant ces branches, on arriverait à de mauvais résultats, notamment à un allongement excessif de la tige principale qui n'aurait plus la force de soutien nécessaire. A cinq ans, les Funtumia de Tiassalé montrent leur tronc dégarni sur une hauteur de plus de 3 mètres, ce qui est suffi- sant. Dans la nature, au milieu de la forèt, le Funtumia possède généralement une tige unique, élancée; mais ces conditions ne sont pas des nécessités, et il semble mème qu'elles soient défavorables au régime spécial auquel pourrait être soumis l'arbre en exploitation rationnelle. En effet, nous avons pu nous convaincre par la pratique que la division de la tige à une faible hauteur, la présence de lroncs légèrement tortueux et déviant de la verticale, provoquées par la culture en milieu découvert, ne constituaient pas des difucul- tés pour la saignée. Au contraire, les arbres ainsi cultivés sont plus trapus, ont le tronc plus fort, plus propre aux saiguées de la base, qu'il y aurait intérêt à pratiquer exclusivement; une bien plus grande surface d'écorce peut êlre incisée avec le minimum de travail. Enfin, la différence qui s’est établie entre les Funtumia cultivés a découvert et les Funtumia que l’on trouve en forêt est encore accentuée par un bien plus grand développement du système foliacé par rapport aux organes ligneux, chez les premiers. Cette particularité prête à des hypothèses particuliè- rement favorables à la culture méthodique de cette espèce. . Il semble, en définitive, que, dans la culture du Funtumia, l'adaptation spéciale de cette espèce à nos besoins conduit à préconiser la culture en milieu déboisé, de facon à obtenir, sous l'influence d'une lumière plus intense, une forme spé- CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 241 ciale du tronc et, probablement, une plus grande épaisseur de l'écorce. Ces constatations conduisent à envisager, dans ses grandes lignes, le mode de culture le plus approprié. La plantation pourrait être faite en terrain complètement déboisé et nettoyé, sous un abri temporaire de bananiers plantés préalablement et destinés à ombrager le sol et les jeunes plants, qui seront écartés de 4 mètres en tous sens. L'abri serait supprimé dès que les arbres seraient suffisam- ment forts, c'est-à-dire commenceraient à former leur tronc et à couvrir le sol de leur ombrage. Nous arrivons donc, pour cette espèce, à une véritable culture intensive. Les Funtumia de la plantation de M. D... R... sont tous chargés de fruits prêts à mürir, et, sur le sol, de nombreux jeunes plants se développent, issus de la fructification dernière en janvier. ESSAIS DE SAIGNÉES MÉTHODIQUES SUR LE « FUNTUMIA ELASTICA » Quelques arbres de cette plantation ont été traités une fois, au mois de mai dernier, par la méthode indigène, c’est-à-dire qu'ils ont reçu une incision en arêle de poisson, s’élevant à 3-4 mètres sur le tronc et les ramifications principales et inté- ressant tout le pourtour du tronc, sans cependant former d'in- cisions annulaires; les plaies avaient plus de À centimètre de largeur et représentaient, au minimum, une quinzaine de mètres d'incisions par arbre; les incisions obliques étaient écartées de 10 à 15 centimètres. Le produit des arbres traités ainsi à été d'environ 40 grammes de caoutchouc sec par arbre. Depuis cette époque, les mêmes arbres n’ont plus été traités. On sait qu’en forêt, les naturels du pays qui arrivent succes- sivement sur un peuplement saigneut fréquemment le même arbre, qui est attaqué sur toutes ses faces, les incisions arrivant à s’entrecroiser, se rejoindre dans tous les sens, et ceci jusqu à ce que la mort de l’arbre s’ensuive. En septembre, les sujets considérés ne paraissaient pas avoir souffert, et, chez tous, l’incision était en bonne voie de cica- trisation. En repassant trois mois plus tard sur le terrain, il a été pos- BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 16 242 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION sible de mesurer définitivement le dommage causé sur chaque arbre par une de ces incisions faite huit mois auparavant. Toutes les plaies, très saines, sont en voie de cicatrisation, et les bourrelets commencent à se rejoindre. Quelques-uns des arbres considérés ont leur feuillage assez éclairei, et c'est là tout le dommage vraiment apparent causé. Mais il est certain que ces arbres ne pourraient être saignés à nouveau sans risques, avant un nouveau délai de quatre mois. En définitive, une saignée énergique ne pourrait être répétée que tous les ans. l Il apparaît donc que si les incisions par la méthode indigène ne sont pas sépétées à des intervalles très rapprochés et ne s'entrecroisent pas comme cela a lieu en forêt, l'arbre est en élat de résister. Il resterait, par suite, à proportionner l'inter- valle de temps entre les saignées à l'importance des blessures frites, pour solutionner la question de la résistance du Funtumia aux incisions, ce qui donne deux influences en jeu, à étudier spécialement. Dans ces conditions, nous avons entrepris de nouveaux arbres avec la préoccupation unique de n’opérer que par des méthodes rationnelles. A. — Exp. I. — Série de 2 arbres : À 1 donne 2 tiges à la base, d’une circonférence moyenne de 0250 à 1 mètre de hauteur ; À 2 donne 2 tiges à 030 du sol d'une circonférence moyenne de 036 à 4 mètre du sol. Chaque arbre est traité sur une face qui, théoriquement, devrait être la moitié du pourtour de l’arbre, mais, comme il y a 2 tiges, nous en prenons une seule par arbre que nous considérons comme une face et qui sera traitée sur les trois quarts de sa circonférence. En effet, Le total des circonférences des 2 tiges nous donne respectivement 1 mètre et 112; en prenant les trois quarts d’une tige nous traitons moins que la moitié prévue en théorie, la différence étant nécessaire pour conserver la vitalité à la branche traitée. La saignée est faite en arête de poisson dont la rigole collec- trice s'élève à 175 de haut; les incisions latérales, alternantes de chaque côté, sont écartées de 0"28 à 030; il y a donc six incisions à droite et six à gauche. Ces incisions sont faites avec l’inciseur V. D. K. en choisis- sant la gouge donnant la section la plus étroite, environ CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 243 5 millimètres. De nombreux outils en forme de gouges convien- draient ; nous avons pris celui que nous avions sous la main. D'après les observations qui précèdent sur la cicatrisation des plaies faites par les indigènes, ces incisions de 5 milli- mètres de large seront fermées assez vite. L'incision oblique se fait très facilement, très nettement, et le bois, assez fibreux, ne risque pas d’être entamé. Le rendement total des deux arbres a été de 55 grammes de caoutchouc sec. Observations postérieures à la saignée. — Lorsque le latex a fini de s’écouler par les incisions, une nouvelle blessure faite entre les incisions secondaires ne donne plus de latex; les laticifères intéressés semblent avoir été vidés entre deux incisions consécutives. Ce fait n’a rien d'étonnant; il confirme expérimentalement que les laticifères du Funtumia sont des tubes à peu près continus (1), dont le contenu s'écoule facile- ment en raison de la fluidité du latex. Nous avons cherché à tirer parti de ces précieuses facultés. Remarquons également que douze heures après la saignée, le flux du latex réapparaît dans les intervalles de 2 incisions obliques. B: — Exp. Il. — Série de 2 arbres : B 1, circonférence à la base : 066; à 050 du sol, 2 tiges de 040 en moyenne. B 2, circonférence à la base : 0%55 ; à 050 du sol, 2 tiges de 038 en moyenne. Même traitement que pour la Série À, avec la seule différence que les incisions secondaires sont écartées de 0"40. II ya 5 inci- sions à droite et 5 à gauche et l'incision collectrice atteint 1785 de hauteur au-dessus du sol. Rendement total : 46 gr. 5, caoulchouc sec. Remarques postérieures à la saignée. — Après la récolte, une incision intermédiaire ne donne pas de latex en quantité appré- ciable; le latex de la partie incisée est donc enlevé presque en totalité. (A suivre.) (1) Le Funtumia elastica cultivé, par M. ©. Labroy (J. d'A. T.. no 80, février 1908, p. 43). 57 7 Li | _ LORE F7 ÉCEAECREEE [C Fe" un. | DA chemts / EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS J= SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 8 JANVIER 1911 Présidence de M. Trouessart, président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. Debreuii donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée par M'° Albrie (de Genève), dans laquelle il est question d’un petit Mammifère, vulgairementnommé « Casse-noisettes », que cette demoiselle a eu en sa possession et qui était à peu près apprivoisé. Ayant mis, par mégarde, le doigt sur la queue de ce petit animal, M! Albrie constata, à sa grande stupéfaction, que cet appendice était complètement nu et saignant. La peau et les poils étaient restés sur place, semblables à un fourreau. M. Trouessart pense que cet animal doit être un petit Ron- geur et rappelle que le cas signalé a été observé fréquemment chez les Lérots. les Loirs et les Rats, et constitue chez ces animaux un moyen de défense. A une question de M. Mailles, demandant ce que on désigne sous le nom de Roi de Rats, M. le Président répond que, sous cette appellation, on entend parler d’un phénomène de greffe animale spontanée qui se présente alors que de tous jeunes Rats, réunis dans le nid maternel, entremélent et nouent l'extrémité de leurs queues, si bien que celles-ci se greffent les unes sur les autres et forment une soudure résistante lorsque ceux-ci commencent à sorlir du nid. M. Rollinat nous fait part de la mort d'une de ses vieilles Juments. Elle avait trente-cinq ans. « Cette pauvre bête, écrit- il, gisait à terre depuis trois jours, et il a été impossible de la remettre sur ses pieds, malgré sangles, moufles, etc. Elle ne pouvait plus se tenir debout, j'ai dû me résigner à la faire achever ! Etmoi, conclut-il, qui ai conservé mes vieux Chevaux pour qu'ils puissent mourir sans l’aide de personne! Beau résultat! » Il reste encore à notre collègue une autre vieille EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 245 Jument, âgée de trente-sept ans, celle-là, car elle est née en mars 1874 ; souhaitons lui une mort plus paisible que celle de sa compagne. Malgré le mauvais temps, malgré la boue, la pluie conti- nuelle, les Mammifères du parc de la Pataudière,nous apprend M. Pays-Mellier, se portent bien et résistent aux maladies, grâce aux fortifiante multiples qu'il leur donne. Plusieurs naissances intéressantes y sont survenues, depuis le commencement de l’année : deux Biches Axis, une Biche Eldi, une Antilope isabelle femelle, six Myopotames, un Pha- langer, deux Viscaches, et, dans la poche de leurs mères, trois petits Kangourous de Bennett, déjà vigoureux et qui vont en sortir au premier jour. Nous voyons, par ces quelques lignes, que le parc de la Pataudière n’est pas près de voir sa population disparaitre, et nous sommes heureux de féliciter notre collègue de tous ces succès. M. le D' Loisel fait une communication sur les ménageries de Russie, de Finlande et de Suède, qu'il a visitées au cours de la mission d’études dont il était chargé par le ministère de l’Instruction publique, durant les mois d'août et de septembre 1910. Cette communication sera insérée in extenso dans le Bulletin. Le Secrétaire, Max KOLLMANN. le SECTION. — MAMMIFÈRES (Sous-section d'Études caprines.) SÉANCE DU 27 JANVIER 1911. Présidence de M. le comte d’Orfeuille, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, mais, à propos des détails concernant la Strongylose, M. Cau- curte demande à présenter quelques observations. Il n’est pas douteux que le Thymol ne soit un parasiticide des plus efficaces, mais M. Caucurte estime qu’à la dose à laquelle il l’a employé : 1 gramme par 5 kilogrammes de poids vif, ce spécifique est trop énergique pour des animaux affaiblis par la 946 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION maladie. Aussi, malheureusement, ses Chèvres continuent à mourir; de son magnifique troupeau, constitué à si grands frais, il ne lui reste que vingt-neuf sujets déjà fortement com- promis. Du reste, le Chabertia hypostoma n'a pas fail des ravages qu'à Fontainebleau seulement, il a éprouvé effroyablement les troupeaux de Moutons de Seine-et-Marne, où il est mort 25.000 bêtes; et dans l'arrondissement de Châteauroux comme dans celui de La Châtre, tous les Moutons sont détruits. Il a été fait, à cette occasion, une remarque intéressante. Comme les Strongles sont de diverses sorles et que chaque sorte a. dans le corps de l'animal infesté, sa région de prédi- lection, on est arrivé à déterminer la variété de ce parasite à l'aspect de ses œufs trouvés dans le fumier des Chèvres. Cette constatation permet d'indiquer l'organe atteint du vivant même de la bête malade, alors que précédemment on ne pouvait rien connaître de précis tant que l'animal atteint n'avait pas été abattu et autopsié. M. le président fait connaître que M”*° Caucurte, par leltre, tout en remerciant ses collègues de l'avoir élue vice-présidente de la section, s'excuse de ne pouvoir accepter cette charge. M. Caucurte veut bien l’accepter à sa place. M. Debreuil donne lecture des lettres de remerciements adressées à la Société d'Acclimatation par les lauréats présentés au litre de la Section d'Etudes caprines. M=° Caucurte est titulaire d'une médaille de 1° classe pour l'intelligence et le dévouement qu'elle a mis au service de l'idée généreuse que tendent à réaliser l'élevage et la vulgari- sation de la Chèvre: et M. Leroy, d'une médaille de 2 classe, pour les recherches qu'il a poursuivies avec succès en vue d'obtenir de la Chèvre, par une bonne alimentation rationnelle, un rendement rémunérateur, capable d'encourager l'industrie caprine et de propager les bonnes races. Il est donné communication d'une protestation que le repré- sentant de l'Angleterre à Paris a adressée à l'Académie de Médecine au sujet de la dénomination de Fièvre de Malte, donnée à la maladie à forme typhoïde qui sévit en ce moment dans le Sud de l'Europe et à la propagation de laquelle la Chèvre laitière de Malte aurait contribué. M. Crepin exprime la crainte que cette maladie, qui n’est pas plus propre à la Chèvre qu'à l'homme et à tous les animaux, EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 247 ne soit dénommée fièvre caprine. Cette application déraison- nable aurait, en effet, de fâcheuses conséquences pour le bon renom de l'espèce caprine; aussi M. Crepin se fait-il déléguer par la Section auprès de M. le professeur Vincent, membre de l’Académie de médecine, qui, mieux renseigné sur les antécé- dents de ladite espèce animale, saura défendre sa cause, le moment venu. Cette démarche se justifie d'autant mieux que le professeur Vincent vient de découvrir un vaccin immunisant, sous des conditions d'efficacité complète, tous les animaux inoculés. Ce savant éminent rend ainsi à l’industrie caprine le plus grand service, car la vaccination aura pour effet immédiat de ras- surer les consommateurs de fromage et de lait de Chèvre. M. Caucurte fait connaître que malgré le discrédit que la fièvre de Malte a jeté sur les Chèvres de cette île, les prix payés pour les laitières de cette race sont encore fort rémunérateurs, puisque, à sa connaissance, les Maltaises en Tunisie se paient 195 francs pièce. M. Debreuil donne communication d’un article paru dans l'Agriculture nouvelle, dû à la plume de M. Marcel Vacher et traitant de la distomatose chez le Mouton. Cet article mérite d'autant plus l'attention des amateurs de Chèvres que cet animal est aussi sujet à la distomatose que le Mouton. Cette maladie vermineuse est désignée dans les traités sur la Chèvre sous les noms les plus divers de pourriture, boule, cachexie aqueuse, douve, etc., etc. _Il n'existe pas de spécifique contre cette maladie qui surgit sur les sols humides, sous forme de circaires qui s’enkystent à la face inférieure des feuilles et sont absorbés par les animaux qui mangent l'herbe des päturages humides. Comme moyen prophylactique, M. Marcel Vacher indique une nourriture riche et abondante et l’usage du sel qui, non seulement favorise la digestion, mais a aussi une action sur les parasites. Les Chèvres qui ne broutent pas à terre, mais qui recherchent surtout les plantes arbustives et les haies et buis- sons, sont moins sujettes à prendre cette funeste maladie. On assainit le sol contaminé par des drainages, on l’améliore ensuite par du phosphate à haute dose ou aussi par des com- posts fortement chaulés, auxquels on ajoutera 300 à 400 kilo- grammes à l’hectare de sulfate de fer. Re 4 € a + AT 248 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION La parole est donnée à M. Crepin pour la question à l’ordre du jour. | D’après une communication due à l’obligeance de M. de Gon- icharoff, chambellan de Sa Majesté l'Empereur de Russie, il existerait dans le Transcaucase un bon commencement d'éle- vage de la Chèvre de race d’Angora. La presse agricole russe éveille l'attention du public sur cet élevage qui peut devenir très avantageux pour l’agriculture nationale en raison du prix élevé qu’atteint la laine mohair sur tous les marchés et des nombreuses demandes qu'elle sus- cite partout. L'origine de cet élevage au Transcaucase remonte à près de soixante-dix ans. Les premiers reproducteurs de race d'Angora furent importés par le prince S. Vorontsow; ils provenaient de Turquie. Il s'agissait alors simplement de l'amélioration des races caprines indigènes connues sous les dénominations de races karatchaévienne, lesghienne, transcaucasienne. Par suite, d’autres propriétaires essayèrent, en diverses parties du Transcaucase, l'implantalion de la race d'Angora, mais ces tentatives n’eurent pas en général le caractère d'en- itreprises agricoles sérieuses; ce furent plutôt des distractions d'amateurs qui ne laissaient dans le pays aucune trace instruc- tive. Cependant, dans un rapport présenté en 1897 à la Société impériale caucasienne d'Agriculture et rappelé dans un article paru dans le Ptichebodnoe Xociantvo sous la signature de M.A. Kalantar, il était signalé une localité du Transcaucase où un essai heureux faisait espérer que l'élevage de la Chèvre d'Angora allait enfin prospérer dans le pays. Cette localité privilégiée se nomme Ali-Sof; c'est un village situé près de Sary-Kamyck, province de Kars. Aujourd'hui, le centre d'élevage s'étend; cette industrie agri- cole est pratiquée à Sary-Kamyck par M. Senbat-Djalaliantz, et dans les villages voisins de Elgetchmas, lagbasan, Bozat, Divik, Lalogly, Stamnsor, Karakourat, Karaourgan, lalanoutzt- Selim, etc. On a même pu acquérir des sujets isolés de cette race dans les gouvernements de Tifflis, Koutaïs et Erivan. Le village d’Ali-Sofi, qui n’est qu'à 7 verstes de Sary-Kamick, est de fondation toute récente. Il ne date que de 1879-1880; après la réunion de la province de Kars à l’Empire. Les plus gros capriculteurs de cette localité sont : MM. Kaldjiev, Fedotov EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 249 et Jakovler. Ils ont acquis leurs reproducteurs dans le pachalik de Sivas en Turquie d’Asie. Le premier de ces propriétaires, M. Kostan Koldjiev, possède jusqu'à 400 têtes d’Angoras et autant de Moutons tirés également de la Turquie. Cependant dans tout le district de Sary-Kamyck on ne peut compter que 1.000 têtes caprines de la race d’Angora. Sur ce nombre, il ne peut être vendu annuellement pour la reproduction que 70 à 400 têtes. Deux éleveurs, MM. Djalaliantz et Javoulev, se sont déclarés prêls à organiser une vente régulière d'animaux reproducteurs sur commandes faites en prévenant à l’avance. Après vingt-huit ans d'existence dans ce pays, la Chèvre d’An- gora à conservé toutes ses qualités distinctives “aus une légère diminution du poids et de la taille. Cet amoindrissement de développement s'explique par l’alti- tude supérieure el le climat plus sévère par rapport à l'habitat originel de la race. D'ailleurs les sujets transplantés d’Ali-Sofi dans les régions plus chaudes du Transcaucase comme par exemple dans les gouvernements de Tiflis et de Koutais et mieux nourris ont accusé une aptitude plus grande au dévelop- pement. Le climat du district de Sary-Kamyck constitue en quelque sorte les conditions limites comme altitude, au-dessus desquelles l'élevage de l’Angora cesserait de prospérer. La Chèvre angora supporte d’une façon satisfaisante les conditions de vie agricole qu’elle trouve dans le Caucase; le passage des pâturages d'été à ceux d'hiver ne lui cause aucun trouble. Il lui faut cependant une nourriture plus soignée que celle dont se contente la Chèvre indigène. Elle ne saurait, en effet, vivre comme cette dernière du « Saman ». Cette plante la fait maigrir et cause parfois son avortement. Il lui faut du foin tendre et fleuri. Les buissons touffus et à piquants détériorent sa laine; c’est donc là un gros inconvénient à lui éviter, L'aspect d’un troupeau d’Angoras est très attrayant par la démarche majestueuse des animaux et l’éclatante blancheur de leurs toisons soyeuses. Beaucoup ont le poil frisé, mais la plupart l'ont lisse. Dans le rayon de Sn le poids d’abat de la Chèvre d’Angora est de 16 à 24 kilogrammes. Le mâle est un peu plus grand et atteint le poids d’abat de 30 kilogrammes à cinq ans. Les femelles valent selon leur beauté de 30 à 70 francs. Les 250 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION animaux âgés se vendent d’après la valeur de leur fourrure et, si celle-ci n’est plus à considérer, ils tombent au prix de bou- cherie de la Chèvre commune du pays. Il y a lieu en effet de remarquer que la laine de la Chèvre d'Angora perd de la finesse a mesure que l'animal qui la produit avance en âge. Chez le mäle, quoique la fourrure soit plus abondante, la toison a moins de valeur et elle perd comme pour la Chèvre en vieillissant; c'est pourquoi on n'utilise pas les Boucs au delà de cinq ans. Une Chèvre fournit annuellement de 1 kilogr. 1/2 à 2 kilogr. 1/2 de laine mohair, les Boucs jusqu'à 3 kilogr. 1/2et les Chevrettes et Chevreaux environ 1 kilogramme. Cette laine se vend 2 fr. 50 à3 fr. 50 la livre. En gros elle ne vaut guère moins de 500 francs les 100 kilogrammes à Sary- Kamyck. La laine est douce, soyeuse, fine, brillante, longue de 20 à 27 centimètres. Elle possède de hautes qualités techniques pour la préparalion du velours d'Utrecht et autres tissus. On tond les Chèvres une fois l’an. fin mars ou commencement d'avril. C'est à cette époque que le poil de Chèvre cesse de croitre et, dès que sa croissance est terminée, il meurt et tombe pour faire place à une nouvelle toison. La tonte doit être opérée alors que le poil est vivant et n'atteint pas encore à la période de sa chute: autrement le poil devient grossier, terne et tourne pour ainsi dire au feutre. La laine récoltée à temps est souple. élastique, solide et conserve pendant de longues années ses qualités techniques. Après la tonte, ce qui reste du vieux poil tombe, le corps de l'animal devient nu, et la nouvelle toison commence à croître. Lorsque le printemps est froid, la position des propriétaires est difficile. Tondre les animaux trop tôt serait les exposer trop à l'action du froid et aux maladies qui en résultent: retarder la tonte, c'est influencer la qualité de la laine. Les éleveurs d'An- goras éprouvent ces difficultés dans le district de Sary-Kamyck où les hivers sont souvent longs et le printemps tardif. La Chèvre ne supportant pas bien l'humidité, on ne la lave pas avant la tonte. On ne lave même la laine mohair que lors- qu'elle est transformée en objet de tissus et dans l'eau froide seulement. Dans le rayon de Sary-Kamyck, on emploie la laine d'Angora à la confection des chaussettes, gants, cache-nez, gilet de tricot, tapis, etc. On confectionne à Ali-Sofi des gilets tout en laine de EXTRAITS DES PROCÈS-VRRBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 251 mohair pesant 2 kilogrammes. Ce genre d’eflet est bon, disent les habitants, pour les rhumalisants, qui échappent sous des vétements de cette nature aux variations de la température. En admettant un rendement moyen de 2 kilogrammes de mohair à raison de 5 francs le kilogramme, on | Gunent un revenu de 10 francs par Chèvre Angora. Le Secrétaire, J. CREPIN. II° SECTION. — ORNITHOLOGIE — AVICULTURE SÉANCE DU 8 JANVIER 1911 Présidence de M. Magaud d’Aubusson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. À propos du thymol, administré aux Oiseaux dans les affec- tions parasitaires, M. Caucurte rappelle que M. le D' Brumpt conseille 2 grammes de cette substance par Poule. Le passage relatif à l’époque du départ des Martinets donne à M. Ménegaux l’occasion de parler d’un faitrécemment raconté dans les journaux, à savoir la présence d’Hirondelles, en France, le 23 novembre. Le maire de Combron en a affirmé la véracité; il y en avait cinq ou six. Enfin, en présence de l'observation de M. Debreuil sur la température du eloaque chez le Casoar, M. de Sainville se demande si celle de la couveuse artificielle devrait être la même. M. Trouessart pense qu’elle pourrait probablement être inférieure. M. le Président souhaite la bienvenue à M. Paul Bellette, conservateur du Musée de Douai, qui a fait le voyage de Paris uniquement pour assister à notre séance et nous montrer un Oiseau fort intéressant, qu'il a acheté tout jeune à Lille. La parole est donnée à M. de Sainville pour une communica- tion Sur la chasse aux Nandous pour la récolte des plumes et sur les mœurs de ces Oiseaux au Paraguay et dans l'Argen- tine. Les détails donnés par notre collègue ont été recueillis dans des conversations avec un jeune Francais, M. de la Bigne, qui a passé trois ans, comme sous-chef d’estancias, dans l'Amérique du Sud. 9252 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. de la Bigne a vécu d’abord au Paraguay, sur l’estancia de San Eusebio, à l'extrême sud du pays, près de la frontière. Cet établissement, sur lequel vivent habituellement environ 9.000 têtes de Bovidés, est célèbre pour la beauté des animaux, issus de reproducteurs importés par son propriétaire, M. Petit, qui à conduit avec grand succès cette entreprise et l’a laissée à MM. de Boismesme et de la Taillode, deux Francais, ses neveux par alliance, qui vivent actuellement à San Eusebio et gèrent avec agtivité cette grande propriété. M. de la Bigne est entré ensuite au service de la Compagnie Liebig, qui possède en Argentine de très nombreuses propriétés, avec d'immenses troupeaux destinés à ses usines; il dirigeait en second les estancias de la Merced, dans la province de Corrientes. Les estancias se composent de deux champs, selon l’expres- sion locale, c’est-à-dire de deux enceintes distinctes encloses de fil de fer. Chacun de ces champs a 36 kilomètres de tour. La clôture est formée par trois rangs de fil de fer, dont le plus élevé est à 1"50 du sol et sert de fil télégraphique pour les communications intérieures et de ferme à ferme. C’est un pays de plaine couvert d'une prairie à très hautes herbes et généra- lement dépourvu d'arbres, sauf au bord des ruisseaux. Un de ces ruisseaux traverse les estancias, et, à quelque distance des champs, dans la plaine, il est bordé d’un véritable bois, en partie marécageux. C'est une région très giboyeuse. La Merced est loin de toute ville. Le port le plus voisin est Posadas, sur le Parana, à 70 kilomètres (14 lieues argentines de 5 kilomètres) dans la province de Missiones; c'est là que l’on conduit les Bœufs qui, dans chaque saison, ont été choisis pour l’abatage. Les Gauchos les y remettent à des agents de la Compagnie. À San Eusebio, il n’y a pas d'usine; on y pra- tique seulement l'élevage. À quelques kilomètres de distance, il existe une colonie polonaise qui fait de la culture et possède un village avec une église, et, plus près encore, est un autre village habité par des Indiens. Les champs contiennent 12.000 têtes de bétail, partagées en deux troupeaux. Les chefs de chaque champ habitent seuls avec une douzaine de Gauchos, qui sont des cavaliers métis, et des Indiens Guaranis, lesquels fréquentent toute cette partie de l'Argentine et les régions voisines et similaires du Paraguay. Dans ce pays à den civilisé vivent, dans un état à moitié sauvage, de nombreuses bandes de Nandous, dont les indigènes EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 253 prononcent le nom Nyandous. Un assez grand nombre de ces animaux se trouvent enfermés dans ces immenses champs elos; ils en sortent parfois, quoique difficilement, et d’autres y rentrent, de sorte qu'il y en a, paraît-il, toujours la même quantité. Il est à supposer que, comme nos compagnies de Perdreaux, ils demeurent en nombre maximum correspondant à l'espace où ils trouvent leur nourriture. Souvent les Gauchos ou leurs chefs rencontrent les Nandous en parcourant la prairie pour chercher leurs Bœufs. Les Nan- dous restent farouches et fuient de loin, surtout devant les cavaliers; on ne les chasse cependant qu'à l’époque de la récolte des plumes, mais cela suffit pour les terroriser. Souvent aussi on trouve des œufs dans des nids à peine formés, en plaine prairie et sans aucun abri; leur nombre varie de cinq à vingt-deux; il est de règle de les respecter pour la reproduc- tion, mais, si les Européens agissent de la sorte, on sait, en revanche, que les Gauchos en maraude ne se font pas scrupule d’en fabriquer des omelettes. Généralement les nids découverts par M. de la Bigne conlenaient un grand nombre d'œufs, et il suppose que ce que nous venons de raconter suffit à expliquer le cas contraire. L'incubation a lieu à la fin de mars, ce qui, comme saison, correspond à la fin de notre mois de septembre. L'époque des pluies étant là-bas le mois de juillet, les petits Nandous ont le temps de grandir avant de les subir. Ils sem- blent s'élever facilement et être promplement très vigoureux; on n'en trouve jamais de morts. Souvent on les aperçoit fuyant avec leur père, devant les chevaux, et courant derrière lui en file indienne La chasse aux plumes se fait tous les ans régulièrement en novembre. C'est un revenu prévu des fermes; elle est faite par des spécialistes, des Gauchos, qui vont, d’estancia en estancia, louer le droit de chasse, en payant 50 centavos, soit environ 15 centimes de redevance par tête d'Oiseau capturé et plumé. À San Eusebio, la chasse dure environ huit jours et cent bêtes sont une belle chasse moyenne; parfois on en prend trente en un seul jour, quelquefois quatre ou cinq seulement; en tout cas, il n’est fait qu'une battue dans une journée. Les chasseurs viennent au nombre de neuf à dix, avec trente- cinq ou quarante Chevaux et une grande voiture semblable à une vaste roulotte de saltimbanques. Cette voiture a, au centre, un large couloir sur lequel donnent des rangées de 254 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION grands tiroirs dans lesquels on renferme par catégorie les plumes en paquets serrés. Au fond du couloir, on range les volumineux ustensiles de chasse : filets, poteaux, lacets, etc. La chasse, en effet, se fait au filet. On tend avec des piquets spéciaux un filet droit en cercle, à larges mailles de 40 centi- mètres environ de diamètre et haut de 2 mètres à 2250. Ce filet est placé de facon à former un angle légèrement aigu, ayant environ 40 mètres de chaque côté. Quand il est dans un en- droit bien choisi, les chasseurs, avertis par les Gauchos de l’estancia des endroits où l’on a vu récemment des Nandous, et aidés par eux et souvent aussi par d’autres Gauchos du voisi- nage et des Indiens, venus en partie de plaisir, commencent la chasse en parcourant prudemment la plaine jusqu'à ce qu'on aperçoive au loin des Nandous. En galopant on tâche d'abord d'en rassembler le plus possible sur un même point par de vastes randonnées, puis on s'approche lentement à pied, les chasseurs cachés derrière leurs Chevaux, pour effrayer moins les Oiseaux qui craignent surtout le cavalier. On tâche ainsi de les amener doucement, peu à peu, à quelques centaines de mètres en face du filet; mais bien des fois les Nandous s'échappent de côté et s'éparpillent: il faut alors repartir au galop et recommencer la poursuite et le rassemblement. C'est ainsi que les Chevaux ont à supporter une grosse fatigue et que les chasseurs doivent en changer chaque jour; ces animaux dressés spécialement dans ce but portent le nom de nanderos; on les monte sans selle, à cause des chutes fréquentes dans les trous de la prairie, qui deviennent ainsi moins dangereuses ; ce sont de jolis Chevaux, fins, à longue encolure souple, du type des Chevaux espagnols et assez petits, n'ayant générale- ment que 1"50 à 152 au garrot. Quand enfin les Nandous, conduits doucement à pied, comme nous l’avons dit, ont pu être amenés en face du filet, les Gau- chos sautent brusquement à cheval et, brandissant une sorte de drapeau, les poursuivent au grand galop et en criant. Au même moment deux bandes de Gauchos, qui se tenaient postés des deux côtés du filet, se précipitent au galop pour empêcher les Nandous de s’écarter. Les Oiseaux se jettent dans le filet et s'y empêtrent, passant ordinairement la tête à travers les mailles; tous les chasseurs, sautant de chevel, les entourent et les immobilisent, et c’est alors que commence la récolte des plumes. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 9255 Deux chasseurs prennent un Nandou. L'un d'eux, muni d’un lacet de cuir de 50 centimètres de long environ, lui passe un nœud coulant autour du cou, sous la tête, et le tient ainsi serré par le bout du lacet. Il met ensuite la tête du Nandou sous son bras gauche: de sa main droite, il lui prend une patte, qu'il tient levée et appuyée sur sa cuisse droite ou contre sa ceinture, et il le maintient ainsi pendant que son compagnon plume vivement les deux ailes totalement et les plus belles plumes du corps. Aussitôt l'opération finie, on lâche le Nandou, qui se sauve, piteux d'aspect, mais généralement sans blessure, et on en prend un autre. Cette opération, toujours ainsi réglée, se fait avec une facilité et une rapidité incroyables. Les Nandous trop pelits sont lächés intacts. Telle est cette chasse aux plumes, et nous voyons que les Nandous sont en somme respectés el soignés et qu'il n'y a pas de risque que le commerce de plumes souffre par suite de la destruction des Oiseaux. Cela est heureux, tout en enlevant aux éleveurs d'Europe l'espoir de voir hausser les cours. M. de Sainville a terminé son intéressante communication par quelques détails sur le pays, fournis également par M. de la Bigne. L'habitation du chef des Gauchos de San Eusebio est entourée d'un grand bois planté d'Orangers parvenus à une grande taille, ce qui démontre suffisamment la douceur des hivers. Ge bois est rempli de Perruches et de Perroquets. M. de la Bigne cite enfin comme représentants de la faune locale les Tinamous, un petit Cerf, gris roux, plus petit que notre Chevreuil et appelé Venado par les indigènes; enfin, tou- jours près de la rivière, dans des endroits marécageux, un gros Oiseau, aux pieds légèrement palmés, de la taille du Dindon, de couleur rousse. Il est haut sur pattes, a les joues rouges, le bec crochu et porte le nom de Pavota. On le voit, ces renseignements sont plutôt vagues et ne rendent pas la déterminalion facile: espérons que M. de la Bigne mettra à exécution son projet d'envoyer des exemplaires de Pavota. C'est le vœu que, avec leur président, forment tous les membres de la Section d'Ornithologie. Le Secrétaire, CoMTE D'ORFEUILLE. 256 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE \ r * SÉANCE DU 16 JANVIER 1911 Présidence de M. Clément, président. Le secrétaire donne lecture des procès-verbaux des séances du 14 novembre et du 12 décembre 1910. Ces procès-verbaux sont adoptés. Au sujet de la question des Simuli (séance du 14 novembre), M. Debreuil déclare que le remède indiqué ne peut pas être employé sur les gros animaux comme les Cerfs ou les Anti- lopes, parce qu'ils sont sauvages et d'un abord difficile. Il reste toujours une solution à trouver. M. Raveret-Wattel signale que dans l’état de New-York on aurait remarqué des alevins attaqués par des Simuli. M. le professeur Marchal rend compte de ses observations faites en Tunisie, sur les ennemis de l'Olivier. Il fait passer sous les yeux de ses collègues quatre cartons rénfermant les différents Insectes nuisibles à l’Olivier à côté des dégâts parti- culiers à chaque espèce. La très intéressante et très documentée communication de M. Marchal paraîtra in extenso dans le Bul- letin. Disons cependant qu'il importe, comme le conclut M. Marchal, de lutter contre les ennemis del’Olivier, qui cause- raient plus d'une dizaine de millions de dégâts par an aux plantations du bassin méditerranéen. M. Debreuil signale un très intéressant article de M. Lesne, paru dans la Revue horticole du 16 janvier 1911, sur les Insectes utiles, etaccompagné d’une magnifique planche en couleurs. Le Secrélaire, D' Maurice RoYEr. ErRATUN. — Dans le Bulletin du 1‘ avril 1911, p. 202 et suiv., au lieu de : Molglandina guttata, lire : Euglandina vanuxemensis (var. gutlata Crretire) Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. sure des disponibilités. 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HERMENIER, Les Sables, à Draveil (S.-et-O.). Couple Paons blancs, jeunes ou adultes, même de cini ans. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). FONDÉE EN 1854. RECONNUE D'UTILITÉ EUSLOUE EN 1855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du on des Plantes) LPS y Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouveliement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à Le propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée to spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux pr ogrès de la zoologie et de la botanique de en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résuliats dans ses séauces publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc: cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, HE de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissc n: Abeilles, Vers à soie, etc:, et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.) Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de l4 Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux où de Poissons, elc. faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avanlazes lui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieures à son admission, etc. 4 x Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8 illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi fères et leur élevage, les Oiseaux et Ja pratique de l’Aviculture, les Poissons et 1e pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l'Apiculture el de la Sériciculiure, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits leur culture en Francé, à l'Etranger ou dans les Colouies, Ces mémoires, don! plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix dé revient poui les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix Je Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les 2 bie connus du D' Moreau sur les Poissons de France. Le Gérant : A. MARSTHEUX. Paris. — 1. MareTheux, imprimeur, 4, fue Cassette. $ Ds Pt Se LR STD Ets « D: BULLETIN oeiété Nationale d'Acelimatatior DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 2 58° ANNÉE N°9 — 1” MAI 1911 SOMMAIRE É : Pages. D' Gustave LOISEL. — Les ménageries des pays slaves et scandinaves avant le XIX» siècle (suite) . STE De aie A ete 5 RENOM NS DL ue D EAN PAS RCE 257 M. BRET. — Sur les possibilités de culture du Funtumia elastica en Afrique occiden- tale (suite) - . . . . . A M LU D IA NN Et ti M ON EURSS NZ PR SE ES RES 261 Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. re Section. — Mammifères. — Séance du 6 février 1911. . . . . . , . - . . 4. . . . . . 267 3 _— * Aquiculture. — Séance du 16 janvier 1911 . . . . : . . . . . FERRER DICE 270 ee — Entomologie. — Séance du 13 février 19114 . . . . : . . . . . . ! . . , . . 272 5° — Botanique "Séancondu20)fé vrien LOMME ASS NEUTRE 274 6e. — Colonisation. — Séance du 19 décembre 1910 . . . . , . . . . . . . . . . . 276 = —_ SÉADCON AO) ANIMÉS PEAR ee En 280 Corbie GHGROUE MORE CONTRE CC RP en LRO a Ne RE La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises per les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 îr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS. Le Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé aux membres -de la Société, aura lieu le 15 Mai prochain, à midi, au Buffet de la Gare de Lyon. Prix du déjeuner, 10 fr. Les femmes des membres de la Société sont admises à ce déjeuner. Prière d’adresser, dès maintenant, les adhésions au Socréthriatl Aucune adhésion ne sera acceptée après le 10 Mai. À 3 heures, visite des Jardins et Serres du Muséum. mu SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATLTION DE FANCE Fondée le 10 Février_1854 Reconnue d'utilité publique par décret en cr à du 26 Février 1855 33, RUE DE Burron — PARIS + BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 4 Président, M. Edmond PEnnaier, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur 2 l'Ecole . coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIX, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PONTERIAND, Sénateur, bonlevard Saint-Germain, %3%8, Paris. C. RAvVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. “ * Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. sn « MM. R. Le Forr, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etranger). ; H: Hus, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint Secrétaires, Germain, Paris (Conseil). 5 CagP1s, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). : 4 3 3 Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (/ntérteur). , : 4 Trésorier, M. le D° SeBiLLoTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Sn "4 Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. Df Lerrixce, 62, rue de la Tour, Paris. Marrres, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Hisioire naturelle, 61, rue Euvier, Paris. Ph. de Vizmorix, Verrières-le-Puisson, Seine-et-Oise. LecouTr, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Le Mvyee De Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'Orrerizze, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Wureiox, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seivce. | ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 4, rue Andrieux, Paris. DéJaRDIX, 23, rue Claude-Lorrain, Paris. Maçaup D'AcvBussox, 18, rue Erlanger, Paris. D' P. MarcæaL, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique dé Paris, 149, boulevarä Saint-Germain. Paris: £ Dates des Séances du Conseil et des Sections CORRE POUR L'ANNÉE 1911 | Séaxces Du Coxselz, le Mardi à 5 heures. Are SecTiox. — Mammifères, le lundi à Sthetre Eee AMIE 2+ SECTION. — Ornithologie, le lundi LS HIS UMR ALEVArR EME 3e Secriox. — Aqguiculture (1}, le lundi à 5 heures. EL Ne M: £e SecTION. — Enfomologie, le lundi Ma RAR AUS ES ARR RAE 5° Section. — Bolumgue, Île lundi A5 h 12282 &; : 6° Secriox. — Colonisation, le lundi ie HOURES: - Le Te ni. Sous-SECTION d' Etudes Caprines, le ven- drédt à 5 Heures . 28 . 7 {1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. L 234 NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensueïîs des séances. LES MÉNAGERIES DES PAYS SLAVES ET SCANDINAVES AVANT LI XIX® SIÈCLE Par le D' GUSTAVE LOISEL. (Suile) (1). Il. — Les Ours des boiards russes. Ménageries de Pierre le Grand. Parcs d'animaux de seigneurs russes. Volière de Pavlovsk. Les premières ménageries apparaissent en Russie avec Ivan IV le Terrible (1530-1584) que l'histoire nous montre se servant d'Ours féroces pour entretenir la terreur autour de lui, ou même pour torturer ses victimes (2). C'était alors la cou- tume chez les boïards russes, comme chez les seigneurs polo- nais d'avoir près d’eux des Ours privés. Nous le savons par le plan d’une habitation d'un de ces anciens nobles, daté de 1571, où on voit, dans une cour, un bâtiment long de 5 sagènes (10"65), divisé en trois parties et indiqué comme servant au logement des Ours (3) ; nous le savons encore par les restes de la Ménagerie (Zviérinets) d'Izmaïloyo, près Moscou, où Pierre le Grand logeait ses Ours, à côté de ses Chiens de chasse et de ses Faucons : nous le savons enfin par les récits des auteurs russes. Pouchkine, par exemple, dans son roman de Doubrovsky (4), nous montre un seigneur lerrien des environs de Moscou, faire apprivoiser quelques Oursons et se distraire pendant des heures entières à les voir lutter avec des Chats et des jeunes Chiens. Quand ces Ours devenaient grands, on les attachait à la chaîne, en altendant qu'on püt les utiliser pour la chasse. Parfois, on les ainenait devant les fenêtres du château et on (1) (W: Bull. A5, Avril 1911. (2) A. Tolstoï, p. 41, 48 et 120. (3) Ce plan, décrit par Ivan Zabelin, p. 440, concerne l'habitation d'un certain Mstislovsky. (4) Trad. du Russe par E. Halperine-Kaminsky. (Paris. in-16, p. 86 et suiv.) BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 17 958 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION mettait devant eux un tonneau vide tout hérissé de pointes de fer. Les Ours le flairaient puis le touchaient d’abord douce- ment; mais bientôt ils se piquaient les pattes, ils se fâchaient, le poussaient de plus en plus fort et se blessaient plus cruel- lement chaque fois. Alors ils entraient dans un véritable accès de fureur, se jetaient sur le tonneau en poussant des grogne- ments stridents, jusqu’à ce qu’on enlevàt aux pauvres bêtes l'objet de leur rage. D’autres fois, on attelait une paire d'Ours à la télégua et, qu'on le voulût ou non, on y installait des invités. Mais le plus cher amusement du seigneur était encore le suivant : On enfer- mait un Ours affamé dans une chambre vide en l’attachant avec une corde à un anneau fixé au mur. La corde était presque de la longueur de la chambre, de sorte que seul le coin opposé pouvait être occupé sans danger. On amenait ordinairement un novice vers la porte de cette chambre, on l'y poussait comme par hasard, on fermait la porte à clef et on laissait la pauvre victime en tête à tête avec l’ermite fourré. Le malheu- reux, un pied emporté, le bras écorché, trouvait bientôt l’unique refuge contre les griffes du fauve. Mais il était souvent forcé de rester pendant plusieurs heures de suite serré contre le mur et regardant la bête affolée, à deux pas de lui, faire des bonds, se dresser sur ses pattes de derrière, grogner et s'efforcer de l’atteindre. Tels étaient les nobles amusements des seigneurs russes encore au xvm° siècle. Ils eurent parfois des conséquences imprévues ; tel ce célèbre chef de bande du temps de Cathe- rine Il, Vanka Kaïne, qui prit la fuite un jour que son maitre l'avait maltraité et fait attacher, dans sa cour, à côté d’un Ours (1). C'était pourtant l'époque où la Russie s’ouvrait brusquement à la civilisation européenne, sous l'influence de Pierre le Grand. Dès ce moment, les Tsars et les seigneurs russes s'ingénièrent à copier les cours occidentales et, en particulier, à faire cons- truire, dans leurs domaines, de grandes ménageries. La pre- mière fut établie en 1720, par Pierre le Grand, dans le parc de son magnifique château de Péterhof, sur le bord du golfe de Finlande, près de Saïint-Pétersbourg. Il y avait alors trois ans que Pierre Alexeievitch était revenu de Versailles, plus émer- (1) Emile Haumant. La Russie au xvin siècle. Paris in-80, p. 184. LES MÉNAGERIES DES PAYS SLAVES ET SCANDINAVES 259 veillé sans doute qu'il n'avait voulu le laisser paraître devant les Francais, car tout, dans ce nouveau domaine, rappelait et rappelle encore aujourd'hui quelques-unes des splendeurs de Louis XIV. ! La ménagerie de Péterhof, sur laquelle nous n'avons pu trouver d’autres détails que la présence d’un Eléphant donné par le roi de Perse à Pierre le Grand (1), ne dura pas long- temps. Déjà, à la fin du siècle qui l’avait vu naître, un voya- geur, Georgi, s’exprimait ainsi à son sujet : « La partie du jardin (de Péterhof) qui est située du côté de Strelna est terminée par un bois et une plaine destinés l’un et l’autre à une ménagerie. On y entretenait autrefois une grande quan- tité d'animaux rares de Russie et de Sibérie; actuellement, elle ne contient que des bêtes fauves, des Sangliers, des Vaches d’eau, etc. (2). » En 1910, quand nous avons visité cette partie du parc de Péterhof, nous n’y avons plus trouvé que deux grands bassins, qui portent toujours le nom de « fontaines de la ménagerie ». Malgré le peu de renseignements que nous avons pu nous procurer à Saint-Pétersbourg sur ce sujet, il nous semble bien pourtant que le xvin® siècle fut en Russie, comme en Alle- magne, en Hollande et en France, une époque de grand déve- loppement pour les ménageries. Nous voyons, en effet, le comte Alexander Narischkin, grand échanson de l’impératrice Cathe- rine II, faire nourrir dans son palais d'été de Krasnaja Mysa, non loin de Péterhof : des Pélicans, des Cygnes et des Canards étrangers, en même temps que transformer, en parc pour bêtes fauves, un coin de son jardin. Cette ménagerie était ou- verte au public tous les dimanches d'été à toute personne bien mise (3). | À la même époque, le comte Pierre Chérémeteff mettait dans son domaine de Kouskovo, près de Moscou : « des Cerfs, des Daims d'Amérique, des Rennes, des Chèvres sauvages de la Petite-Russie, des Loups, parmi lesquels il s'en trouvait de noirs et de tachetés, et d’autres bêtes fauves » ; à côté de cette ménagerie, il faisait creuser plusieurs étangs communiquant entre eux par des écluses et destinés à des élevages de diverses (1) Maréchal et Miger. (2) Georgi, p. 387. (3) Georgi, loc. cit., p. 335 et 380.. 260 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION espèces de Poissons (1). Enfin, en 1782, le fils de la Grande Catherine, Paul, ou plutôt sa femme, Marie Feodorovna, faisait élever, dans le beau parc de Pavlovsk, à quelques pas de son. château, une grande et magnifique volière qui existait encore, en son entier, il y a quelque trente ans (2). Cette volière se composait de trois corps de bätiments, longs chacun d'environ 50 mètres et disposés en équerre autour d'un bosquet. Aujourd'hui (août 1910), il ne reste plus, de cet ensemble, que le bosquet qui est orné d'un bassin et d'une copie de la Vénus Callipyge et le bâtiment du fond: les deux ailes perpendiculaires ont complètement disparu. Le bâtiment du fond est un corps de logis sans étage, de style dorique, divisé en trois pavillons séparés les uns des autres par deux grands portiques ouverts ornés de colonnes blanches; les trois pavillons représentent les anciens logements des Oiseaux ; le pavillon central est précédé, du côté du bosquet, par un petit porlique soutenu également par des colonnes blanches. Il faut passer par les portiques latéraux pour entrer dans l'intérieur du pavillon central. On se trouve alors dans une très élégante petite salle carrée. éclairée par deux grandes baies grillagées et surmontée d'une coupole surbaissée, peinte en bleu de ciel; les parois de cette salle sont couvertes d’arabesques, de guirlandes de fleurs, de danses d'amours et de mascarons, le tout peint, à la manière d'Audran, sur un fond du même bleu de ciel que celui de la coupole. On retrouve une décoration semblable, quoique plus simple et faite sur un fond jaune pâle, dans les deux portiques ouverts et sur Jes parois intérieures des pavil- lons latéraux. L'ancienne volière de Pavlosk est aujourd'hui complètement abandonnée ; le nom, que porte toujours le bâtiment quienreste, les fins grillages qui sont encore aux fenêtres des trois pavil- lons, el quelques mauvaisesfigures d'Oiseaux peintes sous les portiques, sont les seules choses qui rappellent sa destination primitive. (A suivre.) 1) Le baron de Baxe. 2) Voir, en effet. le plan donné par M. J. Semefsky. MAÉ 2 SUR LES POSSIBILITÉS DE CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE par M. BRET, Sous-inspecteur d'Acriculture à la Côte d'Ivoire. {Suite (1). C. — Exp. III. — Série de 2 arbres : C 1, circonférence à la base 0"54; à 0275 du sol, 2 tiges de 0235 en moyenne; C 2, circonférence à la base 0"64; à 0230 du sol, 2 tiges de 0"41 en moyenne. Même traitement en écartant de 0"50 les incisions latérales: il y a 4 incisions de chaque côté et l'incision verticale s'élève a 02415: Rendement total : 57 grammes, caoutchouc sec. Remarques postérieures à la saignée. — Une incision inter- médiaire pratiquée après la récolte, donne du latex en petite quantité. De ces trois expériences, il résulte que les incisions obliques de l’arête de poisson, écartées de 45 à 50 centimètres, drainent en une fois la totalité du latex qui se trouve dans kes parties de l'arbre intéressées. On obtient, avec ce dernier espacement, des rendements sensiblement analogues à ceux obtenus avec des incisions plus rapprochées; en effet, les différences entre les chiffres de rendement (55, 46, 57) ne peuvent être que des différences d'aptitudes. Nous arrivons par suite à abaisser de 6 à 4, le nombre des incisions obliques, pour chaque côté de l'arête de poisson, ce qui constitue une diminution notable des plaies. Déjà, au Cameroun, on avait constaté que les incisions latérales distantes de 0"10 ne donnent pas un rendement sen- siblement supérieur à celles distantes de 095. (Journal d'Agri- culture tropicale, n° 80, février 1909. Le F. elastica cultivé, par M. O. Labroy.) D. — Exp. IV. — Série de 2 arbres : D 1, circonférence à la base 0555; à 070 du sol, 2 tiges de 0235 de circonférence en moyenne: (4) V: Bull., avril 1911. 962 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION D 1, circonférence à la base 066: à 1 mètres du sol, 2 tiges de 0=38 en moyenne. Même méthode que pour la série C. Rendement total : 59 grammes, caoutchouc sec. Observations et conclusions conformes à celles faites pour la série C. Séries d’incisions complémentaires. — Nous avons vu en À que le latex reparait dans les intervalles des incisions après douze heures. On peut suivre sa réapparition qui commence par les parties de l’écorce les plus éloignées de l'incision verticale, c'est-à-dire les plus extérieures de la région incisée, ce qui implique que le nouveau latex vient des portions non incisées. Il y a donc un appel de latex des régions de l'arbre non bles- sées jusqu à ce qu'il se soit produit, semble-t-il, un équilibre dans la tension du liquide des laticifères de l'arbre. Il se trouve des données théoriques qui expliquent ce fait. « Tandis que ce dernier (l'Hevea) a les tubes continus dans une direction sensiblement verticale, de façon à favoriser l'écou- lement par incision horizontale ou oblique, le Funtumia pré- sente des canaux plus longs, ramifiés latéralement, etc... (1). » Les expériences qui ont suivi nous ont montré que le flux du latex réapparait ainsi, d'autant plus vite et plus abondamment que les incisions obliques sont plus écartées; c'est un nouvel avantage en faveur de l'écartement rationnel des incisions. Nous en déduisons également qu'une nouvelle saignée, par des incisions faites dans les intervalles des premières, donne- rait un rendement appréciable. On double ainsi la longueur des plaies et l'on diminue de moitié l'intervalle qui les sépare, mais les premières incisions sont assez restreintes, notamment pour les séries D et E. Nous oblenons, en faisant cette opération trois jours après la première : | Série À: © » 22 -1. ,21: 40 £6r: 1 de enbutchonesre: =, BREL is doper — — = ES te NE | LA 2 PR = = — D. 17 gr. » = Première remarque : — Ces quantités de caoutchouc n au- 1) La isaignée Funtumia par incisions verticales, par M. ©. Labroy. Journal d'Agriculture tropicale, n° 91, juillet 4909.) CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 263 raient pas été obtenues si l’ensemble des incisions faites au cours des deux opérations résultait d’une seule opération par incisions rapprochées. Deuxième remarque : — Dans cette deuxième saignée, les incisions les plus écartées continuent à être supérieures en don- nant un rendement plus fort; on peut d’ailleurs observer que le flux est d'autant plus abondant que les incisions primitives ont été plus écartées. Ceci n'a rien d'étonnant, étant donné que les intervalles intéressés par ces nouvelles incisions sont plus grands dans un cas que dans l’autre. Il semble que si le temps dont nous disposions nous avait permis de ne faire la deuxième saignée qu'après une période de plus de trois jours, les seconds rendements auraient été plus élevés. Troisième remarque : — Douze heures après la deuxième sai- gnée, le latex se montre en très faible quantité dans les inter- valles des incisions de la série À 2, et plus abondant chez les séries B, C, D. On peut supposer qu'après un laps de temps à déterminer, il serait possible de revenir entre les premières et deuxièmes incisions. Ayant à nouveau eu l’occasion de passer quelques instants sur cette plantation, trois mois après la date de ces premières expériences, il nous a été possible de nous faire une opinion sur ce que peuvent être ces incisions intermédiaires, en effec- tuant une troisième série entre les premières. On peut dans ce cas, doubler les deux premières séries en faisant ainsi de chaque côté 8 incisions nouvelles, distantes de chacune des autres de 12 centimètres. Le réseau ainsi constitué est évidemment trop intense et pourrait être préjudiciable à l’arbre. Pour l’expé- rience, nous avons doublé les incisions dans un intervalle sur deux. On refait ainsi le même nombre d'incisions qu’à chacune des deux premières saignées. Un arbre de la série C a fourni par ce traitement, trois mois après les deux premiers, 5 grammes de caoutchouc sec. Le rendement en latex est donc diminué considérablement du fait qu’il y a encore sur la partie traitée de l'arbre, des inci- sions non fermées; ce fait est très plausible. En effet, une inci- sion, pratiquée au milieu de laticifère en forme de tubes continus, sectionnés au-dessus et au-dessous, donne une quantité moindre que des tubes entiers. En somme, la première incision sur une face considérée du 9264 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION tronc peut seule donner un rendement marimum ; toute saignée subséquente n'est qu'un complément, el son rendement ne peut atteindre celui de la saignée précédente; c'est ainsi qu'à la troi- sième série, le rendement ne sera pas en rapport avec le dom- mage causé et il est préférable de s'abstenir. La forme en tubes continus des lacticifères, et la fluidité du lalex suffisent encore à expliquer ce fait et l'on peut poser en principe que Le produil ne redeviendra abondant que si la cica- trisotion a fait disparaître toute solution de continuité dans l'écorce considérée sur une certaine longueur. Cette particularité nous était déjà apparue en essayant de faire quelques incisions intermédiaires entre les incisions obliques d’une arête de pois- son faites plusieurs mois avant, à la méthode indigène. . Un nouveau traitement ne sera donc possible sur une face de l’arbre que si les plaies sont formées; ce résultat pour une incision étroite paraît devoir être obtenu en huit mois, au maximum. En résumé, il apparaît que par un système de saignée repo- sant sur ces bases, on arriverait à retirer de l'arbre, en un laps de temps non encore défini, par un réseau d incisions très res- treintes et ne s’élevant pas à une grande hauteur sur le tronc, la même quantité de latex que par les incisions brutales, néfastes pour l'arbre, pratiquées par les noirs. C’est ainsi que nous pensons que la méthode employée pour les essais précités esl très perfectible, et que l’on arriverait par de nouveaux essais à de meilleurs résultats comme rendements. Avec les éléments que nous possédons, on peut concevoir une saignée ainsi praliquée : Commencer sur une face de l'arbre à la base et en intéres- sant la demi-circonférence par deux incisions convergentes en V, en évitant autant que possible de déterminer un croise- ment à la pointe. Quelques jours après, faire exactement au- dessus et à 25 centimètres, un nouveau V. Enfin, continuer ainsi en remontant. On évile de cette façon, pour l'obtention du plus fort rende- ment, que des solutions de continuité soient établies dès la première série d'incisions; au point de vue de la conservation de l'arbre, il ne pourrait qu'y avoir avantage à échelonner, en un laps de temps assez long, des incisions déjà réduites. Après être arrivé à une certaine hauteur sur le tronc, un repos serait laissé à l'arbre avant d'entamer l'autre face. CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 265 Ces données diffèrent totalement de celles qui ont été acquises sur l'Hevea. Il est donc exact de penser que dans les essais, tout rapprochement entre les deux espèces doit aboutir à des résultats négatifs. Dans le cas du Funtumia, le ravivage des plaies ne donne pas de bons résultats comme rendements. Son exécution maté- rielle est d’ailleurs difficile en raison du peu d'épaisseur de l'écorce; il semble enfin que le ravivage de la lèvre supérieure de la plaie donne plus de latex que celui de la lèvre inférieure, à l'inverse de ce qui se passe pour l’Hevea. Le latex du Fun- tumia paraît en effet s’'écouler surtout du fait de son poids. Au Congo belge, où de nombreuses expériences avec ravivage ont été poursuivies, on a également constaté les faibles résultats obtenus par ce procédé. Quoi qu'il en soit, l'infériorité du système du ravivage parait s'expliquer par une tension du latex moins forte au voisinage des plaies qu’au milieu d’un intervalle. Du reste, cette pratique contrarierait considérablement la cicatrisation et, par suite, serait néfaste au Funtumia. Saignée par incisions verticales. — A différentes reprises, on a conseillé pour le Funtumia des saignées consistant en inci- sions verticales réparties tout autour du lronc et s'élevant à 2, 3 et 4 mètres. Ce procédé a été recommandé au Cameroun par le D' Schulte im Hofe et le D' Stiunk (1). Nous en avons fait un essai. 1 arbre : Circonférence à la base. Me Re — a MiMeUree-omme iee D080 Il est fait quatre incisions réparties autour du tronc, espacées de 010 et s’élevant à 2 mètres. Devant la faible quantité de latex recueillie, il est fait une nouvelle série de quatre incisions intercalées entre les pre- mières. Les incisions étaient donc finalement écartées de 0®05 Rendement total : 13 grammes. Caoutchouc sec. Donc, pour une très grande longueur d'’incisions (16 mètres au total), nous avons un rendement bien inférieur au système par arête de poisson qui, tel que nous l'avons employé, a occasionné 4 à 6 mètres de blessures en deux saignées. (1) La saignée du Funtumia, par incisions verticales, par M. O. Labroy. - (Journal d'Agriculture tropicale, n° 97, juillet 1909.) 1 266 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Par contre, nous pensons qu'une saignée en spirale, faite d'après une méthode raisonnée, pourrait retenir l'attention. Les saignées d'essais que nous avons faites pourraient encore être améliorées en vue de restreindre le dommage causé aux arbres, en employant un instrument ne faisant qu'une rainure de 2 ou 3 millimètres; l'écoulement ne serait pas entravé et l'on utiliserait ainsi les précieuses propriétés de ce latex, fluidité et difficulté de coagulation spontanée. On. sait qu'en forêt, les noirs donnent souvent près de 2 centi- mètres de large à leur incision. D'autre part, l'incision verticale de l'arête de poisson don- nant très peu de latex, pourrait être réduite à un simple sillon pour collecter le latex. Enfin les rendements paraissent meilleurs en effectuant les saignées dans la soirée pour laisser l'écoulement se poursuivre dans la nuit. (A suivre.) EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Fe SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 6 FÉVRIER A911 Présidence de M. Trouessart, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Debreuil demande si le Chat de Siam, pour être de race pure, doit avoir la queue droite ou en crochet. Le Chat de Siam peut être de race pure et avoir la queue en crochet, mais c'est une déformation qu'il ne faut pas rechercher. M. le D' Loisel donne les caractéristiques suivantes de la queue du Chat de Siam : « Queue courte, par comparaison avec celle du Chat ordinaire, mince dans toute son étendue, un peu épaisse à la base, parfois brisée ou noueuse ». La queue du Chat de Siam ne compte que pour 5 p. 100 dans l'échelle des points des amateurs anglais. Actuellement, il est très difficile de se procurer des Chats de cette race de sang pur, même au Siam. D'autre part, M. Frank Firm, dit: « Ce sont des animaux (les Chats de Siam) à poil ras; corps couleur crème; face, pattes et queue chocolat foncé; yeux bleus. Très souvent, leur queue présente une coque, une nodosité ou quelque autre déforma- tion de ce genre. » Depuis trois ans, M. Debreuil perdait au début de chaque hiver des Antilopes cervicapres. Ces animaux paraissaient en général bien portants. Mais, après une maladie qui durait trois ou quatre jours, ils mouraient. A l’autopsie, on trouvait l'intestin très enflammé par places, mais on ne découvrait aucun parasite et on pensait que la mort était due à une entérite vulgaire. Vers le 20 janvier 1911, un superbe mâle de cinq ans, né chez notre collègue, tomba malade et mourut au bout de huit 968 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION jours. L'animal fut envoyé avec ses déjeclions, trouvées dans le parquet, à notre collègue M. Brumpt. M. Brumpt a trouvé dans les crottes de cet animal, ainsi que dans le contenu intestinal, un grand nombre d'œufs de Strongles (Strongle de l'intestin grêle, Strongle filicol). L'animal avait donc succombé à une strongylose aiguë. Fait remarquale, le contenu intestinal ne contenait qu'un très petit nombre de parasites. Presque tous les Strongles avaient donc été digérés, après la mort, par le suc intestinal. Dans les déjections d’une jeune Antilope cervicapre, vivant aussi chez M. Debreuil, M. Brumpt a trouvé également de nombreux œufs de Strongles, particulièrement du Strongle filicol. Ce parasite ne pondant qu'un petit nombre d'œufs, l’Antilope doit donc être atteinte d’une strongylose intense. Enfin, les déjections d'une autre femelle adulte renfermaient surtout des œufs de Strongle de l'intestin grêle. Cet animal paraît atteint d’une strongylose moyenne. L'humidité exces- sive de ces dernières semaines est, sans doute, la cause du développement de la maladie. Il ne faut pas songer à droguer les animaux ni à leur faire absorber un médicament mélangé à leur nourriture. Dans ces conditions, M. Brumpt conseille d’user des mesures prophylactiques et de répandre sur le sol des parquets, soit du sulfate de fer, soit de la chaux. On pourrait aussi laisser sécher les herbes sur place et y mettre le feu. Quelques années de bonne sécheresse seraient encore préfé- rables, d'autant plus que les Ovins meurent actuellement par milliers de maladies plus ou moins analogues, et que si le fléau continue, il n’y aura bientôt plus de Moutons en France. La Section est profondément reconnaissante à M. Brumpt de son dévoué concours, d'autant plus que les animaux domes- tiques peuvent être soignés beaucoup plus facilement et que, par sa méthode d'examen des déjections, on peut par là, sans autopsie, reconnaître la cause de la maladie. M. Le Fort appelle l'attention sur les immenses ravages que la cachexie aqueuse (ou distomatose) exerce actuellement sur les troupeaux de Moutons dans diverses parties de la France et notamment en Sologne. Quelques chiffres permettent de se faire une idée de l'intensité du désastre. En juin 1910, on a abattu à Orléans 1.370 Moutons, sur lesquels on a saisi 2 Moutons entiers et 28 foies cachectiques. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 269 En décembre 1910, sur 1.993 Moutons abattus, 153 animaux entiers et 590 foies ont été saisis. Les éleveurs vendent leurs bêtes à vil prix, 6 à 10 francs pièce, de crainte que la maladie ne les rende définitivement inutilisables. La Société nationale d'Agriculture s’est émue. M. Viger a signalé l'immunité remarquable de certaines fermes dont les bêtes n'ont pas été envoyées au pâturage. MM. Raillet et Moussu ont fait remarquer que cette immu- nité s'explique parfaitement. C’est, en effet, dans les pâturages humides que les Moutons s'infectent en avalant les larves de Distomes qui sont si abondantes à la base des plantes. Il y a donc lieu de prendre des mesures prophylactiques qui con- sistent surtout à ne distribuer aux animaux que des aliments secs. M. Chappellier rappelle que la Douve est un organisme à migrations, qui passe une partie de sa vie chez un Mollusque d'eau douce, le Limnée. Il y a donc lieu d’éloigner les trou- peaux des lieux humides. M. Trouessart signale l'existence possible, dans l'Afrique équatoriale, d’une nouvelle espèce de Mammifère. M. Lepetit, voyageur naturaliste, a entrevu sur les bords du Congo, au nord du lac Léopold IT, un groupe d'animaux qui ressemblaient à des Éléphants de petite taille. Le plus grand paraissait avoir au plus deux mètres de haut. Leur trompe et leurs oreilles étaient plus courtes, leur cou plus long que ceux des véritables Éléphants. La bande, surprise, s’est jetée à l’eau de telle sorte que M. Lepetit n’a pu examiner plus longuement ces singuliers animaux. Les indigènes paraissent en connaître l'existence et savoir distinguer leurs empreintes, d'ailleurs très différentes de celles des véritables Éléphants. M. Lepetit est reparti au Congo et tentera de se procurer la dépouille de l'Éléphant d'eau ou tout au moins de le photo- graphier. Ce n'est pas la première fois qu’on est amené à supposer l'existence d’un Petit Éléphant. D'après les indigènes, on en verrait parfois des individus autour du Tchad. M. Courtet a reçu des défenses appartenant à un type beaucoup plus petit que l'Éléphant? d'Afrique ordinaire. Enfin, MM. de Rothschild et Neuville ont rapporté d'Abyssinie une défense énigmatique RS dede 1: 270 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION qu'ils avaient achetée à un indigène, et qu'ils n’ont pu, malgré une étude attentive, rapporter à aucun type connu actuelle- ment. L'existence d’un Éléphant de taille réduite n'aurait donc rien d’extraordinaire. A l'ile de Malte, on a découvert des Éléphants nains fossiles. D'autre part, les Éléphants actuellement connus sont les derniers représentants d’une famille qui fut autrefois beaucoup plus largement représentée et dont les diverses formes ont été retrouvées à l’état fossile. De même que l'Okapi, récemment découvert dans l’Afrique centrale, rappelle l’Helladotherium des dépôts tertiaires de la Grèce, de même l'Eléphant d’eau, à supposer que ce ne soit pas un être chimérique, se rapprochera, peut-être, d’un des termes de la série paléontologique des Eléphants. Le Secrétaire, KOLLMANN. IIIe SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU 146 JANVIER 19114 Présidence de M. Raveret-Wattel, Président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. Varin donne connaissance d’une note de M. Louis Léger, professeur à l’Université de Grenoble, au sujet du goût de vase qu'exhale souvent la chair des Poissons pêchés dans les eaux dormantes. Ce goût de vase leur serait communiqué par une Algue extrêmement petile, l'Oscillatoria tenuis, qui est ingur- gitée par les Poissons herbivores, imprègne de son odeur fade les tissus musculaires, et a son siège principal dans les glandes de la peau. M. de Sainville fait une communication sur le Poisson-Chat, ses mœurs et sa reproduction. À la suite des inondations sur- venues en janvier 1910, la pièce d’eau que possède notre col- lègue, dans sa propriété des Courbes-Vaux (Loiret), vint à déborder, et, par un fossé étroit et peu profond, alla se déverser dans une mare avoisinante, à sec auparavant. Dans cette mare ensoleillée, un couple de Poissons-Chats de 25 cen- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 271 timètres de long avait été amené par l’inondation. Notre collègue y remarqua, le 10 août suivant, un grand nombre d’alevins de Poissons-Chats, au milieu desquels il observa, à de nombreuses reprises, la présence du couple d'adultes. La mare s'étant asséchée, M. de Sainville, qui avait eu de fré- quentes occasions d'observer les allées et venues des alevins et des adultes, la fit pêcher le 10 septembre suivant. Il retrouva les deux Cathfishs adultes et 1.588 alevins, produits de ce couple, Notre collègue a pu constater à plusieurs reprises la parfaite harmonie qui régnait entre les parents et leurs petits. Ces Amiures sont donc de mœurs paisibles, et l’on peut les mettre également avec d’autres Poissons, car jamais notre collègue n’a observé le moindre cas d’ichtyophagie parmi eux. Ces Poissons constituent un mets excellent; leur chair est très fine et ressemble à celle de la Truite un peu grasse. M. de Sainville termine sa communication en passant en revue les autres Poissons qui peuplent sa pièce d’eau : Pois- sons-Soleil, Carpes-Miroir, Goujons, Tanches de Mongolie et Ides mélanotes. Il peut examiner ses Poissons tout à son aise derrière une glace sans tain qui est encastrée dans l’une des parois de sa pièce d’eau, et qui occupe le fond d’une galerie souterraine perpendiculaire à celle-ci. C’est là un excellent poste d'observations, où M. de Sainville & recueilli nombre de constatations intéressantes, prises sur le vif, tant le jour que la nuit, et qui firent de sa part l’objet de la seconde partie de sa communication. Ÿ M. Le Fort annonce que le menu du banquet annuel de la Société, qui aura lieu le 15 mai prochain, comprendra, entre autres nouveautés culinaires, divers mets intéressant la Section d'Aquiculture, tels que des Black-bass de l'Amérique du Nord, des Courbines du banc d’Arguen, des Langoustes royales des côtes de Mauritanie, des foies gras de Tortues et peut être aussi un Cétacé, sans doute un Dauphin. Le Secrétaire, G. DaGRy. 972 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION VAE PA IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1911 Présidence de M. Clément, président. Tout récemment, une communication a été faite, à l’Aca- démie des Sciences relative à l'OEstre des Bovidés. Cette note fut présentée, par M. Bouvier, au nom de M. Vaney, maitre de conférences à la Faculté des Sciences de Lyon. M. Vaney a constaté que les œufs des OEstres pénètrent avec les aliments dans le tube digestif. Les larves qui en naissent vivent d'abord entre la muqueuse et la paroi œsophagienne. Après avoir erré quelque temps dans le corps de leur hôte, elles pénètrent dans les muscles du dos, après avoir décrit un trajet sinueux qui atteint, parfois, une longueur invraisemblable. Finalement, cette larve perfore l'épiderme et respire en appli- quant ses plaques stigmatiques aux orifices ainsi percés. Les renseignements ci-dessus exposés sont communiqués à la Section par M. Le Fort. A ce propos, M. Diguet dit que dans la région désertique du Mexique, un OEstre dont il ignore le nom spécifique, altaque certains Rongeurs, les Lièvres et les Rats notamment. M. Diguet dépose sur le Bureau un travail intilulé : « Histoire de la Cochenille au Mexique », dont il est l’auteur. Notre collègue a fait un résumé de cette brochure pour notre Bulletin, résumé dont il donne verbalement la substance, avec communication de photographies et d'objets divers se rappor- tant à l'élevage et à la récolte des Cochenilles. | Répondant à diverses questions, M. Diguet-dit que tous les Mpuntia peuvent convenir à ces Insectes. Toutefois, les éleveurs n'emploient qu'un pelit nombre d'espèces ou variétés, armées ou inermes. Les premières prolègent mieux les Cochenilles contre leurs nombreux ennemis; les secondes rendent beau- coup plus facile l'exécution des divers travaux nécessités par cette exploitation. Jadis, avant la connaissance des procédés nouveaux, expédi- tifs et économiques, pour obtenir le carmin, l'élevage de ces Hémiptères se faisait sur une grande échelle. Actuellement, il EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 273 est des plus réduits; et s’il n'a pas été complèlement aban- donné c’est que les Indiens, qui le pratiquent encore, conservent l'espoir, aussi vain que tenace, de voir un jour l'usage antique reprendre un nouvel essor. M. le Président remercie notre col- lègue pour sa communication si documentée. M. Debreuil signale le beau geste de M. Boullet, qui vient de vendre 152.000 francs une collection philatélique detrès grande valeur afin de pouvoir rétribuer avec le revenu ainsi obtenu un préparateur supplémentaire, pour terminer le classement des collections entomologiques données au Muséum, il y a quelques années, par ce récidiviste du bien. M. le Secrétaire général annonce que notre collègue M. l’abbé Foucher est souffrant. La Section exprime ses vifs regrets et ses souhaits de prompt rétablissement de la santé de celui qui, en fait, peut être considéré comme le secrétaire adjoint de ses séances. M. Maurice Royer écrit pour s’excuser, avec motif à l'appui, el envoie le procès-verbal de la réunion précédente. Celui-ci est lu et adopté. À l’occasion de cette lecture, M. Debreuil croit devoir pré- ciser une observation qu'il a faite lors de la séance précédente: les animaux non domestiqués, et, par exemple, les Cervidés et les Antilopidés, même assez apprivoisés pour manger dans la main, sont véritablement terrorisés lorsqu'on les saisit pour leur appliquer un traitement, soit externe, soit interne. En cas de récidive, il faut s'attendre à les voir tomber malades, et même, la mort peut parfaitement survenir. Quant à leur offrir des aliments additionnés de substances médicamenteuses, il ne faut guère songer à le faire avec chances de succès, leur défiance et leur flair étant trop grands. M. Prévotat dit que les mêmes difficultés existent à l'égard des Oiseaux. M. Clément ajoute qu’il en est de même relativement aux Insectes, surtout ceux qui sont mous; on ne doit les toucher que le moins souvent et le moins longtemps possible. Plusieurs collègues ajoutent quelques observations à ce qui vient d’être dit, et dans le même sens ; on en peut donc conclure ‘qu'il est bien difficile de traiter efficacement des animaux sau- vages, pour les débarrasser de leurs parasites externes ou internes. D'autre part, il est peu commode de tuer, avec des insecti- DTRSES D ÉIN AT EAC OTANTIRE 1911. — 18 7 d'or anS PT TE TE FR à L At nt à A4 L/ x 1 x ue: sp 274 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION cides. même efficaces, les Insectes pourvus d’enduits préserva- tifs, de nature grasse et cireuse comme le Puceron lanigère, par exemple. M. Debreuil déclare qu'il faut absolument les écraser. C'est ce que font les Indiens pour détruire la Cochenille sau- vage, ajoute M. Diguet. M. Iches fait remarquer que. de plus en plus, la destruction des Insectes nuisibles s'effectue au moyen de leurs parasites naturels, dont on favorise et la multiplication et la diffusion. Sont déposées sur le Bureau, les publications suivantes : 1° Note sur la destruction du parasite de l’Olivier à Florence, parue dans le Bulletin agricole de l'Algérie et de la Tunisie ; 2 Note de M. Bouvier sur les Abeilles et les Fourmis. 3° De M. Iches : Une visite au jeune rucher d'un vieil ami dans l'Argentine. M. le Président, au nom de la Section et de la Société, remet à M. Prévotat les insignes de Chevalier du Mérite agricole et la lettre conférant cette distinction, accordée à l'occasion de la Séance solennelle de la Société, séance à laquelle notre col- lègue n'avait pu assister. M. le Président félicite cordialement M. Prévotat, et la Sec- tion, par ses applaudissements unanimes, souligne les paroles de son représentant. Pour le Secrélaire empéché. CH. MAILLES. Ve SECTION. — BOTANIQUE SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1911 Présidence de M. D. Bois, Président. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, dont la rédaction est adoptée; il donne ensuite lecture du compte rendu de la visite faite par la Section aux cultures de Champignons de couche de M. Bonhomme, à Issy, le 43 février 1941. M. le président signale le travail déposé sur le bureau par FN" 5 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 275 M. Paul Serre sur le Tabac de Cuba et les cigares de la Havane ; puis un ouvrage de M. Jacob de Cordemoy intitulé Les plantes à gomme et à résine. M. Bois en donnera une analyse pour le Bulletin. La Société a également reçu pour sa bibliothèque une série de notes publiées par M. Maiden : À critical revision of the genus Eucalyptus ; On two new western australian species of Eucalyptus ; Records of the earlier french bhotanist as regards australian plants ; Notes from the botanic garden ;: Records of Queensland botanist. M. Bois fait part des pourparlers engagés au sujet de la date de l’excursion projetée en Italie, et du programme à préparer; au point de vue de la date, la Section est d'avis que la plus : convenable à proposer est celle de l’Ascension à la fin de la semaine de la Pentecôte. M. le secrétaire donne connaissance d’une lettre de notre collègue, M. Morel, de Beyrouth (Syrie), annonçant l'envoi de quelques graines, et signalant la réussite merveilleuse des Camellias à Beyrouth. Les fleurs de Camellia, dit M. Morel, sont très appréciées ici, non pas que les Orientaux aiment beaucoup les fleurs pour elles-mêmes, mais les riches d’ici en ont fait ‘souvent venir à grands frais. Ces arbustes produisaient les premières années, puis mouraient, il s’ensuivait que les fleurs, quand elles arrivaient à éclore coûtaient très cher, et par ostentation étaient d'autant plus appréciées. M. Morel a reçu 57 pieds de ces -Camellias provenant des établissements horti- coles européens; ils ont parfaitement réussi, de même que le Mimosa (Acacia dealbala) qui fait aussi fureur. M. Gérôme donne lecture des notes qu’il a préparées sur les Champignons de couche; ces notes ne concernent que les senres et espèces les plus importantes; il est décidé que pour la réunion suivante la question sera complétée par des notes sur les essais de Cultures qui ont été tentés pour les espèces comestibles autres que l’Agaric champêtre. Le Secrétaire, J. GÉRONE. 276 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION VIe SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 149 DÉCEMBRE 1910 Présidence de M. D. Bois. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le président donne ensuite la parole à M. Ch. Rivière pour une première communication sur l'examen du boisement dans ses rapports avec la pluviosité d’une région. Selon notre collègue, l'arbre et la forêt n'auraient aucune influence sur la pluviosité d’une région et seraient plutôt une cause de desséchement du sol; aussi M. Rivière ne croit-il pas à l'efficacité du reboisement que l’on préconise pour améliorer le régime pluvial de l'Afrique occidentale ainsi que de celui de l'Afrique septentrionale. Il rappelle que dans la séance de Botanique où il a déve- loppé,.l’an dernier, cette importante question, on lui a opposé les idées particulières du D° Drude, émises dans sa Géographie bolanique. Cette opinion de l’auteur allemand n'’infirme nulle- ment celles de nos savants français, Arago, Becquerel, Renoux, Angot, Risler, ni les constatations des ingénieurs Belgrand et Vallès, qui ont étudié l'influence des arbres sur les grands bassins hydrologiques. D'ailleurs, si l’on traduit attentivement ies principales con- clusions du D’ Drude, on reconnaît qu'il n’accorde pas toujours aux forêts une action prépondérante, et que, bien au contraire, il les considère plutôt comme résultante d'actions atmosphé- riques. Une des opinions de cet auteur mérite d’être citée tex- tuellement : « Pour ce qui est de l'influence des épaisses forêts de la région chaude sur les pluies, je crois que les forêts, même celles occupant la plus grande superficie, sont impuissantes à amener la pluie quand les conditions générales sont contraires à ce phénomène. » Dans d’autres cas, M. Drude confirme l'opinion que M. Ri- vière émet constamment, relativement à l’action atmosphé- rique sur la formalion de la forêt et non à l'influence de celle-ci comme cause déterminante de pluie. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 277 Encore une fois, peut-on admettre que l’infime surface des forêts sur le globe ait cette action mystérieuse d'agir sur les grands courants atmosphériques, comme les alisés, qui pério- diquement apportent l'humidité ou la sécheresse ? M. Rivière en revient à sa conclusion toute personnelle : « Ily a des arbres, des forêts dans une région parce qu'il y pleut, et non des jluies parce qu'il y «à des arbres et des forêts.» « Un reboisement général, ajoute-t-il, est une œuvre considé- rable exigeant des dépenses qui paraissent être au-dessus des ressources budgélaires d'une nation. Faut-il l'entreprendre dans l'éventualité de résultats absolument douteux ? » M. H. Courtet expose ensuite un nouveau régime d'exploita- tion du Funtumia elastica, préconisé récemment par M. Farrenc, sous-inspecteur de l'Agriculture à la Côte-d Ivoire. Cet agro- nome, qui a pu étudier longuement l’arbre à caoutchouc d'Afrique dans sa zone naturelle, base essentiellement son système d’exploitation sur les aptitudes particulières de l’es- pèce dont les plus importantes sont : d’une part, la faculté que possède l'arbre d'émettre des rejets à la suite du recépage et, d'autre part, la faible résistance du Funtumia aux saignées consécutives. M. Farrenc a été ainsi amené à étudier la consti- tution de peuplements méthodiques de Funtumia et leur exploi- tation par abatage suivant un régime décennal, comportant la régénération spontanée des peuplements par repousses et semis naturel. Son projet, qui a déjà trouvé de sérieux parti- sans, promet des résultats pour le moins aussi séduisants que l’Hevea, et M. Courtet exprime l'opinion qu'il pourrait bien justifier un essai des gouvernements intéressés de l'Afrique occidentale. M. Rivière, qui a déjà entretenu la Section de la multipli- cation des Ficus à l'air libre, par bouturage de grosses branches, véritables arbres, revient sur la question avec de nouvelles observations. Moyennant quelques soins, ces bou- turages ne donnent qu'un faible déchet, que l’on peut encore réduire par d’autres pratiques qui semblent nouvelles. Quand on opère avec la série des espèces à racines adven- lives, si l’on peut faire une bouture ayant, à sa base, de ces sortes de racines, la reprise est plus assurée et la végétation très rapide. Ces racines aériennes, une fois en terre, se compor- tent immédiatement dans le sol comme un véritable système radiculaire souterrain, et alors la bouture se transforme 978 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION promptement en un arbre capable de supporter bientôt des saignées. Mais, dans le plus grand nombre des cas, on ne trouve pas sur un arbre beaucoup de boutures assez droites et bien con- formées, de fortes dimensions, se prêtant bien au bouturage et surtout ayant à leur hase des racines adventives. M. Rivière à essayé, sans succès jusqu’à ce jour, d'appliquer préalablement à ces futures boutures, un greffage en écusson ou en incrustation de jeunes racines développées ou à l'état naissant. Mais, par contre, il a réussi, ce que la nature indique d’ailleurs, des greffes en approche de racines contre branches. En effet, on voit parfois des racines adventives, encore à l’état plus ou moins filiforme, descendre des branches supérieures, s’enrouler et emprisonner des branches inférieures et sy souder. Si l’on sectionne ces branches munies de ces racines adventives naturellement greffées, et si on les plante, on obtient de suite leur enracinement et le départ d’une vigoureuse végé- tation : en résumé, c’est une bouture racinée. Imitant ce moyen, M. Rivière a dirigé sur des branches préalablement choisies des racines aériennes encore à l’état de minces cordelettes; il les a enroulées à la base de ces futures boutures, après avoir un peu avivé les deux écorces appelées à être en contact. En s’accroissant en diamètre, les racines ont fortement serré la partie de la branche sur laquelle elles étaient enroulées, et une fois la soudure établie, on pratiqua la section de la bouture portant ainsi à sa base un système radiculaire artificiellement établi de toutes pièces. L'échantillon soumis à la Section est un exemple de ces sortes d’enracinement : il enseigne combien les racines aériennes d’une bouture, une fois en terre, se ramifient rapide- ment dès qu'on sollicite leur rôle souterrain. Des centaines d'exemples semblables obtenus à l'air libre et dans les conditions les plus ordinaires de la pratique courante, pourraient être présentés. I convient donc d’insister sur ce fait intéressant que les racines aériennes d’une branche mise en terre, constituent de suite le système radiculaire souterrain, sans aucune transi- tion. Après la coupe, la vitalité des branches de certaines espèces de Ficus est fort grande, cependant les fortes boutures crai- gnent les fortes insolations et les vents desséchants. Mais, si EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 279 l’on enterre horizontalement ces grosses branches, elles peu- vent se conserver plusieurs années dans le sol et servir encore au bouturage. M. Rivière a conservé des branches de Ficus macrophylla pendant deux ans. Au printemps dernier, elles émettaient des bourgeons sur tout leur parcours, mais aucune racine. Peut-être que des entailles pratiquées auprès de ces bour- geons auraient facilité l'émission de racines? L’expérience est ‘en cours. Le greffage en plein air de sujets forts, surtout d'une espèce sur elle-même, donne des résultats certains ; mais il reste à déterminer, suivant chaque groupe de Ficus, quel est le véritable porte-greffe à adopter. Les expériences de M. Rivière sur les Ficus à petites feuilles démontrent la possibilité de greffer les uns sur les autres les Ficus retusa, var. nitida, les F. lævigata et les nombreuses formes de ces espèces. Toutes ces espèces contiennent-elles partout du caoutchouc ? Les gros arbres du Jardin d’Essai d'Alger n'en révèlent pas. Le Ficus Schlechteri, qui a du caoutchouc, et que l’on rap- proche du F.retusa, avec lequel on l’a même confondu ,mais qui appartient à cette série des petites feuilles, pourrait peut-être se greffer sur les espèces précitées, cela permettrait de recon- naître rapidement le rôle du climat ou de l'individualité sur la production du caoutchouc. Dans la série des Ficus à grandes feuilles, le #. macrophylla est une espèce des plus vigoureuses, mais sans caoutchouc, voisine du #. elastica; l'expérience en cours a pour but de savoir s’il pourrait servir de porte-grefte. Mais la greffe du Ficus elastica sur lui-même est possible avec une technique particulière et peut rendre des services, puisque dans cette espèce il y aurait des types sans caoutchouc que l’on pourrait rapidement transformer avantageusement. En fin de séance, notre collègue M. Le Fort attire l'attention sur une récente communication faite à l’Académie des Sciences par M. le professeur Bouvier, au nom de M. Gruvel, chargé de plusieurs missions sur les pêcheries maritimes de l’Afrique occidentale. Cette communication a porté d’abord sur une Lan- gouste africaine dont M. A. Gruvel fait une variété de la Lan- gouste commune et dénommée Palinurus vulgaris Lar. var. 280 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION inflatus, par allusion à son céphalothorax très renflé. L'auteur a trouvé cette variété sur toute la côte mauritanienne, du cap Barbas jusqu'au nord de Saint-Louis, par des fonds de 20 à 50 mètres ; de forte taille (un exemplaire mesurait 75 centimè- tres et pesait près de 6 kilogrammes), elle est assez fragile et d'un transport difficile à l'état vivant. Une espèce différente, le P. regius, décrite en 1864 par Brito Capello, a été reconnue par M. Gruvel, en plus grande abon- dance. sur toute la côte ouest-africaine du 23° degré latitude nord au 16° degré sud. La Langouste royale dont ilest question est maintenant exploitée en grand par nos pêcheurs bretons qui se rendent à Port-Étienne (baie du Lévrier), en dix-sept jours avec des dundees de 50 à 60 tonneaux el rapportent, en moyenne, à 6.000 à 8.500 Langoustes vivantes dans les viviers du bord. La moyenne de la pêche est de 700 Langoustes par jour et par bateau. à À partir du sud de l'Angola, cette espèce est à son tour rem- placée par une autre forme, le Jasus Lalandei M. Edw., très commune dans les environs du Cap, où sa valeur est de 0 fr.25 et où une seule usine de conserves en traite jusqu'à 3.000 par Jour. La Section procède, avant de lever la séance, au renouvelle- ment de son bureau pour 1911 ; sont réélus : Président : M. À. CHEVALIER. Vice-Président : M. ACHALME- Secrétaire : M. O. LaBroy. Déléqué aux récompenses : M. PERROT. Le Secrétaire, O. LABRoY. VIS SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 16 JANVIER 1911 Présidence de M. D. Bois, vice-président de la Société. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. H. Courtet fait une communication sur l'importation du bétail de nos colonies (Madagascar, Nouvelle-Calédonie et EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 281 Afrique occidentale); il montre que l'importation d'animaux vivants est assez difficile, car ils sont soumis pendant la tra- versée à une stabulation à laquelle ils ne sont pas habitués. Par contre, l'importation sous forme de viande frigorifiée ou de conserve pourrait donner de bons résultats si les compagnies de transport disposaient de bateaux aménagés. M. H. Courtet pense qu'il serait bon d'avoir l'appui des ministères de la Guerre et de la Marine, en faisant entrer dans l'alimentation des troupes les viandes conservées de nos colo- nies. Un de nos collègues demande quelques renseignements sur le caoutchouc de Jélutong, dont il a été souvent question dans la presse en ces derniers temps. Il s'agit, en réalité, du produit de plusieurs espèces du genre Dyera et, en particulier, du Dyera costulata, Apocynée originaires de Bornéo, Sumatra et pénin- sule malaise ; ce produit est connu et importé depuis longtemps sur les marchés d'Europe et des Etats-Unis, sous le nom de Bornéo mort; il renferme une proportion de 10 à 20 p. 400 de caoutchouc et une très forte proportion de substances rési- neuses. ‘À la suite des échanges d'observations entre les différents membres de la Section, il apparaît que le Jelutong est loin de justifier l'intérêt qu'y attachent certaines personnes, et que les entreprises auxquelles il donne lieu ont avant tout un carac- tère spéculalif. La production ne saurait atteindre les chiffres prédits par certains statisticiens trop optimistes, si on considère que la densité des peuplements est assez faible et que la plupart des exemplaires adultes de Dyera ont été saignés à mort par les indigènes. Le Secrétaire par intérim, M. Rouyer. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS La collection de grues de Lilford Hall. — L’acclimatation du grand oiseau de Paradis aux Antilles. — Exposition d'oiseaux de cage à Londres. Les lauréats de la Société d’Aviculture. — Des omelettes coûteuses. La fin d’un œuf. — Le commerce du Poisson en Allemagne. — La dégénérescence de la Truite arc-en-ciel en Allemagne. — Impor- tations nouvelles. 1l était à craindre qu'après la mort de lord Lilford, en 1896, les belles collections d'Oiseaux réunies dans le parc et dans les faisanderies de Lilford hall dans le Northamptonshire ne fus- sent dispersées. Nous apprenons avec plaisir que lady Lilford, qui fut une collaboratrice si zélée et si dévouée de l’éminent oruithologiste, a continué ses traditions et que l’avifaune de Lil- ford hall, du moins en ce qui concerne les Oiseaux décoratifs, a été maintenue. M. Robert Cosgrave, l’habile intendant de ce paradis ornithologique, publie dans l'Avicultural Magazine une notice intéressante sur les Grues qui, au nombre d’une trentaine, semblent s'être bien acclimatées dans la seigneu- riale résidence. Les Grues Leucauchen se reproduisent régu- lièrement à Lilford hall et élèvent chaque année deux petits. Quatre heures après l’éclosion, on voit le jeune Oiseau passer la tête à travers le plumage de sa mère et recevoir délicate- ment du bout du bec les insectes que le mâle lui apporte. Comme les œufs sont pondus à deux jours pleins d'intervalle, le premier petit à quarante-huit heures d'avance sur son cadet, et un jour après avoir quitté la coquille, il abandonne le nid pour suivre le mâle, qui lui prodigue les plus tendres soins. La femelle se charge du second et chaque Oiseau se consacre presque exclusivement à son nourrisson et lui cherche sans reläche les insectes qui constituent sa première nourriture. Au bout de dix jours, les jeunes commencent à apprécier la pâtée artificielle qu’on leur fournit quatre fois par jour. Le plumage des jeunes reste jaune roux pendant neuf mois, puis ils prennent quelques plumes blanches sur la nuque, mais ce n’est qu'après la seconde mue qu'ils revêtent le plumage des adultes. Deux fois on a obtenu à Lilford hall des couvées de la Grue du Canada, et les jeunes se sont élevés aussi facilement que ceux des Leucauchen. Les Grues Antigone n’ont couvé qu'une EN CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 283 fois et les deux jeunes qu'elles amenèrent moururent à l’âge de trois semaines, ce que M. Cosgrave attribue à la contamination de leur parc. Il espère cette année une meilleure réussite dans le nouveau parquet où ces Oiseaux ont été installés. Il y a eu à Lilford hall un croisement de la Grue du Canada et de la Grue de Montigny. Le plumage de ce métis ressemble à celui de la Grue de Canada, espèce à laquelle appartenait l'Oi- seau mâle, mais, somme toute, malgré quelques plumes blan- ches qui constellent sa livrée grise, l'effet n’est pas flatteur. Les Grues couronnées ont ébauché un nid mais en sont resté là. Elles vont toujours se percher à une grande hauteur pour passer la nuit et se retirent quelquefois aussi sur leur perchoir pendant le jour. Les deux espèces (chrysopelargus et pavonina) se tiennent assez à part des autres. Les Grues leucogéranes de Sibérie font tous les ans un nid volumineux, mais les œufs sont clairs. Les chaleurs de l’été les font souffrir, et elles ne sont jamais plus heureuses que lorsqu'elles peuvent sauter et danser dans la neige. Leur caractère est malheureusement irascible et elles persécutent volontiers leurs congénères. La collection de Grues de Lilford hall comprend les espèces suivantes : Antigone, Leucauchen, de Mandchourie ou Montigny, -de Numidie, Stanley, couronnées pavonine et du Cap, Moine (introduites l’an dernier par William Jamrach), Canada, caron- culée, leucogérane, ordinaire, Américaine blanche, Native Com- panion, et l’hybride dont nous avons parlé. * RES On sait que l’'Honorable Walter Rothschild a loué au gouver- _ nement anglais l’île d'Albadra pour y assurer la protection de la faune des Seychelles menacée d’extermination. Sir William Ingram, l'amateur bien connu, vient de faire mieux encore, en achetant une des Antilles, la petite Tabago, pour y acclimater le le grand Oiseau de Paradis ! Cet ilot désert, situé sous la même latitude, mais aux Antipodes de l’ile d’Aru, la patrie des Oiseaux de Paradis, est d’une contenance d'environ vingt mille mètres carrés. La végétation y est'admirable ; une épaisse brousse tro- picale recouvre le sol au-dessus duquel s'élèvent des arbres très élevés, et cette végétation produit en abondance des fruits et des baïes de toute nature. La description enthousiaste que M. de Rochefort faisait de la grande Tabago au xvu‘ siècle peut 2814 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION s'appliquer à la petite, dont les dimensions l’ont heureusement préservée de toute contamination humaine, et, commeil ne s'y trouve ni Serpents ni vermine d'aucune sorte, ce pelit paradis était digne de lous points de recevoir des Paradisiers. Depuis plusieurs années, Sir William Ingram envoyait des collection- neurs dans la Nouvelle-Guinée pour lui rapporter des Oiseaux de Paradis vivants, et ces expéditions, grâce à l'énergie de MM. Frost et Goodfellow, ont maintes fois enrichi ses volières. Voyant cependant la difficulté qu'il y avait à protéger ces beaux Oiseaux dans leurs îles natales, Sir William Ingram résolut de leur procurer un sanctuaire inviolable et il a installé quarante- huit grands Parasidiers dans la petite Tabago, confiant leur surveillance à un matelot suisse qui pendant le voyage avait aidé M. Frost à soigner ses captifs et leur avait témoigné beau- coup d'intérêt. Les Oiseaux, lâchés à Tabago en septembre 1909, étaient presque tous jeunes, c'est-à-dire qu'ils n'avaient pas encore revêtu le beau plumage qui permet de distinguer les sexes; il semble qu'il faille d’ailleurs six ou sept ans, ou même plus, pour que les Paradisiers prennent toutes leurs couleurs, mais ils se reproduisent peut-être avant cette époque, car le gardien Humbert a fait savoir à son noble patron, auquel il envoie tous les mois un rapport circonstancié, que les Paradi- siers commencent à danser sur les arbres, ce qui est le prodrome de la saison des amours. Nous nous proposons de placer sous les yeux des membres de la Société le très intéressant article de Sir William Ingram que publia l’Avicultural Magazine, aussi bien qu'un récit antérieur de l'expédition d’un des collection- neurs de Sir William, dans l’île d’Aru, car ces deux travaux nous apportent enfin des notions précises sur un Oiseau qui a passé pendant si longtemps pour fabuleux, dont les premières dépouilles, n'ayant pas de pattes, ont fait croire que l'Oiseau ne pouvait jamais se poser, passant sa vie en l'air et nichant sur un nuage. Appelons seulement ici l'attention sur les curieux résul- tats scientifiques que l’on peut attendre de l’entreprise de Sir William ; il sera intéressant de constater, si l'Oiseau de Paradis s'acclimate aux Antilles, quelles seront les modifications qu'il subira sous ce nouveau ciel. Quelque analogue que puisse être le climat des Antilles à celui de la Nouvelle-Guinée, il ne faut pas oublier que l’Oiseau se trouvera placé dans un entièrement nouvel hémisphère. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 285 Une bien intéressante exposition d'Oiseaux de cage a eu lieu en février, à Londres, au Crystal-Palace. Dans la première section figuraient, au nombre de plus de 400, presque toutes les espèces qui habitent la Grande-Bretagne. Une classe spé- ciale, réservée aux Oiseaux albinos ou affectés de mélanisme, réunissait : un Sansonnet argenté dont le plumage était agré- menté de longues paillettes blanches ; une Grive blanche, des Merles bigarrés de blanc ou d’un blanc pur, deux Chardonne- rets albinos, un Moineau et un Linot pies, des Bouvreuils et des Gros-becs noirs, une Alouette, un Pinson, un Moineau et deux Verdiers de couleur cannelle. On a remarqué l'influence sur la vivacité des couleurs de la nourriture pimentée qui change parfois complètement l'aspect des Oiseaux et donne un éclat anormal aux nuances jaunes sur- rtout. Les amateurs d'Oiseaux pratiquent beaucoup aujourd'hui cette alimentation échauffante, et les captifs n’en paraissent pas souffrir, car il y avait à l'Exposition un Pinson des Ardennes qui est à ce régime depuis quatorze ans et qui est en magnifique état. C’est un lauréat professionnel, pour ainsi dire, qui a fait toutes les Expositions anglaises, remportant partout des prix. C'est à cette alimentation spéciale que le Coq de Roche exposé, dans la section des Oiseaux exotiques, a dû de con- server son beau plumage orange. C'était un des Oiseaux rap- portés par M. Frost à sir William Ingram et dont nous avons parlé au mois de septembre dernier. Il appartient aujourd'hui à l'amateur belge M. Pauwels, qu'il faut féliciter d’avoir con- servé ce volatile de la Guyane en aussi bonne condition. M. Pauwels avait de nombreux lots d'Oiseaux rares dans la section des exotiques où les lauréats les plus souvent nommés avec lui étaient MM. Maxwell et Townsend, deux des membres les plus distingués de la Société d'Aviculture anglaise. À la dernière réunion de cette Société, les médailles de reproduction en captivité ont été décernées à M. Astley pour la multiplication de la Perruche à tête rouge (Porphyro- cephalus spurius); à M. Fasey pour la reproduction de la Per- ruche à ailes bleues (Veophema venusta); à M. Teschemaker pour la reproduction du Chanteur de Jerdon (7harrhaleus Jerdoni), du Sycalis de Pelzen (Sycalis Pelzeni), du Gros-bec 286 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION bleu (Guiraca cyanea), de la Fauvette à tête noire (Syluia atricapilla), du Bulbul à joues rouges (Olocampsa jucosa), du Moineau à tête grise (Passer diffusus) et du Serin soufré Seyinus sulfuratus) : enfin, à notre collègue la duchesse de Bedford qui a obtenu. à Woburn, une couvée de la Bernache de Hutchins (Bernicla Hutchinsi) et de la Grue antigone (Grus antigone). Ces médailles de reproduction sont accordées par la Société d'Aviculture à ceux de ses membres qui ont fait multi- plier, pour la première fois, dans leurs volières, des Oiseaux qui n'avaient pas encore reproduit en captivité dans la Grande- Bretagne ou en Irlande. La première partie de l'importante collection d'œufs du colonel Barclay a été récemment dispersée à la salle de ventes de Stevens, à Londres, et les prix atteints par certains lots méritent d'être signalés. Deux œufs de la Bernache à cou roux, recueillis dans la vallée de l'Yenissei par l'expédition Popham et Bovce Hill, en 1895, ont été vendus 275 francs; un œuf de Pluvier gris, recueilli dans la région de la Petchora par Seebohme, qui y avait découvert le lieu de nidification de cet Echassier, jusqu'alors inconnu, à fait 125 francs. Quatre œufs d'Orfraie. l'Aigle pêcheur que l'on s'efforce de protéger sur les lacs d'Écosse, ont été adjugés 38 francs; l’œuf de l’Aigle doré a fait 25 francs; deux œufs de la Mouette de Ross provenant du delta de la Kolyma et ayant fait partie du premier lot que l'on apporta en Angleterre en 1905, ont dépassé 400 francs. On peut juger par ces prix de ce que peuvent atteindre aujour- d'hui, dans les ventes, les œufs des Oiseaux disparus comme l'Epiornis et le Grand Pingouin. Ces précieux souvenirs, au,ourd hui classés dans les Musées publics et quelques collec- tions particulières, ne sont que rarement exposés au feu des enchères, aussi les amateurs oologistes ont-ils été bien surpris d'apprendre, dernièrement, qu'un œuf de Grand Pingouin venait d'être détruit par suite de l'incurie des autorités de Dinan qui ignoraient complètement l2 valeur des objets confiés à leur garde. Au mois de septembre dernier, quelques touristes anglais qui avaient connaissance de l'existence de cet œuf, se présenltèrent au musée de Dinan et demandèrent à le photo- graphier. Le conservateur leur répondit qu'il ne savait rien de l'objet auquel ces voyageurs semblaient s'intéresser tellement CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 287 et que, d’ailleurs, tous les animaux du Musée d'Histoire natu- relle étaient si vieux et si mal empaillés, qu’on avait relégué le tout dans un grenier de l'Hôtel de Ville. Ces messieurs obtinrent du maire la permission de faire des recherches dans la chambre de débarras où ils trouvèrent gisant par terre, au milieu d'une amas d'Oiseaux empaillés, les débris de la pré- cieuse coquille dont le plus gros fragment avait 6 centimètres de long sur deux de large. Ce sont ces débris dont M. Bidwell a montré la photographie, à la séance de décembre du Club des Ornithologistes d'Angleterre ! Il est curieux de constater combien le Poisson d’eau douce est recherché dans certaines parties de l'Allemagne, où il se vend plus facilement souvent et à un prix plus élevé que le Poisson de mer. À Altona, un marchand de Poissons de Ham- bourg à installé un très important établissement, comprenant environ quarante bassins, dans lesquels sont entreposées de grandes quantités d’Anguiiles, de Truites, de Brochets, de Tanches et surtout de Carpes, provenant des lacs et canaux de l'intérieur du pays. Il en est même qui sont apportés de très loin. C’est ainsi que des bateaux-viviers, qui circulent sur l'Elbe, en amènent de Prague (Bohème). Ces bateaux mettent de trois à quatre semaines pour descendre jusqu’à Hambourg. Le chemin de fer transporte aussi beaucoup de Poissons vivants, tirés surtout de Silésie. Ce Poisson voyage dans des wagons-citernes, dont l’eau est constamment aérée à l’aide de pompes foulantes, qu'actionnent les roues du wagon. C’est surtout à Noël que la Carpe et la Tanche sont recherchées, ét se vendent le mieux; elles atteignent, à cette époque, un prix très élevé par rapport à celui de certains Poissons de mer. La Lingue (Lotta molva) de la mer du Nord, bien que de très belle qualité, n’est guère vendue que 4 marks (5 francs) les 50 kilo- srammes. Aussi est-il réexpédié beaucoup de ce Poisson en Angleterre, principalement sur Grimsby, où il trouve un prix suffisant pour couvrir largement les frais de transport, tout en laissant un joli bénéfice aux importateurs. Principalement pendant les mois de juin, juillet et août, la Morue et la Lingue n'obtiennent que de tres bas prix à Altona. Aussi les chalutiers allemands portent-ils directement le produit de leur pêche en 988 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Ecosse, à Aberdeen. On voit, au contraire, des Poissons d’étang (Carpes, Tanches, Brochets et Perches), souvent de médiocre qualité, trouver facilement acheteur, sur le marché d'Altona, à 1 mark et même 1 mark 40 (1 fr. 25 et 1 fr. 75) la livre. * CRE On sait que déjà, depuis quelque temps, sur divers points de l'Allemagne, dans de nombreux établissements de pisciculture, une certaine dégénérescence est constatée chez la Truite arc- en-ciel. Cette dégénérescence se traduit surtout par un affai- blissement de l'aptitude à la reproduction. Les œufs et la laitance recueillis au moment de la fraie, sur des sujets com- plètement adultes, ne sont plus que de médiocre qualité, sou- vent même complètement inutilisables. En présence de cette situation, il à été recouru à des importations d'œufs, tirés des Etats-Unis, afin de renouveler le sang des Truites en voie de dégénérescence. Dans le même but, on a égale- ment essayé des croisements entre la Truite arc-en-ciel et la Truite tête d'acier (Salmo (Gairdneri Richardson), ainsi qu'avec la Truite à ventre pourpre (Salmo Mykiss Walbaum); mais, le tout, sans résullats bien satisfaisants. Un piscicul- teur bavarois a eu, par suite, l’idée de recourir tout simple- ment à une sage solution, pour créer une race améliorée. En se servant exclusivement d'œufs tirés du Tyrol, ainsi que des régions montagneuses du Sud et Centre de l'Allemagne, où la Truite arc-en-ciel, acclimatée dans divers laes, y vit complète- ment à l’état sauvage et est demeurée parfaitement saine, il est parvenu à régénérer ses sujets reproducteurs, qu’il ne nourrit plus que de proies vivantes. Ces Poissons, très vigoureux, lui donnent des produits en tous points satisfaisants. * M Importations nouvelles : chez Rambaud à Marseille, une inté- ressante série d'Oiseaux exotiques, Perruches omnicolores, de Pennant et de Swainson ; des Canards mandarins et des Sarcelles de Formose ; des Cygnes noirs d'Australie ; des Colombes poignardées, et des Colombes des neiges ; des Paons spicifères et des Poules sultanes. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — 14 MARETHEUX, ! nprimeur, 1, rue Cassette. < ure des disponibilités. _ Graines d'Ansérine, offertes par EYNIER (d'Aix) et GUILLOCHON (de Tunis). } ois de senteur anglais, en mélange, offerts par M. DÉJARDIN. angulosa. bicolor. capitellata. coriacea, crebra. gomphocephala. longifolia. ; polyanthemos. — redunca. Hematozylon Campechianum. 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L’attention des personnes compétentes doit être appelée tou spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, de: animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. + La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées er encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résullats dan ses séances publiques où particulières, dans‘ses publications périodiques ou autres Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres, ou aux sociétés dite agrégées ou affiliées, la Société d’Acclimatation poursuit un but pratique d'utilit générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant Er . chaque année un volume d'environ 8U0 pages, illustré de gravures, donne des rensei- LA gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. 4 ; É : Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au + même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que Le les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo- + . ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). 2 Se Chaque membre de la Sociélé paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- RER sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de 1al “ER Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, elc., à faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont re également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit de à publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli: matation a publié, depuis son origine en 1854, ‘cinquante-huit volumes in-8, Lits illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Les Ée Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur {toutes les Aug matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à Nebees part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- A fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et 14 : ; pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture ets de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont” plusieurs forment de véritables volumes,'sont mis en vente au prix de revient pour les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le | : Manuel de l'Acchmateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bier Le connus du D' Moreau sur les Poissons de France. D. ; Le Gérant : À. MARETHEUx. Paris. — L, MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. BULLETIN DE LA DE FRANCE - (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58 ANNÉE N° 10 — 15 MAI 1911 F SOMMAIRE k se Pages: IL Dr Gustave LOISEL. — Les’ ménageries des pays slaves et scandinaves avant le ‘ CO EE ne nue ue MM DA UN idiot 289 _ J. GÉROME. — Les Cranberries et les Vacciniées indigènes à fruits comestibles . . . . . 295 : M. BRET. — Sur les possibilités de culture du Funtumia elastica en Afrique occiden- oi mate eme die ape di ui ii de 299 “À ÉRVIRRE Le Noiroun de l'Olivier 0 5 tit. ii 400 ii fi, Li 304 ME ; Extraits des procès- -verbaux des séances des Sections. 1e ire Section. : —. Mammifères. — Séance du 6 mars 1911. . . . . . . . . . . . . . . ORTEARTE>R LD (À Re Ornithologie-Aviculture. — Séance du 6 février 19114 . . : . . . . . . . . . 306 RE D Entomolosie.-— Séance du 18 mars 1911. 52 4... 4). 312 M Patanique: — Séance du:20) marss19112.; 55 20e td ON AU: 314 - 6 — Colonisation. — Séance du 20 février 1910. . . . . . . . . . . . : . . . . . 317 — : par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. | Un numéro, 2 francs : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 Re AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS OO SOUÉTÉ NATIONALE D'ACCHINATATION DE TT Fondée le 10 Février 1854 AR Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 4 AR 33, RUE DE BurroN — PARIS Es A à +4 5 RP BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 ASC AE Président, M. Edmond Perrier, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du FR Muséum d'Histoire naturelle, Paris. : RS > ; MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole DA N coloniale, 15, rue Kaidherbe, Saint-Mandé (Seine). EÈR Vice- Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. | ke < Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. ER TE GC. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. ES Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. : MM. R. Le ForrT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Z#ranger). H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 954, boulevard Seint- Secrétairese Germain, Paris (Conseil). CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). Trésorier, M. le D' SeBiLLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. : . SCA Membres du Conseil MM. D' LePrinoer, 62, rue de la Tour, Paris. MAILLES, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de VirmoriN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. LECoMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. LE MYRE DE Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. WuIRION, 7, rue Théophile- -Gautier, Neuilly-sur-Seine. ACHALNE, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. DÉTARDIN, 23, rue Claude-Lorrain, Paris. Ë + 4 gd M3GaAuD D "AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. ET: D° P. MArcHAL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique Ge se de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. ÿ Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 VE £ Janvier | Février Novembre | Décembre pr SÉANCES DU Conseil, le Mardi à 5 heures. 14 12 i Are Secrion. — Mammufères, le lundi HE dE à 5 heures . 6 4 D 2e SECTION. — Ornithologie, le lundi ta A9 1,412 58 6 4 F 35 SECTION. — Aquiculture (4), le lundi # à 5 heures . . . A LT 13 11 æ 4e SECTION. — Entomologie, le lundi 1x 46 h./1/25 25e AVE Le 13 11 k 5e SECTION. — Bolanique, le lundi ik à 30h. 4/2; RANCE AMNEe 20 18 4 6 SEecTion. — Colonisation, le lundi F à 5 heures . … . 20 18 Sous-SECTION, d'Eludes Caprines, le ven- dredi à 5 heures . à 24 22 (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés OT = PR : NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances rai des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. LES MÉNAGERIES DES PAYS SLAVES ET SCANDINAVES AVANT LE XIX® SIÈCLE Par le D' GUSTAVE LOISEL. (Suile et fin) (1). III. — Les animaux privés des premiers Scandinaves. Ménageries et combats d'animaux à la Cour de Suède. Les premières ménageries des Scandinaves furent sans doute formées, comme en Pologne et en Russie, d'animaux indigènes capturés à la chasse ; les anciens chants de ces peuples, les Sagas, parlent souvent, en effet : d’Ours, de Loups, de San- gliers, de Corbeaux et inême de Serpents, et ils en parlent comme de simples bêtes privées ou comme d’animaux totems jouant un rôle sacré dans le culle rendu aux dieux (2). Une de ces sagas, en particulier, nous montre les rois Harald le Sévère, de Norwège, et Svend Estridsen, de Danemark, comme grands amateurs d'Ours captifs. Elle nous raconte longuement l'histoire curieuse d’un Islandais qui avait acheté, au Groen- land, un Ours blanc apprivoisé et qui l’avait ramené en Dane- mark. Il recut en récompence un bateau avec sa cargaison, un sac plein d’or et d’argent et un anneau de grand prix; ceci se passait au milieu du x1° siècle (3). A la fin du xvi° siècle encore, quand nous voyons les collec- tions d'animaux un peu nombreuses apparaître pour la première fois, à la cour des rois de Suède, ce sont toujours des espèces indigènes qui y figurent. Ainsi le secrétaire d'une ambassade que le duc de Poméranie envoya au mois de juin 1561, à Upsal, pour assister au couronnement du roi Erick XIV, raconte qu'il (4) Voir Bull., Ler et 15 Avril et 1er Mai 1911. (2) X. Marmier, Lettres sur l'Islande. (3) Saga Haralds hardradda, ch. Lxxu-Lxxv, Tornmanna Sôgur, t. VI (trad. en latin dans Scripta historica Islandorum de rebus gestis veterum borealium... Hafniæ, 1835, in-80, t. VI, p. 274-282). Cette même Saga se trouve, avec quelques variantes, dans Morkivskirina, éd. Unger, Kristiania, 1867, p. 61-66. BLLL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 19 290 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION vit alors, lors des fêtes du sacre, un combat entre un Ours, un Taureau et des Chiens anglais. Il dit encore que le roi de Suède entretenait, dans un jardin, des Cerfs et des Elans, et plus loin, sur un rocher près de Stockholm, deux jeunes Rennes qui accouraient au moindre appel pour recevoir du pain (1). C'est seulement après la guerre de Trente ans, époque où la France avait été son alliée et son iniliatrice à la civilisation européenne, que la cour de Suède commença à prendre quelque chose du faste des autres cours. En 1648, la paix de Westphalie mettait fin à cette guerre; deux ans après, à Stockholm, le général Wachtmeister et le baron de Stiernsküld donnaient de grandes fètes à l'occasion du sacre de la reine Christine, et c’est alors qu'on voit paraître le premier Lion qui soit venu, sans doute, dans la péninsule. Le spectacle eut lieu le:12 novembre 1650, dans une enceinte que l’on construisit exprès sous les remparts du château royal (2). On mit d’abord en présence un Lion et un Buffle (peul-être faut-il lire Bison). Le Lion se précipita, mais il fut arrêté par le Buffle si vio- lemment qu'il alla, tout étourdi, se coucher dans un coin. On fit entrer ensuite un grand Ours venu des forêts voisines, L'Ours marcha vers le Lion, l'aborda par derrière et lui donna un coup de patte ; puis, comme la bêle féroce ne bougeait pas, il la saisit avec sa gueule par le dos. Le Lion se réveilla alors; il se secoua pour faire lâcher prise à l’'Ours, donna quelques coups de griffe qui suffirent à mettre en fuite son adversaire, puis il se recoucha dans son coin sans plus vouloir combattre. On fit donc rentrer le Lion dans sa cage et on opposa au grand Ours un Cheval fougueux. L’Ours se précipita encore le pre- mier et saisit le Cheval par la cuisse; mais celui-ci se débar- rassa d’une ruade et saisi de peur, probablement, il se mit aus- sitôt à fienter. Ce fut là sa meilleure défense, car l'Ours, (1) Historisk Tidskrift, t. V, Stockholm, 1885, p. 280 et 292. (2) A l'endroit où se trouve aujourd’hui la doub'e rampe (Slottsbacken) qui conduit à l'entrée sud du palais. Le jour qui ayait précédé cette fête, les mêmes seigneurs avaient donné une autre fête au Rännarebanan ou Hippodrome qui était situé là où est maintenant la place de Hôtorget, dans le faubourg du Nord. Entre autres choses, on vit, à cette féte, « deux Maures véritables » montés sur un Chameau et tenant une massue à la main. Ces fêtes nous sont connues par le Dr Jonas Petri, dans sa rela- tion de la Diète de 1650, et par : Handlingar rürande Skandinaviens his- loria, t. XXII, Stockholm, 1837, p. 245 et 247-248. LES MÉNAGERIES DES PAYS SLAVES ET SCANDINAVES 291 dégoûté des ordures qui l'avaient couvert, ne pensa plus en effet qu’à aller se plonger dans un bassin voisin. On lança contre lui un autre Cheval, puis deux Renards; on lui jeta des _ fusées, des mannequins remplis de paille et vêtus de rouge; rien n'y fit, l'Ours continua à se laver, et le spectacle en resta là. Le Lion qui avait paru à cette fête était, sans doute, la bête qui avait été prise par le général comte de Künigsmark, lors de la conquête de Prague par les Suédois, en 1648. Cet animal était arrivé Fannée suivante, à Stockholm, avec une quantité d'autre butin, entre autres choses le gros volume connu sous le nom de Gigas librorum ou Bible du diable, qu'on peut voir aujourd'hui à la bibliothèque royale de Stockholm. Le Lion de Prague fut d’abord placé au « chantier de bois à brûler », puis on construisit pour lui une fosse aux Lions, Lejonkulan, près du palais royal. Un inventaire, daté de 1651, donne une idée assez complète de cette ménagerie; elle comprenait deux « étables à Lions », une cour entourée d’un balcon, et une petite chambre pour le gardien. Elle reçut, en 1653, un autre Lion que le duc Jacques de Courlande avait envoyé en cadeau à la reine Christine. Il semble que ces deux animaux mou- rurent avant l’année 1663, car les gages de leur gardien ne sont plus portés, dans les comptes du palais à partir de cette même année. En 1667, le Lejonkulan fut transformé en un théâtre, la première scène dramatique suédoise, qui est restée célèbre dans l'histoire littéraire de la Suède sous son nom pri- mitif (1). Il y eut encore à Stockholm, au milieu du xvrr° siècle, une autre petite ménagerie royale située entre les deux ailes du palais nouveau, sur une terrasse qu'on nomma d’abord cour au Léopard; Leopardgärden et qu'on nomme encore aujourd'hui cour aux Lynx ou Zogärden. Cet établissement occupait, sans doute, l'emplacement d’une clôture pour bêtes féroces, qui existait même avant le Lejonkulan près de l’ancien palais; en tout eas, il tirait son nom d’un Léopard qui s’en échappa un jour et fit beaucoup de mal dans la ville (2). (1) Voir J. Flodmark, p. 16 et suiv.; F. A. Dahlgren, p. 4, note 3; 9. Wieselgren, p. 5 et suiv. (2) La bête fut tuée et sa peau placée, au palais, dans le Papistkyrkan ou église des Papistes ; c'était une chambre qui avait été concédée au ser- vice catholique pendant le règne du roi Jean I{I; la peau du Léopard fut vue par un visiteur du palais en 1651. Voir J. Elers, t. I, p. 345. 292 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Avec Frédéric I’, dans un compte de 1733, apparaît une troisième ménagerie, « la maison des Lions de Djurgärden », une île boisée située tout près de Stockholm, qui servait alors de réserve de chasse et dont nous aurons l’occasion de parler longuement plus tard. C'était probablement là que le roi de Suède avait logé deux Lions, trois Tigres, un Chat sauvage et un esclave affranchi que le dey d’Alger lui avait envoyés en cadeau, en l'année 1731. Les animaux, après avoir été gardés quelque temps dans cette ile, furent donnés au roi Auguste IT, à Dresde. Le successeur de Frédéric 1°, le roi Adolphe-Frédéric, s'in- téressa beaucoup à l'Histoire naturelle et posséda de grandes collections au château de Drottningholm ; il eut aussi des ani- maux vivants, entre autres un Racoon qui fut vu et décrit par Linné (1). Sa femme, la reine Louise-Ulrique, possédait, de son côté, comme animal familier, un petit Singe dont elle finit par se débarrasser en faveur du célèbre naturaliste ; Linné en fit un portrait que l’on peut voir encore aujourd’hui, dans sa maison natale, à Hammarby près d’'Upsal, et le décrivit sous le nom de Simia ædipus (2). Il ne semble pas que le roi Adolphe et ses successeurs aient eu des ménageries de bêtes féroces. L'ile de Djurgarden, seule, conserva des Cerfs, des Daims et des Chevreuils jusqu’au moment où nous verrons, dans notre troisième volume, cette ile être achetée par la ville et transformée ensuite en Parc zoologique. IV. — Les animaux privés des rois de Danemark. Ménagerie royale de Copenhague. Nous n'avons trouvé rien qui concernàl les Norvégiens, dans nos recherches sur les anciennes ménageries scandinaves. Ce peuple fut presque toujours, au cours de son histoire, sous la domination les rois de Suède ou de Danemark et il a conservé plus longtemps que ses voisins des mœurs simples qui ne s'allient guère avec la coutume du faste des animaux. Le Dane- mark lui-même, qui fut en contact bien plus suivi avec l'Europe centrale, ne montre cette coutume qu’à partir du xvi° siècle. Ce (1) Dans les Mémoires de l'Académie suéloise des sciences de 1747, (2) Voir Th. M Fries, t. AI, p. 376: LES MÉNAGERIES DES PAYS SLAVES ET SCANDINAVES 293 furent, d’abord (1), des animaux privés qui demeuraient en liberté plus ou moins grande dans les appartements royaux ; on voit par des comptes du xvi° siècle, en effet, que les Guenons du roi déchiraient les tapis de cuir doré et que les Perroquets endommageaient les cadres des glaces. Ces animaux, et d’autres, étaient procurés par le douanier d’Elseneur qui avait ordre d'acheter « à un prix raisonnable » les animaux curieux qu'il trouverait sur les navires passant le Sund; en 1562, par exemple, deux Renards blancs sont cotés, par le douanier, au prix de 1 rixdales (3 à 6 fr.), un Singe 10 et un Lion 120. Les bêtes féroces indigènes scandinaves étaient naturellement moins cher et, par conséquent, plus communes au palais; c'étaient des Loups qu’on voyait enchainés dans la cour d’entrée comme des chiens de garde, ou encore des Ours que le roi faisait venir de Norvège et qui circulaient librement dans le château, '« les pattes de devant attachées sur le dos ÿ. Sous Christian IV (1548-1648), c'était le gardien des Ours, Sôren, qui était chargé de lier ainsi ces pauvres bêtes en les faisant passer par une trappe construite à cette fin, ce qui n’empêéchait pas du reste les accidents; ainsi, au mois de mars 1619, un Ours qui marchait dans la cour d'honneur du palais de Copenhague, dressé sur ses pattes de derrière, mordit un petit enfant à la tête, puis lui brisa les côtes. Cependant, ce n’est guère qu à partir de Frédéric III (1648- 1670) qu il faut faire remonter la première grande ménagerie qui ait existé au palais de Copenhague. Ce prince, un des plus grands monarques qui ait régné en Danemark, fut un pro- tecteur éclairé des sciences et des arts, et c’est comme annexe de son cabinet d'Histoire naturelle qu’il créa une ménagerie. il ne mit pas tous les animaux dans un même lieu, comme dans nos jardins zoologiques actuels; pourtant leurs divers logements furent assez rapprochés les uns des autres; il yavait une maison des Lions sur l'Hippodrome, derrière les écuries du prince George; une maison des Tigres à l’arsenal; des loge- ments chauffés pour Babouins et Porcs-Epics, dans le voisinage; plus loin, à Esrom, se trouvaient la plupart des Chameaux et des Dromadaires. A la fin du règne, cette ménagerie était sous la direction de (1) Tous les renseignements que nous allons donner ici sont pris à H. C. Bering, p. 141-150. US nil CPbéé VAE Lt PUR Pi PERTE : } (+ 0 ca Y DES ous ÉD _ \ 1 . Le + Le) Le Tr , . APT AS War, PME) .* « £ 294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION l'intendant du palais Jean Jaeger et sous les soins immédiats du « gardien d'animaux » Mathias Lauridsen; celui-ci donnait, à chaque Lion, 20 livres de viande de Bœuf fraiche par jour, au Léopard 6 livres, au Tigre et au Lynx 4 livres, à chaque Dromadaire et à chaque Chameau une demi-lonne d'avoine par semaine (1). A la mort de Frédéric III, en février 1670, la ménagerie de Copenhague était donc assez bien peuplée. Le nouveau roi, Christian V, qui était un admirateur de Louis XIV, continua à l’entretenir et même à augmenter le nombre de ses animaux. L'année de la mort de son père, il recevait d'Angleterre un Lion, puis il achetait une jeune Lionne au prix de 220 rixdalers; il faisait venir des Renards des Indes orientales, des Ours de Norvège; il faisait nourrir des Chameaux, des Élans et des Rennes à Frédériksberg et à Esrom, et des Cerfs indiens à Charlottenlund et à Gyldenlund ; enfin il voulait avoir des ani- maux dans l'intérieur même de son palais; du moins le voit-on acheter, en 1681, pour la reine, deux Perroquets au prix de 10 rixdalers et un Singe blanc pour 200 rixdalers. De pareils achats sont fréquents dans les comptes du temps. Cependant la ménagerie royale de Copenhague avait eu ses jours malheureux : en 1671, le Léopard de Frédéric IIL était mort et on avait tué un Lion africain, qui, très doux avec son gardien.s était jeté sur un charpentier qui était entré dans sa cage à l’improvisle; de même les Cerfs indiens de Gylden- lund étaient devenus méchants, car, en 1690, il avait fallu payer 28 rixdalers à un chirurgien pour les soins qu’il avait donnés à cinq personnes blessées par ces animaux. A la fin du règne, la ménagerie était donc loin d'être aussi florissante qu'autrefois. Il est probable qu'elle existait encore sous le règne de Chris- tian VI (1730-1746), prince qui fut, comme son grand-père, un grand amoureux du faste, en même temps qu'un passionné d'art, de sciences et de belles-lettres ; en tout cas M. Leisberg, que nous avons suivi jusqu'ici, ne parle plus d'animaux vivants, à partir de Christian V: son livre se continue par la description des monstres et autres objets que les rois de Dane- mark avaient rassemblés dans leur Cabinet de curiosités. (1) Ces données datent, en réalité, de l’année 1671; le prix de la viande fournie par le boucher de la cour, Nicolas Obsen. était de deux marcs pour vingt livres; en 1672, elle était de trois marcs. Depuis le 29 janvier 1671 jusqu'au 12 janvier 1672. les animaux avaient mangé 18.991 livres de viande. LES CRANBERRIES ET LES VACCINIÉES INDIGÈNES A FRUITS COMESTIBLES Par J. GÉROME A la séance de la section de Botanique du 93 janvier dernier M. Debreuil avait apporté pour la faire déguster une « tarte aux Cranberries » ; cette tarte fut trouvée excellente. Il présen- tait séparément les fruits qui servent à faire cette tarte, sorte de baies de la grosseur d’une petite cerise de couleur rouge. Les fruits utilisés ainsi sont ceux du Vaccinium macrocarpum Ait. (Oxycoccos macrocarpus Pers.\, Aïrelle d'Amérique, origi- paire de l’est de l'Amérique du Nord. La plante est un petit arbuste à feuilles persistantes et à rameaux étalés, qui croît dans les sables humides, les terrains tourbeux, froids et cou- verts de sphagnum, du Canada à la Virginie et à la Caroline. « C’est, dit Naudin dans son Manuel de l'acclimateur, l'espèce la plus importante du genre ; elle permet de donner une valeur considérable à des sols marécageux qui ne pourraient être utilisés autrement, et où on peut récolter une énorme quan- tité de fruits recherchés non seulement sur les marchés d'Amé- rique, mais qui s'exportent en Europe, et principalement en Angleterre, et cela depuis très longtemps. » Le Bulletin de Kew de 1887 contient deux petites notes sur l'importance commerciale des Cranberries américains, mais j'ai trouvé à ce sujet un document plus ancien. Philippe Miller, de Chelsea, dans son Dictionnaire des Jardiniers (1785), écrit à la suite de l’article Vaccinium : « On connaît plusieurs autres espèces de l'Amérique septentrionale, d’où l’on nous apporte les plus gros fruits pour en faire des tartes en hiver. Mais comme toutes ces espèces croissent naturellement dans les marais, il n’est pas aisé de les cultiver dans les jardins et de leur faire produire du fruit. » La culture du Vaccinium macrocarpum est pourtant possible dans les jardins, quand on peut lui donner un sol rappelant celui dans lequel il se développe spontanément ; des essais de culture pour la production du fruit ont été tentés plusieurs fois en Angleterre et en Allemagne. Je noterai simplement ceux que le Garten lora de 1874 a rapportés et dont un résumé 996 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION est publié dans le Journal de la Société nationale d'Horticulture de France, 1874, p. 517. M. Maurice de Vilmorin possède la plante au Fruticetum des Barres, ainsi que toute une série d'autres Vacciniées et Eri- cacées de terre de bruyère: il signale dans le Fruticetum Vilmorinianum l'existence de plusieurs variétés se distinguant par la forme du fruit (cylindrique, piriforme et oblongue) mais il ne possède que la dernière. En outre de l'emploi des fruils du Vaccinium macrocarpum pour faire des tartes, M. Debreuil signalait qu'on les recom- mande aussi pour assaisonner certaines viandes, notamment l'Oie ; ceci est à comparer avec l'utilisation des Groseilles à maquereau pour assaisonner le Poisson, et aussi celle des fruits du Vaccinium Vitis-Idæa citée par Hoefer dans le Dictionnaire de Botanique pratique : « On recueille en automne une grande quantité de fruits qui servent d'assaisonnement pour les viandes dans quelques contrées de l'Allemagne. » Cette note pourrait s'arrêter ici; mais il ne sera pas sans intérêt de rassembler queiques détails sur des espèces indi- gènes voisines du Vaccinium macrocarpum, mieux connues que ce dernier sous le nom générique français d’Airelle, accompagné d'un qualificatif variant avec l'espèce envisagée. Les fruits des espèces dont il s’agit sont utilisés de diverses facons ; ils sont désignés par les Anglais d'une facon générale par le mot cranberry, qui, au pluriel, s'écrit cranberries. Que signifie ce mot, et depuis quand est-il usité ? À la première question, un dictionnaire anglais répondra en indiquant que cranberry est un mot composé formé par les mots crane (grue) et berry (baie) (les Grues qui fréquentent les marais où poussent ces plantes se nourrissent de leurs fruits). Pour la deuxième question, je trouve, dans le Dictionnaire des Jardiniers de Ph. Miller (1785) (traduction française), que les fruits du Canneberge des Marais (Vaccinium oxycoccos) sont appelés par quelques-uns « Cran Berries ». Quelles sont les espèces indigènes d’Airelles et quelles sont les stations et terrains dans lesquels on les rencontre ? Il y en a peu dans la Flore de Paris ; mais elles sont abon- dantes dans les Vosges. Aussi c'est dans le Catalogue des plantes du département des Vosges, du D” Berher, que j'extrairai LES CRANBERRIES ET LES VACCINIÉES INDIGÈNES 297 quelques-uns des renseignements relatifs aux stations et terrains : ; 1° Vaccinium oxycoccos L. (Oxyccos palustris Pers.). Canne- berge des marais, Groseiller des tourbières, Aiïrelle des marais. « Croît dans les prés marécageux et les tourbières parmi les sphaignes. Assez commune à loutes les altitudes sur le granit et le grès vosgien. » Cette plante existait autrefois dans la flore de Paris, d'où elle a disparu par suite du dessèchement de l'étang du Serisaye. Je l’ai rencontrée assez abondante sur les marais flottants de l’Erdre. Elle existe aussi dans quelques points du Jura et du Plateau central ; elle manque dans les Cévennes. Ses fruits sont des baies globuleuses, rouges, acidulées, rafraichissantes et antiscorbutiques, d’après Lemaout et Decaisne. Le Vaccinium macrocarpum Ait., dont il est question au début de cette note, a été regardé par Lamark comme n'étant qu'une variété du V. Oxycoccos ; il s’en distingue très nettement à première vue par ses fruits plus gros et bons à manger, mais aussi par ses tiges; 2 Vaccinium uliginosum L., Airelle des tourbières, grande Myrtille. « Croît dans les lieux humides des bois, tourbières ; assez commune dans la région montagneuse sur le granit et le grès vosgien. » Les fruits dans cette espèce sont des baies noirâtres, d’une saveur agréable, et sont recherchés par les Oiseaux de passage ; 3° Vaccinium Vitis Idæa L., Aïrelle ponctuée, Myrtille rouge, Airelle du Mont Ida. « Croît dans les bois humides, bruyères et pâturages des terrains feldspathiques et quartzeux. Com- mune dans la région montagneuse supérieure. » Les baies dans cette espèce sont rouges, très acides, rafrai- chissantes ; la plante se développe jusqu'en Laponie, et les habitants de ces régions pauvres les mangent crues malgré leur grande acidité; 4° Vaccinium Myrtillus L., Airelle Myrtille, Brimbelle, Raisin de bois, Blue. « Très commune dans les bois de la région montagneuse, sur le granit et le grès vosgien ; descend dans la plaine sur le grès et l’alluvion siliceuse ; on en trouve aussi sur le grès infraliasique et sur l'argile d'Oxford un peu sablonneuse. » Il y en a quelque peu en certains points des environs de 298 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Paris (forêt de Montmorency, forêt de Carnelle-Montigny. près Cormeilles en Parisis, etc., tandis que certains points des Vosges en sont entièrement tapissés et que la récolte des fruits peut s'y faire très abondante. Les diverses Airelles citées ci-dessus ne sont pas des plantes à recommander pour des grandes cultures ; les conditions par- ticulières du sol et de station qu'elles veulent trouver s’y opposent. Mais quand on se trouve dans des points où elles se développent bien, leur produit n’est pas à dédaigner. Nous avons vu au début de cette note que le Vaccinium macrocarpum était cultivé industriellement en Amérique pour la production de ses fruits. Comme ses fruits sont plus gros que ceux de nos espèces indigènes, la plante pourrait être essayée dans les régions où se développe naturellement le V. uliginosum. Pour des amateurs, ces Airelles sont des petits arbrisseaux à cultiver dans des planches de terre de bruyère tourbeuse, tenue fraiche de préférence par arrosage souterrain plutôt que par arrosage superficiel, comme cela existe chez M. Rosentiehl à Enghien, et chez M"° Daigremont à Soisy sous Montmorency, où le Vaccinium macrocarpum fructifie régulièrement. Ma notice sur les VACCINIÉES A FRUITS COMESTIBLES était imprimée quand a paru dans la Feuille d'information du minis- tère de l'Agricutlure du 2 mai 1911 une note de la légation de France à Munich sur les importations et exportations de fruits et légumes en Bavière, d'après l'Annuaire statistique du royaume de Bavière. D’après ce document, on voit que la Bavière a exporté, en 1908, 502 tonnes d’Airelles et 4.168 tonnes de Myrtilles. Ces chiffres font ressortir grandement la valeur de ces baies fraîches indigènes. J. GÉRÔME. SUR LES POSSIBILITÉS DE CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE par M. BRET, Sous-inspecteur d'Agriculture à la Côte d'Ivoire. (Suite) (1). ETUDE DES RENDEMENTS. En reprenant les chiffres de rendements obtenus par arête de poisson, nous trouvons les résultats suivants : 1Te SAIGNÉE 2 SAIGNÉE TOTAL MOYENNE PAR ARBRE 2 Arbres A 55 gr. » NDS D MENT 32,5 QUE: B 46 gr. 5 15 gr. » 61 gr. 5 30,075 DC 57 gr. » 1ORCE MOINE T D 38,26 2: —=,"D 59 gr. » Aigr. >" 76 gr.» 38 » Soit de 30 à 38 grammes par arbre en 2 saignées faites ration- nellement. À notre avis ces chiffres seraient plus élevés si un intervalle plus long avait pu s’écouler entre les 2 saignées; néanmoins nous les prendrons comme base. Les plaies seront très probablement fermées par le bourrelet cicatriciel, surtout si elles sont aussi étroites que possible, au bout de huit mois au maximum. Il est logique de penser que tous les six mois il serait possible de traiter une face de l'arbre, ce qui ferait 2 séries d’incisions par an. Rien ne prouve même qu'il ne serait pas possible de faire des séries plus fréquentes. Dans la succession des séries, il n'y aurait aucune difficulté à revenir sur les faces déjà incisées; les intervalles existant entre deux incisions sont suffisamment grands pour que plu- sieurs années s’écoulent avant de revenir sur une incision primitive. Dans le procédé que nous avons employé on pourrait, en 2 sériesannuelles, compter sur un rendement de60 à 75grammes environ de caoutchouc sec, pour des arbres de cinqans et demi à Six ans. | Nous avons vu précédemment que des arbres de même âge, traités à la manière indigène par une très longue incision qui ne pourrait être répétée plus d’une fois par an, avaient donné (1) Bull., des 1er et 15 Avril et du 1er Mai. 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION en moyenne 40 à 42 grammes de caoutchouc sec. En somme, en diminuant la longueur totale d'incision et en sériant les trai- tements, c'est-à-dire tout en préservant l'arbre, on arrive à une augmentation appréciable du rendement annuel. À comparer purement et simplement le rendement de 60 à 15 grammes que nous avons signalé avec celui d'un Hevea de cinq ans en Malaisie, qui peut être d'environ 200 grammes par an, on conclut nettement contre le Funtumia. Mais il faut remarquer que l'Hevea aura demandé de 80 à 90 traitements dans l'année pour obtenir ce rendement; le Funtumia en aura demandé # en tout. Le temps qu un ouvrier peut passer au ravivage des plaies est bien plus considérable que celui passé à ouvrir une incision sur Funtumia, de sorte que l’on peut dire que les 200 grammes de caoutchouc d'Hevea auront demandé environ 20 à 95 fois plus de main-d'œuvre que les 60 à 75 grammes de caoutchouc de Funtumia : en définitive un poids donné de caoutchouc d'Hevea coûte au minimum 6 à 7 fois plus de main-d'œuvre que le même poids de caoutchouc de Funtumia. Pour qui connait l'importance du problème de la main- d'œuvre dans les pays tropicaux, il y a ici un avantage indis- cutable en faveur de Funtumia, en dehors d'une différence con- sidérable du prix de revient du caoutchouc, prix de revient qui, on le sait, est surtout fonction de la main-d'œuvre employée. Encore ne tenons-nous pas compte dans cette estimation de la formation chez l'Hevea de scraps abondants qui sont d'un traitement long et n'ont pas la valeur du caoutchouc récolté en latex : le Funtumia, par la nature de son lalex, ne donne pas de scraps, et l'on récolte d'un coup tout le latex. Vers 12 ans, l'Hevea donne environ 1 kilogramme à 1 kil. 500 de caoutchouc et la main-d'œuvre nécessitée est à peu près la même qu à cinq ans. Mais rien n'incline à penser que les ren- dements du Funtumia ne s'accroitront pas dans la même pro- portion puisque, par des saignées rationnelles, l'arbre sera conservé et continuera à croitre normalement ; notons à cette occasion qu'au posle de Nouvelle-Anvers (Congo belge) des Funtumia âgés de neuf à dix ans, saigaés de façon à ne pas faire de tort à l'arbre, ont donné de 139 à 456 grammes de caoutchouc sec (1). 1) Renseignements de l'Office Colonial du Congo Belge, 1909, p. 161. CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 301 Enfin, si l'on invoque le rendement à l'hectare de plantation, nous avons à tenir compte de la densité plus grande des Funtumia que l’on peut planter à 4 mètres, soit environ 600 arbres à l’heclare, alors que l’écartement moyen pour l'Hevea est d'au moins 6 mètres, soit 250 arbres à l'hectare. CICATRISATION DES INCISIONS. Il est question précédemment de la cicatrisation des plaies chez les Funtumia traités. Sans vouloir répéter les observations précédentes, il paraît utile de considérer spécialement cette faculté; c’est d’elle en effet que dépend la résistance de l'arbre etsa conservation et c’est toujours parce que celui-ci a été mis dans l'impossibilité de rétablir ses tissus attaqués qu'il a été considéré comme non résistant. Il est évident à première vue que chez le Funtumia la for- mation des tissus cicatriciels est très lente ; le bourrelet très mince parait sans activité. Si l’on examine l'un à côté de l’autre l'Hevea et le Funtumia, on remarque de suite que, chez le premier, la formation du tissu cicatriciel consécutive à une plaie profonde est considé- rablement plus active; mais justement, là encore, on ne peut comparer les deux arbres, car lorsqu'il s’agit de la pratique de la récolte du latex, le problème se pose tout différemment. Sur le Funlumia, la reconstitution des tissus attaqués se fait sans aucune difficulté et rapidement, ce qui est normal lorsque le cambium est intact, et si ce dernier tissu était toujours res- pecté, la question de la résistance de l'espèce aux saignées ne se poserait même pas. Mais il faut bien préciser qu'il s’agit toujours de plaies allant jusqu'au bois sans l’entamer, mais détruisant l'assise généra- trice ; l’indigène dans la forêt ne prend en effet aucune précaution pour respecter cette dernière, et alors même que des ouvriers habiles opéreraient, il est extrêmement difficile, sinon impos- sible, dans la saignée du funtumia, de ne pas aller jusqu'au bois en raison de la faible épaisseur du liber qui contient les laticifères et du faible rendement que l’on obtiendrait en inci- sant seulement une partie de ce tissu. C'est donc toujours la question de la régénération d’une portion complète d'écorce- liber, autrement dit la formation d’un bourrelet cicatriciel, qui est à considérer ; ce fait seul suffit à rendre cette question plus 302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION délicate chez le Funtumia que chez l'Hevea ; pour ce dernier on admet en effet que l’assise génératrice peut être respectée avec le liber interne, de sorte que l'écorce se reconstitue normale- ment à la surface des plaies, par l’activité des tissus vivants. Quoi qu'il en soit, pour le Funtumia, en admettant même que l’incision arrive jusqu'au bois, si rien ne vient à nouveau contrarier le travail de régénération, les plaies sont toujours saines et, comme leur largeur peut être très faible, on peut compter qu'elles se fermeront par les deux lèvres du bour- relet, se rejoignant; ceci revient aux déductions qui figurent au début du chapitre des essais de saignée : le problème se résume à proportionner l'importance des saignées et l’inter- valle de temps les séparant. Comment se fait-il que l'opinion se soit aussi sûrement accréditée que le Funtumia ne pourrait résister aux saignées, ce qui a été corroboré par maintes observations? Il est possible de faire entrer en ligne de compte les pro- cédés abusifs et tout à fait condamnables des noirs de la forêt, mais alors on admet difficilement que des observations n'aient pas été faites comparativement sur des sujets saignés ration- nellement. On en est cependant réduit à cet égard à des suppositions qui montrent combien de nouvelles études sont nécessaires. On sait, toutefois, que d'importantes plantations d'essais de l'espèce ont été faites dans plusieurs colonies étrangères et notamment au Congo belge où, à la suite d’expériences de saignées rationnelles, il est dit dans les rapports que les arbres en expérience se comportent bien et cicatrisent leurs plaies. Aucune observation analogue pour les arbres spontanés existant en forêt; seulement un ensemble de vues parfait pour prouver le contraire. Faut-il en déduire que la résistance du Funtumia à la saignée serait le fait de la culture, et en particulier de certaines méthodes mises en œuvre ? La succession des travaux sur une plantation entraîne, dans la généralité des cas, la nécessité d'abattre la forêt et de planter sous un ombrage assez restreint, quelquefois nul. Il est évident que l'arbre a à subir de ce fait des modifications pro- fondes. Nous avons eu sous les yeux l'exemple d’une plantation faite à découvert, et ayant parfaitement réussi; nous croyons CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 303 savoir qu'au Congo belge, dans les mêmes conditions, les Funtumia réussissaient également. Mais si cette résistance est établie, il y a par contre à enre- gistrer des différences dans l’état végétatif de l'arbre, diffé- rences que nous avons d’ailleurs signalées précédemment. Notre collègue à la Côte-d'Ivoire, M. Farrenc, ingénieur agro- nome, a parfaitement dépeint ces différences dans son travail intitulé : Sur un projet de mise en valeur des territoires fores- tiers renfermés dans les cercles de l’Indénié et de Bondoukou par la constitution de plantations méthodiques de Funtumia elas- tica. « L'arbre de plein vent est trapu, ramassé, son fût est court, il possède de nombreuses ramifications el son appareil foliacé est toujours fortement développé; il semble véritablement que pour s'adapter au nouveau régime qui lui est imposé, la plante s'efforce de végéter en vue de se constituer à elle-même la protection qui lui est indispensable. Par contre, l'individu venu en forêt est élancé, sa tige est droite et libre dans presque toute sa hauteur, elle est peu ramifiée vers le sommet et son feuillage paraît réduit aux strictes nécessités de la plante, dont tout l'effort végétatif se porte sans cesse vers l’accroissement de la seule partie intéressante et utilisable du Caoutchoutier, son tronc, car les ramifications secondaires ne sont pratique- ment pas susceptibles d’être avantageusement saignées. » La différence remarquable entre les Funtumia végétant à découvert et les Funtumia végétant en forêt réside donc dans le plus ou moins grand développement du feuillage par rap- port au système ligneux. Le plus grand développement des organes foliacés peut paraître une raison suffisante pour expliquer une aptitude plus grande de l'arbre cultivé à cicatriser ses plaies, par une ten- dance à mieux régénérer ses tissus, en même temps d'ailleurs, qu'il peut intervenir pour l'élaboration de plus grandes quan- tités de latex. Il est évident que nous sommes ici dans le domaine de l’'hy- pothèse; pas plus que des essais de saignées décrits précédem- ment, il n’est encore possible d’en tirer des arguments précis sur la résistance du #untumia aux saignées. Ce sujet doit faire l’objet de longues expériences qu'il ne nous a pas été possible de poursuivre. (A suivre.) LE NEIROUN DE L’OLIVIER Par C. RIVIÈRE. Le Neiroun ou Scolyle de l'Olivier exerce depuis quelques années des ravages considérables dans beaucoup de régions et les oléiculteurs sont justement préoccupés de l'extension de cet Insecte. J'ai pu voir en Tunisie au printemps dernier des jeunes plantalions de sept à dix ans jusqu alors de très bonne venue, maintenant en complet dépérissement, infestées par ce petit Coléoptère qui pullule et que rien n'arrête. Ce scolyte, Phlætribus Oleæ, est d'autant plus redoutable qu'il n'y a réellement aucun moyen de le détruire, ni même de s'en préserver. Ses larves percent les écorces de nombreux troncs, établissent des galeries dans les jeunes branches, par- ticulièrement à la naissance des ramifications, vivent entre l'écorce et l’aubier, s'emparent de la sève, provoquent une exsudation gommeuse et finalement font crevasser les écorces qui se dessèchent rapidement. Et, comme l'attaque a lieu principalement à la fourche des ramifications et sur les jeunes arbres à l'empatemeut même des branches sur l'axe, on voit cette branche, si développée et vigoureuse qu'elle paraissait, se dessécher brusauement. Ce dernier cas a été particulièrement observé à la ferme- école de Djédéida, près de Tunis, sur une grande plantation âgée d’une dizaine d'années et que l’on ne peut défendre actuellement que par des rabattages répétés qui ont l'inconvé- nient de supprimer la fructification et qui, en résumé, s'ils devaient être continués, égaleraient le mal. Lie Evidemment, le rabattage et l'enlèvement de tous brins contaminés et immédiatement incinérés sont des mesures pro- phylactiques à ne pas négliger, mais elles ne sont efficaces que si leur application est généralisée. Or, dans la région signalée ici, il y a à Lebourba une vérilable forêt d'Oliviers, bien doma- nial ou tabou (sacré) qui constitue, pour cette grande partie de la Medjerda, un véritable foyer de contamination. En résumé, élant données les mœurs de l'Insecte, aucun remède ne semble applicable pratiquement, et l’on ne peut que reconnaître que, dans la période actuelle, les jeunes plantations d'Oliviers sont dans une situation inquiétante sur beaucoup de points. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Je SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 6 MARS A9I1 Présidence de M. Trouessart, Président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le D' Brumpt fait une conférence sur les maladies vermi- neuses des bestiaux, leur diagnose et les mesures prophylac- tiques capables d’en atténuer les ravages. Les maladies en question sont produites par la pullulation, dans le tube digeslif, le foie ou les poumons, de Nématodes (Strongles, Trichocéphales, etc.) ou de Vers plats (Douves). Tous ces organismes pondent des œufs qu’on retrouve dans les déjections, et dont la forme caractéristique permet de diagnos- tiquer facilement la nature exacte de la maladie. [l est même possible, en déterminant le nombre d'œufs contenus dans une quantité donnée de déjections, de se faire une idée nette du degré de gravité de l'affection. Les animaux s’infectent en avalant les œufs et les embryons répandus sur le sol. L’accumulation dans uh espace restreint favorisera donc l'extension des maladies vermineusee. Les terrains humides sont également défavorables. M. Brumpt rapporte divers essais de traitement, dont quel- ques-uns ont semblé donner des résultats. Les mesures prophylactiques ont une grande importance. Elles “consistent essentiellement à établir un « troupeau indemne sur un sol indemne ». On devra donc détruire les œufs et les embryons de parasites en stérilisant le sol dans la mesure du possible. D'autre part, en examinant systématique- ment les déjections des animaux, on s’attachera à éliminer les bêtes très fortement infectées et on évitera d'introduire dans un troupeau sain des éléments contaminés. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 20 306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Dans cet ordre d'idées, il serait à désirer que des installa- tions établies un peu partout permissent aux éleveurs de faire pratiquer couramment l'examen des déjections de leurs trou- peaux. Le Secrétaire, Max KOLLMANN. Il SECTION. — ORNITHOLOGIE-AVICULTURE SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1911. Présidence de M. Magaud d’'Aubusson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Debreuil dépose sur le bureau : 1° Une nouvelle Revue, dirigée par notre collègue M. de Sainville, à laquelle nous souhaitons la bienvenue; elle est intitulée : Le monde ailé et tout l'élevage; | 2° Le prospectus d’une iconographie d'Oiseaux d'Europe et de leurs œufs publiée par M. À. Bouvier. Ce travail n’est autre chose que la reproduction de 413 planches coloriées du magni- fique ouvrage allemand de Naumann, et est destiné à servir d'atlas à l’Ornithologie européenne de Degland et Gerbe, à l'Avifauna italica d'Enrico Hillyer Giglioli, à l'Ornitologia anda- luza y de España de V. Gomez et aux Aves de peninsula iberica e de Portugal de Paulino d'Oliveira. M. Bouvier a eu la bonne pensée de joindre aux noms latins les noms français, italiens, espagnols, portugais, anglais et allemands. Dans ces conditions l'apparition de cet ouvrage est une véritable bonne fortune pour les ornithologistes, et nous lui souhaitons tout le succès qu'il mérite. M. Debreuil met sous les yeux de ses collègues un modèle de coques en papierondulé, moulé, procédé nouveau pour l’embal- lage des œufs et destiné à éviter tous les accidents; il semble très pratique et c’est avec plaisir que nous le signalons. | M. de Chirac écrit pour avoir des indications sur l'élevage des Casoars et des Nandous. Il se demande si, dans un parc de dix hectares dont cinq en bois de Sapins et de Chênes et cinq en récolles, avec ruisseau dans le bas, il peut lâcher un couple EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 307 de Casoars et un couple de Nandous avec espoir de reproduc- tion. Ces deux couples en liberté ne se contrarient-ils pas dans le même parc? Que faut-il pour les abriler l'hiver sous le climat d'une localité du Puy-de-Dôme semblable à celui de Paris? Des Grues Antigone se reproduiraient-elles dans un autre parc de trois hectares ? M. Debreuil a répondu qu’il faut bien se garder de mettre avec des Nandous des Casoars à casque, qui sont des Oiseaux extrêmement méchants et qu’il est même difficile de réunir par couple. A Draveil, notre collègue M. Hermenier les main- tient en bon état, pendant l'hiver, en les faisant rentrer dans des abris vitrés, non chauffés, mais dont le sol est constitué par une épaisse couche de fumier. M. de Chirac signale que celte année une femelle de Canard Pilet s'est accouplée avec un mäle Col vert, et il y a eu deux produits. Ils ont la forme du Pilet, avec les longues plumes de la queue et le plumage du Col vert, mais avec reflets moins métalliques ; de plus, le collier blanc remonte jusqu'aux oreilles, comme chez le Pilet. La Cane a, un beau jour, amené ses petits, sans qu'on ait pu savoir où elle avait niché. Nous rappellerons que le fait signalé par M. de Chirac a déjà été observé, même à l'état sauvage ; et M. Chappellier a vu de ces hybrides chez M. Rogeron. M. Gavarry, directeur au Ministère des Affaires étrangères, veut bien nous communiquer la note suivante de M. Rigoreau : « Rien de positivement nouveau au sujet du Dindon ocellé, dont la Société Nationale d’Acclimatation désirerait obtenir des spécimens. Le président Cabrera, que j'ai eu occasion de voir dernièrement pour différentes affaires, m'a spontanément offert son Concours pour se procurer un ou plusieurs couples de cet Oiseau rare dans le district de Peten (Alta-Vera-Paz), où il se rencontre le plus fréquemment, et si, avec un pareil appui, nous ne réussissons pas à en obtenir, c'est que Ce sera impos- sible. Mais, même en les ayant sous la main, la question ne serait pas réglée el Le plus difficile n’est pas de les avoir, mais bien de les domestiquer suffisamment pour qu'ils puissent supporter la traversée. Là encore je ne négligerai rien pour réussir. » Dans une lettre écrite à notre Président, M. Louis Bureau parle de la rédaction de son mémoire sur l’âge des Perdrix grises, dont il possède actuellement tous les éléments. La 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION chasse est fermée, mais il n’a plus de confidences à attendre de cet Oiseau et il faut lui savoir gré d'avoir livré, de bonne grâce, le secret de sa biologie. Il restera la Perdrix rouge et les recherches demanderont encore une saison. Bien que M. Bureau se soit occupé de cette espèce avec le même soin et la même persévérance, il n’est pas encore parvenu à prendre contact, pour le contrôle de son « Tableau chronométrique ». avec un nombre suffisant de Perdreaux d’éclosion datée. La Perdrix rouge ne se prête pas à une précision aussi grande que la Perdrix grise. Elle évolue plus lentement et avec moins de régularité chez les Perdreaux d'une même compagnie. Malgré cela les résultats sont satisfaisants. M. le professeur Bureau avait demandé certains renseigne- ments sur la limite de l’aire de dispersion de la Perdrix rouge dans le nord, M. Debreuil a bien voulu faire une enquête à cet égard, et M. Martin Le Roy lui dit que les résultats de son élevage en Seine-et-Oise, près la Roche-Guyon, s'ils ne sont pas excellents, sont cependant encourageants. Depuis une dou- zaine d'années, il élève de 100 à 150 Perdreaux ; on en tue une forte proportion et le reste, après pas mal de vicissitudes, donne quelques couvées naturelles, qu'on peut estimer à quatre ou cinq compagnies, moins nombreuses que celles des Per- drix grises. Le territoire de la Roche-Guyon ressemble beau- coup à celui de la Sologne : bruyères, friches et bosqueteaux d'essences différentes, entremélées de cultures. M. Martin Le Roy pense qu’il manque quelque chose comme nourriture à ces Perdreau\ ; ils souffrent l'hiver et on en relrouve au prin- temps qui sont complètement étiques; au mois de novembre, au contraire, ils sont magnifiques de plumage et très gros. De Villeneuve-les-Bordes, en Seine-et-Marne, on écrit encore à M. Debreuil que les Perdrix rouges ne s'y sont jamais accli- matées. En 1890, on a lâché quarante couples ; il y a eu deux couvées la première année, et l’année suivante, alors qu'aucun Oiseau n avait été tué en chasse, il n’en restait plus. En 1894, 400 œufs mis en incubation donnèrent 200 petits qui furent lâchés. On tua un certain nombre de ces Oiseaux la première année; deux ans après, tous avaient disparu. Même insuccès chez M. Bassot, à Verneuil l'Etang, en Seine- et-Marne. Aux Vives-Eaux, près de Melun, dans une chasse naguère très connue, de grandes quantités de Perdreaux rouges furent élevés et lâchés ; tous disparurent. À Nandy, près de la EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 309 même ville, on rencontrait, il y a vingt-cinq ans, des Perdrix rouges, au bord de la Seine, sur les coteaux pierreux, plantés de Vignes ; aujourd'hui on n’en trouve aucune. En résumé, on peut dire qu'en Seine-et-Marne, la Perdrix rouge ne s’est pas acclimatée. A la dernière exposition qui a eu lieu au Grand-Palais, notre collègue, M. de Sainville, avait exposé des Grands Malais dorés et des Dorkings dorés, dont il nous avait parlé dans son étude publiée dans notre Bulletin de l’an dernier. Ces Oiseaux, presque inconnus en France, étaient vraiment superbes et faisaient le plus grand honneur à leur éleveur. Les Anglais avaient importé les Grands Malais dorés des îles de la Malaisie et de la Birmanie, il y a deux siècles déjà ; mais ils avaient peu à peu disparu ou s'étaient affreusement abà- tardis, quand, il y a vingt-cinq ans, plusieurs amateurs firent de nouvelles importations, sélectionnèrent et renouvelèrent la race. C’est bien à tort qu'on a donné à cet animal le nom de Combattant malais, lui attribuant une qualité qu'il n’a pas; le Combattant des Indes et de la Malaisie s'appelle « Aseel ». Le Coq Grand Malais pèse couramment de cinq à six kilogrammes et la Poule quatre kilogrammes. Quant au Dorking doré, il a, parait-il, subi le sort de notre vieux Coq gaulois, il est devenu fort rare ; aussi est-ce avec plaisir qu'on a vu ces deux beaux Oiseaux exposés par M. de Sainville. D’après notre collègue, le Coq gâtinais descendrail du Coq gaulois, dont M. Magaud d’Aubusson dit que le sang _se retrouvait quelquefois, il y a une quinzaine d'années, dans les fermes des Ardennes, et notre Président pense également que le Dorking proviendrait d’un croisement du Gaulois. M la Baronne d’'Ulm-Erbach, née Siebold, remercie la Société des compliments de condoléances qui lui avaient été adressés à l’occasion de la mort de son frère, le baron Alexandre de Siebold, membre à vie de la Société d’Acclimatation. M. Ch. Debreuil fait l'éloge d'Alexandre de Siebold, décédé à Pegli, près de Gênes, lé 23 janvier. Il rappelle cette existence si bien remplie et parle du grand naturaliste dont Alexandre était le dernier fils. Siebold, comme zoologiste, n’est pas seule- ment une des gloires de l'Allemagne, il appartient au monde scientifique tout entier. À propos d'une lettre de M. Félix Mérel, annonçant qu'il espère pouvoir se procurer des Perruches rares d'Australie, 310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION qui n'ont pas été importées en Europe depuis de nombreuses années : Euphema venusta, Euphema Bourkiü, Euphema pul- chella, Euphema aurantia, Lathamus discolor, un membre rappelle que cet amateur a été assez heureux pour obtenir des Serins blancs, et qu'il est arrivé que des Serins blancs ont produit des Serins marqués de points noirs. Dans le département de l'Allier, M. Dulignier a pu, en pré- sence de — 13 degrés, à l’abri de son habitation, ce qui équi- vaut bien à — 15 degrés en rase campagne, et aussi pendant que la terre était couverte d'une épaisse couche de neige, avec accompagnement de givre et de verglas, faire des observations intéressantes sur la résistance des Oiseaux au froid. Les Faisans dorés et argentés avaient pris l'habitude, depuis l’abaissement de la température, de venir chaque soir, près de la maison, chercher un supplément de nourriture, puis s’en retournaient se coucher sur les Sapins du parc. Ils vivent absolument à l’état sauvage, quoique très familiers. La Poule sultane, la seule qui reste, a très bien supporté les rigueurs de la saison, sans autre abri que les touffes de Mahonia plantées sur une ile, au milieu d'une grande pièce d'eau, et où elle a élu domicile, en compagnie des Poules d'eau indigènes. Dans les premiers jours, elle semblait, lors- qu’elle se promenait sur la glace ou dans la neige, avoir bien froid à ses grandes pattes rouges. Les divers Canards ne redoutent rien, mais, . curieuse, \'Oiseau qui semble le plus souffrir du froid est une Mouette rieuse. Seul un couple d'OEdicnèmes criards pris jeunes, et que M. Dulignier possédait depuis six mois, a succombé après trois jours de neige ; ces animaux, restés très sauvages, s’enfuyaient dès qu’on voulait leur apporter de la nourriture, et ils sont évidemment morts de faim. Il est donné lecture de nombreuses lettres d’instituteurs et d'institutrices, accueillant avec une véritable sympathie le projet d'encourager dans les écoles, au moyen de récompenses, les petits travaux d'Histoire naturelle. M. Labbe demande la permission de reproduire dans le Bulletin de la Société des Aviculteurs de Tunisie le travail de M. Magaud d’Aubusson sur la domestication de l’'Outarde barbue; il pense avec raison qu'il intéresserait ceux de ses collègues qui ont fait des essais d'élevage de cet Uiseau. M. Labbe pose ensuite des questions sur la maladie des Fai- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 911 sandeaux, qui se manifeste par la déviation progressive des doigts, puis par l'impossibilité de se tenir debout. Notre collègue avait d’abord incriminé l'excès de nourriture par pâtée, mais, dans la dernière couvée, il a eu un cas dès la naissance. Cela tiendrait-il à la nourriture donnée aux parents, auxquels on fournissait à discrétion le Maïs, dont ils étaient avides? Diffé- rents essais d'élevage de Faisans ont été tentés en Tunisie, mais les petits ont toujours succombé dès la seconde semaine, probablement d’une affection de la gorge, différente de la diphtérie ordinaire. Tel a été le cas pour deux couvées, malgré les grands soins de désinfection. L’asepsie ne suffit pas et un préservatif semble être nécessaire. M. Labbe en avait empleyé un pour la première couvée; elle avait passé sans encombre les premières semaines, mais les déviations des doigts s'étant alors manifestées, les vétérinaires incriminèrent le préservatif. Il ne fut pas en conséquence administré pour les deux couvées suivantes ; la maladie de la gorge a sévi et les déviations se sont manifestées. On se souvient d’un Oiseau fort curieux apporté de Douai par M. Bellette. M. Vincent, du Muséum, fait à ce sujet une très intéressante communication, qu’il voudra bien, nous l’espérons, rédiger pour le Bulletin. Cet Oiseau n’était pas un hybride, comme on l'avait pensé tout d’abord, mais bien le CAloris sinica, qui, jusqu à présent, n’avail été rencontré qu'une seule fois en Europe, à Copenhague. Les plus vifs remerciements sont adressés à M. Vincent. Sera également inséré au Bulletin, mais seulement en partie malheureusement, vu sa longueur, un travail de M. Thauziés, professeur au lycée de Périgueux, sur le Pigeon voyageur. M. Debreuil, qui en fait la lecture au nom de l’auteur, rappelle un mémoire du D' Viguier, d'Alger, sur « le sens de l'orientation et ses organes chez les animaux et chez l’homme ». Bien que cette question soit certainement fort passionnante, elle semble être plutôt du ressort de la physiologie que des études ordinaires de notre Société, et elle est si complexe que nous ne saurions faire notre choix parmi les nombreuses hypothèses émises. Rappelons toutefois que, pour M. le D' Viguier, la faculté d'orientation ne doit pas être attribuée à une acuité particulière des divers sens que nous possédons, mais à la force qui dirige nos navires sur les mers, c’est-à-dire au magnétisme terrestre, et l'organe qui remplirait les conditions indispen- 312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATAITION sables pour recueillir toutes les variations des influences magné- tiques doit être cherché dans les canaux semi-circulaires de l'oreille interne. Le Secrélarre, COMTE D'ORFEUILLE. IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 13 MARS 1911 Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Debreuil rappelle l’offre de visiter l'établissement de Séri- cigènes de M. Rousseau, à Joinville. M. le Précident accepte cette aimable invitation au nom de tous ses collègues qui vien- dront nombreux, au jour fixé ultérieurement, se rendre compte des succès obtenus par la persévérance de l'habile amateur. M. le Président fait don à la Société du petitopuscule intitulé « Un rucher dans la République Argentine ». Ce charmant volume, dû à la plume alerte de notre collègue, M. Iches, est fort intéressant, mais l’auteur à agi bien sagement en ajoutant au titre principal un sous-titre qui donne une idée plus juste de la nature de l'ouvrage. Une autre note de M. Iches sur la « Schistourca paranensis » nous semble assez importante pour que nous en donnions une analyse succincte. Ce Criquet dévastateur de l'Argentine, un des plus voraces Orthoptères, appartient au groupe des « Sauteurs ». Le dernier segment abdominal porte chez les femelles quatre appendices cornés, deux supérieurs et deux inférieurs, qui leur servent à assurer le dépôt de leurs œufs dans le sol, et se ter- minent en forme de pointe ; chez le mâle, ces pointes n'existent pas, et les lamelles qui terminent la partie inférieure de l'abdomen ont une forme arrondie. La femelle creuse dans le sol sablonneux, pour y déposer ses œufs, des trous dont la pro- fondeur va parfois jusqu'à 10 centimètres; chaque ponte est d'environ 80 œufs, protégés par une sécrétion écumeuse; après un laps de temps de vingt-cinq à trente jours, ces œufs donnent naissance aux jeunes Criquels que les Argenlins appellent alors « Mosquita ». En cinquante jours les Mosquita subiront six EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DÉS SÉANCES DES SECTIONS 313 mues pour atteindre leur développement complet, et prendront à ces àges différents les noms de « Saltoria », sauteur, et de « Voladora », celle qui vole. Chaque mue semble être, pour l’Insecte, une période très pénible, pendant laquelle la vie et le mouvement se ralentissent d’une manière considérable; à la sixième mue la Voladora pourra étendre ses ailes et porter ses ravages dans toute la contrée, car son appétit a grandi avec sa taille, et chaque jour il lui faut son poids de nourriture. L'œuvre de destruction est telle, dans la République Argen- tine, que les pouvoirs publics l’ont déclarée plaie nationale et votent chaque année jusqu'à vingt millions de francs pour la combattre; inulile d'ajouter que malgré les efforts tentés pour arrêter la marche envahissante des Criquets, le résultat est trop souvent négatif. Dans un voyage en Algérie, M. Magaud d’Aubusson fut assez étonné de voir à maintes reprises des Criquets volant isolés à une très grande hauteur, et, dans ce vol, ressemblant d’une manière frappante à un Oiseau : la grandeur des ailes et la hauteur du vol pouvaient, en éffet, prêter facilement à l'illusion. M. le Président fait observer la justesse de cette remarque, car les Criquets d'Algérie sont remarquablement plus gros que ceux de l’Argentine,touten leur ressemblant en tous points; en Argentine existent d’autres espèces que celles déterminées et beaucoup plus grandes; du reste, l'isolement de l’Insecte n’est point rare, car les moyens de destruction sont les mêmes partout, et des sujets peuvent échapper trop facilement à l'attaque des agriculteurs. M. Foucher présente un curieux Mollusque carnivore, l’£uglandina vanuxemensis, var. quttata, envoyé par son cor- respondant de Puebla (Mexique), Don Senor Gineste Antonio. Les divers échantillons encore bien vivants sont remis aux membres présents de la Société qui se chargent de les acclimater en France. Nous leur souhaitons le plus graud succès, pour la prospérité de notre agriculture, puisqu'il est reconnu que ce Mollusque détruit tous les Escargots et toutes les Limaces qui se rencontrent sur son chemin; nos agriculteurs et nos jardiniers seront reconnaissants à Don Antonio de cet utile cadeau. Dans cet envoi se trouve un parasite de la larve de notre « Melolontha vulgaris »; il y aurait peut-être lieu d'expéri- menter aussi la puissance de ce parasite, et sa manière de 314 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION procéder, car, à première vue, ce parasite ressemble beaucoup à un parasite européen, « Zsaria densa ou Bothrytis tenella », qui a été maintes fois étudié chez nous. En fin de séance M. le Président donne lecture d'une lettre de notre dévoué secrétaire, M. Royer; très occupé par les soucis de sa charge professionnelle et ne voulant pas trop faire attendre ses malades, notre aimable Docteur s'excuse de ne pouvoir se rendre assez ponctuellement à nos réunions, et craint d'être obligé de se démettre de ses fonctions de secré- taire; nous espérons voir cette crainte injustifiée et faisons les meilleurs vœux pour qu’il nous reste fidèle longtemps encore. Pour le Secrélaire empêché, Abbé G. FoucHEr. V: SECTION. — BOTANIQUE SÉANCE DU 20 mars 1911 Présidence de M. D. Bois, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président fait part des envois suivants parvenus à la Section : 1° Un ouvrage de M. Descombes : Za défense forestière et pastorale ; ; 2° L'Agricultural journal, de Prétoria ; 3° Une lettre de M. Ch. Rivière et un colis renfermant un échantillon d’un empâtement spécial qui naït à la base de la ramification du Sferculia acerifolia, au point de son dévelcppe- ment sur l'axe. i « La ramification, dit notre collègue, est droite, de faible circonférence par rapport à l’axe : elle a, à sa base, un empâte- ment élargi, une sorte de socle ordinairement trapézoïde, à bord arrondi et bien marqué, en saillie, comme une applique collée sur l’axe. La ramification en vieillissant se rélrécit et semble alors sortir d’un orifice circulaire; puis elle se dessèche bientôt, et alors son empâtement, son socle, s'atrophie et il ne reste plus sur l’axe que son empreinte marquée par un contour EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 9315 linéaire, mais très net, qui lui-même finit par disparaître com- plètement sans laisser la moindre cicatrice sur l'écorce de l’axe. « Dans les Sterculiacées-Bombacées, il y a des caractères de cette nature, mais variables suivant les espèces. « Les À /eurites, Euphorbiacées arborescentes, présentent une particularité analogue, mais de forme autre, que M. Rivière décrira prochainement. » Des remerciements sont adressés à M. Rivière. M. Bois dépose sur le bureau, pour les membres de la Société, des graines de deux plantes : 1° Zmpatiens Balfouri Hooks, sorte de Balsamine himalayenne décrite il y a dix ans seulement par Hooker fils (Botanical Maguzine, t. 7878), et que M. Bois a cultivée dans son jardin à Saint-Mandé en 1910 ; il tenait les graines d’un horticulteur lyonnais, M. Voraz, qui les lui avait adressées pour détermination de la plante. La description complète de cette plante est donnée dans la Revue Horticole, 1911, page 77, avec figure d’un rameau florifère. Cette Balsamine, dit M. Bois, est une belle plante annuelle qui lui paraît devoir prendre place dans les jardins d’amateur. La plante forme des touffes qui atteignent un mètre de hautenr sur une largeur égale ; les fleurs sont très abondantes et relati- vement grandes, bicolores, mi-partie roses et blanches, se développant au-dessus du feuillage en grappes longuement pédonculées. M. Bois l’a cultivée à mi-ombre ; d’après M. Voraz, elle se comporte aussi bien en plein soleil qu'à l'ombre. On doit semer les graines à chaud, en serre ou sous châssis; la germi- nation est lente et capricieuse ; 2 Montanoa grandiflora, belle composée mexicaine dont l'introduction est due à M. Diguet ; les graines remises aujour- d'hui proviennent directement du Mexique (régions froides). Cette plante a été décrite dans la ÆRevue Horticole, 1910, p. 174, avec figures (p. 177). Une autre belle espèce de ce genre est déjà cultivée dans les jardins comme plante de haut ornement pour son port pitto- resque, quand on la cultive sous la forme de plantes Jeunes sur une seule tige ; c’est le AZ. bipinnata, dont une belle figure noire se trouve dans le même article, page 175. De vifs remerciements sont adressés à M. Bois et M. Diguet. Ed 316 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION M. Le Fort signale une note qu'il a remarquée dans Le Temps du 6 mars 1911 ; il s’agit d'un travail sur des essais de détermination du pouvoir germinatif des graines, travail dû à M. Pierre Lesage, et présenté à l’Académie des sciences par M. Gaston Bonnier. « On sait, dit l’auteur, que lorsqu'on a des lots de graines müres, bien conformées, il est impossible de savoir à l'avance si ces graines germeront ousielles ne germeront pas. L'auteur, en prenant comme exemple le Cresson alénois, fait voir que des graines ayant perdu leur pouvoir germinatif colorent une solution de polasse, et au contraire ne la colorent pas lors- qu'elles peuvent germer. On comprend quelle serait l'impor- tance de ces résultats s’ils étaient généralisés. » Une discussion s'ouvre au sujet de cette communication, mais on ne peut conclure sans essai. Si les graines de Cresson alénois colorent une solution de potasse quand elles ne sont plus aptes à germer, s’ensuit-il que toutes les graines dont l'embryon a la même composition se comporteront de même ? cela est possible, mais pour d'autres graines, amylacées au lieu d’être oléagineuses, aura- t-on les mêmes résultats ? Il y aurait toute une série de recherches à faire en prenant des graines de nature et composition tout à fait différentes : exemple : Blé, Maïs, Soleil, Chou, Haricots, Sarrazin, Persil, Courge, etc. M. Gérome a ensuite la parole pour résumer la note qu'il a préparée sur les essais qui ont été tentés pour cultiver des Champignons autres que le Champignon de couche. A ce sujet, M. Le Fort tient à faire remarquer que l'installa- tion de truffières n’est pas aussi facile que les traités l’indi- quent, et il cite des résultats navrants; des pertes s’élevant jusqu à 20.000 francs ont élé le résultat de certains essais malheureux. M. Lasseaux, tenant à bien faire ressortir que certains Cham- pignons se développent là où ils ont trouvé des conditions particulièrement favorables et où on ne s'attendait pas à les rencontrer, cite un fait remarqué par lui dans les magasins de la Maison Vilmorin-Andrieux et Cie. Au moment de l’inondation de décembre 1909, des graines de Xentia stratifiées dans du Cor, et qui se trouvaient en caisses EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 317 dans les sous-sols du quai de la Mégisserie, durent être portées aux magasins de Reuilly à l'abri de l’inondation. Or, ce Coir (1) qui est employé précisément parce qu'il ne renferme aucun germe pouvant amener la putréfaction des graines tout en les tenant dans un état d'humidité convenable, a donné en mars 1910 une abondante récolte de Champignons de couche. L’explication de ce fait curieux n'a été trouvée que lorsqu'on a pu établir que les sacs dans lesquels les graines de Æentia avaient été transvidées élaient des sacs qui avaient contenu du blanc vierge. Après quelques considérations présentées par divers mem- bres, notamment MM. J. Poisson et M. Courtet, sur l'abondance plus ou moins grande de tel ou tel Champignon, dans l’état de nature, suivant que les conditions climatériques sont plus ou moins variables, et après fixation de l’ordre du jour pour la réunion suivante, la séance est levée. Le Secrétaire, J. GÉROME. VI° SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1910 Présidence de M. Aug. Chevalier, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Debreuil, au nom de la Section, félicite M. Aug. Chevalier de son retour et de son rétablissement, car M. Chevalier est rentré avec des Craw-Craw (2), contractés au cours de son voyage, qui l'ont gèné beaucoup et qui l'ont immobilisé à son retour en France pendant deux mois environ. M. Courtet a ensuite la parole pour donner un compte rendu succinct du voyage que M. Chevalier vient d'effectuer en Afrique occidentale. En 1907, à la Côte d'Ivoire, l’attention de M. Chevalier avait (1) Le coir est constitué par les débris de l'enveloppe fibreuse des noix de coco. (2) Les Craw-Craw sont de petites plaies ayant les pieds comme siège habituel, occasionnées par des micro-organismes et très difficiles à guérir. 318 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION été appelée sur une région formant un important centre hydro- graphique et orographique, dans lequel prennent naissance le Nuon ou Rio-Cestos, le Cavally et une certaine quantité d’affluents du Sassandra. On avait signalé dans cette région le massif du mont Nimba, dont on estimait l'altitude de 1.300 à 2,000 mètres, et les monts Drouplé, auxquels on attribuait une altitude de plus de 3.000 mètres. N'ayant pu par la Côte d'Ivoire atteindre cette région en 1907, M. Chevalier put l'atteindre en 1909, mais en partant de la Guinée. Quittant la voie ferrée à la station de Mamou, il gagna Farana et, de là, remonta vers les sources du Niger. Il se dirigea ensuite sur Kissidougou pour gagner Beyla.Il parcourut ainsi, sur plus de 400 kilomètres à vol d'oiseau, les chaînes qui forment la ligne de partage des eaux entre le bassin du Niger et les bassins côtiers de Sierra-Leone et de Libéria. Dans ce trajet, sur tout le parcours, M. Chevalier rencontra des affleurements de roches granitiques d'aspect habituel. De Beyla, se dirigeant vers No, il atteignit enfin les mon- tagnes de l'Ouest de la Haute Côte d'Ivoire, formées par deux massifs. Un premier massif, habité par les Guerzés, ayant une cons- titution géologique particulière, sépare la Guinée de la Côte d'Ivoire, c'est le massif contenant le mont Nimba. Le second massif, habité par les Dans ou Dyolas, est formé d’un ensemble de monts, séparés parfois les uns des autres par des vallées profondes, et contient les monts de Drouplé; il s’'avance vers l'Est au cœur même du bassin du Sassandra. L’altitude relevée du mont Nimba(massif des Guerzés) est de 1.644 mètres au-dessus du niveau de la mer, et le massif tout entier est formé de quartzites avec ahondance extraordinaire de magnélite, plongeant à 45 degrés, alignés E. O. comme la chaine el reposant sur des roches granitiques. Les altitudes du massif granitique des Dans varient de 800 à 1.400 mètres au- dessus du niveau de la mer. Les principales altitudes relevées sont : les monts Don, 1.359 mètres ; Gouékouma, 1.026 mètres, et Soulon, 1.121 mètres. De Drouplé, M. Chevalier se dirigea sur Danané, et par Man, toujours dans le pays des Dans, il gagna Séguela, Mankono et Bouaké dans le Haut Baoulé. Dans le Haut Baoulé et le Baoulé ensuite, il rencontra encore des roches granitiques de forme et de constitution ordinaires. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 319 Le point important de ce long parcours reste donc la région constituée par les massifs des Guerzés et des Dans. Dans son long itinéraire, tant en Guinée qu'à la Côte d'Ivoire, les études économiques de M. Chevalier portèrent sur le Cola- tier, dont il détermina un certain nombre de peuplements. Il détermina en outre l'intensité de certains marchés de la noix de Cola. Elles portèrent encore sur le Clitandra orientalis, qu'il découvrit un peu partout non exploité et qui fournit un caout- chouc noir venant comme qualité immédiatement après le Para, et sur des peuplements importants de Funtumia elastica. Quit- lant la forêt, l'attention de M. Chevalier se porta sur le Maïs, dont la culture pourra donner de bons résultats quand le rail atteindra le Baoulé. Il a remarqué en outre des graines oléagi- neuses dont la graisse est en ce moment à l'étude. Enfin, à la côte, il recueille des renseignements pour l’im- pression d’un fascicule sur le Palmier à l'huile, paru en 1910, après en avoir complété l'étude au Dahomey, et d’une grande portée économique. Il quitte ensuite la Côte-d'Ivoire pour se rendre au Dahomey où il débarqua au commencement de janvier 1940. Comme nous venons de le dire, M. Chevalier compléta au Dahomey les renseignements qui lui étaient nécessaires sur le Palmier à huile. fl étudia, en outre, la production du Maïs, celle du coton, et visita le pays des Hollis, presque inconnu. Il visita ensuite le Haut Dahomey où il étudia la région du Karité. C’est dans le Haut Dahomey qu'il fut mordu par un Serpent venimeux et ne dut son salut qu'au dévouement de l'administrateur qui l’accompagnait et qui lui fit des injections du sérum de Calmelte. Du Haut Dahomey, il passa dans le Gourma, le Mossi, où il constata un élevage prospère, et se dirigea ensuite sur le Niger qu'il atteignit à Mopti. M. Chevalier, remontant le fleuve, revint alors en France par Bamako et le Sénégal. Son préparateur, M. Fleury, le quitta dans le Haut Dahomey pour rentrer en France. Après cet exposé, M. Debreuil a ensuite la parole; il espère qu'avec le retour de M. Chevalier, son président, la Section de Colonisation va prendre une nouvelle activité et attirer de nom- breux coloniaux aux communications que M. Chevalier doit faire sur tout ce qu'il a observé. Avant de passer à l’ordre du jour, M. A. Chevalier fait une 320 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION communicalion sur les Ignames de la Côte d'Ivoire et entre autres sur le Dioscorea prehensilis, probablement synonyme de D. cayennensis, dont certains animaux (Polamochères, sortes de Sangliers) sont très friands. Les variétés cultivées, à tuber- cules inermes, sont fréquemment attaquées par ces animaux. Sa variété sauvage possède des épines à son collet qui em- pêchent les déprédations des Potamochères. M. A. Chevalier montre des échantillons des deux variétés d'Ignames, le Dios- corea cultivé et celui qui pousse à l’état sauvage. M. À. Chevalier présente ensuite une note de M. Bret, inspec- teur d'agriculture à la Côte d'Ivoire, sur la possibilité de culture du Funtumia elastica en Afrique occidentale. Cette note sera imprimée dans le Bulletin. M. A. Chevalier indique l’origine des Æevea de l'Afrique occi- dentale francaise. La plante signalée par M. Henry comme étant l'A. Spruceana et considérée comme bon producteur de caout- chouc est tout simplement l'A. brasiliensis provenant des jeunes semis de la maison Godefroy-Lebœuf, apportés par la mission Bourdarie, mais cultivés dans des conditions différentes. Comme preuve de ses dires, M. A. Chevalier communique des documents officiels établissant la date de la première intro- duction de l’Æevr:: en Afrique occidentale. M. Poisson raconte que de pareilles méprises ont été cons- tatées par son fils, M. Eug. Poisson, qui observa au jardin bota- nique de Cayenne des Heveas considérés comme #. guyanensis et qui n'étaient autres que l'A. brasiliensis importé environ quinze ans auparavant. Ensuite, M. A. Chevalier expose ses observations sur les Légumes indigènes de l’Afrique occidentale. Cette communi- cation sera continuée au cours des séances suivantes et paraîtra dans le Bulletin. Toutes les familles par ordre d’im- portance y seront étudiées. La première note est consacrée aux Légumineuses et spécialement à l'Ambrevade (Caganus indicus). Le Secrétaire par intérim, M. RouYEr. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. le la Commission prnes suivant Fe rang ARR den et au fur et à ure des disponibilités. EN DISTRIBUTION 3 …. Graines d'Anserine, offertes par MM. PSE Aix) et GUILLOCGHON (de Tunis). Pois de ‘senteur anglais, en mélange, offerts par M. DÉJARDIN. raines offertes par M. MOREL, de Beyrouth (Syrie). bies morinda. entaurea imperialis. Dentpres amplifolia. angulosa. bicolor. capitellata. coriacea. crebra. gomphocephala. longrfolia. polyanthemos. reduncu. Hæmatoz ylon Campechianum. Kednedia sp. Raphiolepsis Delacourti. Scabiosa atropurpurea. 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L'attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des. animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en. encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans, ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines, qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères; Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. __ Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo-” ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 40 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la Société Jui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, elc.; faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli- matation a publié, depuis son origine en 4854, cinquante-buit volumes in-8°, illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les” matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la pratique dela Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l'Apiculture et" de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, * leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies: Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de-revient pour. les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le“ Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien“ connus du D° Moreau sur les Poissons de France. « Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris, — 1. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées), . \ 58° ANNÉE 114 N° 11 — 1“ JUIN 1911 Sd ; SOMMAIRE ‘2 : ) ; Pages sd ÿ L. ICHES. — Principaux Poissons comestibles de l'Argentine. . . . . . . . . . . . . .. 391 ae É : L. DIGUET. — Histoire de la Cochenille au MEXIQUE AP NAS OUT NE Re 1201330 ï M°BRET. — Sur les possibilités de culture du Funtumia elastica en Afrique occiden- 3 ONE (EG EC JA MENACE A Re ES AE AE RER SA EN AO RQ LES ARE DRASS NE R 335 ! Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. ï ire Section. — Mammifères. — (Sous-section d'études caprines). Séance du 24 février 1911. 340" Peer Ornithologie-Aviculture. — Séance du 6 mars 1911 . : . . . .. . . . . :. . 348 j “ | 4 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises À par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, À fr. 50 ON AU SIÈGE: SOCIAL. M DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS STE ATOME ES DE FRANCE Reconnue d'utilité publique nar décret en date du 26 Février 186b 33, RUE DE BurroN — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR igu Président, N. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie ‘ dé Menbtide: Directeur du. Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professent à l'Ecole sf | coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). ; _ ice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Fe Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. "0 CG. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. 3 2 . Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le ForrT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Z#ranger),. 1 a H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). $ CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DeBreuiz, 25, rue de Châteaudun, Paris (Zntérieur). … Trésorier, M. le D' SeBiLLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. (rs Archiviste-Bibliothécuire, M. CaucurTe, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D' LePrince, 62, rue de la Tour, Paris. MArLLES, rue de J' Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. > Ph. de VizMoriN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d' Histoire nainrolle, 14, rue des Ecoles, Paris. .Le MYRE DE Vicrrs, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'ORFetILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. . WuIRION, 7, rue Théophile- -Gautier, Neuilly-sur-Seine. gp ACHALMF, directeur du Laboratoire colonial Au Muséum d’ po Dale. À ruse Andrieux, Paris. DÉSARDIN, £ 23, rue Claude-Lorrain, Paris. MaGAuD D'AuBusson, 18, ‘rue Erlanger, Paris: Ga D: P. MARcHAL, Professeur à l'Institut Nationel Agronomique, Directeur de la Station entomologique de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. (EU | + Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 Janvier Décembre |} " ve Séances pu Coxseir, le Mardi à 5 heures.| 10 42 |. RS; Are SECTION. — Mammifères, le lundi | 1 2 à 5 heures + . l 150 De SECTION. — Ornithologie, le lundi M AL à 3 h. 1/2. . | FT 3e SECTION. — Aquicullure (1), le lundi Al AE à 5 heures 4000 | he 4e Secrion. — Entomologie, le lundi 1 - Ah. 42 2 ENT En 46 5e SEcTION. — Bolanigue, le lundi { ve 43 h, 199,070 400 Rent à 1 6° Secriox. — Colomsation, le lundi ] ‘4 à o heures . . à / Ÿ Sous-Secrion d'Etudes Caprines, le ven- f dredi à 5 heures . k ; ës (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés A mec EN NOTA. — Les membres de la Société qui Ann HMDE aux Séance des Sections, recevront sur leur demande les ordres äu jour mensuels des, ë séances. PRINCIPAUX POISSONS COMESTIBLES DE L'ARGENTINE par L. ICHES. Il paraît bien difficile de parler des principaux Poissons comestibles d’un pays sans dire un mot des endroits où on les rencontre en plus grande abondance et sans traiter, ne fût-ce que succinctement, de la pêche en général. Tel est le plan que nous adopterons donc dans le présent article. Tout d’abord, nous diviserons la pêche, dans la République Argentine, en deux grandes catégories : la pêche d’eau douce et la pêche maritime. Par suite de son importance considérable, la pêche, dans ce qu'on peut appeler l'estuaire du Rio de la Plata, occupe une place toute spéciale. II convient donc de lui faire une place à part dans nos subdivisions; aussi parlerons-nous, à propos de la pêche d’eau douce, de celle dans l'estuaire du Plata, et de celle dans les rios et lagunes de la province de Buenos-Ayres. La pêche maritime se divise, à son tour, en pêche dans la région de Mar del Plata, et en pêche dans la région de Bahia Blanca. Le tableau synoptique suivant jettera encore plus de lumière sur cet énoncé : Plata supérieur. : I Estuaire du Partie fluviale. Plata moyen. Pêche fluviale ! Rio de la Plata. Plata inférieur. ou d’eau douce. Partie maritime. Rios et lagunes de la Province de Buenos-Aires. IL Région de Mar-del-Plata. Péche maritime. } Région de Bahia-Blanca. I. PÈCHE D'EAU DOUCE. À.— Estuaire du Rio de la Plata. — M. le D' F. Lahille, chef du Bureau de zoologie appliquée au ministère de l'Agriculture, délimite la partie fluviale de l'estuaire du Rio de la Plata, en Plata supérieur, Plata moyen et Plata inférieur. Comme lui, nous établirons la démarcation du Plata supérieur par les lignes qui vont, en amont, depuis Punta Martin Chico, à l’em- beuchure du Parana Mini, et à celle du Parana de las Palmas; en aval, depuis le phare de la Colonia à la cheminée de la BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 21 329 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION brasserie Quilmès. A cette limite, commence le Plata moyen qui va jusqu'à Punta Indio y Punta Jesus-Maria. Enfin, le Plata inférieur s'étend de cette ligne jusqu'à la barre de l'estuaire, laquelle correspond aux points où commence l’eau salée aux heures de pleine mer, les jours de nouvelle et de pleine lune. Les principaux Poissons comestibles qui proviennent de l'estuaire du Rio de la Plata sont, par ordre d'importance nume- rique : le Pejerrey (Atherinichthys bonariensis (CG. V.) Gthr.); le Säbalo (Prochilodus platensis Holmb); les Bagres (Bagre blanc : Pimelodus albicans (Val) E. E,; Bagre jaune : Pimelodus cla- rias (Bloch.) Lac., etc; les Anchois (Pomatomus saltatrix (L.) Jord. Gilb., etc.); le Pati (Zuciopimelodus pati (Val.) E. E.); le Surubi (Pseudoplatystoma coruscans Agass); le Dorado (Sal- minus platensis Holmb; $. paranensis, Holmb.; etc.); la Lisa (Mugil platanus Gthr.). Durant l’année 1908, il est entré de ces différents Poissons à Buenos Aires, et provenant de la région dont nous parlons, un total de 5.611.194 kilogs, se décomposant comme il suit : 124.966 kilos du Plata supérieur; 3.641.372 kilos du Plata moyen, et 1.844.856 kilos du Plata inférieur. De ce même estuaire proviennent également les Pacus (Myletes orbignyanus. G. V. et autres espèces) dont on ne pêche guère qu une centaine de kilogs par an, à cause de la rareté de ces Poissons, cependant assez bons. D’autres espèces, peu esti- mées par le public en général, comme les Armados (Doras gra- nulosus Val); les Dientudos (Rhaeboides bonariensis Steinal. ; Macrodon malabaricus (Bloch) et autres espèces) ; les Mojarras (Tetragonopterus rufipes ‘Jen. elec.) viennent au nombre de 1.000 kilogs chaque espèce, annuellement. Enfin il vient environ 25.000 kilogs de Lisas (Mugil platanus Gunth.) et de Courbines (curbina blanca : Micropogon opercu- laris (Q. G.) J. L.; Curbina negra: Pogonias chromas (L.) Cuv.) à l’état sec ou salé, de provenance de ce même rio de la Plata. De tous ces Poissons, le Pejerrey est incontestablement le plus fin, de l’aveu de tous. Nous n’en dirons rien de plus dans ces lignes, en ayant déjà parlé dans un autre travail (1). Quant aux autres Poissons, il est bien difficile de les classer suivant leur saveur, tout étant question de goût en cette matière et sus- (1) Note sur le Pejerrey et sur la convenance de son introduction en France (début de novembre 1909) par l’auteur. PRINCIPAUX POISSONS COMESTIBLES DE L ARGENTINE 323 -ceptible de varier avec chaque gourmet ou consommateur. Les Courbines, sont d'excellents Poissons qui trouvent place sur les tables des délicats, lesquels ne peuvent pas toujours mettre le prix pour acheter du Pejerrey pour une famille nombreuse (1). L'Anchois est également un bon Poisson, mais à notre avis, nous lui préférons un bon Surubi frit, dont la chair est à la fois ferme et savoureuse. [l fut un temps où le Sabalo jouissait de la faveur populaire, mais aujourd'hui, déchu de ses antiques posi- tions, il ne se vend plus que 10 centavos le kilog (0 fr.-32 cen- times) et bien peu l’achètent. Les Bagres eurent aussi leur temps de réputation, actuellement passé, car il semble qu'il y ait une mode même en matière de gastronomie. Si, maintenant, nous considérons les époqués de plus grande abondance de ces Poissons, nous pourrons les répartir en deux groupes : les Poissons d'hiver et les Poissons d'été. Le tableau suivant permet d’un seul coup d’œil de faire ce classement, en même temps qu'il indique le ou les mois auxquels cette abon- dance atteint son maximum : Catégories. Noms des espèces. Maximum d’abondance. Säbalos. En mars et de sept. à novembre. : pe Pejerrey. En juin et en septembre. Poissons d'hiver. Bagres. D’août à octobre. Anchois. Juin. ( Surubies. En février. Poissons d'été. : Dorados. En mars. l Paties. Toute l’année, principalement avril. De la zone maritime du Rio de la Plata proviennent par ordre d’importance numérique : les Curbinas (Courbines blanches et noires, déjà citées) ; les Pescadillas (Cynoscion stria- tus (Guv.) J. E.; Sagenichthys ancylodon (Val.) Berg.) ; les Palo- metas (Parona signata(Sen.) Berg.), et parfois quelques Brotulas (Urophycis brasiliensis (Kaup.) Lah.). Nous ne citons, cela va sans dire, que les principales espèces comestibles. La zone maritime qui fait suite au Plata inférieur se trouve déterminée, d'autre part, par la ligne isobathique tracée depuis les caps Santa Maria et San Antonio. Les Poissons ci-dessus désignés sont généralement pêchés (1) En effet, le Pejerrey vaut 75 centavos (1 fr. 65) le kilogramme tandis que la Courbine ne coûte que 20 centavos (45 centimes) le kilo- gramme. CAN 2e 6 UE - EN ra 324 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION par des pécheurs de Montevideo qui de là les expédient à Bue- nos Aires. Il existait, ces années dernières, une entreprise de pêche argentine, appartenant à M. Ernest Arana, laquelle était assez florissante et effectuait également ses travaux dans l'estuaire du Plata, zone maritime. Ses trois vapeurs : Trucha, Piran et Gaviota, tenaient presque constamment la mer pendant les mois de belle saison, allant pêcher jusqu'à quinze mille des côtes en face du cap San Antonio. Malgré ses débuts prospères et l'appui que cette Compagnie trouva auprès des Pouvoirs publics, il lui fut cependant impossible de lutter longtemps contre toute une série de difficultés d'ordre économique et finan- cier. ]l convient d'ouvrir ici une parenthèse et de dire que l'Argentine étant, depuis presque ses origines, un pays essen- tiellement d'élevage et d'agriculture, est par conséquent une nation dont l'aliment principal est la viande. Ceux qui se sou- viennent qu il y trenle ans environ, quand on tuait un Bœuf ou une Vache, on le dépouillait de son cuir qu'on vendait, et l'on abandonnnait la chair de l'animal en pâture aux Oiseaux de proie qui le disputaient aux Fourmis et aux Vers, parce que le bétail ne coûtait presque rien, ceux-là trouvent aujourd'hui que c'est acheter cher un demi-mouton, que de le payer deux piastres cinquante centavos (6 francs environ). Mais, en réalité, la viande est ici bon marché, eu comparaison des prix que nous payons en France. Donc, en raison du bon marché d'une part, et d'autre part et surtout, en raison de l'habitude qu'il possède depuis longtemps, l'habitant d'ici est accoutumé à une alimen- tation presque exclusivement carnée. Il faut petit à pelit l'habi- tuer à devenir ichthyophage. Mais cela ne peut se faire qu'avec le temps, et en offrant le Poisson au Public, à des prix qui fassent concurrence à ceux de la viande. Or, l’entreprise de pêche Arana eut de grands frais à ses débuts, et elle ne possédait pas les capitaux énormes qu il aurait fallu pour lui permettre d'attendre cette évolution dans le goût du public, et même la faciliter et la hâter, en offrant à bas prix le produit de ses pêches. Pour ces raisons, elle dut abandonner la lutte; peut-être la Société existe- t-elle encore nominalement, mais de fait, voici deux ans que ses vapeurs n’ont pas fait campagne. Puisque nous avons abordé cette question des compagnies de pêche, il convient d'ajouter qu'une nouvelle s’est formée, il y a trois ans, due à l'initiative d’un Français, M. Frédéric Dumas. Elle possède actuellement trois vapeurs qui vont pêcher en mer, PRINCIPAUX POISSONS COMESTIBLES DE L'ARGENTINE 325 bien au delà de la zone maritime. Le capital de la Compagie lui permet d’abaisser le prix du Poisson et d'attendre cette évolu- tion dont nous parlions et qui déjà se dessine dans le goût du public. Par ailleurs, les Pouvoirs publics aident dans leur mesure cette industrie nationale appelée à un grand avenir, car le temps D’est pas loin dans lequel la viande deviendra un article de luxe. Les prix énormes payés pour des reproducteurs de race, impor- tés particulièrement d'Angleterre, et l’envoi en Europe, en vapeurs frigorifiques, de la viande provenant de ces animaux sélectionnés, d'un côté, et de l’autre, les étendues chaque jour plus grandes concédées à l’agriculture au détriment de l'élevage, ont fait augmenter considérablement les prix de la viande, dans ces dernières années, sans compter d’autres facteurs qui ont contribué au relèvement du prix de la vie dans l'Argentine, comme sont par exemple : dissensions politiques avec, comme complément, les grèves, puis lesspéculations sur lesterrains, ete. Bref, chaque semaine, les vapeurs de la Compagnie Dumas, apportent deux ou trois fois le produit de leur pêche sur le mar- ché de Buenos-Aires, où la plus grande partie rencontre ache- teur, le reste, c’est-à-dire une quantité insignifiante, étant envoyé en province. Pour en revenir à la Courbine, c’est depuis juin et surtout en août qu'elle est la plus abondante, c’est-à-dire pendant l'hiver dans l'hémisphère sud. Les pêcheurs de Montevideo les envoient en colliers, c’est-à-dire qu'ils groupent généralement de trois à six Courbines ensemble, suivant leur grosseur, en faisant passer un scion d’osier par la bouche et les ouïes de chaque Poisson, de manière à former une sorte de collier du poids de trois kilos environ. En l’année 1908, il a été expédié ainsi de Montevideo à Buenos-Aires 1.805.296 kilos de Poissons, composés principalement de Courbines, les autres Poissons étant les Lisas, Pescadillas et Palometas, déjà cités. Enfin, disons que Palmira nous envoie parfois aussi quelques Pejerreyes. B. — Rios et lagunes de la Province de Buenos Aires. Comme nous l'avons dit dans notre travail sur le Pejerrey, les deux principaux centres de pêche de ce Poisson dans la province de Buenos-Aires sout: la chaîne de lagunes de la région de Chas- comués avec la station Guerrero, et lasériedes lagunes voisines des stations de Guamini, Bonifacio et La Larga. Des pêcheurs 326 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION nomades vont de l'une à l’autre de ces lagunes suivant l'abon- dance du Poisson qu'ils y rencontrent. On peut dire que le Pejerrey (Atherinichthys bonariensis (C. V.) Othr.) est le princi- pal Poisson trouvé dans ces régions (1). Toutefois. de Guerrero viennent aussi des Lisas (2) (Wugil platanus Gthr.) en nombre assez considérable. De plus, certaines lagunes fournissent, en outre, du Pejerrey, un Poisson assez estimé: l’Anguille (Sym- branchus marmoratus Bloch.) Du Rio Colorado (3), on expédie à la capitale un grand nombre de Truites indigènes (Percihthys trucha (C. V.) Gir.) vraiment excellentes. Ces Truiles abondent surtout de septembre à octobre. À Nous allons donner dans le tableau suivant, avec le nom des principales localités de pêche, les quantilés connues pour l'an- née 1908, pour chacune d'elles. Il n'est pas inutile d'ajouter auparavant que les lagunes actuellement exploitées dans la province de Buenos-Aires appartiennent soit à des particuliers, soit à l'État, et occupentune superficie très considérable. Province de Buenos-Aires. — Résuliats de la pêche pour 1908. RÉGIONS TOTAL EN KILOGE. RÉGIONS TOTAL EN KILOGR. Chascomüs . . . 152.161 MapE ere 38.890 Lezama. L. - ." 31.905 Vivoratä 3 70 74.065 Adela: esse 44.723 Pel Garril - .:. 7.250 Guerrero . . . . 156.199 Goréhss CE ane 6.075 Monasterio . . . 107.495 LORS EE 5.735 Guamini . . . . 53.620 Monte. "ue 7.260 Bonifacio. . . . 464.693 Bragado . . . . 1.375 La Earga. . .…< 16.015 On voit. par ces chiffres, que le total. de la pêche dans les Rios et lagunes de la province de Buenos-Aires à atteint 1.219.461 kilos, pour cette même année. {1) Le Pejerrey est surtout un poisson d'hiver. Pour plus de détails voir notre travail : « Note sur le Pejerrey et sur la convenance de son introduction en France ». . 2) Ces Lisas se péchent dans les Rios qui se rendent à la Baie de San . Borombon. 3, La station Rio Colorado se trouve à 859 kilomètres de Buenos-Aires. PRINCIPAUX POISSONS COMESTIBLES DE L'ARGENTINE ETAT * XX Il. PÈCHE MARITIME. À. — Région de Mar del Plata. Mar del Plata fut, dans ce pays, la première ville où se réunit une colonie de pêcheurs. Ils durent lutter à l’origine et contre le manque de port et contre l'ignorance où ils étaient des directions et variations des vents, et de la nature tant des fonds que des courants. Aujourd'hui, Mar del Plata est la plage balnéaire par excellence de l'Argentine, son Cabourg ou son Deauville. Les pêcheurs n’en sont pas plus fiers pour cela, car ils n’ont pas eu à béné- ficier — bien au contraire — du voisinage de la ploutocratie ; cela soit dit sans porter atteinte à l'honorabilité ou aux senti- ments d'humanité de la grande majorité des baigneurs mil- lionnaires qui fréquentent cette plage d'été. Quoi qu'il en soit des difficultés contre lesquelles les pêcheurs de Mar del Plata eurent à lutter, ils ont vaincu, en dépit de toutes les appa- rences, parce que, jusqu à ce jour ils ont vécu, puisque comme l’a dit Le Dantec : « Vivre, c’est vaincre. » Les deux principaux points de pêche de la région de Mardel Plata sont : Mar del Plata et Necochea, port privilégié situé à 527 kilomètres de Buenos-Aires. Les principaux Poissons provenant de ces régions sont: les Besugos (Pagrus pagrus L; Chilodactylus macropterus (BI. Schn.) Rich.) ; les Brotulas (Urophycis brasiliensis(Kamp.) Lab.) ; les Burriquetas (Sciaena adusta Agas.); les Lenguados (Oncop- terus Darwini Stein; Achirus frichospilus Berg; Paralichthys brasiliensis Rang.) ; les Pescadillas (Sagenichthys ancylodon (BI. Schn.) Berg); les Raies (Raya Agassizi (M. H.) Gthr; G. platana Gthr ; les Merluches (Werluccius Geayi(Guich.) Kamp. et Genyplerus capensis Gthr, surtout); les Doncellas (Genyp- terus blarodes); les Chanchitos de mer (Pinquipes fasciatus Jen.); les Seran impérial (Æ/elicolenus dactylopterus (de la Roche) Goode et Bean); les Congres {Leptocephalus conger (L. Jord, Gilb.; Percophys brasiliensis (A. G.); les Meros {Acanthisthius brasi- hensis CN.) JE) tetcstete.. La production totale a été, en 1908, pour Mar del Plata, de 1.576.425 kilos, et pour Necochea de 22.795 kilos; mais ces chiffres ne donnent qu'une faible idée de la richesse fabuleuse 328 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION de ces régions en matière de pêche, et l'on est loin du chiffre vrai, si l'on tient compte que par exemple, à Necocha, la plus grande partie de la production sert à la consommation locale et ne figure pas dansles statistiques des entrées à Buenos-Aires par conséquent. Plus loin encore est-on du chiffre qu'oa obtien- drait si la pêche y étaitexploitée d'une manière plus régulière et par un plus grand nombre de pêcheurs. En outre du Poisson, on pêche encore certains Crustacés très estimés, comme les Camarones (Artemisia longinaris Bote) et les Langostines (Ploeticus Mulleri Bote). B. Région de Bahia Blanca. — Cette région qui comprend, situées à côté l’une de l’autre : Bahia Blanca, Ingeniero While et Puerto Militar, est aujourd'hui la seconde de la République Argentine pour l'importance de la pêche maritime. Sa distance de Mar del Plata n'est pas assez grande pour que les espèces qui proviennent de ces deux régions soient distinctes. Nous ne répéterons pas par conséquent l'énoncé ci-dessus des princi- paux Poissons comestibles et nous nous bornerons à dire qu’en 1908 la production totale fut : de 39.905 kilogrammes pour Bahia Blanca; 149.038 kilogrammes pour Puerto Militar et 413.825 kilogrammes pour Ingeniero White. Enfin au début de cette année-ei (1909) le Gouvernement argenlin installa à l'embouchure de l'arroyo Pareja, près de Puerto Militar, et l'ostréiculleur et les Huitres que nous avions été chargés l'an dernier de faire venir de France (Arcachon) dans ce but. Tels sont les centres les plus importants de la pêche, dans la République Argentine. On ne sait encore rien de la produc- tion de la pêche dans les provinces et territoires de l'intérieur. Lors de notre voyage au Chacoen 1906, nous avons eu l’occasion de nous arrêter à Corrientes, et nous en avons profité pour faire une enquête sur la pêche dans cette région. Les résultats en sont consignés dans le Boletin del Ministerio de Agricultura t. VI décembre de 1906 p. 283-286. Les exemplaires les plus intéressants que nous ayons rapportés sont: Armado(Ozydoras Orbignyi E. E.; Rhinodoras Orbignyi E. É.); Bagre sapo (Rhambdia sapo (Val.) E. E.;; Mandubi (Ageneissus Valen- ciennesi (Val.) Blek.); Manguruyu (Pseudopimelodus zungaro Humb. E. E.); Morena pintada {(Giton fasciatus (Pallas) Kamp.) ; PRINCIPAUX POISSONS COMESTIBLES DE L'ARGENTINE 329 Palometa (Pygocentrus Natlersi Kner.); Tararira (Macrodon malabaricus (Bloch.) etc. En ce qui concerne la pêche maritime, il convient d'ajouter que le Rio Negro fournit des Truites (Percichthys trucha(C. V.) Gir.) d'une très grande saveur et dont les gourmets attendent avec impatience les époques d'envoi à Buenos-Aires. A l'entrée de la Bahia Nueva existent deux sortes de Poissons qui pourront plus tard faire l’objet d'un commerce assez impor- tant : l’'Abadejo (Pinguipes fasciatus Jen.) et une Notothenia très savoureuse, le Robalo (£leginops maclovinus CG. V.). Plus au Sud se trouvent en grande abondance les Merluches (Merluccius Geayi Kanp.) et les Sardines (Clupea arcuata Jen; C. fuegensis Jen.) qui, lorsque ce pays sera plus peuplé, con- tribueront à faire la fortune du splendide port d'Ushuaia. Nous n'avons pas la prétention d’avoir épuisé la liste de toutes les espèces de Poissons comestibles de l'Argentine, mais aussi nous n'avions pas promis de le faire. Puissions- nous n'avoir pas été trop incomplet, dans les limites du plan que nous nous étions tracé! HISTOIRE DE LA COCHENILLE AU MEXIQUE (1) par L. DIGUET. Comme on le sait, la Cochenille cultivée est originaire du Mexique, mais l'élevage de cet Insecte ne se pratiquait, avant l’arrivée des Espagnols, que sur un territoire assez restreint qui faisait partie de ce que l’on est convenu d'appeler région Mixteco-zapotèque, pays compris aujourd'hui dans l'état de Ooxaca. Une ville de cette région, Vochistlan, servait à l'époque pré- cortèsienne de centre ei d'entrepôt de la Cochenille; de là les Indiens l'exportaient sur les marchés les plus lointains de l'Amérique centrale. A la suite de l'invention des nouvelles couleurs de synthèse, telle par exemple l’alizarine, l'industrie de la Cochenille s'est trouvée complètement ruinée; de cette révolution industrielle résulta l’abandon à peu près complet du précieux. Insecte et la culture des Cactus qui servaient à sa nourriture. Seuls, quelques Indiens de la vallée d'Oaxaca continuent encore à entretenir de petites nopaleries à Cochenille, espérant toujours voir renaitre une industrie qui fut la richesse de leur pays et qui pendant trois siècles fournit à l'Europe une riche matière colorante qui n'avait Re que celles d'origine végétale exportées d'Orient. Les petites nopaleries indigènes qui existent encore dans la vallée d'Oaxaca, auprès de la ville d'Ocotlan, n'ont plus aujourd'hui qu'une faible production, la Cochenille que l’on y récolte est amplement suffisante pour la teinture de certaines étoffes indigènes. Grâce à ces nopaleries, on peut encore se rendre compte de ce qu'était cette importante industrie qui est en train de dis- paraitre et que les Espagnols ont tenue si longtemps secrète; on peut étudier sur place la curieuse méthode zootechnique que les anciens indigènes avaient instituée et perfectionnée dès probablement une époque reculée. On connait deux sortes de Cochenilles capables de produire la matière colorante connue sous le nom de carmin. 1) Résumé d'un mémoire paru dans le Journal de la Société des Armé- ricanistes de Paris. Nouvelle série, t. VI, 1909. HISTOIRE DE LA COCHENILLE AU MEXIQUE 331 Ce sont : la Cochenille sauvage et la Cochenille cultivée. Ces deux espèces portent différentes dénominations. Ainsi la Cochenille sauvage (Dactylobius tomentosus Lam.) est appelée, suivant les auteurs, Grana silvestre, Cochenille cotonneuse, Ixquimiliuhqui. La Cochenille cultivée (Dactylobius coccus Costa) est appelée Grana fina, Cochenille domestique, Cochenille mixtèque, Cochenille farineuse, Nochestly. L’aire de dispersion de la Cochenille sauvage est considé- rable et s'étend à toutes les régions où se rencontrent les Opuntias sauvages; elle est même un de leurs principaux parasites. La Cochenille domestique a, au contraire, un habitat des plus restreints; on ne l’a rencontrée jusqu'ici que dans la région où ‘on en fait la culture. Celte localisation, jointe à d’autres faits, a amené à penser que la Cochenille cultivée n'était qu'une variété améliorée et modifiée de la Cochenille sauvage, variété obtenue par une culture et une sélection longtemps pratiquées. Les naturalistes en ont fait cependant deux espèces dis- tinctes qu'il est facile de différencier à première vue. La Cochenille cultivée est le double de grosseur de la sau- vage; son corps, au lieu d’être recouvert d'un exsudat cireux, filamenteux, qui donne à la Cochenille sauvage l’apparence d'un léger flocon de coton, est seulement saupoudré d'un exsudat clairsemé qui laisse voir les formes de l’Insecte. La Cochenille sauvage ne se prête guère à un élevage métho- dique; plus vorace et plus précoce que sa congénère, elle épuise les Nopals sur lesquels elle s’est fixée; en outre, la Cochenille sauvage est considérée par les nopaleros comme l’ennemi le plus redoutable dans un élevage de Cochenilles domestiques, car, lorsqu'elle se fixe sur un article de Nopal, parmi un essaim de Cochenilles cultivées, elle ne tarde pas à faire périr ces dernières, non en les dévorant comme on l'a prétendu, mais en épuisant à son voisinage la plante nourri- pière: La Cochenille domestique, elle, se répartit et se fixe assez uniformément sur les articles des Nopals, de facon à les recou- vrir sur toute leur surface. Ce groupement facilite les soins méticuleux que l’on est obligé de donner chaque jour à l’éle- vage et ensuite la récolte de l’Insecte. Presque tous les Opuntias peuvent fournir un aliment à la NS) CRE GNT ENT OT ten 2 LOS MO LA 332 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Cochenille ; cependant certains sont préférables. Les Indiens, qui inventèrent l'élevage de l'Insecte à teinture, employaient deux espèces qui ont été modifiées et appropriées à cet usage par des soins spéciaux de culture. Quoique Thierry de Ménonville ait fait connaître en 1776 les espèces employées par les Indiens de Oaxaca, la spécification des véritables Cactus cochenillicoles était restée douteuse; plusieurs espèces avaient été mises en avant, entre autres la variété inerme de l'Opuntia ficus indica et l’'Opuntia coche- nillifer. Les deux espèces employées par les Indiens portent le nom de Nopal de Castilla et de Nopal de San Gabriel; elles ont été identifiées par le regretté D' Weber et par M. Robert Roland- Gosselin, qui les possède toutes deux à Villefranche, dans sa riche collection de Cactacées vivantes. Le D' Weber, peu de temps avant sa mort, avait eu entre les mains un exemplaire du Nopal de Castilla et l’avait inscrit dans ses notes sous le nom d’Opuntia splendida, afin de se conformer à la spécification de Cactier splendide (Cactus splendidus exposé assez confusément dans l'Encyclopédie méthodique de Pankoucke (Agriculture, t. Il); cette désigna- tion botanique a été reprise par M. Robert Roland-Gosselin (Bulletin du Muséum d'histoire naturelle, décembre 1909) et s'applique à une variété inerme, et probablement stérile, de l’'Opuntia ficus indica; quant au Nopal de San Gabriel, c'est l’espèce bien connue de l'O. hernandezzi P. D. C. qui, très probablement, est une variété de l'O. tomentosa. Les deux Cactus peuvent indifféremment servir pour la nourriture de la Cochenille, néanmoins on a coutume de les employer à des buts bien déterminés. Le Nopal de Castilla sert à l’élevage de la Cochenille destinée à la reproduction, et le Nopal de San Gabriel à l'élevage de la Cochenille destinée au commerce. Le premier, complètement inerme, se prête mieux à la nour- riture et au nettoyage de la Cochenille que l’on soigne tout spécialement pour un parfait développement; le second, très épineux, se comporte mieux pour un élevage en grand; les essaims de Cochenilles sont alors mieux défendus contre les déprédations des animaux. L'Opuntia cochenillifer a été employé pour la nourriture de la Cochenille dans l'état du Yucatan. Thierry de Ménouville HISTOIRE DE LA COCHENILLE AU MEXIQUE 339 qui l’a rencontré dans ce pays l’appelle Cacle de Campêche, il le dit plus résistant aux conditions climatériques que les deux espèces de Oaxaca, mais bien inférieur comme résultat pour l'élevage de la Cochenille. Quant à la variété inerme ordinaire de l'O. ficus indica, que l’on désigne sous le nom de funa de Castilla, on a soin de la tenir à distance des nopaleries, car cette plante favorise le pullulement de la Cochenille sauvage, Les propriétés que doivent avoir les Opuntias cochenillicoles sont : de présenter des articles assez gorgés de sucs pour que la Cochenille, une fois fixée par sa trompe, trouve à l’endroit qu'elle a choisi et qu'elle ne doit plus abandonner pendant tout le cours de son existence une abondante et régulière ali- mentation; ensuite que l’épiderme de ces articles soit assez tendre et assez uniforme sur toute son étendue pour que l’In- secte se répartisse le plus régulièrement possible, de façon à économiser la place et à profiter de toutes les réserves alimen- taires contenues dans la plante nourricière. Enfin une condition essentielle pour un Nopal servant à nourrir la Cochenille domestique est de. ne pas rester trop épuisé par une récolte. Le fait d'un bon Nopal est de reprendre sa vigueur après chaque récolle, il doit en plus pouvoir résister à de nombreux élevages sans que l’on soit obligé de refaire sa plantation. Une nopalerie consiste en un enclos dans lequel on a planté symétriquement une certaine quantité de Nopals cochenilli- coles. Pour préserver la Cochenille des ardeurs du soleil et de la pluie qui sont tous deux funestes à l’Insecte, on dispose au- dessus de la plantation des abris qui consistent soit en une toiture permanente faite de branchages, soit en des couver- tures de toiles ou de paillassons que l’on peut enlever ou replacer à volonté; ce dernier système d’abris estemployé sur- tout pendant la saison des pluies afin d’aérer et de dessécher rapidement la plantation. Lorsque l’on veut pratiquer l'ensemencement de la Coche- nille sur les articles des Nopals, on récolte des Cochenilles au moment de la ponte et on les enferme dans des étuis de paille garnis de feuilles de tillandzias; les Cochenilles sont vivi- pares ; les jeunes, à leur naissance, se répandent sur la gar- niture des étuis; il ne reste plus alors qu'à fixer ces étuis sur les articles de Nopals; les jeunes Cochenilles ne tardent pas à 334 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION sortir des étuis et se répandent sur la surface des articles où elles se fixent aux endroits qui leur conviennent. La durée de la croissance de la Cochenille est d'environ quatre mois; on reconnaît qu'elles sont bonnes à être recueii- lies lorsque quelques-unes commencent à pondre; on débarrasse alors les Nopals en arrachant les Cochenilles à l’aide d'une sorte de brosse nommée Zilhuastle, puis on les tue soit par la chaleur sèche, soit par l’eau bouillante. Pendant tout le développement de la Cochenille le nopalero est astreint à un soin constant et quotidien ; deux ou trois fois par jour, il doit faire un minutieux examen de sa nopalerie, afin de l’entretenir le plus proprement possible et d’en éliminer les parasites qui constamment s’attaquent soit à la Cochenille, soit aux Nopals. Les Cochenilles muent quatre fois pendant leur développe- ment; à chaque mue, on est obligé de pratiquer un nettoyage méticuleux afin de débarrasser les Insectes des débris de mues qui pourraient servir de repaire aux parasites. Ce nettoyage se fait à l'aide d’un plumeau fait avec la queue d’une Moufette. Tous ces soins de nopaleries sont très délicats et occupent constamment ceux qui en sont chargés ; une nopalerie négligée ne tarderait pas à être infestée par les parasites et les récoltes de Cochenilles seraient alors compromises. SUR LES POSSIBILITÉS DE CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE par M. BRET, , Sous-inspecteur d'Agriculture à la Côte d'Ivoire. (Suite et fin) (1). QUALITÉ pu CAOUTCHOUC DU FUNTUMIA DE CULTURE. Dans l'Expansion coloniale, n° 33, du 1% août 1910, M. Fame- chon, chef du service économique de l’Afrique Equatoriale française, cite l’opinion suivante d’un expert de Hambourg : « Certes les caoutchoucs de plantation qni proviennent principalement de Ceylan et des Straits Settlements consti- tuent par les soins apportés à leur préparation un produit de choix et ils peuvent être employés par l'industrie presque sans épuration ; mais les caoutchoucs « sauvages » ont sur ceux-ci une énorme supériorité, ils sont plus élastiques, plus vivants, si cette expression peut être employée. Ils seront donc pré- férés malgré une préparation moins bonne, pour tous les usages où un produit fort et résistant est nécessaire. » Cette opinion fréquemment émise par les personnes les plus autorisées, depuis l'extension des peuplements d'Hevea, ne paraît pas devoir s'appliquer au caoutchouc de Funtfumia, planté er Afrique. Nous avons bien constaté à Dabou, à Tiassalé, que la téna- cité des caoutchoucs fourni par des Hevea existant en ces points laissait souvent à désirer. Par contre, tout le caoutchouc extrait des jeunes Funtumia cultivés présentait une élasticité et une ténacité Comparables au caoutchouc de Funtumia de forêt, et bien supérieures au caout- chouc de jeunes Hevea de culture. Or, l’on sait que le caoutchouc de Funtumia bien préparé a souvent été assimilé par des personnes compétentes au Para fin. À ce sujet voici ce que dit M. A. Chevalier dans une note intitulée : L'avenir du Funtumia elastica Stapf (2) : (4) V. Bull. des 1er et 15 avril et des 1er et 15 mai 1914. (2) Extrait du volume des Comples rendus de l'Association française pour l'avancement des sciences. Congrès de Clermont-Ferrand, 1908. 336 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION « Dès la dixième année le Funtumia peut produire environ 500 grammes de caoutchouc de grande valeur. En coagulant le latex par la chaleur on obtient 34 à 36 p. 100 de produit sec dont la qualité est tout à fait comparable à celle de la gomme d'Hevea le plus apprécié de tous les caoutchoucs. « Ce caoutchouc de #untumia, comme l’a reconnu M. Michelin, : accroît ses qualités en vieillissant; employé dix-huit mois après sa préparation, il a acquis une plus grande valeur. » C'est donc un nouvel avantage du #untumia de fournir dès cinq à six ans, à l'inverse de l’Hevea, un caoutchouc de toute première valeur. Ce fait peut tenir à plusieurs causes : pour l'Hevea on peut y voir une conséquence de l’acclimatement; le Funtumia restant, au contraire, sur son terroir, on peut plutôt penser à nouveau à des différences d'ordre physiologique entre deux plantes très éloignées par leurs caractères botaniques. Saisons propices aux saignées. — Dans les expériences décrites plus haut, il n’a été tenu aucun compte des influences saisonnières qui ne sont cependant pas sans intervenir chez une espèce où l’on escompte la fluidité du latex. Nous avons opéré à la fin du mois d’août, c’est-à-dire à la fin de la grande saison des pluies qui a été très tardive cette année. Des expériences devraient être poursuivies durant le temps nécessaire sur cette queslion. Age propice aux premières saignées. — Il ne paraît pas queles arbres de la plantation de Tiassalé étaient trop jeunes pour être saignés, mais il y a lieu de supposer que des saignées faites l’année précédente auraient été prématurées. Ceci nous indique la sixième année comme favorable à la première exploitation. Mais pas plus que pour l'Hevea, l’âge ne peut indiquer d’une facon exacte l'époque propice aux premières saignées. Le véritable guide, dans ce cas, serait le développement pris par les arbres, notamment les dimensions du tronc. DiMENSIONS DU FUNTUMIA EN CULTURE. Les Funtumia que nous avons pu observer à Tiassalé, s'étant développés sans l’ombrage d’essences forestières, n'ont pas alteint de grandes dimensions en hauteur; ils sont restés CULTURE DU © FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 337 trapus, notamment ceux qui sont bifurqués et ont de 8 à 12 mètres de hauteur totale. Voici quelques circonférences prises sur cette plantation. 10 Arbres à tronc unique. Circonférence : à la base, 0,53 à 1 mètre du sol, 0,435 — — 0,60 — 0,48 — — 0,495 — 0,41 — — 0,4% — 0,335 — — 0,545 — 0,43 css nt 0,46 — 0,385 — — 0,56 — 0,38 20 Arbres à plusieurs troncs. GIACORNÉRENCE UE Ne ee à ia Pare la bifurcation tiges des tiges secondaires au-dessus du sol. secondaires. à 1 mètre du sol. 0,555 0,710 2 0,35 0,66 An 2 0,38 0,54 0,75 2 0,3d 0,64 0,30 : 2 : 0,41 0,66 0,50 D 0,40 0,55 0,50 2 0,38 On constate aisément par ces chiffres, l'avantage des troncs bifurqués qui présentent une bien plus grande surface à inciser que les arbres à tronc unique. Ces mensurations amènent encore une autre remarque qui a son importance en ce qui concerne le mode de culture à adopter pour le Funtumia. On admet, en effet, et c’est l'avis de M. Farrenc qui a étudié l'essence en forêt, que la circonférence du tronc d'un #untumia elastica végétant naturellement est de 0260 environ à l’âge de dix ans; mais, ce même tronc s'élève à une grande hauteur sans ramification. En comparant ce chiffre avec ceux qui précèdent, on trouve que la plantation à décou- vert est favorable aux saignées méthodiques en permettant d'obtenir un tronc beaucoup plus fort, quoique moins élevé. L'épaisseur des écorces chez les Funtumia jeunes est de 2 à 3 millimètres. M. Luc, dans sa brochure sur le Funtumia elastica cite pour Brazzaville des Funtumia plantés au jardin d'essais ayant en moyenne 0"12 de diamètre à 1 mètre du sol, soit plus de 035 de circonférence, à l’âge de quatre ans. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 22 338 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION D'importantes plantations de Funtumia ont été faites an Congo belge. D'après les rapports officiels, des arbres de sept ans mesurent à Eala : CIRCONFÉRENCE BAUTEUR A Base. A 1 mètre. RSR mL 0 Dr Ex 0 _84 0,73 DATA Le La CNERE SE 0,71 0.66 MALADE EURE TIC Ed AR 0,78 0,61 ADD ue eee Date 0.68 0.63 A Nouvelle-Anvers. des arbres de neuf à dix ans mesurent : CIRCONFÉRENCE HAUTEUR | Base. À 1 mètre. MARNE. ue. cs LCR Æ 1,09 1,03 Mr (D SAR Ro LE ES Lx NE 0.88 à 0,77 LR 7 PRET CT 1.03 0.87 BAT c'e ÉELTe 1.09 1.06 2 LONDRES Re à 4 » 1,08 Tous ces chiffres concordent bien entre eux et en particulier avec ceux qui ont été relevés à Tiassalé. Ils montrent qu'une vaste zone de l'Afrique tropicale est favorable à l'extension de la culture du Funtumia. Avantages du Funtumia pour la plantation en Afrique. — Nous avons déjà vu la supériorité qui résultait pour le Funtumia du fait de pouvoir donner du caoutchouc à un prix de revient moindre par l'économie de main-d'œuvre et de la faculté de donner précocement, un caoutchouc ayant loutes les qualités du caoutchouc sauvage. Indépendamment de ces avantages, il en est d'autres, moindres, qui dans la vie économique d'une plantation sont également importants. La faculté de trouver sur place des semences en aussi grande quantité que l'on voudra est très appréciable dans ce sens. De plus, il semble que les maladies soient moins à craindre que chez une espèce importée. Nous avons cependant observé comme parasite une Fumagine, mais on sâit que les champi- gnons uniquement épiphytes des Fumagines ne constituent pas à proprement parler une maladie et sont peu nuisibles. CULTURE DU « FUNTUMIA ELASTICA » EN AFRIQUE OCCIDENTALE 339 On oppose en faveur de l'Hevea : 1° La grande différence de rendements totaux annuels. Or, il est facile de s’en convaincre lorsque l’on traite côte à côte des Funtumia et des Hevea et nous avons d’ailleurs essayé de le montrer, cette différence est toute ficlive puisque, au contraire, l'avantage du faible prix de revient, semble revenir au caout- chouc de Funtumia ; 2° La moindrerésistance du Funtumia aux blessures, laquelle se manifeste bien lorsque le Funtumia est exploité par des. indigènes cherchant à retirer de chaque arbre la totalité du latex, à de fréquents moments de l’année, mais ne paraît plus. à craindre si, par des méthodes rationnelles, on arrive à obte- nir le maximum de rendement avec des saignées restreintes. Il semble, par suite, que l’on puisse conclure : eu égard aux rendements, à leur précocité et au prix de revient du produit comme à sa qualité, le Funtumia est l'arbre le meilleur à cul- tiver sur une grande partie du territoire de la Côte d'Ivoire et l’on doit le préférer à l’Æevea qui présente plus d'’aléas. Mais ce n’est pas encore une certitude et les données que. nous avons pu recueillir en six Jours, devront nécessairement être vérifiées et complétées, à l’intérieur comme à l'extérieur de la colonie. sd Li | È 3 1 ; 3 1 | EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS = SECTION. — MAMMIFÈRES Sous-section d'Études caprines.) SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1911 Présidence de M. le comte d Orfeuille, président. Lecture est faite du procès-verbal de la séance du 27 janvier dont les termes sont approuvés sans observation. Il est donné communication d'un rapport que M. de Gont- charoff, chambellan de $S. M. l'empereur de Russie, président de la Société impériale d’Aviculture rurale de Russie, a bien voulu adresser à la Société d'Acclimaiation. à l'effet de rendre compte des résultats d'une Exposition qui a eu lieu à Moscou, le 10 novembre 1910, et à laquelle des Chèvres ont été admises à figurer. Dix-huit exposants ont pris part au concours en présentant soixante-deux Caprins répartis en six lots, de races ou variétés. Cest pour la sixième fois que les Chèvres sont appelées à participer à l'Exposition annuelle de Moscou. En 1904, il n'y avait que 2 sujets; en 1905, 6; eu 1907, 13; en 1908, 15 ; en 1909, 29 ; et en 1910, 62. M. de Gontcharoff, qui a été le promoteur de la Chèvre en Russie, se félicite à bon droit des progrès réalisés sur le domaine de cette espèce domestique, et fait à la Société natio- nale d’'Acclimatation l'honneur de prendre ses inspiralions dans les publications de cette Société. Cette tendance bienveillante s'est manifestée en toute évi- dence dans les jugements du jury de Moscou. Autrement, on ne pourrait expliquer que la grande médaille d'or de la Société impériale d'Aviculture rurale de Russie ait été décernée à trois Chèvres de race alpine, de provenance francaise, et le prix de cette même Société à deux Chèvres de Nubie achetées dans un élevage caprin de France. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 341 Ces cinq animaux appartiennent à M Marie Mamontoff, femme d’un ingénieur du chemin de fer Nicolas, à Moscou, qui les a fait venir de France au cours de l'été 1910. Les distinctions accordées aux Chèvres d’origine francaise sont d'autant plus significatives que celles-ci étaient en con- currence avec un fort lot de Chèvres de même race de la variété blanche dile de Saanen (Suisse). Ce troupeau de Saanen comprenait 38 têles : 4 sujets étaient nés en Russie, 15 prove- naient d'importation allemande et 19 avaient été achetés en Suisse au centre d’origine de cette variété. Aucune Chèvre russe ou Chèvre russe améliorée ne fut primée. Les amateurs russes, très intéressés, dans le principe, par les Chèvres de robe blanche importées d'Allemagne et de Suisse, sont en train de se raviser. Dans le rapport de M. de Gontcharoff la question se pose de savoir pourquoi le choix du publie russe s’est porté plutôt sur les sujets blancs que sur ceux de robe foncée. On s'était laissé prendre, évidemment, à des affirmations, reconnues depuis comme inexactes, à savoir que les Chèvres blanches constituaient une race spéciale. L'erreur est si bien comprise aujourd'hui que la couleur de robe n’a pas été envisagée lors du dernier concours, et que les plus hautes récompenses sont allées à des Alpines polychromes. D'ailleurs, M%° Mamontoff a tenu à ce que les Chèvres qu'on lui a envoyées de France ne fussent pas toutes blanches, allé- guant sa présomption que les animaux de cette robe auraient été plus atteints que les autres par les épizooties qui ont régné en Russie en ces dernières années. Le secrétaire fait remarquer que M®° Mamontoff, qui s’est fait recevoir membre de la Sociélé nationale d'Acclimatation, est une précieuse recrue pour la Section d'Études caprines. Cette dame ne se borne pas à aimer les Chèvres comme bêtes de luxe et d'agrément ; elle apprécie surtout cette espèce ani- male au point de vue des résultats économiques et humani- taires que sa culture pourra déterminer. Elle a communiqué un croquis fort intéressant de l'installa- tion de ses Chèvres. Celles-ci sont logées dans une écurie spa- cieuse bien éclairée et bien aérée. Comme les hivers sont très rigoureux à Moscou, les portes d'entrée sont munies de contre-portes empêchant l'air frais de pénétrer tout d'un coup et directement sur les animaux. 342 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Un poêle, chauffé par les grands froids, ne permet pas à la température de s’abaisser au-dessous de 6 à 10 degrés Réaumur. Les Chèvres sont dans des stalles; dans la paroi du fond de chaque stalle est pratiquée une ouverture par laquelle chaque animal passe la tête pour manger à un ratelier ou dans une mangeoire situés en dehors de l'aire de la stalle. Cette dispo- sition a pour avantage d'empêcher la bête de jeter du fourrage sous ses pieds, de gâcher de la nourriture ; celle-ci restant hors du contact du fumier, ne peut être souillée et reste comestible pour l'animal. La partie supérieure des séparations est munie de baguettes de fer, afin que les animaux voient leurs congénères et n'aient pas l'impression d'être encagés, ce qui déplait beaucoup à la Chèvre qui aime à s'élever et à dominer l’espace autour d'elle. Le plancher sur lequel posent les bêtes est en bois; les planches qui le forment sont épaisses et non ajustées, afin de laisser des rainures par où passe l'urine qui s'écoule sur le sol de dessous et va s'amasser dans un puisard à purin où vont également les eaux de lavage. Ce sol de dessous est en ciment et affecte les pentes nécessaires pour l'écoulement des liquides. Le plafond est fait soigneusement et n'offre aucune fissure pour l’échappement de l'air chaud et des odeurs. Celles-ci ne doivent pas pénétrer dans le grenier où est emmagasiné le fourrage que les Chèvres ne mangeraient pas s’il était imprégné d'émanations malodorantes. L'aération du local se fait par deux ventilateurs qui fonc- tionnent parfaitement. De grandes fenêtres, disposées sur les facades orientées à l'est et au sud, inondent le local de lumière. Le toit est en fer. M'* Ribard de Cazilhac font part à la Section d'Études caprines des renseignements qu’elles se sont procurés dans le département de l'Hérault sur la propagation de la fièvre de Malte. Elles rappellent d’abord comment cette épidémie à sévi à Saint-Martial, Sumène, Saint-Romans de Corbières, où 206 cas ont été signalés et traités par le D' Cantaloub, de Sumène (Gard). Elle affectait les symptômes du rhumatisme aigu et de la fièvre typhoïde et a déterminé la mort dans 10 cas sur 100. Il n'est pas douteux que la Chèvre ait été un des principaux EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 343 véhicules de cette contagion. Elle peut, paraît-il, quoique malade, donner du lait, et c'est ce lait contaminé qui inoculerait la maladie. On s’est apercu que les Chèvres étaient atteintes du mal en les voyant avorter dans les maisons où la maladie régnait. Il faut ajouter qu’il est tout aussi certain que la maladie est communiquée à la Chèvre par l’homme qu'il peut être certain que l’homme prend la maladie de la Chèvre. D'ailleurs, tous les animaux peuvent être atteints de fièvre de Malte, même les Lapins, les Cobayes et les Poules. Donc, qualifier cette maladie de fièvre caprine serait une absurdité dans toute l’acception du mot. Mi Ribard rapportent qu'un médecin leur a appris que le Micrococcus melitensis meurt sous l'influence de la sécheresse et à l'exposition directe des rayons solaires. Sa vie se prolonge dans les poussières, les habillements, les urines et surtout le lait. Tous les excreta d'individus malades, même la sueur, sont contagieux. C’est ainsi que le fumier provenant d'animaux atteints, de même que les matières excrémenteuses de l'homme malade, peuvent contaminer les fruits et les légumes poussés à la faveur et au contact de ces engrais dangereux. Il suffit d’ailleurs de soumettre les aliments suspects à une température de 60 degrés, disent certains praticiens, pour avoir raison du microbe mélitésien. Une particularité intéressante à noter, c’est qu’on n’a pas pu conserver ce microorganisme dans le vin. Ce liquide pour ce germe est un microbicide parfait. Donc, la bonne habitude de macérer les fromages secs pendant plusieurs jours dans l'al- cool avant de les consommer est un procédé à généraliser. Le microbe mélitésien pullule, est en effervescence et étend ses ravages particulièrement dans le Gard et l'Hérault. Il y a des cas assez nombreux dans les Bouches-du-Rhône. le Var, les Alpes-Maritimes, la Drôme, l’Aude, la Somme et tout dernière- ment dans l'Aveyron et l'Isère. Quant à l'introduction de la maladie en France, le général Laporte, dans un discours prononcé au concours du Comice agricole du Vigan (Gard), le 1i septembre 1910, demandait au Comice de faire des démarches auprès des pouvoirs publics pour solliciter des mesures et en particulier l'interdiction de l'introduction des Chèvres étrangères. Cette mesure a été prise en Tunisie. Le général Laporte aurait ajouté : « Certes, l’impor- 344 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION tation des Chèvres de Malte, de Syrie et de Serbie a été consi- dérable, voici un journal où on lit ce titre : « 4.500.000 Chèvres importées de Palestine ». On raconte qu'un industriel des environs de Marseille a fait venir des Chèvres maltaises par plein bâtiment et les a répan- dues dans tout le Midi. M. Crepin fait remarquer à ce sujet que ces importations grandioses de Chèvres étrangères, souventexotiques à non seu- lement empoisonné la France de fièvre de Malte, mais l’a encore encombrée d'animaux la plupart du temps sans aucune valeur, bien que l’étiquette fût celle des grandes races. Il y a dans le Midi des individus qui se livrent au commerce des Chèvres sans compétence ni discernement, mais avec le seul souci de faire d'excellentes affaires. De nombreuses doléances provenant de personnes trompées et mystifiées arrivent au Secrétaire de la Section d'Etudes caprines, qui a beaucoup de mal à faire comprendre à tous ces désabusés que si leurs ani- maux ne donnent aucun résultat, ce n’est pas parce que telle ou telle race en cause ne vaut pas sa réputation, mais parce que les animaux fournis par les maquignons du Midi ne sont pas de la qualité annoncée : ce sont la plupart du temps des biques incohérentes ayant tant bien que mal les caractères extérieurs les plus apparents de la Maltaisie, de la Nubienne, de la Syrienne, mais en ayant perdu les quaiités par des croisements avec des sujets abâtardis et de qualité inférieure. À propos de la fièvre de Malte, M. Crepin rend compte d’une longue entrevue qu’il a eue à ce sujetavec:M.le professeur Vin- cent, du Val-de-Gräce, membre de l’Académie de médecine, et auteur d’un vaccin contre la fièvre de Malte. Les expériences faites avec ce vaccin sur des Chèvres du Jardin des Plantes ont été des plus concluantes et le succès complet de ce savant pra- ticien ne fait aucun doute dans l’esprit de M. Crepin. Le D" Vin- cent a d'ailleurs fait des découvertes en pathologie micro- bienne qui l'ont classé parmi les grands maîtres de la science médicale. La vaccination contre la fièvre de Malte, suivant la méthode de Vincent, est certainement une mesure à généra- liser ; elle serait en tout cas d’un effet moral considérable. M. Bertone, directeur de la ferme Saint-James à Paris, ques- tionné sur le tort qu'a pu lui causer, dans l'exploitation de son troupeau de Chèvres, les nombreux articles parus en ces der- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 345 niers temps sur le lait de Chèvreet la fièvre de Malte, s'exprime comme il suit : « J'ai lu, en effet, quelques articles de journaux sur la fièvre de Malte, mais étant fort des services que la Chèvre peut rendre auprès des quelques défauts que l’on peut lui trouver, toutes discussions autour d’elle ne peuvent que profiter à sa cause.On s'intéressera à elle, elle aura ses détracteurs et ses partisans, plus la discussion sera vive, mieux cela vaudra; il y aura tou- jours les faits qui prouverout en sa faveur. Cette campagne ne nous à fait aucun tort. » M. Bertone conclut en faisant connaître qu'il soumettrait volontiers ses Chèvres à l'épreuve du vaccin, non pas qu'il craigne la fièvre de Malte pour ses animaux, mais afin de se donner à sa clientèle une plus grande somme de garantie et d’écarter tout soupcon des produits de la maison. M. Georges Leroy fait parvenir ses remerciements à la Section d'Etudes caprines pour la médaille de 2° classe que lui a décerné la Société Nationale d’Acclimatation. Cette distinction lui est un grand encouragement pour continuer à donner tous ses soins à l'élevage de la Chèvre, qu'il qualifie de véritable caisse d'épargne. A cette occasion, ilreprend ses communications intéressantes sur la productivité de la Chèvre. Il vend son lait la modique somme de 0 fr. 22 le litre, ce qui produit entre ses mains 184 fr. 80 par tête de Chèvre. Nourris- sant ses animaux dans les meilleures conditions pour les pousser au lait, il arrive à faire donrer à chaque laitière 840 litres de lait en moyenne par an. Tous ses frais quelconques portent sa dépense à 102 francs par an par tête, mais chaque animal lui procure de la sorte un bénéfice net de 82 francs par an. Pas un animal de la ferme ne parait pouvoir donner ce résultat. Si la valeur zootechnique et les besoins de la Vache représentent six fois la Chèvre, ilfaudrait que la Vache dépasse 5.000 litres par an pour produire autant qu’une bonne Chèvre; or, il n'existe pas dans la nature une Vache capable de donner du lait à cette quantité-là. Les expériences de M. Leroy portent sur des Chèvres âgées de cinq à six ans; plus jeunes, elles n'ont pas tout leur déve- loppement ni tous leurs moyens. 346 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Pendant cent vingt jours, du 45 octobre au 15 février, ses Chèvres recoivent chacune la ration À indiquée ci-après : Ration A : 2.000 grammes de luzerné sèche, 2° coupe. 750 — ou 1 litre de maïs. #.000 + de carotte rouge. 250 — de son de blé fin. A partir du 15 février et pendant soixante jours, il leur donne la ration B qui comprend par tête et par jour : Ration B : 1.000 grammes de luzerne sèche, 2° coupe. 416 — ou 1 litre d'avoine blanche triée. 4.000 — de carotte rouge. 250 — de son de froment fin. Enfin, pendant les cent quatre-vingts jours suivants, il dis- tribue la ration C qui comprend par tête et par jour : Ration C : 800 grammes de sainfoin sec. 750 _ ou 1 litre de maïs. 7.000 _ de luzerne verte prête à fleurir. 500 — de son fin de froment. Il est bien entendu qu'il faut toujours donner tous ces soins pour que les Chèvres boivent, c'est essentiel pour obtenir un bon produitetles maintenir en bon état de santé. Il faut qu’elles boivent deux fois par jour au moins. Il importe également qu'elles aient un peu de sel tous les Jours. Une installation à l'abri de toute humidité, claire et aérée, puis une nourriture de bonne qualité, ces conditions, suivant l'expression de M. Leroy, sont les deux pieds du succès. Voici comment M. Leroy détaille ses dépenses. Pour nourrir une Chèvre d’un gros poids, il faut : 1° 3735 mètres carrés de luzerne rendant à l’are tant en foin qu'en regain, 80 kilogr. de produit. Le mètre à raison de 0 fr. 028 et 375 m. X 0 fr. 028. 10 fr. 50 29 365 mètres carrés de sainfoin, rendant à l’are en moyenne 53 kilogr. de produit, toujours à raison de 0 fr. 028 le mètre et 365 m. xX 0 fr. 028. . , . 10 fr. 25 1 [313 A reporter : 20 fr. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 9347 Report : 360 mètres carrés de luzerne verte, rendant à l’are en moyenne 350 kilogr. vert, soit à 0 fr. 028 et 360 m. > COR 0280: Ë 49 Du maïs produit à raison de 23 ere à l'éne avec un prix de revient.de 0 fr. 032 au mètre et coùû- tant pour la nourriture d’une année . - 5° Des carottes produites à raison de # Rome au mètre et au prix de revient de 0 fr. 032 au mètre . 6° Del’avoine achetée dans le pays à 0 fr. 16 le kilogr. pour 25 kilogr. Se 7° Du son au prix de 0 fr. 45. le Ro : [=] 3 Total. A ces 92 fr. 25 que coûtera la nourriture de la Chèvre qui produira par an 840 litres de lait, ajoutons la somme de 10 fr. de location pour représenter son logement, nous trouverons ainsi une dépense annuelle de . Ke Le lait produira 840 1. a 0 # 22. Il restera donc un bénéfice net de. » . Un homme peut soigner sans aucun effort 50 Chèvres qui représentent 8 Vaches. Son bénéfice pour entretenir et soigner 50 nn sera donc de (50 X 82,55) . En admettant que ces Chèvres lui cran te une mise de fonds de 108 fr. par tête pour achat soit . En amortissant ce capital en 10 ans (et les Chèvres produisant bien au delà de l’âge de 15 ans), il devra affecter à cet objet 500 fr. par an et aura encaissé un bénéfice complet et absolu (4.127 fr. 50 — 500 fr.) RSommeEndtens cn Pet (en ss rt 20 fr. A0Nfr: Sjile VDS 102%1r 82 fr. SAODHRIT: Ce qui est un joli gain pour un homme de la campagne. mr 19 10 19 ot La parole est à M. Crepin pour traiter la question à l’ordre du jour qui est l’élevage de la Chèvre au Soudan. Cette communication fera l’objet d’un article spécial inséré au bulletin. Le Secrétaire, J. CREPIN. > ges LE PES Feet LEA re 34S BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION JI° SECTION. — ORNITHOLOGIE. — AVICULTURE SÉANCE DU 6 mars 1911 Présidence de M. Magaud d'Aubusson, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le président est heureux de rappeler les noms de ceux de nos collègues qui ont obtenu des récompenses à notre dernière séance solennelle, mais il commet un oubli, aussitôt réparé par M. Debreuil. M. Magaud d’Aubusson a en effet recu les palmes d’officier d'Académie, et tous les membres de la Section d’orni- thologie lui adressent leurs chaleureuses félicitations. M. Debreuil communique une lettre de M. le D' Louis Bureau, le remerciant des renseignements si précis quil lui a donnés sur le département .de Seine-et-Marne, au sujet de la Perdrix rouge. Tous autres renseignements seront bien accueillis, car il est bon d’être bien documenté sur la région parisienne. En somme, la Perdrix rouge existait jadis, à l’état sauvage, en Seine-et-Marne, principalement au sud de la Seine, comme le dit de Sinety; mais elle en a disparu et le défrichement des Vignes n'y est peut-être pas étranger. Aujourd'hui on l'y main- tient à grand peine par l'élevage. C’est toujours ainsi que les choses se sont passées au nord de la limite actuelle de la Perdrix rouge: partout cette espèce a un peu reculé vers le sud. M. le D’ Bureau commence à être bien documenté sur la plus grande partie de la France, el sa carte prend une curieuse physionomie. Le plus difficile est d'être bien renseigné sur les questions d'altitude pour les deux espèces dans les différents massifs montagneux : Vosges, Jura, Alpes, Plateau central, Pyrénées. M. Bureau n'arrive pas malheureusement à se mettre en relation avec de bons correspondants pour un groupe de départements du sud du Plateau central : Corrèze, Dordogne, Lot-et-Garonne, Lot, Haute-Loire, Lozère, Aveyron, Tarn. Peut- être aura-t-il quelques adresses par la Société d’Acclimatation, sinon, notre collègue a dès à présent trouvé le moyen de vaincre bravement la difficulté : son chien et lui prendront un EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 349 billet circulaire pour ces régions retirées, où ils feront leur enquête sur place. C'est avec un vif plaisir que la Section d'ornithologie a appris que notre si zélé collègue M. Pierre-Amédée Pichot vient d'obtenir, au Concours général agricole, le prix d'honneur, avec un objet d'art, pour un Coq Bantam doré et deux Poules. C'est la première fois que les races naines ont les honneurs de la grande cage. Le petit Coq exposé et ses Poules sont d’ailleurs de véritables modèles de race et de distinction, et, en applaudissant au succès de notre collègue, nous espérons que son exemple sera suivi et que ces charmants Oiseaux reprendront la place qu'ils méritent et qu’ils n'auraient jamais dû perdre dans les élevages d'amateurs. Ceux d’entre nous qui suivent d'une manière assidue les séances si intéressantes de la Section d’études caprines sont malheureusement au courant du fléau qui à nom la strongylose, et dont l’un de nous pourrait, hélas! vous parler avec une grande expérience. Du reste, la Chèvre n’est pas la seule victime parmi les Ruminants; si cela continue, la population ovine est menacée de disparaitre en Seine-et-Marne et probablement ailleurs, et ces jours derniers les journaux nous apprenaient la mort de nombreux Cerfs à Chantilly. Mais il y a pis encore, car une lettre de M. Rossignol, de Melun, nous fait savoir que le gibier à plume, ainsi que nos basses-cours ne sont pas épargnés par le terrible fléau. Celle de M. Rossignol à payé un large tribut : beaucoup de Poulets de deux à trois mois sont . morts et il en reste encore quelques-uns qui ne sont pas brillants ; l’autopsie a démontré qu’il s'agissait de parasites, et M. Lucet a pu déterminer les Strongles en question, ce sont des Trichosomes. Les Lapins de M. Rossignol ayant été également attaqués, il a fait semer du sel sur toutes ses bordures de Pimprenelle, coupées à ras, ainsi que sur ses bordures de Chicorée. M. Railliet pense, en effet, que le sel tue les œufs des Strongles. M. Rossignol espère un bon résultat de la précaution prise par M. Debreuil, qui a saupoudré le sol de ses parquets avec du sulfate de fer et quinze jours plus tard avec du sel dénaturé; ce traitement aura pu avoir raison des œufs qui doivents’y trouver à foison. Le sel dénaturé ne renferme aucun élément nuisible, CAN AE CN 1 VE 350 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION puisqu'on le donne aux animaux: op emploie comme dénatu- rants la poudre d'absinthe, le tourteau, etc., ele. M. Debreuil entretient la seclion de deux mémoires, que lui a adressés M. le professeur Blandenier, d'Alexandrie d'Egypte. Le premier a pour sujet la nourriture du Moineau domes- tique, Passer domesticus. Comme conclusion de ses recherches, l'auteur affirme que cet animal est essentiellement granivore et ne devient insectivore qu occasionnellement. lorsque la néces- sité l'y oblige. Il a un faible pour les jeunes plantes et les fruits ou baies délicates, comme le raisin par exemple, et de ce fait il exerce de grands ravages dans les jeunes semis quil dévore dans leur premier développement, quand ils ne sont pas pro- tégés à cet effet, et dans les jardins potagers. Iln'est pas moins nuisible par la grande quantité de graines de céréales qu'il consomme dans les campagnes au temps de la moisson, surtout lorsqu'il s'en forme des vols considérables. Comme il est extrémement hardi et vorace, il constitue, à cette époque, un véritable ennemi de l’agriculture. Le second travail de M. Blandenier est une note sur treize espèces d'Oiseaux:; leur présence dans la banlieue d'Alexandrie pendant les mois de juillet et d'août 1909 prouve qu'un certain nombre de ces volatiles reste pendant l'été en Afrique, au lieu de revenir en Europe. Voici les noms de ces treize espèces : Petrocincle de roche, Pie grièche rousse, Traquet stapazin, Traquet oreillard, Traquet motteux, Pipi richard, Étourneau, Bruant proyer, Pouillot véloce, Pouillot polygotte, Martin pécheur, Linot, Alouette calandrelle. M. Magaud d'Aubusson donne lecture d'une lettre de M. de Chapel sur le Parus cyanus. Personnellement, il ne l'a jamais rencontré, mais cet Oiseau ügure à Nimes dans la collection d'Oiseaux du pays, de M. Clément. C'est ce dernier qui avait prêté le sujet qui figure dans les planches coloriées de M. de Chapel: il le disait rare, mais capturé dans la région. M. Pierre-Amédée Pichot fait une très intéressante commu- nication sur les tentatives faites en vue de sauver de la destruc- tion la Paradisea apoda. Un Anglais, sir William Ingram, a acheté, dans les Antilles, la petite Tabago, île d'une étendue de 400 acres, environ 200 hectares. Une cinquantaine d'Apodes, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 351 rapportés de l'ile d’Aru par les collecteurs de sir William Ingram, MM. Goodfellow et Frost, furent lâchés dans l'île, à la fin de septembre 1909, et confiés à un matelot suisse, Robert Hérold, qui envoie des rapports mensuels. Ces Oiseaux ne s'éloignèrent pas d’abord de la tente du campement, mais, à la fin de décembre 1909, ils se sont répandus dans les grands bois. Ils se nourrissent des fruits du Papayer, Carica papaya, des baies de la Cerise sauvage, des Palmiers et des Pruniers; ils mangent aussi des Insectes, et attaquent les nids des petits Oiseaux, dont ils dévorent les œufs et les jeunes. On leur fournit de l’eau pour boire. Ils ne touchent pas aux bananes. A la fin de décembre, on a trouvé deux Apodes se battant; l’un est mort, les entrailles déchirées, et l’autre, après avoir été pansé, a été remis en liberté. Deux autres sont morts sous le bois et un troisième également, qui avait été repris en mauvais état. Maintenant qu'ils sont répandus dans les grands massifs, il est difficile de les compter. Les Oiseaux de proiene paraissent pas les avoir jamais attaqués, et ils n’ont aucun danger à courir de la part des bêtes fauves et des Serpents, qui n'existent pas. Personne n’est admis dans l’île, sauf quelques personnages officiels. Les Apodes de la petite Tabago n’ont pas encore changé de plumage, mais ils commencent à danser, signe avant-coureur des amours. On comprend tout l'intérêt qu'offre, au point de vue des modifications qui pourront se produire à la longue, cette transplantation sous un autre hémisphère. M. Pichot donne ensuite une curieuse description de l'expo- sition d'Oiseaux autochtones qui vient d’avoir lieu à Londres, et où une place était réservée aux hybrides. M. Chappellier met sous les yeux de ses collègues un modèle de nichoirs en carton. Parlant ensuite de la question des récompenses à accorder aux enfants des écoles pour leurs petits travaux d'Histoire naturelle, il en prend oceasion pour signaler le zèle intelligent de l’instituteur de Bougny (Loiret). L'étranger n’est pas demeuré insensible en face de notre projet et nous sommes heureux de pouvoir traduire ici le « Rapport pour 1910 », que nous devons à la complaisance de M. Chappellier, et qui a dû être présenté, le 7 mars, à la réunion annuelle de la Royal Society for the Protection of Birds : « Étude de la nature en France. Un nouveau plan pour l'étude Ton De AO. , CARE ie COR EE AE Us ait RADAR ca 352 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION de la vie animale et végétale dans les écoles primaires de France a été formulé par la Société nationale d’Acclimatation, qui nous a fait le grand honneur de prendre l’organisation de l'Oiseau et de l’Arbre pour modèle. D'intéressants articles sur le sujet ont paru dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation (septembre 1910); ils sont de M. Pierre-Amédée Pichot, à qui est due l'initiative du plan. Le « Chenil » en a également parlé dans son numéro de février 1910, et plusieurs essais écrits pour les concours d'Oiseau et Arbre tenus en Angleterre ont eu l'honneur d’être lus et déclarés « charmants » par les savants de France. » M. Magaud d’Aubusson, après avoir raconté une visite à la collection d'Oiseaux chanteurs de M. Alexandropoulos, lit un travail, qui sera imprimé au Bulletin et a pour sujet « l’Accli- matation du Cupidon des prairies, Cupidonia Cupido ». Le Secrétaire, COMTE D'ORFEUILLE. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. des disponibilités. + à \ LL Graines d'Ansérine, offertes par M. REYNIER (d’Aix)et GUILLOGHON (de Tunis). Pois de senteur anglais, en mélange, _ offerts par M. DÉJARDIN. capitellata. coriacea. crebra. gomphocephala. longifolia. polyanthemos. _— redunca. Zematozylon Campechianum. Raphiolepsis Delacourti. Cabiosa atropurpurea. Séneccio elegans pomponicus. aines offertes par le Jardin botanique de Skansen Suède). Aconitum septentrionale. AStragalus alpinus. lalamagrostis laponica. OFFRES LR (Cours de dessin, peinture et sculpture d’après animaux vivants en plein air ei en atelier, 8, rue de la Barouillère (rue de Sèvres, près le boulevard du Montparnasse), Paris, 6°. lusieurs prix Paris 1909, 1910, 1911 : poules et Coqs Gâbinais blanc sélectionné, type Gâtinais “Club Français, race pratique par excellence, pour tout usage en tout climat; saison 1911: pouleltes pour ponte hiver et coquelets, en juillet-octobre: poulettes 1 fr. pièce, 65 fr. es 10 ; coquelets 8 à 10 fr. pièce. Co. Paons Blancs 1910, 180 fr. femelle mélanote 25 fr. ; co. Ojies d'Egypte, reproducteurs 35 fr. DE SAINVILLE, membre du Gâtinais-Club, int-Germain-des-Prés (Loiret). < Jombattants indiens 1910, 6 fr. pièce. jrques blancs 1910, 6 fr pièce. ons croisés blanc et bronzé d'Amérique, 20 fr., ce; emballage en plus Livrable gare Vitry. e Baron LE PELLETIER, Salvert, par Vivy (Maine-et-Loire). ñ < À vendre plusieurs couveuses.et éleveuses de la célèbre marque anglaise ‘‘ Hearson ”, garanties état de neuf. et fonctionnement parfait: jouveuses n° 11 pour 120 œufs de poule ou 180 “œufs de faisan. éleveuses hydrothermiques n° 13 pour 100 poussins. “Louis JACOT, 7, rue Chernoviz, Paris, SU FRAME" lembres de la Société qui désirent \ande ec ue de B OFFRES. DEMANDES, ANNONCES tenir des cheptels sont priés d’adresser on; les cheptels seront consentis, après ! #. immo ET OT RAT ONE à FAT PE FE à : de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à EN DISTRIBUTION Carexz astrata. ÆEpilobium alninum. Erigeron.alninus. Erigeron politus. Hieracium alpinum. Poa alpina. Potentlilla gelida. Oxgria digyna. Graines offertes par le Jardin Botanique;de Sibpur, pres Calcutta, (Sikkim Himalayan), ÿ Îlez insignis. Eriobotrya petiolata. Pivris ovahfolia. Callicarpa vestita, Exacum teres. Paederia foetida. Hyptis suaveolens. Abroma augusta. Graines offertes par le Dr. ROBERTSON PROS- CHOWSKY : Bocconia frutescens L. Araujia sericifera Brot. Tacsania mollissima. Musa Ensete, Furcræa gigantea. S'adresser au Secrétariat. Y Couple coq et poule Andalous bleus extra, sujets de grands Concours, 93 fr. 1-2 Brahmas Herminés, 30 fr. 1-2 Cauards Barbarie bronzés, 25 fr. Couple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. ; Superbe couple Paons Nigripennes, né chez moi et prêt à reproduire en Mai, 150 fr., emballage gratuit, Coqs et poules Caumont extra, 6 fr, 50 pièce. Œufs à couver, 5 fr. la douzaine franco. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). A céder quelques magnifiques chiots bergers Beauce es défense), hautes origines. 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Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prixA FoNDÉE EN 4854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQU EN 1855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des nes) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de conco 4° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d’anima utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication dés re nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagatié Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au £ même de la France. L'attention des personnes compétentes doit être appelée toi spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, d animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées € encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dat ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autre Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des exp sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graine qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dite agrégées ou affiliées, la Société d’Acclimatation poursuit un but pratique d’utiht générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préot cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et format chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rense gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poisson Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. ; Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis 4 même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi qu les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Laba ratoires, Jardins zoolosiques ou botaniques, Musées, -etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications del Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièremen gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, elc. faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sor également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit dé publications de la Société antérieures à son admission, etc. - Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société APE illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. | Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés” part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mamm fères et leur élevage, les Oiseaux el la pratique de l’Aviculture, les Poissons et pratique de la Pisciculture, l’Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture € de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produit leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dot plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pot Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages biè connus du D' Moreau sür les HORS TE de France. Le Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — 1. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. BULLETIN DE LA ociété Nationale d'Acelimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) . 58° ANNÉE N° 12 — 15 JUIN 1911 ‘ SOMMAIRE Pages D: Eouis BUREAU. — Sur la capture d'un Pigeon migrateur d'Amérique. : . . . . . . . 393 H. COURTET. — Le Café, la question caféière et nos colonies . . . . . . . . . . . . . . 391 PME décembre MO EZRTE MEN Mer ods ee lacere 20: > eee = de le 362 Extraits des procès-verbaux des séances de la Société. re Section. — Mammifères. — Séance du 3 avril 1911. , . . . . . . . . . . . . . . . . . 363 = — (Sous-section d’études caprines). — Séance du 24 mars 1911. 365 — — j — Séance du 28 avril 191. 370 re Ornithologsie-Aviculture. — Séance du 3 avril 1911 . . . . . . . . . . . . . . GYb) 4 — Entomologie. — Séance du 10 avril 194, . . . . . . . . . . . . . . . . . 381 6 — Colonisation. — Séance du 20 mars 1911 . . . . . . : . . . . . . . . . . . . 383 DETRETE LME ST REMERCIER 384 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises + par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 îr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS 100 À œ SOCIÉTÉ NATIONALE DACCLOATATON I FRANCE Fondée le 10 Février 4854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUuFFON — PARIS / BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole | coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). — Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. “4 C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. >ecrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. \ MM. R. LE Forr, 89, boulevard Malesherhes, Paris (Etranger). : H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). { CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances): Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' SeBiLLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. : : Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. D Membres du Conseil MM. D' LerPrincee, 62, rue de la Tour, Paris. MarLLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de VicmoRix, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. : LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. Le MYRE DE ViLers, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. WuIRION, 7, rue Théophile-Gautier, Neuiliy-sur-Seine. à : ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue ee. Paris. = DÉzaRDIN, 93, rue Claude-Lorrain, Paris. ) Macau D "AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. 4 D: P. MARCHAL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. \ f Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 5 Janvier | Février | Mars Mai | Novembre | Décembre “Eh Séances pu Conseir, le Mardi à 5 heures.| 10 14 1% oc l'Are Secrion. — Mammifères, le lundi ; ER | à 5 heures . . . . 9 6 6 D 1 2° SECTION. — Ornithologie, le lundi #. | a 3h A2 9 6 6 1 h 3 SECTION. — Aquiculture (4), le lundi à 5 heures . . . ete 46 13 43 4e SECTION. — Entomologie, le lundi a0:h:. 14/2872 ACTE A6 13 13 5° SECTION. — Botanique, le lundi a: h (41/2726 NE, 23 20 20 6° SECTION. — Colonsation, le lundi à 5 heures . . . 23 20 20 Sous- SECTION, d'Etudes Caprines, le ven- dredi à 5 heures. . . . is CD TUE PE 24 {1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés A NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances. des Sections, recevront sur leur demande les ordres âu jour mensuels des séances. 2 4 SUR LA CAPTURE EN FRANCE D'UN PIGEON MIGRATEUR D'AMÉRIQUE ECTOPISTES MIGRATORIUS (Lin.) Par le D: LOUIS BUREAU Directeur du Muséum d'histoire naturelle de Nantes. Dans deux intéressants articles (1), M. Louis Ternier a fait con- naître l'extinction récente, à l’état sauvage, du Pigeon migra- teur d'Amérique qui, naguère encore, parcourait, en bandes innombrables, une grande partie de l'Amérique du Nord. En 1870, mon frère Etienne vit ces Oiseaux, en assez grand nombre, sur les marchés de New-York et rencontra, le 22 avril, dans une des rues de la ville, un marchand portant des liasses de Pigeons migrateurs qu’il vendait au prix de 1 dollar la douzaine, c’est-à-dire environ O fr. 41 la pièce. À cette époque déjà la diminution de l'espèce était devenue sen- sible, au point qu'on commençait à s’en préoccuper. Aujourd'hui, l'homme est parvenu à anéantir jusqu'au der- nier représentant de l'espèce, comme le prouve la prime de 3.000 dollars (15.000 francs) inutilement offerte, dans ces der- nières années, à celui qui découvrirait un nid de ces Oiseaux. La dernière capture d'un Pigeon migrateur, à l’état sauvage, suivant M. Forbush, aurait été faite à Bar Harbor, dans le Maine, en 1904. Actuellement, on ne connaît qu'un seul survivant de l’es- pèce : une femelle, âgée de dix-huit ans, retenue captive au Jardin zoologique de Cincinnati. Cette disparition rend d'actualité tout ce qui concerne l’his- toire du Pigeon migrateur d'Amérique, aussi, n'est-il peut-être pas sans intérêt de rappeler les captures qui légitiment aux yeux de certains ornithologistes, l'introduction de cet Oiseau, à titre d'espèce erratique, dans la faune européenne. Les Ectopistes migratorius qui ont été capturés, d’une façon certaine, dans les Iles Britanniques, suivant Howard Saun- ders (2), sont seulement au nombre de cinq, dont il donne l'historique. (1) Bull. Soc. nation. d'Acclimal., 1e avril 1911, p. 193 et 15 avril 1911, p.229. (2) Yarrell. À. Hist. of Brit. Birds. London, 4° édit., IIT edited by Howard Saunders, 1894, p. 26. BULL. SOC. NAT. ACCL. KR. 1911. — 235 354 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Le plus anciennement connu a été tué le 31 décembre 1895 et le dernier le 12 octobre 1876. « On ne connaît pas d'exemple authentique, ajoute H. Saun- ders, de la migration naturelle du Pigeon migrateur en Europe; même à Héligoland, célèbre par son attraction pour les Oiseaux voyageurs d'Amérique. En ce qui concerne deux au moins des spécimens signalés ci-dessus, obtenus dans les Iles Brilan- niques, il est très probable qu'ils ont repris leur liberté; mais, au sujet des autres, il est bon de ne pas perdre de vue que cette espèce est capable de vols très soutenus. » « La grande force de leurs ailes, dit Audubon (1), leur permet de parcourir et d'explorer, en volant, une immense étendue de pays dans un très court espace de temps. Cela est prouvé par des faits bien connus en Amérique. Ainsi, des Pigeons ont été tués dans les environs de New-York, ayant le jabot encore plein de riz qu’ils ne pouvaient avoir pris, au plus près, que dans les champs de la Géorgie et de la Caroline. Or, comme leur digestion se fait assez rapidement pour décom- poser entièrement les aliments dans l’espace de douze heures, il s'ensuit qu'ils devaient, en six heures, avoir parcouru de trois à quatre cents milles, ce qui montre que leur vol est d'environ un mille à la minute. À ce compte, l'un de ces Oiseaux, s’il lui en prenait la fantaisie, pourrait visiter le con- tinent européen en moins de trois jours. » En 1889, H. Saunders (2) s'exprime avec plus de scepticisme que précédemment, au sujet de la traversée accidentelle de l'Atlantique par le Pigeon migrateur : « Cinq exemplaires de l'Ectopistes migratorius ont été tués dans les Iles Britanniques ; mais il est permis de douter qu'aucun de ces Oiseaux ait tra- versé l'Atlantique à l’état sauvage, attendu qu'un de ces spéci- mens, au moins, à été maintenu à l’état captif, et qu'il est notoire que depuis 1830, beaucoup ont été apportés et lâchés dans cette région. » Voici. en effet, ce que rapporte Audubon, dans l’article mouvementé, on pourrait dire dramatique, qu’il consacre aux voyages du Pigeon migrateur et à son extermination : « En mars 1830, j'achetai environ 350 de ces Oiseaux au (1) Audubon. Scènes de la nature dans le centre et le nord de l'Amé- rique, ouvrage traduit d'Audubon par Eugène Bazin. Paris, 1857, I, p. 198. (2) Saunders (H.). An illustraled Manuel of Brilish Birds. London, 1889, p. 414. CAPTURE EN FRANCE D'UN PIGEON MIGRATEUR D'AMÉRIQUE 35 marché de New-York, à raison de quatre cents la pièce; j'en apportai beaucoup vivants en Angleterre que je distribuai entre plusieurs personnes de qualité, m'en réservant quelques- uns pour les offrir à la Société zoologique. » Au dire de Temminck, on cite plusieurs captures faites en Norvège et en Russie. En France, on n’en connaît qu'une seule : Le Muséum d'Histoire naturelle de Nantes possède un £'cto- pistes migratorius mâle adulte, de la collection Jules Vian, tué, en 1840, par M. Eyriès fils, dans le parc de son père à Gras- ville-Sainte-Honorine, près le Havre. Ce spécimen fut apporté en chair à M. Oursel père qui le monta pour sa collection. Ce fut après la mort de ce dernier que J. Vian en fit l'acquisition à M. Oursel fils, le 1% avril 18814, pour la somme de 10 franes. L'Oiseau, dont l'étiquette porte le sexe mâle, est en plumage d'adulte d'une parfaite fraîcheur, sans aucune trace d’usure du plumage. La mue est presque terminée. On ne trouve, en effet, aucune trace de plumes du petit plumage en voie de dévelop- pement, les dix rémiges primaires sont récemment renouve- lées, et il en est de même de toutes les rectrices, dont les deux médianes sont sur le point d'atteindre leur taille définitive. Leur longueur est de 0"200. Elles sont en retrait, sur leurs voisines, de 8 millimètres, tandis qu'elles les excèdent habi- tuellement de 5 à 8 millimètres, c’est-à-dire que cet Oiseau aurait bientôt achevé sa mue. Je ne saurais tirer de cet examen une conclusion précise au sujet de l’époque à laquelle a, vraisemblablement, été faite cette capture, d'abord parce que j'ignore si ce spécimen prend pour la première fois le plumage d’adulte, la mue étant trop avancée, ensuite, parce que, si les auteurs ont indiqué l'époque à laquelle commence la ponte, celle des couvées les plus tar- -dives ne m'est pas connue. L'époque de la ponte, dit, en effet, Audubon, dépend moins de la saison que dans les autres espèces. Suivant Baird, Brewer et Ridgway (1), la date la plus hâtive à laquelle les œufs contenus dans les ovaires sont en état d’être pondus serait le 10 mars. (1) Baird, Brewer et Ridgway. À History of North American Birds, Boston, 1874, III, p. 368. 356 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Audubon ajoute qu'à six mois le jeune est en état de se reproduire. En me basant sur les observations que j'ai faites sur les Pigeons, particulièrement sur le Pigeon ramier, Columba palumbus, dont la période de reproduction est très longue, je suis porté à croire que l'Æctopistes migratorius, du Havre, a été tué peu de temps avant l'époque à laquelle il se serait norma- lement reproduit. Cette observation ne saurait toutefois nous renseigner d’une facon satisfaisante sur l'époque probable de la capture. Ce qu'on sait des migrations de cet Oiseau, sur le continent améri- cain, ne nous instruit pas davantage. Les migrations du Pigeon voyageur, dit Audubon, sont dues uniquement à la nécessité où il se trouve de se procurer de la nourriture, et jamais il ne les accomplit en vue de se soustraire aux rigueurs des latitudes septentrionales, ou de chercher au Midi un climat plus chaud pour y nicher. En conséquence, elles ne se produisent point à une certaine période ou à une époque fixe de l'année. | Dans une note communiquée à M. H. Gadeau de Kerville (1), pour sa Faune de Normandie, Jules Vian exprime ainsi son opinion sur l'individu de sa collection : « Sa longue queue (22 centimètres) (2) et ses rémiges parfai- tement intactes protestent contre toute supposition de voyage en cage. L'état de la tête indique encore ua Oiseau tué en liberté, d’un coup de fusil. » En résumé, la question de savoir si l’'£ctopistes migratorius du Havre a traversé ou non l'Atlantique par ses propres moyens, ne me parait pas susceptible d'une solution. Ce que je constate, c’est qu'il était en état de voyager et qu'il ne présente aucune trace d'un séjour en captivité. La queue et les ailes sont d’une telle fraicheur, même après soixante et onze ans d'empaillage et de séjour dans des vitrines, qu il est diffici- lement admissible que l'Oiseau ait fait un séjour en cage pour la traversée d'Amérique en Europe, peu de temps avant sa mort. Si ce Pigeon migrateur n’a pas franchi l'Atlantique à l’état sauvage, il a dû faire sa dernière mue, en liberté, sur le conti- nent européen. (4) Gadeau de Kerville (H.). Faune de Normandie, Oiseaux, fasc. III (1892), p. 217. (2) L'examen du même spécimen me donne 20 cent.s. LE CAFÉ, LA QUESTION CAFÉIÈRE, ET NOS COLONIES Par H. COURTET. (Communication faite à la séance de colonisation du 18 avril 1910.) De Candolle, dans son travail sur l’origine des plantes cultivées, dit que le Caféier existe à l’état sauvage en Abyssinie (Grise- bach,, dans le Soudan (Richard) et sur les deux côtes opposées de Guinée et de Mozambique (Meyen, Grisebach). Depuis et récemment surtout on a découvert en Afrique bh'opicale de nombreux Caféiers croissant à l’état spontané et en particulier les deux extrêmes comme taille, le Coffea excelsa découvert par M. Aug. Chevalier dans le pays de Senoussi, au voisinage de Ndellé, la capitale, et le Coffea humilis découvert par le même explorateur à la Côte d'Ivoire. Le Coffea excelsa est un arbre atteignant jusqu’à 15 et 20 mètres de hauteur et à fructification abondante. Il donne un produit d'un arome exquis. Il étaitconnu des Arabes longtemps avant notre arrivée, dit M. Chevalier (1), et il en partait chaque année une petite quantité au Ouadaï. M. Rivière, directeur du Jardin du Hamma, à Alger, a vu de ce caféil y a une vingtaine d’annés sur les marchés de Tripoli. D’après une récente décou verte de M. Chevalier (2), ce Caféier existe aussi à la Côte d'Ivoire ; son habitat est donc très étendu en Afrique tropi- cale. Le Coffea humilis (3) a été découvert en 1907 à Guideko (Côte d'Ivoire), où il existe en abondance ; sa hauteur varie de 0220 à 1 mètre. La moyenne est de095 à 0250. II ne porte que deux ou (rois fruits, cinq au maximum. Des découvertes faites, découvertes complétant les rensei- gnements donnés par de Candolle, quelques autres auteurs, dont M. H. Lecomte (1902), qui déclare qu'il ne lui paraît pas possible de faire de l’Arabie le pays d’origine du Caféier, cet arbuste n'ayant jamais été rencontré à l’état spontané dans cette contrée, il résulte que l’origine africaine du Caféier, est maintenant incontestable. (1) La Géographie 1904, p. 351. Conférence du 30 avril 1904. (2) Découverte faite en décembre 1909. — Voir aussi Dépéche Coloniale, 2 février 1910. (3) Voir Dépêche Coloniale, 24 uillet et 3 août 1907. 358 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION L'usage du café parait fort ancien en Abyssinie, et Sheha- beddin Ben, auteur d'un manuscrit arabe du xv° siècle, cité par John Ellis, dit qu'on y employait le café depuis un temps immémorial. L'usage même médical ne s’en était pas propagé dans les pays voisins, car les Croisés n’en eurent pas connais- sance et Ebn Baithar, célèbre médecin ayant parcouru le nord de l’Afrique et la Syrie au commencement du x siècle, n'en parle pas. Le Caféier d'Abyssinie a été transporté dans l’Yémen par les conquérants éthiopiens (abbé Raynal). Il est certain quece fut vers le milieu du xv° siècle de notre ère que les Arabes com- mencèrent à cultiver le Caféier. Selon Shehabeddin, ce serait Gemaleddin, muphti d'Aden, qui était à peu près son contemporain, qui aurait introduit l'usage du café à Aden. D'Aden, cet usage se répandit vers la fin du xv° siècle, à La Mecque, à Médine et de là dans toute l'Arabie. Au commencement du xvi° siècle, l'nsage du café s'étendit au Caire, et de là en Syrie, particulièrement à Damas et à Alep. ) En 1596, de Lécluse (Clusius) 1526-1609}, alors professeur de botanique à Leyde, recut du café provenant d'Egypte, et à peu près à la même époque Prosper Alpin (1553-1617), médecin et botaniste, avail eu connaissance du café en Egypte même et aurait le premier décrit cette plante, qu'il désignait sous le nom de « Arbor Bon » ou « Boun », nom que le Caféier portaiten Abyssinie. Dès 1554, il y avait des cafés publics à Constantinople. L'usage du café fut introduit à Venise en 1615, en Italie en 1645, à Londres en 1652. En 1654, Piétro del la Valle apporta du café à Marseille. En 1655, le voyageur Jean Thévenot introduisit l'usage du café à Paris. En 1660, plusieurs négociants de Mar- seille firent venir d'Egypte quelques sacs de café, et de Marseille l'usage du café s'étendit dans la Provence et à Lyon. À Paris, il y avait bien sous Louis XIII (1610-1643) un mar- chand de café sous le petit Châtelet, mais la liqueur n'était connue que comme curiosité. Ce n'est que lors du séjour à Paris de l'ambassadeur de la Sublime-Porte, Soleiman-Aga, en 1669, que l'usage du café s’accentua. En 1672, un Arménien nommé Pascal, qui avait accompagné Soleiman-Aga, ouvrit un café public à la foire Saint-Germain, et le transporta ensuite à Paris, quai de l’École, vis-à-vis du Pont-Neuf. Cet établisse- L] LE CAFÉ, LA QUESTION CAFÉIÈRE ET NOS COLONIES 399 ment n'étant qu'une taverne n'eut qu'un médiocre succès et son créateur dut partir pour Londres. Le Sicilien Procop fut plus heureux; le café qu'il établit rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés (aujourd'hui de l’Ancienne- Comédie), vis-à-vis de l’ancienne Comédie-Francaise, devint le rendez-vous des auteurs dramatiques et des gens de lettres de l'époque. D’autres établissements furent ensuite créés par l'Arménien Maliban, rue de Buci, et par Etienne (ou Grégoire ?) d’Alep. rue Saint-André-des-Arts, en face le pont Saint-Michel. L'usage du café s’est donc répandu en Orient d’abord, puis en Occident, ce qui fut l’oceasion de prohibitions et de conflits bizarres. Il a été dit pius haut que ce fut vers le milieu du xv° siècle que les Arabes commencèrent à cultiver le Caféier, c'est sans doute ce qui explique que l’on a cru pendant très longtemps que le Caféier était originaire d'Arabie. Nous allons examiner maintenant dans quelles circonstances le Caféier s’est répandu par le monde et dans ies anciennes colonies françaises. Selon Boerhaave, le directeur de la Compagnie des Indes, Nicolas Witsen, qui était aussi bourgmestre d'Amsterdam, de- manda instamment au gouverneur de Batavia, Van Hoorn, de faire venir à Batavia des pieds du Caféier d'Arabie pour en tenter la multiplication et la culture. Van Hoorn accueillit la demande de Nicolas Witsen, ce qui lui permit en 1690 d'’en- voyer à Amsterdam des pieds de Caféier. Ces pieds furent déposés dans le jardin botanique fondé par Witsen même, où ils furent cultivés el eurent des fruits. Des serres d'Amsterdam, un pied fut apporté en France par M. le lieutenant général d'artillerie de Ressons et présenté à Marly au roi Louis XIV en 17142. Ce pied fut ensuite confié au Jardin des Plantes de Paris. où il produisit des fleurs et des fruits, mais ne tarda pas à mourir. Antoine de Jussieu, professeur, publia en 1713, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, une description du Caféier. Un autre pied fut alors envoyé d'Amsterdam par M. de Brancos, bourgmestre, et c’est de ce pied que proviennent les Caféiers d'Arabie qui ont été cultivés et que l'on cultive encore dans nos colonies. Les premiers Caféiers plantés en Amérique furent introduits 360 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION à Surinam (Paramaribo), Guyane hollandaise, par les Hollan- dais en 1718. De la Motte-Aigron, gouverneur de Cayenne, ayant fait un voyage à Surinam, réussit à sen procurer quel- ques pieds en cachelte et les multiplia. En outre. les Notices statistiques des Colonies françaises, 2, p. 46, disent: « Vers 1716 ou 1721, des semences fraiches de café ayant été apportées secrètement de Surinam, malgré la surveillance des Hollan- dais, la culture de cette denrée coloniale se naturalisa à Cayenne. » Ce passage fait allusion au fait suivant : un fugitif de Cayenne écrivit au lieutenant que si on lui promettait sa grâce, il braveraïit les sévérités des règlements édictés par les Hollandais et il apporterait du café en élat de germer. Sur l'assurance qu'on lui donna, il arriva à Cayenne en 1722 apportant avec lui une livre de café fraichement cueilli. Les semis réussirent et bientôt la colonie se couvrit de planta- tions. Au Brésil, les premières tentatives d'acclimatation du café eurent lieu en 1723 dans le Para, mais l'exploitation de ce produit ne se développa que très lentement. C'est seulement de 1825 que date le véritable essor du café au Brésil. La première tentative d'acclimatation du café dans nos colo- nies date de 1716. Des piéds de Caféier furent confiés au mé- decin Isambert se rendant à la Martinique, mais Isambert étant mort peu de temps après son arrivée, ce premier essai ne donna aucun résultat. Le capitaine de Clieux (Declieux, Duclieux. Desclieux), officier de marine, qui se rendait à la Martinique, en 1720 d'après Deleuze, aide naturaliste, puis bibliothécaire au Mu- séum d'Histoire naturelle, fut chargé d'y transporter trois pieds de café. La traversée fut longue, l'eau manqua, deux des pieds périrent, et ce ne fut qu'en sacrifiant une partie de la ration restreinte qui lui était allouée que de Clieux réussit à conserver le troisième pied. Il le planta à l'endroit le plus favorable de son jardin, l'entoura d'une haie épineuse et le fit même garder à vue ; il avait donc uue idée bien consciente de la valeur des arbustes qui lui avaient élé confiés. A la première récolte il - obtint deux livres de graines, dont il remit une partie à Survil- lier, colonel des milices, et à divers habitants. Le père Labat dit qu'au 22 février 1726:il existait 9 arbres hors de terre depuis vingt mois, 200 autres portant fleurs et LE CAFÉ, LA QUESTION CAFÉIÈRE ET NOS COLONIES 361 fruits, plus de 2.000 moins avancés et quantité d’autres en ger- mination seulement. Le 7 novembre 1727, un effrovable tremblement de terre, qui se fit sentir pendant plusieurs jours, détruisit toutes les plan- tations de Cacaoyers dont la culture avait été introduite en 1661 par Benjamin de Costa. Les colons se mirent alors à cultiver le café, et ils le firent avec tant d'activité et de succès que la colonie put bientôt fournir plus de café qu'on n’en consommait alors en France. De Clieux, au dévouement duquel on devait uu semblable suc- cès, mourut, dit-on, pauvre et oublié. ; En 1788, l'exportation de la Martinique était évaluée à 3.345 tonnes, mais la culture du Caféier fut abandonnée en faveur de la culture de la Canne à sucre. C’est de la Martinique que le Caféier fut transporté en 1730 à la Guadeloupe, mais, comme à la Martinique, les colons aban- donnèrent le café pour la canne à sucre. En 1788, l'exportation de la Guadeloupe était évaluée à 3.711 tonnes. En 1717 ou 1718, la Compagnie Francaise des Indes envoya à Bourbon (La Réunion) quelques pieds de café Moka (1). Un seul de ces pieds réussit et produisit en 1720 une récolte telle qu'on put mettre un grand nombre de graines en terre, ce qui permit quelques années plus tard d'entreprendre des planta- tions sérieuses. Malgré un ouragan qui, en 1806, dévasta les plantations, la culture du Caféier était prospère au commen- cement du xix° siècle, mais elle n’a fait que décliner ensuite et tomber presque complètement. L'introduction du café dans nos anciennes colonies ayant la même date, nous allons donner autant que le permettent les statistiques une idée de l’évolution économique de ce produit pour chacune d'elles. (A suivre.) (1) D'après de Lanessan (Les plantes utiles des Colonies françaises), la culture du café aurait été introduite en 1718 par M. de la Boissière à l’aide de plants importés de Moka. SÉANCE GÉNÉRALE DU 23 DÉCEMBRE 1910 Présidence de M. Raveret-Wattel, vice-président de la Société. Se M. le Secrétaire général expose les progrès réalisés depuis plusieurs années dans la publication du Bulletin. Grâce à l’ac- croissement des membres de la Société, grâce également aux ressources provenant de dons généreux, le Bulletin mensuel qui n'avait tout d’abord que 32 pages, a été augmenté : il a maintenant 48 pages, mais pour répondre au désir exprimé par bon nombre de nos collègues qui voudraient revenir aux anciens usages, il serait désirable de rendre cette publication bimensuelle. Ge projet recueille l'approbation de la majorité de l’Assemblée. Mandat est donné à M. le Secrétaire général d'en poursuivre la réalisation à la prochaine séance du Conseil. M. Debreuil fait l'exposé des travaux des diverses sections durant l’année et démontre que l’activité de la Société s'est exercée utilement dans toutes les branches de la Zoologie et de la Botanique appliquées. M. le Trésorier rend compte de l’état financier de la Société. Les comptes pour l’année 1910 sont approuvés ainsi que le projet de budget pour l’année suivante. Il est procédé à l’élection des membres du bureau et de cinq membres du Conseil d'administration de la Société. MM. Caucurte et Ballereau sont chargés du dépouillement du scrutin, qui donne les résultats suivants : Nombre des votants : 169. Bulletins blancs ou nuls : 3. Ont obtenu : MM. Perrier, président. . . . . . : . . . 4065 voix. Elu. DePonthriand,(wvice-pnésident RCE OR Raveret-Wattel, vice-président. . . : . ue 0 4108 dr Bois, vicegprésident 00e RENNES sou A6 Maurice de Vilmorin, vice-président . . … : . 46 — — EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 363 MM. Maurice Loyer, sécrétaire général . . . . . . 166 voix. Élu. Hébreu Secrétaireintérieur) Me ENT MIO RSR Ha, Série (consallhanssr OSTR RMIOn CRDI SecréunelISÉANCeS) NE CNET UE TOME NUE ÉeMRormisecnétairelétrancer) PME EL SAUCES — D: Sebillotte, éfrésorier . . . Rouen ue LOG rues Caucurte, archiviste- D bRoedne ER CN OT MIRE DPNChalmenmenoneNqurConsSeLHEPMIEANUNENSENICONERS Déerdin memonenqun Cons UE MEN MNEREMIOS AN EENNIRE Magaud d’Aubusson, membre du Conseil MAMIE STE Manlles membre du/Conseul ALAN NRC ONE NE DMarchalmembredu Conseul M EIRE MAC CRE La parole est ensuite donnée à M. Pierre-Amédée Pichot, qui fait une communication sur « le pays des Dindons ocellés ». — Cette communication sera publiée en extenso. Le Secrélaire des séances, J. CREPIN. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Je SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 3 AVRIL 41911 Présidence de M. Trouessart, Président. :e D' Oito Frangès (de Zagreb, en Croalie) écrit à un de nos collègues pour lui demander conseil au sujet d’une épi- démie de strongylose, qui ravage des troupeaux de Moutons karakul, acclimatés en Croatie. Notre collègue engage le D’ Frangès à envoyer à M. Brumpt, des déjections et des para- sites d'animaux malades à fin d'examen approfondi; il recom- mande également d'isoler les jeunes de l’année dans des ter- rains neufs et par conséquent non contaminés, aussitôt que 364 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION cette opération est possible, c'est-à-dire immédiatement après le sevrage. M. Frangès remercie notre collègue et se déclare prêt à suivre les instructions qui lui ont élé envoyées. M. Brumpt a examiné les Cerfs de la forêt de Chantilly et constaté que ceux d'entre eux qui sont atteints par la strongy- lose sont tous parqués dans la région du champ de course. Cette observation vient à l'appui de l'influence déjà ample- ment démontrée des terrains humides dans l'étiologie des helminthiases. Le champ de course de Chantilly est en effet très fréquemment arrosé. Dans le même ordre d'idées, il y a lieu de remarquer que les Cerfs de la forêt de Fontainebleau, dont le sol est extrêmement sec, sont jusqu'ici restés absolument indemnes. On dépose sur le bureau un rapport de M. Rossignol, vétéri- naire du service sanitaire de Seine-et-Marne; l’auteur y rend comple des ravages de la strongylose et propose diverses mesures prophylactiques (désinfection des terrains, etc.). M. Magaud d'Aubusson lit un travail de M. de Chapel sur le Cheval camarguais amélioré. Des croisements judicieux ont largement transformé cette race assez défectueuse à certains points de vue. Les produits obtenus sont acceptés par les com- missions de remonte de l’armée. Le travail de M. de Chapel sera inséré x extenso au Bulletin. M. Le Fort appelle l'attention de la Section sur certaines défectuosités des lois du 30 mai 1899 et du 21 juin 1898 sur les saisies d'animaux tuberculeux. En cas d'erreur de diagnostic les propriétaires subissent un préjudice très important dont ils ne sont pas dédommagés. M. Trouessart fait une communication sur les maladies du gibier, hygiène, soins préventifs. Cette communication n'est que l'exposé sommaire d'un rapport que M. Trouessart a présenté au Congrès de la chasse qui s'est tenu à Vienne en août 1910. Les maladies du gibier sont le plus souvent dues à des parasites. Ce sont souvent des Bactéries (septicémies, pasteu- relloses, entérites infectieuses, charbon, peste aviaire), parfois des Champignons (actinomycose), des Trypanosomes (trypano- somiases diverses), des Coccidies, des Pyroplasmes, des Vers (helminthiases), des Acariens (acariases). EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 365 La prophylaxie doit s'attacher à empêcher les germes portés par les animaux morts d'être disséminés. Autrefois, on brülait les cadavres. Ce procédé est défectueux, car l’incinération n'est jamais complète et une grande quantité de germes échappent à l’action du feu. On a proposé, avec raison, de créer des cime- tières d'animaux. Chaque parc d'élevage, chaque commune rurale devrait posséder un petit terrain bien enclos de murs où on enfouirait les animaux morts entre deux lits de chaux vive. L'emploi de la chaux est d’ailleurs indispensable, car c’est la condition de la destruction rapide des cadavres. En cas d’épi- démie, des tournées devraient être faites au cours desquelles on ramasserait avec les précautions d'asepsie requises tous les animaux morts pour les enfouir sans délai. D'autre part, il est indispensable d’assainir les terrains d’éle- vage : prairies, bois, etc., soit par des drainages, soit par éclaircissement des sous-bois trop touffus et trop humides. Les animaux destinés à l'élevage doivent être transportés avec précaution de leur patrie d’origine vers leur habitat défi- nitif. Il faut avoir soin de ne pas les lâcher immédiatement en liberté, mais de leur faire subir, au préalable, une sorte de quarantaine destinée à éliminer tous les malades. Enfin, en cas de maladie, les parquets, huttes, etc., devront être très soigneusement désinfectés. De même, toutes les parties qui proviennent d'animaux malades devront toujours être stérilisées. Ceci s'applique particulièrement aux peaux d'animaux charbonneux dont la manipulation est des plus dan- gereuses pour les ouvriers qui s’y livrent. Le Secrétaire, Max KOLLMANN. (Sous-section d'Etudes caprines) SÉANCE DU 24 Mars 1911 Présidence de M. le comte d’Orfeuille, président. Lecture est faite du procès-verbal de la séance du 24 février, dont les termes sont adoptés sans observation. M. d'Orfeuille, rappelant la communication faite dans la séance du 27 janvier sur la Chèvre d'Angora, demande à fournir 366 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION quelques explications sur la plante appelée « Saman », dont se nourrit la Chèvre indigène du Caucase. Il a été dit que la Chèvre d'Angora supporte d’une facon satisfaisante les conditions de vie agricole qu’elle trouve dans le Caucase, qu’elle subit sans trouble le passage des pâturages d'été à ceux d'hiver, mais qu'elle demande cependant une nourriture plus soignée que celle dont se contente la Chèvre indigène. Elle ne saurait, en effet, vivre comme cette dernière du « Saman ». Cette plante la fait maigrir et cause parfois l'avortement. Ce « Saman » doit être en réalité la Schamun ou Spinasia tetendra de Steven. Elle croit dans les lieux désertiques du Caucase, de Perse et appartient à la famille des Chénopodées. M. Caucurte fait connaître à la section qu'il se propose de visiter le Pouponnat de Porchefontaine, où des enfants ont été mis au lait de Chèvre. Cette nouvelle éveille d'autant plus l'attention des amis de la Chèvre, que cette méthode d'allaitement avait été mise en suspicion par les protagonistes du régime des laits stérilisés. Il a fallu plus de dix ans de lutte pour ramener l'opinion à voir les choses dans toute leur vérité et l'inciter à se dégager de toutes les erreurs et de tous les préjugés répandus dans le public pour l’éloigner de l'usage du lait de Chèvre. Ne sachant plus que dire, les contempteurs de la Chèvre ont incriminé le lait de cet animal, en raison de la caséine en quan- tité assez élevée qu'il contient lorsque la laitière broute dans le bocage. Cette insinuation est reproduite encore aujourd'hui, bien qu'il ait été établi et publié officiellement que, d’abord la caséine caprine n'a rien de commun avec la caséine bovine réputée indigeste et, ensuite, que le lait de Chèvre ne contient la caséine qu'en quantité absolument normale et utile lorsque la productrice de lait est nourrie au régime habituel de l’étable. Ce sont là, d'ailleurs, les considérations développées par M. Crepin, qui a pris la parole pour traiter la question à l'ordre du jour. M. Fourré intervient pour dire que la Chèvre, enlevée à ses habitudes de vagabondage le long des haies, pour être soumise à la stabulation et à un régime alimentaire trop}substantiel, ressent de grands troubles fonctionnels, notamment du côté de l'intestin. Il semble dès lors que la Chèvre doive être adaptée EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 367 progressivement à son nouveau régime et ne jamais y être soumise brusquement. M. Crepin reconnait que l'observation de M. Fourré peut être très juste pour la race caprine du Poitou, qui est une bête très impressionnable accusant les caractères de vivacité, de mobi- lité et de nervosité que l’on prête au tempérament de l'espèce, à un degré tout à fait supérieur. M. Crepin, qui a entretenu à Paris età Brunoy des Chèvres de toutes races, n’a éprouvé d’in- succès qu'avec la seule race du Poitou, et cela sans doute parce que les petits troupeaux qu'il a fait venir des Deux-Sèvres et de la Vienne ont passé sans transition du régime pastoral à celui de la stabulation complète. Il n’y à pas de raison pour que la Chèvre du Poitou soit moins saine et moins rustique que les autres races caprines qui vivent dans de bonnes conditions d'hygiène; si donc elle s'adapte moins facilement à un régime opposé à celui dans lequel elle est accoutumée de vivre, c'est affaire de caractère, d'humeur, de naturel, et il sera dès lors facile d'entraîner les Chèvres du Poitou à se plier aux exigences que comporte leur exploitation en dehors de leur habitat originel. Comme cette race caprine est d’apparence squelettique et efflanquée, que, d'autre part, beaucoup de Chèvres meurent d'affection de poitrine, on a voulu insinuer qu’elle prend la tuberculose plus facilement que les races d’ailleurs. C’est là une opinion grossièrement erronée. Aucune Chèvre ne prend la tuberculose spontanément, pas plus dansle Poitou qu'ailleurs. Dans six cas différents où la Chèvre du Poitou était en cause et où l’on avait diagnostiqué de la tuberculose, M. Crepin s’est trouvé à même de faire constater l'erreur : dans deux cas, il y avait de la strongylose, et dans les autres cas il y avait pneu- monie purulente, mais jamais, pas plus dans cette circonstance que dans toute autre, il n’a pu faire relever la moindre trace du bacille de Koch. Ù Il est certain que M. Fourré est dans le vrai, en préconisant pour la Chèvre une nourriture simple et même grossière à mettre à la base de sa ration quotidienne, mais dès que l'animal produit et dépense, il faut maintenir l'équilibre physique par une alimentation plus substantielle, et répondre dans toute la mesure possible à l'appétit par lequel l'animal manifeste son besoin. Le foin ou le regain resteront toujours à la base du repas, mais il sera complété par des mash nourrissantes ou 368 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION autre aliment nutritif susceptible de correspondre au rende- ment de l'animal laitier. Une Chèvre grande laitière, ncus ne saurions trop le répéter, est toujours douée d'un gros appétit et de facultés digestives plus grandes qu au moment de la non production. Au Mont-d'Or lyonnais, à l'époque de la grande vogue et renommée des fro- mages de Chèvre, on arrivait à faire accepter aux laitières caprines jusqu à douze repas par jour. C'est ce qu'on appelle entrainer les Chèvres à donner du lait. Le rendement dans ces conditions est merveilleux, mais il faut avoir la main pour con- duire ces sortes d'entreprises. Une Chèvre dont on ne rationne pas judicieusement les repas, qui est servie par grosse quantité, qui piétine sur la nourriture qu'elle perd, qui ne recoit que des aliments délicats, passant dans l'intestin sans avoir eu besoin d'utiliser l'appareil de tri- turation formidable que représente le quadruple estomac d'un Ruminant, non seulement produit mal, même pas du toui, mais encore périclite et succombe finalement à l'entérite ou à toute autre affection du tube digestif. L'animal détérioré par une alimentation trop recherchée a plus de mal à se remonter que celui qui à pâti et est devenu cachectique par le manque de nourriture. Le fait est si vrai, que déjà le Chevreau vivant en permanence aux côtés de sa mère et ne trouvant pas autour de lui les plantes et les jeunes pousses qui flatient sa gourmandise et l'incitent à manger, passe son temps à téter el à se gaver de lait au delà de l’âge où cette nourriture primilive Jui est néces- saire. [Il en résulte que son organisme, au lieu de se former pour assimiler la nourriture convenant normalement à son espèce, s'adapte à l'alimentation trop digestible et trop nouris- sante que constitue le lait, et l’on voit le sujet s'arrêter subite- ment dans sa croissance, et tourner à la cachexie. Le lait aurait pu lui être excellent et favoriser son développement, mais à la condition qu il consommät à côté une nourriture plus grossière nécessitant la mise en œuvre de son appareil de Ruminant. On voit dans les Alpes de tout jeunes Chevreaux, sevrés certaine- ment trop tôt, puisqu'on commence à leur réduire leur ration de lait dès l’âge de trois semaines, qui pâtissent de cette insuf- ftisance de leur nourriture naturelle, mais le temps passe, ils prennent de l’âge, ils ne sont pas privés au point de mourir de faim et s'exercent tôt à manger l'herbe tendre, nourrissante et EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 369 . parfumée que produit la montagne. Bientôt ils $e ressaisissent et rattrapent leurs congénères que la Providence a placés dans des mains plus humaines et auxquels le lait, comme le reste, n’a jamais manqué. Tout cet exposé a pour but de bien faire comprendre qu'il y a une technique spéciale pour l’alimentation de la Chèvre, et si bien des personnes animées des meilleures intentions pour réussir, vont à l’insuccès, c’est parce qu'elles ont cherché la cause des phénomènes dans leur esprit, au lieu de se pencher vers l’animal, pour l’observer dans sa nature et son instinct. Pour bien répondre et satisfaire à ses besoins, il importe tout d'abord de les bien connaître. M. Debreuil signale à la Section d'Études caprines, la thèse du D'L. Lacaine, de la Faculté de Médecine de Paris; cette thèse intitulée « La Chèvre et l'hygiène », lui a été donnée par M. le professeur Blanchard. Ce jeune médecin s'était documenté auprès de MM. Caucurte et Crepin. Il classe, dans son travail, les Chèvres en races à lait léger et races à lait gras, et fait connaître l’utilisation variée de cette espèce animale, dont les produits commerciables sont le lait, le beurre, le fromage, le kéfir, la viande et la peau. Il envisage la Chèvre dans sa résistance contre l'infection tuberculeuse, cite ses parasites et fait allusion à sa compro- mission dans la propagation de la fièvre ondulante. À ce sujet le jeune docteur s'exprime comme il suit : « En somme, puisque la fièvre de Malte est une affection sans grande gravité, dont on peut même se préserver, nous ne Crai- gnons pas de demander que l’on favorise l’élevage de ce Rumi- nant et que l’on encourage, dans cette voie, tous ceux qui ont déjà réalisé les plus louables efforts. » Le Secrétaire, J. CREPIN. [Re rss BULL, SOC. NAT. ACCL. FR. 8911. — : 3170 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION (Sous-section d'Études caprines.) SÉANCE DU 28 AVRIL 1911 Présidence de M. le comte d'Orfeuille, président. Le procès-verbal de la séance du 24 mars est lu et adopté sans observation. Le Secrétaire signale à la Section un article sur la Chèvre de: Malte, que M. Caucurte à fait paraître dans le journal « Chasse et Pêche ». Cet article est accompagné de très bonnes photo- graphies qui donnent une impression très précise de la physio- nomie de cette race caprine, d’ailleurs, parfaitement décrite par son auteur. Quelques assertions cependant donnent lieu à des observa- tions dela part de M. Crepin, qui affirme, contrairement à l'avis exprimé dans l’article, que les Arabes préfèrent le lait de Chèvre au lait de Vache. Quant aux Français, il peuvent pré- férer le lait de Vache, parce qu'ils ont l'habitude de ce lait, mais en fait, en Algérie, ils consomment couramment du lait de Chèvre, sans s’en douter. D'ailleurs, le lait de Chèvre de Malte, consommé frais, ne se distingue pas comme goût du lait de Vache. M. Crepin soutient en outre que la Chèvre de Malte ne con- stitue pas une race caprine proprement dite ; elle est bien, lors- qu’elle est de bonne qualité, Le résultat d’un métissage entre la Chèvre de Murcie ou de la Mancha et la Syrienne ou la Nubienne. Lorsque la Maltaise est à poil ras, l’alliage s’est fait entre Murcienne et Nubienne; lorsqu'elle est à poil long et à courtes oreilles, il y a une intervention de Mancha et de Samar. M. Cre- pin a fait ces mélanges de sang chez lui et a obtenu des Mal- taises parfaites même avec la robe fromenté et brun-mat dont parle M. Caucurte. Il faut évidemment, pour réussir ces alliages, des auteurs rigoureusement pur sang et raçant bien. En résumé, la Maltaise est une race caprine artificielle; elle indique bien qu'ilest très possible de constituer des races caprines nouvelles, capables de répondre à des besoins déterminés. M. Caucurte fait connaître qu'il n’a pu faire, au pouponnat de Porchefontaine, la visite qu’il avait projetée pour s’enquérir EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 314 de quelle manière on utilise les Chèvres qu on dit exister dans cet établissement. Il ne pourra renseigner la Section à cet égard qu'à la reprise des séances en fin d'année. Il est certain que l’utilisation de la Chèvre, comme suppléante de la femme pour l'allaitement des jeunes enfants, éveille un intérèt considérable qui, à lui seul, devrait susciter cette industrie caprine si lamentablement stagnante en France, par la seule raison que la routine y règne en maitre. - Le point important dans la question d’allaitement, c'est d'obtenir un lait exempt de germes tuberculeux, et véritable- ment il n’y a absolument que la Chèvre qui donne toute garantie à cet égard. La nourrice humaine est à ce point de vue très sujette à caution. En effet, dans les grandes villes, comme par exemple à Paris, l'infection tuberculeuse se répand dans une mesure effroyable; les statistiques médicales établissent que sur cent personnes qui immigrent à la ville venant de la cam- pagne et sont, par ce fait, en état de réceptivité particulier, soixante-quinze s'infectent; sur ce nombre cinquante réagissent et vivent plus ou moins guéris, mais les vingt-cinq autres succombent à des formes rapides ou lentes, mais incurables, et ce sont ces derniers qui seuls sont réputés tuberculeux. M. Crepin a la parole pour traiter la question à l’ordre du jour. | Nous avons été souvent surpris d'entendre sur le compte de la Chèvre, et de la part de personnes qui avaient été respecti- vement placées pour la connaître parfaitement, des apprécia- tions absolument contradictoires. Pour les uns, la Chèvre est l’animal le plus rustique que l’on puisse trouver; il supporte les températures extrêmes et toutes les intempéries sans dommage pour sa santé; on le trouve sous tous les climats et il s'adapte à tous les régimes; il vit de nour- riture grossière dont aucun autre animal de la ferme ne saurait impunément se contenter, et il en fait son profit au mieux des intérêts de son maitre. Pour les autres, c’est tout à fait le contraire; il n'y a pas animal plus délicat, plus sensible au froid et aux épizooties qui déciment des troupeaux ovins ou caprins tout entiers. Lorsque la Chèvre est malade, rien n'y fait, l’'anémie emporte la bête. Enfin, il n'y a pas à la ferme un gaspilleur de sa force, la moindre maculaiure,la moindre odeur sur son aliment déce- SRE M EURE ARE 312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION lant un contact impur ou étranger, éveille son dégoût, elle ne mange que du bout des dents en triant à fond son fourrage, qu'elle gàche sous ses pieds à l'indignation du paysan économe et soucieux de ses intérêts qui entend ne rien perdre et épuiser à fond les produits de son domaine. Ces deux cloches sonnent juste, chacune avec son timbre, c'est-à-dire à son point de vue. Ce qu'il importe, c'est de mettre ces sons d'accord et d’en tirer l'harmonie, la vérité profitable. La Chèvre demande à ètre observée attentivement et nous sommes convaincus que, de cet examen fait sans hâte ni parti pris, sortira une utile lecon pour l’éleveur de Chèvres. Les uns ont dit : la Chèvre est rustique, saine et facile à nourrir. Ils ont dit vrai, s'ils admettent aussitôt que la Chèvre doit être placée dans les conditions de vie qui lui conviennent pour accuser ces qualités. Elle veut vivre sur un sol perméable, sec, élevé, à l'abri de toute humidité; de là sa recherche de la montagne, et pour- quoi? Parce que là seulement elle échappe aux atteintes de ses ennemis les plus communs, les vers et les insectes para- sites de son intestin et de ses organes de digestion. Hantée et habitée par ces parasites, elle n’a plus ni résistance, ni appétit, ni santé. Ceux-ci développent leur vie embryonnaire et les premiers stades de leur existence dans le sol humide, dans les eaux stagnantes, au pied des herbes des prairies basses, et c'est là bien souvent que nous prétendons faire vivre et prospérer nos troupeaux caprins pour, plus tard, nous étonner de les voir péricliter. Nous sommes même souvent dans l'apparence de la vérité en soutenant que notre pâturage n'est pas un bas-fond, ne con- tient aucun marécage, qu'il va seulement en pente vers un cours d’eau qui ne fait que le fertiliser de son limon aux époques de débordement ; que, hors la saison pluvieuse, le sol en est sec et ensoleillé et qu’enfin nos animaux, avant l'atteinte du mal qui les a minés sourdement et exterminés sans merci, étaient magnifiques d’allure et de santé sur ce même terrain. Certes oui, mais il est venu des années pluvieuses, pendant lesquelles l’eau de la rivière a monté beaucoup plus que d'ha- bitude, pendant lesquelles l'humidité n’a pas été absorbée ; peut- être même est-il resté dans la prairie des flaques stagnantes où les redoutables Dystomes et Strongles ont pu se multiplier à EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX *DES SÉANCES DES SECTIONS 319 leur aise et envahir l'organisme de nos Moutons et de nos Chèvres, en se mêlant immédiatement à leur fourrage et à leur eau de boisson. Nous avons entendu, à nos réunions de Section, le récit de toutes les misères, et de tous les mécomptes éprouvés par nos collègues qui, pleins d’ardeur et de zèle pour la cause que nous défendons, avaient constitué à grands frais des troupeaux pleins de promesse pour le succès de notre propagande. Ces troupeaux vivaient les uns dans les prairies opulentes coupées de ruisseaux de Beaumont-le-Roger et autres lieux de Normandie; les autres, soit sur les pentes gazonnées qui des- cendent vers la Seine dans le riant paysage de Fontainebleau, soit plus loin dans le Màäconnais sur le versant d’un coteau qui plonge sa base dans un des affluents du Rhône, soit, enfin, dans le département de l'Oise, sur un vaste pâturage qu'inonde, l'hiver, le fleuve de ce nom. Partout une nature charmante de verdure, d'ombre et de cours d'eaux. Aujourd'hui toutes ces richesses caprines se sont effondrées sous l'effort ténébreux des Strongles et des Douves que recé- laient ces pacages verdoyants. Nous avons perdu du même coup le concours actif et souvent puissant de plusieurs de nos meil- leurs champions de la Chèvre que le désastre a découragés. Ils ont voulu, pour la conduite de leurs troupeaux, baser l'hygiène de la Chèvre sur celle des troupeaux bovins auxquels il suffit de vivre au grand air et en liberté sur des pâturages plantu- reux et frais. À la Chèvre, il fallait d’autres conditions de sol et d'exposition ou, à défaut de ces conditions, la stabulation constante que l'on considère comme funeste au gros bétail de lasferme, D'ailleurs, si nous avons échappé aux effets de la même erreur, € est par un pur hasard. Nous n'avons été épargnés que parce que nous poursuivions l’utilisation de la Chèvre au point de vue particulier de l'allaitement des jeunes-enfants de Paris auxquels nous voulions servir le lait à la chaleur animale. Pour procurer à ces petits le lait dans toute sa valeur phy- siologique et dans la formule chimique appropriée à la débilité de leur estomac, il nous fallait la Chèvre sur place, nourrie à l’étable au moyen de fourrage, à pouvoir approvisionner comme le grain et le foin sec. Ce régime la mettait forcément à l'abri de toute contagion parasitaire. Aussi, pendant les quelques années que nous avons entretenu el Ti: NE OL Fa 4 ei ARE RE. LS mir Qi V4 - £ 314 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION des troupeaux à Vaugirard, le succès de notre élevage a été complet et remarquable; nous n'avons même jamais vu nulle part des élèves aussi beaux, aussi robustes et aussi vigoureux. Cependant, ces animaux ne jouissaient pour leurs ébats que d'un parcours étroit, dénué de toute végélation et situé le long d'écuries basses adossées au mur de clôture d'un petit Jardin que limitaient d'énormes bâtisses dans toutes les directions. Par contre, le sol était sec et crayeux, et la situation, une des plus saines de Paris. Plus tard, notre troupeau a été transféré à Brunoy dans des conditions climatériques peut-être moins bonnes qu'à Vaugi- rard, mais en tout cas absolument à l'abri des maladies para- sitaires, puisque nos animaux ne broutaient pas et étaient nourris au ratelier, de foin sec avec racines et grain cuit dans la mangeoire. Aussi n'avons-nous eu que des accidents isolés, bien que mortels chaque fois, dus aux Mouches infectantes ou encore aux larves d’'OEstres, comme il est arrivé à Vaux-le- Pesnil, chez M. Robert (voir le Bulletin de notre Société de mars 1908.) Des faits que nous venons d'énoncer, il faut déduire que le meilleur régime à adopter, lorsqu'on veut faire de la caprieul- ture ou de la laiterie caprine industrielle, c'est de garder les animaux en stabulation constante, en leur assurant une instal- lation spacieuse, saine. claire et aérée et en leur accordant ious les jours, quand le temps le permet, une petite promenade : d'allure vive pour leur faire prendre de l'exercice au grand air. Il importe que des animaux habitués à vivre à l’étable, dans une température douce. ne restent pas immobiles dehors par un temps tant soit peu froid: il ne faut pas non plus qu'ils s’at- tardent à brouter le long des chemins aux abords des fossés qui recoivent l'eau de la chaussée et présentent par suile, pour ce petit bétail, les mêmes dangers de contamination que les prairies irriguées ou éventuellement inondées. Enfin, nous croyons bien faire de recommander aux ama- teurs de Chèvres qui veulent demander un produit à leurs animaux, de ne pas les astreindre à se nourrir au piquet sur la pelouse. Rien ne va plus à l'encontre de l'instinct de cette espèce animale à laquelle il répugne de paitre l'herbe qu'elle a foulée et qui, en principe, fait peu d'accueil aux Graminées. Elle n'aime pas les plantes molles et trop tendres, el il en est si bien ainsi que ce gazon qu'elle aura refusé lorsqu'il était vert, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 375 elle le mangera volontiers une fois sec, à l’état de foin. Le piquet déplait également à la Chèvre, parce qu'elle se sent isolée et captive, elle qui aime tant la société et veut suivre ceux qui la soignent en gambadant librement à leurs côtés. M. le D' Clément Petit fait part à la Section d'Etudes caprines de son intention de créer au Mont d’Or une chèvrerie dans le but de ressusciter l’industrie du fromage de Chèvre de cette région tant réputée autrefois. Cette création n'a jusqu'alors qu’un intérêt purement indus- triel, mais les expériences et les constatations que pourra faire à cette occasion M. Petit, seront certainement profitables à la Section d'Etudes caprines. Cependant la première révélation qu'aura faite le D' Petit ne manque pas de saveur. Il se préoccupait de savoir comment : il ferait pour faire saillir ses Chèvres; les Boucs, au Mont d’Or, ont non seulement une réputation détestable pour la dissolu- tion de leurs mœurs, mais il paraîtrait que la seule présence d'un individu de cette espèce dans une maison, peut être la cause aussi mystérieuse qu'indéfinissable de la mauvaise con- duite de la maïlresse du logis, si bien qu'aucune femme qui se respecte dans le Mont d'Or lyonnais n’abriterait un Bouc sous son toit. Et on dira que l'esprit moderne a tué tous les préjugés !! Le Secrétaire, J. CREPIN. II SECTION. — ORNITHOLOGIE-AVICULTURE SÉANCE DU 3 AVRIL 1911. Présidence de M. Magaud d’'Aubusson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. A propos des arrosages destinés à tuer les œufs des Strongles, un membre fait observer que, d’après l'opinion du D° Brumpt, le résultat serait nul, il faudrait ernployer la chaux éteinte, et M. Ménegaux craint que l'épaisseur de la coque n'empêche l'effet des produits employés. 316 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Vincent prie la Section de vouloir bien lui communiquer tous les renseignements qui peuvent lui parvenir sur les cas d'hybridation, ces questions l’intéressant d'une facon toute particulière. M. Chappellier présente un exemplaire de la carte que dresse M. Louis Bureau sur l'habitat des Perdrix en France. M. Magaud d’Aubusson lit une lettre du même correspondant, le remerciant des renseignements qu'il a pris la peine de recueillir sur la distribution des Perdrix grises et rouges dans le département du Puy-de-Dôme. La hauteur à laquelle remonte la Perdrix rouge, dans la chaîne, 1.200 mètres au maximum, concorde bien avec les renseignements qui sont parvenus à M. le D' Bureau, d’autres points du Plateau central. La Perdrix grise remonte beaucoup plus haut, et la constatation de sa présence au sommet du Pic de Sancey, 1.386 mètres, est fort intéressante ; c'était du reste à prévoir, puisque la variété, ou plutôt la race pyrénéenne la Uharrela, remonte jusqu’à 2.500 mètres. M. Bureau a eu des renseignements très précis sur le département de la Lozère, fort intéressant, particulière- ment en raison de sa situation dans le sud du Plateau central et de la présence des causses calcaires, qui s’avancent au centre des massifs montagneux composés de terrains siliceux: granits et gneiss. Des documents ont aussi élé communiqués sur le département de l'Allier. En résumé, une correspondance très étendue a permis à M. Louis Bureau de dresser la carte de la distribution des Perdrix en France. Il cherche encore à la per- fectionner pour certaines régions sur lesquelles il n'est pas parvenu assez de renseignements. Ces régions sont la Haute- Loire, le Cantal, le Tarn, l'Aveyron, l’Ardèche, la Savoie et la Haute-Savoie ; nous ne doutons pas que ceux de nos collègues, qui sont au courant de la question, ne s'empressent de corres- pondre avec le directeur du Muséum de Nantes pour collaborer ainsi à l'œuvre scientifique qu'il a entreprise. M. Debreuil a recu de M. Albert Geoffroy Saint-Hilaire, pour les membres de notre Société, un certain nombre d'exemplaires de l’ouvrage qu'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire publia, en 1847, sous le titre de Vie, travaux et doctrine scientifique d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, par son fils. Faire ici l'éloge de ce livre EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 311 dont la lecture présente un véritable charme, malgré la profon- deur des questions qui y sont traitées, nous entrainerail, onle comprend, beaucoup trop loin; mais il est un devoir auquel nous ne saurions manquer : c'est celui de remercier de sa gra- cieuseté le Président honoraire de la Société nationale d’Accli- natation. M. Vitalis Brun de Salvaza annonce qu'il aenvoyé à la ména- gerie du Muséum un curieux hybride; cet Oiseau, qui est une femelle, provient du croisement d'un Coq bantam Pékin fauve et d’une Faisane commune. Ce fait est, parail-il, aussi rare que l'inverse est fréquent. Le même correspondant signale la présence dans le Cher d'une compagnie ‘entière de Perdrix rouges complètement albinos. M. Magaud d’Aubusson fait observer à ce sujet que Buffon parle d'une compagnie de Perdrix grises absolument blanches et dans des localités marécageuses de la Somme on en a vu de couleur gris de lin. M. Vitalis nous a adressé un œuf d'une grosseur vraiment extraordinaire pondu par une Poule orpington fauve, âgée d'un an. En outre de sa dimension, cet œuf présente un autre phénomène : il doit, au milieu du blanc et du jaune, contenir uu second œuf complet. Cette Poule a déjà donné un produit semblable; du reste ce genre de bizarrerie est connu. Enfin, dans une dernière communication, M. Vitalis dit avoir vu l’accouplement d’un couple de Chenalopex et ajoute que cette opération s’est accomplie sur la terre. M. Wuirion ne s'en étonne nullement, car, dit-il, l'Oie d'Egypte ne va que rarement à l'eau, et, dans leur pays d'origine, M. Magaud d'Aubusson ne l’a jamais rencontrée que sur ne tout au plus sur le bord des marécages. M. Debreuil a recu des demandes de Nandous; iln’a pu y salisfaire, mais il voit dans ce fait un motif de continuer l’éle- vage de cet animal. M. de Chapel veut bien demander à la Section s'il lui serait agréable de recevoir la traduction, qu'il a faite avec l’autorisa- tion de l’auteur, d'une brochure anglaise de M. Colligwod Ingram sur les Oiseaux du Japon. 378 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Il n'y a pas, hélas’! qu'en France où il y ait à déplorer la des- * truction des Oiseaux. Dans une lettre écrite de Tunis, M. Labbe annonce que la Société, dont il fait partie et qui est affiliée à la nôtre, se propose de demander au gouvernement tunisien d'interdire la destruction des Flamants roses, qui sont une des curiosités du lac de Tunis. et qui sontmenacés de destruction totale, à la suite des hécatoembes qu'en font les amateurs - d'Oiseaux naturalisés. M. Labbe ajoute : Si nous apprenons que quelque autre interdiction de ce genre soit nécessaire, nous nous ferons un devoir de la demander. La Section d'Ornitho- logie pense que cette protection doit être étendue aux Aigrettes qui passent sur le lac de Tunis. Plus près de nous, M. Le Fort a pu constater l’enchérisse- ment de l'œuf de Vanneau, dont cette année, à la Halle de Paris, l'œuf a été vendu trois francs, au lieu de un franc la pièce, comme cela avait lieu d'ordinaire. En revanche, les Colins de Virginie et de Californie étaient en abondance sur le marché et le prix ne dépassait pas le maximum de un franc. Le Vanneau est un des premiers Oiseaux qui pondent en France: aussi M. Magaud d'Aubusson attribue-til la non réussite des couvées aux pluies abondantes du printemps et aux inondations des prairies. Autrefois les œufs de Vanneau nous arrivaient en grand nombre de la Hollande; aujourd'hui on les fait venir de l'Irlande et de certaines parties de l'Angle- terre. M. Pierre-Amédée Pichot donne lecture d'un travail extrème- ment curieux sur la capture des Oiseaux de Paradis et leur acclimatation. Il sera inséré au Bulletin. M. Magaud d'Aubusson rappelle les tentatives de Wallace. Malgré une alimentation composée de Riz et de Sauterelles, ses Oiseaux succombérent au bout de trois mois. M. Trouessart demande s'il y a trace de deux Paradisiers, qui ont vécu à la ménagerie du Muséum, il y a une quinzaine d'années. M. Prévotat a envoyé deux Oiseaux vivants, dont il désirait connaître le nom; ce sont des Amadina erythrocephala, du Transwaal. M. Debreuil dépose sur le bureau un journal allemand, inti- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 319 tulé Geflügel-Bürse; d'après son sous-titre, cette publication hebdomadaire s'occupe de Volailles, Oiseaux chanteurs, Lapins, Pigeons voyageurs, Chiens et Chasse. Parmi les résultats qu’elle cherche à atteindre, il en est un auquel s’est spécialement dévouée la Société nationale d’accli- matation de France, nous voulons parler de la proteetion des Oiseaux. C'est dire qu'elle est fatalement en opposition avec l'industrie qui consiste à les détruire dans un but commercial. M. Bordeau, président de la Chambre syndicale des plumas- siers de Paris, avait bien voulu venir à notre séance, et un débat fort courtois s'est engagé entre lui et les membres de la Section. M. Bordeau repousse énergiquement ce qu'il appelle des accusations non justifiées. Autrefois on employait tous les Oiseaux, on faisait de la destruction. L'erreur actuelle est de croire que les nombreuses plumes employées pour la toilette des femmes sont exotiques; nous ne sommes plus au temps où chaque corbeille de mariage contenait, avec le classique châle de Cachemire, un Oiseau de Paradis. On parle des Aigrettes, mais les lots de plumes qui nous arrivent sont très peu impor- tants, on ramasse les plumes tombées; de plus l’Aigrette est aujourd'hui protégée; au Venezuela, des lois sévères ont été promulguées. Mais, objecte M. Magaud d'Aubusson, comment peut-on employer les plumes qui n’ont pas été prises dans les nids et sont tombées au milieu des ordures? Quant à l'existence des héronnières, elle est démentie par les gens du pays, entre autres par le conservateur du musée de la Guyane anglaise, qui dit qu’on a absolument trompé M. Laglèze. M. Bordeau répond que les plumes les plus souillées sont nettoyées au moyen de l’eau oxygénée; il montre des photo- graphies de Garzeros ou héronnières. M. Magaud d’Aubusson demande comment il se fait que le conservateur du musée de la Guyane n'ait rien vu. Nous possédons aussi des photographies, mais elles vont à l'encontre des affirmations qu'on vient d'entendre. En admettant qu'on se serve des plumes tombées, comment se procure-t-on les peaux des Aigrettes? Les plumes, ajoute M. Bordeau, n'auraient aucune valeur sans l’emploi de l’eau oxygénée. Pas plus les Aigrettes que les Paradisiers ne font l’objet de notre industrie; on vend une 380 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION grande quantité de fausses plumes d’Aigrettes, des imitations faites au moyen de plumes de Dindons, dont on ne conserve que les poils. A cette affirmation de M. Bordeau, que les plumassiers emploient annuellement un nombre énorme de kilogrammes de plumes d'Oiseaux de basse-cour, M. Magaud d'Aubusson répond que l'emploi de ces plumes n'empêche pas celui des Oiseaux exotiques. Si on les tue, c’est que les plumassiers s'en servent. Il y a un fait certain, c'est qu'en 1907 il a élé vendu sur le marché de Londres 28.281 Paradisiers, et M. Pichot ajoute qu'à Londres on a bien soin, pour voiler la vérité, d'appeler tous les Oiseaux Poules ou Canards. M. Ménegaux rappelle que les Allemands ont demandé l’éta- blissement de saisons de chasse. Selon M. Pichot, cela n'empêcherait rien; en dehors de ces époques, on tuerait les animaux qu'on exporterait ensuite, etle tour serait joué. Ce qu'il faut, c’est l'interdiction complète; on a des volailles, qu'on s'en tienne aux volailles. Et en effet, devant les chiffres donnés par un industriel de Poitiers, M. Content, cités par M. Bordeau et que nous allons reproduire à titre de curiosité, il n’y a rien à objecter à la pro- position de M. Pichot. Le nombre des Oies, dont les plumes sont annuellement employées en France, est de 1.815.000, pesant 470.000 kilogr. ; celui des Dindons de 930.000, soit 344.000 kiïlogr.; celui des Canards de 1.680.000, soit 140.000 kilogr.; celui des Pigeonsde 1.210.000, soit 70.000 kilogr.; celui des Coqs et Poules de 36.680.000 représentant un poids de 3.060.000 kilogr., ainsi répartis : Coqs, 10.050 kilogr.; Poulets blancs, 170.000 kilogr. ; Poulets gris, 900.000 kilogr.; le reste en Poulets noirs. Les plumes d'Oie représentent 4.700.000 fr.; celles de Dindon, 860.000 fr.; celles de Canard, 560.000 fr.; celles de Pigeon, 280.000 fr. ; celles de Coq et de Poule, 2.870.000 fr. 22,500 personnes sontemployées pour l'achat, la plumée, etc., et 2.800 pour le triage. Devant ces chiffres, on se demande encore comment l’indus- trie de la plume peut se plaindre que nous sommes en conflit avec elle. Elle a dans les Oiseaux de basse-cour de quoi s’ali- menter; elle l'avoue et en même temps elle semble trouver extraordinaire que nous, zoologistes, élevions la voix pour protéger de malheureuses. créatures, dont les tueries ne sont EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 9381 plus qu'un massacre inutile. Depuis des années nous voyons diminuer les Hirondelles, toutes les espèces d’Oiseaux y passe- ront. Est-ce de notre part un acte de malveillance que de demander aux pouvoirs publics de tous les Etats aide et pro- tection? Etsi les produits de nos basses-cours suffisent ample- ment à l’industrie en question, il n’y a pas lieu de plaider la cause de patrons et d'ouvriers qui ne sont nullement menacés. On ne tue plus, dit-on; eh bien, nous sommes heureux de nous trouver d'accord, puisque la seule chose que nous deman- dons ést qu’on ne tue pas. Le Secrétarre, Comte Dp'ORFEUILLE. IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 40 Avril 1911 Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. . M. Rollinat nous écrit qu'ayant recu quelques échantillons de Glandina |Mozrusques|, il les prit au premier abord pour des Limnées et il les plaça dans un cristallisoir avec un peu d'eau. Le lendemain, les Mollusques gisaient inertes dans le liquide, le pied allongé et épanoui. Les ayant retirés du liquide, les Glandina, dont trois échantillons sur cinq paraissaient morts, ne tardèrent pas à remuer et à renaître. Une énorme Anodonte ouverte et placée à côté des Glandina fut bientôt attaquée par les Mollusques, qui l'avaient en grande partie dévorée dans la soirée. M. Rollinat sollicite quelques renseignements sur les mœurs des Glandina. afin de faciliter ses observations. M. Le Fort s'étonne que les Glandina aient pu dévorer en partie une énorme Anodonte, car les Glandina qu'il élève au nombre de deux mangent à peine trois Helix aspersa en deux jours. M. Mailles partage également l'avis de M. Le Fort. M. Le Fort a observé que les Chenilles de Bombyx mort éle- vées et domestiquées ne savent plus s’accommoder de la vie libre; placées sur des arbres, au lieu de dévorer les feuilles 382 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION comme d'habitude, elles commencent par couper le pétiole, elles tombent alors avec la feuille et se tuent. M. P. Lesne développe la très intéressante communication qu'il vient de présenter à l'Académie des Sciences, sur les ravages des Bostrychides [CoL.]. M. Lesne fait passer sous les yeux de nos collègues quelques spécimens de trois des espèces dévastatrices, ainsi que des échantillons de divers bois attaqués tels que”: Acacia, Figuier, Vigne. Les Bostrychides ne s’attaquent pas seulement aux arbres, mais ils exercent également leurs ravages sur les Patates et les graines. La communication de M. Lesne sera insérée dans le Bulletin. M. le Président annonce que notre collègue M. André, de Mâcon, est décédé subitement le 23 janvier. M. André était pour nous un excellent correspondant, et la section offre à la famille de notre excellent collègue ses vifs sentiments de con- doléances. M. Raveret-Vatel donne lecture de la note suivante : « D'intéressants essais d'élevage en plein air du Ver à soie « Tussah » ou Ver à soie du Chêne de la Chine (Antherea Pernyi) ont été récemment faits en Italie, par M. le professeur Lenticchia, de Côme. L'élevage se fit sur 500 Quercus Cerris et 2.500 Q. robur. Sur 356 cocons reçus de la Chine, 248 don- nèrent des Papillons qui fournirent 176 grammes de graine. Suivant les calculs de M. Lenticchia, chaque pied de jeune Chêne rapporterait environ 200 francs net avec le Ver à soie: Tussah; car, si les pertes du fait des intempéries, des Oiseaux et des Insectes sont grandes, d'autre part, celles de l'élevage sont très faibles. De plus, la facilité avec laquelle cette soie se file à la main pourrait constituer une petite industrie rémuné- ratrice pour les classes agricoles pendant l'hiver, On a cons- taté que les Vers à soie mouraient sur les Chênes attaqués par l'Oidium, maladie dont les Quercus Cerris sont indemnes. C'est pourquoi le professeur Lenticchia continuera ses expériences sur les Yeuses seuls, en tentant cependant une dernière épreuve sur des Chênes soufrés au préalable contre l'Oidium. » OUVRAGES OFFERTSs. — H. C. Williamson. Report on larval EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 383 and later stages of certain decapod crustacea, 1 broch. 20 p., > tab.. in Scientific Investigations [1909]. Le Secrélaire, D' Maurice Rover. VI: SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 20 mars 1911 Présidence de M. Aug. Chevalier, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. A. Chevalier continue sa communication sur les légumes indigènes trouvés dans sa dernière expédition (Dahomey et Mossi): Il parle des Vigua (Vigua sinensis), plantes très cultivées en Afrique occidentale. Ces plantes se cultivent en culture dérobée avec du Sorgho; elles sont économiques par excellence, car tout en elles peut être consommé, les feuilles pour fourrage mé- langées ou non avec de l’Arachide, les jeunes gousses et graines pour l'alimentation de l’homme ; les graines peuvent être con- sommées fraiches ou sèches, leur prix de vente, dans ce dernier état, est, suivant saison, 5, 10, 15 centimes le kilogramme. Les variétés de Vigua sont très nombreuses au Sénégal. Il y en a quatre que l’on distingue par les formes et les dimen- sions des gousses. M. Chevalier présente des échantillons de chacune d'elles. Il cite une espèce de Vigua dont les pétioles après rouissage donnent une fibre textile estimée dans le pays. Le Secrétaire, M. Rouyer. OUVRAGES OFFERTS 4 LA BIBLIOTHÈQUE Bots (D... — L'Ansérine amarante, expériences de culture faites en 1909-1910. Paris, extrait du Pulletin de la Société Nationale d'Acclimation de France, mars et avril 1910. Bois (D.). — La récolte et l'expédition des Graines et des Plantes vivantes, 1911. Paris, les fils d'Emile Deyrolle. Sasant (Prof. C.). — On the Life History of Trioza Cam- phorae N. Sp. of Camphor Tree and its Injuries. Tokio, october 1910. Reprinted from the Journal of the College of Agriculture Imperial Universety of Tokio, vol. II, n° 5. CosTaNTIN et Bois. — Sur les Graines et les Tubercules des Tombeaux Péruviens de la Période Incasique, 1910. Paris, Librairie générale de l'Enseignement. Extrait de la Revue géné- rale de Botanique, t. XXII (1910), p. 242. Bois (D.). — L'Institut Botanico-Agricole de Buitenzorg (Java). Extrait de la #evue Horticole, numéros des 1% janvier, 16 janvier et 1° février 1910. The american flag. State of New-York, Education départ- ment, 1910. KLumPkE (Anna). — Rosa Bonheur. Sa vie, son œuvre. Paris, Ernest Flammarion, éditeur. DE LEssE (André). — Chasse, Elevage et Piégeage. Ency- clopédie agricole, Paris, J.-B. Baillière et fils. Icues (Lucien) et LAURENT-OPIN. — Un rucher dans la Répu- blique Argentine. Laon, Ch. Westercamp, éditeur, 1910. GEOFFROY SAINT-HiLaIRE (Isidore). — Vie, Travaux et Doc- trine scientifique d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, 1847, chez P. Bertrand, éditeur, Paris. JAcoB DE CoRbEMOY (H.). — Les Plantes à Gommes et à Résines, 1911, Paris, 0. Doin et fils, éditeurs. Encyclopédie Agricole. Bibliographie agricole, 1914, Paris, J.-B. Baillière et fils. DE BERLEPSCg (Baron H.).— Manuel de protection des Oiseaux Géra-Untermhaus, 1900, Fr. Eugène Kühler, libraire éditeur. BRUYÈRE (Henri). — L'Huître el la santé publique, Paris, Librairie du Pécheur Populaire. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. mmission com EN DISTRIBUTION Graines d'Ansérine, offertes par Carezx astrata. Epilobium alpinum {M-REYNIER (d'Aix) et GUILLOCHON (de Tunis). Erigeron alpinus. Pois de senteur anglais, en mélange, Bride) Ti ï j geron politus. : a offerts par M. DÉJARDIN. Hieracium alpinum. ni 5 M. routh (Syrie). Poa alpina. | Den M MOREL, de Beyrouth (Syrie) Potentilla gelida. ies morinda. Oxgria digyne. taurea imperialis. STE A Hyptis suaveolens. KES Hematozylon Campechianum. Abroma augusta. Raphiolepsis Delacour ti. Scabiosa atropurpurea. alyptus angulosa. Graines offertes par le Jardin Botanique de Sibpur, se bicolor. ! près Calcutta. (Sikkim Himalayan). — capitellata. MARNE | — coriaceæ. | Ilex insignis. ; = rs, crebra. Eriobotrya petiolata. 4 #2 gomphocephala. Pieris ovalifolia. ÿ Lz: longifolia. Callicarpa vestita. - Fe D — polyanthemos. | Exacum teres. 4 ur redunca. | Paederia foetida. SX 2cci ; CUS. | Graines offertes par le Dr. ROBERTSON PROS- "+ 1% ccio elegans pomponicus | CHOWSKY : P Graines offertes par le Jardin botanique de Skansen | Bocconia frutescens L. (Suède). Araujia sericifera Brot. ) conitum septentrionale. Tacsania mollissima. FA Astragalus alpinus. Musa Ensete. é alamagrostis laponica. Furcræa gigantea. À 3 S'adresser au Secrétariat. pp he OFFRES. 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SOCIÈETE NATIONALE FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN À 5 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 4° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d’animau utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles on d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable: La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séauces publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu’elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo- ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- - sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, elc., faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d’Accli- matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8°, illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d’ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- fères et leur élevage, les Oiseaux el la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la! pratique de la Pisciculture, l’'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et! de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colouies. Ces mémoires, dont! plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour! les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le’ Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien’ connus du D' Moreau sur les Poissons de France. | Le Gérant : A. MARETHEUX, Paris. — JL. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. BULLETIN. DE LA DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) A 58° ANNÉE : nos N° 13 — 1° JUILLET 1911 | SOMMAIRE Lite supplémentaire des Membres de la Societé. ns ANA Rer Ta SR UTP ET On 385 … MAGAUD d'AUBUSSON. — Sur l'acclimatation du Cupidon des prairies. AUS SOA ral AUS EEE br. VINCENT: — Une Cbinte intéressante faite aux environs de Lille, . . . . . . . ,. .. 399 ! bp GÉROME. — Visite aux cultures de Champignons de couche de M. Bonhomme, à Issy (SGine) ae one SEE RIES DE HEAR METEOS AE RETEPE VE FRAIS A TRE GENE ON LOS H. COURTET. — Le Café, la question caféière et nos colonies (suife) . . Le PO PE EE UE je 207 Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Hooe | (près qu Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS et les personnes qui désireraient l'entretenir _. siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous Les Lundis, SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLNATATION Œ FE Fondée le 10 Février 1854. Reconnue d'uiilité publique par décret en date du 2% Février 1855 33, RUE DE BUFFON — Seins BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 = Président, M. Edmond Pereixe, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur « di Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire nzaiurelle, Professeur à l'Ecoll coloniale, 15: rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seme} Vice-Présidents. MauRice DE Virmoix, 13, quai d'Orsay, Paris. - Comte de PoSTERIAND. Sénateur, boulevard Saint- Germain, 238, Paris. C. Raverer-WavteL, 20, rue des Acacias, Paris. Ë * _Secréfaire général, M. Maurice Loyen, 42, rue du Four, Paris: ds MM. R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etranger). 2" H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, S bonlevard Sain … : - … Secrétaires, Germain, Paris (Conseil). Cexpix, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). rs LS SR 3 Ch. Desseuir, 25, rue de Châteaudun, Paris ({ntérieur): ; ; PE Trésorier, M. le D' Seeizorte, 11, rue Croix-des-Petits Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Civcuars, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D' Lerenes, 62, rué de la Tour, Paris. : % Marcxes, rue de l'Union, La Varenne Saint-Hilaire, Seine. D E. TROUESS2RT, Professeur au Muséom d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. . de Vizwozix, Verriéresle-Bmisson, Seine-et-Oise. - FR professeur de botanique au Moséum d'Hisioire naturelle, {£,_rne des Ecoles, Paris. - Le Mraz pe Vies, 3, rue Cambacérés, Paris. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. - Wuorriox, 7, rue Théophile-Gauter, Newliy-sur-Seine. È ACEALUE, directeur du Laborstoire colonizl du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Pari: EE DésseDns. 23, rue Claude-Lorrain, Paris. ; TE Miçaun Re 18, rue Erlanger, Paris. a D' P. Mancrar, Professeur à l'Inslitut National RECPAUEES Directeur de Ja Stabpn entomologiqs Le de Paris, 442, boulevard Saint-Germain, Paris. $ = : Dates des Séances du Cale et des Sections POUR L'ANNÉE 1014 Janvier 10 Février 14 Jan | Séaxces Du Coxsriz, le Mardi à 5 heures. } 4re Secrios. — Mamsmiferes, le lundi | A 5 houres PSE LA ARE 2- Secriox. — Ornithologie, le lundi RENTE T EL S PE Faq D 3e SECTION. — Aquiculture (1), ‘le lundi à 6 heurés = 6 Si US £e SECTION. — Enfongur, le lundi | à 3 RAP AE VU 5e SECTION. _ Botanwque, le lundi 3h A/27 % 6: Secnos. _— Colonisation, le lundi 5 heures . | Sovs-Secri0x d'Etudes Caprines, le ven- dredi à 5 heures . SA ete {1) Batraciens, Reptiles et'Invertébrés aquatioues. NOTA. — Les membres de la Soclété qui déssrent assister 4 aux séanc des Séctions, recevront sur leur demande les ordres du joue, mensuels de séances. ; LISTE SUPPLÉMENT AIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ARRÊTÉE AU 1° JUILLET 1911 Mae Pont, Gouvernement général de l'Afrique Occidentale, Dakar, Sénégal, présentée par MM. Perrier, Chevalier et Courtet. Sociétés agrégées : Norniska Museers BiBciorek, à Slockholm (Suède), présentée par MM. E. Perrier, M. de Vilmorin et de Pontbriand. Say (Raffinerie et Sucrerie), 123, boulevard de la Gare, à Paris, pré- seutée par MM. Perrier, Aron et Debreuil. MM. ALLAIN (Maurice), 13, rue Henner, à Paris, présenté par MM. E. Per- rier, Hermenier et Debreuil. BAzzur (Fernand), 20, rue de Chartres, à Neuilly-sur-Seine, présenté par MM. Duriez, Debreuil et Le Fort. Beyor (Edmond), vice-président de la Société centrale des Chas- seurs, 7, rue Montaigne, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, de Lesse et Ternier. Brumer (Emile), professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, 1, rue Dupuytren, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Blanchard et Caucurte. Bureau (Louis), directeur du Muséum d'Histoire naturelle, profes- seur à l'Ecole de Médecine, 15, rue Gresset, à Nantes (Loire- Inférieure), présenté par MM. E. Perrier, Magaud d’Aubusson et Debreuil. Cags (Maurice), directeur du Pécheur populaire, T, rue Lafayelte, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Le Fort et Dagry. Ccieny (A.), directeur de la Station aquicole de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), présenté par MM. E. Perrier, Chevalier et le D: Loisel. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 95 396 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Georrroy-Sainr-Hizame (Henry), inspecteur de l'élevage en Tunisie, 2, rue de Tunis, à Tunis (Tuuisie), présenté par MM. E. Perrier, Albert Geoffroy-Saint-Hilaire et P. A. Pichot. Gauvec (Abel), professeur à la Faculté des sciences de Bordeaux (Gironde), #, rue Lagarde, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Chevalier et Debreuil. Hozuer (Lucien), importateur, 13, boulevard Rochechouart, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Debreuil et Loyer. Kvsez (Maxime), 21, place de la Madeleine, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, P. A. Pichot et Debreuil. Le Barazer (Daniel), avocat à la Cour, 18, avenue de l'Opéra, à Paris, présenté par M®° Caucurte, MM. Tolet et Debreuil. Lecoux (Henri), 40, rue de la Pompe, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Déjardin et Debreuil. Mazzer (Maurice), expert, 43, rue du Helder, à Paris, présenté par MM. Schæller, Déjardin et Debreuil. Moxraiexac, 234, boulevard Saint-Germain, à Paris, présenté par MM. Déjardin, Schæller et Debreuil. Pen (Georges), 12, rue Godot de Mauroy, à Paris, présenté par MM. Déjardin, Schæller et Debreuil. Poucaro (D: Albert), chirurgien des hôpitaux, 22, avenue de Fried- land, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Aron et Debreuil. à Ricois Ernest), 28, boulevard Raspail, à Paris, présenté par MM. Caucurte, Tolet et Debreuil. Sraxcrorr (Dimitri), envoyé extraordinaire et ministre plénipoten- tentiaire de S. M. le roi des Bulgares, 38, avenue Kleber, à Paris, présenté par MM. E. Perrier, Ph. de Vilmorin et Debreuil. Tisaroon (Maurice), ingénieur P. C., 123, boulevard de la Gare, à Paris, préseuté par MM. E. Perrier, Aron et Debreuil. Vrraris BRux pe Sarvaza (Louis, les Cabarderies, par Lury-sur- Arnon (Cher), présenté par MM. E. Perrier, Debreuil et Loyer. Wecexer (Otto), 5, rue Pelouse, à Paris, présenté par MM. E. Per- rier, Debreuil et Loyer. SUR L'ACCLIMATATION DU CUPIDON DES PRAIRIES z Par MAGAUD D'AUBUSSON. Il existe dans l'Amérique du Nord une espèce de Tétraonidé très intéressante, tant sous le rapport de sa biologie qu’au point de vue de son acclimatation en Europe. C’est le Cupidon des prairies (Cupidonia cupilo Baird), espèce connue depuis longtemps des naturalistes, car ses mœurs ont été étudiées avec soin par Vieillot (1), Wilson (2), Audubon (3); et d’autres auteurs plus récents, mais qui l’est sans doute moins des éle- veurs d'oiseaux et des acclimateurs. J’ai cru utile au but que poursuit notre Société de leur fournir sur ce Télras quelques renseignements exacls, d’après des données süres, dans l’es- poir qu'ils s'intéresseraient à lui et contribueraient de leurs efforts à l'approprier à nos climats, car, placé dans certaines conditions que je préciserai, il pourrait rendre des services -comme gibier et devenir même, au besoin, un animal domes- tique. Le Cupidon des prairies se rapproche de la Gélinolte des bois (Bonasia sylvestris G.-R. Gray), mais sa taille est beaucoup plus forte. Type du genre Cupidon, on pourrait néanmoins le considérer comme une grande Gélinotte, si les particularités dont je vais parler et sa manière de vivre ne l’éloignaient nota- blement de la Gélinotte proprement dite, comprise dans un genre très vVaisin. Son aspect et ses caractères extérieurs sont remarquables, Le mâle porte de chaque côté du cou un faisceau de plumes -étroiles qui se déploie en éventail lorsque l'oiseau est excité, et lui a valu le nom de 7étras huppecol, qu'on lui donne sou- vent. Des plumes érectiles, d’une couleur orangée, s'étendent au-dessus des yeux, et une sorte de petite huppe couronne la tête. Mais ce qui paraît plus extraordinaire, c’est la présence, à peu près à la hauteur des touffes de plumes qui lui font une parure, de deux poches ou sacs aériens cutanés, dus à la dila- (1) Histoire naturelle des Oiseaux de l'Amérique septentrionale. (2) Américan Ornithology of the natural History of Birds inhabiting £he United-States. (3) The Birds of America. — Ornithological Biography. 388 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION tation de l'æsophage, ainsi que de la peau du cou, et en com- munication avec les voies respiratoires. Ces deux poches tom- bent en plis allongés et ridés quand rien n'agite l'animal, mais, à l'époque des amours par exemple. lorsque le mâle veut faire entendre son chant. la gorge et le cou se gonflent et les sacs aériens acquièrent le volume d'une petite orange. L'oiseau baisse alors la tête vers le sol et pousse des cris qu'on a com- parés au roulement du tambour, véritables sons de ventriloque que l'on perçoit, quand on les entend de près, comme s'ils venaient d'un point plus éloigné. C'est bien par le moyen des deux poches du cou que le mâle Cupidon produit ce bruit particulier, qui, au dire de Viellot, parait composé de trois notes sur le même ton, fortement accentuées et semblables à celles du Chat-huant, mais beau- coup plus basses. Audubon. pour s'en convaincre, a fait, sur des sujets tenus en captivité, des expériences qui ne laissent subsister, semble-t-il, aucun doute. Il perca donc les deux sacs d'un Oiseau et celui-ci resta muet. Sur un autre individu. il n'ouvrit qu'un sac, le Cupidon fit encore entendre sa voix, mais beaucoup plus faiblement que lorsque les deux poches remplies d'air restaient intactes. Après le temps des noces, d’ailleurs, ces sacs aériens s'affaissent et, en automne et en hiver, ils deviennent très petits. Leur volume est aussi en relation avec 3 l'âge : peu développés chez les jeunes mâles, ils augmentent de grosseur à mesure que les Oiseaux vieillissent. Le plumage du Cupidon des prairies a des teintes agréables : toutes les parties supérieures du corps sont marquées trans- versalement de noir, de rouge pâle et de blanc; le devant du cou et le haut de la poitrine, colorés de brun rougeâtre, de blauc et de noir; le bas de la poitrine et le ventre, d'un brun effacé, rayé de blanc; les rémiges, brunes à tige noire, avec % les barbes extérieures tachées de rougeâtre ; les rectrices, d'un brun foncé, lisérées à la pointe de blanc terne: les joues et la gorge jaunâtres ; les parties nues du cou et des pattes d’un jaune orange. L'œi est brun, surmonté d'une bande écarlate ; le bec, couleur de corne foncé. Les deux sexes diffèrent peu par le plumage ; la femelle, qui est plus petite, a les teintes générales plus claires, et les plumes ornementales moins longues que celles du mäle. Les mœurs de cette espèce sont assez différentes de celles des autres Tétras. Ceux-ci vivent ordinairement dans les bois, se “ PTE TP PAL LT 1K TEA 6 SATA snls à 1 72 hu Ga ni die : ' 0 LA SUR L'ACCLIMATATION DU CUPIDON DES PRAIRIES 389 tandis que le Cupidon rechercheles plaines découvertes, dépour- vues d'arbres, revêtues d'herbes et à peine parsemées de quelques buissons. Il se perche peu, même pour dormir, quand il se trouve dans le voisinage des arbres, et préfère passer la nuit à terre au milieu de l'herbe. Cependant, après les chutes abondantes de neige, il monte sur les branches les plus élevées des Sapins. Les Bruyères de médiocre hauteur lui plaisent, et, quoiqu'il fréquente des lieux humides et marécageux, on le rencontre aussi sur les terrains secs. Il aime à séjourner près des endroits cultivés et ne montre pas ce naturel sauvage et même farouche des autres Tétras qui se retirent au fond des forêts. Si, par ses habitudes, il est pour ainsi dire lié au sol, il n’est pas toujours invariablement attaché aux localités où il s’est fixé. On peut le considérer générale- ment comme sédentaire ; en certains cas, néanmoins, il entre- prend en hiver, à la recherche d'une nourriture abondante, des voyages qui équivalent presque à de véritables migrations. Dans ses allures un peu lourdes, il ressemble plus à la Poule domestique qu’à la Gélinotte des bois, élégante et vive; aussi, le connaïit-on communément, dans les pays où il habite, sous le nom de Poule des prairies, et l'appellation est assez exacle. Quand il est exposé à quelque danger, s’il a devant lui un espace libre, il se met à courir, va se cacher derrière un buis- son et se rase; il s'envole lorsqu il est surpris ou qu'un effroi subit le saisit. Son vol est fort, régulier et plus rapide que ne le laisserait supposer son corps épais; il peut être en outre très soutenu, car on a vu des Cupidons franchir d’une seule traite des distances de plusieurs kilomètres. Sa nourriture se compose de substances végétales, de fruits, de baies, de grains, de jeunes pousses, et cette partie de son régime alimentaire cause parfois quelques dégâts; mais, d'un autre côté, il rend des services en détruisant des insectes, des sauterelles, des fourmis, des limaces et d’autres animaux nui- sibles. Le Cupidon hante des lieux divers suivant les saisons : en été, on le trouve dans:les prairies et les champs de céréales; en automne, il visite les vignobles et les vergers; en hiver, il parcourt les endroits où abondent des baies de toutes sortes, qu'il recherche avec avidité. Dans cette saison, les Cupidons forment souvent des bandes considérables qui ne se divisent qu’au printemps. Ils entrent en amour au mois de mars, et c’est pour les mâles es < 5 L L:A hd AA Cie À M AT 171$ [! TN TE De 0 [ 4 : rn 390 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION une période de surexcitation fièvreuse. Revêtus de leur parure de noces, ils étalent la beauié de leur plumage et se livrent à des combats acharnés pour la possession des femelles. Ils ont des lieux de rendez-vous où les rivaux viennent se provoquer en duel. Ils y arrivent avant les premières lueurs de l'aube. Aussitôt que le jour commence à paraitre, l'un de ceux qui s'y trouvent réunis fait entendre un chant fable, un second lui répond et ils sortent l’un après l’autre des buissons en se pava- nant avec toute l'ostentation dont ils sont capables. Le cou est recourbé en arrière, les sacs aériens sont gonflés, les longues plumes qui les recouvrent étalées en forme de collerette, ia queue se déploie en éventail, les ailes écartées du corps traïnent bruyamment sur le sol, leurs yeux brillent d'une ardeur belli- queuse, ils piétinent en tournant comme font les Dindons, se provoquent de la voix comme des héros d'Homère.et préludent de la sorte aux combats qu'ils vont se livrer. Ils s’atiaquent avec fureur, se portent des coups répétés au milieu d'un tour- billonnement de plumes arrachées et font de grands sauts en jetant un cri discordant. De temps en temps, pendant l'action. on entend quelques éclats, assez semblables, paraît-il, à ceux que ferait une personne qu'on chatouillerait vivement, en sorte que, dit Vieillot, par sympathie on se sent disposé à rire. Les plus faibles et les moins courageux lächent pied et prennent la fuite, les vainqueurs se promènent triompbalement sur le champ de bataille et vont rejoindre les femelles pour recevoir la récompense de leurs exploits. La ponte a lieu plus ou moins tôt suivant la latitude, ordinai- rement en avril et mai. Le nid, placé au milieu des hautes herbes ou dans un buisson, est grossièrement construit avec des herbes et des feuilles sèches. La femelle y dépose dix ou douze œufs de la grosseur de ceux d'une Poule et qui ressemblent un peu pour la forme et la coloration à ceux de la Pintade. La durée de l'incubation est de dix-huit ou dix-neuf jours. Ea femelle veille sur les poussins avec use grande sollicitude, le mäle ne s'en occupe en aucune facon.-Dans les premiers jours, les jeunes se nourrissent surtout d'insectes; plus tard, leur mère les emmène dans les champs où ils mangent des grains. Lors- qu'elle voit qu'ils sont menacés d’un danger, elle pousse un cri d'alarme; à ce signal la nichée disparait et se cache si parfai- tement qu'il est presque impossible de la découvrir, pendant que la mère inquièle et dévouée emploie pour éloigner l'ennemi SUR L'ACCLIMATATION DU CUPIDON DES PRAIRIES 391 les ruses touchantes dont se servent, en cas analogue, les Per- drix. Audubon raconte qu'un jour son Cheval, ayant effrayé une femelle de Cupidon, les jeunes s'envolèrent, se disper- sèrent de tous côtés et se laissèrent tomber à terre. « Ils s’y tinrent si tranquilles, si cachés, dit-il, qu'il me fut impossible d’en retrouver un seul. » Les Cupidons ont pour ennemi tous les animaux carnassiers depuis le Loup des prairies et le Renard jusqu'aux Martres et aux Putois, ainsi que les Oiseaux de rapine assez forts pour s'en emparer. Mais l’homme surtout a contribué pour une large part à les détruire dans des régions où ils étaient autrefois très répandus. On finit cependant par s’apercevoir que l'excès des massacres ne tarderait pas à faire disparaître du territoire des États-Unis un gibier excellent, et des lois protectrices vinrent enrayer sa destruction. Au bout d’un certain temps, la multi- plication de ces Oiseaux devint considérable et on puten appro- visionner largement les marchés américains. Ils n’en ont pas moins reculé de l’est à l’ouest, et c'est dans cette partie de l'Amérique septentrionale qu'on les rencontre encore en grand nombre (1). Si l’on en croit Audubon, les Cupidons étaient extrèmement nombreux, de son temps, dans le Kentucky, d'où ils ont, je crois, complètement disparu aujourd'hui. On en tuait et man- geait antant qu’on voulait, si bien qu’on finit par être rassasié de la viande de cet Oiseau. « Mes domestiques, ajoute Audubon, préféraient un morceau de lard à un rôti de Cupidon. » On se lasse, en effet, des meilleures choses à en user sans modération ; le Cupidon n'en reste pas moins un gibier de haute valeur. À la fin du dernier siècle et encore il y a quelques années, il en arrivait une assez grande quantité à Paris, et les mar- chands de comestibles étalaient ces Oiseaux américains à côté de uos volailles et de nos gibiers de France. Quoiqu’un séjour prolongé daus la glace fasse perdre à leur chair un peu de sa saveur, ils avaient déjà conquis un certains nombre d'amateurs lorsque leur importation s'arrêta avant que le goût du public s’y füt définitivement porté. (1) Dans une lettre adressée en 1873 à M. À. Geoffroy Saint-Hilaire par M. G. de Montebello, qui voyageait à cette époque dans l'Amérique du Nord, on lit: « Ces animaux sont depuis longtemps entièrement relegués dans les prairies de l'Ouest, où ils se trouvent en très grand nombre encore. » Ils s'y sont maintenus. 392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION C'est vers 1873 que se produisirent les premiers arrivages importants de Cupidons, qui continuèrent d’ailleurs avec assez d'irrégularilé, car on passait plusieurs années de suite sans en voir. Un vendait ces Oiseaux sous le nom de Poules des prairies. Au début, le prix était de quatre francs la pièce, mais à mesure que la consommalion augmenta, il s’éleva rapidement à six et même sept francs. A celle époque, notre Sociélé fut appelée incidemment à s'oc- cuper du Gupidon à la suite d’une lettre adressée par un de ses membres, M. J. Audiffred, pour demander des renseignements sur le nouveau gibier qui venait de faire son apparilion à Paris. Il vantait sa chair comme un rôli excellent, mais notre collègue appelait surtout l'attention de la Société sur cet Oiseau dans l'espoir d'enrichir la France ou l'Algérie de ce gibier et de « remplir, disait-il, une fois de plus notre programme en en faisant venir des couples vivants et en travaillant à leur accli- matation ici ou là ». M. A. Geoffroy Saint-Hilaire répondit à cette leitre dans les termes suivants, consignés dans le procès-verbal de la séance du 7 mars 1873 : « En effet, la Poule de prairie, appelée aussi Gélinotte ou Cupidon des prairies (Cupidonia americana), est un excellent gibier, dont l'acquisition est fort à souhaiter. 11 faut à ces Oiseaux de vastes espaces herbeux et un peu hu- mides; chez nous, la Sologne, par exemple, lui conviendrait parfaitement. Le Jardin d’Acclimatation possédait, il y’a quelques années, plusieurs Cupidons qui s’y sont reproduits (1). On va faire de nouveaux essais d’acclimatation sur celte espèce, dont on attend une cinquantaine de couples (2) ». J'ignore ce qu'il advint de cetle promesse, je n’ai trouvé dans notre Zullelin aucune trace des nouvelles expériences annon- cées. Mais nous devons retenir que le Cupidon des prairies s’est reproduit autrefois au Jardin Zoologique du Bois de Boulogne, et Le fait mérite d’être noté avec d'autant plus d'intérêt qu’en Allemagne, en Belgique, en Hollande, où des essais nombreux de reproduction furent tentés, l'échec a été presque complet. En Angleterre, on n'’obtint pas de résultats beaucoup plus satisfaisants. Au lémoignage de Tegetmeier, si un petit nombre de Cupidons y sont nés, ils sont tous morts sans perpéluer 1) Ces oiseaux avaient été envoyés en 1861 par M. Servant. 2) Bulletin. Procès-verbal, séance du 7 mars 1873, t. XX, p. 268-269. éehee L. SUR H'AUCHOPATAION DU CUPIDON DES PRAIRIES 393 leur espèce. « Les expériences, dit-il, ont presque générale- ment avorlé. » En Angleterre, il est vrai, et cela peut étonner, on montra une médiocre ardeur pour l'introduction et l’acclimatation du Cupidon des prairies dans le Royaume-Uni. Il faut peut-être en chercher la raison dans les préventions injustifiées de quelques naturalistes, et non des moindres, contre cet Oiseau. Le célèbre ornithologiste John Gould était parfaitement convaincu de l'impossibilité d’acclimater cette espèce de Tétras en Angle- terre, à moins, disait-il, qu'on ne puisse introduire en même temps une centaine de milles carrés de prairies appropriées à la nourriture de ces Oiseaux. Et affirmant son opinion dans le bel ouvrage qu'il a consacré aux Oiseaux de la Grande- Bretagne, il s'exprime ainsi sur le compte du Cupidon : « On a souvent voulu établir les Poules des prairies du Nord de l’Amé- rique dans nos bruvères et la Perdrix américaine (Orlyx virgi- nianus) dans nos champs et dans nos bois. Mais que pouvait-il résulter de bon de ces essais ? La Poule de prairie devait-elle prendre la place de nos Grouses et la petile Perdrix serait-elle une amélhoration de nos espèces ordinaires? Non, il n'est pas à penser que ces tentatives puissent jamais être accomplies, el il est à désirer qu'on oublie ces rêves trompeurs (1). » Tegetmeier, dans une lettre insérée dans le Field du 24 janvier 1874, se range complètement à l'avis de Gould. Mais, toute sa vie, Gould a montré une sorte de parti pris contre toute tentative d’acclimatation quelle qu'elle soit. « On a souvent essayé, dit-il dans l'ouvrage que je viens de citer, d'introduire certaines espèces dont l'acquisition était regardée comme désirable. Ces essais ont généralement été inutiles. La nature ayant approprié chaque espèce à une certaine localité, il faudrait que le climat et la nature de la contrée où des ani- maux seraient introduits fussent changés et rendus propres à la nature de ces animaux pour qu'il y eût à cette introduction la moindre chance de succès. » C'est net et précis. Mais ici les juges sont les faits acquis et ils condamnent Gould. Où en serait l'humanité si l'homme, au contraire, n'avait su assouplir et adapter le monde animal et le monde végétal à des climats et à des milieux nouveaux, s’il n'avait eu le pouvoir de modifier, au gré de ses besoinset même (1) The Bu'ds of Great Britain. London, 1850-1868. 394 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIQNALE D'ACOLIMATATION de ses caprices, les animaux et les plantes qui peuplent aujour- d'hui ses demeures? « La grande majorité de nos animaux domestiques, faisait remarquer Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, n’est originaire ni de notre climat, ni de climats analogues aux nôtres (1). » L'opinion si catégorique de Gould, adoptée par Tegetmeier, suscita, malgré tout, en Angleterre, plus d'une objection. On trouve dans le Field du 31 janvier 1874 une lettre signée Setter qui me seruble intéressante à rapporter. « J'ai pris le plus grand intérêt, dit le correspondant du Field, à la correspondance insérée dans votre Journal, relati- vement à l'introduction en Angleterre de ce charmant Oiseau, le Tétras des prairies {Cupidonia cupido); et d'après mes propres observations, faites dans sa contrée natale, sur les habitudes de cet Oiseau, je crois être sûr que si un beau lot était amené dans quelque vaste propriété bien gardée, com- posée de terres arables et de prairies, il réussirait et se repro- duirait. « Avec la déférence qui est due à l'opinion du naturaliste si compétent, M. Gould, cité par M. Tegetmeier, dans sa lettre au Field de la semaine dernière, je ne puis penserqu'il soitnéces- saire, pour faire réussir ces Oiseaux, qu'ils aient un espace de cent milles de prairies, ayant moi-même tiré sur des vingtaines de ces Oiseaux dans des fermes du Wisconsin et du Minnesota, dont le climat en hiver est souvent très rude. « Quant à transporter ces Coqs de bruyère en Angleterre et en Ecosse, personne connaissant les habitudes de ces Oiseaux, ne saurait douter que leur introduction dans ces îles ne püt définitivement réussir. Je voudrais voir des expériences réso- lument faites, et je suis persuadé qu'elles réussiraient et que ces Oiseaux feraient une importante addition à la liste de nos gibiers et seraient un agréable sport. Je pense que toute personne ayant un beau lot de ces Oiseaux à tirer sera de mon avis. » Un autre lecteur du #irld, M. Frédéric Fane écrit à son tour : « Bien qu'une autorité, comme celle de M. Tegetmeier, paraisse concluante sur l'impossibilité d'introduire les Tétras huppecols d'Amérique en Angleterre, et sur l'inutilité d'essayer de supplanter notre gibier ordinaire, gibier vraiment meilleur, (4) Acclimalation el domesticalion des animaux utiles, 1861, p. #1. SUR L'ACCLIMATATION DU CUPIDON DES PRAIRIES 395 cependant nous avons, dans le sud de l'Angleterre, des centaines et des milliers d’acres de bruyères stériles et de marécages sur lesquels il y a eu des Coqs de bruyère autrefois et qui n'existent plus. Nous serions vraiment désireux de voir quelque Oiseau valant le coup de fusil occuper ces déserts. La Grouse commune a été essayée souvent, mais élle ne peut pas y vivre. » Enfin le major Bates, dans une lettre adressée au Daily News au mois de décembre 1813, par conséquent un peu antérieure à celies que je viens de reproduire, se fait le champion ardent de l'introduction du Cupidon des prairies en Angleterre. Il faut citer celte lettre enthousiaste qui éclaire la question, bien qu'elle soit empreinte sur certains points d'un peu d’exagéra- tion et contienne même quelques inexactitudes. Elle est écrite de Saybrook, dans l'Illinois. « Un ami et moi, raconte le major Bates, nous avons pris vivants, vingt et un Tétras huppecols. J'avais précisément, dans un diner d'amis, mangé de ces mêmes Oiseaux, et John Bull, s'il le voulait, pourrait avoir bientôt des centaines eldes milliers de ces Oiseaux pour les élever ou les chasser, et les manger. Il y a des milliers d’endroits, dans la Grande-Bretagne. où ce gibier pourrait prospérer. Je crois quil pourrait se multi- plier plus rapidement en Angleterre, en [Irlande et en Ecosse qu'il ne le fait en Amérique. Ces Oiseaux sont très vivaces et ne détruisent pas les moissons. « Les femelles commencent à pondre vers le milieu d'avril et font éclore en juin. Elles produisent, par chaque couvée, de douze à trente jeunes. J'en ai même vu un plus grand nombre dans une couvée. « Le poids moyen de cet Oiseau est d'environ 5 livres, avec une petite augmentation pour les mâles. « Ils pourraient, en toute sécurité, être mis vivants,en grand nombre, dans des cages et êlre apportés vivants et bien por- tants en Angleterre, à un prix n’excédant pas dix schillings par têle. « Pourquoi n’avons-nous pas de ces Oiseaux en grand nombre, dans les bas-fonds, dans les marécages, dans les forêts toujours vertes de notre vieille Angleterre ? Si une trentaine ou plus de gentlemen, propriétaires daus différentes parties de l'Angleterre, souscrivaient pour avoir deux mille ou trois mille de ces Oiseaux, également répartis entre eux, ils feraient un nn: ] TA mie A 396 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION véritable cadeau au peuple de la Grande-Bretagne. Cette bonne action donnerait avec le temps un supplément important pour la table des riches et même pour celle des pauvres. Deux mille Oiseaux et mème plus, pourraient être encagés et envoyés en un seul lot et, si l'on avait un nombre suffisant de personnes pour les soigner, bieñ peu mourraient dans le trajet de l'Ouest amé- ricain en Angleterre. « Qu'on importe deux mille de ces Oiseaux, vivants et bien portants, en Angleterre, en Irlande et en Écosse, qu'on les mette en liberté dans des terrains favorables à leur existence, et l'on peut assurer qu'ils produiront plus d'Oiseaux de leur espèce, en sept ans, qu'il n’y a maintenant d'habitants dans la Grande-Bretagne (1). » Voilà donc près de quarante ans, tant une idée est lente à germer, qu'on discute sur l'utilité d'introduire et d’acclimater le Cupidon des prairies en Europe, discussion restée stérile, car dans aucun pays, pas plus en France qu'en Angleterre et en Allemagne, on ne s'est livré à des expériences définitives, failes avec suite et méthode, dans les conditions les plus propres à assurer le succès. On renonça, dès les premiers échecs, à poursuivre la multiplication de cette précieuse espèce, sans s’apercevoir qu'on s’y élait mal pris. Ce qui s'est passé au Jardin zoologique de Hambourg, du temps de Brehm, peut servir d'exemple. On acheta des douzaines de Cupidons des prairies, on les enferma dans des volières ou des parquets rela- tivement étroits, tels qu'ils existent par la force des choses dans les Jardins zoologiques destinés à exhiber au publie le plus grand nombre d'espèces d'animaux possible, et on crut s'en être suffisamment occupé quand on leur eut distribué une nourriture variée, sans même peut-être leur garantir une tranquillité absolue à l’époque des amours, ce qui est indis- pensable, mais souvent difficile à réaliser dans une ménagerie ouverte. Non seulement ces Oiseaux ne manifestèrent jamais aucun désir de se reproduire, mais ils périrent tous de con- somption. Et ce n’est pas seulement à Hambourg qu’advint pareille mésaventure, elle se renouvela partout où on voulut traiter les Cupidons comme des Poules ou des Faisans. Les Cupidons, habitués aux grands espaces, ont la nostalgie des plaines herbues où ils vivent en liberté. Il faut au moins (1) Lettre reproduite par The Field du 10 janvier 1874. SUR L'ACCLIMATATION DU CUPIDON DES PRAIRIES 397 leur en donner l'illusion ou mieux toute la réalité possible dans nos pays. Si on les enferme au ‘début dans des parquets res- serrés, on ne doit rien attendre d'eux, ils deviennent tristes et meurent, sans cause apparente, du chagrin de se sentir ainsi emprisonnés. Il en est de même du Tétras urogalle qui fut longtemps rebelle à toute tentative de reproduction en capti- vité, qui périt même au bout de peu de temps dans une volière, mais qu'on à su cependant conserver et multrplier lorsqu'en Suède, par exemple, on lui a donné pour demeure, dans la paix forestière, de grands parcs établis au milieu des bois. Je voudrais donc qu'un propriétaire de grandes chasses dont les bois seraient coupés de vastes pàturages et de plaines de bruyères prenne l'initiative, sous l'inspiration de la Société nationale d’Acclimatalion, d'introduire dans ses domaines ce bel Oiseau, qui varierait utilement et agréablement le tableau de ses battues. Il n'est pas douteux que l’entreprise faite en grand, dans les conditions que j'indique, avec des lâchers de nombreux couples en des terrains appropriés, n'offre de sérieuses chances de succès. On pourrait au surplus se procurer facilement les Oiseaux nécessaires à l'opération, car on apporte une grande quantité de Cupidons des prairies vivants sur les marchés des États de l'Ouest américain. Au point de vue du sport, on peut opposer que le Cupidon des prairies est plus porté à courir qu’à voler et que par consé- quent il ne saurait être très intéressant pour la chasse en battue, mais il ne faut rien exagérer, l'Oiseau prend très délibérément son vol quand il est serré de près, ce qui sera le cas quand il aura affaire à une ligne de batteurs bien ordonnée. Nous avons sur ce point le témoignage de tous ceux qui l'ont chassé dans son pays natal. Notre très distingué collègue M. Pierre Amédée Pichot a rencontré souvent le Cupidon des prairies dans ses chasses aux États-Unis, il nous a affirmé que cet Oiseau non seulement vole bien, mais encore vole haut, qualité précieuse et même nécessaire pour le tir en battue. L'objection aurait peut-être plus de force s'il s'agissait de la chasse devant soi, car le Cupidon tient mal l'arrêt du chien, il cherche immédia- tement son salut dans la fuite, quelquefois il s'envole, d'autres fois il se met à courir rapidement. En pareille circonstance, 1l est nécessaire d'avoir un chien actif, de jarret énergique. filant bien le gibier, dont les fortes émanalions empêchent d’ailleurs de perdre la trace. hall fus Vol 0 404 * P ee # 4 J 3 4 393$ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION J'ai dit que le Cupidon ne se perche pas sur les arbres durant la nuit. ce qui est un sérieux avantage contre les braconniers. C'est parmi ces Oiseaux vivant en liberté dans de grands domaines, liberté surveillée où l'influence de l’homme se fait déjà sentir, qu'on puiserait les couples deslinés à être assujettis peu à peu à la vie domestique. Habitués au climat, assouplis par la protection même dont ils seront l’objet, ils offriront des sujets mieux préparés que des couples d'importation, à subir les premiers contacts et le traitement de l'éleveur, et ayant vécu de la vie sauvage, tout au moins demi-sauvage, ils n'auront rien perdu de leur vigueur. = Audubon s'élonnait qu'on n'ait pas essayé depuis longtemps de réduire le Cupidon en domesticité. Sa propre expérience le confirmait dans cette idée, lui qui avait fait reproduire avec facilité cet Oiseau dans son jardin d'Henderson, au milieu des Poules et des Dindons. Suivons donc le conseil que nous donne Audubon, essayons de faire du Cupidon des prairies, non seule- ment un gibier pour nos chasses, mais aussi un nouvel habi- tant de nos basses-cours (1). g 1) Deux autres espèces de Tétras de l'Amérique septentrionale seraient également utiles à acclimaier : Tetrao canadensis Lin. ou Gélinotte noire du Canada, et Teirao umbellus Gwel. ou Cog de Bruyère à fraise. Le pre- mier habite surtout les régions de la baie d'Hudson: le second, les forêts montagneuses de la Pensylvanie et de la Nouvelle-Angleterre (Maine, New-Hamposhire, Massachusets, Vermont, Rhode-Island, Connecticut). UNE CAPTURE INTÉRESSANTE FAITE AUX ENVIRONS DE LILLE CHLORIS SINICA (L.). Par P. VINCENT (Du laboratoire de Mammalogie et d'Ornithclogie du Muséum.) Le 8 janvier 1911, à la séance de la section d'Ornithologie, M. Paul Bellette, Conservateur du Musée de Douai, voulut bien venir tout exprès à Paris pour montrer et offrir à la Société un Fringillidé remarquable, pris aux environs de Lille. Cet Oiseau, d’une espèce inconnue en France, lui avait paru digne d'être présenté aux membres de notre Société; et M. Bellette leur demandait de l’aider dans cette détermination difficile. Le spécimen présentant dans son plumage et dans ses formes les principaux caractères de ses deux parents supposés, M. Bellette pensait se trouver en présence d’un de ces hybrides produits à l’état sauvage, de Verdier et de Chardonneret : Chloris X Car- duelis, déjà signalés dans l’ouvrage de Suchetet. Mais l’absence totale de ce rouge à la face, hérité du Char- donneret et décrit par Suchetet, d’autres indices aussi, me poussèrent aussitôt à entreprendre quelques recherches, qui aboutirent rapidement à classer l’'Oiseau comme : Chloris sinica espèce habitant le Japon, la Chine, et la Sibérie Orientale. Le spécimen que nous devons à l'extrême amabilité de M. Paul Bellette, s’il perd ainsi ses qualités d'hybride rare, acquiert un puissant intérêt au point de vue des migrations et de la géographie ornithologique, puisque cette espèce a été capturée une seule fois en Europe. Le Pinçon de la Chine Brisson 1760; Fringillasinica L. 1766; Fringilla kawarahiba var. minor Radde 1863; Chloris sinica Sharpe lat. Brit. Mus. 1888; Chlorospiza sinica David et Ous- talet 1877; Chloruspiza sinica Taczanowski 1891; Ziqurinus sinicus Knud Andersen 1893 : est représenté dans les collections du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris par une vingtaine de spécimens : Chloris kawarahiba Coll. Boucard; Chlorospiza kawarahiba Coll. Gén.; Chlorospiza sinica Coll. David. I y a identité absolue entre ces peaux et l'Oiseau vivant que nous 00 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION possédons: une description fastidieuse en paraît donc superflue. : Naumann consacre à cette espèce avec une planche coloriée. un article très documenté, où il discute son habitat el la possi- bilité d'y reconnaître des sous-espèces : « On peut assurer, avec certitude, que l'espèce fréquente les bois de Conifères, et habite la plus grande partie de la Chine. Sharpe lui assigne comme aire de dispersion : la Sibérie Orientale, le Japon et la Chine. Dans tous les cas, Chloris sinica, minor et kawarahiba ne sont que des sous-espèces d'une espèce : Chloris sinica, qui peut ainsi être subdivisée en trois ou quatre variétés locales. » Il arrive ensuite au point qui nous intéresse plus particuliè- rement : la seule capture connue de cet Oiseau en Europe, avant celle que nous. signalons aujourd’hui : « Dans la Faune ornithologique de l'Europe centrale, l'espèce est représentée par un unique spécimen, pris vivant le 6 novembre 1892 tout près de Copenhague. Ce spécimen fut recu vivant, et mourut après une caplivité de sept mois. La peau de cette pièce, dont le sexe ne fut pas donné lors du dépouillage, m'a été commu- niquée, gràce à l’amabililé de Knud Andersen. L'Oiseau ne montrait, lorsqu'il fut pris, aucune trace de caplivité. Aucun oiselier ou amateur danois ne le connaissait, et on n'a pas d'exemple que celte espèce soit jamais arrivée vivante en Europe. Knud Andersen, qui fit connaître cette capture intéres- sante, en conclut que l'Oiseau est véritablement venu d'Orient par voie de migration; ilest confirmé dans cette opinion par ce fait, que le spécimen était très farouche et resla ainsi jusqu'à sa mort. » Le Chloris sinica, qui fit en 1894 l’objet d'une note de Knud Andersen (1), était donc un Oiseau adulte. Fait infiniment plus remarquable, l'Oiseau de M. Bellette a été capluré en plumage de jeune, et ne peu provenir que d'une nidificalion dans nos régions. Voici les renseignements fournis à ce sujet par M. Bellette : « Quant à la facon dont les deux Oiseaux (l'un est mort) sont venus en ma possession, je ne puis que vous rappeler pour mémoire ce que j'écrivais à M. Magaud d’Aubussor : en inspeclant ce qu'il pouvait y avoir de curieux chez un oiselier de Lille, M. Vandendriessche, je vis deux Oiseaux jeunes dans leur lout premier plumage. Le marchand ne put me donner (1) Knud Andersen. Ornith. Monatsbericht, 1894, p. 14. UNE CAPTURE INTÉRESSANTE FAITE AUX ENVIRONS DE LILLE 40! aucune explication acceptable, il les avait recus dans un lot d’ « Oiseaux de pays »…. J’achetai ces deux Oiseaux. Au moment de quitter leur premier plumage, l’un d'eux mourut. « D'où pouvait venir ces Oiseaux ? Assurément pas d’une volière, ils auraient été moins sauvages. Ils ne pouvaient arriver de Chine ou du Japon, ils étaient certainement trop jeunes pour avoir pu supporter un long voyage et auraient mangé d’autres graines que celles avec lesquelles j'ai dû les nourrir pendant un temps assez long. Reste donc la possibilité d’une nichée dans le Nord. » Il est évident que deux spécimens pris aussi jeunes, presque au sortir du nid,ne pouvaient venir d'Orient, ni par leurs propres moyens, ni à bord d’un navire : la durée de la tra- versée eût excédé le temps utile à leur développement. Une paire de Chloris sinica — et pareil fait n'a jamais été signalé — a donc très certainement niché dans le Nord-Ouest de l'Europe. Cette reproduction est-elle celle d'Oiseaux libres? Ou les jeunes d'une nichée faite en captivité se sont-ils échappés et ont-ils été pris, mêlés à nos Verdiers indigènes? La question n'est pas près d’être éclaircie, et la Société Royale de Zoologie d'Anvers n'a pas connaissance d'une évasion de Chloris sinica. Mais la capture près de Lille (Nord) de deux spécimens en tout premier plumage d’une espèce apparaissant si rarement dans nos régions et dont l'habitat est si lointain, nous a semblé devoir intéresser nos collègues. BULL, SOC. NAT. ACCL. FR. 914. — 26 VISITE AUX CULTURES DE CHAMPIGNONS DE COUCHE DE M. BONHOMME, A ISSY (SEINE). Par J. GÉRÔME. Le 13 février 1914, la Société nationale d'Acclimatation, Section de Botanique, avail convié ses membres à Issy, 126, rue des Moulineaux, chez M. Bonhomme, qui s'était offert à leur montrer ses cultures de Champignons de couche dans les carrières encore en exploitation de « blanc de Meudon », et l'installation de conserves de Champignons de Paris (marque déposée « Le pelit bonhomme ») qu’il a annexée à ses cultures pour l'utili- sation plus rémunératrice des produits. aux moments où la récolte est abondante et où les cours pour les Champignons frais sont insuffisamment élevés aux Halles de Paris. Des ouvriers sont occupés dans la cour à la préparation du fumier nécessaire au montage des meules: M. Bonhomme donne des indications sur ce travail préliminaire, l’un des plus importants pour la réussite des cullures. Le fumier, étalé en large tas sur le sol de la cour (environ 50 m. X 20 X 1,50) constitue ce qu'on nomme un plancher, et fermenie; il est intimement renué à la fourche, et mouillé, si c'et nécessaire de huit jours en huit jours; un « plancher » doit avoir subi trois « retournes » pour que le fumier soit amené à l'état de décomposition suffisante pour le montage des meules ; après quoi il est conduit au moyen de tombereaux dans la carrière où, bien secoué, il est laissé de deux à quatre jours en « chaïnes » ou tas allongés. Les monteurs de couches le secouent encore une fois, puis montent les couches. Quelques chiffres donnés par M. Bonhomme fixeront les idées sur l'importance de ses cultures : il utilise en moyenne de 1.800 à 2.000 mètres cubes de fumier de cheval par mois, fumier qu'il se procure assez facilement dans les casernes, les grandes entreprises de transport et autres établissements de la région qui utilisent une nombreuse cavalerie; sa fabrication (si l'on peut employer ce mot dans le sens de culture) étant continue, il lui est plus facile de se procurer ces fumiers par contrat à l'année, que si sa production n'était que saisonnière. Les carrières, dans lesquelles nous pénétrons ensuite, ont CHAMPIGNONS DE COUCHE DE M. BONHOMME 103 leur entrée sur la route des Moulineaux et s'étendent sous la partie de la côte qui se trouve placée entre les deux lignes de chemin de fer. M. Bonhomme occupe une longueur de 5 kilomètres de galeries, ce qui représente la valeur de 30.000 mètres de couches de Champignon. | Tout en pénétrant dans ces cultures qui sont une révélation pour la plupart de ceux qui les visitaient, M. Bonhomne indique les considérations les plus essentielles à retenir pour la bonne utilisation de ces carrières transformées en champignonnières : une extrême propreté, les soins d'aération, le choix des com- partiments plus ou moins près de l’entrée pour les époques les plus convenables, les résultats différents que l’on obtiendrait avec des meules montées le même jour, les unes dans des . compartiments plus froids, les autres dans des compartiments plus chauds (ce sont dans ces derniers que se produiront les premières récoltes; et la durée de ces récoltes-sera elle-même sous la dépendance de l’aération plus ou moins grande). Cette question d'aération des carrières n’est guère soupçonnée par le vulgaire qui passe en chemin de fer et regarde vague- ment ces constructions en planches dressées, sorte decheminées qui existent de ci, de là dans les coteaux; cependant certaines de ces cheminées d'aération ont jusqu'à 76 mètres de hauteur avant d'arriver à l’air libre et nécessitent d'énormes frais de construction, et même l'intervention de l’ingénieur pour ne pas trausformer les galeries en canaux. C'est qu’au-dessus de la couche de craie qui constilue ces carrières, il y a une couche imperméable qui retient l'eau d'infiliralion; dans l'établissement de la cheminée il faut, en somme, en ce point, et toutes proportions gardées, procéder comme pour faire passer les lignes du Métropolitain sous la Seine. Si l’eau des couches supérieures ne doit pas se déverser dans les carrières, elle y est amenée néanmoins par des conduiles, et sert à l’arrosage des meules; d'autre part, des puits percés jusqu à la couche aquifère permettent aussi, dans : les galeries inférieures d'obtenir l’eau d'arrosage néces- saire. En nous montrant ces installations spéciales pour l’aération, l'arrosage, M. Bonhomme nous fit également remarquer com- ment on facilite l'aération à certaines époques de l'année, au Mere 5 2 nl Lo Ti NET L 404 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION moyen de gros braseros à coke placés dans le tube même de la cheminée. Chemin faisant encore, dans les parties basses, nous trouvons des points envahis l'an dernier par les inondations et desquels l'eau ne s’est pas encore retirée; de ce fait, M. Bonhomme accuse pour l'an dernier une perte 40.000 francs, sans compter pour quelque temps encore l'impossibilité d'utiliser ces parties inondées. Plus loin, ce sont les réserves de terre destinées au goblage, terre formée de matériaux absolument propres, passés à la claie et contenant du sable de Clamart, de terres ou plâtres de démolition, riches en salpêtre, et de la terre argileuse de Vau- girard, le toat bien et finement mélangé. Vu au passage, à la lueur tremblotante de nos lampes, des ouvriers en train de gobler une meule (la recouvrir de terre après le lardage), ailleurs en train de faire différents autres travaux spéciaux.dont la description ne peut être donnée dans un compte rendu de visite (talochage, etc.). Remarqué plus loin l'état parfait de propreté de plusieurs salles ou galeries dont l'aire a été grattée à fond et va être blanchie à la chaux, de même que les murs à hauteur d'homme, avant d'installer le fumier qui se prépare en ce moment dans la cour de l'établissement. Nous arrivons enfin à des cullures en plein rapport et là M. Bonhomme nous fait précisément remarquer une galerie en retrait où l'air arrive plus difficilement qu'ailleurs, et où la récolte a été plus précoce d'environ huit jours; plus loin, il montre sur d’autres meules moins anciennes, les premières « marques », indice d'une production prochaine. En très peu de temps, il nous a été donné de voir des Champignons à tous les états, depuis l’époque où le mycélium (blanc de champignon a été introduit dans la meule (lardage) jusqu’au moment où on le récolte, alors qu'il est près de déchirer le voile qui recouvre ses beaux feuillets roses. À 12 degrés, il faut attendre de quinze à vingt jours, suivant que le blanc est avancé. Si, au contraire, il y a 16 à 18 degrés, la végétation est beaucoup plus rapide et l'on voit apparaître le Champignon après six à huit jours. Dans ce dernier cas, la durée moyenne de la couche n'est que de quarante à soixante jours. Tandis qu'à la température de 12 à 14 degrés, si la végétation CILAMPIGNONS LE COUCHE DE M. BONHOMME 405 est moins prompte, elle sera aussi de plus longue durée (quatre- vingt-dix à cent vingt jours) et fournira un Champignon plus ferme et plus lourd. Pendant la période de production, les caves doivent être bien aérées, et les meules tenues fraîches par de légers bassi- nages donnés environ deux fois la semaine. Après la récolte journalière, on doit boucher les trous qui ont pu se produire par l'extraction des Champignons; on emploie pour cela la même terre que celle qui sert au gobtage. M. Bonhomme ne produit pas son blanc; il l’achète. Sur les indications de M. Demoussy, assistant au Muséum, il à mis en train une série d'expériences sur l’action que peut avoir le radium ou ses composés sur le développement du mycélium de Champignon. Mais ces essais sont tout à fait récents et ne peu- vent encore fournir aucune interprétation. Il n'y a pas de maladies dans les carrières d'Issy; on sait que les Champignonnistes sont éprouvés souvent par des maladies dues à des Champignons parasites ou à des Insectes, quientra- vent le développement du mycélium ou de ses fructifications, c'est-à-dire de la partie utile. Toutefois M. Bonhomme nous a montré une sorte de pelite larve blanchâtre, très agile, qui ronge l’épiderme de la base des Champignons et les empêche de grossir. De retour à l'établissement, M. Bonhomme nous fait visiter son installation pour fabriquer des conserves de Champignons : après triage par grosseur et épluchage, les Champignons sont cuits à la vapeur dans des paniers métalliques à claire-voie, puis ces paniers sont plongés dans une cuve d’eau froide. Les Cham- pignons étant refroidis sont placés dans des boîtes métalliques contenant de l’eau salée additionnée d’une très faible quantité d'acide citrique, boîtes qui sont ensuite placées pendant un temps qui varie avec la grosseur des boîtes, mais qui ne dépasse pas la moyenne de vingt minutes dans un autoclave, à une température de 115 degrés. Les boîtes sont ensuite serties, fermées hermétiquement et prêtes pour être expédiées au loin. Qui eüt pensé autrefois que le vulgaire Champignon de couche produit dans les carrières de Meudon, pourrait être être servi sur les tables de nos compatriotes jusqu'aux points les plus reculés de nos possessions d'Afrique ? La fin de la soirée a été employée à visiter tout à côté de la champignonnière de M. Bonhomme une autre usine qui occupe 106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION elle aussi une bonne partie des carrières; c’est la brasserie du Grutli (bière des Moulineaux). Ici, on ne circule plus dans les galeries avec la lampe à huile ou à acélylène; l'électricité est partout ; les parois et voûtes des galeries resplendissent de blancheur (peintes au ripolin blanc) et font d'autant mieux ressortir l’'énormité des cuves et toute la proprelé qui règne dans ces caves-glacières. & A six heures et demi, M. Raveret-Watel, au nom de la Société d'Acclimatation, remerciait M. Bonhomme pour l'excellente lecon de choses que lui et ses collègues avaient prise dans cette visite tout à fait intéressante. + PSI LE CAFÉ, LA QUESTION CAFÉIÈRE, ET NOS COLONIES Par H. COURTET. ISuite) (1). MARTINIQUE (Introduction en 1720). — D'après les statistiques, on constate que la cullure du café est tombée tout à fait en désuétude à la Martinique. La diminution progressive de l'exportation, qui était, de 1821 à 1850, de 762 tonnes, concorde avec l’augmentation progressive de l'exportation du sucre. Quoique l'exportation du sucre soit restée stationnaire de 1884 en 1907 avec une moyenne de 33.089 lonnes, la culture du café est restée néanmoins abandonnée et l'exportation moyenne de 1901-1907 à été de 4.168 kilogrammes. GuapeLouPE (Introduction en 1730). À la Guadeloupe, la cul- ture du café a subi une dépression importante, mais elle s'est ensuite relevée. Ainsi l'exportation moyenne de la période 1821- 1830 a été de 1.050 tonnes, elle est tombée à 258 tonnes de 1851 à 1860 pour revenir à 762 tonnes de 1901 à 1907. RÉUMON (Introduction en 1717 ou 1718). La chute la plus importante a eu lieu à la Réunion où, de 3.000 tonnes en 1817, l'exportation tomba en 20 ans à 928 tonnes, soit des deux tiers, pour continuer à diminuer progressivement et arriver à 46 tonnes comme moyenne de 1901 à 1907. Comme à la Martinique, c’est à la Canne à sucre qu'il faut attribuer l’abandon de la culture du café. La Canne a sucre fut introduite à la Réunion par Pierre Parah vers 1711, mais jus- qu'à la fin du xvirr* siècle, elle ne fut guère cultivée que dans les jardins. Sa culture prit de l’extension au commencement du xIx° siècle, et en 1827 la Réunivn exportait plus de 6.600 tonnes de sucre. Le sucre constilua donc le principal article d'exporta- tion et cette denrée alteignit son maximum de prospérilé vers le milieu du xix° siècle. Puis, en 1884-1885, survint la crise sucrière qui affecta fortement le commerce, mais la culture du café n’en continua pas moins de tomber de plus en plus en désuétude. (1) Voir Bull. du 15 juin 1911. 408 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION GUYANE (Introduction en 1725). À la Guyane, la culture du café” n eut jamais une grande extension, pas plus d'ailleurs que toute autre culture; la colonie importe aujourd’hui pour une somme variant entre 114.000 et 184.000 francs de café. Cependant, depuis 1904, on relate une petite exportation de café du cru: serait-ce le commencement d'une reprise ? Dans nos autres colonies, le café fut introduit à des dates diverses et plus ou moins cultivé. Le tableau ci-après des expor- tations peut fixer les idées à ce sujet. 1903 4904 4905 1906 1907 kilos. kilos. kilos. kilos. kilos. Guinée franc. (1). 125 1.850 454 303 100 Côte d'Ivoire . . 15.662 71.218 29.223 43.541 41.273 CONDOM EL 38.421 17.349 33.950 28.270 30.029 Madagascar . . . 1.407 6.209 25.679 60.292 50.202 Indo-Chine . . . 13.458 145.496 171.664 187.058 206.303 Nouv.-Calédonie. 626.418 316.353 295.412 283.798 326.831 REUNION RENTE 52.160 26.285 4.133 16.754 49.805 GUYANE ANT » 160 52 479 1.492 Guadeloupe . . . 146.332 521.886 829.795 113.324 41.047.583 Martinique. . . . Doi 3.108 1.674 14.709 1.780 Mayotte et dép. 10.762 8.857 (?) 2.243 2.200 Totaux. . . 1.567.532 1.148.161 1.398.466 1.410.768 1.764.198 : En réalité, l'exportation totale est restée stationnaire, avec une moyenne de 1.458 tonnes par an. Il ne saurait être tenu compte ici du café exporté de Djibouti, ce café ne provenant pas de la colonie, mais du Harrar. Examinons maintenant l'exportation mondiale en faisant res- sortir le rôle du Brésil dans cette exportation : 4907 1908 1909 nee nee ones Brésil CR AUS. 1012 7#00 759.507 1.012.842 Autres pays EN 223.680 208.920 229.560 Totaux... 1:435-080 958.427 1.242.402 Ila été dit plus haut que le café a été introduit au Brésil en 1723, mais que c'est seulement de 1825 que date le véritable essor de ce produit. Sa culture est aujourd'hui répandue dans 1) Le café de la Guinée est un produit de cueillette. LE CAFÉ, LA QUESTION CAFÉIÈRE ET NOS COLONIES 409 toute la zone tropicale et particulièrement dans les Elats de Bahia, de Rio, de Mina-Geraes et surtout de Säo-Paulo. Dans l'exportation du Brésil de 1907, s’élevant à 1 million 214.400 tonnes, l'exportation de l'État de Säo-Paulo par le port de Santos est de 923.520 tonnes et celles des autres États culti- vant le café de 287.880 tonnes Si à la production du Brésil on joint la production de l’Amé- rique Centrale et des Antilles pour la même année, production qui est de 178.860 tonnes, on a un total de 1.390.260 tonnes pour les cafés américains. et il ne reste que 44.820 tonnes pour le café de toutes les autres régions. Il résulte des chiffres ci-dessus que le Brésil par son énorme production, est bien le maître du marché mondial du café, et, dans le Brésil, c’est l’État de Sào-Paulo qui mène le marché. On estime que les plantations de Säo-Paulo s'étendent sur un million d'hectares, possédant huit cent millions de pieds, et la préparation nécessaire pour livrer la récolte au commerce se fait dans des conditions exceptionnelles et souvent merveil- leuses. Indépendamment de sa production, l’action de l'État de Sào- Paulo sur le marché, est en outre justifiée par son outillage économique spécial visant surtout le café. Les routes, les che- mins de fer, les magasins ou entrepôts, le matériel de trans- port et de manipulation, tout est construit pour le café. Santos. le grand port d'embarquement du Brésil et de Säo-Paulo, peut emmagasiner 100.000 balles par jour et en embarquer autant à bord des navires en charge. Tout concorde donc à réduire au prix minimum les frais accessoires et le fret. En présence d'une produclion aussi considérable à écouler et craignant une dépréciation des cours qui aurait pu occasionner une dangereuse crise économique et financière, l'État de Sâo-. Paulo crut devoir prendre l'initiative de mesures protectrices destinées à maintenir les cours et au besoin à les faire monter. La mesure protectrice qui fut reconnue comme capable de pro- voquer cet élat de choses, est la valorisation, opération qui con- siste en une sorte d’accaparement par l'État de la récolte, et la livraison ultérieure de cette récolte dans des conditions et des restrictions déterminées. Cette opération, considérée comme excellente par la majorité, fut l’objet d’une loi spéciale. La valorisation fut néanmoins une mauvaise opération. Entre- prise avec des capitaux insuffisants, elle devait fatalement L D RE LT NON AAC PE MAR re 410 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION échouer, et ce ne fut que par de nouvelles combinaisons finan- cières que l'État de Sào-Paulo et le gouvernement Fédéral purent éviter celte éventualité. Néanmoins, la valorisation est aujourd’hui considérée comme une affaire finie el elle se liqui- dera progressivement et normalement. Pendant cette liquida- tion, le Brésil va organiser un trust ou plulôt une sorie de monopole du café. Une société de warrants est déjà instituée et elle permet aux planteurs d'obtenir des avances sur les cafés emmagasinés dans l'État de Säo-Paulo et cela au détriment des entrepôts européens. Quand les nouvelles mesures protectrices seront bien élablies, le Brésil espère que les cours monteront de 50 p. 100, ce qui donnera satisfaction à tous. Revenons maintenant à la production. Nous avons dit qu'en 1907 elle était la suivante : Brésil (Sào-Paulo). . . : . PR 2 2 — (Autres États): = 287.880 N lions Amérique centrale et Antilles. . . . 178.860 — AULTES FÉLIONS UP NN MER CIRE 44.820 — Total. . . . . 1.435.080 tonnes. Si l'exportation de l'Amérique Centrale et des Antilles est très faible vis-à-vis de celle du Brésil, et l'exportation des autres régions plus faible encore, celle de nos colonies, qui est seule- ment de 1.764 tonnes, est insignifiante. On a vu d ailleurs plus haut que si la culture du café s'y était maintenue, elle aurait pu devenir d'une certaine 1mportance et prendre une place raison- pable sur le marché. En effet, nous n'avons pas que nos anciennes colonies possédant un climat'et un sol propres à la culture du café, nous en avons d’autres, et il n'est pas dou- teux que l'abandon de cultures dans celles dites anciennes n'ait influé défavorablement dans celle dites nouvelles, ayant eu l'idée de préconiser la plantation du Céféier. Pendant que nos anciennes colonies abandonnaient cette culture, que les nou- velles hésitaient, le Brésil, lui, marchait vigoureusement et fina- lement prenait un avantage qu'il est difficile. sinon impossible, de lui disputer aujourd'hui. La valeur de ses exportations en café, qui était de 300 millions, il y a 35 ans, a atteint 664 millions en 1907, 582 millions en 1908 et 820 millions en 1909, soit une moyenne de 689 millions pour ces trois années. Les émigrants affluent, frappés par les résultats donnés, non seulement par la culture du café, mais par celle encore plus LE CAFÉ, LA QUESTION CAFÉIÈRE ET NOS COLONIES AT importante du cacao, et la population croit dans les mêmes proportions que l'extension des cultures ; en 1876, l'effectif de population était de 9.700.000 habitants, de 17.318.000 en 1900, de 21.476.000 en 1906, et elle serait aujourd'hui de 25 millions d'habitants. La question qui se pose aujourd hui pour nous est la sui- vante : Pouvons-nous, en présence de la production du Bresil, production qui rend le Brésil maître du marché, en présence de la menace d’une sorte de monopole, préconiser et encourager la culture du café dans nos colonies ? _ La solution de cette question dépend d'éléments divers dont les principaux sont : Les moyens de production et le prix de . revient qui dép-nd de ces moyens, le transport du pays de pro- duction au pays de consommation, les mesures protectrices ou tutélaires qui peuvent êtres prises. Il est évident qu'on ne saurait comparer les moyens de pro- duction dont nos colonies disposent avec ceux du Brésil dont il a déjà été parlé. L'’étendue des plantations du Brésil permet des moyens et un outillage économique qui influent considéra- blement sur le prix de revient, ce qui permet aux planteurs d'offrir leurs produits à un taux défiant la concurrence et par conséquent favorisant leur écoulement. La main-d'œuvre, qui dans les moyens de production joue un grand rôle, est suffi- sanle, intelligente et active. Dans nos colonies, les plantations sont d’étendues restreintes ou comparativement restreintes, et en général la main-d'œuvre est rare, et dans celles où elle est abondante et intelligente, celte main d'œuvre est molle et instable. C’est ainsi qu'à la Guadeloupe, colonie qui produit le plus de café et qui possède 107 habitants par kilomètre carré, la journée de l’ouvrier est de six heures, et cet ouvrier ne travaille que si cela lui fait plaisir, . sans se soucier de la perte que l'abandon du travail peut provo- quer. : Il en est de même à la Martinique, qui possède 184 habitants par kilomètre carré. A la Réunion, qui possède 71 habitants par kilomètre carré, la main-d'œuvre n'est guère mieux tenue et les producteurs réclament constamment l'importation de la main-d'œuvre étrangère. Si nous passons maintenant à des colonies à population moins dense, nous avons l'Indo-Chine, qui possède en moyenne 412 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 20 hab. 4 par kilomètre carré et où la main-d'œuvre est intel- ligente et active, mais elle est en grande partie absorbée par la production du Riz, produit pauvre cependant, mais constituant le produit national, le produit qui groupe dans les dellas, en- droits favorables à sa culture, la majeure partie de la popula- tion. Réussirait-on à détourner au profit de la culture du café, produit plus riche, une parlie de la main-d'œuvre absorbée par le Riz? La chose est évidemment difficile, car le café ne se cultivant pas dans les mêmes terrains que le Riz, il s'agit de déplacer une partie de la population, non seulement de la déplacer, mais de changer son mode d’existence. Comme colonie ou plutôt comme groupe disposant encore d'une certaine main-d'œuvre, citons Mayotte.et dépendances, dont l’ensemble compte 44 habilants par kilomètre carré, mais le tout est réparti entre Mayotte, Mohéli, Anjouan et la Grande-Comore; aucune cohésion n'existe dans cette main- d'œuvre, qui, en outre, à la Grande-Comore, c'est-à-dire à l’île la plus importante, est sujette à toutes sortes de vicissitudes. Les autres colonies à population faible ou très faible sont : La Guinée avec 6 hab. 2 par kilomètre carré; la Côte d'Ivoire avec 2 hab. 7; le Gabon, avec 12 hab. 7; mais ce n’est que par estimation, ce chiffre étant vraisemblablement trop fort; Mada- gascar, avec 4 hab. 6; la Nouvelle-Calédonie, avec 2 hab. 9; et la Guyane, avec 0 hab. 4 par kilomètre carré. On peut considérer ces dernières colonies comme des colo- nies où la main-d'œuvre est rare, souvent inférieure quoique perfectible, et où elle est déjà en majeure partie, si ce n’est tota- lement, absorbée. On ne pourrait donc dans ce cas étendre la culture du café sans faire abandonner celle d’un produit plus pauvre que le café, ou la récolte d’un produit de cueillette plus pauvre aussi, ce qui est difficile, comme il a déjà été dit en parlant de l'Indo-Chine. Au point de vue des moyens de. eos et de la main- d'œuvre, nos colonies se trouvent donc dans des conditions très inférieures à celles que l’on rencontre au Brésil et il est impossible à nos producteurs cultivant un café de même valeur marchande qu’un autre café du Brésil de l’offrir au commerce à prix de revient égal au port d'embarquement. l'en est de même pour un certain nombre de pays produc- teurs autres que le Brésil, mais toutefois avec une différence moindre. LE CAFÉ, LA QUESTION CAFÉIÈRE ET NOS COLONIES A3 En ce qui concerne le fret, étant donné que le Brésil peut charger des navires entiers dans le minimum de temps possible, les affrètements se font dans des condilions telles que le prix de la tonne du Brésil au Havre ne revient qu'à 22 fr. 50, et quel- quefois moins. Il faut compter sur un prix très supérieur, quel- quefois le double, de nos colonies en France. Il résulte des considérations précédentes que le producteur brésilien peut livrer son café au prix que les producteurs de : nos colonies ne peuvent aborder pour la même qualité. Mais le café brésilien et, d’ailleurs, tous les cafés d’origine étrangère sont grevés d'un droit d'entrée de 136 francs les 100 kilo- grammes, tandis que le café de nos colonies n'est grevé que d'un droit d'entrée de 58 francs, soit une prime de 78 francs en faveur de ce café. Malgré cette prime, nos colonies hésitent et l'exploitation du café reste stationnaire. Si cependant on établit une comparaison entre le « Good average » du Brésil et un café de même qualité récolté dans nos colonies, et en admettant que, par suite des moyens de culture et de l'outillage économique du Brésil qui permettent des prix exceptionnels, nos planteurs ne puissent livrer le même café qu'avec une majoration de 50 p. 100, on a les résultats suivants : Les 100 kilogrammes (valeur au Havre, mars 190). RIO SANTOS Valloure AMI ENORME er RE en 98 francs. 102 france. Hroirstientrée M Meter SR UE MS GMT= 136 — Motal 0 irances 238 francs. Café de même qualité provenant de nos colonies. Valeur an HA MEME NE ON RE EM OS TEE 102 francs. Majorationtden50BD 100 EE RE RE EL ON 51 — DTOSSUENETÉeT EAN RES ETUI AT LS SET Ne DS — TOfAl MED 15 rancs: 211 francs. Marge sur laquelle peuvent encore évoluer lestcours demnostcolonres tr Na 29 francs: 27 francs. Dans de semblables conditions, il paraît difficile au Brésil, par une baisse de prix voulue et qui serait d’ailleurs trop onéreuse pour lui, d'empêcher en France la consommalion du café pro- venant de nos possessions. — Æ; DS Êe ET z DR NE M TE LT A A PP RE TR TS NE D Er me Xl BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Une prévision qui serait en outre favorable à tous les pro- ducteurs, c’est la hausse que le Brésil escompte pouvoir obtenir et qui à été estimée à 50 p. 100 de la valeur sur place du pro- duit. Cetle majoration est peut-être un peu exagérée, suppo- sons la seulement de 30 p. 100, elle s’ajoutera tout aussi bien aux prix des producteurs brésiliens qu'aux prix des produc- teurs de nos colonies, et dans ce cas c'est le consommateur seul qui aura lieu de se plaindre. Nous avons établi l’exemple ci-dessus, en nous basant avec intention sur un café ordinaire, car c’est le café ordinaire qui est de grande consommation, c'est-à-dire qui est couramment consommé. Si nos colonies veulent étenire la culture du café, il faut donc qu’elles préconisent un genre de café ordinaire à grand rendement et non un café ou des cafés fins, par consé- quent de plus grande valeur commerciale mais n'étant con- sommés que par une fraction assez restreinte de la population. Ce genre de café n’est certainement pas à dédaigner, mais il ne faut pas oublier qu’il peut être sujet à des fluctuations que le consommateur ne peut, ou ne veut pas subir. Pour des rai- sons d'ordre économique ou autres, qu'une hausse par exemple de 30 p. 100 se produise sur les cafés en général, une partie seulement des consommateurs des cafés de choix accepteront cette hausse, les autres, vraisemblablement la majeure partie, ne l’accepteront pas et prendront le café inférieur correspon- dant à leurs moyens habituels. Il y aura donc crise sur les cafés fins ou supérieurs. Or, que consommons-nous en France? Nous consommons surtout des cafés ordinaires. Nous avons consommé 102.761.921 kilogrammes de café en 1908, et sur cette quantité nous avons, provenant de: présilie td LE ER Re MENÉS ER ICE Haïti ARR RL AS HER DANS NES ER Amérique centrale (San Salvador, Nicaragua, Colombie, Veñezuel®} 50e Fe PEUT, D POSER RENAN RENE APR Total. . . . - * 87.189490 kilos: Or, les cafés fournis par les contrées désignées ci-dessus ne sont que des cafes ordinaires. Cette comparaison suffit pour fixer les idées sur le genre de café que nous consommons le plus, et qui est celui qui doit être préconisé en cas d'extension des cultures. \ LE CAFÉ, LA QUESTION CAFÉIÈRE ET NOS COLONIES A1S Mais si l'extension des cullures paraît avantageuse pour nos colonies, elle paraît au contraire désavantageuse en ce qui con- cerne la métropole et voici pourquoi. En 1908, nous avons consommé 102.761.921 kilos de café représentant une valeur de 104.303.349 francs et nous ayant rapporté comme droits d'entrée 138.001.416 francs. Sur cette quantité, nous avons consommé, provenant de nos colonies, 1.990.317 kilos (dont 1.855.353 kilos ayant bénéficié de la taxe réduite), d'une valeur de 2.020.171 francs, et nous ayant rapporté comme droits d’entrée 1.263.052 francs. L'extension de la culture du café dans nos colonies et la con- sommation de ce café dans la métropole, ce qui semble naturel, provoquera une diminution dans les droits d'entrée, puisque chaque tonne importée payant 580 francs remplacera une tonne de café étranger payant 1.360 franes, soitun déficit de 780 francs par tonne. Le déficit peut devenir important, d'autant plus important que d’autres produits coloniaux se trouvent dans le même cas, et pour le combler il faudra évidemuwent trouver la somme nécessaire dans la Métropole même, c’est-à-dire grever tous les métropolitains d'une charge nouvelle en faveur des colo- niaux. La chose est-elle possible et les métropolitains accepteront- ils sans compensation pour eux une semblable combinaison? Personne ne le croit. À ce sujet, les groupements coloniaux ne veulent même plus de la détaxe habituelle et prétendent que c'est la franchise totale qui doit être l1 règle entre la France et ses colonies, et cela sans examen approfondi des conséquences devant résulter de la disposition qu'ils récliment. Le Gouvernement résiste et dans le but de le forcer à accepter leur manière de voir, les sociétés ou les associations coloniales viennent de se fédérer (1), et par leurs représentants ont porté la question au Sénat. Le statu quo a été provisoirement maintenu et une grande discus- sion doit avoir lieu: De cette discussion jaillira-t-il un arrangement donnant satisfaction aux uns et aux aulres ? Pour terminer cetie question, il y a lieu de dire quelques mots du rôle de l'acclimalation. (1) Cette fédération s'est constituée le 25 février 1910. 416 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION À une époque où l’on n'avait que des renseignements très vagues sur la climatologie de la majeure partie des pays tro- picaux, sur la valeur du sol en éléments fertilisants, l'attention a élé attirée sur une plante, un arbuste, croissant er pays alors inconnu; on voit cet arbuste se disséminer, approcher peu à peu de régions fréquentées par quelques Européens qui en apprécient la valeur, mais sans se douter toutefois du surpre- nant développement que pouvait prendre la plante au point de vue économique. Puis, quelques hommes entrevoient ce développement, et, malgré la lenteur ei la difficulté des moyens de communi- cation, introduisent la plante dans les régions tropicales où ils la croient susceptible de prospérer, et c'est avec une ténacité remarquable que leur œuvre à été poursuivie. La prospérité réelle a été assez longue cependant à venir, mais elle est venue. Ce fait constitue la particularité sur laquelle nous avons voulu attirer l'attention de la Société. Quand on introduit un animal utile ou une plante utile dans le but de les acclimaler et de les propager, il ne faut pas tou- jours compter sur un succès rapide, l'inconnu fail toujours longuement hésiter. Mais avec de la persévérance, de la téna- cité et une propagation méthodique, on arrive toujours au succès. C'est le cas du Café, de plusieurs autres plantes, de plusieurs animaux, et ce sera le cas, espérons-le, des plantes ou animaux qui sont l'cbjet des efforts que fait naturellement la Société nationale d'Acclimatation de France. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. Graines d'Ansérine, offertes par REVNIER (d'Aix)et GUILLOCGHON (de Tunis). Pois de senteur anglais, en mélange, offerts! par M. DÉJARDIN. rainesoffertespar M. MOREL, de Beyrouth (Syrie). Abies morinde. niatrea imperialis . ucalyptus angulosa. bicolor. capitellata. coriacea. ‘Vcrebra: - gomphocephala. HUE polyanthemos. ; redunca. æmatorylon Campechianum. Raphiolepsis Delacourti. “Scabiosa atropurpurea. MSeneccio elegans pomponicus. OFFRES — ours. de dessin, peinture et sculpture d’après ‘animaux vivants en plein air et en atelier, 8, rue de la Barouillère (rue. de Sèvres, près le boulevard du Montparnasse), Paris, 6°. lusieurs prix Paris 1909, 1910, 1911 : coqs Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais Club Français, race pratique par excellence, pour tout usase en tout climat; saison 1911: pouleltes, pour ponte hiver et coquelets, en julletoctobre : poulettes 7-fr. pièce, 65 fr. les 10 : coquelets 8 à: 10 fr. pièce. Co. Paons “blancs 1910, 180 fr. femelle mélanote 95 fr. ; co. Oies d’ Egypte, reproducteurs 35 fr. DE SAINVILLE, membre du Gâtinais- Club, Saint- Germain-des- Prés (Loiret). ombattants indiens HO10 rOMrrpièce: inorques blancs 1910, 6 fr. pièce. indons croisés blanc et bronzé d'Amérique, 20 fr., pièce; emballage en plus Livrable gare Vitry. le Baron LE PELLETIER, Salvert, par Vivy (Maine- et-Loire). A vendre plusieurs couveuses et éleveuses de la M célèbre marque anglaise ‘‘ Hearson ”, garanties état de neuf eb fonctionnement par Fait : œufs de faisan, leveuses hydrothermiques n° 13 pour 100 poussins. M. ans JACOT, 7, rue Chernoviz, Paris, de-erands Concours, 25 fr. “1-2 Brahmas Herminés, 30 fr. =? Canards Barbarie bronzés, 25 fr. Jouple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. S'adresser au Secrétariat. - poules eb "couveuses n° {{ pour 120 œufs de ue ou 180. ouple coq et FAEA Audalous bleus extra, sujets. |! de té qui dé irent obtenir. des chéptels dont priés de. crétariat, 33, rue de Buffon ; les cheptels seront consentis, après a C mmission SENS suivant le rang d'inscription et au fur et à EN DISTRIBUTION Graines offertes par le Jardin Botanique de Sibpur, près Calcutta. (Sikkim Himalayan), Tex insignis. Briobotrya petiolata: Pieris ovalifolia, Callicarpa vestita. Exacum teres: Paederia foetida. Hyptis suaveolens. Abroma augusta. Graines offertes par le Dr. ROBERTSON PROS- CHOWSKEY : Bocconia frutescens L. Araujia sericifera Brot. Tacsania mollissima. Musa Ensete. Hurcræa gigantea. Superbe couple Paons Nigripennes, né chez moi et re 150 fr., emballage, prêt à reproduire en Mai, gratuit. Coqs et poules Caumont extra, 6 fr, 50 pièce. Œufs à couver, 5 fr. la douzaine franco. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). chiots bergers A cétter quelques magnifiques { hautes origines. Beauce (Bas-rouge défense), Champion Brissac. Ravissants chats Siamois yeux bleus. Prix : de 50 à 10 francs l'un. Chèvres, Chevreaux Syrie, Suisse et 1/2 sans. Lapins races primées. Jenny's FARM, Créteil, Seine, À céder : Alpine race pure avec Chevreau mâle. Chevreau hongre adulte harnaché. Gaston FONTAINE, à Maing (Nord), DEMANDES Chrysalides vivantes de Papillons, de nu férente, faites en même temps: He M: Jean ROSTAND, Arnaga, Cambo (Basses. Pyrénées). 4 Femelle Paon Dane M. DURIEZ, DUNENEUE Henri-IV, 4% Couple Paons blancs, jeunes ou adultes, même de cintç ans. | M, Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). Ps tré MTIoMLE vaccin ri ; Rsk LASER FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN è | = Pr = PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) - Né Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 4° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux | utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à Ja multiplication des races nouveliement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation | de végétaux utiles où d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L'attention des personnes compétentes doit être appelée tout | spécialement sur l’intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. k. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en | __ encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo-. sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines : qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites | - _ agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité _ générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc-. _ cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant . chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. ES 2 Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que Ÿ les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publies ou privés (Labo- ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). - + Ta Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 40 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, etc., } faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui son également réservés, tels qu'annontes gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieures à son admission, etc. 12 ET Er Publications faites par la Société ou lui appartenant: — La Société d'Accli- | matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-&, | illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le | Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur {outes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et ; de la Sérieiculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, : leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour les membres de la Société. Ceux-ci peuvent égalément acquérir à moitié prix le. Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien . connus du D' Moreau sur les Poissons de France. ti : Le Gérant : À. MARETHEUx. 6 Paris. — L. MARE7HEUx, imprimeur, 1, rue Cassette. ne BULLETIN DE LA it Nationale d'Agelimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58° ANNÉIE N° 14 — 15 JUILLET 1911 SOMMAIRE Pages. À. DAGRY. — Dispositions à prendre pour l’acclimatation et le transport des Poissons exObquesiprovenantides résionsloimtames 1 NL SLR ES MUR AE 417 Louis TERNIER. — Causerie sur et avec un Insecte. , .. ! . . 49 DC RIVMIPRE = Waoshingromiar fliferas A) ei St AAREAT 429 Extraits des procès-verbaux des séances des Sections 3e section. — Aquiculture. — Séance du 13 février 1911. . . : : : . . . .. 4.1. 2... 431 — 7 SÉANCES LUMISRMAUSERON EAP AU MER NRA ARS PONTS AE NEA 432 Pe6Msection-—Colonisation. Séance du.2% avril 1914... 4020, 0 se Mme eee " 435 M OPronquendeneralelemfantssinenss. 2 D D AIÉN ANNALES 438 : La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises à par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, ee 4àa7 eures.. a SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33. Rue DE Burron — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 Président, M. Edmond Psrrime, membre de l'Institut et de V'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. . MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Hisioire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faïdherbe, Saint-Mandé (Seme). Vice-Préridents. Maurice DE Vrrmorix, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PoxrsRr4ND, Sénateur, boulevaré Saint-Germain, 238, Paris. C. Ravenmer-Wavrer, 20, rue des Acacias, une ÿ decrétaire général, N. Maurice Lovee, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Lx For, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Zfranger)- | À H- Hwa, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 954, boulevard Saint- Secrétaires, Germain, Paris (Conseil). Cezprs, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. Desreus, 5, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur)- Trésorier, M. le D: Sesuzorre, 11, rue Croix-des-Petits-Ch2mps, Paris. Archiviste-Bibliothécaire. N. CAUCURTE, 5£, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D° LæPaxce, 62, rue de la Tour, Paris. Manxzes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. : Dr E. Teousssarr, Professeur ac Muséum d'Hisioire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de Vawoaz, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. Lzcowrz, professeur de botanique au Muséum d' Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. Le Myres DE Vicers, 3, rue Cambacérés, Paris. Comte d'ORFRUIzzE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Wummiox, 7, rue Théophile-Gautier, Neuiliy-sur-Seme. AcHarue, directeur du Laboratoire eolonizl du Muséum d'Histoire ne 1, rue Andrieux, Pr Dérarprs. 23, rue Claude-Lorrain, Paris_ ne Macaun D'Ausussox, 18, rue Erlanper, Paris. Sn D P. Marca, Professeur 2 l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station Entomologiq de Paris, 14, boulevard Saint-Germain. Paris. … D LS 1 "1 LA LA 1 LA É ; Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 ! E- lanvier | Fémier las | , Séaxces pu Coxser. le Mardi à 5 heures.| 10 14 14 | D 4rs Secrios. — Mammiféres, le lundi à | à 5 heures :. - . - - Ses UE 9 6 6 ; 1 2 SEcrION. — Ornithologie, le lundi : E as hi ET ASC RESE 9 6 6 D 3° SECTION. — Aquiculture (2), ‘le lundi \ à 5 heures . . . SEE 10 13 13 &e Secrion. — Entomologie, le lundi | Ga SECTION. _ Colonisation. le lundi Î 5 heures . . - 33 30 20 = Sous-Secnon d'Etudes Caprines, le ven- 2 ! dredi à 5 heures ch: 252 NN STORE 24 {1} Batraciens, Repüles et Invertébrés aquatiques. NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séan des Sections. recevront sur leur demande les ordres du jour mensueiîs de séances. 4 | . DISPOSITIONS À PRENDRE POUR L’ACCLIMATATION ET LE TRANSPORT DES POISSONS EXOTIQUES PROVENANT DES RÉGIONS LOINTAINES Par A. DAGRY. La plus grande partie du voyage comprend la traversée en mer ; pendant les premiers jours, les Poissons auront à sup- porter les grandes chaleurs de l'équateur. Mais ces jeunes Poissons en pleine vigueur, étant au début de leur voyage, il y _ aura peu de perte et leur affaiblissement correspondra à un climat plus tempéré, au fur et à mesure qu'ils se rapproche- ront de notre pays. Pour avoir des chances de réussite, il y a de grandes précau- tions à prendre. Il ne faut pas transporter des Poissons de grande taille, car ceux-ci réclameraient beaucoup plus d'oxy- sène qu'on ne pourrait leur en donner en cours deroute, tandis que de jeunes Poissons se comporleront bien mieux, étant beaucoup moins fragiles et ayant plus de chance de s’accli- mater: il est évident que leur taille variera suivant l’époque de leur éclosion et leur développement. Il ne faut pas oublier non plus que si l’on cherche à rapporter trop de Poissons, on n’arrivera certainement à aucun résultat, car Si, par suite du trop grand nombre, les Poissons souffrent de la privation d'oxygène, la mortalité complète surviendra en peu de Jours ; il faut donc être très prudent et se contenter de rapporter très peu de jeunes Poissons, qui, acclimatés petit à petit à l’eau stagnante (un mois au moins avant leur départ) et habitués à une légère nourriture qui serait également donnée pendant la durée du voyage, arriveraient en bon état et auraient ainsi plus de valeur qu'un grand nombre de Poissons qui, ayant souffert et n'ayant pu prendre aucune nourriture, seraient fata- lement arrêtés dans leur croissance et ne donneraient aucun des résultats attendus. Au contraire, il faudrait rapporter très peu de jeunes Poissons bien portants, n'ayant souffert d'aucune privation, c'est-à-dire n'ayant jamais manqué d'aucun des éléments principaux, l'oxygène, l'alimentation (qui malgré tout devra être très légère), ainsi que la propreté et le maintien de BULL. SOC.’NAT. ACCL. LR. 1911. — 27 418 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION la température de l'eau ; dans ces conditions, ces jeunes Pois- sons se développeront très rapidement dans notre pays et donneront d'excellents résullats. Le convoyeur chargé de donner les suins en cours de route aura tous les renseignements nécessaires pour mener à bien cette tentative d’acclimatation, et ces renseignements corres- pondront au système de bidon qui lui sera confié. Acclimatetion des Poissons avant de supporter un long trajet. — Les jeunes Poissons, après avoir été pêchés arec soin de manière à ne pas les blesser, doivent être mis en observation dans un récipient à eau courante, c’est-à-dire alimenté par un robinet donnant ur filet d’eau que l’on doit diminuer petit à petit de manière à les habituer à l’eau stagnante. Un mois est nécessaire à cetle opération ; il faut en mettre le double en observation de manière à éliminer les Poissons qui paraissent malades et ceux qui ne prennent pas la nourriture. Il est très facile de s'en rendre compte: un Poisson vigoureux a les nageoires bien ouvertes, tandis que chez les Poissons malades les nageoires sont resserrées et sont rongées par la maladie. Avant le départ, le choix est donc d’une grande utilité : ïl faut aussi enlever en cours de route les Poissons qui pourraient mourir. L'alimentation avant le départ devra se faire suivant les modes de nourriture employés dans le pays pour chaque espèce de Poissons et une nourriture spéciale sera donnée en cours de route au convoyeur pour assurer leur vitalité. Le nombre des Poissons à mettre dansle bidon qui est d'u une capacité d'environ 50 litres ne devra pas, pour avoir chance de bien arriver, dépasser le nombre suivant : Poissons de 6 à 7 centimètres de longueur . . . . 50 sujets. — de 8à 9 _ — TRADE — de 10 à 12 — — DRM AE AO Ces chiffres représentent le maximum de Poissons que l'on peut rapporter avec succès et qui, à l’avenir, feront de vigou- reux reproducteurs. ACCLIMATATION ET TRANSPORT DES POISSONS EXOTIQUES 419 PRÉCAUTIONS A PRENDRE POUR PÉCHER, ACCLIMATER ET FAIRE VOYAGER DES POISSONS DESTINÉS A SUPPORTER UN TRAJET D'UNE DURÉE DE PLUS DE TROIS SEMAINES EN MER - Note utile pour l’acclimatation des Poissons avant leur départ. — Les Poissons doivent être pêchés avec beaucoup de soins, de manière à ne pas les blesser, ce qui serait une cause de non- -succès. Les plus grandes précautions doivent donc être prises, car, sans s’en douter, on froisse quelquefois la couche gélati- neuse qui recouvre la surface des Poissons; c’est d’ailleurs pour celte raison que l’on ne prend les Poissons ayant une grande valeur qu'avec des épuisettes en tissu très doux, car les nœuds des filets, par leur rugosité, arrachent les écailles des Poissons, ce qui est, pour ceux-ci, un commencement de maladie, l’eau étant en contact avec la plaie. Malgré toutes les précautions prises, il est très difficile d'accomplir une pêche d’une centaine de sujets sans en blesser quelques-uns. Au début, ces blessures ne s’aperçoivent pas; aussi on comprend le danger qu'il y aurait à ne pas mettre ces Poissons en observation pendant un certain temps avant leur départ. De plus, une seconde raison, qui n’est pas la moins utile, c'est qu il faut petit à petit les habituer non seulement à un espace restreint, mais également à supporter la privation d’eau courante et aussi les forcer à prendre de la nourriture, ce qu'ordinairement les Poissons capturés ne prennent qu’à la longue et difficilement. C'est pourquoi, avant d'entreprendre ce long voyage, il faut faire tout le nécessaire pour avoir chance de rapporter non seulement des Poissons vivants, mais des Poissons n'ayant aucunement souffert. Le choix de l’époque la plus fraîche sera préférable pour le transport. En résumé, il faut opérer de la manière suivante : Tout d'abord prendre des jeunes Poissons de 8 à 10 centi- mètres environ, suivant l’époque de leur éclosion et leur développement. Les sujets adultes ne doivent pas être choisis pour ce transport, car il serait très difficile de les habituer à supporter d’autres conditions que celles dans lesquelles ils se sont développés. Les Poissons devront être nourris tous les jours et, au bout 1 4 * s 420 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION d'un mois environ, lous ceux qui, par suite de blessures, ou qui, n'ayant pas pris de nourriture, n'auront pas pu se plier à l’acclimatation, devront être rejetés impitoyablement; ceux qui resteront seront ceux qui vraiment présenteront les meilleures qualités physiques et seront les plus aptes à supporter le voyage, à condition, toutefois, que le convoyeur y apporte tous les soins voulus. L'alimentation devra être rigoureusement surveillée, et à la remise du bidon au convoyeur, une petite note devra êtrg donnée à celui-ci, lui indiquant le genre de nourriture et le degré de la température de l’eau dans laquelle les Poissons aurontété mis en observation; en un mot, il serait très utile que le convoyeur ait un entretien avec la personne qui aurait accli- maté les Poissons avant leur départ et que celle-ci lui fournisse tous les renseignements et indications nécessaires. Le nombre des Poissons devra être limité et ceux-ci choisis parmi les plus vigoureux de ceux que l’on aura pu acclimater. En tout cas, la quantité devra être en rapport avec leur taille et ne pas dépasser les quantités suivantes : Poissons de 16 a Mi Centimetres REP E EG IESuetS: — de 8à 9 — LAURE Da SHARE AN EL DE QE — de 10 à 12 — LE Re ON VE ARE OP AE (RES L'augmentation de ces quantités nuirait au transport et l’on risquerait de tout perdre en peu de jours parce qu'un trop grand nombre de Poissons absorberait très rapidement l’oxy- gène contenu dans l’eau du bidon. Il vaut mieux arriver avec un petit nombre de Poissons bien portants qu'avec un grand nombre qui, fatigués et atrophiés, dégénéreraient rapidement et finiraient par mourir. Soins et précautions à prendre avant de se servir du bidon. — Tout d’abord, il faut le remplir d’eau pour bien le laver et faire disparaitre complètement l'odeur du vernis émail de l’intérieur, le laisser rempli d'eau pendant deux à trois jours, s'assurer du bon fonctionnement de la pompe après en avoir graissé les organes. * » à Description du bidon spécial pour le transport. — Les soins ACCLIMATATION ET TRANSPORT DES POISSONS EXOTIQUES 421 à donner aux Poissons devant subir un long voyage sont en rapport avec le système de bidon adopté, et les renseignements et observations ci-dessous devront être suivis très rigoureuse- ment. En premier lieu, afin de faciliter et pour bien faire com- prendre les détails correspondant aux soins journaliers en cours de route, il est nécessaire de donner une description complète et bien détaillée du bidon, afin que le convoyeur soit bien renseigné et qu’il puisse, en la comprenant, mener à bien l'entreprise qui lui sera confiée et qui, pour ce long parcours, ne dépendra que de la rigoureuse exactitude qu'il déploiera à suivre les observations. Le schéma du bidon ne peut donner qu’un apercu, il doit être complété par une description plus détaillée et suivant l’ordre alphabétique de la légende : A. Couvercle plein. — Ce couvercle est destiné à recouvrir le cha- peau supérieur pendant le temps où l’appareil ne sera pas accom- pagné : il sert en outre à plomber le bidon. B. Chapeau supérieur entrant dans l'ouverture du bidon. — Ce chapeau, de forme cylindrique, dontie bas se termine par un cône très évasé, est complètement perforé. Au milieu du cylindre est soudé un jonc permettant au chapeau de reposer sur la collerette du bidon ; de cette manière les trous sont complètement à décou- vert et l’air peut circuler librement dans l’intérieur. C. Petit réservoir. — Ce petit réservoir est très utile, il servira pour ainsi dire, à remplacer le convoyeur pendant les heures de repos de celui-ci. Une fois rempli d’eau bien aérée et le débit réglé par un petit robinet situé au bas, il peut couler facilement pendant quelques heures et assurer ainsi la vitalité des Poissons en faisant action d’eau courante. Lorsque l’on ne pourra pas mettre dans ce petit réservoir de la nouvelle eau fraîche, ce qui serait préférable, il ne faudra pas oublier avant de le remplir avec l’eau du bidon de bien aérer celle-ci au moyen de la pompe et remplir ensuite le réservoir avec cette eau qui, par le fait même de la pompe, se trou- vera fortement oxygénée. D. Levier de la pompe. — Ge levier doit être manœuvré douce- ment et sans à-coups. En actionnant la pompe, enlever le chapeau et regarder dans le bidon afin de veiller au bon fonctionnement de celle-ci. IL est complètement inutile de brusquer le mouvement. E. Oxygéneur. — Cet appareil est disposé de manière à ce que la force du jet entraine l’air qui, en se mélangeant avec l’eau actionnée 422 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION par la pompe et projetée à l'intérieur du bidon, oxygénera celle-ci en quantité suffisante. Técier 1910: ire Ou Ocoous ptème ka o)1 Û Cupe aveélevalioew Le lidow écbappentent in déjeeltono 2 ë = "ÈS à E EVE Ë => RE SITES 3 é 3 S| :£ = 38 = :> à 2 à =°Ù d a 5.2 a A 22 Ch Fe D 3 *& ù2 = .£ 5 ISSUE À 2-3 SA SITE SI ë à pr : Le) o < Bidon Jtour le transport des poissons vivants destines à de longs voyages Marélimes F. Pompe aspirante et foulante. — Cette pompe est entièrementen bronze et d’un système PDNRES qui en assure un longet bon fonc- tionnement. G. Pomme d'aspiration ou crépine. — Cette pomme d'aspiration est placée de manière à ne pas aspirer les Poissons qui s’en approche- ACCLIMATATION ET TRANSPORT DES POISSONS EXOTIQUES 423 raient et qui y resteraient collés par l’aspiration de la pompe. D'ailleurs, une fois la pompe en mouvement, les Poissons descendent ordinairement au fond du bidon. H. Robinet pour l’échappement des déjections. — Le fond du bidon représentant un cône très évasé, les déjections se réunissent au centre et vont dans le tuyau communiquant avec ce robinet. Quand on ouvre celui-ci, la pression de l’eau fait évacuer rapidement tous les excréments ou déchets organiques des Poissons. I. Fond perforé. — Ce fond perforé permet aux déjections de passer dans le fond conique où ellés sont prêtes à s'échapper par le tuyau affecté à cet usage dès l'ouverture du robinet. J. Thermomètre. — Ce thermomètre permet de se rendre compte de la température de l’eau que l’on peutégaliser très facilement par le contact de la glace que l’on met dans le réservoir destiné à cet usage. K. Ligne indiquant le niveau de l’eau. — Il faut autant que pos- sible ne pas s’en écarter ; cependant une légère variabilité ne nuirait guère aux Poissons. L. Réservoirs à glaces. — Ces réservoirs sont au nombre de deux et placés dans les angles de la caisse qui entourent le bidon. Un robinet communiquant avec le fond des réservoirs permet de faire évacuer l’eau, une fois la glace fondue. Cette eau ne devra pas servir à renouveler celle du bidon, car elle est dépourvue d'oxygène et complètement impropre à cet usage. M. Compartiment à accessoires. — Dans ce compartiment sont rangés des outils et ustensiles divers, pouvant servir. au cours du voyage, burette, tournevis, tube de caoutchouc, etc. N. Caisse en bois de chène enveloppant le tour et le fond du bidon. Un second couvercle grillagé accompagne le bidon et est destiné à remplacer le chapeau supérieur de façon à donner de la lumière aux Poissons en cours de route. Soins journaliers à donner en cours de route. — Lorsque le voyageur prendra livraison du bidon, il devra, en premier lieu, s'assurer qu'il ne manque rien de ce qui est indiqué sur la légende. Quant aux Poissons, il est à croire que les personnes char- gées de les acclimater remettront au convoyeur des Poissons 42% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE 1) ACCLIMATATION bien portants, apprêlés et acclimalés suivant les renseigne- ments donnés, pour subir avec succès ce long voyage. Ces mèmes personnes devront être présentes à l’embarquement, de manière que le bidon et son contenu soient remis au con- voyeur dans les meilleures conditions possibles. A partir de la remise du bidon, le convoyeur devra se charger des opérations suivantes : 1° Pomper plusieurs fois dans la journée; cette opération, qui ne demandera pas une minute à chaque fois, devra être répétée assez souvent; 2° Placer le bidon au jour et à l’air dans un endroit frais et mettre le couvercle en grillage sur le bidon afin de faire péné- trer la lumière intérieurement; 3° Tous les jours, matin et soir, le convoyeur devra vider environ un litre d'eau du bidon en ouvrant le robinet affecté à cet usage, et compenser cette perte par l'addition d'une même proportion d'eau douce naturelle et non d’eau distillée. Pour cette opération, il faut se servir du réservoir C avec lequel on recueillera la partie d'eau qui est à jeter, puisque c'est le dépôt du fond. Dans le compartiment des accessoires, on trouvera un tube en caoutchouc dont l'extrémité se visse sur le robinet de vidange du bidon (une plaque d'inscription indique ce dernier); une fois cette opération faite, il faut mettre la nouvelle eau dans le réservoir et achever de remplir ce dernier avec de l'eau contenue dans le bidon, maïs en ayant eu soin, auparavant, de pomper, afin d'oxygéner fortement cette eau; de sorte qu'il y aura, dans le réservoir, une partie d'eau n'ayant encore Jamais servi, et une partie d’eau très aérée sortant du bidon. On remet ensuite le réservoir en place, en ayant soin d'ouvrir le petit robinet afin que l'eau coule très lentement dans le bidon, ce qui, en faisant action d’eau courante, remplacera la quantité d’eau retirée, et n'aura pas l'inconvénient de changer brusquement la température, car la nouvelle eau pourrait dif- ‘érer assez sensiblement de celle contenue dans le bidon. Le réservoir étant d’une capacité d'environ 5 litres, il serait de beaucoup préférable de renouveler cette quantité deux fois par jour, si l’on peut se la procurer à bord du navire, surtout en traversant la région des fortes chaleurs où l'oxygène de l’eau s’évapore plus rapidement. Lorsque les Poissons se portent bien et sont dans leur état AGCLIMATATION .ET TRANSPORT DES. POISSONS EXOTIQUES 425 normal, ils se tiennent entre deux eaux, mais lorsqu'ils souf- frent du manque d'oxygène, ils se tiennent à la surface en pipant fortement; lorsqu'on les voit dans cette position, il faut faire manœuvrer la pompe afin de rendre à l'eau ses qualités, si bien que les Poissons, étant de nouveau pourvus d'oxygène, ne souffriront nullement. La température, bien que pouvant varier très légèrement, ne doit pas subir de brusques changements. La chaleur absor- bant loxygène, il faut donc maintenir l'eau du bidon à une température un peu plus basse que celle où vivent habituel- lement l’espèce de Poissons que l’on rapporte. Ce maintien de la température s'obtient au moyen de la glace, mais, dans aucun cas, il ne faut la mélanger direc- tement à l'eau. Il y a deux réservoirs aménagés pour cet usage; étant en contact direct avec l’intérieur du bidon, ils suffisent à rafraichir lentement l’eau contenue à l'intérieur; on peut donc, en y veillant, maintenir à peu près la même tem- pérature et se rapprocher autant que possible de 10 degrés; il est évident que la température varie avec les espèces et le milieu dans lequel elles vivent. La personne qui livrera les Poissons au convoyeur lui indi- quera le degré de température à laquelle ils vivent. Un thermomètre, placé sur le bidon et plongeant dans l’eau à son extrémité, permettra de vérifier la température intérieure de l’eau. La lumière du jour, ainsi que la pénétration de l'air inté- rieurement sont indispensables à des Poissons dont la durée de transport est de plusieurs semaines. C’est à cet effet qu'il a été joint au premier couvercle un second, plat, formé d’une grille et s’enchässant dans la collerette du bidon. Dans la journée, ce couvercle doit ètre mis, sauf dans le cas où le temps, trop mauvais, agiterait l’eau; il faudrait alors remettre en place le chapeau supérieur B qui empêchera l’eau, déjà maintenue par le cône évasé du chapeau, de s'échapper. Nourriture. — La nourriture est un point également des plus importants; car il est bien entendu que des Poissons, privés de nourriture pendant un si long voyage, seraient arrêtés dans leur croissance et nous donneraient de très mau- vais reproducteurs. Il s’agit là de prendre de grandes précautions. La nourriture 426 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ne doit pas être donnée en abondance, car alors l'eau du bidon finirait par se corrompre et asphyxierait les Poissons; il suffit seulement de les entretenir un peu. Comme ils auront été mis en observation, et même nourris avant la remise du bi- don, il sera remis au convoyeur des instructions au sujet de la nourriture qui devra être la même que celle qui leur aura été donnée pendant leur captivité. En résumé, il faut d’une façon rigoureuse : 1° Pomper environ toutes les deux heures, en moyenne douze coups de balancier ; 2° Vider matin et soir environ 1 litre d’eau, ou plus si pos- sible, et la remplacer suivant la quantité dont on pourra dis- poser ; 3° Donner de l'air et de la lumière aux Poissons ;. 4° Les nourrir suivant les instructions reçues au départ; 5° Maintenir l’eau à la température indiquée. CAUSERIE SUR ET AVEC UN INSECTE Par LOUIS TERNIER. Dans les premiers jours du mois dé mai dernier, je me trouvais un matin dans mon cabinet de travail lorsque mon attention fut attirée par un léger bruit qui partait de l’encoignure d’une fenêtre, derrière la boiserie cachée par d’épais rideaux. C'était une série de petits coups régulièrement espacés. Je reconnus immédiatement qu'ils provenaient d’une « Vrillette » (Anobium perlinax), minuscule Insecte, dont la larve est un des destruc- teurs les plus communs du vieux bois. Je ne suis pas supersti- tieux et le tic-tac intermittent de l’Æorloge de la Mort, qu'on considérait autrefois comme annoncant la disparition prochaine d'un être humain, m'inspira seulement de mélancoliques réfle- xions. Tout ce qui a eu vie ici-bas est destiné à disparaître rongé par les Insectes, et le bois vermoulu de mon antique demeure — elle date de 1627 — subissait la loi commune. L’Insecte s’élait tu. Tout en rêvant à la singularité de cet éternel entretien de la vie par les substances mortes, je me mis à frapper machinalement sur mon bureau, avec la pointe aiguë d’un coupe-papier de métal qui s'était trouvé sous ma main, de petils coups cadencés rappelant ceux que venait de faire entendre la Vrillette. À mon grand étonnement, comme un écho dans la boiserie, l’Insecte répondit coup pour coup, scandant ses réponses sui- vant mes appels que, comme je le lui avais entendu faire, je décomposais par séries de cinq ou six battements régulièrement espacés. Lorsque je précipitais le mouvement, la Vrillette m'imitait. Je l’amenai ainsi à un certain degré d’excitation que je fis tomber en ne frappant plus que lentement un ou deux coups moins accentués que les autres. Plusieurs fois dans la journée je recommençai l'expérience. Lorsque, dans le silence de mon cabinet, je faisais résonner sur mon bureau la pointe de mon coupe-papier, la Vrillette me répondait à l'instant. Il en fut de même les jours suivants. Ma famille s'était aussi inté- ressée à cette singulière conversation. J'avais commencé par intriguer les miens en leur disant que j'avais trouvé un nouveau mode de télégraphie sans fil; l'échange de sons entre la Vrillette et moi rappelait en effet le bruit produit dans les bureaux de A k Me dE FA ARE TX 428 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION télégraphe par les appareils de transmission et de réception des dépêches. Nous avions même fini par donner, en plaisantant, une signi- fication à cette correspondance à distance, et chacun de nous venait de temps en temps demander à la Vrillette « comment elle se portait », ou lui soubaiter le « bonsoir », politesses aux- quelles l'Insecte ne manquait jamais de répondre fort ponctuel- lement. Il est toutefois à noter que la Vrillette s’entretenait plus volontiers avec moi. J'avais peut-être trouvé l'accent! Ce petit manège dura six ou sept jours pendant lesquels la bestiole demeura sans bouger exactement au même endroit. Un matin, la Vrillette ne répondit pas. Mes appels restèrent sans écho et je ne saurai jamais ce qu'est devenu mon myslérieux petit correspondant. A-t-il trouvé la compagne qu'il attendait, puis- qu'il parait que les coups redoublés que frappe le mâle de la Vrillette sont destinés à appeler sa femelle? Est-il tout simple- ment mort après avoir vécu ce que vivent les Insectes ? J'ai regretté la disparition de ce petit être auquel je m'étais. pour ainsi dire, déjà attaché. Il avait, un moment, occupé mon imagination et égayé quelques instants de mon existence. Puis, parmi tant d'Insectes qui, en nombre infini, vivent indifférents à nos côtés, celui-là, en son langage singulier, était entré en communication directe avec moi, et m'avait appris que les pelits coups frappés sur le bois par les Vrillettes leur servent à correspondre entre elles. Au point de vue scientifique, j'ai cru intéressant de noter ici celte particularité et de mentionner le fait par la Vrillette d'être demeurée pendant près d’une semaine exactement au même endroit sans se déplacer. Les petits ruisseaux font les grandes rivières: les petites observations viennent aussi grossir l'ensemble de nos connaissances zoologiques; c'est pourquoi je soumets à nos collègues entomologistes les constalations que m'a permis de faire sur les mœurs de son espèce la petite Vril- lette de la boiserie de mon bureau. WASHINGTONIA FILIFERA (PRITCHARDIA FILIFERA) Par C. RIVIÈRE. J'ai signalé en 1909 une remarquable anomalie sur ce Pal- mier : elle consiste dans l’émission de racines adventives à sa base sur une hauteur de 1"80 environ Une photographie, reproduite ici, était jointe à l'appui de cette communication. 430 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Au printemps 1910, j'ai été examiner à Tunis ce curieux spé- cimen dont voici une sommaire description : Hauteur du stipe jusqu'aux premières feuilles. . . 6 mètres. De ces lenilleS'au sommes: CU ER E 3 m. 50 Circonférence du stipe prise à 1 mètre de hauteur. 3 m. 60 ADEME SRE AUS OEM RENE rh ASrans: L'âge et la hauteur de ce Palmier, planté très jeune, donnent une idée exacte de la rapidité de son développement. L'émission de racines adventives très denses, mais courtes, sur une hauteur de 180 et qui a tendance à s’accroître, parait être due, s'il n'y a pas une variation innée du sujet, à la nature toute spéciale du milieu. En effet, ce Palmier est planté dans une cour mauresque d’un établissement de bain, dans un petit jardinet central bien arrosé et abrité, recevant les émanations de vapeurs chaudes. Mais un autre sujet de cette même espèce présenterait-il cette anomalie ? Au Jardin d'Essai d'Alger, dans une partie basse, chaude et humide, cette anomalie n'est pas constatée et je ne l’ai jamais vue sur les nombreux sujets plantés depuis longtemps sur la côte d'Azur. Les exemplaires du Jardin d’Essai sont de forte taille : ils atteignent 18 mètres de hauteur et quelques-uns ont 0,76 de diamètre. A l’ancienne pépinière d'Oran, il y avait autrefois un sujet très remarquable : son diamètre était de 0,82. Malgré leur âge et leurs dimensions, on ne connaït pas encore la floraison dans le nord de l’Afrique de ces Palmiers rustiques, où d’ailleurs ils ne sont que très peu représentés. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS II: SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1911 Présidence de M. Raveret-Wattel, président. M. Bruyère présente à la section un ouvrage sur l’Huitre et la santé publique, dans lequel il fait connaître la campagne menée contre les Huîtres il y a quelques années, et qui avait eu eu pour résultat d’abaisser la production de 19 millions à 12 millions, ainsi que l’exposé des mesures nécessaires prises pour placer les parcs dans des conditions sanitaires sauve- gardant ainsi les intérêts des consommateurs. M. Le Fort renseigne la Section sur la quantité considérable de cuisses de Grenouilles que l'on mange au Canada. D'après le consul des Etats-Unis, la culture des cuisses de Grenouilles rapporte à laprovince de Québec un minimum de 500.000francs par an. Pendant l’année 1909, les marchés de Montréal ont vendu pour plus de 1.000.000 de francs de cuisses de Gre- nouille. M. Debreuil dit ensuite qu'il a vu chez notre collègue M. Dagry un arrivage de Poissons de mer vivants destinés à garnir l’Aquarium d'Anvers. Ces Poissons, parmi lesquels se trouvaient principalement des Syngnates, des Labres, des Blennies, des Cottes, etc., sont de toutes couleurs et de formes excessivement bizarres. Il y avait également une belle collec- tion de Zoophytes marins vivants, représentants de la faune de la mer Méditerranée. M. de Sainville demande s’il n'existe pas une nourriture d'un prix modique et très profitable aux Poissons afin de les faire grossir rapidement, principalement les Cyprinidés. M. Le Fort déclare que c’est une erreur absolue, en France, de vouloir nourrir artificiellement les Cyprinidés, si l’on désire avoir un bénéfice au moment de la vente. 432 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Les prix de nourriture et de main-d'œuvre ont absorbé et dépassé les prix de vente dans les essais que l’on a tentés en France. La seule façon de retirer un gain réel des étangs à Cyprinidés est de surveiller la flore de ces étangs et d'essayer d'augmenter le nombre des Insectes utiles à la nourriture du Poisson. Le Secrétaire, MarcEL DaGry. SÉANCE DU 13 mars 1911 Présidence de M. Raveret-Wattel, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. En ouvrant la séance, M. le Président souhaite la bienvenue à M. le professeur Louis Roule. M. Dagry fait ensuite une description très détaillée du nouvel aquarium d’eau de mer et d’eau douce du Jardin zoologique d'Anvers. Cette note paraîtra d'autre part au Bulletin avec la liste complète des Poissons qui peuplent les bassins et aquariums. M. le Président remercie M. Dagry de sa communication et regrette, ainsi que tous les membres de la section, que, jusqu’à présent, rien de semblable n'ait été fait en France. M. le professeur Roule fait remarquer qu'il est surprenant que l’eau de mer, bien que filtrée et décantée chaque fois qu’elle a servi, puisse être utilisée sans être renouvelée pendant cinq à six ans, car les résidus des Poissons doivent à la longue malgré toutes les précautions prises, empoisonner l’eau. M. Dagry répond que ce n’est jusqu’à présent qu'une simple évaluation, mais qu’elle doit être exacte, puisqu'à l’Aquarium d'Amsterdam l’eau de mer n’est renouvelée que tous les cinq à six ans; cela tient à la quantité d’eau de mer qui se trouve en dépôt dans les réservoirs et qu’on laisse reposer longtemps afin de lui permettre de se décanter et de se purifier complète- ment. Au sujet de l'interdiction d'introduction de Poissons étran- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 433 gers en France, M. Debreuil fait connaître à la Section que l'Administration n’a pris cette mesure que pour éviter la propa- galion des maladies épidémiques par l'importation de Poissons exotiques porteurs de germes morbides et pour empêcher cer- taines introductions de Poissons exotiques qui ont soulevé les plaintes des pêcheurs. Il est évident que l'on a laissé trop de latitude aux sociétés de Pêche qut ont pu immerger tous les Poissons qu’elles vou- laient dans nos eaux fluviales. Une loi italienne contient une disposition qui interdit les introductions de Poissons étrangers sans une autorisation de l'Administration, mais de cela à interdire catégoriquement toute introduction de Poissons, il y a loin. Beaucoup d'espèces importées sont pourtant très utiles et sont une source de revenus pour la Pisciculture; la Truite arc-en-ciel * est un Poisson exotique, et cependant c'est un très bon Poisson. Notre collègue M. Lasseaux, nous adresse la lettre suivante : « Je voudrais mettre des Truites et des Carpes, à l'exclusion de toute autre espèce, dans un petit étang d’une superficie de 2.500 mètres carrés et de un mètre de profondeur environ, à fond glaiseux. Une source vive, d’un débit de 120.000 litres en vingt-quatre heures, alimente la pièce d’eau. « Quelle quantité de Truites et de Carpes de deux ans con- viendrait-il de mettre? Voici la réponse faite par notre président M. Raveret-Wattel ; nous la reproduisons avec d'autant plus de plaisir qu’elle à un intérêt général et qu'elle pourra guider bon nombre de nos collègues : « M. Lasseaux a omis de donner un renseignement utile, savoir quelle est la température de l’eau de l'étang? « D’après le débit indiqué de la source, cette eau est proba- blement fraîche, c’est-à-dire marquant une douzaine de degrés, en moyenne. Dans ce cas, c’est de la Truite commune qu'il conviendra d'y mettre; mais la Carpe ne s’y plaira guère, se développera très lentement, et bien entendu ne pourra jamais se reproduire. [l ne faut pas perdre de vue, en outre, que ce poisson qui fouille la vase pour chercher sa nourriture, trouble beaucoup l’eau; celle-ci reste toujours louche, souvent jau- BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 28 LÉ 5 de PAT D st | 1 NS TU T TER 434 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION nâtre, ce qui enlève singulièrement de la beauté de la pièce d'eau. Si, au contraire, l'eau de l'étang s'échauffe en été, et atteint de 15 à 18 degrés, ou même davantage, la Carpe y vien- drait mieux (sans cependant pouvoir y pondre, car il lui faut au moins 20 degrés pour pouvoir frayer), et au lieu de Truite commune, on pourrait utiliser la Truite arc-en-ciel, qui, sous cette lempérature favorable, croit plus rapidement que la Truite indigène, et, par suite, atteint plus tôt une assez belle taille tout en ayant une chair d'aussi bonne qualité que celle de la Truite commune. « Il eût été utile aussi de savoir si l’on prendra soin de nour- rir le Poisson, ou si on l’abandonnera complètement à lui- même. Dans ce dernier cas, une centaine de Truites par mille mètres carrés suffiront largement. En chargeant davantage la pièce d'eau, on s’exposerait à voir les Poissons s’affamer mutuellement. Il est généralement admis qu'un hectare d'eau suffit, en moyenne, à l'alimentation de 100 à 120 kilos de Truites, mais il faut que le fond soit riche en éléments nutritifs. « Dans le cas où, au contraire, on se proposerait de pourvoir artificiellement à l'alimentation du Poisson, la population pour- rait être considérablement augmentée; le chiffre n'en serait plus subordonné qu'à la quantité de nourriture (viande de Cheval, déchets de boucherie, Poisson dessalé, etc.) que l'on serait en mesure de distribuer. Le Poisson, ainsi alimenté, doit recevoir, chaque jour, une ration de nourriture égale au moins à à p. 100 de son propre poids. D'après cette base, il est facile de régler la quantité de Poisson à mettre dans la pièce d’eau, suivant la dépense de nourriture que l'on est disposé à faire. « Pour la Carpe, dans une eau froide comme celle où peut vivre la Truite, on ne peut pas compter mettre plus de douze sujets de deux ans, par mille mètres carrés; sans quoi, le Pois- son mourrait de faim. Mais si l’on prend soin de le nourrir, on peut doubler, tripler et davantage, la population, suivant l'importance des distributions de nourriture, qui seront faites pain de chenevis, c'est-à-dire tourteaux de chanvre, autres tourteaux oléagineux : de colza, d'arachides, etc., drêches de brasseries, de distilleries de topinambours, etc). On peut cal- culer également sur une consommation journalière de 5 p. 100 de poids de Poisson. « Les Carpettes de deux ans conviennent très bien pour l'empoisonnement d'une pièce d’eau. Mais, pour la Truite, on EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 435 peut se contenter de sujets de douze à quinze mois, dont le prix est beaucoup moins élevé que celui des Truites de deux ans, et qui se transportent bien plus facilement. Ils sont très suffi- samment vigoureux, s’accoutument plus facilement au nouveau milieu dans lequel on les introduit et prospèrent, généralement, de la façon la plus satisfaisante .» Le Secrélaire, M. Dacry. VIS SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 24 AvRIL 1911 Présidence de M. Aug. Chevalier, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. : M. le professeur A. Gruvel, chargé de l'étude et de l'organi- sation des pêcheries de l'Afrique occidentale française, fait une communication sur les pêcheries côtières de notre colonie d'Afrique. D’après ses observaiions, M. Gruvel conclut que des deux sortes de pêcheries (pêcheries à forme indigène et pêcheries à forme métropolitaine), les pêcheries à forme indigène sont les seules à utiliser. Dans la région saharo-sénégalaise des Canaries, à 30 milles au sud du Sénégal, il existe une très vaste région chalutable qui représente 100.000 kilomètres carrés de surface, dont Port-Étienne, situé dans la baie de Cansado (petite baie . dans la baïe du Lévrier), serait le centre. Cette région est très riche en Poissons de toutes sortes, et M. Gruvel raconte que d’un seul coup de chalutier, soit en trois quarts d'heure, il a retiré 381 Soles. M. Gruvel indique quels sont les Poissons, Crustacés et Mol- lusques, que l’on trouve dans les pêcheries de l’Afrique occiden- tale française. Porssons : a) Fonds de sable. — Les fonds sableux sont très riches en Pleuronectes : Soles vulgaires (Solea vulgaris) de très grande taille; elles mesurent de‘50 à 60 centimètres de lon- gueur; Cynoglossus goreensis, désignés au Sénégal sous le nom de Soles-limandes: Psettodees erumei, qui atteint souvent un 436 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION poids de 3 à 5 kilogrammes. À mesure que l’on descend vers le sud, les Pleuronectes diminuent; la Sole vulgaire est rem- placée par d’autres espèces, Solea senegalensis, S. lascaris, etc. b) Fonds de roches. — Dorades de Mauritanie (Dentex vul- garis), énorme Poisson rouge, très connu au marché de Dakar et apprécié sur le marché parisien. Les Fausses-Morues (£'pine- phelus æneus et E. goreensis), les Diagrammes, les Pagres, les .Sciænes, les Trigles, les Dactyloptères et les Rougets (Upeneus prayensis) d'une chair très fine. c) De surface. — Trois espèces de Sardines (Clupea senega- lensis, C. aurita, C. eba), qui y sont souvent très abondantes. d) De rivage. — Il n’est pas rare de voir des bancs de Mulets ou Muges (Mugil cephalus et M. auratus) occuper la plus grande partie de la côle. Sur plusieurs centaines de mètres, au milieu de ces bancs, circulent un grand nombre de Sciænes voraces (Sciæna aquila) qui y font un grand carnage. CRUSTACÉS. — On trouve trouve trois sortes de Langoustes : Langouste vulgaire (Polinus vulgaris) jusqu'à Mogador. Le P. mauritanicus, qui mesure 75 centimètres de long, de cou- leur rouge brique clair, est peu commun, enfin la Langouste royale, de couleur grise, avec des raies jaunes sur les anneaux. Cette espèce, que l’on croyait très rare, est en réalité très commune du cap Barbas au cap Blanc, à tel point que les pêcheurs bretons vont les pêcher pour les ramener vivantes en France. Un bateau en pêche en moyenne 700 par jour. Son prix de vente est de 4 fr. 50 le kilogramme. On trouve encore l'Écrevisse de Guinée (Palæmon jamaicensis) et enfin trois espèces de Crevettes. Mozzusoues. — La faune malacoptérigienne est extrêmement riche sur cette côte. M. Gruvel en a rapporté environ 400 es- pêces; peu sont consommées, soit par les indigènes, soit par les Européens. Citons : Cardium costatum du Sénégal à Angola, Cardium edule au cap Blanc, Z'apes decussatus et 7. diervus, Mytilus afer, qui devient très gros, et Mytilus senegalensis, qui reste petit, etc.; Ostrea parasitica et trois autres espèces qui sont plus rares; ces Huîtres sont préparées pour l'alimentation; les coquilles servent à la fabrication de da chaux, et même certaines per- sonnes les pêchent pour la recherche des perles fines. M. Gruvel termine en donnant une description de Port- Étienne, qui possède un port magnifique dans lequel les plus EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 437 gros bateaux peuvent mouiller à toutes les marées, avec phares, appontements, citernes, appareils distillatoires, poste et télé- graphe, téléphone, télégraphie sans fil, poste militaire, ete, Port-Étienve est appelé à devenir un beau centre de pêcherie de notre colonie de l'Ouest africain, et de puissantes sociétés se préparent à utiliser les fruits des efforts du gouvernement pour en faire le commerce des Poissons frais ou séchés et des guanos. M. le Président remercie M. Gruvel de sa communication. M. Jolly, ancien directeur d'Agriculture à la Côte d'Ivoire, vient faire une rectification au sujet de l’origine du ficus lyrata, appelé encore F. pendurata. Cette plante provient de graines envoyées en 1895 par M. Jolly à M. Baille, botaniste à Villeneuve-Saint-Georges. Onze graines ont germé et, en 1897, deux plantes ont été données à M. Cornu, professeur au Muséum, et une à M. Godefroy-Lebœuf; les autres ont été données au Jardin colonial de Nogent et ont été nommées Ficus pendurata par M. Dybowski, qui les disait être fruits de ses recherches. M. Pierre avait déjà nommé cette plante F. lyrata. Il était donc bon de ramener cette chose au point en rendant à chacun l'honneur qui lui est dü. C'est donc à M. Jolly, et non à M. Dybowski, que l’horticulture doit la belle plante qu'est le Ficus lyrala. M. Jolly présente quelques clichés d'un Crinum (du groupe du Laurenti), qui pousse dans ses serres. Grandes fleurs blanches dont la durée, d'abord éphémère, augmente avec l’âge des plantes, ces dernières poussent sans beaucoup de soins sur le gravier d’une serre chaude humide et fleurissent presque toute l’année; toutefois, la floraison est plus importante en hiver. M. Jolly présente aussi un Dracæna elegans et une fronde de Davallia sperantia. à M. le Président remercie également M. Jolly de ses intéres- santes communications. Le Secrétaire, M. Rouyer. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Une Girafe blanche. — Le Chien de trait en France. — L'utilisation de la Figue de Barbarie pour la nourriture du bétail au Texas. — La domesti- cation de l'Opossum en Australie. — La récolte des plumes de Nandou dans l'Uruguay. — Elevages de la duchesse de Bedford à Woburn. — Les fermages d’Autruches dans l'Afrique du Sud. — La Banane aux Canaries et à la Jamaïque. — La pisciculture devant le Sénat. — Impor- tations récentes : le Panda, le Talégalle; acquisitions nouvelle du Thier- park de Stellingen. — Un comptoir d'Oiseaux à la vente de la Croix- Rouge. — L’Eudemis et la Cochylis, ravageurs de vignobles. M. Dudley Corlett, connu pour d'intéressantes relations de ses explorations du Nil Blanc, a rencontré dernièrement sur les rives de ce fleuve une petite bande de Girafes, parmi lesquelles s'en trouvait une complètement blanche. M. Corlett n’a pas ajouté ce spécimen unique à sa collection de trophées, et il est à espérer que ce bel animal ne sera pas davantage molesté par d’autres voyageurs. * X x Le professeur Ad. Reul et le comte de T'Serclacs de Wom- merson furent les premiers à s'occuper en Belgique du perfec- tionnement du Chien de trait. Ce sont eux qui fondèrent la Société du Chien de trait, ayant pour but de reconstituer la race du mâtin belge et d'améliorer le sort des Chiens de tra- vail. La Société réussit pleinement dans son but. Les statis- tiques officielles portent à 150.000 environ le nombre des Chiens de trait utilisés en Belgique, dont 10.000 pour Bruxelles et sa banlieue. En fixant à 50 centimes la valeur du travail quotidien de chaque Chien (beaucoup font un travail quotidien de sept heures) cela représente 75.000 francs par jour, et un total annuel de 22.500.000 francs, en octroyant à ces animaux 65 journées de repos par an. Lorsqu'un Chien mâtin de force moyenne est attelé d'une manière rationnelle à une voiture ou charrette bien équilibrée, dont les brancards arrivent, étant placés bien horizontalement, à la hauteur du milieu du corps de l'animal, celui-ci peut, sans aucune fatigue, transporter, en une heure, une charge de CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 439 100 à 150 kilogrammes à une distance de 12 kilomètres environ. En France, le Chien de trait n’est pas d'emploi courant ; tou- tefois, dans les départements du Nord existe un lype de mâtin qui, bien élevé et sélectionné, arriverait facilement à égaler le mâtin belge. LeSaint-Bernard pourrait aussi être utilisé comme Chien d’attelage. Depuis quelques mois, il s’est constitué un Syndicat national du Chien de trait français dont le siège est à Lille. Dans la revue La Hacienda, qui se publie à Buffalo (état de New-York), M. Sainclair rend compte des excellents résultats obtenus au Texas par l’alimentation des Vaches lai- tières avec les Figues de Barbarie. Ces Figues constituent un fourrage très peu coûteux que les bestiaux recherchent beau- coup. M. Sainclair s'occupe de l’utilisation des variétés épi- neuses, aussi bien que des variétés énormes. Pour rendre les premières propres à la consommation par le bétail,on emploie des lampes spéciales à gazoline, qui permettent de brüler très rapidement les épines sans déplacer les plantes. Les Daily consular and Trade Reports, de Washington, nous apprennent que le marché des peaux d’Opossum prenant une sérieuse extension en Australie, en raison de la demande con- tinue des Étals-Unis, des expériences concluantes ont permis d'envisager la possibilité de domestiquer les animaux de cette espèce dans les parties boisées attenantes aux fermes austra- liennes, en vue du commerce de leur fourrure. Dans la plupart des régions de l'Australie actuellement accessibles aux trappeurs, l’Opossum tend à disparaître, telle- ment la chasse de cet animal, qui se laisse d’ailleurs capturer aisément, a occasionné l’extermination d’un nombre infini d'individus. On peut également attribuer une des causes de sa disparition à l’absorplion des produits destinés à la destruction des Lapins. La chasse de l'Opossum est très lucrative, si on considère que ceux qui y sont engagés gagnent en moyenne 200 dollars 440 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION (environ 1.000 francs) par mois. Il en résulte que les fermiers ont parfois de grandes difficultés à se procurer des ouvriers agricoles pendant la période de la chasse. De l'avis de M. A.S. Le Souef, directear du jardin zoolo- logique de Sydney, chaque plant d'Eucalyptus peut devenir une source de revenus pour la ferme australienne, en fournis- sant la nourriture habituelle de l'Opossum. Il conviendrait de placer dans chaque arbre une caisse suffisamment grande pour contenir un individu; ce dispositif permettrait à l'animal de dormir dans la journée comme il a coutume de le faire, et en second lieu, ce moyen permettrait au fermier de le capturer à volonté. Pour les besoins de la reproduction, la proportion d'un Opossum mäle pour trois ou quatre femelles est à peu près celle qui convient. D'une manière générale, il n'est pas nécessaire de clôturer la ferme; mais si cette précaution était jugée indispensable pour prévenir les fuites, une barrière de 3 pieds de hauteur serait largement suffisante. On distingue deux espèces d'Opossum différentes par la forme des oreilles : l'Opossum commun ou gris argent, à longues oreilles, et l'Opossum noir ou des montagnes, à oreilles courtes. Le premier est réparti dans toute l'Australie et la Tas- manie, où il vit dans les plaines, l’autre fréquente les hauts plateaux de l'Australie orientale ; c’est le plus grand des deux et celui dont la fourrure est la plus appréciée. Entre le noir et le gris argent, il existe une gamme de couleurs qui décroit du noir foncé au gris clair et du brun au rouge le plus éclatant. Quant à l'Opossum de Tasmanie, il est caractérisé par une robe brune d’un ton très riche. L'époque de la gestation des Opossums commence vers Île mois d'avril pour se terminer en juin. En douze mois, les petits ont atteint leur pleine croissance. Pour être payées au plus haut prix, les peaux doivent être détachées de l'animal avec le plus grand soin : on les fait sécher du côté fleur en veillant à ce que les deux flancs soient droits et uniformes. On doit laisser la queue adhérente, mais la tête doit être sectionnée. La peau des pattes doit également être tranchée au-dessous de la première jointure. Si l’on veut emmaganiser les peaux pour quelque temps, un apprêt au savon arsenical sera nécessaire pour les préserver de l'attaque des Insectes. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS ENS re > Le Consul des Etats-Unis à Montevido a fourni à M. Kennedy, le ministre de la Grande-Bretagne dans l'Uruguav des renseigne- ments sur l'exploitation des plumes de Nandou dans celte république. À l'époque où les plumes sont bonnes à recueillir, les péons organisent de grandes battues et réunissent dans des enceintes de filet les Oiseaux sauvages dont ils arrachent les plumes avant de les remettre en liberté dans la pampa. Les plumes ainsi obtenues sont assorties et on en fait des bottes de 750 grammes. Ces plumes sont ensuite désinfectées et exportées en boîtes de 100 à 200 kilogrammes. Chaque Oiseau fournit environ 600 grammes de plumes marchandes dont la valeur, selon la qualité, varie de 15 à 30 francs le kilogramme. En 1908, l'exportation pour la France, les Etats-Unis, l’Es- pagne et l'Allemagne a été de 15.000 kilogrammes ; en 1909, de 25.000 kilogrammes. Il y à quelques années, on évaluait à 100.000 têtes les Nandous de l’Uruguay, mais, par suite des sécheresses et des invasions de Sauterelles, les pâturages fré- quentés par ces Oiseaux ne leur fournissant plus assez de nour- riture, beaucoup émigrèrent dans la République Argentine, d'où ils ne sont pas revenus. Les bandes de Nandous de l’Uruguay ne compteraient guère plus de 50.000 têtes aujour- d’hui, et comme on en a tué beaucoup trop, le gouvernement de l'Uruguay à dû prendre des mesures pour protéger ce qui reste. Les droits d'exportation figurent en effet pour une grosse somme dans le budget de l'Etat. Nous avons parlé des reproductions de Grues obtenrnes par la duchesse de Bedford à Woburn. L’Avicultural Magazine com- plète ces informations pour la saison de 1910. Un Cygne sauvage (C. musicus) s'étant accouplé avec un Cygne d'Amérique (C. columbianus) a donné naissance à cinq jeunes, dont deux ayant été tués par un Daim, trois seulement ont survécu. C'est le premier exemple de la nidification de ces Palmipèdes à Woburn. Les couvées de Bahamas, de Dendro- cygnes fauves, de Sarcelles du Brésil et du Chili, les Manda- rins, les Carolins, les Siffleurs d'Amérique n’ont pu arriver à l'âge adulte. Cela ne tiendrait-il pas à l'excès de population des NS NET 70 419 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION pièces d’eau? Les remarquables résultats obtenus par notre collègue M. Blaauw, en Hollande, sont sans doute en grande partie dus à l'isolement de chaque espèce dans des enclos entourés de haïes épaisses à travers lesquelles les Oiseaux ne peuvent pas se voir et se tourmenter. Dans le parterre en contre-bas situé derrière l'Abbaye de Woburn, des Cacatois rosalbins ont creusé un terrier et pondu trois œufs dont deux jeunes sont sortis et sont arrivés à bien. Les- Rosalbins sont en liberté et jouissent de leur plein vol pour circuler dans le parc, mais ils reviennent à l'abbaye pour chercher leur nourriture. Il y a aussi en liberté dans le parc une bande de 24 Tisserins orange (Æ'uplectes capensis) qui se sont bien localisés sur les mêmes buissons, y construisent leurs nids et y couvent. Deux couples de Bulbuls à joues rouges (Pycnonotus jocosus), également en liberté, ont fait qualre nids dans le jardin fleuriste. Il y a eu enfin 16 naissances de Nan- dous de Darwin, mais on n'a pu en élever que quatre. Ces Oiseaux ont eu beaucoup à souffrir de Tiques qui se fixaient autour de leurs yeux au point de faire gonfler les paupières et de les rendre presque aveugles. Le mâle étant très sauvage pen- dant le temps où il veille sur ses petits, on ne put le reprendre pour le soigner que lorsque les jeunes Nandous se suffirent à eux-mêmes. Le Journal Agricole de l'Afrique du Sud a publié le rapport présenté au mois de mars dernier par le professeur Duerden à l'Association des éleveurs d’Autruches de Middelburg sur la situation du fermage d’Autruches dans le pays. Il représente chaque année pour la colonie un revenu d’environ 11.250.000 fr. Les prix ont cependant une tendance à diminuer et les profits du fermage ne sont plus ce qu'ils étaient au début. La raréfac- tion des matières fournies à la plumasserie par la destruction de tant d'espèces d’Oiseaux sauvages ne pourra qu'être profi- table au marché des plumes d’Autruches, Oiseaux aujourd'hui complètement domestiqués et dont l'exploitation continuera d’une façon régulière; mais, malgré l'interdiction d'exporter des Oiseaux reproducteurs des colonies sud-africaines, il ne faut pas se dissimuler que d’autres centres &e production sont en train de se créer ailleurs. L'Amérique, qui consomme bien la moitié des plumes d’Autruches exportées du Sud-Afrique CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 443 est en train de développer rapidement chez elle le fermage de l’Autruche et telle compagnie californienne sera bientôt à la tête d’un cheptel de 5.000 Oiseaux. Le x * L'année 1910 n’a pas été favorable aux cultures d’arbres fruiliers en Europe; la hausse des prix de nos produits autoch- tones a donné une vigoureuse impulsion au commerce des fruits exotiques. Parmi ceux-ci les Bananes tiennent le premier rang et leur consommation est devenue populaire. Les îles Canaries n'ont pas exporté moins de 2.700.352 mannes de régimes. Aussi n'est-il pas étonnant de voir les fermes où l’on cultive le Bananier aux Canaries se louer chaque année de plus en plus cher et la culture de cette Musacée s'étendre dans tous les pays favorables à son exploitation. Le Bulletin agricole de la Jamaique cite telle plantation qui a donné un revenu de 90.900 francs contre 50.950 francs de dépenses. * x * Lors de la discussion du budget de l'Agriculture au Sénat, M. Méline s’est plaint que le crédit applicable à la pisciculture fût insuffisant. Les opérations de repeuplement de nos cours d’eau et de nos étangs devraient se pratiquer en grand comme à l'étranger. La France devrait pouvoir suffire à son alimenta- tion en Poissons; au lieu de cela, elle est obligée de faire venir de l'extérieur le plus grand nombre des Poissons qu’elle con- somme. C'est ce que nous ne cessons de dire à la Société d'Acclimatation et la question s'impose au moment même où le renchérissement de la viande et des substances alimentaires se fait sentir lourdement sur les petites fortunes. Or, aucun ali- ment ne pourrait être plus sain et plus économique que la chair de Poisson; des nations populeuses en vivent et chez nous on laisse inexploités de vastes réservoirs qui pourraient si facile- ment augmenter la richesse du pays. Ce qui est triste à dire, c’est que les efforts de la Société d'Acclimatation pour répandre et multiplier les Poissons alimentaires sont le plus souvent contrariés par l'Administration qu'il est difficile de faire sortir d’une routine vexatoire, *X *X x Hamlyn (de Londres) a reçu dernièrement de Californie un beau couple d'Otaries et une femelle d'Orang-Outang. Deux 4%AX BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Chimpanzés mâles ont été vendus pour 2.500 francs; un autre est attendu que l’on annonce de forte taille. Les Pandas, dont l'importation semble être une spécialité de la maison, sont des Ours-Chats que l’on avait rarement vus jusqu'ici dans les collections. Ils sont cotés à 500 francs chaque. Ils habitent les monts Himalaya et le Thibet oriental. Ils forment un type de transition entre les Ours et les Félins et se rap- prochent beaucoup des Ratons du Nouveau-Monde. Guvier fut le premier à faire connaître le Panda, d’après un individu qui lui avait été envoyé par Duvaucel au commencement du siècle dernier ; son pelage est d’un roux fulgurant, sa face blanche et sa queue très longue cerclée d’anneaux fauves. Il se nourrit de fruits et de végétaux, et grimpe facilement aux arbres au moyen de ses griffes semi-rétractiles. M. Bartlett, le regretté gardien- chef du Jardin zoologique de Londres, a consigné dans ses notes sur les animaux confiés à ses soins d'intéressantes observations sur un Panda que le susdit établissement avait recu en mai 1869. Bartlett lui trouve de très grandes affinités avec l'Ours et le Kinkajou; ses follicules pileux sont rassemblés par groupes comme chez l'Ours, et il boit en humant le liquide comme ce Plantigrade et non en le lappant. Les notes de Bartlett sont précieuses au point de vue des soins qu'il eut à donner à son pensionnaire pour le remettre en état, car l'animal était arrivé dans de si mauvaises conditions qu'il pouvail à peine se tenir sur ses jambes; c’est le cas fréquent avec beaucoup d'animaux importés, et l'exemple en question montre tout ce que l'on peut obtenir par un régime raisonné et une alimentation ingé- nieuse que ne doivent pas perdre de vue tous ceux qui intro- duisent des animaux dans des climats différents de celui de leurs pays d’origine et qui les placent dans des conditions aux- quelles ils ne sont pas accoutumés. Hamlyn a également reçu un couple de Talégalles, les pre- miers que l'on ait vus sur le marché depuis longtemps. Nous sommes heureux d'apprendre que ces curieux Oiseaux ont été acquis par un amateur français, M. À. Touchard, chez qui nous espérons les voir reproduire comme cela avait eu lieu chez un certain nombre d'amateurs, et notamment chez nos collègues MM. Cornély et Roger. Maintes fois les Talégalles de Beaujardin et de Nandy cons- truisirent les meules de végétaux en décomposition, où ils enfouissent leurs œufs et dont la chaleur suffit pour les faire CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 445 _éclore. Le Bulletin a inséré en leur temps ces curieuses tenta- tives d’acclimatation du Dindon de la brousse australienne, qu'il est regrettable que l’on n'ait pas poursuivies, ear elles avaient donné de si bons résultats que les importateurs avaient cessé d'envoyer des Talégalles en Europe, où ces Oiseaux étaient tombés à 150 francs la paire. Leur valeur à triplé aujourd'hui. Le Thierpark de Hagenbeck, à Stellingen, s’est enrichi de trois Hippopotames et de deux Gnous de Johnstone, variélé très rare du Gnou bleu, à pelage tavelé. Cette Antilope se distingue par un large chevron blanc qui lui barre le chanfrein ; on ne la trouve qu’au nord du Zambèze. On a encore recu à Stellingen deux Æob ellipsiprymnus, deux sangliers Potamochères, une Gazelle de Thomson, des Galagos (Lémuroïde de la côte de Zanzibar) et dix-huit Autruches d’Abyssinie. De Ceylan, il est venu un Éléphant, trois Cerfs d’Aristote et un Axis. Enfin le pare de Stellingen s’est embelli de reconstitutions en grandeur naturelle des animaux antédiluviens placés in situ dans des paysages et des végétalions adéquats, qui rappellent les diffé- rentes époques du globe. Les jardins du Palais de cristal de de Sydenham avaient déjà montré à ses visiteurs des spécimens analogues des faunes disparues. La collection de Stellingen est beaucoup plus complète et présentée d’une facon plus saisis- sante; nous assistons à la lutte d'un Stegosaure et d’un Kera- tosaure; un Allosaure se repait du cadavre d’un Brontosaure qu'il vient d'immoler; l’'Iguanodon cherche en vain un arbre assez grand pour y grimper; les Sauriens à têtes cornues dressent leurs terrifiantes armatures au milieu d’un marais, et de gigantesques monstres ailés, les Pltéranodons, s’accrochent contre les brèches de rochers comme des aéroplanes qui seraient venu s’aplatir contre une muraille cyclopéenne. M. de Beaux, l’aimable secrétaire de l'établissement, a publié une intéres- sante nolice sur ces monstres préhistoriques. À Ulm-Donau, Julius Mohr attend ce mois-ci le retour d'un voyageur qui lui ramène un nombreux convoi d'Éléphants, de Carnassiers et de Singes. William Jamrach annonce des Gouras Victoria, des Paons spicifères, des Perdrix bartavelles de l'Inde (Chukor), des Perdrix Bonbrami, plusieurs espèces de Houppifères ou Euplo- comes, un Kangurou géant (robustus), et des Cerfs muntjacs de l'Inde et de gros Orangs-Outans. 416 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION A la dernière vente de charité de la Croix-Rouge, M"° la mar- quise de Montebello‘avait eu la charmante idée d'organiser un comptoir d'Oiseaux de cage et de petits animaux. L'oisellerie Prévotat, boulevard de Strasbourg, avait élé chargée de garnir les jolies cages à grillages dorés et ornées de rubans. Les Foudis rouges de Madagascar, les Perruches vertes d'Australie, les Canaris jaunes de Saxe, les minuscules oiseaux diamants, fort bien mis en valeur dans cet encadrement élégant, ont été rapi- dement enlevés, et le succès n'a pas été moindre pour les Chatons de Siam, les petits Chats angoras moelleusement cou- chés dans de belles corbeilles de vannerie japonaise etles Gre- nouilles-rainettes, logées dans de petits aquariums décorés de fleurs peintes et où ces baromètres vivants trouvent une petite échelle qui leur sert à monter dans leur observatoire. Le comp- toir d'Oiseaux et d'Animaux vivants sera désormais le com- plément indispensable de toute vente de charité. Du reste, le bel assortiment de l'Oisellerie Prévotat, était bien de nature à tenter les amateurs. Nous y trouvons dans ce moment d’admi- rables Troupiales soleil, au plumage rouge et noir, des Guit- Guit, ou Oiseaux sucriers, dont les couleurs éclatantes peuvent rivaliser avec celles des Oiseaux-mouches, et les Shama de l'Inde dont nous avons maintes fois signalé les harmonieuses vocalises qui pourraient rendre jaloux notre Rossignol. Notons un couple de Colins du Mexique, le Colin écaillé (Collipepla squammata que nous voyons pour la première fois en France. C’est une des espèces à huppe droite dont Gould a figuré dans son in-folio sur les Odontophorinæ : le squammata, Velegans, le fasciatus, le leucopogon, le parvicristatus, le Sonnini, le leucotis et le cristatus. Le Sonnini seul a été jusqu'ici l'objet des soins de quelques amateurs. M. Amalbert, professeur d'agriculture de l’arrondissement d'Arles a publié dans le Forum, le journal de celte région, une excellente étude sur les ravages causés depuis quelques années dans les vignes par la Cochylis et l'Eudemis, deux nouveaux ennemis’qui menacent nos vignobles. Dans l'Aude, ces para- CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS A1 sites ont occasionné en 1910 une perte de récoltes qui se chiffre par près de 130 millions de francs. Dans la Gironde, ces dégâts auraient atteint 50 millions en 1908. Le vignoble provencal n’a pas été Jusqu'ici autant maltraité, mais l'ennemi est dans la place et il est urgent de ne pas laisser s’élargir la zone de con- tamination. La Cochylis (Zortrix ambiquella) et l’Eudémis (Eudemis botrana) sont de proches parents de la Pyrale (7or- trixæ pilleriana), avec cette différence que la Pyrale n’a qu'une génération par an, tandis que la Cochylis en a deux et l'Eu- demis trois. Il est permis de croire que la Cochylis était connue des Anciens. Mais ce n’est que bien plus tard, au xvirr° siècle, qu’elle fut étudiée par divers auteurs. En 1713, elle causa, dans l'ile de Reichenau (lac de Cons- tance), des ravages qui sont restés célèbres. En 1771, l'abbé Rozier écrivait : « C’est l’Insecte dont la Chenille est le Ver coquin; il se trouve principalement dans les provinces de Champagne, Bourgogne, Beaujolais, Lyonnais et Dauphiné. » Au cours du xix° siècle, elle se développa à plusieurs reprises avec une rare intensité, en Suisse, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Espagne et en France, dans le Sud-Ouest. L'Eudémis a été signalé pour la première fois en Autriche au xvin° siècle. Il a été étudié vers 1875, en Italie, par M. Tagioni-Tozzeti. En France, on l’a observé pour la première fois dans les Alpes-Maritimes. En 1892 et 93, cet Insecte se propageait aux environs de Bordeaux, et, actuellement, il s'étend sur les départements voisins de la Gironde. : Parmi les divers procédés expérimentés en Allemagne et en France pour combattre ces Ravageurs, les lanternes-pièges, l’'ébouillantage des souches, les préparations arsenicales, les solutions de nicotine ou de chlorure de baryum ont donné les meilleurs résultats. LS REX Notre collègue, M. Thays, directeur, depuis 1891, des pro- menades et jardins publics de Buenos-Ayres, a transformé la capitale de la République Argentine en la dotant d'un nombre considérable de parcs et de promenades publics. Notre compatriote a également fondé et dirige encore actuel- lement un Jardin botanique, remarquable à tous égards et dont les collections renferment plus de 16.000 espèces de plantes, 44S BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION sud-américaines pour la plupart. Il vient de résumer son œuvre dans un excellent livre : el Jardin Botanico de Buenos-Ayres, dans lequel sont décrites les différentes parties de ce jardin, celles qui servent de promenade publique et celles qui sont réservées aux travaux scientifiques. La flore indigène et exo- tique s'y trouve également décrite et classée suivant la répar- tition géographique des plantes. Ce bel ouvrage publié à l'occasion du centenaire de l'indé- pendance de la République Argentine fait le plus grand hon- neur à M. Thays et sera d'un grand secours pour tous ceux qui s'intéressent à l'étude de la flore sud-américaine. OUVRAGES OFFERTS A LA BIBLIOTHÈQUE ViGuiEr (D' Camille). — Le sens de l'orientation et ses organes chez les Animaux et chez l'Homme, 1882, Paris, Germer Baillière et C°. Extrait de la Revue Philosophique du 1° juillet 1882. RossiGNoz père. — Rapport sur le service sanitaire véléri- naire dans le département de Seine-et-Marne durant l’année 1910-1911, Melun. SERRE (Paul). — Le Tabac de Cuba et les Cigares de la Havane, 1911, Paris. Extrait des Mémoires de la Société Natio- nale d'Agriculture de France, t. CXLIIL. DiGcer (Léon). — Histoire de la Cochenille au Mexique, 1909. Paris, Extrait du Pulletin de la Société des Américanistes de Paris, nouvelle série, t. VI, 1909. MAIDEN (J.-H.). — A critical revisign of the genus Euca- lyptus. Vol. IT. Part 2, 1910, Sydney. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L, MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. es embres de la Société qui désirent obtenir des cheptels sont priés d’adresser, urs demandes au Secrétariat, 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après “examen de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à mesure des disponibilités. EN DISTRIBUTION cé È di Graines d'Anssrène, offertes par : Graines offertes par le Jardin Botanique de Sibpur, “MM.REYNIER (d'Aix) et GUILLOCGHON (de Tunis). près Calcutta. (Sikkim Himalayan). Pois de senteur anglais, en mélange, DNA A offerts par M. DÉJARDIN. Llex insignis. + À Briobotrya petiolata. Grainesoffertes par M. MOREL, de Beyrouth (Syrie). Pieris ovalifolia. “Abies morinda. Callicarpa vestita. “Centaurea imperialis. Exacum teres. “Eucalyptus angulosa. Paederia foetida. ie EE bicolor.. Hyptis suaveolens. à — capitellata. Abroma augusta. le _— coriacea. l En crebra. Graines offertes par le Dr. ROBERTSON PROS- Du — gomphocephala. CHOWSKY : —. longifolia. ? oo — polyanthemos. Bocconia frutescens L. É — redunca. Araujia sericifera Brot. …Hæmatozylon Campechianum. : | Tacsania mollissima. “Raphiolepsis Delacourti. Musa Ensete. .Scabiosa atropurpurea. Furcræa gigantea. “Seneccio elegans pomponicus. É S'adresser au Secrétariat. . OFFRES, DEMANDES, ANNONCES 4 OFFRES Superbe couple Paons Nigsripennes, né chez moi et prêt à reproduire en Mai, 150 fr., emballage gratuit, “Cours de dessin, peinture et sculpture d’après Coqs et poules Caumont extra, 6 fr. 50 pièce. animaux vivants en plein air et en atelier, Œufs à couver, 5 fr. la douzaine franco. 8, rue de la Barouillère (rue de Sèvres, près le M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaisè (Rhône). boulevard du Montparnasse), Paris, 6°. Plusieurs prix Paris 1909, 1910, 1911 : poules et | À céder uelques magnifiques Chiots bergers coqs Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais Beauce (Bas-rouge défense), hautes origines. Club Krançais, race pratique par excellence, Champion Brissac. L - pour tout usage en tout climat; saison 1911: Ravissants chats Siamois yeux bleus. Prix : de 50 pouleltes pour ponte hiver et coquelets, en à 10 francs l’un. 5 Hans poulettas 7 fr. pièce, 65. fr. | Chèvres, Chevreaux Syrie, Suisse et. 1/2 sang. es 10 ; coquelets 8 à 10 fr. pièce. Co. Paons Lapins races primées, blancs 1910, 180 fr. femelle mélanote 925 fr. ; co. Jenny's FARM, Créteil, Seine. Oies d'Egypte, reproducteurs 35 fr. M. DE SAINVILLE, membre du Gâtinais-Club,, Saint-Germain-des-Prés (Loiret). A céder : Alpine race pure avec Chevreau mâle. ———— Chevreau hongre adülte harnaché. “Combattants indiens 1910, 6 fr. pièce. Gaston FONTAINE, à Maing (Nord). Minorques blancs 1910, 6 fr. pièce. “Dindons croisés blanc etbronzé d'Amérique, 20 fr., pièce ; emballage en plus Livrable gare Vivy: |: M° le Baron LE PELLETIER, Salvert, par Vivy DEMANDES … (Maine-et-Loire). A vendre plusieurs couveuses et éleveuses de la célèbre marque anglaise ‘‘* Hearson ”, garanties à à férente, faites en même temps. état de neuf et fonctionnement Parfait : no An à couveuses n° {{ pour 120 œufs de poule ou 180 Pyrénées). à RER AA (BASSeNE … œufs de faisan. 4 “eleveuses hydrothermiques n° 13 pour 100 poussins. "M. Louis JACOT, 7, rue Chernoviz, Paris. Femelle Paon blanc. R ; —————— M. DURIEZ, boulevard Henri-IVW, 44, Chrysalides vivantes de Papillons, d'espèce indif- * Couple cox et poule Andalous bleus extra, sujets … de grands Concours, 95 fr. É £ 1-2 Brahmas Herminés, 30 fr. Couple Paons blanes, jeunes ou adultes, même de 4-2 Canards Barbarie bronzés, 25 fr. cinq ans. Couple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône Se g RTS SEE | ns el ie AE 13 ne : Lave Te Î à LE NES ; a “A ax ï è Ne: AT sa k SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATAT Es LY ik Al FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 4855 ? r = PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plante®) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : {° à l'introduction; à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux | utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouveliement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles on d'ornement. £e programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au sol même de la France. L'attention des personnes compétentes doit être appelée tout. spécialement sur l'intérêt qu’il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. | La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en. encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans. ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées où affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei- | gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. | Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo- ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). % Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs où 250 francs une fois versés. Les publications de la. Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement. gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, elc., ! M: faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont. également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des. 4 publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli- J natation à publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8°, QU illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le. er: Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les ! 08 matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à. Ai; part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- Re | fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la” 40 pratique de la Pisciculture, l’Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et | 5% de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, | . leur culture en France, à l’Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont ‘464 plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour Per les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le À Ke. Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles NAudin, et les ouvrages bien . 7 connus du D' Moreau sur les Poissons de France. 4 2H 4 tn Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. à ._ DE FRANCE (lé f. (Revue des Sciences naturelles appliquées) os 58: ANNÉE N°15 — 1* AOÛT 1911 SOMMAIRE Séance none annuelle de on des Récompenses. + noie prononcé par M. Er. PERRIER, directeur du Mic éhnll présidént de la Société, , Discours prononcé par S. E. M. D. STANGIorF, envoyé extraordinaire et ministre DS N » ienfiaire de Sa Majesté le Roi des, Bulgares, : ... . : : . . HSE Discours prononcé par M. LAFOsSE, administrateur vérificateur général Fe eaux et forêts, A représentant de M. le Ministre de l'Agriculture: 4.2 L'RPANRAS ÉCE EE SAN ES Rapport au)nom de la Commission des Récompenses présenté par M. LovER, secrétaire eo a Sociale At CU QU AUS PES RU A GEAR RUN AU ë Conférence “ sur la ménagerie de Skansen (Stockholm) et le rôle GE ménageriés du 1 a sciences PORÉETANES par M. 16 D' GUSTAVE LoiseL SA D CAS Le RU ARE Ban Ï ho les auteurs des articles insérés dans 16 Bulletin. | Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 N = v ; 141 AU SIÈGE SOcrAL APR et A DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE. FRANCE | 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) , PARIS dt LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS LE ‘siège de 1a Société, 33, rue de “ut tous 1e. Land - Sci NATIONALE D'ACCLIMATATION LL L Fondée le 10 Février 1854 | ax _ Reconnue d'utilité publique par ‘décret èn date du 26 Tévrier Rs. AR 133, RUE. DE | BUFFON - — PARIS. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1891 A2: j Président, M: Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris: 2 € MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire oturalie, Professeur à Ecole} coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). ? Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. î @ V s Comte de PONTERIAND, Sénateur, boulevard Saint- Germain, #s, LERR LE C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris... 2 ARS / Sécrétaire 4 général, M. Mastce Loyer, 12, rue du Four, Paris.” MM. R. Le ForrT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etr per: 3 : H.-Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole. des Hautes rer 254, boulevaré Kai - Germain, Paris (Conseil). Ÿ; CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). ui Ch: DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris Intérieuh) Trésorier, M. le D' SeBiLLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. É A nd ‘at or M: CAUOURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil M. D LePriNcE, 62, rue de la Tour, Paris. VE Muizzes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. ee . Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum 4’ Histoire naturelle, 61, rie vies, Des “Ph. de VizMoRiN, Verrières-le-Buisson,-Seine-et-Oise. | LECOMTE, professeur de botanique au Muséym d'Histoire naturelle, 14, rue. des Écoles, Paris. < LE MYRE DE VILERS, 3, rue Cambacérès, Paris." + 1 #3 Comte d'ORFEUILLE, 6, Tinpasse des Gendarmes, Versailles 2: SEP EUR ie LE - WUrRION, 7, rue Théophile- -Gautier, Neuilly-sur-Seine. , we | PAR APE |ACHALME, directeur du Laboratoire colonial. du Muséum d’ tee raturéle, 4; rue Anârieux, Paris! DÉJARDIN, 23, rue Claudé-Lorrain, Paris. te MacGaup D'AUBUSSON, 18, rue Érlanger, Paris. - Ë D: P. MARCHAL, Professeur à l'Institut National À SOLDE De Directeur de ir Station entomologique. de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. À ; VX 2 FO ï + £ ee = a. ! | A TER =: 7 Dates 7. SéRco ds Conseil di des Ssetions POUR L'ANNÉE 1911 Janvier LA es SÉANCES pu ConseiL, le Mardi à 5 heures.| 10 Are SECTION. — Mammifères, le lundi à 5 heures 275 Pen RER Se Secrion. — Ornithologie, le lundi à sh APE HE _ Agüiculhure 4), : le lundi 5 heures . as — Entonollge : de lundi à 3h. 41/24 SECTION. Botanique, le lundi à 3 h 4/90 È RARE, 6e per — Colonisätion, le lundif- 5 heures : LS brio d'Etudes Cäprines, le ven- zdredi à 5 heures! "#2 20e EME COTON 4) Batraciens, Reptiles et [pvertébrés aquatiques: NOTA. — Les membres de 114 Société qui désirent RS aux séances des Sections, recevront sur leur demande les ordres. au Jon PrPheucie 4 séances. | SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES 12 FÉVRIER 1911. PROCÈS -VERBAL La Société nationale d'Acclimatation de France a tenu aujour- d'hui sa séance solennelle des récompenses dans le grand am- phithéâtre du Muséum, sous la présidence de M. H. Lafosse, administrateur des eaux et forêts, représentant M. le ministre de l'Agriculture, et de M. Edmond Perrier, membre de l’Institut, président de la Société. M. Gayot, représentait M. le ministre des Colonies, et M. Blocq, le ministre de l'Instruction publique. L'assistance était aussi nombreuse que choisie, et on remar- quait, entre autres, sur l’estrade : S. E. M. Bacon, ambassadeur des États-Unis; S. E. le comte de Gyldenstolpe, ministre de Suède; S. E. M. Dimitri Stancioff, ministre de Bulgarie ; S. E. M. Wassilieff, consul général, représentant l’ambassa- deur de Russie ; le représentant de l'ambassadeur d'Allemagne ; le représentant de l’ambassadeur d'Italie; l’attaché militaire _ de Bulgarie; M. Gavarry, ministre plénipotentiaire, directeur au ministère des Affaires étrangères; M. Thiébaut, ministre de France à Stockholm. Dans la salle, un grand nombre de notabilités scientifiques, les membres du Conseil de la Société d’Acclimatation, ainsi qu'un grand nombre de membres de la Société et beaucoup de dames. Après un discours de M. Perrier, qui dans une forme aussi élégante que précise a montré la grande œuvre de désintéresse- ment et d'utilité patriotique de la Société, le distingué Prési- dent a remis,aux applaudissements de tous, à S. E. M. Stancioff, BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 29 450 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION le diplôme de la grande médaille à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, décernée à S. M. Ferdinand I°: ; Son Excellence, dans une improvisation charmante, a remercié au nom de son roi. Après l'hymne national bulgare, écouté debout, M. Loyer, secrétaire général, a ensuite lu le rapport au nom de la Com- mission des récompenses, parmi lesquelles nous relevons : la médaille d'or du gouvernement à M° Geay, femme de l’explo- rateur, qui vient de mourir en mission; les médailles hors classe à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, à S. E. le prince Youssoupoff, aux professeurs Louis Bureau et Louis Léger; il a été décerné, en outre, 11 médailles de 1° classe, entre autres à M®° Caucurte, MM. Gadeau de Kerville, Her- menier, etc…., enfin, 41 médailles de 2° classe et une mention honorable. M. Lafosse remit, au nom du ministre de l’Agri- culture, la décoration de chevalier du Mérite agricole à MM. Prévotat et Delaurier, membres de la Société; de son côté, M. Blocq, au nom du ministre de l'Instruction publique, remit les palmes académiques à MM. Le Fort et Magaud d’Au- busson, membres de la Société. | La séance s'est terminée par une conférence, avec projec- tions, des plus instructives de M. le D' Loisel, sur les jardins zoologiques et le rôle des ménageries dans les sciences natu- relles. Le conférencier, fort applaudi, nous a montré à quel point nous étions actuellement en retard en France touehant ces questions et, en terminant, a souhaité que la Société d’Ac- climation, enfin mieux comprise, puisse se mettre à la tête du mouvement de rénovation de ces utiles institutions. DISCOURS prononcé par EDMOND PERRIER, directeur du Muséum, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ. Mesdames. Messieurs. La séance solennelle de distribution des Récompenses décer- nées par la Société nationale d’Acclimatation à ceux qui ont favorisé l'introduction dans notre pays de plantes ou d'’ani- maux nouveaux et utiles, qui ont parmi nos espèces cultivées ou domestiques créé des races plus belles, plus productives mieux adaptées à nos besoins, est devenue pour ses membres un sujet de joie profonde, je dirai presque d'orgueil. Chaque année est marquée, en effet, par un progrès nouveau de notre Société dans l'estime publique, par un accroissement de son rayon d'action, un élargissement de ses vues d'avenir. Elle étend aujourd'hui sa sollicitude sur tout ce qui vit à la surface du globe, choisit parmi les productions innombrables de la nature celles qui se recommandent par la beauté de leurs formes, l'éclat de leurs couleurs, l'importance économique de leurs emplois, l'intérêt de leur histoire et s’évertue à protéger tous ces chefs-d'œuvre de la création, à favoriser leur déve- loppement numérique, leur extension géographique; elle s’in- téresse non moins à la propagalion de nos meilleures races d'animaux domestiques dans les pays où elles n'existent pas et où elles peuvent être utiles, de même qu'elle s’efforce de faire accepter chez nous les races et les espèces exotiques qui peuvent enrichir nos forêts, nos étables ou nos basses-cours. Cette tâche si féconde en résultats pratiques fut tentée pour les végélaux, dès l’époque de Buffon, par les jardiniers du Jardin du Roi; elle devint à partir de 1793 une des obligations du Muséum national d'Histoire naturelle qui compte à son actif l'introduction de plus de trois cents arbres ou plantes nou- velles, et c’est pour lui donner tout son développement qu'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire fonda, il y a cinquante-huit ans, notre Société, revenue aujourd hui dans sa maison-mère 452 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION comme une fille majeure, indépendante, mais toujours aimée. Notre Société est ainsi la plus ancienne de toutes les Sociétés d'Acclimatation, et le modèle sur lequel les autres se sont établies ; ce n’est pas à dire qu'elle soit la plus riche ni la plus puissante, mais c’est d'elle que sont parties toutes les initia- tives ; c'est elle qui a jeté ce premier cri de charité fraternelle envers les animaux et les plantes, en même temps que ce cri de prudence : « Cessez de détruire aveuglément et férocement tous les êtres qui vous ont été donnés pour compagnons sur la terre. Si vous en êtes la force directrice, ils en sont la parure; ils sont les éléments nécessaires d’une harmonie qu'il serait éminemment dangereux pour vous-même de troubler, dans l'ignorance où vous êtes de ses lois mystérieuses; domptez- les, tirez parti de toute leur activité, surexcitez-la si vous le jugez favorable à vos propres desseins, limitez-la si elle con- trarie vos efforts, mais ne détruisez rien. La terre appartient à tout ce qui naît à sa surface; vous n'avez pas le droit de vous l’approprier; vous devez être pour tous, de par votre intelli- gence même, la Providence tutélaire et non pas le fléau qui ravage et détruit partout où il passe. » Et ce cri a été entendu. Dans tous les pays civilisés, sauf la France, de grands pro- priétaires comme le comte Joseph Potocki, dont nous visitions l’an dernier le parc célèbre de Pilawin, quand ce ne sont pas les souverains eux-mêmes, ont établi des réserves pour assurer la conservation des grandes espèces indigènes, menacées de mort, ou leur adjoindre des espèces nouvelles ; mais l’œuvre de destruction est encore bien loin d’être arrêtée. Jetez les yeux sur les toilettes des femmes qui se hâtent dans nos rues. Si précipités que soient les petits pas dont leurs robes entravées mesurent si pareimonieusement l’envergure, elles n'avancent pas assez vite qu'il ne nous soit facile de compter les plumes de toutes sortes, de toutes formes, de toutes nuances qui se dressent en aigrettes orgueilleuses ou retombent en saules-pleureurs sur les vastes plates-formes qui leur servent de chapeau, et défient par leurs dimensions les humbles corbeilles des petits pâtissiers; dénombrez encore les Hermines, les Martes, les Renards bleus ou argentés, les Mofettes, les Loutres, les Petits-gris, les Gloutons, les Marsu- piaux à poils longs et soyeux qui sont encore nécessaires pour fabriquer les fourrures qui s'étalent au-dessous et quelquefois au-dessus de ces chapeaux, malgré la bonne volonté avec DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER 453 laquelle le placide Lapin de choux et quelques Chats se prêtent à tous les baptêmes qu’il plaît aux fourreurs de leur faire subir, et songez à l'effroyable massacre que suppose la dis- tribution de tant de plumes sur des têtes faites pour se dresser légères et souriantes, de tant de poils sur des épaules dont tout le charme réside dans la pureté des lignes et la souplesse des mouvements! Le caprice subit qui a conduit les femmes euro- péennes, si gracieuses quand elles consentent à demeurer elles- mêmes, à revêtir les panaches des Peaux-rouges et les casaques des Samoyèdes et des Esquimaux, coûte chaque année la vie à plus d'un milliard de charmants animaux, et c'est, en réalité, de sang que sont vêtus ces êtres exquis dont tout le cœur est fait de charité et de bonté. Nous ne voulons pas la mort des fourreurs; nous ne nions pas l’art avec lequel les plumassiers savent fabriquer des plumes qui déconcertent les naturalistes et qu'aucun Oiseau ne songe- rait à porter, mais qu'elles reviennent aux fleurs, les grandes élégantes, aux fleurs qui leur vont si bien et que savent si déli- catement construire les fines mains des ouvrières parisiennes. Elles feront à la fois deux bonnes actions : elles conserveront la vie aux plus brillantes créatures ; elles donneront l’aisance et la santé en même temps qu'elles garderont leur patrie à toute une armée de jeunes artistes. fières de leur métier et que l'Angleterre et l'Amérique viennent disputer à nos ateliers ; avec elles, c'est une industrie française et la plus finement délicate qui s’en ira. En attendant que notre vœu soit exaucé, de toutes parts la même plainte nous arrive : les trappeurs et les chasseurs dépeuplent ia Terre! Les mesures protectrices concertées entre les puissances intéressées sont insuffisantes; elles ne sont d'ailleurs appliquées qu'avec la plus extrême nonchalance dans les colonies francaises; et devant le danger de ce dépeu- plement quelques esprits avisés se sont demandé si, confor- mément au programme de notre Société, il ne serait pas plus sage d'élever les animaux convoités, et d’en assurer la multi- plication de manière que la production fût toujours numéri- quement supérieure aux hécatombes. C'est ce que l’on a tenté depuis peu pour le Renard bleu et le Renard argenté dans la presqu'île d'Alaska, aux îles Aléoutiennes, et ce qui peut réus- sir dans toute une zone de l'Amérique du Nord comprenant les états du Maine, du New-Hampshire, du Vermont, du Michigan, 454 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION du Visconsin, du Minnesota, du Dakota, sur le versant froid des Montagnes Rocheuses et même dans certaines régions éle- vées de la France. Ces climats sont un peu sévères: ils ne sont pas toujours sans charme; écoutez ce qu’en dit un de nos col- lègues les plus actifs et les plus aimés, M. Pierre-Amédée Pichot : « Abordant un jour sur une des iles Aléoutiennes, une habile chasseresse, miss Agnès Herbert et ses compagnons d'aventures cynégétiques furent surpris de tomber inopiné- ment sur une cabane solitaire, à la porte de laquelle séchait, aux pâles rayons du soleil polaire une paire de bas brodés. Tandis que les explorateurs s'émerveillaient de rencontrer dans un pareil cadre cette épave des élégances de la mère- patrie, une admirable voix modulant des trilles et des roulades d'une pureté cristalline frappa leurs oreilles, et une toute jeune femme, venant à eux, cessa brusquement de chanter en apercevant des étrangers. C'était la châtelaine de ce manoir rustique. une Franco-Canadienne, aussi jolie qu’on les puisse rêver. Elle raconta à ses visiteurs inattendus que depuis deux ans, elle et un compagnon de solitude s'étaient fixés sur cet ilot désert pour y élever des Renards argentés. L'homme était un Anglais de bonne famille et d’une éducation soignée. Miss Herbert pria à diner à son bord ces colons imprévus... Après le repas, la Sirène fut invitée à faire entendre de nou- veau sa voix enchanteresse, et la jeune cantatrice interpréta des œuvres d'Auber et de Saint-Saëns. « Savez-vous qu'avec une voix pareille, dit un des auditeurs, si vous veniez en Europe, le Monde « serait à vos pieds! » — Mon monde à moi est ici », reparlit la chanteuse, en jetant sur son compagnon un regard où l’on voyait bien que le Rossignol n’avait nulle envie de s'évader de sa cage. Si Roméo et Juliette vivaient de nos jours, peut-être auraient- ils fui tout simplement Vérone pour élever des Renards bleus. L'élevage, sur quelque espèce d'animal qu'il porte, n'est cependant pas une industrie de tout repos. Dès qu'un grand nombre d'animaux sont réunis en un même lieu — et c’est la même chose pour les plantes — ioutes sortes de parasites viennent nous les disputer. Nos éleveurs de Moutons et de Chèvres en savent, en ce moment, quelque chose. En Beauce, et dans les régions voisines, une sorte de peste tue les Moutons par milliers et atteint aussi les Chèvres. Des troupeaux de DISCOURS PRONONCE PAR M. EDMOND PERRIER 455 2.000 têtes sont, en quelques mois, réduits à une dizaine. Il ne s’agit pas ici seulement de la Douve, sorte de Ver plat dont les ravages furent tels, il y a une trentaine d'années, en Angleterre, qu'un prix de 50.000 francs fut proposé pour celui qui décou- vrirait comment ce Ver s’introduit dans le foie des Moutons et comment on peut les en préserver; le nouveau coupable est un Ver tout différent, de forme allongée, qui habite l’intestin, et qui appartient à la redoutable famille des Strongles. Il a pour cousins, dans cette famille, l'Ankylostome duodénal qui déter- mine l’anémie pernicieuse, fatale aux mineurs; le Syngame trachéal qui, vivant par couples étroitement unis, se loge dans la gorge des poulets et les étouffe; l'énorme Sfrongle géant qui détruit les reins des Chiens; les Cucullans qui s’attaquent aux Poissons, et bien d’autres encore. Ces Vers ont la bouche armée d'une puissante ventouse, souvent munie de dents; ils déchirent et désorganisent la muqueuse intestinale, ouvrent la porte aux microbes corrupteurs du sang et, peut- être, empoisonnent leurs victimes. Des œufs qu'ils pondent et qui tombent sur le sol mêlés aux exeréments sortent de petites larves agiles qui, lorsqu'elles rencontrent des terrains suffisamment humides — et Dieu sait si cette année leur a été propice ! — voyagent un peu partout, grimpent à la faveur de la rosée du soir Jusqu'au sommet des feuilles de gazon, s'y accollent et peuvent alors supporter sans mourir une sécheresse prolongée, de sorte que les fourrages recueillis dans des pâturages infestés sont aussi dangereux que l'herbe sur pied et peuvent contaminer les Moutons dans l’étable comme l'herbe fraiche au pâturage. Comment se pré- server d’un hôte aussi habile à s’introduire partout ? Comment le chasser quand il a forcé la porte? Un de nos éminents collègues, M. Moussu, professeur à l'École d’Alfort, le conte tout au long dans notre Bulletin. Ce Bulletin, je ne le feuillette jamais sans fierté, quand vient le moment de vous rendre compte de nos travaux. Image vivante de notre Société, il en accuse toute l’activité, et le voilà devenu insuffisant; il est désormais nécessaire de le doubler, c’est dire avec quelle ardeur on travaille dans nos diverses sections. Aussi trouve-t-on de tout dans ce riche recueil : la défense de la Chèvre que nous avons prise sous notre protection et que l’on accuse sans bienveillance de répandre une prétendue « fièvre de Malte » qui ne sévit pas 456 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION beaucoup plus à Malte qu'ailleurs, qui n’attaque guère plus les chèvres que les autres Ruminants, et contre laquelle M. le médecin principal Vincent pense avoir trouvé un vaccin, — des indications précieuses sur l'élevage des Autruches, que nos regrettés collègues Decorse et Forest ont essayé d'organiser en Algérie eten Tunisie et que, suivant l'usage, nous avons aban- donné à mi-chemin pour le laisser reprendre par les Anglais au Cap de Bonne-Espérance, par les Américains et peut-être même en Europe, à Hambourg, dans l'établissement célèbre du grand importateur Hagenbeck, mais qu'heureusement M. Ca- rougeau, chef du service sanitaire de Madagascar, a relevé avec succès à Tuléar; viennent ensuite les Poissons, les Insectes, les Végétaux utiles ou ornementaux qui se disputent tout à la fois la place et l’intérêt; mais il serait superflu de vous parler davantage de ce qui est imprimé et que tout le monde peut lire. Ce que j'en dit suffit à montrer avec quelle activité la Société d’Acclimatation signale aux hommes d’exécution, à ceux qui ont entire leurs mains les champs, les prairies et les forêts de notre pays, les capitaux qui les fécondent, la chasse et la pêche qui en tirent protit et agrément, ce qu’ils peuvent faire pour en accroître et varier la production, pour être eux- mêmes plus heureux dans une France plus riche et plus belle de tout ce qui enrichit et embellit les autres contrées. Il n'y a pas uu animal, pas un végétal esthétique ou utile sur lequel elle n’ait appelé l'attention et entrepris de suggestifs essais. Qu'il s'agisse des Yacks, des Cerfs ou des Zèbres, des Faisans ou des Tinamous, des Nandous ou des resplendissants Lopho- phores, des Perdrix, des Canards exotiques ou de cet Oiseau splendide, le Dindon ocellé qu’elle recherche en ce moment, du Saumon de Californie, du Poisson-Chat, de la Perche-Soleil ou du Pejerrey, des superbes Papillons rivaux de ceux de nos Vers à soie qui, gràce à elle, volent les soirs d'été autour des Aïlantes de nos boulevards, ou des espèces nouvelle d’Abeilles, des Eucalyptus d'Australie, des Crosnes du Japon ou de l’Ansé- rine amarante, sa sullicitude s’est portée partout. Elle a dit aux dépositaires de la fortune : « Voilà ce que vous pouvez prendre pour accroître votre richesse, votre bien-être, votre plaisir; travaillez sur ce fond que je vous offre, et faites-en, comme Parmentier, profiter ceux qui n’ont rien. » Elle ne demanderait que d’aller plus loin, d'avoir de vastes champs d'expérience comme ceux dont vous parlera tout à l’heure notre aimable DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER 457 compagnon de voyage, à Pilawin, M. le D' G. Loisel. C'était la conception première de son fondateur Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, et il n’est pas certain qu'un concours de bonnes volontés ne vienne à bout de résoudre le problème. Quoi qu'il en soit, la Société poursuivra infatigablement son œuvre de propagande. Elle compte désormais pénétrer jusque dans les Ecoles, se créer des auxiliaires parmi leurs élèves, qui, parvenus à l’âge d'homme, se souviendront de ses enseignements et collaboreront individuellement à son œuvre; elle va chercher à leur inspirer le goût de l'observation, à les intéresser aux productions naturelles, à leur faire comprendre combien nous sommes loin d’avoir tiré un sage parti de ce que produit la Terre si facilement accessible aujourd’hui dans toutes ses régions. Dans ce but, dès 1912, elle distribuera des récompenses : livres, médailles, livrets de caisse d'épargne aux maîtres aussi bien qu'aux élèves qui auront témoigné le plus de zèle comme observateurs; elle commencera par Paris et étendra son œuvre à mesure que ses ressources le lui permet- iront. Elle espère que les lauréats feront, chacun dans sa sphère, tout ce qui sera possible pour l'aider à atteindre le but qu'elle poursuit. Ils remplaceront un jour les disparus auxquels nous ne pou- vons donner malheureusement que des regrets et qui sont cette année nombreux et notables. Sur leur liste douloureuse nous relevons les noms de ME le duc de Chartres, de MM. le comte François de Béarn, Treub, le directeur du célèbre jardin de Buitenzorg à Java; le baron Alexandre de Siebold, fils de lillustre naturaliste; Rémy Saint-Loup, jeune savant qui fut membre de notre conseil; Erbeau, von Gorkow, Jules Hays, Louis Paillard, Pichon, Edouard Pilastre, enfin du courageux : François Geay, qui, de 1886 jusqu'en 1910, c’est-à-dire pendant vingt-quatre ans, n’a cessé de parcourir les massifs monta- gneux des Andes colombiennes, du Venezuela, du Brésil et de la Guyane, a plus tard exploré Madagascar et a trouvé la mort en pleine activité, au moment où il allait, en compagnie de sa jeune femme, qui, pendant treize ans, a pris part à toutes ses fatigues, commencer une exploration de l'Australie, pleine de promesses. Qu'il me soit permis, tant au nom du Muséum qu'au nom de la Société, d'adresser à la veuve de l’un de nos plus habiles voyageurs-naturalistes l'expression de toute notre reconnaissante sympathie. 158 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. le secrétaire général Maurice Loyer, à qui la Société est particulièrement redevable de la belle tenue de son Bulletin, va tout à l'heure vous entretenir rapidement des travaux de nos lauréats; mais j'ai auparavant à vous signaler les noms des hommes illustres qui ont bien voulu accepter cette année de . nous prêter le concours de leur renommée et de leur science en devenant membres honoraires de notre Société. Ce sont : MM. Boulenger, assistant au British Muséum, auquel on doitla connaissance de tant d'espèces nouvelles de Poissons et de Batraciens; J.-H. Fabre, le vénéré patriarche de l'Entomologie, récemment nommé officier de la Légion d'Honneur et proposé pour l’un des prix Nobel de littérature; le major Gage, direc- teur du service botanique des Indes et du jardin de Sibpur, près Calcutta ; le professeur Graff, qui présidait à Gratz, avec tant de bonne humeur, le VIII Congrès international de Zoologie; le professeur Grassi, de Rome, auteur de si beaux travaux sur les métamorphoses des Anguilles et la propagation des fièvres paludéennes par les Moustiques; le professeur Horvath, lillustre entomologiste qui dirige le département zoologique du Musée royal de Budapest; Hubrecht, l’habile anatomiste d'Utrecht ; Prain, directeur du célèbre institut botanique de Kew; le D' Steindachner, intendant du musée impérial d'His- toire naturelle de Vienne. Enfin, M. l'Ambassadeur des Etats-Unis, je remercie Votre Excellence d’être venu applaudir le nom de votre éminent com- patriote, M. le professeur Sargent, directeur de l’Arnold arbo- retum de l’Université d'Harvard, l’introducteur en Amérique de tant d'arbres et d’arbrisseaux de l'Europe, du Japon et de la Chine, le savant descripteur des forêts de l'Amérique du Nord. Je ne blesserai pas, j'espère, la modestie de nos collègues si je félicite ici M. Lucet d’avoir été nommé membre de l’Aca- démie de médecine; M. Crepin d’avoir été promu officier de la Légion d'honneur; MM. Clément et Rouillon d’avoir recu le ruban rouge, et M. de Sainviile, la croix de chevalier du Mérite agricole. Il y a quelques mois, le Muséum recevait la visite officielle de Sa Majesté le roi des Bulgares Ferdinand I°'. Tous ceux qui l’ont entendu apprécier les collections qu’on lui montrait sont demeurés surpris et charmés de le voir si familier avec toules les pièces rares que l’on croyait nouvelles pour lui. Les Papil- À AA DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER 459 ons l'avaient à ce point captivé que tous les efforts de M. le Préfet de police ne purentl'arracher à leur contemplation. Il à su faire, des plus beaux de ces gracieux Insectes, ses sujets. On élève à Sofia, à l'abri de tout danger, leurs chenilles et leurs chrysalides, el quand le Papillon étale ses ailes multi- colores, on le laisse s'envoler et butiner dans les jardins, parmi des fleurs que ses ancêtres ne connaissaient pas. Quoi de plus somptueusement artistique qu'une pareille idée? Les Oiseaux ont aussi en Bulgarie leurs coins de paradis. Au château de Vrana, près de Sofia, sur les îles, aux bords de la Maritza, près de Philippopoli, des arbres magnifiques étendent leurs ramures, et sur ces ramures semblent attirés et retenus par un charme secret, des Oiseaux de tous les pays. Les Colibris et les Paradisiers, les Oiseaux vêtus d’arc-en-ciel des tropiques, ceux d'Amérique et ceux d'Australie écoutent silencieux et surpris les trilles des Fauvettes et des Rossignols; notre Merle endeuillé persiffle leur luxuriant plumage, et le Moineau lui-même, en gavroche que rien n'intimide, fait de son cri bref, à tout ce beau monde international, les honneurs de son pays. Un invisible grillage suffit à maintenir sur l'arbre féerique tous ses habitants. 5 Dans ses forêts de Tscham-Koria, les superbes Cerfs Wapiti d'Amérique et toute une série de rares Mammifères vivent en liberté. D'une montagne où les paysans avaient l’habitude de venir chasser l’Ours, il à fait, après l'avoir achetée, un lieu d'asile pour ces animaux, qui ne sont, à ee que disait Maissiat, cruels que par mégarde..1l est presque inutile de dire que le Jardin zoologique de Sofia est un des plus beaux qui existent. Mais Sa Majesté le Roi des Bulgares n’est pas seulement un savant, c'est un apôtre et tout à la fois un apôtre de science et de bonté. Son magnifique jardin zoologique de Sofia, il l’ouvre tout grand au public, afin que ses sujets apprennent à connaître et à aimer les animaux. La Société protectrice des animaux vient de faire placer sur les candélabres des boulevards cette touchante inscription : « Soyez bons pour les animaux », et elle a eu la malice de l’inscrire sur des plaques semblables à celles qui indiquent les arrêts des tramways, de manière à surprendre et à retenir les regards. Le roi Ferdinand porte naturellement celte devise dans son cœur. La chasse est un des devoirs protocolaires des souverains; jugeant ce genre de divertissement officiel plus barbare qu'utile au prestige de la RUE, 460 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION majesté royale, il a presque entièrement renoncé aux sports cynégétiques dont tant d’innocents animaux font les frais. Un Oiseau vient-il à être blessé; par son ordre on le ramasse, on le soigne, on fait tout pour le guérir parce qu'on sait que la sollicitude royale ne l’oublie pas, et, si l’on réussit, on lui rend la liberté. Aussi l'Histoire naturelle est-elle devenue en Bulgarie une sorte de science nationale. L’héritier du trône, le prince Boris de Tirnovo, et son frère, le prince Cyrille de Preslaw, sont des naturalistes très informés; ils possèdent de remarquables col- lections particulières d'Oiseaux, de Papillons et de Fleurs à côté de celles du Roi, et chacun, du plus humble paysan au grand seigneur adonné à la chasse, se fait un plaisir d'augmen- ter ces collections de tout ce qui paraît rare et précieux. Le Roi est aussi grand amateur de plantes que zoologiste pas- sionné. Il entretient de nombreux voyageurs qui récoltent pour lui des plantes rares et surtout celles des grandes altitudes. Notre collègue M. Maurice de Vilmorin peut nous dire combien sont merveilleuses ses collections de plantes alpines et aussi celles de Chrysanthèmes et d'OEillets. La véritable récompense de tant d'œuvres diverses est dans les succès obtenus; en offrant à Sa Majesté le Roi Ferdinand [°' sa grande médaille, la Société d’Acclimatation n’a pas d'autre ambilion que de s'associer à la joie qu'ils ont procurée au sou- verain, de lui témoigner sa reconnaissance pour l'exemple quil donne à tous les gouvernements, et c’est dans cet esprit que je : demande à Son Excellence M. le Ministre de Bulgarie, devenu lui aussi un fervent des sciences naturelles, de vouloir bien transmettre à Sa Majesté Ferdinand I‘, avec ce modeste diplôme, l'expression de notre respectueuse admiration. Qu'il me soit permis d’adresser, en terminant, l'expression de nos bien vifs remerciements aux membres éminents du corps diplomatique qui ont bien voulu, par leur présence, rehausser l'éclat de notre séance solennelle et nous donner ainsi un témoignage public d’estime dont nous leur sommes profon- dément reconnaissants. DISCOURS PRONONCÉ PAR S. E. M. DIMITRI STANCIOFF ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE ET MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE DE SA MAJESTÉ LE ROI DES BULGARES Monsieur le Président, Je suis aussi flatié qu’honoré des paroles que je viens d’en- tendre, et je vous remercie de vous êlre fait l'interprète de cette haute et docte assemblée, pour rendre hommage aux connaissances de mon auguste souverain, et pour exalter son zèle à les répandre, et en faire profiter le pays qui lui a confié ses destinées. En ma qualité de représentant de Sa Majesté, je vous exprime, Monsieur le Président, mes sentiments de profonde reconnais- sance et de juste fierté, en recevant de vos mains le diplôme de la médaille hors classe, à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, que la Société nationale d’Acclimatation de France a décerné au roi des Bulgares. Ce témoignage d’estime de la France scientifique a parlicu- lièrement touché Sa Majesté, qui n'oublie jamais les liens qui l’unissent à votre grand pays, dont, en vrai prince français, il a hérité de l'amour des sciences et du culte des Arts. La remise de ce brevet, dans cette Séance solennelle, est pour mon auguste souverain une véritable consécration de ses efforts dans l’application des sciences naturelles en Bulgarie. Sa Majesté, confiante dans le succès de votre Société, fait des vœux pour sa prospérité, son extension et pour la réalisation du programme auquel elle destine ses merveilleux efforts. (Applaudissements prolongés.) DISCOURS PRONONCÉ PAR M. LAFOSSE. Administrateur vérificateur général des eaux et forêts, REPRÉSENTANT DE M. LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE. Mesdames, Messieurs, Les éloquents discours qui viennent d’être prononcés et sous le charme desquels vous êtes encore, me laissent bien plus disposé à les applaudir qu’à y répondre. Au moins j'ai la satis- faction d'en remercier leurs auteurs en votre nom et surtout au mien. La grande réputation de votre Société et la considération dont elle jouit à juste titre dans tous les milieux scientifiques rendent plus honorable, mais aussi plus délicat le rôle de celui auquel est confié la présidence de cette magnifique assemblée, rehaussée par la présence de hautes personnalités du monde diplomatique que je suis heureux de salueret particulièrement leurs Exc. MM. le Baron de Gyldenstolpe, Stancioff, l'éminent représentant de S. M. le tzar des Bulgares, ce prince ami des sciences et de la France, à laquelle le rattachent des liens particuliers d'amitié. Je m'excuse d'autant plus de prendre ici la parole que je vous apporte une déception, celle de ne pas voir à cette place M. Raynaud, ministre de l'Agriculture. Il eüt été heureux de venir vous répéter la haute estime dans laquelle il vous tient et il n'a abandonné que pour des devoirs pressants, et avec un bien vif regret dont il m'a chargé d'être l'interprète, la satis- faction de vous apporter le témoignage de sa sollicitude pour votre grande Société. ; C'est pour moi un précieux honneur d'avoir été délégué par lui, d’être recu dans cette illustre maison dont l'éclat porte au loin le renom scientifique de la France et d'y trouver l'accueil cordial de votre éminent président, M. Edmond Perrier, dont DISCOURS PRONONCÉ PAR M. LAFOSSE 163 les rares qualités et le grand talent d'écrivain savent donner aux plus hautes conceptions de la science la physionomie la plus séduisante et la façon la plus gracieuse. Si abstraite soit-elle, l’idée perd ce qu’elle aurait de sévère et, pour certains, d’inaccessible, quand elle trouve pour la manier ou l’exprimer la langue d’un orateur aussi disert, de même que le délicieux jardin qui nous environne revêt d’un charme particulier les collections qu’il est destiné à enchâsser. Travailler pour l'agrément des yeux, c’est souvent créer de la lumière pour les intelligences et, par voie de conséquence, donner au pays une plus grande somme de connaissances pra- tiques, elles-mêmes génératrices de toutes les améliorations bienfaisantes. C’est notre effort à nous, Forestiers, d'associer le beau à l'utile. Tout en cherchant à faire produire par nos bois les ressources matérielles dont ils disposent, il nous plait qu'on puisse, comme au temps de Virgile, chanter la forêt, rendre hommage à l'arbre séculaire jalousement gardé contre la hache dévasta- trice et retrouver dans nos futaies le pittoresqueenchanteur des sites que nous conservons pour le promeneur, l'artiste ou le poète. Et dans ces profondeurs des bois, nous aimons que les ani- maux, leur ornement naturel, y soient ménagés. Depuis plu- sieurs années nous avons ainsi lutté en faveur de la conserva- tion des petits Oiseaux. Le but direct était de réserver à l’agriculture ses auxiliaires indispensables, en rétablissant l’équilibre nécessaire à la vie de nos plantes agricoles menacées par les Insectes et les maladies cryptogamiques; mais nous voulions aussi multiplier dans nos champs et nos bois ces QE artisans de vie, de couleur et de chant. Dans l’œuvre entreprise, nous vous avons eus comme dévoués collaborateurs, nos vues se sont rencontrées dans les remar- quables études publiées dans votre Bulletin et aussi dans les efforts que vous ne cessez de poursuivre pour faire donner dans les écoles l'enseignement qui, pratiqué dès l'enfance, porte l’homme vers le culte de la beauté de la nature et l’amène à respecter, à aimer les plantes et les animaux. (Applaudisse- ments.) De votre succès, le meilleur lémoignage, c’est le nombre de vos adhérents, la prospérité croissante de votre Société, le concours de tant d'illustres savants et aussi cette assistance 46% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION nombreuse et choisie à laquelle j'exprime notre gratitude pour son attention bienveillante et soutenue. M. le ministre de l'Agriculture vous témoigne chaque année de sa vive sollicitude en vous accordant des subventions et des médailles. Je suis heureux de vous renouveler ses encouragements en vous apportant aujourd’hui des distinctions méritées. M. le ministre m'a chargé de remettre en son nom la croix de chevalier du Mérite agricole à MM. Pierre Prévotat et Amédée Delaurier. À tous deux j’adresse mes félicitations très sincères pour les distinctions si bien méritées dont ils sont l’objet de la part du Gouvernement de la République. (Applaudissements.) RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES PRÉSENTÉ PAR MAURICE LOYER SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ Ie SECTION. — MAMMIFÈRES Grande médaille (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire Parmi les nombreuses associalions qui, à l'exemple de la Société nationale d'Acclimatation de France, se sont constituées à l'étranger pour appliquer dans leurs pays les doctrines éco- nomiques établies par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, la Société impériale russe d'Acclimatation peut êlre signalée comme ayant rendu les plus signalés services à sa patrie. Dans ces vastes contrées, aux communications difficiles, l’agriculture, sous toutes ses formes, eût été vouée à de lents et pénibles progrès s’il ne s'était trouvé une phalange d'hommes résolus à braver toutes les difficultés pour donner à leurs compatriotes, par une acclimatation raisonnée, les richesses économiques qui y étaient inconnues et pour améliorer, par le perfectionnement des méthodes de travail et de production, celles qui étaient indigènes. Un des présidents de cette Société, le prince Félix Youssou- poff, comte Soumarokoff Elston, s’est dévoué à cet œuvre. Sur divers points de l'immense Empire, il a créé des stations d'études où se font, avec Le plus grand succès, les expériences d’acclimatation. À Arkanghelskoie, près Moscou, il élève les meilleures races de Vaches laitières de la Suisse; c’est là également qu'il a reconstitué les grandes races de Poules russes d’Orloff, de Pawiovsk et de Ghilem. Il a fondé un établissement semblable BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 19411. — 30 466 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION dans le gouvernement d’Orel. Dans son domaine de Kokitnaïa, dans le gouvernement de Koursk; dans celui de Kokoss, sur le versant septentrional des montagnes de la Tauride, le prince Youssoupoff a constitué de grands parcs de chasse, véritables réserves où il a réuni toutes les espèces de Cervidés de l'Europe occidentale ainsi que les diverses espèces asiatiques. À Koreiz, en Crimée, il a acclimaté les meilleures Vignes du Bordelais et sur les rives de la Caspienne, il a créé des installations de pêcheries modèles. De tels exemples sont à signaler, et le bref exposé des titres du prince Youssoupoff justifie amplement l’attribution de la grande médaille (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire que nous décernons au président de la Société impériale russe d’Acclimatation. Médailles de première classe. Si les expériences d’'acclimatalion et de domestication des Mammifères de grande taille, Ruminants ou Solipèdes, lors- qu'elles sont pratiquées sur des troupeaux comprenant de nombreux individus, sont difficiles à effectuer en France et dans les pays où la propriété est divisée, elles présentent, au contraire, beaucoup plus de facilités, les résultats en sont plus complets et plus probants, quand-on opère sur de vastes espaces, sans crainte de voir les animaux soumis aux expé- riences, s’égarer sur les propriétés voisines ou en butte aux poursuites des braconniers. C'est encore en Russie que nous trouvons ce vaste champ d’études zoologiques ; il a été créé par M. Frédéric-Falz Fein dans son immense domaine d’Ascania Nova, en Tauride, non loin de la mer Noire et des bouches du Dnieper. Le parc d'Ascania Nova est divisé en trois parties : l’une est réservée aux animaux non encore acclimatés et comprend environ 35 hectares; la seconde partie, composée de 50 hec- tares est réservée aux animaux acclimatés et 400 hectares de steppe à l’état vierge forment la troisième partie, sur laquelle paissent les Mammifères complètement domestiqués. Ces der- niers : Bisons d'Europe et d'Amérique, Chevaux de Prze- walsky, Zèbres, Antilopes Oreas Canna, Mouflons, etc., vivent en complète liberté sur la steppe à côté des troupeaux d’ani- maux domestiques d’Ascania Nova. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES #07 Outre les expériences d’acclimatation, M. Falz-Fein pratique ‘avec succès l'hybridation entre les animaux acclimatés et les animaux domestiques. Nous citerons entre autres les hybridations entre les Bisons -d'Europe et les Vaches communes et vice versa, celles entre les Zèbres et les Chevaux communs, entre ceux-ci et l'espèce sau- vage de Przewalsky. De nombreuses expériences sont encore à l'étude, qui seront -de nouveaux succès. L'œuvre accomplie par M. Falz-Fein est digne de nos éloges et nous en reconnaissons tout le mérite en lui attribuant notre médaille de 1° classe. LS * * M. le consul général de Russie se lève alors et prononce les paroles suivantes : Je suis chargé par Son Excellence M. l'Ambassadeur de Russie de recevoir les diplômes se rapportant aux médailles .décernées au prince Youssoupoff et à M. Falz-Fein. _ Que l’éminent Président de la Société et les membres de cette savante assemblée me permettent de dire combien nous som- mes heureux et flattés de pouvoir transmettre à nos compa- triotes les distinctions qui leur sont décernées par la Société nationale d’Acclimatation de France, dont les œuvres et le re- nom sont si connus et appréciés en Russie. (Applaudissements.) Le visiteur qui parcourt les galeries d’un musée de zoologie est quelquefois péniblement impressionné par le manque d’es- thélique qui caractérise bon nombre de spécimens de Mammi- fères qui y sont naturalisés. Les animaux ainsi présentés évoquent plutôt l’image des momies égyptiennes ou péru- viennes qu'ils ne donnent l'impression de l'être vivant. Cette coutume à vécu, et si nous voyons aujourd'hui, dans les collections nouvelles, des animaux montés qui donnent au visiteur l'illusion de l’animal vivant, nous devons cet heureux résultat aux efforts et aux éludes d’un artiste de talent, M. Jules Terrier, qui a introduit dans le montage des Mammifères des procédés nouveaux, qui font de ses préparations, toujours 468 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION basées sur l’étude des sujets vivants, de véritables œuvres d'art. Nous sommes heureux d'offrir à M. Terrier notre médaille de première classe. SOUS-SECTION D’ÉTUDES CAPRINES. Médaille de première classe. Nul ne demeure insensible aux larmes des mères qui déplorent l’aspect souffreteux et maladif de leurs jeunes enfants et bien des âmes charitables ont songé à leur fournir un lait sain et fortifiant, qui devra rendre à ces petits êtres la force et la santé. Lorsque la Société d’Acclimatation voulut propager l'usage du lait de Chèvre, léger et nourrissant, exempt de germes tuber- culeux, elle fut aidée dans son œuvre par l'initiative généreuse de M"° René Caucurte. C'est pour venir en aide aux mères qu’elle créa cette mer- veilleuse chèvrerie du Moulin de la Madeleine, dont les excel- lentes laitières ont rendu à la vie et à la santé tant de jeunes existences déjà condamnées. Notre Société devait reconnaître d'aussi louables et géné- reux efforts, et, pour rendre hommage à la créatrice de cette œuvre si humanitaire, elle prie M"° Caucurte de bien vouloir accepter une médaille de première classe. Médaille de seconde classe. Nous devons à M. Leroy une excellente méthode d’alimen- tation rationnelle et d'élevage de la Chèvre. Par les moyens qu'il préconise, par les procédés qu’il emploie tant pour la nourriture que pour les soins à donner aux animaux qu'il possède dans le département de la Haute-Savoie, M. Leroy a prouvé que l’on pouvait, avec très peu de frais, établir, entre- tenir et faire prospérer un troupeau caprin, et se créer par là même un revenu appréciable. Son exemple mérite d’être suivi, et nous nous associons à ses efforts en lui décernant notre médaille de seconde classe. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 469 1° SECTION. — ORNITHOLOGIE. — AVICULTURE Grande médaille (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Parmi les savants dont s’honore notre pays, il est un nom qui domine aujourd'hui toute la science ornithologique frao- çaise; nous voulons parler du D' Louis Bureau, l’éminent directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Nantes. Nous n'avons pas ici l'intention d'analyser sa longue carrière scientifique; qu'il nous suffise de dire qu'il a étudié notre faune ornithologique, non seulement au pointde vue de la science pure et qu'il y fit des découvertes fort importantes, mais qu’il a étudié également les applications pratiques résultant de ses découvertes, et que, dans ce sens, il a rendu les plus signalés services à la cause que nous défendons. Qu'il nous fasse assister au phénomène complexe de la trans- formation du bec du Macareux, que nous étudiions avec lui la Sterne de Dougall ou la Perdrix grise des Pyrénées, qu’il nous associe à ses ingénieuses et patientes recherches sur l’âge des Perdrix, pour ne citer que quelques-uns de ses travaux, nous suivons toujours avec le plus vif intérêt le développement de ses savantes recherches, fruit d'une méthode rigoureusement scientifique et d’un contrôle minutieux. En témoignage de la haute estime dans laquelle nous tenons M. le D’ Louis Bureau, nous lui décernons pour l’ensemble de ses travaux ornithologiques notre grande médaille (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Médailles de première classe. L'étude de l'Histoire naturelle a tenté plus d’un esprit ob- servateur, mais nul n'en fut plus épris que M. Gadeau de Kerville. Il lui a consacré toute sa vie, et, par ses nombreux travaux, il à su rendre à la science les plus signalés services. Sans parler de ses voyages de recherches scientifiques en Kroumirie, en Tunisie et en Syrie, sans insister sur la création du laboratoire de Spéléobiologie de Saint-Paer, qui est son œuvre et qui rend à la science les plus grands services, nous rappellerons ici qu'il a dirigé surtout ses travaux vers l'Histoire — Fit VS RM PA NE ER 8 AE agé 470 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION naturelle de la Normandie, dont il a décrit, d’une plume élégante et savante à la fois, la faune et la flore. Nous devons signaler toute l'importance du vaste recueil d'observations scientifiques qu'il a réunies sur la faune nor- mande, etdans lequel la partie qui estconsacrée à l’Ornithologie présente un intérêt considérable pour nos études, tant par l'attrait des descriptions scientifiques qu’elle renferme que par les recherches Judicieuses qu’elle contient, les observations nouvelles et les enseignements que nous y trouvons. Nous apprécions toute la valeur des travaux scientifiques de M. Gadeau de Kerville en lui accordant notre médaille de première classe. Nous devons à M. Georges Hermenier l’acclimatation, dans la région de Paris, de quelques Gallinacés exotiques encore rares. Parmi eux se trouvent l'Eperonnier de Germain et le Crossoptilon Ho-ki ou Faisan oreillard. Le premier de ces Oiseaux, originaire d’Indo-Chine, ne peut être considéré que comme Oiseau d'ornement, mais le second, qui nous vient de la Chine du Nord, Oiseau vigoureux, le plus gros des Faiïisans, pourrait devenir, s’il était plus commun, une excellente recrue pour nos basses-cours. M. Hermenier a su obtenir la reproduction régulière, depuis plusieurs années, de ces deux beaux Oïseaux, dans sa faisan- derie de Draveil. Leur acclimatation dans la région de Paris semble être donc un fait accompli. Nous devons féliciter l’auteur de ces deux excellentes acqui- sitions en lui octroyant notre médaille de première classe. Médailles de seconde classe. M. Dulignier tente, avec persévérance, depuis plusieurs années, l’acclimatation et l'élevage en demi-liberté, dans sa propriété de Saint-Géraud-le-Puy, de divers Gallinacés et Pal- mipèdes exotiques. Il a obtenu, cette année, la reproduction et amené à bien l'élevage d’une jolie espèce de Canards du Sud- Amérique, le Canard siffleur du Chili. Ce serait là une pré- cieuse acquisition pour nos étangs, et en exprimant à M. Duli- gnier tous nos souhaits pour l'acclimatation définitive du Canard siffleur du Chili, nous lui décernons notre médaille de seconde classe. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 411 Nous avons encore constaté avec satisfaction que la repro- duction d’une autre espèce de Canards exotiques, le Canard à bec rouge de l'Afrique australe, avait été obtenue par M. Van der Spruyt. Cet habile éleveur n'en est pas à ce premier succès; nous enregistrons cette acquisition avec le plus vif plaisir et lui accordons notre médaille de seconde classe. Les Palmipèdes qui ne sont considérés, en France, que comme Oiseaux de passage et qui sont tués au printemps par les chasseurs, aux époques de la montée des migrateurs, pourraient fort bien, s'ils étaient protégés, s'arrêter en France, y nicher et fonder des colonies qui viendraient enrichir nos chasses si dépeuplées. Nous voulons en donner comme preuve l'essai tenté par M. le vicomte de Poncins sur un couple de Siffleurs huppés qui vint, en 1896, nicher au bord de ses étangs du Forez. Ces Canards, dûment protégés, revinrent chaque année, ils se multiplièrent tant et si bien que M. de Poncins peut affirmer que, depuis 1896, il a laissé vivre et partir plusieurs centaines de ces beaux Oiseaux. Cet exemple ne devrait-il pas être suivi > Et les chasseurs soucieux de la protection du gibier rendraient, en agissant ainsi, un signalé service tant au point de vue de l’ornithologie qu'au point de vue de la chasse. De pareilles tentatives sont trop rares pour n'être pas encou- ragées, et nous en reconnaissons toute l'importance en attri- buant à M. de Poncins notre médaille de seconde classe. Les soins que l’on doit donner aux Oiseaux chanteurs, éle- vés en captivité, sont multiples; ils exigent une habileté très grande et une expérience des conditions biologiques de ces intéressants pensionnaires que, seuls, quelques rares ama- teurs possèdent. Parmi eux, M. Alexandropoulos a su trouver une méthode pratique et sûre qui permettra aux ornitholo- gistes et aux amateurs de conserver en pleine santé les hôtes aimables de nos cages et de nos volières. En témoignage de notre satisfaction, nous accordons à M. Alexandropoulos notre médaille de seconde classe. LE 1 LE] BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION III SECTION. — AQUICULTURE Grande médaille (hors classe) à l’effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. La question du repeuplement et de la culture de nos eaux préoccupe, à juste titre, nombre de savants et de praticiens. Les recherches de M. Louis Léger, professeur de Zoologie à la Faculté des sciences de Grenoble, ont fait faire à l’Aquiculture de très grands progrès. Outre ses travaux scientifiques impor- tants sur certains microorganismes qui déterminent différentes affections parasitaires chez les Poissons, M. Louis Léger s’est occupé, avec le plus grand succès, de pisciculture et de repeu- plement. Ayant surtout en vue les cours d’eau des montagnes du Dauphiné, qui conviennent si bien aux Salmonidés, il s’est efforcé de mettre en lumière les principes rationnels qui doi- vent diriger les repeuplements. ù C'est ainsi qu'il a pu, en dehors des conditions géogra- phiques et biologiques, dégager la notion de ce qu'il appelle « la capacité biogénique » c’est-à-dire la valeur nutritive d’un cours d’eau au point de vue de l’alimentation du Poisson. Il a apporté une rigueur et une précision quasi mathématique, là où l’on ne procédait habituellement que d’une manière purement empirique. Ces méthodes, appliquées depuis quelques années dans l'Isère, ont produit déjà les résultats Les plus intéressants. Il y a là toute une série de travaux remarquables, d’une portée pratique considérable et basés sur des données scienti- fiques absolument exactes, dont nous savons proclamer l’im- portance en décernant à leur auteur notre grande médaille (hors classe) à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Médailles de première classe. On doit à M. Louis Calvet, sous-directeur de la stalion zoologique de Cette, des études fort intéressantes concernant l’Ostréiculture dans la région de l'étang de Thau, études por- tant principalement sur les moyens de sauvegarder, à la fois, les intérêts de l’industrie ostréicole et la santé publique, qui pourrait, en certains cas, avoir à souffrir de pratiques défec- RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 473 tueuses dans la récolle ou le parcage des Huiîtres. Le phéno- mène du verdissement des Huiîtres a été également l’objet d’utiles recherches pratiques de la part de M. Calvet. L’impor- tance de ces diverses études n’a vas échappé à notre Société, qui est heureuse de décerner à leur auteur une médaille de première classe. Nous devons à M. Adolphe Cligny, directeur de la station aquicole de Boulogne-sur-Mer et naturaliste du service scien- tifique de pêche, toute une série de remarquables travaux sur la faune itchtyologique de nos mers et sur nos pêches mari- times: cette œuvre considérable ne saurait nous laisser indiffé- rent, et nous applaudissons aux résultats féconds obtenus dans cet ordre d'idées par M. Cligny. Mais nous devons retenir surtout ici l'importance de ses travaux dans le domaine de la pisciculture en eau douce. Grâce à ses soins, chaque année plus de 200.000 Salmonidés : Saumons et Truites de mer, Truites indigènes et exotiques, Ombles et Corrégones sontægélevés et déversés dans nos rivières ; d'autre part, il a fait une étude complète des Saumons et des Truites de mer et a indiqué leurs relations mutuelles avec la Truite commune; enfin, il a étudié avec soin la technique de l'élevage et a su donner aux pisciculteurs de précieux conseils qui n’ont pas peu contribué à la prospérité des installations aquicoles de notre pays. Nous applaudissons aux résultats heureux qui sont dus à a science et à l’activité de M. Cligny et lui décernons notre médaille de première classe. Médailles de seconde classe. M. le D' Roques, médecin à Marmanhac (Cantal), s'occupe avec succès de pisciculture et porte spécialement son attention sur tout ce qui a trait à la nourriture du Poisson. Il a notam- ment signalé le parti avantageux que les éleveurs peuvent tirer du lait caillé et salé pour l'alimentation des alevins de Salmo- nidés lorsqu'il esi convenablement préparé. Ainsi utilisé, le lait constitue pour le Poisson un aliment complet qui amène un développement rapide de l'animal sans être trop coûteux. En félicitant de ses travaux M. le D' Roques, notre Société lui décerne une médaille de deuxième classe. AT date : EST FAR "G LurÉ" À 474 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Nigg a fondé, au Val Saint-Germain, dans la vallée qu'arrose ia Remarde, près Saint-Chéron (Seine-et-Oise), un important établissement de pisciculture qui alimente en Truites vivantes le marché parisien. Les laboratoires d'incu- bation qu'il a fort judicieusement installés lui permettent d'obtenir annuellement 400.000 alevins dont 50 à 60 pour 100 environ arrivent à la taille marchande. Ces fort intéressants résultats sont obtenus grâce à l'utili- sation faite par M. Nigg d’une nourriture nouvelle à l’aide de laquelle il semble avoir résolu le problème, longtemps recherché en France, de la nourriture économique et de bonne qualité des Salmonidés, en substituant aux viandes crues ou cuites, la chair de Poisson desséché provenant des pêcheries coloniales francaises. En adressant toutes nos félicitations à M. Nigg, nous lui accordons une médaille de deuxième classe. Mention honqrable. Nous ne saurions trop reconnaitre les services rendus à l’Aquiculture par les agents des Eaux et Forêls, qui s'associent à nosefforts pour la conservation et l'amélioration des richesses piscicoles et cynégétiques de la France. Parmi eux, nous distinguons cette année, M. Jubier, bri- gadier domanial des Eaux et Forêts à Pont-Rousseau, près Nantes (Loire-[nférieure), auquel nous accordons, en témoi- gnage de son activité et son énergie pour la surveillance des cours d’eau et son zèle dans la répression du braconnage, une mention honorable. IV: SECTION. — ENTOMOLOGIE Médaille de première classe. Parmi les Insectes contre lesquels l’homme doit mener une lutte incessante, figurent au premier plan ceux que l’on range dans l’ordre des Diptères. Un entomologiste francais, M. le D Villeneuve, s’est spécialisé dans l’étude de ces Insectes, et il a fait profiter de ses vastes connaissances, de sa profonde érudition, tous ceux qui s'occupent d’Entomologie pure ou ” RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 475 appliquée. Il s’est plus spécialement occupé des Tachinaires et l’on sait de quelle importance sont ces entomophages pour la destruction des Insectes nuisibles. Par ses publications fort nombreuses et d’une grande précision, par ses profondes con- naissances en Diptérologie, cet entomologiste éminent a rendu et rend chaque jour de grands services aux savants, aux méde- cins et aux agriculteurs. Il mérite hautement la médaille de première classe que nous lui décernons aujourd’hui. Médaille de seconde classe. La région de Tlemcen (Algérie) présente une situation très favorable à l’Apiculture, grâce à sa flore printanière et aux arbres fruitiers qui fournissent aux Abeilles un miel abon- dant. Les indigènes y possèdent un grand nombre de ruches, mais ils ont conservé jusqu’à ce jour le type primitif malgré le voi- sinage des Européens qui utilisent des appareils plus per- fectionnés. Un colon algérien, M. Blin, apiculteur distingué, s’est donné la tâche d'améliorer l’apiculture chez les indigènes, il a placé chez ceux-ci bon nombre de ruches à cadres et leur enseigne les meilleurs procédés d'extraction et de préparation du miel et de la cire. Les efforts de M. Blin méritent d'être secondés et justifient l'octroi de la médaille de seconde classe que nous lui avons accordée. Ve SECTION. — BOTANIQUE Médailles de première classe. Parmi ceux qui ont le plus contribué à l’acclimatation et à la diffusion des nombreuses plantes exotiques qui ont depuis trouvé leur place dans nos parterres et dans nos potagers, nous devons citer M. Gérôme. Successivement chef de l'École de Botanique, chef des serres, enfin jardinier en chef du Muséum d'Histoire naturelle et nrofesseur à l’École Nationale d'Horticulture de Versailles, 476 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION M. Gérôme fut toujours l’un des plus précieux collaborateurs de notre société. Gräce à ses connaissances botanico-horticoles, grâce éga- lement à des études intéressantes et variées sur de nombreux sujets touchant à la Floriculture, à la Culture potagère ou à l'Horticulture générale, M. Gérôme fut un aide précieux à l'obligeance duquel notre Section de Botanique ne fit jamais appel en vain; la part qui lui revient dans toutes les intro- ductions de végétaux utiles ou ornementaux que nous avons tentées, dans les expériences d’acclimatation suivies de succès que nous avons entreprises, est considérable; aussi sommes- nous heureux de lui décerner, avec nos remerciements, notre médaille de première classe. M. Chabaud, ancien professeur de Botanique pratique à l’École de Médecine navale de Toulon, a consacré sa vie à l'étude et à la diffusion des végétaux exotiques sur la Côte d'Azur. C'est grâce à ses efforts constants, à ses encouragements multipliés, que les amateurs du littoral se sont décidés à intro- duire dans leurs cultures les nouveaux végétaux aux riches floraisons, aux feuillages encore ignorés qui donnent aujour- d'hui cette note si pittoresque aux rivages de la Provence. C'est également sur ses instances réitérées que les horticulteurs de la région de Nice se décidèrent à créer les vasles cultures de plantes ornementales, et principalement de Palmiers, que nous admirons aujourd hui. L'influence considérable exercée par M. Chabaud sur le développement des richesses horticoles dans les cultures de la Côte d'Azur mérite bien le témoignage d'estime que nous lui donnons en lui décernant notre médaille de première classe. Médailles de seconde classe. Le jardin d’Essai du Hamma près d'Alger, possède de vastes pépinières qui renferment des échantillons remarquables de la flore des contrées chaudes de l’Ancien et du Nouveau Continent. L'obtention de ces intéressants spécimens ainsi que la repro- duction des innombrables plantes issues de graines récoltées au Hamma, est due, pour une bonne part, aux efforts cons- tants de M. Jean Béguy, auquel nous accordons, en témoignage de notre satisfaction, notre médaille de seconde classe. N DE RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES 4717 L'enseignement agricole en Tunisie, tel qu’il est pratiqué par M. Leber, chef de culture à ia ferme-école de Djedeida, donne les meilleurs résultats. Grâce à lui, les procédés de culture européenne sont ensei- gnés aux indigènes et se substituent aux méthodes surannées employées jusqu'alors. Par ce moyen, M. Leber contribue au développement écono- mique de la Régence, à l'augmentation des ressources de nos protégés, à la mise en valeur de terrains improductifs jusqu'ici et à la diffusion de notre enseignement national. Nous reconnaissons tout le mérite de M. Leber en lui décer- nant notre médaille de seconde classe. VIe SECTION. — COLONISATION Médaille de première classe. M. Labroy, chef de service des serres du Muséum d'Histoire naturelle, s’est spécialisé dans l'étude des questions se rappor- tant à l'introduction et à la diffusion des plantes utiles de nos colonies. Les mémoires qu'il a publiés sur ces importantes questions sont fort nombreux, notamment ceux qui ont trait à l’intro- duction dans nos colonies des plantes productrices de caout- chouc, étudiées sur place, au Brésil, au cours d’une mission _officielle dans la région de Manaos. Les services rendus à la Colonisation dans nos possessions équatoriales seraient un titre suffisant à nos suffrages si nous ne devions rappeler encore la part très grande que M. Labroy a prise dans toutes les publications se rapportant à l’Agricul- ture tropicale et les mémoires si documentés qu'il a présentés à notre Section. É Nous sommes heureux d'accorder à M. Lebroy notre médaille de première ciasse. Médaille de seconde classe. La question du caoutchouc est actuellement une de celles qui attirent le plus l’attention des industriels et des planteurs. L'extension des plantations étrangères en Indo-Malaisie, le 478 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION développement de l'exploitation au Brésil compromettent l'avenir du caoutchouc de cueillette dans nos colonies et des plantations que nous pourrions y faire. Nous possédons à la Côte d'Ivoire une essence forestière à caoutchouc, le Funtumia elastica dont la production et la reproduction se trouvent compromises. M. Farrenc, inspecteur d’agriculture à la Côte d'Ivoire a étudié particulièrement cette essence et a constaté qu'elle se reproduisait parfaitement par cépée. Partant de là, il a indiqué le moyen de conserver les peuple- ments actuels, d'augmenter leur étendue et de les exploiter d’une facon méthodique et rémunératrice. L'œuvre de M. Farrenc méritait d'être récompensée, aussi lui décernons-nous notre médaille de seconde classe. J'ai terminé, Messieurs, et l'exposé des titres de nos lauréats a dû vous prouver que les mérites de ceux que nous avons distingués aujourd’hui n'étaient pas inférieurs à ceux de leurs devanciers. : Notre Société, confiante dans la sollicitude des pouvoirs publics, assurée du concours de tous ceux qui aiment la Nature et sont désireux d'en pénétrer les multiples secrets, continuera à marcher résolument dans la voie que lui a tracée, il y a plus d'un demi-siècle, son illustre fondateur Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, pour le progrès des Sciences naturelles et leur appli- cation au développement des richesses économiques de no pays. SUR LA MÉNAGERIE DE SKANSEN (STOCKHOLM) ET LE ROLE DES MÉNAGERIES DANS LES SCIENCES ZOOLOGIQUES (1) Par le D' GUSTAVE LOISEL. Mesdames, Messieurs, Il y a cent vingt-huit ans environ, vers l’année 1782, à cette époque même où Buffon s’occupait d'agrandir et d’embellir le Jardin du Roï, notre grand naturaliste s’entretenait avec son architecte Verniquet des moyens de doter ce Jardin d’une ménagerie nouvelle. Buffon et son collaborateur ne voulaient plus, en effet, de ces ménageries fastueuses et coûteuses telles que les rois et les princes avaient eu jusqu'alors la coutume d'entretenir; ils vou- laient une ménagerie qui fût essentiellement favorable à l’ob- servation et à l’'expérimentation de l’animal vivant, en même temps qu'instructive et récréative pour le peuple. Ils cherchaient un grand espace à paysages variés où chaque espèce d'animal püt trouver un terrain et un logement qui convint à sa nourriture ainsi qu’à son genre de vie. « Il faut, écrit textuellement Verniquet, que ies Quadrupèdes, les Reptiles, les Oiseaux, les Poissons et les Insectes trouvent des positions où ils puissent vivre; mettre l'observateur à portée d'étudier leurs mœurs, leur caractère, leur génération, le temps de la prégnation, celui de la gestation; enfin les soins que les pères et mères prennent pour élever leurs petits. » Ces Quadrupèdes, ces Oiseaux, ces Poissons devaient être choisis avant tout parmi les espèces qui peuvent rendre des services, non seulement aux sciences proprement dites de la Nature, mais encore à la Médecine, aux Arts, aux Manufactures et au Commerce. Buffon et Verniquet pensaient introduire ainsi en France, par le moyen de leur ménagerie, des animaux exotiques qui, par l’acclimatation et les croisements, leur aurait permis d'augmenter le nombre des espèces utiles à l'homme. (1) Conférence faite au cours de la séance solennelle de distribution récompenses de la Société, le 12 février 1911. 480 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Puis, pour rendre cette acclimatalion et ces croisements plus faciles, pour faire de leur ménagerie un établissement vraiment national où le peuple pût venir s’instruire tout en se récréant, ils avaient pensé avoir pour gardiens d'animaux des paysans venus des pays mêmes des animaux importés et connaissant bien la manière de soigner ces animaux. Mais ici, il me faut encore citer texluellement dE nb - « Pour rendre le parc de cette ménagerie plus curieux, écri- vait-il, il conviendrait d'y établir des cultivateurs qui rendraieni le terrain propre à nourrir et à élever les animaux contenus dans ce grand établissement. « Il serait aussi intéressant que ces hommes eussent été élevés dans les différents climats où se trouvent et où vivent ces animaux, étant présumable alors qu'ils les connaïîtraient davantage. « Chaque individu, costumé à la manière de son pays, serait placé dans un local convenable au genre de vie qu'il y aurait à _ suivre; son habitation aurait une forme pittoresque et serait construite de même que celle où il aurait pris naissance, de manière qu'un Lapon, un Groënlandais, un Samoyède, un Bazadien, un Zemblien, jusqu'aux Esquimaux, se crussent en quelque sorte dans leur pays natal, ainsi que les animaux qui seraient élevés par ces différents individus. » Or, messieurs, cette idée grandiose que je n'ai fait que vous résumer ici et qui pourra vous paraître quelque peu chimérique, a été réalisée à un siècle de distance, dans un pays où l’on ne se serait guère attendu à la trouver, aux portes mêmes de Stock- holm, en Suède. Elle a été réalisée, sous une forme un peu différente il est vrai, mais à certains points de vue plus complète, par les efforts de l'initiative privée, par un homme d'action qui sut entrainer les convictions, attirer à lui les généreuses bonnes volontés et plus encore peut-être, qui sut payer de sa propre personne, par un médecin suédois, par le D' Hazelius. En 1873, Hazelius, aidé du reste aussi par l'État suédois, avait commencé par créer, dans le parc de Djurgärden, ancien domaine royal entouré d’un bras de mer et relié aujourd hui à Stockholm par un pont monumental, un Musée ethnogra- phique des pays scandinaves, le Musée du Nord, qui est encore en son genre une pure merveille. Dix-huit .ans plus tard, il complétait son œuvre en formant, dans la partie la plus haute SUR LA MÉNAGERIE DE SKANSEN (STOCKHOLM) 481 de l’île, dans cette région qui est comme surélevée par une sorte de muraille rocheuse d’où le nom de Skansen ou de Forteresse qu’on lui a donné, un musée vivant, zoologique et ethnographique, qui réalisait, à l'insu d'Hazelius sans doute, la grande idée de Buffon. I. Skansen est une sorte de parc clos d'environ 30 à 35 hec- _tares de superficie et dont les lacs, les bois, les prairies, les champs incultes et les collines, les vallons et les rochers pré- sentaient déjà en raccourci, quand Hazelius en obtint la conces- sion, toute l’histoire physique de la Suède. Hazelius conserva ce caractère sauvage, se contentant d'y faire percer de nombreuses allées de pénétration et construire quelques canalisations, puis il acheta, dans les diverses pro- vinces de la Suède, de vieilles maisons, de vieux bâtiments de ferme, de vieux moulins, de vieilles églises; il les fit démonter, ce qui était relativement facile, car dans ces pays de forêts toutes les constructions de la campagne sont faites en bois et chevronnées; puis il les transporta précieusement à Skansen où il les fit remettre en leur état primitif, avec leurs meubles. En même temps, il prenait pour employés et gardiens de ce musée d'un nouveau genre des paysans et des paysannes pro- venant des mêmes provinces et ayant conservé leurs costumes provinciaux. Et comme ces costumes sont parmi les plus pitto- resques qui existent, comme ils sont formés de tissus aux cou- leurs vives, où le rouge, le vert et le blanc dominent, on com- prend déjà quel ensemble pittoresque et attrayant on devait trouver à Skansen. Mais Hazelius exigea davantage. Il voulut que ses employés vécussent réellement leur vie de paysans ei de paysannes de Suède avec leurs mœurs et coutumes particulières, avec leurs chants populaires, leurs danses nationales, leurs rondes enfan- ines, avec leur musique parfois si primitive et c’est ainsi que, conduit par l’aimable intendant de Skansen, M. Alarik Behm, nous avons pu assister, lors de notre visite, à de très curieux spectacles de plein air qui nous ont laissé un souvenir profond. Hazelius fut bien inspiré en offrant ainsi à ses compatriotes, de la ville, cette évocation continue de l’âme scandinave. Il donna une nouvelle vie au feu sacré qui brüle dans les âmes imples, dans celles qui se sont formées au contact de la vraie nature, et il retarda, pour un temps au moins, le glissement BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 31 482 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION fatal qui semble conduire les peuples vers l’uniformisation désespérante des civilisations bourgeoises. Malgré tout, Skansen n'aurait été qu’une miniature incom- plète de la grande patrie, s'il n'avait présenté, à côté de ses différents types d'habitation et des différentes manifestations de la vie des habitants, une vue d'ensemble de la flore et de la faune des diverses régions de la Suède. La végétation de Skansen avait été heureusement conservée par ses précédents propriétaires, avons-nous dit. Il n'y eut donc qu'à y semer les plantes herbacées qui n’y avaient pas poussé spontanément; à y former un petit jardin botanique pour celles qui demandent des soins spéciaux ; à y réunir une collection de spécimens de toutes les roches qu'on trouve en Suède; enfin à y faire vivre les représentants des différentes espèces animales de ce pays. Tout cela fut fait, et, en faisant passer maintenant, devant vos yeux, quelques-uns des types qu'il m'a été donné de voir à Skansen, je ne vous donnerai qu une bien faible idée de cet établissement (1). IT. Skansen ne possède que des Oiseaux et des Mammifères dont l’ensemble formait, au 31 décembre 1909, un total de 1.134 individus représentant 313 espèces différentes. A l’excep- tion de quelques animaux provenant de cadeaux, tous appar- tiennent à la faune indigène, de sorte qu’on ne saurait s'attendre à trouver, dans cette ménagerie, de grandes maisons d'animaux présentant des systèmes de chauffage et d’aérations particu- liers comme dans les autres grands jardins zoologiques. Tous les logements d'animaux sont de grandes cages ou des enclos à air libre avec, à l'intérieur, des logettes ou des cabanes de refuge. Beaucoup d'Oiseaux passent toute l’année absolument en plein air, telles ces quantités de petits Oiseaux : Grives, Merles, Mésanges, Bouvreuils, Moineaux, Pinsons, Verdiers, Linottes, Tarins, Chardonnerels, Etourneaux, qui n’ont pour tout refuge que des massifs de Genévriers et qui, cependant, reproduisent régulièrernent chaque année au jardin; tels encore des Oies sauvages, des Cygnes, des Canards de toutes espèces, des 1) Des photographies que nous présentons, les unes ont été faites par nous-mêmes; les autres nous ont été communiquées par Behm, auquel nous adressons tous nos remerciements. SUR LA MÉNAGERIE DE SKANSEN (STOCKHOLM) 485 Goëlands, des Harles et autres Oiseaux d'eau qui couvrent de leurs bandes nombreuses les grands étangs de Skansen. Quelques Oiseaux méritent d'attirer tout particulièrement l'attention du zoologiste : les Chouettes de Laponie (Syrnium lapponicum Sparrum), très rares en captivité: les Chouettes de l'Oural (Syrnium uralense Pallas) et les Grands-Ducs (Pubo- bubo L.), qui ont donné lieu à d’intéressantes observations de mœurs et de nidification; les Chouettes des Neiges (Vyctea scandiaca L.), dont deux individus ont vécu à Skansen l’un quinze, l’autre seize ans; les Lagopèdes (Lagopus Lagopus L.), qui montrent ici un magnifique exemple de mimétisme protecteur, en prenant à l'hiver un plumage blanc comme la neige; les Autruches, qui vivent si bien à Skansen qu’elles y ont pondu des œufs; et pourtant, malgré des froids où le thermomètre peut descendre jusqu'à 20 et 30 degrés C, on ne laisse pas de jour sans faire sortir ces Oiseaux au dehors. On peut observer de même, à Skansen, lorsque tout est couvert de neige, des Mammifères venus des pays chauds : des Zèbres de Bæœhm, des Gnous à barbe blanche et enfin deux espèces de Singes : le Rhésus (Macacus rhesus) et le Grivet (Cercopithecus sabœus), qui, l’une et l’autre, ont reproduit ici, en captivité. Mais, comme pour les Autruches, ce sont là des exceptions, et la collection de Mammifères de Skansen se com- posant encore essentiellement d'animaux indigènes, beaucoup de ces animaux,et nous ne nous arrêterons qu'à ceux-là, ont donné lieu à des observations intéressantes de la part de M. Behm. Voici d’abord un de ces magnifiques Bisons d'Europe qu'il faut aller chercher maintenant dans les anciennes pro- vinces de Suède, de l’autre côté de la Baltique; puis deux Elans qui ont vécu l’un dix, l’autre onze ans au jardin et où on les y avait si bien apprivoisés qu'ils se laissaient atteler à des traineaux ; enfin des Rennes, dont un petit troupeau est annexé à un campement de Lapons. Comme autres animaux domestiques employés en Suède, je ne saurais passer sous silence une très intéressante collection de Chiens : Chiens du Jemtland, propres à chasser l’Ours et l’Elan; Chiens des Lapons; Chiens blancs à long poil des Esqui- maux, d'autant plus que ces derniers ont permis à M. Behm de réaliser une expérience qui n'avait été qu'ébauchée jusqu'ici par les zoologistes. Il eut l’idée, en effet, en 1900, de mettre ensemble un de ces derniers individus, un mâle, en compagnie 484 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'AGCLIMATATION d’une Louve grise. Les deux bêtes s’accoutumèrent si bien qu'en l’espace de trois ans elles avaient donné naissance à quatorze petits. Ces hybrides de première génération (1) avaient tous les caractères et les mœurs du Loup : forme, pelage court et gris, caractère craintif et fuyard, hurlant mais n’aboyant pas. Accouplés entre eux, un frère et une sœur donnèrent également en trois ans vingt hybrides de seconde génération, qui se rapprochèrent tous, au contraire, du type Chien, non seulement par la forme de leur corps et par leur poil, mais encore par leur caractère, qui était doux et familier; de plus, ils aboyaïent, mais ne hurlaient pas. Or, accouplés aussi entre eux, une paire de ces Chiens-Loups donnèrent une troisième génération d'hybrides qui tendait à ramener au type Loup et qui, en particulier, hur- laient sans aboyer. L'expérience se poursuit toujours et déjà des hybrides de quatrième génération sont nés. Les espèces féroces de Carnassiers sont peu nombreuses en Suède, mais très intéressantes pour les études qu'elles ont encore permis de faire à Skansen; ce sont, par exemple, des Loups blancs, des Renards polaires, des Gloutons, des Lynx, des Chats sauvages, des Ours bruns et des Ours blancs. Mais ce quiattiresurtout l'attention du visiteur ordinaire, dans ce curieux établissement, c’est la collection historique et etnogra- phique sur laquelle je ne peux malheureusement pas m’étendre ici. Partout sont disséminées les constructions ramenées par Ha- zelius de leur province d’origine, et on peut rester de longues heures, sans ennui ni fatigue, à étudier cette sorte de musée de l'habitation. Voici l'ensemble d’une de ces résidences d’été où les jeunes fermières du Nord vont, avec leur troupeau de Vaches et de Chèvres, passer la belle saison, loin de la ferme, dans le haut de la montagne. Seules avec leurs Chèvres, elles soignent et gardent les bêtes dans leurs enclos, font le beurre et le fro- mage dans une sorte de hutte conique qui est un reste des constructions primitives, entassent le produit de leur travail dans une autre construction servant de magasin, et rêvent le soir, sous l'avancée de la maison à feu, où elles passent les belles nuits claires d'été, en attendant le retour des hommes, (4) Rappelons ici que les expressions d'hybrides, de métis ou de bâtard n'ont plus la même valeur intrinsèque qu'autrefois, depuis qu’on a reconnu que des métis pouvaient être inféconds et des hybrides féconds. Les biolo- gistes s'accordent généralement aujourd'hui pour ne plus employer que ce dernier terme. JANET tuer SUR LA MÉNAGERIE DE SKANSEN (STOCKHOLM) 485 qui viennent à l’automne les chercher pour les ramener à la ferme. Voici une de ces maisons de fermier avec, sur le pas de la porte, une jeune Dalécarlienne qui donne à manger à ses Poules. L'intérieur de ces maisons est meublé avec les meubles mêmes des paysans, mais comme ces maisons ne sont pas habi- tées réellement, elles ont pour nous, comme tous les musées, du reste, quelque chose du froid silence de la mort. Aussi, combien j'aime mieux la vie gaie et remuante qu’on peut voir à l'extérieur, sur cette pelouse, par exemple, où se dresse un curieux « mât de mai » orné de fleurs, de feuillages, de coquilles d'œufs, et autour duquel j'ai vu de jeunes Suédoises danser les danses de leurs provinces. Notre triste costume bourgeois se répand en Suède, comme partout ailleurs, hélas! Pourtant, on peut trouver encore des costumes aux brillantes couleurs dans certains districts de la Dalécarlie, de la Sudermanie, de la Scanie, du Blekinge et du Helsingland. Ce sont des jeunes filles habillées à la mode de ces provinces, et provenant de ces provinces elles-mêmes, du reste, que nous voyons danser. Elles dansent entre elles des danses venues de France en Suède au xvini° siècle; mais nous avons vu aussi, à Skansen, des danses de jeunes gens, et là, ce n’est plus la grâce un peu mièvre des danses francaises, c'est la mimique de mouvements forts et puissants, telles qu'étaient les danses anciennes de ce pays, au xv‘° et même au xiv° siècles. Les Lapons qui demeurent à Skansen sont plus calmes et passent la plus grande partie de leur temps à soigner leurs Rennes. Leur campement, celui d’une résidence d’automne, provient du district de Lulea, sur la chaine des monts scandi- naves. Il se compose d’une hutte d'habitation de forme conique faite en terre et en madriers, d'une njalla, sorte de grand garde-manger élevé sur un haut madrier dressé pour préserver les provisions de l'attaque des animaux, d’une hutte basse ser- vant de magasin, de cabanes pour remiser les outils et les ustensiles, etc. L'hiver vient recouvrir tout ce campement d’un épais linceul de neige et lui donner un certain charme mélan- colique qui s’harmonise bien avec le caractère des Lapons. Mais la plupart de ceux-ci sont repartis déjà dans leurs mon- tagnes, là où la neige est encore plus épaisse, le froid encore plus vif, et où, pourtant, nous disait une Lapone de Skansen, 486 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE B'ACCLIMATATION ils aiment mieux vivre que dans les maisons plus confortables de la Suède : « Nous avons plus chaud dans nos huttes, nous disait-elle textuellement; nos enfants s'y portent mieux; c'est seulement dans les écoles de Suède qu'ils deviennent malades. » III. — Vous le voyez, Skansen présente une variété d’aspects qui en fait un établissement vraiment unique au monde. Il présente encore un autre intérêt pour les zoologistes. C’est que, sous une direction intelligemment active, les animaux que renferme sa ménagerie ont été et sont toujours l'objet d'observations et d'expériences variées. Je vous en ai déjà donné un aperçu par ce que je vous ai dit au cours de ces pro- jections ; mais je ne saurais trop engager à lire, dans les notes et mémoires de M. Behm, le détail de tout ce que cette ména- gerie a déjà fait pour la zoologie. Je vous y engage d'autant plus que, là encore, vous retrou- verez l'application des idées de Buffon et comme la continua- tion de son génie. Car, ne l'oublions pas, le vrai titre de gloire qui restera, pour nous, à notre grand naturaliste, ce ne sont pas les descriptions d'animaux que renferme son Histoire natu- relle, si bien écrites soient-elles. Ce sont les idées générales qui sont disséminées dans cette Histoire et l'exposé des propres travaux du maître qui sont presque tous des expériences initia- trices ou directrices d'expériences nouvelles. Buffon avait formé, du reste, dans son domaine de Montbard, en Bour- gogne, un parc d'animaux où il fit vivre des représentants d'une cinquantaine d'espèces de Mammifères et d'Oiseaux qui lui servirent à ses études (1). Cinq ans à peine après sa mort, en 1793, une partie de son rêve commençait à se réaliser; une ménagerie nationale s'or- ganisait peu à peu au Jardin des plantes, et alors, entre les mains d'hommes dont vous avez tous les noms vénérés à la mémoire, c'était, dans cette ménagerie, une série de recherches et d'expériences nouvelles qui allaient s'imposer au monde savant. Aujourd'hui, notre Ménagerie nationale a grandement besoin d’être rajeunie. On a commencé déjà; de grands projets sont à (1) Sur cette ménagerie et sur les anciennes ménageries royales de Suède, voir notre Histoire des ménageries depuis l'antiquilé jusqu’à nos jours, actuellement sous presse.; SUR LA MÉNAGERIE DE SKANSEN (STOCKHOLM) 487 l'étude et nul doute que sous l’active impulsion de notre émi- nent président et du savant professeur qui Fadministre elle ne revienne servir dignement, comme elle l’a fait jadis, la sys- tématique, l'anatomie comparée et la zoologie générale. Et c'est là, dans cette étude de l’animal en lui-même, dans la recherche de sa place exacte et de sa signification propre dans la Nature, c'est là, certes, le but le plus élevé que puissent poursuivre les hommes qui s'occupent de sciences naturelles, car c'est servir la connaissance, c'est-à-dire l’intelligence. Mais c’est encore bien travailler pour l'Humanité que de chercher les moyens de rendre l'animal directement utile à l’homme : à son alimentation, à son vêtement, à sa parure, de même qu'à ses désirs légitimes d'aide dans ses travaux, d’or- nement dans ses domaines et d’amusement dans ses plaisirs. Je ne vous apprends rien là de nouveau, Messieurs, car c’est là tout votre programme. Vous avez déjà rempli en grande par- tie le but que la Société d’Acclimatation s'était proposé lors de sa création. Grâce à vos soins, toutes les espèces domestica- bles que préconisait notre illustre fondateur, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, ont été étudiées et aujourd'hui on peut les trou- ver parfaitement acclimatées, soit à la Ménagerie du Muséum, soit mieux encore peut-être dans les parcs créés par quelques- uns d’entre vous : les Pays-Mellier, les Debreuil, les Hermenier et tant d’autres. Mais, votre rôle n’est pas terminé ainsi. Vous ne devez pas oublier, en effet, que l’Acclimatation n’est pas une science qui porte sa finalité en elle-même. Acclimater n’est pas un but; arriver à faire vivre un animal exotique dans un pays, n’est pas assez. Il faut étudier ensuite tout le parti qu’on peut en tirer, soit par lui-même, soit par son sélectionnement et ses croisements, de même qu il faut apprendre à mieux connaître et à guérir ses maladies. Pour tout cela encore votre rôle sera grand, et vos élevages seront loujours très utiles; mais vos efforts seraient sans nul doute beaucoup plus féconds s'ils s’appuyaient sur un établis- sement central uniquement consacré à notre science, où se- raient réunies diverses compétences qu'un seul homme ne peut avoir, où se trouverait assurée la continuité des services qui, seule, permet les travaux de longue haleine, où existeraient enfin des relations suivies avec les organismes étrangers similaires, 488 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION C'est donc à vous qu'il appartient de créer un établissement semblable, qui serait comme la continuation ou plutôt comme l'extension de notre Ménagerie nationale. Vous l’appelleriez Parc ou /nstitut de Zoologie appliquée, Ferme expérimentale ou d'Acclimatation, Métairie zoologique ou plus simplement encore Ménagerie, comme autrefois, le mot ne faisant rien à la chose. Il vous faut, à Paris mêmé, ou aux portes de Paris, un éta- blissement vaste, aux enclos spacieux, aux espaces clairs et ensoleillés, aux logements peu luxueux mais salubres, établis- sement que vous ouvririez aux travailleurs de tout ordre et de tous pays, mais qui, par l’activité de son propre personnel, devrait déjà servir largement la science. Vous y nourririez d'abord des animaux choisis en vue de telle ou telle série de travaux, et surtout des animaux reconnus comme parfaitement acclimatables dans notre pays. La liste en est longue et déjà cette Ménagerie scientifique ne le céderait guère en intérêt aux Jardins zoologiques ordinaires. Vous auriez, en plus, une représentation aussi complète que possible de notre faune indigène sauvage, et ce devrait être là, dans mon idée, le noyau fixe de la collection. Non seulement, en effet, ces animaux seraient une source inépuisable de travaux concernant les diverses branches de la Zoologie; mais encore, et ce ne serait pas un de ses moindres avantages, leur entretien dans votre Ménagerie vous permettrait de conserver les espèces qui dispa- raissent peu à peu de notre pays ou même d'y faire revivre celles qui y ont vécu autrefois. Le Coq de Bruyère, par exemple, qui était encore, il y a cin- quante ans, très répandu dans tous les grands bois de nos ré- gions montagneuses, des Alpes, des Pyrénées, du Jura, des Vosges et de l’Auvergne, a aujourd’hui à peu près complètement disparu de notre territoire (1), et il faut aller le chercher mainte- nant en Suisse, en Allemagne, en Autriche et jusqu’en Suède. La dernière de nos Grandes Outardes paraît avoir été tuée en 1888, dans les plaines de Champagne, et pourtant, autrefois, elle était très commune dans ce pays, de même que dans la Beauce, le Poitou, le Languedoc et la Provence. La Barta- velle est resserrée aujourd’hui, en quelques points du Dau- (4) Des Coqs de Bruyère peuvent se trouver encore dans les Vosges et dans les Pyrénées. ? SUR LA MÉNAGERIE DE SKANSEN (STOCKHOLM) 489 phiné, de la Savoie, des Pyrénées, du Cantal et de la Lozère. Et je ne vous parle pas des petits Oiseaux, dont le nombre partout diminue, dans nos champs et dans nos bois. Vous savez que nos Mammifères ne sont pas assez pro- tégés. Si les Daims et surtout les Cerfs et les Chevreuils existent toujours en nombre relativement considérable dans nos forêts, par contre le Chamois des Alpes, l’Isard des Pyrénées, les Bouquetins, les Mouflons ont à peu près disparu; la gen- tille Marmotte ne se montre plus comme autrefois, en bandes joyeuses, dans les hautes vallées des Alpes et des Pyrénées; l’industrieux Castor, après avoir remonté jadis jusqu'aux portes de Paris, ne se maintient plus qu'à grand'peine dans la Camargue, sur quelques points du Rhône et sur les bords, de petits cours d’eau qui coulent entre Nîmes etla mer; les Loups, les Chats sauvages, les Lynx et d’autres Carnivores si intéres- sants au point de vue zoologique, pourchassés continuelle- ment, ne tarderont pas à disparaître, et quant à notre lourdaud et si inoffensif Ours brun, il tend de plus en plus à devenir un mythe pour nos montagnards. L'exemple de Skansen vous a montré qu'une pareille collec- tion d'animaux indigènes formerait déjà à elle seule, par sa variété, un ensemble bien digne d'attirer et de retenir l’atten- tion des visiteurs, en même temps que de servir à l'instruction et à la récréation du peuple. Dans ce dernier ordre d'idées, vous pourriez faire plus encore; vous pourriez, avec cer- tains animaux de votre Ménagerie former de petits terra- riums, des insectariums ou des aquariums mobiles que vous distribueriez régulièrement dans les écoles de Paris, comme je l’ai vu faire aux enfants des écoles de New-York. Ainsi, vous donneriez un nouveau corps à cette idée qui nous est chère en ce moment, celle de répandre le goût de l'Histoire naturelle chez nos enfants. Idée aussi heureuse que charmante, car, comme l’écrivait, récemment, un de nos collègues les plus écoutés, l'Histoire des Bêtes enseignée dans les écoles, surtout par l'exemple, « contribuerait à asseoir le jugement avant que les préjugés et les passions qui fourmillent dans l'Histoire des Hommes n’aient perverti le sens commun de ces jeunes intel- ligences ». Par toutes ses activités, par ses animaux exotiques accli- .matés, par ses bêtes indigènes conservées, votre Ménagerie deviendrait ainsi comme une pépinière d’où sortirait, chaque A90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION année, de nombreux individus prêts à être répandus à nouveau dans notre pays, et c'est alors que, revenant à la science qui nous est chère, à l’Acclimatation, j'arrive, pour finir, à up autre point qui serait le couronnement de volre œuvre. Après avoir introduit et acclimaté des espèces nouvelles dans noire pays; après avoir reconnu les espèces vraiment utili- sables, c'est-à-dire celles qui peuvent être productrices de force soit pour l'agriculture, pour le commerce, pour l’indus- trie ou pour la chasse, il vous faudrait ensuite vous ingénier à répandre ces espèces utiles dans nos fermes, dans nos prairies, dans nos forêts. Pour les deux premiers points, les cheptels dont vous avez répandu la mode en France sont encore le meilleur moyen d'y arriver. Mais, pour repeupler nos forêts, pour fournir à nos chasses des animaux nouveaux, une phase de vie intermédiaire est nécessaire entre celle de la ménagerie et celle de la nature libre; et c'est pour avoir négligé cet inter- médiaire que les essais de naturalisation faits par vos prédéces- seurs, ceux de la Perruche de Pennant dans la forêt de Fontai- nebleau et du Cerf axis dans la forêt de Saint-Germain, par exemple, n’ont pas réussi. Il faut, en effet, habituer peu à peu l’animal exotique sorti des mains de l’acclimateur à vivre librement dans un milieu nouveau que lui nises ancêtres n'ont jamais connu. Il faut que cet animal apprenne à se défendre tout seul contre des dangers qu'il ne soupçonnait pas jusqu'ici; il faut qu'il arrive à trouver de lui-même une nourriture qu'on ne lui offrira plus, il faut qu'il sache comment élever ses petils sous un climat spécial, il faut, en un mot, qu'il arrive à pouvoir adapter peu à peu sa race aux conditions de notre pays, pour qu'après quelques générations, cette race fasse partie intégrante de notre propre faune. Une ménagerie telle que celle que j'entends ici ne devrait donc pas se désintéresser des individus qu’elle aurait vu naître, une fois qu'ils seraient sortis de ses murs. Elle ne devrait pas les jeter brusquement dehors et les abandonner complète- ment à leurs propres forces. Elle devrait, avant de les confier à la Nature libre, les faire passer par deux étapes intermé- diaires : l’une, où ils prendraient un premier contact avec la Nature sans en connaître tous les dangers et où, par con- séquent, ils se multiplieraient facilement; l’autre, plus vaste et plus libre encore où, le braconnage étant sévèrement ré- SUR LA MÉNAGERIE DE SKANSEN (STOCKHOLM) 491 primé, une chasse réglementée serait permise et où l’animal terminerait ainsi l'apprentissage de la vie réellement libre qu'il aurait à vivre. La première de ces élapes, ce que nous pourrions appeler un Parc de multiplication, vous serait fournie certainement, en France par les grands domaines que possède encore notre ter- ritoire, par ceux de Bellevue, à Thaix, dans la Nièvre, de Bon- nelles, de Buzençay, de Chambord, de Chantilly, de Chau- mont, de Clisson, de Courance, de Fleury-en-Bièvre, de Dam- pierre, de Gros-Bois, de Moncé, de Montjeu, de Noisiel, etc., car nul doute que les propriétaires de ces domaines ne vou- lussent prêter leur concours à nos travaux. La seconde étape, la vaste portion de territoire réservé qui, dans mon idée, formerait une sorte de Parc national, vous auriez à la créer entièrement, mais il me semble que cela serait encore facile pour une Société comme la nôtre qui s’ap- puyerait sur une ménagerie d’où sortiraient chaque année des animaux tout acclimatés et qui s’entendrait avec une de nos Sociétés nationales ou régionales dont le but est la conservation des sites et le développement du tourisme en France. Malheureusement pour notre gloire, heureusement pour notre propre éducation, l'étranger nous a déjà précédé dans cette double voie. Partout de nouveaux Parcs nationaux se for- ment : aux Etats-Unis, la patrie de ces grandes réserves natu- relles, au Canada, en Argentine, en Suède, où quatre grandes réserves nationales existent déjà, et enfin aux portes mêmes de nos frontières : en Suisse, dans le canton des Grisons et en Allemagne, dans la lande de Lunebourg, entre Brême et Hambourg. Quant aux grands domaines servant à l’ac- climatation et à la multiplication d'animaux sauvages, indi- gènes ou exotiques, je puis vous renvoyer encore aux Ini- tiatives si heureuses du duc de Bedford, en Angleterre; de M. Blaauw, en Hollande; de M. Falz-Fein, en Russie, et enfin à celle du comte Joseph Potocki, dans ce parc de Pilawain qu'une délégation de notre Société a pu visiler l’année dernière et que je ne saurais mieux faire encore que de vous donner comme exemple. J'ai terminé, messieurs. Avec le D° Hazelius, à Skansen, avec ces hommes dont je n’ai pu faire que vous rappeler les noms, vous avez vu ce que peut réaliser l'initiative privée. Je vous 492 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION x laisse penser maintenant à ce que vous pourriez entre- prendre, vous qui êtes unis en une Société puissante, qui êtes animés d'un même zèle et conduits par un idéal encore plus grand. Par décision en daie du 21 janvier 1911, M. le ministre de l'Agriculture a accordé à la Société d’Acclimatation une sub- vention à forfait de 1.380 francs, ainsi qu'une médaille d’or de 32 millimètres, à décerner au nom du gouvernement de la République française. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. SAUT a lhänneur d'informer He Marbre de la Société qu un. i füde’ Hess Pole eb Piscicole aura lieu, en. Italie SepnTs ion aurait pour pue: la visite des j ie de lacs dé la HUte Haha, ) cherie de. nuit des su de la Lombardie et du Piémont a or * oi ture comme un engagement. Ë ogramume de 1N excursion sera adressé à | ceux de nos Lou ni dent de OFFRES : Î Couple. co et poule Andalous bleus extra sujets a s € RUs Fe de srands Concours, 95 fr. CRUEL 1-2 Brahmas Hérminés, 30 fr. € Ca dessin. peinture ‘et sculpture d'après | 1-2 Ganards Barharie bronzés, 95 fn: DRURARE anima vivants en plein air et en atelier, Couple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. Le ; ue le la Barouillère (rue de Sèvres, près le : Superbe couple#Paons Nicripénnes, né chez moi et . le du. Montparnasse), Paris, 6°. nn “ie reproduire, en Mai,. 150 fr, FRERES à LA à : We oralul fe es Ù Sao Lente goas et poules Caumont extra, 6 fr, 50 pièce. prix Paris 4909 1910, 1941 : poules et | - Œufs à couver, 5\fr. la douzaine franco. blanc Sélectionné, type Gâtinais | M: mauts RÉLAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). ais, race. pratique, par excellence, sage. en toutclimat; saison 1911 ::1 A céder üelques HA AQUeS Chiots Per pour ponte hiver ét coquelets, en He dre ‘pouléttes 1 fr. pièce, 695, fn Champion Brissac. s. zoquelets. 8 à 10 fr. pièce.wCo!s Paons Ravissants chats Siamois yeux blous. Are de 50. NC lancs 910; 180 fr. femelle mélanote 95 fr. ; co. à 70 francs l'un. re A de 35 fre ire Chèvres, Chevreaux Syrie, Suisse et IR à Sang. - Lapins races primées. SEA Jenny s FARM, Créteil, Seine. RS RENTE 20 111410, 71 |A céder : Alpine race pure avec | Ghevreau mâle. $ indiens 1910; 6 fr, mo à à Chevreau hongre adulte harnaché. : blancs 1910, 6 fr. pièce. : . Gaston FONTAINE): à Maing (Nord). S'oisés blanc et bronzé d'Amérique, 20 fr:, |: — ÉTÉ PS ee) iballage en plus Livrable gare Vivy. CAS SRE Ban LE: . Salvert, Pi Vivy SON DEMANDES so +2 : { j ” Chrysalides” vivantes de Ie. Fanece indif- \férente, faites on même temps. ae. He à Sy on \ garanties, / M ue) ROSTAND, Arngea Campo (Basses- : fonétiomnement parfaite, de L | Pyrénées). >. ” Couple Paons fianees jeunes ou As _mêmé . de de | = cintans: M° Louis RBLAVE, À Lyon: Vaise à (Rhône) Bas-rousge défense), hantes jeans RE 4° à l'introduction, à l'acclimatation et à la dontest EU des espèces puis utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des ra nouy re introduites ou. SL 3° à Pan Unes et à ‘la propagati spécialement sur l'intérêt qu on a d’acclimater, dans les colonies isothermes, animaux et des plantes utilés choisis dans un milieu convenable. nee La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la nue SE à . encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résullats d ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou aut ) Elle distribue des récompenses honorifiques ou’ pécunisites PA des. € _ qu’elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux Sociétés _agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d’ te et qui la distingue de toutes les associations analogues. uniquement p'éc cupées de science pure. —Le Bulletin, he deux fois per mois É fo m gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, poi oi S; Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introdnenen nouvelle. but même titre que les Français; les dames Rs sine en faire partie ain q les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements. publics où pute aho; ratoires, Jardins zooloziques ou botaniques, Musées, etc.). | DURANT Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 140 faite et un! éctl sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications d Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrme gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs: d’Oiseaux ou de Poisson! elc.A faites par la SOCIELE, ou aux cheptels concédés par elle, — Divers avantages lt So: également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réd L d publications de la Société antérieures à son admission, Cr 6 Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Nobisez (Ace matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit. volume fn. illustrés dé nombreuses gravures, et dont beaucoup ont: plus: de mille. pags. Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur {owes matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, jré part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mmmi fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissor et pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de lApicuure \de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs P duits leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces. mémoire don | plusieurs forment. de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revie poui les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié rix le Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrag bien connus du D' Moreau sur les Poissons de France. | AMC © D mm | = Le Gérant : rh Mansrrux Peris. -— L, MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. X BULLETIN. Société Nationale d'Acelimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58° ANNÉE N° 16 — 15 AOÛT 1911 SOMMAIRE Pages PAP PEN ER CRéyre AL NS OMdAn 220 NEO COURSE Ne PEINE SU SE EE RER ER ere 493 MACREDÉIAEBUSSON AE L'âge destPerdrix., 22.12 M LV Ne ar ere 0 1407 DRE LE Son Tee RALNNNnEe EURE ER ee RE Se 500 DJ. PELLEGRIN: — Visite de la collection de Poissons d'aquarium de M. de Visser. . . 502 | CRROERE L/Anrona australes... A NU AS EL PEU PR Amp 510 kB: HECKEL: — Sur l'envahissement des forêts de la Nouvelle-Calédonie par le Zantana | CNT PURE NN NE NEUTRE AUS MEURTRE LS Dr er L APR QE SAR 511 H. COURTET. — La cherté de la viande et le bétail de nos colonies. : . . . ... . : . . 515 FOR DER Culture del'Helianthi au Tonkin} "211-000 CNE ON ET 322 La Société ne prend sous s2 responsabilité aucune des opinions émises per les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membrés de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS | LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE Un Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique nar décret en date du 26 F évrier 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et dé l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole W coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PONTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. LE ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Z#ranger). H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint! Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' SeBiLLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris.! Archiviste-Bibliothécaire, M. CaucuRTE, 54,5rue de Clichy, Paris. « Membres du Conseil . MM. D" LePRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. Marzees, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. | Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d' Histoire naturelle, 61, rue CHIEN, Paris. ! Ph. de VizmoriN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. Le MYRE DE ViLers, 3, rue Cambacérès, Paris. 4 Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Géndarmes, Versailles. WuIRION, 7, rue Théophile- -Gautier, Neuilly-sur-Seine. | ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire Re 4, rue Andrieux, Pr DÉTARDIN, 23, rue Claude-Lorrain, Paris. ! 1 | | | | s n | v MAGAUD D *AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. D:' P. MARCHAL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologiquel de EE 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 Janvier | “Février | Mars Avril Mai | Novembre } Décembre SÉANCES pu Conseiz, le Mardi à 5 heures.| 10 14 14 A1 9 A4 12 j Aro SECTION. — Mammifères, le lundi | à 5 heures . : . 9 6 6 3 4 6 4 ] 2e SECTION. — Ornithologie, le lundi | 449 /D; 04/2 AVE 9 6 6 3 1 6 4 1 3° SECTION. — Aquiculture (4), le lundi à 5 heures . . PR AlEe 16 13 13 10 8 413 11 | 4° SECTION. — Entomologie, le lundi | à 3 D: A2 EE TR OT UT 6 13 13 10 8 43 al 5° SECTION. — Bolanique, le lundi L | à 3 h. 4/2 sn. 0m 08, | 00 RONA TR US 6° SECTION. — Colomsation, le lundi | à 5 heures . . 23 | 20 ! 20 | 9x | 45 |00 | 48 Sous-Secrion d'Etudes Caprines, | le ven- | dredi à 5 heures . . . . ee À .,88: | Poe ent (522 (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aguatiques. NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. LA CHÈVRE AU SOUDAN Par J. CREPIN. La Chèvre est très répandue dans le Soudan. Elle possède au plus haut degré les qualités de rusticité et de sobriété qui sont l'apanage de la race. Elle circule librement dans les villages, couchant dans la case du maitre où un coin lui est destiné, vivant de privations et de rapines, se reproduisant et élevant ses petits à des époques de saison où les autres animaux meurent d'inanition. Ses qualités prolifiques en font une des ressources les plus importantes des villages. Elle donne un bon lait, une viande excellente lorsque la bête n’est pas trop vieille, en tout cas bien préférable aux conserves de bœuf, et comme goût, et comme hygiène. Le Soudan possède deux races distinctes, l'une au nord, de grande taille, exploitée par les Maures, les Foulbès et les Touaregs ; l’autre, occupant toute la région située en dessous du 12° parallèle. La Chèvre maure a le front et le chanfrein étroits, légère- ment busqués; les chevilles osseuses, minces, longues, arquées en arrière et parallèles ; la bouche petite; les oreilles relative- ment courtes, mais larges et cassées vers le bout. Les cornes chez la femelle, sont grêles; chez le mâle, elles sont aplaties et vrillées. Poil ras et fin, comme chez la Nubienne, à laquelle cette race tient par des contacts d’origine ou par une souche primitive commune; la robe présente souvent trois couleurs : blanc, noir, roux plus ou moins foncé, disposées très diversement, mais jamais entrelacées ou entreméêlées. Le blanc, le plus souvent, se marie au noir. Elle est, comme la Nubienne, haute sur patte et d'aspect brillant. Elle mesure 85 centimètres au garrot et pèse en moyenne 58 kilogrammes. Elle est généralement cornue. Cette Chèvre donne un lait excellent, très sucré et très gras, mais certaines peuplades du pays, selon le témoignage du colonel Lenfant, s'appliquent à lui communiquer une odeur caprine qu'ils sont bien seuls à rechercher, en lavant les réci- pients qui recoivent le lait avec de l'urine de Chèvre. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 32 494 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION La Chèvre maure doit être une excellente laitière, puisque, en se nourrissant des herbes brülées par le soleil soudanais et des plantes de la brousse, on lui fait rendre, quand elle trouve sa suffisance et un peu de son en rentrant, jusqu’à À litres de lait gras et nourrissant. À Kayes, on l’emploie à l'allaitement des jeunes Lionceaux et Guépardeaux ; les premières fois, la peur trouble beaucoup la montée du lait, mais la pauvre bête se fait petit à petit à l’abominable pratique de nourrir les petits de ses plus mortels ennemis. Une autre race de Chèvre, très répandue au Soudan, est celle du Fouta-Djallon. Elle est beaucoup plus petite et moins intéressante à tous les points de vue que la Chèvre maure. Elle se rapproche, par sa couleur, ses allures et sa forme trapue, de la Chèvre naine que nous avons vue souvent en France et particulièrement au Jardin des Plantes. Elle est, comme cette dernière, à poil ras, et possède un pelage passant du marron au fauve clair, avec une raie de mulet. Sa barbe est longue et bien fournie. Cette race est peu laitière, mais extrêmement résistante. ; Les troupeaux de Chèvres, au Soudan, sont nombreux; le colonel Lenfant a dit en avoir vu assez fréquemment de mille têtes au cours de ses explorations à travers l'Afrique occiden- tale. D'ailleurs, celui qui suivait, comme approvisionnement de bouche, la colonne composant la mission et dont je possède une photographie, était de mille têtes et lui avait été fourni par un marchand touareg. Le regretté et glorieux colonel Moll, avec lequel j'ai eu un long entretien à son dernier voyage en Krance, m'a assuré avoir rencontré au Zinder un immense troupeau de Chèvres comportant, d'un seul tenant, 22.000 sujets. Les peaux de Chèvres sont d’ailleurs l’objet d’un trafic consi- dérable à travers l’Afriqne. Pendant le séjour du colonel Moll à la boucle du Niger, il a compté 900.000 peaux de Chèvres transportées par des caravanes en un an du marché de Cané en Tripolitaine. Ces marchands avaient échangé ces peaux contre du sel et autres marchandises venant du nord de l'Afrique. Ces peaux sont transportées à dos’ de chameau. Chaque chameau en porte environ 300. Ces peaux, qui sont en nombre considérable également au Maroc, servent à la confection d'articles dits maroquins. Les LA CHÈVRE AU SOUDAN 495 Soudanais travaillent, du reste, très joliment le cuir, et les objets provenant de leur industrie trouvent amateurs un peu partout. Beaucoup de peaux de bonne qualité sont transformées en filali, que les peuplades d'Afrique, les Arabes comme les autres, préparent avec beaucoup d'habileté. d Le filali est tanné avec l’écorce du Takaou, une espèce de Tamarin. Un autre produit intéressant de la Chèvre nous est fourni par les Maures qui habitent la rive droile du Niger. Ils ont la spécialité des tiougouts, peaux de Chevreaux morl-nés, qui atteignent en France des prix très élevés et sont utilisées pour la ganterie de luxe. En ne se plaçant qu'au point de vue de l'élevage caprin, nous pourrions lirer de notre colonie d'Afrique occidentale de très grands avantages. Il nous suffirait pour cela d'y introduire, aux lieu et place de Moutons et de Chèvres de race insignifiante, la race caprine d’Angora qui, en produisant la laine mohair en grande quantité, créerait au profit de la France une source nouvelle d'exploitation coloniale. Cette laine mohair est très demandée partout, et l'Angleterre en a actuellement le monopole. En sus de ce produit, il y a à tenir compte de la valeur de la peau d’Angora, qui est extrêmement fine et se prête admirable- ment aux travaux de maroquinerie. Ces Chèvres lanigères, paissant le long des rives du Niger et du Sénégal, ne coûteraient absolument rien à leur éleveur, qui ferait avec elles un bénéfice quintuple de celui qu'il réalise avec les Chèvres indigènes dont il dispose dans l’état actuel des choses. Cependant, la Chèvre maure serait à sélectionner en vue de l'exportation; elle trouverait des débouchés très avantageux vers l'Amérique du Sud, notamment vers le Brésil, où l’on cherche la laitière rustique supportant bien le climat chaud. La Chèvre maure aurait, à mon sens, un très grand succès au Brésil, et s’y placerait d'autant plus facilement que le transport des animaux agricoles est fait aux frais du gouvernement, ce qui engage beaucoup les Brésiliens à importer des animaux de l'étranger. Avant de terminer cette communication sur la Chèvre du Soudan, j'ai à dire quelques mots sur un appareil aussi simple qu'ingénieux, inventé par les Soudanais pour empêcher les : Chevreaux de nuire à la lactation de leur mère. 196 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Tout le monde sait que le jeune animal qui vagabonde aux côtés de sa nourrice et qui la tète à sa fantaisie surmène telle- ment les glandes de la mamelle maternelle que celle-ci diminue progressivement de produit, pour tarir complètement lorsque le petit a atteint l’âge où il peut se suffire en se nourrissant de plantes et d'herbe. Il en est ainsi de la Vache qu'on ne laissera jamais courir avec son Veau quand on a en vue sa production laitière. Pour avoir donc des Chèvres bonnes laitières, fournissant une belle carrière de lactation, il faut les séparer complètement de leurs Chevreaux, car nous n'avions pas trouvé jus- qualors d'autre moyen pour em- pêcher ceux-ci de téter. Les Soudanais ont imaginé une solution plus pra- tique et plus sim- ple. Ils placent La a à Rues dans la bouche du ntrave pour empêcher les Chèvres de bondir : par-dessus les barrières. Ce lien paralyse l'élan Chevreau Le petit et même l'allongement du cou pour atteindre aux Cylindre en bois branches des arbres. muni aux bouts d'une ficelle pour fixer l'appareil sur le museau de l'animal. Avec cet appareil, la jeune bête peut manger et boire, mais elle ne peut téter, puisqu'il lui est impossible d’arrondir la langue autour du trayon pour opérer la succion. L'appareil est enlevé pour faire téter le jeune animal et lui est remis sitôt après le repas, qui peut être ainsi réglé à des heures fixes. Les Soudanais disposent également, avec beaucoup d’intel- ligence, autour de la tête et du cou de la Chèvre, des espèces d’entraves en ficelle qui retiennent les mouvements de la tête et empêchent l’animal de prendre son élan pour bondir par- dessus un obstacle, une barrière, et lui interdisent notamment d'allonger le cou pour atteindre aux branches des arbres et causer des dégâts. L] L’AGE DES PERDRIX (1) Par MAGAUD D'AUBUSSON Vous vous figuriez peut-être connaître assez bien la Perdrix grise que vous chassez depuis de longues années. Détrompez- vous. M. le D' Louis Bureau vous démontrera que vous avez beaucoup à apprendre. Dans le remarquable mémoire qu'il vient de publier, l’émi- nent ornithologiste de Nantes envisage, il est vrai, l'étude de la Perdrix grise à un point de vue tout nouveau, ce qui pourrait être une excuse à notre ignorance. Nul ne s’en était avisé avant lui, et il a apporté dans ses recherches la sagacité d’obser- vation et la sûreté de méthode qui devaient le conduire à de véritables découvertes. Grâce à lui, nous pouvons déterminer maintenant avec facilité l’âge d'un Perdreau. Cela ne vous dit rien au prime abord. Cet énoncé très simple marque pourtant des conséquences qui ne sont pas médiocres, car non seulement elles ouvrent aux ornithologistes des horizons nouveaux, mais elles donnent aussi aux chasseurs un utile moyen de contrôle pour la connaissance parfaite de la population d’un terrain de chasse et aux éleveurs la faculté d’apprécier les résultats obtenus par les différents procédés d'élevage. Elles sont donc à la fois scientifiques et pratiques. C'est à ce dernier titre sur- tout que je veux signaler aux lecteurs du Bulletin toute l'im- portance du travail de M. le D’ Bureau. Ce travail a demandé beaucoup de temps et de soin car il fallait être précis et ne rien livrer à la défaillance des faits. Il a coûté à son auteur dix ans d'observations méthodiques sur le terrain de chasse, sans compter les années préparatoires. Mais aujourd'hui le problème est résolu : le tableau chronométrique, qui donne jour par jour la moyenne du développement du Per- dreau est définitivement mis au point. Prenant pour point de départ ce phénomène biologique, d’ailleurs très remarquable, que la mue du Perdreau gris est d’une parfaite régularité, le D' Bureau parvient à établir, avec une étonnante précision, l’âge d’un Perdreau, pendant toute la (1) Louis Bureau. L’äge des Perdrix. 1, La Perdrix grise. Nantes, Vié, libraire, 28, passage Pommeraye. 1 fr. 50. Par la poste, 7 fr. 70. 498 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION durée de la première mue, c'est-à-dire pendant les mois d'août, septembre, octobre et parfois le commencement de novembre chez les compagnies arriérées. Sa méthode est basée sur la mue des ailes. Par un simple examen de celles-c1 un Perdreau nous avoue son àge, et on peut présumer s’il est en retard, normal ou en avance dans son développement sur la moyenne des individus de son âge. On concoit tout le profit que les éle- veurs peuvent tirer de cet intéressant résultat. Il peut arriver qu'un Perdreau gris, d'éclosion datée, accuse deux ou trois jours de moins ou de plus qu'il n’a en réalité, mais, nous dit l’auteur, ce n'est pas le tableau qui est en défaut, « c’est l’oiseau qui est en retard ou en avance dans son développement sur la moyenne atteinte parles individus deson àge », et il en donne une preuve certaine qui témoigne de l'exactitude des données sur lesquelles repose tout son sys- tème : Deux Perdreaux, tués dans une compagnie de Perdrix grises écloses le 9 août 1910, furent envoyés à l’auteur, le 15 septembre, par M. le marquis J. de Tinguy. Ces oiseaux venaient de perdre aux deux ailes leur septième rémige pri- maire. Le tableauïleur assignait trente-neuf jours, or, ils n’en avaient que trente-sept. Mais un troisième individu prélevé dansla même compagnie, dix-neuf jours plus tard, le 4 octobre, permettait de constater que la cinquième rémige était tombée le jour même aux deux ailes. Né le 9 août, ce Perdreau avait donc cinquante-cinq jours révolus, et c'était bien l’âge que lui attribuait le tableau chronométrique. L'erreur à prévoir est, du reste, très limitée; dans les cas examinés, et ces cas sont rares, elle n'excède pas trois jours. J'aurais encore beaucoup à dire sur cette question de l’âge des Perdrix qui nous est révélée d’une façon si originale, mal- heureusement la place m'est mesurée.On trouvera dans le livre de M. Bureau, dont je recommande la lecture à tout chasseur intelligent et instruit, aux éleveurs et aux ornithologistes, un nombre considérable de faits nouveaux destinés à étayer l’in- génieuse théorie dont je viens d'indiquer brièvement, trop brièvement, les grandes lignes. Je me reprocherais cependant de ne pas attirer l'attention des chasseurs sur l’enseignement que peut leur procurer une plume qui tombe sous leurs yeux. « Peut-être avez-vous vu parfois au, départ d’une compa- gnie, écrit M. le D' Bureau, une plume se détacher sous l'in- L'AGE DES PERDRIX 499 fluence des battements d’ailes précipités et tomber à terre. Le moment de la chute de cette rémige était arrivé, le départ en a été la cause déterminante. « Remarquez l'endroit où tombe cette plume, prenez-la en main, et si c'est une rémige primaire, ce que vous reconnai- trez aisément, délerminez son numéro d'ordre, à l’aide des figures ci-jointes qui donnent l'état des rémiges primaires du premier plumage parvenues à leur complet développement, telles qu’elles sont au moment de leur chute. « Le tableau chronométrique donnant l’âge auquel a lieu la chute de chaque rémige primaire vous fera connaître l’âge du Perdreau aussi exaclement que si vous l'aviez en main. » N'est-ce pas merveilleux ? Et à cette époque d'ouverture dela chasse ne sont-ce pas là des observations curieuses à faire qui donneront un intérêt tout nouveau à nos plaisirs cynégétiques ? Mais il ne s’agit pas seulement, dans l'ouvrage très complet du savant directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Nantes, de l’âge des Perdrix, toute la biclogie de la Perdrix grise y est pour ainsi dire renouvelée. L’accouplement, l’époque de la ponte, le nombre des œufs, l’incubation, l'époque de l’éclosion, celle des Perdreaux volants, l'étude détaillée du développement du Perdreau gris jusqu’au moment où il est devenu Perdrix, font l’objet de chapitres spéciaux. Tout cela accompagné de figures en similigravure et d’autres au trait donnant soit les principaux plumages, soit l’état des ailes à la chute des rémiges primaires, base du tableau chronométrique. M. le D' Bureau nous promet la publication prochaine d'un travail analogue sur la Perdrix rouge. Concu dans le même esprit et avec la même méthode, ce second mémoire ne pourra manquer de présenter, comme le premier, le plus haut intérêt. LE SERIN BLANC par MÉREL. N'ayant pu, malgré delongues et patientes recherches, trouver de Serins blancs, je résolus d'en créer la variété. En 1903, j'achetai les Serins les plus pâles que je pus trouver et en ins- tallai trois couples au printemps, pour la reproduction. J’obtins une quantité de Serins plus ou moins päles,quejeconservai pour les accoupler au printemps suivant. En 1904, j'avais six couples de ma première production que j'accouplai entre frères et sœurs. Ces Oiseaux me donnèrent une certaine quantité de jeunes de nuance à peu près identique à celle des parents, mais quelques sujets avaient un commencement de collier noir sur le cou.Ces jeunes Oiseaux de 1904 furent encore accouplés entre eux en 1905, mais je pris la précaution de mettre ceux qui avaient un commencement de collier avec ceux qui n’en avaient pas, et j'eus la satisfaction d’obtenir cette année un commencement de réussite, car à la mue, quelques-uns de ces Oiseaux prirent une teinte jaune si pâle que, vus sous un certain jour, ils paraissaient blancs. C'est avec ces Oiseaux blanchis par la sélection que j'eus en 1906 mes premiers Serins d'un blanc pur. J'en obtins deux sur une dizaine de couples, les autres étaient jaune pâle et jaune citron. Ces deux Serins blancs se trouvèrent être un mâle et une femelle, que j'accouplai en 1907, croyant avoir enfin des nichées d’un blanc pur. Ma désillusion fûl grande quand je constatai que les Oiseaux d’un blanc pur étaient en nombre infime, et que la plupart avaient des taches noires qui les panachaient d’une désagréable facon? Les taches noires étaient plus nombreuses sur le cou et sur la tête. J'ai même eu une femelle qui était complètement blanche avec une calotte noire, avec quelques plumes noires dans les ailes. M. Chappel- lier, auquel je cédai un couple de ces Serins tachés de noir, a obtenu de ce couple, un jeune également taché de noir. Ne vou- lant pas d'Oiseaux paraissant noircis par la fumée, je me pro- mis bien de ne plus accoupler deux blancs ensemble. En 1908, j'accouplai donc un blanc avec un jaune (un jaune provenant de ma sélection, bien entendu), et j'obtins parmi de nombreux Oiseaux jaune citron et jaune pâle, plusieurs beaux sujets com- plètement blancs, mais ces élèves très délicats me donnèrent LE SERIN BLANC 001 tellement de mal à élever, ils eurent tant de maladies, que je vis bien qu'il ne fallait pas pousser plus loin la consanguinité. Depuis 1906 j'achète donc des Oiseaux d'un jaune pâle bien uniforme que j'accouple avec mes Serins sélectionnés. Cette année j'espère encore obtenir des sujets d'un blanc très pur, ayant accouplé dix Oiseaux sélectionnés à différents degrés. Nota. — Les Serins blancs que j'obtiens n’ont pas les yeux rouges. Lib Limited VISITE DE LA COLLECTION DE POISSONS D'AQUARIUM DE M. C. DE VISSER Par le D' JACQUES PELLEGRIN Il y a plusieurs années déjà que je me suis efforcé d'attirer l'attention sur le développement que prennent à l'étranger, principalement en Allemagne, l'élevage et la culture des Poissons d’aquarium, de ces petites espèces ornementales exotiques si variées et si jolies, aux mœurs souvent des plus bizarres el qui peuvent tant contribuer à embellir nos demeures, où leur place est marquée à côté des Oiseaux de volière au brillant plumage et des plantes d'apparte- ment (1). Si cette mode est loin d’être encore généralisée en France, du moins est-il quelques amateurs éclairés qui dans cette voie sont arrivés à des résultats tout à fait remarquables. La visite faite par la Section d’Aquiculture de la Société d’Acclimatation aux aquariums de M. et M*° de Visser est là pour en témoi- gner. À quelques pas du boulevard, sur un balcon d’un apparte- ment parisien recouvert d'un simple vitrage, dans un espace de quelques mètres carrés, M. de Visser est arrivé à installer une collection de Poissons vivants exotiques que peuvent Jus- tement envier les plus grands établissements zoologiques d’Eu- rope. La disposition de cette galerie qui contient tant de formes rares et précieuses est des plus ingénieuses, l’aménagement des différents aquariums est à la fois relativement simple et bien compris, aussi je ne crois pas inutile de donner d’abord quelques détails sur cette installation modèle. Ensuite je pas- serai en revue les diverses espèces cultivées par M. de Visser, fournissant sur chacune d'elles quelques-uns des renseigne- (1) Dr J. Pellegrin. Les Poissons d'ornement exotiques. Bull. Soc. Aquicullure, 190$, p. 149 et Bull. Soc. Agriculleurs de France, 1908, p. 304; les Sociétés d'amateurs d'aquariums à l'étranger. Bull. Soc. Aqui- culture, 1909, p. 231; les Poissons d'ornement exotiques, Ass. fr. Avance- ment des Sciences. Congrès de Toulouse, 1910, Résumés des travaux, p. 122, et Comptes rendus, p. 141. VISITE DE LA COLLECTION DE POISSONS D’AQUARIUM 503 ments pratiques dont il a bien voulu me faire part avec une bonne grâce charmante. Les nombreuses espèces possédées par M. de Visser sont rassemblées dans trois grands bacs principaux d'une capacité de 80 à 100 litres environ chacun. Un certain nombre de petits aquariums en verre coulé d'une seule pièce, qu'on peut se procurer à bas prix en Allemagne, servent à isoler certains sujets au moment de la reproduction ou à mettre à part quel- ques individus un peu gros ou d'humeur trop agressive. Mais chose remarquable, ces petites espèces appartenant aux familles les plus différentes et souvent de taille assez inégale, bien nourries et dans des conditions de milieu favorables, vivent en bonne intelligence et ne semblent nullement songer à se faire tort mutellement. Le chautfage est obtenu à l’aide d'appareils allemands, de la marque « Zipsia », de Leipzig. Ceux-ci sont constitués par des cylindres creux nickelés extérieurement, et à l'intérieur des- quels brüle une petite lampe à alcool. Un ingénieux dispositif permet l’'échauffement continu et régulier de l’eau. Ces appa- reils sont très maniables; fortement lestés, ils peuvent être placés verticalement à l’intérieur de n'importe quel aquarium, la partie supérieure obturée par un léger ireillage, émergeant seule. M. de Visser emploie également de petites lampes libres placées sous les aquariums dans un compartiment spécial séparé du fond par une double cloison. La consommation de combustible est des plus minimes, les lampes sont rechargées seulement toutes les vingt-quatre heures. La température de l’eau est de 20 à 22 degrés. C'est celle qui convient le mieux à la grande majorité des espèces. Plusieurs cependant pourraient s’accommoder fort bien d’une tempéra- ture plus basse, mais dans ce cas on risquerait parfois de ne point avoir de reproduction. Quelques autres, par contre, isolées dans des aquariums spéciaux, exigent 26 à 28 degrés. Un thermomètre fixé sur un bouchon et placé dans les diffé- rents bacs indique si l’on a atteint le degré voulu. Un appareil à air comprimé est annexé pour obtenir l’aéra- tion de l’eau. Il est composé d’une pompe à main analogue à celles dont’se servent les automobilistes chassant l'air dans un vaste récipient cylindrique muni d'un manomètre, dans lequel s'emmagasine le gaz à une pression qui ne dépasse guère 504 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DL ACCLIMATATION 3 atmosphères. Un robinet, un tube en caoutchouc et un siphon mettent le récipient en communication avec le fond des aqua- riums. Le gaz traverse une membrane poreuse et se dégage incessamment sous forme de fines bulles qui montent à la surface de l’eau. L'eau est changée très rarement; toutes les semaines, on enlève un dixième environ du contenu des bacs à l’aide d'un siphon et on le remplace par une quantité égale d’eau tiède chauffée à 20 degrés. Le fond de chaque aquarium est garni d’une couche de sable à gros grains, .dans laquelle sont fixées de nombreuses plantes vertes au feuillage des plus élégants et des plus délicats. Ce sont principalement des Scirpus, des Isoëtes, des Vallisneria, des Miriophyllum. Ces végétaux sont plantés dans de la tourbe, préalablement détrempée dans l’eau et débarrassée de toutes ses impuretés. Sans parler de l'effet décoratif, elles contribuent puissamment à l'oxygénation de l’eau, en même temps qu'elles servent de retraite à beaucoup de Poissons et permettent la reproduction de plusieurs espèces. Chaque aquarium est recouvert d'une laque de verre pour empêcher la poussière de le souiller. Ces plaques, aux angles coupés, ne gênent nullement l’aération. Pour les petits aquariums en verre moulé il est recommandé, pour éviter les fractures, de les placer sur du carton ou des papiers ou mieux sur une légère couche de sciure de bois. Comme nourriture, ce sont les vulgaires Vers de vase qui font la base de l'alimentation de ces nombreuses espèces. Des Daphnies et autres petits Crustacés sont également employés; à cet effet, est ménagé un récipient garni de «plantes vertes où s'effectue la reproduction de ces bestioles. Tous ces Poissons paraissent en excellent état de santé et c'est plaisir de les voir s'ébattre joyeusement, leurs brillantes couleurs chatoyant sous l'éclat des ampoules électriques mobiles habilement disposées. Afin de les maintenir bien portants, M. de Visser préconise, principalement pour les Cyprinodontidés, de les placer de temps en temps, pendant quarante-huit heures, daus de l’eau légèrement saumâtre (au plus 5 grammes de sel par litre). Il les remet ensuite dans les aquariums ordinaires et leur appétit se trouve alors singulière- ment augmenté. Cette pratique doit aussi présenter l'avantage VISITE DE LA COLLECTION DE POISSONS D AQUARIUM 505 de prévenir le développement de la mousse, c'est-à-dire des Saprolégniées, ces terribles Champignons parasites qui s’atta- quent si souvent aux Poissons renfermés dans des espaces res- treints. Après ce rapide coup d'œil jeté sur les installalions de M. de Visser, il y a lieu de passer en revue les principales espèces qu'il cultive dans ses bacs. Comme il fallait s’y attendre, ce sont les Cyprinodontidés qui de beaucoup sont les plus nombreux quant à la diversité des formes. Les uns appartiennent à des genres ovipares, d’autres sont ovovivipares. Quel que soit d'ailleurs leur mode de repro- duction, tous se font remarquer par la richesse et la variété de leurs teintes. Principalement chez les espèces donnant nais- sance à des petits vivants, de même que chez beaucoup d'Oi- seaux, le mâle est souvent bien plus brillamment coloré que la femelle. De plus, il se reconnaît facilement à sa nageoire anale prolongée en un organe d’accouplement. Une des formes les plus intéressantes est assurément le Xiphophorus Helleri Heckel, de l'Amérique centrale. La par- tière inférieure de la nageoire caudale du mâle est prolongée en un appendice dont la longueur égale presque celle du corps du Poisson et dont la forme est celle d'une épée, d'où le nom donné au genre. M. de Visser obtient facilement la reproduc- tion de cette jolie espèce. D'après lui, une grosse femelle mesu- rant 12 centimètres, dimension que n’atteignent jamais les mâles, qui sont toujours plus petits, donne naissance à 160 alevins environ, après une gestation d’une trentaine de jours. Parmi les autres Cyprinodontidés vivipares dont le distingué amateur hollandais est arrivé à obtenir la reproduction dans ses aquariums, il faut mentionner les Platypæcilus du Mexique, qui donnent naissance à environ 45 petits à la fois, les Pseudoxi- phophorus des mêmes régions, dont les portées sont parfois d’une soixantaine d’alevins, enfin les Girardinus des États-Unis, animaux généralement très rustiques et supportant des eaux relativement froides. Les Cyprinodontidés ovipares méritent aussi de retenir l’at- tention. C'est d’abord le Fundulus qularis Boulenger, dont certains spécimens des élevages de M. de Visser atteignent une taille d’une douzaine de centimètres, dimension tout à fait remarquable. Les œufs tenus à l'obscurité éclosent au NS RECENT RP TES . 0, ON Tr ‘ «er ss PR À À. L Ze i CUT OT MO IP sr CON RS . Y pay ent à +. p eMibet di ivfaé 2 PDT id rte" LÀ . PONN RUN" e PAPTITT 306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION bout de vingt-huit à trente jours. Ce Poisson provient du sud de la Nigeria et n'est connu des savants que depuis juste dix ans. Le voici qui pullule déjà dans les aquariums ! M. de Visser possède également des formes américaines du genre, comme l’élégant Fundulus chrysotus Holbrook, du sud des États-Unis. Sa collection d'Aaplochilus est des plus riches. On peut voir chez lui jusqu'à six espèces de ce genre si joli au point de vue de la coloration el de la délicatesse des formes; les unes sont asiatiques, d’autres africaines, comme l'Æaplochilus Schel- leri Boulenger, de la Basse-Égypte, et l'Æaplochilus elegans Boulenger, du Congo; cette dernière exige le maintien cons- tant à 26 degrés. Les Rivulus, assez voisins, sont représentés par plusieurs espèces américaines. | Les Cyprinidés viennent ensuite. Une foule d'espèces à la coloration charmante, la plupart d'origine asiatique, s’ébat- tent en troupes joyeuses et vives dans les bacs de M. de Visser. Ce sont d’abord les délicieux Danio rerio Hamilton Buchanan de l'Inde, aux côtés ornés de bandes alternativement dorées ou bleu azuré, puis toute une série de Barbeaux du sud de l'Asie qui ne le cèdent en rien aux précédents quant à la chatoyance des teintes et à la grâce du dessin de leur livrée (Barbus vittatus Day, Barbus pyrrhopterus Mac Clelland, Barbus kolus Sykes, elc.). Toutes ces jolies espèces ne mesurent que quelques centi- mètres de longueur; s’il les avait connues, Buffon n'aurait pas manqué de leur donner, comme aux Oiseaux-Mouches, l'épi- thète de bijoux de la nature. Maxime miranda in minimis ne peut-on s'empêcher de répéter après lui. Dans un petit bac à part, M. de Visser possède deux Cyprins à queue de Paon (Carassius auratus Linné, var. bicaudata), d'une coloration gris noirätre bizarre, aux nageoires frangées d'un effet curieux. Fait à signaler, l'un de ces individus aux yeux exorbités appartient en outre à la variété dite télescope, l'autre, au contraire, a les yeux normaux. Or, bien que ces animaux soient exactement du même âge et aient toujours vécu ensemble, celui qui a l’usage intégral de son appareil visuel est trois fois plus gros que son compagnon, car il prend bien plus facilement sa nourriture. Les Cheracinidés sont également nombreux dans ces aqua- VISITE DE LA COLLECTION DE POISSONS D'AQUARIUM 507 riums. Il faut citer : les Pyrrhulina filamentosa Cuvier et Valen- ciennes, de Surinam, aux nageoires dorsale et caudale à rayons prolongés en filaments, jolie petite espèce dont M. de Visser a obtenu la ponte, mais non la reproduction, plusieurs 7'etrago- nopterus sud-américains, l'un d’eux à la queue baguée de car- min, à l'œil rutilant du plus joli effet. Dans le groupe des Acanthoptérygiens, les Anabantidés ou Labyrinthicés sont des Poissons de choix pour les aquariums. Aussi sont-ils particulièrement nombreux chez M. de Visser, qui laisse de côté les Macropodes, maintenant bien connus, pour cultiver plusieurs autres espèces intéressantes du sud-est de l’Asie : les Polyacanthes, aux épines nombreuses aussi bien à la nageoïire dorsale qu'à l’anale, et qui eux aussi construisent des nids flottants formés de bulles d’air agglutinées, mais de plus petites dimensions, les Trichogastres aux nageoires ven- trales transformées en longs filaments. Les Cichlidés africains ou américains sont également en notable quantité; il faut signaler surtout une paire de splen- dides Acaca bimaculata Linné, du Brésil. En dehors des taches sur les côtés et à la base de la caudale qui leur ont valu leur épithète spécifique, chaque écaille est marquée d’un point, d’une perle pourrait-on dire, du bleu azuré le plus ravissant. Ces deux gros spécimens, mâle et femelle qui mesurent 18 et 20 centimètres sont séparés par une lame de verre, bien que vivant dans le même aquarium, car.ils sont, paraît-il, assez agressifs en dehors de la période de reproduction. Comme Centrarchidés, on peut mentionner le Wesogonistius chœtodon Baird; ce Percoïde des États-Unis peut s’accom- moder d'eaux beaucoup plus froides que celles où il est placé. N'est-ce pas, en effet, un proche parent de l’Eupomotis gibbosus Linné, aujourd’hui acclimaté dans nos rivières et qui constitue un excellent Poisson d'ornement pour les pièces d’eau ? Mais il faut arrêter cette liste déjà longue et qui cependant ne donne qu'une faible idée de la multiplicité des espèces ras- semblées dans un espace aussi restreint. Citons toutefois, avant de terminer, trois raretés. C'est d’abord un Scatophagus argus Linné Gmelin, Poisson aplati et élevé de la famille des Squamipinnidés, qui doit son épithèle spécifique à sa coloration splendide. Qu'on s’imagine sur un fond d’un bel orangé des séries régulières de taches arrondies d'un noir velouté. L'espèce est marine, habitant S08 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION l'océan Indien et le Pacifique, mais elle ne craint pas les eaux saumâtres et même douces et pénètre assez loin dans les rivières, c'est ce qui explique qu'elle s’accommode bien à la vie en aquarium. Vient ensuite un Mastacemble du sud-est de l'Asie, curieux Poisson allongé, anguilliforme. C’est un Acanthoptérygien; une série de petites épines détachées précède la dorsale et l’anale. Un appendice rostral allongé lui sert d'appareil tactile pour rechercher sa proie dans la vase, d’où le nom de Poisson à trompe qu'on lui donne vulgairement. Enfin, M. de Visser possède plusieurs exemplaires de Pan- todon Buchholzi Peters, cette curieuse petite espèce de l’Afrique occidentale que j'ai déjà signalée comme le seul Poisson volant connu des eaux douces (1). Il y a là deux variétés, l’une ordi- naire à corps barré de 5 à 6 fasciatures transversales noires, l’autre tout à fait paradoxale, chez laquelle une moitié du dos est plus foncée que l’autre dans le sens longitudinal, fait anormal chez les Poissons et même dans la généralité des animaux domestiques où la symétrie dans la livrée est la règle (2). Chez les Pantodons, les nageoires pectorales très développées, la caudale en forme de gouvernail, les appendices des nageoires ventrales, leur permettent de s'élever au-dessus de l’eau et d'y parcourir, en rasant la surface, une longueur qui, d’après M. F. Foureau qui les a observés dans la région du Chari, peut atteindre une quinzaine de mètres. De fait, ces petits Poissons vus d’en haut ressemblent assez à des Insectes, on les prendrait pour de gros Orthoptères. Dans l’espace restreint où ils se trouvent confinés chez M. de Visser, ils ne volent pas et leurs bonds hors de l’eau ne dépas- sant pas une dizaine de centimètres, mais, chose curieuse, ils se tiennent constamment à la partie supérieure des bacs, juste au- dessous de la surface. [ls ne descendent pas dans les profon- deurs. M. de Visser a remarqué que lorsqu'il leur donne leur nourriture, s'ils n'arrivent pas à happer au passage le Ver de vase dont ils sont friands, dès que leur proie s’est enfoncée (1) Dr J. Pellegrin. Un Poisson volant des eaux douces africaines. La Nature, 19 mai 1906, p. 386 et Bull. Soc. Aquicullure, 1906, p. 180. (2) Cette teinte doit probablement son origine à une lésion du système nerveux. VISITE DÉ LA COLLECTION DE POISSONS D AQUARIUM 509 seulement de 3 ou 4 centimètres, ils la laissent tomber jusqu’au fond sans plus jamais chercher à l’atteindre. C’est là une observation curieuse et qui vient confirmer les faits signalés antérieurement. Combien de problèmes analogues pourraient être ainsi facilement et rapidement résolus par l'examen de ce petit monde si captivant! N'y a-t-il pas, en effet, à côté de l'intérêt esthétique et éco- x nomique, attaché à la conservation de ces jolis Poissons d'appartement, toute une série d'expériences à instituer sur ces petites espèces aux mœurs si variées, si bizarres et encore si mal connues ? C’est dire toute l'importance qu'on doit attacher à des collec- tions de Poissons d'ornement exotiques comme celle ras- semblée avec tant de persévérance et conservée avec une si habile sollicitude par M. et M"° de Visser, et en leur transmettant les remerciements bien sincères de la Société d’Acclimatation pour la réception si gracieuse qu'ils ont faite à ses représentants, on ne peut autrement conclure qu’en souhaitant que leur exemple soit bientôt suivi par de nom- breux imitateurs. Il y aura là grand profit pour l’aménagement artistique de nos intérieurs. La science aussi y trouvera son compte (1). (1) Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que la collec- tion de Poissons d'aquarium de M. de Visser a été acquise par notre sympathique collègue M. Lefèbvre, de Nogent-sur-Marne. Tous nos com- pliments. BULL. SOC, NAT. ACCL, FR. 41911, — 33 af Ne TER. L'ANTONIA AUSTRALIS Par C. RIVIÈRE. Un Insecte, Antonia australis, serait grand destructeur d'une herbe adventive très nuisible, un Cyperus très commun dans certaines zones tempérées. Cyperus rotundus seu olivaris est une plante redoutable qui envahit complètement le sol et en chasse même les cultures, où alors la lutte contre cet envahis- seur est constante, coûteuse et de succès relatif. | Sa végétation est serrée, épaisse, mais c'est surtout son sys- tème radiculaire, véritable treillis de rhizomes filiformes et noueux, une sorte de chapelet qui s’ PTE du sol et en exclut | toute autre végétation. | En Australie, cette mauvaise herbe est connue sous le nom de Nutgrass et les Indiens l’appellent HWatha. Dans le bassin méditerranéen, cette plante est assez com- mune par place, et, sur le littoral algérien, elle cause de véri- tables préjudices dans certaines cultures. En Australie, vù celte herbe est redoutée, M. Froggat, ento- mologiste du Gouvernement, aurait trouvé un Puceron, parasite véritablement destructeur de cetle mauvaise herbe. C’est une Coccidie, déterminée comme espèce nouvelle par M. E. Green, entomologiste officiel à Ceylan, et qui fut désignée sous le nom d’Antonia australis. L'Insecte, agissant comme le Phylloxera, envahirait toutes les racines, principalement les petits bulbes oléiformes de la plante, qui ne tarderait pas à se dessécher. Il suffirait, pour détruire un peuplement compact de Cyperus, d'y disséminer des racines infectées et la propagation de l'Insecte se fait avec une grande rapidité. Cette action destructive est d'autant plus curieuse que l'In- secte doit pénétrer à une assez grande profondeur pour trouver les extrémités du système radiculaire de la plante qui ne s’ar- rêétent que dans un sous-sol de mauvaise nature ou imper- méable. CS SUR L’ENVAHISSEMENT DES FORÊTS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE PAR LE LANTANA CAMARA L. ET LES DANGERS QUE CETTE PLANTE FAIT COURIR A L ÉCONOMIE AGRICOLE ET SYLVICOLE DE CETTE ILE par EDOUARD HECKEL Le Lantana Camara L., plante originaire des régions tem- pérées de l'Amérique du Sud, a été introduit il y a quelques cinquante ans en Nouvelle-Calédonie parles Pères missionnaires catholiques pour l’ornementation des jardins. Déjà, il y a envi- ron quarante-cinq ans, j'avais pu constater, de visu, les progrès que faisait cette plante dans la brousse aux alentours de Nouméa, où elle était abondante et à l’état buissonnant. Mais, depuis cette époque, sa propagation a fait sur les deux zones littorales, Ouest et Est d'abord, des progrès considérables dus surtout à la dissémination des graines par les Oiseaux qui en recherchent et en consomment les fruits. Cet état de choses n'avait pas échappé à l’auteur de « La Nouvelle-Calédonie agri- cole », petit volume publié en 1894 par Jeanneney, agent de cultures coloniales. Voici en effet ce qu'en dit cet auteur à l’article Verbénacées : « Le Lantana est malheureusement trop répandu dans le pays, dont il envahit les pâturages et même les cultures. Ses inextricables buissons rendent inabordables cer- taines forêts de l’intérieur. Les jeunes plants des arbres sont étouffés sous cette puissante végétation. On en pourrait faire de bonnes haies si les graines osseuses n'étaient si facilement propagées par les oiseaux. » Aujourd'hui, on peut dire que non seulement le littoral de l’île est infesté par cette plante qui semble s'être admirable- ment adaptée à ce climat heureux, mais encore qu’elle a pénétré dans l’intérieur en suivant les cols de Bouloupary à Thio, de La Foa à Kanala, de Bourail à Ouaïlou, de Nékéiaï à Pounérihouen, de Koué à Wagap, pour atteindre jusqu’au sommet de la chaine centrale, dont elle menace les forêts par le mécanisme que voici. US LL ER ET 2 VAT RE à, 512 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Parvenuede labrousse dans les forêts denses à 7 ou 800 mètres d'altitude, cette plante buissonnante s’est adaptée à son nou- veau milieu et, pour aller chercher la lumière au sommet des arbres, elle est devenue sarmenteuse et a passé à l’état de liane. La tendance à allonger ses rameaux et à devenir grimpante est déjà très marquée en Europe méridionale, et, en France même, où on a constaté qu'en serre lempérée cette plante pousse des rameaux considérables qui s’acerochent à d’autres végétaux voisins. Aux Antilles, d’après Duss (Ælore des Antilles francaises, p. 463-464), « le Lantana Camara, peut-être dans sa variété aculeata, peut devenir un grand arbuste dépassant rarement ; 3 mètres d'élévation »; mais dans ses « Notes sur un voyage à | Alger » ; (Bull. de la Soc. nationale d’Acclimatation, 1873, p. 36), M. Quihou dit : « Nous avons ensuite visité Le jardin de M"° You- souf, à Mustapha supérieur : là, ce qui nous a le plus frappé, c'est une palissade en Zantana cachant un mur de 3 mètres de haut sur une assez grande longueur. Impossible de dépeindre l'éclat de cette floraison constante. Cette haie de fleurs écla- tantes est d’un effet indescriptible. » De cet état à la condition de liane, il n’y a qu’un pas qui a été facilement franchi, grâce à ces tendances premières et aux conditions ambiantes. Du reste, le même phénomène a été constaté et suivi dans un certain nombre de plantes notamment Lithospermum purpureo- cæruleum L.,etrécemment dans un de ses beaux travaux relatifs à la flore de Madagascar, M. le professeur Jumelle signale un fait tout à fait comparable dans une des plantes les plus intéressantes de cetteile en tant que productrice d’un caoutchouc, c’est le Zom- biro (Cryptostegia madagascariensis Boj.). Cette Asclépiadée s’y présente sous les deux états de liane et de buisson (1). Mais, d’abord à l’état de liane, elle est passée à la condition de buis- son. Le phénomène est donc inverse (2) dans le cas de Lombiro. Quoi qu’il en soit, après avoir fleuri etfructifié à ses sommets, chaque pied de ZLantana à l’état de liane se dessèche, et l’en- semble formé par ses feuilles et ses fruits tombant à la base des (4) Voir E. Heckel. Les plantes uliles de Madagascar, 1910, p. 127 (Chal- lamel, Paris). (2) M. Jumelle cite encore dans un autre mémoire sur La biologie des Asclépiadées de Madagascar (Ann. du Musée col. de Marseille, 1908), cet autre fait que le Secamone ligustrifolia Decaisne, donne des rameaux grim- pants. Enfin, les Landolphia, à l'état ordinaire de lianes, deviennent aussi buissonnants dans certaines conditions. ENVAHISSEMENT DES FORËTS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE 13 grands arbres y forme un paillis qui constitue un excellent aliment pour les incendies. C’est déjà un grand danger qui menace les forêts dans leur existence. Mais il y a plus : ces pieds de Zantana (en liane) étouffent par leur nombre les arbres qui leur servent de support. Les Niaoulis eux-mêmes (Melaleuca viridiflora Gaertn.), si résistants et si bien adaptés au sol calédonien dont ils constituent une des caractéristiques végétales par leur port et par leur aspect, succombent sous cette invasion, comme M. Moriceau, administrateur en chef des Colonies, l'a constaté au Val Suzon. Il faut prévoir le moment où les grandes forêts elles-mêmes seront profondément atteintes par cette plante étrangère ainsi modifiée, et dès lors, le régime des eaux se transformant par réduction du débit, l’agriculture en recevra un contre-coup redoutable. Il appartient aux pouvoirs publics d'y pourvoir par les moyens les plus appropriés, et j'ai la certitude que ce fait grave n'aura pas échappé à la sollicitude éclairée du gouverneur actuel de la colonie, M. Richard, et qu'à cette heure tout le nécessaire est fait pour en conjurer les conséquences. Il semble que pour éviter le développement de ce fléau d’un nouveau genre, aucun autre remède ne doit plus immédiatement être efficace que l’arrachement impitoyable de tous les pieds de Lantana sans distinction, avec l'interdiction absolue d'en conserver un seul même dans un but d’ornementation hor- ticole. Comme conclusion de ces faits, dont l'intérêt de biologie végé- tale ne saurait échapper à personne, et pourrait susciter des recherches en vue de connaître les causes intimes du phéno- mène curieux de la transformation d’une plante sous-arbores- cenle en liane ou inversement, il est bon de reconnaitre que l’acclimatation est une arme à double tranchant qui ne saurait être maniée sans danger en dehors de certaines conditions mal définies du reste et qu'il serait difficile de fixer dans l’état actuel de la science. Il est incontestable, en effet, que malgré les excellentes intentions de ceux qui la réalisèrent pour le Lantana en Nouvelle Calédonie, et qui ne pouvaient pas pré- voir l'extension outrancière que prendrait cette plante sur ce sol hospitalier, ni a fortiori sa transformation en liane meur- trière pour les forêts, cette acclimatation ne saurait entrer dans le cadre de celles dont la Société d’Acclimatation a le devoir de reconnaitre le mérite en les encourageant. Tout au plus doit- 514 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION elle se borner à en signaler les conséquences. C'est ce que j’ai essayé de faire ici sans aucun esprit de critique, du reste, vis- à-vis des personnes, et en me référant uniquement à de nom- breux témoignages de colons calédoniens très éprouvés par le fléau dont je viens d'essayer de donner la description sur leurs indications. LA CHERTÉ DE LA VIANDE ET LE BÉTAIL DE NOS COLONIES Par H. COURTET. La cherté actuelle de la viande de boucherie a attiré l’atten- tion, non seulement sur le fait même dans la métropole, mais * aussi sur les ressources en viande dont nous pouvions disposer dans certaines de nos colonies, comme Madagascar et l’Afrique occidentale française. On a attribué la hausse actuelle à la pénurie de fourrage. En effet, le fourrage est un facteur impor- _ tant de la hausse ou de la baisse des cours. Les années où les foins et les racines fourragères manquent, les éleveurs sont incités à jeter sur le marché une quantité de bétail plus impor- tante que les années où les foins et les racines fourragères sont en abondance. Depuis un certain temps déjà, les études et Les essais agronomiques ont montré que dans un certain nombre de cas et surtout pendant les années de sécheresse, les éleveurs avaient à leur disposition diverses sortes de fourrage qui leur permettaient de ne pas se dessaisir immédiatement de leur bétail et de maintenir ainsi le cours. Cette année les arrivages sur le marché parisien étant sensi- blement les mêmes que les années précédentes, ce n’est donc pas à la quantité de fourrage, malgré une fenaison pluvieuse, . qu'il faut attribuer la hausse des cours mais à une ou plusieurs autres causes, la plupart anciennes déjà. La cause la plus sérieuse semble provenir de la quantité de plus en plus grande des intermédiaires qui s'interposent entre le producteur et le consommateur; il arrive même que dans beaucoup de cas, le bétail vendu sur le marché parisien passe par trois intermédiaires successifs, si ce n’est quatre, avant l’abatage, et chacun de ces intermédiaires a évidemment pré- levé son bénéfice, ce qui augmente considérablement le prix de la viande livrée par la boucherie au consommateur. Ce fail a même une répercussion singulière dans les petites ville de province où l'élevage local ou régional suffit pour ali- menter la population. Dans ce cas, l’éleveur avant de vendre se renseigne sur les cours de la viande sur pied, et le boucher sur les cours de la viande abattue. L'éleveur se base sur ces cours pour vendre au boucher le plus cherpossible, les bouchers S16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION s'entendent alors entre eux en se basant aussi sur les cours pour le prix à recevoir du consommateur, et il arrive ce fait que le boucher vend sa viande à des prix sensiblement égaux à ceux de Paris, avec cette différence qu'il ne fait que quelques prix moyens pour la vente, tandis que le boucher parisien fait au détail des prix spéciaux pour chaque partie de l'animal. Comme on le voit, la cherté de la viande n'est donc pas toujours due à une bonne année fourragère qui incite l'éleveur à conserver plus longtemps son bétail pour lui faire prendre du poids, elle est plutôt due à une sorte d’accaparement fait par de trop nombreux intermédiaires, qui, comme il a été dit plus haut, s'interposent entre le producteur et le consommateur. Dans ces conditions, il suffit d'une réglementation sérieuse ou d'une rigoureuse application des lois pour rétablir l’équilibre. D'après les prix actuels et sans entrer dans de plus amples détails, certains coloniaux ont donc pensé qu'il serait possible d'utiliser le bétail colonial sur lequel il y aurait de fructueux bénéfices à faire, soit en procédant par l'envoi des bêtes vivantes, soit par l'envoi de la viande frigorifiée. Parmi ceux qui ont surtout pensé à ce commerce, citons l’ancien et le nouveau gouverneur général de Madagascar. Indépendamment de la cherté de la viande, un autre motif a été aussi invoqué, c'est que notre troupeau national ne s’accroit pas. Si nous examinons les chiffres concernant ce troupeau nous voyons qu'ils sont les suivants d'après les renseignements du syndicat de la boucherie en gros de Paris : 1900 1908 Taureaux, bœufs et vaches (têtes). . 9.994.493 9.601.150 Soit une diminution de : 392.273 têtes. En prenant d’autres évaluations nous trouvons : 1882. — 12.997.000 bovidés. (Taureaux, bœufs, vaches, veaux). 1892, — 13.708.000 — = 1902. — 14.521.090 — — 1909. — 14.000.000 -- —= En ce qui concerne le petit bétail nous trouvons : MOUTONS CHÈVRES 4840 . . . . 33 millions de têtes. 1882 0 UP RS AMOODATÉ tes. 1882000 22 _— 18092-85000 1892:2,, 2007 — 1900 SAME 1.558.000 — 1904 . . . . 20 —_— 1903: 1.563.000 — 1909: ... : 17 — 1906. . [== .b00.000 — LA CHERTÉ DE LA VIANDE ET LE BÉTAIL DE NOS COLONIES 517 PORCS 7.561.000 têtes. 1.000.000 Nous relevons en ce qui concerne la consommation de la viande fraîche les chiffres suivants : AB) AVES RP 15 kilogrammes par habitant et par an. IS JET HERSRR SE NS — ARGENT LE 26 — SO Ne PTS — MODS ARMNANTR Re 35 — On constate donc que malgré la diminulion de notre bétail, la consommation s'est maintenue, ce qui exige une explication. Depuis quelque temps un nouvel élément est intervenu dans la consommation, cet élément est la viande de Cheval. L'alimentation a consommé la quantité de Chevaux suivants: . . 24.930 têtes. De l’abattoir de Vaugirard, il est sorti 32.173 Solipèdes en 1907, 50.143 en 1908, et 49.962 en 1909. L'abattoir privé de Pantin a fourni 11.796 Solipèdes en 1905, 12.310 en 1906, et 11.000 environ pour chacune des années 1908 et 1909. La consommation de la viande de Cheval a donc contribué à rétablir l'équilibre provenant de la diminution de nos autres animaux. Il faut aussi ajouter les Chèvres et les Chevreaux dont on consomme des quantités appréciables. En outre, nous avons consommé l'excédent de l'importation sur l’exportalion, ainsi pour 1908 nous relevons les chiffres suivants : IMPORTATION Tètes RE TS RE ES COLE 31.841 Vaches, taureaux, bouvillons, HÉMISSES VEAUX Ne. 31.468 Brebis, béliers, moutons, EMEA 0 0 lo 016 one toi o 1.372.760 PORCS ARE EE PNR AE RES 288.893 Têtes. 26.032 24.136 36.111 53.019 EXPORTATION DIFFÉKENCE Têtes. 1.809 6.132 1.335.989 235.814 MAR ae D 518 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Il y a donc encore là un autre élément qui a contribué à rétablir l'équilibre. Il y a lieu de faire remarquer ici que la majeure partie du bétail importé provient de nos possessions d'Algérie ou de Tunisie où l'élevage peut être développé et les produits exportés dans des conditions tout à fait exceptionnelles. Nous relevons à ce sujet les chiffres suivants pour 1908 : IMPORTATIONS D'ALGÉRIE EN FRANCE. Têtes. Béliers, brebis: moutons: - + 700 M SMI D ER ROUES COTE ME PET EVE EN NOR é 35.831 IMPORTATIONS DE TUNISIE EN FRANCE. Têtes Bestiaux : _:202 CNET PRE 47.138 D'après ce qui vient d’être dit, il résulte d'une part : Que sile prix de la viande est élevé, cela ne tient pas à l'élevage, mais à de fàächeuses dispositions commerciales qui peuventdisparaître, et d'autre part, que cela ne tient pas non plus à la diminution du troupeau national, puisque cette diminution se trouve com- pensée par la consommation de la viande de Cheval et par les importations de nos possessions de l’Afrique du Nord. L'opinion des coloniaux basée sur la cherté actuelle de Îa viande et sur la diminution du troupeau métropolitain pour supposer que l'on peut envoyer dans la métropole avec de sérieux bénéfices, soit des animaux sur pied, soit des animaux frigorifiés, est donc un peu osée, mais comme la question est intéressante, elle peut néanmoins être examinée. Dans l’état actuel des choses et de notre outillage économique colonial, l'exportation du bétail sur pied est délicate et ne peut guère être tentée, et ce ne sont pas les essais qui ont été faits dernièrement et qui n’ont eu qu'une réussite médiocre qui peuvent être pris ou donnés comme exemple. Tout est défec- tueux dans l'opération : les achats sur place trop disséminés et nécessitant ou trop de frais accessoires, ou trop d’intermé- diaires ; le transport du lieu d'achat au lieu d'embarquement; le manque de moyens réellement pratiques pour l'embarque- ment; enfin la durée de la traversée, surtout pour Madagascar, durée qui constitue une stabulation à laquelle le bétail n’est LA CHERTÉ DE LA VIANDE ET LE BÉTAIL DE NOS COLONIES 519 pas habitué, et le passage de la mer Rouge, pendant six jours au moins, avec une chaleur en général excessive. Tout cela occasionne de nombreux déchets qui, avec les frais à l’embar- quement et avant cet embarquement, grèvent lourdement l'opération. En ce qui concerne le troupeau de Madagascar, on relève les effectifs suivants : 1904. . 1.454.114 têtes. 1905. 2.663.478 — ABUS 3e 3.022.984 — NOTE 3.212.818 — 1908. . 3-8930- VOIE Le troupeau a encore augmenté depuis, et M. Picquié, gou- verneur général, l'estime à 5.000.000 de tètes environ, et il estime en outre qu'il pourrait fournir 40.000 Bœufs à l’expor- tation si la France pouvait les accueillir. En prenant le chiffre de M. Picquié, comme un Bœuf de Madagascar fournit en moyenne 150 kilogrammes de viande en cheville, ce serait une consommation annuelle de 6.000.000 de kilogrammes. M. Picquié estime encore qu'avec les dispositions qu'il compte prendre l'effectif du troupeau augmentera. Les sérieuses difficultés qu'offre l'exportation du bétail sur pied ont fait songer à l'exportation de ce bétail sous forme de viande frigorifiée, mais là encore notre outillage économique ne s’y prête pas. Il faut, en effet, pour tenter ce genre d’expor- tation, installer des ateliers d’abatage et de préparation avec accès facile, et par conséquent rapide, à des paquebots possé- dant des chambres frigorifiques spéciales; or, rien de cela n'existe, ni abattoirs, ni accès facile et rapide aux paquebots, ni paquebots avec frigorifiques appropriés. Il est évident que l’on ne construira ce qui est nécessaire que lorsqu'on aura la certitude, non seulement de l'écoulement de la viande frigo- rifiée, mais aussi celle d’un approvisionnement régulier en bétail arrivant à point aux abattoirs. Il y a, indépendamment de toutes ces considérations, un point qui est à considérer, c'est que la viande frigorifiée doit être présentée comme telle et non comme viande fraîchement tuée dans les abattoirs locaux. Ce n’est pas précisément ce qu'en- tendent ceux qui préconisent ou qui veulent tenter ce commerce. Il semble bien que, dans ce cas, cette viande serait présentée comme viande ordinaire et vendue le même prix. Il est évident 520 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION qu'à prix égal la population de nos grandes ville préférera la viande des abattoirs locaux à la viande qui sera qualifiée ouver- tement de frigorifiée. Non pas qu'il existe un préjugé réel au sujet de cette viande, car quelle est la viande que mange la population ouvrière et peu fortunée de Paris par exemple, si ce n’est souvent de la viande frigorifiée, moins frigorifiée sans doute que celle qui peut provenir de l'Australie ou de la Répu- blique Argentine, mais frigorifiée surtout en élé pour assurer sa conservation pendant quelques jours, ou le temps nécessaire à la vente sans perte, dans les frigorifiques particuliers qui existent dans les débits de viande et même ceux des marchés forains. Le Parisien, quoique aucune marque ne l'indique aux étals, le sait, et il achète cependant cette viande, mais le jour où il y aura des étals spéciaux avec indication de viande frigo- rifiée, il ne l’achètera qu'avec dépréciation parce qu'il pensera que cette viande vient de pays exotiques, et qu'alors elle peut, à son idée, être de qualité inférieure à celle qu'il consomme d'habitude. En ce qui concerne le troupeau de l'Afrique occidentale fran- çaise, nous sommes moins bien fixés sur son effectif (2 à 3 mil- lions de têtes?) et sur la quantité de têtes qu'il peut livrer à l'exportation; en outre, dans ce troupeau existent plusieurs races plus ou moins aptes à la boucherie, et les pâturages ne paraissent pas jusqu'à présent valoir ceux de Madagascar. Il y a cependant un avantage, c'est que le trajet qui serait de vingt- cinq jours environ pour Madagascar, ne serait que d’une dou- zaine de jours au maximum pour l'Afrique occidentale. Quant à l'outillage économique, tout est également à créer. Le Temps, commentant à ce sujet les explications du gouver- neur général de Madagascar, ajoute à la fin de ses commen- taires favorables en somme à Madagascar et à l'Afrique occi- dentale française : « Seulement il est douteux que le parti protectionniste y consente (1). » Nous avons malgré tout un troupeau suffisant avec l'Algérie ; nos autres colonies entrant en jeu, il ne s’agit donc là que d'une concurrence de région française à autre région française et non d'une guerre de tarifs fiscaux. Nos colonies sont-elles en mesure de concurrencer les prix de l'Algérie ? Comme malgré toutes les explications et les projets préco- 1) Voir Mois colonial et maritime, octobre 1910, p. 331. LA CHERTÉ DE LA VIANDE ET LE BÉTAIL DE NOS COLONIES 521 nisés, le doute sur le succès subsiste tangible et tenace, on a mis en évidence que la fabrication et l'exportation des viandes de conserve pourrait être substituée à l'exportation du bétail sur pied ou de la viande frigorifiée. Mais il faudrait que le ministère de la Guerre et celui de la Marine veuillent bien _ admettre ces conserves dans leurs approvisionnements. Notons au sujet de la fabrication des conserves de viande qu'un essai malheureux a été tenté à Madagascar. Dans une autre colonie, la Nouvelle-Calédonie, où existe un bétail de bonne qualité, une usine pour la fabrication des conserves fut installée à Gomen, et les premières boîtes furent mises en cir- culation en avril 1888. Cette usine dut cesser sa fabrication vers 1900. En 1905, une nouvelle société se-forma et ses affaires furent déclarées prospères. Malheureusement le ministère de la Guerre,auquel elle fournissait des produits, découvrit, dit-on, des malfacons et résilia le marché. Nous n'avons pas à entrer dans le détail de ces affaires, cependant, en fabrication de viande de conserve, il y a là des faits dont il faut évidemment tenir compte. | En outre, la consommation des conserves de Bœuf étant très faible en France, si l’armée n'intervient pas, nos colonies à bétail, se livrant ou voulant se livrer à celte industrie, peuvent- elles concurrencer les grandes exploitations américaines ou autres et vendre avantageusement leurs produits à l'étranger, dans les colonies et les pays exotiques? Nous ne voulons ici décourager personne, car nous sommes de ceux qui désirent voir s’accroître rapidement la prospérité de nos colonies par l’utilisation de toutes leurs ressources, même des moindres. Mais étant donné l’engouement qui se . produit quand on parle d’une industrie nouvelle ou d’un produit colonial nouveau, nous avons voulu indiquer, dans un court apercu, les choses telles qu’elles sont réellement. CULTURE DE L’'HELIANTHI AU TONKIN (1) Par E. JARDEL Au cours de mes pérégrinations dans le delta tonkinois, il m'a été donné de constater près d'Haiphong l'innovation d’une culture dans la colonie, celle de l'Hélianthi (Æelianthus doroni- coides), plante qui, on le sait certainement déjà, produit un rhizome ou racine comestible de la grosseur du doigt, au goût très fin rappelant celui du Salsifis et du fond d'Artichaut. C'est à Nui-Déo, à une dizaine de kilomètres d’'Haiphong, dans les jardins d’un camp militaire où l’on a mis en pratique la célèbre devise du maréchal Bugeaud: Ænse et aratro, que j'ai eu la bonne fortune de remarquer cette précieuse innovation, due, m’a-t-on vaguement dit, à l’intelligente iniliative d'un capitaine commandant une des unités de l'infanterie coloniale stationnées dans le camp. Aussi est-ce avec un plaisir mêlé de reconnaissance que je signale ce fait. Je dis, avec reconnaissance, car l’Hélianthi présente un intérêt indiscutable pour tous les habitants du Tonkin, tant Européens qu'indigènes, mais surtout pour les Européens, et voici d'abord pourquoi, car je reviendrai plus loin sur cet intérêt : en sep- tembre, c'est-à-dire alors que les légumes frais européens font encore défaut, l'Hélianthi arrive à maturité, rendant ainsi, on le conçoit sans peine, les plus grands services. Au point de vue culture, je vais reproduire les renseigne- ments très précis que m'a fournis le « marsouin » préposé en chef aux cultures potagères du camp, un vieux brisquard qui, jardinier de profession, m'a paru très expert en jardinage., (1) M. Eugène Jardel nous envoie un travail relatif à la culture de l'Hélianthi, au Tonkin. Nos lecteurs pourront constater que cette plante se comporte, là-bas, tout autrement que dans la métropole. Disons, briè- vement, comment il faut la cultiver aux environs de Paris : Planter les tubercules de novembre à mars. Ceux-ci poussent dès mars-avril; les tiges atteignent une hauteur variant de 12,50 à 2»,50, suivant la qualité du sol et l’état de l’atmosphère. La floraison a lieu en septembre, et les tubercules sont bons à récolter fin octobre, et mieux en novembre. On peut les laisser en terre l'hiver, car ils ne gèlent pas et ne craignent pas l'humi- dité. Récoltés et laissés à l'air libre, ils se flétrissent comme les Topinam- bours. CH. MAILLES. CULTURE DE L'HELIANTHI AU TONKIN 523 Malgré le verbiage bien pardonnable de ce vieux brave, tout fier à juste titre de ses résultats, j'ai pu nettement dégager les points suivants : l’Hélianthi ne craint ni la chaleur, ni l'humi- dité. Il se plante comme la Pomme de terre, en rayons espacés de 60 centimètres; les rhizomes sont distants de 80 centimètres et enfouis en terre à 10 centimètres seulement de profondeur, et ce, à raison d'un seul rhizome par paquet. La plante doit être buttée, mais sans exagération cependant, quand elle atteint 15 centimètres de hauteur. Le sarclage et le binage sont absolument nécessaires chaque fois que l’on cons- tate la présence des mauvaises herbes, nombreuses et vivaces sur le sol tonkinois, et aussi suivant les circonstances atmo- sphériques. Les pluies estivales, si abondantes au Tonkin, provoquent une croissance rapide de la plante. À défaut de pluies à ce moment de la croissance (chose bien rare au Tonkin), un point essentiel est à ne pas perdre de vue : de forts arrosages sont alors indispensables. La germination des rhizomes de l'Hélianthi est toutefois assez irrégulière : plantés en avril, leurs premières feuilles n'apparaissent généralement qu'en juin ; qu'on ne s'étonne donc pas de cette pousse tardive. La hauteur de la tige atteint un mètre environ. Les fleurs, d’une belle couleur jaune, apparaissent ensuite à leur tour, très nombreuses, vers le milieu de juillet. La floraison dure environ deux mois. L'Hélianthi joint, selon l’adage latin, l’agréable à l’utile, étant en effet une plante d’un assez bel effet ornemental dans un jardin. Les graines arrivent à maturité de septembre à novembre. Les rhizomes se récoltent à ce moment. À ce sujet, recomman- dalion à noter et à ne pas oublier : il faut enlever les rhizomes au moment précis où les tiges ont des tendances à se dessé- cher, sinon la germination ou la pourriture les gagnent aussitôt et lout profit est désormais perdu. J'ai pu constater avec plaisir que dans les jardins militaires de Nui-Déo, l'Hélianthi a donné des résultats satisfaisants, sur- tout pour une culture nouvelle qui a été l'objet de tâtonnements forcés : on y a récolté, ce dont, je le répète, j'ai pu me rendre compte de visu, un kilogramme et demi en moyenne de rhi- zomes par pied. La plantation avait été faite, je me hâte de le 524 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION dire, sans grand espoir de réussite, dans des terrains relative- ment sablonneux et argileux, et sans la moindre fumure, mais, en revanche, les soins quotidiens n’ont pas manqué. Dans des terres légères et au préalable bien préparées, les résultats seraient, j'en suis absolument certain, bien supérieurs à ceux signalés, surtout si le sol était FOIpneuseEnt et métho- diquement fumé. La culture de l'Hélianthi se recommande à tous, au Tonkin en particulier, de la façon la plus spéciale : d’abord, aux planteurs et aux amateurs européens qui, en l'introduisant dans leurs jardins potagers après la fin de la saison fraiche, y trouveront certainement, j'en suis convaincu, les premiers, des bénéfices pécuniaires appréciables, les seconds, un aliment délicat et remplacant avec avantage les légumes frais manquant; ensuite aux Annamites qui, en apportant ces rhizomes sur les mar£hés, trouveront là une nouvelle source de gains non à dédaigner. Tous ceux qui auront une fois ou récolté ou goûté à ces rhizomes rémunérateurs et délicieux, applaudiront à l’introduc- tion de cette nouvelle culture dans la Colonie et se feront, nous n'en doutons pas un seul instant, les ardents et convaincus propagandistes de la culture de l'Hélianthi. Le Gérant : A. MARETHEUX: Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. PROJET ns DANS L'ITALIE SEPTENTRIONALE ; Le Secrétaire général a l'honneur d'informer les Membres de la Société qu'un voyage d'études Botanique, Horticole et Piscicole aura lieu, en Italie septentrionale, durant les vacances de Pâques 1912. 4 Cette excursion aurait pour but: la visite des jardins et lacs de la Hâaute-ltalie ; des pêcheries de l'Adriatique; des cultures de la Lombardie et du Piémont (riz, etc. J et des établissements scientifiques. L'excursion sera dirigée par d'aimables confrères italiens ; elle aura une durée de quinze jours. Le prix, comprenant le transport en chemin de fer, voiture, bateau, nour- riture et coucher, sera d'environ 500 francs. {1 Serait nécessaire d'être fixé, le plus tôt possible, sur le nombre des personnes qui désireraient entreprendre ce voyage pour pouvoir préparer d'avance certaines excursions, assurer les réceptions et obtenir des réductions auprès des Compagnies de chemin de fer. Prière d'envoyer son adhésion au Siège de la Société, sans toutefois que cette adhésion soit considérée comme un engagement. VIe PRRSEAMne de l'excursion sera adressé à ceux de nos collègues qui désirent y prendre part. ; | VISITE DE LA VILLA DES CYCLAMENS La visite des collections botaniques et horticoles réunies par notre collèeue M. Morel, dans sa villa des Cyclamens, à Auteuil (Oise), aura lieu le Mardi 26 Sep- tembre 1911. Rendez-vous à la gare du Nord à 8 heures du matin. Départ à 8 h: 25, HMS à 14 h. 02. Retour : départ à 5 h. 29, arrivée à Paris à 1 h. du soir. Nos collè- vues qui désirent prendre part à l’excursion sont priés d'envoyer, avant le 20 Septembre, leur adhésion au Secrétariat, 33, rue de Buffon, car M. Morel, ayant l'amabilité d'inviter ses collègues à déjeuner, voudrait ètre fixé sur leur nombre quelques jours à l'avance. OFFRES, DEMANDES, ANNONCES OFFRES prêt à reproduire en Mai, 150 fr., emballage gratuit. Cours de @essin, peinture et sculpture d'après ep pre Se pur l'ammaux vivants en plein air et en atelier, 3, rue de la Barouillère (rue de Sèvres, près le M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhônc). 4 boulevard du Montparnasse), Paris, 6°. s Ascéder Me magnifiques Chiots bergers Plusieurs prix Paris 1909, 1910, 1911 : poules et Beauce (Bas-rouge défense), hantes origines. coqs Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais Champion Brissac. | 4 # “ Club Français, race pratique par excellence, Ravissants chats Siamois yeux bleus. 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BOUCHACOURT, 21, rue Sigorgne, Mâcon (Maine-et-Loire). (Saône-et-Loire). Brards siffleurs du Chili191{ et Faisandeaux dorés, DEMANDES Clevés en liberté ; céder ou échanger contre “oiseaux de parc. : MDULIGNIER, Saint-Géraud-le-Puy (Allier). Chrysalides vivantes de Papillons, d'espèce imdif- RE férente, faites en même temps. Couple cog et poule Andalous bleus extra, sujets M. Jean ROSTAND, Arnaga, Cambo (Basses- … de grands Concours, 25 fr. Pyrénées). M=2 Brahmas Herminés, 30 fr. EUR RUN H=2 Canards Barbarie bronzés, 95 fr. à Couple Paons blanes, jeunes ou adultes, même de ouple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. i cinq ans. Superbe couple Paons Nigsripennes, né chez moi et |: M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). Kid vel dr, LU ART rm! EVE NE LE = * SE APT ei" à LA sas P 05 SRE - = AA rh ds. LEE FONDÉE EN 4854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 4 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes Le but de la Société nationale d’Acclimatation de Fate est dec concourir : 1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement tes ou domestiquées ; 3° à à l'introduction et à la Aoneanor de végétaux utiles ou d'ornement. Ce programme s'applique au territoiré des possessions extérieures | comme au sol même de la France. L'altention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un HA convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d’'Acclimatation poursuit un “put pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. | Le Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent évalement en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo= ratoires, Jardins 2001owiques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés;\Les publications de la Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d’œuts d’Oiseaux ou de Poissons, etc., Faites par la Société, ou aux cheptels ondes par elle. — Divers! ävantages lu: son également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit de publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Aceli matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8° illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et 1 pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée ét la pratique de l’Apiculture e de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, don! plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient a les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix 1 Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les PRyreBES bie connus du Dr Moreau sur les Poissons de France. À Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L, MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, |! PEROU % BULLETIN ù DE LA jété Nationale d'Acelimatation DE FRANCE = 2 (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58: ANNÉE N° 17 — 1: SEPTEMBRE 1911 SOMMAIRE J:CREPIN. — L'hygiène du lait et la fièvre de Malte . . : 4ù . . . , 7 525 Prince P. d'ARENBERG. = Acclimatation du Black-bass en FRNUE" RS Ne Re 533 A. LABITTE. — Misite de la Société au Parangon . . . . . . . . . PARA En ee RE 536 À. RAILLIET et À, HENRY. — Les Helminthes du Nandou 44000 538 L'HOLLIER, — L'importation de la Banane. . . . . : 4. - . . . . RAT ARR NL A Extraits des procès-verbaux des Séances des Sections 3 Section. — Aquiculture. — Séance du 10 avril 1911. . 1... 0 1 545 * 59 Section. — Botanique. — Séance du 24 avril 4911 . . . . . . . . . . . . . . DRE RE La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. | AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 83, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MO!S Le éeriiatrs nr É & l'honneur d' RP MM. les M Ÿ et les personnes qui désireraient l’entretenir qu'il se tient a leur d siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SUCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utililé publique par décret en date du 26 Février 1855 33. RUE DE BurFFoN — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 Président, M. Edmond Perrter, membre de l'Institut et de l'Académie .de Médecine, Directeur du! Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bots, Assistant au Muséum d'Histoire RE: A Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. > Comte de PONTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RaveRET-W ATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. secrélaire général, M. Maurice Lover, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le Forr, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etréager): IL. Hua, Drecteur-aijoint à l'Ecole des Haules Etudes, 254, boulevard Saint Secrélaires. Germain, Paris (Conseil). CrepPix, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DEBREUIL, 95, rue de Chäteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' SkBiLLOTTE, 11, rue Croix-des-Peliis-Champs, Paris.! Archiviste-Bibliothécaire, M. CaucurTe, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM D" LePprinCe, 62, rue + la Tour, Paris. Maries, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TaouzssAeT, Professeur au Muséum d'Hisioire nalurelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de Vizmonix, Verrières-le-Buisson, Seine-el-Oise. LECOMTE, professeur de bolanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. Le Myee De Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'ORFeciLr, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Wurrion, 7, rue Théophile-Gaulier, Neuiliy-sur-Seine. Le ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris DéTaRDIN. 23, rue Claude-Lorrain, Paris. MacauD D'ACBUSSON, 18, rue E rlanger, Paris. D: P. Marcat,, Professeur à l'Insiitut National Agronomique, Directeur de la Station entomologiq de Paris. 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 3 | Janvier | Février | Wars Novembre | Décembre! Séances pu Coxseiz, le Mardi à 5 heures.| 10 14 1% 14 12 4re Section. — Mammifères, le lundi à 5 heures . . RTS 9 6 6 6 44 2°. SECTION. — Ornithologie, le lundi | à 3 h. 1/2. . TE 9 6 6 6 s 1 H 3e SECTION, — Aquicullure (1), ‘le lundi ù à 5 heures . JS seeelt 16 13 13 43 11 £e SECTION. — Entomologie, le lundi à 3 HAE OR ee late Lo 13 13 13 11 l Se SECTION. — Botanique, le lundi > CBS PORTES UE 23 20 20 20 18 6° Secriox. — Colonisation, le lundi à 5 heures . . 23 20 20 20 18" Sous-Secriox d'Eludes Caprines, le ven- dredi à 5 heures . 3 , 1:37 01 BIC 24 24 22 @ Batraciens, Heptiles et Inv ertébrés aguatiques. | NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séance des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels dl seances L'HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE Par J. CREPIN Dans une Revue justement estimée par les praticiens de la Mé- decine vétérinaire, le D' Michel a fait paraître, en janvier der- nier, une étude sur le lait de Chèvre ou plus exactement contre le lait de Chèvre, intitulée « l'hygiène de la viande et du lait ». Il y est dit en substance qu'on possède en France trop peu de renseignements sérieux sur ce lait pour permettre d'en préciser la valeur pour l'alimentation des jeunes enfants. C’est pourquoi M. Michel n'hésite pas à conclure contre le lait de Chèvre auquel il préfère le lait de Vache parce qu'il est mieux connu. On n a, en effet, rien épargné pour bien Connaître à fond le lait de Vache. Tout a été tenté pour le rendre léger et digestible afin d’en faire un succédané du lait de femme. Mais il faut dire tout de suite que ces pratiques savantes ont lourné à la confu- sion de ceux qui les ont employées. Ce lait, excellent pour les usages ordinaires de la cuisine, est un aliment beaucoup trop lourd pour devenir, quoi qu'on fasse, le lait spécial réclamé pour _ les débiles et les petits enfants. Et c'est encore là son moindre défaut; il en présente un beau- coup plus grave au point de vue de l'hygiène, c’est d'être trop souvent suspect de charrier des germes tuberculeux. La conviction à cet égard est si bien générale, que les auto- rités qui ont charge de la santé publique s’appliquent partout à recommander au public d’user de prudence pour consommer du lait de Vache cru et surtout de ne jamais l’administrer à des enfants ou à des personnes de santé délicate sans l'avoir sou- mis au préalable à une ébullition prolongée. Or, nous savons également de source scientifique que le lait soumis à la cuisson est par ce fait même dépouillé de la plupart de ses propriétés hyziéniques ; c’est ainsi que les phosphates y sont transformés au point de ne plus être assimilables et que les diastases destinées à favoriser la digestion sont entièrement évaporées. Si donc le lait de Chèvre n'est jamais suspect de tuberculose comme on l'admet généralement (et M. Michel n’y contredit pas), et s’il peut par conséquent être consommé à l’état cru et vivant, n'y a-t-il pas là en faveur de ce lait une constatation du plus haut intérêt? E BULL,. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 34 Fe. (St BEA . ° . N- 526 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Pour ce qui est de la documentation établie sur le lait de Chèvre, nous protestons, à la Société nationale d’Acclimatation, contre l’allégation de M. Michel, qui trouve cette documentation insuffisante pour baser une opinion certaine sur ce lait. Voilà trente ans que cette société ne cesse de s'occuper de la Chèvre, et les comptes rendus de nos séances de zoologie et d’études caprine ajoutés aux nombreux articles publiés dans notre bulletin disent surabondamment que ce n'est encore qu’en France que la question caprine a été réellement étudiée d’une manière scientifique et approfondie. Pour que M. Michel n'ait pas tenu compte de nos travaux, il a fallu qu’il en ignorât l'existence ou du moins la qualité de certaines personnalités scientifiques qui les ont suscités et dirigés. | Il aurait été frappé, en lisant les discours de nos assemblées générales, du rôle considérable que joue l'étude de la Chèvre dans les préoccupations de notre association. Il aurait vu l’in- térêt qu'y attachent d'une part notre président, M. Edmond Perrier, membre de l'Institut et directeur du Muséum, et d'autre part, le ministre de l'Agriculture lui-même qui, dans ces der- nières années, n'a pas ménagé ses encouragements et ses récom- penses à tous ceux qui se sont signalés à un titre quelconque pour l'amélioration et la vulgarisation de l'espèce caprine. La lecture de nos articles sur la Chèvre, très nombreux depuis dix ans, aurait pu le convaincre que nous n'y faisons aucune part aux conjectures, tout y est basé sur des faits expé- rimentalement démontrés, sur des observations précises recueil- lies auprès de personnes idoines en la matière. Certains de ces articles ont produit même un très grand effet. Tels ceux qui ont traité de la résistance de la Chèvre à l'infection tuberculeuse (Bulletin de février 1909) et qui ont mis en lumière l’exceptionnelle digestibilité du lait de Chèvre à raison de la nature spéciale de la caséine et du beurre qu'il contient (Bulletin de septembre 1904). Ces divers travaux présentent cet intérêt, que leur mise au point repose sur des renseignements pris aux sources les plus spéciales et les plus autorisées. C'est ainsi que, pour les questions d'histoire naturelle, nous avons le précieux concours de nos collègues du Muséum ; pour celles qui ont trait à la physiologie, la chimie, la microbiologie, la médecine, la parasilologie, nous faisons appel à la science L'HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE 527 pa de nos sociétaires titulaires de chaires dans les Facultés ou à l'Ecole vétérinaire d’Alfort. M. Michel a donc tort de prétendre que les renseignements existant sur la Chèvre et sur son lait ne sont pas de valeur scientifique suffisante pour lui permettre de baser à ce sujet une opinion. Ils ne sont en rien inférieurs à ceux qu'il a pu obtenir sur la Vache. Il a eu connaissance, cependant, par le n° du Journal des Praticiens du 30 mai 1900, des expériences faites sur le lait de Chèvre par le D’ Boissard dans son service d'accouchement à à l'hôpital Tenon. Ce praticien avait obtenu avec ce lait les meilleurs résultats et le recommandait chaudement à la suite -de cet essai dans sa clientèle de jeunes enfants. Mais M. Michel ne veut pas faire fond sur cette expérience parce quil juge que les Chèvres qui ont fourni ce lait étaient des bêtes de qualité spéciale, des Chèvres sélectionnées, non à la portée de tout le monde ; il aime mieux tabler sur les résul- tats observés par M. Marfan, qui, dans deux cas, a essayé le lait de Chèvre comme une grande nouveauté et dans ces deux cas a été obligé d'interrompre le régime après quelques semaines parce que le nourrisson fut pris de diarrhée, Or, voici les faits dans leur exactitude. Le lait utilisé par le D° Boissard provenait simplement d'un troupeau de Chèvres Alpines d'origine française alimentées au Son, au regain de Luzerne, avec un peu de Maïs pour relever le rendement de la traite. Comme le lait de tous les animaux de cette race, il était léger et peu gras; de plus, la traite avait été faite avec les plus grands soins de propreté. Des troupeaux comme celui-là, tous les laitiers de Paris sont en mesure de s'en procurer tant qu'ils en voudront et, par ce moyen, ils donneront au public parisien, dans la mesure réelaz mée, le lait de Chèvre que M. Boissard a préconisé avec sa grande autorité scientifique. Quant à l'expérience du D Marfan, qui ne porte que sur deux cas, elle est d'abord déjà ancienne ; nous l'avons vue relatée dans un livre qu'il a publié vers 1890. Le lait de Chèvre qui avait été employé provenait d’un de ces animaux de race indé- cise comme on en trouve beaucoup dans le sud de la France. Le D' Marfan nous avait renvoyé au Dr Saint-Yves Mesnard pour nous faire préciser ce qu'était l'animal et surtout pour nous expliquer comment son confrère avait pu, en voulant le ren= 528 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION seigner sur la composition chimique du lait de Chèvre, porter la teneur moyenne en caséine à 40 grammes au litre. M. Saint-Yves Mesnard nous a avoué, en toute bonne foi, qu il n’avait pas eu l'intention de donner une précision scien- tifique ; il avait parlé simplement du lait extraordinairement épais que donnentles Chèvres corses, d’ailleurs, très mauvaises laitières. Il s'agissait donc en l'espèce, peut-être de la seule variété caprine qui soit absolument contre-indiquée pour l'allaitement des jeunes enfants en raison de la richesse excessive de son lait. Il est certain qu’un estomac d'enfant que la nature a constitué pour digérer un lait ne contenant habituellement que les 20 grammes de matières protéiques que comporte la moyenne des laits de femme, ne pouvait pas s’accommoder du lait épais et caséeux d’une Chèvre corse, surtout si ce lait n’est pas coupé d'eau au moins par moitié. Le fait n’est pas plus extraordinaire que celui signalé par le D' Marfan, dans son traité sur l'allaitement déjà cité, où il parle d'une femme qui ne pouvait nourrir ses enfants parce qu'elle avait un lait contenant la caséine à la dose de 45 grammes au litre. Le D' Roussel, chimiste-expert, nous déclarait tout récem- ment qu'il lui arrive fréquemment d'analyser des laits de femme renfermant la caséine à la dose excessive de 40 grammes avec 10 à 15 grammes de beurre seulement par litre. Il va sans dire que ce sont là des laits exceptionnels et par suite impro- pres à l'allaitement de jeunes enfants. Il n’en est pas moins vrai que la moyenne de la caséine dans le lait de femme est de 17 à 20 grammes au litre, et, dans le lait des Chèvres alpines, dans une proportion un peu plus élastique, puisque, dans nos ensembles de traite de lait de Chèvre, la caséine varie entre 17 à 27 grammes. Non content de reprocher à tort au lait de Chèvre de con- tenir la caséine à l'excès, M. Michel veut encore nous prouver que la caséine caprine est de nature plus indigeste que celle du lait de Vache. Pour appuyer cette extraordinaire affirmation, il nous montre ce produit tel qu’il l’obtient après l’avoir soumis à des traitements chimiques, c’est-à-dire complètement trans- formé. Reprenant les expériences in vitro pratiquées précédemment fn + ROSES L'HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE 5929 par le D’ Barbellion, il a observé comme eelui-ci, que le lait de Chèvre se caséifie plus rapidement que le lait de Vache et donne un caséum plus dur et plus rétracté que ce dernier lait. Il en conclut — et ici en contradiction avec le praticien que nous venons de nommer — que ce durcissement est dû à l’ex- cédent des sels minéraux, et veut que ce phénomène amoin- drisse la digestibilité du lait de Chèvre, ce qui serait à la faveur du lait de Vache, dont la caséine traitée in vitro ne se durcit pas autant. Heureusement qu'il ajoute aussitôt, sans doute pour atténuer l’effet de son étrange déclaration, qu'une étude comparative de l’utilisation des deux laits dans le tube digestif du nourrisson, permettrait mieux que toute expérience in vitro de trancher cette question de digestibilité. Nous ne voyons pas, en effet, ce que vient faire dans cette question d’assimilation du lait de Chèvre ce caséum durei et peut-être bien rendu indigeste par des procédés chimiques de laboratoire. Ce n'est pas sous cette forme dure et rétractée, cela saute aux yeux, que la caséine entre normalement et habituellement en contact avec le suc gastrique appelé à la réduire; elle y arrive, au contraire, au moment de la dégiutition, sous la forme fluide, diluée et fondue que nous lui voyons dans un vase après coagulation sous l’action de la présure. Que nous importe, alors, qu’il en soit autrement dans vos tubes en labo- ratoire, messieurs les chimistes ! Vous voulez bien admettre que les éléments qui interviennent dans la digestion naturelle n’ont aucune espèce de rapport avec ceux mis en œuvre pour obtenir la digestion artificielle. Au naturel, ces éléments sont pour ainsi dire vivants tels que les diastases qui concourent dans une grande mesure à la pep- tonisation de la caséine. La caséine extraite par des procédés de laboratoire et telle que nous la montre M. Michel, ne peut donc en aucune façon nous.intéresser pour l'alimentation des bébés. Elle à si bien perdu la solubilité qu’elle avait avant sa dessiccation, que pour la dissoudre à nouveau il nous faudrait la traiter, dit le D' Jo- seph Roussel, par des alcalis ou des sels alcalisés à dose rela- tivement considérable, puisqu'il ne faut pas moins de 15 parties de carbonate de soude pour réduire 100 parties de caséine. De plus, comment soutenir que la présence de sels minéraux 530 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION diminuerait la digestibilité de la caséine puisqu'il suffit d’ajou- ter à des émulsions artificielles de caséine du phosphate de soude pour solubiliser la caséine aussitôt. Enfin, faut-il dire également que la teneur élevée des sels minéraux dansle lait de Chèvre a toujours été considérée comme une qualité appréciable de ce lait en ce sens qu'il contient ainsi des éléments recherchés pour la constitution physiolo- gique du squelette et plus assimilables sous cette forme liquide que sous toute autre. Bien que les Chèvres mises en cause par M. Marfan n'aient pas fait merveille dans leurs fonctions de nourrice, M. Michel recommande de s’en tenir aux conseils de ce praticien pour le choix des Chèvres-nourrices à utiliser. Celles-ci devront être blanches, à long poil et sans cornes, et, sous cette physionomie, il n’hésite pas à les classer dans la race cachemirienne. Nous avons pour le talent et le savoir du D' Marfan le plus grand respect, et nous le tenons, par les quelques relations que nous avons eu le plaisir d'avoir avec lui, pour un fort galant homme, mais nous sommes persuadé qu'il ne s'offensera pas si nous lui contestons l'aptitude de faire un choix judicieux de Chèvre-nourrice. On ne peut pas être expert en toutes choses, et, en matière caprine, nous voyons de suite que le D' Marfan s’embarque dans l’hérésie, et le D' Michel à sa suite. La définition qu’il nous donne de la Chèvre blanche à long poil qui a ses faveurs n’est déjà pasheureuse s’il veut lui main- tenir l'appellation de « cachemirienne ». La Chèvre de Cachemire ou du Tibet n'existe nulle part en Europe, pas même dans les jardins zoologiques. Un sujet de cette race, en raison de sa rareté, du soin jaloux que prennent les indigènes qui l’exploitent à empêcher son exportation, et de l'intérêt considérable qui s’attacherait à la possession en Europe de cet animal qui porte sous sa toison le fin duvet dont on fai- sait et dont on fait encore les challs de grands prix appelés cachemire des Indes, un sujet de cette race, disons-nous, yau- drait peut-être 1.000 fr. pour l'amateur. Ce n’est donc pas la Chèvre qu’il faut conseiller couramment aux familles pour élever les petits enfants! Il est évident que nos docteurs ne visent pas si loin et qu’ils veulent simplement indiquer la Chèvre blanche à long poil que l'on rencontre partout et qui est généralement originaire soit L'HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE 31 du Massif Central, soit même des Pyrénées. Mais, dans ce cas, il ne faut pas préciser de la sorte une race, attendu que la cou- leur blanche n’en caractérise aucune et qu'il y a des sujets blancs dans toutes les races domestiques que nous connaissons, comme on y trouve également des bêtes cornues avec des non cornues. Il faut aussi, d’après nos praticiens, que la Chèvre n’ait que deux ans pour faire une bonne nourrice. On se demande sur quelles données ils peuvent tirer leur opinion à cet égard, puisque la Chèvre n’est adulte qu’à cinq ans et qu'elle n’est très bonne laitière que lorsqu'elle a atteint tout son dévelop- pement. | Si M. Michel peut admettre quelquefois le lait de Chèvre sous les conditions que nous venons d’exposer, il fait cependant à ce lait de gros reproches. D'abord, pour lui, ce lait a toujours une odeur particulière qu'il attribue à des sécrétions cutanées. Nous concédons à M. Michel qu’il y a des laits de Chèvre d'un goût désagréable, mais nous n’avons pas à lui apprendre qu'il en est de même pour la Vache. Cependant l’industrie lai- tière a su s'arranger pour ne livrer à la consommation pari- sienne et autres que des laits de Vache de goût irréprochable. Il n’est pas plus difficile d’en faire exactement autant en ce qui concerne le lait de Chèvre, car les races à mauvais lait peuvent être écartées des centres de consommation au profit de celles qui donnent un lait de goût irréprochable, et elles sont le grand nombre. M. Michel prétend aussi que les soins de propreté, l’alimen- tation spéciale que réclame une nourrice caprine représentent autant de frais et de complications que l'allaitement au sein d’une femme mercenaire. | Nous allons voir ce que vaut cette étonnante allégation. Nous savons, pour l'avoir pratiqué, ce que coûte une Chèvre dans ces conditions à Paris même. La nourriture revient au maximum à une dizaine de francs par mois, surtout que les déchets de table de toutes sortes, mêmes carnés, sont utilisés avec infiniment d'avantages pour le développement de la production de lait, dans des soupes qui sont servies en petites quantités à l'animal laitier. Celui-ci trouve sa place dans un sous-sol ou une remise, où un très petit espace lui suffit pourvu qu'il y ait air etlumière. Pourle garantir 532 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION du froid, en hiver, on le logerait dans une espèce de cage en bois susceptible d'être fermée complètement pendant la nuit, sauf dans la partie supérieure où des ouvertures seront pratiquées pour la circulation de l’air qui doit être fourni à la quantité de 8 mètres cubes environ. Cette caisse grossièrement faite ne coûterait pas plus d'une quarantaine de franes. Le côté du dessous ou le plancher serait isolé du sol et à claire voie afin de permettre l’écoulement de l’urine recueillie dans une couche de sciure de bois étalée par en dessous. Tous les jours, on secouera la litière qui n’est pas à renouveler chaque fois puis- qu'elle laisse passer non seulement l'urine mais les crottes dures et menues qui constituent les déjections d'une Chèvre. La sciure de bois mêlée de fumier est enlevée deux fois par jour avec la pelle à feu et emportée aux ordures dans un simple seau à charbon. Quand le temps n’est pas mauvais, on fait circuler la Chèvre dans la rue pendant un quart d'heure, comme on ferait pour un Chien. La bête laitière vous suit d’ailleurs exactement comme ferait celui-ei. Voilà toute la peine que représentent les soins donnés à une Chèvre ; c’est à la portée de tout le monde, même d un enfant. Le foin est donné dans une corbeille quelconque par quantité mesurée à l'appétit de la bête : 2 kilogrammes par jour au plus. Un enfant de huit ans peut opérer la traite, tellement elle est dénuée de toute espèce de difficulté, et si le bébé doit téter à même la Chèvre, une seule personne suffit pour dresser la bête, qui, d'ailleurs, ne résiste jamais lorsqu'on sait s’y prendre et ne demande pas plus de deux jours d'entraînement pour se prêter avec plaisir à sa fonction de nourrice. Pour ce qui est de la dépense totale pour instituer ce régime, nous l'estimons lar- gement en la fixant à 300 francs par an, en faisant très bien les choses. Voilà donc la solution à comparer avec celle qui comporte la nourrice-mercenaire. Celle-ci en ne tenant pas compte des ennuis de toutes sortes qu'elle cause et des dangers qu'elle peut faire courir à l'enfant par les tares et les antécédents qu'elle à intérêt à cacher soigneusement et qu'il est la plupart du temps impossible au médecin de découvrir ou de soup- conner, ne coûte pas moins, gages, nourriture et cadeau, d’une somme de 2.000 francs par an. (A suivre.) ACCLIMATATION DU BLACK-BASS EN FRANCE (MICROPTERUS SALMOIDES) Par le prince PIFRRE D'ARENBERG (1. C'est dans le département de Seine-et-Marne, à proximité de la propriété de M. E. Roger, un des premiers amateurs ayant cherché à acclimater le « Black-Bass » en France, que nous avons eu, M. L. Bouglé et moi, l'occasion de pêcher de nouveau ce Poisson d'importation récente. M%° la marquise de Ganay, dont l'esprit ouvert s'intéresse à toutes les tentatives pouvant procurer aux éleveurs des res- sources nouvelles, a fait, sur le conseil de M. Debreuil, mettre un assez grand nombre de Wicropterus dans une pièce d’eau située dans le parc de Courance (Seine-et-Oise), ai mois de décembre 1909; ils mesuraient alors environ 6 centimètres de longueur. Cette pièce d’eau, de forme ronde, a environ 100 mètres de. diamètre; sa profondeur moyenne est de 1250; le fond est peu vaseux, l’eau, d'une très grande limpidité, el il n y a presque pas d'herbes aquatiques. On a placé, en même temps que les Micropterus, des Perches Soleil, Eupomotis gibbosus pour leur servir de nourriture; la pièce d’eau contient aussi des Gardons. Nous avons d'abord essayé de pêcher avec une petite mouche à saumon « Fiery Brown », mais sans résultat. Nous lui avons substitué une « Alexandra » d'assez forte taille qui a été saisie presque aussitôt par un Black-Bass. M"° de Ganay a alors prisla canne ef, après une belle lutte, le Poisson a été amené à l’épui- sette ; il pesait environ 250 grammes. M. L. Bouglé a ensuite essayé un « Yellow Kid », engin tournant à la surface, tandis que nous montions sur une canne à lancer un « Coaxer», appât au corps rouge, de forme ovoïde, muni de deux hélices et armé de trois hamecons triples. (1) Cet article, publié par notre collègue M. le prince Pierre d’Aren- berg, dans le journal du « Casting club de France », confirme les résultats heureux de l’acclimatation du Black-Bass et les qualités de ce Poisson. 534 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION M. L. Bouglé a pris presque aussitôt un Poisson de même taille que le premier, pendant que nous en capturions plusieurs. La défense du Black-Bass est assez vigoureuse; il saute fréquemment hors de l’eau et, à taille égale, lutte beaucoup plus courageusement que la Perche. Après le « Coaxer », nous avons essayé un poisson à reflet analogue à ceux dont on se sert pour la pêche de la Truite, du Brochet et de la Perche ; nous avons pris ainsi encore un Black- Bass, pendant que M. L. Bouglé, en se servant d'un « Phantom », obtenait aussi de bons résultats. On peut en conclure que les engins actuellement employés en France pour la pêche des Poissons chasseurs et au moyen d’une canne à lancer, sont très suffisants ; il y a lieu de ramener l'engin à une bonne vitesse pour qu'il se trouve assez près de la surface. Tous les Poissons capturés avaient sensiblement la même taille et pesaient approximativement le même poids, sauf un de dimensions beaucoup plus petites; il ne serait pas impos- sible qu'il fût d’une autre génération. Nous avons constaté l'existence de plusieurs « nids » géné- ralement gardés par un Poisson, bien que la période de repro- duction soit passée depuis plus d'un mois. Ces nids sont très comparables à des frayères de Truites, la vase est écartée et fouillée de façon à former une cavité peu profonde dont le sol est constitué par des cailloux. Malgré une observation attentive, nous n’avons pas pu constater la pré- sence d’alevins; le Poisson gardien, effrayé par notre approche, ne tardait pas à revenir au-dessus du nid. Nous avons remarqué aussi que les Black-Bass se trouvaient généralement par paire; lorsque l'un d’eux était accroché l'autre se jetait sur lui comme pour lui disputer l’appât. Le garde nous a dit que, lors de l'empoissonnement, un Martin-Pécheur a fait beaucoup de mal; d'autre part, malgré les grillages placés à la sortie de l’eau, quelques alevins se sont échappés et ont été pris dans d’autres pièces d’eau. M®° de Ganay a l'intention de mettre des Black-Bass dans d'autres canaux; l'essai est, en effet, assez encourageant pour justifier de nouvelles tentatives. On peut conclure, d’après les expériences de M. E. Roger et de M°®° de Ganay, que le Micropterus s'acclimate parfaitement ACCLIMATATION DU BLACK-BASS EN FRANCE 535 en France dans des conditions très différentes : d'une part, dans un élang alimenté par des eaux de pluie; d'autre part, dans des pièces d’eau remplies par des sources à température relati- vement froides. Il semble qu'il y a lieu de répandre le plus possible cet excel- lent Poisson, au moins dans les eaux fermées, car il présente autant de qualité au point de vue sportif qu’à celui de l’alimen- tation. VISITE DE LA SOCIÉTÉ AU PARANGON Par ALPHONSE LABITTE. Le 23 juin dernier, plusieurs membres de la Société accom- pagnaient M. À. L. Clément, Président de la Section d'Entomo- logie chez M. le D' Henri Rousseau, à Joinville-le-Pont. Disons de suite que l'Ecole coloniale de M. le D' Henri Rous- seau à été la résidence de M"° de Sévigné, connue sous le nom de Parangon; tout l'ensemble de l'Etablissement, parc de 20.000 mètres, château et dépendances ont conservé le beau et grand caractère de l’époque où M®° de Sévigné en faisait son séjour. Dans ce cadre magnifique, les jeunes gens de nos colonies viennent faire leurs études scolaires, scientifiques, manuelles, industrielles, commerciales, etc. A leur achèvement, ils retournent dans leur pays, munis de connaissances nécessaires pour y apporter et y répandre les bienfaits de notre civilisation, de notre instruction et de nos progrès, secondant chez eux les efforts que fait pour ses colonies la mère-patrie. Les jeunes Français qui se destinent à devenir des colons ou des explorateurs, trouvent également dans l'Etablissement du D' Henri Rousseau tous les éléments d’une instruction solide, dirigée spécialement pour le but qu'ils se proposent. Les visiteurs ont parcouru les différents ateliers, classes, laboratoires établis pour les études coloniales, mais ce qui les attiraient surtout étaient le Jardin Botanique et la Magnanerie. En effet, M. le D'Henri Rousseau, dans un esprit méthodique et pratique,.a formé une collection d’Arbres et de Plantes du plus grand intérêt au point de vue instructif et colonial; les membres de la Société l’en ont vivement félicité. Quant à la Magnanerie, elle est d’une installation parfaite; elle fait le plus grand honneur à la sagacité et aux efforts de M"° Louise Rousseau, la femme du Docteur et l’infatigable propagatrice de l'élevage familial en France, du Ver à soie. Encouragée et soutenue dans son œuvre par M. A. Mozzico- nacci, professeur régional de sériciculture, directeur de la Station expérimentale d’Alais (Gard), M° Louise Rousseau a installé à Joinville-le-Pont un élevage de Vers à soie des mieux ordonnés et des plus prospères. VISITE DE LA SOCIÉTÉ AU PARANGON 537 Voici ce qu’elle a obtenu après examen fait à la Station expé- rimentale de M. le professeur Mozziconacei : Les cocons de son élevage pesaient en moyenne 2 gr. 5 cha- cun, alors que le poids moyen des bons cocons des Cévennes est de 2 grammes. Leur rendement en soie a été, en faisant dévider 60 grammes à la bassine expérimentale de la Station : Poids des Cocons filés . . . . . . AGO UE TE — , (16 16, SO Be NE LEE NEO LONE 5 gr. 840 Re EISONS NS Nec Ne SET DS TE CE SRLCIEUTE SO ES 0 ete do et OR UE RONHRÉC. 2 8 ee ore erore a D 975 On appelle rentrée la quantité des cocons frais qu'il a fallu pour obtenir 1 kilog de soie grège. Et M. le professeur Mozziconacei ajoute que le chiffre de 10 kil. 275 est très beau, puisque les filatures comptent, en général, sur une rentrée de 12 kilogs de cocons pour obtenir 1 kilog de soie. On ne peut donc que louer M" Louise Rousseau pour sa belle et intéressante entreprise : c’est ce que les membres de la Société ont chaleureusement fait. Au moment de la visite, la montée élait terminée, mais des milliers de cocons superbes d’ampleur et de blancheur émail- laient les claies de la Magnanerie. Voici les variétés de Müriers cultivés au Parangon : 1° Mürier blanc de Yun nou, 20 Müûrier Moretti, 3° Mürier blanc vulgaire, 4° Mûrier blanc à fruits roses, 5° Mürier blanc de Tartarie, 6° Mürier blanc à fruits noirs, 7° Mûrier blanc greffé sur Mürier à fruits noirs, 8° Mürier à feuilles de roses, 9° Mürier Lhore. Tous ces Müriers réussissent très bien dans la zone pari- sienne et les départements circonvoisins du nôtre. LES HELMINTHES DU NANDOU Par A. RAILLIET, et A. HENRY, professeur chef de travaux à l'École d’Alfort. L'élevage du Nandou prenant actuellement une certaine extension, il n’est peut-être pas inutile de présenter aux per- sonnes qui s'en occupent un tableau des parasites internes dont la présence a été signalée chez cet intéressant animal. La connaissance de ces parasites pourra inciter les éleveurs à les recueillir avec soin pour les soumettre à l’examen des spécialistes, et à se rendre compte des troubles morbides qui peuvent leur être imputés. Déjà, au cours de l’année écoulée, M. Debreuil nous en a fait parvenir deux espèces intéressantes. Et c'est précisément à l'occasion de l'étude de ces formes que nous avons été amenés à dresser le tableau en question. Il comprend 12 espèces : 3 Cestodes, 7 Némalodes et 2 Acan- thocéphales. CESTODES. Trois espèces de Cestodes ont été signalées chez le Rhea americana : Cittotænia rheæ Fuhrmann, Davainea struthionis (Parona) et Chapmania tauricollis (Chapman). 1. Cittotænia rheæ Fuhrmann. — Le genre Cittotænia appar- tient à la famille des Anoplocephalidæ et à la sous-famille des Anoplocephalinæ. Les Anopiocephalidæ sont caractérisés par une tête inerme, généralement globuleuse, portant des ventouses relätivement grandes. Il n'existe pas de cou. Les anneaux sont courts et larges. L'appareil génital est simple ou double; les pores géni- taux sont marginaux. Les œufs sont souvent pourvus d’un appareil piriforme. Les Anoplocephalinæ se distinguent par leur utérus sacci- forme, lobé ou ramifié, rarement en réseau. Ils vivent en para- sites chez les Mammifères et les Oiseaux. LES HELMINTHES DU NANDOU 539 Le genre Cittotænia Richm est caractérisé par des glandes génitales et des pores génitaux doubles. L’utérus est cependant simple, sous la forme d’un tube transversal qui envoie des diverticules en avant et en arrière. Les conduits génitaux croisent les vaisseaux excréteurs et les nerfs en passant au-dessus. Cittotænia rheæ Fuhrmann, 190%. — Fuhrmann a ren- contré ce Ver en abondance (environ 100 exemplaires) chez un Àhea americana ; il l’a retrouvé dans la collection helmin- thologique du Musée de Berlin. Il en donne la description suivante : Grosse tête, de 15 de diamètre. Cou d'ordinaire nettement plus étroit, de sorte que la tête est bien distincte; ventouses larges. Chaîne longue de 5 à 9 centimètres sur une largeur maximum de 3 millimètres, à anneaux courts. Dans la collec- tion du Musée de Berlin, on trouve des fragments mûrs de ce Ver qui ont 8 millimètres de large. Les exemplaires de Fuhr- mann n'étaient donc pas arrivés à maturité. La poche du cirre, de chaque côté de l’anneau, mesure 600 4 de long sur 20 y de large. Environ 110 testicules. L’utérus remplit tout le paren- chyme médullaire. Les œufs possèdent un appareil piriforme faiblement développé. 2. Davainea struthionis (Parona). — Les genres Davainea et Chapmania appartiennent tous deux à la famille des Pavai-. neidæ, dont voici les caractères généraux : Tête pourvue d’un rostre armé de très nombreux crochets à garde allongée, présentant la forme de marteau de couvreur ; les bords des ventouses sont eux-mêmes le plus souvent garnis de petits crochets. Les organes génitaux sont simples ou doubles, mais les pores génitaux sont unilatéraux. Cette famille se laisse diviser en {rois sous-familles, dont deux seulement, celles des Davaineinæ et des Idiogeninæ, doivent retenir notre attention. Sous-famille des Pavaineinæ. — Les quatre ventouses cépha- liques ont leur bord garni de plusieurs rangées circulaires de petits crochets. Les œufs sont contenus dans un utérus qui se résout en de nombreuses capsules dispersées dans le paren- chyme. | Genre Davainea. — Rostre à deux rangées de crochets. Ven- touses à petits crochets parfois caducs. Pores génitaux unila- 540 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION téraux ou irrégulièrement alternes. Capsules ovifères contenant chacune un ou plusieurs œufs. Nous devons nous borner à noter sommairement ici l'espèce Dav. struthionis (Parona), parasite des Autruches d'Afrique. Le Musée d'histoire naturelle de Berlin renferme des exem- plaires de cet helminthe mentionnés comme ayant été récoltés vers 1821 par Olfers et Sello chez un Ahea americana sauvage tué par ces explorateurs. | D'après la description de von Linstow, on peut ainsi le carac- tériser : Longueur, 16 à 62 centimètres. Rostre à peine perceptible, à deux couronnes de 12 crochets chacune, les plus grands longs de 84 , les plus petits de 75 w. Les premiers anneaux sont beaucoup plus larges que longs; ils deviennent un peu plus longs que larges vers le milieu de la longueur, mais les derniers n'ont plus que 1“"38 de long sur 2257 de large. Selon Parona, les derniers sont larges de 8 #25 à 9 millimètres. Cet auteur a eu affaire en effet à des individus mûrs, portant des œufs longs de 30 w et larges de 20 w. 3. Chapmania tauricollis (Chapman). Sous-famille des /dio- geninæ, caractérisée par la possession d’un organe parutérin dans lequel pénètrent les œufs venant de l’utérus ou des capsules ovifères. Le genre Chapmania Monticelli ressemble beaucoup au genre Davainea par la forme et l’armature de la tête; mais les œufs, qui ont d'abord pénétré dans un utérus très ramifié pour s’isoler dans des capsules du parenchyme, sont ensuite refoulés dans les anneaux détachés à l’intérieur d'un organe parutérin situé vers le bord antérieur. Chapmania tauricollis (Chapman), décrit par Zschokke sous le nom de 7'ænia argentina. — La tête est cylindrique, courte ; elle porte un rostre fortement rétracté armé de deux rangées de crochets longs de 8 v, et quatre ventouses assez fortes, pro- fondes, dont le bord est garni de petits crochets qui se déla- chent facilement. La chaine, longue de 8 à 9 centimètres, comprend 150 à 250 anneaux. Les premiers anneaux ont une largeur de 300 à 500 w, les moyens de 400 à 450, les derniers seulement de 409 à 120. Ces anneaux sont très courts, car leur largeur atteint 4 à 6 fois la longueur danses premiers et 12 à 18 fois dans les moyens. L’épaisseur est considérable, égale LES HELMINTHES DU NANDOU 541 presque à la moitié de la largeur. Le bord postérieur de chaque anneau déborde le bord antérieur de l’anneau suivant, ce qui donne à l’ensemble un aspect denté. Les pores génitaux sont unilatéraux. Dans chaque anneau, il existe environ 80 testi- cules, et on remarque non loin du bord antérieur un organe parenchymateux dans lequel les œufs émigrent à maturité (organe parutérin)}. Les œufs sont à double enveloppe, une extérieure de 44 » de diamètre, et une intérieure plus délicate, entourant l'oncosphère large de 33 w et traversée par les 6 crochets de l'embryon longs de 21 v. Ce parasite ne parait pas être très rare dans l'intestin du Nandou. (A suivre.) = - g & Re BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 35 L'IMPORTATION DE LA BANANE Par L. HOLLIER Il y a sept ou huit ans, je donnais les chiffres suivants pour la consommation des Bananes en France et en Angleterre : 50 à 60.000 régimes de Bananes pour Paris, et 2 millions de régimes de Bananes pour l'Angleterre; mais ces chiffres sont largement dépassés maintenant, soit 150 à 200.000 régimes pour Paris, et 6 millions pour l'Angleterre, et, à voir l'extension que prend la vente des Bananes en Europe et les progrès qui sont faits pour la production dans les pays intertropicaux, on peut, sans exagération, dire que ce fruit deviendra un des plus importants objets du commerce de nos pays. (Ilse traite environ 350 à 400 millions d’affaires de Bananes aux États-Unis.) Il serait même des plus intéressant de pouvoir étudier dès maintenant les différentes applications de ce fruit, mais ceci nous entrainerait loin et je n’en donnerai qu'une faible indi- cation, restant limité aux marchés américain et européen : La Banane fraiche consommée comme fruit frais; La Banane mûre séchée, consommée dans les pays où la Banane fraiche arrive difficilement; La Banane verte desséchée; cette dernière devant servir, soit à la production de farine ou fécule, soit à être transformée en alcool. La Banane fraîche se subdivise, au point de vue de la con- sommation générale, en deux catégories distinctes : 1° Celle produite aux Canaries et exportée seulement sur le marché européen, considérée comme fruit de luxe. Les régimes sont toujours emballés très soigneusement. La production des Canaries est actuellement de 3.500.000 régimes ; 20 Celle produite dans tout le centre de l’Amérique, ce que les Anglais appellent « West Indian », exportée pour la plus grande partie aux États-Unis, mais qui cependant arrive depuis quelques années régulièrement sur le marché anglais. Ces régimes sont expédiés en vrac, sans emballage, c'est de la Banane populaire. Il est assez difficile de donner des chiffres pour cette dernière catégorie, bien que je sache qu'il en était importé, ces années L'IMPORTATION DE LA BANANE 543 dernières, environ 70 millions de régimes par an aux États-Unis et 3 millions en Angleterre. Cette production et vente des Bananes du centre de l’Amé- rique est à peu près entièrement monopolisée par la Société américaine la « United Fruit C° », Société au capital de 175 mil- lions de francs, possédant une flotte de plus de 100 steamers faisant spécialement le transport des Bananes et chargeant chacun 40 à 50.000 régimes. Il y a maintenant pour l'Angleterre un service hebdomadaire partant régulièrement de Santa-Martha de Colombie pour Bristol et un service bi-hebdomadaire de Porlo-Rico. Il arrive donc maintenant, sur le marché anglais, de 250.000 à 300.000 de ces régimes par mois. C’est la Banane que l’on vend sur les petites voitures dans les rues de Londres, vendue bon marché, malgré sa grosseur, sous le nom de « Banane de la Jamaïque ». Il est donc permis d’entrevoir quelle pourra être l'importance de ce commerce lorsque le marché continental pourra, lui aussi, en recevoir directement, et ce qui sera probablement d'ici peu. Aux Canaries, il se produit depuis quelques années une hausse très forte sur les terrains en culture de Bananes, et l’hectare en plein rapport vaut aujourd’hui de 40 à 50.000 fr. Ceci résulte de la demande de plus en plus active et de la li- mitation forcée de cette cullure dans ces îles. Les moyens de transport se perfectionnent ;, malgré la hausse aux Canaries, le prix de la Banane a plutôt baissé sur le marché parisien; on la trouve assez facilement maintenant à 0 fr. 10 la pièce et deux pour 0 fr. 25. Ceci provient de ce que, par suite de l'augmentation de consommation, on a pu intéresser des com- pagnies de navigation qui, autrefois, n’allaient qu'en Angle- terre, à venir directement en France. On évite ainsi un double fret (des Canaries en Angleterre et d'Angleterre en France) et aussi plus de la moitié des droits de douane. Nous avons maintenant, pendant les huit mois de forte consommation, un service régulier bi-mensuel, entre les Cana- ries et Dunkerque, fait par des navires aménagés spécialement, ne transportant que des Bananes et des caisses de Tomates. En plus de cette ligne, il est importé des Bananes par Bor- deaux et Marseille, qui réexpédie sur Alger d'une façon irré- gulière. 544 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION C'est pariout que la Banane est demandée maintenant; il arrive à Hambourg plusieurs centaines de mille régimes par an et Gênes recoit aussi des chargements assez importants qui sont réexpédiés dans toute l'Italie, et même en Egypte. Ce qu'il faut surtout considérer, c’est que, jusqu’à présent, la Banane n'est en grande partie consommée qu'à Paris et dans quelques grandes villes. L'on peut donc se rendre compte de ce qu'il faudra importer lorsque cette consommation s’étendra à la province. Ceci, nous ne l'obtiendrons qu'avec la Banane du Centre Amérique, qui revient à meilleur marché et se popularisera ainsi plus facilement. Il est très regrettable que rien n'ait été fait dans cer- laines de nos colonies à cet égard, mais jusqu'à présent tous les essais n'ont donné que des déboires, soit qu’ils aient été dirigés par des personnes peu compétentes, soit que, pour trouver les capitaux nécessaires, il ait fallu s'adresser à des banques qui ne voyaient plus là dedans une opération commer- ciale, mais seulement une affaire de Litres à placer. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS II: SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU 10 avriz 1911 Présidence de M. Raveret-Wattel, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Debreuil donne lecture d'une lettre de M. Rollinat faisant connaître que les Poissons-Chats ne se sont pas reproduits dans son étang en 1910, probablement par suite de la trop basse température de l’eau. Notre collègue signale ensuite les intéressants envois de Poissons de mer qu'a reeus récemment M. Dagry, pour le nouvel aquarium d'Anvers. Parmi ces Poissons figuraient notamment des Hippocampes et un Cycloptère (Cyclopterus lumpus), espèce d'aspect très curieux et à mœurs fort intéres- santes. M. Magaud d’Aubusson communique à la Section des rensei- gnements d'un vifintérêt qu'il a reçus de M.André Trills, direc- teur de l'Institut sérumthérapique de Rio de Janeiro, sur l'emploi, fait au Brésil, de différents sérums très efficaces dans les cas de morsures de Serpents venimeux. Notre collègue dépose sur le bureau, pour être insérée au Bulletin, une note détaillée sur cette question, ainsi que des échantillons des sérums dont il s’agit, et deux spécimens, conservés dans l'alcool, d’un petit Serpent fort dangereux, très commun au Brésil. Les échantillons de sérums sont remis à M. Bruyère pour le laboratoire d’Erpétologie du Muséum d'Histoire naturelle. M. Bruyère signale, à ce sujet, que l’on ne connaissait encore en France que le sérum de Calmette, efficace seulement contre ù TPE RAR ARE TEST CO 546 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION les morsures de-nos Vipères d'Europe et de certains Serpents de l'Inde. Les sérums utilisables contre la morsure des Serpents américains présentent donc un intérêt particulier. M. le D' Pellegrin rend compte de la visite qu'il a récemment faite, avec plusieurs de nos collègues, de la superbe collection de Poissons d'ornement exotiques de M. de Visser, collection qui comprend un très grand nombre d'espèces, toutes plus curieuses les unes que les autres, soit par la bizarrerie de leurs formes, soit par la richesse et l'originalité de leur livrée. Elle occupe un grand nombre d'aquariums, où les Poissons, qui y vivent en parfaite santé, se reproduisent pour la plupart. Ils sont, il est vrai, placés dans d'excellentes conditions hygié- niques, grâce au soin pris de garnir les aquariums de végétaux aquatiques, qui assainissent l'eau, et d'oxygéner d'ailleurs celle-ci à l’aide d'un appareil à air comprimé. Pour les Poissons des pays chauds, l'eau des aquariums est entretenue à une température convenable au moyen d’un appareil de chauffage très ingénieux, de fabrication allemande, qui n’entraîne qu'une dépense insignifiante de combustible (pétrole). M. Pellegrin fait remarquer qu'il y aurait lieu d'attirer tout particulièrement l'attention sur une branche de la pisciculture encore presque complètement négligée en France, l'élevage des espèces ornementales d'aquarium ou d'appartement, en y ajoutant accessoirement celles susceptibles de peupler les pièces d'eau des serres, des parcs et des jardins. Devant les progrès réalisés en ces dernières années à l'étran- ger, notamment en Allemagne, je crois utile, dit M. le L' Pelle- grin, d’insister un peu sur cette question, car elle intéresse non seulement les pisciculleurs producteurs, qui trouveront là une source fructeuse de revenus, mais encore les particuliers, les amateurs, tout le monde, pourrait-on dire. En effet, la conser- vation de ces jolies espèces, qui s'élèvent facilement dans des récipients de faibles dimensions, et n'exigent, en général, que peu de soins, contribuera à l'embellissement de toutes les demeures, en même temps qu'elle constituera un passe-temps des plus agréables, une distraction attrayante, un perpétuel sujet d'observations scientifiques. Le Secrétaire, A. DAGRY EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 547 Ve SECTION. — BOTANIQUE. SÉANCE DU 24 AvRriz 41911 Présidence de M. D. Bois, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Bois fait connaître : 1° qu'il a reçu une nouvelle lettre de M. Morel, au sujet de la date proposée pour la visite de sa propriété, « Villa des Cyelamens », à Auteuil, par laquelle M. Morel indique que la date fixée vers la fin de juillet ne peut être retenue, et propose de la reculer. Il est entendu qu'elle sera fixée au mardi 26 septembre, après le Congrès génétique; une note spéciale l’annoncera dans le Bulletin ; 2° De M. Lesne, assistant au Muséum, une lettre au sujet des Insectes nuisibles observés par lui dans les échantillons qui lui ont été communiqués et provenant de la champignonnière de M. Bonhomme, à Issy. La seule espèce qui paraît être nui- sSible parmi celles qu’il a observées dans l'envoi qui lui a été fait est un Diptère, du genre Sciara, dont la larve creuse des galeries à l’intérieur du pédicule el aussi du chapeau. Ce Dip- tère n'existait d’ailleurs que dans un petit nombre des échan- tillons envoyés. Les Acariens n'étaient pas abondants; parmi eux dominaient les larves d’un Gamaside. Serait-ce cet Arachnide qui serait considéré comme nuisible ? M. Lesne ne croit pas qu'aucun Gamaside ait jamais été signalé comme tel. Des observations sur place, ajoute-t-il, seraient nécessaires pour établir qu’il en est bien ainsi. Si c’est réellement cet Acarien qui doit être incriminé, il y aurait sans doute quelque chose à tenter en mélangeant de la fleur de soufre aux couches superficielles du sol. M. Bois donne ensuite connaissance de deux lettres qui lui ont été adressées ; la première est de M. Labroy, chef des serres du Muséum, en mission au Brésil, datée de Rio de Janeiro, 28 mars 1911; en voici les passages essentiels. Après avoir indiqué qu’il avait visité rapidement l'île Saint- Vincent, au Cap Vert, M. Labroy écrit : « Nous avons fait route directement sur Rio. 548 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Les environs immédiats de la capitale sont d’un pitto- resque déconcertant et d’une richesse de végétation qui rap- pelle, jusqu’à un certain point, la vallée de l’Amazone. « Les jardins, qui sont pour la plupart l'œuvre de Glaziou, m'ont paru bien plantés; toutefois, il y à peu d’essences exo- tiques et Le style laisse beaucoup à désirer. Par contre, certains spécimens de Palmiers, tels l'Oreodoxa regia du Jardin bota- nique, et de Dicotylédones indigènes, sont des plus remar- quables. « D'ici peu, je compte faire un premier envoi au Muséum, graines et plantes recueillies dans l’État de Rio; malheureu- sement la pluie contrarie beaucoup mes efforts en cette sai- son. » La deuxième lettre communiquée par M. Bois lui a été adressée par M. Hautefeuille, directeur de la station de La Pho: par Hung Hoa (Tonkin), datée du 10 mars 1911; elle est rela- tive à l'Ansérine amarante (Chenopodium amaranticolor) : « Je pense à vous presque quotidiennement, écrit M. Haute- feuille, depuis que la station de La Pho contribue à propager l’Ansérine amarante. « Il s’est trouvé que j'étais le su à en avoir, à ce quem'a assuré M. Lemarié, et c’est de chez nous qu'est partie î dis- tribution dans le Tonkin. « J'ai donné toutes mes graines et me suis contenté de repi- quer tout ce qui a reparu par réensemencement naturel. « L’Ansérine à vaillamment supporté les rudes mois de soleil et de pluies d’août et de juillet. Actuellement, les repi- quages, provenant de semis naturels, vont me donner des graines assez abondantes pour fournir à une nouvelle distribu- üon plus copieuse. « Comme il y a lieu de craindre que partout on ait semé trop tôt, c'est-à-dire de manière à récolter sans raison, à l'époque de surabondance des légumes, cette nouvelle distribution rendra le service d'assurer une récolte d’été en saison pauvre en légumes. « Enfin je ferai un ensemencement dans quelques jours pour fournir de la semence au Tonkin assez abondamment pour n'avoir plus à m'en occuper. Ce sera propagé, je pense. Il va de soi qu’il m'en restera toujours assez, car nous l'ai- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 549 mons, et il fournit abondamment en tout temps. J'aurais du reste quelque peine à m'en débarrasser si jy songeais. » La correspondance parvenue au siège de la Société compre- nait : 1° Une lettre de M. Ch. Rivière, directeur du Jardin d'Essai du Hamma, datée du 5 avril 1911, signalant un fait de parasi- tisme intense constaté en ce moment à Alger. « [1 y a quelques années, écrit M. Rivière, j'ai montré des feuilles atteintes par le Chrysomphalus Ficus, Cochenille très polyphage. On sait qu'elle n’est pas nouvelle en Algérie comme on l’a affirmé sans preuves : en ce qui me concerne, je la con- nais depuis plus de quarante ans, mais très localisée. « Aujourd'hui, le Chrysomphalus Ficus et le C. minor, ce dernier beaucoup plus redoutable, ont envahi non seulement les diverses espèces de Ficus des promenades et des avenues d'Alger, mais aussi presque toutes les plantes. « Un foyer de propagation s’est développé pendant des années à peu près au centre d'Alger, dans les jardins de l’Uni- versité, sans attirer l'attention, et y a commis de tels ravages qu'il à fallu rabattre tout récemment les arbres, les effeuiller, ainsi que les principales plantes. « La ville, autrefois si verdoyante, grâce à ses plantations d'arbres à feuilles persistantes, ne présente plus que des arbo- rescents à charpentes dénudées. « On a craint, pour les orangeraies, l'attaque du Chrysom- phalus minor spécialement, et on a supprimé, contaminée ou non, toute végétation arborescente. « On peut se demander si cette mesure n’est pas excessive, puisque tous les végétaux sont infectés par ces Cochenilles, et, pour donner une idée de l'intensité de cette contamination, j'adresse à la section quelques parcelles de feuilles de Phænix canariensis (1). « Fait curieux, au Jardin d'Essai, localité basse, mal aérée où végétaux sont serrés les uns s contre les autres, ce parasi-- tisme est sans imporlance. » Quelques collègues font remarquer que cette communication est plutôt du ressort de la section d'Entomologie, et quil n’y a pas à la retenir pour la section de Botanique. (1) L'épiderme était, en effet, entièrement recouvert de ces Cochenilles. 550 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION M. Bois et M. Gérôme indiquent qu’au contraire les bota- nistes amateurs et collectionneurs de plantes ont tout intérêt à connaître les cas de la nature de celui-ci, étant donné qu'il a sa répercussion sur tout ce que touche au transport et au com- merce des végétaux, soit entre régions d'un même pays, soit entre voisins (commerce international). Voici quelques indica- tions précises sur ce sujet, relatives à des prescriptions ré- centes. Le Journal officiel du 24 mars 1903 a publié un décret du 25 janvier 1909 réglementant l'importation en Algérie des végétaux autres que la Vigne, en vue de la protection des orangeraies contre les Insectes nuisibles. L'article premier de ce décret stipule ceci : « Les végétaux à l'état ligneux (autres que la Vigne et les résineux), les Palmiers racinés ou non, sans motte de terre, ainsi que leurs débris frais provenant de l'étranger et des départements français des Alpes maritimes, du Var, des Bouches-du-Rhône, du Gard, de l'Hé- rault, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales et de la Corse ne pourront pénétrer en Algérie que par les ports qui seront désignés par le Gouverneur général de l'Algérie, et par les points de la frontière algéro-tunisienne qui seront déterminés de concert avec le gouvernement beylical et le gouverneur général de l'Algérie. À leur arrivée dans les ports ou points de la frontière de terre, ces produits seront désinfectés dans les locaux désignés à cet effet et par les soins d'agents techniques choisis par le. gouverneur général. Cette désinfection sera opérée au moyen d'un mélange renfermant de l'acide cyanhydrique gazeux dans une proportion qui sera déterminée par lesdits agents techniques. L'opération sera effectuée aux frais des inté- ressés. Art. 2. — Les fruits des Aurantiacées importés en Algérie seront désinfectés dans les conditions prévues à l'article pre- mier pour les végétaux ligneux. Les articles suivants indiquent les peines auxquelles s’expo- sent ceux qui seraient en contravention avec les dispositions de ce décret (amende de 50 à 500 francs etemprisonnement qui pourrait aller jusqu’à quinze mois, ou trente mois, en cas de récidive dans le délai d’un an). Le 14 mai 1910, un nouveau décret relatif à la désinfection des végétaux et fruits visés dans celui du 25 janvier 1909 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 551 réglait la somme à percevoir pour ces désinfections et le mode de recouvrement (Journal officiel du 21 mai 1910". Enfin, le 21 avril 1911, un arrêté du gouverneur général de Algérie indique les points par lesquels est autorisée l’intro- duction des végétaux ligneux et fruits d'Aurantiacées : ce sont les ports d'Alger, d'Oran et de Bône et le poste de Ghardi- maou, et prescrit que ces végétaux ou fruits soient désinfectés par les soins des agents du service phylloxérique. Ces mesures gênent considérablement le commerce, mais elles sont justifiées par l’intérét général. D'ailleurs, d’autres pays ont pris des mesures analogues pour prohiber l’impor- tation de fruits ou de plantes pouvant propager certaines maladies. Voir notamment, pour la Nouvelle-Zélande, un ordre du 20 février 1908 reproduit dans lé Bulletin mensuel de l'office des renseignements agricoles publié par le ministère de l’Agri- culture, 19140, p. 142, et pour les États-Unis une note du ministère de l'Agriculture sur les formalités à remplir par les horticulteurs qui exportent des végétaux vivants aux États- Unis, note publiée au Journal officiel du 28 septembre 1910. Dans le même ordre d'idées, il faut signaler ici le décret du 30 novembre 1898, interdisant l’entrée en France de végétaux provenant d'Amérique, pour empêcher l'introduction du Pou de San José (Aspidiotus perniciosus), et les mesures de précau- tion préconisées dès 1909 ‘par M. Bouvier, professeur au Muséum, pour empêcher l'introduction en France du Diaspis pentagona, qui sévit sur les Müûriers en Italie, mais qui vit sur une foule de plantes susceptibles d’être importées des pays infestés (Japon, États-Unis, Indes orientales, Antilles, Brésil, Nouvelle-Zélande). M. Bouvier recommande d'exercer une sur- veillance minutieuse sur les végétaux importés de ces pays infestés par ce redoutable parasite, et de les désinfecter par le sulfure de carbone ou l'acide cyanhydrique. En outre, si l'on trouvait dans les cultures des végétaux contaminés, il serait prudent de les détruire complètement par le feu. Nos collègues qui acclimatent des arbres et arbustes et en reçoivent à l'état vivant de divers pays doivent être prévenus des dangers qu'ils peuvent faire courir au pays tout entier s'ils ne surveillent suffisamment les végétaux qu'ils recoivent de l'étranger. Tout récemment, il a été institué au ministère de l’Agricul- DD92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION ture, par décret rendu sur la proposition de M. Pams, un service d'inspection des maladies de la production horticole ; ce service sera divisé en deux seclions se référant, l'une à l’entomologie, l’autre à la cryptogamie. Il est dénommé TOR phytopathologique de la production horticole (1). M. Bois donne ensuite lecture : 1° D'une lettre de *notre collègue, M. de Chapel, à Cardet par Lézan (Gard) qui rend compte des résultats qu'il a obtenus avec les £ucalyptus dont les graines ont été offertes les années précédentes par la Société. Deux espèces qu'il a en pleine terre depuis deux ans, n'ont nullement souffert : ce sont les Æ. robusta et E. Gunni, malgré une gelée de 5° 1/2 centigrades survenue alors que ces plantes étaient en pleine pousse (des Vignes et des Pommes de terre qui se trouvaient dans les mêmes condilions ont été gelées); 2° D'une lettre de notre collègue, M. Boullet, de Corbie Somme), accusant réception et bonne réussite de Broméliacées et plantes grasses du Mexique; 3 De M. Maurice de Vilmorin, annonçant son départ pour le congrès international d'Agriculture de Madrid, et se mettant à la disposition de la Société d’Acclimatalion près des sociétés correspondantes ou personnes sympathiques à nos travaux quil aura l'occasion de rencontrer dans le cours de son voyage; 4° De M. le D' Roberston Prochowsky, Chemin des Grottes, Sainte-Hélène, à Nice, au sujet de la résistance au froid du Jubæa spectabilis, et au sujet du Sterculia acerifolia, plantes dont M. Rivière s’est occupé dans des communications anté- rieures (2). Pour le Jubzæa spectabilis, M. Prochowsky écrit : « Je ne puis pas croire que ce soit le froid qui ait tué le grand exem- plaire de Jubæa de la villa Thuret », et il cite les observations qu'il a faites, soit dans ses collections particulières qui sont très riches en Palmiers (3), soit à Nice, près du Pont-Magnan, où deux exemplaires qui se trouvent dans le Jardin de la Société 1) Voir Le Jardin, 20 juin 1914, p. 177. 2) Voir Bulletin de la Sociélé nalionale d'Acclimatation, 1914, p. 187 et e |) Voir Bullelin de la Sociélé nationale d'Acclimatation, années 1906 et 1907, « Les Palmiers sur la Côte d'Azur ». EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 999 d'Acclimatation de Nice ont supporté une température de — 10 degrés sans dommage, soit à Montpellier. M. Prochowsky se demande si la mort du vieux pied de la villa Thuret ne serait pas la conséquence d’un accident (tel que la destruction du bourgeon terminal par des Rongeurs, comme il l’a observé sur d’autres Palmiers). Pour le Sterculia acerifolia, notre collègue fait remarquer qu'il fleurit rarement sur la Côte d'Azur, mais qu'il mérite bien par l'éclat de sa floraison le nom vulgaire de Flame tree (arbre enflammé), qu’on lui donne. « Je n’en connais qu'une floraison abondante qui s’est pro- duite à l’ancien établissement horticole de Nabonnaud, au Golfe Juan, et une floraison très précaire qui s’est produite dans mon jardin sur un arbre de quinze ans de semis, après que cet arbre eut beaucoup à souffrir des grands froids de l'hiver 1904-1905. Ce même arbre n'a plus fleuri dans la suite et ne s'est jamais développé vigoureusement. Mais j'ai d’autres exemplaires de la même espèce se développant assez bien et qui produiront probablement des floraisons normales ». La parole est ensuite donnée à M. Diguet, quifait une commu- nication : Sur quelques plantes mexicaines employées éventuelle- ment comme fourrage, et dont voici une analyse très succincte : En dehors de nombreuses espèces de Graminées qui se ren- contrent par endroits avec assez d'abondance dans les sites désertiques du Mexique, lorsque des pluies ont lieu, les plantes auxquelles on a coutume d’avoir recours dans les régions où les fourrages habituels font généralement défaut, appartien- nent à plusieurs familles. M. Diguet signale surtout dans son travail diverses Légumineuses, des Cactées pour les régions sèches et désertiques, et une Urticée-Artocarpée pour les srandes forêts de la zone torride. Les plus intéressantes Légumineuses, à ce point de vue par- ticulier, sont les Prosopis et les Parkinsonia. Les gousses pulpeuses et sucrées du Prosopis juliflora cons- tituent un bon fourrage; on les utilise à l’état frais, et aussi à l’état sec, conservées en silo, après une préparation spéciale (légère torréfaction) qui a surtout pour but de les mettre à l’abri des ravages des Bruches et de s'opposer à la fermen- tation et au développement des moisissures. L'arbre est abon- dant sur les plateaux mexicains. (y Sr ie era ARS ï 294 BULLETIN DE LA SOCIËTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le Prosopis pubescens, espèce particulière aux régions sèches de la Sonora et de la basse Californie fournit d’abondants ra- meaux quisont consommés comme fourrage vertparlesanimaux. Les jeunes rameaux de Parkinsonia Torreyana sont égale- ment très estimés comme fourrage dans la Sonora et la basse Californie; on reconnait que cette nourriture redonne la vigueur aux Chevaux et aux Mules. D'autres espèces du même genre ont à peu près même allure, mais ne sont pas à recommander comme fourrage. M. Diguet les cite simplement pour qu'on ne les confonde pas avec le P. Torreyana. Ce sont : les P. aculeata, florida et microplhylla. La plupart des Cactées sont merveilleusement adaptées pour résister aux exigences les plus dures des climats brûlants ; cer- taines constituent un aliment précieux qui, à défaut de tout autre, permet pendant plusieurs mois de conserver un bétail destiné à mourir de famine par suite des sécheresses de longue durée. L'emploi des articles de certains Nopals (Opuntia) et plus particulièrement de l'O. Ficus indica var. inermis suppose une certaine culture et un climat qui ne soit pas encore trop rigoureux sous le rapport de la sécheresse. Il existe dans la nature des espèces moins exigeantes; l’une des plus importantes est le Cylindropuntia arbuscula (sorte de Nopal à rameaux arrondis) habitant l’Arizona et la Californie, qui fournit au bétail une extraordinaire abondance de fruits charnus, qui doivent être, au préalable, débarrassés des petils aiguillons ou sétules qui sont à leur surface; on arrive à ce résultat par une sorte de vannage. Certains £'chinocactus renferment dans leurs tissus suffisam- ment de matières nutritives et pulpeuses pour être aussi recherchées du bétail, quand les « ranchos » à l’aide d’un cou- telas, ont abattu le sommet de ces plantes, tellement armées- que les animaux seuls u’arriveraient pas à les entamer. Toutes les espèces n'ont pas même valeur fourragère; certaines mêmes sont toxiques. Les meileures sont: Æ. ingens (État de Puebla); Æ#. Lecontei (Sonora) ; Æ, peninsula (basse Californie); Æ. electracanthus (partie australe du Mexique, Jalisco, Guanajuato); Æ. macrodiscus (État de Oaxaca). Les Cereus Pringlei et C. giganteus sont aussi une ressource (fleurs et fruits jeunes). EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 595 Dans les régions des grandes forêts tropicales, où des arbres touffus croissent de facon à intercepter complètement la lumière, les plantes fourragères annuelles ne peuvent se déve- lopper; l'élevage serait impossible dans ces conditions autant que dans les déserts si la nature n’y avait pourvu par des four- rages forestiers, par des arbres qui, par leur feuillage ou leurs fruits, peuvent assurer dans une large mesure l'existence aux herbivores. L'un des végétaux les plus importants de cette catégorie est le PBrosimum Alicastrum (Artocarpée) (arbre à la Vache) dont le feuillage et les fruits sont un fourrage de premier ordre pour les herbivores des contrées chaudes et humides. Cet arbre joue, dans les grandes forêts de la zone torride, le même office que les Légumineuses arborescentes des plaines désolées par la sécheresse. De vives félicitations sont adressées à M. Diguet pour sa communication, qui sera insérée in extenso au Bulletin, l’ana- lyse ci-dessus ne pouvant fournir tous les détails intéressants donnés sur ces diverses plantes. M. Bois présente ensuite un travail qui lui à été envoyé par M. Em. Laurent, qui, de 1903 à 1911, a dirigé les cultures de . E. Me la Générale Rauwsky, à Parthenite et à Karassane, près Yalta (Crimée). : Ce travail, intitulé : £ssais d'acclimatation de végétaux en Crimée, lu par M. Gérôme, ne peut être résumé en quelques lignes; il sera publié au Bulletin. M. Laurent signale d’abord la très grande variabilité du climat de cette partie de la Crimée, puis donne des détails sur la végétation indigène et la végétation exotique; cette dernière est particulièrement riche en Conifères. Des listes, très com- plètes, signalent, d’une part, les espèces qui peuvent se déve- lopper franchement en pleine terre et, d'autre part, celles qui ont besoin soit d’un léger abri, soit d’être rentrées en serre froide ou orangerie pendant l'hiver. Il faut avoir vécu de longues années dans le pays, comme c'est le cas pour M. Lau- rent, pour dresser de telles listes. M. Magaud d’Aubusson présente un échantillon de bois du résil utilisé dans la marqueterie, provenant, paraît-il, d’une iane qui peut atteindre 20 mètres de long, poussant dans 556 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION l’état de Parana et connu sous le nom de « Cipo florao », qui peut se traduire Bois fleuri, par allusion aux dessins figurant des fleurs étranges que l’on remarque sur la coupe. M. Bois dit que cette liane est un Pauhinia, et très proba- blement le Z. macrostachya Benth et Hook (non Wallich). Les derniers moments de la séance sont occupés à la lecture d'une note de M. Paul Serre sur la récolte et ie commerce des racines de Gentiane (Gentiana lutea) dans le Plateau Central, où cette plante croît entre 1.000 et 1.500 mètres d'altitude. Il existe, d'après les renseignements recueillis sur place par M. Paul Serre, des entrepreneurs d’arrachage de Gentiane qui paient des ouvriers à un taux moyen de 1 franc par 50 kilo- gramme de racines (ce qui permet, paraît-il, à ces derniers, de gagner encore une moyenne de 6 francs par jour), On ne peut revenir arracher une deuxième fois dans le même endroit, qu'après environ une trentaine d'années. _ Les racines de Gentianes, séchées au soleil, sont expédiées - en Amérique, via Bordeaux, à un taux de fret qui n'est que de 20 francs par tonne, et aussi via Marseille, mais à moins bon compte. Ces racines sont utilisées dans la fabrication des amers de toule sorte. : | On estime, dit M. Serre, que 150.000 balles de 100 kilo- grammes sont ainsi acheminées chaque année du Cantal, du Puy-de-Dôme, de l'Aveyron et de la Lozère vers les ports pré- cilés. | Le prix de ces racines sèches est très variable; il subit de grosses fluctuations d’une année à l’autre, voire même dans le cours de la même campagne. . On livre généralement sur wagons à des prix variant entre 34 et 40 francs les 100 kilogrammes. M. Serre se demande pourquoi ne fonctionne pas sur le Pla- teau Central une petite usine qui préparerait la Gentiane el l'acide gentianique, ce qui éviterait les frais élevés de trans- port d'une matière première volumineuse. | Le Secrétaire, J. GÉRÔME. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MaRETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. ss M embres de la Société qui désirent obtenir des cheptels sont priés d'adresser. rs demandes au Secrétariat, 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après men de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à PROJET D'ÉXCURSION DANS L'ITALIE SEPTENTRIONALE — Le Secrétaire général a l'honneur d'informer les Membres de la Société qu'un byage d'études Botanique, Horticole et Piscicole aura lieu, en Italie septentrionale, urant les vacances de Pâques 1912. >s pêcheries de l’Adriatique; des cultures de la Lombardie et du Piémont (riz, etc.) kdes établissements scientifiques. …. L'excursion sera dirigée par d'aimables confrères italiens; elle aura une durée de uinze jours. Le prix, comprenant le transport en chemin de fer, voiture, bateau, nour- Lure et coucher, sera d'environ 500 francs. 1 : …._ 11 serait nécessaire d'être fixé, le plus tôt possible, sur le nombre des personnes ui désireraient entreprendre ce voyage pour pouvoir préparer d'avance certaines xcursions, assurer les réceptions et oblenir des réductions auprès des Compagnies le chemin de fer. “_ Prière d'envoyer son adhésion au siège de la Société, sans toutefois que cette dhésion soit considérée comme un engagement. ._ Le programme de l'excursion sera adressé à ceux de nos collègues qui désirent prendre part. TA Li VISITE DE LA VILLA DES CYCLAMENS [n “ “… La visite des collections botaniques et horticoles réunies par notre collègue je Morel, dans sa villa des Cyclamens, à Auteuil (Oise), aura lieu le Mardi 26 Sep- ÆEmbre 1911. Rendez-vous à la gare du Nord à 8 heures du matin. Départ à 8 h.95, {rrivée à 11 h. 02. Retour : départ à 5 h. 29, arrivée à Paris à 7 h. du soir. Nos collè- ues qui désirent prendre part à l'excursion, sont priés d'envoyer, avant le 20 Septembre, sur adhésion au Secrétariat, 33, rue de Buffon, car M. Morel, ayant l'amabilité d'inviter Bs collègues à déjeuner, voudrait être fixé sur leur nombre quelques jours à l'avance. Cette excursion aurait pour but: la visite des jardins et lacs de la Haute-Italie;. ‘1 OFFRES rs de dessin, peinture et sculpture d’après mimaux vivants en plein air et en atelier, 8, rue de la Barouillère (rue de Sèvres, près le boulevard du Montparnasse), Paris, 6°. leurs prix Paris 1909, 1910, 1911 : poules et gs Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais Club Krançais, race pratique par excellence. pour tout usage en tout climat; saison 1911: “poulelles pour ponte hiver et coquelets, en luillet-octobre : poulettes 7 fr. pièce, 65 fr. les 10 ; coquelets 8 à 10 fr. pièce. Co. Paons blancs 19106, 180 fr. femelle mélanote 95 fr. ; co. Vies d'Egypte, reproducteurs 35 fr. DE SAINVILLE,. membre du Gâtinais-Club, int-Germain-des-Prés (Loiret). ombattants indiens 1910, 6 fr. pièce. norques blancs 1910, 6 tr. pièce. ndons croisés blanc et bronzé d'Amérique, 20 fr., Pièce ; emballage en plus Livrable gare Vivy. “le Baron LE PELLETIER, Salvert, par Vivy Maine-et-Loire). ards siffleurs du Chili 1911 et Faisandeaux dorés, “élevés en liberté ; céder ou échanger contre seaux de parc. DULIGNIER, Saint-Géraud-le-Puy (Allier). ouple coq et poule Andalous bleus extra, sujets de grands Concours, % fr. 2MBrahmas lierminés, 30 fr. Cauards Barbarie bronzés, 25 fr. ple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. erbe couple Paons Nigripennes, né chez moi et OFFRES, DEMANDES, ANNONCES prêt à reproduire en Mai, 150 fr., emballage gratuit. Coqs et poules Caumont extra, 6 fr. 50 pièce. Œufs à couver, 5 fr. la douzaine franco, M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). ! À céder quelques magnifiques Chiots bergers Beauce lune défense), hautes origines. Champion Brissac. Ravissants chats Siamois yeux bleus. Prix : de 50 à 10 francs l'un, Chèvres, Chevreaux Syrie, Suisse et 1/2 sang. Lapins races primées. Jenny s FARM, Créteil, Seine. À céder : Alpine race pure avec Ghevreau mâle. Chevreau hongre adulte harnaché. Gaston FONTAINE, à Maing (Nord). A vendre chevreaux et chevrettes nubio-alpins, saus cornes, grosses oreilles tombantes ; superbes animaux sélectionnés en yue énorme production. laitière. M, BOUCHACOURT, 21, rue Sigorgne, Mâcon (Saône-et-Loire). DEMANDES Chrysalides vivantes de Papillons, d'espèce indif- térente, failes en même temps. M. Jean ROSTAND, Arnaga, Cambo (Basses- Pyrénées). Couple Pavns blancs, jeunes ou adultes, même de cinq ans. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). SOCIÉTÉ NATIONALE. D'ACCLIMATA! FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1856 4 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) | | | | | | | Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourih 4e à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaÿ utiles ‘et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des r ce nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagatig} de végétaux utiles ou d'ornement, Late BORA Nr | Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au même de la France. L'altention des personnes compétentes doit être appelée Le spécialement sur l'intérêt qu'il y à d’acclimater, dans les colonies isothermes, df animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées! encourageant les éludes qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résuliats däi ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autr Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des exf sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graï qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétes dif agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d’util générale et qui la distingue de toutes les associauons analogues uniquement pré cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par muis et form chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rens gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poisso Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. À Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi les Personnes civiles, les Associaliuns, les Etablissements publics ou privés (Lal ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, elc.). RENE RE RE Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée. de 10 francs et une c@) sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés: Les publications d Société lui sout adressées et il peut prendre part aux distributions entièrem gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œuls d'Oiseaux ou de Poissons, € faites par la Sociélé, ou aux cheptels concédés par elle. —Divers'avanlages lui 8 également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduils ‘publications de la Société antérieures à son adumission} etc. | Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'A matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit' volumes in illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages, Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur Loutes matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importänts, tiré part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mam fères et leur élevage, les Oi-eaux el la pratique de l’Aviculture, les Poissons € pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apicultur de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs prodi leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires; € plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à «moitié pri Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages È connus du D° Moreau sur les Poissons de France. Po LEXUS Le Gérant : A. MARETHEUX. PP CR PR SRE ERES PRIE CEE RSR EE SRE € Paris L. MAxETHEUXx, hnprimeur, {, rue Cassette, En _ BULLETIN DE LA DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58° ANNÉE É N° 18 — 15 SEPTEMBRE 1911 M À. RAILLIET et A. HENRY. — Les Helminthes du Nandou (suite et fin) MA Chronique générale et faits divers D 7 ÿ “La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises ‘4 par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. ï Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Blantes), PARIS : LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MO!S Suit Nationale d'Acelimatation SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée ie 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BurFFOoN — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911 Président, M. Edmond Perrier, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire A Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PONTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le ForrT, 89, boulevard Malesherhes, Paris (Etranger). H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint Secrétaires, Germain, Paris (Conseil). / CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DeBREUIL, %, rue de Chéteaudun, Paris (/ntérieur). Trésorier, M. le D' SeBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Chchy, Paris. Membres du Conseil MM. D' LePrince, 62, rue de la Tour, Paris. MarLLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d’Hisloire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de VizmoriN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. LecomTr, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Le MYRrE DE ViLers, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. WuIRION, 7, rue Théophile- Gautier, Neuiliy-sur-Seine. 3 ACHALMF, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Esiorre naturelle; 1, rue Puis Pa DÉJARDIN. 23, rue Claude-Lorrain, Paris. . MaGauD D'AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. D' P. MARCHAL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 : Janvier | Février Mai Novembre | Décembre SÉANCES DU CONSEIL, ,_le Mardi à 5 heures. 9 44 12 Are SECTION: — Mammifères, le Jundi à 5 heures . . 6 4 2° SECTION. — Ornithologie, le lundi à, SM 2er 3° SECTION. — Aquiculture (À), le lundi à 5 heures . VERT 4e SECTION. — Entomologie le lundi à 3h 14/2. MP SECTION. — Botanique, le lundi bp. 492208 NE 6° SECTION. — Colonisation, le lundi à 5 heures - Sous-Secr1on d'Etudes Capri ines, le ven- dredi à 5 heures . LA : (1} Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séance des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels de séances. Là L'HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE Par J. CREPIN (Suite et fin) (1). Au surplus, l'institution que nous recommandons n'est pas une révélation ou une nouveauté, c'est un simple retour à d'anciens et même à d’antiques usages. La Chèvre a loujours été considérée partout, je dirai dans tous les temps et sous toutes les latitudes peuplées, comme l’auxiliaire naturelle de la femme qu'un empêchement quelconque prive du bonheur d'allaiter elle-même son enfant. L'idée remonte si bien à la nuit des temps que la légende place la Chèvre au berceau même de Jupiter enfant. Mettre en doute la valeur d’un régime qui a recu une pareille consécration, c’est presque un déti au bon sens. Mais un autre reproche à élé produit, et celui-là est tiré d'une des qualités les plus appréciables du lait de Chèvre. On a dit : Il ne faut pas ce lait, parce qu'il est sujet à des variations extraordinaires établies par la diversité déconcer- tante de cette nature de lait! On ajoute que, pour avoir un produit plus uniforme, plus invariable, il vaut mieux prendre du lait de Vache, parce qu'alors on aura toujours le même lait en ce sens qu'il provient d’un ensemble de traite dont la formule chimique ne varie pour ainsi dire pas. Si le produit d'un ensemble de traite doit assurer la constance d'une nature de laitet si cette constance plus ou moins absolue est l'idéal à alteindre pour un allaitement, nous ne voyons pas comment ces conditions ne seraient pas obtenues avec le lait de Chèvre ? Les personnes qui vendent du lait de Chèvre pour faire du commerce, ont généralement un troupeau, et il existe à Paris même des laiteries qui, à côté du lait de Vache, ticn- nent du lait de Chèvre provenant de leurs propres troupeaux. Du reste, lorsqu'on se sert d’une Chèvre pour nourrir un enfant, il est de précaution élémentaire de s'adresser d'abord à une race caprine réputée pour la légèreté de son lait et, ensuite, de faire analyser le lait de la bête pour en régler la composition et l'usage aux facultés de l'estomac de l'enfant. (LM Bull., 1er septembre 1911° BULL. SUC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 36 7" 558 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION On a ainsi le lait de la même bête constamment comme on aurait le lait de la même femme avec l'allaitement naturel. Que chercher mieux! Quant à la durée de la lactation, celle d’une bonne Chèvre dépassera de beaucoup celle d’une bonne nourrice, et la santé de la bête bien soignée est au moins aussi bien assise que celle de la femme. Revenons maintenant à ce lait de Vache HEOVEHoRt d'un ensemble de traite à Paris ou ailleurs. Le D' Hipp. Martin, des hôpitaux de Paris, a fait la preuve qu'il contient toujours des germes tuberculeux. Il a prélevé des échantillons au hasard dans les laiteries de tous les quartiers de Paris, et a inoculé ces échantillons distinctement à des Cobayes en laissant à côté de ceux-ci, comme témoins, d'autres Cobayes non inoculés. Toutes les bêtes injectées sont mortes de tu- berculose et les non injectées se sont mainlenues en bonne santé. Est-ce assez concluant? Dans le numéro du 25 février 1910 de la Revue médicale : « La Tuberculose dans la pratique médico-chirurgicale », nous lisons ce qui suit sous la signature du D" Terre : « Les années que je viens de consacrer à l’exercice de la médecine à la campagne m'ont révélé que plus du quart des décès relèvent de la tuberculose. L’agent de la propagation de ce fléau dans les compagnes, j'en suis convaincu et je l’affirme de la facon la plus formelle, sans crainte de démenti, c’est le lait de Vache ! » Dans cette même Revue, nous trouvons rapportées les paroles suivantes du D° Courmont, professeur d'hygiène à la Faculté de médecine de Lyon : « Le lait propage bien plus fréquemment la tuberculose de la Vache à l’homme que la viande. Une Vache laitière peut donner : pendant des années du lait renfermant des bacilles de Koch. Si elle appartient à une laiterie,son lait mêlé à celui des autres Vaches de l’étable contaminera toute la production. » Voilà une page du procès de la Vache qui se passe de com- mentaires explicatifs. On nous dira peut-être : « Il y a la tuber- culine et les prescriptions administratives pour conjurer le danger dans une grande mesure. — Pardon! la Faculté nous enseigne que la tuberculine décèle un état morbide quelconque et non spécialement la tuberculose, et qu’un animal qui vient de subir l'épreuve l’accuse plus la réaction fébrile pendant un L'HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE 559 certain temps. Quelles garanties avons-nous dès lors de ne pas avoir occasion tous les jours de nous contaminer ? Quant à la cuisson du lait, ce peut être une bonne précaution capable d’atténuer considérablement la nocuité d’un lait con- taminé ; cependant, il est de doctrine classique dans le monde savant que le lait tuberculeux est nuisible, même lorsqu'il est cuit. Si, comme nous venons de le démontrer, le lait de Vache n'est pas praticable pour nourrir des malingres et des nou- veau-nés; si, d'autre part, comme nous l’a fait connaître le D' Porak, d ans une communicalion à l’Académie de médecine : « 65 p. 100 des mères sont dans l’impossibilité absolue de nourrir leur enfant, et sur les 35 p. 100 qui restent, plus de la moitié ne peuvent allaiter plus de six mois », faut-il quand même nous butter à imposer à tous ces débiles et à tous ces déshérités du sein maternel le lait de Vache que nous savons pertinemment dangereux et cela sous le prétexte banal que c'est là le seul lait pratique, commode à trouver et surtout bon marché ? Faudra-t-il continuer dès lors à nous hypnotiser dans la poursuile d'une adaptation de ce lait qui, par sa nature, ne convient pas, et écarter systématiquement le lait de Chèvre qui est de composition chimique à pouvoir se prêter à tous les besoins et qui, dès la plus haute antiquité, nous ne saurions trop le répéter, à été le lait particulièrement indiqué pour l’allaitement des jeunes enfants ? Il vient de surgir contre la Chèvre un grief absolument nou- veau et inattendu auquel quelques feuilles médicales s’appli- quent à donner une portée considérable : La Chèvre engendre et propage la fièvre de Malte!!! Qu'est-ce que la fièvre de Malte, appelée aussi fièvre médi- terranéenne, fièvre ondulante, etc., etc.? La Presse médicale du 19 mars 1910 va nous l’apprendre en rapportant la lecon faite à ce sujet par le D" Gouget, agrégé, dans son cours de clinique médicale de l'hôpital Saint-Antoine, Cette fièvre à type spécial et endémique à Malte, a été observée depuis assez longtemps par les médecins anglais de cette île, dont l’un d’eux, Marston, l’a décrite pour la première fois en 1863. 560 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION En l'absence de critérium bactériologique, les interprétations de cette maladie différèrent beaucoup. Pour les uns, il s'agis- sait d’une maladie spéciale; pour les autres, c'était une variété de suelte miliaire ou une fièvre typhoïde à forme intermit- tente, ou encore une association de fièvre typhoïde et de palu- disme. La découverte de Bruce mit fin à ces incertitudes. En 1887, cet auteur, ensemençant sur agar la pulpe de la rate, quelques heures après la mort, isola un microbe spécial, qu'il dénomma plus tard Wicrococcus melitensis. L'année suivante, il put, par inoculations sous-cutanées de cultures pures chez le Singe, déterminer une maladie repro- duisant tous les traits de la maladie humaine. Enfin, en 1891, il obtenait des cultures du microbe par ponction de la rate pendant la vie. Six ans plus tard, Wright, en montrant que le sérum des malades agglutine le Micrococcus melitensis, créait le séro-diagnostic de la fièvre de Malte, et fournissait ainsi le moyen de la reconnaître avec certitude. Entre temps, on n'avait pas tardé à reconnaître que la maladie, si elle est endémique à Malte, où elle représente un facteur sérieux de morbidité pour la garnison et la flotte anglaises, puisqu'elle atteint tous les ans une moyenne de 700 hommes sur 30.000, n’est nullement bornée à cette ile. En 1871-1872, on la signale en Sicile et dans l'Italie du sud sous le nom de fièvre Napolitaine, puis à Gibraltar où elle est décrite sous celui de rock fever. On la retrouve en Espagne, aux Baléares, en Sardaigne, à Trieste, dans les îles Ioniennes, à Athènes, en Crète, à Constantinople, Jérusalem, Chypre, Alexandrie. En somme, cette maladie sévit dans tout le bassin de la Méditerranée, d’où son nom de fièvre méditerranéenne. Mais sa distribution géographique est encore bien plus étendue. On la signale dans les ports de la mer Rouge, aux Indes, en Birmanie, en Chine, aux Philippines, sur divers points de l'Afrique du sud, de l'Amérique du Sud, bref, dans les cinq parties du monde. Le bassin méditerranéen, avec Malte comme centre, n’en reste pas moins le foyer d'élection. La durée de cette maladie est essentiellement variable, mais, en général, c'est une maladie longue, parfois même d'une durée désespérante. Celle-ci n’est jamais inférieure à deux ou trois semaines ; la moyenne, d’après Hughes, serait de deux mois au moins; d'après Bassett Smith, de quatre mois, mais Véale, Hughes, C. Weil l'ont vue alleindre et dépasser deux ans. Méme dans les cas moins prolongés, elle laisse après elle une débilité extrême, avec anémie profonde, quelquefois œdème des membres inférieurs, amaigrissement considérable. L'HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE 561 Heureusement la mortalité est faible : 2 à 3 p. 100 en moyenne, d'après l’ensemble des statistiques faites à Malte ; jusqu’à 5 p. 100 dans certaines épidémies. La mort est le fait, soit d’une forme maligne, soit d’un épui- sement terminal dans les formes prolongées. Les affections cardiaques rénales ou pulmonaires (tubercu- lose) antérieures aggravent le pronostic. Cette maladie se communique de toutes sortes de façons : par la voie cutanée, la voie respiratoire, la voie génitale, et enfin, la voie digestive. On peut la prendre par l’eau, la viande et tous les autres aliments y compris le lait, qui seraient souillés du malencon- treux microbe. L'homme est beaucoup plus sensible que les animaux à l’action du Micrococcus melitensis. Le Singe vient immédiate- ment après l’homme. Les Chèvres de race maltaise qui forment la grosse majorité du bétail de l’ile de Malte paraissent avoir été l’un des princi- paux agents de propagation de la maladie à travers le monde. Ces Chèvres très renommées comme laitières ont été exportées un peu dans tous les pays où le lait de Chèvre est apprécié et il se trouve que ce lait est d'usage dans tous les pays chauds. Mais d’autres animaux que les Chèvres se sont montrés infectés : des Vaches, des Chevaux, des Anes, des Mulets, des Moutons, des Chiens, des Chats, des Lapins,même des Cobayes malgré leur résistance. La contamination pourrait ainsi se produire, soit par le lait (2 vaches sur 20 ayant été trouvées sécrétant du lait chargé de A. melitensis), soit par l'urine. Bien entendu, la contamination interhumaine, notamment par l'urine, est absolument admissible. Le D’ Sialon, médecin à Tunis, signale deux cas où les ma- lades appartenant au même équipage ne quittaient jamais le bateau et déclaraient n'avoir jamais bu du lait (Revue de méde- cine et d'hygiène tropicale, tome V, n° 4). La prophylaxie de la maladie a été résumée par M. Nicolle dans les propositions suivantes applicables aux pays où la maladie est endémique ou sévit sous forme épidémique : 1° Rendre obligatoire la déclaration de la maladie ; 2° Avertir, paraffiches, la population pour qu'elle s’abstienne de consommer du lait non bouilli (et des fromages frais); 3° Surveiller l'importation des Chèvres de Malte pour em- pêcher l'introduction d'animaux infectés ; 4° Organiser l'inspection des étables et des troupeaux et interdire la vente du lait des animaux reconnus malades. À Paris, dit le D' Gouget, où la maladie n'a été observée 562 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION jusqu'ici qu'à l’état de cas isolés et presque tous d'origne méditerranéenne, il n'y a pas lieu, jusqu’à nouvel ordre, de prendre des mesures aussi étendues. Il serait bon, cependant, de rendre obligatoire en France la déclaraïion de la maladie, et de surveiller l'importation des Chèvres provenant du bassin méditerranéen. Mais il faudrait se garder, comme l'a fuit observer M. Netter, de jeter inronsidérément le discrédit sur un animal utile qu'on a pu justement appeler la Vache du pauvre. Et il ne faut pas perdre de vue que d’autres animaux que la Chèvre peuvent transmettre l'infection. MM. Gouget et Netter donnent exactement la mesure des précautions qu'il faut prendre pour se préserver de la fièvre de Malte, je ne critique que le qualificatif inopportun dont ils gratifient la Chèvre. Celle-ci n'appartient pas plus aux pauvres, n’est pas plus utiles aux pauvres qu'à tout le monde, car tout le monde à besoin de lait de Chèvre. À ce régime lacté, on évite, comme nous l'avons dit plus haut, de se contaminer de tuberculose, et on assure à nos jeunes enfants l’alimentation la plus rationnelle et la plus convenable pour des estomacs encore débiles ou délicats. Tout ce que nous venons d'exposer était parfaitement connu des feuilles médicales auxquelles nous faisions allusion plus haut. Néanmoins, pour raconter quelque chose de sensationnel et exercer le besoin de manifester leur malveillance contre un animal dont le succès comme bête laitière pourrait déranger peut-être quelques combinaisons d'intérêt particulier, elles les titres de leurs articles qui portent en vedette ces mots : « Les dangers du lait de Chèvre ». Nous ne saurions trop stigmaliser cette mauvaise foi, surtout celle des agents forestiers qui s'obstinent à reprocher à la Chèvre ses déprédalions dans les jeunes futaies et prennent texte des incriminations formulées à propos de la fièvre de Malte pour demander la destruction complète de l'espèce caprine. L'AS Et voyez cette logique. Ua certain nombre de nos animaux domestiques sont sujets à la fièvre typhoïde; Dieu sait dans quelle mesure la Vache prend la tuberculose; ces fléaux nous sont communiqués par tous ces utiles auxiliaires de l'homme et personne ne pense à leur en faire le reproche. Mais voilà qu'apparaît une maladie anodine, comparative- L'HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE 563 ment à ce que sont celles que nous venons de nommer; il se trouve par hasard que des animaux d’espèce caprine ont élé plus en situation que d’autres pour la véhiculer, et aussitôt les détracteurs de la Chèvre s'en donnent à cœur joie pour recom- mencer la campagne de dénigrement qu'ils ont déchainée depuis plus de vingt ans contre le lait de Chèvre. Cependant, la question caprine a recu aujourd’hui les sanc- tions nécessaires pour franchir tous les obstacles (1). L'Académie de médecine, dans sa séance du 8 avril 4902, a proclamé solennellement la valeur du lait de Chèvre et la résis- tance à l'infection tuberculeuse de l'animal qui le produit. Pour que la vérité que la Société nationale d’Acclimatation soutient et affirme depuis plus de trente ans donne ses résul- tats pratiques, il n y a plus à vaincre que quelques petites considérations qui, cette fois, ne vérifieront pas l’adage de Voltaire et ne seront pas « le tombeau d’une grande chose ». La plus importante de ces petites considérations est la pénurie des troupeaux caprins en France depuis la destruction systématique de la Chèvre aux abords des bois. Il est certain que le jour où le public connaîtrait les avantages que présente pour lui l'usage du lait de Chèvre, il faudrait 450.000 laitières caprines pour répondre au premier besoin, rien qu'à Paris. Or, il serait matériellement impossible de réunir présente-. ment dans la capitale une population caprine de celte impor- tance, et la vogue s'éteindrait subitement faute de moyens pour y faire face. Une autre objection ou petite considération est soulevée par les grands agriculteurs de France, qui, eux seuls, pourraient nous faire, à brève échéance, l'élevage intensif nécessaire pour répondre à la formidable demande d'animaux. Is font valoir que la Ghèvre sélectionnée pour l'usage de laitière, élevée en plaine et en stabulation, revient cher avant d’être au point; cet élevage comportera comine tous les autres beaucoup de déchets qui accentueront d'autant plus les frais qu'ici ces déchets, ne trouvent pas leur utilisation en boucherie : ce qui n'arrive pas pour tous les autres animaux de la ferme. (1) M. le professeur Vincent, du Val-de-Grâce, membre de l'Académie de Médecine, est l’auteur d'un vaccin contre la Fièvre de Malte. Les expé- riences faites avec ce vaccin sur des Chèvres du Jardin des Plantes ont été des plus concluantes et le succès complet de ce savant praticien ne fait aucun doute dans l'esprit de l’auteur de cet article. 564 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Cela est vrai : la Chèvre n'est acceptée en boucherie que clandestinement, et par conséquent à vil prix. Encore là un préjugé absurde à déraciner de nos mœurs publiques! La viande de Chèvre ne le cède en rien à celle du Mouton. pour peu, toutefois, qu'on la consomme dans les conditions d'âge et d'engraissement exigées pour tout autre animai livré à la consommation. Un caprin étique et vieilli dans la misère ne peut certainement pas rivaliser, comme succulence de chair, avec un Mouton jeune savamment engraissé dans nos fermes de la Brie ou du Charolais. La viande de Chèvre n’a pas plus de goût spécial et sui generis que celle du Mouton, ou plutôt elle est exactement celle du Mouton à s'y méprendre. En Orient, elle est estimée en boucherie au moins à l'égal de la viande ovine. Dans nos colonies françaises d'Afrique, le consommateur européen ne songe même pas à faire une distinction en faisant son choix de viande sur les marchés. La Chèvre, c'est du Mouton. Au Mexique, la Chèvre remplace en boucherie pour ainsi dire complètement le Mouton; de là vient que vous y trouvez des éleveurs de bétail capables d'envoyer chacun 50.000 Chèvres à l’abattoir chaque année. C'est, en un mot, de la viande cou- rante en boucherie. A Paris même. nous avons livré à l'abattoir des troupeaux de 20 à 30 caprins improductifs, et il en arrive de même tous les jours avec les troupeaux de Moutons qui viennent d'Algérie, parmi lesquels se trouvent de nombreux sujets caprins. Toutes ces Chèvres sont sacrifiées et débitées comme Mouton, même dans les grands quartiers, sans que personne s’en apercoive, tellement la viande est identique à celle de provenance ovine. Dès lors, pourquoi tant d'histoires pour admeltre nettement et officiellement la Chèvre comme bête de boucherie? Cette viande vendue à Paris, dans nos grands établissements de produits alimentaires, sous l'étiquette de viande hygié- nique (ce qu'elle est au supérieur degré), devrait même trouver de très nombreux amateurs parmi les personnes que des raisons de santé condamnent à l'usage des viandes crues. Si, dans les commencements, cette appellation de « viande de Chèvre » offusque l'imagination prévenue Ges gens qui pensent avec leurs nerfs et qui adorent la persévérance dans les errements quels qu'ils soient, on pourrait contenter ces L' HYGIÈNE DU LAIT ET LA FIÈVRE DE MALTE 565 sensilifs en ne leur parlant que de cuisseau, de côtelette, de filet de Chevreau. Cet à peu près, qui rappellerait une chose qu'on a coutume de manger, tromperait leur impression sans être une tromperie, puisque la Chèvre n’est réellement adulte qu'à l’âge de 5 ans, et dans la majorité des cas, la viande vendue viendrait de jeunes Boucs castrés après la monte ou de jeunes Chèvres improductives qui n'auraient pas atteint tout leur développement. Nous osons supposer que celte nouveauté dans les pro- grammes de nos produits alimentaires peut prétendre au moins au succès qu'a obtenu la viande de Cheval, et Dieu sait si la valeur hygiénique de ce produit doit donner à réfléchir aux gens difficiles et d’appélit capricieux. Donc, encore un petit effort pour faire admettre la Chèvre parmi les bêtes de boucherie, et l'élevage de cette espèce animale s’imposera et rémunérera l’éleveur dans une mesure d'autant plus appréciable que les débouchés seront nombreux. La chair de Chèvre se vendra au même prix que le Mouton; la peau de l’animal est déjà très recherchée pour la confection des vêtements d'automobilisme et le sera davantage lorsqu'elle proviendra de nos jolies Chèvres des Alpes qui seront certai- nement les laitières courantes. Celles-ci atteindront certaine- ment les hauts prix qu'elles ont en Algérie et en Espagne, où on les paie 150 et 200 francs en plein lait, en raison de la valeur du lait qui se vend couramment 0 fr. 50 le litre. À Paris, où le lait de Chèvre se paierait 1 franc le litre, une Alpine rapporterait facilement à son maître de 7 à 800 par an, tous frais d'entretien et de logement payés. On voit par là combien cette industrie peut devenir rémuné- ralrice, autant pour l’éleveur que pour le marchand de lail. Elle offre, en outre, l'avantage d'être à la portée des petites gens qui trouveraient leur gagne-pain dans celte exploitation facile où la main-d'œuvre des faibles (la vieille femme et l’en- fant) peut trouver son emploi. À quelque point de vue qu'on envisage la question caprine, on en tire une multitude d'idées séduisantes pour le bien-être et la santé du publie. Aussi la Société nationale d’acclimatation n'abandonnera la campagne entreprise que lorsque la victoire sera complète et l'ennemi dispersé. L'ÉLEVAGE DE LA CARPE ET DE DIVERS POISSONS D'ORNEMENT AU JAPON (1) Par C. RAVERET-WATTEL. Depuis une vingtaine d'années environ, l'industrie aquicole a pris, au Japon, un grand développement considérable. Des établissements consacrés à l'élevage de la Truite existent maintenant sur divers points; mais, partout, c’est la Carpe — depuis fort longtemps importée dans le pays — qui est principalement l’objet d’exploitalions importantes. Les piscicul- teurs qui s'occupent de cet élevage y joignent assez fréquem- ment celui d’une Tortue comestible (7rionyx japonicus Schlegel) et plus souvent encore celui du Cyprin doré (Caras- sius auratus), Poisson dont il a élé obtenu de fort belles variétés et qui compte, au Japon, de très nombreux amateurs, dans toutes les classes de la population. Du reste, les Japonais ont aussi créé des races de Carpes d'ornement, telles que l’ « Higoï » ou Carpe rouge, la « Goshiki-goï » ou Carpe à cinq couleurs, et la « Kokin » ou Carpe à opercule doré. Dans certaines provinces, il est d'usage d’avoir, près des temples, des bassins peuplés de ces belles Carpes, lesquelles atteignent une forte taille. Ges Poissons, à livrée élégante, attirent tou- jours de nombreux curieux, qui aiment beaucoup à leur jeter du pain. La Carpe higoï, remarquable par sa très belle couleur rouge, existe déjà en Europe; elle a été importée en Allemagne par M. Max von dem Borne, et on la voit figurer chez nous, depuis quelque temps, dans les catalogues de plusieurs maisons de cominerce. D’après les pisciculteurs japonais, la chair de cette variété de Carpe est sèche et, par suite, peu estimée pour l’ali- mentlation. La Carpe commune, au contraire, est très recherchée au Japon, et l'élevage de ce Poisson a pris, dans ces derniers temps, un essor considérable, principalement dans les envi- rons de Tokio. Certains établissements comptent jusqu'à 25 ou 1) Les éléments de la présente note sont empruntés à un travail adressé au bureau des Pêcheries de Washington par M Matsubara, direc- teur de l'Institut impérial de pisciculture de Tokio. L'ÉBEVAGE DE LA CARPE AU JAPON 567 30 hectares de bassins ou d'étangs, dont les plus petits servent à la récolte du frai. On y installe, à cet effet, des frayères arti- ficielles, qui ne sont jamais placées à plus de 30 centimètres de profondeur. Ces frayères sont constituées soit par de petites bottes de plantes aquatiques (principalement de Cera- tophyllum demersum), soit par des paquels de racines de Sauie, préalablement séchées, soit, enfin, par des morceaux de Bambous de 50 centimètres de longueur, qui présentent des fentes dans lesquelles sont fixées des herbes sèches ou de la filasse de Palmier. Les Poissons employés pour la reproduction ont toujours au moins six ans, et l'on met un nombre de mâles double de celui des femelles. C'est, d'ordinaire, dans le courant de mai qu'a lieu la ponte, et les œufs, qu’on prend la précaution de bien exposer au soleil, mettent généralement une huilaine de jours pour éclore. Comme souvent, à l'époque de la ponte, souffle un vent du nord très violent, capable d’anéantir le frai, on obvie à cet inconvénient en disposant des abris formés de panneaux en bois. | Les éleveurs qui s'occupent de la production intensive de la Carpe distribuent souvent aux tout jeunes alevins, soit de la nourriture artificielle, consistant généralement en jaune d'œuf, soit de menues proies vivantes, telles que des Entomostracés (Gyclopes, Daphnies, etc.), et de petits Annélides (Vaïs, Tubi- feæ, etc). Quand le Poisson est plus âgé, on lui donne des chrysalides de Vers à soie et de la chair de différents Mollus- ques (Mactura veneriformis et Tapes philippinarum), ainsi qu’un aliment spécial fait des résidus de la fabrication d’une huile végétale et du Shoju (produit à base de Fève et d'Orge). Des essais ont été faits à l’Institut impérial de piscicullure de Tokio, en vue de déterminer quel est l'aliment le plus éco- nomique à employer pour l’engraissement de la Carpe, et l'on a constaté que la preférence pourrait être donnée aux résidus de la fabrication du shoju, ainsi qu'aux chrysalides de Vers à soi-, dans toutes les régions séricicoles où ces chrysalides s'obtiennent à bas prix en très grandes quantités. Elles don- nent, il est vrai, à la chair du Poisson un goût désagréable; mais cette saveur disparait complètement quand on prend la précaution de modifier la nourriture du Poisson quelques semaines avant de le livrer à la consommation. Les étangs d'élevage, toujours très peu profonds {de 60 à 568 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 70 centimètres, au maximum), varient de dimension suivant l'âge des Poissons que l'on y entretient. Il est admis que, par 3 mètres carrés de surface, un bassin ne doit pas recevoir plus de : 15 à 30 Carpes d'un an, 5 à 10 — de deux ans, et 2 à 7T — de trois ans. Grâce à l'alimentation artificielle, certains éleveurs réussissent à obtenir une croissance très rapide du Poisson; on voit des Carpes atteindre 30 centimètres de longueur dès la première année, et 50 centimètres à la fin de leur seconde année, âge où, généralement, le poison est livré à la vente. L'élevage de la Carpe dans les rizières est, au Japon, une pratique très ancienne, mais c'est principalement depuis quelques années que ce système a pris un très grand dévelop- pement. Une variété spéciale de Carpe est utilisée pour ce genre d'élevage, et certains établissements piscicoles s'occu- pent uniquement de la production des alevins qu'emploient les propriétaires de rizières. Dans un village de la province de Shinana, nommé Sakurai Murà, toute la population est occupée à-cette industrie et élève chaque année 25.000.000 d’alevins pour l’approvisionnement des provinces orientales de l’Empire. Ces alevins sont déversés dans les rizières quand ils ont 5 ou 6 centimètres de longueur, et l’on en met environ un millier par 1.000 mètres carrés de surface. Le déchet, à l'automne, n'excède pas 2 ou 3 p. 100. Bien qu'on ne leur donne aucune nourriture, ces Poissons atteignent déjà, lors de la récolte du riz, qui se fait en novembre, une longueur de 15 à 18 centi- mètres. Ils sont alors placés dans des étangs d'hivernage, qui doivent être profonds, de petite dimension et, autant que possible, alimentés par de l’eau courante. Le fond en est garni de pierres ou de terre bien battue. Remis en rivière au prin- temps suivant, dans la proportion de 200 sujets par 1.000 mètres carrés, les Poissons atleignent, à l'automne, 30 centimètres de longueur, en moyenne, et sont livrés à la vente. L'élevage de la Carpe en rizière est très avantageux, non seulement en raison de la production du Poisson, mais aussi parce qu'il augmente l'abondance de la récolte de Riz. En remuant et en fouillant sans cesse le sol, la Carpe assure une bonne répartition des engrais; elle met, en outre, obstacle au L'ÉLEVAGE DE LA CARPE AU JAPON 569 développement des mauvaises herbes, et détruit les Insectes nuisibles au Riz, aussi bien d’ailleurs que les Moustiques, qui pulluleraient dans les eaux stagnantes des rizières. L'élevage du Carassin doré ou Poisson rouge est très répandu dans presque toutes les parties du Japon ; mais les principaux centres de cette industrie sont Tokio, Osaka et Coriyama, petite ville près de Nara, dont presque tous les habitants s’occu- pent plus ou moins de cet élevage. À Tokio, les éleveurs de Carassin sont tous installés dans les parties basses de la ville, seuls quartiers où il soit possible d'avoir les bassins qu'exige leur industrie. Ces bassins servent, les uns à loger les Pois- sons, les autres à la production des animaux inférieurs qui servent de nourriture à ceux-ci; ils ont souvent à peine 50 centimètres de profondeur et doivent pouvoir être, à volonté, tenus à l'ombre ou très exposés au soleil. Les Poissons employés pour la reproduction ont de trois à quatre ans, et ils sont choisis avec le plus grand soin, quant à la forme, à la coloration et à l’état de santé. La ponte a lieu de la fin de mars au milieu de juin, et c'est en avril et mai qu’elle est Le plus active. À celte époque de l’année, la coloration des Poissons est plus brillante que jamais et tous montrent une grande agitation. Des plantes aquatiques (principalement du Cerato- phyllum demersum) ou de petits paquets de racines de Saule sont placés dans les bassins pour recevoir le produit des pontes, et les éleveurs peuvent, dans une certaine mesure, retarder ou avancer la fraie. Si les Poissons, ayant été copieu- sement nourris pendant quelque temps, sont changés de bassin, ou si l’on vient à renouveler l’eau de leur vivier, ils se mettent généralement à frayer au bout d’un jour où deux. Si, au contraire, on les alimente peu et qu'on les laisse en eau stagnante, la ponte est plus ou moins tardive. Les œufs mettent huit ou neuf jours pour éclore. Pendant les premiers jours qui suivent leur naissance, les alevins sont nourris de jaune d'œuf durci par la cuisson, qu'on leur sert dans de petits plateaux en porcelaine, placés sous 2 ou 3 centimètres d'eau. Pendant les deux ou trois semaines sui- vantes, on leur distribue différentes espèces d'Entomostracés, que les éleveurs savent multiplier quand ils veulent et autant qu'ils en ont besoin, dans de petits bassins, voisins de ceux des Poissons. Ces bassins, de 6 à 9 mètres carrés de surface, sont remplis de fumier d'écurie ou d’étable, une vingtaine de 5170 BULLEIIN DE LA SOCIËTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION jours avant l’éclosion des œufs de Carassin, et avec la naissance des alevins coïncide l’apparition de myriades de Daphnies et de Cyclopes, que l’on amène, par de petits fossés, dans le vivier des Poissons à alimenter. Un peu plus tard, on cesse les distributions de proies vivantes pour donner la nourriture habituelle des Carassins, c'est-à-dire des Vers de terre, du Blé cuit écrasé, etc. Il est essentiel, pour la bonne santé et la rapide croissance des Poissons, que ceux-ci soient tenus dans une eau aussi chaude que possible. C'est pour cela que les plateaux à distribution de nourriture sont, tout d’abord, tenus sous une mince couche d’eau, qui s’échauffe facilement au soleil. Mais, à mesure que les Poissons grandissent et que viennent les nuits fraiches de l'automne, ces plateaux sont, peu à peu, placés de plus en plus profondément dans l'eau, là où le liquide se refroidit moins. Tous les sujets nouvellement nés sont de couleur foncée; ce n’est que plus tard qu'ils revêtent leur brillante livrée. Une très grande habitude est nécessaire pour faire passer les Pois- sons de leur coloration noirâtre au rouge vif qui en fait la valeur. Tel lot d’alevins qui, entre des mains inexpérimentées, ne donnera rien de bien, fournirait au contraire de superbes sujets s’il était convenablement soigné. Les conditions essen- tielles pour obtenir le changement de coloration sont les suivantes : 1° Nourrir copieusement les Poissons; 2° Les exposer aux rayons du soleil et les tenir aussi chaudement que possible; 3° enfin, renouveler de temps en temps l’eau de leur bassin, mais en évitant soigneusement qu'ils ne passent d’une eau chaude dans une eau froide pendant la journée. Le changement de coloration se produit généralement de soixante à quatre-vingts jours après la naissance, et, vers le milieu d'août, le Poisson doit avoir perdu complètement son pigment noir pour revêtir ses brillantes couleurs. Un fait assez curieux, c’est que les sujets chez lesquels la transformation est précoce, sont aptes à devenir blancs ou tachetés de blanc et de rouge, tandis que ceux qui ne se modifient que tardive- ment prennent une coloration rouge uniforme. Un Poisson entièrement blanc n’a aucune valeur commerciale et doit être impitoyablement rejeté par l’éleveur. Au contraire, les sujets qui, sur un fond blanc, présentent des taches rouges, prinei- palement autour de la bouche, sur les opercules et sur les L'ÉLEVAGE DE LA ARPE AU JAPON | 571 nageoires, sont très recherchés. La nageoire dorsale est tou- jours simple et souvent absente. Quant à la queue, qui s'étale presque toujours horizontalement, elle est tantôt trilobée, tantôt quadrilobée. Six variétés de Cyprin doré sont principalement en vogue au Japon : 1° Le « wakin » (littéralement Poisson doré japonais), dont le type se rapproche beaucoup de la forme normale de l'espèce, mais dont la coloration est extrêmement vive. La queue est verticale, mais elle doit présenter au moins trois lobes. 2 Le « rynkin », nommé aussi « Nagasaki », probablement par allusion à son lieu d'origine. Le corps est très court et globulaire ; la queue très ample est largement étalée. Quand le Poisson a deux ou trois ans, il est de toute beauté. Cette variélé est bien moins sociable que les autres; le Poisson vit presque toujours isolément. 3° Le « ranchu », nommé aussi « maruko » (littéralement Poisson rond), a, comme le précédent, le corps globulaire : mais la queue est courte et la nageoire dorsale atrophiée. 4° L’ « arenda-shishigashira », ou Poisson à tête de lion, est le produit d’un croisement des variétés précédentes. Cette va- riété est cultivée surtout dans les environs de Kyoto et d’Osaka, tandis que le ranchu est élevé surtout à Tokio. 5° Le « shukin », variété récemment obtenue à Tokio par M. Akyama, un des principaux éleveurs de la région, est aussi une superbe race croisée, qui se distingue surtout par sa très longue queue flottante. 6° Enfin, le « demé », c’est-à-dire Poisson à yeux saillants. C'est la variété connue chez nous sous le nom de « Poisson télescope ». Contrairement à ce qu’ont écrit certains auteurs, ce Poisson est d'importation récente au Japon, où il n’a été introduit qu'après la guerre de 1894-1895, entre la Chine et le Japon. Chez les sujets d’un an, les yeux ne font point encore saillie; c’est seulement pendant la seconde année que la sin- gulière déformation de l'appareil visuel commence à se pro- duire. On a parfois prétendu que, pour déterminer la saillie des yeux, les Japonais recouraient à un expédient consistant à placer les Poissons dans des aquariums obscurs, mais munis d'une petite ouverture laissant passage à un mince filet de lumière ; le Poisson, disait-on, était ainsi astreint à regarder constamment dans une même direction; cetle assertion est 512 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION formellement démentie par M. Mitsukuri, professeur de zoologie à l'Université de Tokio, qui affirme qu'aucun moyen artificiel n'est employé pour produire la difformité à laquelle le Poisson télescope doit sa valeur commerciale. Mais il parait que, pour obtenir certaines taches de la livrée, les éleveurs recourraient parfois à des applications très légères d'acide chlorhydrique dilué sur divers points du corps. Toutefois, l'opération, même faite avec beaucoup de soin, ne réussit pas toujours et peut même amener des décolorations de la peau, qui enlèvent de la valeur au Poisson. Malgré la passion des Japonais pour les Poissons rouges, la production des établissements d'élevage est tellement abon- dante que même les variétés les plus en faveur et difficiles à élever atteignent rarement un prix excessif ; les individus tout à fait de choix ne coûtent guère plus de 100 à 125 francs la paire. Quant aux sujets de race commune, car il en faut pour toutes les bourses, les amateurs peu fortunés peuvent s’en pro- curer à raison de 2 ou 3 centimes pièce. LES HELMINTHES DU NANDOU Par A. RAILLIET, et A. HENRY, professeur chef de travaux à l'École d’Alfort. (Suile el fin) (1). NÉMATODES. Les Nématodes observés chez le Nandou sont au nombre de sept espèces : Ascaris sp.; Ascaridia orthocerca (Stossich); Deletrocephalus dimidiatus Diesing; Capillaria parvumspinosa n. Sp.; Filaria rheæ Owen; Spirura uncinipenis (Molin); Spi- sura zschohke. 4. Ascaris sp? — Les deux premières espèces appartiennent à la famille des Ascaridæ caractérisée surtout par un corps cylindrique relativement épais, une bouche à trois lèvres, un æsophage sans bulbe et deux spicules chez le mâle. _ Dans le genre Ascaris les mâles ont deux spicules égaux, pas de ventouses préanale; les femelles ont un utérus à deux branches dirigées parallèlement en arrière. Nous ne connaissons l’Ascaris du Nandou, recueilli au Brésil par Natlerer, que par la simple mention qu’en a fait Molin, à propos des Deletrocephalus. C'est très vraisemblablement une espèce voisine de l’Ascaris ischnoptera Creplin de l’Autruche. 5. Ascaridia orthocerca (Stossich). — Le genre Ascaridia Dujardin est surtout caractérisé par des mâles à ventouse préa- nale peu saillante, à ailes caudales peu développées, à spi- cules égaux; les femelles ont un utérus à deux branches opposées. L'Ascaridia orthocerca a été récolté par Stossich chez un Nandou mort à Cagliari. Voici la diagnose du parasite : Longueur 30 à 40 millimètres; largeur 1 à 2 millimètres. Corps cylindrique atténué surtout en arrière; cuticule striée en travers. Bouche à trois lèvres presque égales, lèvre dorsale (1 V. Bull., 1er septembre 1911. BULL. SOC. NAT. ACCL. KR. 1911. — 31 » té dal à — YŸ ie aa LNhnes à. "70 Ag 57% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION semi-circulaire à pulpe non divisée, pourvue de deux papilles bien distinctes. Extrémité caudale terminée par un petit pro- longement cylindrique. Mäàle à bourse peu développée à ventouse ventrale subelliptique et munie d’un anneau chiti- neux pourvu d'une petite papille postérieure. Les papilles caudales sont au nombre de 12 paires dont 7 postanales. La septième paire, située au niveau du cloaque, est dédoublée. Les spicules sont très longs, ailés, un, peu crochus à leur extrémité. Femelle à vulve saillante située au deuxième tiers postérieur du corps; œufs ellipti- ques à coque épaisse et lisse. 6. Deletrocephalus dimidiatus Die- sing. — Ce parasite appartient à la fe M famille des Strongylidæ, à la sous- (: 5 famille des Strongylinæ et à la tribu Les Strongylidæ ont le corps cylin- drique plus ou moins filiforme, la bou- | CPE EN _ des Deletrocepha!æ. a Fe i i à che ordinairement à 6 papilles; mâles L' 4 ME à bourse caudale soutenue par des 4 à côtes, 2 spicules égaux; femelles gé- 4 néralement à 2 utérus. Les Strongylinx sont des méromyaires à capsule buc- Fig. 1. — Ascaridiä cale bien développée; les œufs sont en oréhocerca;senthaut/ex segmentation au moment de ponte: tremité céphalique, lévre dorsale: en bas, extré- l'embryon est presque toujours rhabdi- mité caudale du mäle vue tiforme et le développement direct. Ce: de côté(d’après Stossich). sont des parasiles du tube digestif ou de l’appareil respiratoire. Les Delelrocephalæ sont caractérisés par une bourse caudale. à côtes antérieures fendues, moyennes largement dédoublées, postérieures externes naissant sur le tronc commun des posté- rieures, ces dernières bi- ou trifurquées. Vulve en avant de l’anus; ovéjecteurs parallèles. Le type de ce nouveau groupement que nous formons est le genre Deletrocephalus Diesing; à côté de lui, nous placons le genre Codiostomum n. g. dont le type Cod. struthionis ou Sclerostoma struthionis Horst, 1885, est un parasite des cæcums te du gros intestin des Autruches. LES HELMINTHES DU NANDOU 515 Genre Deletrocephalus Diesing. Bouche à limbe papilleux; capsule buccale munie de côtes disposées en méridien. …— Dreletrocephalus dimidiatus Diesing. Tête comprimée latéra- “lement, avec une ouverture buccale elliptique à yrand axe dorso-ventral, recouverte de six expansions membraneuses “striées; capsule buccale bien développée, à paroi soutenuepar \six côtes longitudinales en méridien et présentant à son fond douze petites bo, dont deux un peu plus fortes à “a base du tunnel dorsal. Mâle long de 14 à 18 millimètres; bourse caudale à côtes postérieures “tridigitées dont un des rameaux est “souvent mince. Spicules grêles longs - de 900: à 1.025 y. Femelle longue de 17 à 24 miilimè- tres ; vulve située au voisinage de l'anus et recouverte par une expansion de la …cuticule. OEufs à coque mince, longs de 120 à 135 u, larges de 70 à 75 , en “segmentation au moment de la ponte. … Nous avons eu l’occasion de recueillir ce parasite le 6 février 1896 dans l'in- “iestin d’un Nandou du Muséum mort “d'une affection indéterminée. Ces vers péseaient surtout au confluent de l'in- Fo een destin grêle, des cæeums et du rectum. sous dimidiatus : à gau- —…. Cette espèce, récoltée d'abord et à che, mâle, grossi 8 fois: plusieurs reprises par Natlerer dans à droite, en bas. extrémité des cæcums et le rectum de Nandou au Cuale femelle, grossie Brésil, ne semble pas avoir été rencon- Annee RES : CURE - buccale, grossie 50 fois. rée souvent depuis cette époque. «7. Capillaria parvum spinosa. — Les Capillaria ou Tricho- .Somes apparliennent aux 7richocephalidæ, caractérisés par eurs corps offrant une partie antérieure longue et grêle occupée jar l’æsophage et une partie postérieure plus renflée conte- ant l'intestin et les organes génitaux. Les mâles possèdent un — 1 516 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Capillaria parvum spinosa n. sp. — Corps grêle, capillaire cuticule très faiblement striée en travers. Extrémité buccale atténuée, souvent relevée vers la face dorsale. Bandes bacil- laires latérales d'une largeur à peu près égales au tiers du dia- mètre du corps. Mäle long de 8 millimètres; spicule très grêle, long d'environ 450 u, à gaine recouverte à la base seulement de très fines épines. Femelle longue de 13 à 14 millimètres. Corps peu épaissi en arrière, atteignant au maximum 60 y de diamètre. La vulve présente une évagination saillante de 45 y environ et se trouve placée aux 4/11 antérieures du corps. | OŒufs longs de 53 w (46-47 y sans les bouchons), larges de 21-93 y. | | Neus avons trouvé cette espèce en grand nombre dans l'in- testin grêle et les cæcums d’un Nandou mort au Muséum le 5 février 1896, le même qui nous avait fourni les Délétrocé- phales. | 8. Filaria rheæ Owen. — La famille des Filariidæ à laquelle appartient ce parasite comprend des vers longs, filiformes, dont la bouche de forme variable est souvent entourée de 6 papilles. Les mâles, bien plus petits que les femelles, ont la queue plus ou moins enroulée en spirale. Les femelles ont la. vulve située dans la partie antérieure du corps; ces vers. sont d'ordinaire ovovivipares. Le genre Filaria appartient au groupe des Resorbentes (Linstow), caractérisé par des champs latéraux très larges et peu élevés, et dépourvus de vaisseaux excréteurs. Les mäles ont une extrémité caudalesouvent munie d’ailesmembraneuses latérales ; les spiculessont inégaux ; presque toujours 4 papilles préanales et un nombre variable de postanales. Vulve située au voisinage del’extrémitébuccale. Filaria rheæ Owen. Corps blanc ou blanc jaunêtre, cylin= drique, très allongé, à cuticule lisse. Bouche ovalaire à grand diamètre dorso-ventral, offrant de chaque côté une lèvre dressée aplatie latéralement et ayant la forme d’un trapèze à bords latéraux concaves. En dehors de chacune de ces lèvres se trouve une plaque cuticulaire présens tant vers l'intérieur un prolongement conique mousse eh découpée à l'extérieur en trois lobes par deux échancrures qui LES HELMINTHES DU NANDOU 577 logent les papilles submédianes. Le lobe moyen de la plaque cuticulaire est creusé d’un petit pertuis. Mâle long de 13 à 33 centimètres, épais de 1 à 1 millim. 2. 6] FiG. 3. — Filaria Rhez : En haut, femelle ; en bas, mâle, presque grandeur naturelle. L'extrémité caudale est faiblement recourbée vers la face ventrale et présente sur ses bords une aile membraneuse transparente soutenue dechaque côté parS longues papilles, dont %préanales ; en avant du cloaque s’observe une paire de papilles ; 578 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION au voisinage de l'extrémité caudale se trouvent 3 autres paires de papill: s plus petites (2 subventrales, 1 latérale). Deux spicules dissemblables : l’un long de 889 à 950 x, terminé en pointe et présentant dans sa moitié distale environ 45 crénelures trans- versales, l’autre long seulement de 3:0 à 460 x, terminé en pointe également, mais ne présentant pas les ornements du précédent. Femelle longue de 60 centimètres à 1“50, en moyenne de 90 centimètres, large de 2 millim. 3 à 3 millimètres. La vulve, elliptique à grand diamètre transversal, est située à 0,700- 1 millimètre de la bouche Les œufs sont ellipsoïdes à coque épaisse, longs de 38 à 44 v, larges de 23 à 32 y; ils sont em- bryonnés au moment de la ponte, La Filaire du Nandou est assez commune; elle a été vue par de nombreux observateurs. Elle vit dans les cavités thora- cique ou abdominale, entre les muscles ou sous la peau; on la trouve parfois en grande quantité. Nous avions eu déjà l’occasion d’étucier ce parasite sur des exemplaires récoltés par Phisalix en 1902, chez un Nandou du Muséum. M. Debreuil nous en a fait parvenir de Nandous morts à Melun. Nous en avons recu également, en octobre 4909, de M. Lemoine, provenant d’un Nandou du jardin zoologique du Mans. 9. Spirura uncinipenis (Molin). — Les Spirures ou Spirop- tères sont actuellemert rangés dans la famille des Filariidæ, mais ils devront probablement en être séparés pour devenir le type d’une famille des Syiruridæ. Le genre Spirura E. Blanch. appartient en effet au groupe. des Secernentes (Linstow), caractérisé par des champs latéraux étroitset hauts, contenant chacun un vaisseau longitudinal qui se réunit à son congénère pour former un tronc communs débouchant sur la ligne médiane ventrale, au niveau de las région postérieure de l'œsophage, par un pore excréteur. Lesd Spirura typiques possèdent deux lèvres, une capsule buccale et souvent même un pharynx. La queue du mâle est enroulée sur la face ventrale, munie de chaque côté de 4 papilles préan:les; il existe deux spicules inégaux. La vulve n'ests jamais aussi antérieure que dans Îles Filaires. Spurura uncinipenis (Molin).— Corps cylindroïde atténuéaux extrémités. Cuticule striée transversalement ; dans la région LES HELMINTHES DU NANDOU 579 antérieure du corps, lessiries sont très saillantes et font paraître le corps crénelé. La bouche est complexe ; dans son ensemble elle est formée de deux grandes lèvres latérales semi-lunaires à grand bord antérieur et de deux petits lobes médians interlabiaux ; les lèvres latérales portent chacune à leur face interne trois dents. Le mâle est long de 15 à 20 millimè- tres, épais de 500-550 w. L’extrémité audale, recourbée vers la face ven- trale. quelquefois même contournée en spirale, porte une bourse très ample, embrassant la pointe caudale, striée longitudinalement et soutenue par 6 longues papilles dont 4 préanales. Les deux spicules sont inégaux: l’un, : long de 3 mm. 3, est grèle et pointu; l'autre, long seulement de 780 y, est plus épais et terminé en crochet à pointe mrusse. La femelle est longue de 18 à 26 mil- limètres, épaisse de 700 à 800 y, à queue obtuse, à vulve saillante située à peu près au milieu de la longueur du corps. Les œufs, ellipsoïdes, mesurent 43 à 47 y de long sur 26 y de large ; ils ont une coque épaisse renforcée à chaque pôle et sont embryonnés au mo- ment de la ponte. Ne Ce parasite fut trouvé d’abord par ee ” ten sil FRE Natterer au Brésil, entre les tuniques 2 fois: en bas, extiémité -du gésier du Nandou; puisrevu en 1899 caudale du mâle. par von Linstow. M. Debreuil en: a récolté une cinquantaine de spécimens fichés dans la mu- queuse du ventricule succenturié d’un Nandou mort à Melun en août 1909. FiG. 4. — Spirura un- 10. Spirura Zschokkei nov.nom.{(Spiroptera alata Zschokke, non Rud.). — Le mâle, seul connu, est long de 30 millimètres, large de 1 millimètre. Le corps estcylindrique, un peu atténué seulement lout à fait à l'extrémité antérieure, qui est mousse, arrondie. La queue (en arrière de l'anus) est très courte, 380 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION pointue ; le tiers postérieur du corps est enroulé en spirale. La cuticule est très finement striée en travers. Deux ailes latérales parcourent le corps dans toute sa longueur ; au niveau de l’ex- trémilé postérieure de l'œsophage, elles sontsoutenues chacune par une papille saillante. La tête, à peine distincte du corps, possède deux lèvres latérales fortes, hémisphériques, un peu creusées en cuiller, à la base desquelles s'ouvre l'étroite fente buccale. Chaque lèvreest soutenue par une armature chitineuse ; c'est ainsi qu'elle offre au sommet une épaisse plaque trian- gulaire qui se prolonge en arrière par une bande atténuée; sur les bords internes règne aussi une hande fortement chitinisée. Ces bords internes, légèrement arqués, forment en avant de la bouche une sorte de vestibule peu élevé. Les quatre bandes chitineuses s'unissent à la base en formant un anneau qui entoure la bouche et porte quatre dents aiguës. D'ailleurs, la moitié antérieure des lèvres est seule libre ; dans la moitié pos- térieure, elles sont rapprochées en une sorte de capsule buccale simple, dont le bord antérieur porte également un anneau chi- tineux. L'œsophage est faiblement renflé en bulbe à son extrémité postérieure. Il existe deux paires de papilles post- anales (l'auteur ne parle pas de papilles préanales). Ce parasite a été trouvé par Zschokke dans le ventricule suc- centurié d'un Nändou mort au Jardin zoologique de Bâle. ACANTHOCÉPHALES. Deux espèces seulement d'Acanthocéphales ont été signalées chez le Nandou: l'Echinorhynchus reticulatus etle Gigantorhyn- chus compressus. 11. Echinorhynchus reticulatus Weslrumb. — Le genre Echi- norhynchus Müller répond, selon Hamann, aux caractères ci- après : Petites formes à corps allongé lisse, possédant à la partie antérieure une poche formée de deux couches musculeuses, dans laquelle s’invagine le rostre. Le ganglion nerveux est situé dans l'axe de cette gaine, à sa partie inférieure. Les cro- chets n'ont de revêtement chitineux qu’à leur pointe; ils n'ont qu’une racine inférieure nue. L'Echinorhynchus reticulatus Westrumb (£ch. rheæ de Marval) est ainsi décrit par de Marval : Mâle long de 8 à 12 milli- LES HELMINTHES DU NANDOU 581 mètres ; femelle, de 10 à 20 millimètres. Corps inerme, allongé, cylindrique, légèrement renflé en avant. Pas de cou ni de faux- cou. Rostre linéaire, cylindrique, parfois renflé un peu au milieu, implanté obliquement sur le corps, armé de 18 rangées longitudi- nales de 15 à 18 crochets chacune. Deux gros testicules ellipsoïdes, suivis | A Se \ \ (l À { L i \ É “à | \ | \À | is pos Ar | : | ; /2À | | f \ A À Ne i] 1} \ À 4 \E U 1} EEE AUVE À 4 F16. 5. — Echinorhynchus refticulatus : à = gauche, mäle; à droite, femelle, grossis Je 2 fois (d’après de Marval). RE de six glandes prostatiques globu- leuses, plus petites, disposées en cha- À pelet. D 4 OEufs allongés , ellipsoïdes, à trois enveloppes dont la médiane forme une boucle à chaque pôle, longs de 118 y, larges de 31 y. Fi6. 6. — Gigantorhyn- Cette espèce a été rencontrée dans ‘5 ‘07pressus : Adulte, : : : : au stade « tænioïdes », l'intestin de divers Oiseaux (Aallus grandeur naturelle (d'a nignicans Nieill., Glottis nebularius près de Marval). Gürm., Porzana albicollis Vieill., Zim- nopardalis sp.). C'est Wolffhügel qui, le premier (1900), l’a signalée chez le Nandou. 7 12. Gigantorhynchus compressus (Rud.). — Les Gigantorhyn- chus Hamann sont de grandes formes à corps annelé, plus ou moins déprimé. Les crochets du rostre sont à deux racines et entièrement revêtues de chitine. La partie qui correspond à la S82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION gaine rostrale des Échinorhynques est pleine, et par suite le rostre n'est pas invaginable. Le ganglion nerveux est silué en dessous du milieu de la gaine, mais en dehors de l'axe. Les lemnisques sont allongés, tubuleux. Le G. compressus (Rud.) est assez variable suivant son âge ou, si l’on veut, suivant son état de développement; on en a trouvé de 2 millimètres jusqu’à 250 millimètres de longueur et de forme très diverse. Tout jeune (2 à 4 millimètres), il est obovale, parfois avec un petit appendice caudal; plus tard, (7 à 8 millimètres), il est atténué aux deux extrémités; il devient ensuite (20 à 30 millimètres) subcylindrique, un peu alténué en avant; enfin (100 à 150 millimètres), légèrement renflé en arrière avec une segmentalion superficielle très visible dans les grands exemplaires, mais disparaissant aux deux exlrémilés. Le corps s’élargit en arrière, et s’atténue brusquement en avant, où il se termine par un faux-cou conique, quelquefois plissé, bien séparé du corps. Ce faux-cou supporte le rostre, qui est plus large que lui, sphérique, souvent un peu déprimé et mal délimité à la base. Ce rostre, non inva- ginable, est souvent terminé par une petite papille; il est armé de 12 rangées transversales de crochets énormes, rappelant ceux des Ténias, mais dont la pointe seule émerge du rostre, qui se soulève autour de chacun d’eux en un petit mamelon protecteur. Les œufs sont ovoïdes, à trois coques augmentant d'épaisseur de dedans en dehors, l’externe mesurant 70 w de long sur 42 u de large. Ce Gigantorhynque vit, d'après de Marval, dans tous les ordres d'Oiseaux, à l'exception des Palmipèdes. Cet auteur le signale chez le Æhea americana. CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Domestication préhistorique. Les animaux de la frontiére algéro-maro- caiue. — La chasse en aéroplane. — Oiseaux albinos. — Le Dingo. — Importations chez les amateurs anglais. — Reproductions au jardin zoologique de Londres. Un Perroquet en liberté. — Un Serpent à pro- téger. — Élevages d'amateurs. — Arrivages chez les importateurs. À Aïn Sefra, sur la frontière algéro-marocaine, aux environs de Tiout, les brèches de grès rouge des hauts plateaux de l'Atlas ont conservé de pittoresques représentations de la faune néolithique. Des artistes primitifs de cette époque _reculée avaient ciselé sur les parois de ces rochers avec un étonnaut sentiment de la réalité, des Éléphants d'Afrique, des Lions, des Léopards, des Hyènes, des Gazelles à long cou du type Mohr qu'on ne voit plus que dans l’ouest du Sahara. Une de ces figures les plus impressionnantes est celle d'un Buffle préhistorique, le Pos antiquus dont les cornes dépassaient en envergure celles des Buffles indiens les mieux armés sous ce rapport. Or, ces sculptures concoraent par- faitement, même dans les plus petits détails, avec les restes fo-siles que l’on a mis à découvert dans la région, aussi est-on surpris de constater qu'à cette époque ce Buffle était domes- tiqué, puisqu'il y en a qui sont représentés chargés de bâts, mais l’espèce avait déjà disparu du temps des Carthaginois et des Romains, qui n'en font pas mention. La nature de la végé- tation devait être alors bien différente de celle d'aujourd'hui, car l'Éléphant n'aurait pas pu trouver sa subsistance dans les maigres broussailles qui couvrent les hauts plateaux de l'Atlas. Plus loin, au sud du Maroc, des déssins de même nature, que l'on rencontre jusqu'à Tombouctou, prouvent qu'outre l'Élé- phant d'Afrique, un Rhinocéros et une Girafe faisaient partie de la faune locale. Le voyageur qui communique ces observa- bons au zeld ajoute que les Chameaux de la frontière algéro- marocaine ont une tendance à avoir un pelage foncé; on en voit beaucoup de noirs. Les Chèvres haut perchées sur de longues jambes et avec des cornes courtes et épaisses, res- semblent bien peu aux petites Chèvres basses sur pattes, au 584 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION corselet rebondi, des villages nègres et les Chiens berbères sont d’un très beau type qui rappelle ce que devait être le Chien domestique des îles Canaries qui n'existe plus. Ils tiennent du Collie et du Chien chinois chow; leur poil blanc nuancé d’une teinte citrine fait briller avec éclat leurs yeux noirs ; la queue touffue est souvent portée sur le dos et leurs oreilles, droites dans les régions tunisiennes, ont une tendance à se casser comme chez le Collie dans les pays marocains. Point méchants pour les animaux, ils sont volontiers agressifs pour les hommes. Autour de Figuig, on rencontre de grandes bandes de Cochons efflanqués et sur de hautes jambes comme l'étaient autrefois les races porcines d'Irlande que l’on appelait des Cochons-lévriers. Un aviateur écrivait dernièrement à un journal : « J'ai opéré des reconnaissances parmi le gibier. Ah ! si j'avais eu un fusil! J'ai fait lever des compagnies de Perdreaux que je poursuivais ensuite. Il y avait un Lièvre qui, à chacun de mes passages, filait ventre à terre devant l'appareil. Chaque fois je le retrou- vais au gîte. Quand il ne voulait pas partir, je le faisais lever de force. Voilà les petits amusements de l’aéroplane. » (Matin, 8 septembre.) Cet aviateur était sans doute muni d'un permis de chasse et volait sur ses terres, mais le fait est à rapprocher des plaintes qui nous ont été adressées par des cultivateurs des environs de l'aérodrome de Buc, à propos de l’effroi que jetaient les machines aériennes dans leurs troupeaux et leurs élevages et que nous avons mentionnées dans la chronique du mois de février dernier. Le Field a publié d’intéressantes photographies de divers Oiseaux atteints d’albinise qui lui ont été signalés par ses correspondants. C’est d’abord un Pigeon ramier dont quelques plumes des ailes, de la queue et de la poitrine ont seules con- servé leur coloration normale; puis un Épervier entièrement blanc, ce qui est assez rare, quoiqu'il en existe une dizaine de spécimens plus ou moins blancs dans les collections particu- lières, enfin une Bécasse dont la moitié des rémiges de l’aile est blanche. Les cas d’albinisme chez la Bécasse sont assez fréquents, et M. Harting a consacré un chapitre de ses Délas- CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 585 sements d'un naturaliste aux anomalies de ce genre que présente cet Oiseau. LS * x MM. R. S. Pocock et Seth-Smith, chargés l’un et l’autre de services importants au jardin de la Société zoologique de Londres, fournissent maintenant chaque semaine au Field des notes très intéressantes sur le mouvement de l'établissement. M. Pocock attire l'attention sur la parturition du Dingo ou Chien sauvage d'Australie qui n’a lieu qu’une fois par an, au printemps de notre hémisphère, et non en aulomne, ce qui cor- respondrait au printemps australien. M. Pocock voit dans ce fait la preuve que le Dingo n'est pas un animal autochtone, mais qu'il a été introduit du continent asiatique à une époque pas très reculée. Il est de fait que le Dingo a beaucoup de points de ressemblance avec le Chien Pariah de l’Inde, qui aurait été introduit dans l'ile par des aborigènes de l’Indoustan avec lesquels les tribus sauvages de l'Australie ont conservé de même des caractères communs. LS x * . Les grands amateurs anglais continuent à subventionner les explorateurs dans les régions les plus lointaines pour leur en rapporler des Mammifères et des Oiseaux vivants. C'est ainsi que M. Claud Grant est revenu récemment de la Nouvelle- Guinée avec une collection d'Oiseaux destinés à M. E.-J. Brook, à sir William Ingram et à la Société zoologique. On y remar- quait sept exemplaires d’un très rare Psittacidé, le Lori à crou- pion blanc (£0os fuscata). M. Frost a, de même, ramené de l'Inde un certain nombre d'Oiseaux intéressants que M. E.-J. Brook a offerts au jardin de la Société, et dans le lot se trou- vent une paire de Grues-Moines el une paire d’Ithagines san- glantes qui habitent les hautes régions du Népaul, du Sikkim et du Boutan. Le plumage de ce beau Faisan est gris clair sur le dos, vert pàle sur la ventre et des taches d’un rouge vif mar- brent la poitrine et le dessous de la queue. x x * Le Jardin de Regent's Park a obtenu cette année des repro- ductions importantes parmilesquelles nous signalerons celle de ‘ 80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION l’Ibex du Caucase, des Zébus, du Bison, du Buffle indien, de l'Onagre de Perse; on a eu des métis de Zèbre et d'Ane du pays des Somalis et des hybrides de Paon nigripenne et de Paonne spicifère. Les Tragopans satyres, les Eperonniers, les Coqs de Sonnerat ont niché avec succès. Les Silfleurs huppés, les Sareelles des iles Andaman,.les Casarkas de la Nouvelle-Zélande et le Siffleur ordinaire qui passe pour irréductible, ont également reproduit sur les pièces d’eau. Nous ne relevons daus les notes de M. Seth-Smith que ce qui rentre le plus dans le cadre de notre Société. Le mois dernier, un Perroquet rosalbin, échappé sans doute d’une cage, vint chercher un refuge dans le Jardin zoologique de- Regenl’s Park et se fixer dans l’enclos affecté aux Ecureuils et aux Marmottes, avec lesquels il se familiarisa, au grand amusement des visiteurs. Ayant reconnu à la nuance de l'œil que c'était un mâle, M. Seth-Smith transporta une des femelles de la ména gerie dans le parquet. L'Oiseau échappé ne tarda pas à venir faire connaissance avec la nouvelle venue, sur quoi M. Seth- Smith ouvrit la porte de la cage sur laquelle les deux Oiseaux vinrent se percher et, après un échange de politesses, ils s'envo-- lèrent dans un arbre voisin. Leur voyage de noces ne fut pas de longue durée. Après une absence de vingt-quatre heures, ils revinrent dans l’enclos où ils avaient fait connaissance et on peut maintenant les voir tous les soirs faisant de grands vols. autour du jardin, dont ils ne cherchent pas à s’écarter. * # # Le D' Vital Brazil, directeur de l’Institut sérothérapique de Sao Paulo, au Brésil, a publié un intéressant opuscule sur la défense contre l'Ophidisme, c’est-à-dire la mortalité par piqüres de Serpents. D'après l’auteur on compte annuellement 1804 morts attribuables à cette cause, et 19.200 accidents; mais, depuis que l’Institut fonctionne et qu'il a largement distribué du sérum et des seringues pour injections hypodermiques parmi la population, le nombre des cas mortels à beaucoup diminué. Les Serpents venimeux du Brésil appartienneut à douze espèces du genre ZLachesis et à une espèce du genre Crotalus. Le D' Brazil conseille de lutter contre ces dangereux Reptiles en en protégeant un qui en fait sa proie. C'estle Rachidelis Brazil, gl Serpent inoffensif qui mesure jusqu'à 7 pieds de longueur et CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 587 qui, s’il n'est pas muni de crochets venimeux, possède une force de constriction qui lui permet de venir facilement à bout de Serpents plus gros que lui. Les expériences faites au labo- ratoire ont montré que dans le cours d’une année ce Serpent bienfaisant peut consommer au moins une douzaine de forts Jaraccaras (Lachesis lanceolatus), et le docteur a distribué un grand nombre de cartes postales illustrées représentant son protégé dans l'exercice de ses fonctions bienfaisantes, afin de le faire connaître aux habitants du pays et de lui assurer leur sympathie. Notre collègue M. P.-A. Pichot vient d'obtenir la reproduc- tion d'une nouvelle espèce de Colin, le Colin masséna (Crypto- nyæ massena). C'est la première fois, à notre connaissance, que ce joli Oiseau qui habite le Texas, l’Arizona, le nouveau Mexique, et dont la tête bariolée de blanc et de noir rappelle le masque d’un clown de cirque, se multiplie en captivité. Malheureusement la femelle mourut sans cause apparente après la ponte du quatrième œuf, et la couvée ne se composait que de trois petits dont l'élevage n'a pas présenté de difficultés grâce à une abondante nourriture de Mouches et de Ténébrions. Un membre de la Société d’aviculture anglaise, M. H. D. Astley, a également obtenu la reproduction du Colin houi de Cuba (Ortyx cuhanensis) dont les couleurs sont beaucoup plus vives et plus accentuées que celles du Colin houi ordinaire. Enfin la Société zoologique de New-York a envoyé au Jardin zoologique de Londres deux couples de Colins de Douglas, une des espèces de Perdrix huppées d'Amérique qui n'avait pas encore figuré dans la riche collection de Regent's Park. Dans ce jardin, la Perdrix de Hey (Ammoperdix Heyi) s’est abondamment reproduite. On en avait le mois dernier une vinglaine de poussins sans compter un certain nombre d'œufs qui étaient encore en incubation. Cette jolie Perdrix des dé- serts d'Arabie a été décrite par Temminck et figurée dans son recueil de planches coloriées. La chaleur de cette dernière saison semble lui avoir été très favorable. Notre collègue M. Pays-Mellier signale d’intéressantes repro- ductions dans son jardin zoologique de la Pataudière, où se trouve la collection particulière la plus complète que nous Li. "FR, INTRANET y DT 588 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ayons en France. La ponte des Nandous a été très abondante comme à l'ordinaire, mais on n’a laissé couver qu'un seul mâle qui élève dix jeunes déjà forts. Une femelle de Kangurou géant a dans sa poche une petit qui commence à mettre le nez à la fenêtre; ilest né un Lama femelle et une Biche muntjac doré, tandis qu’une jeune Phalanger opossum se laisse paresseuse- ment promener sur le dos de sa mère comme sur l'impériale d'un omnibus. x x * Iln'ya rien de particulier à signaler depuis quelque temps chez les importateurs. W. Jamrach a recu un beau lot de Cer- vules dorés provenant des montagnes du nord de l'Inde. Leur taille est de 20 pouces pour les mâles et 18 pouces pour les femelles. Ce Cerf minuscule se reproduit bien dans nos climats et est tout à fait acclimaté chez le duc de Bedford dans les massifs boisés de Woburn. Chez Albert Edward Jamrach, un beau lot de Colombes luma- chelles d'Australie. Chez Hamlyn, un Dorcatherium, Chevrotain d'eau de l'Ouest Africain, des Axis et des Antilopes de l’Inde (blackbruck) d'im- portation directe, des Singes gibbons et atèles, une paire de Perruches Alexandra de l’ouest de l'Australie et le contingent habituel d'Oiseaux de cage. Chez Prévotat des Colombes poignardées et des Colins squa- mala ou maillés que nous voyons pour la première fois sur le marché. Le jardin zoologique d'Anvers met en circulation une liste très nombreuse de ses disponibilités, élevages de l’année ou adulte, parmi lesquelles nous remarquons des Crossoptilons et des Lophophores, les divers Faisans dont un couple de Sæm- mering, les Tragopans Satyres et Temminck, etc. oo Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MABETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. )ciét ; s au Secrétariat, de la Commission compétente, des disponibilités. | e d'études Botanique, Horticole et it les vacances de Pâques 1912. es établissements scientifiques. désireraient entreprendre ce voy hemin de fer. prendre part. OFFRES de dessin, peinture et sculpture d'après ux vivants en plein air ei en atelier, ue de la Barouillère (rue de Sèvres, près le bulevard du Montparnasse), Paris, 6°. ES prix Paris 1909, 1910, 1911 : poules et gs Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais üb, Français, race pratique par excellence. ur tout usage en tout climat; saison 1911 : ulèltes pour ponte hiver et coquelets, en illet-octobre : poulettes 7 fr. pièce, 65 fr. 10 ; coquelets 8 à 10 fr. pièce. Co. Paons cs 1910, 180 fr. femelle mélanote %5 fr. : co. l'Egypte, reproducteurs 35 fr. SAINVILLE, membre du Gâtinais-Club, Germain-des-Prés (Loiret). [7 tants indiens 1910, 6 fr. pièce: iques blancs 1910, 6 fr. pièce. croisés blanc et bronzé d'Amérique, 20 fr., ; emballage en plus Livrable gare Vivy. aron LE PELLETIER, Salvert, par Vivy e-et-Loire) ds siffleurs du Chili 1911 et Faisandeaux dorés, (Més en liberté ; céder ou échanger contre eaux de parc. UBIGNIER, Saint-Géraud-le-Puy (Allier). L| CRPRAEE ER Me,coq et poule Andalous bleus. extra, sujets. ands Concours, 9%5 fr. mas Herminés, 30 fr. ards Barbarie bronzés, 95 fr. pigeon poule maltais blancs, 20 fr. k > couple Paons Nicripennes, né chez moi et Le Secrétaire général a l'honneur d'informer 16s M ze jours. Le prix, comprenant le trans re et coucher, sera d'environ 500 franc Il serait nécessaire d'être fixé, le plus tôt possible, sur le nombre des Prière d'envoyer son adhésion au siège de la So sion soit considérée comme un engagement. Le programme de l’excursion sera adressé à ceux de nos collègues qui désirent d sirent obtenir des cheptels sont priés d'adresser, 83, rue de Buffon; les c heptels seront consentis, après suivant le rang d'inscription et au fur et à embres de la Société qu'un Piscicole aura lieu, en Italie septentrionale: . Cette excursion aurait pour but: la visite des pêcheries de l'Adriatique; des cultur jardins et lacs de la Haute-Italie : es de la Lombardie et du Piémont (riz, etc.) L'excursion sera dirigée par d'aimables confrères italiens; elle aura une durée de port en chemin de fer, voiture, bateau, S. nouur- ® personnes , è age pour pouvoir préparer d'avance certaines rSionS, assurer les réceptions et obtenir des réductions auprès des Compagnies ciété, sans toutefois que cette | OFFRES. DEMANDES, ANNONCES prêt à reproduire en Mai, gratuit. Cogqs et poules Caumont extra, 6 fr. 50 pièce. Œufs à couver, 5 fr. la douzaine franco. 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COCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 4855 % PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concouri {4e à l'introduction, à l’acelimatation et à la domestication des espèces d'anima utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des rac nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagatic de végétaux utiles on d'ornement. Se programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme au même de la France. L'attention des personnes compétentes doit être appelée to spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, 0 dr: animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. ae La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées encourageant les éludes qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats da ses séauces publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autr 1 Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des ex! D sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les grair < qu’elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, où aux sociétés di D: - agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d’uti LES générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement prét Me, cupées de science pure. __Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formé +4 chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne dés rens 15 gnements.les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poisso Le Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi € les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Lal ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). é Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une € sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications d Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrem gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, e faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avantages lui $ également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Ai maiation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes ir illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup “ont plus de mille pages Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tiré part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mam fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons € pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apicultus ; de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs prod ÈS leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, ‘orment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient! tee couté + » à ANTON 4 TE plusieurs ! KE £ E E FN d,ù "eù les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié pa og Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages” ns connus du D' Moreau sur les Poissons de Frauce. | ‘4 Le Gérant : À. MARETHEUX. HE mx à EEE PME RE 1 SC «1 4 ; Paris. —- L, MARETHEUx, imprimeur, 1, rue Cassette. RER RE Dep rage Dec TE : 4 l DE LA e. EE riz E JE 3 = | : CIÉLÉ Nationale d'Acelimatation ' % | je ÿ 5 DE FRANCE 44 > he » (Revue des Sciences naturelles appliquées) M tue = ES 58: ANNÉE L: 4 de : Fe N° 19 — 1°: OCTOBRE 1911 Ü SOMMAIRE 4 @e ji DIGUET. — Notes sur quelques plantes mexicaines employées éventuellement comme - fourrage L LAURENT. — Essais d'acclimatatiou de végétaux en Crimée luvrages offerts à la bibliothèque » Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises | ) par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. par Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50 ro LE mu Ë ‘50 l 1 Ë 4 te Pa di jé AU SIÈGE SOCIAL À be LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Le 33, rue de Buffon (près du Jadin des Plants), PARIS ; LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS EE a ps et les personnes qui désireraient l’entretenir qu'il se Host] à leur disposition, au siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUuFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 191! Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur d Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faïdherbe, Saint-Mandé (Seine). Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Z#ranger) ! H. Hua, Directeur-adjoint à l’Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint Secrétairese Germain, Paris (Conseil). CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DEBREUIL, %, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). Trésorier, M. le D' SeBmLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris.! Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUcURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D' LePRince, 62, rue de la Tour, Paris. MaïLres, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d’ Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de Vizmorin, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. LEcoMTs, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. Le MYRE DE Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Ÿ WuIRIoN, 7, rue Théophile- -Gautier, Neuilly-sur-Seine. ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d’ HSIDire naturelle, 1, rue Hdiène. Paris DÉJARDIN, 23, rue Claude-Lorrain, Paris. MAGAUD D *AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. D' P. MarcHaL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologiqu de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Dates des Séances du Conseil et des. Sections POUR L'ANNÉE 1911 Janvier | Février Mars Avrit Mai Novembre } Décembre Séances pu Cowseir, le Mardi à 5 heures.| 10 14 14 41 9 14 12 Are SECTION. — Mammifères, le lundi à 5 heures 2 Mme es me 9 6 6 3 1 6 À 2° Section. — Ornithologie, le lundi : 4-5 ho 1/2 EE lieioe 9 6 6 3 1 6 4 3e SECTION. — Aquicullure (1), le lundi à 5 heures . . Are NET TO 13 13 10 8 43 1108 42 SECTION. — Entomologie, le lundi 2 91h.01/25 : GE MMA ele 13 13 10 8 13 al 59 SECTION. — Botanique, le lundi 43)h°4/2% EE SET 23 20 20 24 15 20 18 u 6° SECTION. — Colonisation, le lundi à 5 heures . . 23 20 20 2% 15 20 18. Soës-Secrion d'Etudes Caprines, le ven- É dredi à 5 heures . . . . al 0 TENTE 24 21 26 24 22 (1} Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séance des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels de séances. LA CAPTURE DES OISEAUX DE PARADIS ET LEUR ACCLIMATATION Par PIERRE-AMÉDÉE PICHOT. Oiseau sans pattes pour se percher, sans entrailles pour digérer sa nourriture, sans crâne pour emmancher son bec et enchâsser ses yeux, tel parut l'Oiseau de Paradis aux Asiati- ques et aux Européens qui les premiers recurent sa dépouille momifiée des iles de l'Océan Pacifique où les indigènes Papous faisaient commerce de son beau plumage, et ce ne fut qu'après le voyage de Magellan aux Moluques et le récit de son compa- gnon Pigafetta au xvi° siècle que l’on s’apercut que l'Oiseau de Paradis avait des pattes, des entrailles et un crâne comme tout le monde. Aussi les premiers historiens des Oiseaux de Paradis contri- buèrent-ils à répandre une légende fabuleuse d’après laquelle ce volatile ne descendait sur terre qu'accidentellement, ne pou- vant y marcher, vivait sur l’air en flottant dans l’espace comme un Poisson dans l’eau, ne mangeait que de la rosée, n'ayant pas d'organes qui lui permissent de prendre un aliment plus substantiel et nichaïit sur des flocons de nuages, voire même dans cet Eden problématique qui lui valut son nom d'Oiseau de Paradis. Le nom d'Apode, c’est-à-dire sans pattes, lui est aussi resté. Les découvertes des navigateurs et les investigations des naturalistes ont aujourd'hui réduit cette légende, autour de laquelle s’en étaient groupées bien d’autres, à n'être plus qu'un souvenir historique, mais l'existence de ce singulier Oiseau, vu l'éloignement de son habitat et l'impénétrabilité des régions où il s'était localisé, n’en est pas moins restée mystérieuse et si nous connaissons bien l’usage qu'ont fait de ses belles plumes les générations successives d’'élégantes qui s’en sont parées, nous savons peu de chose de sa vie, et le commerce des plumes menacait de le faire disparaître de la surface du globe avant que nous ayons pu pénétrer dans son intimité. Heureusement, depuis quelques années, d’enthousiastes amateurs d'Oiseaux, jaloux de posséder dans leurs volières des spécimens vivants du bel inconnu, ont subventionné des expé- ditions de collectionneurs dans les îles de la Papouasie pour BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911. — 38 590 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION leur en rapporter et subitement nous avons vu apparaitre, en chair et en os, dans les collections des jardins zoologiques et des simples particuliers, plus de vingt espèces d'Oiseaux de Paradis, les Manucodes, les Epimaques, les Séleucides, les Cicinnures et leurs congénères à brillant plumage qu'il ne nous avait été donné d'admirer jusqu'ici que dans les froides vitrines des Musées. Enfin, pour la première fois, une paire d’Apodes a été mise aux enchères, celte annnée, à la vente annuelle du jardin zoologique d'Anvers. Je voudrais pouvoir vous dire que c'est parmi nos compa- triotes que se sont rencontrés ces zélateurs de l'Ornithologie, mais je suppose que leur attention a été détournée par le sourire des jolies femmes, des trophées de plumes qu’elles accumulent sur leurs chapeaux, et c'est à l'étranger qu'il faut aller chercher ces pionniers de l'aviculture. En Angleterre, M. et M®° Johnstone, M. E. J. Brook, sir William Ingram furent les initiateurs de ce mouvement d'importalions d'Oiseaux de Paradis, et leurs émissaires MM. Horsbrugh, Goodfellow et Frost, bravant tous les dangers d’une pénéiration hardie dans des iles lointaines, au climat meurtrier et peuplées de sau- vages hostiles, ont triomphalement accompli les missions qui leur avaient été confiées, tout en ouvrant des pays nouveaux aux recherches des explorateurs et en apportant à la science un contingent de précieuses informations. Je rappellerai toutefois que c'est aux recherches de Wallace que nous devons les premières observations des mœurs de l'Oiseau de Paradis dans son pays natal et que c'est lui qui rapporta en Europe les deux premiers Paradisiers que l'on y ait vus vivants, il y a une cinquantaine d'années. En 1904, M. Goodfellow ramenait à M®° Johnstone un premier lot assez important d'Oiseaux de Paradis. Il y avait deux Grands et deux Petits Paradisiers, deux Manucodes royaux Regius) el deux Manucodes noirs. L'Avicultural Magazine à publié l'an dernier quelques-unes des notes de voyage de M. Goodfellow dans les iles de la Papouasie à la recherche de ces précieux volatiles, et quelques extraits de ces documents feront bien ressortir les difficultés de l’entreprise : « C'est en décembre 1903, dit notre voyageur, que je débar- quai pour la première fois dans l'ile d'Arou. Les pêcheurs de perles de l'ile de Jeudi n'étaient pas venus s’y établir et je me trouvais être le seul Européen dans le pays. Je fis de Silbat{a- LA CAPTURE DES OISEAUX DE PARADIS D91 batta mon quartier général. C'était un village florissant sur la rive septentrionale du canal Wanumbai, un de ces singuliers canaux qui serpentent à travers l'ile de part en part. Quelques: uns sont navigables pour des bateaux à faible tirant d’eau, mais les plus petites embarcations peuvent seules passer par les autres. Comme l'ile est très plate, les rives de ces canaux se perdent dans une longue succession de marécages à Man- goustans, mais sur le canal de Wanumbai, la brousse descend jusqu'au bord de l’eau, excepté autour des villages où l’on à débroussaillé le sol. Les Silbattabattas étaient alors en guerre avec les Wanumbais qui habitent la rive sud, de sorte que je dus limiter mes recherches aux forêts de la rive nord. Je m'aperçus bientôt qu'il était impossible à un étranger d'essayer de piéger ou de tirer des Oiseaux de Paradis sans la coopéra- tion des indigènes, qui considèrent ces Oiseaux comme étant leur propriété, et cela est assez naturel, étant donné que depuis bien des générations ils ont le monopole du commerce de leurs plumes. Quoique le Paradisier apode ait été l’un des plus anciennement connus, on ne sait rien pratiquement de ses mœurs. « Il y avait deux semaines que j'étais à Silbattabatta et je n'avais encore ni vu, ni entendu, un seul Apode quoique je parcourusse toule la journée les taillis avec des guides indi- gènes. Je compris qu'ils faisaient exprès de me conduire hors des parages fréquentés par les Oiseaux et je finis par faire un arrangement avec eux, en- leur promettant une gratification pour chaque Oiseau que je tirerais, s'ils me menaient au bon endroit. Nous tombâmes d'accord; le lendemain six hommes me conduisirent, après trois heures de marche, dans une partie de la forêt très différente de tout ce que j'avais vu jusque-là. Les arbres étaient beaucoup plus élevés et le sous-bois beau- coup plus clair, et au lieu des rochers de corail qui pointent partout dans les forêts d’Arou, le sol était couvert d'un admi- rable tapis de Lycopodes qui rendait la marche beaucoup plus facile. Je ne fus pas longtemps sans entendre ces appels sonores qui me sont devenus depuis si familiers, mais je ne saurais dire l'émotion qui s'empara de moi sur le moment. Tout était mystérieux autour de moi; le jour verdâtre de la jungle, tamisé à travers son étrange végétation, mes compa- onons à peau noire silencieux et sauvages et puis là, tout près “de moi, les Oiseaux que j'étais venus voir de si loin! Nous e 592 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION avançämes un peu et au sommet des arbres les plus élevés, je découvris de 60 à 70 Oiseaux de Paradis voletant de branche en branche, picorant un fruit cà et là et ne paraissant nulle- ment effrayés par notre présence, quoiqu'ils pussent parfaite- ment nous distinguer. Je remarquai qu'à cette saison tous les mâles avaient perdu leurs plumes d’apparat, quoiqu'il y en eût quelques-uns qui avaient conservé les plumes jaunes de la tête, mais le plus grand nombre semblait être des femelles ou de jeunes mâles. Grapillant avec les Paradisiers dans les mêmes arbres, il y avait plusieurs Manucodes noirs dont j'abatlis un couple, et en m'en allant je tuai mon premier Manucode royal. Les indigènes me dirent que les arbres où les Apodes se réunis- sent pour danser dans la saison des amours étaient situés beaucoup plus loin dans l'intérieur. Chaque tribu fait valoir ses droits sur les arbres à danse de son district, et il suffit qu'un étranger vienne braconner sur les terres d'un voisin pour faire surgir une guerre, à Moins que, rapprochées par des relations matrimoniales, ces tribus ne soient assez bien dis- posées l’une pour l’autre, pour que les chefs puissent arranger l'affaire à l’amiabie. Dans ce cas, les délinquants sont con- damnés à une amende qui consiste généralement en gongs de bronze que l'on achète aux trafiquants chinois de Dobo. La querelle avec les Wanumbais n'avait pas eu d'autre motif, et quand j'arrivai dans le pays, on s'y battait d'une facon inter- mittente depuis deux saisons. La paix fut conclue avant mon départ, un nombre égal de guerriers ayant été tué de chaque côté. Les Silbattabattas avaient suspendu à un arbre au milieu du village, juste en face de ma maison, les têtes des adversaires qu'ils avaient capturés et décapités, et ce n'était pas très ré- jouissant de les entendre appeler chaque tête par son nom en donnant des détails sur sa famille et la facon dont les malheu- reux avaient été pris. Je dois avouer que ces détails n'étaient guère à la louange des vainqueurs et dévoilaient dans chaque cas une assez ignoble traitrise. « Les Apodes se rassemblent tous les ans sur les mêmes arbres à danse, au commencement de la saison, en mars, et les propriétaires de ces arbres peuvent, avant même que les plumes ornementales aient pris tout leur développement, estimer, à une peau près, le nombre des Oiseaux qu'ils pensent se procurer dès qu'ouvrira la saison de la chasse. On voit par là que chaque année il est probable que pas un seul Oiseau LA CAPTURE DES OISEAUX DE PARADIS 593 adulte n'échappe au massacre. Autrefois, on les tirait avec des flèches émoussées, mais maintenant, dans quelques localités, les trafiquants prêtent des fusils aux indigènes quandiils n’en possèdent pas en propre. Quand on se sert de flèches, le chas- seur se couche sous des branches dont il recouvre une plate- forme construite dans un arbre voisin. J'ai vu beaucoup de ces plates-formes rester à poste fixe dans les arbres après la saison de chasse, et elles ne sont jamais établies dans les arbres à danse mêmes. Les têtes de flèche affectent différentes formes. Il y en a de plates et d’arrondies comme le fruit d’un Nénuphar mais de moindres dimensions; d'autres sont formées par un simple nœud de bois, mais la forme la plus usuelle est obtenue en taillant court les trois chicots de la fourche d’une branche. La danse des Oiseaux s'appelle Safaleli, ce qui est aussi le nom que l’on donne à la danse de guerre des indigènes. La danse du matin sur les 7 heures est la plus importante, mais la parade recommence tard dans la soirée. Les mâles sont en beau plumage d'avril à novembre, époque à laquelle ils muent et pendant leur danse leur surexcitation est telle qu’ils ne font même pas attention à un coup de fusil. » Dans son livre sur les Oiseaux, M. Pycraft a donné une des- cription minutieuse de la danse de l'Oiseau de Paradis, telle qu'il l’a observée au Jardin zoologique de Londres, accompa- gnée d'une illustration du petit Oiseau de Paradis dans une de ses attitudes familières (v. fig. p. 595). L'Oiseau fait vibrer ses ailes en poussant de hauts cris: puis il les ouvre en les inclinant, tandis que la queue est repliée sous le perchoir. Avec un frémissement qui rappelle celui du Paon faisant la roue, il relève alors sur son dos au-dessus des ailes abaissées, les grandes plumes subalaires qui se rejoignent sur la ligne médiane formant au-dessus de l’Oiseau un grand panache doré. Il reste ainsi quelque temps immobile, puis se met à sauter comme un fou en avant et en arrière et baisse la tête en poussant des cris. Une extase de quelques secondes succède à cette figure; l'Oiseau frotte son bec contre son perchoir comme pour l’aiguiser et se courbant en arc sur la branche qui le porte, il semble vouloir regarder en arrière sous ses pieds. Cette frénésie convulsive passée, il reprend la première position el recommence son manège jusqu à ce quil ait pro- duit l’effet désiré, ou qu’il en ait assez. Les mâles, d'après M. Goodfellow, commencent à se réunir M ns us 591 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION sur les arbres à danse avant que leur mue ne soit complètement achevée, et quoiqu'ils reviennent fidèlement aux mêmes postes, il arrive que quelques arbres sont complètement abandonnés pendant plusieurs années. Les indigènes attribuent cet aban- don à ce que les chasseurs ont négligé de se rendre les Esprits favorables par des offrandes propitiatoires après les premières prises de la saison, et ces offrandes consistent à accrocher au tronc de l'arbre, avec un petit bouquet de plumes, les jambes du premier Oiseau tué. Voilà peut-être la raison pour laquelle ies premiers Paradisiers que l’on exporta des iles n'avaient pas de paites. Mais les offrandes consistent encore en songs de bronze, en porcelaines de Chine, en cartouches vides, en mystérieux paquets enveloppés de feuilles, en coquilles de Noix de coco contenant du tabac ou du bétel, en monnaies de cuivre et quelquefois d'argent, et l'étranger qui ne serait pas prévenu, serait bien surpris de rencontrer au pied de certains arbres, en pleine forêt, l’amoncellement de bric-à-brac qu'on y voit quelquefois. Notre voyageur pense que la ponte a lieu en décembre, au moment où les mâles viennent de perdre leur plumage de noces; du moins, lui a-t-on apporté un œuf pris à cette époque; il était rosé et fortement marbré de taches de même couleur, surtout au gros bout, mais le second œuf de ce même nid qui fut donné au collectionneur de sir William Ingram, M. Pratt, élait presque entièrement blanc. Dans la première semaine de janvier, M. Pratt recut d’un indigène un jeune Apode qui lui fut apporté vivant et qui était probablement tombé du nid. Il pouvait à peine voler, ses ailes étaient très développées en pro- portion de son corps, ses cuisses et ses pattes étaient aussi fortes que chez l'Oiseau adulte. Grâce à ses fortes griffes, le jeune Paradisier grimpait facilement contre les murailles de la case recouverte de feuilles de Palmier, pour aller se percher sur des solives. Les cuisses ne s’emplumèrent ainsi que la gorge et Le front, que deux mois plus tard. Les indigènes de l'ile d’Arou ont maintenant appris à piéger les Oiseaux de Paradis qu'ils ne se procuraient autrefois qu'en les étourdissant avec leurs flèches émoussées ce qui estropiait plus ou moins les Oiseaux et leur cassait souvent une aile. Maintenant, ils les prennent en plaçant des collets dans les arbres où ils viennent manger, ou même dans les arbres à danse. Ils se servent aussi de glu, préparée avec la sève de D : LA CAPTURE DES OISEAUX DE PARADIS 595 l’arbre à gutta-percha. Les Apodes une fois pris s’apprivoisent vite, surtout dans une cage; il ne fallut pas plus de {rois semaines pour apprivoiser complètement le Paradisier qui vécut si long- temps au Jardin zoologique de Londres et qui était si familier \ / PL el 7 MON CIS N } 4 oo ! er SN K RS De - A CR TR = \ CAN SR TES Ni PEN UE ENS \ PIE RIZ N NUS NC \ pre NE ==. XY E ER fs N} À L FC NH L Pari L'Oiseau de Paradis. que, pendant le voyage, le roulis du navire pendant la forte mousson du sud-ouest dans l'Océan Indien ne l’'empêchait pas de se livrer à sa parade journalière. Il semble qu'il n’y ait aucune difficulté à faire manger les Apodes nouvellement pris. Ce sont des Oiseaux gloutons qui dévorent n'importe quels fruits et se jettent même avec avidité sur la pâtée que l’on 596 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION donne aux Insectivores, mais il leur faut au commencement des Insectes vivants ou une nourriture animale, sans quoi ils peuvent dépérir et mourir. Le jaune d'un œuf dur est un excellent aliment pour les tenir en condition, et M. Goodfellow en donnait un par jour à chaque Oiseau. Il était assuré de pouvoir les conserver dès qu'ils avaient adopté cette alimen- tation, mais il lui parut impossible de tenir deux mâles dans la même cage, tant ils sont portés à se battre avec achar- nement. Lorsque deux Oiseaux de Paradis se sont empoignés, ils se prennent à la gorge avec leurs griff. s puissantes et ne se lâchent pas, cherchant à s’arracher les yeux; même en les prenant à la main, on a du mal à les séparer. M. Goodfellow croit qu'il sera également difficile de réunir ces Oiseaux par couple, car à certaines saisons de l’année chaque sexe fait bande à part et il est très possible que la femelle pourchasse le mâle et que, si elle ne lui inflige pas quelque grave blessure, elle le tracasse au point de l'empêcher de s'alimenter. En 1998, arrivait au Jardin zoologique de Londres une belle collection de Paradisiers, ramenée de la Nouvelle-Guinée par M. Horsebrugh. Elle comprenait huit exemplaires du Magai- fique (Diphyllodes speciosa), dont plusieurs étaient des femelles; sept Oiseaux à six filets (Parolia sexpennis); sept Paradisiers de Raggi, dont un couple avait été détaché à l’arrivée à Mar- seille pour aller orner les volières de Sir William Ingram à Monte-Carlo, et un seul exemplaire du Riffle-bird de la Nouvelle- Guinée (Ptilhoris magnifica). En 1909, M. Goodfellow revint de la Nouvelle-Guinée avec un admirable lot de Paradisiers, destiné à M. E. J. Brook, de Hoddam Castle. On y comptait trois mâles et deux femelles de l’Epimaque de Meyer (£pima- chus Meyeri); et cinq mâles et six femelles de l’Astrapie de la princesse Sléphanie (Astrachie Stephaniæ) qui habitent les montagnes, à dix mille pieds d'élévation, une paire d'Oiseaux de Paradis de Rudolphe (Paradisornis Rudolphi), deux paires du Lophorine superbe (Lophorina superba); un mâle du Grand Apode, et un du Diphyllode de Hunstein. Le Jardin zoologique de Londres installait, cette même année, dans de nouvelles volières à parquets découverts, cinq Sixfilets, cinq Hunstein, une paire de Raggi et trois Manucodes royaux, tandis que M"° Johnstone avait dans ses volières : cinq Sixfilets, sept Hunstein en plumage adulte, sept Raggi dont deux mäles, deux paires de Riffle-birds, trois Manucodes royaux; et dans la LA CAPTURE DES OISEAUX DE PARADIS 597 nombreuse collection de M. Brook, à Hoddam Castle, on pou- vait admirer le Douze filets (Paradisea nigricans), le Superbe Diphyllades speciosa et l'Oiseau de Paradis d’Alberti. L'installation de ces Oiseaux, surtout chez les particuliers qui, n'étant pas obligés de les exposer aux yeux du public, ont pu garnir leurs parquets de plantations touffues où ils trouvent un abri et du calme, fait espérer qu'ils se livreront à la reproduction, car ils ne paraissent pas souffrir d’un climat si différent de celui de leurs îles natales. Un Riffle-bird qui, au mois de novembre 1908, s'élait échappé des volières de M° Johnstone, a pu supporter, pendant dix semaines ‘avant d'être repris, le froid et l'humidité d'un brumeux automne du comté. de Sussex sans qu'il en ait paru le moins du monde incommodé. Mais ces importations de Paradisiers vivants vont avoir une conséquence encore plus intéressante. Convaincu que les Oiseaux de Paradis ne pourront pas résister bien longtemps encore à la guerre sans trêve ni merci que leur font les chas- seurs de plumes de l’île d'Arou — (l'importation des dépouilles d'Oiseaux de Paradis est tombée de 3.000 à 2 ou 300 peaux pen- dant ces dernières années), — Sir William Ingram s'est préoc- cupé de leur assurer un sanctuaire inviolable et, s'étant rendu acquéreur d'une des petites Antilles, la petite Tabago, il à en- trepris d'y transporter une colonie de Paradisiers dans l'espoir qu'ils pourront s’y acclimater et s’y reproduire, quoique cet ilot désert soit aux antipodes de leur pays natal. M. Stalker, un explorateur naturaliste qui vient récemment de mourir pendant l'exploration anglo-hollandaise de la Nouvelle-Guinée, et M. W. Frost avaient éié dans ce but com- missionnés par Sir William Ingram. Ils réussirent à lui pro- curer 56 Paradisiers apodes vivants dont quelques-uns res- tèrent en Angleterre et d’autres moururent pendant le voyage, mais, en fin de compte, on put en transporter et lâcher 47 dans la petite Tabago. Pendant le voyage, en revenant de l’île d'Arou, M. Frost eut la bonne fortune de rencontrer un très intelligent matelot suisse qui l’aida à soigner les Oiseaux et qui leur porta tant d'intérêt que Sir William Ingram engagea ses services pour garder les Paradisiers sur l’île de Tabago, où cet homme alla s’établir en conséquence et dont il se trouve être-le seul habitant. Tous les mois, ce coadjuteur, M. Hérold, adresse à son noble patron un rapport circonstancié sur les 598 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION agissements des Oiseaux confiés à sa garde, et c'est un de ces derniers rapports, publié par Sir William Ingram dans l'Avicultural Magazine, que nous placerons sous vos yeux pour terminer cette communication. « Les Apodes, dit M. Hérold, furent lâchés à la fin de sep- tembre 1909, à l'exception de quelques individus malingres que je ne mis en liberté que plus tard. Il y avait en tout 48 Oiseaux. Deux Apodes reçus de M. Pauwels et qui paraissent des femelles étaient venus grossir le nombre. D'abord, ils ne s'éloignèrent pas de l'endroit où j'avais dressé mon campement et circulèrent dans les arbres autour de mes tentes et de leurs anciennes cages. Je les repris pour les relâcher dans un endroit où il y avait des Papayers; ils s’y fixèrent et se mirent à manger les fruits des Papayers et à se nourrir d'Insectes. Vers la fin de décembre 1909, ils se répandirent dans d’autres parties de l’ile là où ils trouvèrent les arbres les plus gros et les plus élevés. Maintenant, on les rencontre et on les entend dans toute l'ile. « Tout d'abord, ils ne se nourrirent que de Papayes, d'Insectes et de Bananes que j’apportais dans les endroits qu'ils fréquen- taient, mais peu à peu ils négligèrent les Bananes et adoptè- rent la même nourriture que les Troupiales, c’est-à-dire les drupes des Cerisiers et des Pruniers sauvages, des Palmiers et des arbres à fruit dont l'île est couverte. Les Insectes entrent pour unelarge part dans leur alimentation et je les ai vus piller les nids des petits Oiseaux dont ils dévorent les œufs et les jeunes. J'ai mis de l’eau à leur portée dans différentes parties de l’île, en ayant soin de tenir les vases toujours pleins, mais les Apodes n y viennent se désaltérer maintenant que très rare- ment.Je les ai vus boire dans les trous d'arbres et dans les cor- nets des grandes feuilles où l’eau s’accumulait. Excepté pen- dant deux ou trois mois de l’année, nous avons fréquemment ici de la pluie, ce qui permet aux Oiseaux de trouver facilement de quoi boire. J'ai planté des Bananiers, mais je ne crois pas que les Apodes se mettent beaucoup à ce régime, car je ne les ai jamais vus entamer les bananes qui poussaient déjà dans l'ile. « Un jour, au mois de décembre dernier, j'ai trouvé deux Apodes mâles qui se batlaient, et ils étaient tellement enche- vètrés que je dus les séparer. Un des Oiseaux mourut sur l'heure, ses entrailles ayant été déchirées par les griffes de son adversaire. Je rapportai l’autre au campement, je le pansai et -LA CAPTURE DES OISEAUX DE PARADIS 598 l'enfermai pendant quatre jours ; cela suffit pour le remettre et je lui rendis la liberté. En nettoyant les taillis pour y tracer des sentiers, j'ai trouvé les carcasses de deux autres Apodes mâles dont la mort semblait remonter à deux ou trois mois et Je crois que c’étaient deux des Oiseaux maladifs qui ont dû suc- comber par le temps orageux qui a sévi à la fin de l’année. Un peu après le lächer des Oiseaux, un Apode mâle en très mau- vaise condition était entré dans ma tente. Je le pris et je le mis en cage en lui donnant à manger et à boire. Comme il ne tou- chait à rien, je lui fis prendre une purge d'huile de ricin; il mourut la nuit suivante, sans que j'aie pu me rendre compte: de la cause de cet accident, car il ne portait pas (race de vio- lences. Je ne crois pas que j'aie eu d’autres pertes à déplorer, mais il m'est difficile de contrôler le nombre des Oiseaux à cause de l'étendue du territoire couvert de très grandes forêts et de broussailles épaisses. Il y a beaucoup d'Oiseaux de proie dans la petite Tabago, et quoique je fasse pour les détruire, il - en revient toujours de la grande île, mais je ne crois pas qu'ils inquiètent les Apodes; je ne les ai jamais vus attaquer nos pro- tégés, dont je n’ai jamais trouvé de restes mangés par les Oiseaux de proie. Ceux-ci peuvent abondamment se nourrir de Pigeons sauvages et de volatiles, et je ne serais pas d'avis, comme le conseillait M. Frost, de fusiller tous les Rapaces. « Je trouvai très peu d’eau sur.la petite Tabago. À mon arrivée il n’y avait que des mares pluviales qui se desséchaient, sauf à un endroit où, dans un rocher creux, l’eau persistait d’un bout de l’année à l’autre. J'ai percé le flanc de cerocheret placé une conduite qui aboutit à un baquet, ce qui me procure de l'eau courante toute l’année en petile quantité mais suffisante pour mon usage et pour celui des Oiseaux. Gette eau est fraîche et saine. Les routes et sentiers que l’on a tracés au débutde cette année à travers l’ile me permettent d’en surveiller toute l'étendue. Il n'est permis à personne de visiter la petite Tabago et à l’excep- tion de quelques planteurs du voisinage de la grande terre et des personnages officiels qui sont venus y passer une heure ou deux, personne n'y a mis les pieds. Je plante quelques Coco- tiers, mais en dehors d’une parcelle de terre qui a été défrichée autrefois et où je cultive des légumes pour ma consommation, . je conserve à l'ile son caractère de forêt vierge. Les Apodes se sont beaucoup développés et sont très forts 600 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION sur l'aile; ils paraissent vigoureux el en bonne santé, mais ils sont très craintifs. Je n'ai pas encore remarqué de changement dans leur plumage et ils ne font pas mine de s’apparier, de construire des nids ou de danser. Je crois que s'ils ne sont pas molestés ets'ils ne manquent pas d'eau pendant les sécheresses, il y a toutes chances pour qu'ils nichent et qu'ils prospèrent ici etiln ya pas à craindre qu'ils passent dans la grande ile, car ils ne font pas de vols étendus et se tiennent cachés la plu- part du temps dans le feuillage des cimes des arbres les plus élevés. » Depuis, M. Herold a écrit que quelques-uns des Apodes com- mencent à danser, ce qui est le prodrome de la saison des amours, mais sir W. Ingram croit qu'il est impossible de dis- tinguer les sexes avant que les Oiseaux de paradis n’aient au moins deux ans. Un de ceux qu'il a conservés depuis quatre ans n'a pris quelques caractères du plumage du mäle qu'après la seconde mue et, aujourd’hui, quoiqu'il ait la tête bien marquée de jaune, la gorge d'un beau vertémeraude et deux longs filets dans la queue, ses plumes subalaires n'ont pas encore poussé. Sir William pense qu'il se pourrait bien que cet ornement si caractéristique ne se developpät qu'à six ou sept ans et même plus tard. De plus, reste à savoir ce qu'il y aura de femelles dans le lot läché dans la petite Tabago, car, dans le grand nombre de Paradisiers de toutes espèces qui ont passé par les mains de cet éminent aviculteur, presque tous se sont trouvés être des mâles, malgré qu'ils eussent tous, au début, le plu- mage sombre des femelles. Quoi qu'il en soit, il y a longtemps qu'un essai d’acclimata- tion aussi important n’a été tenté,et nous ne saurions trop applaudir à la générosité du Mécène qui a permis de l’entre- prendre. Nous en suivrons les phases avec le plus vif intérêt, heureux de dire avec le Père Ménétrier, le fameux auteur d’un recueil de devises qui avait appliqué un verset de l'Épiître de saint Paul aux Philippiens à l'Oiseau de Paradis : Vostra con- versatio in Cælis est (1). Notre attention n'est-elle pas, en effet, tournée vers des êtres célestes ! 1) Ch. xx, v. 20. ÉTAT ACTUEL DE LA PISCICULTURE EN SUISSE Par A. CLIGNY Directeur de la station aquicole de Boulogne-sur-Mer. Au cours du récent Congrès international des Pêches, le D' G. Surbeck, Inspecteur général des Pêches suisses, a fait un intéressant exposé de l’état de la Pisciculture en son pays. L'élevage du poisson de consommation est fort négligé en Suisse, non pas, comme on pourrait le croire, par suite de l'abondance du Poisson sauvage, puisque la Truite indigène atteint parfois jusqu'à 9 francs le kilo sur le marché de Zurich, mais à cause de la rareté des terrains plats propres à l’établis- sement des viviers et à cause de leur prix élevé, qui va jusqu’à 12 et 15.000 fr. l’hectare. L'élevage des grands alevins n'est pas plus développé, en partie pour les mêmes raisons, en partie parce que les Suisses professent en matière de repeuplement les théories allemandes, si opposées aux nôtres, et préfèrent libérer les très jeunes alevins de six semaines. En 1905, il n’a été déversé, dans la totalité des cours d’eau, que 2.165 alevins de six mois à un an, et si leur nombre s’est élevé à 54.300 en 1910, ce chiffre est insignifiant au regard de l'étendue des cours d’eau, en regard surtout des 85 millions de très jeunes alevins mis en liberté la même année sous le contrôle officiel. Dans ce nombre figurent en très grande majorité les diverses espèces de Corrégones, Féras, Gravanches, Palées, Lavarets, Bondelles, etc., dont les œufs fort petits donnent des larves extrêmement frêles qu'il est presque impossible de nourrir en captivité et qui doivent donner un déchet énorme quand on les met en liberté : le nombre des larves de Corrégones ainsi pro- duites en 1910 n’est pas inférieur à 58.618.000. A côté de ces Corrégones, nous voyons immerger dans la même année 1.110.000 Saumons, 6.798.000 Truites des ruis- seaux, 2.575.000 Truites des lacs, 5,564.000 Ombles communs, 2.193.000 Ombres chevaliers, et 7.580.000 Brochets. Tous ces repeuplements sont dus à l'iniliative privée, encou- ragée, aidée et contrôlée par les autorités fédérales ou canto- nales. L'une des mesures d’encouragemnnt les plus efficaces est la facilité offerte par la loi aux établissements de piscicul- ture pour se procurer les œufs ou les reproducteurs sauvages. 602 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMAlATION Après avoir édicté, dans ses articles 9 et 11, les habituelles périodes de clôture, en vue de protéger le repeuplenrent naturel, la loi fédérale du 21 décembre 1888 dispose dans son article 12 que : « En vue de procurer aux Établissements de pisciculture les œufs nécessaires à leurs opérations, les autorités du canton — et dans les eaux limitrophes, les autorités des cantons inté- ressés — peuvent autoriser la capture des espèces énumérées, même en temps prohibé, à l’aide des engins légaux et sous condition d’un contrôle effectif. » Ces dispositions, qui sont empruntées à notre propre législation des Pêches, risqueraient d'être aussi inefficaces que chez nous, si les cantons n'avaient inauguré depuis longtemps, et poursuivi méthodiquement, une politique de rachat ou d’expropriation des droits de pêche privée. En sorte qu'à l'heure actuelle la proportion. des eaux privées est devenue infime : toutes les rivières de quelque importance, soit comme lieux de pêche, soit comme frayères, font partie du domaine public, et les pisciculteurs n'ont pas à subir les caprices des riverains. D'autre part, les eaux sont affermées par les cantons, ou ouvertes aux pêcheurs isolés moyennant l'acquisition d’une licence : fermage où licence sont élablis à des taux modérés, mais imposent le plus souvent à leurs titulaires l'obligation de déverser annuellement une quan- tité déterminée d’alevins dans leur cours d’eau. D’où résulte une clientèle nombreuse et assurée pour les établissements locaux de pisciculture. D'autre part, l’article 29 de la même loi institue un système de primes aux Établissements de pisciculture privés pour leur élevage, et au prorala des alevins déversés par eux dans les eaux publiques : ces primes, qui ne sont pas très élevées, cor- respondent au barème suivant : Are CLasse. — Saumon. Truile. Omble commun. Fontinalis. Jusqu'à 100:000 pièces . . fr, » par mille. ; De 100.000 à 500.000 . ne OT DNS Des500.008 2 1000-0002 EE IR — Au delà de 1.000.000. . 0 fr. 50 — Ile CLasse. — Hybrides de Saumon. Ombre chevalier. Arc-en-ciel. Jusqu'à 400.000 pièces 2 RD NS Tulle De: 1007080" 4 500:000."" 02 VOST TRS PSC (1 TS CN 0 Our, 2 — ÉTAT ACTUEL DE LA PISCICULTURE EN SUISSE 603 IIIe CLasse. — Corrégones. Jusqu'à 100.000 pièces 0e 20Rparemulles Die ABLE ENNEMI RATE EI — Au-delà de 500.000 . . . . . 0 Fr. 05 — IVe CLASSE. CARPE. CNE EN ERESES CE Con 0paremilles Aneutlles en. "0 Men en Dh AT OÙ — Brochets. . 0 fr. 05 — Ces primes s'entendent pour de très jeunes alevins : pour les alevins de six à douze mois, elles sont quinze fois plus fortes. Pour bénéficier de ces allocations, les Établissements de piscicullure doivent formuler une demande que le Gouverne- ment cantonal transmet au Conseil fédéral : ces demandes doivent être parvenues le 1° août au plus tard au Ministère de l'Intérieur, division des forêts, de la chasse et de la pêche, pour l’année d'exploitation piscicole suivante qui est réputée commencer le 1° septembre. La direction intéressée peut ainsi suivre et contrôler dès le début les opérations de chacun des établissements stipendiés. Il existe en Suisse environ 200 gardes-pêche qui, en dehors de leur surveillance ordinaire, contrôlent la capture des reproducteurs, les marquent d'une empreinte officielle (une perforation), pour éviter toute fraude; le plus souvent ces gardes effectuent eux-mêmes la ponte et la fécondation artifi- cielle : ils contrôlent les opérations des établissements de piscei- culture et y collaborent au besoin : ils ont ordre de se tenir au ‘contact permanent des pisciculteurs. D'autre part, la Direction Fédérale des forêts, chasses et pêches, possède depuis peu un Inspecteur des Pêches qui a la haute main sur toutes ces ques- tions et visite personnellement les établissements de piscicul- ture. À la vérité, il ne peut les voir tous chaque année, mais il effectue sa tournée complète en deux ans. Cet Inspecteur est aussi chargé de la staüstique spéciale qui a une très grande importance, et qui est malheureusement négligée en France : sa tâche est d’ailleurs singulièrement facilitée sur ce point par les dossiers que chaque établissement lui fournit à l'appui de sa demande de subsides. Toutes ces mesures ont abouti, d’une part, à un essor remar- quable de la pisciculture suisse organisée en vue du repetüple- ment des eaux courantes, et, d'autre part, à une large décen- 604 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE b ACCLIMATATION tralisation des efforts; les rares établissements cantonaux d'autrefois, médiocrement dirigés et fort onéreux, dit-on, ont disparu; et à leur place on a vu pulluler de toutes parts une mullitude de petites installations sans prétentions, agissant dans un rayon restreint, trouvant sur place des reproducteurs sauvages et par conséquent adaptés aux conditions locales, -élevant les œufs dans les mêmes eaux où les parents ont vécu et où les jeunes suivront à leur tour leur destinée ; plus de ces transports d'alevins à grande distance qui étaient à la fois si coûteux et si aléatoires dans un pays où les communications sont difficiles; enfin chacun travaillant dans les conditions qu'il connaît le mieux et pour l'intérêt de son propre clocher. Les quelques chiffres suivants, qui marquent les étapes de la pisciculture suisse en ces trente dernières années, sont assez éloquents : ee NOMBRE NOMBRE se des établissements. des alevins obtenus. 1SS0 9 1.121.000 1890 S+ 13.670.000 1909 150 32.988.000 1910 188 84.732.000 Et tout cela a été obtenu avec des sacrifices budgétaires insignifiants, puisque la progression des crédits a été la suivante : 1880 1890 1900 1910 2.808 fr. 13.135 fr. 22.690 fr. 32 19 re Le seul canton de Berne possède une cinquantaine d'établis- sements de pisciculture : le canton d’Aarau, qui est bien plus petit, n’en à pas moins de 30 : et si le minuscule canton de Zug n'en possède que 4, il tient à peu près la tête pour sa pro- duction totale. NOTES SUR QUELQUES PLANTES MEXICAINES EMPLOYÉES ÉVENTUELLEMENT COMME FOURRAGE Par Léon DIGUET Dans les régions du Mexique où les cultures fourragères n'existent pas, la flore herbacée spontanée est l'unique res- source pour }'alimentation du hétail; lorsque cette dernière vient à manquer, les indigènes ont recours à certains végétaux vivaces pour fournir la nourriture à leurs animaux. Les plantes que l’on utilise alors et qui constituent un aliment de fortune en même temps qu’un aliment de famine, servent non seulement pour les bestiaux élevés à l’état plus ou moins sauvage, mais aussi pour les animaux de transport, que l’on emploie à faire de longs trajets dans les régions arides et sté- riles, et pour la traversée desquelles il n’est guère possible, avec les moyens dont disposent les arrieros mexicains, d’em- porter des provisions de fourrage. Ces végétaux utiles, qui pourraient trouver une place dans les colonies du nord de l’Afrique, appartiennent aux familles les plus différentes. Dans la famille des Légumineuses, il y a plusieurs espèces d'arbres employées à cet objet. En première ligne viennent les Prosopis que l’on désigne sous le nom vulgaire de Wezquite. Ce sont des Arbres d’assez grande taille, à bois très dur et à frondaison légère mais abon- dante et bien fournie, capables de donner un bon ombrage. Ces arbres se rencontrent à l’état sauvage ou en partie cultivés et entretenus dans nombre de localités arides des plateaux et des plaines basses du Mexique. Deux espèces de Mezquites sont employées, ce sont : le Hez- quite dulce (Prosopis juliflora) et le Mezquite amargo (Prosopis pubescens). Le Mezquite dulce possède une taille qui peut atteindre 7 à 8 mètres; il est fort répandu sur les plateaux mexicains de la terre tempérée, il donne un ombrage ({rès touffu qui permet aux bestiaux de pouvoir s’abriter aux heures les plus chaudes de la journée; au printemps. il donne une fructification des plus abondantes consistant en grappes de longues gousses, qui BULL. SOC. NAT. ACCL. FR, 1911. — 39 2 OR EL A Pac au AR re VE ESA TRE DIEU 606 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION peuvent, dans certains endroits de sol convenable, atteindre une longueur de 30 centimètres, mais qui habituellement ne dépassent guère une vingtaine de centimètres. | Ces gousses très chargées de pulpe et contenant des prin- cipes sucrés, sont très appréciées, non seulement du bétail, mais même des indigènes qui les consomment au moment de la maturité. : Dans les endroits assez fertiles où se donnent en tous temps les fourrages, on ne sert aux bestiaux les gousses de Mezquite qu’à l’époque de la maturité, mais dans les régions parfois peu avantagées sous-le rapport de la production du sol, on à soin de les conserver et d’en faire des réserves pour les époques difficiles où la sécheresse peut sévir pendant longtemps. Pour conserver les fruits de Mesquite dulce et les mettre à l'abri de l'attaque des Insectes destructeurs tels que Bru- ches, Charencons, etc., on a coutume de les mettre en silos: pour cela, on creuse des fosses d'environ 4 mètre de profondeur dans lesquelles on allume un feu de branchage ; lorsque le bois est consumé, on remplit les fosses avec les légumes de Mezquite et on les recouvre de terre. Soumis à la chaleur, ces derniers subissent un commence- ment de iorréfaction qui les met à l'abri de la fermentation, des moisissures, de l’attaque des Insectes déprédateurs; ils se conservent ainsi pendant plusieurs mois et peuvent ètre mis à profit aux époques difficiles. Ce procédé de conserva- tion est très employé dans les États de Sonora et de Sinaloa, où souvent de longues sécheresses sévissent. Le Prosopis pubescens où Mezquile amargo est surtont parti- culier aux régions sèches de la Sonora et de la Basse-Califor- nie: ascez semblable au précédent, cet arbre s'en distingue facilement à première vue par son port plus élancé et sa fron- daison de couleur plus claire et moins louffue. Ses légumes sont plus petits et beaucoup moins abondants que ceux du Mezquile dulce, quoique les graines soient plus tendres et plus chargées de principes nutritifs, ce ne sont pas elles que l'on emploie pour l'alimentation des bestiaux, mais bien les rameaux lendres de l'arbre. Les rameaux du Mezquite dulce ne paraissent pas être appré- ciés du bétail, tandis que ceux du Hezquite amargo sont mangés par les animaux avec une certaine avidité. Plus gorgé d’eau, et possédant une saveur légèrement astrin- D NOTES SUR QUELQUES PLANTES MEXICAINES 607 gente et amère, le feuillage du Prosopis pubescens est mangé avec goût par les Chevaux et les Mules, surtout pendant les journées de marche, sous une forte chaleur, lorsque l’eau fait défaut et que le reste de la végétalion se trouve rissolé par les ardeurs du solei:. à Une autre Légumineuse arborescente, également fort recher- chée comme fourrage, est le Parkinsonia Deer Watson, vulgairement appelé Dipua. Cette espèce, qui se présente sous la forme d’un arbre au tronc assez gros et trapu avec une écorce d'un beau vert lustré, ne se rencontre guère que dans certains siles de Sonora, Sinaloa et Basse-Californie, et encore, dans cette dernière région, ne se trouve-t-il que sur le versant du golfe de Califor- nie sur une étendue de terrain comprise entre le 24° degré et le 28° degré. Cet arbre ou arbuste, à l'allure quelque peu massive, est d'une taille assez réduite, il ne dépasse guère une hauteur de 3 ou 4 mètres. Le Parkinsonia Torreyana possède un aspect différent suivant les conditions de végétation dans lesquelles il se trouve; lorsqu'il croit dans les endroits très rocailleux et très secs, son allure est conlournée, ses rameaux sont grêles et épineux; lorsqu il pousse dans un terrain humide ou dans un endroit où des pluies abondantes ont eu lieu, ses rameaux deviennent grèles, mais se recouvrent de feuilles finement découpées. Enfin, lorsqu'il croit dans une région sur laquelle pendant les nuits il règne une certaine humidité apportée par les brises et que le matin il se produit de faibles rosées, cet arbre n’émet : pas d’épines ni de feuilles, mais ses rameaux alors se gorgeant de sucs, se gonflent et augmentent de volume, le parenchyme qui les remplit acquiert dans ces conditions une texture vitreuse qui leur donne quelque analogie avec celui des racines succu- lentes; à cet état, les animaux le consomment avec goût et mangent des rameaux qui peuvent alteindre jusqu à À centi- mètre de section. Le fourrage de dipua est considéré par les arrieros de Sonora et de Basse-Californie comme très substlanliel; aussi dans leurs étapes ont-ils soin de rechercher, pour établir leur campement, les endroits où ces arbres ont chance de se rencontrer, afin de procurer à leurs Chevaux et à leurs Mules fatigués une solide . alimentation. 608 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION D'après l'affirmation de ces arrieros, les animaux qui ont consommé des tiges de dipua acquièrent une vigueur bien supérieure à celle fournie par les autres fourrages des régions désertiques; cette alimentation leur procure, après une pénible journée de travail, un réconfort qui leur permet d'affronter plus facilement les marches au soleil dans les régions désolées. Les Parkinsonia sont représentés dans les régions sèches et arides du versant occidental du Mexique par quatre espèces : 1° le P. aculeata L. ou junco marin; 2 le P. florida ou palo verde; 3 le P. microphylla Torr. ou palo brea; 4 le P. Tor- reyana Où dipua. Quoique ces quatre espèces de Légumineuses arborescentes se ressemblent beaucoup dans leur allure générale et qu'elles soient toutes caractérisées par une écorce d’un beau vert plus ou moins lustré et plus ou moins brillant, ce qui leur a valu de la part des indigènes la désignation générique de palos verdes, une seule espèce est véritablement et uniquement fourragère, c'est le P. Torreyana Watson ou dipua; il est donc utile de les mentionner afin d'éviter des confusions qui pourraient avoir des conséquences regreltables au cas où on serait amené à entreprendre un essai d’acclimatation de cette plante utile. Dans la famille des Cactacées, on rencontre un certain nombre d'espèces qui peuvent compter parmi les plantes four- ragères de première importance qu'offrent les régions déser- tiques. Ces plantes, dont la plupart sont merveilleusement adaptées pour la résistance aux exigences les plus dures des climats brûülants et secs, constituent, lorsque, par suite de sécheresse de longue durée, toute trace de végétation herbacée a disparu, un aliment appréciable qui, à défaut de tout autre, permet pen- x dant plusieurs mois de conserver un bétail destiné à mourir de famine. Evidemment, toutes les espèces de Cactacées ne sont pas aptes à l'alimentation des herbivores, très peu d'espèces même se prêtent à ce but. Jusqu'ici, on avait proposé l'emploi des articles de certaines variétés de Nopals pour l'alimentation des bestiaux, mais ces Cactus dont l'espèce la plus commune est la variété inerme de l'Opuntia ficus indica demandent une certaine culture et, de plus, un climat pas trop rigoureux sous le rapport de Ja séche- resse. NOTES SUR QUELQUES PLANTES MEXICAINES 609 Dans la nature, on rencontre des espèces beaucoup moins exigeantes qui, par une culture des plus rudimentaires, pour- raient donner de bons résultats. Parmi les nombreuses espèces d'Opunlias cylindriques qui constituent la brousse des plaines désertiques du nord du Mexique, une principalement se fait remarquer par les avan- tages que l’on en peut tirer, c’est le Cylindropuntia arbuscula, dont le bétail à moilié sauvage sait aux époques de disette bénéficier de l’extraordinaire abondance de fructification. Cet Opuntia cylindrique, qui ne dépasse guère un mètre de hauteur, produit une telle quantilé de fruits que le faible arbuste qui les supporte se rompt parfois sous leur poids. Ce Cactus se rencontre aux Etats-Unis dans l’État de l'Arizona et au Mexique dans le nord de Ja Sonora. Comme les fruits sont armés de nombreuses sétules, lesquelles peuvent occasionner chez les animaux qui les man- gent des accidents inflammatoires, on a coutume, lorsqu'on les récolte pour en faire un fourrage de fortune, de les débarrasser de ces sétules par un froltage sur le sol. Pour rendre plus pratique l'appropriation des fruits du Cylin- dropuntia arbuscula, les colons de l’Arizona ont préconisé un appareil rappelant le van qui sert à séparer le grain du son: avec cet appareil, les fruits, maintenus en perpétuelle agita- tion, sont soumis à une ventilation qui élimine complètement les sétules. D'autres espèces de Cactacées sont encore employées comme fourrage, ce sont les £chinocactus que les indigènes mexicains désiguent sous le nom générique de bisnaga ou visnaga. Les bisnagas sont habituellement de forme cylindrique, elles présentent sur leurs contours des côtes longitudinales armées de puissants faisceaux épineux qui constituent en même temps qu'une sérieuse défense, une série de maintiens qui permettent à ces végétaux d'acquérir des proportions assez volumineuses, sans trop se déformer. Toutes les espèces d’£chinocactus ne sont pas comestibles, il y en a certaines qui passent pour toxiques ou qui possèdent une forte amertume qui les fait rejeter par les animaux. Les principales espèces comestibles sont: L’£chinocactus ingens Zuce. de l'état de Puebla; l’£. Leconter Engl. de Sonora et des régions voisines ; l'Æ. peninsulae Web. de Basse-Californie; l'£. electracantus Lem. de la partie cen- TR TR EE 1, 2 PE mer PR MOT 24 610 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION trale du Mexique {Jalisco, San Luis Potosi, Guanaguato, etc. ): V'£. macrodiscus Mart. de l'État de Oaxaca. Comme ces bisnagas sont fortement armées, le bétail réduit à ses propres moyens ne peut parvenir à les entamer pour en manger la pulpe; les rancheros mexicains, pour les donner en pâture à leurs animaux, commencent par les débarrasser de leurs aiguillons:; pour cela, à l’aide d’un coutelas ou marhete, ils abattent le sommet des côtes; la bisnaga ainsi débarrassée de ses défenses peut être transportée sans danger et répartie dans les endroits où se trouvent les besliaux. Quelquefois au lieu de détruire complètement cette bisnaga dont la croissance est lente, et qui demande un grand nombre d’années pour donner une plante apte à fournir une quantité de substance fourragère un peu considérable, on a recours à un procédé qui, tout en conservant la plante, lui permet de reconstituer assez rapidement les parties qui lui ont été en- levées. Ainsi, par exemple, dans le sud de l'État de Puebla, où l’'Echinocactus ingens abonde, afin de conserver cette plante en état d’être exploitée aux époques de grande sécheresse, on en prélève seulement une partie, en ayant soin de respecter la partie supérieure où se trouve le disque ‘omenteux donnant lieu à la fruclification ; lorsque les fruits ont passé leur matu- rité, les graines tombent et germent sur la partie dénudée de la pulpe, il se produit alors des bourgeonnements qui en s’accroissant se soudent et viennent remplacer la substance que l’on avait prélevée ; aussi après cette sorte d’auloplastie prati- quée naturellement, les Æ'chinocactus ingens prennent-ils sou- vent vers leur sommet une forme irrégulière qui affecte l'appa- rence d'un commencement de dichotomie. Un exemple bien démonstratif de ce que l’on est en droit d'attendre de l'alimentalion fourragère par les bisnagas, est fourni par le fait qui eut lieu en 1893-1894 dans la partie australe de la Basse-Californie. Cette année les pluies estivales ayant fait complètement défaut, il en résulta une sécheresse excessive, loutes les plantes cultivées ou sauvages qui servaient en temps courant pour l’alimentlation du bétail destiné à la consommation de la ville de La Paz et aux mines de Real de San-Antonio faisant défaut, on fut obligé d’avoir recours aux bisnagas. Un certain nombre de voiliers qui, habituellement, font la NOTES SUR QUELQUES PLANTES : MEXICAINES 611 pêche sur les côtes du golfe, furent équipés pour aller récolter des bisnagas dans les îles du golfe; on apportait alors ces Æchi- nocactus au port de La Paz et à la baie de la Vantana, pour le ravitaillement de tous les ranchos qui faisaient de l'élevage. Il ne faudrait pas cependant trop exagérer la valeur nutritive de la pulpe de bisnaga. Soumis exclusivement à ce régime, les bestiaux se sou- tiennent bien pendant même de longues périodes de famine, mais cette alimentation leur est peu profitable car ils ne peu- vent engraisser, et les Vaches qui ne recoivent que cette seule nourriture ne fournissent qu'un lait très léger et peu sub- stantiel. Dans cette même région de la baie de La Paz croit le gigan- tesque Cereus pringlei qui, parfois, se rencontre avec une telle abondance qu'il forme dans les plaines basses de véritables forêls; ce Cereus, qui est, avec le Cereus giganteus de l'Arisona et du nord du Mexique, peut-être la plus grande espèce connue de l'Amérique centrale, fournit également un bon fourrage, mais ce n’est pas sa pulpe, comme chez les Æchinocactus qui est employée; du reste, cette dernière possède une saveur désagréable qui ne le ferait pas apprécier; ce sont ses fleurs et ses fruits lorsqu'ils sont encore tendres et non épineux que les rancheros emploient. Les fleurs et les fruits du Cereus pringlei apparaissent vers avril et mai, époque où la sécheresse sévit toujours en temps normal. Les Vaches, qui, à cette époque difficile de l'année, peuvent se nourrir avec les fleurs et les fruits encore tendres de ce Cereus, se trouvent fort bien de ce régime, car on constate que, contrairement à ce qui existe avec l'alimentation d'Æchi- nocactus, elles engraissent rapidement et donnent un lait très chargé. Évidemment, les fruits ne peuvent être consommés par le bétail que lorsqu'ils ne sont pas encore arrivés à maturité et que la partie tomenteuse qui constitue leur épiderme ne s'est pas encore lignifiée au point de devenir épineuse. Ce Cereus pringlei pourrait, peut-être, être de quelque utilité sur le littoral méditerranéen, car, quoique originaire de terre chaude et sèche, il se montre assez rustique pour pouvoir sup- porter des alternatives brusques de sécheresse et d'humidité comme on en rencontre parfois vers le printemps dans cette région. G12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Des essais avec plants issus de graines ont été faits depuis dix ans à Villefranche-sur-Mer par M. Robert Roland Gosselin ; les jeunes plantes qui en ont résulté et dont certaines atteignent maintenant un peu plus d’un mèêtre ont parfaitement réussi en pleine terre et sans abris; elles ont toutes résisté à la pourriture qui détruit bon nombre de Cactacées à l’époque printanière, par suite de l'humidité du sol qui sévit habituellement à cette: époque de l’année. Les plantes fourragères que nous venons de voir sont toutes . particulières aux régions les plus désertiques ; elles rendent donc de réels services dans les pays complètement dépourvus d’eau de surface, car à elles seules elles permettent jusqu’à un certain point une exploitation régulière des régions désolées en attendant que des pluies soient venues modifier les condi- tions d'existence. Dans les régions de grandes forêts tropicales où des arbres touffus croissent de facon à intercepter complètement la lumière, les plantes fourragères annuelles ne peuvent se développer; il en résulterait donc pour l'élevage une impossi- bilité matérielle aussi grande que dans les déserts, si la Nature n'était venue y suppléer en fournissant, parmi les espèces forestières, des arbres qui, par leur feuillage et leurs fruits, peuvent assurer, dans une large mesure, l'existence des her- bivores. Parmi les arbres que l’on a coutume de donner aux bestiaux et qui sont de grande utilité aussi bien pour le bétail sédentaire que pour les animaux de transport qui souvent sont appelés à faire de longs trajets à travers les massifs forestiers, il en est un appartenant à la famille des Moracées, c’est le Prosimum alicastrum Sw. appelé vulgairement Capomo. Cet arbre, qui est très réputé dans les régions forestières, atteint une taille élevée, son tronc est droit et élancé, son feuillage très abondant est d’une couleur obscure. Il croît dans les forêts des contreforts du versant pacifique du Mexique sur une zone comprise entre 500 et 700 mètres d'altitude; cette région qui est caractérisée par de nombreuses sources qui alimentent les cours d’eau des fonds pierreux des ravins, est constamment humide. Les Prosimum alicastrum peuvent servir à caractériser cette zone, tellement en certains endroits ces arbres se montrent abondamment représentés ; du reste, sous leur influence, le sol NOTES SUR QUELQUES PLANTES MEXICAINES 613 sur lequel ils croissent revêt un aspect tout spécial qui le fait remarquer à première vue. Les Capomos perdent, sinon la totalité, du moins la majeure - partie de leur feuillage au mois d'avril, c'est-à-dire à l’époque. où commence dans la région une saison quelque peu sèche; cette frondaison recommence en fin juiilet dès l'apparition des premières pluies; la floraison et la fructificalion ont lieu à la fin de l’année et les fruits commencent à tomber sur le sol en janvier et février. Le feuillage et les fruits des Capomos constituent un fourrage de premier ordre qui est fort recherché des herbivores qui vivent dans les contrées chaudes et humides. Les feuilles, pour être distribuées aux animaux, sont coupées avec les rameaux tendres sur lesquels elles sont attachées; quant aux fruits qui sont d’une forme globuleuse et de la gros- seur d’une Aveline, on les récolte habituellement au moment où ils tombent sur le sol. Ces fruits sont réputés pour avoir un effet excellent sur les Vaches laitières; ils augmentent, assure-t-on, dans une mesure très appréciable, la quantité de lait. Quant au feuillage, il sert surtout pour la nourriture des Mules et des Chevaux qui font le transit à travers les forêts de la terre chaude. En somme, le Capomo, dans la zone torride des grandes forêts de l'Amérique centrale où les fourrages normaux man- quent habituellement, fait le même office que les Légumineuses arborescentes des plaines désolées par la sécheresse. ESSAIS D'ACCLIMATATION DE VÉGÉTAUX EN CRIMÉE Par E. LAURENT Ex-directeur des propriétés de Son Excellence M: la générale Raïevsky (Parthénite et Karassane, près de Yalta, 1903-1911.) Les notes qui suivent ont trait exclusivement à la partie la plus belle et la plus privilégiée de la côte sud-criméenne. celle-là même qui est appelée communément la ARiviera russe, et qui a pour centre Yalla. Sa longueur, de l’Ouest à l'Est, n'excède pas 80 kilomètres : elle est étroite, abrupte, exposée au sud-est, située à peu près sous le 44° degré de latitude nord. Elle doit le climat, assurément remarquable dont elle jouit, plus à la chaîne de montagnes qui l'abrite vers le nord et à l'exposition qu'à sa latitude propre (1). Ces montagnes, désignées sous le nom de monts Jaila, alteignent jusqu'à 1.500 mètres d’altitude. Elles sont essentiel- lement calcaires, coupées à pic vers la mer, peuplées de Pins (2), de Hêtres, de Genévriers et de Chênes. Disons en passant qu’elles sont très pittoresques. Voici les principales caractéristiques de ce climat : En hiver, il manque parfois d’uniformité, et c'est pour cela qu'on ne saurait le comparer à notre Midi. Pendant plusieurs années consécutives, on n'enregistera que quelques journées de gel insignifiantes et, brusquement, le thermomètre descendra à moins huit, moins dix, quelquefois mème moins douze (comme le cas eut lieu en janvier 1906). Puis, en hiver, un vent d'Est très pernicieux, appelé dans le pays levantin, fait beaucoup de mal. Non parce qu'il soit autre- ment froid, mais parce qu'il est particulièrement cinglant. Il souffle à intervalles plus ou moins éloignés, presque toujours pendant trois jours consécutifs. En été, ce même vent brüle et dessèche, ajoutant encore aux inconvénients du climat pendant cetle saison. (1) A Sébastopol, à l'ouest: à Théodosie, à l’est; et à Simphéropol, au nord, le climat est tout différent, beaucoup plus froid. 2, C'est le Pinus taurica, qui diffère peu du Pin noir d'Autriche, dont il nest sans doute qu'une variété géographique. Le Hêtre, très beau, ne se trouve qu'entre 800 et 1.000 mètres. Les Chênes sont rabougris.… ESSATS D’ACCLIMATATION DE VÉGÉTAUX EN CRIMÉE 615 Sur la côte, en effet, les pluies sont rares d’avril à octobre, et les mois de juin, juillet et août sont particulièrement chauds et secs (1). Les sources sont rares; l'importance et la durée de leur débit varient selon la quantité de neige tombée pendant l'hiver sur la montagne. A partir de mai (souvent plus tôt), les torrents qui descendent de la montagne sont à sec, et, en cas d'orage sur cetle der- nière, ils deviennent subitement impétueux, commettant parfois d'énormes et navrants dégâts. D'après ce qui précède, on concoit tout le mal qu'ont les cullivateurs à se procureur l'eau nécessaire aux arrosages, ainsi que les méfaits que peuvent causer, dans de telles condi- tions, des sécheresses prolongées. Disons encore qu'il n’y a que peu ou point de rosées sur la côte : celle-ci s’échauffe trop pendant le jour pour qu'il puisse en êlre autrement. Le printemps est précoce, magnifique, mais trop court. L'automne est, sans contredit, la meilleure et la plus agréable saison de l’année; aussi, est-ce pour cette époque que la haute société russe se donne de préférence rendez-vous à Yalta et aux environs. En été, viennent seulement les baigneurs, les malades, les écoliers et les étudiants. DE LA VÉGÉTATION INDIGÈNE. — À cause du manque d’eau et de la présence du calcaire, certains arbres sont rares ou refusent même de croître : Le Tilleul, l’Aulne et les Peupliers ne se trouvent qu'au bord des torrents ou au voisinage des sources. Le Bouleau et le Mélèze sont introuvables, et je les ai essayés sans succès. Le Pinus sylvestris ne réussit pas eñ forêt. Voici les principaux arbres, arbrisseaux ou arbustes intéres- sants qui croissent à l’état spontané sur la côte : Ailantus glandulosa (au bord de la mer); Cercis siliquastrum; Pistacia Terebenthus ; Sorbus domestica; Cratæqus Azarolus; Pirus elæagrifolia; Rhus cotinus; Rh. coriaria(extrêmement abondant); Cotoneaster frigida; Pyracantha vulgaris; Paliurus aculeatus ; Spartium junceum (bord de la mer); Bupleurum fruticosum ; Capparis spinosa; Colutea arborescens; Corenilla Emerus; Cistus ladaniferus (très abondant); Aaphne Laureola (sous bois); (1) En 1904 et en 1909, il a été enregistré, au soleil, 53 degrés Réaumur, 39 degrés à l'ombre. 616 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Jasminum fruticans; Lycium europæum; Ruscus aculeatus (très abondant; on en fait des balais); Vitex Agnus-castus (de divers coloris). L'Arbutus Andrachne habite certains endroits escarpés du bord de la mer, y atteignant parfois de grandes dimensions. VÉGÉTATION EXOTIQUE. — Le climat dont jouit la côte sud- criméenne a permis et permet d'y introduire une foule d'espèces intéressantes. Mais, d'après ce qui a été dit du sol et du climat, on conçoit que, pour un grand nombre d'espèces, on se heurte fatalement aux obstacles suivants : Pour certaines, à l'insuffisance de la température moyenne, qui manque parfois, nous l'avons dit, d'uniformilé. Au terrain, qui est essentiellement calcaire. Au manque d eau {qui estelle-même calcaire). Et enfin aux chaleurs et à l’aridité extrême de l'atmosphère en été. D'après plusieurs importants essais d'acclimatation de végé- taux, entrepris dès mon arrivée en Crimée, en 1903, et ma connaissance des principales propriétés de la région, voici ce que je puis dire de cette question : 1° Dans les parcs et les jardins, c'est-à-dire dans des condi- tions meilleures (bien entendu) de sol, de fraicheur ou d'expo- sition, les espèces suivantes réussissent bien dehors, en pleine terre (1) : | A. CoxiFÈREs. — Abies brachyphylla, bracteata, cephalonica, cilicica, concolor, grandis, Nordmanniana, numidica. pectinata, Pinsapo et Veitchi. — Araucaria imbricata. — Tous les Cèdres (même sur des pentes sèches et arides). — Cryptomeria japo- nica (et ses variélés). — Cunninghamia sinensis. — Différents Cupressus, notamment : C. arizonica, C. cachemirica, C. Gove- niana, Hartwegii, Lindleyi, lusitanica, torulosa. Le Cupressus sempervirens fastigiata, extrêmement répandu sur la côte, y atteint vite de grandes dimensions (25 mèlres et plus). — Ginkgo biloba. — Juniperus drupacea, virginiana. — Libocedrus decurrens. — Picea excelsa, Engelmanni, orientalis, polita, pungens glauca (magnifique), Morinda (endroits plus frais) et omorika. — Pinus Coulteri, densiflora, exrelsa, halepensis, insi- gnis (très vigoureux), Jeffreyi, Laricio, Massoniana, Parryana, 1) Je citerai seulement les plus intéressantes. ESSAIS D'ACCLIMATATION DE VÉGÉTAUX EN CRIMÉE 617 Pinaster, Pinea (très répandu et vigoureux), Sabiniana (très beau), Strobus (endroits plus frais) et sylvestris. — Podocarpus chinensis et macrophylla. — Pseudotsuga Douglasii (endroits plus frais). — Prumnopitys elegans. — Sequoia gigantea et S. sempervirens (vigoureux et magnifique). — T'axodium disti- chum (au voisinage de l’eau), et 7. montezumæ. — Taxus et Thuya divers. B). ARBRES D'ORNEMENT. — Acacia Julibrissin (grand arbre). — Arbustus Andrachne et Unedo (vigoureux). — Asimina triloba (fructifie). — Broussonetia. — Cerasus Laurocerasus et lusita- nica (petits arbres). — Divers Carya (l'olivæformis fructifie). — Corylus colurna (je ne l'ai pas vu fructifier). — Diospyros divers. — ficus Carica. — Gymnocladus canadensis (qui fleurit mais ne fructifie pas). — /desia polycarpa. — Maclura auran- haca. — Magnolia grandiflora (énormes et très répandus), divers Magnolias à feuilles caduques. — Melia Azedarach (très vigou- reux). — Morus alba et nigra. — Olea europæa (très beau et produit bien). — Photinia (énormes). — Zaurus nobilis (arbre véritable). — Quercus Ilex, Libani et Suber. — Sterculia plata- nijolia (grand arbre). — Xanthocerus sorbirolia (petit arbre), et Zizyphus vulgaris. C) ARBUSTES D'ORNEMENT. — Aralia Sieboldi, Bambusa aurea, nigra, Metake, Simoni, etc. (très beaux et vigoureux). — Puxus balearica. — Camellia japonica (fleurs simples). — Caryopteris Mastacanthus. — Choisya ternata. — Citrus triptera (Lrès fort). — Ehretia serrata. — ÆEriobotrya japonica (très vigoureux, fructifie). — ÆZscallonia floribunda. — Fvonymus divers. — Fuchsia Riccartoni (repousse du pied). — Hovenia dulcis. — Hydrangea Hortensia. — Hymenanthera crassifolia. — Lagers- træmia indica (petit arbre). — Laurus Camphora. — Lavandula vera. — Mahonia Fremontii. — Myrica cerifera. — Myrtus com- munis. — Nandina domestica. — Nerium Oleander (à fleurs simples). — Olea fragrans. — Osmanthus ilicifolius. — Phlomis fruticosa. — Pittosporum Tobira. — Poinciana Gilliesü (très vigoureux). — Punica Granatum (et variétés), qui fructifie. — Raphiolepis divers. — Robinia hispida. — Robsonia speciosa. — Rosmarinus officinalis. — Ruscus divers. — Styrax officinalis (très vigoureux et fructifie). — Skimmia. — Veronica (divers). — Viburnum japonicum et V. T'inus (très vigoureux). D) PLANTES GRIMPANTES : — Acéinidia. — Akebia. — Bignonia capreolata. — Boussingaullia. — Cobæa scändens. — Jasminum ee 6£S BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION officinale. — Kennedya ovata (endroits abrités). — Wandevillea suaveolens. — Pussiflora cœrulea. — Thunbergia coccinea. E) PLANTES DIVERSES ET PLANTES VIVACES. — Aspidistra elatior, — Arundo Donax. — Agave americana (vert). — Opuntia vul- garis. — Phormium lenax et Agapanthus umbellatus (endroits abrités). — Les Yucca, notamment le Y. filifera et le Y. Whip- plei. — Anémones. — Campanules diverses. — Bocconia. — Gynerium, Eulalia. — Pæonia. — Tritoma et Violettes. F). — Le Trachycarpus excelsa (Chamærops), est tout à fait rustique et très vigoureux ; il fructifie abondamment. L'Acacia dealbala croît vigoureusement et fleurit bien, mais il gèle quelquefois et repousse alors du pied. La côte sud criméenne est vraiment une terre de prédilec- tion pour les Rosiers. Les Thés et les hybrides de Thés notam- ment s'y complaisent et y fleurissent admirablement. Il n’est pas rare de trouver encore de belles Roses au jardin à Noël. 2°. — Espèces résistünt dehors aux hivers ordinaires, mais qu'il vaul mieux abriter sur place pour éviter toute surprise : Musa japonica, qui croit en jolies touffes, fleurit et donne même de petites bananes. — Jubæa spectabilis, Dracæna indi- visa, Fabiana imbricata, Frenela australis. — Chamaærops humi- lis. — Agave americana panaché, Pritchardia filifera. 3° Espèces réclamant franchement un abri convenable, voire même l’'Orangerie en hiver : Acacia floribunda. A. lophanta. — Araucaria Bidwilli A. excelsa. — Brachychilon. — Ceratonia siliqua. — Cycas revo- lula, — Dalura arborea. — ÆEugenia myrtifolia. — Grevillea robusta. — Habrothamnus elegans. — Jacarandu mimosæ/folia. — Justicia. — Lippia citriodora. — Parkinsonia aculeata. — Plumbago capensis. — Polygala. — Schinus Molle. — Phyto- lacca dioica. Les Citrus croïssent vigoureusement en pleine terre l'été et y mürissent relativement bien, notamment le Citronnier, le Mandarinier, le Bigaradier et le Pamplemoussier, mais il leur faut l'abri vitré pendant l'hiver. Aussi sont-ils généralement cultivés sous des orangeries démontables. L'Oranger ne par- vient guère à mürir ses fruits complètement. Avec d’autres, j'ai essayé d’acclimater en Crimée l'£uca- ESSAIS D'ACCLIMATATION DE VÉGÉTAUX EN CRIMÉE 619 hyptus Globulus et quelques autres espèces, choisies parmi celles qui sont considérées comme les plus rustiques du genre, notamment : £. amygdalina, Æ. coccifera, E. rostrata et FE. urnigera. En dépit d'une croissance parfois satisfaisante pendant plu- sieurs années, les résultats ont été finalement négatifs. L'£. Globulus à gelé complètement; les autres ont repoussé du pied. Les gelées exceptionnelles de 1906 nous ont détruit, à Parthénite, un bel exemplaire d’Æ. coccifera. Agé de vingtans environ, il avait 6 mètres de hauteur et le tronc au rez du sol mesurait 80 centimètres. À cause de la présence du calcaire dans le sol et dans l’eau et de l’aridité extrème de l'atmosphère en été, il est malheu- reusement très difficile, sinon impossible, d'obtenir quelque résullat avec les espèces suivantes : Parmi les Conifères : Abies amabilis, A. balsamea, A. firma, A. nobilis, À. sibirica et A. Webbiana; Larix europa et L. lep- tolepis; Picea ajanensis, P. nigra, P. Menziesti, Pinus ponde- rosa; les l'suga et le Sciadopitys verticillata: Parmi les autres familles : Les Fougères, les Rhododendrons, les Azalées, les Kalmias et les Andromeda. De même pour les Bruyères et l'Aoteia japonica. Nous ne parlerons pas des principales cultures de la région, qui sont la Vigne, les Arbres fruitiers et le Tabac. Mais il convient de dire un mot du Coton. Ce textile donne d'assez bons résultats en Crimée, mais comme les semis et l'élevage du plant demandent plus de mal et de soins que pour le Tabac, sa culture tend à disparaître On le cultive comme le Tabac, en rangs serrés (en rigoles). Le repiquage se faiten fin avril-mai ; la récolte a lieu en septembre- octobre. Sur la côte caucasienne, aux environs de Soukkoum-Kalé, le Thé donne d’assez bons résultats. Bien que le climat de cette région voisine soit plus doux et beaucoup moins sec que celui du sud de la Crimée, on eut l’idée d'essayer ici le Thé. Mais les résultats furent complètement négalifs. Je ne cite ceci que pour mémoire. PAS | OUVRAGES OFFERTS A LA BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ Dieuer (L.). — Histoire de la Cochenille au Mexique (extrait du Journal des Américains de Paris, NI, 1909). JAQUET (J.). — Souvenirs de la Hutte. Récits de chasse, 1 fort vol. in-8°, illustré de 92 gravures (Firmin-Didot et Ci°, éditeurs, 56, rue Jacob, Paris). Bouvier (A.). — Les Mammifères de la France (1891. Paris, Georges Carré, édit.). CnaxceREL (Lucien). — L'année forestière 1910. Actualités de la science des forêts (Paris, Berger-Levrault, édit.). Jacouor (A.). — La Forêt (1910. Paris, Berger-Levrault, édit.). MixGauD (Galien). — Les animaux malfaisants et nuisibles d'après l’arrêté réglementaire permanent sur la police de la chasse pour le département du Gard (Extrait du Bulletin de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nimes, 1910). Moussu (D'). — La Cachexie aqueuse (1911. Laval, impri- merie L. Barréoud et Ci°). Natureleza (La), périodico del Museo nacional de Historia natural y de la Societad mexicana de Historia natural (Mexico, Imprenta J. Escalante, S. A, 1911). SVERIGES NATUR. — Svenska naturskyddsfüreningens ärss- krift, 1910 et 1914. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. s Membres de la Société qui désirent obtenir des cheptels, sont priés d'adresser rs demandes au Secrétariat, 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après imen de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à sure des disponibilités. ke PROJET D'ÉXCURSION DANS L'ITALIE SEPTENTRIONALE 4 ? : | …._ Le Secrétaire général a l'honneur d'informer les Membres de la Société qu'un jyage d'études Botanique, Horticole et Piscicole aura lieu, en Italie septentrionale, xrant les vacances de Pâques 1912. Cette excursion aurait pour but: la visite des jardins et lacs de la Haute-ltalie ; >. pêcheries de l’Adriatique, des cultures de la Lombardie et du Piémont (riz, etc.) | des établissements scientifiques. | L'excursion sera dirigée par d’aimables confrères italiens; elle aura une durée de linze jours. Le prix, comprenant le transport en chemin de fer, voiture, bateau, nour- ture et coucher, sera d'environ 500 francs. — Il serait nécessaire d’être fixé, le plus tôt possible, sur le nombre des personnes ll désireraient entreprendre ce voyage pour pouvoir préparer d'avance certaines eursions, assurer les réceptions et obtenir des réductions auprès des Compagnies » chemin de fer. …. Prière d'envoyer son adhésion au siège de la Société, sans toutefois que cette lhésion soit considérée comme un engagement. prendre part. … Le programme de l'excursion sera adressé à ceux de nos collègues qui désirent “ OFFRES, DEMANDES, ANNONCES OFFRES urs de dessin, peinture et sculpture d’après {nimaux vivants en plein air et en atelier, | de la Barouillère (rue de Sèvres, près le joulevard du Montparnasse), Paris, 6°. Sieurs prix Paris 1909, 1910, 1911 : poules et qs Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais ub KHrançais, race pratique par excellence, jour tout usage en tout climat; saison 1911: Wouleltes pour ponte hiver et coquelets, en Uillet-octobre: poulettes, 1 fr. pièce, 65 fr. 8s 19 ; coquelets, 8 à 10 fr. pièce. Go. Paons Hancs 1910, 180 fr.; femelle mélanote 95 fr. ; co. Vies d'Egypte, reproducteurs, 35 fr. pe SAINVILLE, membre du Gâtinais-Club, aint-Germain-des-Prés (Loiret). | |. 2000 indiens 1910, 6 fr. pièce. forques blancs 1910, 6 fr. pièce. dons croisés blanc et bronzé d'Amérique, » 20 fr. Mèce ; emballage en plus. Livrable gare Vivy. We Baron LE PELLETIER, Salvert, par Vivy Maine-et-Loire). Brds siffleurs du Chili 1911 et Faisandeaux dorés, levés en liberté ; céder ou échanger contre Jiseaux de parc. IDULIGNIER, Saint-Géraud-le-Puy (Allier). h CD SR AUTRE iple coq et poule Andalous bleus extra, sujets e grands Concours, 25 fr. Brahmas Herminés, 30 fr. ‘Canards Barbarie bronzés, 95 fr. Iple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. - erbe couple Paons Nicripennes, né chez moi et âgé de deux ans, 120 francs; autre couple jeune de 6 mois, 80 francs. Emballage gratuit. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). A céder quelques magnifiques Chiots bergers Beauce ere défense), hautes origines. Champion Brissac. 1 Ravissants chats Siamois yeux bleus. Prix : de 50 à 10 francs l’un. Chèvres, Chevreaux Syrie, Suisse et 1/2 sang. Lapins races primées. Jenny s FARM, Créteil, Seine. À céder : Alpine race pure avec Chevreau mâle. Chevreau hongre adulte harnaché. Gaston FONTAINE, à Maing (Nord). À vendre chevreaux et chevrettes nubio-alpins, sans cornes, grosses oreilles tombantes ; superbes animaux sélectionnés en vue énorme production laitière. M. BOUCHACOURT, 21, (Saône-et-Loire). rue Sigorgne, Mâcon Coq Java minuscule 1911 double crête, race pure. M. DURIEZ, 42, boulevard Henri IV, Paris. 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L'attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de La zoologie et de la botanique appliquées er encourageant Les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dan: ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres Ellé distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu’elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préo cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et forman chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. | Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis al même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi qu les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièremer gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d’Oiseaux ou de Poissons, etc faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lu sor également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit de publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accl matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8 illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. L Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés, part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture. de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produit leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dof plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient po les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix, Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bi connus du Dr Moreau sur les Poissons de Frauce. | \ | Le Gérant : À. MARETHEUX. ns Paris. — L, MAxgTHEUx, imprimeur, 1, rue Cassette. Be BULLETIN DE LA Société Nationale d'Agelimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) À 58 ANNÉE N°20 — 15 OCTOBRE 1911 ; SOMMAIRE ! : Pages. M® CAULLERY: — Les lois de Mendel et le récent congrès de génétique. . . . . . . . 621 | A. TRILLES. — Les Serpents venimeux du Brésil. — Une visite à l'Institut sérothérapique | GS ÉMIS LUE MER NN EE AUS DE ASS A EIRE RONA PRE CES en es 632 | J. GÉROME. — Les Champignons comestibles autres que le Champignon de couche. . . . 638 AC VIRE EE CG Lens rotunduse a NN EE nl, Le Ne us umo 647 … La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises ; par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50 ER | AU SIÈGE SOCIAL : E DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plante), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS ME LL 2 ane Er Pa a Tone ; RES ; et les personnes qui désireraient l’entretenir qu'i slège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, deaë 7. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique nar décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BuFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911! Président, M. Edmond Perrier, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. | MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faïdherbe, Saint-Mandé (Seine). Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. : Comte de PONTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAveRET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le ForrT, 89; boulevard Malesherbes, Paris (Etranger). H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Secrétaires, Germain, Paris (Conseil). ; D CrEPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. DEBREUIL, 95, rue de Châteaudun, Paris (Intérieur). Trésorier, M. le D' SeBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris.’ Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D' LePriNce, 62, rue de la Tour, Paris. MAILLES, ruë de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TrougssarT, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de ViLmorix, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. EBCOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire HALuECIIEs 1%, rue des Ecoles, Paris. Le MyrE DE ViLERs, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. WuIRION, 7, rue Théophile- -Gautier, Neuiliy-sur-Seine. ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. " DÉT:RDIN. 23, rue Claude-Lorrain, Paris. £ Macaup D'AuBussox, 18, Tue Erlanger, Paris. À D: P. MARCHAEL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique : de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. « Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 Novembre | Décembre Séances pu Coxseiz, le Mardi à 5 heures. Are SECTION.” Mammifères, le lundi À SHeer PU. MER FRS OL 2e Section. — Ornithologie, le lundi à 3-h: 1272 SECTION. — Aquiculture ), le lundi à 5 heures . SECTION. — Entomologie, le lundi A PRUDENCE LAREIERS 6° SECTION. — Colomisation, le lundi à 5 heures . . Sous-Secrion d'Etudes Caprines, | le ven- dredi à 5 heures . . ] | pero — Botanique, le lundi | (1) Batraciens, Reptiles et Invértébrés aquatiques. l ? 24 Û L: NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances. des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. Nr PE" Pr “ Er LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE Par MAURICE CAULLERY Professeur à la Sorbonne. Du 18 au 23 septembre dernier s’est tenu à Paris, dans les locaux et sous le patronage de la Société nationale d'Horticul- ture de France, la quatrième conférence internationale de génétique. La précédente avait eu lieu à Londres en 1906 et avait été organisée aussi par une société d’horticulture. Les journaux quotidiens ont rendu très brièvement compte, au jour le jour, des travaux du récent congrès, non sans avoir pris la précaution d'expliquer suffisamment aux lecteurs ce que signifie ce mot de génétique. C’est en effet un néologisme tout récent; il a été heureuse- ment imaginé par M. W. Baleson, l’homme qui a donné le plus d’élan au mouvement actuel, en 1906, au moment de la conférence de Londres. Celle-ci était la troisième de ces réunions. On peut donc dire des deux premières qu'on ya fait de la génétique sans le savoir. La génétique intéresse à la fois, de la facon la plus directe, les biologistes adonnés à la science pure et les praticiens de l’horticulture ou de l'élevage. C’est en somme l'étude expéri- mentale des lois de l’hérédité. Elle s'efforce de prévoir d’une façon aussi exacte que possible les propriétés et les caractères des produits d’un croisement donné, ou mieux de croisements donnés à des générations successives et aussi de réaliser par des combinaisons raisonnées de croisement des types nouveaux stables et possédant des propriétés données. Si donc son programme était rempli, il va de soi que l’éleveur et l’horti- culteur auraient reçu le plus grand des bienfaits. Des formules mathématiques leur fourniraient la certitude d'obtenir une race pourvue de qualités déterminées et de la conserver. A l’'empirisme la génétique aurait substitué la logique dans ces deux branches appliquées de la biologie dont l'importance pratique est si grande. On a cherché à faire de la génétique bien avant les deux prèmières conférences, depuis les temps reculés où l'élevage BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 4911. — 40 G22 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION etl’horticulture ont tenté leurs premiers essais. Pourquoi cependant tient-elle une si grande place dans la biologie con- temporaine, au point qu’on peut l'en considérer comme la branche présentement la plus vivante, celle où foisonnent le plus à la fois les travailleurs et les discussions ? * MAD A Tout ce mouvement dérive de la mise à jour, en 1900, des lois de Mendel, dont il faut rappeler brièvement l’essence (1) et qui, formulées en 1865, avaient sommeillé dans un complet oubli jusqu'au seuil du XX° siècle. Ces lois sont sorties de l'étude de l’hybridation. Elles fournissent une solution théoriquement complète de ce pro- blème, à supposer qu'elles soient d’une application générale. On peut dire aujourd’hui que, dans un assez grand nombre de cas tout au moins, elles sont en accord satisfaisant avec les faits, tout au moins pour les premières générations issues d'un croisement. Mais d’abord comment faut-il comprendre le mot hybride ? On a longtemps réservé le nom d’hybride au produit du croise- ment de deux espèces distinctes, et on désignait par le terme métis celui de deux races d’une même espèce. Mais chacun sait combien est délicate, pour ne pas dire impossible, la défini- tion rigoureuse de l’espèce et la délimitation des espèces. Nous appellerons donc, avec les mendéliens, hybride, le résultat du croisement de deux individus dont les souches, les lignées ancestrales ne sont pas rigoureusement identiques. A parler strictement, tout individu ne résultant pas d’une autoféconda- tion est un hybride, car deux souches quelconques ne sont (1) Le lecteur trouvera un exposé lumineux du mendélisme dans un article écrit peu après la troisième conférence de génétique dans la Revue du mois (t. V, p. 33-53), par un botaniste de grande valeur, Noël Bernard, mort malheureusement, cette année même, à l’âge de trente-six ans, sans avoir pu réaliser les magnifiques promesses que nous garantissaient. une série de très beaux travaux. Je ne saurais trop renvoyer à cet article. On trouvera un exposé approfondi du mendélisme dans le beau livre de M. W. Bateson : Mendel's principles of Heredity (Cambridge, University Press, 1909) et de l’état tout à fait actuel de ces questions dans divers livres publiés cette année même, notamment dans celui de M. Erwin Baur : Éinführung in die experimentelle Vererbungslehre (Berlin, Bornträger, 1911). Un exposé plus condensé, mais très net, a été publié par M. Punnett sous le titre Mendelism (Macmillan and Co). LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 623 jamais identiques; quand on les croise, on mélange toujours des propriétés différentes. Or, il n'y a guère, parmi les orga- nismes supérieurs, que les végétaux, où l’autofécondation soit un phénomème répandu (auquel, à la suite de Darwin, on avait été porté à n’accorder qu'une importance trop restreinte) ; chez un certain nombre de plantes, régulièrement, toujours même (sauf exception, d'un caractère accidentel), le pollen d'une fleur féconde le pistil de cette même fleur. C'est le cas par exemple de la plupart de nos céréales, telles que le blé, l'orge (1); c’est celui des Papilionacées, pois, haricots, pois de senteur, etc. L'embryon de l'animal, ou la graine de la plante résulte de l'évolution d'un œuf, c'est-à-dire d’une cellule unique, qui pro- vient elle-même de la fusion intime — phénomène de féconda- tion — de deux cellules, l'une mâle (le spermatozoïde ou le grain de pollen), l’autre femelle (l'ovule ou oosphère). Dans la : ‘ nomenclature scientifique actuelle, on appelle ces cellules les gamètes et l'œuf, ou produit de leur fusion, un zygote. Si les deux gamètes qui produisent un œuf sont parfaitement équivalents au point de vue héréditaire, nous dirons que l’in- dividu qui en résulte est homozygote; si, au contraire, les deux gamètes diffèrent par certaines propriétés, l'individu auque! ils donnent naissance sera dit hétérozygote (pour ces propriétés). L'hybridation entre espèces est pratiquée depuis l'antiquité dans un certain nombre de cas tels que le Cheval et l’Ane dont le produit est le Mulet ou le Bardot. Mais on sait que ces croi- sements, quand ils sont possibles (2), donnent généralement 1) Chez le maïs, au contraire, dont les épis sont d’ailleurs unisexués, la fécondation croisée (c'est-à-dire par un pollen provenant d'un autre pied est la règle. (2) Les éleveurs savent mieux que personne que le croisement entre races ou espèces animales voisines est souvent rendu impossible, soit par des difficultés mécaniques résultant de grandes différences de taille des deux individus à croiser, soit par des particularités de conformation de: organes génitaux, soit par l'absence de tout attrait sexuel. A cet égard, on ne saurait trop signaler les intéressants travaux d'un vétérinaire et biologiste russe, M. Iwanof, qui, sur de nombreuses espèces, a, depuis plusieurs années, pratiqué systématiquement la fécondation artificielle. Il a imaginé et décrit des techniques précises pour recueillir le sperme qui est ensuite injecté à la femelle. 11 a pu, de la sorte, obtenir des pro- duits de croisements jusque-là réputés impossibles. Il considère même que pour la reproduction normale des animaux domestiques, tel que le 624 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lieu à des produits stériles. Entre variétés ou races, au contraire (la limite avec le cas précédent, est, je le répète, très difficile, sinon impossible à tracer), il y a des produits d’une fécondité plus ou moins voisine de la normale. C'est chez les plantes que l'étude méthodique et expéri- mentale des croisements a été surtout faite — parce que plus aisée — depuis qu à la fin du xvn° siècle a été connu le rôle des étamines dans la fleur; et, dès le milieu du xvur° siècle, Kœhlreuter a publié sur l'hybridation des phanérogames des travaux étendus, encore actuellement consultés avec profit. Dans toute la première moitié du xix° siècle, une série de botanistes (dont plusieurs français, parmi les plus remar- quables), Sageret, Gärtner, Wichura, Lecoq, Godron, etc., et surtout Naudin ont multiplié les résultats. Naudin tout particulièrement, dans son très remarquable mémoire, couronné par l'Académie des Sciences en 1861 et publié dans le tome I des Vouvelles Archives du Muséum, était parvenu, par l'étude de nombreuses plantes, à une conception d'ensemble des phénomènes de l'hybridation. L'hybride était, suivant lui, un être résultant de la fusion véritablement intime des deux essences parentes; mais ces deux essences momenta- nément unies dans l'embryon, tendaient sans cesse à se disso- cier, cette tendance se manifestant d'autant plus qu'on envisage des organes plus tardifs dans la végétation et, par suite, attei- gnant son maximum dans les cellules sexuelles, les gamètes, qui sont le terminus de l’évolution individuelle. Naudin arrivait donc à la conclusion que, dans ces gamètes, il y avait d’une facon générale, séparation, ou, comme nous disons mainte- nant, ségrégation ou disjonction des essences parentes. Chaque gamète était non pas de nature hybride, mais soit une cellule paternelle, soit une cellule maternelle. Si donc deux gamètes, du même type, s’unissaient, le zygote qui en résultait devait reproduire non l’hybride, mais soit le type paternel, soit le type maternel; ainsi s’expliquait le phénomène général, plus ou moins nettement apercu par ses prédécesseurs, que, chez cheval, la fécondation artificielle, telle qu'il la pratique, donne des résultats bien plus sûrs et plus avantageux que la fécondation naturelle. Il y aurait donc profit à ce que les travaux de M. Iwanoff fussent connus des éleveurs. Il à exposé l’ensemble de ces résultats, notamment dans un article (écrit en francais) publié dans le tome XII des Archives slaves de Biologie (1906). LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 625 les hybrides, la première génération (ceci est vrai surtout des hybrides entre espèces) est d'un type uniforme souvent inter- médiaire entre les progéniteurs, tandis que la seconde et les suivantes montrent des retours de plus en plus fréquents aux espèces souches, accompagnés souvent d'une multiplicité de formes plus ou moins grande et très variable. * x * L'année même (1865) où paraissait le mémoire de Naudin, tune petite société savante de Brünn, en Moravie, publiait dans le tome X de ses Mémoires un travail intitulé : Æecherches sur les hybrides végétaux (1), et dû à un moine augustin, Gregor Mendel, professeur de physique au couvent de Brünn. Depuis huit ou neuf ans, Mendel étudiait méthodiquement les lois de l’hybridation sur une plante unique, qu'il avait été conduit à choisir pour des raisons précises, le genre Pisum ou pois. Il avail choisi les pois, parce que l’on en trouvait aisément dans le commerce des variétés bien définies différant nettement par un ou par un petit nombre de caractères frappants (tel que la couleur des fleurs, l’aspect lisse ou ridé des graines, la couleur de ces graines, la taille naine ou géante des plantes, la forme rectiligne ou moniliforme du bord des gousses, etc...) et ensuite parce que cette plante offre régulièrement l’autofécondation. Après s'être assuré par des cultures préalables de la pureté de ses races, il avait croisé (en pollinisant lui-même les fleurs Jeunes et en supprimant leurs étamines pour empêcher l’auto- fécondation normale) des variétés différant soit par un seul, soit par deux ou trois des caractères cités plus haut. Ilobtenait ainsi des hybrides. Désignons la génération initiale, des parents, par P et les générations filiales successives par les symboles F,, F,, F,, etc. La génération hybride F, résultait donc d’une fécondation croisée expérimentale. Pour obtenir les suivantes F,, F,, etc., Mendel laissait au contraire l’autofécondation se produire et il cultivait séparément les descendants de chacune des plantes de la génération précédente. | Les résultats des recherches de Mendel peuvent se résumer (1) On en trouvera une traduction francaise (par A. Chappellier) dars le tome XXXVII du Bulletin scientifique de la France et de la Belgique. 626 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION en deux lois : 1° La loi de dominance, 2 La loi de pureté des gamètes. Cette dernière est la plus importante. I. Loi de dominance. Mendel constate que, chez les pois, la génération F, est toujours uniquement composée d'individus reproduisant le type de l’un des deux parents, l’autre type n'étant pas représenté. Nous dirons donc (c'est la première loi de Mendel) qu'en général, dans le croisement de deux variétés, les hybrides ressemblent à l’un des parents dont les caractères sont dominants. Prenons un cas simple, le croisement de deux variétés ne différant que par un caractère : graines ridées dans l’une, lisses dans l’autre. Tous les pois hybrides F, (résultant de la fécondation croisée) sont lisses. Ce caractère est dominant (1). Si les deux variétés croisées diffèrent par plusieurs carac- ‘ères, tous ceux qui sont dominants n’appartiennent pas néces- sairement à l’un des parents, mais partie à l’un, partie à l’autre, de sorte que les F, montreront en général une mosaïque des caractères différentiels des P. Les divers carac- tères se comporlent comme si chacun était seul : ils sont autonomes. Il. Loi de pureté des gamètes des hybrides. Semons les pois hybrides F, et laissons désormais se produire l'autoféconda- tion: nous obtenons une seconde génération de pois F,, où nous voyons reparaitre le caractère qui avait disparu dans la génération F,. En effet, cette fois, trois quarts des graines récoltées son! lisses, un quart est ridé. Semons encore séparément chacun des pois F,, nous obte- nons, par autofécondation, une troisième génération F., et nous constatons que : ; 1° Les pois F, ridés produisent uniquement des plantes à graines toutes ridées; celles-ci semées de nouveau donneront aussi, toujours et uniquement, des graines ridées; nous avons une race ridée pure, extraite des hybrides F.. 2° Les graines lisses F,, toutes semblales en apparence, sont en réalité de deux catégories, comme le montre l'étude de la génération suivante : un tiers donnent des plantes uniquement à graines lisses et qui semées ne donnent plus que des (1) Dans les croisements entre espèces, au contraire, en général, la génération F, a un aspect intermédiaire entre les parents. Il y a des cas du même genre dans les croisements entre variétés. La loi de dominance n'est donc pas absolue. Du reste, ce n’est pas la plus importante des lois de Mendel. LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 627 graines lisses uniquement; c'est une autre race pure qui est dégagée. 3° Les deux autres tiers de graines lisses F, ont fourni des plantes présentant un mélange de graines lisses et ridées: trois quarts des premières et un quart des secondes, c’est-à-dire la même composition que la génération totale F, et ces graines semées isolément fournissent à la génération suivante F, une série de résultats parallèles à ceux que nous venons d’analyser pour la production de la génération F.. Comment interpréter tout cet ensemble de faits? Dans le croisement de deux plantes différant par une paire de carac- tères (graines lisses ou ridées), un de ces caractères masque l’autre dans les hybrides; nous l’appelons dominant. Mais le caractère masqué réapparaît à la génération suivante F, dans un quart des individus : nous l’appelons récessif. L'expérience résumée ci-dessus montre en outre quelesindividus F, récessifs ne sont pas hybrides, mais constituent une race pure du type récessif ;il en est de même pour un tiers des individus F, ayant le caractère dominant; c’est une race dominante pure; on retrouve ainsi à la génération EF, les deux types purs initiaux. Les deux autres tiers des F, à aspect dominant sont au contraire encore hybrides et fournissent à la génération suivanie F, un mélange de un quart dominants purs, un quart récessifs purs et deux quarts hybrides. Et ainsi de suite à chaque génération ultérieure. Mendel à remarqué que les résultats précédents s'expliquent complètement si l'on suppose que les cellules sexuelles pro- duites par une plante hybride ne sont pas elles-mêmes hybrides mais sont de nature pure, soit pater»elle, soit maternelle. Il y a eu, lors de leur formation, disjonction de la nature hybride de la plante, ségrégation des caractères. La plante est hybride, ses qamètes sont purs. C’est là l’idée essentielle de son travail, et nous avons vu plus haut que Naudin avait été amené à la for- muler en même temps. Il n’est donc que juste d'associer notre grand botaniste à la gloire dont jouit aujourd’hui Mendel. Mais Mendel a tiré plus complètement, grâce à la forme mathéma- tique de son raisonnement, les conséquences de cette idée. Si, dit-il, les cellules sexuelles, les gamètes, sont purs, les uns (dans l'exemple choisi plus haut) du type dominant (graines lisses) que nous désignerons par D, les autres du type récessif (graines ridées) que nous désignerons par R, il doit, 628 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION a priori, s’en trouver autant d'un type D que de l’autre Ret il y a probabilité égale pour qu'un gamète D s’unisse dans le zygote soit à un gamète D, soit à un R. Le hasard des rencontres des gamètes doit donc réaliser en nombres égaux. entre les D et les R, les combinaisons zygo- tiques D X'D;; D'XIR. CRSCDEROAR c'est-à-dire que le total des graines F, comprendra : 1/4 DD, 1/4 DR, 1/4 RD, 1/4 RR. C'est bien ce que montre l’expérience qui se trouve ainsi complètement expliquée par l'hypothèse de la pureté des gamèles. Les RR sont les récessifs purs (graines ridées) qui, dans les générations ultérieures, donnent en effet uniquement des graines ridées. De même les DD sont des dominants purs qui, comme on l'a vu, ne donnent dans la suite que des graines lisses. Ces DD et ces RR, résultant de la fusion de gamètes de même nature sont des homozygotes. Les DR et les RD résultant de la fusion de deux gamètes dissemblables, ce sont des hybrides ou hétérozygotes; D domi-. nant R, ils se montrent, en apparence, du type dominant, mais aux générations suivantes, ils se comportent en hybrides comme les F,, c'est-à-dire que, leurs gamètes subissant les mêmes dis- jonctions, ils fourniront, dans les mêmes proportions que pour les générations F,, un mélange de DD, de DR et de RR. Le point capital du travail de Mendel et la base de toute la génétique actuelle est donc l'hypothèse que, chez les hybrides (définis comme ci-dessus), les cellules sexuelles, les gamètes, ne sont pas de nature mixte, mais que les deux essences fusion- nées dans l'hybride se sont dégagées et que ces gamètes sont de l'un ou de l’autre des types qui ont composé l’hybride; c'est la loi de ségrégation des caractères dans les gamèles ou encore de pureté des qamètes des hybrides. Dans l'exemple pris ci-dessus. nous avons supposé que les deux types mélangés ne différaient que par une paire de caractères (graines lisses ou ridées). Mendel a étudié en outre les cas où ils différaient par deux, trois paires ou davantage. L'expérience lui a montré que, dans ces cas, chaque paire de LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 629 caractères différentiels (1) se comporte comme si elle était seule; dès lors, dans les rencontres des gamètes de la génération k, il n’y a plus seulement 4 combinaisons possibles, comme dans le cas simple étudié plus haut; mais on démontre aisément qu'il y en a 16, s'il y à en jeu deux couples de caractères diffé- rentiels, 64 pour trois couples, et, d'une facon générale, 4" combinaisons pour n couples, c'est-à-dire que le nombre des combinaisons possibles devient rapidement formidable. Seulement, toutes ces combinaisons ne sont pas distinctes extérieurement, parce que toutes les fois que, dans un zygote, se trouve à la fois le caractère dominant et le récessif d’un même couple, ce dernier est masqué. Il y a donc une série de combinaisons hétérozygotiques qui, quoique non identiques, ont cependant même apparence. Mais toutes les combinaisons hétérozygotiques se disjoindront dans les générations suivantes en plusieurs catégories d'individus différents, tandis que les combinaisons homozygotes, pour cerlains caractères, fécondées entre elles, donneront des descendants tous semblables, quant aux caractères considérés. Ce seront, en d’autres termes, des races dans lesquelles ces caractères seront fixés. Un calcul purement mathématique permet de prévoir la probabilité de réalisation de chacune des combinaisons de caractères et par suite le pourcentage des individus de chacune des formes pos- sibles que l’on trouvera dans la génération F,. Pour trois cou- ples de caractères, il n'y a ainsi, parmi les 64 combinaisons possibles, qu'une seule qui soit homozygote récessive à la fois pour les trois, c'est-à-dire que, sur 64 individus produits à la génération F,, il ne doit y en avoir qu'un seul homozygotique (1) M. Bateson appelle allélomorphes les caractères ainsi couplés. Aujourd'hui, d’ailleurs, les mendéliens considèrent, en général, que les deux caractères formant un couple allélomorphique s’expliquent l’un par la présence, l'autre par l'absence de quelque chose. Je ne puis entrer ici dans l’exposé détaillé de cette conception. Je la précise seulement par un exemple. S'il s'agit de deux formes, dont l’une est blanche et l'autre pig- mentée (couleur des fleurs d'une plante ou robe d’un animal), on a des raisons de supposer, d’après nos connaissances chimiques, que le pigment résulte de l’action d’un ferment sur une substance chromogène; c’est ce . qui à été vu avec une netteté particulière pour les pigments mélaniques où le ferment (tyrosinase) et le chromogène sont bien connus. Dans ces conditions, la forme pigmentée se produira quand seront réunis le chro- mogène et le ferment, la forme blanche quand un des deux éléments, par exemple le ferment, sera absent. 630 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE B'ACCLIMATATION pour les 3 caractères récessifs ; avec 4 caractères, il y en a 1 sur 256 qui soit homozygote pour les 4 récessifs, etc. De là découle l'intérêt des lois de Mendel pour la pratique. Supposons bien distingués et bien nets les caractères différen- tiels entre deux races. En croisant ces races et obtenant un nombre suffisant de produits, nous aurons réalisé diverses combinaisons de leurs caractères différentiels, et si nous pou- vons reconnaitre (1) ces combinaisons, nous aurons parmi elles, immédiatement ou en les croisant à leur tour convenablement, des combinaisons homozygotiques pour certains caractères qui seront des races désormais stables. L’horticulteur ou l’éleveur pourra donc réaliser d’une facon durable certaines associations de propriétés qu'il peut désirer. Pour peu que les caractères différentiels soient nombreux, on a vu combien le nombre des combinaisons devenait formidable; c’est là la difficulté pratique de l'application des lois de Mendel, mais en même temps le gage de leur fécondité. Naturellement, tout cela suppose que le point de départ soit exact et que l’on ait le droit de raisonner sur des caractères comme sur des données définies, autonomes et permanentes (2). Le mémoire de Mendel, qui posait avec une nelteté parfaite des lois aussi claires, appuyées sur des expériences parfaite- ment conduites et très démonstratives, a cependant passé complètement inaperçu, en partie parce qu'il était publié dans un recueil extrêmement peu répandu, en partie parce que les naturalistes, alors, étaient mal préparés à entrer dans ces vues (1) La distinction des formes correspondant aux diverses combinai- sons de propriétés est loin d'être aisée; d’après ce qui a été dit plus haut, le plus souvent les hétérozygotes montrent les caractères dominants et ne se distinguent pas en apparence des dominants homozygotes. Parfois, ils se reconnaitront, pour un œil exercé, à de subtiles particula- rités. Souvent le seul critérium sera de croiser les individus homozygotes avec d’autres de composition connue. L'analyse de la descendance mon- trera si les individus considérés étaient réellement ou non homozygotes. (2) Notons enfin que les phénomènes d'hérédité ainsi envisagés se présentent comme la transmission soit d'un caractère, soit de son anta- goniste (d'où le non d'hérédilé alternative employé généralement aujour- d'hui) et non pas comme le mélange des propriétés des progéniteurs (ce dernier cas est appelé hérédité intermédiaire, blending en anglais). LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 631 et aussi à comprendre aisément la forme mathématique employée par Mendel. Naudin et Mendel se sont complètement ignorés. Darwin lui-même, que l’hybridation a beaucoup intéressé et qui à eu tant de correspondants, n’a nullement connu les recherches du moine autrichien. On s’est demandé quelle influence le mémoire de Mendel eût eu sur sa pensée et par suite sur la marche des idées trans- formistes. Il est difficile de se le représenter. Cependant il faut remarquer que Darwin a bien connu les travaux de Naudin, où, comme nous l'avons vu, la doctrine mendélienne est à peu près intégralement formulée et Darwin n’en a pas été frappé. L'ensemble des idées régnantes alors n'était pas pro- pice et c’est peut-être la vraie raison de l'éclipse totale du mendélisme à celte époque: Vers la fin du xix° siècle, dans l’ignorance complète du travail de Mendel, quelques auteurs furent conduits à peu près aux mêmes résultats. En 1900, d’une facon simultanée, trois botanistes : Hugo de Vries, en Hollande; Correns, en Alle- magne, et E. von Tschermak, en Autriche, exhumaient le mé- moire de Mendel et en apportaient des vérifications sur di- vers exemples (1). Cette fois, une publicité effective était as- surée aux lois de Mendel, et d'autre part, toute une série de théories sur l’hérédité, que je ne puis exposer ici, avaient préparé les esprits à en comprendre la portée. À l'oubli et à l'obscurité de trente-cinq ans allait succéder immédiatement, pour les lois de Mendel, une période de faveur exceptionnelle. Depuis onze ans, aucun domaine de la biologie n’a connu pareille activité de recherches. On trouverait aujourd’hui cer- tainement plus de 500 mémoires publiés sur elles et relatant, pour la plupart, des expériences d'hybridation faites sur les objets animaux ou végétaux les plus divers (2). (A suivre.) (1) On trouvera les premières publications de M. H. de Vries à cet égard dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences (1900, t. CXXX, et dans la Revue générale de botanique (1900, t. XIT, p. 129 et 257). (2) On en trouvera la liste dans les ouvrages cités de MM. W. Bateson et E. Baur. LES SERPENTS VENIMEUX DU BRÉSIL UNE VISITE A L'INSTITUT SÉROTHÉRAPIQUE DE BUTANTAN Par ANDRÉ TRILLES (!). L'Institut sérothérapique de Butantan est situé dans une riante campagne, à quelques kilomètres de la ville de Saint- Paul (État de Saint-Paul). Un savant de haute valeur, le Dr Vital Brazil, qui a travaillé à Paris avec Roux, à Lille avec Calmette, à Berlin avec Koch, dirige cet établissement, assisté du très distingué D' Dorival, de Camargo Penteado. On y fabrique des sérums employés contre la morsure des Serpents, qui sont, comme on sait, extrêmement nombreux dans ces régions tropicales, et causent souvent des accidents mortels. Naguère, la mortalité résultant de la morsure des Serpents venimeux était énorme, elle se trouve considérablement réduite depuis la fondation de l'Institut sérothérapique. Les tubes de sérum sont distribués dans toute l'étendue du Brésil, et rendent ainsi à ce vaste pays, infesté à peu près partout de Serpents venimeux, d'incontestables services en sauvant beau- coup de vies humaines... pourvu que les injections soient faites à temps et avec du sérum encore frais. Le sérum diffère selon le genre de Serpents venimeux : sérum antibothropico, sérum anticrotalico, sérum antiophidico. L'Institut prépare aussi un sérum contre la diphtérie, sérum antidiphtérico dosé d’après la méthode de Erlich, et un sérum contre la peste, sérum antipestoso, vaccina antipestosa. Pour s'emparer du venin du Serpent, l'animal est pris en main, avec toutes les précautions d'usage, par un aide qui le saisit derrière la tête et le maintient dans la position néces- saire pendant que l'opérateur, pressant sur la glande qui ren- ferme le venin, recueille celui-ci dans une soucoupe en verre : il y arrive sous l'apparence d’une vaseline très liquide et très transparente : en séchant, il se transforme en petits cristaux blancs et jaunes suivant l'espèce de Serpent qui l'a fourni. L'instrument dont on se sert pour se rendre maitre des Ser- (1) Extrait d'une lettre adressée à M. Magaud d’Aubusson. LES SERPENTS VENIMEUX DU BRÉSIL 633 pents est simple et ingénieux. Il consiste en un bâton à bout carré, armé d'une lanière de cuir forte et plate. La figure ci- contre permettra de mieux comprendre la disposition et l'emploi de l’appareil. On tient d'une main le manche B, de l'autre la lanière de cuir rigide À; cette tige n'est plate et flexible qu à par- tir du point D, et forme une boucle C, dans la- quelle on introduit la tête du Serpent; en tirant for- tement sur la tige, la tête se trouve prise dans la boucle qui presse le col de l'animal contre l’ex- itrémité du bâton. Il est alors réduit à l’impuis- sance et on peut le saisir avec la main sans risque d’être mordu. Les Serpents non veni- meux sont les plus nom- breux, mais malgré leur pature inoffensive tout le monde les redoute, par ignorance. Cela tient pro- bablement à ce qu'ils sont à peu près les seuls réel- lement diurnes. Les veni- meux sont presque tous des Serpents, je ne dirai Fic. 1. pas absolument noctur- Appareil servant à saisir les Serpents. nes, mais que la grande lumière offense, et ils ne chassent qu'à la tombée de la nuit. Voilà pourquoi, sans doute, j'avais remarqué qu'ils s'éloi- gnaient avec lenteur lorsque, dans mes chasses, j'en rencon- trais en plein jour. D’ailleurs, la conformation de l'œil est différente. Je ne veux pas dire qu'on rencontre souvent des Serpents venimeux pendant le jour, mais, en général, ce sont des animaux qui, s'étant laissés surprendre par la lumière, rega- gnent d’une allure peu assurée leurs retraites, et alors, bien LAS Vi dé. ne at 634 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION entendu, si l'on passe trop près d’eux ou si on met le pied des- sus, ils mordent. D'après ce que j'ai appris à Butantan, il paraît que, pour les morsures des Serpents du Brésil, le sérum du D' Calmette n’est pas très actif, excepté peut-être en ce qui concerne une ou deux espèces de Serpent Corail qui, eux, sont des venimeux diurnes, comme les Serpents d'Extrème-Orient sur lesquels le D: Calmette a fait porter surtout ses expériences. Les expéri- mentateurs de l'Institut reconnaissent d’autre part, que leurs sérums pourraient ne pas être non plus d’une grande efficacité contre les morsures des Serpents venimeux de l'Inde et de l’Indo-Chine. Les effets produits par le venin des Serpents du Brésil sont variables. Pour certaines espèces, c’est la paralysie et la cécité: pour d’autres, l’'hémorragie nasale et buccale et généralement de tous les petits vaisseaux sanguins. Un Cheval qui sert depuis plusieurs années à fabriquer du sérum supporte une dose de venin capable de tuer 80 Chevaux, et, chose curieuse, lorsqu'on tarde trop à l’inoculer de nou- veau, il est atteinl de paralysie générale. Une dose de venin le remet sur pied. Il existe aussi à l’Institut un Fourmilier sur lequel on compte expérimenter les venins. Jusqu'à présent, il se contente de déambuler paisiblement et en parfaite santé de côté et d'autre, sans se préoccuper des dangers qui le menacent. Les Serpents les plus redoutés ici sont : la Cascavelle (Cro- talus horridus), le Surucucu (Lachesis mutus) et surtout, dit-on, l'Urutu (Lachesis alternatus) dont les effets du venin agissent très rapidement et entraînent la cécité. Il faut signaler encore : Lachesis neuwiedii, Lachesis itapetiningæ, Lachesis jararacucu, Lachesis atrox. Le sérum anticrotalin est appliqué dans les cas de morsure de la Cascavelle. Le sérum antibothropico combat les acci- dents déterminés par le Jararaca, l’'Urutu el Lachesis atrox. Le sérum antiophidico, plus largement applicable, s'étend à un plus grand nombre d'espèces. On peut l'employer contre la morsure de quelques Cobras (1), et il se montre aussi d’une (1) A défaut de sérum, on peut employer le procédé suivant : faire immédiatement une forte ligature, débrider la plaie, y verser du chlo- rure d’or et avaler quelques gouttes de teinture d’iode dans de l’eau. ‘ LES SERPENTS VENIMEUX DU BRÉSIL grande activité contre le venin de la Cascavelle, du Jararaca, de l'Urutu, de Lachesis neuwiedii, Lachesis itapetiningæ, Lachesis jararacucu, Lachesis alrox. On devrait, au con- traire protéger un Serpent très agressif, non venimeux, la Mussurana (Aachide- lus braeizi) qui atta- que et dévore les Ser- pents venimeux tels que le Jararaca (La- chesis lanceolatus). L'Institut à fait im- primer des cartes po- tales, en couleur, où sont représentées ces deux espèces, l’une avalant l’autre, afin d'encourager les ha- bitants à protéger la bienfaisante Mussu - rana (fig. 2). Le laboratoire de préparation des sé- rums est installé dans une vaste salle garnie d’étagèressupportant des rangées de bo- caux où baignent dans l'alcool des Serpents de toutes tailles et de toutes couleurs. Dans une cour attenanteau laboratoire, de gran- des boîtes contenant des Reptiles veni- meux que l’on retire violemment, quand besoin est, à l’aide d'un bâton terminé par un crochet en fer. Au fond de leurs caisses, ils élaborent le venin qui s’écoulera, le moment 635 . — Mussurana dévorant un Jararaca. 2 Fc. 0 de nd c: : > si due s LOUE 636 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION | venu, de leurs glandes gonflées dans la soucoupe de verre. Mais de tout ce que j'ai vu dans cette étrange demeure, peuplée de bêtes dangereuses, où des savants désintéressés accomplissent avec un inlassable dévouement leur œuvre scientifique et philanthropique, c'esl le Jardin des Serpents, lieu horrifique où se déroulent des dramatiques expériences d'un puissant intérêt, qui m'a causé la plus vive impression. FiG. 3. Le jardin des serpents à l'Institut sérothérapique de Butantan (Brésil). C'est un jardin sinistre enclos de murs de tous lès côtés où on ne peut pénétrer qu'au moyen d’échelles. Intérieurement, au pied des murs, une fosse en maçonnerie, remplie d’eau, d'un mètre de largeur, constitue une seconde clôture que les Serpenlis ne franchissent pas. Aux quatre coins, des parquets couverts que l'on peut ouvrir par derrière au moyen de portes en poterie ; sur le devant, des trous arrondis en arceaux, per- mettent aux Serpents d'entrer et de sortir à volonté. Au centre du jardin, des massifs de verdure et même des plates-bandes ornées de fleurs dans lesquels circulent les Serpents et de gros LES SERPENTS VENIMEUX DU BRÉSIL 637 Lézards qui sont là pour être mordus et servir à des expé- riences; du reste, ils ont l’air de très bien se porter et se moquer des blessures qu'ils pourraient recevoir. On y a intro- duit aussi des Boas qui se tiennent constamment sur les arbres. ; Ce jardin est. destiné à l'étude des Reptiles en liberté. On les nourrit avec des Rats. Les observations ont permis d'étudier les questions relatives à la reproduction, questions sur les- quelles on n’est pas encore bien fixé. Les animaux les plus sensibles au venin sont les Oiseaux. On se sert, pour les expériences, de Pigeons. Le docteur dément l'influence du regard du Serpent sur l’Oiseau, c'est-à-dire la fascination. Il pense que c’est l'amour de la progéniture qui pousse l’Oiseau à se jeter au devant du Serpent qui attaque son nid. En chassant dans l’île de Guaruja, près de Santos, j'ai cap- turé deux petits Elaps (Ælaps corallinus). Le Serpent Corail est commun ici; ses jolies couleurs en font un des plus beaux Serpents du Brésil, il est d’un rouge de corail avec des anneaux noirs et blancs d’un élégant effet. C’est un Serpent venimeux, mais sa bouche petite et peu fendue, qui ne lui permet pas de mordre facilement, le rend moins dangereux pour l’homme. J'avais pour compagnon de chasse M. Bucher, directeur de la Compagnie d'exploitation de Guaruja. Passionné pour l’His- toire naturelle, 1l a créé, près de son habitation, un petit jardin zoologique, où il collectionne et étudie les animaux que lui apportent les indigènes résidant dans l'ile. Cette ile de Guaruja, peu habitée par les humains, l’est en revanche par une mul- litude d’animaux de toutes sortes : Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Insectes... On trouve réuni dans sa forêt vierge presque toute la faune du Brésil. ; Saint-Paul, 12 mars 1911. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 4911, — 41 LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES AUTRES QUE LE CHAMPIGNON DE COUCHE Par J. GÉRÔME. À l’occasion de la visite d’une champignounière, à Issy-les- Moulineaux (1), les membres de la Société d'Acclimatation (sec- tion de Botanique) ont demandé qu’à la réunion suivante l’ordre du jour comprenne une étude sur les Champignons comestibles que l’on peut trouver au cours d’excursions dans nos prés, nos champs et nos bois, et m'ont demandé d'en réunir les princi- paux éléments, au point de vue pratique. Les points qui intéressent plus particulièrement nos collègues sont les suivants : _ 1° Zmportance des Champignons comestibles qui se développent dans notre pays ; 2° Choix restreint, puis liste plus étendue, des meilleures espèces (suivant qu’ils désirent en étudier un nombre plus ou moins grand) et indication des espèces les plus vénéneuses ; 3° Essais faits en vue de la culture des Champignons comes- tibles autres que les Champignons de couche. Sur le premier point, tout le monde est d'accord pour convenir que certains Champignons sont un mets délicieux, recherché à juste titre (Morille, Cèpe, Oronge vraie, Coul- melle, etc.), et que d’autres, particulièrement communs et abondants, sont, au moment de la production, une véritable ressource alimentaire dans quelques pays, et font même l’objet de conserves diverses. . | Leur richesse en matières nutritives a été un peu exagérée: mais ils n’en restent pas moins des produits qui ne coûtent rien et qu'on a intérêt à ne pas laisser perdre. Si l’on ne connaît pas les Champignons, il vaut mieux s'abstenir tant qu'on n'aura pas eu le moyen d'apprendre à bien distinguer les bons des mauvais. C'est que tous les Champignons ne sont pas comestibles; 1) Voy. Bulletin de la Soc. nat. d'Acclimalation, n° du 1er juillet 1911, p. 402. EE LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES 639 certains, comme diverses Amanites et Bolets, sont éminemment vénéneux et occasionnent tous les ans la mort de nombreuses personnes, qui les ont cueillies sans les connaître suffisamment, ou qui se sont fiées à des moyens de distinction malheureuse- ment trop répandus, mais illusoires. M. Dufour a donné, dans le Bulletin de la Société d’'Acclima- tation, en 1909, p. 61, une très intéressante note sur les empoi- sonnements par les Champignons et les caractères des espèces les plus vénéneuses. Ces espèces, éminemment dangereuses, dont un seul fragment dans un plat de bons Champignons peut tuer toute une famille, sont : l’'Amunite citrine, l'Amanite phal- loide, l'Amanite printanière, la Lepiote brune et diverses Vol- vaires. L'effet de ces Champignons se fait sentir douze à quinze heures après leur ingestion, alors que les principes vénéneux sont déjà dans le sang et qu'il est impossible d’en débarrasser l’organisme. ; M. Dufour indique, avec beaucoup de détails, les caractères qui distinguent ces Champignons, très vénéneux, du Champi- gnon de couche sauvage, avec lequel on le confond quelquefois. La recommandation la plus importante pour éviter cette confusion est qu’il faut toujours récolter le Champignon tout entier, avec son pied. Le Champignon de couche sauvage n’a pas de volve (enveloppe qui entoure complètement le Cham- pignon à l’état jeune et se déchire quand le chapeau s'étale et que le pied s’allonge), tandis que les Amanites et les Volvaires ont une volve. La couleur des lames est blanche chez les Ama- nites printanière, citrine et phalloïde, tandis qu’elle est rosée dans le Champignon de couche sauvage. Les Volvaires ont aussi leurs feuillets rosés, mais leur pied ne présente pas d’anneau. En résumé, pour distinguer sûrement le Champignon de . couche sauvage des espèces très vénéneuses avec lesquelles on pourrait le confondre, on doit le cueillir tout entier, avec son pied, et s'assurer de ces trois points : qu’il n’a pas de volve, que ses feuillets sont roses et que son pied présente un anneau. D’autres Champignons (Amanite panthère, A. tue-mouckhe, des Bolets, Russules, Lactaires, etc.), sont aussi vénéneux, mais à un moindre degré que les précédents, car leurs effets se font sentir presque aussitôt après leur ingestion, et des vomisse- ments et l’aide des purgatifs permettent d'éliminer une bonne partie des principes vénéneux. 640 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION La conclusion de M. Dufour est qu'il ne faut avoir aucune confiance dans les moyens empiriques indiqués comme pou- vant servir à distinguer les bonnes et les mauvaises espèces; il n'y a que les caractères scientifiques qui aient de la valeur. « Que les personnes qui aiment les Champignons et habitent les environs des forêts apprennent donc d’abord à bien con- naître les Champignons qui tuent », et tout accident mortel est évité. Puis, qu'elles apprennent aussi à reconnaitre les meilleures espèces, ce n’est pas encore excessif, ajoute M. Du- four, « que de bien connaître une quinzaine d'espèces ». Aux halles de Paris, la vente de cinq espèces de Champignons seulement est autorisée : le Champignon de couche, la Truffe, le Bolet ou Cèpe, la Chanterelle et la Morille. Dans le Dictionnaire d'Horticulture de M. Bois, le D' Dela- croix donne une liste d’une trentaine d'espèces, appartenant à 17 genres distincts, comme étant les plus recommandables. Voici une liste que j'ai dressée et qui se rapproche du chiffre indiqué plus haut par M. Dufour; elle comprend 17 espèces, réparties en 14 genres : 1° Oronge vraie (Amanita cæsarea), été, automne; 2 Oronge vineuse, le rougeâtre (A manita virescens), du prin- temps à l'automne; bois et forêts; 3° Le Petit gris, pousse-mousse (7richoloma porlentosum), fin automne jusqu'aux gelées ; bois de Conifères secs des régions arénacées ; très commun dans les Vosges; 4° Les Mousserons blancs (7'richoloma Georg et sa variété albellum), au printemps, dans les pâturages et les bois; 5° L'Oreille de Chardon (Pleurotus Eryngii), été et automne, sur les souches de Chardon Roland et autres Ombellifères ; 6° Le Nouret, Poule de bois, Couvrosse Pleurotus ostreatus, sur les souches et les troncs d'arbres; 71° La Chanterelle ou Jauniré, Girole, Cantharellus cibarius, été, automne; bois frais; 8° La Vache rouge (Lactarius deliciosus), printemps, été et automne; dans les bois; 9 Le Faux Mousseron (Marasmius oreades), espèce de très petite taille, mais abondante, très parfumée, et se vendant à l’état desséché comme condiment; dans les bois, prés, bords de chemins, etc.; LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES 641 10° La Boule de Neige, Potiron blanc (Psalliota arvensis). été, automne; pâturage, lieux herbeux des bois; 11° Le Saussiron, Champignon de couche sauvage (Psalliota campestris), été et automne; champs, prés, bois; 12° Le Coprin chevelu (Coprinus comatus), été et automne; commun dans les jardins et terres bien fumées. (Ne le con- sommer qu'à l’état jeune et aussitôt cueilli) ; 13° Le Cèpe {le Polonais en Lorraine), Boletus edulis, été et automne; forêts; commun partout; 14 Le Pied de Mouton blanc, Barbe de Vache, Hydnum repandum, forêts; automne, très répandu; 45° Les Morilles (Morchella esculenta, M. deliciosa, ete.), au printemps, avril; 16° Les Helvelles, surtout Æelvella lacunosa, du printemps à l'automne; dans les forêts ombragées, sur les souches; 17° Le Gyromitre comestible, Mouricaud dans les Vosges (Gyromitra esculenta), printemps, et plus rare à l’automne; bords des chemins, friches, bois peu touffus ; est recherché sur les marchés des Vosges. Les amateurs de Champignons peuvent déjà trouver dans cette liste de 17 espèces de quoi satisfaire leurs goûts gastro- nomiques; leurs récoltes s’échelonneront aux diverses époques de l’année et leur procureront des courses agréables; pour ceux qui ne les connaissent pas et désirent l'indication d’un ouvrage où, en dehors d’une bonne description, ils puissent trouver une bonne figure coloriée, j'indiquerai l'Atlas des Champignons comestibles el vénéneux de M. Dufour (80 planches coloriées représentant 191 Champignons communs en France). Toutes les espèces ci-dessus indiquées (excepté le Petit gris, Tricholoma portentosum) sont figurées dans cet Atlas. Un plus grand nombre d’autres espèces que les 17 indiquées ci-dessus peuvent être recherchées par les amateurs de Cham- pignons. Ces espèces sont disposées dans cette étude dans le même ordre que dans la Mouvelle Flore des Champignons par MM. Cos- tantin et Dufour; elles rentrent dans une trentaine de genres différents. Dans les notes qui suivent, un bon nombre de renseignements ont été tirés du Catalogue méthodique des Champignons du 642 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION département des Vosges et contrées avoisinantes, dressé par le D' Antoine Mougeot, René Ferry, Quelet et Forcquignon (1887): quelques autres ont été tirés de la Flore populaire des Vosges par N. Haïllant (1885); mais j'ai pu m’assurer que la majeure partie des espèces signalées existent aussi dans les autres régions de la France. Quelle place occupent, dans la classification des ne cd ces 31 genres les plus intéressants ? Sans vouloir entrer dans de grands détails d'ordre scien- tifique, rappelons que les Champignons supérieurs qui nous intéressent sont groupés en Basidiomycètes et en Ascomycèles. Les premiers ont des spores externes, naissant sur une baside; les derniers ont les spores internes naissant dans un asque. Ces caractères ne sont visibles qu'au microscope, mais il y a des caractères plus visibles, d'aspect et de forme, qui permettent de reconnaître ces deux classes. Tous les Champignons qui ont sous le chapeau des lames, des tubes ou des pointes, et tous ceux qui sont lisses et ont la forme d'une tige renflée en massue ou d’un petit arbre plus ou moins . ramifié, sont des Pasidiomycètes ; landis que ceux qui ont la forme d’une coupe plus ou moins creuse ou présentent une surface irrégulière, sineuse et creusée de nombreuses cavités, sont des Ascomycèltes. Les Champignons de la classe des Pasidiomycètes peuvent présenter des lames, des tubes, des aiguillons ou des surfaces lisses sur lesquelles se développent les organes que produisent: les spores; ces spores sont donc toujours à l'extérieur (ce sont les Hyménomycètes). Dans un autre cas, les spores se forment à l'intérieur d’une cavité close de toutes parts, et il faut que la paroi de cette cavité se détruise pour que les spores soient mises en liberté (Gastéromycètes). Ces deux sous-ordres comprennent eux-mêmes BIASIeRFS familles ; ce sont, pour les Ayménomycètes : 42 Les Agaricinées es ou plis peu saillants sous le chapeau). 2° Les Polyporées (tubes au lieu de lames sous le chapeau, -u creusés dans un tissu plus ou moins dur). 3° Les Jydnées (pointes aiguës sous le PSE au lieu de. lames ou de tubes). 4° Les Clavariées (ni lames, ni tubes, ni pointes; la fructi=. LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES 643 fication est lisse, le Champignon a la forme d'un petit arbre plus ou moins rameux ou celle d'une tige cylindrique renflée en massue au sommel). 5° Les TZ'héléphorées (ni lames ni tubes, ni pointes; la fructification est lisse; la forme de ces Champignons est très variée : croûte étalée sur le bois, ou chapeau sans pied fixé aux troncs d'arbres, ou une sorte de corne d’abondance dressée, etc.). Pour les Gastéromycètes, les familles sont : 1° Les Phalloïidées. Champignons présentant une sorte de volve, d'où sort à maturité un corps allongé surmonté d’une partie visqueuse portant les spores. 2 Les Vidulariées. La fructification contient à l'intérieur un ou plusieurs petits corps contenant eux-mêmes leurs spores à l'intérieur. 3° Les Lycoperdinées. Champignons terrestres formés d’une enveloppe extérieure, simple ou double, et dont l'intérieur, à maturité, est entièrement occupé par une masse poussiéreuse formée par l'ensemble des spores et des débris de leurs supports. 4° Hyménogastrées. Champignons souterrains dont l’enve- loppe extérieure se détruit entièrement à maturité. Les Ascomycètes constituent une classe de Champignons dans laquelle les spores se forment à l’intérieur d’une cellule ou asque. La partie fructifère constituée par les asques est tantôt à la surface de la fructification, ex. Pezize (ce sont les Discomycètes) ; ou tantôt à l'intérieur, ex. Truffe (ce sont les Z'ubéracées). Ces Tubéracées sont souterraines comme les Jyménogastrées et ne s'en distinguent que par la manière dont se développent les spores. Nous avons laissé de côté les Champignons mous, gélatineux, formant une masse tremblotante, tantôt irrégulièrement plissée, tantôt de petites coupes, constituant les familles des 7remel- lacées et Auriculariacées appartenant à la classe des Basidio- mycètes, et qui n’ont pas d'intérêt pour la question qui nous occupe. oo Les Champignons comestibles sont très inégalement répartis dans les diverses familles énumérées ci-dessus. 644 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le tableau ci-dessous résume toutes ces notes de classifi- cation en groupant les genres qui ont des caractères communs. I. — BasipiomycÈtes (Hyménomycètes). 1° Agaricinées (à spores blanches): Amanita, Lepiota, Armil- laria, Tricholoma, Collybia, Clitocybe, Pleurotus, Hygrophorus, Cantharellus, Lactarius, Russula, Marasnius. 2° Agaricinées (à spores roses), Volvaria, Entoloma, Cli- topilus. y 3° Agaricinées (à spores ocracées) : Pholiota, Paxillus. # Agaricinées (à spores brun pourpre ou violet foncé) : Psalliota. 5° Agaricinées {à spores noires) : Coprinus. 6° Polyporées : Polyporus, Boletus, Fistulina. 7° Hydnées : Æydnum. 8° Clavariées : Sparassis, Clavaria. 9 Théléphorées : Craterellus. CS IT. — BasipiomycÈtes ‘Gastéromycètes). Ce sous-ordre n'a pas d'intérêt au point de vue des espèces comestibles.) Phalloïdées : Le Phallus impudicus, qui en est le Lype, est énéneux. Nidulariées : N'ont pas d'intérêt comme plante comestible le genre Cyathus est le plus connu). Lycoperdinées : Les Zycoperdon (Vesses de Loup), les Bovista et les Geaster sont les genres les plus connus; les Bovista sont comestibles à l’état jeune. | Trémellinées : Représenté par les genres Calocera, Tremella, et Auricularia. III. — ASCOMYCÈTES. Discomycètes : Peziza, Morchella, Gyromitra, Helvella. Tubéracées : Tuber. En jetant un coup d'œil sur les divers genres d’Agaricinées, on voit tout de suite que le genre Psalliota (qui renferme le Champignon de couche) est le seul ayant les spores brun pourpre ou violet foncé ; les espèces vénéneuses avec lesquelles LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES 645 on le confond souvent, les Amanites, ont les spores blanches, et les Volvaria ont les spores roses. C'est un caractère dont il: est facile de tirer parti pour rechercher auquel de ces trois genres on à affaire : il suffit de récolter un Champignon bien ouvert, et de le déposer les lames tournées vers le bas sur une feuille de papier blanc et le recouvrir d’un verre; les spores au bout de quelques jours tomberont des lames sur le papier; leur couleur permettra de savoir si on a récolté ou non des Psalliota, des Amanita ou des Volvaria. Passons à l'examen rapide des diverses espèces les plus . 7 | Cho intéressantes des genres cités plus haut, en les plaçant dans le même ordre. AGARICINÉES A SPORES BLANCHES. AMANITA. — Dans ce genre, les plantes jeunes, chapeau et pied, sont entièrement entourées d'une enveloppe commune, la volve; cette volve se brise quand le chapeau grandit, mais il en reste toujours des débris sur le chapeau, sur la tige, et à la base du pied. Les espèces comestibles les plus estimées sont À. cæsarea, déjà très estimée du temps des Romains; A. rubescens, A. ovoidea. La première espèce a le chapeau jaune ou rouge sans écaille, un anneau jaune au pied et les lames jaune doré; la deuxième a le chapeau gris rougeâtre, couvert de verrues farineuses, le pied rougeâtre, pelucheux, les feuillets rosés ou blancs, la chair blanche mais prenant toujours à l'air, quand on la coupe, une teinte vineuse. La troisième est entièrement blanche, à pied très court, d'odeur agréable. Les espèces d’Amanita très vénéneuses sont : L’A. verna, qui cause souvent des empoisonnements parce qu'on la cueille en laissant dans le sol la base du pied et la volve, et qu'on la confond avec la Boule de neige (Psalliota arvensis). L'A.muscaria (fausse Oronge, tue-mouche), à chapeau rouge vermillon couvert d’écailles blanches et lames blanches; L’A. citrina, à chapeau jaune citron plus ou moins verdâtre ; L'A. phalloides, chapeau verdâtre, sans écaille (on pourrait la cueillir pour une Russule verdâtre, mais les Russules n’ont pas de volve; sa variété blanche pourrait être prise pour 646 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION | 4. ovoidea, mais SOn odeur vireuse empêchera cette confu- Sion ; L'A. pantherina (fausse Golmotte), que l'on pourrait cueillir pour l’A. rubescens qu'elle rappelle un peu; mais la chair de l'A. pantherina ne rougit pas à l'air, et on remarque, au-dessus de son pied, une sorte de deuxième anneau formé par une bri- sure de la volve. AU Lerrora. — La grande Coulemelle est l'espèce la plus répan- due. c’est le L. procera. Il n'y à pas de volve; les écailles du chapeau proviennent de l'épiderme qui se dessèche et se fen- dille ; lé pied présente un anneau qui disparait de bonne heure; ce pied se détache très facilement du chapeau. Quelques autres espèces : L. excoriata (Cormelle des prés), L. aspera et L. gra- nulosa, sont aussi consommées. ARMILLARIA. — Ce genre possède un anneau, comme les Lépiotes; les feuillets arrivent jusqu'au pied, ou même se pro longent sur le pied: le chapeau ne se détache pas facilement du pied comme dans le genre précédent. . L'espèce la plus intéressante à connaître esl VA. mellea, la Tête de Méduse, non pas pour sa valeur comestible, qui est médiocre, mais pour les dégàts que son mycelium cause dans les forêts en pénétrant dans la racine des arbres; le Champi- gnon, jaune de miel, se développe en grosses touffes à la base des souches. Les A. bulbigera (à pied blanchâtre et à chapeau roux), renflé en un bulbe arrondi, et À. robusta, sont plus estimées. (A suivre.) CYPERUS ROTUNDUS (CG. OLIVARIS.) - Son parasite. Espèces ou formes de la plante. Végétation souterraine et envahissante. Anciens moyens de lutte. . Importance de ses dégäts. Par C. RIVIÈRE. Le Cyperus rotundus, très commun dans certaines zones intertropicales et subtropicales, même en Australie et dans le bassin méditerranéen, est une herbe redoutable contre laquelle il est difficile et coûteux, parfois impossible de défendre les cultures. Ce végétal envahissant porte le nom de nut-grass en Australie, de mothu ou motha chez les jardiniers indiens et tout simplement de Cyperus en Algérie. Depuis quelques années, on aurait trouvé en Australie un parasite qui détruirait le puissant système radiculaire de cette plante, et cette découverte est due à M. Froggatt, entomo- logiste du gouvernement de cette colonie. Ce parasite est un Puceron, une Coccidie, espèce nouvelle déterminée Antonia australis par M. E. Grun, entomologiste officiel à Ceylan (1). Point important, cet Insecte n’a été observé jusqu'à ce jour sur aucune autre plante, et le moyen d'utiliser cet auxiliaire serait des plus simples : il s'agirait de disséminer des racines infectées dans les peuplements de Cyperus qui ne sont pas contaminés, et l’Insecte sy propage avec une grande rapidité, mais à condition d’effriter, de labourer les sols à Cyperus, afin de faciliter la pénétration du parasite. M. Foggart, qui a bien voulu me donner quelques renseigne- ments sur ce sujet, est satisfait du résultat obtenu et, d’autre part, on assure que par ce moyen la destruction du nut-qrass (Cyperus) est complète. La difficulté d'obtenir l'Insecte vivant et d’autres considé- rations m'ont empêché de pratiquer en Algérie ce système de destruction de la mauvaise herbe. me Les variations du Cyperus rotundus Lin. sont trop connues | () Agriculture oriente n° 43 et 10, et A neutrural Gazette of- N.S paies, mai 1909. 648 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION et les synonymies qui en résultent 1rop nombreuses pour revenir sur ce sujet; cependant il n'est pas inutile de rappeler que quelles que soient les affinités du Cyperus esculentus Lin. avec diverses variations du type précédent, ce souchet comes- tible, très cultivé en Espagne, parait plutôt dérivé du Cyperus aureus de Tenore. Dans le bassin méditerranéen, surtout dans les parties méridionales, mais principalement dans le nord de l'Afrique. le Cyperus en question, quon l'appelle C. olivaris ou {elra- stachyos, etc., est assez commun à l’état spontané dans les -alluvions humides, mais s'y développe avec une grande rapidité dès que les terres sont soumises à une irrigation estivale, excluant toute autre végétation. Dans ces conditions, il pousse à l'état de gazon serré, étiolé, pouvant atteindre 0250 de hauteur; il est surtout caractérisé extérieurement par son inflorescence en ombelle à quatre épis, rarement plus, au moins dans la forme commune dans les cultures. Évidemment, dans ces milieux favorables, la plante présente des caractères extérieurs différant notablement des sujets sauvages. Quant aux renflements tuberculeux et en chapelet du rhizome. en forme d'Olive (olivaris), ils sont à peu près iden- tiques dans toutes les races ou variétés, et il en est de même de leur couleur noire ou brune, ainsi que de leur saveur aromatique et amère. * X # Pour bien comprendre le préjudice causé non seulement à la culture, et aussi l'épuisement du sol lui-même qui résultent de l'envahissement complet de ce Cyperus rhizomateux, il convient d'en connaître le mode de développement extérieur et soulerrain. Sur le sol, c'est un gazon touffu, dense à l'extrême, poussant avec rapidité, qui huit jours après une fauche est encore plus vivace, de même que quinze jours après un binage profond, la plante semble encore plus multipliée et rajeunie. Les florai- sons et les fructifications se succèdent rapidement, ces der- nières diffusant au loin par l'air et par les eaux d'irrigation les graines fines, presque pulvérulentes, qui germent avec une étonnante facilité et constituent avec rapidité un système radiculaire très envahissant. Le système radiculaire de la plante adulte est absolument CYPERUS ROTUNDUS 649 effrayant par son organisation et ses nombreux moyens de multiplication : ce sont des rhizomes filiformes, avec des ren- flements rapprochés gros comme des Olives, s'étendant dans tous les sens en interminables chapelets, et s’enfonçant jusque dans les dernières couches de la terre arable, souvent à plus d’un mètre de profondeur. Chaque renflement oliviforme est une source de ramifications nouvelles, en même temps qu'une réserve d'éléments par une végétation ultérieure. De plus, le moindre filament rhizomateux, même à l’état capil- laire, est un organe de reproduction se divisant en branche- ments infinis. En d’autres termes, le sol est envahi en tous sens, horizontalement comme verticalement, par un véritable réseau radiculaire, une sorte de treillis à mailles serrées, à ce point que si l’on passe au crible une couche donnée de terre arable, on diminue celle-ci d’un quart de son volume dans les sols bien infestés : c’est par tombereaux que l’on enlève des chapelets de renflements oliviformes (expériences faites au Jardin d'Essai d'Alger en 1875 et en 1897). La végétation extérieure est vernale : elle commence avec l'élévation de la température et finit dès les nuits fraichés de l'automne pour disparaître complètement et faire place aux plantes spontanées ou, quelquefois, comme dans certaines par- ties de l’Algérie, à une autre plante nuisible aux cultures, mais celle-ci subspontanée, Oxalis cernua, du Cap, de végétation également rhizomateuse, mais beaucoup plus superficielle et que des binages répétés peuvent détruire. Au printemps, le Cyperus olivaris commence à poindre et sa précocité ou sa tardivité caractérisent l'état saisonnier, puis, sous l'effet des irrigations, la poussée est rapide et ininter- rompue. Si le sol est abandonné, sans arrosages, les feuilles et les inflorescences restent courtes, puis jaunissent et disparaissent par le manque d'humidité et sous l’insolation. Cependant, si l’on fait passer dans ce champ aride et brûlé une simple rigole d'irrigation, immédiatement les bords se recouvrent complè- tement d’une pousse dense el verdoyante qui ne tarde pas à intercepter le passage de l’eau. Si une terre à Cyperus reste en friche pendant plusieurs années, une faible végétation se produira s il y a des pluies de printemps, mais elle sera fugace. Cependant, aussitôt le champ remis en culture, à la première irrigation, l’envahissement sera pps ER PR = NO POT TR Te T7, 650 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION complet en quelques jours, compromettant semis, bouturages et jeunes plants. Le Cyperus craint l'ombre : il ne croit pas sous les arbres ni dans les Bananeries touffues, mais arbres et Bananiers suppri- més, il reparait brusquement; c'est dire que son système rhi- zomateux peut conserver longtemps sa vitalité à l’état latent sans être entretenu par une végétation foliacée. Ce simple exposé suftit pour démontrer la puissance d’en- vahissement du Cyperus, la difficulté de le combattre et le tort considérable qu'il fait aux cultures. Les semis sont enserrés souterrainement et extérieurement par cette plante adventice; il faut les sarcler à la main, opération d'autant plus coûteuse que les jeunes plants sont ébranlés, beaucoup arrachés forcé- ment, de là un déchet considérable dans le nombre et dans la vigueur. En grande culture, dans de semblables conditions, le semis direct est impossible : c’est le cas de la Betterave, aussi de la Luzerne tardive. Le semis du Cotonnier est difficilement défen- dable aux premiers temps de la germination; la Eanne à sucre élle-même en bouture couchée ou verticale doit être plusieurs fois défendue au moment de sa végétation par des désherbages annuels. etc. en un mot toute plante est bientôt enlacée sou- terrainement par un treillis inextricable de rhizomes en cha- pelets, comme toute pousse extérieure est étouffée dans un gazon haut et touffu, le tout absorbant à son profit l'eau, la fumure et la fertilité du sol. Dans les cultures de Cotonnier, de Cannes à sucre et d'autres végétaux élevés qui sont plantés en lignes régulièrement dis- tancées, les instruments attelés peuvent faire des binages sub- séquents qui cependant ont besoin d'être complétés par des désherbages manuels, un buttage où un rechaussage et aussi par un entretien indispensable du passage de l’eau d'irrigation entre les lignes. * * = Les moyens de lutte contre celte plante redoutable sont encore, jusqu à ce jour, assez réduits ou d’une efficacité fort lente à obtenir, sauf l'intervention de l'Insecte Antonia, mais qui ne s'est pas généralisée. | Actuellement, on ne connaît en pratique courante que les sarclages et les binages répétés, mais ces opérations coûteuses / GYPERUS ROTUNDUS ANT 651 ne Sont possibles que dans la culture Maraîchère qui exige des facons et des binages constants du sol et permet d'enlever à la main les renflements et le moindre filament rhizomateux. Privé d'organes verts pendant des années, le système rädiculaire dans les profondeurs du Sol finit par être en partie atrophié, par le Cyperus. Aux environs d'Alger, par ce moyen patient et dispendieux, on a fini par aVoir temporairement des terres propres en culture maraîchère. Jection du sulfure de carbone, au pal. quoique à forte dose n à altéré la plante que très temporairement. Le Jardin d’Essai d'Alger, comme tout le Hamma, est une région encore un PEU marécageuse et un lieu de prédilection pour celte Cypéracée. Les couches de fumier qui s'étendent chaque année sur de grandes surfaces, dans l'exploitation du Hamma, empêchent toute végétation extérieure du Cyperus 6] ou par les eaux d'irrigation, car les Canaux restent bordés de Cyperus. 4) : Le service botanique de Sydney a signalé que certaines cul- tures avaient été rendues impossibles ou retardées par cette C'ypéracée (1906). Un planteur de Cotonnier de la Louisiane me racontait qu'un Cyperus analogue — si ce n’était le même — rendait IMpos Sible toute culture dans son jardin. Or, il remarqua que le: Surfaces où l’on étendait les déchets de l'égrenage du coton, et qui subissaient de la chaleur due à un commencement de fermentation étaient exemples pendant quelque temps de Gyperus : il créa son jardin sur cet emplacement et s'en trouva bien, mais en surveillant sévèrement, pour l’extirper, toute Poussée accidentelle de la mauvaise plante. Cette herbe essentiellement nuisible aux cullures n’a-t-elle me rn + PIRE RCE NRC TRES ol ne 4 NS PR PA AE REP ER PR TO AN AE 652 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION aucune utilité? Je dois reconnaître que, dans une période très <èche, elle m'a rendu incidemment des services. Tout était brûlé; seul, sur des terres en repos estival, le Cyperus était encore vivant. J'avais à entretenir un nombreux troupeau de Mérinos et de Croisés-mérinos sans avoir la moindre nourri- ture verte pour l’alimenter. Mis dans le champ aux Cypéracées, les inflorescences furent bientôt broutées, puis ensuite la plante entière jusqu’au ras du sol : quelques irrigations réveillèrent bien vite la végétation qui fut de nouveau pâturée. Il resterait à déterminer dans quelles conditions cette opération présen- jerait un caractère économique, mais Ce ne serait certainement pas dans les terres de culture intensive. Ce Cyperus est donc un véritable fléau pour les cultures arro- sées, pour la petite culture spécialement, et surtout pour les plantes de végétation verno-automnale. Quant à l'action de insecte destructeur préconisé par M. Frogatt, elle doit s'exercer sur un tel développement d’or- ganes radiculaires pour assurer la disparition de ce Cyperus qu'il faut au parasite animal de bien puissants moyens de propagalion et de résistance pour atteindre tant de bulbes si profondément enterrés; mais l'exemple du Phylloxera nous démontre qu une destruction radiculaire de cette nature n'est pas impossible. Au Jardin d'Essai d'Alger, le Cyperus olivaris constitue un des plus grands obstacles au succès et à l'économie de certaines cultures, et l’on peut affirmer que cette plante nuisible a coûté annuellement et inutilement des sommes considérables qui suffiraient à entretenir de belles collections ou à publier d'in- \éressantes expériences. hu NE OR Le Gérant : À. MARETHEUX. LT AI 2 DIRE SR Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1; rue Cassette. es DA *y d sirent ! k enir à qui dé els aus EN 33, rue de B fon ; les HAS consentis, après Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à des disponibilités. | ROJET D' EXCURSION DANS S L'ÎTAUE SEPTENTRIONALE nn + Le Secrétaire général a l'honneur d'informer les Membres de la Société qu'un se d'études Botanique, Horticole et Piscicole aura lieu, en Italie septentrionale, int les vacances de Pâques 1912. Cette excursion aurait pour but: la visite des jardins et lacs de la Haute-ltalie; pêcheries de l'Adriatique: des cultures de la Lombardie et du Piémont (riz, etc.) es établissements scientifiques. L’excursion sera dirigée par d’aimables confrères italiens; elle aura une durée de e jours. Le prix, comprenant le transport en chemin de fer, voiture, bateau, nour- et coucher, sera d'environ 500 francs. vI1 serait nécessaire d'être fixé, le plus tôl possible, sur le nombre des personnes ésireraient entreprendre ce voyage pour pouvoir préparer d'avance certaines ons, assurer les réceptions et obtenir des réductions auprès des Compagnies hemin de fer. “Prière d'envoyer son adhésion au siège de la Société, sans toutefois que cette sion soit considérée comme un engagement. Le programme de l'excursion sera adressé à ceux de nos collègues qui Le ndre part. OFFRES, DEMANDES, ANNONCES OFFRES âgé de deux ans, 120 francs; autre couple jeune de 6 mois, 80 francs. Emballage gratuit. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). sptel pour vulgariser la race : coq et poule nix du Japon. sser au secrétariat, 33, rue de Buffon. A céder Ha magnifiques Chiots bergers Beauce (Bas-rouge défense), hautes origines. Champion Brissac. sarur chats Siamois yeux bleus: Prix : de 50 10 francs l’un. Éneu Chevreaux Syrie, Suisse et 1/2 sang. Lapins races primées: Jenny's FARM, Créteil, Seine. * de dessin, peinture et sculpture d'après aux vivants en plein -air et en atelier, e de la Barouillère (rue de Sèvres, près 1e evard du Montparnasse), Paris, 6°. A céder : Alpine race pure avec Chevreau mâle: Cheyreau hongre adulte harnaché: Gaston FONTAINE, à Maing (Nord). l | | prix Paris 1909, 190, 1911 : poules et | s Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais | Français, race pratique par excellence, | biout usage en tout climat; saison 1911: eltes pour ponte hiver et coquelets, en | A vendre chevreaux et chevrettes nubio-alpins, et-octobre : poulettes, 7 fr. pièce, 65 fr. 0 ; coquelets, 8 à 10 fr. pièce. Co. Paons cs 1910, 180 fr.; femelle mélanote 95 fr. ; co. d'Egypte, reproducteurs, 35 fr. E FRE membre du Gâtinais-Club, Ruermain des Prés (Loiret). | | laïtière. M. BOUCHACOURT, 21, rue Sigorgne, Mâcon (Saône-et-Loire). ? F Coq Java minuscule 1911 doublé crête, race pure: Siffleurs du Chili 1911 et Faisandeaux dorés, M. DURIEZ, 42; boulevard Henri LE, Paris: 7 en liberté ; céder ou échanger contre aux de parc. RUNrEe Samt-Géraud-le-Puy (Allier). DEMANDES Couple Roue blancs, jeunes ou adultes, même de cinq an M Louis REL AVE, à Lyon-Vaise (Rhône). Coq et poule Andalous bleus extra, sujets ands Concours, 25 fr. . mas Herminés, 30 fr. ds Barbarie bronzés, 25 fr. geon poule maltais blancs, 20 fr. | Poule Amherst, race pure. ; | cougle Paons Nigripennes, né chez moi et M. DURIEZ, #, boulevard Henri IF, Faris. ‘sans cornes, grosses oreilles tombantes ; superbes ” animaux sélectionnés en vue énorme production FES oo: D ge Paper LCD ue tv be LITRES a: SOCIÉ FONDÉE EN 4854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 ? PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de conco 1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d’ani utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des nouveliement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propag de végétaux utiles ou d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme a même de la France. L'attention des personnes compétentes doit être appelée spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquée encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou au Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des e sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les gra qu'elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres, ou aux sociétés agrégées où affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d’ut générale et qui la distingue de coutes les associations analogues uniquement pr cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et for chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des re gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poiss Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admi même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie ainsi les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (L ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d’entrée de 10 francs et une sation aunuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entière gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit publications de la Société antérieures à son admission, etc. | Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'A maiation a publié, depuis son origine en 4854, cinquante-huit volumes.in illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tir part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mam fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons e pratique de la Pisciculture, l’Entomologie appliquée et la pratique de l’Apicultur de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs prod leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, d plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient p les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages È connus du D' Moreau sur les Poissons de France. | PA M Le Gérant : À. MARETHEUx. TO VE TT TR Paris. -- L, MAxeTHEUx, imprimeur, 1, rue Cassette. BULLETIN DE LA DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58° ANNÉE N° 21 — 1” NOVEMBRE 1911 SOMMAIRE E. BRUMPT. — Acclimatation, Elevage et Parasitisme M. CAULLERY. — Les lois de Mendel et le récent congrès de génétique (suite et fin). . . 661 £ J, GÉROME. — Les Champignons comestibles autres que le Champignon de couche (suite). 673 LS Chronique générale et faits divers HT MERE Lez 2 « La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50 | AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plants), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS à ME A OT Ve à ENT É À LRU Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Société et les personnes qui désireraient l’entretenir qu’il se tient à leur disposition, au siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à ‘7? heures. . SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCEIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BurroN — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR (911 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Paris. S . MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). “ Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PoNTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. | Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. LE ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Ztranger) ! H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). CREPIN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Fait Ch. DEBREUIL, %, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). Trésorier, M. le D' SkBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Te CE RUE RE EN RL LT ee Membres du Conseil MM. D" LePrince, 62, rue de la Tour, Paris. MAïLLESs, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Ph. de VicmoriN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. F LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. . LE MYRE DE Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Wuirion, 7, rue Théophile-Gautier, Neuiliy-sur-Seine. AcHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris, Ÿ DÉyAaRDIN, 93, rue Claude-Lorrain, Paris. à; MaGaAuD D’AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. } D° P. MarcxaL, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique ; de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. | » À Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1911 Janvier | Février | Mars Avril Mai Novembre | Décembre | SÉANCES pu Conseiz, le Mardi à 5 heures.| 10 14 14 A1 9 14 12 Are SEcTiOn. — Mammifères, le lundi | 4-5 heures): SEANCES DURS 6 6 3 1 6 4 2e Section. — Ornithologie, le lundi : a 3404 4/2i0 RE At AU a 6 6 3 1 6 4 | 3e Secrion. — Aquicullure (1), le lundi AD DeUTES re 0 ee RENE Al AG 15 13 10 8 13 11 4e SEcTION. — Entomologie, le lundi à 3 SA) 0 AR AG 13 13 10 8 13 1 59 SECTION. — Bolanique, le lundi à. 3 0. ADR Ne RC 23 20 20 24 15 20 18 6° SEcrion. — Colomsation, le lundi à 5 heures : . 23 2020 24 15 20 18 Sous-SECTION d'Etudes Caprines, le ven- dredi à 5 heures . 21 1024 24 21 26 24 22 (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. - ACCLIMATATION, ÉLEVAGE ET PARASITISME IMPORTANCE DE L'EXAMEN MICROSCOPIQUE DES DÉJECTIONS Par E. BRUMPT Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. Les pertes cruelles que les maladies parasitaires ont fait éprouver aux éleveurs francais depuis trois ou quatre ans viennent de mettre ces maladies, souvent méconnues, tout à fait à l'ordre du jour et justifient la causerie que je vais avoir l'honneur de faire devant vous. Qu'il s’occupe de Mammifères ou d’Oiseaux, l'éleveur doit savoir qu'il existe dans la naiure ambiante d’implacables ennemis qui profiteront de toutes les occasions propices pour envahir ses domaines et décimer ses troupeaux. Ces ennemis portent le nom de parasites. Les parasites peuvent être divisés en deux catégories. La première catégorie renferme les parasites microbiens occa- sionnant le charbon, la morve, la fièvre aphteuse, la peste bovine, elc.; ces parasites frappent brutalement et produisent des épizooties meurtrières de peu de durée dont la gravité est d’ailleurs souvent atténuée grâce aux progrès de la sérothé- rapie. La seconde catégorie comprend les parasites animaux, et en première ligne les Vers. Dans ce cas, la maladie parasi- taire s’installe insidieusement et, si les conditions sont favo- rables à l’évolution des Helminthes, on constate qu'un troupeau. autrefois prospère, se développe moins bien, les femelles donnent naissance à des produits inférieurs qui sont souvent la proie d’épidémies microbiennes, souvent même les animaux végètent, n’engraissent plus, ne se reproduisent plus, et si aucune précaution n'est prise, le troupeau est bientôt anéanti. Si par ignorance de la maladie qui a décimé le premier irou- peau on en replace un second aussitôt après, on voit souvent les mêmes symptômes se reproduire el finalement la localité est classée, à tort généralement, comme impropre à l'élevage. Parmi les Vers parasites des animaux, nous avons deux cas très différents à envisager. Dans le premier cas, les Vers évoluent dans le milieu extérieur sans le concours d’aucun hôte intermédiaire, c'est ce que font presque tous les Nématodes ou Vers ronds, parmi lesquels je citerai les Strongles, les Ascarides, BULL. SOG. NAT. ACCL. FR. 1911. — 42 y is 654 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION les Ankylostomes, les Hétérakis, les Svngames, etc. Dans le second cas, les Vers évoluent encore dans le milieu extérieur, mais ils ne peuvent réinfester un nouvel animal qu'après avoir passé chez un hôte intermédiaire, chez lequel ils accomplissent certaines métamorphoses indispensables à leur développement ultérieur. Dans cette seconde catégorie de Vers, je citerai les Douves, les Tænias, les Bothriocéphales, les Echinorhyn- ques, eic. . Dès maintenant, nous pouvons dire que ces deux catégories de parasites présentent au point de vue de l’acclimatation ou de l'élevage une importance très différente. Les Vers de la pre- mière catégorie pourront s’acclimater partout où leurs hôtes vivront et ne demanderont que des conditions climatériques favorables. Les Vers de la seconde catégorie, au contraire, ne pourront s'implanter dans un pays nouveau pour eux qu'à la condition d'y trouver le Mollusque, l'Insecte capable de servir d'hôte intermédiaire. Si cet hôte intermédiaire manque, et si une espèce représentative ne peut en tenir lieu, le parasite ne peut plus se reproduire, la maladie parasitaire à son cycle évolutif coupé, elle disparaît. J. — CAUSES QUI FAVORISENT LE PARASITISME. Parmi les causes qui favorisent le parasitisme, les princi- pales sont les suivantes : k a) L'accumulation d'animaux de même espèce dans des lieux d'élevage trop petits, — Il est évident que plus les animaux seront tassés, plus ils seront obligés de tondre l'herbe et de revenir souvent manger à la même place, en même temps que les jeunes pousses, les embryons de parasites que le ou les animaux parasilés du troupeau ont pu éliminer. b) La dissémination systématique des déjections fraîches des animaux sur des champs où ils reviendront quelques mois plus tard. — Cette pratique est courante en agriculture et elle est désastreuse ; on doit restreindre autant que possible cette dissémination de matières sur les sols où les parasites peuvent évoluer. Il est préférable d'utiliser, comme engrais, les fumiers de ferme bien décomposés, dans lesquels la putréfaction a tué tous les germes nocifs. | ec) L'absence de diagnostic clinique des maladies parasitaires chez des animaux adultes peu infestés ou résistants. —.Les ani- ACCLIMATATION, ÉLEVAGE ET PARASITISME 655 maux adultes sains, hébergent souvent un petit nombre de Vers pathogènes dans les divers organes de leur corps. Si le microscope n'a pas été employé pour dépister à temps les parasites, ceux-ci vont être disséminés partout, et si les condi- tions sont favorables, leurs germes seront ingérés par des animaux jeunes de la même espèce. Ces animaux pourront ainsi contracter des affections vermineuses mortelles aux- quelles les adultes, dans les conditions habituelles, semblent peu sensibles. Ce point est utile à retenir, car il est la base d'un traitement prophylactique intéressant à connaître, sur lequel nous reviendrons plus tard. d) Facteurs physiques. — Les différentes causes qui favo- risent le parasitisme n'auraient aucune importance si les facteurs physiques (température, état hygrométrique, nature du sol) étaient défavorables à l’évolution des Helminthes ou de leurs hôtes intermédiaires. Tous ces facteurs sont intéres- sants à connaitre, car avec la disparition des facteurs favo- rables nous pourrons arriver à la disparition des parasites. On connait l'influence heureuse de l’asséchement du sol par le drainage en particulier. e) Existence des hôtes intermédiaires. — Si les causes énon- cées ci-dessus favorisent l’évolution des parasites à dévelop- pement direct, il est nécessaire, de plus, que les parasites, dont l’évolution comporte des migrations, rencontrent sur leur chemin les hôtes intermédiaires appropriés. 1l est inutile d’in- sister sur l'utilité qu'il y a à connaître la biologie exacte des hôtes intermédiaires pour pouvoir les trouver et surtout les détruire, soit en leur faisant directement la guerre, soit en favorisant leurs ennemis naturels. f) Importance des animaux sauvages autochtones qui peuvent souiller les parcs d'élevage. — Les Mammifères sauvages : Lièvres, Lapins, Cerfs, Chevreuils, peuvent héberger fréquem- ment dans la nature des parasites que les animaux domestiques sont susceptibles de contracter ; il en est de même de certains Oiseaux sauvages Pie), qui vivent avec le redoutable Syngame trachéal. 1l est évident que l'abondance de ces animaux autour des propriétés d'élevage peut causer un certain préjudice en permettant la dissémination des germes que les animaux domestiques ne possédaient pas et que les animaux sauvages ont été chercher parfois à de grandes distances dans des terrains infectés. % 2? À À “ — 656 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION IF. — COMMENT FAIRE LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE DES MALADIES PARASITAIRES. Nous savons que des animaux adulles, bien portants en apparence, peuvent héberger des Vers et devenir ainsi de dan- gereux disséminateurs d'œufs et d'embryons. Le diagnostic de leur maladie latente est très facile ‘à faire par l'examen microscopique des déjections. L'examen des fèces. en effet, permet de déceler les parasites qui évacuent leurs œufs ou leurs embryons dans le tube digestif. Ces œufs ou ces embryons peuvent provenir d'organes divers. C'est ainsi que les parasites de la cavité nasale, des poumons, pondent dans des mucosités qui généralement sont dégluties inconsciemment: les œufs des parasites des canaux biliaires ou pancréatiques empruntent également la voie intes- tinale: il en est de même pour certains parasites du sang { Bilharzia ou Schistosomum), dont les œufs sont éliminés soit par la muqueuse intes!linale, soit par la muqueuse vésicale. On - peut donc dire que l'examen des fèces nous permet de metire en évidence des parasites de l'inteslin, du poumon, du foie, de la cavité nasale et même de l'appareil circulatoire. L'examen microscopique des déjections demande l'emploi d'un microscope grossissant deux ou trois cents fois: il ne pré- sente aucune difficulté si l'on veut bien se conformer à la technique suivante. Les déjections (crottes, croltins, bouses) sont délayées avec. leur volume d'eau dans un verre à pied ou un récipient quel- conque. Quand le mélange est homogène, on jette le tout sur un pelit tamis ou une passoire dont les trous présentent environ un millimètre de diamètre; le liquide qui s'écoule, et dont on favorise l'écoulement en comprimant la masse déposée sur le tamis, est débarrassé des gros éléments végétaux ou minéraux qui, par leur épaisseur, auraient géné l'examen microscopique. On prend alors sur une lame une ou deux goultes du liquide recueilli, on le débarrasse des gros éléments avec une aiguille et on le recouvre d’une lamelle. De celte facon, l'examen est devenu possible. et, si l’on a soin d'opérer toujours de la méme manière, on obtient des résullats très comparables. La recherche des œufs de parasite ou des éléments parasi- ACCLIMATATION, ÉLEVAGE ET PARASITISME 657 taires (Coccidies, etc.) se fait en examinant successivement tous les points de la préparation; il est utile, pour cet examen, de se servir d'une platine mobile. Les œufs de parasites se reconnaissent facilement à leur enveloppe, d'une part, et à leur contenu, d’autre part (fig. et 2). Les œufs ont une forme généralement ovoïde; le plus sou- vent symétriques, ils sont parfois asymétriques. La coque qui les enveloppe est tantôt mince, tantôt épaisse, lisse ou pourvue de tubercules plus ou moins saillants. À l'intérieur de cette coque, on trouve immédiatement la ou les cellules embryon- naires, parfois même l'embryon. Parfois (Acanthocéphales, Cestodes), il y à entre l'embryon et la coque une ou deux enve- loppes dont la présence permet de reconnaitre certains œufs. De couleur généralement hyaline et fortement réfringents, les œufs sont faciles à trouver; il y en a cependant qui sont colorés en brun plus ou moins foncé et dont le diagnostic est, dans certains cas, plus difficile (œufs d'Ascarides du Porc, œufs de petite Douve, etc.). Le tableau suivant peut permettre de classer facilement les différents œufs de parasites : Œuf pourvu d'un opercule et renfermant : ° Un embryon cilié saus stylets. . TréMarones (1), sauf G. Schistosomum. Un embryon cilié avec 6 stylets. BoTHRIOCÉPHALIDÉS (2). Œuf sans opercule. Ouf avec 3 enveloppes; embryon | avec de nombreuses épines . . ACANTHOCÉPHALES. Œuf avec 1, 2 ou 3 enveloppes ; embryon avec 6 stylets . . . . TÉNIADÉS. OEuf avec une enveloppe. Em- bryon dépourvu de stylets : Pas d’embryon cilié. . . . . NÉMATODES. Embryon cilié. . . . . . . . Schislosomum. Les œufs de parasites, facilement reconnus par une personne exercée, sont parfois pris pour des débris alimentaires par des débutants, ou encore, et c'est ce qui se produit le plus souvent, des débris alimentaires sont pris pour des œufs. Citons quel- (4) Dans les déjections, les œufs de certaines espèces de Trématodes ne présentent pas d'embryon cilié; ce dernier se forme après leur évacua- tion dans le milieu extérieur. (2) L'embryon cilié n'existe pas dans l'œuf éliminé dans les matières fécales ; il se forme plusieurs jours ou plusieurs mois après son évacua- tion. 658 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION ques exemples. Quand on examine des déjections de Porc ren- fermant des œufs d’Ascarides, on rencontre une quantité con- sidérable d'œufs foncés chez lesquels il est impossible de distinguer le double contour de l'enveloppe; ces œufs sont d’ailleurs parfois si asymétriques et si irréguliers qu’un para- sitologue professionnel pourrait se tromper s'il ne lui était possible de irouver des termes de transition entre ces œufs anormaux et les œufs typiques. Fic. 1. — 3, OEuf de Strongle contourné; 4, OEuf d'Ostertagie: 5, OEuf d'Uncinaire; 6, OEuf de Strongyloïde ; 8, OEuf de Grande Douve; 41, OEuf de Trichocéphale ; 12, OEuf de Sclérostome hypostome. Il arrive beaucoup plus souvent de prendre pour des œufs de parasites des éléments qui n’en sont pas. C’est ainsi que des globules de savons calcaires, des cellules végétales d'aliments farineux, des cerceaux de faisceaux ligneux et surtout des grains de pollen, des spores de Truffe, des spores d'Urédinées (Rouille du blé), sont pris pour des œufs, grâce au double con- tour de leur enveloppe et à leur contenu plus ou moins sphé- rique. Il arrive fréquemment qu'un débutant prenne pour un embryon de Strongle du poumon un simple poil végétal pro- venant du Foin ou de la Luzerne; le diagnostic est d’ailleurs facile à faire, car les embryons sont atténués en pointe aux deux extrémités, tandis que le poil végétal est pointu à une extrémité et tronqué à l’autre. Ê Quand on est familiarisé avec la recherche des œufs ou des embryons de parasites dans les déjections, il importe de savoir ACCLIMATATION, ÉLEVAGE ET PARASITISME 659 à quelles espèces de parasites adultes appartiennent ces élé- ments. Ge diagnostic est fondamental, car seul il pourra nous permettre de dire si les parasites hébergés sont dangereux ou inoffensifs. 4 Pour arriver à cette détermination, le mieux est d’étudier d’abord la forme des œufs récoltés dans l'utérus des parasites qui vivent chez un animal d'une espèce déterminée: Ce pro- cédé, que l’on peut employer facilement dans les Écoles de Médecine humaine ou vétérinaire, est d’ailleurs très insuffi- sant, car les œufs subissent, après la ponte, des modifications considérables, tant au point de vue de leur forme et de leur couleur que de leur contenu. Le meïlleur moyen pour bien connaître les œufs des diffé- rentes espèces de parasites est d'employer le procédé dont nous nous servons depuis longtemps et qui consiste à faire une autopsie complète et systématique d’an animal déterminé. Vôici comment il faut procéder, Prenons comme exemple le Mouton. Comme tous les êtres vivants, cet animal présente des parasites d'espèces variées, localisés dans telle ou telle portion de son corps. Supposons un Mouton succombant à une helmin- thiase généralisée et présentant dans ses poumons des Strongles filaires et des Strongles roussàtres, dans sa caillette des Stron- gles contournés et divers petits Strongles appartenant souvent au genre Ostertagie. Dans le premier tiers de son intestin grêle, ce Mouton héberge des Strongles filicols, des Ostertagies, des Strongyloïdes, ainsi que des Uncinaires; dans son cæcum, des Trichocéphales et des OEsophagostomes, et, dans son côlon, des Sclérostomes hypostomomes. Le foie de cet animal ren- ferme à la fois des grandes et des petites Douves. | Faisons l’autopsie : en examinant au microscope le contenu du bonnet, nous ne rencontrons que quelques Infusoires vivants ou morts et des embryons de Strongle filaire et de Strongle roussâtre venant du poumon; en ouvrant la caillette et en examinant au microscope son contenu, nous ÿ trouve- rons des embryons provenant du poumon, et, en plus, des œufs de Strongle contourné et de divers Strongles de petite taille (Ostertagies, etc.). En examinant les matières qui se ren- contrent vers le troisième mètre de l'intestin grêle, nous y trouverons, en plus, les‘ œufs, faciles à reconnaitre, du Strongle filicol, et ceux de la grande et de la petite Douve déversés avec la bile: des matières prélevées au septième mètre nous 660 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION montreront en plus les œufs des Uncinaires et des œufs de Strongyloïdes. Les matières prélevées dans le cæcum montre- ront les mêmes œufs et, en plus, ceux de Trichocéphale et d'OŒ*ophagostome;: enfin, des matières prélevées plus bas et jusqu'à l’anus nous montreront tous ces œufs et, en plus ceux des parasites du côlon, les redoutables Sclérostomes hypo- stomes (fig. 2). Fic. 2. — 41, Embryon de Strongle roussâtre; 2, Embryon de Strongle filaire ; 7, OEuf de Petite Douve; 9, Oocyste de Coccidie; 10, Ouf de Strongle filicol. Cette technique, que l'on peut appeler autopsie micro-macro- scopique, permet de savoir à quel endroit précis un intestin présente des Helminthes d'une espèce donnée ou de la cocci- diose, de l’amibose, etc. En répétant ce genre d’autopsie plusieurs fois sur des ani- maux de même espèce ou sur des animaux différents, on arrive à bien reconnaitre les œufs et, partant, la nature des parasites hébergés par un animal ainsi que le siège de ces parasites. j (À suivre.) LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE Par MAURICE CAULLERY Professeur à la Sorbonne. (Suite et fin) (1). Comme les organismes étudiés, les chercheurs sont légion. Et à la tête de cette légion se trouve un état-major des plus brillants qui est le noyau des congrès de génétique. En Angle- terre, M. W. Bateson, le plus ardent des propagateurs du men- délisme et l’un de ceux qui ont mis le plus d’ingéniosité à expliquer par cette théorie les cas les plus disparates. Autour de lui sont groupés de nombreux élèves, notamment MM. Pun- nett, Hurst, Misses Saunders, Wheldale, Durham, etc., etc. En Amérique, MM. Davenport, Castle, Swingle, etc. ; en Hollande, MM. de Vries, Lotsy, Hagedoorn; en Allemagne, MM. Correns, Erw. Baur, L. Plate, etc.; en Autriche, M. v. Tschermak; en France, M. L. Cuénot ; en Suède, M. Nilsson-Ehle; en Suisse, M. A. Lang; au Japon, M. Toyama, etc. Tous ces auteurs ont eu en vue, non seulement de s'attaquer au problème général de l’hérédité, mais aussi de fournir en même temps à la pratique de l'élevage ou de l’agriculture un moyen de former à coup sûr, pour l'usage de l’homme, des races d'animaux ou de végétaux pourvues de propriétés pré- vues et désirées. Si donc les lois de Mendel, sans même être l'expression véritable de la réalité, concordent avec elle dans bon nombre de cas, elles peuvent avoir pour la pralique une importance considérable. Pour les adeptes fervents, tels que Bateson, tout l'organisme peut être considéré comme une mosaïque de caractères men- déliens; toute propriété héréditaire doit correspondre à un de ces caractères ou à une combinaison de plusieurs d'entre eux. L'hérédité, comme il a dit, est un problème analytique. Tels sont les traits généraux du mendélisme; mais si la doc- trine est simple à concevoir, dans la pratique elle exige beau- 1) Voy. Bull. du 15 octobre 1911. 662 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION coup d’ingéniosité, car, à côté de cas simples, où un ou deux couples de caractères sont seuls en jeu, il en est d’autres qui ne s'expliquent qu'en en supposant un nombre plus ou moins élevé, où, par suite, le nombre des combinaisons possibles et réalisées est très élevé, où l’analyse est done des plus difficiles. Nous ne sommes de toute façon qu’au seuil de ces recherches. Mais le principe sur lequel elles reposent est que les résultats obtenus et leur valeur héréditaire, leur importance raciale, dépendent uniquement des propriétés des gamètes des divers ancêtres des individus que possède l’éleveur ou l horticulteur, non de l'action, tout au moins immédiate, du milieu. Elles rejettent, donc celle-ci au second plan. L’ Go qui précède, forcément très sommaire, aura suffi, je pense, à faire comprendre le principe de la génélique basé sur les lois de Mendel, et à montrer quel intérèt elle offre au praticien, éleveur ou horticulteur, s’il y a là un guide sûr et d’une valeur assez générale. Pour en juger, on examinera la masse imposante des travaux publiés depuis 1900. Sur des plantes et des animaux variés (1), on à obtenu des résultats conformes aux prévisions. Les expériences de Mendel sur les pois ontété refaites avec un succès constant par plusieurs observateurs, de façon indépendante. Sur divers animaux, tels qu'en particulier les souris, de nombreux travaux ont conduit les néo-mendéliens à la conclusion que la couleur de la robe pouvait s'expliquer en introduisant, il est vrai, un nombre de facteurs assez élevé. M. Lang a obtenu des confirmations par- faites des lois de Mendel en croisant des variétés diverses des Escargots de nos jardins (soit d’Æelir nemoralis, soit d'A. hor- tensis). On pourrait multiplier les exemples. D'autre part, on s’est expliqué des paradoxes tels que le sui- vant. Les éleveurs anglais ne parvenaient pas, malgré des accouplements très purs, à obtenir, à l’état stable, une race de (1) La méthode de Mendel ne s'applique d'une facon nette et sûre qu'à des organismes présentant l’auto-fécondation; car, chez eux, une fois prati- quée la fécondation croisée pour obtenir les F,, on ne fait plus intervenir de lignées nouvelles; dans les organismes à fécondation croisée, comme les animaux, en croisant deux F,, on ne sait pas d’une facon certaïné ce que l’on fait; de là des causes d’erreur importantes, surtout si l’on ne dispose (comme on yest obligé presque toujours) que de nombres restreints d'in- dividus. Cette difficulté logique a été trop négligée par la plupart des néomendéliens dont les statistiques sont, par là, sujettes à caution. LS LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 663 poules à plumage ardoisé, dites poules andalouses ; à côté des poussins de cette couleur, il s’en trouvait toujours de blancs et de noirs. M. Bateson a expliqué cela en montrant que le type andalou était un hétérozygote résultant précisément de l’hybridation entre blancs et noirs qui sont les types homozy- sotes purs. Le mendélisme a donc fait le départ, dans ce cas, de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas, et on pourrait en citer d'autres analogues. Mais immédiatement se sont présentés des cas plus complexes où, en hybridant deux variétés, on trouvait à la génération F, non pas les deux formes originelles dans le rapport numé- rique 3 : 1, mais un plus grand nombre de formes, dont certai- nes nouvelles et suivant des rapports différents. On a expliqué ces cas, d'une manière générale, en admettant qu'ils résultaient de l’action réciproque d’un nombre de coupies de caractères ou de facteurs, comme on dit aujourd'hui, plus grand qu'on avait supposé tout d’abord. Je citerai à cet égard particulièrement les travaux de M. Bateson sur la forme de la crête des coqs dans le croisement de certaines races, et surtout la série des recherches qu'il a faites avec M. Punnett sur les Pois de sen- teur (Lathyrus odoratus). Cela a conduit à des conceptions très ingénieuses sur l'influence réciproque des divers facteurs ; la présence de l’un peut empêcher l’autre de se manifester. Grâce à des hypothèses de cette nature, on a pu ramener aux lois de Mendel des faits qui paraissaient tout d’abord ne pas rentrer dans le cadre prévu. J'indiquerai en passant, qu'au cours de ces expériences, il estarrivé souvent (comme la théorie permet de le prévoir) de rencontrer des types nouveaux, Corres- pondant à des combinaisons de facteurs qui n'avaient pas encore été réalisées, ou deretomber sur des formes souches que des croisements antérieurs avaient dissociées. Le mendélisme est venu ainsi donner un sens précis aux termes jusque-là vagues et myslérieux d’afavisme ou de retour. Il est impossible de m'étendre ici. Je renvoie le lecteur aux livres que j'ai cités plus haut. Au fur et à mesure que l’on avance, on s'attaque à des cas plus complexes. Les anciens observateurs, et Naudin en parti- culier, avaient été frappés par la mulliplicité des types qu'offrait fréquemment la seconde génération des hybrides, multiplicité qui semblait défier toute règle et qui donne souvent l'impres- sion d’une variation continue d’un type initial à l’autre. Des 664 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION cas de ce genre ont été renconirés notamment par M. E. Baur dans le croisement de variétés ou d'espèces de Mufliers (Antir- rhinum), par M. Nilsson-Ehle, dans celui d’Avoines. Malgré l'ap- parence de variation continue des F,, ces auteurs estiment qu’il s’agit d'un nombre limité de types bien définis; les formes initiales P, dans ces cas, différeraient par un nombre assez élevé de couples des caractères, ou mieux de facteurs, el les nombreuses formes F, correspondraient aux diverses com- binaisons possibles de ces facteurs. Nous avons vu que ces combinaisons étaient théoriquement déjà au nombre de 64 pour 3 couples de caractères, de 256 pour 4 couples, de 1.024 pour 5, etc... En faisant de nouvelles généralions, on voit souvent des formes F, en apparence très voisines, sinon iden- tiques, donner des descendances très différentes, parce qu'elles n'ont pas en réalité la même formule et qu'elles diffèrent entre elles par des caractères récessifs masqués qui se manifestent dans des combinaisons nouvelles. Entre deux races d'une même espèce, le nombre des couples de caractères différentiels serait très limité en général; entre deux espèces distinctes il serait, au contraire, très considérable, et de là viendrait à la fois la difficulté d'obtenir des produits fécondset, quandonenaobtenu, la difficulté de ramener les résultats à la loi de Mendel.Jusqu'ici en effet les hybrides d'espèces ne semblaient pas suivre cette loi, et c'est sans doute parce que Naudin avait fait surtout des croisements de cette nature qu'il n'était pas arrivé au résultat complet. | C'est la tendance des hommes qui ont le plus contribué à l’édificalion de la génétique mendélienne, et qui ont, de ce fait, un incontestable mérite, MM. Bateson, Nilsson-Ehle, Lang, E. Baur, etc., de vouloir expliquer tous les faits d’hérédité par le mécanisme imaginé par Mendel, appliqué dans chaque cas à un nombre de facteurs convenable. Ils sont ainsi conduits à des cons- talations trèsinléressanteset y déploientune grande ingéniosité. On peut craindre toutefois que cette ingéniosité même ne dépasse parfois les faits si délicats à analyser sans déformation incon- sciente. On doit surtout remarquer que si la composition de la génération F, ne répond pas à l’altente de l’expérimentateur qui aconçu à l'avance un nombre donné de facteurs allélomor- phiques, il pourra toujours l'expliquer en introduisant suffi- Fa LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 66 samment de facteurs supplémentaires, ou en faisant relative- ment à certains d’entre eux des hypothèses complémentaires (incompatibilité, ete..….). Mais alors on n’a plus entre les mains une explication véritable, mais un verbalisme vain, etl'objection doit être faite à plus d'une des publications signées des noms les plus autorisés de l’école néomendélienne, Enfin, et cela s'applique particulièrement aux cas où les F, sont très variés et où on fait intervenir plusieurs facteurs, les diverses formes sont très voisines. L’expérimentateur estforcément embarrassé pour les distinguer et les classer. li ne pourra pas ne pas être influencé par ses conceptions théoriques dans la répartition des individus. Les statistiques faites, même avec une entière bonne foi, sont suspectes ; la concordance des résultats et des prévisions ne résulte pas de procédés de triage sûrs et entiè- rement objectifs. On ne manquera pas de se demander quelle est la nature des caractères ou facteurs mendéliens. Est-il légitime d'imaginer des caractères bien tranchés, de les considérer comme des réalités définies et indépendantes les unes des autres, alors que, l'observation journalière nous montre entre les individus d'une espèce des transitions insensibles, pour la plupart de leurs pro- priétés sinon pour toutes, alors surtout qu'au point de vue physiologique (qui est fondamental) l'organisme est un tout indivisible? Ajoutons qu'on a appliqué les conceptions mendé- liennes aux notions les plus disparates : couleur des fleurs ou de la robe, taille, résistance aux maladies, caractères psycho- logiques même, etc., etc. Enfin, même pour les apparences les plus tangibles, la définition des caractères, leur délimitation, est pure opération de notre esprit, entièrement subjective, et l'on y attache la valeur d'une unité objective dans l'organisme! Il fautrendre justice aux partisans de la théorie mendélienne. Les facteurs ne sont pas pour eux des corps ayant une existence matérielle; ce sont simplement des symboles permettant d'imaginer des combinaisons et d'établir des prévisions. Ce sont les résultats mêmes qui en légitiment l'introduction. A cet égard, quoi qu'il doive arriver de la doctrine en général, la loi de Mendel a permis déjà d'établir un certain ordre dans beau- coup de problèmes d’hérédité où on n'avait avant elle aucun guide. La conception générale, en elle-même, est beaucoup plus dis- cutable. Beaucoup, et je suis de ce nombre, ne souscrivent pas (6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION à l'idée de décomposer un organisme ou une mosaïque de carac- tères qui se comportent comme des unités indépendantes et per- manentes; ils ne voudront pas baser une théorie générale de l’hé- rédité sur cette idée, tout en reconnaissant que, dans un certain nombre de cas les choses se passent comme s'il en était ainsi. Même limilée à ces cas, la loi de Mendel serait pour les praticiens un secours précieux. C'est ainsi qu’elle doit être signalée à leur attention. Un des points les plus importants à établir est le suivant : les types qui à partir de la seconde génération F, se dégagent de la forme hybride F, sont-ils vraiment les types initiaux purs, ou ne sont-ils pas altérés dans une certaine mesure par leur passage dans l'hybridation ? En d’autres termes, se fait-il une disjonction parfaite, une ségrégation complète dans les gamètes, ou ne se sont-ils pas quelque peu modifiés, influencés, tachés, comme on l'a dit? A-t-on suivi jusqu'ici pendant un nombre considérable de générations les récessifs? Leur pureté est-elle absolue, comme le veut la théorie? D'une facon géné- rale, les caractères ou facteurs, conçus pour expliquer les gé- nérations P, F,, F, rendent-ils compte de tous les faits que présentent un nombre élevé de générations ultérieures ; ce qui revient à dire, ces facteurs sont-ils vraiments des éléments per- manents ? On ne peut dire que ces problèmes soient résolus à l'heure actuelle d’une facon générale. On pourrait évidemment citer un certain nombre de cas (M.Lang dit notamment qu'il en est ainsi généralement dans ses croisements d'Æelixr) où les types se dé- gagent bien purs des combinaisons hybrides. Mais il en est d’autres où il n'en est pas de même, et sur ce point fondamental nous n'avons pas encore de données suffisantes. Surtout il ne faut pas perdre de vue que dans toutes les recherches mendé- liennes on s’est attaché principalement à retrouver certains caractères et que ceux-ci peuvent bien reparaitre avec leur aspect initial, sans que pourtant le reste de l'organisme dans son ensemble (souvent trop négligé) soit resté identique à lui- même. Dans l'ordre de la Science pure, la doctrine mendélienne touche aux problèmes fondamentaux du transformisme : alors qu'avant elle, à la suite de Lamarck et de Darwin, on cherchait à voir dans la sélection et dans l'action directe des éléments du milieu extérieur les causes des transformations des organismes, ë ; LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 667 _ cette doctrine considère comme ayant seules une valeur héré- ditaire les variations résultant de combinaisons des facteurs mendéliens, c’est-à-dire de propriétés préexistantes visibles ou latentes. On ne voit donc pas comment peuvent se transformer réellement les espèces, ni surtout comment expliquer le phéno- mène si général et si frappant de l’adaptation. Les néomendé- liens disent, il est vrai, que l'étude de l’hérédité chez les espèces existantes et le problème de l’origine et de la transformation des espèces sont deux questions distinctes et que la seconde ne peut être résolue qu'après la première. Mais je me borne à indiquer ces graves conséquences théoriques ici. Tel est, esquissé seulement dans ses très grandes lignes, le mouvement d'idées actuel qui constitue la génétique et procède des recherches de Naudin et de Mendel : on conçoit aisément qu'il passionne beaucoup de chercheurs et que ceux-ci éprou- vent le besoin de se réunir pour se connaître et discuter leurs idées et leurs résultats. Mais, plus qu'aucun autre des grands courants de la biologie, celui-ci unit étroitement la science pure et la pratique. Aussi, dès l’origine, les congrès de génétique ont-ils groupé savants et praticiens, et ce sont des sociétés d'horticulture qui ont assuré jusqu'ici le succès matériel de ces congrès. Ce sont surtout les botanistes et les horticulteurs qui s'y sont rencontrés tout d’abord, Les conditions d’expérimentation sont plus faciles sur les plantes que sur les animaux ; sur les premières, il est plus aisé d'hybrider; il est plus aisé aussi d'opérer sur de grands nombres, ce qui est indispensable. Mais zoologistes et éleveurs sont venus à leur tour. La conférence qui vient d'avoir lieu à Paris avait réuni des adhésions nombreuses, plus de deux cents ; on y trouvait côte à côte les deux éléments que je viens d'indiquer : théoriciens et praticiens. M. le professeur Y. Delage, de l'Académie des Sciences, présidait et représentait la science pure, mais le secrétaire général du Congrès, qui a mérité d'unanimes remer- ciments pour l’organisation si complète à la fois de la prépara- tion scientifique et de la partie matérielle de la réunion, était M. Philippe de Vilmorin. Son nom, à cette place, indique que l'hortieulture francaise s'efforce pleinement de tirer toutes les conséquences pratiques des principes du mendélisme. Le 668 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Au nombre des participants, on comptait, avec bien d'autres, presque tous les noms que j'ai eu l'occasion de citer plus haut comme les fondateurs et les propagateurs par le fait de la doctrine. Les communications remplirent cinq longues séances, bien que les auteurs se fussent astreints à faire des exposés brefs, et que les discussions aient été aussi sobres que possible. Les unes, assez nombreuses, rendaient comple d'expériences apportant de nouveaux exemples d'hérédité se présentant con- formément aux lois de Mendel. Je ne puis les indiquer toutes. Je signalerai celle de M.E. von Tschermak, qui s'efforca de répondre à l'objection très forte que j'ai déjà indiquée plus haut. On ne manque pas, en effet, de dire que lorsque les mendéliens arri- vent à des résultats en désaccord avec les prévisions, ils s'en tirent en imaginant un nombre de facteurs plus considérable. On peut ainsi toujours trouver des combinaisons qui représen- tent les faits expérimentaux; mais s'il en est ainsi, le mendé- lisme ne serait qu'un vain verbalisme. Il faut, de toute nécessité, une fois introduits un certain nombre de facteurs pour expliquer les faits constatés. prouver. par des croisements de vérification basés sur les formules imaginées, la réalité des combinaisons déduites. C'est ce que M. von Tschermak s'est efforcé de faire dans ses recherches sur les Girofiées. M. Walther, par l'étude des studbooks des grands haras de Prusse et d'Autriche, s’est efforcé de montrer que la couleur de la robe des Chevaux obéit aux lois mendéliennes, et de fixer des règles qui permettraient à l'éleveur de diriger ses croisements. Les États-Unis où les recherches scientifiques appliquées à l’agriculture sont si puissamment outillées, étaient venus plu- sieurs délégués qui ont communiqué leurs expériences de ceroi- sements faits en vue d'obtenir des races de Céréales, de Cucur- bitacées, elc., soit d'un rendement meilleur, soit résistantes aux maladies, et les conclusions en étaient optimistes. Parmi les génétistes américains se trouvait M. Swingle, qui a réalisé entre aulres, par des croisements appropriés, une forme d'Oranger pouvant vivre sous des climats moins favorisés que ceux exigés par les races acluelles. De notre Afrique du Nord, MM. Trabut et Bœuf avaient apporté des communications intéressantes sur les Céréales: M. Trabut a, entre autres choses, judicieusement fait observer que toutes les recherches récentes sur les Céréales doivent avoir LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 669 pour conséquence de supprimer certaines clauses très oné- reuses des marchés que conclut la Guerre pour les approvi- sionnements de l’armée. Ici encore, on voit le lien de la théorie et de la pratique. Un des problèmes qui furent le plus amplement traités, fut celui de la greffe et de l'influence mutuelle possible du greffon et du sujet. C’est une des questions les plus discutées dans ces dernières années ; celle-là aussi est d’un intérêt puissant pour les problèmes théoriques de la biologie, et plus importante encore peut-être au point de vue de la pratique, si l'on songe à la répercussion qu'elle a pour la culture de nos arbres frui- tiers et de la Vigne. M. Daniel s'est fait le champion de la réponse affirmative à cette question. Pour lui, il y a influence mutuelle; le greffon peut être modifié dans ses propriétés cons- titutives par les qualités du sujet et c'est une idée analogue que M. Armand Gaulier, chimiste et membre de l'Institut, est venu défendre sous le nom de théorie de la coalescence des p'asmas. Mais une réfutation des plus solidement étayées en a été pré- sentée à la dernière séance par M. Griffon, à qui l’on doit de nombreuses expériences faites sur ce problème au cours des dernières années. Il a fortement fait ressorlir que les faits invoqués jusqu à ce jour en faveur d’une fusion véritable de deux organismes par la greffe, d'une hybridation asexuelle, comme on l'a dit, n'avaient pas de valeur. Le cas de Cytisus Adami, des Oranges bizarries et les analogues, sont, comme l'ont démontré les recherches récentes de MM. H. Winkler et Erw. Baur, non des organismes hybrides, mais des mosaïques où les deux formes réunies par la greffe s’intriquent d’une façon très intime (ce qui à été anatomiquement précisé) mais ne se fusionnent pas (1). Les prétendus faits de modifications de forme des fruits du greffon sont des accidents dus à des cir- constances fortuites de nutrition. Les conclusions négatives de M. Griffon paraissent donc des plus solides. Bier d’autres communications seraient à signaler. Mais ne suffit-il pas d'indiquer à tous ceux que la question intéresse qu'ils trouveront dans quelques mois, dans le volume des Comptes rendus du Congrès ample matière à lectures et à ré- flexions sur ce sujet. Disons seulement que, jusqu’au dernier (1) Ce sont des chimères périclinrics, selon la terminologie proposée par les botanistes allemands. BUEL. SOC. NAT. ACCL. ER. 191. — 43 670 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION moment du Congrès, la salle se maintint pleine et attentive, et que la dernière séancæfut peut-être la plus suivie et la plus intéressante. La conférence termina ses travaux en élisant une Commission permanente chargée, entre autres, de préparer sa prochaine réunion et composée de M. W. Bateson (Angleterre), président, de MM. Erw. Baur (Allemagne). B. von Tschermak ‘Autriche), Swingle (États-Unis), Ph. de Vilmorin (France), Lotsy (Hol- lande}, Nilsson-Ehle (Suède), Lang (Suisse). Pendant toute la semaine, les congressistes se délassèrent de leurs séances de travail par des excursions ou des réceptions auxquelles ils furent conviés. Le premier soir ils furent les hôtes de la Société d’horticulture, et de magnifiques projections de plaques autochromes dues à M. Truffaut leur montrèrent la splendeur des couleurs florales reproduites d’une facon durable. Ils furent recus le mercredi soir par le prince Roland Bonaparte, qui, avec d’autres bienfaiteurs, avait aidé à la réalisation maté- rielle du Congrès. Ce même jour, ils furent reçus l'après-midi par le Conseil municipal à l’Hôtel-de-Ville et visitèrent ensuite l'Institut Pasteur. Le jeudi 21, ils se rendaient à l’annexe de l'Institut Pasteur, à Garches, où sont entreprises des expé- rience de génétique sur les Cobayes et le Tabac en vue d'appli- cations pratiques, et de là aux cultures de la maison Vilmorin, à Verrières. Là le Congrès fut, à déjeuner, l'hôte de M. deVilmorin. Le vendredi et le samedi on visita l'Ecole d’Alfort sous la con- duite de son directeur, M. Barrier, et le Muséum, avec M. Edmond Perrier. Enfin, le samedi soir, un banquet des plus cordiaux pré- céda la dislocation définitive. Tous ceux qui ont fréquenté des Congrès savent que ce n’est pas en eux que la science s’élabore directement, mais appré- cient leur valeur pour rapprocher les hommes et préparer le modelage des idées. Du récent Congrès de génétique on empor- tait, me semble-t-il, l'impression d'un rapprochement plus étroit que de coutume entre les participants; l'idée est récente et pleine de sève; ceux qui la cultivent sont encore pour la plupart des ouvriers de la première heure. ; La génélique a la vigueur d’une plante jeune. La loi de Mendel est pour elle un terroir généreux, mais, comme le disait d'une facon très heureuse M. Y. Delage, dans son toast au banquet, il faut souhaiter que le nom de génétique ne demeure pas un synonyme exact de mendélisme et que, tout en appré- LES LOIS DE MENDEL ET LE RÉCENT CONGRÈS DE GÉNÉTIQUE 674 ciant la fécondité des vues du moine de Brünn, les génétistes ne cherchent pas à voir dans la conception de caractères définis, et dans le principe de la pureté des gamètes des hybrides, l’expli- cation totale des phénomènes de l'hérédité. Quand bien même, dans des cas nombreux. les faits immédiats s’accorderaient avec cette conception trop simple et toute subjective, il ne faudrait pas y chercher l'explication véritable des aspects les plus com- plexes des phénomènes vitaux. Cela n'empêche nullement, il faut l'ajouter, le mendélisme d’être pour l'étude scientifique de l’hérédité, et surtoutpour la pratique, un moyen fécond et puis- sant, si l’on ne s’illusionne pas sur sa valeur. Il ne faut pas surtout qu'il étouffe une compréhension peut-être moins sim- plifiée, mais plus large et plus profonde, des phénomènes vitaux. On senttrès bien que déjà, sous l'influence de cesidées, on se détourne trop de la considération de la valeur du milieu; on considère trop celle-ei comme négligeable; les fanatiques du mendélisme lui refusent catégoriquement toute valeur réelle dans la production des propriétés constitutives des organismes. Le mendélisme constitue indiscutablement,enfait, une réaction contre le transformisme larmarcko-darwinien. Comme toutesles réactions, celle-ci sera sans doute excessive, mais n'est-ce pas en définitive de ces fluctuations des idées que sortent peu à peu des conceptions plus claires et plus adéquates aux faits? : J'ai écrit ici, à la hâte, ces quelques pages, à la demande pressante de mon ami Debreuil. Il m'a dit, et j'ai cru, qu'il pouvait y avoir intérêt à exposer aux lecteurs de ce Bulletin les origines et les points fondamentaux du mendélisme. Je me suis efforcé de montrer le progrès considérable qu'il a permis dans l'étude de l’hérédité, l'étendue des services que la pratique de l'élevage et de l’horticulture peuvent en atten- dre, sans dissimuler les objections de principe qu'on peut y faire. Quel que soit le sort futur de cette conception, elle est la pre- mière qui ait permis de s'attaquer expérimentalement au formidable problème de l'hérédité, et de substituer à des dis- sertations philosophiques sur le sujet des expériences ration- nellement conçues et analysant le problème élément par élé- ment. Entre les mains de Mendel et depuis onze ans entre celles de ses nombreux successeurs, elle à fourni déjà de nombreux résultats d'intérêt à la fois théorique et pratique. Très vraisem- blablement, certainement même, c'est là une conception trop 672 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION simple, mais c’est le caractère de presque toutes nos idées directrices, et elles n’en sont pas moins fécondes. Je voudrais, en terminant, engager tous ceux des lecteurs que ces problèmes intéresseront à faire plus ample connaissance avec la question en s'adressant aux ouvrages spéciaux, et sur- tout pousser ceux qui ont le goût de l'élevage des animaux et les moyens matériels pour le faire, à tenter des expériences. Chacune est en elle-même, comme l’a dit Lang, un rébus des plus passionnants à déchiffrer; la méthode mendélienne esl un outil, soit pour purifier rapidement des races, soit pour for- mer des types stables en réalisant des combinaisons homozy- goles. Aux éleveurs de voir, par des expériences multipliées, jusqu’à quel point l'outil est bon et si ces prétentions sont jus- tifiées. En tout cas, la génétique mendélienne est un vaste effort où s'associent à la fois les théoriciens et les praticiens. On ne saurait trop pousser ces derniers à mettre à l’épreuve dans des cas variés et avec autant de précision que possible, les lois que Naudin avait à peu près dégagées et que Mendel a formulées avec une précision lapidaire. LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES AUTRES QUE LE CHAMPIGNON DE COUCHE Par J. GÉRÔME. (Suite) (4). TricaozomA1. — Les Tricholomes n'out pas d'anneau ; les feuil- lets sont adhérents au pied qui ne peut être facilement séparé du chapeau; ces deux organes sont, en général, très charnus. Il renferme de très bonnes espèces. Le T. Georgi (Mousseron blanc) est l’un des plus estimés: son chapeau, son pied, ses lames sont blancs; très commun au printemps dans les prés et les bois, de même que sa variété albellum. Le T. nudum |Pied bleu) appartient à la série du genre dans lequel les lamelles bleues ou violacées changent de couleur: d’abord violacés, ils deviennent gris bistre; le pied est gris violacé, et le chapeau violet purpurin, brun au milieu. Des tentatives de culture de cette espèce par MM. Costantin et Matru- chot ont été suivies de résultats il y a une vingtaine d'années. Le T. amethystinum, également très bon comestible, appartient aussi au même groupe et se différencie du précédent par son pied strié de blanc ou de rose lilas; commun à l’arrière-saison dans les prés et pâturages. Le T. equestre a les feuillets jaune vif, de même que le pied, et la chair blanche, mais c’est une petite espèce, commune dans les bois de Conifères, qui n’a pas l'importance de la sui- vante. T. portentosum (Petit-gris, pousse-mousse). Ce champignon se vend en abondance sur les marchés des villes des Vosges (Epinal, Remiremont) depuis 1885; il est Lellement abondant et estimé que, dans certains points des Vosges, on le conserve assaisonné en choucroute, ou séché. Très abondant, fin automne jusqu'aux gelées. Bois de Conifères secs de la région arénacée surtout. C’est M. Poivre, inspecteur des forêts, qui l'a fait connaître à Epinal vers 1875, de même qu'il a fait connaître (1) Voy. Bull. du 15 octobre 1911. FR UE Et mc ÉRE EE TES TES SES ee DRE - 674 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION à Saint-Dié vers 1863 une autre espèce, le 7. terreum, qui se vend aussi sur les marchés de la Rochelle. Le Petit-gris existe aux environs de Paris, et j'ai pu en récol- ter durant plusieurs anxées de suite dans la grande serre du Muséum, à la suite d'un apport de terreau de feuilles provenant de la région de Lardy. Nos terreaux de feuilles proviennent actuellement de la région de Saint-Leu; leur apport dans la serre n'a pas donné lieu à la production du Champignon. CorzvBra. — Ce genre se distingue des 7richoloma par le pied, qui est cartilagineux ou fibreux au lieu d’être charnu, et par la facon dont les Iames s’insèrent sur le pied, sans présenter d'échancrure. Il n’y à guère à signaler que le €. dryophila, très commun dans les bois de Chênes, à chapeau presque planet à pied lisse, cylindrique, non strié, et le C. fusipes, à chapeau convexe brun- roux, et pied fort, sillonné, strié, terminé en pointe enfoncée dans le sol, plus renflé au milieu et aminci en haut; commun Fété et l’automne en faisceaux au pied des troncs de Chênes; ne pas consommer le pied. CLITOCYBE. — La caractéristique de ce genre est d'avoir le chapeau déprimé au centre, relevé en entonnoïir, le pied charnu, et les feuillets descendant assez bas sur le pied. Le C. viridis, commun en automne dans les boïs, sur les feuilles tombées, est remarquable par son odeurd'’anis; son eha- peau est vert gris ou bleuâtre. On recueille aussi le C. nebularis, dont le chapeau est simplement déprimé légèrement au lieu d'être en entonnoir, et de couleur gris cendré\ le C. infundi- bukformis, dont le chapeau est profondément ombiliqué (en entonnoir), de couleur pâle; C. ericetorum dans les prés et pâtu- rages, chapeau blanc: €. cyathiformis, ete. Ces espèces sont recherchées, mais à l’état jeune de préfé- rence. PLrEurorTus. — Ce genre est caractérisé par un ebapeau très charnu et le pied excentrique ou latéral ou nul; dans ee dernier cas les lames divergent d’un point sur le côté du chapeau. Parmi les espèces comestibles dont le pied est nettement en côté, citons : P. porrigens, sur les souches de Conifères et les planches de Sapins arrosées des seieries: c'est, dit le D* Mougeot, un comes- tible très délicat; le P. Dryinus, sur les troncs d'arbres dépé- rissants, et P. ostreatus (la Couvrosse, Poule des bois), sur les LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES 675 4 souches pourrissant, les troncs d'arbres, etc. Parmi les espèces dont le pied est excentrique, mais non en côté, il y a lieu de citer le P. Eryngü, à chapeau brun-rougeâtre ou orangé, qui vit sur le Chardon Roland, la Férule et d’autres Ombellifères; le P. ulmarius, Pleurote de l'Orme, à pied très développé, blan- châtre, feuillets blanc crème et chapeau gris jaunâtre, qui vit - sur les troncs d'arbres (Peupliers, Ormes). Le P. cornucopioides a fait tout récemment l’objet de recherches en vue de sa cul- ture, de la part de M. Matruchot. HycroPHorRus. — Ces Champignons ont leur chapeau humide, généralement visqueux, mou, et les feuillets épais, peu serrés, se prolongeant souvent sur le pied. Les uns sont blancs, les autres ont des couleurs très vives; ces dernières renferment des espèces vénéneuses ou suspectes. Les plus estimés sont trois espèces entièrement blanches, H. eburneus, A. virgineus, et H. niveus, confondues souvent sous le nom de Petite Oreille. La première espèce n’a pas le chapeau visqueux, tandis que ce caractère se retrouve dans les deux autres; mais la deuxième a le pied plein et un peu strié, tandis que la troisième a le pied creux et lisse. Une espèce à chapeau rougeâtre ou orangé, se fendant quand il est vieux dans le sens des rayons, et à pied épais, blanchâtre, strié de roux, est aussi commune et recherchée à l’automne dans les prés et les bois. CANTHARELLUS. — Champignons charnus, dans lesquels les feuillets se prolongent beaucoup sur le pied, sont très souvent peu saillants et réduits à des rides qui sont réunies entre elles par des veines transversales ; chapeau très souvent déprimé ou creusé en entonnoir. On n'utilise guère que la Chanterelle comestible (Girole), C. cibarius, espèce très commune, qui est admise à la vente aux Halles de Paris. Elle est bien reconnaissable par son cha- peau d’abord convexe, puis en entonnoir, dont les bords sont irrégulièrement lobés et contournés, de couleur ordinaire- ment jaune d'œuf, quelquefois plus pâle, porté sur un pied orangé, épais, aminci à la base. Trèsabondant dansles bois frais. Lacrarrus. — Les Lactaires sont des Champignons charnus, à chapeau souvent déprimé au centre, qui laissent écouler un lait quand on les casse. Ce lait peut être blanc ou coloré, doux ou âcre. Ce genre renferme des espèces comestibles très DESET chées, et d’autres très vénéneuses. 676 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Comme espèces comestibles, citons surtout ZL. piperatus. Agaric poivré, Vache blanche, Auburon, à lait blanc, âcre. et chapeau blanc, lisse, pied blanc, gros et court; la saveur poi- vrée disparait à la cuisson. C’est une espèce très recherchée en Pologne et en Russie; le L. vellereus, Gros Auburon, qui en est très voisin, mais dont le chapeau est couvert d’un fin duvet au lieu d'être lisse, n’est pas aussi estimé que le précédent; « il est prudent de s’en défier », dit M. Dufour. | L. lactifluus, Vachette, Lactaire doré, Vache jaune, est bien reconnaissable à son grand chapeau charnu couleur jaune d'or fauve, poli et glabre. Très commun en été dans les bois à humus frais. Le lait de cette espèce est blanc, doux, et la plante est comestible même à l’état cru. L. deliciosus, Vache rouge, Rougillon; a un lait orangé, doux Ou un peu àcre, peu abondant; la chair et les feuillets se tachent de vert quand on les froisse: malgré son nom, est peu estimé en Lorraine, l'est beaucoup plus dans le Midi. L. subdulcis, appartient au même groupe que Z. lactifluus, mais à cause de sa petitesse n’est pas très recherché. Comme espèces vénéneuses du genre Lactaire, il faut surtout citer L. torminosus, L. rufus, L. theiogalus, etc. RussuLa. — Les Russules ressemblent quelque peu aux Lac- taires, mais n’ont pas de lait; leurs couleurs sont souvent vives; les feuillets souvent tous égaux ou bifurqués. C’est encore un genre dont il faut se méfier : à côté d'espèces très bonnes, il y ea a de très vénéneuses. On les connaït dans les Vosges sous le nom général de Bises; les quatre suivantes sont les plus estimées. Le À. laclea est un excellent Champignon, à chapeau presque plan, blanc et pied blanc, à lames blanc-jaunâtre, fourchues, à chair douce, molle, et saveur de noisette; abondant dans les Vosges. Le À. lepida appartient au groupe des espèces à chapeau brillamment coloré, mais dont la chair est douce; ce chapeau est carmin vif, avec les feuillets blancs ou très légèrement jau- nâtres. Le À. virescens, Palomet, Bise verte, est du groupe des espèces à chapeau vert; il est d’abord jaunâtre, puis vert pâle par place et parsemé de petits flocons blancs; sa forme est arrondie, plane, puis concave et craquelée au bord quand il est plus vieux. Pied, feuillets et chair d'un beau blanc. LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES 6117 Les espèces vénéneuses sont nombreuses; signalons 2. adusta et À. delica, du même groupe, à chapeau blanc comme 2. laclea et pouvant être confondues ensemble, mais leur consistance est bien plus dure. Les À. sanquinea, emetica, rubra, sont aussi des espèces très vénéneuses, à chapeau plus ou moins rouge, qui pourraient être confondues avec #. lepida; mais tandis que cette dernière a une chair à saveur douce, les autres présentent une saveur âcre ou poivrée. : La À. furcata, également très vénéneuse, est du même groupe que la Bise verte. Mais dans À. furcata le chapeau nest pas craquelé au bord, la chair est âcre, vineuse sous l’épiderme. Marasmius. — Champignons généralement coriaces, à pied central se desséchant sans pourrir, reprenant leur forme quand ils sont remis à l'humidité. Ce sont en général des espèces de très petite taille dont l'une, A. oreades, Faux Mousseron, se vend desséchée sur les marchés; c’est un comestible très par- fumé, très bon quand il est jeune, et abondant partout. On le distingue facilement d’une espèce vénéneuse, Ÿ/. urens, en ce qu’il a le pied nu à la base, landis que la base du pied est lai- neuse, recouverte de longs poils dans l'espèce vénéneuse. II. — AGARICINÉES A SPORES ROSES. Vorvaria. — Ces Champignons ont une volve, comme les Amanites, mais pas d'anneau, et lames un peu rougeûtres. Ce genre ne serait pas à citer ici, car le W. bombycina, espèce comestible qui se développe sur les troncs d'arbres languis- sants et pourrissants, n'a pas une très grande valeur; mais il se développe dans les jardins, les cultures des sols siliceux une espèce assez grande, à pied blanc ou gris, à chapeau visqueux et lisse, convexe, de teinte gris-verdâtre ou vert olive foncé, qui est vénéneuse (V. gloiocephala). Enrocoma. — Champignons charnus, dont les feuillets pré- sentent, comme les Zricholoma, une échancrure à leur point d'attache sur le pied. Ce genre renferme une espèce comestible, E. clypeatum qui pousse en cercle, dans les prés ou les bois, le long des routes, et très commun au printemps. Le chapeau est gris, brun ou roux, et le pied est blanchâtre. Mais il ren- ferine aussi une espèce plus grosse que la précédente, attei- gnant 10 à 12 centimètres, de belle apparence, poussant en 678 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION cerele dans les forêts de Chènes de la région argilo-calcaire des Vosges, qui malgré son arome agréable et une odeur de farine fraiche est très vénéneuse. Cette espèce est £. lividum. CLiTopiLus. — Ce genre est constitué par deux espèces de Champignons charnus, à feuillets décurrents, dont l’une, le C'. prunulus, et surtout sa variété Orcella, est l'un des Champi- gnons les plus estimés des connaisseurs. On le trouve en été et à l'automne jusqu'à l’arrière-saison dans les forêts de Sapins, le bord des bois..etc. Il a une bonne odeur de farine fraîche. Le chapeau est blanc à bord ondulé, le pied blane, les feuillets serrés un peu jaunätres, la chair blanche, ferme dans le type, molle dans la variété Orcella. L'autre espèce, C. amarellus, est à chair amère; une forme est fréquente en été dans les sapinières vosgiennes. Agaricinées à spores ocracées (jaune d'’ocre). PaorroTa. — Il y à dans ce genre un anneau membraneux. Il renferme des espèces terrestres, d'autres lignicoles. Parmi les premières, le P. præcox, commun partout au printemps et en été dans les lieux herbeux, les chemins, détritus, etc., est comestible. Parmi les dernières, il faut citer la Piroulade, du Midi, P. ægerita, qui pousse en touffe au pied des Peupliers et qui est l'espèce que l’on a depuis très longtemps réussi à cultiver artificiellement. PaxiLus.— Ces Champignons ont un pied charnu, central ou non, quelquefois pas de pied; les feuillets se prolongent sur le pied quand il existe et se séparent facilement du chapeau tous ensemble. On en récolte surtout deux espèces : P. atrotomentosus, très commun dans les forêts de la région arénacée, sur les souches de Sapins, en été et en automne; le pied est brun foncé, un peu excentrique, et le chapeau convexe, puis en entonnoir, de couleur rousse ; Et P. involutus, très commun dans tous les bois de Pins et de feuillus de la région granitique, autour des souches; le chapeau est roux ou fauve sale, en coupe; pied un peu jaunâtre ; chair jaune dans le type, jaune citron dans la variété leptopus. (A suivre.) SRE TS SI 2 NS ÉRRp É « 4,0 _ CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS Les Buffles d'Italie. — Hybridations de Passereaux des aviculteurs anglais. — Une tentative de réintroduction de la Grande Outarde en Angle- terre. — Ponte du Colin squamata. — Le premier œuf d'Oiseau de Paradis pondu en Europe. — Oiseaux exotiques acclimatés. — Les Pigeons et Colombes de miss Alderson. — Traité des Oiseaux de cage de M. Allen Silver. Une des physionomies les plus caractéristiques de Ia cam- pagne romaine est son bétail, qui se compose de grands Bœufs à longues cornes et de Buffles noirs. Les troupeaux sont gardés par de grands Chiens de montagne au pelage blanc, dits race des Abruzzes et qui ont quelques points de ressemblance avec nos Chiens des Pyrénées. Ce sont ces Chiens que le chevalier Antoine alla chercher en Italie sous Louis XV, pour combattre le Loup féroce qui ravageait les environs de Versailles. Bétail et Chiens sont également redoutables pour les étrangers qui pénètrent dans les pâturages ou dans les marais, où le parcours des troupeaux n’est guère limité que par de fortes barrières souvent fort éloignées les unes des autres, et nous nous souve- nons, un jour que nous chassions dans les Marais pontins, d’avoir été obligé de grimper sur une de ces barrières, où nous restàmes assez longtemps assiégé par une meute de ces Chiens des Abruzzes, en attendant que les gardiens à cheval armés de leurs tridents vinssent nous délivrer. ‘Les Buffles qui peuplent les maremmes de Ia Toscane sont semblables à ceux des Marais pontins, et on en trouve aussi dans les marais de Pæstum et dans la Basilicate. Ils passent pour avoir élé introduits en Italie sous le règne du roi longo- bard Agilulf, vers l'an 600 de notre ère, et ils venaient de la Hongrie, qui semble avoir été aussi le lieu d’origine de la race de Bœufs à longues cornes de l'Italie. La chair du Buffle est maintenant considérée comme inférieure à celle du Bœuf, quoi- qu'elle soit beaucoup plus nourrissante; il n'y a guère que les basses classes de l'Italie et les juifs qui la consomment. Cependant il s’en débite une quantité si considérable que les troupeaux ont notablement diminué pendant ces dernières années, au point que le professeur Magini, de l'Académie royale dei Lincei, attaché au laboratoire d’histologie et de physiologie 680 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION de Rome, croit devoir appeler l'attention du gouvernement sur la destruction progressive des troupeaux de Buffles, qu'il estime ètre une des causes du renchérissement de la viande dans le royaume. D'après le docte professeur, la population en Buffles de la péninsule pouvait, il y a quelques années, être évaluée à 65.000 têtes. En mars dernier, les Buffles des Marais pontins n'étaient que 550 dont un petit nombre seulement fut consommé à Naples, et aucun à Rome, tandis que dans les dix années précédentes il en avait été débité annuellement sur les marchés de Naples une moyenne de 1.000 et à Rome de 6.000. C'estle Buffle de l'Inde qui a été introduit sur certains points de l'Australie, mais il n' y est guère plus recherché comme viande de boucherie qu'en Italie, ce qui tient peut-être aux difficultés de transport. Dans l'ile de Melville, sur la côte septen- trionale près de Port-Darwin., on en compte de 15 à 20.000 têtes, qui ne sont exploitées que pour les cornes et la peau, et la viande n'est pas utilisée, + a æ La dernière livraison de l'Aviculthral Magazine contient une étude très détaillée de M. Allen Silver sur les hybrides de Pas- sereaux obtenus par les aviculteurs anglais. Nous avons déjà signalé la place importante que ces hybrides occupent dans les expositions anglaises d'Oiseaux de cage. M. Allen Silver donne une longue liste des croisements obtenus, et fait ressortir les difficultés que les éleveurs éprouvent à élever de jeunes oiseaux provenant de deux espèces différentes. Cerlaines espèces, en effet, ne donnent à leurs petits qu'une uourriture déjà à moitié digérée dans leur propre estomac; d'autres leur apportent des aliments frais, tels qu'ils Les recueillent ; selon que les hybrides tiendront des uns ou des autres, ils pourront ou ne pourront pas s'assimiler la becquée de leur nourrice. Miss Reeves, qui a réussi d'intéressantes hybridations, à confié les œufs qu'elle obtenait d'unions artificielles à différentes espèces d'Oiseaux et les a mis à couver dans des nids de Rouges-gorges, de Fauvettes ou de Mésanges; puis au bout d'une huitaine de jours elle dénichait les petits et continuait l'élevage à la main avec des chenilles et des insectes. La Serine domestique, dont les mœurs sont assez dissolues, est le grand agent des hybridations obtenues par les avicul CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 681 teurs. Le Bouvreuil mäle n’a jamais pu fertiliser les œufs d’un Passereau qui n’était pas de son espèce; ce sont des Bouvreuils femelles qui ont servi aux croisements. Mais nous n’entrerons pas davantage dans le détail de ces « jeux de l'amour et du hasard », car s'ils ont un intérêt scientifique qui n’en est pas encore bien dégagé, ils n’ont pas d'autre résultat pratique que de donner satisfaction aux caprices plus ou moins bizarres des aviculteurs. Certains croisements sont, d'autre part, difficiles à contrôler et nous feraient songer à ce bateleur forain qui exhibait dans une foire le produit d'une Carpe et d’un Lapin. On ne voyait Jamais dans la baraque que la Carpe et le Lapin. Le produit venait d’être envoyé au Jardin des Plantes pour être examiné par M. de Buffon. La mort de M. Alexander Williams, associé de la maison Williams et Humbert, exportaleurs de vins à Jerez de la Frontera en Espagne, a remis en mémoire que c'est à ce sportsman distin- gué que l’on dut, il y a quelques années, une intéressante tenta- tive de réintroduction de la Grande Outarde dans les plaines du Norfolk, que ces beaux Oiseaux fréquentaient couramment autrefois. Au mois d'août 1900, de connivence avec Lord Wal- singham, qui lui fournit des indications utiles, M. Williams avait importé d'Espagne seize Grandes Outardes qui furent installées sur le domaine de Lord Iveagh, à Elveden, sur les confins du Norfolk ét du Suffolk. On avait coupé quelques plumes des ailes de ces Oiseaux pour restreindre leur parcours en attendant qu'ils se fussent habitués à la localilé, mais ils avaient la jouissance d'un grand enclos de 600 acres où ils devinrent bien vite familiers. Les propriétaires fonciers du Norfolk et du Suffolk durent recommander à leurs gardes de ne pas molester ces Oiseaux, dont la présence dans le pays fut d'ailleurs signalée aux habitants par des avis insérés dans la presse locale; malheureusement toutes ces précautions ne purent assurer la tranquillité des nouveaux venus, qui furent tracassés de toules les manières par des paysans ignares ou des chasseurs braconniers. Peu de mois après que les Outardes avaient repris l'usage de leurs ailes, deux furent tuées par un imbécile de garde à Firmingham, le 20 juin 1901, et une autre par un fermier près de Cambridge. Comme l'Outarde fait partie 682 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION des gibiers rétrospectivement protégés par une loi toujours en vigueur, les délinquants furent poursuivis et condamnés à une amende, mais cela n’avançait pas les choses. D'autres Outardes disparurent peu à peu et se répandirent dans l'Ouest: ilen vint deux dans le sud du pays de Galles, dont une fut tuée sur place, et l’autre en Irlande, et, en fin de compte, cette tentative de réintroduction d’un des plus beaux gibiers connus tourna court, ce qui est d'autant plus à regretter que plusieurs nids furent signalés, dont un sur le domaine d'Elve- ven, en avril 1901. Il contenait trois œufs et le #ield en a publié la photographie dans son numéro du 16 septembre. Notre collègue M. Pays-Mellier a obtenu des œufs des Colins maillés (C. squamata) dont nous avons signalé l'importation récente. Malheureusement la saison est trop avancée pour que l’on puisse en espérer l’heureuse incubation. * x x M. E. J. Brook, qui possède une des plus belles collections d'Oiseaux de Paradis, écrit à l’Avicultural Magazine qu'il vient d'obtenir un œuf de l'Oiseau de Paradis de la Princesse Stéphanie (Astrapia Stephamæ). Le nid était construit avec des brindilles de Bouleau et une quantité de tiges et de feuilles de Bambou; il est placé dans la partie intérieure de la volière sur une branche naturelle fixée au mur. L'œuf est couleur canelle largement maculé de brun et de pourpre. Le mâle était malheureusement en pleine mue au moment de la ponte, de sorte qu’il n'y a pas de chance que cet œuf, le premier pondu par un Paradisier en Europe, ait été fécondé. * PRE L'Avicultural Magazine continue à enregistrer les nombreux succès de reproduction obtenus par les membres de la Société d’Aviculture anglaise. M. Meade-Waldo a obtenu trois jeunes du Ganga cata, et ses Loricules (Loriculus galbulus) sant en train de couver dans le trou d’un vieux tronc de Pommier; des Gi impereaux (Certhia familiaris) ont niché dans les wolières CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 683 de M. W. R. Temple; M. Hubert D. Astley a obtenu de nom- breuses pontes de ses Perruches Alexandra, mais il n'ya eu qu'un seul jeune, qui est mort avant de sortir du nid. C'est toujours une chose délicate, du moins chez nous, que de mettre en liberté des Mammifères ou des Oiseaux exotiques. En Angleterre, où l'on n’a pas l'amour de la chasse poussé jusqu'à la manie de la destruction, et où l’on respecte davan- tage la liberté, même chez les animaux, des tentatives de ce genre ont souvent été couronnées de succès. C’est un des spec- tacles les plus curieux du beau parc du duc de Bedford, à Woburn, que d'y voir tant d'Oiseaux étrangers cantonnés dans les massifs du domaine. Nous y avons particulièrement remarqué les jolies Colombes Lophotes d'Australie qui s'y sont bien acclimatées, comme elles se sont aussi bien acclima- tées dans le Jardin zoologique de Londres, où il en a été lâché une quarantaine. Quoiqu’elles se soient un peu dispersées, il en revient toujours de petites bandes dans le jardin, parmi lesquelles on voit souvent des jeunes, ce qui prouve qu'elles ont niché dans les environs. On peut juger du nombre de jolies espèces de Pigeons et de Colombes qu'il serait intéressant de posséder — au moins en volière — par le livre que miss Rosie Alderson vient de consa- crer aux Colombes et Pigeons exotiques et qu’un des périodiques les plus estimés des aviculteurs, le Canary and cage bird life, a édité avec un grand nombre d'illustrations. Ces illustrations sont la reproduction des photographies prises dans les volières mêmes de l’auteur qui, grande admiratrice de ces Oiseaux jusqu'ici un peu négligés des amateurs, en a possédé une qua- rantaine d'espèces différentes. Miss Alderson nous donne dans ce volume le résultat de son expérience et tout d’abord le plan et les vues de ses volières construites avec un grand souci de la pratique et de l’économie. Nous sommes assez de l'avis de M. Allen Silver, l'un des aviculteurs les plus distingués de la Grande-Bretagne, qui dit, en parlant de cet ouvrage, qu'il ne comprend pas que l’on dépense tant d'argent pour se procurer certaines races domestiques dont les anomalies répondent aux fantaisies des Colombophiles, lorsque tant d’espèces étrangères peuvent nous fournir à bien meilleur compte des sujets mille PT - " De ; #3 À RE 634 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION fois plus beaux par leurs couleurs nalurelles et plus intéres- sants par la variété de leurs mœurs et le pittoresque de leur altitudes. Nous rappellerons à ce propos que le Canary and cage bird life est aussi l'éditeur d'un ouvrage du même M. Allen Silver, sur les soins à donner aux Oiseaux de cage et de volière de la Grande-Bretagne qui sont aussi les nôtres. Rédigé sur un plan d'observations mensuelies, British bird management throughout the year est ie guide le plus sûr et l'informateur le plus compiet qu'on puisse mettre entre les mains d'un ama- teur d'Oiseaux; on y trouvera la raison d'être et le secret du succès des expositions d'Oiseaux de cage qui ont lieu en Angle- terre et dont nous avons parfois rendu compte ici. Le Gérant : À. MARETBEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. a Société qui désirent obtenir des cheptels, sont priés d’adresser : ande: u Secrétariat, 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à _ Le Secrétaire général a l'honneur d'informer les Membres de la Société qu'un yage d'études Botanique, Horticole et Piscicole aura lieu, en Italie septentrionale, urant les vacances de Pâques 1912. … Cette excursion aurait pour but: la visite des jardins et lacs de la Haute-ltalie: s pêcheries de l'Adriatique; des cultures de la Lombardie et du Piémont (riz, etc.) des établissements scientifiques. nee …. L'excursion sera dirigée par d'aimables confrères italiens; elle aura une durée de inze jours. Le prix, comprenant le transport en chemin de fer, voiture, bateau, nour- ture et coucher, sera d'environ 500 francs. . » ]I serait nécessaire d'être fixé, le plus tôt possible, sur le nombre des personnes li désireraient entreprendre ce voyage pour pouvoir préparer d'avance certaines cursions, assurer les réceptions et obtenir des réductions auprès des Compagnies e chemin de fer. ‘ …_ Prière d'envoyer son adhésion au siège de la Société, sans toutefois que cette lhésion soit considérée comme un engagement. … Le programme de l'excursion sera adressé à ceux de nos collègues qui désirent prendre part. OFFRES. DEMANDES. ANNONCES OFFRES âgé de deux ans, 120 francs; autre couple jeune ES | de 6 mois, 80 francs. Emballage gratuit. M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). burs de dessin, peinture et sculpture d'après : animaux vivant en plein air et en atelier, | A céder quelques magnifiques Chiots bergers (6: rue de la Barouillère (rue de Sèvres, près le | Beauce eue défense), hautes origines. boulevard du Montparnasse), Paris, 6°. | Champion Brissac. LE Ravissanis chats Siamois yeux bleus. Prix : de 50 É : ; os : à 70 francs l’un. sieurs prix Paris 1909, 1910, 1911 : poules et | Chèvres, Chevreaux Syrie, Suisse et 1/2 sang. ogs Gâtinais blanc sélectionné, type Gâtinais Lapins races primées. ‘Club Français, race pratique par excellence, | Jennys FARM, Créteil, Seine. pour tout usage en joue climat; sanon 4914 : poulettes pour ponte iver et coquelets, en : i aillet-octobre: poulettes, 7 fr. pièce, 65 fr. | eue Re NE do de mâle. es 10 ; coquelets, 8 à 10 fr. pièce. Co. Paons | : ; lancs 1910, 180 fr.;: femelle mélanute %5fr.: co. | SES FONTAINE, à Maing (Nord). Dies d'Egypte, reproducteurs, 35 fr. : DE SAINVILLE, membre du Gâtinais-Club, | aint-Germain-des-Prés (Loiret). A vendre chevreaux et chevrettes nubio-alpins, - sans cornes, grosses oreilles tombantes ; superbes animaux sélectionnés en vue énorme production , laitière. heptel pour vulgariser la race : coq et poule | M. BOUCHACOURT, 21, rue Sigorgne, Mâcon énix du Japon. (Saône-et-Loire). Fe dresser au secrétariat, 33, rue de Buffon. — $ = Coq Java minuscule 1911 double crête, race pure. nards Siffleurs du Chili 191! et Faisandeaux dorés, | M. DURIEZ, 4, boulevard Henri-IY, Paris. evés en liberté ; céder ou échanger contre | eaux de parc. | DEMANDES DULIGNIER, Saint-Géraud-le-Puy (Allier). Ke $ ; ; jé , mê d buple coq . poule Andalous bleus extra, sujets FRE sue blancs, jéunes ou adultes, même de grands Concours, 95 fr. DE v -Vai ône). Re Mecoies, Got. | M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône) 2 Cauards Barhbarie bronzés, %5 fr. : suple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. Poule Amherst, race pure. Ê ; iperbe couple Paons Nigripennes, né chez moi et : M. DURIEZ, 42, boulevard Henri-IV, Paris. SOCIÈTÉ NATIONALE D ACCLINATATION DE FRANGE FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) * Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir 4° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animau utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des rac nouvellement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagatio de végétaux utiles ou d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures comme aus même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée to spécialement sur l'intérêt qu’il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, d animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées e encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats da ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autre Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des exp sitions et é>s conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les grain qu’elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres, ou aux sociétés dit agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un ‘but pratique d’utili générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préo cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et forma chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rense gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poisson Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis à même titre que les Français; les dames peuvent ésalement en faire partie ainsi q les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Lab ratoires, Jardins zoologiques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une cot sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de Société Ix° sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièreme gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, etc FA faites par la Société, ou aux cheptels te par elle. — Divers avantages lui son! également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit de publications de la Société antérieures à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accl maiation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8 illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. L Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur loutes le matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés. part, ont trait à des questions d’ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et pratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture € de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs de leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, do plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pot les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix. ] Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bi connus du D' Moreau sur les Poissons de France. ; * y he SV EN Le MES An à HE REPS # Le Gérant : A. MARETHEUX. : in A j Paris. — L. MAR&THEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. BULLETIN DE LA eiété Nationale d'Acelimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 58° ANNÉE N° 22 — 15 NOVEMBRE 1911 SOMMAIRE : Pages. L: PARDÉ. — Misite de la Société centmeteren aux collections dendrologiques de M. H. Morel. . . . . . . Gé dia AT oo OO PE AE SRE Signé pol 685 E. BRUMPT. — nn ae et Parasitisme (suile). . . . . . . . RD NAN 691 J GÉROME.-— Les Champignons comestibles autres que le Champignon de couche (suite et fin). 701 Extraits des procès-verbaux des séances des Sections. 1" Section : Mammifères. — Séance du 1e mai 191. . . . . . ... . . . . . . . . . .. 707 … 2e Section : Ornithologie-aviculture. — Séance du ler maï 1911. . . . . . . . ... RAM CA PAENES 109 4 Section : Entomologie. — Séance du 8 mai 1911. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 714 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. PRIX: Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50 FRS RUE ns AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE | 383, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT DEUX FOIS PAR MOIS Le Déjeuner amical annuel, exclusivement réservé aux mem- res de la Société, aura lieu le 18 janvier prochain, à midi, au 3uffet de la Gare de Lyon. Prix du déjeuner, 10 fr. Les sommes des membres de la Société sont admises à ce déjeuner. Prière d'adresser, dès maintenant, les adhésions au Secréta- lat. Aucune adhésion ne sera acceptée après le 15 janvier. E 3 heures, visite des Jardins et Serres du Muséum. | D 5 EE D À DT 0 N se 7 + e Ve F 5 À DROMATS % AA 6 nn Pc 4 Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Memk res de la Sociét et les personnes qui désireraient l’entretenir qu’il se tient*a leur disposition, at siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heure SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRAN Fondée le 10 Février 1854 c Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1911! Président, M. Edmond Perrier, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). 1 Vice-Présidents. MAURICE DE VILMORIN, 13, quai d'Orsay, Paris. Comte de PonTertaNp, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 938, Paris. C. RAVERET-WATTEL, 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Lover, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le For, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Etranger) à H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). CrePiN, 82, rue de Grenelle, Paris (Séances). Ch. Desreurz, 5, rue de Châteaudun, Paris (/ntérieur). Trésorier, M.-le D' SeBILLOTTE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. CAUCURTE, 54, rue de Clichy, Paris. Membres du Conseil MM. D’ LePrinee, 62, rue de la Tour, Paris. MarLLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. D: E. TrougssarT, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Pb. de Virmorix, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Qise. - NT LEcoxTe, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris, Le MYRE DE Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. Comte d'Orrevize, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. Wurriox, 7, rue Théophile-Gautier, Neuiliy-sur-Seine. | ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris DÉ3:RDIN, 93, rue Claude-Lorrain, Paris. A] MaGauD D'AuBussoN, 18, rue Erlanger, Paris. D' P. Marcæar, Professeur à l’Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologiqu he de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. : LICE à #2 Dates des Séances du Conseil et des Sections 4 *_ POUR L'ANNÉE 1911 = lanvier | Février | Mars Lil Mai | Novembre | Décembre é SÉAncEs Du Conseiz, le Mardi à 5 heures.| 40 14 15 11 PRE 44 12 À 1re SECTION. — Mammifères, le lundi à B'hentess_ 1 us SAIS 9 6 6 3 1 6 4 2 2* Section. — Ornithologie, le lundi ge à 9H AR 2 ME AU ETTRE 9 6 6 3 1 6 4 - 3° SECTION. — Aquiculture (1), le lundi ÿ à 5 heures 11/1 NT LOU MN TN CAS 15 13 10 8 43 11 8 4° SEcTION. — Enlomologie, le lundi x a 3 RAA ENS E URL , AVS MT 13 13 10 8 13 11 2 ; 5° SECTION. — Bolanigue, le lundi à 3h 2 ES OR an 23 20 20 24 15 20 18 6° Secrion. — Colorusation, le lundi À 2.5 hours 2.2 OPEN 20 20 24 15 20 18 É Sous-Secriox d'Etudes Caprines, le ven- AP dredi à 5 heures . . . . . . . . .| 927 : 24 24 21 26 24 22 , À t (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. ; NOTA. — Les membres de la Société qui désirent assister aux séance . des Sections, recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels de À séances. le. D A ARABE A PA SP me À + EU es > re MISITE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION AUX COLLECTIONS DENDROLOGIQUES DE M. H. MOREL (1) A AUTEUIL (OISE) Par L. PARDÉ Inspecteur des Eaux et Forêts. Le 26 septembre dernier, j'avais le plaisir de me retrouver à la Villa des Cyclamens, à Auteuil (Oise), avec la plupart des membres de la Sociélé nalionale d’Acclimatation que j'y avais rencontrés le 12 juillet 1902, lors de la première visite de cette Société aux collections dendrologiques de M. H. Morel. Dans le compte rendu que j'ai donné, dans ce Bulletin, de l’excursion de 1902, j'ai énuméré les essences feuillues et rési- neuses qui ont été introduites par M. Morel dans sa propriété d'Auteuil. Je puis donc me borner aujourd’hui à faire connaître core- ment se sont comportés, depuis cette époque, les arbres qui existaient en 1902, les changements survenus dans leur état, ainsi que les additions faites aux anciennes collections. Malgré les soins qui leur ont été constamment donnés de la facon la plus intelligente, quelques exemplaires, heureusement peu nombreux, sont morts ou fortement dépérissants; cela était inévitable, surtout après la sécheresse exceptionnelle de l'été dernier. Je citerai notamment : un Abies Veulchi Carr. qui avait com- mencé à fructifier; deux Abies subalpina Engelm. et un assez arand Abies concolor Lindi. et Gord., tous quatre en assez mauvais état ;, un Picea ajanensis Fisch. très dépérissant; un jeune Larix leptolepis Murr. presque sec; un Pinus monophylla Torr. et Frem. qui a perdu toutes ses branches basses; plu- sieurs lhuya; quelques Chamaæcyparis et divers Juniperus; en outre, le magnifique Abies Pinsapo Bass. situé devant la maison d’habitalion me semble assez malade. Quelques arbres d'intérêt secondaire ont dû être exploités pour dégager des sujets plus précieux. Quelques-uns ont été enlevés ou élagués pour permettre à un Parrotia persica (1) Les photographies qui accompagnent cette note ont été aimablement exécutées par M. Hue. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. : 1911. — %4 nt 686 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION C. A. Mev, de recevoir plus d'air et de lumière; un très gros Marroonier qui génait le développement d'un Cercidiphyllum Japonicum S. et Z. a été sacrifié; un Cephalotazus a été arraché pour dégager un Abies nobilis Lindl.; un Aïlante qui nuisait à tout son entourage a été exploité... De pareils sacrifices sont trés pénibles, mais absolument nécessaires. A part ces quelques disparitions et réalisations, tous les arbres cités dans mon compte rendu de 1902 sont encore surpied. Certes, plusieurs ont été déplacés pour desserrer leurs woi- sins et recevoir eux-mêmes plus d'espace. M. Morel excelle dans ce genre d'opération. Il réussit à transporter à des dis- iances assez grandes, et sans qu'ils en souffrent, des exem- plaires déjà àgés et mesurant plusieurs mêtres de hauteur. Son | procédé consiste à ouvrir de larges tranchées dans lesquelles les arbres, dont les racines ont été soigneusement enveloppées en moltes avec la terre qui les contient, sont poussés Len 13 place nouvelle qu'ils doivent occuper. Mais, les excursionnistes de 1902 ont pu revoir, en 1911, à leur ancien ou dans leur nouvel emplacement, le plus sou- vent considérablement accrus en grosseur et en hauteur, la plupart des arbres qui avaient attiré leur attention, il y à près de dix ans. : L’exemplaire de Podocarpus andina Pœpp. (Prumnopitys ele- gans Philippi) s'est maintenu en très bon état; il est prouvé que ce représentant du genre Podocarpus est rustique sous le | climat de Paris. Les Cephalotazus fructifient régulièrement ; cela m'a permis À d'étudier la maturation de leurs fruits, qui s'opère non pas en | uu an, comme on l'a souvent écrit, mais en deux ans; leur développement, à la vérité, est presque nul durant la premiére année. Tsuga canadensis Carr. continue à bien venir à Auteuil. Un Abies sachalinensis Mast. s’est fortement accru en hauteur et il est permis d’espérer qu'il fructifiera bientôt; cela serait intéressant, car, jusqu'à présent, je n'ai observé de cette essence, en Europe, que des cônes mal formés qui se sont pro- duits aux Barres, en 1909. Abies homolepis S. et Z et À. nobilis Lindl. ont commencé à fructifier à la Villa des Cyclamens. Un exemplaire du véritable À bies amabilis Forbes est Len de forme et de végétation. ul COLLECTIONS DENDROLOGIQUES DE M. H. MOREL 687, Picea Morinda Lk. continue à se bien porter à Auteuil : le sujet, situé dans le pare attenant à la maison d'habitation, constitue un arbre du plus bel effet décoratif; cette essence produit régulièrement des cônes. Picea polta Carr. continue à croître vigoureusement. Picea ajanensis Fisch. a commencé à fructifier. Picea omorika Pancie aflirme à Auteuil, comme partout ailleurs en France, une ruslicilé et une croissance très satis-. faisantes. Picea sitchensis Trautr. et Mey. fait preuve des mêmes | qualités. Le très ornemental Larix europæa DC., var. pendula, a été encore très admiré, celte année, par les excursionnistes. Le colossal Cedrus Libani Barr. situé près de la maison d’ha- bitation, le magnifique C. atlantica Manetti, aux riches teintes glauques, de l’île des Pleurs, et le robuste C. Deodara Loud., du parc, se sont maintenus en parfait état. L'exemplaire, par moi déterminé, du rare Pinus Coulleri Don est devenu un arbre superbe (fig. 1) qui produit main- tenant, chaque année, des cônes énormes, dont l’apparition est venue confirmer ma détermination; je lui ai consacré un article dans ce Bulletin, c’est certainement un des sujets les plus remarquables parmi tous ceux qui existent à la Villa des Cyclamens. Au contraire, les Pinus excelsa Wall. sont mal venants et même malades. Le très bel Araucaria imbricala Pav., situé dans le parc atte- nant à la maison d'habitation, est resté très vigoureux et a pris un grand développement ; malheureusement, il n’a plus fleuri. Le très curieux exemplaire de la variété pendula du Sequoia gigantea Torr., dans l’île, s’est encore accru en hauteur, for- mant une gigantesque colonne de verdure qui s'incline au sommet (fig. 2). … Taxodium distichum Rich. fructifie presque tous les ans. Cryptomeria japonica Don et sa variété Lobbu se sont con- servés en très bon état. Le Thuyopsis dobabrata S. el Z., situé non loin de la maison d'habitation, démontre la valeur ornementale de cette belle essence. Thuya Standishi Carr. s’est beaucoup développé; il fructifie maintenant chaque année. 688 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Thuya gigantea Nutt., T. occidentalis L., Biota orientalis Enél., Libocedrus decurrens Torr., Chamæcyparis Lawsoniana Parl., C.nutkænsis Spach, C. obtusa S. et Z. et C. pisifera S. et Z., ainsi que plusieurs variétés de ces espèces, sont encore re- présentés par de très beaux exemplaires, abondamment fertiles. Cupressus macrocarpa Hartw. a très bien résisté aux hivers de ces années dernières ; il fructifie régulièrement. Fic. 1. — Pinus Coulleri. La plupart des Juniperus ont élé conservés en bon état, notamment dans l'ile des Pleurs, où un sujet, rappelant beau- coup le Genévrier commun, mais à fruils luisants et plus gros, pourrait être le véritable J. rigida S. et Z. Parmi les essences feuillues, Cercidiphyllum japonicum S. et Z., convenablement dégagé, a pris assez lentement, du reste, un plus grand développement, bien qu'il ait fortement souffert de la sécheresse de l'été dernier. Parrotia persica C. À. Mey., également dégagé, est resté très bien venant, mais montre toujours une croissance excessive- ment lente. COLLECTIONS DENDROLOGIQUES DE M. H. MOREL 689 Xanthozylum planispinum S. et Z., Phellodendron japonicum Maxim., Cedrela sinensis À. Juss., Zdesia polycarpa Maxim., Gymnocladus canadensis Lmk., Gleditschia lriacanthos L., Sophora japonica L., Acer dasycarpum Ehrb. et A. saccharinum Wangh., Fraxinus americana L. et F. Maries Hook... se sont maintenus en bon état. Je signalerai encore un très bel exemplaire de l’Azara micro- Cedrus Sequoia Ulmus Cedrus Cedrus Libani. pendula. pendula. atlantica deodara: argenteas Fi. 2. phylla Hook. f., un Magnolia stellata Maxim. fleurissant régu- lièrement, un fort sujet d'un Pommier japonais qui se couvre, chaque année, de fruits blétissant à l'automne, enfin, une très curieuse variété à feuilles recourbées en forme d'anneaux, du Laurocerasus officinalis Rœm. Tels sont acluellement, parmi les plus intéressants, les. arbres qui existaient déjà, en 1902, dans les jardins de la Villa des Cyclamens. Mais, depuis cette époque, M. Morel a enrichi ses collections d'un assez grand nombre de sujets d’essences feuillues et rési- 690 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION neuses, qu'il a installés dans une prairie comprise entre la partie anciennement plantée, autour de l’île et les lignes de Pommiers. Je citerai notamment, parmi les espèces feuillues : Sophora japonica L. var. pendula, Cladrastis tinctoria Rafin., Acer Miyabei Maxim., plusieurs nouveaux Viburnum et de nom- breux arbrisseaux d'ornement, et, parmi les essences rési- neuses : des Z'orreya, des Cephalotaxus, des variétés de Taxus, Tsuga Mertensiana Carr., Abies balsamea Mill., A. con- color Lindi. et Gard et À. grandis Lindl., plusieurs variétés du Picea exrelsa Lk., Larix leptolepis Murr. et Z. americana Michx., des Pinus Laricio et P. montana de diverses races, Pinus parviflora S. et Z., quelques variétés du P. Strobus L., ‘Sequoia sempervirens Endl., Thuyopsis dolabrala S. et Z. var. dlætevirens, de nombreuses variétés des Thuya occidentalis L. et 7. gigantea Mutt., Biota orientalis Endl., Chamæcyparis Lawsoniana Parl., C. sphæroidea Spach., C. obtusa S. et Z. et C. pisifera S. et Z., Cupressus sempervirens L. et C. arizonica Greene, plusieurs variétés des Juniperus virginiana L. et J. chinensis L... Ces nouveaux plants sont encore jeunes et beaucoup ont plus ou moins souffert de la sécheresse de l'été dernier. Mais ils complètent les anciennes collections et, dès maintenant, ils sont intéressants à observer. Comme en 1902, M"° et M. Morel firent à leurs collègues de la Société nationale d’Acclimatalion la plus cordiale réception. Dans le toast très spirituel qu'il porta, vers la fin du déjeuner, aux aimables propriétaires de la Villa des Cyclamens, M. De- breuil, après avoir rappelé la réunion de 1902 et posé le prin- cipe d'une nouvelle visite de la Société à Auteuil, dans une dizaine d'années, exprima le vœu de voir M"e et M. Morel con- tinuer à rester aussi verts que les Conifères de leur domaine. Et, certes, grâce aux soins qui ne cesseront d’être donnés, on peut être assuré de retrouver, dans dix ans, presque tous les arbres qui existent actuellement, et on doit espérer que l’in- troduction de nouvelles espèces viendra encore augmenter l'intérêt de la visite annoncée. ACCLIMATATION, ÉLEVAGE ET PARASITISME IMPORTANCE DE L'EXAMEN MICROSCOPIQUE DES DÉJECTIONS Par E. BRUMPT Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. (Suite) (1). L'importance d’un diagnostic qui peut être aussi précis n’échappera à personne, car il permet d'établir ur pronostic certain et de traiter les animaux de façon différente suivant que les parasites siègent dans le gros intestin ou dans l'intestin grêle. Dans le premier cas, les médicaments pourront être employés en lavement (2); dans le second cas, ils devront être donnés par en haut, avec bien peu de chances de succès sur- tout chez les Ruminants, chez lesquels les médicaments vont se perdre dans la panse. Numération des œufs. Terhnique. — S'il est important de savoir reconnaître la nature des œufs trouvés dans les déjec- tions, il est encore plus utile de connaître le rapport entre le nombre d'œufs trouvés et le nombre des divers parasites vivant chez l'animal étudié. Certains Vers pondent peu; ils pourront pulluler dans l’in- testin ou le foie et montrer seulement quelques œufs dans une préparation de matières fécales. C’est le cas, par exemple, de la petite Douve et des espèces voisines du Strongle filicol (3). 1) Voy. Bull. du 127 novembre 1911. 2) En septembre 1909, le professeur P. Bar a eu presque tous les agneaux d'un élevage de sa ferme de Beauval (Seine-et-Marne) atteints par une strongylose localisée au côlon et provoqrée par le Sclérostome hypostome. Ce Ver se trouvait an nombre de plusieurs centaines chez chaque animal atteint. Grâce à la grande amabilité du professeur P. Bar et au concours zélé du Dr Joyeux, nous avons pu enrayer la mortalité par des lavements de thymol finement pulvérisé, en suspension dans l’eau, à la dose de 1 gramme par à kilogrammes d'animal. Les Vers adultes morts se trouvaient en abondance dans les déjections, et l'examen microsco- pique permit de prendre des mesures prophylactiques efficaces. (3) Parmi les Strongles qui éliminent peu d'œufs, je puis citer l'espèce qui vit dans l’estomac du Mara (Dolicholes patagonicus) et que je viens de pouvoir étudier grâce à l’obligeancs de notre collègue M. Pierre- Amédée Pichot. Le Strongle du Mara (Graphidium affine) cause des bles- sures nombreuses sur les parois de l'estomac. Chez un Mara mort acci- dentellement, qui hébergeait 1.220 Vers adultes et environ 200 Vers 692 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION D'autres parasites pondent beaucoup; l’autopsie pourra en déceler un, deux ou trois, et leurs œufs pourront se rencontrer en nombre immense : c'est le cas du Bothriocéphale, des Asca- rides, etc. Le pronostic d'une affection parasitaire ne peut donc être porté que d’après le nombre relatif et la nature des œufs ren- contrés. Comment doit-on procéder pour calculer le nombre d'œufs renfermés dans un gramme de déjections (1). Voici le procédé que nous employons couramment et qui nous donne des résultats très comparables les uns avec les autres : LQ On pèse 5 grammes de matières à analyser, on les dilue dans un verre avec 10 à 20 centimètres cubes d’eau suivant la nature des déjections. Quand le mélange est bien homogène, on le passe sur un tamis ou une passoire dont les mailles ne doivent pas dépasser un millimètre de diamètre; le résidu exprimé qui reste sur le filtre est traité encore deux fois de la même facon avec de l’eau. En réunissant le produit passé des trois opérations, on obtient un liquide qu’on doit laisser immatures, on ne rencontrait que huit œufs en moyenne par lamelle de 32 millimètres sur 22 millimètres. Au sujet de l'acclimatation du Mara, je crois utile de donner communication d’un extrait de la lettre que je recevais de M. Pichot, le 24 février dernier : « J'ai déjà constaté plusieurs fois la présence de gros paquets de Stron- gles dans l’estomac de quelques-uns de ces animaux, qui sont morts chez moi, et je crois bien comme vous que ces parasites seront un grand obstacle à l’acclimatation de ces Rongeurs. Je possède des Maras depuis 1890 et j'en ai élevé plus d'une centaine, mais depuis trois ou quatre ans la reproduction est devenue presque nulle et cela pourrait bien provenir d'une altération de santé causée par la présence de ces Entozoaires. La difficulté est de les combattre chez des animaux en quasi-liberté qui finiront sans doute par infecter d'une facon irrémédiable le parc de deux à trois hectares où jusqu'ici les Maras ont assez bien vécu. » (4) Pour être plus précis, on devrait calculer non pas le nombre d'œufs par gramme, mais le nombre d'œufs éliminés dans les déjections de vinst-quatre heures. Ce procédé éviterait les fluctuations dans les chiffres obtenus d’un jour à l'autre pour 1 gramme de matières. Ce gramme peut être plus ou moins riche en œufs, suivant que l'animal a des selles peu abondantes ou copieuses en rapport avec son alimentation. D’ailleurs, si le nombre des œufs varie, le rapport entre les œufs de plusieurs espèces reste à peu près constant. Le calcul des œufs par vingt-quatre heures permet également, en sacrifiant ensuite l'animal, de calculer combien chaque espèce de para- site peut pondre d'œufs dans une journée. + er ACCLIMATATION, ÉLEVAGE ET PARASITISME 693 déposer de douze à vingt-quatre heures. L’addition d’un ving- tième de formol pur empêche les fermentations, décolore la substance verte des déjections et facilite les recherches. Quand le dépôt s’est formé au fond du verre, on décante et on pèse le résidu. Supposons que ce résidu pèse 20 grammes. Chaque gramme de déjection est doncreprésenté par 4 grammes de dilution. On examine alors combien il faut de gouttes de cette dilution, bien agitée, pour faire 1 gramme. Suivant le diamètre du compte-gouttes, on obtient de 20 à 30 gouttes. Il ne reste plus qu’à examiner entre lame et lamelle une ou deux gouttes de la solution et à compter les diverses espèces d'œufs. On obtient, par exemple, chez un Mouton cachectique, pour deux gouttes de dilution donnant 20 gouttes au gramme, les chiffres suivants : EmbayonsidenStronele-roussatre RE UN EN 20 — denStronoleMnlaire CRC ETC 4 DEMISRTeRSETONONeSNICOIEE EEE 2 — de Strongle de l'intestin grêle (sauf St. filicol) . . 15 —. 06 SRMAINTIE à 510 ON MEN MEN ENE 100 —. de Cranle Done EME ENONCE NC l TT UERBELITe D'OUVE RS EE Cr CU 1 Te RRICHOCÉPRAle EN A NN DONC 2 0 Je SClÉTOS(OME DYPOSTOMELN M NN 20 En faisant un calcul très simple : 4 gr. de dilution X 20 gouttes au gr. — 40, 2 gouttes par lamelle on voit qu'il faut multiplier tous les chiffres obtenus ci-dessus par 40 pour avoir le nombre d'œufs dans un gramme de ma- tières fécales. C'est-à-dire que ce Mouton présentait par gramme : Embryons de Strongle roussâtre. . . . . . . . . . . 800 — delSironcle filaire. "17 NCA UNE 160 Cuis de Srondlo MEDAL EME NE CNET OMARCNE 80 — de Strongle de l'intestin grêle (sauf St. filicol) . 600 de Stroneyloide 2 Ne le UE 4.000 de Grandes Douvers 0 ce LOC ne 160 —rdenPetite DOUVE. 42 ce NC CCE C ee 40 DC RETIChOCEphale LANCE EEE 80 — de Sclérostome hypostome . . . . . . . . . . 800 Ces chiffres indiquent, d’après les calculs que nous avons 69% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION faits (1), un nombre de parasites assez considérable. Ce Mouton devait présenter à la surface de son poumon un certain nombre de nodules de broncho-pneumonie vermineuse; il devait héberger dans son intestin de 500 à 1.000 Strongles filicols, de 150 à 200 Uncinaires ou, à leur place, des milliers de petits Strongles ou d'Ostertagies, ou encore une association de ces parasites, un nombre incalculable de Strongyloïdes adultes, environ 20 Grandes Douves et 500 Petites Douves dans les canaux biliaires, de 5 à 6 Trichocéphales FRuS le cæcum et environ 75 Sclérostomes dans le côlon. En admettant que ce Mouton élimine environ 1.000 grammes de déjection par jour, ce qui est un chiffre moyen pour un animal au régime sec, nous chtiendrons les chiffres suivants pour les œufs éliminés en vingt-quatre heures : Embryon de Strongle roussätre . . . . . . . . 800.000 Embryons de Strongle filaire" 160.000 OEufs de Strongle filicol … - ; 80.000 — des autres Strongles de Dates grêle e 600.000 Je SINONSVIONES PNR . . 4.000.000 10e Grande OUVERTS Re 160.000 0e PELLE DOUVE ERP ERPERE D rÉRE 40.000 de Lrichocéphale su". TANT E RU ES 80.000 de SclérostomenNypoStoME TENTE 800.000 Or, chacun de ces œufs ou embryons peut donner au moins un animal adulte de la même espèce, parfois bien davantage : c’est ainsi que les Strongyloïdes se multiplient dans le milieu exlérieur et peuvent donner des centaines de larves capables de donner autant d'adultes quand elles sont ingérées; c’est ainsi qu'un œuf de Grande Douve peut donner chez la Limnea truncatula environ 1.000 Cercaires, pouvant chacune donner une Douve adulte. En prenant comme exemple le Mouton 543 pris au hasard dans mon cahier d'expériences, nous voyons que cet animal provenant du Berri, saisi pour maigreur le 26 janvier, et infesté depuis environ trois mois, présentait dans son foie (1) Je tiens à remercier un élève du Laboratoire de Parasitologie, M. Cauchemez, véterinaire sanitaire de la Seine, qui m'a grandement facilité ce travail en me fournissant, avec une grande complaisance, des animaux vivants et des viscères d'animaux abattus, et sans l'aide duquel j'aurais difficilement mené à bien ces recherches. ACCLIMATATION, ÉLEVAGE ET PARASITISME 695 300 Grandes Douves adultes et 500 Petites Douves adultes éga- lement. 1 gramme de déjection de ce Mouton renfermait : OUI deRGrANTER DOUTE NN NN MANN NE 2.128 ATEN PETITEUD OUEN AN AIME CE MENENNT Alt 38 te Stronslende lintestin préle- MN NN 684 Embryon de Strongle roussâtre,. . . . . . . . . . . 284 En admettant une moyenne de 1.000 grammes de déjection par Jour, ce qui est un minimum, nous verrons que ce Mouton pouvait rejeter par vingt-quatre heures sur le sol : DENISE TANT DOUTE EME MEME ER AE NNERE 2.128.000 HR TOMBER DOVE Sr sen nee 38000 — de Strongles de l'intestin grêle . . . . . . 684.000 Embryon de Strongles roussâtre . . . . . . . . . 284.000 Comme chaque œuf de Grande Douve peut donner dans des conditions favorables, d’après Thomas, 1.000 Cercaires et que chacune de celles-ci peut donner une Douve; comme, d’autre part, il suffit d'un maximum de 300 Grandes Douves pour faire périr un Mouton adulte, il nous est facile de voir que par jour , 9 grammes, 10 grammes, avec 100 centimètres cubes de solution de créosote de houille à 1 p.100; enfin, 20 grammes. Du 19 au 30 janvier, il prend environ 4 grammes de sulfate de cuivre. Le 1° février, il recoit dans la veine jugulaire (1) L'émétique de potasse, injecté dans les veines, a été signalé par Davaine comme ayant guéri une femme plongée dans le coma et présen- tant des Ascarides. L’émétique d'aniline aurait, d’après Thiroux, provoqué une diminution notable des Microfilaires dans le sang d'un nègre atteint de maladie du sommeil. J'avais pensé que ces médicaments, faciles à inoculer dans les veines, seraient capables de tuer des parasites du poumon ou du foie, mon espoir a élé décu. Même à la dose mort-lle chez des Lapins parasités par des Oxyures, je n'ai pu faire évacuer que quel- ques centaines de Vers et il en restait des milliers parfaitement vivants dans le ccum. Il serait bon néanmoins d’essayer ce médicament dans le traitement des bilharzioses humaines et animales. La ACCLIMATATION, ÉLEVAGE ET PARASITISME 699 15 centigrammes d’émétique d’aniline, le 2 février, 24 centi- grammes de la même substance. Cette dernière médication lui est fatale et l'animal, refusant de manger, est sacrifié le 1 février. Les œufs de parasites dans les déjections sont aussi nombreux qu'au début; seuls ceux de Strongle filicol semblent avoir disparu ainsi que les parasites du côlon qui ont été éli- minés facilement par un lavement de 9 grammes de thymol dans 1 litre 1/2 d'eau. Le traitement par le thymol a été utilisé par M. et Me René Caucurte sur leurs belles Chèvres exotiques décimées par des strongyloses diverses. Dans tous les cas, le thymol a été efficace en lavements et de nombreux Vers (Sclérostomes hypostomes) ont pu être évacués; par contre, ce même médicament n’a donné aucun résultat par la voie buccale, sauf peut-être pour les Strongles filicols, qui n'ont plus été observés dans les déjec- tions alors qu'ils existaient avant chez un certain nombre de Chèvres. c) Un lot de quatre Agneaux d'environ six mois est traité avec des médicaments que les animaux peuvent absorber spon- tanément. Les substances thérapeutiques ont ainsi plus de chances de passer dans l'intestin grêle. Un Agneau (B. 12) ayant par lamelle de 32 millimètres sur 22 millimètres, 116 œufs de Slrongles de l'intestin grêle et 13 œufs de Trichocéphales, boit spontanément du 26 février au 19 mars de 2 litres à 3 litres par jour d’une solution de sulfate de cuivre à 1 p. 1.000. Il a donc absorbé en vingt et un jours 52 grammes environ de sulfate de cuivre. Pendant le traitement il a engraissé de 2.750 grammes en trerte jours; l'examen de ses déjections montre une réduction notable des œufs : 36 œufs de Strongles et 1 œuf de Trichocéphale (1). Un autre Agneau (B. 13), soumis au même régime et vivant avec le premier, a absorbé également environ 52 grammes de sulfate de cuivre; quoique plus anémié que le précédent, il a augmenté de 2 kil. 500 en trente jours; par contre, le nombre des œufs de Strongles a doublé pendant le traitement, ce qui indique vraisemblablement que beaucoup de Strongles n'étaient pas adultes quand le traitement a été commencé et que le sulfate de cuivre n’a pas empêché leur développement. (4) Tous les animaux sont nourris de foin et de regain de luzerne et de son mélangé à de l’avoine concassee. 700 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Les Agneaux (B. 14 et B. 15) sont au régime de la créosote de houille. Du 26 février au 4 mars, ils boivent de 2 à 3 litres par jour d’une solution à 3 p. 1.000; du 4 au 14 mars, cette so- lution monte à 5 p. 1.000 et du 14 au 22 mars la solution est à 10 p. 1.000. Les animaux burent facilement même cette der- nière solution. L'Agneau B. 14 a augmenté de 4 kil. 200 en trente jours et semble avoir profité du traitement, ses œufs de Strongles ayant passé de 23 à 8; par contre, l'Agneau B. 15 qui à augmenté de 3 kilogrammes en trente jours est passé de 24 œufs à 31 œufs par lamelle. Le résultat obtenu semble done nul. Un cinquième Agneau du même lot a recu du 27 février au 4 mars lès doses suivantes d'extrait éthéré de Fougère mâle, récemment préparé, mélangées à des doses quadruples d'huile blanche : 5, 6, 7,8, 9, 10 grammes. Soit en tout 44 grammes de Fougère mâle et 200 grammes d'huile. Cet animal a bien supporté le traitement, et du poids de 2% kil. 300 il est passé à celui de 28 kilogrammes, engraissant en un mois de 3 kil. 700. L'examen des déjections montre que les œufs, qui étaient au nombre de 14 par lamelle, sont encore au nombre de 12, ce qui signifie que l’action thérapeutique a été nulle. Je n'ai pas essayé les anciens traitements (huile de Chabert, essence de thérébentine, etc.), qui ont été classés comme inactifs ou dangereux par presque tous les auteurs classiques. Les résultats des diverses expériences que j'ai entreprises pour le traitement des strongyloses de l'estomac et de l’intes- tin grêle et de la distomatose des Ruminants me permettent de dire qu'il n'existe à l’heure actuelle aucun traitement cura- tif efficace pour ces affections. En supposant même que les médicaments préconisés puissent avoir une action efficace à la longue, le prix du traitement serait si élevé qu'il cesserait d’être utilisable dans les conditions habituelles. C'est devant cette faillite de la thérapeutique curative que nous devons porter tous nos efforts vers la thérapeutique pré- ventive et surtout vers la prophylaxie. (A suivre). LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES AUTRES QUE LE CHAMPIGNON DE COUCHE Par J. GÉRÔME. (Suite el fin) (1). Agaricinées à spores brun pourpre ou violet foncé. PsaLriora. — Dans ce genre, le pied est muni d'un anneawm et facile à séparer du chapeau; les feuillets sont libres, n’ar— rivent pas jusqu'au pied. Deux espèces, P. arvensis (Boule-de- Neige), et P. campestris (Champignon de couche), ont une- importance exceptionnelle et sont tellement connues qu'il n’est pas besoin d insister beaucoup sur elles. Il suffit de- signaler que la chair reste blanche quand on la coupe et que: l'anneau présente en dessous un rebord qui constitue un second: anneau, landis que la chair devient rosée à l'air et que l’an— neau est simple dans P. camgestris. Une troisième espèce. P. sylvalica, croissant dans les bois à l'automne, a quelque- ressemblance avec le Champignon de couche, mais celui-ci & le pied plein, tandis quil est creux dans P. sylvatica. Le P. campestris est le seul Champignon dont on ait pu faire- Ja culture en grand. Agaricinées à spores noires. CopriNus. — Champignons de très courte durée, dont les feuillets se réduisent en eau et devenant noirs à la fin. Le C. comatus est l'espèce la plus intéressante, mais il doit être consommé avant que le chapeau ne s'ouvre, quand les feuillets sont encore roses; il est très parfumé et peut être faci- lement utilisé l'hiver, pour assaisonnement, cuit et conservé: dans du beurre fondu. Il présente un anneau mobile, une volve; le chapeau est blanc, rose au bord, son épiderme est lacéré. Le C. atramentarius est moins estimé; l'anneau est peu appa— rent à la base du pied; le chapeau porte au sommet de petites écailles brunes. (4) Voy. Bull. du 15 octobre et du 1° novembre 1911. BULL, SOC, NAT. ACCL. FR. 1911. — 45 702 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION POLYPORÉES. Pozyrorus. — Champignons poussant sur le bois, rarement à terre, avec un pied central, parfois latéral, ou sans pied. Les tubes constituent une couche distincte de la chair du chapeau, mais ne se séparant pas facilement entre eux. Trois espèces terrestres sont à signaler : P. ovinus, à pied simple, central ou légèrement excentrique, blanc et glabre, chapeau blanc, puis ocracé päle et présentant à sa surface des auréoles brunes; commun dans les forêts ombragées humides; chair blanche, puis jaune pâle, et d'odeur agréable. P. scobinaceus (P. Pes-Capræ), la Frouotte; pied latéral, blanc au sommet, brunèlre ou jaune à la base; chapeau très écailleux, entièrement brun foncé (le nom vulgaire Grouotte signifie foie, sans doute par allusion à la couleur brune du chapeau). P. leucomelas, du même groupe que le précédent, à pied roux, chapeau brun-noirâtre. Deux espèces, se développant sur les vieilles souches et des plus intéressantes à signaler, sont surtout P. frondosus et P. umbellatus. Dans le P. frondosus (Poule des bois, Gelinotte, Couvrosse), le pied épais, blanc, est ramifié; le chapeau latéral prolongeant le pied est de couleur gris foncé, la chair blanche à odeur de farine. Cetle espèce est très abondante, l'été et l'automne, sur les souches de bois feuillus; Dans le P. umbellalus (Fraise de veau, Ventre de vache), les chapeaux, gris-orangé, sont ronds, perpendiculaires aux pieds, lesquels sont élancés, minces, lrès rameux, blan- châlres. Cette espèce, à chair blanche et agréable odeur de farine, est très abondante sur les souches dans la région calcaire des Vosges; elle est très eslimée à Neufchâteau, où on la connaît sous le nom de Chanal; elle est vendue sur les marchés de Vienne sous les noms d’£ichhase. De nombreuses aulres espèces de Polypores sont com- munes, mais n'ont d'intérêt que comme Amadouviers. Borxrus. — Champignons charnus, à pied central; les tubes se séparent facilement du chapeau; ils poussent sur le sol, et pourrissent rapidement. | LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES 703 Ce genre renferme des espèces comestibles qui sont parmi les meilleures, et d’autres éminemment vénéneuses. Les meilleures espèces comestibles sont : PB. luteus; pied jaunâtre, présentant un anneau brun, parfois violacé, chapeau non écailleux, brun-rougeâtre; chair blanchâtre, tubes jaunes; très commun dans les bois de Pins. B. edulis (Cèpe, Polonais), pied sans anneau, renflé à la base, brun clair, pores blancs, chapeau brunâtre, chair molle; changeant à peine de couleur quand on la casse, rougeâtre sous l’épiderme. C’est une des rares espèces vendues aux Halles de Paris. = B. æreus. Bolet bronzé, Cèpe à tête noire, Gendarme noir, est une espèce très voisine du Cèpe, mais le chapeau est bronzé, presque noir, le pied est jaune d’ocre, la chair ferme; c’est le meilleur des Bolets; dans les Vosges, se rencontre surtout sur les terrains jurassiques. B. scaber. Bolet rude; pied grêle rempli d’une moelle spon- gieuse, puis creux, brun clair, hérissé de petites écailles noires; chapeau brun ou roux, se ridant puis se gercant; pores bianes- grisâtres, chair blanche. Commun en été et automne, partout, bord des bois. Ne pas consommer le pied. On pourrait encore ajouter les P. versipellis (B. changeant) commun dans les bois de Conifères, et 2. duriusculus, lequel est moucheté de flocons granuleux noirs, et dont la chair dure rougit à l'air. Les espèces vénéneuses les plus importantes à connaitre sont les Z. felleus, cyanescens, satanas, luridus, purpureus, piperatus, etc. Dans 2. felleus, les tubes sont blanc incarnat, le chapeau jaune ou orangé, le pied de la même couleur, la chair blanche, puis incarnate, à saveur de fiel ; espèce très dangereuse; région des Hautes-Vosges. Le 2. cyanescens est très voisin du 2. scaber, mais la chair bleuit instantanément; le 2. satanas, de même que les deux espèces suivantes, a les pores rouges, les tubes ne se pro- longent pas sur le pied, lequel est très renflé à la base; cha- peau blanc-grisâtre ou brun clair; chair devenant bleue ou verte à la cassure, rougissant dans le pied; le £. luridus a le pied renflé, couieur d’ocre, le chapeau roux ou olivâtre, la chair jaune, puis verte ou bleue à l'air. Dans le 2. purpureus, 704 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION voisin du précédent, le chapeau est incarnat ou pourpre; la chair jaunätre bleuit à l'air. Dans le Z. piperatus, le chapeau est jaune ou rouge, avec ie pied de mème couleur el la chair poivrée: espèce très répandue partout. k FisTuzina. — Champignon charnu, à pied latéral ou nul, poussant sur les arbres ; les tubes sont libres et séparés entre eux. Ce genre n'est représenté chez nous que par une espèce, ; F. hepatica (Langue de bœuf, Foie de bœuf), reconnaissable facilement par un chapeau épais rouge ou roux foncé, à chair rougeàtre, succulente un peu aigreleite: elle croît sur les troncs d'arbres et surtout les souches de Chère. On l'utilise plutôt cru, en salade que cuit, et d'après Quelet. cette salade est plus eriginale que succulente. Uydnées. Hypxux. — Les Champignons appartenant à ce genre sont bien reconnaissables par les pointes qu'ils portent à leur face inférieure, au lieu de lames ou de tubes: ils sont ou charnus ou coriaces, terrestres ou lignicoles. Comme espèces charnues, signalons À. repandum et A. im- bricatum. La première espèce a le chapeau uni velouté, bosselé, de couleur rousse, le pied blanc-grisälre roux à la base, les aiguillons ne changent pas de couieur, blanchätres, la chair blanche, amère: est connu dans les Vosges sous le nom de Pied de mouton blanc, et de Brouquichon dans les Landes. La deuxième. connue sous les noms de Chevrette, Mouré, Pied de mouton noir, Pied de biche, Hvdne imbriquée, est très reconnaissable par son chapeau écailleux, imbriqué, brun foncé, convexe ou un peu déprimé,. le pied grisätre, et la chair us peu noirâtre: très commun en élé et automne, surtout dans les bois de Pins, bords des chemins sablonneux. Comme espèces coriaces, signalons Æ. “inereum, espèce à pied central brun clair ou orangé pâle, chapeau grisätre ou orangé pile, aiguillons blancs, puis gris, ne se délachant pas facile- ment; c’est un comestible fin et délicat: acquiert une odeur forte de réglisse par le dessiccation. 4. erinaceum, Houppe des arbres. Hérisson. Chèvres: c'est une espèce du genre Hydnum croissant sur les arbres, tuberculeux, à aiguillons très longs, pendants. le plus souvent simples, formant une masse de forme LES CHAMPIGNONS COMESTIBLES 709 variable; chair blanche. Espèce peu répandue, mais fort curieuse et comestible. CLAVARIÉES. SPARASSIS. — Champignons charnus terrestres, rameux, à rameaux foliacés, aplalis. Le S. crispa, Menotte plate, est remarquable par son aspect foliacé, ses très nombreux rameaux aplatis, blanchätres pous- sant en touffe et entrelacés, denlés au sommet; on en a cueilli des touffes pesant jusqu'à 8 kilogrammes. Croit au pied des Sapins dans les pays de montagne: dans la variété laminosa, les rameaux sont plus redressés, jaune paille, non dentés au sommet. CLAvARIA. — Champignons charnus, très ramifiés, de couleur variable, ou cylindriques, arrondis ou en massue. On ne récolte que des espèces rameuses et terrestres. C. coralloides, Barbe de bouc, Tripelle, Barbe de chèvre, Balai, etc., de couleur blanche ou grise; €. grisea et (’. cinerea (Menottes grises) et €. flava, Clavaire jaune, Menotte vraie. C’est l'espèce la plus estimée du genre; les autres sont un peu indigestes. THÉLÉPHORÉES. CRATERELLUS. — Le C. cornucopioides (Corne d'abondance, Trompette des morts), a la forme d'une coupe irrégulière en entonnoir; est peu estimée. Le C. claratus, Bonnet d'évêque, au chapeau épais en toupie tronquée jaunâtre, se vend couramment sur les marchés de Saint-Dié. DISCOMYCÈTES Peziza. — Les Pezizes ont la forme d'une coupe plus ou moins creuse, se développant sur le sol, et sont généralement comestibles; mais on ne recherche que celles qui ont une taille suffisante, elles se développent surtout au printemps, dans les endroits frais et ombragés. La plus intéressante est P. aceta- bulum P. en coupe; mais les P. leporina (Oreille de lièvre), P. aurantia :P. orangée) et P. coronata (la Tulipe, sont aussi 706 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION recherchées. Cette dernière s’est même vendue sur le marché de Saint-Dié sous le nom de Potot (petit pot), par allusion à sa forme. MorcuELLa. — Les Morilles ont un pied, et un chapeau creusé d’'alvéoles profondes. Toutes les espèces sont comes- tibles, et se distinguent par la forme du chapeau arrondi dans M. esculenta, conique dans M. conica et M. deliciosa. C'est le meilleur de tous les Champignons. Divers essais de culture ont élé tentés, sans beaucoup de succès. | HeLvELLA. — Ce genre se distingue des Morilles par son cha- peau lisse et découpé en lames minces, ondulées. Toutes les espèces sont comestibles. On consomme surtout Æ. crispa et H. lacunosa. {xyromitra. — Genre voisin des Morilles, mais le chapeau est creusé de sillons et non d’alvéoles. On utilise le G. esculenta (Morille noire du printemps), espèce commune au printemps sur les bords des chemins, les friches, les forêts de Conifères granitiques et sablon- neuses. Est recherché sur les marchés des Vosges sous le nom de Mouricaude, et mêlé avec les Morilles, qui y sont plus rares. TUBÉRACÉES. TuBER. — Ce genre est celui qui fournit le produit bien connu sous le nom de 7ruffe et qui fait la richesse de certains pays, Périgord par exemple. Il reste à examiner quels sont les essais de culture tentés pour obtenir la production des Champignons comestibles autres que le Champignon de couche et les résultats qu'ils ont donnés. Ceci fera l’objet d'une autre causerie. 0 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Ire SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 1° Mar 4911 Présidence de M. Frouessart, président. Au sujet d'une lettre de M"° Albric, lue à la séance du 8 jan- vier dernier par un de nos collègues, M. Ternier rappelle qu'il a eu plusieurs fois pour sa part l’occasion de constater la faci- lité avec laquelle les Loirs abandonnent la peau de leur queue, quand on veut les saisir par cet appendice. M. d'Hébrard de Saint-Sulpice signale à la section une maladie qu'il appelle « chancre de la mächoire » et qui fait des ravages dans son élevage de Kangourous. 11 semble qu'on ait affaire à de l’actinomycose. M. Magaud d’Aubusson présente des photographies remar- quables d'animaux domestiques du Brésil : Chevaux, Mulets, Bœufs, etc. Il présente également une photographie de deux lParesseux (Bradypus tetradactylus). Les deux sujets proviennent de la forêt de l'ile de Guaruja, près de Santos, État de Saint-Paul (Brésil). Ils appartiennent à M. Bucher, directeur de la Compa- gnie d'exploitation de Guaruja. M. Bucher cherche à modifier progressivement le régime alimentaire de ses Paresseux, com- posé normalement de feuilles et de bourgeons, afin de rendre ces animaux plus aptes à vivre dans les jardins zoologiques d'Europe. La Société zoologique de Londres a, paraît-il, offert une forte prime à celui qui pourrait amener un couple vivant d’Aïs en Angleterre, après avoir suffisamment modifié leur régime alimentaire pour qu'on puisse les conserver. - D'ailleurs, à plusieurs reprises, on a possédé des Aïs en Europe : le Jardin zoologique d'Amsterdam en à conservé un 708 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION pendant neuf ans. Ces animaux n’en sont pas moins fort rares dans les ménageries. M. Hubrecht a demandé, par l'intermédiaire de M. Caucurte, « (a) — Rs) es o (© Æ (#0) EL NE. À 750 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Pour les Boucs sans généalogie, le coefficient de la confor- mation sera portéjàl 3, afin de montrer qu'il y à indication d'améliorer la race dans ce sens. RACE PYRÉNÉENNE Les caractères distinctifs de la race des Pyrénées et de la race du Massif Central portent plus spécialement sur le poil et sur le pelage. Poil. — Long. brillant, soyeux. Mèches sur le front. Fis. 1. — Race des Pyrénées. 4. be di él LL à: dde de sa tt del étés Dh, Lt... 4 A ét SE he à sh x. LES RACES DE CHÈVRES Hoi Pelage. — Brun ou noir et parfois avec parties inférieures du corps de couleur claire ou entièrement blanc. Le tableau de pointage serait celui-ci : . NATURE DES CONSIDÉRANTS CHÈVRES BOUCS Hétes: 4 9 2 _Conformation. 2 2 Membres. 1 1 Peau et poils. ë il 2 Pelage . D) 2 Mamelles. RATE 9 » Oreanes sénitaux. 00.7". À » 1 RACE D’ANGORA A. — Chèvre. Tête. — Légère. Chanfrein droit. Front plat. Oreilles larges et lombantes. Cornes petites et rectilignes. b S Fic. 2. — Race d'Angora. ! Conformation générale. — Ensemble ramassé et trapu. Type réviligne. Poids moyen : 20-30 kilogrammes. Peau. — Souple. Pelage. — Blanc. Poil. — Très long, très fin et soyeux, disposé en mèches ré- ulièrement ondulées, par dessus un jarre court et dur. La 752 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION toison doit recouvrir tout le corps, cacher la partie supérieure des membres jusqu'au-dessous du genou et du jarret et s’avan- cer sur le haut de la têle pour entourer la base des cornes. B—Pouc. Les caractères généraux sont ceux de la Chèvre. Les caractères spéciaux sont relatifs : 1° Aux cornes qui seront longues, enroulées en spirale et rejetées en arrière dès leur naisssance, dans deux directions presque parallèles. 2° À l'absence d'odeur sexuelle. TABLEAUX DE !POINTAGE NATURE DES CONSIDÉRANTS CHÈVRES BOUCS Méteret (cornes Eee 2 2 Conformation générale . . 2 2 Membres et aplombs. 1 l Peau. STRESS dl 4 Pelage . - 4 1 Poil . 3 3 Les poils reçoivent un coefficient très élevé, en raison de l'intérêt qui s'attache à la possession de Chèvres d'Angora ayant un poil très fin, long et lustré. EXCURSIONS ORNITHOLOGIQUES SUR LES CÔTES DE BRETAGNE (Par MAGAUD D’AUBUSSON. (Suite et fin) (1). Pendant vingt-six ans, Dubuisson dirigea le Muséum de Nantes et y professa l'histoire naturelle. Lorsqu'il s'éteignit, en 1836, on lui donna comme successeur le célèbre explora- teur Frédéric Caillaud, qui, l’assistait comme directeur-adjoint depuis dix ans. On connait la vie aventureuse de Caillaud, voyageur, archéologue et naturaliste, continuateur des tra- vaux de l’Expédition d'Égypte, d'où il rapporta de précieux documents sur l'astronomie, la géographie, l'archéologie et l’histoire naturelle. Il mourut en 1869, et fut remplacé par Édouard Dufour, savant estimable, organisateur habile, qui aménagea le Muséum d'histoire naturelle tel que nous le voyons aujourd'hui. Depuis près de trente ans, notre éminent collègue M. le D' Louis Bureau est à la tête de cet établissement, qui lui doit son importance actuelle et l'estime dont il jouit dans le monde savant. Par son zèle, son dévouement de toutes les heures, son grand savoir, le D’ Bureau a su attirer à lui les sympathies des amateurs d'histoire naturelle, et des dons d'animaux, des col- lections entières sont venus enrichir le Muséum. En ce qui concerne l'ornithologie, les collections Blardin et Quiquandon ont constitué le premier fond, auquel s’est ajoutée la collection Jules Vian, et plus récemment l'admirable collection Bonjour ; et je ne parle pas des nombreux exemplaires et des belles séries d'Oiseaux que M. Bureau lui-même y a introduit avec une inépuisable libéralité. Aujourd’hui, c'est à Nantes quil faut aller pour étudier avec fruit la faune ornithologique francaise, et en premier lieu celle de la Bretagne. La collection régionale, installée dans une salle qui lui est spécialement consacrée, compte plus de 3.000 Oiseaux et 128 espèces d'œufs dont 85 avec les nids. Le sexe de chaque Oiseau a été déterminé avec un soin rigoureux, (1) Voir Bull. du 1x décembre 1911. 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION son âge approximatif, les particularités de son plumage, le lieu, la date de la capture, bien d’autres annotations précises, sont inscrits sous le pied qui le supporte. On pourrait presque rédiger un traité d'ornithologie française en copiant ces éti- quettes. On trouve des séries de plumage de tous les âges, des variétés accidentelles, on a pour chaque espèce, à plusieurs exemplaires, mâle, femeile et jeune. Une belle suite de Canards offre toutes les livrées, en y comprenant ce plumage intermé- diaire que le mâle revêt après la période de la reproduction et qui le fait ressembler pendant quelques semaines à la femelle. J'ai vu sous cette forme des Chipeaux, des Souchets, des Eiders. J'ai appris qu'un couple d'Eiders niche régulièrement, au mois de juin, sur un rocher que j'ai visité, mais dont je tairai le nom pour ne pas exciter les convoitises. M. Bureau pense que l'Eider niche aussi sur d’autres points de la Bretagne. Voilà, certes, une espèce à protéger, car il serait d’un grand intérêt qu'elle puisse prendre l’habitude de se reproduire sur nos côtes maritimes. Une longue rangée de Goélands nous montre, presque année par année, depuis la naissance, les modifications du plumage, ces Oiseaux ne se reproduisant que lorsqu'ils ont revêtu la complète livrée d’adulte ; des exemples d'Oiseaux en mue, etc. On pourrait tout citer, tant ces galeries sont suggestives pour l’ornithologiste. Si l’on passe à la collection générale, on trouve 6.000 Oiseaux et 600 espèces d'œufs, ces derniers provenant en grande partie de la collection Jules Vian (1). > Le 16 août, je vais chasser en Brière. La Grande-Brière, située près de Saint-Nazaire, non loin de l'entrée de l'estuaire de la Loire, est un golfe empli par les alluvions et les tourbes; la tourbière s’est accrue peu à peu par l'accumulation des plantes spongieuses sur un ancien fond marin occupé par les eaux douces. Des forêts y croissaient autrefois, lentement étouffées : les arbres se montrent encore parfaitement conservés sous la couche à demi-carbonisée des sphaignes. Ce vaste marais occupe une superticie de 20.000 hec- 1) Il n'entre pas dans mon sujet, purement ornithologique, de m'étendre sur les collections de mammifères, d'insectes, de mollusques, de bota- nique, de minéralogie, qui offrent également un grand intérêt; les séries géologique et paléontologique sont surtout très richement représentées. EXCURSIONS ORNITHOLOGIQUES SUR LES CÔTES DE BRETAGNE 159 tares, et appartient collectivement, depuis le xvi° siècle, à dix- sept communes extérieures, parmi lesquelles Saint-Nazaire et Guérande, et aux six communes du pays briéron, jungle de roseaux et de jones, coupée de canaux ramifiés qui en sont comme les chemins. Je ne pouvais manquer de visiter cette région unique, singulièrement attirante pour un chasseur et un ornithologiste. Je pars du Croisie, avec un compagnon de chasse, à 2 heures du matin, en auto. Nous filons à grande allure sur les routes solitaires, à travers les villages endormis, jusqu’à Saint-André- des-Eaux. Le rendez-vous avec nos guides était un peu plus loin au hameau du Marédu. Ilserait imprudent et malaisé de chasser seuls dans la Brière, et puis il faut des bateaux. Ils sont fournis par nos guides, vrais types de chasseurs de sauva- gine, pittoresques de costume, de verbe et d’allure, vivant de leur fusil et connaissant admirablement les recoins dangereux du marais comme les bons affûts. Dans une petite anse de la Brière, nous trouvons des bateaux étroits, plats, effilés, où nous nous embarquons. Un chasseur et un guide par embarcation, et nous avançons poussés à la perche. L'eau est basse, nous raclons souvent le fond. Nous attendons le lever du jour embusqués dans une touffe de roseaux. Autour de nous des cris d'Oiseaux et des bruits soyeux d'ailes, le miaulement des Vanneaux, le sifflet des Chevaliers, le timbre assoürdi des Canards, le tapage des trou- peaux d'Oies domestiques dérangées qui vivent en liberté dans le marais. Des Canards s’enlèvent près de nous, que l'obscurité empêche de tirer. Enfin, une lueur rose apparaît au levant et on apercoit des bandes de Canards et de Sarcelles qui rayent la clarté douteuse du ciel. Ces Canards et ces Sarcelles sont venus là pour passer la nuit, et dès l’aube, même un peu avant, partent pour se répandre dans la Loire et la Vilaine proches. Il en reste pour- tant dans la Brière, mais pour avoir plus de chance de les tirer, il faut être à son poste aux premiers rayons du jour. Nous commençons la battue: Nos barques suivent les che- naux, traversent des champs de joncs et de roseaux, pour reprendre de larges couloirs liquides qui brillent au soleil levant comme des coulées de métal légèrement rosées. Tou- Jours des cris de Canes, voix éclatantes et inquiètes cette fois, 756 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION de petits groupes s’envolent ou des Oiseaux isolés, hors de portée. Nous continuons d'avancer en longeant silencieuse- ment les ilots de jonc, un Canard surpris part, un coup de feu retentit et l’'Oiseau tombe raide en faisant jaillir l'eau. C’est le début. Une bande de Sarcelles vient sur nous, mon compagnon en abat deux d’un seul coup. Le soleil s’élève à l'horizon, des Vanneaux traversent, puis des Barges, des Chevaliers, des Bécassines, et toujours, dans le ciel, des bandes de Canards et de Sarcelles. Des Hérons au vol lourd voyagent dans les hauteurs de l'air. De temps à autre, des voliers de Courlis s’alignent en long ruban, et des Foulques, sorties à la muette des roseaux, franchissent rapidement les couloirs. Des Busards Harpayes volent au loin en rasant les jones, des Sternes Pierre-Garins sillonnent l’air en criant, et des Grèbes casla- gneux voguent dans les clairières. La Brière est toute palpi- tante de cris et d’envolées, vie intense que nous venons trou- bler et jalonner de victimes. Les Canards sont surtout nombreux, comme je l'ai dit, aux premières lueurs du jour, ce qui n'empêche pas que nous en tirons toute la matinée dans les joncs et les roseaux. Nous avons perdu quelques pièces de gibier, malgré l’aide de deux Chiens, un cocker et un gordon parfaitement dressés. Si la pièce tombe loin dans ces épais fourrés de plantes aquatiques, il faut l’abandonner. On blesse aussi beaucoup d'Oiseaux qui vont mourir dans quelque coin éloigné du marais. Les Chiens ont pris plusieurs jeunes Foulques qui ne pouvaient encore voler et une vieille Cane, sans blessures, qui n’a jamais voulu se résoudre à sortir de son fort d'inextricables roseaux. A dix heures, la chaleur commence à nous accabler et nous rentrons au port vers onze heures sous un soleil brûlant, éta- lant le tableau de chasse à l'avant de nos barques : Canards colverts, Souchets, Sarcelles, Foulques et Bécassines. Nos Sarcelles étaient toutes des Sarcelles d'hiver ou Sarcellines (Querquedula crecca), nous n’avons pas vu une seule Sarcelle d'été (Querquedula circia). Je dois dire quelques mots des élevages d'Oies et de Canards auxquels se livrent, de temps immémorial, les riverains de ce vaste marais. Ces élevages ont pris de nos jours des propor- tions considérables. Les Oies forment dans la Brière des trou- peaux plus ou moins importants, qui vivent séparés les uns des autres el ne quittent guère les quartiers qu'ils ont adoptés, EXCURSIONS ORNITHOLOGIQUES SUR LES CÔTES DE BRETAGNE 757 au voisinage des lieux où on les a lächés. Les mélanges sont peu fréquents; du reste, tous les sujets portent à la patte la marque du propriétaire qui peut ainsi reconnaître ceux qui lui appartiennent. Ces Oies passent là, dans une entière liberté, toute la belle saison, on ne les rentre qu’au mois de novembre. Viennent alors les marchands qui font les grosses acquisitions et achètent surtout en décembre pour les fêtes de la Noël. Les Oiseaux qu'on a gardés demeurent l'hiver à la maison, s’y reproduisent, et, au printemps, jeunes et vieux prennent le chemin du marais, après qu'on a prélevé quelques oisons pour la vente. Les troupeaux épars dans le marais sont très nombreux, mais ne comptent pas chacun un nombre . ; x pl Ne UE un es 7112 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION que le cadavre, rendu à son propriétaire, fournit un rôti des plus suceulents. L'Australie met maintenant des entraves à l'exportation de l'Opossum, afin de se réserver le monopole de son exploitation; cependant, il en arrive de temps à autre chez les importateurs d'animaux. On nous en a signalés récemment chez Hamlyn et chez Albert; Edouard Jamrach. Notre collègue M. Pays-Mellier en possède à la Pataudière et le Jardin d’Acclimatation a der- nièrement recu une très belle paire de Phalangers noirs de la Tasmanie. L'élevage de M. Roger, qui compte trois couples de Phalangers Renards, sera intéressant à/suivre. Chez les importateurs de Londres qui nous liennent au cou- rant de leurs arrivages, nous relevons : Chez William Jamrach, des Cerfs Munijacs dorés de la Chine, un Cerf Eldi, des Pigeons Goura, des;Grues Antigones et leucauchen. Chez Albert Edouard Jamrach : des Ibis falcinelles, des Grues ordinaires, une Gazelle de Perse, une paire de jeunes Nandous, une femelle d'Opossum et son jeune, des Oiseaux de Chine dont le Geai à lunettes, des Lemurs, des Viscaches, un Autour, une grande Outarde et des Turnix de Madagascar (nigricollis). Chez Hamlyn : un Bouquetin Thar mäle de l'Himalaya (#emi- traqus jemlaicus), des Opossums, des Cerfs Axis importés directement de Calcutta, des Cerfs cochons, des Cacatois noirs de Banks qui ont été vendus 700 fr. la pièce. Chez Cross, à Liverpool : un nombre considérable d'animaux de méragerie, notamment des Reptiles et Lézards d'Australie. Che Castang, au Leadenhall market : des Demoiselles de Numi e, des Oies du Canada et des Mésanges remiz, sans compter tout le corps de ballet habituel des faisanderies et des pièces d'eau. Chez Casartelli, à Bordeaux, des Colins Masséna, des Colins Houi de Cuba, des Colombi-gallines à tête bleue (S{arnænas), etc. Les importations de cette maison pendant le cours de l’année dernière ont été considérables, surtout en Oiseaux du Brésil. On y a recu de la côte d'Afrique des Antilopes de diverses espèces, de grands fauves et jusqu’à une Girafe. Chez Prévotat, boulevard de Strasbourg, des Colombes poi- CHRONIQUE GÉNÉRALE ET FAITS DIVERS 113 gnardées, des Psittacules verts du Mexique (Perroquets minus- cules), des Ouistitis à pinceaux blancs, un Ecureuil de Malabar, plusieurs espèces de Diamants, et un joli lot de Guiracas ou Gros becs à poitrine rose de la Louisiane. Ces beaux Oiseaux sont de remarquables chanteurs et s'apprivoisent très facile- ment. M. Hubert D. Astley a obtenu leur reproduction dans une chambre où ils vivaient en parfaite harmonie avec plu- sieurs autres Oiseaux. La Société d’Aviculture de Londres à décerné sa médaille à M. Astley pour cette reproduction inté- ressante. ÉTAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE PENDANT LES ANNÉES 1910-1941 NOMS DES DONATEURS OBJETS DONNÉS 1° Dons en espèces. 4 MM. MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE . .| Subvention de. . . . . . . . . _. 2.160 fr. BEARN (Mme/la/ComitesseR de) | ÆDonite NN OR 200 fr. CAvourmellReENE)E EEE Pour la Bibliothèque. . . .-. . . . 85 fr. DEBREONE MECS) EME ID On UE DRAP EE 50 fr. DEBREUIECRE) RE EE POUR UlerBUIIE LIN SERRE 50 fr.|] D'ÉTARDINN BEC) PRE Don'dé: "12 MORROURE RERO 2.000 fr. HERMENTER NE CR CC Ne Don: de; tete Re 100 fr. Le Forr (Raymond) - . "+ ©. Don; de; PS RMONESRRSE 180 fr. BÉRTAGEOMES PR RE Don dé. EM A ONMEN ORNE 1.000 fr. VizmoriN (Maurice de). . - . - Don. dé EM REA RE 100 fr. 20 Animaux vivants. Begoenne (Paul) RE MES Oiseaux. BERTRIER (Abbé) . . . . . . . . Glandinas (Escargots carnivores du Mexique). DEBREUIL (Ch). : . . . à - Faisans divers, Nandous élevés à Melun (Seine- et-Marne), Phénix du Japon. DETACOURIENR) ENTER Oiseaux. Ganay (le marquis de). . . . . Oiseaux. GruveL (le professeur) . . . . . Langoustes royales, Poissons de Mauritanie. FERMENIER = RENAN UNE Oiseaux. CERRGRTA RAR ERA RER Boucs de Madagascar, Dorking argentés. Poissons divers. Pays-MELLIER . . . . . . . . . OEufs de Faisans divers, pour la reproduction. RIVIÈRE (Ch.). . . . . . . . . .| Gazelle d'Algérie, Porcs-épics. 3° Végétaux : Plantes et graines. Bea, directeur du jardin bota- nique de Stockholm. . . . . Graines diverses. BOIS (D) rem ee terre Graines diverses. CHAPELA(TE) PME CAN Graines diverses. CHEVALIER Ne Graines exotiques de la Côte occident. d'Afrique. CosranriN (professeur)(Muséum).| Graines et plantes diverses. DEBREUTENCRS) EEE Graines et plantes diverses. DÉTARDINN(EL= CE) EME EE CRE Graines diverses. GAGE, directeur du jardin bota- MIque de CALCULATEUR Graines diverses. GAS RENE SE CAPES Graines diverses. GUILÉOCAON EE ERE E Graines diverses. 5 MORELE NOT IRAN. SE PAPE P RE N Graines et végétaux divers cultivés dans l'Oise et à Beyrouth (Syrie). PROSCHOWSENN ESA EURE Graines de végétaux exotiques acclimatés à Nice (Alpes-Maritimes). REXNIER 8-0 Graines diverses. RIVIÉRE CHENE EE RENE Graines de plantes exotiques acclimatées à er. LOLLAND- (GOSSELIN. ... + 1. Plantes (Cactées). ÉTAT DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ 715 NOMS DES DONATEURS < OBJETS DONNÉS 49 Qbiets de collection, produits industriels et obiets d'Art. MM. ARENBERG (prince E. d'). . . . . Livres pour la Bibliothèque. Beau (de Stockholm). . . . . . Livres pour la Bibliothèque. BOIS bite ee à Brochures et livres. ; Bouvier (professeur A.) . . . .| Livres pour la Bibliothèque. BRUMER EME NNR . U . Livres pour la Bibliothèque. BUGNION (professeur) CLS ETES Objets pour collection. 1 Bureau (professeur L.). . . . . Brochures et livres. JICHAPPELCIER) (A). 0... Nids. A CHEVADIERENR ES Leman or Livres pour la Bibliothèque. CLÉMENT (A.-L.) . . . . . . ...| Livres pour la Bibliothèque. DAGRNAMRRSN UE ENST Appareils de Pisciculture. AIDEBREUI (CRE) A Livres pour la Bibliothèque et œufs. DÉTARDINN (ECS) CRT 0 Extrait de Malt. DESSOMIERS NM ES QU Brochures. ADIGUET M ee ie. de Brochures. ERBEN ON IMRS)ES eeeUUnr Cage. GADEAU DE KERVILLE . . . . . . Livres pour la Bibliothèque. GEOFFROY Saint-HiLaIRE (A.) . .| Livres pour la Bibliothèque. GENS OR PUR NE IT Brochures. GRUVEL (professeur) . . . . . . Livres pour la Bibliothèque. Home ï ee L.-0.). . .| Livres pour la Bibliothèque. less (Le) Re Om e Brochures. JANET (Gi), RS En eue Brochures. PASSA PRE M Uno à Coequilles d'œufs. A DEPRINGEN (DO) EN UE ET: Tableau pour Exposition. BESSENDe) AL SR Te. Livres pour la Bibliothèque. DTAVUVIN Ge AR EEE: Préparations au Soja. DOvBRg (ME) Te NE. Cadre et dessins. S NTAPDE SR us Een": Collection de Bulletins et livres. MRC AUD (ER) EE RME ER Brochures. MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE. . .| Une Médaille d’or. Moussu (professeur) . : . . . .| Brochures. Bonne (Es) US ROME RS Livres pour la Bibliothèque. Perkorr (professeur). . . . . .| Livres pour'la Bibliothèque. RAVERBI- AMEL, + 2.) . . Livres et tableaux de Poissons. ROVIEREZ/ (CRE) CNE 0 Livres pour la Bibliothèque et œufs d'Autruche. S DR OO NOR Mon A ane à Livres pour la Bibliothèque. DERNIER (OUIS) NU 0 ,| Livres pour la Bibliothèque. DAÉODAPDR MATE ee. 1. Livres pour la Bibliothèque. EPA RR A AE(DE) ES, Livres pour la Bibliothèque. Le Conseil renouvelle ses sincères remerciements aux Donateurs ; il adresse, également, ses sentiments de vive gratitude à tous les coilaberate 0 du Bulletin qui, par leur science et leur désintéressement, contribuent si puissamment à l’œuvre de la Société. TABLE DES MATIÈRES TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS DONT LES ARTICLES SONT PUBLIÉS DANS CE VOLUME ARENBERG (Prince P. b). Acclimata- tion du Black-Bass en France, 533. BERTHIER (J.-B.). L'Escargot carni- vore de Puebla, 202. Bois (D.). Le Laboratoire désertique de Tucson (Arizona), 111. Bret (M.). Sur les possiblités de culture du Funtumia elaslica en Afrique occidentale, 23$, 261, 299, 335. Bruupr (E.). Acclimatation, élevage et parasitisme, 653, 691, 126. Buexrox (Dr E.). Le Pagure cénobite de Ceylan, 129. Bureau (Dr Louis). Sur la capture d’un Pigeon migrateur d'Améri- que, 353. CauLLerY (M.). Les lois de Mendel et le récent congrès de génétique, 621, 661. CaapEL (F. DE). Liste des Oiseaux rares ou de passage irrégulier observés dans le midi de! la France, 91. CHaPeL (F. pe). Note sur les Merops (Guêpiers), visitant le midi de la France, 46. Ccicxy (A.). Etat actuel de la pisci- culture en Suisse, 601. Cocrrer (H.). Le Café, la question caféière et nos colonies, 357, 407. Courter (H.). La cherté de la viande et le bétail de nos colonies, 51à. Courrer (H.). La Vanille et la Vanil- line artificielle, 19,59, 73. CrepiN (J.). La chèvre au Soudan, 493. Crépin (J.). L'Hygiène du lait et la fièvre de Malte, 525, 551. DaGry (A.). Dispositions à prendre pour l'acclimatation et le trans- port des Poissons exotiques pro- venant des régions lointaines, 417. DecnamBre. Les races de Chèvres, 149. Drcurr (L.). Histoire de la Cochenille- au Mexique, 330. Dicuer. {L.): Notes sur quelques plantes mexicaines ‘employées éventuellement comme fourrage, 605. GÉRÔME (J.). Les Champignons co- mestibles autres que le Champi- gnon de couche, 638, 673, 101. GÉRÔME (J.). Est-il des Champignons cultivables autres que le Cham- pignon de couche ? 740. GÉRÔME (J.). Les Cranberries et les Vacciniées indigènes à fruits co- mestibles, 295. GÉRÔME (J.). Visite aux cultures de Champignons de couche de M. Bonhomme, à Issy (Seine), 402. Guiccaumin (A.). Les Orangers sau- vages de la Nouvelle-Calédonie, 138. | Heckez (E.). Sur l'envahissement des forêts de la Nouvelle-Calé- donie par le Lantana Camara L, 5AAE Hozzier (L.). L'importation de la Banane, 542. IcHes (L.) Principaux Poissons comestibles de l'Argentine, 321. JarneL (E.). Culture de l'Helianthi au Tonkin, 522. Lagrtre (A.). Visite de la Société aw Parangon, 556. Larosse. Discours prononcé à la séance publique annuelle de dis- tribution des récompenses, 462. Laurenr (E.). Essais d’acclimatation de végétaux en Crimée, 614. Le Cerr (F.). Note sur le Cionus de la Scrofulaire, 13. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX ATP Loiser (D° Gustave). Les ménageries des pays slaves et scandinaves avant le xixe siècle, 225, 257, 289. Lorsez (D' Gustave). Sur la ména- gerie de Skansen (Stockholm) et le rôle des ménageries dans les sciences zoologiques, 4719. Lover (M.). Pilawin et les réserves du comte J. Potocki, 33. Loyer (M.). Rapport au nom de la Commission des récompenses, 465. Loyer (M.). Déjeuner amical annuel de la Société d’Acclimatation, 164. Macau n’Augussox. L'âge des Per- drix, 497. MaAGaup D'AuBusson. Excursions orni- thologiques sur les côtes de Bretagne, 111, 153. MaGaup p'AuBusson. Sur l’acclimata- tion du Cupidon des prairies, 381. Macau» Dp'AuBusson. Sur l’acclima- tation de quelques espèces de Francolins, 6, 48. MéreLz. Le serin blanc, 500. PARDÉ (L.). Visite de la Société d’Ac- climatation aux collections den- drologiques de M. H. Morel, 685. Paris (Paul). Essai d’incubation ar- tificielle des œufs d'Écrevisses, 56. PELLEGRIN (D' J.). Visite à la collec- tion de Poissons d’aquarium de M. de Visser, 502. Perrier (Ed.). Discours prononcé à la séance publique annuelle de distribution des récompenses, 451. Puisarix (Mr). Les Protées des grottes d'Adelsberg, 168. Prcnor (Pierre-Amédée). Au Pays des Dindons ocellés, 161, 196. Pronor (P. A.). La capture des Oi- seaux de Paradis et leur acclima- tation, 589. RaAïLLiET (A.) et HENRY (A.) Les Helminthes du Nandou, 538, 573. Raverer-WarTez (C.). Le Black- Bass et son élevage, 103, 138. Raverer-WatTtez (C.). L'élevage de la Carpe et de divers Poissons d’oruement au Japon, 566. Rivière (C.). L’Anfonia australis, 510. Rivière (C.). Cyperus rolundus, 641. Rivière (C.). Le Neiroun de l’Olivier, 304. Rivière (C.). Observations climato- logiques dans le Jura (1910-1911), 732: RIvVièRE (C.). Observations sur la ponte des jeunes Autruches, 10. RIVIÈRE (C.). Washingtonia filifera, 429. SrAnCIOrr (D.). Discours prononcé à la séance publique annuelle de distribution des récompenses, 461. STOLZMANN (Jean). Une colonie de Castors en Pologne, 65. TERNIER (L.). À propos de la dispa- rition du Pigeon passager d'Amé- rique, 229. Ternier (Louis). Causerie sur et avec un Insecte, 427. TEerNIER (Louis). La disparition du Pigeon passager d'Amérique, 193. TriLLES (A.). Les Serpents venimeux du Brésil. Une visite à l’Institut séro-thérapique de Butantan, 632. VixcENT (P.). Une capture intéres- sante faite aux environs de Lille, SO) INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME Abeille, 31, Acaca bimaculata, 507. Aigrette, 319, 7109. Ai, 101. Anoplocephalidæ, 538. Antilope cervicapre, 267. Antonia australis, 510, 641. Ascaridia orthocerca, 513. Ascaris sp? 5173. Attacus orizaba, T5. Aura (Carthartes aura), T13. Aurochs, 227. 118 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION Autruche, 70, 181, 442, 456. Bartavelle, 488. Bec-croisé (Loxia curvirostra), 158. Birgus latro, 132. Bison, 411, 221. Black-Bass, 103, 138, 533. Bœuf, 78. Bombyx mori, 381. Bouvreuil, 21. Brante roussâtre, 81. Buffle noir, 619. Canard dela Caroline, 83, 712. Canard Col vert, 307. Canard Pilet, 307. Canard siffleur du Chili, 86. Capillaria parvum spinosa, 515. Carassin doré (Poisson rouge), 569. Carpe, 159, 433, 566. Casoar, 180, 306. Casse-noisettes, 244. Castor, 65, 206, 489. Gerf, 364. Cervule doré, 588. Chacalaca, 197. Chapmania tauricollis, 540. Chardonneret, 81. Chat de Siam, 267. Chanchito (Heros facetus\, 31. Cheval, 206. Cheval barbe, 79. Chèvre, 148, 208, 246, 340, 365, 310, 45%, 493, 525, 551, 449. Chien, 483, 729. Chien berbère, 584. Chien de montagne, 679. Chien de trait, 438. Cliloris sinica, 399. Chrysomphalus Ficus, 549. Chrysomphalus minor, 549. Cigogne, 31. Cionus Fraxini, 13. Cionus Scrofulariæ, 13, 118. Cittotænia Rheæ, 539. Cochenille, 272, 330. Cochylis, 441. Cœnobiia Diogenes, 129. Cœnobila rugosa, 129. Colin. 175. Colin houi de Cuba, 587. Colin masséna, 581. Colombe lophote d'Australie, 683. Colombin, 176. Cox de Bruyère, 488. Coq de Roche, 285. Coragyps atratus, 712. Cormoran, 723. Courlis esquimau, 231. Crave, 125. Criquetdévasteurde l’Argentine,312. Cupidon des prairies, 381. Cygnus columbianus, 441. Cygnus musicus, 441. Cyprin doré, 511. Cyprin à queue de Paon, 506. Daman de l'Afrique, 708. Danio rerio, 506. Davainea Struthionis, 539. Deletrocephalæ, 514. Deletrocephalus dimidiatus, 575. Dendrocygne, 181. Desman des Pyrénées, 108. Diaspis pentagona, 551. Dindon oceéllé, 165, 171, 196. Dingo (chien sauvage d'Australie), 585. Dorking doré, 309. Douche, 119. Douve, 455, 126. Douve (Grande), 694. Douve (Petite), 693. Echasse, 180. Echassiers de rivage, 119, 153. Echinorhynchus reliculatus, 580. Ecrevisse, 56, 182. Eider, 154. Eléphant, 269. Endémis, 441. Euglandina vanuxemensis (var. qul- lata), 202, 315, 381. Eupomotis gilbosus, 501. Faisan, 311. Faisan argenté, 310. — doré, 310. Filaria Rheæ, 516. Francolin, 5, 4$. Fundulus qularis, 505. Gamaside, 541. Gigantorhynchus compressus, 581. Girafe, 438. Girardinus, 505. Goélands divers, 720. Gourani (Ctenops vittalus), 31. Grenouille, 431. Grouse, 711. Grue, 87, 282, 110, 769. Guêpe, 31. Guillemot, 724. Haplochilus elegans, 506. Haplochilus Schælleri, 506. Hérisson, 27. Hirondelle, 89, 176, 251. Hocco, 197. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX 711 Huiîtrier, 120. Jasus Lalandei, 280. Kurtus-(ulliveri, 220. — indicus, 220. Leipoa ocellata, 93. Limnea truncatula, 729. Loir, 220. Loup, 484, 169. Lusciniole luscinioïde, 760. Macropode (Polyacanthus auratus), 31. Malais (Grand) doré, 309. Mara, 691. Martin-Pêcheur, 534. Martinet, 113, 171. Martinet noir, 89. Mastacemble, 508. Merops apiaster, 46. — æœgyptlius, 46. Mésange charbonnière, 26. Mesogonistius chœtodon, 507. Microccoccus melitensis, 343, 560. Moineau domestique, 350. Mouettes de Sabine, 723. Mouton, 209, 246, 268, 454, 564, 659, 693, 126. « Mouton Karakul, 363. Mule, 79. Nandou, 35, 173, 115, 251, 306, 441, 538, 513, 110. Nandou blanc, 709. Neiroun (Phlætribus Oleæ), 184, 304. Œdicnemus crepitans, 111, 310. OEstre, 272. Oie du Canada, 30. Oie d'Egypte, 311, 710. Oiseaux (Liste des) rares ou de passage irrégulier observés dans le midi de la France, 91. Oiseaux de rivage, 719, 153. Oiseaux lumineux, 177. Oiseau de Paradis, 283, 589, 682. Okapi, 26. Opossum, 439, 711. Ours, 225, 257. Ours-chat, 444. Outarde (Grande), 488, 681. Pagure Bernhard, 132. Pagure cénobite, 129. Palinurus regius, 280. — vulgaris, 219. Panda, 444. Pantodon Buchholzi, 508. Paradisea apoda, 350. Paresseux, 701. Parus cyanus, 350. varidi- «à Pelidines cincles, 719. Pénélope, 197. Perdrix, 711. Perdrix grise, 180, 307, 376, 497. Perdrix de Hey, 587. Perdrix rouge, 308, 348, 316. Perroquet de Caroline, 231. Perroquet rosalbin, 586. Perruche ondulée bleue, 25. Pie-grièche, 118. Pigeon, 174. Pigeon passager d'Amérique, 193, 229 559: Pinson des Ardennes, 285. Pintade huppée, 769. Pitchou provencal, 1725. Phalanger Renard, 771. Platypæcilus, 505. Poisson-Chat, 94, 271, 545. Poissons comestibles de l'Argen- tine, 321. Polyacanthe, 507. Poule orpington fauve, 371. Poule sultane, 310. Protées anguillards, 168. Pseudoxiphophorus, 505. Pteromalus larvarum, 11. Puffin des Anglais, 723. Pyrale du Pin, 716. Pyrrhulina filamentosa, 507. Pytopagurus discoïdalis, 151. Quétzal, 163. Rachidelis Brazili, 586. Rat (Roi de), 244. Renard argenté, 453. Renard bleu, 453. Rheinartius ocellatus, 35. Rhomboidichtys podas, 157. Roitelet à huppe jaune, 25. Salamandra maculosa, 172. Saumon de fontaine, 91. Scatophagus argus, 507. Sciara, 541. Sclerostome hyposloma, 209. Serin blanc, 500. Serpent, 545, 586. Serpent venimeux, 632. Simuli, 119. Spirura uncinipenis, 518. Spirura Zschokhei, 519. Strix flammea, VS. Strongle, 245, 349, 363, 455, 693, 726. Strongle filicole, 208. Strongylidæ, 514. Thalassidrome-tempête, 180. Talégalle, 444. 780 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Talégalle de Latham, 93. Tetragonopterus, 501. Tetras huppecol, 381. Tinamou, 115. Truite, 433. Truite arc-en-ciel. 288, 434. Truite tête d'acier, 288. Turbot, 183. Vache, 439, 595, 557. Vanneau, 378. Ver blanc. 714. Ver à soie, 536. Ver à soie du chêne de la Chine, 382. Vingeon., 81. Vrillette (Anobium pertinaz). 427. Xiphophorus Helleri, 505. INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME Anémone, 127. Ansérine smarante, 121, 548. Arachide, 154. Arundinaria, 128. Asclepias semilunala, 215. Azalea pontica. 39. Barmbusa. 128. Banane, 443, 542. Bignonia jasminoides, 189. Bisnage (ou Visnaga). 609. Brosimum Alicastrum., 555, 612. Café, 92, 207. Camellia, 275. Catalpa, 125. Cèdre, 186. Ceiba Baïillonidna, 191. Centaurea salimantica, 216. Cereus giganteus. 611. Cereus pringlei, 611. Cerisier, 186. Champignon, 316. Champignon de couche, 402. Champignons comestibles, 638, 673, 701, 340. Champignons lignicoles, 746. Chorisia, 191. Citrus, 738. Coffea excelsa, 351. — humilis. 351. Cresson alénois, 316. Crinum, 431. Cryptostegia madagascariensis, 512. Cylindropuntia arbuscula, 554, 609. Cyperus rolundus seu olivaris., 510. — olivaris, 641. — rotundus, 641. Datte, 126. Dattier. 120. Dioscorea cayennensis, 320. — prelensilis, 320. Doi (Noandzeia Poissoni), 193. Echinocactus, 554, 609. Eriodendron. 191. Eucalyptus, 440. Eucalyptus Gunni, 552. >= Tobusta, 552. Ficus, 271. — lyrata, 437. Figue de Barbarie, 439. Funtumia elastica, 238, 261, DO0P SRE. Gentiana lutea, 556. Guayule (Parthenium argentatum), 116: Hélianthi, 522. Helicteres Isora, 215. Hevea brasiliensis, 93, 320. — qguyanensis, 320. — Spruceana, 320. Hibiscus bifurcotus, 215. — cannabinus, 215. — radialus, 215. Impatiens Balfouri, 315. Jélutong, 281. Jubza spectabilis, 187, 552. Kapok du Venezuela, 155. Lantana camara, 511. Lithospermum purpureocæruleurn. 512. Maïs, 189. Mallee Scrub, 94. Melaleuca viridiflora, 513. Melochia pyramidata, 215. Mezquite amargo (Prosopis pubes- cens), 606. Mezquite dulce, 605. 271, PR TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES 181 Mohtanoa bipinnata, 315. Rose de l'Hay, 181. — grandifiora, 315. Roseraie de l'Hay, 181. Müûrier, 531. Sanseviera cylindrica, 216. Musa Basjoo, 125, 732. — Ehrenbergi, 216. Néflier du Japon, 190. — guineensis, 216. Nopal de Castilla, 332. — longifiora, 216. — de San Gabriel, 332. Sapotillier, 197. Olivier, 184, 256, 304. Sida Abutilon, 215. Opuntia, 115. Sorgho, 190. — cochenillifera. 332. Sterculia acerifolia, 190, 314, — ficus indica, 333. 553. Orange américaine, 186. Tecoma grandiflora, 189. Oranges sauvages, 138. Thé, 92. Oscillatoria Tenuis, 210. | Truffe, 743. Parkinsonia Torreyana, 554, 601. Urena lobata, 215. Phyllostachys, 128, 733. Urtica nivea, 181. Platane, 121. Vaceinium macrocarpum, 213, 295. Pritchardia filifera( Washingtonia), — Myrtillus, 297. 187. — oxycoccos, 297. Prosopis dulcis, 114. — uliginosum, 297. — juliflora, 553. — Vitis Idæa, 291. — pubescens, 554. Vanille, 19, 59, 73. Quinquina, 92. Végétaux, 614, 685. Raphiolepis indica, 189. Viqua sinensis, 383. — ovala, 189. Voandzeia Poissoni, 123. Riz, 159, Washingtonia filifera, 429, TABLE ALPHABETIQUE DES ARTICLES PUBLIÉS DANS CE VOLUME Acclimatation (Élevage et parasitisme). . . . . . . . . A0 6 10 mn EI ORAN ROSE NL RE EM Te 510 Aquarium (L’) du Jardin zoologique d'Anvers . . . . . . . . . . . 232 Autruches (Observations sur la ponte des jeunes) . . . . . . . 10 Banane tmpontationtderla) CENTRE EE EE EN 542 Bétail (La cherté de la viande et le) de nos colonies . . . . . . . . 515 Black-Bass (Acclimatation du) en France . . . . . . . . . . . . . 533 — (eMebSon élevage Han LR PR ICI 103, 138 Café (Le), la question caféière et nos colonies . . . . . . .. 351,. 407 Carpe (L'élevage de la) et de divers Poissons d'ornement auJapon. 566 Castors (Unescolonie de} en Pologne NN NU 65 Champignons (Les) comestibles autres que le Champignon de couche, 638, 613, 7101 Chamgignons (Visite aux cultures de) de couche de M. Bonhomme, à les (Éciro), RE RER ET EE TEE OR CET ae 402 DhcvrellaauSoudant. te. 22 20 CDS EN UE NC 493 Chèvres (Les RSR) RER EE ENT ne ca 149 Chronique générale et faits divers. 25, 92,155, 217,282,438,583,619, 768 Cionus (Notes sur le) de la scrofulaire. . . + . . . . . . . . . . . 13 Cochenille (Histoire de la) au Mexique. . . . . . . . . . . . . . . 330 Conseil. Commissions. Bureaux des Sections (Organisation pour 1911). 1 BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1911 — 50 782 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Cranbevries (Les) et les Vacciniées indigènes à fruits comestibles. . Crimée (Essais d’acclimatation de végétaux en) . . . . . . . . . . Cupidon (Sur l’acclimatation du) des prairies . . . . . . . . . .. Cyperus POLURAUSS à tune et see CO EN ERRE Déjeuner amical annuel de la Société d'Acelimatation. . . . . . Dindons {Autpaysides):ocellés. #4 RE EEE 161, Ecoles (A propos de l’enseignement de l’histoire naturelle dans les). Ecrevisses (Essai d'incubation artificielle des œufs d’),. . . . . . . Escargot (L’) carnivore de Puebla- Meme Etat des dons faits à la Société en 1910-1911. . . . . . . . PANOTE CS Excursions ornithologiques sur les côtes de Bretagne see TT: Francolins (Sur l’acclimatation de quelques espèces de). . . . . 6, Funtumia elastica (Sur les possibilités de culture du) en Afrique oceci- dentaless 15280 nt EP RAI SERA 238, 261, 299, Helianthi (Culture de lfauelonkin PER Insecte (Causerie SurnetavecUn) M RE PR Lantana camara L. (Sur l’envahissement des forêts de la Nouvelle- Calédonie: par le) ANS ES Lille (Une capture intéressante faite aux environs de) . . . . . .. Malte (L'hygiène du lait et la fièvre de). . -. . . 525, Membres (Liste supplémentaire des) de la Société . . . . . . . 4, Ménageries (Les) des pays slaves et scandinaves avant le xix® siècle, 225, 257, Mendel (Les lois de) et le récent congrès de génétique. . . . 621, Merops (Note sur les) Guêpiers) visitant le midi de la France . . . Morel (Visite de la Société d’Acclimatation aux collections dendro- logiques de MH.) ru ne ROSE Nandou (les Helminthes (du) RE 538, Oiseaux (Liste des) rares ou de passage irrégulier observés dans le midi dela France. f.3 225 OS RCE NP Oiseaux de Paradis (La capture des) et leur acclimatation. . . . . Olivier (Be Neiroun del) PRE Re RP PR TER E Pagure (De) cénobite-de/Ceylan ER R RR Parangon (Visite de la Société au) PRES NE Perdrix (L'âgerdes) Men PRE PS Pigeon (La disparition du) passager d'Amérique. . . . . . . . . . — ‘A propos de la disparition du) passager d'Amérique . . . . — (Sur la capture d’un) migrateur d'Amérique. . . . . . . . . Pilawin et les réserves du comte J. Potocki. . . . . . . . . . . . Plantes mexicaines (Notes sur quelques) employées éventuellement comme fourrage. : 15.1 1098 MAMIE SRE RE RS Poissons (Dispositions à prendre pour l'acclimatation et le trans- port des) exotiques provenant des régions lointaines. . . . . . . Poissons (Principaux) comestibles de l’Argentine. . . . . . . . . . — (Visite de la collection de) d'aquarium de M. Visser . . . . Protées (Les): des: grottes d'Adelsberg. Récompenses (Séance annuelle de distribution des) . . . . . 449 à Séance générale du 23 décembre 191005 FN SEE REP Serin (Le)"blanc th 2% NE ER EN ENERERRENRRE Er Serpents (Les) venimeux du Brésil. — Une visite à l’Institut séro- thérapique de Butantan. eu M PP EE Suisse (Etat actuel de la pisciculture x) 5 7e en te 9 TRE PUCES Tucson (Le Laboratoire désertique de) (Arizona) . . . . . . . . . . Vanille (La) et la Vanilline artificielle. . . . . . . . … . . 19, 59, Washingtonia filfera. . 4 1 4 NTM PP RER EEE À TABLE DES GRAVURES TABLE DES Ascaridia orthocerca, 514. Bisons d'Europe et Bison d'Amé- rique. PI. IV, 48 Black-Bass (Bob-fly, mouche artifi- cielle pour la pêche du). PI. VII, 110. Black-Bass (Coupe transversale d’un), dans la partie la plus épaisse du corps. PI. VII, 110. Black-Bass à large bouche (WMicro- plerus salmoides). PI. VII, 110. Castors (Arbre coupé par les). PI: NT, 66. Castors (Digue élevée par PI. V, 66, et PI. VI, 66. Castors (Hutte de). PI. V, 66. Scrofularia palustris (Touffes de) ravagées par Cionus scrofulariæ. BL 416 Cereus giganteus; Opuntia mamil- lata et plantes désertiques di- verses. PI. VIII, 110. (Labora- toire de Tucson, Arizona.) Certs de Dybowski dans la forêt de Pilawin. PI. IIT, 48. Cerf wapiti tué à Pilawin,; arbre- gibet servant à suspendre le gibier. PI. IV, 48. Chèvres (Entrave pour empêcher les) de bondir par-dessus les barrières, 496. Chèvre d’Angora, 751. Chèvres des Pyrénées, 750. Cionus scrofulariæ adulte: Nymphe, vue par la face ventrale ; Cocon fixé sur la face interne d'une feuille de Scrofularia palustris. PI. Il, 16. Cionus scrofulariæ (Larve adulte du) peu de temps avant sa nymphose. PI. II, 16. Coccidie (Oocyste de), 660. Cœnobita rugosa. Fig. 1. Le Pagure cénobite de Ceylan retiré dans sa coquille (Purpura persica). 2, Cœnobita rugosa (Ceylan). 3, Quatrième patte gauche avec sa plaque verruqueuse. 4, Coupe de la plaque verruqueuse de la quatrième patte. PI. IX, 130. Deletrocephalus dimidiatus, 578. les). 183 GRAVURES Douve (OEuf de Grande), 658. Douve (OEuf de Petite), 660. Echinorhynchus reticulalus, 581. Ecrevisse (Appareil pour l’'incuba- tion artificielle des œufs d’), 51. Elan (Alces palmatus) dans la forêt de Pilawin. PI. TITI, 48. Euglandina vanuxemensis guttata, 203. Euglandina vanuxemensis ( Appa- reil buccal), 205. Filaria Rheæ, 571. Fouquieria splendens (Laboratoire de Tucson) (Arizona). PI. VIII, 110. Gigantorhynchus compressus, 581. Mussurana dévorant un Jararaca, 635. Oiseau (L’) de Paradis, 595. Ostertagie (OEuf d’), 658. Pinus Coullteri, 688. Poissons (Bidon pour le transport des) vivants destinés à de longs voyages maritimes, 422. Proteus anguinus, 169. Pieromalus larvarum adulte.PI.II,16. Pleromalus larvarum Spin. (Larve du) à sa sortie du corps de la larve de Cionus scrofulariæ. PI UI6: (var. .Pteromalus larvarum (Nymphe du). PI. IT, 16. Sclérostome (OEuf de) hypostome, 658. Sequoia pendula, 689. Serpents (Appareil servant à saisir les), 633. Serpents (Le jardins des) à l’Insti- tut sérothérapique de Butantan (Brésil). Spirura uncinipenis, 519. Strongle (Embryon de) filaire, 660. Strongle (Embryon de) roussâtre, 660. Strongle (OEuf de) contourné, 658. Strongle (OEuf de) filicol, 660. Strorgyloïde (OEuf de), 658. Trichocéphale (OEuf de), 658. Tucson (Le laboratoire de), 113. Uncinaire (OEuf d’), 658. Washingtonia filifera, 429. 784 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS re Section. — Mammifères. 3e Section. — Aquiculture. Séance du 7 novembre 1910 78 Séance du: 14 povembre 1910 — 5 décembre — 206 ‘Es joléccaihre de —= 8 janvier 1914 24% DA 16 janvier 1941 = 6 février — 267 We TRE #s y 6 mars 101908 _ 13 mers Le == 3 avril = 363 ne 10 avril 2% _— 1er mai — 707 Sous-Section d'Etudes caprines. 4e Section. — Entomologie. 6 bre 1910 148 Rue e AS Er 208 Séance du se A 1910 — 27 janvier 1911 245 + 16 CÉCerDRre gti — 24 février CREME) ER De == 94 mars = 365 En 12 CNE JE — 98 avril RE a Rte = — 10 avril — _ 8 mai — 2% Section. — Ornithologie. er RARES 5e Section. — Botanique. Séance du 7 novembre 1910 80 — 5 décembre — 173 | Séance du 21 novembre 1910 — 8 janvier 1941 251 — 19 décembre — — 6 février — 306 — 23 janvier 1911 — 6 mars — 348 — 20 février — — 3 avril — 3175 — 20 mars — — ler mai = 709 — 2% avril — 6e Section. — Colonisation. Séance du 21 novembre 1910 153 — 19 décembre — 276 — 16 janvier 1911 280 — 20 février — 317 AR 20 mars — 383 — 24 avril — 435 Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. 91 182 270 431 132 545 118 184 256 272 L amen ‘de la Commission compétente, RER à rang d'inscription ie Ne 4 mesure des disponibilités. Le Secrétaire général a l'honneur d'informer les Ne M bie de Fa Société qu'u voyage d'études Botaniques, Horticoles et Piscicoles aura lieu, en Italie septentrionale, rant les vacances de Pâques 1912. Cette excursion aurait pour but: la visite des jardins et lacs de la Haute- Italie; des pécheries de l'Adriatique: des cultures;de la Lombardie et du Piémont (riz, etc des établissements scientifiques. L'excursion sera dirigée par d'aimables confrères italiens; elle aura une duré quinze jours. Le prix, comprenant le transport en chemin de fer, voiture, bateau, nour- riture et coucher, sera d'environ 500 francs. 4 .. Il serait nécessaire d'être fixé, le plus tôt possible, sur le nombre des personnes Fr i désireraient entreprendre ce voyage pour pouvoir préparer d'avance certaines excursions, assurer les réceptions et obtenir des réductions auprès des Compagnies e chemin ‘de fer. : Prière d'envoyer son adhésion au siège de la Société, sans toutefois que cette. dhésion soit considérée comme un engagement. - Le programme de ENS sera adressé à ceux de nos collègues qui désirent Ke y prendre part. EN DISTRIBUTION ® aines offertes par le Jardin Botanique de Sibpur, Graines offertes par M. MOREL rès Calcutta (Sikkim, Himalaya). 1 upleurum Candollii. Fees Note F Salvia campanulata. LA on hoil Solanum macrodon. citer fe ragaria Daltonian«. Se re FE FA Cytisus proliferus albidus. C ti : s Eucalyptus calophylla. amum copticum. Freesia refracta ncilemu lineviatum. ee Te Anemone rivulaïis. RUE ni Trichosanthes dicælospermu. | : S'adresser au Secrétariat. OFFRES. DEMANDES, ANNONCES OFFRES % | A céder : Alpine race pure avec Chevreau mâl Chevreau hongre adulte harnaché. ) Gaston FONTAINE, à Maing (Nord). rs de dessin, Lhonne qapres À Vendre chevreaux et chevrettes A ABIe TE 8, rue de la Barouillère (rue de Sèvres, près je . Sans cornes, grosses oreilles tombantes ; superb! * boulevard du Montparnasse), Paris, 6. b î Due sélectionnés en vue énorme production | aitière j PR Te M. BOUCHACOURT, 1, rue Sigorgne, Mâcon ; n cheptel pour eonor la race : coq et poule | (Saône-et-Loire). à : Les hénix du Japon. CAE CR Rae ; : \ de Bnfons Mâle Colin de Californie. PR ea M. DURIEZ, 42, boulevard Henri-IY, Paris. in Son du Chili 1911 et Faisandeaux dorés, élevés en" liberté ; céder ou échanger contre | DEMANDES oiseaux de parc. Ê ULIGNIER, Saint- Gérand-le- Puy (Allier). L Couple Paons blancs, jeunes ou adultes, même de … cinq ans coq et poule Andalous bleus extra, sujets | M. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). e grands Concours, 25 fr. Brahmas Herminés, 30 fr. Poule Ambherst, race pure. É anards Barbarie bronzés, 95 fr. M: DURIEZ, 42, boulevard Henri-IV, Paris. Couple pigeon poule maltais blancs, 20 fr. RON £ 1P rbe couple Paons Nigripennes. né chez moï et | Femelle Oie de Guinée, femelle Amherst 1910; âgé de deux ans, 120 francs: autre couple jeune femelle Lophophore, échangerai contre mâle avec \ de 6 mois, 80 francs. Emballage HR soulte. : M. HERMENIER Draveil (Seine-et-Oise). D ci RE nn re ne en fps à = SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 4855. E PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) E | | 4 : RÈ Ne «1 si "4 4 Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 4° à l'introduction, à l'acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux - utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races . nouveliement introduites ou domestiquées; 3° à l'introduction et à la propagation | de végétaux utiles ou d'ornement. 51 Ce programme s'applique au territoire des possessions A ÉEuEE comme au'sol même de la France. L'atténtion des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses Séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou auires. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites … agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un. but pratique d'utilité ” générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. —Le Bulletin, paraissant deux fois par mois et formant . chaque année un volume d'environ 800 pages, illustré de gravures, donne des rensei- « gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. | Le nombre des membres de la Société est illimité ; les étrangers y sont admis au même titre que les Français; les dames peuvent également en faire partie. ainsi que . les Personnes civiles, les Associations, les Étailissements publics ou privés (Labo- ratoires, Jardins zoologique ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 40 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la | Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement « gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, etc., faites par la Société, où aux chep tels need par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des . publications de la Société antérieures à son admission, etc. | à Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli- matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8°,” illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à" part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- fères et leur élevage, les Oiseaux el la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la yratique de la Pisciculture, l'Entomologie appliquée et la pratique de FApiculture et. de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ges “mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié. prix | Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les on rm bien connus du D° Moreau sur les Poissons de France. Fi Le Gérant : A MARETMAUE Paris. — L. MAR«THEUXx, imprimeur, 1, rue Cassetle. 2# NS \ Br 8 fa ' AT se SE # F UN "Le Cv " : HU €, ès Pet Al | RE PPT ris | # | | | #4, : sim EN 1) ae \ { 4 € | | | w | | | FRA F ; FL n. “ } 1 ; | | | | , | ; | RE à "4 # En N : ) | ; = | C2 \ JPA, À: n ‘4 | 12 | Se \ Ü tar, nd > wh dd EXT 100,7 Per ef 7 « # e @ D A 4 4 mn « Via dd. te D tort! MA D 0 k AT ne Cu