- ■ ^----.-.'*^- ""^'"^ ^ ■>«>-; _. ' ■<• ^ ~V- <^'-r r--^. ' < < < '••<' c <:- <:; <- < < c <:. . c ^ *-- — ^'~ _z^ — "V-"' ■ ■ ^'— ~- «'"'<''•' <-■ «^"- «• .r-*- Le proc6s-verbal de la seance qui precede les vacances de la So- cieie est soumis seulement a Tapprobation du Conseil. Les lectures failes par les membres de la Societe ont lieu dans I'ordre de leur inscription , apres celles des rapports qui auraient 6ie demandees par la Societe. Les travaux communiques aux sections seront lus de preference a tous autres dans les seances generales. Quand I'ordre du jour est suffisamment charge , les lectures ne doi- vent pas durer plus de dix minutes. Le president a le droit d'interrompre une lecture , apres avoir con- suite le Bureau. Les communications de personnes etrangeres k la Societe pourront etre lues, si elles sont presentees par un membre du Bureau ou de la section compeiente , et dans des cas d'urgence qui seront apprecies par le Bureau. Dans le cas contraire, elles seront renvoyees h I'exa- men d'une commission. Art. 52. — Les membres de la Sociei6 ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage dejk iniprime et publie. Art. 53. — Les membres qui ont fait des communications verbales ou pris part aux discussions peuvent remettre des notes au secretaire pour la redaction du proces-verbal. >a Art. 54. — Aucune communication ou discussion ne pent avoir lieu sur des objels elrangers au but de la Societe. — XVI — Art. 55. — II ne peul 6tre question, dans les s6ances, d'aucun objet relatif a radministration, que sur la demande du Conseil. Toutes les observations relatives k I'administration sont adress6es par 6crit au president , qui en r6fere au Conseil i sa plus prochaine s6ance. CHAPITRE VII. DES PUBLICATIONS. Art. 56. — Le recueil de la Soci6t6 porte le litre de Bulletin de la Societe zoologique d' acclimatation. II est imprim6 aux frais de laSo- ci6t6, dans le format in-octavo, et peutfitre 6chang6 contre d'autresre- cueils scientifiques. II ne peut filre vendu aux personnes 6trang6res a la Soci6t6 qu'i un prix d6termin6 par le Conseil. Art. 57. — Le Bulletin contient les procfes-verbaux des stances de la Soci6t6 , les m6moires et communications verbales ou 6crites qui lui ont 6t6 faites , des analyses d'ouvrages Strangers r6dig6es par Tun des secr6taires ou par d'autres membres de la Soci6t6 , un bulletin biblio- graphique r6dig6 par les secretaires, el les decisions du Conseil qui peuvent 6tre d'un int6r6t g6n6ral pour les membres de la Soci6t6. Art. 58. — Le Bulletin parait mensuellement. An. 59. — Les m6moires, notes ou extraits lus a la Soci6i6, de mfime que les observations verbales r6dig6es ensuite par leurs auteurs, doivent 6tre remis au secretarial dans la quinzaine qui suit la seance ou la communication a 6te faite. A d6faut de remise dans ce d61ai , il est pass6 outre a I'impression du Bulletin^ el ces m6moires , notes ou extraits, prennentun rangde publication post6rieur. Art. 60. — Les membres n'ont droit de recevoir que les volumes des annfees du Bulletin pour lesquelles il ont pay6 leur cotisation.Toutefois, les volumes correspondant aux ann6es anterieures a leur entree dans la Soci6t6 leur sont c6d6s a un prix r6duit, d6termin6 par le Conseil (9 francs). Art. 61 . — Les auteurs de notes ou m6moires ins6r6s dans le Bul- letin, et contenant au moins un quart de feuille, peuvent obtenir la remise gratuite de qualre 6preuves de ces communications , en en fai- sant au secretariat la demande avant Timpression. Art. 62. — Quelle que soil la longueur des notes ou m6moires in- serts dans le Bulletin, les auteurs pourront en faire faire, a leurs frais, un tirage a pari. L'exercice de cette facult6 est soumis aux conditions suivanles : — XVII — l" L'auteur qui voudra en profiler dcvra en faire la declaration ex- presse ct par 6crit en tfite de son manuscrit. 2° II devra s'entendre direclement avec rimprimeur pour le rema- ntmenlde la composition et Ic paiement dcs frais , conform6menl aux conditions 6nonc6es dans le trail6 pass6 entre la Soci6l6 et rimpri- meur. 3» Le tirage a part devra resler enti6rement conforme au texie du Bulletin. II ne pourra fitre remis 4 l'auteur que huit jours aprcs la pu- blication de la parlie du Bulletin contenant le m6moire. 4° Le faux-titre devra porter : Extrait du Bulletin de la Societe zoologique d'acclimatation. Art. 63. — Les manuscrits d6pos6s au secretarial, ct non encore publics, ne peuvent fitre communiques ou remis qu'a leurs auteurs. Art. 64. — La Societe rcQoit les memoires enlangue etrangere encore incdits, et le Conseil en autorise, s'il le juge convenable, la traduction ct la publication. Art. 65. — Les travaux envoyes par des personnes qui ne font point partie de la Societe peuvent fitre publies sur le rapport des com- missions d'impression. Art. 66. — Un travail en cours dMmpression dans le Bulletin ne pcut plus Ctre retire par son auteur, k moins d'unc autorisation spe- cialc du Conseil, et, dans ce cas, les frais faits jusqu'a ce moment sont a la charge de l'auteur. CHAPITRE VIIL DES PROPRI^T^S DE LA SOCi£t£. Art. 67. — Les animaux , produits, dessins ou objets quelconques envoyes il'appui des memoires, sont consideres, par ce fait seul,comme donnes h la Societe, k moins que les auteurs n'aieut exprime formelle- ment, lors de I'envoi , une volonte contraire. Art. 68. — Les membres qui cessenl de faire parlie de la Societe ire peuvent redamer aucune pari dans ses proprieies. CHAPITRE IX, PLACEMENT ET SURVEILLANCE DES ANIMAUX. Art. 69. — La Societe confie aux membres qui en temoignent le desir les animaux dont elle dispose ; mais elle conserve sur ces ani- maux et leurs produits tous les droits de proprieiaire. 6. — XVI II — Art. 70. — Aucune demande d'animaux, planies ou graines, adrcs- s6e par une personne etrangere a la Soci^te , ne sera inscriie et exa- minee si ellc n'a 6te pr6sent6e par un membre, soit de la Societe, soil du bureau de Tune des societes affili6es ou correspondantes. Art. 71. — II sera remis a chaque membre depositaire, en m6me temps que lesanimaux, un programme d'observations a faire, qu'i! sera tenu de remplir et d'annexer a son rapport trimestriel. Art. 72. — Les membres auxquels sont confi6s les animaux ap- partenant a la Soci6t6 s'engagent a pourvoir a leur entretien. Sur leur demande, le Conseil statue relativement aux indemnil6s a accorder. Art. 73. — Sur la simple declaration du membre depositaire, la Soci6t6 reprend les animaux qui lui avaient 6t6 confi6s. Art. 74. — Les frais de sejour, de voyage ou de transport desani- . maux confies a un membre, sont a la charge de ce membre a partir du moment oil la Soci6te declare les lui confier., et oii , de son cote , il de- clare, par 6crit, les accepter, et jusqu'au moment ou il en fait remise entre les mains des agents de la Societe. Art. 75. — Le Conseil est juge souverain en tout ce qui touche k la repartition des animaux. II devra tendre a creer un nombrerestreint de centres, surlesquels la surveillance puisse facilement s'exercer. Art. 76. — Quand le Conseil jugera que la reproduction d'une es- pece est assuree, il pourra en remettre un ou plusieurs individus aux divers membres de la Societe. Art. 77. — Sous aucun pretexte un membre depositaire ne peut placer un animal dans un local dont Tentree scrait payante, sauf deli- beration expresse du Conseil. Art. 78. — En cas de multiplication des animaux confies a un men)bre, ce membre en informe sur-le-champ le Conseil. Art. 79. — En cas de mort d'un animal confie a un membre, ce membre en informe sur-le-champ le Conseil par un rapport contenant, autant que possible, des details sur les causes qui ont amene la mort et un proces-verbal d'autopsie. Art. 80. — Quand il y a possibilite, le Conseil decide de la desti- nation a donneraux restes des animaux mortsappartenant a la Socieie. Art. 81. — Pourront etre vendus au benefice dc la Societe, apres deliberation expresse du Conseil, les animaux excedant un nombre de- termine. Le piix Clio mode dc vcnte sont arrCtes par le Conseil. — XIX — Art. 82, — 11 est lenu un relcv6 d6laill6 des naissances cl morls desanimaux appartcnant a la Soci6losent du loyer, des contributions, des frais de bureau et d'impression , des frais d'entretien des meubles et du local, et du port des lellres cl paqucts adress6s a la Soci^t6. Les dSpenscs extraordinaires sonl vol6es par le Conseil. Art. 89'. — La Societe se charge de Tenvoi gratuit du Bulletin , et de raffranchisscmcnt des leltres relatives aux publications, des letlres de convocation et des avis imprimfes. Les voles devronl 6tre envoyes par Idtre affranchie , sous peine d'filrc nuls. Art. 90. — La Soci^td ne s'engage jamais dans aucunc d^pense €xc6dant son avoir. Art. 91. — Lc tr. La Societe d'emdlation, d'agriculturb, scibngrs, lettrbs ict arts, DO oiPARTEMENT DE l'AiN , 4 Bourg. MEMBRES FONOATEURS. MM. Amblot (le marquis), proprietaire, k Paris. Andecy (d'), ancien saus-prefet, scretaire du Conseil d'adminislratioa du Credit foncier de France, a Paris. AozocX (le docleur), a Paris. Batlbn (de), chef de la division des haras au Ministere de ragricutlure, du commerce et des travaux publics, k Paris. Bbacvau (le prince Marc de), depute au Corps legislatif, k Paris. Bethisy (le marquis de), proprietaire, a Paris. Bethunb (le comte de), proprietaire, a Paris. Blacqoe (Paul), banquier, a Paris. Blondeau (le docteur Leon), a Paris. Brimont (Roger de), proprietaire, a Paris. Calvet-Rogniat, depute au Corps legislatif, k Paris. Clary (le vicomte J.), proprietaire, a Paris. Codessin (le comte de), proprietaire, a Paris. Dalhatie (le ducde), ancien arabaissadeur, a Paris. Delon (Jules), proprietaire, a Paris. De Metz, conseiller honoraire a la Cour imperiale de Paris, directeur do la colonic agricole de Mettray, pres Tours. Drmidofp (le prince A. de), membre correspondant de I'lnstitut, a San Donato, pres Florence. HuPiN (E.), proprietaire, a Paris. — XXIV — EicHTHAL (Adolphe d'), banquier, administraleur du Credit mobilier, el des chemins de fer de I'Est et du Midi, a Paris. Epremksnil (le comte d'), proprietaire, a Paris. FociLLON, professeur d'histoire naturelle au Lycee Louis-le-Grand,ancien "repetiteur a I'lnstitut agronomique de Versailles, a Paris. Gkoffroy-Saint-Hilairb (^Albert), a Paris. Geoffroy-Saint HiLAiRE (Isidore), membre de Tlnstitut, conseiller et inspecteur general honoraire de I'lnstruction publique, professeur au Museum d'histoire naturelle et a la Faculte des sciences, a Paris. Guerin-Meneville, membre de la Societe imperiale et centrale d'agri- culture , directeur de la Revue zoologique, a Paris. Jacquemart (Frederic), ancien eleve de I'Ecole polytechuique , proprie- taire, a Paris. Manoir (le comte du), proprietaire, a Paris. Martin du Nord (Ernest), proprietaire, a Paris. Montebello (le due de), ancien ministre de la marine, a Paris. Mornay (le marquis de), proprietaire, a Paris. Mdller (le baron de), directeur general du Jardin zoologique de Marseille. Pomme , agent de change, a Paris. PoNTALBA (le baron Celestin de), proprietaire, a Paris. PoBET (le vicomte E. de), proprietaire, a Paris. PoucBET, membre correspondant de I'lnstitut, directeur du Musee d'his- toire naturelle de Rouen. Prevost (Florent), aide-naturaliste au Museum d'histoire naturelle, a Paris. PDCHERAN(le docteur), aide-naturaliste de zoologie au Museum d'histoire naturelle, a Paris. Rayer (le docteur), membre de I'lnstitut, a Paris. RicHARO du Cantal (le docteur), ancien representant , ancien directeur del'ecole des haras, a Paris. RoQUETTE (A. de la), proprietaire, a Paris. Rothschild (A. de), a Paris. Rdffier , proprietaire, a Paris. Sacc, professeur a rAcadejnie de Neufchatel (Suisse), a Wesserling (Haut- Rhin). Saint -Genest (le baron de), proprietaire, a Paris. Saulnier, proprietaire, a Paris. Seguier (le baron Armand), membre de I'lnstitut, a Paris. Seguier (le comte P.), proprietaire, a Paris. Selve (le marquis de), membre du Conseil general deSeine-et-Oise, a Paris. SiNKTY(le marquis de), proprietaire, a Paris. SoHiER , ancien prefet, a Paris. Talhouet (le marquis de), depute au Corps legislatif, membre du Con- seil general de la Sarlhe, a Paris. XXV MEMBRES HONORAIRES. Albrano (I'abbe), superieur general des Missions etrangeres, a Paris. Bardffi (le chevalier), professeur k la Faculte des sciences, membre de TAcademie royale d'agriculture, 4 Turin. Bechtoldt (de), conseiller intime de S. A. R. le grand due de Uesse- Darmstadl, president du Conseil superieur d'agriculture des Ilesses reunies, a Darmstadt. Bergonzi, proprietaire, membre de la Society d'agriculture de Boulogne- sur-Mer, a Boulogne-sur-Mer. Bbrtrand (I'abbe), missionnaire apostolique, au Su-tchuen (Chine). Cabrera (I'abbe), cure de Macusani, au Perou. Castelnau (le comte de), consul de France, a Bahia (Bresil). Cecille (le vice-amiral comte), senateur, a Paris. Dacmas (le general de division), conseiller d'etat, directeur des. affaires d'Algerie au ministere de la guerre, a Paris. Delaporte, consul de France au Caire. Ddssumier (Jean-Jacques), armateur, a Bordeaux. FuRET (I'abbe), missionnaire apostolique, aux iles Lieou-khieou (archipel du Japon). GtriDO (le colonel), a Lima (Perou). JoMARD, membre de I'lnstitut, conservateur a la Bibliotheque imperiale, ancien membre de I'Expedition frangaise en Egypte , a Paris. Mackac (I'amiral baron de), senateur, a Paris. Mare$ca(S. G. Mk'), ev^quede Solen, vicaire apostolique du Kiang-nan, a Chang-hai (Chine). MicBAUX, membre correspondant de I'Academie des sciences, membre de la Societe imp<^riale et centrale d'agriculture , a Paris. MoNTiGNY (de), consul de France a Chang-hai (Chine). Pallegoix (S. G. Mg'), ev^que de Mallos, vicaire apostolique de Siam. PiDDiNGTON , k Calcutta. PoccEL, fondateur desbergeriesduPichinango, au Pichinango (Uruguay). Reid (S. E. sir William), gouverneur general del'ile de Malte, a Malte. Retord (S. G. Me""), eveque d'Acanthe, vicaire apostolique du Tonquin occidental. Rousseau (le baron), consul de France, aBrousse (Turquied'Asie). Vebrolles (S. G. Mef), eveque de Colomby, vicaire apostolique de la Mantchourie, a Moukden (Chine). Zeller, conseillftr d'etat, secretaire perpetuel de la Societe centrale d'a- griculture d'AUemagne, a Darmstadt. XXVI — MEMBRES TITULAIRES. AtiBADi£ (Antoine d'), membre correspondant de rAcadernie des sciences, a UiTugne pres Behobie (Basses-Pyrenees). Abric Dfi pENODiLtET (Leoncc), proprietaire , a Paris. Agnellet (Jean-Marie), fabricant, a Paris. Agdillon , proprietaire , membre du Cornice agricole de Toulon , a Toulon (Var). Alexandre (A.), proprietaire, agriculteur, membre duConseil general de la Nievre, maire d'Arleuf, au Chatz, commune d'Arleuf, pres Chateau- Chinon (Nievre). Allary (I'abbe), cure de Genevilliers (Seine). Allier, directeur de la Colonie agricole de Petit-Bourg, a Petit-Bourg (Seine-et-Oise). Amiel (Isidore), proprietaire a Villeneuve-du-Tarn, et chef d'institution , a Paris. Anca (le baron Frangois), proprietaire a Palerme (Sicile), a Paris. Andre (A.), proprietaire, a Paris. Andre (Ernest), proprietaire , a Paris. Andre (Louis), proprietaire , a Paris. Andreis (le chevalier Andre d'), consul general de Sardaigne, a Lyon, Angles (le vicomte Raoul), proprietaire , a Paris. Annek (Theodore), proprietaire, a Paris, Aqdarone (Paul), proprietaire, membre du Gomice agricole de Toulon (Var). Arbalestier (d'), proprietaire, au chdteau de la Gardette , pres Loriol ( DrOme). Ardoin (le docteur), membre du Gomice agricole de Toulon , a Toulon (Var). Argent (le marquis Alfred d'), proprietaire a Bouville, pres Cloyes (Eure- et- Loire). Armingadd jeune, ingenieur, a Paris. Arosa (Gustave), proprietaire, a Paris. Assy (Edouard d'), proprietaire , a Paris. Atger (Marcel), avocat, a Alger. Aucapitaine (le baron Henri), a Paris. AucHOis (Louis), proprietaire , a Paris. Acoiffred ( Frangois-Joseph), ancien adjoint au maire du ¥ arrondisse- ment de Paris, ancien juge au tribunal de commerce de la Seine, vice-* president de la Societe orientale de France , a Paris. AvfeNE (le baron Gustave d'), proprietaire, a Paris. — XWII — Ballrrov (le comte de), proprietaire , k Paris. ' Balsamo-Crivelli, proprietaire a Marcallo, pres Magenta (Lombardie). Barochb (Ernest), maitre des requites au Conseil d'etat, a Paris. Barral, ancien repetiteur a I'Ecole poly technique, directeur du Journal d'agricuUure pratique , k Paris. Barrot (Ferdinand), senateur, ancien ministre de Tinterieur, a Paris. Barrow (Peter), consul d'Angleterre k Caen (Calvados). Bartheleut-Lapommeratb , directeur du Musee d'histoire naturelle , et I'un des directeurs du Jardin zoologique de Marseille, a Mai-seille (Bouches-du-Rh6ne). Bassano (S. Exc. M. le duo de), grand chambellan de S. M. TEmperenr, senateur, a Paris. Baudement, professeurau Conservatoire des arts et metiers, k Paris. Baddbns (le docteur), inspecteur general du service de sante desarmees, k Paris Baumert (le docteur), professeur de chimie physiologique k TUniversite de Bonn (Prusse rhenane). Bate (A. de), proprietaire, a Paris. Baye (le baron Christian de), capitaine dWtillerie, a Paris. Beaucdurt (Henri), negociant , a Paris. Beaumont de la Somme (le comte), senateur, k Paris. Beadne (Philibert), ancien conseiller de prefecture, secretaire du Cornice agricole de Vitteaux, a Vitteaux (C6te-d'0r). Beauregard (le comte de David;, president du Cornice agricole de Tou- lon , maire de la ville d'Hyeres, a Hyeres (Var). Beaurepaire (le comte de), a Paris. Beauvau (le prince de), senateur, a Paris. B^CLARD, agent et consul general de France a Bucharest (Valacbie), k Paris. Becquerel (Edmond) , professeur au Conservatoire des arts et metiers , a Paris. Bedier (Achille), commissaire general de la marine, membre du Comite consultatif des Colonies, ancien gouverneur de Pondichery, a Paris. B^hague (de), membre de la Societe centrale d'agricuUure, membre du Conseil general du Loiret, k Paris. Bella (Francois), directeur de I'Ecole d'agricuUure de Griguon (Seine- et- Oise). Belleymk (Ch. de), juge au tribunal de la Seine, a Paris. Belloc (Irenee), negociant, a Paris. Be.llozanme (le comte de), proprietaire , a Paris. Benoist d'Azy (le vicomte), ancien depute, ancien vice-president de i'As- semblee legislative, administrateur des chemins de fer d'Orleans et de la Mediterranee, et du Credit foncier de France, a Paris. — XXVIH — Beranger \}e marquis de), a Paris. Berabd, proprietaire, a Paris. Beradlt (Frangois), proprietaire, cultivateur, ancien eleve de Rovillc, a Chezal-Benoit (Cher). Berenger (0. Camille), proprietaire aMonts, pres Loudun (Vienne). Bernis, veterinaire en chef de Tarmee d'Afrique, a Alger. BERRVER-FoNTAmE (Ic doctcur), a Paris. Bertier DE Sauvigny (le comte A. de), proprietaire, a Paris. Bertoc (Leon-Honore) , fabricant, a Paris. Bertrand (le docteur), professeur a I'Ecole de medecine de Clermont , medecin-inspecteur des eaux du Mont>-J)ore, a Clermont (Puy-de- D6me). Bigot, membre de laSociete enlomologique de France, a Paris. Binger, ancien notaire, a Nancy (Meurthe). Bixio (le docteur), ancien ministre de I'agriculture , fondateur du Journal d' agriculture pratique, a Paris. BizEMOMX (le comte de), proprietaire, a Nancy (Meurthe). Blacqce , ancien depute , administrateur des chemins de fer de I'Est , a Paris. Blacque (Arthur), proprietaire , a Paris. Blaise. Blanc (Alphonse), directeur des menageries et cultures de San Donate , a San Donato, pres Florence (Toscane). Blanchard, aide-naturaliste au Museum d'histoire nalurelle, a Paris. Blatin (le docteur), a Paris. Blazy ( Leon), negociant, a Paris. Bleymullkr, banquier, a Paris. Bo.\AND de Mostaret (Henri de), proprietaire , a Paris. Bonaparte (S. A. Mgr. le prince Charles-Lucien), membre correspon- dant de I'Academie des sciences , a Paris. BoissARD (Yves), proprietaire a Dijon (C6te-d'0r). BossiN, horticulteur, a Paris. Bocchage (le comte F. du), a Paris. BoccHET, secretaire de la Societe imperiale d'horticulture , a Paris. BoucEET (le marquis du), proprietaire, a Paris. BoucHON, ancien eleve deTEcole poly technique, capitaine d'artillerie, a La Ferte-sous-Jouarre(Seine-et-Marne). BoccHOT, membre du Conseil general du Doubs, a Lisle-sur-Doubs(Doubs). BouDABD (Hippolyte), proprietaire, a Paris. BouLARD (Albert), proprietaire, a Paris. Boulard DE Vaucelles (Ernest), ancien eleve de I'Ecole polytechnique, a Paris. Bocrbon-Busset (le comte Charles de), a Paris. BouRER (Prosper), ministre plcnipotenliaire de France en Perse , — XXIX — BouRGKOis, ancien directcur de la bergerie de Rambouillet, a Paris. BouRGUiGNAT, aide naturaliste au Museum d'histoirc naturelle, a Paris. BouTEiLLB, secretaire-conservateur du Museum d'histoire naturelle de Grenoble , secretaire-conservateur de la Societe zoologique pour la region des Alpes, k Grenoble (Isere). BocTTON-LEvfeQDK, propri^taire k Angers ( Maine et-Loire). Bragdier, naturaliste, k Saint-Genest, pres Lencloitre (Vienne). Br^da (le comte Raymond de), proprietaire en Algerie , a Paris. Briand (Louis), proprietaire, a Paris. Brikrr dk Mond^tocr, inspecteur des eaux et fordts, k Dax (Landes). ' Brimont (Henri de), proprietaire, au chateau de Brimont (Marne). Brindeau (Achille), inspecteur general des chemins de fer, a Paris. Briois d'Angre (le baron de), proprietaire, a Paris. Briquet-Jacquehin , agriculteur, a la Ferme-Saint-Lazare, pres Sainl- Quentin (Aisne). Brtas (le comte de), membre du Corps legislatif , a Paris. Brtas (le marquis Charles de), proprietaire, au Taillon , pres Bordeaux. Bcffon (Henri de), a Paris. Bdqdet (le baron), depute de la Meurthe, a Nancy (Meurthe). BossitiRRE (le baron Edmond de), proprietaire, ancien pair de France, a Paris. Bcvry (Leopold), docleur en philosophie, membre correspondant de la Societe orientale de France, k Berlin (Prusse). Cabanellas (le docteur), a Paris. Cabanellas (Charles), a Paris. Calmels (Sylvestre-Alphonse) , defenseur pr^s la Cour imperiale d'Alger. Cahozzi (Jean-Baptiste), proprietaire, a Bergame (Lombardie), Cahpello (le comte de), a Paris. Canclacx (le comte de), attache au ministere des affaires etrangeres , a Paris. Caisson (filienne de), proprietaire k Annonay (Ardeche). Carlier (Pierre), conseiller d'etat, a Paris. Carre (le docteur), k Saint-Remy, pres Montbard (C6te-d'0r). Carteret, ancien conseiller d'etat, a Paris. Cartier (Frederic), proprietaire, a Paris. Cartier (Louis), avocat, k Paris. Cacmont (le marquis de), membre correspondant del'Institutde France, directeur de I'lnstitut des provinces, a Caen (Calvados). Cauvain, avocat, a Paris. Cav^, ingenieur, proprietaire, a Paris. Cerua (Jose-Nicolas de la), du Chili, proprietaire, 4 Paris. Cfrfberr (Auguste-Edouard), ancien prefet, inspecteur general des co- lonies pcDitentiaires agricoles , a Paris. — XXX — Challemaison (de), directeur de la Compagnie des Laodes, aux forges de Pontens, pres Miraizan (Landes). Chambellan (Gratien), fabricant de ch41es cachemires, a Paris. Chamborant (le comte de), proprietaire, ancien membre du Conseil gene- ral de la Charente , a Paris. Chanal (Victor de), ancien prefet du Bas-Rhin, chef d'escadron d'artil- lerie , a Rennes. Charmsat (le baron de), proprietaire a Montlugon (Allier) , a Paris, Charreau (Paul), horarae de lettres, a Paris. Charrdad (le docteur Adolphe), president de la Societe des arts et me- tiers, Industrie, etc., a Paris. Chasles , membre de I'lnstitut , professeur a la Faculte des sciences , a Paris. Chasles, ancien depute, a Paris. Chatel (Victor), proprietaire, membre de la chambre consultative d'a- griculture de Vire, a Vire (Calvados). Chatin (le docteur), professeur a I'Ecole de pharmacie, a Paris. Chabcuat, ancien notaire, a Paris. Chavaxnes (le docteur), a Lausanne (Suisse). Chenest (Ernest), proprietaire, a Paris. Chenc (le docteur), professeur d'histoire naturelle au Val-de-GrAce , a Paris. Cheuvrebx (Jean-Pierre-Casimir), proprietaire, a Paris. Chevalier (Michel), conseiller d'etat, a Paris. Chevarier (de), proprietaire, a Paris. Chevet (aiae), proprietaire, a Paris. Chollet (Maximilieu-Louis -Joseph), manufacturier, a Paris. Choclot (le comte de), au chclteau de Mimont, pres Pougues-les-Eaux (Nievre). Cleisen (Eugene), proprietaire, a Paris. Cochin (Augustin), maire du 10« arrondissement, administrateur du che- min de fer d'Orleans , a Paris. CoiGNET (Frangois), manufacturier, a Paris. CoLLiNET (Pierre), proprietaire a Chenaye (Indre-et-Loire), a Paris. CoMMENDECR (Saiut-Amaud), proprietaire, a Paris. CoNDUCHE, redacteur du Journal de I' instruction publique , a Paris. CoNTE ( Eugene ) , proprietaire , a Paris. Cony (le vicomte de). CoRBit:RE DE JdGEs (Abel), proprietaire, a Paris. CoRBitiRE (le docteur de la), membre de plusieurs Academies, a Rozel- les, pres Cellette (Loir-et-Cher). CoRNALiA (Emilio), professeur de zoologie, et directeur-adjoint du Mu- see civique de Milan , a Milan (Lombardie). CosTE, membre de I'lnstitut, professeur au College de France, a Paris. XXXI — CoURCKLLKS (de), proprietaire , k Lille (Nord). Court (I'abbe), cure de Nanterre (Seine). Crapklet (Emile), a Paris. Crkpet (Eugene', proprietaire, a Paris. Crisenoy (le comtede), a Paris. Crisenoy (le baron de), a Paris. Croczet, ancien maitre de pension, a Paris. CuENOT DK LA Malcote, juge au tribunal civil de Besan^^n , a Tbise,> pres Marchaux (Doubs). Gdrniru (le baron de), proprietaire, ^ Paris. CDRZAY(le vicorate de), proprietaire, au chAteau de Curzay (Vienna). Dabaret (Jean-Charles), proprietaire, a Precy (Oise. Daget (Athanase-Charles), proprietaire, a Ch4tellerault (Vienne). Daget (Theodore), negociant, a Saumur (Maine-et-Loire). Dailly , proprietaire , maitre de la poste aux chevaux de Paris, adminis- trateur du Credit foncier de France, a Paris. Damoiseau, proprietaire, a Montmartre (Seine). DAMPiEnRE (le marquis de), ancien depute, a Paris. Darkste (le docteur), professeur au lycee de Versailles, a Paris. Dacca, proprietaire, a Paris. Dadsse, proprietaire, a Lons-le-Saulnier (Jura). Daotheville (le general), depute au Corps legislatif, membredu Conseil general de I'Ardeche, a Pans. Davelodis (Gustave), proprietaire, a Paris. David, chef de la maison David de Souvigny, a Poitiers (Vienne). Davin (Frederic), manufacturier, peigqeur et filateur, a Paris. Debains, proprietaire, a Paris. DsBAms, ancien representant , a Paris. Debart (Fritz), manufacturier, a Guebwiller (HautrRhin). Debeacvoys ( le docteur , apiculteur, raembre correspondant de la Societe imperiale et centrale d'agriculture, k Seiche (Maine-et-Loire). Drcan de Cbatocyille, notaire bonoraire, mairedu 3° arrondissement, 4 Paris. Decazes (le baron F.), a Paris. Decazes (le due), ancien president du Conseil des rainistres, ancien grand referendaire de la Chambre des pairs , a Paris. Degbeaux , negociant, membrede la Societe des sciencesdHVar,i Toulon. Dehais (Felix-Emile), rentier, a Paris. Dehaye, proprietaire, k Paris. Delacour (Albert), proprietaire, a Paris. Delaroche (Henri), negociant, au Havre (Seine-Inferieure). Deleau (le docteur) , proprietaire , a Paris. Dklkssert (Benjamin), proprietaire, a Paris. — XXXll — Deluomkl (Emile), negociant et proprietaire , a Montreuil-sur-Mer (Fas- de-Calais). Delpcech (I'abbe), nuredeCros-de-Montamat, pres Vic-sur-Cere(Cantal). Dklvaille (Camille), a Paris. Demandre (Charles), proprietaire, a La Chaudeau, par Saint-Loup-sur- Angronne ( Haute-Saone). Demond, instiluteur primaire superieur, a Orleans (Loiret). Desgrand (Paul), membre de la chambre de commerce, administrateur de la banque de France, succursale de Lyon, a Lyon. Desportes , proprietaire , a Paris. Desroy (le comte), proprietaire, a Paris. Desvigxes, proprietaire, a Paris. Deville, conservateur des collections du College de France, a Paris. Dirwell (Joseph), rentier, a Wesserling (Haut-Rhin). DoAZAN (Jules), agent de change, a Paris. DoDDN DE Keromax ( le marquis de ) , a Paris. DoLLE (Jules), proprietaire, a Paris. DoLLFDS (Charles), chimiste, a Paris. DoLLFus (Mathieu ' , proprietaire , a Paris. DoLLFUS-MiEG , proprietaire, a Paris. DoMANGE (Frangois-Auguste), joaillier, a Paris. DoREL (Auguste), proprietaire agriculteur, directeur del'atelier de grai- nes de vers a sole etabli par le gouvernement a Annonay ( Ardeche), et au Peage du Roussillon (Isere). DoYfeRE, professeur d'histoire naturelle au Lycee Bonaparte, ancien pro- fesseur a I'lnstitut agronomique jde Versailles, a Paris. Dreyer (Theodore), proprietaire, a Saint-Amarin (Haut-Rhin). Drouyn de LeuYS (S. Exc. M.), ministre des affaires etrangeres , a Paris. DcBois (le comte), conseiller d'etat, a Paris. DuBUS (le vicomte Bernard), directeur du Museum d'histoire naturelle de Rruxelles , a Bruxelles. Ddccuing (Francis), proprietaire en Afrique et homme de lettres, a Alger. DoFOCR DE Nedville , proprietairc , a Paris. Ddmas , senateur, vice-president du Conseil imperial de I'instruction pu- blique , membre de I'lnstitut, ancien ministre de I'agriculture et du com- merce, a Paris. Dumas (.lustin), a Paris. DcMAST (le baron P. Guerrier de), proprietaire, a Nancy (Meurthe). DuMERiL (le docteur A.), professeur agrege a la Faculte de medecine , aide naturaliste au Museum d'histoire naturelle, a Paris. Dd Meril (Alfred), president de la Sociele d'horticulture de Caen, proprietaire a Marcelet, pres Caen (Calvados). I)»""''si>Jii, , proprietaire, a Paris. — xicxiu — Ddpin, ancien pr^sideqt de U Cjiambre des d^pul^s et de rAssembleena^ tionale, k Paris. DvRAiVD (Quantin), fabrican^ d'instruments d'agriculture , 4 Paris. DcRRAU DK LA Malle , membre de I'lnstitut , a Paris. DpsACQ, ^diteur-libraire, ^lalibrairie agricole de la. Maison rustique, 4 Paris. D^TSMPLE, proprietaire , k Paris. . DoTRONE, conseiller hpporaire alaCour imperial^ d'Apiieps, ancien mepi- bre du Conseil general du Calvados, au ch&teau de Trousseauville, pres Dives (Calvados). DuTARMBT, avqcat, 4 Evreux (Eure). Edwards (Milne), membre de Tlnstitut , professeur au Museum d'histoire naturelle, doyen de la Fa(;ult6 des sciences, k Paris. Eglingkr (Jacques), adjoint du maire de MoUaq, pres Wesserling (Haut- Rhin). Ehlingeb, prpprietaire et conseiller mynicipal k Husseren (Haut-Rbin). EicHTHAL (Gustave d'), proprietaire, k Paris. EsLiMG (Victor Mass^na, prince d'), k Paris. EsTERNO (le comte d'), proprietaire , au chateau de la Vpsvres, pr^s Autun (Sa6ne-et-Loire). Etoilb (de T), proprietaire, k Paris. '* Fabre (Jules), proprietaire , k Paris. Fabina (Paul), avocat, depute au Parlement piemontais, k Turin (Pie- mont). FAoefeRE (Prosper), sous-directeur des affaires politiques au ministere des affaires etrangeres , k Paris. Pbu db la Mothe (de), proprietaire , a Paris. Feydeau (Ernest), proprietaire , a Paris. Feti^rick (Ch.), proprietaire , a Paiis. FizEAUx DB LA Martel (^aoul), prppri6taire ^ Sainte-Vaubourg, pris Rouen ( Seine-Inferieure), a Paris. Flotte (Louis de), directeur du dep6t d'etalons d'Arles, k Aries (Douches- du-Rh6ne. Flurt-Herard , consul general de Perse , banqujer du Corps diplomati- que , k Paris. FoBLAKT (de), ancieq representaqt, k Nancy ( Meurthe). FoKTAiNE , propfietaire-eleveur, k Paris. t FoNTANiER , voyageur naturaliste , k Paris. i FoNTENAY (le comte de), proprietaire, auchAteau de Vauhemu, k Ige, pr^s Belesme (Orne). Fossm (Jules), proprietaire , a Paris. FocQUBT (Philemon), proprietaire, k Paris. •0 — XXXIV — FoiJQCiER DE MAzifeBES, inspecteuF des forets de la couronne, ii Saint- Germain-en-Laye (Seine-et-Oise). FoDBNET, fondateur-directeur de rorpheliaat agricole de Montagny, a Monlagny, pres ChflloDS (Sadne-et- Loire), Fraissinet (Ad.), membre duComite de surveillance dela Societe zoologi- quede Marseille, a Marseille (Bouches-du-Rh6ne). FBANCONitBK (Paul-Charles Etienne de), lieutenant-colonel d'etat-major, chef du cabinet du ministre de la guerre, a Paris. Fremiet, sculpteur, a Paris. Fbemy, conseiller d'etat , a Paris. Fbemy, professeur au Museum d'histoire naturelle et k I'Ecolepolytedim- que , a Paris. Fbiddani (le baron de), proprietaire , a Paris. Froidefond des Fabges (De), conseiller a la Cour iraperiale de Paris. Gaillabd (Paul), proprietaire, a Paris. Galland , agriculteur, marchand grainetier, a Ruffec (Charenle). Gandillot (Arthur), industriel , a Paris. Garbi^ (le baron Charles), ancien prefet et ancien directeur des affaires ci- viles de la province d'Oran , a Paris. Gabdet (Joachim), capitaine au long cours, a Paris. Gabdin (Henri-Auguste), manufacturier, membre de la Societe academi- que de Saint-Quentin , maire de Vic-sur-Aisne (Aisne). Gabeau (Eug.), depute au Corps legislatif , membre du Conseil generai de Seine-et-Marne , a Paris. Gabeau (Louis-Joseph), proprietaire- agriculteur dans le departement de rOrne, a Paris. GABBOcsTE(Arsene), directeur dela ferme ecoledel'Hopitaljpres Aurillac (Cantal). Gaspabin (le comte de), membre de I'lnstitut, ancien ministre del'inte- rieur, a Paris. G:^LY (Andre), secretaire de la mission generale du Paraguay, h TAssomp- tion (Paraguay). Geoffbot (Auguste), proprietaire , a Lagny (Seine-et-Marne). Geoffbot (Paulin), capitaine de fregate, a Brest (Finistere). Gboffrot cSaint-Ange), proprietaire , a Saint-Jean-le-Blanc , pres Or- leans (Loiret). a Paris. Geoffboy-Chateau , juge au tribunal de la Seine , a Paris. Geoffboy de Villeneuve, depute au Corps legislatif, a Paris. Gebvais (le docteur), de Caen, administrateur de I'Ecole superieure du commerce , a Paris. Gebvais (Ferdinand), proprietaire, a Paris. Gebvais (Louis), proprietaire , a Paris. G6ry (Charles), avocat , a Limoges (Haute-Vienne). Ginot (Jean-Marie), ancien negociant, proprietaire , a Paris. — XXXV — Giraud-Teulon (ledocteur), ancien 6lk\e de I'Ecole poly technique , 4 Nice. GiROD DK BuzAHKiNGCES, depute de I'Aveyron au Corps legislatif , a Paris. Glatignt (Leonard de), proprietaire, aui PAtis, pres Tours (Indre-et- Loire). ,, GoBiNBAD (le comte de), secretaire de la mission de Perse, ; Goby, ex-maire de Blidah (Algerie), k Paris. GoiN, libraire de la Societe iraperiale d'acclimatation , k la librairie centrale d'agriculture et de jardinage , a Paris. „ GoHKL (Charles), raaitre des requites au Conseil d'etat, i Paris. GoNSE (Emmanuel), proprietaire , a Paris. GossE (le docteur), de Geneve , si Paris. GouDENovE (Charles Auguste-Raymond), proprietaire, a Paris. GoDPiL (Amable Damaze), proprietaire, k Paris. GoupiL (Louis Edouard), maitre des requetes au Conseil d'Etat, a Paris. GouY (J.), ancien raagistrat, a Nancy (Meurthe). ,. Graells, directeur du Musee d'histoire naturelle de Madrid, a Madrid. Grammont (le general de), inspecteur general de cavalerie, president ho- noraire de la societe protectrice des animaux , au chateau de Miramont (Lot-et-Garonne). Grandval, membredu Conseil general des Bouches-du-Rh6ne, a Mar- seille (Douches du Rh6ne). Granier de Cassagnac, raembre du Corps legislatif, redacteur du Consti- tutionnel, a Paris. ' Grasset, maitre de forges, a La Charile-sur-Loire (Nifevre). '' Greffulhe (le comte H. de), proprietaire, k Paris. '' Gbenier (Charles), proprietaire, k Bex, canton de Vaud (Suisse). ^' Grimaldi (le marquis de), a Paris. '" Gros pere, proprietaire, a Wesserling (Haut-Rhin). Gros (Aime), proprietaire , a Wesserling (Haut-Rhin). •* ^ Gros (Albin), proprietaire, a Wesserling (Haut-Rhin). 'l Gros (Edouard), proprietaire, a Wesserling (Haut-Rhin). ' ^ Gros (Gustave), proprietaire , a Lyon (RhOne). Gros (James), mairede Claye, pr6s Paris (Seine). Grossheintz (J.-J.)» a Mulhouse (Haut-Rhin). -■ !• Gc^NiN (Etienne-Frangois-Victor), notaire, a Paris. '"• Gci&Rm (le contre-amiral Nicolas-Frangois), commandant en chef de la station navale de I'lndo-Chine. GuERiN (Jules), membre de TAcademie imperiale de medecine, a Paris. Gi'ERNET, proprietaire , a Paris. GuiBouT (le colonel), a Paris. GuiFFREY (Georges), redacteur en chef duJo«ma/ge'7»^ra/ de I'inslruction publique, a Paris. GuiLLEMiN (Auguste), proprietaire, a Paris. " — XXXVl -'— GoiTTON (le docteur Eugene), a Dieppe (Seine-Inferieure). GcTNEMER, courtier d'assurances maritimes , proprietaire , a Paris, GcTNEMER (AMguste), proprietaire, a Paris. Haime (Jules), proprietaire , a Parjs, Halevt, raembre de I'lnstitut , k Paris, Hallez (Theophile), juge imperial, a Mayotte (Colonies fran^aises). HAtP^EN (Constant), a Paris. Halphen (Eugene), proprietaire, a Paris. Hardy, directeur de la pepiniere centr^ile du gpuy^rnement en Algerif , ^ Hamma, pres Alger. Hastier de Jolivette , proprietaire , a Moulins (Allier). Hadtpoijl (le general marquis d'), grand referendaire du Senat, president du Conseil general del'Aude, a Paris. Havin , ancien copseiller d'etat et depute , redacteur en chef du Sidcle , k Paris. Hennegcy (Felix), proprietaire, i Precy (Oise). Hesse, banquier, a Marseille (Bouches-du-Rh6ne). Hesse (Edouard), licencie en droit , a Marseille (Bouches-fiu-Rh6ne). Hecrtier, conseiller d'etat, a Paris. Heuzey-Deneirouse, negociant et fabricant de chiles, k Paris. HotLARD (le docteur), professeur d'higtoire naturelle k la Facylt^ (Ips sciences de Poitiers, a Poitiers (Vienne). Homore, agent de change, a Paris. HowYN DE TRANCHfeRES , ancicn representant , a Paris, Hubert (Adrien-Pierre-Antoinej, agent de change honoraire , a Pj^rig. Humbert (le docteur), a Paris. Hdyot (Ernest), ingenieur des niines, a Vienne (Autriche). HpzARD, membre de I'Acaderaie demedecine et de la Society centrale d'^- griculture , ci Paris. Jacqpe, peintre et grayeur, a Pa,ris. Jacquemai^t (Ferdinand), proprietaire, a Paris. Jacqueuii!! (le general), ancien commandant en second de, Tipple de c^val^- rie de Saumur, a Luneville (Meurthe). Jacquessqi} , proprietaire , k Chalons (Marne). J AVAL Lan (Leopold), proprietaire, k Paris. JoBEZ, proprietaire, a Syam, pres Champagnole (Jura), JopNsoN , proprietaire , a Paris. JoLY (le docteur), professeur a la Faculte des sciences de Toulpvise, a Tou- louse (Haute-Garonne). JoNAGE (le vicomte A. de), a Paris. JoNGH (Charles de), a Guebwiller (Haut-Rhin). JoNQUOY, membre du Conse^ general du Calvados, k Paris. JocRDiER (Auguste), agriculteur, a Versailles (Seine-et-Ois?). Jdscf (le general), cpmmandant de la division d'Alger, k Blidab. RercorlAy (de), membre du C(}rt)S legislatif, a l^ahs; KkRv^gcen (le vicorate Aime de) , depute de rarrondissement de Tdlildii au Corps legislalif , 4 Pari^. KbstnkR, ancien repr^sentant, a thann (llaui-Rhin). KiEKBR , zoologiste , membre de plusieiirs societes savabtes; KiKHTiY(Zephyrin), mair6 de Wildensteih (Haut-Rhitt). KiRGEitkn (le baron), a Paris. Klotz (Marc), fabricant, a Paris, Kobct^LtN (CHarle^), negociatit, & MulhOuse (ttaut-Rhin). KoBcBLiK (Daniel), proprietalre , a Mulhouse (Haut-Rhiil). Labelonyb , pharniacien , a Paris. LAtaOit (Albfert), proprietalre, 4 PAri^. Lafont (Numa), proprietaire , a Paris. LAGE(lfe baron die), dfficier de la v^nerie indperiale , a Paris. Lajonqui^res , sous-pr6fet 4 Chitlllon-sur-Seine (C6te-d'0r). LajOyk , prbpHetaitfe , i Paris. LamARtine (Alphonse de), membre deTAcademie frangaise, a; Pai'Wi Lambot -Mir AVAL, proprietaire a MirAval prfiS Brlgnole^ (Vdr): La MoNDi^itE (de), pfopi-ietaire , a Paris. Lauotte (le baron de), a Paris. LAi^cttfeftE, ciiltivatear, ancien elfeve de Rdville, a Paris. LaAdriAm du MohtBt (le baron R. dfe), proprietaire a Naiicy (Meurthe). LAifGRNSTEiN, itiaire de Railspach, pres Wesserling (Haut-Rhin. Lanjdinais (Victor), aiicien ministre de ragricullure , k Paris. LApfiRRfiLL^ (Leopold de), proprietaire, k Paris. Larchbr , proprietaire au Mesnil , prSs Saint-Amaud , ciantdn de Ram- boUillet, k Paris. J Lardy (Charles), docteur en droit, proprietaire k NeUchitel (Suisse). La RocdEFOUCAtjLb de Docdeadtille (le dilc de), proprietaire , a PariS; La Rochbpoccadld (le comte Alfred de), proprietaire, a Paris. La RocaEiAcouBLEiN (le marquis Henri de), senaleuri a Parisi Latapib (le baron de), a Paris. La TR^^oitriAis (de,, agrdnome, k Falmouth (Angleteire). LAUssAT(le baron de), ancien depute, proprietaire au chateau de Bernadelzj pres Pau (Basses-Pjfenees). a Paris. Lavergkb (Ldoncede), proprietaire, k Paris. LAVERRifcRE (Jules), professeur d'agriculture , directeur de la ftrme-' modele, k Mexico (Mexique). L^AUTACD (Henri de), au chdteau de Busagny, pres Pontoise (Oise). Lebarillier, ancien representant , proprietaire a Rassay^ preS Oenilld (Indre-^t-Loire). Lebigre-Beaurepaire (Auguste-Edniond), proprietaire , k Paris. Lebodl (le general d'artillerie), ancien eleve de I'Ecole poly technique , a Paris. — XXXVill Lkcoq , directeur de I'Ecole veterinaire de Lyon, a Lyon (Rhone). LeCouteolx de CAice (le due de), senateur, a Paris. Vicdna-Mackknna , du Chili , a Paris. ViGNERALE (le comle de), proprietaire, a Argentan (Orne). ViLANOVA, professeur de geologic au Musee d'histoire naturellede Madrid, k Madrid. ViLLENEDVE (de), proprietaire, a Paris. Villeneuve-Flayosc (de), ingenieur des mines , professeur a I'Ecole des mines, a Paris. ViLLETTE (le marquis de), proprietaire, au chateau de Villette, pres Pont- Sainte-Maxence (Oise). ViLMOKiN (Louis), membre de la Societe imperiale et centrale d'Agricul- ture, a Paris. ViNCENS DE GocRGAS, inspcctcur de I'Academie de Paris, a Paris. ViNCHON (Gustave), ingenieur-chimiste , a Paris. VissAGUET (de), proprietaire, a Paris. VoGDE (le marquis de), ancien representant , a Paris. VouGY (le comte Jules de), membre du Conseil general de la Loire, a Paris. VciLLEFROY , president de la section de Tagriculture , des travaux publics et du commerce, au Conseil d'etat, a Paris. Wallut (Charles), docteur en droit, a Paris. Walombrosa (le due de), proprietaire, a Paris. Walter (Fraser), a Londres. Wbiler (C. F.), negociant a Strasbourg (Bas-Rhin). — XLVII — Wkiss-Schldmbbbgkb , proprietaire , a Mulhouse (Haui-Rhin). Wkstkrman (G. F.), directeurdu Jardia zoologique Natura artia wa- gistra , k Amsterdam. WiDMAWN (D.)j proprietaire, i Wesserling (Haut-Rhin). Worms de Roxillt, ancien intendant militaire, a Paris. YvAN (le docteur Melchior), ancien raembre de I'Assemblee legislative, a Paris. YvAHT , inspecteur general des bergeries imperiales et des ecoles veteri- naires, a Paris. Zarco del Vallb (Antonio-Remon), lieutenant-general des armees espa- gnoles, senateur, president de TAcademie des sciences de Madrid (Es- pagne). ZoBBR (Frederic), proprietaire, a Mulhouse (Haut-Rhin). ZuRCHBR (Alphonse), proprietaire, k Cernay (Haut-Rhin). i* !.Annee. BULLETIN {S N. 1. DE LA SOGlfiTE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle Ic !• fevricr ISS'ft TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETY. SUR UN PREMIER ESSAI DE DfiVIDAGE DES COCONS DU BOMBYX CYNTHIA , Par M. nARDY, OIRECTEUR DE LA PEPINIERE CENTRALE D'ALGER, Communiqui d la SociiU zoologique d'acclimalation par S. Exc. M. le Ministre.de la guerre. (Stance du 8 Janvier 1855^ DaQS ma prenii^re coramnnication, du 27 septembre dernier, sur les resullats de I'iulroduction et de la premiere education k la Pepiniere cenlrale du Bombyx cynthia, j'ai dit que les cocons de celte phaleoe obtenus par mes soins avaient tous une ouverture raenagee par Tinsecle k Tune de leurs cxlremites, et que les brins de soie me paraissaient inlerrompus en cet endroit. J'ai emis I'opinion que celte circonslance s'opposerait au devi- dage de ces cocons pour en faire de la soie grege, et que ces cocons ne se Irouvaient pas plus dcteriores apres la sortie du papillon qu'avant. u i — 2 — Voulant, avant lout, assurer la multiplication du precieux insecte , je n'ai pas ose dislraire aucun des soixanle-huit cocons que j'avais obtenus pour en essayer le fiiage a I'etat frais, et je les ai lous consacres a la reproduction. J'ai pu ainsi obtenir sept grammes deux decigrammes d'oeufs qui ont parfaitement eclos, et ont donne fieu k une education qui s'est operee dans les condiiions les plus satisfaisantes , etdontles cocons commencent a se former en ce moment. Dans les comptes-rendus de I'Academie des sciences, n" 15, 9 octobre dernier, j'ai vu une note fort interessante de M . Gue- rin-Meneville , dans laquelle il rend compte de ses premieres tentatives pour devider les cocons du Bomhyx cynthia et en obtenir dela grege. Ses conclusions sont que ces cocons, quoi- que perc^s par un bout, sont cependant composes d'un fil con- tiuu, et peuvent 6tre devides en sole grege, moyennant que la gomme particuliere qui agglutine les fils soit suffisamment ramollie. Ayant observe, de mon c6te, que le cocon du Bomhyx cyn- thia ne paraissait pas etre plus altere lorsque le papillon en etait sorti, I'idee m'est venue que peut-etre ces cocons pour- raient se devider tout aussi bien apres I'eclosion qu'a I'etat frais. Oblige de me rendre dans la province de Constantine, je dus ajourner I'experience que je projetais. Je me hatai de la repren- dre aussilot mon retour. Je pris trenle-six cocons, qui pesaient, etant depourvus de leurs chrysalides, bien enlendu, sept grammes neuf centigram- mes. Je mis 'd'abord dix de ces cocons a une temperature de 100 degres, comme nous le faisons pour les cocons ordinaires. Au bout de douze minutes de cuisson, le brin ne se detachait pas encore et rcstait agglutine. J'ajoutai dans la bassine une solution legere de savon et de potasse; I'eau fut remise a la meme temperature qu'auparavant. Au bout de dix minutes de cuisson, les brins se detachaient tres facilement; mais ils ve- naient par paquets, et ces dix cocons se dcfirent sans que Ics brins aient pu etre tires separement. La deglulinalion etait trop — 3 — avancee, soil que la solution alcaline ait ele Irop forte, soil qud rcbullilion ait ele Irop prolong^e; ces cocons avaient bouilli eoi lout vingl-deux minutes, dont dix dans la solution akaline. > Je remis dix nouveaux cocons dans la m^me solution ct h la nieme temperature. Au bout de huit minutes, les brins purent etre saisis en louchanl legerement les cocons avec rescoubelte, el ils se detaclvereBl admirablement. Je fis alors transporter les cocons dans une bassine k devider oil I'eau clait h 80 degres. J'ajoutai une grille sur la bassine , de faQon k ce que les cocons ne plongeassent pas trop dans I'eau el k eviter ainsi que le brin ne subtt une Irop forte traction. Une fileuse habile fut chargee de cc devidage delicat. Les brins se detachaient avec facilite el les cocons tournaient bien ; mais, quelque soin que la fileuse y apporlat , les fils n'avaient pas deconlinuile el se detachaient par bouts plus ou moins longs, quoiqu'ils fussent resislants el nerveux. J'observai qu'il n'y avail pas rupture du fil pendant le devi- dage, el qu'il n'abandonnait la masse du cocon que parcequ'il paraissait avoir ele sectionne anlerieurement. Je remarquai que cette solutipn de continuite avail lieu cha- que fois que le fil , apres s'elre deploye avec sinuosile dans les diverses parties du cocon, arrivail pres de I'ouverture prali- quee k Tune de ses cxlremites. Je fis preparer de suite les seize aulres cocons de la niemc maniere, el, essayesau devidage les uns apr^s les aulres, il fut impossible d'oblenir des fils asscz longs pour pouvoir les enrou- ler sur I'asple. Des que les cocons avaient fait quinze tours au plus, le fil elail interrompu , el loujours dans les conditions que j'ai indiqueesci-dessus. Je fis alors enrouler k la main quelques fils simples sur une carte. Un echantillon en est joint au present rapport. ' 11 elait alors constant que les fils ^taient coupes k I'orifice pratique a rextremile du cocon; mais je pensai qu'il pourrait se faire que ce dommage fut cause par la sortie du papillon. Jo resolus done de tenter de uouvellcs experiences sur des cocoas _ 4 — frais et avant reclosion du papillon. Precisement des Vers de raa seconde education commencaient a former leurs cocods ea ce raomenl-lk. Ea attendant qu'il y en eut de tout a fait formes, je me mis a observer tres attentivement, pendant plusieurs jours, la ma- niere dont cette nouvclle espece se renfermait dans son cocon. Les habitudes, a cet egard, du Bomhyx cynthia, nem'ont pas paru differer essentiellement de celles du Bombyx mori , si ce n'est qu'il est beaucoup moins actif et beaucoup moins kborieux dans son ceuvre. Dans la juxtaposition de ses fils, il ne decritpas, tant s'en faut, des courbes aussi parfaites que le Bombyx mori; il se met beaucoup plus a I'elroil, et les extre- mites du cocon, au lieu d'etre arrondies, ce qui est la forme la plus parfaite du cocon, industriellement parlant , s'allongeut en e6ne. II depose beaucoup plus de fils sur la paroi circulaire du cocon qu'aux extremites. L'une des extremites , celle par oii le papillon doit sortir, re- coil, a dessein, encore raoins de fils que I'autre et est un peu plus allongee. Mais voiei le fait le plus saillant des manoeuvres de cette larve: Des que le Ver a fini de degorger toute sa matiere serique , il se retourne, la lete vers le bout le plus faible du cocon , et il reprend son ceuvre pour arranger son ouverlure. II saisit avec ses mandibules les fils qui se croisent a cette extremite et les coupe en operant un mouvement de retrait sur lui-m^me. II recommence cette manoeuvre jusqu'i ce que le passage soit entierement deblaye, puis il rapproche les extre- mites coupees de maniere a en masquer I'ouvcrture. Ensuile il se repose et se prepare k sa transformation. C'est ce fait curieux et capital que j'avais principalement I'in- lention de consigner dans ce rapport, et devant lequel il n'y a pas h douter un seul instant que les fils :du Bombyx cynthia ne soient coupes. Si cette circonslance ne rend pas tout a fait impossible le de- vidage de ceite sorle de cocon , die le rend au moins fort diffi- — 6 — cile el fori dispendieux ; il esl douleux qu'il y ail un avantage economique a le Irailer ainsi el k en faire de la sole grege , k cdt6 de la facilile avec laquelle oq roblienl des cocons du Bom- byx mori. N^anmoins, linleret que peul presenler celte espfece ne m'en semble pas du loul diminue pour cela. La possibilil6de consa- crer lous Ics cocons a la produclion de la graine , sans que leur valeur en soil diminuee; la propriele parliculiere de celte esp6ce d'eclore ses oeufs aussil6l la ponle, el qui permel ainsi la perma- nence des educalions; la pariicularite qu'elle presenle de faire sa nourrilure du Ricin, planle ruslique qui peul donner des feuilles au bout de Irois mois de semis, el sur laquelle les cueil- lellcs peuvenl se coniinuer sans interruption pendant plusieurs annees el pendant toules les saisons, sont aulanl de circonstan- ces qui semblentse coordonner admirablement pour produire de grandes masses de raali^re soyeuse. L'interel des Educations du Bombyx cynthia se resume done tout entier, devant les fails que je viens d'indiquer, dans la pos- sibilile non pas d'en lirer de la soie gr^ge, mais d'en obtenir ^conomiquemcnt une grande masse de matiere premiere que I'induslrie saura convertir en etoffes el en diverses preparations qui donneront certainement naissance k des usages nouveaux(l)- Le Directear de la P6piniere cenlrale, Hardy. Vu: Le G6neral Daum as. (1) Voy., dans le Proces-verbal de la Seance du 5 Janvier (p. 42 ), les remarques faites par M. Guerin-Meneville , a la suite de la lecture de co travail. — 6 — RAPPORT FAIT A LA SOCIETE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION SUR L'EMPLOI QO'iL CONVIENDRAIT DE FAIRE DES GRAINES DE VERS A SOIE QU'ELLE VIENT DE RECEVOIR DE CHINE Par les solns de M. de Hontigny, MEMBRE HONORAIRE de la SOCIETE. Commissaires: MM. E. Blanchard, F. Jacquemart, Richard (du Cantal), Tastet et Valserrcs, et €ii;EKIIl-IIIEIVEVll.I.i:, rapporteur. (Stance du 19 Janvier 1855.) Depuis quelques anneeSj les agriculteurs ne cessent de faire entendre des plainles au sujel de la degenerescence_des Vers k sole, et surlout de la maladie epidemique dont nos races fran- caises sont atleintes , ce qui nous oblige k faire venir d Italic la presque-lolalile des 1,500,000 onces de graine employees aDnuellement chez nous (1). U est generalement reconnu que les races italiennes donnent une sole inferieure a celle de nos races francaises, auxquelles elles se subslituent avec une effrayante rapidite ; aussi nos educateurs regardent-ils ce fait comme un grand malheur. On voit avec inquietude nos de- parlements sericicoles les plus celebres, qui produisaient jus- qu'ici les plus belles soies du monde , perdre ces races, que Ton ne saurait retrouver ailleurs. L'administration , ayant compris ce danger, a essaye de le conjurer en faisant faire par des educateurs renommes, et sur trois points de nos contrees sericicoles , 300 onces de (1) Ces 1,500,000 onces de graine, a 8 fr. I'once, constituent une de- pense de 12 millions pour une production qui pourrait etre obtenue en France, si des mesuresenergiquesetaient prises par notre agriculture pour retrouver nos races. — 7 — graines perfeclionnees (1). Dc plus, et dans Tespoir que la Chine , ce pays de la sole , pourrait nous donner quelques races non deg6nerees qui ne seraient pas viciees par I'^pidemie re- gnanle, elle a fait venir de Chine, a diverses epoqucs, des graines qui onl ele dislribuees k beaucoup d'educateurs. Soil que ces graines aient souffDrl en route, soil que les personnes qui les ont achetees en Chine aient el6 trompees , loutes les educations auxquelles elles ont donn6 lieu ont ete, en totaliteou engrande partie, delruites paries maladies nom- breuses, ou n'onl donne que peu de cocons, d'une qualile Ires inferieure k celle de nos races les plus raediocres. A la magna- nerie experimenlale de Sainle-Tulle , qui a eu part k ces disr tributions et k celle qui a ete faite en 1851 , sur une plus grande echelle, par la chambre de commerce de Lyon , on a pu choi- sir parmi le peu de sujets sauves de ces maladies , et formant un melange des races les plus diverses, une race jaune qui pa- ralt etre tres riche en soie. Depuis quatre ans, Ton n'est pas parvenu k I'acclimater completement, et, soitquc ces sujets se ressenlent encore des maladies que leur race a conlraclees par le voyage, soit que I'epidemie qui a envahi nos Vers a soie ait porte son influence sur eux , il est certain que M. Eugene Ro- bert et votre Rapporteur n'ont pu jusqu'ici que conserver peniblement cette espece , dans I'espoir que sa constitution s'a- meliorera peu k peu , et qu'ils pourront peut-etre la livrer ii la grande culture dans un avenir qu'il nest pas encore possible de fixer. Dans ces facheuses conditions de noire sericicullure , et tout en faisant des voeux pour que nos races francaises soient restau- (1) Ces 6tablissements regoivent une subvention de 3,000 fr.,et doivent livrer chacun a I'administration cent onces de graines perfeclionnees. Elles sent vendues a un tiers au dessous du cours aux educateurs du departe- ment, qui ne peuvent en recevoir qu'une once. La ville de Lyon a regu une de ces subventions ; I'autre a ele accordee h M. Dorel, educateur dis- tingue du deparlement de I'Ardeche , et la troisieme a M. E. Roberl, de Sainte-Tulle (Basses-Alpes), chez qui se continuent chaque annee raes tra- vaux sur racclimatalion de celles qui peuvent offrir des avanlages , sar les meiileures methodes d'educalion el sur les maladies des Vers a soie. — 8 — ' rees , ce qui sera peut-eire fort long (1) , on doit chercher a en introduire d'aulres , et ne pas se rebuter des insucces prece- , dents. C'est dans ce but que la Societe zoologique d'acclimata- tion, en volant des fonds pour faire venir de la Chine le Ver a soie du chene , a demande aussi k MM. les missionnaires des graines du Ver h soie ordinaire. Dans ces entrefaites, I'un de BBS raembres honoraires les plus devoues, h. qui Tagricullure et notre Societe doivent deja lant, M. de ]\»Ionligny, vientde faire venir de Chine de la graine des raeilleures races de Vers a soie qu'on y eleve. Grace k son zele actif , la Societe a recu un en- voi de ces graines provenanl du Hang-Tscheou, contree qu'il assure etre le marche le plus renomme pour cette denreeet pour les belles soies qui y abondenl, et elle a charge voire Commis- sion de lui faire des propositions sur la meilleure maniere de distribuer ces graines. Penetree du but universel de I'institution de la Societe , qui n'agit pas dans I'interelde la France seule , mais "bien dans I'in- teret de tons les pays , voire Commission pense qu'il convient d'envoyer de ces graines dans loutes les contrees oil I'industrie de la soie est pratiquee. Si elles ne donnent pas de bons resul- tats dans certaines localites , elles peuvent reussir dans d'au- lres. Que dessucces aient lieu enEspagne, en Italie , en AUe- magne, en France , etc., pcu imporle , car les pays qui auront reussi feront profiter les autres du resultat de leurs succes, e\ le but que s'est propose la Societe sera atteint. En consequence , votre Commission vous propose d'envoyer de ces graines en Piemont , en Lombardie , en Toscane , en Suisse , en Espagne , et pai lout oil il y aura des membres de la Societe capables d'en /aire utilement I'essai, (1) J'ai Iraite cette grave question de la necessite de reslaurer nos races frangaises, pour emp^cher qu'elles ne soient remplacees par les races ita- liennes, dans le Calendner dumagnanier ou eleveur de Vers a soie que je donne dans VAgriculteur praticien , numeros de noverabre et decembre 1854, et dans celui de Janvier 1855. On trouvera dans ces articles des de- tails tres importants qui ne pouvaient figurer ici. {NolB du rapporteur,) — 9 - Pour TAIgerie, nous profilcrons de rcxlreme obligeance de S. Exc. le minislrc dc la guerre, si emprcsse , ainsi que notre honorable confr6re M. le general Daumas, de saisir toutes les occasions dc faire quelque chose d'ulile b. noire belle colonic. Des graines seront mises a la disposition de S. Exc, avec prifere d'engagcr les personnes k qui cllcs seront confiees de rendre un comple detaille de leurs educations. Quant h la distribution de ces graines en France, voire commission pense qu'elle devra etre faite 1° enlre ceux de nos confreres qui sonl le mieux places pour faire ces essaisd'ac- climatation, el qui ^ont connus par leur z^le, leur aptitude et le \if desir qu'ils ont de concourir aclivemenl a I'ceuvre utile qui fttit Tobjet de nos Iravaux , 2° enfin aux educateurs de nos departements sericicoles les plus capables den tirer le meilleur parti possible. Les noms dc tons ces educateurs, classes par deparlemenls, seront adrcsses a S. Exc. le ministre de I'agriculture, du com- merce el des iravaux publics , avec la priere de vouloir bien les transmeltre ii MM. les prefels, en les invitant k faire surveiller ces educations par des delegues des societes et des chambres d'agricuUure, et a exiger d'eux un comple- rendu des phases de ces educations, en remplissant un questionnaire qui leur sera adress6 avec la graine. La Commission a Thonneur de voas proposer , en ler- rainant , de rester en permanence pour depouiller les ques- tionnaires et resumer dans un nouveau Rapport toutes les observations qui auront ete produites. Elle pense que cette m6- thode seule pent conduire siirement k bien connailre les resul- tats de lous les essais d'acclimatation que la Societe enlre- prendra. — 10 — SUR LES YAKS PLACES PAR LA SOClETfi DANS LES MONT AGNES DU JURA. Exlraii d'une lettre a M. le President de la Sociele zoologique d'acclimatalion, ET DESSIPr DC TAUREAU YAK Par HI. nOVYER. Chatelneuf, ce 9 seplembrei854. M. Jobez habite depuls long-temps les montagnes etconnait les ressources du pays; il rend un veritable service k la So- ciete par les soins habiles et constants qu'il fait donner h nos animaux. Voici le regime auquel il les a soumis : Le matin les Yaks sont conduits dans des pres attenant a I'habitation ; la ils jouis- sent de la plus entiere liberie, et dans leurs allures ils semblent avoir retrouve la palrie absenle. Malgre leur apparence un peu lourdeau repos, je ne connais rien de plus gracieux que de les voir courir et s'ebattre, I'oeil vif et fier, la lete au vent, pleins de cette ardeurannoncant une force et unesante dont lesavaient momentaneraent prives un long voyage et I'espace si restreint dopt peut disposer le Museum. Vers midi ils sont araenes a une etable qui leur est speciale- ment affeclee : c'est la qu'on les abrite pendant les heures les plus chaudes du jour; puis on les conduit de nouveau au patu- rage. Ce regime, un pansement regulier, I'air des montagnes, qui parait singulierement convenir a ces animaux, ont justifie et peutelre depasse, Monsieur, les esperances que vousaviez con- cues. Le dessin que j'ai I'honneur de vous adresser pourra vous en convaincre; j'elais loin de penser qu'en si peu de temps on put obtenir de si favorablcs resultats,et ce m'est un grand plai- sir d'avoir a vous annonccr le succes de vos previsions. 11 SUR LES LAINES DE MfiRINOS-MAUCHAMP PROVENANT DE LA MfiNAGERIE DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, LBTTRE ADRESS^E A IH. I. GEOFFROT SAINT-niLAIRE , Par M. Ic Docteur IMILLOT (DE HELLO). (S6ance du 5 Janvier 1883.) Monsieur le President, Permeltez-moi de venir vous rendre compte du travail fait dans nos ateliers de filature sur la laine de merinos Mauchamp provenant de la menagerie du Museum d'histoire naturelle. Le 28 scptembre 1854, j'ai recu de M. le president de la Sociele trois toisons en suint. Ces trois toisons formaient en- semble un poids de 9 kilos, soit 3 kilos en moyenne par toison. Soumises aussil6t au triage, ces toisons n'onl plus donne que 8 k. 200 gr. pour le travail des machines. Les 800 gr. de perte sont dus k la separation des parties trop courtes, telles que le has des cuisses, des crotlins, lelards, abats, pailleux, etc., toutes parties qui ne peuvent se travailler dans les machines dressees pour la laine peignee. Ces laines ont un aspect nacre, un toucher soyeux ; les meches sont longues de dix k onze centimetres (jen renvoie un petit echantillon sous le n" 10). Le brin de laine est gros. Je ne puis, faute de microscope, I'evaluer en chiffres; mais 11 donne ce que, dans le commerce de laine , nous appelons du n' S, 6, el meme au dessous. Ces laines paraissent tres com- muoes, mais nerveuses et de bonne qualile. Leur caractere propre est d avoir la meche longue, pointue, brillante, nacree, pcu ou point frisee. Leur toucher soyeux, lisse, pent faire __ 12 — pressenlir qu a numero egal en grosseur, elles devront donner «n n«mero de fil plus fin qn'on ne Taurait av€c nos laines or- dinaires de Bourgogne ou de Picardie. Ces dernieres laines, dans les numeros mdiques plus haut, ne donnent que des Q\s propres h faire des couvertures, des articles de bonneterie, de passementerie, de gros tricots, etc. Nous verrons plus loin si^ avec la laine Mauchamp, on peut faire mieux. Toutes les laines k gros filaments, droites, sans vrilles, qui n'ont pas les brins entrelaces les uns dans les autres, se tra- vaillent mal dans les machines dressees pour le travail de la laine fine ordinaire. Les filaments glissent avec trop de facilite les uns sur les autres^, les rubans n'ont point de consistance , lis se desagregent k la moindre traction. Ces laines sont de- pourvues d'elasticite dans certains moments du travail, et elles ne peuvent se rouler sous Taction des frotteurs. Du reste, toutes ces difficultes de travail liennent k Timperfection des machines pour ces sortes de laines. Je crois qu'elles disparaitraient pour quiconque, exploitant exclusivement -ces laines, aurait des ma- chines appropriees k ce travail. Peut-etre meme que, dans un atelier pour le cachemire, on obtiendrait un plus beau resullat : car cette laine, douce, soyeuse, sans vrilles, tient un peu, k la finesse pres, k la nature du cachemire. Disons aussi qu'elle a squ'aen former un monceau de vingt a vingt-cinq centimetres de hauteur au dessus du niveau' ordi- naire du sol. Ainsi cultive, le Mais emploie tous ses moyens^ de croissance et offre tout le produit dont il est susceptible. Les deux varietes de Pois oleagineux sonl complelemcnt dis- semblables : I'une a des grains petils et verts, I'autre des grains^ assez gros et jaunes. Ces semences sont on ne pent plus pre- cieuses et de la plus baute utilite pour la Frafoce. Tous les ans, la France est obligee d'acheler a I'elranger pour pFus de trente millions d'huile, et, dans les annees ou les Colzas elles Navettes gelenl ou ne prodiiisenl pas par I'effet des secheresses, c'esl alors soixante ou quatre-vingts millions de numeraire qji'il faut faire sortir du pays. Les Navettes et les Colzas ne reussisseot que sur dies terres cboisies, qm doivent etre en inetne temps leg6res et riches en humus. Generalement cette qualite de terre ne se rencontre qu'en petite proportion dans presquetoules les localKes. LePois, au contraire, est bien nioins difficile sur les conditions du sol: il prosperesur tous les terrains; dans les vallees il croit k mer- \eille , el sur les montagnes ii donne de bonnes recoltes. Les Pois oleagineux rapporles par M. de Montigny se culti- vent en grand dans les campagnes du nord de la Chine. C'est principalement dans les provinces de Honan, de Channg-Tong, de Ghan-Nsi, que se rencontrent de vastcs etendues couvertes de ces Pois. Leclimat de ces provinces est h peu pres similaire k celui de nos provinces dites froides. II se fait en Chine un com- merce tres considerable qui a pour base les produils obtenus de ces Pois. L'huile entre dans tous les usages: elle est preferable arux huiles de tColza el de iNaveUe; seulement, elle a une sa- vuur dc Icgume^sec; die laisse un gout de Haricot ou de Pois, imais qui n'a rien de desagreable comme I'^crele dc I'huile de Colza oil de Navctic. Avec ladjonclion d'une petite proportioQ d'huilede Pore, elle devientsemhiable au-x huiles vendues par le conjfuerco pour huiles d'olivc de seconde qaalite. Les residus de la fabrication de I'huile de Pois forrnent des tounleaux donl les Chinois se servent pour engraisser le betail et amender les terres. Ges tourteaux sont un puissant ameudenieat j)our les campagaes. Ces Pois cendent en Chine .17 k 20 p. 100 d'huile, pressee avec des machines on ne peut plus defeclueuses. Si I'extraction de I'huile s'operait au njoyen des machines employees en France, lerendemenl secail assurement beaucoup plus fort. LesPoisoleagineuxse transforment. en Chine, en un aliment -pour le pauvre el un assaisonnemenl Ires apprecie par le riche. Pour le pauvre, on prepare avec la farine de ces Pois une pate sembiable kwcelle du fromage blanc nomme en France fromage ^ la pie, qui sc vend sur les places publiques par portions de ^juelques centimes laillees dans la masse au moyen d'un 61 d'archal, selon la demand* de I'acheleur. Le plus ordjnaire- <«enl les Chinois font frire celte pate ou fromage dans I'huile nieme qui provient du Pois; ils estiment beaucoup cette frilure. Pour le riche, I'assaisonnement se prepare avec plus de sola etde talent culinairc. La pale dc Pois est soumisek fermentation, apres y avoir ajoule du pQivre, du sel, de la poudre.de feuilles de laurier, de la poudre de Ihym, el d'aulres aroraates. Pendant la fermentation, le prcparateur anrose la pate avec I'huile de Pols. Apres peu de jours de fermcolalioa, celte preparation arrive au point voulu. Cette pate ou fromage devicnt un Ires puissant digestif et un aperitif doni aucun estomac ne peul se defendre. A Calfong en Honan, a Tsi-nan en Chang-Tong, a Tay- . Yeun en Chan-nsi, Ihuile et les pales de Pois oleagineux se fa- briquent dans d'enormes proportions cl se consommcnt dans ces provinces; mais la ville de Psing-po, capitale du Che-Kiang, est la place de cenlralisatioD de fabrication el d expedition des divers produits prepares avec les Pois oleagineux. Le port de Ning-po est de difficile acces pour les gros vaisseaux, mais ils peuvent s'arreter k I'ile deTcheou-Chan, oii il se Irouve un tres bon port. Des milliers de jonques chinoises partent de Ning-po, longent les c6tes de la Chine, sans autre chargcment que les produits du Pois oleagineux, qu'elles portent dans toutes les par- ties da celeste Empire, au Japon, et dans toutes les contreesqui les connaissent. Les Pois oleagineux ont port6 graine en France en 1854 ; leur acclimatalioo est assuree. Malheureusement il n'enrestait qu'une si petite quantite, que les experiences n'ont pu produire que bien peu de graine ; raais M. de Montigny, qui doit retour- ner en Chine, enverra a la Societe une provision assez grande pour que eette precieuse semence soit en peu de temps repan- due sur tons les points de la France. Ce sera un service im- mense rendu au pays. M. de Montigny avait rapporle une grande quantite de Pois oleagineux, et il n'a pas tenu k lui que, des 1 854, cette semence fut cullivee en grand sur le sol de France. Presque toute la provision a ete perdue a Paris par des causes independantes de tout le zele, de toute la prevision de M. de Montigny, qui n'a pas ete maltre des dispositions imagineespar des personnes qui semblaient lui offrir toutes les garanties, et dont il ne pouvait ipas deviner la faeon singuliere d'uliliser des semences aussi precieuses. — n RAPPORT SUR LA SITUATION FINANClfiRE DE LA SOClfiTfi A LA FIff VB l'eXHRCICB DE 1854 (1). Commissaires : MM. 3iiles Delon, !Fr6d6ric Jacquemart, v6t le Baron de P0irTAE.B.% , rMppor(«ur. (Seance du 19 Janvier 1855.) "Messieurs, 3e suis charge de vous rendre compte de la silualion fioan- •ciere de noire Sociele. J'ai a vous exposer d'abord Tclat des receltes eit depenses de 1854. ' Les recettes enraissees , provenant sort des coiisations , «oit des allocations minislericlles, soil des dons individuels, se sont elevees k lasorame de. ...... 18,120Jfr. » c. II resle'k encaisser sur les «ouscriplions 4e 1854 unesomnvede . . . . . 1,470 « Ce qui porle la somme tofale aa credit Je 1854 a. .......... 19,590 * Par conlre , nous trouvons au debit paaT 1H54 : (1) Aux ternies de Tart. 18 du TegTemerit adnrinis^tratif, il doit 4tre fait chaque annee , dans la seconde seance de Janvier , un rapport sur la si- tuation financiere do la Societe , par une commission nommee k oet effet par le Con»eifL Fraisdu bulletin. .... ... 5,956 fr. 72 c. Frais generairx de la Societe ... . . 3,347 42 Frais de transport des Yalis et Vers a soie de la Chme 396 90 Frais qui *pestent encore a payer pour 1864, et qui pourront elre reduits . .. . ^,574 73 Total au debit. . l;5,676 fr. 77 c. DiffereTice aa credit de 1854. . . 3,914 53 Ainsi, l^annee 1864 pr6sente ua excedant des recettes de 3,914 fr. 23 c. sur les depenses de loute nature. Sur TanneelSSS, nous avons dejk encaisse 1040fr.55 pour des souscriptions. L'encaisse s'eleve actuellement i. 9,459 I'r. 31 c, qui se d^composent ainsi : Benefice sur 1854. . ...... -2,444^.236. Sorames dues sur 1854 ... ... .. 6,974 73 Au credit de 1855 . 1,040 35 9,459 31 — 25 — n. TRAVAUX ADRESSfS ET COMMONIClTiONS FAtTES A LA SOCI^T^ .SUE LES BOMBYX QUI PRODUISENT LA SOIE A MADAGASCAR, Par le doeteur Ch. COQDEBEL, .CHinOMHEN DE LI MAKINE IHP^RIALE. (Stonce du s Janvier 1855.) Dans les forets qui couvrent Madagascar, on apercoil, sus- pendues aux branches de cerlains arbres, d'enormes poches d'un brun jaunatfe, qui presentent de loin I'apparence de fruits fantasliques. Ces poches varient pour la grandeur : qnelques «nes ont jusqu'klrois ou quatre pieds de long, d'aulres sent iplus petiles et d'une couleur plus claire. Elles sont suspendues aux rameaux k loulesiesliauteurs, et garnissent soavent I'arbre qui les porte depuis h base jusqu'au sommet. Leur forme est plus ou moins allongee, assez irr^guli^e ; raais tout-es sont so- Udement fixees aux branches par :i'extremite la plus etroite, tandis que la partie la plus large est libre. Une membrane epaisse , gamie en dehors de poils soyeux , Its reconvre. La face interne est presque lisse et garnie d'une sorte de bourre de soie assez grossi«re,au milieu de laquelle une mtiltitude da eocons soyeux sont disposes en lignes regulieres. Ces cocons sont ovoTdes et legerement aplatis, par suite de la pression qn'ils exerceut les uns contre les autres. Ce sont les chenilles d'une espece de Bombyx qui tissenl ces immenses sacs pour y accomplir leur nwtamorphose. Elles vivent en societe sur differents vegelaux appartenant k des es- p6ces trfes varices, et meme k des lamiHes dilTerenles. Cepen- dant le vegetal qu'dles preferent est un grand arbre de la fa- mille des I.egumineuses, VIntsia l^adagascariensis [Dupelit- Thouars). On les trouve souvent aussi sur le Bois noir [Mimosa lebhek); j'en ai meme trouve quelquefois sur une plante bien dififerente, le Papayer (Canca papaya). Elles n'ont pas dans leurs allures la regularite de nos processionnaires europecnnes; mais, lorsque le moment de filer est venu , elles se divisent en — 2G — bandes plus ou raoins considerables, el Iravaillenl de concert it la confeclion de I'enveloppe commune, dans I'interieur de la- cjuelle chacune file ensuile separemenl son cocon particulier. II en resulte beaucoup d'lrrcgularile dans la grandeur de la poche el dans le nombre des cocons qu'elle renferme. On en Irouve quelquefois plus de 200 reunis sous la meme enveloppe; d'au- Ires n'en renferment qu'une quarantaine. C'esl an commencement de I'hivernage, lorsque I'epoqne des grandes chaleurs arrive, que ces chenilles commencent a filer. Dans le courant du mois de novembro, la plupart des cocons sonl termines; mais le moment de la sortie du papillon varie beaucoup. J'ai souvent obtenu le Bombyx en decembre, tandis que d'autres fois il ne se monlrait qu'en Janvier, fevrier ou mars. Quelque grossiere que paraisse, au premier abord, la soie que produil cette chenille, elle est cependant susceptible d'etre travaillee et de fournir a I'industrie de belles etoffes, remar- quables par leur eclat et la solidile de leur tissu. A Sainte-Marie de Madagascar, on ne I'emploie a aucun usage. I.a population de cette tie, quoique Ires intelligenle, est trop paresseuse pour s'occuper de ce travail, et, au lieu de se velir des etoffes de soie indigene, ces habitants preferent acheter a grands frais les indiennes grossieres que leur portent les Europeens; mais, sur I'ile meme de Madagascar, les Hovas recueillent les cocons et en tissent de belles etoffes, lis desi- gneat la soie sous le nom de landy, et appellcnt sikindandy les vetements de soie. Les cocons sont trop peu epais ol renferment des fils trop irreguliers et trop courts pour qu'on puisse les devider; mais on les carde avec la bourre qui les separe. Les Hovas, Tdice conquerante de Madagascar, portent seuls des ve- tements tisses avec cette soie, ct ils defendent aux populations soumises d'en faire usage. II en resulte qu'on en fabrique une tres petite quantite, et que ces tissus sont rares et tres chers. Une piece ayanl quatre a cinq metres de long sur cinquante centimetres environ de large coute souvent plus de 200 fr. Les Malgaches n'emploient pas la. soie avec sa coloration na- — 27 — itirelle; ils la leignent par dee precedes particuliers. I.cs con- leurs dont ils se servent sonl remarquables par leur fixile : elles Tesistent a dos lavages repetes; rnais la sole firiit alors par per- die son lustre , comma dans k scul ccbantilioxi que j'aic pu me .procurer. Je crois qu'il serait facfle et avantageux d'introduire dans DOS colonies, et surloul a la Reunion, cetle espeoe. La soie qa'elle prodwit, sans avoir la finesse de celle du Bemibyx du mftrier, est ieaucoup plus resistanle, et leg tissas qu'ellofournil sonl remarquables par leur epaisseui* el leur solidite. La che- nille viisur un grand nombre d'arbres de la famille des Legumi- neuses, et VIntsia iwada^oscanensi*, qu'ellc parail preferer. :se Irouve deja h Uourixin et pourrait y etre propagee facile- ment. II est hors de doule ^que, si on donnait qiielques soins a la nourriture des Chenilles, la soie deviendrait en peu de temps plus fine et plus abondante. Un negocianlforl inslruitde Bour- don , que je consullais sur les applicalioos induslrielles de la soie de Madagascar, me disait qu'elle serait peut-etre fort utile pour former la Irame de certains cachemires. Quoi qu'il en soil, jappelle vivemenl ratlention des ihomraes speciaux sur cette question. L'acclimatement de eette espece dans jQOs colonies fr.aneaises pourrait offrir peut-etre de grands .avantagesel y rera|)laccr leBoinbyx du murier, donll'educalioa est si difficile dans les pays chauds. J'ai recu, pendant mon sejour a Sainle-Marie de Madagas- car, ujie grande poche d'une soie plus blanche et plus fine que «elle de Sainte-Marie. E^le provenait de Diego-Suarez (c6le N. 0. de Madagascar. Les papiHons ne lardeionl pas a se mon- trer, et je pus m'assurer qu'ils appartenaienl a une espece •differente, que je vais decrire hientdt. Si on faisait tant que d'introduire k Bourbon la culture de la soie des Malgaches, ce serait a I'espece de Diego qu'il faudrail donner Ja preference. II exisite done ii Madagascar deux Bombyx qui prodoisenl de la soie. L'un est commun a Sainle-Marie; I'autre se Irouve dans la baie de Diego-Suarez, el probablement sur bien d'au- djes paints de J'inlerieur de I'JIe. De ces deux especes la prur — 28 — mifere avail ete designee par M. Boisduval sous le nom de B. Radama, mais elle n'a jamais ete decrite; I'autre est entiere- ment noavelie, et je I'ai appelee B. Diego ^ denomination qui indique I'origine de cet insecte. Voici leur description ; BOMBYX BADAMA. Corps d'uh jaune fauve, velu; antennes noires; ailes blafi" ches plus ou moins leintees de jaune k la base ; les superieures noires a leur extremite ; le noir est le plus souvent bien limile, mais quelquefois il est moins nettement circonscrit, et, au lieu d'occuper comme d'ordinaire au moins le premier tiers supe- rieur de I'aile, I'extremite seule presente une coloration noira- tre qui, dans ce cas, se continue sur les principales nervures des ailes superieures, el meme souvent sur celles des inferieures. Le male a les antennes largement pectinees, tandis qu'elles le sont a peine chez la femelle. Le corps est attenue a I'extremite dans le premier, tandis que les deraiers segments abdominaux de la seconde sont elargis et converts de polls d'un roux dore. Les tarses sont noirs et les cuisses garnies de polls Xauves dans les deux sexes. Les ailes sont portees en loit dans le repos , les inferieures 6tant alors presque entierement couvertes par les superieures^ Les deux sexes sont pen agiles et leur vol est tres lourd. Male ; Long., 18 a 20'""". — Enverg. , 58 a 60""". Femelle : Long. , 26 k 28'°". — Enverg. , 72 a 7S"™. La Chenille est dun gris jaunatre, avec la tete d'un brun fauve. Une ligne dorsale d'un brun jaunatre regne sur toute la face superieure du corps. Le premier segment porte de cha- que c6te , en dessus , une eminence quadrilalere , transversale , - servcr, et bien dautres encore. Ges graines de Ricin ne seront pas, dans le commerce, clas- secs comme il le faudrait pour servir de semence, et on devra se livrer k leur occasion au triage le plus severe : car la plus legere difference dans la grosseur, la forme et la couleur de fa graine signale toujours des especes de Ricin differentes I S'il m'elait permis, au printemps prochain, de me livrer per- sonnellement a des semis de Ricin, dans I'interet du Bbmhyjy cynthia, je voudrais surtout voir reparaitre dans mes planta- tions les especes dont les tiges et les feuilles ont ks nervures blanches au lieu deles avoir rouges; car mes souvenirs les plus precieux me reporteat encore vers celles-la. La semaille du Ricin pent avoir lieu vers le commencement du mois d'avril, — sur place, — en recouvrant la graine de — 37 — deax doigls de lerre au plus. — On rayonae en losange, de inaniere kcspacer de soixante cenlimetres en lous seas I'em- p^acemenl de chaque pied de Ricie, et oa doil metlrelroisgrai- nes snr chaqae point determine par le rayonnage : car ainsi ott peut choisir et conserver au moment voulu, sur I'easemble de la plantation, des pieds egaux en force et en forme. — Je crois que la grainc confiee a la terre avant les derniers froids serait assez prudente pour ne pas pousser avant le moment voulu. Au reste, aucun froid accidentel survenu au printemps ne m'a ja- mais cause des deg&ts qu'une reprise de la v^getati&n ne pAt reparer. Quoique lesracines du Ricin soieut assez fortes, comma el- les s'etablissent naturellement a la surface du sol, il est souvent ii6cessaire, h roccasion des cultures, de chansser de terre les pieds de Ricin pour les consolider et leur faire reprendre la verticale ; 11 est meme quelquefois avantageux de les redresser temperairemerU avec des echalas. Mais je me laisse aller k des details qui sont de toutes lescul- Ixires et auxquels I'intelligence peut pourvoir d'elle-m^me sans ies conseils du praticien. — Veuillez done me pardonner la lon- gueur de ce post-scriptum et me croire tout a vous, Avec respect et attachement, Le Marquis de jESSfi-CHARLEVAL. En resume, Monsieur, il est k desirer que les personnesqui elevcront des Bombyx cynthia au printemps prochain aient le soin de rechercher (d6s cet hiver) des semences de Ricin dun triage tres soigne, et qu'elles se preoccupent de I'idee de4ailler ces plantes comme elles pourraient le pratiquer pour de petils arbres qui devraient vivre plusieurs annees. Tels sont les sou- haits d'un simple agriculteur qui n'a pour lui que Vtxperience de laculturedu Ricin. mais^jui partage loute votre sollicitude pour arriver ii faire recueillir de I'education economique du Bombyx cynthii tousles avantages quelle peut comporler. Votrc ami rcspectueux. Le marquis de Jesse- Charleval. 38 III. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES DE LA SOCIETE. SEANCE DD 5 JANVIER 1855. Piesirtence de M. Geoffrov Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres admis par le Conseil depuis la derniere seance de la Sociele : MM. Agnellet (Joseph-Marie), fabricant, a Paris. Balsamo-Crivelli , proprielaire , a Marcallo, pres Magenta (Lombardie). Bassano (S. Exc. M. le due de), grand -chambellan de S. M. I'Empereur, senateur. Beaucodrt (Henri), negociant, k Paris. Benoist d'Azy (Le vicomte), ancien depute et vice-president de I'assemblee legislative. Chatel (Victor), proprietaire, meinbre de la Chambre consul- tative d'agriculture de Vire (Calvados). Cochin (Augustin), maire du 10*^ arrondissement, adrainislra- teur du Chemin de fer d'Orleans. Dkcazes (Le due), ancien president du Conseil des minislres, ancien grand referendaire de la Chambre des pairs, k Paris. DuBus (Le vicomte Bernard), directeur du Museum d'histoire naturelle, a Bruxelles. Dumas, senateur, vice-president du Conseil imperial de I'in- struction publique, membre de I'lustitut, ancien ministre de I'Agricullure et du Commerce. Garrouste (Arsene), directeur de la fcrme-ecolc dc rh6pilal, a Sainl-Paul-des-Landes (Cantal). Glatigky (Leonard de), proprietaire aux Patis, pres Vouvray (Indre-et- Loire). — 39 - GuiBOUT (Le colonel), k Paris. GuYNEMER, courtier d'assurances maritimes, proprielaire , k Paris. GuYNEMER (Auguste), propfielairc, k Paris. Henneguy (Felix), proprielaire k Precy (Oise), a Paris. Hesse (Kdouard), licencie en droit, a Marseille. KiENTZY (Zephyrin), maire k Wildenslein (Haut-Rhin). Lafont (Numa), proprielaire, a Paris. Lajonquii6res, sous-prefel k Chalillou-sur-Seine (C6te-d'0r). La Kocbejacquelein (Le marquis Henri de) , senaleur, a Paris. Le Long (John), consul general de la republique orienlale de r Uruguay, k Paris. Malavois (Louis-J.-B.-Medard), proprielaire, k Paris. Marty, proprielaire, membre du Conseil general du Canlal, a Aurillac. Montcalm (Victor de), proprielaire, k Rabasteins (Tarn). NoDLER (fimile), proprielaire, k Paris. Pedt (Hippolyle\ directeur des Annalesdela colonisation alge- rienne, k Paris. Rousseau (Louis)', aide-naluraliste au Museum d'hisloire na- lurelle, a Paris. Westerman (G.-F.), directeur du Jardin zoologique Natura artis magistra, a Amsterdam. Worms de Romilly, ancien intendanl mililaire, a Paris. YvAN (Le docleur Melchior), ex-membre de I'assembleu legis- lative, k Paris. — M. le Secretaire lit unelettredeM. le marechal Vaillanl, minislre de la guerre, qui accuse reception de son dipl6me de nicmbrc de la Sociele et lui adresse k cctte occasion ses remer- ciments. — Une autre letlre du meme Minislre, adressee, en dale du 29 deccmbre 1854. a M. Richard (du Canlal), Vice-President de la Sociele , est une reponse Ires delaillee et Ires favorable a une note remise au minislerc par une commission choisie dans le scin de la Sociele. Celte nole iudiquail Ic but que se propose lu — 40 — commission h regard de I'Algerie. La letlre officielle dont il s'agit sera ioseree dans le Bulletin (Voy. page 46). — M. le Chef du secretariat au ministere de rinstruclion publique et des cultes annonce que M. le Ministre a recu les quatorze exemplaires des neuf premiers bulletins publies par la Societe, de mars h. novembre 1854 , et que lui avail adresses M. le President, Deux exemplaires ont ete deposes dans les bi- bliotheques des Societes savantes pr^s le departement de I'in- struction publique. Les douze autres exemplaires ont ete repar- tis de la maniere suivante : huit k diverses facultes des sciences des departeraents (Besancon , Caen, Clermont- Ferrant, Lille, Marseille , Rennes , Strasbourg , Toulouse ), et quatre k des bi- blioth^qties publiques departementales-(A.lger, Douai, Digne, LoDs-le-Saulnier). — M. le docteur Hollard, professeur h la faculte des scien- ces de Poitiers, ca envoyant de cette ville son bulletin de vote pour la nomination du secretaire des seances appele a prendre la place que son depart de Paris laissait vacante, exprirae ses regrets d'etre forcement eloigne du conseil et temoigne de son interet pour les travaux de la Societe. 11 ne negligera, dit-il-, aucune occasion k sa portee de concourir a ses travaux dans la contree essentiellement agricole qu'il habite. — M. le prince Anatole de Demidoff et M. Alph. Blanc font parvenir Tun et I'autre, de la villa San-Donato, pres Florence, leur bulletin de vote pour la meme nomination. — M. Chevet,en adressanlses remerciments pour son admis- sion dans la Societe, donne des details sur un usage suivi en Ecosse et dont il a 6te temoin, en 1842, au chateau de lord Hamilton. Get usage consiste a enduire de graisse , au commencement de I'hiver, la laioe des moulons, qui , par I'adherence h la loison de poussiere et de corps etrangers , se Irouvent cfficacement proteges contre la pluie et le froid. Au printenips , la lainc ton- due se nettoie Ires facilement. M. Chevet demandc s'il serait possible d'engager quelque fermier k parquer des moutons dans un enclos et k les abritcr seulement sous des hangars, alia d'obtenir les memos resultals. -41 - • — M. E. Walls 6cril de Londres pour prier M. le Presi- dent de vouloir bien lui traasraeUre de temps en temps des aoa- Telles sur les progres de la Sociele, pourqu'il puisse les fairc connaitTe aux lecleurs du journal hebdomadaire The poultry chronicle, donl il est I'editeur. — L'un des membres de la Sociele, M. J. Le Long, derelour d'un long voyage d'exploralion au Bresil , dans la r^publique orienlale de I'Uruguay, dans Tinterieur de la province de Bue- nos-Ayres el dans plusieurs provinces de la confederation AY- gentine, annonce qu'il apporte avec lui descocons de vers asoie qui pourront, k son ^vis, rivaliser avec ceux que la Sociele a deja multiplies , el il la prie den accepter Thommage. M. le President adressera k M. Le Long les remerctments de la Sociele. — A la suite de cette lellre, on en lit une autre adressee par M. le comle Aug. de Nollenl, agent k Marseille du ministere des affaires etrangeres. It ioforme M. le President qu'il vient de lui expedier une caisse contenant des graines de vers k soie cnvoyee de Chang-Hai par les soins de M. de Montigny, con- sul de France en Chine, qui avail recommande de la faire parveuir a la Sociele le plus promptement possible. — M. Robillard, chef du jardin de botanique rurale de Va- lence (Espagne), membre de la Sociele. accuse reception de J'envoi d'ceufs de Bombyx cynthia qui lui a ele fail par la So- ciele , mais donl il n'a pas ose entreprendre celle annee I'e- ducation , la saison etanl deja trop avancee. II indique la va- riete des essences de sa pepiniere comme propre a permeltre des essais avec d'aulres especes de vers a soie. — M. Alph. Blanc adresse la lisle des animaux nes a la villa San-Donalo dans le jardin zoologique d acclimalation de M. le Prince A. de Deraidoff , depuis le 2 novembre 1832 jusqu'au 28 novembre 18o4. Ccs animaux sonl : 1 Kangurou ; 9 especes de Ccrfs ; 3 Nilgauls, nales ; ij MouOous il mauchellcs ; ' - 42- 2 Gazelles Dorcas , mdle et femelle ; 1 MoaloQ a grosse queue ; 2 Zebus males. De nouvelles naissances sont attendues. Cette leltre rcn- ferme des details interessanls sur la disposition de la menagerie de San-Donato , sur les soins inlcHigenls qui y sont donnes aux animaux qu'elle renferme, et sur de nouveaux croisements de races projeles ou dej^ tentes. Les succes dans I'education des oiseaux n'ont pas ete aussi notables que pour les mammiferes. — M. Pouchet, en reponse aux observations presentees par M. Millet a I'occasion des fails enonces dans son memoire sur la pisciculture lu a la derniere seance, declare qu'il n'avail dans ce travail qu'un but, celui d'exposer avec precision les causes de la morlalite des jeunes poissons , et ensuite les moyens de la prevenir. Quant aux procedes mis en usage pour nourrir les jounes poissons, il resulte d'observations consignees dans cette lettre que des Saumons du Laboratoire, dissemines par M. L. Barbel dans leseauxde son chateau deValmont, enNormandie, se sont reunis aux Truites, qu'ils ont depassees en volume , et que, par consequent, ils n'ont point ete inhabiles a Irouver leur nourrilure. — 11 est donne conoaissance k la Sociele d'un rapport sur un premier essai de devidage des cocons du Bombyx cynthia, adresse par M. Hardy, direcleur de la Pepiniere cenlraled' Al- ger, dale de Hamma , 17 novembre 18S4, et envoye a la Societe par M. le Minislre de la guerre. Le fait capital consigne dans ce travail est que le Ver saisi- rait avec ses mandibules les tils qui se croisent a rextremile du cocon par laquelle le papillon doit sortir, el les couperait jusqu'au moment oil le passage est entierement deblaye. II rapprocherait ensuite les extremiles coupees, de maniere a masquer I'ouver- ture. (Voir ce travail dans le Bulletin.) — A cette occasion, M. Guerin-Menevilleditque I'observa- tion de M. Hardy sur la maniere dont la Chenille se menage- rait un oritice en tissant son cocon serait un fait nouveau et jusqu'ici inconnu aux uaturalistes. Si ccUc obsorvalion est -- 43 — exacle , il faadrait en conclureque beaucoup d'aulresi?om6i/ic, et Dolammcnt les trois esp^ces d'Europc , qui font aussi un cocon ouvert {B. Pavonia major ^ Spini el Carpini), agissent de meme, ce qui n'a jamais etc ctudie. SiJe fail enonce par M. Hardy est definilivement constat^, il esl cerlain que I'on ne pourra pas devider ces cocons, el qu'il faudra se borner h en faire de la bourre de soie, comme ccile qu'on oblient dans I'lnde, el avec laquelle on fabrique , par le filage, des filoselles Ir^s uliles. Cependant M. Guerin-Meneville pense qu'il est necessaire d'altendre que d'aulres observations aient ele failes pour con- staler que le Ver casse reelleraeDt les brins de la soie en dispo- sant I'ouverture de sortie du papillon : car il se pourrail qu'il ne fit que les encoller plus forlemenl k cet endroit, ce qui expli- querait pourquoi M. Hardy les a vus souvent se briser dans ce point. M. Guerin-Meneville termine en disant qu'il esl d'autant plus porle k ajourner toutjugement ace sujet, qu'il a oblenu de Ires grandes longueurs de fil continu des cocons devides chez M. Alcan. II ajoule que des essais fails a Milan par noire sa- vant confrere M. le professeur Emilio C.ornalia ont eu le meme resultat: car ce zoologisle lui 6critk ce sujet : « J'ai devide les cocons et j'ai obtenu un fil k quatre cocons que je ferai lisser ; j'ai obtenu de magnifique filoselle; etc. » — M. le docteur Millot , filaleur a Mello (Oise), el membre de la Sociele, lit une notice sur le filage el le tissage des laines de Merinos-Mauchamp qui lui ont ele adressees le 28 septem-: bre 1854. Cette notice est accompaguee d'echantillons de iaine filee et lissee , qui sont mis sous les yeux de la Sociele. (Voir cette no- lice au Bulletin. ) • — M. Richard (du Cantal) , dans le but d'eclairer la Sociele sur la nature et Timportancc des produits qui ont servi aux essais donl il vient d'etre rendu comple dans le rapport de M. Millot, donne des details historiqucs Ires inleressaots lou- chant les Icnlatives failes en France, depuis Colbert jusqu'a noire epoque, el en parliculier par Daubenlon , sur ramelio- — 4t - ration des races de Moulons k laine longue et soyeuse. II pr6- sente ensuite des observations relatives aux travaux de M. Graux, etdont void le resume : C'est vers 1830 que cet habile agriculteur, b. sa ferme de Mauchamp , vit nailre dans son troupeau de Merinos un agneau male, donl la laine soyeuse , d'un reflet brillant et argentin , differait essentiellement de la laine de son troupeau. Au lieu de castrer cet agneau et de le reformer comme animal degenere , M. Graux , aide des canseilseclaires denotre confrere M. Yvart, le fit servir k des croisements judicieux , par un beau choix d'in- dividus a laine brillante. 11 crea , de cette fa^on , la race con- nue aujourd'hui sous le nom de race de Mauchamp. Cette laine est maintenant employee surtout pour la fabrication des chales de prix, et elle remplace presque le poil des Chevres de Cache- mire. 11 serait done utile d'etendre les avantages off"erts k ragriciilture comme h I'industrie par I'elevage des Merinos- Mauchamp. — Revenant au travail de M. Millot, M. Bourgeois de- mande s'il n'y avait pas eu precedemment dans I'industrie des €ssais relatifs au filage et au tissage de cette laine des Merinos- Maucbamp, et si, par consequent, quelques unes des difficulies qui se sont presentees h la filature de Mello n'avaient pas deja ete aplanies dans d'autres fabriques. — M. Millotne pent pas donnerderenseignements k cetegard. 11 n'ignore pas que notre confrere M. Davin s'est servi de cette toison pour la fabrication des chales , mais il ne sait rien de precis a cet egard. Quant k lui , il n'avait jamais eu I'occa- sion de travailler cette laine, qui paraissait pour la premiere fois dans ses ateliers. — M. Richard du Cantal reprend la parole pour rappelerles services qu'a rendus M. Bourgeois pere, ancien directeur de la ferme de Rambouillet, relativement a la race Merine, et sous I'influence des travaux de Daubenton, — Apres ces observations, M. Fontaine informe la Sociele que les fabriques de chales se servent de la laine de Merinos- Mauchamp, qu'elles considerent comme une precieuse res^ — 45 — source pour linduslrie. II fait observer que, si ces inoulons- fournissent unc belle toison , ils laissent i d^sirer sous d'autres rapports : car , dit-il , on ne peut pas^ en meme temps avoir anc viande abondante et raffincr la laine. — M. Garrcau ne parlage pas I'opinion de M. Fontaine, et, parlant au nom dc M. Yvart, absent, il dit que ce dernier a ame- liar^ les animaux de M. Graux sous le triple rapport de la forme, de la chair et de la toison. Le troupeau de M. Yvart, k Alforl^. et celui de Gevrolles, en Bourgogne, fournissent la preuve qu'il est possible d'obtenir en meme temps ces diverses ameliorations.. — La question de I'origine des laines travaillees par M. Mil- tot elant soulevee dans celte discussion par M. Garreau, M. le President fait savoir qu'elles ont ete fournies par des Moutons provenant deMauchamp , et ayant passe deux annees dans les pares de la Menagerie du Museum dhisloire naturelle, qui les avait recus'en don de M. Graux lui-meme. — Selon M. Bourgeois, ces Moutons de Mauchamp ne con- stituent qu'une variete de Merinos. It croit, d'ailleurs, commc M. Garreau, que la Hnesse de la laine peut etre obtenue en meme temps qu'on developpc le sysleme musculaire. — M. Guerin-Menevilie donne lecture d^une note de M . le docteur Ch. Coquerel, chirurgien de la marine, rccemment re- venu de Madagascar. Elle a pour titre : Note sur les Bombyas^ qui produisent la soie a Madagascar. — Ce travail est renvoye k la 4° Section, afin qu'elleeludiela question de savoir s'il y aurait lieu, comme le pense M. Co- querel , de tenter k I'ile de la Reunion I'acclimatalion des es- p^ces etudiees ci Madagascar par ce voyageur. — M. Aug. Dumeril met sous les yeux de I'assemblee un* clessin colori6 fait par M. F. Bocourt. ct reproduisant, dans son etat parfait de developpement, I'une des chenilles du Bombyx cynthia qui avaient ete presentees k la Societe sur un pied de llicin,, dans la seance du 22 decembre 1854. • Le Secretaire des Seances, A* Aug* D(jm£:ril, — 46 IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Void la lellre adressee par M. le Ministrc de la guerre a M. Ri- chard (du Cantal) , vice-president de la Soci6te , au sujet de la Com- mission cliarg6e de s'occuper de loutes les questions qui sont de na- ture a intcresser rAlfirerie. MINISTfeRE DE LA GUERRE. Paris, le 29 decembre I83i. Monsieur, Yous m'avez fait I'honneur de me remettre , au nom d'uhe commis- sion d616guee par la Soci6l6 zoologique d'acclimatation , une note in- diquant le but que cette commission se propose a Tegard de I'Algerie. Voici , d'apres cette note , quels seraient ses projets : 1° Etre en rapport avec Tadministration superieure centrale , et ob- tenir d'elle toutes les facililes pouretudier la production de la colonic et connaitre tout ce qui a 6te public dans cet ordre d'idees ; 2° Etablir des relations avec les agriculleurs ct 61eveurs serieux du pays , afin de leur confier, comme la Societe le fait en France , soit des animaux a acclimater, a multiplier ou a perfectionncr, soil des v6g^- laux donl la culture ne reussirait pas convenablement dans la m6tro- pole, etque la Soci6t6 est en position de faire venir de tous les points du globe; 3° Faire connaitre et apprecier pratiquement a tous les membres de la Society, nolamment aux capitalistes qui en font partie", les avan- lages que pourrait leur offrir Texploitation du sol algerien , au double point de vue de la production veg6tale et animale. Le concours que la Commission veut bien promettre au d6partemen t de la guerre est de nature a rendre de trop importants services pour n'fitre point accueilli avec empressement. Je suis done lout dispos6 , afm de lui offrir les moyens de le rendre profitable , a remettre entre ses mains les divers documents publies par ordre du Ministre, et qui • seraient susceptibles de I'dclairer sur les ressources de la production - 47 — coloniale. Jc vous fcrai 'observer, du rcstc, que les inlenlions que vous m'avez manifesl6cs sous ce rapport out d6ja 6t6 remplies en grande partie par renvoi k la Soci6l6 du tableau de la situation des 6tablissements franQais en Alg6rie (ann6es 1830 a 1852), et de la collection des Annates dc la colonisation algerienne pour Tannic cou- rante. Ces envois seront continu6s a I'avcnir, et j'y ajouterai la com- munication successive des diff6rents ouvrages sp6ciaux que Tadmi- nistration pourra faire publier. Je no mettraipas moins d'intdrfit i seconder les vues de la commis- sion en cc qui concerne I'introduction en Alg6rie d'animaux ou de plantes d'esp6ces nouvelles, et dont Tacclimatation serait confiee a des particuliers. C'est avec un veritable plaisir que je lui offre, pour atleindre ce but, rinterm6diaire du d6partement de la guerre pour iransmeltre en franchise aux colons la correspondance qu'elle jugerait h propos de leur adresser, et qui, a cet effet, devra loujours 6tre d6- pos^e d6cachet6e dans mcs bureaux. ' Quant k ses intentions touchant la divulgation des ressources que le sol de la colonic assure aTemploi des capilaux , la Commission trou- vera tout naiurellement le moyen de les r6aliser dans r6tude des do- cuments dont elle est ou sera ult6rieurement mise en possession. Recevez, Monsieur, I'assurance de ma consid6ration distingu6e. Le Mar6chal de France , Ministre secretaire d'6tat dela guerre, Vaillant. La Commission de TAlgfirie a 6t6 institute aussitfit apr6s cctte letlre re^ue. Elle se compose de MM. Richard (du Canlal), vice- president de la Soci6l6, Raudens, le prince de Reauveau, Carlicr, Daumas , Davin, Gu6rin-M6neville, le baron de Montgaudry, de Na- bat, de Quatrefagcs, Tastet et Valserres. — Le troupeau de boucs et chcvres d'Angora donn6 a la Soci6t6 par M. le Mar6chal Vaillant , Ministre de la guerre, est heureusement arriv6 a Marseille. Conformemeut aux ordres de M. le Ministre, il a 6t6 remis par M. Tlnlendant militaire a MM. Antoine Hesse et Rar- thelcmy-Lapommeraye, membres de la Societ6, d616gu6s par Ic Con- seil pour toutes les mesures relatives k la reception du troupeau. Pour tons les faits divers, L'un des secretaires, GufeRIN MfeNEVILLE. On^RACES CFFERT§) A liA SOCliSTiT. STANCE DU 5 JANVIER 18S5. BoLLBTiN da Cornice agi-icole de Toulon ;ann6es 1850 a 1854), offertpair M. Turrel , secretaire du Cornice. Bdllktin du Cornice agricale de Tarrondissement d'Alais - (Gard^' (d^cembre 1854). Bulletin de la Soci6te de geographic (tome VII , n' 47). L'Institdt (28 d6cembre 1854, 3 Janvier 1855). Le Cosmos (S^volume, 24« et25« livraisons, et 6« volume, l^'^livraison). Journal des baras (Janvier 1855), SfeANCE DC 19 JANVIER 1855. Principies g6n6raux sur raraelioration des races de chevaux et autres animaux domestiques a I'usage des 6coIes d'agriculture etde Tarmee, par' M. Richard (du Cantal). Paris, 1850, 1 vol. grand in-^". NouvELLE classification zoologique bas6e sur lesappareils et les fonc-i- tions de la reproduction , par Eugene Guitton, 1vol. in-8°. Paris, 1854;^ OffertparM. Guerin-Meneville. Le Courrier de la Provence (Janvier 1855), L'Institut (10 et 17 Janvier). Le Cosmos (6^ vol., 2« livraison). Photographie zOologique et representation des animaux rares des col- lections du Museum d'hisloire naturelle, publi6e par L. Rousseau et A^. Deveria (l'^^, 2' et 3" livraisons). Rapport sur Texposition du Cornice communal deValcongrain, tenue*' Bonnemaison (Orne) , le 16oclobre 1853, parM. de Bonnechose. — Pro^ JET d'organisation dune exposition annuelle des produits r6unis de Tagri- culture et de Thorticulture par circonseription cantonnale. — Projet de Soci6l6 d'emulation d'agriculture et d'horticulture domestique entre leS' communes du canton d'Aunay-sur-Odon, arrondissement de Vire. — Con- couBs d'arrondissement de la Soci6t6 d'agriculture de Vire a Aunay-sur- Odon, le 18 septembre 1853. — Nouvelles observations sur la culture et lamaladiedela pomme de terre. — Nouvelles instructions pour la plan-- tation des pommes de terre. — Maladie de la vigne, du cerisier, du noyer, du murier, du prunier, du pficher, du fraisier, du poirier, du pommier, de la pomme de terre. — Lettre aux instituteurs de campagne' pour les engager a donrier h leurs Aleves des notions elementaires d'agri- culture et d'horticulture. — De l'ctilite de I'enseignement 616mentaire' de I'horticulture domestique et de I'agriculture dans les 6cole3 primaires- de campagne. Ces divers m6moires ont 6t6 offerts par I'auteur, M. Victor Chatel. PARIS. ~ IMPRIMERIE GUIRAUDET ET JOUAUST, rue Sairil-Honor6, ?58, ';*"f BULLETIN \t^', UENSCEL DE LA SOCIEITE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle le lO fevrier t9ft4 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCI^T^. RAPPORT SUR LES COCONS VIVANTS D'UN BOMBYX SfiRIGfiNE DU BRfiSIL Donnas a la SociM zoologique d'acclitnatation Par M. JOHW liE LOMCi, COHSOL GENERAL DE LA REPUBLIQCE ORIENTALE DE L'GRDGCAT, ET SUR UN MEMOIRE DE M. CH. COQUEREL, ^ Cnilil'RGIEN DE LA MARINE IMPEIUALE, ^ RELATIFS A DES VERS A SOIE DE MADAGASCAR qui Ussent en sociiti det cocons gigantesques , dont la tote est utilisee dans ce pays. Commissaires: MM. Blanchard, F. Jacqucmart, Richard (du Cantal), Tastet, Valserres, ct Cii;EBIll-ME:i«c:TIIiI.i:, rapporteur. (Stance du 3 Kvrier 1855.) Si le vulgaire apprecie mieux racquisition pour notre agricul- ture (I'un quadrupede volumineux que celle d'un petit Insecte, s'il mesurc son approbation a la laille de I'animal que Ton tente d'introduire et d'acclimater, il n'en est pas de ra^me de la Soci6t6 zoologique d'acclimatation, car ellea d^jk prouve qu'elle II 4 — 50 — attache aulant d'imporlahce a racquisilion d'un Insecte utile qu'k celle du plus grand Mammifere. Nous savons tous que les Insectes ont aussi, comnie les animaux verlebres, des represen- tantslres utiles aux societes humaines. Beaucoup de ces Insec- tes, tels que les Abeilles et la Cochenille, donnent des recoltes d'unegrande importance, et les Vers k soie peuventelre classes presqu'en premiere ligne dans notre production animale, puis- qu'ils creent en France pour plus de 150 millions de soie gr6ge, valeur egale k celle de la production du sucre ou du fer, laquelle, apr^s avoir ele souraise au travail de nos manu- factures do Lyon, Saint-Etienne, etc., acquiert une valeur de plus de 310 millions, qui forme le quart de notre budget (1). II r6sulte des documents les plus aulhentiques, et des lermes du discours prononce par le Ministre de I'agriculture k I'ou- verture de la session du Conseil general de lagriculture, du commerce et des manufactures {Moniteur du 8 avril 1850), que notre sol ne produit pas toute la matierc soyeuse qui nous est necessaire, puisque nous importons pour 55 k 60 millions en soie grege et raoulinee. En presence de cet etat de choses, on doit accueillir avec faveur toutes les tentatives qui ont pour objet d'augmenter notre production de soie, car il y a encore beaucoup k faire pour combler ce deficit. S'il convient de placer en premiere ligne I'amelioration de nos races francaises du Ver a soie ordi- naire et Tacclimatation de varieles diverses de cette espece, depuis si long-temps domestique; si nousdevons nouspreoccuper d'abord de conserver nos fameuses races des Cevennes et de I'Ardeche, aujourd'hui sous I'influence d'une cruelle epidemic, et qui ne peuvent dtre egalees par aucune de celles des autres (1) Dans un remarquable article extrait des meilleurs auteurs sur ce su- jet, le redacteur du feuilleton scientifique de la Patrie disait (n° du It avril 1853) : « La creation de la matiere brute a rapporte chez nous,, en 1840, 130 millions ; en 1847, 150, presque autant que la production du Sucre ou du fer. Sa manufacturation rapporte , annee moyenne , 160 qjijl-^ Hops : en tout 310 millions , le quart de notre budget. » — bl — pays; si nousavons k faire des cITorts incessanls pour fairc pen6- trer pamii nos pelits educateurs, dans la chaumiere du paysan, des melhodes d'educalion plus en rapport avec les prescriptions de I'hygi^nc, afin de mieuxconibattrc les maladies qui deciment trop souvenl nos magnaneries, nous ne devons pas negliger I'introduclion d'especeselrang^res qui pourraient venir en aide i noire production. C'est dans ce but que la Societe zoologique d'acclimalation a soutenu etsoutiendra encore avec une vive sollicitude les ten- latives d'introduclion du Bomhyx cynthia , dans I'espoir que sa culture en Europe et en Afrique pourra ajouler au bien-etre des populations. II est certain que ce nouveau Ver k soie ne donnera pas des produits aussi beaux que celui du Murier, mais si Ion parvenail h obtenir de lui des tissus moins chers, quoique plus durables, comme le font les populations de I'lnde, il y aurait Ik une veritable conquetc dans I'interet des classes labo- rieuses. 1«. — DON DE COCONS VIVANTS FAIT A LA SOClfeTfe PAR M. JOHN LE LONG. Outre celte espece indienne domestique, la Societe cherche aussi k introduire en Europe ou ailleurs des especes sauvages dont on retire ou doot on pent retirer des avantages plus ou moins grands. C'est dans ce but qu'elle a fait des demarches pour obtenir Ic Ver h soie chinois, qui sc nourrit des feuilles du Chene, et pour (aire venir de I'Amerique septenlrionale plu- sieurs esp6ces vivant des feuilles de divers arbres, tels que le Saule, le Noyer, etc. Elle accueillera done avec satisfaction et reconnaissance le don que lui a fait M. John LeLong, consul general de la Republique orientalede I'Uruguay, de quelques cocons vivants d'une espece qui paratt etre tresriche en soie, et dont la Chenille vit sur un arbre de la famille des Terebinlacees. Cescocons,qui ont ete recueillisdans la province deFernamboue (Bresil), ontla plusgrandc analogic avec ceuxd'un grand|Bombyx sauvage rccolK^s au Br6sil, le Bomhyx aurota, sur lequel notre — 52 — confrere M. Chavannes, de Lausanne, a fail des belles observa- tions; sont composes d'une soie blonde qui parait tres-forte et Ir^s-brillante. Si I'espece est reellement analogue a celle que M. Chavannes a observee, les Chenilles seront peut-etre aussi polyphages, et, dans ce cas, il sera possible de les nourrir avec les feuilles du Ricin, puisque M. Chavannes nous apprend que son Bombyx aurota du Bresil s'en accommode fort bien. Cetle circonstance, en nous donnant I'espoir d'alimenter facilement le Ver a soie introduit par M. John Le long, ajoute un plus grand prix au don qu'il en a fait a la Societe. Votre commission est d'avis qu'il y a lieu de voter des remer- ciments h notre confrere M. John Le Long, tantpourl'introduc- tion de cette espece de Ver k soie, que pour le don qu'il a fait k la Societe de divers vegetaux utiles qu'elle va tenter aussi d'ac- climater: Elle vous propose, en outre, d'ordonner que les cocons appor- lesparM. John Le Long seront confies aux soins d'unMembre de la 4« section, pour etre conserves dans les mcilleures condi- tions jusqu'au moment ou les Papillons naitront. Alors ces Papil- lons seront places, pour se feconder et pondre, dans la Mena- gerie des Reptiles, lieu tr6s convenable a cause de la temperature constante qui yest entretenue avec le degre d'hygronometrie le plus favorable , et parcequ'ils seront soignes par M. Vallee avec soUicitude et intelligence, comme il I'a deja fait pour la ponte des Bomhyx cynthia que M. le due de Guiche nous a rapport^s de Turin. 2" — MfeMOIRE DE M. COQUEREL SUR DES VERS A SOIE DE MADAGASCAR. Le second objet de ce rapport est un interessant memoire de M. Coquerel, chirurgien de la Marine imperiale, qui a dejk rendu, comme MM. Quoy et Gaimard, Reynaud, Souleyet et tant d'autres officiers de son corps, d'importants services a la science pendant ses voyages. M. Coquerel, comprenanl les avan- tages que Ton pourrait retirer, dans nos colonies de Bourbon, — 53 — des Antilles, cl peul-etre en Alg6rie, du produit soyeux d'une Chenille qui vil en grandes socieles sur certains arbres du groupe des Mimoses, a profit^ d'un assez long sejour k Mada- gascar pour etudier une esp^ce dont on ne connaissait encore que les immenses agglomerations de cocons. II a observe avec soin et parfaitement dessin^ en couleur la Chenille, le Papillon, les cocons et leur enveloppe, qui atteint souvent jusqu'Ji renorme grandeur dun metre. II a pris des renseignements parmi les . Owas, peupies puissants de celte ile, sur I'emploi qu'ils font de celte soie, et 11 a meme pu se procurer un 6chantillon de I'^loffe fabriquee par ces peupies avec le fil soyeux qu'ils obliennent de ces cocons par le cordage et le filage. .Nous n'entreprendrons pas d'analyser ici I'excellent memoire de M. Coquerel, car on pourra le lire dans notre Bulletin, si la Societe accueille la proposition que nous lui faisons d'en ordoa- ner I'impression (I). Conime conclusions, voire Commission a done I'honneur de proposer k la Society : 1° D'adresser des remerciments k M. John Le Long pour le don qu'il lui a fait de cocons vivants d'un Ver k soie bresilien, que Ton pourra peut-elre introduire utilement en France ou en Algerie ; 2o D'en adresser aussi a M. Ch. Coquerel pour le bon memoire qu'il nous a donne sur le Ver k soie de Madagascar, a cocons giganlesques ; 3° D'ordonner que copie du present rapport sera adressee a LL.EExc. les Ministres des affaires etrang^res et de la Marine, Membres de la Societe. Les conclusions de ce Rapport ont ete adoptees, el des re- merciments voles a MM. Le Long et Coquerel. (1) Voyez le n" 1 du Bulletin. RAPPORT SUR LES YAKS DE BARCELONNETTE (basses- AUES) , Fait a la Society zoologique d^accUmatation ,. Par 91. JACgVES-VAIiSERaES , UEHBRE DU CONSEIL. (Seance du 19 Janvier 185S.)' Messieurs, Lorsqu'au mois de septembre dernier, je quitlai Paris pour faire une excursion en Dauphine, voire bureau voulut bien me eharger de deux missions speciales : I'une aupres de la Sa- cUte (TaccUmatation pour la region des Alpes ; I'autre aupres du Cornice agricole de Barcelonnette , auquei M. le Ministre de I'instruction publique venail de confier deux Yaksprovenant du troupeau ramene en France par notre honorable coUegue M. de Montigny. A raon arrivee k Grenoble, ]e me mis aussil6t en rapport avee M. Bouteille, conservateur du Museum d'histoire naturelle, se- cretaire de la Societe d'acclimataliou. Jelui donnai eonnaissance d'une lettre que notre honorable President' ecrivait au Presi- dent de la Soeiete des Alpes pour m'accrediter aupres de lui. Le principal objet de ma mission etait de remercier la savante compagnie d'avoir bien voulu donner aux membres de votre Societe le droit de sieger aux seances de la Societe des Al- pes, tenues a Grenoble. Par reciprocite, en vertu d'une de- liberation de voire Conseil , j'elais charge d'annoncer k M. le President que les membres du Conseil de la Societe de Gre- noble auraient droit de sieger dans les seances de noire Con- seil y el que les simples membres pourraient assister k nos as- - 55 — semblees generales, lorsqu'ils viendraient a Paris. J'avais en- core k trailer quelqucs questions pureraent administratives , dont il a'y a pas lieu de vous entretenir dans ce Rapport. Malheureusement on etait alors en pleines vacances. M. Felix Real, president de laSociete, les membres du bureau, les membres du Gonseil d'administration, avaient quitt6 la ville, de telle sorte qu'il ne me fut pas possible de remplir com- pletement I'objet de ma mission. Ayaot fail connallre kM. Bou- teille les differentes questions que j'elais charge de trailer, je lui donnai la lettre dont j'elais porteur, et je continuai mon voyage, regreltant de n'avoir pu me meltre en rapport direct avec les hommes dislingues qui dirigent la Societe zoologique des Alpes. Apr6s une longue exploration dans la vallee de I'Oison , dans les vallees du Monestier, du Queyraset de Vallouise, je franchis le col de Varis , qui separe I'arrondissement d'Embrun de I'arrondissement de Barcelonnelle , et j'arrivai dans celle derniere ville, apr^s avoir parcoufu toute la vallee de rUbaie jusqu'a Morin, par une elevation de 2000 metres au dessus du niveau de la mer. Ma premiere visile fut pour les dignitairesdu Comice, M. de Monlaubin, sous-prefel, et M. Bres, president du tribunal. J'ex- pliquai k ces Messieurs I'objet de mon voyage, et ils parurent lr6s satisfails que noire Sociel6 atlachat une si grande importance k leurs essais d'acclimalation. Je leur lis egalement connailre la Ires grande valeur des deux aniraaux qui leur avaient el6 con- fies par M. Fortoul, Ministre de I'lnslruclion publique. Barcelonnelle est une petite ville situee sur les bords de rUbaie, par une elevation de 1180 metres au dessus du niveau de la mer. Le sol qui compose la plaine est forme de riches al- luvions. Au sud et au nord r^gne une chatne de montagnes, composee de calcaire et d'argile. La hauteur de ces montagnes depasse 2000 metres; leur versant , presque tolalemenl deboi- s6 , est convert de vastes pelouses , dont I'herbe fine et aroma- tique offre un excellent palurage aux betes ovines. La plaine se Irouve dans de moius bonnes conditions j bien que les eaux y % — 56 — aient uq ecoulemenl assez facile , on y rencontre cependant ca et Ik des traces de marecage. Quant au clinial, il est des plus rigoureux. Des la fin d'oclobre, les montagnes commencent k, se charger de neige ; au mois de novembre vienl le tour de la vallee, qui reste completement couverle jusqu'au mois d'avril. Durantcelong hiver, les habitants cmigrent-, ceux qui restent passent loute la saison du froid dans les ecuries avec leur be- tail. Certes, il etait difficile de choisir une region plus favorable a racclimalation des Yaks que I'arrondissement de Barcelonnelle. Sous plus d'un rapport , ce pays rappelle le Thibet : comme ce dernier, il est froid, montagneux, tres eleve, pourvu de pa- lurages a herbes fines; en un mot, il semble , mieux que tout autre en France, offrir aux Yaks les conditions qui distinguent leur lointaine patrie. C'est pourquoi, lorsque la Societe eul connaissance de la destination de ces aniraaux, je n'hesitai pas, moi qui avals visile les lieux , a I'approuver completement. Mais si, pris en masse, I'arrondissement de Barcelonnette se prete merveilleusement a I'acclimatation des Yaks , s'ensuit-il que toutes les parties sans distinction repondent au but qu'il s'agii d'atteindre? Pour ma part, je ne saurais le penser. Je crois, au contraire, que les parties les plus basses, voisines de rUbaie, avec leurs riches alluvions, avec leurs terres mal egouttees, ne se pretenl que mediocrcmenla des essais quel'on vient d'entreprendre. En effet, les herbes de plaines produites par les sols trop fertiles sont toujours beaucoup moins fines, beaucoup plus aqueuses, beaucoup moins aromatiques , et par consequent bien moins nourrissantes que les herbes de mon- tagnes qui croissent sur les sols calcaires et maigres. Notre col- legue, M. Richard (duCantal), vousaetablicetteverite, dans une lecture qui sans doute est encore prescnte a votre memoire (1). Mais si, d'unepart, ce principe est incontestable, et, del'autre. si I'acclimatation, pour avoir chances de reussite , doit olTrir a I'animal qui en est I'objct des conditions analogues a cellcs (1 ) Voy. le t. I du Bulletin , p. 235. — 57 — de SOD pays natal , ne pensez-vous pas avec raoi que les Yaks, au lieu d'etre places dans la plaine aux portes deBarcelonnelte, auraientpuelreenvoyesavecavantage a Morinou k Larche, les deux points les plus eleves de I'arrondisseinent , el qui, par leur sol, leur climal, leurs palurages, rappellent, sous plus d'un rapport, le sol, le climal, les palurages des montagnes du Thibet? M.lesous-pr^fet el !Vf . le president du tribunal, auxquels j'ai soumis cette objection, in'onl repondu qu'ils avaient garde les Yaks aux portes de la ville afin de mieux les surveiller et de pouvoir mieux suivre les progres de Tacclimalalion ; mais, quant a moi, lout en trouvant les intentions trte bonnes, je pense que ni Fair, ni le climal, ni les herbes de la plaine, ne conviennentaux Yaks. En ete , il fail ires chaud au fond de la vallee ; I'air y est parfois lourd , epais, charge d'emanations paludeennes; les herbes, produites par un humus Ires riche, y sont pen nourris- sanles : de la il resulte que les Yaks, habitues, dans leur pays, h un air vif et sain, k un climal conslamment frais, a un palu- rage compose d'herbes fines et aromaliques, ne retrouvant plus les conditions au milieu desquelles leur race s'est developpee, doivenl necessairemenl deperir, et que , parviendrait-on k les acclimater, ils ne donneraient que des enfants degeneres, n'ayant que des rapports fort eloignes avec la souche origi- naire. Telles elaient les reflexions auxquelles je me livrais, lorsque, accompagne de M. Esmenjeau, avocat , et de M. Faudon de Saint-Paul , proprietaire , je me rendais au Chazelal pour ac- complir la mission donl voire bureau avail bien voulu me charger. Le Chazelal est un domaine ayant appartenu jadis a I'arche- veque d'Embrun. II se trouve k deux kilometres de la ville, lout k fait au fond de la vallee. Lesterres donl il se compose sont argilo-calcaires. ^a et la, k travers les palurages que j'ai parcouras, j'ai remarque des traces d'herbes marecageuses. En arrivanl devanl la ferme, apres avoir fait connailre le but de ma visile , je fus recu par Francois Gaz , qui s'empressa de — 58 — me montrer voire instruction sur la maniere de trailer les Yaks, redigee par noire vice-president, M. Richard (du Canlal). Je demandai h Francois Gaz ou etaient ses deux pensionnaires, et il me les montra aussit6t, dans la prairie, au milieu d'un Iroa- peau de Vaches. Je me dirigeai alorsde ce c6t6, et bient6l je fus en presence des deux nobles etrangers. Le taureau, noir, sans comes , avec ses longues soies, son regard majestueuxet sa demarche agile, m'ap- parut comme un superbe animal , jouissant de la sante la plus parfaite; laVache, noire et blanche, egalement sans cornes, avail des soies moins longues, moins brillantes; son regard etait moins vif , son pas moins assure. A la voir chetive et maigre, on de- vinail sans peine qu'elle etait malade, ou tout au moins qu'elle avail beaucoup soufFerl. M'etanl approche du taureau, ma vue ne lui fit aucune im- pression defavorable, el il se laissa facilemenl alteindre. Je pus done a mon aise lui manier les differentes parlies du corps sans aucune resistance de sa part. Je m'attachai surtoul a sa four- rure, parceque c'est d'elle que nous devons atlendre le principal revenu. Je trouvai ses soies longues et flexibles; mais, en les ecarlanl jusqu'k la racine, je visqu'il y avail fort peu de bourre, c'est-k-dire que la parlie la plus precieuse de sa toison nous faisait dejk defaul. D'ou pouvait provenir cetle anomalie appa- rente? Du climal. La palure, dont les oeuvres sonl pleines de sagesse, en donnanl aux animaux qui existent sous un ciel ri- goureux les moyens de se preserver du froid, ne permet pas que leur velement persiste lorsqu'ils emigrenl dans des pays plus chauds. Destines a vivre sur les haules montagnes du Thibet, les Yaks avaienl besoin d'une riche fourrure pour se garanlir conlre rinleraperie des saisons; mais, transportes sous un ciel plus hospitalier, s'ils peuvent s'y acclimaler, cetle fourrure leur devienl inutile, et, par consequent, elle doit bient6l disparailre : c'est ce qui explique pourquoi nos Yaks, qui out demeure trois ans en Chine, qui onl traverse deux fois I'equateur, el qui, depuis une annee bientol, jouissent du climal lempere de la France, possedent si peu de cetle - 59 - bourrc que la Providence leur avail donn^e pour se garantir conlrc Ics frimas. Ces considerations, basees sur les lois qui president k I'har- monie du globe, vous expiiquent pourquoi je regrelle I'elablis- semenl des Yaks aux portes de IJarcelonoelle. Si Ton tienl k faire un essai serieux d'acclimatation, et telle est assurement i'inleulion des personnes si 6clairees qui president k celui de Barcelonnette; si Ton veut surtout conserver h. la race du Thi- bet la laine precieuse qui la distingue et qui fait son principal revenu , pourquoi ne la placerait-on pas dans des conditions identiqoes a celles de son pays natal , alors surtout que rien n'est plus facile? Nous possedons en France deuxarrondissements, ce- lui deBriangon et celui de Barcelonnette, oil Ton trouve des villages jusqu'k 2000 metres au dessus du niveau de la mer, et dont le climal etlesproduits rappellent, sous plusd'ua rapport, le climat et les produits des montagnes du Thibet. Eh bien I soyons logiques, et, au lieu de placer les Yaks dans une vallee oil les etes sont accablanls de chaleur, placons-les au som- metdes Alpes, ouilsretrouveront en partie I'eau.l'air, la nourri- ture, qu'ils avaientdans Icur pays natal. G'estkcette condition seulementque le duvet reparatlra souslessoies, et que nous pour- ronslerecolter en abondance pour en faire des etoffesprecieuses. Mais ce n'est pas seulement au point de vue de la loison que le Yak pourrait nous 6tre profitable. Comme b^te de somme , il promet d'eminents services aux pays de montagne, ou les difficultes de terrain et le mauvais etat des routes rendent les communications parfois tr^s lentes et les transports toujours ruineux. Dans larrondissement de Briancon el de Barcelon- nette , par exemple , les labours se font avec des Boeufs, et les transports a dos de Mulcts ou au moyen des homraes. Dans cer- taines communes, lecharroi des fumiers et des recoltesa lieu en general par les femmes. On comprend combien de pareils tra- vaux doivent elre penibles dans des pays oil il faut toujours monler, toujours descendre. Or, affranchir ces braves gens des rudes labeurs auxquels ils demeurent assujettis, ce serait, k mes yeux, on veritable progrcs. - 60 - ' Le Yak , avec sa triple destination de bete de somme , de bete de trait et de bete de bouchcrie, me senible devoir rem- piacer avantageuseavent le Muletet le Boeuf, et rendre ainsi la culture de ces regions exceplionnelles moins couteuse et plus lucrative. Le Yak, en effet, avec son pied siir et son oeil im- passible , serail une solide monlure pour grimper les cols les plus ardus et c6toyer les precipices les plus dangereux. Comme bete de trait, il labourerait parfailement les terres, et le ferait avec economic, parcequ'il est plus alerte, plus agile que le Boeuf; enfin, comme bete de boucherie, apres avoir donne du lait , il laisserait une depouille aussi riche et une chair meil- leureque le Boeuf de montagne, en general fort petit detaille, et dont la viande est toujours coriace. Le Yak reraplacerait done k la fois et le Mulel et le Boeuf, ce qui procurerait une grande economie de cheptel et de maind'ceuvre a I'agriculture dans les Alpes, Sous ce point de vue seulement, la nouvelle race serait done digne d'etre acclimalee. Je ne parle que pour memoire des produits de la toison, qui pourraient devenir considerables au sommet des Alpes; je ne parle pas egalemenl du lait, dont I'im- portance se rapprocherait beaucoup du rendement actuel des races de montagQes, fort petites, et par consequent peu lai- tieres. Mais ce n'est pas seulement sous le rapport de la toison et des services qu'il peut rendre dans notre economie rurale que le Yak est digne de nos etudes : ses habitudes, ses moeurs, son caractere, sa nature bizarre, qui le fait tenir du Cheval par la conformation exterieure , du Boeuf par le tube digestif , du Pore par le grognement , appellent sur tout son elre un ■ serieux examen. Quoique done dun caractere sauvage, le Yak possede a un tres haut point 1 instinct de sociabilite. Ceux de Barcelonnette paraissent avoir I'un pour I'autre une grande affection. C'est toujours c6te a c6te qu'ils paissent sur le paturage. Si , d'aventure, le male vient a quitter sa compagae pour se mfiler au milieu des Vaches qui se trouvenl tout proche, aussitdt p — 61 - celle-ci d'accourir avec un grognemenl d'impaliencc m^l6 de jalousie, et de chasser ^ coups de lete les rivales qui lui font ombrage. Le laureau paratl toujours sensible h ces peliles scenes, dont il semble provoquer le relour avec un malin plaisir. Sous le rapport de la conformation exterieure, le Yak res- , serable beaucoup k Tespece chevaline. Cornme cette derni^re, il a les reins courts , elargis, bien muscles ; les membres soli- dement etablis, les jambes fines, les tendons detaches, le sabot 6troit; sa queue est pourvue de crins, et, lorsqu'il marche, il la relive comme le pur-sang arabe. Sous le rapport de la conhr-r mation interieure, le Yak est organise comme I'espece bovine, et appartient k la famille des ruminants. Enfin, sous le rap- port de la voix, les cris qu'il laisse entendre ne ressemblent ni au hennissement du Cheval ni au beuglement du Boeuf, mais ils se rapprochent du grognement du Pore. •> En ce qui concerne les habitudes, le Yak au paturage se com- porle comme le Cheval ; au lieu de faire comme le Boeuf, qui coupe I'herbe bouchee par bouchee , il pique dessus et reste im- mobile, jusqu'ti ce qu'il ait fini ce qui se trouve sous sa dent. A I'etable, il prefere le fourrjige de montagne; on devrait eviter de lui donner de la paille, qui n'est point assez nourrissante, et finirait par developper outre mesure son abdomen. Ses ex- crements sont moins liquides que ceux du Boeuf, et un peu moins solides que ceux du Cheval a I'ecurie; ils se rapprochent beau- coup de ceux du Mouton au paturage. L'odcur qu'ils laissent ecbapper est tr^s ammoniacale et promet un engrais des plus riches. Le Yak a des allures qui rappellent celles du Cheval : comme ce dernier, il donne des ruades et jette le pied en avant lors- qu'il marche ; le Boeuf, au contraire, ne donne pas de ruades, mais il fauche; lorsqu'il marche, au lieu de jeler son pied en avant, il le coule. Enfin, le Yak franchit les fosses comme le coursier de chasse; il s'elance du haut des precipices comme le Chamois , et , semblable au Mouton South-down , il passe par dessus les cloisons lorsqu'on veut I'enfermer. Dans la valine de Barcelonnette, comme I'hiver est fort long. 1 - 62 — on tient le b^lail dans des etables vout^esquisont fort chaudes. Une pareille habitation ne saurait convenir aux Yaks , k qui il faut toujours de I'air et de la fraicheur. J'ai signale ce point important au Cornice , et il a ele convenu que Ton conslruirait une ecurie speciale pour y mettre nos proteges. M. leSous-Prefetet M. le President du tribunal m'ont apprisque dejk plusieurs Vaches du paysont ete couvertes par le Taureau. J'aiengagecesMessieursasurveillercessortesdecroisement,etk n'y faireconcourirquedes Vachesd'unebelleconformation. Nous verronsplustard ce quedeviendrontles produits. Pour ma part, j'ai pen de foi en leur reussite, parceque, d'un c6te , le Yak differe trop du Boeuf par I'exterieur, et que, de I'autre, il pa- rait appartenir k ces especes mixtes qui rattachent entre elles les differentes races : de telle sorte qu'il me semble impossible d'obtenir des sujets ayant de la syraetrie dans les formes , avec un p^re qui tient lui-meme de deux ou trois esp6ces h la fois. Ces donnees resultent de la science : bient6t nous saurons si la pratique les sanctionne. En resume, Messieurs, tout en regrettant le placement des Yaks h la porte de Barcelonnette , je propose k la Societe de voter des remerciments au Cornice agricole, qui a bien voulu se charger de leur acclimatation , et particulierement h son ho- norable president, M. de Montaubin, sous-prefet de I'arron- dissement. Je propose, en outre, que, par I'intermediaire de votre Bu- reau, il soit adresse des remerciments a M. Forloul, Ministrede I'instruction publique, dont les efforts tendent a doter le pays d'un animal utile, et qui voudra sans doute prendre des me- sures pour que les Yaks soient places tout a fait daps la monta« gne, a Morin, a Saint- Paul ou a Larche. — G3 RAPPORT SURLE TROUPEAU DE CHEVRES D'ANGORA DONNfi A LA SOCIEtE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Par S. Eic. M. Ifl Marfchal VAILLiNT. HIMISTRE DE LA GCERRE , Par M. BAnTHilliEMY-IiAPOMMERAYB:, I^IIIECTEVR DO MCS^E D'HISTOI^IE NATCRELLE DE MARSEILLE. (Sdanee dusi^vrier t8SS.> MONSIEDR LE PRESIDENT » Je crois devoir vous transmeltre un rapport sommaire sur le petit troupeau de Ch^vres d'Angora que j'ai recu de Constan- tinople, et qui provient du don fait k M. le Marechal Minislre de la guerre par lemir Abd-el-Kader. Et d'abord je ne dois pas laisser ignorer k la Societe zoo- logique que la bicnveillante initiative de Thonorable lieutenant- general s^nateur de Rosloian , commandant la 9« division mi> litairc , m'a fait metlre en possession du troupeau attendu , immediatemcnt et sans frais , apres I'arrivee du bateau k va- peur qui I'a transporte. Je me suis empresse d'adresser mes re- merctments k ce fonclionnaire superieur. D'apr^s la lettre d'avis que vous m'aviez fait I'honneur de m'6crire, je devais recevoir, sauf accident , seize tetes de ce menu b6tail. II ne m'en a 6te livr6 que quinze, dans les propor- tions de quatre males et onze femelles. La tourraenle eprouvee par le bateau k vapeur le Thabor, pendant une traversee plus longue que d'habitude, avait reagi sur ces pauvres animaux, qui etaient extenues au debarque- — 64 — ment. Une bonne stabulation , une alimentation convenable et reguliferement distribuee, ont repare leurs forces au bout de quelques jours. THM'^ EXAMEN DU TROUPEAU. Conformation generale , faille, age, toison, variete. La conformation des Boucs et Ch^vres de ce troupeau a cela de particulier que les uns et les autres sont tout d'une venue, la ligne dorsale etant tout k fait horizontale , le garrot et la croupe ayant une egale hauteur. Les membres sont greles et courts. Voici , d'ailleurs , les mensurations que j'ai prises sur les deux sexes. Les males ont un developpement , en longueur, de 1 metre, pris de I'extremite du museau a ceile de la queue , sur une hau- teur de 68 centimetres, mesureesoit au garrot, soit a la croupe, jusqua la pince. La femelle la plus forte a 75 centimetres , de bout k bout, dang le sens horizontal , et 65 centimetres de hauteur. La plus petite des onze n'a que 63 centimetres de longueur sur 55 de hauteur. La longueur moyenne des femelles de cette race pent done etre calculee k 69 cent., et la hauteur a 60. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que pendant que, pour notre race caprine dite de pays, la taille des males ne difffere que fort peu de celle des femelles ; la difference, au contraire , ne laisse pas que d'etre assez sensible pour la race Angora. 11 s'ensuit que la toison dont les males sont reconverts est en rap- port direct avecce surplus de developpement, et j'ajoule que celte toison est chez eux plus longue, plus souple, et partant plus riche. N'y a-t-il pas lieu de conclure de ce qui precede que les Boucs Angora doivent etre reserves de preference pour la composition d'un troupeau induslriel , pendant que les Ch6- vres fourniraient, avec leur contingent de lainage soyeux, les elements de la reproduction et la secretion du lait ? Les quatre Boucs sont d'ages differents, raais jeunes pour- — 65 — laat. Ccci ressort de leur denlilion et du plus ou moins de de- veloppement de leurs comes. Les feraelles sont presque toules jeunes; elles n'offrent presque pas de vestiges de mamelles. D'apr^s la conformation de cet organe, on pourrait affirmer a priori, qu'il n'est pas susceptible d'un grand developpement. Ces femelles sont-elles en 6tat de gestation , c'est ce qu'il est en- core difficile d'indiquer. La chose est pourtant probable, si Ton admet ccrlaine disposition particuliere exlerieure de leur or- gane sexuel comme 6tant caracteristique de la fecondation. C'est ce que la suite se chargera de demontrer. Je dois signaler une variante qui existe entre les animaux m&les et femelles de ce petit troupeau. II y a des Boucs et des Ch^vreskoreilles greles, etroites, tenduesdirectementen avant ; il y en a d'autres chez lesquels le pavilion est plus dilate et pendant. Trois Boucs et Irois Ch^vres appartiennent h la premiere ca- tegorie. Dans la secondc je compte un male et huit femelles. Moiurs, rusticite. . La douceur des Ch^vres d' Angora se fait remarquer d^s le premier aspect. L'oeil est doux et caressant.il est generaleraent d'une couleur azur^e, limpide, dans I'un et I'autre sexe. Les Boucs sont m^me plusconfiants et plus doux que leurs femelles. lis se groupent promptement les uns et les autres au premier appel qu'on leur adresse par le geste et par la voix. Ceci indi- que la facilite du gardiennage, et des moeurs beaucoup moins vagabondes que celles de nos Chfevres communes. Elles con- somment passablement , mais sans voracite. II est ^ pr^sumer qu'elant placees dans des conditions kpeu pres semblables a celles de leur patrie originelle , au point de vue des produils du sol , elles reprendraient ais6ment leur rusti- cite premiere, k moins que le syst^rae destabulalion rigoureuse ne flit juge preferable au libre parcours, sujet, il faut bien en convenir, a une foule d'inconv6nients. Dans ce cas, il convien- II 5 — 66 — drait de les souraettre progressivement a une hygiene toute nouvelle, basee sur les productions usuelles de notre pays. Toutefois , on ne perdra pas de vue que la Provence, et no- tamment certaines parties de la Provence , devraient etre pre- ferees, pour des essais d'acclimatation , k bien d'autres locali- tes. Si j'avais k indiquer un site favorable entre tous, je le choisirais dans la petite chalne des Alpines qui domine au loin les plages sablonneuses du Rh6ne, ainsi que la haute mer, d'oii la vue decouvre , dans toules les directions , de vastes et gra- cieux horizons , ou la ventilation salubre s'exerce d'une mani^re incessante, oil I'influence saline vient fournir aux plantes une saveur salutaire. Telles sont les conditions g^nerales de ce vaste plateau de I'Anatolie , interpose entre deux continents, entre deux vastes mers , oii la race caprine d'Angora se rencontre particulierement abondante. Les essais que la Society d'acclimatation va tenter sur cette Chfevre industrielle feront connaitre par la suite si, corame le pr^tendent les Levantins, il y a degenerescence dans les pro- duits, lors meme quele deplaceraent de la race s'opere a de tr6s petites distances, dans une meme zone , presque dans une meme localite. Essayer ne saurait nuire. BARTHfiLEMY-L APOMMERA YE . — 67 — PISCICULTURE. DE L'HYGIfiNE ET DE L'ALIMENTATION DES JEUNES POISSONS , Par M. C. MIIiliET, INSPECTEOR DES FOR^TS. (Seance du a fSvrier tSSS.) Dans la seance du 22 d^cerabre dernier, j'ai presenle quel- ques observations verbales h la suite de la lecture d'un memoire de pisciculture adressek la Societe zoologique parM. Pouchet;je viensaujourd'hni,ainsique jel'aiannonce.developper ces obser- vations, apr^s avoir pu prendre une connaissance complete de ce memoire, qui vient de paraitredans le n" 10 du Bulletin^ de- cembre 1854. I. — DE L'HYGltlNE DES JEUNES POISSONS. Pour opposer un remade infaillible aux principales causes de raortalite dans les appareils, ct pour placer les jeunes Poissons dans les raeilleures conditions possibles de salubrity, M. Pou- chet emploie des ruisseaux artificiels k double fond, c'esl-k-dire des rigoles presentant, k Tint^rieur, des chassis dont le fond est une claie en baguettes de verre espacees entre elles de deux millimetres au plus. Cette claie, qui est en quelque sorte sus- pendue dans Teau, a poureffel de donner passage aux corpus- cules qui tombenl dans I'appareil et aux parcelles de nourriture qui echappent aux jeunes Poissons. Par I'applicalion de cc syslferoe d'isolement on de suspension^ M. Pouchel d'^clare obtenir uu incontestable succes. J'eprouve une veritable satisfaction k voir notre honorable el savant confrere conslater tous les avantages de la mithode de -. 68 — suspension; j'eprouve colte satisfaclioQ parceque ses expe- riences elses observations constatent one fois de plus un progres reel inlroduit dans les pratiques de I'eleve des Poissons par la methode des fecondalions artificielles, et parceque le systeme d'appareil deM. Pouchetn'est que la reproduction de celui que j'ai employe depuis long-temps deja, et qui a ete decrit dans plusi6urs publications ou rapports des annees 1853 et 1854 (1). Apr^s avoir fait des essais avec des chassis ou claies construites avec diverses matieres, et apres avoir renonce a I'emploi de quelques unes, notamment des tubes ou baguettes de verre, de porcelaine opaque, de terre cuite et vernie, etc., j'ai donne la preference a des canevas convenablement prepares, et surtoul aux toiles metalliques galvanisees. II y a done lieu d'examiner si remploi des baguettes de verre est preferable a celui de ces matieres, et par consequent si M. Pouchet a apporte un perfec- tionnement reel dans la construction et la disposition des claies ou chassis. En me livrant a cet examen, je n'ai nullement et je n'ai jamais eu d'ailleurs Tintention de venir systematiquement critiquer les Iravaux d'autrui en matiere de pisciculture, et de chercher k amoindrir la valeur des recberches faites avec autant dedesiateressement que de conscience par I'un denos confreres; je veux seulement, et M. Pouchet le coraprendra parfaitement, eclairer une question importante et tres interessante pour les personnes qui s'occupent de pisciculture. Le systeme d'isolement ou de suspension indique par M. Pou- chet est absolument le meme, quant au principe, que celui que j'ai pratique et indique depuis long-temps dejei ; mais nous (1) Notamment dans 1° le Rapport de la Commission forestiere instituee le 28 Janvier 1853; 2° le Meraoire de M.deQuatrefagessur la Vitalite des spermatozoideg^ de quelques poissons d'eau douce , mai 1853 ; 3° le Compte- Rendu de la Societe forestiere , seance du 3 mai 1853 ; 4° les Bulletins de la Societe zoologique d'acclimatation , n°^ 1 et 3, mars et mai 1854; S" la Revue des Deux-Mondes , histoire de la Pisciculture , par M. Haime, juin 1854, etc., etc. — 69 — dilTerons dans rapplicalion ou mise en oeuvre de cc principe. Je vais done enlrer ici dans la discussion de ces differences. Les baguettes de verre offrent une surface bombee, convexe ct glissante, qui ne permet pas au jeunc Poisson, surtoul dans le premier age, d'y sejourner ou de s'y reposer ; il tombe ou glisse forcement dans les rainures ou sillons produits par la forme et i'ecartement des baguettes ; dans cette position, il regoit necessairement une partie des corpuscules ou des iiiatieres clrangeres qui lombentidans I'eaujet, quand quelques individus nagent ou s'agitent, ils deplacent une partie de ces mali^res el les font tomber sur les poissons places dans les sillons. Ces matieres s'arretent et sejournent sur la claie avec d'au- tant plus de facilite et d'abondance que la surface des parlies pleines est plus considerable relativeraent h cellc des parties vides. Doe bonne claie doit done presenter le moins possible de points d'arrU ou de sejour aux matieres etrangeres ; et il est evident que moins la surface des parties p/emes de cette claie sera elendue, plus Vecoulement ou \e passage des matieres dans les parties inferieures de I'appareil sera prompt et facile. I.es toiles de canevas , de tulle, etc., bien preparees, et les toiles melalliques, notamment, remplissent parfaitement cette condition essenlielle : car le fil, etanl rond, laisse glisser les matieres, et son diamelre etanttres faible, la surface des parties pleines, avec une raaille convenable, est toujours tres inferieure a celle des parties vides. 11 en est tout aulrement pour les baguettes de verre : en effel, meme pour un appareil de petite dimension, on est oblige de leur donner un assez fort diamfetre eu 6gard k leur ecar- lement, afin d'obtenir une solidile convenable, de maintenir une regularite constante dans cet ecartement, et de faciliter la fagonella manipulation; il en resulte qu 'avec les c/aiesdeuerrc, on a tonjours en parties pleines une surface plus grande qu'en parties vides; par consequent on n'alteint pas le but essentiel. Pour se mellre a I'abri du jour, et surtoutd'une vive luiniere, le jeunc Poisson rccberche les trous, les cavit6s, etc., oil il si'enfonce la tele de maniere a mellre son organe visuel en — 70 - dehors d'uae influence qui lui est souvent desagreable ou nuisible. Dans ce but, lorsqu'il est sur un chassis ou une claie, il cherche a se cacher entre les baguettes de verre, et, s'il appartient a une espece de petites dimensions dans le premier 4ge, il pent y perir ou y endommager ses organes. Dans tous les cas, le jeune Poisson deraeure, dans cette position, en con- tact avec les matieres etrangeres qui tendent k passer. Je ferai encore observer, k cet egard, que les baguettes de verre pro- duisent dans I'eau des jeux ou effets de lumiere qui faliguent beaucoup les jeunes Poissons. Les claies de verre, surtout avec I'ecarlement indique et re- connu necessaire au passage des matieres nuisibles, ne peuvent Stre employees pour le plus grand nombre des especes de pois- sons, qui n'ont en naissant, et meme plusieurs semaines encore apres Teclosion, que de tres petites dimensions, et qui passe- raient facilement entre I'ecartement des baguettes. Quand les corpuscules flottant dans I'atmosphere tombent sur la surface de I'eau, ils y reslent souvent assez long-temps en raison de leur nature et de leur pesanteur specifique ; si Ion ctablit un courant convenable , ces corpuscules sont entratnes en tres grande partie hors de I'apparei!. Le systeme de M. Pou- chet ne permet jamais a I'eau d'enlrainer ces corpuscules, qui surnagent ou qui se fixent contre les parois de la caisse ou chassis interieur, et qui finissent par se meler a I'eau; quand on les enleve, ils out dejk produit des eflets nuisibles. Enfm I'appareil est lourd , cassant et couteux, surtout quand on en compare le prix a celui des appareils en canevas ou en toiles metalliques. Dailleurs, en raison de sa construc- tion . il ne peut etre utilise dans les caux naturelles et ne pent pas servir a faire eclore et a elever des poissons dans les eaux memes ou ils sont destines a vivre. Ce tappareil, en ne le considerant que dans ses usages de la- boratoire, est du reste incomplet ou deteclueux. En effet, pour en faire reellement un appareil d'isolement, il faudrait , avant loute chose , metlre les poissons a I'abri de ces matieres nuisi- bles qui floltent dans I'air ou qui sont charriees par I'eau, el — 71 — o'avoir pas alors k se preoccuper de ces soins allenlifs, de ces manipulations delicates, qui peuvent decourager bien des per- sonnes , ou qui peuvent ne pas etre convenablement execulees. L'experience m'a appris qu'il vaut toujours raieux prevenir un mal que d'avoir a le reparer. Du moment oil le mal est con- nu , il faut chercher k Teviter. Eh bien ! le raoyen k la fois le plus simple , le plus facile, le plus economique el le plus effi- cace , c'est, d'une part, de couvrir les appareils, et, d'autre part, de [aire passer I'eau a travers un lit de gravier, sable et charbon. Ce moyen , je I'ai indique et je I'ai pratique avec un entier succ6s. En couvrant Tappareil et le reservoir d'eau , on evile cette multitude infiniede corpuscules qui flottent dans I'air; et, en faisant passer I'eau a travers des couches filtrantes , on evite presque toujours la presence et I'envahissement de ces matieres elrangeres qui sont cTiarriees par I'eau. Pendant le premier age des Saumons, Truiles, Ombres, etc. . . , lalumi^re n'esi pas necessaire, souvent raeme elle est nuisible. Lorsque le Poisson est assez avanc6 en age pour avoir besoin de participer aux influences de la lumiere , il est toujours facile dans un laboratoire de menager sur le couvercle quelques par- lies destinees k donner acces a la lumiere. Du resle, au fur et k mesure de la croissance du Poisson, les matieres elrangeres qui tombent dans I'eau deviennent moins nuisibles ; le jeune Pois- son, debarrasse de sa vesicule, va se reposer et se blotlir sur ou entre les vegetaux aquatiques que Ton a cu le soin d'introduire dans les appareils. D'ailleurs, dans le sysleme meme de ralimenlalion par des chairs hachees ou pilecs, on a un moyen bien simple de faire disparaitre, en les utilisant, les debris ou parceiles d'alimenls qui passent a travers la claie. II suffil de mellre sous celie claie desCrevelles de ruisseau ou de fontaine, des coquillages aqua- tiques, lels que Lymnees, Planorbes, etc., qui mangenl avec avidile les detritus animaux et vegetaux, et qui pullulent au point de pouvoir concourir efficacement et quelquefois meme de suf- — 72 — fire a ralimentation des jeunes Poissons. Des appareils etablis d'apres ces principes , avec des vegetaux et des aoimaux aqua- tiques , fonctionnent depuis long-temps deja dans mon apparte- menl, rue de Casliglione, 14 ; et I'annee derniere plusieurs meni- bres de la Societe zoologique ont pu apprecier les resultats obtenus. Les claies ou appareils de suspension dont je me sers pour les travaux de laboraloire sont en tulles et canevas prepares ou en toiles metalliques galvanisees, que Ton peut , d'ailleurs, re- couvrir de vernis ou de peinture. Dans les eaux naturelles, je me sers ordinairement d'appareils flottants plus ou moins im- merges dans I'eau ; ces appareils consistent principalement en chassis ou en lamis doubles; ils offrent Tavantage d'etre legers, solides , peu coAteux . faciles a manier, et de pouvoir elre em- ployes pour la fecondation et le transport des oeufs , Tincuba- tion et I'eclosion , la conservation , Televage et le transport des jeunes Poissons , et pour leur dissemination. J'ai I'honneur de mettre sous les yeux de la Societe zoologi- que quelques uns de ces appareils. H. — DE l'alimentation des jednes poissons. En critiquant Fempioi du frai de Grenouilles pour nourrir les Saumonneaux et les Truitelles , M. Pouchet emet une dou- ble erreur, qu'il importe de relever, soit au point de vuede I'hisloire naturelle, soit au point de vue de la pisciculture. M. Pouchet dit : « Ce procedeestabsolument impraticable. La jj premiere raison, et elle est peremptoire , c'est que , comme » les jeunes Saumons et les Truites ne mangent que quatre a » six semaines apres leur sortie.de I'osuf, c'est-a-dire vers le » commencement du mois davril, alorsil y a dejk long-temps )) que les grenouilles sont ecloses, et que, par consequent, leur 1) frai est disperse. » Dans un ires grand nombre delocalites , en France, la fraie ou la ponte des Truites et des Saumons a lieu en oclobre ou novembre. Dans les pays de monlagnes notamment, oii la Truile — 73 - est trcs abondantc , la fraie a lieu , en general , dans le mois d'octobre ; par consequent , des oBufs places en incubation dans dcs eaux convenables, en oclobre ou en novembre,atteindraient le lerrae d'eclosion en noverhbre ou en decembre, et les jeunes poissons, debarrasses de leur vesicule, pourraient parfaitement manger en decembre ou en Janvier, et au plus tard^jn fevrier; ils t'prouveraient done ce besoin Men anterieurement au com- mencement davril. Cesresullats d'eclosion et d'^levage ont pu etre observers chez moi par plusieurs membres de la Societe zoologique, de decembre 1853 a Janvier 1854, et de decembre 1854 k Janvier 185S. J'ai meme, en ce moment, plusieurs milliers d'oeufs ou individus de cbacune des especes d'hiver, lelles que Truites. Saumons, Ombres, Fera, etc., en bonne vole d'incubation ou eclos depuis plusieurs semaines. Mon labora- toire est ouvert k quiconque veut le visiter. Quant a la Grenouille , dans un Ires grand nombre de loca- lites, les tetards ne sont pas sorlis et le frai n'est pas disperse long-temps avant le commencement d'avril : car la Grenouille, dans ces localites, ne fraie qu'en mars et meme en avril ; et le frai ne produit souvent de tetards qu'assez long-temps apres la ponte, en raison des influences atmospheriques. On doit admettre que, sur ces deux points, M. Pouchet a ete induit en erreur par des renseignements incomplets ou er- ron6s, et peut-dlre aussi par les observations faites dans la re- gion du bassin de Paris , oii la Truite ne fraie ordinairement qu'en Janvier et fevrier. J'arrive maintenanl au mode d' alimentation pratique d<8 pre- ference a tout autre par M. Pouchet. Ce mode consiste k hacher des viandes et k les ta/rmser de maniere k ne fournir aux jeunes poissons que des houcMes d'un calibre donne exactement en rapport avec celui de leur hou- che. Je ferai d'abord observer que M. Pouchet ne donne aucune indication ni sur le diametre ou le calibre de la bouche de ses jeunes poissons, ni sur I'ecartement des mailles de ses lamis charges de trier la viande hachee ; il en resulte que leg amateurs — 74 — de pisciculture en sont encore reduils h. faire, k cetegard, des experiences et des essais. J'ajouterai que ce sysleme de nourriture n'est pas nouveau : car depuis long-temps Ton a indique et pratique divers modes d'alimenlation a I'aide de viandes ou chair hachees , tamisees ou criblees; et, pour ma part, j'ai fait et j'ai fait faire un grand nombre d'experiences de ce genre, en jetant des viandes et autres aliments baches ou ecrases qui se tamisaient en passant a travers les toiles metalliques enlre lesquelles les jeunes pois- sons sont retenus dans mes appareils flottants. II est incontestable que Ton peut , par des moyens d'alimen- lation artificielle , elever de jeunes Saumons, Truites, Om- bres, etc. .. ; j'en ai fait, ainsi que beaucoup d'autres personnes , I'experience depuis long-temps dejk. U est incontestable aussi que Ion peut arriver par ces moyens a peupler quelques bassins , pieces d'eau ou ruisseaux , par la dissemination et I'entrelien d'un nombre plus ou raoins consi- derable de jeunes poissons ; et, en ce moment meme, j'ai h ma disposition un grand nombre de poissons de la famille des Salmonoides parfaitement vivaces dans des eaux oil ces es- peces n'existaient pas; el je continue a elever, meme dans mon appartemenl , des jeunes poissons qui ont la grosseur du doigt. Ce n'est, a proprement parler, qu'une affaire d'argent, de soins et de precautions , apres une etude prealable des eaux et du climat. Mais cela ne resout pas la question au point de vue utile et pratique. En eflet, la question k resoudre est celle-ci : Y a-t-il neces- site ou meme ulilile a nourrir les jeunes poissons avant leur dissemination dans les eaux? Et, dans I'affirmative ou la ne- gative, quels sont les moyens reellement pratiques et econo- miques h employer pour obtenir des poissons de maniere a peu- pler convenableraent les eaux? Dans ma conviction, el celle conviction est basee sur un grand nombre d'observalions et d'experiences, il n'y a pas ne- — 75 — cessite , pas meme ulilite, a nourrir les jeunes poissons avant leur dissemination. i Eq elTet, quand on procfede ci des empoissonnemenls, le bat esscoliel k atteindre est de metlre les poissoos daos les ineil- leures condilious possibles pour vivre et prosp6rer. Or, pour vivre et prosperer, il faut que les jeunes soicnt, autant que possible, en etat d'echapper a leurs ennemis nalurels, tels que oiseaux aqualiques, poissons voraces, etc... ; il fautaussi qu'ils puissenl chercher et trouver des alimenls appropries k leurs besoins, des aliments lr6s varies (la Truite et le Saumon aiment essentiellement k varier leur nourriture selon la sai- son). Quand la v6sicule abdominale a disparii, les Saumoneaux et les Truitelles ont la grosseur d'un brin de jonc ou d'un tuyau de paille; ils sont vifs et alertes; au moindre danger, ils se cachent ou se blottissent rapidement et facilememt entre les brins des plantes aquatiques, entre les racines, sous les cailloux et les pierres, etc... ; ils ont alors toute Vagilite, toute la vi- vacite , et surtout Vinstinct , necessaires soil pour echapper a leurs ennemis, soit pour chercher les aliments qui leur con- viennent ; si on les dissemine en eel elat , on les place , par consequent, dans d'excellentes conditions, et on leur donne Vcspace et le m^uvem^nt necessaires k leur developpement. Mais si, avant de les repandre dans les eaux, on les a tenus en captivile pour les nourrir avec des viandes ou des patees, on leur enleve une grande partie de cette agilile, de celte vivacite, de cet instinct si precieux pour leur conservation; el on les abandonne k eux-memes quand ils ont dejk atteint des dimen- sions et des habitudes qui ne leur permeltent plus d'echapper aussi facileraent a leurs ennemis. On les habitue d'ailleurs k absorber, sans la chercher, une nourriture toute preparee, etbien souvent plus que suflisante k leurs besoins. On arrive ainsi, dans un grand nombre de cas, k annihiler ou du moinsk paralyser I'instinct de conservation, et quelquefois meme Pinslinct d'alimcnlation. — 76 — D'ailleurs, quand il faut effectuer des transports, Ion aksu- bir des frais et des difficultes qui auginentent en raison de I'age du poisson. Par remploi des viandes ou chairs hachees , pilees, raclees , tamisees, etc., on a une depense d'achat ou de debit, une depense de preparation, une depense ou perte de temps pour raliraentation ; de plus , on fait absorber aux jeunes poissons des aliments en general peu appropries a leurs besoins, ou trop substantiels eu egard a leur age et a leur constitution; on leur livre eufin une proie uniforme, morte et inerte; on les habitue ainsi k ne prendre aucun mouvement et a ne point developper leurs instincts. On peut obtenir, il est vrai, des etres gros et gras, mais des etres en general sans vigueur, et quelquefois meme inaptes k remplir les fonctions les plus essentielles de la vie. Je ne suis done point partisan de ces modes d'alimentation, et je ne puis partager I'opinion des personnes qui. dans leur systeme d'elevage, ont pour but de detourner les jeunes pois- sons de leurs instincts; je crois, au contraire et je suis forte- ment convaincu qu'il faut, des le premier age, profiter de ces instincts et en favoriser autant que possible le developpe- ment. Dans ce but, au lieu de fournir aux jeunes poissons des viandes ou chairs preparees artificiellement, il est preferable de faire produire naturellement dans les eaux qu'ils habitent, ou a proximite de ces eaux, des insectes, des coquillages aqua- liques, des Ci^evettes, des petits poissons , Xe\s queChabots, Verons, Gardons, etc. Ces moyens de production sonl Ires simples, Ires faciles et tres peu coiiteux ; il suffit, en effet , ainsi que je I'ai indique depuis long-temps, de favoriser la propagation et la reproduc- tion de certaines especes de Poissons communs et d'introduire des Crevettes et des coquillages aquatiques dans les eaux qui n'en possedent pas ; leur developpement et leur propagation sont enormes en peu de temps. Pour donner ici une idee des avantages que Ion peut relirer — 77 -^ de ces modes d'elevage, je'me bornei... « uire qae plusieurs luilliers de Truilcs oblenues par fecondalion arlificielle et ele-- yees dans des bassins et ruisseaux d'eau vive oil Ton avail in- troduit des Chabots, des Crevetles, des Lymnees el aulres co- quillagcs, onl eprouve ires peu de morlalile et ont preseote, au bout de 15 a 18 mois, un poids de 100 a 125 grammes (un quart de livre envirou); que des Truiles oblenues et elevees par les memes moyens ont pris, au bout de deux et trois ans, un accroissement de 1 kilogramme a 1 kilogramme 1/2 par an. J'ai enlre les mains les pieces aulhenliques qui constalent ces resultals; elles sonl k la disposition des roembres de la Sociele zoologique. Les observations et les etudes de M. Pouchet sont inleres- sanles comrae experiences el comme travaux de laboraloire ; mais, pour I'applicalion pratique, elles laissent la question au point oil daulres I'avaient laissee avant lui ; el ceux qui persis- leront dans cette voie n'auronl jamais , pour me servir des ex- pressions m^.mes de M. Pouchet, que des piscifactures ou des itahlissements dans lesquels chaque animal revient a son pe* sant d'or. J applaudis de grand coeur aux principes emis par ce savant naturaliste sur le concours et la cooperation des savants et des praliciens, car ces principes sonl aussi les miens; et, s'ils dlaient toujours bien compris, ils produiraient infailliblement d'importanls resuUats. Si le praticien a besoin du concours et de la cooperation du savant , il faul que le savant sache borner son rdle et restrein- dre son action; il faul qu'en reslant dans les limites de sa sphere, il sache s'arreter aux limites du domaine du praticien. Cc n'est qu'k cette condition qu'en general rhomme de. science se rendra reellement utile , sans risquer de perdre le prestige de sa position en entrant dans des details d'applications parliques qui ne sont pas ordinairement dans I'ordre de ses idees et de ses preoccupations : car la pratique a aussi ses exi- gences de specialite qui demandent desconnaissances et une ap- titude toules parliculi^res. - 78 ~ Ce n'est aussi qu'a celle condition que Thomme de pratique aura confiance dans I'homme de science et viendra reclamer son concours. On ne saurait donctrop d^sirer que cemutuel echange dHdees et de faits s'etablisse partout franchement et loyale- ment, car il a toujours les plus heureuses consequences. En effet, Messieurs, la science est une boussole presque tou- jours infaillible pour celui qui recherche et qui explore; la science est un phare lumineux qui signale les ecueils k I'explo- rateur inexperimente , et qui ramene toujours au port I'explo- rateur egare. APPAREILS FONCTIONNANT DANS LES EAUX NATURELLES. Fig. 1. Tamis ou incubateur flottant garni de trois flotteurs B. Quand I'appareil est dang I'eau , ces flotteurs surnagent et tiennent le ta- mis rospendu au milieu du liquide. La face A est bomb6e. C. Couvercle mobile. Fig. 2. Tamis dont les trois compartimenta sent s6par6s. — On place les oeufs ou les jeu- nes poissons dans les compartiments n"« 2 et 3, ou seulement dans le n" 2. — 79 — Fig. 3. Fond de tamis garni de canevas ou de loile m£tallique. F T I T F E Fig. 4. Tamis en radeau. F. Flotteura. T. Tamig. On pent remplacer ces tamia par del calstea cutiet ou rectangvlairei, dont Im conTerelei a'onvrent i I'aide de charniirei. — 80 — APPAREILS FONCTIONNANT HORS DE L'EAU, SOUS UN HANGAR OU DANS UN LABORATOIRE. Fig. 5. Get appareil est dispose en etagi-re centre un pan de muraille. Les rigoles ont la orme de goutti6res. B. Robinet foumissant I'eau. V. Petit tuyau de vidange pour nettoyer les rigoles,— Un tuyau d 6conlement plac6 k lex- tr«mit6 de chaque rigole fait circuler I'eau dans toute I'itendue dc I'appareil, qui pcut 6tre formi d'un grand nombre de rigoles. Fig. 6. C. Chassis en toile m^tallique que Ton introduit dans les rigoles. — 81 — T r Fig. 7 et 8. T. Tuyau d'6coulemenl deg rigolet. M. Baode de toile m^tallique desiin^e d a^rnr I'eau, de chute en chute. Le boutopposi k M est garni, dans la rigole, d'unc rondelle de toile m^tallique destinde ft cmpftcher les jeunes poissons de s'6cbapper ou d'etre cntraln£s par I'eau. — Pour ceux qui out de tria peiites dimensions, on garnit I'int^rieur du tuyau avec du gravier ou du gros sable. A^^^titk^^^k.k^ Fig, 9. Coupe longitudinale d'une rigole pmie d'une claie ordinaire. Fig. 9 M(, Coupe longitudinale d'une rigole garnie d'un chassis laissant un espace n^ces- saire pour que les animaux aquatiques places dans le fond de la rigole puissent venir ft la surface de I'eau ou se placer hors de I'eau centre les parois de la rigole et du chftssis. -p .__ 0. SO Fig. 10. Rigole en fonte ^maill^e monUe et fondue, en 18K2, dans les forges du d£- partement des Ardennes (M. Barraohin). Fig. 11, E. Appareil de laboratoire pour I'incubation, I'^closion et I'^levage. Le fond est garni d'une claie ; les ordures on matiferes ^trang^res passent dans le lube infirieur et disparaissent quand on enlfeve le bouchon. L'eau d'^coulement s'ichappe par un tuyau recourb*. 6 — 82 — SUR LES Educations du ver a soie du ricin FAITES EN ALGfiRIE, Kitrail d'une Mtre adressfe k H. le Prudent de la SocM mologiqae d'ecclimatatiou Par M. HARDY, DIRKCTEVR DE LA PEPIMIERE CENTRALE DU GODVERNEMENT , EN ALGERIE. (Stance du 16 f^vrier 185S,) Monsieur le President , Je vous demande la permission de vous donner quelques de- tails sur la situation de uosBomhyx cynthia. J'en suis a la troisierae education, et les vers de cette educa- tion sont pour la plupart au troisi^meage. L'etat en est des plus satisfaisants, quoiquenous soyons dans la saison la plus difficile. Les mues s'operent dans les meilleures conditions : je n'ai eu de mortalite que dans le premier, je me hale d'ajouter qu'elle a 6te legere. Je I'attribue a ee qu'ayant voulu uliliser toutes les ressources qui m'elaient offertes pour la reproduction , il s'est trouve un certain nombre de papillons faibles qui n'ont pu don- ner naissance qu'a des vers languissants , mal constitues, qui ont fini par disparaitre. Je maintiens la temperature de I'atelier, dans le jour, au moyen d'un feu de cheminee, c» 16*ou 18". Je ne faispas de feu la nuit, et le thermometre descend a 12*>. Quoique nous soyons en plein hiver, j'ai de la feuille de Ricin en abondance, et les vers la mangent avec avidite. La quantite de Vers du Ricin que j'ai maintenant en educa- cation peut equivaloir a deux onces de Vers a soieordinaires. II faut observer que le meme volume ou le merae poids de gfrat- — 83 — ne des Vers Ji soie du Ricin renferme moiti6 molns d'oeufs que celle des Vers k soie du MArier. Je les liens sur des claies, absolument commc les Vers a soie du MOrier; la nourrilure leur est distribuee dc la meme manife- re: la feuille du Ricin est hach^e plus ou moins menue , selon les kges , mais elle leur est donnee presque entiere aux derniers ^es. J'ai fail coconner jusqu'ici dans de la Bruyereel dans des copeaux ; une bonne parliea coconne dans la liliere. Je viens de faire construire un cerlain nombre de claies Davril pour les faire coconner, el j'en espere de ires bons resullals. II esl beaucoup plus difficile de mainlenir cos vers egaux que ceux du Bombyx mori ; il me parall cependant probable qu'ils seront moins refraclaires a cet elat de domesiicite au bout de quelques generations. Daus le courant de la belle saison , je comple tenter des edu- cations sur planles, en plein air. Sans prejuger des resullals , je pense cependant que les educations k convert offriront plus d'a- vanlage. La grosse question maintenant est de connattre la valeur in- dustrielle el economique du produil. Dans ce but, je fais peser tres exactement la feuille consommee. D'un autre c6le, j'ai en- voye 2,500 cocons provenant des deux dernieres Educations k un habile manufaclurier, qui pourra nous renseigner exacte- ment sur la valeur industrielle de celle maliere, comparee k celle que Ton emploie habituellement, et sur sa valeur commer- ciale. Veuillez agreer, Monsieur le President, I'assurance de ma bautc consideration. HARDY. QUESTIONNAIRE * RELATIF A L'fiLEVAGE DES SANGSUES, Par HI. A. do QVATRKFAGES, MEMBRE DE L'INSTITUT. (Seance du 2 fevrier I8b5.) II existe aupres de Smyrne un etablissement considerable et en pleine prosperite oil depuis plusieurs annees on eleve des Sangsues qui non seulement servent a la consoramation locale , mais sont en outre Iransportees ^ des distances assez conside- rables. En me faisant connaitre ce fait , M. Dumas youlut bien m'offrir de faire prendre sur les lieux lous les renseignements que je pourrais desirer. L'elevage des Sangsues a, pour notre pays en general , pour nos classes pauvres en particulier, un in- teret tel que je m'empressai d'accepter les offres obligeantes de notre illustre confrere, et dans ce but je redigeai le questionnai- re suivant. Le Conseil de la Societe ayant pens6 qu'il pouvait etre utile d'appeler I'attention sur les points qui y sont indiques, je le reproduis ici lextuellement. II serait viveraent a desirer que les personncsqui s'occupentde l'elevage des Sangsues vou- lussenlbien adresser k la Societe des notes en reponse k ces di- verses questions. Tons ces travaux, redigesd'apres un plan uni- forrae, seraienl facilement comparables et conduiraient imman- quablement a d'importanles conclusions pratiques. § 1. — DISPOSITIONS GfeN^RALES DU MARAIS. 1 . Quelle est la nature du sol oil est creuse le marais ? 2. Quelle en est I'exposition? — 85 — 3. Quelles en sont la forrae gen^rale et la superficie? 4. L'eau effleure-t-elle les bords du marais, ou bien les berges presentent-elles une cerlaine ei6valion au dessus de son niveau? 5. Quelle est la profondeur de l'eau ? 6. Cetle profondeur est-elle la ra^me dans toute I'etendue du marais? 7. Si la profondeur est inegale, a-t-on remarque que les Sangsues se tiennent de preference sur un point ou sur un autre? 8. Quelle est la nature du fond du marais? est-il vaseux, caillouteux, couvert d'herbes aqualiques..., etc ? 9. Quelle est la disposition des berges? sont-elles k pic ou en talus , uniformes ou decoupees en pelites anses? Dans ce dernier cas, a-t-on remarque que les Sangsues affluent de pre- ference sur un point plul6t que sur un autre quand ellesappro- chent du bord? 10. A-t-on employ^ des materiaux speciaux (glaise, tour- be...) pour la formation des berges? 11. A-t-on menage des ilotsau milieu du marais? En cas d'affirmative , quelles sont la composition du sol de ces ilots, leur forme, leur elevation au dessus du niveau de l'eau...? 12. Les berges et les ilots sont-ils nus ou plantes d'ar- bres, roseaux, etc., en lout ou en partie? Dans ce dernier cas, les Sangsues montrent-elles de la preference pour les points de- couverls ou ombrages? § II. — NATURE DES EADX DU MARAIS. 13. Quelle est la composition chimique des eaux du ma- rais? 14. Ces eaux sont-elles liquides ou vaseuses , enti^rement slagnantes ou entrete'nues par des sources ou des ruisseaux ? 15. Dans ce dernier cas, quelles sont les parties du marais que les sangsues frequentent de preference ? 16. Quelle est la temperature maximum, minimum et moyennedu marais? — 86 — 17. Goniment se comportent les Saagsues quand la tempe- rature s'el^ve ou s'abaisse dune mani^re notable. § III, — EMMfiNAGEMENT DES EAUX DU MARAIS. 18. Le marais est-il h niveau constant ou k niveau 'Va- riable? 19. Dans ce dernier cas, quelles sont les causes de ces varia- tions? Sont-elles provoquees par I'elveur? Dans quel but, et h. quelles epoques? 20. L'elevage se fail-il conslamment en pleine eau, ou bien k raided 'alternations demise en eau et de mise a sec du ma- rais? 21. Dans ce dernier cas, k quelles epoques et dans quel but emploie-t-ou la mise en eau et la mise a sec ? § IV. — ALIMENTATION DES SANGSUES. 22. Laisse-t-on les Sangsues pourvoir elles-meraes a leur nourriture , ou bien leur fournit-on les aliments? 23. Dans le premier cas, quels sont les animaux habitant le marais et aux depens desquels les Sangsues se nourrissenl ? 24. Ces animaux sont-ils originaires du marais, ou bien ont- ilsete importes? Prend-on des soins particuliers pour assurer leur multiplication, et quels sont ces soins? 25. Dans le cas d'une alimentation artificielle, quel est le mode adopte pour cette alimentation? Livre-t-on aux Sangsues des animaux vivants, ou bien leur donne-t-on du sang? 26. Dans le premier cas, quels sont ces animaux el comment les emploie-t-on? 27. Dans le second cas, quel est le sang* employe? 28. Fait-on subir h ce sang une preparation parliculiere, telle qu'une defibrination partielle ou entiere? 29. Par quel procede fait-on absorber ce sang aux Sang- sues? - 87 — 30. La nourriture eslelle donn6e indiff6remmenl pendant tout Ic cours de I'anQee ou bien a des epoques determinees? 31. Dans ce dernier cas, quelles sontces epoques, et pour- quoi les a-t-on choisies^ 32. Quelles circonstances influent en bien ou en mal sur la digestion , la retardent ou I'accelerent ? 33. Quelle est la durec moyenne de la digestion pour une Sangsuegorgee d'aliments? § V. — REPRODUCTION KT ACCROISSEMENT DES SAN6SUBS. 34. Quelle influence le mode de nourriture , la nature des aliments , leur abondance ou leur defaut , exercent-ils sur la multiplication et I'accroissement des Sangsues? 35. Quelles autres circonstances influent sur ces r6sultats , et quel est leur mode d'action (temperature, orages, etc.)? 36. A quelles Epoques ont lieu les pontes ? 37. Quelles circonstances influent , en bien ou en mal , sur les ponies? 38. Combien d'oeufs , en moyenne , contient chaque cocon ? 39. Les cocons recoivent-ils des soins particuliers , ou bien sonl-ils abandonnes k eux-memes? 40. Dans le premier cas , en quoi consistent ces soins? R6u- nit-on les cocons dans des especes de couvins , et quelle est la disposition de ces couvins? , 41 Quels sont les points du marais choisis par les Sangsues pour deposer leurs cocons ? 42. Au bout de combien de temps eclosent les cocons? 43. Quelles circonstances influent, en bien ou en mal, sur leur eclosion , I'accdlferent ou la retardent? 44. Donne-t-on aux jeunes Sangsues qui viennent d'^clore des soins particuliers , en quoi consistent ces soins? 45. Quelle est I'accroissement des jeunes Sangsues? Au bout de combien de temps sont-elles aptes k servir? 46. Combien pese le mille de Sangsues bien h jeun de divers &ges? — 88 — § VI. — ENNEMIS ET MALADIES DES SANGSUES. 47. Quels ennemis ont k craindre dans le marais 1° les cocons , 2o les Sangsues jeunes , 3° les Sangsues vieilles? 48. Quels moyens eraploient-on pour detruire ces ennemis ou pour mettre les Sangsues k I'abri de leurs altaques? 49. A quelles maladies sont sujeltes les Sangsues jeunes ou vieilles? 50. A-t-on observe chez elles de verilables epidemies ? 51. Quels moyens ont ele employes pour combattre ces ma- ladies ou ces epidemies ? 52. Quelles sont les causes certaines ou probables de ces maladies et de ces epidemies ? 53. Quel est le chiffre normal moycn de la mortalite a divers ages ? § Vn. — ^ PfiCHE, TRANSPORT ET CONSERVATION DES SANGSUES. 54. La peche des Sangsues se fait-elle pendant toute I'an- nee, ou bien a des epoques fixes? 55. Dans ce dernier cas, quelles sont ces epoques, et pour- quoi les a-l-on choisies ? 56. Quel est le mode de peche adopte ? 57. Comment se fait le triage des Sangsues pechees? 58. Quels sont les procedes de conservation en usage? 59. Le transport des Sangsues a-t-il lieu pendant toute I'annee , ou seulement a certaines epoques, et pourquoi? 60. Quel est le mode de transport adopte ? 61. Quel est le chiffre raoyen de la mortalite pour un voyage un peu long ? § VIIL — RfiSULTATS DE LINDUSTRIE. 62. A combien se montent les frais d'etablissement>, d'en- — 89 — irelien , d'61evage et de peche pour ua marais d'uae etendue determiaee? 63. Quel est le rendement moyen enSangsues? 64. Quel est le prix de vente par mille et au poids? 65. Quelle est I'etendue de ce commerce et Timporlance de celle Industrie k Smyrne? § IX. — ESPt^CES tlLEVtES. 66. D'oii proviennent les Sangsues elevees a Smyrne? Sont- ellcs indigenes ou imporlees? 67. Distingue-t-on parmi elles plusieurs especes , races ou varieles? 68. Dans le cas de raffirmalive , a-t-on observe entre elles quelque difference sous le rapport 1° de la facility de I'elevage , 2° de la fecondile , 3^ de la mortal lie , 4° de la rapidite de croissance, etc. — 90 - EXTRAiTS DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES DE LA SOCI^TE. STANCE DC 19 JANTIER 1855. Pr6si(lence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres admis par le Conseil depuis la derniere seance de la Sociele : MM. Baudens (le docteur), inspecteur general du service.de sant6 des armees. Beaumont de la Somme (le comte de) , senateur. Bellog (Irenee) , negociant , k Paris. DoREL (Auguste) , propri^taire agriculleur, direcleur de I'ate- lier de graines de Vers h. soie etabli par le gouvernement a Annonay (Ardeche). GouDENOVE ( Charles-Auguste-Raymond ) , proprietaire , a Paris. Grammont (le general de) , inspecleur general de cavalerie , president honoraire de la Societe protectrice des animaux , k Paris. Hautpoul (le general marquis d') , grand referendaire du Se- nat, president du Conseil general de I'Aude. HowYN DE TRANCHfeRES, ancien repr^sentant , k Paris. Kervj&gden (le vicomte Aime de), depute de I'arrondissement de Toulon au Corps legislatif. Mareste (le baron Louis-Adolphe) , ancien secretaire general de prefecture, a Paris. Michel (Edouard), proprietaire, au chateau du Vivier-des- Landes (Indre-et- Loire). PoTRON (Robert- Jean) , proprietaire , a Paris. Rontaunay (Julien-Gaullier de) , arraateur et proprietaire , k I'ile de La Reunion. — 91 — Say (Horace), ancien cooseiller d'etat , h Paris. Ti^FAiNE , juge de paix , k JRibeniont (Aisne). TouLONGEON (le marquis de), capitaioedes chasses ei aide-de- camp de S. M. I'Empereur. Troy (Paul) . proprielaire , k Senlenac , pr6s La Bastide-de- Serou (Ariege). VfiRET (Auguste) , proprielaire , a Montpellier. — Apr6s cette lecture, M. Bourgeois informe la Sociele qu'k r^poque oh il a quitt6 la direction de la ferme de Ram- bouillet, il a laisse des tableaux d'echaatilions de laines, qui figureront k Texposition universelle de cette aonee. L'un deces tableaux, com prend une serie d'echaatilions delaines compara* bles k celles des Merinos-Mauchamp , et superieurs a ceux dont la filature de Mello a fait usage- pour obtenir les produits que M. le docteur Millot a presenles dans la derni^re seance. L'au- tre tableau est destine k permettre une comparaison entrela toi- son des animaux de la plus grande taille et celle des animaux de taille moins ^levee. Toutes les questions qui se rattachent k racclimatalion des Moutons merinos et k leur naturalisation en France ont 6te 6tudiees par M. Bourgeois dans" un .travail dont il promet la lecture prochaine , et qu'il desire publier sous les auspices de la Soci^te. — M. le President annonce I'arriv^e de la caisse d'oeufs de Vers a sole de la Chine dont il avail ete precedemmenl question. Ce sonl des ceufs du Ver k soie ordinaire {Bomhyx mori) . A cette occasion , il ajoute que M. de Montigny a presque la certitude d'oblenir bient6l le Ver k soie sauvage de la Chine , qui vit sur le Chene. — M. le baron de Pontalba, au nom de la Commission de comptabilite , lit un rapport sur la situation des finances de la Sociele. Ce rapport sera insere dans le Bulletin (V. p. 23). — M. E. Dupin, au nom de la Commission des archives, presente un rapport relatif aux archives de la Sociele. Ce rap- port est renvoye au Conseil. — 92 — — Sur la proposition de M. le baron de Montgaudry, des remerciments sont voles, a runanimite, aM. Paul Blacque , tresorier, etk M. le comte Couessin, archiviste. — M. le Secretaire general donne lecture de la lisle des animaux vivants donn6s Ji la Societe depuis le 10 fevrier 1854 jusqu'au 31 decembre de la meme annee (voyez t. I du Bulle- tin, p. 539). — M. de la Roquette transmet la traduction d'un passage du journal quotidien le plus repandu de Copenhague [Daghla- det). M. le professeur Borring, auteur de cet article, insisle sur les services que la Societe zoologique d'acclimatation est appelee a rendre , et il emet la pensee qu'elle devrait , en rai- son de son incontestable utilite , avoir dans chaque pays des succursales ou des societes affiliees. — M. le President donne des details touchant la mise k exe- cution de Tarticle du reglement portant sur la repartition des membres de la Societe en quatre sections. La premiere et la deuxieme auront k s'occuper de tout ce qui concerne les Mam- miferes et les Oiseaux. A la troisieme seront renvoyees toutes les questions relatives aux animaux aquatiques et a la pisci- culture. Les insectes utiles, et en particulier la sericiculture , deviendront I'objet de I'examen plus special de la quatrieme section. Le Conseil a delegue pres chacune de ces quatre sections trois de ses membres , charges de developper et d'appuyer leurs propositions devant le Conseil assemble. Enfin toutes les communications sur les vegetaux utiles se- ront renvoyees k une commission permanente speciale , dont le concours aura pour but de permettre k la Societe d'etendre le cercle de ses Iravaux , sans modifier profondement le plan pri- milif de son organisation et sans trop I'eloigner du but qu'elle desire plus particulierement atteindre. MM. les membres peuvent, s'ils le desirent, appartenir a une seule section ou k plusieurs. M. le President rappelle I'in- vitation qui leur a ete faite d'inscrire leurs noms sur des listes disposees a cet effet dans la salle d'entree. ~ 93 — M. le President annonce que la premiere question impor- tanle qui devra etre etudice dans chaque section est celle d'un projet d'instruclion k rediger pour les voyageurs qui , desirant servir les int6r6ts de la Societe, y trouveront les indications necessaires pour atteindre plus surement le but qu'ils se pro- posent. — M. ie President annonce aussiquela commission perma- nentepour lesvegetaux estconstituee,etse composera des mem- bres dont les noms suivent : MM. le marquis Amelot , Bossin, Chatel, Chatin, Fred., Jacquemart, le baron Le Guay, Leroy, le baron de Montgau- dry, Moquin-Tandon , Payer, le marquis de Selve et Yalser- res. — M. le President fait connattre la constitution definitive de la commission chargee d'etudier les questions relatives a I'Al- g6rie. Elle se compose de : MM. le docteur Baudens , le prince Marc de Beauvau , Carlier, le general Daumas, Davin, Gue- rin-Meneville, le baron de Montgaudry, Xavier de Nabal , de Quatrefages, Bichard (du Cantal), Tastet et Valserres. M. le President rappelle, a cette occasion , la reponse bien- veillante, lue dans la derniere seance, que M. le Ministre de la guerre a bien voulu adresser k la Societe, et par laquelle ii promet k cette commission le concours et I'appui de son admi- nistration. — On lit une letlre de notre confrere M. le professeur Chatin , annoncant la mort r^cente de Tun de nos confreres , M. Eugene Berlrand, membre du conseil general de I'ls^re. — Sir Williams Reid . gouverneur de Malte , ecrit a la Societe pour la remercier de son admission parmi ses membres honoraires. En m^me temps , il annonce I'heureuse arrivee et r^closion decocons de Bombyx cynthia , expedies de Malte k la Grenade , dans les Antilles , d'ou ils pourront , en cas de r^ussite , eire facilement transportes dans les Antilles fraocai- ses. Cette lettre de sir Williams Beid est parvenue h la Societe par la voie du ministere des affaires etrang^res , auquel elle avail etc adressee par M. Fourcade, consul de France a Malte, — 94 — qui fait connattre I'interet qu'il porte lui-meme aux efforts eclaires et persistants que fait M. le gouverneur de cette ile pour introduire en Europe le Bombyx cynthia. — M. le general marquis d'Hautpoul , proprietaire, dans le departement de I'Aude.dedeux magnaneries considerables, temoigne le desir de recevoir par la Soci6te de la graine des Vers a soie de Chine. — Une semblable demande est adressee par M. E. Barre, secretaire de la chambre de commerce de Ntmes , qui donne des details sur les efforts perseverants de cette chambre de commerce et sur ses propres tentalives pour venir en aide a I'industrie sericicole par I'introduction en France de Vers a soie etrangers. —'Notre confrere M. de laRoquette annonce que M. Roger, consul a la Nouvelle-Orleans , vient d'informer M. le Ministre des affaires etrangeres du prochain envoi, pour la Societe, d'une caisse de Lepidopteres producteurs de soie, que M. Roger fera suivre dun rapport ecrit, des qu'il aura pu en recueillir les elements neccssaires. -7 M. de la Roquette transmet, en outre, la copie d'un pas- sage d'une lettre adressee au meme ministre par M. de Valbe- zen , consul de France k Calcutta. Cette lettre, en date du 26 novembre 1854, annonce le depart, par la malle du 4 decembre, d'un echantillon des cocons du Bombyx cynthia, adresse a M. I'Agent des affaires exterieurs k Marseille, M. le comte de Nol- lent, dont une lettre relative a ce meme envoi a ete lue dans la derni^re seance. — M. le Directeur general des douanes previent, par une lettre en date du 16 Janvier 1855, qu'il a donne des ordres k Marseille, d'apres la demande qui lui en avait ete faite par la Societe, pour la libre admission, avec exemption de droits, du petit troupeau de Chevres d'Angora donne k la Societe par le departement de la guerre, k qui il a ete envoye de Turquiepar Abd-el-Kader. — II est donne communication de trois autres lettres relati- ves k ce meme troupeau. L'une est de notre confrere M. le - 95 — g^Ddral Daumas, qui aDnonce, le 11 Janvier 1855, que I'on vienl d'apprendre au minist6re de la guerre , par une depSche I6legraphique, I'arrivee k Marseille de ces chevres. La deuxiemeletlre,6critede Marseille le lOjanvier 1855 par notre confr6re M. A. Hesse, confirme cetle nouvelle el fait con- natlre les mesures prises par lui pour que ces animaux recoi- vent au Lazaret , oti ils ont ^t6 deposes , tons les soins conve- nables. Enfin notre confrere M. Barthelemy Lapommeraye, direc- teur du Mus6e d'histoire naturelle de Marseille, envoie de cette ville, le 11 Janvier 1855, des details sur ce petit troupeau, qui se compose de onze femelles et de qualre males. En general , dil-il, les Chevres sont de petite taille, mais tres bien vetues. Les Boucs , au contraire , sont forts, et leur toison soyeuse est admirable. — M. le general Daumas adresse un extrait d'une lettrede M. Victor Amanton, ancien gerant de la colonisation en Alge- rie, et relative k un projel forme par lui en 1829, mais entrave par les evenemejits poliliques de cette epoque, et relatif k I'in- troduction de la Ch^vre d'Angora en Crimee. La note de M. Amanton sera inseree au Bulletin. — M. Montaubin, sous-prefel de Barcelonnette (Basses-AI- pes) et president du Comice agricole de cette ville, transmet k la Societe des details sur les deux Yaks confies aux soins de ce Comice. Ils continuent , dit M. Montaubin, a la date du 4 Janvier 1855, k bien se porter, malgre le froid, ou peut-^tre k cause du froid, qui, pendant plusieurs jours, aete, k Barcelon- nette, de 14° cenligrades. La vache supporte son etat de gesta- tion sans accident particulier. — Notre confrere M. Florent Provost met sous les yeux de la Society des peaux garnies de leur toison , et se rappro- chanl a quclques ^gards de la peau des Chevres d'Angora. Elles ont ete anciennement donnees au Museum par M. le Mi- nistre du commerce, mais sans renseignements sur leur prove- nance. L'examen de ces peaux est renvoye a une commission com- — 96 — posee de MM. Bourgeois , le baron de Montgaudry, de Monti- gny, Florent Prevost et Tastet. — M. Guerin-M^neville, au nom d'une commission composee de MM. E. Blanchard, Guerin-Meneville , Fred. Jacquemart, Richard (da Canlal), Tastet et Valserres , lit un rapport sur I'emploi qu'il conyiendrait de faire des graines de Vers a soie que laSoci^te vient de recevoir de Chine, par M. de Montigny, I'un de ses membres honoraires. Ce rapport sera insere dans le Bulletin (V. p. 6). — M. Augustin Liautaud , chirurgien principal de la ma- rine imperiale , directeur des cultures de The en Algerie, par- tant le 25 Janvier prochain pour le Bresil (Rio- de-Janeiro et Province de Saint-Paul), adresse des offres de service k la So- ciete, et lui demande de vouloir bien lui transmettre des instruc- tions relatives aux questions dont la Societe s'occupe. Une commission, composee de MM. le comle d'Epremesnil, Florent Prevost, Pucheran , le comte de Sinety et Turrel , est chargee de repondre dans le plus href delai aux offres obligeantes de M. Liautaud. — M. Valserres lit un rapport sur les Yaks confi6s au Co- mice agricole de Barcelonnelte (Basses- Alpes). Ce rapport, dont une copie devra etre adressee a M. le Ministre de I'instruction publique, sera insere dans le Bulletin (V. p. 54). — M. le baron de Montgaudry lit un travail qui a pour titre : Compte rendu des experiences faites pour I'accUmatation des sentences importees en France par M. de Montigny, consul de France a Chang-Hai et a rSing-po (Chine). II sera imprime dans le Bulletin (V. p. 16). '^ Le Secretaire des seances, A. Aug. Dum^ril. 4104. PARIS. — IMPRIMERIE GUIRAUDET ET JOUAUST, rue Sainl-Honore , 538. »;*°f BULLETIN i"" HENSUEL ^^ DE LA SOClfiTE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fond6o le !• f^vrier 48ft4 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCI^Tf. RAPPORT SUR DES DEMANDES D'AFFILIATION ADRESSI^ES A LA SOClilT^ ZOOLOGIQOE d'aCCLIMATATION PAR LA SOCltT^ ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION POUR LA REGION DES ALPES ET PAR LE COUICE AGRICOLE DE TOULON. Commissaires : MM. Mennet-Possoz , Richard (du Cantal;, Jacques Yalserres, et DB QVATREFAGES , rapportenr. (Stance du i Kvrier 1855.) Messieurs, Les horames qui les premiers ont eu la pensee de se reunir el de mettre en commun leurs efforts dans le but d'accli- mater les especes d'animaux utiles, les races perfectionnees, ont certainement repondu k un des bcsoins les mieux sentis de noire epoque. La preuve en est dans le succes si prompt de cette idee, dans la fondalion et les progres incessants de notre Sociele , dans ces adhesions, dans ce concours, que lui appor- II 7 — 98 — tent journellemeat les hommea les plus emineals voaes aux car- rieres les plus diverses , savants francais et etrangers , grands proprielaires, riches negociants et banquiers, consuls, generaux, amiraux, marechaux et ministres de France, et jusqu'k des princes de families souveraines. Deux faits se sont en outre produits qui sont des marques peut-etre encore plus evidentes du profond inter^t qui s'allache a la realisation de nos vues. D'une part, des le lendemain de notre fondation, on a vu s' organiser une societe nouvelle qui a declare haulement prendre la n6tre pour modele et vouloir poursuivre le ra^rae but, en restreignant ses efforts a une cir- conscription determiuee. D'autre part, votre Conseil a recu de diverses socieles la demande de relations intimes et officielle- ment etablies. Le termed' a fflUation employe par cesSocietes dit assez quels sentiments animent ceux qui se sont adressesknous. Le Conseil a accueilli avec une vive joie ces deux manifesta- tions r il y a vu le gage de nouveaux et rapides progres dans la voie que vous avez ouverte. Dans un pays accidente et a regions tranchees corame la France, il serait en effet Ires utile qu'il se formslt quelques societes, composees d'hommes eclaires, connaissant les conditions d'existence qui caracterisent chacune de ces regions. Le sentiment des besoins locaux stimulerait leur z^le; el la connaissance precise des lieux, de leur insuffisance ou de leurs ressources, en ecartant bien des chances d'erreur, en prevenant les experiences inutiles, faciliterait d'autant le succes. En provoquant ainsi la fondation de Societes d'acclimatation particulieres, vous donnez, Messieurs, une nouvelle preuve de 1 esprit vrairaent liberal qui vous a toujours guides. Des le debut, quoique presque tons habitants de Paris , vous n'avez pas voulu fonder une societe exclusivement parisienne. Votre regle- ment en fait foi. Le scrutin par la poste adopte pour vos elec- tions permet au membre qui n'a jamais mis les pieds dans la capitale d'exercer sa part d'influence. A la seule condition d'of- frir les garanties qu'exigent les reglemenls de la Societe, il pent comme vous recevoir des animaux qui apparliennent a lous. A - 99 — vrai dire, il ne perd k son eloignemenl que le plaisir d'assister k vos reuDions. Tous ici nous rendonspleine justice a la province; lous noasr Savons ce qu'on y Irouve de devoiltnent au bien, de travaux consciencieux, d'elTorls et d'aspiralions vers le progres. Mais, on ne le sail que Irop, el la province mieux que personne, souvent ces aspirations, ces efforts, n'aboutissenl pas; ces Iravaux, ce devoAment, sonl d^penses en pure perte. Deux causes principales concourent k produire ce Irisle resul- lat, el toulcs deux sont de puissants obstacles places enlre nous el le but que nous voulons atleindre. D'une part, les homraes, Ics societes m6me, qui poursuivenl la recherche des ameliora- tions pratiques, sont generalement trop isoles. D'aulre pari, il faul bien le dire, la science n'esl encore ni assez generalement repandue, ni assez bien comprise en province. Bien des gensse mefient d'elle et la repoussenl absoluraenl. D'aulres, acceptant en aveugles les conseils qu'elle donne pour un cas determine et les appliquanl parfois a un cas tout contraire, echouenl neces- sairemonl, puis s'en prennent a elle de leur insuccfes, sans m^me se douter que la solution d'un problem e varie avec les donnees. Or ce sont precisement ces donnees qui manquent a Paris. Riches d'une science incontestable, ne demandant qu'a I'appli- quer au bien public, les hommes de la capitale en sont souvent r6duils soil a formuler des theories generales qui pour ^tre uli- lis6es exigent de Ires serieuses connaissances, soil a ne donner que des conseils un peu vagues que le pur pralicien ne com- prend pas ou comprend mal. L'acclimatation d'une esp^ce animale ou v^g^lale ( 1 ) dans (1) La Societe zoologique d'acclimalation a du comprendre des son d^ but qu'on ne saurait s'occuper du regne animal au point de vue pratique sans s'occuper en m^me temps du regne vegetal. Aussi plusieurs plantes utiles ont-elles dejaattire son attention, et la nomination d'une Commission permanente chargee de la partie botanique de ses travaux temoigne de i'int^rfit qu'elle porte k cette branche de questions. — 100 — un nouveau pays est certainemenl un des problemes les plus complexes que puisse aborder I'induslriehumaine. Pour le re- soudre , la science propretnent dite doil d'abord etre inter- rogee. Elle seule peul dous eciairer sur les conditions d'exis- tencequi entoureniraniraal dans son pays natal, et poser, par consequent, les bases menies de la question. Seule encore elle peut nous donner des presomplions sur un succes possible ou probable, enappreciant jusqu'a quel point ces conditions seront remplies dans la patrie nouvelle. Mais, pour pouvoiratteindre a cette appreciation preliminaire, elle a besoin de renseigiiements precis, minutieux, qui ne peuvent etre recueillis que sur place, et que Irop souvent le savant parisien ne peut se procurer. C'esl done au savant de province, a I'agronome local , parfois au simple cultivateur, a fournir ces renseignements indispensa- bles, et voila pourquoi I'associalion de Paris et de la province peut etre si feconde en resuUals. Ceci, Messieurs, a deja ete bien compris dans les departe- menls. Je n'en veux pour prcuve que le nombre considerable de membres que ces derniers ont fourni k notre liste. Mais, quel que soil le merile individuel, le zele et I'activite de ces membres, Taccession de socieles organisees aurait une lout autre impor- tance au point de vue qui nous occupe, et cette importance resulte de ce fail seul que les hommes meurent, que les socieles ne meurent pas. Des le dernier siecle, un homme de bien et d'inlelligence, Lamoignon de Malesherbes, insislait avec force sur cette consi- deration. II faisail remarquer avec raison que les arts pra- tiques, Tagriculture en parliculier, different des sciences pro- prement diles en ce que le temps enlre comme clement dans I'appreciation de leurs procedes, dans la connaissance de leurs r^sultats. Desannees, dessiecles parfois, sonl necessaires pour juger la valeur d'une experience. Get element indispensable, 11 faul bien nous resoudre a I'admettre dans nos essais d'acclima- lalion, meme les plus simples. Laissez-moi vous ciler ici un exemple frappanl. Vous savez lous que I'Oie d'jfigypte est au Museum depuis I'epoque de cette expedition qui a laisse aulant — 101 ~ de traces dans I'histoire des sciences que dans les fastes mili- taires. EIlc y avail vecu el s'etail meme inullipliee; mais celui qui I'avait introduile elail mort lorsque des changcmenls de moeurs et d'habilude sont venus prouver que eel organisme des pays chauds s'elail plie enlieremenl aux exigences de nos climats temperes. Geoffroy le pere avail imporle celoiseau; M. Geof- froy fils seul a pu 16 voir acclimate. N'en doulons pas, Messieurs, et acceplons des k present cetle necessile , des fails analogues se produiront souvenl dans le cours de nos tenlalives. II faudra parfois plus que la vie d'un homme pour mener a bien telle de nos experiences. Or celles- ci ne peuvenl se faire loules dans la sphere d'aclion immediate de noire Sociele. II faut done, aulanl que possible, nous assurer au dehors des collaboraleurs qui ne meurent pas. Ccs collabo- raleurs, nous les trouverons dans les sociel^s deparlementales de divers genres, et, k ce litre, loules eelles qui voudronl bien se joindre a nous devronl evidemment ^Ire cordialement accueillies. Nous disons toutes les societes deparlementales, et en effet, dans I'esprit de la Commission, ce ne sonl pas seulement les societes d'agriculture ou de science qui peuvenl entrer avec nous en communaute de vues et de iravaux. A c6te de ces reu- nions qui poursuivenl un but evidemment en rapport avec le n6lre, il en est d'autres qui, quoique porlanl des noras diffe- renls, quoique formees avec des intentions lr6s diverses, peuvent ^galement rendre de grands et serieux services. Aa premier rang nous placons les Comiccs agricolcs, oii nous trou- verions mieux que nulle pari ailleurs ces notions pratiques et locales dont nous parlions plus haul. Les Chambres de com- merce, par leur connaissance des besoins de I'induslrie, nous viendraient bien souvenl en aide en nous signalant la direction k donner k nos efforts. Enfin il est peu de villes un peu consi- derables qui ne rcnfermenl au moins un cercle oil sereunissent la pluparl des hommes influents de la localite, el par consequent les savants, les experimenlateurs, les principaux proprielaires. De Ik aussi nous aurions souvenl k tirer des renseignements — 102 — importants. Ce que nous venous de dire des societes ou reu- nions francaises s'applique egalement aux societes, aux reu- nions elrangeres. Voire commission a pense qu'il serait tres utile d'etabliravec loules des relations suivies et de donner a celles qui accepleront nos idees le litre de societes correspond dantes. Mais les societes sont des elres colleclifs, et, pour definirnel- tement la nature de ces relations, il s'est presenle d'abord * quelques difficultes, bient6t levees par uq principe Ires simple. D'apres I'avis de voire commission, toute sociele correspon- dante doit etre assimilee a un membre. Elle doit etre soumise aux meraes charges et jouir des memes droits. Elle a done a payer comme un simple particulier son droit d'entree et sa cotisation annuelle. En revanche elle recevra le Bulletin, et pourra, selon son rang d'inscriplion au livre d'ordre, recevoir des animaux appartenant a noire Societe. En cas d'election, chaque sociele correspondanle, a raison de sa qualite de mem- bre, aura droit a un vote qui sera Iransmis par le bureau. En- fin les membres du bureau de ces societes, c'est-k-dire leurs represenlants ofticiels, auront le droit, pendant leur sejour h Paris, d'assisler k toutes nos seances generales. En appelant ainsi a nous des societes en apparence elrange- res a noire point de vue fondamenlal, nous ne pouvions oublier celles qui se sont fondeesanotre exemple, dans un but idenlique, et qui ont adopte presque le meme nora. Celles-ci se procla- mant nos filles. il a paru k voire commission que la Sociele de Paris devait agir a leur egard en mere affeclionnee. En conse- quence, elle croit qu'on devrail les designer sous le litre deso- cietes affiliees. Comme les precedentes, mais sans avoir a payer de cotisation, ces societes pourraienl prendre part h la repartition de nos animaux; leurs simples membres auraient droit de presence h nos seances generales, el les membres de leur bureau siegeraient dans noire Conseil, sans pouvoir loute- fois prendre part a ses deliberations. Enfin les membres de ces societes d'acclimalation recevraienl noire Bulletin a un prix reduit, pourvu que le norabre des abonnements demandes sous — 103 — cette condilioH alteigntt un chiffrc ddtermine constatant qu'il fi'agil d'une association serieuse. Vous le voyez. Messiei*rs, »olrc commission s'est inspir6e de I'esprit general qui vous a toujours animus el que nous avons signale plus haul. Sans s'arreler h aucune pr6occupa- tion egoistc, k aucune de ces peliles considerations qui trop souvenl g'opposent k la realisation du bicn, ellc a voulu avant tout favoriser le developpement des idees dont vous vous etes fails les promoteurs. Puisse noire pens^e elre comprise en France pi ailleurs I Le rapport qu'on vient de lire etait aceompagn^ d'un regie- ment destine h regulariser lee rapports a elablir entre la Societe zoologique d'ac^limatation et les Societ^s correspondanles ou affiliees. Ce r^gleraent, redige d'apres les considerations expo- s6es plus haul, a ete adopte par le Cooseil , ainsi que le rap- port. On trouvera ces dispositions r^glementaires annexdes au reglement general , en tele de ee volume. Ea vertu des deliberations que nous venons de rappeler, ont ^te reconnues : loComme Societe affiliee, la Societe zoohgique d'aeclima' tation pour la region des Alpes (Seance du 16 fevrier.) 2" Com me Societ6s correspondanles , le Cornice agricoh de Toulon (Seance du 16 fevrier), et la Societe d'emulation, d'agricuhure , sciences, lettres el arts du departement del'Ain (Seance du 16 mars.) — 104 — RAPPORT SOR DUE PBOPOSITION DH DOCTEUR HAXO RELATIVE A LA FAMILLE DE JOSEPH REMY FAIT AC NOM DE LA TROISIEME SECTION. Par Jifl. JIILES HAIME. ( Stance du 2 mars 1S35. ) Messieurs, Un homme vient de mourir qui , malgre I'etroite sphere dans laquelle se sont accomplis ses Iravaux, malgre les faibles res- sources dont il a pu disposer, a cependant cet honneur insigne d'avoir dote la France d'une nouvelle et importante induslrie. Joseph Reray n'etail pas uq savant: c'etait un simple pecheur, ignorant ce qu'enseignent les livres et les ecoles, corapletement Stranger par consequent aux progres des sciences naturelles ; mais il possedait un grand talent que ne donne pas toujours 1 e- ducation la mieux dirigee : il savait observer et nieltre k profit ses observations. Sans maitrc, sans conseil , sans appui , il est parvenu, h. force de penetration et de perseverance, non seule- ment k refaire une k une les experiences qui ont occupe toute la vie de Jacobi , mais k penetrer plus avant encore dans la voie de la pratique , et k conduire le probleme de I'el^ve des poissons jusqu'k une solution presque complete. Les services qu'il a rendus k la pisciculture sont considerables, et avec lui s'ouvreune ^re nouvelle pour cettebranche del'economierurale. Long-temps avant que Remy eilt commence ses Iravaux , la fecondation artificielle des oeufs de poisson avait ete imagi- nee et pratiquee k plusieurs reprises. Divers physiologistes s'e- taient servis de ceprocede dans leurs recherches scientifiques , — 105 — et meme, en Allemagne et en Anglelerre, on tenia de I'appli- quer au repeuplemenl des cours d'eau (1); mais les r^sultats qu'on obtint alors ^taienl de peu d'importance et tomberent bicntdt dans Toubli. L'humble pecheur, perdu au fond des Vosges, dans I'obscur village de la Bressc, ne soupconnait m^me pas que jamais ten- tatives semblables eussent 6te faites, il ignorait jusqu'au mode de generation des poissons, et il a eu cette puissance de ne ja- mais reculer devant I'observation direcle, et de trouver parlui- memece qu'il lui imporlait desavoir. II allait, pendant des jours entiers et par les nuits froides, 6piant les Truites le long des rivieres, et suivant dun oeil avide les manoeuvres qui, chez ces animaux, precedent la ponte et la f^condation des oeufs. Aussi- t6t que ces phenomenes lui furent connus, ilcompritque ce qui se passait dans la nature, il serait possible de letraduire artifi- ciellement et dans des conditions souvent meilleures, d'operer plus intimement le melange des oeufs avec la laitance, et d'eloi- gner des produits ainsi fecondes les nombreuses chances de des- truction auxquelles ils sont naturellement soumis. L'eclosion devrait s'effecluer ainsi d'une maniere beaucoup plus certaine et plus complete que cela n'a lieu dcins les circonstances ordi- naires. L'experience ne tarda pas k confirmer ces previsions : Remy s'entoura de precautions telles et sut prendre des dispo- sitions si habiles, que bientOt il put voir une multitude de jeu- nes Truites eclore-et nager dans ses appareils. Mais il restait d'autres obstacles h. surmonter. Ge n'etait pas tout d'avoir soustrait les oeufs aux dangers qui les menacent quand ils restent abandonnes k eux-m^mes ; il fallail encore assurer le developpement des jeunes et leur trouver une nourri- ture en rapport avec les besoins de leur age. Remy, aide alors d'un de ses compatriotes, Antoine Gehin, eut ^galement raison de ces difficultes. II reussit k nourrir et k clever ses jeunes (1) Voyez mon article sur ITiistoire de la Pisciculture , public dans la Revue des Deux-Mondes, livraison du l*"^ juin 1854. — 106 -^ Truites en les faisanl passer successivement dans deux pieces d'eau preparees pour les recevoir. Dans la premiere , it avail eu soin de faire produire k I'avance one grande quanlite de frai (de grenouille ; dans la seconde , il avail seme des especes de poisson plus pelites et plus faibles. Aujourd'hui, Messieurs, que ces proeedes vous sont devenus farailiers, peut-etre eles-vous tentes de croire que c'etail chose aisee de les decouvrir. Mais n'oubliez pas tout ee qu'il a fallu de temps pour araener ces resullats ; songez surtout k ce que notre pauvre pecheur a dij deployer de sagacite et de con- stante eoergie avaot de relroflver par lui seul la melhode de la fecondation artificielle et d'en faire une si heureuse application k I'elifeve du poisson, Une entiere r^ussite repondit a ses efforts. Divers etangs de la Bresse et plusieurs ruisseaux du canton de Rerairemont fu- rent bient6t empoissonnes au moyen de ses proeedes , et il jeta une immense quantite de ieunes Truites dans la Moselolte , un des affluents de la Moselle. La pisciculture revetait ainsi le caractfere pratique qui lui avail manque Jusque alors. Sansdoute, et il y aurail injustice k le meconnailre, beau- coup d'autres ont contribue puissamment aux progres de la nouvelle Industrie. Je n'ai pas besoin de vous redire les noms de ceux qui , savants et praticiens , ont su perfectionner les appareils et donner plus de precision aux diverses metbodes, Mais ii est constant que Joseph Reray a commence en France ce grand mouvement experimental qui se developpeen ce mo- ment sous nos yeux. Vous vous rappelez quelle faveur accueillit les sucees qu'il a obtenus. Les matlres de la science furent les premiers a y ap- plaudir et k en proclamer I'importance. Dans un remarquable rapport que la presse entiere s'empressa de porter k la connais- sancedetous, M. Milne-Edwards deelara que Remy et Gehin iui semblaienl avoir eompleteraent resolu la question qu'ils s'e- taient posee , et qu'ils avaient le merite d'avoir ainsi cree en France une induslrie nouvelle. M. de Qualrefages, k qui re- vient une large part dans les progres de celte induslrie , «i- — 107 ~ gnala les monies rcsultals comme dignes dcs plus grands e\o^ ges ; et nagu^re encore noire savant president, M. Isid. Geof- froy Saint-Hilaire, n'a pas craint d'accorder aux deux pecheurg des Vosges , en raison de leurs feconds Iravaux , le beau litre de bienfaiteurs de leurpays. Que pourrais-je ajouter h des te- moignagcs si eclalanls et partis de si haul? Messieurs, le docteur Haxo vient de nous informer, par une lettre adressec h M. le President de la Societe, que Thomme qui le premier sur le sol francais a applique la fecondation ar- tificielle kl'eleve du poisson, et a commence le repeuplement de DOS rivieres, est mort k la Bresse, laissant sa nombreuse fa- mille dans un etat voisin de la misere , et il appelle sur celte famille votre bienveillante attention. La section de pisciculture, dont j'ai I'honneur d'etre ici I'or- gane, a pense unanimement qu'il serait digne en effet de la Societe d'acclimatation de venir en aide k la veuve et aux enfants de I'un des fondateurs de Tindustrie piscicole. En consequence, la section vous propose : premierement, de pr^lever un secours immediat sur les foods dont la Societe peut disposer, et, en second lieu, d'ouvrir dans vos bureaux une sou- scripUon en faveur de la famille de Joseph Reray. Nous croyons enfin devoir soumettre k votre approbation une troisi^me mesure. L'aine des six enfants de Remy commence i dil M. Haxo. k se montrer habile dans les pratiques de la pisci- culture, auxquelles sonpere I'a initie de bonne heure. A celui- \k nous pouvons faire mieux que de donner de Targenl, nous pouvons demander du travail. La troisieme section emel le vobu que la Societe veuille bien le prendre en quelque sorte sous son patronage, en engageant ceux de ses membresqui desireront obtenir des oeufs f^condes k s'adresser desormais au jeune Laurent Remy. lis repondront ainsi k la genereuse initiative qu'ont d^jk prise plusieurs de nos collegues. Ces conclusions ont ete adoptees k I'unanimite. Sur la proposition du Conseil, transmisc par M. le Presideat« — 108 - la Societe a alloue a la famille Remy une somme de 500 fr., el uDe souscription a ele immedialement ouverte au siege de la Societe (1). M. le President a ete charge d'ecrire a MM. les delegues du Conseil dans les departements et k I'etranger, pour leur an- noncer I'ouverture de la souscription, et les inviter a recueillir les olTrandes des Membres ou des personnes etrang^res a la So- ciete qui voudraient , dans les villes qu'ils habitent , prendre part h la souscription. Les villes oil la Societe possede dejkdes delegues sont, en France : Caen, Marseille, Mulhouse, Poi- tiers, Rouen, Toulon, Toulouse, Wesserling; eta I'etranger : Londres, Madrid et Turin. (Voy. p. 164 les noms de MM. les delegues.) Une commission a ete instituee pour rendre compte a la Society des resultats de la souscription, et dans le but de lirer le meilleur parti possible des fonds recueillis. Cette commission est composee de MM. Antoine Passy, vice-president de la So- ciete, et president de sa section de pisciculture; Paul Blacque, Ircsorier ; Milne-Edwards, de I'lnstitut; Jules Haime; de Qua- trefages, de I'lnstitut; Richard (du Cantal) et Charles Wallut. (1) Et dans les bureaux de M. Blacque, tresorier de la Societe, rue de Graramont , 21 . — 109 SUR L'ACCLIMATATION DES ANIMAUX EN ESPAGNE, Leltre adresste i M. ISIDORE GEOFFROY SAINT-HILAIRE. PRESIDENT DE LA 80CIETE ZOOLOGIQUE D 'ACCLIli AT ATIOK , Par JH. lo Docteur M. P. GRAEIiliS, BIRECTECR DU UUSEUU DES SCIENCES NATURELLES A HADRID , ETC., Traduite do I'etpagnol par M. le Doeteut ALVARO REYNOSO , MEHBRE DE LA SOCIETE. (Seance' du 2 mars 1855.) MoDsiear le President, Ed comniuniquant les documeots qui suiveot a notre So- ciele , je n'ai pas la prelenlion de lui faire croire que I'ulile ap- plicalioQ des sciences zoologiques dont elle s'occupe ait ele con- nue et meme pratiquee en Espagne a des epoques ou elle etait negligee ou inconnue chez les autres nations de I'Europe. Toute revendication de priorite a eel egard est bien loin de ma pen- see. Mais , apres celte declaration , je crois pouvoir faire une observation au point de vue bistorique, afin que les savants soient a meme de se rendre comple de la part qui revient aux Espagnols dans les progres des sciences. Avant notre decadence modcrne , amis zeles et devoues de la science, nos anc6tres cru- rent rendre service aux arts, a I'agriculture et au commerce, en cherchant i acclimater des plantes et des animaux exotiques , nouvelles sources de richesse et de bien-elre pour Thomme. Vous-meme, Monsieur le President, vous I'avez dit quelque- fois, et j'ose esperer que , dans les Fragments historiques sur I'Mclimatation des animaux que vous avez commence a pu- blier dans le Bulletin de noire Socicte, vous confirmerez mon in- dication, et que vous conslaterez en outre que, abstraction faite -V: — 110 — des essais isoles teates par les Espagnols, depuis ladecouverle de I'Amerique, pour acclimater dans la Peniiisule Iberique les productions du Nouveau-Monde , et vice versa, plus tard le gouvernement fonda dans les lies Canaries et dans I'Andalousie deux etablissements ad hoc, sous le nom de « Jardins d'accli- matation. » Mais ces details purement historiques vous appar- tiennent, et ils trouvent en vous un digne interprele; aussi le but de cette courle notice est-il seulement de rendre compte a la Societe de tout ce qu'on a fait pour racclimatation des anl- maux en Espagne dans ces dernieres annees. Je ne m'occuperai pas des animaux apparlenanl aux menage- ries qui se sonl reproduils dans la caplivite, car il est evident que , si cela est arrive dans une prison , a plus forte raison on serait parvenu au m^me resultat en raeltant ces etres dans des conditions plus favorables. 11 me semble utile de remarquer qu'il ne faut pas perdre de vue, en s'occupant de la question d'acclimatation et de propagation des animaux, que la liberte est unc condition essenlielle : car plusieurs especes exotiques pour- raient se multiplier en Europe, si on ne les enfermait pas dans des cages. — On connait des exemples d'animaux sauvages de nos for^ts qui , etant seulement prives de leur liberie , perdent la faculte de se reproduire. — Je pense seulement traiter des animaux qui, places dans des conditions convenables, se sont acclimates deja, et se sont reproduils dans notre climat comme dans leur pays, et de ceux qu'on espere amener k ce resultat. MAMMIFfiRES. \)KOMAf)Ai^E {Camelus Dromaderius). Ce ruminant, qui offre tant de ressources aux Africains, nos voisins, se trouvc acclimate en Espagne depuis long-temps. En 1831 , le capilaine general de la Catalogue fit venir h Barcelone Irenle de ces animaux , et tons successivement peri- rent faute d'avoir ete bien soignes , el non pas a cause du cli- mat ; car a Madrid, dont le climat estmoins tempere, ilsvivenl et se reproduisenl parfailemenl. — Ill — S. M. la reine Isabelle II possede, k Aranjuez viagt de ces animaux destines a se multiplier, el S. M. en possede quelques uns au Pardo et au Retiro employes dans les Iravaux dii trans- port. Dans la belle Alameda de la Duquesa , pres de Camille- jas, il y a aussi un grand nombre de Chameaux qui travaillenl comme les autres animaux. Mais nulle part dans la Peninsule raccliraatalion da Cha- meaun'estparvenueau point oil elle se Irouve aujourd bui dans la province de Hoelva , oii il remplace en parlie le Cheval , le Mulct et le Boeuf : car on I'eraploie pour labourer les terres, trainer les voitures et donner le mouvement aux moulins a huile. Dans cette m^rne province, le Chameau est deja tombe dans le domaine de plusieurs particuliers, qui en retirent le meme profit que de tout autre animal, Les Chameaux de la couronne viennent des ties Canaries ; mais lous ceux de Huelva sont nes en Espagoe et provien- nent da troupeau de M. de la Barrera , etabli pres de I'embou- chure du Guadalquivir, dans les marais connus sous le noni de c6te de Onana, a 7 lieues de la capitale de la province. Ce proprietaire vend chaque Chameau de 1500 ^ 2000 reaax (373 i 500 fr.). Le Chameau se nourrit, dans ce pays, comme les autres raam- mifferes domcstiques, c'est-k-dire de paille, de cereales, de foia et d'orge. Ch^ivres d'Angora. En 1830, le roi Ferdinand VII fit venir on troupeau deces Chevres compose de 100 individus, qui furent d'abord logees dans le pare royal connu sous le nom de el Retiro , situ6 en dedans des murailles de Madrid. Bientdt on reconnut que le terrain manquait pour faire un essai en grand , et le troupeau fut transporle au mont du Pardo, et plus tard aux montagnes de I'Escurial , ou j'ai eu occasion de le voir pour la premiere fois en 1848, c'est-k-dire 18 anneesapr^s son arrivee en Cas- tille. Alors il se eomposait de 200 tetes , presque tous blancs j led males avaient une toison magnilique. Les bergers m'ontdi — 112 — quetous les individus primilifs avaientdisparu, ct que ceux qui exislaient etaient nes dans le pays ; qu'on pouvait , des lors , les coDsiderer comme naturalises avec le climal, les aliments et les autres conditions inherentes a la region centrale d'Espagne. A Huelva, il exisle un autre troupeau de Chevres d'Angora, compose de 100 tetes , et , d'apres les renseignemenls que j'ai obtenus, il prospere tres bien dans la region montagneuse de cetle province. De ces faits il me semble sortir sans doute la conviction que I'Espagne offre des securiles pour la propagation des Chevres d'Angora, etque, comme dans son pays, cet animal dedommage son maitre des soins qu'il doit lui prodiguer. Je ne dirai rien des Kachmirs apportees a Barcelonne par un consul du commerce en 1825, qui disparurent, ayant ete melees avec des Chevres ordinaires; je ne parlerai pas non plus d'un troupeau de Vigognes qui, dit-on, exista en 1816 pres de Madrid. Gazelle (Antilope Dorcas). « Ce charmant ruminant s'est accljmate si bien dans notre pays qu'il s'y reprodiiit avec uue grande facilite, de maniere que, dans lespace de trois annees, de trois individus, deux males et une femelle, qui primitivement existaient dans la me- nagerie de Sa Majeste la Reine, on a deja un troupeau compo- se de 19 tetes, qui continueront probablement ase reproduire a I'infini : car toules les conditions de Castilla, climat et aliments, leur conviennent parfaitcment. Nos Gazelles sonl Ires douces et sociables, et bient6t, j'es- pere, on pourra les compter au nombre de nos animaux do- mestiques. La Societe connait si bien I'utilile de ce mammifere, qu'il me semble inutile d'enumerer les avantages que pourrait rap- porter au pays la conquete de ce paisible habitant des deserts africains. - 113 — Kangukou GfiANT [MacTopus giganteus). M. Florent Prevost, dans la stance du 10 mars passe, a donne h la Sociele des renseignemenls sur racclimatation de ce Mammiferc , dont it sest ocrupc depuis quelques annees. Dans la communication de notre honorable confrere j'ai apergu quelques legeres inexactitudes, du moinsenles comparant avec ce qui est arriv6 en Espagne dans I'acclimalation des Kangu- rous. Les Kangurous de Madrid ne viennent pas du pare de Ros- ny ; ils furent achetes en 1826 avec d'autres animaux par ordre du roi Ferdinand VII. On apporta en Espagne un male et quatre femelles, qu'on enferma dans la menagerie du Retiro. Bient6l on reconnut qiie ces animaux ne peuvent vivre clottres dans une enceinte tres limilee, car les sauts extraor- dinaires qu'ils font les exposent k se rompre les pattes ou ^ s'estropier ; d'un autre cdle, faute d'exercice, ils deviennent malades et meurent. Pour eviter tons ces inconvenients, on les transporta dans un grand enclos, oil ils sont restes, et Ik leur multiplication s'est faite avec une grande facilite , car quelque- fois on a reuni plus de trente individus. Pour que les Kangurous procreent, il n'est pas necessaire de les placer dans un endroit isole, elendu et plante d'arbrisseaux ; il suffit d'un enclos assez grand , oil les animaux puissent trou- ver la quantited'aliments indispensable k leur existence. — Tout ce que je viens d'exposer ne s'oppose pas k ce que, dans les condi- tions indiquees par M. Florent Prevost, les Kangurous ne se multiplient; loin de contredire les assertions de notre confrere, je crois que le Kangurou se prete facilement aux deux educa- tions indiquees, car il pent, de meme que le Lapin, vivre a I'e- tat de dorjjeslicite et dans les champs. Dans le premier cas, le Kangurou est dejk undes animaux qui peuvent peupler noseta- bles, et, dans le second, il peut scyvir comme le dit M. Pre- vost, pour varicr la chasse des bois et amuser les chasseurs. Je crois que cette application devrait filre la derni^re qu'on diit II 8 — 114 — faire du KaDgurou : car on doil desirer sa multiplication dans les campagnesj non pas pour distraire- ceux qui n'onl rien k faire, mais bien pour en faire une nouvelle ressource de reco- nomie rurale. En effet, M. Prevost I'a tres bien indique, la chair de cet animal est preferable k celle de la Vache et du Mouton, car elle est plus tendre que celle de la premiere et plus abon- dante que celle du second (je parle toujours du Macropus gigan- teus, qui est I'esp^ce acclimatce en Espagne). La peau de ce mammifere et son poll, facile a convertir en feutre, peuvent avoir de belles applications dans I'industrie. M . Prevost a emis une opinion que je ne puis partager lors- qu'il a avance que le Kangurou elait un animal plus difficile k nourrir que le Lifevre, et il en a conclli que I'education la plus convenable qu'on puisse lui donner est la semi-sauvage. Les Kangurous sont tres faciles a nourrir, et, dans le Retiro de Ma- drid, on leur donne a manger de I'orge, de I'avoine et du foin sec dans I'hiver, tandis qu'ils paissent I'herbe verte dans les saisons de I'annee oil elle existe. — En un mot, on les nourrit de la meme rnani^re que les Chevres destinees a donner du iait. Get animal est timide, doux, et notre cliraat lui sied parfai- tement. La duree de sa vie est de 10 k 12 ans. Dans la derniere periode de son existence , tres souvent il devient aveugle a cause des cataractes qui se developpent : alors ces malheureux, ne pouvant voir leur chemin, vontparfois se preci- piter ou se mettre en pieces contre des murs. En ce moment, le troupeau de Kangurous de S. M. se Irouve reparti entre Madrid et Seville. S. A. R. madame la duchesse de Montpensier en a recu dix pour ses pares de Santelmo. De tout ce que nous avons dit il resulte que : 1° L'acclimatation des Kangurous en Castille date de 1826; 2° Que pendant tout ce temps ils se sont reproduils avec une grande facilite, plusieurs generations nees dans le pays s'etant succede , car les peres importes sont morts depuis plusieurs annees ; — 115 — 3' Que ces mammifferes peuvent crotire el se reproduire on dans les basses-cours des maisons ou en pleine liberie dans tons les champs ; 4" Que leur aliinenlalion en lout cas est facile, toul en elant economique; 5° Que rhomme irouve dans la chair de eel animal un ali- ment sain et nulriliT, et dans sa peau et son poil de nouveaux materiaux pour Tindustrie. Si on pese bieo lous ces avanlages, je crois que la Sociele d'acclimalalion rendrait un service incalculable en propageant en Europe un mammif^re qui failpr^voirlantd'utilite. ;;oi mo] OISEAUX. Parmi les oiseaux^je ne ferai qu'indiquer les essaisque nous tenlons dans ce moment sur racclimatation de I'Autruche et du Nandou. Des circonstancesmalheureusesnous ontemp^ch^s d avoir en m^me lemps male el femeile, el quand nous y somiDes parvenus, ils ne se Irouvaient pas dans les conditions dage vou- lues pour Taecouplement. Quoi qu'il en soil , il n'en resulte pas moins que ces deux espfeces peuvent vivre Irfes bien dans nos climals, car, par exemple, il exisle a Madrid depuis vingl-huit annees un Nandou. Les personnes qui essaient racclimalalion des animaux ont eprouve souvent des echecs pour avoir choisi des animaux adulles. S'il est vrai que les jeunes animaux sont plus sensibies au changement de climat, il est aussi avere qu'ils s'accom- modenl plus facilement des nouvelles conditions d'existence el qu'ils se naluralisent plus rapidement. Une fois qu'on a reussi ^ obtenir ce resullat, il y a une grande probabilite de les voir se multiplier, si on soigne assez I'animal pour lui manager les changemenls auxquels il doit s'habiluer. Lorsqu'on a fini par obtenir la multiplication de la premiere paire, les generations — 116 — successives finissent par devenir de verilables indigenes, comme il est arrive pour les Paons. les Poules, etc. , etc. ANIMAUX INDIGENES. Je ne terminerai pas cette lettre, monsieur le President, sans attirer I'attention et le zele de mes savants confreres vers la do- mestication de diverses especes sauvages de nos mammiferes d'Europe, telles que : le Chamois [Antilope rupicapra) , les Bouquetins (Capra ibex, C. pyrenaica et C. hispanica), etc.: car il serait choquant qu'en meme temps que nous vou- lons introduire dans nos basses-cours les especes sauvages exotiques, nous vinssions k laisser dans I'oubli les n6tres, ex- posees a disparaitre par I'ardeur des chasseurs. Je pense m'oc- cuper activement de ce sujet, et, quel que soit le resultat au- quel j'arriverai, je me ferai un plaisir et un devoir de le commu- niquer a la Societe. Madrid . ce 5 d^cembre 18S4 (i). (1) Par une lettre posterieure, adressee a M. le President de la Societe zoologique d'acclimatation , M. Graells a fait connaitre que le Gouverne- ment espagnol examine en ce moment I'utilite et les moyens de retablir les deux jardins d'acclimatation des Canaries et de TAndalousie (dont il est question plus haut, p. ItO), et de creer deux autres etablissements analogues , I'un k Madrid ou dans ses environs , I'autre dans le nord de I'Espegne. — 117 — SOR QUELQUES ACCLIMATATIONS UTILES A L'ALGfiRlE, BXTBAIT d'dNE LETTRE ADRESS^B A M. I. GROFFROT 8AINT-BILAIRE, Prfisident de la Soci^t^ zoologique d'acclimatation, Par M. le Baron HEMBI ACCAPITAIIVE. (Seance du 16 fevrier ISKS.) Blidab, Janvier isss. BuffoQ disait du Lama : « J'imagine que ces aoimaux se- raieul une excelleote acquisition pour I'Europe, specialement pour les Alpes cl pour les Pyrenees, et produiraient plusdebien reel que lout le racial du Nouveau-Monde. » Ces paroles sont aussi applicables a la chatne de I'Allas qu'aux grandes monla- gnes europeennes , et aux besoins nouveaux que fait natlre la colonisation Jene repelerai pas ici les nombreuses qualites qui font du Lama un animal auxiliaire , alimenlaire et industriel de premier ordre ; d'excellents travaux ont ele fails ii ce sujet; rutilite de ce ruminant en agriculture a ele I'objet dun inle- ressanl travail de M. Sacc. Les Charaeaux, si utiles en plaine, ne peuvent , on le sail, que rendre peu de services en pays monlagneux, el generalement dans tout pays accidente; quel- quefois meme ils ont cause beaucoup d'embarras a nos colon- nes. Le Lama, dans ces longues chaines du petit et du grand Atlas, serait un utile moyen de transport. II aiderait , je n'en doule pas , k lircr parti des richesses melalliques enfouies dans ces monlagnes, oil de nombreuses difficulles rebutent jusqu'k present les Iravailleurs. Les similitudes meleorologiques de ~ 118 — I'Atlas et dela Cordiliere des Andes offrent les memes milieux ; les beaux fourrages des gorges de cette chaiue remplaceraient avec succes I'Ycho, dont on s'est si bien passe au Museum et pour les essais fails en Hollande et en Espagne. Les Lamas, ac- climates facilement dans I'Atlas, rendraient de tres grands ser- vices sous le point de vue multiple de la viande , de la laine et du transport. Le Lama serait , pour la parlie mootagneuse de I'Afrique seplentrionale , ce que le Chameau est pour le desert. Je vous ai dil, k propos des Meharis, quelle large part j'at- tribuais k ces animaux dans les relations qui s'etabliront force- ment un jour avec les regions centrales du continent. Aussi verrais-je avec plaisir etudier et introduire les races perfection- nees de la race chameli^re si en renom en Orient , les laracal, les Ornani d' Arabic , les Ababdeh et les Bichari de la vallee du Nil. Tous ceux qui se sont occupes des etudes sahariennes au point de vue de la domination francaise reconnaissent I'uti- lit6 des essais d'amelioration de ce genre. Je citerai a cet egard quelques fails empruntes a un de nos celebres Orientalisles, M. Prisse d' Avenues : Les Dromadaires, ou Hedsaz, sont sus- ceplibles de faire vingt jours de raarche en ne s'arretant que pour manger, en portant pour vingt jours de vivres , et on les nourrit avec deux ou trois kilogrammes de farine. Lors de la guerre deSyrie, iWb^ammed-^/t avail etabli un service de Dro- madaires, dont les relais etaient echelonnes du Kaire a Gaza, par etapes de quatre a six lieues environ, et franchies en une heure et une. heure et demie par les Maseh ; les depeches se succ6daient rapidemenl , et la disette de Dromadaires forcait journellement les courriers k doubler ou tripler leurs etapes. Maintes fois la distance du Kaire a Gaza, qualre-vingl-cinq lieues environ en ligne droite , fut franchie en deux jours par ces coursiers extraordinaires (1). (i) Revue orientale, 1853 , p. 377. — 119 — C'esl avec ces deux races, dit rOrlentalislc que je cilais plus haul, qu'il faudrait chercher a former en Algeria un pur sang superieur aux aaimaux qui s'y trouvent aujour- d'hui (1). La prise de Tuggurl, qui a eu lieu ces jours derniers , im- pHque ais^ment de quel ioter^l il peut etre d'assurer la mobilite de DOS relations, taut au point de vue militaire qu'k celui de notre predominance commerciale. L'organisation des corps de chame- liers formes eo Perse de temps immemorial, en Egypte par Bo- naparte et en Algerie par le commandant Carbuccia, prouve suHisammenl que leur utility n'a pas ete meconnue. Je repete- rai done qu'il y aurait un grand inter6t h faire etudier soigneu- sement, soit par les agents consulaires ou par un charge de mis- sion . quelle variele de race s'allierait le mieux k la race au« tochthone , et celle dont les qualites se conformeraienl aux be- soinsde nos oasis algeriennes (2). Le baron Henri Aucapitaine. (1) Un bon Dromadaire, dil M. Prisse, coute, au Kaire, 175 a 200 fr.; le prii des meilleurs Bichari ne dcpasse jamais 500 fr. (2) Sur le Dromadaire, voyezdans le tome I du Bulletin, p. 452 et sui- vantes, la Lettre sur le Chameau d'Afrique adressee en decembre dernier a M. le President de la Societe par M. le general Daumas. L'auteur de la lettre dont on vient de lire un extrait ne connaissait pas encore, lorsqu'il a ecrit cette lettre en Algerie, le remarquable travail oii M. le general Daumas a resume toutes les observations faites par lui el tous les renseignements qu'il a recueiUis des Arabes pendant ses seize annees de r^dence en Afrique. — 120 — RAPPORT FAIT AC COMSEIL DE LA SOCIETE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION Par M. CIIEMOT UK LA. MALCOTE, SUR LES YAKS QUI LUI ONT ETE CONFIES PAR LA SOCTETE. (Stance du 2 mars 1858.) Messieurs. Pour repondre aux provisions de I'article 60 du reglenient administratif de la Societe, je viens vous parler des Irois Yaks que vous m'avez fait I'honneur de me confier. Un sujet si nou- veau pour la France exige, en raison de I'interet qui s'y ratlache, certains developpements. Etre bref n'est done pas pos- sible, alors surtout qu'il s'agit pour nioi de decrire I'Yak etudie en sa nature, en son caractere, en ses instincts et ses habitudes; d'expliquer les soins qu'il semble demander dans sa vie ordinaire, dans son alimentation, pour sa sante et son accroissement ; de dire enfin ce que je pense de ses produils et des services qu'il pent rendre. L'Yak est 6viderament susceptible d'acclimatation. L'avenir seul nous apprendra si ce precieux animal conservera chez nous les proprietes laineuses et les autres qualiles essentielles qui le dislinguent en Chine. Les Yaks que j'ai recus avaient dans le principe une atti- tude inquiete; ils etaient continuellement a etudier I'approche de tout etre etranger ; leurs yeux faisaient sans cesse autour d'eux une garde des plus severes. Etaient-ils en plein air , ils fuyaient ; etaient-iis a I'ecurie , ils se serraient conlre leur creche, se lournaient en travers et attendaient pour repousser de la tete ou du pied ceux qui etaient tentes de les toucher. Ces animaux — 121 — semblaient avoir eu a supporter des conlrariet^s qui leuf elaienl restees en memoire. Je les fis trailer avec une extreme douceur; je recommaudai de ne jamais les approcher sans les pr6venir, de les flatter souvent, de les gratter avec les doigts sur le haul de la tSte, de leur passer la main sur le dos, d'em-' ployer, en un mot, lous les moyens qui rassurent ordinairement les animaux de cette espece sur les intentions de Tbomme k leur 6gard. Peu k peu ils se tranquillis^rent, se firent aux gens de la maison, et aujourd'hui on peut les approcher, les caresser mSme au paturage, oil ilsnemonlrentque de la gaite, en ayant soin toutefois d'6viter quelques lestes coups de pied qu'ils Ian- cent comme le Gheval. L'atteinte du pied de TYak n'est pas ^ craindre de cAte. L'Yak tient, k mon avis, de trois races d'animaux divers : il a toutes les allures du Cheval, sa queue et sa criniere ; il saute comme lui ; sa structure, quant au corps, a une grande analogic aveccelledu Boeuf; il ale pied de la Chevre.et, au paturage, les habitudes de cet animal ; il grimpe et descend les escarpements avec une securite demarche admirable, el, comme lui, s'il saute, il s'arr^te sur place de pied ferme. Le caractere des Yaks est d'une grande douceur; ilsaiment k ^ire ensemble et ne se quittent jamais. Le premier detache attend les autres k la porte de I'ecurie, et tous trois se rendent au p4turage, oil ils broutent cote h c6te. L'un d'eux veut-il rentrer, les autres le suivent; se Irouvent-ils separes un seul instant, ils s'appellent par un grognement bref et repel6. Le point sur lequel devait se porter principalement mon attention etait celui relatif k la nourriture et aux soins a leur donner. Voulanl surveiller et diriger moi-m^me ces deux branches si importantes de racclimatation, j'aifait tout d'abord conduire les trois Yaks qui venaient de m'etre remis a Dijon dans ma propriete de Thise, situee a 6 kilometres deBesancon, dans ud riche vallon encaisse dans des montagnes et traverse par le Doubs. La temperature est la, pendant I'ete, a peu pres la meme qua la Malc6le, et les Yaks pouvaient irouver dans les — 122 — massifs de verdure et les frais ombrages qui enlourent mon habitation un abri sur contre les chaleurs. Apres avoir fait placer ces animaux a c6le run de I'autre, dans une ecurie saine, ayant des ouvertures au levant, au nord et au midi, disposees de maniere k pouvoir donner, selon les circonslances, de lair et de la lumiere en quantite suffisante, et de plus sur un sol pave avec inclinaison reguliere, j'ai cherche k savoir quels etaient les aliments qui pouvaient le mieux leur convenir a I'effet de raaintenir leur bien-etre et faciliter leur developpement. Dans leur trajet de Dijon h Besancon, lis n'avaient mange que du foin, ils avaient broule de I'herbe le long de la route ; aussi n'a-t-il plus ete possible de leur faire gouter un brin de paille hachee. J'ai essayede differentes especes de fourrages, et nul ne leur a fait plus de plaisir que mon petit foin court de la Malc6te, k tiges fines, aromatise, veuant de prairie haute, seche, en revers et exposee au midi. Aussi, comme j'ai eu I'honneur de Tecrire a M. le President, le 4 aoiit, ma satisfaction a ete grande lorsque, leur ayant fail donner de ce foio pour la pre- miere fois, j'e les ai vus tous trois, apres I'avoir flaire un in- stant, se mettre a le manger avec une telle avidite que, sans faire attention auxpersonnes quietaient la (et nolez qu'ils man- gent raremenl quand on les regarde), ils n'ont relevela teteque lorsqu'ils n'ont plus eu un brin de ce petit foin devant eux. Depuis lors, ce fourrage esi devenu leur nourrilure presque exclusive, et, comme les foins de 1853 et de 1854 out cru par les pluies, qu'ils ont eteassezmal recoltes, et que par leur mauvaise qualite ils sont susceplibles de determiner des indigestions et surtout la gale, cequi a ete observe sur bon nombre d'animaux dans uotre departement, j'ai eu la precaution de ne mettre en usage que des fourrages des annees anterieures que j 'avals heureusement a ma disposition; aussi, depuis que je les ai, les irois Yaks n'onl-ils pas ete deranges un seul instant. Quant a la quantite de leur ration; elle est pour la Vache d'environ 6 kilogrammes du foin dont je viens de parler , pour le Taureau , id. , et pour la Genisse, de 4 kilog. Cetle — 123 — ration, divisee en trois parts, leur est distribuee k heu- res fixes, le matin, h midi et le soir. La part du midi est inoins forte que les deux autres; seulement, k cette heure du jour, je fais donner en outre k chacun deux litres de son legerement humecte d'eau , et sur lequel on repand une pin- c^e de sel. Cette ration, qu'on trouvera peut-dtre minirae, est suffisanle eu egard aux qualitcs essentielleraent nutritives que renferme le fourrage de la Malcdte, et iis ne pourraient pas, sans inconve- nients, manger davantage. J'ai voulu temperer cette nourriture s^che par quelques ali- ments aqueux , tels que pommes de terre cuites, betleraves et carottes; iis n'en ont point voulu; le petit Taureau seul en a louche. II est, sous le rapport de la nourriture, moins recher- che que les deux autres. Les Yaks boivenl deux fois par jour, le matin et le soir 5 iis ne goulent que I'eau fralche et parfaitement limpide. Si I'eaune reunit pas cette double qualite, iis la rejettent. J'ai es- saye, pour les rafratchir, I'eau blanchie avec de la farine d'or- ge et de ble; il ne m'a pas ete possible de la leur faire toucher. J'ai remarque que la chaleur, et surtout lesMouches, les fati- guaient extremement, et, lorsqu'on les faisait sortir dans la journ6e, ilsse refugiaient dans des massifs, sous des sapins, et cherchaienl bien vite a regagner leurecurie. Le soir seulement, apres le coucher du soleil, iis broutaient k leur aise, et encore revenaient-ils avec plaisir manger leur petit foin. Cen'est pas tanl I'herbe qu'ils broutent que I'exercice qu'ils peuvent prendre qui leur plait au paturage. Lorsqu'ils ont couru et mang6 pendant une heure, ilsreviennent d'eux-raemes k la porte de leur ecurie, et je n'ai pu les faire restcr plus long -temps dehors qu'en les empechant de rentrer ou en les mettantdans un pare clos, conslruit k cet effet. Cette remarque me parciit d'un excellent augure, car cette disposition de I'Yak k se laisscr nourrir presque toute I'annee k I'elable a une haute importance. Cet animal, si son acclima- talion rcussit, conime je I'espere, seraattache a la petite culture. — 124 — Colitant peu k nourrir, il sera I'aide du pauvre, de celui a qui ses ressourees ne permeitent pas d'enlretenir un betail dispen- dieux, et qui residanl, dans les localites oii la propriele est divi- see h rinfini, n'a pas de paturage a sa disposition. Et qui sail si, par la suite , les Yaks nes dans le pays ne s'habitueront pas k une nourriture plus grossiere que celle qu'il leur faut actuellement, ets'ilsne pourront pas, comme certainesvarietes de la race ovine et bovine, descendre dans la plaine sans crainte d'un climat plus tempere? La proprete, si necessaire a la sante des animaux en general, est indispensable aux Yaks, soit a cause de leurlaine, soit a cause dela finesse de leur peau, qui, souscet abri, est suscepti- ble, en se couvrant de crasse et de poussiere, d'eprouver quel- que maladie. En laissanl les Yaks deux jours seulement livres a eux-memes, on les voit se frotter contre les murs, se secouer et se gratter. Ceux que j'ai sont brosses avec une brosse de paille de riz et peignessoiret matin; aussi jouissent-ils toujours d'une tranquilliteparfaite. Par la raeine raison, leur litiere, faile exclusivement avec de la paille de ble, parceque cette paille contienl moins de pous- siere et s'attache moins que loute autre a leur laine, et qu'ils s'amusent parfois a en manger, est renouvelee deux fois par jour; et, corame les Yaks n'ont pas la precaution de fienter dans la rigole qui est derri^re eux, mais tournes en travers et jusque sous leur creche, celui qui les soigne enleve, chaque fois qu'il va les visiter, leurs dejections avec le balai. C'est le seul moyen de faire conserver a leur laine une belle couleur blanche. Rien encore de nouveau en ce qui concerne letat de gesta- tion presume de la Vache. Son pis parait se gonfler un peu; mais son ventre n'a pas sensiblement augmenle de volu- me, et on ne sent encore rien au toucher. Quand cette Vache at-elle ele saillie? Couibiende temps les femelles Yaks portenl- elles? C'est ce qu'on ignore. Au surplus, on est sur ses gardes, et, le cas echeant, on ne sera pas prisaudepourvu. Le petit Taureau elail frele et maigrc, mou et triste, serre — 125 — du devanl el du derrifere ; mais il n'a pas tarde k se developper et a cril rapidenient. La G^nisse n'a pas autant grandi ; mais elle est charmaole , d'une petulance extraordinaire, remplie d'embonpoint et de sant6. La laine el le lait forraent les deux branches de revenu que peut produiro I'Yak. Reste k connatlre les raoyens les plus avanlageux de les recueillir. Et d'abord, comment proceder k la recolte de la laine? - Se contenter de la recueillir avec le peigne et la brosse , prin- cipalement k Tepoque de la raue , ne me parait pas le mode le plus convenable. La laine de I'Yak ne tombe jamais toute; puis on n'a que la longue, qui est raide et dure, et on neglige la courle, beaucoup plus douce et qui est plus precieuse. D'ailleurs, en peignanl on n'obtienlque la laine morte, qui est loin, quant a la qualite et k la valeur, de valoir la laine vivequ'on recueille eu tondant. Pour m'edifier a ce sujet j'ai laisse leur laine k la Vache et au Taureau, et j'ai fait tondre la Genisse le 24 aoAt dernier, en respectant to«tefois sa queue et sa crini^re. Cette tonte a ete effectuee facilement avec des ciseaux k pointe recourbee, et a produit 200 grammes; c'est bien peu. mais la laine de cette Ge- nisse est aujourd'hui trois fois au moins plus epaisse. Bien que paraissant un peu etonnee d'avoir perdu sa toison, ia Genisse ne s'est pas trouvee derangee un seul instant. Peu k peu sa laine a repousse beaucoup plus fine et beaucoup plus epaisse, ot aujourd'hui elle a atleint la longueur moyenne de douze centimetres. Vous en Irouverez ci-joint un echantillon. La laine de la Vache et du Taureau a grandi ; elle est plus Epaisse , mais elle ne tombe pas. Depuis leur arrivee chez moi il en a ete recueilti k peine 330 grammes. Un Echantillon de lancienne laine qu'ils portent est aussi ci-joint, De ce qui precede il resullc que les Yaks doivent elre tondus, et jecrois qu'il sera possible de les tondre deux fois par an : au mois d'avril ou de mai , suivant la temperature , et ensuite , comme je 1 ai fait pour la Genisse, a la fin daoiil : car — 126 — je suis plus que convaincu que d'ici kdeux ou Irols raois la laine de cetle Genisse aura toute la longueur qu'elle est susceptible d'atleiodre. Je ne puis rien dire encore du lait de I'Yak. Je corapleterai les renseignements que je vous transmets lorsque j'aurai ele mis h, meme d'en juger. Le funiier des Yaks parait devoir elre un engrais des plus puissants. II semble reunir les proprietes desfumiersde Cheval, deBoeufet de Mouton. II serait stimulant et alimentaire pour la vegetation. Son odeur fortement amraoniacale indique sa ri- chesse. II est en meme temps gras, ce qui parattrait le montrer comme un engrais des plus precieux pour les terres des monta- gnes, oil I'Yak semble de prime-abord destine kvivre, et prou- verait la destination de la nature, qui toujours donne k chaque localite les moyens de soutenir et de perpetuer la vie qu'elle a voulue pour elle. Je fais placer k part le fumier des Yaks, et me propose de I'experimenter cette annee. Aussitdt les effets connus, j'aurai I'honneur d'en faire part a la Societe d'acclimatation , car la question des engrais a toujours ete et sera toujoul"S une des plus importantes en agriculture. Quant k I'usage auquel on peut employer I'Yak, M, Du- vernoy, dans son interessant Rapport insere au Bulletin n° 5 , nous fait connaitre les services que cet animal rend en Chine. II est sans doute appele a en rendre d'aussi utiles en France. Vous comprendrez mon silence k cet egard , car j'ai pense qu'il fallait d'abord habituer I'Yak au pays, I'acclimater en un mot, avant de le soumettre k un travail quelconque. Au prin- temps procbain, il sera temps de proceder graduellement a quelques essais.Ces essais, qui ne peuvent etre fails qu'avec precaution et discernement , seront diriges par moi , et je me reserve de vous rendre un comple detaille de leurs r^sultats. Besancon, le 22 f^vrier 1855. CufiNOT. — 127 — ue.] oil' LETTRE DE M. DAVIN BILATITB KV% PRODUITS OBTENCS PAB LOI DANS 8A FILATVKB ATBC tA LAINE DBS M^RINOS-MACCHAIIP. (S6aDco du 16 f6vrier !858») Monsieur le President, Dans la seance du 5 Janvier dernier, il a 6le lu uoe lellre de notre confrere M. le docleur Millot, de Mello, qui donne des details sur le travail de trois toisons des Moutons appartenant k la menagerie du Museum d'histoire naturelle et provenant de la race Graux de Mauchamp. Jeregrette, aulant dans I'interet de M. Graux qne dans celui de cette belle laine soyeuse (a laquelle je donne le nom de cachemire indigene) ydei n'avoir pas assiste k cette reunion: j'auraispudonner des renseigneraents precis sur cette matiere, que je traite depuis plus d'une annee. M. Millot n'a pu faire son essai que sur trois toisons pro- venant des animaux appartenant k la Menagerie. Ces Moutons, qui sont probablement trop bien nourris, ont donne beaucoup de laine, et par consequent une laine commune, kenjugerpar les numeros peu Aleves obtenus dans les machines de filatures. La laine de ces Moutons me paratt etre d'autant plus com- mune qu'en suint elie n'a perdu au degraissage que 50 p. OjO, tandis que celles que j'ai traitees ont laisse une perte de 68 k 70. En laine lavee k dos , je n'ai obtenu que 63 k 65 p. 0|0 , c'est-k-dire 35 k 37 p. OjO de perte. Jc n'cntrerai dans aucun detail sur cette matiere, que M. Mil- lot d6finit d'une maniere trfes judicieuse, et je reconnais avec lui que pour travailler ce genre de laine soyeuse il faut des machines speciales; toutefois je ferai observer k M. Millot que — 128 — celtelaine,dans les qaalites communes, a bienquelque analogie avec la belle laine anglaise, et plul6t avec I'alpaca; raais je ne pense pas qu'elle en ait avec la laine de Buenos-Ayres, qui est naturellement cotonneuse et n'a aucun brillant. Dans ses par- lies fines, la laine de Graux de Mauchamp a une grande ressem- blance avec le cachemire, je dirai meme avec la soie. Notre confrere M. Yvart , inspecleur general des bergeries imperiales, charge par M. leMinistre de I'agricultureet du com- merce de faire connaitre tout le parti que I'industrie pouvait tirer des laines Graux de Mauchamp , vint , il y a environ dix- huit mois, me prier de travailler ces laines soyeuses et de tacher den faire ressortir tous les avantages k I'Exposition de 1855. Sans m'arreter aux difficultes excessives que je devais ren- contrer dans la manulention de ce produit par mes machines (1), je pris I'engagement vis-k-vis de MM. Yvart et Graux de Mau- champ de m'en occuper serieusement,et j'ose dire que mesper- severants efforts ont ete couronnes de succes. Je puis, h ma grande satisfaction et h I'honneur du patient el intelligent ele- veur M. Graux, monlrer les beaux produils, jusqu'ici k peu pres inconnus , que j'ai tires de celte magnifique oiatiere, laquelle non seulement egale le cachemire fin, mais lui est encore supe- rieure par la longueur de son brin, et surtout par I'absence du Jarre, qui occasionne toujours une cerlaine irregularite dans le fil et laisse au coloris moins de purete el d'eclat. Afin de bien me rendre compte du cachemire indigene, j'ai achete k M. Graux la recolte de 1853 et celle de 1854; le tout, compris I'agneau , pouvait me donner un ensemble de 2,000 kilog. environ de laine lavee a dos et de quelques cenlaines de kilog. en suint. Apres avoir allentivemenl examine cette ma- tiere et murement reflechi au parti que je devais en tirer, j'ai fait des essais de toutes sorles afin d'arriver au resultat le plus avanlageux. Je puis k present dire que ce resultat a depasse mes esperances. (1) Le cachemire indigene serait plus facile au travail avec les machi- nes propres au cachemire. — 129 — Aprfes avoir fail Irois triages ou qualites de cette laine soyeuse, j'en ai obtenu un beau fil eu y conservaat ce que Too appelle la blouse ou la partie courle. Cette blouse , qui jouc un grand r6le dans cette matiere , est douce , fine , brillante et assez longue. J'ai cru d'autant mieux faire en la laissanl dans le peign6 , que j'en obtiens un fil plusdoux, plus soyeux, et, par ce fail, revenant a meilleur marche. — Au lieu de chatne 44 et trame 64 au k" failes avec du peigne sans blouse par M. Millot , j'ai obtenu en filature (romaine dc J. Piat pour 710 metres) Avec ma 1" quality, chatne n° 90 etlOO. — 1/2 ch. 140, et trame 180 au kilogr. Avec la ir id. id. 80 id. 120 id. 140 id. Avec la 3° id. id. id. 80 et 90 id. l^O et 110 id. La plupart de ces fils sont destines pour chiles cachemires et livres k Tunc des meilleures fabriques de France, MM. Deney- rousse, Boisglavy et C'*, de Paris. Cette maison, qui ne recule devant aucun sacrifice dans I'interet de sa belle Industrie, vient de disposer de magnifiques dessins specialement destines k ce nouveau cachemire. Ces habiles fabricants, afin de bien juger de cette matiere, ont fait execuler plusieurs chales riches et semblables, les uns fabriques avec le cachemire indigene, les autres avec le cache- mire qu'ils emploient d'habitude. Apres severe examen et com- paraison faile, ils n'ont pas 6te surpris de donner et voir don- ner la preference aux chales de cachemire indigene, et, comme je I'ai dit plus haut , cela s'explique Dalurellement par la regu- larity du fil ,^qui se trouve exempt de jarre> et donne plus de nettet6 aux details. Le cachemire indigene s'emploie aussi avec avantage dans la bonneterie fine , dite de Paris. Une de nos premieres maisons defabrique, MM. i.avalard fr^res , confeclionnent dans ce mo- ment differents objets destines k I'exposition. II est facheux pour la France , et surtout tr6s penible pour II 9 — 130 — I'homme qui, depuis plus de 25 ans, a fait de grands sacrifices en argent et en recherches minulieuses, de ne pas voir plus d'emulation parmi les eieveiirs de la race ovine pour la propa- gation de la rare espece due h M. Graux de Mauchamp. II est fort k craindre qu'il en soit de cette belle decouverte com- mede bien d'autres, qu'elle ne devienne la proie de I'etran- ger. Cependant, le gouvernement de France n'a pas fait defaut a M. Graux: apres lui avoir decerne la medaille d'or et la croix delaLegion-d'Honneur, il lui fait une belle subvention annuelle, afin de rencourager k propager ce beau produit. Ce qui a paru arreter jusqu'k present les eleveurs de la race Graux de Mau- champ, c'est, dit-on, une moins grande quantite de laine con- lenue dans unetoison; cependant il est prouv(i que, tout en ayant moins de poids qu'une toison ordinaire , une toison de cachemire indigene donne plus de resultats, puisque le kilo de la premiere se vend 8 fr. 50 , tandis que celui de la deuxieme ne vaut que 4 fr. 50 a 5 fr. M. Yvart, auquel revient aussi une part, pour ses bons et utiles conseils, dansle resultat oblenu par M. Graux, a fait tons ses efforts, dans I'interet du pays, pour la propagation de cette belle race ; il a cree a Gevrolles et c» Alfort des bergeries pur sang Graux de Mauchamp , et a obtenu de magnifiques resul- tats d'un croisement de la race Mauchamp avec celle de Ram- bouillet. 11 resulte de ce croisement un beau produit que les fermiers des environs d'Ancy-le-Franc (Bourgogne) commen- cent a comprendre et a propager. Je me reserve d'en faire voir a I'exposition prochaine, ainsi que de la race pur sang , en pei- gnes, fils et tissus divers. Je joins k ma lettre. Monsieur le President, quelques echan- tillons de ces divers produits obtenus avec le cachemire indi- gene , les uns avant , les autres apres leinture , et, afin de faire distinguer la difference qui existe entre cette matiere et le ca- chemire ordinaire, je vousadresse deux petits specimens dece dernier. Messieurs Deneyrousse, Boisglavy et C^, ont bien voulu me - 131 — preter un chale riche broche avec le cachemire indigene , pour le soumeltre k la Sociele. Daignez agr^er, Monsieur le President, I'assurance de ma haute consideration. , Frederic Davin , manufacturier k Paris. La lecture de la letlre deM. Davin, faite dans la seance du 16 fevrier, a donne lieu k une discussion k laquelle ont pris part MM. Yvart , Allier, et le comte de Fontenay. Cette discus- sion a fait ressortir encore rimporlance du service qu'a rendu M. Graux h. Tagricullure el a I'induslrie par la creation de la belle race qui lui est due. M. Yvart a bien voulu r6diger les remarques qu'il avail pre- sentees verbalement. Elles completeront utilement le travail de M. Davin. RfiSUMfi D'UNE COMMUNICATION DE M. YVART RELATIVE A LA RAGE MARINE CR^KB A HADCHAHP , PAR M. GRAUX. La creation de la race de Mauchamp remonte k 1828. Le be- lier raonstrueux dont celte race tire son origine avail une laine tout k fait sp^ciale, droite , lisse , Ires peu elaslique, el surloul Ires douce. U avail malheureusemenl une conformation tres facheuse pourle service de la boucherie. Le butde I'operation qui se fait k Mauchamp 'a et^ de donner a lout le troupeau de cette exploitation , compose de cinq k six cents animaux , nne laine semblable k celle du belier dont il s'agit, et cependanl de conserver a ce troupeau la conformation du corps de I'ancienne race merine. En 1848, ces resullats elaient k peu pr^s obtenus. Oil a constats, k cette ^poque, k Mauchamp comme k Gevrolles, — 132 — que, souniis au meme regime, les nouveaux merinos de Mau- champ et les anciens merinos profilaient egalement de la nour- riture qui leur elait donnee ; a ages egaux , les uns et les autres avaient acquis les memes poids. Comme les paturages etaient peu abondants a Maucharap, el la ration mise dans les rateliers peu elevee , les deux races y sont restees d'un laible volume. Dans des conditions d'alimenlation tres differentes, les deux races ont donne, k Gevrolles , de gros animaux. II faut ajouter que les laines de Gevrolles ont raoins de finesse que celles de Mauchamp. Les Beliers du type de Mauchamp, accouples k Gevrolles avec desBrebis du type de Rambouillel, ont forme un Iroupeau dont les toisons, moins fines que celles de Rambouillet, con- tiennent plus de laine, et une laine plus longue et plus douce. Les betes Mauchamp-Rambouillet pesent autant que les betes de Rambouillet. Rassure par les changements apportes dans la conformation de la nouvelle race de Mauchamp, et par les resultais de I'ac- couplement des Beliers de cette nouvelle race avec des Brebis de Rambouillet, M. Yvart a fait entrer du sang de Mauchamp dans la formation d'une sous-race anglo-merine , qui , depuis plusieurs generations , se mulliplie par elle-meme a Alfort et k Montcavrel. L'emploi du sang de Mauchamp a procure de la douceur a la laine anglo-merine. — 133 — NOTE SUR LES VERS A SOIE SAUVAGES DE LA CHINE , Par le Doeteur CHATAIWNES (DB LAUSANNE). (Stance du <6 f^vrier 185S.} Depuis bien des annees je m'occupe des Vers ^ soie sauvages, et parliculiferement du devidage de leurs cocons. Un sejour de six ans au Bresil, pendaal les annees 1839 h 1846, m'a permis d'y recueillir huit especes differentes et d'elever en assez grande quantite celles qui fournissent la raeilleure soie. J'aurai I'avanlage de soumettre plus tard k la Soci^te le r^sultat de mes Iravaux sur cet important sujet. Aujourd'hui je viens de lire, avec le plus vif inter^t, les huit premiers numeros du Bulletin; je vois qu'il regne la plus grande incertitude sur la question de savoir quelles sont reel- lemenl les especes sauvages utilisees en Chine. Si vaguos que soient les donnees qui nous sont parvenues sur cos insectes, je crois cependant qu'elles suffisent pour resoudre presque en- tierement et des a present cette question. I.es Vers k soie sauvages, ou Saturnies, generalement utilises en Chine, sont au moins au nombre de quatre : 1" Sat. Atlas. — C'est le Ver k soie du Fagara, cclui qui fournit la plus belle soie, aVeclaquelleon fabriquele Siao-Kien, le raeme que le Silhetica du d"" Heifer; son habitat s etend de- puis les MoUuques jusque dans I'lnde. C'est le plus grand des Vers k soie sauvages; le Papillon femelle mesure parfois 20 centimetres d'envergure. 2» Sat. Cynthia on Ver a soie du Frdne, Ver Eria de 1' Assam, qui se relrouve en Chine, dans I'lnde et dans le sud de I'Afri- que. C'est lui qui fournit la soie Eria du Bengale et de I'Assam, avec laquelle on fabrique quatre ou cinq especes de tissus qui — 134 — portent des noms differenls ; en Chine on en fait le Isiao-kien. 3* Sat. Mylitta ou Koiitkuri Mooga de 1' Assam, gootie ou bughi poka, au Bengale , oil il donne la soie tusseh ou tussah. Ce Ver parait etre confondu avec une quatrieme espece qui vit sur le Chene, ct qui n'est peut-etre rien autre que la Sa- turnia Assamensis de Heifer ou le Mooga de Hugon, le Ver le plus cullive dans I'Assam. Ce serait avec la soie de ces deux esp^ces qu'on fabrique en Chine le ta-kien, la inoins estimee des trois sortes d'etoffes. Avant d'indiquer les motifs que je crois avoir pour porter un pareil jugement, je ferai observer qu'il ne faut point se laisser influencer par le fait qu'en Chine ces vers se nourrissent sur des vegetaux autres qu'au Bengale ou ailleurs. En effet, toutes les chenilles de Saturnies sont polyphages; on la deja reconnu pour le Cynthia, a peine introduil en Europe, et pour lequel Hugon indique sept especes d'arbres differenls. Le Polypherae des Etals-Unis se nourrit indifferemment sur dix especes d'ar- bres fort dissemblables; il en est de meme du grand Paon, es- pece de nos climats. Remarquons en passant que c'est la une faculte excessivement precieuse, qui facililera beaucoup I'in- troduction en Europe de ces precieux insectes. Mais revenons aux preuves : • La premiere , c'est qu'on trouve toujours en quaotile les trois premieres especes sus-indiquees dans les boiles d'insectes qui arrivcnt directement de la Chine ; ce sont meme les seules Saturnies qui s'y renconlrent. II faut done que ces especes soienl tres abondantes, ce qui s'explique par leur culture. Mais, en cutre, si Ton lit avec so'in le Memoire du P. d'ln- carville (il a ete reproduit dans les Bulletins), on y trouve la preuve directe de ce que j'avance. Ce Memoire contient, a c6te de plusieurs exagerations, une foule d'indications precieuses. Et d'abord on reconnaitra facilement que, malgre ce passage: « les Vers a soie du P'agara et du Frene sont les memes , et » s'elevent de la meme facon », le P. d'Incarville a bien re* connu qu'il y a au moins trois especes differentes, dont la soie — 135 — sert k fahriquer Irois sortcs de lissus ayant chacuo leur nom. L'ensemble du IVldmoirc indique parfaitcrncnt trois especes : le passage cite signific done simplemenl que ces Vers se ressem- blent, et c'esl en effel le cas. La chenille de 1'A.tlas est d'un vert plus fonce que celle du Cynthia. Son cocon a la meme forme, mais il est naturellement plusgros; il a beaucoup d'analogie, soit pour la forme, soil pour la couleur et la nature de la soie, avec le cocon de I'Au- rota du Brcsil. La soie de 1' Alias est superieure k celle fournitf par le Cynthia et le Mylitta. Ce que dit le Meraoire du Ver h soie du Frene se rapporle completement au Cynthia (sauf le cocon gros comme un oeuf de poule, exageration de.l'auleur), en parliculier le trait sui- vant, tout k fait caracleristique : « Les polls de ces tubercules » sont charges dune espece de poudre blanche. » Ceci suffit pour faire reconnailre le Cynthia, dont la chenille est la seule parmi les Saturnies qui olTre ce curieux phenomfene d'avoir le corps plus ou moins convert d'une poussiere cereuse. Ce fait n'a point echappe a I'observalion deM. Milne Edwards. Quant aux Versdu Chene, ce qu'ils ont departiculier, dit le P. d'Incarville, « ce sont des especes d'ecailles brillantes ») comme I'argenl le plus (in. Quelques uns en ont au dessus de B chaque stigmale; d'aulres en ont moins ou meme pas du tout, > mais ces derniers ont, sur le haul des tubercules du troisieme^ > rang, a I'endroit oii sont implantcs les poils, une couronne » ou cercle d'or Ires vif. » Ce que nous savons d'autre part de la chenille du Mylitta s'accorde avec ces indications. Aiusi Roxburgh dit que les tubercules dorsaux sont jaunes d'or, et qu'il cxiste sur les c6tes deux laches rondes argentees. A propos de I'essai d'inlroduction du Mylilla ti I'ile Bourbon, nous trouvons, dans le pen de mots consacres a sa chenille, que, des la seconde mue, elle devient verdjllrc, ct qu'elle offre sur les c6tes des rangees de tubercules blancs argenles, et deux rangees pareilles sur le dos, mais cou- leur dor bronze. En rapprochanlces di verses citations, on doit, ce mesemble, — 136 — arriver a la conviction que le Mylitta est un des Vers a soie de la Chine. La description citee du P. d'Fncarville laisserait supposer qu'il y a plusieurs especes de Vers a soie du Chene, et la chenille de V Assamensis , que nous sommes tente d'y rap- porter, a aussi des tubercules cercles de jaune k la base, mais pas de taches argentees. En resume, je crois etre dans le vrai en rapportant les Vers h soie sauvages les plus usites en Chine a I'Allas, au Cynthia^ au Mylitta, et peul-etrekr^ssammsis. Notre honorable collegue M. Guerin-Meneville, quiavu soit le cocon, soit le papillon d'un Ver du Chene, devrait pouvoir eclaircir mes doutes au sujet de cette derniere espece. II resulterait de ceci que I'Europe possede deja un des Vers chinois, le Cynthia; qu'un second, le Mylitta, s'obtiendra plus facilement du Bengale que de la Chine, et qu'il en serait peut- 6tre de meine pour celui du Chene, V Assamensis-, que I'Allas ou Ver du Fagara devrait etre lire de la Chine, ou il est plus commun que partout ailleurs (1). (1) La Soci6te a regu encore de M. le docteur Chavannes un autre tra- vail, envoye egalement de Lausanne, au mois de fevrier, et qui a pour litre : M^moire sur les Saturnies serigdres qu'il serait convenable d'in- troduire en Europe. L'abondance des matieres a oblige de differer la lecture de ce memoire. EUe doit 4tre faite dans la seance du 30 mars , et le travail paraitra dans Fun des prochains numeros du Bulletin. — 137 — INSTRUCTIONS SOMMAIRES ADRESSfeES A MESSIEURS LES MAGNANIERS A 001 LA SOCI^T^ ZOOLOGIQCE D'aCCLIMATATION ENVOIE DE3 OBDFS DB VERS A SOIB PROVENANT DE LA CHINE. Commissaires : MM. E. Blanchard , F. Jacquemart , Richard (du Cantal) , Tastet, Valserres , et M. CHJCRIIV-llfEWEYILLE, rapporteur. I (Stance du 16 mars 186S.) La Soci^te zoologique d'acclimalation, en dislribuant par petiles quantil^s les graines de Vers a sole qu'elle a recues de Chine par les soins dc M de Mootigny (1), veut essayer d'ia- troduire de nouvelles varietes , dans I'espoir qu'elles ne seront pent ^tre pas alleintespar I'epidemie qui dccime nos plus belles races. En consequence, elle desire que les educations que Ton va enlreprendre avec celle graine soient failes specialement k ce point de vue. II faut done que ces Vers k sole rcQoivent des soins tout particuliers et soient places dans les conditions les meilleures d'aeration , d'espacement, de temperature et d'a- limentalion , car tous les cocons qu'ils pourront donner doivent etre destines k faire de la graine. II est probable que I'education de ces nouvelles races sera difficile, comme celles qui ont deja ete failes plusieurs fois avec des graines venues de Chine. II faul que Ton ne se decourage pas, que Ton combatte les maladies qui pourraient se montrer, en redoublant de soins , par des delilements tres frequents, par un choix scrupuleux de la feuille, parle transport des Vers dans un autre atelier,' si cela est juge necessaire pour les changer (1) L'envoi se composait de 12 grandes feuilles de papier couvertes d'oeufs, et pouvant porter chacune environ 2 onces 50 gr.). Ces feuilles ont ete divisees chacune en 8 lots d'environ 1/i d'once. Les 12 grandes feuilles portaient les n"' t a 12, et ces n" ont ete repetes sur chaque lot. Il a ete envoye de ces graines a 2 ministeres , 2 societes et 41 educateurs frangais, et a 13 educateurs etrangers. — 138 ~ d'air el d'exposition. II faul surloul se niefier de la facheuse impression qu'6prouvent les ouvriers magDaniers les plus habi- les quand ils voienl qu'une education ne marche pas rondement. En effet, danscescirconstances, au lieu de lutter par des soins bien entendus, ils negligent ces Vers, qui, disent-ils, ne donne- ront jamais rien de bon ; ils portent tous leurs soins sur ceux qui marchent bien , et I'experience, qui aurait pu donner des resultats susceptibles de s'ameliorer dans I'avenir, manque tout a fait. Celte trop facile tendance au decouragement observee chez les ouvriers et les paysans se montre egalement chez quelques proprietaires dirigeant eux-memes leurs educations. II est done necessaire qu'on les engage a se mefier de cette premiere im- pression €l a ne pas permeltre que letirs ouvriers y cedent , s'ils veulent seconder efficacement la Society dans les tentatives d'in- troduction et d'acclimatalion des Vers h soie chinois. II etait necessaire de signaler ces inconvenients, qui appor- tent de graodes difficultes dans les educations de ce genre, par- ceque le rapporteur a eu I'occasion de les eprouver en faisant , dans le Midi, des tentatives semblables k celles que Ton va en- treprendre. S'il n'avait pas pris le parti de soigner lui-merae les Vers chinois dont on conserve la race k la magnanerie expe- rimenlale de Sainte-Tulle , cette race aurait ele perdue des la premiere annee. En eCFet, ces Vers a soie n'ont cesse d'etre su- jets a de graves maladies; de plus, ils presentent une particula- rile singuliere et propre a leur race : k I'approche des mues, ils deviennent transparents et luisants comme si on les avait Irem- pes dans de I'huile. Dans ces moments, ces vers etaient un ob- jet de degoul pour les ouvriers, qui disaient qu'ils leur faisaient mal au cceur, et ils les auraient jetes, en declarant qu'ils ne pouvaient i^ien donner de bon, si Ton n'avait pas ete la pour s"y opposer. Apres avoir signale les principales difficultes que Ton aura a surmonter, il y aurait a donner des instructions detaillees sur la conservation de la graine jusqu'au moment de la mettre a eclore, sur son incubation et sur les soins k donner aux vers; - 1 39 - mais, comme ellc s'adresse a des magnaniers consommes, la commission regarde ce soin comme inutile. II ne reste done qu'a faire connaitre les aulres desirs de la Sociele , el a donner Tindlcation , dans un questionnaire abrege, des observations qu'elle attend du zele eclair6 des educateurs k qui elle adresse ces grain es. La Commission desire qu'il soil preleve sur le resultat des Educations de 50 k 100 cocons pris au basard dans chacune des races exp6rimentecs. Ces cocons seront etouffes el seches avec soin, et envoyes ancc (Voyez ci-apres , p. 173). — M. Aguillon offre des graines qui sonlle produil d'ar- bres cxoliqucs acclimates depuis plus de Irenle ans, par son pere cl par lui, dans leurs jardins de lEgontier, a quelques mi- - nutes de Toulon. Celle letlre est renvoyde k la commission dea t vegclaux. itj — 170 — — Le merae renvoi a lieu pour une note adress^e par M. Bourgeois, et relative aux plantations de Chenes rouges de Rambouillet, dont I'introduclion dans le pare de ce domaine, due a Michaux, remonle k 1786 ou 1787. — M. Haime, au nom de la troisieme section, lit un rapport sur une proposition de M. le docteur Haxo relative k la famille de Joseph Remy, et qui avail ete renvoyee k cette section. M. le President in forme la Societe que, se conformant aux conclusions de ce rapport, le Conseil 1° aouvert une souscrip- lion en faveur de la famille de Remy, el 2° a vote, pour cette souscriplion, une somme de 500 fr. M. le President invite I'assemblee a vouloir bien ratifier la proposition du Conseil et de la troisieme section. Elleestaussit6t appuy6e par un vole unanime, et M. le Presi- dent fait alors observer combien cette unanimite est honorable pour la memoire dupecheur des Vosges. U nomme une commis- sion chargee des soins de cette souscriplion, el composee de MM. Milne-Edwards, Haime, Passy, de Quatrefages, Richard (du Canlal), Wallut, et Blacque, tresorier. De plus, il sera ecril k chacun de MM. les delegues pour les prier de vouloir bien se charger de recevoir les souscriptions. La Societe pouvant d'une autre facon encore venir en aide a la famille de Remy, en lui demandant de fournir des oeufsa ccux de MM. les membres qui en desireraient.M. Millet, au nora de la troisieme section, s'est concerle avec la veuve pour obtenird'elle I'indication des moyens i employer pour se procu- rer les oeufs quelle a en sa possession el dont il lui reste encore quelquesmilliers, ainsi qu'elle I'annoncedans une lellre a noire confrere, qui en donne lecture. Cette lellre, en outre, contient I'expression de la reconnaissance de toute la famille du pe- cheur pour I'interet que la Societe lui lemoigne. — M. Frederic Jacquemart lit un travail de M. le marechal Vaillanl, minislrede la guerre, sur lapeche du corail en Algerie par les elrangers, el sur les moyens a prendre pour faire tourner cette industrie au profit de la France. Ce travail sera prochainement insere dansle Bulletin. — 171 — M. Richard (du Cantal), en sa quality de president de la commissioa de I'AIgerie, a laquelle ce mcmoire est renvoye, fail remarquer toute I'iraporlance de celte communication, qui a pour but d'appeler le concours de la Soci(^te pour la solution des questions varices qui se ratlachent St I'induslrie du corail. II prie MjVI. les membres qui auraienl k faire des communica- tions sur ce sujet, et ceux qui auraient des observations k pre- senter sur quelques unsdes produitsde I'exposition algerienne, que la Societe a visilee le 24 fevrier, de vouloir bien les sou- mettre k la commission de I'AIgerie. Elle recevra avec recon- naissance les documents qui pourront lui Sire transmis. — M. le President donne lecture d'un travail de noire con- frereM. Graells, direcleurdu Musee de Madrid, sur Tacclima- talion desanimaux en Espagne, et traduit en francais par noire confrere M. Alvaro Reynoso (Voir page 109). M. le President fait observer que celte lettre offre d'aulant plus d'interet que les fails qu'elle conlient etaient pour la plupart completement inconnus en France. — M. le baron de Montgaudry donne communication d'un rapport adresse de Besancon par M. Cuenot de la Malc6te, notre confrere, sur les trois Yaks qui lui ontete confies par la Society. Ce rapport sera insert au Bulletin (Voir page 120). Le Secretaire des seances, A. Aug. Dum^ril. 172 IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCES. Par un decret imperial rendu sur le rapport de S. Exc. M. le Mi- nistre de Tagriculture, du commerce et des Iravaux publics, etsur I'avis du Conseil d'6tat, la Soci6l6 zoologique d'acclimatation vient d'fitre reconnue comma Etablissement d'utilite publique . Le d6cret a ete rendu le 26 fevrier 1855 , et une ampliation en a et6 aussitot transmise a M. le president de la Societe par son Exc. M. le Ministre de Tagriculture , du commerce et des travaux publics. Le texte du decret imperial, et les slatuts, tels qu'ils ont ete ap- prouv6s par S. M. TEmpereur, paraitront avec la prochaine livraison du Bulletin , pour 6tre plac6s en tete du present volume. — Par une lettre toute r6cente de M. Dalmas, sous-chef du cabi- net de I'Empereur, la Soci6t6 vient aussi d'etre informee (20 mars) qu'elle est autorisee a prendre le titre de Societe imperiale^ et a in- scrire le nom de Sa Majeste, comme protecteur, en tfite de la liste de ses membres. Voyez les Proc6s-verbaux dans le prochain num6rodu Bulletin. — Unenouvelle Societe d'acclimatation viQui d'etre cre6e k Nancy, pour la region nord-est de la France, et particulierement pour les d6par- lements de la Meurihe, de la Moselle et des Vosges. Lanouvelle So- ciete , comme celle de Grenoble , s'est empress6e de faire connaitre sa formation a la Societe zoologique d'acclimatation , et de demander a entrer avec elle en relations suivies et intimes. Cette demande a 6te transmise a M. le president, au nom du bureau de la Society de Nancy, par son president, M. Godron, doyen de laFacult6 des scien- ces de cette ville, el sonvice-prdsident, M. Monnier, membre du Con- seil general de la Meurthe, president de la Soci6t6 d'agriculture de Nancy, membre de la Societe zoologique d'acclimatation. La composition du bureau, et les principaux articles du reglement de la Societe d'acclimatation de Nancy, seront procbainemenl ins6res dans le Bulletin. — La communication suivanle a et6 faiteala Societ6, dans la seance du 16 fevrier, par M. Frederic Jacquemart. Ellc fera connaitre a — 173 - ccux de nosconfr6res qui ont exprim^ le d^sir de faire venir du Pdrou dcs Lamas etdes Alpacas Ics difficuU6s que rencontre encore la'r6a- lisation do ceprojet. « Messieurs, ♦ M. L6on Crosnier, qui, sur notre demande, cherche au P6rou les moyens d'exp6dier en France des Lamas, des Alpacas et des Vigo- gnes, nous a 6crit de Lima i la date du 23 d6cembre dernier. Bien que le probl6me soil loin d'fitre r6solu, nous avons pens6 que quelques passages de la lettre de M. Crosnier devaient vous int^res- ser , et nous vous demandons la permission de vous les communiquer et de les faire suivre de quelques observations. « J'ai pris, pour rexp6dition des Lamas, denouveauxrensei- gnemenis aupres d'une personne de Tint^rieur, tr6s vers6e dans cette mati6re. , » II faut, comme je vous I'ai d6ji dit, un tr6s grand navire. » Les meilleurs animaux se trouveront du c6t6 de Huancavelica ; ils auront a faire plus de cent licues pour venir a Lima, seul point oil Ton puisse les embarquer avec I'autorisation du gouvernemenl. » Les animaux couteront au moins 75 franco par tfiterendus iLima, et 100 francs de fourrage pour la travers6e. II no resle plus que 125 francs pour consommation d'eau, frais d'installation d'6curie sur le pent et fret: c'est tres peu. Toutefois je vais laisser i la maison Montan6 et compagnie une lettre pour le capitaine du Louis-Napo- leoriy attendu ici de Sidney en Janvier. » Ce capitaine eslmon ami; son navire est immense, et si Top^ra- lion ne lui convient pas, elle ne conviendra sans doute a personne. « Les Vigognes s'apprivoisenl tr6s facilement; mais dans I'fetat de domesiicit6 , c'est, dit-on, inutilcment que les femelles recherchent lemaie, tandis qu'elles reproduisent tr6s bien avec les Alpacas, et donnent des Mulets dont la laine est excessivement fine et longue, et qui sent cux-m6mes produclifs. — Cette race crois6e existe A Pu^ no. dans le sud du P6rou ; elle a et6 form6e par un prfitre, et c'est alors qu'a 6i6 rendtr le dccret qui defend de chasser les Vigognes, d6cret si peu observe que la race diminue chaque ann6e, et que HI. a apport6 ici trois cents peaux de ces animaux, dont la laine est fort recherch66 par les chapeliers. J'ai achet6 dernierement , au prix de irois sols chaque, des petites peaux de Vigognes d'un ou de deux jours. La douceur dc la fourrurc nc le c6de en rien h celle du Chinchille. ~ 174 — » J'ai pris diverses notes que je vous communiqueraisi I'exp^dition se realise, chose douteuse, surtout a cause de I'insuffisance du fret. )) L. Crosnier. » Nous devonsi'appeler a nos confreres qui ont demand^ des Lamas, des Alpacas ou des Vigognes, que les limites fix6es a M. L. Crosnier sonl de 300 francs au plus par chaque animal, pour tous frais, tels qu'achat, conduite au port d'embarquement, nourriture et trans- port jusqu'au Havre; nous leur rappellerons aussi que les chances de mortality pendant la {,ravers6e seront a la charge des acheteurs, c'est- a-direde nos confreres: d'oii il r6sulteraitque, si,pendantlatravers6e, il p6rissait une bete sur deux, celle survivante reviendrait a 600 fr. environ , en supposant la limite fix6e a 300 fr. par animal embarqu6. M. Crosnier nous ayant exprim6 la crainte que le dernier chiffre ne fut insuffisant, nous prions nos confreres qui persisteraient dans leur d6sir de se procurer des Lamas, des Alpacas ou des Vigognes, de vouloir bien nous faire connaitre promptement qu'ils consentent a fixer a M. Crosnier une limite plus 61evee, c'est-a-dire de 350 a 400 fr., au lieude 300 fr., par chaque animal embarque, en conservanl d'ailleurs toutes les autres conditions. Nous pouvons assurer que M. Crosnier defendra nos in t^r6ts avec le plus grand zele, et qu'il prendra toutes les pr6cautions pour dimi- nuer toutes les chances d'accidents ou d'abus pendant la travers6e. Si quelques uns de nos confreres, frapp6s des observations de M. Crosnier sur les heureux effets du croisement des Vigognes avec les Alpacas, d6siraient changer la nature des animaux qu'ils onl de- mand6s , nous les prierions de nous instruire au plus tot de leurs nou- velles intentions , aprfes avoir consuIt6 toutefois des personnes com- p6tentes. Fr6d. Jacquemart. — Plusieursde MM. les d616gues du Conseildans les departements ont d6ja fait connaitre qu'ils se sont empresses, conformement aux in- tentions de la Societ6 (Voy. p. 108), d'ouvrir des souscriptions en favour de la veuve et des enfants du pficheur Remy. Pour tous les faits divers, Le secretaire duConseil, Gu^rinMeneville. — 175 — OtIVRAGES OFFKRTS A L.% SOClilTE. SlfeANCE DU 2 FfeVRIER 1855. Annales de la Soci6t6 acad6mique de Saint-Quentin ( 2* s6rie, lomeX, iravaux de 1852). Bulletin du Cornice agricole de rarrondissement de Saint-Quen- tin (tomes I, II et III, 1852, 1853 et 1854). Annuaire de la Soci6t6 m6t6orologique de France (tome II, 1 854). Premiere parlie (feuilles 14 k 19). Bulletin de la Soci6t6 protectrice des animaux (n° 1, Janvier et f6vrier 1855). Souvenirs d'un naturaliste, par M. de Quatrefages, membra de rinslitut (2 volumes in-8°, Paris, 1854). Principes g6n6raux du cavalier arabe, par le g6n6ral Daumas (3* 6dition, 1 volume in-16, Paris, 1855). The Journal of the Indian Archipelago and eastern Asia. Journal de TArchipel Indien et de TAsie orientale, publi6 a Singapour (3 n°* de Janvier k juin 1854). Serie de 40 Mdmoires offerts par M. Desnoyers, biblioth6caire du Mus6um d'histoire naturelle. Stance du 16 f^vrier 1855. Bulletin de la Soci6t6 industrielle de Mulhouse (n°« 128 et 129, 1855). Bulletin de la Soci6t6 de g6ographie (4« s6rie, tome VIII, n° 48, d6cembre 1854). Bulletin du Comice agricole de Tarrondissement d'Alais (Card) (Janvier 1855). L'Institut (7 et 14 ffivrier 1855). Journal de la Soci6t6 vaudoise d'utilit6 publique (5« annee, 1854 et Janvier 1855). M^moire sur I'opium indigene, par C. Decharmes, professeur de sciences physiques et naturelles au lyc6e imperial d'Amiens, chancelier de rAcad6mie (1855). Rapport i la Soci6t6 centrale d'agricullure et des Comices agri- coles du d6partement de I'H^rault sur une Education comparative des diverses races de Vers i soie faite dans la magnanerie expirimenlale de Lunel (Herault) par fimile Nourrigat (Monipellier, 1854). Notice sur les claies et ^chelles coconni6res d'Avril, modifi6es par Emile Nourrigat, et sur divers autres appareils appliques k I'^ducalion des Vers a soie dans la magnanerie exp6rimenlale de Lunel (H^rauli). Lettres sur r^ducation des Vers a soie et sur la culture du Mil- rier, extraites du Messager du Midi de Montpellier. Tahleau de s6ricicuUure, par fimile Nourrigat, propri6taire 6du- cateur i Lunel (H6rault). — 176 — Cosmos (4^ ann6e , 6« vol. , 5 et 6« livraisons). Le Chili considere sous le rapport dc son agriculture et de Temi- gration europeenne , par M. Benjamin Vicuna Mackenne (du Chili) , et offert par lui (1 vol. in-S" , Paris, 1855). Eloge historique de M. de Lasteyrie , extrait des Memoires de la Soci6te imperiale etcentrale d'agriculture , ISSi, par M. Passy, et offert par lui. Seance du 2 mars 1855. L'Institut (21 et 28 fevrier). Cosmos {¥ annee, 6^ vol., 7« et 8^ livraisons). Journal de la Societc vaudoise d'utilit6 publique (f6vrier 1855). Revue et Magasin de zoologie pure et appliqu6e, par M. F. E. Guerin-Meneville. Calendrier du proprietaire d'abeilles, par M. Debeauvois , et of- fert par lui ( 1 vol. in-8°. Angers, 1854). SociETE protectrice desanimaux. — Quelques considerations adres- s6es a MM. les membres de la chambre des deputes sur le projet de loi relatif I'impot sur la race canine. Rapport adresse a I'Empereur par le mardchal Vaillant , ministre de la guerre, sur la culture du colon en Alg6rie (1854), 150 exem- , plaires offeris par M. le ministre de la guerre. Annual report of the american Institute at the city of New-York. Rapport annuel de Tlnstitut americain de la ville de New-York (an- n6es de 1845 a 1850) , 6 vol. gr. in-8° (Albany). Report of the commissionner of patents fort the years 1852 and 1853 (agriculture). Rapport des commissaires des brevets d'invention (patents), 1852 et 1853, 2 vol. gr. in-8° (Washington). Annals o/'//te Lyceum of natural history of New-York. Annales du Lyc6e d'histoire nalurelle de New-York (volumes 2, 3 et 4). The anniversary address of the State agricultural Society of south Carolina delivered in the hall of the house of representatives. Adresse anniversaire de la Society d'agriculture de la Caroline du Sud a la chambre des representants , par Mitchell King (Columbia, 1846), — Cet ouvrage et les trois precedents sont offerts a la Societe par M. A. Valtemar, directeur de I'Agence g6nerale d'6change international. Della CULTIVAZIONE delgelso et delgoverno del filugello , trattato theorico pratico. De la culture du mOrier et dc I'education du ver a sole, trait6 theorique et pratique, par Antonio Ciccone, 1 vol. grand in-S" (Turin, 1854). Offert, au nom de Tauteur, par M. Guerin- Meneville. Paris. - IMPRIMERIE GUiRAUDET ET JOUAUST, rue Sainl-Honore, 538. '•^^-f BULLETIN Am MENSUBL DE LA SOClfiTE IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle le «• f^vrier dl8ft4 I. TRAVAUX OES MEMBRES OE LA SOC|£t£. SUR LA PfiCHE DU CORAIL EN ALGERIE lelUe adress^ ck M. le Pi^dent de la Ut6 zoologiqae d'acclimalalioD Par m. Exe. M. le Mar^ehal WAUULAKT MINISTRB DE LA GDERRE Paris, S3 f^vrieriMSS. Monsieur le President, en m'informanl, par lettre du 22 Janvier dernier, que la Societe zoologique d'acclimatation a constiluc une commission chargee d'6tudier les productions de I'Algerie, vous me failes I'honneur de m'annoncer que cette commission . composee d'hommes speciaux , veut bien se metlre k la disposition de mon departement pour I'examen des questions de sa competence qui peuvent interesser le commerce et I'in- dustrie de nos possessions d'Afrique. II IS — 178 — Je dois vous reraercier lout d'abord , Monsieur le President , pour I'utile concours que m'offre la Societe zoologique d'accli- matation, et je viens mettre a profit ses bonnes intentions en soumettant des aujourd'hui a ses eludes une question qui, de- puis long-temps, a fixe I'altention du deparlement de la guerre, etqui n'apuobtenirencore une solution pratique. Celle question louche aux interets de la peche du Corail en Algerie. Avanl de faire connaitre les mesures successives qui onl etc prises depuis roccupalion de I'Algerieen vue de rendre k cette branche d'industrie son ancienne vilalite au profit tout a la fois de I'Algerie el de la France , je crois devoir exposer ici quel- ques notions preliminaires sur ce que furenl autrefois la pe- che et I'industrie du Corail et sur ce qu'elles sonl aujour- d'hui. Des le commencement du seizieme siecle, epoque ou T usage du Corail se repandit a la Cour de Francois Ie«', la France lourna son attention vers ce precieux produit de la mer, qui abondail sur les c6les de I'Afrique septentrionale. Sous Charles IX , deux negociants de Marseille , Thomas Linches et Carlin Didier, achelerenl le privilege de la peche du Corail sur un point de la c6te algerienne situe entre B6ne et Tunis , et poserent a irois lieues de La Calle les premiers fon- dements de retablissement connu depuis sous le nom de Bastion de France. Linches et Didier se ruinerent dans celle operation ; mais, comme le Corail des c6tes d'Afrique etait tres superieur a celui des mers d'llalie, une autre compagnie francaise se presenta, et etendit les operations de cello peche en creanl successive- ment des comploirs au cap Roux, a B6ne , a CoUo, a Djigelli el a Bougie. En 1594, le centre de ses operations fut Iransporle a La Calle. En 1604, la peche du Corail recut del'exlension par la rati- fication du Iraile negocie a Alger par M. de Breves, lequel assurail exclusivcment aux Francais le droit de peche du cap Roux au cap de Fer. • i;,..ii.'ii;^ — 179 — Sous Louis XIII, en 1619, le due de Guise , gouverneur de la Provence , acheta la concessioa , et lui donna un nouveau developpemenl par I'inlermediaire d'un agent habile, nomrae Sanson Napollon. Dix ans apres , le cardinal de Richelieu envoya en Barbarie plusieurs agents, et, en 1640, il tentait de fonder un nouvel etablissenient k Stora. Apr6s le traile conclu le 7 juillet 1640 par le sieur Cosquiel , k qui Louis XIII assura le titre de capitaine-consul, la rede->. vance k payer h Alger est evaluee k 7 ou 8,000 ecus. En 1694, sous Louis XIV, une subvention annuelle de 40,000 livres est accordee a une compagnie, qui accepte pour dix ans la concession de la peche, au moyen d'une redevance de 105,000 livres par annee k payer par elle au gouvernement algerien. Sous Louis XV, en 1719, la compagnie des Indes succ^de k la compagnie francaise. L'Inde et I'Asie-Mineure etaient alors les principaux debouches pour le Corail. A la compagnie des Indes succeda la societe Auriol , de Mar- seille , et plus lard , en 1741 , une autre societe , sous le nom de Compagnie d'Afrique. En 1750, la redevance est de 43,360 fr. ; en 1790, de 60,000 fr. En 1794 , la Convention supprime I'etablissement pour detruire ce qu'elle appelle un raonopole, et elle appelle les etrangers k concourir a la peche du Corail. En 1798, par suite de la guerre avec Alger, les agents fran- gais sont emmenes en captivite. En 1805, les corailleurs napolitains et genois, qui, dix ans auparavant, avaient prisle chemin de La Calle, recomraencent la peche sur les c6tes de la Regence ; six Fran^ais seulement y prennent part. En 1806, 1'Angleterre achete les concessions et exploile seule la peche. La redevance qu'elle paie alors au dey d'Alger est de 267,500 fr. ; les droits a acquitter par les corailleurs sont fixes — 180 — k 200 piastres, plus deux rotles de corail (1), pour la saison d'ete, du 1" avril au 30 septembre, et 90 piastres, plus une rotle, pour la saison d'hiver, du l*' octobre au 31 mars. Une nouvelle convention , du 26 decembre 1817, remet la France en possession de la peche du Corail , et porte la rede- vance au chiffre de 60,000 fr. ; mais, par le traite du 24 juillet 1820,laFrance consents payer 200,000 fr., ce qui occasionne en cinq ans une perte de 300,000 fr. au gouvernement , qui avait fait exploiter les concessions en regie. Les droits k acquit- ter par les pecheurs etaient alors reduits a 160 piastres pour la saison d'ete, et h 60 piastres pour la saison d'hiver, plus deux rotles de Corail en nature pour la premiere saison et une rotle pour la seconde. En 1822, le privilege est concede d une maison de Marseille. Les corailleurs francais furent d'abord soumis aux droits de peche, mais on leur alloua ensuite une prime d'encourage- ment. La concurrence que leur faisaient les etrangers avait deter- mine cetle mesure. D'ailleurs, la longue interruption de nos marins dans la pratique d'une peche difficile et soumise aux travaux les plus laborieux leur avait fait perdre I'habitude et le gout de cette Industrie. Les bateaux napolilains et sardes, navi- guant k meilleur marche , surpassaient de beaucoup en nombre les bateaux francais ; enfin les produits de la peche allaienl se r^partissant de plus en plus dans les differentes villes d'ltalie el alimentaient leurs fabriques au prejudice des n6tres. 11 parut temps alors de proteger les interets francais contre une concur- rence doublement menacante. On agita d'abord la question de savoir s'il ne convenait pas d'exclure purement el simplement les pecheurs etrangers, et d'imposer aux corailleurs francais I'obligation d'apporter en France les produits de leur peche. Des considerations politiques, (1) La rotle trottolo) estdu poids de 0k,89,099, et vaut depuis 6 ou 7 ducats jusqu'a 21 ducats. — 181 — el peut-6lre la crainle de reduire brusquement les revenus du tresor, ne permirent pas d 'adopter ces mesures, et Ton se borna, comme il vient d'etre dit, k staluer en principe que les pecheurs frangais recevraient une prime k litre d'encoiiragement. On continua done k recevoir les corailleurs etrangers dans lesconcessions frangaises, pour les empecher de se porterailleurs ; mais en meme temps , et conformement au vceu exprime a eel cgard par le conseil superieur du commerce, le gouvernement sanctionnait, par une decision de 1826, la suppression totale du droit de peche sur les bateaux frangais, ainsi que le main- tien de I'ancien droit sur les bateaux etrangers. La rupture en- tre la France et le dey d'AIger, survenue peu apr^s , et la des- truction de nos etablissements a La Calle , ne permirent pas d'appr^cier le m6rite de cette raesure , qui resta inex6cut6e. Apres la conquete d'AIger, c'est-a-dire en 1830, les droits de p^che furent r^duits de moitie; mais les premiers embarras inseparables de I'occupation firenl que la perception fut k peu pr6s nulle ou ne fut pas constalee. Plus lard , et conformement a I'arr^te de Tintendant civil en date du 31 mars 1832, les droits k payer par les corailleurs etrangers furent fixes k 216 piastres fortes pour la saison d'ete, et k 98 piastres pour la saison d'hiver : soil k 1,695 fr. 60 c, valeur francaise , pour I'ann^e emigre. Les corailleurs francais demeur^rent exempts de tons droits. A la m^me epoque, e'est-k-dire par le traite du 24 octobre 1832, le gouvernement obtenait de la r6gence de Tunis, moyen- nant une redevance de 13,500 piastres , la ferme de la peche du Corail dans toutes les eaux du littoral de la r^gence. L'etendue des eaux livrees k la peche du Corail se Irouva done considera- blement agrandie. On esperait, au moyen de ces dispositions, ramenersoit en Corse, soil k iMarseille , el meme en Alg^rie , I'industrie de la peche , el, par suite, la fabrication du Corail ; mais ce fut en vain. Les corailleurs sardes, genois, napolitains , parurent seuls sur la c6te aigerienne, et la peche devint presque exclu- sivement elrangere ; il en fulde meme de la fabrication du Co- — 182 — rail , qui, a Marseille, oil elle avail fleuri autrefois, ne fit que languir et s'amoindrir de plus eu plus. Voici du reste quel fut , sous I'empire de ces memes disposi- tions , le mouvement de la peche du Corail depuis 1832 ; PREMlilRE PiiRIODE. Annies. o M a BATEAUX KTKANGER s. > Q o Montant des prestations. .S a o c cq 12 J5 23 W 1832 2 25 » » 62 65,755 80"" 1833 2 25 49 23 » » 99 109,954 40 1834 8 28 62 36 » » 131 124,273 » 1835 8 17 82 43 » » 150 157,983 » 1836 10 31 122 79 » » 245 242,242 » 1837 10 13 114 82 )) 220 211,502 )) 1838 1 17 163 63 » 1 245 282,884 » 1839 » 15 85 36 3 139 138,074 » 1840 1 13 43 38 » 96 102,524 )) 1841 1 12 50 38 » 102 111,434 » 1842 » 20 90 50 » 162 176,212 » 18i3 2 26 131 61 » 221 237,945 .. 1844 3 30 129 47 )) 200 217,673 " En presence de ces resultats, qui temoignaient une fois de plus que nos marins deserlaient la peche du Corail sur les c6tes d'Afrique ct I'abandonnaient aux etrangers , le gouvernement voulut du moins appeler en Algerie un plus grand concours de bateaux corailleurs de diverses nations , afin de les y fixer et d'y developper cette branche d'industrie, et aussi en vue d'ac- croitre les revenus du Iresor public. Dans ce but on crea succes- — 183 — sivemenl a La Calle de vasles locaux d'habilalioa , des maga- sins, un hdpilal ct une (iglise. On voulut egalcment abaisser les droits de peche , qui scmblaicot Irop eleves en raison dc la depense alaquelle donne lieu un bateau corailleur, depense qui peut elre cvaluee ainsi qu'il suit, pour une saison d'etc de 180 jours : Location de bateaux 500 fr. » c. Filets et cordes 1250 » Biscuit 1000 » Autres comestibles 150 » i Solde de {'equipage 1925 » 1 Prestations 1166 40 Magasinage 60 » Medecin 33 » Commission 100 » Consulat 33 « Carenage et autres frais 180 » I Total 6398 60 j Toutes les personnes consultees sur cette question, savoir : les corailleurs francais dans le bassin de la Mediterranee , le contre-amiral Rigodit , commandant superieur de la marine en Algerie; I'ambassadeur de France h Naples, les agents des douanes de I'Algerie , toutes furent d'accord sur la necessite d'une reduction notable du droit de peche. C'est alors qu'intervint I'ordonnance du 9 novembre 1844, qui fixa le droit de p^che k 800 fr. pour I'annee enti^re , sans distinction de saisons d'hiver ou d'ete. Aux termes de la meme ordonnance , les bateaux sardes, armes , commandes et equipes par des Sardes et p^.chant exclu- sivement dans les eaux tunisiennes, etaient tenus de continuer dacquillcr les droits de peche fixes par le Iraite du 24 octobre 1832, et n'avaient a payer qu'un supplement n^cessaire pour completer la redevance de 800 fr. i — 184 — Ce systerae, qui a subi une experience de dix annees, ne nous a pas 6te beaucoup plus favorable que le precedent , si Ton en juge par le moiivement de la peche du Corail dans les eaux algeriennes depuis 1845 jusqu'a 1853. DEUXliiME Pl^RIODE. .i BATEAUX ETRANGERS. a c to » Montant Annies. 9 pa S5 o O S CO l. Q o des prestations. 1845 1 14 115 35 » 1 166 127,200 »'■ 1846 1 25 118 28 » 1 173 136,000 « 1847 1 7 110 35 u 1 154 120,800 » 1848 2 15 118 18 ») 1 154 128,400 » 1849 2 12 71 22 24 » » » 107 121 85,600 » 99,200 » 1850 2 10 85 1851 13 8 91 25 26 1 154 108,800 .) 1852 10 10 114 34 3i » 20-2 253,600 » 1853 19 19 125 35 13 » 200 153,600 » On le voit par ces chiffres , le montanl des prestations n'a pas depasse de beaucoup celui de la premiere periode de cetle peche. Leseul changement que Ion reconnaisse, c'estune legere augmentation dans la presence des barques francaises et dans I'apparition des bateaux espagnols qui sont venus, des 1851 , prendre part a la peche dans les eaux de la province d'Oran , pres du cap Falcon , oil Ton a decouvert de riches gisements de Corail. Telle est , en resume , la situation actuelle de la peche du Corail qui s'effectue dans les eaux algeriennes, sur la c6te orienlale depuis le cap Blanc jusqu'au cap de Fer, et sur la c6te occidenlale entre le cap Carbon et les ties Zaffarines. - 185 — Ellc affecte peu notre marine , qui n'y prend qu'une part trts faibic ; elle affecte peu aussi notre commerce et notre Indus- trie. Tout le Corail peche dans les parages alg^riens par des marins Strangers passe presque enti^rement k des fabriques 6galement etrangferes , qui s'en assurent le monopole. C'est ainsi qu'en 1853 il a et6 p^che en moyenne, par les coralines des c6tes estde I'Alg^rie, 35,880 kilogrammes de Co- rail , vendus en grande partie k Naples k raison de 60 fr. le ki- logramme , ce qui porte la valeur de la p^che dans les eaux de B6ne et de La Calle au chiffre de 2,152,880 fr. Un grand nombre de bateaux, la plupart napolitains, dont les frais ne depassent pas, au maximum, 8,000 fr., y comprisla prestation, ontemporte de 4 k 500 kilogrammes de Corail, qui, au prixde 60 fr. , ferment un produit de 24 k 30,000 fr. Sur la c6te ouest, la peche a et6 exploitee, pendant la m^me annee, par un consignataire de coralines espagnoles pour la plupart, qui toutes ont pris leurs patentes dans les ports de Mers-el-Kebir, de Tenez et d'Arzew , et ont emporte chacune, en moyenne , 350 a 400 kilogrammes de Corail. La peche du Corail n'est done en fait productive que pour le commerce Stranger ; mais est-elle au moins productive pour le tresor m6tropolilain , comme on se I'etait propose en abais- sant le droit de peche? Pas beaucoup , puisque le montant an- nuel des prestations s'6leve , en moyenne , k. . 135,000 fr. Desquels il faut deduire : 1° La redevance payee h la regence de Tu- nis 18,000 fr. 2° Les frais d'entretien de deux navires de I'etat charges de sur- veiller lap^che du Corail sur les c6- les est et ouest de I'AIgerie, per- sonnel et materiel 75,000 — 93,000 Resle net pour le tresor 42,000 fr. — 186 — j. On avail espere que, du moins, celte population de 1,500 k 2,000 pecheurs, pendant le temps qu'elle passe sur nos c6tes, fournirait, par le seul effet de la consommalion , quelque ele- ment k notre commerce; mais on a reconnu que ce faible avan- tage n'existait meme pas , puisque Ics bateaux apportaient tout avec eux : leurs instruments de peche, leurs agres et leurs vi- vres. Et, pour ce mince produit de 42,000 fr. qui reste entre nos mains, les pecheurs de la Sardaigne , de la Toscane , d'Es- pagne, et de Naples surtout , emportent annuellement de nos c6tes unevaleur de 1,500,000 fr. a 2 millions de Corail , qui, traite dans les fabriques de Torre del Grocco , de Genes , de Livourne, se convertit en un objet beaucoup plus precieux et donne lieu a un raouvement de capitaux evalue a 10 ou 12 millions de francs. 11 est Evident que c'est parceque la peche du Corail se fait par des mains etrangeres , que la raain-d'oeuvre du Corail est egalement livree aux etrangers, et que, si nous parvenions k reprendre la peche , nous aurions du meme coup reconquis cette industrie. Plusieurs moyens ont ete successivement soumis a I'examen de mon departement en vue d'atteindre ce resullat. M. Bou- chet-Riviere, lieutenant de vaisseau , ancien commandant du chebeck le Boberack, charge de la surveillance de la peche du Corail sur la c6te est de I'Algerie , avail propose d'accorder : l°Une prime annuelle de 20 p. 100 a chaque coraline. Celte prime devant ^Ire maintenue jusqu'au moment ou nous aurions 100 bateaux corailleurs, la depense pour I'etat eul ete de. . . 80,000 fr. 2» Une prime de 10 p. 100 sur le Corail brut. La depense proporlionnelle pour 100 bateaux, en admetlant que chaque coraline peche en moyenne 200 kilogrammes de Corail, a 60 fr. le kilogramme, serait de 120,000 3° Une prime de 5 p. 100 sur la matiere ou- .. A reporter. . . . 200,000 — 187 — Report 200,000 vr6e, 20,000kilogrammesdcCorailbrut, produit suppose de ladite peche , pouvanl donncr environ 17 k 18,000 kilogrammes net , et elanl supposee la valeur du Corail k 250 fr. le kilogramme , fe- rait elever celle seconde prime k 225,000 Total .... 425,000 fr. dont 345,000 fr. resteraient annuellement k la charge de I'^tat aussitdt que le nombre des bateaux corailleurs fran^ais serait arrive k 1 00, altendu qu'alors la prime d'armement de80,000 fr. cesserait d'etre payee. On donnerait en outre , d'apres les propositions de M. Bou- chel-Rivi6re, des magasins aux p^cheurs et des locaux del'etat aux fabricantsde Corail. M. Pallu-Duparc , officier de marine, qui a navigue long- temps dans les parages algeriens, proposait de reconstiluer une marine indigene pour armer les coralines. I^e seul raoyen, sui- vant lui , pour arriver k interesser les negociants algeriens k la p^che du Corail , serait de faire embarquer k bord de leurs ba- teaux les memes etrangers qui exercent aujourd'hui celte indus- trie, en leur accordant de nombreux encouragements. D'apres un travail de M. Fouque , membre de la Societe de statistique de Marseille, il y aurait plusieurs moyens d'encou- rager la peche du Corail. II faudrait, selon lui , assimiler da- bord la peche du Corail k celle de la Morue et de la Baleine , en accordant une prime de 10 fr. par kilogramme brut k I'im- portation du Corail peche en Algerie. Avec cet encouragement, appuyede I'exemption dela redevance , onformeraitalors 1,000 marins frangais et Ton approvisionnerait directement les manu- factures francaises. On pourrait ensuite fonder sur le littoral un village de pe- cheurs de Corail recrutes parmi les etrangers qui font aujour- d'hui cette peche avec le plus de succes. On leur donnerait la naturalisation immediate, laffranchissementdetoute prestation, des bois de construction, des maisons et du terrain. — 188 — On placerait des indigenes sur ces bateaux ; on donnerait meme une prime par tete d'indigene ainsi embarque; on accor- derait enfin une prime de 20 fr. par kilogramme de Corail ouvr6 export^ de Marseille ou de tout autre point de la raetropole. Les chambres de commerce d' Alger, de B6ne, de Philippe- ville, de Marseille, appelees par le departement de la guerre k faire connaitre leur opinion sur la question , ont formule des propositions qui peuvent se traduire ainsi qu'il suit : Chambre de commerce de Marseille. La chambre propose de donner une prime de 8 a 10 fr. a I'importation par chaque kilogramme de Corail brut pech6 dans les eaux algeriennes. Chambre de commerce d' Alger. Creer une marine algerienne specialement affectee a la peche du Corail ; Accorder aux bateaux corailleurs etrangers le benefice de la francisation ; Favoriser I'elablissement de marins etrangers qui voudraient se fixer en Algerie pour la peche; Inviterles marins indigenes a s'y livrer; Allouer une prime de 1,500 fr. aux 10 premieres coralines de 60 tonneaux construites en Algerie j Porter la prestation k 1 ,200 fr. pour les etrangers, Chambre de commerce de Bone. Creation d'un village de 30 a 50 feux qui serait affects i une population maritime ; Naturalisation des patrons et de I'equipage; Exemption de prestations ; 1,000 fr. de prime a toute construction de bateau sur place ; Bois de construction livr^s gratuitement par I'etat; Prime a I'expedition sur Marseille; — 189 — Faculte de faire h, I'elranger I'achat des cordages el des filets ; Obligation de s'approvisiooDer k B6Qe de denrees alimen- t aires. Chambre de commerce de Philippeville. Prestation des etrangers porlee k 1 ,500 fr. Retablir I'ancienne prestation ; Primer les bateaux francais et les bateaux alg^riens constraits dans la colonie , et raonter les deux tiers par des marins fran- cais et un tiers par des indigenes , sans exclure enti6rement les Strangers. Enfin , le gouverneur general de I'Algerle a 6te charge re- cemment de faire reprendre I'etude de cette question impor- tante par le conseil de gouvernement , qui a dA s'enquerir sur les lieux memes de tous les faits qui se rattachent k la question du Corail. Ses conclusions ont ele que Ton ne pourrait substi- tuer nos nalionaux aux etrangers qu'au moyen d'une compa- gnie concessionnaire du privilege , et k laquelle I'etat accorde- rait de grands avantages. M. le lieutenant de vaisseau Dubouchage, commandant le Boherack pour la surveillance de la peche du Corail , partage cette opinion. • Parmi toules les combinaisons proposees, quelques unes ne paraissent pas devoir etre serieuseraent mises en discussion. Telles sont ; !• Les primes elevees qui seraienl accordees separement , ou m6me cumulativement, pour I'armement et la construction des bateaux ; 2° La fourniture gratuite du bois de construction , dont la penurie se fait dejk senlir pour les services publics ; 3° La construction gratuite de maisons pour fonder un village de pecheurs. D'aulres combinaisons paraissent plus realisables; ce sont : 1° La francisation prompte et sans frais des bateaux corail- leurs etrangers ; 2° L'admission sur ces bateaux francises de patrons et de ma- rins etrangers , k la solde des armaleurs nationaux ; — 190 -- 3° Quelques faveurs accordees aux armaleurs , comme la re- mise d'emplacemenls pour la peche et la fabrication du Corail ; 4° L'elevation des prix de patenle au chiffre de 1832 pour les corailleurs etrangers ; 5" L'iatroduclion de relement indigene dans la composition des equipages des bateaux corailleurs; 6" La delivrance d'une prime par chaque kilogramme de Co- rail de peche algerienne apporle dans la metropole par les arma- leurs francais , et par chaque kilogramme de Corail ouvre exporte de France au dehors. Mais, en admetlant que loules ces dispositions pussenl etre immediatement decretees , quel resul- tat pourrait-on raisonnablement en attendre? On verrait peut- etre se produire des efforts isoles plus ou moins heureux, plus ou moins perseverants , mais qui ne suffiraient pas pour depla- cer celte peche et cette Industrie , organisees, comme elles le sont depuis tant d'annees, dans les ports de Genes, de Li- vourne et de Naples. Y parviendrait-on mieux par la creation d'une population maritime indigene a la solde des armateurs francais ou algeriens, recevant des primes sur les fonds de I'etat pour chaque matelot indigene employe k la peche du Corail? Enfin, la combinaison qui aurait pour objet d'affecler \e pri- vilege de la peche du Corail a une compagnie qui emploierait des bateaux francais ou francises, a I'exclusion de tout bateau de peche elranger, raoyennant une subvention annuelle de 60,000 fr. et un droit de douane de 5 fr. percu par kilogramme de Corail brut exporte a I'etranger, moyenuant aussi une prime de 30 fr. par kilogramme de Corail exporte a I'etranger par Industrie francaise , cette combinaison , dis-je , indepen- damment du caraclere monopolisateur qu'elle revetirait , et in- dependamment des charges sans compensation bien determinees qu'elle ferait peser sur le tresor, aurait le grave inconvenient de soulever d'energiques reclamations internationales, sans offrir aucune garantie serieuse pour la realisation du probleme. Hwljeseul moyen pratique, ence moment, d'augmenler lesreve- nus du tresor en menageant I'avenir, quant a la peche du Co- — 191 — rail par noire marine inarchande , serail peut-elre de ramener le droit depechepayepar lescorailleursctrangersarancien laux de 1,680 fr., et d'accorder, comme il a ele dil plus haul, dcs pri- mes k nos nalionaux , lant pour la pecbe que pour la fabrication du Corail , en excitant aussi a faire cetle peohe les indigenes de I'Algerie. La France a, dil-on, presque entierement cesse I'usage des parures de Corail; mais ce gout lend a renaitre beaucoup de-, puisquelquesannees. L'llalie en fait un usage assez considera- ble; I'Amerique en consomme pour sa population decouleur; le Maroc en achete aussi une assez grande quantite ; le Corail commence k penelrer dans les ties de I'Oceanie; raais les plus importants dcp6ls de Corail sont Alep , Goa, Calcutta el Ma- dras. Les caravanes transportent les bijoux faconnes avec cetle substance dans I'interieur des conlrees indiennes. La, suivant les usages reiigieux , les morls emportent dans la tombe les bi- joux dont ils se paraienl pendant leur vie , et chaque annee voit enterrer une masse plus ou moins considerable de Corail, qu'il faut sans cesse remplacer. Cetle branche d'induslrie n'esl done pas delruite : elle n'est qu'en partie dcplacee , et ce ne pent etre une fausse idee que celle de la rappeler en France , oil elle florissait autrefois, dans la ville de Marseille. II faut lenir compte, toutefois, des conditions exceptionncl- les dans lesquelles se trouve placee aujourd'bui noire marine marchande par suite desevenemenls de la guerre d'Orient, qui doivent necessairement rendre plus difficiles encore toules tenlativcs du genre de celle qui nous occupe. Je n'en appelle pas moins , Monsieur le President, rallention toute particuliere de la Sociele zoologique d'acclimalation sur cetle inleressante question, qui , si elle parvenait a etre resolue dune maniere pratique, acqueirait plus d'interel encore , en ce qu'elle nous permetlrait d'assurer a la France, dans un temps plus ou moins prochain , une branche d'induslrie dont I'imporlance pent etre evaluee , pour le bassin de la Mediterrannee , k environ 10 millions de francs. — 192 — Je resume done ici les deux points principaux de la question : Par quels moyens pourrail-on determiner nos armateurs et nos marins , en France et en Algerie , a se livrer a la peche du Corail? Comment raviver en France la fabrication du Corail et assu- rer k ce produit des debouches au dehors ? Je n'ai pas besoin d'ajouter, Monsieur le President, que je liens h votre disposition tous les documents qui existent sur cette maliere dans les archives de mon ministere, et qui seraient de nature h faciliter les etudes et le travail de la Sociele. Recevez, Monsieur le President , I'assurance de ma conside- ration la plus distinguee. Le Mar6chal de France , Ministre secretaire d'etat de la Guerre, VAILLANT. La Commission permanente de I'Algerie noramee par la So- ciete zoologique d'acclimalation s'occupe dans ce moment de I'etudegenerale, theorique et pratique, des produits de I'exposi- lion permanente de I'Algerie, dont le siege est rue de Grenelle- Saint-Germain, 107, et elle se propose de faire un travail s6- rieux sur ces productions denotre belle colonied'Afrique. Quand cette etude gen^rale sera terminee, elle se livrera immediatement k I'examen special de I'importante question du Corail, si bien presentee par M. leMinistre de la Guerre, et elle feratoutcequi dependra d'elle pour repondre dignement k la confiance comme au desir de M. le Ministre. i)l i 193 RAPPORT SURLES FfiCONDATlONS ARTIFICIELLES DES OEUFS DE POISSONS ET SDR LB TBAKSPORT DES (»CFS FECOND^S. Fait au nom de la troisi^ine section de la Society. Commissaires: MM. le marquis Atnelot, de Quatrefages. )e marquis de Selvef, VVallul. et M. BIII el laTrnile saumonee, ces gouttes onl souvenl un volume assez • furl el affeclenl une teinle jaune rougealre. Au bout d'un cer- tain temps, cette tache tend k se resoudreet k s'^tendre avec les > gouttes huileuses, el Ton apercoil bientdl un petit trait faible- menl opaque, qui prend ensuile la forme d'une petite fourche a deux dents legcrement recourbees I'une vers I'autre; puis — 202 — ces deux deals offrent des points qui finissent par prendre une couleur foncee : ce sont les yeux. La tele, primitivement for- niee d'une substance tres Iransparenle , prend elle-meme une couleur plus foncee et devient nettement appreciable, ainsi que les autres parties du corps. Ges transformations sont faciles a suivre dans les oeufs qui of Trent un assez fori volume, tels que ceux de Saumons et de Truiles, et dans ceux qui soot Ires transparents, tels que ceux de Saumons, Ombres, Fera, Brochels, Perches, etc. On voit meme tres distinctement les diverses phases de la coloration dusang dans les oeufs donl le jeune Poisson a lesang rouge au moment de I'eclosion, tels que ceux de Saumons, Truites, Ombres. Le Brochet, la Perche et autres Poissons dont I'incubation est de courte duree , naissent avec un sang non colore en rouge. En placant un oeuf de Saumon ou de Truite dans un petit tube rempli d'eau ou bien enlre le pouce ct Tin* dex , on peul compter les pulsations du ccBur ct admirer I'or- ganisation de la vesicule , doct les parois sont garnies de vei- nules rosees qui ont I'aspect de radicelles tres fines et Ires deliees. Dans I'ceuf dont I'embryon n'a pas le sang colore en rouge avant I'eclosion, cet embryon apparait avec deux points noirs, qui sont les yeux , et sous la forme d'un fil gris^tre ou noiratre roule sous la pellicule de I'oeuf. Ces divers caracteres du developpement de I'embryon sont ires faciles a reconnaitre dans un groupe d'oeufs ; ils sont tres saillanls au milieu d'autres oeufs non fccondes ou devenus im- productifs, car ces derniers presentent loujours, vers la region superieure, le groupe des gouttes huileuses , oil la lache blan- chatre disparait et laisse un vide de forme circulaire, que Ton distingue tres nettement dans les oeufs de Saumon, Truite, etc. L'on a ainsi, pendant la periode d'incubation, des signes tres apparents q'ui pennetteut d'apprecier les resultats de la fecondation et la qualite des oeufs qui peuvent etre livres et transportes avec une entiere certitude de fecondation. Pour I'iatelligence du texle et pour mieux frapper les yeux — 203 — des pecheurs qui De soqI pas eucore inities aux operations de fecoDdalioQ arlificielle , on a joint a ces instructions quelques figures d'appareil de fecondation, d'incubalion et de trans- port. (Les conclusions du rapport et les instructions pratiques onl ele adoptees en stance generate. ) ■;* jr. »«•■ Appareilsde fecondation et d'incubalion. — Voir les figures inserees dans le IN" 22 du Bulletin, fevrier 1855, pages 71 k81. Appareils de transport. — Voir les figures 1 et 2, dans le nunaero precite, page 78. Fig. B, Coupe verticale d'une boite presentant des couches supflfpo- sees d'oeufs libres ou non adherents, tels que ceux de Sauraon, Truite, Ombre, etc... Un lit de mousse humide est place dans le fond, sous la premiere couche d'oeufs, et un autre lit place sur la derniere couche sert a remplir completement la boite. Chaque couche d'oeufs est separee par un morceau de linge humide. On peut mettre un lit de mousse humide de deux en deux, ou de trois en trois couches, en le maintenant entre deux linges. 204 LISTE DES MAMMIFfiRES ET DES OISEAUX DES DIVERSES PARTIES DU MONDE DONT l'ACCLIMATATION EN FRANCE ET EN ALGERIE PEUT £tRE TENTEE AVEC LE PLUS DE CHANCES DE SUCCES , Par 91. Florent PRETOST, AIDE NATURALISTE CHARGE DE LA HENAGERIE AU MUSEUM D^HISTOIRG NATURELLE. (Stance du 50 mars 1855.) J'ai I'honneur de presenter a la Societe une longue liste de Mammiferes et d'Oiseaux, apparleoaat a loutes les parties du monde, qu'il me parait utile et possible d'introduire et de pro- pager en France el en Algerie. Plusieurs especes de Mammiferes comprises dans celte liste sont dejk acclimatees ou en voie de I'elre , ainsi que de savants Iravaux I'ont demontre. Quant aux Oiseaux, ils sont pour la plupart choisis parmi les Gallinaces, groupequi, deja si utile, est appele a nous ren- dre de plus grands services encore, et qui doit etre prefere a tout autre , non seulement a cause de la bonte de sa chair, mais encore a cause de la facilite avec laquelle il se nourril et de son mode de reproduction. Je pense qu'il est plus facile d'acclimater les Gallinaces a I'etat libre qu'a I'etat de complete domesticite. Dcj^ un assez grand nombre de personnes, et entre elles plu- sieurs membres de cette Societe, onl essaye, avec beaucoup de soins et de savoir, de multiplier et de domestiquer quelques especes de ce genre ; mais les resultats n'ont pas toujours re- pondu k leurs efforts. Ainsi, apres avoir obtenu facilement et en grand nombre des oeufs de Faisans, Perdrix, Tinanrnous, ColinSy etc., apres avoir completement reussi pour I'incuba- lion et avoir amene les poussins dans un parfait ctat de sante jusqu'^l'age de trois ou quatre mois, elles les ontsouvent vus — 205 — p6rir presque tous h celle epoque, sans qu'il fiit possible de determiner la cause de leur mort. Jedois faireremarquer cepen- danl que celle epoque est presque loujours celle de la mue. Sans aucun doule, en placanl de jeuncs Oiseaux a I etat libre dans des forels ou des plaines, quelque bicn gardees qu'elles pusscnt elre, on renconlrerait de non moins grandes difficulles. II est evident que ccs jeunes Oiseaux, n'elant pas proteges, guides, instruits par des meres, deviendraient presque inevita- blement la proie des especes carnassieres , et ne pourraient d'ailleurs se preserver que bien difficilement de toutes les autres chances de destruction. li n'en serait certainement pas de meme k I'egard d'Oiseaux adultes, dont Tinslinct est plus developpe. Je pense done que Ton pourrail avoir quelque esperance de succ6s si Ton abandonnait ainsi k eux-memes, dans les conditions les plus convenables, des couples d'individus adultes, a I'epoquede I'accouplement; mais ce qui, j'en ai la conviction, serait de beaucoup preferable, ce serait , des le commencement de la ponte, de rechercher les nids de Faisans, de Perdrix etde Cailles, d'en relirer une partie des oeufset d'y substiluer la meme quantite d'oeufs d'especes ctran- geres analogues. II me paratt hors de doule que les soinsd'une mere ainsi assures auraient, pour le but que nous nous propo- sons, de bien meilleurs resultats que tous les moyens artificiels que Ton pourrait imaginer. Dans la lisle que je vous propose, j'ai eu soin, pour facililer voire choix, de classer les especes geographiquement et de les diviser : 1" En especes qui vivent sous une temperature plus ou moins analogue k celle de noire climat, et pour lesquelles racclimata- tion est ainsi toute prcparee par la nature ; 2° En especes de conlrees chaudes, dontl'introduction, pre- sentant plus de difficulles, exigera des soins lout differents. 206 EUROPE. Mammir&res. Regions tcnip6rce«i c( r^^lons froides. LifeVRE VARIABLE , Lepus Variabilis , V\n. Alpes, Nord. Lagomys, Elan, Renne, bouquetiw, boeof aurochs, MOUPLON , Lagomys Alpinvs. Cervus alces. Cervus tarandus. Capra ibex. Bos urus, Bodd. Ovis musimon, Lin. Russie, Pologne. Russie, Pologne, Suede. Nord. Montagnes, Alpes. Pologne, Caucase. Corse, Sardaigne, Es- pagne, etc. nfammir^res. Hemione , ASIE. Equus hemioniis , Pall. OxAGRE (Ane sauvage), Eqnvs asinus. Elephant, Chambau, AnTILOPE NILGACT , AnTILOPE SAiGA , BocQCETmou Caucase, Boeuf yak, buffle arni, modflon ar6ali , Mdsc , Cebf d'Aristote , Cbrf axis , Cerf cochoiv , Elephas Indicus. Camelus bactrianus. A ntilope picla. Antilope saiga. Capra Caticasica. Bos grunniens. Bos ami, Shaw. Ovis ammon. Moschus moschiferus , Lin. Cervus Aristotelis, G. Cuv. Cervus axis , Erxl. Cervus porcinus, Lin. Regions tempcrdes. Indoustan, Gobee, Gu- zurate, etc. Thibet, Tartaric , Perse, etc. (Race de montagnes.) (Race domestique.) Cap de B.-Esperance. Tartaric, Thibet, Russie. Caucase. Thibet. Inde. Siberie. Thibet, Ceylan. Bengale. Malabar, etc. Mammlf^res. Tapir mniEN , BABIROrSSA, Regions chaudes. Tapirus Indicus, P. Malacca, Sumatra, etc. Babirusa alferus, Less. Celebes, Bourou, Ceram. — 207 — Mamniir^re*. Antilopk DBS Indbs , AlfTILOPE CBICKARA , BOBDF Z^BC , BOECF FRONTAL, BUFFLE, Chbvrotain db Java , Gerp Ddyaccel , CeRP DBS PHILIPPmES , Cerf hippelaphe, Cerf muntjac. Regions chaadeii. Antilope cervicapra , Bengale. Pall, Lin. Antilope quadricomis, N^paul, Indoustan. Blainv. Bos taurus. Bos frontalis. Lamb. Mysore, Neelgh^rie. Bos bubalus, Briss. Moschiis Javanicus. Cervus Duvaucellii , G. Bengale, Guv, Cervus Philippinus, H. Sm. Cervus hippelaphus, G. Bengale. Cuv, Cervus Muntjac, Lin. AFRIQUE. Mammir^re*. n^gions (emp^reeM. PBACOCHfeRE , Phacochoerus Africanus F. Guv. , Gap de B.-Esperance. Daman du Gap, Hyrax Capensis. Gap de B.-Esperance. Dromadairr, Buff., Camelus dromedarius , Lin. (Race domestique.) ZfeBRB , Equus zebra, Lin. {Zebra, Zevera, noms au Gongo.) Capde B.-Esp4rance,etc Dacw, Equus burcheUi, Gray. Cap de B.-Esp^rance. COCAGGA, Equus quaccha, Gr. Equus quagga , Lin. AlfTILOPE CAAMA , Anlilope caama. Guv, Gap. de B.-Esperance. Antilope osane, Antilope equina, Giaff. Antilope bubale , Antilope bubalus. Barbarie. Antilope gnou , Antilope gnu. Gap de B.-Esp6rance. Antilope, Catablepus taurina, H. Srn. Gafrerie. Antilope add ax. Antilope addax, Tem. Antilope corinne , Anlilupe dorcas, Pall. Afrique, Arabic. HiLAMTS, Helamys Capensis, F. Cuv. "Utiiit*. nsi^.T — 208 — IHaniiuifcrcs. KomOPOTAME, GiRAFB, Chevrotain AQUATI- QrE, Antilope PTGARGDE, Antilope condama, Antilope pasan , Antilope blede , Antilope onctcebse, Antilope guib, Antilope a bandes , BOEUF BRACHTCtlRE, BuFFLE Du Cap , Orycterope du Cap, Regions chaudes. Choiropolamus Africa- Afrique centrale. nus , Gr. Cameleopardalis giraf- fa, Gm. Moschus aquaticus, Ogil. Antilope pygarga, Pall. Antilope strepsiceros. Cap deB.-Esperance. Antilope leucophea, Pall. Cap deB.-Esperance. Antilope unctuosa, Laur. Abyssinie. Antilope scripta. Pall. Antilope gorgon. Afrique australe. Bos brachyceros, Gr. Sierra-Leone. Bos Cafer, Sparm. Orycleropus Capensis. Cap. AM^RIQUE M^RIDIONALE. Manimir^res. Tapir pinchaqce , Cabiai. Mara de Patagonie. Kerodon. Chinchilla. ViSCACHE , Laha guanaco , Lama, Alpaca, Vigogne, Alpa-vigogne, Cerf des Andes, Cebf du Mexique, Mauimir^res. Tapir americain, Regions teniper^es et froidesi. Tapir pinchaque, Ron- Andes. lin. Hydrochaerus capybara, Erxl. Dolichotis Patagonica^ , Kerodon kingii, Brun. Patagonie. Chinchilla lanigera , Benn. Viscacia americana, Sch. Auchenia guanaco , Vallee des Andes. Traill. Auchenia lama, Desm. P^rou. Auchenia pacos, Lin. Andes du Perou. Auchenia vicugna,hin. Neiges de la Cordiliere. (Race domestique). Cervus Andicus, Less. Cordilieres. Cerviis Mexicanus,Dehm. Regions chaudes. Tapir americanus, Lin. Bresil, Cayenne. 209 — Mammlf^res. PiCARI A COLLIBR, p^cari labi^, Paca, Agocti, Kbrodon MICO, GOTPOD , Cerp gtmnote, Cerfdrsharais, Cebf mazame, Regions eliaudea. Dicolyles lorquatus. Dicolyles labialus, F. Bresil, Cayenne. Cuv. Caelogenys paca. Bresil. Cavia acuti, Lin. Kerodon moco, F. Cuv. Myopotamus coypu. Desm. Cervus gymnotis. — paludosus, Desm. Paraguay. • — campestris, F. Cuv. :»I»A/1 AM^RIQUE SEPTENTRIONALE. Mammirdrep. n^Slons temp^r^es e( regions ffroides. Castor DC Canada, Castor Americanus. Canada, Missouri. Mus zibethicus, Lin. Canada. Lepus virginianus , Etats-Unis. Harl. Lept/^aguattcus, Bach. Caroline. Cervus Canadensis, . , ;i3 .tria^fA.i'B'I Briss. — virginianus, Lin. — alces, Lin. Antilope FCRCipiRE, AnUlocapra montana, Missouri, Mont. Roch. JUeSS. . :f .\{* / Bison, Bos Americanus, Lin. Canada, Missouri, MooFLON d'Ah^riqoe, Ovis montana, E.Geoff. Reg. pol., Mont. Roch. Ondatra, Lapin de Yirginie, Lapin aquatique, Cerp do Canada, Cerf de Yirginie, Elan, ASIE ATJSTRALE. Mammir^res. Kangurot} GiANT, Mucropus giganteus, Sh. — A cou Roox, Ruficollis, Watt., Less. Kangcroc roox, Macropus rufus, Desm. II Regions temp^r^e* . 14 — 210 - Mammlf^res. Rdglons tempdrees. KANfifiTRop. Macropus frenatns^ Gould. — Labillar- Macropus Biliardieri, Van-Diemen, DifeRE^ Less. — Halmalurus Parryi , P. Stephens. Gould. — THETIS,, Eugenii, Less, FOTOROU Hypsiprymus Greyiy Gray. — i>E BENNETT, HalmatuTus Bennetti , Waterh. Kangdrou fascie-, Kangurus fasciatus, Pe- ron, Lesueur. Petbocale a pinceac, Petrogale penicillata. Gray. — Betlongia Ogilbyi ,, Anstralie. Gould. — Hypsiprymnusmurinus, Ta,staa,nie. Sy. — — setosus, — — cuniculus ^ Ogrlby. — Heteropus robu»tus , Montagnes Sydney, Gould. Phalanger benard,, Phalangistavulpina,G. Pert Jaeksen. Cuv. — vcLiGiNEDX, — (uliginosay Ogilby. — — Cookii, Less, VoLTi6E¥R TAGCANoiDE, Pctaunts taguatioides , Staw. — sciCRiEN, — sciureu», N*'""= Galles du S, Less. Phascoloihe WOMBAT, Phttscolomys womba- tus,E. Geoff. Koala , G. Cuv, Phascolarctos fuscus , Blaia (1), (1). La liste des eiseaux paraitra dans Fun des prochains numeros. — 211 — SUR LA STRUCTURE DU COCON DE LA SATURN! A CYNTHIA, Leltie adress^ k M. iSIDORK GEOFFROY SAQiT-HILAIRE, Par M. lo Professenr EMII.E: COBNALIA (DE MILAN). (Stance du IG mars 18SK.) Monsieur le President, Je viens de lire dans le dernier numero du Bulletin de la Sociele zoologique d'dccUmatation (que vous presidez avec lant de droll el de succes) la note envoyee par M. Hardy, di- recteur de la pepiniere cenlrale d'Alger, dans laquelle il elablit rinipossibilile du devidage regulier des cocons de la Saturnia cynlhia, appuyee sur les essais qu'il vienl de faire el sur I'observalion que la larve coupe avant sa mclamorphose et avec ses mandihules les tils de cocon a I'exireniile par laquelle elle devra sorlir. Par celle habitude, il devienl impossible de devider le cocon, soil avant, soil apres la sortie du Papillon. Celle note, lors de sa presentation k la Sociele dans la seance du 5 Janvier, a ele le sujel de quelques observations de la part de mon honorable ami et confrere M. Guerin-'Meneville, qui, si je ne rae trompe pas, croit an conliaire de preference k la pos- sibilited'oblenir de la soie gr^ge 3i\ec les eocons de la S. cyn- thia. Ge savant zoologisle a eu meme la bonle d'appuyer son opinion sur celle que j'ai eu I'bonneur de lui annoncer dans une letlre au commencement de eel hiver. Malgre cela, il s'cst montre encore un pen douteux de la chose, et il a demande la solution de la question a des observations futures qu'on devra I faire (V. Bull, de la Soc. d'accL, t. II, p. 43). ■ Si un hommesi competent dans celle maliere s'exprime avec lant de reserve, on peut bien croire qu'on ne s'esl pas en- core fait une idee assez netie de la raaniere dont VEfia coa- — 212 — struil son cocon, et par laquelle, a priori, on auraif pu deviner si ces cocons sent ou non capables d'etre regulieremcntdevides. Je crois, Monsieur le President, avoir alteint ce but et pou- voir, apres une observation delicate et prolongee, faire con- nailre cette structure du cocon de VEria. Le fruit de mes etudes est depose dans une note que j'ai lue a la seance de I'ln- stilul imperial et royal lombard le 13 decembre 1854, et qui paraitra dans peude jours dans le journal de la meme Academic, accompagnee de deux planches. Dans cette note je montre, avec beaucoup de details anatomiques sur la Saturnia cynthia, la structure de son cocon. Aussit6t que j'en aurai , je vous enver- rai quelquesexemplairesde cette brochure; mais, en attendant, pcrmettez-moi, de vous expliqueren deux mots cette singuliere structure du cocon de VEria que je viens de faire connaitre. Avant tout, je dois indiquer que Tobservation faite par iVJ. Hardy, et exposee dans sa communication, relativement a I'habitude de VEria de sortir de son cocon pour couper les fils de I'extremite ouverte, est reellement bien conforme a la verite; mais cela n'est qu'une petite partie du travail du pauvre in- secte. J'ajouterai que cette meme observation de M. Hardy a ete deja des long-temps faite et publiee par M. le chevalier Paul Savi , de Pise, qui , dans un rapport lu a I'Academie des Geor- gophiles de Florence (juin 1854), a parfaitement decrit toute la manoeuvre de la larve pour plier ou couper les fils de cocon. Mais le savant naturaliste ilalien, ayantlui-memearrete ses observations k ce fait superficiel, en a tire la fausse conse- quence que tous les fils du cocon devaient etre brises 5 I'extre- mite ouverte du cocon. Pour cela, les difficultes inherentes au devidage furent prises pour autant d'impossibililes, et I'arrel a ete donne que les cocons de VEria ne pouvaient fournir de la soie grege proprement dite. Je vais done ici , avec voire permission , Monsieur le President, vous donner une espfece de traduction des passages de mon me- moire, maintenant sous presse, et dont j'ai parleplus haut, qui regardent la structure du cocon de VEria. Lorsque la larve elegante et mijre de VEria a choisi la place — 213 — oil elle doil lisser son cocon , die commence par tendre quel- ques brins de soie en plusieurs direclioas , qui doivent servir de points d'altache k toute sa soyeuse habitation. Ces fils res- lent dun jauue Ires pale ou presque blauc. Apres cette pre- miere operation, la larve entreprend de filer la couche extertie du cocon, celle qui reste en dehors de toutes les aulres et qui surprend par sa forme irreguliere et sa surface inegale. Cette couche parliculiere, que je nomme la chemise dn cocon, adejk de la consistaoce ; mais elle se fait remarquer par I'irregularite de sa forme et I'inegalite de sa surface, principalemenl k I'ex- Ir^mite qui doit rester beante. Dans cet endroil terminal, dans lequel le cocon est prolonge en une pointe assez etendue, les fils sont tres rares et conser- venl presque tons une direction longitudinale, direction tres fa- vorable pour faciliter I'operation successive k laquelle ces fils doivent se preter ensuite. II faut presque une journee pour que cette chemise soit complete. La couleur de cette couche est encore ires claire, lorsque celle-ci n'est pas encore doublee par d'autres, el qu'on voit encore la larve en dedans. La chemise terminee, on n'apercoit plus la larve. Cette couche externe est peu adherenle au vrai cocon inte- rieur, el, si la larve a eu de la place pour bien fixer son cocon etluidonner les dimensions normales, elle reste Ires simple etoe louche au vrai cocon que le long d'une ligne longitudinale. Dans ce cas, on pent I'enlever avec toute facilite. Que si, au contraire, le cocon a ele place daus un endroil ^troit ou parmi des corps qui peuvent ceder, comme, par exemple, une feuiile de ricin qui se laisse rouler autour du cocon, alors la chemise soyeuse que je viens de decrire adhere en plusieurs points au cocon interieur. Lorsque la couche externe est complete, la larve infatigable, commence k lisser le vrai cocon, qui a une forme toute parlicu- liere el conslanle , savoir : une exlremile obtuse, et une extre- mite qui sc prolongerait en pointe deliee si elle n'etail ouverle el tronquee k I'endroit de I'ouverture. La couche externe du vrai cocon a ses attaches a la surface inlerne de la chemise ; I'extreraile ouverle, si le cocon se irouve — 214 ~ danssa position naturellc, regarde gencralementen haul. Lors- que la larve , en changeant de position dans Tinterieur du cocon, arrive avec la tele ct la filiere h rexlremite qu'elle doit con- struire ouverle, elle fait usage dune manoeuvre parliculiere pour promener le fil; et en effet , apres avoir fail plusieurs lours el detours k une distance donnee (4 a 5 millimelres) de la meme extremile, elle avance sa tele direclement en haul vers celle-ci, etdirectement en revient, formant une anse avec le brin de soie qui a suivi le raouvement de la tele, anse qui se trouve dans la direction de la longueur du cocon, qui presente son extremile libre dirigee vers rexlremite libre du cocon. et qui resle adhe- renteala surface interieure de h chemise. Apres avoir jetecetle premiere anse, la larve repete sa manoeuvre, c'esl a-dire fait quelques lours k la base de I'anse deja faite et en conslruit une deuxieme a c6te de la premiere, et ainsi de suite. Avec ce pro- cede, loute rexlremite ouverle, ou mieux rouverUire meme du cocon, est entouree par un grand nombre d'anses loutes paral- leies entre elles, loutes dirigees en haul, et qui couronnent I'ou- verlure autour de laquelle elles sont deposees. Le premier tour d'anses conslruit , lequel correspond a la premiere couche du vrai cocon, la larve commence a en lisser uu second qui lient a la seconde couche et adhere au premier tour, donl il possede aussi la structure, c'est-a-dire se lermine en haul par une frangc d'anses egales aux premieres, mais qui sonl un pen plus courles que celles de la frange exlerne. On observe la meme chose dans les trolsieme, qualrieme el cinquieme couches. Les anses, en efFet, de la couche exlerne , couvrent loutes celles des franges internes, el, si on rcgarde en dedans un cocon coupe longiludi- nalemenl, on s'apercoit facilement de cetle structure; et, si on separe loutes les couches donl les parois du cocon sonl formees, on voit elairement qu'a chacune d'elles correspond une frange d'anses terminales. De celle facon, I'extremile ouverle du vrai cocon est primilivement ouverle et se compose de franges li- bres, paralleles, privees de fils Iransversaux . et qui peuvent par consequent k leur tour s'ecarter si un corps volumineux voulait passer par I'ouverlure. Dans ce moment, on croit toule operation terminee, ct le - 215 — cocon conslruil tel qu'il doit resler pendant les deux meta- morphoses de la larve en chrysalide, et de la chrysalide en in- secte parfait. Moi-m^me j'ai cru cela lorsque j'ai eii le bonheur de voir la premiere larve filer son cocon (aodt 1854) AinsL j'ai donne, avcc regret, mes adieux h la larve qui allait s'en- sevelir dans son propre tombeau , conservant seulement I'es- poir d'cn admirer, k sa sortie, le brillant Papillon. Maisju- gez, Monsieur, de ma surprise ct de ma joie en voyant k la fin du jour la larve sortir de son tombeau dor et briller nou- velleraent de toutsonbeau bleu d'azur, rendu encore plus reraar- quable par la coulcur jaune du cocon! Venait-elle peut-^tre re- pondre k mes adieux? Non, vraiment ; elle venait Iravailler encore pour mieux assurer Tissue a Tinsecte parfait. On voit done sortir la larve avec sa tdfe et les deux ou trois premiers anneaux de sod corps, executant une manoeuvre bioa singuliere, savoir : cette manoeuvre, que M, Savi a decrite le pre- mier, et que nouvellement vient de nous donner notre savant confrere, M. Hardy, d'Alger. La larve, passant sa tete hors du cocon , cherche k plisser et quelquefois k rompre les brins de la chemise qui correspondent k I'extremite ouverte du vrai cocon , et menage aussi dans cette enveloppe externe une ou- verture qui correspond k I'autre ouverture interne, entouree de franges k anses, du cocon interieur. Elle saisit ces brins avec ses mandibulcs, les ri)ache, les rapproche, el apres, en se reti- rant sur soi-memc et dans sa demeure, les lire, avec le but ou de les doubler ou de les couper. Le but et I'effet de cette opera-, tion , c'est de se dehlayer un passage a travers la chemise. Deux ou trois fois la larve repete cette manoeuvre, et apres rentre pour ne reparaitre que riche de tout I'eclat du papil- lon. r/ouverture, malgre la disposition des anses que je viens d'indiquer, ne reste pas beante; elle est presque dissimulee, car les franges libres reslent courbees vers le milieu. Un in- secte ou tout autre ennemi de la chrysalide ne pourrait pas y penetrer; au contraire, en s'ecartant, il laissera aisement pas- ser le Papillon, qui marche du dedans en dehors. La structure du — 216 — cocon de la Saturniapavonia major est la meme; si oa nc peut pas en devider la sole, cela tient a d'autres causes. Vous verrez, Monsieur ie President, par la description ,peut- etre un peu longue, que je viens de vous faire, qu'il y a une difference capitaie entre la maniere d'envisager la chose ex- posee par moi et celle soutenue par MM. Savi et Hardy. Pour moi,c'estexclusivementlacoucheexlerne, irreguliere.lac/iemise enfin, quioffreses fils coupes, etne pourra passe preter au devi- dage; les couches, au contraire , du vrai cocon, auront toutes leurs fils continus, et, a priori, pourront donner delasote grege. La couche externe correspond a cette soie que les sericiculieurs d'l- talie nomment falloppa , et qui , dans les cocons du Bombyx mori^ est pea de chose et a fils tres eloignes; on enleve cette soie des cocons ordinaires avant de les passer au devidage , et de meme on doit operer pour les cocons de I'Assam, dans les- quels la soie k fils discontinus forme une couche conipacte. C'esl pour cela que j'ai annonce a M. Guerin que j'avais oh- tenu un fil entier et capable d'etre tisse. Si, dans le devidage, le filse rompt, cela tient a d'autres causes que je ne puis indiquer ici en detail (ou parceque le gluten n'est pas assez dissous, ou parce que le cocon descend au fond de la bassine, etc., etc.). J'aurais bien d'autres choses a vous ajouter ici sur d'autres habitudes non moins singulieres de la Saturnia cynthia, sur sa structure anatomique , sur la qualite et quantile de son produit , sur la question du devidage, sur la culture du Ri- cin, etc., etc, ; mais ce serait vraiment abuser de voire bonte et de votre indulgence principalement ; car d'ici a quelque temps j'aurai I'honneur de vous envoyer la note dont je vous ai parlc au commencement de cette letlre, et dans laquelle plusieurs de ces faits sont consignes. Pour le moment, il me suffit d'avoir mis en evidence la structure du cocon. Toutes les personnes qui s'eccupent de cette culture pourront en tirer tous les corol- laires qui en decoulent et qui seront utiles a la pratique. — 217 — SUR LA CULTURE DU RIZ DANS L'INDE ET SUR LES MOYENS DE L'INTRODUIRE EN FRANCE, Par JM. Eniile TA9TKT. (Stance du 16 mars 1855.) La cherle loujours croissaate des subsislances, et les dom- mages que cet ^.tat de choses fail subir au commerce , k I'in- dustrie el aux classes laborieuses, preoccupenl k un haul point la Sociele zoologique d'acclimatalion. — Pour repoodre k I'idee premiere de ses foudaleurs, el dans le bul de ramener I'abon- dance, la Sociele, apres s'6trc divisee en sections, vienl d'en- treprendre la lisle de toutes les plantes , de tous les animaux, dont racclimatalion pourrait 6tre faile en France. — Membre de la commission permanente des colonies , ayanl d'ailleurs parcouru les Grandes-Indes k differentes reprises, ce qui m'a permis d'en etudier les procedes agricoles, je viensaujourd'hui, Messieurs, vous entrelenir de la culture du Riz dans I'extreme Orient, et de la possibilite qu'il y aurail de doler noire pays d'une nouvelle esp6ce de cereale, dont les varietes nombreuses scrvent de nourriture k peut-etre qualre ou cinq cents millions d'habilanls. Lc Riz, dont je viens demander I'introduclion dans noire agriculture, n'est point un produit inconnu de nos consomma- leurs. D'apres les documents qui me sont fournis par la direc- tion du commerce exterieur, rimp6rtation de cette cereale se fail deja sur une assez vasle echellc. En 1838, I'lnde nous en envoyait seulemenl 1,-250,000 kilog. ; la mauvaise re- collc dc 1846 a de beaucoup accru ces chiflVes. lis etaient, en nombres ronds, dc 5,500,000 kilog. en 1846 , et de — 218 — 8,700,000 kilog. en 1847. La revolutioa de Fevrier ralenlit un peu le mouvcment et fit lomber lUmporlalion a 6 millions de kilog. ; mais la crise acluelle des subsistances lui a donne les plus vasles proportions. En 1833, les apporls de I'lnde ontpus'elcver a 22,000,000 de kilog., et en 1854 ils n'ont pas ete moindres de 31,000,000 de kilog. Comparaliveraent aux aulres pays qui nous approvisionnent avec rinde, celle-ci leur est bien superieure. Durant la periode que nous venons de parcourir , les importations en Riz d'Ame- rique ont flotte entre 1,957,000 et 5,159,000 kilog. ; celles des Etats-Sardcs ont varie de 5,277,000 a 12,624,000 kilog. — Certes, bien que les Riz de I'lnde soienl d'une importation recente en France comme en Europe, on pent prevoir le jour oil ils auront delr6ne Icurs rivaux du Piemont et des fitats- Unis. Pourquoi cette preference marquee de la part des consom- mateurs? C'est parceque les provenances de I'empire birman, de la c6te de Coromandel, de Calcutta et des iles de la Sonde, coiitent beaucoup moins cher et offrent une alimentation plus subsfanlielle que les provenances de I'ltalie et du Nouveau- Monde. Ainsi, dans le commerce, le Riz de I'lnde se vend au detail de 40 h 50 centimes le kilog., landis que le Riz d'Ame- rique vaut toujours de 80 a 90 centimes. Les bas prix, quand ils n'excluent pas la qualite , suffiscnt pour determiner les acheleurs. Les procedes de decortication, tres defectueux en Orient, ont long-temps arrete les consommatcurs de TEurope. Tels qu'ils nous arrivent , les Riz de i'empire birman sonl dune couleur violacee jaunatre, qui se prete peu h. nos usages culi- naires. Pour rcmedier acet inconvenient, les imporlaleurs ont eu I'idee de construire des usines dans lesquelles on acheve le blanchiment. Cette operation, qui est fort simple el peu coii- leuse, a suffi pour lever toutcs les objections faites conlre les provenances des Grandes-Indes. Aujourd'hui les navires qui entrent dans nos ports sont assures d'avance de I'ecoulemeat prompt et facile de leurs cargaisons. - 219 — Mais ce n"est pas sur Ic point de vucs commercial que je vcik iosifeter aujourd'hui; la France poss6de une etendue conside- rable de terrains on penle, sur lesquels la culture est difficile et peu productive. Les bords de I'Oceao et de la Medilerranee se distmgueat par de vastes plaines oil le sel affleure k la sur- face, ce qui les frappe d'une sterilitc complete. Rendre les ter- res en pente plus produclives, restiluer aux rivages de la mcr la ferlilite que les dopdts salins leur ont fait perdre , tel est le grand probleme que Ton pourrait resoudre par I'introduction de la culture des Riz asiatiques. Ces Riz se divisent en deux grandes varietcs. Les uns r(^us- sissent tres bien sur les penchants des nionlagnes, dans les sols sees et maigres, k I'abri de I'atteinte des eaux , conditions qui ne conviennent gufere au reste des piantes.agricoles; lesautres se plaisenl dans les terrains bas, humides, oil il est possible de diriger des irrigations h volonle. Le Riz sec, ou des montagnes, convicndrait done a loutes les regions qui avoisinent les Alpes, les Vosges, les Cevennes et les Pyrenees ; au contraire, le Riz aquatique serait un puissant moyen de ferlilisalioD dans toutes les terres qui bordent la Mediterranee et I'Ocean, et dont la constitution saline a et6 jusqu'ici un obstacle a leur mise en valeur. — Comme ces resultats seraienl tres desirables, je vais faire connattrc k la Societe les procedes de culture pour les deux ospeces, rae reservant surtout d'insister sur celle des montagnes, parcequ'k raes yeux elle est la plus precieuse, celle qui est appelee a nous rendre le plus de services. Culture du Riz sec. Celle esp6ce est celle qui offre le plus grand nombre de va- rietes. puisqu'on en complejusqu'avingt-deux ; elle estaussi plus hS,livc quel'esp^ce aquatique, et reclame beaucoup moins de soins pour prosperer. On remarqne que, depuis quelques annees , la culture du Riz sec tend k prendre une grande importance, tan- dis que la culture du Riz aquatique semble perdre du terrain — 220 — chaque jour. — Ccla lient sans doute a ce que I'une est insa- lubre, tandis que I'autre n'offre pas le raoindre inconvenient. Lorsqu'on veut semer du Riz sec, il faut choisir une terre haute et qui soit a I'abri des inondations. Vers la fin du mois de mai ou vers les premiers joars de juin, aussil6t que les pluies commencent, le cultivateur donne deux labours, suivis chacun d'un hersage, et s^me ensuile sur lepied de deux k trois hectolitres par hectare. — Un mois apres I'ensemencement, il procede au sarclage, dont un sul'fit pour debarrasser le sol des plantes parasites. — Si le Riz en terre appartient aux varieles Pinursegui et Bras-Ladang, les plus precoces, il faut encore deux mois pour atteindre a ia moisson. En un mot , trois mois suflisent a la plante pour parcourir toules les phases de sa ve- getation. Les autres varietes, moins halives, reclament cinq mois. Les Pinursegui et Bras-Ladang sont done les varietes qu'il conviendrait surtout d'acclimater en France , parceque, n'occupant le sol que Ires peu de temps, elles pourront, d'une part , se combiner avec les cultures derob^es, et, de I'autre, dans les moments de disette , elles offriront un moyen certain et prompt d'accroitre la masse des subsistances. La moisson se fait avec la faucille. Les epis sont aussit6t mis en gerbes, dont on fait de grandes meules en attendant le bat- tage. Cette operation a lieu de la merae maniere que la depi- quaison dans le Midi. Les gerbes sont elendues sur une aire, oil on attend que le soleil les ait surprises. On dirige ensuite sur I'aire des buffles, dont le pietinement fait sortir les grains de leur grappe. Le decorticage a lieu au moyen dune machine portative en hois, composee de deux meules verticales , qu'un homme fait mouvoir par une manivelle; une seconde personne charge la machine , et une troisierae recoit le Riz tout decortique. On pent ainsi preparer jusqu'a 1,500 kilogrammes par journee de travail; mais le grain est tel qu'on I'importe en Europe, oil on lui fait subir une derniere facon pour le reudre plus propre a Bos usages culinaires. AuxEtats-Unis, le decorticage se fail au moyen de moulins, — 221 — dans lesquels le grain passe successi)^menl sous trois mcules diff^renles. La premiere commence k allaquer I'enveloppe; la seconde la separe complelemenl el commence h. blanchir le grain ; enfin , sous la Iroisi^me meule, le Riz acquierl toule sa blancheur. Mais comme alors il se compose d'un melange de diverscs grosseurs, il faut le separer par degre de force, ce qui constitue une dcrniere operation : on oblienl ce triage au moyen de cribles de differenls calibres. Ainsi, en Amerique, les mou- lins k decorliquer sont assez compliqu(is, landis que dans les Indes ils sont beaucoup plus simples. Comme le moulin indien est tr6s portatif , qu'il cotite quelques piastres seulement , la Society , en demandant du Riz pour semence , pourrait egale- ment demander un moulin a decorliquer. Culture du Riz aquatique. Celte esp6ce embrasse seulement de hull a dix vari6les. On I'exploile surtout dans I'empire birman , sur les bords du Gange, k Siam eten Chine. Voici les procedes de celte culture les plus generalement usites dans ce dernier pays. Lorsque les pluies de juin commenccnt k tomber, on recouvre la terre de 15 k 20 centimetres d'eau, el on doune un labour k la charrue. L'humus est ensuite reduit en une sorte de vase liquide au moyen d'un hersage. Apres celte preparation , on retire I'eau, et Ton seme k la volee, puis on passe un rouleau pour assujettir les grains dans la vase. L'cmblavure reste ainsi k sec pendant une semaine. Lorsque le Riz commence k lever, on lui donne une legere couche d'eau , mais de mani^re k ce que la jeune plante ne soil pas totalement couverte , ce qui la ferait perir. Cetle couche est augmentee au fur et k mesure que la plante se developpe. Quarante k cinquante jours apr^s la semaille, on proc^de au repiquage. D'abord on prepare la terre, que Ton divise en parcelles entourees de petites chauss(5es pour retenir les eaux. Lorsque le sol est complelemenl reconvert, on donne un labour; puis, comme pour les semailles,au moyen d'une herse, on — 222 — reduit I'humus k I'^tat de vase liqaide. Cela farl^ on retire I'eau et an prepare les plants a repiquer. Doiix homtnes suf- fisent a eette operation : I'un arracbe lesjeunes plantes, el avec de petils liens en jonc , il en forme de petites botles ; I'aulre prend ces boltes, les place sur un iratneau allele d'un biiffle, et les conduit sur le cbarap qu'il s'agit de repiquer. Des femmes rangees en ligne, dans la vase jusqa'a mi-jambe el marchant a reculons, font un trou dans le sol avec le pouce, el y intro- doisent le jcune plant. L'espacement est de 10a 12 centimetres. L'habilude de ce travail rend la plantation ires reguliere, el permet de I'execuler avec rapidile. Durant les buil jours qui suivent, quelle que soil I'ardeur du soleil, le champ demeure k sec; mais aussil6l que les feuJlles se developpenl, on reeouvre le sol de S a 6 cenlimfetres d'eau, volume que Ton augmente a mesure que la plante grandit. Le Riz aqualique n'a pas besoin d'etre sarcle ; cependant les cultivateurs soigneux le debarrassent des pFantes advenlices. — Relativement a I'eau , on doit la conserver dans ces parcelles Jusqu'^ ce que la plante ait acquis loute sa croissance. Cest seulement quelques jours avant la floraison qu'on la fait dis- paraitre* La hautear moyenne du Hiz est de l*" 10 a 1'* 20. Dans les terrains ires riches, il acquiert une longunur egale a celle de nos Bles ; mais, comme alors la plante s'epuise k produire de la paille, pour la forcer a donner du grain on la couche avec une longne perche. Apres cette operation , les rizieres ressemblent k nos champs verses. L'espece qui nons occupe est beauconp moins hative que I'espece des monlagnes : cinq mois suffisenl a peine pour ac- complir toules les phases de sa vegetation , et cest vers la fin d'octobre seulement qua lieu la moisson. Elle se fail de la meme maniere que pour les Riz sees. Les epis sont mis en gerbes, avec lesquelles on forme des meules. On suit pour le battage et la decortication les memes procedes. Telles sont, Messieurs , les observations que j'avais a vous presenter sur la culture du Riz dans I'lnde. La fertilite du sol — 223 — * et la douceur du climal coavieanenl admirablemcQt a cetle ce- realc ; aussi Ics produils sonl-ils considerables. On calcule que les especes aqualiques ne donnenl jamais moins de 25 pour un, cl qu'elles peuvenl rendre jusqu'i 80. — L'espece des inonla- gnes est plus feconde encore. II n'esl pas rare doblenir de 100 k 120 pour un. Celle abondance s'explique par la faculle qu'onl les Hizde taller plus encore que nos Bles; 11 est assez frequent de voir un seu! grain donner naissance a plusieurs liges couronnces par de nonibreuses grappcs. Lc Riz sec est celui qui, depuis quehiues ann^es.lendJi pren- dre la preponderance dans I'lnde. Les especes aquatiques ne peuvent trouver que des clendues circonscriles par les besoins de I'irrigation, tandis que les especes des monlagnes voienl s'ouvrir devant elles la pluparl des terres incultesqui forment le continent asialique. Aussi celte culture vienl-elle de s'intro- duire dans Ttlc de Pulopinang, k Malaca, a Singapore et a Java, ou elle etait inconnue il ya quelques annees. En France, I'lntroduclion des Riz de I'lnde dans notre agri- culture scrait un nouvel element de richesse et un moyen cer- tain de combler le deficit que nous fait eprouver la recolle des cereales. Si, comme on ne saurait le mettre en doute, leur ac- climalation parait certaine, les especes des monlagnes seraient d'un tr6s grand profit sur toutes les terres en pente, dont la cul- ture est presqae toujours ruineuse. Dans les terrains sales, resles jusqu'ici rebelles k la charrue, on pourrait ablenir des produits considerables. Dejk des essais ont eu lieu sur les bords de la Mediterranee, dont les resultals ne laissent rien k desirer. — II appartient a la Sociele d'aetlimatation de poursuivre les essais commences el de doter la France d'une Industrie qui I'af- franchira du tribut enorme qu'ellepaie a I'etraftger. J'insiste sur le Rix sec. parceque cette ifariele renferme plus de gluten, qu'elle est par consequent plus nutritive , et que sa culture s'accommode mieux avec les exigences de Thygiene et de la salubrile publique. Dans les filats Sardes , le voisinage des rizi^es occasionne dc graves maladies. P&ur les prevenir, le gouveruement a . — 224 — rendu de nombreuses ordonnances qui renferment celte cul- ture dans ses anciennes limites et qui defendent de I'elendre. En France, oii le climal est exaclement le meme que dans le Piemont, d'anciens reglements prohibaient la creation des ri- zieres. Si aujourd'hui celte Industrie venait k se propager, nul doute que I'autorile n'intervint pour en circonscrire I'elendue. Toutes ces entraves ne seraienl point a craindre avec la culture du Riz sec. — U importe done que cette variete, qui offrirait tant de ressources au point de vue des subsistances, et serail pour les pays montagneux et arides d'un si puissant se- cours , soit promplement acclimatee. J'appelle sur ce point la soUicilude de la Societe , et, fort des considerations qui pre- cedent, je propose : 1° De faire venir 1,200 kilog. de grains de Riz de Pulo- Pinang et 1 ,200 kilog. de Manille ; 2' De faire venir en meme temps de chacune de ces regions^ un moulin a decortiquer. Paris, le 16 mars 1853. Cette double proposition, tres favorablement accueillie par la Societe , a ete renvoyee a une commission composee de MM. Richard (du Cantal), vice-president de la Societe, le marquis Amelot, le baron deMontgaudry etEmile Tastet. NoTA. — MM. les membres de la Societe qui desireraient semer, au printemps prochain , du Riz sec de I'lnde, sont pries d'adresser de suite leur demande par ecrit a M. le President, afin qu'on puisse les com- prendre dans la quantite de la graine qu'on va faire venir de I'lnde. Cette graine sera ensuite distribuee entre les personnes qui auront rempli cette formalite, contre le remboursement des frais. 225 — ir. ti^AVAUX ADRESSfS ET COMMUNICATIONS FAITES' A LA SOCI^TE. SUR LE POIS OLEAGINEUX DE CHINE, CETTRE ADRESS^E A H. LE PRl^SIDENT DE LA S0CI6t£ ZOOl'oGIQOE d'acclimatation , Par M. Stanislas JWLIKW , MEMBRE DE L'iNSTITtT. (S6anie du 50 mars lj»5o.) Monsieur el cher conffere, J'ai rhonneur do vous nffrir. a la demande de moo ami M. ]fi mile Taste I, quelques renseigneinents que je Irouve dans ies livres chinois au sujeldes Pois oleagineux (Yeou-teou). On lit dans V Encyclopedie imperiale d' agriculture [Cheou- chi-thong-khao), liv. XXVIl, loi. 8, redo : Suivanl Li- chi- tchin (aiUlcur dvi Grand Herhier rrvedical), Ies gros Pois {Ta-teou) se dislinguenl par Ies ooulours suivantes : il y en a de uoirs [He-leou) , de blancs (Pe-teou), de jaunes {Hoang- t6ou), de gris [Hcteou); il y en a aussi qui sont lacheles do bleu {Thsing pan-teou . Les noirs s'appellenl ordinairement Ow-feo« (ici le uiol ou a le meme sens que he, noir); ils peuvenl 4tre emploijes en medecine, itre manges tt entrer dans le con- dimenl api)elo Chi (qui se compose de Pois, de Gingembre et de sel). Lesjaunes peuvenl servirkfairedu 7'eoM-/bu(sortc depate de Poisfermenlcsdonl le has people se nouiril habiluellemenl) ; II 15 — '220 — on en tire de Ihuile en les mettant sous le pressoir; on en fait anssi du Tsiang (sorle de sauce qui sert d'assaisounement). Les aulres especes de f^ros Pois ne sonl bonnes qu'a faire du Teou-fou (pale de Pois fermenles), ou a eire manges apres avoir ele grilles. Toules les especes degros Pois ci-dessus se se- ment avanl el apres Ic solslice d'ete (21 juin). La lige atleint la hauteur de Irois a qualre pieds; les feuilles sont rondes et se terminent en pointc. En aulomne, la planle donne de petiles fleurs blanches, qui sont ramassces ensemble ; puis il se forme desgousses longues d'environ un pouce, qui se dessechent apres la gelee. On lit dans le Traite d' agriculture de, Fan-ching: «Au sol- stice d'ete, on seme les Teou (les Pois); il ne faut pas un profond labour. Les fleurs des Teou (Pois) n'aiment pas k voir le soleil ; autrement elles jaunissent et la racine noircit. » Je regretle, Monsieur, de ne point irouver pour le moment des details plus etendus sur les Pois oleagineux {Yeou-teou) ; cependant I'extrait qui precede suffil grandement pour consla- ler I'utilite remarquable, et inconnue jusqu'ici en Europe, des jiois oleagineux qu'a rapportes M. de Monligny. J'avais dejk signale ce fait dans un grand travail que j'ai termine depuis un an, et oil sonl decrits tous les procedes induslriels des Chinios qui se rapportent k la chimie; mais j'ignore encore a quelle 6poque je pourrai publier cet ouvrage, Je serai a la disposition de la Societe d'acclimalation loutes les fois qu'elle jugera a propos de me demander la traduction des textes chinois qui pourront I'interesser. Veuillez agreer, Monsieur et cher confrere, I'assurance de mes sentiments de haute estime et d'amitie. Stanislas Julien. — 227 — ill. EXTRAITS OES PROCESVERBAUX DES SEANCES DE LA SOCI^TE. SKA^CK DO 16 MAUS l85o. Presidence de M. Geuffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame Ics noms des mcmbres admis par le Conseil depuis la derniere seance, savoir: MM. Anca (Le baron Francois), proprielaire a Palerme (Sicile), a Paris. ' "'"^ Andr^is (Le chevalier Andre d'), consul general de Sardaigne a Lyon. Anne:e (Theodore), proprietaire, a Paris. Aquarone (Paul), proprielaire, nienibre du Cornice agricoie de Toulon (Var). Barrow (Peter), consul d'Angleterre k Caen (Calvados). Dabaret (Jean-Charles), proprietaire, k Precy (Oise). DuTRONE, conseiller honoraire k la Cour imp^riale d'Amiensi'' ancien membre du Conseil general du Calvados, au chateau de Trousseauville, pres Dives (Calvados). FouRNET, fondateur, direcleur de I'Orphelinat agricoie de Mon- lagny, pres ChSllon (Sa6ne-et-Loire). CoupiL (Amabie-Damaze), proprietaire, a Paris. GoupiL (Louis-Edouard), maitre des requites au Conseil d'etat,-' a Paris. Gaanier DE Cassagnac, membre du Corps legislalif, redacleur du Constitutionnel, a Paris. Halpuen (Constant), a Paris. Hastier de Jolivette (Jean- Thomas-Joseph), propnetaire, a Moulins (Allier). LAi:ssAT(Le baron de), ancien depute, auch&teau de Bernadela, * pres Pau (Basses-Pyrenees), ct k Paris. Meeus (Joseph), proprielaire, a Paris. Merault (Arislido), proprielaire, a Paris. 228 Meuniek (Victor), dlrecleur du journal I' Ami des Sciences, a Paris. Meurand (Jean-Louis-Joachim), sous-directeur au Minislere des affaires etrangeres.. Raigecourt (Le comte de),. a Paris. Thibault (Antoine-Germain-Michel-Victor), medecin, a Paris, ViCENCE (Le due de), senateur, a Paris. ViLMORiN (Louis), membre de la Societe imperiale et centrale' d- Agriculture, a Paris. — M. le Pt-^sid'ent annonee aussique le Gonseil, par applica- tion du reglement adopte le 2 fevrier sur le rapport de M. de Quatrefages (Voy. p. 97), a reconnu comme Societe correspon- dante \dL. Socidte d' emulation-, d' agriculture ^ sciences- ,, lettres et arts du departement de I'Ain. M. le President rappelie a cette occasion, les services rendus par cette Societe et par plusieurs> de ses niembres. — Sur la proposition de M. le President, faite au nom du bu- reau, et conformement aux dispositions de I'arlicle 3 du regle- ment constitulif, la Societe admet, a Tunanimite,. au nombre de ses membres honoraires : MM. Fabbe Albrand, saperieur general des Missions etran- geres, a Paris. I'abb^ BERTRANDi missionnaire aposloUque au Sut-chuerv (Chine). I'abbe Furet , missrontiaire apostolique aux iles Lieou- Khieou (archipel du Japon). Mgrs Maresgaj, eveque de So^len, vicaire apostolique du Kiang" nan, a Chang-Hai (Chine). Pallegoix, ev6que de Mallos,. vicaire- apostolique de Siam.. Retord , eveqpe d'Acanthe, vicaire apostolique du Ton- quin occidental. M. le baro« Rousseac , consul de France a Brousse(Turquie d'Asie). Mgr Yerrolles, eveque de Coloniby, vicaire apostolique de la Mantchourie, a Moukden (Chine). — M. le Secretaire donne lecture d'une lettre de S. Exe. le I — 229 — Ministre de PAgriculturo, du Commerce et des Travaux publics, transmettant une ampliation d'un d6cret imperial, en date du 26 f6vrier 4855, par lequel, sur I'avis du Conseil d'6tat, la Sociele zoologique d'^acclimatation est declaree etablissement d'utilitS puiliqae (Voy., cn t^te de ce volume, le texte du d6crel). — S. E.leMinistrederinstructionpubliqtieet desCultesecrit,le 26 fevrier 1855, pour donner I'assurance que, malgr6 Tinitiative prise, relativement a ce decret, par I'adminislration de I'agricul- ture, et motiv^e, comme il le fait observer, par des raisons de convenance administrative, il sera toujours aussi dispose a se- conder Fes travaux de la Society qn'il a 6i6 heureux de pouvoir contribuer a son Etablissement, — M. Rodet, president de la Soci^te d'femulalion, d'agri- culture, sciences, lettres et arts du deparlement de I'Ain, ecritde Bourg, le 3 mars, au nom de cette Society, pour demander qu'elle soit admise au nombre des correspondants de la Societe zoolo- gique d'acclimatation. (Cette admission vient d'etre prononcee. Voy. p. 22«.) — M. Godron, doyen de la Facull6 des sciences de Nancy, annonce, a la date du 10 mars, qu'une Society d'acclimatation pour le nord-est de la France vient de se constituer dans cette ville , et desire entrer en relations avec la Societe centrale de Paris. — M. Faye, recteur de TAcademie de Nancy, demande a la Soci6t6 de vouloir bien reserver pour la Faculte des sciences de cette ville des echantillons des divers produits qui lui sent adresses de toutes les parties du globe, — Sur la proposition de notre confrere M. Ferdinand Jacque- inart, une commission, composEe de .MM. Fr6d. Jacquemart, Johnson, le baron de Monlgaudry, de Quatrefages, Richard (du Cantal), Valserres et Yvart, est designee pour I'exanien de Texpo- sition d'animaux reproducteurs qui aura lieu a Poissy le 4- avril. — S. E. le Ministre des Affaires 6trang6res 6critpour exprimer son regret de n'avoir pu assister a la seance du 2 mars. — M. le general Jusuf fait savoir que, charge maintenanl du commandement d6finilif de la province d'Alger, dont le chef- lieu est a Blidah, il est mieux a m6me de servir, comme il le d6- sire, les interSts de la Societe. — 230 — — MM. Bernis, veterinaire principal do rarmee crAfrique; Constant Halphen, le baron Travot, Alfred Du Moril of. Montau- bin, sous-prefet de Barcelonnette, adressent des remerciments pourleur admission dans la Societe. • Ce dernier donne en menie temps des nouvelles satisfaisantes des Yaks confies au Comice agricole de cetteville. — Nos confreres MM. les professeurs Joly (de Toulouse), Graells(de Madrid) et Cam. Aguillon (de Toulon), acceptentle titre de deleguesetremercientla Societe de les avoir choisis pour ces fonctions. La lettre de M. Aguillon contient Tannonce d'un paquet de graines de Sorgho pour la Societe. — M. le chevalier Baruffienvoie unepage,imprimee en langue anglaise, contenant un historique de Tintroduction en Europe du Ver a soie du Ricin. — M. le general Daumas annonce I'expedition a M. le direc- teur de la pepiniere centrale d'Algerie des quarante cocons du Ver a soie du chene dela Chine que la Societe lui avail faitpar- venir. II communiquera les rapports ulterieurs de M. Hardy. — M. Guerin-Meneville annonce que noire confrere M. Delon veut bien recevoir et faire soigner une partie des cocons des Vers a soie du Ch6ne. Des remerciments sontadresses a M. Delon par M. le President, au nom dela Societe. — M. le President annonce qu'il a regu de M. Barthelemy- Lapommeraye des cocons de Ver k soie provenant du Sene- gal, lis sont differents de ceux qui ont deja ete adresses a la So- ci6l6, qui en possede maintenant six especes distinctes. — M. le docteur Haxo ecrit d'Epinal, le l^'' mars 1855, pour indiquer le moyen de faire parvenir a la veuve de Remy les fonds de la souscription ouverte par la Sociolc, et transmet I'expres- sion de la reconnaissance de la famille du pecheur. A cette occasion, M. le President fait connaitre que le montant de la souscription, jusqu'au 16 mars (avant la seance), est de 1,415 fr. 50 c. — M. Quenard, membre correspondant de la Soci6te imperiale et centrale d'agriculture, adresse le resume d'un memoire sur la reproduction naturelle des differentes especes de Poissons dans les aleviniers ordinaires. Les conclusions de ce travail, qui est lu par extrait, sont que pour obtcnir le developpement du jeune - 2:31 — poisson, 11 faut, en cherchantk faire disparailre les causes con- nues de destruction et de depeuplement des eaux, suivre avec soin des regies pratiques d'amenagenient, indispensables a un elevage complel et fructueux. L'auteur insiste foriement sur les avantages de la reproduction naturelle dans les aleviniers ordi- naires, convenablement choisis et amelior6s, oii se rencontrent toutes les conditions favorables a la fecondation, a I'eclosion des oeufs et a Talimentation des nouveau-n6s. — M. Barth61emy Lapommeraye annonce qu'il vient d'exp6- dier k Grenoble les cbevres d'Angora destinees par la Soci^te zoologique d'acclimatation k la Societe zoologique des Alpes. — Notre confrere M. Vicuna-Mackenna envoie la traduction d'une lettre qu'il a ecrite a son pere a Valparaiso pour Tengager h faire des demarches aupres du gouvernement peruvien afin de chercher a obtenir Tabolition du decret qui s'oppose a la sortie des Alpacas et Vigognes de I'etatdu Perou. Cette lettre est ren- voyee a la premiere section. — Le m6me renvoi est prononc6 pour Textrait d'une lettre de M. Vauvert de Mean, chancelier du consulat de France a Glas- gow, en date du 16 fevrier, par laquelle il demande a la Societe des instructions, afin de pouvoir fournir d'utiles renseignements sur Tacclimalation des Lamas et Alpacas en Ecosse, ou un grand propri6tairc en possede du c6te d'Oban un nombreux troupeau. — MM. Chambellan et C'* , fabricants de ch^iles a Paris, de- mandent qu'on veuille bien leur remettre de la laine des Yaks, afin d'en tisser un ch&le destine a PExposilion universelle. La premiere section estchargee de donner suite a cette demande. — M. le Ministre de la guerre remercie de I'envoi qui lui a ete fait du rapport de M. Barthelemy-Lapommeraye sur lesCh^vres d'Angora et d'echantillons de lainages de ces animaux. — Des demandes de plantes adress^es par MM. I'abbe Moigno, Ordonneauetle baron de Viard, sontrenvoyeeskia Commission des vegetaux. — Parmi les pieces imprimees et les ouvrages offerts k la So- ciety, on remarque : 1° Deux traites pratiques sur I'^ducation des Vers a sole, par M. le marquis M.-B. Crivelli, et dont, suivant I'avis de M. Gu6- rin-Meneville, une traduction fran^aise serait tres utile aux 6du- cateurs du midi dft la France et de TAIg^rie ; — 232 — 2° Un rapport fait a la Societe d'economie rurale de Copenlia-r gue sur notre Societe par M. le professeur Cb. Liilken , et dont notre confrere M. de la Roquetle a fait une traduction ; 3" Le programme des questions qui seront discutees au con- gres des delegues des Societes savantes des departements, le 20 mars 1855, et parmi lesquelles il y en a deux (n°* 17 et 18) relatives a I'acclimatalion consideree d'une manieregenerale; 4° Une note sur I'utilite d'introduire parmi nos animaux do- mestiques quelques especes nouvelles, publiee par notre con- frere M. Alfred Dumeril , en 1844, dans le journal la Normandie ag-ricole, et dont M. Aug. Dumeril presenle une courte analyse (Voir au Bulletin) ; 5° Des notes de Boisset sur la necessite d'etablir un jardin des plantes dans.chaque departement, el imprimees par ordre de la Convention nationale. M. le President, apres avoir rappele qu'il a fait connaitre a la Societe les vues emises par divers auteurs du XVIII" siecle et du commencement du XIX' (^Bulletin, t. 1, p. 283 et 389) sur la naturalisation et la domestication des ani- maux, signale celles que contient cet ancien travail touchant les tentatives de ce genre que Boisset aurait voulu voir entreprendriR dans ces jardins botaniques. — Notre confrere M, Cbevet adresse une note sur les moyens a employer pour expedier avec succes a de grandes distances des CBufs destines a I'incubalion. L'un de ces moyens consiste a les placer dans un melange de cinq parlies de graisse contre une partie de cire et avant sa solidification, A la suite d'une discus- sion sur ce sujet, a laquelle prennent part MM. Delon, Cbevet, Richard (du Cantal;, le baron de Montgaudry, celte note est ren- voyee a la deuxieme section. — M. Millet lit un rapport au nom d'une commission dont il faitpartie avec MM. les marquis Amelot etde Selve, MM. de Qua- trefages et Wallut, et qui avail etechargeederediger des instruc- tions pratiques sur les fecondations artificielles desoeufs de Pois- sons et sur letransport des oeufs fecondes (V. auBulletin,ip. 193). — M. Tastet lit un travail sur les Riz sees de I'lnde et sur les moyens de les inlroduire en France (V. au Bulletin, p. 217.) — A la suite de cette lecture, M. Richard (du Canlal) expose ■ les considerations qui donnent lieu d'esperer racclimalation de ^ 233 — 1'Jgnanie de la Chine {Dioscorea batatas)^ el dont on trnuver* un resume dans le Bulletin, 11 fait pour cette plante la mSme proposition que M. Tastet vient de faire pour les Riz sees, Cette double proposition est renvoy6e au Conseil, apr6s une discussion a laquoUe prennentpart MM. Guerin-Meneville, Tas- tet et Richard (du Cantal), — M. Valserres depose sur le bureau un Memoire sur la natu- ralisation et la propagation dans les climats lena|)eres des plan- tes exotiques dites intertropicales, par M. Rey de Morande, qui a long-temps vecu a la Guadeloupe. En raison de I'abondance des mati^res, il en sera donne lecture dans une auti-e stance, — On lit un Memoire de M. E. Cornalia sur la soie fournie par le Bombjx cynthia, et dont ujie analyse a d^ja eto presentee daoslas^aoce pr6cedente. II sera ins6re au Bulletin (V. p, 211). STANCE DC 30 MARS 1855. Pr^sidencc de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membresadmis par le ■ Conseil depuis la derniere stance de la Soci6te. MM. Argent (Le marquis Alfred d'), proprietaire, a Bouville, prfes Cloyes (Eure-et-Loir). Atger (Marcel), avocat a Alger, AuDiFFRED (Frani^ois-Joseph), ancien adjoint au maire duqua- trienie arrondissement de Paris, ancien juge au tribunal de commerce de la Seine, et vice-president de la Sociel6 orien- tale de France, a Paris. Beauvau (Le prince de), senateur, a Paris. BiNGER, ancien nolaire, a Nancy (Meurthe). BizEMONT (Le comte de), proprietaire, a Nancy (Meurthe). BLAZY(Leon), negociant, ix Paris. BuQUET (Le baron), depute de la Meurthe, a Nancy (Meurihe). Cerda (Joser-Nicolas de la), du Chili, proprietaire. CiiAMRELLAN (Graticu), fabricant de chiles cachemires, a Paris. — 234 — Debeauvoys (Le docteur), apiculteur, membre correspondant de la Societe imperiale et centrale d' agriculture, a Seiche (Maine-et-Loire). Dubois (Le comte), conseiller d'etat, a Paris. DuMAST (Le baron P. G. de), proprietaire, a Nancy (Meurthe). FizEAUXDE LA Martel (Raoul), proprietaire a Saint-Vaubourg, pres Rouen (Seine-Inferieure), a Paris. FoBLANT (De), ancien representant, a Nancy (Meurthe). Froidefond des Farges (De), conseiller a la Cour imperiale de Paris. Gandillot (Arthur), industriel, a Paris. GouY (J.), ancien magistral, a Nancy (Meurthe). Halphen (Eugene), proprietaire, a Paris. Landrian du Montet (Le baron R. de), proprietaire, a Nancy Meurthe. Lardy (Ch.), docteur en droit, proprietaire, a Neuchatel (Suisse). Le Couteulx de Canteleu (Le baron), au chateau de Saint- Martin, pres Etrepagny (Euro). LucA (Sebastien de), chimiste, a Paris. Meissonnier-Valcroissant, proprietaire, aHyeres (Var). Monet (Ernest), a Paris. Monnier (a.), membre du Conseil general de la Meurthe, pre- sident de la Societe d'agriculture, a Nancy (Meurthe). MoRTEMART (Lc vicomto V. de), proprietaire, a Paris. MouY (De), a Senlis(Oise). NouRRiGAT (Emile), membre de la Societe sericicole de France, a Lunel (^Hferault). Renard, ancien deleguedel'industrieparisienne en Chine, kParis. RiCARDO (Frederic), banquier, a Paris. RiocouR (Le comte de), membre du Conseil general de la Meurthe, a Nancy (Meurthe). SciTivAUX DE Greische (T. de), vice-president de la Societe d'agriculture, a Nancy (Meurthe). Vallot (Le lieutenant-colonel) , directeur de la remonte en Afrique, a Alger. Zarco del Valle (Antonio-Remon) , lieutenant-general des armies espagnoles, senateur, president de TAcademie des sciences de Madrid, a Madrid (Espagne). I — 235 — — M. le President annonce que la SocUte r^gionale d'accli- matation pour la zone du nord-est de la France, siegeant a Nancy, est, sur sa demande, en date du 27 mars, admise au nornbre des Soci6t6s affili6es. — Sur la proposition de M. le President, faile au nom du bureau, conformement k I'arlicle 3 du r^glement constitutif, la Societe nomme a Tunanimite membre honoraire M. Michaux, membre correspondant de Tlnstilut. — 11 est donne lecture d'une lellre de M. Alb. de Dalmas, sous-chef du cabinet de I'Empereur, en date du 20 mars, annon- Qantquel'Empereur a daigne autoriser la Societe a prendre le titre de Socidti imperiale ^ ainsi qu'a inscrire le nom de Sa Ma- jesty, commeprotecteur, en tete de la liste de ses membres. — MM. le chevalier Andre d'Andreis, consul general de Sar- daigne a Lyon, Peter Barrow, consul d'Angleterre a Caen, Eug. Halphen, Meissonnier et Patu de Saint-Vincent, ecrivent pour remercier de leur admission parmi les membres de la Society. — M. Tabb^ Albrand, superieur du seminaire des Missions- Etrang^res, a Paris, remercie en son nom et au nom des mis- sionnaires de la m6me congregation de leur nomination comma membres honoraires. — M. Meeus, recemment admis dans la Soci6te, adresse ses remerciments et fait hommage a la Societe d'un exemplaire d'un travail lithographic dfi k M. Heyrim, de Bordeaux, etrela- tif k Televe des sangsues. — La Society linneenne du depaiiement de Main e-et-Lo ire demande k entrer en relations avec la Societe zoologique d'accli- matalion. (Benvoye au Conseil.) — Notre confrere M. C. Aguillon annonce que son fils, en- seignede vaisseau,detacheauport Balade (Nouvelle-Caledonie), se propose d'y recueillir et d'adresser en France des objets d'his- toire naturelle. 11 demande a la Societe des instructions. Ce meme membre offre des graines precieuses de plantes exoliques cultivees a son jardin de I'Egoutyer, pres Toulon, ainsi que des oranges, dites oranges triples ou trinitaires,prove- nant de ce meme jardin. Ce dernier envoi est accompagne d'une notice qui sera communiquee k la commission des vegetaux, k laquelle on renvoie egalement une note de notre confrere M. le — 336 ^ docteur Turrel, de Touion, sur le Sorgho h sncre (^Holcus saccha- ratus). II infornie la Societeque Tenveloppe des grains, soumise Ji des essais chimiques par M. le docleur Sicard, de Marseille, donne trois malieres colorantes differentes, deux rouges et une jaune. De plus^ oh fabrique du papier avec les bagasses de la canne du Sorgho. A cette occasion, M. Tastet dit que dans I'lnde on se sert des bagasses de la canne a sucre, soit comme combustible, soit eomme matiere propre a fournir de I'arack par la fermentation. — On renvoie, en outre, a la commission des vegetaux, une demande de plantes adressee de Faubrigues (Landes) par M. Max. Duboseq. — A propos de cette derniere lettre et de toutes celles qui onl le meme but, M. le President annonce que, vu le nombre con- siderable des demandes d'animaux ou de vegetaux adressees a la Societe, le Conseil a decide que celles des personnesetrangeres a la Societe ne seront inscrites et examinees que si elles ont ete transmises et recommandees, soit par un membre de la Societe, soiit par un des membres du bureau d'une Societe affiliee ou correspondante. — M. le professeur Sacc, de Wesserling, fait con naitre, le 28 mars, le resultat de ses operations, comme delegue : 4° pour la rentree des colisations; 2" pour Tinscriptioa des demandes d'a- nimaux faites par divers membres; 3" pour la souscription en faveur de la veuve de Remy, et dont le montant a ete de 90 fr. pour Wesserling. II a ete de 100 fr. a Muihouse, ainsi que Tan- nonce M. F, Zuber, delegue pour cette ville. — M, Fournery, juge de paix du canton de Viviers (Ardeche), adresse des remerciments pour son admission , et prie la So- ciete de lui faire parvenir des graines de Vers a soie de la Chine. Une semblable demande pour ceux du Bombyx cynthia est faite par M. Barran de Balzan,conseillerhonoraire a la Courimperiale de Poitiers. — MM. le chevalier Baruffi, le marquis M. B. Crivelli et d'Ar- balestier, remercienl de I'envoi qui leur a ete fait de graines de Vers a soie de la Chine, et donnent I'assurance qu'ils apporteront le plus grand soin a I'education des larves qui en proviendront. — Relativement aux Vers a soie sauvage de la Chine, M. le President fait connaitre la distribution qui en a ete faite : qua- — 237 — rante coconsontet^remiskM. le gouverneurg^neral de I'Algerie; cinquante ont 6le envoy^s k M. le chevalier Baruffi, a Turin, et cinquanle aussi a M. le docteup Chavannes, a Lausanne. Le resle forme trois lots, confies, le premier auxsoinsdeM. Milne- Kdwards, qui en surveillerareducation au Museum; ledeuxieme, aux soins dc M. I3elon, qui les a transportes a la canipagne. Le troisieme-a el6 place par M. Fred. Jacquemart dans le haul du faubourg Saint-Antoinc, dans de bonnes conditions, ouil pourra etre soumis ir la surveiHance de M. Guerin-Meneville. — M. le President met sous les yeux de la' Societe un cadre' contenantdes^chantillonsde chacune des six espfeces differentes- de Vers a soie que la Societeposs^de maintenant. H an nonce aussi avoir remis a M. Grassert, qui part pour explo- rer les Canaries, I'archipeldu cap Vert etle Senegal, des instructions teuchanllBVcriiseiereoenHiient envoyeparM. Barlhelemy com- me provenant de cottedcrnierecontree,ettouchantla'plante sur laquelle il vit, et qui cstle Zizyphus orthacantha. — M. Gu6rin-Mene?iJle, en mettant sous les yeux de la Societe un papillon sorti depuis quelques jours de Tun des cocons des Vers a sore sauvages de 1h Chine, lit ace sujetune note qui sera inseree au Bulletin. — M. le docteur Debeauvoys presente'une ruche a cadres mo-; biles^ de son-invention. uO X-.i M-- — On lit une lettre de S. E. \c Ministre des Affaires etran-- gores contenant un extrait d'une depeche de M. Lcvraud, gerant' du consulat general de France k Lima, faisantconnaitre les dif- ficultes relatives- kl'exportation, non pas des Lamas, mais des Alpacas et des Vigogn(!9, hors du Perou. Acesujet, M. Fred. Jac- quemartcomnMinique quelques passages d'une tettre de M. Cros- nier. — M. Richard (duCanlal) e'crit:, commff president cTela com- mission de I'Algwie et de la premiere section, pour annoncer que, conformement aux vues de M. le gouve?neur general de rAlg6rie relatives k racclimalation dans cette colonic de rH6-^ mione d'origine asialique, du Dauw, du Zebre ef du' Couagga, originaires tous les trois du sud de I'Afrique, il a nomme dans la section des Mammiferes une commission qui doit etudier cette question et faire un rapport k la Soci6te. II insiste, d'ailleurs, sur I'opinion emise par M. le President, touchant les ressources- — 238 — que I'Algeiie semble devoir presenter couinie interniediaire heu- reux entre la France el les pays ou la temperature est Ires elevee. — M. Bouteille, secretaire conservateur de la Societe zoolo- gique pour la region des Alpes, annonce de Grenoble, le 1 8 mars, au nom de cette Societe, Theureuse arrivee des Boucs etChevres d'Angora confies a ses soins. 11 communique en meme temps, sur ces animaux, des details qu'il compte faire suivre plus tard d'un rapport complet. De plus, il mentionne une augmentation notable dans le nombre des membres de la Societe des Alpes. — Nos confreres MM. Davin et Heuzey-Deneirouse, filateurs et fabricants de chales, demandent un echantillon de laine d'Yak pour en obtenir des produits qui puissent figurer a I'Ex- position universelle. La premiere section estchargee de donner suite a cette demande. — S. E. M. le comte de Morny, president du corps legislatif, et M. Jobez, nos confreres, a qui des Yaks ont ete conties, ecri- vent pour informer qu'il se sont occupes de la demande de laine de ces animaux qui leur a ete adressee ; mais ce dernier n'en a pas de disponible en ce moment. La lellre de M. Jobez contient, en outre, des renseignements sur la quantite de nourriiure consomtnee par les Yaks et sur la quantite de lait et de toison qu'ils fournissent. — M. J.-J. Dussumier ecrit de Bordeaux pour remercier de son admission parmi les membres honoraires, et envoie une note sur I'Hemione, dont on lui doit I'introduction en France. — II est donne lecture d'une lottre de M. Tastet, contenant: 1° des indications sur les mesures a prendre pour placer les co- cons de Vers a sole sauvages de la Chine dans les conditions les plus favorables; 2° des details sur des Mammiferes domestiques qu'il a vus a Bombay et dans ses environs, et dont il pense que I'acclimatation pourrait etre tentee avecsucces, savoir I'Hemione, une Vachequi sert comme bete de trait, etune Chevre venantde Mascate, tres repandue a Bombay, ou presque tons les menages la possedent. M. Tastet informe, en outre, qu'il a ecrit en Chine pour demander des graines et des plants de I'arbre a suif, et pour obtenir des renseignements sur le Pois oleagineux. Cette ' lettre est renvoyee a la premiere et a la quatrieme section. — M. Stanislas Julien,membre de I'lnstitut, Iransmet, a la de- mande de M. Tastet, quelques renseignements qu'il trouvc dant* — 239 — les livres chinois au sujet des Pois oleagineux, et qui font con- nailre leur ulilite (V. au Bulletin, p. 225). — A celte occasion, M. le president informelaSocietequeM.de Montigny vient de faire don de quatre bouteilles contenant des- huiles oblcnuesdu Pois oleagineux,du Colon, du The etdu Chou. Notre confrere M. Freniy s'est charge de Texanien de ces huiles. M. de Montigny a egalement fait don d'un pot de Teou-fou, fromage chinois fait avec le Pois oleagineux et qui constitue Fun des elements principaux de ralimenlation en Chine. — Notre confrere M. V. Chatel adresse un certain nombre de tubercules d'une Pomme de terre de Siberie exempte jusqu'ici, dit-on, de la nialadie dont cetle plants est atteinte dans notre pays. La distribution de ces tubercules sera faite par les soins de la commission des vegetaux. , — M. Quentin Durand met sous les yeux de la Societe des ^chantillons de chanvre et de lin, les uns rouis et les autres non rouis, prepares au raoyen d'une nouvelle machine qu'il nonirae teilleuse rotative a percussion, qui a pour avantage de ne pas briser les tils, d'oi il resulle peu d'etoupe au peignage. Ses re- cherches sur ce sujet Tent amene a proposer de substituer au rouissage,quipresentetantd'inconvenients, I'exposition des vege- taux textiles a Taction de la chaleur, dont les effets paraissent fetre identiques k ceux du rouissage. — — M. Richard (duCanlal), au nom de la commission qui s'est occupee de la question des Riz, annonce que la Soci6te en fera venir une certaine quantity, et il engage MM. les membres qui en d^sirent a vouloir bien adresser par ecrit leur demande, en faisant connaitre exactementcombien ils en veulenl. A la suite de ce rapport verbal, quelques observations rela- tives aux especesde Riz qu'il convient de cultiver sont echangees entre M. le marquis de Vibraye et M. Tastet, Ce dernier rap- pelle que , dans la communication faite par lui a la derniere seance, il a ete question seulement des Riz h^tifs des monlagnes des Philippines el de la Malaisie. — M. Richard (du Canlal) annonce que la compagnie qui s'est constitute, il y aplusieurs annees, pour entreprendre la culture des landes, demande a la Societ6 de designer quelques uns de ses membres qui puissenl Teclairer de ses conseils. Une conmiission, composee de MM. le marquis Amclol , Guerin-Me- — 340 - ryevilleyFied. Jacquemart, le baron de Montgaudry , Moquin- Tandon, Richard (duCantal) et Valserres, est designee pour en- trer en relations avec cette (Compagnie. — II est donne lecture, par extraits, d'un Memoire de notre confrere M. le docteur Chavannes, de Lausanne, sur les Lepi- dopteres serigenes du genre Saturnie, qu'rl serait convenable d'introduire en Europe (Voir a,u Bulletin). — ^M. Fl. Prevost lit une note accompagnant une liste de Mammiferes et d'Oiseaux, appartenant a toutes les parties du raonde, qu'il lui parait utile et possible d'introduire et de propa- ger en France et en Algerie (Voir au Bulletin,^. 204). — M. de la Roquette, qui a traduit un rapport fait a la Societe d-'economie rurale de Copenhague sur les travaux de notre So- ciete par M. le professeur Ch. Liitken , en lit une analyse detail- lee. M. Liitken divise son rapport en deux parties. II trace dans la premiere Thistorique de noire Societe, parle de ses travaux d'une maniere generale etde certains animaux deja domestiques oua domestiquer. La seconde partie de ce rapport est exclusive- ment consacree aux n>odes de fecondation et d'alimentalion arti- ticielles des Poissons. Le rapport a ete imprime dans un recueil periodique Ires repandu en Danemark, et dont le titre doit etre traduit ainsi : Journal pour la propagation populaire des sciences. — M. le marquis de Vibraye lit Une note sur la pisciculture, qui sera inseree au Rulletin. A la suite de cette lecture, quelqaes observations sontechan- gees entre MM. Millet, le baron de Toequeville et le marquis de Vibraye. £c Secretaire des seances, Aug. Dum^kil. fARis. - IMPRIMERIE GUIRAUDET ET JOUAUST rue Sainl-Hortore, 538. V°f. BULLETIN jSs MENSDEI. DE LA SOGIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle le *0 r6vrier 48ft4 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCI^Tf. RAPPORT FAIT A LA SOClfiTfi IMPERIALE D'ACCLIMATATION Air NOH DE SA PREMlilRE SECTION SUR LES ESPfiCES DE MAMMIFfiRES QU'IL CONVIENT D'ACCLIMATER EN FRANCE. Commissaires : MM. Fl. Pr6vost, Richard (du Cental) , ' E. Tastet , J. Valserres, el DABESTE, rapporteur. (Stance du 13 avril 18SS.) La premiere section nous a charges d'indiquer k la Societe les especes de Mammiferes qu'il convienl acluellemenl d'accli- inater en France. Si Ton examine la question k un point de vue purement theoriquc , et si Ton songe aux modifications profondes intro- duites par Taction de I'hommedans I'organisalion, les fonctions, les habitudes des animaux domestiques, on peut croire qu'il existe peu d'especes de Mammiferes dont la domestication ne serait utile dans des circonstances donnees et dans une cer- II 16 — 242 — tame mesure. II est permis d'esperer que, par Teffel des pro- gres de la civilisation , le nombredes especes asservies augmen- mentera de jour en jour, et que la domination de Tintelli- gence humaine s'etendra de plus en plus sur la nature vivante, comme elle le fait actuellement sur la nature inanimee. Mais il est evident , avant tout examen , que ces especes ne sauraient etre utiles a rhomme de la meme maniere, qu'elles ne sauraient lui elre utiles au meme degre. 1! est evident ega- lement que I'introduction et la multiplication en France d'espe- ces elrangeres doit presenter, suivant les especes, des difficul- tes plus ou moins nombreuses et plus ou moins grandes, par suite des conditions physiologiques de I'organisalion des anj- maux a introduire , des conditions climaleriques des pays dont ils sont originaires; par suite, egalement, de I'etat des rela- tions internationales , si changeantcs , comme on sait , surtoul a notre epoque. Pourparvenir plussurement au but eleve qu'elle se propose d'atteindre , la Societe doit done s'occuper des especes dont racclimatation serait actuellement a la fois la plus utile et la plus facile. 11 importait done de determiner tout d'abord ces deux elements d'ulilite et de facility qui guideront la Societe dans les experiences a faire. La commission a pense que , pour etablir cette determina- tion avec le plus de certitude possible, la meilleure marche a suivre etait de s'enquerir des essais tentes et des resultats deja obtenus. D'une part , I'appreciation de I'utilite d'une esp^ce , c'est-a-dire dela nature des services qu'elle peut rendre et des produits qu'elle peut fournir, ne saurait avoir une base plus eertaine que I'observatioa directe; d'autre part, il y a tout lieu de croire, quand une experience a reussi sur une petite echelle. qu'elle reussira egalement quand on la repetera , dans des conditions analogues, sur une echelle plus grande. Nous avons done choisi , pour dresser la liste que la pre- miere section nous a demandee, les especes au sujet desquelles des experiences deja faites pouvaient nous fournir des docu- ments precis. — 243 — Nous devons dire lei que, le conseil de la Societe ayant dejk pris des mesures pour racclimalalion du Lama, nous avons du laisser cet animal en dehors dc noire travail. Panni les Mammif^res qui se recommandent plus speciale- menl a nous par leur utility 6vidente el par la facilile de leur acclimatalion , nous devons cilerd'abordles especes encore sau- vages du genre Cheval , el en premiere ligne , parmi ces espe- ces , THemionc et le Dauw. L'atlenlion de la Sociele a ete dejk, k plusieurs reprises, ap- pelee sur les queslions qu.i se ratlachent k racclimalalion de THemione. Les observalions donl cet animal a ele I'objet doi- vent elre presenlesa Tcsprit de loules les personnes qui siiivent les Iravaux de la Sociele : aussi nous suffira-l-il de les rappeler brievement. Le Museum possede aujourd'hui une race d'Hemiones fran- gais , formee par les Ills et les pelils-fils de Irois animaux rap- portes de I'lnde en 1835 el 1838 par M. Dussumier. Ces ani- maux, bien qu'apparlenanl k une esp6ce originaire des conlrees les plus chaudes de I'lnde , supporlent sans en souffrir le froid de nos hivers les plus rigoureux. Leur acclimatalion esl done un fait accompli. L'ulilile de I'Hemione ne saurait elre conleslee. L'Hemione a loules les qualiles de I'Ane : energie, sobriete, ruslicite; il a, de plus que I'Ane, une conformation qui le rend 6minemment propre k la course rapide, el qui lui donne une vilesse egale et meme sup^rieure k celle de nos meilleurs Che- vaux. L'Hemione peut done rendre les m^mes services que I'Ane, avee plus d'ardeur el de rapidile. Je me borne k rap- peler ces fails: les membres de la Sociele ne peuvenl avoir ou- blie, k ce sujet , le rapport remarquabJe de notre confrere M. Richard , juge si competent en pareille maliere. Les Hemiones frangais ont etc . k plusieurs reprises, monies el alleles. Leur dressage, au Museum 6u chez noire confrere M. de Ponlalba, n'a presente aucune difficullc serieuse. « Nous pouvons aflirmer, dit M. Richard, que I'Hemione n'offre pas plus de diriiculle au dressage que les Chevaux eleves dans nos — 244 — p&lurages et dresses vers I'age de qualre ou cinq ans. Cepen- dant M.de Ponlalba, qui a hien etudiele caraclere des Hemio- iies, affirine que ces animaux , Ires inlelligenls, sont Ires sensi- bles, Ires nerveux et irrilables, et qu'ondoit lesconduire avec adresse et douceur; les mauvais traiteuienls reussiraieat raal et les rendraient peut-etre mechanls et rclifs. » Nous devons insisler sur celle derniere recommandalion , que ne devraient jamais oublier toules les personnes qui s'occupent de I'educa- tion des animaux. Enfin I'Hemioneserait fort utile pour la production deshybri- des. Deux Mulcts fort remarquables oat ele obtenus au Museum par le croisement de I'Hemione avec des Anesses. Un hybride d'Hemione et de Dauw feraelle a ete obtenu k la mena- gerie de Knowsley, chez lord Derby. II y a tout lieu de croire que le croisement de THemione avec la Juraent, et particulie- rement avec la Jument mulassiere du Poitou , donnera des produits superieurs encore a nos Mulcts, qui sont actuelleraent si recherches dans le midi de la France et en Ei^pagne. Toutes les questions qui se rattachent a lacclimatation et a la domestication de I'Hemione nous paraissent doncaujourd'hui resolues , et resolues favorablement ; etnous devons faire remar- quer ici que I'idee de domestiquer cet animal n'est plus mainte- nant du domaine de la science pure, et qu'elle entre tons les joursde plus en plus dans la pensee du public eclaire, comme le prouvent les demandes adressees a la Societe pour obtenir des Hemiones. Parmi ces demandes , il en est une qui , par la position de la personne dont elie emane , nierite de nous occuper speciale- ment. M. le general de division Randon, gouverneur general de I'Algerie, nous demande des Hemiones, et il offre de faire faire en Algerie des experiences d'acclimatatiou et de croise- ment avec les autres solipedes. Cette demande, preuve de I'im- portauce que notre Sbciele prend tous les jours , nous parait devoir etre prise en tres serieuse consideration : car, dune part, les conditions de temperature de I'Algerie se rapprochent beau- coup plus de celles de I'lnde que celles de la France , ce qui I — 245 — nous donne lieu de penser que I'acclimatation dc IHemionc seraitbeaucoup plus facile encore dans noire colonie africaine qu'au Museum de Paris; il est certain , d'autre pari, que les experiences de reproduction et d'hybridation reussissent lou- jours d'autant mieux que la temperature est plus elcv6c. Or, indepcndammenl des resullats scientifKiues de ces experiences, resultals que nous ne devons point negliger, bien qu'ils soient un peu etrangcrs au but que noire Societe se propose, on arri- verail cerlainement , par la production d'hybridcs nouveaux, ct peut-etre aussi par la creation de races hybrides, a des resul- tals pratiques dune grande importance. Eclaires par tous les fails que nous venons de rapporler, nous croyons que Ic moment est venu de recommenccr , sur une grande echelle, i'experience qui a donne au Museum des resultals si satisfaisants , et que la Societe doit actuellement prendre les mesures necessaires pour ajouler I'Hemione h. la lisle de nos animaux domestiques. Les Hemiones sont nom- breux dans cerlaines parties de I'Hindoustan, dans le Cutch, par exemple. On pourrait se les procurer a Bombay en s'adres- sant , d'apres une indication donnee par Tun de vos commis- saires, M . Taslet, k un negociant parsi de cette ville, M . Ardaseer Framjec, successeur de M. Jeliangeer Neherwanjee, et qui fait gcneralemcnt les affaires des negociants francais. Nous devons rappeler cgalement que S. Exc. M. le ministre des affaires elrangeres a offert a la Societe le concours des agents consulai- res. Tout permet done de croire qu'il serait facile k la Societe de se procurer des Hemiones en nombre suffisant pour com- mencer des experiences. Les motifs que nous venons de faire valoir au sujet de la domestication de I'Hemione nous engagent a demander a la Societe de prendre cgalement des mesures pour la domestica- tion du Dauw. La question est, il est vrai, moins avancee pour ce dernier que pour I'Hemione ; toutefois, la parente inlime qui existe entre ces deux animaux doit faire presumcr , sans beaucoup de temerite , que I'experience ne presenterait pas de difficulle serieuse, et que sa reussite aurait d'inccntestables — 246 — avantages. Deja quelques cssais fails au Museum de Paris et a la menagerie de Knowsley peuvent nous donner de precieuses indications. Le Dauwa une constitution d'une tresgrande rus- ticite, ce qui lui permet de supporter des temperatures beau- coup plus rigoureuses que celles du cap de Bonne-Esperance, sa palrie. II se preterail, comme I'llemione, k des experiences d'hybridation. Nous devons penser que la conquete de cette espece serait eminemment utile, bien que nous nesoyons guere en mesure , pour le moment , de determiner avec precision ia nature des services qu'il pourra nous rendre. La commission croit done devoir reprodiiire, a I'egard du Dauw, le voeu qu'elle emettait pour I'Hemione, en engageanl la Societe a tenter son acclimatation. On se procurerait facilement ces animaux au cap de Bonne-Esperance, a I'aide du concours des agents con- sul aires. Quant aux deux aulres especes africaines , le Couagga et le Zebre, la question est encore beaucoup moins avancee a leur egard ; nous croyons loutefois que ces especes ne doivent point etre negligees , et qu'il est fort desirable que des experiences bien failes puissent nous renseiguer sur la facilite el sur I'op- portunile de leur domestication. A c6te de ces especes, qui doivent servir Thomme en lui pre- tant le concours de leurs forces musculaires, il en est d'autres que nous devons signaler comme especes alimentaires. En tout temps, mais surtout dans une epoque comme la n6tre, oil la production des subsistances a peine a repondre aux besoins loujours croissants de la consoramation , oil la levee des prohi- bitions douanieresn'a pu abaisser le prix de la viande, la So- ciete n'accomplirait qu'imparfaitement la mission qu'elle s'est imposee si elle ne cherchait , par I'introduclion de nouvelles especes, a multiplier les ressources alimentaires de la France. Le nombre des especes de Mammiferes qui pourraient etre utiles a ce point de vue est fort grand : aussi la commission aurait-elle ete embarrassee pour faire un choix , si elle n'avait pu etablir sa liste d'apres des experiences deja faites. Mais les resultats dejk obtenus pour I'acclimalation du Kangurou geant, - 247 — de i'Agouli, de I'Axis et da Cerf-Cochon, nous permettentde signaler ces espfeces a raltenlion de la Sociele. Le Kangurou gcant a cte acclimate dans beaucoup de pays ; il s'y est facilement reproduit el promplemenl mulliplic. Nous n'indiquerons point tons Ics fails de ce genre , nous bornant a rappeler, au sujet de eel animal, les details si inlcressants qui nous ont ete donnes recemmenl par noire confrere M. Graells sur le troupeau de Kangurous que la menagerie de Madrid possfede depuis pr^s de Irente ans. La croissance rapide de ces animaux, joinle k leur taille ele- vee , produil en peu de temps une quanlite considerable de viande. Nous devons faire remarquer, de plus, que la confor- mation si singuliere de ces animaux, en donnanl k leurs mem- bres posterieurs un volume beaucoup plus considerable qu'aux membres anterieurs, est eminemment favorable a la production d'une viande de bonne qualile, et que le developpement du muscle psoas, donl I'inserlion sup6rieure chez le Kangurou alteint la moilie de la region dorsale de la colonne verlebrale, landis que chez les autres especes elle ne depasse pas la region lombaire, augmente chez eel animal la parlie si recherchee des consommateurs et que les bouchers appellent le filet. Nous devons menlionner 6galement les produils que fourniraient la peau et les poils des Kangurous, bien que ces produits n'aient ici qu'une importance tres secondaire. La Society pourrait Ires facilement se procurer ces animaux dans les colonies anglaises de I'Australie et de la Tasmanie. Si elle se decidail k tenter, k leur egard, des experiences d'accli- matation , elle pourrait les ^lendre a deux aulres especes du mi^me genre, le Kangurou de Bennett et le Kangurou de La- billardiere , qui habilent le meme pays. Ces deux esp6ces ont ete souvenl inlroduites en Europe, el elles s'y sont reproduiles. II est presumable qu'elles seraient utiles de la meme mani6re que le Kangurou geanl; mais nous manquons de documents precis a leur egard. La commission fait d'ailleurs observer que, pour donner des resultats satisfaisants , racclimatation du Kangurou devrail se ~ 248 — faire dans des pares ou des enclos d'une cerlaine elendue : car, dans des espaces restreints, ces animaux sont frequemment ex- poses h se fracturer les pattes en tenlant de franchir les cl6- tures. L'acclimalatlon del'Agouliaete lent6e avec succes par noire confrere M. Chenu. La fecondile de eel animal, la rapidite de sa eroissanee , la bonne qualite de sa chair, nous le font eonsi- derer com me devanl etre une acquisition tres precieuse. On pourrail se le procurer k Cayenne. Quant au Cerf-Cochon et k I'Axis , ils onl ele faeileraent ac- climates et multiplies dans les menageries. 11 y a meme quelques annees, les Cerfs-Cochons du Museum etaient devenus assez nombreux pour que Ton ail essaye de les rendre a la liberie dans une des forets de Fetat-, et tout permet de croire que cette experience aurait reussi si ces animaux n'avaient ele detruits, pour la pluparl, k la suite de la revolution de 1848. Ces deux Cerfs pourraienl elre Ires utiles comme especes alimentaires. En effet, divers documents nous apprennent qu'au Bengale ces animaux sont frequemment eleves dans une demi- domeslicite et qu'on les engraisse pour la table. D'apres des renseignements fournis a la commission par M. Tastet , la chair de I'Axis serait excellenle el bien superieure a celle du Chevreuil , non seulemenl pour le goiil, mais aussi pareequ'elle pent etre consommee aussit6t que I'animal a ele aballu. Si, d'apres levoeu de la commission, la Sociele se deeidail a prendre des mesures pour Tinlroduclion de ces animaux , nous lui soumeltrions les observations suivantes : Toules les especes dont il vicnt d'etre question habitent des pays dont la temperature moyenne est superieure a celle de Paris, et dans lesquels la saison d'hiver est beaucoup moins ri- goureuse. 11 est vrai que toules ces especes ont pu etre acelima- lees a Paris el dans des regions plus seplentrionales encore; mais nous ne pouvons nous dissimuler que le froid de nos hivers ne soil une condition tres defavorable pour raeelimatation d'a- nimaux adulles, pour leur reproduction, el pour I'eleve des pe- lits. Pour assurer le succes des experiences, il est done a desi- — 249 — rer, suivant un voeu 6mis depuis long-lemps par noire President, qu'clles soicnt lenlees dans une region plus chaude , dans le midi de la France ou en Algeric, par exemple. II faudrail egalcment que les condilions dans lesquelles on placera les animaux fussent, aulanl que possible, analogues k celles oil ils vivenl dans leur pays natal ; en effet, rexperience a monlre que, dans un grand nombre de circonslances, la cap- tivite est un obstacle a la reproduction des animaux. Nous ne pouvons, dureste, ici, que donner des indications; quant aux moyens d'execution, ils sonl subordonnds a des circonstances tr^s diverses, et, par consequent, ils ne pourront etre determines que lorsqu'il s'agira de telle ou telle espece en particulier. Telles sent les questions dont nous pensons que la Socict6 doit s'occuper immediatement; mais la commission croirait ne pas remplir completement la mission dont elle a ete chargee si, en s'occupant du present, elle ne songeail k preparer lavenir. En hisloire naturelle, qu'il s'agisse de questions purement scientifiques ou de questions d'application, il n'est pas toujours possible de faire natlre des occasions et d'instituer directeraent des experiences; mais il peut arriver , par un concours de cir- constances imprevues, que ce qui n'est pas possible aujourd'hui devienne possible demain. Qu'il me stiffise, pour ne point sor- lir des questions qui preoccupent noire Sociele, de rappeler, a ce sujet, deux fails Ires remarquables. Lorsqu'il y a une tren- laine d'annees, F. Cuvier decrivait le premier Hemionc qui ait vecu au Museum, il indiquait deji les avantages de la domesti- cation de cet animal; mais il ajoutail que cetle conqu^le pre- senleraitdes difficultes qu'il considerait comme insurmontables. A une epoque beaucoup plus rapprochee, en 1849, noire Pre- sident parlail de I'Yak comme d'un animal presque entierement inconnu, el k la domestication duquel il n'y avail pas lieu de penser. Aujourd'hui loul nous fail esperer que trcs prochai- nemcnt ces deux especes seront devenues francaises. En presence de pareils fails , la commission a pense qu'il y avail lieu de prendre des mesures pour que la Sociele pAl mellre h profit loules les occasions qui se presenleront, et insti- — 250 — tuer, dans les meilleures conditions possibles, de nouvelles experiences, lorsque cellesque nous lui indiquons seront en voie d'execution. Dans ce but, nous avons redige une serie de ques- tions dont les reponses formeronl un recueil de documents destines a eclairer la Societe quand elle aura a s'occuper de nouvelles espfeces. Ces questions devront etre adressees k tous les voyageurs qui , par etat ou par gout , s'occuperaient d'his- toire naturelle, et qui voudraient concourir aux iravaux de la Societe. II serait, en effet, fort important pour nous d'avoir des no- tions exacles et precises sur les races etrangeres d'animaux domestiques, sur les services qu'elles rendent et les produits qu'elles fournissent. afin de pouvoir decider si leur importation en France produirait des avantages reels. Nous citerons en particulier les races domestiques de Chevres et de Boeufs qui existent dans I'lnde et dans le centre de I'Asie , et dont plu- sieurs sont tres precieuses, mais qui ne nous sont que Ires imparfaitement connues. Pour les especes encore sauvages , la question est beaucoup plus vaste, parcequeleur nombresurpasse de beaucoup celui des especes domestiques , et qu'ici les difficultes de Tacclimatation se compliquent de celles de la domestication. Nous avons done besoin de documents precis sur leur conformation et sur la na- ture des produits qu'elles pourraient fournir en viande, graisse, lait , cuir ou poils. Nous aurioas besoin egalement de savoir si leur multiplication serait facile. II y a certaines especes dont I'utilite est tres presumable, comrae le Cabiai, comme le Tapir, qui ont souvent vecu dans nos menageries, mais qui ne se sont jamais reproduits en captivite. II est clair que, tant que ce re- sultat ne sera pas obtenu, on ne pourra songer serieusement k leur introduction en France. Nous ne saurions done trop enga- ger toutes les personnes qui suivent nos travaux , et qui ha- bitent les contrees oii ces animaux vivent k I'etat sauvage, k entreprendre des experiences dans le but d'en obtenir la reproduction en captivite ; elles pourraient certainement comp- ter sur le concours et les encouragements de la Societe. — 251 — Enfin, la commission croil devoir indiquer aux voyageurs quelques recommandations bicQ simples pour I'envoi el le trans- port des animaux vivants, recommandations qui pourront scm- bler minutieuses; mais, dans des experiences commc les ndtres, il imporle essenliellement de ne negliger aucune precaution et de ne rien abandonner au hasard. Ces recommandations elant lr6s bien indiqu6es dans les instructions que le Museum remet k ses voyageurs , instructions qui ont actueilement la sanction d'une longue experience , nous croyons ne pouvoir mieux faire que de les reproduire textuelleraent a la suite du rapport. En consequence, la commission est d'avis qu'il y a lieu : Jo De prendre immediatement des mesures pour racclimata- tion de I'Hemione, du Dauw, du Kangurou geant, de I'Agouti, de I'Axis et du Cerf-Cochon ; 2° De decider que ces experiences seront faites dans le midi de la France ou en Algerie; 3° D'engager toutes les personnes qui voudront bien con- courir aux travaux de la Societe k donner les r^ponses aux questions qui sont annexees ^ ce rapport , et k tenter sur place la reproduction des esp^ces encore sauvages. Notes ajoutees au Rapport sur les especes de Mammiferes quit convient d'acclimater en France. NOTE I. INSTRUCTIONS POUR LES VOYAGEURS. I^^ Partib. — Animaux domcHtiqucM. La Soci6l6 desire avoir des documents pr6cis sur les diverses races 6lrang(^res d'animaux domesliques, sur les divers genres de services qu'elles rendent et sur la nature des produils qu'clles fournissenl, sur les conditions dans lesqucUes elles vivent et sur leur role dans I'dco- nomie agricole des peuples qui les emploicnt. Ces documents peuvcnt sc ratlacher aux chapitres suivants. — 252 1 . Caracteres zoologiques des races d'animaux domestiques. On connait aujourd'hui assez exactement les caracteres des races d'animaux domestiques 61ev6es en France , en Angleterre et en Alle- magne; mais en dehors de ces contrees nous ne savons presque rien : celte question a ete presque entierement negligee paries naturalistes. Divers voyageurs nous ont donne des renseignements sur ces races ; mais, dans le plus grand nombre des cas, ces renseignements ne peu- vent fitre utilises , parceque nous ne savons pas bien a quelle race d'animaux ils s'appliquent. La description exacte et la caracterislique pr6cise des races domestiques etrangeres aurait aujourd'hui un grand interfit pour la science ; elle en aurait 6galement pour les questions d'application, car il est evident qu'on ne peut s'occuper de Tintroduc- tion d'une race qu'autant qu'on peut la signaler d'une maniere precise. II serait dgalement fort important que Ton put avoir des documents sur I'origine de ces races. La plupart des races ont ete form^es dans les lieux mfimes oii on les trouve aujourd'hui ; mais , dans plusieurs circonstances, les races cre6es dans une locality ont ete importees dans une autre , par I'effet des migrations des peuples ou par toute autre cause. Lorsqu'une race 6trangere a un pays y a et6 importee, il fau- draitpouvoir comparer les individus de la race import6e avec ceux qui n'ont point quitte le pays dont la race est originaire , pour determiner si la race s'est conserv6e sans modifications , ou si elle s'est amelioree ou deterioree. Dans ces dernierscas, il faudraitsavoir si la modification qu'ont eprouvee les animaux est le r6sultat des conditions climateri- ques, ou des soins hygieniques dont la race a 6t6 I'objet. La connais- sance de ces fails est d'une grande importance pour decider s'il y a lieu de songer a raccliniatation, et s'il faut aller chercher ces races dans leur patrie primitive ou dans les contrees oil on les a introduites. 2. Emploide la force musculaire des animaux domestiques. Nous avons besoin de details precis sur la conformation des races etrangeres et sur les services qu'elles sont appeloes a rendre par suite de leur conformation. Indiquer les meilleures races pour la course rapide , le transport des fardeaux, le train des voitures, etc. Indiquer 6galementla quantity de force musculaire que les animaux peuventde- penser. — 253 — 3. Production de la viande et de la graisse. Qucllcs sont les races qui, par leur conformation , sonl aptes k s'engraisscr rapidemenl? Quelles sont les races les plus pr6coces? Faire connailre la qualit6 de la viande, sa quantitd relativement au poids lolal de Tanimal , ses divers modes de prdparalion et de con- servation. Faire connailre la quaHl6 et la quantit6 de graisse que fournissent les animaux; et, sicela est possible, sa composition chimiquc et son emploi dans Tindustrie. 11 existe un certain nombre d'animaux domestiques qui pr6senlent des accumulations de graisse sur certaines parties de leur corps : tels sont les Z6bus et les Moutons ^ large queue. Ces animaux nous sont assez peu connus. II faudrait savoir s'ils forment des races distinctes ou seulement des exceptions individuelles dans la race d'un pays ; si , dans tous les pays oii on les trouve, ces animaux appartiennent b. une seule et mfime race, ou s'ils sont formds de races distinctes ; il faudrait determiner 6galemcnt la nature de ces loupes graisseuses, et savoir si on en fait, dans le pays dont elles proviennent, un emploi utile. 4. Production dulait. Indiquer les meilleures races laitidres. II serait interessantde savoir si les signes que Ton a decrits r6cemment en France comme servant a caract6riser les vaches laitiferes, ou sides signes analogues, se re- trouvent dans les races 6trangeres. La secretion du lait peut-elle 6tre d^terminee par d'autres circon- stances que le part? Aristote rapporie que dans certaines parties de la Grece les pitres frottaient avec des orties les mamelles de leurs ch6- vres pour determiner la s6cr6tion du lait en dehors de I'influence des males. Cette pratique ou d'autres pratiques semblables existent-elles encore ? II faudrait indiquer si, dans les races 6trangeres, la dur^e de la se- cretion du lait est ind6finie, comme chez nos Vaches el cbez nos Ch6- vres, ou si elle s'arrete un certain temps apres le part. Quelle est la qualilc dn lait et sa composition chimique? Quel est son emploi? Quels sont les produits qu'on en retire? Comment sont- ils prepares et conserves? Quelle est leur valeur? 254 0. Polls ^ lames et duvets. L'importance de I'emploi industriel de ces produits nous fait d6sirer d'obienir le plus grand nombre de documents sur la maniere dont on les obtient el dont on les utilise. On sait que le pelage des Mammiferes se compose de deux sortes d'el6menls, les polls soyeux et les polls laineux, et que, suivant diver- ses circonstances. Tun ou Tautre de ces 616ments pent predominer, 11 importerait d'avoir des notions precises sur ces faits dans toute les races domestiques, et de connaitre les conditions physiologiques d'^ge, de sexe, etc., qui peuvent faire varier la composition des toisons. II faudrait donner une description complete des polls employes dans I'industrie, et particulierement des polls laineux, en indiquanl leur longueur , leur diametre , leur 61aslicite , etc. , et en les examinant a Taide du microscope. II faudrait 6galement faire connaitre leur emploi industriel, et d6crire les proc6des de filature, de teinture, de tissage el de feutrage, auxquels on les soumel dans leur pays. Un des plus grands services que les voyageurs pourraient rendre a la Soci6te serait de lui envoyer des toisons entieres, ou meme des echantillons de ces divers produits, les uns tels qu'on les obtient apr6s la tonte, les autres d6ja manufactures. La Society possede d6ja un certain nombre de ces objets : il serait fort a desirer que ce nom- bre put s'accroUre, el former une collection, qui aurail a la fois un grand int6r6t et une grande ulilite. Nous pourrions alors multiplier les experiences qui ont 6t6 tent6es cette annee par la Soci6te pour la fila- ture, la leiniure el le tissage des produits de TYak el des Moutons de Mauchamp. Ces sortes d'envoisne pourraient d'ailleurs avoir une ulilite com- plete qu'aulant que les voyageurs ajouteraient Tindication precise des races d'animaux dont ces produits proviennent. Les diverses sortes de laines fines ou de duvets ont 6t6 souvent employees en dehors des pays oil elles ont 6t6 produites : aussi ne connaissons nous souvent que tres imparfaitement les races qui les produisent. C'est ce qui arrive pour la pr6cieuse substance qui se consomme sousle nom impropre de duvet de Cachemire. II se pent qu'il existe dans I'Asie centrale un certain nombre de races qui produisent celle substance ou des sub- stances analogues. La solution de ce probleme zoologique aurait pour la Societe la plus grande importance, II faudrait egalement indiquer avecsoin la localite oil ces objets au- — 255 — raieni 6t6 recueillis. Le syst6tne t6gumentaire des Mammifcres est lou- jours en harmonie avec le milieu dans lequel ils vivent. Les diverses condilions climat6riqucs de la locality, lemp6rature, allilude, humidity, agitation de I'air, etc. , devraient done 6tre not6es avec le plus grand soin. Enfin il faudrait indiquer si les animaux quiproduisent ces pr6cieux produils sont Tobjet de soins parliculiers en ce qui concerne leur hygiene, et si les races auxquelles ils apparliennent ont 6l6 soumi- ses^des tentalives d'am^liorations et de perfectionnement. 6. Emploi industriel des peaux. La Soci6t6 d6sirerait connaitre les preparations diverses qu'on fait subir i ces produits, ainsi que leur emploi industriel. Elle ddsirerait pouvoir enrichir sa collection d'6chantillons de ces produits. 7. Reproduction des animaux domestigues. Toutes les questions qui se rattachent a la reproduction des ani- maux int^ressent a un haut degr6 la philosophic naturelle ; elles ont 6galement la plus grande importance pour la pratique : aussi nous ne saurions les signaler aux voyageurs avec trop d'insistance. Nous leur demandons des documents pr6cis sur la croissance des animaux, la f6condit6 des races, les 6poques de rut, I'accouplement, la dur6e de la gestation, le part, etc. La reproduction des races est-elle abandonn6e k la nature? ou bien est-elle Tobjet de pratiques r6guli6res, dans le but de maintenir le pur sang', comme le choix des animaux reproducteurs, etc. ? II serait interessant d'avoir des observations bien faites au sujet de Tinfluence des reproducteurs sur la nature et sur le sexe des produits. Les croisements de races et d'espfeces seraient extr6mement impor- lants k 6tudierdans toutes leurscirconstances. La Soci6t6 verrail avec le plus grand int6r6t toutes les experiences de ce genre, suriout en ce qui concerne les esp^ces diff6rentes. Ces questions, dont Buffon avait d6ja signals, dans son immortel ouvrage, le haut int6r6t scientifique et la grande importance pratique, ont 6l6 trop n6glig6es des naturalistes modernes, par suite de Topinion gcn6ralement r6pandue sur la st6rilit6 des Kybrides. Aujourd'hui que des faits nombreux sont venus contredire cette opinion, il importe de — 256 — reprendrc la question physiologiqiie que Buffon avail posee, ct les experiences qu'il avail entreprises pour la r6soudre. Nous ne pouvons plus admetlre aujourd'hui la slerilile absolue des hybrides , mais il est certain que Ires souvenl les hybrides sonl in- feconds. Est-il possible de determiner les causes de leur infecondil6 , el les circonstances physiologiques ou autres qui laproduisent? Les observations que Ton possfede sur la f6condit6 des hybrides se rapporlent generalement a des climats plus chauds que la France. Existerait-il une relation enlre ces deux" fails? II faudrait essayer non seulemenl les croisements de Thybride avec les deux especes auxquelles il doit son origine , mais aussi, si cela 6lait possible , les croisements des hybrides entre eux , de maniere a creer des races hybrides. Les experiences failes a Macusani par Tabbe Ca- brera pour le croisement de la Vigogne et de I'Alpaca, et celles qui se font au Chili depuis long-temps entre les Boucs ellesBrebis, et sur lesquelles noire confrere Vicuna Mackenna, ainsi que M. Gay, nous ont donne des details Ires curieux, nous donnenl lieu de croire qu'en tentant ces sortes d'essais on pourrait arriver a des resullals scientifi- ques el pratiques d'une grande importance. D'apres les observations de M. Gay, il parallrait que les metis ob- lenus par le croisement du Bouc et de la Brebis perdenl leurs carac- teres apres quelques generations, et qu'il est n6cessaire , pour main- tenir ces caracteres, de recourir a rintervenlion du bouc. De pareils fails se reproduiraienl-ils dans d'autres races hybrides? Serail-il pos- sible d'obtenir une race hybride a caracteres constants? Ou bien, si la r6ponse a celte question etail negative, quelles sonl les conditions qui determineraienl le relour de ces races hybrides vers Tune plutot que vers I'autre des especes primitives? Nous croyons devoir indiquer ces experiences et toutes les questions qu'ellessoulfevent. Nous ne nous dissimulons point cependant les nom- breuses difficulles de lout genre qui peuvent entraver leur execution ou m6me I'empecher completement. Aussi nous n'esp6rons point qu'el- les puissent nous donner des resultats prochains ; mais nous croyons que dans toute espece d'entreprise le temps est le premier element de succ6s, et que Ton doit tout attendre d'efforts constants el pers6- vdrants, loujours dirig^s vers le m6me but. D'ailleurs beaucoup de personnes qui, 6tant isol6es, n'auraient point eu rid6e de tenter ces sortes d'exp6riences , pourraient aujourd'hui s'en occuper avcc zele, — 267 — assur6es qu'cUes seraient du concours et des encouragements dc la Soci6l6. En attendant que de pareils r6sultats viennent k se produire,la SociU COKSEtL GtoliRAL Dfi L^AGRICULtORE. (Stance du 13 avril 18$3.) La nalure a certainement beaucoup fail pour la produclioa de lasoie en France i car les belles soies francaises ont ete jus«j, qu'ici sans rivales dans le raonde. II ne faudrait cependanl pas en conclure que I'industrie de la sole n'a plus rien a faire de son c6le, non seulemenl pour se perfeclionner, niais meme pour se maintenir au premier rang quelle occupe encore, et qu'elle est menacee de perdre par suile des efforts si perseveranls , el Ton pent raerae dire si opi- niatres, des nations voisines, qui sont dans des conditions a peu pres semblables k celles oil nous nous Irouvons nous-metnes. Le Moniteur reproduisail, il y a quelques jours a peine, un article dun journal italien enoncant hautement les esperances qu'ont les industriels en soic de la Lorabardic de voir leurs produits places sur la meme ligne que les n6tres a I'Exposilion uoiverselle , et atlribuant en partie la diminution du chiffre de nos importations de soieries cette annee aux progres fails par \ts manufactures de leur pays. Pour maintenir noire position, plusieurs clioses Ires essen- tielles sont a faire. II faul prendre d'abord des moyens efficaces pour regenerer les races de Vers a soie, qui sont arrivees aujourd'hui a un (ital d'abdtardissemenl a peu pres complet , par suile de riuintelli- gence et de la ocgligence de la graude majorite des educateurs, — 264 — et surloutdes petits producteurs. L'avidite d'un grand nombre de speculateurs sur la graine de Vers a sole, et l*iepidemie de gattine qui sevit cruellemenl depuis trois ou quatre anneessur DOS principales conlrees sericicoles, ont puissamment contribue a augmenter le desordre et a amener ce triste resultat. L'abatardissement des races produit fatalement les deux plus grands inconvenients qui puissent frapper I'induslriede la soie, savoir : la plupart des maladies qui desolent les magnaneries, et qui content annuellement au moins la moitie de la recolte; rinferiorite de la qualite des soies, dont la regularite parfaite, avec des produits de cocons si varies de formes , de couleurs , de brins, devient d'une difficulte prodigieuse, lorsqu'elle n'est pas tout k fait impossible. II faut trouver les moyens de rendre moins incertains les produits de la recolte des Vers h. soie en cherchant les proce- des les plus rationnels pour prevenir les nombreuses maladies que Tabatardissement des races, et beaucoup d'aulres causes qu'il seraittrop long d'enumerer ici , introduisent dans les edu- cations ordinaires. II faut conlinuer le perfectionnement des methodes , qui sont susceptibles de s'enrichir successivemenl de toutes les de- couvertes nouvelles de la science moderne et de la pratique reunies, afin de les faire penetrer peu k peu dans les conlrees sericicoles, oil Tempirismedomine encore. II faut augmenter la richesse en soie des cocons par le per- fectionnement dont les races types sont susceptibles , afin de pouvoir obtenir d'abord le plus grand produit possible en soie d'une quantite de feuilles de Miirier donnee. A la recherche et au perfectionnement des types se ralta- che une question dont, selon nous , les consequences sont in- calculables. Nos travaux, poursuivis depuis pres de vingt ansa la magna- nerie experimentalcde Suinle-Tulle, avec toute la perseverance dont nous avons pu elre capable, nous ont demontre peremp- toirement que les soies provenant des diverses races ne jouis- sent pas des menies qualiles ni des memes proprieles. Les unes — 263 — sont plus tenaces , plus elasliques , et peuvent 6lre par conse- quent fileesk trois ou quatre bouts; d'aiitres le soot moins, et ne peuvent pas etre lilees k moins de cinq k six bouts. Certai- nes races ont le bout plus ferme, ce qui donne au brin de la soie les titres les plus variables. Les unes donnent des soies duveteuses, les autres des soies qui ont peu ou pas de duvet; enfin I'elasticite et la tenacitc des fits varie dans des proportions presque infinies. On comprend aiseraent qu'il doit necessairement resulter dei ces differences de qualite, de ces differences de proprietes ^ que telles ou telles soies sont plus ou moins propres k tels ou, tels emplois speciaux de Industrie. L'experience nous prouva bientdt a nous-raemes que les races elevees en Provence, dans le rayon oii nous operons, donnent des soies qu'on ue pent liler avantageusement qu'k quatre ou cinq bouts, etque cessoics- la sont essentiellement propres a la fabrication du satin. Toutes les fois que, dans I'esperance dun progres et d'un placement plus avantageux, nous avons voulu sortir du titre que nous ira- posait la specialite denos races, si nous pouvons nousexprimer ainsi, et produire des soies pour d'autres emplois, tels, par excmple, que celui des peluches, des rubans ou des articles de fantaisie, nous avons constamment echoue. Cependant, avec les cocons du Vivarais on obtient parfaitement ce resultat; mais sitdt que la race vivaraise est importee chez nous, elle perd peu a peu celte propriele, et au bout dc quelques ann^es elle ar- rive comme les n6tres au type satin, moins parfait, il est vrai, par suite de son origine. De ce seul fait que nous citons la decoulent deux conclusions forcees : Les di verses races de Vers k soie ne jouissent pas des monies qualites, des memes proprietes; Tinfluence des localites dans lesquelles on les eleve, agissant sur elles d'une maniere. plus ou moins marquee, amene des variations qui peuvent s'e- lendre k rinfioi, au grand detriment de la reussile des educa- tions dc Vers a soie , dc la regularite de la filature des ^oies et du perfeclionnement de la fabrication des tissus. — 266 — Ou n'a jamais etudie jusqu'ici les differences provenant des diverses races de Vers a soie el des modifications que subissent les types, suivant les differcntes conditions de I'education aux- quelles ils se trouvent soumis. On a encore moins etudie ['in- fluence des localites sur la constitution , sur la conservation et sur le perfectionnement de telle ou telle race donnee. La plus incroyable confusion a done regne jusqu'ici dans I'education des diverses races. Or, comme on vient de le voir par notre propre experience , chaque localite a une tendance marquee a produire une race, un type, qui jouit de telle ou telle propriete particuliere. Toutes les fois que cette tendance naturelle est con- trariee par I'ignorance et par Tempirisrae des educateurs , on arrive fatalement a lade'gfenerescence des races. C'est precise- ment ou nous en sommes en ce moment par suite de I'invasion des races elrangeres, introduites sans discernement et sans des travaux d'acclimatation preparaloire convenables. Or le plus grand service que, suivant nous , on puisse rendre a la sericiculture au point ou elle est arrivee aujourd'hui, c'est de faire une etude serieuse, savante et pratique tout a la fois, des diverses races de Vers a soie, afin de les ramener k un petit nombre de types; c'est d'etudier industriellement les quali- tes et les proprietes particulieres des soies qui proviennent de chaque race distincte de Vers a soie, de chaque type particu- lier, en un mot; c'est d'etudier enfin, si Ton peut s'expri- rnerainsi, les affinites qui existent entre tel ou tel type donne et les influences et les conditions particulieres que peuvent presenter chaque zone et quelquefois meme chaque localite sericicole. Quand on sera bien fixe sur toutes ces choses-la, on saura quelle est la race de Vers k soie qu'il faut elever de preference pour produire les plus beaux satins, les plus beaux velours ou les plus beaux rubans possibles, et quel est le pays, quelle est la localite qui peuvent amener, par une certaine tendance, par certaines affinites naturelles, la race satin, la race velours, la race rubans, etc., a leur type le plus pur. Quand on saura toutes ces choses, la degenerescence des — 267 — races sera arretee, puisqu'oQ n'elevera plus dans chaque con- tree que la race qui lui conviendra le mieux, et qui, par conse- quent, au lieu d'y degenerer, s'y perfectionnera au conlraire de plus en plus, jusqu'a ce quelle soit arrivee k la limite qui lui a et6 assignee par la nature. Quand on en sera arriv6 \k, I'idee fondamentale qui a preside a la creation de la magnanerie experimentale de Sainle-Tuile, dans la direction de laquelle notre honorable collogue M. Gue- rin-Meneville nous prete si genereusemenl son concours de- » puis huitannees, sera realisee. L'induslrie de la soieaura ete . etudi^e sous son point de vue le plus general, depuis la culture * des diverses especes de MAriers, I'education des differentes-, races de Vers k soie, la filature des soies qu'elles peuvenl pro- duire, la determination precise des proprietes particulieres des soies de chaque race, enlln jusqu'aux rapports qui existent entre leurs proprietes et la fabrication des lissus les plus varies par les . caprices de la mode. L'ind uslrie de la soie, ainsi etudiee, disons-nous, aura subi une revolution complete , dont le commencement datera de I'intro- duction des melhodes rationnelles d'education, et dont le terme le plus avance sera la classification industrielle des races de Vers a soie. — 268 — NOTE SUR LE BOMBYX DU CHENE, Par M. GIJERIW-IMEWEVII.I.E. (Seance du 4 avril 1855.) LacommissioQ permanente chargee des Iravaux relatifs a la confection de la graine des Vers k soie chinois, qui se nounis- sent des feuilles de divers Chenes, et de ceux de I'Amerique du Nord, a tout dispose pour assurer, autant que cela est pos- sible, Teclosion des Papillons, leur fecondation et leur ponte, dans les meilleures conditions, soil a Paris, soit a la campagne, soil en Algerie, et meme en Italic et en Suisse. Deja quelques cocons du Ver a soie du Ch^ne, consideres comme ne renfermant que des chrysalides mortes, et que Ton avait places dans la menagerie des reptiles au Jardin des Plan- tes, ont donne naissance (le 27 mars) a un Papillon, ce qui montre que ceux qui ont ete reserves et choisis comme bien vi- vants ne vont pas tarder a eclore. Ce Papillon, qui est un male, est tout a fait semblable a ceux que j'ai vus vivants a Lyon a la fin d'avril 1851 , et dont Ics cocons avaient ete envoyes de la province de5Hi-(7/men par Ic Pere Perny, missionnaire francais, plein d'inslruction et de zele pour le bien de la religion et des interets materiels de son pays. Le dessin de ce Bombyx , que j'ai fait d'apres le vivant en passant a Lyon en 1851 , et que je n'ai pas public par discre- tion, parcequeM. Jourdan m'avait dit qu'il voulait faire un travail a ce sujet en decrivant cette espece au nom du Pere Perny, montre que les cocons envoyes en 1851 sont lesmeraes que ceux que Ton doit aujourd'hui au zele si actif de notre ho- norable confrere M. de Montigny. Ce Bombyx me parait assez distinct du B. paphia , Lin. {mylitla, fab. Tussah); mais s'il apparlient h la meme es- pece, comme le pense M. Boisduval, celle-ci a ete tellement influencee par le climat froid qu'elle habite et par la nourri- - 269 - turc , que les couleurs ct les dcssins du Papillon, ct surlout la forme et la texture du cocon, cq ont ele fortement mo- difies. Si ce PapilloQ du Ch^ne n'est qu'une vari6le locale du B. paphia , celte variete merile d'etre designee par un nom. J'aurais ete heureux dc la dedier a noire confrere M . de Mon- tigny, pour rappeler ainsi, h la maniere des naluralistes, le nom de celui qui en a enfin dole sou pays ; mais la justice veut que celte dedicace apparlienne au pfere Perny, qui a introduit cette espece en France d6s 1851. En effet, si noire pays n'a pas pro- file de celte introduction, cela est indepcndanl de la volonte de eel honorable missionnaire : car 11 avail reussi, au prix de peni- bles efforts, k faire arriver a Lyon plusieurs cenlaines de ces cocons vivanls, qui ont donne quelques Papillons donl on n'a pu obtenir la fecondalion el la ponte. Comme je n'ai vu que deux males de ce Papillon, je crois de- voir attendre encore, pour en donner une description, qued'au- tres individus aient ele obtenus des cocons que la Societe a recus recemment. Ce Bombyx 5 soie , si commun dans cerlaines parlies de la Chine, oiisa soie habille, au dire des missionnaires et des voya- geurs , plusieurs millions d'habitants, parall n'avoir jamais ele apporte en Europe, car il ne figure ni dans les ouvrages des sa- vants, ni dans les collections publiques ou privees. C'est done une acquisition precieuse au point de vue de la science, ainsi quk celui de I'agricullure, si nous parvenons a I'acclimaler. Le cocon de ce Bombyx des regions froides de la Chine a beaucoup de ressemblance avec celui d'une espece Ires voi- sine que Ton recolle au Bengale, dans le royaume d'As- sam; mais les Papillons different specifiquement d'une ma- niere notable. L'espece de I'Assam, nommee dans le pays Mooga on Moonga [B. assamcnsis, Heifer), ct donl j'ai vu des echantillons, sous le dernier nom indien, k I'Exposilion universelle de Londres , a beaucoup de ressemblance avec un Bombyx a soie de Pondichery que j'ai public {Mag. de zooL, 1843; Insectes, pi. 123) sous le nom de M. Perrotlel, qui en a fail la decouvcrle el a qui linduslric de la soie doit tant dc — 270 — travaux utiles. Ces Bomhyx assamensis et PerroUetii se dis- tinguenl surtout par les laches ocellees de leurs ailes, qui sont enlierement revetues d'ecailles colorees et ne laissent pas voir de partie vitree , cornme dans le Bomhyx paphia (Tussah) et la nouvelle espece ou variete Pernyi du nord de la Chine. Du reste, le Ver a soie Mooga de I'Assam se nourrit ^es feuilles de sept especes d'arbres, parmi lesqueiles ne figure aucun Chene. On en fait cinq educations chaque annee, landis que le Bombyx du nord de la Chine n'en donne qu'une ou deux. P. S. Aujourd'hui24mai,jepuisannoncerque le Bombyx du Chene forme decidement une espece nouvelle, car j'ai pu voir Irois autres males eclos recemment el bien developpes. Ces pa- pillons, compares a des males de la Sat. paphia, en different conslamment par leur couleur, generalement plus pale et uni- forme sur le disque des ailes et a leur bord exlerne; par les taches ocellees el Iransparenles, qui sont placees un peu plus loin de la base , puisque leur partie Iransparente n'esl pas par- tagee egalement par la nervure discc-cellulaire, qui se trouve tout pres du bord interne de cetle portion vitree; par la slrie transversale exlerne des qualre ailes, qui est droite ou sans on- dulalions, plus eloignee du bord exlerne et bien moins parallele ace bord, et qui, aux ailes inferieures surtout, passe beaucoup plus presde la tache ocellee que du bord. Voici le signalement sommaire de celle nouvelle espece : Saturnie de Perny, Salurnia Pernyi. — Ailes etendues, entiere- ment d'un jaune plus ou moins fauve ou couleur de nankin , ayant cha- cune une tache ocellee ronde et vitree dont Tiris est rose strie de blanc du c6te de la base de Taile, et jaune horde de noir du c6te externe, ou brun lisere de rose et de jaune. Apres le milieu, il y a une strie transverse presque droite , d'un brun rose, bordee de blanc exterieurement, et tres rapprochee de Toeil , surtout aux ailes inferieures. — Enverg. de 11 a 14 centim. Je donnerai une description plus detaillee el des figures de cetle nouvelle Salurnie quand j'aurai pu observer ses deux sexes et ses, varieles. - 271 — NOTE SUR.L'IGNAME DE LA CHINE Imperii par H. de MONTIGNY par Bf . niCHAHD (dn Cantal). (Stance du IG f^vrier 185!>.) L'imporlalion d'une planle alimenlairc nouvelle est toujours un bienfait , el nous devons en etre loujours reconnaissants envers ceux qui raccomplissent. La Sociele zoologique d'accli- matalion est heureuse de voir Tun de ses merabres, I'honorable M. de Monligny, metlre en pratique avec aulanl de zelc les idees quelle cherche k repandre, non seulemenl en France, oil elle s'esl fondee la premiere sur le globe, mais sur lous les points de la terre , faisanl , pour parvenir a son but, appel k loules les intelligences , a lous les devoiiments. La France recoil chaque jour des planles diverges que I'industrie agricole, horlicole ou forestiere cherche a accli- mater ; mais, parmi ces vegelaux plus ou moins utiles, I'lgname de la Chine paralt appele k jouer un r6Ie important, parce- qu'il est destine a augmenter nos subsislances. Cette planle , que les Chinois nommenl saya, el que les bolanisles onl appelee Igname, apparlient a la famille des Dioscorees. Elle forme un genre qui comprend plusieurs especes cultivees dans diver- ses conlrees pour la nourrilure de I'homme. Celle que nous signalons ici parail etre de I'espece qui a ele designee par Ic nom bolanique de Dioscorea batatas. M. Jomard propose de la nommer Dioscoree de Montigny. La Pommc de terre est generalement inconnue en Chine; elle n'est cultivee que par exception dans eel immense pays, chcz quelques Europeens, qui onl eu des tubercules d'Europe ou d'Amerique. C'est I'lgname qui remplace celle solanee pour la nourrilure des populations chinoises. Voici comment M. de Monligny a eu I'idee de doter son pays de cette planle prccieuse : — 272 — « Lorsque j'arrivai en Chine, dit M. de Montigny, je » vis que les populations indigentes se nourrissaient du Saya » au lieu de Pommes de terre, qu'elles ne connaissaient pas. » Je voulus immediatement juger des qualites de celle plante » alimentaire, etjedonnairordredem'en acheterau marche. Je » lui trouvai la plus grande analogie avecla Pomrae de leire, soil » par sa saveur, soil par son mode de preparation et de cuisson. » Je songeai alors k la maladie de la Parmenliere en Europe, » et je fus convaincu que le Saya pourrait la remplacer avan- » tageusement. Des 1848, j'envoyai en France des racines de » cette plante. Du reste, j'avais tons les jours k ma table un » plat de Saya, et tous les Europeens auxquels j'etais assez » heureux pour offrir I'hospitalite en mangeaient loujours » avec autant de plaisir que moi. » Les rhizomes d'Igname envoyes par M. de Montigny au Museum d'histoire nalurelle de Paris donnerent lieu a des experiences de culture faites sous la direction de M. le profes- seur Decaisne. Ces experiences ont parfaiteraent reussi, et M. Decaisne a fait connaitre a I'Academie des sciences les resullats heureux qu'il a obtenus sur la Dioscoree, qu'il croit superieure en quality a la Pomme de terre. Nous avons voulu nous convaincre nous-meme de la realite des faits avances sur I'lgname : M. de Montigny nous donna I'adresse de M. Paillet, jardinier pepinierisle habile, qui, le premier en France apres le Museum d'histoire naturelle, a cultive cette 'plante, et I'a de plus repandue sur quelques points. II nous en a donne quelques rhizomes dont nous avons tir6 le meilleur parti possible pour sa multiplication, line seule de ces racines ful rescrvee pour etre examinee comrae aliment ; elle fut soumise a la cuisson dans Teau, absolument comme line Pomme de terre. Lorsqu'elle fut cuile, elle ressemblait a une longue vitelote, dont elle avait k pen pres la couleur ; elle fut pelee comme une Pomme de terre et mangee de meme par les convives deM. le president de la Societe zoologiqued'acclima- lation. Ce fut chez lui.au Museumd'histoire naturelle, que I'ob- servation futfaile. Pour moncompte,je trouvai que I'lgname ne I — 273 - diderail prcsque pas, par la saveur el la consistance du tissu, de la Pomme de Icrre non encore parvenue a son etal parfaii de maturile. La configuration d'un rhizome d'Fgname, qui peul peser jus- qu a plusicurs kilogrammes quand il a obtcnu tout son develop- pement, est cello dune petite massue. La couleur de la pean est terreuse. Lorsqu'on le casse, ce qui est facile en le courhant. il olTre un tissu blanc reconvert d'un liquide mucilagincux qui rappclle le mucilage de la racine de guimauve; mais ce muci- lage disparatt par la cuissoo. La saveur de cette racine n'a rien de caracteristique h I'etat crA. On peutlaconsomrner ainsi, d'ailleurs, comme un fruit ordinaire, ce que I'ou ne pent pas faire, corame on sail, de la Pomme de terre. Du reste, ce n'estpas seulemenl en Chine que I'lgname est cultive pour la nourriture des populations : son produit offrc les. plus grandes ressources en Amerique. Un de mes amis de la Societc zoologique d'acclimatation, M. MennelPossoz, me disait un jour : « Lorsque j'elais en Amerique, il y a quarante- » troisans,jevoyaisdesnegres, desmalheureux,se nourrir avec » llgname. Je regrettais que ce precieux aliment ne fut pas » conuu de nion pays. II y aura bienl6t un demi-siecle que j'ai » etc temoin du fail que je signale ici, et il a fallu lout ce temps » pour voir cetle plante atlirer raltenlion des philanthropes de » noire epoque , quand on pouvait se la procurer immediate- o menl. Ah! que de miseres son adoption aucommencementdece » siecle aurail pu soulager dans nos campagnes comme dans » nos villes ! » LaSociete zoologique d'acclimatation sera plus prevoyantequc nous ne I'avons ete dans le passe en France. Lorsqu'elle con- nailrasur quelque parlie du globe, soil un vegetal, soil un ani- mal utile, elle s'empressera de se le procurer par ses nom- brcuses relations et del'eludier, pour en doter le pays, si noire climal ne s'y oppose pas. A I'analyse, I'lgname fournila peu pres les memes principes alimenlaires que la Pomme de terre, plus un element azote qui provient de la substance mucilagineuse dont nous avons deja II 18 — 274 — parle. M. Fremy, professeur de chimie au Museum d'histoirc nalurelle, a fail une etude chimique de la racine de celte planle, el, d'apres son opinion, onpourrait conclure quelle servira avec avanlage k faire du pain, « L'Igname de la Chine, dil-il, » coupe en peliles rondelles et desseche a i'etuve, donne un. » produit qui se laisse reduire en poudre, et qui, traite par » I'eau, forme une pale rappelanl, par sa paslicile, celle qui est » produile par la farine de Fromenl. » Pourvud un principe azote commele Fromenl, I'lgname pour- rait done, comme la Pomme de terre, et meme mieux qu'elle, elre melange dans de grandes proportions avec la farine deble, pour faire du pain ou une infinite d'autres preparations aliraenlaires. L'Igname reussit dans les pays froids de la Chine; il pour- rail done elre cullive dans loules les parties de la France , aunord comme au midi, sur lesmonlagnes elevees comme dans les plaines el les vallees. Sa culture est la memeque celle de la Pomme de terre. Pour planter cells racine, on la coupe par raorceaux, comme le lubercule de la Parmeuliere; on place ces morceaux dans la terre de la meme maniere , mais a cinc] ou six centimetres de profondeur seulemenl, a la. meme epo- quede I'annee. llparait que, comme noire solanee tuberculeuse, rigname , cullive dans un sol leger, sablonneux et sec, a plus de qualilesque dans les sols gras et humides. M. Paillel nous a offert de suivre chez lui la marche de la culture de la Dioscoree cbinoise; nous avons accepte avec empressement cette offre obligeanle, el nous ferons connailre plus lard a la Societe les resullats des eludes pratiques d'acclimalalion que nous aurons faites sur la production de celle planle alimenlaire, appelee a rendre d'i,mmenses services a nos populations ouvrieres sur- toul. — 275 — Ml^MOiRE SUR LE RIZ SEC, THADUIT EN PAaTIE DE l'e>CY(:LOPEDIR CHEOU-CHr-TOSC-KAO (l.ivre SO), Par Eugdnc UERMAIV DK IMKRITEiliS. Iticinbru ilu la Socidli Asiatiquc ut du la SouitUi! Zoologique d'acclimatalion. La question du Riz sec a preoccup6 ragriculture depuis de nombreuses annees, el nous n'en voudrions pour preuve que la' mission donnee kl'ambassade extraordinaire de France en Chine (elle eut lieu en 1846) d'en rapporter ou d'en envoyer des graines. Un homme verse dans laconnaissancedes sciences naturelles et agricoles, M. le docteur Yvan, employa tous les moyens pos- sibles pour resoudrc ce probl6me; mais il fut induit en erreur par les assertions positives d'un missionnaire qui voyageait alors en Cochinchine. Nous avons peine a coinprendre comment ce missionnaire" put se tromper aussi radicalement, alors qu'il se Irouvait dans le pays ou fut sem6 pour la premiere fois le Riz sec, et oil il est aussi commun que le Riz aquatique Test en Chine. Peut-etre I'idiome de ce pays n'elait-il pas tresfamilieri ce missionnaire, qui adressa au docteur Yvan des graines d'fipeautre au lieu de graines de Riz. A la premiere inspection deces graines, le doc- teur decouvril la meprise; mais il pensa que le Kiz sec n'avait jamais exisle, qu'il avail ete coufondu avec Tl^peautre; il ecri- vit dans ce sens au ministre, el I'airaire en resta Ik. En 1850 parut un ouvrage intitule : Recherches sur Vagriculture et V horticulture des Chinois, dans lequel le baron Leon d'Hervey Sainl-Denys. abordanl la question du Riz sec, faisait esperer — 276 — au public une Iraduclion complete de rarticle qui lui est coo- sacre dans la grande encyclopedie chinoise. Cinq annees se sont ecoulees depuis cette epoque , et M. le baron Leon d'Hervey Saint-Denys, absorbe sans doute par des iravaux dun autre ordre, n'a pas donne suite au projet qu'il avait annonce au public. Nous avons cru la question assez se- rieuse pour en faire I'objet d'un memoire comparatif. Jamais I'instant ne fut plus favorable , puisqu'au moment ou nous ecri- vons ces lignes, M. de Montigny, consul de France a Shang- Hai , vient d'apporter en France des graines de Riz sec , et que plusieurs experiences ont deja donne un resultat tres salis- faisant. 11 serait bon des lors de faire connaitre d'une maniere exacte la melhode de culture appliquee par les Chinois a cette espece de Riz , le nombre de recoltes qu'il pent donner cha- que annec, et de rappeler sommairement la culture du Riz aquatique, les maladies qu'il provoque, afin d'etablir I'evi- dence des incontestables avanlagesdu premier sur le second. Un autre ouvrage qui a paru dans ces deruiers temps, inti- tule : Voyage agricole et horticole en Chine , extrait des pu- blications de M. Fortune (Robert), traduit de I'anglais par M. le baron de Lagarde-Monllezun, traite en detail du Riz aquatique. L'auteur y signale les essais tentes a diverses epo- ques pour le cultiver en France, les resultats satisfaisants qui ont ele obtenus , et exprime I'espoir legitime de voir bient6t renouveler des experiences irop lot abandonnees. — M. de Montlezun se propose d'entreprendre lui-meme la culture du Riz suivant un des trois systemes enumeres dans son ouvrage, et que nous ferons connaitre en temps et lieu. Peut-etre la de- couverte du Riz sec, a laquelle I'honorable auteur etait loin de songer, modifiera-telle ses projets et provoquera-t-elle I'appro- bation de la Societe imperiale et centrale d'agriculture, dont M. le baron de Lagarde Montlezun est le secretaire et un des membres les plus eclaires. jNous esperons que Ton voudra bien accueillir avec indulgence le travail que nouspresentons aujourd'hui. C'est un sujetd'inte- ret public bien grave que celui qui touche au progres agricole I — 277 — d'une nation , el nous sommes heureux de remercicr ici les hommes eclair^s el honorables qui onl bien voulu encourager nos debuts dans une carricre aussi s6rieuse. Du Riz, Le Riz, comme tout le monde le sail , est la nourrilure ha- biluelle des Chinois. La culture en est repandue dans toutesles nrovinces de la Chine qui joignent a Tabondance des eaux la douceur de tcmperalure convenablc k cette espece de grain. Les provinces du tnidi en donnenl annuellemenl deux re- coltes. On distingue en Chine plusieurs espcces de Riz : le Riz blanc el le Riz rouge , le Riz au petit grain el le Riz au gros grain, le Riz sec proprement dit et le Riz sec glulineux. Ces deux derniferes especes vont Sire traitees au long dans ce me- moire , car I'une et I'autrc peuvent etre cultivees dans les terres seches et elevees. Elles no reclaraent, selon les uns, que les eaux du ciel; selon les aulres, elles veulent en outre un terrain lant soil peu humide Nous verrons plus loin que la seconde assertion est celle qui doit etre adoptee. En enumerant les differentes especes de Riz, nous necroyons pas devoir passer sous silence celle qui est due au grand empe- reur Kang-Hi, auquel le hasard la fit, dil-oo, decouvrir. Ce fail est rapporte a la page 176 de louvrage de I'abbe Grosicr, qui le raconle en ces termes : « L'agriculture. dit le prince, a fait mes delices des que j'ai n commence a raisonner. Je me suis donne le plaisir de faire » culliver sous mes yeux toutes les especes de Ble, de grains, » d'herbages, de legumes et de fruits que j'ai pu connatlre. » Ouand on m'apporlait quelque espece nouvelle ou singuliere, " j'en prenais un soin extraordinaire. Si elle me reussissait, je •> veillais a ce qu'on la fit connaltre k mes peuples, afin qu'on « profitat de ma decouverte el qu'on s'elTorcat de la perfeclion- » ner. II arriva unc annec que je me proinenais, les premiers » jours de la sixieme lune, dans les champs oil Ton avail seme - 278 — » dii Riz, qui nc devail donner sa moisson qii'a la neuvieme. » Je remarquai par hasard uti pied de Riz qui, deja monte en » epi, s'elevait au dessus de tous les autres. 11 etait assez mur » pour etre cueilli; le grain en etait tres beau et bien nourri. » Cela me donna la pensee de le garder pour tenter un essai, » et voir si, I'annee suivante, il conserverait ainsi sa precocite. » II la conserva en effet : tous les pied qui en provinrent mon- » terent en epi avant le temps ordinaire et donnerent leur mois- » son a la sixieme lune. Chacune dcs annees qui ont suivi a » multiplie la recolte de la precedente, et, dcpuis Irenle ans, » c'est le Riz qu'on sert sur ma table. Le grain en est allonge » et la couleur un pen rougeatre ; mais il a un parfum fort » doux et une saveur tres agreable. On le nomme yu mi, » Riz imperial, parce que c'est dans mes jardins qu'il a com- » mence a etre culiive. C'est le seul qui puisse murir au nord » de la grande muraille, oil les froids finissent tres tard et re- » commencent de tres bonne heure ; mais dans les provinces du » midi, oil le climat est plus doux et la terre plus fertile, on peut » aisement en oblenir deux nioissons par an. C'est une bien » douce consolation pour moi d'avoir procure cet avantage a » mes peuples. » Ces notions generales une fois posees, nous passerons a la definition du Riz sec et aux differenls noms qu'on lui donne. On pourra alors se procurer facilement des graines par I'envoi des caracleres originaux aux agents diplomaliques de France en Chine, si on donne suite, comme nous I'esperons, aux expe- riences lentees jadis^au Jardin des Planteset entreprises depuis avec succes en Algerie. Beaucoup de colons, m'a dit M. de Mon- ligny, ont fail demancler des graines pour semence. Definition et historique du Riz sec et deses differentes especes. Pour re rien omettre d'important sur ce sujet, nous allons donner la traduction de tout le passage qui lui est consacre dans la grande Encyclopedic chinoise. Le Iccteur appreciera par lui-meme Timportancc du rang eleve qu'occupe en Chine I — 279 — celle oeniale dans I'agricullure, el les ressources incalculablcs quelle olTre au C6lesle Empire. On distin{(ue en Chine deux grandes varietds de Riz sec, qui elies- niemes se subdivisent en plusieurs aulres : Tune appel6e Sien-tao^ Av\ 'I'H , el Tautre Keng ou Kang-tao, i^ ^9 . Le Sien-lao est bcaucoup plus petit que le Rang. li nc contient aucun principe gluli- neux. On I'appelle encore Tsao-tao, -^-F" 'rEi , ou Riz pr6coce, par op- position auRizliCa/j^,qu'onnommcaussiB^a/jn7«o, Riz lardif, *>t 'tQ. 11 existe plusieurs vari6t6s du Riz 5je/j,^v/ : 4° Le Lou-che-ji-fao , /\ J O ^TQ , ou Riz de soixanle jours, appeI6 ainsi parcequ'il se r6colte deux mois apres avoir 6t6 se- m6. Ses grains sent pelits et blancs. 2° Le Pe-j'i-tao, M tj -TH ou Riz de cent jours , dont la barbe est rouge et le grain blanc. 3° Le Ta-sien, /^ Ml , grand Riz. 4° Le Siao-st'en, -^J^ ^TW , petit Riz. Quelques auteurs pretendent que ce Riz Sien n'est lui-m6me qu'une variei6 du Riz Rang. II en differe n6anmoins par I'iclat qu'il projette et par sa pr6cocit6. II vienl du royaume de Tsiang-Pa, d'oii il a tir6 le nom de Tchen, f— 1 , caractere par lequel les Chinois dfes'ignent le royaume de Tsiang-Pa , pays dependant de la Cochin- chine. C'est i\ tort qu'on a all6r6 I'orthographe de ce mot, tout en cou- servant le son qui rappelle son origine premiere. Ainsi ils 6crivent aujourd'hui /fp . II est Evident cependant que le Riz Sien a une grande ressemblance avec une des vari6t6s du Riz Kang, landis qu'il differe sensiblemcnt (les autres. Comme le Kang^ il vient de la Cochinchine; comme lui , il flit d'abord cultiv6 dans le Fo-Kien^ province situ6e a rextr6mil6 du C6leste-Empire. Sa couleur est rouge et blanche. II mOrit exlrfime- ment vite; il peutfitre moissonn6 g6n6ralement vers le sixi6me mois. (L'ann6e chinoise commence dans le mois de f^vrier.) Dans les ddparlements de Yang-Tcheou etde King-Tcheou^ depcn- - 280 — (lants Tun dc la province de Kiang-Nan^ etrautrc decelle du Eo-nan, qn i sont silues, le premier aii 116*= degre 55' de longitude, I'autre au 110" degre 54' 35' de longitude, on cultive ce Riz avec de grands succes. Some dans un terrain convcnable , il eut, des ses premiers essais , do lels resultats, que le gouvernement voulut en doubler el meme en tripler les impots, ce qui le relegua pour un temps aux exlremites de Tempire. C'est alors qu'il alia enrichir de ses produits les champs eloi- gn6s du Fo-Kien, on croissait d6ja le Riz appele Kang. Aujourd'hui , dit un autre auleur chinois, on possede cette especc de Riz dans la province de Tche-Kiang. Ses grains sont petits; il sup- porte 6galement le froidct le chaud, murit tres promptenient. On s'en sen exclusivement comme aliment, Les agriculteurs lui donnent aussi le nom de Riz de Cochinchine, parcequ'il leur vient de ce pays. Jadis Tempereur Chin-Tsoung^ ayant appris qu'il exislait une espece de Riz qui pouvait etre cultive dans les terrains sees, envoya echangcr une grande quantite d'or contre cette semence precieuse. On Tcssaya d'a- bord dans les endroits ecartes, et cinq annees apr&s, comme il n'en res- tait plus que dans le Fo-Kien^ on s'en procura d'autre que Ton repan- ditdans lout Fempire. Siu-Hien-Tchong s celebre agricultcur, raconte (1) ainsi ce qui so passa alors : Par suite des chaleurs excessivos ct de la secheresse de la terrc, une misere affreuse regnait presque conlinuellement dans les monia- gnes. Jadis Tempercur Chin-Tsoung, qui regna de 995 a 1021, vou- lant rcmedicr a ce fleau, qui s'etendait sur la partie orientale et la partie occidentale du Tche-Kiang, ordonna d'acheler dans le Fo-A'' traine par I'eau qui coule dans ces trous, aussitdi que I'ou- » vrier retire la main. Cette operation se fait avec une grande » celerite. » L'abbe Grosier assure qu'un seul labour ne peut suffire, qu'il en faut trois et quelquefois quatre. De plus, I'inondation du ter- rain, le travail dans la boue, constituent des embarras et des in- convenients sans nombre pour les cultivateurs de la Chine ; mais c'estcheznous, c'est en Europe, que Ton apercevralesavantages du Riz sec sur le Riz aquatique. On a tente deja plusieurs fois d'inlroduirc en France la culture de ce dernier. La plupart de ces tentatives ont du etre abandonnees, a cause des difficultes qui surgissaient de cette culture. D'un autre c6te, I'attention du gouvernement a ete eveillee par I'insalubrite des rizieres nou- velles, dont les emanations fievreuses exercaient les plus grands ravages sur les populations qui s'adonnaient a ce travail. L'au- lorite dut alors intervcnir, limiter I'existence des rizieres la oil elles existaient, les interdire Ik oil elles n'existaient pas encore, I'avidite du paysan etant telle qu'il n'eut pas recule devant la nialadie, ayant d'autre part la certitude d'une ample moisson et la perspective d'un gain assure, Get inconvenient capital n'existe pas pour le Riz dont nous nous occupons, puisqu'il est cullive a sec el (ju'il nc reclame aucunc irrigation. Sans pouvoir apn'ori I — 285 - etablir le prix dc revieni de la main-doeuvre par dcs chifircs, Ton pout etre certain que la culture du Riz sec est beaucoup moins dispendieuse que celle du Riz acjuatiquc. iM. le baron Lagarde de Monllezuii vienl encore appuyer ce quej'avance. Je lis dans son ouvrage : « Si jamais je cultive le Riz, j'aurai a choisir enlre Irois sys- » temes, dont chacun a ses avantages. t' Quel que soil celui de ces syslemes que j'adople, il est evi- ') dent que I'eauesttoujours lagrande depense ; etsi lescanaux » superieurs au sol ne sonl pas construits, il est k craindre que » le prix d'achai et de raise en place , les frequents ch6mages » des machines pour reparation, la cherle des combustibles et » la rarete des machinisies, ne degofltent de celte culture. » Je n'ai rien a ajouter a ces quelques lignes, emanees dc la plume d'un homme aussi competent a lous egards sur cette nia- liere. Son jugement sage semble avoir proscril le Riz aquatique et confirme ce que je lends a prouver de la superiorite du Riz sec, qui est pour la Chine une richesse providentielle. Nota. — II sera sans doute curieux de trouver ici la methode ingenieuse dcs Chinois pour cultiver les monlagnes les plus ele- vecs, «!t dont les produits annuels sont vraiment remarquables. — Ce passage est exlrail du P. du Halde : « Les monlagnes el les collines sonl, depuis le pied jusqu'au » sommet, coupees en terrasses haules de Irois ou qualre pieds, « qui selevent quelquefois I'une sur Tautre jusqu'au nombre » de vingl ou Irente. Ces monlagnes ne sont pas g^neralement ' pierreuses, comme celles de I'Europe. La terre est si legere » qu'elle se coupe aisemenl, et si profonde dans quelques pro- » vioces, qu'on pourrail la creuser I'espace dc trois ou quatre » cents pieds sans rencontrer le roc. Lorsqu'il s'y irouve des » pierres en trop grand nombre, les Chinois onl des moyens " iugenieux de s'en debarrasser el balissent des petils murs » pour soutenir les terrasses. Us aplanissenl les bonnes lerres » el les cnsemencenl dc diverses sortes de grains. » — Si c'esl du riz aqualiquc qu'ils semenl, comme il ne pent croitre sans — 286 - eau, ils font des reservoirs qui recoivent ct les eaux du ciel el celles qui descendent des inonlagnes; el, au moyen d'uiie ma- chine hydraulique fori simple el de luyaux de bambous, I'eau monte jusqu'aux elages les plus eleves ou lombe sur les pieces d'en bas. Si c'esl du Riz sec, ils emploient le mode de Culture deja cite. 11 est done perrais de croire que ces montagnes incultes dont parle M. Fortune n'exislenl lout au plus qu aux frontieres de I'empire chinois. Epoques de la semence du Riz sec, engrais qu'il reclame, repiquages, epoques des recoltes. Pour le Riz sec comme pour le Riz aquatique, lous les travaux de semence se font g^neralement au prinlemps. On trouve deux dales precisees dans la grande Encyclop6die chinoise. La premiere est le 21 mars, tchun-fen, ^^ -^^ ; la seconde leSavril, /Asm^-wm^'-, ^^ QH . Maintenant il y a des vari6tes pour lesquelles les epoques changent. Ainsi nous avons distingue dans le Riz sec Tespece halive et Tespece tardive. La premiere se seme au printemps, soil au 24 mars ou au 5 avril, et nmrit en 6le ; la seconde se seme en automne et mii- rit en hiver. Apres avoir seme le Riz , il faut engraisser la terre et I'arroser. Quand les veines de la terre sont trop brulees par les ardeurs du soleil, les epis sont peu fournis. Alors on emploie toules sorles de moyens pour rappeler la vie dans le champ dess6che. Une epaisse couche d'engrais est un auxiliaire puissant pour la recolte attendue ; aussi on se sert d'une multitude d'herbes pour s'en procurer. Les lourteaux sont employes le plus generalement. lis proviennent du residu de plantes oleagineuses pass6es au pressoir. On se sert encore a cet effet de I'ecorce des arbres et des feuilles de toute espece. Dans tout Tem- pire on met en pratique le meme precede. Si au contraire la terre est par trop froide , alors on rassemble les os des animaux , et apres les avoir reduits en cendreon les etcndsur le champ ensemence. Les de- bris d'animaux sont tres appr6cies en Chine comme excellent engrais. Un autre amendement non moins estirne et d'un usage presque ge- neral, c est la chaux reduiie en poussiere et jetee sur les jeunes pous- — i>87 — ses; mais die ne doit pas 6tre employee sun unc terrc cxposec aux ardeurs incessanles du soleil. Si la terre est par Irop dure ci Irop dess6cliee, il faut y faire passer la charruc et former des sillons ; mais pr^alabiemeol, on rassemblera des broussailles et on y meltra le feu. 11 est de toute 6vidence qu'un pareil trailetnent serait complctemenl inutile sur des terres meubles. Des que les premieres pousses de l\iz comraencentasorlir de terre, il faut les 6claircir el transplanter les plants arrach6s dans un terrain pr6par6 a les recevoir. Cette preparation est des plus simples : elle consistc^ dans un seul labour doDn6 a une terre habituee a produire du Uiz. Rien n'est done plus facile et moins dispendieux, et c'est en- core un avanlage immense sur le Riz aquatique, qui demande pour lo repiquage de ses jeunes plantes des operations d'une difficult^ ex- treme et d'un prix tres (ilev6. C'est il peu pr6s trente jours apres la naissance des jeunes pousses que doit commenccr le repiquage; elles ont atleint alors un tsun environ de hauteur (un pouce chinois, c'est-a-dire a peupr6s 20 cen- timetres de France), et elles prennent le nora de Miao. Il faut 6viter que le terrain qui va les recevoir soit inond6 d'eau, ou d'une s6che- resse extreme, car elles mourraient infailliblement. On rdunit ces jeu- nes pousses par petits paquets de dix ou douze, on les lie et on les transplante ainsi. On seme le Riz tellement epais la premiere fois qu'on le confie a la terre, que lorsque arrive le moment du repiquage un arpent do Tancien terrain doit occuper vingt-cinq arpenis du nou- veau. Lorsqu'on transplante les jeunes plants, si on se trouve en au- tomue, dans un temps bien pur, on arrose le terrain d'un bout k I'au- Ire. Les agriculteurs chinois s6ment partout le Riz sec. Il se plait ega- lementdans les plaines et sur les montagnes, ce qui lui conslitue en- core un avantage inappreciable. Le Riz sec appel6 Sien , dont il y a plusieurs variet6s , ainsi que nous I'avons dit plus haut, se s6rae aux 6poques suivantes : 1° Le Lou-che-ji-tao^ /\ I fJ 'I'Q , ou Riz de soixante jours, se s6me le 5 avril el est bon a moissonnerle 5 juin ; 2" Le Ta-sien , / v TW , se seme vers le 5 mai pour fitre mois- sounc dans les premiers jours de septembre ; — 288 — 3" Le Siao-sien^ ■%|^ ^y\ , doit clre seme vers le 5 avril pour etre moissonne vers le 5 aout; 4° Le Pe-ji-tchi^ H t* /^J^ , on Riz de cent jours, doit elre seme le 5 avril et recolte le 5 juillet; Enfin , le Riz Han-no^ — f-^ A*W •, dont la premiere recolte, scmee au printemps, est mure en ete, et laseconde, sem6e en aulomne, est rentr6e en hiver. Une fois le Riz moissonne , on le laisse s6cher sur place avant de le rentrer dans les greniers; puis on transporte lesgerbes dansTaire, oii on les met en meules, en attendant le moment de les baltre. On trouve encore dans I'Encyclopedie ce renseignement precieux, que la culture du Riz noiirril la terre , loin de I'epuiser, et la prepare pour lessemences de I'annee suivanle. Autres manipulations auxquelles on soumet le riz. Aussit6t la chute des feuilles, on commence a battre le grain. On se serf, de fleaux pour celte premiere operation, qui ne suffit pas pour degager le Riz de ses enveloppcs. Laseconde operation consiste a le jeter dans un mortier de pierre ou de bois, en le frappant a coups redoubles avec un lourd pilon pour briser son ecorce. 11 fautensuite le netloyer, et, pour arriver a ce but, ou le passe au crible d'abord et on le vanne apres. Enfin, il reste a inoudre le Riz, non pas pour le reduire en farine, niais pour enlever la pellicule, qui adhere fortemenl au grain, meme apres que I'ecorce en a ete 6tee. A cet eftet, on adapte I'une sur I'autre deux grosses pierres qui se touchent par des surfaces inegales et raboteuses. Cellede dessus presente une large ouverlure par laquelle on laisse passer le grain, qui se trouve froisse entre ces deux pierres sans jamais etre ecrase. Plusieurs hommes font tourner la meule superieure au nioyen de longs leviers. Lorsquc le Riz est parfaitcment nettoye, on le rentre dans les greniers, el on le serre avec un soin extreme, pour le sous- I ~ 289 - traire k raclion de I'air, qui pourrait provoquer une fermen- tation. Nous mentionnerons ici ces fameux greniers de la Chine dans lesqucls on parvient k conserver le grain intact pendant deux et trois siecles , et dont nous n'avons aucun modele en Europe. Nous pensons qu'il serait d'une haute importance de chercher la solution de ce problfeme , devant lequel on s'est arrete jus- qu'ici. En terminant ce Memoire, nous donnerons un apercu des terrains connus des Europeens oii Ton cultive plus particuliere- ment le Riz, et de leurs analogues en France et en Algerie. A Canton et k Macao, ou on cultive ce Riz avec succes, le sol consiste en une forte argile, tenace, raelangee d'un peu de sable, mais presque entierement depourvue d'humus. Si Ton monte vers le nord, le sol, au lieu de se composer en grande partie d'argile plastique, compacte, renferme une pro- portion assez considerable de matiere vegetale. C'est un fort loam, d'excellente qualite. Tel est le sol de Chang-hat, oil on cultive beaucoup de riz. Rien ne serait done plus facile que d'introduire la culture du Riz sec dans le midi de la Prance, et surtout en Algerie, puisque, d'une part, la temperature de Canton est , k tres peu de chose pr6s, la meme que celle d'AIger, et que, d'autre part, le coton, cultive avec tanl de succes k Chang-hai, vient non moins bien en Algerie. " • 19 — 290 EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES DE LA SOCIETE. SiANCB nV 13 ATRIL 1855. Presidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres admis par le Conseil depuis la derniere seance de la Societe : MM. Arbalestier (D'), proprielaire, au chateau de La Gardelle , pres Loriol (Drdme) . Berault (Francois), proprietaire-agriculteur, ancien el^ve de Roville, a Chezal-Benoit (Cher). Bdvry (Leopold), docteur en philosophie, membre correspon- dent de la Societe orientale de France, a Berlin. • Campello (Le comte de) , a Rome. Cav6, ingenieur , proprietaire , k Paris. CoLLiNET (Pierre), proprietaire a Chen aye (Indre-et-Loire). CRfiPET (Eugene) , proprietaire , a Paris. Desportes, proprietaire, a Paris. Gareau (Louis-Joseph) , proprietaire-agriculteur dans le de- partement de I'Orne, k Paris. Lelong , ancien conseiller a la Cour imperiale de Poitiers , proprietaire, au chateau de Boissegain, pres Civray (Vienne). MfiRiTENs (Eugene de), licencie en droit, membre de la Societe asiatique . a Paris. Saint-Priest (Le comte de), directeur de V Encyclopedie du XI X^ siecle, a Paris. Tardiveau (Emmanuel) , proprietaire, a Paris. Vallette (Antony), ancien consul de France k Calcutta, pro- prietaire a Bordeaux. Van Langenhove , membre de la Societe d'agriculture de BruxeHles , a Paris. - 291 — Varin d'Ainvelle , depute du Gard , directeur de la Colonic agricolc de Serves, pr6s Alais , maire d'Alais (Gard). Villeneuve-Flayosc (De), ingenieur des mines, professeurk I'Ecole des mines , a Paris. — S. Exc. le Ministre de ragricullure , du commerce et des Iravaux publics, ecrit pour remercier de I'envoi qui lui a ele fail des graines de Vers h sole de la Chine et pour donner avis de mesures qu'il a prises relatives k leur distribution par les soins de MM. les prefets dans deux des departements du Midi, oil Ton s'occupe le plus specialement de I'industrie sericicole. — Par unc secondelettre, le meme Ministre accuse reception du rapport fait a la Societe, dans sa seance du 2 fevrier, sur les cocons vivants dun Bombyx serigene du Paraguay, et a la suite duquel elle a pris des mesures pour tenter un essai d education. — S. Exc. le Ministre de I'inslruclion publique et des culles 6crit pour accuser reception et pour remercier de I'envoi du rapport de M. J. Valserres sur les Yaks confies au Cornice agricole de Barcelonnette. — M. Felix Real, President de la Societe zoologique des Al- pes, annonceque cette Societe, dans son assembleegenerale an- nuelle du 25 mars , et sur la proposition qui lui en a ete faite par son conseil d'administration , a vote des remcrctnients k la Societe zoologique de Paris pour les temoignages d'inleret qu'elle en a regus , et a confere k notre President le tilre de President honoraire de la Societe zoologique des Alpes. — MM. le baron Anca, deLaCerda, le baron LeCouteuIxet de Scitivaux de Grusche, adressent des remerctments pour leur admission dans la Societe. — M. Boursierdela Riviere, vice-consul de France en Cali- fornie , se disposant k partir prochainemenl pour sa residence, adresse ses offres de service el demande des instructions, dont la redaction est conliee k une commission composee de S. A. le prince Charles Bonaparte el de MM. Guerin-Meneville, Kiener , le baron de Montgaudry , de Quatrefages et Richard (du Canlal). — 292 — — M. J. Le\i\dii,Vunde&Air(icle\xrsdes Archives algeriennes, adresse un exemplaire des Irois premieres livraisons de ce va- cueil, et demande a recevoir en echange le Bulletin. — M. A. Salvagnoli, secretaire de I'Academie royale des Georgophiles de Florence , fait connaitre le desir de celle Aca- demie d'entrer en relations avec notre Societe et d'echanger ses publications contre notre Bulletin. II demande, en outre, des cocons du Ver k sole sauvage de la Chine. — Nos confreres MM. Joly elLePrestre, delegues de la So- ciete, I'un h Toulouse, I'autreaCaen, annoncentquelessommes versees pour la souscription en faveur de la veuve de Remy sont, a Toulouse, de 75 fr., et, k Caen, de 80 fr. (1). — MM, lecomtedeDavid-Beauregard et Icprofesseur P. Savi ecrivent d'Hyereset de Pise pour remercier de I'envoi qui leiir a ete fait de graines de Vers k sole (Bomhyx Mori) recues de lu Chine. — M. lecomte deMorny informe la Societe qu'il ne pent pas envoyer, a present, des polls des Yaks confies k ses soins dans sa terre de Nades (Allier). — Noire confrere M. O. Camille Berenger ecrit de Monts, pres Loudun (Vienne), poursaisir la Societe d'une proposition relative a la redaction d'un questionnaire concernant les Alpa- cas, et dent les reponses, envoyees par des personnes habitanf le Percy, deviendraient la base dune instruction pour les elc- veurs europeens. Cette proposition est renvoyee a la premiere section. — line lettre de M. Barthelemy Lapommerayeannoncele d;'- part de Marseille , le 28 mars , des deux Boucs el des six Che- vres d'Angora qui doivent etre confies aux soins de M. Sacc. M. le chevalier d'Andreis, consul general d^Sardaigne a Lyon, informe de leur heureuse arrivee dans celte ville le 29 , et des soins que leur a fait donner a I'Ecole velerinaire M. Lecoq, direcleur de cette ecole; puis , par une seconde lettre en date (1) M. Le Prestre adepuis informe M. le President que le chiffre des souscriptions recueillies a Caen s'eleve a 125 fr. (30 avrii). — 293 — du 9 avril, il previent que, conformement aux instructions qui lui onl ele remises, il a fait partir ce jour-la le petit troupeau dont M. le president fait connallre I'arrivee sans accident k Paris, et quelques uns de ccs animaux ont etc amenes dans la cour pour etre soumis h I'examen de MM. les membres. A celte occasion, M. Bourgeois dit que ccs animaux. dont le plus ilge est un male de sept ans , sont d'une taille inferieure k ceux que possedait la ferme de Rambouillet. M. le president rappelleque, le troupeau recu k Marseille se composant dc quatre Boucs et de ooze Ch^vres , il a ele divis6 en deux parts, dont I'une, celle qui vient d'arriver k Paris, sera disseminee surdeux points differents des Vosges, et dontl'autre sera egalement placee dans deux localites differentes de la re- gion des Alpes. (Voir p. 160.) II fait ensuite la proposition , adoptee k I'unanimite par I'as- semblee, d'adresser des remerclments k MM. Barthelemy La- pommeraye et Hesse, a Marseille, et a MM. d'Andreis et Lecoq, il Lyon. — M. Davin lemoigne le desir'd'obtenir des echantillons de la laine de ces Boucs et Chevres d' Angora, afin de tenter quel- ques essais de filage. — M. le President annonce que la gravure du dessin de Mademoiselle Rosa Bonheur rcprescntant les Yaks, etqui est le premier essai de la reproduction dun dessin par la methode he- liographiquede M. INiepce, a parfailement reussi, et que pro- chainemenl chaque membre recevra un bon pour relirer I'exemplaire qui lui est destine. — MM.FremyetTaslet, qui s'elaient charges de faire entre- prendre des essais de teinlure de la toison des merinos Mau- champ , mettent sous les yeux de la Societe des echantilJons de differentes .couleurs. ' . — M. Aguillon adresse un paquet de graines qui sera remis a la commission des vegetaux. — Des graines, en tres petit nombre, provenant d'une plante tincloriale eldonnees k la Societe par M. de Montigny , qui les a rapportees de Chine, seront remises a M. Paillet. — 294 — — II estdonne lecture d'uae note surl'Hemionc, adressee par M. J. J. Dussumier, membre honoraire, qui a inlroduit en France celte espece , dont il a amene une femelle en 1835 et une paire en 1837. Celte note sera inseree au Bulletin. Relativement k i'opinion emise par M. Dussumier sur la possibilite du sejourde THemione dans les contrees septentrio- nales de I'lnde , M. le President dit que les observations de I'abbe Hue sembleraient venir a I'appui de cette supposition. — M.Dareste, au nomd'une commission nommee par la pre- miere section, et dont il faisait par lie avec MM. Fl. Prevost, Richard (du Cantal), Tastet et Valserres, lit un rapport sur lesespeces deMamraiferes qu'il convient d'acclimater en France. (Voir au Bulletin.) — Notre confrere M. le docteur Gosse lit un travail oil sont resumes des documents qui lui ont ele adresses d'Angleterre sur I'importance et la valeur commerciale des laines d'Alpaca, ainsi que sur les manufactures de Bradford , oii cette laine est Iravaillee. — II estdonne lecture d'unprojetd'ecole d'acclimalation dans la commune d'Hyeres, presente a M. le Minislre de I'agricul- ture, du commerce et des travaux publics, par le Comice agri- cole de Toulon. Le lieu d'emplacement que propose le Comice est Tisthme de la Catle, silue a 4 kilom. au sud de la ville d'Hyeres, entre lo continent et la presqu'ile de Gien. M. le comte de Villeneuve. a la suite de celte lecture, pre- sente quelques observations sur i'insalubrite de I'islhme de la Calte, qu'il necroitpas impossible de diminuer, mais qui, dans I'etat actuel des choses , pourrait etre defavorable a des essais d'acclimatation. M. Ferdinand Jacquemart fait observer que I'isthme est expose aux mauvais vents , ce qui est une circonstance facbeuse. Onenareconnu I'effet nuisiblepour rh6pital nouvellement con- struit, dont I'exposition est la memo. I/avis de la Sociele etant demande par le Comice , Ic projet est renvoye a I'exanien d'une commission composee de M. le — 295 — President et MM. dePaul Blacque, Guerin-Meneville, Ferdi- nand Jacquemarl , de Monligny, Ruffier et de Villeneuve. — M. Eug. Robert, membredelaSbciete, litune note relative aux conditions essentiellemcnt pratiques dans lesquclles on doit se placer pour tirer de l'el6ve des Vers k soie loutes les res- sources qu'on est en droit d'en allendre. (Voir au Bulletin, p. 2G3 k 267.) — Notreconfrerc M. AndrePoey, de laHavane, fait une com- munication sur les avantagesque Ton pourrait retirer, dans les contr^es meridionales de la France et dans TAIgerie , de I'in- Iroduction des especes d'Abeilles sans aiguillon , propres h diverses parties de I'Amerique du Sud, et qui donnent un miel tr^s estim6 et de la cire noire. — M. Quentin Durand presente quelques observations surle Jonc d'Espagne , dont les Maures, k ce qu'il croit, fabriquaient du velours. Cette matiere , qui est fort resistante , pourrait, dit-il , etre cultiv^e en Algerie et fournir une plante textile tres utile. — En raison de I'heure avancee, on remet a la prochaine seance la lecture d'un travail de M. de Tchihatcheff sur la Chevre d'Angora. si^ahgb do 27 atbil 1855. Pr^sidence de M. GEOFpaoY Saint-Hilairk. M. le President proclame les noms des membres admis de- puis la derniere seance, savoir : MM. Abric de Fenouillet (Leonce), proprietaire, k Paris. BoissARD (Yves), proprietaire k Dijon (C6te-d'0r), k Paris. BoLTTON-LEVfiQUE, proprietaire, k Angers (Maine-et-Loire). Carre (Le docteur), k St-Rcray, pres Montbard (CcMe-d'Or). — 296 — Chamborant (Le comte de), proprietaire, ancien membre du conseil general de la Charente, a Paris. Chollet (Maximilien-Lduis-Joseph), manufacturier, k Paris. Desgrand (Paul), membre de la chambre de commerce el adminislraleur de la banque de France succursale de Lyon, h, Lyon (Rh6ne). DuvARNET, avocat, aEvreux (Eure). Gardet (Joachim), capitaine au long cours, k Paris. HuYOT (Ernest), ingenieur des mines, k Vienne (Autriche). Klotz (\larc), fabricant, a Paris. Lambot-Miraval, proprietaire, h. Miraval, pres Brignoles I (Var). La Tr^bonnais (De), agronome, k Falmouth (Angleterre). Llorente y Lazaro (Ramon), professeur k I'Ecole veterinaire, h Madrid. Paillet (Jean-Baptiste), horticulteur, membre de plusieurs societes savantes, k Paris. PfiiGNfi, proprietaire, ancien n6gociant. a Paris. RoussELLiER (Jean), proprietaire, a Paris. TcHiHATCHEF (P. de), associe etraugcr de I'Acaderaiedes Scien- ces de Berlin, membre de la Societe royale de Londres, a Nice (Piemont). ViLLETTE (Le marquis de), proprietaire, au chateau de Villette, pres Pont Ste-Maxence (Oise). ViNCHON (Gustave), ingenieur chimiste, k Paris. — On litune lettre de M. le President de la Societe regionale d'acclimatation pour la zone du nord-est de la France, accom- pagnant I'envoi d'un article du Moniteur de la Meurthe relatif aux travaux de cette Societe. — MM. Davelouis et Lobligeois , secretaires des 2« et 3* sections, annoncent que ces sections les ont choisis comme de- legues pour I'Exposition universelle, ainsi que MM. Bigot et Millet. — MM. Aguillou et Lepreslre, delegues a Toulon et a Caen, informent la Societe que, dans la premiere de ces villes, la - 297 — souscriplionRemy a ele favorablement accueillie, et qae, dans ]a seconde , il a d6jk el6 re^u 100 fr. M. le President, k celte occasion, annonce que le chiffre total s'6l6ve raaintenant k 2,000 fr. environ. — MM. Eug. Crepet, Gandillot ct Gondrin, ecrivenl de Paris et de Vic-sur-Aisne pour reraercier de leur admission dans la Societe. — MM. Graclls, dclegue de la Societe a Madrid, Jos. Ber- loloni , de Bologne, et le prince An. de Demidoff, accusent reception des oeuls du Bombyx Mori de la Chine qui leur ont et6 adresses, et annoncent la distribution qui en a ete faileavec grand soin enlre des mains habiles, k Madrid, k Valence, k Bologne et k Florence. De plus, M. de Demidoff informe que la Society imperiale d'economie de Russie recueille pour la Societe des renseigne- ments sur les methodes d'apiculture en usage dans ce pays. — M. J. Ray fait savoir qu'il recueillera avec plaisir pour la Societe des oeufs de Canepetiere k la fin de mai, epoque de la ponte. — M. le baron Rousseau, consul de France k Brousse, ecrit le 11 avril pour faire connallre les demarches qu'il a fai- tes relativement k I'acquisition de 62 Chevres et Boucs d'An- gora destines k la Societe, etM. le general Daumas, k la date du 27 avril, informe que cettecommande est executee k sa satis- faction sur tous les points, mais que, vu I'cpoque tres avancee oil les Chevres mettront has, ces animaux ne pourront etre ren- dus a Brousse que du 10 au 15 mai, pour etre au bout de quelques jours diriges sur Constantinople. M. le President annonce que, sur ce troupeau, 40 ont ete acquis pour la Societe, sur la demande du conseil, transmise a M. Rousseau par M. le general Daumas ; les 22 autres ont ete . demandes par la Societe pour notre confrere M. LePreslre, de Caen, pour le Museum d'hisloire naturelle, le Comice agricole de Toulon, la Societe d'acclimatation des Alpes, le gouverne- ment de I'Algerie, auqucl notre confrere M. Sacc fait present de quelques individus. — 298 — — M. le general Dauraas communique des renseignemenls qui lui out ete transmis par M. le baron Rousseau sur irois especes de Moutons propres a la province de Brousse : !« le Karamanli, dont la queue rend jusqu'a 7 kilog. 1/2 d'une graisse excellente ; 2° le Hevek a grosse queue ; 3o le Keverd- jik h longue queue et a mince queue. — M. Bouteille, secretaire de la Sociele zoologique des Alpes, annonce la naissance d'un Chevreau d' Angora , et M. Montaubin celle d'un jeune Yak , ne pres de Barcelonnette. A cette occasion, M. le President rappelleque, trois Yaks (deux males et une femelle) etant nes en France, le petit trou- peau, primitivement compose de douze animaux, en comprend maintenant quinze. — M. P. de Tchihalchef ecrit de Rome pour temoigner son desir de devenir membre de la Societe et pour faire connaitre la part que M. Brandt, directeur du Musee de St-Petersbourg, a prise k son travail sur la Chevre d' Angora, dont la description est due a ce zoologiste. II annonce pour plus tard un autre tra- vail sur I'aninaal nomme Capra QEgagrus. — M. Fontanier fils informe des nouvelles demarches qu'il a faites en Angleterre relalivement k ['acquisition de Lamas pour la Societe. •— M. Galland, notre confrere, et MM. Hussonet Ledentu, par I'intermediaire de MM. Richard (du Cantal) et Aug. Dumeril, adressent des demandes de graines qui sont renvoyees a la commission desvegetaux. — Notre confrere M. Paillet, a qui deux petits lots de glands de Chene de la Chine avaient ete confies, informe que Tun de ces lots, compose de trois glands, a parfaitement reussi, mais que Ton n'a rien obtenu de I'autre lot. Sur quatre glands remis k notre confrere M. Blacque, deux sont en voie de vege- tation. 11 y a eu egalement succes pour ceux que M. Pepin a recus. — M. Paillet presente des echantillons d'Igoame cultive chez lui et de differents ages, depuis 2 jusqu'a 18 mois. — M. le marquis Ch. de Bryas, en faisant hommage k la — 299 r- Societe d'ua expose de ses travaux sur le drainage, demande ^ 6tre admis au nombre de ses membres. ^'^ — M. Boursier de la Riviere adresse k la Societe des grai- nes de 27 especes de veg^tauxde laHaule-Californic, avec des Pois de rile de Tonga-Tabou (Oceanie), dont, en Californie, on commence k faire usage. A cet envoi, il joint une liste des grainesenvoyees ou apporlees par lui en France pendant I'annee 1854, et des notices, dont il est donne communication par extrait. Ces notices, relatives a desv6getaux de la Californie, ont pour objet \c Sequoia gigantea, le Pinus sabiniana , \ine Althcm (Guimauve arborescenle), des filaments d'Asclepias et une ma- tiere sucree provenant du Pinus lamhertiana. Ces differentes communications sont renvoyees k la commission des vegetaux. — M. Desnoyers, bibliolhecaire du Museum d'histoire na- turelle, qui a dejk fait don de differentes brochures k la Societe, lui adresse quatre numeros du Bulletin de la Societe d'amelio- ration des laines, recueil devenu fort rare, dont M. Desnoyers espere pouvoir procurer la suite k la Societe. — M. le President presente, au nom de M. Bourgeois, fa- bricant de fouets el Cannes, k Paris, des echantillons d'une tres belle come recuc avec des cornes de buffle. A la teinle, qui donne k cette matiere une grande ressemblance avec la coma- line, on peutsupposer qu'elle provient dun animal albinos. '^'1 — M. Guerin-Meneville, au nom d'une commission, dontil faisaitpartieavecMM. Richard (duCaotal) etValserres, fait un rapport sur une proposition d'echange de travaux et de collec- tions entre la Societe imperiale economique de St-Petersbourg et la Societe imperiale zoologique d'acclimatation. Les conclu- sions favorables de ce rapport sont mises aux voix et adoptees (Voir au Bulletin). On sait par une letlre de M. le prince de DemidoCf que ces echanges pourront etre faits par I'entremise de son agent a Paris. — II est donne lecture d'un rapport sur I'etablissement de pisciculture du Var, adresse k notre Societe par la commission deleguee du Cornice agricole de Toulon. — 300 — — On lit la premiere partie du niemoire de M. de Tchihat- chef sur la Chevre d' Angora. . — Notre confrere M. Eugene de M6ritens donne lecture d'un memoire sur le Riz sec, traduit en partie de I'EDcyclope- die chinoise {Cheou Chi Tong Kao, livre 20). — M. le vicomte de St-Julien Muiron donne lecture d'une note sur la Nonette ou Ble geant de Ste-Helene, qui, depuis quelques annees, est venue prendre une large part dans I'ali- raenlation de certains cantons de la Suisse. — II est donne lecture d'une note adressee par M. le baron Guerrier de Dumast, secretaire de la Societe r^gionale d 'accli- matation de Nancy, et ayant pourtilre : Sur les harasd'ac- climatation gradues. L'auteur de ce travail adopte les vues emises par notre Pre- sident, M. Is Geoffroy Saint-Hilaire, sur la necessite de creer des haras d'acclimatation ou etablissements specialement affectes a i'acclimatation des especes et races etrangeres ; mais, selon M. de Dumast, il ne suffit pas des deux haras proposes par M. Geoffroy Saint-Hilaire, I'un dans le Midi, sur lesbords de la Mediterranee , I'autre pres de Paris; il en faudrait trois : un dans le Midi, pour commencer I'oeuvre de Tacclimatation ; un dans le Centre, pour la conlinuer; un dans le Nord. pour la completer. Le premier devrait etre place dans le Var, le second pourrait I'etre pres de Fontainebleau, de Blois ou de Tours ; le troisieme ne pourrait i'etre mieux qu'a Tancien haras de Rozie- res, a Nancy. Le Secretaire des seances, A. Aug. DUM^RIL. — 301 — III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCES. Letroupeau de Chevres d'Angora que M. le mar6chal Vaillant avail re(ju de r6mir Ab-del-Kader, et donl il a bien voulu faire don a la Soci6t6, est heureusement arriv6 dans les localit6s ou doit 6tre pour- suivie racclimatation de cette belle race, savoir : sur divers points des Alpes, aux environs de Grenoble, etdes Vosges, pr6s de Wesserling. D^ji le troupeau s'est accru de cinq individus : un n6i Paris lors du passage d'une parlie du troupeau, deux dans les Vosges, et deux dans les Alpes, ainsi que la Soci6t6 vient d'en 6lre inform6e par des lettres de nos confreres MM. Sacc, d616gu6 de la Soci6t6 a Wesser- ling, et Bouteille, secretaire g6n6ral de la Soci6l6 d'acclimatation des Alpes. — S. Exc. le mar6chal Vaillant, ministre de la guerre, a bien voulu, i la demande de M. le President de la Soci6t6, donner des ordres par suite desquels letroupeau de62 Boucs et Ch6vres d'Angora acquis pour la Soci6t6 par M. le baron Rousseau, consul a Brousse (voyez p. 297), sera tr6s prochainement transporl6 en France sur un batiment de TEtat. Avec le troupeau de Chfevres d'Angora doivent venir plusieurs Mou- tons k grosse queue, de la race dite Karamanli^ dont le Conseil d'ad- ministralion de la Society a d6cid6 I'acquisition, sur la proposition de M. le g6neral Daumas. Ces Moutons sont destines a I'Alg^rie. — M. Fr6d. Jacquemart a communique i la Soci6t6 et k son Conseil de nouveaux renseignements relatifs aux difficult6s que pr6- sente I'exp^dition des Alpacas demandes au Perou. Nous les publions comme complement de ceux qui precedent. (Voyez p. 172.) '■ Dans une seconde lettre de Lima du 10 Janvier dernier, M. L. Crosnierdit : « Le representant frauQais k Lima a re^u la lettre de M. Drouyn de Lhuys. II est dispose k faire tout ce qui sera en son pouvoir, bien qu'il semble croire qu'il sera difficile d'obtenirl'autorisation d'exporter desanimaux. J'ai Tintention dc le voir pour lui proposer d'aller avec lui chcz le ministre, et au besoin chez le President provisoire. J'ai trouve kbord du Louis-Napoleon, capitaine Gaidet, un emplacement convenablc pour 40 tfites au moins , et j'ai arrfite avec MM. Montane et C", proprielaires du navire, des conventions provisoires. » — 302 — Ces conventions sont faites dans les limites de prix fix6es , et avec une telle prudence, non seulement pour mettre-les animaux a Tabri des abus et des mauvais traitements pendant la traversce, mais encore pour interesser T^quipage en leur faveur, qu'clles ont rcQu une com- plete approbation des parties int6ress6es. Nous croyons utile de les consigner ici : « M. Gaidet s'engage a construire un pare a claire-voie )) sur le pont, k fournir, au moyen de la cuisine distillaloire, qu'il chauf- )) fera jour et nuit, loute Teau n6cessaire aux animaux, et k confier )) ceux-ci aux soins de quelques matelots choisis, auxquels il remettra )) deux ou trois piastres de gratification par animal rendu vivant au )) Havre. Je dois lui remettre 75 fr. par tete a Tembarquement, et il » recevra en outre 50 fr. pour chacune de celles qu'il livrera, soit un » fret de 125 fr. par t^te, si Ton suppose que tousles animaux arrivent, » et de 200 fr. s'il n'en arrive que la nioiti6. *'» Restenl k ma charge Tachat , le fourrage et Tembarquement. » II ne faudrait pas cependant consid6rer comme certaine Texpedi- tion des animaux par le Louis-Napoleon , qui repartira pour I'Europe dans le courant de mars. Quand on y regarde de pr6s , cette expedition presente plus de difficult6s qu'on ne saurait croire. Ainsi, par exemple, pourra-t-on, sur un navire charg6 de guano , trouver une place convenable pour y mettre 250 a 300 quintaux de foin, sans qu'il soit infect6? Frederic Jacquemart. i) Post-Scriptum. M. Crosnier annonce, par une leltre ecrite de Lima en date du 25 Janvier 1855, qu'il est alle avec M. Levraud, charg6 d'affaires de France, chez le ministre des affaires etrangeres, lequelleur a dit qu'il y avaituneloi interdisant I'exportation des Alpa- cas, etqu'on ne pourrait y deroger sans de tres longues reflexions. L'affaire est done en suspens. — La gravure du beau dessin des Yaks fait par mademoiselle Rosa Bonheur, et donnt par elle k la Societ6 (V. t. l, p. 179, 378 et 433), a ete ex6cutee avec le plus grand soin et le plus grand succ6s par M. Riffaut, k I'aide des proc6d6s heliographiques de M. le commandant Niepce de Saint-Victor. Cette gravure, qui est un veritable fac-simile de I'original, est sp6cialement destinee a MM. les membres; elle leur est en ce moment distribuee par les soins de M. Hebert, agent general de la Soci6te. Le Secretaire du Conscil, Guerin-Meneville. — 303 — OUTRAGES OFFKRTS A I.A SOCIETE. Seance du 16 mars 1855. L'Institut (7 et 14 mars 1855). Cosmos (4" ann6c , 6* vol., 9« livraison). Annuaire de la Soci6l6 ni6t6orologique de France (lome I*"", 1 853 ; deuxi6me parlie, feuilles 12 a 14). Programme des questions qui seront discul6es au congr6s des d6- 16gu6s des societ6s savantes des d^parlements, le 20 mars 1855. Journal de la Soci6t6 vaudoise d'ulilit6 publique (mars I855)r5tn Manuel du cultivateur de colon en Alg6rie , par M. Hardy, offert par lui. Revue et Magasin de zoologie pure et appliqu6e(1855,n° 2). Nouvelles annales des voyages, dela geographie, etc., par M. V.-A. Malte-Brun (f6vrier 1855), offert par M. de la Roquelle. De L'uTiLiTifc d'introduire parmi nos animaux domestiques quel- ques especes nouvelles, par M. Alfred du M6ril , president de la So- ci6t6 d'horticulture de Caen, etc., offert par lui. ISTRUZiONE popolare per allevare i bachi da seta e per ottenere la semente, esposta in forma di dialogo dal marchese Michele Balsamo Crivelli(l volume in-8. Milan, 1852). MoDO di preservare i bachi da seta dalle principali malattie e par- ticolarmenta dal calcino, supplemento air di Michele Balsamo Crivelli (1 volume in-8. Milan, 1854). STANCE DU 30 mars 1855. L'Institut (21 et 28 mars 1855). Bulletin de la Soci6t6 de geographic (Janvier etf6vrier 1855). Bulletin du Comice agricole d'Alais (Card) (f6vrier 1855). L'Utile et rAgr6able (mars 1855). Annales de la Soci6t6 d'agriculture de I'Allier (ann6e 1854). M6M0IRES de la Soci6t6 d'agriculture, des sciences, arts et belles- lettres du d6partement de I'Aube (tome V, 2^ s6rie). Annuaire de laSoci6t6 met6orologique de France (tome I*"", 1853, deuxi6me parlie, feuilles 36 et 37). Bulletin de la Soci6l6 des sciences naturelles et des arts de Saint- Elienne (Loire). SocifeTfe r6gionale d'acclimalation pour le nord-est de la France , fond6e k Nancy le l^"" fevrier 1855. De la pfecONDATiON des JEf^vlops paries Triticum, par D. A. Go- dron, doyen dela Faculty des sciences de Nancy. Journal d'agriculture, redig6etpubli6 parle Comit6 central d'agri- culture de la C6le-d'0r (Janvier el fevrier 1855). — 304 — STANCE DU 13 AVRIL 1855. L'Tnstitut (4 et 11 avril 1855). Archives algeriennes , recueil p6riodique des actes et documents officielsrelalifs arAlg6rie, par MM. Garbe et J. Duval (n°« 1 , 2 et3). Bulletin dela Soci6t6 induslrielle d'Angers el du departementde Maine-et-Loire (25^ ann6e, 1854). ANNUAiREde la Society met6orologique de France (tome III, 1855; deuxieme partie , feuilles 1 a 5). Journal de la Soci6t6 vaudoise d'utilite publique (avril 1855). Notice sur rimpossibilit6 de naturaliser les vegetaux, par M. Neu- mann; offert par lui. Nouvelles Annales des voyages, dela geographie, de Thistoire el de I'archeologie , redig6es par V.-A. Malte-Brun (mars 1855) ; offert par M. de la Roquette. EssAi sur la culture du Rizsec de la Chine, traduit de I'italien du docteur CussOne (Paris, 1827). Correspondence of M. Jerome Nickles, datedParis, nov. 3, 1854. Revue et Magasin de zoologie pure et appliquee (1855, n° 3). BoLETiN oficial del Ministerio de fomento (tome XIII. Madrid , 1855). Offert par M. Graells. La Soci6t6 a re(ju aussi les journaux dont les litres suivent : Le Moniteur de Tagriculture (du 4 Janvier au 25 avril). — L'Ami des sciences (du 7 Janvier au 22 avril). — ^. Le Bulletin d'Espalion (du 6 Janvier au 7 avril). — Journal de Ponta,rlier (du 7 Janvier au 22 avril). — Le Salinois (14 Janvier etl8 f6vrier). — ■ LePays d'Auge (18 Jan- vier, 29 mars et 5 avril). — L'ficho honfleurais (14 Janvier, 11 fe- vrier el 22 avril). — Journal d'Issoire (11 Janvier, 15 el 22 mars et 5 avril). — Annonces marseillaises (du 7 Janvier au 8 avril). — Le Senonais (20 Janvier). — La Haute-Auvergne (27 Janvier et 17 f6- vrier). — Journal de Cosne (25 Janvier et 1^' mars). — Le Courrier de Bayonne (25 Janvier). — Le Moniteur des interdls mat^riels (28 Janvier). — La Presse grayloise (3 f6vrier). — La Colonisation (4, 11, 18 et 25 f6vrier ; 25 mars; 1, 8 et 15 avril). — Courrier de I'ls^re (10 f6vrier). — L'lilcho du Havre (l"'" mars). — L'Echo de la Dore (24 f6vrier). — La R6forme agricole (Janvier et fevrier"). — The Bou- logne Gazette (28 fevrier). — Journal de la Vienne (9 el 23 mars). — La Haute-Auvergne (10 et 17 mars). — Courrier de la Vienne et des Deux-Sevres (9 mars). — Le Messager, moniteur de I'Allier (14 mars). — Le Nouvelliste de Rouen (20 mars). — Affiches d'Altkirch (24 mars el 21 avril). — Le Moniteur alg^rien (30 mars). — L'Ordre et la Liberia, de Caen (22 avril). Paris. - IMPRIMERIE GUIRAUDET ET JOUAUST, rue Sainl-Honore, 538. ^;lT BULLETIN /sTs DE LA SOClfiTE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION fondle le «• Kvrler «9ft4 1. TRAVAUX OES MEMBRES DE LA SOCI^T^ CONSIDIBRATIONS SUR LA CHEVRE D'ANGORA, Par M. P. de TCHIHATCHEF, Amoci^ itiiuiger de TAcad^inie des sciences de Berlin , Membre de la Soci^U ro;«l« de Londres , etc. Premiere partlev (Stance du 27 avrii isstk) Le noble animai (loot la laine soyeuse jouit depuis long- lemps d'une legitime celebrile, non seulemenl en Europe, mais aussi en Orient, mais qu'on ne connaissait jusqu'k ce jour que par les relations des voyageurs, paratt tenir pour ainsi^ dire exclusivenient a une region Ires circonscrite. Pendant cinq annees vouees h I'etude de I'histoire naturelle de I'Asie-Mi- neure, j'ai ete k meme de constater que I'el^ve de la Ch6vre d'Angora ne s'y fait sur une grande echelle et avec plein suc- ces que dans la region situee, d'un c6te, entre le Kizil-Irmak 11 io — 306 — et Sevrihissar, et, de I'aulre c6te, entre la parallele de celte derniere ville et celles de Zafranboli, Kaslamouni et Bayad : en sorte qu'en reliant par des lignes les points limites, nous aurons un oblong irregiilier, h. contours tres dechiquetes, com- prenant une partie de la Galatie centrale et la portion S.-O. de la Paphlagonie. En assignantce domaineti la Chevre d'Angora, il est naturel qu'il ne peut s'agir ici d'aucune delimitation ma- iheraatiquement rigourfeuse, mais seulement d'une determina- tion approximative de la region ou I'eleve de I'animal semble ' trouver le plus de conditions favorables au developpement des qualiles qui caracterisent cette race. Aussi suis-je bien loin de pretendre qu'en dehors des limites indiquees on n'en rencontre point, par-ci par-la, quelques representants ; mais, dans ce cas, la Chevre d' Angora nese montreque par individusisoleset me- langes avec la Chevre ordinaire. C'est ainsi qu'au sud de Sam- sun, dans la vallee arrosee par le Murad-Irmak, a deux lieues environ au nord du village Karaarslan et a une hauteur de 400 metres, j'ai reraarque localement un certain nombre de Che- vres d'Angora; toutefois, non seulement elles m'ontparu sensi- bleraent inferieures a leurs congeneres de la Galatie , mais en- core ne se Irouvaient-elles point k I'elat de troupeau,, mais clair- semees au milieu des Chevres communes. D'ailleurs, quelques voyageurs ont signale sur les plateaux eleves et dans les regions montagneuses de l' Armenie et du Pont des Ghevres a long poil soyeux.qui, comme celuide la Chevred'Angora, sen a la fabri- cation d'etoffes estimces> Ainsi Charles Koch nous apprend (1) qu'il a vu de ces Chevres pres du village Ziaret, situe non loin de la ville de Much, h une hauteur de 1423 metres, ainsi qu'a Artwin, dans la vallee du Tchoruk, et a Gumuchtehur, pres des sources du Kur, a une hauteur de 1272 a J 948 metres. La region que nous avons approximativement designee com- me le domaine par excellence de la Chevre d'Angora est situee h peu pr^s entre 39° 20' et 41° 30' de latitude boreale (2), et entre (1) Reis. iin. Pont., Geb., p. 173 et 395. (2) Position qui correspondrait en Europe a une region situee entre — 307 — 33» 20' et 3S« de longitude i Test de I'Observatoire de Paris. Elle a une surface d'environ 2350 lieucs carrees melriques, ce qui equivaudrail presque a la surface de la Norraandie, com- prenanllesdeparlemeDls de la Manche, du Calvados, de I'Eure, de la Seine-Inferieureel uae parlie de celui de I'Orne. II en re- sulle que Ic domaine habile en Asie-Mineurepar laChevred'An- gora ne conslilue qu'un peu plus de la 44" parlie de la surface lolale de la peninsule (1), el environ la meme fraclion de I'area de la France. Celle conlr6e est plus ou moins montagneuse el sillonnee par de profondes vallees; son altitude moyenne pour- rail ^tre approximativemenl 6valuee a 1200 noetres. Bien que les massifs plus ou moins eleves dont elle est herissee soient generalement ombrages par de belles for^ts, les plateaux qui en constituent une bonne parlie sont Ires peu boises. Elle se trouve arrosee par des cours d'eau assez nombreux comparati- vement au resle de I'Asie-Mineure. Les roches feldspalhiques Jouent un r6le dominant dans la composition de sa charpenle solide. Quant au climat, il offre lous les caract^res des climats excessifs, en associant des et6s ires chauds k des hivers Ires froids. L'almosphere est generalement assez seche pendant Tetfe, et il ne pleul que rarement dans celle saison , landis que les pluies el les neiges sont frequenles el abondanles pendant I'hi- ver. L'aulomne est presque loujours beau, a ciel serein el a air sec L'elat hygromelrique de l'almosphere, lei que j'ai eu I'occa--'' sion de I'observer a Angora k I'aide de I'appareil d'Augusle, accuse dans celle saison une secheresse considerable, ainsi que le prouvent les chiffres suivanls, que me fournirent mes obser- vations faites «t Angora au mois de septembrc dc I'annee 1848 : les parallfelcs de Roifle tl d«€t)Senta , cheT-lleu de la proviiree napolitain* de Calabria cilra. (1) Nous enlendons par /I«te-itftneur6 la parlie dela peninsule repre- sentee sur noire carte. Voy. , pour rintelligence des localit6s menlion- n^es dans le present travail, uotre ouvrage intitule : Geographie pky$ique compart de VAsie-Mineure, Paris , chez Gide et Baudry. — 308 — Jour.. Heures. Vent. ti p,„, "^''"""""""rr''^'- n Ilierm. sec. Iberm. mouilli. 5 sept. niidi. calme. 23,1 14 6 » » » 24,4 14,44 7 » I » S. 23 14,2 8 » » N. 23,8 14,6 9 » ). N. 19,5 13,6 La lotalite du domaine de la Chevre d'Angora esl bien loin d'etre egaleraent favorable k I'eleve de cet animal, et il y a meme des portions considerables qui I'excluent completemenl , ce qui est nommement vrai dans les regions superieures des nombreuses chaines de montagnes qui traversent ce pays, et parmi lesquelles nous nous bornerons a signaler : I'Aladagh, rilkazdagh, le Kuchdagh et le Baindirdagh. Ainsi, lorsque du bourg de Beybazar on gravit le revers meridional du remparl trachitique de I'Aladagh, la Chevre d'Angora disparait dejk a une hauteur de pres de 1000 metres, et sur les aulres mon-« tagnes de celte region elle n'atleint nulle part I'allilude de 2000 metre?. Les points les plus eleves oil je I'aie observee sont si- tuees sur le versant meridional du Soghundagh et sur les re- vers septentrionauxde rilkazdagh et du Dogdudagh, et nomme- ment dans les environs des villages Kuleli, dont rallitude est de Jo98 metres; de Tachbounar(arest de la ville deKastamouni), a 1382 metres, et de Tchaban (au sud-est de Kastamouni), a 1436 metres. D'un autre c6te, la Chevre d'Angora paraitega- lement fuir les vallees trop profondes, dont la temperature ac- quiert pendant I'ele un degre comparativement fort eleve. Nous ne citerons a I'appui de cette assertion que quelques exemples que nous fournil la belle vallee d'Aratch (au sud-sud- est de Zafranboli). Or, cet animal devient de plus en plus rare k mesure que Ion y descend vers la ville de Zafranboli, en sorte qua Hadjiabbas, situe a une hauteur de 679 metres, il n'est plus rcpresente que par des individus isoles que Ion aper- coit par-ci par-la au milieu des Chevres communes. Au con- Iraire, il se niultiplie et forme des troupeaux considerables aussit6t que Ton gravit les montagnes qui bordent la valine, ou — 309 — bien qu'on remonte cette derni^re dans la direction de Kasta- mouni. Ainsi, lorsqu'on quilte le fond de la vallee pourgagner le village Samally, situe a une hauteur de 753 metres, sur le versanl meridional de la chaine, on voit imm^diatement repa- ratlre des iroupcaux de Ch^vres d'Angora, que Ton cherchait vainement dans la region inferieure ; de m^me, h mesure que Ton remonte la vallce h Test du village d'Aratch, el qu'on s'6- leve k une hauteur de 700 k 830 metres, ce bel animal se raon- tre de plus en plus abondant, et atteint m^me, ainsi que nous I'avons dejk dit, le haut et froid plateau qui porte le village de Tachbounar. ^ Comme, parmi les diverses localites dont est composee la re- gion que nous avons assignee k ect animal, la ville d'Angora est le point oil il est eleve avec le plus de succes et en plus grand nombre, on peut considerer cette localite en quelque sorte coiime le type des conditions auxquelles est attachee I'existence de cette race. Or, Tallitude d'Angora est de 1120 metres (d'a- pr^s ma mesure hypsometrique), el son climat participe, au plus haul dcgre, du caractere desclimatscontinentaux ou extremes, que nous avons dejk signale comme propre k toute la region qui constitue le domaine proprement dit de la Ch^vre d'Angora. A des chaleurs etouffantes de I'ete, qui sont surtout Ires sensi- bles dans les vallees qu'arrosent les trois cours d'eau au con- fluent desquels est situee la ville, succ^dent des hivers tellement rigoureux, qu'il n'esl pas rare de voirle thermomelre centigrade descendre k 12. 15 et meme k 18 degres. Dans ces vallees, et particulieremcnt dans celle que traverse au nord d'Angora le Tchoubouk-Tchai, et qui s'elargit localement en une belle plaine, la vegetation hcrbac6e n'a jamais I'eclat luxuriant de nos p^turages du nord de I'Europe, bien que I'irrigalian, soit naturelle, soil artificielle. ne fasse nulle part completement de- faut k cette partie de la Galatie. Quant aux hauteurs nombreuses qui herissent tons les environs d'Angora, et qui sont principa- lement composees de roches trachiliques et serpenlineuses , elles sont generalcment plus ou moins dcboisees et decharnees. Un des traits les plus cararteristiques de la Clievre d'Angora — 310 — est la tenacite aveclaquelle elle s'attache an sol qui la vac nat- tre; en effet, la region assez restreinle que la nature semble lui avoir assignee parait seule posseder le privilege de develop- per complelement toutes les richesses de celte admirable race. Le moindre deplacement occasionne une modificalion plus ou moins prononcee dans la qualite de sa laine, et Ton ra'a meme assure que loeil exerce des hommes du metier pouvait decou- vrir une difference sensible enlre les troupeaux sur la rive orientale du Kizil-Irmak et leurs congeneres etablis sur la rive opposee. D'apres I'assertion uuanime des indigenes, on nepeut merae pas transporter une Chevre du village oil clle est nee k un village voisin sans I'exposer h. elre atteinle par une espfece de raal du pays. Aussi les essais qui avaient ete faits jusqu'k present de la transplanter a Constantinople, a Smyrne, et dans les aulres villes de I'Asie-Mineure placeesen dehors du domaine dans I'enceinte duquel la nature semble I'avoir si inexorable- ment releguee, sont demeures sans succes, car, a laseconde ge- neration, la laine subissait une deterioration tres marquee. Au reste, le fait de cette remarquable localisation se trouve deja constate par quelques ecrivains orientaux du moyen age, et je trouve un passage bien curieux a cet 6gard dans les ecrits du cel6bre voyageur turc Evliya-Effendi, qui au XVll^siecIe par- courul une bonne partie de TOrient. Voici ce passage, formule avec toute la naivete de I'exclusivisme dedaigneux des cham- pions du Koran : « Les Francs ont essaye de transporter dans « leurs pays la Chevre d' Angora; mais, Dieu en soil loue! elle 9 degen^ra proraptement. Alors ils lenterent de travailler chez « eux la laine de la Chevre, sans y reussir davanlage (1). » II est vrai que, depuis Evliya, la derniere de ses assertions a ete dementie, car, comme nous le verrons plusloiu, on sail travailler maintenant en Europe la laine d'Angora beaucoup mieux qu'en Orient; mais quant a la repugnance que le pelerin ottoman attribue k cet animal k prosperer hors de son pays natal , et qui, ksagranjje satisfaction, ne permit point aux mecreants de le na- (1) Travels of Evliya-EiTendi, translated by Hammer, vol. II, p. 228. — 311 — turaliser dans lear pays, la justesse de ce fail n'a pas encore etc tibranlee jusqu'^ aujourd'hui, k moins que le contraire ne parvienne a etre elabli k la suite des essais qui s'op^rent ac- tuellcment en France, el qui n^cessairement Irancheront la question, vu qu'elle n'a encore jamais ete portee devaot un tri- bunal aussi competent. Le fait, attesle par tous les auleurs, de {'extreme difficulte que presenle la naturalisation de la Chevre d'Angora, semble ^tre en contradiction avec I'assertion de Pallas (1), d'apres le- quel on aurail introduit de son temps la Ch6vre d'Angora en Crimee et en Esthonie, oil elle se serait conserv6e dans toule sa purete. M. Brandt, qui m'a signale le passage du celebre natu- raliste, m'ecril k ee sujet : t En coinparant avec la laine de la « Chevre d'Angora celle de la Chevre de Crimee, censee pro- « venirde celle source, j'ai pu me convaincre que la laine de « la derniere a un poil beaucoup plus roide. II y a d^jSi plus de • vingt ann^es que j'ai ete dans le cas de decrire plusieurs « Chfevres soi-disant Ihibelaines qui se trouvent dans I'lle des a Paons, pres de Potsdam, et sonl issues de Chevres imporlces " de France (2). D'apres mon opinion actuelle, je serais dis- « pose k considerer ces individus, ainsi que leurs parents « francais et anglais, pluldl comme des Chevres d'Angora <•■ modifiees, e'est k dire munics de polls non frises ou boucles. « II a ete sans doute plus aise de transporter dans I'ouest de « I'Europe des Chevres de la ville d'Angora que du plateau « du Thibet. D'ailleurs, ces deux races presentenl entre elles « la plus grande ressemblance. » La Chevre d'Angora ne reclame aucun soin particulier. Lorsque I'hiver est doux, elle resle toule I'ann^e en plein air; ce n'est qu'a dix ou quinze degres au dessous de z6ro qu'on la parque dans de mauvaises etables, oil elle ne recoil pour toute nourriture que de I'herbe seche, qui est bien loin d'avoir subi (1) Zoogr., I, p. 228. (2) Brandt, Burde und Wingeman , Abbildung und Beschreibuogea merkwurdiger Sanglhiere 1, Taf. I. - 312 — les precedes de dessiccationqii'on a soin d'observer dans la pre- paration de nos fourrajtes d'hiver. Bien que ce precieux animal soil rarement sacrifie aux besoins de la boucherie, j'ai eu I'oc- casion de m'assurer que sa chair est plus delicate et plus sa- voureuse que celle de la Chevre commune; mais, d'un autre o6te, OQ tire moins de lait de la Chevre d'Angora quedc cette derniere. L'usage de I'eau stagnante, le sejour dans les etables compl6tement fermees, sont, avec le changement de climat, les seules influences qui lui soienl reellement pernicieuses. Dans les hivers tres froids, il n'est pas toujours aise de concilier dans les Stables I'aerage necessaire a ces Chevres avec les soins exi- ges par la rigueur de la temperature. II y a la un probl^me que les ignorantes populations de I'Asie-Mineure n'ont point encore su resoudre, mais qui n'arreterail pas long-lemps I'in- dustrie europeenne. Les hivers rigoureux enlevent presque toujours un assez grand nombre de Chevres, qu'on laisselanguir dans des etables depourvues de loute toiiure. Quand les pertes deviennent considerables, on les repare en faisant saillir les Chevres d'Angora par des Boucs communs, ce qui donne pour resultat direct des Chevres un peu abatardies, mais qui re- prennent toute Icur purete a la troisierae generation. La region habitee par la Chevre d'Angora de pur sang ue contienl que de quatre a cinq cent mille sujets, chiffre coinpa- raliveraent minime, el que d'habiles eleveurs decupleraient ai- sement. C'est en hiver que la laine acquiert le plus de finesse et de brillant. La tonte se fait au mois d'avril k I'aide de pre- cedes usites en Europe ; loutefois Evliya-Effendi nous apprend que de son temps on reeucillait la laine par une operation toute differenle et erainemment barbare, car le voyageur ottoman observe que, I'experience ayant dcmontre la superiorite de la laine arrachee k la main sur celle coupee avec des ciseaux, les indigenes avaient adopte le premier precede. « Les pauvres « betes, dit-il (1), poussent des cris lamentables pendant toute « la duree de la terrible operation, dont on cherche a diminuer (1) Travels of Evliya , etc., vol. II, p. 232. — 313 — « la douleur en lavant la peau avec un melange de chaiix et t de cendre. » Pierre Belon, qui visita I'Asie-Mineure bien avant Evliya, rapportedejh le ni^me proc6d6 (1). Au rcste, un passage curieux de Varron (2) prouve que ce singuiier usage remonle k une haute antiquite, car I'agronome romain dit que la laine frakhement coupee s'appelle vellus ou velamen, et il observe que relymologie de ces termes est fondee sur I'ancien usage d'arracher [vellere) le poll au lieu de le tondre, et que d'aillcurs, m^me a son epoque, cette pratique n'etait pas encore tout-ii-fait abandonnee , ce qui s'explique d'autant plus ais6- nient que, dans le meme chapitre, Varron nous apprend que I'u- sage du rasoir elait encore de son temps comparaliveraent de dale recente, puisqu'il avail ete iotroduit a Rome seulement environ deux si^cles avant I'^re chrelienne : car ce ne fut qu'k cette epoque que Ton vit parailre les premiers harbiers venant de la Cilicie. II en rcsulte que, depuis la fondalion de Rome, il s'6tail ecoule plus de quatre siecles pendant lesquels Tusage de se faire la barbe elait complelement inconnu en Italie. La Chevre d'Angora donne en moyenne une ofc, ou k peu prfes un kilogramme de laioe. La quantite moyenne fournie an- nuellement par le district dont nousavons tndique la limite (la ville d'Angora y comprise) pent elre estimee de 3o0 a 400,000 oks, ou environ 450 a 500,000 kilogrammes. Sur cette quan- tite, 400,000 oks sont employees dans la contree k la fabrication du HI, dont on retire 25,000, et qu'on exporte en Hollande ; 8 k 10,000 oks de laine sont manufacturees dans le pays meme, et convertics en chaies et en tissus, dont Texportation est prohibee par le gouvernement tunc et qui ne sont consommes que dans I'empire (3) ; entin 300,000 oks, sous forme de laine brute, (1) P. Belon , les Observ. des sing., etc., 1. IIL (2) Varro, De rerustica, 1. II, 11. (3) II paralt qu'au XVII« siecle le commerce de ces lissus 6lait parfaite- menl libre, car Evliya [loc. cit.) dil : « Leshabitantsd'Angora font de grands » voyages dans le Frangislan (pays des Francs) et I'Egypte pour vendre » leurs cb&les. » D'un autre c6t^ , il sembierait qu'k cette epoque on ne — 314 — sonl exportees en Aogleterre, car une Ir^s petite quantite seu- lement de ces laines brutes penelre en France par le port de Marseille, et en Autriche par celui de Trieste. Ce releve est basesur des renseignementspositifs, que je dois aux marchands armeniens et grecs d' Angora, de Sevrihissar, Kasiamouni, Tchengueri ct autres localites, centres du commerce des laines en Asie-Mineure. 11 prouve suffisamment I'importance que pourrait acquerir, dans I'interet du commerce exterieur de I'A- natolie, I'eleve de la Chevre d'Angora, puisque, sur environ 500,000 kilogrammes de laine qui representent le montant de la production annuelle, beaucoup plus de la moitie est irans- portee en Europe, oil I'Angleterre la revend presqu'au poids de Tor sous le titre de laine de cachemire. D'ailleurs la laine d'Angora aurait meme sur celle derniere I'avantage de pou- voir etre livree a un prix infiniment plus modique, vu les frais de transport bien moins considerables. Or, I'Angleterre et la HoUande ont deja demontre en petit ce qui sous ce rapport pourrait etre effectue en grand, puisque, comme nous I'avons dit, tout le fil d'Angora exporle dans ces derniers pays y est employe a la fabrication de soi-disant chales de cachemire, qui Irouvent un excellent debouche , meme dans les colonies an- glaises et hollandaises des Indes Orienlales. Apres ces considcraljons sur la region habitee par la Chevre d'Angora, sur la manieredonl on releve.sursesmoeursethabitu- des, etenfinsursa valeur industrielle, nouspouvonsaborderl'e- tudezoologiquedeceprecieux animal, dontaucun exemplairen'a- vaitencore figure dans les cabinetsd'hisloire naturelle de I'Europe avanl celui que j'offris en 1848 au Museum de S.-Petersbourg. C'est sur cet exemplaire que mon savant ami M. Brandt, di- recteur du Musee susmentionn^, a bien voulu, a ma priere, me savait pas encore , en Europe, faire usage de la laine dent il s'agit , el qu'Angora possedait seul le privilege exclusif de la manufacturer, car Pierre Belon," qui visila I'Asie-Miueure au XVI" siecle, dit, en parlant d'Angora, que a celte ville est renommee par les grands trafics de cha- » melot, car il n'y a ville oil Ton en fasse sinon h {Observ. des sing., 1. II, cb. 114). » — 315 - fournir uoe description Ires delaillee, description queje m'em- pressc de comrnuniquer aux zoologisles, depuis long-temps ha- bitues k apprecier le talent, le travail cooscicncieux et les profondes connaissances du docte acad6micien de S.-Pelers- bourg. Nous rappellerons ici, comme de raison, les paroles^ memes de ce savant, dont nous traduisons lilleralement le ma- nuscrit allemand qu'il vienl dc nous Iransmcltre : a Le magnifique exemplaire de la Chevre d'Angora que le Museum de I'Academie imperiale des sciences place sous ma direction doit a la lib^ralile de M. de Tchihatchef produit au premier coup d'ceil 1 impression generate d'une Chevre domes- lique, Iprsqu'on ne s'arrete point a sa toison epaisse el soycuse, a ses oreilles plates tournees en dehors, et k sa laille peu con- siderable. Or, ce sont preciscment ces trails qui impriraent h I'animal un cachet saillanl qui lui donne le caraclere d'une race parliculiere, dont I'origine n'est peul elre pas la meme que celle de la Chevre domestique. L'extremile du museau, les joues, I'os nasal, I'os frontal, ainsi que les oreilles et la partie infe- rieurc des jambes, depuis I'arliculation larsale, sont revelus de polls exlernes, plus courts el plus raides que ceux qui couvrent les parlies susmentionnees chez les aulres especes de Chevres. Le front porle des polls lendres, moins longs, moifis appliques ii la peau, et en partie frises. Le poll de la barbe, qui est pointue et dune dimension moderee, ayant 6'' de longueur, est plus raide que le poil du reste du corps, mais il Test ccpendanl moins que celui de la barbe de la Chevre ordinaire. Les comes, a teinte blanc-grisalre, sont plus longues que la tete; aleur par- lie inferieure, le bord marginal interieur lourne en dedans, de maniere que dans celle partie elles paraissent larges vues par devanl et par derriere, et elroites vues exterieuremcnt. A la moilie de leur extension, elles se dirigenl moderemenl en arriere et tournent spiralement en dehors : de sorte que les exlremi- I6s, dirigees legeremenl en haul, se trouvent Ires eloignees les unes des autres, et circonscrivent un espace qui va en se re- lr6cissanl. Tout le cou, ainsi que le Ironc, est revelu dc longs polls qui, parliculicrement sur le cou el sur les parlies lat^rales — 316 — dn corps, sont tordus en spirales, ce qui leur donne Tapparenoe de boucles relacbee?, vu qu'en meme temps ils se reunissent en touffes enroulees, disposition qui est cependant moins prononc6e dans la partie anterieure du cou. Les poils qui presentent le plus de longueur sont situes au dessus des jambes de devant ; ils ont presque 9 1/2"; ceux du cou sont un peu plus courts et ont 9", et ceux du ventre 8" 3'". La longueur du poil dont sont revetues les parlies laterales du corps, ainsi que ledos, n'est que de 1" 6'", et celle du poil des jambes de derriere 6'' a 7". Enfin le poll, un peu raide, de la queue, a environ 4" de longueur. La teinte de la robe de I'animal est un blanc pur, Qk et Ik lirant legerement sur le jaunatre. Les sabots, propor- tionnellement un peupetils, sont, comme les comes, d'un blanc grisalre. Le poil est, sans exception, ires doux et mince; il est au contact tout a la fois soyeux et un peu gras, et offre di- stinctemenl le brillant de la sole. « J'ai pense qu'il n'etail pas sans importance d'esaminer de plus pres la nature meme du poil a I'aide du microscope, etcela particulierement pour soumeltre a une nouvelle epreuve I'opi- nion de .VJ. Polonceau (1), d'aprcs laquelle la Chevre d' Angora aurait seulement depelites pointes dures au lieu de poil externe. Or, il se trouve qu'en placant la toison de la vraie Chevre d'An- gora sous la loupe, ou, cequi vaut mieux, sousle microscope, on ne tarde point a se convainere que le revelenienl de la peau n'est nullement compose de poils uniformes, e'est-a-dire de la meme grosseur, mais qu'au contraire, ees dernicrs sont lanl6t minces et comparables k du duvet, tant6t plus forts et se rappro- chant de la nature du poil externe. En consequence, je serais dispose a eroire que chez les Chevres d' Angora les poils ex- ternes, aussi bien que le poil du duvet , se sont tellement mo- difies, que la grosseur des premiers aura diminue, tandis que celle des seconds se sera au contraire developpee : en sorte que les deux especes de poil auraient fin! par s'assimiler entre elles, ce qui a pu faire naitre une certaine uniformite qui n'est qu'ap- (1) Notice sur les Chevres asiatiques i duvet de cachemire, p. 26. — 317 — parente. Dans tous les cas, je me suis vainemeDt efTorce de de- couvrir Ics pr^tendus restes des poils externcs sous forme de pe- tites poinles, Men que rexemplairc que j'eludiais reuntt au plus haul degre lout le developpemenl dont esl susceplible cclle ma- gaifique loison. Au resle, il ne serail pas impossible que le phe- nomine donl il s'agil se presenlal dans les individus en voie de chaojitT de poil. Les poils les plus gros el qui correspondenl le plusau poil externe n'onlque le liers, ou du moinsn'atleigneol paslamoiliedelagrosseurdu poil externe de la Ch^vre commune. Les poils lendres (de la nature des poils de duvet) de la Ch6- vre d'Angord apparaissent sous le microscope plus unis et moins ecailleux que le duvet des Chevres ordinaires, el offrenl moinsd'arliculalions transversales. De plus, j'ai trouve les poils exlernes des Chevres sauvages et domesliques non sculemenl plus serres, plus raides et plus massifs, mais ayant aussi une torsion plus considerable el une surface moins unie, c'est-k-dire plus raboteuse el plus ecailleuse. II est digne de remarque que, les parois du poil de la Chevre d'Angora elant plus minces que celles du poil de la Chevre commune, la substance conlenue dans leurs cellules graisseuses suinte plus ais^ment au dehors, ce qui rend le poil de la Chevre d'Angora plus doux, plus flexible, el lui donne le brillant de la soie. jusqu'a ces dernieres annees, aucun com pie se/3are n'elait » lenu de rimportalion des laines d'Alpaca en Anglelerre. On V reunissait dans le meme item loutes les laines de la meme » provenance, lant de Moulon que d'Alpaca. » Cependanlce travail a ele fait depuis 1845 par MM. Hu- » ghes et Ronald, nos premiers conrtiers de laines, pour les * importations de Fjiverpool , qui, k elles seules, representent » plus des trois quarts des importations totales de 1' Angleterre. » Ci-joint le chiffre dechaque annee pour noire port : Balles de 70 livres anglaises ou de 34 kilog. en moyenne. 1845. — 12,894 1846. — 3,799 1847. — 13,281 1848. — 18,603 1849. — 9,866 1850. — 6.985 1851. — 26,120 1852. — 26,632 1853. — 25,987 Nota. Le rapport ofnciel, employe dans le commerce, entre le poids frangais et la livre anglaise , est de 1015 kil. pour la tonne anglaise, de 2240 livres anglaises. Si, comme M. Pictet I'avance, ce nest que depuis 1845 qu'on a commence a distinguer I'importalion de la laine d'Al- paca , on ne pent done tirer aucune conclusion positive du ta- bleau fourniparM. Laverriere. D'autre part, MM. John Foster et Son, de Bradford, nous apprennent qu'en fevrier 1854 la laine d'Alpaca avail beaucoup de valeur, etque les importations annuellesetaient, en moyenne. de 2,200,000 livres anglaises, a des prix qui variaient entre 1 shell. 3 den. et 2 shell. 9 den. la livre, suivant la demande. On avail dit que la toison d'un Alpaca pese annuellement de 5 k 6 kilog., etque, chez les males, elleatteintfrequemment le poids de 8,50 kilog.; M. Pictet dit que le poids moyen u'est que d'environ 4 livres anglaises. II reconnait qu'en regie generate les Alpacas sont tondus uoe fois par an , et que de temps a autre on laisse la toison — 321 — intacle pendant deux ou Irois ans; mais il ajoutc que cette pra- tique nuit aulant a I' animal qua sa laine. On a montre k Liverpool une toison qui avail atleint one longueuu de 1 yard anglais, soit 0™914. A I'epoque oil ecrivaitM. Piclet, le prix de cetlc marchan- dise au Perou etait de 1 shell. 9 den. la livre anglaise. — En Angleterre , les prix de 1845 k 1853 avaient eprouve d'assez fortes fluctuations; mais au commencement de 1854, I'article devenant plus connu et plus apprecie, les cours elaient plus uni- formeset se raainlenaientenlre 2shell. 2 den. et2 shell. 4 den. la livre, suivant la qualite et la couleur. Au moyen de ces donnees, il est facile d'estimer chaque an- nee la valeur des importations de laine d'AIpaca a Liverpool , ce qui serait, comme nous I'avons dit plus haut, plus des irois quarts de la valeur des importations de loule I'Anglelerre. Ainsi, par exemple, pour I'annee 1853 , cette valeur serait, pour Liverpool, de 204,147 liv. sleri. 12 shell. 6 den., ou 5,103,690 fr. 60 c. En general, la preference a ete toujours accordee a la laine, blanche . qui represente la moitie des importations, tandis que la noire n'en represente qu'un quart, I'aulre quart etanl de laine grisdtre ou hrune. Aussi les laines blanches sont-ellcs toujours de 2 k 3 deniers plus chores que les aulres. La laine d'AIpaca arrive en Angleterre dans son etat brut, et est vendue au fabricant de cette mani^re. Le dechet qu'elle subit nc doit pas eire considerable, mais ou ne saurail I'appre- cier au juste. C'est, au reste , fort dillicile d'obtenir des manu- lacturiers des renseignements lant soit peu precis sur la mani^re dont ils travaillenl la laine d'AIpaca et sur les produits qu'ils en lirent. M. Piclet admet en fait que les etoffes d'AIpaca sont devenues d'un usage infinimenl plus general et qu'elles le deviendront chaque jour davantage. « Ces etoffes, dil-il, sont toutes des lissus plus ou moins legers; elles requierent des toisons fort Iod- gues, el c'est pour celu que les Alpacas leur ont donne nais- sance. Elles lienneul le milieu entre les laines de Mouton et la II 21 — 322 — sole. On en fait beaucoap de robes de dames ; elles durent assez longlemps , sont remarquablemeat souples , el peu sujettes k se froisser. » M. Foster nous en donne laconiquement la nomenclature suivante : Alpacas lustres, unis, de fantaisie, mMfs, [rises (twills], pour doublures, etc., ourdis avec du colon ou de la sole, de differents genres, pour velements de femme et d'homme. La quanlite de laine de Lama iraportee est tout a fait insi- gnifiante a Liverpool. C'est tres rare qu'on en trouve des par- ties de 200 balles. On s'en sert principalement pour remplacer la laine d'Alpaca et pour produire un article inferieur qui n'a ni le brillant, ni le soyeux des tissus d'Alpaca, et qui ne vaut pas la moitie aulant. Les importations de laine de Vigogne sont egalement peu fortes et atteignent a peine 200 balles (de 80 livres anglaises chaque) par annee. On se servait autrefois de ce genre de laine pour des chapeaux d'hommes ; maintenant la soie I'a entiere- ment reraplacee: on ne s'en sert plus que pour produire des etoffes de fantaisie, de luxe, sans jamais la teindre. La valeur actuelle de cette laine est presque double de celle de I'Alpaca, 4 shell. 3 den. a 4 shell. 6 den. la livre anglaise. Bradford, situe pres du canal de Leeds a Liverpool, continue a etre le centre unique de ce genre d'industrie, M. Salt est en- core aujourd'hui le plus grand consommaleur de I'article. II emploie a lui seul aulant de laine brute que tous les autres ma- nul'acturiers ensemble; el en cffet, sa manufaclure, elablie a Saltaire. pres de Bradford, qui lui a coAte 300,000 liv. sterl., occupe 3,000 ouvriers et possede une machine a vapeur de la force de 1,200 chevaux. L'ensemble des bailments couvre pres de6 acres. Lebalimenl principal a 550 pieds de long sur 50 de large, et a 6 elages, non compris les bureaux d'adminis- Iralion, les magasins el les dependances. Lasallede lissagccon- tient a elle seule 1,200 metiers. Outre la manufaclure de M. Salt , on coraple aussi a Brad- ford ou dans le voisinage, parmi les principales maisons, celles - 323 — de MM. Foster el fils, k Black-Dike-Hills, et dc M. J. K. Turner. Parlanl de rinlroduclion de ces animaux en Anglelerre, M. PictetciteM. Edwards, membre du Parlement pour Hali- fax, comine le premier qui s'en soil occupe. A I'heure qu'il est, il possede encore quelques Alpacas. Le marquis de Breadalbaae fit une tentative semblable en Ecosse, mais sans succ^s : aucun des Alpacas n'a survecu. Le dernier comle de Derby avait cgalementun petit troupaau dans sa propriele dc Knowsley , pres Liverpool , ct il y portait beaucoup d'interet; mais iln'est parvenu k aucun resultat prati- que. Ce troupeau, k sa mort, a passe entre les mains de M. Salt. Leur cntretien n'estpas couleux. On obtient chaque annee quel- (|ues petits; mais I'accroissement de leur nombre est fort loin d'etre rapide. On croit qu'il serait difficile de faire des achats de ces ani- maux en Angleterre. On pourrait peut-etre en obtenir du Perou au prix de 1 liv. sterl. (25 fr.) par tete; mais I'exportation en est plus ou moins officiellement defendue. En 1853, cependant, on reussit a faire passer quelques centaines d'Alpacas en Aus- tralie ; mais on ne s'atlend pas k voir cet essai amener des re- . sultals pratiques importants. On ne sache pas que jamais des Vigognes ou des Lamas aient etar Andre POEY. (S6ance du 13 aviil 1855.) II a ete question plusieurs fois a la Sociele zoologique d'ac- climalalion des avanlages que Ton pourrait relirer, daas les contrees meridionales de la France et dans I'Algerie, de Tinlro- duclion des especes d'Abeilles sans aiguillon, propres a diverses contrees de 1' Amerique, et qui donnent un miel tres estime. L'ile de Cuba possede une espece de ce groupe , la Trigone fulvipede (Trigona fulvipes , Guer). Je demande done la permission de communiquer a la Soci6te les recherches qu'a faites mon pere, professeur de zoologie et d'anatomie comparee a KUniversite de la Havane , sur les- Abeilles du pays, et en particulier sur cette Trigone, qui se trouvent mentionnees dans I'ouvrage sur I'His- loire naturelle de Cuba qu'il public en ce moment. Je ne ferai qu'indiquer les diverses substances elaborees par les Trigones, telles que le miel, la cire et les resines, dont les deux dernieres pourraient trouver une heureuse application dans les arts et metiers, corametendent a le demontrer des essais faits par un lilhographe de la Havane, M. Marquier, avec de la cire noire des Trigones, pour la confection de I'encre et des crayons litho- graphiques, au lieu de la cire ordinaire. Voici une courle analyse du passage sur ce sujet que Ton trouvedansle premier volume de I'ouvrage de mon pere (1): (1) Memorias sobre la historia natural de la isla de Cuba, acompana- das de sumarios latinos y extractos en frances , per D. Felipe Poey. Ha- bana,1852,t.1, p. 122-176. ~ 335 — La Trigone fait son nid dans Ic tronc des arbres; elle en ferme toutcs les issues avec de la propolis, et ne laisse qu'un petit trou, oil elle place une porli6re. Mon pere decrit sept ruches naturelles de Trigones. Le ternie moyen de ses observations peut douner 1,000 ouvri^res , 12 ui4les, 1 femelle; 60 grosses vessies, dont 40 pleines de pollen et 20 pleines de miel; 12 gateaux, chacun de 300 cellules. On y Irouve quelquefois des raorceaux de resine cassante. Du reste . la grandeur du nid depend de I'etendue du logeraent, car une seule ruche a produil une fois 7 bouteilles de miel. Les Trigones font une grande recolte de substances oleo-re- sineuses amollies, telles que les fournissent \eManaju, VOcuje. le Guaguasi, dont les noms scientifiques sont Garcinia cornea, Callophyllum calaba, Lactia apetala; el les portent deux char- ges sur leurs paltes de derriere. Mon pere croit que le pollen repose sur la jainbe, et la resine sur le premier article du tarse, en dehors. De I'examen qua fait M. le docteur Aguilera de deux mor- ceaux de cire noire , il resulte que le premier etait de la cire perfectionnee par les Trigones , compacte , homogene , d'une tenacile mediocre et sans elasticite apparente ; I'autre , ne pa- raissant pas avoir alteint sa derni^re elaboration , a ete trouve au pied des grands reservoirs de pollen et de miel, pret a etre employe, plus raou et collant, plus jaune ou jaspe de plus d'une couleur, tres 6lastique. Ces deux echantillons, traiies par I'ether et I'alcool a diverses temperatures , ont donne de la cerine , de la myricine, des matieres resineuses et coloranles, des substan- ces grasses, oleagineuses, saponifiables par les alcalis mineraux et des gonimes-resines. La cire proprement dite (cerine et my- ricine) cntrait en raison de 28 pojiir 100 dans le premier echan- lillon; matieres resineuses et colorantes, 32; residu, 40. Iln'y avait que 11 pour 100 de cire dans le second echantillon. II faut done croire qu'oulre les resines nommees precedemmenl, les Trigones font entrer dans la composition de la cire noire les sues laiteux elastiques, soit les gommes-resines du pays, surtout ceux des vegelaux nommes Maboa [Cameraria latifolia), Ja- — 336 — giiey (Ficun indica), Sapole [Achras sapota), Morera {Achras tinctoria) , Cuajani {Bumelia nitida). En resume, la cire des Trigones pent elre consideree comme un melange de resines natarelles oxygenees, degomraes-resines plus ou moins elasli- ques, qui lui communiquent I'onctuosite graisseuse dont elle est douee, etde cire proprement dile. Celte derniere substance de- vient plus abondante a mesure que I'elaboralion s'approche de son dernier terme ; elle ne manque pas dans la nature vegeiale de 1 lie de Cuba, niais I'insecte doit la retirer plus aboudam- ment de la grande quanlite de pollen qu'il recueille. II s'agit de savoir si la poussiere impalpable qui la compose dans cet etat est retiree dudit pollen par les instruments buccaux de I'insecte, ou si la separation se fait dans son estoraac, d'oii la matiere est ensuite degorgee sur la masse resineuse. Par ce que Ton sait de I'Abeille mellifere et d'autres raisons rapportees dans I'ou- vrage , men pere incline k celte derniere opinion. D'un autre c6te, il a prouv6 qu'il n'y a point de produit secrete par les seg- ments abdominaux. La cire est d'une couleur brune, presque noire, et ne pent elre blanchie par les procedes ordiuaires. Les chandelles qu'on en fait brulent mal , car la cire bout autour de la meche, et elle coule au dehors ; la meche elle-meme nel'attire pas assez, else carbonise presque en lotalite. Les memes teignes qui devorent la cire blanche attaquent aussi la cire noire. M. Louis IVIarquier , habile lithographe de la Havane , a eu I'heureuse idee dappliquer la cire noire a la confection de I'encre lithographique, au lieu de la cire ordinaire, en suivant la recelle d'Engelmann. Deux lignes onl ete ecrites, I'une avec I'encre de Paris , I'autre avec I'encre nouvelle : les deux ont offert le meme resultat a une acidulation ordinaire; mais, la dose d'acideayant ete doublee, I'encre de Paris s'esl cassee el effacee en parlie; I'autre n'a pas souffert la moindre altera- tion. Ce succes a engage M. Marquier a employer la meme cire pour la composition des crayons lilhographiijues. ~ 337 INDICATIONS LA CULTURE DE L'IGNAME DE CHINE RELATION SDR LA HARCHE DE l'aCCLIMATATION DES SEMENCBS ihport6es en 1854. Par M. le Baron de MONTCIAVDmT. (Stance du 20 juin 185S.) M. le President de la wSociele imperiale d'acclimatalion a deja fail connaitrc I'arrivee d'un envoi ires considerable de hulbilles d'lgname offerts a la Sociele par M. de Monligny, au- quel la France esl redevabic de riniportalion de nombreuses se- mences susceplibles d'acclimatalion sur noire continent, et qui bienl6l serontd'une haute utilite pour ralimenlalion des hom- ines et rentrctien des animaux. Une courle explication donnera a la Societe I'idee quelle pent prendre de {'importance d'un envoi aussi considerable. La Soci te doit aussi connaitre qu'en incme temps que les hulbil- les d'lgname sontarrivees dautresgraines : de la semence dun arbre dont les baies contieoncnl une matiere semi-grasse, semi- resincuse , qui abeaucoup danalogic avec le suif, etpeuten- trcr dans certains usages oh le suif el la slearine sont employes ; arbre qui, en raison de son produit, esl denomme ai^hre a»uif; des graines du You-Tong-Schou , qu'on dit elre un arbusle Ires gracieux , qui porte un fruit semblabic k une sorte de noix qui conlienl une amande ; des tubercules allonges qui semblent ^Ire ou une variele de palate douce , ou le lubercule des vari6- les d'Ignames que doivent produire les hulbilles principale valeur de I'envoi parvenu. La culture suivie en Trance peut seule determiner a reconnattre la nature de ces tubercules, qui II M — 338 — k lour arrivec se sonl Ironves , par les effels dir voyage , en un etal qui ne prescnlail plus les caracleres susceplibles de bien les. classer. II nous a paru que I'envoi presentait trois varieles d'lgna- mes, et ccs Irois varieles nous ont semble differer en leurs na- tures des premiers bulbillesdejkconnusimportes par M. de Mon- tigny. Cependanl, pour se prononcer definitivemenl, on doit al- tendreque la culture nous ait montre des tubercules suscep- libles de donner complelement les moyens de bien voir les plantes. La Commission chargee par le Conseil d 'administration de la Societe de la repartition de ces richesses parmi les membres de la Societe a eu le soin de separer dans ses envois le contenu des caisses , lei qu'il avail ete fait en Chine au depart , pour que la culture des varieles fut suivie isolemenl, et que, par suite, il devienne possible de conslater I'idenlite ou la dissemblance, s'll s'en montre dans la suite. Les caisses sont parvenues de Chine sans aucune explication sur leur contenu. L'envoi, a son depart de Chine, pouvait etre beaucoup plus considerable qu'a son arrivee en France. La longueur du temps necessaire pour la traversee de Chine en France a nalurelle- ment diminue les quantites par les avaries qui surviennenl lou- jours pendant un aussi long voyage. ISeanmoins, il restait a I'ar- rivee cent vingl litres dune variele , environ quinze litres d'une seconde, et a peu pres huit litres de la troisieme; ce qui, pour les trois , produisait bienceftainemenl cent quarante-trois litres de bulbilles des trois varieles d'Ignames. M. le President, qui ne perd pas de vue un seul instant lout ce qui concerne les iravaux de la Societe, et qui porle ses previ- sions si sures sur lous les details, a voulu faire connailre le nom- bre de bulbiles qui pouvaienl se irouver dans la mesure d'un litre, elil a pris la peine de les faire compter. Plusieurs litres comples pres de lui donnerent en moyenne mille qualre- vingt-cinq bulbilles par litre, ce qui, pour cent quarante-trois litres, produit cent cinquante-cinq mille cent cinquante-cinq bulbilles. Le nombre total peut done etre fixe, avec la plus ri- — 3^9 — goureiise cerlilude, a cenl cinquanle inille. D au Ires mem bres de la Sociele eurent aussi Tidee de compter, el les nombres de- clares par cux sonl les memes que ceux Irouvessous les yeux de M. le President. Chacun sail que limporlation de IFgnamc en France par M. de Mouligny remonte plus loin que 1830, mais que les ten- talives d'acclimatalion serieuscs au sujel de cc liibercule ne fu- renl rcellemenl soignees qu'en 1834, par M. Paillel, jardinior- pepinieriste, qui en reconnut toule Tulilite alimentaire; aupa- ravanl on ne le considerait que comme planle d'ornemenl, et ce meme dans les regions elevees de la science bolanique. Ce pepinierisle prevoyant el eclaire obtint des bulbilles et des bou- lurcs d'Igname du Museum elde M. de Monligny; il commenca ii s'occuper de celle plante, avec le savoir que donne I'expe- rience pratique de la culture de plantes similaires, et avec cetle facilite de pouvoir prevoir les soins a donoer a une plante nou- velle, qui ne derive surement que de I'usage de la main habi- tuee k remuer la terre el a la chojsir. ' >;i Les observations de IVf . Paillet le portent a considerer les sols legers et sableux comme les plus aples a produire I'lgname. II les regarde comme ceux qui lui conviennent le mieux, sans pour cela exclure neanmoins les lerres fortes, pourvu qu'elles ne soient pas trop compactes. II dit que pour la plantation en grand le sol pent etre prepare en billons eleves a la hauleur de 30 k 35 centimetres , formes par un labour qui adosse la lerre de deux raies. en reaversanl la lerre d'une seconde raie sur celle elevee dune premiere; il conseille de planter les bulbilles dans lecouranl de mai. sur le haul des billons, a cinquanle centimttres au plus, et souvenfa moitie de distance, a la pro- fondeur de troisou quatre centimetres. Cependant, lout ea ex- pliquant celte culture, qu'il dit lui avoir ete indiquee par M. de Monligny comme celle en usage chez les Chinois , M. Pail- lel fail remarquer que I'lgname peut egaleraent se cultiver en terrain plat et sans creation de billons, pourvu que le labour donne 'a la lerre avanl la planlalion alleigne 30 a 35 centime- tres de profondeur. II dit qu'en terrain plat la plantation petU — uo — s'execulcr en li«!;nes,. en |)!acant les bnlbilles ou plants a la dis- tance (le 20 centimetres, el en cspacant les lignes ou ravonsk 30 centimetres les uns des autres; il conseilie dc planter de meme que sur les billons, a 3 ou 4 centimetres de profondeur. M. Pailiel indiqne de sarcler et biner les Ignames comme toules les aulres plantes similaires; il pense que le moment de recoller depend de la temperature qui regne sur les regions oii rigname se cultive , mais generalement fin novembre ou les premiers jours de decembre ; il explique que la conservation de cetteracine et son placement dans le lieu de remisage pour I'hiver sont sansaucune difficulle. L'Igname ne germe pas ordinaire- ment en serre, el sa forme permct de I'empiler comme des bois en bdcher. M. Paillet pense qu'on peul, sans danger pour la planle, empiler les Ignames k telle hauteur que soil le plafond de la serre dans laquelle ils doivent passer I'hiver. M. Paillet indique un nioyen de multiplier les bulbilles de semence et les lubercules de recolte, qu'il dit ne pas nuire a la croissauce du tubercule principal, surtout en raison de ce quil considere 1 Igname comme une plante qui prend hors de terre par ses rameaux presque toule son alimentation. II con- seilie de couch(;r les tiges d'ignanies dans une raie creusee a 3 ou 4 centimetres de profondeur au«sit6l qu'elles onl alleint la longueur de 50 centimetres, de recouvrir ces tiges de terre, en ayant bien soin loutefois de laisser surgir les feuilles hors de terre. 11 s'elevera de chaque noeud une lige nouvelle, et, sous chaque aisselle des feuilles des noeuds, il sortira des bulbilles qui, la meme annee, produironl des tubercules bons a recolter en meme temps que la plantation premiere. M. Paillet indique encore uii autre moyen de reproduction de rigname. Celle plante est de forme allongee et represente en son entier la figure d'une massue. II conseilie de couper le haul de la plante, qui toujours est tres petit et ligneux, jusqu'k la parlie qui commence a devenir charnue , et de diviser la section obtenue en Irois ou quatre IrouQons. Chacun deux, plante se- parement, produira des Ignames, de meme que les bulbilles. Ce moyen de reproduction fournirait done quatre semences par - 341 — plant de lubercule recolle, qui, Tannee suivanle , donneraient naissance k qualre plants nouveaux , par suite a une recolte quatre fois plus considerable (|ue la preccdente. M. Paillet con- sidere I'lgname comme une plante ires robuste et pouvant re- sister k de fortes gelees sans cprouver de dommages. En 1854, il dil avoir plante six a sept cents bulbilles. La temperature est descendue a 13 degres cenligrades : la plantation d'Igname n'a pas soulTert de eel hiver rigoureux. M. Paillet pense (jue I'usage de I'lgname ne peut manquer de se repandre rapidement aussil6t que les avantages en seront bien counus. Ce tubercule est un bon manger pour les homnies, el il sera ires utile pour la nutrition des animaux. Sa culture est facile; il nc doone aucunc peine pour sa conservation, il ne se g^le jamais, l^'lgname est une plante biennale ; elle atteint un volume bien plus fort lorsqu'elle n'est recoltee que la seconde annee dc sa plantation, et , proportionnellement, il y a avantage a la laisser deux annees en terre. Surtout cette premiere annee de grande culture, il convient de laisser en terre au moins le tiers des plants, el micux encore la inoilie. La scmence n'est arrivee a la Societe que irop tard pour la plantation de cette ann^e. Mars avril el generalement mai sont les mois de planlalion, selon les latitudes. On n'aura pu planter cette annee que vers la fin de juin , ce qui est bien tard : la plante aura done perdu deux, trois el qualre mois pour sa croissance. II est impossible qu'elle atteigne un gros volume cette annee; mieux serait d'en laisser la moitie en terre pour recolter en 1856. En ce cas, il se- rait bien , dans toutes les loealiles oii Thiver est Ires rigoureux , de couvrir la terre qui contient les plants d'Igname avec du grand fumier ou de la paille, pour les garanlir a loule prudence de ratteinte des gelees, bien que cette plante n'en soufTre pas ordinairement el les supporte sans dommages. M. le professeur Decaisne a fail un travail lr6s appreci^ sur rigname. Ce travail a ele reproduit par lous les journaux des socieles savantes. II a ele lu al'Academie des sciences, dans sa seance du 15 Janvier 1855. II renferme de bons enseigne- — 342 — mentssurles experiences auxquelles s'est livrc M. Decaisae(l). La repartition faile de renvoi recu par la Sociele , sur tons les points de la France, aux societaires d'Alleniagne, de Pie- niont, d'Angleterre et d'aulres contrees, repandra des cclte annee I'lgname et produira des resullats de cullure sous toutes les latitudes d'Europe, a toutes les temperatures, sur des sols de toutes les compositions, et la Sociele pourra oblenir des in- dications sur les divers modes de traiter la planteselon lesloca- lites oil elle sera cullivee. Le Conseil d'administration a pense que, pour juger des cette annee I'utilite de rigname, cullive en grande cillure, il etait a propos de faire la repartition en nonibre suffisant a des mem- bres de la Societe qui procederaient a la cullure dans le sens du but que s'est propose la Sociele d'acclimalalion , dont les vues sont utilitaires, et qui ful fondee pour acclimaler et repan- dre les races d'animaux et les plantes dont I'inlroduction pent presenter des avanlages. I^a Sociele ne doule pas que chaque membre auquel des lots d'Igname ont ele adresses comprendra que la Sociele songe a une part dans les produils des seraences obtenues, pour lui donner la faculte de faire parliciper, I'annee prochaine , aux avanlages de Tenvoi , ceux des membres qui n'ont pas pu se irouver compris dans la repartition de lots assez considerables pour suivre la culture en grand. La Societe a eu connaissance de rimportalion en France de (1) C'est a M. Decaisne qne M. de Montigny offrit les premieres semences d'Igname. 11 proc6dait a des experiences avant et en meme temps que M. Paiilel : il a fait les m6mes observations ; il signale n^anmoins a I'lgname un defaut qu'il dit Stre a pen prfes le seul , sa tendance a s'enfoncer en terre. Cette tendance, si- gnalee par tout le monde , n'est peut-6tre un d6faut qu'au jour de la recolte , et M. Paillet a invent6 un instrument qui semble de nature a lever toute difliculte. Dans un travail intitule : Hiatoire et culture de I'lgname de Chine, publie par la Revue horticole , 4^ serie, vol. 3, p. 248 et 423 (1854), M. Decaisne fait pr6voir deux questions bien s6rieuses qui souvent ont preoccupe : L'lpiume peut-H rempla- cer la pomme de terre comme substance alimentaire? l>eiU-U entrer avcc autanl de facility que la pomme de terre dans la rotation des cultures ? M. F. Herincq a trait6 la question de Tintroduction de I'lgname en France dans le n° 4 de I'annee 1855 du journal I'Horticulteur franfais (avril 1855). M. Ri- chard (du Cantal) a lu le 16 fevrier 1855, a la seance generate de la Societe impdriale d'acclimatation, un travail sur Tlguame. Ce travail esl publie dans le n" 5 du Bulletin (inai 1855). — 343 — plusveurs especes de semences. Elle doit elre lenue au fail des leolalives d'acclimalalion suivies sur tous les points de la France au sujct de ccs scmeuces, et je lui demande la permission de lui, (aire part des renseignemenls qui me sont parvenus. M. de Monligny, de concert avec monseigneur Verrolles, cveque en Chine, membre honoraire de la Societe , a oITert a la Societe des Vers k soie sauvages qui vivent, dans les forets, de la feuille du Cheue. Cette variete de Vers a soie produit |f|^ nialiere premiere qui enlre dans la fabrication d'etoffes dontse preparent les vetemenls de la plus grande parlie des habitants de la Chine, En meme temps que ces Vers k soie , il parvint k la Societe des glands de deux varietes de Chenes qui croissent dans les forels de Chine ou se rencontre le plus habituellement la variete de Vers k soie sauvages. Ces glands furent, au moment de leur arrivee , repartis enlre les membres de la Societe. Cer- taines personnes , consultees en raison de leur position , les de- claraient bons a livrer aux betes, comme impropres a la repro- duction. Daulres personnes eurent la vue plus confiante, se chargerent de faire surgir des Chenes et semerent les glands. Elles sont aujourd'hui recoinpensees de laconfiance en leur vue : de ces glands sont nes des Chenes qui croissent k merveille. M. Blacque, membre de la Societe, a six Chenes de quatre glands semes ; M. Leroy d'Angers, neuFChenesde douzeglands ; la ma- gnauerie experimenlale de Sainte-Tulle a recu huit glands, elle possede hull Chenes; M. le marquis Amelol a des Chines; il y en a chez M. Paillet , dans le jardin experimental de la Societe cenlrale dagriculture du deparlement de la Dr6me,el chezd'au- Ires membresde laSocielequirecurcntdesglandsdu memeenvoi. Mainlenant, on peut juger ces varietes de Chenes , et, n'en deplaise aux personnes donl la vue fut sans espoir, la France possede en ce moment un assez grand nombre de pelits Chenes, de la hauteur de viogt-cinq a quarante centimetres, pour qu'on puisse d6s aujourd'hui prevoir que , dans dix ou douze ans. ces varietes de Chenes seronl Ires repandues. Dans un temps pro- chain , les Vers a soie veuus de Chine rencontreront dans nos bois d'Europe , avec celles de nos Chenes, les feuilles qu'ils irouvaient dans les contrees d'oii ils ont ele importes. — 344 — l-es semencesimporlecs par M. de Monligny Tannee dernierc reussissent presque partoul oii elles ont ele cullivees, a I'excep- tion du Pois oleagineux, qui n'a germe que chez un pelit nam- bre de persounes. II parait que la sernence elail Irop ancicnne, et qu'elle n'a pas pu produire sans des precautions indispensa- blesavec lesgraines vieilles, etqu'onne peutpas toujoursmetlre en pratique partoul. Neanmoins, cequi sera recolte cette annce pent assurer la possession de ce Pois a la France , puisque la recolte prochaine produira plusieurs hectolitres. Des tentatives de semis de Riz sec failes avant I'hiver en meine temps que le Ble semblent promeltre reussile dans I'ar- rondissement d'Avallon , deparlement de I'Yonne, malgre la * temperature si contraire de celte annee , meme pour les semen- ces habituelles au pays. Les plants de Rizonttres biensupporle les gelees d'hivcr et les neiges ; ils ont souffert des gelees blan- ches du printemps; il en reste assez cependanl, et te grain ob- tenu cette annee aura plus de chances de reussile I'annee pro- chaine, puisqu'il sera le produit d'une sernence qui aura deja subi les premiers effets de son imporlalion et d'un changement si oppose k sa culture. Des semis de printemps ont ele fails, et, avec le produit de ces semis, il en sera fait a nouveau au mois de noverabre , en meme temps que les Bles, pour conlinuer les experiences dans le but de rendre le Riz sernence d'hiver. De Belfort , localile bien plus froide qu'Avallon , on me donne les details qui suivent : « Le Riz sec marche admirablemenl , le Mais geant est magnifique, les Haricots de la Chine sout de toute beaute, I'Alpiste est on ne peul pas plus beau. Tout portc done a compter sur racclimatalion de ces graines, qui deux fois deja produisent leurs semences en France. Si en des loca- lites elles n'ont pu reussir par des causes a rechercher, les localites qui ont obtenu reussile propageroot les semences arriveesades conditions plus favorables, puisqu'elles auront epronve les ef- fets de Timporlation , et par suite seronl deja , pour ainsi dire , failes au milieu dans lequel nous les appelons a croilre, sous une temperature qui pent ne pas etre celle du pays d'oii elles proviennent. » EXTRAIT D'UNE NOTE DE M. ALFR. DU MERIL, SUR l'dTILITE d'iNTHOUUIRB PARMI NOS ANIHAUX UOMKSTIQt'ES QOKLQUKS KSPfcCKS NOCVKM.ES, PUBLIEE KN 1844 [Normandie agricole]. ParM. Aug. DUMERIIi. (Seance du 16 mars 18S5.) Les experiences relatives k liulroduclion eii France d'ani- maux utiles ne peuvent pas etre ealieremenl execittees par de simples particuliers , comme le fail remarijuer M. DuMeril, qui exprime le voeu de les voir enlrepiises par le gouvernement avec le concours des societes d'agricullure. Or. ce voeu, c'esl noire Sociele qui selTorce de I'accomplir en cherchanl a {iccli- inater dans noire pays le plus grand njmbre possible d'especes utiles. Apres avoir rappele, enlre autres Tails, combien nous som- mcs resles en arriere des Remains, qui, du temps de Pline, ele-'* vaient dans des volieres I'ailes expres des milliers de Grivcs et conservaienl les Sarcelles dans leurs basses cours, M. DuMeril tail observer que la compensation a ces pertes a ele peu consi- derable ; el cependanl que d'animaux utiles donl on pourrail tenter rintroduction dans noire pays ! Tels sonl, dil-il , parmi les Oiseaux, les Hoccos, les Penelopes, le Canard huppe de la Caroline, TOie d'figypte, la Grue courounec du Senegal, la Sar- celle doree, l' Argus de la Chine, le Kamichi de la Guyane, le Tadorne, leSouchel, etc. II insisle parliculieremenl sur celle question des Oiseaux domesliques, h cause de limporlance se- rieuse quelle a acquise par suile des lois actuelles sur la chasse. M. Du Meril . embrassanl dans sa note lout ce qui se rap- porle a racclimatation des animaux, montre, en enumerant avec soin les fails propres a confirmer son opinion, combien se- raieol precieux pour nous I'Hemione, le Zebre, le Kanguroo, le Tapir el le Lama. — 346 — II. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES DE LA SOCIETE. SEANCE DU 11 MAI 1855. Prdsidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclarae les noms des membres adrais par ie Conseil depuis la derniere seance de la Societe. Cc sont : MM. Bedier (Achille), commissaire general de la marine, membre du comite consultalif des colonies, ancien gouverneur de Pondichery , a Paris. Bryas (Le marquis Charles de), proprietaire au Taillan , pres Bordeaux. CoRBifeRE DES JuGEs (Abel) , a Paris. Degr6aux (Laurent) , negociant, a Toulon (Var). Delaroche (Henri), negociant, au Havre (Seine-Inferieure). Denis, ancien depute, ancien membre du conseil general du Var, a Hyeres (Var). GfiRARD (Emilc) , negociant, ancien president du tribunal et ■ de la chambre de commerce de Toulon, vice-president du Cornice agricole de Toulon , directeur de la succursale de la Banque de France et conseiller municipal , a Toulon (Var). GuiBOUT (Jules), fabricant , a Paris. Guyet-Desfontaines, ancien depute , a Marly-le-Roi (Seine- et-Oise) et a Paris. Javal-Lan (Leopold), proprietaire, a Paris. La Rochefoucauld de Doudeauville (Le due de), a Paris. MoNJARET de Kerjegu , dirccteur de la ferme-ecole de Tre- varez, arrondissement de Chateauiin , a Brest (Finistere). NoAiLLES (Le comte Alfred de) , h Paris. Pascal (Albert) , banquier, membre de la chambre d'agricul- ture des Bouches-du-Rh6ne , administrateur fondateur du •- 347 — jardin zoologlque de Marseille, createur proprietaire dc I'e- lablissemenl d'horlicullure du Prado , a Marseille (Bouches- du-Rh6ne). PiCHAUD (Max.), negocianl, inembre de la Sociele d'horlicul- lure de Marseille , de la Sociele des amis des arts, a Mar- seille (Bouches-du-Rh6ne). RfiMONT, pepinierisle, a Versailles (Seine-el Oise). Saint-L6on (De) , ancien chef de la garc du Nord , direcleur dc la Sociele des sangsues k Aronville pres Ponloise, a Paris. SiCARD (Adrien), docleur en medecine, secretaire de la Sociele d'horlicullure de Marseille, a Marseille (Bouchesdu Rhdne). Vandercolme (Alexandre) , courtier marilirae , k Dunkerque (Nord). .rj W'eiler(C. F.\ negocianl, a Strasbourg (Bas-Rhin). — M. le President annonce que le Conseil a nomine agent de la Sociele M. Hebert , dont il est lu une lettre par laquelle il prie le Conseil d'agreer ses remercimenls. — M. le general Daumas adresse cent cinquanle billets des- tines a donner entree k Texposilion permanenle des- produits de I'Algerie. lis sonl distribues aux menibrcs presents. — M. de Larochefoucauld, due de Doudeauville, fait parve- nir des remercimenls pour son admission dans la Sociele. : ri — M. le docteur Le Prestre informe que le montantde la souscription en faveur de la veuve el des enfants de Remy s'eleve maintenant k Caen , a 125 fr. o-'. — M. I'abbe Salvayre, procureur general de la congrega- tion de la mission dite de Sainl-Lazare, adresse a la Sociele une assez grande quantile d'oeufs du Bombyx mori , recueillis en Chine par les missionnaires. Les remercimenls de la Societe seronl iransmisa M. I'abbe Salvayre. — Ilestdonne connaissanced'un envoi deJSOgrammesd'oeufs du Bomhyx cijnlhia dii a M. Hardy, direcleur de la pepiniere ceulrale du gouvernement en Algerie, annoncanl qu'il a obtenu de la derniere education- environ oO onces (IGOO grammes^ — 348 — d'ceufs, ce qui lui a permis de satisfaire a des demandes, dont il avail recu un grand nonibre, et parliculierement de la pro- vince de Couslantine. !1 annonce ie prochain envoi d'un rap- port sur celte education. Un grand nombre d'oeufs sont eclos pendant Ie voyage , mais ceux qui ne I'etaient pas encore ont etc deposes a I'Ecole de pharmacie el au Museum. II a ete egalement confie aux soins inlcUigenls du gardien de la menagerie des Reptiles de ce dernier elablissement des cocons envoyes de Nice aM. Guerin-Meneville par M. Verani, direcleur du Musee d'hisloire nalurelle de la ville, et prove- nant d'une education d'hiver du Bomhyx cynihia. — On lit par extraitsun rapport adresse de Lausanne, parnotre confrere iVI. Ie docteur Chavannes, sur I'envoi qui lui a ete fail de cinquanle cocons du Ver ^ sole du Ghenede la Chine, qu'il pense , d'apres I'examen auquel il s'esl livre, provenir de I'es- pece dile Saturnia assamensis de Heifer. A ce rapport sont joinles deux bobines, Tune couverte de sole fournie par ces cocons, I'aulre de soie du Mylitta, et, de plus, un certain nom- bre de cocons du Bombyx mori (race de Brianza) elevcs en Suisse. Quelques observations sur ces Vers a sote sont presentees par MiVJ. Gu6rin-Meneville el Taste! . Ce dernier insiste sur les differences de qualile qui se remarquenl dans les etoffes de la Chine, suivanl qu'elles proviennent du nord ou du sud , cel- les-ci elant toujours plus belles, il ne doute pas d'ailleurs du succes de I'education des Vers a soie sauvages du Chene , et il rappelle les indications donnees par la commission dont il faisait partie sur les soins a prendre dans I'expedition des oeufs pour qu'ils arrivent dans de bonnes conditions. — INotre confrere M. Ie docteur Debeauvoys fait connailre son desir de rendre les membres de la Societe lemoins, lorsque I'elatderalmospherelepermeltra, d'une experience relative a las- soupissement desAbeillesparl'azotate de polasse. Sur sa deman- de, troiscommissaires sont nommes pour suivre ses experiences, pendant la duree de I exposition. Ces commissaires sont MM. - 349 - Kicner. U\ baron de Montgaudry el Hirhanl (du Canlal). — M. le baron Housseau, consul dc France ii Brousse , ecritpourremercierdesa noniinalion comme membre honorairc. — La Compagnie des cb(Mnins de fer de TEsl ecrit qu'elle a accorde raulorisalion demandee par la Societc de transporter a Wesserling (Hanl-Rhin) , k demi-prix du taril , le pelil trou- peau de Cbevres d'Angora. A celle occasion, M. le President annonce que le depart de 06 pelil lroupeau,dedeux Boiicsel huil Chevres. aura lieu cesoir meme (11 mai), el qu'il sera dissemine sur deux points des Vosges. If* — M. le President informe en outre que , par suite des ren- seignemenls fournis dans la derniere seance par M. le general Daumas , d'apr^s M. le baron Rousseau , sur des moutons a grosse queue de la province de Brousse, dils Karamanlis, le Conseil a decide qu'il serail demande que quelques uns de ces animaux fussenl joints au nouveau Iroupeau de Chevres d'An- gora qui doil etre prochainemenl expedie de Brousse par les soins de M. le consul general. — On lit une leltre de M. Eugene Roehn, naluralisle voya- gcur t'rancais, qui adresse de la Havane, le 26 mars, au mo- ment de faire ses preparalifs de depart pour la Bolivie, ses offres de service relalivemenl k lintroduclion en France des Lamas, Alpacas el Vigognes, donl il s'elTorce depuis long- lemps de tenter raccliuialalion dans divcrses contrees. Celte letlre est renvoyce a I'examen de la premiere section. — M. le President fait connaltre que, dans sa seance pu- blique annuelle du 28 avril , la Societe de geographic, sous la presidence de M. Lefebvre-Durufle, a decerne k M. de Mon- tigny, consul de France en Chine el membre honoraire de noire Societe, le grand prix fonde par M. le due d'Orleans, el qui n'avail encore jamais 6te accorde. Ce prix, de 3,000 fr. , destine k recompenser les tentatives Ics plus utiles d'acclimalalion, a ete donne k M. de Montigny parcequ'il a importe en France rigname, le Sorgho, le Pois oleagineux el quelques aulres ve- getaux, el les Yaks. — 350 — — M. Daresle lit une nolo, sur un fall d'acclimalalion rela- lif a V Helix lactea. — M. Richard (du Cantal), comme inembre de la Commis- sion Dommee dans la seance du 30 mars, a la demande de la Compagnie constituee pour cntreprendre la culture des Landes, s'est rendu sur les lieux. II presentera plus tard un rapport sur ce voyage, mais, des aujourd'hui, il donne quelques de- tails sur le paysqu'il a parcouru, et dont il a visite 8000 hec- tares apparlenant k la Compagnie. Des differenls animaux de cette conlree, les Chevaux sont les seuls qui , par leur elevage, donnent des resultals. lis sont rabougris, mais Ires sobres , fori Tobusles , Ires resistants, et reniarquables par leur vitesse. Avec les races ovine et bovine, elevees uniquement a cause de leur furaier, on est en perle. Chaque arbre resineux donne en moyenne . et suivant I'habilete des exploitants, un produit de 40 a 50 centimes , et Ton compte 250 a 300 arbros par hec- tare. II pensed'ailleursque ce pays a de I'avenir. C'est cequ'il cherchera k demontrer dans son rapport. — M. le President donne lecture d'un travail de M. le ge- neral Daumas sur I'education du Faucon en Algerie et sur le parti qu'on en tire pour la chasse. (Voy. p. 324.) — II lit ensuite un nouveau fragment du memoire de M. de Tchihatcheff sur la Chevre d'Angora. On lit un rapport qui a ete presente a la Sociele zoolo- gique des Alpes par son president, M. Felix Real, dans la seance du 15 avril 1855, et relalif au choix a faire des lieux oil pourrontetre le plus convenablement placees les Chevres d'An- gora qui ont ete confiees a cette Societe par la n6tre. Le Secretaire des seances, Aug. Duh^ril. — 351 — III. FAITS DIVERS ,^ ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCES. ai M. le President de la Soci6l6 a re(ju de S. Exc. Ic mar<^chal Vail- lant, Minisire de la guerre, la letlre suivanle : Paris, le 22 juimsss. ''x Monsieur le President , L'6mir Abd-el-Kader m'a r6cemment fail conuaitre que, d6sirani m'offrirvingl Brcbis et trois B61iers Karamanlis, il avail fait parlirde Brousse plusicurs de ses servileurs a la recherche de ces animaux. La Soci6l6 zoologiquc d'acclimatalion voudra bien, je pense, accep- ter rhommage que je lui fais de ce nouveau petit iroupeau. J'6cris en consequence i M. le g6n6ral Larchey, ^ Constantinople , pour que, dans le cas oil les animaux qu'Abd-el-Kader me destine pourraienl 6tre remis el arriveraient dans cette ville, il les fasse imm^diatement diriger sur Marseille. Si mon offre esi agr66e par la Soci6t6, je vous prierai de vouloir bien en donner avis a MM. Hesse el Barthel6my Lapommeraye, qui, comme cela a eu lieu pour les Chfevres d'Angora, pourront recevoir ce Iroupeau k son debarquemenl en France. Recevez, Monsieur le President, Tassurance de ma consideration trts distiDgu6e. )t Le Marechal de France,^ Ministre secretaire (CEtat de la Guerre^ Stgn^.-VAILLANT. — LaSoci6l6are<;udeChine,parles soins de M. deMontigny, huit caisses de lubercules et bulbilles d'Tgname. Trois de ces caisses , qui ne conienaieni que dcs lubercules, se sont trouvees compieiementava- ri6es; les autres renfermaient , avec des graines de differents v^g^- m — 3S2 — taux, des Uiberculos ogalemeni gat6s el des bulbilles en nombre con- siderable, dont heureiisementrd'talne laissait rien a desirer. La distri- bution en a eld laite par une commission speciale pr(^sidee par M. le baron de Montgaudry. (Voyez plus baut, page 337, le rapport de M. de Montgaudry.) — La Soci6t6 a reQu presqu'en mfime temps d'Algerie un envoi important de graines dii a M. Hardy, directeur de la pepiniere cen- trale du gouvernement a Hamma, pres Alger. Cetle collection et plu- sieurs aulres objets d'Alg6rie ont ete rapporles par M. de Montigny. — La Soci6t6 r6gionale d'acclimatalion fond6e a Nancy pour la z6ne du Nord-Est, en mars 1855, affilieea la Soci6t6 imperiale, vient de commencer la publication d'nn bulletin, dont le premier num6ro a paru en mai 1855. Le nombre des membres de cette Societ6 est aujourd'hui de plus de deux cents. — La Societe d'utilit6 publique du canton de Vaud, a Lausanne, et la Societe d'agriculiure de Verdun (Mouse), viennent, sur leur de- mande, d'etre d6clar6es correspondanies de la Soci6t6 imp6riale d'ac- climalation. — Au moment m6me ou nous motions sous presse, M. le president de la Soci6t6 vient d'etre informe par M. Barlh61emy-Lapommeraye, directeur du Musee d'hisloire naturelle de Marseille, membre de la Soci6te, de I'arrivte tres prochaine en cette ville du second Iroupeau de Chevres d'Angora achet6 en Orient pour la Society par les soins de M. le general Daumas et de M. le baron Rousseau, consul de France k Brousse. D'aprfes des lettres 6crites de Brousse par M. le baron Rousseau et de Constantinople par M. leg6neralLarchey, cetroupeau se composait, a son arriv6e a Brousse, de 75 animaux , dont 53 adul- tes, savoir 7 Boucs et 46 Chevres, et 22 (^hevreaux. II s'est augments depuis son depart d'un Chevreau, ne en route , ce qui porte le nom- bre a 76 individus. i/iAdMA ■■} 2ao 9b Le Secretaire du Conseil, GuERIN-Mf.NEVILLE. PARIS- IMPRIMERIE GUIRAUDET KT JOUAIST. rue Sainl-Honore, :\38. 7«"f BULLETIN S HENSDEL DE LA SOClfiTfi IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle le 1 • f^vrier 19ft4 L TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCI^T^. RAPPORT SUR UNE PROPOSITION D'ECHANGE ENTRE LA S0C1£t£ IHP^RIALE ^CONOMIQDE bE SAINT-P^TEBSBOURG ET LA SOCI^T^ WPl^RIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIXATATION . Commissaires : MM. Richard (du Canial) , J. Yalserres, et M. GCKH1M-]IIE1%'1:tili.E, rapporteur. (Seance du ii avril 1855.) Le 8 aoAl 1854 , noire honorable President s'est adresse h la Sociele imperiale economique de Sainl-Pelersbourg pour deniander des renseigacnicnts sur les procedes employes en Russie pour Jineslhesier les Abeilles, et proposer en meme temps Techange des publications de noire Societe avec celles de la Societe russe. La reponse ne s'est pas fait atlendre. Le 28 seplembre sui- vanl, M. Victor Motschoulsky, dirccleur du Musee d'hisloire nalurelle appliquce que celte Societe a fonde, ecrivait k notre President pour rioformer de rempressemenl avec lequel la So- ciete avail accueilli la proposition relative k nos publications, et offrir en meme temps I'echaDge des objets industriellement utiles. « La Societe imperiale economique, ajoulait M. Mots- » choulsky, m'a charge de vous repondre qu'elle est toujours II 23 — 3o4 — y< prete h parlager avec la Societe zoologique d'acclimatalion » lout ce qui se trouve dans son Musee, lant en productions » brutes qu'industrielles de notre pays, » La fondation de ce Musee d'histoire naturelle appliquee, faile par la Societe economique de Russie , est une heureuse realisation d'idees que votre rapporteur a emises depuis long- temps a la Societe centrale d'agricultureet dans plusieursecrits. Une collection de tout ce que notre pays produit, avec la seric des transformations que Tindustrie fait subir aux matieres pre- mieres , serait le Musee le plus instruclif et le plus utile que Ton put ouvrir au public, Dans ces galeries, les agriculteurs, les industriels, les negociants, trouveraient des enseignements dont lis ont besoin tous les jours , et des objets de comparaison qui les guideraient siirement dans toutes les operations de leur industrie et de leur commerce. Comme il faudrait essentielle- ment que ce Musee contint aussi les etres nuisibles a ceux que nous avons inleret k propager , nos agriculteurs pourraient y etudier ces nombreux insectes et vegetaux parasites qui, dimi- nuant ou aneantissant souvent nos recoltes , sont des calamites que chacun est interesse a connaitre, et dont la science est ap- pelee k etudier la cause et la marche pour guider la pratique dans la recherche des moyens de les conjurer (1). Un pareil Musee ne devrait pas demeurer seulenient natio- nal; il faudrait que les produits des autres pays y figurassent aussi, afin de montrer les differences qui peuvent exister entre eux, ce qui aurait pour objet de nous exciter a nous perfection- ner, si nous etions inferieurs. Ce serait alors un Musee d'his- toire naturelle appliquee et comparee. (1) Je n'ai cesse dereunir des mat^riauxpour une collectioa de ce genre, mais Ton comprendra que les moyens bornes d'un simple particulier sont insuffisants a la realisation complete d'une pareille oeuvre. II est certain que la vue de ces materiaux , communiques par moi a mon savant ami M. Motscboulsky, a du I'affermir dans son intention de decider la Societe economique a fonder ce musee. 11 m'apprend, dans une lettre du 25 no- vembre dernier, que plusieurs objets de ce genre, que je lui ai remis a son dernier voyage a Paris, figurent dans cette collection. (G. M.) V — 355 — Sous I'habile direction dc M. Victor Motschoulsky, leMusee de la Society economique de Saint-Petersbourg ne peut que progresser rapidement. D6ji 11 possede une suite complete des productions dc la Russie, avec toutes les applications qu'on en fait. Ainsi, par exeinple, il y a toute la serie des BI6s, depuis le grain jusqu'k la farine, le gruau, le son, etc., et les modeles des machines qui sont employees k la culture et k la manipulation de ce produit de premiere necessite, depuis la charrue jusqu'au moulin et aux instruments de boulangerie; les laines, depuis la matiere brute jusqu'aux tissus les plus fins, y figurent 6gale- ment, et il en est de m^rae pour une foule d'autres objets ap- parlenant aux trois r^gnes. Quant aux insectes nuisibles , ils forment une serie particuli^re, danslaquelle figurent deja quel- ques unes des principales especes observees en France , et que votre rapporteur avait offertes a la Societe economique de Rus- sie, qui lui a fait I'honneur de I'admettre, des sa fondation, h partager ses utiles travaux. La genereuse proposition d'echange qui nous est faite par la Societe economique de Saint-Petersbourg montre qu'aujour- d'hui il ne peut y avoir de guerre entre les sciences , et que tous les hommes utiles sont amis el veulent fermement concourir au progr^s , de quelque nation qu'ils soient. Nous esperons done que la Societe imperiale d'acclimatation accueillera favorablement les propositions que nous avons I'hon- neur de lui faire, et qui consistent : 1° A adresser nos Bulletins k la Societe imperiale economique de Saint-Petersbourg, en echangede ses publications; 2° A autoriser noire archiviste a lui adresser tous les objets donl nous pouvons disposer , en echange des echautillons des produils de la Russie qui nous sont offerls, et qui seront con- serves pour un Musee d'histoire naturelle appliquee et compa- ree, etablissement d'ulilite publique donl la Societe a eu la pen- see des sa fondation , el pour lequel dejk de precieux materiaux ont eterecueillis. Ces conclusions ont ete unanimement adoptees. ~ 356 — LISTE DES mammifEres et des oiseaux des diverses parties DU MONDE DONT l'aCCLIMATATION EN FRANCE ET EN ALG^RIE PBDT £THE TENT1£e AVEC LE PLUS DE CHANCES DE SUCCES , Par Bf. Florent PRETOST. 11^ Partie. — liistc des Oiseaux (\). (Seance du 30 mars 185S.) EUROPE. •eauz. Regions teinpcrces ct regions froides. lijnAQGAtEDEL'ALTAiyTetrGogalbjs Allaica , Gray. Perdrix dk ROCHE Pcrdix petrosa. Corse, Sardaigne, Alg. (Gambra), Perdrix bartavelle, — saxalilis. Midi de la France , Tur- quie, etc. Francolin, — francolinus. Sicile, Orient. Tetras crogalle , Tetraourogallus, hia. Mont. Alp. (auerhan), — BiRKHAN (k — telrix,Lm. Alpes, Pyrenees queue fourchue), — GELiNOTTE, — bonasia, Lin. France. — ROUGE, — scoticus, Briss. Ecosse, Irlande. — LAGOPtDE (ptar- — lagopus, Gm. Alpes. migan), — »ES SAULES, — saliceti, Tem. Suede, Russia, Laponie. TALtVE POCLESCLTA-- Porphyrwhyacinthinus, Sardaigne, Algerie. NE, Tem. OiEACODRoux, AnserrulicoUis,IAn. Nord, Canard ARLEQcm, Anashislrionica,Lm. Nord. — A TfeTE GRiSE, — speclabUis, Lin. Nord (P61e). — EIDER, — mollissima, Lin. Nord (POle). — KASARKA, — rulila, Tem. Midi. (1 ) Pour les Mammiferes , voyez p . 20}'. — 357 — ASIE. oiflcunx. Hdglonii temp£r6e«. LoraoPHORR, Lophophonis refalgens, Bengale, Thibet, Tem. . ■ i' '. . f ■ Napacl, Tragopansalyrus,Tem. Bengale. Tragopan dk Has- — Hastingsii, Hymalaya. TINGS, Gould. HocppiFERR LKDcoMfeLR, £up/ocomu« leucotnelo- Hymalaya. nos. Gray. — pccRAsiE, — pucrasia, — . Jard. r. Faisan T^M^Ri, Phasianus veneratus, Jsipon. Tem. — SoE!iiMERiNG , — Soemmering H, — Tem. — scPERBE, ' — superbus, Lath. Chine. — DiARD, — Diardii, Tem. Japon. — DE Stacet, — Stacei. — DE Waclich, — Wallichii, Gray. Hymalaya. — A COLLIER, — torquatus, Tem. Chine, Japon, Gaucase. Fraxcolin ENSANGLAN- FrancoUnus ignitus. t6, Eperoxnier CHiNQOis, Polyplectvum chinquis. Chine. T^TRAOGALLE DE Ni- Tetroogallus NigellH , Hymalaya. CELL, Gray. — GAspiEN, — caspius, Montagnes neigeuses. Gould. — DE L'Hy- — hymala- Hymalaya. MALATA, yensjs. Gray. Strrhapte dd Thibet, Syrrhaptes tibetanus. Tartarie. Het^roclite Pallas, — Pallassii. Grdb Antigoxe , Grus Antigone, Vieil. Thibet, Bengale. — LECCoGi^RANE, — leucogeranos. Pal- Turquie. las. — MoiNE, — monacha, Tem. Japon. — A NUQCE BLAN- — leucaucken, Tem. — CBR. Antigone db Monti- Chine. CNT, Canard de la Chine, Anas galericulala, Gm. — (C. Mandarin). — GLOussEDR, — glocUans, Pall. Chine, Japon^Sib^e. Regions chaudes. - 358 — Oiseaux. HoDPPiFfeRE CijviER, Euplocomus Cuvieri, Tem. — ERYTHROPH- — erythvoph- Java. THALME, thalmus. — rat£, — lineatus (phasianus Reynaudi), Less. — pouRPRE, — purpureus. Java. — Macartney, — Afacartnej/i.Arch. des Indes, Suma- Tem. tra. Argus gi^ant, Argus giganteus, Tem. Cochinchine, Sumatra. Eperonnier chaledre, Polyplectron chaleuru- Sumatra. ru, Tem. — Napoleon, — Napoleonis, Mass., Less. — — lineatum. Chine. Gray. — — bicalcara- Thibet. tus. Paon spiciFtiRE, Pavo spiciferus, Vaill. CoQ SoNNERAT, GallusSonneratUjIem. Bengale. — BANKivA, — bankiva, Tem. — — BRONZ^, — jEneus , Cuv. Sumatra. Tem. — AYAMALAS, — furcatus, Tem. Java. — Lafayeite, — La/"aj/e((M, Less. Francolin ALONGBEC, FrancoHnus longiros- trk, Tem. — DE Ceylan, — ceylonensis. — perl6, — Perdix per- Coromandel. lata. Lath. — SPADICE, — spadicea. — A ptASTRON, — thoracica. Inde. Perdrix de Gengi, Perdix gengica. — A RABAT, — ponliceriana, Lath. — AY AM- Y AN, — /auam'ca, Lath. — ocut^E, — oculea. Bengale. . — — hepburnii. — — larva, Hogds. — — concentrica. — A GORGE ROUS- — gularis, Tem. SK, — 3o9 — OUcaax. legions chaudes. Pkrdbix oribntalb, Perdix orientalis,La.th. — — chukar, Gray. Inde. — A VKNTRK PKR- — Striata , Lath. Li, Grtptonix C0CR0NN1&, Cryptotiix corotmlus, Malacca. Tem. — FERRUGiNEDX, — ferrugineus , Sumatra. Vig. — NoiR, — niger, Vig. Malacca. GocRA coDRONNB, Goura coronata. Or. Moluques. [Lophyrus, Vaill.) Colombi-Gallinr a Columba nicobarica. CAMAIL. Lath. Ui COLOMBE MCSC ADITORE, — A VENTRE RODX, — mentonniBre, — amarantbe, — porphyre, TDRVERT, — TCRGRIS, Tem. Lath. oenea, Lath. rufigaster. Nouvelle-Guin^e. gularis. Celebes. puella. Less. Nouvelle-Guinee. " porphyrea. Java. '>'■''■'KO•^r/^i■^ javanica. Sumatra. Java. — melanoce- phala. Tem. — jahboo, — jatnboo. Malacca. — KURCKURD, — purpurata. Timor. Lath. — Marie, Co/umba Marta, H. et Oceanie, Samoa. ^*'*'** Jac. — ■ ROCGB CAP, — rubricapilla. Archipel indien. Lath. '"' — PiNON, — Pmon,Quoy.Nouvelle-Guin^e. ^ OoTARDE A PALETTES, Oiis uurita, Tem. — A ORBILLES, — hymalayanus. — d'Edwards, — Edwarsii. — — marmorata. — — deliciosa- Tal^galede CoviER, TalegallaCuvieri,Less. Nouvelle-Guin^e. Meg APODE A piEDs ROD- Mcyapodius rubripes , Celebes. GBS, Tem. — 360 — Oiseaax. Regions rhandes. Bernache a collier, Anas coromandeliana , Bengale. Gm. Casoar a casqce, Casarius galeatus , Moluques. Vieill. Olseans. GatTGA COITRONXE, BIBANDE, QUADRDBAIHDE, — LiCHTBNSTEIN, — TELOCIFtSRE, VNIBANDE, CATA, — YARIE, a qoottelettes — a collier, a ventre brule, Francoun d'Adanson, — a gorge nue, —^ DD Cap, PiNTADE MITREE, - qCPPEE, AJOCESBLEUES, GOLOMBE RAMEROX, - RODSSARD, OOTARDE ^DPPEE, - KORI, CAERE, - b'Afriqde, CENDRJ^E, HODBARA, - DE Vigors, OFROIDE, abcpperocsse, aotrdche. Grub caronculee, AFRIQUE. Plerodes coronatus. — bicinclus, Tem. — quadricinctus . — Lichtensteinii. ^^ tachypetes, Tem, — ' arenarius, Tem. — setarius. — variegatus. , — gultatus. Licht. — gutturalis. — exustus , Tem. Francolinus Adanso- nii. F. nudicolUs. — Capensis, Lath. — Clappertoni, Child. Niimida mitrata, Pall. — cristala. Lath. Numida. Columba arquatrix, Tem. C. guinea. Lath. Otis arabs. — kori. — cafra. — afra, Lin. — ccerulescens. — houbara, Lin. — Vigorsii. — ofroides. — ruficrisla. Struthio camelus, Lin. Grt(s carimcuiata, Vaill, Regions chandes c( regions temper^es. Nubie. Senegal. Nubie. Cap Bonne-Esperance. Afrique australe. Senegal. Cap Bonne-Esperance. Cap Bonne-Esperance. Nubie, Senegal, Senegal. Cap de B.-Esperanoe. Id. Cafrerie. Cap. de B.-Esperance. Barbaric. Afrique australe. Capde B.~Esperance. •laeaax. — DE PARADIS, — DB NCMIDIE, — CODRONNER, OlB A DOOBLE KPEROI>r, Sarcelle DE Mada- gascar, MnSOPHAGE GEANT, - 361 — — paradisea, Wagl. — Virgo, Lin. — pavonina, Vieill. Anser gambiensis, Gra., Lath. Anas madagascarien- sis, Gm. Musophaga gigantea , Vieill. Regions ehanden e( r^itioDKi (cnip6r^ea. Senegal. SenegaL Guinee, Gabon. AMilRIQUE M]£!RIDIONALE. Oldeanx. Attagis DE Gat, Eudromyb, Tocro-urus, Nandod, Ctgne acolnoir, OlR ANTARCTIQCE, Oie magellanique. Bernacbb des Sand- wicns, Olseanz. HOCCO ALECTOR, — GLOBIC^RE, A BARBILLOKS, — BODX, — FASCIOLB, BLOND, Padxi a casque, — MITRE, PsifiLOPE MARAIL, — GDAIV, — A SODRCILS BLANCS, — A FRONT noiR, — LEUCOLOPHB, — PILEIFfeRE, negions tcmp^r^es . AUagis Gayi, Is. GeofL Chili. Less. Eudromia ekgans, Tem. Patagonie. Perdix Guyanncus. Rhea Americana, Laih. Cygnus nigricollis, Anser antarctica, Gra. Malouiqes. — magellanica, Gm. Bernida Sandwicensis, Sandwich. Crax alector, Lin. — globicera, Lin. — carunculata, Tem. — rufa. — fasciolata, Sp. — rubra, L. Pauxi galeata. — mitu. PSndope marail, Gm. — cristala, Gm. — superciliosa , Ciiv. — nigrifronSylem. Bresil Beglons chaudea. Bresil. Cayenne. Guyane. Guyane. Surinam. Cayenne. C6te ferme. — leucolophos, Merr. — pileata, Wagl. C6te ferme. — 362 — Oiscanx. Parraqca de Goodot, Orlalida Goudolii. CATRACA, Rhynchote, TiNAMOU TATADPA, — CENDRE, — VARIE, — RATE, COLOMBE A CALOTTE BLANCHE, - RAMIRET, NDQUE ECAIL- LEE, Colin Sonnini, Regions chaudes. Colombie. — motmot, Wagl. Rhynchotes rufi frons. Bresil. Tinamus tataupa. — cinereus, — vuriegalus. — undulatus. Columba leucocephala, Antilles. Lath. — speciosa. Cayenne. — porloricensis , Porto-Rico. Tem. Perdix Sonnini. Colombie. Rale htdrogallinet- Fulicacayenncnsis, Lin. TE, FocLQCEGEANTE, FuUca gigautea. Agami, Psophia crepitans, Lin. Bresil. — VERT, — viridis. — LEUCopTtRE, — leucoptera, Sp. Bresil. CariamadeMargraye, Microdactylus Marcgra- vii, Geoff. Kamichi cobnu, Palamedece cornuta, Cayenne. Lin. Caorale, //ehasp/iatonoides, Lin. Cayenne, Bresil. AMl^RIQUE SEPTENTRIONAIiE. Oiseaux. Tetras hcppe col., — a praise (b.), — phasianelle, — • DD Canada (B.), Gelinotte du Canada (Buff.), Tetras obscdr. Telrao cupido, Lin. — umbellus. Lin. — phasianellus, Lin. — canadensis, Lin. Regions tenip6recN et regions ffroides. fitats-Unis. hyperbore. Colin houi, — obscurus, Say. — urophasianus, Bon. — Islandorum. Perdix virginiana, Lath. California. Etats-Unis. — 363 — Olseaux. Colin db la Califor- NIE, — Colin print, — DB Douglas, COQUET, — zon^-colin, — Massena , DiNOON SAUVAGE, — OCELLi, Grue d'Ameriqub, colombb votageuse, OlE HYPERBORl^E, — a cray ate, Canard de la Caro- line, Regions tempered et froldes. - Orlyx califomica, Californie. Lath. — picta, Dougl. — — Douglassii, Dig. — elegans. — crjstata. Lath. Mexique. — Massena, Less. Meleagris gallo-pavo. Canada. M. ocellata, Cuv. Honduras. GruB americana. Nord, Canada. Columba migratoria, Etats-Unis. Lath. Anser hyperborea. Nord. — Canadensis, Gmel. Anas sponsa, Lin. ASIE AUSTRAIiE. •Iseaux. Menure lyre, Tal^gale de Latham , colombb lumachelle, — labrador, — GI^ANTE, — A DOUBLE HUPPE, LONGOP, magnifique, Lbipoa ocelli^, Casoar de la Nou- telle-hollande, Apti^rix, Cer^opse CENDRJ^, Ctgne noir. Moenura magnifica, D. Talegalla Lalhamiy, Gould. Columba chalcoptera. Lath. — elegans. — spadicea. Lath. — bilophus, Tem. — lophotes, Tem. — magnifica, Tem. Leipoa ocellata. Dromaius Novcb-HoI- landice. Apteryx australis, Sh. Cereopsis Novw-Hol- landicB, Lath. Cygnus atratus, VieiU. Regions tcnip6rees. Nouvelle-Hollande . Nouvelle-Zelande. Nouvelle-Hollande. Nouvelle-Zelande. -^ 3C4 — MfiMOIRE SUR LES SATURNIES SERIGENES QU'lL SERAIT CONVENABLE D'iNTRODmRE EN FRANCE , Par le Doctenr CUAVAMKES {DE LAUSANNE). (Stance du so mars 1888.) Dans une precedeole communication , j'ai cherche a etablir quelles etaient les especes de Salurnies s6rigenes utilisees en Chine. Cetle notice a obtenu quelque a-propos par le fait des circonstances , puisque dans le meme temps des leltres venues de la Chine annoncaient que la commission donnee par la So- ciete k I'effet d'obtenir ces Vers ne pouvait etre remplie (1). Avant qu'il soil pris de nouvelles mesures pour I'introduction de Saturnies serigenes, je crois devoir faire part a !a Societe de quelques observaliops sur les especes qui meritent le plus de fixer I'altention et sur les moyens k employer pour les faire arriver heureusement en Europe. Des Saturnies a choisir pour en operer I'introduction. Nos collections sonl deja fort riches en especes de ce genre : nous en connaissons plus de cinquante susceplibles d'etre ele- vees de facon k fournir des produits; mais ces derniers presen- tent une valeur fort differente, suivant les especes. Tandis que Tune ne fournit qu'une enveloppe mince , dont le brin de soie n'a ni brillant, ni tenacite, I'aulre nous frappe par sa quantite, SOD lustre et sa force. il y a done un choix a faire d'apres : 1° La quantite et la qualite de la soie du cocon; (1) Depuis que ceci a ete ecrit , la Societe a regu , corame on sait , par les soins deM.de Montigny, un envoi considerable de ces m^mes Vers. - 3CS — 2» Le genre de nourrilure du Ver; 3'* Sci patrie; 4° La facilile probable de son acclimalalion, Parmi lesSalurnies qui sont sufOsamment connucs, six me semblent meriter de fixer k ces divers egardsrattenlion des na- luralistes : 1° Le Mylitta Drury , du Bengale , oil il donne la soie tussah ; 1* Le Mimosce Bd., de Port-Nalal, josqu'ici inutilise; 3° Le Polyphemus Fab., des filals-Unis, non encore utilise j (Ces Irois premiers onl des cocons enli^rement fermes.) > 4° L'Aurota Fab., du Bresil, oil il a ele cuUive; 5» L'^thra Fab., du Bresil et de la Guyane, jusqu'ici in- utilise; 6° V Alias Linne, de la Chine, oil il est cuUive. Ces Irois derniers ont leurs cocons en forme de nasse , ou- verls k I'extremite cephalique, oil le fil se replie sur lui-meme. Cetle difference de construction n'a, du resle, pas autant d'im- portance pour I'industrie qu'il semblerait au premier abord. Nous reviendrons la-dessus dans un prochain raemoire, oil nous traiterons du devidage des cocons. L — Saiurnia Mylitta Drury. Cultiv6 au Bengale, au Bahar, dans le Deccan cl dans ['As- sam, sous les nonis de Bought o\i Gouthy, ou Gootee-Poka^de Koutkourri Mooga, de Koler-Poka, de Kolisurra, il merite a lous egards d'etre place en premiere ligne. L'Europe le posse- derail deja si les sollicilations de MM. Lamarre-Piquol et Gue- rin-Mcneville eussent trouve I'echo qu'elles merilaient. Au- jourd'hui notre Societe saura sans doute preter son concours efficace a une oeuvre aussi erainemment utile que celle de cetle introduction. (a) Quantile et qualite de la soie : Sous le rapport de la quantile de la soie contenue dans le cocon, le Mylitta occupe le premier rang. Les bons cocons fe- — 366 - melles , qui sont plus gros que ceux des males, livrenl au dela de trois grammes de sole grege. Six cents cocons produiraient un kilogramme de soie, tandis qu'il faut pour la meme quantite six mille Bomhyx Mori; en d'aulres termes, le Mylitta donne dix fois plusde soie; sa chenille consomme sans doute plus de nourriture, mais non dix fois plus. Le brin de cocon est de quatre k cinq fois plus epais et six ou sept fois plus fort que celui du B. Mori; il possede un beau lustre et prend bien la teinture. Son plus grand avanlage est d'etre assez resistant pour pouvoir etre devide a un seul brin; c'est ce qui resulte des experiences de M. Bourcier, de Lyon, qui a opere le devidage d'un seul de ces cocons, et des miennes, faites d'apres des procedes tout differenls et sur une assez grande quantite. Cetle soie est la seule qui soit exporlee des Indes en Europe en masse considerable ; elle obtiendra une tout autre valeur iorsqu'elle sera devidee par des procedes differents de ceux em- ployes dans les Indes. (6) La nourriture de ce Ver est variee comme celle de toutes les Saturnies. Les auteurs indiquent essentiellement : Le Ziziphus Jujuba, Byer des Indous , ou Jujubier coton- neux, qui prospere dans les Indes , au Bresil el a Hie Bourbon : c'est le Masson ou Massonier sans epines ; Le Ziziphus vulgaris, ou Jujubier commuri, qui sedeveloppe bien dans le midi et dans le centre de la France, meme a Ge- neve: c'est le Chichourlier de la Provence, le Guindoulier du Languedoc ou le Massonier epineux; Le Terminalia glabra , Boxbourg , qui est un Badamier ou un arbre Ires voisin de ce genre, dont cinq ou six especes exis- tent aux Indes, une a Maurice et a Bourbon. Une seule, le Terminalia Catappa, est cultivee dans les coloniesamericaines, et en Europe dans les serres chaudes; Le Bombay Heptaphyllum, le Seemul des Hindpus, le Fro- mager k sept feuilles , arbre qui atleint jusqu'k 30 metres de hauteur aux Indes et dans I'Amerique meridionale, oil il en exisle plusieurs autres especes, de meme qu'au Senegal. Une — 367 — seulc, le Bombay Ceiba, est cultivee dans les serres d'Europe. II est bien probable qu'une fois transporie, ce Ver trouverait de son goiit d'aulres especes d'arbres que celles sur lesquelles il vit dans les Indes, les Pruniersou les Ch^-nes, par exemple. En lout cas, I'Europe poss6de quelques especes du genre Ziziphus qui peuvent servir pour la premiere acclimalation. (c) Sa patrie : Le Mylitta s'etend depuis les Moluques jusque dans I'lnde. II est commun dans la province du Bengale, dans celle de Ba- har , et surlout dans I'Assam. On doit done pouvoir obtenir des cocons vivants, car ils demeurent tout I'hiver sans eclore. Les relations frequentes entre Calcutta, Chandernagor et I'Europe, la rapiditeavec laquelle s'effectuent ces voyages, sans qu'il soil besoin de traverser la ligne, doivent rendre le transport de cette espece en Europe comparalivement facile. (d) Facilite d'acclimalation : La grande etenduede pays ou se retrouve cette espece semble indiquer qu'elle pent supporter des circonstances cliraateriques varices. Puisqu'elle paralt ne donner qu'une gen(^ration par an, elle doit pouvoir facilement se faire aux etes du midi de la France et de I'Algerie. Les Papillons sont dejk une ou deux fois eclos a Paris; le docteur Heifer en a obtenu I'accouple- ment en captivite, ce qui est un point capital; enfin les Che- nilles des Saturnies , h taches ocellees arrondies , sont en ge- neral robusles. Ces circonstances doivent faire .esperer que I'acclimatation de cette espece, conlieea des mains judicieuses,. ne presentera pas de bien grandes difficultes. Malgre le peu de succ^s d'un premier essai tente dans des circonstances peu favorables par M. Lamarre-Piquot , la Societe d'acclimatation devrait , ce me semble , diriger ses premiers efforts sur cette espece. !L — Saturnia MimoscB, Boisduval, de Port-Natal. Nous n'avons sur cette espece que les notions fournies par — 368 — Ic docteur Boisduval dans le second volume du Voyage dans I'Afrique australe, par Deicgorgue. (a) Qualite et quanlite de la sole : Je ne possede pas ce cocoa, riiais il se Irouve dans la collec- tion de M. Guerin-Meneville. On peutconclure, par I'analogie qu'il doit avoir avec celui du Selene des Indes, ainsi que de la taille du Papillon, qu'il doit elre un des plus riches, et fournir une soie nerveuse et presque blanche. C'est , du reste , ce qui ressort implicitement de ces raols du docteur Boisduval : a Les » Cafres se servent de ce cocon, qui est tres gros et Ires solide, » pour se faire des tabatieres. » jNous pensons qu'il vaut mieux en faire de la soie (1). (6) Nourriture : Cette espece, Ires commune a quatre ou cinq lieues a I'inte* rieur du pays, se nourrit sur le Mimosa. Si Ton ne savait pas combien ies Salurnies sont polyphages, la nourriture de celle-ci pourrait etre un obstacle; mais il est probable que la Chenille s'accommodera d'aulres feuilles que de celledes Mimeuses, qu'on pourrait , a la rigueur , lui fournir pour la premiere introduc- tion. (c) Port-Naldl n'est pas si fort eloigne et hors des commu- nications qu'on ne puisse arriver a recueillir et k expedier en France des cocons vivants en nombre suffisant. Les relations conservees sans doute par plusieurs voyageurs francais qui ont . parcouru ces contrees, par exemple MiVl. Delegorgue et Ver- reaux, pourraient faciliter des essais sur cette espece. (d) Enfin, le rapport du climat de Port-Natal avec celui du midi de la France, et surlout de I' Algerie, permet d'esperer un succes. Une espece tres voisine, la Sat. Luna, s'etend depuis le Bresil jusqu'a New-York. Bien que sa Chenille soit assez deli- cate , nous pouvons done penser que sa congenere ne sera pas moins souple dans son organisation. (1) Note de M. G. M. 369 — 111. — Saturnia Polyphemus (1). Elle habile les Elals-Unis, oil elle esl commune. Les premiers colons franc^ais , a leur arrivee en Georgie , prirent ses cocons, qu'ils trouvaient dans les bois, pour ceux du Ver a soiedu MA- rier. (a) Quantile el qualile de la soie : L'enveloppe soyeuse du cocon esl epaisse ; elle pese 0,7 k 0,6 gram. ; le fil esl brillanl , presque blanc ; sa lenacile esl grande, puisqu'il soulienl un poids de 10 k 12 gram.; son epaisseur esl de 0,035 a 0,040 millim. — II a done un merile incontestable , car il fouroil deux fois aulanl de soie que celui d\iB. Mori el que celui du Cynthia, (6) C'est surloul en consideration de la facilite qu'il y aurait k la nourrir que celle espece merile d'etre inlroduile : sa Che- nille mange egalemenl le Saule pleureur, sur lequel je I'ai trouvee jusque dans les rues de la Nouvelle-Orleans, plusieurs especes de Chenes, I'Orme, le Tilleul, lePommier, le Coignas- sier. Ainsi done sa nourrilure se trouverait parloul. (c) Le Polypheme s'elend depuis la Nouvelle- Orleans jus- qu'k New-York , de sorle que la question du climal el celle de la facilite du transport se Irouvenl resolues. Ses cocons sont eclos soil en France, soil en Anglelerre, el noire collegue Gue- rin-Meneville a ele bien pres de reussir k I'introduire. C'est I'accouplemenl qui a manque; mais celte circonstance ne doil point fairc desesp6rer de racclimalalion : au moyen de quel- ques precautions, on arrive k oblenir des qpufs fecondes. M. Charles Dollfus, membre de la Societe. a bien voulu join- dre ses efforts aux miens pour lacher d'oblenir un certain nombre de cocons de celle espece. II serail done possible qu'au prinlemps procbain nous pussions annoncer sa naturalisation. (1) Note synonymique de M.G. M., et teoUtives deja faites. II U — 370 — IV. — Saturnia Aurota Fab. Celtc belle Saturnie est une des nombreuses espcces da Bresil , elle est ires commune aux environs de Rio , oil je I'ai eleveeengrandequantile pendant plusieurs annees. Lors du se- jour de M. le comtc de Caslelnau danscelte capitale, en 1843, je lui remis, avec des Papillons et des cocons, un memoire sur cette espece et Irois autres voisines. Plus lard , voyant que ce petit travail n'elail pas utilise, je I'ai publie dans le Journal de la Societe vaudoise d utilite publique, annee 1844. (a) Le cocon de V Aurota est un des plus riches en soie; les plus forts en contiennent de 1,20 gram, h 1,50, c'est-k-dire que 900 de ces cocons donnent un kilogramme de soie. La couleur est gris de lin , presque blanc; I'epaisseur du brin est de 0,035 raillim. a 0,040; il supporte, sansse romprc, un poids de 15 k 20 grammes; en d'autres termes , le brin est deux fois plus epais que celui du B. Mori el trois fois plus fort. La quan- tite de soie est sept fois plus considerable que celle du B. Mori ou du Cynthia. {b) La nourriture de la Chenille est le Ricin , le Maniot ou Jatropa Maniot, clV Anda Gomesii, Andou-su ou Andajassou dans le langage du pays. II sera done facile, au moyen du Ricin, de pourvoir a lalimenlalion de celle espece. (c) Rio n'est pas a plus de trente-cinq ou quaranle jours de voyage de Paris ; rien ne s'oppose done au transport des co- cons, surtout lorsqu'on choisira ceux de la generation d'au- lomne. En quillant Rio, j'en avals emporte un certain nombre, et plusieurs sonl eclos k Boston apres un voyage de Irois mois. (d) Je crois racclimatatiou de celle espece Ires possible dans le niidi de la France et en Algerie. Bien que raccouplement en captivile ne soil pas Ires facile a obtenir , on y parvient. J'ai Iransporle et eieve cette espece dans les montagnes des Orgues, province de R'o. La temperature ne differe pas enorrnement de celle du midi de la France. Je crois devoir recommander cette espece a rallention de la Societe ; elle se nourrit comme le Cynthia, el son rendement est bien supcrieur. — 371 — V. — Salurnia Mthra Fah. Elle se Irouvc egalement au Bresil; elle est commune k Bahia et k Caycone, bcaucoup plus rare a Rio. Le cocon a la m^me forme et la meme valeur que celui de I'Aurota; la sole en est ordinairement un peu plus brune. La Chenille , au lieu d'etre verle comme celle de VAurota, est d'un rouge orange, avec les incisions des auneaux et des tu- bercules d'uu noir veloule. Je ne connais pas sa nourriture; peul-etre s'accommoderait-elle aussi du Ricin. M. Lacordaire, qui la elevee frequemment a Cayenne , pourrail donner quel- ques renseignements utiles a cet egard. yi. — Salurnia Atlas Linne, probablement la Silhetica doc- teur Heifer, la plus grande des Saturnies, mesurant de 20 a 23 centimetres d'envergure. (o) Son cocon ressemble. pour la forme, k celui de VAurota; mais il est plus gros. II mesure 6 a 7 cenlim. de long; son diametre est de 3,50 cenlim. ; I'extremile inferieure est peu retrccie, et la blaze, Ires adherenteau cocon, en est k peine dis- tincte. La sole a une couleur gris de lin ; elle est plus forte et plus epaisse que celle de VAurota , et pourrait probablement 4tre devidee k un seul brin , comme celle du Mylitta. Sans etre aussi riche, le cocon de I'Atlas donnerait presque aulant de sole que ce dernier. La Chenille, d'un vert bleualrc, avec quel- qucs poils courts etnoirs, est, comme j'ai cherchek le monlrer ailleurs , le ver du Fagara ou Fagarier de la Chine , oil on le cultive depuis fort long-temps; c'est de Ik qu'il faudrait le faire venir, parcequ'il est beaucoup plus commun en Chine que dans rinde. Ce sont la les six especes que nous devrions chercher h in- Iroduire en Europe, sans nous laisser influencer par le fait que le MimosdB et VJEthra n'ont pas encore ete cultives, car toutes les Saturnies peuveniretre, el devenir utiles avec une egale facility. — 372 — Le Mylitta, VAtlas, le Mimosce, se recommandenl par !a grande quanlile de sole qu'ils peuvent fournir. Le Polv- phemc el VAurota, moins riches, presenleraient beaucoup de facilile pour ralimentalion de la Chenille. La Chine , les Indes , I'Afrlque et les deux Ameriques, se- raient mises a contribution pour nous livrer chacune les espe- ces qui ont le plus de valeur. DES MOYENS DIMRODCCTION. En terminant , je me pcrmellrai quelques indications sur les moyens d'obtenir en Europe rintroduclion des Saturnies. J'al- tachc quelque valeur k ces indications, car elles sont deduites d'uue longue experience dans I'education des Chenilles. En les rapprochant soil de ce qui s'est passe lors de I'introduction du Cynthia, soil des questions posees aux missionnaires de la Chine , telles qu'elles se trouvent dans le Bulletin , on verra qu'elles ont leur utilile. Les oeufs de toutes les cspeces de Saturnies ne passent ja- mais I'hiver, comme ceux du £. il/on(l). lis eclosenttoujours, dans la nature, en dix et vingt-cinq jours apres la ponte, sui- vant les especes el suivant la saison. II est done parfaitement inutile de chercher, aumoyen des oeufs et sans stations interme- diaires, a en oblenir I'introduction en Europe, lorsque la distance depasse un voyage de dix a vingt jours. Les moyens d'action de I'homme pour retarder ou provoqucr les eclosions sont tres homes; on ne parvient pas a faire cclore regulieremenl les oeufs de races ordinaires du Ver a soie avant le prinlemps , et Ton ne retarde pas sans inconvenienls leur eclosion naturelle au prinlemps au delk d'un terme assez court. J'ai vainement cher- che a relarder celle des oeufs de VAurota , dans le climat de Rio, en les placant dans une glaciere: je n'ai obtenu que Irois jours de retard , ou bien les oeufs ont peri. U ne faut done pas, k moins de circonstances lout k fail exceptionnelles (comme, (1) Les missionnaires etablissent que les oeufs du Bombyx du Ch^nef passent I'hiver. (Note de M. G. M.) — 373 — parexemple, une ponle tardive ea aulomne), chercher a relar- der I'eclosion des oeufs de Saluraies, ni leur donner, lorsqu'elle est pr^s d'avoir lieu, daulrc dc^re de chaleiir (juc cclie dt; leur pays el de leur saison ; il ronvient meme de ne pas depasser 20 dcgres Reaumur. Revenons aux moyens d'introduction. Les Saluroies onl , suivant leurs espcces , d'uoe h cinq gene- rations dans Tannee. Lorsqu'il n'y en a qu'une, les cocons de meurent depuis septemhre ou octobre jusqu'au printemps de I'annee suivante sans eclore ^sauf une des esp^ces europecnnes , le Grand-Paon, qui, dansnotre clirnat, passe vingt-deux moisen chrysalide) ; lorsqu'il y en a piusieurs , les cocons de la gene- ration d'automne demeurent toujours plus long-temps que ceux de r6te avant de livrer leurs papillons. Ceux-ci paraissent au plus I6t huit semaines apres la formation du cocon. Lors done qu'on voudra introduire une Saturnie en Europe, il faudra demander I'envoi de cocons faits en automne , en octobre ou novembre, pour I'hemisph^re nord, en mai pour I'hemisphfere austral, c'esl-i-dire le Bresil ct I'Afrique cenlrale. Ces derniers arriveront en Europe de facon k y fournir une demi-generation avant Thivcr, qu'ils passeront en chrysa- lide. Six k huit semaines suffisent pour faire venir des cocons de regions dejk fort lointaines. Si cependant on craignait de les voir eclore en route, il faudrait, pour le voyage, los altacher aux parois d'une corbeille vide et assez grande pour que les Papil- lons pussent s'y developper; le fond serait garni d'une feuille de papier. Les papillons qui viendraient h nattrc pourraient s'accoupler et pondre dans la corbeille; on gagnerait ainsi le temps que les oeufs mettent h eclore, c'est-a-dire dix ou vingt jours. C'est en agissant de la sorte que j'ai fait parvenir le B. Mori, dont les ceufs eclosent au Bresil au bout do dix jours, de Rio k Pcrnambouc. 11 va sans dire qu'il ne faut pas entas- ser les cocons, qu'ils doivent avoir beaucoup d'air, eire pla- ces horizontalement, afin que le roulis ou les cahotements fatiguent le moins possible la chrysalide; dans le meme but, — 374 — on doit suspendre la caisse dans le navire qui la transporte; enfin il faut que la chrysalide soil deja formee dopuis deux ou trois jours dans le cocon avant de I'exposer k des cahotements soutenus. Au moment de sa formation, la chrysalide est si molle qu'elle ne pent supporter des secousses repelees. Que Ton obtienne les Saturnies par des oeufs ou par des co- cons, le moment le plus critique pour I'introduclion c'est I'ac- couplement. II faut, pour I'oblenir, dans la plupart des especes, avoir ua bon nombre de cocons et employer certaines precau- tions dans le detail desquelles je ne puis entrer maintenant. Quant aux jeunes vers , le plus sCir , pour les premieres generations, c'est de les placer sur la plante vivanle, dans une orangerie s'ils ont besoin de chaleur , en plein air si la tem- perature atmospherique suffit, ce qui sera presque toujours le cas. En plein air, il est bon de les proleger pendant les pre- miers ages au moyen d'un manchon de treillis metallique allonge aux deux extremiles par une piece d'un lissu mince. Apres avoir introduit une branche de I'arbre choisi dans ce manchon, on en lie I'extremite superieure autour de la branche, on place les jeunes vers dans cette espece de sac, que Ton fermc ensuite a I'autre extremite. Les Chenilles prosperent tres bien dans cet appareil, dont je me sers pour I'education de beaucoup d'especes, en parliculier pour le Grand-Paon, que j'ai eleve en grande quantite. La soie qu'il produit n'a presque aucune valeur industrielle. Membre etranger de la Societe , n'ayant pas la faculte d'as- sister aux seances et de prendre part aux debals , j'ose esperer qu'ou voudra bien excuser, en faveur de I'importance du sujel, les details dans lesquels je suis entre. Lausanne (Suisse), 17 Janvier i8SS. — 373 — NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA PISCICULTURE, Par M. le Marqula . (Stance du r>o mars 1855.) La piscicuUurc entre aujonrd'hui, sur plusieurs points dc la France, dans une voie pratique qii'il est utile de favoriser. Pour atteindre ce but , il faut apporter h cclte oeuvre , qu'on doit s'efforcer de reodre collective , le tribut de toutes les recher- ches iadividuelles. C'esl a ce litre, Messieurs, que je viens deposer entre vos mains un sommaire de mes travaux de pisci- culture pendant I'annec qui vient de s'ecouler. J'aurai tout d'abord a deplorcr les accidents independants de la marche regulierc des experimentations, la destruction d'une partie du frai par les Palmipedes, telsque Gygnes et Canards intrus , par les Bondrees , les Marlins-Pecheurs , les Dyliques , les Epinochettes, les Truites elles-memes, introduites dans des bassins destines k de plus jeunes Poissons en franchissant, pen- sons-nous, les barrages metalliques destines a separer les ages ; enfin par des inondations resultant de la fonte d'une couche de neige dune puissance iuusilee dans nos contrees. Toutefois , la quantite restreinte des sujets rcstants ne saurail attenuer la va- leur des experiences ct des resultals acquis , et la science, qui ne saurait faire cause commune avec I'amour-propre , appre- ciera les qualiles, et non les quantiles. Les faits constates pendant les deux annees qui viennent de s'ecouler seront des garanlies pour I'avenir, desjalons, en quel- que sorte, places dans la voie dcfinitivement tracee du progres, de la pratique, de I'avenir, en un mot, de la pisciculture : la So- cielezoologiquc appreciera. Le grossissement des jeunes Poissons eclos au raois de mars 1853 etait plus remarquable pour les Truites que pour les Sau- mons : les premieres avaient atteint , au mois de decembre der- nier, c'est-a-dire en 21 niois, jusqu'a 3S centimetres de lon- (1) Voy.t. I,p. 331. — 376 — gueur sur plus de 500 grammes de pesanteur; les Saumons de meme iige n'avaient que 24 centimetres (je crois que, dans des eaux un peu moins vives, leur accroissement eut pu devenir plus rapidc, ce que j'espere parvenir h conslater plus lard); enfin, les Ombres-Chevaliers eclos vers le 14 avril de I'annee courante (18S4) mesuraient 11 cenlimelres 1/2 dans le cou- ranl de decembre, c'est-a-dire en 8 mois. Ces resultats ont ele constates par plusieurs observateurs, el nolammcnt par le sieur Gehiu , en mission dans le dcpartement de Loir-el-Cher. Dans le courant de I'ete, un voyage sur les bords du Rhin m'ayant permis de visiter les piscines du Wolfsbrunnen , aux portes d'Heidelberg, je reconnus tout d'abord que j'avais plus d'cspace, des eaux plus abondantes et lout aussi limpides, k la condition de les isoler el den alimenter des bassins speciaux. Voici mon travail de fin d'annee, travail qui .n'est pourtanl qu'ebauche; mais au lieu de me conlenter,corame aux environs d'Heidelberg, d'obtenir un simple grossissement de Poissons , j'ai pretendu pousser les experiences jusqu'aux corollaires de la pisciculture ; j ai voulu constater jusqu'a quel point , a I'etal de quasi-domesticite , les Truites suivaieut leur instinct naturel de reproduction , obeissaient aux lois de la nature. J'avais deja re- marque les peregrinations inaccoutumees des Saumons eclos chez raoi, el leurs efforts pour s'echapper k I'epoque des migra- tions naturelles a leur espece , efforts couronnes malheureuse- meot de succes pour quelques uns de mes eleves, malgre de rainutieuses precautions pour les retenir dans mes bassins. J'en avaisconclu que eel in.stinct de migration devail egalemenl ap- parlenir a la Truile : des lors, avec mes seules eclosions de moins de deux annees , je resolus de tenter I'experience. Je ne m'etendrai pas en ce moment sur la construction d'une frayere artificiellc , non plus que sur la necessite de varier le vo- lume d'eau pour simuler des crues naturelles, et exciter par ce moyen les Truites k remnnter pour frayer comme a I'elal de liberie naturoile ; je dirai seulement que mes previsions ont ete couronnees de sucees : les Truites sont remonlees dans mon ruisseau lout artiliciel , les Truites ont fraye, les oeufs ont ele _- 377 — recueillis en pleine maturile a I'epoque de leur emission nalu- lelle , alors que les femelles avaienl commence d'elles-mdmes h frayer. Nous avons opere la fecondalion artificiellc sur plus de 4000 oeufs ; malhcureusemcnt cos ceufs n'out ricn produit , el je m'y altendais , parcequ'ils apparlenaienl a des individus irop jeunes, qOi, bien que dejk formes, ne sontpourtant pas feconds, parcequ'ils ne sont pas adullcs. Nous avons pu constaler que les oeufs, sensiblement plus petils que dans les individus ayant ac- quis le complement de leur developpement , n'avaient pas al- leint leur complete sphericile. L'impuissance des males pour- rail bien, d'autre pari, avoir mis obstacle h la fecondalion. Dans leur semence, quoique parfailement mAre en apparence, l(!S spcrmalozoaires semblaient prives de viialite : le microscope nous les a monlres depourvus de loule espece de mouvemenl. dans la laiiance pure aussi bien que dans la laitance clcndue d'eau. Je conslruis en ce moment une piscine oil le jeune frai Irouve loule espece de defense centre ses ennemis. La reunion d'un grand nombre d'individus (15,000 environ) dans un es- pace assez restreinl (11 metres sur 4, el 50 a 60 centimetres de profondeur) nuira sans doute au developpement de la pre- miere annee, comrae I'experience m'en a fait acquerir la con- viction ; mais c'est un retard au lieu dune perte, et, quoi qu'on puisse dire, un gage de securite pour I'avenir. Du resle, mes grandes piscines, sur un developpement de 540 metres, seronl tr6s prochainement entourees d'obslacles et pourvues de nora- breuses relraites; mais ces obstacles et ces retrailes, qui pr6- servent les jeunes Poissons de leurs ennemis les plus apparenls, les laissent encore sans defense contre leurs ennemis les plus dangcreux, parcequ'ils sont plus imperceplibles el plus insai- sissables. La concentration pendant une premiere annee me semble done etre demonlree comme une bonne chose, en verlu du precepte de noire fabulisle : Tout vienl k point qui sail allendre. La piscine pour leclosion de I'annee courante est recouverte en enlier d'un grillage en fil de fer galvanise, el pourvue sur — 378 — les parois de relraites en briqiies et.tuilcs ou peuvent s'abriter les jeunes poissons. G'estuae precaution necessaire, commcj'ai pu m'en convaincre par experience : Veclosine de Tan dernier, delruile en parlie par tant d'ennemis, enlrainee par le.-? inon- dations, avail ete sensiblement mieux preservee dans les bas- sins pourvus de relraites; d'autre part, eile a presque comple- teraenl disparii dans un bassin ou les herbes aquatiques, quoi- que nombreuses el toulTues, etaient I'unique abri des jeunes Poissons. Je ne larirais pas si je voulais entrer dans les minulieux de- tails des observations journalieres que necessite la pisciculture. Dans cetle periode de nos debuts, chacun de nous peul encore soulenir une these contradictoire-, tachons de nous eclairer mu- luellement, car aucun de nous ne pent etre assure des aujour- d'hui qu'il est dans la voie la meilleure el qu'il ne devra plus desormais commeltre aucune faute. Pour en ciler un exemple, je crois utile de faire connaitre un curieux accident qui pou- vail devenir un desastre pour mes eclosions, si je n'y avals re- medie tout d'abord : je veux parler de I'emploi des toiles me- lalliques el de leur effet galvanique sur les organes des jeunes erabryons. Ne pouvant regler comme je I'entendais le volume, el surtoul la temperature de mes eaux, beaucoup trop chaudes dans mon elablissemenl de pisciculture (temperature qui accelere outre mesure I'incubation, el null, surtoul quant aux Ombres-Cheva- liers, au developpemenl normal de I'embryon), j'avais fait con- struire un appareil pouvant eiredirige dans un appartemenlau raoyen d'eaux ramenees a une temperature facultative. Get appareil, compose d'une serie dejattes en terre cuite ver- nissee, elail garni interieuremenl de plaques de zinc perfore de la fabriquede M. Collard ; mais comme ces plaques n'etaienl pas soutenues, j'avais charge, pendant une absence, un ouvrier aimant trop la perfection du travail, de me fabriquer des sup- ports que j'avais desires en zinc comme les plaques. Comme le %'^. ciuivre se Iravaille plus proprement que le zinc, eel ouvrier fit ' biflHcouiftj)lus.au^i&mjfcTOJs»>desire. Des chassis en til de iai- — 379 -- ion furent mis en contact avcc le zinc dans des vases isoles par le fait de leur vilrificalion inlerieure; ces diffcrenls bassins furent mis en rapport par le couranl conlinu de I'eau qui les iraversait. J'ignore la puissance et probablemenl quelques un» des details de construction de cetle pile improvisee; mais cf; que je ne puis malheureusemcnt ignorer, c'est son desaslreu* resullat. Pendant la nuit, plus do 6,000 Saumonsont etc frap- pes presque instantanement, les uns de mort, les aulres d'une simple lethargic, mais presentant au premier abord tons les caracleres de la mort : les yeux ternes, lout le systeme nerveux devenu blanc, car I'oeuf n'etait pas complelemenl opaque, mais seulement la region avoisinant la colonne vertebrale. Je fis immedialement porter ces oeufs frappes de mort dans mon elablissement de pisciculture oil ils reposent sans grillage sur une couche de chaux hydraulique dite ciment romain, et je pus voir pour la moitie de ces ceufs, c'est-a-dire pour environ 3,000, la parlie blanche diminuer progressivenient, pour bien- Idt complelemenl disparailre, et le mouvement revenir aux jeu- nes embryons. Ces 3,000 oeufs sont eclos, mais irregulierement, I'eclosion ayant ele singulierement relardee pour ces jeunes elres foudroyes par la puissance electro-magnelique. J'ajoule- rai que, dans mes bassins, les oeufs places sur des claies en toile melalliquegalvaniseem'onl loujours semble moins bien eclore que les oeufs deposes simplemenl au fond du hassin et reposant k nu sur la couche de chaux hydraulique. J'allri- buais done nalurellement au developpemenl de I'eleclricile pro- duile par le metal cetle influence deletere. Depuis la redaction de ces lignes, j'ai vu chez M. le baron de Tocqueville, mon cousin, les superbeseclosions oblenues par lui dans une grolte privee presque enlierement de lumi6re, et je me suis rappele lobjection de M. Millet au sujel de I'effel compromellant du fluide lumineux. Ma propre experience m'a prouve I'influence pernicieuse de Taction directe des rayons so- laircs sur les progrcs de rincubalion. La lumiere a-l-elle pu, dans mes bassins, produire refl"cl fAcheux que j'allribuais k mes claies melalliques, celles-ci rapprochant les oeufs dun centre — 380 — lumineux? J'ai dA me demander encore si le degre d'immer- sion, suivant les especes, pour des causes physiques, meteoro- logiques, chimiques oumocaniques, encore ignorees, n'avail pas un rapport direct avec le developpement de i'enibryon. Je ne saurais trop recommander aux pisciculteurs la solution de ce probleme et la recherche de ces lois, s'il en existe. II me reste a rendre compte en quelques mots de I'eclosion de cette annee. EUe a ete bien compromise par une crue su- bite , ayant pour cause une couche de neige tellement epaisse , comme je I'ai dit plus haut, que de memoire d'homme on n'a- vail rien vu de semblable dans nos contrces ; j'ai pourtant , a quelques centaines pres, sauve mes jeunes Poissons, consistant en 8000 Saumons et 5 a 600 Truilcs, que je dois a robligeancc de M. Cosle; 3 a 4000 Truiles , dont les oeufs , tires d'Oppen- heim , dans la Foret-Noire , m'ont ete fournis par le sieur Ge- hin , et 6000 Ombres-Chevaliers, dont les oeufs provenaient du lac Paladru, dans le deparlement de I'lsere. J'avais precedemment indique des observations faites sur la reproduction des Lamproies (Petromyzon marinus L.) ; je de- sirais surprendre les secrets de la nature a I'endroit de leur pro- pagation : je crois etre de plus en plus sur la voie. Grace a I'af- sistance de M. Coste , qui vient de faire operer Tautopsie de Irois individus amenes par moi jusqu'au moment de la ponte (pour les femelles) , el d'une fecondation problematique (pour les males) , nous pouvons des aujourd'hui connallre la confor- mation des organes de ces etres exlraordinaires , et j'ose pres- que dire prejuger un accouplemenl. Ne pouvant , sans risquer de leser les organes qu'il s'agissait d'observer, entreprendre par moi-meme une dissection au moment favorable , je n'eus d'autre moyen que de faire p6rir instantanement dans I'aloool une lamproie femelle au moment de remission des premiers oeufs, el deux males sur lesquels les organes generateurs me semblerent le plus developpes. Sans doute il eut mieux valu pouvoir operer immediatement I'autopsie; mais j'ai pense que I'alcool conserverait les organes dans une integrite qui permettrait encore des observations utiles. — 381 — En elTel, on a pu couslaler, prenneremenl , que I'abdonien de la femelleesl garni d'une longue el double serie d'ovaires, s'e- lendant le long de la region des reins ; que ces ovaires s'ouvrent simuiluuement el permeltcul {'emission, la ponle en quelque sorle inslanlanee, de rimmensequanlile d'oeufs conlenusdans le corps de la femelle; que, chez les males, la longue el double se- rie des ovaires esl remplacee par un sysleaie de nombreux les- liculcs ranges en double serie symelrique , occupanl la meme place que les ovaires chez la femelle , le long de la region des reins. Ces nombreux leslicules aboulisscnl a un long canal in- terieur lermine par un organe generatcur exlerne , qui n'appa- ratl loulcfoisexlerieuremenl qu'a I'epoque du developpemenl el de la nialurile des ceufs chez la femelle. Enfin , les spernialo- zoaires renfermes dans la semence exlraile des leslicules pre- senlenl assez d'analogie avec ceux de certains repliles, uue sorle de lele oblongue el poiulue , suivie d'un appendice cau- dal ayanl de six a dix fois sa longueur. Peul-elre aurais-je dii , Messieurs, allendre le relour de M. Cosle, pour lui laisser le soin de vous exposer plus scienlifi- quemenl le resullat d'une premiere invesligalion ; mais vous comprendrez el vous excusertz I'empressemenld'un experimen- taleur, qui sc hale de publier un resullat, lorsqu'il a fallu des mois, des annees d'allenle, pour arriver a pouvoir le constalcr, je devrais dire, avec plus de verile, I'enlrevoir. S'il fallail allendre le complement des experiences pour en rendre comple , des annees s'ecouleraieul avant que les recher- ches individuelles pussenl cooperer a la formation d'un corps de doclrine devanl servir a guider la pisciculture dans la voie d'une saine pratique, el conlribuer a la faire sorlir de nos laboraloires el de nos piscines pour devenir, comme j'ose I'es- perer et comme nous devons lous nous efforcer d y parlici- per, une reellc el precieuse ressource alimenlairc pour les po- pulations. — 38:2 — SUR PLUSIEURS HUILES RAPPORTEES DE CHINE PAR M_. DE MONTIGNY. Lettre adressfe i M. le President de la Soci^i^ impfeale d'acclimaialion Par in. FRKMY, PROFESSEUn AU ML'SEVM D'HISTOIKE NATURELLE ET A L'ECOLE POLYTECHNIQUE. (S6ance du 22 juin 1855.) Monsieur et cher President, Je viens vous faire connailre les premiers resullats de mes recherches sur les differentes huiles et sur les Pois oleagineux qni ontelerapportes de Chine par M. de Montigny, et que vous avez bien voulu soumeltre h raon examen. Vhuile de The est d'une purele reinarquable ; elle est d'un jaune ambre ; elle pos- sede un goiit et une odeur agreables; elle ne se resinifie pas lorsqu'elle est exposee k I'air, et appartient, par consequent, a la classe des huiles non siccatives; sa consislance ne change pas sensiblement quand on I'cxpose a une temperature de 0°; soumise a Taction des alcalis, elle se saponifie avec facilite. L'huile de The serait done une acquisition precieuse pour no- tre Industrie, car elle possede toutes les proprietes qui peuvent rendre une huile utile. \jhuilede C/iouo? r en tre, comine laprecedente, dans la classe des huiles non siccatives ; mais elle neconvient pas aux memes usages. Elle est d'un jaune fence; son odeur et son gout sont desagreables. Elle devient pslteuse lorsqu'on I'expose a 0°; on peut la bruler et la saponifier lacilement. Elle me parait pre- senter de grands rapports avec nos huiles de Colza. L'huile de Colon est d'un blanc fonce ; elle ne se resinifie que lentement quand on la soumel a Taction dc Toxygene ; une ~ 383 — lemperalure de 0" lasolidilie complelemenl. Celle huile pour- rait convcnir au travail dcs pcaux, h la fabricatioD des savons mous, etc. L'huile de Pois oleagineux presente une grande analogic avec DOS huiles comestibles; sou odeur et sa saveur soot agrea- bles; elie convient egalement h la combustion. Exposee a un froid de 0\ elie devient paleuse; Toxygene atmospherique la resinifie rapidement. Elie apparlienl done k la classe des huiles siccatives, el pourrail, sous ce rapport, remplacerrhuilede Lin dans quelques unes de ses applications. Je savais que les Chinois retirent de leurs Pois oleagineux jaunes 17 p. 100 d'huile; il elait interessant d'apprecier par une analyse la proportion exacte d'huile qui existe dans ces Pois. II resulte de mes analyses que les Pois oleagineux rapportes de Chine par M. de Montigny conticnnent 18 p. 100 d'huile. Si ces Pois sont idenliques avec ceux qui sont exploites en Chine, vous voyez, Monsieur le President, que les Chinois sont d'habiles induslriels, car lis ne perdent qu'un centieme d'huile. En resume, les huiles rapportees de Chine par M . de Mon- tigny presentent, sous des rapports differents, un haul interet pour I'industrie, et le Pois oleagineux, dont vous avez deja ap- precie I'importance, doit, par sa richesse en corps gras et par la qualite d'huile qu'il fournit, donner a la consomniation un ali- ment nouveau et aux arts industriels un produit utile. Veuillez agreer, monsieur et cher President, I'assurance de mes sentiments les plus respeclueux et devoues. E. Fr^my. 16 jUiQ 18K5i — 384 EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX OES STANCES OE LA SOCIETE. S1EANCB DO 2^ MAI 185S. Piesifience de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres admis par le Conseil depuis la derniere seance, savoir : MM. Bazin (Le docteur) , professeur dc zoologie a la Faculle des sciences de Bordeaux (Gironde). Beurges (Le comle de), proprielaire, a Paris. BouELLE (Le comte de), proprielaire, a Paris. BouvENOT , sous-officier, chevalier de la Legion-d'Honneur, a Versailles (Seine-el-Oise.) CosTALLAT (Lc docleur), a Baguercs de Bigorre (Haules-Py- renees). DoMENGER, membre du Conseil general desLandes, a Mu- gron, pres Sainl-Sever (Landes). DuPONT, medecin velerinaire, secretaire de la Societe d'agri- culture de Bordeaux, a Bordeaux (Gironde). Duval, agriculteur-proprietaire, a Saint-JVIaurice-sur-rAdour (Landes). Fauche (Gaspard-Adolphe), ancien consul, a Paris. Garnier-Savatier, gorant de la Societe alimentaire de pisci- culture du Yar, a Marseille (Bouches^du-Rhdne). Montalembert D'Essfi (Le comte de), au chateau de Cairou, pres Creully (Calvados). "Vavin, ancien depute, k Paris. — M. le President informe la Societe de la perle qu'elle vienl de faire dans la personne de M. I'amiral baron de Mackau, qui avail etc place le premier sur la lisle des membres bono- — 385 — raires, ea reconnaissance de ses eflorls couslanls pour faire ser- vir sa position elcvee aux progres tie I'acclimalalion. 11 n'y a pas de parlie du monde, en elTel, oil il u'eCil liansporte des auimaux dont la naluralisalion clail desirable el possible. M. de Mackau a suivi nos seances tanl que sa santc le luiaperniis, el dans celle du 10 mars 1854 {Bull., \. I, p. 89), il a donnedes delails sur linlroducliou dans nos colonies du Martin , donl il amena un ires grand nombre a la Guadeloupe , a la Martinique el a la Guyane; dans ce dernier pays, en parliculier, eel Oiseau s'esl reproduil. — M. le President informe ensuite la Soci^te d'une autre perte egalement recenle quelle vienl de faire, par la morl de Tun de ses membres, S. E. le ministre de la marine. M. Duces. .. — II est donne lecture dune lettre de noire confrere M. le docteur Cbavannes, annoncanl que la Societe d'utilite publique du canton de Vaud vient de consliluer dans son sein une Com- mission permanente d'acclimatation, donl il est le president. II ecril en celle qualile, au nom de celle Societe , pour de- mander qu'elle soil inscritc au nombre des Societes correspon- dantes de la Societe imperiale zoologique d'acclimalalion. v M. le President annonce que, sur la decision du Conseil, celle inscription a eu lieu, el que par consequent la Societe d'utilite publique du canton de Vaud (Suisse) est des maiu- iQnAQl Societe coirespondante. .n-i — M. le president el M. le secretaire de la Societe rdgio- nale d*acclimatation pour la zone du nord-est de In France, en adressaut, au nombre de six exemplaires, le premier n^ du fiM//e la Chevre; d'aiileurs, un des auteurs (I) Cant. Canlic, IV, 1 ; VI , 5. Le poele y compare la chevelnre de sa bien-aimee'a un Iroupeau deChevresdela montagnede Galaad. Or, comme I'observe Ires judicieusement le savant RosenmuUer (Biebl. Tbierreich, p. 89), celte comparaison, pour ^tre flatteuse a la jeune beaute, doit faire supposer que la laine dont tl s'agit etait d'une teinle noire, et nonblancbe. — 413 - arabes, Meidani (1), nous a conserve une anecdote qui prouve le peu dc cas que te peupic noinade faisail tanl de la Chevre que du moulon. 11 ne parall pas en avoir ele de m^me des anciens Hebreux, puisque lo mol aU par lequel les auteurs grecs desigoent la Chevre en general est d'oiigine hobruique (2). Cependant rien, parmi les Hebreux, ne nous rev6le aucune race remarquable par la finesse de sa laine. Quant aux auteurs grecs, Homere et Hesiode nienlionnent frequemment la Clievre comme animal domestique, mais sans faire allusion k une race particuli^re quelconquejetd'ailleurs les termes vagues de ai^ et de A.lyuyp'n dont ils se servent s'appliquent, d'apres les curieuses recher- ches de Groshans (3), a Irois especes differentes de Chevres sauvages qui existent encore aujourd'hui en Asie-Mineure eten Grece, savoir : Capra CBgagrus (4), Capra ibex et Capra (Aoti- \o^G)rupicapra. Arislole(5) nousapprendqu'en Lycieon tondait les Chevres, tout comme on tond ailleurs les Moutons ; cepen- dant il ne dit point que ce procede ait ete applique aux Chevres a cause de la finesse de leur laine. Deplus, un passage d'^lien (6), qui n'est probablement que la reproduction de celui d'Aris- tote, semble prouver le contraire : car, apres avoir annonce qiie la laine des Chevres de Lycie est fort epaisse elcrepue. il dil qu'eWe sert a la fabrication de cordes et de cables. 11 en est de (1) Meidani Proverbior. arabicor., ed. H. A. Schiiltens, p. 137. (2) Roseumuller, Biblische natiirg., v. I, p. 8'*. (3) Prodr. Fauni Honieri et Hesiodi, lasc. I, p. 4. (4) L'exameD des cranes et des cornes rapporles par moi de TAsie-MiQeure a donne lieu a un travail remarquable sur la Capra cegagrus en general, que je doisa I'amitie de M. Brandt, et que j'aurai rhonneur de communi- quer prochainement a la Socieie. (5) Hist, aniin., I. VIII, 27. (6) Hist, anim., I. XVI, 30. Void le teste d'^Elien : a Kallisthfeaes » rOljnthien dit : a En Ljcie on a egalenient I'liabitude de tondre les » Chevres comme on le fait ailleurs a Tegard des Moutons, car cesChfevres » ont une toison tr^s epaisse, en sorte que Ton pent dire qu'elles sont » chargees de boucles et de polls crepus. Les constructeurs des navires 9 se servent de cette laiae pour la fabricatioa des cordes et des dibles. » — 414 — nieme des Chevres de la Cilicie, que, dapres plusieurs auteurs EQciens, oq avail I'habilude de londre. Ainsi Pline (1), qui nous rapporte ce fait, n'ajoute rien qui fas>e allusiou a la qualite de la laineni a I'ujiagequ'oQeQfaisait; mais, dans un autre endroil(2) de son immense repertoire, il passe en revue les laines les plus estimees de son epoque, sans mentionner d'aulre race de Chevres que celle de i'Arabie. Columelle (3) parle aussi des Chevres de Cilicie, en les caracterisant simplement comme une race a grandes comes et a poll louffu ; mais il ne dit rien qui ait trait a la finesse de la laine. Au contraire, Procope (4) nous apprend que, lorsque Chosroes, roi de Perse, assiegeait la ville d'Edesse, les ouvriers qui travaillaient h elever des echafauda- ges destines a I'assaut se garantissaient des fleches des assie- ges a I'aide de gros tissus faits de polls de Boucs o qu'on ap- pelle, dit Procope , Kiki/.tu. » Un fait semblable est rapporte par Appien (5), qui mentionne les etoffes connues sous le nom de Kt)iv.ia comme moyen de protection employe par les ha- bitants de Cizycus pour amortir la force des projectiles lances par I'armee de Mithridate, qui assaillait la ville. II est Evident que, pour rendre ce service, les tissus de poil de Chevre de la Cilicie devaient se distinguer non par leur finesse, mais au con- traire par la grosseur et la rudesse du fil. C'est cequi plus lard a fait designer par le nom de KJ.t'y.ta loute etoffe a poil dur, et aura donne naissance au mot francais de cilice; enfin ce sont encore des etoffes et des toisons a poil epais et grossier qu'Herodole (6) veut sans doute designer lorsqu'en passant en revue les costumes des diverses nations qui compo- saient I'innombrable armee de Xerxes, il dit que les Ciliciens elaient vetus de vesles de laine, et que les Lyciens porlaient (l)Hist. nat., 1. Vlll, 26. (2) Ibid., 1. XXXVIl, 77. (3) De re ruslica, 1. I, 1. (4) Procopius, De bell. Pers., 1. II , 26. (5) Appianus, De bell. Mithrid., 1. XII, 74. (6) Herodoti, Hist., 1. VII, 92, 93. — 413 - sur leurs epaules des peaux de Chevres. De meme, Virgile (1), en traitani de la Ch6vre en general, sous le double rapport d'a- nimal lanigere et lacUfere, n'assigne a la laine d'autre destina- tion que celle de servir aux besuins des camps et k I'usage de pauvres raarins : Usum in castrorum et miseris velamina nautis. Columelle (2) reproduit les paroles memes de Virgile en parlant de la laine des Chevres; deplus, le tableau qu'il trace desqualites que doit reunir cet animal pour etre considere comme parfait exclul loute ressemblance avec la Chcvre d'Angora, car I'agro- nome remain reclame avant tout un poil dun beau noir. Or, nous avons dejk observe que cette teinte est elrangere a laChfe- vre d'Angora, et qu'au coutraire elle est fort frequente parmi (3) les Chevres communes de I'Orient. II est vrai queFlorentinus, tr^s posterieur a Columelle, puisquil vivait au commencement du lll'siecle de noire ere, admet la robe blanche pour les belles races de Boucs; mais lui aussi ne salt faire autre chose de la laine des Chevres que des cordes, des sacset des objetsk I'usage des marins. D'ailleurs. lorsque Columelle pretend (4) que les Chevres et les Boucs n'onl des cornes que sous un ciel orageux (1) Georg., 1. Ill , vers. 295-300. (2) De re rustica, 1. VII, 6. (3) Geoponica , 1. XV11I,19. (4) Deja Arislote (Hist, anira., VIII , 27) avail menlionne dans le Pont cette prelendue aiiomalie. Au reste, ii va plus loin et refuse k I'Afrique loute espece de Chfevres , landis qn'iElien (Hist, auim., XIV, 16) siguaie en Lybie des Chfevres enorraes, arniees de cornes qui secartent oblique- ment en se recourbant sur les 6paules; ii vante [Ibid., HI, 33) egalenient la stature giganlesque des CUevres et des Moutons de I'lnde, dont ii com- pare la taille a celle des Anes; la beaute desCbfevres de Sardaigne [Ibid.j I. XVI, 32, 34) elde I'Egypie [Ibid., 1. Ill, 33), et enlin la blancheur des Chfevres de la nier Caspienne. Mais dans lout cela il ne s'agit que de la longueur et de Topaisseur du poil, et non de la finesse de la laine et des qualites qui pourraient la rendre propre k la fabrication d etofles esti- mees , ce qu'yElien n'aurait pu manquer de faire ressortir, si tel avail 6le le cas, vu que les anciens n'omellenl jamais ceite parlicularite k regard des Moutons , chaque fois que leur laine peut, par sa qualite superieure, offrir quelque importaDce a rindustrie. — .4!G - et piuvieux, procelloso atque umbrifero coeli statu, et qu'ils en sont prives dans les climals temperes, Tagronome romain ne prouve qu'une chose, savoir : lesconnaissancesimparfailes qu'a- vaieut les anciens relativement a la Ghevre en genera! , oe qui tenait sans doule au r6Ie tres secondaire que, par plusieurs mo- tifs, ce ruminant jouait dans leur economie rurale. En efl'et, non seulement a cause de I'usage pcu important de sa laine, mais aussi a cause de certaines preventions dont elle se trouvait I'ob- jet, la Ghevre elait peu estimee chez les Grecs et les Romains, comparativeraent aux autres aniraaux domestiques. Ainsi Var- ron (1) la place au nombrc de ces animaux qui sont le fleau de I'agricuUure : Culturce sunt inimiccB ac veneno. 11 rapporte tres serieusementl'opinion de ceux qui admettent que rOlivier est frappe de sterilite du moment que la dent du Bouc I'a touche, et que rien que le contact de sa salive agit sur Get arbre comme un poison; il ajoute qu'a cause de leurs qua- lites prejudiciables, certains Dieux repoussent I'holocauste de ces animaux , et que, si les Romains et les Atheniens sacrifient le bouc a Racchus, protecteur de la vigne, c'est pour faire ex- pier k ces animaux lout le mal qu'ils lui font. Dans un autre en- droit de son celebre ouvrage (2) , Varron emet les theories les plus pueriles sur la physiologie et I'anatomie de la Ghevre, et soutient que cet animal est constamment travaille par la fievre, fait qui, selon lui, est tellement constate el de noloriele univer- selle , qu'aucun homme de bon sens n'oserait parler d'une Ghe- vre saine : Quod capras sanas sanus nemo promittit {3y (1) De re rustica, 1. 1,2. (2) De re rustica , II , 3, (3) Cette singuli^re doctrine, professee par Pline [Hist. nat. , XXVIII, 10), Florentinus (Geoponica, XVIII, 19) et Leaucoup d'autres au- teurs grecs ou romains, paralt s'6lre maintcnue jusqu a une epoque voi- sinede lan6tre, carle celebre Gessner rapporte fort serieusement ranee- dote suivante ; « A Nimes , un enfant dont tous les parents avaient ete enleves par la pesle de 1629 rulallaiio par uneChevre, ce qui lui filcon- tracter des affections febriles dont il ne put se debarrasser pendant touts sa vie. v II est curieux de voir que, dans plusieurs regions de TOrient , et nommeDient en Asie-5Iineure , une opinion diameiralement opposee k — 417 — Pline (1) et JEWen (2) prdtendenl que IesCh6vres respireni par les oreilles el les yeux, et non par lesnarines; deplus, Varron^'» ainsi que lous les agronomes cites dans les Geoponica, prete a la Chevreune nature exlremement frileifte. Or, ce sont preci- s6ment les Chfevres ji laine fine auxquellcs ce trait est le moins applicable, car elles habilcnt presque toules des conlrccs plus ou moins exposees h une temperature hivernale Ires rigoureuse, temoin la Chevre d'Angora, et bien plus encore celle du Thi- bet (3), dont la station, scion M. de Humboldt (4), s'616ve kl'e- norme altitude dc plus de 3182 metres, et par consequent k une hauteur inferieure d'environ 140 metres seulement a celle de la sommite de I'Etna. Au resle, si , comme nous I'avons vu , aucun des auteurs an- ciens ne parle de la Galalie (Phrygie) k propos des pays les plus connus dans I'antiquile par I'eleve de la Ch6vre en general , Var- ron pent etre considere comme le seul qui mentionne k cette occasion la region habitee aujourd'hui par la race d'Angora; cepcndant rien dans sonouvrage ne fait allusion h une laine re- celle des anciens pr6vaut aujourd'hui k regard dela Chfevre : car j'ai ei6 plus d'une fois dans le cas d'observer que lesTurcs, les Arm^niiens et les Grecs, atlribuent une verlu febrifuge au lait de laChfevre, et que, pour couper les acc6s de la fi^vrc intermittente, malheureusement si r^pandue dans ces contr^es, ils avaient de fortes doses de lait caill^ , connu sous le nom de yaourt, en y ajoutant quelquefois deTail. (l)Hist. nat.,VllI,50,76. (2) Hist, anim.,1,53. (3) La laine de la Chfevre du Thibet 6tait , dfes les temps les plus recu- l^s , I'objel d'un commerce ^tendu. Ainsi, dans son classique ouvrage sur r^tat commercial et industriel des peuples de Tantiquite, Heeren (Idee- ■wel , 1 ter Theil , Phonezier., p. 215) dit que les Babyloniens liraient du Cachemire des etoffes de laine teintes en cochenille, el que la Syrie et TArabie fournissaienl aux Pheniciens des laines egalement tr^s estim^es. Or, si la race d'Angora avait exist6 alors dans un pays aussi civiiis6 et aussi fr6quent6 que I'^tait k cette epoque I'Asie-Mineure, on I'aurait, dans tons les cas , mentionnee , et on se serait mfime peut-6lre dispense d'aller cbercher une laine semblable dans les contr^es lointaines del'Asie centrale. (4) Ansichlen der Nalur, v. I, p. 104. J7 — 418 — marquable par sa finesse; au conlraire, Varron, apres avoir observe qu'on avail Ihabitude de londre la Chevre en Phrygie, ajoute que les lissus qu'on y faisait de cette laine porlaient le nom de cilica, parcequffe c'est de la Cilicie que vient la pratique de tondre les Chevres. Or, nous avons deja vu que celte prati- que ne supposait nullement une qualite superieure dans la laine , et qu'au contraireles lissus connus sons lenom de cilice, ou etoffes de Cilicie, ne devaient se recommander que par des qualites opposees. II devient done probable que les Chevres de laPhrygie(Galalie)elaienl, du temps de Varron, idenliquesavec celles de la Cilicie, et appartenaient a la meme race des Che- vres communes, si repandues aujourd'hui dans loule I'Asie-Mi- neure; aussi n'en ai-je point observe d'aulres, ni en Lycie, ni dans les deux Cilicies. Ces regions auraient sans doule conserve quelques vestiges d'une race plus noble si elle y avail jamais reellement existe (1). Parmi lous les ecrivains posterieurs a I'ere chretienne, aucun ne renferme plus de renseignements sur I'histoire nalurelle de TAsie-Mineure que Strabon, qui d'ailleurs etait ne dans une ville (Amasia) Ires rapprochee du domaine actuel de la Chevre d' Angora, en sorte qu'il n'eiit point manque de la voir, meme sans s'eloignerbeaucoupdeses foyers paternels,puisque, comme nous I'avons observe, ce noble animal envoie ses representants (1) Je n'en ai point trouve non plus sur les vastes plateaux de la Syrie seplenlrionale , ou, entre Anlioche, Hamsaet Alep, on voit d'innombra- bles iroupeaux de Chfevres. Elles sont toutes de race commune, et ne se distinguenl entre elles que par un poll plus ou moins dur et epais , qui le rend plus ou moins proprek la confection de cordes, sacs, manleaux, etc., exaclement comme du temps de Columelle , ^lien et Virgile. La laine des Chevres d'Antioche (Antaki) possede ces qualites au plus haut degre, et les manteaux (aba) qu'on en fabriquejouissent d'une certaine celebrite sur les marches de plusieurs villes de I'Asie-Mineure. Pendant long-temps je m'en suis servi dans mes pelerinages, et jeles ai trouves presque aussi impermeables'alapluieque les fameuses etoffes de Mackintosh, qui m'ont loujours paru plus pratiques pour I'Europe que pour TOrient, a cause de la difficuUe de les reparer et des modifications det6riorantes que leur font subir les extr6mes de temperature. — 419 — jusque dans la region limitrophe de Samsun. Or, le silence dc Strabon b. celegard est tres significalif; ii signale en plusicurs endroils de I'Asie-Mineiire les differentes races de Moutons k laine fine, mais nulle part il nc parle de Chevrcs qui, a cause de la qualite de leur laioe, lui paraissenl dignes d'une mention quelconque. II en est de meme des auteurs remains qui fleuri- rent apr6s Strabon jusqu'k la chute de I'empire d'Occident : aucun d'eux ne nous fournit la moindre allusion k une race de Chfevres que Ion puisse identifier avec celle d'Angora. Depuis I'epoque oil Rome devint le patrimoine des peuples barbares, nous ne pouvons nous attendre k Irouver des renseigncments sur I'Asie-Mineure que dans les auteurs byzanlins. Malheureu- sement les longues recherches auxquelles nous nous sommes livr6 ne nous ont conduit k aucun resultat satisfaisant. IJn seul, parmi ces auteurs byzanlins, Zosimc, nous a fourni un passage (1) que Ton pourrait peut-^tre interpreter en faveur de la supposition qu'a son epoque la Chevre d'Angora n'etait pas inconnue, si cette version etait de nature h. s'appuyer sur des arguments solides et des faits, et non sur une hypothese un peu " arbitraire. Or, dans la liste curieuseque donne Zosime desob- jets precieux qu'Alaric exigea de I'empereur Honorius comme rancon de Rome , figurent , a c6ie de 3000 livres d'or et 3000 livres d argent, trois mille peaux teintes en rouge, Kpo/ogaorj Ipts yjCkia Ss/sjxaTa. II est d'abord assez difficile de determiner le sens precis du mot ^spaala, car il pourrait signifier non seu- lement des toisons, mais aussi des cuirs rouges ou maroquins; cependant le savant interprete de Zosime de I'edition de Bonn traduit ce terme par vellera coccinea. Mais, meme en admettant (comraecelaest probable) qu'il s'agit ici elTectivement de toisons, el non de cuirs tannes, il nous restera toujours a determiner I'es- p6ce de I'animal quilesavaitfournies,ensorte que dans tous les cas nous aurons k choisir enlre la Chevre et le Mouton. II est vrai que des toisons de Mouton ne pourraient guere avoir ete estimees au point de figurer a c6te des metaux precieux, des (1) ZosJmi Hist., 1. V, 41. — 420 — soieries et aulres objels de valeur convoiles par le cupide prince des Goths , landis que les magnifiques toisons d' Angora teinles en rouge sont encore aujourd'hui un article assez couteux, meme en Asie-Mineure , et se paient sur les lieux de 20 a 30 francs la piece, el h Constantinople jusqu'k 50 fr. : de manifere que les 3000 pieces exigees par Alaric representeraient encore actuel- lement en moyenne une somme d'environ cinquante mille fr., et peut-etre le double k I'epoque (commencement du V^ siecle) oil cetie fourniture a du s'effectuer, surtout lorsqu'on considere les frais de transport depuis Constantinople jusqu'k Rome , car rien ne nous autorise k admettre qu'au V« siecle les toisons des Chevres d'Angora eussent ete connues en Italie, oil meme au- jourd'hui il serait presque impossible de s'en procurer. On a done de la peine as'expliquer comment Alaric a pu avoir I'idee de les chercher a Rome. De tout cela il resulte qu'on ne peut identifier les toisons dont parle Zosime avec celles de la Chevre d'Angora qu'a I'aide d'hypotheses peu satisfaisantes; d'ailleurs, kla seule exception de Zosime, aucun Byzantin ne nous four- nit la moindre indication sur ce sujet , bien que les annalistes n'aient point manque au Bas-Empire dont I'histoire, depuis la chute de Rome jusqu'kla prise de Constantinople parlesTurcs, repose sur une serie presque continue de monuments histori- ques. Ce n'est qu'au XVI^ siecle que pour la premiere fois la Chevre d'Angora se trouve mentionnee d'une maniere assez pre- cise par Pierre Belon, bien que certaines indications locales et quelques traits relatifs a I'exterieur de I'animal laissent encore quelque chose k desirer. Dans les vastes plaines de la Lycaonie, entre Eregli et Ismil (k rO. de Kania), le celebre naturaliste de Mans a observe (1) la Chevre a la laine de Chamelot, qu'il caraclerise ainsi : « Les t Chevres de ce pays portent la laine si deliee, qu'on la jugeroit « estre plus fine que soyc. Aussi surpasse-elle la neige en « blancheur. Ces Ch6vres-cy ne sont point plus grandes que noz (1) Les observalions de plusieurs singularilez , etc., Edition d'Anvers de 1355,1.11,96. — 421 — « MouloDS, et ne les tond Ion comme les ouailles, mais on leur « arrache le poil. Tous les plus fins chamelols ondez oa sans « ondcs, de beaute plus excellenle, sont fails de la laine de Idles « Ch^vres. » Celte description fait parfaitement reconnalire la Chevre d'Angora; seulement on est elonne de voir Belon la signaler, non a Angora, qu'il ne paratt pas avoir visitce, ainsi que cela resulte de son itin6raire, mais dans les plaines de la Lycaonie, oil je ne Tai jamais vue, pas plus qu'aucun des nom- breux voyageurs qui ont traverse cette contree depuis Belon. Au reste, dans un autre endroit de son curieux ouvrage (I) oil il nous rend compte de sa course de Konia k Akcher (2), il dit positivement que cette belle race ne se troave que dans la con- tree d'Angora, ce qui sans doute ne s'accorde point avec le pas- sage precedent, vu que la region de Konia et d'Eregli , oii il I'a- vait observee, est k une distance considerable de la ville sus- mentionn^e. Quoique nous voyions la Ch6vre d'Angora pour la premiere fois signalee seulement au XVI" siecle, rien ne nous autorise h, admeltre qu'elle ait 6te introduite en Asie-Mineure precis6- mentk, I'epoque klaquelle Pierre Belon visita cette contree; il est au contraire probable qu'elle y etait dejk bien anterieure- ment k son pelerinage; mais depuis quand? C'est \k une ques- tion dont le silence absolu des auteurs byzantins rend la solu- tion impossible, et puisque ni ces derniers ni les classiques ne la menlionnent nulte part, il ne nous reste que la supposition que I'inlroduction de cet animal en Asie-Mineure aura dA avoir lieu k I'epoque oil cette contree ful envahie soit par les Arabes, soil par les Turcs, deux peuples egalement adonnes a la vie pastorale, et qui pouvaient avoir importe de leurs patries res- pectives une race de Ch^vres que le climat de la region oil clle fut placee modifia au point de creer la race d'Angora d'aujourd'hui. . (1) /bid., p. 229. (2) Belon , qui estropie borriblement tous les noms turcs , appelle cette ville Achara. — 422 — Examinons mainlenant lequel de ces deux peuples offre le plus de chances en sa faveur pour rintroduclion de celle non- velle race. Nous avons vu que parmi le tres pelit nornbre de pays ou les anciens signalent I'existence de Chevres h laine fine figure I'Arabie (1); cependant, outre que cette indication est extreraement vague, le sejour des Arabes en Asie-Mineure n'a constamment ete que tres temporaire; d'ailleurs, ilsy apparais- saient de temps a autre, non en colons, mais seulement en fa- rouches conquerants, qui se contentaient de detruire et de vain- cre, et se retiraient apres avoir sourais a leur suzerainele les princes qui y regnaient. Les Arabes ne formerent jamais en Asie-Mineure d'etablissements stables, pas plus que les Mon- gols ; la race turque est la seule, parmi les envahisseurs mo- dernes de cette contree, qui y vint chercher une nouvelle patrie et qui s'y soil maintenuejusqu'^ nos jours. Or, I'influence de la race turque se fit senlir en Asie-Mineure des le XI^ siecle, pendant lequel les Empereurs byzantins s'efforcerent vaine- raent d'arreter les envahissements des Seldjuks, qui, apres avoir reduit la puissance des khalifs de Bagdad a un pur litre no- minal, comraencaient a se frayer une voie vers Byzance. Au X« siecle, les ancetres des Seldjuks elaient dejaetablis dans les parages de Bokhara (2), qu'ils quitterent (en 1034) pour aller rejoindre leur heureux et hardi compatriote Mahmoud, quis'e- tait erapare du tr6ne de la Perse en I'arrachant k la juridic- tion supreme du khalif. Les Seldjuks imiterent I'exemple donne par Mahmoud, et se conslituerent a leur lour raaitres indepen- dants d'une parlie de I'Asie, y compris la peninsule anatoli- que. Cependanl celte contree ne dcvinl la demeure permanenle dela race lurque qu'en 1074, lorsque le sultan seldjuk de la Perse, Melekchah, I'assigna a son cousin Suleiman a litre de lief heredilaire, que les fils de ce dernier converlirent en elat (1) D'apres Chesney (the Exped. for the survey of the rivers Euphrates and Tigres, v. I, p. 728), il existe encore aujourd'hui en Arabic et en Mesopotamie une race de Chevres k polls longs. (2) Hammer, Geschichte des Osm. Reichs, v. I, p. 38. — 423 — independant (1), dont la ville de Konia fut d6clarce (en 1103) la capitale. Depuis relablisseraent de la dynaslie seldjuke k Konia comme branclie independante des Seldjuks de la Perse , la race turque se irouva desormais definitivement domiciliee en Asie-Mineure, et y ful conslamment renforcee par de nou- velles recruesarrivant derAsiecenlrale. Ainsi, en 1229, on vit apparaitre un autre rameau de la mdme race apparlenant k la tribu des Oghus. Conduite par Ertogrul, celte horde nomade quilla les vastes plaines de Khoragan (en Perse) et penelra suc- cessivement dans I'interieur de I'Asie-^lineure, oil le prince seldjuk Alaeddin assigna a ces nouveaux compatrioles , pour lieu d'etablissement, la region montagneuse situee au sud d' Angora (2). Ce rapide coup d'ceil sur I'origine des premieres tribug turques qui s'etablirent en Asie-Mineure etait indispensable a I'appreciation de I'influence que pouvaient avoir les pays d'oii elles venaient sur les races de Ch^vres que ces tribus ame- naient avec elles. Ainsi nous avons vu que les deux rameaux dela souche turque, les Seldjuks et les Oghus, qui s'installe- rent successivement en Asie-Mineure dans le cours des Xl« et XIIl" siecles, et dont les descendants I'occupent eicore aujour- d'hui, habitaient, iramediateraent avant celte immigration , les vastes plaines de Bokhara et du Khoracan. Or, ni dans les temps auciens, ni de nos jours, cescontrees n'ctaient guere con- nuts pour avoir possede aucune race de Chevre k laine fine. Au contraire, Strabon dit (3) que les Massagelesn'avaient pour velements que des etoffes faites de tissus vegetaux, parcequ'ils etaient pauvres en iroupeaux et que les Moutons etaient Ires rareschez eux. De merae, Herodote (4), qui place les Massagetes sur I'Araxe, par lequel il enlend ici le Yaxartes (Sir Dariaj, ne (l)J6id.,p.47. (2) Hammer, 1. c. p. 62. (3)L. XI,8. (4) L. 1 , 202. Le nom de Massagfetes, dans le sens que lui donnent H6- rodole el Sirabon, s'esl conserve jusque bien avant dans le moyen ftge, car le Byzaniin Chalcocondylas (De rebus Turcicis, 1. Ill, p. 117, 6d. ~ 424 — iMetitwnne point I'eleve de Iroupeaux quelconques parmi ces peuples. Ainsi, comme il faut chercher les Massagetes d'Hero- dote et de Straboa sur le bord oriental da lac Aral et dans le pays des Kirghiz, on pent en conclure que les peuples qui ha- bitaient cette contree quatre siecles avant notre ere , aussi bien qu'a I'epoque meme de cette derniere, n'etaient pas ex- clusivement des peuples pasteurs, qu du moins que les Che- vres et les Moutons ne jouaient pas un r6le important dans leurs troupeaux,quipeut-etre, comme chez les anciensArabes, etaienl en grande partie composes de Chameaux (1). De meme, les successeurs actuels des anciens Massagetes, — les Khirgiz, Khi- viens, Boxhars, etc., — bien que tous tr^s riches entroupeaux, parmi lesquels figurent egalement les Moutons, ne paraissent point posseder aucune race de Chevre parliculierement remar- quable; et d'ailleurs tous ces pays de plaine sont infiniment plus favorables a I'eleve des Moutons qu'a celui des Chevres. On pent done admettre que, si les Seldjuks et les Oghus ont importe en Asie-Mineure une race de Chevres qui y engendra celle d'Angora, ils ne I'ont probablement pas empruntee aux regions de I'Asie centrale (Bokhara, Khoracan, etc.), oii nous les trouvons elablis immediatement avant leur immigration dans Bonn) designe encore par ce nom les peuples situ6s k I'E. et au N. de la mer Caspienne. (1) Appien (Hist. anim. , I. XVII, 34) sigaale sur les herds de Ij^mer Caspienne des Chameaux revfilus d'une laine tellement line, qu'elle ne le c6de point k celle des Moutons de Milet , et qu'on en faisait des etoffes ires estimees k I'usage des poniifes et des riches. Pierre Belon (les Obs. des Sing,, L. II, 112) confond le passage d'Appien relalif au Chameau avec celui du m^me auleur qui se rapporte k la Chevre des Caspiens, et altribue a cette derniere la laine fine qu'Appien n'accorde qu'au premier. Le naturalisle de Mans en conclut que la Chevre d'Angora pourrait bien filre identique avec la Ch6vre caspienne d'Appien ; mais , outre que cet auteur ne dit pas un mot de la qualite de la laine de la Chevre des Cas- piens , la description qu'il donne de I'animal n'a de commun avec la che- vre d'Angora que la couleur de la robe , car il dit : « Les Chfevres cas- piennes sontpelites, ont le museau camus, ei point de comes. » Au reste, Pierre Belon donne plus d'un exemple d'inexactitude dans ses citations , et son erudition manque souventde base solide. — 42S — la peninsule aoatoliquc, mais qu'ils la ticnncnt au contraire des pays qu'ils habitaient beaucoup plus ancicnnemeot, c'est-a- dire de la lisi^re meridionale de la Siberie, el parlicuiieremeal de la chatne de TAllai, oil les plus celebres orientalisles et geogra- phes placent le berceau de la race turque(l). Or, bieii que dans I'iinmense regioQ niontagaeuse qu'embrassent les raraificalions de celte chaine gigaulesque on n'ait pas encore constate jus- qu'^ aujourd'hui aucune variele de Chevre remarquable par la finesse de sa laine, quelques localites de la Siberie meridionale olTrenl des exemples d'un developpement tout particulier du poll chez certains animaux domesliques. Cela est nommement le cas dans la ville de Boukhtarma , situee au confluent de la riviere du ra^me nom et du fleuve Irtich. Les Chats originaires de ces parages frappent au premier coup d'oeil par la longueur deleur poil, qui recouvre I'animal en ondes soyeuses. Ce fait est d'au- tant plussignificatif, qu'a Angora le Chat est ie seul animal qui parlicipe au privilege qu'y poss6de la Chevre, en sorle que la presence de I'un de ces animaux ainsi modifie supposerait peut-elre I'existence des conditions locales qui pourraient pro- duire dans I'autre des modifications analogues. J'ai pu m'assurer sur les lieux meines qu a Boukhtarma, lout comme k Angora, cetle magnifique variele de Chat est rigou- reusemenl atlachee k un district determine, et subit one dege- nerescence plus ou moins promple lorsqu'on le lui fait quitter. Ainsi , Ic Chat de Boukhtarma, etanl recherche en Siberie, est souvent transporle k Tomsk, k Tobolsk, etc. ; mais il ne tarde pas k s'y abatardir, surlout dans la sceonde generation , qui differe deja notablement de ses congeneres de Boukhtarma, oil j'eus occasion d'observer certains individus d'une beaute supe- rieure k tout ce que possede dans ce genre la celebre cite de la Galatie. De I'ensemble des considerations consignees dans noire tra- vail , on peut lirer les conclusions suivantes : (1) Klaproth, Asia polygloUa,p. 210; Hammer, Gcsch. desOsm. Rcicba, I. I, 1. I, p. 34; Riiter, Erdkunde, t. I , p. 532 , et t. H, p. 592. — 426 — 1° La Chevre d'Augora constitue une race parliculiere, et ne parait pas avoir la meme origine que la Chevre domeslique issue de la Capra cegragus. 2° Ce noble animal parait n'avoir pas ete connu des anciens. Parmi les arguments allegues h. I'appui de cette assertion figure, entre beaucoup d'aulres , le silence complet des ecrivains de I'anliquite sur I'emploi d'une laine de Chevre quelconque a la fabrication d'etoffes estimees , landis que les meraes ecrivains signalent en Asie-Mineure plusieurs races de Moutons remar- quables sous ce rapport. C'est a I'immigralion des tribus tur- ques dans laPeninsule, c'est-^-dire dans le courant desXl" et XII'' siecles , que parait remonter I'introduclion de la Chevre d'Angora. 3° Jusqu'a preuve du conlraire, la Chevre d'Angora peut etre consideree comme exclusivement attachee h un district restreint de la parlie presque centrale de 1' Asie-Mineure, ou elle ne s'eleve guere au dessus de 1600 metres d'altitude, et n'aime pas a descendre au dessous de 400 metres. 4° Les conditions climatologiques seules sont insuffisantes pour expliquer la dependance singuliere dans laquelle se Irouve cet animal a I'egard du district qui jouit du privilege exclusif de developper les trails distinctifs de la race. En effet, les condi- tions climatologiques du plateau raontagneux d'Angora ne sont que la reproduction locale du meme type des climats excessifs qui caraclerise un grand nombre de localites analogues, non seulement dans la Peninsule, mais encore dans toute I'Asie cen- trale, saos que cependant il y donne naissance a la race dont il s'agit. De plus, I'etude botanique que j'ai faite de la flore de la contree qui fournit la nourriture k la Chevre d'Angora ne m'y a fait decouvrir aucune plante qui put modifier sensible- ment le regime alimentaire de I'animal et jouer un r61e impor- tant dans la production ou le developpement de sa race. II ne resterait par consequent que I'exaraen chimique (examen auquel malheureusement je n'ai pas pu me livrer) des eaux, pour voir jusqu'k quel point leur nature peut exercer une influence locale el altacher la Chevre d'Angora ausol qui I'a vue naitre. Si les — 421 — qualites chimiques des eaux pouvaient nous faire decouvrir la cause, sinon exclusive, maisdu moins principale, du phenomene dont il s'agit, celui-ci se trouverait place en connexion inlime avec la composition mineralogique des roches de celte contree, vu que ce sont en grande parlie ces derni^res qui fournissent aux eaux les substances dont la solution modifie leurs proprictes chimiques. Ainsi, dans rirapossibilite oil nous sommes encore de rendre compte de la localisation de la race d'Angora, force nous est d'admetlre comme causes principales de ce pheno- mene Taction combinee de conditions cliraalologiques el mi- neralogiques ou chimiques. Indications relatives au choix des localites oil pourra Stre essayee, en Franee, avec le plus de succes , I'acclimalation de la Chevre d'Angora. II resuite des faits qui vieunent detre exposes que, lorsqu'il s'agira d'aborder la question de savoir dans quelle contree de I'Europe onpeulavecleplusde chances favorables tenter encore une fois la naturalisation de cet animal, il faudra tenir comple des deux conditions susmentionnees. Or, en les cherchant, par exemple, en France, on se convaincra, que de toules les regions qui constituent ce beau pays , le plateau central de I'Auvergne eslpeul-etreceluiquipromettraitle plus de succes (1). En effet, bien que situee presqu'a six degres plus au nord que la contree de la Chevre d'Angora, I'Auvergne trouve dans son altitude moyenne, moins considerable, el dans sa position beaucoup plus occidentale, des causes qui atl^nuent sensiblement I'effet de sa latitude plus bor^ale. Aussi offre-t-elle, comme le plateau d'An- (t) Et, par coDtre, ou pourrait admettre que Paris ofifrirait peu de chances favorables a celte naturalisalion, eu ^gard, d'ua c6te, U son climat, qui parlicipe plus du climat insulaire que du climat conlinenlal , el, de I'aulre, U la composilion mineralogique de sa charpente solide , composilion qui s eloigne lout aulanl de celle du domaine de la Chevre d'Aogora en Asie-Uineure que de celle du plaieau central de la France. — 428 — gora, un climatexcessif, dont les trails saillants etablissent enlre les deux conlrees une cerlaine similitude ; de plus, la nature des roches, dans les deux pays, presente une analogie tres pronon- cee : corame sur le plateau d' Angora , les roches trachitiques et basaltiques domiaent dans TAuvergne; ici, comme la, des cours d'eau assez nombreux, prenant leurs sources dans des roches analogues, et par consequent charges de substances sem- blables, procurentaux deux pays les avantages d'eaux courantes qui, comme nous I'avons vu, sont indispensables a I'animal dont il s'agit. En un mot, bien des considerations semblent ap- puyer notre hypothese en faveur de I'Auvergne, qui serait deslin^e peut-etre a creer un jour en France un redoutable rival aux celebres races d'Angora et de Thibet , et meme a substi- tuer dans I'industrie europeenne la premiere a la seconde (1). (1)Conform§ment aux vuesemises par notre savant confrfere M. deTchi- hatchef , le Conseil d'administralion de la Societd a decide que deux es- sais d'acclimalation auraient lieu en Auvergne, et particulierement dans le Cantal. Ces essais auront lieu prfes d'Aurillac, par les soins de M. Marty, et k la ferme-ecole de rH6pital, par ceux de M. A. Garrouste, tousdeux membres de la Sociele. D'autres essais sont deja en voie d'execulion ou vont 6tre poursuivis dfes celle annee sur divers points des Alpes , dans le Jura , les Vosges, et en Algerie, sur divers points de TAllas. D'autres auront lieu un peu plus tard dans les Pyr6n6es et les Cevennes. R. — 429 — MEMOIRE SUR LA VALEUR INDUSTRIELLE DU BOMBYX CYNTHIA , Par M. HABDY, DIAECTEDR DE LA P£PIN1ERE CENTRALE D^AHHA, EM ALG£RIE. (Stance du 23 juin 18K5.) 1" HISTORIQUE. Le 16 aoAl 1854, k quatre heures du soir, nous recevions un envoi d'ceufs du Bombyx cynthia , fail par M. le comte de Guiche, ambassadeurk Turin, qui les avail obleous de M. Baruffi, klademande expresse de M. le Minislre de la guerre. La graine avail 6clos en roule , el nous n'avons pu recueiliir que 76 Vers vivanls , desquels nous avons oblenu 68 cocons bien con formes. Le 13 oclobre , nous recevions un nouvel envoi d'ceufs du meme insecte qu'avail bien voulu nous faire M. Milne-Edwards, professeur-adminislraleur au Museum d'hisloire naturelle de Paris. Enfin , le 3 novembre , un Iroisifeme envoi nous parvenait de la part de M. Isidore Geoffrey Sainl-Hilaire, professeur-admi- nislraleur au Museum, de I'lnstilul de France, comme pre- sident de la Sociele zoologique d'acclimalalion. Ces divers envois nous onl permis de conlinuer des educa- tions qui onl ele progressivement plus imporlanles , si bien que la iroisieme , qui s'est operee de fevrier k ia mi-mars , a pu se faire avec neuf onces de graine , laquelle nous a donne plus de soixanle onces d'ceufs , dont nous avons pu dislribuer aux per- sonnes qui onl desire en oblenir, el qui a alimente une qua- trieme Education, qui se continue en ce moment. 430 2" DE l'eCLOSION ET DU DfiVELOPPEMENT DES LARVES. Les oeufs sont de forme ovoide; ils ont environ deux milli- metres de longueur sur un millimelre de diametre. Leur cou- leur est d'un blanc gris. 11 en faut de 553 a 560 pour peser un gramme; il en entre 16,590 k 16,800 dans une once detrenle grammes, tandis que, dans le ra6me poids, il entre plusde 30,000 oeufs du Vers a soie ordinaire. La femelle du Bombyx cynthia pond 280 oeufs , les depose c6te a c6te , et par series horizonlales , faisant saillie sur le corps oil la ponte s'effectue ; ils sont agglutines par une sub- stance jaunatre qui les unit fortement les uns aux autres. Si la ponte a lieu sur un corps place perpendiculairement , les oeufs se trouvent suspendus dans I'espace dans le sens de leur lon- gueur. Les oeufs sont perfores uniformement du meme c6te par la larve , et c'est au sommet , par rapport h la position qui vient d'etre indiquee, que sa sortie a lieu. L'eclosion'se fait spontanement dix a douze jours apres la ponte sous Tinfluence d'une temperature uniforme de 15° cen- tigrades. Le delaiest moindre si la temperature est plus elevee. On apercoit d'abord a I'exlremite superieure de I'oeuf une petite depression a peine visible, puis Ton distingue bienl6t par- faitement un point noir tres luisant : c'est la tele du jeune Ver. Apres avoir obtenu ce premier resultat , il se repose plus ou moins de temps , selon la temperature ; puis il reprend son tra- vail en attaquant les bords de la coquille avec ses mandibules; il en enleve des fragments presque imperceplibles tout autour du nouvel orifice, jusqu'a ce qu'il se soit deblaye ainsi un pas- sage suffisant pour sortir sans trop d'efforts. Mais , pour oblenir une belle eclosion , il faut detacher les graines des toiles comme pour les Vers k soie ordinaires, et les mettre dans une boite que Ton soumet a une temperature de 22o centigrades. Alors I'eclosion se fait dans de bonnes conditions ; on fait des levees abondantes en meltant dans la boite des jeu- nes feuilles de Ricin, qui sont bient6t couvertes de pelits Vers. — 431 — Au sorlir de I'oeuf les Vers ont environ trols milllmfelres de longueur; ils sonl couverts de polls noirs; leur tete, noire et luisanle, est proportionnellement tres grosse ; leurs fausses paltes sont noires, et ils ont sur la ndquc unc barre noire , qui dispa- rait ii la premiere mue. Au deuxieme age, leur couleur est jaun^tre, Inur tete est noire ; on distingue bient6t que leur corps est compose de douze anneaux, sur lesquels sont des tubercules termines par des houppes composees de quatre poils , qui passent h la couleur jaune ; leurs fausses pattes sont noires. Au troisieme &ge, leur livree est totalement blanche, leurs tubercules sont plus saillants; h la sortie de la mue, leur tete est d'un beau blanc d'ivoire. Les poils qui terminent les tuber- cules deviennent insensibleraent plus courts, k mesure que la larve avance en age. Leurs pattes, au nombre de quatre de chaque c6te , sont blanches , avec deux points noirs k la base ; k I'avant , sont trois fausses paltes de chaque c6te, sorles de ten- tacules lisses , unies et de couleur blanche. La pince caudale est tres developpee. Au quatrieme age, leur peau blanche prend bient6t une teinte azuree , qui devient plus intense lorsqu'ils ont pris tout leur de- veloppement; leurs tubercules, disposes en series uniforraes, sont tres saillants; les poils qui lessurmontent sontdevenus tres courts et k peine perceptibles. Comme dans I'age precedent , la tete est blanche au sortir de la mue. Dans leur plus grand de- veloppement, ils ont 65 millimetres de long sur 7 millimetres dediam^tre; ils pesenl alors quatre grammes sept decigram- mes. Pendant les deux premiers ages, il est utile de choisir des feuilles tendres etde les leur couper par fragments; au troisieme age, la feuillequi leur est offerte doit etre plus consistante et on la coupe plus grossierement ; au quatrieme age, on leur donne des feuilles tout k fait adultes et on les leur sert tout entieres. ils les mangent mieux ainsi qu'etant coupees : ils les attaquenl avec lant d'avidite qu'ils ne laissent gu^re que les nervures; cependant j'ai remarque qu'ils entament plus facilement les — 432 — feuilles lorsqu'clles sont placees sur les claies, dans leur position jialurelle , que lorsqu'on les met sens dessusdcssous. Les mues s'effecluent toujours parfaitement; on voit fort peu de mortalite pendant eel etat critique, si ce n'est a la premiere mue, oil on en remarque le plus. Lc changerfenl de peau s'o- pere absolument de la meme maniere que chez les Vers a soie ordinaires. Pendant le sommeil, cesVersne redressent pas la moitiede leur corps comme les Vers du Miirier : ils restent etendus lout de leur long sur la liliere. Durant la periode d'appelit qui se fait remarquer a chaque age , si la nourriture vient a leur manquer ou k se faire simple- nient allendre , ils quiltenl les claies el se mettent en campagne pour en chcrcher, bien differenls en cela des Vers a soie ordi- naires, qui, en pareille circonstancc , se laisseraienl stoique- ment mourir de faim. C'est pour cela que, dans leurs moments d'appelit , il faut veiller avec le plus grand soin a ce que la nour- riture ne leur manque pas un seul instant. Leur velleile d'enii- gralion se trouve encore augmenlee , en cas de manque d'ali- menls, si la temperature est elevee. Si la temperature est soulenue pendant la nuit, il faut leur donner a manger aussi regulierement que dans le jour, car, dans ce cas, leur voracilc est peul-etre encore plusgrande la nuit que le jour. Mais I'education se conduit plus facilement et les Versse portent mieux si on laisse tomber un peu la temperature pen- dant la nuit. La temperature qui convient le mieux est de 22° a 25° centi- grades, mais il ne faut pas qu'ellc baisse au dessous de 12" pendant la nuit. Lorsque, pendant I'hiver, on est oblige de chauffer beaucoup pour avoir la chaleur necessaire, I'air se desseche rapidement; il convient alors de repandre de I'eau dans I'atelier, afin de pre- venirlesinconvenientsquecette secheresseamene en dessechant Irop la feuille sur les tablelles et en rendant les Vers inquiels. On pent , sans inconvenient , leur donner de la feuille mouil- lee, el quelquefois il est utile de rarroser afin de I'empecher — 433 — de se dess(^chcr trop rapidemcnl; seulenicnt il faut alors ddliler un peu plus souvent. Les Vers du Ricin onl jbesoin d'etre dclilcs aussi fr^qucm- mcnt que les Vers ^ sole du Miirier. Jc me suis servi , aussi fa- cilement'avec ceux-ci qu'avec ceuxduMOrier, de filelsde papier k eel efTet. 11 est beaucoup plus difficile d'entretenir ces Vers 6gaux et de maintenir la simultaneite dans les sommeils et daos les re- veils que chez le Ver du Milrier. Get inconvenient se presenle surtout dans toute sa force au moment du coconnage; il faut les trier k la main pourobtenir une mont6e uniforme. L'eduralion, k partir de reclosion jusqu'k la formation du cocon , dure de 25 k 32 jours , selon la temperature k laquelle elle a ^t^ soumise. 3" DU COCONNAGE. Lorsque leVer du Ricin approche du moment oh il doitfaire son cocon, son appetit se ralentit et finit par cesser tout k fait ; il rend beaucoup de liquide, diminue de volume etdevient trans- parent , mais k un moindre degrc que le Ver du Millrier. Au moment de degorger sa soic, son anxiete est moins grande que chez ce dernier. Une partle cherchent a grimper et montentsur les ramilles qui leur ont ete dress6es, mais ils recherchent de preference des surfaces planes pour altacher leurs fils, et ils trouventdans les angles des claies la disposition qui leur est la plus favorable. Tr6s peu coconnent au milieu des cabanes en ra- milles qui leur sont faites; ils s'el^vent k leur sommet et s'atta- chent au dcssous de la claie qui les surmonte : ils coconnent alors en societe, c'est-k-dire qu*un grand nombre affectionnent le meme endroit , et la plupart y agglom6rent leurs cocons en les altachant les uns sur les autres. Je me suis tres bien trouv6 , pour ces Vers , de I'emploi de Ja coconni^re Davril. Mais la moitie environ des Vers , et quelquefois plus, ne pren- nenl pas tant de peines: ils deposent leurs fils sur les feuillesde la litiere, et finisscnt par s'en envelopper compl^tement. La feuille en sechant comprime le cocon , qui est en quelque sorie — 434 — moule siir elle ; on voit presque toiijours I'enipreinte des ner- vures sur la parlie du cocon qui a ele enveloppee. Les cocons qui ont ete ainsi tisses sont moins volumineux, mais ont les fils plus serres que ceux des Vers qui onl rame. Le Ver du Ricin, en jetant son fil pour en lisser le cocon , ne decrit pas des courbes aussi parfailes que le Ver du Murier; il depose beaucoup moins de sole aux extremiles qu'au centre du cocon, qui est fusiforme au lieu d'etre ellipsoide, comme dans le cocon du Ver a sole du MArier, circonslance qui le ren- drait, dans tous les cas, moins apte au devidage mecanique. Mais il est un defaut qui s'oppose radicalement a ce qu'il puisse elre file mecaniquement et regulierement, et empeche que cc cocon soil converti economiquement et par les moyens ordinaires en soie gr^ge: c'est que, dans sa construction, le Ver reserve une ouverture k Tun des bouts, a I'effet de se menager une sor- tie plus facile lorsqu'il sera iransforme en papillon. Les fils avec lesquels est praliquee celte ouverture sont en majeure partie sectionnes par le Ver au moment ou il les depose , et apres coup, pour deblayer completement le passage. 11 prepare meca- niquement, avant sa transformation, ce que le Ver du Murier accomplit chimiquement apres qu'il a-revelu sa derniere forme. Le Ver k soie du Ricin arrange les brins de I'ouverture de son cocon avec ses raandibules, coupe ceux qui font obstacle et se Irouvent entravers, puis lesrapproche par Texlremite, de facon k masquer son ouverture, mais de maniere a pouvoir en sortir sans efforts. Le Ver a soie du Murier s'enferme completement dans son cocon, dont les deux bouts sont exaclement semblables ; puis , lorsque le moment est venu pour lui den sorlir, il raraollit et fait dissoudre les brins au moyen d'un liquide particulier qu'il secrete etqui est probablement de nature alcaline ; il peutalors, en grattant avec ses pattes, praliquer son passage. Oq peut reconnaitre que le Ver a soie du Miirier travaille principalement pour Ihomme, auquel il se livre dans unesorte de prison, et qui devient ainsi Tarbilre de son sort, soit qu'il I'^touffe pour utiliser sa riche coque, soit qu'il le reserve pour — 435 — la reproduction ; landis que le Ver a soic du Ricin travaille uni- quement pour Iui-m(^me et dans le seul inter^l de la conserva- tion deson espece. Je me trouvais a celte parlie de la redaction de mon travail lorsque j'ai recu le Bulletin de la Societe zoologique d'acclima- tation pour le mois d'avril, dans lequel je vols la lettre de M. le professeur Emile Cornalia, de IMilan, adress6e a M. Isidore GeolTroy Saint-Hilaire, oii il conclul que la larva du Bom- byx cynthia ne coupe pas les fils int^rieurs du cocon, mais les dispose de telle sorte qu'elle peul menager une ouverture sans lesrompre. Malgre I'allegation de mon honorable et savant contradicteur, je n'en persiste pas moins dans Topioion que j'ai dejii emise, et que mes observations nouvelles ne font nialheureusement que confirmer. M. Cornalia etablit lui-meme que, I'enveloppc ext^rieure du cocon elant achevce, on n'apercoit plus la larve. Ce ne serait done que par I'inspection du cocon que Ton pourrait d^duire quelles ont ete ses manoeuvres. Le cocon du Bombyx cynthia se compose de trois a cinq couches ou vestes, y compris I'enveloppe exterieure, que mon honorable adversaire appelle la chemise , et qui correspondent aux temps de repos de la larve et aux diverses positions qu'elle occupe pendant le travail. Si, apr(;s avoir isole avec soin cha- cune de ces couches, on examine celles de I interieur, dans la parlie oii se trouve menage le passage, on voit que les fils y ont un arrangement qui n'est pas le meme que sur le resle de la surface, et qu'au lieu d'etre entrecroises ils sont places parall6- lement. Les fils, en elTet, dans cet endroit, sont ecartes, pei- gnes, allonges et tir^s vers I'exlerieur de I'oritice. Si on les examine avec soin et avec une loupe, on voit que fort peu sont doubles et reviennent sur eux-memes, mais que le plus grand nombre sont sans conlinuite et ont leur lermininaison k I'ex- Iremite ouverte du cocon. Si Ton passe avec precaution une poinle d'aiguille enlre ces fils, on acquierl une nouvelle preuve matcrielle de ce fait. — 43G — Je ne puis partager davantage I'opinion de mon honorable confrere sur la forme du cocoa, a savoir : qu'il se compose d'une extremite obtuse et d'une extremite qui se prolongerait en pointe delice, si elle n'etait ouverte et tronquee a I'endroit de I'ouverture. Pour moi , au conlraire , les deux exlremites seraient sem- blables sans le prolongement opere pour menager I'ouverlure. Non seulement le Ver coupe apres coup les lils qui feraient obstacle pour le libre passage, mais, en examinant de trespres le travail du Yer, en coupant un grand nombre de cocons a di- vers etats de formation, je me suis assure que la larve ne de- pose pas ses fils d'une mani^re continue , mais qu'elle les sec- tionne Ires frequemment en les degorgeant, principaiement dans le bout oii elle menage son passage, qui ressemble k un canal tres court. Dans cette partie, elle decrit avec le fil des figures paraboliques qui commencent dans la partie concave du cocon , par rapport a la position oil se trouve la larve ouvriere , et qui vont se terminer k I'extreniite de I'ouverture. Elle repete invariablement cette manoeuvre de rinterieur a I'extremite. En cet endroit , les bouts se relient enlre eux par une sorle de fri- sure; on en remarque beaucoup qui se lerminent par une sorte de bouton. Lorsque son travail est acheve , le Ver repasse en revue les fils qui composent le conduit , car cet endroit semble etre son ouvrage de predilection ; il coupe ceux qui font obsta- cle , et finit par pratiquer ainsi un canal par la dilatation de I'extremite du cocon. Lorsque M. Cornalia a vu la larve passer sa tete hors du cocon , chercher k plisser et quelquefois a rom- pre les brins de la chemise, elle avail accompli la meme manoeu- vre pour les couches interieures. Ceci etabli, je poursuis le cours de mes investigations, en considerant le cocon du Bombyx cynthia comme non susceptible d'etre devide mecaniquement et converti en soie grege. Huit a dix jours apres la montee, les cocons sont formes or- dinairement , et, en les secouant, Ton entend sonner la chrysalide. Les cocons, etant acheves et depourvus d'humidite, pesenten — 437 — nioycnnc, avec la chrysalide , 1 gramme 96 centigrammes. II faul environ 5iO cocons pour peser un kilogramme. Dix cocoDS pris dans lensemble pesaient 19 gr. 6 dec; aprfes en avoir exlrait ies chrysalides, les dix coques soyeuses pe- saient 2 gr. 2 dec. La proportion de la maliere soyeuse , par rapport au poids des cocons k I'elat frais , est de 11 ,22 p. 100. On sait que I'enveloppe exlericure des cocons constitue la bourre qui passe dans les Prisons au batlage. Par I'anatomie on pent separer exaclement les couches qui composent les cocons ,' et se rendre ainsi un compte assez exact de la quantile de soie pure et de la quantite de frisons qu'ils renferment. Dans le co- conduBombyx cynlhia, j'ai Irouve que la coucheexterieure're- presentant le frison etait dans la proportion de 31 p. 100 par rapport au poids de la coque, ce qui rend la soie pure, debarras- see de bourre, par rapport a I'etat frais des cocons, a la propor- tion de 7,65 p. 100. Les recherches de raeme nature que j'avais faites sur des co- cons du Ver h. soie du MArier de diverses races ni'ont donn6 les resultats suivants : Race des Canaries 8,29 0/0 de soie pure. — Milanaisgros 8,12 — — Milanais pelits .... 9,87 — — du Vivarais 8,00 — — de Provence 7,00 — — Dimerdech 7,70 — — deSyrie 8,15 — — de Syrie, amelioree par M. Mourgues 9,80 — — de Sisteron (Basses-Alpes). 9,90 — — du Piemont 7,65 — Moyenne. . . . 8,44 D'oii il suit que la proportion de la matiere soyeuse , pure et debarrassee de ce qui constitue le frison , serait moindre de — 438 — 0,59 p. 100 dans le cocon du \'er a soie du Ricin que dans ce- lui du Ver h soie du Murier, La dernierc education a consomme 599 kil. 630gr.de feuilles de Ricin pour 53 idl. de cocons obtenus a I'elal frais. Apres la sortie desPapilions, ces 53 kil. de cocons ne pesaient plus que 9 kil. 700 gr. C'esl une proportion de 18,30 p. 100 par rap- port k I'etat frais des cocons. La difference en plus de 7,08 p. 100 trouvee ici sur le poids reel de la maliere soyeuse provienldela carapace des chrysalides , des Papillons morts, etc. , qui sont demeures dans les cocons. 11 s'agirait mainlenant d'etablir le prix de revienl de cetle education. Pour arriver a ce resullat, il convient de rechercher la valeur de la feuille du Ricin. La culture du Ricin etant faite d'une maniere rationnelle , sa feuille ne devra rien couter au cultivateur ; j'ajouterai meme que ce n'est guere qu'ii cette condition qu'il serait possible de se livrer industriellemenl a I'education du Bombyx cynthia , son cocon etant considere comme non devidable et classe au rang de la bourre de soie. La graine du Ricin est tres riche en huile, puisqu'elle en contienl 58 p. 100 de son poids. Un beclare de Ricin en plein rapport , et ce vegetal dure ici sept a huit ans , donne 3 ,220 kil . de graine par an. Cctte graine, qui vaut 45 fr. le quintal me- trique, produirait done une sommede 1,430 fr. k I'hectare. On voit qu'il y a une marge suffisante pour payer les frais de cul- ture , quand meme le produit se trouverait un peu diminue par I'effeuillement de I'arbrisseau. Je n'ai pas encore d'experiences completes sur la quantite de feuilles de Ricin que pent produire un hectare , mais je crois ne pas m'eloigner de la verite en estimant le poids que Ton pent en retirer a 10,000 kil. annuellement, sans le depouilier de facou a nuire h la fructification. C'est d'ailleurs un point que je serai bientdt en mesure de verifier sur la plantation dun demi-hec- lare que j'ai etablie. Si 599 kil. 630 gr. de feuilles de Ricin ont produit, etant mangees par les Vers a soie du Bombyx cynthia , 59 kil. de co- cons a I'etat frais, et9 kil. 700 gr. apres la sortie du Papillon, «b mbaiom iiuTia .rneni si yjjiuguo) ■ — 439 — 10,00 kil. lie cclle meine fouille , produit d un hectare , dooae- roQl 984 kil. 940 gr. a I'elal frais, el 166 kil. 766 gr. de co- ques soyeuses apres la sortie du Papillon. Quant aux autres depenses occasionnees par I'^ducalioa , el- les se composcnl de la main-d'oeuvre et du chauffage. Uae pcrsoQne a ete occupee pendant trente-deux jours conse- cutifs, mais il faut reconnaUre quelle aurait pu tres facilemenl suffire k une education dudoubled'iinportance. J'estimerai done la main-d'oeuvre a 32 fr. , et le charbon de terre employe pour chauffage a 8 fr., ce qui fail une depense tolale de 40 fr. '^ Quel prix vaudraient Ies9 kil. 700 gr. de cocons, consideres comme bourre de soic? Je les estimerai provisoiremenl k la meme valeur que les cocons ordinaires perces de graine , k 3 fr. le kil., ce serait un produit de 29 fr. 10 c. Le produit ne cou- vrirait pas la depense, et il reslerail en outre k metlre en ligne de comple . dans une enlreprise industrielle , le loyer du mate- riel el du local. On pent admeltre cependant que , sur une plus grande echelle, on obliendrait une grande amelioration sur le prix de revienl. II y aurait k rechercher si , dans la pratique et en dehors de \& voie experimentale, on ne pourrait pas employer des procedcs plus simples et plus economiques. Mais si celte inatiere n'a pas une valeur plus elevee que celle que je lui assi- gne , ce ne sera toujours que fort difficilemenl qu'elle couvrira les avances qui lui seront failes. Reste la question des educations en plein air et sur les plan- tes. Seronl-elles plus economiques que celles failes dans des ateliers? Ici, lout est encore k experimenter ; mais tout d'abord on pent elablir qu'elles ne sauraient 6tre exclusivement em- ployees. Clles sonl impralicables du mois d'octobre au mois d'avril, c'esl-a-dire pendant huit mois; les inlemperies , la pluie, la grele, le vent, I'abaissement de la temperature pen- dant ce laps de temps , s'y opposeraient maleriellement. La n6- cessile de conserver de la graine pour la reproduction forcera de faire a I'abri trois educations successives au moins, en vue seulement de la conservation de I'espece, et pour arriver en- suite a operer en plein air pendant trois k quatre mois. Celle ^ 440 — graine reviendrait evidernment a ua prix assez eleve , surlout pour I'avoir a sa disposition en quanlile suffisaate. 11 faudrait done que les educations faites en vue de la conservation des moyens de reproduction fussent aussi des educations producti- ves, et que les operations b. couvertdans I'atelier fussent la con- dition norniale. Quant aux educations en plein air et sur les plantes, elles ne sont pasnon plus exemptes de difficultes et d'inconvenients. La dissemination satisfaisante , economique des jeunes Vers sur les plantes , est une operation delicate dans laquelle on n'est pas certain de reussir. Les moineaux , les mesanges , qui vivent en grande partie de la chasse des insectes , ne manqueront pas de venir attaquer nos Vers; les fourmis , si nombreuses , si vora- ces el si incommodes dans la saisou chaude , seront des ennemis d'autant plus serieux qu'on n'a pas de moyens bien efficaces de les corabattre lorsqu'il faut agir sur une grande echelle. Les insucces qui ont termine mes lentatives de faire vivre sur les MAriers les Bombyx mori me font craindre que des obsta- cles de meme nature ne se presentent pour ceux-ci. Le Directeur de la Pepiniere centrale , Hardy. Hamma, le 51 mai I8ttti. ill — II. EXTRAiT DES PROCtS-VERBAUX DES SEANCES OE LA SOCIETE. 8liANCB DD 22 JCIM 1855. PrisideDce de M. Gboffrot Saimt-Hilairb. M. le President proclarae les noms des membres nouvelle- meot admis. Ce sont : MM. BAiGNifeRES (Henri), k Paris. Benard-Lechevallier, proprietaire, a Paris. Bruniquel (Eugene), pasteur, k Toulon (Var). CoLMONT (de Saint-Julie de), inspecteur des finances, k Paris. FoRTiER (Pierre-Thomas-Pascal), associ6 de la maison For- tier el Maillard, fabricant de chales, k Paris. Gasc-Hadancourt (Le docleur Jules), k Paris. Gros (Jules-Gabriel), negociant, k Mulhouse (Haut-Rhin). Gu^RiN (Jean-Jacques-Guillaume), baron de Waldersbach, co- lonel du 3** de spahis, officier de la Legion-d'Honneur, k Paris. Hamonville (Louis d'), au chateau de Manonville, pres No- viant-aux-Pr6s (Meurthe). JussERAUD (Le docteur), ancien representant, president du Co- mice agricole de Riom (Puy-de-D6nie) . Laurence (Aime), percepteur de la ville, k La F16che (Sarlhe) LEFfieuRE DU Bus, proprietaire, k Abbeville (Somme). Lesieur, proprietaire, k Paris. Mac£ (Jean) , professeur, k Beblenheim (Bas-Rhin). — 442 — Maille (Leducdc), proprielaire, a Chateauneuf (Cher) eta Paris. MALiNGifi (Charles), proprietaire-agriculteur, a Verrieres, pres Bour<^es (Cher). Marozeau (Philippe), k Wesserling (Haul-Rhio). Martelet, ancien adjoint au maire du 7^ arrondissement, maire . de Champigny-sur-Marne (Seine), professeur k I'Ecole cen- trale, a Paris. Mazuc (Emile), a Pezenas (Herault). MoNECovE (Le baron Louis le Sergent de), proprielaire, kSaint- Oaier (Pas-de-Calais). MoRTEUiL (Le eomte de), k Laborite, pres Paulhaguet (Haute- Loire). Paradis (Henri), k Paris. Perrin (Joseph-Dominique), agronome, a Cournoa (Puy-de- D6me). RfiTiF (Henri), proprielaire, k Paris. Van-Blarenberghe, ingenieur des ponls el chaussees, k Hon- fleur (Calvados). — On lit une leltre de M. le baron de Paiva, ambassadeur de Portugal en France, contenant des remerciments i)Our la gravure des Yaks adressee par M . le President, au nom de la Societe el parordre du Conseil, k S. M. le roide Portugal, qui avait manifeste le desir de recevoir cette gravure, el a S- A. le due de Porto. — Des remerciments sont adresses par M. de Montigny pour uu exemplaire avant la leltre de cette meme gravure qui lui a ete offert, au nom de la Societe, en reconnaissance des soins qu'il a pris k amener les Yaks, dont on lui doit rinlroduclion en Europe. — M. Felix Real, president de la Societe zoologique des Alpes, ecrit de Grenoble, au nom de cette Sociele, pour remer- cier la n6tre de lui avoir confere le litre de Societe affiliee. — M. Godron, president de la Sociele regionale d'acclimata- lion pour la zone du nord-est, ecrit de Nancy, au nom de cette Sociele, afin de faire connailre le zele dont elle est aniraee pour - 443 — I'oeuvre k laquclle nous Iravaillons ea commun, aiasi que sou desir d'enlreprcndrc quelques essais d'acclimalaliou, et parti - culicrement sur les Chevres d' Angora. — Noire, confrere M. le conile de Fonlenay, au inoraent de parlir pour Constantinople, et devant parcourir les diverses provinces de I'Empire ottoman, adresse a la Societe ses oEFres de service. Des remercinients lui seront adresses avec des instructions. , — Notre confrere M. Hollard, delegue de la Societe k Poi- tiers, annonce qu'il vient de recevoir du tresorier de la Societe d'agricullure, sciences et arts de la Vienne, la sorame de 30 fr-' pour la souscriplion Remy. — MM. Delmas, Terme et Garnier-Savatier, ecrivent pour remercier de . leur admission dans la Saciete. Ce dernier fait parvenir un exemplaire impriine du i^apport sur I'etablissement de pisciculturedu Var adressealaSocietezoologiqued'acclimata- lion par la commission deleguee du Cornice agricole de Toulon. — Nos confreres MM. Delon, Yvan et Chavannes, envoienl des details $ur I'education des Vers a soie du Chene de Chine qui leur ont ete remis par la Societe. V — M. Fred. Jacquemart fait connaltre les resultats satisfai- sants qu'il a obtenus avec les cocons de cette meme espece en les placant sur de la paille humide, dans un chassis de couche oil la temperature a ete maintenue de telle facon qu'elle n'a pas depasse 2S° pendant le jour, et n'est pas descendue, pen- dant la nuit, au dessous de 16°. II a oblenu un accouplement des Papillons sortis de ces cocons, et il a dure 24 heures. . — M. De Metz, qui avait dejkfait parvenir des plants de Ri- cin, en annonce un nouvel envoi. Ces expeditions successives ont permis d'achever les educations du Bombyx cynthiahiiQS au Museum d'histoire naturelle et k I'Ecole de pharmacie. — M. Guerin-Meneville met sous les yeux de I'assemblee un Papillon vivant sorti de I'un des cocons du Senegal adresses parM. Barthelemy-Lapommcraye(Bull., t. II, p. 230): c'estle Bombyx Bauhinicc Gucr. , dont la chenille vit sur un jujubier Ires voisin d'une espece fort commune en Alg6rie. M. Albert — 444 — Geoffroy Saint-Hilaire, en observant ce Papillon peu de temps apres sa sortie du cocon , a constate qu'il exhalait une forte odeur de muse. Jusqu'a present, aucune observation semblable n'avait 6te faite sur le genre Bombyx. — M. le President informe qu'il a recemment donne des in- structions a un voyageur partant pour le Senegal , avec une recommandation pressante de rapporter en Europe des cocons de ce Bombyx. — A I'occasion de I'observation de M.Albert Geoffroy Saint- Hilaire, communiquee par M. Guerin Meneville , M. Huzard dit que cette odeur est commune a tous les animaux du Sene- gal , et M. Tastet parle des fortes emanations musquees de la c6te occidentale d'Afrique. II a constate lui-merae ce fail, si- gnale par tous les voyagegrs, et il pense qu'il faut I'attribuer a labondance , extreme au Senegal , d'un rongeur dit Rat musque, dont I'odeurest telle, qu'elle persisle long-temps dans les habitations que ce Rat a visitees. — M. Hardy adresse d'Alger un raemoire sur le Bombyx cynthia dont il ne pent etre donne lecture, en raison de I'eten- due de I'ordre du jour. (Voy. p. 429). — M. Sacc ayant fait connaitre I'empoisonnement d'un Bouc el de deux Chevres d' Angora, heureusement non suivi de raorl, et dont on ignore la cause, M. le docleur Berryer-Fontaine signale un accident de cette nature , et dont Tissue a ete funeste pour une Ch^vre qui avail mange des feuilles de Rhododendron. — M. le President informe la Societe du don de vingt-cinq Moutons a grosse queue de Brousse , dits Karamanlis , que lui fait S. Exc. M. le marechal Vaillant, minislre de la guerre, el qui parviendra franc de port jusqu'a Marseille par les soins du ministere — La Societe d'utilite publique du canton de Vaud, cor- respondante de la Societe imperiale d'acclimatation , deraande h. etre inscrite pour un demi-hectolitre de Riz sec de la Chine. Renvoye k la commission nommee. — Notre confrere M. Andre Leroy ecrit d'Angers pour in- former que les Glands de Chene de ia Chine qui lui ont ete re- mis onl germ6 , et que, dans I'espoir de recevoir des ceufs dii Ver k sole du Cheoe, il a ITiit planter iin certain nomhre de pieds des quatre especes europeennes Quercus tauza , Pedun- culata , Sessili- flora et Cerris. — M. le President annonce la distribution , par les soins de la comraission des veg6taux, et particuli6rement de M. le baron de Montgaudry, son president, desplantes adress^es par notre confrere, M. Hardy, direcleup de la pepini^re centraledu gou- vernement, k Hamma, en Algerie. — M. A. de Rothschild, qui en a recu corame membre de la Societe, remercie decel envoi. — M. de Larochefoucauld , due de Doudeauville, en sa qua- lite de president de la commission de surveillance de la Societe des Landes, accuse reception et remercie de la communication qui lui a ete faite des conclusions du rapport sur les Landes re- dige par la commission speciale dont M. Richard (du Cantal) etail le rapporteur. — II est donne lecture d'une lettre de notre confrere M. Fremy faisant connaitre les resultats de ses recherches sur les huiles de The , de Chou , de Coton et de Pois oleagineux, rapporlees de Chine par M. de Monligny, el qui avaient ete soumises a son examen. (Cette lettre sera inseree au Bulletin.) M. le President adresse k M. Fremy les remerctments de la Societe. — II est donn^ lecture d'un document, adress6 de Madrid , apprenant que S. M. la reine d'Espagne a pris en consideration les idees exposees dans deux raemoires relatifs a la n^cessite d'adopter des mesures propres k favoriser Tacclimatation des animaux utiles, et qui lui ont ete adresses, I'un par le Gonseil royal de I'agriculture, de I'industrie el du commerce , et I'au- Ire par M. le prol'esseur Graells. En consequence, une com- mission , choisie dans le sein de ce conseil , est chargee par le gouvcrnement espagnol d'etudier la question el de proposer un plan pour retablissemenl d'un jardin d'acclimatation des esp6- ces utiles k I'agriculture et k I'industrie. — 446 — — On lit une leltre de noire confrere M. Fernand Monnier de la Sizeranne, qui insiste sur les causes de depeuplement des eaux de la France, et sur rimporlance de la pisciculture pour parer h ce facheux etat de choses 11 pense qu'il serait utile de rechercher dans chaque departeraent les moyens pratiques de propager la pisciculture, afin d'arriver a un travail d'ensemble pour la France tout entiere. II se chargerait d'ailleurs volontiers des eludes relatives au departement de la Dr6me , qu'il habile , el donl le territoire est , du nord au midi , baigne par le Rh6ne, c'est-k-dire par le fleuve oii la navigation k la vapeur, si nuisible au Poisson pendant I'epoque du frai, a pris la plus grande ex- tension depuis quelques annees. Apres quelques observations de M. Adolphe Perier relatives h rimportance que le Conseil general de I'lsere a attachee a ce sujet, sur lequel il lui a ete fait un rapport oil sont discuiees les questions soulevees par M. de la Sizeranne, la lettre de ce der- nier est renvoyee a Texamen d'une commission composee de MM. le baron de Monlgaudry , president , Millet, Perier et de la Sizeranne. — M. Richard (du Cantal) rend compte du resullat de la souscription en faveur de la veuve Remy , laquelle monle, au 28 juin, h la somme de 2,308 fr. 90 c. A la suite d'observa- lions echangees entre ce membre et MM. Perier et Millet sur I'emploi le plus convenable a faire de ces fonds et sur lapubli- cile la plus grande k donner a la souscription , ce dernier fait la proposition , renvoyee a I'examcn du Conseil, d'adresser offi- ciellemenl le rapport de la Iroisieme section , relalif a la famille de Remy, aux secretaires de tons les Conseils generaux de France. — M. le President donne connaissance h la Societe d'une de- cision du Conseil portant que lescandidatsadmis depuis le 23 juin jusqu'a la premiere seance de rentree ne devront , pour I'annee courante, que le droit d'entree (10 fr.) el le prix du Bulletin, reduit pour eux k 9 fr. (ensemble , 19 fr.). Pendant la duree de la session, la colisalion annuelle reste fix6e a 2o fr. (ou 250 fr. une fois paves), el le droit d'entree, 10 fr. (ensemble 35 fr.). — 447 — ■ .., .,f„^ j-| nO — M. le baron de Montgaudry lit un travail ayanl pour li- tre : Indications sur la culture de I'lgname de Chine; rela- tion sur la marche de I'acclimatation des sentences importees en 18S4. (Voirau Bulletin, n' 6, p. 337.) — A cette occasion, M. Guerin-Menevilie informe que la Sociele d'agricullure a voulu temoigner k M. de Montigny sa reconnaissance pour les utiles introductions que I'agriculture lui doit en lui decernant unc medaille d'or du grand module, laquelle est la plus haute recompense qu'elle accordea ceux qui oni rendu des services k I'agricullure. — M. Davelouis lit un rapport au nom d'une commission nommee par la 2" section pour I'examen d'un projet d'oiselle- rie, et dont il faisait partie avec MM. Florent Prevost, presi- dent, Berryer-Fontaine, J. Michon, de Toulmon, et deux membres adjoints, MM. Ch. Jacque el Johnson. Ce rapport est accompagne d'une letlre du meme membre, qui I'a ecrile comme secretaire et par ordre de la 2* section. Celte lellre conlient des propositions relatives a des mesures qu'il semblerait convenahle d'adopler pour assurer la conser- vation des especes d'oiseaux rares et peu connues. (Voyez plus haul p. 401.) Les questions qui font I'objet de ce rapport et de cette lellre elant encore pendanles, M. Berryer-Fontaine demande que, hors le temps de la session, la Commission soil autorisee k se reunir, afin qu'elle puisse continuer ses etudes sur ce sujet. — M. le President fail observer que loules les commissions devronl continuer les Iravaux enlrepris par elles pendant la session. — II est donne lecture d'une letlre de M. le general Dau- nas accompagnant un travail dans lequel il defend Topinion soulenue par lui, d'apr^s ses observations el surlout d'apr^s celles de I'emir Abd el-Kader, savoir : que I'etalon est le pro- ducteur sur lequel il faul le plus compter; que le perfectionne- menl d'une race depend surlout du bon choix de eel etalon, el que I'influence de la jumenl est moins caracterisee, (Voir aa Bulletin.) — On lit, par extraits, un travail in^dit de M. J.-F. Brandt, traduit de I'allemand par notre confrere M . de Tchihatchef, et ayanl pour litre : Considerations sur ranimal nomme Capra aegagrus par Pallas, etsouche de la Chevre domestique. — M. le comtc de Fonlenay donne quelques renseigoements sur un couvoir artificiel actuellement en exercice a Paris. Des observations sur ce sujet spnt echangees entre M. Valserres et M. Guerin-Meneville, qui, k cette occasion, faitconnaitre la ma- chine k couver inventee par M. Vailee comme pouvant donner de tres bons resultats pour I'incubation des oeufs d'Oiseaux et pour I'eclosion dans les magnaneries. — M. Aug. Dumeril fait hommage a la Sociele de dix nu- m^ros du journal la Science, contenanl les dix premieres le- cons du cours d'ichlhyologie qu'il fait en ce moment au Mu- seum d'histoire naturelle comme suppleant de son pere. Cette premiere partie ayant 6te consacree a I'etude des divers modes d'utilit6 des Poissons, a des considerations generales sur les pe- ches et k I'exposition des principaux fails relalifs k la piscicul- ture, M. Aug. Dumeril passe en revue, d'une facon tr6s som- maire, les differenles questions qu'il a ete appele k trailer. (Voir au Bulletin.) — M. Aguillon adresse un travail imprime ayant pour litre : Guide mensuel d'horticulture toulonnaise et du midi de la France. — M. V. Chatel envoie une notice imprimee sur la maladie de la Vigne et les alterations de divers vegetaux. Le Secritaire des siancea, Aug. Dumeril. ';j"f BULLET I IN fe MEN8UEL DE LA SOCIEITE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle Ic 10 f^vrier fl9ft4 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCI^T^ RAPPORT FAIT A LA SOCi£t£ ZOOLOGIQUE D'ACCLIUATATION SUR L'AGRICULTURE DES PROPRieiES APPARTENANT A ^A COMPAGNIE D'EXPLOITATION DES LANDES DE BORDEAUX, Par U. niCHARU (da Cantal). (Stance du 3$ mai 1838.) Messieurs , La compagnie d'exploitation des landes de Bordeaux pos- sfede prfesdehuitmille hectares de terre dans les departements des Landes et de la Gironde. Cette compagnie, d^sirant refor- mer le mode d'exploitation, qui ne lui a pas paru rationnel, dans ses propri^tes, s'est adressee i notre Societe pour avoir son avis sur les moyens k employer pour tirer le meilleur parti pos- sible des productions-minerales , vegetales et animales, de la grande etendue de terrain qu'elle poss6de. Pour examiner cette question , une commission dont j'ai eu II 29 — 430 — I'honneur de faire partie fut nomm6e par notre honorable pre- sident(l). Deleguepourmerendresurleslieux ct fairedes etu- des pratiques dans le but d'eclairer la Societe et la compagnie des Landes sur tout ce qui peut se rapporter a sa grande exploitation , je viens aujourd'hui vous rendre compte de mes impressions, des faits que j'ai pu observer. Les landes de Gascogne comprennent, d'apres les statisti- ques admises, environ 750 lieues carrees dans une des con- trees les plus favorisees de la France, tant;par sa situation topo- graphique que par le climat. La majeure partie de cette immense etendue de terrain est improductive ; elle est couverte de bruye- res, d'ajoncs, de fougeres , etc. Le Pin maritime est I'es- sence speciale qui y est cultivee pour la production de la re- sine, principal revenu de ce pays, pour celle des goudrons, des bois de charpente ou de chauffage, et des charbons utilises dans le pays. La partie du sol exceptionnellement mise en culture reguliere produit ordinairement du seigle. Le prix de revient de ce grain ne couvre peut-etre pas ses frais d'exploitation, ce qui serait prouve par des chiffres si on te- nait dans les landes une comptabilite convenable ; mais je n'ai pas pu en trouver de suffisante pour baser mon opinion. La terre vegetale des Landes est generalement siliceuse ; elle est composee de sable fm melange de detritus vegetaux provenant de la decomposition periodique des plantes qu'elle produit. Elle repose sur un sous-sol generalement impermea- ble, ce qui a contribue jusqu'ici h rendre les cultures du sol landais si peu productives. Lorsqu'on parcourt les landes de Gascogne en general , d'u- nepart, etles dunes qui les bordent k Touest, sur les bords de rOcean, de I'autre, on est tout d'abord frappe d'un fait capi- (1) Cette commission fut composee deMM. le due de La Rochefoucauld da Doudeauville, president; Guerin-Meneville, secretaire; le marquis Amelot, le marquis de Bryas, Cerfbeer, Desportes, Frederic Jacquemart, Millet, le baron de Montgaudry, Potel-Lecouteux, de Saint-Priest, le marquis Seguier, le marquis de Selve, Tastet, J. Valserres, le marquis de Vibrave et Richard( du Cantal ) , rapporteur. — 451 — tal. Ce fait est que Ja culture des landes a ete abandonnee aux tristes conditions dans lesquelles on Ics observe. On n'y voit nuUe part la moindre trace du concours des sciences naturel- les, dont I'application peut changer la face de ce pays d6sol6. Les dunes seules, ces montagnes sableuses que les vents de- placent periodiquement, offrent les traces du profond savoir et du genie de Bremontier. Le corps des ponts et chauss^es, dont les fonctionnaires sont anciens el6ves de Tficole polytech- nique, et Tadministration des eaux et forets, qui compte dans son sein des hommes sp6ciaux sortis de I'ecole foresti6re de Nancy, continuent avec succes roeuvre si eminemment inge- nieuse et utile de lour illustre predecesseur. Mais, au point de vue purement agricole, je n'ai rien observe, dans les landes que j'ai parcourues, qui m'offritla moindre trace de I'application des plus simples Elements de la science de la nature du lieu et des moyens raisonnes de Texploiter convenablement. A I'exception des pins, les vegetaux cultives par intervalles, comme les ani- maux qui parcourent les bruyeres, sont dans I'etat le plus de- plorable. Nous le prouverons en revenant sur ce sujet. Les' quelques ruches, mal soign6es et d'ailleurs bien rares, que j'ai pu voir, ne font pas merae exception i la regie generale qui regit de temps immemorial la production landaise(l). Les proprietes de la corapagnie d'exploitation des landes de Bordeaux sont situees en majeure partie dans Tarrondissement de Mont-de-Marsan, et notamment dans les cantons de Mimizan, deParentis, de Castetz, et de Sabres; elles comprennent, d'a- pr6s la matrice cadastrale, 7,543 hectares; mais la nature de (i) Sexploitation des proprietes de la Corapagnie des Landes de Bor- deaux ne fait pas exception dans Tagriculture des Landes en general ; mais il ne serait pas juste d'en attribuer la cause au gerant actuel : le mal exi« stait avant qu'il entreprit la tclche difficile dont il est charge. Il s'agit main- tenant de le reparer, le mieux possible. J'indiquerai dans ce travail les moyens qui me paraissent les seuls capables de parvenir au but desire , et les etudes qu'il est indispensable de faire pour les conuaitre et les em- ployer avec succes. — 452 — leur sol est meilleure que celle de la moyeune des terrains des landes en general. En 1837, ces 7,543 hectares de terre etaient divises de maniere suivante : J*'*"**^ NOMS des PROPRIETES. NATURE. CONTENANCE PARXIELLE. XOTALR. liect. ares. cent. hect. ares. cent. 1 Pins 2,538 91 40 1 Terres labourables. 121 71 50 I Prairies 63 54 10 PONTENS 1 et J Bestaven ] (Landes). 1 JIarais et pacages. Chenes 127 173 46 71 10 60 Taillis 124 06 70 Landes Sol b4ti 3,125 7 98 73 40 80 J Jardins 10 37 80 Vergnes 88 71 50 I Etangs Pins 23 06 50 6,495 29 40 582 53 90 \ Labours 98 91 90 i Prairies 58 82 40 1 Marais 23 44 10 Casteja ) Chenes 29 63 50 (Landes). \ Landes 113 11 31 \ Taillis 3 67 40 J Jardins et vignes. . 4 89 60 ( Maisons 3 71 00 La Home, pres la Teste (Gironde). t . J* Vergnes Pins , terres et pre sale Ensemble 3 23 20 921 126 98 46 31 » 126 46 » 7,5 i 3 73 71 Depuis 1837, 2,412 hectares de landes ont et6 plantes ou — 453 — ensemenc6s de pins. Cependant il resterait encore environ 1 ,200 hectares de landes improductives qu'il importerait de mettre en produit immcdiatoment. En etudiant le terrain que j'ai parcouru, j'ai dft examiner, autant que le temps limite dont j'avais k disposer pouvait me le permettre, quel serait le raeilleur moyen d'exploitation k adopter pour ces terrcs , afin d'en obtenir les produits les plus avantageux possibles. Voici quelles ont 6t6 mes impressions apr^s avoir observe rapidement les conditions physiques , la constitution geologique de ce pays , les moeurs , les habitudes et I'aptitude actuello de ses habitants. La production minerale des proprietes de la Compagnie des landes de Bordeaux offre quelques ressources dont on a essaye Texploitation d'une mani^re trop incomplete. Ces proprietes, en effet, poss6dent, sur divers points de leur 6tendue, des bancs d'argile dont on pourrait tirer un grand parti pour la confection des tuiles , des briques et des tuyaux de drainage, qui doivent avoir un jour un immense debouche dans le sol humide des landes. Le combustible est abondant; il est, sur place, k tr6s bon marche, et des tuileries bien etablies, judicieusement di- ngoes, fourniraient un tr6s bon moyen de I'employer. Deux fours k briques , appartenant i la compagnie , ont deji fonc- tionn6; mais les produits qu'ils ont fournis etaient d'une qualite si mauvaise, k defaut de bonne preparation des mati^res pre- mieres , qu'ils n'ont pu satisfaire la consommation d'une ma- ni^re convenable. Cependant cette consommation est tr^sgran- de dans les landes, oii lapierre^ bdtir manque. La confection de tuiles et de briques de bonne quality pour des services di- vers offrirait done de grandes ressources , des benefices assu- res ; mais il faudrait faire sur ce point des etudes de confec- tion, de fabrication technique, qui ont6t6 completement negli- gees, trop ignorees. Une forge destin^e k la fabrication du fer et des fontes a 6t^ annexee fila terre dite de Pontens. Cette usine offrait un de- bouche considerable aux charbons fails avec les bois de la propriete ; mais la difficulte de se procurer les minerals, qu'on — 454 — etait oblige d aller chercher au loin ; les frais de lour transport dans un pays isole , depourvu de bonnes voies dc communica- tion ; les conditions danslesquellessetrouve cet etablissement, monte d'apres d'anciennes methodes , en face d'autres usines du meme genre si bien organisees d'apres de nouveaux procedes d'exploitation, et la maniere dont il etait utilise , n'ont pas per- mis de soutenir une concurrence qui a occasionne des pertes a la Compagnie. D'autre part, lescharbons employes ont augmente aujourd'huidans degrandes proportions, depuis I'etablissement du chemin de fer qui traverse les landes, de Bordeaux ^ Bayon- ne. Le prix des fers n'a pas augmente dans les memes propor- tions ; il en est resulte que leur prix de revient s'est accru de ma- niere Prendre leur fabrication onereuse. Cette industrie , dans les conditions ou je I'ai trouvee , doit done etre modifiee ou abandonnee, pour faire place k toute autre exploitation lucra- tive qu'il serait possible d'etablir apres des etudes serieuses faites sur les lieux. Les batiments de la forge , qui sont con- siderables , et la chute d'eau abondante qui s'y trouve , pour- raient, sans doute, etre utilises pour une destination plusfruc- tueuse. Ce serait done, je le repute, une question k etudier. La production minerale des proprietes de la Compagnie des landes de Bordeaux, telle qu'elle est dans ce moment, est d'u- ne importance relative tres secondaire, si nous la comparons h la'production v6getale. Quoique celle-cisoitloin d'etre compri- se comma elle devrait I'etre , et qu'elle ne produise pas , tant s'en faut , le revenu qu'elle devrait donner si des operations raisonnees suivant de bons principes scientifiques en diri- geaientl'exploitation, elle n'en forme pas moins la principale ri- chesse du lieu. Voici quel serait mon avis surle mode d'ex- ploitation des landes en general ; nous dirons ensuite ce qu'il importerait de faire en particulier dans les proprietes de la Compagnie que j'ai specialement ete charge d'etudier. I Lorsqu'on veut exploiter un sol, quelle que soit sa nature, il faut s'assurer d'abord de ses conditions topographiques , geologiques et chimiques , pour savoir quel genre de vege- taux ou d'animaux il pourra produire avec avantage. Le meil- — 455 — leur moyen k employer pour ne pas s'exposer k des deceptions sur ce point capital dans loute entreprise agricolc , c'est d'ob- server avec soin Ics esp^ces des veg^taux et des animaux de la contree qu'on etudie. C'est \h une consultation de la nature,^ laquelle il ne faut jamais manquer de recourir, parceque cette consultation doitd'abord servir de base au jugement qu'on doit porter, aux operations qu'on doit pratiquer. Tout agriculteur qui n'op6re pas ainsi avant d'entreprendre la moindre exploi- tation agricole , dans quelque lieu que ce soit, ct surtout dans un pays mal etudie, comme les landes, non seuleraent manque de la prudence qui est toujours et partout indispensable au cultivateur, mais il prouve qu'il ne connait pas son metier ; c'est un agriculteur de cabinet , qui doit necessairement se miner s'il lui prend fantaisie de cultiver, ou qui doit ruiner ceux pour le compte desquels il op^re. , , Lorsque les conditions physiques et chimiques du sol sont connues, lorsque les esp6ces, la nature des vegetaux et des animaux qu'il produitont etebien etudiees, d'apres les regies si judicieusement tracees par les sciences naturelles appliquees , on doit se livrer k un second examen ; et, dans la pratique, ce dernier n'est pas, k notre avis, moins important que celui dont je viens de vous parler. Get examen consiste dans I'etude des coutumes et des moeurs des habitants au milieu desquels on se trouve. On doit, dans ce cas, exercer son esprit d'observation de la mani6re la plus minutieuse, la plus etendue ; et je pour- rais citer plus d'un agriculteur qui , malgre son instruction , a 6choue dans son entreprise pour avoir neglige de tenir compte de I'observation que je fais ici. On n'impose pas aussi facile- ment que le pensent des agriculteurs de theorie certains pro- cedes culturaux , quelque bien raisonnes qu'ils soient , k des populations agricoles qui les ignorent ou ne les comprennent pas. Les cultivateurs , malheureusement encore trop pen 6clai- r6s en France sur leur m6tier, en general , ont quelquefois 6t6 tellement induits en erreur par des reveurs agricoles , qu'ils se mefient (et nous sommes loin de leur en faire un crime) de toule innovation dans la marche qu'ils ont suivie depuis des- — 456 — isifecles, de g^n^ration en generation. lis savent oii ils arrive- ront avec la route qu'ils ont adoptee, quelque mal tracee qu'elle soit ; ils ignorent oti les conduirait celle qu'on veut leur indi- quer, avant de leur avoir appris, par Texemple bien constate , quels sent les avantages pratiques qu'ils en retireront. La nature du sol des landes de Bordeaux , comme le genre d'exploitation k y adopter aujourd'hui, simplifie beaucoup la difficulte que je signale ici au sujet des populations agricoles. Ce genre d'exploitation, en effet, pent se reduire dans le pays k une culture assez simple, quoiqu'elle exige des connaissan- ces approfondies en histoire naturelle generale pour etre bien pratiquee. D'un autre c6te, cette heureuse condition agricole s'harmonise parfaitement avec les coutumes et les moeurs des habitants de la localite. Je vais'dire pourquoi. Le sol des landes , tel qu'il est aujourd'hui , ne pent etre soumis avec fruit qu'i trois regimes culturaux , savoir : le re- gime sylvicole, le regime fourrager et le regime pastoral. La culture des cereales ne peut etre faite que par exception , dans certains fonds bien choisis et ameliores , bien fumes et soumis k un bon assolement. Je donnerai plus loin les raisons sur les- quelles j'ai fond6 mon opinion sur ce point. (La suite au prochain numero.) -^ 457 — RAPPORT SUR LES ANIMAUX ET LES GRAINES DE VEGETAUX ENVOtAs en ALSACE PAR LA 80CI16t6 IMPfiRIALB ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION, Par If. filACC, MEMBRE ET D^L^GD^ DG LA SOCI^T^. •: (S6ance du 27 juillet 1885.) Wesserling (Haut-Rhin), le 14 Juillet isss. Monsieur le President , Je vous adresse ci-inclus mon rapport semestriel sur les ani- maux que la Society imperiale d'acclimatalion a bien voulucon- fier a mes soins; j'y joins aussi quelques notes sur les graines qu'elle m'a charge de distribuer. INSECTES. Les Vers h soie de Chang-hai sont eclos, le 25 raai, dans une chambre sombre et froide; I'eclosion s'esl achevee d^s le lendemain. La premiere mue a eu lieu le 2 juin, la seconde le 8 juin, la Iroisieme le 13 juin; une petite absence m'a empS- che d'observer la quatri6me mue. Le 30 juin a 6le commence le premier cocon , et le dernier a ete file le 5 juillet. Je vous les ai tons adresses dfes qu'ils ont ete acheves. Tons les Vers que — 458 — j'ai eus etaient de race blanche , gras et forts; lescocons ensont petits, durs, tres bien constitucs; la soie Ires fine et de la plus eclatanle blancheur. C'est une excellente variete, qu'on ne pourra point assez propager dans les pays oil le Miirier reussit, ce qui n'est pas le cas du n6tre. Mon essai n'a porte que sur le quart de la graine que vous m'avez envoyee ; le second quart a ete reniis k notre confrere, M. Justin Mura, chez lequel il n'a pas reussi ; le troisieme , chez M. Jacques Gras . k Guebwil- Icr, qui ne m'en a pas donne de nouvelles ; et le quatrieme, chez M. Daniel Koechlin, aMulhouse, qui est dans le m^me cas que M. Gras. L'eclosion s'est faite sur un tres petit nombre d'oeufs; la plu- part etaient gates; puis la grasserie a sevi sur mes Vers , de maniere a m'en tuer les neuf dixiemes, malgre tous les soins que j'ai pris pour arreter cette vilaine maladie, qui a sevi sur les Vers depuis la seconde mue jusque dans leur cocon : car il m'en est mort plus de trenle ayant deja commence k filer. MAMMIFfeRES. Pores. — Au mois d'oclobre dernier, j'ai recu une paire do jeunes Pores de Chine, nes le 2 septembre, eten brillante sanle; je les ai nourris avec du lait, puis avec des pommes de terre et du son detrempe el legerement sal^. Ces animaux se sont ad- rairablement bien portes jusqu'a ce jour, sauf le Verrat, qui a eu deux atteintes de convulsions, que j'ai arrelees court avec une infusion aqueuse de rhubarbe. Le 2 avril, la Truie, qui etait en chaleur depuis la veille, a ete couverte plusieurs fois de suite. Aujourd'hui elle se prepare a meltre bas, et ses ma- melles sont deja pleines de lait. Le 16 courant, j'ai envoye le Verrat a notre confrere M. Eglinger, de Mollau, qui desirait le croiser avec des Truies du pays. Cette precaution etait d'ail- leurs devenue indispensable pour assurer la iranquillite de la Truie durant les derniers jours de sa gestation. Chevres d'Egypte.—Lti Chevre d'figypte, couverte par mon bouc demi-sang a avorte en mars, oii elle a mis bas deux — 489 — Chevreaiix de Irois niois environ. Des lors , elle a donne un et demi a un demi-lilre d'excellent lait chaque jour. Elle a ete de nouveau saillie hier, 21 juillct. Celle bete estrobusle; elle mange bien et preftre bcaucoup le foin an vert. Je vou- drais beaucoup avoir encore un Bono et une Chevre de cetle esp^ce, si excellenle laitiere qu'on devrait la rencontrer dans tous les menages soigneux de la sanie de leurs enfants. Le lait de cette Ch6vre est absolumenl inodore et environ deux fois plus riche en beurre que celui deVache. yiin <> :>op Chevres d' Angora. — Le troupeau que vons nt'arez' en- voye est compose de neuf tetes, savoir : deux vieux Boucs, un jeune Bouc et six Chevres. II s'est augmenle ici de deux indi- vidus : une Chevrette de couleur jaune, nee le 12 mai, et un Bouc blanc, n^ le 22 mai. Tous les deux sont en bonne sanl6, mais n'onl pas encore de soie, tandis qu'elle orne dejk le jeune Bouc ne k Paris (1). Le 15 juin, toutes les Chevres avaient perdu leur soie; elles avaient alors tout I'aspect de Chevres blanches ordinaires; mais la soie n'a pas larde a reparaitre d6s le 25 juin, et elle s'est accrue si rapidement, qu'aujourd'hui elle mesure dejk cinq k six centimetres , et ondoie au soleil comme si elle 6tait revetue d'une couche d'argent. L'aspect de ces Chevres a quelque chose de feerique : elles sont bien une des plus gracieuses, une des plus brillantes productions que la bonle de Dieu ait accordees k la nature. L'appetit des Angoras, insatiable au debut, est devenutr^sfai- ble depuis qu'elles se sont mises bien en chair; elles ne man- gent cerlainemenl pas plus que des Moulons de meme taille, et pref^rent beaucoup le foin au vert. Je leur donne chaque soir du son delrempe avec du sel , dont elles sont tres avides. La soie recoltee elait Irfes tine et absolumcnt cxemple de (1) Ce troupeau est reparti de la maniere suivante : Un Bouc et une Chevre, a Storhenson, chez M. Roman p^re; un Bouc et deux Chevres, a Wesserling, chezM. Marozeau; trois Chevres, deux Chevreaux mAIes, unfemelle, 4 Wesserling, chez M. Sacc : 11 t^tes en tout. % — 460 ~ laine, saufchez une seuleChevre. Son poids s'eleve en moyenne h deux kilogrammes par lete, et probablement au double chezles Boucs. Le lait n'est pas abondant. La meilleurelaitiere de mes An- goras ne donne que 20 centilitres de lail par jour; mais il est aussi gras que celui de Brebis, et excellent sous tous les rap- ports. Du resle, depuis qu'on trait les Angoras, la quanlite de leur lait a singulierement augmente , puisqu'elle n'etait d'abord que d'une cuillereek bouche. Graines de Chine, — Les Pois n'ont pas leve; les Haricots ont fort mal leve, ou sont morts k la seconde feuille. Nous n'en avons plus k Wesserling que cinq pieds en vie. L'Alpiste se porte k merveille, talle beaucoup et nous promet un produit vraiment enorme. Le Riz a mis 25 jours k lever. Nous venons de le repiquer ; il commence k taller, et s'annonce bien. Le Dioscorea leve partout avec une grande vigueur. Toutes ces plantes ont ete remises k Irente-deux personnes, la plupart membres de la Society. Agreez, etc. Sacc, Delegue de la Societe imperiale d'acclimatationy A Wesserling. — 461 SUR LE CHEVAL DE GUERRE. lettrb adress^e a m. le ph^sident de la soci^t^ imp&riale zoologiqdb d'acclihatation par lo general E. DAVM AS. (Stance du S3 juin 1855.) t Monsieur le President, J'ai rhonneur de soumettre au jugement de la Societe sa- vante que vous presidez quelques observations sur les Che- vaux d'Afrique. Comme Chevaux de guerre, je ne pense pas qu'on puisse en trouver de meilleurs. Cette race precieuse re- unit i I'energie la docility , la sobri6t6, la resistance aux fati- gues, k la chaleur, au froid, etc. J'ai eu occasion de me con- vaincre de ce fait pendant les longues ann6es que j'ai passees en Afrique ; je I'ai signals en 1851 dans I'ouvrage que j'ai pu- blic sur les Chevaux du Sahara. Les evenements recents de Crim6e et I'^preuve qu'ont subie les Chevaux de I'armee dans cette grande et glorieuse expedition sont un t^moignage ecla- tant de la verite que j 'avals avancee dans mes ecrits. La superiorite du Cheval de nos possessions africaines n'^tait pasdouteuse pour moi ; mais j'avais un devoir iremplir. J'avais k produire cette opinion, depuis long-temps accreditee dans I'arm^e d'Afrique, et qui Test aujourd'hui dans celled'O- rient. J'ai voulu concourir i 6clairer mon pays sur cette grave question de notre force nationale, et j'ai cherche i signaler les moyens de perfectionner nos races propresaux remontes. Pour — 462 — parvenir h ce but, j'ai pense que je ne pouvais mieux faire que d'etudier par quel precede les Arabes sont parvenus a for- mer et k conserver un type de Cheval aussi precieux. J'avais toujours cru, comme je le crois encore, que FEtalon etait le producteur sur lequel il fallait le plus compter, que le perfec- tionnement d'une race dependait surtout du bon choix qu'on devait en faire, et que I'influence de la Jument etait moins ca- racterisee ; cependant un inspecteur d'un talent bien connu, envoye en Orient par le gouvernement pour etudier avec soin les races et acheter des producteurs, contesta mes opinions sur C3 point dans une lettre qu'il me fit I'honneur de m'ecrire. L'avis de M. Petiniaud dilt naturellement m'emouvoir. Ce savant hippiatre m'affirmait que les Arabes avaient plus d'es- time pour la Jument que pour I'Etalon, d'ou il concluait que la femelle devait avoir une plus grande action que le male sur la purete dela race et sur les qualites du produit. L'autorite scien- tifique de M, Petiniaud me fit faire de nouvelles recherches, prendre de nouvelles informations, et je songeai a soumettre la question h Tun des hommes les plus capables de la traitor au point de vue pratique et de I'observation des faits. Get homme est I'emir Abd-el-Kader, qui a fait du Cheval de guer- re et de son perfectionnement une etude speciale et approfon- die. L'autorite de I'tmir ne saurait etre contestee en matiere de Chevaux, et, comme je ne veux pas etre juge et partie dans le differend, je lui laisse le soin de repondre k M. Petiniaud. Je vais reproduire les deux lettres ; elles forment les pieces du proces, et les lecteurs jugeront : Lettre de M. Petiniaud. « Paris, 28 octobre 1854. a Apres trois ans de courses chez les tribus qui campentdepuis Diarbe- kiret Alep jusqu'aux conflns du Nedjcd , je rentrai a Baghdad en Janvier dernier. Parmi les papiers qui m'y attendaient , je trouvai un journal des haras contenant un article sur les Chevaux du Sahara. La lecture de ce morceau trop court , mais qui denotait une si profonde connaissance de — 463 — I'Arabe et de son Cheval, minspira le desir de posseder I'ouvrage entier. A mon arrivee en France , vous avez eu I'extreme obligeance de me I'en- voyer : je dois avant tout vous prier d'agreer Tcxpression de ma recon- naissance. " Personne ne pouvait lire avec un plus grand interdt que moi un ou- vrage que vous auriez pu certainement intituler : Du Cheval arabe d'Asie el d'Afrique; car, tel est Tesprit de tradition de ce peuple exceptionnel , qu'a chaque ligne je reconnaissais dans les moeurs des Mogrebins les moeurs de leurs ancdtres les Nedjeds, et cela apres une separation de biea des siecles. « En 1851, je descendais le Tigre de Mossoul a Baghdad; j'avais entre les mains un volume d'Herodote. Toutes ses descriptions des iiommes et des choses etaient encore pleines d'aclualil^. Ainsi il depeignait, il y a deux mille trois cents ans, les moeurs des Arabes d'aujourd'bui avec la merae fidelite que vous, mon general, vous avez su depeindre en Afri- que les Arabes d'Asie; le temps et I'espace sont impuissants devant Tira- muabilite de telles moeurs. Guerres intestines, fantasias, chasses, amour pour le cheval , etc. , j'ai tout vu en Asie , tel que vous I'avez decrit en Afrique. « Voire ouvrage, qui a le grand meritede contenir loute la verite et eu mdme temps rien que la verite , est appele a exercer une grande influence sur I'education du Cheval en France. Cette lecture pleine de charmes deve- ioppera le gout du Cheval chez ceux qui ne s'en sont pas encore occupes, et nos eleveurs puiseront d'utiles documents parmi les nombreux faits d'e- ducation que vous citez avec Tautorite d'une longue et si intelligente ex- perience, lis apprendront entin a ne plus reserver leur admiration pour un Cheval dont la premiere qualite est la graisse, et ils connaitront les avan- lages que Ton doit retirer de I'exercice precoce auquel on soumet le pou- lain pendant son premier 4ge. Le Cheval est dans le iravail , diseot les Arabes. 11 faut done I'y habituer de bonne beure. ic J'ai vu tous les Arabes, et surtout les Nedjeds, soumettre leurs Cbe- vaux de deux a trois ans aux plus rudes epreuves. lis les reduisent , a force de travail , a la derniere expression de misere. Apres ces rudes epreuves, le moindre repos remet le Cheval, et son inaitre salt alors ce qu'il doit en esperer, « Il est un fait cepeudant qui m'etonne , permettez-moi de vous en par- ler : c'est la superiorite qu'Abd-el-Kader accorde au Cheval sur la Jument, et cela de la raanierg la plus positive. Chez tous les Arabes d'Asie, et sur- tout chez les Nedjeds et les Annazas, ou se trouvent, sans contredit, les premieres races de Chevaux, la Jument est consideree comme bien supe- rieure au Cheval, el je ne puis croire que le seul motif d'interet determine les Arabes a placer la Jument si au dessus du Cheval. « A la naissance d"un poulain , quelle que soil la noblesse de son sang , son arrivee est pour ainsi dire regardee comme un malbeur. Nait-U une — 464 — pouliche , au contraire , grande joie , grande fete dans toute la famille Cette pouliche est appelee a continuer la race : Mahomel est entre dans la tente. Ni femmes ni enfants ne se permettraient de soustraire une goutte du lait quepeuvent donner Chamelles, Chevres, Brebis, etc. Tout est re- serve a I'heureuse pouliche, objet de I'amour et des plus tendres soins de la partde tous les habitants de la tente. « Les plus beaux chevaux des Nedjeds sont facilement vendus : on les embarque sur les ports du golfe Persique pour les Indes anglaises. A leur arrivee a Bombay, ils coutent de 8 a 12,000 fr. et une moitie des prix de courses. Quant aux Juments de pur sang, il est bien difficile, sinon impos- sible , de se les procurer. (c Abbas , pacha d'Egypte , a depuis sept ou huit ans des agents qui cou- rent en tous sens. lis sont parvenus a en acheter vingt-trois ou vingt- quatre. Elles ontete payees de 22,000 a 50,000 fr., et sur ces vingt-qua- tre il est de notoriete publique que douze ou treize seulement etaient vrai- ment de premiere race. J'ai vu payer celle qui coutait le moins cher 86,000 piastres (la piastre, 4 1/2 =r 1 fr.). C'etait a un pauvre diable qui n'avait d'aUtre fortune que sa Jument. II avait long-temps resiste aux offres qui lui etaient faites ; sa famille avait profile d'une de ses absences pour les accepter. Ce malheureux pleurait a chaudes larmes tout en comptanl le monceau de pieces d'or qui etait devant lui. Que d'exemples je pour- rais vous citer dans ce genre ! « Voici encore un fait general a I'appui de la haute estime que les Ara- bes ont pour la Jument relativement au Cheval. Veulent-ils parler d'un animal qui a laisse dans la memoire des Arabes le souvenir d'une bonte re- marquable ou de quelques courses extraordinaires , vous n'entendrez ja- mais dire: «Le fameux Cheval du cheikh un tel», mais toujours : « La Jument du cheikh un tel. » « En dehors de cette difference , toutes les paroles d'Abd-el-Kader et les v6tres sont celles qui sont dans la bouche de tous les sporlmen de I'Asie. » La lecture de cette lettre fit une vive impression sur moi. Un temoignage considerable confirmait ce que j'avais' ecrit sur les Arabes. Je pouvais avoir mal observe ; on m'avait peut- etre induit en erreur. Les musulmans sont fanatiques et me- fiants: ne devais-je pas craindre qu'ils ne se fussent fait un de- voir en meme temps qu'un plaisir de me tromper ? Tromper un Chretien, c'etait alors une action si meritoire ! Eh bien ! non, j'elais dans le vrai : en voyantet en interrogeant les Arabes — 465 — de rAlgerie, j'avais vu et entendu les Arabes de la souche pri- mitive. Et puis, dans tout cela. je trouvais encore unsujet in^puisa- ble de profondes meditations. N'etait-ce pas en effet quelque chose d'admirable que de voir un peuple diss6min6 sur de vas- tes espaces, du golfe Persique k I'Ocean, sans voies de com- munications, sans imprimerie, sans t616graphes, sans aucun des moyens de civilisation moderne, mais parlant la m6me langue, obeissant ^ la meme loi et conservant par la simple tradition, aussi bien que nous aurions pu le faire par des li- vres, les usages, les moeurs et jusqu'aux preceptes de ses p6- res? Cette unit6 dans de pareilles conditions etait vraiment de nature k inspirer I'etonnement. Quoi qu'il en soit, il restait entre M. P6tiniaud et moi une question chevaline tr6s importante k elucider : celle de la su- periority du Cheval sur la Juraent , ou de la Jument sur le Cheval. J'affirmais que les Arabes ne donnaient la preference k la Jument que parcequ'eUe fail des petiis et que ces petits rapportent de I'argent, et quelquefois beaucoup d' argent. M. P6tiniaud voyait au contraire dans cette preference une preuve de la sup6riorite que les Arabes auraient, selon lui, accordee k la Jument. Comme I'opinion de M. Petiniaud ne s'etait pas form^e k la leg6re, qu'elle etait le r^sultat de lon- gues et consciencieuses observations, que pour etre deracin^e elle avait besoin d'une autorite plus considerable que la mien- ne, je lui proposai de faire intervenir Abd-el-Kader dans ce debat. Je fis remarquer k M. Petiniaud qu'aucun arbitre n'e- tait plus competent que I'emir, qu'il etait sur les lieux, qu'il voyait chaque jour les hommes les plus influents du desert, que parmi ses compagnons il en etait qui avaient une ceie- brite incontestee en mati6re chevaline, qu'enfin, quoi qu'il de- ciddt, notre desaccord devant tourner au profit de la scien- ce, nous aurions tousles deux k nous feiiciter du resultat obte- nu. M. Petiniaud accepta, et voici la reponse qu'Abd-el-Ka- der fit aux questions que je lui posai : II 30 — 466 — Beponses de V6mir aux questions qui hi furentposees. LA JUMENT ET L'fiTALON. « Louange au Dieu unique, « Son rfegne seul est eternal. » « A celui que nous aimons, h celui qui sail rendre simples les affaires les plus difficiles, le general Daumas. Que le salut soit sur vous et votre famille, ainsi que la misericorde et la be- nediction de Dieu ! Et ensuite je vous dirai que j'ai regu votre lettre cherie ; elle contient des questions tres graves sur la ra- ce chevaline. Je vais y repondre de mon mieux et point par point. « Premiere question. — La m^re donne- t-elle au poulain plus de ses qualites et perfections que I'Etalon ; ou bien , au contraire, le poulain prend-il plus des qualites et perfections de son pere ? « Voici ma reponse : « Le poulain provient de I'iltalon et de la Jument, cela est vrai ; mais Texperience des siecles a demontre que les parties essentielles de son corps, — comme les os, les tendons, les jierfs et les veines, — procedent toujours du pere. II n'y a pas de doute k elever 1^-dessus, car le dernier Arabe sait aujour- d'hui que toutes les maladies qui sont inherentes aux os, aux tendons, aux nerfs et aux veines, et qui se trouvent dans FEta- lon au moment de la monte, se perpetuent dans son produit, quelque temps qui s'ecoule. — Je citerai notamment les exosto- ses , les formes, la jarde, les varices et le addeur ( la dou- leur) (1)., « La mere peut donner au produit la couleur de sa robe, sa ressemblance et quelque chose de sa structure: il faut bien que le poulain tienne, par certains cotes, de celle qui Ta si long-temps porte dans ses flancs ; mais c'est incontestable- ment I'Etalon qui lui donne la force des os, la vigueur des nerfs, la solidite des tendons, la rapidite de la course, les qua- (1) Maladie de la colonne vert^brale. — 467 — lit6s pnncipales enfin. II lui communique en outre ses facultes morales, et, s'il est v6ritablement noble, le preserve de tout vice. « Nos pferes ont dit : El adud h6r md andouche he'ila (le Cheval noble n'a pas de malices). « L'Arabe pr6te TEtalon gratuitement , il ne le loue jamais. « Prater un Etalon pour de Targent est k ses yeux Taction la plus ignoble et la plus contraire k la g(^nerosit6 qui le distin- gue, et pour laquelle il est si justement renomm6. Bien que la loi le permette, I'usage interdit absolument ce commerce, et je n'en ai, pour mon compte, jamais vu d'exemple. Cependant, si TArabe pr6te son fitalon gratuitement, il ne le pr6te pas pour cela au premier venu et pour la premiere Jument venue. Non: le demandeur est souvent oblige d'employer Tintercession de gens inspirant le respect, ou meme de ses femmes, s'il ne veut pas voir sa demande repoussee. « D'un autre c6te, Ics Arabes sont tr^s difficiles sur le choix de rfitalon, et s'ils ne trouventpas pour leurs Juments de ra- ce un Etalon de sang pur, ils aiment mieux les laisser deux ou trois ans improductives que de les faire saillir par un Cheval commun. Veulent-ils un bon Etalon, ils n'hesitent pas k entre- prendre les voyages les plus lointains. « II y a des Arabes qui ferment la vulve de leurs Juments au moyen d'une esp6ce de cadenas appele takhise, afin d'en em- pecher Taccouplement par surprise avec un Cheval commun. Quand cet accident arrive dans les pAturages et qu'on en est instruit k temps, ils s'empressent d'introduire la main dans le fond du vagin, et le lavent avec une infusion de certaines dro- gues auxquelles ils attribuent la propriete d'aneantir les effets de la liqueur du mSle. Ces precautions, en m§me temps qu'el- les demontrent I'importance qui s'attache k Tfi talon, assurent la conservation des races, k laquelle I'Arabe veille avec un soin aussi jaloux qu'au maintien de la purete du sang dans sa pro- pre faraille. « Ce qui precede vous a deji indiqu6 ma conclusion : k pe- re donne au produit plus que la mere. ) — 468 — « Et ma conclusion est identique avec Topinion universelle des Arabes. lis disent : El horr iteba el falial (le poulain suit Tetalon). « Je conviens cependant que le meilleur produit est celui d'un pere et d'une mere tous deux de race pure. Dans ce cas , c'est de for qui s'allie avec de I'or. » « Deuxieme question. — Si du pere ou de la mere Tun doit etre d ori- gine commune , vaut-il mieux que ce soit le pere ; ou bien y a-t-il moins d'inconvenients a ce que ce soit la mere ? » « Voici ma reponse : « Sachez que ces questions ont de tout temps occupe nos p6res. Apres de longues experiences, ils ont divis6 la race chevaline en quatre grandes families, auxquelles,pourles dis- tinguer , ils ont donne les noms suivants : le horr, le hadjine, le mekueref et le herdoune. « Le horr est celui dont le pere et la mere sont nobles. II marche en tete. « Le hadjine est celui dont le pfere est noble et la mere d'o- rigine commune. II est moins considere que \ehorr, etsonnom el hadjine (incomplet, defectueux) lui vient du mot houdjena (vice, defaut). « Le mekueref est celui dont la mere est de sang pur et le pere de sang mele. Bien qu'il s'approche du hadjine, il est loin de le valoir; son nom lui vient de karaf (melange). Le hadjine lui est superieur, comme Fhomme dont le pere est no- ble et la mere negresse est superieur k celui dont la mere est noble et le pere negre. (c Le herdoune, enfin , est celui dont ni le pere ni la me- re ne sont nobles. C'est le cheval etranger a nos pays ; il est classe le dernier. « Le fameux po6te El-Tamimi a dit en parlant d'un Stalon renomme : « II est le produit de deux coureurs celebres qui Tout engendre, etdontil reunit k lui seul toutes les qualites.)> « II a dit encore : « Voyez cet alezan ferme , a crins noirs (bai brun) : il est incomparable de vitesse et de beaute ; on re- — 469 — connalt en lui la race de ses oncles paternels et raaternels dont I'Arabie a tant parle. » « Leprixdu Cheval est dans sa race. » a Troisieme question. — Oa m'assure que les Arabes preferent la Ju- ment au Cheval. Cette preference provient-elle ou des avantages qu'ils peuvent en retirerpar la vente des produits, ou de ce que le poulain tient plus de sa mere que de I'Etalon , ou enfin de ce que les services de la Jument sent preferables a ceux du Cheval? u « Void ma r^ponse : « Les Arabes pr^ftrent les Juments aux Chevaux , cela est vrai , mais seulement pour les trois motifs suivants : « Le premier, c'est qu'ils consid6rent le benefice qu'on peut attendre d'une jument comme Tun des plus considerables, puisque Ton a vu des Arabes retirer jusqu'^ 15 ou 20,000 douros (75 ou 100,000 f.) des produits d'une seule Jument. On les entend souvent s'ecrier : La tete de la richesse, 'cest une Jument quiproduit une Jument. « Et cette pens6e est encore corroboree chez eux par notre seigneur Mohammed , I'envoye de Dieu ; il a dit : a Preferez les Juments , car leur ventre est un tresor , et leur dos un siege d'bonneur. (c Le plus grand des biens est une femme intelligente , ou une Jument qui donne beaucoup de poulains. » « Ces paroles sont expliquees ainsi par les commentateurs : leur ventre est un tresor, parce que la Jument , par ses pro- duits , augmente la fortune de son maitre , — et leur dos un siege d'honneur, parce que I'^quitation de la Jument est plus agreable et plus facile; on va meme jusqu'^ pretendre que par la douceur de ses allures elle pourrait i la longue amoUir le cavalier. « Le second motif, c'est que la Jument ne hcnnit pas k la guerre, qu'elle est plus insensible que I'Etalon a la faim, k la soif, k la chaleur, et qu'elle rend des lors plusde services^ un peuple dont la fortune consiste en troupeaux de Chameaux et de Moutons. Or tout le monde sail que les Chameaux et les — 470 — Moutons ne prosperent veritablement que dans le Sahara , oii les terres sont tellement arides que beaucoup d'Arabes, s'a- breuvant habituellement de lait , ne peuvent boire de Teau que tons les huit ou dix jours, C'est une consequence de la longue distance qui separe souvent les campements pratiques en vue des pftturages des lieux oii il y a des puits. « La Jument est comme le Serpent : sa force s'augmente au moment de la chaleur et dans les terres brulantes. Le Serpent qui vit dans un pays froid ou dans I'eau a peu de courage et de venin , de telle sorte que sa morsure est rarement mortelle, tandis que le Serpent qui vit dans un pays chaud est plus vif et voit s'accroitre la violence de son poison. Au contraire du Cheval , qui supporte moins bien les ardeurs du soleil , la Ju- ment (et cela tient sans doute h sa constitution) sent redoubler son Anergic au plus fort de la chaleur. « Le troisieme motif enfin , c'est le peu de soins que neces- site la Jument. Elle senourritde peu; sonmaitre la conduit ou I'envoie manger des plantes avecles Moutons et les Chameaux. II n'a pas besoin d'instituer un gardien qui soit toujours pre- sent. « L'fitalon, lui, ne saurait se passer d'etre mieux nourri, et son maitre ne pent Fenvoyer au paturage que surveille par un sa'is (palefrenier), car s'il voit une Jument, il la suit. « Telles sont les veritables causes de la preference que les Arabes ont pour leurs Juments. Cette preference ne vient done pas de ce que le poulain emprunte plus de qualites h sa mere qu'^ son pere ; elle ne vient pas non plus de ce qu'il est pre- ferable , en tout lieu et en toute occasion , de monter une Ju- ment plutot qu'un Cheval ; non : elle s'appuie d'un cote sur des interets materiels , et de Tautre sur les necessites imposees par le genre de vie que menent les Arabes. « II faut proclamer en definitive que Tfitalon est plus noble que la Jument. II est plus fort, plus courageux, plusrapide k la course , et il n'a pas les inconvenients graves de la Jument , qui s'arrete quelquefois brusquement sous son cavalier, dans le combat meme , alors que celui-ci aurait besoin qu'elle cou- — 47i — rAt. Cela arrive lorsqu'elle est en chaleur et qu'elle voit Tfi talon. « L'fitalon a plus de force que la Jument , et la preuve , c'est qu'en supposant qu'un Etalon et une Jument soient frapp6s d'une blessure mortelle etidentique, la Jument tombera^rin- stant, tandis que I'fitalon ne tombera le plus souvent qu'apr^s avoir sauve son maltre. « J'ai vu une Jument qui avait et6 frappee d'une balle k la jambe; I'osdu canon, — feewsfta (leroseau), — avait 6t6 frac- ture. Ne pouvant vaincre la douleur, immediatement elle s'af- faissa. « Un Gheval entier fut atteint d'une blessure semblable ; sa jambe cass6e n'etait plus retenue que par la peau. II continua k courir en s'appuyant sur sa jambe saine jusqu'i ce qu'il eAt enleve son maitre du champ de bataille , et alors seulement il tomba. » , « Quatrieme question. — S'il est constate par les Arabes que le poulain participe toujours (les qualites de son pere , pourquoi vendent-ils done assez facilement leurs ^talons , et ne se d6font-ils de leurs Ju- ments que dans des circonstances tres graves? » « Voici ma r^ponse : « Les Arabes pref6rent la Jument' au Gheval pour les trois causes que j'ai signalees plus haut , et ces trois causes font as- sez comprendre pourquoi , chez nous , la valeur que Ton atta- che h la possession d'une Jument doit ^tre superieure k celle que Ton attache h la possession d'un fltalon , leur origine fAt- elle la meme. En effet, si d'un c6te le poulain emprunte plus au pere qu'i la m^re , d'un autre c6t6 le proprietaire d'un Eta- lon ne pent gagner en un grand nombre d'annees ce que le proprietaire de la Jument pent gagner en une seule, si elle ve- nait fimettre bas. « Cependant, lorsqu'un fitalon a prouve des qualites extra- ordinaires, il arrive aussi qu'on ne veut plus s'en defaire. C'est qu'alors il rapporte autant ii son maitre, soitpar lebutin, soit autrement, que la Jument du prix le plus eleve. <( J'ai vu chez les Annazas , tribu qui s'etend depuis Bagh- dad jusqu'i la Syrie, des Chevaux tellement hors de prix, — 472 — qu'il devient presque impossible de les acheter, et surtout de les payer comptant. Ces animaux , d'une valeur fabuleuse , ne sont vendus qu'a de hauls personnages et k de'ricbes negociants^ qui les paient en trente ou quarante ech6ances , ou bien en- core par une rente perpetuelle consentie au vendeur et a se& descendants. « « Cinquieme question. — La preuve, m'a-t-on drt, que chez les Arabes la Jument est classeebien avant le Cheval,c'est que la naissance d'un poulain , quelle que soit la noblesse de son sang , est, pour ainsi dire, regardee corameun malheur, tandis que, s'il nait une pouliche, c'est au contraire I'occasion d'une grande joie dans la famille. Cette pou- liche est destinee acontinuer la race. Notre seigneur Mohammed est entre dans la tente : il nous a apporte une benediction. •» « Voici ma reponse : « La naissance d'un Cheval ne peut jamais 6tre consid6r6e comme un malheur par les Arabes , bien qu'ils ^referent les Juments pour les avantages materiels qu'elles procurent. Les Juments produisent presque toutes ; quelques unes seulement sont frappees de sterilite , ainsi qiie cela arrive k certaines fem- mes , et c'est en grande partie leur fecondite qui leur vaut la faveur dont elles jouissent. « Je le repete, on ne peut etre malheureux de la naissance d'un animal qui garantit son maitre de I'humiliation. « Un po6te a dit : « Mes freres me bldment d'avoir des det- tes, et cependantje neles ai contractees que pour des choses qui leur font honneur : en faisant manger k tous le pain de Dieu , en achetant un cheval de noble race qui sert dc talisman k mon goum, et enlui donnant pour domestique^un esclave. )> « Sixieme question. — On a vu des Arabes pleurer en se separant de' leurs Juments, qu'ils avaient cependant vendues a des prix enormes v mais on n'a jamais vu d'Arabes pleurer en se separant de leurs Che- Taux. Quand on veut citer un animal remarquable, on n'entend jamais dire : le fameux Cheval du cheikh un tel, mais toujours : la Jument du cheikh un tel. — Pourqum ? » « Voici ma reponse : « G'estla une erreur. Les Arabes aiment leurs Ckevaux d'une — 413 — manifere absolue , comme rhomrae aime ses enfants , et cela parceque le Cheval est le plus noble animal aprts rhomme. Tout le monde salt que le Cheval de sang est fier comme un fils d'Adam, et qu'il ne mange pas les restes d'un autre animal. « LesArabes pretendent qu'aucun peupleneconnalt comme eux la puissance du Cheval et ses perfections; aussi portent-ils trfjs haul Testirae qu'ils ont pour lui , et cela parcequ'il sert h la poursuite comme k la fuite. II est dans les mocurs et dans la nature des Arabes , depuis les temps les plus recules , de se faire la guerre les uns aux autres , ainsi qu'aux nations voisi- nes. L'Arabe pauvre a done besoin du Cheval pour tomber sur les biens de son ennemi , s'en emparer et s'enrichir, comme TA- rabe riche a ^galement besoin du Cheval pour prot6ger sa for- tune et sa t6te. « Les Arabes disent : « Le Cheval estle Milan et leChameau « la proie. La proie qui est dans les serres du Milan ne pent « etresauvee que par d'autres Milans. » « Lorsqu'une veuve dans le desert est proprietaire de vingt Chameaux , sa tribu la force k acheter un Cheval destine k les proteger. Un parti ennemi vient-il t fondre sur les Chameaux , I'usage veut que cette femme donne son Cheval au guerrier qui I'a mont6 et les a sauves. « Chez les Arabes, les Chameaux ne peuvent appartenir qu'^ ceux qui savent les defendre. (c Les Arabes aiment leurs Chevaux comme le pere aime son enfant; mais, comme cela est juste, ils les aiment encore da- vantage quand ceux-ci leur rendent de veritables services. u Les Arabes peuvent vendre leurs Chevaux quand ils en trouvent des prix eleves, mais ils lespleurenten meme temps» et pour eux-memes et pour I'utilite qu'ils en retiraient , comme le p6re pleure son fils lorsqu'il s'en separe , bien qu'il recon- naisse I'utilite de cette separation. « Cheval ou Jument, I'Arabe regrette done le compagnon qu'il quitte , en proportion des services qu'il en recevait. « Maintenant, pourquoi , en pays arabe , cite-t-on plus sou-- vent la Jument du cheikh un tel que le Cheval ducheikh un tel? _ 474 — Voici : c'esttout simplement parceque, les Arabesvendant habi- tuellement leors Chevaux et conservant les Juments , il y a na- turellement chez eux plus de Juments que de Chevaux , et si Ton conserve les Juments avec un grand soin , c'est pour ne pas voir se tarir une source precieuse d'honneurs et de richesses, « Dieu, dans son Koran, a dit : « El kheil kheir (les Chevaux, e'est le bien). Cette expression le bien signifie pour les Arabes I'ensemblede tout ce qui pent etre utile k I'homme. « Le prophete a ajoute : « Le bonheur, les recompenses « 6ternelles et un riche butinsont noues au toupet de vos Che- « vaux jusqu'au jour de la resurrection. » « Voili tout ce que j'avais b. vous dire. C'est, d'aprfes moi , Texacte verite ; mais Dieu est le plus savant. « Que Dieu soit avec vous ! — Salut ! « Ecrit par Sid el Hadj Abd-el-Kader ben MaLhy Eddine. « Brousse, le 15 Janvier 1835. » Que peut-on aj outer k cette remarquable lettre , aux obser- vations de cet homme, qui, constamment en presence de la na- ture, a su I'etudier jusque dans ses details les plus fugitifs? D'apres le temoignage d' Abd-el-Kader, il doit done demeurer evident que les Arabes ne donnent la preference aux Juments, ni parcequ'elles influent plus que les male sur le produit , ni parceque leurs services sont preferables h ceux du Cheval, mais uniquement , comme je le proclamais dans les Chevaux du Sahara , parcequ'elles font des petits , ou , en d'autres ter- mes , parceque leur ventre est un tresor. Apres avoir constats ce fait* j'abordele point le plus impor- tant de ma tache; je dis le plus important, car de Tensemble des renseignements que je vais produire doit naitre , je crois , la conviction pour tons quele Cheval arabe est le veritable Che-, val de guerre. On comprendra facilement qu'apres avoir expo- se cette opinion dans un livre , j'aie dti chercher par tons les moyens a m'assurer si le Cheval arabe etait seulement le meil- — 478 - leur cheval de guerre en Alg6rie , sous le climat qui I'a vu naitre , ou bien s'il devait encore, dans d'autres regions , mon- trer sa superiority et prouver qu'il est capable de suppor- ter le froid comme il a prouv6 qu'il peut supporter la cha- leur, la fatigue, les intemperies, la faim et la soif. Comme j'aieu I'honneur de le dire en commengant cette lettre , Tepreu- ve qui vient d'etre faite en Crimee me parait concluante , et cette opinion , je Tesp^re, deviendra I'opinion de tous aprfesla lecture des documents que je livre k la publicity. II faut re- marquer que le fait sur lequel je m'appuie a eu lieu sur une assez large echelle pour determiner un jugement definitif. Nous avons en effet en Crimee plusieurs regiments de chasseurs d'Afrique,quelquesspahis, un grand nombre d'officiers de tous grades et de toutes armes montes sur des Chevaux arabes : nous pouvons done obtenir des observations qui ont ete faites les renseignements les plus positifs pour la solution d'une ques- tion qui nous int^resse a un si haut point. Avant tout , je dois cependant declarer qu'il n'entre nulle- ment dans mapens^e d'etablir de comparaisons f^cheuses en- tre le Cheval arabe et ceux des autres races et des autres na- tions. Tous les checaux ont leur utilite et leur merite, selon le point de vue oil Von se place. Ce que je tiens seulement k con- stater, c'est la preeminence du Cheval d'Orient comme Cheval de guerre^ et cela par des faits qui parleront assez d'eux-me- mcs , et dont chacun pourra tirer les conclusions qui lui pa- raitront convenables. Voici d'abord des extraits de lettresvenantde Crimee. Je les donne par ordre de date. « Devant S^bastopol, 20 novembre 1854. a En depit des embarquements , des debarqueraents , du froid et des raiseres inevitables a la guerre , mon regiment compte encore cent trente- trois Chevaux par escadron. C'est k n'y pas croirel a Le colonel du i" chasseurs d'Afrique , « Comte DBCaAMPi^Bon (1). » fl) M. de Champiron a depuis lors tit nommd gdndral. — 476 — « Quartier general devant S6bastopol, le 28 Janvier 1855. a Les Chevaux barbes sont les seuls qui resistent bien aui epreuves du climat et de la nourriture. a Le general en chef , ft Canrobbiit. » « Devant S^bastopol, le 2 fevrier 1855. '■"« Nos Chevaux souffrent, mais ceux des chasseurs d'Afrique se main- liennent a merveille. « Le chef d'escadron d'etat-raajor , « Rehson. » « Devant S6bastopol, le 5 f6vrier 1855. « Tclchez que pour la remonte on nous envoie des Chevaux d'Afrique : nous en avons grand besoin. Que le general Daumas triompherait s"il voyait ce qui se passe chez nous , et comme ses assertions sont justifiees par la pratique ! Quelle que soil la distance ou il se trouve, son succes n'eu est pas moindre , et il a le droit d'en 6tre fier. C'est ce que tout le monde proclame ici. a Le lieutenant-colonel , aide de camp du general en chef, (c Wacbert de Genlis. » a Devant S6bastopol, le 10 mars 1855. « Tin fait reraarquable, c'est Tattitude des tirailleurs algeriens ; ils vont au canon comme des lions. Quant aux Chevaux d'Afrique, ils onl fait des preuves sans 6gales. Tout le monde en veut aujourd'hui , et les Anglais , quand ils peuvent s'en procurer , les paient sans marchander a belles li- vres sterling. Vous n'apprendrez pas sans plaisir ces incontestables succes d'un pays auquel vous tenez par tant de liens , etc. , etc. , etc. a Le general chef d'etat-major du deuxieme corps d'arraee , « Trochv. » « Devant S6bastopol, le 30 mars 1855. « Nos Chevaux d'Afrique ont admirablement supporte les rigueurs de I'hiver, les privations et les fatigues. On croyait qu'ils ne pourraient en- durer ni le froid , ni la neige , ni la gelee , et cependant ils sont sortis vic- torieux de toutes ces epreuves , qui , Dieu le sait , ne nous ont pas fait de- faut , sans autre abri qu'une simple couverture. •t C'est une race admirable ! Vous I'avez popularisee en France par votre ouvrage des Chevaux du Sahara; la guerre d'Orient vient de la popula- Tiser en Angletcrre.. — 477 — « Les Anglais nous ofTrent des prix Tabuleux des Cbevaux barbes que nous avons ici; mais vous comprenez que les marches sonttres rares.Nous en avons besoin , et nous les gardens. « J'ai encore lo Cheval que vous m'avez connu en 18i2. 11 a faittoutes mes campagnes en Algerie avec le raarechal due d'lsly , toutes les expedi- tions entreprises apres son depart , tous mes embarquements et debar- quements, etil est encore si vigoureux et si beau, que les Anglais me tour- mentent chaque jour pour que je le leur vende. Cest impossible : ce vieux corapagnon mourra cbez moi , et je lui doDDerai les iavalides d^s que j en aurai la possibilite. a Le general chef d'etat-major du 2" corps. « Db Gissey. » « Devant S^bastopol, le 7 avril 1855. « Vous savez , mon general , que nous allons recevoir prochainement les 2* et3« regiments de chasseurs d'Afrique. C'estune bonne etheureuse nouvelle , car qui a vu comment se sont comportes, pendant les dures epreuves de cet hiver , les Chevaux des l*"" et 4* regiments de cette arme, comprend les solides services qu on doitattendre de cet accroissement dans I'effectif de cette excellente troupe. a L'experience a done consacre la theorie, et la pratique vient de don- ner raison sur de grandes proportions a lout ce que vous avez dit et ecrit sur les qualites du Cheval barbe. Cest 14 un resultat utile au double point de vue des inter^ts de I'armee et de votre satisfaction personnelle. En ef- fet , si les verites que vous avez proclamees sur cette race etaient dej4 fa- milieres aux officiers qui ont long- temps servi en Afrique, il n'en etait pas de m^me pour ceux qui ne connaissent pas ce beau et bon pays. Les epreuves qui viennent d'etre faites ici , la resistance , la tenacite qu ont montrees les Chevaux d'Afrique pendant la guerre actuelle , les coraparai- sons auxquelles ils ont donne lieu au milieu de races varices, etc., tout cet ensemble de fails a ele de nature k couvaincre les plus incredules, et a prouver une fois de plus les verites que vous avez mises au jour. Cest un succes qui doit vous rendre heureux. « Le lieutenant colonel , aide de camp du general en chef, a Wacbbrt db Gbhlis. 9 Ces renseignements suffiront, je Tespfere, pour prouver d6s aujourd'hui le cas que fait notre brave arraee du Cheval arabe. Ses appreciations, du reste , s accordent avec les traditions et les recits de tous les temps. En effet , et Ton vient d'en avoir la preuve , ce n'est pas uniquement dans son pays , sous un ciel — 478 — chaud et d'une nature ardente , que ce Cheval brille par sa re- sistance et ses qualites: c'est encore dans les payslointains, par des froids rigoureux et dans des conditions hygieniques tout autres que celles de son berceau. Tous les climats lui sont bons , toutes les latitudes lui vont et toutes les nourritures lui conviennent : il peut done rendre autant de services dans le nord que dans le midi. Je savais depuis long-temps k quoi m'en tenir, car j'avais vu le Cheval barbe resister aux froids les plus vifs pendant nos campagnes d'hiver dans les apres montagnes de la Kabylie. C'est aussi I'opinion de Tun de nos officiers ge- neraux les plus distingues , qui a fait les grandes guerres de I'Empire, et de la cavalerie Tetude de toute savie, de M. le general de Lawoestine. Voici ce qu'il a bien voulu m'ecrire. « Paris, 19 septembre 1854. J'ai lu avec un vif plaisir, mon cher Daumas , voire charmant ouvrage intitule : les Chevaux du Sahara , et I'ai trouve plein d'interet et de ve- rite. « Vous ne proclamez pas des utopies , vous marchez avec des fails , et vous avez su donner I'attrait du roman a la realite. Vous n'avez pas voulu passer de longues annees en Afrique pour n'y rien voir : vous avez vecu avec les Arabes, appris leur langue, et, en observant leurs moeurs,.vous avez surtout etudie la maniere dont ils comprennent le noble animal qui chez eux fait parlie ,de la famillCjC'est la [une bonne idee que vous avez eue : car nulle part on ne peut mieux apprendre le Cheval que chez ce peuple , aussi vieux que le monde. II est doue d'un grand esprit d obser- vation , et il aime avec passion le compagnon de sa vie aventureuse. « Si nous avions le sens coramun , ne devrions-nous pas reconnaitre que le pays ou le type du Cheval a pris naissance , ou Ton n'a cesse de s'occu- per de lui, est le pays du Cheval par excellence i « Vous, mon cher ami, vous avez compris cela, et vous aurez un jour rendu un grand service a la cavalerie, parceque t6t ou tard la raison I'emportera sur les prejuges. cc Pourquoi le Cheval arabe, et ceux qui tiennent delui, comme le Che- val espagnol de la montagne, le Cheval polonais et I'ancien Cheval limou- sin, sonl-ils les meilleurs Chevaux de guerre? C'est que leur conforma- tion et leur caractere se ressentent de la rude education a laquelle ils ont ete soumis. Ces Chevaux sont sobres, intelligents , infatigables , et sur- tout d'une grande douceur. Les Chevaux anglais et les races qui en pro- viennent sont tout le contraire : ils n'ont que I'avantage d'une grande vi- — 479 — lesse, de pouvoir franchir de grands obstacles et de pouvoir fournir de longues courses, d la condilion d'dlre enorm^ment nowrris et parfaile- menl soignds. Ces qualites ne constituent nullement le Cheval de guerre. « J'ai longuement fait la guerre dans tons les pays de I'Europe avec les generaux de cavalerie le plus justement renommes. Eh bien! je ne crains pas d'dtre dementi par ceux de mes camarades qui vivent encore, jamais on ne recherchait un Cheval anglais , pas mdme les marechaux et generaux en chef, qui pouvaient se servir de celte race sans grand inconvenient, parcequ'ils marchaient isoles et qu'ils avaient des ressourccs que I'officier de troupe ne peut trouver. « Le Cheval des chefs etait le limousin , beau comme le Cheval anglais , avec loutes les qualites du Cheval barbe. Le Cheval des officiers de troupe, dans toute la cavalerie, etait le Cheval polonais, le Cheval allemand croise arabe et le Cheval espagnol. II faut, quand on commande, monter un Cheval qui ne vous emporte pas a I'ennemi ; il faut qu'un officifer donne le premier coup de sabre , mais qu'il soit cependant assez pres de sa troupe pour la diriger et transmettre au besoin les ordres superieurs; autrement, il se fait tuer sans profit pour son honneur et au detriment des hommes qu'il mene au combat. « Oui , vous avez cent fois raison , le Cheval arabe est le premier Che- val de guerre du monde. 11 est familiarise avec I'homme depuis sa nais- sance; il na peur de rien, parcequ'il vit constamment au milieu de tout ce qu'il doit rencontrer tous les jours; il est habitue a I'intemperie des saisons, parcequ'il couche toujours en plein air; et enfin, condition capi- tale, il sail supporter la soif el la {aim. Peut-etre n'est-il pas assez grand pour nos cuirassiers et nos dragons , voila tout ce que j'ai a lui reprocher. Je n'ai pas dit : Peut-dtre n'esl- il pas assez fort, remarquez-le bien , car j'ai vu nos dragons d'Espagne, des hommes de six a sept pouces, tous re- montes en Chevauxespagnols, fournir au besoin, ettres vigoureusement, des courses au galop de deux ou trois lieues. « Je n'ai plus a vous parler que d'une objection qui a ete souvent faite par les detracteurs de la race arabe. lis ont dit que le Cheval arabe ne re- sistait pas au froid , et que , bon peut-etre pour les pays chauds , il ne con- venait nullement pour les climats du nord. Ma reponse est sans replique. a J'ai fait toute la q^mpagne de Russie avec un Cheval barbe ; seul entre tous mes autres Chevaux, allemands ou polonais, il aresiste, sans avoir pris le poil (Thiver, el rond comme une pomme, bien qu'il ne se fut a peu pres nourri que de la paille des toits. Le general Sebastiani avait une nombreuse et superbe ecurie en entrant en Russie, Chevaux de toutes les races , parmi lesquels il s'en trouvait six venant des montagnes de Grenade (c'estla race barbe dans toute sa beaute). II perdit tous ses Chevaux, k I'exception des grenadins. Je pourrais vous citer mille faits de ce genre. Fasse done le Ciel que toute notre cavalerie legere et de ligne soit remon- t6e en Chevaux africains! Avec eux, elle pourrait aller au bout du monde. — 480 — « En resume , nioa cher Daumas, je vous fais mon compliment d'avoir eu le courage de soutenir une these qui est fondee sur rexperience et la raison: c'est ordinairement un motif d'avoir tort dans notre pays; mais comme on y flnit toujours par ouvrir les yeux, ce sera dans Tavenir votre recompense pour n'avoir pas craint de dire la verite. Au surplus, vous avez pris la bonne maniere pour la faire accepter : c'est d'etre instructif et amusant. «De Lawoestine. » J'ajouterai h ces documents, d'un interet si vif et si actuel, que les Ghevaux arabes ou orientaux de I'empereur Napoleon P"", dans sa memorable campagne de Russie , sont egalement ceux qui ont le mieux resiste h toutes les fatigues , k toutes les intemperies, k toutes les privations. Ce fait est ainsi attests par M. le comte de Lantivy , qui a fait la campagne de Russie en qualite de page de I'empereur : ■ a Vous me demandez mon avis sur les Chevaux arabes qui , a ma con- naissauce , ont fait la campagne de Russie : je m'empresse de vous le don- ner. « Le Cheval arabe soutenait mieux les fatigues et les privations que le Cheval europeen. L'empereur, pendant cette rude campagne de Russie, n'a guere conserve que ses Chevaux arabes. « Le chef d'escadron Hubert , depuis general de division , sur cinq Che- vaux, n'en a ramene qu'un seul : il etait arabe. vc Le capitaine Simonneau , depuis officier general , n'a ramene que son Cheval arabe, et moi-meme je n'ai pu en conserver qu'un : c'etait un bre- ton croise arabe. » D'un autre cote , si nous consultons Thistoire , nous voyons les Romains rechercher avant tout , comme Cheval de guerre , le Cheval nujmde. lis s'en servirent avec succes dans leurs ex- peditions contreJes Germains, les Gaulois et les Scythes. A Tepoque guerriere descroisades,lespeuples francs ramenerent d'immenses quantites de Chevaux orientaux , dont ils recon- naissaient le merite comme Cheval de guerre et comme Cheval regenerateur. Pendant tout le moyen Sge , le type du Cheval de guerre en Occident fut le Cheval barbe, et son descendant le Cheval espagnol : car, ainsi que le dit avec raison M. Ephraim Houel dans son Histoire du Cheval , c'est une faute aux pein- — 481 - tres et aux statuaires d'avoir repr6sent6 les guerriers de cette ^poque sur des Chevaux lourds et massifs. Les hommes cou- verts des plus fortes armures recherchaient alors et de prefe- rence les Chevaux d'Orient ou ceux qui en descendaient. Tons les Chevaux faraeux cit^s parl'histoire , — ceux de Ri- chard Coeur-de-Lion aM^dine, de Philippe-Auguste Ji Bouvines de Guillaume le Conqu6rant k Hastings, de saint Louis h la Massoure , de Frangois P' k Pavie , de Henri II dans le tour- noi oii il fut tu6 , de Henri IV k Arques et k Ivry, de Louis XIV dans ses guerres et dans ses fStes , et enfin de Napoleon P' k Marengo , k Austerlitz, — tous ces Chevaux 6taient des bar- bes ou des arabes. Pourquoi done ne voudrions-nous plus au- jourd'hui du Cheval que de pareils hommes tenaient en si grand honneur? Malgr6 mon d6sir d'en fmir avec toutes les preuves de la su- p^riorite du Cheval oriental comme Cheval de guerre , je ne puis m'emp^cher de donner encore ici les appreciations de deux of- ficiers sup^rieurs tr6s sp6ciaux, le lieutenant-colonel Vallot et le lieutenant-colonel Gu^rin de Walderbasch. Le premier est inspecteur general des 6tablissements hippiques de I'Algerie , et voici comment 11 s'exprime : « Vous desirez connaitre mon opinion sur la resistance a la fatigue et la sobriete du Cheval arabe. Je ne puis mieux vous repondre , mon gene- ral , que par le recit succinct de ce qui vient de ra'arriver. « Envoye par M. le general Randon , gouverneur general de I'Algerie , pour explorer les ressources chevalines de la regence de Tunis , j'ai voya- ge avec M. Tissot , eleve consul , el M. de Berny , officier au 2' chasseurs d'Afrique , et nous avons marche pendant cinquante jours de suite , cou- chant k la belle etoile et sans donner aucun repit a nos Chevaux , nous amusant, au contraire, i chasser souvent, a droite et a gauche de notre route , les Gazelles que d'infatigables levriers faisaient lever devant nous. « Pendant ces cinquante jours , nos Chevaux et ceux de notre cscorte ont mange de I'orge tous les jours ; mais nous n'avons pu leur donner de la paille hachee que cinq fois, dela racine d'Alfa que trois fois, et ils n'ont bu que trente-neuf fois. « A notre retour a Tunis , ils etaient tous bien portants , gais , pr^ts k recommencer apres quelques jours de repos. « Je n'ajouterai rien k ces fails : ils parient assez haut. » II 31 — 482 — J'arrive maintenant b, la lettre de M. Guerin de Walderbasch ancien lieutenant-colonel au 3" regiment de spahis , qui a com- mand6 la cavalerie pendant la glorieuse et habile expedition de Tougourt. « Gunetrange, prSs ThionTille, le 12 mars 1855. a Lorsque j'ai eu Tbonneur de vons voir a Paris , mon general , vous avez bien voulu me demander des renseigneraents sur la maniere doat les Chevaux d'Afrique se sont comportes pendant I'expeditioa de Tougourt , ou je commandais la cavalerie. « Dans les nombreuses courses que j'ai faites en Afrique, j'ai eu occasion d'observer la sobriete et la durete du Cheval arabe; mais je nel'avais ja- mais vu soumis encore a une aussi rude epreuve que celle que notre ca- valerie a subie dans cette marche sur Tougourt et dans le Souf, a Le 20 novembre 1854, sous les ordres du colonel Desvaux, qui com- mandait les colonnes du sud , je suis parti de Biskra avec deux escadrons du 3" chasseurs d'Afrique et deux du 3" de spahis , presentant ensemble un effectif de cent cinquante Chevaux. Le goum qui faisait partie de la colonne en comptait pr^s de six cents. « Pendant cette expedition , qui a dure pres de trois n>ois , les Chevaux de la cavalerie reguliere ont vecu sans foin ni paille , avec quatre kilos d'orge par jour, el sont reslis deux et trois jours sans boire. « Malgre ces privations et des marches fatigantes dans les dunes de sables pendant lesquelles ils etaient charges de trois et cinqjours de vivres et d'orge , les Chevaux n'ont pas deperi. a Mais les Chevaux du goum ont offert un exemple encore bien plus frap- pant de vigueur et de sobriete : car , vous le savez , mon general , le ca- valier arabe ne charge pas volontiers son Cheval ; et, pendant que nos Che- vaux mangeaient regulierement leurs quatre kilos d'orge , ceux du gfowm, auxquels on n'epargnait aucune corvee , restaient souvent vingt-quatro heures sans nourriture. Cependant ils se sont maintenus jusqu'a la fin presqu'en aussi bon etat que les Chevaux de nos escadrons. u. Un fait dont je ne vous entretiendrais pas si toute la colonne n'en ' avail ete temoin , c'est qu'un spahi en mission tombe avec son Cheval dans une de ces fondrieres qu'on rencontre dans les Chotts. Le cavalier parvient a s'en tirer; mais il est oblige d'abandonner son Cheval, qu'il croit perdu. Huit jours apres , ce meme Cheval est ramene au camp par uu Arabe qui I'avait trouve a plus de dix lieues de la, errant dans les sa- bles arides. Combien de jours ce pauvre animal sera-t-il reste sans boire ni manger ! . . . . « Je pourrais citer bien d'autres faits , mais ceux-ci me paraissent af sez — 483 — concluants en faveur do notre brave Cheval d'Afrique", qui est certes le meilleur Cheval pour la guerre. « Le lieutenant-colonel du 3« regiment de spahis, J R B. Gui^RIN DB WaLDERBASGH (1). » Le Cheval oriental poss6de, on le voit, toutes les qualit^s necessaires ^ la guerre : la vigueur, la sobri6te , la douceur, la force musculaire, le liant, enunmot la resistance aux fatigues, aux privations , aux changements de climats, i toutes les^preu- ves inh6rentes^ la vie militaire. Maintenant, ces qualites pre- cieuses, d'oil lui viennent-elles ? Du sol qui le produit ? du cli- mat sous lequel il est ne? de la purete de son sang? du soin porte dans les alliances? de ce qu'il n est pas castre? ou bien de sa rude education et du travail auquel il est soumis d6s son jeune Age? Je livre ces recherches aux meditations des hommes spe- ciauxet partuDuli6rement i la Soci^te imperial© d'acclimatation, qui etudie avec tant de perseverance toutes ces mati^res : peut- ^tre trouvera-t-elle que les admirables resultats que nouscon- naissons ne peuvent etre atteints que par Tensemble de toutes ces conditions. Pour mon compte, je suis porte k croire que le travail y a sa grande part , que le Cheval des longs parcours , qui marche sans cesse, soit en portant son cavalier k la guerre, soit en allant au loin chercher sanourriture et sa boisson , ainsi que cela arrive dans le desert , qui conche toujours en plein air soumis aux variations de la temperature et k toutes les intem- p6ries des saisons, je suis tr6s porte si croire, dis-je, que ce Cheval, k sang 6gal, doit avoir un grand avantage sur celui que nous familiarisons trop avec les douceurs de la vie civilisee. Et si j'avais besoin d'etre confirm^ dans cette opinion , j'en trouverais la preuve dans ce fait, qu'en AJgerie m^me I'Arabe du Tell, qui est agriculteu) et sedentaire, possede dejd de moins bons Chevaux que I'Arobe du Sahara, qui est pasteur et nomade, (1) Ala suite de I'expedition du Tougourt, M. Gu^rin de Waldersbach a ^16 nom- ine colonel du 1^' regiment de spahis. Les Arabes disent : Le Cheval est dans le travail. lis disent encore : Tout Cheval endurci forte bonheur. Et maintenant, ajouteront sans aucun doute les hommes pratiques , la superiorite du Cheval arabe comme Cheval de guerre etant admise, quelles sont vos ressources ? quel contin- gent pouvez-vous apporter dans notre remonte generale ? Je repondrai : Nagufere encore , nous ne comptions que peu d'Etalons en Algerie; aujourd'hui nous en accusons 2,207(1) dont 314 reellement superieurs et hors ligne. Ces Etalons ap- partiennent ^ I'Eltat, aux tribus ou aux particuliers, L'etat en compte 116, — les tribus 160, — les particuliers 1,931. Ces .2,207 fitalons doivent pourvoir k la fecondation de 62,000 Juments adultes reconnues bonnes pour la reproduc- tion, et qui sont ainsi reparties : Province d' Alger 14,423 Province d'Oran 14,835 Province de Constantine. . . . 32,272 Total. . . . 61,530 soit 1 fitalon pour 27 ou 28 Juments. Telles sont. Monsieur le President, les richesses hippiques que constatent nos statistiques ; encore est-il juste d'ajouter que ces renseignements ne peuvent etre complets , et qu'un re- censement regulier n'a pu etre fait dans les tribus eloignees de notre action directe. On voudrabien remarquer d'alleurs qu'u- ne guerre de dix-sept annees a diminue les ressources de TAl- g6rie, appauvri la race, empeche son amelioration, etqu'ilfaut maintenant plusieurs annees de paix pour effacer les resultats de cette longue guerre. Si Tonveutbien refl^chir maintenant au nombre depoulains (1) En France nous sommes infiniinent moins riches en ^talons de selle qu'en AIg6rie. Nous n'avons guferes au dela de mille h douze cents dtalons dans les 6ta- blissements de I'Etat ; et, sur ce nombre, il est probable que tous ne sont pas 6ga- lement bons h, faire des chevaux de guerre. {Note de la Redaction.) — 485 — que 60 ou 70,000 bonnes Juments, f6cond6es par 2,200 ou 2,300 6talons,'peuvent produire dans I'espace de dix ann^es , on verra qu'en ne calculant meme que sur 6 poulains par ju- ments ce qui est un minimum non supposable, on arrive k la production 6norme de 300 k 350,000 Chevaux. Quoi qu'il en soit, Monsieur le president, de notables pro- gr6s ont d6ji 616 accomplis. lis sont dus d'abord k la gen6ro- sit6 de I'Empereur, qui a dote TAlgdrie d'un certain nombre de producteursd'un grand m6rite, appartenant i la race primitive; k la sollicitude de M. le marechal Vaillant, ministre de la guerre; enfin i Thabile impulsion donnee k I'ensemble du ser- vice parM. le general Randon , gouverneur general del'Alge- rie; ils sont dus encore ci Tinstitution des courses serieuses, auxquelles les Arabes des grandes tentes ne craignent plus au- jourd'hui de prendre part, aux primes accordees aux Juments ainsi qu'k leurs produits ; ils sont dus k I'intelligence avec la- quelle , dans les trois provinces , on a su rapprocher les stations d'fi talons des grands centres de production. Grdce k ces efforts, les defauts que Ton croyait pouvoir reprocher k la race barbe tendent k disparaitre : la taille devient plus haute, la tete plus large et plus carree , le coudeestmoins rapproch^ des c6tes, et enfin la croupe devient horizontale et bien muscl6e. D'un autre e6te, tout enobtenant ces importan- tes ameliorations, nous avons Tespoir de maintenir chez le Cheval barbe les ^minentes qualit^s qui de tout temps Font distingue : la souplesse , la force et I'energie , sa ligne admira- ble du dos et du rein , Tobliquit^ de son epaule et la puissance de ses hanches , la resistance aux fatigues , aux privations , aux intemperies des saisons, toutes qualites qui font le veri- table Cheval de guerre. En un mot, nous voulons que Ton puisse toujours dire de lui : // pent la (aim, ilpeut la sot/", et il pent la fatigue. Je viens de prononcer le mot de courses s6rieuses ; qu'on me permette de donner, k cette occasion, k la Societe imperiale d'acclimatation , un extrait d un remarquable rapport de M. Bernis, membre de la Society, veterinaire principal de — 486 — rarmec d'Afrique et hippiatre des plus distingues; on verra qu'au point de vue de la vitesseelle-meme, le Cheval barbe ne le cedera bientot h aucun autre : « Tout nous demontre que la nature a constamment travaille k doter de bons materiaux le Cheval de nos possessions du nord de I'Afrique. Per- sonne n'ignore qu'il fut autrefois ce fameux coursier numide qui jouissait dune si grande reputation , et dont il est tant parle dans presque tons les auteurs de I'epoque romaine. II devait exister bien avant que les Romains eussent appris a le connaitre , puisque Strabon porte a cent mille le nombre despoulains qui naissaient chaque annee dans la Numidie... C'est cette ri- chesse et cet equilibre qui donnent a nos Chevaux en general la faculte de faire des courses longues et penibles , de resister aux intemperies atmo- spheriques et a de nombreuses privations ; c'est cette richesse et cet equi- libre qui viennent de demontrer en Orient que, pour la guerre et pour toutes les fatigues qui s'y rattachent , la race chevaline de I'Algerie est su- perieure aux races anglaises et frangaises ; c'est cette richesse et cet equi- libre qui ont fait parcourir, dans les courses de fond, 16,700 metres en vingt-six minutes au cheval de Bel-Kassen-bem-Yahia, du cercle d'Au- male; 25,000 metres en quarante-cinq minutes et trente secondes au che- val de Mohamed-ben-Farhat , du cercle de Teniet-el-Had , et 25,750 metres en cinquante-neuf minutes et seize secondes a la jument d'Abd-el- Kader-ben-Tayeb, du cercle de Boghar; c'est encore cette richesse de ma- teriaux qui a produit des coureurs faisant un tour d'hippodrome (1,500 metres) en une minute et quarante-cinq secondes, ce qui met la vitesse a rai- son de quatre tierces et un cinquieme par metre, lorsque, sur I'hippo- drome de Paris , les plus grandes vitesses d'un tour (2,000 metres) sont a raison de quatre tierces et un dixieme par metre. 11 n'y a done, a I'avan- tage de la capitale , qu'un parcours de 500 metres en plus , et , dans la vi- tesse, qu'une difference d'une seconde par 600 metres. Tout cela est quel- que chose sans doute; mais si Ton considere que, d'un c6te, I'entratne- ment, I'alimentation , le^harnachement , le savoir des jockeys, un poids qui ne depasse jamais certaines limites, tout enfln se reunit pour donner aux coursiers, dans un court espace de temps, la plus grande vitesse dont ils sont capables ; que , de I'autre c6te , au contraire , une selle et une bride peu con venables pour les courses d'hippodrome, un poids a suppor- ter bien au dessus quelquefois de celui impose par les reglements , un cos- tume qui flotte au vent et qui fait resistance , un entrainement qui n'est pas adapte a la circonstance , le manque de ces pratiques qui sont d'un si grand concours sur le turf, enfin tout coincide pour que I'energie de nos Chevaux, toujours dans un court espace de temps, neparaisse pas, comme en France, dans son plus bel eclat; si Ton apprecie, disons-nous, toutes ces considerations a leur juste valeur, on tirera cette consequence que , si * __ 487 — lavantage n est pas encore du c6te des Chevaux de TAlgerie, il 7 a au moins egalite. Cela n'est-il pas une preuve bien convaincanto de la supe- riorite des materiaux qui sout a Dotre disposition? » Maintenant, ces progr^s , ces heureux r^sultats , sont-ils de nature ieffrayer nos 6leveurs dumidi?Non. pifin Jittub Nous avons en effet k monter et h remonter en Alg(^rie quatt^ regiments de chasseurs d'Afrique , trois regiments de spahis , trois regiments de France qui ont 6t6 envoy^s en Afrique pour remplacer les regiments partis pour la Crim(^e, nos khialas(i) et nos goums ; nous avons i monter nos gen6raux , nos officiers sup6rieurs, nos officiers d'6tat-major, nos interpr^tes, nos in- tendants , nos officiers comptables , les hommes d'affaires de notre population civile. Encore ne parlons-nous pas de tons les Arabes, qui, s'ils ne vont point encore en voiture , n'aiment pas k aller k pied quand lis ont, disent-ils, chez eux et sous la main un admirable animal cree par Dieu pour leurs plaisi/rs ou les necessites de leur vie active. Ces besoins sent deji considerables, puisqu'en portant k vingt mille le nombre des Chevaux ainsi employes, je ne crois pas ^tre au dessus de la r6alit6. Ces vingt mille Chevaux , qui les fournirait si TAlgerie ne pouvait les produire ? Ce serait na- turellement la France , et , je le demande , vingt mille Che- vaux enleves k la remonte de notre cavalerie, surtout dans les circonstances actuelles , ne constitueraient-ils pas une charge bien lourde pour la metropole? On voit done que la produc- tion chevaline en Algerie , sans presenter de danger pour nos eleveurs, est cependant d'un grand secours, puisqu'elle per- met k la France de consacrer toutes ses ressources ^ ses besoins directs. Mais I'Algerie doit-elle se contenter de suffire k la remonte de sa cavalerie? Non encore : I'Algerie a de plus la glorieuse pretention de preparer un certain nombre de ces beaux fltalons que nous aliens chercher souvent en Orient au prix d'enormes sacrifices, et de contribuer ainsi k Tamelioration denos races. ' (1) Khialas, cavaliers arabes au service de la France. Je termine. — Monsieur le President, la Societe zoolo- gique d'acclimatation aura remarque, jel'espfere, que je ne me suis fait I'organe d'aucune doctrine exclusive, que je n'ai critique ni les hommes ni les faits accomplis. Cher- chant uniquement la verite dans I'interet de mon pays, je me suis born6 k reunir les documents qui peuvent la degager de toutes les incertitudes au milieu desquelles la plongent les partis-pris, les theories plus ou moins vraies et les systemes plus ou moins ingenieux. Je ne suis done point venu procla- mer la sup^riorite absolue du Cheval arabe : je connais trop bien les qualites qu'on pent lui opposer a d'autres points de vue , notamment ckez la race anglaise ; j'ai voulu seulement , appuye sur I'experience , prouver sa superiorite comme Cheval de guerre, Je serai heureux si je suis parvenu k appeler I'at- tention sur les avantages precieux que la France peut retirer d'une race, suivant moi, trop negligee jusqu'i ce jour. J'ai peut-etre ete un pen long, mais j'ai cherche k apporter tons les elements d'instruction qui pouvaient etre necessaires pour r^soudre des questions aussi capitales. Je pense qu'une opinion emanee d'hommes aussi eminents que ceux qui composent la Society zoologique d'acclimatation ne pourra qu'exercer une influence salutaire sur I'avenir, et quant k moi , j'appelle de tons mes voeux la manifestation de vos convictions. Veuillez agreer. Monsieur le President , la nouvelle assuran- ce de mes sentiments de haute consideration et d'entier de- voAment. Le conseiller d Etat, direcieur, membre de la Societe imperiale zoologique d'acclimatation. General E. DAUM AS. — 489 — SUR LE VER A SOIE DU RICIN, Leltre adiessk k H. le Pr^idem de la Soci^ie impiriale loologiqus d'acclimalaUon. Par air Wllll»in BEID, GODTERNEOR DB MALTE HEMBRE HO:(ORAIRE DE LA SOCIETY. (Tradoit de I'anglait.) (Stance du 9 juillet 188S.) Halte, « Juillet 18KS. MoDsieur, Je me suis abstenu de vous faire aucune commuDicalion qui pCil eclairer voire Societe sur le sort des Bombyx cynthia ap- porl^s de I'lnde k Malle , jusqu'k ce que je pusse m'assurer par moi-m^me s'il y avail espoir de voir ces insecles vivre ici. Je regrelle de n'avoir mainleoaQl qua vous rendre compie de Tin- succfes definilif de eel essai. Vous savez que dans Tele de 1854, ies vers mullipliereDt excessivemenl, soil dans I'inlerieur de la maison, soil au dehors, dans le jardin. A I'aulomne, nous avions encore un grand nombre d'oeufs, el en decembre Ies vers se nourrissaient sur Ies feuillcs du Ricin, en plein air, malgre la pluie el Ies orages, el dans la maison. A celle epo- que, 11 en mourail beaucoup. En Janvier 1855, ils mouraient plus prorapleraent, en general peu de jours apres I'eclosion. malgre Ies plus grands soins. En examinanl Ies oeufs avec une forte Icnlille, je pouvais apercevoir des myriades de vers for- mes ti I'inlerieur, dont la coquille venail d'etre rompue; mais I'aniraal n'avait pas la force, dans la plupart des cas, de se de- — 490 — gager lui-raeme , ct quand il pouvait y reussir, je suppose qu'U clait trop faible pour vivre. Due chambre, dans la raaison, €lait mainlenue Buit et jour a la temperature au dessus de 6S^ Fahrenheit , temperature qui , pendant le m^me mois de 1854, })araissait leur convenir parfaitement. On essaya tons Ics iraite- ments raisonnables qai furent proposes: on ne put sauver que sept vers, qui ont prodail des ceufs; mals ces oeufs ne soot ja- mais eclos: d'oujeconclus que le climat de Malte ne leur con- wient pas. Je n'ai pas appris encore si<;eux qui ont 6le envoyesaux An- tilles reussissent encore , quoiqu'ils se multipliassent promple- ment la derniere fois que J 'en ai entendu parler. La maaiere doot ils ont ele eavoyes de Malte aux Indcs- Occidentales peut inl^esser votre Societe. Trenle cocons frais furent places daos unecage a Oiseaux, de laquelle les Papillons ne pouvaient s'echapper. L'autorisation fut obtenue des direc- lours de h Compagnie peninsulaire et orienlale, ct de celle ■de la malle des Indes occidentales, pour ks medecins du bord, de prendre soin des cages, qui furent suspendues dans leurs ca- bines. De cetlc maniere, les Papillons males et les femelles res- terent reunis; et corame ils avaient abondance d'air et qu'ils n'ontpas hesoin de nourrilure, ils ont fait pendant Ic voyage des oeufs parfaitement sains, qui sont eclos precisemenl k I'ar- riveea Grenade, dans les Antilles. Je serai heureux d'apprendre que I'essai de racclimatation du Bomhyx cynthia en Algerie a eu meilleur resultat que celui que nous n'avons obtenu k Malte. Agrdcz, etc, W. REID, Gouverneur de Malte. — 491 — il. EXTRAIT DES PROCtS-VERBAUX DES SEANCES OU CONSEIL DE LA SOCIETY. siiANCB DC 29 Jcm 1855. Pr6sidence de M. GEOPPnoT Saint-Hilaire. Conform^ment k Tarticle 1®' du rfeglement administratif, le Conseil admet au nombre des raembres de la Societe : MM. Chazereau, secretaire du Cornice agricole d'Aubigny, k Aubi- gny-sur-N6re (Cher). Chouippe (Lc docteur Adolphe), k Ivry (Seine). Heurtaut de Saint-Christophe, ^ Saint-Christophe (Indre). Malapert (le docteur), professeur k I'ficole preparatoire de m6decine de Poitiers, k Poitiers (Vienne). — M. Tastet pr6sente, au nom de la Commitsion des finan- ces, un rapport sur la situation financi^re de la Societe. Les conclusions de ce rapport, qui demandentTadoptiondes comp- tes, sont approuvees, et des remerciments sent votes ii M. le Tr6sorier. — II est donn6 lecture d'une lettre de M. le president de la Soci6t6 d'agriculture de Verdun , qui demande que cette So- ciety soit admise comme Societ6 correspondante. Cette propo- sition est adoptee par le Conseil. — M. le comte du Bouchage adresse une nouvelle demande d'oeufs de Bomhyx cynthia. — II est donn6 lecture d'une lettre de M. E. Pochet, de Saint-Nazaire, pr6s Rochefort, qui demande des renseignements sur la pisciculture maritime. Cette lettre est renvoyee au Comice agricole de Toulon. — 492 — — M. A. Vattemare, directeur de TAgence g6n6rale des echanges internationaux , adresse les trois derniers volumes des memoiresde I'lnstitut americain (annees 1 851-52-53), et trans- met , au nom de ce corps savant , le desir d'entrer en relations suivies avec la Societe et d'echanger les publications. Cette proposition est adoptee. — M. le President communique au Conseil une lettre de S. E. M. le marechal Vaillant, du 22 juin , qui fait don k la So- ciete de 20 Brebis et 3 Beliers karamanlis que lui a offerts I'emir Abd-el-Kader. M. le President ajoute qu'il a dejk adresse k M. le Ministre de la guerre les remerciments de la Societe pour ce don precieux, qu'elleaccepte avec reconnaissance. SBAnCE DD 9 JCILLET 1855. Presidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Conformement k Tarticle l*"" du reglement administratif, le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : MM. Saisy (le vicomte L. de), directeur de la Ferme-ficole de Cas- tellaouenan, pres Carhaix (Cotes-du-Nord). Th£nard (Paul), ^ Paris. — M. le baron de Montgaudry transmetdeux demandes de Moutons karamanlis. Tune de M. de la Sizeranne, qui desire en obtenir quatre, et Tautre de M. Lambot-Miraval , pour un Belier et deux Brebis. — M. le docteur Millot temoigne le desir de recevoir de nou- veau les toisons de Merinos-Mauchamps du Museum, avec les- quelles il espere obtenir de bons resultats au moyen de machi- nes k filer ordinaires. — II est donne lecture de deux lettres de M. Barth6lemy- Lapommerayeetde M. Hesse, qui annoncent I'arrivee iMar- — 49^ — seille d'un iroupeau de Chfevres d'Angora compost de76 indi- vidus, donl 8 Boucs, 46Ch6vres adultes et7 Chevreaux males, avec 15 jeunes Chfevres. Ce troupeau est celiii qui a 6t^ acquis k Angora m^me, pour le compte de la Societe, par rentremise de M. le general Dau- mas et de M. le baron Rousseau, membres honoraires de la Soci6t6. — Le Conseil s'occupe ensuite de la repartition d'une partie de ces aniraaux entre TAlg^rie, pour laquelle un petit troupeau avait <5t6 offert ii S. E. M. le Ministre de la guerre par M. le docteur Sacc et par la Society, et les ^tablissements ou les membres de la Soci6t6 qui avaient exprim6 le desir d'en obte- nir pour leur compte. Sur les 76 individus dont se compose le troupeau, le Con- seil etablit d'abord sept lots, qui coraprennent 35 animaux, t6- partis de la mani^re suivante : A S. E. M. le Ministre de la guerre , pour TAlg^rie , au nom de la Society, quatre Chevres adultes, un jeune Bouc et une jeune Chfevre; et, au nom de M. Sacc, un Bouc et sept Chfevres adultes avec une jeune Ch6vre; ce qui porte iquinze individus le troupeau destin6 k TAlg^rie ; Au Gomice agricole de Toulon , un Bouc et quatre Chevres adultes ; A la Soci6t6 zoologique des Alpes , un Bouc et cinq Chevres adultes, avec un jeune Bouc ; A M. le docteur Le Prestre, de Caen, un Bouc et une Cli6- vre adultes; A. M. le marquis de Selve, une Ch6vre adulte et un jeune Bouc. Le Conseil s'ajourne au vendredi 27 juilletpour s'occuper du placement du reste de ce troupeau. Le Secretaire des stances, A. Aug. DUM^RIL. t — 494 — OUTRAGES OFFERTS A Ii.% SOCIETE. STANCE DU 8 JUIN 1855. Cosmos (4« ann^e, 6''vg1., 208 et21"= livraisons). Journal des Haras (juin 4855). Archives alg6riennes (n° 4 , 1855). Bulletin du Cornice agricole de rarrondissement d'Alais (Card) (avril et mai 1855). Annuaire de la Soci6t6 m6t6orologique de France ( table du vo- lume de 1853). NouvELLES Annales des voyages, de la g6ographie, de Thisloire etde rarcli6ologie, r^digSes parV.-A. Malte-Brun (mai 1855); offert par M. de la Roquelte. Bulletin de la Soci6t6 d'6mulalion du d6partement de TAllier (Janvier 1855). Considerations bistoriques sur les ph^nomenes de congelation constates dans le bassinde la mer Noire, par M. P. de Tchihatchef ; offert par lui. Rendiconti delle adunanze della R. Accademia economico-agraria dei Georgofili di Firenze (n"^ 1 a 4 de I'ann^e 1855). DiscouRS prononc6 a la seance publy:jue de TAcadSmie imp6riale de Metz du 13 mai 1855, par M. de Saulcy, president j offert par lui. STANCE i>u 22 JUIN 1855. L'Institut (25 et 30 mai, 6 et 13 juin 1855). Cosmos (tome 4 , table alphab^tique). Journal la Science (10 num6ros renfermant les dix premi6res le- mons du cours d'Icbthyologie fait au Museum par M. A. Dum6ril, et offerts par lui). Bulletin de la Soci6t6 de g^ographie (4«s6rie. Mai 1855). Rendigonti delle adunanze della R. Accademia dei Georgofili di Firenze (2* ann6e, 5" livraison). Journal de la Soci6t6 vaudoise d'utilil6 publique (juin 1855). Meteorologie des caracteres physiques des 6clairs en boules et de leur affinite avec I'^tat spheroidal de la mati6re, par M. Andr6 Poey (Extrail du journal la Science , juin 1855) ; offert par I'auteur. ■m. — 495 — ^, Guide mensnel d'horticulture loulonnaisc et du midi dela France^ par M. Camille Aguillon, et offert par lui. Rapport sur quclques v6g6laux maladcs, par le D'' C. Montagne. (Extrait du Bullclin des stances de la Soci6l6 imp6riale el centrale d'agricullure; 2« s6rie, tome 9.) STANCE DU 27 JUILLET *8^. L'iNSTiTUT (du 13 juin au 25 juillet). Cosmos (4' ann6e, 7« volume, livraisons 1, 2 et 3). AwNUAiREde la Soci6l6 m6t6orologique de France (tome 2,4854; deux livraisons de juin 4855). Revue et Magasin de zoologie pure et appliqu6e, par M.F.-E. Gu6rin-M6nevilie (1855, n°» 5 et 6). Bulletin dela Soci^l6 induslrielle de Mulhouse (n° t34), M ^MOIRES de la Soci6l6 d'agricullure, des sciences, arts et belles- lettres dud^partement de I'Aube (tome VI, 2" s6rie, n*^ 33 et 34). Bulletin de la Soci6l6 de geographic (4* s^rie, juiii 1855), Archives algeriennes (n° 5, 1855). Revue coloniale (2" s6rie, de Janvier a juin 1855). Bulletin du Cornice agricole de Tarrondissement d'Alais (Card) (juin 1855). Journal d'Agriculture, rtdig6 et pubUS parle Comit6 central d'agri- cullure de la Cdte-d'Or (18 annee : mars, avril, mai 1855). Recueil agronomique, industriel et scieniifique, publi6 par la So- ci6l6 d'agricullure de la Haute-Sa6ne (tome 7 , n° 1). Bulletin de la Soci6t6 vaudoisc des sciences nalurelles (n° 35). Notice sur la maladic de la vigne et les alterations de divers v6g6- laux, par M. Victor Chatel ; ©fferl par I'auteur. EsQUiSSE sur le Canada, consider^ sous le point de vue iconomiste ; par J.-C. Tache, membre du parlement canadien et commissairedu Canada k I'Exposiliou universelle (1 vol. in-8°; Paris, 1855); offert par I'auteur. Rapport sur r6tablrssement de pisciculture du Var, adress6 h la Sociel6 zoologique d'acclimalation de Paris par la commission d616- gu6e du Cornice agricole de Toulon. Prix pour I'imporlation en France des espdces les plus utiles i I'a- gricullure, h Tinduslrie et i I'humanite. — Commission composde de MM. Isambert, de la Roquelle, et Jomard, rapporteur. ('Extrait du Bulleiin de la Soci6l6 dc geographic (mai 1855) , assembiee g6n6rale du 27 avril 1855.) — 496 - M^MOIRE sur les ph6nom6nes chimiqucs et physiologiques que pr6sentent les Poules nourries avec de Torge, par F. Sacc (cxtrait du 10^ vol. des M6moires de la Society helv6tique des sciences natu- relles) ; offert par Tauteur. Des institutions de pr6voyance fondles par les industriels du Haut-Rhin en faveur de leurs ouvriers. Rapport pr6senl6, au nom du Comit6 d'economie sociale, par le D' Penot, le 20 mai 1855. (Ex- trait du Bulletin de la Soci6l6 industrielle de Mulhouse.) Remarques critiques sur le genre BwiimMS, par M. A. Moquin- Tandon ; offert par Tauteur. L'Utile et Tagrdable (mai et juin 1855). The Journal of the Indian Archipelago and Eastern Asia (3 livrai- sons, de juil. 1854 a mars 1855). Rendiconti delle adunanze dellaR. Accademiaeconomicoagraria dei Georgofili di Firenze (n° 6, 1855). Breve cenno sul governo dei Bachi da seta del Bombyx Cynthia colle foglie del Ricino, di V. Griseri; offert par M. de la Roquetle. La Socidt6 a reQU aussi les journaux dont les titres suivent : Le Moniteur de TAgriculture (du 27 avril au 9 sept. 1855). — L'Ami des Sciences (du 29 avril au 9 septembre). — Journal de Pon- tarlier (du 29 avril au 2 septembre). — Bulletin d'Espalion (du 28 avril au 1®"" septembre). — Annonces marseillaises (du 29 avril au 26 aoul). — La Colonisation (du 22 avril au 5 septembre). — R6forme agricole (mars, avril , mai , juin). — La Lumiere, revue de photogra- phic (du 21 avril aul«'' septembre). — Le Moniteur des Cornices (du 7 juillet au 8 septembre). — La Presse grayloise (14 avril, 26 mai et 23 juin). — Journal dTssoire (28 juin). — L'Echo honfleurais (22 avril, 8 juillet et 26 aoul). — La Haute-Auvergne (9 juin , 21 juillet el 1 8 aout). — L'Echo du Havre (1 ^"" juillet, 2 aoul et 2 septembre). — L'Echo de la Dore (5 et 26 mai). — Journal de Cosne (21 juin , 9 aoul). — Le Messager, moniteur de I'Allier (18 et 20 juillet). — Le Propagateur de Florae (11, 18 et 25 juillet, 8 aoilt et 5 septembre). — Recueil du Cultivateur (5 mai). — Gazetta piemontese (5 juillet). — The Boulogne Gazette (18 juillet et 15 aout). PARIS - IMPRIMERIE GUIRAUDET ET JOUAUST. rue Saint-Honor^, 558. 2' Annee N»10 BULLETIN Oct. 1855 MENSUBL DE LA SOCIETE IMPERIALS ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fonddo Ic «0 f6vrler t9ft4l I. TRAVAUX DES MENIBRES DE LA SOCI^U. RAPPORT FAIT A LA SOClilT]^ ZOOLOGIQUE d'aCCLIIIATATION SUR L'AGRICULTURE DES PROPRlfiTES APPARTENANT A LA COMPAGNIE D'EXPLOITATION DES LANDES DE BORDEAUX, Par HI. niCllABU (du Cantal). Suite et fin (1). sa^ ( stance du 33 mai iSoS. ) REGIME SYLVICOLE. Le pin maritime est Tarbre qu'il convient le mieux de culti- ver dans le sol des landes en general. Cette essence offre le double avantage de r^ussir convenablement dans les sables les plus arides , les plus d^pourvus d'elemeuts fertilisants , et de fournir en permanence la resine,produit constant, dontlarecolte est toujours assur6e. Le precede d'extraction de la r6sine des pins est tr6s simple, et les habitants du lieu le connaisseut par- (t) v., pour la premiere partie, le Bulletin de septembre 1855, p. 449. II 3S — 498 — faitement. II consiste aenlever graduellement sur letroncd'un arbre, k partirdesabase, unebande perpendiculaire d'ecorceet de quelques couches d'aubier (cinq ou six environ) d une lar- geur de huit a dix centimetres, au moyen d'un instrument qui a la forme d'unehache a tranchantrecourbe, qu'on appelle abchotte. Tous les quatre ou cinq jours, denouvelles entailles sont faites les unes au dessus des autres, de maniere k former un ruban denude de deux a trois et meme quatre metres de hauteur, et la resine qui coule le long de cette espece de rainure est regue dans un godet menage k la base du tronc de I'arbre (1). La production de la resine n'a pas ete etudiee au point de vue scientifique. Nous avons vainement cherche des travaux de physiologic vegetale faits sur cette question si importante pour les landes de Gascogne. Les naturalistes eclaires du pays, les bo- tanistes, nous ont declare ne connaitre aucun travail appro- fondi sur la matiere. Cependant le pin doit etre comme tous les vegetaux cultives pour leurs produits. Son essence doit fournir des individus ou des varietes d'especes qui doivent donner des produits soit superieurs en qualite , soit plus abon- dants. Les resiniers que j'ai consultes ont observe que certains arbres donnent beaucoup plus de resine que d'autres ; mais, depourvus des plus simples elements de physiologic vegetale et de botanique, ils n'ont pas pu se rendre compte de ce fait. On n'a meme pas songe k choisir les graines de ces pins plus (1) On a dit que I'habitude de se servir du gros orteil avait fait de ce doigt , chez les resiniers , un pouce opposable aux autres doigts comme le pouce de la main. II en resulterait que I'organisation des doigts du pied gauche d'un resinier serait devenue , dans ce cas, comme chez les quadru- manes. L'honorable President de la Societe zoologique d'acclimatation , M. Isidore Geoffrey Saint-Hilaire , me pria de verifier dans les landes de Bordeaux si ce fait etait exact ; il ne Test pas. J'ai examine avec attention les pieds de plusieurs resiniers de tout kge , et je n'y ai vu aucune modification dans la disposition des doigts. Les resiniers se servent surtout de la face dorsale des phalanges de leurpied gauche pour fixer leurs echelles ; je les ai meme sou vent vus operer en sabots. lis n'ont done pas pu faire de leur pied gauche unetroisieme main, comme quelques naturalistes ontpu le croire, sur Taffirmation de personnes qui ont du naal etudier le fait sur place. — 499 — productifs que les autres, pour les semer k part, et juger com- parativement si les sujets qui en r^sulteraicnt seraicnt comma ceux dont ils proviennent. Les qualitesdes ascendants ne sont- elles pas gcneralemcnt transniissibles i divers dcgres aux des- cendants dans la nature organisee? Pourquoi done le pin ferait- il exception i cette loi universelle de la creation? II y a done 1^ dcs recherches k faire, et celui qui les conduira a bonne fin rendra un grand service. De bons travaux pratiques sur cette question feraient sans doute augmenter la quantite des pro- duits resineux des landes de Bordeaux. On regarde vulgairement les landes de Gascogne comme un pays sterile, improductif, ruineux pour celui qui veut les cul- tivcr ; et on a eu de tristes exemples fi citer i I'appui de cette opinion. On a raison si on les abandonne aux bruy^res, aux ajoncs, aux foug^res, d'une part, et si, de Tautre, on veut les exploiter comme tout autre sol, si on ignore comment elles doivent etre traitees. Mais si on les plante en pins, elles sont immediatement transformees en pays productif. Voici com- ment je prouve ce fait incontestable : Les auteurs affirment generalement qu'un Pin , en bonne production et bien exploite, pent fournir de 3 i 5 kilo- grammes de resine par an. Cette resine brijte est estimee sur place environ 20 centimes le kilogramme. Prenons le chiffre le moins eleve des auteurs, qui est de 3 kilogrammes : chaque arbre en rapport donnera done 60 centimes de revenu annuel. Dans les landes de Bordeaux, supposons SO centimes (et c'est le chiffre generalement admis dans le pays), pour fixer le plus bas possible le rendement en resine d'un Pin dans des condi- tions ordinaires de production, le sol pretendu sterile des landes de Gascogne sera alors tr6s productif. Nous aliens voir comment. On etablit generalement que dans les landes de Bordeaux 1 hectare peut contenir de 200 .'i 250 Pins deplace^ c'est-ii- dire dans les conditions exigces pour 6tre en etat ordinaire d'exploitation de resine. Supposons 250 arbres par hectare, c'est le nombre generalement reconpu convenable en moyenne — 500 — pour les arbres de place, depuis le commencement de leur ex- ploitation en resine, jusqu'a leur coupe (1) : si chacun de ces arbres produit 50 centimes en moyenne, on a 125 fr. de pro- duit brut par hectare, sans avance de fonds de culture annuelle, comme pour les autres produits agricoles en general. Admet- tons maintenant, et ce sera plus que suftisant ^notreavis, que les frais de recolte de la resine soient de la moitie de son pro- duit, on aura pour benefice net 62 fr. 25 c. par heectare. Or, un pays condamne comme sterile qui produit par hectare 62 fr. 25 c. en permanence, sans craindre les accidents atmospheri- ques , les greles , les gelees , tons les evenements meteorologi- ques, toutes les non-valeurs des exploitations compliquees et multiples en agriculture^ordinaire , sans compter les epizootics, les eventualites de toute nature , ce pays est un bon pays pro- ducteur. Quant aux proprietes de la Compagnie des landes de Bor- deaux, voici quel serait mon avis sur leur exploitation : II faudrait d'abord mettre en semis de Pins toutes les lan- des qui sont encore en bruyeres, et qui comprennent une assez vaste etendue de terrain. Les essences de Chene en futaie ou en taillis devraient etre remplacees par celles de Pin, parce- que les Chenes reussissent mal, et les produits qu'ils donnent periodiquementetci des intervalles tres eloignessontde peu de valeur. Cela tient principalement, sans doute, k ce que la terre de la lande, ayantpeude fonds etreposantsouvent sur un sous- sol forme d'une espece de tuf ferrugineux (alios) impenetrable aux racines pivotantes du Chene, ne fournit pas k cette essen- ce les elements suffisants pour son developpement. En desti- nant tout le terrain disponible aux essences de Pin, nous pen- sons, sauf verification et etude plus approfondie, que les pro- (1) Je prends le chiffre de 250 pins en moyenne par hectare , parceque, si ce nombre parait considerable dans les Landes de Bordeaux pour les ar- bres de 50 ci70 ans et plus , on peut en compter environ 300 par hectare jusqu'a I'cLge de 25 a 40 ans, D'autre part, on exploite les pins en resine avantl'Age de 30 ans. Je crois done avoir pris ici une moyenne de rende- mentqui secarte peu de la verite. — 501 — priot^s de la Compagnie des landes pourraient avoir environ 7,000 hectares en pini6res. En semant en Pins tons les terrains qui ne peuvent pas 61tg mis en prairies de quality convenable, et tons ceux qui sont peu propres b. 6tre cultives avec fruit en c6r6ales ou autresproduits, nouscroyonsqu'on pourrait arri- ver k peu pr6s i ce chiffre. Ces7,000 hectares en Pinsdevraient 6tre divises en 70 parties de 100 hectares chacune, pour etre soumises k un amenagement regulier. 3,000 hectares, compre- nant les sujets d'un k trente ans , seraient convenablement soi- gnes. On pratiquerait des eclaircics, des elagages et des espace- ments, suivant les regies indiquees par la physiologic vegetale pratique; les autres 4,000 hectares seraient en Pins depl'ice, en plein rapport depuis Tiige de trente ans , et souvent avant, ce qui depend de la nature du sol et de soins donnes aux se- mis et plantations, jusqu'i celui de soixante-dix ans et plus, suivant les circonstances. Chaque annee une division de Ta- raenagement adopte (100 hectares) serait abattue pour Tex- ploitation des arbres qui la composeraient, et serait renouvelee soit par des semis, soil par des plantations ou par les pousses naturelles, ce qui a ordinairement lieu dans les pini6res abat- tues. Cette division, qui aurait ete la derni6re, deviendrait alors celle de premiere annee, et prendrait rang dans lesyste- me de rotation adopte. De cette mani^re, Texploitation de ces proprietes marcherait r6guli(;rement , silrement, et offrirait des ressources vainement attendues par la Compagnie depuis trop long-temps. Tel est Tamenagement qui m'aurait paru le plus raisonnable comme le plus pratique k adopter dans les propri6t6s que j'ai 6tudi6es. Des Etudes plus approfondies m'auraient peut-etre fait faire quelques modifications dans ce mode d'op6ration ; mais j'ai la persuasion qu'au fond, je n'au- rais pas employe d'autre proc6d6, et que j'aurais r6ussi. Si, aux debuts de Texploitation de ses proprietes, qui da- tent de vingt ans environ , la Compagnie des landes de Bor- deaux avait adopts la m^thode que j'indique ici , elle aurait pu avoir 500,000 fr. de rentes et m^me plus ; et Dieu salt s'il en — 502 — est autrement ! Or, voici pourquoi j'ai cettc conviction ; lo compte meparait facile h etablir : J'ai dit , et c'est ['opinion generalement admise dans les lan- des de Bordeaux , que chaque Pin en exploitation ordinaire actuelle rend 50 cent, de resine par an. 4,000 hectares, con- tenant 250 Pins I'un , donnent 1,000,000 de Pins en exploita- tion. Ce million de Pins en exploitation rendrait 500,000 fr. de resine. Supposons maintenant que I'exploitation et Fentre- tien de toutes les pinieres couteraient la moitie de cette somme , ce qui me parait un prix tres eleve , il resterait pour benefice net 250,000 fr. Les 100 hectares qui formeraient la der- niere division de I'amenagement donneraient de 20 k 25,000 arbres environ de soixante-dix ans au moins. Ces arbres , bien soignes et bien exploites , avec ordre et economic , produi- raient aujourd'hui , en planches ou en pieces de charpente , en charbon ou en goudron , au moins 10 fr. I'un, d'apr6s ce qui m'a ete af- firme sur les lieux memes, ci 250,000 fr. Total 500,000 fr. Resteraient maintenant les produits des charbons prove- nant des bois de rebut, des eclaircies et elagages, ceux des fabriques de tuiles, de briques , de tuyaux et de drainage , et le rendement de 400 hectares environ en culture, dans lesquels on pourrait faire un elevage^ du betail, qui donnerait de tres beaux benefices si cette Industrie etait bien comprise et bien dirigee , suivant les ressources du lieu ; mais , dans I'etat oii elle se trouve dans les proprietes de la Compagnie, cette Indus- trie est plutot en perte qu'en gain. Je ne parle pas d'autres produits divers qui seraient donnes par des oseraies qu'on pourrait etablir, par des plantations de Peupliers sur les cours des ruisseaux qui traversent les — 503 — propriet(is dans dc grandes 6tendues , sur les bords des mare- cages, et surtout sur les berges du canal de la Compagnic. Ce canal, quia plusdc 12 kilometres de longueur, s'etend do l'^- tang de Caseau jusqu'A la Teste. Je n'ai pas eu assez de temps pour dtudier le mode d'assole- ment qu'il conviendraitd'adopter definitivement pour les terres en culture des propridtes de la Gompagnie des landes de Bor- deaux. Ces terres, quoique sablonneuses et 16g6res , sont d'as- sez bonne quality relative. On pourrait les amender, je crois , avec avantagc, au moyen de Targile sur laquelle elles reposent sur plusieurs points, et il serait possible alors de les rendre plus fertiles par cet amendement. Cependant, comme la main- d'oeuvre est rare et d'un prix eleve dans les landes, parceque leur population, tr6s restreinte d'abord, n'est r6ellement pas agricole comme dans d'autres pays, mon avis est qu'il faudrait borner la culture des cereales pour etendre le plus possible celle des prairies naturelles et artificielles , et augmenter les pAturages. Une grande partie des terres en culture de seigle t la propri6te dite de Bestaven, et meme i celle de Casteja , pourrait etre mise en prairies naturelles irrigables sur beau- coup de points par des ruisseaux qui traversent ces domaines. II serait done possible d'augmenter, dans ces cas, le nombre comme la qualite des animaux de rente qu'on y el6ve , et qui sont dans le plus triste etat de production dans ce moment. J'ai dit plus haul que je reviendrais sur les animaux 6\e- ves dans les landes de Gascogne. Je ne dois pas negliger de vous signaler ce que j'ai vu de ce c6te si interessant de la question que j'ai dA 6tudier. A mes yeux , la question du be- tail est Tunc des plus serieuses , des plus importantes k etudier pour notre agriculture , surtout dans les proprietes de la Gom- pagnie d'exploitation des landes de Bordeaux, je dirai pour- quoi plus loin ; et cependant elle est Tune des plus ignorees partout en France. Eh bien ! je dois avouer ici que , si I'^cono- mie du betail est g6neralement trop ignor^e dans nos campa- gnes pour 6tre dans les meilleures conditions de production possible, je n'ai vu nulle part ou j'ai voyag6 pour 6tudier I'a- — 504 — griculture , pas meme chez les Arabes , un elevage plus mal compris, plus mal dirige, moins productif, que celui des lan- des que j'ai parcourues ; et les proprietes de la Compagnie d'exploitation des landes de Bordeaux ne font pas exception k la regie. En parlant specialement des animaux de cette Compa- gnie, onverra queropinion que j'avanceicin'est pashasardee. L'etat de la production animale est partout en raison des conditions dans lesquelles se trouve la production vegetale ; cette loi generale de la nature ne souffre pas d'exception. Par- tout et toujours les animaux ne sont qu'un effet dont le four- rage est la cause. Si le fourrage est mauvais, s'il est insuffi- sant par la qualite comme par la quantite , les animaux en su- bissent rigoureusement les consequences : aussi les animaux des landes que j'ai visitees sont-ils chetifs, rabougris; ils ne donnent generalement que des benefices minimes , sinon nuls, comme le prouve Tobservation des faits pratiques au lieu meme que j'ai etudie. Les landes de Gascogne elfevent cinq'especes d'animaux, qui sont : le Cheval, le Boeuf , le Mouton , la Chevre et le Pore. Le Cheval est, de tout ce betail, celui qui offre le plus de qualites relatives. S'ilest condamne, par la production vegetale actuelle du lieu, k rester chetif, rabougri, de petite taille, ilest d'une sobriete , d'une vigueur relatives surprenantes. J'ai etu- die avec soin, et depuis long-temps, ces petits animaux, et j'ai toujours ete etonne de leur force, de leur resistance aux fati- gues , de leur souplesse , de leur ardeur au travail comme de leur bonne volonte en toute occasion. Qu'ils soient montes ou attel6s , soumis k la somme , a tel service que Ton voudra , on les retrouve toujours les memes, toujours dispos, toujours prets, toujours energiques. Si nous avionsune race de Chevaux de taille qui eAt les qualites des Chevaux landais , elle serait d'un prix inappreciable, surtout pour Tarmee. Si le cheval landais ne s'est pas ameliore , s'il est tel que la lande I'a donne , du moins il n'est pas abatardi par des croise- ments inconsideres, mal combines; il est reste dans toute la purete de sa race, comme le cheval camargue. Ces deux types — 505 — de Tcspece sont los souls dc nos races 16g^^es en France qui aient conserve leurs caractferes propres. Toutes les autres races l(^g6ros, telles que cclles de la Navarre, du Limousin, de I'Auvergne , du Morvan , etc. , ont disparu sous Ic coup dc croisoments mal combines, mal adaptes. Que faudrail-il faire maintcnant pour perfectionner Ic che- val landais ? Faudrait-il faire comme dans d'autrcs pays de France, le degrader par dcs types qui ne convicnnent pas k son esp6ce? Le croiseravecdeschevauxde course anglais ouavecde grands chevaux du Nord? Un semblable proced6d6truirait cette petite race pr6cieuse. Sauf meilleur procede qu'une etude plus approfondie de la question pourrait indiquer sur les lieux m6-* mes , il nous semble que le moyen de perfectionner ces ani- maux se trouverait d'abord dans le regime , ensuite dans le choix bien fait des types du lieu, et probablement par Finterven- tion du cheval arabebien choisi. On pourrait peut-ctre ainsi faire une esp6ce qui parviendrait h acquerir la taille de Chevaux dc cavalerie 16g6re, et ce serait rendre , en atteignant ce but, un grand service h Tagriculture locale comme k I'armee. Du reste , les essais de perfcctionnement qu'on pourrait faire h ce sujet dans les landes seraicnt d'autant plus faciles , si d'ailleurs ils etaient compris et diriges suivant de bonnes re- gies de la science des animaux et de Icur elevage , que les habitants du pays sont tr6s disposes h accepter une bonne impulsion sur ce point de leur production animale. lis aiment beaucoup le Cheval : tous sont cavaliers ; tons montent k che- val pour leurs voyages , tous cherchent k ameliorer leurs clo- ves. J'en ai eu la preuve non seulement en conversant avec eux , mais par les faits que j'ai eus sous les yeux. Ce qui leur manque , c'est le savoir special au metier , et c'est 1^ le princi- pal obstacle qui s'oppose , comme dans tant d'autres lieux en France, au progrfes ardemment d6sir6 par les Landais. En traitant cette question avec discernement et suivant les regies prescrites par la pratique raisonnee du perfcctionnement des races , la Compagnie d'exploitation des landes de Bordeaux non seulement rendrait de grands services au departement des — 506 — Landes par I'exemplc qu'elle donnerait, mais elle y trouverait des profits certains. Elle possede dans ses vastes proprietes de bons elements de reussite ; et, si elle veut les employer ra- tionnellement , Tetude des lieux , comme celle des faits , m'a convaincu qu'elle pourrait faire de bons Chevaux. L'elevage de ces animaux reussirait parfaitement dans les conditions oii pourrait se trouver presque immediatement Tetat de sa pro- duction fourragere et pastorale. L'elevage du Mulet serait pent etre encore plus lucratif que celui du Cheval ; mais cette question ne pourrait etre resolue que par des etudes comparatives sur les lieux. Je n'ai pas pu les faire; il n'est done pas possible d'avoir k ce sujet aujour- d'hui une opinion arretee. L'espece bovine , dans les Landes , est comme Fespece che- valine , rabougrie et chetive ; mais si elle manque par le deve- loppement comme les Chevaux , comme eux elle est energique et sobre. C'est une qualite; mais cette qualite est loin d'etre suffisante. L'especebovinelandaiseestmauvaiselaitiere, et elle est trop faible pour fournir de bons animaux de travail, si elle est elevee sur place (1); elle ne peut donneraussi que de tres me- diocres animaux deboucherie. Cette race, que j'ai etudiee avec soin , ne peut done etre conservee avec avantage telle qu'elle est: il fautou la modifier profondement parle regime et un bon choix de reproducteurs pris dans l'espece meme , si c'est pos- sible ; dans le cascontraire, on doit choisir dans d'autres races des individus qui , par leur nature , pourraient convenir k la localite. Cest la une etude serieuse et approfondie qu'il im- porterait de faire au point de vue pratique. L'espece ovine observee dans les Landes m'a paru etre la plus mauvaise race que j'aie jamais eu occasion d'etudier sous le rapport du rendement. II est facile d'expliquer ce fait. Non seulement la nourriture est insuffisante et de mauvaise qua- (1) Je dis si elle est elevee sur place , parceque les individus exportes des lejeune Agedans des pays fertiles, et bien nourris, prennentdu deve- loppement et sont tres propres au travail. — 507 — lit6 pour ces animaux , mais rhumidit6 du sol impermeable est contraire h la sant6, h la nature du Mouton. Aussi est-il reconnu par les praticiens du lieu , en general , que les trou- peaux ne donnent pour produit reel que leur fumier, D'apr^s un calcul que j'ai vu faire sous mes yeux par plusieurs prati- ciens , I'elevage du Mouton laisserait m6me souvent des pertes. II y a done toute une revolution fi faire opererdans Televage de Fesp^ce ovine des Landes, dont le croit suffit ^ peine h Ten- tretien du nombre des animaux 61ev6s , tant les troupeaux de Brebis sent peu feconds d'une part , tant la mortalite sevit de Tautre! Quanta la laine, elle est d'une qualite trfes mediocre et d'uiie valeur assez inferieure pour le commerce. L'esp6ce caprine ne rend pas plus de profit que Tesp^ce ovine. Les troupeaux de Gh6vres errants dans la lande ne don- nent que leur fumier ; ils sont d'ailleurs plus nuisiblesqu'utiles, par les degftts qu'ils peuvent faire dans les semis ou plantations. Quant k I'espece porcine , je n'ai pas observe de race propre kla lande; les individus que j'ai eu occasion de voir offraient des caractferes de types differents , mais d'un assez bon choix. L'61evage du Pore, tel que j'ai pu voir , ne m'a pas , du reste , permis de fixer mon jugement de mani^re k 6mettre ici une opinion definitive; mais je le crois profitable. Je ne dois pas, du reste, oublier de dire que, de tousles animaux, le Pore m'a paru 6tre celui qui est le mieux soign6 , ce qui est dil sans doute aux produits avantageux qu'il donne. On le voit done , I'etat deplorable de la production fourra- gere de la lande entraine rigoureusement I'etat deplorable de sa production animale, qui n'enest que la consequence ; etc'est ici le cas de repeter ce que j'ai deji eu occasion de dire dans cette reunion , en parlant des animaux : Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es. Dans les propri6tes de la Compagnie d'exploitation des lan- des de Bordeaux, I'elevage des animaux n'est pas plus heureux qu'ailleurs. Cette Compagnie posstjde dans ses terres de Bes- taven et de Casteja unevacherie de cent dix t^tes environ : 80 de ces animaux sont de I'espece du pays ; les autres appartien- — 508 — nent au type breton. On trouve deplus, dans ces memes pro- prietes, un troupeaude mille Brebis environ et cinq a six Pores a Casteja. Eh bien ! croirait-on que ces cent dix tetes de gros betail et ce troupeau de Brebis de mille tetes ne donnent pour tout produit que leur fumier! II faut le voir pour le croire. Les 30 Vaches bretonnes, considerees comme laitieres dans le pays, ne laissent pas de benefice, tant Texploitation du lait qu'elles pourraientdonnerestincomprise! Ce genre d'industrie, comme celui de I'elevage simple de Tespfece bovine et ovine , n'est ni dans le gout des habitants du pays , ni dans la specialite de leur aptitude. II importe done de changer ce mode d'elevage, d'en trouver un plus conforme aux goAts, aux moeurs des Landais. II serait ruineux pour la Compagnie d'exploitation des landes de Bordeaux d'entretenir, sans aucune espece de benefice et pour leur fumier seulement, cent dix tetes de betes ^ cornes et un troupeau de mille Brebis. Sans vouloir resoudre la question avant d'avoir fait des etu- des plus approfondies sur la matiere, je crois, comme j'aidejS. eu occasion de le faire remarquer, que I'elevage du Cheval ou du Mulet serait celui qu'il faudrait choisir de preference ; mais cet elevage, surtout celui du Cheval, exige, pour bienreussir, des connaissances speciales qui ne m'ont pas paru exister dans le personnel charge de diriger I'exploitation des proprietcs de la Compagnie des landes. line faudrait done pas que cette ho- norable reunion considerdt mon opinion comme rigoureuse- ment acceptable dans ses proprietes, telles qu'elles sont regies. L'elevagedu Cheval, mal dirige, faitavec des types mal choi- sis pour la localite , mal soignes et mal nourris , serait peut- 6tre pis encore que celui de Tesp^ce bovine et ovine. Celui-ci serait sans doute avantageux s'il etait fait suivant de bonnes regies de la science de la nature speciale aux animaux domes- tiques. Je ne voudrais done pas que Favis^emis par moi icifut suivi inconsiderement. Pour y donner suite avec toute la pru- dence commandee en pareille occasion, il faudrait au moins que toutes les conditions exigees par la science des animaux et celle de leur elevage fussent reunies dans les proprietes sur — 509 — lesquelles j'appelle ici rattention dela Societe zoologique d'ac- climatalion comme celle de la Compagnic des landes de Bor- deaux. Sans ces conditions, on serait expose £i un echec aussi fdcheux pour les interets de cette Compagnie que pour le pays des landes lui-m6me, par le mauvais exeraple qui en r^sulterait. Tel est Tetat de ragriculture des landes en general , et celui des proprietes de la Compagnie des landes de Bordeaux ; tel est celui des animaux qu'elles el6vent. Que faudrait-il mainte- nant pour sortir de cette triste condition de la production mi- nerale, veg6tale et animale de ce pays? line seule chose: Tin- struction professionnelle, I'application des sciences naturelles , dont vous avez si bien compris I'importance et I'utilite en ma- ti6re agricole. Vous avez consulte Thistoire du progres dans toutes les car- riferes , dans toutes les industries ; vous savez que les succ6s ob- tenus ont toujours ete partout en raison du savoir special qui a preside aux operations qui ont pu 6tre faites , quelle qu'ait ete leur nature. L'industrie manufacturi^re , par exemple , a ete transformee depuis la fin du si6cle passe ; elle a fait plus de progres chez nous en soixante ans qu'elle n'en avait obtenu dans tons les sie- cles passes reunis, et elle doit ces avantages immenses aux sciences chimiques , physiques , mecaniques , malhemati - ques, etc., appliquees. Quant aux landes de Gascogne , le concours des sciences naturelles est d'autant plus indispensable que leur sol est moins productif dans les conditions mauvaises ofi il est, et qu'il a ete de tout temps abandonne ^ Tincurie, aux bruyeres, aux marecages insalubres. Dans ces terres, tout est k creer : elles n'ont regu aucune bonne impulsion agricole. II faut done la leur donner; mais, nous ne saurions assez le repeter, elles ne peuvent la recevoir que par I'emploi des procedes raisonnes indiques par les sciences naturelles. Eh ! qu'on ne vienne pas nous dire , comme nous Favons entendu sou- vent, que Ton pent confier Tinitiative du progres i provo- quer k des hommes qu'on nomme i tort des praticiens , et — SIO — qui ne Tont jamais ete comme on doit le comprendre : ce sont ces pretendus praticiens qui ont depense a la Compagnie d'exploitation des landes de Bordeaux des millions en pure perte , et qui ont laisse dans Fetat le plus deplorable le sol dont la culture leur avait ete confiee ; ce soiit ces pretendus praticiens qui ont fait eprouver tant de pertes k la Compa- gnie d'Arcachon , k celle de la Basse-Camargue , et qui ont ruine tant d'autres associations d'actionnaires qu'il est inu- tile de nommer ici ; ce sont ces pretendus praticiens qui conti- nueraient la marche ruineuse suivie dans les proprietes de la Compagnie d'exploitation des landes de Bordeaux, si ellevou- lait encore avoir recours k eux comme elle I'a fait long-temps avectrop de confiance. Si cette honorable Compagnie veutrom- pre avec le passe , sortir de la route desastreuse dans laquelle elle s'est egaree, c'est aux sciences naturelles speciales etu- diees dans leur application sur les lieux qu'elle doit recourir. Son salut est a ce prix : hors de 1^ , il n'y en a pas. Je Faffir- rae avec certitude, parceque je I'aivu; et je dois ^la confiance qu'elle a temoignee k notre Societe, en la consultant, Fex- pression franche de mes convictions absolues sur ce point. Du reste, si les proprietes de cette Compagnie sont bien exploit^es, elles offrent le plus grand avenir, non seulement par les pro- duits assures qu'elles peuvent donner, mais par les modifica- tions qui sont k la veille de s'accomplir dans la valeur venale < du sol, sous Finfluence de lavoie ferree de Bordeaux k Bayon- ne. La facilite des debouches que donne le chemin defer a deji fait elever le prix des produits landais dans de grandes propor- tions. Les charbons ont presqueaugmented'un tiers, en peude temps, dans les proprietes de la Compagnie ; les bois de con- struction, les planches, ont aussi plus de valeur, et les prix ele- ves que Fon observe augmenteront encore lorsqu'un reseau de chemins agricoles projete par Fadministration locale et le gou- vernement rayonnera sur les voies ferrees de la Teste ou de Bayonne, ou sur le canal de la Compagnie. On le voit done, Messieurs, Favenir des proprietes de la Compagnie des landes de Bordeaux est beau , il peut reparer — 511 — autant que possible le mal fait par les erreurs malheureuses du passe ; mais ce n'est qu'^ la condition qu'une initiative bien dirig^e provoquera les rdsultats vainement attendus depuis trop longtemps. Tel est, Messieurs, le r6sum6 succinct des observations trop incompletes que j'ai pu faire dans le court intervalle de temps quej'ai passe dans les Landes ; vousavez puvoir, du reste, que, forc6 de me bornerdans les g6n6ralit6s, ii defaut de documents speciaux assez etendus, je n'ai pu entrer dans les details de la question qui a et6 soumise k notre Society et que vous m'avez charge d'examiner. Ce n'est pas en dix ou douze jours qu'il est possible d'etudier k fond une exploitation compliquee sur pr6s de 8,000 hectares de terre, dans un pays abandonne de- puis dessi^clesetdepourvu de bons renseignements, d'instruc- tions speciales sur son agriculture ; ce n'est pas dans un temps aussi limits que Ton pent examiner une k une chaque metho- de culturale propre k chaque nature de produit. Mais si mon laconisme forc6 ne m'a pas permis de vous satisfaire comme je Taurais desir6,j'esp6re quej'ai pu vous donner du moins une idee de la cause des deceptions dont la bonne foi de I'honora- ble Compagnie d'exploitation des landes de Bordeaux a 6t^ victime, et du remade imm^diat qu'il y aurait k employer pour arreter le mal. Pour conclure, voici la marche que je proposerai de suivre afin de bien resoudre la question qui vous a ete posee par la Compagnie d'exploitation des landes de Bordeaux : CONCLUSION. 1° Des etudes s^rieuses doivent 6tre faites imm^diatement sur les conditions topographiques geologiques , physiques et chimiques du sol des propriet6s de la Compagnie des landes de Bordeaux, afin de connaltre le meilleur mode d'exploitation auquel ce sol doit etre soumis , et les moyens de I'amender. — S12 — On doit aussi rechercher, par I'analyse et les fails observes , quelle est la composition chimique des eaux , afin de pouvoir juger de leur action sur la vegetation pour les irrigations. 2° Les matieres premieres , qui dans ces proprietes peuvent servir k la fabrication de briques de tuiles ou de tuyaux de drainage , doivent etre etudiees dans leur composition chimi- que , afm de les disposer de maniere k contenir les principes elementaires propres a fournir desmateriaux de bonne qualite. 3° Au point de vue de la production vegetale , on doit etu- dier les essences forestieres dont les produits sont les plus avantageux dans chaque nature de sol , et adopter leur cul- ture sur la plus grande echelle possible. 4° II faut s'occuper sans retard de modifier T^tat actuel des prairies naturelles , qui donnent de mauvais fourrages , gros- siers et peu nutritifs , et multiplier leurs produits apres les avoir ameliorees dans la plus grande partie de terrain qui le per- met. 5° II faut adopter, pour les terres cultivables , un assole- ment dans lequel la culture fourragere ait la plus grande eten- due possible, afin de permettre un grand developpement d'e- levage de bestiaux , et de borner la culture des cereales , trop dispendieuse dans les conditions ou se trouvent actuellement le sol et la main-d'oeuvre dans les landes de Bordeaux. 6° On doit fairs un choix judicieux et immediat des especes animales qui peuvent le mieux convenir aux ressources four- rageres actuelles du lieu , afm que leur elevage puisse etre en harmonie avec la production vegetale mise k leur disposition , et donner des benefices assures , au lieu de pertes. 7° II faut etudier avec soin les avantages que pent offrir la creation de diverses industries secondaires qui n'existent pas encore dans les proprietes de la Compagnie des landes de Bordeaux, telles que : l^Televage des sangsues , 2° la piscicul- ture , 3° Tapiculture , 4° les plantations d'oseraies , de peu- pliers , de saules , dans les marecages , le long des ruisseaux et du canal de la Compagnie. 8° II faut enfin assainir, par le drainage bien dirige ou tout — 513 — autre moyen propre k remplir le ra^me but , les lieux qui sont improductifs par exc6s d'humidit6. C'est par Temploi raisonn6 de tous ces proc6d(5s bien 6tu- di6s, suivant les lois de I'histoire naturelle pratique bien appiiqu6e, que la Compagnie d'exploitation des landes de Bor- deaux donncra un exemple qui aura les proportions d'une ceuvre nationale, d'une part, par les heureuses consequences qui en r6sulteront en faveur de Tagriculture des landes en g6- n6ral , et profitera , de I'autre , des grandes ressources jus- qu'ici incomprises de ses vastes propri6t6s dans les landes de Gascogne (1). (1) Le Conseil d adminiatration de la Compagnie d'exploitation des lan- des de Bordeaux a charge I'auteur de ce rapport de faire sur les lieux les Etudes indiquees dans ses conclusions. {Note de la redaction.) " 33 514 RAPPORT SUR LE PROJET D'ETABLISSEMENT D'UNE OISELLERIE. Commissaires : MM. Berrier-Fontaine, Ch. Jacques, Johnson , J. Michon, Florent Prevost, de ToutTiion, et DAVELOIIIS, rapporteur. Suite (1). (Stance du 22 juin 1855.) Conditions relativement a la localite. La nature d'une oisellerie etant connue , nous pouvons en deduire les conditions que doit presenter la localite dans la- quelle on I'etablira. II est inutile de faire ressortir les avantages que presente un endroit salubre : chacun salt que c'est la premiere condition k rechercher. Comme forme , il faudrait que Toisellerie etit des abords fa- ciles , afin que Tetat des routes et leur pente ne missent pas obstacle k I'arrivee des voitures et des charrettes que le ser- vice de I'etablissement y appellerait. Tous ceux qui se sont occupes d'exploitations rurales sa- vent que la nature des voies de communication , surtout lors- qu'il existe des chemins de traverse , exige un serieux examen. Nous insistons sur ce point , car on verra plus loin qu'il existe une autre raison qui obligera forcement d'y avoir egard. Pour les Oiseaux de basse-cour, il faudrait que la localite presentat deux conditions assez difficiles k reunir : pour les gallinaces, un sol sec, sablonneux, absorbant rapidement les pluies, ne conservant pas les amas d'eau qui se ferment apres les orages ; pour les palmipedes , au contraire , de Teau en assez grande quantite ; pour tous les oiseaux , s'il etait possi- ble, car ce fait constitue un grand avantage , de I'eau courante, (1) Pour la premiere partie , V. le Bulletin d'aout 1855 , p. 401 . — 515 — dans laqucUe les animaux pussent se d^salt^rer et se baigner toutes les fois qu'ils le voudraient. Comme faisanderie , il faudrait que roiscllcrie troiivAt dans la localited'autres conditions, qu'ily eAtdes arbres et dd'om- bre. Si un bois entourait Tetablissement, on y trouvcrait un in- contestable avantage. On a remarqu6 , dans les stances de la seconde section , que beaucoup d'oiseaux transporters dans nos climats ne se reproduiscnt qu'i la condition d'etre libres. C'est un fait important et qu'il est necessaire de signaler, parcequ'il en faut conclure qu'avant d'arriver k domestiquer certaines es- p6ces , il faudra , en premier lieu , les avoir libres , au moins partiellement , puis les rapprocher successivement et de plus en plus de Thomme , en leur laissant un' simulacre de liberte,. avant de les fixer dans nos basses-cours. D'un autre c6te, la liberty n'est pas moins necessaire quand les animaux sont jeu- nes. II faut qu'ils puissent courir, gratter la terre etdevorerles vers et les insectes, qui donnent k leur constitution une vi^ gueur necessaire, avant qu'ils soient enferm6s dans le» par- quets , h I'epoque oii la reproduction devient possible. Dans un bois, ces conditions se presentent naturellement. L€8 ani- maux pourraient parcourir chaque jour un certain espace, qu'ils abandonneraient le lendemain pour en chercher un au- tre. Les endroits visites se repeupleraient successivement, et ils offriraient, idifferentes epoques, les m^mes avantages de nourriture. On aurait ainsi les avantages d'une vermini6re» sans avoir les inconv6nients qui r^sultent de celles qu'on eta- blit artificiellement, ou tout au moins on pourrait en restrein- dre I'emploi. II faut encore ajouter que Texistence d'un bois ne serait pas moins necessaire pour certaines esp^ces qu'on pent elever en voli^res. Deji M. Coeffier a signale ce fait pour le Colin-Houi. Ces animaux peuvent ^tre Idches pendant quelques heures , et ils reviennent spontanement le soir ou aux heures des repas. Pour ceux-ci , de grands arbres sont encore 6minemment uti- les : ils trouveraient autour de leurs cages tous les avantages d'un pare. — me> — Conditions relatives aiix dispositions interieures materielles de roisellerie. Ce qui a ete dit precedemment sur la nature et le but d'une oisellerie nous indique encore les principales dispositions inte- rieures materielles k remplir. Les dispositions d'une ferme lui sont applicables en ce qui concerne les Oiseaux de basse-cour ; mais ce qu'il faut specia- lement signaler, c'est I'existence indispensable de promenoirs ombrages et d'abris pour les mauvais temps, ainsi que des han- gars grilles, preferables aux poulaillers pour certaines espfeces. Les dispositions adoptees dans les faisanderies seraient aussi susceptibles d'application ; elles sont modifiables suivant les lo- calites, et nous n'en dirons rienici^ puisque nousrestons dan& le domaine des questions generales. Quant aux especes encore peu connues, il est difficile de prejuger quels changements il faudrait faire subir aux endroits dans lesquels on les placerait. Les renseignements donnes par les voyageurs et eeux trans- mis par nos correspondants etrangers, pour lesquelsla seconde section a fait rediger des instructions , pourront indiquer, sui- vant le besoin ,, ce qu'il y aurait k faire. II est inutile d'aj outer que des parquets nombreux, bien disposes et etablis avec les soins convenables , renfermeraient les especes et les races, afin d'en maintenir la purete, en em- p^chant les melanges des individus adultes. En dehors de ces conditions , il en est une que nous devons encore nettement specifier : c'est I'etablissement d'un four h incubation, indispensable dans une oisellerie. M. J. Michon a rappele a. la commission que dej^ M. Geoffroy Saint-Hilaire avait signale I'existence d'un appareil de cette espece comme tres utile. Les membres de la commission ont pense qu'il fal- lait considerer la construction d'un four semblable comme une des necessites fondamentales reclamees par une oisellerie. Pour les ustensiles employes dans un etablissement comme celui dont nous parlous , il faudrait qu'ils fussent de bonne — 5i7 — qualile, les plus commodes possible et entretenus convena- blement. A cet 6gard, il serait n6cessaire de consulter ceuxde nos confreres qui ont le mieux etudi6 toutes ces questions, et de profiler des renseigncnients que I'Exposition universelle pourra peut-6tre nous fournir. Avant d'aller plus loin, il est necessaire d'exposerune diver- gence d'opinions qui s'est manifestee parmi les membres *de la commission sur une des conditions que devait presenter une oisellerie. Trois des membres, MM, Florcnt Prevost, Ch. Jacques et Johnson, que leur connaissance approfondie de toutes les questions relatives aux Oiseaux mettaient plus que tous autres en etat de traiter le sujet dont nous nous occupons, ont differe lorsqu'ils ont expose leurs opinions. « II faut, a dit M. Florent Prevost, placer les oiseaux avec des mammiferes. Seuls, a-t-il ajoute, les oiseaux se trouvent dans des circonstances defavorables. L'oisellerie se trouverait privee de tous les produits utiles que peuvent donner les grands animaux, et il faudrait faire venir du dehors ce qu'on pourrait produire dans Tenceinte menie de Tetablissement. Mais il y au- rait encore avantage h reunir ces deux classes d'animaux , cap seuls plusieurs Oiseaux ne reproduisent pas ou reproduisent incompletement, etTimproductivite qu'ils presentent licnt pre- cis^ment k Tisolement dans lequel ils se trouvent. « M. Ch. Jacques, retenu horsde Paris par Tetat de sa sante, n'avaitpuassister^ la premiere seance de la commission, lors- que I'opinion pr^cedente fut 6nonc^e. Cet honorable confrere envoya neanraoins une note dans laquelle il transmettait d'u- liles renseignements ; c'est dans ce travail que nous trouvons I'o- pinion suivante, qu'il nous a paru utile de transcrire : « Ce qui completerait Tetablissement, dit-il, serait une pe- tite ferme produisant les denrees necessaircs a Talimentation des animaux, les plantes utiles k leur sant6, la paille, le fu- mier, si utiles en tant de circonstances , etc. » Sans etre identiques, les deux opinions sont semblables. Selon M. Johnson, ce serait moins la reunion de ces deux — S48 — classes differenlesd'animaux, comme condition fondamentale, que le choix d une localite eminemment convenable pour les Oiseaux, qui devrait figurer en premiere ligne. II n'appartenait pas h la commission de trancher cette que- stion, qui depassait ses attributions. Le conseil seul peut deci- der si I'oisellerie doit ^tre ou non rattachee h ce qui serait fait pour*d'autres branches de la zootechnie. La commission s'est done bornee k signaler ces opinions k ceux k qui il appartient de prendre une decision k cet 6gard. On verra neanmoins que cette opinion s'est reproduite sous une autre forme lorsqu'on a examine comme types d'etudes quelques localites. Mais, en laissant de c6te la question des grands animaux, il est neanmoins necessaire de rappeler qn'k tort ou a raison, ce qu'il est inutile d'examiner ici, on a toujours regarde Televe de petits mammifferes comme une annexe des basses-cours. Le Lapin se montre toujours k la suite denos gallinaces etde nos jpalmipedes domestiques. Cet usage a memo ete consacre par tous les ouvrages qui traitent des Oiseaux utiles , puisque I'education du Lapin fi- gure toujours k c6te de celle de la Poule, du Canard, etc. On ,a meme quelquefois range aupr6s du mammif6re dont il est question le Cochon d'Inde, quoique cette Industrie n'ait ja- mais atteint un grand developpement. En fondant une oiselle- rie , il faudrait done encore specifier si Feleve de petits mam- miferes etrangers n'y serait pas comprise. Conditions relatives au personnel de I'oisellerie et a la surveillance. La commission ne pouvait rien specifier sur le nombre des individus qui doivent etre attaches k une oisellerie ; elle a re- connu que ce nombre devait etre determi«e par le fonctionne- ment de I'etablissement, les necessites k remplir et les deve- loppements progressifs. Sous le rapport du choix des personnes , elle a cru devoir — 519 — rappelcr que les employes doivent presenter les qualit^s con- venables, conirae sayoir pratique, douceur et amour pour les animaux , z6le dans leurs fonctions et soumission envers leurs sup(irieurs. Pour la surveillance, toutes les raesures necessaires de- vraient 6tre adoptees. II est, en effet, indispensable que la plus grande r6gularit6 existe dans la comptabilite , qu'on in- dique soigneusement les naissances et les morts des animaux, les entrees et les sorties de toutes esp6ces , et qu'on conserve soigneusement les pifeces qui rendront les verifications faciles et promptes. II faudrait aussi conserver soigneusement et clas- ser toutes les communications qui emaneraient de la Soci^t^^ afin que les membres de la commission de surveillance pussent les consulter chaque fois qu'ils le jugeraient convenable. La surveillance k exercer sur les employes a attire aussi I'attention de la commission. Ces attributions, toujours tr6s difficiles i definir, lui ont paru indiquees en grande partie paries art. 84 et85 du r^glement administratif ; maijs, comme les dispositions adoptees se rapportent aux membres de la So- ciety auxquels on a confie des animaux, il a semble k la com- mission qu'elle devait laisser au conseil le soin de voir ce qu'il y aurait k faire a ce sujet, car les conditions peuvent varier suivant le systeme qu'on adopterait en fondant une oisellerie. II y a neanmoins une consideration trop importante pour qu'ilne soit pas necessaire de la mentionner d'une maniere sp6ciale. En soumettant les employes k des mesures administratives qu'il seront tenus d'executer, et k un contr61e , il faudrait aussi assurer leur independance propre et celle de leurs fonctions de toute autorite etrang6re k celle dont ils doivent relever. Si cha- cun pouvait donner un avis ou exiger des experiences ou des modifications qui seraicnt immediatement appliquees, il en re- sulterait ncccssairement tous les inconv6nients qui se raanifes- tent par la mise en pratique d'idees insuffisamment arr^t^es, et de mesures prises un jour et renverscesou modifiees le len- demain. Lc manque de suite dans la marchedes travaux, pour — 520 — les operations et les experiences, entraverait tout, engen- drerait une anarchie deplorable et conduirait Tetablissement k une ruine certaine. II faudrait done que les mesures adop- tees apres miire deliberation fussent rev^tues de la toute-puis- sance que Tarticle 7S donne auConseil pour la repartition des animaux. La commission de surveillance serait chargee d'en verifier la bonne execution , et les effets heureux ou nuisibles qu'elles auraient pu avoir. Le mode ^suivre pour les commu- nications pouvant etre ulterieurement decide, la commission n'a pas jug6 necessaire de s'y arreter. II serait , au reste , bien specific que cette rigoureuse exe- cution de toutes les mesures adoptees ne pourrait avoir lieu qu'en temps ordinaire. En cas de sinistre , la re.sponsabilite des employes ne pourrait plus etre engagee de la meme maniere, car les reglements qui les regissent se trouvent immediate- ment suspendus. Dans un cas pareil, la seule recommanda- tion h faire est celle d'employer les moyens les plus prompts et les plus energiques pour s'opposer aux desastres. Situation de I'oisellerie relativement a Paris. II ne serait pas non plus sans importance que I'oisellerie se trouvat h proximite de Paris : des raisons de plusieurs especes nous obligent h insister sur ce sujet. Les unes se rapportent k la surveillance de Tetabiisseraent m^rae , h celui de son personnel , et au controle que necessi- teront les travaux et les operations qui seront executes. II. fau- drait non seulement que la commission de surveillance pilt se transporter rapidement et facilement , k des epoques deter- minees , pour faire des constatations et rediger des rapports, mais encore que les membres de la commission pussent se rendre individuellement k I'oisellerie toutes les fois qu'ils le voudraient, ou qu'ils le jugeraient convenable. C'est le seul moyen d'assurer I'efficacite de la surveillance. Sans celle-ci, vous manquez le but, ou vous I'atteignez incompletement. D'autres raisons nous conduisent encore k reconnaitre le be- — 521 — soin de la proximity de Paris : c'est la realisation m6me des avantages que doit prc^senter une oisellerie. Gitons d'abord deux articles de notre rfeglement administratif : « Art. 76. Quand le conseil jugera que la reproduction d'une esp6ce est assuree , elle pourra remettre un ou plusieurs individus aux divers membres de la Societe. « Art. 81. Pourront 6tre vendus au benefice de la Soci6t6, apr6s deliberation expresse du conseil , les animaux excedant un nombre determine. « Le prix et le mode de vente seront arret^s par le conseil. » Si Tetablissement est fonde en premier lieu pour les mem- bres de la Societe , et parmi eux il faut ranger les Societes affi- li6eset correspondantes suivant les conditions qui les regissent, il faut reconnaitre qu'une oisellerie doit dtre aussi fondee dans un but d'utilile g^nerale. C'estun moyen pourarriver ^ intro- duire, acclimater et domestiquer des animaux, beaucoupplus rapidement qu'en tentant des essais isoles ou en petit nombre. En multipliant les animaux, il faut aussi les repandre dans notre pays. La possibilite de les vendre, nettement formulee dans Tarticle 81 , permet aux personnes ctrangeres ^ la Societe d'acquerir les Oiseaux qu'elles voudraient avoir. Mais pour vendre il faut avoir des visiteurs, etl'eloignement de Paris serait un grave obstacle ii cette difference des esp6ces sur lesquelles doivent porter nos soins. En dehors de la vente , il serait encore n6cessaire que I'oi- sellerie fAt voisine de Paris. Elle peut avoir une grande im- portance comme exemple i montrer, en invitant ceux qui la visiteront k mieux soigner les races que nous possedons dans notre pays. Voulez-vous propager des notions utiles, produire de grandes ameliorations dans les Oiseaux de basse-cour, et preparer pour les races que nous acclimaterons et domestique- rons des admissions dans les fermes pour I'avenir, rendez I'oi- scllerie accessible ^ tons ceux qui voudront la visiter. Bornez- vous h interdire quelques unes de ses parties dans lesquelles les animaux se livreront ^Tincubation ou auront besoin de tran- quillite. Que ceux qui igfiorentytrouventunenseignement, et — 522 — ceux qui savent d'utiles legons ; que tous y puisent des connais- sances acquises avec plaisir, sans fatigue , et sans avoir k faire d'autre depense que celle du mode de transport qu'ils voudront adopter. Nous n'avons examine precedemment les conditions d'une oisellerie qu'aux points de vue generaux ; nous arrivons main- tenant, en designant les localites dans lesquelles on trouve des conditions exterieures favorables ou des dispositions materielles aetudier, k specifier beaucoup plus la question. C'est pour com- pleter ce qui a ete dit , et indiquer I'importance des examens k faire avant d'adopter un emplacement , que la commission a discute les deux localites choisies comrae types d'etude , pour repondre h la troisieme partie du programme qui lui avait ete donneparM. Geoffroy Saint-Hilaire. Pour comprendre ce resume de nos travaux, il faut avoir toujours present h la memoire la difference d'opinion qui exi- stait entre MM. Florent Prevost et Johnson sur une condition que devait presenter une oisellerie : la presence ou Tabsence de grands mammiferes. Localites indiquees comme favorables a Vetahlissement d'une oisellerie. 1° Comme type de localite favorable aux Oiseaux, M. John- son a signale la garderie generale du bois du Vesinet. EUe est situee dans le bois qui porte ce nom , k proximite du chemin de fer de Paris k Saint-Germain. Conditions favorables de la localite. La garderie est construite sur un terrain plat, sablonneux et convert d'arbres. La nature arenaceedusolpermetune absorp- tion rapide des eauxde pluie. Cette localite presentc donclair, la lumi6re, la sechcresse, favorables aux gallinaces, Aucune col- line n'entretientFhumiditeet ne tend k produire d'abaissement de temperature. Pour les Oiseaux de basse-cour, ces conditions — 523 — sont eminemment favorablcs; et, dans sa note, M. Ch. Jac- ques les signalait avecraison. Sur un sol de cette nature, vous n'avez pas k craindre ces affections rhumatismales et goutteu- ses si desagreables pour les volailles, dont elles rendent lamar- che embarrass6e. Dans les poulaillers, vous n'avez plus h re- douter ces cecites produites par Thumiditd du local , affection qui a m6me ete signalee comme particuli6re i certaines races d'Oiseaux , lorsqu'on ne s'est pas rendu compte de la cause qui les produit. Dans des conditions comrae celles dont il est question, les Oiseaux sontgaiset vifs. Dans la terre ils trouvent des insec- tes , dans le bois de I'ombre ; ils profitent de la nourrilure na- turelle qu'ils deterrent, et de celle qu'on leur donne. Leur en- fance se passe au milieu de causes d'accidents defavorables tr6s peu nombreuses, et, par suite, les 6poques critiques sont moins p^nibles pour eux lorsqu'ils les traversent; les mues sont moins dangereuses et les Oiseaux acqui6rent la vigueur et con- servent la^ant6. Inconvenients de cctte localite. Les conditions precedentes, si favorables aux gallinaces, sont defavorables aux palmipMes. Dans la localite dont nous parlous , il n'existe pas d'eau : la riviere est eloignee et fort au dessous du niveau du bois. L'absence de coUines semblables k celles qui existent aux environs de Paris entraine avec elle la non-existence des sources. La garderie pfeche done par l'ab- sence d'eau. Comme conditions materielles relatives aux etudes que nous faisons , la garderie ne nous offre rien k signaler : elle n'a ni parquets ni disposition quelconque k imiter. {La fin au prochain numcro.^ 524 REPONSES ▲u QUESTIONNAIRE RELATIF A L'fiLEVAGE DES SANGSUES, adresse par m. de qdatrefages adx hembres de la soci^te: imperiale zoologiqded'acclimatation, Par M. J^. SAIMT-LilUM. (Voir Bulletin n" a du tome II. — F6vrier i855.) § 1. — Dispositions gEnErales du marais (1). 1 . — Le sol dans lequel nous avons fonde notre exploitation est un marais naturel compose de tourbe pure k Tetat d'e- ponge ; dans quelques parties des bords , la tourbe repose sur un fond glaiseux, et sur quelques points encore Targile recou- vre la tourbe de I'epaisseur d'un fer de beche. 2. — Le marais est expose au midi, abrite de Taction im- mediate du vent du nord par les coteaux qui I'environnent. 3. — Son aspect est celui d'un pre, et sa superficie totale est de 40 hectares. La partie exploitee (10 hectares environ) est divisee en enceintes de forme k peu pres reguliere , d'environ un demi-hectare chacune ; ces enceintes sont elles-memes divi- sees en un nombre variable de bassins, et entourees dans leur plus grande partie d'un fosse d'un metre de largeur sur 0™S0 centimetres de profondeur. Les bassins ont de 30 h 40 centi- metres de profondeur. Les 30 hectares restants sont divises en pres k foin , en pare pour le pacage des chevaux, et pres k paille pour litifere, 4. — L'eau effleure la surface du marais et remplit les bas- (1 ) L'hirudiculture Saint-Leon est etablie dans les marais d'Arronviile, Berville et Amblainville (Oise et Seine-et-Oise) , a 2 heures 30 minutes de Paris. — 325 — sins et les fosses. Les berges forment cordon autour des foss6s comme autour des bassins, et sont ^lev^esde 40 centimetres au dessus dcseaux. 5. — La profondeur de Teau est done de 30 k 40 centimetres dans les bassins, et de 50 centimetres dans les fosses. 6. — Cette profondeur est (5gale partout. 7. — Les Sangsues n'aiment ni les eaux trop profondes, ni les eaux courantes ; elles se plaisent, aucontraire, dans les fla- ques d'eaux tranquilles, alimentees toutefois par des sources. 8. — Le fond dumarais est tourbeuxetentierement convert d'herbes aquatiques. 9. — Les berges sont uniformes et coupdes en talus; les Sangsues affluent de preference aux extremites des bassins , et de preference encore aux extremites exposees au midi. 10. — Les berges sont formees de la tourbe provenant des fosses. 44. — Des Hots ont ete menages sur les bords des bassins ; ils sont places k 50 centimetres les uns des autres , et for- ment de petites anses. Ces Hots sont composes de blocs de tourbe superposes. Ils ont k leur base 40 i 50 centimetres de diametre, 30 centimetres k la surface, et depassent le niveau de Teau d'environ 30 ^40 centimetres. 42. — Les herbes et les roseaux croissent naturellement sur ces Hots, pour lesquels les Sangsues montrent une veritable predilection. § 2. — Nature des eaux du marais. 43. — Ces marais naturels ayant ete autrefois tres abon- damment peuples de Sangsues grises d'une qualite superieure, et les echantillons de ces Sangsues indigenes que nous avons obtenus ayant justifie de leur bonne reputation, nous n'avons pas juge necessaire d'en faire analyser les eaux , leur nature etant evidemment bonne. 44. — Les eaux £ ont limpides comme le plus beau cristal ; elles proviennent de sources qui jaillissent sur divers points et prennent leur niveau dans toute I'etendue du marais par I'infil- — 526 — tration qui s'opere d'une maniere continue k travers la tourbe. 15. — Les Sangsues preferentleseauxstagnantes, et, si on les rencontre parfois dans les eaux courantes , c'est que , lors- qu'elles sont affamees par une longue abstinence, elles courent au bruit des ruisseaux pour chercher la nourriture dont elles sont avides, et se trouvent emportees par leur courant. 16. — Le 15 Janvier dernier, le thermometre ayant ete plonge dans la source principale k une profondeur d'environ 1 metre, a donne pourresultat 9 dcgres centigrades au dessus de zero. Une vapeur chaude s'echappait en abondance au dessus de la nappe d'eau , qui n'a pas gele une seule fois , meme sur les bords , pendant tout I'hiver. Le 14 juillet, le meme thermometre, plonge egalement k environ 1 metre dans la source, a donne 12degres centigrades au dessus de zero , tandis que I'eau des bassins etait a 23 de- gres, etque la temperature en plein airdonnait 28 degres. 17. — Lorsque la temperature s'eleve, la Sangsue vient k la surface du sol des bassins ; elle se promene , glisse entre les herbes et se dirige vivement vers le plus leger bruit qui reten- tit dans Teau. Au contraire, lorsque la temperature s'abaisse, elle rentre dans la terre du marais,^eblottit et passe dans I'en- gourdissement toute la saison froide. S'il fait chaud et que le sol du marais soit k sec, elle ne parait pas k la surface et se tient dans la partie humide du sous-sol, oii elle trouve lafraicheur qui lui est indispensable. § 3. — Emmenagement des eaux du marais. 18-19. — Le marais est k niveau constant, autant que possi- ble ; les pluies d'orage ou une grande secheresse peuvent seules le rendre variable momentanement. Le dessechement du marais pendant Tete ou a certaines epo- ques est moins le resultat d'un systeme que d'une necessite ; la secheresse est quelquefois forcee , et, dans d'autres circon- stances , elle a pour but de raffermir un sol qui a perdu de sa consistance. Dans ce dernier cas, c'est-^-dire lorsqu'il y a — 527 — obligation de mettre lemarais k sec, on choisit I'^poque de la ponte, les mois de juilletet d'aoilt. 20-24. — L'elevage se fait constamment en pleineeau, dans un marais i niveau continu. Les berges, les cordons et les Hots assurent le succ6s de la ponte, en offrant unabri permanent aux Sangsues, et lap6che pent se faire en tout temps, excepts pendant les gelees. § 4. — Alimentation des Sangsues. 22. — Si les Sangsues n'avaient pour toute nourriture que celle qu'ellcs peuvent rencontrer naturellement dans le marais, leur elevage en grand serait impossible. Pour le faire prospe- rer, 11 faut leur procurer en abondance I'aliment qu'elles pre- f6rent et qui leur convient le mieux. 23. — Dans les pays civilises, les T^tards, lesGrenouilles, les Salamandres et les Poissons herbivores sont les animaux habitant le marais aux depens desquels ellcs se nourrissent. — Dans les pays peu ou point civilises , au contraire, il est probable qu'independamment des animaux k sang blanc, elles se nourrissent aux depens de troupeaux d'animaux sauvages qui frequentent les marais. 24. — Ces Tetards et ces Grenouilles sont originaires du marais, ety pullulent parcequ'on y protege leur accroissement; mais la nourriture qu'ils procurent aux Sangsues n'est qu'un accessoire sans importance pour la speculation. 25. — On les nourrit, au contraire, artificiellement , surdes animaux vivants. 26. — Ce sontle plus g^n^ralement des Chevaux, des Anes et des Mulcts mis hors de service par leur etat de vieillesse ou par suite d'accidents, dont la valeur est minirae; et c'est parle motif contraire qu'on n'emploie ni Vaches, ni Boeufs, ni Tau- reaux. On les introduit dans les enceintes ou dans les bassins, eton les y maintient un espace de temps proportionn6 k la population qu'ils doivent nourrir. Une stance de deux heures estsuffisante — 528 — pour qu'un Cheval donne la noiirriture k un grand nombre de Sangsues. 27-28-29-30-31. — Nous avons fait des experiences mul- tipliees de la nourriture des Sangsues par le sang chaud pro- venant de Tabattoir, et ces experiences ne nous ont donne que des resultats insignifiants. Les Sangsues k Tetat de germes et de filels sont celles qui prennent le mieux cette nourriture , et cependant c'est tout au plus si dans une seance ils y gagnent 20 & 30 p. 100 de leur poids, tandis que sur le Cheval leur poids se triple et se quadruple en moins d'une heure. Cette methode tant preconisee est d'un effet k peu pr6s nul pour la Sangsue moyenne et pourlagrosse. 32. — Pour que la digestion se fasse bien et au profit de la Sangsue, il faut que son gorgement ait lieu sur le marais, et qu'elle y tombe naturellement dfes qu'elle est suffisamment re- pue. Les voyages et leur entassement dans des sacs aprfes le gorgement sont des causes certaines de maladies graves et d'une grandemortalite. Une temperature froide retardela digestion. La chaleur I'accelere. 33. — La duree de la digestion est subordonn6e aux saisons d'abord, k la temperature ensuite. La nature des eaux et celle du sol influent aussi grandement sur I'activite de la digestion, qui peut varier, en6te, entre trois k six semaines. Pendant I'hiver la Sangsue dort et ne digere point. Les Sangsues qui ont ete gorgees fin octobre , ou dans le courant de novembre , ne tardent pas k gagner les profondeurs du marais ou des berges pour s'y mettre k I'abri du froid et du vent. Elles se blottissent dans les cavernes tourbeuses et vivent sans prendre aucun mouvement, et sans digerer, jusqu'au re- tour du printemps. II resulte de cela que les premieres gros- ses Sangsues que Ton peche alors sont encore toutes pleines du sang qu'elles ont pris k I'entree de Thiver. § 5. — Reproduction et accroissement des Sangsues. 34. — Une nourriture abondante, prise dans le marais sur — 529 — un animal vivant et dig^rde dans le marais , ne pourra 6tre que trJis favorable aux Sangsues de tous les Ages. La petite Sangsue y gagnera prompteraent un grand deve- loppement de croissance , et la Sangsue adulte produira des cocons plus gros ; ces cocons renfermeront un plus grand nora- bre de germes; les filets ecloront plus forts. 35. — Une temperature douce etmeme une grande chaleur atmosph^rique sont tres favorables i leur multiplication et Ji leur accroissement, par ce motif que, la digestion se faisant plus vite, elles peuventse nourrir plus souvent et atteindre un plus prompt developpement. Les orages ne leur sont point nuisibles dans le marais ; I'e- lectricit^ qui en 6mane semble au contraire leur imprimer une plus grande activite. Les pecheurs pr^tendent que pendant Fo- rage elles sont plus mechantes. 36. — Les pontes commencent au mois de juin et se conti- nuent jusqu'au mois d'octobre inclusivement. 37 . — Les Sangsues qui auront et6 abondamment nourries dans le courant d'avril ou de mai produirontenjuindes cocons bien garnis de beaux germes, qui ecloront en juillet,etpourront recevoir deux nourritures pendant la m^me campagne. 38. — Le nombre d'ceufs contenus dans chaque cocon est variable suivant Tftge de la Sangsue et suivant qu'elle a ete plus ou moins bien nourrie. Nous en avons compte depuis 8 jus- qu'^ 24. Le plus grand nombre de ceux que nous avons ouverts en renfermaient 18. 39-40. — Les berges, les cordons etles ilots, qui rentrent dans les cmm6nagements indispensables du marais, sont des retraites assurees pour les Sangsues d^s que le moment de la ponte est arrive. Lorsqu'un marais a 6t6 emmenage avecl'intelligencedes besoins des Sangsues , et qu'on a eu le soin de les nourrir suf- fisamment, il fautleslaisseragir seules avecTaide de la nature. 41 . — Les crevasses humides qui se forment dans les ber- ges, les cordons et les Hots des enceintes et des bassins, sont les retraites naturelles que recherchent les Sangsues pour y d6- poser leurs cocons. II 34 — 530 — 42. — Ceux que nous avons pu remarquer sont^closdu 25^ au 30" jour. 43. — line secheresse trop grande qui exposerait le cocon a Taction immediate du soleil, et meme d'un courant d'air, une inondation qui le couvrirait d'eau, en determineraient la perte. Par la secheresse , le cocon serait brille et racorni ; par son im- mersion dans Teau , il se corromprait et tomberait en pourri- ture. 44. — Les jeunes Sangsues n'exigent d'autres soins que ceux qu'elles doiventrencontrer dans les emm^nagements du marais. Aussit6t apres leur eclosion , elles s'enfoncent dans la tourbe spongieuse, etvont chercher la couche d'eau; mais, comme en general elles ne naissent que dans le courant de I'automne et k la fin de I'automne, elles sont retenues dans le fond du marais jusqu'aux premiers beaux jours du printemps, dont elles pres- sentent tres bien la douce temperature. Si, au moment de leur eclosion , on pouvait leur faire prendre une premiere nourri- ture , il y aurait une grande economic de temps pour leur edu- cation, et, par suite, un grand avantage. II nous est arrive de prendre un cocon a maturity dans lequel etaient enfermees tou- tes les petites Sangsues , de le dechirer et de le plonger dans I'eau; aussitot, nous voyions les petites Sangsues sortir Tune apres I'autre et se mettre k la nage dans les bassins avec tous les instincts des Sangsues adultes , se dirigeant vers le bruit , s'at- tachant aux herbes et pratiquant la piqAre etla succion. 45. — Le temps que met une Sangsue pour accomplir sa croissance n'a encore ete indique que d'une maniere vague. Elle nait generalement en automne (nous parlons ici du plus grand nombre), du 15 octobre au 45 novembre, et ne revolt sa premiere nourriture que vers la fin d'avril : ce sont done cinq fisixmois nuls pour son alimentation, et par consequent pour sa croissance. Cependant il arrive que , dans le nombre des Sangsues nees dans le marais, il en est qui ont atteint la gros- seur marchande (moyenne) au mois d'octobre suivant ; mais ce n'est qu'un tr6s petit nombre. Au printemps suivant, parexem- ple , c'est-&-dire dix-huit mois apr6s son eclosion , la grande — 531 — raajorito est devenue Sangsue marchandc; par Ic mot mar- chande , nous voulons dire apte k servir. 46. — Les Sangsues maigres do divers dges doivent peser : 1000 grosses, 2kil. .^ 3 kil. 1000 moyeunes, 1 kil. 125 gr. k i kil. 250 gr. lOOOpetites, 625 gr. i 750 gr. § 6. — Ennemis et maladies des Sangsues. 47. — Les ennemis des Sangsues dans nos marais sont le Rat d'eau , la Taupe , la Musaraigne , le Canard sauvage et le Canard domestique, la Poule d'eau, le Rdle, la Becassine, le Pluvier et toute la famille des Echassiers, les Hydrophilles et le^Dytisques , I'Aulastome ou Sangsue noire, le Brochet et tons les Poissons carnivores. Les Canards sauvages ne frequentent nos marais que pen- dant rhiver; quand il fait froid, leur presence est peu k crain- dre. II n'en serait pas dememe deTesp^ce domestique, qui doit 6tre rigoureusement ecart6e. Le Rat d'eau est de tons les ennemis des Sangsues le plus k redouter. Dans ses peregrinations souterraines , il devoreavec la ra^me voracity le cocon et la Sangsue qu'il rencontre sur son passage; il est surtout tr6s friand de celle-ci lorsqu'elleest grasse , c'est-i-dire lorsqu'elle a ete r(icemment nourrie. 48. — Les coups de fusil contre les Oiseaux, les pieges et le poison contre les Rats et les Taupes , la p6che au filet contre le Brochet, sont les moyens h employer pour corabattre ces enne- mis dangereux. Contre les Aulastomes et les autres insectes qui infestent les eaux de nos marais, nous avons fait cette an- nee usage d'un moyen que nous recommandons aux eleveurs nos confreres: nous avons arme nos pecheurs de ciseauxetleur avons donne pour mission de trancher la vie ^ tous les insectes malfaisants, ou supposes tels, qu'ils rencontreraientdans leurs pSches, etil s'en est suivi un grand massacre. Les morts nere- venantpas, nous continuerons Tusage de cesyst6me jusqu'iice — 532 — que Ton nous apprenne un moyen de destruction plus general et plus certain. 49. — Nous ne connaissons point de maladies pour les Sangsues autres que celles qu'elles peuvent contractor hors du marais. Par leur agglomeration : En sacs , En baquets dans I'eau , En baquets dans I'argile ; Par les voyages a^compUs : Etant repues, A I'epoque de Taccouplement, A I'epoque de la ponte , Pendant un orage , Pendant une variation subite de la temperature , Enfm , par la manutention journali^re qu'elles subissent dans les entrep6ts, manutention qui, dans les conditions actuelles de ce genre de commerce, est pourtant indispensable pour trier les mortes et pour debarrasser les vivantes de I'humeur vis- queuse qu'elles secretent en abondance. Les affections putride, muqueuse et noueuse, sont les trois seules maladies connues , et ces trois affections sont toutes con- tractees par elles hors du marais. Nous les avons remarquees surtout chez les individus qui ont souffert des causes signal^es plus haut. 50-51-52. — Depuis trois ann^es que nous nous occu- pons exclusivement de la culture des Sangsues , nous n^avons observe dans le marais aucune epidemic. On y remarque bien quelquefois des Sangsues piquees ou bless^es , mais pas de ma- ladies pour d'autres causes. 53. — Les experiences qu'il faudrait faire pour s'^difier sur le chiffre normal moyen de la mortality & divers dges exige- raient beaucoup de temps et presenteraient des difficultes que nous croyons etre insurmon tables. — 833 — ^7. — PfeCHE, TRANSPORT ET CONSERVATION DES SaNCSUES. 54-55. — La peche des Sangsues dure depuis les premiers jours du printemps jusqu'au mois de novembre , dans un marais d niveau d'eau constant ; elle pourrait m^me avoir lieu pendant certains jours d'hiver, en fevrier et en mars, quand le vent souffle du sud ct que le soleil est chaud ; mais elle est toujours plus facile au printemps et en automne , d'avril k juin , et de septembre^ novembre. Si la p6che est moins productive pen- dant ret6, c'est que le plus grand nombre des grosses Sangsues est retenu dans les berges par la ponte et par la digestion de la nourriture prise au printemps. D'un autre c6t6 , I'^leveur a un int^r^t tr6s grand h. ne pas p6cher k cette 6poque , afin de laisser se bien accomplir la ponte. 56. — La p^che k la main est le mode de peche le plus usite, et c'est aussi le plus certain. Les pecheurs, chauss6s de grosses bottes imperraeables , marchent dans le marais et p^chenl les Sangsues en race ou par specialites de grosseur, grosse, moyenne, petite ou filet. Ghacun est porteur d'un sac pour re- cevoir les Sangsues, et d'un petit banc en bois I6ger qui lui sert k s'asseoir. Les Sangsues s'empressent autour de ses jam- bes; il les choisit de I'oeil et les saisit k la surface de I'eau avec deux doigts de la main, I'index et le medium, comme il pour- rait faire avec une pince. Ge moyen eSt k la fois le plus sAr et le plus expeditif. 57. — Apres la pieche , on trie les Sangsues sur une table de bois ou de marbre, sur laquelle on les compte en les rangeant par grosseur, et en faisant glisser chaque esp^ce dans un vase particulier. La table doit former console , 6tre legerement in- clin^e en avant pour faciliter Tecoulement de I'eau, et 6tre gar- nie tout autour d'une planche de 15 4 25 centimetres de hau- teur formant obstacle k la fuite des Sangsues. 58. — On les conserve dans des baquets dont on renouvelle I'eau tous les jours, apr^s les avoir debarrassdes de I'ecume visqueuse qu'elles ont rendue ; mais, cette manutention occa- sionnant des frais et fatiguant les Sangsues , on les place dans __ 534 — des baquets remplis au tiers de leur hauteur d'une argile epu- ree et ramollie, dans laquelle elles se casent. On recouvre en- suite ces baquets avec de la toile, que Ton attache fortement au- tour. Ainsi soigneusement preparees et tenues en un lieu frais, on peut les conserver de^ ou trois mois en hiver, et un mois en- viron pendant Tete. Si, apres ce delai, on n'en a pas I'emploi, on renouvelle I'operation en les replagant , apres les avoir triees et bien rafraichies, dans une autre terre fraichementprepar^e. , S9. — Les Sangsues craignent la chaleur et le froid, mais la chaleur leur est plus particulierement contraire. Placees k I'abri de ces conditions extremes , elles peuvent etre transpor- tees pendant toute I'annee. 60-61 . — On les transporte en sacs de 500 si elles sont gros- ses, et en sacsde 1000 si elles sont petites. On peut faire voya- ger dans le meme sac un kilogramme de filets, c'est-a-dire 2000 k 2500 individus. Les baquets pour Texportation recoi- vent environ 1000 grosses Sangsues, mais pas davantage. Si elles sont transportees en sacs , on les place dans des paniers en osier commun entre deux couches de fougere , de paille ou de foin, les sacs separes les uns des a'utres. lis ne doivent pas etre trop fortement presses dans Temballage , mais seulement etre mis a I'abri des cahots. Les baquets dans lesquels elles sont transportees doivent etre k large base , cercles en fer, avec une ouverture de 10 ^ 15 centimetres carres-iju dessus , garnie d'une toile de fd au dessous et d'une toile m6tallique en fil de cuivre ou en fd de fer galvanise au dessus , de maniere a ne pas in- tercepter Fair et k empecher Tintroduction de la malpropre- te (1). La mortalite serait nulle , a tres peu de chose pres , pour les transports ordinaires , si les Sangsues etaient fraichement pe- (1) Comme pour la conservation en entrepflt, ces baquets sont remplis au tiers de leur hauteur d'une argile ramollie et epuree sur laquelle il faut avoir soin de repandre quelques morceaux de tourbe humide fraichement extraite du marais , au milieu desquels on place trois ou quatre morceaux de charbon de bois. — 535 — checs, cl surloul si ellesdtaient expediees en parfait elatde va- cuite ou de maigrcur ; mais , en general , les Sangsues du com- merce ont subi un long emprisonncment et de grandes priva- tions avant d'etre livrees ii la consommation , ce qui a surtout une tres pernicieuse influence sur celles expediees dans les co- lonies. .^^ § 8. — RtSULTATS DE l'iNDUSTRIE.. '^ 62. — II serait extrSmement difficile d'indiquer d'une ma- ni6re certaine a combien s'el6vent les frais d'6tablissement, d'entretien, d'elevage etdepeche, m6me pour un marais d'une etendue determinee , car ces frais varient suivant les pays et suivant les ressources que chaque pays pent offrir, Les frais d'etablissement peuvent etre infiniment minimes ou s'^lever tres haut, suivant que les conditions naturelles du marais sont plus ou moins favorables. S'il est alimente par un ruisseau sup6rieur qui facilite son immersion, et qu« la pente du sol permette de gouverner les eaux et de les diriger k vo- lonte, soit pour submerger le marais, soitpourle mettre isec, les frais de travaux de terrassement seront insignifiants. II n'en sera pas de meme si , au contraire , il s'agit de reunir et de concentrer plusieurs sources et d'en elever les eaux , de de- tourner un ruisseau ou une riviere et d'en rendre les eaux a leur cours naturel , d'etablir des maneges hydrauliques et des appareils k irrigation. D'un autre cote, les marais s'afferment, suivant les localites, depuis 30 fr. jusqu'i 300 fr., et m^me jusqu'ii 500 fr. Thec- tare. .s II en est de mSme du prix des vieux Chevaux, qui se paient encore, suivant les pays, depuis 10 fr. jusqu'i 30 et 60 fr. lis sont devenus tellement rares et recherches k Bordeaux et dans les departements qui avoisinent cette ville , que le prix moyen d'un vieux Gheval varie de 80 i 120 fr. Les frais de p6che sont (^galement subordonnes au prix de la journee de chaque pays. Us sont plus ou moins eleves, selon que les bras abondent ou font d6faut, et ils s'elevent comme * _ 536 — tous les autres frais , d'annee en annee , dans la proportion de Taccroissement de la population des raarais. 63. — Toute defalcation faite des pertes possibles, le ren- dement en Sangsues pent etre evalue, sans exageration, des la premiere ponte, i 10 pour une. 64. — Le prix de vente a subi depuis 2 ans , pour diverses causes, une baisse assez notable. II est tombe de 220 fr. k 180 fr. etil40 fr. le mille; mais ^ ces prix, et meme^lOOfr., la culture de la Sangsue assurerait encore de grands profits k tous les etablissements qui seraient fondes k des conditions moyennes. 65. — L' evaluation du commerce des Sangsues en France pent etre etablie sur une consommation de trente k quarante millions, production indigene et importation comprises. La consommation qui s'en fait k Tinterieur et k I'etranger augmen- terait notablement si le prix de la Sangsue de bonne qualite , maigre, pouvait etre mis k la portee de la classe pauvre de la societe. § 9. — EsPfiCES tLEVtES. 66-67. — Les Sangsues 6levees dans nos marais sont : L'espece landaise grise et verte; L'espfece hongroise grise et verte. La grise y est indigene. Les autres especes y ont ete impor- tees et s'y sont parfaitement acclimatees. 68. — L'elevage exige des soins, de Tobservation , peu ou point de science ; les cocons sont beaux et bien garnis , la mor- talite n'y est pas apparente , et la croissance s'y fait rapidement dfes qu'on s'attache k seconder la nature par une intelligente exploitation. Arronville, le3 septembre 1833, J. SAINT-LEON, Hirudiculteur. — 537 — II. EXTRAIT DES PROC^S-VERBAUX DES STANCES DU CONSEIL OE LA SQCltU. SEANCE DC 2f7 JCILLET 1855. Pr^sidence do M. Gbofprov Saint-Hilairb. Conform6ment k Tarticle 1" du rfeglement administratif , le Conseil admet au nombre des membres de la Soci6t6 : MM. Breuille (Le baron Ferdinand de), au chateau de Breuille, par Jonchery-sur-Vesle (Marne) , at i Paris. Brot (Charles), banquier, aMilan. LiRON d'Airoles (Jules de), proprietaire , a La Civelifere, pr6s Nantes (Loire-Inferieure). Rota (Le docteur), medecin de la maison d'alien6s de Picpus, k Paris. Vrolik (Le docteur), secretaire g6n6ral de TAcademie royale des sciences, ^Amsterdam. — M. le baron de Montgaudry, charg6 d'offrir k Sa Majest6 I'Empereur, au nom de la Society, des bulbilles dlgname de Chine, donne lecture d'une lettre de M. le due de Bassano qui lui transmet les remerciments de Sa Majesty. — M. Lecoq, directeurde TEcole veterinaire^de Lyon, an- nonce, ^ la date du 23 juillet, Tarrivee en cette ville et le d6- p6t a TEcole v6terinaire de 10 Ch6vres d'Angora et 10 Ch6- vres d'Egypte, qui sont expediees de Marseille ii Paris. — L'administration du Museum d'histoire uaturelle de Paris adresse ses remerciments k la Soci6t6 pour les tubercules d'Ignarae de Chine qui lui ont ete envoyes. — S. E. le Ministre de la guerre ecrit pour remercier la Societe, et en particulier M. Sacc, des Ch^vres d'Angora qui lui ont ete offertes pour TAlgerie. M. le ministre annonce qu'il a — 538 — donne des ordres pour que ces animaux soient places dans les meilleures conditions possibles. — M. de Metz ecrit de la Colonic agricole de Mettray qu'il a regu les graines de Bomhyx cynthia qui lui ont ete en- voy^es, et adresse sesremerciments. — M. Patu de Saint-Vincent accuse reception d'ufte boite de bulbilles d'Ignames et de graines d'arbre k suif , et adresse ses remerciments a la Societe. — M. Voillemier, medecin en chef des hopitaux de la ville de Senlis, annonce qu'il a ete charge par M. le sous-prefet de distribuer aux agriculteurs de raFrondissement de Senlis les bulbilles d'Igname et les graines d'arbre k suif qui lui ont ete adressees par la Societe. — M. Vicuna Mackenna, membre de la Societe, de retour au Chili, renouvelle ses offres de service, et annonce qu'il fera tons ses efforts pour etre utile k la Societe. — M. Laterrade, redacteur en chef du journal I' Ami des. Champs, aBbrdeaux, 6crit pour proposer au Conseil d'(5ta- - blir pres de cette viUe une sorte de succursale de la Societe , et demande h ce sujet des renseignements et des instruc- tions que M.4e president veut bien se charger de lui trans- mettre. — M. le Ministre de la marine adresse k la Societe une co- pie des observations qui lui ont ete transmises par I'administra- lion de Tlnde au sujet d'une variete de Vers h soie de Mada- gascar. L'examen en est renvoye k M. Guerin-MeneviHe. -^ M. le docteur Sacc envoie, conformement au rfeglement, son rapport semestriel sur les animaux que la Societe a confies k ses soins, ainsi que sur les graines qu'il a ete charge de dis- tribuer. (Voy. p. 457.) — M. Braguier rend compte des efforts que lui et plusieurs autres agriculteurs et naturalistes du departement de la Vienne onji faits pour acclimater diverses esp6ces d'animaux et de ve- getaux. — M. le docteur Liautaud adresse un rapport sur son voyage au Bresil, et envoie des graines et des tubercules de differentes — 539 — especes". Ces objets sont renvoy^s ilaT commission des v^ge- taux, k laquelle M: Liautaud sera prie de s'adjoindre. — M. Salvagnoli-Marchetti , secretaire de la Society des georgophiles de Florence, transmet les remerciments de cette Soci6t6 pour les graines du Bombyx cynthia qui lui ont et6 - adressces et Tacceptation de Techange du Bulletin, II demande en m^me temps des ceufs du BoraLyr. du Ch6ne. — M. le general comte de Castel-Borgo transmet les remer- ciments de S. A, R. le prince de Savoie-Carignan , membre de la Society, pour les bulbilles dlgname et autres graines qui lui ont etc adressees. — M. le President annonce que la commission de I'Expo- ^ sition universelle s'est r^unie et constituee le 21 juillet. Elle s'est subdivis^e en plusieurs sous-commissions chargees d'e- tudier les diverses classes de TExposition, et s'est adjoint MM. Focillon, Fremy et Haime. — Le Conseil s'occupe ensuite du placement du reste du troupeau de Ch^vres d'Angora. Sur les Ch^vres adultes qui restent encore disponibles , 11 s'en trouve deux ijoires, qui seront confiees k M. Sacc, sur sa demande, avec deux Gh^vresd'Egypte. L'un des petits Chevreaux males est remis k M. Barth^lemy Lapommeraye , qui a t^moign^ le d6sir de le conserver. Les autres Chfevres sont distribuees de la mani^re suivante : A M. Marty, d'Aurillac (Cantal), un Bouc et quatre Chevres adultes et trors jeunes Chevres; A M. Garrouste, directeur de la ferme-6cole de I'Hdpital , pr6s Aurillac (Cantal), quatre Gh(ivres adultes, unjeune Bouc. ettrois jeunes Gh6vres; 'W A M. Dausse, de Lons-le-Saulnier (Jura), un Bouc et deux Ghevres adultes et deux jeunes Ghevresi A M. Jobez, de Syam, pres Ghampagnole (Jura), quatre Ghfevres adultes, un jeune Bouc et deux jeunes Ghfevres. A M. Guenot de la Malcote, de Thise, pres Marchaux (Doubs), un Bouc et quatre Ghevres adultes et deux jeunes Ghevres. n> — 540 — — Le€onseil confie deux Ghevres 6gyptiennes k M. David Richard, de Stephansfeld, pr6s Strasbourg. — Le Conseil decide que des Ghevres d'Angora seront pla- cees Tannee prochaine dans les Pyrenes afin que des essais d'acclimatation aient lieu simultanement dans toutes nos gran- des chaines de montagnes. — M. le President rappelle la decision du Gonseil qui auto- rise les membres regus depuis le 30 juin h acquerir la gravure dTaks, et le Gonseil decide que le prix en sera fixe i 10 fr. — M. Guerin-Meneville annonce que M. Perrotet, direc- teur du jardin botanique de Pondichery, bien connu par les nombreux services qu'il a rendus k I'industrie de la soie , vient de lui adresser, pour la Societe, une quarantaine de cocons vivants du Bomhyx mylilta, espece de Ver k soie des regions chaudes des Indes orientales , qui contribue , avec le Bomhyx assamensis du royaume d' Assam et le Bomhyx Pernyi du nord de la Ghine, k la production de la soie Tussah, si pre- cieuse surtout depuis que M. Torne, manufacturier instruit de Paris, est parvenu ^en fabriquer lestissus les plus beaux. De- puis les tentatives si louables de M. Lamarre-Picquot pour introduire cette utile espece , rien n'avait ete fait pour essayer de nouveau cette acclimatation , malgre les propositions reite- rees de M. Guerin-Meneville k ce sujet. On doit done accueillir avec reconnaissance le don des cocons vivants du Bomhyx mylitta de M. Perrotet. Depuis six jours ces cocons ont donn6 des Papillons d'une grande beaute ; mais il n'est d'abord eclos que des males. Au- jourd'hui seulement il est ne une femelle, que M. Guerin-Me- neville a mise de suite avec les quatre males survivants , mais sans pouvoir constater aucun fait de fecondation. M. Guerin- Meneville va donner tons ses soins aux autres Bomhyx qui vont eclore, et il espere arriver a obtenir des oeufs fecondes. Les Ghenilles de ce Bomhyx vivent des feuilles de huit ou dix vegetaux arborescents du Bengale. M. Perrotet indique, par leurs noms botaniques , quatre especes d'arbres sur les- quels il a eleve ces Ghenilles , et il assure que ces arbres pour- — 541 — ront facilement 6tre introduits et v6g6ter dans le midi de la France et de I'ltalie, et surtout en Alg6rie. Des remerciments seront adress6s iiM. Perrotet, i qui Tac- climatation, en general, doit dej^ beaucoup, et qui a introduit en Europe notamment le Milrier multicaule? et aux Antilles, au S6n6gal etdans d'autres colonies, plusieurs vegetaux utiles. — M. Gu6rin-Meneville annonce aussi qu'il a pu obtenir quelques oeufs de Bombyx cynthia des cocons envoyes d' Alger par M. Hardy, et qu'il avait emport6s i la magnanerie exp6ri- mentale de Sainte-TuUe, oii il 6tait all6 soigner la confection des oeufs des Vers k sole ordinaires de Chine provenant des graines donn^es par M. de Montigny. M. Guerin-M^neville a adresse ces oeufs h MM. le colonel Gazan, k Antibes; de Metz, k Met- tray ; de Beauregad et Ardoin , k Toulon ; de Saulcy, k Metz ; et il a appris que ces honorables membres de la Soci6t6 avaient pris des raesures efficaces pour faire ces educations dans les meilleures conditions possibles. , *>« SiANCB DV 3 AODT 1855. t^,\ Prdsidence de M. Geoffrot Saikt-Hilaire. Conform6ment k I'art. 1*' du r^glement administratif, le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : MM. ^ Chambert (Le docteur), chirurgien en chef des hospices de Laon, vice-president du comit6 d'hygi6ne du departement de TAisne, k Laon (Aisne). CoNSTANTiN (Lc doctcur Sabin), k Poitiers (Vienne). Delaronde, proprietaire , k Poitiers (Vienne). GiLLOT Saint-£vre, professeur de chimie k la Faculty des scien- ces de Poitiers (Vienne). Lebrun-Verneuil (A. F. L. N.), proprietaire , St Paris. — La Societe d'agriculture , belles-lettres, sciences et arts, de Poitiers, sur sa demande adressee au Conseil par M. Gail- — 542 — lard, son president, en date du 24 juillet 1855, est admise aii nombre des Societes correspondantes. — La Societe protectrice des animaux de Lyon est ^gale- ■ ment adriiise comme Societe correspondante, sur sa demande, transmise au Gonseil par M. Lortet, son president, en date du 27 juillet 1855, et accompagnee d'un exemplairede ses statuts. — M, Guerin-Meneville, ayant communique au Gonseil la demande qui lui a etefaite, au nom de S. Exc. le Miriistre de Tagriculture , d'instructions pour la culture de Tlgname , est prie de repondre qu'une commission a ete chargee de r6di^er ces instructions. En attendant, on peut trouver des renseigne- ments sur ce sujet dans la note de M. le baron de Montgau- dry inseree au Bulletin, et dansle memoire de M. Decaisne publie dans tons les journaux agricoles. — M. Dupin donne lecture d'une lettre de M. Joly, de Tou- louse, qui s'est occupe des moyens h prendre pour le place- ment d'un petit troupeau de Chevres d'Angora dans les Pyre- nees. Les propositions de M. Joly sont necessairement ajour- nees k I'annee prochaine, puisque toutes les Chevres ont re?u leur destination. — M. le president, aprfes avoir communique une lettre de M. Lecoq , directeur de I'Ecole veterinaire de Lyon , qui annon- ?ait,^ la date du 27 juillet, le depart des Ghevres d'Angora pour Paris , fait connaitre I'arrivee de ces animaux en tres bon etat , et leur expedition immediate aux membres de la Soci6t6 aux- quels le Gonseil les avait destines. — M. Jobez annonce qu'il a faittondre les Yaks qui lui ont et6 confies, et qu'il envoie k M. Sacc le produit de cette tonte, qui a donne les r6sultats suivants : Yak male. Grin. . . , . 686 grammes. — Laine. . . . . 2 kilogr. Yak femelle. Grin. . . . 625 grammes. Laine. . . .625 — Jeune Yak mSle de dix mois. Grin . . . . 563 — __ Laine. . . 625 — — 543 — M. Jobez adresse en outre i la Soci6t6 divers dchantillons des produits de cette tonte, et ajoute que T^tat des animaux esi parfait. — S. Exc. leMinistre de la marine, par une lettre du 31 juillet, demande, pour la colonic de la Guadeloupe, desgrai- nes des v6g6taux introduits par la Soci6t6 et par les soins de M. deMontigny. M. le baron de Montgaudry est pri6 de repondre k M. le ministre de la marine que tons ccs v6g6taux sonl actuellement en culture, mais que la Soci6t6 s'empressera de mettre k sa disposition les graines ou les tubercules que demande S. Exc. aussit6t que la r^colte en sera faite. — II est donn6 lecture d'une lettre de M. A. de Tourreil^ g^rant de la legation et du consulat g6n6ral de France k Y6n(- zu6la , qui adresse ses remerciments pour son admission au litre de membre de la Societe. , — S. Exc. le Ministre de la guerre annonce que les Ch6- vres d'Angora destinies par la Societe k I'Alg^rie ont ete em- barquees le 20 juillet, et demande des renseignements sur les soins k donner aux Ohevres d'figypte, qui ont ete jointes k celles d'Angora et exp^diees en meme temps pour I'Alg^rie. — M. Turrel, secretaire du Gomice agricole de Toulon, an- nonce I'arriv^e des Gh^vres d'Angora qui ont 6te remises k cette Soci6te correspondante. — M. de Liron d'Airoles, de la Giveli^re, pr6s Nantes, adresse ses remerciments pour son admission au nombre des membres de la Soci6t6 , et fait ses offres de services pour des essais d'acclimatation. — M. le President annonce, de la part de M. Blanchard, que les essais dont il a et6 charge pour les Bombyx de I'Am^rique du Nord , sont en bonne voie jusqu'i present. Le Secretaire du conseil, GufiElN-MliNEVILLE. — 544 — OIITRAGEIS OFFERTS A tj\ SOflKT^i. STANCE DU 13 AOUT 1855. L'Institut (l'"" et 8 aout 1855). Cosmos (4^ annde, 5^ volume, 5^ livraison). Bulletin de la Soci6t6 de geographie (4* serie, tome 10 , n° 55, juilletl855). NouvELLES annales des voyages, de la geographie , de I'histoire et de I'archeologie, r6dig6es par Y, A. Malte-Brun (juin 1855 ;) offert par M. de La Roquette. Archives alg6riennes (n° 6, 1855). Journal de la Soci6t6 vaudoise d'utilil6 publique (n" 7, juillet 1855). L'Utile et l'Agr6able (n° 7, juillet 1855). Rendiconti delle adunanze dellaR. accademia economico-agraria dei Georgofili di Firenze (n° 7, 1855). EsSAi sur I'origine des principaux peuples anciens, par F.-L.-M. Maupied (1 vol. grand in-8° ; Paris) ; offert par I'auteur. DiEU , I'homme et le monde, par F.-L.-M. Maupied (3 vol. grand in-8° ; Paris, 1851) ; offert par I'auteur. HiSTOiRE des sciences, de leur organisation et de leurs progres comme base de la philosophic, par M. de Blainville, r6dig6e d'apres ses notes et ses IcQons faites a la Sorbonne de 1839 a 1841, avec les d6veIoppements n6cessaires et plusieurs additions, par F.-L.-M. Maupied (3 vol. grand in-S" ; Paris) ; offert par I'auteur. Question des c6r6ales , son importance , sa solution ; par Paul Troy (1 vol. in-12 ; Toulouse, 1853); offert par Fauteur. Projet d'etablissement de la colonic horlicole de I'Ouest, par M. Jules de Liron d'Airoles ; offert par I'auteur. Notice pomologique, avec figures, parle meme(1855). SiLVA Capensis, or a description of south african Forest-Trees, etc., par L. Poppe (ville du Cap de Bonne-Esp6rance, 1854); offert par M. A. dela Roquette. Paris. - IMPRIMERIE GUIRAIJDET ET JOUAUST rue Saini-Honore, 338. Vo^f BULLETIN j'SJi MENSUBL DE LA SOCIl&Tfi IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondoe le 40 fcvrier 19ft4 I. TRAVAUX DES MEMBRES OE LA SOC|£t£. RAPPORT SUR LE PROJET D'fiTABLISSEMENT D'UNE OISELLERIE. Gommissaires : MM. Berrier-Fontaine, Ch. Jacques, Johnson, J. Michon, Florent Pr6vost, de Toulmon, et DATEIjOVIS ) rapporteur. Suite et fin (1). (Stance dti 22juin 1855.) Comme type utile k etudier pour les conditions de distri- butions interieures utiles, M. Florent Prevost a indique le haras de Meudon. II se trouve aux environs de Paris ; un chemin de fer et de grandes routes y rafenent. Ce haras est situe sur le versant nord-est de la colline surla- quelle se trouve le chateau de Meudon. II est enferm6 dans la valine, sans en occuper le fond m^me. (1) Pour la premiere partie, V. le Bulletin d'aout 185$, p. 401. u 35 — 546 — Conditions favorables quepresente le haras. Construit par les ordres de M. de Gambis, ce haras a et6 edifie d'apres des plans tres soigneusement etablis. Les regies de I'architecture rurale ont ete rigoureusement suivies pour retablissement des ecuries, loges ^ Pores, et hangars, mo- difies neanmoins pour le service special auquel ces batiments etaient destines. Le haras est environne de prairies, et unetang evalue, en anciennes mesures, k neuf arpents, avecun ilot arti- ficial et une decharge, lui donne toute I'eau necessaire. II y a done des conditions tres utiles k etudier pour les grands mammiferes ; nous ne nous en occuperons pas. Pour ce qui concernerait directement une oisellerie, nous trouvons des parquets formes par des palis hauts de 2 metres, elevation suffisante pour empecher le melange des Oiseaux. La disposition des hangars serait encore utile a etudier comme lieu de refuge pour les Oiseaux dans les mauvais temps ; il en serait de meme des ecuries, qui pourraient servir de type pour de grands poulaillers , en ayant le soin de convertir les portes pleines etles fenetres en fermetures faites avec des treil- lages. II existe enfin une derniere disposition complementaire qu'il est bon de signaler : le haras touchant k une foret, toutes les ouvertures qui communiquent a I'exterieur et presentent de pe- tites dimensions ont et6 munies d'assommoirs , afin de mettre obstacle aux devastations des betes fauves. Conditions avantageuses de cet etahlissement. Nous trouvons dans le haras dont nous parlons les condi- tions necessaires pour les palmipedes et certains echassiers, par exemple le Casoar. L'etang nous presente une vaste nappe d'eau , et I'ilot nous offre k considerer une disposition heureuse , puisqu'elle per- mettrait aux palmipedes de s'etaler au soleil et de dormir pen- dant le jour. La masse de roseaux que presente une des par- — 547 — ties de I'etang offrirait toutes Ics facilites possibles pour Ics ac- couplements. Chez ces Oiseaux, en effet, le melange des types parait aussi peu frequent qu'il est commun chez les gallinaces, Inconvenients que presenie le haras. Si I'etude nous rev6le des conditions avantageuses pour les Oiseaux d'eau, il faut reconnaitre que les inconvenients sont immenses pour les gallinaces. Le haras de Meudon prosente des conditions tres defavora- bles, qui dependent de sa position, des bois qui Tentourent et du sol sur lequel il est bati. Sans toucher au fond de la vallee, il a, comme elle, une atmosphere presque toujours^ une tem- perature basse; des courantsdair froid y regnent, et de brus- ques changements se manifestent dans les saisons et les jours les plus chauds. Ces conditions que presente la vallee sont augment^es par les boisenvironnants, dont la presence tend encore k abaisser la temperature et k la rend re humide. Mais cette humidite est encore rendue plus considerable et permanente par la nature du sol et la constitution geologique de la coUine qui domine le haras. On salt en effet que , dans toutes les collines des environs do Paris, les sources sourdent h mi-c6te. Le haras revolt done une grande quantite d'eau , qui h la verite alimente son etang, mais imbibe aussi constamraent son sol. Ce sol, qui est d'ori- gine alluviale, conserve Teau, et, quoiqu'on ait faitjusqu'i ce jour, on n'a jamais pu faire disparaitre I'humidite qu'il presente. Toutes ces causes reunies constituent done un etat climato- logique froid et humide. Pour les palmipedes, ces conditions sont peu graves ; elles constituent meme pour eux un etat de bien-etre reel pendant les chaleurs de I'ete. En hiver, on atte- nuerait facilement leur influence en faisant rester les Oiseaux dans leurs habitations pendant la journee, ou en les lachant seulement pendant les heures ou les jours les plus chauds. Pour les gallinaces, dans toute localite semblable, il n'^n — 548 — serait plus de meme. Non seulement ces Oiseaux sont rapide- ment atteints par des affections rhumatismales et goutteuses, mais , fait beaucoup plus grave , leur sante s'altere profonde- ment. Lesindividus les plus vigoureux presentent un passage bien marque et rapide de la constitution musculaire ou san- guine h la constitution lymphatique ; leurs forces disparaissent, etdej^, k la seconde generation, la degenerescence des ty- pes est k peu pres complete. Ces faits se sont presentes et se presentent encore dans la lo- calite dont nous parlous. On a bien dit aussi que les petits mam- miferes reussissaient mal dans le meme endroit; mais, en exa- minant les faits allegues, on voit que c'est principalement Texemple du Lievre qu'on a cit6. Or, pour cet animal , son exi- stence dans le haras etait environnee de circonstances encore plus defavorables , puisqu'il n'etait pas place dans des bois. II y avait done pour lui une double cause de destruction qu'il a subie. En resume , nous dirons done qu'il y a a etudier dans le ha- ras de Meudon de bonnes dispositions materielles et des condi- tions de localite en partie mauvaises et defavorables. La commission, en s'occupant decette partie de son travail, a dn s'en tenir k de grandes generalites. Elle avait pour mission de faire un examen, et non pas d'instituer une enquete. C'est done avec raison qu'un de ses membres, M. de Toulmon, a remarque que, dans le cas oii Ton voudraitchoisir une localite determinee pour y fonder une bisellerie, il faudrait nommer des delegues qui feraient sur les lieux memes une investigation minutieuse de tous les avantages et des inconvenients qu'on pourrait constater pour apprecier et juger le pour et le contre. Nous arrivons maintenant a I'examen des deux syst^mes qui ont ete proposes pour la fondation d'une oiselleric; l*"" Systeme. — Fondation d'une oisellerie chez une personne dans I'habitation de laqueUe on trouverait les meilleures — 549 — cotiditions comme localite ou etablissement dejd commence ou a (aire, cette personne consentant a un arrangement avec la Societe , pour operer a ses risques et perils , mats sous la surveillance el la garantie de la Societe. La question se trouvant posee sans acception de personnes, la Commission a dA la trailer d'une manifere generale. Elle a done cru devoir signaler parmi les avantages princi- paux que pr^senterait I'adoption de ce systeme : 1" La possibilite d'avoir un moyen temporaire pour etudicr d'une maniere complete toutes les questions pratiques qui se rapportent au fonctionnement d'une oisellerie ; 2" La stimulation exercee sur la personne choisie, puis- qu'elle devrait apporter tons ses soins k reussir, devant y trou- ver une source de benefices pour elle ; 3" Par consequent, les garanties que la Societe trouverait pour que le but qu'elle poursuit fiit atteint le plus complete- ment possible et dans le temps le plus court. Elle a cru devoir signaler aussi , parmi les inconvenients principaux inherents h ce syst6me : 1° La difficulte d'avoir pour la Societe une complete ind6- pendance sur la gerance de I'^tablissement; 2° Par suite , la suscitation de difficultes entre la Societe et la personne choisie, dans les cas de dissidence d'opinions, pour certains fails ou certaines mesures; 3° L'impossibilil6 vraisemblable de faire acquerir k un eta- blissement fonde ainsi de tres grandes dimensions. G'est toujours, repetons-le, comme questions generales, que la commission presente ces remarques. II pourrait arriver, en effet, que, suivant les circonstances, tel avantage pill primer les inconvenients, et tel inconvenient an6antir tons les avantages. Citer un fait ne sera pas inutile. Dans ses travaux, la Com- mission a reconnu que retablissement fonde par M. Ch. Jac- ques, noire confrere, pourrait meriter une serieuse atten- tion sous le rapport de la localite et des dispositions qu'il a deji realisees. C'est memo le seul etablissement de ce genre — 550 — dans lequel on ait souge a etudier une partie des questions pratiques qui appartiennent h une oisellerie ; mais on tombait dej^ d'un examen general dans un cas particulier, et la Com- mission a dii signaler le fait en invitant le Conseil k etudier cet etablissement comme type du premier systfeme. En restant dans les limites de ses attributions, la Commis- sion a reconnu que les deux inconvenients majeurs k signaler pour ce premier systeme etaient ceux qui se rapportaient k la surveillance et aux difficultes qu'elle pourrait susciter a la So- ciete. II est bien certain , en effet , qu'en adoptant le systeme dont nous parlous, les articles du reglement administratif qui ont trait au placement des animaux, tel qu'il a ete adopte jusqu'a ce jour, sont susceptibles de modifications dans leur application. Ici , en effet , ce ne serait plus un depdt fait a un des membres de la Societe et benevolement accepte : ce serait un contrat passe entre la Societe et une personne qui peut ne pas etre un de ses membres. Or, les articles quireglentla surveillance des animaux doivent etre , au contraire , soigneusement maintenus et rigoureusement executes. II pourrait done se produire entre la personne choisie , pensant agir dans les limites de ses at- tributions, el la Societe, voulant agir dans toute Famplitude des siennes , des discussions resultant de Fopposition de deux pou- voirs opposes et des scissions fort desagreables et tres penibles de part et d'autre. Ici, nousne pouvions que repeter, ^Tegard des personnes, ce que nous avons deja dit cil'egard de I'oisellerie meme : c'est que ces difficultes , inutiles a redouter avec une personne con- nue, insignifiantes un jour, pourraient devenir assez graves dans le cas ou on generaliserait ce systeme pour I'appliqucr a plusieurs contrees, surtout si on etait oblige d'avoir recours a des personnes etrangeres k la Societe. Les inconvenients pour- raient etre alors plus grands que les avantages. Neanmoins, ce systeme merite d'etre pris en consideration et etudieplus completement que nous n'avons dd le faire, car il pourrait etre partiellement applique par la suite. La Societe — 551 — pourrait designer dcs proprietes particuliferes, soitcommesuc- cursales de ses centres, soit parcequ'elle rencontrerait dans dcs cndroits speciaux des conditions convenables pour les esr- peces determinees ou des experiences i faire. D'un autre cOte, le but que poursuit la Societe est la propagation des esp6ces utiles ou des races etrangferes, et nuUement une question de concurrence k ctablir avec des basses-cours ou des faisanderies particulieres 6tablies. La Societe pourrait done s'appuyer sur ces etablissements, qui seraient considores comme affilies ou correspondants , afin de realiser le plus fructueusement possi- ble la tdche qu'elle s'est imposee. C'e^ un point de vue qu'il 6tait necessaire de signaler, en laissant k I'avenir le soin de montrer ce qu'il y aura i faire. Etablissement d'une oisellerie par la Societe. En th6se gen6rale , la Commission a penche pour I'adoption de ce second systeme. Les inconvenients que nous avons signales pour le premier disparaissent dans celui-ci ; ils devicnnent des avantages. La Society est entierement libre dans ses actions; elle n'est liee avec personne, pent adopter les mesures qu'elle juge conve- nables, et se livrer sans entraves k toutes les etudes et les operations que necessite une oisellerie. II y aurait encore un grand avantage pour la Societe : ce se- rait de pouvoir accepter Templacement qui lui serait offert sans autre condition que celle d'y fonder son etablissement. On se rappelle que dej^ un de nos confreres, M. Blum, a fait cette proposition. Nous avons cru devoir rappeler ce fait, qui a deji obtenu les remerciments de la Society, et qui merite de figurer parmi les conditions heureusesque nous offre le second systeme. Nous signalerons parmi les inconvenients que presente le syst6me dont il est question : 1° Les eventualites plusgrandes que presente un Etablisse- ment qu'on cree de toutes pieces ; — 552 — 2° La depense plus considerable k faire ; 3° La difficulte de trouver un personnel, qu'on aurait deja en grande partie en adoptant le premier systeme ; 4° La difficulte de choisir un directeur ou surveillant gene- ral specialement attache a I'oisellerie et y demeurant. Dans I'adoption du premier systeme , on n'a plus cet incon- venient : la personne choisie se trouve etre, sauf exception peu probable, directeur-ne de I'etablissement. Nous avons expose aussi rapidement qu'il nous a ete possi- ble de le faire les travaux auxquels s'est livree la Commission dans ses seances des 21 mai, 4 et 11 juin 1855. En terminant ce rapport, nous ne reviendrons pas sur les conclusions qui appartiennent k chacun des points examines , et que la lecture pourra faire connaitre , puisque nous les avons formulees avec le plus de nettete possible; nous ajouterons seulement quelques mots qui se rapportent k Tensemble du projet qui nous a ete soumis, et qui en sontle complement necessaire et oblige. Avantages intrinseques. En signalant Tetat f^cheux dans lequel se trouvent la plu- part de nos basses-cours , la degenerescence que presente la plus grande partie de nos Oiseaux domestiques, il ressort de ces faits qu'un remede energique doit etre employe pour arreter un pareil etat de choses. 1° La creation d'une oisellerie serait le point de depart etun des moyens les plus efficaces k employer pour s'opposer a I'etat deplorable que nous signalions. EUe permettrait la regenera- tion des especes que nous possedons, en renouvelant leur sang. 2° La realisation d'un etablissement semblable serait done une des entreprises les plus utiles que la Societe zoologique d'ac- climatation pourrait tenter. 3° Le moment semble venu de faire passer cette conception de Tetat de projet k celui de fondation. Le dernier concours des animaux reproducteurs nous a montre une partie des ame- — 553 — liorations qu'on avail d6]k produites k T^tranger. Les essais partiellemcnt entrepris jusqu'a ce jour nous conduisent k entre- voir les avantages qu'on pourrait retirer de Tintroduction de races d'Oiseaux dej^ perfectionn6es , et ceux qui resulteraient de racclimatation et de la domestication d'esp^ces exotiques. Avantages extrinseques. A° En outre , une oisellerie am^nerait en grande partie I'a- m61ioration des races que nous poss6dons d6j3i, en montrant la valeur et Tinfluence des soins sur les esp6ces ornitholo- giques. 5° Les developpements que r6l6ve des Oiseaux de basse- cour tend k prendre chez quelques personnes , dont le nombre est malheureusement encore trop restreint, nous indiquent qu'il est necessairedefavoriserces tendances heureuses et de cher- cher k les generaliser par rexemple. La creation d'une oisellerie parait etre le moyen qui ser- virait le plus puissamment k amener ces r^sultats importants pour I'utilite gen6rale. Elle contribuerait au developpement de la zootechnie , etmediatement ^celui de la science. II ne nous reste plus qu'i solliciter du Conseil Texamen des considerations que nous avons I'honneur de lui soumettre, afin qu'il prenne la decision qui lui paraitra la plus convenable. La Soci6t6 a adopte les conclusions de ce rapport , et I'a renvoye au Conseil. — 554 — SUR LA CULTURE DES ABEILLES DANS LES LANDES , Lellre adressee h. M. RICHARD (da Canlal) . Vice-Pr6sident de la Soci6t6 imp6riale zoologique d'acclimatation , Par in. »E BEAKVOYS. Mon cher confrere , Dans votre mission au departement des Landes, vous n'avez rien neglige de ce qui se passe dans ce malheureux pays, pas memo la modeste et si laborieuse Abeille. Comment ne s'est-il trouve dans cette contree aucun homme de science theorique et pratique qui cherchat a tirer parti des immenses avantages que presente la culture des Abeilles, \k ou toute autre, si elle n'est pas impossible , entraine de telles depenses que ses re- sultats n'en pourront jamais peut-etre devenir avantageux. II faut et il faudra toujours du miel et de la cire , et le sol de certaines contrees de notre France semble reserve pour le dernier refuge de ces admirables creatures , chassees de nos meilleures contrees par la culture des cereales et des plantes sarclees. Vous ne lirez pas sans interet, mon cher confrere, je pense, lesquelques renseignementsquejeme suis procure surla cul- ture des Abeilles dans ce pays, et que j'ai consignes au mot Landes d'un dictionnaire que je prepare de longue main et que je completerai pendant le reste de mes jours, leguant k quel- que apiphile le soin de le rendre plus tard moins imparfait et plus complet que je ne le puis. Dans mes courses pour la propagation d'une meilleure cul- ture des Abeilles, je ne suis entre que dans la partie des Landes qui avoisine Bordeaux. J'y ai vu d'admirables travaux pour la culture des cereales , mais ces travaux etaient beaucoup trop dispendieux. Je fus , je I'avoue , heureux surtout de ren- — 555 — conlrcr un vieillard qui , au temps de la suppression des pie- ces de 6 francs , vint au chef-lieu du deparlement en changer pour une somme de 70,000 fr. Sa petite charrette, son due, ses habits rapi6ces, d6termin6rent des indiscrets ii lui deman- der la source de tant de richesses «Mes Abeilles)), repondit-il. Le departement des Landes est le pays de grande culture des Abeilles. Apres les 6tes fertiles en essaims , lorsque les Abeilles ont terniine leurs travaux, ila fin de lasaison, on est dansl'usage de faire perirdes ruches qui donnent dumiel par pleines et grandes barriques. Lion croit que, pour conserver son rucher en bon 6lat , il faut detruire une partie des ruches. Dans les annees fertiles , la multiplication des Abeilles est enorme ; le nombre des ruches devient double , triple ; la population de chaque ruche augmente. Si on garde tout et que I'ann^e suivante soit encore fertile en essaims, il n'existera plus de proportion entre la population et les subsistances : d6s lors il y aura desordre, combats, pillage, mortalite. Si une, annee fertile est suivie d'une annee mediocre, et que Ton ait tons les essaims , les Abeilles produiront peu ; si Tannee est mauvaisc, on fait des pertes considerables. La pratique de tailler les Abeilles fi chaque printemps est gen^rale dans le departement des Landes el dans les departe- ments voisins Le commerce de la cire qui provient de cette taille est de plus de 600,000 francs chaque annee, revenu certain, qui ne manque jamais. Cette cire , qui a peu sejourne dans les ruches, est preferee par les ciriers. En 1821 elle se vendit 330 fr. le quintal. Dans ce departement, la bruy6re passe fleur vers la fin d'aoilt ; la recolte du micl se fait dans les quinze premiers jours de septembre, et, pour se preserver dc la piqilre des Abeilles, on les enfume avec un enfumoir en terra cuite. On a des bar- riques pouvant contenir de 4 k 500 livres de miel environ. Quinze ruches pleines , un peu plus , un peu moins , remplis- sent une barrique. L'operation se fait ii I'entr^e de la nuit ; or, voici comment elle se pratique : Des barriques defoncces sont placees k la portee des ruchers. Ceux qui op6rent tiennent cha- — 556 — que ruehe depourvue de baguettes croisees dans leur interieur pour soutenir les rayons , par le haut, d'une main , et, du plat de Fautre, ils frappent dessus deux ou trois coups, €t tout tombe dans la barrique. Les rayons , h une temperature con- venable , s'ecrasent et se divisent facilement ; ils sont aussit6t piles avec des pilons de bois. Les hom'mes occupes k cette besogne prennent d'ailleurs peu de precautions centre la pi- qure des Abeilles. Vider soixante ruches, ecraser, piler etrem- plir quatre barriques , est I'affaire d'environ quatre heures. On remet les fonds aux barriques , et on les expedie ainsi dans le commerce. Si la multiplication excessive des Abeilles est, comme vous avez pu Tobserver, mon cher confrere , une cause de leur des- truction, pourquoi ne realiserait-on pas, pour ce pays, ce que Reaumur a prescrit depuis plus de cent ans , ce que Pronteau dlevre-la-Ville a le premier realise en France , le transport au paturage de Texcedant des ruches que la contree ne pent nour- rir! Reaumur ajournait ces voyages dans les paturages aux epo- ques oil les moyens de communication etaientplus faciles. N'y sommes-nous pas arrives , et ne voyons-nous pas , d'ailleurs , k I'Exposition , une fort ingenieuse voiture , intitulee Apier ambulant^ qui, si nous avons ete bien renseignes, produit cinq a six mille francs par an a son habile inventeur? Une autre cause de la destruction des ruches dans ce pays, et qui les fait perir par centaines , c'est la fausse teigne , que Ton ne pourra jamais detruire qu'^ Taide de ruches k compar- timents verticaux. Je serais heureux, mon cher confrere , d'apprendre que cette communication ait pu vousetre agreable. Sije n'avais que Tage ou j'ai commence a etudier les Abeilles , et sans ma position actuelle , je me fixerais sans doute en Sologne, enBretagneou aux pays des Landes , pour me livrer k Felevage des Abeilles. Recevez, mon cher confrere, etc. DE BEAUVOYS , Membre de la Societe d'acdimatation. — 557 — DE LA MULTIPLICATION ET DE L'INTRODUCTION DES SANGSUES EN ALGfiRIE, Par M. le Baron Henri AVCAPITAIWE. Quoique cette question ne soit pas du ressort de mes Etudes habituelles , elle est trop importante pour ne pas fixer Tatten- tion des zoologistes, et, ayant et6 recommand6e par la Soci^te zoologique aux investigations de ses membres, je n'ai pas neglige ce qui pouvait s'y rapporter. En faisant une recherche dans le Moniteur algerien^ j'ai trouve dans cette collection une note de M. E. Brauwers, pharmacien aide-major k Yh6- pital du Dey k Alger, sur le commerce et la multiplication des sangsues en Algerie. J'ai pense qu'il pourrait y avoir quelque inter^t pour la Societe zoologique de la resumer, en y ajoutant des considerations personnelles. La diminution toujours crois- sante de ce precieux hirudine me semble donner lieu de re- chercher avec soin tout ce qui pent se rattacher k cette ques- tion, en m^me temps que le commerce des sangsues ferait ouvrir un debouch^ industriel de plus k certains colons d'Algerie. Voici quelles sont les esp6ces de cet ann^lide que Ton ren- contre communement en Algerie : Hirudo medicinalis, Linn. (Jatrohdella medicinalis, Blainville.) Hoimopis sanguisuga, Moquin-Tandon. Sanguisuga interrupta, Moquin-Tandon. Dans sa Faune des Zibans, M. le docteur Guyon , chef du service medical de Tarm^e d'Afrique , signale (1) V Hirudo officinalis^ VHcemopis sanguisuga Moq.-Tand. L'auteur a (I) Voyage aux Zibans, I'ancienne Zebe, par M. le docteur Guyon, Zoologie, annelides. - 558 — donne a differentes cpoques des renscignements sur cette derniere espece, qu'il delcrminvih HcBtnopis voi^ax^i). Presque tous les marais de I'Algerie , notamment ceux qui avoisinent Teniet el-Haad , Aumale, le lac Halloulah, dans la province d'Alger; Tiaret, Mascara, Sidi-bel-Abbes , Serson, dans la province d'Oran ; Constantine , la Calle , dans la province de Constantine, contiennent un grand nombre de Sangsues, dont la peche donne deja depuis quelques annees un produit assez considerable. Malheureusement cette exploitation meme tend k faireperdre a TAlgerie un produit considerable. Mieux en- tendue, I'exploitation des Sangsues affranchirait la France du tribul annuel qu'elle paie aux provinces danubiennes , a la Hongrie , a la Styrie. Bientot meme ces ressources etrangeres manqueront a la chirurgie, par suite de I'incurie des pecheurs. II serait urgent de prevenir un malheur de ce genre, Les lacs et marais algeriens semblent admirablement places pour favo- riser cette Industrie. II est inutile ici de se preoccuper de la question commerciale, qui n'est pas la moins interessante cependant. La construction de bassins ou reservoirs en maQonnerie se- rait le meilleur moyen de prevenir la disparition totale des Sangsues, d'en augmenter la multiplication en prevenant la destruction des jeunes, de favoriser, en les mettant incessam- ment sous les yeux , I'introduction d'especes nouvelles et leur acclimatation. La dimension de ces bassins pourrait varier selon les besoins, mais ne devrait guere depasser 1 metre de profondeur, 4 metres de longueur sur 4 de largeur. La partie inferieure serait gar- nie d'une couche de 50 centimetres d'argile , ainsi que les par- ties laterales et de bas en haul, de maniere a former sur les (1) Journal des connaissances medico-chmirgicales , octobre 1838. Gazette mMicale de Paris, 1838, n° 32. Bulletin des comples-rendus des stances de CAcaddmie des Sciences, 1841 , 4*= trimestre , p. 787 et 1 1 55. Id., 1833, 3" trimestre, p. 424-426. - 559 — c6t6s une sorte de plate-bande d^passant le niveau dc I'eau de quelques centimetres. Le niveau de I'eau, dit M. le pharmacien Brauwers, pent etre facilement etabli en pratiquant au tiers sup6rieur du bassin une ouverture oppos6e au point d'inlro- duction de Teau ; cette ouverture serait munie d'une fine toile metallique qui s'opposerait k la sortie des Sangsues. L'eau se trouverait ainsi sans cesse renouvelee. II est inutile d'ailleurs que le niveau soit fort 61ev6. On pent installer plusieurs bas- sins par plans inferieurs , faisant suite au premier, utilisant ainsi le courant d'eau et les parties nutritives que cette eau pent contenir, grAce aux nombreuses plantes aquatiques dont il faudrait prealablement les garnir. Chacun de ces reservoirs pourrait contenir en moyenne 10,000 Sangsues. Jedis 10,000, car le chiffre de 15 ou 20,000, indique par M. Brauwers, me parait beaucoup trop considerable. Places pres des marais producteurs, les bassins permettront aux jeunes Sangsues, con- nues sous le nom de Filets, d'atteindre le degre de developpe- ment voulu pour 6tre livrees au commerce, et de ne plus s'em- parer, ainsi que le font trop souvent les indigenes, des repro- ductrices, dites Vaches, dont la peclie entraine la destruction de centaines d'individus. Au moment de la reproduction il est important de gorger de sang les individus destines k la multi- plication, lis seront places dans des reservoirs sp6ciaux. L'ac- couplement ayant habituellement lieu dans le mois de sep- tembre, il faut les deposer dans le mois d'aodt. La gestation dure de 26 a 35 jours (1). Alors Tanimal se dispose aux pr6- paratifs de la ponte, qui consiste dans la formation d'un, quel- quefois m^me de deux ou trois cocons renfermant les germes embryonnaires , qui se d^veloppent en 30 ou 40 jours, suivant les influences climateriques. Une observation de M. Brauwers merite surtout d'etre prise en consideration : « Les plus grandes precautions doivent 6tre prises pendant « cette 6poque pour 6viter qu'une cause accidentelle vienne (l)Pour les details concernant les hirudin^, voir la belle monogra- phie de ces animaux publi^e par M. Moquin-Taodon. — 560 — « changer le niveau d'eau, qu'il est tres important de conserver. « En effet , tous les cocons ont ete , sans exception , deposes « par les Sangsues dans Targile des parties laterales du reser- « voir , mais un peu au dessus du point d'affleurement de Feau. « Une immersion de quelques heures les exposerait k pourrir (c en totalite, et pourrait enlever ainsi le fruit de longs et mi- i< nutieux preparatifs. » II faut de deux k trois ans pour que chaque individu atteigne la taille et les conditions requisespar le commerce. On doit transporter lesjeunes desbassins d'eclo- sion dans ceux de conservation avantla saisondes pluies, leur donner de temps k autre du sang de boeuf ou d'autres animaux de boucherie. Par ces procedes, on arriverait en peu d'annees a centupler I'exportation des Sangsues: car, les ayant sous la main, les ele- veurs ne les expedieront qu'au furet a mesure des besoins. lis ne seront plus forces de speculer sur les peches desastreuses des indigenes , et de livrer parfois k perte faute d'ecoulement ou de moyens de conservation, comme cela se voit sur les mar- ches de Bouffarik et autres. L'envoi des Sangsues se fait dans des sacs de toile , dans chacun desquels on place un millier d'individus, ainsi qu'un volume egald'argilemouillee. Ces sacs, places dans une caisse de bois percee de trous, sont isoles par des couches vegetales humides. C'est un moyen infaillible, dit M. Brauwers, de leur faire traverser de grandes distances sans chances de perte. Independamment de la conservation et de la multiplication des Sangsues , il serait k desirer que des experiences fussent tentees et suivies pour importer en Algerie quelques beaux echantillons des especes d'lllyrie et de Hongrie, reputees pour leurs proprietes medicales. Ce serait assurer k Findustrie alge- rienne la suprematie de ce genre eminemment utile de produits. En empruntant et resumant les idees de M. Brauwers , qui est competent, puisqu'ilestpharmacien, j'ai pense que ce serait peut-etre mettre quelques uns des membres de la Societe dans une voie toute nouvelle , fort simple , et qui promet de riches benefices. — 561 — NOTICE sua LE CHERVIS {SIUM SISARUM) , Par M. 8ACC, D^l^gu^ de la Soci6t£ , & Wesserling. Cette plante , originaire , comme la rhubarbe , du nord de la Chine, est connue'de toute antiquity en Europe, d'oii la culture dela pomme de lerre Tafait presque expulser, au point qu'elle est i peine ou point du tout mentionnee dans les ouvrages r6- cents tant de grande que de petite culture. Jadis le Chervis etait tellement estime que Pline raconte que le feroce Tibere en exigeaitdesanciens Gaulois les racines comme tribut annuel, et Linnee affirme que de son temps on rencontrait le Chervis dans tons les jardins. II y a deux ans que j'ai vu le Chjervis pour la premiere fois dans le beau jardin de mesdames les comtesses d'Andlau , k Cernay, oil il se developpe avec une vigueur extraordinaire , dans une terre s6che , legfere et tr6s humide ; ses racines y at- teignent la grosseur du pouce, et chaque plante le poids d'un kilogramme ou plus encore. Mesdames d'Andlau tiennent cette plante de leurs p6res, et assurent qu'elle s'est toujours trouvee dans le jardin patrimonial. Aussi en connaissent-elles fort bien la culture , sur laquelle elles onl bien voulu me don- ner les details suivants : u Le Chervis exige une terre douce , fralche et profonde ; « il craint beaucoup la s6cheresse et veut alors 6tre arrose « frequemment. On le multiplie de drageons ou de graines se- « m6es au printemps, et qui donnent d6s la premiere annee « des racines assez grosses pour etre mangees. La recolte des « racines commence en septembre et dure tout I'hiver, parce- « que cette plante ne craint nullement le froid. « II 36 — 562 — Vivement interesse par ces details, je cherchai k avoir quel- ques plans de Chervis , que ne tarda point k me procurer Tob- ligeante amitie de notre excellent confrere M. Alphonse Ziir- cher, k Cernay, auquel je ne puis temoigner assez de grati- tude pour le devouraent avec.lequel il voulut bien me donner alors presque la totalite de sa recolte de Chervis. Grace done k I'affectueuse generosite de M. Ziircher, j'ai pu, des Tannee pass6e, gouter et cultiver le Chervis. Arrachees en septembre , les racines de Chervis sont gros- ses comme le doigt , longues de 20 k 30 centimetres , un peu tordues sur elles-m^mes , ce qui en rend le nettoyage assez difficile, etau nombre de vingt a trente. La chair en est blanche et ferme ; cinq minutes suffisent pour les cuire dans I'eau chaude; elles sont tres farineuses ; leursaveur, tressucree, est relevee par un petit gout qui rappelle celui du celeri ; elles sont composees , d'apres I'analyse que je viens d'en faire : Eau 62,41 Amidon 18,09 Ligneux et cendres .... 7,91 Sucre de canne " 6,60 Caseine 2,09 Sels solubles 1,37 Acide pectique 1 » Gomme arabique 0,53 Cette analyse prouve que le Chervis est la plus riche en principes nutritifs de toutes les racines alimentaires, et expli- que pourquoi il est si facile k digerer qu'on le recommandait jadis comme un des analeptiques les plus silrs. Des septembre dernier, j'ai plante dans une bonne terre le- gere , fraiche et bien fumee , k 20 centimetres en tous sens les uns des autres , les collets des Chervis livres k ma cuisine ; ils ont vegete pendant presque tout I'hiver, et forme des les pre- miers beaux jours de grosses touffes drageonnant de tous les cotes, et du sein desquelles se sont elevees des tigei> florales as- sez greles, de 40 k 50 centimetres de hauteur, qui n'ontdonne — 563 — qiiri peii de gfaihes. Ccs graines , scmccs immediatement , In- vent au printemps , et donnent des la meme annee une seule racine, grosse comme le doigt. Ce mode de multiplication ne vaut pas celui des drageons. A raison de son 6norme developpement foliace, de ses grosses racines pivotantcs , le Chervis doit 6tre une plante peu epuisante, sinon fertilisante. Sonproduit est plus considerable que celui de toutes les autres plantes fourrageres, puisque, d'apr^s Texperience faite dans mon jardin , il s'eleverait i 200,000 kilogrammes par hectare contcnant 250,000 pieds du poids moyen de 800 grammes. La touffe de Chervis la plus faible de nos jardins pesait 300 grammes sans les tiges; la ^plus forte 1870 grammes; toutes les autres 7 i 1500 grammes, et en moyenne 866 grammes. Ce produit fabuleux sera sans doute beaucoup moins considerable lorsqu'on cultiverale Cher- vis en plein champ; mais, dans de bonnes conditions, je crois neanmoins qu'il sera constamment plus fort que celui de tou- tes les autres recoltes racines. Quant i la culture , elle est bien simple. On espace les col- lets de la plante k 20 centimetres en tons sens dans une terre tr6s meuble, suffisamment fumee et humide, et on sarcle aussi souvent que cela est necessaire. En juin , on butte les touffes comme celles des pommes de terre , et on recolte depuis sep- tembrejusqu'en avril, i mcsure des besoins, sans rentrer en cave , parceque le Chervis ne craint pas les froids les plus in- tenses. Cette faculte, que possfede au plus haut degr^ le Cher- vis , de resistor aux frimas , lui assigne une place importante dans la grande culture , i laquelle il fournit de Toccupation durant toute la morte saison , sans charger nullement de nou- veaux travaux le printemps et I'automne , si remplis deji par les semailles des grains et les plantations de pommes de terre. LeChervis a eu, de toute antiquitc, sa place'marquee dans les jardins potagers. Je voudrais lui en trouver une dans la grande culture, tant pour la nourriture du betail que pour I'exploita- tion industrielle du sucre de canne , et surtout du magnifique amidon qu'il renferme en si ^norme quantite dans ses racines , — 564 — et qui possede tous les caract^res de froment de premiere qualite. L'extraction de ces deux produits est aussi facile que possible. Void le proc6de que j'ai suivi : On reduit h I'aide de la r^pe les racines , prealablement lavees , en puipe , qu'on soumet k la presse, qui en separe ce jus trouble'et tres sucre, qu'on laisse en repos pendant une heure , apres quoi on le decante de dessus le depot d'amidon. On chauffe ensuitelejusiSOdegres centigra- des, et on y verse un leger exces d'acide acetique, qui precipite aussitot toute la caseine entrainant avec elle toutes les impuretes qui souillaient le jus, lequel devient bientot aussi incolore et transparent que de I'eau de roche ; il n'y a plus alors qu'^ le faire cristalliser et k le purifier par les procedes connus. Quant au marc rest6 sous la presse, on y ajoute assez d'eau pour en faire une pate epaisse , qu'on depose sur un tamis fin , oii on la * malaxe sous un petit filet d'eau continu, qui entraine I'amidon, lequel se depose rapidement en une couche consistante et tres facile k purifier par le lavage. Le Chervis merite done bien I'attention des industriels, puis- qu'il leur fournit b. bon marche de I'amidon de grains , puis un jus Sucre qui porte avec lui sa substance clarifiante et depura- tive , la caseine , ce qui en rend l'extraction du sucre aussi sim- ple et aussi 6conomique que possible. Je conclus en demandant k la Societe imperial^ d'acclimata- tion de bien vouloir travailler k la rehabilitation economique du Chervis , tant en en distribuant des graines qu'en faisant connaitre sa culture et les avantages qui s'y rattachent. Wesserling , 28 octobre 1855. — 565 — II. TRAVAUX ADRESS^S ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIETI^. CONSIDERATIONS SUR LA CAPRA ^GAGRUS DE PALLAS, SOUCHE DE LA CHfiVRE DOMESTIQUE , Par J.-F. BRANDT, Membre dc TAcad^mie imp^riale des sciences et Directeur du Music zoologique et zootomique de Saint-P6tersbourg , TRADCITES OU MANDSCRIT ALLEMAND ' Par M. P. de TCHIHATVUEF, Membre de la SociC-tu impC'riale zoologique d'acclimatation. (Seance flu 22 juin i855.) NOTE PAR M. DE TCHIHATCHEF. Pendant mes longues peregrinations en Asie-Mineure j'ai 6t6 k m6me de constater dans un tres grand nombre de loca- lit6s, etnomm^mentdans le Taurus Cappadocien, Texistencede la Capra (sgagrus (1). Get animal n'est pas tr6s rare non plus sur les hauteurs qui bordent , en Cilicie , la grande plaine de Tchukurova aussi bien que dans les montagnes de Marach ; cependant ses regions de predilection paraissent 6tre les di- stricts montagneux de I'Aladagh , du Boulgardagh et du Has- sandagh, oii les habitants le chassent fr6quemraent. Ainsi j'ai , connu ^ Bereketli-Maden un Turc, nomme Kara T6p6li Admet, qui en tue chaque annee un grand nombre , et c'est ^ lui prin- (1) M. Katchy, qui a visite , en botaniste habile, le massif du Bulgar- dagh bien avant raoi , y avait deja depuis long -temps constate cette inte- ressante espece. Depuis son dernier voyage , il a public quelques notices topographiques a ce sujet. Je regrette bien vivement de n'avoir pas ete a mdme de consulter son ecril, n'ayant pas pu me le procurer en Italia, ou le present travail a ete fait. — 566 — cipalement que je dois la collection de crdnes et de cornes de cet animal dont je fis hommage en 1848 au Museum imperial de TAcademie des sciences de Saint-Petersbourg. M. Brandt , directeur de ce bel etablissement, qui, grace k ses efforts perse- verants, est devenu peut-etre le plus riche dep6t qui existe en Europe des representants de la faune asiatique, a bienvoulu, k mapri6re, non seulement comparer les pieces recueillies par moi avec I'exemplaire original qui a servi au cel^bre Pallas de type pour sa Capra cegagrus (1), mais encore soumettre h une etude critique toute cette interessante espece, qui est bien loin d'etre nettement circonscrite , et offre , surtout sous le rapport de la synonymie, beaucoup de vague et d'arbitraire. Personne, parmi les zoologistes de TEurope, n'est aussi avan- tageusement place que M. Brandt pour porter enfin le flambeau de la lumiere dans cette question encore obscure ; aussi m'es- time-je heureux de pouvoir soumettre k la Societe le travail que je dois k ce savant distingue, travail qui, entre autres me- rites, possede celui d'etablir pour la premiere fois sur des bases d'une demonstration positive la derivation de notre Chevre do- mestique de la Capra cegagrus. Voici la traduction fidele du manuscrit allemand de M. Brandt : « La comparaison des cranes rapportes de TAsie-Mineure par M. de Tchihatchef avec celui qui a servi h Pallas de type pour sa Capra wgagrus m'a demontre Tidentite parfaite entre toutes ces pieces. Excepte le crane susmentionne , Pallas s'e- tait servi, pour la creation de la nouvelle espece, des rensei- gnements donnes par Gmelin le jeune sur les formes exterieu- res de I'animal (2) , et il pensa que Tespfece designee par Kaempfer (3) sous les noms de Capricerva et de Passeng etait (1) Spicilegia zoologica fasc, t. xii, p. 45. (2) S. G. Gmelin, Reise durch Russland, t. iii, p. 493. (3) Kaempfer, AmoBnit. exot. fasc, t. ii, p. 398. — 567 — Identique avec la Capra cegagrus, comme I'avait d^ji admis M. Graelin.Aussi,n'ayant point k sa disposition unepeau quel- conque de Tanimal , le cel6bre naturaliste jugea i propos de completer dans ses Spicileyia les renseignements emprunt^s ti Gmelin par les notices qu'avait fournies Ka;mpfer. Or la Ca- pricerva de Kajmpfer est evidemment une esp6ce de Ch^vre appartenant b. la section des Bouquetins (Steinbock) , esp6ce qui, autant que je sache, n'a jamais ete constatce depuis dans les lieux oii elle fut signalee , ce qui la rend bien ind6cise ; tandis que le nom de Passen ou Passeng n'est qu'une denomination g6n6rale parlaquelle on designe en Perse toute Ch^vre sauvage sans aucune indication specifique (1). Au reste, la description que fait Gmelin de Tanimal douteux que Pallas designa par le nora de Cdpra (Bgagrus est non seulement tr6s courte, mais en- core entachee d'erreurs , car il n'accorde point de comes h. la femelle. « Depuis Gmelin et Pallas (2) jusqu'a A. Wagner, personne n'avait complete la caracteristique de la vraie Capra cegagrus : carm^me la Zoographia (I, p. 226) de Pallas ne nous donne qu'une description tres incomplete de I'animal , description empruntee aux ecrits posthumes de Gmelin (3) , et a laquelle se trouvent jointes des assertions tout a fait erronees quant a la patrie de cette Ghevre , placee indifferemment dans la Suisse, aux Pyrenees etdans Tile de Cr6te. « Tilesius , dans son memoire sur les Ghevres sauvages et domestiques (4), n'a non seulement fait faire aucun pas k This- toire naturelle de V/Egagrus , mais en a encore augmente I'obscurite en introduisant dans la synonymic une facheuse (1) Ainsi, le nom de Passen ou Passeng, par lequel, depuis Pallas, on designe la Capra cegagrus, doil desormais ^tre abandonne, malgrel'usage qui en a ele fait par les plus hautes autorites zoologiques. (2) Dans ses Spicilegia. (3) Pallas trouva parmi les papiers de Gmelin une flgure incomplete de Tanimal; elle ne fut jamais publiee , bien qu'a defaut d'une meilleure , Pallas eut eu I'intention de la faire paraitre. Voy. Zoogr., t. i, p. 226. (4) his, 1835, p. 877. m. — 568 — confusion , puisqu'il ne se contenta point d'identifier avec la Capra cegagrus la Cervicapra de Ka3mpfer, mais meme VOvis tragelaphus et la Capra caucasica , especes qu'aujourd'hui aucun zoologiste tant soit pen verse dans la connaissance des Mammiferes ne s'aviserait certainement pa^ de considerer comme identiques. « Lbs animaux figures sous le nom de Paseng (Capra cega- grus) par G. Cuvier (1) et F. Cuvier (2) sont evidemment des Chevres domestiques devenues sauvages , bien que plusieurs auteurs, comme Meissner et Schinz, les considerent comme de racemixte. Auneepoque plus recente, A. Wagner (3) futleseul qui donna quelques notices tres courtes sur la veritable Capra cegagrus d'apres un exemplaire qui se trouve dans le cabinet d'histoire naturelle de Vienne , et que depuis plusieurs annees j 'avals cede k titre d'echange ^ M. Matters. M. Schinz (4), n'ayant pas h sa disposition la Capra cegagrus, se contenta de figurer sousce nom une Chevre de Grece devenue sauvage. Co sont desemblables Chevres, considerees comme etant originai- rement sauvages, figurees et decrites par les G. et F. Cuvier et par M. Schinz , qui ont probablement contribue a accrediter I'opinion erronee que la Capra cegagrus habite ou habitait un jour FEurope occidentale. Le Museum de TAcademie imperiale des sciences de Saint-Petersbourg possfede de cet animal un male un peu ^ge, ainsi qu'une femelle, envoyes par M. Hohe- nacker de la Perse septentrionale , de concert avec une serie de tres beaux cranes. Dans Fetat fort defectueux des connais- sances que les zoologistes peuvent avoir relativement a la Ca- pra cegagrus , j'ai cru qu'il y aurait de I'interet a leur faire connaitre d'une maniere un peu plus precise les exemplaires susmentionnes. « Je vais commencer par le mtde adulte en robe d'hiver : (1) Menagerie. (2) Mammiferes. (3) Supplement zoogr. Schreher, t. iv, p. 502. (4) Monogr. — se- tt L'impression que produit au premier coup d'ocil Tensem- blc de ranimal est celle d'un Bouc gigantesquc, tr6s robuste, muni de cornes larges qui se courbent dircctement en arri6re, et d'oreilles verticalement drcss6es comme des Chevres. La t6te est, en proportion des cornes et du corps, assez considera- ble, et semblable, ainsi que le nez, h celle de la Ch6vre do- mestique ; ellc pr6sente la forme connue du profil de Ch6vre , et Ton aperQoit sous la pointe ant^rieure une bande longitudi- nale, lin^airc et nue. La queue, courte et semblable k celle de la Chfevre domestique , a , les polls y compris , la longueur de I'espace qui separe I'extremite du museau de Tangle post^rieur de Tceil ; mais, en ne tenant pas compte des polls , elle ne de- passe gu6re la longueur de Toreille. La barbe, qui est un peu retr^cie , allong6e et assez conforme h celle de la Ch6vre do- mestique, a presque la longueur de la queue et une largeur k peu pr6s egale k celle de la fente buccale. Les polls du corps sontde deux esp^ces, et consistent en un duvet tr6s tendre, soit d'un gris clair ou blanchatre , soit d'un brun clair, et en polls raides , faiblement tordus , d'un brun de noisette qui passe au blanc dans les extremites , ou bien d'un brun tirant plus ou moins sur le noir. Les polls atteignent leur plus grande lon- gueur dans la barbe , dans la queue et dans la partie m^diane du dos^ ce qui fait qu'on apergoit sur le milieu du dos des in- dices d'une crini6re. Sur la partie externe des doigts lateraux posterieurs se trouve une touffe de polls de forme pointue et de couleur noire ou noir brun^tre , dont on ne volt que quelques traces sur les jambes de devant. Une teinte d'un brun un peu sale passant legerement au gris ou au blanchfttre , ou tirant ci et \k sur le noir, colore les parties suivantcs : I'occiput, les par- ties laterales posterieures de la tete , la partie pdsterieure des joues au dessous des yeux , les arcs des yeux , le c6t6 externe des oreilles , la partie ant^rieure et les c6tes du cou , ainsi que lanuque, ^ I'exception d'une rale posterieure, centrale , de teinte noir brunatre , indiquant le commencement de la strie dorsale; le dos , la majeure partie des epaules , les jambes de devant et de derrifere , enfin la plus grande partie des portions — 570 — laterales du corps, ainsi que lapartie externe des jambes de derriere. Le ton de lateinte qui colore les parties post6rieures tire un peu plus sur le brun rougeatre, avec un leger reflet de brun noiratre. Une nuance semblable s'observe egalement sur les pieds de derriere. A cause du nombre plus ou moins grand de polls blancs melanges avec des polls d'un brun jaunatre et rougeatre , le nuque et le dos , mais particulierement les c6tes de la ligne mediane du dernier , sont fortement nuances de blanc, et meme presentent localeraent des ondulations blanches irregulieres. Les bords de la levre superieure jusqu'a la moitie mediane sont blancs , ainsi que le haut du bord anterieur de la levre inferieure. Les parties laterales de la pointe du mu- seau et la portion anterieure des joues sont d'un blanc brun^- tre, mais fortement nuance de brun fonce. L'os nasal (nasen- rueken) j usque au del^ de sa moitie est simple et colore en blanc clair ou en jaune rougeatre, teinte qui sur la partie dor- sale de la racine du nez apparait plus foncee, tirant sur le noi- ratre et passant au brun-noir fonce sur la partie anterieure du front, qui, vu k la lumiere projetee de cote, presente un leger reflet rougeatre. Les parties suivantes du corps sont plus ou moins fortement colorees en noir brun ou en noiratre : la partie superieure du front, tout le menton, la majeure partie de la barbe, k Texception toutefois de nombreux polls qui ontla moi- tie de leur partie terminale teinte en blanc ; la poitrine , ainsi que le milieu du cou inferieur, la plus grande portion de la .moitie superieure de la surface anterieure des jambes de de- vant etde derriere; labande droite, et large de 1'2", qui com- mence sur les cotes de la partie posterieure de la poitrine (Hin- terbrust), va en s'obliquant le long des cotes du ventre et se continue jusqn'^ la cuisse ; la raie ondoyante qui va de la par- tie posterieure de la nuque jusqu'aux reins (Kreutz) , ct tra- verse le dos en se prolongeant vers la moitie de ce dernier; la courbe en forme de ruban que continue la raie susmentionnee et descend au dessus des epaules vers la poitrine ; la raie courbe qui se dirige obliquement de devant en arriere vers la partie externe de I'articulation du talon ; enfm une partie de la region — 571 — limitrophe des doigts infdrieurs (Unter Zehen) et le c6t6 poste- rieur des doigts (Zehen), Parmi les parties susmentionnees du corps , celles qui se trouvcnt colorees avec plus ou moins d'in- tensit6, c'est-^-dire ayant une teinte soit plus ou moins noire, soit d'un noir luisant, sont le chanfrein et la barbe, la panic superieure du muscle de Tepaule ( Schulterbinde ) , mais plus particuli6rement la partie inferieure du cOte anterieur des jam- bes, ainsi que la queue. Surlesjambesdedevant, audessus de Tarticulation torsale , la teinte noire se trouve interrompue par une bande transversale blanche qui, en dedans et par derriere, se confond avec la teinte noire des pieds , tandis qu'exterieu- remcnt et par derri6re cette bande se trouve limitee par une raie brunitre formant un crochet. La couleur brune de la poi- trine, ainsi que la teinte foncee des bandes laterales et des jam- bes, sont plus ou moins nuancees, etse presentent, k cause de cela, comme plus claires. Le milieu de la partie posterieure de la poitrine inferieure (Unterbrust), ainsi que les cOtes de la partie inferieure de tout le ventre, y compris la bourse et Tanus (Stiez), la partie superieure de la gorge, les c6tes internes et posterieurs des membres de devant et de derri^re, ainsi que la partie externe de la portion inferieure des jambes, sont color^s en blanc. Les trois raies de poils dans I'interieur de I'oreille et la moitie inf6rieure du bord de cette derni^re sont blanchatres, tandis que la pointe de I'oreille est nuancee de brun, sans que cependantle bord anterieur de celle-ci cesse de presenter une teinte noir brun. « Les comes , dans leur ensemble , offrent assez de simili- tude avec celles de la Ch^vre domestique, et nommement avec la Chevre domestique devenue sauvage , figurce par les deux Cuvier et par M. Schinz. EUcs different constamraent de celles du Bouquetin (Steinbock) et de la Capra caucasica^ en ce qu'elles sont comprimees par les c6tes, c'est-^-dire de droite h gauche. Lorsqu'on les observe plus attentivement, on voit qu'elles s'el6- vent du c6te du devant en un bord anterieur, tranchant , triaa- gulaire, pectiniforrae , deprime dans le fond, muni ci\ et 1^ de renflements saillants, tandis que par derri^re et en bas elles — 572 — ont une lisiere qui parait plus large que celle de devant. Cette lisiere est de forme arrondie; et ne se trouve separee des larges surfaces laterales que par une impression legere. La surface la- terale externe est un peu plus voutee que la surface laterale in- terne ; elle est plus unie en haut et en bas que la premiere, qui est deprimee longitudinalement. C'est pourquoi , quand on consi- dere les cornes par devant ou par derriere, elles pr6sentent une forme triangulaire fortement comprimee dans le sens lateral. Elles ne se distinguent des cornes de celles des Chfevres qui se rapprochent le plus de leurs ancetres reellement sauvages , et nommement des Chevres figurees par les deux Guvier et par M. Schinz , d'abord que par leur volume , plus grand en propor- tion de latete, et par leur longueur, generalement plus pronon- cee , eusuite par des cercles d'accroissement un peu plus larges, ainsi que par des rides Iransversales plus frequentes , mais sur- tout par une largeur plus considerable et par les noeuds plus robustes de leur bord anterieur, noeuds au nombre de trois i six, particuliferement saillants k la moitie de la come , k forme oblongo-triangulaire , et dont la longueur est de 1'2", et la hauteur de 7'!". C'est ce qui fait que, vues de cote, ces cornes se presentent beaucoup plus larges que celles de la Ch6vre domestique. Sous le rapport de leur direction , elles ne diffe- rent pas non plus de cellos de Chevres susmentionnees deve- nues sauvages. Elles tournent d'abord en arriere , en haut et en dedans, decrivant un arc simple; puis leur moitie terminale se courbe en arriere , k I'exterieur et en bas , tandis que les pointes extremes se dirigent en dedans. Toutefois il est rare que celles-ci prennent cette direction assez fortement pour ces- ser d'etre opposees k la base des cornes ; aussi n'est-ce qu'un phenomene exceptionnel que celui que presente un des cranes de la collection de 1' Academic imperiale de Saint-P6tersbourg , crSne ou Ton voit les pointes extremes des cornes tellement re- courbees en dedans , qu'elles ne se trouvent separees que par un espace de 2". En general les cornes forment par leur direc- tion un angle tr6s aigu , s'eloignent ensuite par en bas , ou elles ne sont qu'a 3'8'" I'une de I'autre, et continuent as'ecar- — 573 — ter de plus en plus en dehors , de raaniere qu'elles circonscri- vent un espace extr^mement allonge , etroit , cordiforme et plus ou moinscourbe. La couleur dcs comes est le plus sou- vent d'un gris noirfitre, quelquefois elles sont noires. Ellesva- rient au reste quant ii leur largeur, et sont souvent presque plus 6troites que celles des Ch^vres domestiques. Les sabots , robustes et de leinte noirdtre , sont de la forme de ceux des Chtjvres en general. « Voici les dimensions de I'exemplaire male qui \ient d'etre decrit : Depuis la pointe du nez jusqu'ii la racine de la queue 5' 3" Depuis la pointe du museau jusqu'i Tinsertion des cornes ^ i Depuis le coin posterieur de Toeil jusqu'i To- reille 0 3 5'" Longueur de la barbe 0 7 Courbure de la come , en haut 3 3 10 — en bas 2 5 4 Distance entre les pointes extremes des cornes. 0 " 3 Diam6tre de la courbe decrite par la come de- puis la base jusqu'^Textremite 13 3 Largeur de la come ^ la base 0 4 3 — a la moiti6 0 3 5 Grosseur de la come ii la base 10 1 — ^ la moiti6 10 8 Hauteur de Tanimal prise de devant. ... 2 8 4 Hauteur posterieure 2 9 9 Longueur de la queue avec les polls. ... 0 9 7 « Nous passerons maintenant ^ la description d'une femelle de taille moyenne : « La t^te de la femelle est moins forte et plus allongee. Le front n'est pas aussi bombe que celui de VyEgagrus male ou bien celui des Boucs apprivois6s. Le corps et les pieds sont plus sveltes. Bien que, sous le rapport morphologique, les cor- — 574 — nes de la femclle ne soient, a tout prendre, que Texacte repro- duction de celles du male, seulement plus petites, elles diffe- rent cependant de ces dernieres non seulement en ce qu'elles sont beaucoup moins longues et larges, mais aussi en ce que les protuberances de leur bord anterieur sont tres faibles , ou meme imperceptibles. En somme, dans toutes les proprietes essentielles, les cornesde la Capra ce^'aj/rus offrent la plus par- faite similitude avec celles de la Chevre domestique du meme sexe. La couleur et la direction des cornes de YyEgaqrus fe- melle rappellent egalement celles des cornes du m^le ; seule- ment leurs pointes se trouvent moins tournees en dedans et divergent en dehors d'une maniereplus prononcee. La teinte de la femelle , tout en etant essentiellement cells du male, pre- sente cependant quelques modifications. Quoique I'os nasal (Nasenrucken) et le front soient d'un brun fonce , neanmoins ils sont plus fortement nuances de blanc. Par dessus le dos du museau (Schautzenrucken) s'etend une raie blanchatre un peu nuancee de blanc, qui commence au dessous de Fouverture des narines et se dirige vers la partie anterieure de Tare superci- liaire, ou elle se termine en s'elargissant. Le menton , bien que d'un noir brun, est fortement nuance de blanc. La coloration blanche de la levre inferieure s'etend plus en bas en forme de raie. Non seulement la gorge , mais aussi la partie superieure du cou, sont d'un blanc sale ; tandis que chez le male toute la poitrine est d'un noir brun, on voitchez la femelle sur la ligne mediane et la poitrine inferieure , entre les jambes de devant, une raie brun noiratre, large de 1-^ jusqu'^ 2", et qui s'elargit encore plus en arriere en y prenant une coloration plus inten- se. La raie dorsale noir brun commence deja au dessous de la partie superieure de la nuque et est plus etroite, k polls plus courts et moins fortement coloree que chezle male. Les nuan- ces blanches que Ton voit sur la nuque et sur le dos du male manquent k la femelle , ce qui fait que ces parties sont plus fon- cees chez cette derniere. Au lieu de la bande qui chez le male va de I'epaule vers la poitrine, on n'apergoit sur le dos de la fe- melle qu'une continuation peu allongee et laterale, de maniere — 57S — h formor une croix dorsale noir brun composee de branches latcrales fort courtes. La partie sup6rieure du pied de devant n'a une raie brun noirAtre que sur son milieu. Le pied de der- rierc n'offre de leinte noir brun ou brun noir qu'anterieure- ment sur le torse et sur les membres digitaux (Zehenglieder). La ligne laterale large et de teinte noir brun du mA\c n'est in- diquee que par une 16g6re nuance brun noinUre. La queue n'a une teinte noire plus fonc6e qu'aux extr6mit6s; parlout ail- leurs elle tire plut6t sur le rouge brun. La teinte blanche du ventre et des pieds se comporte comme chez le mile. Voici les dimensions de I'exemplaire femelle : Depuis la pointe nasale jusqu'au commence- ment de la queue 4' 2" 6'" Depuis la pointe du museau jusqu'i Tangle an- t^rieur ou interieur de Toeil 0 5 6 Longueur de la t^te 1 1 1 Depuis Tangle interieurdeFoeiljusqu'iiroreille. 0 2 3 Longueur des oreilles 0 4 S Hauteur de devant dans les parages des epau- les 2 2 7 Hauteur post^rieure 2 4 0 Longueur de la queue , les poils y compris .0 6 11 Les dimensions suivantes, que fournit le crSne d'une femelle tr6s ag6e , sont assez remarquables : Longueur des comes, mesurees k la cour- bure superieure 0' 13" 0'" Longueurdescornesilacourburesuperieure. 0 11^ 0 Longueur des comes i la base 0 1 10 J Au milieu 4 1" 5 A la pointe 0 0 3 Aprfes avoir donne une description detaillee de la forme exterieure de la Capra mgagrus , conform^ment aux deux beaux exemplaires des deux sexes que possfede le Museum imperial dc Saint-Petersbourg, nous pouvons maintenant, £i — S76 — I'aide des materiaux que nous fournit ce dernier, etudier sp6- cialement la chronologie de cet animal Le Museum imperial possfede deux cranes complets et quatre incomplets du male , et trois cranes de femelle , ainsi qu'une suite tres nombreuse de cornes du mAle , ce qui constitue une masse de materiaux plus riche peut-etre que tout ce qui pour- rait se trouver reuni dans une autre collection quelconque. La comparaison des cranes males de VjEgagrus avec ceux de la Ghevre domestique ne m'a point offert de differences constantes. D'abord j'avais ete dispose k admettre que, chez les boucs apprivoises , I'occiput etait un peu plus court , et que les parties posterieures de la tete etaient, en general, plus larges , plus courtes , plus fortes , et munies de protuberances plus epaisses. De m^me il m'avait semble que chez la Ghevre apprivoisee le bord inferieurde Tare zygomatique (Jochbogen) etait plus court. Toutefois , une etude plus minutieuse et plus soutenue m'a demontre que, sous ce rapport, il existe beaucoup d'oscilla- tions, et que certains cranes de VJEgagrus se rapprochent completement de ceux de la Ghevre domestique , soit par la forme de I'occiput, soit par la constitution du palais de la bouche (Gaumen). II est done devenu Evident pour moi qu'au- cune difference specifique ne peut 6tre fournie par Tetude comparee des cranes de ces animaux. On salt, a la verite, que les cornes des Ghevres apprivoisees offrent les plus gran- des variations sous le rapport de leur forme et de leur direc- tion , et que , nommement , elles sont souvent plus ou moins spiralement contournees , et alors tantot verticales , tantot la- teralement dirigees en dehors ; que , de plus , leur teinte est quelquefois beaucoup moins foncee , jusqu'a devenir presque blanche. Mais, d'un autre c6te, des Ghevres apprivoisees pre- sentent aussi des cornes qui, commecelles qu'ont figurees les deux Guvier et M. Schinz, s'accordent, par leur forme , leur direction et leur couleur, essentiellement avec celles de VJ^gagrus; seulement ce dernier les a plus larges et plus vigoureuses, difference qui, evidemment, depend des modifi- — 877 — cations apport6es aumode d'existence, surlout par reducation. Les cranes de la feraelle de V^gagrus m'ont paru en tous points tellement semblables i ceux de la Ch6vre domestique qu'il ne m'a pas ete possible de constater de difference es- sentielle ni dans la conformation du cr^ne meme, ni dans celle des comes. Cette parfaite concordance se reproduit jus- que dans la proportion'entre la longueur des cornes et les di- mensions de la t^te. Le plus grand parmi les cranes males complets, qui, toute- fois , est loin encore dc representer le maximum de son d6ve- loppement , offre les dimensions suivantes : Depuis la pointe de Tos intermaxillaire (Zwichenkiefer), jus- qu'al'occiput 0' 9" 6'" Laplusgrandelargeurentrelesfossesdesyeux. 0 5 0 Longueurdelacourburesup6rieuredelacorne. 2 0 0 Sa hauteur a la base . . 0 3 10 Sa hauteur au tiers de sa longueur ant^rieure. 0 2 1 Les cornes les plus grandes que poss^de la collection de TAcad^mie imperiale presentent les dimensions suivantes : A la courbure superieure 0' 3" 4'" A la courbure inferieure 0 2 6 Hauteur de la come k sa base 0 3 3 Un des cranes d'une femelle adulte a en ligne droite , de- ' puis I'occiput jusqu'a la pointe de I'os intermaxillaire (Zwi- chenkiefer) 0 8 6 Longueur de la courbure superieure des cornes Oil 0 Hauteur (largeur) des cornes a la base. .0 1 10^ Ainsi les cornes de la femelle n'atteignent pas meme la moitie de la longueur et de la largeur (hauteur) de celles du mftle. Nousavons d^ja fait observer plus haut que la ch^vre sauvage ne se trouve nuUe part k I'etat naturel dans TEurope proprement II 37 - — o78 — dite , ainsi que cola resulte des observations des naturalistes les plus recents. Sa veritable patrie estplut6t limitee ^ I'Asie oc- cidentale, et nommement au systeme Tauro-Caucasien ; c'est du moins la seule delimitation qui soit basee sur des renseigne- ments positifs. Gmelin constata Texistence de cet animal dans les montagnes du nord de la Perse. D'apres Pallas, il n'est pas rare dans le Caucase , dans les Alpes de la Perse et dans rimaiis (1). Excepte le temoignage de Gmelin, nous avonsune autre preuve de sa presence sur le revers septentrional du Cau- case : c'est le cr^ne que M. Menetries (2) a rapporte de ces contrees, et qui se trouve depose dans la collection de I'Acade- mie imperiale de Saint-Petersbourg. Nous apprenons de plus par M. Norman que VJigagrus se presente comme animal tres rare dans les montagnes d'Ahalzik. M. Hohenacker (3), au- quel le Museum imperial doit trois peaux, quatre squelettes et plusieurs cranes, signale comme provenances certaines de ces objets, les montagnes limitrophes d'Elisabetpol (colonie alle- raande pres de Tiflis) , ainsi que la region de Karabagh ; mais 11 n'indique les montagnes de Talych que d'une maniere dubi- tative. La presence de Tanimal dans le Taurus est mise hors de doute par les cranes et cornes que M. de Tchihatchef y a re- cueillis. Or, comme le Taurus est situe precisement dans le , voisinage du siege primordial de la plus antique civilisation du monde , la C.apra cegagrus a pu devenir, k I'epoque la plus re- culee , I'objet de la domestication. Aussi voyons-nous men- tionnee la Chevre domestique dans les monuments les plus an- ciens , et nommement dans les livres sacres ; de plus , ces der- niers, ainsi que plusieurs monuments plastiques, nous prouvent qu'elle n'a pas ete cultivee seulement chez les anciens patriar- (1) II est a regrelter que nous manquions de preuves positives qui constatent la presence de VyEgagrus dans i'lmaiis. Au reste, il est plus que possible que Thabitat de cet animal setend , a Test, au dela des mon- tagnes d'Elisabetpol et de Karabagh. (2) Voy. Catal. rais. (3) huHeiin des Natur. de Moscou, annee 1837, p. 137. — 379 — ches hebreux, mais qu'clle figurait encore, en Assyrie, au nombre des animaux domestiqucs ordinaires. Malheureusement, nous ne possedons presque aucun ren- seignement sur Ics moeurs et le regime dc la Capra cegagrus. Dans tons les cas, comrae les considerations que nous avons developpees suffisent d6jA pour d^montrer la relation intime entre la Capra cegagrus et la Ch6vre domestique, nous termi- nerons notre travail par un resume des motifs qui prouvent positivement que la Capra cegagrus est en effet la souche de cette derni^re. Me reservant dc trailer un jour ce sujet avec plus de developpement, je me bornerai, pour le moment, h placer sous les yeux du lecteur les resultats sommaires des etudes auxquelles je me suis \\vt6 b. cet (^gard. Lorsque Pallas (1) creait sa Capra cegagrus k Tappui du crdne que Graelin avail regu des raontagnes dunord de la Perse, il ne la declara point comme la souche exclusive des Chfevres domesliques (car il ne put s'emp^cher d'accorder une part k cette procreation au bouquelin Sleinbock et k la Capriccrva de Krempfer, qui, selon moi, appartienl egalement k la section du bouquelin Tilesius, ainsi que nousl'avons dej^ observe), il alia m6me jusqu'^ admettre comme souches de la Ch6vre do- mestique VOvis tragelaphvs , la Capra Caucasica el la Capra cegagrus^ esp6ces qu'il eul la malheureuse id6e de jeler loutes dans le meme raoule. D'un autre c6le, la plupart des nalura- lisles adoptferent puremenl et simplemenl la Capra cegagrus comme souche de la Ch6vre domestique, sans appuyer cette assertion d'aucune preuve (que , d'ailleurs , le manque de ma- teriaux suffisanls leur rendail impossible), et sans m^me sou- mettre celle de Pallas k une discussion critique , afin d'en pre- ciser rigoureusemenl le sens, ^n ne doit done pas s'elonner lorsqu'on voit tout recemment M. Giebel(2) nous avouer fran- chement rimpossibilil6 d'asseoir sur des preuves positives la derivation de la Chfevre domestique de la Capra cegagrus, de- (1) Spicil. sooL, t. XI. (2) Allgcm. zooL, 1. 1, p. 29. _ 580 — rivation qu'^ I'exemple de ses devanciers il admet cependant sans la demontrer. Toutes ces assertions contradictoires ou ar- bitraires ne font sentir que plus vivement rimportance de I'etude comparee des precieux et riches materiaux que pos- sede k cet egard le Museum imperial de Saint-Petersbourg, 6tude qui seule pourrait fournir une base solide h la solution de cette interessante question. Or il resulte du travail auquel je me suis livre dans ce but que la Capra cBgagrus est incon- testablement et exclusivement la souche de la Chevre domes- tique del'Europe, Chevre qui, par ci, parl&, pent avoir re- pris Tetat sauvage. Voici les arguments qui servent de base k cette assertion : 1° La Capra cegagrus possfede toutes les formes exterieures et toutes les proportions de la Chevre domestique. 2° Elle la rappelle beaucoup dans la repartition , tant gen^- raleque, locale des teintes. 3° Elle s'en rapproche plus que toute autre espece de Chevre par la configuration des comes , configuration qui joue un r61e si important dans la caracteristique des especes sauvages. 4° Elle presente la meme concordance avec la Chevre do- mestique sous le rapport du cr^ne. Enfin elle se trouve dans les montagnes des contrees ( et nommement la Mesopotamie ) habitees par les peuples antiques (Israelites, Assyriens, etc.), qui nous ont fourni les renseignements les plus anciens sur Tel^ve de la Chevre , ainsi que cela resulte des saintes Ecri- tures et de plusieurs autres monuments. Pour ne point donner k notre opinion un sens trop absolu , nous nous batons d'ajouter que nous ne pretendons nullement que toutes les races appartenant k Tespece Capra hircus do- mestica doivent necessairement descendre de la Capra cega- grus. Le fait seul d'une race particuliere a longs polls soyeux, de la Capra angarensis, existant simultanementavec la. Capra cegagrus, et presque a cote des montagnes habitees par cette derniere , donne lieu a la supposition que la domestication n'a pas eu pourobjet exclusivement VjEgagrus, mais qu'elle apu 6galement s'appliquer encore k d'autres especes sauvages, — 581 — comme peut-6lre k la Capra Falconeri , ou bien soil k une espece voisine de celle-ci , soil k une esp6ce 6teinte aujour- d'hui. De m<5me, il serait possible que la Ch6vre thibetaine, ^videmment tr6s voisine de la Chevre d'Angora, ne fClt point issue de la Capra cegagrus, et tint peut-6tre k la meme souche que la Chevre d'Angora. II est vrai que Pallas (1) admet la possibilite de faire deriver la Ch6vre d'Angora du croisement entre le Mouton et la Ch6vre , mais il ne donne aucune preuve k I'appui de cette opinion (2). (1) SpiciL, t. XI , p. 49. (2) Nous ne pensons pas que I'opinion de Pallas , qui a d'ailleurs tant d'autorite en histoire naturelle , puisse ^tre prise en serieuse considera- tion. Des essais de croisement entre la Chevre et le Mouton ont ete sou- vent repetes au Museum d'histoire naturelle sans resultat, quoique les accouplements aicnt ete effectues. M. Benjamin Vicuiia Mackenna a signale, dans son interessant travail sur le Chili , des fails de croisements du Mouton et de la Chevre ; mais les indi- vidus qui en resullent ne paraissent avoir aucun des caracteres de la race fixe des Chevres d'Angora. D'ailleurs, ces sortes de mulets, nommesCar- neros linudos, loin de se perpetuer et de former une race, ne se repro- duisent que pendant trois ou quatre generations. La nature ne perd pas ainsi ses droits. S'il en etait autrement, il en resulterait, dans les especes a Tetat sauvage, un desordre qui ne serait pas digne du Greateur de la nature, si bien ordonnee dans son ensemble comme dans ses details. Le pays d'Angora semble avoir une action speciale sur le poll de quel- ques animaux qui y sent eleves. Ainsi le Chat et le Lapin d'Angora ont le poil long et soyeux. Ne serait-il pas plus conforme k la raison de penser que la Chevre, comme Font fait le Chat et le Lapin, a subi dans son poil, 4 Angora , les modifications qu'on y observe, au lieu d'etre , suivant I'opinion de Pallas , la consequence d'un croisement dont rien no saurait certifier I'existence? A, R. — 582 III. EXTRAITS OES PROCES-VERBAUX DES SEANCES DU CONSEIL DE LA SOCIETE. SEAINCB DC 13 AOUT 1855. Presidence do M. A. DujiEaiL, secretaire des Seances de rAssenibl^c. Conformement h Tarticle 1"'' du reglement administratif , le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : MM. GoDRON, aucien recteur, doyen de la Faculte des sciences de Nancy, president de la Society regionale d'acclimatation pour la zone du nord-est, a Nancy (Meurthe). Plessis d'Argentr^ (Du), pi-oprietaire , k Argentre (Ille-et- Vilaine). Lentillac (De), directeur de la Ferme-ficole de laDordogne, a P6rigueux(Dordogne). — M. Lefebure-Dubus adresse ses remerciments pour son admission parmi les membres de la Societe. — M. P. Troy adresse un exemplaire d'un ouvrage sur la question des cereales. II annonce qu'il accueillera de son mieux tons les animaux que la Societe voudra bien lui confier, — M. le secretaire du Conseil de la Societe zoologique des Alpes envoie une copie du rapport presente a cette Societe par M. Bouteille sur les Chevres d'Angora recemment arrivees a Grenoble 4 avec un extrait du proces-vcrbal des deliberations du Conseil d'administration dela Societe. — S. A. R. le prince de Savoie-Carignan adresse ses re- merciments pour les graines qu'il a regues de la Societe. — M. Chambert fait parvenir ses offres de services pour des essais de pisciculture et d'acclimatation d'especes nouvelles d'oiseaux. — 583 — S. Exc. le Ministre dc rintericur, par une lettre en date du 9 aoUt 1855 , annonce qu'il autorise Teiivoi sous son contre- seing, ^ chaque prefet, d'un exeraplaire du Bulletin specimen. — S. Exc. le ministre de Tagriculture accuse reception des graines de Th6, rapportees du Bresil par M. Liautaud, qui lui ont ete offertes par la Societe , i laquelle il adresse ses re- merciments pour cet envoi. — M. le baron de Montgaudry annonce que I'administration du palais de Tlndustrie lui a envoy6 les deux cartes d'entree promises ix la Societe, en offrant de nouveau d'accorder un laissez-passer aux sous-commissions qui voudrontse reunirau palais de TExposition, pourvuque M. le directeur ait ete pre- venu k Tavance par Tentremise de M. de Montgaudry, i qui le Conseil vote des remerciraents pour les demarches qu'il a bien voulu faire i ce sujet. — M. Th. Daget, dc Saumur, adresse un exemplairc d'un rapport presente au Conseil general du departement de Maine- et-Loire sur diverses tentatives d'amelioration de la vigne faites par le Cornice agricole de Saumur. — Le Conseil approuve une modification apportee aux lots de MM. Marty, Garrouste et Cuenot, dans la distribution du troupeau de Chevres d' Angora , par suite de la mort de deux Ch6yres adultes et d'un jeune Bouc, annoncee par M. Barthe- Icmy-Lapommeraye depuis la decision du Conseil relativement au placement de ces animaux. MM. Garrouste et Cuenot rece- vrontchacununeChevreadulte de moins, c'est-i-dire 4; aulieu de 5, et M. Marty ne rccevra pas le jeune male qui lui etait des- tine. — S. Exc. le ministre de la guerre, par une lettre en date du 13 aoAt 1855, annonce I'arrivee k Marseille du troupeau de Moutons Karamanlis. — M. le President donne lecture d'une lettre de M. Barthe- lemy-Lapommeraye , datee de Marseille le 6 aout, qui an- nonce I'arrivee, par le Thabor, de 3 Boucset 18 Brebis Kara- manlis. — M. le President communique ensuite une lettre de M. I. — 584 — Geoffroy Saint-Hilaire , qui demandc un couple de ces animaux pour la Menagerie du Museum d'histoire naturelle. — Le Conseil, apres avoir examine les diverses demandes qui lui ont ete adressees , arrete ainsi qu'il suit la distribution du troupeau de MoutonsKaramanlis. II sera confie : A M. de la Sizeranne, k Saint-Vallier (Drome), i Belier et 3 Brebis ; AM. Lambot-Miraval , aMiraval, prfes Brignoles (Var), 1 Belier et 3 Brebis; A MM. le marquis Amelot, le comte d'Epr6mesnil etle mar- quis de Selve, chacun 3 Brebis ; Le Conseil , au nom de la Societe , offre au Museum d'his- toire naturelle de Paris 1 Belier et 3 Brebis. — Sur la proposition de M. A. Dumeril, qui annonce qu'il va s'absenter pour un mois, le Conseil decide que M. Guerin- Meneville sera prie de recevoirla correspondance et de convo- quer le Conseil en cas d'affaires urgentes. SiAiSCE DU 24 SEPTEBIBBE 1855. Pr6sidonce de M. Geoffkoy Saint-Hilaire. Conform^ment k I'art. l*"" du reglement administratif, le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : MM. Crevecceur (Le marquis de), prefet du departement des Bou- ches-du-Rhone). Herr (Georges), manufacturier k Hericourt (Haute-Sa6ne). LABRETONNifiRE (Adolphc dc), membre du Conseil general de la Drome , maire de Crest (Drome). Le Chevalier (Armand-Gilbert), administrateur |du journal r Illustration, k Paris. LifiNARD pere, proprietaire k Port-Louis (ile Maurice). MoNTREUiL (Le baron de), proprietaire a Gisors (Eure), et k Paris. — 585 — — La Society agricole d'expertise mutuelle de Lausanne (Suisse), sur sa deniande en date du 10 aoilt 1855, transmise au Conseil par M. le comte de Saint-Julien Muiron, son pre- sident, et par M. le docteur Chavannes, est admise au norabre des Societes correspondantes. — II est donne lecture d'une lettre de M. le general Randon, gouverneur general de TAlg^rie, raenibre de la Society, en date du 14 aoAt, qui annonce Tarrivee k Alger du iroupeau de Ch6vres d'Angora et de Ch^vres d'figypte offert h M. le Ministre de la guerre par la Soci6t6 et par M. Sacc. — S. E. le Ministre de la guerre ecrit, k la date du 25 aoAt , pour le meme objet, en transmettant raccuse de recep- tion de M. le gouverneur general de TAIgerie. — MM. Cuenot, de Besangon; Dausse, de Lons-le-Saul- nier; Sacc, de Wesserling; Marty et Garrouste, d'Aurillac, informent M. le President, k la date du 4 et du 8 aoilt 1855 , de la reception, dans de bonnes conditions, des Ghevresd'An- gora qui leur ont et6 confines par la Societe. — M. Bouvenot adresse de Versailles, le 12 aoiit 1855, una note sur I'education et Taccliraatation des diverses esp^ces d'oiseaux de basse-cour. Ge travail est renvoy6 k Texamen de la 2" section. — MM. Malapert et Gonstantin , de Poitiers, adressent leurs remerciments pour leur admission au nombre des membres de la Society. — M. le general Daumas transmet, k la date du 16 aoAt, un num^ro du journal I'Appel contenant un article sur la culture de I'lgname, par M. Key de Morande, accompagn6 d'une lettre d'envoi de I'auteur. — II est donne lecture d'une lettre du 21 aout par laquelle MM. les administrateurs du Museum d'histoire naturelle de Paris adressent k la Societe leurs remerciments pour le Belier et les trois Brebis Karamanlis qui ont ete donnes k la Mena- gerie par le Gonseil , au nom de la Societe. — M. de la Sizeranne annonce qu'il a regu entres bon 6tat, — 586 — le 29 aoAt, les quatre Moutons Karamanlis qui ont ete confies a ses soins. — M. Sacc ecrit de Wesserling , le 2 septembre , pour ac- cuser reception de deux Chevres d' Angora, dont une noire, et de deux Chevres et unBouc d'figypte, qui lui sont parvenus en tres bon etat le 10 aout 1855, II annonce ensuite I'envoi d'une boite contenant divers echantillons de files et de tissus de polls d'Yaks et de Chevres d' Angora, provenant des fabri- ques de MM. Nicolas Schlumberger et compagnie, qui avaient bien voulu se charger de faire des essais sur ces produits. — M. le president met sous les yeux du Conseil une demi- toison de Chevre d'Angora dont la tonte a ete faite le 9 juin dernier, et qui lui a ete adressee par M. Marozeau, de Wes- serling. — M. F. Haering, directeur de la pepiniere du gouvernement ^ Bone (Algerie) , par une lettre du 6 aout 1855, exprime le desir d'obtenir des oeufs de Ver a sole sauvage du Chene, pour en essayer I'acclimatation dans cet etablissement, ainsi que deux Chevres de Cachemire. — M. le secretaire communique une lettre de M. Eugene Deligny, de Toul ( Meurthe ) , qui demande des tubercules d'Igname; etM. le president transmet une demande semblable qui lui a ete adressee par M. Ch. Berthaut, directeur du depot* de mendicite de Montreuil-sous-Laon , pour cet etablissement. — Le Conseil renvoie k la Commission du Riz une lettre de M. Roussellier, qui desire etre inscrit pour cinq kilogram- mes des deux varietes demandees pour le compte de la So- ciete. — M. Braguier rend compte des essais d'acclimatation faits •par lui sur diverses especes de vegetaux, et demande a etre compris dans la repartition des graines dont la Societe pourra disposer. — M.. Ardouin, de Toulon, adresse des renseignements detailles sur I'^ducation, faite par ses soins, des Vers k sole de Chine qui lui ont ete envoy es par la Societe. — 587 — — M. Bernis annonce d' Alger, le 20 septembre, le prochain envoi d'une note sur Tesp^ce ovine de I'Aigeric. — M. Garnier-Savatier, par une lettre du 2 septembre, donne de nouveaux details sur I'etablissement de pecherie et de pisciculture marine de Bandol (Var). — M. le president communique au Conseil la demande d'e- changc du Bulletin avec les publications de la Societe impe- riale et centrale d'horticulture, adressee le S septembre, au nom de cette Societe, par M. V. Andry, secretaire general. Cette proposition est adoptee. — M. Guerin-Meneville, sur sa proposition, est prie d'ecrire, au nom du Conseil , i ceux de MM. les exposants dont les pro- duits sont de nature ti iuteresser la Societe , pour leur deman- der des echantillons de ces produits , afin de les reunir en col- lections qui deviendront les elements d'un Musee d'histoire naturelle appliquee et comparee. STANCE DO 26 OCTOBRE 1855. Presidence du M. Geoffroy Saint-Hilaiue. Conformement h Tarticle l*""" du r6glement administratif , le Conseil admet au nombre des membres de la Society : MM. BLAQUifiRE (Lord de), ^Woodland, pres Havant, par Sou- thampton (Angleterre). BoRfiLY, ancien procureur g{5n6ral i la Cour d'appel d'Aix , proprietaire agronome ^ Aix (Bouches-du-Rhone). Canto (Joseph de), proprietaire h Tile Saint-Michel (Azores, colonic portugaise). Mauduyt, pharmacien , k Poitiers (Vienne). Pauvert (L'abbe), chanoine honoraire de Poitiers , k Targe , pr6s Chatellerault (Vienne). — M. le baron de Montgaudry communique une lettre de — 588 — MM. de Bechtoldt et Zeller, de Darmstadt, membres hono- raires de la Societe , qui adressent leurs remerciments pour les graines qu'ils ont regues , et rendent compte de leurs suc- ces dans racclimatation de la plupart de ces semences. lis offrent , en outre , a la Societe , des graines de differentes es- peces de vegetaux envoyees a TExposition universelle par la Societe centrale d'agriculture allemande. Cette offre est ac- ceptee avec empressement , et M. le baron de Montgaudry est charge de transmettre k MM. de Bechtoldt et Zeller les remer- ciments du Conseil. — M. Sacc, de Wesserling, adresse son rapport trimes- triel sur les animaux qui lui ont ete confies par la Societe. Le Conseil vole avec empressement des remerciments k M. Sacc, pour son zele et son devoument aux interets de la Societe. — M. le President met sous lesyeux du Conseil unmemoire de M. Saint-Leon , membre de la Societe , hirudiculteur k Ar- ronville (Seine-et-Oise), ay ant pour titre : Beponse au Ques- tionnaire relatif a I'elevage des Sangsues, adresse par M. A . de Quairefages aux membres de la Societe imperials zoolo- gique d'acclimatation. (^\oir Bulletin n° 10, octobre 1855, page 524.) — La Societe regionale d'acclimatation de Nancy adresse 14 exemplaires du second numero de son Bulletin, destines k la bibliotheque de la Societe et a MM, les membres du bureau. — M. A. Barbier, de Laval (Mayenne), demande des oeufs de differentes especes de Poissons. Cette lettre est renvoyee k la section de pisciculture. — S. E. le Ministre de Tagriculture , par une lettre en date du 27 septembre 1855, demande des renseignements sur la culture du The. Cette lettre est renvoyee a M. le baron de Montgaudry, qui est prie de transmettre ces renseignements a M. le Ministre. — MM. le comte de Morteuil et Le Chevalier adressent leurs remerciments pour leur admission. M. de Morteuil demande ensuite des Chevres d'Angora et differentes especes de vege- taux. Cette demande sera inscrite, ainsi que celle de MM. Bra- — 589 - guier, de Saint-Genest (Vienne), et Gha/ercau , d'Aubigny- sur-N6re ( Gher ) , pour divcrses esp6ces d'animaux et de graines. — M. le vicomte de Saint-Julien Muiron , par une lettre du 2 octobre, transmet les remerciments de la Societe agricole d'expertise mutuelle de Lausanne, pour son admission au nombre des Soci^tes correspondantes. — M. Heyraud, de Villeneuve-de-Berg (Ard^che), demande des graines de Bombyx Mylilta. — M. Machau 6crit de Triors (Drome), le 11 octobre, pour annoncer la mort de M. le comte du Bouchage, membre de la Societe. — M. le President annonae en nieme temps la mort de M. le marquis de Bellozanne, egalement membre de la So- ci6t6. — S. E. le Ministre des affaires etrangeres, par une lettre du 17 octobre 1855, demande des renseignements sur Tetat actuel de Tacclimatation de la Gh6vre d'Angora en France , et les rapports faits in la Societe sur ce sujet, pour les transmettre au gouvernement beige , qui a temoigne le desir d'etre mis au courant de cette question. — M. Jobez 6crit de Syam (Jura), le 15 octobre, pour annoncer la naissance d'un Yak male. — M. Dausse, de Lons-le-Saulnier(Jura), annonce que les jeunes Boucs faisant partie du petit troupeau de Gh6vres d'An- gora qui lui a ete confie sont malades depuis quelques jours, et qu'il leur fait donner tous les soins necessaires. — M. Guerin-M^neville rend compte des demarches qu'il a faites aupr6s des representants des pays etrangers i\ I'Exposi- tion universelle pour obtenir des echantillons de ceux de leurs produits qui peuvent int6resser la Societe. La circulaire qu'il a adressee a MM. les commissaires , conformemcnt i\ la deci- sion par laquelle il en a ete charge dans la seance du Gonseil du 24 septembre dernier, a 6te favorablement accueillie, comme le temoignent les reponses qui lui sont deyk parvenues. MM. Davin, le baron de Montgaudry et Richard (du Can tal) sont — 590 — pries de s'adjoindre a M. Guerin-Meneville , sur sa demande , pour faire un choix parmi les produits que MM. les exposants voudront bien "mettre k la disposition de la Societe. — Sur la proposition de M. le president, le Conseil charge ensuiteTVI. Guerin-Meneville de recueillir etde mettre en ordre tons les objets qui seront offerts k la Societe , et de les classer pour en faire des collections (1). Le Secretaire du conseil, GufiRIN-MENEVILLE. (1) La Societe imperiale d'acclimatation , dont les relations sont deja etablies sur tout le globe , ne pouvait manquer de se mettre en rapport avec les exposants de toutes les parties du monde qui avaient des pro- duits vegetaux ou animaux utiles. Pour parvenir a ce but , elle a nomme plusieurs conamissions chargees d'etudier, chacune dans sa specialite , les sujets qu'elle pourrait acclimater, soit dans le regne animal , soit dans le regne vegetal. Elle a fait a MM. les exposants un appel qui a ete bien compris. On dirait que , dans l&s grandes occasions , les citoyens de tons les peuples ont besoin de se communiquer et de se donner un appui mutual dans I'interfit de la cause sacree du bien de Thumanite. Les re- ponses faites a la Societe , les offres de service qu'elle a re§ues , sont la preuve de ce que nous avan§ons ici. Les objets qui nous ont ete offerts seront classes , etudies avec soin ; et ceux qui paraitront utiles a importer et a naturaliser seront demandes a leur patrie originaire, k ceui surtout qui sont venus de si loin, pour en faire apprecier les qualites et I'utilite a notre grande Exposition universelle. A. R. ^ 591 — OCVRAGES OFFERTS A liA SOC'IKTiS. STANCE DU 26 OCTOBRE 1855. L'Institut (du 12 septembre au 24 oclobre 1855). Cosmos (4* annte, 7* volume, 18^ livraison). Journal des Haras (novembre 1855). Journal de la Soci6l6 vaudoise d'ulilil6publique(aoiil, seplcmbre et oclobre 1855, Irois livraisons). Rendiconti delle adunanze dellaR. accademia economico-agraria dei Georgofili di Firenze (8« livraison). CouRS de zoologie profess6 par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire au Mus6um dliistoire nalurelle. De l'augmentation de la production agricole par Tamfelioralion desesp6ces v6g6tales; par M. Malingre. Pratique du drainage. 2" rapporl par M. Alexandre Vandercolrae au Cornice agricole de Dunkerque (aout 1853). Catalogus systematicus reptilium Europae in Museo existanlium^ Eduardi de Bella. (Verone, 1853.) Description du Pediculus vinealis, cause de Toidium ; r6ponse k M. FIourens(de Tlnslilul) ; par L. Monier. (Paris, 1855.) Bulletin de la Soci6le r6gionale d'acclimalation fondle k Nancy pour la zone du nord-est (n" 2). Bulletin de la Soci6l6 d'^mulation du ddpartement de PAllier. (avril 1855). Annales de la Soci6t6 acad6mique de Saint-Quentin (2« s6rie, tome 11% 1853 et 1854). Annales de Tagriculiure fran^aise, par MM. Londet ct L. Bou- chard (6« s^rie, tome 6, n" 7, 15 oclobre 1855). Bulletin de la Soci6t6 de g6ographie (4« s6rie, tome 10 , n<»» 57' et 58, aoQt et septembre 185.5). * Revue coloniale (2« s6rie, aoUt, septembre et oclobre 1855). Revue et Magasin de zoologie pure et appliqu6e; parM. F.-E. Gu6rin-M6neville (n"* 7, 8 el 9, 1855). L'Utile el rAgr6able (aoilt, septembre et oclobre 1855). Archives alg6riennes (n° 7, 1855). Le Globe universelel artistique (n"' 1, 2, 3, 8 el 9). Journal d'agriculture du Comil6 central d'agriculture de la Cdle- d'Or (18« ann6e, n*> 9, 27 septembre 1855). — 592 -- Note sur une larve d'oestride qui vit sous la peau du Cheval ; par M. N. Joly. (Toulouso, ISiQ.) Offert par raulcur. Le Protecteur des animaux; par M. Alexis Godin (n° 5, no- vembre 1855). Rapport sur les travaux du Comit6 d6partemental du Rhone et de la Commission executive pour I'Exposition univcfrselle dei855; par A. Glenard. (Lyon, 1855.) Catalogue sp6cial des produits de la Saxe royale admis & TEx- posilion universelle. Catalogue des produits du royaume de Portugal adniis a I'Expo- sition universelle. Rapports a I'Academie imp6riale de Reims sur Tintroduction et la culture du Pin noir d'Autriche dans les plaines st6riles de la Cham- pagne ; par M. le docteur Leuchsenring (aout 1855). COMICES agricoles et horticoles d'Aulnay-sur-Odon et de Valcon- grain (Calvados) (session d'octobre 1855). Catalogue de TExposition permanente des produits de I'Alg^rie , suivi du Catalogue m6thodique des produits alg6riens a TExposition universelle de 1855; deux exemplaires offerts par M. le ministre de la guerre. La Sociele a re^u aussi les journaux dont les titres suivent : LeMoniteurderAgriculture(du lOseptembre au25octobrel855). — La Colonisation (du 7 sepiembre au 28 octobre). — L'Ami des Sciences (du 16 septembre au 4 novembre). — Le Mus6e des En- fanls (n°^ 1 et 5, 20 septembre et 18 octobre). — Le Moniteur des Cornices (du 15 septembre au 13 octobre). — La Lumiere (du 8 sep- tembre au 29 octobre). — Journal de Pontarlier (du 9 septembre au 21 octobre). — R6forme agricole (juillet). — Bulletin d'Espalion (du S septembre au 27 octobre). — Journal d'Issoire (20 septembre el 4 octobre). — The Boulogne Gazette (29 aout, 26 septembre, 24 octobre). — Le Moniteur algdrien (25 et 30 juin, 5 juillet). — Le Pays d'Auge (2 novembre). — Le Messager, Moniteur de I'Allier (19 septembre). — L'Echo du Havre (4 octobre). — La Hautc-Auvergne (8 septembre). — L'Intelligence, nouveau journal de Limbourg (2 octobre). — Annonces marseillaises (9 septembre). — Journal de Vire (24 octobre). — Journal de Cosne (27 septembre)., PARIS - imprimerie guiraudet et jouaust. rue Sainl-Honor6, ?38. Vo"it BULLETIN m^ DE LA SOClfiTE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle Ic «0 r6vrior 1854 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCllT^. SUR LEMPLOI INDUSTRIEL DES POILS DE LA CHJlVRE D'ANGORA, LETTRC ADRESSEE i M. le Pr&idenl de la SociSlS imp^tiale d'acclimalalion Par M. 8ACC, DiUgu^ de ia Sociitd i Wesserling. Wesserling, 9 decembre 1855. Monsieur le President, Le but essentiel de ces lignes est de vous aviser de Texp^di- tion d'un petit paquet contenant : 1° Un echantillon de poil de Ch6vre d'Angora brut, valant 6 fr. le kilogramme ; 2° Une serie de poils d'Angora files, de fabrication an- glaise ; 3° Un echantillon de velours de poil de Gh6vre d'Angora, fabrique ix Amiens, avec des files anglais. De cet envoi resulte I evidence de mon ancienne assertion , II 38 — 594 — que tous les poll de Chevres d' Angora s'en vont en Angleterre pour y etre files, et revenir de la en France, oii on en fait des velours et d'autres etoffes, tant k Amiens qu'^ Roubaix. Les velours fabriques avee le poil des Angoras ont I'eclat de ceux de soie , la fermete de ceux de laine ; mais ils se distinguent de tous les deux par la propriete, dont ils jouissent au plus haut degre , de ne point se laisser ecraser, meme par la pres- sion la plus violente et la plus persistante, et, par consequent, d'etre k peu pr6s inusables. La teinture de tous les tissus d' Angora se fait avec la plus grande facilite, leur poil pre- nant avec la meme facilite les couleurs pour laine et celles pour soie , ce qui est un avantage bien precieux actuellement, oil la mode demande tant de tissus melanges soie et laine. A chaque echantillon des files j'ai joint indication de leur numero, qui est, pour chacun d'eux, un multiple de 560 yards, soit 51 1 ,996 metres : en sorte que le n° 50 = 511 ,996''^ X ^0^ ce qui revient h dire que dans une livre anglaise, soit 453 grammes de ce file, il y a 25,599 metres 80 centimetres nets de fil. Le boni des files d' Angora varie avec les filatures ; deux d'entre elles , qui les livrent au commerce plus parfaits que ceux que je vous envoie , les vendent 1 fr. i 1 fr. 50 de plus par kilogramme. Le triage de la laine des Chevres d' Angora est aussi facile que celui de la laine de Mouton ; mais il est indispensable , a cause de I'enorme difference de finesse existant entre les dif- ferentes parties de la toison. On achete le poil des Chevres k Angora meme , au mois de mai , qui est aussi I'epoque de la tonte ; il est expedie k Londres , ou les filateurs I'enlevent k mesure desbesoins. Les files valent actuellement k Amiens, et par kilogramme : le n° 24, 7 fr. 50 c. ; le n° 26, 8 fr. ; le n" 28, 8 fr. 75 c. ; le n° 30, 10 fr. ; le n° 32, 11 fr. ; le n^ 34, 12 fr.; len°36, 13fr. 50 c.; le n" 40, 15 fr. ; len"42,17fr. 50 c., etlen'>50, 21 fr. Les n°* 24, 26 et 28 sont melanges de laine; tous les au- tres ne sont formes que d'Angora bien pur. — 595 — On emploie lesfils de polls de Ch6vre dans toute la France; mais Amiens seule en fabrique le beau velours d'Utrecht, dont je vous envoie un echantillon. Chaque ann6e rinduslrie fran- ^aise achate k I'Angleterre pour plusieurs millions de fils de polls d'Angora : il est done bien temps d'enlever ti I'Angle- terre le monopole d'une Industrie jadis toute frangaise. J'ap- prends avec bonheur que nous n'avons pas eu les premiers cette idee, qui doit garder k la France une bonne partie de sa fortune publique. D6s 1847, un genereux industriel d'Amiens a expose 80,000 fr. pour fonder une filature de poll d'An- gora. Cette filature a fort bien marche, livre d'admirables produits ; mais , par des causes que j'ignore, et dont la plus grave pourrait bien resider dans la difficulte de se procu- rer la laine d'Angora , elle a cess6 de travailler et se trouve en vente. Aussi j'esp6re que cet avis portera ses fruits, et que ce bel etablissement trouvera des amateurs , k present que le sol de la France pourra lui offrir le precieux poil de Chevre au Jlravail duquel il est destine. D6s ii present, nous pouvons done 6tre assures du placement de toutes les toisons de nos belles Gh6vres d'Angora. On de- vra done les tondre au prochain mois de mai , et emballer de maniere k ce que toutes les parties de la toison restent dans leur position respective, afin qu'on puisse en effectuer le triage. Ces toisons devraient etre dirigees sur Paris, ou nous les ferions vendre par le commissionnaire d' Amiens, que je vous designerai d6s que je connaitrai ses conditions. Ces donnees sont d'une importance considerable pour I'ave- nir de nos trdupeaux d'Angoras', puisque leur laine est ins- tamment demand^e par I'industrie , et avec une faveur telle qu'elle en offre un prix plus eleve que pour la laine des Mou- tons ordinaires. Le calcul comparatif est facile k faire. Des Moutons adultes donnent, en moyenne., 2 kilogrammes de laine k 2 fr. : leur rapport annuel est done de 4 fr. ; nos Ch6- vres fournissent toutautant de laine, dont la valeur mmiwum est de 6fr. le kilogramme. Chaque Chevre d'Angora rappor- tera done par an au moins 12 fr., soit trois fois plus qu'un — 596 — Mouton. Ajoutez a cela que la viande des Chevres d'Angora vaut mieux que celle des Moutons, et vous resterez persuade qu'en effectuant Fimportation de ces magnifiques animaux , la Societe imperiale d'acclimatalion a non seulement repondu a un des besoins les plus pressants d'une de nos plus impor- tantes industries , mais qu'elle a aussi assure k I'agriculture frangaise une source inepuisable de benefices aussi certains que considerables. Heureux , Monsieur le President , d'avoir pu vous com- muniquer d'aussi bonmes nouvelles , je vous prie d'agreer I'ex- pression reiteree du respect et de I'affection de votre delegue tout devoue , Sacc. P. S. Vous savez deji que Tune des precieuses graines rap- port^es de Chine par M. de Montigny est I'Alpiste. J'aile plai- sir de vous faire savoir que son rapport est considerable , ainsi que vous allez en juger par les chiffres que vient de nous four- nir notre confrere M. Ambroise Ehlinger. M. Ehlinger, a^ant seme 4 grammes d'Alpiste de Chine dans un terrain assez sec , mais bien fume, en a recueilli 192 grammes, soit 48 fois la semence. Ma recolte a 6te beaucoup plus forte que la sienne , mais je ne puis pas vous en indiquer le chiffre exact, parce- qu'un accident m'a fait perdre beaucoup de graine. Veuillez, k I'occasion, ne point oublier la section de Wes- serling dans la prochaine distribution des Pois oleagineux, ainsi que du Riz de Chine et des autres graines au sujet des- quelles M. le baron de Montgaudry a bien voulu m'ecrire. — S97 — SUR LESPfiCE OVINE DE L'ALGfiRIE, LETTRB ADRRSS^B A M. LE PRESIDENT DE LA l''" SECTION (HAHMIFfeRBS) DE LA SOCIBTi IMPERIALB d'aCCLIMATATION Par M. BEn:VIS, Vf tirinaire principal de I'armde d'Afrique , officicr de la Ligion-d'llonneur, Membre de la Soci^li imp^rialezoologique d'acclimatation, etc. Monsieur le President, Connaissant toutes les sympathies, le d^voAment de la So- ci^te imp6riale zoologique d'acclimatation pour les progres de I'agriculture alg6rienne , j'ai I'honneur de vous envoyer une premiere lettre sur I'esp^ce ovine de notre belle colonie d'Afri- que. La production animale de ce riche pays offre ^ I'armee, aux subsistances comme h I'industrie de notre patrie , des res- sources immenses dont notre Societe a deji compris I'impor- tance ; elle I'a prouve en nommant dans son sein une commis- sion permanente pour bien 6tudier ces ressources et concourir h les faire connaitre. C'est pour contribuer k atteindre cebut, et pour donner h I'administration dont j'ai I'honneur de faire par- tie un faible temoignage de mon d6voiiment et de ma gratitude, que je vicns joindre mes travaux aux votres : puissent-ils etre dignes de la Society qui abienvoulum'admettreaunombre de ses membres (1). D'apr^s des recherches historiques faites avec soin, il paralt qu'il serait venu au nord de I'Afrique, i une epoque tr6s recu- (1; Nous publionsTce premier travail de M. Bernis avec d'autant plus d'enipressement que cat agronome eclaire s'occupe depuis vingt-cinq ans de ragriculture de I'Algerie , et que sa longue experience et son savoir pourront concourir avec fruit a eclairer lepays sur les ressources de notre brillante conqudle au nord de TAfrique. {Note de la Redaction.) — 598 — I6e, de nombreuses populations d'Orient, Les Arabes, au sep- tifeme siecle , traversent la Syrie et vont etablir leur domina- tion jusqu'i I'extremite de Tempire de Maroc. Un pareil mou- vement eut lieu au treizi^me siecle. Tout porte k croire que I'espece ovine de TAlgerie doit son origine a TOrient ou aux melanges suecessifs des animaux de la localite avec ceux qui furent amends k la suite de ces trois grandes emigrations ; mais quelles sont les phases par lesquelles elle a passe ? A-t-elle depuis longtemps les caracteres que nous lui connaissons? Y a-t-il eu diminution ou augmentation de ses qualites? Nous manquons de documents pour repondre d'une maniere cer- taine h ces questions. Cependant il est probable que nos betes ovines d'Algerie ont ete plusavancees qu'aujourd'hui. On assure en effet qu'elles ont donne naissance aux merinos , qui sont maintenant repandus sur presque tons les points du globe et qui ont produit la plus grande partie des belles laines connues. Toutefois, cette origine a ete un peu controversee. Francesco de Vergas pense que la race merine a ete importee d'Angle- terre en Castille, vers la fin du quatorzieme siecle. II y a quel- quesauteurs qui ne seraientpas eloignes d'admettre que c'est la race primitive d'Espagne, amelioree par les soins des agri- culteurs de ce pays; mais, en general, on croit qu'elle est ori- ginaire d'Afrique. ATappui de cette croyance, qui est corro- boree par des caracteres communs aux races merines et de I'Algerie , nous lisons dans les Merveilles du genie de I'homme, par Am^dee de Bart , page 352 : « Lors de Texpulsion des « Maures d'Espagne, Aben-Zeragh se decida k rester dans « ce pays et se rendit h Segovie. Lk cet ambitieux , sans em- « ploi, se fit industriel et marchand. Abenfit venir k grands « frais de TAfrique des moutons k laine fine (merinos, qui « veut dire tout simplement mouton en espagnol), fit tisser « leur laine par des procedes caches j usque alors aux Castil- « lans, et dont le secret n'etaitconnu que des Arabes, etablit « de nombreux metiers, et rendit sa patrie d'adoption , Sego- « vie , la premiere ville d'Espagne, et peut-etre de I'Europe , « pour la fabrication des draps (14^ si6cle). » — 599 — Si nous avons parle de Torigine des merinos , c'est que hous avons rintention de les faire revivre dans le pays d'oii ils sont sortis primitivemcnt. Los preuves de cette origine aideront i combattre les objections que racclimatation et le croiseraent de ces animaux pourraient faire surgir. L'esptjcc ovine do TAlgerie se divise en trois races bien dis- linctes : les Moutons Touareg, les Moutons h grosse queue et les Moutons ordinaires. Les Moutons Touareg portent le nom de la peuplade qui les poss6de, et qui se trouve i\ Textreme sud de nos possessions. Nous ne parlerons de ces animaux qu'au point de vue zoologi- que. Voici comment s'exprimc, a leur egard, M. le general Daumas, dans son Sahara algerien : « Les Touareg (la peuplade), qui vont d'abord 'k Ouergla « et remontent k Tougourt, y apportent de lapoudre d'or, de « Talun , du soufre , de la poudre , du salpetre , des dents « d'6l6pbant; ils y conduisent des n^gres et des Moutons « d'une espiice particuliere ii I'Afrique : ils n'ont pas de laine, « mais un poll tres ras ; leur queue est tres longue, on les ap- « pelle el-a-deman; leur chair est tres estimee. » Completons cette description par les caract^ires suivants : tete grosse et fortement busquee en chanfrein , un leger en- foncement vers le milieu du front et k la hauteur des yeux, yeux grands et saillants , oreilles grandes, pendantes, noires ou brunfttres ou d'un gris fonce ; cornes nuUes ou un simple rudiment ; encolure longue , mince et un peu renversee ; corps de moyenne grosseur, monte sur des membres longs et greles ; ceux de derriere sont un peu plus hauts que ceux de devant; queue descendant au-dessous des jarrets; les agneaux ont la queue assez fournie, plus tard elle devient, ^ peu pr6s, comme celle des chats ; pelage blanc, compose de poiFs rudes et de quelques brins laineux , il y a souvent des taches noires ou brumltres; chez les jeunes b6tes, les polls sont plus longs et les brins laineux plus nombreux que chez les vieilles ; de deux a trois ans, ces polls commencent i\ diminuer de longueur et finissent par 6tre presque ras, les brins laineux deviennent — 600 — chaque annee plus rares, et, dans la vieillesse, ils n'existent gu6re que vers les epaules, melesii quelques touffes depoil fai- santsaillie. Les Moutons Touareg otit des qualites inherentes aux con- trees oil ils naissent etoii ils vivent. lis fournissent une chair tr6s estimee 1^ oii , sans doute , d'autres races ne pourraient pas subsister. Ce sont done des animaux precieux pour cette contree ; mais leurs qualites generales ne sont pas assez grandes pour introduire cette race dans les localites oil existent les Mou- tons ordinaires, a cause de la double production de laine et de viande de ces derniers. Les Moutons k grosse queue ne se rencontrent que dans la partie de la province de Constantine qui avoisine la rcgence de Tunis, tandis que les Moutons ordinaires sont repandus dans presque toutel'Algerie. A part la difference de la queue et la nature des laines , les formes exterieures sont partout a peu pr^s les memes. Voici les plus generales : yeux grands et vifs; tete assez forte, busqu6e, souvent jaunatre, un peu saillante au sommet ; laine arrivant le plus souvent au niveau des yeux, quelquefois un petit toupet en avant de la base des cornes ; celles-ci rarement nulles chez le male , le plus souvent au nombre de deux , et quelquefois davantage ; oreilles horizon- tales et de grosseur ordinaire , poitrail large et garni d'un pe- tit fanon , poitrine spacieuse , cotes et ventre arrondis , corps cylindrique , dos horizontal , garrot , reins et croupes larges, testicules gros et pendants , membres solides , nerveux et de couleur souvent jaunfttre ou brunatre ou tachetee. Quelques betes ovines ont la face anterieure du ecu depourvue en partie de laine ; cette particularite est souvent accompagnee de deux glands pendants sous la gorge comme chez les chevres ; queue grosse ou ordinaire ; la premiere se distingue par une loupe molle, renfermant une matiere butireuse et pesant environ quatre kilogrammes , I'autre est un peu large k sa base et va en diminuant jusqu'^ Fextremite inferieure , sa longueur est de 28 k 34 centimetres. Les Brebis sont moins volumineuses que les m^les; leur — 601 — fanon est moins prononc6 , mais g6n6ralement elles ont la laine plus fine. Les uns et les autres de ces animaux ont le plus souvent le corps blanc. II y a dans la province d'Oran quelques localites qui produisent une laine noire , tirant sur le brun fonc6 , que Ton fait servir k la confection des burnous de cette couleur. Les principaux caractt^res tir6s des laines de I'Alg^rie sont les suivants : 1° Laines courtes, friseesou vrill6es; 2" Laines moins courtes et leg^rement ondulees ; 3° Laines longues et droites. Celles-ci sont les moins nom- breuses. Quant k la finesse , il y a des laines presque aussi fines que les merinos, et d'autres qui ressemblent au crin de certains ani- maux ; les autres laines se rapprochent plus ou moins de ces deux extremes, II est important de noter que ce rapprochement se fait plus sentir du cote des laines grossieres que du cote des laines fines. Cette in6galite des laines se rencontre tres souvent, non seulement dans la meme contr^e, dans la m^metribu, mais encore dans le meme troupeau. Elle peut s'appliquer aussi k leur eclat, k leur resistance, k leur onctuosite, k leur sou- plesse , k leur elasticity et k leur surface. Ce peu d'ensemble dans les caract6res des laines doit 6tre atlribue k la maniere d'agir des Arabes, qui ne prennent aucun soin du choix des re- producteurs, et qui laissent toute I'annee pele-m61e les brebis avec desb61iers de toute nature. Pour completer la description des caractferes ext^rieurs, je Vais faire connaitre les dimensions et le poids brut de quelques b6tes ovines prises dans les trois provinces. B6lier de la tribu des Ouled Sadd-ben- Salem (subdivision de Medeali). Laine courte , fine et frisee. Age 4ans — 602 — Hauteur du sol au garrot. . . . . . 0 m. 78 c. — i la pointe des coudes. . 0 43 — a la pointe des jarrets. . 0 26 Grosseur du corps prise sur peau. . . 1 06 Distance de la pointe des epaules a la pointe des fesses 1 10 Poids brut M kilogram.' Brebis de la mime Tribu. Laine courte , fine et frisee. Age 3 ans Hauteur du sol au garrot 0 m. 74 c. — i la pointe des coudes, . 0 44 — ^ la pointe des jarrets. .0 25 Grosseur du corps prise sur peau ... 1 07 Distance de la pointe des epaules a la pointe des fesses. 1 04 Poids brut 46 kilogram. Belier nd et 6lev6 a la ferme Domingo, commune de la Rassauta , le pire et la mere proviennent du Dirah {cercle d'Aumale'). Laine mediocre , ondulee et de moyenne longueur. Age. . 3 ans Hauteur du sol au garrot 0 m. 80 c. — i la pointe des coudes. . 0 42 — i la pointe des jarrets. . 0 26 Grosseur du corps prise sur peau. ... 1 06 Distance de la pointe des epaules i la pointe des fesses 1 09 Poids brut 72 kilogram. • Mouton ne et 4levd pres des marais de la Mitidja. Laine grossiere, droite et de moyenne longueur. Age 5 ans. Hauteur du sol au garrot 0 m. 71 c. — & la pointe des coudes . . 0 42 — kid. pointe des jarrets. . 0 22 — 603 — Grosseur du corps prise sur peau. . . . 1 m. 00 c. Distance delapointe des6paulesilapointe desfesses 0 98 Poids brut .34 kilogram. Bilierdes Beni-Amer Garaba {subdivision de Sidi-bel-Abbis"). Laine longue, droite et de qualite ordinaire. Age 4 ans. Hauteur du sol au garrot 0 m. 87 c. — ^ la pointe des coudes. . 0 52 — ii la pointe des j arrets. . 0 29 Grosseur du corps prise sur peau ... 0 96 Distance de la pointe des 6paules h la pointe des fesses. . . • 1 07 Poids brut ^ 50 kilogram. Brebis des Gossels (subdivision de Tlemcen). Laine mediocre , longue et droite ; sur la colonne vert6- brale elle est ondulee. Age 3 ans. Hauteur du sol au garrot. ..... 0 m. 79 c. — ^ la pointe des coudes. . 0 48 — i la pointe des jarrets. . 0 26 Grosseur du corps prise sur peau. ... 0 84 Distance de la pointe des 6paules ^ la pointe des fesses 1 04 Poids brut. 43 kilogram. Bilier d, grosse queue des Ndmenchas (cercle de Tebessd). Laine fine , longue et ondulee. Age 4 ans. Hauteur du sol au garrot 0 m. 77 c. — ^ la pointe des coudes. . 0 41 — kla. pointe des jarrets. . 0 26 Grosseur du corps prise sur peau ... 1 02 Distance de la pointe des 6paules ila pointe - 604 — des fesses 1 m. 09 c. Poids brut 53 kilogram. LesBeliers et lesBrebis etant toujours ensemble , la lutte a lieu en liberie et presqu'en toutes saisons. Cependant I'epoque la plus ordinaire est apartir du mois de juin jusqu'a la fm de septembre. L'agnelage suit necessairement cette irregularite de la saillie. Dans le plus grand nombre de cas , les brebis d'Afrique four- nissent un Agneau chaque annee. II est generalement admis que celles du Sud font tons les ans quatre petits. Cela est vrai, mais dans de certaines limites. Voici ce qui arrive : quand les pluies sont abondantes, ce que les Arabes de cette contree ap- pellent une bonne annee, les paturages etant plus riches, et, par cette raison, les animaux plus vigoureux, plusieurs meres sont fecondees deux fois en douze mois , et il y a beaucoup de portees doubles. Alors il pent se faire qu'il y ait plusieurs brebis produisant quatre agneaux dans cet espace de temps. Cette abondance de produits est admirable, mais elle doit etre regardee plutot comme une exception que comme une r^gle generale. Les Brebis d'Algerie sont bonnes laitieres. Pendant les pre- miers quinze k Tingt jours de son existence, TAgneau boit tout le lait de sa mere, mais il ne la suit pas encore aux paturages. Pour teter, il est mis en contact avec elle le matin , k midi , le soir et la nuit. Ces quinze-^ vingt jours passes, la plus grande partie du lait sertpour la nourriture de la tente. Les nouveaux- nes vivent de ce qui reste et de Therbe qu'ils broutent dans les champs en compagnie du troupeau, qu'ils accompagnent des ^e moment oii tout le lait ne leur est plus destine. Le sevrage complet a lieu vers I'dge d'un mois et demi, quelquefois un peu plus tard. On attend que Therbe soit assez tendre ou assez abondante , afm que cette transition alimen- taire se fasse sans porter prejudice aux jeunes animaux. On les s6vre en les envoyant pendant une quinzaine de jours dans un autre douar ou en les faisant changer de troupeau. — 605 — Depuis long-temps la castration est connue des indigenes. Le bistournage , le martelage et la torsion sont les trois modes generalement en vigueur. Pour ces trois modes operatoires , on agit k peu pr6s d'apr^s les precedes ordinaires. Ici , comme partout, la reussite de la castration depend, en grande partie , de I'adresse de I'op^rateur et des conditions dans lesquelles se trouvent les animaux au moment de I'operation. On a remarque que le martelage et la torsion laissaient des plaies qui devenaient quelquefois de mauvaise nature. Le bis- tournage n'offre pas cet inconvenient , mais il en a un autre peut-etre plus grave lorsque I'operation est mal faite, c'est celui de ne pas annuler completement les proprietes reproduc- tives. Alors le sujet opere n'a pas tout k fait les qualites des beliers, ni celles des moutons. C'est unmauvais reproducteur; il engraisse avec plus de difficultes que la bete chatree entife- rement, et la viande conserve cette odeur peu agreable qui est donnee par la qualite d'etalon. Que les Arabes aient recours k I'un oii h I'autre de ces trois modes operatoires , la castration a lieu d'un an k quinze mois, mais non pas sur tous les beliers inutiles k la reproduction. Cette operation est rarement faite d'apr^s les regies qui doi- vent regir un troupeau. On agit avec trop peu de discernement ou trop de negligence au point de vue de I'amelioratron de Tespfece. Les mdles k laine grossi^re ou k conformation vi- cieuse ne-sont pas tous chatres, tandis que de veritables types ameliorateurs subissent cette operation. L'Arabe agit-il de la sorte par apathie ou par manque de connaissances? Quoi qu'il en soit, il y a li un vice capital, qu'il est tr6s important de faire disparaitre. Autrefois la castration n'avait gu6re lieu que d'une maniere exceptionnelle. Aujourd'hui elle est plus frequente et tend k prendre chaque ann^e un developpement plus considerable. Cette tendance a ete provoquee par les bouchers et le com- merce d'exportation, qui ont fait comprendre aux eleveurs indi- genes que la viande des Moutons etait preferable k celle des Beliers. C'est du Sud que viennent en grande partie les betes — 606 — ovines que Ton envoie dans le midi de France. Comme elles ont un long espace k parcourir pour se rendre au lieu d'em- barquement, on choisit les plus fortes et les plus vigoureuses , afin qu'elles puissent supporter plus facilement les fatigues de la route. II est a regretter que ce choix ne tombe pas toujours sur les betes les moins capables d'ameliorer les laines. Nous reviendrons sur cette mauvaise maniere de faire lorsque nous traiterons des moyens ameliorateurs. Les bfites k laine des indigenes vivent toute Tannee de ce qu'elles trouvent dans les champs. Plusieurs troupeaux passent Fhiver dans le Sahara et se rap- prochent du Tell ou y penetrent k I'epoque des grandes cha- leurs. La direction qu'ils prennent pendant cette emigration est subordonnee aux ressources alimentaires des localites qu'ils ont a parcourir, et ces derniferes sont immenses. Parmi les tribus du Tell qui pratiquent la transhumance, il y en a qui emigrent avec leurs troupeaux, et les autres en- voient seulement leurs betes k laine aux Sahariens , qui les gardent et les soignent moyennant une retribution payee en nature. En general , on reproche k la transhumance d'etre nuisible h la finesse des laines. Nous ne voulons pas nous inscrire contrfe les idees emises k cet egard ; nous ne voulons que con- stater un fait local : c'est que les laines les plus fines de I'Al- gerie proviennent en tres grande partie des troupeaux trans- humans. Si I'emigration a les inconvenients qu'on lui donne , elle a aussi son c6te avantageux : elle fait eviter les pluies, les boues et rhumidite du Tell, etles grandes chaleurs du Sahara. En- suite cette marche presque continuelle est de la gymnastique qui entretient la sante, developpe le systeme musculaire et donne la force de resister aux intemperies atmospheriques. Au printemps, les betes k laine trouvent leur boisson dans Teau de vegetation des plantes qu'elles paissent, et aux autres 6poques de I'annee dans les mares ou ruisseaux qu'elles ren- contrent sur leur passage. Toute espece d'eau parait leur con- — 607 — venir. Elles boivent aussi bien celle de riviere que celle de puits, de fontaine ou de mare. Dans les localit6s oii les eaux sont tarics par les fortes chaleurs, ces animaux supportent pendant quelque temps , et sans trop en souffrir, la privation de la boisson. Cette aptitude est indispensable dans quelques contr^es du Sud. Les b6tes ovines fournissent en quelque sorte la seule viande de boucherie consomm^e dans les tribus. La chair des B61iers est dure et d'une odeur desagreable , surtout h I'epoque du rut; celle des brebis est assez bonne lorsqu'elles sontjeunes; mais la meilleure est celle des miles chatres. Toutes les localit6s ne produisent pas la m^me quality de viande. Les Moutons des plaines marecageuses et ceux du Sahara sont de meme race , et cependant il y a une grande dif- ference entre la chair des uns et celle des autres. G'est ici qu'apparalt d'une mani^re sensible I'influence des ■milieux dans lesquels naissent et vivent ces animaux. On trouve partout une tres grande analogic entre la qualite de la viande et la quality des pdturages. La viande du Sud est tendre et pleine de saveur; celle de la Mitidja est, au contraire, dure et sans le moindre goilt. II en est ainsi parceque les moutons qui four- nissent la premiere mangent des herbes fines et aromatiques , et que ceux qui produisent Tautre vivent de plantes grossi6res et remplies d'eau de vegetation. Tons ceux qui out voyage en Alg6rie savent tr6s bien qu'un gigot de mouton a plus ou moins de valeur suivant la localite qui le produit. A Bouffaric , il est raauvais; k M6d6ah, il a deji perdu de sa quality inferieure ; k Boghar, il est bon, et il devient meilleur en avangant un peu plus dans le Sud. L'incompatibilit6 admise gen^ralement entre la production de la laine fine et celle de la bonne viande est loin de trouver en Algerie une juste application , et pourtant les choses s'y passent d'aprfesles seuls efforts de la nature. Les b6tes ovines du Sud fournissent la laine la plus fine et la viande la meil- leure, tandis que celles des plaines humides donnent la laine la plus grossi^re et la viande la moins bonne. Ensuite les pre- — 608 — mieres sont plus alertes , plus vigoureuses , supportent mieux la soif etles privations, que les autres, qui n'ont meme pas pour elles un poids superieur. II est vrai que les localites du Tell oii rherbe est abondante et de bonne nature donnent aux moutons un accroissement plus rapide et plus considerable que les contrees du Sud ; mais la viande des animaux eleves dans ces conditions n'est pas aussi fine , aussi delicate et aussi savou- reuse que celles des Moutons de ces dernieres contrees. Dans les courses que nous avons faites pour etudier la ques- tion ovine de TAlgerie, nous avons eu plusieurs entretiens avec Ben-Yahia, chef arabe de la province de Titeri. C'est un homme intelligent et qui connait parfaitement tout ce qui se rattache k I'elevage des animaux qui nous occupent. Lorsque nous lui demandaraes son opinion sur la viande des moutons des plai- nes marecageuses et sur celle des moutons du Sud, il nous re- pondit que la premiere n'etait que du bois imbibe d'eau, tan- dis que I'autre pouvait etre comparee a une rose et k son par- fum (sic). La tonte a lieu vers le mois d'avril , un peu plus tot dans le Sud , un peu plus tard dans le Tell , et sans lavage prealable de la laine. On choisit au contraire, pour faire cette operation, un terrain susceptible de donner k la toison un poids plus considerable par Faddition de corps etranger. Ce n'est que d'un an a vingt mois que Ton commence a ton- dre les Agneaux. Apres cette premiere tonte, on suit pour eux les memes habitudes que pour le reste du troupeau. Les indigenes coupent la laine avec leurs couteaux ou la faucille qui leur sert k moissonner. Voici de quelle maniere cette operation est pratiquee par eux : le tondeur commence par la croupe , la bete etant couchee sur un cote et ayant les quatre pattes attachees ensemble ; il passe son instrument entre la laine, de manieie que le tranchant soit dirige en ar- ri^re ; il rabat la laine sur le plat de sa faucille ou de son cou- teau , puis il fait executer k son instrument un mouvement d'a- vant et arriere en sciant, et il repete cette manoeuvre jusqu'i ce que I'animal soit depouille. Avec de pareils instruments et - 609 — une semblable mani^re de faire, non seulement il reste beau- coup de laine sur le corps , mais il y a tiraillement des brins laineux, inegalite de tonture et souffrancc pour la bSte. Dans beaucoup de localites , on neglige de tondre la laine du cou , des pattes, du ventre et de la t6te. Plus tard cette laine tombe d'elle-morae. L'Algerie produit chaque ann6e de quinze k seize millions de kilogrammes de laine en suint et n'en exporte que trois k quatre millions. On s'est demands plusieurs fois ou passentles autres laines. Pendant long-temps Ton a cru qu'elles 6taient attirees vers la Tunisie et le Maroc; mais aujourd'hui il est prouv6 que les droits de ces deux pays, joints aux droits d'im- portation dans les ports de France, qui est le principal acheteur des laines barbaresques , sont cause que nos laines d'Algerie ne prennent pas la direction que Ton avait supposee. II est aussi prouv6 que la partie la plus considerable de ce produit agri- cole est absorbee par les besoins des indigenes. Quelque temps avant I'epoque de la tonte , les Beni-Mzab vont dans les tribus du Sud pour acheter les laines qui sont encore sur les animaux. lis contractent des marches, font des avances considerables, et ils rentrent dans leur pays. lis re- viennent apr^s la tonte pour chercher leurs laines , qui sont ordinairement les plus belles de la contree oil ces marches ont ete faits. Avec ces laines , les Beni-Mzab fabriquent beaucoup d'etoffes, qui nesont pas dirigees, comme on le croyait, vers la regence de Tunis et le Maroc, mais qui s'ecoulent dans le Soudan par Touat. Les Beni-Abb6s de la Kabylie confection- nent un grand nombre de bernous rayes et beaucoup d'autres v6tements. Plusieurs tribus fabriquent des objets en usage dans le pays. II y a aussi le travail qui s'ex6cute sous chaque tente par la main des femmes, et cette consommation de laine n'est pas la moins importante.' Avec la tonte arabe , la toison pfese , terme moyen , 1 kilogp. et 600 grammes; avec les forces ou cisailles, elle arrive un peu plus haut. Les laines du troupeau de Laghouat ont 6te estim6es 150 fr. II 39 — 610 -^ les 400 kilog.; celles du Sud se paient en ce moment, sur le marche de Medeah, environ 135 fr. Les autres laines de la division d'Alger se vendent, sur divers marches, de 80 i 1 20 fr . Les unes et les autres sont, bien entendu , d'une moindre va- leur sur les lieux de production. Les laines de la province de Constantine montent k peu pr6s aux memes prix que celles de la province d'Alger. Le rendement des unes etdes autres est, terme moyen, de 50 p. 0/0. Les laines de la division d'Oran ont une valeur et un rendement un peu moins eleves. Les laines se vendent au poids ou par toison. Ces ventes se font de trois manieres : 1° & livrer immediatement apres la tonte ; 2° sur les lieux de production; 3° sur les marches. La premiere amene presquetoujours des discussions entre les par- ties contractantes ; la deuxieme offre de trop grandes difficultes k la plupart des acheteurs. Les ventes sur les marches reunis- sentles meilleures conditions, pour celui qui vend comme pour celui qui achete. Que ces achats aient lieu au poids ou par toison, la plupart des Arabes font tous leurs efforts pour tromper I'acheteur. lis cherchent k augmenter le plus possible le poids des laines par I'addition de corps etrangers , tels que I'eau , le sable, la terre, les pierres, etc. Lorsqu'ils vendent par toison, Taddition de ces corps ne leur portant aucun profit, ils ont recours a un autre moyen non moins blamable, el qui consiste k enleverunpeu de laine de chaque toison un peu forte. Dans aucune circonstance le troupeau n'est abrite comple- tement. On cherche seulement a le garantir du vent et des animaux feroces par des haies de branches epineuses. Dans le Sahara, k defaut de ces dernieres , on fait des rondsd'alfa, au milieu desquels on place les betes k laine , pour les preserver en partie du vent, qui est assez froid a certaines epoques de Tannee. A Texception des Agneaux, que Ton met quelquefois sous la tente apr^s leur naissance, tous les animaux d'un trou- peau vivent ensemble et n'ont pour abris que ceux que nous venous d'indiquer. . Malgr6 le peu de soins que Ton donne aux b^tes ovines de — 6ii — I'Algdrie, leurs maladies ne sont pas nombreuses , ni frequen- tes , ni bien meurti^res. Le pi6tin et la cachexie aqueuse se font remarquer quelque- fois dans les plaines basses et boueuses. Ces localites ctant ra- rement consacrees aux betes i\ laines, on attache peu d'impor- tance d. ces deux affections ; un pftturage qui r^unit'de meilleu- res conditions de salubrity, qui estsurtout moins humide, suffit ordinairement pour les faire disparaitre. La poussi6re occasionne souvent des irritations des voies respiratoires. Ges alterations ne se pr6sentent jamais avec un caract^re grave. EUes cessent presque toujours avec la cause qui les a fait naitre. 'I La gale est assez fr^quente dans quelques contr^es. Les Ara- bes la traitent avec le goudron. On voit apparaitre de temps en temps quelques cas de char- bon, de sang de rate et de maladie convulsive. Ces affections ne sont pas toujours mortelles et n'attaquent jamais un grand nombre d'animaux ^ la fois. La clavelee existe-t-elle sur les betes ovines de TAlg^rie? Quelques personnes repondent affirmativement k cette question, et nous nesomraes pas de ce nombre. Depuis 23 ansque nous sommes en Afrique, aucun fait de cette affection n'est parvenu jusqu'i nous. II y a cependant quelque chose qui y rcssemble un peu. En ete et en automme, onremarque souvent de petits boutons k la tete, principalement autour des yeux, des naseaux, et aux bords des levres. Est-ce la clavelee? Nous ne le pensons pas. Ces boutons ne sont pas de nature contagieuse et n'ont ja- mais eu d'influence fScheuse sur la sante des b6tes(ilaine. Nous croyons pouvoir affirmer que les epines s6ches des ptlturages sont leur unique cause. Depuis Texportation des moutons d'A- frique , il y a eu quelques reclamations de la part des autorites de Cette et de Marseille. Ces boutons leur avaient fait croire que les bfites ovines qui leur arrivaient de I'Algerie etaient at- teintes de clavelee. Cette croyance n'existe plus, et nos moutons d'Afrique sont admis en libre pratique, malgr6 la presence plus ou moins frequente de ces boutons. ,, ..^ ,.., ,„ ,.,.,. — 612 — Pendant les et6s trfes sees et les hivers rigoureux , la mau- vaise alimentation et le manque d'abris sont les deux causes principales de la mortalite des betes ovines qui nous occu- pent. Nous venons de faire connaitre tres succinctement, et d'une mani^re generale , les habitudes des indigenes pour I'elevage des moutons. Ajoutons que les habitudes des Sahariens ne sont pas toujours semblables k celles des gens du Tell , k cause de la vie nomade des uns et de la stabilite des autres. Je vais terminer, Monsieur le President, cette premiere par- tie de mes notes, en indiquant les localites qui fournissent les plus belles laines. Ce tableau pourra etre utile aux eleveurs et au commerce. Localitds qui fournissent les plus belles laines. en u o mi 23 O > Cercle de Lagoualh. Cercle de Bogar. Cercle deMed^ah. ^Cercle d'Aumale. Nous plaQons en premifere ligne le troupeau cree a Lagouath par M. le comte Randon, gou- verneur general Lainetrfcsfineet frisfe. La tribu des Ouled-Saad-ben- Salem Laine fine et frisee. — Si-Hamed Idem. — O.-Gouini Idem. — O.-Yahia-ben-Salem Idem. — O.-Laouar Idem. -- 0 -Houmany, . . . Idem. — O.-Dya — O.-Mohamed-Em- Idem, barek Idem. 0.-Sidi-Youn6s . . Idem. La tribu des Raman Laine fine ct frisSe. — Bou-AJche Idem. — 0.-Sidi-A!ssa-Soua- oui Idem. O.-Sidi-Alssa-el- Ourek Idem. Abadlia Idem. — Zenachras Idem. La tribu de Titeri Idem. Le Dirah J<*em. \ - / / : u to O u o o - «13 — / La tribu des Sedjerara Laine fine et triaie. i — Halta-el-Bordj. . . Idem. \ — Douairs (Flitta) . . Idem. Cercle ' — Mahamides .... Laine fine et ondul^ , de Matcara. \ plut6tlonguequecourte. I — O.-el-Houmany-Fou- ( gani Idem. — Haouret Laine fine et friste. (La tribu des el-Amanra .... Laine fine et fris^e. — 0. - Sidi - Yahia (Cherfa) Idem. Ue Mostaganem. , " Ben-Louma Idem. I — O.-Rafa Idem. f — Abid-el-Cheraga . . Idem. ^ — Hachems-Darouch. Idem. ILa tribu des Amians Laine fine et friste. Quelques fractions des douairs voisins des Amians Idem. (Cercle de Bordj- C Les O.-Nall (Bou^ada) Laine fine et friste. bou-Areridj. ) Le Hodna Idem. Cercle deTebessa. Les Ndmenchas Laine fine et friste. Les Arectas Laine fine, soyeuse, f^g^^lg I Jongue et tr^s iftgfere- ij- /- '. ,■ \ nient ondul6e. \de Constanttne. 1 , . „, , . „ . Les Amer Cheraga Lame fine, longueettrte I^g^rement ondul^e. Cercle ( ^* ^"'"^ ^^ Sahari Laine fine et vrill6e. deBiskara. \ " O.-Rhama Idem. { — Hal-Ben-Ali .... Idem. „ , La tribu des Bou-Aoun .... Laine fine , longue et . _ .. \ droite. de Bathna. ) ^^ „ , ^ ». r _ O.-Soltham .... Idem. Telles sont , Monsieur le President , les diverses especes de Moutons de FAlgerie et les qualites differentes des laines qu'el- les produisent. Dans une autre lettre je m'occuperai des moyens d'am^liorer ces divers types et leurs produits. J'ai rhonneur d'etre avec respect , Monsieur le President, etc. Bernis. JK» — 614 — SUR L'fiDUGATION, LA PROPAGATION ET L'ACCLIMATATION DES OISEAUX, Lettre adressee a M. le President de la ZazM impeiiale zoologiqae d'acclimatatioD , Par M. li.-C. BODTEIVOT. ( Seance du 21 septembre 185S.) « Monsieur le President , « Ayant le projet de publier un traite de faisanderie mo- derne et pratique, comprenant la propagation, I'education, racclimatation et la naturalisation de toute espece de gibier volatile , le perfectionnement des oiseaux de basse-cour et la destruction des animaux nuisibles, j'ai Thonneur d'offrir ce travail k notre Societe d'acclimatation , qui pourrait I'inserer par fragments dans le Bulletin , k la seule condition d'en in- terdire la reproduction dans d'autres recueils ou isolement. « G'est ^ vous, M. le President, que j'ose m'adresser. Vous etes plus competent que personne en France pour apprecier des vues qui me sont dictees par une longue pratique des pre- ceptes naturels que vous repandez avec tant d'autorite par votre savant enseignement. « Veuillez agreer. Monsieur le President, I'assurance de ihon profond respect et de mon parfait devoument. » L.-G. BOUVENOT. » Versailles, le 12 aout 185d. » J'ai I'honneur de soumettre a la haute appreciation de la Soci6t6 une esquisse de mes etudes et observations pratiques, faites depuis de longues annees , applicables a la propagation et k I'education de toutes especes de gibier volatile , et une caisse de mon invention, que j'ai hate de lui offrir. Get ap- — 615 — pareil facilitera la propagation, racclimatation , la naturalisa- tion et la domestication des Faisans, des Perdrix rouges et grises, Bartavelles, G61inottes, Grands-T6tras , Colins-Houi, et des Oiseaux de basse-cour de toutes les esp^ces. Plusieurs ne sont en France que des oiseaux exotiques qui s'y acclimatent sans s'y naturaliser, parceque Ton a failli aux principes de la science de racclimatation et de la naturalisa- tion. D6s lors, ces animaux, Emigrant, ne se reproduisent pas dans les regions que Ton a voulu peupler. En general, les faisanderies qui existent en France el k r^tranger n'offrent aucune s6curite pour les dispositions qui sont necessaires k Taccomplissement de I'acclimatation et de la naturalisation des diverses esp6ces de gibicr volatile exotique ou indigene; elles ne sont pas m6me dispos6es convenable- ment pour la multiplication etle perfectionnement des Oiseaux de basse-cour. Les travaux et les observations theoriques et pratiques auxquels je me suis livre depuis long-temps ont pu seuls me faire trouver les veritables moyens de remedier k ces graves inconvenients. J'y suis arrive en 6tudiant les moeurs de ces Oiseaux divers , ce qui m'a conduit k disposer le sol qu'ils doivent habiter de maniere h leur offrir les conditions les plus rapprochees de leur etat naturel et sauvage , en les garnissant des diverses sortes de vegetaux qui sont necessaires h leur nourriture et k leur convert, ce qui est le veritable moyen de les maintenir en bonne sant6. Les modifications k faire dans les faisanderies seraient tres faciles k etablir et pen coAteuses , et elles garantiraient les Oi- seaux des crises , maladies individuelles et epizootics qui , dans I'etat actuel des faisanderies , font perdre un grand nom- bre de sujets. h Une faisanderie ne doit 6tre plantee que d'arbres et arbustes fruitiers et autres vegetaux dont la culture offre aux eleves tons les fruits et les graines necessaires k Talimentation des diff6- rentes esp^ces de Gallinaces dont on se propose de faire I'^du- cation. II fautmenager des ressuis pour la poudrette, des cou- verts qui procurent aux oiseaux la securite pour le moment oil — 616 — ilsfont la moridienne, entin une tranquillite absolue, et tout ce qui doit les rapprocher de leur etat naturel et sauvage. Pour bien acclimater, naturaliser et cantonner le gibier vo- latile dans les regions que Ton se propose de peupler, il est essentiel de lui constituer une famille avec d'autres Oiseaux qui habitent dejk ces lieux, qui ont les memes moeurs, les memes habitudes, et qui se nourrissent des m^mes substances, que ces Oiseaux soient indigenes ou naturalises. On doit bien choisir le lieu , I'exposition , la culture qui doit produire les insectes, les fruits, les graines et les herbes necessaires h sa nourriture , le convert qui convient k ses moeurs et k ses ha- bitudes de tranquillite, ainsi qu'& sa conservation. Le moyen le plus naturel de constituer une famille h des especes que Ton veut introduire et acclimater est de pro- fiter de I'incubation d'especes analogues. Pour faire avec suc- cescette operation delicate, il faut avoir bien etudiepratiquement les ma3urs et les habitudes des especes, afin de substituer aux oeufs des Oiseaux qui habitent la region que Ton se propose de peupler ceux des especes nouvelles. Pour que cette operation delicate reussisse, il faut bien observer de ne jamais confier ces nouveaux oeufs k une vieille femelle , car elle les abandon- nerait ou les briserait sans pitie. Le praticien exerce recon- naitra, en voyant la forme du nid et le lieu ou il est place, si cette substitution de tout ou partie des oeufs d'une espece est possible; il pourra meme, a certains signes, distinguer si cette ponte appartient a une vieille ou k une jeune Poule. En agis- sant ainsi, avec les connaissances et les precautions indiquees ci-dessus, on obtient, en melant les oeufs de deux especes, la maternite et la fraternity , ce qui assure Tacclimatation et la naturalisation du gibier nouveau-ne dans cette region. Les aliments propres aux Oiseaux different suivant les es- peces, et se composent de diverses substances : ce sont, en general, les larves de plusieurs especes de Fourmis et d'autres Insectes, des graines nouvelles, des bales de Genevrier, de sommites de Sapin, des chatons de Bouleau, de Noisetier, de jeunes feuilles de Peuplier blanc, de Saule, des herbes — 617 — diverses, etc., etc. On emploie encore avec succ6s des OBufs durs m616s de mie de pain, de viande, d'intestins d'animaux, desalade, de farine de glands, de graine ailee forestifere et de beaucoup d'autres substances, selon les bcsoins du service et suivant la nature des Oiseaux, leur 6tat de sant6, leur age, etc., etc. Depuis trente-deux ans je n'ai cess6 de poursuivre des etudes persev6rantes et des observations d^licates qui m'ont conduit k un succ^s constant dans la propagation de toutes les esp6ces de gibier volatile, que je parviens toujours k fixer aux regions dans lesquelles je veux op6rer ce peuplement. Ces m^mes ob- servations m'ont aussi appris h perfectionner les Oiseaux de basse-cour par le moyen de leur accouplement avec differentes esp6ces d6}k connues en France, notamment la Poule de Go- chinchineetla Breda de pure race, etc., etc. Quant aux appareils que j'ai imagines pour proteger les jeu- nes Oiseaux et pour les placer dans des conditions favorables h leur developpement et k leur sant6 , ils rendent la reussite infaillible ; leur emploi est aussi simple que facile , et Ton pent en faire Tapplication en les modifiant m^me , suivant les cir- constances, dans toutes les faisanderies , et presque sans frais. En un mot, en employant mon systfeme, il est facile de faire r^ducation des Oiseaux sur une 6chelle aussi vaste qu'on le jugera convenable pour la saison prochaine; d'etablir alors une faisanderie-modele , non par le luxe , mais bien par une direction sage et bien ordonnee et par la grande quantite de volatiles, tels que Faisans, Perdrix rouges et grises, Barta- velles , Grands-Tetras ou Goqs de Bruyfere , Gelinottes, Fran- colinset autre gibier, et aussi une grande quantite d'Oiseaux de basse-cour qui y seront elev6s avec succfes. Les bons precedes de propagation et d acclimatation des Oiseaux utiles , mis ainsi en pratique sous les auspices de la Societe imperiale d'accli- matation , se propageront dans toutes les regions de la France , et produiront alors une immense quantity de gibier et de volaille de toutes especes pour la chasse et le commerce de TEmpire. — 018 — -** RECHERCHES ^^ SUR LES VERS A SOIE SAUVAGES ET DOMESTIQIIES. (QCATRltlME ARTICLE.) SUR L']i;TAT ACTUEL DES TENTATIVES D'INTRODUCTION ET D'ACCLIMATATION DES VERS A SOIE DU CH£NE, ET SUR LA POSSIBILITE DE DEVIDER LES COCONS DU VER A SOIE DO RICIN , Par m. F. E. GCi:BIM-]IIEIVEVlI.Ii E. Dans plusieurs communications publiees par extrait aux Comptes-rendus de I'Academie des sciences (t. 41 , p. 504, seance du l*"" octobre 1855) et en entier au Moniteur uni- versel du 8 novembre 1855, ou inserees dans la Revue ei Ma- gasin de zoologie (1855, p. 292, pi. 6, et p. 399), j'ai tenu les agriculteurs au courant de mes tentatives d'introduction des Vers k sole de Chine et du Rengale , qui se nourrissent des feuilles de divers arbres , et surtout de celles des Chenes. Aujourd'hui, je viens faire connaitre k la Societe imperiale zoologique d'acclimatation I'etat actuel de ces essais. Plusieurs des magnifiques Chenilles du Ver k sole Tussah (Bombyx Mylitta, Fab.) ont parcouru heureusement les phases de leur existence et ont fde des cocons pour s'y transformer en chrysalides. Ces cocons, entierement fermes comme ceux du Ver k sole du Murier, et par consequent susceptibles d'etre devides en sole grege au moyen des memes metho- des (1), vont passer ainsi tout I'hiver, et ce n'est qu'au prin- (l)Dans un rapport de M. Bourcier, qui a rendu tant de services a rindustrie de la soie, sur la filature d'un cocon de Phakena raphia, rap- porte par la Bonite a la suite d'un voyage autour du monde , on trouve qu'apres avoir donn6 une proportion de frison dans laquelle le pedicule Ju//t/ Soi- - /mp -d'Arf/di/iiU //i.i'' MombyX ( Sadmna > I H. Ponivi , C/uf/: 2 B. Mylitta, /hfi. — 619 — temps proclrain que les Papillons en sortiront et donneront leurs flcufs, qui ecloront presque imm^diatement. Les Che- nilles, comme leurs cong6n6res et comme la plnpart desVers a soie du MArier, subissent ordinairement quatre mues, et c'est par une exception assez rare, mais qui a deja 6te obser- v6e par plusieurs entomologistes , que Tune d'elles , que j'6- levais seule dans mon cabinet pour raieux observer et noter les circonstances de son developpement, en a subi cinq. Quel- ques oeufs d'une femelle eclose tardivement, et qui n'avaient donne les jeunes Chenilles que le 1*' septembre, envoy^s en Suisse i M. le docteur Chavannes , ont donne lieu h une ex- cellente education que ce savant a parfaitement reussie avec du Ch^ne seul. Malgre la saison avanc6e et Textrfime durete des feuilles k cette epoque de I'annee , ces Chenilles sont ar- rivees k maturity et ont tisse leurs cocons comme celles qui ont et6 elev6es k Paris et mises sous les yeux de I'Academie des sciences et des nombreux visiteurs de I'Exposition de la Soci^t6 imp6riale d'horticulture aux Champs-Ely sees. Je crois utile de rappeler soramairement que deux esp6ces est entraine , ces cocons se devident parfaitement , comme ceux du Ver a soie ordinaire, lis doiment un brin gros , fort , tres elaslique , de la force d'un brin de soie grege de cinq cocons, representant i'2 deniers. Cette soie peul aisement se liler a un seul cocon et avoir un emploi particulier en fabrique. En 1847, M. Perrotet a devide a Pondich^ry de ces m^mes cocons. II les a fait bouillir avec de la cendre , les a ramollis au bout d'une heure d'ebullition, et en a compose un brin de trois cocons. Ces echantillons ont ei6 envoyes en France et sourais au Comite des arts et manufactures. Plus tard , M. Perrotet a trouve, dans un rapport qui lui a ete transmis, que Ton disait que cette soie ne serait jamais utile , parcequ'elle ne prend pas la teinture. Cela n'etait pas exact 4 cette epoque , car on avsut d^j^ teint ces soies dans des tons fences , il est vrai, a Lyon. A Paris , vers la meme epoque, M. Lahore donnait aux soies Tussah toutes les teintes claires et foncees, et j'ai montre qu aujourd'hui M. Torne et M. Riot leur font prendre les couleurs les plus tendres comme les plus foncees, ce qui permet de les employer tres utilement et den faire des tissus d'une grande beaute. [Moniteur universel du 27 juin 1855.) — 620 — de Bombyx onl collectivement droit au litre de Vers a soie du Chene. L'une , que j'ai nommee Bombyx Pernyi pour rappeler le nom du venerable et zele missionnaire qui a fourni les mate- riaux de la premiere tentative de son introduction , est tres commune en Chine, et principalement dans le nord de ce vaste empire. C'est dans I'hiver de 1850 k 1851 qu'il en a ete envoye des cocons vivants en France par M. de Montigny, consul de France en Chine , k qui Ton doit I'introduction de tant de vegetaux et d'animaux utiles, et. par le P. Perny, missionnaire etabli dans le meme pays. Les cocons adresses k Paris par M, de Montigny ont peri sans donner lieu k au- cun essai; mais ceux que le P. Perny avait adress6s k M. Roux, iLyon, ont ete I'objet d'un essai d'education qui n'a malheureusement pas reussi. Une nouvelle tentative, due k la Societe imperiale d'accli- matation, vient de faire faire un grand pas a cette importante question. Grace encore au devoument de M. de Montigny, si bien seconde par les venerables missionnaires fran^ais en Chine , et notamment par Monseigneur Teveque Verrolles , membre honoraire de la Societe imperiale d'acclimatation , cette Societe a re^u un assez grand nombre de cocons vivants de Bombyx Pernyi , ce qui m'a permis de pousser les expe- riences plus loin qu'on ne Tavait fait en 1851. Malheureuse- ment ces cocons , ayant souffert en route , n'ont donne que peu de Papillons, dejk atteints de maladie, et dont la proge- niture s'est trouv6e egalement affectee. Les essais que j'ai faits sur I'ensemble des cocons regus par la Societe , et ceux dont MM. Milne-Edwards , Baruffi , Griseri, Frederic Jacquemart , Delon, Chavannes, Hardy, Yvan et Tastet, ont bien voulu se charger, afin de varier les conditions de cette experience, ont et6 encore infructueux. Cependant ils ont montre que I'in- troduction et I'acclimatation de cette utile espece etaient tres possibles, et qu'au moyen d'un nouvel envoi que la Societe d'acclimatation attend de Chine , Ton reussirait cerlainement. En effet , quelques Chenilles, deja malades en naissant, ob- — 624 — tenues k Paris d'oeufs qui avaient 6t6 pondus chez M. Jacque- mart, ou se trouvait la plus grande partie de nos cocons, ont vecu assez pour nous prouver qu'elles pouvaient parfaitement s'alimenter avec des feuilles du Chfine ordinaire, et M. Jac- quemart a obser\'e que Tune d'elles avail m6me effectu6 deux mues avant de mourir. Du reste , un fait accompli en m6me temps viendrait encore mieux montrer la justesse de mes previsions : ce sont des ten- tatives failes k Lyon, oti Ton aurait aussi regu des cocons vi- vants, et dans de bonnes conditions d'emballage, par les soins de Monseigneur Verrollcs, oii Ton serait parvenu b. en obtenir des Chenilles qui auraient ^te nourries avec des feuilles de notre Chene ordinaire , et dont quelques unes auraient fil6 des cocons. La seconde esp6ce, le Bomhyx Mylitta, de Fabricius (ou Paphia^ Lin.), vient d'etre I'objet d'essais qui ont complete- ment r6ussi. Cette introduction etait beaucoup plus difficile, car ce Ver k sole, qui vit dans les parties chaudes et tempe- rees du Bengale , s'y nourrit des feuilles de cinq i six arbres differents et tout i fait etrangcrs k I'Europe, tels que le Bair, Zyziphus Jujuba^ TAssem, Terminalia alata, le Bombax heptaphyllum ^ le Badamier, Terminalia catappa^ le Jam- blonier, Syzigium Jambolaniim, TOdier marron, Odina Wcdier, et autres. Je n'ai pas ete decourage par Timpossi- bilite detrouver ces vegetaux chez nous; j'ai peuse, au con- • iraire , que , puisque les Chenilles de ce Bombyx pouvaient se nourrir de divcrses espfeces de plantes, ces habitudes poly- phages leur permettraient certainement de s'accommoder d'au- tres especes encore. Cette prevision s'est heureusement v6ri- fiee , puisqu'elles ont ete nourries avec les feuilles de onze i douze arbres exotiques et indigenes, tels que Calypiranthes Syzigium Wild., Calypiranthes JambolanaVfild. , Jamboli- fera peduncultaa Lin., Coignassier du Japon, Jujubier com- mun, Grenadier, Pistachier, Abricotier, Gh6ne k feuilles de Chataignier, Chene d'Amerique, Chene vert, et surtout le — 622 — Chene blatic ordinaire de nos forets , ce qui donne a cette in- troduction un avenir immense. J'ai cite dans plusieurs travaux sur ce sujet, et entre autres dans mon Memoire sur I'Histoire naturelle du Ver a soie^ public dans le volume de 1846des Annales delaSociete seri- cicole^ dans mon Essai sur les Lepidopteres du genre Bomhyx qui donnent 6u donneront de la sole , insere dans VEncy dope- die moderne, t. IV, p. 448 a 482, dans mes Recherches sur les Vers a soie sauvages et domestiques , faisant partie du Bulletin de la Societe zoologique d'acclimatation^ 4854, p. 43 k 52, et ailleurs encore, ce qu'ont public sur cette espece MM. Roxburg, Sykes , Lamare-Picquot et Heifer. On a pu voir dans ces documents que personne n'avait dit d'une maniere posi- tive si cette espece a une scule generation par an ou plu- sieurs, comme le Ver k soie du Ricin; mais de I'etude des renseignements plus ou moins vagues qu'ils ont donnes il ressort cependant que c'est une espece annuelle. Ce fait capi- tal est raicux indique, quoiqu'il ne soit pas encore articule nettement, dans des observations toutes recentes faites par M. Sherwell , officier de I'armee anglaise dans I'lnde, et pu- bliees dans les Annales de la Societe entomologique de France en 1854, par M. le docteur Boisduval. Voici un extrait de ces observations : (f La Saturnia Paphia ou Mylitta se trouve dans toutes les parties du Bengale , depuis Calcutta jusqu'a Lahore; on la rencontre aussi sur les monts Hymalaya, k la hauteur de 7,000 pieds; mais le paysoii elle est le plusabondante, et oii on Televe dans un but industriel, est la partie montagneuse du Bengale proprement dit , situee au sud du Gauge et de la ri- viere Soane, jusquW la bale du Bengale, qui s'eleve de 500 k 1,500 pieds au dessus du niveau de la mer, et dont le climat estbeaucoup plus froid que celui des plaines de I'lndoustan. Dans le district de Ramgurh ou de Hazarubaugh , on eleve en quantite innombrable la Saturnia Paphia, et sa soie forme un article considerable de commerce. Les coconsdes Papillons — 623 — femelles, aussi bien que les femelles elles-m6mes, sont beau- coup plus gros que les cocons des males; les cocons femelles ont ordinairement 5 centimetres de longueur et 3 de largeur. « Voici de quelle maniere on el6ve ce Ver k sole : Le Pa- pillon sort du cocon au commencement de la saison des pluies, environ vers le commencement de juin ; mais souvent une on- dee de pluie chaude , en mars ou avril , suivie de temps froids et humides , a pour effet de les faire eclore k cette periode peu avancee de I'annee ; et, comme les arbres dont les Che- nilles se nourrissent sont encore d^pourvus de feuilles, les Chenilles perissent faule d'aliment. « Pour obvier k cet inconvenient, pendant la belle saison, les naturels exposent les cocons aux rayons du soleil, ce qui est un rem6de tr6s efficace. Les deux femelles que je vous ai donn^es, etque j'ai figureesdans mon album des Chenilles et des Lepi- dopt^res de I'lnde, etaient nees prematurement en mars, apr^s deux ou trois jours de pluie et de temps humide. Les natu- rels qui elevent les Chenilles recueillent les cocons dans de grandes corbeilles construites expres, et laissent seulement ensemble ceux dont on veutobtenir de la graine. Apr6s Tac- couplement, on rejette les Papillons qui ont servi k la fecon- dation ou k la ponte. « Aprfes I'eclosion des oeufs, les Indiens charges de sur- veiller Teducation transportent les petites Chenilles dans les Jungles ( bois epais ) voisines , et les placent sur les arbres qu'ils ont disposes et prepares d'avance pour les recevoir. Lorsque I'educalion est finie , on coupe les arbres k la hau- teur d'environ trois pieds , pour la commodity des gardiens qui doivent surveiller les larves lannee suivante, et pour que les arbres deviennent touffus et comme buissonnants, ce qui, du reste, les ram6ne k leur forme naturelle. Mais, comme il n'y a ni Assoun [terminalia nlata et tomentosa^ ni Koosun (autre arbre non determine par M. Sherwell) dans les plaines de rindoustan , les larves sont elevees sur une esp6ce d arbre sauvage appelc Byer par les Indiens ( probablement le Zizy- phusJujuba), et sur lequel elles semblent moins prosperer. - 624 — Comme tous les echantillons de la Saturnia Paphia (Mylitfa Fab.) que j'ai vus dans les plaines, et qui sont arrives h leur entier developpement dans Tetat sauvage , se sonl trouves plus petits que ceux qu'on d6ve presque en domeslicite et qui se nourrissent sur VAssoun de Hazarubaugh, il est probable que la chaleur excessive des plaines contribue k les rendre plus petits que ceux qui naissent sous le dimat froid de Ram- gurh et de Hazarubaugh. L'espace de terrain qu'occupe en- general une plantation destin6e k I'education des Toussah (c'est ainsi que Ton nomme en indostani la Chenille et le Pa- pillon) embrasse plusieurs centaines de yards en carre , et il est situ6 dans I'epaisseur de \a. jungle. « Pendant tout le temps que les Chenilles passent sur les arbres, elles sont attentivement gardees parun ou deux sur- veillants, qui empechent qu'on ne les vole, et les protegent centre les corbeaux et autres oiseaux, qui , sans cette precau- tion , ne manqueraient pas d'en faire leur proie. « Lorsque les cocons sont termines , ils pendent aux bran- ches comme des fruits aux arbres fruitiers. Alors on les en- leve et on les porte au magasin. Aprcs avoir choisi un nombre suffisant de cocons pour I'education de I'annee suioante , on etouffe les chrysalides des autres k Taide de Teau bouillante , pour que les Papillons ne gdtent pas la sole en eclosant. C'est apres les avoir ainsi prepares qu'on les porte au march6 par voitures bu a dos d'homme dans des paniers. » On voit, dans cet interessant document, que M. Sherwell, sans le dire positivement , etablit cependant que Ton ne fait qu'une seule recolte de ces cocons chaque annee , ce qui res- sort surtout des passages que j'ai mis en caracteres italiques. L'eclosion des Papillons au commencement de juin , la taille des arbres pour faciliter la surveillance des larves V annee sui- vante, un nombre suffisant de cocons ipour I education de I'an- nee suivante, tout con court k confirmer ce que j'ai pu obser- ver ici : que c'est une espfece annuelle , c'est-a-dire qui ne donne qu'une seule generation. Tout au plus pourrait-on ad- mettre une seconde generation dans les plaines chaudes du Bengale et dans les lies telles que Java, Manillc, etc., si toutefois cette esp6ce y est; maisaucune observation positive, que je sache, n'a et6 faite encore h ce sujet, tandis que beau- coup d'indications tendent k montrcr que la chrysalide reste dans le cocon pendant huit i neuf mois (1). Comme les cocons du Bombyx Mylilta envoy^s vivants par M. Perrotet sont arrives au milieu de I'ete, que les Pa- pillons sont eclos successivement et tardivement, I'edueation des Chenilles s'est faite dans des conditions assez d^favora- bles, parceque la temperature g6n6rale 6tait deji trop basse et que les feuilles des Chenes etaient trop avancees , trop dures. Ces circonstances m^mes, quoique ayant apport^ de grandes difficultes dans ces essais, m'ont servi d'utiles ensei- gnements pour I'avenir, et j'y trouverai des elements pour me guider dans les nouvelles tentatives que je prepare pour Tan- nee prochaine. II resulte sommairement de ces premieres ob- servations que ces Vers k sole ont besoin d'une temperature moyenne d'environ vingt degres centigrades pour se develop- per ; qu'i cette temperature il s'ecoule pr6s de deux mois entre leur naissance et la formation de leur cocon. L'annee pro- chaine, par consequent, il faudra hater la sortie des Papil- lons et la ponte des oeufs , pour avoir les jeunes Chenilles vers la fin de juin. Ces vers k sole auront alors les mois de juillet et d'aotlt, les deux plus beaux et plus chauds de I'annee, pour se developper en plein air ; ils feront leurs cocons au com- mencement de septerabre au plus tard, et pourront consom- raer les feuilles des Chines k T^poque oii elles sont en voie (1) M. Lamare-Picquot, dans les Annales de la Colouisation algirienne, livraison d'avril 185i , s'est trompe en disant que le Cynthia passe sept i huit mois a I'etat d'oeuf. Le Paphia , poursuit-il , reste egalement six k sept mois sous forme de cocon nymphe. — Sa premiere erreur, a I'egard du Cynthia, monlre qu'il n'a peut-^tre pas eu I'oecasion d'observer les rooeurs deces Insectesparlui-mcme, et qu'il s'en est rapporte aui asser- tions de personnes peu instruites , ce qui nie laissait dans le doute relati- vement k tout ce qu'il a dit sur le Paphia ou MyliHa. II 40 — 626 — de developpement et en pleine s6ve , et par consequent en harmonie avec I'etre qui s'en nourrit. Je ne me dissimule pas les difficultes qu'il me reste encore h surmonter avant d'etre parvenu k introduire ces deux es- p^ces de Vers k soie du Chene , ct surtout k les livrer a la grande culture. Nous en sommes aujourd'hui, relativement a cette introduction , au point ou Ton en etait au sixieme siecle, lorsqu'en 530 , sous Justinien , deux religieux rapportferent k Constantinople des oeufs du Ver k soie ordinaire. Le but a at- teindre aujourd'hui n'est pas moins important pour TEurope et pour son industrie , car il s'agit d'obtenir, avec les feuilles d'un arbre comraun partout , et dans des regions oii Ton ne pent cultiver avantcigeusement le Murier et son Ver k soie, une matiere textile differente de notre belle soie ordinaire, et de I'obtenir presque sans frais de main-d'oeuvre. En effet, si le succes vient couronner mes efforts perseverants et ceux des autres membres de la Societe d'acclimatation qui veulent bien me seconder dans cette oeuvre d'interet public, il est pos- sible d'esperer que Ton verra bientot ces Vers k soie du chene eleves en liberte dans des taillis assoles k cet effet. La main- d'oeuvre k consacrer k cette culture consistera seulement dans quelques premiers soins donnes aux jeunes Vers au moment de leur eclosion, dans leur distribution sur les taillis de Chene et dans la surveillance d'un gardien charge d'eloigner les oiseaux qui pourraient venir devorer ces precieuses che- nilles. Ces simples soins, donnes depuis des siecles en Chi- ne (1) et dans I'lnde a cette culture, ne peuvent etre compa- (1) On trouve dans la Gazette de Lyon et dans le Courrier de la Drdme (6 juin 18'<9), parmi des renseignements donnes par le P. Bertrand a M. Hedde, qui Tavait questionne sur ies principales contrees du Su- Tchuen qui fournissent de la soie , cette reponse : « Tchen-ton-ngay-yo , Kioung-tchoen et surtout Kia-tin. Dans ce der- nier district , on trouve des forets remplies de Vers a soie sur les Chines ; on pait ces petits Vers a peu pres comme un troupeau de Moutons. Mais, les rats leur faisant une rude guerre, le poison appele morl-aux-rats est une branche considerable de commerce dans cette partie de la province. » — 627 — r6s ft la main-d'ojuvrc coAteuse qu'exige I'education de nos Vers a soie du MArier, et il est Evident que le prix de revient de cette nouvelle mati^re textile sera tr6s minime, etla raettra, par consequent, ft la portee des classes peu fortunees, et m6me pauvres, des villes et des campagnes. SUR LE VER A SOIE DU RICIN. J'ai eu rhonneur de mettre sous les yeux du Conseil de la So- ciete quelques cocons du Ver a soie du Ricin produits par una education deconservation de cette esp6ce faite pour la Sociel6 imperiale d'acclimatation ft la menagerie des reptiles du Museum d'histoire naturelle et avec I'agrement de M. le professeur Du- meril. Ces cocons sont beaucoup plus beaux que ceux que Ton a obtenus prec6demment, et Ton reconnait qu'ils se sont am^liores, ce que Ton doit certainement aux bons soins don- nes ft Teducation des Chenilles par M. Vallee, gardien de cette menagerie. Je crois qu'il est utile de conserver cette es- p6ce en en faisant quelques petites educations d'hiver pour atteindre I'annee prochaine , oii ces Vers ft soie pourront 6tre elev6s sur une plus grande echelle, parceque tout n'a pas en- Le m6me pere Bertrand ecrivait encore de Chine « que le Papillon du Ver k soie quercien hiverne dans son cocon , d'ou il ne sort guere qu'au commencement du printemps; qu'apres Taccouplement , les femelles pon- dent des graines qui ont a peu pr^s la grosseur de graines de lin , et qui eclosentau bout de dix a douze jours. On se h4te alors, poursuit-il, de placer les jeunes Vers naissants sur les arbres dont les feuilles commen- cent a pousser , et la on ne s'occupe plus d'eux , quelque temps qull fasse , que pour ecarter les Oiseaux qui , pendant la journee , pourraieni venir les manger. Ces vers robustes ne craignenl pas m^me les neiges et les gelees , qui n'ont d'autre effet sur eux que de les retarder. lis vivent 45 k 50 jours. » Dans le Journal (T Agriculture pratique, 2« s6rie, t. I, p. 277, on a reproduit quelques passages de la correspondence du pere Bertrand , qui ecrivait du Su-Tchuen en 1833 , et qui donnait des details tres interes- sants sur ce Ver a soie. « II est assez robuste , ecrivait-il , pour ne point p6rir, m^me enseveli sous la neige. v ., ^ — 628 — core ete dit sur la possibilite de devider leurs cocons de ma- niere h en obtenir de la sole grege, et non de la simple bourre de soie cardee. Aujourd'hui il est reconnu par les experiences que j'ai faites le premier chez M. Alcan , et par les travaux que M. Cor- nalia, naturaliste distingue de Milan, que les fils qui abou- tissent i I'ouverture que I'insecte se menage k Tun des bouts de son cocon ne sontpas coupes, comme le pensent M. Hardy d'Alger et quelques autres. Mes essais de filature et les ob- servations publiees par M. Gornalia ont demontre qu'i cette ouverture le brin est simplement replie sur lui-meme, qu'il demeure continu, qu'il est susceptible de se developper si Ton ' cherche an mode de devidage autre que celui qui est employe pour les cocons fermes, Une pareille recherche m'est impossible actuellement , par- ceque je n'ai ni le temps ni les moyens d'action necessaires pour Tentreprendre avec des chances de succes. Cependant je crois que tot ou tard quelqu'un, plus favorise , obtiendra les moyens qui me manquent, et r^ussira. J'en ai d'autant plus la conviction que je trouve dans un excellent travail de M, Dus- seigneur sur la Physiologic du cocon et du fil de soie qu'il ne regarde pas le d6vidage des cocons du Ver a soie ordinaire laisses ouverts h Tun des bouts, par suite d'un etat maladif des Chenilles, comme une chose impossible. En effet, apres avoir decrit cette defectuosite du cocon ouvert, il dit (p. 30) : « Du reste , comme Touverture ne comporte pas la rupture de la bave, on peut les devider d'un bout k I'autre moyennant certaines precautions, comme on arrive k depouiller sans de- chet anormal les faibles de pointe. » Pourquoi ne traiterait-on pas les cocons du Ver k soie du Ricin comme ces cocons ouverts? II faut esperer que M. Dus- seigneur voudra bien quelque jour essayer de devider aussi, moyennant certaine» vrecautions, ces cocons ouverts du Ri- cin, dont on pourrait avoir facilement cinq k six recoltes par an dans le midi de la France et de I'ltalie , en Espagne , en Portugal , en Algerie , en Egypte et dans nos colonies d'Afri - - 629 — que et d'Am^rique , et qu'il feru connaitre ses proc(5des, ce qui rendra un veritable service k i'agriculture et k I'industrie. Dans la seance de la Socidte imperiale et centrale d'agri- culture du 21 novembre, j'ai eu la satisfaction d'apprendre k mes savants confreres que mon voeu avail ete non seulement accueilli , mais rnSme prevenu. En effet, M. Dusseigneur m'ayant fait une visite dans la matinee, et informe par moi de I'appel que je faisais k son devoHment pour essayer de di- vider les cocons du Ricin, me r6pondit qu'il n'avait pas attendu cet appel , qu'il ignorait encore, et qu'ayant eu la m6me id6e que moi, il venait d'obtenir de I'exposition de I'Alg^rie un cer- tain nombre de ces cocons pour les soumettre a des essais sui- vant les procedes par lesquels il obtientle devidage complet des • cocons ordinaires, dits cocons ouverls. Entre les mains d'un praticien aussi Eminent comme fileur, qui est en meme temps tr6s vers6 dans les sciences , cette question ne pent que faire de rapides progrfes. Ce qu'il y a de remarquable, c'est 1'^- trange coincidence qui vient d'avoir lieu entre I'idee que j'ai 6mise le 14 etqu'a eue presqu'en m6me temps M. Dusseigneur le 20, sans que nous nous soyons doutes que nous songions tous deux k cette importante question. Enfm, le lendemain, au Jardin-des-Plantes, oil je me rends souvent pour y suivre I'education faite dans le but de conser- ver I'espfece, M. Vallee m'a montre que nos Vers k sole du Ri- cin , k qui il ne cesse d'offrir des v6g6taux divers pour con- naitre leur aptitude k se nourrir de plantes autres que le Pal- ma-Christi , mangeaient parfaitement les feuilles du Chou or- dinaire, ce qui permettra peut-6tre de les aliraenter pendant tout I'hiver, m^me dans le cas oil le Ricin viendrait k manquer. Depuis la publication de mon Memoire sur le Vcr a soie du CMne et son introduction en Etirope {Revue et Mag. de zoologie, IS""" ann6e, 1855, p. 292, pi. 6), j'ai obtenu plusieurs individus males de m3i Saturnia Bauhinioe., 6clos — 630 — de cocons du Senegal qui avaient ete envoyes h la Society imperiale d'acclimatation par M. Barthelemy-Lapommeraye , directeur du Musee d'histoire naturelle de Marseille. L'etude de ces individus vivants m'a demontre que cette espece differs suffisamment de celle que M. Wertwood a decrite, sans la comparer k rien (^Proceed of the zoolog. soc. 4849, p. 40, pi. 8, f. 3) sous le nom de Saturnia Mythimnia, et que j'a- vais d'abord cru devoir lui reunir comme synonyme. Entre le mSle de la Sat. Mythimnia figure par M. Westwood et la femelle de Sat. Bauhinice que j'ai representee dans mon Ico- nographie du regne animal de Cuvier (Insectes, pi. 86, f. 4), il n'y a que des differences que Ton pouvait attribuer a celles *qui existent souvent entre un mAle et une femelle; mais, lors- que Ton compare la figure du male de la S: Mythimnia aux mdlesde la S Bauhinice^ Ton reconnait quece sont bien deux espfeces distinctes, quoique tres voisines. EXPLICATION DE LA PLANCHE 2. Fig. 1 . Papillon du Ver a soie du nord de la Chine, Bombyx (Salurnia) Pernyi Guer.-Men. , ayant pour signalement ou caracleres specifiques essentiels : Alis patulis falcalis, omnino ioslaceo-fulvis, cosla anticarum griseo-fusca, omnibus Ocello roliindalo, Vilreo, iride intus albo-slrigato , nigro-cincto , pone medium striga transversa recia , fusco-rosea exlus albida ocello valde approximata. Fig. 1 a. Cocon de cette espece fixe contre une feuille de Chene a feuilles de Chataignier, et entoure de sa bourre. Fig. 2. Papillon du Ver a soie Tussah de I'lnde, Bombyx {Saturnia) Mylitta Fabr., Paphia Lin., qui se distingue du precedent parceque la grande sUie blanche des quatre ailes est plus arquee, parallele aleur bord externe, et qu'elle en est plus rapprochee, ce qui la fait passer loin de I'oeil, surtout aux ailes inferieures. Fig. 2 a. Cocon de cette espece , tres different de celui de I'espece du nord de la Chine, en ce qu'il est lisse et depourvu de la bourre qui recou- vre Tautre, et parceque son pedicule est tres epais, raide,et non aplati en ruban, comme dans celui du B. Pernyi. Ces Papillons forment deux especes tres voisines ou deux varietes tres distinctes. De bonnes observations faites dans les pays qu'ils habitent, par des naturalistes tres speciaux, pourront seules nous fixer a ce sujet. — 631 — 11. EXTRAITS DES PROC£S-VERBAUX OES STANCES OE LA SOCI^TL STANCE DO 21 D^CBMBRE 1855. Pr^sidence de M. Grofkrov Saint-Hilaire. M. le President proclame les noras des membres nouvelle- ment admis par le Conseil. 1° Membres admis le 16 novembre : MM. BoissifiRE, proprietaire , h Audenge (Gironde). BoNHOMME (Jules), k Milhau (Aveyron). BoTTON (Charles), negociant, mombre du tribunal de com- merce et de la chambre d'agriculture , it Marennes (Gha- rente-Inferieure). DouiLLAUD, proprietaire, k Audenge (Gironde). DuFOUKNEL, ancien depute, ii Gray (Haute-Saone). Duval (Jules), ancien colon en Alg^ric , k Paris. Graux, cultivateur k la ferme de Mauchamp, pr6s Bery-au- Bac (Aisne). HERvfi DE Lavaur (Lc docteur), k Paris. La Motte (A. de), proprietaire, pr6s Liffr6 (Ille-et-Vilaine). MoLY (Edouard de), secretaire de la Soci6te d'agriculture de la Haute-Garonne , k Toulouse. Terson-Paleville (Le docteur Isidore) , k Revel (Haute-Ga- ronne). 2" Membres admis les 14 et 21 decembre : MM. BoiGUES (fimile), proprietaire k Brain, par Nevers (Ni6vre). BouFFARD (Charles de), k Labarthe, par Puylaurens (Tarn). BuRGAT (Charles de), proprietaire k Dracy-le-Fort, pr6s Givry- sur-Orbyse (Sa6ne-el-Loire). Clet (fimile), proprietaire au Berard, pr6s Voyron (Is6re), et k Paris. Cumenge (fidouard), ingenieur des mines, k Paris. — 632 — Daurier (Le baron) , directeur de la ferme et des bergeries imperiales de Rambouillet (Seine-et-Oise). Delpuech de Lom£;de, proprietaire k Saint Andre, pres le Vigan (Gard). DERBfis (Alphonse) , professeur d'histo.ire naturelle a la Fa- culte des sciences de Marseille (Bouches-du-Rhone). GiRARD, veterinaire en chef de la garde municipale de Paris. HoMBREs FiRMAs (Le baron d'), membre correspondant de rinstitut, k Alais (Gard). JoNQuifiRES (Le comte Henri de), k Paris. Lacaille (Le docteur Louis -Philippe), k Rio-de-Janeiro (Bresil). Luce (Timothee), proprietaire, k Paris. MiTivifi (Albert), a Paris. MoLiNOS (Paul), proprietaire, k Paris. OuNous (Leo d'), proprietaire, a Saverdun (Ariege). Pelouze (Eugene), k Paris. Revenaz (Alexis), administrateur de la Compagnie imperiale de navigation de la Mediterranee , k Paris. Revenaz (Gustave), administrateur de la Compagnie imperiale de navigation de la Mediterranee , a Paris. RiSLER (Eugene), k Paris. SfiNECLAusE (Adrien), horticulteur, k Bourg-Argental (Loire). Taunay (Le major), proprietaire a Tijuka, pres de Rio-de- Janeiro (Bresil). Theillier-Desjardins, proprietaire et banquier k Saint-Quen- tin (Aisne). — Sur la proposition de M. le President, faite au nom du bureau, et conformement aux dispositions de Tarticle 3 du Reglement constitutif, la Societe admet, k Tunanimite , au nombre de ses membres honoraires, M. William Mac-Arthur, ancien membre du Corps legislatif de I'Australie, et son com- missaire general pres FExposition universelle. — On lit des lettres de S. E. le Ministre de la guerre, jointes k renvoi decinq exemplaires du Catalogue raisonnede I'expo- — 633 — sition permanente de I'Algerie, et d'un nouvel exemplaire du Tableau de la situaiiun des Etablissements franqais dans cette colonie^ afferent aux ann6es 1852-34. M. le mar6chal Vail- lant ()UR l'annee 1855 MM. Is. GEOFFHOY SAIMT-HlIiAl RE, DE L'INSTITCT, PRESIDENT DE LA SOCIETE ; 1.0 Conite D'EPREHESWIIi, secretaire general; UUMERIL (.%UgUSte), SECRETAIRE DES SEANCES; UVPIili (E.), SECRETAIRE POUR L^IKTERIEUR ; GKEIIIX-MENEWlLIiE , SECRETAIRE DU CONSEIL ; Lc Uaron l>E MOMTGAVDRY, secretaire pour l'exterieur; JACQDEMART (Frederic), hembre du comseil; I*A.*$SY (Antuinc), vice-president, membre du conseil; DE QIJATREFAGES, DE l^institut, membre du conseil; RICHARD (du Cantal), vice-president, mehbre du conseil; ■jC Barou SEGCIER, de l'institut, membre du conseil; Lo Marquis DE (BEI.YE, membre du conseil; E.e Comtc DE SI^'ETY, mehbre du conseil; JACQVES YAIiSERRES, MEMBRE DU CONSEIL. lie Bulletin est envoy e gratuitement a tpus les membres. jLes personnes qui ne font pas partie de la Societe imperiale zoologique d'acclimatation peuvent souscrire au Bulletin. Prix de I'abonnement annuel : Paris 12 fr. Departements 14 Prix de chaque volume 12 — POUR LES NOUVEAUX MEMBRES. 9 fi86!) — Paris , imprimcric (lUiraudet et Jouaiist , rue Saint-Honor* , o58. n- J^J>-*' -S> "T* > >'> ^-^^^ >,v. «^ -^s '-*m —'^^ ^""IBfli l^ri ^^ ^ ^-^ ^--^S '*5^--L^ S3^^Bi^&^ fc^ ^T'^MBE^ % ^ » -^K^M! '^*>.V'-"'^|| im ^\