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BULLETIN

^_C<.^C^'^

DE LA

SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

TOME PREMIER.

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PARISH

SE TROUVE AU SECRETARIAT DE lA SOClfiTfi,

RUE TARANHE, »<*. 12, 1822.

D E L' 1 M i>a\ i^Tif ]t i\ IE 'ir ^: ) 1-: i\ at ,

IMPRIMKIR 1»E 1,A SOCIETE, UUl". DU CADRAN, N". 1 6.

BULLETIN

l)E La

SOGIfiTfi DE GEOGRAPHIE.

KUMERO PRE5IIER.

Jl LUSIEURS personnes , jalouses de coiilribuer par leurs efforts reunis aux progres de la geograpliie , s'assemblerent le ig juillet 1821 , ct rcsolurent de crcer une Sucietc de Geographies Cinq d'entre elles furent chargees de presenter la redacSion d'un regie- nient. Le i". octobrc, les fondaleurs de la Societe se reunirent de nouveau dans une seance generale provisoire, et entendirenf la leciure du rcglcnienl propose. L'assenibiee adopta ce reglcraent, sauf une nouvelle redaction a laquelle hull IVleinbrcsdc I'Assemblee fluent charges de cooperer. La reunion dccida que le reglemcnt. revu par cette Commission, aurait deJinitivement force de loi. Cette Commission ayanl termine son travail, elle le fit connatlre le y novembre suivant avec la cirrulaire ci-jointc :

Pai-is , ce 7 Kcn-emhre iSai*

ONSIEUR ,

« II s'esl formi? un grand nombre de Societcs dcstinccs a acce- lerer les progres dcj Sciences el a propager ccrlairtes parlies de*

connaissauces humaines ; mais jusqu'lcl il n'a cxisle aucinie asso- ciation qui eilt pour unique but la connaiasance du globe que nous habitons, qui ait voulu appeler les homnies eclaires de toules ks nations a concourir , par leurs travaux el leurs richesses , an per- fectionnement dcs Sciences geograpliiques si intlmement liccs a I'avancement dc toutcs les autres Sciences, aux progrcs de la ci- vilisation , a raneantissement de toules les haincs et de loutes les rivalitcs natioaales, et a I'amelioration des destinees de I'espece huniaiue.

» Tels sont les motifs qui ont dirlge les Fondateurs dc la Societd de Geographic.

» Dans I'article 4- du Reglement arrelc par celte Societe , a sa secondc seance , il est dit : Les Etrangers sont admis aux merries tilres que les Regnicoles,

« ] 'article 3 du meme Picglcment porte que les peisonnes qui se sont declar-ees Souscripteurs jusqu'a la nomination de la Commission centrale , forment la Societe de Geographic.

» Tous ceux qui vculent concourir au but que se propose la Societe , qui veulent participer a ses travaux, et qui parlagent les esperances qu'elle a conCjUes dans le zele et les lumieres dcs Hommes eclaires de toule I'Europe , sont prcvcnus que la Societe se reunira le i5 deccnibre prochain, a huit heures du soir, dans une des salles de THotel-de-^ iilc , pour se consliluer definilive- ment, en nommant, aux termes de son Reglement, son Bureau et sa Commission centrale.

» Ceux qui, d'Icl a cettc cpoque, deslrent faire partie de la So- ciety, doivent verser , avant le lo dudit mois de decembre, la sommc de 36 francs , monlant de la cotisalion annuclle, eritre les mains dc M. Cuapellier, notaire, rue de laTixeranderic, n". i3; il leur sera dellvre unc quittance avec laquclle ils devront se pre- senter le jour de TAssemijlee, aiin d'etre inscrils sur la liste dcs Mcrabres dc la Societe qui doivent procedcr ans ce jour daux

3

uoiTiinalions. II sera dellvr^ , ce jour-li , a lous les Membres pre- sens, un exemplaire imprime dii Reglement, el la Lisle Impriraee des Souscripleurs. »

Signes Barbie Du BocAGE , Fourier,

JOMARD, LaKGLES, LliTRON^E,

Malte-brun, Rossel, Walckenaer,

VVV«WWtA'VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVMA/VVVVVV\iVVVVVVVVVVVVVVV\VVVtA/VVVVVVVtA/VVV%

REGLEMENT.

TITRE PREMIER.

Objet des travaux de la Societe.

Art. I. l^A Socle'te est inslituee pour concourir aux pro- gres de la Geographie ; elle fait entreprendre des Voyages dans les contrees inconnues ; elle propose et decerne des prIx ; etablit une correspondance avec les Socleles savantes , les Voyageurs et les Geographes ; publle des relations inedites ainsi que des ouvrages, et fait graver des cartes.

TITRE II.

Composilion de la Society,

Art. 2. La Societe choisll dans son sein une Commission centrale.

Art. 3. Les personnes qui se sont declarees Souscripteurs ,

jusqu'a la nomlnalioii dc la Commission centrale , forment la Socictc (Ic Geographic.

Art. [y. Les Etrangers sont admis aux memes litres que les Regnlcoles.

Art. 5. Pour elre admIs , par la suite , dans la Soclete , il faudra elre presenle par deux 31embres , el re^^ni par la Commission cenlrale.

Art. G. Chaque Membre de la Societe souscril pour une contribulion annuelle de 36 francs au moins par annee , et donne en outre =5 francs, une fois pa) es , lors de la remise du Diplume. II est cense s'elre retire s'il n'a pas renouvele sa souscription a I'epoque de la derniere Assembiee gcnerale de cbaque annee ; neanmoins il peul elre admis de nouveau dans la Societe, en suivant les formes prcscriles par Tarllcle 5.

Art. 7. La Socldle tient ses seances a Paris ; elle se reiuiit deux fois par an , en Assembiee generale , au mois de mars et au mois de iiovembre. Dans la premiere seance , elle nomme son Bureau, et procede a ses aulres elections ; ses prix sont decernes, el les nouveaux sujets de prix sont proposes. Dans la deuxieme seance , il est rendu comple de Teniploi des fonds ; on dislribue les comples rendus el la notice des travaux de ia Societe.

Art. 8. Le bureau est compose d'un Pr(?sident, de deux Vice-Presidents , d'un Secretaire cl de deux Scrulaleurs.

Art. g. Le President, les deux Vice-Presidents et le Secre- taire sont elus pour un an, par scrutin individuel, a la majorite absoluc , et ne peuTcnt elre reelus dans les memes fonclions , qu'apres une annee d'inlervalle.

Art. lO. Les deux Scrulaleurs sont elus pour un an, a la majorit*^ relative, el ne peuvenl elre reelus dans les memes fonc- lions qu'apres une annee d'inlervalle.

Aur. II. La Societe nomme, par scrutin indjviduel, a la

majorile absoluc , un Tresorlcr cl un Archivislc-CIhliolliecau e. lis reslent en fonclions pcrnlaiil cinq ans , el peuvcul clre renins. II esl ensuile procede a rclecllon ties Mcmbrcs do la Commission ccnlrale.

TIT RE III.

Commission ccnlrale.

Art. 12. La Comnilssion centrale esl cliargee de loute radmlnislralion ; elle agil au noni de la Sociele.

Art. 1 3. Cctle Commission est composec de lren(e-six Membres. Dans cc nombre sonl comprls le Tresorici- et I'Ar- chiviste-Bibliolhccaire,

Art. 14.. Lcs Membres de la Commission centrale sont nommes pour cinq ans ct pcuvent ^tre reelus.

Art. i5. La premiere nomination et le renouvcUement lolal de ladile Commission s'opcrera par scrutin de lisle et par tiers. La nominalion aux places vacantes sc fera par scrulin individuel.

Art. 16. La Commission centrale elil, dans son scin , un President, deux Vice-Presidenis, et un Secretaire-Cieneral.

Art. 17. Le President est clu pour un au a la majorile absoluc , et nc peut etre reelu dans les memes fonctions qu'apres une annec d'intervalle.

Art. 18 Les deux Vice-Presidents et le Secrelaire-General sont elus pour un an, par scrulin individuel , a la majorite absolue et peuvenl elre reelus.

Art. ig. La Commission centrale s'assemble au moins deux fois par mo Is.

Art. 20. La Commission ccnlrale se divise en Irois Sections, dont les Membres sonl cbolsis, chaque annee, au scrulin, a la majorile absolue, et peuvent clre reelus; ces trois Seclions sont :

6

1" La Seclion de Corrcspondance ; 2" La Seclion de Publicalion ; 3" La Seclion de Complabilite.

Art. 21. La Seclion de Corrcspondance est coniposce de douze Membres. Celte Section est chargee d'entretenir Ics rela- tions avec les Societes savanles, les Yoyageurs el les Geographes des pays etrangers; elle re^oit les ouvrages , tant imprlnics que nianuscrits, qui sont envoyes a la Socicle ; elle en rend comple a la Coniinission , el Iransmet ensulte les ouvrages iniprimes a rx\rchIvisle-Eibliolbecaire , et les ouvrages manuscrils a la Section de Publicalion.

Art. 22. La Seclion de Publicalion est coniposce de douze Wembres. Celle Seclion s'occupe de tout ce qui concerne I'im- pression des ouvrages inedlts , des relations de voyages, et de la gravure des cartes ; elle donne a la Commission mie connaissance delaillee des ouvrages adresses a la Societe , et designefceux qui lui paraissent devoir elre publics en tout ou en partie. Sur son rapport, la Commission fail, parmi les ouvrages, le choix de ceux qu'elle crolt devoir livrer a Timpression ou a la gravure.

Art. 23. La Section de Complabilite est coniposce de six Membres. Celle Section esl chargcc de survelller la rentree des fonds , et de verifier les depenses ; elle fait operer le versement de toules les sommes a percevoir au profit de la Societe , ordon- nance toules les depenses que scs travaux exigent, etrend, a la Commission cenlrale , un comple annuel de sa geslion.

Art. 24.. Bans les premieres seances de chaque annee , la Commission determine les sujels de prix qui seront proposes, et s'occupe du jugcment des Mcmoires qui auront ete envoyes au concours. Les siij(;ls dc prIx el le jugcment de la Commission nc seront reiidus publics qu'apres avoir cle communiques a I'As- semblee gencrale.

Art. 25, La Commission se fait rendre complc de I'elal de la Caisse de la Sociele par le Tr(^sorier , et de celui de la Biblio- iheque par I'Archiviste- Bibliothecaire , toutes les fols qu'clle le juge convenable ; ellc nomme dans son sein deux MemLres qui lie font point parlie de la Section de Coniplabilile, pour verifier les comptes.

Art. 26. La Commission centralo rend comple a I'Assemble'e gencrale de la situation dans laquelle se trouve la Socictc, de I'^tat de sa correspondance, du progres de scs difforents travaux, et die I'emploi de ses fonds.

Art. 27. lia Commission centrale fait connaitre aux AssCm- blees generales quels sont les Membrcs que la Societe a perdus , et ccux qu'elle a acquis , et elle invite la Societe a nommer aux places vacantes dans la Commission centrale , pour I'espace de temps qui reste a parcourir jusqu'au renouvellement quinquennal.

Art. 28. La Commission centrale convoque une Assemble'e generate extraordinaire des Membres de la Societe , lorsqu'elle ]fi juge convenable.

TITRE IV.

Dispositions generales.

Art. 2g. Tous les Blembres de la Society peuvent assister aux assemblies de la Commission centrale , et ils y ont voix consultative, lis jouissent exciusivement de la Bibliothcque et des collections que forinera la Societe.

Art. 3o. Peuvent concourir pour les prix tous les Membres de la Societe, excepte ceux de la Commission ccnirale , ou ceux qui en auront fait partie a I'epoque ou les sujets de prix auront ete proposes.

Art. 3i, Les Commercans et les Navigateurs , Membres de la Societe, qui voudront ailier des recherches geographiques a

8

leurs entreprlses parllculieres, et recevoir des instructions de la Commission ccntrale , iiarlicipcront de prcL-rcnce aux encou- ragcniens que dislribuc la Sociclo.

Art. 32. Les MeniLrcs auront la faculte d'exposer , dans un local apparlenant a la Societc, les objets curicux qu'ils auront rapportes de leurs voyages , ainsi que les ecrits et les cartes qu'ils auront rediges. lis jouironl egalemenl de la faculte de falrc cir- culer , avec la correspondance de la Socictc , et d'apres I'autori- 5a(ion de la Commission centrale , I'annoncc de leurs li-avaux-

Fait et arrete a Paris , le 2 Novembre 1821.

Signes,7jxViBii. Du Cocage , Fourieh,

JOMARD , LaNGLES , LeTRGNNE ,

Malte-Eruis , RossEL , Waickenaer.

Les personnes qui s'etaient fait inscrire sur le registre des sous- criptions, se reunirent en asscmblce gcncrale , le i5 decembre 1821, a rHotel-de-\ ille,pour conslituer dcfinilivemenlla Sociote, . en nommant aux fonclions creees par le reglcment qui avail ^le adopte dans les Assemblees preliminaires.

M. Barbie du Bocage , President de la Commission provi- soire , ouvrit la seance par le discours suivant :

a Messieurs,

» Toutes les personnes qui sont ici pr^sentes, connaissent le lut de la Societe qu'il est question d'organiser aujourd'hui. La science de la geographic est entree dans I'objet de leurs etudes ; joutcs en reconnaissent rulilile et I'avanlagc , niais touies n'en connaissent pcut-etre pas egalcment Telcnduc. Lice a loulcs les

sciences , la geographle sert , pour alnsl dire , d'inlroduclion a chacune d'elles , et prepare Ics voles pour les etudler avcc fruit. C'esl un veslibule dont plus de cenl porles communiquent a toutes les branches des connaissances humaines.

» Cette science a deja fait des progres immenses, mais il lul resle encore beaucoup a acquerir. Elle ne peut augmenter son domaine que par une direction eclairee , par une protection cons- tante , et par les encouragemens dont elle sera redevable a voire zele genereux. C'est-la , Messieurs, ce que vous etes appeles a elablir. La Societe que vous formez doit etre le point central d'ou partiront les instructions qui seront donnees aux voyageurs , aux marlns et aux negocians ; elle correspondra avec eux et Icur don- nera , aulant qu'il sera en elle, les moyens de profiler de leurs voyages ; elle les guidera en quelque fagon comme la colonne de feu conduisait les Israelites dans Ic desert ; elle leur indiqucra le chemin qu'ils auront a tenir , et leur signalera les dangers qu'ils auront a eviter. La Societe , a son tour , profitera de leurs decou- vcrles ; elle sera inslruile de leurs courses, les annoncera au monde savant , en fcra connaitre les resultats utiles, et pourra se feliciter d'avoir agrandi , par ses solns , le cercle de nos connais- sances.

» Volla , Messieurs , quel est le but que se propose d'atteindre la Societe dont vous etes les fondateurs.

« Pour y parvenir , elle n'a pas craint de se former sur un plan d'une grande etendue. Elle a appcle les savans de toutes les na- tions a en faire partie. Elle a pense qu'elle ne pouvait reunir trop de luinieres , et son objet lui a paru trop vaste pour etre le partage d'une seule nation.

» Cette Societe renferme done des savans dans lous les genres , des homines eclaires de tous les pays , dont les gouls el les tra- vaux lendent tous a Taccroissement des connaissances geographi- qucs. G'est parmi ces hommcs inslruils que vous devez faire le

lO

. choix dc voire bureau et de la commission centralc cliargee de tout le travail do la Sorietd. Ce choix, Messieurs , est tres-impor- tant , car c'est de lui que depend la manl^re dont Ics travaux seront diriges , et celle de les conduire a leur fin. \ous devcz y metlre beaucoup de scrupule ; hcureuscmenl Ics elemens ne vous man- quenl pas ; souvent les talens sont joints aux plus hautes dignltes. "Vous nc risquerez point de les employer lorsqu'ils peuvent elre utiles au hut que se propose la Societe. \ ous avez a choisir parmi des aslronomes , des voyageurs eclalres qui ont parcouru des con- trees lointaines , des marius experimentes qui ont affronte lous les dangers de la mer , des generaux qui ont fait la guerre, des Inge- nicurs instruits , des geographcs liahiles , des nalurdisles , des savans dans les langues ; I'administraleur lul-meme , le politique a fait entrer la geographic dans ses etudes , et souvent le magistral s'en est servl pour comparer les loix des differens peuples. C'est ^galement avec son sccours que reconomiste a ctudie les prodults des differentes contrees , et que le negociant a su transporter dans son pays des productions elrangeres , et y former des etahlisse- menS de commerce envies des autres nations. »

On proceda ensuite, au scrulin secret, a la nomination des Offi- cicrs de la Societe et des Memhres de la Commission centralc : le resultat de ce scrulin fut :

Bureau de VAssemhlee generale.

President: M. le Marquis DE LAPLACE , Pair de

France , elc.

M. le Coip.tc DE ROSILY-MESROS, Vice-

jr. n ■] I Aniiral, elc.

yice-Fresidens . ./ '

M. le Vicomie DE CHATEAUBRIAMD, Pair de France , elc.

Secraaire-General. M. Ic Comle DE PAST(3RET ( Amedee ) ,

Commissaire au Sceau.

II

Scniiateurs

|M. lo Eaion Be^jjamin DELESSERT. i Ai. le Karon TERNAUX.

COMMISSION CE5TRALE.

Tresotier M. Chapellier, Notaire, rue de la

Tixeranderie, n". i3.

Archmste-Bibliothecaire. M. Chapollion-Figeac , Corrcspon-

dant de riiislltut.

Membres , dans lordre de la nomination :

MM.

Latst.les, Membre de I'lnslitul, elc.

Ba^RUIE du Bccage, idem.

Jaubekt (Amedee), Mailre des Reqiieles, etc.

Hericart de Thury ( le Vicomlc) , Inspect.-general des Car-

rieres de Paris, elc. LETRO^'N£, Membre de rinstilut, elc. JoMARD, idem. Walckenaer , idem, Secretaire-general de la Prefecture de la

Seine , etc. De Rossel, idem, directeur -adjoint du depot dc la Marine. DeFreycinet (Louis), capiiaine de vaisseau, elc. Malte-Brun. Eyries.

Lapie, cbef d'escadron au corps des ingenieurs-geographes. DeN3>' ( le baron ) , membre de I'lnstilut , elc. Humboldt (le baron Alexandre de ) , idem. GuiLi-EMiNCT ( le comte ), lieutenant general, directeur general

du Depot de la guerre , elc. Girard, membre de I'lnsiilut, elc. Beautems-Beaupre , idem.

12

CoQUEBEUT DE MoNTBRET ( le baroii ) , iiieiiibre tic IMuslIlul.

JAC.oT^^', colonel au corps dcs Inf;enleui-s-ge<)grai»lics.

AVarden , anclen consul-general des Elals-Unis.

Roux, chef de division au niinisleredcs Affaires-Elrangercs.

Puissant, chef d'cscadron au corps dcs ingcnieurs-geographes.

Castellan, memhre de I'lnslitul.

CiiAMPOLLlON le jeune.

CuviER (le baron ) conselllcr-d'Elat , memhre dc I'lnslilul , etc.

CiRBiED, professeur a I'Ecole-royaledeslangues orienlales.

Tromelix ( le baron ) marcchal-de-camp.

Bajot , chef de bureau au ministere de la marine.

CliATEAUGiROM ( le marquis dc ) , memhre du conseil- general du

deparlemcnt de la Seine. Pastoret( le comte de ), mailre des requeles , etc. Verneur , chef de bureau a la Prefeclure de la Seine. Ferussac ( le baron de), chef d'cscadron au corps royal de I'Elal-

Major. Barbie du Eocage ( Alexandre ). Vauvilliers, secrelaire-gcneral du minislere de la marine.

DES MEr>IBRES FO^DATEURS DE LA SOCIETE,

Proclamec a la Seance generate du i5 decembre 1821.

MM.

AcY ( Edouard Cadcau d' ) , rue Poulllcr ( ile Saint-Louis ) ,

u". 7. AcuiLLON , aToulon ^Var \ AiLLY ( le baron d') , rue de Bourgognc , n". 32.

i3 MM.

Allard, mairedc Saint-Manfle , a Saint-Mandc.

Andreossy ( le conile ) , lieutenant-general , rue dc la Ville-l'E- veque , n". 34-

Bailleul , avocat , me des Martyrs , n" 33.

Bajot , chef de bureau au Miulstere de la Marine , redacteur des Annales Marilimes ; rue du Faubourg-Saint-Honore , n°. 12 5.

JjALBI ( Adrien ), professeur de stalistique el de geographic, rue du Golombier, n". ig.

Barbfe du Bocage( J.-D.) , membre de I'lnslllut, doyen de la

JFaculle des Letlres de I'Academie de Paris , rue des Pe-

lils-Augustins , n". 24- Barbie du Bocage (J.-G. ), du Minislere des Affaires Etran-

geres, rue des Pelits-Augustins, n°. 24- Barbie du Bocage ( Alex. ), rue des Pelits-Augustins, n". 34. Barnet ( Charles ) , rue des Brodeurs , n". 5. Barriers, chefde division a la prefecture du departement de

la Seine , rue de Conde, n". 20.

Beautemps-Beaupre , membre de I'lnslilut , rue PUniversite , n". 1 3.

Beauveau ( le prince Edmond de ) , rue de la Chaussee-d'Anlin y iv\ 2g.

Bei.lart , membre de la Chambre des De'pules , procureur-gene- ral , rue de Ver.dome , n". i3.

Berard, maitre des requetes , rue du Hclder , n". i5.

Bekard du Pitiion , horamc de lettres, rue du Faubourg-Pois- sonniere , n". io3,

Berthollet ( le comle ), pair de France , membre de I'lnslilut,

rue d'Enfer ,n'\ 18. BtANCHi , adjoint -secrefaire-Interprete du Roi pour les langues

Orientales , rue du Colcmbier, n". 3o. BocHER , officier de I'ordre royal de la Legion-d'Honncur , rue

Grange-Batelierc , n". 36. BoissY (le comte Octave (de ), rue d'Anjou-Saint-Konorc, n". 32.

,4

MM.

BoiTNARD (de) , ingenieur en chef au corps royal des IMInes, qual Mataquais , n". 19.

Bo^SE ( Ic chevalier ) , colonel au Corps-royal des inge'nleurs- goographcs-niiiitaircs , rue de TOdcon, n'\ 8.

BoNKELiER ( Hyppollle ) , rue Sahit-Louis , au inarais, n°. 47.

BoRDiiT , insliluteur , houiine dc lellrcs , a Semur , ( Cole-d'Or).

BoREL DE Bretizel , memhre de la Chambre des deputes ,

conseiiler a la Cour de cassation , rue da Pelit-Bour-

bon-Saint-Sulpice, n". 7.

BoTTiN, redacteur de TAlmanach du Commerce , rue J. -J. Rous- seau , n". 20.

BouRBOtno>-DE-SAiNT-EDME , receveur geaeral des Finances du deparlenient d'llle-et-Mlainc , a llcnnes.

BoT'E, docicur-medccin , rue de Grenelle-Saint-Honorc , n". 36.

BoULARD pere , anclen nolaire , rue des Pellls-Augustins, n". 21.

BoULl-EE, secretaire du coralle de I'iaterieur au Conseil-d'Elat ,

rue de Gailion , 17. BoA^^Dicu ( Edwards ) , rue d'Orleans , n"*. 5, pres le jardin du

Roi.

Brousseaud, colonel au corps-royal des ingenieurs-geographes mililaires, rue Saint-Andre-des-Arts , n". 10.

Brue, geographe, rue des M^ons-Sorhonne, n". g.

Cadet de Metz , homme de leltres ,.rue Saint-Louis , au Marais,

no. 44. CaYx , profcsseur au college royal dc Charlemagne , a I'Arsenal , ,

bibliolhcque de Mo>slEUU.

Capeixe ( le baron), conseiller-d''Etat , secretaire-general du rainistere de I'Intericur , rue de Grenelle-Saint-Gennain, holql du ministcrc.

Castella>' , membre de Tlnslitul , rue des Saints-Peres , n". .38.

CuABAt d-Latour (le baron) , membre et quesleur de la Chambre des deputes , au Palais-Bourbon.

Chabroi, DeVolvic ( le comle ) ,conseiller-n'clal , Frefel du de-

parlcmcnl de la Seine, membre de Tlnstitut , a rilolel-

de-ViUe.

i5

MM.

Champollion-Figeac , correspondant de rinstilnl , rue Maza- rine , u". 38.

Champoluo> le jeune, rue Mazarine, n". 28.

Chapellier, notaire, rue de laTixeranderle , 11". i3.

Chapsal, homme de lettres, rue de la Gerisaie , 11°. 5.

Chateaubriand (le vicomte de ) , pair de France, membre de I'lnslitut, rue Saint-Dominique-Saint-GeriBrtin, n". 27.

ChateaXtgiron ( le marquis de ) , membre du conseil-gcneral du

deparlemcnt de la Seine, rue Casliglione, n". 4.

Chaudoir ( le baron de) , rue Neuve-Sainl-Augustin , boVcl de Richelieu.

CiRBlED , professeur do langue armenienne a I'ecole royale des

Langues Orientales, rue de Grenelle, au Gros-Caillou ,

n». 19.

CoQUEBERT DE Mo>rrr.RET ( le baron ), membre de I'InslIlut , rue Saint-Doniinique-Sainl-Germain, n". 71.

Coraboeuf , chef d'escadron au corps royal des inge'nleurs-geo- graphesmilitaires , rue de \augirard , n». 54.-

CoTTlH , nolaire , rue Saint- Antoine , n". 3i.

CouRClER , rue des Bons-Enfans , n". g.

CousiNERY , anclen consul , correspondant de I'lnstitut, rue Cas- sette, n". i3.

CuviER (le baron) , conscilier d'Etat, membre du Conseil royal

de I'instruction publique et de I'lnstitut , au Jardin du

Roi. Daeberg (le due de) , pair de France , minlstre d'etat , rue d'An-

jou-Saint-Honore , n". 25. DA^'EMARCK (S. A. R. le Prince Chretien Frederic de ). Dechabrefy , rue Nolre-Dame-des-Victoircs , n°. ^o. Delaeorde ( le comte Alex. ) , membre de I'lnstitut, mailre des

requetes , rue d'Arlois, n". 28.

Delagonde (le baron) , adjoint au maire du Xi« arrondissement , rue de I'Universile , n". 10.

iC MM.

Delalive (Ic baron) , inlroductenr desambassadeurs , rue Neure- des-Mathnrlns , ii". 78. . .

Deixros, capilainc au Corps royal dcs ingenieurs-geographes militaircs , rue SaiuL-Claude , au niarais, u". 3.

Delessert ^le baron Benjainiii; , banquier, incmbre de la Cliauj- bre des Deputes , rue Coq-tieron , n". 3.

Del'or , ing^nieur-geographe , ci-devant au service de Prusse , rue Cusse-du-l\empart, passage Cendrier, n^. q.

De?!aix, chef de bataillon d'etat-major , rue I\euve-des-]ions- Enlans, n^. 1.

De>'0"n (le baron) , mcmbrc de Tlnstilut , quai Yollalre , i\'\ 5.

Di-SAi>" DE Sa.i:nx-Go3ER.t , adjoint au nialre du Vll'^. arrondis- seincnt , rue Saint-Avoye , n". 2G.

Di^MOUi.iNS, employe a radmlnislration des Douanes, a Bor- deaux iGironde).

Deyili.iers , ingenieur en chef des Ponts et Chaussccs , rue Saint- Dominique , n''. g4-

Dezcjz de l.v Roquette, redacteur au minislere des Affaires Etrangeres, rue du Tourniquct-Saint-Jean , n". 2.

DiDOT (Firmin), pere , imprimeur de I'lnslitut, rue Jacob, n". 2^,

Doudeauville (le due de) , pair de France , rue de Varen— nes, n". 33 (ou a I'Holel des Posies).

DrCROS, avocata la Cour royale, rue Cassette , n". 17.

DuFOUR (Hippolyte) , geographe , rue de I'Odeon , n". 28.

DuMOiST-DuiiviLLE, liciilcnant de vaisseau , rue Saint-Andre -dos- Arts , n». 38.

Duperrey , lieutenant de vaisseau , rue Neuve-de-Seine , n". 68.

EsQUiROL, docteur-medecin a la Salpetricrc, rue dc Buffon, 11". g.

EvERAT , imprimeur-libraire, rue du Cadran , n". 16.

EvMERY, libraire, rueMaxarine, n. 3o.

Eyries, homme de leltrcs, rue Bourbon-Villcncuve, n". ij~

Eyries, negociant au Havre ( Seinc-Inferieurc \

FtKWicK , ancicu consul dcs Elals-Unis, a BerJ^'aux.

»7 MM

FtaussAC (le baron de) , chef d'escadroa d'elat-major, rue de

rUniversite , n°. 34.. Feutrier (I'abbe) , vicaire-gcncral de la Grande-Auraonerie ,

rue Sainl-Honore , n". 33i. Fitz-James (le due de) , pair de France , premier genlilhomme

de la chambre de S. A. R. Monsieur, au pavilion I\larsan. Flury , conseiller-d'elat , chef de division au minislere des Affai- res Eirangeres , rue du Bac , n". 87. Fourier (le baron ) , membre de I'lnslitut , rue Pavce-Saint-

Andre-des-Arls , n". i5. Frazans (le chevalier de) , conseillcr a la cour royale, rue de

Grenelle-Saint-Germain , n". 126. Freyciinet (Louis de) , capllaine de vaisseau, rue de Vaugirard ,

n°. 72. Fromeist, rue duHelder, n", 21. FuKCHAL (le comic de) , rue de Joubert, n". 23.

Gail, membre de I'lnstilut, lecteur royal , au College de France,

place Cambrai. Gareau , avocal , rue du Faubourg-Poissonniere , n". 238. Garnier, avocat aux Conseiis du Roi et a la Cour de cassation ,

rue del'Eperon, n". 10. Gastebois , rue Servandoni, n". 17. ^

Gauttier (Pierre-Henri), capitaine de vaisseau, rue d'Argen—

teull , n". 29. Gay-LussaC, Membre de I'lnstilut, etc., k I'Arsenal. Gentil , direcleur de Tenregistrement , rue du Bouloy , n". 23. Gerard van Dertaolen , professeur de dessin , rue Gre-

nelat , n°. 2. Gide, pere, proprlelaire des nouvellcs Annales des Voyages, rue

Salnt-Marc-Feydeau , n°. 10. GiRARD, membre de I'lnslllut, rue des Quatre-FIIs, n".

au Marais.

a

iS MM.

GouKCUFF (de), banquier, directeur-gdndral des Assurances Ma-

ritlmes , rue de Provence , n°. ig. Glullhmi?«iot (le comte), lieulenant-gene'ral , direcleur-gdneral

du dJpot de la guerre , place du Louvre, n". 4-. GuYONNET DE Senac, docleur-medeclnoculistc, a Eellay (Gironde). Guys, vice-consul de France a Lataquic, chez M. Caccia ,

banquier , rue Neuve-des-Pelits-Champs , n". Go.

Hauterive (le comte d') , conseiller-d'elat , garde des archives au minlslere des affaires Etrangcres, membre de llnslilul, rue !Neuve-des-Capucines , n°. lo.

IIaxo (le baron), lieutenant-general du Genie, rue Sain t-Ho- nore , n°. ^o.{.

Hell ( de ) , capilaine de fregate , rue de Valois , hotel de Ver- sailles.

Hely d'Oissel (le baron), conselUer-d'e'tat , rue des Fosses- Sain t-Germain-l'AuxerroIs, n". ag.

Henry, colonel au corps royal des ingenleurs-gcographcs , place Sainl-Sulpice , n". lo.

Henry , a Salnt-Mande.

Hericart deThury (le vicomie , maitre des reqneles, nicnibre de la chambrc des Deputes, rue Pouiller, n". 7, ile Saint-Lu^uls,

Kericart-Ferrand de Tiiury (le vicomte ), rue Sainte-Calhe- rlne d'jEnfer , n°. i.

Herbin-Dehale, sous-chef de la premiere division , a Tadminis- Irallon des forels, rue Culture-Sainte-Callierine, n". 56.

HoTTlNGUEU , banquier , membre du conseil-general du Com- merce , rue du Sentier , n". 20.

IIuMBLOT-GoNTE , membre de la Chambre des I)cpules, rue de Grenelle -Saint-Germain , n". ^2.

nuMBOLDT (baron de) , membre de I'lnslilul , quai de I'E- cole , n". 26.

19

MM. InNSKi (le comte James) , gentilhomme de la chambre de S. M. I'cmpercur de Russie, niembre de plusieurs academies, boulevard Poissonniere , n". i^.

IsAMEERT . avocat anx Conseils du Ptoi eta la Cour de cassation , rue de Seine, n°. 3i.

Jacotin , colonel au corps royal des Ingenleurs-geographes ml- lilaires , membre de I'lnslllut d'Egypte,rue du Four- Saint-Gennaln , n". 4.4-

Jaubert (Amedee), professeur de langue lurque a I'ecole royale des laiigues orlenlalcs , etc., rue Lepelletier , n". i8.

Jehantsot , payeur principal des depenses des Minlsteres , rue Richer , n. 8.

Jomaud , mcnibre de I'lnslllut , rue de Grcnelle-Sainl-Ger- main, n". i5.

JuLLiEN (M. A.) , directeur de la Revue Encyclopedique , rue d'Enfer, n". i8.

Laiis'e , ministre-d'ctat , membre de la Chambre des De'putcs, rue Neuve-dcs-Petlts-Champs , a Fadmlnistratlon de la Loterie.

LaNGLES , membre de I'lnstltut , conservateur des manuscrils

orlenlaux a la bibliolhi'que du Rol , rue Neuve-des-

Pellts-Champs , a la bibliollieque.

LAPEYRiErxE (de) , recevcur-gencral des finances du departement de la Seine , rue du Faubourg-Salnl-Honore , n". 29.

Lapie, chef d'escadron au corps royal des Ingenleurs-geographes mllitaires , rue de FOdeon , n". 20.

Lapie, fils, Ingenleur-Geographe, rue de TOdcon, 20.

Laplace (le marquis de) , pair de France, membre de Tlnstllut , rue du Bac , n°. 100.

Large , professeur au college royal de Rourbon , rue Salnte- Groix , n". 5 , Chaussee-d'Anlln.

Lascases (le comte de) , a Passy , pres le chateau de la Mucttc.

Lascases (Emmanuel de), rue Salnt-Germala-des-Prcs ,^ n". 5.

30

MM.

Lebeau, avocat-general , meinbre du conseil-general du deparl&- ment de la Seine, rue du Cherche-midi, n". ig,

Lecousturier , I'aine , chef de bureau i la direclion gencrale des Posies, rue de Lancry , n°. i.

Lemaitre, officler du gonle , rue de la Tour-d'Auvcrgne, n", 28.

Leroy , anciczi consul-general , rue de Tournon , n°. 12,

Lesecq , anclen eleve de recoie Polylechnique, professeur de ma- llicmatiqucs, ruedes Juifs, n". iG.

Lesueur , ingenleur en chef du cadastre, mcmbre de la commis- sion royale de la nouvelle carle de France , rue du Ca- dran , n°. iG.

Lesur ( Charles-Louis ) , homme de leltres , rue Neuve-de- Luxeiubourg , n". i.

Letro^ne, membre de I'lnslilut, inspecleur-gcneral de Tuniversile

ruedes Marais-Sainl-Germain , n". 18.

Llorente , homme de lellres , rue Salnl-Honore , n", 4^7.

Maffioli , conselller riiferendaire a la cour dcs Comples, rue

Sainl-Pierre-Monlmarlre, n". II. Malte-brun, homme de lellres , rue Chrisline , n". I. Marcellus (le vicomte de) , secretaire d'ambassade , rue de Gre-

nelle-Saint-Gcniiain , n°. iG.

Marcescheau, vice-consul de France a Aria, rue du Ha- zard , n". i3.

Marcotte, receveur du premier arrondissement de Paris, rue du Faubourg-Poissoiinlere , n". 89.

Marcctte-d'Argenteuil , adminislraleur des forcls , rue du Fau-

bourg-Poissonnicre , n". 8q. Marcotte de Sainte-Marie, receveur des finances, rue du

faubourg Poissonniere , n°. 8j. Mauger, professeur de philosophic au college royal de Henri IV,

rue Saint- Germain-des-Prcs, n». Maurice (F.-G.) , a Geneve. Maurice (le baron) membre de I'lnstilut, rue dc Bourbon, n". 55.

ai

MM. Mege , docleur-medecio altache au prince de Talleyrand , rue

Salnt-Florenlin , n". 9. Michel (F.-P.) , graveur en topographic , rue de Sevres, n<». 2. MiCHU , docleur-medccin , rue du Roule , n". ii. MiEL, chef de divison a la Prefeclure de la Seine, rue de

rOdeon , n". 29. MoLLIEN , quai des Orfevres , n". 1 8. MoNGEOT , avocat , rue du Ponceau , n". 35. MoNTbRUN DES BASSAY^'s(de), chcvaller de I'ordre royal de la

Lcglon-d'Honneur , rue du Ilelder, n°. 11. MoREAU, negocianl, membre de la chamhre du Commerce, rue

Saint-Claude , n". 2 , au Marais. MoRiER (James) , rue du Monlabor , n". 9. MoRiN DE Sainte-Colombe, rue Pavee, au Marais, n". 3. ] MosBOURG (le comte de 1 , rue de Bcaune , n". 2. MouNlER (le baron) , pair de France , dirccleur-gencral de I'admi-

nlslrallon Deparlenienlalc ct de la Police.

MusEUX, honune de lol , auleur d'une carle de geographic, pas- sage Salnle-Croix de la Brelonnerie , n». i3.

PaSTORET (le marquis de) , pair de France, membre de I'lnsti-

tut , place Louis XV , n°. 6. Pastoret ( le comle de), commissaire au sceau, place Louis

XV , n«. 6.

Perre (Louis), negocianl, rue de Menars , n". 6.

PiCQUET pere (Charles) , gcographe, quai de Conti , n°. 17.

PiCQUET fils, geographe , quai de Conll , n°. 17.

PiLLE ( le comle ) , lieutenant-general , rue du Gherche-Midi , n. 17.

Plaisance ( le due Charles de), rue du Chemin du Rempart-Saint- Honorc, n". i.

Portal ( le baron ) , minislre secrelaire-d'Etat de la Marine et

des Colonies.

Portal, fils, rue de Bondy , n". aS.

MM.

PuiLLON BoBLAYE, lieutenant au Corps royal des Ingtinleurs gc'o-

graphes, rue de Tournon. PuisSAKT, chef d'escadron au corps royal des ingenieurs-geogra-

phes milltaires, rue Mazarine, n°. S2.

Rataud jeune , employe a radminislrallon des Douanes , quai de la Tournclle , n". 3i.

Rauzan ( le due de ' , rue de Varennes , n". 3i.

Rayneval ( de ) , conselller d'elal, sous-secretaire-d'etat au mi-

nislerc des Affaires Elrangeres , rue Neuve-des-Capu-

cincs , hole! du Minislcre. Regmier , juge au tribunal de premiere instance, place de TEs-

Irapade, n". i. Renaudieke ( de la ) , rue du Mouton , n". 5. Reiset , receveur general des Finances du dc'parlement de la

Seine Infericure , rue Lcpellelier , n". 4-- Richelieu ( le due de ) , president du Conseil des ministres , en

son hotel place Vendomc. RiPAUi.T, rucSaint-Severin^ de I'lnstitut d'Egypte, n°. 3o Rochefoucauld-liancourt ( le due de la ) , pair de France ,

rue Royale-Saint-Honore , n". 9. Roger , commandant et adminislrateur du Senegal , rue Neuve-

des-Rons-Enfans , ig. Rosily-Mesros ( le comte de ) , vice-amiral , directeur-general

du depot de la Marine, mcmbre de I'lnstitut , rue de TU-

niversite , n" 11.

RossEL (de), membre de I'lnslilut, directeur-adjoint du dep6t de la marine , rue de I'lJiiiversite , n". /fi.

RosciliLD, banquicr , rue d'Arlois , n°. g.

Roux , chef de division au ministere des Affaires Etrangeres , rue du Regard , n*. i.

Saldanita de Gama (le comic de) , a Saint-Mandc, prcs Vin- cenncs , n*. 55.

a3

MM.

Saulty ( de ), regent de la banque de France, rcceveur-gdneral

des Finances du deparlemenl de Seine et Oise, rue des

Moullns , n". ig ( butte Saint-Roch ). ScHONEN ( le baron de ), conseiller a la Cour Royale , rue des

Francs-Bourgeois , n". 26 , au Marais. SenoniSiES ( le vicomtc de ), secretaire-general du ministere de la

IMaison du Roi , rue de Grenellc-Saint-Germain , hotel

du ministere. Servois (Fabbe), grand- vicaire du diocese de Gambray , h

Cambray ( Nord),

Sidney-Smith , amiral , rue du faubourg Saint-Honore, n". 35.

SiLVESTRE , lecteur du Pvoi , membre de i'lnslilut , rue de Seine , n". 12.

Smith (S. ) imprimeur, rue de Montmorency, n. 16.

Stael-Holst£I]S(, le baron de) rue de rUnivcrsite ,n''. 90.

Sorgo ( le comle de), rue Neuve desPetils-Champs , n°. 58.

SousTAiiNS ( de ) , receveur- general des finances du departement

de I'Eure , a Evreux ( Eure ). SouZA ( de ), Grande rue Verte , n". G. Sueur-Merlin, sous-chef de division , charge de la topographic

et de la statislique de Tadministration des Douanes , rue

de Rellefonds, n". 18. Symonet( Philippe-Laurent ) , ecuyer, maire de la commune de

Yillers-sous-Challilon, depute de la Marne, rue de Roche-

chouart , n". 38.

Tarbe de Vaijxclairs( le chevalier ) , maitre des requetes, ins- pecteur-general des Ponts et Ghaussees , rue de Hanovre, n". i5.

Tardieu (Ambroise), graveur-geographe, rue du Baltoir-Saint-

Andre , n°. 12.

Tardieu (Pierre) , graveur-geographe , place de I'Estrapade , n°, 34..

«4

MM. Tlrnaux ( le baron ), membre de la chambre de Ddputds , rue

du Pelil-Reposoir , n". 6. Te5S1ER, sous-chef de division au minislere des Affaires Elran-

gers, rue de la Paix , u". 26. Tromelit^ ( Ic baron ") , marechal-de-camp , rue Taranne, n". 104 TuPiNlER , dlrecleur dcs conslrucllons navales , sous-direcleur

des ports au mlimlere de la marine, hotel du Ministere.

Vauvilliers, secretaire general du ministere de la Marine et dcs

colonies hotel du minislere. Verkeur , redacleur du journal des Voyages, rue Saint-Honord,

raaison Biennais.

VlMJE ( le vicomie de ), pair de France , boulevard de la Magde- laine, n". 11.

Vivien, geographe, rue du Petit-Lion , n". 1.

Walckenaer , mailre des requetes , secrelaire-gendral de la Pre- fecture de la Seine , membre de Tlnstltut , rue du fau- bourg Polssonnicre, n". 87.

Warden, ancien consul des Etals-XJnIs d'Amerique , rue du Petit-Llon-Salnt-Sulplce , n". 12.

COMMISSION CENTRALE.

La Commission Centrale a tenu sa premiere seance prc'para- tolre, le 23 decenibre, el a nomme au scrulin individuel les Membres de son bureau , savoir :

President^ M. DE RossEL (rue de rUniversIle , n". ^6) ;

Vice-Presidents , M. W^ALCKENAER , M. LaNGLES';

Secretaire-general, M. IMalte-Erun (rue Christine, n". i ).

Les trois sections de la Commission ont cte compos^es ainsi qu'il suit ;

25

Correspohihncc, HM. BajOT, BakCIIi I)U UoCAGE (Alexandr*'), CiRBlED , E-VRIES , DE FeUCSSAC , GlKAED , GuiLLEMINOT ,

iSuMiiOLm', Jaui;eut, Trgmelin, VE^^'EUR , Warden;

PiibUrution , MM. Barbie du Bocage pere , Beautems- Beaupre, Castellais , CiiAMPOLLiON Ic jeune, CuviER, Deison ,

FrE\C1NET, JaCG'MN, LaVIE, PaSTORET, TulSSATST, Boux ;

Complahillid ^ TllM. DE ClI ATE AU G l RON , CoQlJEbERT T)E MoivrEKET, JoMARU, IIeRICART dc TllUIlY , LeTRONNE , ^ AUVILEILRS.

Deiixierne Seance preparatoire , du 5 Jan.'icr.

La Sijciete d' Encouragement ^ par TorgaTie <3e son President, ?ii. Ic Con:le Chaptal, accordc a la Commission Cer.ir;;!e 1\ sage {>ro^ isolse d'un local.

M le PrcsidenI lii un iliscours sur les mesures necessaires pour organiser Ids travaux de la Commission.

«

M. Waeckeinaer , vice-president , fail connailre une lellre de M. le baron Uelesser r , t-.onlenanl Toffre d'un prix de Goo Tr. , pour ua sujel qiii , conforniemenl au rcglement, sera communi- que a I'Asseniblce gcnerale du niois dc mars.

M. CilAF'ELLlEU, Iresorier , fail connailre refal des fonds.

La Commission dclib^ie sur la premiere proposition de M. le President, savoir : de nommer unq Commission chargce de rediger nn reglement pour ses seances particulieres. Apres diverses oLser- vations de MM. WalckEisaer, Jomard ct Barbie Du bocage , !a Commission decide que le President el le Secrelaire-general sont charges de recuelllir les elemens d'un reglemeul , el d'en presenter la redacliou en Icinps ronvenable.

la Commission deiiLcre f'W \i choix dcs jouis oil doivcnt so

26

tenir ses s(^ances puhliques. Elle decide qu'elle s'assemhlera deux fois par mois ; savoir : le i". et Ic 3«. vcndredi du mois , sauf les niodificalions que pourrait rendre necessaires la coincidence dcs vendredis avec les jours dc felc. Les seances s'ouvriront a 7 lieures et demie. Celle d'aujourdhul complera pour la premiere du mois de Janvier.

Douze membrcs nouvcaux sent pr^sentes et admis, savoir : MM. Byerley , homme de lettres ; Doazan , proprietaire ; Du- PRE, consul; Fulchiroj* , proprietaire; Le Pere, ancien di- recteur des ponls et chaussees d'Egypte ; TaLbe TSxcolle, reclcur del'Academie de Paris; Perceval, proprietaire; Rey , capi- taine de navire a Bordeaux ; Rousseau, consul-general a Bag- dad ; TotXOLZAN, homme de letlres; le comte de Villeiseuve, prefet des Boiiches-du-P»h6ne ; et Willaumez, vice-amiral.

Tableau des Seances de la Commission Centrale pour I'anne'c i^'ii.

Janvier

5,

samcdi.

i8,

vendredi

Fevrier

I,

idem.

_

i5,

idem.

Mars

i5,

4,

idem, idem. jeudi.

Avril

»!)'

vcndredi.

Mai

:^

idem.

'7'

idem.

Juin

7'

idem.

2 1 , idem.

•Juillet 5, vendredi.

ig, idem.

AoiU 2 , idem.

16, idem.

Septcnibre 6 , idem.

20, idem.

(Ictobrc 4, idem.

—■ 18, idem.

TSovenibre 8, idem.

22, idem ."

Decembre 6, idem.

■•m., . 20 , idem.

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BULLETIN

DE LA

SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMEKO DEUX.

' II II . II - -■- -i-i i-.i . I ,^

SEANCES DE LA COMMISSION CENTRALE,

Du r^jarwicr 1822;

jEs Sections ORt nomme leurs Bureaux , savoir : la Secliorj (Ic Correspondance , M. le Baron DE Humboldt, President; M. EvRiES, Vice-President; M. Alex. Barbie du Bocage, Secre'taire : la Section de Publication , M. Ic Baron Cuvier , President ; M. le Chevalier Barbie du Bocage , Vice-Pre- sident; M. Champollion le jeune , Secre'taire : la Section de Coiiiptabilitc, M. Ic Baron Coquebert de Moisbret , Prdsidcnt ; M. Vauvilliers, Vice-President; M. le \icomle Hericart de Thury, Secretaire.

La Section de Comptabillfe a communique un Projct de Regie- meat sur ses Rapports avec la Commission,

La Commission vole , a Funanimile, une lellrc de remcrcJmcrit a M. le Baion Benjamin Delessert. ( Voyczci-aprh^ Donj- mens. )

3.

28

M. le Clicvallcr I;APIF. lit uno proposilion relative au mode tie publication <les Memoires de la Socirtc.

Cettc proposition esl renvoyoe a ia Section dc Publication. ( Voyez ci-apres , Decumeiis. )

Conference du 25 janvicr.

Lcs Sections s'ctant reunies , chacunc pour ses travaux partlcii- llcrs , se soQl ensuilc formics en Commission ccnlralc pour dcllbc- rer sur divers bbjels d'Admlnislrallon.

II a etc arrele entrc autrcs choscs ,

« Que la Commission cenlralc adopte , commc regie gi-ndrale , i) de nc pas prononccr dc jugemcnt dctaille sur des ouvragcs pu- » blies en France , ct qui lul scralent presenlcs. »

Seance du i^.fevrier.

M. Rouxfait, au nom dc la Section de Publication , un rap- port sur la proposition dc M. L\pie, relative au mode de publi- cation des Memoires de la Soclotd. 11 conclul a rajournemciu provlsoire de cellc proposition , altendu qu'il u'cst pas encore possible de decider si la Socicte publlera des Memoires. Ccltc conclusion est adopte'e. ( Voyez ci-aprcs , Documens. )

Plusleurs Membres de la Soclete qui assistenla la seance de la Coni- ntission demandcnt que la Socicte public un Journal Geographiqw.

M- Lx^'OLES, Vice-President, rappellc le i" article du I\dgle- ment, par lequel II est constant que la publication d'un Journal esl absolument elrangcre au but qu'on s'cst propose. ( P'oycz ri~ oprks, Documens. )

Le Pr<5sldenl Invite les Membres asslslans <i redigcr par ecrit leur proposilion , et a la deposer sur le bureau , afin qu'ellc soil d;scutec i la Seance procbainc.

=9 Sur la proposition tle'_M. le Genera! Tuomelin', ct de M. le Saron tit; Ferxjssac, la Commission arrele, commemcsuregcncrale, que hr, propositions des Memhres assistans doivent toujours ctre redi- gL'cs par ecrit et deposees sur le Bureau , pour etre discutees dans ia seaAce qui sulvra celle ou elles auront ete deposees

Seance du iSfe\>n'er.

M. le Laron de Ferussac presente un rapport de la section de conespondance sur diverses mesures adminislralives qui lui ont parupropres a organiser les communications exterieures. II pro- pose premierement de former diverses listes de personnes avec lesquelles la Societe doit entrer en correspondance ; savoir :

» V^ Liste des savans et des amis des sciences.

Cette liste dolt Itre augmentee des noms de tous les cirangei'S dont U Societe desii-e faire des protecteuis a la science.

» 2^ Liste des Societes savantes dc tous les pays;

« 3^ Liste des Societe's bibliques.

« 4* Liste des directions des missions dans les deux Indcs.

>) 5 Liste des princlpales maisons de commerce, nationales ou elrangeres.

» 6"= Liste des etaHIssemens de commerce des divers ^tats , co- lonies, marches, comptoirs, et etabilssemens mllltaires servant k ks proteger.

« 7" Liste des gouverneurs et commandans pour le Txoi dans nos diverses colonies.

» 8= Liste des ports de France ct de Te'tranger.

» 9" Lisle des consuls de France a Tetranger.

» 1 0^ Lisle des ambassadeurs ct charges d'aftaircs dc France a I'et ranger.

3o

j> II* Llstc dcs joumaus scientifiqucs.'

» 12"^ Lisle Acs principaux joumaus quotidicns de chaquc cJrar.

Cclte proposition est approuvce, el la Section dc Corregpou- dance est invitee i la mcllre a execution.

Les membres de la Sociclc sont invites k fournir des rcnscignc»- mens pour ces listes.

M. Ic rapporteur propose I'cnvoi dc disputations i diverscs autoritds. Adoptc en principc. Lc bureau est charge dc I'cxecution CD temps convcnablc.

M. le rapporteur indiquc I'utilltd qu'il y auralt i noinmer dcu\ connnissions spcciales pour examiner qucUes seraient les contrets ou Ton pourrait envoyer des voyageurs avec le plus dc succes ; quels seraient les frais dc leurs voyages; quclles seraient les per- sonnes , dans nos colonies , qu'on pourrait charger de faire dcs observations ; quels encouragemens on pourrait accorder a des voyageurs etrangers a la Sociclc, surtout en inslrumcns, etc. , etc.

Toutes ces propositions sont adoptees en principc.

M. lc rapporteur propose enfin la publication pcriodiquc d'un Bulletin dc Correspondance , servant de moyen dc communication ct de publicitc cnlrc tous les Membres de la Socictc. ( Yoyez lc Bulletm III. )

Quelques membres font observer qu'un bulletin pcriodiquc en- Irainerait des frais- superdus, el qu'il n'y aurait pas toujours nc- cessitcnl mcme convenancca publier toutes les dcliberalions,

D'aulres membres rcpondcnl que , d'aprcs le rejet fonnel de la proposition d'un Journal, la Commission saiua sans doutc rcduire 4e Uullclin h cc qu'il est strictemcnl utile ou ndccssairc de publloi".

La Commission adoptc en principc la proposition d'un Hulletihy

3i

et invite la Section dc Corrcspontlance k i»r^sentcr un plan dclaillc d'cudculion. ( Voyez Ic liulletin n" III. )

M. Malte-Brun lit les dcveloppemcns dc la proposition sui- vaatc :

« La Commission ccnlrale fcra redlger et publier une Instruct »*feon Genet ale sur les lacunes actiielles de la Geogixiphis etles moyens » de les rcmpUr, en distinguant parllculiorcmcnt celies qui pcuvcnt » (5tre remplies par des voyages peu dispcndicux , dc celies qui » peuvcnt I'ctre par des Iravaux scdcnlaircs, ct en faisant suivrc » celle inslruction <\\m(i Serie de (^ues/ioiis , taiif gcnei-ales t/ue par- » tlruUeres , relafbes a toutes les branches de la Geographie y el sur « Icsquellcs la Commission appcUcra Tallenlion speclale , soil de J) ceux qui voudront lui presenter des ouvragcs inedits, soil de * ceux qui voudront indiqucr des sujcls dc prix.

» La redaction dccelte instruction est confiee a un comIt(5 spd- « cial dc cinq mcmbrcs.

»> Tous les memltres de la Soci»5ld sont invilds h adresser h ce 3> comilc, les notes et les questions qu'ils crolronl propres k cnlrer X dans ce travail ; celies qui y seront admises porleront ic nom » de leur auteur.

» Cclte mcsure sera disculee , et , s'il y a lieu, organisce dans, w la seance gdnerale dcla Commission Cenlralc, qui suivra immc- » diatcmenl I'assemble'e gdnerale du mois de mars (/{, avrll ). »

La proposition est adoptee en principc,

M. le president invite la Section dc Publication h presenter uo rapport sur les prix qui doivcnt clre mis au concours dans I'assem- Mec gcncrale annuelle du 22 mars. Les nuimbrcs de la Societe sent invitds h coramuniquer a cetle Section Icurs propositions h ce sujct.

32

Seance du i" mars.

La Commission adopte le projet d'mie convention par laquclle ]a Socletede la Morale Chretienne sous-loue ^ la Societe dc Geographie, pour la sommc de C5o fr. par an, le local qu'cUc occupe rue Ta- ranne, n" i2.

Ellenomme M. Noikot son agent general, et fixe son traitcment annuel.

M. Barbie du Bocage, pere, aunom de la Section de PuLlica- lion , presente un rapport sur dix sujets de prix, qui ont paru i la section devoir etrc pris en consideration.

II fait, aunom de la meme section, un rapport sur I'inslru- ment presente par M. Brlce , et appclc Planisphere L'rano- §eo-% ■graphlque.

Seance parttculicre du 8 Tnars»

La Commission, reunle en comlle general, delibcre sur les prix h proposer dans I'assemLIee generate du 22 Mars.

iilie arrete que le montant du prix qu'elle offrira, pour le con =■ conrs de 1828, sera de 1200 fr. , ct qu'elle proposera en nieme terns un prix de la meme somme pour le concours de 1824.

Elle choisit les deux sujets de prix. (Yoyez cl-apres \& Pro- gramme. )

Deux comlles speclaus sont charges de la j-edacllon du pro- gramme.

Vu la n^cessil^ des conferences particulicVcs pour celtc redac- lion , la S(5ance publiciuc du i5 mars est reunie i TasscmLlee ge- ndrale du 22.

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Assemblee geiierale du 22 mars^ tenue k i'Hotel-de-Yille.

M. Ic marquis de Laplace, president , occupe Ic fauleuIL

M. le comte de Pastoret, secretaire, donne lecture d'un Jpeiju lies tra\?aux de la Commission cerdrale, prescnte par cette commis- sion.

Le m^me mcmbre lit le Programme des concours de iSaB ct dc 1824.

M. Alex. Barbie du Bocage lit, pour M. Malte-Bri;n , un M moire sur les hahitalio s primiiii'rs de I'Hommc , considerees sous les rapports de la ge'ographie naturelle. ,

M. PiOUX lit un Discours sur Vetal de la Ceographie dans le moyen age.

Liste des Menibrcs nouvelkmcnt admis dans la

Socle'te.

Seance du 18 Janvier.

MM. Bellocy-Fcuguieres (de), colonel.

Bouvard , Membrc de I'lnstitut.

Callet, archileclc.

Cahnon , depute , et administratcur du Domaiue.

Choris ( Louis ) , peinlrc et voyageiir.

Coclielel i, Charles), ancien payeur-gcn(^ral.

Dosmarcst , professeur de zoologic a i'Ecoie vclerinaira d'Alforl.

Dczauches , liydrogiaphc dc la Marine.

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Houbigant ( Armand ), homnic dc Iciircs.

Lalnd, ndgoclant,

Le comte dc Laplace , genlilhomme He la cliamLre du Rol , lleulcnant-colonel dans la garde royale.

Kell dc Breaute , astronomc k la Chapelle, pres Dieppe.

iNeufllize (le haron de), inembre du conscil - general des manufactures.

Nicollet , aslronome a I'Observatoire royal.

Orloff(le comle) , scnaleurde Russle.

Perlusier , major du regiment d'arllllcrie a cbeval de la garde-royale.

Pouillet, professeur dc pbysiquc;

Saint - Amans (de), chef d'escadron des landers de la garde-royale.

Saint-Cyr Nii!;ues, marechal- de-camp;

Selves fils, lilhographc de i'Unlvcrsile.

Seance du i" fe\.'ricr,

MM. AmarD.M.

Lc comic dc France .VHoudctot. Lc comle de Raffetot. Lc baron de Saint-Gervais. Sirebeau Cls.

Seance du 1 5 fe\.<ricr.

jMM. Bois-MIIon, professeur au college royal dc Charlemagne Le contre-amiral IJaron Duperrey. Girqucl des Touches, ancien capilaine de vaisscau.

Seance du i" mars',

MM. Charle , <lessinateur-g(?ographe , aulcur d'unc Carte tie la France par divisions mililaires.

Durcau dc la Malle, membre dc I'lnstitut.

Euslache, ingenieur en chef dcs ponts-ct-chaussdes du deparleinent de la Seine.

Pinel (Henri-Emmanuel) , anclen professcur d'histolre.

Texeyra d'Aragao , ancien magistral porlugais.

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LIVUES OFFERTS A LA SOCIETE DE GfiOGRAPIIIE.

Seance du iZ janoier 1822.

M. Bottin fait hommage a la Society d'ua exemplaire de son Almanack du Commerce pour I'an 1822.

Au Bureau de I'Abiianach du Commerce, rue J--J. Rousseau, n". 30.

Seance du 1'^^ JeWier.

M. le baron de Femssac fait hommage de son Plan sommaire d'un Traite de Geographic ct de Statistlque , 182 1 .

Chez Anselin et Pochaid, libraircs , rue Daupliine, n". g.

M. BricCf de son Tableau de la longueur du Pied ancien ct mo- derrie, ou autre mesure longitudinale qui en licntlieu chez les prin- cipaies nations etdans les principales vllles de I'Europc.

Chez i'Autcur , rue du Temple , n". 38.

Seance du i^femer.

M. IVillaumez fait hommage a la Soci^td dc son DicUonnaire de Marine, 1820, un vol. ia-S".

Piix, IhocIr , 9 fr. ; chez Bachclicr, libraire, quai dcs Auguslins , iv. 55.

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M. MoU'icn , de !a 2"= ediliou de son Voyage en Afrlque , 2 vol.

in-8", 1823.

Irix, 1-2 fr. , chc'Z Arihus Bcrlraad , librairc , rue Ilaute-reuille , n°.23.

Seance du i" mars. \

Tkl. Bajot fail hominagc d'une collccllon complete dcses^«na/c5 mariti'mes et coloniales.

Prix, 20 fr. , pour i.i cali'iiTS. Au Minlslere <le la Marine.

M. Balbi ^ d'un cxemplalrc de ses Varietcs polilico-statisiKjues sur la Monarchic purtugatse,

Frix, Slr.ClRZ Key et Gravier, libraircs , qiiai dcs Auguslins , n°. 55.

MM. Eyries et Malte-Brun , des caliiers Janvier et fcvrier 1822, dcs Annates des Voyages, de I'llistuire el dcia Gcograpftie.

Prix, pour I'annce , coinposce tic 12 caliiers, avec carles geo^ra- pliiques, 3o ir. el 36 fr. par la postc. Chca Gidc, rue Salnl-^lart-iey- <leau, 11". 20.

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^,^j^^^,,^,^^,(l,^,V»WV*»'V*WV%V**%VVVVfc*%/VVl/V*VVl*\*(VWV»/lrlA/^^ WV«AUrVVW«

DOCUMENS.

LcUre ^de la Commission Ccntrale , h M. !e Baron Benjamin Delessert ( Seance du i8 Janvier. )

Monsieur le Bauon ,

La Commission centrale , dans sa sdance Sa 5 Janvier dernier , a pris connaissance de roffrc gcncrcusc que vous avez faite a la Societe de Gcographie , pour I'etablissement d'un prix dc Coo fr.

La Commission , au nom dc la Sociele , vous a vote des remcr cimens solonnels pour celte preuve de Lienveillance cnvers noire Association , qui est , en mcmc-lemps , une preuve nouvcl'e de voire paUiolisme dclaire.

Sign^ DE RosSEt , President.

Malte-BRUN, Secretaire.

aMt/tMwtwvtnamngkfmn/*

Proposition dc M, le Chevalier Lapie , siir le mode de publication des Memoircs dc la Societe de Geographie. ( Seance du i8 janvicr. )

La publication des Mcmoires, au noui dc la Societe de Geo- graphic , paraituue des mesures les plus urgcnles ; c'est par la (jue la Societ<i raanifcslera i'espril doirt cile est aninu'c , qu'elle prou-

3S

vera i TEiirope quelle masse «1e laml(^rcs est rcimie dans son scin , ct quels sonl ses droits pour donncr une dirccllon aux cntrcprises fi(5of;raphIqucs. Los voyages lointains sont un objcl dc nos cspe- rances; mais les Mdmoires sont des garanlics que nous pouvons innhediatcment offrlr au public, impatient ue nous juger.

Les Memolres, devant se vendre au profit de la Sociele , ne cofileront au fond aucun sacrifice. Les frals de rimpresslon ne scront que des avances blenlot recouvrdcs.

La publication des I\IemoIres est en mcme temps une des mc- eures les plus faciles a organiser. Beaucoup dc Mcmbrcs ont on porle-fcuille des travaux incdits proprcs a avancer la science ; il suffirail dc Ics invller a en donncr communication a la Section de PiiLlicallon , pour qu'cUc y fit un choix.

* Mais, afin que les delib(5ralIons , sur ce cboix , ne sc pcrdent pas dans le vague, il est a dcslrer qu'on fixe quelques principes , ct voici ccux que j'ai riionncur de vous proposer ;

Les Ouvragcs , Relations, IMemoIrcs et Notices que la Commission aura jugos digncs d'«*-tre publics, parailronl rcuiiis dans des volumes in-.^", a des cpoques iudelermint'es , mais aulant que possible d'anniie en anncc. lis porlcront pour litre :

Recueil (TOui'ragcs publics par la Sociele de Geograpltie.

Les Carles seront publlocs en forme d'Atlas.

Tous les Mdmoires couronncs font partie du Recueil.

II ne sera admis, dans cc recueil, aucun morccau qui nc prd- scnlc un nccroisscmcnt rcmarquablc des connaissanccs geogra- jj'aiiiues ou rc'claircissemcnt d'uoc question scientifiquc cl impor- t.inte.

Les Ouvrages ou Mcmoircs , rclalifs k I'lustoirc dc^ langucs

et h celle dcs nations, sous uu point tic vuc g<5og;'aphique , y pcuvcut efrc admi^.

Lcs traduclions d'ccrits gcographlqucs nc pcuvenl Ctrc admises qu'autaut qu'cUcs sent acconipagnccs de nolcs, dc cominent.iinv; scicntlfiqucs , de textes ou de cartes incdites. Toule Iraduciioa des langucs vivantcs de I'Euiope est exclue.

3" Afm d' assurer I'cxeculion stride dc Tarticle precedent ct la sc'verile du cholx , parllculicrement a I'egard des Memoircs , la Commission pourra, le cas echeant, apres avoir rccu Ic rapport dc la Section de Publication , renvoyer la decision definitive h un comitc d'exanien , compose d'un petit noniLre de Membres, elus dc manlcre que leurs noms nc soient pas connus , excepld du president qui lira Icur jugcment en seance publiquc. Si cc ju- gement est ncgatif, il sorlira son effet Imujediat ; s'il est appro- balif, la Commission pent le reviser.

Tout Memoire d'un Mcmbre de la Societc doit etrc presenle sans designation quclconque du nom de i'auteur. Ce nom peut Ctre cn- ferme dans un billet cachete annexe au manuscril.

4* Chaquc volume du Rccueil'conllendra une notice succincte sur les Iravaux dc la Societe , et sur lcs concours qu'ellc aura juges. La lisle dcs Membres s'y trouvcra annexee.

5" II sera delivre, a cliacun dcs IMembrcs dc la Soclcte, un cxcm- plaire dc chaquc volume du Pvccueil , a un prix inlerieur a cclui qui sera fixe pour le public.

6" Les IMembrcs de la Societd sont invites a conlribucr aux de- penscs dc la publication du Recueil d'Ouvrages , soil en se char- gcant des frais d'imprcssion des ecrits qu'ils auronl presenles, soit en faisant don de cuivres graves ou d'aulres malcriaux en Icur possession , soit en dessinant et en gravant lcs cartes jug(5es necessaires. Ces services , rcndus a la science , scront TuLjct dc mentions honorablcs dans le Rccucil.

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7<> Comme il pourr.i ^tre pr^scnle des ouvragcs <lont la nature spdclale exigerail unc puLlicalion a part, ou qui, sans avoir le genre tie mcrile rcquis dans Ic Rccucil, auraicnt ccpcndant des lllres a la proteclion do la Socliitc, il est cntendu que la Section de Publication ct la Coniniisslon Centrale se reservcnl la llLerld cnllcrc de prendre, a eel egard, loulcs Ics dispositions qui Icur pa- railront convenablcs.

L'auteurde CCS propositions, desirantdonncrun exemple, offre de coopiirer gratuitement a la redaction des Cartes Gcographiqucs dont la Commission aura ordonne la publication.

Rapport, fait a la Commission Centrale , au nom de la Section de Publi- cation, sur la proposition precedente, par M. Roux (Seance du i«'. fcvrier ).

Messieurs ,

Votre Section de Publication , chargce d'examiner les proposi-' tions qui vous ont ete presentees sur les publications qui pour- raient etre failes au nom de la Soci(^tc de Geographic, s'cst octu- pee de cetle question importantc. Scs premieres vues ont dte sou- mises a la Commission cnticre : une nouvelle discussion les a eclairecs et modiiiees ; c'est le resultat de cetle deliberation que j'ai riionneur de vous offrir.

Le but de la Societe de Geographic a die si posltlvcmenl ex- prime dans le premier article de son reglcment , que cettc dispo- sition a dA nous servir de guide , ct nous tracer le cercle de nos publications. « La Societe fait enlreprendrc des voyages , propose » et deccrne des prix, correspond avcc les Soclelrssavantes , les voyageurs el les Gdographcs, public des relations inedltes , ainsi

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J) qne iles ouvrages , et foil graver des cartes •>. Cct ordrc de tra- raiix , tel que le Rdglemenl le prcscrit , indlquo qne les voyar^rs, les concours, les corrcspondances sont ranges avant Icspublica- llons ; lis en sont la premiere source ; Us en prcparenl les dlcmens , et vous avez d'abord , Messieurs , a les rassembler.

Le louaLIe dcsir d'offrlr h la Soclete de Gcographie le tribut de leurs veillcs ct dc leur hommagc a pu faire penser a quelqucs- uns de ses Membres qu'il fallait s'empresser de jusllfier sa confiance par de prompt es publications ; ma is vous avez juge , Messieurs , qu'il valait mieux se defendre de I'impatlencc du zele , et laisser preparer au temps vos succcs. On nc vous demandcra point compfe de la celerite des travaux de la Commission , mais de leur impor- lance. Si les premieres publications se fontaltendrc et applaudir, on vous saura gre de la longueur du silence, el ce temolgnagc de respect envers le public sera pour lul un hommage de plus.

En adoplant ce systeme de reserve , tous almez toulefois h re- connailre que si la Societe de Geographic pouvait publier tous les Mcmoires interessans qui seraicnt adresses a la Commission Centrale, elle parviendrait ainsi a repandre sur I'ctude dont vous etes occupes, de nouvellcs lumieres. Mais il vou5 a paru, Messieurs , que ce n'etait pas un simple travail de cabinet qui vous ciait de- inande : vous avez reconnu que vos publications devaient plutl^t offrir des documcns nouveaux que des discussions , que vous vous ccarteriez dc votre but en admeltant la controverse , les hypo- theses , dont I'examen appartlent plus specialement a d'autrcs So- ciete's savantes ; qu'il fallait enfin ne pas absorber les sommcs destinees a I'avanccmcnt de la Geographic , par des frais de pu- hllcations nombreuses , que les savans apprdcicraient sans doule y mais qui vous interdiraient peut-etre des succcs plus imporlans.

Qu'un voyageur , encouragd par vous , aillc explorer des re- gions inconnues , que de grandes difficuUds vicnncnt accroJtrc les d(?penscs et les perils de son cntreprisc , c'csl pour lui que vos

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secours sonl d'abord T6scrxis. Scs instnimcns out 6\6 (li^truits, dcs hi igands I'ont dcpoiiill^ , il est c.iplU , on met a prix sa d^livrancc : hatcz-voiis de rcparcr scs pcrtcs ct de le sauver. Vous vous en se- riez ole Ics moycns en precipitant vos publications : reservez cct honnciir pour Ics relations qu'il se propose dc vous rcniellre a son relour. Yous lui devez la plus noble recompense de scs Iravaux , <lc ses dangers ^ des utiles observations qu'il aura faites pour agran- dir k vos yeux la terre hablttie, et assurer a la Geographic set, conquctes.

Cetlc juste preference accordee aux relations des voyageurs dont la Societe aura soulenu les entrcprises , n'empechcra pas qu'ellc ne puisse publier d'autres ouvrages incdils qui lui auront dte adrcsscs. L'arlicle 22 dc voire reglement charge la Commis- sion Centrale de choisir ceux qui pourront ctre imprimes ou gra- ves ; et lorsque les ressources de la Societe le lui permellront , ellc publiera les productions qui lui auront paru les plus propres a re- pandre des notions positives , ct k concourir au but que vous vous cles propose.

SI vous avcz a mettre des homes a vos publications ^ vous rcce- vrez ncanmolns avec reconnaissance tous les ecrits qui pourront jntercsser les progrcs de la Geographic. Yotrc intention , IMcs- sieurs , est d'en favoriser Tclude , dc la rcpandrc , dc la fairc aimer; la lecture d'une partie «ic ces ouvrages pourra jeter un nou- vel interet sur vos Seances : Ics autres seront rccuelllis avec sola dans vos archives ; Us pourront y elre ulilemenl consulles , el for- mer, avec le temps, un faisccau de lumleres, ou lous les Mcmbres de la Societe viendront s'eclairer. AinsI tous les envois qui vous seront faits auront leur ulilite , el les molns repandus dcvlcndront encore des sujets d'etude.

II avail ctd propose h la Commission ccnlralc dc n'accorder les honncurs dc la publication qu'a des Mcmoires scicnlifiques, ct 4 ties points de discussion qui pussent donuer aux connalssanccs

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gdographiques un accroissement rcmarquable. Mais vouclrlez- vous , Messieurs, garder le silence sur tousles documcns qui, sans avoir le meme degred'imporlance , auralentun caraclered'utlllle? Souvent un seul point a ete observe par un voyageur ; mais les remarques isolees se multiplient, on peut ensuite les Her entre elles : leur rapproclicment aide h determiner one longue suite de positions ; et ce qui n'avait pas ele reraarquabic dans son orlglne , peut le devenir par renchaiiiement des consequences et par les resullats.

Celle question, Messieurs, dolt encore eire conside'ree sous un autre point de vue ; et , pulsqu'il faut lei developpcr toute notre pensee , nous croyons que voire but ne serait pas completenient alteint , si vous borniez vos publications a des ouvrages ou la so- lldlle des connaissances ne ftit pas acconipagnee de cet interct qui iiait de leur varicle , de leur elendue, de Tattrait avec Icquel elles sont presentees. Cralgnons de n'offrir que les sommltes , je duals presque les arldltes de la science ; et si I'etude de la geograpbie doit ^tre encouragee , fellcitons-nous des occasions oh nous aurons a publier des ouvrages qui solent accessibles a tous les lecteurs, et qui pulssent tour-a-tour satisfaire les savans , et Interesser ceux qui cherchent a le devenir.

La terre que la Geograpbie nous apprend a decrire, peut , sans que la science en souffre , etre offcrte a nos regards dans toute sa parure. Le desir que nous avons de connaitre ses cllmats , ses degres , son partage avec la mer et tous les accidens de sa surface ne ferme point nos yeux sur la varltite el la pompe des tableaux qu'elle nous offrc. Je vols, autour du geometre qui la niesure, les plantes dont elle est couverle , les animaux qu'elle nourrit , les nations qui la fecondcnt ou la ravagent. Le point d'appul de vos observations est dans le del; inals le but auquel vous les rapportez est sur la lerre. Cbercbons a la connaiire sous lous ses principaux aspects ; I'etude de la Geographic en acquerra plus d'clendue, et ses notions , forlifiecs I'une par I'autre , pourronl lalsser dans Tcs-

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prit des traces plus profondes. iSe voir dans la tcrre que nous ha- bilons qu'unc sph(!!re dont on chcrcherait a deleriniucr Ics scclions differcnlcs , Ics depressions, Ics aspt'riles, cc serail la changer en deserl.

Ces observations , Messieurs, pourrontvous porter a croire que la Commission Centrale doillalsser aux auleurs des relations el des ouvrages inedits qui lui seront adressds, toutc la latitude neces- saire pour qu'Ils puissent y repandre le genre d'observations, au- quel la nature de Icur esprit et la pente de leurs eludes pcuvenl ies cntratner.

La Geographie fut souvent assoclee k d'aulres sciences , el nous aimons a la voir suivie d'un si noble cortdge. Le genie pent varier sa direction ct efcndre ses limites , sans perdre de vuc son but principal, ct il offre a tous Ies hommcs de grands sujels de medt- talion , soil lorsqu'il recompose la structure des animaux qui habi- talent I'ancien monde , et donl le temps et Ies revolutions du globe ont detrult Ies especes , soil quand il s'eleve sur Ies sommets du iiouveau monde pour en embrasser le magnlfique spectacle, soit lorsqu'il unit le systeme des mouvemens dc la terre a tout le meca- nlsme du del.

Des vues si etendues et de si hautes speculations ne peuvent signaler qu'un petit nomhre d' ouvrages; etvousaurez raremenl. Messieurs , I'esperance de voir paraitre des ccrils qui soicnt d'un ordre si eleve. Mais a la suite des decouvertes du genie se pre- sente la foule des verltes utiles ; et (el est I'avantage de la carriere des sciences , que le terme ou nos modeles se sont arretes , devlent pour leurs succcsseurs un nouveau point de depart , et que la lice oil lis entrent et I'horlzon qu'ils decouvrent s'etendcnl loujours devant eux.

Rendons graces a ces progres et a cette active emulation qui sc font remarqucr dans tous Ies pays civilises, et qui facililent au- jourd'hul sur taut dc points Ies recherchcs el Iqs d^veloppcmena

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<!e la gcographie. Les anciens n'avaient pasde tels avantages : nos inslrumens d'oplique et d'aslronomie leur manquaienl ; le monde se bornail pour eiix k une parlie de sa surface ; el ceJte region qui n'embrassa long-temps que les pays Laignes par la Meditcrranee et ceux qui s'clendaient vers rorient , ne coniprcnait qu'une zone de la lerre. C'est lii que les observations des anciens onl ele failes avec quelque certitude ; au-dela de ces contrees , leurs notions etaient plus conjecturalcs , et les relations qu'ils pouvalent en re- cevolr etaient incompletes et dcligurees par des fables.

On ne pouvait done alors determiner nl la forme de la terre , ni I'ctendue des mers ; les grands fleuves cacbaient leurs sources dans des solitudes mysterieuscs et impenetrablcs ; les glaces du nord, !es regions brdlanles du midi semblaient inhabilecs ; le monde s'ouvrait parfois aux conquerans ; mais les savans ne pouvaient pas encore Ic parcourir. II fallut atlendrc que les peuples eussent cnlre eux plus de communication , et surtout que la navigation put avoir plus de certitude et d'etendue. On ne parvlnt a mieux con- naitre la terre qu'en circulant autour d'ellc ; et les penibles voyages long-temps entrepris a travers les continens firent place a un systeme d'expcditions maritimes qui , venant a s'elendre de proche en procbe, donna des limiles precises a la terre . servit a determiner Ics distances, permit de dresser avec plus de perfection les carles qui guident aujourd'hui Ic voyageur, i'astronome , le navigateur.

Dos ce moment , Messieurs , les progres de la gcograpbic se sont lies aux enireprises et aux observations qui onl le plus lionore le courage et I'esprit des bommes. Ses conquetes ont ele souvent celles de la civilisation ; elles ont etendu , par de mutuels echanges , les lumieres des peuples , et une connaissance plus parfaite de la lerre a rapprocbe davantage tons ses habilans.

Si j'ai arretd un instant voire allenlion sur les obstacles que la Geographic eut autrefois *i surmonter ct sur les encoaragemcnsde lout genre qui lul sont offerls aujourd'hui, vous penscrez, Mes-

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sicurs , qu'une eilualion plus favorable nous impose des (devoirs plus grands. Vos publications doivent porter lemprcinte de voire siecle , el rdpondre dignemcnl h voire but. Tout vous fait pres- scnllr riniporlancc qu'elles peuvent avoir un jour : elles embrassent la tcrrc enliere : le contours est ouvert a tous Ics homines qui s'attachcnt i la connailrc ; et parloul ou la navigalion , le com- merce, Ics sciences nalurelles font desirer d'elcndrc les progn'-sde la Geographic , on doit s'inleresser et prendre pari a vos Iravaux.

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Obsen>aU'ons presentees par M. k Chevalier L ANGLES, vice-president, sur ia proposition de puhlier un Journal (^ seance du \" femer').

Le premier article du reglement indique les objels que la So- ciety s'est proposes : elle encouragera les voyages de decouverte, elle proposera des prix annuels , elle publiera des ouvrages utiles aux progrcs de la geographic.

C'est uniquement pour ces differens buts que la Commission peut assigner des fonds ; elle depasserait les limiles de ses pouvoirs en consacrant k I'entreprise incerlaine et inutile d'un journal g^o- graphique les sommcs qui sont confides h. son administration.

La redaction d'un journal ne saurait dire I'ouvragc d'une sociele inslituee pour encourager la geographic. D'abord il existe deja des journaux geographiques ; la Societe voudra-t-elle les decou- rager? Ce serait aller contra son but; ce ne peut etre dans ses intentions.

Un journal litteraire ou scientifique ne saurait exister que comme enlreprise particuliere. II lui faut des redaclcurs qui choisisscnt parmi les materiaux qu'on leur envoie , ct qui y ajoulent lenr propre travail. Pourrail-on se pcrmetlre d'imposcr h. la Com- missioa ou au bureau unc scmblable tachc .^ Pourrions-noas

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nous charger de la responsabillte qu'entratne la partie critique ," si essentleile i un journal ?

DIra-t-onquel'exislence d'un journal ile la Societd offrirait un en- couragement aux meniLres de lui commnniquer des mdmoires qu'ils n'aimeraient pas a voir ensevelis dans nos arclilves? Mais les recueils periodiqucs que publient des membres de celte Societe , entr'au- tres les Annalesdes Voyages de la Geograpliie et de VHistoire, offrent a tous les memolres d'unc dimension circonscrlte, un moyen de pu- blicity rapide, et qui ne coule rien a la Societe. Eeaucoup de membres de I'Institut et de notre societe y ont deja public des ar- ticles imporlans.

Lorsqu'un jour notre societe aura rcgu un certain nombre dc memoires dignes d'i^tre imprimes et trop (^tendus pour I'etre dans un recueil perlodique , elle trouvera sans doute convcnable de les publier, soitapart, soit dans un recueil seniblable a ceux des socletes savantes.

D'apres ces motifs , nous demandons qu'il soit decidd , en prin- cipe, que la Societe de Geographie ne publiera aucun recueil pe- rlodique de la nature des journaux sclenllfiques , sauf a examiner ullerieurement si elle adoptera un Bulletin des seances , ou elle pourra faire mention de ses correspondances et des objets qui lui auront ele communiques ou presenles.

( Cetle conclusion a ete adoptee a i'unanimite ).

tm/v%'ww\/w\.-\-\'w^mi\fv*

Proposition suv les moyens de donner unc direction methodiqite aux tra- vaux feographifjues en general , et a ceux de la Societe de Geographie en particulier , lu£ dam la Seance du xS fe^rier , par M. IMalte-Brun.

Messieurs ,

L'esprll d'associallon n'a de puissance qu'autant qu'il vs\ dirigo. par I'csprit de mclhodc. G'cst pour avoir mcconnu ce prIncipe

que les ncadtimics , les socicles d'cncouragcment , Ics r(5nnions <riK)ninicscn general ont souvcnt prodult mollis tie resullats utiles que rapparcil pompcux de cos inslllullons n'en scmblait pro- meltre.TantollcsSociet^sdefinissent mal Ic but qu'elles se propo- senl , soil en y coinprenant trop d'objels , soil en cxcluant des objets qui eii soul Inseparables ; tanlot , ayant bien defini le but , elles negligent le soin non moins important de classer methodique- inenl leurs mesures d'execulion , de jcler un coup-d'cEll general sur Ics besoins actuels de la science qu'elles veulenl culllver oucncou- rager, et de tracer, conformement a ces besoins, le plan reguller des travaux a entreprendre : faute de celte precaution, les societes se llvrent a des impulsions momentanecs, souvent imprudenles , values et fausses, ou , dans le cas le plus heureux , elles obelssent a des inspirations invlduclles qui peuvent produlre un bien parllcl , mals dont lesrcsultats, les plus brllians rncme, ne prcscnlent jamais un ensemble a-la-fols imposant el sollde,

ISous n'avons a cralndre que ce dernier ecucl! , et c'cst pour ' nous en detourner que j'al cu Tbonneur de vous.soumetlre la pro- position suivante :

<c La Commission centrale fera redlger et publier une Inslnic- » Hon grnerale sur les lacunes aciuelles de la Gcographie et les mo)'ens « ds les rcwplir ^ ea dlstinguanl parllculierement celles qui peu- » ventelre rempliespar des voyages pen dlspendleux, el celles qui » peuvent I'elre par des travaux sedenlaires, et en falsant suivre » cclle inslrucllon d'une iSeV/e Je Quealions tanl i^enerales que par- ti ticuUcres, relatwcs a toutes Ics branclies de la geographic, questions sur » lesquelles la Commission appelera railenlion speclale, soil de » ceux qui voudront lui presenter des ouvrages inddils , soil de » ceux qui voudront indiquer des sujels de prlx.

» La redaction de celte instruction est confiec k un comild spdcial » de cinq membres.

» Tous les membres de la Socleld sent invites k adresscr h ce

49 » comild les notes et les questions qu'ils croiront propres a entrer » dans ce travail ; ccllcs qui y seront admises , porteiont le nom >' de leurs auleurs.

» Celte mesure sera disculee , el , s'll y a lieu , organisce dans » la seance generale de la commission cenlrale qui suivra imnie- » diatemenl rasserabiee generale du mois de mars (4 avril). »

Messieurs,

Je reclame malnlenaut voire allcnlion la plus indulgcnle pour ies dcveloppemens de cede proposilion qui louche, jc Ic crois, aux intercls conservateurs de la Socitile.

Nous avons un Lut bien determine ; nous voulons accroitre la masse des connaissances positives sur ce globe que nous habitons el sur les peuples qui s'en partagent le domaine ; nousvoulons accclercr le Jour ou le genre humain aura acheve de connaiUe sa demeurc et de se conuailre lui-nieme.

Deux moyens doivent nous conduire vers ce noble but; I'un , c'est le courage des voyageurs que nous allons exciter, diriger et soutenir ; Taulre , c'est Ic savoir des ecrivains dons nous allons couronner les Menioircs ou publier les ouvragcs el les relations inediles.

Nous ne pouvons mieux organiser I'un et Tautre genre de Ira- vaux qu'cn tra(^ant una Instruction generale sur les besoins actueis de la science.

Les voyages dans les pays inconnus forment le premier objet de nos voeux, de nos esperances, de nos efforts. Nul doutc que nous ne puissions y alleindre ! Oui , que la commission presente seu- lement un projct bien combine et un voyageur capable de I'exe- cuter ! les secours puissans , les sacriliccs genereux ne nous man- queront point ; toulc la classe instruite de la Sociele s'intdrcsscra aux decouverlcs a faire ; Tamour-proprc m^me y somira , et chacun

So

voudra donncr son nom k une montagne , h une bale , h un point quelconque du globe.

Mais cet enthouslasme s'evaporerait rapidemcnt s'll n'dtait pas dirige par des vues sclenlifiques , par la prudence , par I'esprit de inelhode , si nous n'avlons pas soia de choisir cntre tant d'entrc- prises possibles cellcs qui sonl le plus en proportion avcc nos fa- cultiis, ccUcs qui promctlent avec le plus de cerlilude une exten- sion rcelle de la geographic et ccUes qui soul le moins cxposecs a CCS chances hasardcuses, si souvent funesles aux soclelcs naissan- tcs. Quelqucs excniples dclairciront notre pensee.

Les yeux du monde sonl fixes sur la grande expedition polaire du capilaine Parry ; quelle qu'en soit Tissue , elle aura meril^ I'admiralion et la reconnaissance des geographes. Mais noire siicle ingrat pourrait-Il oubller le voyage moins eclatant maisnon moins utile de I'inlrepide Mackenzie ? Presque scul, dansun frele canot, ce chasseur traverse deux fois rinnnense clendue de I'Amcrique seplentrlonale , il alicinl les rivagcs du grand Ocean , il alteint ceux d'une mer polaire, il decide que toule tentative pour Irouver un passage nord-ouest doit ^tre dirigee vers les latitudes plus elevees que le soixanle-neuvieme parallele. Combien ses moyens ctaient faibles en comparaison de ses decouverles ! Ne pouvons-nous pas aussi trouver quelque hardi chasseur canadlen qui, s'clan^ant au-de- la du fleuve Mackenzie , aiile ravir d'avance au capilaine Parry quelques-uns de ces lauriers qu'ils clierche a molssonncr au milieu des glaces elernelles ?

SI vous preferez des entreprlses d'une cerlilude presque absoluc, regardez celte vaste ti-rre de Labrador , siluee sous les memes lati- tudes que la Grande-Bretagne , et dont lout I'interieur presentc un vide parfail ! Faut-il done de si grands moyens pour envoyer un voyageur europcen a la Terre-Neuve d'ou il passcrait facile- ment a Tetablissement des freres Moraves h Nain , sur la cote Labrador y Que , parlant de ce point , il marche sculemcnt vers

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le soldi couchant , et chaque pas en avant lui vaudra une ddcou- yerte. J'en proposcrais aulant a I'egard de la Californie-Nouvelle j oil des excursions peu hasardeuses produiraient de nombreuscs et d'lmportanlcs decouvcrtes , si je ne croyais pas que , dans I'etat civil actuel de ce pays , il conviendrait de se burner a exciter el soutenir Ics entreprises que devraient tenter les missionnaires espagnols , niailres de loule la cote maritime.

Combien d'autres occasions les navigations commerciales ne fournissent-elles pas a un voyageur isole , mais habile et coura- geux , pour faire des decouvertes tres-importantes ! Les gouverne- nicns cherchcnt a grands frais a ouvrir une communication avcc les coutrees qu'arrose le Niger , et avec la niysterleuse cite de Tombouclou, qui change de nomdans chaque relation , mais qui , grace aux rccherchcs d'un de nos coUegues , ne changera plus de position sur les cartes. Sans doute , un simple particulier n'a qu'une chance tres-eloignc'e de pcnelrer dans ces regions dont la barbarie garde I'entree. Mais qu'il s'embarque a Nantes ou a Bordeaux sur un des navires qui frequentent le Rio Formosa ou le Calabar ; qu'il ose scjourncr une anne'e dans le Benin ; qu'il examine le Delta, vral ou pretendu, quecetle cole presente ; qu'il remonte seulement d'une cenlaine de lieues une des rivieres qui s'y dochargent, et il aura immanquablement rendu un service emi- nent a la geographie , soil en dissipant une grande illusion , soit en achcvant une grande decouverle. Un espoir semblable s'offre aux armateurs eclalres et entreprenans de I'ile de Bourbon ; les cotes orientales de I'Afrique sont a leurs portes ; ils complenl parmi leurs esclaves des milliers d'babilans des bords du lac Maravi; serait-il done impossible de trouver dans la colonie un nouveau Mungo-Park qui, parlant de Quiloa, feralt des decouvertes a chaque journeede marche, puisque a peine la cole est-elle connue? La topographic seule des iles de Zanzibar et de Pemba seralt deja un present tres-agreable aux amis de la science.

Nous n'cxcluons aucune nation de la parlicipation k nos encou-

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ragemens. Un habitant c!e Balavia qui ferail une promenade dans I'inlerlcur de I'lle tie Born(5o oix , dit-on, dcspyramidcscn ruines alteslent Texislcnce d'anciens empires , recevra de nous un accueil aussi fralernel que I'liabilant d'Aslraklian ou d'Orenbourg , dont la louablc curioslle aurait profile dune occasion pour visiter Ics conlrees a I'orient de la nier Caspicnne , ct pour decider le pro- blemc toujours obscur de I'enibouchure de I'Oxus.

Ne disons done poinl qu'ii sera difficile pour noire Socletd de realiser avec nos faibles moyens une expedition loinlaine. 11 est , el meme en grand nonibre , des voyages peu dispendleux et suscepliblcs de grands resullals. II est une aulre puissance que celle des gouvcrnemens et des grandes richesses , c'cst la puissance de riiomme ; clle nous aidera si nous savons nous faire entendre d'elle. Mais quel moycn plus efficace d'cxciter , d'inspirer , de guider les voyageurs que celle InstrucUun generalc dont je vous ai

presente I'idee ? Indiquons-leur la route ou les attend une

palme glorieuse , celle ou les attend un sterile danger. C'cst par- tager le trioraphe que d'ea tracer le chemin.

J'arrive a la seconde partie de la question que je me suis pro- posee. Nous devons couronner les Menioires ; nous devons pu- bller des relations et des ouvrages inedits ; c'est surtout a I'egard de celte partie de nos travaux que YInstnirtion generale me seiiibic une mesure salulaire , je dirais presque urgenle. Mais pour faire apprecier ruliiilc, la nccessile meme de celle /«5/N/c//ort , II est in- dispensable d'entrer dans quelques details sur la nature et Tobjetdc ceux parmi les travaux sedentaires qui seuls meritent de nous occuper. ,

Fixons d'abord un prIncipe genc'ral.

Augmculer la somnic de connaissanccs positives, soil par I'ob- servalion personnelle des fails nouveaux , soil par la discussion des observations anterieurcs , dLinient verLliees, tel doit ctre , re mc sendjle, le caractere general de |toule publication d'ecrils, faile au nom de la Socielede Geographic.

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Ce principe va droit au fond des choses ; il n'exclut aucune forme d'ouvrage ; il ne repousse aucun genre de travail , aucune melliodc de recherche , aucun mode de publication ; il n'exclut que Ic faux , il ne repousse que rinuiile ; il promet les encoura- gemens de la Societe a tout ce ^ui presentera un tllre posillf a sa bicnveillance.

Appuye sur ce principe , Je vais essayer d'indiquer les divers genres de travaux sedenlaires qui peuvent merilcr , aulantqueles Voyages , voire protection e'clairee. Jc dcmontreral ensuite corn- Lien une Instruction generale sur les lesoins actuels de la Geographi'e pent devenir utile pour (^carter, pour decourager, pour decr^diter CCS ecrils sans but , sans melhode , sans resultat , dout notre science chcrie se trouve encombrce.

Les voyageurs ont trace des sillons de lumiere aulour du globe , mais entre ces sillons il reste de grands cspaces encore couverls de tcncbres plus on nioins epaisses. Quelques - uns de res cspaces ne seront connus que grace a des expeditions ha- sardeuses , mais d'autres peuvent aujourd'hui elre decrils par les habitans eux mSmes bien plus exactement et plus facilement que par des voyageurs envoyes de loin et n'y faisant qu'un sejour tcmporaire. Les exemples se presentent en foule h quiconque a refiechi sur ces malicres : commen(^ons par les Ameriqucs espa- gnolcs. Un menibrc illuslre de noire Societe en a visile la plus grande parlle avec le soin le plus rcligieux , avec le talent le plus rare ; mais ce savant voyageur ne nous apprend-il pas loi'mcme que les villes de Mexico et de Caracas renferment des hommcs tres-inslruils et tres-capables de decrire leur pays natal ? Depuis son voyage , une grande revolution politique a brise dans ces pays tons les liens de la pensee , toules les entraves de la pressc. L'essor qu'a pris le genie de celte nation , a nc'cessairement dh. se com- muniquer a toules les sciences. Maintenant supposons que nous ayons le desir de connaitre de Chili , ce pays qui doit ctre si riche en mcrveilles ; ce pays que , depuis un demi siecle aucun

54 observaleur europdcn n'a parcouiu ; ce pays d'ou la France pour- rait tirer la vigogne , aussi precieuse que la clievre du Thibet, et le quinquina dcs monlagnes, susceptible de reussir dans nos con- Irees meridionales, irons-nous envoyer a grands frais un voyagcur pour faire quelques observations , ncccssairenicnt incompletes , tandis que peut-elre nn savant indigene possede dcja Ics niate- riaux lenlenient recuelUIs d'une description nouvelle, complete , authentique ; description xjui , pour etrc publice , n'atlend qu'un faibie encouragement , ou pcut - etrc seuiement una invitation honorable ?

Les navigateurs qui ddcouvrent des cotes et des ties nouvcllcs ; ont encore moins que Ics voyageurs terrestres le loisir nccessaire pour decrire d'une maniere vraiment scientifique Telal des peu- ples qu'ils voient accourir momeutancment au rivage ou ils abor- dent. J'en appelle a un savant navigatcur assis parmi nous ; .et <jui a decril avec lant d'inleret el de talent un voyage a travers les superbes arcbipels de la Polyncsie auslrale. Les Cook, les Forsler et les d'Entrecasteaux ont-ils pu apprccler les faits qu'ils ont observes en passant? Et pourtant combien ces faits sont im- porlans pour I'bistoire des races bumaincs I Un idiome qui so raltaclie a ceux de Flnde , une mythologie qui rappcUe le nom d'Orosmasde ; un syslemc d'inslltullons feodales qui seniblent derivees de I'Asie centrale , et tout cela au milieu du grand Ocean , voila un sujet bien digne des medilalions d'un voyageur pblloso- phe. 11 est urgent d'observer au flambeau de la critique ce tableau dont les traits s'effacent tons les jours par les rapldes progres du chrlstianismeet desa fidele compagnc , la civilisation europecnue. Mais ii faut des annees pour completer , sur les lieux meme , les observations ebauchees par tant de voyageurs passagers. Eh bien! n'avons-nous pas les moyens d'exciler a un semblablc travail , d'y encourager, de rdcompenser, au-dela de tout ce qu'il deslre- raieut, ces pauvres et pieux missionnaires , domlcilies , natura- lises , cheris et respectes a Otahiti, a Elmeo , dans lant d'aulrcs

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ties, el qui, cerlainement, avcc le secours d'une bonne Inslruc- tlon , execulcralent Irt^s-blen Ics rechcrches que je viens d'indiquer ?

II y a Lien d'aulrcs enqueles importanles que la Societe de Geo- g'ra/;//jepourraitinstituer sans ie secours d'un voyageur. Un simple frere morave , nomme Oldendorp , cntreprit , il y a cinquanle ans , d'intcrroger les negres de deux ou trois colonies des Indes occidentalcs sur le nom ct I5 situation de leur patrie , ainsi que des contrees qu'ils avaient Iraversees , iorsque , arraches de leur village natal , on les conduisit a ces bazars infames qui atlrislent encore la cole de Guinec. Le bon Oldendorp n'avail pas , pour se gulder , nos renseignemens acluels sur I'interieur de I'Afrique ; cependant nous lul devons les premieres notions sur plus de vingt nations et contrees. Qui ne sent pas combien un inierrogatoire semblable , fait actuellcmcnt par quelques colons cclaires , et Ah- cute cnsuile par des geographes savans , produlrait de resultats imporlans , d'indicalions precieuses ?

Voila, ce me semble , un genre de travaux sddenlaires d'une haute utilite pour la geographie. Mais n'esl-il pas necessaire de fournir au public, aux amateurs, aux savans, I'indication metlio- dique de descriptions , de Memolres , de Piecueils de maleriaux les plus vivement demandes ? Cetle indication ne servirait-elle pas a provoqucr a un travail utile des hommes qui manquent seu- lement d'un stimulant pour tirer parti des occasions qu'ils ont pour etcndre nos connaissances ?

II nous sera plus difficile de fixer nos idees a I'egard des Memoires scientifiques ou de pure discussion. Notre Reglement dit que nous devons couronner ceux qui , dans nos concours annuels , au- rontmeritecelhonneur. Mais I'opinion de la Societe parait redouter tout ce qui ressemble a des Memoires academiques. « A quoi bon , dit-on , entasser encore conjecture sur conjecture , syst^mc sur systeme ? Laissons les academiciens sc livrer a une semblable es- crime ; quel est le fruit de leurs doctes luttes ? On seme le doute ,

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on recucille cles refutations. Faisons micux ! les d<?couvertes , les fails nouveaux, voila quels doivcnl elre nos litres dc gloirc. »

Ce sentiment est juste au fond ; mais il faut I'analyser au creusct de la philosopbie , afin de le scparer dcs preventions injusles qui peul-etre I'accompagnent.

Pourquoi les sciences ont-elles si long-temps retird de tant d'ccrifs individuels ou collectlfs moinsde resi'ltats que Tenorme masse de tantde volumes n'en semblait promettre aumonde? C'est que les efforts dcs savans onl long-temps manque d'une direction uniformc et raisonnee. IcI , on voyait dcs esprits superieurs , en maixbant chacun par son chemin , laisser entre eux d'immcnses lacunes ; la , des esprits communs s'arrclaicnt immoLllcs au point ou Icur chef d'ecoie les avail places. ISuUe idee de la marclie progressive, in- finle, illimitee dc I'esprit humain , nuUe idee de cette association des elres pensans qui suLslitue a la fprcc iudividuelle loule la puis- sance de I'espece. C'etait au hasard qu'on se soutcnail , qu'on se conlrarlait. Aujoftrd'hui, quel heurcux changemcnl s'est opcre a I'egard des sciences matlicmatiqucs cl pliyslques I dies suivenl une impulsion commune , elle marchenl en ordre , en ligne , comme un corps d'armee, a la conqucle de laverite. 11 n'en est pas encore toul-a-fait de meme a I'egard des sciences hisloriques et morales ; cetle moitle du monde savant n'est par encore cnlieremenl sortie des ombres du chaos. La , Irop souvent encore , la critique flolle incerlaine entre les vraics et les fausses melhodcs ; Tamour dcs hypotheses dedalgne I'etudc dcs falls ; I'espril de sccte , de parti , de nation repousse I'observateur, Ic penseur indepcndant ; une Erudition factice clouffe les recberchcs verllablcs; une paresse or- guellleuse neglige les communications les plus nccessaires el la connaissance des Iravaux , publics dans d'autres lleux, dansd'au- tres langucs ; enfui , la marche de la science presenle le spec- tacle d'une oscillation souvent rdlrograde.

Placee sur les confins des sciences mathematiqucs el dcs doc-

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trhics hlstoriqups , la f;dngra[ihle (\ci\t naturcUemcnt parliciprr aux biens et aux inaux donl nous vcnons de tracer la peinlure. C'cst a la Sociefc de Geographic qu'il apparlient d'imprlmer a cette science un uiouveraent plus unlforme, plus raplde , plus decisif, en un mol plus analogue a la marche actuelle des sciences exactes eldes sciences naluiellcs, II ne s'agit done pas pour nous deproscrireles Memoires , mais de les faire servir aux besoins reels de la science.

Dois-je prouver en detail une verilc aussi cvidente ! dois-je dd- monlrer par quelques exemples comblen des Memoires , concus dans le veritable esprit de la science , meritenlnofre bienvcillance? Figurons-nous , d'un cote , un voyageur peu instruit qui revien- drait du Greenland pour nous apprendre qu'il y fait tres-froid ; de I'autre cote , un savant qui , en analysant et combinant les observations de lous les voyageurs , aurait decide la grande ques- tion de Tinlluence des temperatures sur les etres organiques , sur les vegetaux , les animaux et les socielcs humaines ; lequel des deux, Messieurs , vous inspirerait Ic plus d'Interet? Qu'on vous presenle pour elre publics , d'une part , un de ces eternels naufrages au Cap Blanc , et , de I'autre , un tableau savant de I^ diverse na- ture des deserts, en vous peignant ici les Sahatas, semblables aux bassins de mcrs dess(fchees, la, les savanes verdoyanles mais deauees de grands vegetaux ; en ramehant a des lois generales tous les phenomenes de ces vastes portions de notre monde ; quel serait celui de ces deux ouvrages que vous devriez publler ?

Mais il est inutile de discuter une question determinee par notre Rrglement ; cette loi fondamenlale dit que nous publlerons des carles ; et que serait une carte sans une analyse savante des materiaux qui la composent ? EUe dit que nous publierons des re- lations inedilcs ; et si on nous apportait les journaux du voyage de Gortereal qui existent pcut-etre dans quclque monastere d'Evora , pourrions-nous en donner une Edition sans le secours de I'crudi- tion historique et pal^ographique ?

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II est, je lerepeic, Jans les devoirs de la Commission d'cm- brasser dans sa sollicitude tons les Iravaux qui peuvent scrvir aux progres de la geographic , el par consequent de penser aax moyens de donner une bonne direction aux Memoires que nos concours doivent provoquer ou que Ton pourra nous rcmcltre.

Une Instruction generale sur les bcsoins de la science , une Seriede Questions, choisies d'apres des vues sclentifiques, ne sont- ce pas les moyens ics plus naturcls , les plus clficaces pour allcindrc a cette panic dc noire but general ?

Organisons celle mcsurc dans Ic cours de cette annce , ct nous en verrons promptemcnl les effels salulaires. La commission trou- vera dans cc grand repertoire non sculement dc quo! clioisir d'in- teressantes questions a meltre au concours , nials encore Ic moyen de lier ces questions cnlre elles , de maniere que d'anncc en annee €lles forment un enchainement dc Iravaux gcographiqucs. GrAcc a cet ensemble mclhodique , nos concours auront un caraclere plus scientlfique que ceux d'aucune academic : aulieu de maleriaux isole's , nos Memoires couronnes formeront, au bout de quelques annees , un* corps de doctrines et de recherches. Le savant qui voudra nous presenter des ouvrages a publier, aura pour guide, dans le clioix des sujcts, non pas son gout personnel , pcut-eiro trop exclusif , mais Ic tableau impartial de toutes les lacunes de la science, L'amateur , le commcr^ant, de'couvrlra sur cette mappe- monde de nos connaissances , pour ainsi dire , Titlneraire de ses Eludes. Les personnes qui , sans culliver la science, aimcnt h la proteger , regardcronl ce plan melbodiquc comme un nouvcau litre que nous aurons acquis a la confiance donl ils nous bonorcnl ; lous les amis des lumieres se rallieront avec un redoublemcnt d'estime ct de bicnveillance h une societe qui sc monlrerail ainsi maitresse de tout son terrain ; le monde civilise rcpondra tout cnlier a un appel fonde sur des vues aussi clcvees , sur des vues universclles ; nous dirigerons , du fond dc noire salle de reunion ,

rimpulsion geograpliiquc dc noire age , ct , mcme dansi'avcnir , la science contlnuera dc marcher dans nos voles , parcc que ce sont celles dc la raison ct de la nalarc.

{ La Commission adopte en piincipe la proposilion , ct rcnvoic la discussion a re|ioquo indiijUL'o. )

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Rapport fait par M. Baueie-DU-Bocagk , pere^ an nam dcia Section de piillication sur le Planisphere Urano-geogrup]ii(jue de M. Brice i^seance du 1" mai's).

Messieuus ,

La necessitc de figures et dc machines poor demontrer plusicurs parties des sciences exacles se fait senlir journellement, surlout h. ccax qui sont inlroduits pour la premiere fois dans ces liaules Gonnaissances. C'est ainsi que, pour demontrer la geometric et la trigonomelric , on se sert de ligncs qui aldcnt I'intelligence el qui servent comme de tableaux a celui qui cludie. Bicniot le calcul lui domic unc precision plus rigoureusc , et il apprend a se passer des figures.

En geographie et en astronomic , il est impossible de se passer de machines, parce que les details sont tellcmentnombreux qu'on sent le besoin d'en avoir continuellementunerepre'sentalion quel- conque sous les yeux. De la est venue la necessite des globes ce- lestes et terrestrcs, ct celle des spheres construites suivant les apparcnces , ou meme selon les mouvemens vrais. Ccs macblnes sont plus ou moins parfailcs , mais elics n'atteigncnt jamais la precision du calcul.

I^I. Brice vous a presente un instrument de ce genre , qu'il a compose ct qui a bien scs avanlages, parce que , sous quclquos points de vue, il est plus complelque les globes et spheres ordi- iiaires. C'est un planisphere, qu'il appellc unit'erscl ou Urano-geo-

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^aphifjuc ^ pnrcc qn'il serf h rdsoudre tous les problemosqui sont rclalifs au ciel ct a la Icrre. Ce planlsp^re est un hemisphere (race par dcs ligncs sur unc surface plane, dans la projection ortho- graphique on gcometrale, qui est celle que les archllccles em- ploient pour reprcscnler unc colonne vuc de face.

On sent d'aprcs ccla que les paralleles et les meridlens sont traces sur cct hemisphere dans un sens oppose a la projection slcrdographique que I'on emploie brdinaircment dans les mappe- mondes , ou les exfremiles de chaque hemisphere sont Ires-devc- loppccs et le centre rcsscrrc. Au contraire, dans la projection or- thographique, le centre se trouve tres-devcloppe elant le plus pres de I'oeil , et les exlrenilles sc degradenl el se rapprochent en raison des regies de la perspective.

C'est sur ce planisphere que M. Brlcc a tracd des lignes par le moyen desquelles il parvientademontrer presque lous les prohle- mcs de la sphere d'unc maniere assczsallsfaisante. II a construit ce planisphere a une tres-grande echellc, afni de pouvoir faire sentir la degradation et le rapprochement des lignes , mais il pourrait peul- elre en diminuer le volume qui , parson etenduc, est peu commode. M.Brice faitjouerce planisphere dansuii cadre, en sorle qu'ilpcut llgurer la sphere droilc, la sphere parallelect la sphere ohlicjuea vo- lonte. Par ce moyen , il donne au pole reievalion qu'il desire. Sur ce planisphere il a trace les parali^les a I'equateur de degr<^s en dcgres , ce qui les rapproche Leaucoup I'un de I'autre vers les poles. II a trace ensuite les almicantaralh ainsi que les azimuth qui manqucnt entiercmenl sur les globes ; et par unc Lande ajoutce a son planisphere, comme une espece de ceinture, il se procure les moycnsde tracer quelques-uns des ccrclcs de refraction el cre- pusculaires.

Par I'effel dc toules ces lignes, ct en faisant jouer le planisphere dans son cadre , M. Brice deuiontre une grande parlie dcs pr<»- blcmcs de la sphere \ il trouve le lever et le coucher du solcil pour

Gi

toutes les latitudes possibles; il delerrn'me le commencement ct la fin de chaqiie climal d'une manicie assez precise ; il indique Ja latitude d'un lieu par la hauleur horizonlale du sole!! amidi, el sa decllnalson. 11 fait conuailrc I'heure du lever ct du coucher des conslellalions pour tous les lieiix dc la lerre; il indique le moyc:i dc construire des cadrans solaires librizontaux ou verticaux ; ct la precision qu'il donne a ses operations est suffisante pour ia deuionstratlon.

L'avanlage de ce planisphere est done de ddmontrer tous ces differens proLUmes par uue seulc machine ou un simple inslru- ment , avantage trcs-grand , puisqu'il peut quclquefois supplcer aux globes ou spheres ; mais aussi on n'a point la satisfaclion d'y trouver les lieus ou leseloilesqui sont indiques sur Ics globes tes- Vestre et celeste, et il faul, avant loul , lesailer chcrcher dans les tables el sur les carles. 11 est done necessaire d'avoirune connais- sance passable dc la sphere , avant que de seservir du planlspheie dc M. Brice , et cct auteur ne fait pas difficulle de le dire iui- meme dans la preface de son explication.

Le planisphere de M. Ericc peut neanmolns ^Ire Ires-xitile a ceux qui ont besoin de se rappeler les differens problemes qu'iis ont autrefois resoius. II peutservir avanlageusement a des mailres qui enseignent la cosmographie ; les eleves en tirerontun grand profit. Celte machine, en effet, a toule la precision qui est ne- cessaire pour bieu uemonlrer. El!e est tres-ingenieuse et habile^ ment conslruite; mais elle ne peut faire faire de progres qua I'enseignement ; elle ne peut servir a avancer la science en cilc— nieme , les savant preferant loujours le calcul , qui donne une pre- cision rigoureuse.

Cependant I'instrument dc M. Brice mdrile des eloges , et on pcnse qu'il pourra lui etre avantageux, surtout sil en baisse le prix qui parait un peu trop elevc.

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Expose lies frm>aux tie la Commission Centrale , la a la premiere assemblee generate y le 22 mars 1822, pour M. le Marquis da 1j\PL\CE , president f par M. le Comte DE Pastoket , secretaire.

La Commission Centrale , qui agit au nom de la Societd , n'est chargee de presenter scs comptes rcndus ct la notice de ses travaus qii'une fols par an , dans I'asscaihlcc generate du mois de novcnibre ; inais , remplic du desir de salisfaire MM. les Membrcs de laSociete, et de jusllfier leur confiance , la Commis- sion a pourtant cru , pour cette fois-ci , pouvoir nous commu- niqucr quelques aper^us sur la situation acluelle de ses Iravaux. Nous aliens en faire connaitre la substance.

L'organisatlon des Correspondances a parua la Commission un des objets les plus urgenls ; cllc s'en est occupee avec bcaucoup d'assidulte , die a forme une lisle des personnes dans les divcrses parties du monde, qu'elie va invlter a correspondre avec elle ; cette llstc contlent les noms les plus reconmiandables choisis avec im- partialile, cld'apreslesmeilleursrenseignemens, parmi loutesles nations civilisees. Immedialement apres cette assemblee generale, les leltres vont parlir , accouipagnees d'exemplaires du rcglement , du programme des prix el de la lisle des Membres ; ces leltres y ces envois repaiidronl , jusqucs dans les conlrees les plus eloignees , !e nom de la Socielc, et la connalssauce du noble but qu'ellc se propose.

La Commission a adopte le principe d'un Bulletin commc moycn de communication , mais en se reservanl de discuter le mode d'execulion et I'epoque de la publication , dans cette cspril d' Eco- nomic qui doit aiilmer loule administration responsable.

Ces moycns dc publicitd vont sans doutc contribuer i augmen- icr ic nombre de nos Soci-itaires. Deja au milieu de taut d'objets

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qui absorbent I'lnteret public , la Socidte a ea le plaisir de voir un nombreux concours <lc souscripteurs appuyer celtc honorable en- I reprise. La confiance publiquc conlinue a se manlfcstcr par la presentation dc nouveaux Meinbres dont la liste va vous etre dis- tribuee.

DIverses propositions Importantes ont dte soumlses h la Com- mission par plusleurs de ses Membres.

Celle de regler des a present le mode de publication d'un Recueil d'oiwragcs et de Memoires couronnes , approuves ou adoptes par la Societe , a paru exciter de I'interet ; mais on a juge , avec ralson , qu'avant de s'occuper d'aucun mode de publication , il fallait attendre que les voyages , Ics concours et Ics correspon- dances eusscnt produit une cerlainc quantlte de materiaux digncs d'etre publics au nom d'une association aussi honorable.

Une autre proposition importante soumlse aux deliberations de la Gomnilsslon , c'est celle de faire redlger et publier par un comlle special , une instruction generale sur les bcsoins actucls de la Geographic , et les moyens de les remplir , sulvie d'unc serle dc questions , deslince a dinger parllculieremenl , sur les objets les plus pressans , I'attention dc tons ceux qui veulcnl cooperer aux progres de la Geographic.

La Commission a vu avec plaisir un grand nombre des Socletaires assister a ses seances , et I'cclalrer par de sages observations. Afm de rendre encore plus utile la voix consultative qui appar- licnt i chaque Mcmbrc , la Commission a arretc que loute propo- sition qu'on voudralt lul soumettre , devra etre redigee par ccril el deposee sur le bureau , pour etre disculee dans la seance suivante.

De plus , le President et le Secrdlaire ont ete charge's de rddi- gor un Reglcment interieur , dont lis ont dcj.'i recuelUi beaucotfp d'elemens. L'ordre est la premiere condition d'une discussion vraimcnt libre.

"Vous voyez , Messieurs , que la Comraission n'a pas perdu un moment pour organiser ses travaux. Si plusicurs discussions sont. reslces en suspens , cY-st que I'approchc de voire assemblee gendraic lui imposait le devoir dc choisir les sujels de prixqui, scion le Rcglcment , doivent eire mis au concours a celle epoque. La Commission a mis le plus grand soin a choisir deux sujels, non- seulcment d'une haute importance pour la science , niais encore d'une nature telle que les concurrens soient nccessairement ame- nes a recueillir le plus de fails possibles. La generosltd eclairec d'un Membre ( M. le Baron Benjamin Delessert ) , a encore mis la Commission a mome dc proposer un trolsieme sujel de prixqui interesse parliculierement la Brance.

C'est en proposant ces prix', que la Sociele de Geographic se monlre pour la premiere fols comme proleclrice active des sciences. Nous croyons que le monde savant verra dans te dcbul un presage heureux des succes de la Sociele.

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Programme des Prix mis au concours dans la premiere assemblee ge'ne'rale annuclle de Ian 1822.

Premier sujet de prix.

Ddtcrminer la direction des chaines de monlagnes de I'Europ^ , leurs ramifications et leurs elevations successives dans toule leur elendue.

La Societd dcmande que I'oa forme unc sdric dc tableaux, dans Icsquels on rapporlera le plus de cotes d'elcvation au-dessus du niveau des niers , qu il sera possible d'en rassembler. Toules ccs coles devront elre accompagnees de riudlcalioti precise du point de I'obicrvatiou et de la dependance de telle chaine ou de Icl vcr-

65

sant. 11 sera ndcessaire rle fairc connatlre le nom de I'observaJeur , ct la melhode qu'il a suivic.

La Socield prefercra le travail qui , en s'etendant jusqu'au ri- vagedesmers, donnera la position gdographique du plus grand noinhrede poinls , al'aide dcsquels on pourrait tracer avec preci- sion des llgnes de niveau , ainsi que la ligne dc separation dcs caux , el Ics limites des differens Lassins.

Mais la Societc^, ne se dissimulant pas les difficulles que pre- senle la solution complete d'une telle question , declare qu'cll); decernera le prix au Memolre Ic plus richc en faits posllifs et cu observations nouveiles.

Le prix sera de douze cents fr.

Cc prix sera decerne dans ia premiere assemblee gcncrale de !'an 1823.

Les Memoires devront etrc remis au bureau de la Commission Ceutrale, avanl le i*^"^ fevrier iSaB.

Deuxieme sujet dc prix.

Piechercher Torigine des divers peuples rc'pandus dans les ilcs du Grand Ocean , situees au sud-est du continent d'Asie , en examinant les differences et les ressemblances qui exislenl ent.re cus et avec les autres peuples sous le rapport de la configurafion , de la constiluiion physique , des moeurs , des usages , des insli- tulions'civiles ct rcligieuses , des traditions et des nionumens ; en comparant les elemens des langues , relativement aTanalogie dcs mots , et aux formes grammaticales , et en prenant en considera- tion des moyens de communication d'apres les positions geogra- phiques, les vents regnans , les courans et I'etat de la navigation.

Le prix sera de douze cents fr.

Cc prix sera decerne dans la premiere asseniblde gdndrale annuelle de Ian 1824..

Lcs Memoircs devront etrc rcmls au bureau dcla Commission Ceulralc , avanl le i" fcvricr 1824.

Troisieme sujet de prix.

M. Le Laron Benjamin DELESSE1\T , memLre de la Sociotc , a Lien voulu faire lcs fonds d'un prix donl voici le sujet :

Itineraire statistique et commercial de Paris au Jl<ii>re-de-Gi-dce.

La Socicle desire des apergus poslllfs ct dcs vues d'une ulillt« generale sur les relations et lcs communications entre ces deux villes.

Lc prix sera de six cents fr.

Ce prix sera deccrnc dans la premiere asscmblce ge'ndralc annucUe de Tan iSaS.

Les Memoires devront etre remis au bureau de la Commission Cenlrale , avant le 1"' fevrier iSaS.

Tout Memoire cnvoyd au concours dolt »^tre dcrit d'une ma- niere llslble et sans nom d'auteur. II doil de plus etre accompa- gne d'une devise , repelee sur un billet cacliete , renfermanl lc nom de I'auleur et son adresse.

Les Memoires couronnes resteront deposes dans les archives de la Societe , niais il sera libre aux autcurs d en faire tircr des copies.

Tous les mcmbres dc la Societe peuvent concourir , cxccptd ccux tjui sont mcmbres de la Commission Cenlrale.

AVIS.

Lc Bulletin N". Ill conliendra les travaux des mois d'/ZenV, Moi,

Juin , Juillet ct Aoiit. ^

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SOCIETE

DE GEOGRAPHIE.

DISCOURS

STJR

L'ETAT DE LA GEOGRAPHIE

DANS LE MOYEN AGE ; Par M. ROUX,

MEMDBE DE I.A COMMISSION CENTRALE DE I-A SOCIExi;

LU A LA STANCE CtniifiALE DO 22 UABS 1S22.

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JVlESSIEURi

La connoissancc de la terre doit avoir dans lous les temps et dans tons les lieux , occupe I'attention des hommes. Partout ils ont a lui de- mander leur nourriture ^ leursvetemens, tons les moyens deprolonger la vie; et, depuis les peuples chasseurs qui apprennent dans leurs incursions la situation des fleuves , des forets , des mon- tagnes, jusqu'aux agriculteurs attaches au sol qu'ils habitent , tous sont interesses a observer la terre pour mieux y exercer leur puissance.

Comment s'est-il fait qu'au milieu tie lant de rcclierchcs liabituelles , nccessaires et suiviessans interruption , la geograpliie ait fait si lentement des progres , que les liommes aient souvent perdu les documens recueillis par leurs pcres , qu'il ait fallu reprendrcleurs etudes et recommencer leurs decouvertes ? C'est que des travaux isoles peris- sent aisement ; que les traditions orales se de- naturent; que , pour en former un corps de doc- trine , il fautun esprit d'observation qui s'etende au-dela des interets et des besoins du present.

La geographie a eu ie sort des autres sciences ; clle a suivi la marche de la civilisation ; et les empires les plus eclaires ont d'abordetelesmieux

decrits.

Ce fut a la puissance de Rome que la geogra- phic ancienne dut ses progres les plus marques. On vit, des le temps de Jules Cesar, des geometres envoycs dans toutes les proyinces. Rome voulut mesurerses conquetes ; et, apres trente annees d'observations , la carte d'Agrippa en fit connoitre

I'etendue.

Bientot se succederent plusieurs ouvrages re- marquables. Strabon et Pomponius Mela eten- dirent leurs observations a tout le monde connu des anciens ; Pline embrassa dans les siennes la nature entiere; Arrien traca le periple de la mer Noire , et la route que Nearque avoit suivie , des bouches de I'lndus jusqu'a celles dc I'liuphrate ;

( -^ )

Pausanias ecrivit son voyage de Gr^cc ; Ptolo- mee publiasestravaux , etfixales progres qu'avoit faits la geographic depuis son bcrceau jusqu'au regne des Antonins.

II appartient aux grands monarques d'etre les promoteiirs des sciences, et d'y chercher une nouvelle illustration pour leur regne. L'eclatdont elles brillerent sous Auguste, sous Trajan, sous les Antonins se fit aussi remarquer sous Vem- pire de Theodose ; et , pour borner a la geogra- phic nos observations , nous devons citer cet iti- neraire que Peutinger a retrouve long-temps apres , et ou Ton donne les noms et les distances de toutes les stations militaires de I'Empire romain.

Ces tables sont les derniers travaux de la geo- graphic des anciens , et de longs siecles se sont ecoules entre sa decadence et le temps ou elle se releva de cet abaissement.

Sans m'arreter, Messieurs, aux foibles progres que la geographic pent avoir faits entre ces deux epoques , j'ai pense que I'etat de cette science dans le moyen age pourroit vous paroitre plus fecond en observations et en evenemens dignes de votre attention.

Des la fm du onzieme siecle , les Croisades avoient attire vers I'Orient un concours immense. L'EuropeetlaMediterraneeetoientmieuxconnues par les nations qui les avoient traversees tant de

(6)

fois : I'Asie leur ouvroit une nouvcllc carrierc ; et lorsque la guerre ne la devasta plus , la pietc frequenta plus surement ses rivages.

L'etude de la geographic sacree fit des progres, et Ton observa avec plus de soin tous les lieux consacres par I'Histoire du peuple de Dieu et par les mysteres de la foi. Des pelerins avoient trace la route ; des negocians les suivirent ; et les etablissemens de tout genre que les occidentaux formerent en Orient , depuis les cotes dc la Me- diterranee jusqu'aux rives de I'Euphrate, et des bouclies du Nil au Palus-Meotide, devinrentau- tant de points de depart , d'ou Ton put etendre au loin ses d^couvertes-

Alors furent reconnues les diff^rentes routes qu'avoit suivies Ic commerce des anciens avec I'interieur de I'Asie , et surtout avec I'lnde ; des communications par le Tanais et le Volga ou par le Phase et I'Araxe s'ouvrirent avec la mer Cas- pienne , et les richesses de I'Orient y furent ap- portees par les eaux de I'Oxus et les chameaux de la Tartaric; la Syrie ctablit au travers du de- sert ses relations avec les rives du golfc Persique; etTadmor, devenu I'entrepot de I'lnde, s'eleva sur les debris de I'ancienne Palmyre. Le Nil , qui fit, dans tous les temps , lafeconditedel'Egypte, devintle canal d'un nouveau commerce, et versa dans la Mediterranec les tributs de I'Afrique et des rives meridionale? dc I'Asie.

( 7)

Ceslongues lignes de communication, ouvertes en differens sens , preparoient a la geographic de nouveaux succes ; la terre va s'etendre encore , et des voyageurs animes d'un autre esprit vout la parcourir et la faire mieux connoitre.

Benjamin de Tudela est le plus ancien voya- geur du douzieme siecle dont les relations aient ete publiees. II partit de Barcelone en 1175, dans la vue de connoitre toutes les synagogues des trois parties du monde. II Yisita le midi de I'Europe, gagna la Syrie, la Perse , les frontieres de rinde , revint aux bouches de rEuphrate , d'ou il se rendit parmer en Nubie et en Egypte , s'eleva ensuite vers le nord jusqu'au centre de I'Europe, et, apres deux ans d'absence , revint dans sa patrie. Quelques notions sur les mceurs et le commerce de I'Orient ont ete recueillies dans son voyage et donnent plus d'interet a ses relations.

Les troubles de I'Europe, les guerres religieuses, les conquetes des Sarrasins , celles des Tartares apporterentsuccessivement de nouveaux obstacles aux progres de la geographic, et rendirent plus perilleuses les communications avec I'Orient. Ce fut le temps ou des missionnairesles retablirent : la religion s'arma d'un nouveau courage , des routes difficilcs etoient plus dignes d'elle, I'huma- nite entiere reclamoit ses secours ; et , quand le bras de Gengiskan eut soumis I'Asie ; quand ses

( S) lieutenans et ses successeurs curent porte jus- qu'au centre de I'Europe leurs armes invincibles, le chef de la chretiente songea u la sauver et a detOLirner ou a flecliir la fureur des conquerans. Jean Carpin , Asselin et quelques autres religieux furent envoyes (i) par Innocent IV pres du kan des tartares, pour le conjurer d'accorder la paix aux Chretiens. lis eurent a parcourir dans toute sa longueur ce vaste empire; et ces voyageurs pieux et intrepidessedirigeantaunord del'Euxin et de la mer Caspienne, traverserent ensuite les vastes solitudes de la Tartaric pour arriver au Cathay, ou le grand-kan avoit etabli sa resi- dence.

Saint Louis , dont le nom etoit en veneration dans rOrient, voulut aussi preserver I'Europe des devastations des Tartares; et, soit qu'il esperat les civiliser en faisant porter au milieu d'eux les lemons de I'Evangile , soit qu'il esperat diriger leurs armes contre les ennemis du nom chretien, il envoya dans leur pays deux legations (2) qui, a I'exemple des premiers missionnaires, visiterent leurs principales hordes depuis les rives duTanais jusqu'au nord de la Chine. Rubruquis, charge de la seconde mission , I'accomplit honorablement, et revint en Sjrie, d'ou il adressa la relation de

(1) En 1246.

(?) En i2A8el i255.

(9) son voyage au saint roi , qui ^toit alors de retour en France.

Le but vers lequel ces nobles entrcp rises etoient dirigees ne permit pas aux missionnaires de s'e- carter des routes habituellement suivies par les caravanes ; mais, en traversant tout le centre de I'Asie, ils purent recueillir des notions sur les pays qu'ils n'avoient pas parcourus , et un champ plus vaste s'ouvrit bientot (i) a Marco-Polo, le plus celebre voyageur du moyen age. Pour arriver a I'extremit^ de I'Asie , il suivit une autre direc- tion , ce fut par I'Armenie et par le midi de la mer Caspienne, par la Perse ^ Samareande , le plateau de la Tartaric , le Thibet , qu'il se rendit pres de Cublai-Kan, alors empereur des Tartares. Marco-Polo avoit fait de nombreuses excursions hors de sa route principale. La faveur du monar- que et les missions qu'il en recut lui donnerent la facilite de parcourir en plusieurs sens les prin- cipals provinces de son empire. II entra dans la Chine par les frontieres occidentales , visita ses grands fleuves et ses nombreuses cites, observa ses productions, son industrie, son commerce; et, apres avoir rassemble sur le Continent de I'Asie toutes les connoissances geographiques de son tempSj il s'embarqua sur la mer orientale,ou les Tartares avoient conquis Zipango, gagna les

(i) En 127 1.

( »o ) Sles de Java, de Coylan, des Maldives^ parcourut en partie les deux presqu'iles de I'lnde et le midi de la Perse , se procura des notions sur lesiles dc Socotora, de Madagascar, de Zanzibar, sur les royaumes d'Aden , d'Abyssinie et d'Egypte, et re- vint a Constantinople , dix-sept ans apres son depart.

Les relations de Marco Polo sont aussi varices qu'instructives ; ellesparoissent quelquefois mer- veilleuses , rarement invraisemblables : il decrit avec fidelite tout ce qu'il a pu observer lui-meme, il distingue ce qu'il a vu de ce qu'il ne raconte que sur le rapport d'autrui ; les moussons et plusieurs courans de la mer des Indes sont indi- ques dans son ouvrage. La position de quelques pays places au midi de I'equateur , ou voi- sins du tropique du Cancer y est plusieurs fois lemarquee avec soin : I'etoile polaire ne pent plus etre le guide des navigateurs de Java et d'une partie de I'archipel des Indes , mais d'autres astres et des vents reguliers tracent leur direction.

Plusieurs cartes voisines de cette epoque nous ont ete conservees elles n'indiquent ni les zones ni la division des degres :lesdiversescontreesn'y gardent point leurs proportions ; de grandes villes s'y trouvent au milieu des deserts, et la eapitale d'un puissant empire y occupe souvent moins d'espacc qu'mi liameau de la Tartaric ; mais ces cartes , infideles sur quelques points , ont d'autres

< I! )

caracteres de verite; elles peignent une partie des animaux et des plantes indigenes, elles retracent Ics moeurs des habitans. Ge pays,couvert de tentes, nous rappelle des peuples nomadcs : ces chameaux charges de bagages , indiquent les routes et les raoyens de transport du commerce. Lu s'etend un territoire convert de palmiers : les elephans naissent dans cette contree , ces coursiers^sont monies par des Arabes ou des Tartares. La terre devient une vaste scene ou I'homme n'est pas seul, mais ou Ton voit qu'il conserve toujours I'empire.

D'autres regions ne sont occupees que par des etres chimeriques, et Ton distingue, a la bizarrerie des images, les lieux ou les voyageurs n'ont pas penetre. lis recueilloient dans leur route denom- breuses traditions sur des pays plus eloignes. Ceux ou la nuit et le jour regnentsuccessivement pendant plusieurs mois leur etoient representes comme le sejour des tenebres ; ces peuples ich- tyophages paroissoient vivre dans les ondes ,"et Ton transporta aux extremites de I'Asie la fable des syrenes. La guerre des pasteurs contre les oiseaux de proie , ennemis acharnes de leurs trou- peaux , reveilla les vieilles traditions sur les com- bats des grues et des pygmees. On peignoit avec le corps d'un oiseau ces conquerans dont les in- cursions etoient si rapides. L'embleme et I'alle- gorie donncrcnt naissance aux chimeres ; les

( lO

griffons sc melerent aux aigles du Nord cl a ceux des montagnes de I'lnde : des difformites indivi- duelles furent souvent regardees comme un trait generique et firent croire aux voyageurs qu'ils touchoient aux pays des monstres. Quel ne devoit pas etre lepouvoir dte la prevention et de I'erreur sur des hommes deja frappes d'un nouveau spec- tacle et prepares a la credulite par les nombreuses merveilles des differentes contrees qu'ils avoient parcourues. Si Pline , I'un des savans les plus illustres de I'ancienne Rome , a quelquefois pretc la vie a des etres fantastiques , serons-nous sur- pris que des hommes moins eclaircs et plus sim- ples aient pu confondre la fable et la verite ? ' Souvent, au reste, ils ne presentent un prodige que sous la forme du doute ; ils ne le citent que sur la foi des traditions , et mettent ainsi le lec~ teur en garde centre Tinvraisemblance de leurs recits.

Ces remarques peuvent specialement s'appli- quer a une carte conservee a la bibliotheque royale comme un monument precieux de la geo- graphie du moyen age. EUe ne s'eleve au nord que jusqu'au tiers de la Suede ; elle ne comprend au midi que I'empire de Maroc ; mais elle em- brasse, a I'orient et a I'occident, les deux extre- mites de I'ancien monde. Les distances y peuvent etre mal mesurees ; les positions sont indiquees d'une nmnierc inexacte, mais on est avcrti des

( i3 ) d^couvertes ; d'autres observations rectifieront un jour les premieres. La surface du monde connu s'est etendue ; on a commence a parcourir des mers nouvelles ; et la boussole , venant a s'ap- pliquer a la navigation , a fait entreprendre avec plus de confiance et de certitude les voyages de long cours.

De grands souvenirs historiques sont attaches a cette carte du moyen dge et la rendent plus instructive : les pavilions arbores sur ces diffe- rentes regions indiquent les peuples auxquels elles obeissoient , et reglent entre eux le partage de I'ancien monde. Paris et Lyon y sont ombra- gees du drapeau des lys ; les etendards de Castille^ de Valence, de Catalogue couvrent le nord de I'Espagne ; mais celui des Maures llotte sur le royaume de Grenade. Les couleurs de Genes, de Pise , de Florence , signalent I'existence de ces republiques. Les empires de Constantinople et de Trebisonde ont leur banniere ; la petite Armenie garde encore ses monarques , mais le pavilion cliretien ne protege plus les remparts de Jerusa- lem , d'Edesse , d'Antioche. Les hcritiers de Lu- signan se sont retires en Chypre, et les chevaliers de Saint-Jean ont conquisl'ilede Rhodes. Le crois- sant est arbore sur les murs de Damas etsur toute la cote septentrionale de I'Afrique , et Ton voit que tout le nord et I'orient de I'Asic obeissent aux Tartares.

(i4)

Cette carte offre un type lid^le de I'etat de la geographie vers I'epoquc de sa renaissance ; et , pour se rendre compte des progres ulterieurs de cette science, il est utile de consulter un planis- phere public a Venise, en i^Sg , par FraMauro, religieux de I'ordre des Camaldules.

L'Asie avoit ete soumise a des observations nouvelles. Ses vastes plateaux, d'ou les Tartares s'etoient precipites sur tous les peuples , com- mencoienl a recevoir le bienfait de la civilisation ; et Tamcrlan, apres avoir imite Gengis-Kan dans ses conqueles , avoit voulu faire fleurir sa patrie ^ et avoit attire les sciences a Samarcande.

Ulugbegj Tun de ses successeurs , fut un des astronomes et des geographes les plus eclaires ; il fut chez les Tartares ce qu'Abulfeda avoit 6te chez les Arabes. L'Occident comme I'Orient s'en- richirent de ses observations; et la.carte de Fra- Mauro , terminee quelques annees apres la mort d'Ulugbeg, nous offre dans toute leur integrite les notions qu'on avoit alors sur la cosmographie. Elle comprend I'ancien continent et les iles adja- centes. La place du paradis terrestre occupe le centre du planisphere : c'est de la que les habi- tans de la terre se sont repandus sur sa surface. La rner en enveloppe toutes les parties ; et la cote d'Afrique, qui, dans les descriptions de Ptolomee, se prolongeoit indefiniment vers le Midi , va se replicr vers I'Occident pour faire place a d'autres

( i5)

mers et aux vaisseaux des illustres navigateurs qui devoient les traverser.

En donnant une autre forme a cetle extremitd de laterre, la carte du savant Venitien fit prendre a la geographie un nouvel aspect. L'Afrique n'e- toit plus consideree par lui comme'une vaste borne entre la mer des Indes et I'Atlantique , mais il avoit a contredire sur ce point I'autorite des siecles : on revoquoit en doute le voyage d'Hannon , et celui d'Eudoxe, quoiqu'ils fussent attestes par les anciens, et Fra-Mauro dut encore appuyer son opinion sur la tradition des derniers navigateurs que la tempete et les hasards de la mer avoientportes des rives orientales de I'Afrique vers les cotes d'Occident. L'observation qu'il en a faite prouve que ce n'est point au hasard qu'il a donne des limites a cette partie de la_]terre : il jouissoit en Europe d'une grande reputation d'habilete ; et une carte , semblable a celle qu'il fit paroitre a Venise , fut dressee par lui pour Alphonse, roi de Portugal, sous le]regne^]duquel les Portugais avoient etendu au Midi leur navi- gation jusqu'au Cap-Blanc (i) et avoient decou- vert les Acores (2).

Quels que fussent aJors les progres de la geo- graphic et ses conquetes et ses esperances , I'an-

(1) En i44o.

(2) En i448.

( i6 ) cien et le nouveau monde etoient encore fcrmes I'un a I'autre ; mais le desir des decouvertes etoit repandu au midi de I'Europe ; celles que les Por- tugais avoient faites sur la cute occidentale de rAfrique excitoient , entre les navigateurs , une noble emulation ; et, a 1 epoquc ou parut le pla- nisphere de Fra-Mauro , Christophe Colomb avoit dix-sept ans.

A ce nom , Messieurs , vous prevoyez pour la terre de nouvelles destinees : ce n'est plus en suivant ses rivages que la geographic prolonge ses decouvertes : I'immensite de I'Ocean va s'ouvrir. Un homme a prevu qu'en cinglant vers I'ouest 11 atteindroit , par un nouveau circuit, I'extre- mite des pays qu'on avoit jusqu'alors cherches vers I'orient : on croyoit que la longueur du monde eonnu occupoit les trois quarts de la circonference du globle; Colomb veut en explorer le reste. Dans cet immense intervalle, de nouvelles terres doivent s'offrir. a lui : il a consulte toutes les cosmogra- phies , pese toutes les probabilites , calcule les perils de I'entreprise et les chances de succes. Toutes les connoissances nautiques et astrono- miques de son temps lui sont familieres , et^ avec trois batimens , il fait voile en 1492 du port de Palos pour gagner les iles Canaries , d'ou il s'e- lance , le 6 septembre, vers les contrees qu'il doit decouvrir.

Je ne le suivrai pas , Messieurs , dans cette

( '7 ) glorieuse navigation , maitrisant la iner^ liittant centre la sedition de ses equipages , superieur a tons les perils. Une boussole est son guide ; il en observe les variations ; il lit dans les astres la me- sure des distances qu'il a parcourues. Le vol de quelques oiseaux quivoyagent d'un pays a I'autre I'avertit , par intervalles , que toute cette etendue des mers n'est pas inhabitee ; mais il ne cher- chera point au hasard ces differens asiles : fidele a ses projets , il se dirige constamment vers I'ouest, et telle est la precision de ses calculs et de sa direction , que les premieres iles ou il aborde , apres trente-six jours de navigation , sont situees sous la meme latitude que les iles Canaries qu'il avoit quittees.

Ce n'est point , Messieurs , affoiblir la gloire d'un si grand homme que de faire deriver son entreprise des connoissances que Ton avoit alors sur la situation de I'ancien monde. Le genie n'improvise point une science entiere ; mais il s'etaie destravaux commences; ily voitle germe d'une decouverte , il le feconde , le fait eclore,et acquiert d'autant plus de celebrite,que sessucces sont moins dus a la fortune qu'a la profondeur et a la justessede ses calculs.

Soit done que le navigateur genois ait adopte les anciennes conjectures de Pline (i) sur cette

(i) Hist. nat. , Liv. I , sect. fi/.

( i8) immense ceinture des mers quipartagentle globe et nous en derobent une partie ; soit qu'il ait medite sur quelques expressions prophetiques de la Medee de Seneque (i) , annoncant qu'un jour rOceandoit fairedecouvrirde nouveaux mondes, et etendre au-dela de Thule les limites de la terre ; soit enfin qu'il se soit attache a une pre- diction analogue faite par Regiomontanus , qui vivoit comme lui dans le quinzieme siecle , et dont I'autorite en geographic etoit d'autant plus grande , qu'il avoit public quelques ouvrages de Ptolomee , et qu'il etoit lui-memc habile mathe- maticien , Christophe Colomb a fonde ses espe- rances sur tout ce qu'il connoissoit : sa prevoyance , ses prcssentimens ont etc le resultat de sa pro- fonde experience et de ses meditations : qu'y a- t-il joint ? Son caractere et son genie.

Honneur au siecle qui le vit paroitre et aux maitres et aux sciences qui le formerent et pre- parerent sa gloire ! Ge siecle , au milieu duquel I'imprimerie s'eleve comme le plus grand monu- ment qu'on put eriger au genie, avoit donne a I'esprit humain un si grand essor qu'il franchit de toutes parts ses limites. Les sciences s'etoient refugiees de Constantinople en Italic : la terre classique avoit repris sa preeminence ; elle avoit enfante d'autres hommes celebres ; les regards

(i) Fin du chceur du second acte de Medce.

( ^9) de I'Europe etoient fixes sur elle ; ses voyageurs , ses geographes faisoient aussi une partie de sa gloire; et, tandis que des Venitiens faisoient mieux connoitre la terre , un Genois alloit en etendre les bornes.

La navigation de Colomb fut une excursion hors del'ancien monde; celles des Portugaisnous y ramenent ; et , lorsqu'ils reconnurent les cotes de Guinee(i) et le Congo (2) , quand Dias attei- gnit le cap des Tempetes (5) , quand Vasco de Gama doubla ce promontoire redoutable (4), ob- serva les cotes orientalesde I'Afriqueet poursuivit sa navigation jusqu'aux Indes , il verifia ce que le cosmographe de Venise avoit ose tracer : les flots orageux de cette mer si long-temps inacces- sible furent surmontes ; et ce passage, qui n'avoit ete qu'entrevu et qui n'etoit signale que par des naufrages, devint , sous de meilleurs auspices et grace auplus grand navigateurportugais , la route habituelle de I'Occident vers les deux Indes et vers I'extremite de I'Asie.

Alors purent etre rectifiees toutes les positions assignees aux iles et aux rivages de cette partie du monde ^ par les voyageurs et les geographes du moyen ^ge. lis avoient ouvert la carriere ou leurs successeurs s'iliustrerent j et sans doute leur

(1) En 1471. (2) i484. (3) i486. (4) i488.

( 20 )

premiere gloire est d'avoir produit des imitateurs et des rivaux qui les aient surpasses.

Ne soyons point superbes d'avoir obtenu sur eux des avantages que le temps et I'observation n'avoient pas encore mis a leur portee. Nos con- noissances sont un supplement a celles de nos ancetres : chaque generation y doit ajouter son tribut; et nous serons moins presomptueux , moins ingrats envers nos devanciers , si nous pensons que nos successeurs iront plus loin que nous.

Quelle indissoluble chaine atta-che done ainsi Fun a I'autre les differens siecles ! Les generations, les especes y tombent tour a tour ; I'esprit hu- main s'y eleve sans cesse; il voit toutes les autres conquetes disparoitre , les siennes sont immor- telles. S'il s'applique a mieux connoitre le sejour de I'homme, laterre semble s'etendre devant lui ; d'autres iles , d'autres continens sortent du sein de lamer ; les perils accroissent ses forces ^ son activite , son empire ; la meditation I'augmente , Tinstruction le dirige, etlaconnoissance du passe lui donne , en lui montrant sa route , une im- pulsion progressive qui assure ses decouvertes a venir.

DE L lUPBIUEBlS DE }, SMITH.

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BULLETIN

DE LA

r *

SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMERO TftOlS.

*

Seances de la Commission centrale.

Seance pariiculiere du 12 avril 1822.

J_j.\ Commission centrale, reunie en seance pariiculiere, deli- bere sur plusieurs mesures administrativesa prendre dans I'interet de la Societe.

M. FiOux lui presente , au nom du Comit^ charge de s'occuper d'un projet de diplonie , un dessin execute par M. Lafitte , dessi- nateur du cabinet du Roi , et lui en propose I'adoption , de meme que celle de la gravure par M. Normand fils.

M. Langles s'oppose a I'execution de cette mesure , se fondant particulierement sur ce que la Societe n' est point encore dans un etat lei , qu'elle puisse se permeltre des frais aussi considerables ; il propose un diplome imprime , et portant pour ornement un spe«5 cimen de la Typographic des carles gcographiques. Un semblable specimen honorerait la nation , en meme temps qu'il prouverait les progres que les arts ont fails en France. D'ailleurs la somnie

6

08

dc i,ooo fr. , (lemandee pour la gravure , suffiralt pour t^'tablir ua prix, qui aurait un but d'ulilite plus immediat pour la Socidl^.

M. Roux, tout en applaudissant a I'heureuse application dc la Typographic aux cartes geographitjues , insislc 6ur les raisons qui pcuvent engager la Commission a mettre , dans I'execution de son diplome , un luxe modeste , et une elegance qui puisse flatter I'oeil des personnes accoutumees aux jouissances des beaux-arts. La Soa'eie de Geographic n'est pas uniquement composee de savans ou d'amateurs geographes ; elle appelle dans son sein tous ceux qui ont Ic desir de proteger et d'encourager les travaux geographl- .ques. Nos diplomes , destines a circuler dans loule I'Europe , ne doivent pas clre executes avec moins de soin , que ceux des So- cietes litte'raires d'llalie et d'Anglelerre. Les sommes versees par quarante-huit Membres de la Societe , lors de la remise du di- plome , suffiront pour en couvrir les frais.

Apresune discussion a laquelle MM. Walckenaer , Barbie du BocAGE , GiRARD , elc. ont pris part, le projel de diplome est adopte , tel que I'a presente M. Roux.

M. Malte-Brun propose de placer , dans des couronnes dis- posees par egal nombrc de chaque cote du diplome, douze noms des principaux Voyageurs et Geographes dont le temps a consa- cre la celebrite.

Adopte et renvoye au Comitc du diplome.

Seance du ig ami.

La Commission informe la Soci^td des causes qui ont empechd la tenue rcgulierc dc la Seance du l^. avril , d'abord remise au 12 , ct que Ton a ete obligd de confondre avec celle du 19 , attcndu que le nouveau local dc la Society (rue Taranne , n" 12 ) n'etait pas encore disponible.

On lit le proces-verbal des reunions particuli^res de ia Com- mission cenlrale , qui ont. eu lieu pendant la suspension das sean- ces publiques.

Onnomme un comite Compose dc MM. Ic baron de Humboldt, Eyries et Malte-Brun, pour faire un rapport detaillc sur la Carle statistique , physique et viUilaire des royaumes de Suede et dc Norcvege , presentee par M. Bremer^ au nom de M. le Lieutenant-Colonel suedois Hagelstam.

On communique a la Societe le dessin du diplome, tel qu'il sera execute.

M. le President annonce a MM. les Membres de la Socicle, que , d'apris les arrangemens pris avec les autres Socieles qui usent du m^me local que la Societe de Geograpbie, ce local est a leur disposition tous les vendredis , depuis lo heures jusqu'a l^. Les soirees des vendredis sont consacrees aux Seances publiques et particulieres de la Commission.

Seance du 3 mai.

On lit une lettre de M. Ducros , Membre de la Societe , relative aux rapports a etablir entre la Societe et I'Ecole des Naturalistes Yoyageurs, instituee pres le Jardin du Roi , a Paris ; les Missions Etrangeres , a Paris ; etle College de laPropagande, a P\omc. M. Ducros demande aussi qu'on s'occupe des garanties que doit presen- ter un voyageur envoyc aux frais de la Societe ; qu'on examine les mellleures manleres de voyager ; et qu'on determine le mode de travail que le voyageur dolt suivre.

M. de Ferussac rappelle la proposition qu'Il a falle, et qui tend a examiner les frais que coAteraient les voyages a cntrepren- dre dans divers pays , et les moyens de procurer aux voyageurs les faclliles et la protection necessaires a leur execution.

M. Malte-Buun rappelle egalemcnt qu'il a propose de faire

6..

70 r^diger, an noin de la Commission renlrale , une Insliuotlon ge- n^rale , suivie d'uncseiic de questions indiquanl les travaux et les recherchcs les plus urgenls pour rcmpllr les lacuncsdc la geogra- phic , et qu'il a ete decide qu'un Comite special s'occuperail de ce travail.

M. L.\KGLES fait observer qu'il serail desirable que toute propo- sition flit envoyee a une des Sections de la Commission crcees par ie Reglement.

Divers Mcmbres soutiennent que les questions complexes doivent etre discutees ou par la Conmilssion en corps , ou par des Comites speciaux composes de Membres choisis dans les di- verses Sections.

La Commission decide qu'il sera nomme un Comitd special et

mixle , pour examiner en temps utile les propositions de IMM, /)«—

cros, Fenissac et Malte-Bmn, ainsi que toutes celles qui seraient

faites relativement aux voyages a enlreprendre , projels de voyage

a dresser , et autres de celle nature ; sauf le renvoi ulterieur aux

Sections competentes , pour ce qui regarde cliacune d'elles.

t

On lit une Notice de M. Senms , sur les Mainottes.

Seance particuUere du 12 mai.

La Commission centrale se reunit dans le but de prendre les mesures necessaires a I'execution d'un bulletin.

Elle arr^te qu'un Comite special sera charge de composer , rd- diger et publier le Bulletin. Ce Comite sera compose du Secre- taire-General de la Commission , de I'Archlviste-Bibllothecaire , et des Secretaires des trois Sections , sous la direction du Presi- denl. Un Rapport sur I'execution de ce Bulletin , sera prcsente a ja prochaine Seance pubiique.

71 Seance dii 1 7 hiai.

On fait lecture du Kappoit du Coniite de Redaclion du Jour- nal ou Bulletin de la Soeiete ( Voir , ci-apres , Docuniens , page 80. )

Sur la mise aux voix de ce Rapport , M. de Feuussac demande si le Comite est revelu de pleins pouvoirs pour rediger le Bulletin. Lareponse est affirmaflve.

Ce Rapport est ensulte unanimemcnt adqpte,

Le President rend compte de I'audience qu'il a eue du Ministrs de la Manne. S. Exc. a promis de laisscr circuler les Icttres dc la Soeiete sous son couvert. II est arreld qu'on lul adressera une leltre de remercimenls.

M. Eoerat, Membre ct Imprimeur de la Soeiete , fait offre de 2 5 f. pour concourir a former un prix dont la Commission determinera le sujet.

M. JoMARp communique lesnouvelles suivanles : II s'esl forme a Londres un Comite de civilisation pour les Africains. Une ecole du I" degre est en activite a Saint-Louis ; quelques-uns des eleves sont venus a Paris septi^ectionner. L'impression du Dictionnaire yolofet fran^ais avance. 11 cite avec eloge M. Adrien Parta- rieux, homme de coulcu|5pi, a son depart pour le Senegal , s'est charge des lellres adressecs par la Sociele a differentes personnes dans cette partie de I'Afrique.

La Commission arrele qu'il sera envoye au Senegal a M. Adrien Partarieux une circulaire de Correspondant.

M. Bakbie du Eocaoe pere, communique a la Soeiete une leltre de M. Fauvel, vice-consul de France^ Athenes( Voir, cl- apres, Documens, p. 81 ).

M. Sueur MerUn fail une proposition tendante h comprendre au nombre desnomsqui font rornement du dipiome de Merabresdc la Soeiete, cclul de Cossiui.

72

- M. Sueur Merlin , dans un Memoire plein d'inleret , retrace la gloire des CassinI , et reproduit les litres de celte illustre famlUc a la reconnaissance detous les verltables anus de la science. II rap- pelle cetle conquetebien precieuse que fit Louis XIV sur I'ltalle, lorsque, en i66g el par I'entremise de Colbert, ilappela a 1' Aca- demic des Sciences qu'il venait de fonder, le grand CassinI j^i), dont la renommee elait europeeune, et qu'il lui fit delivrer, en 1673, des litres de naturalite. La mcrldienne , deterniinee par Jean Dominique et Jacques Cassini ,• et la pcrpendlculaire a la meridienne fixee par ce dernier : operation qui fournirent les ele- mens de la magnifique et importante carle de France; la verifi- cation de cette qi^me meridienne, par Cesar - Francois Cassini de Thury , son fils , qui avail ete re^u Membre de 1' Academic des Sciences a 2 1 ans ; la grande carte ordonnee par Louis X\ , com- mencee , en ijSo , sous la direction de Cassini de Thury , seconde par M. Cassini , membre de TAcadeuiIe des Sciences actuelle , et terminee en 1787 , sont aulanl de litres sur lesquels M. Sueur Merlin fonde sa reclamation , et qu'il presente <i I'appul de sa pro- position. Apres avoir jete un coup-d'oell sur I'etat acluel de la cho- rographie el de la lopographle de I'Europe comparee, a I'oeuvre de CassinI, il ajoule : « D'apres cette fMrevue raplde, vousne » pouvez contester. Messieurs, que la carle de France ne soil un « monument unique , et que la gloire sil^soit loute entl^re a cette « famille vraienient astronomlque et geographique , dont les ') Membres sont designes numeriquement de pere en fils , par w les noms de CassinI 1 , Cassini II , Cassini III et Cassini IV. »

Cette proposition, unanlmement prise en consideration, eslren- voyee au Comite du diplome, qui fera un rapport a la Commission centrale.

(1) II existt , i'l rOljservatoire lioyal dc Paris, uac statue du grand Cassini , que I'oii doit au ciscnu dc Moittc. Elle liu erigte en 1810 et 18 I i .

73 M. Delanglard propose a la Sociele le projet d'une iiiachhic ronde ou globe , de 120 pieds environ dc circonference, el reprd- sentant a roelllasurface exterieure de la terre. 11 la noinmc Geo- rama. II lit son Memoire et fait voir ses dessins.

La Commission ordonne le depot de son Memoire aux ar- chives de la Sociele.

La Commission nomme , pour former le Gomitc charge de s'occuper des propositions de MM. Diiaxts , de Ferussac , Malte-Brun , et aulres propositions de la m^me nature, MM. Wal-

CKNAER , CUVIER , DE HuMBOLDT , BaRBIE DU BocAGE, dE

Ferussac ,JoMARD , deFreycinet, Malte-Brun, deRossel

Seance du 7 jiiin.

Le Comitc du Diplome , par Torgane de M. Malte-B run , com- munique un expose des mollfs qiii ont d(ilermine le choix des or- nemenls du diplome , et parlicullerement celui des I2 noms de voyageurs el de geographes qui y sonl inscrits. II conclut au main- tlen de ces 12 noms dans les places qu'ils occupenl ( Voir , ci- apres, Documens, p. 84- ).

Le meme Comite fait, par I'organe de M. Pvoux , un rapport sur la proposition de M. Sueur Merlin, d'insererlenomde Cassini parmi ceax qui sont inscrits sur le diplome. II conclut a ce que le nom de Cassini y soil place dans le cadre d'une carte, rappclant le systeme des Iriangulations (Voir, ci-apres, Documens, p. 88 ).

Ces deux rapports sont adoptes.

Aunom du Comite charge d'examiner la Carte de Scandinavie de M. Hagelstam, M. Malte-Brun fait un rapport favorable sur cette carle (Voir, ci-apres, Documens p. 91).

M. Warden presenle a la Societe le tableau de la population des Etats-Unis, d'apres le dernier recensement (Voir, ci-apres, Documens p. gS ).

7^ Seance du 21 jiiin.

Le Bureau communique a la Sociele la leUre de S. Ex. le Mi- nistre des affaires e'irangeres , en reponse a celle que la Sociele a eu I'honneur de lui ecrire. La Commission decide que celte letlre sera inseree au Bulletin ( Voir ci-aprcs , Documens , p. 98).

M. y. Vauvilliers, Secretaire-General du Minislere de la Marine, ecrit qu'il fera parlir la Correspondancc de la Societe avec les Fran^ais en Amerique el aux deux Indes.

M. Caillard presenle une machine de son invention , conslruite dans le bul de mesurer a-la-fois I'inclinaison el la declinaison de raiguille aimantee ; I'explication qu'il a donnde de cet instru- ment est precedee de quelques observations de M. Roux sur Tun et I'autre phcnomene. ( Voir ci-apres , documens, page q8 ) .

MM. de Freycinet et Girard sont charges de vouloir Lien examiner I'instrument , pour en faire un rapport

M, Barbie du Bocage pere communique a la Sociele une letlre qui lui a ele adressee de Bagdad par M. Honore Vidal , at- tache au consulat general de France ( Voir, ci-apres, Documens, p. lOI ).

Seance du 5 juillet.

M. Diicros, Memhre de la Sociele, lit la premiere partie d'un Memoire sur les diverses manieres d'enseigner la Geographie. Cette pre- miere partie donne une idee des m^lhodes allemandes.

M. le President invite M. Ducros a continucr ses rccherches et a en communiquer le resultat a la Societe. Le Memoire complet sera renvoye a la Section de Publication.

M. Sueur^DIer/in lit des fragmens cholsis d'un ouvragc inedit , intitule : Souvenirs des pays Basques, par M. Boucher , Sous-Ins- pecteur aux Douanes. La Commission en ordonne la mention honorable.

75 Les Membres presenls sonl invites a adresser leurs observations a M. Sueur-Merlin , qui les fcra connailre a I'auleur de I'ouvrage.

Seance du KjjuilleL

M. CiRBiED communique une lettre de M. Tacoigne, sur I'etat acluel de la Valachie.

M. SueUr-Merlin continue la lecture des fragmens choisis des Soiwentrs des pays Basques , par M. Boucher.

M. Llorente rappelle a ce sujet quelques observations tirees de son Histoire des Provinces Basques , en 3 volumes.

M. JoMARD communique des letlres de M. F. Cailiaud, dalees de Sennar, 17 novembre 1821 , 18 et 27 (cvrier 1822. (Voir, ci-apres , Documens, p. iii.)

Seance du 2 aoiit.

On lit une lettre de S. Exc. le Ministre de finlerieur ( Voir, ci- apres, Documens, p. iigO

M. Sebes , Membre de la Societe , presente son Atlas geogra- phique elementaire lithographic. II adresse en meme temps a la Societe , une lettre dans laquelle il expose le plan de son travail , les encouragemcns qu'il a re^us du Conseil royal de Tlnstruction publique , ct offre de llthographier annuellement , au profit de la Societe , pour une valeur de 1,200 f.

Get Atlas , sur les observations de M. Freycinet, est renvoy*^ a la Section de Publication , qui sera chargee de faire un rapport.

La Commission accepte I'offre de M. Sehes , et arrete qu'il lui sera ecrit une lettre de remercimens ( Voir , ci - apres , docu- mens , p. 120).

M. Sueur-Merlin continue la lecture des fragmens choisis des Svuoenirs des pays Basques, par M, Boucher.

M. Llorente lit une Dissertation sur la topographic comparative des viiles, bourgs et villages espagnols compris dans la parlie de Vitineraire

76

d'Antonm , concernant les rlieniiiis romaiiis qui ubouthsairnl ci la France ( i" art., Chcmlu de la villc espagnole d'Aslorga a la villc de Bordeaux. )

Seance du lO aoul.

On lit unc lellre de M. le Secretaire perpetuel de la Societe Linne- enne de Paris, par laquellc cede Societe cnlrc en relations avec la Societe de Geographic , ct lui offrc un cxemplaire du premier volume de ses Memoires.

M. le President est charge de Iransmeltre les reniercimens de la Societe de Geographic a MM. les Metnbrcs dc la Societe Linnc- enne de Paris.

On fait lecture de trois lettres envoyees a la Societe de Geogra- phic ( en reponse a celles adressees au nom de la Societe ) , par les Socictcs centrales d' Agriculture etdes Arts, de Seine-et-Oise; d' Agri- culture de Villeneuve -Sur- Lot ( Lot-et-Garonne ) ; d'Agiiculture , Sciences-et-Arts de Troyes (Aube). La Societe de Villeneuve-sur- Lot designe , parmi ses Membres, M. Delard , Chef de Bataillon du Genie, en relraite, Chevalier de St-Louis et de la Legion- d'Honneur , ct cellc de Troyes, M. Jourdan, Ingenieur en chef du cadastre , pour correspondre , en leur nom, avec la Societe de Geographic,

M. Leschenauli de la Tour presenle le Nii>eau de la peninsule dc I'Inde en-defii du Gange ^ depuis la cote de Coromandel Jusqu'ii la c6te de Malabar . II presente aussi une Relation sur les mines et les sculptures de Mahabalipouram , par M. Bona, bramine. La Conir mission , par I'organe de son President , remercie ce savant \' oya- geur de ces communications , qui sont renvoyees h. la Section dc Publication.

M. Llorente continue la lecture dc sa Dissertation sur la topogra- phie comparatii>e des villes , Itourgs et villages espagnols , etc. Ce Me- moire est rcnvoye i la Section de Publication.

i

77

rw^i fwh^ivx/vx fv-wt i\/v\/\

Liste des Membres nouvellernent adtnis dans la

Societe.

Seance du i^ avril.

MM. le Gomte de Beldeueuscii.

le Colonel Baron de la Brune.

le Comle de MoNTESQUiou , Pair de France.

Seance du 3 mat,

Brice , (ieographe adjoint de la Dlreclion-generale des Postes.

. Delavaivre, Avocat,

Seance du 7 juiii.

le Comte de Boisrenaud.

GoDEFROY , Sous-Prefet a Doullens.

le Baron Valaze , Ge'neral du Genie.

Pierrot, Professeur suppleant de la Faculte des Letlres de Paris.

Seance du 2 aoui,

F. de Saint-Sauveur , attache au Minislere des Affaires etrangeres.

Theodore de Lagrene, Secretaire duMinislre des Affaires etrangeres.

Seance du 16 aout.

Leschenalilt de la Tour, Naiuralislc

78

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Livres ojferls a la Socieic.

Seance </« I9 am/.

M. Bremer pr^senle, de la pari de M. le Colonel Ilagehtam , Sui^dols , une carle slatislique , physhjue el milltaire des royauvies de Suede el de Nortvege , accoinpagnec d'une explication. Une feuille grand- monde, en Suedois.

Chez Goujon , vue du Bac .

Seance du 3 mai.

M. Lakgles presente les cahlers de Janvier, fcvricr et mars du Paris RciHCiV.

Prix 44 ^'"* J pour I'annee ; en Jouze cabiers pris a Paris chez Smith , rue de Montmorency , 16.

M. Sen>ois envoie les Memoires de la Societe d'Enmlation de Cambray , un vol. In-S".

Seance du 7 juin.

MM. Barbie du BoCage font hommage dc Icurs Tabula, ad Caii Julii Cccsaiis Commenlarios accommodulcc , 1818.

M. Warden, de sa Description sUdlslltfue el puUlique des Kials- Unis s 1820, 5 vol. in-8».

Prix 9 fr. , et le double papier velin , a Paris , chez Menard et Desenne, rue Git-lc-Coeur , n" 8.

Et d'une Brochure intitulee : Bibliotlieca Americo-sepientrionalis.

M. F. Em. de Pietro , d'une Notice sur la inlle d' Aiguesmortes ; un vol. in-B". Cher Delamiay , libraire , Palais-Royal.

79

Seance du 21 j'uin.

La Societe de la Morale rhretlenne envole les deux premiers numdros de son Journal.

Prix : i5 fr. pour 12 Cabiei*, formant 12 vol. in-8<> , aubmeau de la Societe, rue Taranne, noia.

Seance du igjuillef.

M. Barbie du Socage presente , de la part de M. Rousseau , Consul - General a Bagdad , un Specimen de son Eucyclopedie orientale ;

111-4° > Psris , chez Treuttel et Wurtz , rue de Bourbon, n" ij;

Seance du 2 aoilt.

M. Sehes fait hoitimage de son Atlas gcographique elemen- laire , lithographic,

Chez I'auteur , rue des Lions-Saint-Paul, n" 14.

M. Peiiusier fait hommage de denx de ses ouvragCs inlitule's : La Bosnie , consideree dans ses rapports awe I'Empire Ottoman , Ja Valaclue et la Moldane; et de I' Influence politique des Grecs du Fanal

Un vol. et una brochm-e in-80 chez Gosselin , llbraire , rue de Seine , n" I2.

La Societe Linneenne , du premier Volume de ses Memoires , et d'une Relation de sa premiere fete cJiampetre ;

Un vol. et une brochure in-S" , au Secretariat de la Societe , rue des Saints- Peres , n" 46.

M. Duchesne , de plusieurs exemplaires de son rapport fait a la Societe des Melhodes sur V enseignement de la geographic.

M. B.... de S... , d'un Memoire sur I'omyertuie du port de Kertch ;

In-8o , chez Bachelier , libralre , quai des Augnstins , n" 55.

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DOCUMENS.

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Bjpport sur le BuUeiin de laSociele de Geographie.

Dans une de ses dernieres Seances, la Sociele a decide que le BuUelin qu'elle doit publier, serait redig^ sous la direction du President, par un Comitd compose du Secretaire -General, de I'Archiviste-Bibliothecaire et des Secretaires des trois Sections qui forment la Commission cenlrale.

Le Comlte du Bulletin s'est empresse de chercher les moyens les plus propres a rempllr les vues de la Soci^e ; et apres plusieurs deliberations, II a adopte les mesures sulvantes :

Le Bulletin portera le litre de Bulletin de la Sociele de Geo- graphie.

II sera Imprlme format grand in-S" , caracteres petit romain , et aulant qu'il sera possible, par feuIUes de i6 pages rangces sous une serle de numerosde i aaS. Chaque serle de 25 feuilles , ren- fermant ^oo pages , formera un volume avec litre et tables ;

D'apres la soumission de M. Everai imprlmeur , et membre de la Societe, chaque numero ou feuille de i6 pages, coA- tera 52 fr. 5o c, lire a 5oo exemplaires , tirage et papier com- pris, et le volume de ^oo pages , i3oo fr. les 5oo exemplaires ;

4." Cette depense se trouvera repartle sur deux annees au molns, I'ordre des travaux de la Societe ne permettant pas d'esp^rcr de pouvoir publier plus d'une feuille d'Impression par mois , si meme cela est possible ;

Le Bulletin sera envoye gratis a tous les Membres de la So- ciete. D'apres la depense ci-dessus enonccc , chaque volume re~ venant a 2 fr. 70 c, cet envoi gratuil a chaque Membre , ne sera

8i

qu'une faible depense pour la Soclete, surtouf cetle depense etant distribuee sur deux anndes de recettes;

6" Les personnes dirangeres a la Societd pourront acquerir le Bulletin a raison de 6 fr. le volume de 25 feuilles ou 4.00 pages. La necessite de repandre ce Bulletin a ete le principal motif de cette de'cision ;

Les premiers nuraeros seront publiees sans delai, et con- tiendront : le R(^glementde la Societe, la liste de ses MemLrcs , I'extrait des Proces-Verbaux et Rapports, le programme des prIx, les livres donnes, etc. etc. Dans les numeros suivants, se- ront insdrds la suite des Proccs-Verbaux , I'extrait de la corres- pondance , les dons faits a la Sor.iele , et autrcs notes dont la Commission centrale ordonnera I'insertion,

Arrete a Paris, le 10 mai 1822.

Signe RosSEL , President de la Commission centrale.

Malte-Brutsj, Secretaire-General fh la Commis- sion centrale.

J. J. ChamP0LLI01S!-Figeac, aclmiste - biblio- thecaire.

''■ Alex. Barbie du Bocage, Secretaire de la sec- tion de correspondance.

A/Wi/WMfVWl /Vli/VI /WW

ExTRAiT d'unelettre deM.FAUVEL^ Vice-Consul de Franceli Athenes, correspondant de l' Academic Roy ale des Inscriptions et Belles- Lettres de Vlnstitut de France , etc., Adressee a M. Barbie du So- cage, Membre de la meme Academic.

Athenes , le 20 Janvier 1822.

J'ai re9u , le 3 aout , a bord de la fregate la Fleur de Lis , qui mil en panne devant I'lle de Zea, votre leltre du 24 juin. Cette fregate m'avait 616 envoyee par M. I'Amiral Halgan. Je n'ai pu profiler dans le temps , de I'offre que mc faisail M. de

82

Viella, commandant dc celle fregate, de me reporter a Athcnes pour tacher d'y sauver mon Musee. On avail su la ville in- cendiee, j'ignorais si ma maison avail echappd. Je retouruai a Zea; el M. Halgan , de la Mandri , ou il elait mouillc , m'cn- voya prendre avec condition de me faire remeltre a Zda , si je ne jugeais pas a propos d'allcr a Alhcnes. M. Halgan montait la superbe fregate la Guerrierc , dc 60 pieces de canon ; ce fut sur celle fregate que voire ancien ami fit son entree au Piree , le i5 oclobre. L'Etal-major des deux balimenis, PAmiral en grande tenue, m'accompagnerenl a la ville, ou nous filmes regus avec les marques de la joie la moins equivoque. J'elais mum d'une lellre du Grand-Visir el d'une recommandalion tres-forle au Gouverneur el au Kadi , ce qui, joint a lapompe de noire entree , fit le meilleur effet. Les Turcs me firent present de boeufs, dc moulons , de ble , etc. , etc. J'avais , il est vrai , perdu mes provi- sions, mes meubles en partie; mais ma maison n'avall pas ete devastee comme les aulres; n^es anliquiles, ce que Ton appelle mon Musee , n'a point ou a peu soufferl. La ville est au quart briliee, toutes les eglises, la noire meme : le sejour en est af- freux. Tout elait desert quand nous y arrivames. On ne rencon- Irait que des restes de la garnison qu'avail laissee le pacha Omer Vrloni , ce sont des Albanais de la plus haute taille. Bienlot apres mon arrivee , les Turcs, faute de garnison suffisanle , s'en- fermerent dans la forleresse ; el les Grecs enlrerenl doucemcnt el de nuit dans la ville, le 17 novembre. Depuis ce temps, I'Acropolis est bloquee. Encore nous elions tranqulUes au mi- lieu des mines fumanles , avanl le relour des Grecs qui s'y elaienl retires , comme anciennemenl a Salamine el a Egine. Aujourd'hui, je me trouve tres-mal au milieu des comballants. Les Grecs cependant me respeclenl ; mais je ne puis esperer d'eux aucun secours , je ne puis fournir de trailcs ; point de com- merce , aucune justice , aucun ordre ; le blocus pourra durer long-temps , el les Turcs sont bien approvisionnes. Si un Pacha parail avec 1000 hommes seulement , loule la ville deviendra de

83 nouveau descrfo, pcrsonne n'aUenflra rennenii. On dit que les Turcs descendront de Thessalic, en mars.

Je me console , mon ami , avec dcs antiquite's , des medailles et quelques livres; j'oublie que les balles sifflent au-dcssus de ma Icte. Laissons la guerre. Voici une inscription que j'ai copice sur une colonne sepulcrale qui ctait au-dessus de deux sarcophages, sur le revers de la colline du Pnyx. II est assez singuller d'y trou- ver reunis les noms de deux des plus fameux peintres de I'anliquite, Zeuxis et Protogene. Ge n'est pas que je croie qu'il y soit ques- tion de ces deux artistes , ce sont les noms de deux habitants de FAttique. Void cctte inscription :

ZEYEIS

AIBYQ.Z

MIAH2I02

nPOTOFENHS

AIOKAEOYS

riAMBilTAAES.

A cette inscription , j'en joins une autre trds-longue , que j'ai copiec a Zea. EUc n'est peut-etre pas connue. 11 y manque quel- que chose , sculement en haul. Ge sera de quoi faire travalller nos coUegues les hellenistes, ( i )

J'ai commence le catalogue de mes medailles; mais il faut du temps et de la tranquIUitc pour le continuer. Je yous dirai , a ce sujct, que je viens d'acheter une medailie d'or de Thebes, sur laquelle se voit le premier des Iravaux d'Hercule : ce heros enfant dtouffe des serpents. Je connais la grande en argent.

(i) Cette inscription est cntre les mains de M. Doissonade, membre tie I'Acadeiviie royale des inscriptions et belles-lettres , qui a bien voulu se cbarger d^'n donner rexplication.

7

84

^x.^v n11.-«.^vl<^x-«lAt;%«

B.4PPORT fait U la Commission ccntralf , par les Commissaires spe- ciaux, , poiir la confection du Diplome.

Commissaires , 3I1M. Roux , Lapie, Malte-Brun. Rapporteur, M. Malte-Brun.

Les deliberations sur la forme du Diplome , ayant eu lien en Seances parliculleres, parce que la Sociele ne jouissait pas encore de son nouveau local, la tolal/le de scs Mcnibres n'a pas eu connais- sance dcs molifs qui onl dclcrmine la Commission, dans le choix de tous les details du dessin qu'clle a adopte. Les commissaires spe- ciaux , pour la confection du Diplome , crolent devoir suppleer a ce defaut de publicite , resultat de circonstances dont ils n'd- taienl pas les maitres.

Un dessin elegant, rendu par une gravure soignee, a paru convenable a la dignite de la Sociele de Geographie. Les savants ne sonl pas Ics seuls appeles a concourir a ses Iravaux ; les hommes du monde y sont egalement invites ; el qui ne sail pas qu'une trop grande simplicite dans les dehors, repousse quelque- fois les personnes accoulumees aux jouissances de tous les arts? La d(?pense qu'occasionnera la confection du Diplome , a paru com- pletement compcnsee par I'effet favorable que ses ornemenls pro- duiront sur ccux qui aiment I'elegance et le bon goAt.

Tel fut I'avls adopte, a la presque unanimite, dans la Seance partlculiere du 12 avril. M. Roux fut charge specialement de suivre I'execulion du projct dont nous allons vous soumeltre une explication dctaillee.

Le dessin repre'senle un porllquc , au-dcssus duqucl sont assises deux figures allegoriques , dont le caraclere est indique par divers attribuls. La Geographic et i'Hyilrographic , ces sciences si inti-

85

mement liees, paraisscnt ici sous !a figure de deux Deesscs-soeurs, qui semblent, dans I'atliludc d'uu rcpos momenlanc , iTK^diler de nouvelles conquclcs, et porler leurs regards pcnsifs sur ce monde que nous habiloos.

Divers instfuincnls groupe's sur le dcvant du porlique , rap- pcllentlcs divers travaux des Geograplies. Ce groupe cstcouronne par la lyre d'Orpliee, qui conduisit les Argonautes a (ravers des ecueils inhospilaliers et des ftierS incoiinues : syifibole ingenieux , qui noiis rappelle qiie I'enlhousiasme du genie et le sentiment du beau ne sont <^trangers a auciine grande chlreprise!

Afin de caracteriser plus specialement les travaux que la So- clete de Geographie se propose d'encourager , nous avoiis cru devoir inscrire dans douze medaillons , suspendus symetriquement aux deux colonnes laterales du portique , les noms des liommes que nous proposons comme modelcs dans les diverses especcs d'entreprises, tendantes aux pf ogres reels de la (jeographic. Ce choix etait difficile : nous avons efabli eh principe qu'il fallait le circonscrire d'aLord par deux conditions cxclusives. Les an- ciens Grecs et Romains, dont les conriaissaiices sont un sujct|de controversc , et les hommcs vivants , doht la celtibrite n'a pas rei^a la sanction du lombeau , nous ont paru ne pas devoir etre places en premiere ligne , dans notre Pantheon geograpliique. INous avons, d'un autre cote, regardc comme un devoir sacre, de dis- Iribucr nos homrnages , d'unc maniere aussi egale que possible , enlre les diverses nations clvilisees : noh-seulement cetld egalilc est indiquee par le reglement de la Soci^le , elle est encore com- mandee par I'interet que nous avons a gagner cgalcment la bienveillance et la confiance de lous les pcuples qui pcuvent con- courir a noire but.

Troisnoms s'offrcnt au premier rang : re sont ceux de Colomb, de Magellan , de Gama; I'importance dc leurs decouvertes , Tim- pulsion qu'ils ont donnee , rimmorlclle gloire ffui fes environne , lout met ccs noms hors de discnssion.

8G

Lcs trois noms suivants reprcscntcnt ccllc classc de Navigalcurs savanls et hablles qui out pcrfcctionnc lcs mclhodcs de cherchcr (lcs dccouvcrlcs , ct qui en out consldcrahlcmcnl clcndu la sphere. Persoune n'ignore lcs tilrcs du capitainc Cook : noire inforlunc La Perouse , quoIqu'arrcl(J, a rentree de sa carriere, mcrllait par la sagcssc de sa conduite et I't'lendue de ses vues , la place que d'alllcurs nos sentiments n'auraient pu lui refuser. Le HoUandais Abel Tasnian a le mcrite unique d'avoir le premier abandonne la routine de ceux qui , en Iravcrsant le grand Ocean , suivaient aveuglement une route uniforme : Tasman , en scfrayanl unc route nouvelle , fit le premier connaitre que la Nouvelle-Hollande clait une grande ile, ct nc s'ctendait pas vers le pole austral, pour y former ce continent imaginaire qu'il etait reserve a Cook dc faire entierement disparaitrc.

G'cst aux grands voyagcurs terreslres , que nous avons con- sacre les trois medailles suivantes. Marco-Polo , en faisanl con- naitre I'immense c'tendue de I'Asie , fournit a Christophe Colomb I'idee qui le conduisit a sa grande entreprise. IMais le nom dc Marco -Polo , rappelle la manicre un peu romancsque des an- ciens voyageurs ; ceux de Pallas et de Kiebuhr, rappellenl toute I'exactitude scrupuleuse des modernes; d'ailleurs, Icurs explo- rations de la Siberie et de I'Arable presentent une grande masse de notions nouvelles; cnfm, nous avons voulu, en les nommant, honorer les r>ations septenlrionales de I'Europe , sur I'appui eclaire desquelles nous aimons h compter.

On aurait desire trouvcr des places pour les noms de Mackensic et de Mungo-Parck; mais on a observe que deja nous avions rendu hommage k la nation anglaise dans la personne dc Cook.

Les trois places restanl«s apparliennent de droit aux savants, qui, par leur genie et leur savolr, ont contribue a crder la science dont les voyageurs et lcs navigateurs rasseniblent les maldriaux. La Con- daininc , dont le nom se ratlachc k la premiere grande mcsurc du

87 ineridicH, Saussurc, le savanl hislorlcn dcs Alpes ; cnfiii, le plus judicieux dcs critiques, le plus laboricux des erudils, le grand d'Anville , nous ont paru , parmi une foule de concurrens , les representants les plus convenables de la Geographic scientifique. Nous aurions voulu payer un tribut de respect a beaucoup d'au- trcsnoms justemcnt celebres. Bergmann , premier fondateur de la veritable Geographic physique; Eusching,qui est le D'Anville de la Geographic politique modernc; Fleurieu, le modelc des hydrographes ; Cassini, le plus habile construcleur des grandes cartes , et bien d'autres noms, re'clamaient notrc reconnaissance ; mais Tespace etait circonscrit, et il fallalt choisir enlre les moin- dres regrets.

Telles sont les raisons qui nous ont guidds dans la confection du Diplomc ; la Commission les a adoptees a une Ires-grande ma- joritc ; il n'est plus ni possible , ni convenable de rien supprimer dans un dessin qui a re^u la sanction du pouvoir administratif de la Sociele ; mais , il reste dcs parties encore vides , el ou I'habilc dcssinaleur pcut, si la Commission le juge a propos, inlcrcalcr les noms qui n'ont pu Irouvcr place dans les mcdaillons , et que plusieurs membres ont regrctte de ne pas y voir inscrits. Get objet toulefois sort des borncs du present rapport, qui n'a pour Lut que de fairc scntir a la Socie'te , avec quelle attention cons- ciencieuse , I'affaire de la redaction du Diplome a cle traitee.

Signe : RoUX , LaPIE.

Malte-Brun, Rapiwricur.

88

BjPPOfiT prescnte , av nom du Comite du Diplomc, par M.

Messieurs,

La proposition de placer Ic nom de Gassini au nomhrc de ceux qui doivcat orncM" voire DipiArne , vous a cle presentee de la ma— nicre la plus propre a entratner vos suffrages. Plusieurs pcrsonnes ont concouru a i'illuslration de celle famille ; leurs litres ont et^ reunis dans un meme article ; ils vous ont ^le montres comme une espece d'heritage iitteraire qui , en passanl de generation en ge- neration , avail conserve, lout son eclal.

Voire Comild, Messieurs , avak a se dcfendre d'un lei pres-- tige, et a decomposer cette somme de gloire , pour remettre a cfeacun sa part de celebrite , et pour juger individuellement ses litres d'admission. Mais la famille de Cassini pouvait henreusement soutenir un tel examen. Ses fondaleurs s'etalenl rendus illustres en astronomic : leurs descendans ont plus specialement applique a la Geograpliie celle tradition de connaissances qu'ils avaient regues de leurs peres; el le systeme de triangulation, dont Francois Cas- sini a donne Ic premier exemple dans le leve et la description de la Carte de France, a permis d'appllquer aux travaux fails avanl lui pour determiner la nieridiennc de Paris et sa perpendiculairc , les plus parfaits procedes trigonomelriques dont on eilt encore fait usage.

Celle heureuse innovation dans I'art de lever les cartes , soil par la determination des angles que forment cntre eux les differenls lieux , soil en assujetissant i des observations astronomiques les principaux points qui deviennent la base des operations de la geo- metric, ouvrail une route nouvelle aux geograpbcs consacres a ces travaux : cllc eut partout des imilalcurs ; d'aulres parties de I'Eu-

89 rope fuienl levcesavcc le memc soin; ct cesyslemc, qui s'cst clcn- «lu lie proclie en proche, a fail graducllcmenl reclilicr cl <lispaiai- Ire les eneurs qiroffraienl des carles plus ancicnnes, soil dans la position, soil dans la configuration de quelqucs parlies dc la Icrrc.

Representez-vous , Messiexirs, des Ingenleurs et des Geomc- ircs, tragant autour de notre Observaloire, de premiers rayons , qui vont ensuite se prolonger, se croiser en mille sens, sur toutcs les parties dc la France. La mesure d'une ligne et des deux angles qui la lerminenl Icur donne toutes les dimensions d'un triangle : ses deux colds vont devenir pour eux la base d'une operation nou- velle ; des signaux sont places sur les lours , sur les montagnes, pour elablir la direction et la correspondancc de leurs travaux ; ils lient avec Tobservillon des phenomenes du del les ligncsqu'ils ont Iracees ; et tantot la hauteur du solcil ou celles des elolles , tan- lot les eclipses, les occultations des planetcs et de leurs satellites aident a niieux fixer les positions. Tout est soumis au calcul des an- gles el des distances ; cette armee de voyagcurs couvre la France d'un vaste rdseau ; elle en embrasse toutes les parties ; el Cassini qui preside a cette operation immense , joull eniin du prix de ses travaux.

Nous ne croyons pas , Messieurs , avoir ici a examiner s'il ne s'etait point glisse , dans une si grande entreprisc, de nonibreuses inexactitudes , et si elles n'avaient pas rendu necessalres les nou- velles ope'rations que le Gouvernement fail execuler aujourd'Iiui , pour lever avec plus de precision ia carte du royaume. Ces opera- tions, quelque parfaites qu'cllcs soicnt, derivenl du systeme trace par Cassini ; elles amdiorations que rci;oit une melhode, donl Tap- plicalion est si utile et si generale, nepeuvent point en faircperdre de vue I'lnvenleur.

Nous sommes heurcux , Messieurs , quun Mcmbre de la Socie- te nous ail offert I'occasion de rendre a Cassini un public bommagc. L'art dc lever les cartes contrlbue esscntieilemcnl aux progres de la Gt^ographle, puisqu'ii assure ia inorcbe clcs voyagcurs, c! qii'il

9'^ signalc, a c6tc dcs regions connues, les descrls a parcourir, los rlvages a reconnattrc, Ics dcueils a dviler. Les descriplions de lieux seraicnl obscures sans les tableaux qui les rendent scnsiLles aux yeux ; ct la thcoric ct la pratique se prclent ici , commc dans les arls d'iinilation , un appul csscnliel et necessaire.

Le nom de Cassini n'etail point encore dans voire Diplome ; mais sa place paraissait I'altendrc ; el en jctanl les yeux sur cetle carte ddroulde , que le dessinateur a placdc au milieu des or- ncmcnts de la base , votre Coniile a pense qu'on pourrait lui donner le noin de Carte de Cassini , y rassembler quelques villes aulour de celle qui fut le centre de ses operations, et tracer cntre ccs differents points les premieres lignes du systeme de Iriangulalion qti'il appliqua a la France, et que toules les nations ont ensuite adopte.

En rendant a Cassini le genre d'honneurs qui parait lui appar- lenir le mieux, vous nc deplacez, Messieurs, aucun des noms qui formenl le principal ornement de votre Dipl6me , et vous vous montrez jusles envers un homme dc plus , sans lui sacrilier une autre renommee.

*jv%mw%mv*:wtww%/*flty

Rappobt fail u la Commission ccntralc de la Societe de Geographie sur uiie Carte geographifue , militaire et stattstique des royaumes de Suede et de Nonvege , redigee d'apres des materiaiijo authentiques et publiee avec la permission de S, M. le Roi de Suede et de Norwege , par M. le Chevalier Hagelstam , Lieutenant-Colonel, Memhre de VAcademie des Sciences militaires de Stockholm , 1S20 , aoec des additions failes en 182 1 ( Une feuille grand-monde , en Sue- dois ).

Commissaires : MM. De Humboldt , Eyries et Malte-Bruk. Rapporteur : M. Malte-BRUN.

La Commission centrale nous ayant charge, M. De Hum- boldt, M. Eyries el moi, d'examiner la carte de la Scandinavie, qui lui a ele presentee de la part dc M. le Chevalier Hagelstam , nous avons ete frappe's de I'impossibillte ou nous sommes d'ap- prccier en detail et en parfaite connaissance de cause , I'lmmense variete de notions qui s'y trouvc renfermdc. Nous devons done nous borner a presenter a la Commission Texpression motivec de la haute estlme qne ce travail nous parait mcriter de la part de tous les amis de la science.

La partie purement geographique de la carte est fondde sur une reduction soignee des cartes de provinces de Suede , publiees par feu le Baron d'Hermelin , des carles hydrographiques des coles de Norwege , dues a la direction du depot des carles de la marine de Copenhague , des ilineraires des voyageurs , entre autres de M. Leopold de Buch , ainsique sur des observations per- sonnelles de I'autcur. L'echelle est a peu pres de 2000000 ^^ '•* grandeur nalurelle.

C'esl dans cc cadre , que M. Hagelstam fait enlrcr loules les notions de geographic physique, statistiquc et militaire que I'cs-

92

pace iui a permis d'y accumulcr. On nc saurail sc dissiinuler que Ics limitcs ties divisions par provinces , par gouvernemenls , par dioceses , par inscriptions militaires el marilimes , par reisort de tribunaux et aulres, ne s'y croisent quelquefois de nianiorc i nuire a la clarte et a I'dlegance : il nous aurait para preferable de consacrer au moins une carte h. la Geographic nalurellc , en y marquant seulement la division usuelie par anciennes provinces et par cantons ou vallees, avec I'indicalion des habitations de riionime : une deuxieme carte aurait etc uniqucment reservee aux details administralifs , politiques , militaires et ecclesiastiques. A Tinconvenient pres de cette trop grande accumulation , nous devons rendre un cntier hommage a I'cxcellent travail de M. Ha- gelstam. Les tableaux de population milltaire, etant garanlis par Taulorilc, prcscntent surtout des notions interessantes et neuves. On y a porte le genereux et salutaire principe de la publicite , jasqu'a indiqucr en combien de journees d'etapes et en combieu de jours de marche forcee , chaque corps de Tarmee peut se rendre de sa situation ordinaire a tcl point de la frontiirc.

C'est la partic physique de cette carte qui nous a inspire le plus vif intcret, et sur laquelle nous appelons parlicullerement I'atten- tion de la Commission centrale.

D'abord , la direction des chaines dc montagnes , leur eleva- tion , leurs pcntes et versans, les plateaux , les vallees, les defiles, sont marque's ici avec une exactitude scrupuleuse qui manquait jusqu'a present aux cartes generales. La hauteur perpendiculaire au dessus du niveau dc la mer, de plus de 200 montagnes ou pla- teaux, ainsi que 270 lacs ou courans d'eau, se trouve indiquec sur cette carte en pieds suedois. Sixprofils, prisdans les directions les plus interessantes , achevent de donner une idee de la conligura- iion dc la p^ninsule de Scandinavie.

Une note de la carte nous apprcnd que dcpuls Ic 58""= parallelc jusqu'a 62 degres 3o minutes, la chaiiic principalc des Alpes Scan- dinavcs sc termine en plateau et nullcment en pics ni en cretcs.

9-^ Lcs nolions relatives a la lempe'ralurc cl a la vcgetalion sonl marquees avcc Ic niome soin sur deux colonncs , placees dcs deux coles de la carle , ct dont Fune concerne la Norwege el I'autre la Suede. En effet , celle disposilion est indiquce par la nature elle- meme , car les deux mollies ine'gales dans lesquelles la Scandlnavie se partage, offrent deux systemes de temperature tres-differens. Du cole de i'Ocean , les venls d'ouest , charg& d'uue humidile conslante , diminuenl egalement la chaleur de I'^le et le froid des hivers : du cole de la mer Ballique , ce sont au conlraire des liivers tres-rigoureux, et des etes tres-chauds. M. Hagelstam n'apu, dans de courtes notes , indlquer les circonstances locales qui mo- difient le climat et la vegetation; il n'a pu represenler sur sa carte les observations si aLondanles et si ingenieusesd'un Wahlenberg, d'un Buch ; mais c'est toujours un ouvrage bien ullle pour les savants memes , que ce resume general de la cllmatologie et de la distribution des vegclaux, joint a une carle geographiquc. La li-|, mite des neiges perpeluelles, n'est pas seulement indiquee gend- ralement en pieds sucdois, de latitude en latitude, mais I'empla- cement de cbaque masse de neiges perpeluelles est marque sur la carte par un signe parliculier-qui en fait connaitre exactement Tetendue actuclle ; indication precieuse, etquiseule, mcrilerait de la reconnaissance. Des lignes de points font aussi connaitre la llmile respective ou cessentles forels de pins, de sapinset de bou- leaux. Enfin , I'auleur a essaye de rcunir, dans un seul profd , I'in- dication de la temperature moyenne conslante du sol , et de I'ele- vation perpendiculaire au-dessus du niveau des mers , exigces pour que tel ou tel etre organique y vive. II cntend par temperature conslante du sol , celle des sources profondes et qui conservent loulc I'annee la mcmc temperature; il en a observe un grand nombre : et il annonce parmi d'autres resulta'.s , quela ou la tem- perature conslante du sol est moindre de i V ■<> du tbermomclre centigrade de Celvius, on ne voit plus de poissons vivre dans les eaux , nl les bouleaux former des forels. Les sapins ct les brochels » disparaissenl plus bas,^^ 2 dcgre's de temperalure.

9-i

Ccs apcrgus sufliscnt pour faire scnlir le me'ritc <lu travail dc M. Hagelslam, pour faire apprecicr Tcsprlt scienlifique tlans lequcl il est con^u et le genre d'utllild dont il peut clrc. Nous pensons que la Commission centrale , sans sorlir de la regie qu'clle s'est prescrile , de ne pas pronon^er de jugement formel sur des ouvrages publics, peul, en acceptant, au nom de la So- ciele de Geographie , I'hommage de cette carle , temoigner a Tauteur toute son estime pour un savant fait pour marcher sur !es traces dc Tilluslre Bergmann , en pcrfectionnant la Geogra- phic physique de sa belle et noble patrie.

Quant au voeu exprimd par quelques Membres de la Socic^le , de voir cette carte, ou du moins la partie physique qui en fait le principal interet , Iraduite en frangais et publiee aux frais de la Societe, avec toute I'elegance que nos graveurs sauraientymcltre, nous pensons qu'il serait prematura et irrcgulier de s'en occuper. Lorsqu'on aura presente a la Commission , une traduction ma- nuscrite de cette carte, ce sera a la Section de publication a juger si un semblable travail entre dans la classe dc ceux que la So- ciete doit encouragcr d'une maniere spccialc. Telle est la marche prescrile par noire rcglement.

Fait a Paris, cc 7 juin 1822.

Alex. Humboldt, Eyiues, Malje-Brun.

95

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Denowbrement de la Populalhn des Etais-Unis d'Amerlqiic, en 1 820. ( Communique par M. WARDEN.)

Males blancs au-tIc5S0us de 10 ans.

de 10 a 16

de 16 a 26

de 26 a 4-5

au - dessus de 4^5

Femcllcs blanches au-dessous de 10

de lo a 16

de 16 a 26

de 26 a 45

au- dessus de 45

Gens de couleur libres, males

au-dessous de i4 .

de i4 a 26 .

de 26 a 45 .

au - dessus de 45 .

1,345,220'^ 612, 535;

776,i5oy 3,995,053 766,083 [ 495,065

1,280,550' 605,348 1 781,371 736,6001 462,788^

3,866,657

Idem, femelles, au-desous de i4

de i4 a 26

de 26 a 45

au - dessus de 45

Toutes autres personnes libres que

des Indiens non laxe's

Esclaves males au-dessous de i4

de i4 a 26

de 26 a 45

au - dessus de 45

Idem, femelles au - dessous de i4

de i4 a 26

de 26 i 45

au - dessus de 45

47,659 24,048 23,45oj

45,898' 28,8001 27,181 18,881

4,63i

343,852'

2o3,o88|

163,723/

77,365,

324,344: 202,436 1 152,693]

70,627,

1 12,770

12

5,391

788,028

75o,ioo

9' 6-^7 '999

96 DENOMBREMENT DE CFIAQUE £TAT.

jy. B. Lcs calculs pour le rtombr.e de personnes pai- mille carre ont ete l;tils-a cliverses epoques , pour les etats ci-dessus coles ( A=:i8i5 , B = 1816, C = i8i8).

ETATS

Maine

New-Hampshire

Massacliusels

Rhode-Island

Connecticut

^ ermont

IVew-Yorck

New-Jersey

Pensylvanie

Dela\vare.

Maryland

\ irginie

Caroline du Nord . . . .

Caroline du Sud

Gcorgie

Alahama

Mississipi

Louisiane. .

Tennessee

Kentucky

Ohio . .'

Indiana

Illinois

Missouri

Michigan (territoire de). Arkansas ( Idem de ). . . Colon'bie (district de). . Siege du gouvcrnemcnt.

Total

NO MERE

d'habitans en 1820.

298,335 24.4., 161 523,287 83,oSf) 275,2^8 235,764

1,372,812 277,575

1,049,4.58

73,749 4.07,350

i,o65,366

638,829

502,74.1

34.0,989

127,901

75,U8

153,4.07

4.22,610

564,317

58 1,434

1^7,178

55,21 1

66,586

8,896

14,246

33,039(1)

9^637,909

DE MILLES

Carres.

32,628

9,491 6, 2 ^o

i,58o

4,674 10,287 46,o85

8,320 46,800

2,120 14,000 70,000 48,000 24,080 62,000 46, 000 45,5oo 48,220 4o,ooo 39,000 4o,ooo 34,000

56,122

445,334

164,000

76,961

100

de persounes

par

mille carve

en 1810.

1,637,424

7,01 22,60

75,53 4.8,69

56, 04 21,29 20, 8i 29,51 17, 3i 34,28 27,18 13,92 11,57 17,24 4,07

0,72(/^)

o,98(/;) 1,80 6,54 10,42

5,77 »'99(«)

o,62(,;) o,ii(r) 0,07 0,12 140, 23

(i) Lcs di.\-liuit premiers Etats, contenaut 553,485 niilles carres , elaienl peuples eii 1810 , de 7,123,119 liabilants ; ce qui doinie 12,87 uu pres de i3

97

Population comparatwc des Elais-Unis.

En 1753 i,o5i,ooo

1774- 3,026,678 (ij

1790 < . . . 3,929,328

1800 5,3o6,o32

1810 7,239,903

1820 9,625,54.7

personnes par miUe carre , tandis que les dernicrs ( non eompris le teniioiru do Colunibia, ou de I'oucst , qui n^apas encore de population blanche ) , d'unc elendue de ()o3,825 mille carres , n'etaient habiles, en 1816 ( qui est a-peu- pies le terme moyen , entre les annees auxquelles correspondent les popu- lations indiquees pour ces Etats et territolres ) , que par 280,274 personnes ; CO qui fait senlement o,3i , on pres d^in i/3 d'habitant par miUe carre. ( Voy. vol. 5, ckap. 2, dela Descriplioa des Etats-Unis , par M. Warden).

(i) L'estimation du congi-es , pour 17745 V^^ ferait doubler la population de quelques-unes des colonies en i5 ou'i6 ans , et celle des autres en 18 ou 20 ans , est sans doule cxageree ; et Ton doit s'en rapporter de preference a ceUe-du gouverneur Pownal , qui n'evalue le nombre d'habitants a cette epoque , qu'a 3,i4i,3o7, attendu que la proportion de I'accroissement est plus vrai- semblable. L'accroissement pour cent de la population de 1700 a 1790 , en 90 ans , est de 1399,74, ^^ 3>°^ •"* i/33 par an ; et I'accroissement de 1790 a. 1810 , en 20 ans , est de 84,25, ou 3, 10 ou 2/32 par an.

D'apres les recensements qui ont ete fails en 1800 et en 1810, il parait que le nombre des males est a celui des femellcs , dans le rapport de vingt- six a \ingt-cinq ; que la proportion des enfants males , au dessous de 10 ans a celle des femeUes dumeme age, etait, en 1800, de vingta dix-neuf; en 1810, de dix-neuf a dix-huit.

Dans les Etats -Unis , la proportion des manages a la population a ete evaluee eommG un a trente; fes naissanees comme nn a vingt, et les deces comme mi a quai'ante environ. ( Voy. toI. 5, chap. 1, de la Description des Etals-Uuis , ou sc trouvent les dlffercnts denombrcuicns et calculs, etc.)

98

^XWt.%%% *.\/V\ k.«;W«^/W

MlNISTERE DES AfFAIKES EtRANGERES.

Lettre de S. Exc. le Ministre des Affaires Etrangeres a Messieurs ks Memlres de la Societe de Geographic.

Paris, ce 6 juin 182a.

J'al re^u , Messieurs, la leltre que vous m'avez fait I'honneur de m'ecrire le a8 du mois dernier. Je me ferai un veritable plai- sir d'cmployer tous Ics moyens qui sont en mon pouvoir , pour assurer voire correspondance , et de recommander aux agens di- plomatiques fran^ais a Tetranger , les voyageurs qui seront en- voyes par votre Society.

Veuillez recevoir , Messieurs , avec Tassurance de I'empresse- ment que je meltrai toujours a lout ce qui pourra etre utile ou agreaLle a la Societe de Geographic , celle de la consideration dis- tinguee avec laquclle j'ai I'honneur d'etre

Votre tres-humblc et tres-obeissant serviteur.

Signe le Vicomte de Montmorency.

V%«\ fc%/W\/VWt<1/WW%V

Observations sur les phenomenes de V Aiguille aimantee , par

M. Roux.

Messieurs ,

La direction de I'aiguille aimantee vers le pole , est un des phe'- nomenes qui ont le plus conlribue aux progres ds la navigation et de la Geographic. La tradition re^ue accorde b. un habitant d'Al- mafi I'honneur de ccltc decouverte , el en fixe I'epoque au com- mencement du i^*^ siccle, mais un dcrivain (lui rcmontc au regne

99

.<lc Saint-Louis, prouve qu'ellc ctait connue en 1260, el que les mariniers en faisaienl usage.

Ce nouveau procede fut long-temps imparfait. L' aiguille de la boussole n'elait pas encore suspendue sur un axe : on la faisaij. flotler sur la surface de I'eau, etses poles avaient a vaincre la re- sistance de ce contact, pour prendre leur direction.

On prcsumalt alors que I'aiguilie tendait directement vers le pole de la terrc : il en resulta deserreurs dans I'indlcalion des po- sitions qui furent assignees aux differens points de la navigation ; mais elles furent rectifiees par les observations astronomiques : on s'apper^ut de la declinaison de I'aiguilie aimanlee, el Ton recon- nut que les poles magneliques differaient de ccux auxquels corres- pond I'axe de la terrc.

Si la boussole etait conslante dans ses deviations, on seraitsans doute parvenu a determiner la situation des p61es magnetiques dii globe; mais ses variations, solt diurnes, soit annuelles, ont re- jete les observateurs dans d'autres incertitudes. Apres avoir d'a- bord reconnu que la declinaison etait orientale , on a verifie qu'elle avail ensuite tendu vers I'ouest, et qu'elle s'etait ecarlee du pole lerrestre jusqu'a presdeaS degres, c'est-a-dire, jusqu'a la distance du cercle polaire.

Ces variations furent d'abord observees, en 1492, par Chrislo- plie Colomb , et Fonpeut remarquer a celte occasion que , pen- dant plus de deux siecles, elles n'avaient pas ete decouvertes, soit que rimperfeclion des instrumens ne Ic permit pas, soit qu'une navigation plus bornee les rendit moinssenslbles que ne pouvaient le faire de longs voyages sur I'Ocean.

La cause de ces variations nous est encore inconnue; le genie et I'elude n'ont pu que faire des conjectures ; c'est au temps a les eclaircir, a creer, a detruire , a perfeclionncr des systemes aux- quels puisseut s'adapler toules les observations ; et en attendant qu'il sc solt forme sur ce point un corps de doctrine, il importe

8

lOO

de multiplier les recherches , <le les etendre , autanl qu'il se pcut , a loules les parlies tlu globe, el de parvenir a dresser des carles qui puissenl rcprcsenter , d'epoque en epoque , cet ensemble et celle suite d'auomalics apparenles , dont renchainement nous echappc encore.

Une parlie des remarqucs precedenlcs s'applique a I'inclinaison de raignillc aimantee , c'est-a-dire , a Tangle qu'elle forme avec I'horizon du lieu oil elle est suspendue. Celle inclinaison n'eslpas la meme pour toules les latitudes ; elle exisle a peine vers I'equa- teur : elle devient sensible a mesure qu'on s'en eloigne , el prend toute son intensite vers les poles. Ses variations paraissent inoins irregulieres que celles de la declinaison ; on peul dcs-lors espcrer de les reduire plus aisemenl en sysleme ; mais sans doute, dies doi- vent donner lieu aun grand nombre d'observations.

Nous devons ^Ire reconnaissans des recherches qui onl pour but de rcndre ces observalions plus faciles et plus parfaites. D'ingc- nieux m^caniciens s'ensont occupes; mais ils n'avaient pas encore reuni les moyens de mesurer a-la-fois , et par le simple mouvement d'une seule aiguille , I'inclinaison el la declinaison de la boussolc. C'esl ce dernier probleme qu'a cherche a resoudre M. Caillard , auleur de la machine qui est mise sous vos ycux. II n'a pas eu la pretention de vous offrlr un instrument donl I'execution fill par- faite, mais de mettre la Soclete de Geographic a porlee d'cxami- ner si le principe de mouvement donl il a fait usage doit conduire a la consequence qu'il cherchail , el si celle machine , execulee avec plus de soin, pcul indiquer et mesurer d'une maniere precise les deux phenomenes de Triiguille aimantee.

Je dois laisser a I'auleur de decrire lui-mcme Tinslrument qu'il vous presente, et qui ne peat clrc approcie par la Conunission , qu'apies quelque temps d'cpreuve el d'cxamcn allentif.

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.i.'wt fvi'v»/v»;v»,'*a»'^/v»v»

i^XTRJiTs de klfres adressc'es (iM. Barbie DU BoCAGE, Menthre de

VAcademie des inscriptions et belles-lettres de rinstitut de France ,

etc. , par M. Honore Vidal , Interprete du Consulut general de

France a Bagdad.

Bagdad , ic 5 septembre 1821.

' MONSIEUU ,

Dcs que M. le Chevalier de Ruffin m'eut informe de raccueil favorable que vous aviez dalgne fairc a ma clieiivc relation de voyage dans la Mesopotamie , et de votre obligeantc intention de la faire imprlmer , je me halai de vous en temoigner ma recon- naissance , et de vous sonmeltre deux autres ilineraires dc la route de Bagdad a Alep et Damas par le desert.

Je viens vous fairc mcs excuses aujourd'hui dene m'etre pas en- core occupe de I'envoi, que je vous promettais parmon precedent numero, d'un S'"^ itineraire et du catalogue du peu d'antiques que j'ai ramassees dans cespays ci , etc. Les occupations dema place, le faible etat de ma sante et les grandes chaleurs qui se font vive- ment senlir sous celle atmosphere en ete , sont la principale cause de cette negligence ; mais je reprendrai ce travail aussilot qu' as- sure que nous sommcs a I'abri des infections dune horrible mala- die epidcmique qui a desole Mascate , Basra , et etendu ses ravages jusqu'a moitie chemin de cette derniere ville a Bagdad , j'aurai ouvert mes papiers , que la crainle d'etre atteint de ce lleau m'a fait enfermer et sceller, afm d'etre expedies inlacls a ma famille, en cas de quelque facheux evenement pour moi. En attendant , souffrez, Monsieur, que j'aie I'honneur de vous communiquer, par cette occasion , quelques observalions que j'ai faites dcrnicre- ment a Babylone , ct pour lesquelles j'ose reclamer votre indul- gence.

Vous avez sans doute entendu parler des deux voyageurs anglais, Mm. Robert Wilson et John Hyde , qui , apres avoir parcouru

8..

102

TEgyple ct la Syric , chacun separemenl , sc rendirenl a Alep ^ d'ou il ont cntrepris ensemble le voyage de la Mcsoj)olamie , de la BaLylonic ct dcs Indes. Ces savans voyagcurs arrivercnt a Bagdad le 24. niai dernier. M. ^Vilson elall charge pour inoi d'unc leltre de ma famille ; et lous Ics deux cilaient egalcmenl rccom- mandables par leur mcrlte. Je profital de Icur occasion , pour visiter de nouveau Ics ruines dc Babylone , dans le dessein de rddiger, malgrd mon incapacite, quclques notes sur lesdiverses ob- jections failes par M. Raymond , ancien consul de France , sur la relation de M. Rich, r(5sidenl brilannique, intilulee : Voyage aux 'Ruines de Bahylone.

Nous parlimes done de Bagdad le 28 mai dernier au soir , et arrivAmes h. Hilla le 3o. Nous tenlons notre route au sud. Je pas- serai sous silence les endroits que nous renconlranies sur le chcmin, dans ce petit trajet : mes faibles remarques a cet egard sont consi- gnees dans un journal, que je me propose de vous soumeltre , des que le temps me le permettra. Je dois me borner , pour le moment, aux cclaircissements de quelques principaux points disculcs dans I'ouvrage de M. Rich.

R^solusde commencer notre visltc par le Birz-Nemrod , le 3i mai, nous traversames I'Euphrale, qui elait dans sa plus haute crois- sancc, sur un pont de trenle-trois bateaux, et sortunes par la porle dile Babul-Machehad , parce qu'elle conduit a Machehad-Ali , que lesMusulmansappellent encore Nadjaf-ul-Achraf. Nous nous diri- gCcimes vers le sud, quoique Birz soil au sud-ouest de Hilla, a cause de I'inondation de FEuphrate , qui rendait la route ordinaire impralicable ; et Ton mit deux heures et quarante minutes pour ar- river au monument precilc.

Dans sa relation , page 87 , art. 82 , M. Rich dit avec ralson que le Birz-Nemrod est une eminence enorme, d'une figure ob- longuc, el que son sommct se lermine par une muraiilc solide de briques, de 35 pleds de hauteur sur 28 de large , diminuant de gros- seur vers le faitc , qui est rompu, irregulier , et qu'elle estfendue

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par une grande crevasse qui sc prolonge jusqu'a un quart de la base de sa hauleur.

La premiere chose a laquelle nous nous altachames, des que nous nous fAmes rcndus surle sommet de cetle enorme coUine de ruines, ful de verifier ia mesure detaillee par M. Rich , dans I'arlicle que je viens de ciler , et refulec par M. Raymond. Je ne parlerai pas de la circonference inlerieure de cetle meme eminence , calculee a 2,286 pieds anglais, ni de I'aspect sous lequel elle est representee du cotd oriental , dans Ic dessin qui accompagne la traduction de I'ouvrage de M. Rich: je dois ddcrire ce qui me parait le plus re- marquable.

M. Rich donnea la muraille de Rirz 36 pieds de hauteur. Cetle eldvalion, prise a I'angle N.-O. , a produit 37 pieds anglais et 3 pouces ; et sa largeur, qu'il calcule i 28 pieds, est O. 10' S. , de 37 1/2, dememe que la circonference de cetle muraille, prise de sa base actuelle , a 87 pieds. Quant i la crevasse dont on parle , elle est plus grande que ne le donne i entendre M. Piich : elle commence a 10 pieds environ de sa hauleur ; observation qu<j j'avaisdeja faite en 1817.

D'apres M. ^Vilson, celtc muraille doit avoir 20 pieds d'epais- seur dans sa partie sud ; et les petites ouverlures carrees qui la tra- versent d' outre en outre , ontun pied de hauteur chacune, quoique M. Raymond ne leur donne que Irois bons pouces , dans sa note, a Tarticle dont il s'agit ; mais commc ces dernieres observations n'ont pas ele failes sur le lieu meme , passant sous silence la pre- miere , je dirai que ces ouverlules ne doivent pas avoir plus de g pouces de haut chacune.

M. Rich ajoute que les belles briques dont cclle muraille est batie , sont chargdes d'inscriptions. II est tr^s-remarquable que je u'ai jamais observe une seulc inscription sur tout le resle de cetle muraille ; mais il s'en trouve sur les morceaux de decombres qu'on voit en grande quanlite sur celle eminence , sans qu'il en cxisle d'enticre. Je me procurai cependanl a rtilla meme , une briqua

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dclerrcc dans le fondemenl de Birz, avec unc inscilplion de dix Ilgnes. Cellc brlque , qui est molns epalsse que ccllcs qu'on tronve a Kasr et k Mudjelibd , qu'on devrait appeler plulol Moukallebe ou Makloubc , parait , a sa coulcur noiraUc et a sa durete , avoir scntiraction dufeu : clle est encore enlierc.

Quant aux enormes morceaux d'ouvrages de^briques, tombes ensemble et changes en de solides masses vitrifiees , qu'on observe sur le sommet du Birz, je dirai que ces masses noires semblent elrc pelrifices, et que la plus grande que j'y ale reinarquee, est celle qui sc voit a quelqucs pas de la muraille ; clle a 1 1 pieds an- glais de longueur , et parait avoir , a son extremite supericure sur les briques qui paraisscnt encore , une espece d'inscriplion dont je n'ai pu , a la verite , bien distinguerles caracleres.

CeSt ici le cas de relever , en attendant que je puisse le faire plus amplement , quelques crreurs dans lesquellcs M. Raymond est lombe lui-mcme , en refulahl I'ouvrage de M. l\icii.

Dans son observation, page 88, surl'article 32 , M. Raymond, parlant des petitcs ouverlures de la muraille du Birz , dit qu'ellcs sont enduifes en dedans , et dans toule leur longueur, d'une legc- rc couclie de plalre ; je ne sais pas si le temps a pu produire quel- que changcment dans la disposition des briques de celte muraille ; mais le fait est qu'a peine Ic platre qui sert de liaison a lears cou- clies , y est-il visible , etque les briques se voient aujourd'hui telles qu'elles sont.

J'ai dcja dit plus haut que la muraille du Birz n'offrc aucune ins- cription; mais je ne puis concevoir sur quelle autorito M. Raymond appuie son assertion, en avan^ant dans ses notes, sur I'arlicle sus- mcntionnc , qu'il est impossible qu'il y en etlt , parce que les briques sont posees, commecela est en effet, lesunes surlesautres , et qu'il n'y a jamais eu d'inscription sui* le cole.La suite de ses observations est une consequence nalurelle de sa conviction, ct ne demandc aucun cclaircissemcnt particulicr. Je vais rapporler des preuves du contrairc.

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Lors (Ic mon second voyage a Hilla, en i8ig, il m'a ele vendu, dans cetle villc , une brique donl I'inscription, en caracl^res cur- slfs, est de 8 lignes sur le cote. A cette ^poque, j'ignorais qu'on ne connAt pas en France I'existence de cette sorle de briques ; aussi n'al-je attache aucune importance k cette de'couverte. Cette fois- cl , je fus plus attentif dans mes recherches , el j'eus la satisfac- tion , pendant ma visite aux mines de Kasr , de trouver un morceau de brique de la forme ordinaire, avcc mie inscription sur le c6le. Enfin , on apporta a la maison oil nous ^tious logcs a Hilla , une au- tre brique avcc une triple inscription , c'est-a-dire, sur les deux cotes et sur la surface , chose dont on n'a pas m6me , que jesache, suppose encore I'existence , et dont je desirerals que les savants oriealalistes fussent instruits. Je conserve toutes ces pieces par de- vers moi ; el je crois devoir vous informer, afin que ma d^couvertc vu rclolgncmenl ou je suis ne pnisse parailre suspecle, que M. Wilson possede la moilic d'une brique, avec une inscrip- tion egalement sur le cole. Mais une autre espece de brique qui nie parait aussi tres-rare dans son genre , est celle qui portc au bas de son inscription , des chiffres qui doivent sans doute indiquer I'ere babyloniennf. J'en al une entiere dans ce genre, ornee de Irois lignes d'inscriptions , et tres-bien conscrv<5c. M. le chevalier Piobert Kcr Poler,. qui vInt de la Russie k Bagdad, en octobre iBiB, copia ces chiffres; el feu M. Charles Belllns, secretaire de M. le resident brilannique , homme bien instruil , en envoya ega- lement une copie h M. de Hammer a Vienne. Enfin, le basard voulut qu'etant cette fois sur les ruines du Kasr, je Irouvasse mi morceau de brique, portant egalement au basdu reste de son ins- cription , un chiffre compose de cinq lettres. Je me propose dc joindre a rilincraire de ce dernier voyage a Babylone, une copie de loulce qui ine paraiL inlercssanl dans ma pelile collection d'an- liques, en fail d'iuscriplions.

Je rcvicns a mes observations.

Pendant qu'on examinait atlenlivemcnt la situation du Birz el

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scs parlicularitcs, je jelai les yeux sur I'elcnduc du terrain quicn- viroime cc superLc nionumenl de I'antiquilc , pour tachcr de de- couvrlr daus Ic lolnlain quelqu'objct curieux : il elall dix heures du matin , et I'horizon n'olalt obscurci par aucun brouillard. J'ap- pergus avec mcs compagnons, au S. lo' (). Machehad-Ali , qui sc distingue parliculieremcnt par le dome dore donl il est orne ; au S. , Koufa, anciennc residence des califes, et celebre dans ces contrdes ; au S. lo' a TE. , et a 2 heures de distance environ , Kin, lieu ou se trouve le lombeau du proplielc Hezkel ou Eze- chiel, qui est visite regulierement lous les ans par un grand nom- bre de Juifs. La riviere HIndle, qui lire son eau de TEuphrate, y passe tout pres , ainsi qu'a Koufa. ISieburh place KItl k ^ lleues 1/2 de Machehad-Ali , et Koufa a environ cinq quarts de mlUe i I'E.-N.-E. de ce dernier lieu ; enfin , au S. 28' a I'E. , j'appergus le dome du lombeau d'un sanlon musulman , nomme Zidben- Ali-al-Husseln. Peude minutes aprcs, Koufa ellman disparurent a nos yeux.

VoUi les objets les plus interessans qui s'offrlrent a noire vac ; a I'E. , se trouve Ibrahlm-ul-Khalll, qui est un lieu de devotion pour les Musulmans. La circonstance rapportee , page 91 , par M. Rich, sur la tradition vulgalre de cet endrolt dont je ferai la des- cription dans la suite , me parait justemeut rclevee par M. Ray- mond , et rapport(?e a Orfa. Tout pres dTbrahim-ul-Khalll , sont quelques rulnes appelees Makam-Saheb-ul-Zaman-el-Medhdl-Abou- Saleh. RIen n'indlque dans ces rulnes quelque reste d'anclen mo- nument; et je n'yai jamais remarque aucune inscription. Ibrahim- ul-KlialU etalt nouvellement repare en 1817.

En quittant cet endrolt, nous fiimes rejolndre , MM. Hyde , Wil- son el mol, nos compagnons de voyage, aInsi que I'escorte que nous avions , el qui, ennuyee de nous voir parcourlr , malgre Vardeur du soldi, avec lant d'activite, un lieu si isole, s'elalt re- tiree sous les tentes d'un petit nombre d' Arabes, donl on voyalt, du Rlrz, le canipemcnt vers I'O., i une distance dune demi-ileuc

I07 de rayon. Arrive la, a mull jusle, M. Wilson pril la hauteur du solell , trouva Birz a 82 degres 38 minules/^N. CeUc opcrallon terminee , nous relournames a Hllla.

Le I" juin , resolus de conlinuer la visife des ruines de Ealjy- lone dans la partie opposee a celle que nous avions parcourue la veille,c'est-a-dire, sur la rive orienlale de I'Euplirale, dans la Mesopotamie , nous nous miines en marche au lever du soleil, et nous dirlge^mes nos pas vers la derni^re mine que nous voulions explorer d'abord. Nous primes noire chemin par les jardins , afin de mieux jouir de la fraicheur de la matinee et de Taspecl du fleu- ve ; mais nous mfmes ainsi deux heures pour y arriver.

Danssa relation page yS article 26, M. Rich dit qu'a un mille au N. du Kasr, qui parait bien indiquer Templacement du jar- din suspendu dont parle Strabon , et a neuf cents verges de I'Eu- phrate, se volt li derniere eminence qui termlne la chaine des ruines de Babylone, appelee Mudjelibe, qu'on suppose etrelatour de Belus. Get edifice a une forme oblongue , il est vral, et ses co- tes qui regardent les points cardinaux , sont irreguliers ; mais la dimension que donne M. Rich k sa circonXerence , page i23 article 4.5 , n'est pas exacte ; nous Tavons mesure et lui avons trouve :

Au cote nord 68c) pleds anglais.

A Test 621

Au sud . 700

A I'ouest 628

Total 2638

En comparant ce resultal avec la mesure de M. P\Ich , qui donne a Mudjelibe 211 1 pieds de circuit , on trouve une difference tres- remarquable de 627 pieds. Notre calcul ne s'accorde pas non plus avec cclui de M. Macdonald Kinneir , qui a vislte le monu- ment en i8i3, puisque ce voyageur moderne dit lui avoir trouve 225o pieds anglais de tour ; mais il est digne de remarque que notre mesure est tout-a-falt, d'aprcs la note de M. Raymond , ararlicle

ICC

54., en faveur rle Pielro tiella Vallc qui domic a celtc eminence, suivanl Ic rclcvc da major llonnell, 264.0 pieds anglais.

M. Rich ajoute que Tangle Icplus q\cv6 de Mudjelibe est dc 14.0 iiieds , el M. Kinncir lui en suppose aao.'Cependant , nous ne trouvames k Tendroit Ic p!us haul de cet edifice, qui est le c6t(5 du N. , le plus difficile a gravir, que 110 pieds anglais, ou niicux yo pieds , la mesure prise perpciuliculairement. Cellc difference cntre nous est cgalemcnt reniarqiialde, el me parail meritcr I'al- leution du premier voyagcur qui nous sui\ ra.

Au cote septentrional du Mudjelibe, continue M. Rich, pag. 79 article 27 , estune niche assez clevee pour admettre un homiue de- bout , el derrierc une ouverlure basse qui nous mcne a une cavite d'ousortun passage a droite , qui va en monlant obliqucmenl vers I'occidenl, et se perd dans les decombres. SI cetie cavite est la m«^- me que j'ai vue trois fois , el qui est sur le sommct de la ruine dont il parle, j'observerai que I'entrce scplenlrlonale ne m'a pas paru assez grande pour qu'on y puisse elre debout, el que celle qui re- garde le sud , est plus commode pour y penelrer. 11 y a deux ou- verlures ou passages dans celle relraile ; celul qui mene a gauche vers Test, et donl on ne connait pas Tissue, est le plus difficile a franchiret le plus dan gereux ; celui qui conduit deTaulrecote, est clair el le plus court, ainsi que j'ai ete a meme de m'en assurer. M. Wilson se risquadansces deux passages , et Irouva dans celui a droite ou il penclra le plus en avant qu'il lui fiit possible , une es- pece de bcrccau qu'il ne pAt bieu dislinguer.

J'observerai encore que dans Tentree qui regardc le S., et qui me parait etre Tendroil ou M. Rich avail trouve un squelette , on me montra en 1817 , un resle de biere attache au plancher su- perieur , ettout h cole une brique cuile au feu , ornee d'une inscrip- tion de sept lignes; mais celle brique donl je m'emparai ,ne portc aucune trace de bilume : elle etalt cimentee de platre ou morlier. On voit aussi dans celle entree, des poutres de bois de dallicr at- tachees aux murailles ; el c'est en general sur la partic qui regarde

log

le sud , qu'on trouve les resles des murs balls en briques sechees au soleil , avec une couchc de roscaux enlre chaqiie rang : a voir la solidite de ces roseaux,on est elonne que le temps n'aitpu, parses ravages, cxercer sur eux aucune influence.

Enfin, parmi les grands dccombresderuines dont le sommet du Mudjcllbe esl convert , on volt, comme le marque M. Rich , quan- tite de morceaux de poteric , de cailloux, de briques vitrifiees , de coquilles, de pieces de verreet de meres-perles , elc. mais je n'ai jamais trouve parmi ces ruines des briques entlereschargdes d'ins- criptions.

Apres avoir parcouru ainsi toute celle eminence, qui me pa- rait moins interessanle parl'aspcct de ses debris queEirz et le Kasr, nous examinames a Tangle S. O., si Ton pouvait appercevoir quelques ruines de 1' autre cote de I'Euphrate dans le desert; mais nous nc decouvrimes que le Birz-lXemrodquiise voyait au S. 3o'

a ro.

En iermlnant mes faibles notes sur le Mudjellbe, je devrais parler des ruines du Kasr et d'autres lieux que nous visitames immediatement apres; mais comme la description qu'a faile M. le Resident, de cet edifice, page 65, art. 28, est des plus exactes que jeconnaisse, je crois inutile pour le moment, d'en don- ner quelques details parliculiers. Je vais m'occuper des prcpa- ratifs d'un petit voyage que je comple faire , ces jours-ci, a Ker- kouk , el de la peut-etre a Moussol , afin de me mettre a I'abri de la maladie epidemique , dont je vous ai parle au commence- ment de celle leltre, et qui s'est manifeslee, ainsi que je viens de Tapprendre , a Hilla, Machehad-Aii, Iman , Hussein , et meme dans noire ville, qui a a craindre encore le fleau de la guerre , quelle doit soutenir contre le prince de Kermenchah, qui depuis une semainc a passe la ligne.

Daignez, Monsieur, etc.

Yotre tres-humble et tres-obeissant servileur,,

Signe : H. ViDAL,

1 10

Bagdad, Ic scpicmlre 1822.

Je ne teiininerai point ma leltre sans prendre la liberie de vous cnvoyer ci-joint la notice , telle quelle m'a ele remise , de toules les sinuosites du Tigre, depuis Moussol jusqu'a Bagdad , avcc la hauteur calculee a la boussole de M. de docleur W ilson , qui a cu la bonte de mc la communiquer, pour supplier a ce «jui manque a men itineraire du voyage dans la Mesopolamie , en i8i5, qu'il a Irouve d'ailleurs prcsque enlierement d'acc.ord avec le sien.

Daignez, Monsieur, etc.

Slgne : H. ViDAL.

Culcul de la direction des dii>erses sinuosites du Tigre , dans son rours depuis Moussol jusqu'a Bagdad.

Minutes: 2 5, SSE.

45,SSO. 36,E.

25,S.

55,SSE.

5o,SE. 5o,S.

5o,ESE.

4.6,8 par E •» P"i"' " 1'^-

45,SSO.

4.0,8. 4o,S8E. 28,E par 8. 2o,8SO.

2o,ENE.

Minutes. 25, OSO. 4o,S.

55,S8E.

4.0, 8 E.

5o,8.

5o,SSE.

24,880.

36,8.

3o,880,

25,0.

55,8.

5o,88E.

26,8.

46,8SO.

4o,S.

56,SE.

iir

Minutes. 70,8 par E. /^5,S.

4.0, so par S. 25,SSE. 3o,N par E. 5o,ESE. 3o,S.

tj5,SSE ct S. 75,SSO. 80, S par E.

MimUes.4.0,SSE.

5o,SE par S.

70,8.

4.o,E.

go, 8.

65,SSE.

go,SSO.

65, 8E par E,

55,E.

nA/vift/w« iwvi/vw«'vi<v'«

NUBIE.

Exlrait de la quatrieme et de la cinquieme leiires deM. Fv. Cailliaud a

M. Jo MAUD.

Senncir, novembre 1821.

« Enfni, je vous annonce noire (lepart sous peu de jours pour la province de Fazo'e'le , apres un long et penible sejour ici de cinq mois. Nous y avons couru beaucoup de risques, a cause de la maladic ; la saison des pluies a eld en parlie la cause de ce retard ; si j'eusse pu prevoir que nous dussions resler ici aussi long-temps , j'aurais peut-etre rcnoncc a visiter Ics royaumes plus au sud. Pendant ce temps , j'ai pris toutes les notions qu'il m'a etc pos- sible de prendre, soil sur le pays et les royaumes environnanis , soil sur la chronologic des rois dc 8ennar, depuis trois siecles et plus, ct sur celle des rois de Chendy. J'ai aclieve une parlie de mes dessins. Nous avons fait une collection d'oiseaux et de plan- les. Depuis trois mois, mon compagnon de voyage elmoi, nous sommes obliges de soigner nos domestiques et drogmans, lous malades ; on ne peut avoir d'assislance chez les gens du pays ,

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hi trouver d'antrcs domcstlqucs , vit l.i grandc quantite «le ma- ladcs. Une tievrc •^pidemirjiic a lail do grands ravages dans Tarmdc. Plusieurs Europeens ct des mcdecins du prince en onl die les vicliines. M. Frcdiani , dans tin acces dc delirc , a LrAle tous ses papicrs, ouvrage de dix-huit mois; ensuite il osl dcvenu fou a Taltachcr. Dans ce moment il est alleint d'uii mal qui fait desespercr pour ses jours. Nous nous estimons triis-hcureux , mon compagnon ct moi , d'avoir pu dchappcr jusqu'd present aiix maladies qui sent si communes dans ce pays. La Lelle saison d'hivcr , ou nous entrons , nous fait esperer un heureux voyage '^r la durce en sera de trois a quatre mois. Puis, de retoura Sennar , je ne m'arrelerai plus. •>

« Depuis un mois, Ibraliini Paclia , fils de Mohammed Aly j est arrive ici ; il continue la campagne avec son frere IsmaYl : Tun ct Taulre me temoignent beaucoup d'egard*; noire palrie leur sera reconnaissante des notions que j'espere donner sur ccllc parlie de TAfrique. »

Fazo'ile , iS Jetrier 1822.

« Nous partons aujourd'hui de la province de Fazoelc pour re tourner h Sennar ct en Egyple : les circonslances de la guerre ne permellraicnt pas de prendre une route a TOuest ; ct la grande quantilc d'antiquiles qui sont a Wet-beit-Naga , Meroe, Barkal, Napala , m'obligent a revenir de ce cote. Dc la j'espere , si le temps me le permet, passer par I'ancienne Troglodylinue, sur les rives de la mer Rouge, ct revenir a Berenice et Assouan. II y a vingt jours que les employes de M. Salt , sont venus passer quel- que temps a Sennar , ct sont retourncs sur Icurs pas, sans monler plus haut que 5 jouruccs. Si j'ai autant allcndu a Scnnilr , dans un paysmal-sain, ou chaqucjour nous etions menaces dercpidemic , qui a detruitun tiers de I'armee, c'est parce que j'esperais voyager ^ une grande distance, sur le fleuvc Blanc; les mines s'etant Irouvees trop pauvres , il en est rcsullc nn obstacle pour le voyage.

11.

En partant dc Sennar avcc IsmaVl Pacha , nous sulvimes d'abord ic Nil. Passant par les limilcs du Sennar, nous entramcs sur le royaume de Bertol , borne a I'cst par le Nil , a I'oucst par la grande province de Bouroun , et au sud par Dar-Foke , la pro- vince d'cn haul. Nous trouvames, dans i'inlerieur , dcs pcuples paiens; le prince avait a les combalire : leur pays etanl monta- gneux , les bois , les chemins , presque inipralicables , ct frayes seuleinenl par les aniniaux sauvages. Ismail n'a pu cmmener autant d'hommes caplifs cpi'il I'aurait desire. Ces peuples paiens habitent plus de trois cents niontagnes : il est assez remarquable que les noms de quatre-vingt-dix-neuf de ces montagnes com- niencent par fa; aiusi , Fazoe/e , Famaka , Fahuu ^ Fakoian. Apres un mois et plus de voyage, depuis Sennar , nous arrivames sur le Nil a Fazoe/e; les chefs musuhnans de celle province Irai- terent avec le prince , et payerent un tribut. De la , nous par- times pour I'interieur , ayant toujours les paiens a combalire , et nous arrivames dans la province de Gamainil ^ ou sonl les sables auriferes exploites par ces peuples ; ce sonl des terrains d'allu- vion : Tor y est en paillettes et pepllcs , dans des terrcs argileuses ct dans un sable ferrugineux ; lout ici est empreinl d'oxide de fer ; je lavai et fis laver beaucoup de ces sables ; ils ne rendent que six a huit grains d'or par quintal de ierre. Nous parlimes de cette province , la derniere dans le sud du Bcrtot ; nous entramcs dans le l)ar-Foke cl nous vinmes a Siiigue , village en parlie habite par dcs musulmans. Nous elions alors, par le io<=. degre de lati- tude , a cinq jours des confins de I'Abyssinie. C'est la que Ic prince fixa la limile de ses conquetes. Nous retournames au Fazoek.

Dans le royaume de Beiiot , nous passAmes plusieurs fois le Toumdi^ riviere large de 200 pas; elle vient de I'Abyssinie et se jette dans le Nil. 11 n'exisle point de riviere du nom de Maleg , qu'on a indiquee dans plusieurs cartes , comme se jelant dans le (Icuve Blanc : c'est sans doute le Tcumdt qu'on aura voulu dcsl-

Hi

gner. II y a une autre riviere plus forte, nommce Jabousse^ vC- nant aussi de I'Abyssinie, ct qui se jeltedans le Nil a deux jours et denii au sud de Fazoele ; celle-ci , dit-on , rccele , toule I'an- nde, des crocodiles et dcs hippopotames. Sur la rive est du Nil , est une autre riviere moins forte, nommce Essen-Gologo ^ qui vient descendre dans le Bender. Plusleurs autres vicnnent aussi grossir le Toumdt. J'ai recucilii tout ce qu'il m'a die possible d'observer sur Ics costumes ct la religion de ces peuples pai'cns. Blen des usages apparticnnent aux anciens Egypliens. J'ai ecrit lous Ics evenements militaires. Je suis le seul Kuropeen qui ait p^netre jusqu'a Singue. L'expedilion d'Isma'il Pacba tire a sa fin : les basses eaux du fleuve ne lui pcrmcttent pas de rien enlre- prendre sur le fleuve Blanc. Les relations que j'ai cues sur le cours de ce fleuve , porteraient h. croire qu'il communique avcc le Niger ; mais dies sont trop incertaines pour en rien conclure.

Sur la partle Est du fleuve , est la grande province de JDinka , occupee par des paiens ; et a I'ouest du fleuve , par le Kourt-Sul , au nord par Gclel-NoLa , ct au sud, par des paiens encore. Ce fleuve s'ecarte beaucoup plus dans I'ouest, a la bauteur du 10"= et du II* degrc, qu'on ne I'indique sur les cartes. Le Defterdui— Bey a, depuis long-lemps, conquis \e Kourt-Sul ^ ou il sejourne jusqu'a la saison des pluies, pour marcber cnsuile sur le Ddr- foiir. »

« Ismail Pacba a fait preuve, surtout dans sa derniere expe- dition, de beaucoup d'babilelc , de Constance ct d'intrcpldite. Malgre Ics difficultcs incroyables qu'il y avalt de transporter de I'arlillcric a dos de cbameaux, a travers des bois cpais et une multitude de torrents , de montagnes et de chemins impraticablcs , il n'en a pas moins continue son entreprise ; beaucoup d'autres, a sa place , I'auraient abandonnee. En moins de deux ans , il a vaincu une foule de peuplades ct dc tribus , conquis beaucoup de provinces et plusicurs royaumes. Toute I'armee a couru les plus grands dangers; dans Ic voyage au sud du Fazoi'k, rcnnemi

Ijiouvait nous perdrc lous, a chaque instant, soil par les incendles, soil par les surprises de nuit : la Providence a veille sur I'armee d'lsmail. Ibrahim , son frere , ayant perdu son medccin , h Senn^r, et lui-meme etant tres-malade, relourna dans ceUe ville, dont il c'tait eloigne de cinq journees au sud. Avec lui relournerent ua Milanais , qu'il avait pris pour ecrire ses campagncs , et les em- ployes de M. Salt ; sa maladie a tout arrele. Ses troupes sont par- venues a Dinka , d'oii elles doivent parlir pour se joindre a celies d'Ismail Pacha »

Senndr , le 27 fevrier 1822.

« Nous arrivons aujourd'hui dans cette ville. Sous trois jours au plus, nous en parlirons pour Halfaye et Wet-Beit-Naga. Pour venir de Fazoele ici , le prince nous avait donne une cange a seize rameurs ; c'est pour cetle raison que nous sommes venus si proinptement. «

Reflexions sur quelques points des lettres precedentes.

Les nouvelles que Ion vient de donner etaient attendues avec ' d'autant plus d'impatience , que les lettres de M. Cailliaud avaient un an de date, el qu'on savait qu'une maladie epidemique avait fait de grands ravages dans I'armee du pacha. S'il faut renoncer a I'espoir d'obtenir, par notre compalriote, des lumieres direcles sur la source presumee du fleuve Blanc , cependant nous en sommes un peu dedommages , puisqu'il est parvenu jusqu'au io« degre de latitude , a plus de 5oo lieues dc la derniere cataracle du Nil, et qu'il parait avoir souvent marche a proximitc de ce fleuve, Le lieu de 5/H^j/e' est a environ 160 lieues au dessus du confluent des deux branches du Nil. Comme nous ne possedions sur le Nil Blanc aucune relation d'un Europeen, de visa, on doit sefeli- citer de ce que ce voyagenr estimable et intrepide , ait eu le bon- heur de remonler aussi haut dans le sud , et la Constance de braver le climat , les hasards dc la guerre , et les maladies qui viennent

ii6 d'dlre fumisles a une si grande parlie des troupes expedillounaircs, De tous les pays designes dans ses leUies , et ce n'est sans doule que la moindre parlie , on en connaissait a peine un ou deux. Le Fazoele (i) etalt place beaucoup trop pies de Sennar, dont il est separe par deux royaumes. Le pays des Cheloucks , peuple idolalre, doit au contraire descendre deux degres plus bas. Le pays de Dinka , celui de Dar-Folie ^ celui de Gamamil ^ les royaumes de Bouroiin et de Beridi , enricbiront celte partie des carles geogra- phiques , qui, la pluparl ( et c'etaient les meilleures ) , claient d'une nudite absolue ; tandls que d'autres , au conlrairc , ctaicnt d'une richesse trop suspecle. Le relour par cau , de FazoJile a Sennar , en dix jours , sur une barque legerc a seize rameurs , suppose uuc navigation d'au nioins cent lieues. Ainsi , le Babr ei Azraq doit avoir de grandes sinuosites au midi de Sennar. Nous cojiuaitrons aussi Texislence et une partie du cours de trois gran- des rivieres, le Toumdl, le Jabousse et le Gologo , qui se jeltcnt dans le Nil a ccs haules latitudes. Cependant il reste k <5claircir comment une riviere qui a son eniboucbure dans le Nil , a la bauteur du Fazoele , a ete traversee par le voyageur partant de Seanar pour se rendre a Fazoele. Enfin lesmoeurs , le sol el Tetat physique de ccWe partie de I'Abyssinie , auront sans doule et^ observes dans tous les details, pendant un voyage d'une annee , et le sejour force a Sennar. Nous devons dcsirer surtout de con- naitre les rapporls qui ont ^te observes entre les coutumes encore

listantes du paganisrae , et les anciens usages des jEgyplicns. II pourralt en resuker de grandes lumieres sur de pareils fails rc- marques Jusque dans I'Afrique occidenlale , et qui ont toujours ete fort difficiles a expliquer. De rctour aux ruincs de Soba, d'Assour

et de Barkal, notre voyageur va completer les dccouverles qu'il a

(2) Dans plusieurs cartes d'Abyssinie , le royjuinc de Fazoele est appcic fasuclo, C'est une alteration du c en e dans Fazuelo ; cette erreur se veproduit Bans cefise d'une carte a rautrc.

"7

failes sur les antiquiles , et fixera nos id^es sur la veritable posi- tion du Nil, dans une parlle imporlanle de son cours, qui n'a jamais ete bien connue; savoir , entre Dongolah et le Eerber : c'est la que se trouvc uue grande cataracte , qui s'elend sur un es- pace de 4-5 lieues. Nous ferons remarquer la reserve judlcicuse du voyageur Cailliaud, sur les rapporls qu'il a recueillis touchant la communication duNil et du Niger (i). II est bien vrai que tous les Noirs s'accordent sur ce point ; mais a-t-on bien saisi ce qu'il faut entendre par cette communication ? Pourquoi ne serail- ce pas seulement la continuite ou I'embranchement de plusleurs vallees , toutes occupees par de grands cours d'eau ou par des lacs? Pourquoi les montagnes de la Lune, Gehel-Koumii, vasle plateau d'oii le lleuve Blanc parait sorlir pour se jeter a Test dans la Nubie, ne renfermeralent-clles pas , dans les hautes eaux , un grand lac comnie celui de Dembea , d'ou sort le fleuve Bleui* De ce lac sortirait a I'ouest , sur le revers du plateau , une autre ri- viere , comme le Bahr-Kulla , ou toute autre , tombant dans le TVaiigarah, ou quelque amas d'eau semblable , qui, de I'autre cote , recevrait le Dialli-ba. L'evaporation , dans un tel pays , suf- firaitde reste pour absorber les eaux exccdantes; et lorsque , dans les anneestrcs-pluvieuses, elle ne compenserait pas leur affluence , il en resultait une espece de mer interieure, d'oii serait venu le nom de Bahr el Soudan ( la mer de Soudan ). De la aussi cellc difference qu'on remarque dans les recits des Noirs sur la grande ctendue ou les limites plus etroites de ces bassins , reduits quel- quefois a de simples marais. Maintenant, qui empeche d'admetlre que les Maures, les Marabous, les Bambaras, et les autres Noirs qui ont traverse I'Afrique , aient descendu le Dialli-ha , traverse

(l) On ne saJt de science certaine a cet egard , qu'une chose seulement ; c'cst que I'on a vn a Sego un grand fleuve coulantvers I'est.Une autre cliose tres- l>robabIe , est que la branche principale du Nil sort de montagnes siluees a I'ouest de VAbyssinie.

lie

Jos lacsinterieurs, renionlc I'uncdes rivieres qui sorlent de Gebe! Kou-mri h Touest , pour redcsccndre ensuite \e Bahr-el-Abyad. Dans celle supposition, rien ne paratt conlrairc a la geographic physique ni aux lois generales de I'organisation du globe. Au con- traire , dans I'o'pinion qu'on allrihue aux Noirs ( i tort selon moi ) , tout est en opposition avec les lois nalurelles. II faut supposcr un cours de plus de deux nilllc lleues a un fleuvc unique; rahscnee d'unc grande chainc longlludinale, propre a chaque continent; une pente presquc nuUe ; et, ce qui est encore plus inadmissible , un coude a angle aigu, au milieu meme du coude de cc prdtcndu Kil. Une autre consideration non moins frapnante est cclle-cl : Quiconque a cludie le regime des eauxcouranles, sait que la pente d'un fleuve vatoujours en decroissant dela source a 1' embouchure, suivant une loi particulicre. Connaissant done cettc pente en un point, il est facile d'en conclure qu'elle doit etre plus grande au- dessus de ce point, et bcaucoup plus encore a la source. Or, c'est ce qui arrive pour le Nil. Les Frangais ont mesure sa pente au Kaire, et dans la Thebaide. Dans les eaux moyennes, au Kaire, la pente du courant est de sept pouces par lieue ; a Sycne , plus de trois fois autant : que doit etre celte pente a Dongolah , a Sennar, aux montagnes de laLune? Serait-il possible seulement de la calculer a mille lieues plus loin , k moins qu'on n'imnginjit que, dans ce vaste espace, le Uialll-ba et les eaux qui lui suc- ccdent sont toul-i-fait de niveau ? Mais cetle idee serait dementie par tons les renseignements, etsurtout parce que Mungo-Park a trouve a Sego une forte pente au tleuve qu'il a vu ; et cela de- vaitetreainsi d'apres la loi generale exposee tout-a-i'heure. AInsi, je crois qu'il n'y a pas a balancer entre I'hypothese d'un pretendu Nil sortant des montagnes de Kong, au 8= degr(^ de longitude ouest, et la supposition d'une certaine continuite entre les vallecs du Bialli-ha da BaJir- Kii/Ia ( ou tout autre), et du Bahr el yjhydd, peut-etrc reunis ensemble dans les debordements par des lacs et de grands amas d'eaux. Par la, s'expliqucraie?it les cours

ijg

tl'eau qui se dirigent a Test du 8<= degrd de longitude otcidentale au 10*= de longitude orienlale ; les cours d'cau h I'ouest du 22'= au 12"= de longitude orienlale ; enfin, le cours dufleuve Blanc, dirige lout enlier k Test. Mais n'oublions pas que ce n'est \h qu'une hypolliese plausible , ct altendons pour prononcer.

JoMARD, de i'lnstltut.

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MiNISTERE DE l'IjMTERIEUR.

Lettre de S. Exc. Ic Ministre de Vlnterieury h Messieurs Ics Mem- bres de la Societe de Geographie.

' <, Paris, le 22 juillct 1822.

Messieuhs,

J'ai re^u la lellrc que vous m^avez fait I'honncur de m'ecrire , pour demandcr que je rcQoive una deputation de la Societe de Geographie, chargee de me presenter ses reglements et la lisle de ses Membres.

11 me sera sans doute Lien agre'able de m'entretenir avec vous , Messieurs , du bul et des utiles Iravaux de la Societe ; mais je suis force par mes occupations, de laisser finir la session, avant de fixer un jour, pour recevoir la deputation dont vous me parlez.

Recevez, Messieurs, I'assurance de ma consideration la plus distinguee.

Le Ministre , Secrelalre-d'Etat de I'lnterieur,

Signe : CoRBlEilE.

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Lettre ecrite au nom dc la Commission centrale , a M. Selves , lithogtaphe . membre de la Sociele.

Monsieur ,

La Commission centrale a re^u les Atlas dementaires que vous lui avez adresses. L'adoplion dont lo Conseil de I'lnstruction publlque ahonore voire travail, rend nos suffrages super flus.

Vous offrez , Monsieur, d'executer, pour la Societe, des Litho- graphies jusqu'a la concurrence de la valeur de 1200 francs. C'est un trait de devouement dont la Sociele ne pcut qu'ctre profondement penetree. Elle profilcra de votre bienvcillance , lorsqucile se verra dans le cas de publier des Memoircs; et, en attendant, elle vous adresse ses remercieinentsles plus sinceres.

Signe : RosSEL , President de la Commission centrale.

Malte-Brun , Secretaire geneml.

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BULLETIN

DE

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LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMERO QUATRE. Seances de la Commission centrale.

Seance du 6 septemhre. '

jyl. le President de la Soctete d' Agriculture du departement de la Haufe-SaSne , Prefet de ce depaiiement, ecrit a la Commission que cetle Soci^ld s'empressera de coopdrer, autant qu'il dependra d'elle , au but que se propose la Socidte de Geographic. II indique pour correspondants M. Baulmont, adjoint du maire de Vesoul , occupe de rccueillir des notes de stalislique pour I'administration, et M. Prathernon , D. M. , qui a fait des recherches sur les anti- quites de ce departement.

M. Romain , consul de S. M. a Dublin , ecrit a la Commission qu'il s'estimera heureux si le pays qu'il habite pcut lui fournir I'occasion de se rendre utile a la Societe de Geographic , et qu'il lui transmettra exactemenl toutes les observations geographiques, statistiques , physiques ou geologiques , qui lui paraitront suscep- libles de I'interesser.

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123

Srunce du 20 septembic.

M. IJorentc continue la lecture de son Memoire sur les Iline- raires roniains d'Espagne.

M. Sueur-Merlin communique une Note de M. Boucher, auteur des Souvenirs des Pays Basques , d'ou il resulle « que les ylgonfas » ou yigoias, menlionn^s par Palasson , Ramond et autres voya- » geurs dans les Pyrenees, existent toujours comme une race » dislincle par ses'caracteres physiques , et que le prdjuge popu- « laire entre eux n'est pas entierementeleint ; de sorte que le ma- » riage d'un Basque avec une Agontas, en 1819, avait cause du » scandale ; mais qu'au surplus lis exercent I'agricullurc et les » metiers, ont les m^mesmoeurs que les Basques, et n'ont nivil- « lages particuliers, ni quartiers a part dans les villes- »

La Commission adopte une Lelii-e circulaire aux Memhres de la Societe, proposi^e par le Bureau. ( Voir , ci-apres, Documens ,

p. l32. )

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Seance du 4 octohre.

M. Cochelet, Memhre de la Societe , et auteur de la Relation du Naufrage de la Sophie , annonce son intention de voyager dans le Bresil , demande k la Societe une lettre de recommandation , et offre de faire des recherches sur les questions qu'elle voudra lui adresser. (Voir, ci-apres, Documens, p. i33.)

Renvoye a la Section de Correspondance , qui se reunira dans la huitaine.

M, Usteri , President de la Societe physique de Zurich , ecrit h. la Commission, pour offrir a la Societe de Geographic I'assurance de I'intdret que la Societe de Zurich prend a ses travaux , et de ses dispositions a lui fournir tous les rcnseignemens qu'elle pourrait desirer.

EUe designe un de ses Membres, M. Horner, pour correspondre en son nom avec la Commission ccnlrale.

123

La Commission ordonne la menlion honorable dc cetle letlre.

M. (jlRARD, litles Considerations generates qui precedent son Menioire snr TAgrlculture do I'Egypte.

Seance particulicre du ii octobrc.

Le Bureau , avec quelques Membres de la Section dc Corres- pondance et de celle de Publication , sc reunit pour dresser les instructions demandees par M. Cocheiet, (Voir6Va«c^ tin Jl octobrc)

Trois se'ries de questions, proposces par MM. de Freycinet, Lapie et Malte-Brun, sont adoptees, pour etre remises a ce voyageur.

Le Bureau communique la minute de la lettre de recomman- dation dont la Commission a muni M. Cochelet. (Voir, ci-aprcs , Documens p. 1 34. )

Seance du i8 octobre.

M. Dubois^ employe a la prefecture de la Vendee , propose a la Sociele de se rendre a Tombouclou , si clle veut lui en fournir les moyens. ( Voir, ci-apres, Documens, p. i35. )

La Section de Correspondance est chargee de lui faire une rcponse. (Voir, ci-apres, Documens, p. i36. )

M. JoMARU lit un Memoire sur YEtalon nictrujue tlgyptlen , decouvert dans les ruines de Memphis , par les soins de M. le chevalier Drovetti , Consul-general de France au Caire.

II donne communication de lettres de M. Cailliaud, datees de Chendy. (Voir, cl-aprcs, Documens, p. 137. )

M. Llorenie lit la suite de son Memoire sur les Itineraires ro- mains d'Espagne.

Seance du Q novcmbre.

M, Roux donne lecture d'un Memoire sur Midia ; ii commr.-

124

niquc le plan et les coupes d'un temple souterrain silue pres &e cette viile.

M. Llorentc lit la suite de son Meinolrc sur les Ilineraires d'Es- pagnc.

M. le baron dc Ferussac invite les Membrcs de la Socieic a coopdrcr au Bulletin univcrsel des Sciences , qu'il a entrepris.

M. Malte-Brun communique h la Sociele la nouvelle que M. Paguenaud^ ingcnieur du Cadastre frant^ais , a dresse des carles des Etals-Unis, conlcuanl des corrections qui paraissenl Ires-Iinpor- tantes. M. Paguenaud a prouiis de sounieltrc a la (Commission ses observations elses maleriaux.

Seance du 22 nooemhre.

M. Basi/c Fakr , dc Damiette en Egyple , ecril a la Commission qu'en demandant a ^tre admis comme Membre , il oifre tous les renscignemens a sa disposition sur le pays qu'il babilc.

M. Bailleiil^ Membre de laSociet<5, demande une mesure par laquelle toute la Sociele , divisee en Bureaux , parlagcrait les tra- vaux de la Commission.

La Commission , n'ayanl pas la faculle de changer le Regle- mcnl fondamenlal , ne peul prendre en consideration cede propo- sition.

M. Rjpauh, Membre de la Sociele , communique quclques Ob- servations sur les Zodiaques et les Mesures egyptiennes.

M. Llorente lit la suite de son Mdmoire.

M. ^'V^ARDEN se charge de dresser une sdrie de questions geo- graphiques pour M. Bresson, Membre de la Sociele , et secretaire de legation aux Etats-Unis.

Seaiice du 6 decemlre.

]VJ. le comte de RomanzofJ\ Chancelier de Fempire de Russie ,

reponda unelcllrc <lc M. Ic President, et acceple Thonncur d'etre Membre dc la Societe. (Voir, ci-apres , Docuinens , p. l^h)

M. Herpin , Secretaire dc la Societe des Letlrcs , Sciences ct Arts de Metz, offre , au nom de cetle asscmblces , de cooperer aux travaux de la Societe de Geographic , et designc Tun de ses Mem- bres, M. Deiu'l/y, pour correspondre avec la Commission centrale.

M. Dei>illy offre egalement ses services a la (Commission centrale , la prie de I'agreer comme Membre de la Societe , et lui annonce I'envoi d'un Memoire surdes Antiquiles du XI"^ siecle.

M. Larenaudiere , Membre de la Societe , envole des observa- tions sur la maniere de rediger un ensemble de questions et de projets de voyages.

Le meme Membre presente un Projel de voyage aux mers po- iaircs , qui devrait etre execute par un Canadien Frangais.

Renvoyc au Comite special des Voyages (i).

Deux Membres anonymes adressent deux Projets de voyage , Tun relatif aux observalions qu'on pourrait obtcnir au Calabar et a Bouy , sur I'lnterieur de I'Afrique ; I'autrc tendant a encourager les freres Moraves , dans les dccouverles qu'Ils pourralent faire au Grrocnland.

Pienvoye au Comite special des Voyages.

Le Secretaire-General donne lecture de la Notice des travaux de la Societe , qui doit etre lue dans I'assemblee generale annuelle du 27 decembre. II prie MM. les Membres de la Commission el de la Societe, de lui adrcsscr les observations qu'ils crolront utiles sur la redaction dc cetle iNotice.

Seance du 20 decembre.

Le Secretaire-General communique I'Extrait d'une lettre partl- culiere que M. le comle de Romanzoff \ui a adrcssee, et qui annonce

( i) Voytz Its seances cks 3 et 9 mai 1822 , Bulletin N" III , pag. 76 et 73.

126

les inlcntions hionvcillaales de M. Ic comle cnvers la Socielc dc Geographic. (Yoir, ci-apres Documens, page l/^2.)

On anuonce Ic retour de M. Bonfiglio-Rossignol, d'un voyage en NuMo.

La Commission procede aux elections annuelles qui , d'apres le Reglcment , doivent determiner son organisation interieure.

Elle nomme, a la majorite absolue, M. Walckenaer Pre'sident, en remplacemenl de M. de Rossel , dont les fonclions , d'apres le Reglemcnt , doivent cesser au J" Janvier 1823.

Elle nomme egalement , a la majorite absolue , M. Langles , I" Vice-President, en remplaccment de M. Walckenaer, et M. JoMARD, 2" Vice-President , en remplaccment de M. Langles.

Elle rcelit, a la majorite absolue , M. Malte-Brun Secretaire- general.

Elle procede ensuite a la formation scs Sections. Les douze Mem- bres actuels de celle de correspondance , savoir : MM. Bajot, Bar- Lie-du-Bocage {/llexandre) f Cirbied, Eyries^ de Fenissac , Girard, Guilleminot^ de Hiimboldf, Jaubert, de Tromelin, Vcmeur et Warden, sont reclus.

Les Mcmbres sulvants , de la Section de Publication , MM. Barbie du Borage , Beautems-Beaiipre, Champollion le jeune , Cuvier, Denon, de Freycinet , Jacotin , Lapie , de Paslurct , Puissant et Boux , sont egalement rdelus.

M. de Bossel, President sortant, est elu Membre de celte Sec- tion.

Les Membres sulvants , de la Section de Comptabllitc , MIVI. de Chdfcaugiron , Coquebert de Monbrei ., Hencart de Thury, Letronne et F'auvil/icrs , sont encore reclus.

127

M. Castellan est nomme Membre de cetle Section , en rem- placement de M. Jomard , nomme Vice-President.

Le Tresorier de la Society commmiiqne son compte rendu pour I'annee 182a, jiisqu'a ce jour.

MM. Eyries ct BAJOxsont nommes vcrificateurs de ce compte.

2^ Assemblee generale anniielle ; 27 decemhre.

M. Walckenaer preside au lieu de M. le marquis de Laplace , retenu par indisposition.

TJn Tableau , place dans la salle de reunion , offre Ics noms de MM. les Donateurs particuliers.

M. le Tresorier Iltle compte rendu pour I'annee 1822. (Voir, ci- apres documens , p. 1 4-3. )

Le President donne lecture de la Notice hi'storu/ue des iramuv de la Socicte pour 1822 , par M. Malte-Brun , Secretaire-general. ( Voir, ci-apres, Documens, p. 14.7.)

M, de Freycinet lit les Instructions q^u'il a dressdes pour M. Co- chelet , relatives a son voyage au Bresil.

M. Jomard lit une Notice sur le deuxieme voyage de M. Cail- llaud , dans la JXubie , le Sennaar , et les pays au Sud du Sennaar. ( Voir , ci-apres , Documens , p. 1 56. ) 11 iait distribuer a MM. les Membres , une carte representant les diveises routes de ce Voya- geur.

M. le comte Orloff, Sdnateur de Tempire de Russie , Menibrc dc la Societe , declare qu'il fait offre d'une sommc de 5oo fr. , pour former un prix dont la Gommlsslou iudiquera le sujet.

M. le President adressc a M. le Comte Orlojfles remercimeus de la Socidle J el en particuller ceux dc la Commission centralc.

138

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Liste des Membres 7iouvellement admis dans la

Societe.

Seance du 6 septembre.

MM. BoucuER , Sous-Inspecleur des Douanes , a Sierck.

CoTAKD, Inspecteur de I'Universite, charge des fonclions rectorales, en Corse.

Gauthier ( Edouard } , Secretaire-Adjoint a I'ecole royale des Langues orienlales.

Perrot , auteur d'un Atlas geographlque de la Franc6.

Rauch, ancien Officier du genie, etc.

Seance du l^ octohre.

Bruneau, Receveur-General du departement de TAriege. Gerardin , D, M.

Le Prince de Galitzin , Gentilhomme de la Chambre de S. M. I'Einpereur de Pvussie.

Seance du 6 novembre.

Bresson , Secretaire de legation , aux Elats-Unis.

Levaillant de Florival.

Jules Roux, attache au ministerc des Affaires Etrangeres.

Seance du Ti novembre. Bazile Fackr , Consul dc France a Daniielte.

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Seance du 6 decemhre.

MM. Le Comte de Gassini, Membre de I'lnstilut.

Chaumette des Fosses , Consul de France.

Devilly , Membre de la Sociele des Leltres , Sciences et Arts de Metz , etc.

Le Lieutenant-General Baron Fkirion.

Le Comte de Romanzoff , Ghancelier de I'empire de Russie.

Spencer Staimhope , correspondant de I'lnstitut de France.

Seance du 20 ddcembre.

BouDET , Avocat a Gaillac.

Le Gentil de Quelern , Colonel au corps royal du Genie.

Redoute aine , Peintre.

Ouvrages offerts a la Societc.

Seance du 6 septembre.

M. Choris fait hommage de son Voyage pittoresque autour du monde, surle biickle Rurick^ 2l<= livr. In-fol.

Chez Bossange , Treuttel et Wurtz , Firmin Didot , et chez les pi-incipaux libraires. Piix de la livr. , 7 fr. 5o C.

M. Guyonnet de Senac , d'une brochure intitulee ; Fancies medi- cales et litter aires.

In-4">. Chez I'auteur , rue du BoiJoi, n" 18. Prix : 2 fr.

i3o

M. Chrestien de Larruijo, d'une brocliurc intilulec : Ohsenuiiion critique sur le mode d'eclairer le relief du temiin par dcs rayons de lumiere purtani du zenith ; in-S".

M. Eoerat , de son Rapport sur les Societes de prevoyance.

]VI. Lamouroux , de son Resume d'un cours elementaire de Geogra- phie physique. \

In-8». Chez Verdiere , libiaiie , quai des Augusiins, n" 26.

Seance du 20 septemhre. Memoires de la Societe d' Agriculture de Seine-et-Oise , pour 1822 ;

Seance du 4- octobre.

M. Cochekt fait hommage de la Relation du naufrage du brick la Sophie. Deux vol. iii-b", chez Mongie aine , boulevard Poissonniere , n" j8;

M. Gerardin , de son Memoire sur lafihre jaune consideree dans sa nature et ses rapports aiiec les Gouvernements.

In-80, chez I'auteur , i-ue St. -Dominique , n" 55.

M. Girard, de son Memoire sur I' agriculture, I'industrie et le com- merce de VEgypte.

Extrait des Travaux de la Societe d' Agriculture du dt;partement de la Seine -Inferieure.

Seance du iS octobre.

La Byzanciade, poeme , par I'auteur des Trols-Ages. Chez Firtnin Didot , rue Jacob ,110 7,1^.

M. Balbi fait hommage de son ouviage , inlitul^ : Essai statistique sur le Portugal et le royaume d'Algaroe.

In-S". Deux vol. in-80. Prix: 16 fr. Chez Rey et Gravier, libraircs, quai dcs Augustins.

La Societe Asiatique cnvoie les numcros de son Journal.

In-8'^ Chez Dondcy Dupre , rue Saiut-Louis , ati Marais , no 46.

i3i

Seance du 8 novcm bre. *

M, Joinardia.ii hommage d'une brochure inlitulce : Examen d'line opinion nouvelle siir le zodiaqiie de Benderah, et de la Description d'un etalon metrique ^ oi-ne d'liieroglyphes ^ decoiwert dans les mines de Memphis , par M. Drovetti , une gravure.

Chez Debure, rue Serpente. Piix: 2 fr. 5o.

M. Goulianof, Membre de i'Academie Imperiale de Salnt- Pelersbourg , d'un Discours sur V elude fondamentale des langues. Chez Dufour, libraire , quai Voltaire , no ig.

M. Spencer- Smith, de la Description de la Chasuble de saint Ragnobert.

Seance du 22 no(>embre.

M. Jomard fait hommage de son Recueil d' observations et de Me- moires sur I'Egypte.

M. de Ferussac, du Prospectus de son Bulletin general et univer- sel des annonces et des nouvelles scientifiques,

In-So. Chez Dufour et d'Occagne , quai Voltaire, i3.

Seance du 6 decembre.

M. Devilly fait hommage de^son Abrege de Geographic ancienne el Moderne.

M. le general Haxo , de son Memoire sur le figure du terrain , dans les cartes topographiques.

M. TV^arden^ d'un ouvrage intitule: On the origin, nature, pro- gress and injiuence of consular establishments.

Seance du 3o decembre,

M. Puissant fait hommage de sa Methode generale pour obtenir le resultat moyen d'une serie d' observations astronomiques , faitcs avec le cercle repetileur de Borda.

In-40. Chez Bacliclier, libraire, quai des Aiignslin3.

l32

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DOCUMENS.

Lettre CIllCUL\iriE a MM. les Meinbres cle la Sucieledc Geograplne.

Messieurs ,

II a ele fait, h la Commission , trois propositions donl I'lUililt' a etc gencralement senlie, et qui loutes les Irois onl etc adoptees en principe ; les voici :

i". Indiquer dans une serie dc questions, les sujels dc Memoirc encore intacts ou peu approfondis, dans les diverscs branches de la Geographic , qui pourraient clre disculcs avec fruit, eu egard a I'ctat actuel des niaterlaux.

2^. Designer les voyages de decouverle, qui pourraient clre fails a peu de frais ct avec espoir de succes, en ayant soin d'cn speci- fier les moyens et les depenses.

Presenter les questions qu'on pourrait avec le plus d'a- vanlage adresser a des personnes resldantes a poste fixe, dans des pays ctrangers, pour provoquer des renseignemcns utiles.

L'elendue et la variete de connaissances , d'idees et nicme dc liaisons personnellcs que suppose la solution de ces questions , sont un motif pour dcsirer que tons les MemLres de la Sociclc veuillent bicn coopercr a un travail si necessaire, afin de prepa- rer les enlreprises auxqueiles la Socicte pourrait employer ses fonds.

D'apres ces considerations , la Commission centralc invite lous

les Membres a lui adresser les notes relatives a ces trois ques- tions , (lont ils croiraicnt la communication propre a eclairer et a aider la Commission , ainsi qu'a figurer dans une instruction ge- nerale , destinee a donner une impulsion a la science.

Une reunion d'idees neuves et justes, d'indications precises , de doutcs savants et de projcls bien miiris , serail un veritable Irdsor pour la Societe et pour la science gcographique. Former ce fais- ceau de lumieres, est une chose tres-facile, si lous les hommes eclaires ^t habiles dont se compose la Societe, veulent, chacun dans sa parlie, mcdiler cet appel et rcmplir Ic voeu qu'ii exprime.

La Commission desireralt que les notes relatives a cet objet jiussent lui parvenir avant Ic i5 novembre, cetle annee.

Signe DE^OSSEh, President.

Malte-Brun , Secrelaire-general.

Lettue de M. Cochelet.

Paris, le ao septembre 1822.

Monsieur le President,

Je suis au moment d'enlreprendre un voyage au Eresil, ou j'ai deja (ite , et, oii jc retournais lorsque mon naufrage sur la cote d'Afrique arreta mes projels, A I'epoque de mon dernier depart, j'etais charge par le Minislre de I'lnterieur de lui faire parvenir tous les renseignemens et toutes les notes que j'aurais pu obtenir sur la contrcc interessante, que jc suis appele a parcourir en- core.

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Peut-ctre, Monsieur, convlendia t-ii a la Sociclc dc Geogra- phic, dont j'ai I'honncur d'etre Menibre , d'lililiser le nouveau voyage que je me propose dc falrc, en me transniellant les ques- tions qu'clle aurail encore a resoudre concernaiU un pays devenu robjet d'une attention generale.

Si I'offre que je m'empresse de faire , dans un but d'utilite pu- bllque, est accueillie par la Societe, je vous serai oblige de m'a- dresser en son nom , une lettre qui auloriserait la mission qu'elle pourrait me donner.

Je vous prie. Monsieur, de daigner offrir a MM. les Membres de la Societe un exemplaire du Voyage en Afrique^ que j'ai pu- blic dernierement.

Je suis avec la plus haule consideration , Monsieur,

Voire tres-humble et tres-obdissant scrvltcur, Signe COCHELET.

r«A/vi: wt''%A;vxt f^wt/vx/vi

Lettre de la Commission , « M. Coclielcl.

Monsieur ,

La Societe de Geographic acceplc avcc plaisir la proposition que vous lul fallcs, de rempllr dans le Brcsll les missions dont die voudralt vous charger.

La Commission ccntrale aura I'honncur de vous remcttre , dans hult jours, une sdrle de questions sur lesquellcs elle vous engage a porter votre attention.

La Commission cspcre que , dans rinleressanle contree ou vous allez vous rendrc, la prcsenic lettre vous servira , aupriis dc tous

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les amis dcs sciences , coinmc d'un nouveau tilre pour en recevoir I'accueil distingue auquel deja vos qualiles personnelles vous dou- naient un droit inconstestaLle.

La Commission centrale vous charge , Monsieur, de communi- quer aux Societes savantes du Bresil, ainsi qu'a toules les person- nes eclaire'es , les slatuts et les bulletins de la Societe de Geogra- phie ; elle vous] prie d'ouvrir avec ces Societes toutes Ics liaisons que vous jugerez conformes au but de notre association.

Fait a Paris, ce ii octobre 1822.

En foi de quol nous avons signe,

Signe RosSEL , President de la Commission centrale.

Malte-Brun , Secretaire-general.

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Lett RE de M. Dubois.

Monsieur le President ,

J'ai regrette pendant long-temps que notre pays ne possedat au- cune Societe deslinec a I'encouragement des decouverlcs en Geographic ; aussi , chaque fois que je lisais quclques relations de voyages dans des contrees peu connues , voyais-je avec envic qu'on les avait entrepris par les ordres ou sous la protection de la Societe d'Afrique de Londres ; mais dernierement un deuxienie Bulletin des seances de la Societe de Geographic est venu m'ap- prendre que nous avions aussi bien que I'Anglelerre un etablissc- ment de ce genre , et alors je n'ai plus rien a envier i notre rivale.

J'ai vu, avec plaisir dans ce Bulletin, que la Societe avait I'in-

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Icntion dc dlrigcr dcs recherchcs sur la myslericusc die Ac Tom- bouctou ; et comme depuis plusicurs annecs , taiil dans Tinterct dcs sciences et du commerce que pour ma salisfaclion persounelle , j'al le desir de visiter cette ville , ainsi que les dtals de Wangara et de Haoussa, jevouspric, Monsieur Ic President, d'accueillir favorablemenl la demaude que jc forme aupres dc vous, d'etre en- voye par la Sociele que vous presldez , pour explorer cetle portion du globe ; et si un jcune bomnie de 2.3 ans, avidc de nouveaulcs et desirant parcourlr cette conlree inhospitaliere , vous paratt conve- nable pour enlreprendre un voyage, le soussignc vous prie de lui en confier Thonorable mission.

SI comme il le craint, ceci est loin d'etre suffisant pour lui me- riler I'objet de sa demande , le soussigne se borne a vous prier de lui permettre d'accompagner la personne que la Societd cliargerait de cette perilleuse cnlreprise , ou de lui procurer la franchise du passage jusqu'a la cole d'Afrique , vu qu'il est dans la ferme reso- lution de faire ccltc excursion dc quelque maniere que ce soit. II vous prie de I'honorer d'uuc reponse, et est avec le plus pro- fond respect,

Monsieur le President ,

Voire tres-humble et tres-obeissant serviteur ,

Sigoe Dubois, Employe dans les bureaux de la prefecture de la Vendee. Bourbon-Vendee , le lo octobre 182a.

Reponse de la Section de Correspondance a M, Dubois. Paris ,10 octobre i8aa.

Monsieur,

Rien nepouvait elre plus agreable a la Society dc Geographic que de recevoir les propositions que vous lui transmettez , par voire letlre du 8 octobre , d'entreprendrc , sous scs auspices , un

voyage dans rinlerieur de I'Afrlquc cenlrale. 11 est beau de voir des jcuncs gens que le zele pour Ics progres de la science enflamme, s'offrir pour affronter les fatigues d'unc longue excursion. La So- ciele applaudit a I'ardeur courageuse qui vous anime ; elle se feli- cite de ce que, des la premiere annee de son existence, le goAt des enlreprises hasardeuses se reveille et se inanifesle ainsi. Elle est Irop satisfaile ct Irop (lattee de Touverture que vous lui faites , pour ne pas vous en lemoigner sa vive reconnaissance ; elle vous donne son approbation entiere , et souhaite que les circonstances la meltenl bientot en elat de vous facillter les moyens d'oblenir Tobjet de vos vceux. Elle a pris voire demande en grande conside- ration ; el aussilot qu'elle se sera arretee a une determination pc- sltive sur le voyage que vous desirez faire , elle s'empressera de vous en instruire.

Agree/, Monsieur, etc.

Signe Eyries, Vice-President ;

Alex. Barbje DU Bocace, Sccrctaivr.

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Extrait des sixieme et septieme Letlres de M. Cailliaud a M. Jomard , Mernbre de VInstitnl , siir les ylntiquites de la Nuhie.

Cliendy, . . avril 1822.

« J' ARRIVE du desert, 011 j'ai visite deux endroits dans lesqucis

se trouvent beaucoup d'antiquites, M. Linant , Fran^^is, n'eiant

pas sorti du royaume de Sennaar, les a vues quelques jours avant

moi. Pres du village de Wetbeyt-Naga sont les ruines de deux

petits temples dans le desert ; a huit lieues dans le sud-est sont les

restes de sept autres petits temples : la vallee qui conduil a ces ruines,

etces ruines elles-mfimes, portent encore le nom deNaga: jene doulc

pas que ce ne soient les restes de I'antique cite de Naka. IVois de

ces temples sont assez bien conserves : I'un consiste en une piece

precedee d'un pylone, et inlercsse par les sujels doni il est orne ;

les figures onl des costumes tout differents de ceux que Ton voit

1 1

i38

(en Egyple ; les robes sont conime celles des figures donl je vous .ii parlc , eJ que Ton voit dans les pyramides. Lc dcuxieme est un temple plus grand, avec une avenue dc sphinx. Le troisieme est un porlique isole , Ires-curieux , de construction molns ancienne: I'architecture est un melange du style grcc et du style egypllen ; on y voit des chapitaux curinthiens^ etc. : les autres temples sont Ires-ruines.

>' Dans un grand vallon du desert , a six heures du Nil , et a hult heures dans le sud-est de Chendv, sont d'autrcs ruines beau- coup phis considerables, qui , je pense, doivenl oire les resles du lieu d'etude (ou college) de Meroii; elles consistent en hull pelits temples, ious alignes par des galerles en terrasses. C'est une construction Immense, coniposee d'une foule de chambres, de temples , de cours et dc galerles, environnes de doubles enceintes. Je ne puis vous donncr ici qu'une legere idee de ces ruines. Du temple du centre on communique aux aulres par trois galerles ou terrasses, longues de 60 metres et plus (i85 picds) ; chaque leniple a ses apparlemenls parlicullers : ces constructions sont alignees ; on y compte 8 temples, 3g chambres ou habitations, 26 cours, la escallcrs, etc. : les ruines couvrent un espace dont la circon- fcrence a plus dc 800 metres (environ aSoo picds).

» Mais, dans celle Immenslle de ruines , tout est de petite pro- porllon , les monuments coumie les matdriaux employes ; les picrres sont en assises de 25 cenlimetres de hauteur, el souvent carrees. Le plus grand temple n'a que 1 1 metres de long : sur les colonnes sont des figures du style egyptien ; d'autres rolonnes du meme portique onl des cannelures comme dans rarchitecture grecque. Sur la base de I'une d'elles j'ai cru reconuailreles restes d'un zodiaque. On volt les deux Gemeaux, et Ton croll reconnaitre le Sagltlaire ; j'en ai pris un dessin fidele, Le temps et les elements destructeurs , qui ont efface I'antique Saba ettant de monuments, paraissent avoir voulu nous conscrver I'observatoirc de Mt'roe : sans falrc aucun deblai, on peul encore en relcver le plan com-

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plefement. Aujourd'hui , on ne trouvc plus d'eau dans cc lieu ; il ni'a toujours fallu faire ma provision dans le Nil.

" Dans toules ces mines , on est etonne de trouver si peu d'hie- roglyphes : il n'y a que six colonnes, formant le portique du lemple du milieu , qui aient des hieroglyphes ; loules les autrcs murailles sonl depourvues de sculptures.

» A quelques cent pas des ruines ri-dcssus , sont les resles de deux autres petits monuments, et les traces reconnaissables d'une grande piece d'eau, entouree de gros monticules qui servaient a la garantir des sahles ; on ne trouve point ici I'emplacement d'une ville , ni butles de decombres, nl aucun tombeau. Si la ville de Mcroe eut existe dans cet endroit, on n'eAt pas eleve , je pense, les pyramides a deux jours plus loin. Je suls porte a croire que ce lieu etait le college de Mcroci ; la forme ct la structure, tout I'in- dique : mais la ville etait pres des tombeaux , la ou sont les qua- rante-cinq pyramides, dont la latitude est bien celle que donnent les anciens pour Meroe, tandis que la latitude de ces ruines s'en eloigne beaucoup.

» A I'epoque ou je me suis trouve dans ce lieu, les Arabes Chou- cry et les Bycharyeh etaient revokes conlre Ismayl-Pacha ; ils depouillaienl chaque jour les habitants des rives du iNil : M. Linant a ele poursuivl par ces Arabes ; nous avons eu le bonheur de leur echapper. Ce motif m'a fait renoncer au projet que j'avais d'aller a Goz-Pvedgeb , sur I'Albara , ainsi que dans le desert de la mer Rouge , ou tons les Bycharieh se sont revokes.

» J'ai acheve mon travail a Barkal. Etant a la hauteur de la pro- vince de Sokkot, je suis alle a Selima , qui est une Oasis a trols jours dans le desert, esperant y trouver dcsantiquites; mais on n'y trouve que les restes d'une habitation chrcllcnne' consislant en 8 petites chambres, avec environ 200 daticrs. Selima est aujour- d'hui inhablle ; c'est une station de la grande caravane de Darfour.

» Pendant le cours de ce voyage long et penible , j'ai etc assez heureux pour jouir constamment d'une bonne sante. J'ai perdu

sepl chameaux ; il m'a fallu payer lo froment un franc la livrc , et le reste en proportion ; encore le prince est-il venu a mon secours. Quand, a aucun prix , on ne pouvail acheter de chameaux, il m'en a donne. » Signe Cailliaud.

Observations sur les Letlics qui precedent.

II a dcja ele question , dans la correspondanee de M. Cailliaud , du lieii appcle IVctbeyt-Naga., situe a Irois quarts de jour de Chendy, et ou se trouvent quinze petitcs pyramides. En entrant dans le desert , et se porlant a huit lieucs au sud-est de ce point , on trouve plusieurs petits temples, dont Tun est precede par des sphinx , el un autre renferme des chapiteaux corinlhiens. D'apres la position de Wetbeyt-Naga, par rapport a Chendy et Assour, et celle des mines considerables que le voyageur a Irouvees au sud-sud-est de Chendy, a six lieues du fleuvc , il parait que ccs ruines (conslderees ici comme la residence des pretres de Meroe) se Irouvaient a environ douze lieucs au sud-quart-sud-est d' As- sour. Cette distance, An college At Meroe ^ la ville meme, paraitra peut-elre un peu considerable , et Ton sera surpris aussi de voir qu'un lieu semblable fAl si loin du Nil. D'un autre cAte , il cstna- lurel de croire que la latitude donnee par les anciens, pour le lieu de Meroe , est celle de I'observatolre meme et du local ou les pretres etaient elablls. Or, il doit y avoir 25 minutes environ de difference en latitude entre les ruines d' Assour et celles qui sont a huit lieues au sud-sud-est de Chendy. De tous ces motifs , je suis port^ a inferer qu'il est peu probable que le college ou I'observa- toire de Meroe ait existe en cct endroit. Au reste , avant de pro- noncer, il faut attendrrc des details plus precis que ceux que ren- ferme une lettrc ecrite a la hate.

Un resultat Ircs-intcressant du voyage de M. Cailliaud , est que plusieurs des antiquilcs de la Nubie sont poslerieurcs aux monu- ments de Thebes. J'ai loujours professe I'opinion que, si !e ber- ceau des arts etait en Elhiopie , Icur dcveloppemenl s'etait fait en

Egyptc : ccllc opinion sc confirme de plus en plus par les nouvcUes <lecouvertes. C'cst a Thebes et a Memphis que les sciences et les arts se sont eleves au point ou nous les voyons dans les monuments de ces contrees. Dc la, ils ont remonle le cours du Nil, que jadis ils avaienl descendu , mais avec des developpements propres au climat et au sol de la Theba'ule, qui sont enlierement differents de ceux de I'Ethiopie. Quand les (irecs sont devenus les maitres de 1*£- gyptc , ils ont mele leur style au slyle egyptien ; el , a leur tour, ils ont porte en Ethiopie leurs armes et leur architecture. La gran- deur des raateriaux , qui me parait etre le cachet de la haute anli- quile egyptienne, est un caractere qui manque a la plupart des monuments nubiens; nouvel indice d'uneepoque plus reccnte. Au reste , on n'expliquera jamais la religion ct les arts de I'Egyptc par le climat et les productions des pays silues entre les tropiques.

Lesnouvelles recherches dc M. Cailliaud nous montrcnt toujours en lui un voyageur infaligable dans son zele. Apres avoir par- couru plus de mille lieues dans des pays , ou mal connus, ou tout- a-fait ignores , il revient chargd de depouilles scientiliques , bien suffisanles pour le justifier, sinon pour nous consoler enlierement de ce qu'il n'a puremonter jusqu'aux sources du Nil. Avant un an il sera de retour en France , apporlant une description de toutes les oasis connues , le cours enlier du Nil jusqu'au lo*^ degre de la- titude , et un portefeuille riche en observ ations de monuments , de geographic et d'hisloirc naturelle.

Si'gne JoM.van.

LettEE de M. le Comte de Romanzoff^ a M. Ic President de la Societc de Geographte.

Monsieur ,

J'aicle egalement fiappe de reconnaissance ct de surprise a la receplion dc la Icllrc quo vous m'avcz fait I'honncur dc m'ecrire

l4.2

!e II septembrc, pour m'annoncer que la Soci^te de Geographic se proposait de me placer au noinLre dc ses souscripteurs ; veuiliez, M. le Chevalier , comnie son President , etre , aupres d'elle et de vous, Ic garatit de ma gratitude. II n'y a point de bonheur pour les liommesquen'accompagnent et ne forlifient les lumieres. Travaillcr a les elendre comme vous le faites , M. le Chevalier , c'est acquerir des droits 4 leur reconnaissance.

Agreez , je vous prie , les assurances de la consideration la plus dislinguee avec laquclie j'ai I'honneur d'etre ,

M. le Chevalier ,

Voire Ires-humble et Ires-obeissanl servileur.

Signele Comle de Romanzoff. Homel , «n Russie Blanche , le 8 oclobre 1822.

n/\/\n.^^\>\j\.\,\ntv*/wfi/\/\-*

ExTRAlT (Fune Lettre de M. le Cumte de Romanzoff, a M. le Secre- taire-general de la Societe de Geograplde.

Homel, en Russie Blanche , le aa octobre 1822.

La Societe de Geographie, qui vieiil de se consliluer a Paris, nepeut, ce me semble, manqucr d'avoir une grande utilile: elle etendra le domaine de celte science. J'ai accepte avec plaisir et reconnaissance la proposition qui m'a ete faile de lui appartenir. J'ai charge une de nos maisons de commerce , celle de MM. les freres Livio , de souscrire pour moi , el de porter ma souscription a 240 fr. par an ; inais je chercheraia lui etre plus utile , lorsque I'inslruction gcneraie qu'elle se propose de donner , paraitra, nous aura indique les lacunes de la Geographie , les-moycns de les remplir, el que la Societe les aura tarifees en quclquc sorte.

Le silence que gardent les Anglais au milieu de ce noble em- pressement de isouscrire que Ton nianifcste a Paris , me parait presager , Monsieur , que jaloux d'etre prevenus par celte inslilu- tion fran^aise , iis vont former chez eux quelque chose de pareil : les sciences ne pourronl qu'y gagner, remulalionne leur a jamais nui

Je suis deja, Monsieur, depuis quelques anneesoccupe, dans la. direction que vous tracez dans votre lellre. Partant des posses- sions de notre Compagnie americaine, quelques personnes qui en dependent sont occupees pour moi a gagner la iner, remontant vers le nord a travers coles, ou bien cherchanl a obtenir un pas- sage vers elle a travers un fleuve , ou meme un bras de mer , dont je m'obstine toujours a supposer Texistence. La Compagnie me prete un secours geuercux et pleln d'obligeance

«\/VWt<% bWV^'V* ft/W* tiWS

Comple de Recedes. Premiere annee 1822.

Les receltes de cette annee ne consistent que dans le montant des souscriptions de chaque membre, fixd, pour le minimum, i 36 fr. Quelques personnes ont paye ^o fr. ; il en sera fait mention , les fonds ayant ete faits trop tard.

Le nombre des Membres de la Societe ayant souscrit , s'eleve a deux cent quatre-vingt-un , ce qui forme , a raison de 36 fr. , una somme totale de 10,116 fr.

Six Souscripteurs a raison de 4o fr. , excedant de 4^ fr. , forme un total de 24.

Total 10,14.0 fr.

Le prix donne par M. Delesseii est de 600

Total geneual 10,740 fr.

,^4

Le present cotiiptc a clti prescnte par M. CnAPJiLLiER UesorierT a la Commission cenlrale , dans sa seance <lu 20 deccmbrc 1822 , aux termes dc I'arlicle aS du Reglemenl, et conformemenl aux dispositions du meme article aS dcs Reglements de la Sociele, M. le President a nomme deux Membres de la Commission , ne faisanl paspartie de la section de Coniptabilile, pour examiner ces comples , lesquels Membres sont MM. livRlES et liAJOT, Tun et I'autre de la section de Correspondance.

Compte des Depenses.

Frais relalifs a la souscrlption pour former Ics listes , et recevoir Ics fonds 4^ fr. 5o c.

2" Paye aM. Guillard de Senainville , pour avan- ces lors dcs premieres assembleesde la Societe, rue du Bac : 112 »

30 Rcmboursement de memes frais dans la salle , rue du Bac G5 3o

4.« Paye a la Villa, a raison de I'assemblee du 22 mars ^ Sa »

Total. 27^ fr. 80 c.

Frais d' Etablissement , me Taranne.

1" Loycr jasqu'au i*'"^ oclobre ^^j So

Appointements de M. Noirot, Agent, du i5 decembre 1821 766 fr. /^8 c.

Son loyer personnel 100 «

1'oTAL 866 Ir. 48 c.

Depenses dwcrscs.

Avril et mat , eclairage i5 fr. 25 c.

Avril, registres et cartes :.. 3i 78

Mai , acquisition d'une armoire et travaux. . 62 »

109

Juillet , depenses diverses 106 2S

AoAt, id. 80 4^0

Septembre ^ id. 157 10

Octobre , id. 3o 70

Novembre j id. 4-2 5o

Total 525 fr. g5 c.

Frais d'impressions.

Paye a M. Everat le 2 mai 4^9 fi'. 80 c.

Frais de Diplomes.

Payd jusqu'A ce jour i,283 »

Resume des depenses.

Frais d'e'tablissement de la Societe', rue

du Bac 274 80

2" Loyer, rue Taranne 487 5o

3" Traitement et loyer dc I'Agenl 866 48

Depenses diverses 525' g5

Frais d'impressions 4^9 80

6" Frais de diplomes i,283 »

Total 3,847 f'"- ^3 c

Placement 5,ooo »

Total general de la depense 8,847 ^^' ^^ ^'

1 46

lleccUe. .... 10,74.0 fr. » c. Depense. . . . 8,847 ^3

Kesle 1,892 fr. 47 c.

Signe Chapelliek.

Les soussigaes,IVIcinbres de la Commission cenlrale dc la Societe de Geographic , nomincs , aux termcs de I'arl. 25 du Reglement, pour examiner les coniptcsdes recetles et depenscs de ladilc Socielc, pour la presente annee 1822 , presentes a la Commission cenlrale par M. GuAPELLiER, notaire , Tresorier, dans sa seance du 20 de- ^ cembre present mois;

Ayant pris connaissance desdits comples , lant en recelles que depenses, et apres avoir verifie les pieces a I'appui , avons reconnu le tout juste et exact ; en consequence , sommes d'avis d'arretcr les recettes de 1822 , premiere annee de ladite Societe, a la somme dedixmille sept cent quarantc francs , cl. . . . 10,740 f. » c.

Et les depenses i cellc de trois mille hult cent quarante-sept francs cinquante-lrols centimes, ci 3,847 53

Et le reliquat .i celle de six mille huit cent quatre-vlngt-douze francs , quarante-sept cen- times ,~ci 6,892 fr. 47 c.

Etant observe toulefois que cinq mille francs sent places au Mont-de-PIete , au profit de ladite Societe, depuisle3o mars 1822 , en sorte que le reliquat disponiblc et en caisse, estdela somme de dix-huit cent quatre-vingl-douze francs qua- rante-sept centimes , ci. - . . 1,892 fr. 47 c-

A Paris., ce 23 d^cembrc 1822.

Signe J. J3. Eyuies, Bajot.

Nous soussigne, President de la Commission centrale deladite Societe, ayant pris connaissance, tant des comptes en receltes et dcpenses , que du rapport ci-dessus des deux Membres de la Com - mission qui les ont vus , examines et verifies , arretons delinitive- mentles dits comptes, tant en recettes que depcnses, aux sommes y portees , et fixons le reliquat a la somme susdite de 6,892 fr. 4.7 c. , dontSooo fr. en placement, sur Ic Mont-de-Picte,et 1892 fr. 4^7 c. argent en caisse , laquelle somme forme le premier ar- ticle des recettes du compte de I'annee 1823.

A Paris, ce 2^ decembre 1822.

Signe : RossEL , President dela Commission centrale.

Notice Imtorique des travaux de la Societe de Geogi-aphie , pendant Fan 1822 , par M. Malte-Brun , secretaire-general de la Com- mission centrale.

Presenter a una Societe la premiere notice de ses travaux, est un devoir delicat et difficile. Les commencemens de toute entreprise utile , serieuse et grande , ressemblent aux commencemens de I'an- nee agricole ; c'est la saison des efforts et non pas celle des jouis- sances ; la terrc demande les labours de la charrue et les largesses du semoir ; il faut arraclier les ronces, il faut marcher parmi les epines , c'est pour I'avenir que sont et les fleurs et les fruits. Nous n'entreliendrons pas la Societe de toutes les difficultes obscures qui accompagnent ces travaux ; mais nous n'essaierons pas non plus, dans un tableau vague et pompeux, d'exagerer les succes que nous avons obtenus. La verite, a-la-fois simple et positive, voila le seul hommage que nous saurons offrir , et le seul qui soit digne de la Societe,

Une annce s'est ecoulee dcpuis que le desir d'encourager les

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Etudes el les (lecouveiies gcographiqucs , reunit tlans celte enceinle les Mcmbres fomlatcurs decelle honorable Association, En signant le pacle social qui nous lie, ils savaient que, parnii les trois buls que la Sociele se proposait, aucun n'elail de nature a pouvoir ctre al- tcint dans I'espace de quelqucs niois. Pour encourager les cntre- prisesd'un voyageur, ilnous fautdescapitauxaccumules, un projet approuve, un homme choisi; pour publier des ouvrages vralment utiles aux progres des sciences, il seraitnecessaire de pouvoir faire un choix severe entre plusieurs bons travaux, mis a notre disposi- tion. Personne ne pouvait done s'attendre a ce que, dans sa pre- miere annee d'existence, la Socicte de Geographic dirigcdt imme- diatemenl ses travaux vers ces deux buts eloignes. Un troisieme ob- jet plus accessible nous etait indiquc par notre loi fondamentale , c'^lait la mise au concours des sujetsde prix annuels. La Commis- sion y consacra ses premiers soins , et nous osons croire que ses choix ont dignement marque les premiers pas de la Societe.

Le sujet de prix indique par le concours de 1828 , est une Des- cription systematique des chaines de monlagnes de I'Europe, pro- bleme qui cmbrasse des points de vue tres-etcndus , qui exige des recherches critiques tres-laborieuses, et qui doit nieme conduire un concurrent vraiment zele a plusieurs observations neuves ; car, au sein meme de I'Europe, plus d'une chaine de montagnes im- portante a echappe aux mesures exactes et a I'observation scienti- fique, tandis que de Tautre cotd, beaucoup de montagnes, dont les cartes geographiques sont chargces , ne doivent leur existence , ou du moins leur configuration , qu'a la fnnlaisle du dessinateur.

D'autres vucs caracterisent Ic sujet do prix propose au concours de Tan 1824. : une discussion sur Torigine et les migrations des peuples de I'Oceanie, ouvre une brillante carrlere k celte erudition philosophique qui rapproche les fails moraux , philologiqucs, phy- siques et hisloriques , en les assujetissant aux lois de la geographie , et en les faisant tons converger , couuue aulant de rayons de lu- micre, pour eclaircr, h Iraversla nuitdessiecles, lamarche de celte

1 49 population variee qui couvre le globe. La solution de ce proLlenie «loit, commecelle du premier , produirc un bon ouvrage, et don- ner une puissante impulsion aux recherches des observaleurs.

A cole de ces deux prIx proposes par la Sociele , la munificence d'un de nos Membres , M. le baron B. Delessert , nous a mis a meme de prometlre une recompense au meilleur travail de slatis- tique sur I'itinerairc de Paris au Havre-de-Grace. Ceprix montre que noire Socicte peut devenir utile aux interets locaux et natio- naux , en meme temps qu'elle coopere aux succes de ces haules meditations qui agrandissent la sphere des sciences.

Si Ton pense que nos concours doivent secontinuer pendant une longue serie d'annees , et se diriger constamment vers le seul et unique but de perfectionner le meme genre de connaissances , on sera penetre de la conviction queleur resultat sera une plus grande masse de veriles homogenes , que celle que pourront produire dans le meme espace de temps les concours des Societespartagees entre les interets de plusieurs sciences. Get espoir depend toutefoisd'une direction a-la-fois mcthodique et habile.

Apres avoir organise le concours, la Commission a pense que le travail le plus urgent etait de former des correspondances avec les savans et les Societes savantes , de repandre dans les provinces et dans Tetrangcr, nos Pieglemens, nos Programmes etnos Bulletins, afm de propager , par tous les moyens , la pubiicite de nos entre- prises. C'estla section de Correspondance, qui, sous la presidence de M. de Humboldt, a dirige ce travail aussi aride que necessaire , doot jVI. le baron de Ferussac a trace le vaste plan. C'est surtout au zele infatigable de M. le Secretaire de cette section (i), que la Societe doit de voir executer, a travers des obstacles multiplies , une operation aussi essentielle.

(i) M. Alex. Barbie du Socage..

i5o

Des rtfponses arrivecs des conlrees eloignecs, ainsi que des an- nonccs bicnveillaiiles , inserees dans beaucoup de fcuillcs etran- geres , nous ont deja prouvd que la renommee de noire Societe s'est propagce en Europe , autant qu'ii elait pcJssible dej'espcrer k une epoque agltee par tant d'esperances et par lant de cralnles.

C'est ici le lieu de remercier , au nom de la Societe, Ifes Aulo- rites minislericlles qui ont accorde une protection bienveillante a nos correspondances. Ce ne sont, sans doute, que les premices de la protection que nous pouvons esperer d'un Gouvernement Irop eclaire pour ne pas apprccier Fulilile eminente du but que nous nous somnies propose.

La Commission a fait marcher de front, avec les correspondances qni commcncent ces relations extericures , la confection du Di- plome, qui complete notre organisation interieure, et qui constate la cooperation de chaque Membre a un but aussi honorable. Nous devons des remercimens a M. Roux , qui n'a epargne aucun soin pour surveiller cet objet.

Enfin , une troisieme mesure d'adminislralion interieure a dte adoptee et mise a execution. Un Bullelin imprime', et distribue gra- tis a tous les Membres , conserve le souvenir de nos deliberations , des rapports qu'on nous presente , des nouvelles et des projets qu'on nous adresse. C'est un moyen de fairc connaitre ce qui se passe dans nos seances a ceux qui n'uscnt pas de leur droit d'y assister. Mais la Conunissiou n'a pas voulu faire de ces impressions admi- nistratives un nouveau journal geographique ; c'est pour la publi- cation des Memoires savans et des Ouvrages utiles, qu'elle reserve les ressources de la Societe.

C'est proprement a ces details d'administration, que le Pieglement avait destine les seances de la Commission ; il n'entrait pas dans notre plan de nous reunir pour entendre des lectures ; cependant peu-a-peu cet objet accessoire a rempli nos seances , et peut-elre va-t-il rcndre necessaire une niodificalion dans leur organisation,

modificalion qui, sans deranger nos Iravaux, permeltrait d'y joindre plus d'agremenl.

Des correspondances Inleressantcs ont die lues par MM. Jo- mard , Barbie du Bocage, Cirbied , Warden et aulres. Les leltres de M. Cailliaud , sur son voyage en Afrlque, celle de M. Fauvel , sur Alhenes, el celle de M. Vidal, sur les ruines de Babylone, nous ont appris des fails importans.

D'autres membres ont bien voulu nous donner communication de Memoires ou d'Ouvrages destines a des publications indepen- dantes des notres. Le Mcmoire de M. GIrard , sur I'Agriculture d'Egyple, la Notice de M. Jomard sur la coudce Egyptienne, la Notice de M. Servois sur les Mainotcs, les Souvenirs des Pays Basques, ouvrage inedil de M. Boucher , ct le Memoire sur les Iravaux geographiques de la famille Cassini , par iM. Sueur-Mer- lin , ont jele de Tinlerel sur plusicurs de nos seances.

Mais nous devons dislinguer les matcriaux qui nous ont ete of- ferts pour entrer un jour dans les publications que la Commission jugerait utiles. Le profil nivelc dela Papinsule de I'Inde , en de^a du Gange , presentc par M. Leschenaut de la Tour , a para pro- mcllrc une importanle acquisition pour la Geographic physi- que. Le memc voyagcur nous a remis une Notice sur les ruines de Mahabalipouram, rcdigeparun Brainin. BI. Llorente nous a com- munique un Memoire de Geographic coniparde sur les lieux nommes dans une parlie des Itineraires romains de I'Espagne , memoire qui lend a rectifier beaucoup d'erreurs dues au manque de notions locales. La partie du Memoire de M. Ducros, sur les methodes d'enseignement geographique , qui nous a ete lue , contient des aper^us neufs sur quelques methodes usitees en Allemagne. M. Roux nous a fait present d'une atlachante Notice sur les ports et le temple souterrain de Midia.

Lorsque ces inleressantcs communications se seront accu- snulees dans nos archives , lorsque tons les membres savans que

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la Sociclc renlenne y auront parllcipe , cl lorsquc nous aurons juge Ics travaux qui pourronl ctrc envoyes au concours procliain , la Commission cxamincra dc nouveau cetle impoitanle question , s'il convient de puLlier un Recueil dc Memoircs ou une serie d'ou-

vrages.

Ceaucoup de propositions ont ^16 adresse'es a la Commission ; nos Bulletins en constatent I'objet ; mais ici nous ne devons nous en occuper qu'aulant que ces objcts sont cntres dans le travail commun dc la Socictc ; c'cst ce qui est arrive a Tegard de plu- sieurs propositions, qui peuvent toules se ramcner aux idees gcnc- rales que voici :

» Indiquer les projets de voyage les plus faciles a execuler , les moins dispendieux , et les plus susceptiblcs d'un rcsultat utile ; en calculer les frais , en prevoir les difficullos , en specifier les moyens d'execution ; trouver les hommes capables de se cbarger de ces entreprises ; indiquer, au defaut de voyageurs , les diverses classes d'observateurs qui, fixes dans un lieu , scraient a porlce dc faire des rechcrches sur les objels qui , dans Icurs environs, intc- ressent la Geographic, #h qui scraient disposes a rcsoudre les questions que la Societe Icur adresscrait ; enfin , au defaut de voya- geurs et d'observateurs locaux, indiquer les lacuncs de la Geogra- phic qui peuvent etre remplics par des travaux de cabinet, et des recherches d'crudition.

Toutes ces propositions tendent direclement au but le plus essen- tlel et le plus difficile de la Societe ; aussi la Commission a-t-elle, par une lettre circulaire, encourage tons les Mcmbres a lui com- muniquer Icurs idees a cet cgard ; cl en meme temps elle anomme un Comite Special pour prendre en consideration ces proposi- tions et ces idees, pour les claborcr et pour en extraire la substance. Nous croyons devoir rcmarquer, parmi les projets qui nous ont eld lus, celui de M. la Renaudierc , sur un voyage aux rivages dc In merPolaire, comme prcsenlant lous les dciveloppcmcns que In Commission doit desirer dans ces communiralions.

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Pendant que nous delibcrions sur les moycns fie confrlbuer aux dccouvertcs nouvelles , deux voyagcurs sc sont pr(^scntes pour realiser une partie de nos voeux.

L'un tres-jeune (i), plein d'enthousiasme , etranger aux cal- culs de la prevoyance, ne demandc que d'aller sur-le-champ a Tombouctou. Nous sommes entres en relation avec lui ; nous verrons s'il est possible de rendre utile un zele aussi louable,

L'autre (2) , voyageur deja eprouve, ne demande d'aulre appui qu'une lettre de creance ; il ne desire d'autre vehicule que des conseils et des encouragemens. La Commission s'est em- pressee dc remplir ses voeux ; il va partir pour une des contrees les plus interessan!es du monde, charge de questions qu'il est bien en etat de resoudre. C'est une circonstance tres- agrcable pour la Societd, el dont M. de Freycinet a bien voulu se charger de rendre un comple dclaille dans noire seance annuclle.

II serail possible , dans I'dtat perfectionne des relations sociales, de recueilllr d'excellentes observations sans le secours dispcndieux des voyages , et en meltant seulement en activlld les hommcs dclaires que leurs occupations hablluellcs fixent sur des points <5loignes. C'est une des propositions soumises h la Commission ; c'est peut-etre noire espoir le plus solide et le plus prochain. Nous devons dire qu'il a deja rc^u un commencement d'execution par I'offre bienvelllante que nous a faitc , lors de son depart , M. le chevalier Roger , administrateur du Senegal et un de nos Mem- bres, de nous obtenir les dclalrcissemens gcographiques que nous voudrions lui demander.

Une condition est inherente a la nature de toute entreprise geographique ; c'est la necessite de fonds considerables ; aussi nous ne derogeons pas k la dignlte de la Socielt^ , en lui annon-

(i) M. Dubois , employe a la prefecture de la Vendee. (•2) M. Cochelet , autem' de la Relation du Ndufrage de la Sophie.

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9ant que d^ja Irois cents pcrsonncs ont concouru a former noire premier capital.

Parmiccs amis de la science, noire reconnaissance doit signa- kr M. le comte de Romanzoff , chancelier de rempire de Russie. Ce celebre protecteur de tant de savans el de tanl de voyageurs , a porte sa souscriplion annuelle a 24.0 francs , el de plus , a offert de concourir aux frais des voyages dont la Sociele aurait arretd le plan.

Puisse cet exemple el celui de M. le baron Delessert , trouver des imitateurs parmi les horames que leur rang ou leur fortune appelle a cetle preeminence de blenfaits el de services qui est la plus puissante arislocralie dans un siecle eclalre !

M. Selves, lilhographe , a fait a la Soclcte I'honorable offre d'un travail graluit jasqu'ti la concurrence de la valeur de 1200 francs, offre dont la Commission profitera dans ses publications.

M. Everat, imprimeur de la Society, a fait un don pour con- courir i la formation d'un prix.

Apres avoir ainsi parcouru le cercle entier de nos travaux de cette annee , apres avoir trac^ avec simplicite les premiers efforts de notre honorable Soclete , II ne nous reste que le devoir de ren- dre un hommage douloureux a ceux de nos confreres que la mort nous a enlevds. Deux noms celcbres demandent dcja nos regrets et nos larmes : M. le Comte Berthollet et M. le Due de Ri- chelieu.

Le premier a dA sa haute renommee a des Iravaux qui seniblent , au premier abord , fort etrangers aux nolres. La science qui de- compose les substances dans leurs plus simples elemens , pour en <5tudier les affinltes les plus dellcalcs , parait peu rapprochee de la science qui mesure el decrit les grands traits exlerleurs de noire plaB«te ; naais «» ehimisle-phllosophe tel que M. Berthollet , appreclalt ces rapports lullmes qui rapprochenl toutes les sciences nalurelles. Ne cberchent - elles pas toutes la verlle physique sur la

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route de ['experience? Ne pcuvenl-ellcs-pas a chaque instant se rencontrer et se demander des secours? M. Berthollet voyait avec plaisir les efforts que font les geographes pour donner a leur science de nouveaux points de contact avec les sciences mathema- llques et physiques. Voyageur lui-mcme , il aimait a r^ver a ces terres inconnues dont il avait contemple I'entree du haul des Py- ramides. Ce savant, aussi bienveiliant qu'habile , eAt puissamment seconde nos efforts ; mais avant que d'en avoir pu voir les pre- miers resultats, il a expire entre les bras de son illustre ami , le grand geometre qui , cette annee, a preside nos reunions so- lennelles.

M. le Due de Richelieu n'etait pas , comme M. le Conile Berthollet , place sur une eminence isolee dans la region tran- quille des speculations ; les flots de la vie civile I'avalenl entraine dans leurs tourbillons impelueux. Exile a la suite de ses Rois legi- times , il n'avait pas eu la douleur de combaltre ses compatriotes di vises ; une destinee toute particuliere I'avait conduit sur un thea- tre ou il pouvait Iriompher sans aucun melange de regret ; il y fit briller tour-a-tour la valeur d'un chevalier et I'habilete d'un ad- minislrateur : bravanl tantot les balles et tantol la pesle , le matin il cscaladait les remparts ennemis , et le soir il etudiait sous la tenle les mceurs des peuples orientaux. Vainqueur des Musulmans, legislateur d'une ville florissante , ce Fran^ais exile civilisa les tribus nomades de I'ancienne Scythie. Sa renommee avait charme notre siecle par je ne sais quoi de pur^ de noble et d'antique ; mais un penible devoir I'appelait a servir sa patrie , au mo- ment oij , plongee dansun aMme par I'ambition la plus desastreuse, elle elait encore dechiree par des factions redoutables. Ce n'est pas a nous a le suivre dans sa lutte centre I'esprit de parti , a pein- dre son inflexible vertn assaillie partoutes les passions qui, tour- a- tour, le (iattaient ou le mena^aient. Ecartons ces souvenirs trop re- cens pour ne nous rappeler que celles de ses belles qualites qui nous interessaient plus parliculierement , ses vertus privees , ses con-

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naissanccs varices, son experience ctendue, son amour pour les sciences , qui en faisaicnt un des protecleurs les plus cclair^s de la Sociel(5 do Geographic.

Telles sont les pertes de la Societe ; mais , tout en nous alTligeanl, elles nous rappellent aussi que les hommes les plus dislingues s'^- taicnl empresses de s'inscrire dans nos rangs. Esperons que ces rangs se grossiront de tout ce qu'Il y a de personnes eclairees et capables d'apprecier noire but. A quelle classe , a quelle nation ce but serait-il dlranger? Etendre la sphere des connaissances geographiques, ce n'est pas seulcment multiplier les chances de la prospdritd nationale, c'est frayer les routes de la civilisation el preparer le triomphe universel de I'humanile.

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Sur le voyage de M. Frederic Cailliaud en Nuhie et dans le

Royaume de Sennaar,

M. Frederic Cailliaud , parti de Marseille pour son second Voyage, le 9 septembre i8ig, avec deM. Lclorzec, ancien aspi- rant de la marine, vienl d'arriver en France le 10 decembre dernier, apr^s avoir parcouru toutes les Oasis connues, suivi le cours du Nil jusqu'au io« degrd de latitude, et surmonle mille dangers. Lc cours de ce fleuve etait assez bien determine depuis la mer jusqu'a Ouadi-Halfa, au 22* degre de latitude, la oii se trouve la secon- de catarac'te en remontant le Nil. Depuis qualre ans , plusieurs voyageurs fran^ais et anglais, a la tele dcsquels on compte M. le chevalier Drovetti el M. Cailliaud lui-memc , elaient parvenus jus- qu'a Ouadi-Halfa ; ils avaient ddcrit la situation des lleux et les antiques monuments epars enlre les deux premieres calaractes. C'est cet endroit que noire compalriote a pris pour point de depart.

La circonstance la plus favorable pour I'execution de son des-

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sein , cl la seule qui pAt en assurer le succ^s , se prdsenta heureu- seinent des son arrlvee en Egypte. Mohammed Aly avail resolu de soumettre les regions superieures de la Nubie ; II dtalt sur le point d'y envoyer une expedition, commandee par Ismail Pacha, son fils. Notre voyageur, connu depuis long-temps du vice-roi , eut la permission de se joindre a I'armee. Retenu d'abord par quelques contrarictes , il rejoignit ensuitc I'avant-garde. En no- vembre 1820, il partit de Daraou , et il arriva , le 5 Janvier de i'anneesulvante, aDongolah; leSfevrier, iletait aumont Barkal, dans le pays de Chaguy ; c'est Ik qu'existent une multitude de ruines, plusieurs temples et des pyramides en grand nombre. Le nom de Memwe , que porte cet endroit , fit croire mal-a-propos a plusieurs voyageurs qu'ils dtaient arrives sur I'emplacement de la capilale de I'Elhiopie ; il etait reserve a M. Cailliaud de dissiper cette erreur. Par une exception speciale , et comme mineralogiste, il obtint la faveur d'accompagner le prince Ismail au-dela du pays de Berber , pour la recherche des mines d'or , et il se rendit a Chendy, en avant de I'armee. Apres avoir observd la position geographique du confluent de I'Albara, I'ancien Astahoras, il parvint a Assour, non loin du 17"! degre de latitude; la il decou- vrit une ville antique, avec des ruines considerables. La position du lieu coincide parfaitement avec celle que les auteurs anclens assignent a Meroe. Quatre-vingts pyramides y sont elevees; et il est i-peu-pres incontestable que c'est la le siege de I'antique metro- pole des Ethiopiens, si long-temps cherche par les voyageurs et les geographes.

Continuant sa route au sud, M. Cailliaud arriva jusqu'a uu point aussi interessant pour la Geographic, que la decouverte de Meroe etait imporlante pour les antiquiles historiques. Entre le iS" et le 16'= degre de latitude, il reconnut rembouchure AnBahr- el-Abyad ou le Nil blanc , dans le Bahr-el-Azraij , ou la riviere bleue, appelee aussi I'Abaouy. Le premier de ces bras est Ic plus considerable ; il vient de I'ouesl , et lout annonce qu'il sort

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(leshautcs regions appelecs Montagues de la Lime, selon Ic rnpporl unaninic dcsanciens, dcs Arabes, el des liabilaiUs actuels du pays. Le voyageur Brown avail rccueiili , au Darfour , une tradition seniblable en 1796, aussi bieu que Maillet au commencement du i8' siecle, et d'autres encore. Les rapports do M. Cailliaud la confirinent aussi, sans qu'on soil cependant en droit d'en con- clure que le Nil revolt les eaux du Niger; opinion fondee sur de pretendus recits desnaturels, mais contraire aux lois de la Geograt phic physique.

Apres avoir vu les mines de Soba , le confluent du Rahad ( ancien Astosaba), cclul du Dender, la ville de Sennar, le cours du Gologo, le pays de Fazoele, le labousse et le Toumat, aulres afBuens au Nil , M. Calliaud parvint enfin , en fcvricr dernier , i Singue, pays situe entre les deux branches du fleuve el habile par des musulmans, quoiqu'il se trouve des payens ou adoraleurs des arbres , de la lune et des <5toiles dans le royaume de Berlat , a So lieues plus au nord. C'esl a Singue que s'arrela le prince Ismail , et ce fut aussi le lerme du voyage de nos compatrioles. Une maladie meurtriere faisait dans I'armee les plus grands ravages ; deja huit Europeens y avaient succombe ; il avail fallu traverser des monla- gnes et des forets impraticables, souvent peupldes de betes feroces ; les habitants, non moins sauvages, opposaienl aux Egypliens des diQicuU«is sans cesse renaissantes ; Ton etait a plus de 5oo lieues dc I'Egypte , et les navires dc I'expedition avaient a franchir 5o lieues de cataractes. Tant d'obslacles firent renoncer Ismail Pacha au projet qu'il avail con9u d'abord de pousser ses conqu^lcs plus loin vers I'ouesl , et de remonter le cours de la riviere blanche.

Dans cette derniere excursion , M. Cailliaud se trouvait aussi loin dc Meroe, que Meroe Test de I'Egyple. Aucun voyageur eu- ropeen n'est parvenu, de ce cote, aussi pres dc I'equateur; Brown s'est arrfite au i6« dcgre 10', et Bruce , au 1 1 * degre.

Tout le pays a etc observe, par nos compatrioles , sous les rap- ports qui interessenl le plus la geogra^)llie. Muni de bons inslru-

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mens d'aslronomie et de physique, M. Cailllaud, aide de son z6\6 compagnon de voyage , a observe frequenimcnt la hauleqr du pole et la longitude ; il a observe non nioins atfentivementles variations de I'aiguille aimantee, la nature du sol, le climat el la temperature, suivant pied-a-pied le cours du Nil , determinant ses norabreuses cataractes, entre autres celle du pays de Chaguy , qui n'est qu'une longue suite de cascades de ^S lieues d'dtendue ; decrivant enfin les montagnes, et recueillant les animaux et les productions vcgc- tales de ces regions.

La Geographie et les antiquifes sont encore redevables a M. Cailliaud sous d'autres rapports. II a lev^ les plans de tons les monuments situes au-dessus de la seconde calaracte : entre Chendy et Gerry , a I'ecart du fleuve , II a trouve tout recemment , des mines etendues, dont Tenceinte a 2,5oo pieds ; au-de la, celles de Naka ; plus loin encore , celles de Soba : il les a toutes mesurees et decrites. Ainsi I'empire de Meroe parait avoir possede beaucoup de villas florissanles ignorees des Grecs. Les nouvelles decouvertes nous en feront mieux juger que les recits des auteurs. Aujourd'hul que ce pays est plus connu , I'on est en etat de mesurer les trois mille stades de I'ile de Meroe, entre les rivieres qui representent V Astosala ^ VAstapus et Y Astahoras,

M. Cailliaud et M. Letorzcc avalent prelude a ces decouvertes interessantes , par une excursion bardie a I'Oasis de Syouah. A la fin de i8ig, lis partirent du Fayoum avec un petit nombre de compagnons. Apres quinze jours de marche dans les sables de LI- bye , il fallut en venir aux armes avec les Arabes : le succes cou- ronna renlreprise. Nos voyageurs, parvenus au temple d'Omni- Beydah, determlnerent, comme Browne, sa latitude et sa longi- tude , et de plus , ils en prirent toutes les mcsures. Depuis , celtc contree reculce et intercssante a ete I'objet d'une expedition mili- taire; ct nous devons a M. Drovelti , qui en faisait partie , des renseignements precieux sur I'Oasis et sur le temple d'Ammon ,

i6o

qui font la matit^re d'un Voyage actuellement sous presse. Au lieu de relourncr au Cairo , M. Cailliaud se reiidit directement a la po- lite Oasis , a cellos Farafrc ct do Dakel , et do li a TOasis do Thebes, qui avail e'td pour lui, deux ans auparavant, le theatre d'une belle dccouverte; enfin, ils arriverent dansla Haute-Egyptc, apres avoir fait , sans se reposer , plus de 3oo lieues dans le desert. M. Cailliaud est ainsi le seul voyagour qui ait visitd loutes les Oasis connues, et en ait assigne la position precise. Quand au prece- dent Voyage, ou il a retrouvd les mines d'emeraude, et Tancienne route du commerce par Berenice, il est trop connu pour qu'il soit necessairc de rappeler ces ppcniiers titrcs du Voyageur nantais a I'estime et a la reconnaissance des Geographes ( i ).

JOMAUD.

Nofa. Une carte , embrassant tout le pays parcouru par M. Cail- liaud , et quelques regions voisines, a cte presentee en memo temps al'assembloe generale do la Societe Geogj-aphigue.

(i) f^oyage a t Oasis de Thebes , etc., 5o pi. ct un vol. tie tcxtc iii-fol. A Paris, cLez Debure , Treuttel et Wurtz , et Tillard. Voy. Revue Ency- clopedique.

ERRATA DU N" 'd.

Page 72, ligne 21 , au lieu de entrevue, lisez revue.

lignc 23 , au lieu de ne , lisez en.

78 , ligne I , ail lieu de livres , lisez ouvrages.

78, ligne 18, au lieu de Statisttque , lisez Statistique,

96, ligne 3. au lieu Je ci-dessus , lisez ci-dessous.

j)6, apres terriloire d'Ai'kansas , lisez tcrritoire de Colombia on dc I'Ouest , 180,114 milles carres ; Floridcs, 47O00 habilans , el 35, 808 milles carres.

gr , Population de i8ao, au lieu de 9,625,547 Labitans, lisez 9,637,999

habilans.

98 , ligne a3 , au lieu dc Almafi lisez Anialfi. 100 , lignc 28, apj-es aTauteur , lisez le soin de

EXTRAIT DES WOUVELLES ANNALES DES VOYAGES ET DE LA GEOGRAPHIE;

Par mm. J. B. B. EvRifis et Malte-Brun (T. xvii).

MEMOIRE

SUR

MIDIA;

Par M. ROUX.

1

liU a la Soclete ile Geographic clans sa seaiice ilii 8 novemhre 1822 (1).

Ije desir de parcourir le Bosphore et de con- noitre la cote occidentale de la mer Noire de- termine souvent les voyageurs qui se sont rcndus k Constantinople a revenir par mer jusqu'4 Varna, d'ou ils regagnent la route de Bucharest et de Vienne. Je pris cette direction , en partant de Constantinople le 12 fevrier 1806; et le leger

(1) Ce Meinoire n'etoit publie qu'eu parlie daiis lei notes da poemc de [a Bysanciade.

( ^ )

naviri: ou jo m'cn harquai navij^ua pendant sept lieues sur le Bosphore, entre les c6tes d'Europe et d'Asie.

Je ne decrirai point la beante des rives de cc detroit , dont la peinture aussi vive que lidele se retrouve dans d'aulres ouvrages, et particuUere- iiient dans les Promenades pitloresques sur le Bosphore J publiees par M. Pcrtusier, notre ho- norable colleguc. La navigation de ce canal est termiiicc; le Pont-Euxiri est sous nos yeux ; les lies Cyanees sont franchies, et le vent qui nous porle vers le nord vient a changer tout-a-coup et nous dirige vers la cote occidentale.

A treize lieues de I'embouchure du Bosphore , nous entrames dans I'anse de Carabouroun , qui donne abri aux petits navires, forces par la vio- lence du vent a. relacher dans ces parages. Le Monnier avoit commence, sur lepromontoire qui domine ce port , une forteresse tracee sur les plans du baron de Tott. Elle etoit destinee k em- pecher , en cas de guerre , une descente sur cette partie de la cote ; mais les travaux dont les fon- dations sont faites n'ont ete conduits qu'a fleur de terre, et ont ete abandonnes depuis.

En nous eloignant de Carabouroun , nous mouillames, a douze lieues plus au nord. dans I'anse de Malatra; on n'en trouve aucune autre dans le voisinage , et la mcr y est bordce d'un lit de

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roehcrs, qui ne pcrmettent I'arrivage sur aucuii point.

La navigation devenoit perilleuse; et, quatre lieues plus loin, le gros temps nous obligea de nous Jeter a force de rames dans leport de Midia. Entre Constantinople et Midia , plusieurs desi- gnations de lieux rappelient encore la trace de cette navigation des Argonautes , la plus ancienne dont les historiens et les poetes nous aient laisse la memoire. Amycus regnoit sur la rive orientale du Bosphore; il succomba dans sa Jutte contre Pollux, I'un des Argonautes, et Ton regarde comme son tombeau ce tumulus qu'on a egale- ment nomme le lit d'Hercule , et qui couvre Ic sommet de la montagne du Geant.

Phinee , ce roi de la Thrace, qui ouvrit a Jason et a sa flotte I'entree du Pont-Euxin, occupoit la rive orientale du meme detroit ; ses etats s'eten- doient egalement sur les cotes de la mer; et cette ville, qui fut connue des anciens Grecs sous le nom de Phinopolis , et qui, reduite aujourd'hui d I'etendue d'une foible bourgade , conserve en- core le nom de Pliilen, nous reporte a celui de son fondateur.

Midia meme ne seroit-elle pas devenue un monument de la fuite de Medee , lorsque, apres avoir quitte la Colchide pour suivre les Argo- nautes, elle traversa avec eux le Pont-Euxin , et fut abandonnee sur la cote occidentale? De com-

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nuines traditions supposent qu'clle I'ut abandon- nee sur les rivages de Tonii, dans ce meme lieu qui fut ensuile consacre par I'exil et les vers d'Ovide; rnais si I'analogie des noms permet de former d'autres conjectures , celui de Midia rap- pelle davantage celte Mcdee que sa jalousie, ses enchantcmens et ses fureurs ont rendue celebre.

Les Grecs donncrent a ccttc ville Ic noni do Salmidesse , qui en laisse egalcment entrevoir I'origine ; ellc reprit dans le inoyen age le nom de Midia qu'elle porte encore aujourd'hui.

Midia, siluee sur la cote occidentale do la mer Noire, a trente-cinq lieues de Constantinople, s'eleve au sommet d"un promontoire , dont les rochers escarpes s'avancent entre deux golfes, et sont souvent battus par la tempete.

Deux petites rivieres, quiparcourent les vallees laterales, viennent se jeter dans la mer, I'une au nord , I'autrc au midi de ce promontoire ; mais k'ur cours sc devie a quelque distance de leur embouchure; et le temps a forme, entre la mer et le lit de cbaque riviere, un atterissenient parallele au rivagc. Gette digue naturelle protege oontre les vagues les pctits batimens qui sont cntres dans ces deux ports. L'un est abrite centre les vents du nord par les rochers du promontoire, I'autre est plus decouvert, et Ton vient y mouil- ler plus rarement (i).

(i) L'c8qi\i?sc de la carte de Midia a cte faito sur les

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Cette ville, qui n'occupe aujourd'liui qu'unc partic de la montagne, s etendoit autrefois jus- qu'aux rivages des deux ports qui I'environnent. On trouve encore ses anciennes mines eparses au bord de la mer , et dans la profondeur de Tunc des deux vallees qui y versent leurs eaux.

Pen de temps apres que I'empire eut recu le cliristianismc , Midia devint mctropole , et la tra- dition y conserve quelques souvenirs des fonda- tions pieuses de Constantin et d'Helene. Les Ge- nois y eleverent des comptoirs dans le moyen age; c'etoit la principale echelle entre Constantinople et Varna, et sa prosperite dura-jusqu'a la chute de I'empire grec. Mais, apres la conquete de Cons- tantinople par les Turcs, Mahomet II ayant fait venir de Midia un grand nombre d'habitans , afin de reparer les pertes de la capitale, cette ville fut negligee ; de nouvelles emigrations se succe- derent, le temps fit tomber le commerce , la na- vigation, la culture; et Midia resta seule, au bord d'une mer deserle , et entre des bois et des rochers.

Quelques fouilles y ont fait reconnoitre en dif- ferens temps des colonncs renvcrsees, qui appar- tenoient a des edifices dont on n'a plus que les ruines ; elles attestent A la fois les epoques floris-

lieux; uiais on n'avoil pas les instrumens necessaires pour la lever geometriquement; et les proportions n'ont pu en etre indiquees que d'une maniere approximative.

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santes dc Midia ct sa degradalioii aclucllc. Les habitans ne creusent point ia terre poury decou- vrir ce genre de tresors : ils ne voient , dans les marbles disperses sous leurs pas, qu'un obstacle a la culture ou que les materiaux d'une construc- tion nouvelle ; ils les brisent sous le pic et la mas- sue pour faire place a quelques plantes; ils en soulevent les debris pour les employer et les in- cruster sans choix dans les murs de leurs habi- tations. De precieux fragmens d'antiquites sont exploites comme une carriere : leurs formes dis- paroissent, mais le marbre subsistc, et accuse encore ce systeme de destruction.

Sur la p6nte meridionale on voit un grand bloc de marbre, qui paroit avoir appartenu au seuil d'un temple, mais dont I'inscription est entiere- ment mutilee. Aucun autre debris d'antiquite ne I'environne; et son isolement pent faire presu- mer qu'il avoit ete precipite du liaut de la mon- tagne, et que les rochers Font seuls retenu dans sa chute.

Une partie des murailles qui s'etendoient A roccident de la ville, et qui fermoient, du cote de terre, le plateau du promontoire, subsiste encore aujourd'hui. Leur construction rappelle celledesrempartsde TancienneByzance ;mais les murs de Midia sont plus degrades ; on les a de- pouilles de leurs pierres de revetement; la brique employee dans leur construction interieure est

( 7 ) mise a iiu, et cettc longue ruhie ne se Soutient que par son ciment et son epaisseur.

On voulut, en i8o3, reparer et prolonger ces anciensmurs, pour se defendre contre les in- cursions d'une troupe de brigands armes ; mais ces constructions moderacs ont peu de solidite , elles dlireront moins que les ruines qui ont deju traverse tant de siecles.

Lorsque Midia etoit occupee par les Genois , son port etoit un entrepot considerable de navi- gation ; on y construisoit dcs navires , et les mon- tngnes voisines fournissoicnt des bois de con- struction. II faudroit aujourd'hui les chercher a quelques lieues de distance. Les forets qui tou- chent Midia sont degradees; la fabrication du charbon , dont les liabitans continuent de faire le commerce, acheve de consumer cette vegetation; et Ton se borne a construire, sur la greve qui s'e- tend entre la mer et I'interieur du port, de grands bateaux pour le transport des charbons. La pecbe du maquereau est devenue pour les liabitans un autre objet de commerce. Cc poisson est plus petit dans la mer Noire que sur les cotes de rOcean; il n'a que cinq a six pouces de lon- gueur : on le fume , et on le transporte a Cons- tantinople , dans i'Archipel , dans I'Asie-Mineure, pour la nourriture des equipages. C'est au mois de Janvier et au mois de mars que se fait la peche

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du maquereau ; ccUe du turbot ct des }>alamidcs a lieu au mois de septembre.

Le territoire de Midia est sterile; toute la par- tie avancee du prouiontoire n'a qu'unc legerc couche de terre, melee de cailloutage , qui re- couvre le rocher. Cette pelouse est entierement nue, battue dcs vents, ct enveloppee de brouil- lards, ou d'un atmosphere de neige, dans la saison des orages.

La terre seroit proprc a la culture dans les deux vallees ou courent les rivieres qui baignent les fiancs du promontoire; mais lorsque la mer est enflee, I'eau des rivieres qu'elle ne peut plus recevoir sort de son lit, inonde les vallees, et ne laisse esperer aucune moisson.

La mer Noire rejette souvent sur cette cote les debris des batimens naufrages ; quelques bateaux sont preposes a leur recherche par I'ayan de Fanaraki, dont les gardes percoivent le droit de naufrage sur tous les balimens qui perissent vers cette partie de la cote , et sur les marchandises qui viennent y echouer. Si le proprietaire se re- trouve , on lui rend , apres le prelevement du droit, tout ce qu'on a pu sauver.

Lorsque nous entrames a Midia , la mer se couvroit de brouillard ; le vent souCfloit par rafales et de dil'ferens points de I'horizon : bien- tot la vague fut poussee sur la plage avcc inipc-

(9) tiiosite : Ics eaiix ties rivieri\s s clcvcicnt , ct I'inondation gagna les terres Toisines : une brume plus epaisse vint envelopper la mer et la terro. Les bateaux a voiles qui naviguent a quelques lieues des cotes , les bateaux a rames qui cher- chent a ne pas les perdre de vue , n'eiirent plus de guide. Les patrons n'ont pas meme une bous- sole a bord : la pratique et la memoire font toute leur science : ils connoissent les bas fonds et les ecueils ; mais , s'ils ne voient plus la terre , ils manquent de points de comparaison pour les eviter. Le vent etoit si violent, qu'il ne pouvoit plus souffrir la voile ; la vague etoit si forte, qu'on ne pouvoit gouverner.

Apres trois heures de nuit, nous entendimes des coups de fusil de detresse ; tous les equipages des bateaux qui etoient dans le port y repondi- rent par de grands cris , pour indiquer a ceux qui tenoient la mer leur position et le voisinage de la cote.

Le reste de la nuit se passa dans de vives inquietudes ; le vent , la lame augmentoient de violence , et les signaux de detresse avoient cesse.

Le lendemain , a la pointe du jour , nous gagnames la cime du promontoire pour aller a la decouverte. Le brouillard de la veille s'etoit dissipe ; et nous apergumes deux batimcns qui , ne pouvant plus resister au vent, etoient sue-

( >o ) ccjsivouit'nl cuiporlc:^ dans loutes scs directions. Ouand la terupetc etoit moins forte , ils tendoient la voile et cherchoient a louvoyer pour se rap- procher du rivage.

Vers I'cntree de la nuit, I'lm des deux navires parvint a echouer sur la plage voisinc : il etoit charge de ble : le patron , 1 equipage se jeterent a terre, epuises de fatigue.

Le second batiment lutta encore unc nuit et un jour contre la tempete : il alloit enfin abor- der , lorsqu'une vague , arrivant en travers du navire , couvrit le pont ou manocuvroient les liommes d'equipage , ct les emporta dans la mer. Un seul homme fut sauve : il se tenoit attache au mat; et I'ouragan le porta sur le rivage , avec le navire qui s'entr'ouvrit au mcme instant.

Cebatimentetoit charge de centsoixante mille oranges , qu'il devoit transporter des iles de I'Archipel au Danube : la mer en roula , en garda la plus grande partie ; elle n'en rendit pas six mille au rivage , et le reste de son butin fut encore decime par les agens charges de recueil- lir le droit du naufrage.

Le dimanche suivant, 22 fevricr , lolfice grcc auquel nous assistames fut celebre avec. une so- I lennite de trislesse , qui en relevoit encore la simplicite. On avoit apporte au milieu de 1 eglise les corps dc deux uaufrages que la mer venoit dc rejcter sur la cote. A la tete des deux ccr-

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ciieils e'loiciit ranges quclnucs ciciges : on eii allumoit de nouveaux, u chaquc offrande que les assistans venoient deposer dans un bassin : c'etoit un leger lionimage de piete ou de regret. Un grand nombre de matelols arrivoient a la cere- monie , et depouilloient , entrant dans I'eglise , les mouchoirs roules en bandelettes autour de leur tete. L'homme echappc au dernier nau- frage viut , la tete et les pieds nus , s'ageno,uiiler pres des cercueils , et baiser les pieds de ses deux anciens compagnons. Des femmes , au fond de I'eglise, etoient separces des liommes par unc grille et par un long rideau qui les deroboit aux regards ; mais on jugeoit de leur presence par quelques sanglots.

Apres les prieres des morts , I'archeveque de Midia , vieillard octogenaire , dont la barbe blanche et venerable tomboit jusqua sa poi- trine , fit une courte exhortation analogue a co triste spectacle. II con jura les capitaines de ne jamais se mettre en mer sans s etre reconcilies avec Dieu , et de ne pas resister a la Providence , quand elle veut nous retenir dans le port en nous annoncant une tempete, assez a I'avance pour que nous puissions 1 eviter.

Tous les matelots etoient profondenient emus , mais rien ne s'efface aussi promptcment de leur esprit que le souvenir du danger. Les tempetes

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sdiit pour eux uue epreuvc honorable : ils atta- chent Icur gloire a les braver.

Le dernier batinient qu'un coup de mer a fait perir avoit deja risque le naufrage au commence- ment de I'automne precedent. II transportoit a Constantinople le cercueil de M. d'Ocaritz , qui avoit ete nomme ambassadeur d'Espagne pres la Sublime Porte , et qui venoit de mourir a Varna en se rendant a sa destination. Ma- dame d'Ocaritz assistoit a ses derniers momens : elle avoit fait embaumer son corps , et s'etoit propose de le suivre pour lui rendrc les derniers lionneurs a Constantinople j mais , s'etant em- barquee sur un autre navire qui voyageoit de conserve avec le bateau funeraire , elle en fut separeeparla tempete; et , tandis qu'elle faisoit naufrage sur une plage deserte , ou elle cut a eprouvcr tons les genres de souffrances et de pri- vations, le bateau charge de la depouille de M. d'Ocarity, parvint a gagner le Bosphore , et se rendit enfm a Constantinople. On y attend oit la legation d'Espagne , et Ton ne vit d'abord arriver qu'un cercueil. II apporta la nouvelle inattendue de la perte de M. d'Ocaritz ; il fit naitre les plus vivcs alarmes sur le sort de la veuve : on crut a sa mort pendant un mois ; et ceux qui la regrettoient la virent enfm arriver i Constantinople couverte de dcuil ct comme cchaj)pec de son proprc tombeau.

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En rcmontanl la vallec qui s'etend au nord de Midia , on decouvre sur la gauche rouverture d'un temple souterrain , anciennement creiise dans les flancs de la montagne. L'entree de ce monument est un long vestibule , dont les parois sont taillees en portes ou en arceaux , les uns figures seulement dans la pierre , les autres ser- vant de communication avec les differentes par- ties du souterrain.

L'extremite de cette salle d'entree aboutit ;i une chapelle ou piscine , dont quelques arceaux la separent. Cette piscine est couronnee par une coupole et ornee de quatre colonnes : le sol en est plus abaisse ; on y descend par quelques degres , et Ton y trouve au centre un petit bas- sin arrose par une source d'eau vive.

Sur la gauche du vestibule sont les trois portes du temple , dont les proportions sont petites, mais regulieres. La nef en est couverte par une voute en berceau , et le sanctuaire est entoure de quelques degres demi-circulaires. Les deux bas-cotes n'ont pas de voute : un plafond les recouvre ; et ils sont separes de la nef par des pilastres et un portique dont la corniche est ornee de quelques sculptures.

Une galerie , qui a egalement son entree dans le vestibule , embrasse une partie de I'enceinte du temple : elle est parallele a I'un des has-

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rotes , et setcnd ensiiite par iiu angle droit der- rierc la ligne du sanctuaire.

Yous trouvez sur ia droitc du vestibule une salle autour de laquelle on a pratique sept exca- vations qui, par leur forme et la difference de leurs dimensions, offrent des tombeaux pour tous les ages. Une cellule moins grande a ete creusee k cote de la salle des tombeaux ; et Ton apercoit encore k sa droite une grotte sauvage , telle que I'a taillee la nature , telle qu'etoient sans doute les autres parties de ce souterrain , avant qu'il eut ete agraudi et converti en temple par la main des hommes. ^

Les dimensions et le travail de ce monument doivent en faire cemonter I'origine a un temps ou I'architecture avoit conserve la belle simplicite de ses formes , mais oii celles de la sculpture etoient deja tres-alterees. Ce fut sans doute un temple chretien : les murs de la chapelle ou la piscine est situee portent encore I'image de la croix.

La roche calcaire ou ce temple a ete c reuse, est d'un grain fm et tres-egal ; clle a conserve toute sa blancheur ; et , quelle que soit I'anti- quite du monument , on n'y decouvre encore que les degradations des hommes : ils ont mutile les colonnes de la piscine , et ont abattu troi s piliers -^ vestibule sans que les voutes et les arccaiix aiont rtcchi.

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Les seulcs traces dcs ravages du temps s^nt una longue fissure dans le rocher qui foyme la voute de la galerie, et un eboulement ae terre qui encombre en grande partie I'enlree du ves- tibule et I'un des c6tes du temple, Ces degats ont sans doute ete I'effet d'un tre^hblement de terre , et le souterrain a du cesser d'etre fre- quente k la m^me epoque. Sa conservation ac- tuelle fait meme croire que I'entree en a ete long-temps masquee par cet eboulement , qu'il avoit ainsi echappe a de nouvelles mutilations , et que les vicissitudes du temps , les invasions , les changemens de culte , et surtout sa situation dans un lieu sauvage et couvert de forets , Tavoient fait entierement perdre de vue. On n'y entroit qu'avec peine et en se trainant sur les genoux , lorsque je I'ai visite au mois de fevrier 1806; on n'en parloit alors que comme d'un souterrain ou les brigands se retiroient quelque- fois ; les etrangers ne le connoissoient point ; il u'avoit encore ete ni decrit ni indique ; et j'ai cru ce monument assez digne d'interet pour en relever avec soin le plan et les elevations pen- dant mon sejour a Midia , et pour soumettre ce travail aux archeologues et aux artistes qui s'oc- cupent dc I'histoire et des progres des beaux- arts (i). {Voy. les planches i, 11, iii etiv.)

(1) Jc n'avois avec moi aucune mesiuc de longiietM' ;

( '0 )

mais je m'en fis ime i I'aide de ma taillc; je la parlagcai en pieds et en pouces, et j'eus le moyeu dc mesurer avec exactitude toules les dimensions de ce monument.

Lcs lignes ponctuees qui partagent en plusieurs sections le plan du temple de Midia, indiquent les directions que Ton a suivies pour representer les elevations des differenles coupes de ce monument. On a repete dans la seconde et la troisieme planche les lettres de renvoi qui se trouvent dans la premiere, afin de mieux faire sentir la correspon- dance qu'ont entre elles toutes les parties de ce dessin. La planche IV presente remplacement de Midia et le releve de ses environs.

BE l'iMPBIMEUIE PE J. SMITH.

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BULLETIN

DE

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LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMERO CINQ,

Seances de la Commission Centrale.

Seance dii 3 Janvier 182 3.

Jja Commission vote uiie lettre de r emerciment ti M. le comte Orloff, pour I'offre d'un prix de 5oo francs , fake par lui dans Fassemblee generate du 27 decembre. (Voir, ci-apr^s , Docu- mens , p. lyl- )

M. le baron de Derfelden de Hinderstein , membre de Tordre equestre de la province d'Ulrecht ( Pays-Bas) , demande , par une lettre , a etre admis k parliciper aux travaux de la Socidte.

M. le Secretaire - general donne communication dune leltre de M. Tamlra! Knisenstern , contenant des offres de service failes a la Socle le , et Tannonce d'un atlas du grand Oceans (Voir ci-apres , Documens, p. 175.)

On lit une lettre de M. IVarden^ membre de la Commission , sur les questions qu'il conviendralt d'adresser a M. Bresson , pour eclaircir quelques points de la geograpble d'Amerique.

102

Les trois Sections de la Commission procetlent a releclion dt? leurs Prdsidens , Vice-prcsidens cl Sccrclaircs. J.cs mcinbrcs en foncllon sent reehis, h Texccplion du Secretaire de la section de Publication , demissionnairc , qui est remplace par JM. Roux.

Seance du ij jarnner.

M. Bassayrie , membre de plusieurs socicte's savanles , adrcsse a la Societe deux Discours manuscrits , lus a la soclete des Sciences du Var. II annonce qu'il est occupd h. rediger les Observations qu'il a faltes dans la Guyana fran(jaise.

M. Giiillemin , consul de S. M. le roi de France ^ la Nouvclle- Orleans , offre a la Societe de lul fournir tous les rcnseignemens geographiques quelle pourra desirer, et parlicullerement de lui en- voyer des extrails de journaux et d'ouvrages publics dans le pays , et de nature i int^resser la Societe. ( Voir , ci-apres , documcns , p. i8o.)

La Commission , en acceptant avec reconnaissance cette offre, charge la Section dc Corrcspondance d'adresser k M. Guillemin UDC serle dfe questions.

ISI. Adelung ^ de Tacaddmie de Pctersbourg , en presentant' a la Societe un exemplaire de son Catalogue des hingues , offre de lui faire parvenirlesrenseignemens qui scraieut a sa disposition.

^l, Langles , vice-prdsldcnt, developpe la proposition sulvanle: « La Societe publlera un ouvrage Inedit, choisi parmi les ou- » vrages de la Blbllotheque royalc. »

II signale , parmI les objets proprcs a etre publics, lemanuscrit N" 73G7 , contenant une Relation en vieux fran^als du voyage de Marco Polo , porlantla date de 1298 , et rcnfermant plusieurs cha- pitres incdits , qui ont cchappe a tous ceux qui se sont occupes de ce voyageur.

11 indlque encore, comme pouvant etre robjel d'une semblablc publication , les manuscrits suivans :

1 63

Relation d'une ambassade envoyee de Moscou k Pekin par le czar Alexis MichaTlovitz ;

Histoire du royaume d' Angola , en portugais ;

Traduction frangaise de la Geographic turque , intitulee ; Bjihan Nouma.

M. de Russel fait quelques observations sur la publication de ces anciens ouvrages , comnie n'etant que dune utillte secondaire pour la Geographic.

M. de Freycinet appule ces observations.

M. MaUe-Brun demande que, si le manuscrit de Marco Polo est adopte pour la publication, il soit accompagne dcs variantes extra!- tes de 8 manuscrits exislans a la Bibliotheque royale , ainsi que d'une carte nouvelle, etde quelques eclalrcissemens geographiques.

M. Barbie du Socage , pere , propose de prendre pour objet de publication une mappemonde pelnte sur bois, qui remonte au qua- lorzieme siecle , et qui est conservee a la Bibliotheque royale.

La Commission decide : ^

I** Quelle publiera un ouvrage ;

2" Que la section de Publication est chargee de faire un rap- port , i la seance prochaine , sur le choix de Touvrage a publier , avec un aper^u des frais que cette entreprise pourra couter.

Seance du 7 fevrier.

1

Le President annonce i'arrivee de trois Mempires , destines a concourir; les deux premiers, pour le prIx propose par M. Delessert, sur I'ilineraire commercial de Paris au Havre de Graice , le troi- sieme pour le prix sur la description des chaines des montagnes de TEurope , propose par la Societe.

La Commission nommc MM. Coquebcrt de Monthret ^ Girard et

i64

Eyries,, commlssaires pour jugcr Ics M^molrcs concemanl lo prix de M. Delesscrt.

M. Sr/iercr, lieutenant - colonel , de Saint-Gall , dcrita la So- ciclc , pour la remercier de Tinvilalion de correspondre avec elle , ft pour lui offrir la communication de ses observations aslrono- miques ctgeodesiques.

M. Rou.v , secretaire de la Section de Publication , fait un rap- port sur le Hianuscrit de Marco Polo , qui existe a la IJibliothcque, ct que la Section a choisi comnie louvrage Ic plus digne d'etre pu- blie , paruii ceux sur lesquels on avail appcle son attention. ( Voir, ci-apres, Documcns , p. i8i. )

La Commission deliberant sur les conclusions de ce Rapport , decide ce qui suit :

i<» Le manuscrit des voyages de Marco-Polo , 7367 de la Bibliolhequc royale sera public.

La Section de Publication est autorisec a trailer avec la Bi- bliolh^que pour la transcription.

3" L'edition du texte sera precedde d'une Introduction cl d'une Notice sur les editions et les manuscrits de Marco-Polo.

4." Elle sera suivie d'un Glossaire des mots les plus difficilcs , ainsi que d'un Recueil des varianies de noms propres el de nonis geographiques existans dans les manuscrits de la Bibliolhequc ct dans les editions de Ramusio el de Marsden.

5". Elle sera accompagnee d'une Carte geographique , appuyee d'une analyse des details geographiques et topographlques du texte.

M. le baron Coqueberi de Montbrel donne un aperi^n da recense- ment officiel de la population de la Grande-Bretagne et de Tlr- lande , avec quelques considi^ralions sur ceHe de la France. (Voir, ci^wipres , Documens, p. 191. )

M. Jomard lit un resume du resultat des voyages de M. Cail- liaud. Cc rdsume sera insert dans le Bulletin.

i65

Seanee du 2 1 f wrier.

M. Dubois , employe a la prefecture de la Vendee , prie la So- tiete de lui fournir Ics frais de son passage au S^n^gal.

La Commission decide qu'elle ne peut pas employer les fonds de la Sociele pour payer les frais d'un voyage , avant d'avoir quel- que aper^u positif sur son utilite , et sur les chances et les moyens de succes.

M. JVarden adresse a la Commission une letlre exposant ses doutes sur Texistence des lacs Timpanogos et Tegnagos , mar- ques , sur plusleurs carles , a I'ouest du Nouveau-Mexique.

Cette letlre sera inseree dans le Bulletin.

M. le comle de Cassini , en remerciant la Sociele de Tavoir admis au nombre de ses niembres , fait offre d'un choix de livres et de cartes geographiques dont il est I'auteur. La Commission en or- donne le depot ti la Libliolheque, et accorde a M. Cassini une men- tion honorable dans le proces-vcrbal, et I'inserlion de sa letlre dans le Bulletin. ( Voir ci-apres , Documens, p. 202 el 2o5. )

M. Cliauniette des Fosses , membre de la Societe , ayanl pre- senle une relation imprimcc de son Voyage en Bosnie , le Bureau saisit cetlc occasion pour faire connaitre a la Societe que ce voya- geur vient de parcourir plusieurs pays du Nord , entre aulres la Norvdge , oil il a fait des observations neuves et importantes. M. le President I'engage a faire jouir le monde savant du fruit de ses travaux.

L,^ Commission charge MM. Barbie du Borage (pere) , de Fe- nissacet Coqueberi de Montbret , de faire un rapport sur le Memoire enyoye au concours pour le prix propose par la Sociele , el dont le sujet est la Description des chaines de monlagnes de TEurope.

M. Barbie du Bocage (pere) , propose d'admettre les dames comme membres de la Society. Plusieurs opinions ayant ^le

i66

cntendues pour cl conlrc , cette proposition est adoptee par la

Commission.

La Section dc Publication , par Torj^ane de son Secr^itairc, an- nonce les progris de ses travaux preparatoires , relatifs aTedilion du manuscrit de Marco-Polo.

Les membres de la Commission et de la Socicte sont invites a presenter , dans la seance prochaine , des sujcls pour le prix, dont

M. le comte SOrhff z^ fourni les fonds.

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Seance du 7 mars.

On annonce a la Societe la mort de M. Llorcnte , Fun de ses membres , decede a Madrid , le 5 fevricr.

Lc Bureau fait connaitre qu'il vient d'arriver un Memoirc des- tine a concourir auprix donl le sujet est la Description des chaincs de montagnes dc I'Europe. Ce Memoire , ecrit en Allemand, porte ostensiblement le nom de I'autcur , tant dans le tcxtc que dans la lettre d' envoi , et meme sur le cachet de cette lettre ; contraven- tion dirccte aux conditions du concours. II est d'ailleurs arriv^ cinq semaines apres le terme fixe.

La Commission declare que ce Mc^moirc ne pent etre admis a concourir.

La Commission decide, i cette occasion , que desormais lous les Memoires envoyds au concours , lorsqu ils ne seront pas dcrits en frangais , devront etre accompagnes d'une Traduction fran- §aise.

Les Commissaires nommes juges du concours relatif a Tltine- raire de Paris au H5vre-de-Grace , font connaitre leur rapport par Torgane de M. Eynes,

167 Les conclusions de ce rapport sonl adoptucs ( Voir ci - apr^s , Documens , p. 206. )

Les Commissaires nommds juges du concours relatifala Des- cription des chaincs de montagnes communiquent leur rapport par I'organe de M. de Fevussac,

lis concluent a ce que la Commission adjuge a Tauleur du seu' Memoire admis , une medaiile de la valcur de la raoilie du prix.

La Commission adoplc ccs conclusions ( Voir ci-apres , Do- cumens , p. 207. )

La Commission precede au choix d'un sujet pour le prix de 5oo fr., donnepar M. le comle Orloff'.Six propositions ont et^ de- pos^es sur le bureau. On en donne lecture. La Commission adopte au premier tour de scrutin , pour sujet du prix , une Analyse desou- i>rages de geographic ou de staiistique ecrits en langue russe^ etc. ( Voir ci-apres, Documens, p. 11 4-)

Seance extraordinaire du ll^..

M. JV^alckenaer propose de fixer au i«' Janvier I'cpoque a laquelle devrontdcsormais elre envoyes au Bureau les Memoires destines au concours ; cette proposition est adoptee comme regie generale. On en exccpte seulement le deuxieme sujet de prix, dont Tepoque, pour renvoi des Memoires, reste fixce au i^"^ fevrier 1824.

M. Verneur propose de remetlre au i" Janvier 1825 , le prix sur la Description des chaincs de montagnes de TEurope , \n 1 importance et Tetendue du sujet. Cette proposition est adoptee,

M. le comte de Raczynski rcpond a la Lettre qu'il a rcrue de la Societe , ct la remercie de Touverture quelle lui a faite de corres- pondre avec iui. 11 annonce Tenvoi a la Societe, dont il demande a clre membre , d'un exemplaire de son Voyage pittoresque en Turquie,

1 68

M. Barbie du Socage (pere) fait reniarquer la valeur du present offert par M. <ie Raczj-nski.

«< L'ouvrage de M. Eduiiard Raczynski, dit-il , est un Voyage pit- torcsque en Turquie , fail par lui-meme , en Tannee i8i4 •, ct re- dige par lui en langue polonaise. II a ele iinprimea Braclau , en 1821 , en un vol. in-fol.

» 11 conlient un texte tres-bien imprime en beaux et forts ca- racteres. Ce Voyage est erne do plus de quatre-vlngts planches, gravdes d'apres les dessins de plusieurs artistes. L'auteur part de la W^olhjTiie ou sont situes ses blens. II va visiter Odessa, qu'il de- crit , de la se rend par mer a Constantinople , et entre dans le de- tail de tous les edifices que conticnt cette grande ville. U visite le canal , donne le portrait du grand-seigneur actuel , puis va faire une promenade dans Tile de Metclin et sur les ruines d'Assos qu'il dccrit en detail. II voit la Troade et quelques villes sur THelles- pont , ct dela s'en retourne chez lui par la mer Noire.

M Depuis , l'auteur est venu a Paris pour faire Tacquisition de caraclercs de Finnin Didot, dans Fintention d'editer chez lui les historicns polonais, dans la langue dans laquelle ils ont ^crit. »

M. Jomard donne communication d'une leltre de M. Regnault , consul de France a Saint-Jean d'Acre. ( Voyez , ci-apres , Do- cumens , p. 2i5. )

M. Sueur ~ Merlin developpe la proposition qu il avait deposee sur le bui'cau , dans la seance precedente: savoir que le Bulletin de la Sociele serait publie regulierement de deux mois en deux mois.

M. de Ferussac appuie cette proposition , et y ajoule des deve- loppemens. II demande qu'on rende le Bulletin plus inleressant en y ins(5rant des Notices et dcs Extrails de Memoires presenilis a la Societe.

M. Veriieur propose, comnie amcndcnicnt , que le Bulletin soil

169

public de mois en mois , ct qu'on le reduise k une Notice des seances , sans y ins«5rer les Rapports et les autres documens , ou du moins sans leur donner autant d'etendue.

M. Malte-Bnin , au nom du Comile du Bulletin , donne des eclairclssemens sur la inaniere dont ce Comlte a cru devoir pro- ceder.

MM. Verneur, de Ferussac et Sueur-Merlin , declarent qu'ils n'ont entendu faire que des observations dont Ic Comite du Bulletin tl- rera tout le parti convenable.

La Commission renvoie ces observations au Comity du Bul- letin.

Les membres presens de ce Comile annoncent que , dans la seance prochaine , ils donneront des explications.

AsSEMBLEE generale annuelle de la societe du 21 mars iSaS.

Cette seance , presidee par M. le Marquis dela Place, pair de France et membre de I'Acade'mie royale des sciences , a et^ tenue dans une des salles de FHotel-de-VIlle.

Le proces-verbal de la seance generale du 27 dccembre 1822 a ele lu et adopte.

M. le baron deFenissac , rapporteur de I'une des Commissions chargecs d'cxaminer les Memoires envoyes au concours, rend compte, dans son Rapport, des motifs qui ontdelermine la Commis- sion centrale a accorder , a titre d'encouj^agement , une medaille d'or de six cents francs a I'auteur d un Memoire sur la Direction des chaines de montagnes de TEurope , et a remeltrc au concours le meme sujet de prix pour I'annee 1825.

M. Eyries , rapporteur d'une scconde Commission, charge e de Texamen des Memoires envoyes au concours sur Tllineraire statis- tiquc et connnercial de Paris au Havre-de-Grace , annonce dans son Rapport qu'aucun Memoire n'a oblenu le prix ; mais que

la commission ccnlralc a jug^ digne d'unc mention honorable le Memoire i , porlant pour epigraphc cesniols : Paris ^ rxoum , le Hihre-de-Grace neforment qu'ime tncmc ville , donl la Seine est la granderuc. Lcmeme sujct de prix a ete remis au concours pour Tan- nee 1824..

Le President proclame le nom de I'auleur du memoire , qui a re§u une medaille : c'est M. Rruguieres ^ inspecleur aux revues a Angouleme.

M. IValckenaer^ President de la Commission ccnfralc , rappelle a la Sociele que les fonds d'un nouveau prix ont etc offerts par M. le comie Orloff^ senafcur de Tempirc de Russle : il annonce que le sujct mis au concours par la Commission centrale est d'ana- iyser les ouvrages de gdogiaphie publics en langue russe , qui ne sont pas encore iraduits en franc^ais. Ce prix sera decerne dans la premiere seance generale de 1824..

Le meme membre fait part a la Societe, des dispositions qui ont ete prises pour preparer redition d'un ancien manuscrit de Marco- Polo. La Section de Publication a dte chargee de ce soin , ct son opinion a (^id misc sous les ycux de la Sociele , dans un Rapport dont clle a enlendu la lecture.

La Socidte de Geographic a ensuite procddd , suivant les lermes de ses Reglemens , au rcnouvellement de son Bureau , dont lous les membres devaient etre remplaccs et choisis au scrutin. Elle a nomme President M. le marquis de Pastoret , pair de France , membre de I'lnslltut ; VIce-presIdens , M. de Rossel , et M. le comte d'llauteme , tous deux membres de I'lnslltut.

Scrulaleurs , M. le vicomte de Senonnes et M. le comte Cassini, membres de Tlnstitut.

Secretaire, M. Roux, chef de division au minlstcre des Affaires Etrangeres.

171

/Vl^t VU*^! WV^/t/WV

Lisie des Meinhres noiwelkrnent adinis dans la Sociele

de Gcograpliie.

Seance du 3 Janvier 1823

Le Baron de Prigny , Capltaine de vaisseau.

Lecesne , Capltaine au Corps royal des Ingenieurs-Gdographes.

Dumont-Pascal.

D'Entend.

Le Baron de Derfelden de Hinderstein.

Seance (In i'] jamner.

Le Prince Labanoff , Aide- de- Camp de S. M. TEmpereur de

Russie. Ernest de Beaufort , Officier de la Marine royale. GuiLLEMiN, Consul de France a la NouvcUe-Orloans.

Seance du 1 ifevrier.

Alex. DoNNET , Ingenieur au Cadastre. Le Baron Costaz , Conseillcr-d'Etat , etc. DuMESNiL , Sous-Chef a T Administration des Douanes.

Seance du 7 mars.

Raoul-Rochette , Membre de I'lnstitut , etc.

De Knudsen , Consul de S. M. Danoise a Tripoli de Barbaric.

Seance du i/}. mars.

Le Comte de Raczvnski.

MoRiN (Plerrc-Etienne ) , Ingenieur des Ponts-et-Chaussecs.

172

n«viA«wwww««j«v««

Outrages offerts a la Socicte.

Seance du Zjcinvier iS^S.

M. Letronne fait hommage d'un Memoire sur le tombeau d'Osy- mandias, broch. in-S".

M. Jomard , dc deux peliles brochures Inlilul^es : Sur .'es rapports (!e VEthiopie ai>ec I'Egypte , et iYo/e sur un manuscrit egyptten sur Papyrus, in-8".

Seance du I'j Janvier.

M. Adelung fait hommage d'un volume intitule : Uebersicht alter bekannten Sprachen und Hirer Dialekte^ in-S". St - Petersbourg , 1820.

M, Rauch , de la suite des Annales europeennes.

MM. Malte-Brun et Eyries, id. des Nouvelles Annales des Voyages.

M, Bajot , id. des Annales maritimes.

Seance du 7 feorier.

M. Co'quebert de Montbret fait hommage d'une Carte geologique de la France , des Pays-Bas et de quelques contree . voisinei , rcdigee par M. d'Omalius d'Halloy , de concert avec M. Coquebert de Mont- bret, accompagoee d'un cahier d'obscrvalions.

Paris, chez Bcrlhe , rue Saint-Jacques, n" 66.

M. Ch. Fourier , d'un Traite dc V association domestiqur.-agricolc , 2 vol. in-S" , prix: i5 fr. , chcii Bossange , rue de Richelieu, n" 60.

,73

M. Barbie du Socage pr^scnte , de la part de M. Sen>ois , les Ob- servations de M. Antes , sur la peste en Egypte , traduites par M. Servois.

Seance du "xx feorier.

M. le comte rfe CassinKait hommage de plusleurs ouvrages impri- mes et manuscrits ( Voir ci-apres , Documens , p. 202.. )

MM. Perrot et Aupick , de la premiere hWaison de leur Atlas des departemens de la France.

Piix 6 fr. la liviaisoi , compnsee ile trois caites coloriees , et de trols ta- bleaux statistiqiies ; Paris , chez les editeuf s Duprat-Duvetger , rue dies Fosses- Saint - Germain - des -Pies , i3, et Colin de Plancy , rue Moiitmartre , n" 221 .

]M. Delor , de deux lettres adressees a la Societe asiatique. Extrait des travaux, de la Societe d' Agriculture du departement dc la Seine-Inferieure. (Envoyc par cette Societe. )

M. Courtin envoye le Prospectus d'une Encyclopedic moderne , ou Dictionnaire ahrege des sciences , des lettres et des arts.

Prix: 7 fr. 5o c. le vol., chez Mongie aine , boulevard Poissonniere , no 18.

M. Chaumette des Fosses fait hommage de son Voyage en Bosnie , inS" , 1822.

Seance du 7 mars.

M. Jo/7iar<f fait hommage dune Carte de l' Oasis de Siouah , dressce d'apres Titineraire dc M. Droi>etti , et d'apres les relations et les observations des voyageurs les plus recens , avec un Prospectus dtun voyage a VOasis de Siouah.

A Paris, clicz Debure freres , rue Serpente , n" 7. Le prix de chaque livraison , compris le texle, est de 9 fr. in-fol. , sur papier grand-raisin fin, et de 1 5 fr. sur papier jesiis , v(§lin.

'74 ;

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DOCUMENS.

Lettre de la Societe a M, Ic Comte Orloff.

Monsieur le comte ,

La Societe de Geographic n'a pu recevoir qu'avccune vive re- connaissance le present que vous lui avez offert , et que voire bicn- veillance eclairee destine a I'encouragement des connaissances utiles.

Charge'e d'executer vos intentions, la Commission centrale a choisi pour sujet du prix dont vous avez Lien voulu faire les fonds, une Analyse des owrages de geographic et de statistique , reccmment publies en langue riisse.

Par CO choix , la commission a \ oulu en meme temps procurer au monde savant la jouissance des renseignemens consignes dans une langue peu connue , et rcndre un juste homniage aux progres des luniieres dans voire patrie.

Nous sommes heurcux, Monsieur le Comte, d'etre aupres de vous les organes d'une Societe qui s'honore de vous compter au nombre de ses mcmbrcs.

Le President de la Societe , Le President de la

signe Marquis de Laplace. Commission centrale ,

signe Walckenaer.

Le Secretaire-General de la

Commission centrale,

signe Malte-Brun.

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Lettre tie M. fAmiral DE Krusenstern a M. Malte-Brun, Secre- taire - General de la Commission centrale.

Monsieur ,

A mon arrlvee ici , j'ai re§u la letlre que vous m'avez fait Fhon- neur de m'adresser, sous la date du 1 1 septembre, et dans laquelle vous m'annoncez que la Sociele de Geographic, formee a Paris, a bien voulu m'assocler a cette reunion interessante , composee de tout ce qu'il y a d'hommes celebres dans voire ville, si riche en savans et en homines distlngues. Je vous prie, Monsieur, d'agreer nies reniercimens de la part que vous avez bien voulu y prendre , et d'etre aupres de vos illustres coUegues , Torgane de ma recon- naissance pour une distinction aussi honorable, et dont je sais ap- precier tout le prix. Certes rien ne pouvait m'etre plus flatteur que d'appartenir a une Societe qui, par Tesprit dontles fondateurs pa- raissent etre animcs , promet de devenir de la plus grande utilite. Le but de cette Association se trouve exprime , dans votrc lellre , d'une maniere si succincle et si engageante , qu'il faudrait etre tout- a-fait insensible et indifferent aux progres dune science que vous avez etendue par vos excellens ouvrages , ct que vous avez su ren- dre interessante, meme a ceux qui ne lenvlsagealent autrefois que comme peu digne de leur attention ; il faudrait , dis-je , etre tout- a-fait insensible pour ne pas desirer voir se realiser les vues de ses fondateurs , et pour ne pas ambitionner d'y prendre une part ac- tive. Penetre de ces senllmens , je vous reitere , Monsieur, la priere de vouloir bien exprimer a vos illustres coUegues comblen je m'estlmerais heureux , si raes occupations dans cette partie de la profession a laquelle je me suis vou6 de preference , pouvaicnt meriter leur approbation. Admis a Thonneur d'apparl^nir a votre

176 inl«iressantc association , jc crois de mon devoir de vous fairc part que je viens de terminer un travail hydrographique sur le (iraiid . Oc<5an.

Les frequens voyages entrepris k la mer du Sud, depuis le temps de I'immortel Cook, et le commerce qui s'y est dlabli , tant aux {les de cet Ocean que sur les rivages qui le bordent, m'a , depuis le temps de mon voyage en i8o3, fait penser a former unc Collection des Cartes decettemer, plus defaillees que celles du geographe Arrovvsmith et de feu Tamiral Esplnosa. Je suis bien loin de vou- loir faire la critique des Cartes excellentes de ccs hydrographes , que fal estimes personnellcment , el avcc lesquols j'ai cl<^ lie d'a- milie ; mais dies ont I'inconv^nient d'etre construites sur une echelle trop petite , ce qui a et^ senti par lous les navigateurs. Ayant recueilli une somme considerable de notions et matdriaux pour la confection d'un nouvel Atlas de la Mer du Sud, je m'en suis occupe depuis la publication de mon Voyage; et j'ai voue k ce travail tout le loisirqueme laissaient mes autres occupations etle service au- quelj'etais attache. Mais c'est surtout depuis mon retourdeTAngle- terre, eni8i5, quej'aipum'en occuper plus assidAment.Sa Majesty FEmpereur, mon auguste mattre, ayant daigne m'accorder la per- mission de vivre quelque temps a lacampagne , pour y retablir ma vue, qui se trouvalt si affaiblie que je ne pouvais guere continuer les occupations regulieres de mon service , j'ai profite de ce temps libre pour m'occuper du travail de mon Atlas, dont je viens de ter- miner la majeure partie, comme vous le verrez par le titre des Cartes qui doivent le composer, etque j'ai I'honneur de vous transmcttre. Toutes sont construites d'apres les dales les plus certaines. Aucune d'entre elles n'est copie servile d'une Carte deja existanle ; mais toutes ont ei6 verifiees de la maniere la plus scrupuleuse ; et , au moindre doute , elles ont 6i6 soumiscs k des discussions qui for- menl le corps de mes M(5moires, qui accompagnent cet Atlas , et qui peuvent etre envisagces comme une instruction nautique pour les voyages de decouvertes h faire dans le Grand Ocean , y ayant

177 montre dans Ic plus grand detail tout ce qui est connu et deter- mine par dcs navigateurs habiies , et ce qui restc encore h deter- miner. Ces Memoires , dent il y a autant qu'il y a de Cartes, pour- raient meme parailre minutieux , si ies resultats n^avaient pas une influence si marquee sur la surete de la navigation , et partant sur ie Lien de I'humanite. Tout marin pratique convicndra sans doutc qu'une bonne carte est souvent peut-elre plus imporlaate pour le navigateur que la boussole meme ; et que , dc nos jours encore , norabrc de vaisseaux perissent pour s'etre-fies a des cartes peu sures , ct qui n'avaient qu'une faussc reputation ; Ies exeniples n'en sont malheurcmcnl que Irop frcquens.

Mais une collection de Cartes du Grand Ocean n'etant d'une utlllte directe que pour Ies vaisseaux destines a visiter cettemer, le debit ne s'en ferait que lentemcnt, et Ies depenses qu'exigerait Icur publication larderaieut long-temps a etre couvertes par la ventc des exemplaires. Cette entreprise serait , par consequent , au-dessus des moyens dun particulier : il n'y a que le concours d'une societe ou la munificence d'un souverain , qui puissent procu- rer au public des ouvragcs dont Tutilite est generale , mais dont la necessite n'est sentie que par un petit nombre d'individus, dans des cas peu frequens. Les innombrables preuves de la soUicitudc de notre auguste Empcreur pour tout ce qui pcut etre utile a ses sujets et a Thmnanitd entiere , me firent csperer que Sa Majeste daignerait s'interesser a la publication de mon Atlas. Mes espd- rances viennent d'etre rcalisees. Sa Majeste , informee, par la voie de I'amiral Moller , chef actuel de la marine , de mon entreprise , daigna ordonner la publication de mon ouvrage , aux frais du Gou- vernement, en accompagnant oet acte de munificence d'autres marques de bienveillance personnelles. Je suis actuellement occupe a imprimer les Memoires en langue russe, et a laire graver les Cartes.

Quoique, comme je Tai dit plus haut, la necessite de ces Cartes ne soit senile, que par un petit nombre d'individus , je desirerais

li

178

neamnolns en eten<lrc rutillle aulant que possible, en »k)nnanl aiis.sl cct Alias, avec les Memolres , dans une autre langue que ccUc de notre pays. C'est dans cette vue que j'ai deja fail Iraduire plusieui's de ces M^moircs en langue frangaisc. II n'y aurait done qu'a met- tre les Cartes dans cette inenic langue , et a les faire graver (a mes propres frais); ce qui pouirait se faire le mieux a Saint- Peters- bourg, ou ce travail pourrait etre fait sous mes yeux, et soigne par moi-meme. Des que j'aurai Tassurance d'un debit de cent exemplaires, pour couvrir au moins une partic des frais de la gra- vure et de rimpression , je m'y mettrai incessamment. Je ne nian- querai certain ement pas, dans le temps, de faire hommage a la Soclele d'un exemplaire de ces Carles; et je m'estlmerals blen heu- reux , si ce travail pouvalt merlter son approbation.

Veulllez agr(5er , Monsieur , les assurances de Tcslime el du res- pect profond avec lesquelles j'ai Thonneur d'etre ,

Monsieur ,

Voire tres-humble serviteur ,

Krusenstern.

Saint-Petersbourg , h 'y., noocm're 1822.

LlSTE des Cartes qui dowent composer V Atlas du Grand Ocean. HEMISPHERE AUSTRAL.

I. Carle de la Nouvelle Gumee Terminee.

2. Carte de la mer de Corail id.

3. Carte de Tile de Van-DIemen id.

4. Carle des ties de rAmiraule id.

5. Carle de la Nouvelle - Irlande id.

G. Carte de la Nouvelle-Bretagne id.

»79

N" 7. Carte systematique dcs ties de Salomon. . Terininee.

8^. Carle des lies de la Louisiade id.

g. Carte des iles de Santa -Cruz id.

10. Carle de I'Archipel des Cyclades et des

JNouvelles-Hebrides id.

11. Carte dc la Nouvelle-Caledonle id.

12. Carte de TArchipel des lies Tonga id.

1 3. Carle de I'Archipel de Fidji id.

14. Carle des ties des Navigaleurs id.

1 5. Carle dcs ties de la Sociele id.

16. Carle des tics Basses id.

1 7. Carte de la Nouvelle Zelande id.

18. Carle des tics de Mendana et de Mendoza. id.

HEMISPHERE EORtAL.

ig. Carle dcs ties de Kodjach >>

20. Carles des ties Aleoules »

21. Carle des tics Kouriles Tcrminee.

22. Carle de la presqu'tle de Saclialin id.

23. Carle de Ttlc de Jesso id.

24. Carle des ties du Japon »

25. Carte de Tile de Formose »

26. Carte des tics de Bashee et de Babuyanes. Terininee.

27. Carle des ties de Iiikeyo et de Madjicosema. id.

28. Carle dcs ties Mariannes . »

2g. Carle des ties Carolines Terminec.

3o. Carle des tics de Sandwich »

3i. Carle de la presqu'tle de Coree Tcrminee.

82. Carte des ties de Raluk et de Radack, . . id.

33. Carte des iles de Gilbert id.

34. Carte generale du Grand Ocean »

i8o

V t/«.X^ t.% Vt/«A.W

Extra IT d'une IcUre adressec a la Societe , par M. le Consul du Roi

a la Nouoel/e- Orleans.

Nouvelle-Oilcans , i«' oclobie 1822.

Dans roeuvre imporlante h laquelle vous voulez bicn m'appelcr k concourir, mes Iuiiultcs personnelles \oiis scralent sans doiile d'un bien faiblc sccours;mais le pays que jhabitc, quoiqu'il jouisse deja dcs bicnfalls de la civilisation europeenne , est voisin de ces belles et vasles contrees naguere presque inconnues , et designees sur la Mappemonde par I'espace qu'elles occupent sur la surface du globe. Des-lors nia position, en me inetlant a portee de sulvre de plus pres la marche progressive du pcuplc entreprenant auquel CCS contrees appartiennent aujourd'hui, peulniefournir Toccasion de recueillir quelques fails nouveaux el intercssans sur cctte parlie du inonde , et , par consequent , les mo) ens de repondrc aux ques- tions que vous croirez utile de ni'adresscr , tant sur les decouver- tes qui seront le resultat des entreprises dcs particuliers , que sur les etabllssemens que le Gouvememeut pourrail y former success!- vement par la suite.

Les provinces interieurcs du Nouveau Mexique , celles surtout qui avoisinent I'ancienne Louisiane , tres-peu connues jusqu'ici , peuvent aussi devenirrobjetd'obscrvations intcressantes. Les chan- gemens politiques qui vicnnent de s'operer dans ces contrees ont tire de Icur apatbie naturelle, et mis en evidence sur la scene du monde, les pcuples qui les habitent ; lis en ont aussi ouvert rentrec aux^trangers, principalemcntaux Americains. Dejaplusieursd'cntre eux ont profit^ de ces premiers momens de libert<5 pour parcourir et visiter un pays qu'il leur importe d'aulant plus dcconnaitrc, que, voisin de leur territoire, dans la parlie la plus precieusc et en memc

i8i

temps la plus vulnerable , i! est proLableinenl appcle , par sa posi- tion , par SOS immcnses ressources naturclles , et par la force m(*me (les choses , a devenir un jour le seul rival qu'ils aient k redouter , dans la suite des temps , pendant la paix , ct sous le rapport du commerce , pour les produits de leur sol et pour leur Industrie ma- nufacturl^re ; en temps de guerre , commc puissance continentale.

Les relations partielles de ces voyagcurs , publiees , comme elles le sont Ic plus souvcnt, dans les gazettes du pays, ne peuvent man- quer d'offrlr dcs notions nouvelles et inlercssantessur cescontrdes. J'aurai soin de les recueillir , en faisanl choix de cellcs qui me pa- raitront les plus exacles ; et je me ferai un plaisir de vous les adrcs- ser , lorsque je Ics jugcrai dignes de votre attention.

C'est sous ce point de vue sculcment, Messieurs, que je crois pouvoir vous ctre de quelque utiJIte, en attachant mon nom h la liste honorable des honimcs d'e'tat ct dcs sarans qui composent votre noble societe , et en vous offrant , sinon le Irlbut de mes lu- niicres, du molns Tassurance de mes soins el de mes efforts pour rdpondre h la confiance dont vous voulez bien m'honorer.

J'ai I'honneur d'etre , etc.

signe GuiLLEMIN.

/W»1/V*'».'«/^/»/V» Wk/^/VfX^

Rapport sur la pubUcalion des voyages dc Marco Vo\o,fait au nom dela section de publication, par M. Roux, rapporteur.

Messieurs,

Un voyageur qui a ouverl une nouvelle route aux observateurs du moyen age , et dont la sincerile ct I'exactitude peuvent encore aujourd'hai servir de modelc , Marco Polo a dcj.^ oblenu de vous un juste hommage, lorsque vous avcz fait enlrer son nom daus les

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ornenicns de voire diplome ct dans la liste dcs hommeslcs plus cd- lebrcs parleurs dticouverles et leurs travaux. Votre Section de pu- blication a pensd , Messieurs, que vous pourriez encore honorersa menioire, en publiant un manuscrit de ses voyages, dt^pose h la bibliotheque Royale , et plus elendu que les editions precedentes.

Vous entretenir des voyages de Marco Polo , et remonter a la source de nos connaissances modernes en geographie , ce n'cst point faire fairc a la science un pas retrograde. Le moment acluel est un point de depart; et, soit que les decouverles qui s'eloignent denous, remontent vers le passd, ou s'appliquent a des regions nouvelles , elles remplissent une lacune , nous enrichissent , et ten- dent a former un systeme de doctrine plus parfait.

Avanl de vous soumeltre nos observations sur le manuscrit que nous vous proposons de publicr , il nous a paru nccessaire , IMes- sieurs , de vous offrir quelques remarques gcnerales sur la vie , les voyages et les relations de Marco Polo. Nous les avons puisces dans ses dcrits ; el nous nous sommes appuyds , pour celles qui ne s'y trouvaient point, sur les observations de ses principaux dditeurs.

Le pere et I'oncle de Marco Polo s'etaient enrichis par le com- merce , qui etait alors la source de la puissance et de la prosperity des Venitiens ; et tons deux partirent de Yen ise pour Constanti- nople, en laSo. Quelques editeurs varient sur cettedate, etlasup- posent plus recente de quelques annees ; mais ce point de critique parait n'avoir d'importance que pour fixer Tepoque de la naissanee de Marco Polo , puisqu'elle n'eut lieu que plusieurs mois apres le depart de son pere.

Les deux frcres se rendirent, en i256, prcs du kan des Tartares, qui occupaient alors les rives du Volga; mais la guerre qui survint entre ces peuples nomades les obligea Tun et Fautre a quitter pre- cipitamm.ent les dtats de Berca, ou ils s'etaient d'abord arretds; et ils passerent a Boccara, vers le sud-est de la Mer Caspienne. Leur commerce les rclint pendant trois ans dans celte contrde , ou ils

i83

eludlercnt la langue et les moeurs des habltans. lis se ddciderent alors a suivre un ambassadcur , envoye pres de Cublai- Kan, qui etalt a cette epoque cmpereur des Tartares , et dont la souverai- nete s'^tendait sur la plus grande partic de I'Asle.

Cambalu , situe au nord de la Chine , etalt la residence de Gu- blai-Kan. Lcs voyageurs, arrives, en 1260, aupres de ce prince, obtlnrent sa faveur, sa confiance, et furent charges, en 1266, d'une mission pres du pape. Marsden , Tun des editeurs de Marco Polo , a conjeclure, avec beaucoup de vraisemblance , que Tobjet principal de cetle mission etalt d'encourager le systeme des croi- sades contre les Sarrazlns , qui dtaient alors ennemis des Tartares. Les deux Venltiens ne se rendlrent de Cambalu a Saint-Jean d'A- cre qu'au bout de trois ans, quelques mois apres le deces de Cle- ment IV, qui dtait mort le 29 novembre 1268. Son successeur , Gregoire X , ne fut eleve au trone pontifical qu'au mois de sep- tembre 1271 ; et la legation envoyee pres du pape , par le kan des Tartares , employa encore trols annees a rctourner aupres de lui. EUe parvint, sur la fin de 1274 » a Clemenfu, oii ce raonarque se trouvait alors.

Marco Polo avalt suivi , dans ce nouveau voyage , son pere et son oncle ; il passa avec eux dix-sept annees au service de Cublai- Kan , et fut charge, pendant cette longue residence, des missions les plus honorables et les plus importantes. 11 apprit a connaitre les langues de I'AsIe Orlentale, traversa en plusicurs sens ces vas- tes regions , observa lout ce qu elles avaient de remarquable ; et , lorsqu'U revint a Venlse, en i2g5, apres avoir parcouru, pendant quatre ans , une partle des lies et des rlvages que balgne la mer des Indes , il dut frapper la curiosite et Tattention de ses conipatrioles par les reclls les plus mervellleux.

Marco Polone joult pas long-temps du repos qu ils'ctait promis. Quelques mois apres son relour , la guerre eclata entre Venlse et Genes. Lamba Doria parut dans TAdriatlque avec une flotte ge-

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noise, qui vlut menacer les Venitiens jusqu'a renlrde de Icurs la- gunes. Mais Venise eut bientot armd unc cscadre de quatre-vingt- dix galercs , dont Andrea Dandolo eut le commandement. Marco Polo obtirit Ihonneur dc scrvir a bord de cclte flolte , et dVxposcr ses jours pour la defense de sa palrie, qu il vcnalt dilluslrer par ses decouvcrtes. Ses voyages avaient souvcnt mis son courage a Te- preuvc : la longue navigalion qu il venait dc fairc fit prendre con- fiance en son habilele : on Ic chargea dc commander une galere ; et, lorsque les V(-niliens perdirent, pres de Tile dc Curzola, la balaiilc qui fut livree Ic 8 septembro , et oii la plupart de leurs vais- seaus furcnt prls ou delniits, Marco Polo, blesse dans le combat oil sa galere elait au premier rang, tomba, alnsl qu' Andrea Dan- dolo lui-meme, entre les mains du vainqueur, qui le conduisit k Genes , comme prisonnier dc guerre.

Sa detention dura qualre annees ; mais il fut traite avcc egard. On le visitalt chaque jour; on clait empresse d'enlendre le rdcit de ses voyages dans des contrees jusqu'alors inconnues. II n'cn avail pas encore redige les relations. Tons les materiaux qu il avait ras- sembles se trouvaient a Venise ; il les fit venir k Genes, les mit en ordre , fit c^crire sous ses yeux, dans sa prison , par un citoycn dc Pise qui parlageait sa captivild, THistoire de ses voyages. EUe fut bientot repandue ; on en nmlllplla les copies , les abreges , les tra- ductions ; et cet ouvrage circula dans toules les mains.

Plusieurs Editions des Voyages de Marco Polo ont paru depuis long-temps; mais toutes n'ont pas 6\6 faites d'apresles memesma- nuscrits. La premiere edition ne fut imprimee que deux sieclcs apres la relation originale; el, dans ce long inlcrvalle, les copies de I'ouvrage avaient eprouve dc nombreuses alterations. Les va- riantes qu'on y remarquail durcnt ensuile passer dans les in)pres- sions failes en differents lleux. Chaque editeur ne put comparer entre cux que les cxemplaires mis k sa port^e. On fut embarrass^ de choisir entre loutes ces versions ; et , quoique I'usage de Tim- prlmcrie eAt generalcment fait n^gliger la lecture des manuscrits ,

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et qu'il eAt meme cntratn^ la perte de leur plus grand nombre , les savans reconnurent la n^ccssite de Ics consulter encore , et de les choisir ; pour retabllr , s'il ctalt possible , le texte pur et primi- tif, et pourremplir les lacunes qu'un examen plus attentif pouvait y faire reconnaitre.

C'est ce desir, Messieurs, qui vous porte h publier aujourd'hui un ancien nianuscrit de Marco Polo , dont on n'a fait , jusqu'a ce moment , aucune edition. Nous Tavons compart , sous le rapport de I'ctendue , avec les autres manuscrits de la bibliotheque Royale et avec les editions qui ont paru en plusieurs langues , notanunent avec Tedition italieane de Ramusio ; avec la traduction espagnole, publiee a Saragossc en i6oi ; avec la traduction fran(jalse de i556; avec cclle qui fait partie de la Collection de voyages, pu- bliee sous le nom de Bergeron , et avec I'edition anglaise que Mars- den a fait paraitre en 1818, et qu'il a enrichie de savantes obser- vations. L' examen des Dissertations de Zurla a supplee a cclui des csemplairesqui n'etaient pas sous nos ycux ; etnous avons reconnu que le manuscrit en dialecte vcnitien , provenant de la blbliolhe- que de Soranzo , et le manuscrit itallen , connu sous le nom de Millione, et depose a la bibliotheque de Florence, eiaient, de meme que les autres editions, beaucoup plus abreges que le manus- crit de la bibliotheque Pioyale* Les chapitres qui le terminent re- pandent , il est vrai , moins de lumleres sur la geographic que sur Thistoire ; ils ne renferment plus la description des provinces visilees par les voyageurs venitiens : mais ils rendent compte des principales guerres qui dclaterent en Asie, depuis laSS jusqu'au moment de leur retour h Venise. Cette perlode de quarantc ans est d'aulantplus digne d'etre remarqu^e, qu'elle s'attache a Tepo- que du moyen age ou les Tartares eurenl le plus de puissance , et repandirent jusqu'au centre de I'Europc la desolation.

La langue euqiloyee dans ce manuscrit lui donnait peut - etre a nos yeux un interet de plus, EUe nous a rappele celle de nos an- celres, celle que Ton parlait en France, dans le cours du quator-

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zieme siecle. Celte langue s'elait intioduite dans une parlie de I'l- talie, depuis la conquete de Naples par (Charles d'Anjou, en 1265. Elle avail e(e plus ancienneinent clendue en Oilenl , par Teffet des crolsades et de relablisscment successif des princes frangais a Jerusalem, Anlioche, Tripoli, et jusque dans les murs de Conslanlinople. On continuait de la comprendre dans les ports de la JMedilerranee qui <5taicnt en comniunicallon avec la France ; elle etait propre k repandre au loin la connaissance des voyages de Marco Polo; etnous pouvons considerer cc manuscrit fran§ais comme une ancienne traduction de la relation originale.

Une discussion s'est elevee, sur la langue dont I'autcur lui-m^me fit usage; et la diversity des traductions qui paruront a la nieme dpoque a jet^ sur celte question quelquc obscurite. Genes et Venise n'avaient pas encore celte langue belle , feconde , harmo- nieuse que le Dante en richissait et douaitde toute sa force , dont Petrarque se servit pour peindre les passions les plus tendres , et que Boccace assouplit encore dansses elegantes narrations. Le Dante florlssait a cette ^poque ; mais ses deux grands ^mulcs littd- raires n'avaient pas encore paru. Les auteurs avaient conseiYe I'usage d'ecrire en latin ; ce fulmeuie en celte langue que Petrarque et Boccace publicrent Icurs premiers ouvrages. Le lalin entrait dans le systeme general des eludes ; et il avail pu faire partie de celJes du jeune Venitien , dont Teducatlon etait terminee lorsqu^il entreprit ses voyages.

Mais Marco Polo doit-il elre consldere comme ccrivain ? rien n'est classique dans son ouvrage ; on n'y voit aucune trace de cette erudition litteraire dont lesaulcurs du temps cherchaienta sc parer. 11 raconte avec naivete, et dans le style le plus simple , tout ce qu'il a vu. Eleve sans doule comme sa famille , dans la profession du commerce , il ne rccbercha point I'illustralion des lettres. Le lalin dlait moins repandu dans sa palric qu au centre de I'ltalle ; et nous sommes porles a croire que ce voyageur ecrivit sa rela- tion dans sa langue niaternelle. 11 u'est point probable , malgre

187

I'obscrvalion de quclques ccilvalns, qu'unc absence do vingl-cinq ans ailpula lui faire oublier. Marco Polo avait , dansle coursdeses voyages , eludle plusieurs langues d'Asie ; elleslui etalenldevenues assez famllieres pour Taider a rempllr avec succes les missions difficiles et nombreuses qui lui furent confiecs par le grand kan de Tartaric ; mais ces premieres impressions d'une langue apprise des renfance , et devcloppee au milieu des jcux , des eludes , des passions de la jeuncsse , ne s'effacent jamais de la mcmolrc. D'autres signes ont pu momentanement en prendre la place ; d'autres pays ont accoutum(^ rorellle h de nouveaux sons ; mais au moment du retour dans la patrie , avec quelle rapiditd les anciens souvenirs se revcillenl ! Si Ton rcgarde alors comme nouveaux les objets dont on fut long-temps eloigne, et si les locutions dont on perdil I'usage ne se representent que dune maniere confuse , bienlot ce voile se dechire; la langue maternelle revient a la pensee; elle s'enrichit des mots necessaires pour peindre toutes les Images dont on est frappe : ce vocabulaire se relablit dans sa puretc^ , dans son ctendue ; on se retrouve , sans interprete , en relation avec ses vieux amis, avec ses concitoyens , et Ton jouit de la patrie tout entiere.

Qui sait meme si I'occasion de parler la langue natale ne se presente pas souvent au milieu des plus longues absences :' Les voyageurs la reservent pour exprimer leurs secrets , les exiles pour peindre leurs peines.N'est-ce pas ainsiqu'ils ecrivent leurs pensees dans la solitude ; qu'ilss'adressent au ciel ; que jetesloin des routes communes , et de la societe de leurs semblables , ils se rendent compte de leurs propres impressions ;' On peut connaitre et parler plusieurs langues ; mais rendu a soi-nieme , on pcnse dans sa langue maternelle ; souvent meme on Tctend, on la fortifie par ces medi- tations solitaires ; ct ses pages les plus animees , les plus eloquentes ont ^t^ quelquefois (^crites au milieu des deserts.

Au reste , en quelque langue que Touvrage de Marco Polo ait etd primitlvement compose , les manuscrits qui remontent vers

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ccUe dpoquc, sont prdcieux a connailre , ct leur ancicnnete leur prele un nouvcau caraclere de verlle.

Nous avions , Messieurs , k examiner si , pour faciliter la lecture <le cet ouvrage , il convlendrait d'y joindre une version plus moderne; mais il nous a paru qu'en recourant aux formes de style dont on fait actuellement usage , nous oterions k la traduction premiere le caraclere de simplicite qui distingue ce vicux langagc ; ct si nous cherchionsa composer entre ces deux ages de notrelitteralurc, en employant un dialccte intermediaire qui conserv^t les tournures anciennes , et se bornat a rajeunir les mots trop vicillls, cetlc pretention au langage que parlaienl IMontaigne et Amyot ne salis- ferait ni les amateurs des chroniqucs originalcs , ni ecus de notre langue perfcctionnee ; cllc defigurerait Touvrage que vous souhaitcx defaire connaitre ; elle lui olerait , sans Ic faire passer dans noire siccle , le caraclere de celui ou il parul.

Ge ne serait pas d'ailleurs uoc entreprise facile , que d'cm- prunter le langage d' Amyot. Les tours etles mots qu'il emploie sont adaptes les uns aux autres : ils forment un ensemble systcrna- lique , que Ton ne pourrait pas decomposer sans en delruire rartifice ct le charme. Une parlie des exprcsssions de cet Sge n'ap- partient plus aux temps qui Tout precede ou qui Tont suivl ; et ce serait un effort auquel nous ne de\ons point prelcndre, que de retrouvcr , sans confusion d'dpoqucs , ces anciennes formes de noire langue , ct de la faire retrograder de deux sieclcs , pour re- monter plus aisement vers son origiue,

Mais en publiant, sans alteration et sans version nouvellc, le manuscrit de Marco Polo , nous avons pcnse que le secours d'un glossaire serait indispensable pour entendre ce vieux langage. II ne fautpas rendre trop penible la lecture des ouvrages utiles, ni laisser de Tobscuritd sur le sens des mots cntierement proscrlls par I'usage. En parcourant les premieres pages , on aura souvent recours au glossaire. Cctte langue dcvieudra ensuile plus familiere :

on lira sans difficultc les passages qu'on avail d'abord cralnl de ne pas entendre ; et Ton vous saura peut-etre quelquc gr^ d'avoir conserve au manuscrit public par vous ce caractcre de candeur qui se rctrouvc dans les formes du style , comme dans le fond menie des pensees , et qui rappelle plus fidelement I'epoque a la- quelle cet ouvrage apparlient.

S'il paraissait utile de facililer , par un moyen de plus, I'intelli- gence de I'ancienne traduction fran^aise dc Marco Polo, nous vous proposerlons , Messieurs , de faire imprimer , en regard , un manuscrit latin encore incdit, qui appartient, comme le premier, a la bibliotheque Royale , et dont les principau\ editeurs de ce voyage ont desire la publication. Ce manuscrit s'accorde avec la traduction fran^aise; II renfenne une partle des memes supple- mens ; et les deux langues , interpretees Tune par Tautre , met- iraient cet ouvrage plus a portee de tous les lecteurs.

Nous pourrons , Messieurs , revenir encore sur celtc proposi- tion, si un examen plus altentif nous en fait reconnaitre rutilite; et nous nous bornons aujourd'hul a un premier aper^u sur les eclalr- cissemens qu'il parait indispensable de joindre a votre publica- tion.

La carte des Voyages de Blar co Polo devient necessaire pour qu'on puisse le sulvre dans les pays qu'il a parcourus. Les tableaux qui frap- pent nos yeuxsefixentmieuxdansnotrcmcmoIre,surtoutlorsqu'elle doit retenir des noms et des positions de lieux dont la plupart sont peu connus. Cinq siecles et demi se sont ecoules depuls le com- mencement des voyages de Marco Polo ; et les peuples et leurs ha- bitations ont subi des changemens si nombreux , que les cartes ac- tuelles ne nous offrent plus I'^tat de I'Asie du moyen age. C'est au geographe k nous indiquer, par un travail particuller , les peuples qui ont disparu ou qui ont change de contr^e ; h rendre aux lieux moderncs leurs anciens noms -, a reconnaitre ceux que portaient autrefois des cites en ruines ; a d^brouiller enfln la confusion des

igo

siecles passes. Mais, pour rcndrc plus utile la carte qui vous est proposee, nous pensons, Messieurs, quelle «ioit cire acconipagnec d'observallons sur les points de geographic et d'histoire qui , n'e- tant pas asscz blen determines par Marco Polo , ont et6 dclalrcis par d'autres voyageurs.

II nous a paru convenable d'lndiquer les variantes et les syno- nymies de noras de llcux el de noms propres , qui se font remar- quer dans les differents manuscrlts de Marco Polo et dans ses edi- tions les plus estlmees.

SI les nombreuses relmpresslons d'un ouvrage sent Tindlce de la reputation dont 11 jouit, peu decrlvains ont obtenu aussi souvent cet honneur ; et nous pensons, Messieurs, que, pour le relever encore , U est utile de jolndre a voire publication unc Notice bl- bllographlque sur les manuscrlts et les editions qui vous sont con- nus. Vous mettrez ainsi les lectcurs a portde de comparer enf re elles ces publications, et de reconnailre que la voire est beaucoup plus etendue.

II conviendralt encore de jolndre a cet ouvrage une dprcuve d'e'- crlture, uafac simile^ qui permit aux hommes occupcs de I'etude des anclens monumens de noire langue , de trouver dans la forme et dans les caracteres du manuscrit , un moyen de plus pour en constater Tanclennete , et pour en determiner Tepoque.

Enfin nous avons pense que , pour mieux faire connaitre le voya- ge dont vous allez publler la relation , il fallalt le faire preceder d'une Introduction , oil vous rassembleriez tout ce qu'on a pu re- cueillir de plus remarquable sur la vie de Marco Polo , sur les prln- cipales cir Constances de son voyage, sur les motifs qui vous ont portes <i rimprlmer, et h. cholsir enlre les manuscrlts que nous pos- sedons , celui qui fait Tobjet de ce rapport.

Une Soclete dont le but est de conlrlbuer sans ccsse aux pro- gres de la g^ographie, ne ralteindralt que d'une manlerc impar- faile, si, en publlant d'anclens documcns, oii se relrouvent quel-

»9» ques cireurs tVobservalion ct iVopinion, qui appartiennent au siecle oil cet ouvrage pariil , elle rie prenait aucun soin dc Ics rectifier, de repandrc un nouveau jour sur Ics passag(?s obscurs, ct de comparer la geograplile dc eel ageavcccelle denosjours.Vousncvouschargez pas, Messieurs, dune slniple enlreprise de blbliograpliie: vousvou- lez, avanttout, que celie publication soil utile. C'est par des travaux de cette nature, quese dislinguent Tedition publiee a Londres, en 1818, par Marsden, et les interessantes Dissertations que Zurla a fait paraitre , dans la nieme annee , sur les voyages de Marco Polo.

Ce qua fait un seul editeur , la Sociele de geographic peut Ten- treprendre avec plus d'avanlage; et si les mathemallciens , les natu- ralisles, les geographes, les voyageurs eclaires qu'clle compleparnii ses inembres, sont appeles a concourir a ce travail, la rc^unlon de leurs lumieres ne pourra que lui donner un nouveau prIx.

D'anclens monumens furent ainsi eriges ; cliaque voyageur ap- portait une picrre vers le sol que ces constructions devaient cou- vrir ; et ces tributs repe'tes devinrent une pyramide.

Note sur la Population des lies britanniques , avec (juelques considera- tions sur celle de la France, lue a la Societede Geogruphie, dans sa seance du j fevrier.

Nous avons re9u de Londres , par les soins obligeans de M. le docteur Young, celebre physicien , membre de la Sociele royale , I'ouvrage officiel dans lequel ont ete donnes, par exlrait, les rensei- gnemens sur la population de la Grande-Brctagne, recueillis en 1821, en execution d'un actc du Parlement. Cet ouvrage forme un volume in-folio de igg feuilles , portant le titre suivant :

Abstract of the jnsifers and nsTuiiNs made pursuant to an act for taking an account of the population of Great Britain

192

MDCCCXXI, ordered by the house of Commons to be printed 2 Jidy 1B22.

Ilfaitpartie des pieces qui s'iuiprimciU pour I'usagc des mem- bres du Parlenient, et qui ne sont pas mises dans le commerce.

On V rcmarque deux parlies distinctcs savoir : j"* le rccenseinent ou enumeration des habitans par sexes, par figes et par professions ;

Le mouvement de la population , comprenant les mariagcs , les naissances et les deces.

Le recensement est donne par paroisse. II a etc fourni , en ce qui concerne I'Angleterre , par des officiers qu'on nommc Ootr- seers , c'est-a-dire inspccteurs ; et , pour TILcosse , par les mailres d'ccole {School-masters). La division regulicrc du territoire et la !a hierarchic des autorites adminlslratives rendent, en France, un tel travail plus facile et plus sAr Le total dos rappoUs a ete de 16,819. Mais , dans ce nombre, il s'en est Irouve /|.G5 ou Ton avait omis de repondre a la question relative a Ttigc des individus. '

Le redacteur de Touvrage ( M. J. Rirkmann ) I'a fait prec^der de tableaux sommaires , ou Ton voit dun coup-d'oeil la population de chaque partie de la Grande-Brefagne , par comte , et aussi cclle des ties diles Normandes et de Tile de Mann. On y rcmarque une population de i,2j4-i8oo ames pour la capitalc de TAnglelerre ( Metropolis); expression par laquelle on entend non pas une villa unique , comme pour la capitale de la France , mais un ensemble compose de deux villes (Londres et Westminster) , d'un grand faubourg ( Southwark ) , et de plusieurs communes anciennement rurales que i'extension toujours croissante de la capitale a en-

globees.

Les villes les plus peuplecs ,

, apres

Londres

, sont :

Manchester,

186,

942 habitans.

Glasgow ,

147.

043.

Edinbourg avcc

Leith ,

i38,

235.

Liverpool ,

118,

,972.

.Birmingham ,

106,

723*

Pour le mouvement de la population, le Gouvernement anglais a manque des secours que rexcellenl systemc de Telat civil offre parmi nous, II a ete oblige de recourir aux nilnistres de la religion ; inais ces ecclesiastiques n'ont pu donner connaissance que des acles pour lesquels on s'adresse a eux.

C'cst par rapport aux marlages qu'il y a le molns d'omissions , parce que la loi oblige a les conlracter lous dans I'eglise angllcane. Cependant, a cct egard memc, ily adu deficlf, non-seulementparce que quelques personncs vont se marier en Ecosse , mais encore parce qu'il y a une exception a la loi commune, en faveur des quakers, el que les juifs se dispensent aussi de s'y conformer: mais ces cas sont peu nombreux ; et les registres des mariages reprd- sentcnt , aA cc assez d'cxactitude, le nombre de ceux qui ont eu lieu chaque annee. M. RIckmannn'estime les omissions qu'a igi, annde commune, pour rAngleterre propre, et iln'en rapporte aucunepour le pays de Galles. On pent done accorder assez de confiance aux relcves suivans, qui ne comprcnnent, au surplus, que TAngleterre propre avcc le pays de Galles.

Annee moyenne des mariages, prise sur lo annces depuis i jGS :

Epoqiies.

I'-^ 56,275.

2" 5g,8g2.

3^ 65,47(j.

4" 71,764-

5*^ 79, 23 1.

85,985. Enfin de 181 5 a 1820, annee commune, 93,073.

En 1820, en particulier , 96, 833.

D'aprcs le releve de 11, 34-2 registres, savoir : pour I'Angle- terre, dc 9,636 egllscs parolssialcs et de 85i cliapelles ; et , pour le pays de Galles, dc 817 des premieres, et 38 des secondes. Tl parait ne manquer que les releves de 5 registres en foul.

J94

II n'y avail eii que ^Qi^yg manages en 1755.

La propoilion des manages a la population s'e Irouve £tre main- tenant comme i a i34-, ct si Ton met hois <le rang la capilale oix Ton vient souvenl se marier d'allleurs pour echapper k la publici- te , les extremes sont 1 a 117 dans le Hampshire, el i a 17Q dans le Hertfordshire.

Les registres des haptemcs offrent plus d'omisslons qu'il n'y en a dans ccux des mariages. Cela vient de ce qu'aucunc loi n'oblige a presenter les enfans a IV-glise anglicane , et qu un assez grand nombre de parens s'en dispensent , soil parce qu'ils appartiennent k d'autrcs communautes religieuses, soil par negligence. M. Rick- mann evalue Ic nombre des baptemes non enreglstres , annee commune, a 20,696 pour I'Angleterre , et a 2,870 pour le pays de Galles. Le nombre total des baptemes enregislrcs, pendant les annees qui sesont ccouldes dcpuis 181 1, jusques el compri.s 1820, a ete, pour I'Angleterre propre, de

3,100,261 enfans; dont 1,583, i48 du sexe masculin ; el 1,517, ii3 du sexe fern in in. C'est environ le rapport de 1,000 a g58 , entre les nalssances d'un sexe et celles de Tautre.

Pour le pays de Galles, le nombre des baptemes a ete dans le meme espace de temps de i54, 806 , dont 81,409 de gar^ons, et 73,397 fiUes; ce qui fait voir , dans ce pays, un exccdant beau- coup plus considerable que dans I'Angleterre propre, en faveur des nalssances males.

L'annee commune des nalssances , en reunissant les baptemes enreglstres a ceux qui ne le sont pas, se trouve elre, pour I'An- gleterre et te pays de Galles pris ensemble , de 348,573.

La population tolale etant de 1 1,978,875 Indivldus, U y a envi- ron drx nalssances sur 343 indivldus.

Les extremes so lit j sur 3i «lans le conild de Kent, et i sar 4-7 dans le comte de Moninoulh , du moins si Ton excepte du cal^- cul le comte de Brecon , ou la proportion paratt n'etre que de I sur 53.

Les deces sont connus plus exaclement que les naissances , mais moins bicn que les mariages. Dans les vllles , bcaucoup de communaulcs dissldenles ont des cimetleres parliculicrs. II eri est ainsi a Londres pour les calliollques, et aussi pour les juifs. Les personnes pauvres et d'autres encore sont enterrees sans aucune cdremonle religieuse ; il en est de meme des enfans morts avant le bapteme ; il faut ajouter les individus appartcnans a la marine et a I'armee , qui meurent hors .du pays , et dont Ics deces ne sont portes sur aucun registre.

M. RIckmann cvalue a 8,770, pour I'Angleterre propre , et h. 733, pour le pays dc Galles, le nombre des deces qui, annee commune, ne sont pas cnregistres; mais il convient qu'on n'a, k cet egard, que des informations peu certalnes. Le nombre des deces enrcgistres estj a la population totalc , comme i est.a,S8«

Dans lout cc qui concerne le mouvemenl de la population , nous n'avons parle que de FAngleterre et du pays de Galles, ne trou- vant rien de relatif a celui de TEcosse dans I'ouvragc que nous avons sous les yeux.

Quant a Tlriande , elle nest pas meme nommee dans ce travail oil il s'agit uniquement de la Grandc-Bretagne : ce que nous en dirons ci-apres sera done tire de renseignemens que nous avons cherche a nous procurer d'ailleurs.

Nous devons commencer par rapporter ce qui resulle du re- censement que nous poss^dons.

II donne , pour le nombre total des habitans de la Grande- Brelagne,

i4-,39i,63i individus,

196

dont 7,i37,oi4 du sexe mascuHn , ct 7,254,6i3 dc I'aulrc scxc.

Savoir , en rdunissant Ics deux sexes :

Dans TAnglcterre propre, 11,261,437 Dans le pays de Galles, 717,438

En Ecosse 2,093,456

L'armee de terrc et dcmer forme un article distinct , porte pour 3 19,300 homines; mais il faut observer, quedansce nombre, sont compris necessairement beaucoup dirlandais.

L'article de I'Ecosse comprend Ics iles Hebrides, Orcades et Shetland ; mais on a dnumerc a part les iles Normandes ( Jersey, Guernesey, etc.) , dont la population s'est trouvce etre de 49? 4^7 ames, et Tile de Mann, peuplee de 4o,o8i individus.

Nous avons fait observer ci-dessus que les ages manquaicnt dans plusieurs des rapports envoyes. On n'a done pu classer par ages la population tolale de la Grande -Bretagne , mais seulement 12,487,377 individus , dont 6,074,592 du sexe mascnlin , et 6,412,785 de Tautresexe. Voici le re'sume de cclte classiflcation :

Au-dessous de 5 ans ,

Gardens

929,535,

FiUes

908,400.

De 5 ans a 10,

Gardens

819,156.

FiUes

804,030.

De 10 ans a i5 ,

Gargons 718,796.

FiUes 678,613.

De i5a 20,

MMcs 604,905.

FiUes ou femmcs 643,875.

>97 De 20 a 3o,

MMes 893,425.

Filles ou femmes i,o84,o5o.

De 3o a 4o ,

Males 694,763.

Filles ou femmes 773,887.

De 4o a So ,

Males 565,624.

Filles ou femmes 597,968.

De 5oa 60,

Males 402,218.

Filles ou femmes 425,678.

De 60 a 70 ,

Males 273,818.

Filles ou femmes 3oi,i52.

De 70 a 80,

Hommes i35,oog.

Femmes 147,946- Dc 80 a 90,

Hommes 34,964.

Femmes 43,o4g« Dc 90 a 100,

Hommes 2,873.

Femmes 47046. De 100 et au-dessus,

Hommes 100.

Femmes 191.

Le nombre des naissances m^les est a celui des naissances fe-

njclles, dans la Grandc-Brelagnc , commme io,433 est a 10,000 ;

mais I'cscddant en favcur du scxe masculln ne se souttent que jusque vers Tage de i5 ans ; alors Favantage tourne du cole de Fautre sexe , et il continue ainsi jusqu'a la mort y en augnientant rapide- mcnt dans la vlcillcsse.

On concoil , que plus une nalion est llvree a rindustrle , au coniinerce et k la navigation , plus il y a de c)iai>G,?s de destruction pour celui dcs deux sexes qui se livre principalement a ces diffe- rentcs occupations ; on voil raeme peu de fenimcs partager en An- glelerrc avec Ics homines les travaux ptinibles de 1 agriculture.

Une rcniarqiie gcnerale , c est que quoiqu'il naisse un vingt- unieme environ d'individus dc plus du sexe masculin , le nonibre des deces est au total a peu-prSs egal dans les deux sexes, d'ou Ton peul conclure que TexefeflaHt dela population nnale est niois- sonne par la mort hors du pays , soil sur mer, soildans les colon ies.

La population de la grande. Bretagne se compose suivant le rccensement de 1821 , de;2(,94s5 383 fauiilles, halxitant 2,429, 63o maisons ; il y avait en outre 21,679 maisons en construction et 82,364 inhabitees.

Quant aux professions , Tagriculture occupait 978,656 families.

L'industrie comnierclale et manufacturiere , i,3.fjjD^23g.

Les families non comprises dans ^as- deux classes , etaient au nonibre de 612,488.

Si Ton suppose les recenscmens de 1801 , 181 1 et 1821 egale- ment exacts, on aura lieu d'adniettre que la population de TAn- glelerre , et du pays de Galles, s'est accrue pendant les vingl premieres annees de ce siebl^ , dune inanlere extraordinaire.

Lerecensement de i8or , iravaitdonne qu'un total de 9,168,000 ames. Celui de 181 1 , porfait la population a .... io,5o2,5oo, ce qui fait une augmentation de i4 et d«mi pour mille , annee co^imune ; Ic recensement de iS^i, rcmporle eacoredavanlage sur le prec<:deiit , etsupposcque lapopulatioa s' est accrue , aunec nioyenne , de 16 et un tiers pour mille.

»59 Celle augmentation ( s'il n'y a pas d'erreur ) surpasserait Ac beaucoap celle qu'on irouve avoir cu lieu en France, en conipa- rant ensemble les reccnsemens de 1806 et de 1820.

Le premier offre pour les departemens qui ont continui^ k faire partle du royaume , deduction faite de 120, iig habitans pour les villes et villages qui en.ont ete detaches en i8i4- et 181 5, une po- pulation de 28,935,127 ames.

Le second presentc pour les mcmcs departemens une population de 3o,466,o53, k laquelle il faut probablcment ajouler , pour Tarmee, i5o,ooo hommes. Total 3o,6i6,o53.

La comparaison des deux recensemens offre en i4- ans une aug- mentation de 1,680,926, et pour Tannee moyenne. , de 120,066 faisant 4 'yioo par mlUe.

Si pour pousscr plus loin le parallele , nous comparons ce que le recensement anglais nous fait connaitre , touchant le rapport de la population a I'elendue du lerriloire de la grande Brelagne , avec ce que Ton sait a ce sujet, relativement a la France , on arrivera a un resultat lout-a-faltproprc a calmer les craintes que temoignent parmi nous quelques personnes, sur les suites que pourrait avoir i'accroissement de la population dansle royaume.

Les quarante comtes de TAngleterre proprc ont ensemble une surface de 5o,535 milles d'Angleterre carres , d'apres le redacteur du recensement de 1821 qui declare avoir pris la peine de lever avec soiu Tetendue superficielle de cbaque comte sur les cartes d'Arro\vsmilh. (CliaquemlUe carre contIent64o acres, et Tacre d'Angleterre repond a environ 4o ares et '4 , mesure metrique , ce qui donne pour le mllle anglais carrc , 25g hectares 20 ares , ou autrement 2 kilometres carres et ^o/ioo. )

Le recensement de 1821 donne h ces quarante comtes une popu- lation totale de n,436,yoo habitans; ce qui fait par mille carre 226 habitans, et une fraction egale a environ y, o ; d'ou ilsult que le nombre des acres, divise par le nombre des habilans, donne en

200

viron 2 acres "^yi 00 par lele , ce qui repond a i lieclare i4 arcs.

Dans le pays de Gallcs, dont Felendue est de 7,4^5 milles carres, il y a , suivant le meme recenscment, 781,800 habltans, faisant par mille carre g8 indlvidus et une fraction d'environ ^lo ; c'est par tete 6 acres ^9'. 00 , aulreinent 2 hectares G3 ares.

La surface de TEcosse avcc ses iles , est , suivant le redacteur du recenscment , a-peu-pres cgale a la moilie de celle de TAngle- terre etdu paysde Gallcs reunis; ccqulferait 28,580 milles carn*s, ct donnerait, la population dtant de 2,o()3,458 habitans, 72 in- dlvidus par mille , ou pr6s de g acres par tC-te. Cc nombre d acres, tout considerable qu'il est, le seralt encore davantagc , si Ton ad- mettait , avec M. le docteur Boue , aulcur dun ouvrage sur la geologic de TEcosse , que la surface de ce pays s'elev^ta 29,600 milles carres, ou meme quelle diit ctre portee a 3i,iG8 de ces milles, ainsi que Tindique la Table slalistiquc de M. Robertson ; car, d'apres cctle dcrniere base, la population de TEcosse se re- duirail a 07 individus par mille carre, faisant par tete g acres •'V, 00, ou 3 hectares 87 ares.

Disons mainlcnant quelque chose dc I'lrlande, afin de pouvoir faire entrer aussi ce pays dans une recapitulation generale sur la population de Tempire Britannique en Europe.

M. Shaw Mason nous apprend, dans son travail sur la sta- tistiquc de I'lrlande (Statistical account of Ireland, t. iii, p. 22. i8i() ), qu'en vertu dun aclc du parlement britannique, en date du iSjuillet 1812, renouvele en i8i5, le recenscment general de la population fut entrepris ; mais que , sur 4o comtes dont ITrlande se compose , en y comprenant 8 cites qui sont chacune reputees former un comte scpare , dix seulement four- nirent dcs renseignemens satisfaisans ; 24 n'en donnerent qne d'inexacts et d'incomplets ; 6 n'en envoyercnt aucun. D'apres ce faicheux resullat , le Gouvernement crut ne pas devoir insister ; et

20I

il parait , dit M. Mason , avoir , pour le present , rcnonce a ces recherches.

Pour y suppleer, nous prendrons, dans I'ouvrage meme dc cet auteur, Taper^u qu'il donne de la population de Tlrlande , en i8i4.. II revalue, d'apres Ics calculs de M. Patrick Lynch, a 5,987,856 habitans. Ce n'est pas trop, sans doute , que de suppo- ser une augnienlalion de cinq pour mille par an, ou autrement de 207,823 individus dans I'espace de sept ans qui se sont ccoules entre Tannee 1814., a laquelle se rapporte revaluation dc M. Lynch, et I'annee 182 1 , ou s'est effeclue le recensement de la Grande-Bretagne.

Nous supposerons done, d'apres ces donnees, que I'lrlande avaitG, 105,679 habitans ^ '^ctte derniere cpoque.

Suivant Ics mcilleurs rcnscignemens , notanimcnt suivant la Slalistique dc M. Ed. Walccficld (Londres, 1812, 2 vol. in-^".), la surface de I'lrlande est de 82,201 milles carres, mesure d'An- glelerre , faisant 2o,3o8,64.o acres, meme mesure; cc qui, divise par la population que nous avons enoncce ci-dessus , donne par lete 3 acres ^y.oo , ou i hectare 34 arcs,

L'etendue totale des iles Britanniques se trouvant ainsi etre de 121,829 inilies d'Angleterre carres ( 77,650,560 acres ou 3i, 448,477 hectares), et leur population totale de 20,547,012, y compris I'armee de tcrre et de mer , mais deduction faite des iles dc Jersey , Guernesey et Mann , il s'ensuit que chaque mille d'Angleterrc carre est peuple, terme moycn , de 169 indi- vidus et une fraction , ce qui donne par individu 8 acres d'Angle- terrc 77/00 , ou I hectare 53 ares.

Si malntenant nous passons k la France, nous Irouverons pour 1820, une population de 8o,435,7o5 habitans, occupant une surface que le rapport general sur le cadastre fait de 51,910,062 hectares (5191 myriametres carrds , ou 26,282 lieues carreea de 25 au degre ), le tout sans comprendre ia Corse.

302

Ainsi , en supposant la population de la France egalenienl reparlle sur la surface de ce royaume , il y aurait un individu sur chaque espace de 1 70 ares y, o landis que dans Ics iles Britan- tanuiques, en adiuettant la in«?mc rcparliilon , il y en aurait un sur 1 53 ares seulement; d'ou il suit que la population de la France, pour egaler en proportion specifique cellc que les iles Britanniqucs avaient en 1821 , a besoin de s'accroitre dans le rapport de i53 a 170 y, 0 , ce qui la porterait k 33, 928, 182 , el feralt , en parlant de la population de la France en 1820 , une augmentation de 3 millions ct dcmi d^habitans (i).

C. M.

k^VX4«/«1MArt ^M*f\/%M/V

LetI'RE de M. Cassinl a la Commission Centrale de la Societe Jc

Geographic.

Le I a Fcvrier l8-i3.

Messieurs,

Ce n'est qu'a la fin de novembre dernier, que fai eu connais- sance d'un Memoire sur les travaux geographiques de ma famille ,

(1) Au moment oii celte nole est achevee d'imprinier , nous recevoiii le cahier de fevrier de la Bibllolhcque universelle de Geneve , oil il est dit p. 189, qu'un recensemeut a cu lieu en Irlande en 1821 , et qu'il a donne pour resultut une populaliou totale do C,84G,<)'i9 lialulans , ^ ce qui reduit la pro- portion pur iLle a 3 acres ou lai icres ct dcml.y

D'apres ce dociunent que nous n'avons pas encore pu nous procurer en original, la population des lies Brilanniques , serait encore plus forte que nttos ne PaYons snpposee. EUe irait a 21,248,280 habitans , cc qui donnc- jait 175 individus par niiUe carre , el 148 ares ct demi seulement par tete.

Dans cetle proportion , la France pourralt voir sa population portec a Irente-cinq millions d'ames , sans qu'cUc surpassat spiiciliquemeiit cellu des lies Britanniques. C'est a quoi doit arriver noire belle ct heureuse France, par I'cxlcnsion et I'ameliovalion de I'agriculturc , par les progrc-s de Finduslri* ei du commerce, ct par la (acililo plus j^rande des communications. Le nom- Lre d'annces nccessaires pour cela, est I'acilc u calculcr, d'apres ce qui a tile dit plus liaul.

2o3

Ink voire Socii^t^ , le lymai 1823, et ce n'est que tout recem- ment que j'allu dans voire Bulletin 3, le rapport de M. Pxoux, d'apres lequel vous avez ordonne que le noni de CassinI serait in- sure parini ceux qui sent inscrits a la tele de voire Diplome.

Ne trouvant point d'expression pour vous peindre ma sensi- Ijilite etma reconnaissance, pcrinellcz-moi de vous en donner un gage , dans Toffrc de ceux de mes ouvrages qui ont le plus de rap- port a la Geographic, et qui, j'espere, obliendront de vousThon- neur d'etre deposes dans vos archives.

Voyage fait par ordre du Roi, en ly&S, pour e/jroiwer ks inontres marines inventees par M. Le Roy, in-4", 1770-

Ce voyage fait au banc de Terre-Neuve, aux iles Saint-Pierre et Miquelon , a Sal6 sur la cote d'Afrique, et a Cadix, renferme quclqucs notions sur ccs divers parages, sur la peche et les apprels de la morue. J'y ai donrie les premieres tables horaires qui aient et^ calculees pour les marins.

%'i-jff^Mge en Culiforaie, pour V observation du passage de Venus, ...r.,. parJeitM. Chappe d'yiutcroche , en 1769,

Charge par TAcademie Royale dcs Sciences de rassembler les ddb-ris d'un voyage dont on atlendait tant de connaissances et de resultats prccieux, je n'ai pu, faule de renseignemens suffisaus , li- vrer au public qu'un peFit nombre de notions cerlalnes, repandues dans les journaux de Finfortune voyageur. Neanmoins, un Plan de la ville de Mexico, et la Description historique de la route de M. Chappe, a travers le Mexique, peuvcnt interesser le lecleur; d'ail- leurs la parlie astronomique est complete , et j'y ai ajoule une His- toire de la parallaxe du soleil , in-4.°, 1772.

3'^ Expose des operations Jaiies en France en 1787,. pour la J^jnctiun des oisemaioires de Paris et de Greenwich, in-4.", ^ 79^-

C'esl dans eel ouvrage que j'ai donne la description et Tusagc du

celebrc ccrcle rt^pelitcur, dc Tinvention de Borda , donl j'ai fait le premier Ics essais , sur le ciel et sur la terre, dans des operations celestes ct geographiqucs.

4." De ladecUnaison et des variations del' aiguille aimantce, in-/^'^ * 79*-

C'est dans cet ouvragc que j'ai annonce la decouverte de I'in- flucnce de Tequinoxe du printcms ct du Solstice d'cte sur la dccli- naison et les variations de Taigullle aimantce.

5'^ Memoire pour serdr ii Vhistoire des sciences, "i-4-"j 18 10.

J'y ai traite dans le plus grand detail Texeculion de la carle de France.

6" Manuel de VEtranger qui voyage en Italic, in-12, 1778.

Ce petit ouvragc, que je fis imprimcr aprcs men retour d'un voyage en Italic, contient Imit cartes itineraires des postes d'lta- lie , I'indication des principales curiosites , la notice et le juge- ment des plus celebrcs tableaux, etun discours prellminaire sur la maniere de voyager avec fruit , d'observer et de juger les produc- tions des arts.

A ccs divers ouvrages imprimes dont j'ai Thonncur dc vous fairo hommage , je joins:

Seize Cartes manuscrites , representant la triangulution par laquelle a ete determine le cours de cinq principales ri\>ieres , savoir:

De la Seine , en huit feuillcs , y compris la carle gcne'rale. De I'Oise, en Irois feuillcs. De la Marne en deux feuilles. De I'Yonne, en deux feuilles. De I'Aube , en une feuillc.

2o5

8'' Treize Cartes tie Vues de coles prises Jons Je voyage en Califorme

de M. Chappe,

Ccs Vues, dessinces , Ics unes a la plume, les autres au crayon , par Ic sicur Noel, qui accompagnait M. Chappe , soiit revclues <le notes dc I'ecrilurc nieme de cc celebre voyagcur. Diverses ral- sons m'ont empeclie de les faire graver ; les orlginaux n'en de- viennent que plus precleux.

J'ai I'honneur d'etre avec une respectueuse consideration ,

Messieurs ,

Votre tres-humble et Ires-obeissant Serviteur ,

Cassini.

RepONSE de hi Commission centrale.

Le 22 Fcvrier iSjj.

Monsieur ,

La Societe de Geographic ne pouvait recevoir un hommage plus flatleur que le don que vous avcz bien voulu lui faire de vos oeuvres et de celles de Tabbe Chappe, publiees par vous. Ce puis- sant encouragement , de la part d'un homme dont la noblesse est toute scientifique , est un sur garant de I'interet qui s'attache a ses Iravaux.

Pleine de reconnaissance pour cette offre si justement appreciee, ielle me charge , Monsieur , de vous transmettre en son nom , ses remerciemens les plus sinceres.

Recevez , en particulier, Monsieur, I'assurance des sentimens de haute consideration avec lesquels j'ai I'honneur d'etre ,

Votre tres-humble et tr^s-obeissant Serviteur,

Walckenaer , President

20t

**'*Vt.*'Wt^«\'Vt.%%X .X«V

Rapport dex Commissaires noinmes pour lexamen des Itlnpraires sta- tistifjues dc Paris an Hcwrc-de-Grdcc.

Les Commissaires nommes par la Commission centrale , poor examiner les deux Mcmoires relatifs ii X Ilineraire statistltjue de Pa- ris ail lichre , cstiment qu'aucun dos deux memoires, malgre le zile que leurs auteurs ont mis a rcpondre a Tappel de ia Sociele , ne remplit complL-tement les conditions requises.

Les auteurs se sont tros-peu occnpes de donncr des details sur les differents points qui ne sont pas silues sur la grande route , et qui , n^anmoins , sont compris dans rcspace que le programme du prix indique-

En citant les dtats du commerce des villcs du Havre et de l\ouen , ils se sont bornes a ceux d'une seule annee , ce qui met dans Timpossibilite d'obtcnir un resultat instructif par la compa- raison de plusieurs annees snccessives.

Les deux auteurs se sont etendus avec prolixite sur des faits qui sont absolumcnt etrangers a la Geographic et i la Statisilque ; et ils en ont laisse de cole qu'il eiit ele indispensable de presenter.

Le coursdela Seine, les lieux que baigne ceflcuve , sonttres-im- parfaitenicnt dccrits, ou meme oublies; I'aspect general du pays , les procedes de la culture , les mouvemens de la population , sont traites avec beaucoup de negligence , tout ce qui concerne la rive gaucbe de la Seine , de Rouen a Tembouchure du fleuve , est omis. Plusieurs erreurs sur des faits positiCs sont peut-etre dues a Tinat- tention des copistes ; c'est poujquoi Ton n'insistera pas sur cet objet.

C'est d'apresces considerations que les Commissaires ont pens^ qu aucun des deux nK-nioires n'avait rcmpli les conditions du pro- gramme. Cependant ils se font im plaisir de reconuailre que 1 au-

207 J«ur du N" I , sous la devise, « Paris, Rouen et le Hdi're ne formeni ijuune merne ville , dont la Seine est la grandc rue » merile, par les re- cherches auxquelles il s'est livre, qu'il soil fait une mention hono- rable de son travail.

Les Commissaires proposent i la Commission de remettrc le prix a I'annce 1824, en laissantaux deux concurrens acluels la faculte dc reproduire leur travail , avec les additions et les correc- tions dont il a besoin.

lis proposent aussi que M. Benjamin Delessert, membre de la Societe , solt de droit commlssaire pour Texamen des Memolrcs qui seront remis pour concourir au prix dont II est fondateur.

Pal is , 'J Mars i823.

Les Membres de la Commission , A'^«e' J.-B.>- Eyries , Coquebert-Montbret , Girard,

/VW V"* VXiX^ VVX'* X-X^ft.VW^

Rapport ya/'^ a la Commission centrale de la Societe de Geographic ^ sur un Memoire envoy e pour le conrours auprix quelle doit decerncr dans sa premiere assemhlee generale de iSaS, et dont void le sujet.

La Commission centrale a charge MM. Barbie du Bocage , Co- quebert de Montbret etmoi, de lui rcndre compte du seul Memoire envoyd au concours , pour le prix qu die doit dccerner dans sa premiere assemblee generale de Tannee 1823, et relatif aux wo«- tagnes de FEurope^ et de lul faire connaitre notre opinion au sujet de ce travail. Avant de nous occuper de ce memoire , nous croyons devoir rappeler le but qu'a eu en vue la Societe en proposant le prix dont il est question ; nous chercherons ensulte si ce me- moire repond completement aux termes du Programme , et nous terminerons par quelques observations generales.

La Societe a eu pour but , en proposant le prix , d'obtenir une de- Itrmination , aussi exacte que possible^ de la direction des chaines de

208

montagnes de F Europe , de leurs ramifuaiians ct de lenrs elci'ations siic- cesswes dans toute Icui- ctendue. Pour oLlenir un semblable resultal , elle a jugdqu die ne pouvait se bonier a demander une description methodique du relief do TEurope , basee sur les renseignemens , plus ou moins exacts ct plus ou uioliis complcts , quon peut se procurer en eludianllesstalistiques dcs divers etals, leurs descrip- tions lopographiques , ou les voyages : la Sociiitc a senli que le seul moyen d'oblcnir des resultats salisfaisans etait d'exiger les elemens positifs , connus , de ce relief , de maaiere a pouvoir exd- culcr , dans des directions longltudlnales ou transversales par rap- port aux chaines ouchainons, el sur des llgnesdonndes , des coupes verlicales ou profils qui presentassent cc relief avec quelque exac- titude. A cet effet , elle a deniande que Ton format une serie de Tableaux , dans kscjuels on rapporterail le plusde coles d'eleoation au- dessus du nweau des mers , qu'il serait possible d'en, rassembler , parce- qu'avec ccs coles reunies en grand nombre , et la position geo- graphique de quelques points principaux , on peut determiner avec rigueur , non-seulement les limites des bassLns , des fleuves et des rivieres, ou les ligncs de separation dcs eaux, maismcme larelatioa respective , en bauleur perpendiculairc , des divers points de res ligncs , lesuns par rapport aux aulres , ou, ce qui revient an meme , les ramifications des montagnes, leur direction et leur elevation successive au-dessus de la nier.

Mais des cotes de hauteurs seulement ne pourraient suffire pour atteindre le but cherche ; il faut encore la situation geographique dulicu mesure , ou sa longitude et sa lalilude , et que ces trois co-ordonndes soient accompagnees des indications locales sur la chaine ou le versant dont ce lieu depend ; il faut enfin que ces niesures soient appr^ciees a leur valour, par le nom de robservateur et la connalssance dc la melhode qu'il a sui\ le.

La silualion geographique , quelquefois meme en latitude ct en longitude, pouvait , a cc qu'il nous senible, s'obtenir sansde trop

209

granges dlfficult^s , pour bcaucoup dc pays ou la triangulation est falteou fort avancec. Celul de vos Commissaircs qui demandalt, lors de la redaction du programme , la latitude et la longitude des principaux lieux silues sur la ligne de partage des eaux , vous proposait en meme temps une redaction qui avalt pour objet Veta- blissement des Itgnes de nii>eau pour I'Europe , depuis le sommet du Mont-blanc , pris comme centre , jusqu'au niveau des mers , par des tableaux de cotes prises sur desiignes concentriques et equi- distantes entre ccs deux points. Cette redaction aurait eu davantage pour but d'^viter toute Equivoque , et de vous procurer des ele- mens applicables h un blen plus grand nombre de questions im- portantes. Ainsi, bien que la Societe ait cu principalement en vue d'obtenir les Siemens d'une bonne description des montagnes de I'Europe , et I'indication de la direction de leur chaine et de leur elevation successive « elle n'a obtenu que des cotes de hau- teur verticale. Ellc doit encore sefeliciter d' avoir re5uun memoire qui , s'il ne remplit pas absolument ses intentions , s'il ne satisfait meme pas h la lettre du programme , offre cependant un genre d'intef^t , et merlte d'attirer son attention et ses encourage- mens.

Ce Mdmoife, qui suppose des recherches, paf la quantity de cotes rassemblees , et un travail considerable pour la reduction des me- sures , offre , en tete des cotes des montagnes des divers pays ou des principaux systemes d'elevation , un apergu malheureusement superficiel et succinct de la direction de leurs diverses ramifica- tions. Cette partie descriptive a besoin d'etre traitee avec beau- coup plus de detail et de precision. Les cotes des hauteurs sont vral- ment la partie utile de ce Memoire ; et , sous ce rapport , I'auteur a forme un ensemble oi se irouve une grande partie des eldmens n^cessaires h la solution complete de la question proposde. Ces cotes sont au nombre de 2,i3g, en y comprenant 16 cotes en pieds an- glais et non reduitcs , qui se trouvent k la fin. L'auteur paraf t avoir

16

fid

puis(5 aux nicillcurs sources. 1. 3 <niajililo (Vouvragos dcrils en Ian- gues t^trang^res qu'il cite , Torlhographc dos noms proprcs , qui est soignt'e , prouvcut que I'autcur n'a rien udgligd pour se procurer Ics nialcriaux necessalrcs ; qu il n'esl point Stranger aux langues de I'Kuropc, et qu'il travaillc en honmie habitue a envisagcruue ques- tion en grand. 11 dcsigne la position de chaque point, aulant qu'il est possible de lefaire, en negligeanl la latitude et la longitude, ct indiquc avcc soin les auloriles oil il a puise , en dislinguant les mesures tip- prvxt'rnafiWs , haTX)mclriques om tngonometri'tfues, Ces indications sont reunies a la fin du Meuioire , et renvoient aux numdros d'ordrc dcs cotes. Celles-ci sont cxprimces en toises et converlics en nititres. Souvent des obsenations interessantcs sont jointes aux indications des sources ou I'auteur a puise; mais nous ferons observer qu'il aa- rait dii indiqucr les titres des ouvragcs des auteurs Strangers peu connus, qu'on ne pent consuUer sans cettc indication essentlelle , et qu'il dcvait rapporter tcxtuellcment les mesures donnees par les divers auteurs qu'il a citds.

Apres eel expost^ sur I'ensemble du Meuioire dont 11 s'agit , et qui portera, sans doute, la Commv'jsion centralc i rticonipenser un travail considerable et qui a dA coAter beaucoup de temps , voire Couuiiission pense que I'auteur n'a point reiiipli complctcment les ternies du Prograuuiie ; d'abord a cause de la secheresse et de la brievelc de la parlie descriptive ; 3" parce que Tauteur n'a point douuc Tiudication precise dcs points observes, ou Xcur fwsUion geo- graplii'^ue ct leur dcpeudance de telle chaiuc ou de tcl \ersant, en les rapportant i la description dcilaillee qui anrait dii precciderou suivre les tableaux des cotes ; mais le travail qui vous est soumis , mcritanl cependant dcs eloges, pouvaut etre utile, et paraissanta voire Commission digne de recevoir un lemoignage de la satisfac- tion de la Socicte, elle a Ihonneur de vous proposer, en cnga- geaiil sou autcur a y ajouler les complemens necessaires qui pour- raieut lui donucr une influence marquee pour les progres dc la geographic ph)sique et de la geologic : i" de lui accorder une n\i-

2TI

daillc d'or do Ia valcur de b luoilic du prix; 2" dc conlinucr ce nit^ine prix a Tannec 1825.

Paris, Ic iG mars i823.

Les Membres dc la Commission ,

Signe COQUEBERT-MOTSTBRET , BaRBIE-DU-BoCAGE,

Ferussac.

l.'VWt/WVb'WVkA/X-VWW

SuJETS DE PROGRAMME deS pHx Vflis ttlt CoTlCOlirS

pour les annces 182^ d 182 5.

Premie?- sujet de Prix.

La Societc de Geograpliie avail mis auconcours, pour le I" (cvrier 1823 , le sujet de piix suivant :

« Determiner la direction des cJuunes de montagnes de VEurope , » lews ramifications et leurs elei^ations successii>es dans toutc leur elendue.

» La Societc demande que Von forme iine se'rie de tableaux, , dans » lesfjuels on rapportera le plus de cotes d' elevation au-dessus du. ni- » veau des mers , quit sera possible d'en rassembler. Toules ccs cotes 9 d&>ront etre accompagnees de Vindication precise du point de Voh- » serration , et de su dependance de telle chutne on de lei versant. » II sera necessaire defaire connaitre le nom de Vobservateur , etla " meihode qiiil a suivie.

» La Societc prrjerera le travail qui , en s'etendant jus'ju'au ri- vage des mers , donnera la positi(jn geographique du plus grand nom - •'' bre de points ii Vuide dcsquels on ponrrait tracer avec precision

212

» des lignes de niveau ,' ainsi que la llgne de separation des eaujo ',etles »» Umites des differens hassins.

» Mais la Societe , ne se dissimulant pas les difjicultes que pri" » sente la solution complete d'une telle question , declare qu'elle decern » nera le f.rix au Memoire le plus riche enfaits positifs et en observa- » tions nouvelles. »

Un seul Memoire a et(J present^ au concours en temps utile : il portc pour epigraphe :

« Leiir insensible pente j> Vous conduit par degres a ces monts sourcilleux , » Qui piessenl les eufers ct qui fendent les cieux. « Voltaire, Ep, 76«.

La Commission , en rendant justice aux solns laborleux avec Icsquels Tauteur a reuni la presque totalite des mesures d'elevation connues , regrelte qu'il n'ait pas fait servlr ces el^mens a une des- cription raisonnde des montagnes de TEurope. Comme il n'a pas rempli I'oLjet principal , la Commission n'a pu lui adjuger le prix propose ; niais, desirant honorer son zcle, clle lui a decern^, h. litre d' encouragement, une medaille de 600 francs.

L'auteur de ce Memoire est M. Bruguiere , inspecteur aux re- vues , a Angoui^me.

Un autre Memoire , dcrit en allemand , n'a pu £tre admis aa concours , parce qu'll n'a dte remis au secretariat que le G mars. D'ailleurs il portalt le nom de l'auteur. ( Voyez ci-apres Condi- tions generates des concours. )

La Societe remet le meme sujet au concours pour Tannic iSaS.

Le prix sera de douze cents francs.

Ce prix sera de'cern6 dans la premiere asscmblde generale de I'annee 1825.

Les Memolres devront etre remis au bureau dc la Commission centrale , avant le i^' Janvier i8a5.

2l3

Deuxierne sujet de Prix.

Lj| Society rappelle qu'elle a propose , pour le concours de 1824 ) le sujet suivant :

« Rechercher roriginc des divers peoples repandus dans les » lies du Grand Ocean , situees au sud-est du continent d'Asie, « en examinant les differences et les ressemblances qui existent M entre eux et avec les aulres peoples , sous le rapport de la con- »> figuration , de la constitution physique , des moeurs , des usages , » des institutions civiles et religieuses , des traditions et des mo- » numens ; en comparant les elemens des langues , relallvement » a I'analogie des mots et aux formes grammatical es , et en pre- » nant en consideration les moyens de communication d'apr^s » les positions geographiques , les vents regnans , les courans » et Tetat de la navigation. »

Le prIx sera de douze cents francs.

Ce prix sera decern^ dans la premiere assembl^e g^n^rale an- nuelle de Tannde 1824.

Les Memoires devront etre remis au bureau de la Commis- sion centrale , avant le i'"" fevrier 1824.

Prix donne par M. le baron Delessert.

M. Le baron Benjamin Delessert , Membre de la Socldt^ , avail bien voulu faire les fonds d'un prix dont voici le sujet :

« llineraire statistique et commercial de Paris au Hdvre-de- Grace.

» La Societe desire des apergus positifs et des vues d'une utilite ge- » nerale sur les relations et les communications entre ces deux villes. »

Deux Memoires ont concouru poar ce prix. Aucun d'eux n'a rempli I'objet ; les auteurs n'ont pas decrit avec assez de soin le cours de la Seine et les mouvemens du commerce. Gependant la

2l4

commission a disllnguc, commc dignc d'une mention honorable , le Mcmoire n" i , portant Tdpigraphe :

« Paris, Rouen, et le IIuore-cle-Grdce , ne forment qu'une meme u ville , dont la Seine est la grande rue. »

Le sujct est remis au concours.

Le prix sera de six cents francs.

Ce prix sera de'ceme dans la premiere asscmblcc g^ncralc an- nncUe de I'annde 1824..

Les Memoircs de\Tont etrc rcmls au bureau de la Commis- sion centrale , avant le 1" Janvier 1824.

Pria; donne jyar M. le comte Orloff.

M. le comte Orloff, senatcur de I'empire de Russle , membre de la Soclete, a bien voulu faire les fonds d'un prix, pour lequel la Commission a choisi le sujet suivant :

« Analyser les ouvrages de geographie publies en langue » russe et qui ne sont pas encore traduits en fran^ais. On desire » que I'auteur s'attache de preference aux statistlques de gouver- » nemens les plus recentes, et qui ont pour objet les regions les « moins connues, sans neanmolns exclure aucuii autre genre » de travail , et notamment les Memoires relatifs a la geogra- w phle rosse du moyen ilge. »

Le prix sera de 5oo francs.

Ce prix sera dccerne dans la premiere assemblde g«5nerale annuelle de Tannee 1824..

Les Memoires devront elre remis au bureau de la Commis- sion centrale, avant le 1 "^ Janvier 1824.

Conditions gene'/ ales des^^Concours.

Les Memoires qui ne scraicnt pas ccrits. en frangais , dolvenl elre accompagncs d'une traduction fran^aise.

2i;

Tous Ics Memoires envoycs au concours doivcnt i-rrc (Scrits d'une maniere lisible.

L'auteur ne doit point se nommer ni sur le litre ni dans le corps de I'ouvrage.

Tous les Memoires devront fitre accompagn^s d'une devise ct d'un billet cachete , sur lequel cette devise se trouvera repetee , et qui conticndra dans Tintcrieur le nom de I'auteur et son adresse.

Les Memoires couronnes resteront depose's dans les archives de la Societe ; mais il sera lILre aux auteurs d'en faire lirer des copies.

Tous les Membres de la Societe peuvcnt concourir , cxcepte ceux qui sont Membres de la Commission centralc.

Tout ce qui est adresse a la Societe doit etre envoy^ , franc de port et sous le couvert de /I/. /e Pm/f/en/, rucTarannc, n" 12.

\ t^Wbv^w

Lettre de M. le Consul dii Roi , Saint-Jean d'Acre , adressee a M.

Jomard. Chill (lie de Cliypic) le 5 octobre 1822.

Monsieur ,

L'attenlion quevous avez euede me transmettre divers imprimcs de la Societe de geographic m'a procure la bien douce satisfac- tion de penser que , malgrd la distance des temps et des lieux , j'occupc encore une place dans votre bon souvenir. J'enlrevois la possibilite d'etablir avecvous une correspondance amicale, en vous envoyant de temps en temps quelques notices sur les sujets qu'em- brasse la Societd de geographic.

II y a eu , dans le mois dernier , des tremblemeus de terre en Syrle , qu'on a ressentis jusquen Chypre (direction nord ct sud), ils ontruiuc , renversc Alep , Antioche, Idlib , Diessr-el-Choghl,

Alexatidrctte , Lattaqule et bien d'autres endrolts. Le territoirc cntre Alep et Antioche a le plus souffert. Les secousses y ^talent verticalcs. Monies exultaverunt sicut arieies. Des rivieres ont remontd vers leurs sources ; des colonnes de feu sont sorties de terre et dans des gouffres profonds subitement formes , des villes entieres ont disparu. Les mouvemens souterrains , qui continuent encore , font craindre I'eruption d'un volcan , ou tout autre phcnomcnc non moins affligeant. II serait a desirer que la Societe de geographic envoyat des observateurs reconnaitre les bouleversements qui ont eu lieu dans cette partie du globe. Les consuls du roi seraicnt tres- erapressds d'alder ces savants de tous les moycns en leur pouvoir. Si vous pensez de meme , soumettez cette proposition a la Society et assurez-la du prix que j'attache i pouvoir etre, un jour, compt^ au nombre de ses correspondans.

Agrdez , etc. ,

Lechev. Regnault,

Consul de France k Saint-Jean d'Acre.

IIM\^IVVVmwnl>XVV\MIVVMnAIW/W\nnlVVWA/VVVVWVW^^

BULLETIN

DE

/

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

ISUMERO SIX.

Seances de la Commission Cenirale.

Seance du[^ avril i823.

ItX. le President doiine lecture d'unc Lettre de M. Bruguieres , par laquelle il remercie la societe' dc rencouragement qu'elle lul a accord(^ pour son Memoire sur la direction des montagnes de FEurope^ Tun des sujets de prix mis au concours.

Cetfe lettre est renvoyee au Tresorier , avec rinvltation de re- mettre a M. Brugiiieres unc medaille de 600 francs.

M. Theodore de Lagrene , Membre de la Societe, annonce a la Commission Centrale son depart pour Sainl-Pelersbourg, et offre de lui envoyer tous les documens qu'il lui serait possible de recueillir sur ce pays.

M. Warden fait lecture d'une Notice sur la Nouvelle Caledo- nie , extraite du Journal dii voyage de M Harmon , imprime aux Etats-Unis. (Voir ci-apres, Documens, pag. 226).

M. Malfe-Bnm , secretaire-general, au noin du Gomite du

*7

2l8

Bulletin , donne lecture d'un Rapport sur les moyens de rendre cette publication plus utile et plus intdressante , ainsi que sur les raisons qui s'opposent k sa publication pcriodique. (Voir , ci-apr^s, documens, p. 233. 235).

La Commission adopte les motifs du Comite du Bulletin pour ne pas rendre la publication periodiquc.

EUe renvoie a la seance prochaine la discussion de la proposi- tion du Comite , d'ins^rer dans le Bulletin des Questions et dea Projets de voyages.

M. Walckcnaer rappelle que la proposition faite par M. Malte- Brun, de former une serle de Questions, etc. (Voyez la seance du i5 fevrler 1822 ) , reste toujours en suspens.

Apres avoir entendu M, Langles sur Tutilltd de faire un Deside- rata geographique , la Commission arrele que la proposition relative ^ la sdrie des Questions, etc., etc., sera prise en consideration apres Texamen et la mise a execution de la proposition faite par le Comite du Bulletin , pour rinsertion des Questions et des Projets de voyages dans le Bulletin.

M. de Freycinet^ communique une lettre de M. Duperrey , con- tenant des nouvelles du voyage dont cet officler a ete charge. (Voir ci-apres , Documens , p. 240).

Seance du 18 ai>n7.

M. le Secretaire-g^n^ral donne lecture de deuxLettres, Tune de la Socletc de la Morale chrellcnne, et I'autre de la Soclctd Aslatique , par Icsquelles ces Socletes invilent MM. les Membres de la Societ<^ de Geographic a assister a leurs assemblecs gd- nerales.

La Commission arrete que la Socidtd de Geographic rdpondra k ces procddes par une honorable reciprocity.

2ig

M. de Lindenberg , Consul - g^n^ral des viUes Anseatiques k Lisbonne , vcmcrcie Ja Sociele de rinvitalion qu'elle lul a faite d'entrer en correspondance avec lui , et demande a ctre adnils au nombre de ses Membres.

M. de Hammer , de Vienne, fait hommage a la Societe d'un mUlometre asialique, ecrit en arabe, et accompagne d'une transcriplion en fran^ais; il propose a la Societe pour cor- respondanl, M. le chevalier Haiienschild , ancien Conseiller-d'elat de S. M. Tempereur dc llussic. (Voir ci-apres, Documens, pag. 242).

M. Roux , donne lecture d'une Lettre qui lui a <5le adressce par M. Dupre^ Consul de France a Bone, etMenibre de la Sociele de Geographic. Celle lettre contenanl divers renseigneniens geo- graphiques, est renvoyee au Comite du Bulletin. (Voir cl-apres , Documens, pag. 243).

La discussion est ouvcrte sur la proposition du Comite du Bulletin , d'inserer des Questions et des Projets dans le Bulletin.

Le projet du Comite , avec les amendemens indiques par M. Walckcnaer, President, et M. Langles, Vice-President, est adopte,

M. Eyries, Vice-President de la Section de Correspondance, lit un rapport fait au nom dc cetle section, sur los questions a adresser aux Correspondans de la Societe.

Seance du 2 mai.

La Societe d'Emulation de Cartihray, dans sa stance du 12 avril 1823, a accueilli avec enipressemcnt la proposition de M. r abbe Seivois , Tun de ses Mcnibres , d'entretenir, pour Tin- teret de la science, des relations avec la Sociele dc Geographic, elle a indiquepour correspondantM. I ussaussoy , chef de bataillon au corps Royal du Genie.

220

La Seclion de Correspondance, par Torgane de M. Eyries y son Vice-President , fait de nouvcHes obsenallons sur Ics questions -qu'il serait ulile d'adresscr aux JVIembres et Correspondans de la France elde TEtranger.

La Commission invite la Section a consulter elle-mOme , pour chaque pays, lesMembres qui ont des relations soit avec ces pays, soil avec les Correspondans, ainsi qu a prendre des renscignemens sur le genre des connaissances de chaque Correspondant, et a lui adresser ensuite les questions qu'il paraitra pouvoir resoudre avec plus de succes.

La Section de Publication, par Torgane de son President, fait connaitre comment elle a dislribue les travaux relalifs a Tedilion de ]VIarc-Paul.

M. Roiix presente et lit un Memoire sur l'^M/¥ sec, ou Ar- hre du Sole'il , cite dans Ic voyage de Marco-Polo.

M. Jomard communique des renscignemens sur les progres ac- tuels des arts en Egypte.

Seance du iS mat.

M. Edward Dodvell , a Rome, ^crit a la Sociele pour la re- mercier de Tinvltation quelle lui a faile d'entrelenir des relations avec lui , el demande a eire re^u aunombre de ses Membres.

M. Roux demande si la Commission ne jugerait pas utile d'ac- compagner Tedilion de Marc-Paul de Notes sur les objets minera- logiques , zoologlqucs, botaniqucs, nauliques et autres qui sont indiques dans la relation de ce voyageur. II offre un aper^u des notes qui seraient les plus utiles.

Apr^s diverses observations de MM. Baibi^ duBocage, Langles, de Ferussac, la Commission, en remerciant M. Roux de son zele, decide que cette question sera renvoyee a I'^xamen de la Seclion de Publication.

221

M. Jaubert cammunique les Notes explicalives et correctives qu'U a faltes , de concert avec M. Lapie , sur le millom^tre arabe dont M. de Hammer a fait hommage a la Socl^te.

Seance du SJuin.

M. Malte-Bnm donne communication d'une Lettre qui lui a €i€ adressee pour la Societe , par M. Tamlral de Kvusenstern. ( Voir cl-apres , Documens , p. 246).

M. le comie de Sorgo envoie une Note dans laquelle il Indlque quelqucs facilitcs pour ouvrir des communications avcc Tinterieur de TAfrique, par une voic encore peu connue.

M, Sihcstre, Membre de T Academic des Sciences, ecrit a la Commission Centrale pour lui proposer de se inetlre en rapport avec M. Nouel, auteur des dessins manuscrils qui accompagnent le voyage en Califoraie de M. Tabbe Chappe , et dont M. Ic comte de Cassini 3i fait hommage a la Societe.

M. Eyries donne communicalion d^une Lettre de M. Mollien , dalee de Carlliagene des Indes, dccembre 1822. Ce voyageur annonce qu'il se rend a Sanla-Fe de Bogota.

M. Langles remet a la Commission Centrale la copie du Ma- nuscrit 73G7, conlenant la relation du voyage de Marco-Polo, et executec par M. Mean.

M. Jaubert fait part a la Societe du projet de M. Dubois de Beauchesne d'entreprendre un voyage dans les contr^es interieures du Thibet , et du desir qu'a ce voyageur de recevoir les Instruc- tions de la Societe. M. le President invite MM. les Membres ^ se reunir dans une seance parliculicre avec M. Dubois de Beau- chesne^ afin de conferer sur son voyage et de dresser une serie de questions.

Seance du i&juin.

M. Delard, Chef-de-bataillon du Genie, au nom de la Societe

222

d'Agriculture (le Villeneuve-d'Agcn, ecrit a la Society de Geo- graphic pour lui offrir tous les renscignemens qui seraient a sa disposition ; il cnvoic un Discours prononcc a la Soclcte de Ville- neuve. M. lePrdsidcut donne connaissance de ce discours , dent Tobjct est de rcconimaudcr Ic but que s'csl propose la Society de Geographic ct d'excller le zclc des savanls pour ccltc utile association.

M. Ei'erett , de Cambridge , Etafs-Unis , rcpond a Tinvitation dela Section de Corrcspondancc ct offrc a la Socielc dc lui cnvoyer tout ce qui parailrait aux Etats-Unis de plus curicux ct de plus in- tercssant pour les sciences Geographiques.

le SenatdeVUnwersite de Ktznisherg i^xii egalcmcnl a la Com- mission Centrale d'obligcantcs offrcs dc services. (Voir ci-apres , Documens, p. aSo).

M. Barbie dn Socage fait connaitrc Textrait d'une Leltre de M. Rousseau, Consul-general dc France a Bagdad, et annonce renvoi dune Carte manuscrite dcsPachalicks dc Bagdad, d'Orfa et d'Alcp (Voir ci-apres, Documens, p. aSo).

D'apresle desir dc M. Rousseau, la Commission Cenlrale decide i" que la Carte manuscrite sera publice aux frais de la Socletc; 2'^ que les soins ultcricurs de la publication scront renvoycs a la Section competente.

M. u4lex. Barbie du Socage donne lecture d'uncLettre deM. Cot- tard, Inspecleur de lUnivcrsite, charge dcsfonctions reclorales en Corse: cette Icttre cstaccompagnee d'un cahicr d'Obscrvalioos sur Ic climal dc la Corse. (\ oir ci-apres, Documens, p. 202).

M. Mallc-Brun fait, observer a la Commission Cenlrale qu'il y aurait des moyciis d elablir des rapports entre les Missions Kiran- gcres et la Socicte dc Geographic.

II est charge dcsuivre cette donnee ct d informer la Commission dc tout ce qui pourrait rcaliscr les voeux que la Socicte forme pour se rendrc utile aux Missions Etrangeres.

22«

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Liste des Membres nouvellGment adniis clans la Societe de Geographic.

Seance du 4 avril.

MM. J. Spenceiv Smyth, Membre de la Societe Royale de Lon- dres et de plusleurs autres Socieles savanles , h. Caen.

Seance du iS a^fril.

Le Vicomte de Valernes, Membre de plusleurs Socletes savantes, Maire de Monieux, (Vaucluse).

A.-F. LiNDENBERG, Consul general des villes Anseatiques a Lisbonne.

Seance du iG mai.

Edward Dodvvell, Correspondant de rinstilut de France, a Rome.

Seance du 6 juin.

Dubois de Beauchesne (Arthur )

L'Amiral de Krusenstern, Membre de TAcademie Impe- riale de St-Petersbpurg.

De Krug , Professeur et Membre de I'Acaddmie Impdriale de St-Petersbourg.

Le Comte de Beaurepaire, Chargd d' Affaires de France a Constantinople.

Bruguieres, Sous-Intendant militaire , a Angouleme.

Rosin, Membre de TUniversite de France, Chef d'lnsti- tution k Calais.

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Outrages ojjerts a la Societt.

Seance du i^ avril.

MM. Perrot et Aupick (onl hommage dc la 2'""= Ihraison de leur Alias des Bepartemens dc la France; in-f", cliez les Editcurs , rue des Fosse's-Saint-Germaln-des-Pres.

M. Baj'oi, de la suite des Annates maritimes et coloniales ; de Jan- vier et fevrier, N"* i el 2.

Seance du iS avril,

M. r^e Hammer fait hommage d'un Manuscrlt arahe , contenant un Millomeire asialtque , accompagne d'une Traduction frangaise.

M. de Chamlsso , dune brochure intltulee : Examen du voyage de Maldonado de Ferrer , et de la carte de M. Lapie.

MM. Eyries et Malte-Brun , de la suite des nowelles Annales des Voyages \ mars etavril. ,^\

Seance du 2 mai.

M. Sueur-BIerlm offre a la Society line brochure intitulee : De tancienneie de la Mappemonde des freres Pizigani, executee en 1367 , vengee des aocihations du pere Pellegrini, Bibliotliecaire de la Zeniana. Deux Icttres de M. Pezzana , consenmteur de la BiLliothe(pic de Parme, ouyrage traduit de I'ltalien par M. Bracks Menibre des Academies de Marseille, Nimes, etc.

M. Bajot, fait hommage de la suite des Annales maritimes et coloniales; mars et avril, N'"' 3 et 4-

MM. Perrot ct Aupick, dc la 3""'= Ucraison de leur Alias des Be- partemens de la France.

2a5

Stance du 16 mai.

M. Choris fait horamage de lademiere Iwraison deson Voyage pit- toresque aittour du monde sur le brick le Rurlk , a\:>ec deux cartes de VOcean Pacifique , dressees par Bl. lamiral de Krusenstern.

M. le Prince de Lahanoff ^ d'un exemplaire de son Catalogue de Cartes geographiques ; i volume In-S".

Seance du 6 juin.

M. Jomard fait hommage des irois premieres Iwraisons du Voyage a rOasis de Syouah , qu il a redlge et public d'apres las materiaux de MM. Drovetti et Cailliaud ; in-f", chez M. Delagarde , rue Maza- rine n° 3.

Et de la !"•= Iwraison du Voyage a POasis de Thebes et dans les deserts silues a V orient et a V accident de la Thebdide, par M. Cail- liaud , redlge et public par M. Jomard; in-f», chez M. Delagarde.

M. Boucher , d'un ouvrage intitule : Souvenirs du pays Basque et des Pyrenees ; un vol. in-S".

M. Sueur-Merlin , d une brochure intitulee : Coup-d'cdl sur la

Geographic de I'Espagne et i.'u Portugal ; in-8°.

M. Rauch , de la suite des Annales Europeennes de Physique vege- tale\ !N» II.

Journal de la Societe Asiaiique , N"' 9 , 10 et 11.

Journal de la Societe de la Morale chretienne , N°* 9 et 10.

Extruitdes travaux de la Societe d' Agriculture de la Seine-Inferieure.

Seance du 20 juin.

MM. le Comte Guilleminot, Baron de Tromelin et Lapie font hom- mage des six premieres feuilles da leur Carte generate de la Turquie ; Paris, chez Ch. Picquet , quai de Conti, n" 17.

226

MM. Perroi ct Auptck , de la 4.*™^ Iwraison de leur Atlas des Depar- temens de la France.

M. Ei'erefi, de Cambridge pres Boston, d'un Bictiunnairc Geo- graphique ., par M. IVorscester; Boston, 2 vol. in-8'' , iSaS,

Et du ]N " 38 du North american Rem'ew ; in-8°.

MM. Eyries et Klaproth, d'un Voyage en Turcomanie et a Khwa , fait en 1819011820, par M. N. Rlouravieo; Paris, 1823, i vol. in-8".

M. Bajot, de la suite des Annales maiitimes et coloniales ; mai,

La Societe d' Agriculture de Villeneuve-sur-Lot , envoie Textrait Acses travaux 1821 et 1822, et plusicurs exemplaires d\tn Discours , par un de ses memhres , sur la Societe de Geographie.

I^a Societe d' Agriculture de Blende envoie un Rapport sur les variations de r Atmosphere , et .' ur les causes auxquelles on peut les attribuer.

Journal de la Societe Asiatique , N" 1 2.

Journal de la Societe de la Morale chretienne , N" 1 1.

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Journal des Voyages r'e Daniel IVilUams Harmon ., associe de la Compagnie du N. 0., dans V interieur de V Amerique septentrionale , entre les ^y et 58° de hit. N., depuis Montreal jusque pres de VOcean Vacifiquc; ce qui fait une distance d'em>iron 5, 000 milles; avec un Precis des principaux wcncmens qui se sont passes pendant un sejour de ig ans ^ en difjrrentcs parties de ce pays., el une Carle, i vol. 8" de 432 p., public ii ylndover, dans Vetat de Vermont., en 1820-

\l. Harmon etan I pari i de Montreal , dans Ic Bas-Canada, passa par la riviere d'Otawa, Ic lac JSIpissing, el la riviere Fran-

^aise , pour se rendre au lac Huron , et traversa ensuite le lac Su- perlcur au Grand-Porlage , sur la c6te N. O. , sous Ic 4-8 " de. lati- tude, eta i,8oomillesde Montreal. Plus loin , ilfranchille Portage dc Long-Cherry , le lac Flinty, celul des Plules , ct la riviere du nicine nom , qui a i20 milles de longueur , le lac des Bols, qui en a 36 milles, ct la riviere de Winnlpic, qui se rend dans le lac de ce nom, et a une clendue de aSp milles. II s'cnibarqua alors sur la riviere du Dauphin , qu il descendit jusqu'au lac Manito- bos, et se rendlt par celui-ci au lac du Petit-Winnlpic , qui a 120 milles de longueur. De la, il suivit la grande et la petite ri- viere de Swan , pom- se rendre au fort d'Alexandrie , qui est situe sur les bords de I'Assiniboin , ou haute riviere Rouge , sous le 52" de latitude N. , et le io3° de long. O. Apres avoir par- couru differentes parlies de ce pays , il arrlva au confluent de la basse et de la haute riviere llouge , et plus loin , a celui de celte derniere, dans le grand lac de W^innlpic, ou il sY'tait trouve cinq ans auparavant. Continuant sa route par les lacs de la Pluie et Crost, il descendit le Nepigon, Fespace d' environ 5o milles , jusqu'au lac des Chiens, dont la circonference est de 4-0 milles; et suivit la riviere du meme nom jusqu'au nouveau fort , situe pres de son embouchure, dans le lac Supcrlcur, ou les Frangais avaient un etablisscmcnt avant la conquele du Canada par les Anglais. De la , il penetra dans I'interieur du pays par la route ci-dessus. Ayant rcpris la direction du N. O., notre voyageur se rendit a I'embou- chure du SIsiscatchwin , dans le grand lac de Winnipic , ou cette riviere a 1,200 pieds de largeur. De la, il partit pour le fort de Cumberland, qui est situe sur le bord dun lac considerable, nomme le lac des Esturgeons , dont les eaux ont un flux et un re- flux avec celles du Sisiscatchwin , blen que situes a 6 milles Tun de I'autre. Ensuite, il traversa le lac Bourbon, qui a ^o milles d'etcndue , et remonta I'affluent meridional du Sisiscatchwin jus- qu'au fort South-Branchy a environ 120 milles au-dessus de sa jonction avec I'affluent septentrional. Ces deux rivieres ont leurs sources pres desMonts-Rocky , a la distance de plusieurs centaines

Ac milles I'une de Tautre. De \k, il rcvint au lac Winnipic, et k celul (les Esturgeons, ou sc jette la riviere Maligne, et passa par les lacs du Castor, de Martin et du Pelican au Portage du fort du Traite, point de separation des eaux quicoulent dans une direction N. E. parle lac de Winnipic et par la riviere du fort Nelson, dans la baie d'Hudson , de celles qui se dirigent vers le N. par Ic Mis- in-ni-pi, ou Grande riviere ( i ) , et toinbent dans la menie Laic. 11 continua alors sa route par Cross et la Loche, et par la pctile riviere affluent de la grande Athabasca, qui a, en cet endroit, trois quarts de mllle de largeur. 11 rcmonla cetle riviere jusqu au fort Chipewyan, qui se trouve sur le bord S. O. du lac Athabasca, ou des Colllncs. Ce lac, silue sous le 58" /^o' de latitude N., et le iii« de latitude O., a 200 milles d'etendue. Ce fort est situe a 2 milles de rembouchuie d'une petite riviere de 36 milles dc lon- gueur, qu il remonla jusqu a ccllc de la Paix, el il suivit ensulte le cours de cetlc derniere jusqu'au fort Dunvegan , qui est situe sur ses bords, en latitude N. 56% et en long. O. 119. H remonla encore Tespace de 180 milles, jusqu au Portage des montagnes ilocky , et descendit par celte riviere dans le pays de la Nouvelle- Caledonle, qui est elolgne de 3, 000 milles du fort GuIUaume , ou Nouveau-Fort, bSlI sur la riviere des Chiens, pres de son em- bouchure dans le lac superieur.

Le llvre est divise en quatre parties :

On trouve le Journal de M. Harmon, de 276 pages, dont 89 seulement Iraitent de la Nouvclle-Caledonle , ou il sejourna hull ans et denii ;

2" Des renscignemens sur les Indiens de ce pays, eh 29 pages;

3" Des renscignemens sur les Indiens qui habitent a I'orient des Montagnes Rocky, en 100 pages;

(i) Nominee riviere de Churchill Y-^r les habitans de la baie d'Oudsoo , ft livici'c onglaise par les Canadieiis.

4" Une descriplion des priticipaux aiiimaux qui se trouvcnt dans la partie N. O. de TAmerlquc , en 18 pages.

La carle dressee sur celle de Mackenzie, qui a ^t^ failc par Arrowsmllh, contlent beaucoup de choses nouvelles, sur-tout pour ce qui concerne le pays de TOuest. II s'en trouvc cependant, dansle lexte , de Ires-importanlcs , qui ont etc oubllees sur la carte.

L'editeur (i) fait preceder Touvrage d'une preface de 25 pages, dans laquelle 11 recommande a la Compagnie du N. O. de Iravall- ler h la conversion des Indicns de ce pays, dont Tame, dlt-il, est plus precieuse que les fourrures. II dit qu'il cxisle dc 12 a i5oo femmcs et enfans de race indiennc, dans scs divers etablisscmens, et qu'on n'a encore fonde qu'unc seulc ecole pour leur instruc- tion , au lac des Plules , ou au fort de GuIUaume.

II est a remarquer que , dcpuis le sejour des missionnalres fran- ^als dans ce pays , leur langue s'y est toujours conservee , et qu II est necessaire de la savoir pour pouvoir se faire entendre des Indicns.

Un parti d'Ecossals ayant pendtre par la riviere de la Palx, a rOuest des montagnes Rocky, la Compagnie du Nord-Ouest y forma un etaLlissement en 1806, et nomma le pays, la Nouvelle'! Caledonie (2). Ce pays, situe entre les 4-8 et Sy" de latitude, s etend du K. au S. , I'espace de 5oo milles , et de TEst a I'Ouest , de 35o a 4oo.

(i) L'auleur ayant quitte I'etat de Vermont ponv retourner dans rintevieur de rAmerique , son voyage a etc publie par vin de ses amis , le Rev. Daniel Haskel , de Burlington.

(2) L'auleur d'un article, insere dans le 52« cahier du Quatcrlf -Review , propose , pour limlle septentrionale de ce nouveau territoire , le 57" de lal. pres duqucl se trouvent les etablissemens les plus meridionaux des Russes ; et, pour liniile meridionale avec les Etals-Unis , remboucluire du fleuvc de Trazer ou Caledonia , qui se trouve sous le meme parallele que le lac des Bois , ou un pen plus de a" au-dessus de rembouchure de la Colombie.

23o

La partie des montagTies Rocky , lI•a^•e^see par la riviere de la Paix , est couverlc Ac nelges (•lernclles , blen que leur liauleur we soil esliinec qui environ i,ooo pleds. L'exlremilc jN. O, <le ce passage, quia pres de 12 milies de longueur, est siluee sous Ic 56° degre de lat. N. , etle lai*^ de long. 0. 11 ya peude cliAles dans la riviere, et son courant est pcu rapide. Une de ces niontagnes, qu'on apergoit dulac de Stuart, parait loujours couverle de neiges. 11 y a beaucoup d'aulres montagnesmolns elevcesdanslaNouvelle- Caledonle , et enire lesquelles sc trouvcnt de nombreuses vallees entrccoupces do lacs et dc rivieres qui, sulvant Tauteur , occupcnt plus de la sixieme partie du pays. Les naturels sont dans riiabltude de passer en canots dun village h un autre ; ce qui leur a fait don- ner le nom de Ta-culllcs ^ ou voyagcurs par eau. M. Harmon lul- mcme voyagea par eau durant sept jours , pour se rendre du lac de Stuart a un de leurs villages. Le pays est blen boise, surtout le long des rivieres et des lacs.

Dans sa partie septentrionale est situe le lac du Grand Ours , nomme par les naturels Musk-qud-sa-Ky-e-gitn , et qui est d'une etendue si considerable , qu'ils n'ont jamais pu le traverser dans leurs canots. Ceux qui en babilent le bord oriental assurent qu il s'elend jusqu'a 1 Ocean. \ers le centre du pays se trouve le lac de Stuart , nomme par les Indiens Nuck-aws-lay , et qui est situe par le 54-° 3o' delat. N. ; et le laS^ de long. Ce lac, a environ l^oo milies de circonference ; et la Compagnie a elabli une factorerie sur ses bords. Au Sud de ce dernier on rencontre celul de JSdte- oie-iain ou Nutlcotuin , qui a presque le double dc son etendue.

Un quatrieme lac , nomme Frazer ( i), situe a 5o milies O. de ce- lui de Sluart , a de 80 a go milies de circuit. La Compagnie y a etabli une factorerie en 1806.

Un cinquleme lac , celul de Macleod , qui ddbouche dans la ri-

(l) C'estle nom de la pcrsonne qui v ln'ilit la pieniicrc maisoii.

23 I

vi^rc delaPaix , a deGo ^ 70 miUe de clrconfcrence. Les Anglais yont coiislrult un fort , par le 55' de lat. N. , et de 124 de long. O.

Le lac de Natteotain decharge ses eaux , par la riviere du meme nom , dans TOcean Paclfique , pres du 52° de lat., et vis-a-vis des lies de laPrincesse Royale. Ceux de Stuart et de Frazcr com- munlqucnt , dit-on , a la meme mer , par la riviere qui porle ce dernier nom.

Deux grands fleuves arrosent la Nouvelle-Calcdonlc , ce sont : le NaUeotain , et le Frazer ; le premier qui a ses sources prlncipales dans le lac du meme nom , dans cclul de Macleod , et dans d'autres dune moindre etendue , tons situes au S. E. du lac du Grand Ours , coule vers I'Ouest , et va porter ses eaux vers TOcean Paclfique. les Indlens Atenas , qui habilcnt sur ses Lords , pros de la mer , ont parle aux Nateotetains d'un peuple blanc qui est venu dans de grands canols pour Irafiquer avec eux.

Le fleuve de Frazer qui coule vers le S. , sort du lac du meme nom, de celui de Stuart et d'aulres , situes pres des montagnes Rocky , d'ou descend , du cold oppose , un des affluens de la ri- viere de la Paix. Harmon ne le reconnut point au dcla du 52" de lat. ; mais 11 suppose qu'il se jette dans TOcean Paclfique , par le golfe de Georgle , vers le 4^9° de lat. ; et que son embouchure est celle qui a ete vue par Vancouver, pres du port d'Essington. La lar- geur de ce fleuve a I'endroit ou Harmon le traversa, elalt d' environ 5o perches. Le bord septentrional en elalt generalement eleve ct inegal ; et celui au S., has , et le pays plat. Son courant etait nean- moins assez raplde. Ce fleuve appele Caledonia par les Anglais , a un cours parallele a celui du Tacouiche Tesse , que ^Mackensie prit pour la Columbia.

Lapartie septentrionaledelaNouvelle-Caledonie estarrosde par les deux affluens superleurs de la riviere Unji^ah ou de la Paix , qui traverse la grande chaine des montagnes Rocky ; et sc dirigeanl vers

le N.-E. , prend le nom de riviere des Esclaves , passe par Ic lac du mSnie nom , et se jctte dans la mcr Glacialc , par le canal de la Mackcnslc. Un de ces afilucns nomme Finlay's Branch prend sa source dans le lac de Musk-qua-sa-Ky-e-gun , ou du Grand Ours , qui est situe vers TOucst , ii la dislancc d'environ i5o mille. L'aulrc qui vicnt du Midi , baignele pied des montagues P»ocky , I'cspacc de 200 uiilles , et s'approche des afflucns du Frazcr.

La vegelalion y est de 20 jours plus lardlvc qu'a TEst des inon- tagnes , sous la incme laliludc. Les fruits commcnccnl a niArir , pres du lac dc Frazer, du 20 au 24 juillet , ct les mousquiles y paraissent vers le 20 mai. Le lerritoire est tres-ferlile , principale- menl sur les bords des lacs et des rivieres. Un Loisscau de ponimes de terre, planted pres du lac dc Stuart, le 22 mai 18x1 , en pro- duisit 4i boisseaux, le 3 oclobre sulvant. Les navets , Torge , etc., y croissent a merveille. Dix pinles de ce dernier grain , semdes le premier mai, donnercnt, le i'^'^ septcmbre, cinq boisseaux; de sorlc qu'on pcut evaluer a 84- boisseaux le produil par acre.

L'hiver y est beaucoup moins froid que de Tautre cole des montagnes , sous la memc latitude: le fbermomelrc marque, pen- dant quclques jours 32'^ (Fahrenheit ) au-dcssous de zero. La ncige commence a lomber vers le i5 novembre , et scjourne sur la terre jusqu'au i5 mai. Sur les bords du lac Macleod , elle a quelqucfois cinq pleds d'cpaisseur. II y a des gelees tous les mois de Tannee , I'dte est tres-tempcre , la chaleur, pendant le jour, n'est pas ex- cessive , et les nuits sont fraiches.

Le 7 aoAt 181 5 , ay lieures 1/2 du matin , on resscntit , pros du lac de Frazer, une secousse de Iremblement de terre qui dura 20 secondes. L'autcur compare le rnouvemcnt de la maison ou il se trouvait , a celui d'un canot ballote par des vagues. Les Indlens lui dirent que la terre y Iremblait de la mememaniore presquc tous les ans.

Les principaux quadrupedes de ce pays , sont i" Ic hison , ou

■i33

buffalo {bos bison ) , qui se trouve dans !es prairies jusqu'au 56 ou 57^ d^gre de lat. N. ; 2" le moose , ou elan ; le caribou ou renne , dont il existc deux especes ; le cerf sautant, qui ne se trouve pas au-dela du 4-8'^ au So*' degre de lat.. N.; Vantilope americaine , de deux especes ; le chei^ml de race espagnole , qui est venu ori- ginairement du Mexique ; le linx ; les ours gris , bruns et noirs; lera^n lavens ou racoon ; 10° le carcajou ou vohercnne ; 1 1" le putois ou mouffette ; 12° la loulre de terre ; iS" le castor ; i4'^ le /oj/^, de deux especes ; iS'^ \c renard , de Irois especes. Mais le quadrupede le plus utile de ce pays est le rhien. Deux de ces ani- maux atteles a un traineau du poids de 5oo livres , parcourent 20 milles en 5 heures.

Les lacs et les rivieres qui se rendent a TOcean Pacifique abondent en excellcns poissons. Le sauraon forme la nourrilure principale des habitans ; il y arrive vers la mi-aoAt , et y reste jus- qu'a la fin de septembre.

Suivant M. Harmon , il n'y aurait dansun pays d'une si grande dtcndue que 5ooo indigenes ; mais ilest probable que leurnombre estbeaucoup plus considerable, puisque les cinq villages desNate- ote-tains , qui habitent sur les bords des lacs , situes a 7 journees de celui de Sluart, en couticnnent au-dela de 2000.

1^%. <VW-|iW%'%'W%t^'V««

Letthe deM.SuEUR-MERr.ix, a M. le Presjdent de la Commission

centrale.

Monsieur le President.

J'ai Thonneur de me rendre , pres de la commission centrale , Forganed'un certain nombre de membres dela Societe de Geogrs- phie , qui se plaignent avec raison de la lenteur de la publication du Bulletin. Cette reclamation est dans Finteret de la Societe , puis- que la tres-grande majorite dc scs membres residant a Paris , dans

18

•234 les d^partemens ou k T^tranger, n'assistent point aux stances , et ne peuvcnt se rendrc complc de cc qui se passe que par la lecture de cc bulletin , qui scfait telleuienl attendee, que plusieius de nos collegues dcs departemens ont deja mis en question si la Societe existail encore.

Une pareillc cralntc s'expliquc facilement de la part de ccs dor- ulers ; puisque le bulletin adopte , comme niuycn de communiraUon , cntre tous les membrcs de la Societe, ne paratt que bien long-lemps apr^s la tenue des seances , et ne Icur parvient que plus lard en- core ; c'est ainsi que le n" 3 qui contienl les travaux d'avrll , mai , juin , juillct et aoAt 1822 , n'a eto dlslribu^ preciscment que le 27 decenibre dernier , c'est-a-dire apres quatre mois d'altenle.

Nous cnlrons dans ce moment dans le 3<= mois de Tannee 1823 , ct le 4* mois qui doit renfermer Tanalyse de la fin des travaux de 1822 , n'a point encore paru, en sorle que les Socielaircs n'ont pu rien apprendre de la Societe, dcpuis aoilt 1822 , c'est-a-dire , dcpuis six mois. Je feral reniarquer, au surplus, que la non-redac- tion du Bidletin , en temps utile , ne peut qu'atliedir le zele des So- cietaires , atlcndu qu'ils ne peuvenl participer , par la correspon- dance , aux deliberations de la Commission , en usant de la voix consultative , ou en Tcclairant par des Memoires, Notices ct Ob- servations sur les objets dont elle s'occupe, ou qui sont annonces pour dcs seances fixees , ou dont les epoques sont presumees. On sait , a cet ^gard, quil est dcs objets mis en deliberation , qui ont necessite plusieurs seances ; et cerles , si le Bulletin avail ete pu- blic i des epoques determinees , les Membres non presens, elant au courant, auraient pu suivre la marche des travaux et y prendre part.

Pour obvier a ces inconveniens , tenir constamment en halelne les Socictaires , en augmenter le nombre , les intt^resser, les iden- tifier,avec ces memes travaux, les faire en quelque sorte assister aux seances, du moins d'intention , et aux efforts de la Commis-

23 .>

sion , d'une niani^re reelle, en oblenant les r(^suJtats qiii vicnnent d'etre enonces , j'ai Thonneur de proposer :

i". Qu'il solt dorenavant, au molns puLlie , un nurne'ro , lous les deux mois , c'cst-a-dire six par annee ;

2". Que les mesures soient tellement prises par le Comlte du Bulletin , que ces luimeros paraissent exaclement , et soient dls- tribues et envoyes ; savoir , le premier , au I'^^ mars ; le deuxleme , au I*"', mal ; le troisieme , au i"^"^. julilet ; le qualrlcme, au i*"". seplembre ; le cinquieme , au i'"'. novembre ; et le sixleme et der- nier , au i". Janvier de Texerclce suivaut , et ainsi de suite.

Je suis, etc.

Sign^ Sueur- Merlin,

Membra de la Societe.

Paris , le 3 mars , iSaS.

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Expose des moyens de rendre le Bulletin de la Societe plus utile. Delil/ere' par le Comlte du Bulletin , duns sa Seance du 28 mars,

Dcpuls long-temps le Comity special charge de rediger le Lulle- tin de la Societe de Geographic , s'etalt occupe des moyens de ren- dre cettepublical ion plus utile. Aucunedenos reunions par ticulieres ne s'est passee sans que nous nous soyons entretenus de cet ob- jct de nos voeux. IMais ayant reconnu que les seules ameliorations reellemcnt possibles et desirables , depassaient les limites du pou- voir qui nous a ele confie, et celles des fonds qui nous sont assignes , nous nous proposions, dcpuls quelque temps, desoumeltre nos pro- jets aux lumleres de la Commission , seule inveslie de Taulorile ne- cessaire pour les realiser. Nous remercions MM. les Membres de la Commission et de la Societe qui nous ont rccemmcnt adresse des observations sur le Bulletin, de nous avoir fourni un motif pour accelerer les communications que nous deslrions faire a la Com- mission centrale.

236

La proposition tie donner au Bulletin une pdrlodiclle rdgulitirc ct fixce a dcs epoques rapprochces , a ele sou\ cnt agilee dans le Comite et a ele reconnue Inadmissible dans la silualion acluclle dc laSocIete. Le Bulletin n'est destine qu'afaire connaiire les travaux de la Commission et de ses divcrscs sections ; son plus ou moins de volume depend done du plus ou moing de malieres que vos Seances nous auront fourni. Encore sommes-nous obliges de faire un choix panni les rapports , souvent bornes a des affaires adminlstratives interieures ; parnil les corrcspondances , quelque- fois Insignlfiantes , ct parmi les propositions, raremeut sulvies de resultats. Ce ne sonlque des travaux bicns nulris que la Commis- sion centrale doit deslrer de livrer au jugement du public. En par- lant de ce point de \'ue , le Comite du Bulletin a reconnu qua I'exceptlon de deux grandes epoques , savoir le concours pour les prix el la fm de Tannee , II est tres-difficlle, au bout de trols mois , dereunir assez de materlaus Importans pour en former un bulletin qui ne paralsse pas indigne de la Societe.

C'cst done une publication de trols en Irois mois , qui seule , pourralt paraiLrc utile et pratlcable ; mais 11 n'y a aucune difference sensible enlre un relour reguller et un retour Irregulier , des que les epoques sonttres-elolgnees. La seml-periodicile que nous avons adoptee, presente meme Tavantage, qu'elle n'exclut pas des publi- cations plus frequentes, des qu'elles nous paraitront offrir quclquc interct.

Parmi les observations contralres a notre systeme , U s'en trouve deux qui ont merlte un examen attentlf.

» Le Bulletin , dit-on , n'est pas un journal , et cen'cst pas sur « des nouvelles que se fonde ordlnairemenirinterelde nos Seances; » cependant II pourralt arriver , et sans doute il faut esperer qu'il » arrlvera un temps ou nos correspondans nous comnmnique- » ront avec rapidite les decouvertes nouvelles que les voyageurs » auraient faites.Un jour mdme , nos propres voyageurs nous en-

,37

» verront des nouvelles semblables qui , proinplement r^pandues » au nom de la Societe , en propageront la celebrite. »

Rien de plus juste que le but de cette observation ; mals cc ne serait pas un bulletin , quelque raplde qu'en fAt la publication , qui pourrail y atleindre. Dans le cas beurcux qu'on ainie a supposer , le Bureau devrait, ce nous semble , communiqucr la nouvelle aux Membres de la Societe, par une lettre lithographice a Tinstant mcme, et Tenvoyer immediatement aux journaux quotidiens qui , en s'empressant de la divulguer, etendraient dune maniere hono- rable le nom de la Societe a laquclle ils la devraient.

La seconde idee spccieuse que nous avons cu h examiner , con- siste a reduire le bulletin a un apergu rapide des Seances , ct a faire dislribuer cet imprimeune fols par mois. L'aridite , le morcel- lement des matieres, et d'aulres Inconveniens semblables, nepour- raient pas avec justice i^lrereprochesa une publication aussi ephe- mere. Cette proposition revlent, apcu de chose pres a Toplnion de ceux qui , I'annee dcrniere , regardaient comme inutile toule publi- cation en forme de bulletin ; en reservant toutefois au Bureau la faculte de faire imprimer des Extraits des proces-verbaux , ainsi qu'une Notice annuellc. C'cst pcut-etre le veritable esprit du lie- glement ; car ce fut Topinion de la majorite des huit auteurs de cette lol fondamentale. Mais aujourd'hui que la Commission cen- trale, cedant k des voeux peut-etre moins nombreux qu'ils ne pa- ralssaient I'etre , a decide la publicalion d'un bulletin ; aujourd'hui que cette publication a dure pendant plus dune annee, et a faltnaf- tre une habitude parmi les Membres de la Societe , il serait im- prudent d'abolir brusquement cette publication, ou, cequi rcvient au meme , de la reduire a une ombre.

Le Comite, en consignant cette observation a litre de rensei- gnement , n'a pas cru pouvoir en tirer parti pour le moment.

Les institutions, une fois adoptees et mises en activitd , ne doi- vent 6tre mo'difie'cs qu'avec circonspection et avec des egards cons-

u38

lans pour les princlpes qui onl dlrlg^ leur fondallon. C'est en sc guldant par celte niaximesalntairc que le Comltd du Bulletin a cher^ che les nioyens de rendre plus utile et plus inl(^ressante la puljlica- tion dontle soin lui est confie. Use llatle den avoir Irouvc un au nioins qui , parfaitement d'accord avcc Tcsprit de la Societe, lui pernict de donner au bulletin plus de var.'eld , et en mSrae temps , un nooycau degrc diinportance.

f 'C'^st dans les travaux deja ordonnes el projetes par la Commis- sion centrale , que le Comite du Bulletin croit avoir aper^u ce moyen.

lift Gommission a adopte en principe , le i5 fevrierTan passe, quelle publierait une s/erle de questions propresa indiquer les la- ctmes.el les besdins actuels de la Geographic, ainsi qu une suite de projets de voyages d'une execution ;peu dispendieuse. D'autres propositions seinbkbles ayant ete presentees dans la Seance du 3 niai, la Commission decida que, vula nature coraplexe de ces pro- positions , elles seraicnt renvoyees, comme loulcs ccUcs du nieme, genre qu on pourrait faire, a un Comite special, choisi dans toutes les sections Ce Comitd fut nommele 12 mai ; il ne put ctre reuni pendant Tete. Une letlrc circulaire du Bureau , sous la date du 20, septembre, invita MM. les Membres de la Societe a envoyer des questions et des projets , pour fournir plus de maticres a cet en- semble d'idecs et d'indicalions que la Commission centrale dtisirait former. Peu de Membres onl repondu k cetappel ; mais il y en a pourtantqui ont cnvoye des propositions Ires-interessanles.

Le Comite du Bulletin pcnse qu en Inscrant successivement, dans une suite dc numeros, les questions et les projels qui auraicnt l)aru les plus utiles , on cxcilerail le zele des Membres , Tardeur des voyageurs et des savans , peut-etre meme la munificence des per- sonnes que leur fortune met en ^tat de proteger les cntreprises propres a elendre ou a perfeclionner les connaissances geograplu- ques. Un des Membres les plus dislingues dc la Societe a declare ,

•2%

vous devez vous le rappeler , qu'Il d^slralt seulemenl connattre los frais d'lin projet juge utile par la Soclele de Geographic, pour y consacrer une partie de ses fonds.

C'est d'apres ces considerations que le Comile du Bidlelln a Thonneur de proposer k votre sanction I'arretd suivant ( suit Ic projet d'Arrele ).

Fait et arrete en seance du Comitd du Bulletin , ce 28 mars.

Walckenaer , president , Roux , Alex. Barbie du BOCAGE , Malte-BrUxN, Rapporteur.

Arrete de la Commission centrale , relatif au Bulletin,

La Commission centrale, deliberant sur le projet d'arrcle qiie le Coniitc du Bulletin lul a soumis , et sur les amendemens propo^ s^s par divers Membres , a arrete ce qui suit.

Article i*"^. Les questions, projets , indications ou notes, pro-i pres a faire naiire des enlreprlses ou des ouvrages utiles aux pro- gres de la Geographie , et qui ont ete adresses ou le seront par MM. les Membres de la Soclete et par tous ceux qui s'interessent a cette science , seront renvoyes au Comltd du Bulletin , pour ^Irc publics s'il y a lieu.

Article 2""^ Les noms des autcurs de ces propositions seront imprimes, a moins quils ne temoignent Ic desir de garder rano- nyme.

Article 3""^. Les limites du Bulletin exigent que les qnestions ct les projets soient redlgdes avec concision , sans cependant exclure les indications scientifiques necessaires.

Article 4-"'°. Dans les projets de voyages , on s'attachera a ceux qui peuvent ^Ire executes moyennant des sommes modiques ; ct on indiquera autant que possible les frais et les moyens d'execntion;

2io

EXTRAIT d'une lettre ecrlte , le 22 ocfobreiS22 , a lord de la coivette la Coquille, par M. DupEnnLr , Membre de la Societe commandant r expedition frangaise de decomertes.

J'ai I'honneur de vous faire connailre ma reUche a Vile, de Sainte-Calherine , ou j'ai moullle le 16 oclobre. L'objet que je me propose id, est de renouveler le Lois a brdler, regler les montres , et reparer les traversins de hune qui ont rompu dans la longue traversee que je viens de terminer.

Je fals parvenir h. Son Excellence la relation de cette premiere course.

Nos collections commencent a etre importantes. J'aurais dc'sire pouvoir les faIre parvenir en France avant de contlnuer ma route mals j'al craint que les evenemens qui viennentde se manifcsler au BresU , n'alent interrompu toutes communications avec FEurope.

Nousavons ele parfaltement regus id, ct nous partons, pourvus de tout ce qui nous etalt necessaire, sans avoir fait la molndre d^pense.

Depuls que nous sommes dans ce pays , les naturallstes de Tex- peditlon parcourent les forels avec un zele admirable. L'infatigable M. DurvUle partage ses solns entre les details de bord et la bota- nique , et fait marcher Tun et Tautre a merveille. Tous les officlers sont animes du plus beau zele et du mellleur esprit. L'equlpage jouit d'une parfalte sante. II n'y a point encore eu de maladcs ni de punltions a bord.

Je viens d'adresser au MInistre le tableau des observations ma- gnetlques faltes pendant la traversee de Tenerlffe a Sainte-Cathe- rine , ainsi que celles failes au mouillage et sur Tile d'Aiihatomlrim.

Ces observations faltes a la mer , avec tous les solns possibles , n/ont fait rencontrer Tcquation magndtkjuc , le 2 octobrc , a

2{l'

3 heures 3o' du matin, par 27° ig' 22" de longitude , el par 12° 27' 11" de latitude S. Les moyennes des deux aiguilles, apres toutes les lectures faites avant et apres le changement des poles y n'ont jamais differe de plus de 3o '.

A Anhatomirim , la moyenne des quatre aiguilles de la boussole terrestre a donne 22 " 4-5 ', g ; les deux aiguilles de la boussole ma- rine, observees a terre, 22° 55', 2 ; et ces memes aiguilles, obser- vees a bord au mouillage , a 4-oo toises au Sud de I'Observatoire , 22°4-4-'.

A la mer, et la veille de notre arrivee, etant sur le parallele d' Anhatomirim , elles avaicnt donne 23° 7 ',2.

J'envoie aussi en France un tableau des Courans observes journellement a bord , dans la Iraversee de Toulon a Sainte- Catherine ; un tableau des positions geographiques de la polnte N. E. de Tile Saint-Anloine ( Tune des iles du Cap-Vert ) ; des lies de Martin- Vas , ct de la Triiiite , dont j'ai drcsse une carle. Ces determinations portent sur le resultat de nos cinq monlres , corrigees a Sainte-Catherine , dont j'ai adopte la position donnee par M. Givry.

A tons ces tableaux , j'ajoute les observations faites a bord pour determiner la force magnetique du navire. Vous verrez de quelle maniere j'ai opere , pour cet effet , sous Fequateur , et lorsque le solcU avail notre latitude pour declinaison, Enfin , j'ai reconnu que le batiment n' avail pas une influence bien sensible sur Taiguille aimantee. Ilfautavouer aussi que, dans le radoub , j'avais fait con- feclionner tout le gaillard d'arriere en cuivre , et que rarlillerie est toule sur I'avant du grand mat.

De nombreux travaux dans une si courte relache , absorbent tellement mon temps , que je me vols, avec regret, oblige de ter- miner ici cette lellre , etc. Agreez , etc.

tlit-

W\WMMVMWMVi«\V«M

Lettre de M. k Baron de HmsiER h M, le President de la Commission centrale.

Monsieur le President , "^

Xai rhonneur de vous transmettre ci-joint un millometre asia- tique qui se Irouvaita la t^te d'un manuscril fort precieux, et d'une collection de leltres de souverains Persans , Turcs et Tartares , dont S. E. M. le comte de Lulzow , dernier internouce de S. M. I'empcreur d'Autriche k la Porle, m'a fait present.

Commc cette feuille detachee n'a de liaison nl avec le corps, hi avec le contenu du manuscril, je prcnds la liberie de Toffrir a la blLliolheque de la Socicle gcographique ; j y joins la transcrip- tion dcs chiffres et des noms de villcs , dont deux sont laisses ea blanc , parce que je n'ai pu les lire. Les orienlalisles fran^als se- ront plus heureux peut-ctre; et les geographes, membres de la Sociele, appliqueront ou reclifieront , parleurs lumieres, les dis- tances marquees par ce mlliomelre. Je Tappellc miUomelrc , quoi- que les distances soient marquees en parasangues, et non en mUles. II y a sans doute dcs erreurs ; et si la note , ajoulee par une aulre main au bas de la page , que la dislance de la Mecque a Cons- tantinople est de 1920 mllles, est jusle, le donne de 6^0 parasan- gues, qui font 1920 milks, k 3 mUles la parasangue , doit etre faux.

J ai rhonneur d'etre , etc. Vienne , ce 3 ami 1823.- Signe Jos. t e Hammer.

a.l3

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ExTRAIT iVutie kttre adressee a M. Roux par M. DuPRE, Consul a Bone , et Membre de la Soclete de Geographic.

Eone , le 10 mais iSaB.

Monsieur,

Apres avoir parcouru la Grece, la Natolie , la cote des Abases, la Perse , une parlie de I'Europe , me voila devenu Africain. II faul , je Tavoue , quand on quille la France et Paris , ce centre des beaux-arts^ des sciences et de la civilisation , une inepuisable pbilosopbie pour rester a Bone et dans la Barbarie ; inais j'ai appris , dans lous mes voyages , a faire de necessite vertu , en ni'exlasianl a la vue de qaclques ruines d edifice uses par la main inexorable du temps , et que mon imagination releve et trans- forme en domes superbes , en colonnes de dimensions parfaLles , erj majestueux portiques. Les illusions sont une pature famiiiere a tous les honmies , et la Providence est admirable de nous avoir fourni cet aliment qui sert le plus souvent a adoucir Tamertume dc la vie , qui fait croire au malheureux que ses souffrances au- ront un terme, et a rhomme fortune que son bonheur ne fmira jamais. C'est ainsi que, dans mon exil, je me nourris des sou- \enii-s du passe, et que Tespoir dun avenir plus agreable et plus doux vient encore me cbarmer.

La vlUe dc B6ne , a laquelle les Indigenes donnent le nom fCAnaha^ est balie sur les bords de la mcr , au fond d'un golfe, presque vis-a-vis Tembouchure de la riviere, dile Scihous. Elle est envlronn^e d'un mur qui tombe en ruines , et de- fendue par une fortcresse au bord de la mcr, et par un chateau considerable qui fut bati sur une bauleur par Charlcs-Quint , lorsqu'Il s'empara dc cette ville en i535. Les rues de Bone .sont

2U

tres-^lrolles, mal-propres , et ne sont point pavees. Les bes- tiaux n'ont point d'aulrc elaLle pendant la nuit : aussi quand 11 a plu , est-il impossible d'y marcber. Les niaisons sontde forme carree , clles n'ont qu un seul etage et re9oivent le jour par la cour. Les fenclrcs que Ton voit au dehors ne sont que de petites lucarnes d'un demi pied d'ouverlure. Chaque maison est cons- truite en pierrcs blanches aaxquelles on ajoute , tant en dehors qu'en dedans , une couche de chaux , ce qui produit un coup-d'oeii uniforme, peu gracieux el Ires-fatiguanl pour la vue. Une plale- forme en terrasse tient lieu dc toils : vous jugcrez ais(^mcnl qu'une pareille construclion , assujetie d'ailleurs avcc de mauvais cimcnf , ne doit pas etre bien durable; aussi rencontrc-t-on presqu'a chaque pas des maisons tombant en mines .ou entierement dd- truiles, soil par Tinsouciance des proprietaires , soil a defaut de moyens pecuniaircs. La population de Bone , qui s'elevait autre- fois a dix ou douze mille ames , a ele reduile a quatre mille par la peste qui , en 1817 , y a fait de grands ravages. Elle est composee de Turcs , de IVIaures el de Juifs. Ces derniers , au nombre de cinquante , sont tons miserables. Si Ton en exccpte quelques Turcs , la population offre en general I'aspect de la plus profonde misere. Une piece d'etoffe dc laine de plusieurs aunes , appelee Bemous , entorlillce aulour de la tele et du corps, forme le seul vetemenl des Indigenes. L'industrie est nuUe dans ce pays , et les nombrcuses boutiques , que Ton voit au marche de cclte ville , ne conliennent presque rien. Les Maures, peu induslricux , et n'ai- niant que le repos , sont encore plus excites a la paresse et a I'oi- sivete, par Topprcssion sous laquelle ils vivent et les vexations journalieres qu'ils ont a souffrir : aussi aiment-ils mieux laisser les tcrres sans culture , ne semer que ce qui est neccssaire a leur exis- tence, ou fuir dans les montagnes , que de se voir enlcver le fruit de leur labeur. Ce pays n'est plus ce qu'il ctail autrefois du temps de la Compagnic royale d'Afrlque , ou Ton Irouvait dans la seule plainc dc Bone , qui peut avoir dix lieucs d'c'lcnduc , sept

h hult cent palres de boeufs de labourage ; aujourd'lml on en compte au plus une cinquantaine.

Les environs de la ville sent assez agreables. On y voit quelques jardins qui forment de jolies promenades , ou Ton peut passer la chalcur du jour et se mcttre a I'abri dcs rayons du soleil. Ces jardins etaient autrefois plus nombreux et plus couverts d'arbres frulliers; rnals la depopulation, causee par la peste, et le voisinage des Arabes independans qui sont dans les environs, en ont fait negliger une grande partie. Au moment ou je vous ecris, on n'ose pas meme sortir de la ville ; car ces Arabes viennent, jusques sous le canon de la forteresse , enlevcr les femmes , les enlans , les tentes et les troupeaux. Vous voyez, d'aprcs ce tableau , que je ne suis pas en paradis , quoique sur un sol non moins delicieux peut-etre que celul ou les Hebreux et les Grecs pla^aient I'Eden ou I'Elysee.

De la fenelre de mon salon , je decouvre , au milieu d'une cam- pagne riante , les ruines de I'antique Hippone , qui cut pour eve- que Salnt-Augustin , et que les Indigenes appellent aujourd'hui Bona. Ce que la barbarle foule aux pleds , je le confemplc et I'ad- mlre. En allant visiter ces ruines , peu considerables a la verlte , je me suis cru un moment confondu au milieu d'une foule d'audi- teurs a portee d' entendre la voix eloquente et persuasive de ce grand homme; maisblentot I'lllusion cessalt, je me retrouvais seul au milieu de ces ruines , et je ne voyals , a la place d'un peuple Chretien conduit a la vertu par les sublimes exhortations de son illustre eveque , qu'une race d'hommes qui abhorrent tout ce qui n'cst pas de leur religion. 11 ne reste de I'antique Hippone que quelques arceaux dont Televation et la grandeur annoncent un edifice considerable , et qui probablement appartenaient a une eglise. A quelque distance est un autre monument plus entler , conslstant en une double voAte tres-forte , soutenue par hult ar- ceaux conslruits en larges briques qui ont un poucc depalsseur.

Des ouvertures carrees k la voille, dans Tinfcricur des resles de conduits , la forme et la solidity de sa conslruclion , tout confirme dans ridec que cetle ruine avait ele uue Ircs-belle cllerne. Sur Ics bords de la riviere , on decouvre encore les veslices d'un an- cien quai, en mosaique et en pctilcsbriques rouges , reunies par un ciment, dont la solidile caraclerise les ouvragesdes Romalns. Ces debris porteralent a croire qu' autrefois cette riviere formail un port que les sables ont conible. Environnce de lous cotes de plaines ferlilcs , de gras palurages, de riches coteaux , de vergers abondans en fruits , Hippone pourrait devenir , par sa position , une des villcs les plus commercantes et les plus riches de la Nu- niidie ; car il est tres-probable qu'elle s'etendalt jusqu'aux bords do la riviere de Seibous. Les sables comblcnt tons les jours ceile riviere qui ne peut recevoir que de gros bateaux , et son embou- chure pendant I'elo se fernie entierement.

Agrcez , etc. ,

Sign^ DuPRF..

VVVVVVAX VWWVX^V^ WXX w

ExTEAlT d'une Icttre de M. Varnlral de Krusensterj} a M. Mai.tE-

Eruk.

••••••*•••>•■••■••• *

J'avais 1 honneur de vous faire pari, dans une dernlere leltie, de mon intention de publier, a mes propres frais, en fran(;als, men Atlas de la mer du Sud, dont redltion russe se fait dans le moment, aux frais du gouvernement. Malntenant je dois vous dire que Sa Majeste TEmpereur , aussil6t qu elle en fut informee , a eu la gr^ce d'ordonner que Tedilion frangaise de cet Atlas soil de menie faile aux frais du gouvernement. Sa Slajeste Impcriale, qui prend un inlerel parliculier a tout ce qui peut elrc utile aux scien- ces, et specialcmcnt aux progres de la Geographic el de la Navi- gation, a donne ordre d'cquipcr un vaisseau, nomme YEntrrprise^

^i7

pour falrjp dcs ddcouverles dans la iner du Sud. Cost le capi- taiae KolzcLuc a qui Sa Majcsle a confie le comnian dement dc cette expedition, Plusieurs hommes Inslruils se sont engages a Tac- compagncr. M. Kolzebue va quitter Cronsladl au mois d'avril.

Je suis J)ien fachc qu'on ait fausscmenl puTjli*^ , mcme dans les gazettes de Paris , que j'avais eu des nouvelles de Tarrivee du capl- taine Parry, aux cotes de Kamschalka. Nous n'en avlons re§u au- cune ; par consequent, je n'en al pas pu donncr.

J'ai Thonneur d'etre , etc.

Sign6 Krusenstern.

SaInt-P4lersbourg , ce 7/19 avril 1823.

a48

EXTRAIT de la population de rirlaiidc , siiivant Ic dcruicr.rpcciispmcnt ou re'eve'clii nomine (Ic inaisons et (i'habitans de plusiciirs comtc's tie I'lrlande, fait d'aprcs Ics rcievc's p.irtinilicrs dcs lounicrs pcriodiqucs de rEiiumcialor, eld'apri-s ies rapports dc magistrals, avcc iin tableau comparalif du iioiiibre de luaisoiis et d'liaLitaus Itl qn'il ctait en i8i3 : coramumquc a la Sociele, par M. MoREAU, e'leve, Vicc-Consul de France a Londres.

'4'

5,

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1 ■". i8

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21. .'■i. 23.

A-

COMTES.

INoiiibie

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Maisoiis

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:S.3.

LEIINSTER.

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CARLO^V. . . J)rOGHE1)A ( DfliLlN

Dt BLiN ( Cite )

tviLDARE

XlLKENXY

KiLKEXM ( Cite )

KiKi;\s CoLKTT ( Cointe du Roi )........

LoSCFOUD

LoDTH

VtATH

Queea's County ( Comtc de la Peine )

^VE^TMEAT1I

WExi-or.D

^^lCKLO\V

MCNSTER.

Clare

Cork

Co:;K ( Cite ). . . .

IVERIIY

LllUERlCK

Limerick ( Cite ). .

TllTF.RARY

^V ATEBI-ORD. . . .

Waterford ( Cite )

12,r,yo

3,o-{j 16,633

I 1,564 23,414

luciin rtlevi

19. "'5 16,34s

menu rrli'vi

25,y2i

.iiicmi rcJt ve dULHit r*'ievf

13,445

Nombie

des

Maisons

111

1821 .

29, 3.-. 1

9>.4l7 7 65vj

';.S97

(irull I\Iiv< 5o.'.24 19,3.12

3,58i

l3,S5:i

3,463

•■''.,9^7 i(),...i5

i5,87r.

26,479 4,3:!.

23,o32

17,320

'"''?,^ 3o, [J2

23,067 23,4-8 29,5 1 3 18,419

284,673

36,3i2

I2.t75

34 61.2 36,o8<) 8,268 60.200 21,495

4,o52

Nonibre

des

habilans

en

i8i3.

69,566

16, 123

110,437

176,610

85,i33

134,664

aucuu reitv^- ll3,226

95,9 '7

iiiiritii icif \f

'4-*, 179 M3.857

.iiicnii rtjuvi

83,109

160, 6o3 523,936 64,394 178,62 '. io3,S65

iiituu re!cve

290,53 I

119,457

23.467

Koinbre

des

Habilans

en

1821.

81,287 p 18, n8 p. 160,274 \i 186,270 p. 101,715m 157,096 in. 23,23oni.

i32,3i9ni. 107 702 m, ioi,07oni. 174,716111.

159,391 p. 128,0.^2 p. 169,304 p. 115,162 1

:85

209,595 m

702,000 p. 100,535 m, 2o5,o37 J). 214,2X6 p. 6'i,o42 p 353, 40 J 111. 1 27,6-9 ni.

36,787 p

2,oo5,363

Accrolsse-

mcnt depuis

i8:3.

1 1,721

-995 49,837

9,666 16,582 22,43a

19,093 11,785

32,237

15,534

32,o53

48,992

36.14 r

26,4 1 5

1 10,421

62.871 8,222 1,320

COMTES.

25.

■i6. 27. 28.

29 3o.

3i.

3i. 33. 34.

24-9

Nombre

des

Maisons

en

i8i3.

ULSTER.

Antrim-

Armagh

Carrickfergus (Ville),

Cavan

Donegal

Down

Fermanagh

LONDONDERRir

monaghan

Tyrone.

CONNAUGHT.

Galway

Gal^\ ay ( Ville ).

Leithim

Mayo

Roscommon. . , Slico

Nombre

dos

Maisons

en

1821.

42,258

31,944

aucuu releve ill.

53,3io

19.29' 31,287

27,066 46,2i3

37>7'4

34,744 46,000 62,4^5 22,912 33,913 33,197

Nombre

des

Habitans

en

l8i3.

231,548

121,449

6, 1 36

aucuD releve

id.

287, ypo

IH,2i3o

i8G,i8i 140,433 250,746

Nombre

des

Habiuns

en

1821.

21,122

3,353 17,889 43,702 30,254

auciin releve

5i,4S4

4,i85

19,123

53,940

38.289 24,246

261,601 m 196,577 p 8,255 p. 194,330m 249,483 m 3. 9,348 p.

i3j,3;,"; p.

'9if99P' 178, i83 p

259,691 m

Accroisse- nieut depuis i8i3.

2,001,966

140,995 24,684

94.095 237,371 i58,iio

lucuu relevi

286 9'>i p.

^7,827 p, 105,976 p, 597,538m. 207,777 p. »27,879p.

3o,o53

75,128

2.119

42,o58

'9.149

7.9'8

37,750

8945

191,267

i,o53 918

145,926 3,143

ii,88i 60, 167 49,667

SOMiMAlKK DE 1821,

Nombre tJes Maisous

Nombre deslDdtvidus

LEINSTER a84,6;3 1,785,70a.

MUNSTER 2,0. 5 363.

ULSTER 2,001,966.

CONNAUGHT 191,267 1,053,918.

Total en Irlande.

G,84G.9'i9-

NOTA. La lettre (p) ajoiile'e au montant de la population de 1821 , indique cjue le total ile,-^ maisons et des habitans a etc pris d'apres les relevcs fails tous )es I5 jours par ['Enumerator

a tniirnprr , pt rnnenftant. ir\a\fvo Ip .t;nin fTn'nn v nni-inrtp ilc cnnt cl..'('..*-(nn.iv ^^ «.in

Copie veritable. Signe C, W. IXl.VT.

2 So

iVVWVVV>AAIM<VWWVVWW

Lettre de MM. les Mcmlres du Senat de VUnwersite de Kcenigsherg , a la Societe de Geograplde.

Vous nous avez Invites a partlcipcr auK Iravaux d'une Societe destinec aux progres de la Geograplue. C'cst avec le plus grand in- teret que nous avons appris la fondalion de cettc Societi^", puIsqu'cUe est une preuve que les progres de la Geographic, qui jusqu'ici etaient peut-etre moins prompts que ceux d'autres sciences , sont devenus, paries' efforts desillustres hommes de noire temps, assez grands pour exiger des societes propres ; les progres de votre science s'agrandi- ront encore plus vite, par les efforts de ces soci^tds memes, dont la votre a la gloire d'etre la premiere. Nous saisirons avec empresse- ment les occasions qui nous seront presentees pour vous aider dans vos plans, et nous desirons que les circonstances vous invitent sou- venta vousadresser a nous pour obtenir les eclaircissemens que nous pourrons voas donner.

Daignez , Messieurs , agreer , etc.

Les Membres du Sdnat de TUniver- site de Koenigsberg,

Sign^ Wald, Wrede, Bessel, Gaspari.

Koenigsberg, le i'^'' avril iSaS.

VWWIWWVWWWWWIW

WOTE remise a la Societe, le 20 juin 1823, par M. BARBIEDU Bo- CAGI. aine, charge par M. Rousseau, memhre dc la Societe, de presenter et d'ojfrir une carte generale et manuscrite des Pachalicks de Bagdad, Orfa et Alep.

M. Rousseau , consul gdneral de France a Bagdad , membre de la Soc\(5te de Geographic , residant acluellcmcnt a Marseille ,

el dont vous avez dejare^'ii un Prospectus, pleind'Intcrct, dcVEn^ rydopcdle Orientale qu'il se propose de publicr, nous a cnvoye !a premiere feuille d'une carte generale des Pachallcks de Bagdad , d'Orfa et d'Alep , c'est-a-dire de Tlrak-Arabl, la Mcsopotaniie et ia Syrie-Superieure ; carte que ses frequens voyages dans cos trois grandes provinces , le meltaient a meme de dresser assez exacte- ment. Nous prenons la libertc de soumettre cetle feuille a voire examen. M. Rousseau desire que ses faibles travaux obtiennent vos suffrages.

II aurait voulu actompagner cctte premiere feuille de sa grande carte, resullat de douze annees de rechercbes topographiques , faites pendant ses voyages en Syrle, en Mesopolamie et dans Ics deux Iraks , de la relation de ces memes voyages ; mais le temps ne le lul a pas permis, et il vousl'adressera plus tard, lorsque son travail sera finl. Le trace de cette carte, commence par undessina- tcur , a ete termlne de la main de M. PiOusseau. II nous charge de la mettre sous vos yeux, et II deslreralt, apres avoir rccuellll vos ob- servations, se mettre a meme de lul donner le degre d'Interet et d'utlllte dont elle pcut elre susceptible.

Le departcment d'Amtab, qu II n'a pu visiter a ^olslr, presente quelques vides qu il regarde comme faclles a remplir en se procu- rant Ics paplers de rinforlune colonel Boutin , qui explora cette partie du Pachallk d'Alep en iSi/J. et i8i5 , et qui fut assasslne dans ce pays par les Arabes. Ces paplers ont ete envoyes enlVance; et comme M. Boutin , officier du genie , avait une mission qui ren- tralt dans le genre de ses etudes , on pense que ses travaux ont ete remis a radminlstrallon dont il dependait. ; - 1 i

Le Pachallk d'Orfa s'etendant jusqu'a Khabour, ses llmites orlentales figureront par consequent dans la 2""^ feuIUe.

Le Pachallk de Bagdad sera le plus riche en details topographi- ques. Les bords du Tigre et de I'Euphrate surtout offrlront des po- sitions Importanteset des pcupladesscdentalres cl agrlcoles, presque inconnues jusqu'a ce jour.

3 5a

M. Rousseau nous a ^crlt que , retard*? dans la continuation de ce travail , il ne peut s'occuper en ce moment de mellre au net la seconde feuille , qu'il terminera Ic plus promplement quil liii sera possible. Aujourd'hui, il seraitbien aisede publicr isolemcnt la pre- miere feuille que vous avez sous les yeux ; il nous charge de la communiquer a la Soci^te, et de voir si elle voudrailbien la faire graver a ses frais.

II desirerait savoir ce que la Society en pense , et surtout si eUe est disposee a la publier avec les reductions qu'elle jugerait ndces- saires de lui faire subir.

ExTRAIT d'une Letire de M. Cottard , Membre de la Societe ^ Ins- pecteur, charge des fonctions rectorales en Corse , a M. Alex. Barbie-du-Bocage , Secretaire de la Section de Correspondance.

Monsieur ,

3 . . .

M. voire frere , mon bon et ancien camarade , vous remettra une petite note de mol , sur Vinsaluhrite attnhuee au climat de la Corse. Mes observations eussent ete plus ^tcndues , sans I'etat va- letudinaire dans lequel jeme trouve depuis quelques mois.Le retour k la sant^ me permettra aussi de completter la collection de Roches corses que je destine a la Societe. Je n'al pas besoin d'ajouter Ici que je suis entierement dispose a fournir en particulier aux Mem- bres de la Society les renselgnemens qu'ils pourraient desirer sur le singulier pays que j'habite.

Veuillez , Monsieur , etc.

Bast'ia , lt> ti3 mai i833.

Sign^ CorrARD.

253

VW%/VVVVWVVW%WVW\iV\V

QUESTIONS ET PIVOJETS.

Pbojet de voyage vers les Mers Polaires.

Le voyage de Mackenzie ai Tembouchure du fleuve qui porte soa iiom , demontre qu'un homme courageux peut executer de grandes choses avec de falbles moyens.

D'un autre c6te , rexpedition recente du lieutenant Franklin el de ses compagnons h la riviere Copper-Mine-de-Heame , prouve qu'avec de grandes depenses et un grand appareli , on ne produit souvent que des resullals medlocres-

Les Fran^als du Canada, chasseurs robustes et Infatlgables, sont les hommes les plus propres a traverser les regions glaciales qui s'etendent derrlerc la bale d'Hudson , vers la mer polaire , et vers le delrolt de Behring. Les Canadlens, peu fortunes, ne demandent que de faiblcs encouragemcns.

Ne pourroit-on pas ouvrir une souscription pour former un prIx de 3o,ooo fr., en faveur de rindlvldu qui , en partant de Montreal ou de tel autre point du Canada, rencontrerait les grands lacs, et irait s'embarquer sur le fleuve Mackensle pour le descendre jusqu'a 6on embouchure ; et qui , apres avoir constate si ce fleuve s'ccoule dans une mer polaire , apres avoir sulvi les rivages de cette mer h I'ouest, aussi loin qu'il le pourrait, se rendrait, k travers les terres, k un des etablissemens russes sur la cote occidentale d'Amerique , d'ou 11 retourneraitdans ses foyers par la vole desbatimensanglo- americalns.

Le Canadien qui voudralt entreprendrc ce voyage, devralt en- voyer k la Societe des cerllficats du gouvernemcnt du Canada , et de Teveque de Quebec , pour constater sa problte et son aptitude ; il devralt etre en etat de prendre la hauteur avec un sextant , et de marquer exactement avec la boussole la direclion de la route ; il

/

cicvralt posscdcr quelqucs langues indienncs , ct avoir loutes les hablludes d"un chasseur cl des marchands dc pcllclcrics.

Son aptitude constatee, la Societe lui ciivcrrail 10,000 fr. pour s'equiper ct se nielfre en route: clle Inl procurcrail unc letlre de protection spcciale du gouvcrncmcnt anglais, et unc autre du gou- verncinent russe; clle lui drcsserait des instructions delalllees sur tout ce qu clle deslrerait qu il observat dans les environs de Fem- Loucliure du grand fleuvc.

A son relour, ilrecevrait 20,000 fr. ; ct memc, dans le cas ou il aurait fait des decouvertes cxtraordinaires , on essaierait dc lui obtcnir une augmentation de recompense.

II est tres-probable que i'idee de proldger des decouvertes fran- ^alscs dans une region ou les Anglais font des tentatives qui ne sonl pas couronnecs de succ^s, exciterait une sorte d'enihousiasme na- tional parmi nous ; et nous aussi nous avons des honneurs a re- vendiquer dans la carri^re des decouvertes ; bornerions-nous done nos efforts , alors qu'un peuple voisin marchc avec pcrsc^ (France dans la route des conquetes geographiques ; et uc nous cst-il pas pcrniis de snpposer que nous ne fcrions pas seuls les frais de cctte noble entreprise ; nul doute que nous trouverions des auxiliaircs dans un grand nombres de Russes qui s'empresseraientd'y prendre part , a cause des inlerefs dc leui's compagnies de pelleteries.

Ce n'est qu'en presentant un projet marquant et hardi , que nous pourrons esperer d'exciter un interet general.

Apres tout , la scule idee de ce voyage est d'une importance scienlifique si manifeste , qu'il n'y aura que de 1 honneur a en avoir provoqud Texecution , dut-on memo ne pas reussir a y parvenir.

Signe de Larenaudiere ,

Membre dc la Sociele.

Palis , to 5 iliiccmLro iSaa.

255

WWiWWVi^WWWVWW'VV

Pro JET de voyage dans Vinterieur de I'ancienne Cyrena'tque.

De tous les pays c^lebres parleurs antiquites, par le rang qu ils occupent dans Thistoire, il en est peu qui meri tent plus Tatten- tion des geographes , des voyageurs et des savans que I'ancienne Cyrenai'que.

Le delicicux jardin des Hcsperides, dont les anciens nous ont laisse de si belles peinlures, les monumens de la richc Pentapole, de cetle illustre rcpublique que les Romains ne dedaignercnt point de recevoir par testament, sont assurement des titresbien recom- mandables a notre souvenir: cl cependant cette heureuse conlree parait presqu'onbliee; ses nombreux monumens, a peine rcspectes par le temps, ne semblent subsister encore que pour atlester son antique splendeur et accuser notre trop longue indifference.

Non seulement peu de voyageurs , mais meme peu d'ecrivains , chcz les modcrnes , se sont occupes de cette conlree ; un auleur allemand , M. Thrige(i'), dont le travail n'est point encore ter- mine , est le seul qui, d'apres les auteurs anciens, ait tente de nous retracer ce que fut Cyrene, et Topulente Perilapole, car nous n'appclerons point Histoire de Cyrene ce Memoire de M, Hardion (2), Oil le nom de Cyrene parait a peine , et qui semble plutf)t avoir pour but Thistoire de Tile de Thera , mire de Cyrene. C'est sans

(i) Historia Cjrenes , iude a tempore quo condila urbs est, usque adcEtateniqud in proidncice formam a Romanis redacta est, particula prior, de iniiiis Colonics Cjrencn deductcR , et Cjrenes Battiadis regnantibus historic autore Joh.Petro Thrige, Havnioe, Tjpis Andrece Seidelia 1819. Ouvrage capital sur Cyrene. On espere que I'auleur ne taideia pas a publicr , la 2" partie , qiii dolt emLi-asser la periode lepublicaine de I'hisloire de Cyrene.

(2) Memoire de I'Acad. des Inscriptions et Belles-Lettres , T. in.

256

doute ail peu de renscignemens que nous poss»5dons sur I'^tat de ce pays, quil faut allrlbuer le silence des savans.

Cellc inl^ressante partie de FAfrique nous serait pour ainsi dire encore iiiconnuc, si le dcsir de visiter la region inarllime qui s'ctend de Tripoli jusqu'aux fronlieres de I'Egypte, n'eikl anient aupres du fils du dey de Tripoli un italien instruit, un honime d'un goAt sAr, d'un jugement sain, Delia Cella^ qui, par le recil qu il a donne dc son voyage, esl venuauginenler les regrets que nous res- sentions dcja. DfUa Cella fit ce vovage en 1817 ; medecin du dey de Tripoli, il suivit le second fils de ce dey , qui partait pour une expedition lointaine. Ce jeunc prince dtalt charge par son pcrc dailer dans les provinces de Bengasi et de Derna , reduire son frere aine, gouverneur du pays, et alors en pleine revolle contre son pere. L'espedilion arriva jusque vers les frontieres de TEgvple, ou le rebelle, denue de tout moyen de defense, abaridonne dessiens n'eut plus d autre vole de salut que de se rendre au Caire. Mais bien que M. Delia Cella filt sous la protection speciale du fils du dev , bien que son etat de medecin dut le niettre a I'abri dc toute contralnle et lui donner la facillte de poursuivre ses observations, il se trouva cependant plus d'une fols contrarie dans ses ^•ucs par les sarcasines €t les insultes des marabouts (i). Neanmolns la faveur du prince, la consideration dont il jouissait, lui pennirent dc recueillir plu- sieurs renscignemens importans qui merltent de fixer Taltention de tout vovagour , de tout savant quel qu'il solt, naturaliste, hislorien, antlquaire ou pbilologue.

Outre les remarques intcressantes qui seraient a fairc sur la gdographie du pays , siu- la nature du sol , et sur les apparences qu'il presente , un voyageur devrail encore s'atlaclier a reconnaitre les monumens repandus 9a et la et converts d'Inscriptions, dont quelques-unes sembleraient atlestcr que les pcuples de la contree faisalent usage dun alphabet el d'un langage partlcullor avant

(i) Gens aussi reveres <lcs Maurcs que les Faquir? U sonl des InJicns.

I'arrivec des Grecs. II serail important d'avoir des copies bien exac- tes , bien nettes et bien claires de ces monumens historiques , dont nos savans , a Texemple d'un de nos membres les plus erudits , M. Champollion le jeune , a qui Ton est redevable de la precieuse explication de la langue hieroglipbique,parviendraienta debrouiller Forigine etles phases diverses. Non seulement letude de I'histoire, mais encore cclle de la pliilologie feraient une importante conquete. Quant au physique du pays, il serait necessaire d'examiner et de de- terminer , s'll ctait possible, les hauteurs de ces montagnes de la Cyrenaique que Delia Cella evalue a 600 metres au-dessus du niveau de la mer , de reconnaitre les cours d'eau, les puits, les Fontaines ; de visiter ces grottes tapissees de stalactites qui ornent les environs de Safsaf , ct qui ont attire a ce lieu une si grande celebrite parmi les naturels, dont Fimaginatlon frappee se complait a voir, dans ces produits de la nalure, des dieux, des hommes, ou des monstres petrifies. Le commerce pourraitbienaussi recueillir quelques avan- tages des connaissances que rapporterait un voyageur. Je ne veuX pas seulement parler du commerce de boenfs , de plumes d'Au- truche, qui s'est etabli entre Malte et Bengasi, et qui est si profitable aux Mallais , mais aussi des ressources que Ton pourrait trouver dans ces immenses recoltes d' olives que la negligence de 1 habitant et son insouciance laissent pourrir sur Tarbre. Une boussole, un barometre, un sextant, sont presque les sculs instrumens que Ton puisse emporter. La carte de notre collegue M. Laple (i), iracee avcc une judicieuse critique, doit encore augmenter le modeste ba- gage du voyageur, qui, s'appuyant sur cette base, aura plus de faci- lile pour dinger ses observations. II lui serait aussi necessaire de se pourvoir de la carte de Tinterieur de TAfrique, publiee par le savant academicien qui nous preside (2) , afm de recueillir tous les rensei-

(i) Nouvelles Annales des f^ojages , raoLs de mars, avril et mai.

{■2) RecliLTtlics sur I'iniciieLU de rAfrique, avcc line caiLe, par C. A. Wal- kenaer, mciiibre dc riiislitut.

258

gnemens que Ic hasard pourrail lui procurer sur les routes qui traversent les deserts en diflercns sens clniencnta Morzouk ou a Tombouctou (i).

II ne faut pas sc le disslmuler : Ics difficultes sont grandcs pour parvenir dans unc conlree diifendue par Fignorance ct la grossiere barbaric de ses babltans ; et raremcnt on a pour escorte la puis- sance d'un bey et une annee lout cntiere : mais, vous le savez, Mes- sieurs , il est des homines que les fatigues el les dangers ne rebulent pas : les obstacles , loin de les abattre , ne font qu'enflammer leur courage. Cest a vous qu'Il appartlent de Icur montrer la gloire qui les attend, et de guider, dans leur carri^re, les successeurs des Mungo-Parck , des Horneniann ct de tant d'autres dont le devoue- ment a rcculc et recule encore les borncs des connaissances geo- graplilqucs en Afrlque.

Trois routes peuvent conduire sur le sol de cctte illustre rd- publlquc.

La premiere par Alexandrie , ou se rendcnt un grand nombre de voyageurs (2). Fumtonium est celle que suivenl les pelerins a leur retour de la Mecque. . .

La deuxleme est la memc que celle que Delia Cella a suivie.

Latroisleme enfin est la navigation directe de Malte a Bengasi.

La premiere de ces routes est la molns sAre. On a, sur les confins de TEgyptc ct du royaumc de Tripoli, a traverser un terrllolrc hablte par des Eedoulus, qui ne reconnaissent ni la souverainet^ du pacha d'Egypte , ul celle du dey de Tripoli , et sont accoutumes a piller les pauvrcs pelerins qui marchent isolcment sur celte roulc

(1) M. dc Barral, liculcnanl-de-\aisseau de la marine I'oyale de Franc t- , a 4-econnu, en 1821, la cote occidentale du golfe de la Syrte.

(2) 11 n'y a mil Joule qu'il sc rencontreralt parmi ce grand nombre de voya- geurs, qaelqu'und'enlrepitnaiiL rjiii lenlerail de penctier par celle route.

259

cl a altaqucr mcme les caravancs. Le docleur Schok , dans le voyage qu'Il tenta , en 182 1, par cc chemin , fut oblige, autant par la crainte de ces bandits que par le defaut de protection du bey de Bengasi, de renonccr a son entreprise. Ce fut en vain qu'il se niunit d'une leltrc de recommandalion du pacha d'Egypte ; peut- etre cette letlre nieme fut-elle cause de son peu de succ^s : a peine arrive sur le territoire de Bengasi , U la fit remettre au bey , en lul demandant la permission de parcourir le pays qu'il gouvernail; mais il n'en re^ut aucune reponse. On craint , en effet , dans la contree , et on repousse meme toute relation avcc ce pacha redoutable , a qui Ton suppose toujours des projets d'envahissemenl. Aussi le docleur et ses compagnons furent-ils conlraints de retourner sur ieurs pas apres d'inutiles fatigues et les inquietudes d'une longue ■et penible route, dans laquelle ils avaient eu autant a craindre de la parlde leur escorte que du caractere des habitans. Cependant si on se determinait a un semblable voyage, il ne faudrait pas negliger de se precautionner d'une lettredu pacha, afin d'en pouvoirfaire usage suivant les circonstances.

Par Tripoli, le chemin est moins difficile :avec la recommanda- lion du dey , et une faiblc escorte , on penetrera aisement jusque dans la Cyrenaique. Cependant on aura toujours a se defier du caractere rapace du peuple , et plus encore des marabouts , en ge- neral peu lolerans.

La Irolsieme est la plus facile. Pendant V€l€ , des b^limensmal- tais vont journellement de Malte a Bengasi , ou ils viennent cher- cher une parlie des subsistances necessaires aux habitans de Tile , surtout des boeufs, et quelques autres produils de la contree , tels que les plumes d'Autruche, sur lesquelles les Mallais font un bene- fice considerable. On pourrait user avec avantage de cette fre- quence de relations, d'autant plus que les Anglais ont a Bengasi un vice-consul , M. Rossi , qui possede meme , d'apres le dire de M. Delia Cella , une riche collection de medailles recueilUes dans le pays.

26o

Voila, Messieurs, les Iddes que j'ai cru devoir vous soumettre. Appeler voire attention sur des projels utiles a la science, profita- tables au commerce , c'est entrer dans le but que la Socictd se propose, c'est ctre sAr d'avance d'etre accueilli de vous avec Lien- veillance. Je la solliterai de nouveau, celte bicnveillance, Messieurs, pour vous exposer de suite la maniere peut-Stre la plus prompte d'obtenir un residtat avantageus.

II conviendrait : i" de fixer rallention generale sur ce point de I'immense continent d'Afrique.

D'etablir une sorte de concours , a Finstar de ceux qui exis- tent deja pour les sujets de prLt que vous avcz determines.

De prelever sur les fonds dont la Societc est aujourd'hui proprietaire, une somme de 3 a 4ooo fi"- ? qui serait destinee k I'auleur da travail le plus complet et le plus circonstancie , et qui remplirait le mieux les conditions Impo^ees et vous paraitrait le plus digne de vos suffrages.

On pourrait modifier les dispositions prises pour les concours deja ouverts par les dispositions suivantes, ou en ajoufer de nou- velles. II conviendrait alors :

De fixer un delai de trolsannees pour une semblable operation, d'autant plus facile qull y a des communications Ircs-sulvies entre Malte et Bengasi ;

D'ordonncr le depot, aux archives de la Soci<^tc, dun manus- crit de la relation presentee ;

D'imposer a I'autcur de la relation couronnce Tobligatlon de publler son travail dans un certain delai que vous delennlnerlez , et passe Icquel la Societc devlcndralt de droit proprietaire de Touvrage, a moins d arrangemens faifs a Tamiable (i).

(i) Comme le but de la Societe est d'etendrc, aulant qii'il est en elle, le do- naaine de la geograplue, elle dolt chercher les moyens de donner la publicite la plus prompte aux icsultats qu'elle oblicnt. Raiemcnt il airivcra quo I'auteur

a6i

Cormne une sorle de garantlc de leur voyage, les auleurs devront rapporter et Joindrea leur ouvrage un itindraire complet en forme de lisle des endroils qu'ils auront parcouinis ; ils y indiqueront les distances et les directions autant que possible.

Une semblable entreprise , Messieurs , serait un monument ele- ve k la geographie , et serait digne d'etre placee sur la meme llgne que celle qui vous occupe en ce moment (i). Ces sortes de travaux plairont aux Membres de la Societe, parmi lesquels vous trouverez des voyageurs instruils, qui voudront , n'en doutez pas, meriler d'acquerlr la palme glorieuse que vous destinerez au vainqueur , et qui deviendraitle juste prix de scs fatigues et desconnalssances qu'il aurait rapportees. Le nom de la Societe se repandra, la publiclte de ses travaux denotera son ulilite, son Importance; on lirera vanite d'en faire partie, et les savans natlonaux et etrangers cherche- ront de toute part a etablir avec elle des relations qui ne pourront que tourner au profit de la science. Elle est universelle, noire So- ciety , Messieurs , il faut quelle rdpande ses lumieres sur le monde entier.

Le mode d'ex^cution que j'ai Thonneur de vous proposer vous parattra dtrange peut-clre, k cause de la nouveaute; mals, Mes- sieurs , bien que les fonds de la Societe commencent a se grossir, Ils ne vous permetralent pas encore le sacrifice de la somme n^ces- sltee par les frais d'un voyage que vous ferlez faire a voire propre compte. Un voyage tel que celui que j'airhonneur de vous proposer vous coAteralt une somme de loa 12,000 fr. Vous ne pourriez em- ployer qu'un seul indlvidu , aux renselgnemens de qui vous seriez

n^aura pas puLlle sa relation dans le lernie de cinq annees : s'il en etait empeche par une circonstance quelconque , le but de la Societe ne serait pas rempli ; mais dans le cas oii la Societe prendrait inter^t a I'auteur et a sa relation, elle pourrait se reserver de I'aider moyeonaat les arrangemens qu'elle jugerait a propos de faire.

(<)) Publication de Maico-Polo.

262

oblige de vous en rapporlor, faule de celle soric de contr61e niu- tuel quelc concours clablit si parfailcmciit. Eh! iMcssicurs quclque soin que Ton apporte dans les choix , coinhlen de fois n'a-t-on pas vu sa confiance trompe^'C ! La somme qui formcralt Ic inontanl du prix que vous decerncriez, vous a paru sans doule Lien faible ; nials qui d'enlrc vous ignore , que , pour un houuue de leltrcs , la gloire et Ihonncur sont un mobile plus puissant que Tinleret (i) ■' et d'ailleurs les personnes deja transporlees sur le pays ou dans les pays cnvironnaus pour un autre but, ne trouveront-elles pas, dans celte mesure de la Societc , une juste indeinnile de leurs travaux ? ^

J'ai done Ihonneur de proposer a la Commission cenlrale, pour le premier concours qu'elle ouvrira , le sujet de prix suivant :

Relation detaillcc d'ltn voyage dans Vanclenne Cyrendiqiie.

« L'auteur de cette relation devra determiner la veritable posi- » tion du pays; indiquer les details geographiques qui donnent une » idee de sa configuration , de son climat , de son sol ; enumerer » ses productions les plus importantes ; recueilllr des rensci- « gnemens sur I'etat du commerce , sur les mopurs des habi- » tans; il devra aussi , autant que possible, rechcrcher et dccrire >> les antlquifes de cette celebre conlre'e, rapportcr le dessin de » toutes les inscriptions quil sera dans le cas de renconlrer. L'au- » teur devra joindre a son travail , une carle el les plans neces- » saires a son intelligence. «

La Societd verrait avcc plaisir Tauteur ajoutcr a sa relation les donn^es qu'il parviendrait a rassembler sur les routes qui peuvcnl

(i) Des amis tic la science poiirraicnt mcnic, avcc I'autoilsation »lc la Com- mission cenU'ale , ouvrir, enlre les mains <lu trcsovier , iiiio souscnptlon pour augmenter la somme fixee pai- la Societe , 011 hii'ii pour faiic sculs les frais du voyage, lis acquerraient ainsi Teslinie, radiiiiralion ci la reconnaissance du monde savant.

2G.>

conduire dans Tinterleur de TAfrique, et sur la inani^re d'y voyager.

Le prlx sera una medaille d'or de la valcur de. . . . a Teffigle de Danville.

L'auteur joindra a son ouvrage un Itineraire complet en forme (le listc des endrolts qu'il aura parcourus. Cette liste contlendra les directions suivles et les distances, autant que possible.

La Soclete restera proprietaire de Touvrage, si, apr^s le terme de cinq annees, l'auteur ne Ta point public; dans ce cas, elle pourra elle-meme Tediter. Des arrangemens a Famiable pourront ndan- moius avoir lieu enlre Tauteur et la Societe.

Mai 1823.

Alex. Barbie du Bocage,

Secretaire de la Section de Correspondance.

BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

INUMERO SEPT.

Seances cle la Commission Cenirale.

Seance dii 4. juillet.

ItJl. le President annonce que, conformement au voeu manlfeste parla Commission, iladcrltune nouvellc leltre a S. Ex. leMinlstre dc rintericur pour obtenir une autorlsatlon formcUe, ainsi qu'une approbation des Statuts et Rcglemens de la Societe.

M. Ei>erat prescnte divers modeles dc justification pour Fimpres- sion du Voyage dc Marco Polo. Get objet est renvoye a la Sec- lion de Publication.

M. Roiix fait lecture de I'lntroduction que la Commission Cen- trale la invite a preparer pour Tedltlon de Marco Polo.

M. le President invite MM. les Membres a envoyer a M. Dubois de Beaurheiie, qui se prepare a voyager dans le Thibet, les obser- vations qu lis auraient k lui adresscr sur les pays qu'il va par- courlr.

',3

a66

Seance du i% jiiillet.

M. Jaubert annonce qu'II a remis k M. Dubois de Braucliene les pieces relatives aux questions g^ographiqucs que la Socicle lui a adressees.

M. Barbie du Borage fils coinnmnique une lettre de M. Rous- seau, qui remercic la Commission Ccntrale de la decision qu'elle a prise relalivement a la carte des Pachaliks de Bagdad, Orfa et Alep, qu'ila envoyee a la Societe. (Voir Bulletin , n" 6, pages 222 et 25o.)

M. Barbie du Socage pcre fait un Rapport, au nom de la Sec- tion de Fublication , sur les frais qu'occasionnerait la graviire de la carte de ]M. Rousseau.

M. Jomard ne s' oppose point aux Conclusions du Rapport ; mais il demande que la Societe jolgne k cetle carte une Notice, oil elle indiqucra les motifs qui la portent a faire cette publication.

M. Langles, appuyant les observations ci-dessus, ddsire qu'a- vant de mcttre la premiere main a la gravure , M. Rousseau soit invite a faire tous les changemens dont il parle dans sa lettre.

II desirerait de plus que la Societe publiat une Notice ou les noms arabes seraienl Merits avec leurs propres caracteres, et en correspondance avec ccs m6mes noms frangais.

M. Barbie du Bocage pense que Ton pout sc borner a envoyer k M. Rousseau une epreuve duplan, pour qu'il puissey faire les chan- gemens projetes et disposer sa lettre.

II appule les observations de M. Langles sur I'avantage qu'il y aurait a publier, avec la carte, un tableau comparatif des noms gcographiques en fran^ais ct en caracteres arabes.

M. JValckenaer, revenant aux observations de M. Jomard, pro-

267

pose d'ecrire sur le litre de la carte, qu'clle est gravee, d'apres V Ori- ginal manuscrlt de M. Rousseau, aux frais de la Societe de Geo- graphie.

Cette proposition et celle d'envoyer I'epreuve du plan a M. Eoiis- seau sont adoptees.

M. de Ferussac lit la premiere partie d'une Notice sur Cadix et son lie. II remonle a Torigine de cette ville, examine les traditions diverses qui nous ont cte transmises sur sa fondation, et se propose de parcourir les differcntes epoques de sonhistoire avant d'arriver a sa description actuelle.

Seance du 1" aoilt.

M. Eyries fait un Rapport sur les deliberations de la Section de de Correspondance, relativement aux questions a proposer aux aux Voyageurs , afin de rassembler les elemens d'une carte phy- sique dc la France.

M. Alex. Barbie du Bocage lit un projet de voyage dans I'ancienne Cyrenaique , suivi de la proposition de faire , de ce voyage , Tobjet d'un concours dont il developpe les conditions (Voir Bulletin, n" 6, pag. 2 55 et suivantes).

M. le President propose de renvoyer ces propositions a la Sec- lion de Puljlication et a la Section de Comptabilile, qui feront leur rapport dans un mois.

M. Jomard propose de les renvoyer a une Commission Speciale.

]VI. Barbie du Bocage appule la proposition dc M. Jomard.

M. Jomard depose sur le Bureau la proposition suivante :

» La Commission Cenlralc a fait ecrire des circulaires auxcor- )) respondans de la Societe de Geographic, pour les engager a en- » trcr en correspondance avcc clle. Plusieurs , et c'est le plus

268

» grand nonibrc, sont encore a r(;pondrc a ces lellrcs : le motif

» en est pculetre que ces pcrsonnes n'ont pas encore Irouve ma-

» tiere a ecrire a la Socicle. Si on appelait plus parliculiereincnt

» leur attention sur des points determines, il est a croire qu'clJes

» se ddcidcraient a s'en occupcr et a envoycr des documens. C'est

« pourquoi Ton propose d'adresser k cliacun des correspondans,

» natlonaux ct ctrangers, unc ou deux questions speciales seule-

'> ment. »

Seance du 22 aoiU,

- Le Secretaire pcrpeluel de rAcademie Imperiale des Sciences de Saint-Pelersl)ourg ecril a la Commission, que rAcademie, qui are^u, avec beaucoup de satisfaction, Tenvoi des cinq premiers numcros du Bulletin de la Sociele , lui fera avec plaisir toutes les communications qui pourraient interesser les progres de la Geo- graphic.

Le Secretaire pcrpetuel de la SocieteRoyaleAcademiquede Paris annonce qu'elle a re^u le premier Bulletin de la Socidte de Geo- graphic , et en fait ses remercimens.

M. le President donne communication de la Lcttre de S. Ex. le Ministre de I'Intcricur, annon^ant que la Societe de (ieogra- pTiie a rempli toutes les conditions voulucs par la lol, et que son existence est legale; mais qu'il n'csl pas d'usage que les statute des Societes litteraircs soicnt soumis a Tapprobation du Roi.

M. le Comte de Romanzqff ecrit, des bains du Caucase, k IVL le President, pour remercicr la Societe de Tcnvoi de son Bulletin.

La Sociel«5 Royalc de Londrcs ecril egalcmenl pour remercier de I'envol du Bulletin.

M. Sueur-IyJerlin adrcssck M. le Prdsidenl quelqucs.obscrvations sur Ic retard qu^dprouvc la publication du Bulletin.

269

M. Barbie du Borage perc fait un rapport sur la ddcouverle d'un nouveau nianuscrit de Marco Polo, qui est a la BIbliolhcque de r Arsenal.

La Commission Centrale reconnait I'avantagc de Ic consulter, et de le comparer aux aulres manuscrils, soil pour verifier s'il renferme quelques docmneris de plus, solt pour rclever Ics va- riantes dc noms de lieux ct de noins propres , que Ton pourrait y reinarquer.

Seance du 5 scptembre.

M. Bresson, Secretaire de la Legation Franc^aise aux Etats-Unis, ct Membre de la Societe, dcrit i M. le President pour lui annon- cer qu'il se chargera avec plaisir d cntretenir line correspondancc avec la Societe de Geographic , et dc la tenir au courant de tout ce qui paraitra de nouveau, dans ce pays, en fait d'ouvrages ct de decouvertcs.

II envoic a la Societe un P\apport contenant des reponses aux questions qu'a proposees M. M^arden, et qui lui ont efe aJressees par la Section de Correspondancc.

A ce rapport est joint le Journal d'une expedition du Missouri a Santa-Fe, dans le Nouveau Mexiquc.

La lecture de ccs deux pieces est renvoyee a la stance sulvanle. ( Voir ci-apres , Documens , p. 284. et 2g3. )

M. Langles soumct a la Commission la question suiyanlc : « Si » le manuscrit de Marco Polo doit etre imprime avec Torlho- « graphe de I'original. »

M. Barbie du Bocage propose de rendre I'orlhographc uniforme , aulant qui! .era possible, en corrigeanl les fautes qui n'influent pas sur le sens.

M. RouA, appuie cette opinion. II craint que le manuscrit ne

270 devieune ininlcUigible, si les difficulles dc lecture qui naissent de Tanciennete du langage sont encore augmenlees par loules les inexactitudes de Torlhographe.

Dans le cas ou ces nombreiises irrcgularites ne pourraient pas (^Ire ramenees a un systeme uniforine, il demande du iiioins que Ton corrige les fautes qui renfermcraient un contrc-sens, et qui seraient evidemmcnt des erreurs dc copisto.

M. le President invite M. Mean a donner des ^claircisscmens sur ToLjet de la discussion.

M. Meon expose les raisons qui mllltent en faveur de Timprcs- sion lilterale du manuscrit, afin que redition presenle \m fac simile aulhentique.

M, de Rossel pehse qu'il n'y aura pas d'inconvenient a rectifier les mots visiblemcnt altcres, et qui devraient <5tre immuaLles, tels que les articles, les pronoms, les adverbes.

M. Mahe-Brun craint qu'un systeme de correction quelconque ne puisse conduire k ralleralion de quelques noras ou mots, pro- pres a eclairclr les expressions geographiqucs.

M. Jomard propose de revoir le manuscrit et de determiner, d'aprcs un examen special, Torthographe de cbaque mot.

M. le President resume la discussion, et la raniene a un seul point: <' Faut-il cholsir entre plusicurs orthographes du mcmc » manuscrit unc seule qu'on suivrait , ou faut-il conserver les » ortbographes variables de roriginal, »

Apres quelques observations de divers Membres , M. Meon , editeur de plusicurs manuscrits fran^ais du moyen Sge , a dtc In- vito a se concerter avec la Section de Publication , sur le systeme d'orthographe a observer.

La ddcision sur le projel de voyage a la CyrdnaVque est renvoy«$c 3 la seance sulvantc.

271 Seance dit ig septembrc.

M. Ic President donnc communication d'une Lellie, en date de Lataquie i5 octobrc 1822, dc M. Guys, vice-consul de France a Lataquie , et MemLre dc la Societe , dans laquelle il indique plu- sieurs objets dc recherches a faire dans les parlies de la Syrle volslnes de 1' Arable. M. Guys annonce le travail dont II s'occupc pour completer les notes dc feu son pere sur Tripoli de Syrle. Renvoye a la Section de Correspondance. M. Guys cnvole une re- lation sur le trcmblement de lerre auqucl la Syrle a die en prolc au mois d'aoilt 1822. (Voir ci-apres, Documens, pag. 3oi.)

M. Bonnelliev^ Membre de la Sociele, ecrit .'i la Commission Centrale, pour lui demander I'autorisation de composer en son nom un memoire sur la Basse-Bretagne. 11 demande rinsertlon de sa lettre dans le Bulletin. Rcnvoyeau Comile du Bulletin pource qui regarde I'insertion , et a ia prochalne seance pour la discus- sion de la demande.

On fait lecture du llapport de M. Bresson, ct on lit tnsuile la relation que M. Guys a covoyee sur le tremblemcnt de terrc d'Alep.

M, Malte-Brun depose sur le bureau la proposition suivante :

« La Societe de la Geographic fera paraiJre un Recueil de Me- » moires, destine a reunir d?s ouvrages utiles aux progres des con- » nalssances geographlques ou a la bonne diredlon des voyages, » et qui scraieut rclatifs a un objet, ou a une question jugee » interessante par laCommlision: letout, sanscxposer la Societd » a aucuns frals nouvcaux. »

L'auteur dela proposition donne vcrbalement quelques apergus preliminaires sur son plan, ct demande k dcvelopper scs Ide'es dans une autre stance.

Renvoyc a la stance suivante^

3 7'^.

T'

«.%%'V1.«.«.X fc%/%Xt.'WX'%%'«'V

Ouf^ragcs ojfcrls a la Sociele.

Seance du 4 juillet

M. Jomard fait hommage d'une Carte d'Kgypteet d'une partie des contrees adjacentes , dressec d'apres les observations dcs voyagcurs fran^ais ct les decouvcrtcs les plus recentes.

Chez M. Selves Ills , lithogiaphe cle I'Dniverslle , rue des Lions-St-Paul n* 14.

M. Ranch , du 1 2""* numdro des Annales europeennes de physique vegetale.

M.Bajof, An Gi^"^ namero des Annales maritimeset coloniales, 1823.

Seance du 1" aodt.

M. le colonel Jacotin^ fait hommage d'un Mcmoi're sur la cons- truction de la carte d'Egypte , faisant partie de la description de I'E- g}'pte ; un vol. in-folio.

MM. Perrot et Aupick , de la 5""= lii>raison de Icur Atlas des de- partemens de la France;

In-folio, chcz les Edlteurs , rue St-Germaiii-tlos-Prcs n" i3.

Seance du 22 aoiit.

M. le comle dc Chabrol fait hommage d'un ouvrage intitule : Recherches statistlques sur la ville de Paris ct le departement de la Seine ; recueil de tableaux dresses ct reunis d'apres les ordres de M le comte de Chabrol, Prefet du departement ; ua vol. in-Ze" iSaS. ,

MM. Eyries et Malte-Brun , du cahicr de juillet des Nowelles Annales des Voyages,

273

M. Bujot, du 7''"= numero des Anmiles maritimes cl coloniales.

La Societe Asiatique, des n°^ i3 ct i4- ffe son Joumal.

La Societe de la Morale chretienne , du n" 1 2 de son Journal.

M. Dm Mesm'l , de son Po'c'me de VEsclavage ^ In-S" , 1823.

M. Cirbled , dune brochure inlitulee : Refutation d\me critique inseree dans le Journal ylsiatique de Paris, an sujet de la Grammuire armenienne de M. Cirlied.

Seance du ig septembre,

M. Breon fait hommage dune Carle des Eaux rrunerales de la France, qull adressee d'apres una carle deCassinl, ct conforme- ment i la division adoptee par la Commission des Eaux mine- rales, 1823.

A Paris , chez I'auleur , riic du Faubourg Sl-Marlin no ■ji'j.

M. le baron de Ferussac , des 8 premiers numeros du bulletin general et unioersel des annonces et des nou^^elles scientifiques , pu- blic sous sa direction ;

A Paris , au bureau du Bulletin, rue de PAlibaye n" 3.

M. Langles , d'un Cahier d'epremies de caracteres arabes graves cl fondus sous sa direction , par M. Mole jcune.

MM. Perrot et Aiipick , de la 6""= Liwaison de leur Atlas des de- partemens de la France.

M. Bajot, du 8""= numero des Annales maritimes ct coloniales.

274

■VW. VX%^ VW« V-VM/V^V* ^

DOCUMENS.

Observations sur rinsaluhiUe attribuee au climat dc la Corse , cn- voyecs par M. Cotkml , on reponse aux questions adrcssees par la Section de Correspondance.

La plupart dcs Gcographcs s'accordent a dire que I'air dc la Corse est epais ct mal-sain ; cc qui seniblerait accuser la nature qui au contraire a tout fait pour celte ile. Ccuxqui ont tonnais- sance de sa charpcnte geologiquc, nc la rcgardent que comme un massif monlueux , dont les fentes meritent a peine le nom de val- lees. L'ecoulement des eaux y est done facile, pnisqu'il n'y existe pas, comme en Sardaignc , de vastes plaines enfermees dans un cerclc de raontagnes.

Ainsi, generalement, point de marais, point d'eaux stagnantcs ; done point d'air nalurellement mal-sain.

Ce n'est que sur quelques points des plages : Porto-Vcchln^Cahi, Mariana, St-Florent^ que se trouvent dcs amas d'eaux rclenucs par les relais de la mer. Si vous en exceptez, Telang de Chiuriino pres de Bastia, lout lereste peut facilement se dessecher, vu son peu d'etendue.

Les vents du N.-O. , conduits par la Durance et le Rhone sur la Provence , en chassent les nuages qui viennent , il est vrai , s'a- monceler sur Ics hautes montagnes dc la Corse. Mais , pendant Thiver , ccs nuages ne lardcnt pas a se resoudre en ncigcs , dont le volsinage donne , de temps a autre, un froid sec et salubre. ]£u etc , ils sc foudcnt ordinairenient en plules ; en sortc que , dans ccs

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deux saisons , on revolt souvent en Corse Tazur du del dc Provence. ,

Qu'est-cc qui a done pu engager les Gdographes a accuser d'insalubrlle lecllmat de la Corse? C'est sans doulo la froqucncc des maladies fievrcuses : hclas ! dans ce pays , rhomnie , au lieu de corriger la nature , la corrompt sans le savoir.

L'lle n'etant pas peuplee selon son etenduc, les habllans ont etc niaitrcs declioisir les endrolts les plus faciles a cultivcr , c'esl- ei-dire les plaines qui, ainsi que je I'al deja observe, ne se trouvent point dans I'intcrieur : elles sont toules vers la mer et coupees par Tembouchure dcs torrens , au litdcsquels on ne peul vraiment pas donner le nom de vallees.

Un efat continuel de guerre et d'oppression , qui a dure pres- que jusqu'a nos jours, a force les Corses a fixer leurs demeures sur les montagnes. Aussi n'est-il pas etonnant dc ne voir commen- cer qu'a six ou sepl lieuesdes babitations, les terrcs cultlvees d'une ^ foule de villages populcux. ( Eastelica^ Lofic^ Mdiia.')

Le laboureur ne pent done regagner chaque soir sa maison -, ct d'un autre cote , il est trop pauvre pour se construire un abri con- venable.

C'est surtout a Tepoque des moissons que se font sentir les in- convcniens d'un si grand eloignement.

Une foule de montagnards quiltent a-la-fois la fraicbeur dc leurs ombrages et de leurs fonlalnes , pour s'exposer aux ardeurs d'un soleil brulant. Le soir, rien ne les defend de rhumidite des nulls ; et Ton comprendra faciiement qu'une transition aussi brus- que de temperature est le germe de fievres qui ne lardent pas a se declarer,

Comme si ces principes de maladies n'etaient pas asscz certains, les moissonneurs veulent y ajouter encore par leur regime dicte- tique. Se prlvant de viandes fraichcs, ct par consequent dc soupe,

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ils ne se nourrisscnl <|uc «le pain nial pt^lri el tie jambon ranee. Leur boisson n'esl pas plus sainc. lis s'ablicimeiil dc vin, qui pour- tanl est a boii marcbe, ct voul boire a reiiiboucluirc do ccs lor- rens dont j'al deja parle. Quelle imprudence ! leurs fenmies elles-memes , rcslecs aux villages , allerent la salubrile de ccs eaux : les unes y font sejourner le lin destine aux usages de la inaison ; les aulres en derivent momcnlanement une parlle pour fouler Ic (hap corse.

J'admcts que ces eaux pcrdcnt, en s'ccoalant, quelque chose de cette insalubrile ; niais nialhcurcusement clles en conservent assez pour nuirc a Fcconomie animalc, soil par leur position, soil par leur evaporalion ; car relali\ ement a celle derniere chose , il est a propos de reniarquer que les torrens, apres leur debordement, inondcnl les terrains has que la rarele de la culture laisse en inarais dcs mols enliers.

Partout aillcurs , comme en Corse, les bas-fonds sent plus ou rnoin$ fievreux; el si la maladie se concentrait dans ces endroits, les Geographes n'auraient pas sans doute fait au climal de la Corse le reproche d'etre mal-sain.

Mais apprenant des vovageurs que les fievrcs regnaient meme dans les villages les plus cleves, dont la situation seniblail pourlant defendrc leurs habitans de toule maladie endeniique , ils ont dti penser que le climat comporlail les fievres avec lui.

Nous avons vu comment les hommes provoquaicnt dans les plaines les principcs de la maladie; nous allons juger combicn Ils aident a son dt-veloppement , de rctour dans leurs montagnes. A peine sont-ils arrives, qu ils se precipilent en foule aux sources qui sent nombreuses , et dont Tcau , loujours trcs-froide , a sou- vent de la erudite.

l\ien nc pcut arreter ces gens altdrcs. 11 en est meme parmi eux qui courent a la fontainc avanl que dc meltre le picd a la mai- son. lis passcnt cnsuilc loul-a-coup a un grand etat d'oislvele ,

qui reposerail Lien leur corps , mais qui ne raffraichit point lour sang ; car ils continuent I'usage des viandes saldcs; ct fVailleurs, sauf I'abri, ils ne sont guere couches plus mollement la nuit daus Icurs demeures habiluelles, que dansles champs de moissons. Toutela famillcs'elend, avoc des couvertures, sur des planches de chAlalgnier.Dans quelques uiaisons, on connail le luxe d'une pail- lasse et d'un niatclas. 11 I'aut ccpendanl exceptor Ics proprietaircs aises. Le chef de famlllc a toujours une couchette assez bien gar- nie. G'cst aussi le lit de rhospitalite.

Pour en revenir a la maladic , elle se declare de suite, parce qu'aux motifs precedens se joint I'exces d'appetit , que fait naitre chez eux Pair vif des monlagnes el la limpidite des eaux. Ils s'y abandonnent sans reserve, jusqua ce que la force des fievres ait amene le degoAt naturel a tout homuie qui en est atleint.

Simple observateur, je n'entrerai point dans le plus ou moins d'efficacite des remedes qu'ils emploient.

Le Gouvernement fait, chaque annee, dislribuer du quina dans Ics communes frappees de celte espece de contagion. Cetfe sage prevoyance est souvent vendue inutile par la distribution nial r(^glde du remede, c'cst-a-dire que la faveur la borne a deux ou trois individus , chez lesquels le quina, donne ainsi a trop fortes doses, produit des tumours et des embarras gastriques. Lcs autres ma- lades, prives de secours, prennent ordinairement, a plusicurs re- prises , une potion composee de vin et de nombrcuses tetes d'all pilecs.

Dc ce singulicr remede resulfe souvent, chez le malade, une es- pece d'ivresse et ensuite une absence totale d'idees qui dure pen- dant plusieurs jours, et quelquefois pendant plusieurs semaines. Ce qu'il y a de certain, c'est que les fievres, dontle caractere varic souvent, mais qui dcgenerent rarement en typhus, se prolongent au-dela d'un an chez le meme individu. Dans i'etd de 1822, elles porterent cependant avcc elles des germcs de raort , qui furcnt

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presquc parloui elouflcs par Ics sages mcsures dc M. Ic viconHc de Sulcau, prt^fet du departcmenl. Ce luagisUal cnvoya dans les cantons les plusaflligcs, dcs medeclns experinicnles, quiparvin- rent a arreler le cours du mal. lis feronl sans doule connailre ce qui a pu Iniprimcr cclte annee-la , aux lievrcs , un caraclere si per- nicieux , el Indiqueront les inoycns dc les trailer. Pour nous qui, dans le cercle etroil de nos connaissances , ne pouvions qu'ctu- dlcr les causes locales de la nialadie , pour rejeter juslenient sur les homnicS le reproche fait a la nature, nous croyons avoir suffi- saminent prouve que la cause dc Tinsalubrite du climat de la Corse n'est ni dans son sol ni dans sa situation , mais dans rimprevoyancc dc ses habitans.

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A Monsieur Ic Prcaidcnt de la Socicte dc Geographic.

IVIOSSIEUH ,

Vous m'avez fait Thonneur de me charger de la commission flatteuse de proposer differentes questions que la Socicte de Geo- graphic croirait utiles desoumettre aux recherches de ^l. Bresson, un des secretaires de la Legation Fran^aise aux Etals-Unis, a Washington.

Le zele de cet agent diplomatique pour les progres des sciences I'avait engage a soUiciter aupres de la Societe la lache honorable de determiner et d'eclaircir les points importans de la Geographic dcs Etats-Unis, qui restenl indecis, ou qui n'ont pas etc jusqu'ici suffisammenl expliques.

Quatre sujcts d'un grand inlerCt merilent dc fixer ralteution dc M. Bresson, savoir:

i". De conslater Tcxislcnce des lacs Timpanogos et Teguayo.

2 79 2°. De ddcouvrir roriginc <les fortifications qu'on Irouvc dans la vallec de rOhlo.

3". De donner Ic rcsultat des voyages aux regions antarctiques , cntrepris par des navires amdrlcains.

4.°. D'engager les auleurs de voyages et de cartes a communi- quer leurs ouvrages h. la Societe de Geographic.

1°. II reste encore une grande question aresoudrc, c^est desavoir si ail sud-ouest de la grande chainc des montagnes de Colombie, il existe deux lacs nommes Tirnpanogos et Teguayo (i); et si, par le inoyen des rivieres qui y entrent el en decoulenl, on pounait ouvrir une communication facile avec I'Ocean Paclfique, a tra- vers le pays de la Nouvelle Californie.

On sait combicn fut penible la route des voyageurs americains Lewis et Clarke a travers lesmontagnes nommees Rocky ^ a cause des neiges qui les couvrent et des rivieres qui traversent les vallees qu'on y rencontre. lis employerent cinquante jours a se rendre, du lieu de leur debarquement sur la Kooskouskce , affluent oriental de la riviere de Lewis, qui tombc dans la Colombie.

A leur retour, les voyageurs trouvcrent un passage plus court entre les plaines de Quamash , siluees aupres dune pelile riviere du meme nom , et le confluent de la Traveller's Rest Creek , sous le 4-6° 48' de latit. Depuis on s'est assure que Tespace compris entre cette derniere et la source du Jefferson , n'etait que d'envi- ron 160 milles, et qu'on pourrait aisement le traverser en voi- ture, lorsque la seule hauteur cscarpee que Ton rencontre et que Ton aplanirait a peu de frais, serait rendue praticable.

Depuis Texpeditlon de Lewis etde Clarke, diverses compagnles

(i) Ces lacs, d'uiie grande etendue, se Irouveiit indiqiies aujourd'hui sur les nieillcures cartes : le premier, entre les l\o et 42" de latitude ; I'autre enlrc les 38 et 390.

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an service dc la Compagnie de Fourrures jVAstoria, elablissement siliie a rcnibouchure du flcuvc de la Colombia, ont traverse Ic conlincnl amoricain par unc route beaucoup plus au sud ct plus prallcable, a travers Ics uionlagnes, en un ondrolt ou la chaine s'abaisse considcrablcment, ct pcrmetlrait le passage des charrcttes ct des clievaux.

Qualre associes de cclte mcme compagnie et deux chasseurs partirent d' Astoria le 28 juin 1812; ils remonterent la Colom- bic, traverscrent les monlagnes Rocky, ct prenant alors unc di- rection cst-sud-est, ils arrivercnt a la source de la grandc riviere Platte ( T ). Ils descendircnt cclte derniere jusqu'a son confluent avecleiMIssouri, ctsercndircnt, par le canal, dc celui-ci a Saiiil- Louis, oil lis debarqucrcnt le 3o mal i8i3. ^

Joseph Millar, amcricain, ayant sulvl la mcme route en sens conlraire, decouvrit une riviere qu'on suppose couler a Touest vers le port de la Trinlte , et se rcndre a la mer du sud (2).

Pendant la derniere guerre des Etats-Unis contre TAngleterre , rctablisscment d'Asloria fut dctrult par une expedition envoyc^e dans ce dessein par cette derniere puissance. II en est resulte que la Geographic de cette partle de TAmerlque , oii Ton a place ces lacs, est encore Inconnue, blen que des chasseurs de Salnt-Louls y alent probablemcnt etc depuis trafiquer.

La derniere exp<^dItIon donton ait des renselgnemens, secom- posalt dc 60 honmics ; elle parlll dc Saint-Louis , le 1" mars 18 n ; ayanl remonte le Missouri jusqu'aus villages des RIcaras, die

(i) Celle liviere ct ses Irlbiilaircs sont navigablcs sur xme ctendue tie deux mlUe po\ir dc petits bateaux, mais a la distance de 2oo mlUes dc sa source ct aux villages des Indlens Otto ; clle est si pcij profonde (ju'un canot constniil de peaux amait dc la peine a y naviguer.

(•>.') A' oil' Ic lorn, XII des NouvcUcs Annates des Voyages , ct la carle qui y est aniicxcc.

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prit une direction sud-ouest pour se rendre aux monlagnes de Big-Horn^ et apres avoir eprouve dc grandes privations et perdu plusieurs hommes par le manque de nourriture ct par la fatigue , lis arriverent a Astoria, au commencement dc 1812.

Depuis la suppression des factoreries sous la direction particu- liere des Etats-Unis , il a etc forme de nombreuses associations pour le commerce des fourrures. ]\Iille hommes , dont la plupart de Saint-Louis, sont employes sur les eaux du ]\Iissouri; trois cents de la Compagnie du meme nom sont deja arrives aux mon- tagnes Rocky, et ne tarderontpas a dcscendre la Colombie.

2°. II est a regretler, dit M. Jefferson , dans ses observations sur laVirginie, "qu'on ail laisse tantde tribus Indiennes Americaines, s'eteindre sans avoir recueilli au moins quelques notions des lan- gues qu'elles parlaient. En les comparant avec celles de I'ancien monde, on eAt pcut-ctre fmi par decouvrir la veritable origine de cette portion du genre liumain. »

11 existe, dans la vallee deTOhio, d'anciennes ruines, qui prouvent qu'elle a ete habitee par une nation tres-differente de toutes celles qui I'occupaient a Tepoque de sa decouverle par les colons fran- ^ais. Ces dernieres n'eurent jamais recours a des retranchemens de cette nature pour letir defense ; et cependant on y rencontre des fortifications dont plusieurs couvrcnt dc 5 a 6 acres de terrain , garnies de fosses et dune esp^ce de bastions, qui indiquent une nation beaucoup plus avancee dans les arts utiles que ne le sont les Indiens d'aujourd hui , quoiqu'on n'y Irouve que des mor- ceaux de poterie dont la fabrication est egalement connue de la plupart de ces tribus.

On atlribue generalement ces ouvrages a une colonic Galloise qu'on suppose avoir ete cbassee vers les sources du Missouri , et dont on a de nouveau evoque Texistence (1).

(1) Voir le 4""' Caliier do la Revue Encyclopedique, concein.'iit une pielen- due colonic dc Gallois ctablic dans I'inlerienr de I'Ameiiquc.

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II ne reste toutefois aucune trace de ccUe peuplade ; car depuis les voyages de Lewis et de Clarke, el des agens des coinpagnies pour le commerce des fourrures , loutes les nations de cette region de lAmerique sont plus ou moins connues.

On a decouvert de nombreuses mines de ces fortifications, dans toule la vallee de I'Ohio, depuis le pays des Illinois jusqu'au Mexique; mais comme il n'en existe pas le moindre vestige sur la c6te situde a Test de la grande chaine de montagnes Allegany , on est portd a croire qu'elles furent Touvrage d'une peuplade du nord- ouest , qui , trouvant la vallee du Mexique deja occupee par d'aulres nations, se rendit dans celle de I'Ohio par un des grands affluents du Mississipi , en prit possession , et adopta le systeme de defense en usage dans leur pays natal ; mais ces relranchemens etaient un bien faible obstacle pour les guerriers Iroquois, Hurons et autres, qui leur opposerent des forts construits en troncs d'arbres, au mi- lieu des marais, ou sur des chaines de montagnes, ou des hauteurs inaccesslbles.

3°. M. le docteur Mitchill de New- York m'ecrit, qu'il est arri- ve des naviresame'ricains dans differents ports des Etats-Unis avec des cargaisons de peaux de phoques. lis avaient doubled le cap Horn, en venant d'une conlree (1) situee sous le 62" de latitude sud, ou la vegetation est si peu active, qu'a peine trouve-t-on un peu d'herbe en quelques endroits, et de la mousse sur les rochers. Ce triste pays est eternellement couvert de neiges et de glaces.

La carte dressee par M. Hampton Stewart est, dit-il, tres-prd- cieuse pour la Geographic Les geologistes apprendront avec sur- prise que le sommet des terres hautes et des rochers qu'il a visites, sont converts de squelettes de baleines et de restes d'autres ani- maux marins, qui semblent y avoir ete lances par un soulevement de mer (2).

(i) New South Shetland.

(2) 11 est probable qu'ils y onl ele laisses a sec , apres un (b^bordemcnt lei que ctlui qiii vicnt tl'avoir lieu sur les cotes dc la Carolini! meridionale.

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Notre correspondant ajoute que les mindraux qui en ont ele apportes par M. B. Astor , sont en partle de formation primitive et en partie volcaniques (i).

Les journaux de New-Yorck ont annonce qu'un navire est sur Ic point de partir de ce port , pour entreprendre un voyage autour du Monde, sous le commandement du capilaine Sullivan. II se propose de relacher au cap de Bonne - Esperance , de toucher aux ports du Golfe Persique et de I'Ocean Indien , et de revenir par rOcdan Pacifique.

4". Cartes publiees aux Etats-Uuis depuis i8i4-;

1°. M. Melish de Philadelphie publia, en i8i4, une grande carte des Etals-Unis.

2°. M. Robinson, auleur ies Memoi'ivs sur la piobabiliie d'etablir line communication entre les Oceans Atlantique et Pacijique , par Vis- thine de Panama , a public , il y a deux ou trois ans , une carte de cette partie de I'Amerique.

3°. Daniel Sturges publia, en i8i8, par ordre du Gouverne- ment de la Georgie, une carte de cet Etat en quatre fcuilles.

4.". Le Gouvernement de celui de New-York a fait dresser une carte du canal auquel on travaille actuellement, et qui doit ouvrir bientot une communication entre les grands lacs de I'interieur et rOcean Allan lique.

5". M. Carey, de Philadelphie, fit paraitre, I'annee passee, un bel Atlas , en 53 feuilles , des deux Ameriques et des Indes Occi- dentales.

Paris , ce 3 Janvier i823.

Signe D. B. Warden.

(i) Ceux qui se trouvent chez le docteur Mitchill sont : i" du quartz cristal- lise et compacte ; a" dc I'amethiste ; 3" du porphyre ; du zcolithe ; 5" des pyrites.

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rEPO\sic a la preuiierc queslion proposee par M. Warden: « Constarer rcxislence des lacs Ti/npanogos et Tegnoyo. »

PREMIERE PARTIE.

De la Nom>elle Callfornie.

Je dols, en commen^ant, avoucr que, malgre mes recherches, je n'ai, pour repondrc a cellc question, d'autres documcns que ceux menies qui y ont donne lieu. Cette partic de la cole occidentale dc TAmerique du Nord, designee sous Ic nom de Nouvelle Californie, reste encore inconnue an inonde savant , quoique Lien propre, par la bcaute du climat et la fertilite presumee du sol , a tenter I'indigence du colon , et par les merveilles qu'on en raconte, la curiosite de Tavenlurier.

Parini les ecrivains qui ont traile , et parmi les voyageurs qui ont le plus approche du lieu ou le pere Escalante place les lacs Timpcuiogos el Teguayo , il n'en est aucunqui affirme leur existence. II en est plusieurs qui no les nomment meme pas. M. de Hum- boldt , ainsi que I'observc justement M. Warden , ne donne aucune opinion positive. Pike qui , fait prisonnier par les Espa- gnols , conduit a Santa Fe, et de la, a travers les provinces interieures, jusqu'a la Louisiane, a converse avec les gens inslruils et les inoines du pays, a voyage sous Tescorte d'officicrs et de soldats qui avaient combaltu contre les Indiens memes de la Nouvelle Californie, et a Irouve, comnieille dit page 224., chezle pere Ambrosio Guerra, a Albuberque, la seule carte dans le pays ou le rapprochement des sources du Rio del Norte et du Rio Colorado de Californie et leurs ramifications fussent tracees, Pike declare, en termes expres , que Texistence du lac Tlmpanogos et du lac Teguayo^ qu'il suppose identiques, lui parail Ires-douteuse. Sur quelle autorite :' je Tignore, car il nc le dit point; mais il a

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voyage en homine eclaiie ; je nc Joule pas qu'il n'ait piis des in- formations sur ce point important lie la geographie de I'Amerique.

Une carte nouvelle de TAmerique Septenlrionale vient d'etie [mbliee a Philadelphic par Tatner. Ellc m'a paru en general composee avec un soin scrupuleux et un choix judicieux de mate- riaiix. Les cours du Rio Colorado , du Rio Nabagoa et du Rio Za- guenanas y sont traces conformement a la carle de M. de Hum- boldt. Mais j'observe que Tatner marque cntier, sans le nommer Teguayo, entre les iig^ et 117'= degres de longitude (mcridien de Paris) , sur le 38^ de latitude , le lac Sa/e, dont cet illustre voya- geur ne donne pas les limites occidentals , et qu'il y conduit deux rivieres, Tune sous le nom de Rio Salado, qui prend sa source dans les montagnes neigeuscs, en longitude 113" et latitude ^i", I'autre , Ic Rio San Buonaventura , qui en sort seul pour tomber dans Toccan Pacifique, au port Pines ^ en latitude 36", longitude 123°, et dont la source louche presque i cellc du Piio Salado. Du lac Tinipanogos , plac^ pres d'unc montagne du meme nom , latitude 4-1-42" 3o' et longitude 116" 25'-ii8", Tatner fait egale- mcnt sortir deux rivieres, I'une, le Rio Tinipanogos, qui coule k I'O.-S.-O. et lombe a San Francisco en latitude ^Ij", Tautre le Rio losMongos, qui se dirige a TO.-N.-O., dont I'embouchure, par latitude 4-3° , n'est distante de celle de la Colombia que d'une centaine de lieues , et semblerait corrcspondre avec la position donnee au Rio de Aguilar. Nulle mention du Teguayo.

Voila des dt^tails positifs et circonstancies. Mais malheureu- scmcnt je rencontre en marge une note qui me prouve que M. Tatner est au meme point ou nous en sommcs ; elle est ainsi concjne : « Les informations recueillies sur linlerieur de la Nou- « vcllc Californie, et en consequence desquelles les rivieres £05- » Mongos , Tinipanogos et 6 an-Buonavcntura, ont ete marquees sur » celte carle , n'avaient point ce caractere authenlique qui dis- » tingue presque tous les aulres documens sur lesquels elle est

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a composee. II est done trcs-douteux que leurs cours soient » correcteuient iadlqu«^s. »

Ilfauten effet convenir que, depuis I'article de M. de Humboldt sur la Nouvelle Californle, aucune ddcouverte nouvelle n'a et6 faite, aucun document nouvcau livre aux sciences , et que cc ce- lebre savant, qui en general ne laisse pas beaucoup a dire apres lui , a lout dit aussi dans le cas aclucl.

Quels obstacles ont arrete jusqu'aujourd'bui des decouvertes que des appats si puissans devalent provoquer? Par quels motifs Ics lieux oules traditions des Azlequesplacent Tunc des residences de leurs peres et le bcrceau de leur civilisation , ou les recits des premiers conquerans fondent des villes immenses el un autre Dorado, restent-ils silong-lemps inconnus? Ilfauten accuser le ralentissement du zele des Missions , le sysleme de restriction exclusive ctl'insouciance des Espagnols, qui, apres des efforts dont I'univers fut etonne, sont tout-^-coup tombes en lethargic au sein de leurs conqueles, et qui, comme presque tous les hommes, apres avoir su creer , n'ont pas su profiler et conserver. J'avoueral cependant que des difficulles reelles ont pu les arreter. Quoique Ton ait represente les Indiens de rinterleur de la Nouvelle Californie comme avances en civillsalion, et que Ton ait parle m^me de villes et de gouvernemenl regulier , je crois ces fails au moins aussi r6- vocables en doule que I'existence des lacs Timpanogos et Teguayo. II est du moins cerlain que les Indiens limitropbcs sont plus ter- ribles qu'aucunc autre nation des memes latiludcs, et que les Lspa- gnols sont obliges d'entrelenir des forces considerables sur la frontiere septentrionale de la province de Sonora et sur la fron- ti^re occidentale du Nouveau Mexique. Pike rapporte m^me que ces Indiens detruisirent entierement un parti de 63 dragons espa- gnols. Voila, je le con9ois, une bonne raison pour temperer chez des voisins Tardeur des decouvertes.

Je dois faire egalement observer que Tcntreprise de traverser la

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Nouvelle Californie n'est pas aussi facile qu'une erreur lypogra- phique Ta fait parailre dans Touvrage de M. dc Humboldt. Je lis ( tome 2 , Ih. Ill, page 434 f ed. de Paris, i8i i ) que le port de San Francisco sur la cote N.-O. <' est presque sous le mcme parallele » que la petile ville de Taos&^u Nouvcau Mexique , qu'il n'en est » eloigne que de 3o lieues, et que cependant aucun voyageur n'est « venu jusqu'ici du Nouveau Mexique a la cote dc la Nouvelle Californie ». Le faitcerlainement serait extraordinaire, et jamais So lieues n'auraienl cause tant de discussions; car, Timpanogos, Teguayo, Ci\>ola, Quiiura, Jutarax, etc. , c'est la que se sont refu- giees toutes les merveillcs du Nouveau Monde, precisement parce qUe c'est la a-peu-pri!s le seul point inconnu, et que Timaginalion des voyageurs et les prejuges du peuple ne savaient plus ou les placer; mais, fort hcurcusemcnt et pour la justification des colons voisins, un zero a etc oublie par le prote. Ce n'est plus 3o lieues, mais au moins 3oo lieues qu'ils auraient a franchir de Taos k San Francisco. Le calcul de leurs longitudes me donne seul. en ligne droile environ 3io lieues.

'J'el est aujourd'hui I'etat des renseignemens sur la Nouvelle Californie. Les probaoilites d'en obtenir bientot de plus complcts ont certainement augmcnte. Une energie nouvelle, creation ne- cessairc d'une revolution , s'empare de ces peuplades devenues nations. Le systeme prohibilif et exclusif de I'Espagne a expire avec sa puissance dans les colonies; et ces belles possessions s'ouvrent aux entrcprises du commerce et de la science. Fermees jusqu'aujourd'hui avec soin aux Aniericains , dont I'esprit enva- hisseur elait redoule par I'Espagne, elles seront bientot inondees de leurs speculaleurs. Deja une caravane de marchands de Saint-Louis a traverse deux fois , et mime aoec des rJiarrlots, tout le pays qui separe le Mississipi de Santa Fe. J'ai fait traduire la re- lation de leur voyage, que j'ai I'honncur d'adrcsser ci-jointe h. la Sociele, non comme un document qui puisse servir a la science, mais comme un monument de hardicsse ct d'cntreprise, et une

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pi*omesse pour I'aveiiir. On sent que de parells homines, si le gain les appelle de Santa Fe k San Francisco, n hesllcroiit pas a ouvrir la vole a travcrs la NouvcUe Californie, (lout Tctcndue n'excedc pas celle du de'serl qu'ils ont parcouru.

<.'est a ces honuiies ct a leurs toinpeliteurs, que la (ieographic sera sans doute redevable dc notions plus cxacles sur cette panic du Nouveau Monde. Je vais envoyer a Saint-Louis du Missouri des questions que la premiere caravane cmporlera a Santa F^. Quant aux chasseurs qui se rendentsur la Coloinhie, voyage fori raremcnt enlrepris et si enlrave de perils et d'obstacles, qu'il n'est pas un individuqui nc preferat niillo iois aller doubler le cap Horn, nous ne pouvons allendre d eux aucun renseignemenl sur lalSouvclle Californie, qu ilslaissentfortau loin dans lours courses tour-a-lour a I'ouest, au sud-ouest et au sud.

S'il m'clait permis de donncr, par analogic, mon opinion sur rinlcricur de la JNouvelle Californie, je trouverais Leaucoup de inolifs pour representor Taspect de ce versant occidental des monts Rocky conimc a-peu-pres semhlaLle i cclui des vastes plalncs situees, sous le meme parallele , a Test de la meme chaine- Comme ici, j'y vois indiquees des savanncs sans homes, dont, suivant M. de Humholdl, Monterey est environne, el qui, sui- vant Pike, couvrcnl los rives du lUa Colorado. J'y ronconlre des lacs sales, des plaiiies de sel gemme, des inondations, comme en Ire la Platte et le Pied-Rli'er. On vante la douceur du climat de la Californie; les rives de I'Arkansas ne connaissent pas plus qu'oUe d'hiver rigoureux. Plusieurs rivieres ysont homonymes; et ces noms semblaLles indiquent une somhlable formation du sol, lelles que le Rio Colorado do la Californie, le Rio Colorado du Texas ot le Rio Colorado do Natchitoches , aiijourd'hui Red-Riccr; toutos, ainsi que plusieurs autres de nioindre inipor lance, redox ables de leurs noms significalifs, aleurscaux, dont laleinte, dans la saison des pluies, approche de la couleur du sang. Gene sontla qnedes

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conjectures; mais elles presentent quelque caraclere de certitude,

Je ne Ics avarice que conime une induction, et sans me croire des titres qui les puissent faire valoir,

DFUXIEME PARTIE.

De la Cummunication avec V ocean Pacijique.

M. Warden m'indique que le but de sa question est de cons- tatcr « si Ton pourrait ouvrir une communication facile avee » Tocean Pacifique a travers la Nouvelle Californle par lemoyen » de ses rivieres ». Nous venons de voir sur quel vague repose la connaissance de cette province. Le Colorado est la seule riviere dont on ose parler. M. de Humboldt (tome i, page 221), parait considerer connne facile une communication entre elle et le Rio del Norte, en raison de la proxiniite de Icurs sources. M. Pike , qui a longe le Rio del Norte dans presque toute son etendue, dit : « It cannot in an part of its course he termed a namgahle stream , owing to the sandbars : On ne peut, suraucun point de son cours, » le considerer comme navigable, a cause des barres de sable ». La difficulte viendrait de la, plutot que du Rio Colorado; car ce meme capltalne , depuls general Pike, lue dans le Haul Canada en defendant son pays, nous dit plus bas que des hommes savans et curieux lul ontappris que le Rio Colorado etait navigable, pour des trois mats, a plus de 3oo mlllesde son embouchure. C'est au moins un tiers de son cours.

II nousreste done a examiner si, parmi les autres rivieres dont la source approche de celle du Colorado de Californle et dont les eaux coulent vers TAtlanllque, nous n'en trouverons aucune qui puisse etablir la communication. Ici heureusement nous sortons du domaine des conjectures. Un voyage cnlrepris, en 1819 et 1820, par ordre du ministre de la guerre des Elats-Unis, a ete public, il y a six mois, a Philadelphle. L'objetde cette expedition,

ago

confiee au major Long, du corps du gonie, avec tous les secours que la science peul offrir , clalt d'explorer le Missouri, le Missis- sipi et leurs Iributaires navigablcs. 11 a longe la Platte en la remontant jusqu'aux nionis Rork)\, et TArkansas depuis sa source jusqu'a son embouchure, eu meme temps qu'un detachcment descendait les bords du Canadicn , affluent de I'Arkansas. II r<jsulle de ses observations, que les sources de la riuttc, de V Arkansas^ du Leads et du Rio del Norte doivent se Irouver toutes par le \o(f et no* degre de long, (merld. de Paris) et le 3g'' et 4^0'^ degre de latitude. C'est prcclsenient la position du Rio Colorado de Calijornie ou de ses Iributaires. La proximilc est extreme. jMais examinons, avec le major Long, les facililcs dc la na\igalion.

« La Platte est presque partout large et peu profonde; elle est » gueable a peu pres sur tous les points, excepte lorsquelle s'enfle » au printemps, lors de la fonle des neiges, et k d'aufres epoques » de Tannee, lors de plules excessives. Son lit est compose pres- » que exclusivemcnt de sable, qui forme des barres innombrables ». et qui change sans cesse de position , entraine vers le Missouri, » dont la rapidite turbulente Temporte cnsuile vers lOcean. » Page 45g, tome i".

" La Platte dont le cours est d'cnviron Soomllles, estraremcnt » navigable, excepte pour des canots de peaux, et seulement m6me » lorsquelle s enfle. On n^a jamais tenle de la remonter en canols » a une distance considerable : des bas-fonds nombreux et la » rapidite ducourantdecouragenld'une telle entreprlse.»> Tomell, page 358.

« La nature du Kansas et de ses dlverses branches est scm- » blable a celle de la Platte et de ses tributaires ». Tome II , page 355.

« U Arkansas est navigable jusqu'a rembouchurc du Neosho n ou grande riviere, espace de GoomlUes. Cependant, dans cettc » .partie nieme de la riviere la navigation est souvenl arreliic par

> rinsuffisance de la profondeur de Teaii, durant deux mois et ' demi ou trols mois , a partir de juillet. Au-dessus de I'embou- chure du Neasho , la riviere est bcaucoup plus large qu'au-

> dessous; lesbas-fonds sont plus nombreux et la navigation plus precaire. Celle parlie dc I'Arkansas ne peut pas ^tre consideree

0 comme navigable, meme pour degrandes pirogues, si cen'est pendant la courte periode de la crue des eaux. Mais a peine dure-t-ellc assez pour un voyage de loo milles en remontant et descendant ». Tome 11 , page 34-8.

« Le Canadi'en qui prend sa source aux pieds des monts Rocky, et dont le cours est d'environ looo milles, n'a pas, en ete, une quantite d'eau suffisante pour elre navigable 5o milles au-dessus de son embouchure ». Tome II, page 356-57.

« Le Red River est navigable pendant la plus grande partic de lannee, jusqu'au Grand-Raft^ environ 5oo milles dc son em- bouchure. La, sa navigation est obstruee, exCepte dans la haute crue des eaux, ou des bateauxf plats du port de lo a i5 tonneaux pourraient, atraversdes canaux et des boyaux voisins, remonter quelques centaines de milles plus haut. jVeanmoins la parlie de la riviere au-dcssus du Grand-Raft^ est, comme la partie supcrieure de I'Arkansas, rendue impraticable pour des bateaux de charge, par lesbas-fonds et'les bancs de sable, lorsque I'eau est a son niveau ordinaire ». Tome II, page 34.g. Voila les obstacles qui naitraient des rivieres m^mes : voyons maintenant ceux que presente le pays

« Cette vaste ctendue de pays, bornce k Test par le Missouri » et le Mississipi, a Touest, paries monts Rocky, aunord, par » la riviere Platte, et par le Red-River au sud, n'est pas, dans » sa presque totalite', susceptible d'etre cultivee, et par conse- » quent, d'c^lre habite'e par un peuple dont la subsislance repo- » seralt sur Tagriculture. Quoiquc de loin en loin on rencontre » quelquey terrains fertrles, assez ^tendus^, la penurie d'eau et dc

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.bois, qui se fait presque partoulscnlir, scrait un obstacle insur- » mon tabic pour ceux qui tenleraicnt dc s'etablir dans ce pays. » Ccs rcinarques nc s'appliqucnt pas seulement aux rniiltes dc- » tcrniiuecs ci-dcssus , dies soiit ogalemcnt \Taics pour les Icitcs M au nord do la Plalle.

» Ccs contrccs ncanmoins, considerces comme frontiercs , » pcuvenlcire d'uiie grandc ulliiu- aux Etats-Unis, ncful-ce que » comme barrierc conlre Tcxtcnsion de la population vers Toucst ». Tome II, page 36 1.

Si ccs observations sont fondces, ct il y a toulc raison de les croire Iclles, nous somnies forces de convenir qu'il teste peu d'csperauce de voir jamais la communication avec Tocean Paci- fiquc s'ouvrir, par des rivieres qui ne sont pas navlgables, a tra- vers un pays qui n'est point habitable. Quclques extraits sur les monts Rocky nous donneront unc idee du plus ou moios de difficultc du portage.

« Le trait le plus frappant de I'Amcrique Scptentrionale est, « sans contredit, celte continuation evidcnte des Andes de Tbcmis- » pherc meridional, la grandc cbaine des monts Rocky, qui » s'etend parallelement a la cote occidentalc depuis Tisthme de » Panama jusqu'a la mer Glaciale. Leurs sommets, dleves fort » au-dessus de la region de la glace perpetuelle, contemplent » vers Test, a leurs pieds, les vastes plaines du Mississipi ct de » ses tributaires , qu interrompt seule une suite de coUines pier- >> reuses qui se prolongent depuis le confluent du Missouri et » du Mississipi jusqu'au sud-ouest du Rio del Norte ». Tome II, page 384.

« Lepays a I'ouestdu premier rang oriental des monts Rocky, « entre les sources de la riviere YcUua< Slonc au nord, el Sanla-Fe » au sud, n'est que uionlagncs, rocssaillans et vallees profondes. « Ces monlagnes sont generalcment escarpces, s'elevcnt quelquc-

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» fois en pics inaccessiblcs, couverls de nelgcs elernelles ». Tome II, page 64.

« Nous prendrons, pour la moyenne proportionncUe de IV-le-

» vation de la base des monts Rocky au-dessus de iOcean ,

» 3ooo picds anglais, cl nous pensons que ce calcul est plutot

» au-dessus de la realitc. Cette hauteur, ajoutee i celle dupic que

« nous avons appeld James Peak (en long. 107" 36' et lat. 38" So)

') donnerait, pour la hauteur de ce pic au-dessus de TOcean

» iiSoo pleds anglais.

» En comparant cette hauteur avec celle que M. de Humboldt » calcule pour la limite inferieure de la ncige pcrpetuelle, en » latit. 40"", c'est-a-dire 984.6 pieds au-dessus de TOcean, nous )> Irouvons que le sommet de ce pic surpasse cette elevation de » 1654 pieds. . . . ». Tome II, page 383.

M. Long a dit (page 64) qu'il ne doute pas qu'il n'existe des pics Leaucoup plus eleves dans les monts Rocky.

Ici se terminent les informations que j'ai rccueillies sur Tinte'- rieur de la Nouvelle Californie, et sur la communication possible de ses eaux avec celles des tributaires de I'ocean Atlantique. Je reclame Tindulgence de la Societe pour leur Insuffisance, en la priant de croire a la cpntinuation de mes efforts pour lul en trans- mettre de plus completes.

Washington-City, le 7 juillet iBaS.

Signe Bresson.

AiW1/VW«fWWWt/Vl'WV«

rikcE jointe alaReponse de M. Bresson sur lapremiere Question posee ' par M. Ti^arden.

Traduction du Journal de deux Expeditions de Boons-Lick surle Mis- souri ii Santa-Fe.

Notre Compagnie traversa la riviere prcs d'Arraw-Rock , le i'"^

scplenibre 182 1 , ot campa a 6 milles de la. Le lendemaln, coamie il faisalt un temps chaud et serein , nous continuaines noire voyage 35 milles dans un pays de belles prairies, a Iravers la plalne du petit Osage, qui est justement regardee conime le lieu le plus beau et le plus romanesque de TEtat. Le voyageur s'ap- proclic de la plaine a Iravers une prairie elevee. Tout-d'un-coup Toeil oblient une vue eloignce du Missouri et d'une vaste foret de deux milles de largeur. Kn face est une plaine riche et parfaite- mentunie, d'unegrande etendue , et couverte de petits bosquets au-dessus desquels la vue s'^tend a pr^s de 20 milles. Sur la gau- che , la plaine est bornee par une branche de la riviere la Mine, qui est bord(^e d'arbres gracleux ; et dans cctte direction, la vue est bornee encore plus loin par des ondulations de prairies elevees. La description ne peutpas rendre justice a une vue sivarlee, ni aux sentimens que Ton eprouve en la regardant. Comme c'etait pres du temps des equinoxes , nous avons souffert quelque incommodile pendant deux ou trois jours a cause des plules etd'une atmosphere froide et humlde. Arrives au fort Osage , nous avons ecrit des lettres , achele quelques medlcamens et arrange les affaires que nous croyionsnecessalres avant de quitter les limites de la civilisa- tion. Le qualrleme jour , apres avoir qultle le fort Osage , jetom- bai malade en consequence de la chaleur et de la fatigue causees par une chasse de deux elans le jour avant , que nous avons bles- ses, mais qui avaient encore assez de force pour se sauver de notre poursuile. Quelques autres de notre Compagnle se plalgni- rent d'etre malades environ vers ce temps-la , mais nous contl- nuames notre voyage , determines a ne pas ceder aux bagatelles , et a ne pas nous reposer jusqu'a ce que cela filt dcvenu necessaire. Le 20, nous traversames le grand Osage, etant presque tous ma- Ijftles et decouragcs. 11 pleuyalt bcaucoup et nous fAmes obliges de nous arrcter pour sdcher nos cffets. Le second jour , apres avoir traverse I'Osage, nous avons vu plusleurs bisons. Nous en avons tue un. Nous avons vu aussi plusleurs chevres ; mais ellcs etaient

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si clairvoyanles et si sauvages que nous n^avons pas pu les luer. Ce jour-la nous camp.^ines sur les Lords de la riviere Arkansas , apres avoir voyage a travers beaucoup de prairies inegales , cou- verles, presque tout entieres, de rochers de caillou. Nous oAmes pendant deux jours une pluic continue. Nous nous arrelames ensuite dans un petit bosquet pour nous rafraichir , pour lalsser nos chevaux se reposer et laver notre linge. Nous avons envoyd de la deux chasseurs , qui ont lue un cerf , et qui ont vu beaucoup de chevres et de grands troupeaux de bisons. Le limdi 2.{ , il etait tard quind nous avons atteint I'Arkansas , ayant voyage toute la journee en vue de bisons, qui sont innombrables id. L' Arkansas i cette place, a 3oo yards (i) de largcur, est tres-basse, interrompue par des barres et embarrassee de bancs de sable. L'eau parailetre aussi trouble quo celle du Missouri ; cependant nous traversAmes une de ses branches dont I'eau etait clalre et llmplde, et qui avalt 100 yards de largeur, un mllle au-dessus de son embouchure. Nous avons donne a celle-ci le nom d^ ruisseau de I'Esperance. Ces pays ne produlsent pas de bols propre a la construction , excepte tres-peu de bois de colon. 11 est etonnant que nous n'aylons vu nl des Indlens , nl leurs traces , quoique nous aylons parcouru le pays le plus frequenle pour leur chasse. Mais , comme leurs ha- bitudes sont perfides et leur caractere rapace , Tabscnce de leur compagnle pendant noire voyage, ne sera pas un sujet de regret.

Le lendemain , nous traversames I'Arkansas k une place ou II n'y a pas plus de 18 pouces d'eau , et nous campames sur la rive merldlonale. Nous quittames notre campement , le lendemain de bonneheurCj et vers midi, nous arrlvSmcs a ce qu'on appelle un village de chlens de prairie ( canis lairans ), qui paraissait couvrir un espace de 10 acres. lis se creusent des terriers; leur coulcur estbrune , et ils ne sont pas plus grands que des petltschicns de

(i) L'yaid est d'environ 3 pieds anglais.

six semaincs, auxquels ils resseniLleiit a tous egarJs, cxccple leurs orcillcs qui rcsseinblentplus a celles d'un Opossum (Didelphis) Desirant goAter leur chair , j'en ai lue un dont j'al roti un petit morceau , mais je Tai trouve trcs-desagreable au goAl. Leur ouie est si fine et leur cralnte du danger si grande , que le moindre bruit les fait se relirer dans leurs trous en aboyant, leurs tetes clc- vecs au-dcssus , jusqu'a ce qu'on s'approche dc tres-pres ; alors ils disparaissent aussilot. Tres-souvent ils se tiennenl debout commc une personne, les pattes de devant pendantes coninie celles des ours. Nous y avons trouve un animal bizarre , inconnu a toute la compagnie , de la grandeur dun Raccan , ( Ursus lotos de Lin- nee , ) et d'une couleur grise , la fourure tres-delicale , des ycux petits , les polls longs, les ongles longs d'un a deux pouces , el la chair delicate etdeliclcuse. Nous avons tue en outre un lapin aussl grand que noire renard , d'une couleur grise ; mais ses orcilles et •sa queue sont noires. II montrait une agilile extraordinaire en courant, un peu apres que nous I'avions blesse. Le soir du 28 , nous arrivames pres de quelques collines tres-elevees pour ce pays, formees enlierement de sable, et que nous avions apergues toute la journee, paraissanl dans le lointain comme des objets blancha- Ires et lumineux: dies sont tres-eteudues et enlierement arides. Nous campames ici, entretenant noire feu avcc la fienle des bisons. Notre campement , expose aux torrens de pluie qui nous inonde rent pendant la nuit, elaittres-incommodc. Le lendemain, nous conlinuames notre voyage de bonne heure , apres avoir lue un bison pour noire dejeuner. A une heure , nous nous trou- vSmes dans la plaine salee de I'Arkansas : elle avail la un mille de largeur. Nous n'avons pas pu determiner sa longueur. Son apparence etail differenle de I'idee que je men etais formee d'a- pres les descriptions que j'avais lues , a cause des grandes plulcs, qui avaient convert la terre de 18 pouces d'eau. Le lit de la ri- viere nous parut etre un melange de sel et de sable. Dechaque c6te , aussiloin que la vue s'elpnd, le pays etait couvcrt de bisons

297 et d'aulres animaux. Vers cetlc epoque , nous vimes cinq chevaux sauvages , les premiers que nous ayions jamais vus : Us paralssalent de loin granils ct beaux. Quelques difficultes survlnrent ; nous mauquames dc nourrlture pour nos chevaux et d'alimeut pour le feu. Plus loin , le pays n'est plus que des savannes continues. Cependant le nombre Immense des animaux qui errent tranquilles et paissent I'licrbc des prairies , donnent de I'inleret el de la va- riele au tableau. Les loups altaqucnt quelquefols les bisons , et quand une atlaquede ce genre est medilee, unc compagnie de lo a 20 se divise en deux partis , dont Tun scpare le bison de son Iroupeau et le chasse pendant que Taulre I'arrcte : j^ai comptc 20 loups dans une chasse de ce genre.

TNous cnntinuames a sulvre TArkansas, mais tres-lenlement, en consequence de la maladie continue de quelques -uns de noire compagnie. IcI , pour la premiere fois , nos chevaux tenlerent de quitter le campemeut ; un d'eux s'echappa, et nous n'avons pas pu le relrou\ er.

L'eau de la riviere est plus claire , et le courant plus rapide qu'a noire premiere rencontre. Le canal est devenu plus etrolt et consequemment plus profond : Therbe des terres basses est en- core verte ; mais , dans les savannes, elle est si courle que les ser- pents a sonneltes qui y fourmillcnt sont apergus a la distance de cinquante yards ; Us habitent des trous creuses dans la terre.

Le i5, nous avons decouvert un lac qui semblait imprcgne de salpelre. Nos chevaux efant devenus tres-faibles a cause de la faligue et de la mauvaise nourrilure , nouscamp^mes trois jours pour les laisser reposer et pour preparer quelques peaux pour des sandales. En meme temps nous tuames trois chevres et d'autre gibier.

Le 24 , nous arrlvames a un cmbranchement dc la riviere et primes a gauche. Les rochers devenaient tres-eleves , el Tappa- rence du pays Apre , sauvage et Iriste. Le 28 au soir , nous avons

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agS entendu un coup de fusil, premiere indicalion du voisinage des Indiens. Nous n'avons encore trouve aucune difficultc pour ob- tenir de Tcau ; mais nous n^avions cu ni pain ni scl depuis plu- sieurs seniaines.

Le 27, nous avons vu de grands troupeaux de moutons sau- vages; j'en ai tuc un : ses poils elaicnt longs, el la fourrure tres- delicate pres de la peau. II avaient une marque noire depuis la tele jusqu^a la queue , qui dtalt d'une couleur plus legere que le corps, et les jambes tris-semblables a celles de nos moutons.

Nous rencontrames alors quelqucs rochers tres-difficiles a es- calader , et nous Iravaill^mes pendant deux jours i 61 er de larges roches pour faire faire un passage pour nos chevaux. Cependant un cheval tomba et fut Llesse morlellement •, enfin, nous nous trouvames dans la plainc ; et apres un voyage de deux jours, nous arrivames sur une branche du CanaJien , dont les rochers es- carp^s nous menacereut dinlerrompre notre passage: mais nous raccomplimes apres bcaucoup de dlfficulles.

Le i3, nous rencontrames un parti de troupes espagnoles. Quoique nous n'ayions pas pu nous entretenir, a cause de la diffe- rence de noire langage, Taccuell que nous en avons re^u nous convainqult que leurs sentimens elaienl amicaux. La discipline des officiers elait severe;, et les soldats paraissaient ^tre presqu'es- clavcs. Nous campames ensemble cette nuit ; el le lendemain a une heure , nous arrivames au village du Si-Michael , dont les habitaus nous monlrerent beaucoup de civilite. Heureusemcnl j'ai rencontre un fran^ais ; et comme je comprends un peu sa langne, je I'ai paye pour servir d'inlcrprete a Santa-Fe. Le lendemain , nous partimes de bonne heure , et dans la journee nous pass^mes parun village appele St-Baw, et pres des resles d'une fortification que Ton suppose avoir etd conslrulte par les Indlens-Mexlcalns indigenes. Le lendemain , apres avoir traverse un pays monta- gneux , nous arrivames a Sanla-Fe , ou nous avons ele re^us avcc

=99 une apparence de plaisir et dc joic. La ville est situec dans une vallee sur une branche du l\io-del- Norte ou riviere du Nord. C'est le siege du gouyernement de la province : die a environ deux milles de longueur et un mille de largcur : elle est tres-pcuplee.

Le jour apres mon arrivee , j'ai accepte une invitation chez le gouverneur que j'ai trouve tr^s-instruit et civil dans ses manieres II m'a fait plusieurs queslions sur mon pays, ses habitans , leurs habitudes, etc. Ilcxprlinale desir que Ics Amcrlcalns contlnuas- sent leur commerce avec ce pays , et II ajouta que si quelques- unsvoulaient emigrer, il les aid erait avec beaucoup de plaisir. Le peuple est generalement basane, et vltdans un etat d'indolcnceet d'ignorance extreme. II a peu de connaissances des arts meca- niques, et apprccle peu Ics avantages de I'industrie. Le bk', le riz et le fromcnt sont les principales productions; II y a peu de le- gumes, exceple IcsoignonsquI sont trcs-grands eten abondance. L'atmospbere est Ires-seche et la plulc tres-rare , exceptc dans les mols de juillct et d'aout. Pour remedler i cet inconvenient , les habitans se rendent mallres des courans innombrables qui descendent des monlagnes, de manlere a !es conduire par de pelits canaux sur leurs fcrmes. Leurs animaux domestiqucs sont les moutons , les chevres , les mulcts et les Snes. Les gens riches sont les seuls qui possedent des chevaux et des cochons. lis de- meurent dans des villages comme les Fran^als, et Ics riches tiennent les pauvres dans un <^tat de dependance et de sujelion. Les ouvrlers ne resolvent pas plus de trois dollars par mois. Leur occupation est ordlnairemcnt de proteger le train des fermes conlre une nation d'Indiens ap^elei . Niwohoes qui tuent quclque- fois les bergers et volent les moutons et les mulcts.

Les murs des maisons sont dc briques sechees au soleil, et sont ordinairement d'un seul etage avec un toil plat , qui est for- me , aussi blen que le plancher, d'une sorte d'argile. lis ne con- naissent pas Ics planches , et n'ontnl tables , ni chaises, mais une sorte de sopha qui leur sert de table, de lit et de chaise.

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J'al laissc mcs compagnons h St-Michael, Ic i3 dtfccmbre, pour retourner chcz moi, avec qaalrc d'enlr'eux seulemenf. A I'epoquc ou nous soinmcs partis, la ncige avail i8 pouces (Vepaisseur ; mais la quanlile diminua vers Ics tcrres clevecs, circonstaiicc que nous avoiistrouvce surprenanle. Le 17' jour de noire voyage, nous arrlvames a 1' Arkansas, el nous travcrsSines ensuile les terrcs elevees qui separenl celle riviere dc celle de Caiv : nous avons ele bicn accuelliis par les Indiens de Caw el nous avons achele de leur Lie. 48 jours apres noire deparl, nous arrivames chez nous.

Ayanl arrange mes affaires pour retourner a Santa-Fe, le 22 decembre , je iravcrsai la riviere Missouri a Arrow-Rock, et le troisieme jour, noire conipagnle etait composee de 21 hommes et Irois chariots. Nous nc renconlranies pas de difficulles jusqu'a ce que nous arrivames a TArkansas , que nous traversarnes avec peine, et nous campames sur la rive meridionalc. A minuit, nos chevaux furenl effrayes par des bisons; el tous s'echaperent, au nombre de 28. Huild'entre nous, apres avoir nomme unc place de rendez-vous, les chercherent par des routes differenles el en retrouverenl 18. Deux autres renconlrercnl quclques Indiens et leur soupgonnant de mauvaiscs intentions, crurent les ^viter en relournanl au campemcnt; mais lis furent atlrapes, fouettes et depouilles de leurs habillemcns et de leurs fusils. lis revinrent avant le matin; et celle circonslance nous donna beaucoup d'ln- quieludes; nous aurions blen voulu punir ces scclerats d'Osages qui outragcnl ces memes ciloyens dont lis resolvent des pensions annuelles. On doit se mellre en garde conlre ces Indiens plus que centre aucunc autre peuplade sur la route. Apres avoir cberche nos chevaux pendant six jours, nous quitlames noire campemenl; et suivant TArkansas 8 jours , nous nous dirlgeamcs au S.-O. vers le pays espagnol. Nous renconlrames les plus grandcs difficultds pres dc Rock-Bitter oxx nous avons etc obliges de tirer nous-nicmes

3oi

nos chariots sur des rochers escarpes. Nous rcvimcs dc nouveau St-Michael en 22 jours de ['Arkansas. Nous saluSmes les habllaus de trois coups de fusils ; ils en parurent contcns. Nous nous s^- parames a St-Michael pour trafiquer plus avantageusemenl. En revenant, nous primes une autre route, differenle de celle que nous avions sulvie pour y aller, qui etalt bcaucoup plus courte ; et nous arrlvames au fort Osage en ^S jours.

Ceux qui se rendent a Santa-Fe pour y vendre des marchandiscs, doivent y porter celles de bonnes qualiles et de couleurs vives , parce que les habitans croient avec raisou. que Ton n'y apporte que des marchandlses vieillies et galces : on obtient un grand profit et le conim(*cc est tres-avantageux. lis ont beaucoup d'ar- gent et de mulets, et n'hesitent pas a donner le prix demande pour une chose qui leur plail. L'adininistration, quoique changee est encore tres-arbitraire; et linflucnce que la monarchie avalt autrefois sur les esprils et sur les manieres du peuple, s'y fait en- core senlir. Cette influence se montre dans la servilite des pauvres envers les riches.

Une bonne route pourraltetre faitc depulsle fort Osage jusqu'a Santa-Fe : elle n'aurait pas plus de 3o niilles a franchir sur les montagnes. II y a tres-peu d'endroits ou Ton ait beaucoup de peine a la rendrc facile.

Notice sw le tremhhment de terre qui a bouIe\)ersd la Hivde-Syii'e en aout 1822, par M. Ch, Ed. Gcrs, vice-consul de France a Lattaquie.

La Syrie est un pays de volcans et de Iremblemens de terre. Ces derniers surtout sont tres-frequens. L'histoire en cite plu- sieurs qui ont change la face d'Antioche , de Laodicee , de Tri-

)oa

poll, dc Bevrout, de Seyde, de Tyr , etc. Pour parlor dcs plus r^cens, il en est arrive un en i75g, qui a causd les plus grands ravages, elqui se fit sentir long-temps dans Ic Liban. En 1 788 , on ^proiiva a Alep une forte commotion; en avril 1796, la ville dc Lallaquie fut en grande parlie rcnvcrsee : il pcrit plus de deux millc ames.

Depuis celte epoquc, on n'avalt resscnli ici que dc legcres se- cousses. Je me rappelle quil y en cut deux en 181 1: je gerais alors le vice-consulat ; 4- ou 5 ans auparavant, je me trouvais a Tripoli quand la terre Irembla , en nieme lemps que Candie fut renversee (i).

Vers la fin de juillet 1822, les chalcurs dcvinrent excessives. Je ne me souvicns pas d'en avoir ^prouvd d'aussi fortes |)endant mon premier sejour en Syric. Elles durerent jusqu'au 1 1 aoAt , que nous eAmes un retour de vent du large. Lc ciel se couvrit dc nuages contre I'ordinairc dans cette salson ; vers la nuit , on voyait des eclairs; le temps dtait souvcnt a la pluic. Telles furent aussi les journees des 12 et i3. Cc. dernier jour, vers le soir, le calme s'etablit: de suite on senlitunc trepidalioii ; on n'y fit cependant aucune attention. Celle de neuf beurcs n'cffraya pas davantagc; mais clle fut precurseur de secousseslcs plus violcntes. Ces secous- ses commcncerenlparetrehorizontales, et dcvinrent ensuite verti- cales; c'est alors qu'cut lieu la chute des edifices. Je m'attendais a chaque instant aTccroulemcnt de Ihotcl consulairc; mais il rcisistaa ces mouvcmens on tous sens, qui durerent ^o sccondes ct renlou- rerent de ruines. On comple un tiers de la ville de renverse; mais comme les maisons sont basses et ont toutes cour ou jardin , et que d'ailleurs la plus grande parlie des babitans se Irouvait a la cam- pagne, il n'y cut environ que 200 personnes d'ecrasdes ou dc blessees.

(l) Cttle ville est sltiicc dans Tile de Candie.

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Ala Marine (i), la foileresse (il est vral mena9ant ruines de- puis long-temps) s'est ^croulee , ainsi que la Mosquee et le grand Khan des Tabacs. Ces deux derniers batimens, rebatls depuis le tremblement de terrc de 1796, la douane, les maisons et la plu- part des magasins ont ete conside'rablcment endoiiunages ; il n'y a eu que quelques viclimcs , ce lieu etant peu habitc depuis que le port est en grande partie comble.

Les rapports du dehors ne tardercnt pas a nous parvenir. Peu d'habilans purenl s'echapper de Gibelelle (2) , pour nous instruire de sa ruinc. La grande et belle Mosquee, renfermant le tombeau ve- nere du sultan Ibrahim I"du riom, n'availpuresisteraux secousses. Toute une aile du chateau-fort de Markab, ball paries Crois^ssur unc montagne, s'ecroula. En allant toujours dans le midi, on avail ressenti le tremblement a Tortose , k Tripoli , dans le Liban , a Seyde et k Jerusalem.

Dans Test et le nord, plusicurs villages avaient el^ detruits, de m^me que Gisser-il-Chourl , petite ville batie sur TOronte et sur la route de Laltaquie a Alep. Cetfe derniere grande et belle villc se Irouvait aussi boulcverse'e. Le bruit courut quun tiers de la population avail peri. Nous stlmes ensuite que le nombre des morts ne monlait qu'a 8000. Peu d'Europeens furent victimes. On cite, parmi ceux de marque, le consul d'Aulriche. M. le chevalier Lesseps, consul-general de France, rallia, au point du jour, les Fran^ais, et se relira dans un jardin. On y dressa des tentes, qui ont ete depuis converties en maisonnettes de bois.

Le Iremblcment de terre acheva la ruine d'Alexandrette , el se fit senlir jusqu'a Anlab, ville tout-a-fait au nord de laSyrie. Les petites villcs dTssip et de RIha ont bicn souffert.

(1) Bourg , qui Lorde Ic port de Laltaquie , a un quart de lieue de la ville.

(2) Petite ville maritime a 5 lienes de Latlaqiiie.

3o4

II paraJt que le grand foyer etail cntre GIsser-il-Chourl et An- tloche. On vit des flammes sorlir d'une montagne sltuee enlre ces deux villcs. Una autre s'ecroula et changca dans cclle partle le lit de rOronte dont les eaux s'accrurent. Si Ics maisons n'avaienl etd distribuces conimc celles de Laodicce , pcrsonne n'eilt echappe a la catastrophe. Le desastre n'en a pas moins el^ considerable. An- tioche ne pourra reprendre de quelque temps le rang qu'elle oc- cupait encore dernierement.

Plusieurs niontagnes s ouvrirent. Des ruisseaux se sont trouves a sec ; d'autres ont grossi.

Parlout ou les secousses furent violcntes, on enlendit des bruits souterrains; on vit, dans divers endroils , sortir de la terre une fumee dune odeur sulfureuse.

Un batiment fran§ais, parti de Tile deChypre pour Lattaquie, qui se trouvait a cette epoque a mi-canal, sautait quoiqu'en calme. Nous sdmes que la commotion s'etait fait sentir a Larnaca.

J'etais descendu dans mon jardin , d'oii je passai dans celui des peres de Terre Salnte, plus vasle, et dont le couvent attenant, resl6 sur pied, quoique beaucoup endommage, mena^alt moins de lom- ber en rulnes que leconsulat, edifice plus eleve.

Des la nuit de ce terrible evenement, j'avais rallie les natio- naux : aucun Europeen n'avait peri. Ce fut une grande consola- tion pour nioi. Je les embrassai tous avec la plus vive satisfaction.

Apres lesjiiouvemens convulsifs, s'elablirent des ondulations qui durerent jusqu'au jour par intervalle de demi-heure : dies venaienl du N. E. et se prolongeaient jusqu'a Markab.

La villc de Lattaquie etaitle Icndemain cntierement evacuee, a I'exception des personnes cliargees de falrc les fouilles et d'cnlever les morts, et de quclques loufegis (gendarmes) a la piste des vo- leurs qui prorMaient de la circonstance. Les habitans elablircnt des

3o5

tentes dans les plaines voisines. C'est ainsi qu'onlfait ceux d'Alcp ct d'Antioche. Ces dcrniers, voyant approcher I'hiver, se sont mis a construire des baiaques. Lcs Alepins , h ce que j'apprends, rentrent eii vllle , ou ils se logent comme ils peuvent. Les Latta- quiotes les imilent. Quant a la colonic et a inoi, nous avons, a I'exemple des Francs d'Alep, construit des appartemens en bois. Quolque faie fait reparer la parlie de Thotel ou se trouve le mSt du pavilion Fran^ais, le seul qui soit demeure sur pied, lesmou- vemens de la tcrre sont frop frequens pour Toccuper.

En effet , depuis Tepoque du grand tremblement de terre , il ne s'est point passe 5 ou 6 jours, sans secousses dont quelques- unes ont renverse des pans de muraille. Pour Tordinaire, elies ont lieu de nuit. J'ai remarque que les tremblemens de lerre qu'on a eprouvesaux Antilles en 1816, 1817 et 1818, sesontpresque tous faits sentir apres le coucher du soleil (i).

Laltaquie , le i5 ociobrc 1822.

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Recherches STATISTIQUES sur la Ville de Paris et le departement de la Seine , pour iSaS. Tableaux dresses el reunis d'apres les ordres <'e M. le comte de CuABROL , Prefet du Departement (2).

Fidele a I'engagenient qu'il a pris I'annee derniere, le premier Magistrat du Departement de la Seine fait paraitre un nouveau volume de statistique, touchant la ville de Paris et les communes voisines. C'est un gage, assure pour I'avenir, de la publication periodique de semblables recuells , et en meme tems une preu- ve de. I'utilite incontestable de la publiclte en matiere d'adml-

(1) Voir lus Annalfs MariLimcs , annec 1818 , u'" paillc , paq. (ji8.

(2) In- '," , <lc I'lmpilnicrie Roy»lo , l82j.

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nistration. Aussi dcvons-nous un nouveau Iribut dc reconnais- saacc a cclui qui a donno ct qui conlinue d'oflVir un si bcl excm- ple a ses collegues. En loul temps on chcrchcra a marcher sur ses traces; el cos Iravaux, inalgre Taridile qui les accompagne et les difficuiles qu'ils prcsenlcnt, seronl imiles parlout ou les idees de blen public prcvaudronl sur les calculs dune fausse prudence. Hcu- reusement, aujourdhui, les melhodes et les precedes sont fixes; il n'y a plus qu'a suivre la route qui a el^ ouverte. Chacun des tableaux publies dans les Recherches stadstlqitcs est un cadre pret a rece- voir cgalcmcnt tons les faits deja observes ct tous les resullats a oblenir par la suite.

L'exactittide, la pr(5cisIon malliematique, sanslaqucllc la statis- tique ne serait qu'une suite de coiiipilalions sleriies et de fausses deductions, doit presider a la composition de ccs sortes de ta- bleaux; c' est aussi le merite qui caraclerise, par-dessus tout, les noiwelles observations, comme celles quionl paru en ^822; mais le plan en est beaucoup plus vaste : ou y Irouve io4- tableaux, la plupart ires-dtendus , et qui ont exige que le format in-4'' filtsubs- lilue a celui du premier volume. lis roulcnt sur les malicrcs les plus varices, et sont assujetis a la distribution suivante:

I, Topograpliie. Description physique et geomelrique ; dtat de Fair et des eaux, etc. II. Population. Mouvemcnt annuel, mai- sons habilees, etablissemens publics, professions, etc. III. Insti- tutions a\>iks. Administration, ordre judlciaire, force publique, distribution des secours. Instruction, sciences et arts. IV. Jgri- ailture. RccoUcs, habitations rurales, bestlaux, consommation , etc. V. /«f/«i/r/t. Manufactures, commerce, arts et metiers. VI. Finances. Domalnes, contributions, revenus. Chaque annee, on se propose de publier une seric de tableaux analogues, dans cha- cune de ces six branches capilales.

Comme ce volume se cpniposc en enlier dc fails et de resullats posltifs, il est impossible d'en presenter une analyse raisonncc.

Soy Tout ce qu'on peut faire est done de ciler un nombre suffisant d'exemples, choisis parmi les resullals publics, et d'cxposcr les consequences generales les plus salllantes : rulilild de ces details donnera peul-elre de Tinteret a renumerallon un pen longue dans laquelle je vais enlrcr. C'est un moyen si\r, sinon de satis- faire, du moins d'evciller la curiosile sur cet ouvrage important. Quant aux generalites sur lesavantagcsdelastalislique, c'estun lieu commun dont il serait desormais supcrflu de s'occuper.

Le climat et, en general, Tetat physique ayant partoul une in- fluence marquee sur la vie ct surtout sur ce qui touche a Texis- tence d'une grande masse d'hommes rassembles, il importait dc reunir en un centre les observations que Ton fait journelloment a rObservaloire Royal de Paris. Toutc la premiere partie du pre- mier chapilre est remplie en consequence par des details meteoro- logiques, traites avec le plus grand soin. On public enlr'autres, ig annees d'observations du thermometre, faites de i8o3 a 182 1 , plusieurs fois chaque jour, et qui fournissent un element exact de i'etat de la temperature a Paris.

II en resulte quele maximum de celte temperature rcpond cons- tamment a 2 ou 3 heurcs apres midi; le minimum, au lever du solcil. Par cliaque anncc, le maximum a lieu du 10 au 2g juillet, etilestde ig'',34centigrades; le muiimum s'observedu 3 au 22 Jan- vier, il est de i", 77; pour les ig annees, la temperature moyenne, c'est-a-dire la somme des observations equidistantes faites chaque jour, divisde par leur nombre, a etc de 10", 53. Or, on a rcconnu que la moyenne des deux temperatures extremes d'un jour, est sensiblement egale a la moyenne de toutes cclles de ce meme jour; d'oii il suit qu'il suffirait presque d'observer le thermometre au lever du s(»lcil, ct enlre deux et trois heures, pour connaitre le mouvement de la temperature.

Le vent dominant a Paris est cclui du sud-ouest: on ne doit done pas etre snrpris que les jours pluvieux ou converts soient si

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nombrcuxchaqueannee ; le nombre va a i64ou i85ct meme a 222'

Void un apcrgu de ce qui regarde I'clat des oaux. La Bicvre alimcnle 102 usines ouetablissemcns, ct dans Paris seul go, dont la plus celebrc est la manufaclure dcs freres Gobelins, qui lui ont donno leur nom. Bicn des babitans de la capilale sont loin de se douler de celle mullilude de tanneries, papcterles, foreries, niou- llns, fdalures, brasseries, distilleries, entrelcnues dans Paris par ce courant d'eau, qui n'est bien connu que des riverains.

La plupart des babitans des communes rurales sont reduits a boirc des eaux de puits peu salubres en general , ou de sources d'une qualite mediocre ; c'esl un point qui appellc la soUicilude de Tadministration.

On mesure tons les.jours avec soin, la hauteur de la Seine au pout de la Tournelle. Quand die est parvenue a 5 metres au-des- sus du point zero, le Port au Ble et les Champs-Elysccs sont inondes.

Paris possede 65 fontaines et 124 bornes-fontaines. Chaque habitant consomme aujourd'hui 27 litres d'eau Tun dans I'aulre. 11 en pourra consommer 117 quand le canal de I'Ourque sera acheve; or, il faut un pouce en 24 lieures a 1000 babitans, c'est-a-dire 19 litres, 1953 (i). Ainsi, le canal fini, on aura plus de six fois la quantite necessaire. Le Canal de TOurque fournira en tout 4ooo pouces, dont la moilie sera concedee, et I'autre deslinee a Fusage de la ville. On regrctle que Tctablissement si utile des eaux epurees du quai des Celestins ne fournisse encore que deux mille hectolitres, ou seulcmenl la centieme partie de la consommation actudle.

Les experiences chimiques ont prouve que Teau de TOurque tient le milieu pour la purete entre I'eau de la Seine et celle d'Ar- cucil. Les sources de Belleville, despres Saint-Gervais ctde Me- nilmonlant sont beaccoup plus chargees de lerres et de sels.

(i) Un pouce lonlainicr, fail 19 lilies , iqSS va 24 hemes.

3o9 Ce que la Navigation a eprouvc d'amelioralion depuis pcu d'annees est un point tres-important pour le commerce de cetle graiide ville. II est superflu d'enumerer les bateaux de toute es- pece employes a la navigation de la haute et de la basse Seine, des marchandiseschargeesdessus, clc. Lescanaux sont, apresla Haute Seine, les voies qui fournissent le plus de bateaux marchands; apres vient I'Yonne et la Marne. Quand le grand projct de canalisation de la France sera effeclue, il existera 52811euesde plusde canaux utiles h. la navigation de la Seine, et joignant a cette riviere, TOise, rOurque , I'Aisne et la Loire Inferieure.

La largcur de la Seine , au Jardin du Pioi , esl de i66 metres , au Pont-Neuf 261 metres, au pont de Louis XVI 1^6 metres; sa pente moyenne entre les ponts de la Tournelle et de Louis XVI, est evaluce a i metre (distance aSoo metres.) La vitesse par seconde varie de i metre, o3 a i metre, gi , suivant que les eaux sont elevees de i m. 4-3 a 6 m. 82 au-dessus du zero de Techelle du Pont-Pioyal. Ce point esl a om. 58o au-dessus du fond de la Seine.

En i658, annce ou I'on a observe les plus hautes eaux de la Seine, clles marquaient 8 '".80 au-dessus du zero du pont de la Tournelle; et en 1767, annee des plus basses eaux, o"". 27 au- dessous du meme point, c'est-a-dire qu il y avail en ce point o"*. 33 d'eau, ou un pied seulement.

La profondeur moyenne du canal de TOurque est de i^.So; la Vitesse par seconde est d'un pied. Le bassin de la Villette a 682 "". 16 sur 70". 17, ou le cinquieme du jardin des Tuileries. Le fond est eleve de 23"". 79 au-dessus du zero du pont de la Tournelle. Le ca- nal Saint-Denis, qui joint ce point a la basse Seine, a 20"*. de large, 2'" de profondeur, et 12 ecluses. Pour aller de Paris h St- Denis par ce canal, et revenir , il faut 2 jours, et une depense de 173 fr., landis que , par la riviere, il faut 4 jours /^ , et 468 fr. Le c ommcrce economise ainsi les frais de halage , le salairc des mailres

3io

dcpont, et d'aulres frais; il profirrra sans doule avec cmprcsse- menl d'un avanlage aussi considerable. Ce bel ouvrage d'arl est fini depuis deux ans el deini.

Le canal Saint-Marlin , commence depuis pcu , jouira d'avan- tagcs non moins precieux; il aura mt^me largcur et meme pro- fondeur ; to ecluses serviront a franchir la pcnlc de aS"". qui exisfe entre le bassin de la ViUettc et la gare de TArscnal.

Hauteurs de diffe'rens points du deparlement de la Seine : le plus ^leve est le Mont Valerien , dont le sonunet est a 169"'. au- dessus de la mer, et a no'", au-dessus du zero du ponl de la Tournelle. Sceaux est a loo"". Les rues les plus elevees de Paris, sont cellcs d'Enfer a TObscrvatoire (66"". au-dcssus du zero de la Tournelle), ct la butte de TEstrapade (GS'^Gy). L'abaltoir de Rochcchouart est le point le plus eleve de lous( 71 ""02) le sol de FEglise Sainte-Genevievc est a 64-"'., ct le jardin du Luxembourg a 5G. Comme la puret<; de I'air est necessairement relative a ces difTerentes elevations, toutcs cboses egales d'ailleurs, il est utile d'en connailre la mesure. La plate-forme de I'Observatoire est a go"", de hauteur. Paris est a Sg metres au-dessus du niveau de la mer.

Le sol le plusbas est celui des Champs-Elysees (38 m. g3 cent.) : aussi est-il convert par les inondations de la Seine ; les endroits les plusbas, ensuite, sont lesniarais du Temple et de Popincourl, les places de Greve et du palais Bourbon, et les rues du Colombier, des Pctitcs-Ecuries , de Provence, etc. (Sg m. 2g a 3y ni. 58). Ce chapitre sc lermine par le tableau des distances des priuT cipaux lieux de Paris et des environs , a la meridiennc et a la pcr- pcndlculaire de Tobscrvatoire.

Population. Trenle-trois tableaux sont consacres a cette ma- tiere^ qui est trailee avec le plus grand dcveloppemcntetenraison de son importance. DLx donnent tous les details du mouvemcnt de la population pendant i8ig; autant pour 1820 el pour 1821; un autre prcsenlc le mouvemcnt pendant un siccle ct demi , depuis

3ii

1670 jusqu'a 1821 ; le suivant, pendant un siecle (de 1710 a 1809) suppute de 20 en 20 ans ; le dernier est un tableau des deces, calcule de 5 en 5 ans (de 1670 a 1787), et de 20 en 20 ans (de 1670 a 1782); chacun de ces tableaux meriterait qu'on s'y arretat specialenient. Mais I'espace nous manque pour le fairc.

II est aise de voir que Ton a eu, pourles cinq annees 181 7, 1818, i8ig, 1820 et 1821, des ressources qui avaient manque jusque-Ia. L'exactitude ct la mulliplicile des details qu'on s'est procures, sont les resultatsdes soins que M. le Prefetaprisacet egard pendant le cours de son administration. D'apres le releve des actes de Tctat civil, on continue dedonnerdes details sur les enfans naturels, sur lesenfans inortS-nes, sur les deces avec distln-clion d'age, de sexeet d'etat de mariage, les suicides, les morts par accident et par la pe- tite-verole; enfin, sur la vaccination graluite. Rien n'etaitplusdlf- ficileque d'obtenir, surtous ces objets si imporlanspourrecononiie publlquc , des notions dune exactitude precise ; peut-etre esl-ce la premiere fois qu'elles sont publiees avec cetle condition remplie dans toule sa rigueur: il est si aise de tlrer des consequences inte- ressantes de tons les resullals compares ensemble, que nous lais- serons au Iccteur le plaisir de faire ces rapprochemens: au reste plusieurs se trouvent deja fails dans I'ouvrage meme : c'est ainsi qu'on apprend , par une experience d'un siecle et demi , qua Paris, lesmoisoulamortalite estla plus grande, sont constamment ceux de mars et avril, et ceux ou clle est la moindre, aoAt et jull- let. Le terme moyen est au i" Janvier; les mois de decembre ct de juin sont mortiferex au meme degre. La difference des termes ex- treme est d'environ y, ^ du moindre.

.'.I'juvjd'jir:

II n'est pas moins curlcux de connattre I'epoque des molndres

nalssances et ccUc du maximum. Cest ce que nous appren- nent les tableaux dumouvement de la population. Dans les mois de mars et de Janvier, il nait le plus d' enfans ; juIn , novembre et decembre sont ceux oil il en nait le moins ; d'ou Ton peut inferer

3l2

avec assez dc vraiscmLIance, que le plus grand nombre de con- ceptions produclives a lieu en juillet cl niai ; at le molndre , en mars etavril. C'cst aussi dans le mois dc mai qu'ii v a lo plus de niaria- ges , el dans Ics mois de mars et de Janvier quil y en a le moins.

Mais un des resullals les plus importans a deduire du grand ta- bleau de la populalion, de 1G70 h 182 1 , c'est le rapport du nom- bre des naissances de garc^ons a celui des nalssances de fdles ; le premier est constammentsuperieur au second : la proportion finale des 77 dernicres ann^es (les seules depuis Icsquelles on ait dislingud les sexes dans les regislres dc I'etal civil), est de 79535o a 763986, a peu pres de 26 a aS, ou plus exactement io4i i 1000. A la verile, ces nombres renfcrment les enfans trouves, parmi lesquels on comple sans doute niolns d'enfans males qu il n'en nail dans la realile. En ayant egard a ceUe circonslance, le rapport devlen- drail egal a celui des nombres 22 el 21. A Londres eta Naples on a fait des observations analogues : le rapport trouve dans la pre- miere dc ces villes est de 19 a 18; et dans la seconde, 22 a 21 ; mais ce pbenomene observe en Europe, et dont le mystcre est im- penetrable pour nous, n'exisic pas dans fOrient, du moins gene- ralement ; II parait nienieque le nombre des naissances de fiiles ex- cede celui des naissances de gar^ons, en Egypte, en INublc ct dans File de Ceylan.

Quant a la difference, dans le meme sens, que Ton Irouvc entrc les deces desgar^ons et ceux des fil'es , on n'en peut tirer unc con- sequence aussi exacle.

Nous terniinerons ce court appergu du cbapllre dc la populalion par quelques rapprocbemcns.

(le 1779 a 1789 de 1789 a 1799 tie 1799^x809 (le 1809 31819

Termemoyen des 3o dern. ann.

3i3

NOMBRE MOYEN PAR ANNEES.

des naissanc.

des de'ces.

19,961 21,761 20,159

21^799

19,934.

22,473 20,601

21,233

2i,23g 21,4.36

des mariag.

5,i58 6,5i3 4,068 5,642

5,4o8

despni. des enfans naturcls.

trouv.

5,714.

4,075

4., 335

6,646

p. {\ ans.

5,o65 : 8,439

4,49:

7,5oo

II resulte de ce polit tableau : que les naissances, et par con- sequent la population, sesont accrues, depuls la grande commotion poliliqne de 1789, apeupres danslerapport dc 200 a 212 ; 2" qu'il est arrive constamment dans la capitate , surtout depuls la rt^vo- lution , un grand nombre d'etrangers quiy sont morts; 3" que le nombre des niariagcs est augment^ de '/, g environ , depuis 3o ans ; que le nombre des enfans Irouves a diminuc de plus d'un quart: d'un autre cote, il parait que celul des enfans natureJs va croissant depuis 1806; mais on est sans donndes a cet egard pour les annees antcrieures, parce que les enfans legitimes et les naturels elaient confondus , avant celte ^poque , sur les regisJres de I'etat- civil ; au reslc le nombre des enfans naturcls , reconnus par leur parens, a ele d'environ 21 sur 54 en 1819 et 1820, et de 21 sur 71 en i8ai. Cest presque ^deux cinquiemes en sus.

Nous recommandons au lecteur curleus , les irois tableaux publics pour chacune des annees 1819, 1820 et 182 1 , et relatifs aux deces ( avec distinction d'.^ge , de sexe et d'^lal de mariage ) , aux morts accidentelles et aux suicides.

Passons au 3*= chaplire, des Secours piihUcs. Le nombre des Secours accordds par les Bureaux de Charite, a ct(5 en 1819 dc

20

3i4

85, i5o, en 1820 de 86,870; celui dcs admissions dans Ics lio- pitaux ou hospices ( en complant Ics enfans trouves) , en iSiq de 77,5i3, en 1820 de8o,o3i. Dix individus deParis sur 84-Ou82, onlrc^u des secours ; la mortalite moyenne, dans Ics hopitaux et Ics hospices, a etc dc i sur 7 environ. La ddpense moycnne par iudlvidu qu'on y re9oit est de no fr. a 128 fr. par an.

Lc nombre des femmes indigcntes est dc plus dc moilie en sus des indigcns du sexe masculin.

Un tableau enliercincnt neuf est cclui des prcis fails par lc Mont-de-Pietc sur nanlisscment. Ou reniarque avcc surprise, dans le tableau des 6 annees 1816 a 1821 , que toutes les annces, !es dcposans ont constammcnt engage pour la niemc sornme dc 18 millions; la difference de la moiudre somnie a la plus forte , ne depassc guere 600 mille francs ; mais le retrait des articles deposes n'a etc moyennement que de 13,011,277 fr. , celui des rcnouveliemens de prcs de 4 nilllions. La valeur nioyenne d'un prct en argenterie et bijoux, varie dc 32 a ^3 fr. ; en linge ct hardes de G fr. 20 c. a g fr. 37 c.

Le 4' chapitrc renferme quatre tableaux dont Tobjet sc rapportc h la Police Administralwe. ¥.n 1819 , on a compte 271 noyes ; en 1820, 270; en 182 1 , 3 10, etc. Ce nombre lest, comme on le voit, renferme entre des limites rapprochees : le quart a etc retire de Teau vivant; pres dc la moitie des individus noyes se sontprccipites volontaircment.

Un autre tableau, public aussi pour la premiere fois, est celui des incendics. II renferme renumcration de i5,32i incendies arri- ves dans les 27 ann(ies qui ont precede Tan 1821. Paranuee, lc terme moyen est de 585. On a peine a conccvoir un nombre aussi considerable de ces funcstes accidcns: commc il y a 26,801 maisons a Paris et 224 922 manages , il s'ensuit que, sur 10,000 maisons, il y aeu 217 incendics , et 26 sur 1,000 mcnages.

Nous omeltons les tableaux consacri-s ci V Agricidlure ^ ct qai

3i5

presentent les recolles ties arrondisseiiiens dc Sceaux ct de Saint- Denis en 1820 el 1821 , pour arrivcr au 6'' chapilrc relatlf aux Consojiimations ; lequel se divise en cinq tableaux. Dans le i*^"^ on compare les consommations en tout genre pour i8ig, 1820 et 1821 : boissons, comestibles, fourrages , combustibles, mate- riaux etc. En 182 1 on a consomme 8i3,o66 hectolitres de vin, et 4-2, 784 d'eau-de-vie ; 57i,565 tetes dcboeufs, vaches, veaux, pores et moulons; pour 867,984 fr. d'huitres et pres de 12 mil- lions debeurre etd'aufs; 64,oi8,qq6 kilogranunes desel, 758,299 de tabac ; plus de 20 millions de boltes de foin et de paille ' plus d'un million de steres de bois et 2 millions d hectolitres de

charbon. On remarque que la consommation du charbon de terieaugmente chaque annee: elle s'cst clevee, en 182 1, a 563,853 hectolitres ; son emploi pour la preparation du Gaz et dans un grand nombre de machines a feu et d'uslnes raugnientera beau- coup encore; ct il est a craindre que la dcpense croissant plus vite que Fextraclion et les arrivages, Ic prix de cetie maliere si utile poiu- les arts ne devienne bientot trop considerable, a molns que le prix de transport ne vienne a diminuer par Texecu- tion des projets de navigation interieure.

La consommation de la chaux et du plalre , des briques et des tulles a presque double depuis 5 a 6 ans : on en est peu surpris quand on salt que chaqu(; annee volt s'elever un millier de maisons ; sous ce rapport, Paris change de face avec une etonnante rapidlle.

D'apres un releve fait sur les 21 annees qui ont precede 1821, un habitant depense o,46o25 kll. de pain par jour, et 167 ki!. 99 par an ; un menage, i kil, 343g3 par jour, el 490 kll. 58445 par an ; la depense annuelle en pain d un habitant est de 58 r. 64 c. , et celle d'un menage de 1 7 1 fr. 21c.

Un autre releve de dix annees apprend qu'on a vendu aux marches de Sceaux, Paris et Poissy, annee moyenne , pour 3o millions de francs el plus de boeuf, pourplus de 12,000,000 fr. de vache , pour 5 millions i4 <lc vcau , ct pour pres de 9 millions

3i6

de inoulon ; le prix moyen du premier de ccs anlniaux a el6 de 3oi fr. 91 c. , du dcuxieme 179 fr. og c. , du troisleme 67 fr. n c. , et du dernier 21 fr. 21 c.

Le chapllrc de V Industrie et du Commerce renferme un grand nomLre de tableaux. Colui qui prcsente les cxportations a la Douanc de Paris en i8ig ct 1820, n'est pas le nioins curieux; le total s'en est eleve a 4-7i7i4i284 fr. en 1820, plus d'un million de moins que dans Tannee precedente. Dans cette somme , enlreut pour la plus grande valcur , les eloffes et schals de soie et laine (8 millions) les modes, les draps , les merceries , les soieries, les rubansdesoieet les plumes, pour 1 0 millions; les peaux, pour 2 millions '/i ; Thorlogerie , pour i million '/i ; la porcelaine, pour pres de2 millions; Torfevrerie, bijouterie, perles etgemmcs fausses, pour pres de 5 millions; les meubles clla tablellerie, pour I million )'z ; les glaces, verres et crislaux, pour pres d'un million; les batistes et linons, pour i million; la librairie, pour 2 mil- lions /i , etc. En 1821 , Texportalion a diminue de pres de 2 mil- lions.

Paris exporle plus de la moitie dcs merceries , meubles, modes , gravures etc. , qui sorlent de France , les % des objefs d'hor- logerie 1 instrumens , medicamcns, metaux ouvres, orfi;\ rerie , objets d'art , carles, gravures, musique , polerie , produils chimlques , oloffcs de sole; on peut juger par la de Tetendue du conuncrce de cctle place el de Tiniporlance de son Industrie : sous ce rap[)ort , Paris a complelcment change de face depuis irente ans. Peut-ctre faut-il rcgrcller que la France n'ait pas son Liverpool, et que tant de ressources et de lumieres reslcnt concenlrees sur un seul point qui absorbe pres jue tout. L'activit6 du commerce de Paris est devenue telle que les primes d'expor- tatlon payees au commerce de France, n'ayant guere que de- cuple de 18 19 a 1821 , celles qu'on a payees au commerce de Paris ont plus que centuple dans le meme espace de temps;

3x7 ces primes portent principalement sur les sucres raffmes , et les lissus de coton et de lalnc. Paris et scs environs posscdcnt aS raffiiierics , dont on evalne le benefice net k i,28i,o52 fr. ; cctle fabricalion txige i'emploi de 1680 mille kil. de charbon animal et i5i mille heclol. de charbon fossile , pour une valeur de pres d'un million ; ce qui explique la chertc annuelle de ces matieres, dont on sait quel'etude occupe sans cesse les chimistes.

Void des details moins importans , mais aussi curieux. Paris compte 9761 boutiques destlnees a la seule vente des alimens, sans comprendre 5ooo marchands, qui stationnent sur les halles et sur la voie publique. Les seuls marcliands de vin sont au nombre de 2333 , landis qu'on ne compte que 56o boulangers > 355 bouchcrs, 927 traiteurs, 787 cafes.

11 scralt trop long d'extraire les tableaux rclalifs a Tinduslric , aux tanneries , a la fabricalion des tlssus en sole et en laine , aux filatures dc coton , a Thorlogcrie , aux matieres dor et d'argent , eic , tons construits d'apres les donuees exaclcs , et publics ici avcc lous les details: depuis i8i3 , a 1821 , le nombre des filatures a augmente de 52 a 67; or, en i8i3, on pouvait fabriquer 2,270,000 paires de bas , dont le prix courant etait alors de 2 fr. , el 6,818,000 aunes de tissus , aussi a 2 fr. Aujourd'hui Tcmplol des machines a diminue ces prix d'un tieis. On estime que i5,ooo ouvriers de tout age et de tout sexe sont occupes aux filatures.

Sept a 8 mille s'occupent du travail des matieres dor et d'argent ; en 18 ig, on a recense en France 6 millions de pieces, representant une valeur de G4 millions de francs ; on estime que lor manufacture en France en 1819, forme les 3S cenliemes de Tor verse annuellement en Europe.

Annee commune, on vend a Paris 120 mille mOnlres ct quinze mille pendules ; on en vend pour 20 millions : le be- nefice net est de 3 millions 'A. Les bronzes dores vonl a 5 mil- lions y/,.

3i8

Chaque annee, 35 a 4-0 nillle chevaux on inulels sont mis en vcntc au luarche; le prIx moyen d'un cheval esl de i65fr. Ga c. Paris comple 12,800 chcvaux apparlenanl aux parllculiers el 3,5oo aux corps milltaires.

On comple a Paris G80 presses en aclivlte , el 3 a 4 nillle ouvriers d'imprinierie ; on a calcule que sur 100 ouvrages publics, i^ regardent Ics Belles-Lcttrcs, rilisloire ou la Po- lilique; 20, Ics Sciences ct Arts; et 12, la Theologie et la Jurisprudence : le prIx d'une feullle d'iniprcssion tirec a niille exeniplaircs , papier compris, est evalue lernie moyen ^ 62 fr. ; on emplole par an 356 nillle rames de papier, etc.

II nous reste a passer en revue Ics tableaux qui concerncni Ics Finances; le tableau des venles mobllieres, faites a Parl^ dans les dix annees qui ont precede 1822 , prcjiente des rcsul- tats curleux et absolumcnt ncufs ; II a du coAter des recber.hes infinlcs. L'cxactitude avcc laquclle II a etc dresse nc laisse aucun doute sur Ics resuUals qui sulvent : le montant moyen annuel des venles est de 8,82i,i58 fr. ; 2" Ics 4/o des ventes sont volontaires, c'est a-pcu-prcs le mcme nombre que des ventes apres dcccs : le rcsic a lieu au Monl-de-Picte, par au- torile de Justice ou par dcsbcrcncc ; 3" Ics livrcs et les objcls d'arls (tableaux , gravurcs , bronzes, ctc.)i cnlrcnt pour les yls des objcls vcndus, ( 1,179,576 fr. ) , sans parlcr du Monl- de-Picle ou 11 s'en vend beaucoup ; le reste se compose dc^ nieubles pour 7/0 et des fonds de connncrce pour V, 00 ; 4-" la perte que Ton cssulc en revendant Ics objcls non uses s'eleve au tiers du prix d'acbat; 5' le montant d'un mobilier moyen equivaut ordlnalrement a une annce du rcvenu de son posses- seur (a Texclusion des grandes collections de livres et d'objcts de sciences et arts ).

11 y a long-temps que les economistes demandent la reduction du droit d'enrcglstrcment sur les mutations et tonics les cspcccs

3i9 d'actes , afin de multiplier les transactions et la circulation dcs valcurs ; mals II est a croire que tant que les droits actucls produlront en 6 ans 72,185,637 fr. , comme U en a ete dc i8i5 a 1820, c'est-a-dlrc plus de 12 millions par an, le fisc n'en rabattra rien. Crolralt-on que, dans ces 6 annees , le nombre des actes enreglstres ct des droits per(;us monte a pres de 4 millions ? c'est plus de 2,100 par jour : quel mouvement, quelle acllvlfe, nc suppose pas cette Immense quantltc d'af- faires !

Le montant dcs creances Inscrites au bureau des liypothe- ques et du prIx des vcntes est, annce moyenne , de plus de 1 33 millions.

Un autre tableau tres-Interessant est cclul du timbre ; en voici les resultats generaux ; aimee commune , le timbre sur lescffcls de commerce (principal el amentlcs), monlea environ 1,200,000 fr.; sur le papier blanc 1,800,000; journaux, musique, affiches , annonces , passeports , etc. , i million /a , en tout 4. millions '4. On remarque que le nondjre des passeports, de i8i5 a 1820, a dcsccndu dc ^omille a 3o mille; aucontraire, les journaux produisent pres de moitle en sus ; ct les annonces ^ presque le double.

Les Conti-ibutions Indirectes ^ rapportent plus de ig millions, annce moyenne: en 1821, le prodult a ete egal a une fois /^ celui de 1816 ct de 1817 : les bolssons y entrent pour 8 mil- lions 'A ; les huiles pour \ , les tabacs pour 5 5/4 ; les voltures publlques pour i4oo mlUc fr. , les caries seules produisent 127 mlUe francs.

A propos dcs Jeux de hasard , II faut citer la Loterie : ce gouffre hidcux qui devore de plus en plus la substance du peuple. En 1816, les joucurs n'ont guere verse que 19 mlllons ; mais en 1820, plus de 2g: lis ont a la verltc retire G mlllons de plus ; au total, dans ces Sannees, lis ont perdu 82, 194, 000 fr. C'cst la fortune de 4 ou 5 mlUe families.

320

La Posle aux leilres pergolt annucllement, h Paris sculement, 4. millions /; environ. C'est toujours en janvicr qu'a lieu le maxi- mum dcs recettcs. Chaquc jour produil, Tun dans Fautre, i3 mille francs; tous les jours on jclle dans les boitcs 38 mille letlres (donf 10 pour la petite poste) et 35,ooo feuilles pcriodiqucs et prospectus. On met au rebut chaque annee i44 mille paquels.

Contributions Directes: d'apres un rele%e fait sur les i4 annees antericures a 1822, elles montaient, avant i8i5, a vingt deux millions environ, par an ; aujourd'hui, elles sY'levent a 28 millions ; les patenles, de 4 millions, ont monle a 5; les portes et fcnelres, de i3oo mlUe francs h 2 millions (ce qui vient des nombreuses maisons b^ties dcpuis sept ans), et la contribution fonciere, de II millions /a a pres de i4 , pour le m^me motif ; mais cet cffet remonte plus haul: c'est'ce qu'eclalrcit bien le tableau du role foncier dresse pour iSofi, el compose avcc un soin tout parlicnlier. Les resullats sont cnoncds au bas du tableau meme; en voici qucl- ques-uns: On compfc 26,801 maisons, 920,288 portes et fenetres ou 34 '/s par maison. 2" En i5 ans , le nombrc des construc- tions s'est accru de '/40 , ou 2 fois '/s la masse des bSlimens de I'lle St-Louis prise pour objct dc comparalson. La duree moyenne dune maison a Paris est de 3io ans 14; re'sultat qui peul-etre est modifie par les circonstances provenant du fait de radminislraliou,

A Paris le monlanl total dcs locations est de Sg millions '/- de francs: le prix movcn du lover d'un babitant en general est de 8g fr. 37 c. ; celul d^un patcnte de 788 fr. 47 c. Par cliaque maison , il y a 8, i3 locations; leur valeur moyenne est de 289 fr. 06; enfin le revenu moyen d'une maison estde 235ofr. 12 c.

De i8i5a 1821 , TOclroI de Paris s'est eleve de 18 millions a 26, somme brute; un dixleme du prodult net apparlient au tresor. II rcste a la villc environ 12 millions net.

Si Paris attire i lui la plus grandc partie du comniercc , il pro-

321

cure aussl a IMtat des sommes considerables. Le dixlcme a peu- pres des sommes vers^es au Tresor par la France cntierc est ac- quitte par la vUle de Paris (8 1, 423,366 fr. annee commune); dans cette somme les domaines entrent pour 20 centicmes; les douanes en fournissent 2; les conlrihutlons indirectes 24; la poste 5; la loterie 8; les contributions directes 34, et les jeux 7. Chaque habitant, I'un dans I'autre, paie par tete ii4f-o2, tandis qu'un Frangais en general ne paie que 27 fr. 61 c. On paie done ici a I'Etat ly-fois autant que sil'on residait ailleurs. Ce rap- pr^ochement nous apprend encore que I'habitant de Paris contribue au benefice que fait I'Etat sur la loterie, pour une somme dix- liuitfois plus forte qu'un autre habitant du royaume.

Telle est la subtancc des io4 tableaux slalisllqucs dont nous devons la publication aux soins de M. le comte de Chabrol. Pour ajoutcr a cct important travail un interet de plus, cc magistral a permis que Ton publl^t a la suite , son rapport au conseil-gencral sur le grand projct des alignemens ; c'est un point qui interesse la salubritd publiquc autant que I'embellissement de Paris. II a- ses difficultes ; et la moindre n'est pas le temps considerable que doit exiger cette operation. II faut remonter a Sully pour Irouver I'origine de la grandc voierie, elablissement auquel apparlicnt la surveillance de cette operation. En 1783, la legislation devint fixe; il fut regie que les rues nouvelles n'auraient pas moins de irente pieds de large et que les anciennes seraient (^largies succes- sivement; ralignemenl general fut ordonne et commence au nii- nistere de I'lntcrieur. G'est ce travail qui , bien qu'incomplet , sert aujourd'hui de regie aux alignemens particuliers, reclames par les proprietaires. M. le Prcfet de la Seine , de son cote , a calcule que, par le projet general, 5o6,ooo metres carrcs seraient ajoutes a la voic publique. Or, en suivant la marche acluclle, il faudrait bien des siecles ; car par annee , on n'agrandit la voic publique que de 5oo metres. 11 faut done se borner d'abord au li'avail le plus nccessairc el le plus urgent, savoir celui qui a pour

24

322

objet rclargissemenl des grandes coiniiiunications principalcs , ou qui est present par la sArele et la saluLrlte puLliciues, ou cnfin qui doit coiilribuer i reinbellissement de la ville. Le iiionlant des indeniiillcs pour Ics alignemens des deux premieres classes monte a 43 millions. Le Memoire explique les divers moyens par Icsquek on pourrait liAler ce travail de maniere a Tachever en 4o annees sculcmcnl. Ensuile on expose le projel d'elablissement des trot- loirs dans les principales rues de Paris, objet des vtt'ux d'une foule d'habilans, et dont I'utillt^ est si bien demonJree par I'expe- rience des.villes d'Angleterre , d'AUemagne et d'ltalie: Ton pr^- sente a cct cgard des moyens d'execution parfaitcmcnt approprids a Tentreprise. Ce Memoire est un modele pour la clarte autant que pour la justesse des vues.

En terminant I'analyse de cet ouvrage , nous devons signaler au lecteur un autre Memoire qui le precede, et dont Timportance sera scntie par tous ceux qui se sont occupes des questions rela- tives a la population. Us reconnaitront aisement la main savante et le style elegant de Tauteur des Notions Generale^ sur la population ^ imprimees en tfite du recueil public en 1822.

JOMARD.

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ERRAl'A.

Page 234, lit;nc 12: Apres decemhre dernier, ajoutez : Le soil- de la dei- nieie .seance generate.

Pag. 234, lig. 14^ au lieu de 4" niois, lisez : 4' numero.

Pag. 225, lig. 17 , au lieu de : coup-d'ceil sur la Geographle de I'Espagne et du Portugal, lisez: sur la Geographic mathematiquc de I'Espagne et du Por- tugal.

Pag. 255, lig. 16: au lieu de Allemand, lisez: Danois.

Pag. 257 , lig, 5, au lieu de Lierogliphiquc , lisez: liieroglypluque.

Pag. 258, lig. 18, au lieu de voyageurs. Partclonium , lisez: voyageur.s «t Paroeloniuni.

BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

ISUMERO HUIT.

Seances de la Commission Centrale. Seance du 3 novembre.

1t1. Ommrqff, president derAcademie Imperlale des Sciences de Saint Petersbourg , ecrit a M. le president de la Sociele de Geo- graphie , pour lui tcinoigner Tinteret que celte Academic prend aux ullles Iravaux de la Societe.

M. Rousseau , consul-general a Bagdad , adresse a M. le Pre- sidenl des observations rclalivcs a la publication de la Carle des Pachalicks de Bagdad , d'Alep et d Orfa , qu'il a presentde a la Sociele ; il promel de conniiuniquer un plan d'Alep , pour dtre place sur la premiere feullle de celte Carte.

M. Matter, profe^seur ii Strasbourg, adresse k la Society des renselgnemens litteraires , principalement sur la fieographie de la Gr^ce ancienne, que M. Kruse va publier.

La discussion du projet d'un concours a ouvrir pour una Rela- tion sur la Cyr(:naique, par un voyageur, est 4 Tordre du jour.

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objet I'clargissemenl dcs grandes comiimnications principalcs , ou qui est present par la siircle et la salubrite publi(iues, ou onfin qui dolt coiitrlbuer i reinbellissement de la ville. Lc inonlant des indeniiiilcs pour Ics alignemcns des deux premieres classes monte a 43 millions. Le Memoire explique les divers moyens par lesquels on pourrait liAler ce travail de manlere a Tachever en ^o ann^cs sculcn-.enL Ensuitc on expose le projel d'elablissement des trot- toirs dans les principales rues de Paris, objet des va'ux d'une foule d'habitans, et dont I'utilite est si bien demon Iree par I'expe- rience de&villes d'Angletcrre , d'Allemagne ct d'ltalie: Ton pr^- senle acetcgard des moyens d'execution parfaitement appropri^s a Tentreprise. Ce Memoire est un modele pour la clarle autant que pour la justesse des vues.

En termlnant I'analyse de cet ouvrage , nous devons signaler au lecteur un autre Memoire qui le precede, et dont Timportance sera sentie par tous ceux qui se sont occupes des questions rela- tives a la population, lis reconnaitront aisement la main savante et le style elegant de I'auteur des Notions Generale^ sur la population y imprimees entdte du recueil public en 1822.

JoMAflD.

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ERRAl'A.

Paijc 234, lisjni; 12: Apres decembre dernier, ajoutez: Le soil- tie la der-

nicie stance generate.

Pag. 234 > lig. 14 : au lieu de 4" mois , lisez : numero. Pag. 225, lig. 17 , au lieu de : coup-d'oeil sur la Geographic de I'Espagne et du Portugal, lisez: sur la Geographic mathematique de I'Espagne et du Por-

tugal.

Pag. 255, lig. 16: au lieu de Allcmand, lisez: Dauois. Pag. 257 , lig. 5, au lieu de hierogliphique , lisez: hieroglyphique. Pag. 258, lig. 18, au lieu de voyagcurs. Parcelonium , lisez: voyageurs ^t Paraetoniuni.

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BULLETIN

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LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

ISUMERO HUIT.

Seances de la Commission Centrale. Seance du 3 novembre.

. Oiwarqff^ president derAcademIe Imperiale des Sciences de Saint Petersbourg , ecrit a M. le president de la Sociele de Geo- graphic , pour lui temoigner Tinteret que cctte Academic prend aux uLiles travaux de la Societe.

M. Rousseau , consul-g(^neral a Bagdad, adresse a M. le Pre- sidenl des observations relatives a la publication de la Carle des Pachalicks de Bagdad , d'Alep et dOrfa , qu'il a present(5e a la Societe ; il promel de communiquer un plan d'Alep , pour ^Ire place sur la premiere feuille de cette Carte.

M. Matter^ profe<:seur h Strasbourg , adresse k la Society des renseignemens litleraires , principalement sur la Xieographie de la Grece ancienne, que M. Rruse va publier.

La discussion du projet d'un concours a ouvrir pour une Rela- tion sur la CyrcnaVque, par un voyageur, est ^ I'ordre du jour.

3a(;

M. Alex. Barbie du Bot:age cjonne de uouvcau Icclure Je re projet. ( Voyez le BulleHn n" <> , p. aSS. )

M.JeFerussac propose d'^crire aux Consuls frau^ais, pour trou- ver une personne capable d'executer ce voyage.

M. de Freycinet pense qu'il serait a craindie que la Societe ne s'engagedt k des frais qui pourralent etic perdus, si Ton designait d'avance un voyageur, au lieu d'altendre le resultat de ses travaux.

M. Langles demande qiron s'occupc , au prdabble, de Texamen d'un manuscrit de 31. Guys pere , depose eiitre ses mains, et qui estrelalifa la Cyrenai'que. A ce manuscrit sonl joints les plans du port de BengazI , et de celul de Derne.

M.Lyrles craint que Ton nc trouvc personne pour falrc un voyage aussi perilleux, avec la seule perspective d'une recompense incer- taine.

M. Malte-Bnin fait observer que M. Rossi , vice-consul anglais a Bengazi , a d^j^ fait , et fait encore des excursions dans la Cyr^naique.

M. Jomard fait remarquer qnil y a trols voyages fails dans la Cyrenaique :

I" Par le P. Paclfique , de la mission de la Propagande jj Tripoli ;

2" Par qaelques officlers d"uh expedition anglaise ;

3" Par M. Cervelli , m«^decin italien.

, M. Alex. iJarhie du Socage repond aux objections , et cxplique de nouveau son projet. II fait voir qu'on n'a pas bien saisi son id^e , qui consiste aencourager, par I'espoir dune recompense honora- ble, le voyageur qui, sans eel espoir , nc se ddcidera peut-eire pdS h IVntreprendre. La forme d un prix eventucl, donnde a la re-

3-7 compense , exclut par eile-nicme les difficultes qu'on a elevees sur le choix (Vun voyagcur, et sur les avaiices qu'il y aiirait a falre.

M. Walckenaer ^ president , resume la discussion ; les objections lui paraissent pcu fondees. Ce n'est pas precisement un voyage que Ton propose , c'est una relation qu'on demande. Le concours fcra sortir des porle-feuIUes les mcmoires qui y sont enfermes ; d'ailleurs, c'est un sujet de prix qu'on pourra discuter Tannee procliainc, lors du choix des nouveaux sujets de prix.

La Commission arr^te que la proposition est prise en conside- ration , ct inscrite parmi les sujets de prix qui seront discutes a I'e- poque indiquf^e par le President.

La proposition de M. Bonnellier , membre de la Soclete , d'etre tliarge de faire , au nom de la Soclete , un voyage dans la Basse- Bretagne, est mise en discussion.

M. Bureau de la Malle, en rendant hommage au zele dc M. Eon- nellier ^ fait des observations sur I'lnteret que presente celte partie de la France, et demontre rulilite d'un voyage dans ce pays.

M. Malte-Brun fait observer qu'il existe deja des ouvrages ins- tructlfs sur cette province. II donne communication de quelques questions a adresser a M. Bonnellier , sur des points encore moins connus, entre autres, sur les causes qui detcrmlnentle caractere particulier de la vegetation des cotes de la Bretagne.

M. de Ferussac desire que M. Bonnellier spe'cifie lui-meme les objets qu'il se propose d' examiner dans son voyage.

M. 1 onnellier declare qu'il remplira le mandat que lui donnera la Soclete.

M. le President fait observer que Ic dlplomc est deja un mandat suffisant, et que la Soclete ne saurail en donner d'autre ponr un voyage dans Tinterieur de la France.

328

Seance du i ~j or.tobre.

M. Bresson , secretaire de legation a Washington , cnvoie un Memoire en r^ponse a la 2™« question qui lui a etc adress^e par M. U^ardcn. Ce mdmoire est accompagnd de deux plans manus- crils, represcnlant d'anciennes fortifications dlev^es surlesbords de rOhio par un peuple inconnu.

M. le President donne lecture de ce memoire, dans Icquel, aprcs quelques considerations gen^rales, IM. Bresson decrit plusieurs monumens curieux , et communique une Leltre de M. Roberdeau , major du genie au service dcs Etats-Unis , sur les fortifications de rOhio, ainsl que la traduction de la Description dcs Tumuli trouves dansTEtat d'Indiana. ( Voir ci-apres documens , p. 338. )

M. Bureau de la Malle fait des observations sur rimporlance de ces monumens, et sur rulillte de leur publication dans le Recueil des Memolresque la Societe parait dlsposee a publler.

M. Malte-Brun donne connaissance des Memolres publics par la Soci^le des Antiquaires Amerlcalns , imprimes a Worcester, dans I'Etat de Massachuset , 1820, et relatifs a ces memes monumens. 11 offre de mettre cet ouvrage a la disposition de la Societe , ou d'en faire I'analyse^, si la Societe se decide a publler ces monu- mens dans un Recueil de Memolres.

M. Barbie du Borage pere fait observer que des boulets trou- ves dans ces monumens pourraient faire douter de leur anti- quite.

M. de Freydnet pense que le calibre enorme attrlbuc^ a ces bou- lets rend ce fait douteux.

M. Warden annonce que les Memolres de la Society philosophl- quedePhiladelphle contienncnt plusieurs notices et dissertations relatives a ce genre de monumens ; 11 offre de mettre ces memol- res a la disposition de la Societe, si elle veut publler une Dcscrlp-

Sag

non complete el melhodique de ces monumens, qu'il regarde comme importans pour Thisloire des peuples Am^ricains.

M. Choris., membre de la Societe (i), fait remarquer que les in- dices de tatouages, marques sur une figure d'idole trouvee dans les monumens de TOhio , ct recemmcnt publiee dans les Nouvelles Annales des Voyages , rcsscmblenl singuliercment a ce qu'il a vu lul-meme sur les visages des Indlens de la cote amerlcaine N. O. pendant son voyage autour du monde.

M. le President , apres quelques observations sur la critique n^- cessaire pour determiner Tepoque des migrations des peuples am^- ricains , renyoie a la section de publication la discussion sur la publication de ces memoires.

Seance du 7 novembrc.

M. Alex. Barbie du Socage lit, pour M. Cousinen , une lettre de M. Casas, vice-consul de France h Rhodes, contenant des ob- servations sur les cotes raerldlonales de I'Asie mineure. (Voir les documens , p. 346. )

M. Malte-Bnin communique a la Commission les dev^loppe- mens du plan d'un Piccuell de Relations et de Memoires qui, d'aprfes la decision de la Commission , doit etre soumis a I'examen de la Section de Publication. Ce plan part du principe de reunir dans lememe recueil les relations Inedltes etles memoires que Ton pour- rait sc procurer sur toutes les parties de la Geographic. 11 indique ensulte, comme moyen d'executlon , la publication d'une serie d^ questions a rddiger par le Comlte nomme le 17 mai 1822 ; 11 ex- pose une suite d'autres mesures d'executlon.

(1) M. Choris a fait le lour du monde avec M. le capilaine KotzeLue , el il a puV)lie les resultals de ses observations dans nn Voyage vittprcsque autour du Monde, donl il a bien \oiilii offrir im exemplaire a la Soriete.

33o

M. de Ferussac propose d'adoptcr imiiic'Jiateineiit en prIncipe la publication de M^moires, el com me unique moyen d'execution, dc nommer un Comile compose de Irois membres.

M. Langles propose que la Section de Publication soil invitee a dt'libercr dans la huitaine" sur ce plan , et a faire son rapport dans la seance prochainc de la Commission.

La Commission adopte celtc proposition.

Seance du 21 novembre.

M. Giruldez , colonel portugais, ecrit , de Tile de Madere, a la Societe , pour lui annonccr 1 envoi prochain de ses ouvragcs.

M. Chapellier ^ tresorier de la Societe, lit Ic Comptc rendu des recettes et des dcpenscs pendant I'annee iSaS.

MM. Barbie du BorMge et Jornard, nonunes verificateurs de ce compte , en proposent Tadmission ; cette proposition est adoptee par la Conniiission cenlrale.

M. le President, au nom de la Commission, adresse k M. le Trdsorler des reraerciemens sur sa gestion.

M. Barbie du Boaige fait, au nom de la Section de Publication, un rapport sur le plan d'un Recueil de Relations et de Memoires , proposd par M. Malte-Brun.

Les conclusions de ce rapport sent :

i" De former une serie de questions sur lesqucUes la Socidte appelle Tattention spciciale des geographes , afin de provoquer des Memoires, et dc reunir a cette fm le Comlte mktc et special , nommc le 1 7 mai 1822 ;

De s'abstcnir , pour le moment , de prendre I'cngagement de publier nn Recueil dc Relations et dc Memoires, mais dc declarer

33 1

qiroTi en pubiicra , lorsque la Commission aura re9u des M^- moires dignes dN^lre publies.

La !'■'' conclusion est mise en discussion.

M. de Ferussac desire que Ion adresse des questions sp^ciales a des hommes choisis , afm d'obtenir des resultats posltifs.

M. Lunglcs fait observer qu'il ne s'agil pas d'adresser des ques lions a des individus , mais de choisir une serie de sujets propres a provoquer de bons Memoires , et a tracer d'avance un plan pour le Recueil qu'on desire publier. C'est ainsi que le recueil de M. Dalrymple , conlenait , a la fin de cbaque volume, des deside- rata geograpliiques, destines a faire naitre de nouvelles recherches.

La proposition de la Section est adoptee.

La 2""^ conclusion est mise en deliberation.

M. de Freycinet i)Sii'le centre la proposition ; il pensequela de- claration est inutile, parce qu'clle est comprise dans Tarticle i*^"^ du reglement.

M. de Rossel pense que celte declaration est utile pour encoura ger plus directement les personnes qui voudraient concourir h. la redaction des Memoires.

M. de Ferussac appuie la proposition.

M. Mahe-Brun donnc quelques eclaircissemens sur la veritable tendance de son projet, qui n'a pas uniquement pour but la simple publication des ouvrages , d'apres les termes generaux de I'article I*' du reglement , mais leur reunion dans un Recueil, redige d'a- pres un plan special et d^taille , indiquant des moyens d'execution et des modes de jugement uniquement adaptes k celte seule publi- blication.

La Commission decide quelle promet de publier les Memoires qui lui seronl adresses, et qui seronl juges dignes de cette publi-^

332

cation , d'apres les formes qui seront adoptees pour Ic Recueil des relations el des memoires.

M. Jomard . depose la proposition d admettre des merabres adjoints dans les Sections. L'examen de cette proposition est ren- voy^ a une seance particulicre.

Seance generale de la Sociele ^ du 28 no\>embre 1823.

Cette seance a ete presid^e par M. le marquis de Pastorei, pair de France, Membrede rAcademie des Inscriptions et Belles Leltres.

Le proces-verbal de la seance gdnerale du 2 1 mars pr^c^dent , a ete lu et adopte.

M. Ouipellier, tresorier de la Societe, a rendu compte des re- cettes et des depenses qui ont eu lieu dans le cours de lannee , ainsi que de la situation actuelle des fonds qui lui ont ete confies. (Vojez Documens, p. 35i. )

M. Malte-Bnin, Secretaire general de la Commission Centrale, a lu la notice annuelle des travaux de la Societe. (\ oyez Document p. 357.)

M. Ruux a fait lecture d'un Memoire sur les differentes expedi- tions qui ont cu lieu au nord-est et au nord de rAmerlque, pour y chercher une communication entre lOccan Atlaiilique et le Grand Ocean. Apres avoir rapidemenl parcouru les eutreprises faites de- puis les decouvertes d'Hudson et de Baffin jusqu'aux navigations de Scorresby, il s'est particuliercment attache aux expeditions du capitaine Ross et du capilaine Parry, et au voyage du capitaine Francklin , vers rexiremite septentrionale du continent et dans la mer Polaire.

Seance du 5 decembre.

M. de Larenaudihe adresse a la Commission les propositions iuivanles :

333

Que la Section de Coniptablllte soumette a une revision gene'- rale les dc'penses failes pendant les annees anlcrieures, et les regularise, conCormement au Ileglement;

Que la meme Section examine les details de iadile depense , et les accompagne d observations, nolamment sur les articles qui, etantde nature a reparaitre chaque annee, peuvenl etre r^- duits et fixes a un maximum ;

Qu'a partir du premier Janvier 1824, toutes les formalites pres- crites par leRdglement fondamental soient exactement rempUes, et que la Section de Comptabilite en rende compte tous les ans, a Fepoque oii M. le Tresorier rend lui-meme compte de sa gestion.

M. Langles ddpose sur Ic Bureau , les propositions suivantes ;

Que les depenses annuelles du Bulletin soient limitees au maximum de 4oo francs ;

Que le Bulletin pour I'annee 1823 soit termine avec la plus grande Sconomie possible ;

Que le Comit^ du Bulletin pr^sente le compte complet des depenses du Bulletin pour les annees 1822 et 1823 ;

Que le Bulletin , r^duit en conformite de cet arrets , paraisse regullerement tous les mois.

M. Malte-Brun fait aussi les propositions suivantes :

" Que la Section de Correspondance adresse des questions positives aux Savans, aux Societes savantes et aux Consuls;

» Qu'elle choisisse des questions qui peuvent etre promptement resolues par voie de correspondance : tous les problemes etendus devant etre reserves au Comite charg^ de preparer le Becueil des Memoires ;

» Qu elle prescnte a la Commission Centrale,la liste complete de ces questions, dans le mois de fevrler 1824, et quelle prenne

334

ies iriesures conveiiables pour que loutes ces lellres soient envoyees dans Ic courant du niois de mars suivant;

Qu'apres la conclusion de ce premier travail, la Secllon s'oc- cupe d'organiscr , sur Ies m^mes prlnclpes, sa correspondancc avec Ies Sociefcs Bibliques et avcc Ies Missionnaires ; elle fera e.i soric que ce travail soil lermlne dans le conrant dn mols d'octobre 1824, afin qu'il puisse en C-tre rendu compte a Tassemblee g^ne- rale du raois de novembrc mcme anneo.

Seance du i^ decemhre.

La Commission Centralc precede a ses elections annuelles qui, d'apresle lleglemcnt, doivcnt determiner son organisation inte- rieore.

,Elle nomme, a la majorite absolue , M. Langlh , Presidenl.

Elle nomme e'galement, a la majorite absolue, M. Jomard , i" \ ice-President, el M. le baron Cot/uehert-Montbret, 2' Vice- President.

Elle reelit aussi, a la majorite absolue, M. Malte-Brun , Secre- taire-General.

Elle precede ensuite a la formation de ses Sections. Les douze membres actuels de celle de Correspondancc, savoir : MM. Bajut, Barbie du Bocage {kXa^.) , Cirbied, Eyries, de Ferussac , Girard , (ruillemiiiot , Ae Humboldt , Jaubert ^ de Tromelin , Ferneur , et If^arden , sont reelus.

Les membres suivans, de la Section de Publication : MM. Bar- bie du Borage, Beauiems-Beaupre , Champoliion , Qwier, Denon , de Freydnet, Jacotin , Lapie , de Pastoret, Puissant, de Rossel el Roux, sont egalement reelus.

Les membres suivans, de la Section deComptabilite : MM. Cas- tellan, de Chateangiron , Hericart de Thury, Letronne, et Vauoilliers, sont encore reelus.

33

o

Pil. IValckenaer ^ Presulent sortanl , est iioniiiie iiienibre de cetle Section , en romplaccmcnt <le iVl. le Laron Coqiieherl-Mont- bret, elu Vice-President.

M. W^alckenaer depose la proposition que, deux seances avant la seance generale du mois de mars, il soil presente une listc des membres qui sont restesabsens de la Commission.

M. Rniidsen, consul-general de S. M. Danoisc a Tripoli, ecrit a la Societe pour lul offrir de lui envoyer les renseignemens qu'il pourrait recueillir sur le pays qu'il habile.

M, Kcsnig ecrit de Boulak , une Ictlrc datee du lo Janvier iSaS, pour faire a la Sociele les memes offres de service.

M. Alex. Barbie du Socage communique une lettre de M. Dupre, consul de France a Bone, qui contient des renseignemens sur I'ancienne Cirlba. ( Voir ci-apres Documens pag. 365. )

L'ordre du jour est la discussion des trois propositions deposees sur le bureau, dans la seance du 5 dccembre; niais vu Theure avancee, la discuAsion est renvoyee a la seance du 2 Janvier.

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Membres noiwcllement adniis dans la Societe de

Geographie.

Seance du 3 octobre.

M. Tellier de Blanriez , attache an Ministere des Affaires elrangeres.

Seance du 7 novembre.

M. le baron Seplime de la Tour Maubourg , attache au Minis- tere des Affaires elrangeres.

Seance du 21.

M. Edouard Lcfebvre , attache au IVIinisterc des Affaires etrangeres.

336

Seance du 5 decembrc.

M. Mac-Carlhy , officier superieur cl officier de la Legion- d'Honneur.

Out?rages ojferts a la Societe.

Seance du 3 octobre.

M. le baron de Fenissuc fait hommage d'une brochure inlitulee : Notice sur Cadix et sur son tie , Paris , iSaS.

la Societe Asiatique envoie le i5'" cahier de son Journal;

La Societe d' Agriculture du deparleinenl de la Seine-liiferieure, le lo*^ cahier de VExtrait de ses Trai>aux , 1823.

Seance du i 7 octobre,

MM, le comte Guilleminot , baron de Tromelin el chevalier Lapie font hommage de Sfeuilles de leur Carte generate de la Turguie; A Paris , cticz Plcquct, qua! Conli , i^.

M. le baron de Ferussac , du tj'^ numero du Bulletin general et unii'ersel des annonces et des nouvelles scientijiques , publie sous sa direction.

Seance du 7 novembre,

M. le comte de Chabrol fail hommage d'une Carte des provinces de Samne , d'Oneille , d'Acqui et d'une partie de la province de Mon- davi, formant Vancien departement de Montenotte, dressee par ses soins , 1812 ;

M, A'llombres Firmas , d'une brochure inlitulee : JS'ivellement barometrique du departement du Card.

33f

Seance du 2 1 noK^embre.

M. BajntisAi hommage des n"' g et 10 des Anniiles maritlmes et (oloniales^ 1823 ;

M. die Ferussac , du 10"= du Bulletin general el umversel des annonces scientlfiques ;

M. Sewois , dune Notice sur la vie et les ouvrages du docleuf Samuel Johnson , Paris , 1823 ;

A Paris , chez Pelicier, pl;\ce tin Palais-Royal.

M. le comte Ed. de Raczynski, d'un exemplaire des Lettres de Jean Sobieski , roi de Pologne^ en langue polonaise.

La Societe Asiaiique en vole le 16^ cahier de son Journal. Seance du 5 decembre.

M.Bme fait hommage d'une Carte de Colombia , dressee d'apres les obsenmtions astronomiques de M. Alex, de Humboldt, et cellcs des navi- gafeurs Espagnols., decembre 1823 ;

A Palis , chez rauleuv , lue des Marons-Sorbonnc , n'^ (;.

M. M.-A. Desmoulins , docteur-medecin , d'un Memoire sur la patrie du Chameau a una bosse , et sur Vepoque de son introduction en Afrique., et d'un autre Memoire sur la distribution geographique des animaux vertebres, mains les oiseaux.

La Societe Asiatique envoie le 1 7^ cahier de son Journal.

Seance du ig decembre.

MM. Eyries et Malte-Brun , font hommage du cahier du mois de novembre, des Noiwelles Annates des Voyages.

La Societe de la Morale chrelienne envoie le iS*^ numero de son Journal.

338

DOCIIMENS.

Repo^se (le M. Bresson, a la 2""" question posee par M, Varden: » liecoiH'it'r Vonglne des fortifications qu'on trouve dans la vallee de » I'Ohio. »

La queslion des forlificalions de la vallee de TOhio se ratta- che a cellc tant de fois agitee, et toujours avec si peu de succes : « Par qui rAuierique a-t-elle et^ peuplee :' » question envelop- pee de tenebres, dont la solution a etc vainenient poursuivie a travers les forels, les lacs, les liibus, les fleuves innnenses du continent de Colonib.

Le seal fait sur lequel les voyagcurs semblent s'accorder rela- tivement aux fortifications de la vallee de TOhio, c'est qu'ellcs ne sont point, et qu'elles ne peu vent avoir ele Touvragedes tribus qui, a Tepoque de Texploration de TAnierlque du INord, en liabilaienl I'interieur. I\ien de semblable n'a c\6 decouvcrt parmi elles. Des pleux cnlrelaccs de brandies d'arbres , reconverts de lerre et ranges circulalrement ; voila , avec leur courage, leur seule pro- tection contre leurs ennemis. L'on s'accorde egalement a dire que ces ouvrages ne decelent , en aucune fa^on , une orlglne euro- peenne, et n'ont ccrtainenient point etc eleves par une nation qui aurait connu Tusage des armes a feu, ou contre qui les ar- nics a feu cussent ete dirigees. II parail difficile de constater leur antiqulte. Je ne sacbe pas que les traditions des Azt^ques les fassent voyager a Test des IMonts-Rocky. Les vestiges les plus certains de Icurs migrations se rencontrcnt dans les Californies , le Nouvean-Mexique, la province de Sonora , el la Nonvelle-

I.

Biscaye; ct, s'ils etaient venus de Fouest a Tesl, les contrees in- termediaires, telles que Ics vallees de la Platle et de I'Arkansaw , seraient empreiutes des traces de leur passage. Elles vienneiit d'etre parcourues par une expedition sous les ordres du major Leng ; nulle n'a etc retrouvee. Ce sont les vallees de TOhio et de ses Iributaires , ICs rives du Misslssipi , la province du Texas et le Mexique , qui nous ont conserve les souvenirs d'un peuplequi, dans I'Amerique septentrionale, semble ne plus meme' exister dans sa posterile. Mais comment ce peuple a-t-il disparu ? 11 avail pour lui le nombre, quelques arts, plus de civilisation ; II a peri : et ces peuplades faibles, erranles, nues , desarmees, ont survecu ! Peut-^tre seralt-il plus naturel de supposer que quel- ques-uncs de cestribus, aujourd'hui dispersees, formalent autre- fois un peuple plus compact , et conscquemment plus capable de longs et grands ouvrages , plus Industrieux par une reunion plus considerable de forces, plus sedcnlaire, etant plus nombreux. La vie nomade de ce peuple Faurait conduit, de residence en re- sidence , a mesure que le terrain s'epuisait en gibier et en pois- son ; et ces forlifications ne seraient plus alorsque des camps plus durables et plus fixes que ceux qui sont construits aujourd'hul par les sauvages. Mille causes faciles a expliquer ont pu, dans un etat aussi primillf de sociele, amener parmi ce peuple la scission et la separation. La necessile seule de pourvoir a sa nourriture par la pdche el la chasse , ressources si locales el si precaires , a iA Thabituer nalurellement a se divlser en pelifes troupes qui, apres leurs expeditions , revenalenl au campement general. Ces separa- tions momentanees , operees d'abord par necesslte , ont pu Tetrc ensulte par goAl el independance, par i'obligation d'aller plus au loin, poursuivre lesanimaux a Iravers les forets, el pour une plus grande facilite de se procurer les moyens d'existence. De la , I'orl- gine des Iribus diverses, et relouffement des germes de civilisa- tion par la reduction du nombre et I'instabilile de la vie. D'ail- leurs , ces resles d'une pretendue civilisation superieure a celle des Iribus existanles, sont peut-etre represenles avec trop d'empbase.

H'

Dcs reniparls de terre , »5leves avcc quelque sorte de rcgularile ; des iumuli rcnfermanl des cadavrcs ; de faiblcs conslnicllons en pierrc : voila les seuls nionumens qui ont Iransniis cc souvenir. Du resle,nulle indication , nul instrument de culture , nul debris dent la science ou I'art pulssent avec droit reclamer la creation. Lcs poterics trouvdes ne sonl guere niicux fa^onndcs que celles des sauvages d'aujourd'hui. C'est non-seulement une forme a- ipeu-pres semblable , mals mcme de semblables matdriaux. N'au- ralt-on pas trcp exagere riniporlance de ces decouvertes i'

SI Ton veul cependant sen tenir a Toplnion plus gendralement adoptee, etfondee, j en convlens, sur plus de fails , que ces forll- ficalions furent dlevees par un pcuple, niailre autrefois de lAnie-i rique du Nord , el qui depuis en a lolalement disparu, 11 y aurail, je pense , raisou de croire que son emigration eul lieu du sud vers le nord , et non , comme on I'a toujours suppose , du nord vers le sud. Nous renconlrons ses traces depuis les lacs Micbigan et Erie, enlre lcs Alleghanys et le Blisslssipl, a travcrs le Texas et les Provinri'as intenias jusque dans le Mexiquc. On lcs peut suivre meme jusqu'au sein du Perou. Mais ce n'est pas la la route que lcs traditions des indigenes de ce vasle empire designaient comme celle de leurs ancetres ou conqucrans. lis se tournaient vers la c6le nord-ouest d'Amerlque, et Tappelalent leur patrie. En effel , les Callfornies, le Nouveau-Mexique , la province de Sonora et la Nouvelle-BIscaye contiennent encore les mines des stations primilives des Azteques.

L'analogie des fortifications de la vallee d'OhIo avec les cons- Iructlons du MexIque , est cependant frappanlc. Leurs ruincs sub- sistent, de distance en distance, jusqu'au sein meme de cet empire ; et des debris d'Idoles prouvent que les memes Dieux y ^talent ado- res. Or , si elles sont I'ouvrage d'un mi^me peuple , et que les tra- ditions de ce peuple , loin de le faire venir du nord-est , lui don- iient pour bcrceau le nord-ouest , 11 sera plus consequent de supposer que la surabondance de la population , lcs guerres Intes-

34i tines , ou tout autre cause facile a imaglner , opecerent parmi ce peuple, dans la succession des temps, une ou plusieurs scissions- La parlie de la nation qui se dirigea vers le nord-est , apres s'etre successivement et temporairenient ctablie dans le Texas , sur le Mississlpi, rOhio, le Miami, le Wabaol, TUlinois, les rives des grands lacs , demandant la nourriture a la fecondite desforets et des rivieres, vit se former peut-etre une ligue des tribus belliqueuscs indigenes , et expira sous elles. Je sens bien que Temigration du nord au sud , est plus naturelle , plus dans I'ordre des cboses et des precedens. Mais je chercherais vainement dans le nord , le le point ou cetle nation , quiconslruisait des fortifications senibla- bles a cellcs des Azlcques , et paraithoinogene, s'est separee d'eux dans le cours de I'emigralion , pour se diriger a Test. Les Monls Rocky, les plaines intermediaires jusqu'au grands fleuves Mis- souri et Mississipi , n'en auraient point vu perir les monumens. Blais si elle est autre , et qu'originaire des vallees de TOhio , elle se soit progressivement portee vers le sud, pour fonder el con- querir I'empire du Mexique, d'ou vient que les indigenes Mexi- cains s'accordaient a montrer le nord-ouest, et ne disaient rien de Tirruplion d'un peuple du nord-est , etranger , nonibreux et puissant? Et si veritablement , ils etaient dans Terreur , sileurs ancetres ou conquerans ont quitte les rives de TOhio pourle ciel plus hcureux de Mexico, quelle main inconnue a eleve ces larges enceintes dont les mines n'ont pas peri encore dans les regions occidentales ? Ou cbercherons-nous d'autres explications pour les antresmerveilles de Californie qui perdent par la les leurs ? L^embar- rasde Tobservateur voyage de Test a Touest, et demeure le mome.

Si done ces fortifications ne furent pas Touvrage de cette meme race d'hommes que nous voyons aujourd'hui dans ces memes lieux , nous conclurions, des motifs que nous venons d'enonccr , qu'elles furent elevccs par les habitans primitifs ou par les conque- rans du Mexique , dans une emigration du sud au nord-est.

J'ai juge que, pour constater plus sAroment le caractcre reel dc

36

' 342

CCS fortifical ions , jc devais m'adresser, de preference , aux gens du metier. M. Roberdcau , major du Genie, s'est empresse avec une grace et une complaisance qui rcclamenl rallenlion de la So- ciete de Geographic , de tracer lui-meme les, deux dessins que j'ai Ihonncur de joindre a nion expose. Je crois devoir Iraduire la Icllrc qui accompagnail leur envoi.

DeparUment re la guerre des Etais-Unis. Bureau topographiqne du Genie. Zi juillet 1823.

Monsieur,

« Les affaires de mon departemcnt m'onl empi5ch(i de vous en- » vo} cr plulol les dessins que je vous avais proniis , ct que je vous » prie maiutenant d'accepter.

» L'histoire dc ces ouvrages est envcloppee d'un myst^^re si im-

» penetrable , qu'il est impossible d^assurer , a leur egard , d'aulre

» fait que cehii de leur existence. Les esquisscs que je vous en-

» voie sont les meilleures et les plus exacles que j^aic encore vues.

» Des details plus elcndus ont peut-eire die donnes au deparle-

i> mcnt de la guerre ; mais lis se reduisalcnt a des suppositions, car

» pcrsonnc n'a pu remontcr jusqu'ici avcc succes a Torigine de

» leur construction.

» 11 est hors de doute que ces fortifications ne sont pas Fou- » vrage des tribus indigenes qui habltalent celle partic du pays. « Leurs traditions ont etc conservees dcpuis longues annees par " les femmes , qui sont aussi les gcncalogistes des families. Jc n'ai » jamais pu relrouver par elles , le moindre vestige de Torigine de » ces ouvrages de defense, ct les Indiens n'cn dlevent jamais d'au- i> cune espccc.

» Le dcssin ( n" i ) rcpresente evidemmcnt des fortifications ; » ct quolquc le plan ne solt pas trace de profil, on peul voir que » tous les avanlages du terrain, et tous les moyens d'assurcr un

343

» remplaccment d'eau dans rinlerieur , ont etd mis a profit. De- » vanl chaque ouverture ou porte, on remarque aussi une tra- » verse ; et loules les issues qui condulsent aux differentes sources A sont protegees avec soin ; mais un argument decisif centre la » supposition que les Indiens ont construit ces ouvrages , est la » route pavee qui conduit a I'un dVux. Les materiaux dont clle » est faite, aussi bicn que scs dimensions, defendent une telle con- » jeclure.

» Le plan ( A" 2 ).ressemble plus aux murailles d'une villc dont » quclqucs points elaicnt fortifies , parcc que les oiivertures ou » portcs sont placccs dans les angles saillans. Ucniplaccment pour » la course, les divertisseinens , ou pour les exercices militaires , » et les cimeti^res , en dehors des remparts , semblent juslifier » cetle opinion ; mais tout est conjectures vagues.

»• J'espere que vous voudrez bien excuser la simplicite avec la- » quelle ces dessins sont executes. ; je me suis attache a donner » une copie exacle, de peur de m'elolgner, par des embellis- » semens, du style des originaux. Ayez la bonte de les accepter » tels qu lis sont.

J'ai Thonneur d'etre tres-respectueusement , Voire hmTible servlteur,

Sl'gne P. 1\0BERDEAU , Major des Ingeuieurs.

Je pourrais ajouter a cette opinion quelques details tires de I'ouvrage dc M. Heckevelder, sur les nations indigenes dePensyl- vanie, et du premier volume de la Societc des antlquiles de I'A- merique ; mais j'en trouve Fanalyse la plus inieressante dans le Journal des Debats du 25 mai, parM. Malte-Bran.

Je tcrmlnerai par la description des Tumuli tToh\(i§h. Harrlsson- town dans Ti^lat de V Indiana. Je la traduis d'une gazette de rOucst.

1

3U

n Nous avons examirK; quinze ou vingt Tumuli. Quclques-uns, » dontrelevation etait dc dix k quinze pieds, ne renfermaient pas >• plus de quatrc ou cinq squclettes. Dans Tun d'cux nicine nous, » ne trouvanjcs aucun os Iiumain. D'autres elaient assez rcmplis »> d'os, pour faire croire quils avaicnt conlcnu autrefois au moins « I GO cadavrcs. Dos enfans de differensaigcs , et des hommes sem- >> blaient avoir cte enlasses ensemble sans ordre et sans choix. » Nous avons vuplusieurs os des cuisses, des jambes et du cr^ne, M qui avaient dAappartenir adcs hommes dune taille gigantcsque. Le crane dun des squclettes etait cpais detrois lignes, les dents " cxlrememcnt unics, fortes et belles, et toutes fermement atta- » chees. Les dents de devant elaient tres-longues et nioins larges » que celles des blancs ne le sont ordinairement. Les dents nous » parurent generalement formees et arrangees Ircs-regulieremcnt. » Nos recherches nous ont suffisammcnt convaincus que ces » Tumuli ont ele conslruits par un peuple sauvage , mais n plus civilise ccrtainement que la race actuclle des Indiens. » Nous avons decouvert un morceau de verre concave, qui » pesait 5 onces , et ressemblait au fond dun gobclcl ; plu- » sleurs baches dc pierre , percees pr^s de la lete pour re- M cevoir un manche, des pointes de fleches, faites de pier- » re-a-fusil , presque semblables a celles dont les Indiens se » servent maintenant ; plusieurs morceaux de vaisselle de terre « dont quelqucs-uns paraissaient avoir fait parlie de vases conte- » nant six ou hm\. gallons: d'aulres etaient des rcstcs de jarrcs, « depots et de tasses ; quelqucs-uns etaient sans ornement, et a d'autres singulieremenl orne's de figures d'oiseaux et de betes, j> empreinles pendant que la terre dont ils elaient formes etait •> fraiche encore. Les pctits vases etaient fails d'dcailles de moules . pllees cl melees avec de la terre pierrcuse , et les grands, d'ar- ' gile et de sable. II n'y avait aucun ddbris dc fer; un des cranes etait perc^ d'une fleche qui y etait encore allachec, clle etait : longue de six pouccs. Les individus dc cc Tumulus furent tues

\

345 » sans doute dans une batallle, et enterres k la hdfe. En creusant >> plusavant, nous avons partout trouve une couche de'cendres, » epaisse de six pouces a deux pieds , et reposant sur le sol priml- » lif. Ces cendres contenalent des charbons , des fragmens de » bois , et des debris d'os calcines. A en juger par la quantity de » cendres ct d'os , il est evident qu'on y entretint de grands feux M pendant plusieurs jours , avant d'elever le Tumulus.

» Presquc lous les emplacemens des maisons dans le village Har- » rlson, contlennent un Tumulus, et quclques-uns en ont trois. Sur M les collincs voisines, on voit des ruincs de maisons de plerre. « Elles etaient couvertes de terre , de buissons et d'arbres. Nous » en debarrassames Tune d'elles , et nous jugeames q'u'elle fut au- » trefois habitec. Elle avait 12 pieds carres ; les murailles s'etaient » ecroul^es presque jusque dans les fondemens , et elle paraissait » avoir ete b^tie de pierres rudcs , comme celles de nos murs » m^mes. II etait evident que le fer n'avait point ^le employe k » les polir. Nous apergiimes, a I'une des extremitesdubatimenl, un » foyer , regulierement construit , rempli de cendres et de char- » bons, devant lequel nous trouvjimes lessquclettcs de huitindivi- » dus de differens ages, enfans et chefs de la famille. La position » de leurs corps indiquait claircmcnt que Icur mort fut subite et » simultanee , ils dormaicnt , probablement les pieds au feu , » quand ils furent delruits par un ennemi , un tremblement de » terre , ou une peste. »

11 devient d'autant plus important de redonner la vie a ces mines, par la description, par le dessin et lagravure, que les contrees qui les renferment , vastes deserts il y a 4o ans, comptent deja plusieurs millions d'habitans. L'homme y aide aujourd'hui aux progres destrucleurs du temps , qui reduit lentement ces rem- parts en poussiere ; et la liache du laboureur aura bientot elev^ sa maisonnette de bois , et le soc dc sa charrue, trace le sillon de son champ, sur ces debris des siecles anciens de TAmerique.

Washington^ Ic 12 aout iSaS.

Signe Bresson,

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'V-V-^ Vt. Wf^V-Wt WW* 'V«%»

Extra IT d'une lettre de M. L. Casas , Vice - Consul de France a Rhodes^ adressee a M. Pech, etlue par M. Barbie du Bocage.

Rliodes, k i5 jiiillet i8a3.

Monsieur ,

Je remplis , avec un Lien grand plaislr , Icugagemeut qvie j'ai, pris de vous adresser une pelllc Relation du voyage quo jaienlre-' pris sur les coles de Caramanie, dans le courant du mois dernier:,, les fatigues sont passccs et oubliecs; iJ, ne me restc de men expc- diilon que des souvenirs ictcressans , qui se reuouveUent dc la uiaulere la plus agreablc pour nioi, en vous rcndant comple dc tout ce que j'ai vu dans une partie de I'Asie , fort negligee par la plupart des voyageurs. Je suis parti dc Rhodes , sur uu caique a voiles et a ranics , equipe de Irois marins y compris le patron ; dans la nuit , nous avons eu le Lonheur dp passer fort pres dc la flotte Iigvptienne sans en elre aper^us ; c'etait vcrilaLlcuient un grand Lonheur pour nous, de u'avolr pas etc dislingucs dans robscurite ; car on n'aurait pas manque de prendre uotrc Larque pour un Lrul6t , ct de, le couler Las sans eipoutei: nos raisoos. A peine echappe a ce premier danger , au moment ou nous allions mettre pied a terre sur la c6te d'Asie , nous avons etd visiles par le canot d'un corsaire Grec ; je me suis fait connailrc en ma qua- iilc d'agcnt du Roi de France , ct nous, en iivons etc quiltes pour la peur. Je n'avais ccrtaincment rien a craindre pour ma per- sonne; mais j'aurais etc dc;iole de voir mallraitcr le janissaire du consulat, que j'avais emmcne avec moi, J,e me suis d'abord fail conduire a P«/</7y/ , ville antique situee pres du promonloire de la Chlmerc , au-dcla du fleuvc Xanlhus , ct celcLre par son temple d'Apollon,citc, par les hisloricns ct les poclcs, comme un

3^7 des plus beaux monumens de la Grece ct de I'Asie. Les ruines de Patara sont Ir^s-considerables ; inais le seul (Edifice conserve est un immense Thedtre, reconslrult par rem2)ercur Adrien, ainsi que me I'a apprls une inscription gravde sur Tun des murs exterieurs ; €t je serais tente de rapportcr au regne de cet empereur , Tepoque de la construction des aulrcs monumens, dont les debris ne m'ont offert que des fragmens d'architccture romaine, plus remarquables par la richesse des ornemensque par le fini de leur execution. J'ai passd quatre heures a Patara, pendant la plus forte cbaleur du jour, a parcourir des ruines de temples et surlout de tombeaux, qui y sont en grand nombre. Je me suis rendu de la a Tile de Cas- lello-Riso ou Chateau-Rouge^ dont le nom antique n'est pas connu. Celic lie est un rochcr, qui n'a pas asscz d'herbe pournourrlr une seule chevre ; il y croit quelqucs douzaines de figulers et d'ollvlers; les babltans sont forces de batir des murs au pied de chacun de ces arbres, pour y retcnlr un peu de lerre vcgetale ; et quand on veut favoriser une demoiselle dc Castello-Iii'so , en la mariant, on lui donne pour dot la moitie ou le quart du revenu d'un figuier. J ai dcssine, dans cette lie , un lonibeau antique tallle dans le roc, au pled d'un chateau mine, fori pittoresque. Je m'y suis donne aussi le plaisir de boire d'exccUent vin de Chypre, en dinant avec un honnele musulman , aga du lieu , qui ne m'a pas paru avoir la lete plus forte que mol.

A six milles de Casleilo-RIso, sur le continent volsin , j'ai vu les I'ulnes A^Anti'phik , ville autrefois considerable , a en juger par rimmense quantlte de tombeaux eleves autour de son enceinte; Je suis sAr qu'on en complerait plus de deux cents , ayartt tous ti pea prds lameme forme, a I'exceplion d'un seul beaucoup plus drn^ que lesautres ctquc j'ai dcssinc soigneusemcnt. Les autres vestiges de cette ville sont peu intercssans et presque loustlu moyen age , excepte un petit theatre dans le style grcc , assez bicn conserve. \y Antiphik ^ j'ai etc a i5 milles plus loin , dans le magnifiquc port de CacoiHi^ qui peut coiTtenir toillfciS' les ai'mees navales d'Europe

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rcunics ; il a plusicurs cnlrees , et offre ccrlaiiicinonl lui dcs plus beaux nioulllagcs du monde, quoiqu'un naviro marrhand s'y solt perdu dcrnierenient par la negligence de Tequipagc. Lcs treuible- inens de terre ont beaucoup eleve la nier dansce port ; elle couvre a present une parlle de la vllle antique ; et un tombeau parfaite- ment conserve s'eleve au-dessus des eaux a quclque distance da rivage , convert de debris d'edifices de la haute anliquite et da moyen 4ge. Un chateau turc, ball sur une roche escarpee, domine cesvastes ruines, parmi lesquelles on dislinguc des temples payons et des eglises chrellennes, egalement cclebrcs , des tnnibeaux con- verts de touffes de myrles et des habitations modernes enlicrement abandonnces. Sur le premier plan , un vaisseau brise , au pied du monument funebre , que la plus terrible revolution physique a place au milieu des flols. rigurez-vous celle scene lugubre el ro- mantlque , eclalrce , comme je I'ai vue, par les derniers rayons du solell couchant , et vous penserez comme mol qu'elle etait digne d'eire decrite par I'lllustre voyageur, acluellement mlnlstre, auquel d'autres parties du Levant ont Inspire de si cloquentcs pages. Pour mol, j'ai dii me contenler d'en tracer un falble croquls, blen sAr au molns qu'U aura loujours le mcrlle de me rappcler un tableau Imposant , dont les notes memes d'un grand ecrlvain ne fixent pas, je crols, aussi neltement le souvenir. J'al remarque a Cacoi^a , d'aulres sites agresles enrlchis de iombeaux , dont vous trouverez Tesqulsse dans mon porle-feuUle. Ahult mllles plus loin, j'al vu les ruines de il/jra, slluees a une heure de chemin du rivage. On y arrive en sulvant un sentler trace a Iravers un bols epais de myrles et de laurlcrs-roses , et hordes d,c ruines de iombeaux, d'edifices romalns el de constructions du 13as-EmpIrc , atlribuces aux Genols , comme loules les viellles forleresscs du Levant qui n'onl pas cle balles par les Turcs. J'al Irouve la , couune a Cacoi>a, unamas de ruines de tous les ages, un de ces murs composes de pierres polygenes , qui sont comme le cachet de la haute antiquite, des fragmens d'archilcclure roniaine , une vaslc egllse ruln^e et

349

des debris de maisons assez modcrnes. Un marais d'eau douce, qui a pu servir de port h I'ancienne villa , renferme une grande masse de ruines cachees par les eaux et les plantes aqualiqucs ; Myra dtait la residence de St Nicholas ; un couvent et une eglise qui lui etaient dedles, s'elevent dans la plalne, au milieu des caba- nes en bois des Caramites , actuellement seuls habitans de ces lieux presque deserts. Plus loin , au pied d'une montagne couronnee par un fort, j'ai admire un vaste theatre entoure de corridors immenses , construits avec toute la magnificence romalne , mais bien elolgnes, dans les details, du gout et de la purete grecs, que j'ai valnement cherches au milieu des debris qui couvrent cette partie de I'Asie: la partle du thejitre reservee aux spectateurs, est appuyee sur des rochers perpendiculaires, lous perces de grottes sepulchrales ; et Ton pent dire que les jeux sceniques y etaient celebres en presence des niorts. Ces tombeaux sont si parfaite- ment semblables a ceux de Macri , que je n'ai pas pris la peine de les dessiner.

De Myra, je suls retournd i Cacova, dans I'Intention d'exa- miner avec soin des ruines que je n'avais fait qu'entrevoir dans la soiree du jour precedent; malheureusement il y etait arrive deux bsitimens charges d'Albanais, dont les insultes et les menaces m'ont force de renoncer a mon projet. Je suis revenu a Pthodes , apres cinq jours de navigation tres-fatigante , moulllant dans plusieurs petlts ports de la cole, tout-a-fait deserts, et ou il est impossible de se procurer le moindre rafraichissement. Je suis arrive a demi-mort de fatigue et bien resolu de ne tenter une se- conde expedition de ce genre , que sur une cmbarcation plus commode et avec des marins plus experimentes. Le moindre ze- phyr mena^ait de nous faire chavirer, et je voyais nos homnies perdre la tetc a I'apparence du plus petit danger. J'avais une re- commandation du bey de Rhodes, au moyen de laquelle j'ai ete bien rcc^u parlout. J'ai trouve les Caranianistes agriculteurs bien differens de ceux qu'on envoie faire la guerre aux Grecs : ils sont

35o

hospitallers chez eux, etm'ont offerlsouvent departagcr leur rcpas; j'ai soupe deux fois avec luie douzaine d'entre cux, au clair de la Iiine , dans unc vallee d'uu aspect romantiquc. Nous etions assis en rond autour d'une grande jatte de lait aigre , dans iaquelle chacun trempait des morceaux d'une galette tres-mince et tres^ noire, cuite dans la cendre. On a servi aussi de la viande de cerf, hachee , cuite dans des fenilles de vigne , beaucoup de lailage et un excellent pilaf. On n'a pas manque de me consuller sur plu- sienrs maladies ; et Ton m'aurait Lien mieux regale si j'avais pu indiquer quelques remedes. Je u'ai pas aulant a me louer de I'ac- cueil que j'ai rc(,u du Leau sexe : je m'ctais fort cloigne de ma suite k Myra, et pendant que je considerais les mines du theatre, j'ai ete tout-a-coup assailli par plus de douze furies qui , autant que je pouvats en juger par leurs oris et par leur gestes, nvauraient fait un mauvais parli, si je n'avais prudemmcnt hattu en retraite du cote de men escorte ; un petit enfant, qui se tenait sur une ter- rasse , anime sans doute par les cris de sa mere , me jela unc grosse pierre qui tomba a mes pieds. En revcnant ensuite au meme lieu, j'ai su que ces charilables dames exhortaient vivement mes guides k me tuer, ainsi qu'un jeune homme vetu a la franque , qui me servait d'inlerprete : c'cst ainsi qu'apres avoir ete bien iraile par les hommes de ce pays , j'ai. manque d'etre assomme par leurs femmes et leurs enfans.

Je vous ai parle , Monsieur , dans une lettre du 28 juin , de I'etat deplorable dans lequel se trouvalt la vlUe de Rhodes, a mon re- tour de voyage ; une profonde tranquillile a succede aux dcsordres commis pendant le Sejour de la (lottc Egyptienne. Nous avons echappe au lleau de la peste , comme par miracle; car 11 est cer- tain qu'il y avait un grand nombrc de pcstlferes sur la flollc, au moment de son depai't d'Alcxandrie.

Signe L. Casas.

35i

/\%,'»^/«;i/%(«/«j«/vi/w«^ <t "Wt

CoMPTE des Recettes et Depenses de la 2^ annee, presente a la Societe, par M. Ghapellier , Tresorier.

Recettes.

Prendere partie. Reliquat du compte de la i" annee. Ce comple, presente par M. le Tresorier, dans la seance du 20 decem- bre 1822, aux terines de fart. 2 5duReglemcnt , aete vuetexamind, le lendemain , par les deux Cornmlssalres nommes aux termes du meme art. -5, et arrete', le 24. decembre , par M. le President de la Commission Cenlrale, presente, sur une Recette totale de la somme de 10,74.0 f. c.

Une Depensc pour la premiere annee , de . 3,84.7 53

Et un Reliquat actif, de 6,892 {j

Dont il a ett^ place, au Mont-de-Pi^l^, cinq mille francs , le 3o mars 1822 , a raison de 4 P* 0/0 payables le 3o mars 1823 , en sortc que le reliquat, argent et disponible, aete'de dix-huit cent quatrc-vingt-douze francs quarante-sept cen-

times, ci 1,892 f. 47 c.

Celtc somme forme le i" article de Recette du present compte.

Beiixieme partie. Souscriptions. Le nombre des Souscripteurs a ele, pendant la i" annee, de 279, au lieu de 281 annonccs. Cctte erreui- vient de deux noms formant double cmploi sur la llste.

Pendant celte 2<^ annee, 23i personnes ont

352 D'autrc pari *i^9- ^7

rcnouvcle leurs souscriplions ou sont devenues mcmbrcs nouveaux de la Societd (i): trois de ces incmbres ont paye au-dela des trentc-six francs, monlant dc la souscriplion ordinaire. On ajoutera Ics excddans cl-apres ; et il est ici fait recclte seulemerit dcs 281 souscriplions i raison de 36 francs , qui forraent la somnie lotale dc 8,3i6 »

II faut ajouter -.

i" Pour una souscriplion de 1822. 36 f.

Pour la souscriplion deM.lecom- te Romanzoff, qui est de 24.0 fr. (et qui excede de 2o4fr. le taux commun). . 204.

3" Pour deux souscriplions qui de- passcnt les autres de qualre francs. . 8

2^8

Troisleme parlie. Diplomes. La confection des Diplomes n'a eulieu qu'en decembre 1822 ; quelqucs-uns ont ete delivres et pay<^s a celle epoque; niais aucun n'a ete employe dans le 1'='^ coniplc. Tous doivent done faire parlie des re- cetlcs de celle 2" ann^e.

Les Diplomes payes jusqu'a ce jour , sont au nombre de 24-3, ce qui forme, a raison de 25 f., la somme totalc de 6,075

i6,53i 47

(l) Dt'puis rasscmblee fjencrale , mi grand iioinbrc (le Membres ont lenou- vo'.e leur souscriplion. Lc produit coniplcia, en consequence, sur I'cxcicice de Tannee 182J.

353

Ci-contre .... i6,53i 4 7

Quatrtcme partie. Dons pour prix et encoura- gement.

M. le comte Orloff a rcmis a cet \

efTet 5oo f. f

M. Everat, imprimcur, pour 1822. aS t "*'

Le Meme , pour iSaS So j

, Cin(juicme partie. Abonnement au Bulletin. II y a eu 10 abonnemens, dont 2 a 6 fr. et 8 a So c. , cc qui forme 56 »

Sixieme partie. Intdrets des fonds places. On a vu que, le 3o mars, il a ete place cinq mille francs au Mont-de-Piete : le 3o mars 1823, ce placement a etd renouvele ct augment^ de cinq mille autres francs , ainsi qu'il sera dit dans les depenses ; mais il a ete re^u, le 3i, pour I'inter^t de 4 p- 0/0 de I'annee , deux cents francs , ci. 200 »

Total general des Recettes. . 1 7, 862 f. 47 c.

Defenses et Emploi.

Premiere partie. Loyer, Traitemens , Indem- nites. Le loyer qui etait, en 1822 et jusqu'au 1" avril 1823, de 65o francs, est reduit a Soo fr. dudit jour. II a ete paye pour les six premiers mois 325 ')

Et pour les six mois, au i" octobre 1823. 25o »

Pendant la mcme annee, jusqu'au i'^'^ octobre 1823, il a ete paye, pour le loyer personnel de I'Agent 200 •>

775 »

354

Dautrc part. ... 778 >>

Le traitemcnt dc I'Agent, precedcmment fixd a 800 fr , lui a <5te paye jusqu'au 1=' decembrc 1823 800 »

L' Agent ayant ete charge d'une partie des re- cettesde i822,illuiacte alloue, par leTrdsorler, autorise' a cet effet , la sommc de 60 »

Charge dc loutcs les recettcs de 1823, le Bu- reau de la Commission cenlrale, lui a allou<5. . 200 »

Enfin il a ct^ pay<^ , pour la lenue de I'As- semblee Gencrale , a rilolel-de-Viile 3o »

Deuxieme partie. Chauffage ct cclairage, II a cl6 paye pour fournilure de bois et cclairage. . 238 i5

Troisieme partie. Impriraerie, papcterie. ■— II a <5te payd i M. Everat, imprimeur, suivant son memoire vu et arrete par la Commission cen- trale, du 25 mai 1822 au 12 septcmbre 1823, la somme de *i8iq 3o

A ]M. Veron , papeticr , suivant ses deux m<J- molres vus et arretes gS go

A M. Berthe^ pour reliilre 6 So

Quatrieme partie. Diplonies, prix. Les frais de DIplomes sont jusqu'a ce jour, de i,5o2 fr. 5oc. sur quo! il a cte payd Tannee derniere , pour frais de la gravure ct dcs cxemplaires au nombre de 4oo, i,i4o fr., el pour la transcription des noms dans les cadres, i4-3 fr. Cette annec, il a ete paye pour le dessin 200 »

Pouriranscription de noras dans Ics ^ 2ig So

cadres *9 So

4,24.2 35

I 355

Ci-contrc. . . . 45242 35

Le 7 avril 1823, il a etc delivre a M. Bru- gui^re , pour prix d'encouragement, uiie nie- dallle de la valeur de 600 0

Le 20 juin 1823, II a ele paye, pour la trans- cription fran^aise de Marco Polo 5oo »

Le i4 novembre 1823 , il a ete paye pour la transcription latine i4o "

CirKjideme part'e, Frais d'envoi de Bulletin , de Correspondance , de Diploines , et autres Depenscs du Bureau 38g 92

Le 5 avril 1823, il a ete pay^ pour un me- moire de serrurerie i4 »

II a ete paye a M. Aumont, planeur, pour une planclie en culvre, la soinme de 85 90

Enfin le Tresorier fail ici depense de 72 fr. pour deux souscriptions employees dans les rccet- tes de la i" annexe pour double emploi. . ... 72 «

Total general. . 6,o44f- 17 c.

Resume.

Les Recettes sont de» . . 17,362 £.470. Les Depenses de . . . . 6,o44 17

Reste. . . . ii,3i8 3o

Place , des le 1" avril 1823, en renouvelant le \" placement de S,ooofr., un autre de . . . 5, 000 »

Reslc disponible, en caisse. 6,3i8 3o

Le pr<^sent Compte a ete presentepar M. Cliapellier, tresorier, a la Commission centrale, dans sa seance du 21 novembre 1823,

356

aux tcrmcs de I'art. 25 du rc'glenienl; el conformdmcnt aux dispo- sitions du inciiic arllcle, M. le President a nouinie deitx meiubres dc la Coiniuisslon , ne faisanl point parlie de la Section de Comp- tabilite, pour verifier Icdil conipte.

Lesquels mcmbres sont MM. Barbie du Bocage et Joniard.

Les soussignes mcmbres de la Commission centralc de la Socldt^ de Geographie, nommes , aux termcs de Tart. aS du rcglement , pour examiner les comptcs dcs Rcccltes et Depenscs de laditc Soclete, pour la prdscntc annee 1823, prescnles a la Commission centralc, par M. Chapellier, notaire, Tresorler, dans sa seance du 21 novembre 1823, present mois,

Ayant pris connaissance desdits comptcs , tant en recetlcs qu'tn depenscs, et apres avoir vcrifie les pieces a I'appui, avons reconnu le lout juste et exact , en consequence sommes d'avis d'arreler les recetlcs de 1823 , 2"= annee dc la Societd , a la somme de dix-scpl mille quatre cent six francs quaranlc-sepl cenlinies , non compels les cinq mille francs places, ci. i7,4o6f. ^jc.

El les depenscs a celle de six mille quarante- qualre francs dix-sept centimes, ci 6,o4.4 17

Et le reliquat h celle de onze mille Irols cent solxante-dcux francs trentc centimes, ci. . 11, 362 3o

Etanl observe toutcfois , que cinq mille francs sont places au Mont-dc-Piiite, au profit de la Societc , dcpuis le i" avril 1823 , ci 5,ooo »

En sorle que Ic reliquat disponlblc ct en caisse, est dc la somme dc six mille trois cent soixante- deux francs trenle centimes , ci 6,36a f.3oc.

A Paris, ce vIngt-un novembre mil hull ccnl vingt-trois.

Signe Barbie du Bocage , Jomard.

Nous soussigne president dc la Commission centralc dc laditc

357

Soclete, ayant pris connaissancc tant desdits Comptcs en receltes et depenses, que du Rapport ci-dessus des membres de la C ommission, qui les ont vus, examines et verifies, arrelons de'finitivement les- dils comptes tant en recettes qu^en de'penses , aux sommes y portees , et fixons le reliquat a la somme susdite a onze mille trois cent soixante-deux francs trente centimes, dont cinq mille en placement sur le Mont-de-Piete , et six mille trois cent soixanle-deux francs Ircnie centimes , argent en caisse , laquelle somme formera le premier article des receltes du compte de i'ann^e 1824.

A Paris, le 2 1 novembre iSaS.

Sign^ Walckenaer, President de la Commission cenlrale

Notice historique des traiYiiix de la Socieie de Geograpliie , pendant Vannee 1823, lue a VassemhUe generale du 28 novembre , par M. Malte-Brun.

Messieurs ,

Le navigateur intrepide qui , dans un premier voyage, avait vu s'enlr'ouvrir devant lui Tenceinte des glaces polaires, part une seconde fois , plein de Fespoir d'un succes complet : deja il croit traverser ce passage tant desire et tant recherche ; mais il s'etait trop flalte : ces golfes , ces detroits , qu'il devait traverser en triomphe, lui presenlent de toutes parts un labyrinthe sans issue; ces glaces qui devaient comme se fondre ct s^enfulr a son appro- che, reslent immobilcs, et s'elevant du fond des mers , ellcs lui opposent une barriere insurmontable ; il jette autour de lui un regard explorateur, il essaie toutes les entrees, il interrogc toutes

-7

358

hcs routes, il fait dcs ddcouvcrles, mais non pas cclle qu'il voulait faire ; il rcvient sans la palme rcchcrclidc,'et pourtant inebran- lable dans ses desseins, fermcment r^solu a teulcr dc nouvclles entreprlses.

C'esl ainsi que, dans sa seconde annee , votre Commission a rencontre plusieiirs obstacles ; c'esl ainsi quelle persislera dans ses desseins et quV'Ue saura les realiser.

Le concours de I'annee 1828 offralt un double ddsavantage ; c'etait Ic premier que laSocicte eikt ouvcrt; de plus, il rcstait aux concurrens un trop court espace de temps. On ne pouvait pas en attendre des resultats brillans. Des ouvrages cstimables nous ont cependant dte presentes: mais nous avons dA les juger avec toutc la severilc qu'exige T^tat d^ja si perfectionne de la science geogra- phique. Ivcsponsables envers le monde savant, nous ne pouvons nous abandonner a une indulgence qui , en caressant des essais imparfaits , decouragerait ces grands , ces nobles efforts , neces- saires pour approcber de la perfection. Un seul travail a ete juge digne d'approbation; el son auteur , ]V[. Bruguiercj a rccu dhono- rables encouragemens.

En organisant le nouveau concours , voire Commission a main- tenu les deux interessanles questions qu'elle avait proposees sur les Montagnes de VEurope et sur les Peiiples de V Oceanic ; mais elle a accorde plus de temps pour la solution de celle de ces questions qui n'avait pu etre suffisamnient approfondie dans les ouvrages envoyes au premier concours. La Societe ne regrelle point d'avoir propose deux questions aussi graves, aussi difficiles. Cc sont de ces idees qui donnent tout d'un coup la mesure dc ce que la Geogra- phic pourrait devenir entre les mains des hommes de genie.

La question proposee par IVL Delessert , elant moins difficile , n'a pas paru necessiler un terme plus long. Vltincmirc de Paris an Hchre-de- Grace est un cadre susceptible d'etre rempli d'ob- servations ingenicuses, sans cxiger des rccberrhcs penibles.

3Sf)

Nous avons indique , pour sujel du pris donl M. Ic conile Orloff fait les fiais , V Analyse des oin>i-ages reccminent puhlies en Russi'e , sur la Geographie et la Slatistique , travail qui exigc des correspondances tres-loinlaines ; car c'est sur les gouvernemens de Permie , de 'Casan , et sur d'autres provinces elolgnees , qu'ont paru reccmment les ouvrages les plus inslrucllfs ; quelques-uns de ces ouvrages ont mcme etc imprimcs sur les lioux, circoiislance qui seule suffit pour apprecier a-la-fois ce que cette question offre de diificile et d'inleressant.

SI Teclat de nos concours depend du zele des concurrens, sur lesquels votre Commission n'a aucun controle, nos propres publi- cations ne sont soumises qua des retards dont la Commission est responsable , et dont nous devons vous rcndre compte.

>' La Section de Publication, charge de faire transcrire et impri-

mer un manuscrit precieux et en partie Inedit de la relation des voyages de Marco Polo , n'a pu encore s acquitter que de la pre- miere partie de sa mission. On a transcrit cet important manuscrit, et on y a m^me joint une copie d'un autre manuscrit en latin , dont on a cru la publication utile. Mais le systeme a suivre dans rimpression, a fait naitre des discussions qui, lout en prouvant Ic consciencieux devouemenl des membres de cette Section , ont cause un retard que la Section cherche a r^parer , en accelerant rimpression , deja considerablement avancee.

Une carte des Pachalicks de Bagdad , Alep et Orfa, offerte en manuscrit par Tactive bienveillance de M. Rousseau, membra de la Societe , a etc jugee digne d'etre publiee : elle est deja livree a la gravure.

La Section de Correspondance, apres avoir trace un vasle plan pour ouvrir des communications avec toules les parties du monde, n'a encore recueilli que peu de fruits de ses travaux. Elle a fait des propositions generales ; et Ton y a repondu par des offres polies, mais egalement generales: c'^tait la marche naturelle des choses.

36o

La Section de Correspondance doit inaintcnant passer de ccs pre- liminaircs k des questions positives, bien clioisies, Lien combinees et bien adressees. Un niembre de la Socicte , M. Bresson , a W^ashington , et un membre de la Section de Correspondance , M. ^Varden , ont saisi la veritable idee dune correspondance dirigee vers un but scientliiqne. Les dessins des moaumens laisses sur les bords de I'Ohio par un pcuple inconnu , et envoyes par M. Bresson, ont enrich! nos collections; et, quolque Tobjet ne soit pas entierement neuf, il poiirrait foutnir matiere a un ou- vragc interessant. Pulsse Thonorable exemple de ces deux membres trouver de nonibreux imitateurs !

Le Bulletin a dA plusieurs communications instructives au zele de MM. Barbie du Bocage pere , Alex. Barbie du Bocage , Bresson, Coquebert-Montbret , Cottard , Freycinet , Guys, J-omard , l\oux et W arden.

Le projet d'une publication plus considerable a ete soumis aui deliberations de voire Comniission , qui vient d'en adopter les premieres bases. II a pour but Ae faire paraftre un Recueil de Relations et de Memoires. Afin de meltre dans ce recueil un en- semble et un caraclere de sp^cialile qui le place hors de ligne, la Commission a ordonne la prompte execution d'une mesure pr^liiuinaire que voici: il sera redig^ unc s^rie des questions qui , parnii les lacunes acluelles de la Geographic , signaleront celles qui peuvent i^lre reniplies par des Iravaux de cabinet, par des recherches savantes; ces questions iront aussi provoquer , meme dans des pays lorn tains, ces descriptions physiques et statistiques qu'un observateur residant sur les lieux r<idige bien mieux qu'un voyageur passager. Si k ces deux classes d'ouvrages nous ajoutons les relations qui, a notr-e appel, peuvent sortir des porle-feuilles de plus d'un voyageur savant ct modesle , assis dans vos rangs , Messieurs, si nous y rcunissons les memoir es qui pourront etre le produit de nos coucours , il uous sera pcrmis d'esperer que le Becueil dc la Socicte reuiplira dignemcut unc des promesses dc

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notre reglement fondamental, cclle dc publier dcs ouvrages utiles aux progres de la Geographic.

Un autre projet, non moins important, se rapporle egalement a un Lut avoue de la Societe , celui de provoquer des voyages dans les pays inconnus. Reflechissant sur la grande depense qu il nous faudrait risquer en defrayant d'avance un voyageur , M. Alex. Barbie du Bocage a con^u Tingenieuse idee de faire, d'une re- lation sur un pays peu connu, le sujet d'un prix considerable, prix dans lequel le voyageur heureux trouverait, a son retour, un com- mencement d'indemnite pour ses peines. L'auleur de ce projet indiquait la celebre et inforlunee Cyrenaijue , comme le premier sujet d'un prix ; il ne pouvait guere en choisir un plus seduisant* Peu de journees de navigation separent cette region des cotes Fran^aises ; avec un vent favorable , vous y debarquez au bout de quinze jours ; avec un peu d'or r^pandu parmi les Arabes de Barkah, vous penetrez du moins jusques aux mines de Gyrene. Ce voyage devrait tenter un habitant de la France meridional^. Dans I'anliquite, les citoyens de Marseille, les citoyens de Gy- rene durent souvent assister aux memes f^tes et couronner les menies autels : ces deux peuples, sortis d'un mcrne tronc , etaient comme deux oliviers de I'Attique , transplantes sur des rivages en- core barbares ; ils y prirent racinc , ils y porterent des fruits ; les arts et la civilisation prospererent sous leur ombrage lutelaire :. mais que leur sort aujourd'hui est different ! Marseille fleurit aux pieds d'un trSne ami de la liberie. Gyrene a peri ; un souffle plus destructeur que le vent enflamme du desert , le souffle de la bar- barie la reduit a I'etat d'un squelelte petrifie. Mais , dans sa tombe de marbrc , Gyrene excite encore la curiosite des voyageurs, et I'exeraple de Delia Gella, qui I'a visitee, ne provoquera pas long- temps en vain leur Emulation courageuse. N'est-il done, dans la ville natale de Pytheas , personne qui brAle d'aller s'asseoir pre» de la fontaine d'Apollon , encore jaillissante dans toute sa force ^ dans toulc sa fraicheur, pamii les bosquets abandonncs oil Aris--

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tippe promcnait sa jo) eusc reverie , parini les colonnes brif.^e5 ^ provenant peut-etre dcs porliqucs oil Eraloslhene enseigna la Geographic i' Parlez , cnfans des Phocdens, parfcz ; traverscz la Medilerranee, allez contempler ccs belles ruincs de la Grece Afri- caine ; elles ont des droits sacres a voire synipalliie.

Celtc proposition a ele accueillie par votre Commission; mais la deliberation svir le mode d'execution a etc- rcuvoyee a Tepoque fkee pour delermiuer le choix des prix.

Pendant que nous meditons sur les moycns d'cncouragcr les voyages , plusleurs mcmbres de la Societe parcourent deja des regions lointaines: M. Dubois de BeaucbSne se dirige vers I'lnde et le Thibet; M. Leschenault de La Tour s'acbeniine vers les eonlrees que baigne TAmazone ; jNIM. Dupcrrey et Dumonl- Durville sillonnenl le Grand Ocean Oriental ; M. Chaumetle des Fosses revient de ces parages oii les tempeles de la mer Glacialc baltent le dernier promontoire de lEurope. Tous ces voyagcurs nous apparliennenl; mais c'est le gouvernemenl qui a donne a Mftl. Leschenault , Duperrey et Durville , leur mission ; il doit nons suffire de Tavoir indiquee ; bienlot, sans doule, il nous sera permis d'en celebrer les heureux resullats.

M. de Beauchene a demande et re^u des conseils de votre Com- mission ; il a discute avec plusieurs d'entre nous , les meilleurs moyens ( s'il en exisle), de penetrer sur ces plateaux fameux de I'Asie centraie , ou 1 'esprit de syslemc place temeraircment les monumeus dune antiquile fabuleuse, mais ou Tesprit de la science approfondira bient6t ces grands phenomenes , qui caracterisent les montagnes primordiales du globe. Vous n'ignorez pas que les chaines de I'Himalaya ont 6t6 reconnues pour ^tre les plus dlevees de notre plancte; les Cordillicres sesonl abaissdes devant elles, ct le Chimborazo est detrone. Mais d'immenses , de ferliles vallces, descendent, du Dane septentrional de ces chaines colossales, vers un bassin mediterraneen , pen connu ; c'cst la que INIarco-Polo voyageail, ii y a cinq siecles; c'est la que ses traces se perdenl au

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milieu xles lenebres cpaisses. Puisse M. de Beauchcne nous rap- porter un commentaire authenlique sur les relations encore si pcu comprises de I'H^rodote du moyen Sge.

Le voyage de M. Chaumelte des Fossds k depasse le cercle polaire de trois degres de plus que le dernier voyage du capitaine Parry; mais il n'a pas depasse les limites de la civilisation euro- pdcnne. Une hospitalile geniireuse , Tainour des lellres, le goAt des eludes , tout ce qui honore verilablcinent les nations policees, a charnie les regards de noire voyageur, dans les provinces sep- tentrionales de la Norvcge. ll y a surtout admire une nature non moins majestueuse que celle de la Suisse. Deja , dans un premier voyage, il avait visile, aux environs de Slavanger, une chute d'eau dun volume cinq fois plus grand que la Seine , de plus de goo pieds d'elevation, et qui, plus piltoresque que le Niagara, decore en perspective ramphilheatre d'unegrandc vallee. II a, cetlc fois, examine, parmi d'autres objets , le prelendu gouffre de Maktrom : c est, comme deja vous le savez , un courant forme par I'Ocean septentrional, entre les dernieres iles de la chaine de Lofoden , qui separe la grande mer du golfe, appele IV^est-Ftord ; pressees dans un passage elroit, ces deux masses d'eau, par leurs mouve- mens opposes , produisent des courans opposes qui reviennent sur cux-memes, en cercle ou plutot en spirale; mais si deux vents differens agitent en meme- temps la surface du golfe et celle de la mer , le choc des flots devicnt terrible, les courans varient , le vent inconstant Irompe le savoir des marins ; les navires en se Lrisant, en se submergeant , paraissent, en quelquesorle, comme entratnes et engloutis par une puissance inysterieuse. Le Malstrom a refuse i notre voyageur le spectacle de ses horreurs.; M. Chau- metle s'y est promene tranquillement pendant une demi-journee ; les clartes dun jour perpetuel eclairalent les ondes paisiblement balancces; les poissons se jouaient comme au sein dun lac tran- quille: les pecheurs qui le conduisaient , voyaicnl lours filels sc rcmplir; et le voyageur ecrivail , a bord de sou baleau, des lotlres

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asesamis, membres de noire Socidte. II a depuis continue sa caurse jusqu'au cap Nord , d'ou ii a dA penelrer dans la Laponie russe, et visiter les bords occidentaux de la mer Blanche.

Nous regi'cllons que MM. Bowdich et IMollicn ne nous aient pas encore fait parvenir de details sur leurs voyages respectifs en Afrique et en Amerique.

La inort nous a privds de deux membres : M. Ripault, dont Tardeur infatigable affrontalt les lenebrcs de rantiquite, et M. Llo- rente, qui a depose dans nos archives les resullals de ses recher- ches laborleuses sur la Geographic ancienne d'Jispagne.

Ce tableau des progres de laSociete, pendaiit la secondeannde, serait inconiplet et meme inexact, si nous n'ajoulions pas Tobser- vation consolante que de nouvelles souscriplions continuent a faire accroitre nos fonds ; que la bibliolheque s'enrichit de dons ; que le ddvouemenit des membres de la Commission ne s'est jamais ralenti , et qu'il nous suffira de reflechir sur les causes qui ont re- tarde quelques-unes de nos entreprises pour faire disparaiire ces faibles obstacles. La Socieic , Icgalement reconnue par le Gouver- nement, n'a, pour sc faire Tm sort glorieux , que de marcher avec fermcte vers les honorables buls quelle s'est proposes ; clle ne manqucra ni d'appuis ni de suffrages.

Les premiers navigateurs qui franchirent la ligne ($quinoxiaIe, longerent penlblemcnt la cote de TAfrique; ils sc virent a chaque instant entraines par des courans dangereux, ou arretes par le per- fide sommeildos vents el des flots. Mais bicnt6t, du sein de Texpe- rlencc, naquit cette audace calcuiee qui, dans ses routes sagcment hardies , depasse I'obstacle qu'elie ne peul faire disparatlrc les pilotes osercnt abandonncr le rivage; les voiles europeennes s'c- lancerent au milieu de I'Ocean , et le voyage des Indes Orieulales cessa d'etre un probleme difficile. '

Ainsi voire Commission , profitant de son experience , saura, d'annde en annde , affermir sa marche , simplifier sa route et donner h ses efforts plus d'encrgie ct plus d'ensemble.

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ExTRAl'l' (Vimc Ictlrc de. M. Adrien Dl'PRE, Flce-Cousul tie France a Bone , B!cm//re dc la Societe , lue a la Societe dr. Geographie , par M. Barbie du Bocage.

Bone , Ic ao oclobic i823.

Je vous avals promis , dans ma dernlere lellre , quelqucs details sur I'ancienne Cirtha: je vais satisfaire aujourd'hui a mon cngage- nicnl , et je coinineHcerai par vous donner succinclement I'iline- raire de ma route. Apres avoir depasse la colliiie au pied de laquclle elait Hipp^ne, nous cnlranies dans rimmense plaine de B6ne. Ce pays, ou Ion remarquait autrefois de nombreux trou- pcaux , de riches moissons , d immenses et fertilcs paturages , qui ctait appele anciennement/c grenier des Romains, et qui, de nos jours encore, fournissaittant de ble k la France, nen produit, pour ainsl dire , aujourd'hui que pour nourrir scs habitans. Un petit nonibre de hordes Arabes , campces ^a-et-la dans celte immense plaine, en cullivent quelques parties, et les produils des sueurs et des fatigues de ces nialheureux leur est presque toujours enlevi^ par leurs avides oppresseurs. On y trouve unc infinite de de- combres, qui occupent un assez grand espace de terrain, et feraient croire a I'existence, dans cet endroit, de quelque ancienne ville. Ces debris, peu ^lolgnc's des rcstes d'aqueducs dont je vous ai dtija parle dans ma precedente lettre, pourraient bien elre ceux de Tantique Hippone. En sortapt de la plaine , on pcnetre dans des montagnes trcs-escarpees et treshautes, couverles d'oliviers sau- vages , et repaires des lions , dont nous eulendimes les affreux rugissemens. Nous passames mdme pres d'un endroit oiigisaient les malhcureux restes de sept Arabes , depeces par Tun de ces rois des forets. Vous sentez que nous n'etions nullement disposes a aller presenter nos hommages a leur majcste; nous doublames le pas et en fAmes quittes pour la peur. Au milieu des rochers, on de- couvre bientot un grand chemin romain, qui, i n'en pas douter, tilait celui qui conduisail <rilippoao a Cirllia : on le refrouvc , de

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distance a autre, jusqira Constanline; el on rcmarquc , dans cer- tains endroits , des dccombres d'edificcs oii dtaicnl diablis dcs postes avanci^s. A 9 hcures de marfche dc B6ne, sonl deux sour- ces d'eaux ininerales; les ruines qui Ics environncnt denolenl que les Komains y avalent conslrult des bains.

Le second jour , nous marchames en partie dans une plaine arrosce par le Seibus, qui vient se jeter dans la mer pres de Bdne, cl en partie au travers des coUincs verdoyanles et susceptlbles de culture jusqu'a la ciine ', a peine remarquait-on , de distance en distance, quclques morceaux de terre ou le sillon dc la charrue avait passe, et quclque dovares on camps d'Arabes; hors dcs routes dans le lointain, a la fin d'une journ(^c fatigantc, on nc peutmcme espercr, dans ce pays, dercncontrer un chctif hamcau et un mau- vais grabat, comme en Turquie. I^e seul moyen de voyager en Barbaric , est de porter ses provisions , d'avoir une tenle i soi , et de dormir, comme les Maures, sur la terre nue ou recouverle d'une natte. Ainsi ce n'est pas comme en Europe , ou Ton pent voyager dans une bonne berline, changeant de chcvaux a cbaquc posle , ou le soir on peut s'arreter dans une ville , aller au spec- tacle el trouver un bon soupcr et un lit passable. Comme vous le jugerez par les details que je vous donne , c'est en Afrlque qu'il faut venir pour se former aux voyages.

La troisii^me journec fie nous ofirit rien de particulier, et nous ne marcMmes qak Iravers des collines (^levees el entierement nues. Dans quelqucs parlies seulcment, on aper^oit un peu de culture : j'ai regrett^ , dans tous ccs voyages, de voir un pays si leau et si fertile rester, pour ainsi dire , inculte , tandis que nous nous flisputons, en Europe, une lande slc-rile. Vers le soir , nous alteignimcs Constanline, ancienne Cirtha: je saluai, en la voyant, cette palrie de Jugurlha et de Masinissa, si celcbrc par Tantiqulle de son origine , par les rois qu'elle a rcnferm^s dans son sein , par ses longucs guerresavec Kome el Carthage. Celtc ville, silucc Ji 28 heures de niarche de Bone, presque au sommet d'une mon- lagne , renformc une population d'environ 60,000 iimcs , com- ^osee, pour la majeure panic, dc Maures, de quclques Juifs d

3G7 d'une polgncc <lc Turcs,qiii soffiscnt pour asservir ces dcsccndans «1es Numides , lanl ils out dcgdndre. Dcfendue par son assiettc , quoiquc pourtanl douilnde par plusieurs colllnes , cetle ville est enlouree dc muraillcs de piorre un pcu delaLrees. Scs porles^ au nomI)re de quatre , liaties en pierres rougeatrcs presqu'aussi fines que le marbre ct sculplees avec goAt, s'annoncent pour elrc I'ou- vrage des anciens mai'lres du monde. L'interieur n'a rien de re- marqualde: les rues sonl elroites et mal-proprcs , les maisons basses el sans fcnetres ; 1 objel le plus frappant est un ancien port repard par les Europeens , depuls quelques annees seulenient. Les arcbes , les galcries et les colonnes , sont orndes de guir- landes, de feslons , de letes de boeufs et de caducees. Entre deux arches est une femme, en bas-relief, dont les pleds poscnl sur deux dlephans, ct tenant sur la t^te une grande coquUle. A quelque dis- tance de ce pont, on rencontre un Ires-bel arc de Iriomphe et d'autres nionunicns a denii ruinds , resles precieux de la puissance et de la grandeur des Romains. A la vue des ruines, des pans de murs renverses et des restes de citernes et d'aqudducs , qui s'eten- dentau loin dans la plaine au sud-oucst, on juge que Tanciennc Clrlha etail beaucoup plus grande qu'elle ne Test aujourd'hui. A la parlie la plus dleveede la ville, vers Test, se Irouve une graude

cascade fonnec par le (leuve TAiiipsagas des anciens, qui sort

d'un canal soulerrain. C'est de cette parlie que Ton preclpile en- core aujourd'hul les criininels, conune on le praliquait autre- fois, et les fenmies infideles. Au moyen d'un escalier, on descend jusqu'au bas de la riviere, el Ton se Irouve sur une route naturelle, ou les femmes se placent pour laver leur llnge sans etre vues.

Les environs de Constantlne sont de la plus grande ferlilite. La lerre y est assez bien cultlvee el pourralt Tctre encore davan- tage. Du cole du nord, on decouvrc , du baut de la ville, un paysagc magnifique, forme par un grand nonibre de vallees , de coUines, de rivieres et de prairies. A Test, la vue el bornee par une chafne de rochers qui domine la ville.

lels sont les details que je puis vous Iransmellre aujourd'hui sur rancienne Cirtha. Une autre fois, je vous en donncrai sur le

3G8

caracltTC cl les mcrurs des Arabes : cc sera le sujcl (ic ma pre- miere I^cllre.

Signd Adricn Dupr.E.

Note en irponse a uiie critique amtcuuc duus itii Memoiie dr M. Bresson, iiisere davs le j'^ iminero du LuUctin.

Dans iln ouvragc hcrisse dc chiffres, Ics faules Ivpograpliiqucs sont bicn dlfficilcs a evilcr. Cclle que M. Bresson, secretaire do la Legation fran^aise aux Etals-Unis, a signalec dans mon cssal pnUlujue sur la IS owelle-Espagne , et qui allere, d'unc manierc si el range, la distance du Nouveau-Mexique a la Nouvellc-Californie, ne se trouvc nl dans Tedition in-4-°5 *iu* est V edition originule, et la scule dont j'ai revu les epreuves , ni dans les dlffdrentes traduc- tions anglaises, allemandes ou cspagnolcs, que j'ai sous Ics ycux. J/cdition originale , porle : « La poste aux Leltres va dc Loreto le longde la cole nord-oucsl jusqu'a San-Francisco; ce dernier eta- Ijllsscment est prcsque sous le m^me parallele que la petite villc de Taos du Nouveau-Mexique. II n'en esleloigne que de 3oo lieues. » M. Bresson, dans son intercssant Mdmoire (^Bulletin de la Socicle Ge'c- gra/)hi(/iie , mimero 7, page 287), trouve cct eloignement, par les positions astronomiques des deux points, dont j'ai discute lesfon- demcns, de 3io lieues. Jc profile dc cettc occasion ponr fairc ob- server que, dans la derniere traduction anglaisc de nion ouvragc sur le Mexiquc, on se livre h des conjeclnres sur des cbiffres dont on aurail pu trouver la reclificalion en jelant lesyeuxsur fErrata dc I'edition originale. G'est ainsi , par exemplc , qu'on m'accuse gra- vement d'avoir supprlme (tome i, page 827), un million d'habi- lant du Mexique de caste melt^e , lorsqu'on aurait pu trouver, dans VErraia : au lieu de 1,281,000, lisez 2,281,000; et lorsquc, dans lelexle (tome i, page i85), on aurait pu voir que les cas- tes melees s'elevent peul-elre meme a 2,4oo,ooo. Paris, ce 4 <leccmbrc 1823.

A. DE IIU3IB0LDT..

. AVIS. On cnvena incessamracnt a Messieurs Ics Memlucs lie laSocictC, la lable lie,, mail 'res conlemtes daiis ec premier volume.

MEMOIRE

SUR LES EXPEDITIONS

FAITES

AU NORD-EST ET AU NORD DE L'AMERIQUE.

MEMOIRE

SUR LES EXPEDITIONS

FAITES

AU NORD-EST ET AU NORD DE L'AMERIQUE ,

POUR Y CHERCHER

UNE COMMUNICATION ENTRE L'OCEAN ATLANTIQUE ET LE GRAND OCEAN ,

Lu a Vassemhlee general e de la Societe de Geographie , le 2y novemhre iSz^, par AI. Roux , membre de la Commission centrale.

EXTRAlT DES ANN ALES MAKITIMES ET COLONIALES DE L'ANNEE 1824.

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ROYALE. 1824.

I

MEMOIRE

SUR LES EXPEDITIONS

FAITES

AU NORD-EST ET AU NORD DE L'AMERIQUE,

POUR Y CHERCHER

UNE COMMUNICATION ENTRE L'OCEAN ATLANTIQUE ET LE GRAND OCEAN.

kJ ne ceinture de glaces envefoppe les iners boreales et s'etend autour du pole. L'hiver en augmente la surface ; elle decroit pendant I'ete ; et ce phenoinene alternatif du devefoppeinent et de la fonte des glaces repousse fes navi- gateurs , et leur ouvre ensuite I'eniree de ces parages. Mais les approches en sont mena^antes : des iles flottantes sent jeteesenavantde cette longue barriere, lesvaisseaux peuvent s'y briser; et les inarins les plus intrepides ont a lutter centre ces obstacles, lis cherchent les canaux encore libres ; ils s'engagent dans leur lit, aussi loin que les flots s'ouvrent devant eux ; et si les rigueurs de la saison viennent fermer les passages qu'ils ont franchis , ils hivernent sur la glace: leur canot devient une tente, ou ils sont condamnes a vivre pendant une nuit de plusieurs mois.

Quand le soleil , reparaissant apres une si longue ab- sence , adoucit par degres la temperature, rend successive- ment aux jours la longueur des nuits, et, s'emparant ejifin

3

( 6 ) . ^ des limites du ciel, circule comme un disque autour de I'ho- rizon, alors i'etroite prison oil le canot etait enferine vient b s'entr'ouvrir ; les glaces se brisent et flottent autour de lui : il recommence sa navigation, poursuit le cours de ses en- treprises , et va bientot decouvrir des regions nouvelles ; ici pour etendre le commerce et la puissance de son pays, Ik pour propager les bienfaits de la civilisation et de I'in- dustrie , ailleurs pour faciliter les communications entre les differens peuples.

Ce dernier but , qui nous occupe specialement ici , fut celui de plusieurs expeditions vers le pole arctique. Les nations maritimes de I'Europe etaient interessees a decou- vrir un nouveau passage entre I'ocean Ailantique et le Grand Ocean, pour ne point avoir k faire doubler le cap Horn , ou le cap de Bonne-Esperance, aux vaisseaux qui devaient se rendre dans les latitudes elevees de I'Asie orientale , ou des cotes occidentales d'Amerique. Ce projet fut suivi avec ar- deur, des la fin du XVl/ siecle , par des navigateurs infati- o;abIes ; et ce fut k leurs premieres recherches qu'on dut la decouverte du d^troit de Davis, de la baie d'Hudson , de celle de Baffin , et des iles repandues dans ces parages.

En parcourant la route tracee par ces illustres marins, on a'verifie i'exactitude des observations qu'ils avaient faites : on a continue leurs travaux ; on a penetre dans les baies dont ils n'avaient pas sonde la profondeur ; mais arrete tout- k- coup par la presence des glaces, on a renonce pendant long-temps k I'espoir d'ouvrir a travers cette bar- riere une communication avec les mers du nord de I'Asie. Hudson et Baffin crurent que ce passage n'existait pas ; et deux siecles d'epreuve ne Font pas fait decouvrir depuis ; quoique Fart de naviguer et les sciences qui peuvent eclairer et faciliter les decouvertes se fussent perfectionnes. ' Le capitaine Phipps, devenu depuis lord Mulgrave, fut envoye, ^n 1773, pour tenter le passage des mers polaires : niai^ il ne se dirigea point vers les cotes nord-est de I'Ame-

( 7 ) rique; il s'approcha du Spitzberg, dont il reconnut les rives septeiitrionales ; et les lies des Sept-Soeurs furent le termede ses decouvertes.

Young fut charge, en 1777, de visiter les detroits qui pourraient eta'oiir des communications entre la baie de Baffin et la mer Glaciale ; mais il ne put y parvenir.

Plusieurs vaisseaux hollandais se perdirent, dans la meme ann^e , sur les cotes du Groenland. Tout sembfait decou- rager les nouveaux projets de decouvertes : il fallut quefque grande alteration dans la temperature des mers polaires , pour reveiller, avec plus d'espoir , cette ardeur et cet esprit de recherches.

En 1.8 I 7 , les batimens qui naviguaient entre I'Amerique et I'Europe, rencontrerent plusieurs fois des montajrnes de glaces flottantes , sous des latitudes oil elles n'etaient jamais parvenues. Ces iles , entrainees par les courans ou chassees par les vents du N. , cinglaient vers le niidi , oil les feux du soleil et la temperature de la mer devaientles dissoudre. Les navigateurs , dont I'attention se porta sur ce pheno- mene inatiendu , penserent qu'une cause puissante ayant de- gage les mers polaires d'une partie des glaces dont elles etaient encombrees , on pourrait enfin trouver , au nord de I'Amerique , le passage inutilement cherche.

D'anciens souvenirs semblaient accroitre cette esperance^ Les contrees du N. avaient ^te autrefois plus accessibfes. Une colonie danoise , dont on faisait remonter I'origine au commencement du X.' siecle, avait ete etablie sur la cote orientaledu Groenland : elle avait jouidequelqueprosperite; et , vers la fin du xiv/ siecle , elle possedait deux viifes et dix-neuf villages. Ses communications avec I'lslande et le nord de I'Europe etaient habituellement fibres ; elles le furent jusqu'au commencement du XV. " siecle. Mais alors des courans impetueux, entrainant avec eux les glaces po- laires , vinrent les amonceler entre i'lslande et le Groen- land, Une insurmontable barriere s'eleva dans toute la lar-

4

( S )

geiir du canal. Des I'annce 1 4o2 , les communications furent

interronipues , et la colonic resta separee cle sa metropole.

Get exemple d'un peupfe qui put autrefois habiter ces

froides regions, et qui ne s'etait perdu qu'apres plusieurs

siecles d'existence , inspira aux navigateurs le desir d'en

rechercher la trace et de reconnaitre toutes fes plages, de

sonder tous les detroits d'oii les glaces b'etaient detachees.

L'Angleterre se hata de diriger vers le N. une expedition

de decouvertes; etiecapitaine John Ross partit en i S i 8 pour

Ja baie de Baffin , avec les batimens ilsabelle et I' Alexandre.

Les glaces ne permettaient pas de se rendre directe-

ment vers la cote ou Ton devait chercher un passage ; il

fallait suivre d'abord la rive orientale; mais cette route en-

trainait aussi des perils, et Ton ne pouvait se la frayer qu'i

travers les glaces flottantes. Les irnes, formees k la surface

de la mer, avaient successivement acquis Jusqu'k vingt pieds

d'epaisseur; les autres, beaucoup pfus elevees, sembiaient

avoir appartenu aux glaciers de fa cote qui s'etaient etendus

sur la mer. Leur volume et leur poids , venant k s'accroitre

chaque annee, n'avaient que les flots pour soutien : enfin ,

ces masses enormes s'etaient brisees, et les vents les por-

taient vers le midi.

Apres s'etre eleve par une perilfeuse navigation jusqu'au ^G.'' degre de latitude, le capitaine Ross se dirigea vers I'occident; il s'avanca vers le passage de Lancastre, qui etait le but principal de son expedition , et s'engagea dans ce detroit jusqu'k 30 rnilles de distance. Mais Jes detours et les efforts qu'il avait du faire pour I'alteindre avaient con- sume la saison la plus favorable k ces penibles navigations. La mer, qui s'etendait encore devant iui, commen^ait k se couvrir de glaces; et le capitaine Ross, ne voulant pas se laisser surprendre dans ces hautes latitudes par une saison plus rigoureuse qui pouvait s'opposer k son retour, sortit de la baie de Lancastre, regagna le detroit de Davis, et revint en Angleterre, oii son voyage fut public I'annee suivante.

( 9 ) . _

Une autre relation , faite par le lieutenant d'artilferie Edouard Sabine, qui servait sous les oidres du capitaine Ross, et qui regrettait vivement de ne pas poursuivre ses decouvertes, renfermed'interessantes notions sur les families d'Esquimaux que les navigateiirs avaient visitees.

Ces hommes furent fiappes de terreur en voyant des bafimens europeens. lis les pienaient d'abord pour des ani- maux sortis du soleil et de la lune et venus pour les de- vorer. Leurs sorciers ne les rassoraient point, quoiqu'ils crussent converser avec les esprits et se les rendre favo- rables. Habitans d'un pays ou les plus grands arbres sont reduits aux dimensions de nos plus faiblt s arbrisseaux , ifs ne pouvaient se persuader qu'on eut construit en bois fe corps des navires , et que les for^ts eussent fourni leurs mats gigantesques. Ces faibles peupiades, isolees dans leurs regions sauvages, ne connaissent pas meme i'inte- rieur des terres. Resserrees entre la mer et une chaine de montagnes, elles vivent sur le rivage sans avoir de canots comme les autres Esquimaux du Groenland, et sans me- surer comme eux la duree du temps par le flux et le reflux de la mer.

Quelques traditions historiques se conservent encore an milieu des habitans. II parait que leurs anc^tres avaient quelque navigation, qu'ils s'etaient occupes de la peche de la baleine, et que, dans des siecles plus recules, les Esqui- maux, s'avan^ant au midi, rencontrerent les Danois qui faisaient des progres vers le nord.

Tandis que I'expediiion britannique envoyee dans la bare de Baffin en reconnaissait les rivages, le capitaine Scorresby rassemblait, apres douze annees de voyage, ses savantes observations sur les regions arctiques et sur la peche de la baleine. La se trouvent reunies la theorie de la science et la pratique de la navigation ; le genie de Tobservateur y est constamment eclaire par les faits. Get important ouvrage, si bien analyst dans un rapport de MM. de Rosily et de

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( 'o ) Rossel { 1 ) , ne fut imprime qu'en i 820 ; mais I'amiraute an- glafse en avait connaissance deux ans auparavant. Les capi- taines Ross et Scorresby avaient termine leurs observations vers la meme epoque. Le systeme de la navigation des mers polaires, la direction de leurs courans, les moyens d'atteindre avec securfte differens points de leurs rivages, etaient plus conniis. On savait que, pendant deux etes con- secutifs, la chaleur avait occasionne de si grandes fontes de glaces, que les parages oil il n'avait pas ete possible de naviguer pendant plusieurs siecles s'etaient trouves entiere- ment degages ; qu'un capitaine hambourgeois , naviguant dans les mers du Greenland, avait penetre jusqu'au 8^.' degre de latitude; que la cote orientale de la baie de Baffin etant toujours accessible pendant I'ete, c'etait en prenant d'abord cette direction qu'on devait se porter vers la rive occideniale ; qu'enfin, s'il existait un passage au nord de TAmerique , une seule saison ne suffisait pas pour le franchir.

Le capitaine Ross avait cru cette communication iinpra- ticable ; cependant, comme les Esquimaux de la baie de Baffin paraissaient appartenir a cette meme race dhommes que d'autres navigateurs avaient relrouv^e vers le detroit de Behring, ces ressemblances faisaient supposer une com- mune origine; et I'on presume que si d'anciennes relations avaient eu lieu entre des peuplades si eloignees , on pour- rait encore les retablir.

Animee par I'esperance, et s'armant contre les difficultes, I'ami^aut^ anglaise fit les preparaiifs d'une nouvelle expe- dition , dont elle remit le commandement au capitaine Parry, qui avait pris part aux travaux du capitaine Ross. Les navires I'HUla et le Griper furent pourvus de vivres pour deux annees ; on mit k bord tous les moyens d'assurer la sante des equipages, de les preserver contre les rigueurs

(i) Les Annales maritimes de I'annee 1820 contienncnt ce rapport, page 700 de la deiuiemcpariie.

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du froid, de suivre avec precision les operations astrono- miques dont les navigateurs devraient s'occuper, et d'etablir un commerce d'echange avec les naturels du pays, si Ton descendait sur des cotes qui fussent habitees.

C'etait particulierement vers le detroit de Lancastre que devaient se dinger les nouvelles tentn lives. Le capitaine Parry fit voile de Sherness le i 8 mai 1819; il atteignit le cap Farewell; et s'etant eleve le long de la cote orieniale de la baie de Baffin, il s'ouvrit ensuite vers I'occident un passage, a travers un espace de 80 milles de glaces, et gagna le de- troit de Lancasire, oil il s'avan^a jusqu'au 90/ degre de longitude.

Les glaces ne permettaient pas de suivre plus long-temps cette direction ; mais les navigateurs reconnurent au midi un large passage oil ils s'engagerent, et qui regut le noin ^entree du Prince-Regent. Apres I'avoir explore pendant plu- sieurs jours , sans neanmoins en parcourir toute la longueur, ils revinrent vers le detroit de Lancastre. Pendant cette excursion, la barriere glacee de I'ouest s'etait rompue, et ils poursuivirent leurs decouvertes. La cote du nord se pro- longeait h. leur droite , et se trouvait ensuite coupee par un detroit qui la separait de quelques lies. L'archipel qui s'offrit a leurs yeux re^ut le nom de Georgte du Nord, et le capitaine Parry continua sa route vers I'ouest , par d'obliques detours a travers les gfaces et les iles qui s'opposaient k une naviga- tion plus directe.

La plus etendue de toutes ces iles fut nommee Aielville: on en suivit la cote meridionale jusqu'au i i 2.° degre de longitude k I'ouest de Greenwich ( 1 i4° -o') ;mais on ap- prochait de I'equinoxe d'automne ; il fallait chercher une retraite pour I'hiver ; on se replia de quelques lieues vers I'orient, et le 28 septembre on jeta I'ancre k loo toises du rivage , sous le 74." degre de latitude.

Dans la mesne saison , les pecheurs baleiniers s'etaient eieves , sur les cotes du Groenland, au-dela du jj.'' degre.

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La mer y 6tait libre; mais on voyait, vers le mfdi, des glaces irnmenses detachees du pole venir echouer sur fe rivage. La plupart de ces Hes flottantes etaient chargees de phoques et de chiens de iner, et voyageaient sur les eaux avec leur sauvage cofonie.

Des le 5 novembre, le soleil passa sous riiorizon, et la perfodicite des jours ne fut plus indiquee que par un cre- puscule dont la duree diminuaic sans cesse.

Cette saison d'obscurite et de froidure excessive, car le thermometre descendit jusqu'au 55' degr6 de Farenheit , etait [a plus penible epoque de I'expedition.

Mais, pour soutenir la Constance des equipages et pour animer I'inaction de cette longue nuit, le capitaine Sabine entreprit a bord des navires la publication d'une feuiile pe- riodique, quidevnit paraitre toutes les semaines, sous le litre de Garetie de la Georgie du nord et Chronique d'fiiver. Chaque homme fut invite k concourir k sa redaction : tous les articles etaient signes d'un nom pseudonyme. Vers et prose, sujets graves ou legers , verites, allegories, tout etait egalement recu, mais I'editeur faisait un choix : il admettait tout ce qui pouvait eiever I'ame ou charmer le coeur, tout ce qui portait I'empreinte du courage, du patriotisme , de cette bienveillancemutuelle qui, suivant une heureuse expression de I'editeur, esttoujours aimable comme vertu privee, mais qui, dans une telle situation, devient un devoir public.

Ces gazettes, dit I'un des redacteurs, nous offriront un fonds d'amusement, non-seulement pour les nuits de notre hiver boreal, mais pour beaucoup d'autres que nous espe- rons passer heureusement dans la vieille Angleterre. Je ne puis , ajoutait-il , m'empecher de penser au temps oil un paragraphe de la Chronique d' hiver, lu au coin du feu , dans un cercle intime, fera couler des larmes d'orgueil et de plaisir des yeux d'un pere age, d'une tendre epouse, ou d'une soeur bien-aimee.

En parcourant cette feuiile litteraire, monument d'imagi-

( '3 ) nation , de philosophfe et de courage , on apprend k mieux apprecier encore les homines remarquables qui firent partie de cette expedition. La peinture des aurores boreales, celle des beautes du ciei pendant cette longue nuit, ceile des sau- vages et majestueux phenomenes des regions du nord, celles de la perte et de la renaissance du soleil , offrent souvent de sublimes tableaux.

Ramenes sans cesse k leur position , ces Argonautes n'en representent les difficultesqu'avec I'esperancede les vaincre. Entoures de toutes les rigueurs de la nature, ils lesbravent, ils en triomphent ; et feur indifference au danger se peint souvent dans I'hifarite de leurs remarques et dans les saillies de leur enjouement.

La publication de cette feuille, commencee au moment oil le soIei[ allait disparaitre, dura jusqu'au retour de i'equi- noxe du printemps.

Vne saJIe de spectacle avait ete construite en meme temps. Le lieutenant Becchey etait k la tete de cette entre- prise. Les decorations furent peintes sous sa direction ; les costumes furent prepares, et le theatre royal de la Georgie du nord fut ouvert le 5 noveinbre i 8 i 9 , par une piece de Garrick. Des chants , composes par plusieurs officiers de i'expedition, en formaient le prologue et en animaient les entre-actes. A la fin du spectacle, la toile du fond se leva et decouvrit tous les acteurs , qui s'ecrierent : Dieu sauve le Roil Les spectateurs repeterent ce cri avec enthousiasme, et le rideau tomba au milieu d'npplaudissemens vifs et pro- longes.

Le repertoire que Ton avait k bord se reduisait k sept pieces de theatre ; mais les chants y melaient une utile variete. Une piece nouvelle fut composee sous le titre de Passage au nord-ouest, et Ton y rassembia tout ce qui pouvait exci- ter les equipages k suivre avec Constance une carriere oil aucun navigateur ne les avait devances. Plus du tiers de I'espace qui les separait du detroit de Behring etait dejk

( '4 )

fianchi : ils allaient toucher successivement aux autres points de cette route fameuse; le ternie du voyage etait atteint, et la protection du ciel les rainenait k travers les glaces. C'etait sur-tout en tournant leurs yeux vers I'Angfeterre que ces intrepides navigateurs s'encourageaient dans leur entreprise. Le denouement de leur piece dramatique etait i'image du retour dans la pairie. Leurs amis les plus chers, leur famille si long-temps absente, se presentaient devant eux.Des cou- ronnes ceignaient leurs fronts ; leurs noms retentissaient sur la rive natale; on se pressait autour d'eux pour ecouter leurs recits , et le souvenir des peines et des perils s'efiiicait comma un songe devant les jours de bonheur qui leur etaient prom is.

Ainsi d'heureuses illusions charmaient encore les loisirs de cette famille europeenne , isolee aux exiremiies du monde , dans un desert de glace. Le temps s'ecoulait au milieu du travail , des delassemens , des bons offices reci- proques, et dans ces epanchemens d'amitie que rend plus frequens et plus necessaires le partage des privations. Le soleil, qu'on n'apercevait plus depuis quatre -vingt- seize jours, reparut enfin comme un liberateur. Sa vue ranima les esperances : un jour de quelques heures s'agrandit in- sensiblement. Le deo;el commenca au mois d'avril; on vit couler une partie des rui^seaux : la terre, chargee de neige et de frimas, se decouvrit par degres vers la fin du mois de mai; et le commandant de I'expedition fit, avec quelques officiers et matelots des deux navires, une course de quinze jours dans I'ile Melville. On y trouva des rennes, des boeufs musques; et quoique i'on n'y rencontrat aucun indigene, on y reconnut quelques traces d'habitations : ces vestiges semblaient annoncer que des chasseurs , appartenant au continent le plus voisin , avaient dirige leurs courses vers cette lie, et s'y etaient momentanement etablis.

Dans ces regions hyperboreennes, oil I'abyme des mers ne s^pare que vers I'epoque du solstice d'ete les coniinens

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et les lies, la rigueur meme du clfmat facilite les com- munications. Les habitans du pays des rennes les poursui- vent sur ces voutes de p^lace, et retournent ensuite dans les lieux oiz les attend leur famille. Ces dernieres retraites sent peut-etre egafement sauvages ; mais ils cherissent la con tree qui renfernie les tombeaux de leurs peres.

Si chaque climat a des pfantes et des animaux qui lui sent propies; si la vegetation, si les principes de la vie, semblent, a niesure que nous nous approchons des glaces du pole, s'affaiblir et s'eteindre dans les etres qui nous environnent, cette influence des changemens extremes de la temperature semble alterer beaucoup moins nos propres organes. L'homme passe et se conserve k travers ces difFe- rentes populations qui se succedent I'une k I'autre et qui vont perirk leur tour. Dans ces climats, oil tout languit, oil la vegetation expire, oil l'homme lui- meme ne peut jouir du developpement de toutes ses facultes, it garde cependant encore sa preeminence. Le principe de sa.duree, de sa force, de son empire, emane du rayon d'intelli- gence qui Teclaire. C'est par-Ik que son Industrie com- mence, qu'il allume le feu qui le conserve, qu'il atteint de ses traits les animaux qui le nourrissent, qu'il se couvre de leurs depouilles. Reduit k un etat habituel de defense, if se borne ici k lutter contre les elemens; mais ce combat, oil il est vainqueur, temoigne assez de son origine et de sa destinee. Placez-Ie sous un climat plus favorable, il de- ploiera , dans un ordre intellectuel, ces faculies que le Lesoin de sa conservation semblait absorber tout entieres.

Le capitaine Parry et ses compagnons de voyage, re- tenus pendant dix mois dans cette terre inhospitaliere, ne se decouragerent jamais, lis attendaient , pour reprendre leurs decouvertes, que leurs vaisseaux fussent entierement degages des glaces. Le 31 juillet, ils se haterent de lever Fancre et de se diriger vers I'ouest; et le 6 aout, ils par- vinrent k I'extremite de file Melville, sous le 116." degre

( -6 ) de longitude ; mais la navigation ne fut ouverte que pen- dant six jours. Les glaces reparurent ; on n'esperait pas que la temperature s'adoucit, et le commandant de I'ex- pedition donna le signal du retour, apres avoir fait, depuis son entree dans le detroit de Lancastre , une navigation de 300 milles.

Depuis long-temps le gouvernement britannique avait prepare des recompenses aux navigateurs qui se seraient le plus avances vers I'ouest. Cinq inille livres sterling etaient promises au vaisseau qui pourrait atteindre le i 10/ degre de longitude; dix mille livres, s'il parvenait au i 20."; quinze niille, s'il parcourait 30 degres de plus, et vingt inille, s'il parvenait dans le Grand Ocean.

Nobles et utiles liberaliies , dont les gouvernemens , dont les peuples et les generations recueillent les avan- tages , et qui assurent une honorable aisance dans la vieillesse aux homnies qui ont consume leurs forces dans ces penibles entreprises. Mais plusieurs d'entre eux ob- tiennent un prix plus 61eve : leur nom ne perit point; ils Font attache, comme Magellan, comme Baffin, aux extremites du nouveau monde, k tous les lieux qui furent le theatre de leurs travaux et de leur gloire.

Parry, revenu en Europe a la fin de 1820, fut digne- ment reqw; le grade qu'il avait merite dans fa marine lui fut donn6, aux acclamations de toute I'Angleterre, et le nouveau commandant fut destine k d'autres entreprises.

Une troi^ieme expedition, dont il devait etre le chef, se pr^para bientot. Le detroit de Lancastre avait ete par- couru aussi loin qu'il pouvait I'etre, et Ton n'esperait pas pouvoir s'avancer au-delk de I'ile Melville, qui avait ete le terme de cette navigation; mais on croyait trouver, vers le midi, quelque autre passage ou les eaux fussent plus Iong-temj)S navigables.

Un voyage par terre etait entrepris en m^me temps par des Anglais et des Canadiens. lis devaient se rendre k

( '7 ) travers les lacs , les fleuves et les deserts de FAmerique septentrionaie , jusqu'aux bords de la iner Polaire, dont ils reconnaitraient les rivages ; et les signaux qu'ils y place- raient seraient autant de points de repere pour les naviga- teurs qui s'avanceraient vers eux a travers de nouveaur detroits.

Les apprets de cette expedition , dont le commandement ^tait contie au lieutenant Franklin , avaient ete faits avant le retour du capitaine Parry. Franklin se rendit en i 8 i 9 k fa factorerie d'York , situee sur la cote occidentale de la baie d'Hudson. La il coinpleta ses preparatifs, il rasseinbia tous les hommes qui devaient le siiivre , quitta, le 9 septenibre , Jes bords de la mer, et, penetrant dans I'interieur des terres, gagna Tetablissement de Cumberland-House, forme par la coinpagnie de la baie d'Hudson.

En 1 82,0 , cette caravane se dirigea par les routes dejk praiiquees pour la traite des fourrures , vers le fort de la Providence, situe sur le lac de lEsclave. Une annee entiere ful consacree h ce voyage de decouvertes jusqu'au fort I'En- treprise, ou Ton passa I'hiver ; et tandis que le capitaine Parry , embarque le 3 mai i 82 i , s'eloignait des cotes d'An- gleterre , et se rendait dans la baie de Baffin , avec deux batimens montes par ses premiers equipages , le lieutenant Franklin quitta , le i 8 juin , le fort I'Entreprise ; il gagna Ja riviere de Coppermine, ou Mine de cuivre, et s'y etant embarque , il la descendit jusqu'k son embouchure dans la nier Polaire.

Alors Franklin se dirigea vers I'E. , en longeant les cotes de la mer. Les deux canots qui composaient cette ex- pedition, naviguerent depuis le 20 juillet jusqu'au 19 aout, et parcoururent une etendue de 550 milles. Le ca}) ou ils arriverent , et qu'ils ne depasserent point , recut le nom de Turn-again ou cap du Retour. Le froid deja penible ne per- mettait pas d'avancer davantage. Franklin craignit memo de ne pouvoir regagner par mer I'embouchure du Copper-

( .8 ) mine ; il revint seulement jusqu'Ji Fentr^e de la riviere de Hood, dent il remonta ie cours , et d'oii il se proposait de se rendre au fort I'Entreprise , h celui de la Providence, h. la chaine des autres etablissemens qui Ie separaient de la baie d'Hiidson.

La peinture des perils que ces voyageurs eurent k sur- nionter h. leur retour , lorsque, accables de fatigues, exte- nues de besoins , its furent souvent reduits k n'avoir pour aliinens que la mousse d'islande , les feuilles du the de La- brador, et quelques plantes ameres qui rampaient sur les rochers , n'entre point dans Ie cadre de ce memoire. Bor- nons-nous k rendre un eclatant hommnge a la Constance , k i'intrepidite qu'ils deployerent ; et reportons les yeux vers cette mer Pofaire, oil des Europeens naviguaient pour la premiere fois , et ou Ie capitaine Parry cherchait k s'ouvrir un nouveau passage.

Franklin reconnut dans son expedition un grand nombre d'iles , separees du continent par un canal de })lusieurs milles de largeur, oil la mer etait libre , et oil les glaces ne s'altachaient qu'aux langues de terre et aux pointes des rochers.

Ceite navigation etait plus meridionale de sept degres que celle qui avait ete essayee en 1819 par Ie capitaine Parry; car cet officier s'etait eleve jusqu'au 75.' degre de latitude , et la cote que visita Franklin ne setendait pas au - delk du 68.-^

II resulte de ces deux reconnaissances , paralielement faites d'occident en orient , et a i 50 iieues d'intervalle , que sous Tune et I'autre latitude on a navigue dans la iner Polaire ; niais on n'a point encore reconnu s'il existait , entre les deux grandes lignes qu'on a parcourues, quelque moyen de communication maritime; et la derniere expedi- tion du capitaine Parry ne yieui jeter aucune lumiere sur cette question. En cherchant , au midi du detroit de Lan- castre, un nouveau passage dans la mer Polaire , il n'a pu

( '9 ) en decouvrir aucun ; et les glaces ou la terre ont arrete le cours de sa navigation. Mais il a decouvert des communi- cations nouvelles entre la mer de Baffin et la baie d'Hudson ; ses savantes observations se sont etendues sur tous les ri- vages qui lui etaient accessibles ; et Ton repand deja qu'il a reconnu I'extremite du continent d'Amerique au N. E. , et qu'il en a determine la latitude au 6^.^ degre 48 minutes , et la longitude au 85."

Cette fixation servirait de but ou de point de depart pour ies decouvertes k venir ; et il ne resterait plus qu'k recon- naitre les bords de la mer Polaire , depuis le cap du Retour , dont Franklin a marque la position, jusqu'k la pointe N. E. , qu'a decouverte le capitaine Parry.

Mais craignons d'anticiper, par des donnees qui seraienr conjecturales, sur les observations que ce voyageur publiera lui-meme. Apres deux ans et demi d'absence , il vient de reparaitre k Londres le i 8 octobre dernier. La geographie , le commerce, les sciences physiques et naturelles, s'enrichi- ront du resultat de ses travaux : la relation de ses voyages repandra de nouvelles luinieres sur les secrets que la nature avail caches dans les regions polaires , sur la direction et la tendance des courans magnetiques , sur la formation des aurores boreales, sur les phenomenes de la terre et du ciel, qui peuvent interesser la navigation.

En s'engageant dans una si difficile entreprise , on peut ne pas arriver jusqu'au but qu'on cherchait ; mais en lou- voyant pour s'en approcher, on elargit le champ des de- couvertes ; et quand d'autres questions importantes sont resolues , quand on a porte le flambeau sur la partie du globe la moins eclairee , les homines qui se sont signales par de telles decouvertes, ont droit k la reconnaissance et aux hommages de la posterite.

FIN.

3Gc)

VV\|%VV\'VVVVVVVVVVVVX/VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\VVVVVVVV>^'VVVV^ .

TABLE DES MATIERES

CONTENUES DANS LE TOME PREMIER

DU BULLETIN

DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

O Pages

RiGiNE de la Socie'te i

Lettre desline'e a faiie connaitre la Socie'te Ibid.

Re'glemcnt adopte' par la Socie'te 3

Proces-verbal de la se'auce du iS dc'cemLre 1821 8

Discours de M. Barbie du Bocagc, President de la Commission

provisoire. Ibid.

Liste des Membres du Bureau de la Socie'te' 10

Liste des Membres de la Commission Centrale. ...... 11

Lists des Membres fondateurs de la Societe 1,2

EXTBAITS DES TROCES - VEBBAUX DE LA COMMISSION CENTRALE.

Seance du !i3 de'cembrc 189,1 ^4

du 5 Janvier 1822 25

du 18 an

du i"^' fe'vrier 28

du i5 2g

du i^r mars 32

du 8 ( Seance particulicre ) Ibid.

du 22 (Assemblee gc'nc'ralc) 33

du 12 avril (Seance parliculiere) 68

du ig Ibid

Pages

Seance du 3 mai 69

(]u lU ( Se'ancc particulicre ) 70

du 17 71

du 7 juin. . 73

du 21 74

du 5 juillcl Ibid.

du 19 75

du 2 aout Ibid.

du 16 . . . . 76

du 6 septcmbre 121

du 20 122

du 4 octobre . . . . Ibid.

du 1 1 ( Seance particulicre ) . 1 23

du 18. . . Ihid.

du 9 novembrc Ibid.

du 22 124

du 6 de'cembre Ibid.

du 20 125

du 27 ( Seance ge'ne'rale ) 127

du 3 Janvier 1823. iDi

du 17 162

du 7 feVrier i63

du 21 i65

du 7 mars 166

du 1 4 ( Seance extraordinaire ) 167

du 21 ( Seance gene'rale ) 169

du 4 avril 217

du 18 218

du 2 mai 219

du 16 2»o

du 6 juin 221

du 20 Ibid-

du 4 juillet 265

du 18 266

du I" aout 267

371

Pages

Seance du a2 268

du 5 septembre 269

du 19 '. 271

du 3 octobre 3a5

du 17 328

du 7 novembre 32g

du 21. ' . . . . 33o

du 28 (Se'ance g^ne'rale) 332

du 5 de'cembre Ihid.

du ig 334

LISTE DES NOUVEAUX MEMBRES ADMIS DANS LA SOGIETE.

( /^oj'r pag. 2G, 33, 77, 128, 171 , 223 , 335.)

LISTE DES OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIe'tE.

( Voir pag. 35 , 78 , 1 29 , 172, 224 , 272 , 330. )

RAPPORTS ET propositions FAITES DANS LE SEIN DE LA ^COMMISSION CENTRALE.

Proposition sur le mode dc publication des Me'moires de la So-

ciete, par M. Lapie 37

Rapport fait a la Commission Centrale , sur la projjosition de

M. Lapic , par M. Roux , 4o

Observations sur la proposition dc publier un Journal, par

M. Langles 4^

Proposition sur les moyens de donner une direction mclliodiquc

aux Travaux ge'ograpliiques de la Socie'tc, par M. Malte-

Brun 47

Rapport sur le Planisphere urano-geograpliique de M. Brice , par

M. Barhle duBocage\>kre Sg

Rapport sur le Bulletin de la Societe'-, par MM. les Membres du

Comite' 80

Rapport sur la confection du Diplome , par MM. Malle-Brim et

Roux 84ct88

Rapport sur la Carte de la Suede et de la Norwegc, de M. Ha-

gclstam , liar M. Malle-Biun gi

372

Pages Observations sui les 'variations de I'Aiguille aimantc'c , par

M. Rou.v 98

Rapport sur la publication des Voryagcs dc Marco-Polo , fait , au

noni de la Section dc Publication , par M. /?o».r iBi

Rapport dcs Commissaires nommc's pour rexanien des Itineraires

statistiques de Paris au Havre 206

Rapport des Commissaires nommes pour I'examen du.concours

relatif aux Montagues de I'Europe 207

Rapport sur l^moycns de rendre le Bulletin ])lus utile , par les

Membres du Cotnite 235

C0RRESP0NDA>'CE.

Lettre de la Commission Centrale a M. le baron Dclessert , pour

le remercicr du prix dont il a fait les fonds 37

Extrait d'une Lettre de M. Faiwel, vice-consul de France a Athenes , a M. Barbie du Socage, de I'lustitut , sur Athenes. 81

Lettre de S. Exc. le Ministrc des Affaires ]£trangeres, sur les faci- lites qu'il procurera a la Correspondance de la Socie'te. . . 98

Extraits de Lettres de M. Vidal , sur les mines de Babylonc, adresse'es a M. Barbie du Socage loi

Extraits dc Lettres de M. Cailliaud, adresse'es de Scnnaar a M. Jomard. i n

Lettre de S. Exc. le Miuislre de I'lnleVicur, sui- la formation de la

Societe 1 '9

Lettre de la Commission Centrale a M. Selves, relative a I'offre qu'il a faite de mettre ses presses lithographiqucs ala disposition de la Societe 120

Lettre circulaire a MM. les Membres de la Socie'te, sur les ques- tions qu'on les invite a re'diger. 182

Lettre de M. Cochelet , Membre dC la Societe , sur le voyage qu'il qu'il se propose de faire au Bresil , ct sur les instructions qu'il demande a la Socie'te ♦. . i33

Rcponsc de la Commission centrale a M. CocAc/tf i34

Lcllre de M. Dubois , qui demande a cntreprendre un voyage en Afrique , au uom ct aux frais de la Socie'te' 1 35

373

Pages

Rc'ponse de la Section de Correspondance a M. Dubois. . . . 1 36

Extiaits des 6<= et 7* Lettrcs de M. Cailliaud a M. Jomard, sur les antiquitc's de la Nubie 1 3^

Lettrcs de M. le corate de Romanzoff a M. le President de la Coramissiou Centrale, ct a M. le Secre'taire- General, sur son desir de favoriser les vues de la Socie'le' et d'en faire partie. i4i-i4'-*

Lettre de la Socie'te a M. le comte Orloff, pour le remercier de

roflre d'uu pris de 5oo fr. , qu'il a faite a la Societe'. . . . 174

Lettres de M. I'amiral de Krusenstern a M. Malte-Brun , sur son desir de coope'rer aux travaux de la Socie'te' , et sur la publica- tion de son Atlas du Grand-Oce'an 1 75 et '246

Extrait d'une Lettre de M. Gidllemin , consul de France a la Nou- velle-Orle'ans , sur son desir d'etre utile a la Socie'te' et de faire partie de ses MemLres 180

Lettre de M. le comte de Cassini a la Commission Centrale , par laquelle il annonce I'envoi de plusieurs de ses Ouvrages impri- me's et manuscrits 'J.01

Rc'ponse de la Commission Centrale 20 5

Lettre de M. RegnauU , consul de France a Saint-Jean-d'Acre , adresse'e a M. Jomard, swv le tremblement de terrequi a boule- versc la Syrie. 2i5

Lettre de M. Sueur-Merlin a M. le President de la Commission

centrale , sur le retard qu'eprouve la publication du Bulletin. 233

Extrait d'une Lettre ecrite a ]\L de Frejcinet , a bord de la cor- vette la CoqjuUle, par M. Duperrey, dans laquelle M. Duperrey donne des details relalifs a son expedition 240

Extrait d'une Lettre de M. le baron de Hammer a M. le President de la Commission Centrale, pour lui amioncer I'envoi d'un Millometre asiatique 242

Extrait d'une Lettre de M. Diipre, consul a Bone, adresse'e a

W.. Roux , sur le pays qu'il habite M-^^

Lettre de M. lesMembres de I'Universite' dc Koenigsberg, sur leur -desir d'etre utiles a la Socie'te etde seconder ses travalix. . . 25o

Pages Extrait d'une Lcttic dc M. Cottard a M. Alex. Barbie du Socage,

dans laquelle il aunouce I'envoi d'uu Memoirc sur I'insalu-

brite attribue'e au cliiiiat de la Corse '^5'2

Extrait d'une Lettre de M. Casas, vice-consul de France a Rhodes,

sur les cotes de la Caramanie 3/(6

Extrait d'une Lettre de M. Diipre, communi(iuec par M. Barbie

du Bocage , sur raucieunc Cirtha 365

NOXJCES ET COMPTES BENDUS.

Expose' des travaux.de la Commission Centrale, au 2a mars 1822. 62 Notice liistoriquedes travaux de la Socie'te, pendant I'anne'e 1822,

par M. Malte-B run , Secretaire de la Commission Centrale. . 147

Notice liistoriquc des travaux de la Socie'lc, pendant I'anne'e 1 823. 357 Comptc rendu des recettes et de'penses, pendant i'anne'e 1822,

par M. ChapelUer, Tre'sorier i43

Compte rendu des recettes et de'penses pendant I'aimce i823. . 35 1

De'nombrement de la populatioji des fitats-Unis, par M. IFardtm. <j5

Calculs des sinuosites du Tigre no

Sur le voyage de M. Frederic Cailliaud en Nubie et dans le royaunip de Sennaar, par M. /omar J i5G

Note sur la population des iles Britanniques , avec quclques consi- derations sur celles de la France, par M. Coqucbert de Moni- bret lyi

Journal des Voyages de Daniel TVilliams Hannon, dans I'inte'-

rieur de I'Ame'rique septentrionale, communique par M. ^Fardcn. 226

Tableau de la popiJation de I'lrlande , communique par M. Mo- reau , e'leve vice-consul de France a Londres 248

Note remise a la Socie'te par M. Barbie du Bocage aine , charge' par M. Bousseau, consul general de France a Bagdad, d'offrir a la Socie'te uue carte ge'ne'ralc et manuscritc des pachalicks dc Bagdad, Orfa ctAlep . . . 25o

Pages

Observations sur I'insalubritc attribuc'e an climat dc la Corse , par

M. ^offarfZ^ charge des fonctions rcctoralcs en Corse. . . . 2^4

Traduction du Journal de deux expeditions de Boons-Lick sur le Missouri , a Santa-Fc 293

Notice sur le tremblement de tcrre qui a bou" verse la Haute-Syrie ,

en aoiit 1822 , par M. Guys, vice-consul de France a Lattaquie'. 3or

Eccberches statistiques sur la ville de Paris et le de'partcment de la Seine, pour iSaS. Tableaux dresse's et re'unis d'apres les ordrcs dc M. le comte de Chahrol , communique par M. Jo- mard 3o5

QUESTIONS ET PROJtTS,

Projet de voyage vers les Mers Polaires, par M. de Larenau-

diere , Membre de la Socie'te 253

Projet de voyage dans I'interieur de I'ancienne Cyre'na'ique , par M. Alex. Barbie du Bocage , Secretaire de la Section de Cor- respondance 255

Questions proposc'es par M. fFarden , et adressees , au nom de la Section de Corrcspondance , a M. Bresson , secretaire de la Le- gation francaise aux Etats-Unis 278

Reponse a la premiere question : « Constater I'existence des lacs

Timpanogos et Teguajo , » par M. Bresson 284

Reponse a la deuxieme question : « De'couvrir I'origine des forti- fications trouve'es dans la valle'e de I'Ohio » , par le meme. . 338

PROGRAMMES DE PRIX.

Programmes des prix mis au concours pour rannc'e 1823 et 1824. 64 Programmes des prix mis aux concours pour les amices 1824 et 1825 211

Fm DE LA TABLE.

BULLETIN

DE LA

r r

SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

TOME SECOND.

.T OB/

PARIS ,

SE TKOUVE AU SECRETARIAT DE LA SOCIl^Tfi,

RUE TARANNE, N*^ 12. 1824.

AVIS.

Ce bulletin est dislribue gratis aux membres de la Sociele.

On peut sousciire sans etre Menibre de la Societe. Le prIx de la souscription est, dans ce cas, fixe a 6 francs pour 24 feuilles d'impression, qui forineront un volume, et serontenvoyeesyranc de port a Paris et dans les departeniens.

S'adresser , a Paris, a M. Noirot, au Secretariat de la Sociele, rue Taranne , n". 12;

Et dans lesdepartemens, chez les princlpaux libraires.

Tout ce qui est envoye a la Societe , doit ^tre remis a la ni^me adresse , franc de port^ et sous le couvert de M. le President de la Societe de Geogiraphie. 1

Messieurs les Membres de la Soci^t6 sont pries de remettre leur adresse exacte au Bureau , et de s'adresser pour les renseigne- mens el les reclamations, a M. Noirot , Agent de la Society, rue Taranne 1 2.

y

DE L'IMPRIMERIE D'J^VERAT, IMPRIMEUR DE lA SOCIETY,

HUE Du rADnAN, n" 16.

'«M'VVV%VVVVVVVVVVVWVVVVVVVVVVVV\iV\WVV\fVV%VVVVVVWVVVVVVVVVVVVVWVMrVWVVVV^

BULLETIN

DE

F r

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMERO NEUF.

Seances de la Commission Centrale.

Seance du i Janvier 1 824..

IVl. le President annonce I'envoi d'un Memoire sur Vltlneraire de Paris ail Hiwre-de-Grdce , pour concourlr au prIx dont M. le baron Delessert a fait les frais.

Ce Mdmoireporte la devise: Paris, Rouen et le Hdvre-de-Grdce^ ne forment qu'une seule ville^ dont la Seine est la grande me II est ac- compagn^ d'une lettre, dans laquelle Tautour anonyme annonce a la Commission , qu'il a deja concoururanneederniere ; maisqu'il a completement refait son travail, afin de se conformer aux con- seils contenus dans les rapports des Commissaires nommes pour juger les Memoires envoyes au premier concours.

M. le baron Coquehert-Montbret donne lecture d'une note sur la population de la France; elle est accompagnee d'un tableau, in- diquant le nombre des babitans de chaque departement. (Voir ci- apres , Documens, p. 5.)

La Commission passe ensuile a la discussion des trois proposi- tions a Tordre du jour. (Voyez Seance du 5 decemb. bullelin n^S.)

La premiere , faite par M. de Larenaudiere , et relative a la gestion •des fonds de la Societe , est renvoyee a la Seclion de Comptabilite.

I

I.

La discussion <lcs deux aurrcs propositions est renvoyce k la Stance du iG Janvier.

Seance du i^ Janvier.

La proposition de M. Langles, relative a la publication du Bulle- tin, est niise en discussion. ( Voir Bulletin n" 8, p. 333. )

M. Dezos de La Roqjtette, membrede la Societe, propose de reu- nir celtc discussion a celle dcs Memoires que la Societe est dans Tintention de publier.

M. Jomard propose de maintenir le Bulletin jusqu'a Tepoque de la publication des Memoires.

M. de Ferussac propose la supression du Bulletin.

La Commission decide que le Bulletin auraunc denii-feuille, ou une feuille au plus , par mois ; que la redaction en sera arretee le 26 de chaque mois, et qu'il sera distribue , au plus tard, le 5 du mois suivant.

On passe ensuite i la discussion de la proposition de M. Malte- Briin , relative aux travaux de la Section de Correspondance. (Voir Bulletin 8, p. 333. ) Celte proposition est adoptee a I'unani- mitu.

M. Barbie du Socage communique , au nom des Commissaires ve- rificateurs du comple de 1823, un projet d'arrete reglemcntaire, relatif h I'organisalion de la comptabilite. La discussion en est ren- voyee a la Seance suivante.

MM. le baron Coi/ue/jert-Monthret , EyriexelGirard, sont nommes Commissaires pour juger le Memoire sur V Itineraire de Paris auHd- ore-de-Grace.

M. Jomurdionne communication des nouvelles publiees dans le Quarterly Renew, sur le voyage des Anglais a Bornou, dans 1 inle- rieur de I'Afrique. II presente I'esquisse d'une carte , sur laquelle la route de cesvoyageurs cstlracec. (Voir ci-apres , Documens, pag. 10.)

/

V%/V% fWV WVK W«V*;VW

Liste des Meinbrcs nouvellement admis dans la Societe.

Seance du idjarwier,

MM. Adolphe Beugnol, secretaire cVAnibassade , a Francfort. Huder, aide-de-camp de M. le general Guillcminot, De Lostande , id. l\imskide Korsakoff, colonel des gardes de S. M.l'empereur

de liussle. De Tolstoy ,, capitaine des gardes de S. M. Fempereur de

Russie.

Oiwragcs offcrls a la Societe de Ge'ographie.

Seance du 2 j'awi'er.

M. de Ferussac fait hominage du 1 1' numero du bulletin general

des Anaonces et des Nouvelles scientifiques ;

M. Ranch ., de la i^*^ Iwraison des Annales Eiiropeennes. (3""= an- nee. )

Seance du 16 Janvier.

M. Jullien fait hommage de son ouvrage intitule : Essaisur I'em- ploi du temps , ou methode qui a pour objet de bien regler la vie, premier moyen d'etre heureux ;

Paris i^l!\, cViez Dondey-Dupre , rue Saint-Louis n" [\C>. (Voir ci-apies , Dociimons , p. i4')

M. GiraJdez^ colonel au service de S. M. Tres-Fid^le, envoie deux ouvrages intitules :

Carte Geohydrographigue , hlstoriqne el commerciak de tons /espials de r Europe et des Etats-Unis d'Amerifpie;

Tableau des Colonies et possessions anglaises dans les qudfre parties dumonde;

Slatistique Ilisiorico-Geographique du royaume de Portugal i, Tableau statisliipie de Vile de Madere.

M. GarnUr, ingenicur au corps Royal des Mines, un Memoiie geologiqiie sur les terrains du Bas-Boulonnais et particulierement surles calcaires compacresou grenus qu il rcnfcrme;

La Societe d' Agriculture de Boulogne, Ic proces-verbal de sa Seance puLliquc.

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DOCUMENS.

Note lue a la Societe ds Geographic ^ dans la seance du 2 Janvier 1824, par M. COQUEBERT-MONTBRET.

Il est dit, dans une premiere note que j'ai eu Thonncur de lire 4 la Societe de Geographic , dans la seance du sept fevrler dc I'annee dcrnicre, et qui a paru dans le numero 5 de son Bul- letin , que la population de la France , suivant le dernier rccen- sement , s'elalt trouvee clre de 3o, 4-3,5, joS habllans , sans y comprendre la Corse; (ce qui fait 3o,6i5,o53, en y comprenant cette ile poUr 180, 34-8 , d'apres le meme recensement. ) On serait fonde a douter de 1' exactitude des renscignemens d'apres lesquels j'ai indique ce nomLre total , si on les compare avec ceux que donne un ouvrage qui se recommande , autant par le nom des savans qui concourent a sa publication , que par I'im- portance et I'utilite des articles qu'il reunit sous un tres-petit volume. Je veux parler de V Annuaire du Bureau des Longitudes. En effet , la population de la France, n'est portee, dans celui qui vient de paraitre pour I'annee 1824, qua 30,407,907 habitans; cette difference exige que j'entre dans quelques details.

Une premiere cause qui rend mon total plus fort que celui de FAnnuajre, c'est qu'a I'instar du redacteur du recensement an- glais , j'ai cru devoir ajouter un article separ^ pour Tannec , «i la

7

somme des ddnombremens partiels , attendu que rien n'indlquait que les Prefets eussent generalement tenu compte , soit dc leurs admlnistres absens pour le service militalre ( comme il avail et^ fait, par une colonne separee, dans les etats de 1806 ), solt des indlvldus elrangers a leurs Departemens, mals qui s'y trouvalent temporalrement sous les drapeaux. J'aurals craint, en ne parlant pas de Tarmee, d'encourlr le blame d'avoir pass^ sous silence une partle de la population de la France , dans la vue de favorlser I'oplnlon que je cherchais i etabllr. Je n'al evalue I'armee Fran- ^alse , pour 1820, qua i5o,ooo hommes effectlfs , par ce que c'est ce qu'il m'a paru resulter des rapports officlels qui out 6t6 fails dans le temps.

Au surplus , si Ton croyail devoir modifier cet article , ou m^me le supprlmer entleremenl, la population donnee par les denom- bremens des 86 Departemens , la levee comprise , formerait encore un total de 3o,4-66,o53 personnes.

G'est entre 67 et 58, 000 de plus que ne porte le total addi- tionn^ dans I'Annualre des Longitudes.

II ne sera pas difficile de reconnaitre la cause de cette difference, si Ton fait attention h une note qui se trouve, depuls 1821 , ^ la suite de I'artlcle de cet Annuaire , intitule : Population de chaque Ddpartement, suivant les recensemens fournis par la Direction de la Statlstique du Ministere de 1 interieur (i) , la voici :

Les recensemens de 1820 ne comprennent pas ceux des » departemens de TEure, de la Haute-Garonne , des Landes et » de la ISIevre; la population de ces departemens, n'ayant pas » encore ete envoyee au Ministere, on a laisse subslster celle des » annees precedentes. »

Cette note etalt exacte k la fin de 1820; mais elle a cesse de

(i) Lisez : par le Ministre de V interieur ; car la diicction de la sutisliqtia a ceS3^ d'existor tu i8i'2 , el n'a pas el^ recreee dtipuis.

8

r^lre depuis Idrs ; quoique repelee , par ime inadvertance de I'im- prlraeur, dans les Annuairessubsequens, jusqu'a celui de Tannic courante inclusivement.

En effct , les etals arrleres sont parvenus dans le courani de 1821 , savoir: celui de la Haute-Garonne, et celui des Landes, avec la dale du premier Janvier de la meme annee , celui de la Nievre , avec la date du premier oclobre , et celui de I'Eure, avec celle du 3o du meme mois.

Suivantces ^lats, la population avait augniente, depuis 1806, dans le departement de la Haule-Garonne , de 23,567 individus

Dans celui des Landes , de i6,i65

Dans celui de la Nievre, de. ...... 25,787

Ce qui ferait une augmentation totale de. . 65,469

Mais elle aurait diminue dans le departe- ment de I'Eure , de. . 4?4o3

Restea. . . . . 61,066

Sur quoi , II faut encore retrancher, pour la difference en tre la population donnee au de- partement de I'Allier , par TAnnuaire des Longitudes, et sa population etfective, suivant le denombrement. . . . = 3,44^

Reste 57,623

Les tres-l^geres differences qu'on remarque d'allleurs, tiennent sans doute *i quelques erreurs de chlffres dans I'imprime.Il suffit, au surplus, d'avoir montre qu il y a beaucoup plus d'accord entre iios renseignemens et cem; de I'Annuaire, qu'on ne I'aurail cru au premier aspect.

Je joins ici un etat d^laille de la population, rectifi<5, dcparle-

ment par dcpartement , d'apres le recensement commence en 1820, et terraine en 1821. Peut-etre la Soclt-te jugera-t-elle , que cet etat delaille est de nature a paraitre dans le Bulletin quV-Ue public , comme propre a eclaircir un article insere precedemment dans la meme collection.

Tableau t?tf/« Population de la France, d'apres le recensement offi del

fait pendant les annees 1820 et 1821.

Am 328,838

Aisne 459,666

AUier 276,582

Alpes (Basses). . . i49,3io

Alpes (Hautcs). . . 121,4.18

Ardeche 3o3,5o7

Ardennes. . . . 267,405

Arriege 234,878

Aube 23o,688

Aude 252,876

Aveiron 339,422

Bouches-du-Rhone. 3i3,6i4

Calvados. . . . 492, 6i3

Cantal 252, 100

Charente. . . . 347, 54i

Charente-Inferieure. 409,477

Cher 239,561

Correzc 273,418

Cole-d'Or. . . . 358, i48

C6les-du-Nord. . . 552,4 14

Creuse 248,785

Dordogne 453, i36

Doubs 242,663

7,148,060

Ci-contre.

Drome. . .

Eure. .

Eure-et-Loir.

Finistere. . .

Card. .

Garonne (Haute)

Gers. .

Gironde. .

Herault. .

Illc-et-Vilaine.

Indre. .

Indre-et-Loire.

Isere. .

Jura. .

Landes.

Loir-et-Cher.

Loire. .

Loire (Haute).

Loire-Inferieure

Loiret.

Lot. . . .

Lot-et-Garonne Lozere.

7, i48,o5o 273,511 .417,078 264,448 483,095

334,164 3gi,iiB 3oi,336

52 2,o4l

323.974 533,207 230,373 282,372 5o5,585 301,768 256, 3n 227,527 343,554 276,830 432,638 291,394 275,296 33o,i2i 133,934

14,879,735

lO

D'autre part Maine-et-Loire Manche. . Marne . Marne (Haute) Mayenne. . Meurthe. . Mouse. Morbihan. Moselle. . Ni^vre. Nord . . Olse. . . Orne. . . Pas-de-Calais Puy-de-D6me Pyrenees (Basses). Pyrenees (Hautes) Pyrenees-Orientales Rhm(Bas). . Rhin (Haul). Rh6ne. . . Sa6ne (Haute).

i4-,879,735 442,788 594,196

309,444 a33,258 343,819 379,985 291,965 417,324 376,428 257,990 902,793 375,817 423,528 626,584 553, 4io

399^^74 212,077

143,0 54

499^99° 370,063

391,590

3o8, 171

Ci-conlre. Saone-et-Loire Sarthe. . . Seine. .

Seine-Infer ieure Selne-et-Marne Selne-et-OIse. Sevres (Deux). Somme. . Tarn. . Tarn-el-Garonne. Var. . . . Vaucluse. . Vendue. . Vienne.

Vienne (Haute) Vosges . Yonne .

23,733,482 498,057 428,432 821,906 655,8o4 3o3, i5o 424,490 279,845 5o8,gio 3i3,7i3 238, 143 305,096

224,43l

3i6587 260,697 272,330

357,727 342,905

jorse

L'armee Fran9aise j evaluee alors a.

23,733,482 Total general.

30,285,705 . 180,348

i5o,ooo 3o,6i6,o53

(V'oyez dans le Bulletin de la Socicte de G eograjjhie , 5, une note sur la populalioii des ilus Dritanniqncs , comparce a celle de la Fiance, luc a cc.te Societe, dans la seance du 7 fevricr i823.)

C' M.

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DeCOUVERTES recentes en Afrlque. (Nouvellcs liiees dn Qiiarterlyllei'iew, decembre iSaS}.

Depuls blen des slides, 1' Afrlque Interieure semblait se dero- ber aux regards des europeens sous un voile mysterieux ; envain , une foule d'hommes intrepides avaient essaye, au prix de leur vie, de soulever ce voile ^pals; la plupart avaient paye la peine de leur temerite; Browne, Hornemann, Mungo-Park, Tuckey, Rit- chie, Burckhardt et tant d'autres, avaient trace les premiers pas de la route; mais semblables a ces voyagenrs qui succombent dans la traversee du desert et dont les ossemens demeurent pour arre- ter Taudace de ceux qui seraient tentes de les suivre , ces genereux amis de la science et dc Thumanite attendaientdcssuccesseurs. Tout d'un coup, Ion apprend h. la fols , et qu'une expedition a depasse leslimites des dccouvertes, et qu'elle a franchi un immense desert , et qu'elle est arrivee heureusement au coeur de I'Afrique. Ce bruit se repand a Londres , a Paris, avec la rapidile de I'eclair, on s'en- tretient de cette nouvellc , comme d'un evenement public. Ainsi, Irois anglais jusque-la inconnus , ont acquis en un moment une gran- de celebrite par leur courage, par leur perseverance et par un succes qu'on n'esperait presque plus. Ceshommes sontle docteur Oiidney^ chirurgien de la marine , homme instruit; le major Denham ^ eleve au college royal milltaire , et le lieutenant de marine Clap- perton. Partis au mois de novembrc 1822 , de Tripoli, sous la pro- lection dune escorle fournie par le pacha , ils arriverent sans beaucoup de peine a Mourzouk, la capitale du Fezzan , terme des voyages de Hornemann , Ritchie et Lyon, Du cote du nord , aucun europeen n'etait alle au-dela du Fezzan , ou du moins n'en etait revenu; du cote de I'ouest, Mungo-Park, n'avalt pas fait connai- tre le cours du Dialliba ou Niger, au-dela de Sego ; du cote de Test; Browne et Cailliaud n'avalent pas ddpasse le Darfour et

12

Singue; enfin, du cole du sud, le capltaine Tuckey n'avait pas rcnionte ci cent lieues "de rembouchure du ZaVre. Quelle courbe immense que celle qui passe par ces cinq points du continent d'Afrique! Aussi presquc loutce vasle cspace n'litait convert, sur les meilleures carles, que dcs renseigncmens confus et contradic- toires, fournis par les negres et les marabouts , ou memc tires des gdographes arabes. On tragait a Tav'^enture des courans opposes, des fleuves conlant au gre du dessinaleur a Test et a rouesl, et tombant dans des lacs cgalcment inconnus pour leur grandeur, leur emplacemeut et leur elevation relative. Enfm , on voulait que toules ces eaux, vcnant des montagnes voiaines de TOcean, tom- bassent dans le Nil de Nuble , si eleve au-dcssus de la mer. La plupart de ces problemes, il est vrai, sont encore a resoudre, ou du moins les decouvertes jusqu'ici connues en Europe , n'en ont eclalrcl qu'une partie ; mais Texpedition anglaise parvenue au cen- tre de I'Afrlque a deja constate Irois grands faits : le premier, qu'il n'existe qu'un courant transversal el mediocre dans tout Tes- pace qui separe la Medllerranee de Toccan, et que cc cours d'eau se dirige de I'ouest a Test, faisant suite sans doute au Di;Uliba ou Niger que Mungo-Park a vu couler a Sego, vers Tombouctou ; le second, qu'il existe au centre de TAfrique un grand lac ou mer interieure , qui recoil deux rivieres et beaucoup d'aflluens et qui a au moins 220 millcs dans le sens du nord au sud ; le troisieme, qu'une chaine de montagnes primitives est siluee ausuddecelac dans lequol elle verse les eaux pluvlales, et une grande riviere d'ua uilllc de large ; qu'clle se dirige vers Touest , et va rejoindrc pro- bablemenl les montagnes de Kong , source du Niger cl d'autres grands courans. De plus les voyagcurs nous onl montre le chemin qui doit conduire a ce qui est encore ignore : Us nous ont appris que Ton peut parcourir le nieridien qui partage en deux I'Afriquc septentrlonale , du vingl-troisleme au neuvieme dcgrc de latitude, sans eprouvcr aucunc de ces difficuUes qui menacent el qui arrelcnt les voyageurs , soil dans les regions de Test et au voi- sinage du Nil , sollau midi de Mogador. En cffcl, sans quitter

I

I

t i3

I'habit europeen , et sans avoir essuyd la plus legerc insulte , Ics trois Anglais sont arrives a I^ari , frontiere de Bournou , qui est h egale dislance desbouches de la Gambie , du Cap-Bon , et du detroit deBab el-Mandel.

Enfin nous savons , graces a la nouvelle expedition , que le royaume de Bornou est a cinq ou six cents milles plus au sud- ouest qu'on ne I'avait cru jusqu'a present, que le pays est tres- peuple , que les habitants sont doux et affables , qu'il renferme des viiles de Irentc et de cinquante milleanics, et que le com- merce y est florissant, puisqu'on voit tons les mercredis , a En- gornou , des marches qui rasseniblent quatre-vingt a cent mille mille individus a-la-fois. La religion des hommes de la plaine et de la vallee est la niahonielane ; dans les montagnes , la popula- tion est idolaire et sauvage. l^'or , le cuivre , le fer abondent dans le pays ; les hommes dc guerre portent des lances , des cui- rasses, et des cottes de maille. Les marchands et les passagers suivent des chemins battus ; les boeufs sont employes au transport.

Puisque Tindustrie et la civilisation ont fait assez de progres pour adoucir les mcEurs , pour rendre la vie commode et les habi- tations saines , on se demande comment les gens de Bournou se laissent enlever leurs blcns , et jusqu'a leurs femmes et leurs en- fants , par les pirates qui habitent les iles du lac de Tsaad , faute de savoir construire des barques. Les voyageurs rapporlent , eux- memes , qu'ils ont trouve dans la premiere riviere , appelee Yaou el Tsaad , des barques travaillees assez grossierement.

Les elephans sont communs autour du lac , et ses lies recelent des crocodiles et des hippopotames ; on en a infere que c'cst une mer d'eau douce ; il faudrait d abord savoir si elle a un ecouleraent, c'est ce qu'on ignore encore. Ses limites varient suivant les sai- sons , puisque pendant la secheresse les voyageurs ont vu , a quel- ques milles de ses bords, une ceinture de dunes sablonneuses. II en est de mcme de la riviere Yaou , qui se decharge dans le lac. 11 n'avait au mois d'avril que cent pieds de large , mais dans la saison pluvieuse il doit ^tre bien plus considerable.

I/,

ComiTic on nc fait ici que jetcr un coup-d'opil genifral sur Ics resullats de I'cxp^dition anglaise , on ne croit pas iiecessaire de rapporler Ics observations de latitude et de longitude , dont elle vient d'enrichir la Geographic. Lcs voyageurs ont failde frequentcs observations du thcrniomclre et du barometre , ct il est a d^sirer que les derni»^res aient etc faites soigneusemcnt , et de nianiere a donner des lumiercs sur Televalion du sol. Laplusgrande difficuhe pcut-ctrc qui reste encore a resoudre , consiste a savoir quel est le cours et Tissue des eaux qui circulcnt entre le septi^me et le dix- neuvieme paralleles nord : comme II s'ecoulera un long temps avant qu on les ait toutes suivies , de leur source a leur embou- chure , on pourrait , en attendant , s'en former une idee assez juste , si on connaissait leurs niveaux respeclifs. Les voyageurs anglais nous apprennent que le lac de Tsaad est tres-bas , et qu'il est le receptacle des eaux de I'Afrique ; dans ce cas , il est difficile d'admettre qu il ait un ecoulemenl , el surloul qu'il se porte vers ie nil superleur , qui selon toute vraisemblance est plus ^Icv^ , m^rae a Dongolah.

C'est le major Denham qui a eu la gloire de parvenir au point ie plus mdridlonal. II ctait alors sur les montagnes de granit , qui versent d'un cote leurs eaux dans le lac de Tsaad , et de I'aulre dans I'ocean : on lul a dil qu elles s'dtendalent jusqu'a trente jours de chemln dans Toucsl. Elles sont hablt(^es par des peuplcs Kindles ou sauvagcs, les Fellalas, qui se scrvent de fleches cuipoisonnecs. ^es hommes sont belliqueux, et savent defendrcleurlndependance. Le major en a fait rexperience , ainsi que le chef trlpolltaln qui avalt men^ contre eux troismille hommes de guerre; les Kindles les ont repousses, ont tue le chef de rexp^ditlou et solxante deses gens, blessd presque toute sa troupe et le major Denham lui-meme , qui a rcjoint ses amis dans un (?fat deplorable. Arrive aux villages des Fellalas , an neuvlenio degre ct deini de latitude scptcnlrlonale, cet officier n'etalt plus qua trente millc (cent dlx llcues ) du vleux ■Calabar , au fond du golfe de Gulnee. Pendant cc temps , le docteur Oudney , el le lieutenant Clapperlon exploraicnt la grande

i5

riviere de Schary , qui descend de ces mdmes monlagnes , et se jette dans le lac par cinq ou six embouchures ; elle n'a pas inoins d'un mille de large.

II serait injuste de ne pas rendre ici hommage a la sagacite du major Rennell , qui a fait un usage si judicieux des rapports des noirs et des Arabes sur I'Afrique interifeure, que le trage admis sur presque loutes les cartes (a I'instar de celle qu'il a publice en 1 798), est confirme par les nouvelles decouvertes. La mcme (ou k peu pris) ou il avail dessine une riviere, aliant comme le Niger deTouesta Test , les Anglais ont traverse le Yaou : son lac de IV^angarah se retrouve a peude chose pres dans le Tsaad(i) , et il conserve sa largeur : honneur au critique habile qui a en quelque sorte devine la v^rite et predit les decouvertes ! Qui sait meme si ses cartes n'ont pas servide principal guide a nos intrepides voyageurs ! (2)

JOMARD.

't;%'«'wwi v^ivi ww«'%/w«

A Monsieur le President de la Socieie de Geographic^ a Paris,

Paris, le

Monsieur le President,

J'ai Thonneur de vous adresser, en vous priant d'en faire hom- mage de ma part a la Societe de Geographie , un exemplaire de la troisieme edition de VEssai sur VEmploi du Temps^ que je viens de publier , et dans laquelle j'ai reuni les modeles d'un Journal des

(i) Un peu plus au tnidi.

(2) Le grand lac Tsaad ne doit pas etre confondu avec le Bahr Soudan , qui, selon M. Jackson, \ice-consul Anglais a Mogador, est situe a qiiinze jouis seulement, aTEst, de Tombouctou , tandis que celle ville est a l5 degrtis a rOuest du Tsaad.

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Fails et Observations, qui pourrait ^tre parllculiercment utile k un voyageur, etde deux Liorels pratiques d'Ewplui du Temps: V Agenda General, compose de six Memoriaux ou Coiiiples ouverts , pour chacuiie dcs six divisions priiicipales de la vie que J'ai cru pouvoir disfinguer, et le Biometre ou Memorial lioraii-e , sorle d'inslrument- pour mesurer.la vie par une appreciation exacte des divers emplois et des produils essentiels de chaque intervalle de vingt - qualre heures.

Je suis encourage, en offrant cet omragc a la Socii^tid tie Gdo- graphie, par le suffrage honorable que Tun de ses fondaleurs: notre celebre voyageur, M. Ic Baron de HuniLoldl, a hicn vonlu accorder a la premiere edition, au sujet de laquclle il m'a fait I'honncur de m'ecrire, que la methode analytique don I I'Essai sur I'Emploi du Temps expose les bases , et les Tabletles dont il renferme le modele, lui paraissent devoir introduire beaucoup d'ordre et une grande economie de temps dans les Iravaux des voyageurs jaloux de recueillir les resultats de leurs excursions lolntaines, etde leurs observations dans les diverscs conlrecs qu'ils vont parcourlr.

Jc vous prie, Monsieur le President, d'agrecr rhomraage dc ma consideration la plus distinguee.

JuLLiEN de Paris.

M. JuUieneslfondateur etediicurdelai?e^'//e £';»cj"cZt>^e'<:?i<7«c, journal scitn- tlfique et lilteraire tics -distingue.-

a.***-* ,x'»/*.'»(\'i/*»ivx'\i,x"i*-wv»» %%■»/» t-Ti-»i^^%t\-\.'^-»i^'vtr*;w%x'v/i» itxi^x^^ ».%.'tti^-^x"4t.^*-»'*.^%in.1.-fc\^d-4,-\'*\,v\i

BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMERO DIX.

Seances de la Commission Cenirale.

Seance du ^ femer i%2l^.

iVl. de Hammer ecrit a M. le President de la Commission, pour lul offrir, s'il le juge necessaire i i'eclaircissement de quclquos passages de Marco Polo , un exlrait de I'Histoire des Visirs , pu- bll^e par Khondcmir, et de I'Histoire Persanne de Wassuf. Rcn- voye a la section de publication.

MM. Buisson d'Armandy et Ch. de Saimgny , membres de la Soci^te qui se rcndent, I'un a Moka, 1' autre a Calcutta , deman- dent k la Commission Centrale qu'elle veuille bien leur adresser une serie de Questions relatives aux pays qu'ils se proposent de visiter.

La Section de Gorrespondance est invit<5e a satisfaire a cette demande.

La Commission centrale voulant honorer la memoire de son dernier President, feu M. Langles, a decide qu'il serait adresse a sa famillc une Icltre de condolcancc, et qu'un de scs Membres serait invite a rddiger une Notice necrologiquc sur ce savant.

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M. Alex. Barbie dit Socage doi.ne communicalion (Tune lellre de M. Adrien Dupre , Consul *le France a Bone , contcnanl dcs details sur son voyage en Afrnjue. Renvoye au Coniile du Bul- letin.

M. Coquebert de Montbret donne communicalion , au nom de M. Gouilly , ingenicur des Mines , d'unc Note sur Televation de piusieurs inontagncs voisines des sources de la Loire.

M. le baron Costaz , membrc de la Socicte , propose de rd- duire ces devations en forme de tableau pourle Bulk-lin , et de r€- diger un Memoire complet ,sur les Calculs el le mode d' observa- tion , pour elre imprime dans le Recueil des Memoires que la Socleld a rintentlon de publier.

M. JVardeii lit un Extrait de la Relation de I'expedition partie de Pittsbourg pour les Rocky -Mountains , en i8ig et 1820, par ordre de M. Calhoun , secretaire de la guerre , des Elals-Unis, sous la conduite du major Long. {Foyez Documens, pag. aS.)

M. Roux lit une Notice sur les lettres de Jean Sobieski , roi de Pologne, offertes a la Societe par M. le Comte dc Raczynski.

II fail remarquer que ces lettres tirent un grand intcret hislo- rique de I'epoque a laquelle elles ont et(5 ecrites. Le roi les adressa a la rcine, pendant la campagnc memorable qui cut pour objel la d(5livrancc de Viennc en i683.

Seance du 7.0 fevrier.

La Presidence elant devenue vacantc par la morl dc M. Lan- gles , la Commission Ccniralc, aux lermcs dc son Rcglcment, a procede a unt; nouvclle election.

M. Jonitird a «.'li; nonuiie President a la majorile absoluc ; MIVL Cotfucberl de Montbret et J urhic du Bocagc pere onl etc elus Vice-Presidens , cgalcmenl a la majorile absolue.

If)

IVI. Barbie du Socage communique, de la part dc M. Pvoiisseau, le Catalogue ties r.oms de lieux de la Carle dx;s Pachaiicks de B^iir- dad, d'Alep et d'Orfa, ecrlts en arabe ( Voyez Bulletin , toni. 1 , p. aSo).

On met en discussion le projet reglementaire suivant, relatif a la Comptabillle :

A chaque seance, aussit6t apres la lecture de la Correspon- dance, un Membre de la Section de Comptabilite donnera con- naissance des recettes et dcs depenses, et de I'elat de la Caisse.

Aucun paiemenl ne sera fait par le Tresorier que sur un mandat en forme, delivre par la Section de Comptabilite ; ce maudat sera accompagne de Textrait de la deliberation de la Commission Cenlrale qui ordonne la depense , signe par le Secretaire dc la Commission.

S^Toule proposition devant enlraincruoedepensedetermineeest renvoyee de droit a la Section de Comptabilite , qui fera son rapport el la seance suivante, etproposera, s'il y a lieu, d'allouer la depense.

4-" Chaque annee, la Section de Comptabilite dresse un budget pour Tannee suivante, comprenant Ics frais d'admlnistration et de bureau , limpresslon du Bulletin et les autres depenses an- nucllcs. Dans auciyi cas , le budget ne peut etre depasse.

Apres diverses observations de plusleurs Membres relativc- ment a son execution , ce projet a ete adoptc.

M. Alex. Barbie du Borage, au nom de la Section de Correspon- dancc, fait un rapport sur la serle de questions que la Section se propose d'envoyer ases Correspondans , conformement a I'arrete de la Commission Centrale du i6 Janvier. Elle s'est d'abord occu- pec des questions qu'cUe adressera a ses Correspondans dans les departemens dc la France, et iiotamment dans le Midi, la Bre- lagne et les Vosges. Les questions gcrierales, rcdigeos par M. de

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Freycinet , seront comprises dans ce nombre. Elle fait cnsiiite connailrc la scrie des questions qui , sur la demande de M. Jau- bert^ doivent etre envoyees a M. Fontanier^ jeunc voyagcur plein de zele, qui parcourt actuellement la Perse.

Elle donne egalement communication d'une serie de questions rddigees par M. Multe-Brun , pour etre adressees a M. Adrien Duprd, consul de France a Bone, et Membre de la Society.

La Commission adopte les conclusions de ce Rapport.

M. le baron Cofjiiebert-Montlret et M. Barbie du Socage pro- posent deux nouvelles questions pour etre adressees a M. Duprd. Files sont adoptees.

M. le President invite les Membres a deposer sur le bureau, dans la seance prochalne , les questions qui pourraient eirc pro- posees comme sujets de prix.

Liste des personnes nom^ellement adrniscs dans la

Societe.

Seance du 6 fevrier.

MM. le chevalier Auguste-Andrea de Nerclat, attache au Mi- nis lere des affaires elrangeres.

Bulsson d'Armandy, Agent Fran^ais a Moka.

Joliivet , Commissairc de la Marine.

Charles de Sauvigny.

Seance du 20 Je\>rier, M. Sinionoff, Professeur a rUniversIlc de Kasan<

montagnes Rocky, et arriver, en suivant leur base, dans une di- rection sud, a I'Arkansas et a la Riviere-Rouge.

Pendant tout ce trajet, I'Expedition se nourrit.principalement de la chair de Bison dont elle rencontra de nombreuses troupes dans les plaines. Le 6 juillet , elle arrlva aux pieds des montagnes Rocky , apres avoir parcouru une etendue d'environ mille milles.

Le doctcur James , botaniste et geologiste , gravit le pic d'une de ces montagnes , auquel Ton donna son nom, et qui s'eleve dans la region des neiges ^ternelles , a ii,5oo pieds au-dessus du ni- veau de rOcdan. Le thermometre (Fahrenheit) y marqua 4^2", etant place sur un rocher qui avait ete expose aux rayons du soleil, pendant une partje de la journee ; et , dans la plaine voisine , il etait a midi a 96" , et dans la soiree a 80°.

Ici I'Expedition se divisa en deux partis : Tun , aux ordres du major Long , devait se dinger vers la source de la Riviere-Rouge; et I'aulre , commande par le capitaine Bell , devait descendre I'Arkansas jusqu'au fort Smith. Le 24 juillet , les deux partis se mirent en route pour leur destination respective. Le premier , trompe par de faux renseignemens que lui donnerent les Indiens Kaskaias , et par I'inexactitude des cartes , prit la Ganadienne pour la Riviere-Rouge, et ne s'aper^ut de son erreur que lorsqu'Il fut arrive au confluent de cette riviere avec I'Arkansas , et qu'il n'etait plus temps de la re'parer.

Le i3 septembre , il atteignit le port Smith , lieu du rendez- vous. L'autre parti qui I'y avait precede de quelques jours , avait eprouve un malheur d'unc autre nature. Quatre soldats avaient de- serte en emportant un grand nombre d'objets precieux , et les Journaux du Voyage rediges par M. Say et le lieutenant Swift. Cette Expedition a neanmoins eu pour resultat de recueillir une quantite de raateriaux utiles , propres a faire connaitre I'histolre de cette immense contree , mais dont les bornes de cet article ne nous permettent pas de donner une nomenclature bien detaillee.

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Les divers objets sont decrits dans Tordre ou ils se sont presenl^s aux yeux de I'Exp^dition, et ils ont ete livres dans cet itut au public. La Description generalc du pays , exlraile dii Rapport du major Long au Secretaire de la guerre , est la seule parlie de TOuvrage ou il y ail quelque ensemble. L'appcndice placee a la fin du 2'' vo- lume , rcnferme des Tables astronomiques et nieteorologiques, et plusieurs Vocabulaires indiens (i).

L'Allas se compose de deux Cartes du pays arrose par le Mis- sissippi et scs affluens , et de Gravnres represenlanl des scenes in- diennes.

L'Expedition a rapporte de ce Voyage au-delk de soixanle peaux d'animaux rares ou nouveaux , qui ont dte d^posees dans Ic Musee de Philadelphie ; plusieurs milliers d'insectes , septou huit Cents sont probablement nouveaux cinq cents ont deja ^te juges tels et decrits ) ; un Hcrbicr de quatre ou cinq cents especes de plantes nouvelles ; une Collection de mincraux ; un grand nombre de coquillages fluviatiles et aulres , dont vingt nouvelles especes ont deja ete decrites ; cent vingt-deux Dessins de quadrupedes , d'oiseaux, d'Insecles , etc. , et cent cinquante Vuesdu pays.

D.B. Warden.

Paris, ce iC janvlet i824'

(i) Des Wah-tok-ta-ta ou Olios, des Konsa , Vies O-maco-haco , des Sioux ou I'anhton , des Min-n6-ta-re ou Gros-f^entivs , des Pacoiiee > des Chel-a-kc ou Cherokee.

v\;\n. k/ vw k/wv%'Wt/ t/wv

La Societe tie Geographie , ayant eu ia douleur de perdre , le 28 Janvier 1824, Tun de ses Membres Ics plus distingues, M. Louis Langles , President de la Commission Centrale, M. Jomard-, pre- mier vice-president de la Commission , exprima en ces lermes sur sa tombe les regrets de la Societe :

Une socidte etablie dans Finteret des Sciences et de ThmTianite cntiere, et qui compte Louis Langles parmi ses premiers fonda- teurs, vient exprimer a son tour la douleur profonde dont elle est penelrce. A peine la Societe de Geographie a-t-elle deux ans d'exis- lence, et deja elle deplore les partes les plus sensibles. Pourquoi faut-il qu'elle ait sitot a pleurer celui qui prdsidait a ses travaux, dont la pensee gencreuse pr^sida aussi a sa naissance , et qui lul- meme contribua puissamment aux progres de la science par d'im- portans ouvrages sur la Geographie, I'Histoire et les Anliquites de rOrient? Par sabienveillance inepuisable, ilappelait et savait fixer pr^s de lui la confiance et 1' affection. L'Europe et TAsie litteraires avaient en quelque sorte en lui un centre de relations etd'amitles ; lien precieux dont la privation se fera sentir long-temps parmi les amis des lettres ! Puisse du moins son exemple exciter en nous ces sentimens honorables, ce pur amour de I'humanite dontnotre con- frere etait anime. Puisse sa memoire fortifier celte union si neces- saire , sans laquelle la Republique des Leitres perd sa force en meme temps que sa dignite.

AVIS.

Ce bulletin est dislribuc gratis aux mcmbres de la Sociele.

On pent souscrire sans elre Membre de la Soci(5le. Le prix de la souscriplion est, dans ce cas , fixe k 6 francs pour 24. feuillcs d'lmpresslon, qui formeronl un volume , et seront envoyecs fvanr de port a Paris et dans les dcparlemens.

S'adresser , a Paris, a M. Noirot, aii Secretariat de la Sociele, rue Taranne , n". 12 ;

Et dans les departemens , chez les principaux libraires.

Tout ce qui est envoye a la Sociele, doit etre reniis a la mcme adresse , franc de port , et sous le couvert de M. le President de la Sociele de Geographic.

Messieurs les Membres de la Social e sont pries de remettre leur adresse cxacte au Bureau, ct de s'adresser pour les renseigne- mens et les reclamations, a M. Noirot, Agent de la Sociele, rue Taranne n' 12.

DE LIMPRIMERIE D'EVERAT, IMPRIMEUR DE LA SOCI]^T^,

RUE DU CADRAN, K" iG.

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BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMERO ONZE.

Seances de la Commission Centrale.

Seance du 5 mars.

\^K Section de Correspondance rend compte du progres de ses travaux sur les questions qu'elle doit adresser k plusieurs voya- geurs et aux Membres de la Soci^te qui resident ci Tetranger.

La Section annonce que , dans sa reunion du 3 mars , elle a re§u , de M. Jomard, plusieurs questions destinies a etre adres- s^es a M. Buisson d'Armandy , qui se rend , coinmc agent fran- gais , a Moka dans I'Arabie.

Elle decide , sur la proposition de M. Jomard, que les ques- tions redlgees par M. Malte-Brun pour M. Dttpre , vice-consul k Bone, seront aussi adressees a M. De Laporie, vice-consul k Tanger.

Elle a encore regu, de M. Jomard, des questions relatives k la Senegambie , pour ctre adressees a MM. de Beaufort et Partarieux.

Elle donne lecture de ces questions ainsi que de celles que M. Eyries y a ajout^es.

Elle communique egalement celles que M. Warden lui a propo-

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sees, rclativcmcnt aux Etats-TJnis, ct qui doivent »5lre cnvoy^esa MINI. Bresson et Guillemin , Mcmbrcs tie la Societe, rcsidant Tun a Washington, Taulre a la Nouvelle-Orleans, et qui sc sont deji distingucis par Icur zele.

M. de Ferussac s'est charg^ de dresser des questions relative- ment au Mississipi.

La redaction des questions sur la Russie, demandees par M. le prince de Gallitzin^ sur I'Abyssinie, par M. (rAniiaiitly, et sur rinde, par M. dc Sauvigny , a ete remise a une reunion prochaine.

M. JVarden a donne connaissance h la Section d'un nouveau barometre a syphon , invente par M. Gay-Lussac , IVIembre de rAcadeniic des Sciences ct de la Society. Ce barometre, par son peu de volume aussl bien que par la modicite de son prix , pourrait devenir d'une grande utilite pour les voyageurs. 11 ne coAte a eta- Llir que 3o francs ; il ne peut pas se deranger. En nioins d'une mi- nute on pcul fairc telle observation que Ton desire. On trouve des details plus amples sur eel instrument dans les Annales de Physique et de Chimie.

La Section pense que la Section de Geographic devrait rd- pandre Tusage de ce barometre.

M. Malte-Bnin a propose a la Society , de faire publier toutes les questions qui pourraient etrc redigees, sous la forme d'un Recueil, Aivisd par earners.

Cette publication aurait pour but , de faire connailre a tous les voyageurs a-la-fois, des questions d'une nature complexc el que souvent un seul voyageur ne serail pas en dtat de resoudre, mais pour la solution desquelles il faut la cooperation de plusieurs personnes, agissant de plusieurs points de depart, sur des ligncs convergcntes. Ce Recueil serait utile, meme aux savans ct aux voyageurs elrangers k la Societ(; ; en le publiant, on satisferait I'attente des Membrcs - Souscripteurs , et on en couragerait les

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Membres qui veulent bien participer aux travaux dc la Section de C orrespondance.

MM Coquebert-Monbret et Jauhert appuicnt cetle proposi- tion.

Conformement aux Rcglemens interieurs, la discussion de cette proposition est renvoyee k la seance prochaine.

La Commission deiibere sur le programme des prix; elle decide que le concours pour le sujet suivant : Recherchcr Vorigine des peu- ples des ties au sud-est dc Pylsie , ctt:. , ainsi que le concours pour le prix donne par M. le cojute Orloff, seront remis jusqu'au pre- mier Janvier 1826.

M. M^alckcna'c'r indique le sujet de prix suivant : « Tracer tine carte de la Giiiane Frarifnise, en donncr une description geogra- phique d'apres tons les documens imprimes ou manuscrits, que I'auteur pourrait se procurer. »

Ce sujet est pris en consideration.

Seance particuliere du ii mars.

Les Commissaires charges de jugerle Mdmoire sur Vltlnerairede Paris au Havre, donncnt communication de leur Rapport, dontles conclusions sont

« Que le scul Memoire prdsente ne leur parait pas avoir rem- pli les conditions du concours »

Les Commissaires rendcnt cependant justice au zele ct a la bonne volonte de Tauleur qui, dans un volume de 5oo pages in- folio , a reuni un grand nombre de details de statistique, malheu- reuscment en parlie etrangors au sujet.

M. le Baron Delessert qui se joint a I'avis de MM. les Com- missaires, desire que, si le sujet est remis au concours , les con- currens veuillent s'altacher a presenter un ouvrage plus concis , et fonde sur leurs propres observations.

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Plusieurs INIembres de la Commission regrellent que la redac- tion du sujet ne soit pas assez precise ni assez speciale.

La Commission invite MM. les Commissaires h se conccrter avec M. Delesserl sur une nouvelle redaction plus precise de ce sujet.

M. le Baron Coquebert-Monbret depose sur le bureau plusieurs sujets de prIx, que la Commission prend en consideration.

La Commission adopte en princlpes les nouveaux sujets sui- vants :

Encouragement pour un voyage dans I'Ancienne Cyrendique , propose par M. Alex. Barbie du Bocage.

Description complete d'une des regions naturelles de la Francs , propose par M. Coquebert-Monbret.

Le premier prIx sera de 3ooo francs ; le deuxleme concours of- frii'a deux prix , Tun de 800 francs, Tautre de ^oo.

La Commission espere rendre les deux prix, sur la Geographic de France, permanens et annuels.

La Commission ordonne que le Programme rappellera le prix sur les montagnes qui est de 1200 francs, celul sur les peuples de rOceanle, de 1200 francs, celui donne par M. Benjamin- Deles- sert, de 600 francs, et celui donne par M. le comte Orloff, de 5oo francs, et qu'U sera pris de nouvelles mesures pour repandre ce Programme.

La Commission attendrale rapport de la Section de Comptabi- \xl€ , pour rendre cette decision definitive.

Seance du 1^ mars.

M. Walckenaer^ presenle un aper9u de la situation de la caisse et des fonds dont la societe pent disposer pour les depcnses d-; Tannee 1824.

La Commission adopte ce bud jet.

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Elle volt avec satisfaction que T^tat de ses recettes lui perinet de faire les depenses pour le concours decide dans la seance pr^- cedente, et rend en consequence definitive la redaction du Pro- gramme, dont le Secretaire-General lui donne lecture.

^I. Eyries fait la proposition d'ajouter a la Commission Cen- trale quelques Adjoints pour remplacer les Membres de la Com- mission en cas d'absence.

M. Bail/ie du fiorw^e appule celte proposition et en Indlque la n^cessite. Quelques Membres de la Commission sont empe- ches, par leurs occupations et par leur aige , de prendre une part active aux travaux adminlstratlfs qui , de plus en plus , se mul- tipllent.

M. le Baron JValckenaer fait remarquer que la proposition est inutile , si les Adjoints n'ont qu'une voix consultative, puisque le Reglement la leur donne , et que tous les Membres de la Societe sont Invites a assister aux Seances ordlnalres de la Commission, laquellc pent engager ceux qu'elle jugerait propres a un travail spe- cial, a Taider de leurs lumleres , sans qu'U solt necessaire de leur donner un litre.

Dans le cas oii les Adjoints auraient voix deliberative aux Seances de la Commission, ce serait un changement au Regle- ment, que la Commission devralt necessaircment soumettre a I'Asssemblee Generale.

M. Malte-Brun explique la nature et les details de cctte me- sure , qui a ete prise en consideration , dans plusieurs conferences du Bureau, sur la demande formelle de plusieurs Membres de la So- ciete, dcsirantetre Investis de quelques fonctlons speclales. Comma iln'est pas question de leur donner voix deliberative, nl par conse- quent de leur faire partager la responsabllite et Tautorlte de la Com- mission, cettemesurene serait en riencontralreau Reglement; mals elle ne serait pas non plus Inutile ; car II est des travaux speclaux dans lesquels plusieurs Membres de la Society pourraient rendre des

H

services dislingues. On veut signaler cos Mcmbres a la Socidt^ sous un litre qui n'euiporte aucun no;jveaa droit. Deux Adjoints k la Section de Correspondance, deux a celle de Publication , un a la Section de Comptabilite etun ala Bibliollieque, ont paru necessaires a la majorile du Bureau. Dans Topinion parliculiere du Mcmbrc opinant, quatre Adjoints.^ la Section de Correspon- dance ne soraient pas detrop, et ii n'cn faudrait pas a ccUe de Publications.

]M. Dezoz de la Rorfiie/le, Mcmbre dclaSociele, pense que plusieurs JVlcmbres ne voudraicnt etre Adjoints, qu'aulant qu'ils seront inveslis de tous les droits dun Mcmbre de la Commis- sion.

M. IJ'^alckenaa' , en reconnaissant que la proposition n'est pas conlraire au Pieglement, desqu'on ne donne pas voix deliberative aux adjoints, y ajoute celle-ci :

« Qu^aTavenir, TAssemblee Generale ne choisiraiesnouveaux » Membres de la Commission Cenlrale que parmi ceux qui au- » rontrempli les fonctions d'Adjoints pendant six mois au moins ; » mais, il pcnse que cette disposition importante doit etre sanc- tlonnee par TAssemblee Generale.

Plusieurs Mcmbres reclament I'exdcution de I'Arrete rdglcmen- mentairc , d'apres lequel toute proposition doit etre deposee sur le Bureau. En consequence , les deux propositions de M. Eyries et de M. Ic baron Walckenaer sont renvoyees a la prochaine stance.

Seance extraordinaire du 26 mars.

La Commission, deliberant sur la proposition de '^1. Eyrih ( voyez Seance du 19 mars ) , arretc ccqui suit :

I > Sur la proposition de ses Sections et Comitds, la Commis-

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sion Ccntrale nommera six Adjolnts , deux a la section de Corres- pondance, deux a la section de Publication , un a la section de Complabilite , et un i la Bibliotheque.

Les Adjoints sont elus pour rannee. lis sonl rdeligibles.

I Les Adjoints auront voix deliberative dans les reunions or- dlnaires dc leurs Sections respectives.

La proposition de M. le baron Jf^alckenaer (voyez Seance du 1 9 mars )sera discutee dans une seance prochaine.

L'Assemhlee Generale de la Societe qui devait avoir lieule 26 mars, ayant ete remise, par dcs circonstances imprevues, au 2 avril, nous nepouvons pas inserer dans letexte dece numerole Programme des Concours, qui doit d'abord etre communique a cette Assemblee.

Ce programme sera imprime dans le Bulletin du mois d' avril.

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Membre nouvclhmcnt admis dans la Societe.

Seance du in mars. M. Grille, ancien Chef de division au minist^re de Tlnle-

neur.

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Oiwrages ofjferts a la Societe.

Seance du 5 mais.

M. Jomard fait hommage d'une Carte donnant un apergu des d^couvertes duDocteur Oudeney, du Major Denham, etdu Lieu- tenant Clapperton, en 1823.

La Societe Asiatique en vole le 20"= de son Journal.

Seance du ig mars. M. Art. Beugnol fait hommage d'un exemplaire de son Ouvrage

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intitule : Les Juifs d'Oca'deni, ou Recherchcs sur I'Etat civil , le Commerce el la Liltdrature des Juifs, en France, en Espagne , et en Italic, pendant la durde du moyen sige :

M. Rauch , de la 3= livraison de la 2* annee des Annales Euro-

ropeennes :

M. Boulard, d'unc Lettre adresssee a M. le President de I'A- cademie des Inscriptions et Belles Leltres :

MM. Eyries et Malte-Brun , des Cahiers Janvier et f^vrier 1824 f des Nowelles Annales des Voyages , de VHistoire et de la Geograpfiie.

ERRATA au JSumero dix.

Page 23 , ligne , au lieu de Lawln-James , lisez : Edwin-James.

ligne , aulieu de Barey , lisez : Carey,

21' ligne , au lieu de Lwis et Blarke , lisez : Lewis ct Clark. Page 24 , 7' ligne , au lieu de 29 , lisez : 22.

16= ligne, au lieu de Dawnics , lisez : Pawnees.

25* ligne, aulieu de 25 nial , lisez : 28 niai.

28' ligne, au lieu de Arhansas . lisez : Arkansas. Page 25 , 24' ligne , au lieu de port Smith , lisez : fort Smith. Page 26 , a la note , au lieu de 0-maco-haco , lisez : O-maw-haw- au lieu de Yanhton , lisez : Yankton. au lieu de Pacoaee, lisez : Pawne.

DE L1MPRIMF.RIE D'EVERAT, IMPRIMEUR DE LA SOCIET]^,

HUE DU CADRAW, H" l6.

^%%'ix VI »yvv%^^'\'^i'*%x'»\*'*«xv»'»-t%%i*%/*^ *'*/»'» vv*^ffc*'\*'\'v\^*v\^fVv\-«'vv\'i\'tv'»^'%'\'i'%'»-\-» /I. ■»'\^(v%.'»'»*'»'»Ti

BULLETIN

DE

f r

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

ISUMERO DOUZE.

A-Ssemblee Generale de la Sociele de Geographic.

Seance du 2 avril 1824.

V/iETTE Sdance a dte presidde par M. le Marquis de Pastoret, Pair de France , Membre de I'Academie des Inscriptions et Belles- Lettres.

M. Jomard, au nom de la Commission Centrale, donne com- munication du Programme des sujets de prix mis au concours. II annonce que le Memoire envoye a la Commission , sur Tltindraire statislique de Paris au H^vre , n'ayant pas rempli les conditions du concours, Icmeme sujet de prix est remis a Tannde suivante. ( Voir ci-apres, Documens , p. 4-4 )•

M. Roux, Secretaire de la Societe, lit ftne Notice sur la vie et les ouvrages de feu M. Langles; il la termine en rappelant les services que ce savant a rendus ala Geographic et ala Societe, dont il fut un des principaux fondateurs. (Voyez Documens , p. 46).

M. Loiiis de Freycinet fait lecture d'une Lettre que M, le Capi- taine Duperrey lui a ecrite d'Otahiti, et qui rend compte de la si- tuation actuelle de celte ile, de quelques decouvertes faites dans

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rArchlpcl dangcreuxj cl des principales circonslanccs de sa navi- gation.

L'Asscmblee gendrale a procdde , d'apr^sses rdglcmcns, au re- nouvellemcnt annuel de son Bureau ; el , apres le depouillement du scrutin , les nomlnalions suivantes ont ete proclamees.

President , M. le Vicomle de Chateauhriant , Mcmbrc de I'A- cademie Frangaise , Minislre des Affaires Etrangeres.

Vice-Presidents, M. le Baron Cwier , de I'Academie des Sciences; ct M. le Comte Chabrol Ae. Vobich, de TAcadeinic des Beaux-Arls, Prefet du departemcnt de la Seine.

Secretaire , M. Ic Baron de Ferussac.

Scrutateurs, M. le G^n^ral Comte Andreossi, et M. le Roi , ancien Gonsul-General.

.^r3i Vri^iE. ii<ta\> •i'^ivtt'': L'Assemblee avait a nommer un nouveau Membre de la Com- mission Cenlrale, en remplacemcnt de M. Langles ; ellc a nomnie, au premier lour de scrutin , M. le General Haxo.

Seance du 1 6 ami.

La Section de Correspondance fait un rapport sur la continua- tion de sontravailTclatif aux questions a adresser a plusieurs voya- geurs. ; i>i-.'^:i--.-;^

Elle donne lecture des questions redigees par M. le Baron Co- quebert-Monbret^ sur Tlnde Gangefique, oudoil se rcndre incessam- ment M. Clu de Samigny , membre de la Societd.

Le Section annonce quelle a re^u de M Malt6-Bnin une sdrie de questions sur 1 'Afrique , qui doivent clre proposecs k M. Knudscn , Consul de Danemarck a Tripoli ; elle en donne communication.

M. Jomard a cgalemcnt communique a la Section dc nouvcllcs ijucstions qu il a redigees sur I'Abyssinic, et qui doivent fitre ajouldes

%

/

a ceiles que la Section de Correspondance se propose d'adressef a M. Buhson d'Armandy , Agent ft'an^ais h Moka, ct Mcmbre de la Socicle.

M. le Comte Raczynski indlque a la Commission centrale M. de Sluszic , Conseiller d'Elat de Pologne , Membre de la So- ciele foyale des Sciences de Varsovic , ct autcur d'un savant ou- Vrage surlcs Carpathes, comme une pcrsonne avec laqucUc la So- cidl^ pourrait ouvrir une correspondance inleressante,

Pvenvoye a la Section de Correspondance.

M. Jomard communique une lettre de M. Roger , commandant pour le Roi au Senegal , Membre de la Societe. ( Voir ci-apreS Documens p. Sy

M. Jomard annoncc qu'un artiste en instrumens de physique, M. Bunten, vient d''execuler un nouveau barometre qui a obtenu Tapprobation de la SoCiete d'Encouragement pour Tinduslrle frangaise , et qu'il serait tres-utilc de meltre enlre Ics mains des voyageurs, attendu i" qu'il est dun prix infcrieura celul de M. Gay-Lussac, qu'on peut le transporter dans les montagnes sans craindre que I'air y penelre. En mettant le dessin sous les yeuxdela Comm'ssion, M.Jo7?jrt;J expose quclques considerations Rur le parti qu'on pourra lirer du nouveau barometre; et il ajoute qu'il preseniera, a Tunc des prochaines seances, une instruction propre a en faciiiler I'usage pour la mcsure des hauteurs.

On lit une letlre de Perrot^ Membre <le Ja Society ,, sur le meme sujet. M. Perrot dcmande que Ton s'occupe de rediger une instruction sur I'ernploi du barometre.

La discussion sur le mode d'impressinn des questions presentees a la Section de Correspondance est a I'ordre du jour; Theurc avancee oblige la Coranussion a larcnvoyera la Sdance prochaincj ordinaire.

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Memhres novicllement admis dans la Socieh\ Seance <fu i6 ami. MM. BuTHiAU , ancien Agent de Change. Le Baron d'EspiARD, Lieutenant au i" regiment des Cuirassiers

de la Garde Royale.

Oiarages offerts a la Societe.

M. Ambroise Tardieu fait honimage dun Atlas pour semrh I'in- telligence de l^Histoire generate des Voyages de La Harpe^ dresse par lui. Paris 182 1; chez Ledoux , libraire, rue Guenegaud n°g.

II fait aussi hommage de la sixieme livraison de Y Iconographie universelle ancienne et moderne^ chez Tauteur , rue du Battoir n" 12.

MM. Peirot et Aupick , de la i^<'^ Iwraison de leiir Atlas desdepar- iemens de la France.

M. Boitin , de TAlmanach du Commerce pour 1824.

M. Everett., de Cambridge , des numeros 3g et 4-o tl" North American Review , Boston 1823.

M. Ranch, du Cahier d'aml des Annales Europeennes de Physique vegetale.

La Societe d' Agriculture , Sciences et Aits de I'Aule envoie le nu- mero g de ses Memoires.

La Societe d' Agriculture de la Seine-In/erieure envoiele numero 1 1 de I'Extruit de ses travaux.

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DOCUMENS.

PROGRAMME.

La Societe de Geographle met au concours les prix suivans : PREMIER PRIX.

ENCOURAGEMENT POUR UN VOYAGE EN AFRIQUE. line medaille d'or de la valeur de 3, ooo francs.

" La Societe demande une relation manuscrite et detaillee de » Fancienne CyrenaVqne, fondeesur les observations personnelles » de Tauteur et accompagnee d'une carte geographique. »

L'auleur examinera, sous tousles rapports de geographic na- turelle, civile et historique, le pays comprisentre la Medilerranee au nord , le desert de Barquah au sud, Ic golfe de Bomba a Test, ct celui de la grande Syrle a Touesl. II determlnera le plus de po- sitions geographiques qu'U lui sera possible, et tachera de mesurer barometriquement toute la chauie ou le plateau qui s'etend , d'a- pres Delia Cella , depuis Mourate et Ericab k I'ouest jusqu'a Der- ne a Test. En observant les peuples , il aura soin de recueillir des vocabulalres de leurs idiomes, et specialernent de cclul de la peu- plade qui vit dans des cavernes entre les ruines de Cyrene et les rivages de la mer. II desslnera les monumens et fera Aesfac simile des inscriptions qu'il remarquera, en s'attachant surtout aux alpha- bets inconnys.

II est prie de faire attention aux trois questions speciales suivan- tes : i" si le sllphium existe encore parmi les plantes du pays ou par- mi celles de I'interieur ; si le cilrum des Romains (le thyion des Grecs) se retrouve dans la Cyrenaique ou sur I'Allas ; 3" s'il existe quelques fails physiques reels qui aient pu servir de base h la tradition sur une ville ou conlreo , rcmplie de petrifications hu- maines i'

La Societ(5 verra avec plaisir Ics renscJgncmens qu'Il pourra se procurer sur les routes conduisant k Syouah, i Augcla , a Mour- zouk et h d'autres points de rinterieur.

Le prlx sera decern^ dans la premiere Assemblee gendrale de 1826.

La relation devra ctre remise au bureau de la Commission Cen- trale avantle i^' janvler 1826.

DEUXIEME PKIX.

line medaille d'or dela yaleurde 1^200 Jranrs.

La Socldtd rappellc qu'clle a rcmis au concours le sujct du prlx suivant ;

o Determiner la direction des chaines de montagnes de I'Eu- » rope, leurs ramifications et Icurs elevations successives dans toute M leur etendue.

La Soclete desire que Ton forme une serie de tableaux , dans lesquels on rapporlcra le plus de mesures d'elevatlon au-dessus du niveau des mers qu'il sera possible den rassembler. Toutes ces mesures devront 6tre accompagnees de rindlcalion precise du point de robservatlon et de sadependance de telle cbaine ou de tel versanl. II sera necesssalre de faire connailre le nom de Tobscrva- teur ct la methode qu'il a suivle.

La Socicid preferera le travail qui, en s'dlendant jusqu'aax rl- vages des mers , donnera la position gcograpbiqiie du plus grand nonibre de points a Taide desqucls on pourrait tracer avec preci- sion des llgnes do niveau, ainsi que la ligne de separation des caux el les liniiles des differens basslns.

Mais la Soclete, ne se dissimulant pas les difficulles que presente la solution complete d'une telle qucsliou, declare quelle dccernera le prix auMemoire le plus riclic en fails posltifs cl en observations nouvclles.

Ce prIx sera decerne dans la preraiere AssemLIee gcnerale An r'annee 182 5.

Les Memolrcs devront el re remis au bureau de la Commission Cenlrale avant le i" Janvier 1825.

TROISIEME PRIX.

Une medallle d'or de la valeur de 1,200 francs.

La Socletc remctau coi^cours le sujetsulvant :

« Rcchercher Toriglne des divers peuplcs repandus dans I'O- » c^anie ou les i!es du Grand-Ocean , situt^es au sud-est du conli- « nent d'Asie , en examinant les didcrences et les ressemblanccs J) qui existent entre cux et avcc les aulrcs peuples sous le rapport » de la configuration et de la constitution physique , des moeurs , » des usages , des institutions civilcs et religieuses , des traditions »> et des monumens ; en comparant les elemens des langues , relati- « vement a Tanalogie des mots et aux formes grammaticales , et en » prenant en consideration les moyens de communication d'apres » les positions geographiques , les vents regnans , les courans et « I'etat de la navigation. »

Ce prix sera decerne dans la premiere Assemblee generale an- nuelle de Tan 1826.

Les Memoires devront etre remis au bureau de la Commission Centrale avant le premier Janvier 1826.

QUATRIEME ET CINQUIEIME PRIX.

GEOGRAPHIE DE LA FRANCE. U/ie meduille d'or de la valeur de 800 francs^ et une autre dela valeur

de 1^00 francs.

La Societe met au concours le sujet de prix suivant :

« Description physique d'une partic quelconquc du tcrritoirc « fran^ais , formant une rt'gion nalurelle. »>

u

La Society indique, comme exemples , les regions suivantes : !es Cevcnncs proprcment dites, les Vosges , Ics Corbiores, Ic Mor- van , le bassin de TAdour , dc la Charente , celui du Cher , cclui du Tarn, le Delta du Rh6ne, la cole basse entre Sables-d'Olonne ^ et Marennes, la Sologne, cnfin toute contr^e de la France, dis- tinguee par un caractere physique particulier.

Les rapports physiques et moraux de rhomme , lorsqu'ils don- nent lieu a des observations nouvelles , doivent etre ratlaches b la description de la region.

Les INIemoires doivent etre accompagnes d'une carte qui indique les hauteurs trigonometriques et barometriques des points princi- paux des montagnes , ainsi que la pente et la vtlesse des principales rivieres , et les limites des diverses vegetations.

Ces deux prix seront de'cernes dans la premiere Assemblde gc- nerale annuelle de Tannee 1826.

Les Memoires devront ^tre remis au bureau de la Commission Centrale avant le 1"^ janvier 1826.

SIXIEME PRIX.

Une medaiUe d'or de la valeur de 600 francs.

]VL le baron Benjamin Dekssert, membre de la Socidte , avail bien voiJu faire les fonds d'un prix dont voici le sujct :

« Itineraire statistique et commercial de Paris au Havre-de- » Grace. »

Le sujet est remis au concours pour la deuxieme fois.

La Socidt(5 desire surtout des aper^us posilifs et concis sur les communications entre ces deux villes.

Ce prix sera decerno dans la premiere Assemblce gdneralc an- nuelle de 1 an 1826.

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Les Memoires devront C-tre rcmis au bureau de la Commission Cenlrale avant le i" Janvier 1826.

SEPTIEME PRIX.

Une medaille d'or de la valeur de ^00 francs.

M. le comte Orloff^ senaleur de FEmpire de Russie, Membre dela Societe, a bien voulu faire les fonds d'un prix , pourlequel la Commission a choisi le sujet suivant.

« Analyser les ouvrages de Geographic publies en langue russe

» et qui ne sont pas encore traduits en frangais. On desire que I'au-

i> teur s'attache de preference aux statlstiques de Gouvernemens

» les plus recentes , ct qui ont pour objet les regions les moins con-

» nues, sans neanmoins exclure aucun autre genre de travail, et

» notamment les Memoires relatifs k la geographic russe du moyen

» age. »

Ce prix sera distribue dans la premiere Assemblee generale an- nuelle de 1826.

Les Memoires devront etre remis au bureau de la Commission Ccntrale avant le i^"^ janvler 1826.

CONDITIONS GENERALES DES CONCOURS.

Les Memoires qui ne seraient pas Merits en frangais , doivent ^tre accompagnes d'une traduction frangalse.

Tons les Memoires envoy^s au concours , doivent Stre Merits d'une maniere llslble.

L'auteur ne doit point senommer , ni sur le tllre nl dans le corps de Fouvrage.

Tous les Mdmoires doivent ctre accompagnes d'une devise et d'un billet cachetc , sur lequel cette devise se Irouvera repdtee , et qui contlendra , dans rint^rlcur, le nom de I'auteur et son adresse.

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Les Mtlmoircs restcronl disposes dans les archives de la Soci^te ; mais il sera librc aux auteurs d'cn falrc lircr dcs copies.

Tous Ics Membres de la Socielc peuvcnt concourir, cxcepl<; ceux quisont Membres de la Commission Gentrale.

Tout ce qui est adresse a la Societd, doit etre cnvoyc franc de port et sous le couvert de M. le Prdsident , k Paris, rue Tarannc n" 12.

A/VMA«%W«WV1/WK1W«»

Notice sur la vie et les ouvrages (le M. LanGLES , lue dans la seance generale de la Societe Geographiquc , le 2 avril 1824, parM. Roux.

Les perles d'une Societe qui commence jeltent dans Tame une douleur d'autant plus vivc qu'on n'y etait point encore prepare par riiabitude des sacrifices. Votrc Commission centralc se trouve frappde pour la premiere fois ; et quand la mort qui s'introduit dans ses rangs vient I'avertir que tous les corps , quel que soil leur principe de vie, sont composes de membres perissables, s'avan- cenl au milieu des ruines, etne laissenl quelquc trace sur la terre que par I'ulilite de leurs services , ellc doit tous ses regrets a Thomme eclaire et bienveillant qu'elle s'honorait d'avoir dans son sein , qui prcsidait a ses dernicrs travaux et qu'elle ne reverra plus.

Louis Malhieu l^angles, ne en 1763, h. Perenne pres de Beau- vais , commen^a ses etudes en Picardie , et vint les terminer a Paris. II passa rapidemcnt des auteurs classiques a la lillcraturc orientalc; ct son premier guide dans cette carriere fut ce vend- rable Ruffin , qui vient aussi de nous etre cnleve, et dont la perte, vivemenl sensible a TOrient comme a sa patrie, n'a pre- cede que de quclques jours celle de son digne elcve.

Le pere de M. Langlcs le deslinait a la carriere mililairc; et Tespoir de passer dans Tlnde , ou la guerre dlait alors allumee de

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meme que dans les aulres parties du monde , lui fit etudier les lan- gues d'AsIc avcc plus d'ardcur. Mais le retour de la paix cliangca ses projets , et le goAt des lettres le retint h Paris. II fut nomme officier du tribunal des Marechaux de France , tribunal ou Ton avait a prononcer sur des questions d'honneur , et ou la noble dt^licatesse de ce jeune militaire lui merita d'honorables distinc- tions et des protecteurs illustres.

L'application des langues orientales k I'etude de la geographic ct de I'histoire donnait un nouvel int^ret k ses rccherches. II voulut parcourir les annales des peuples d'Asie : celles des Tar- tares devinrent le but de ses travaux; et leur pays fut le centre de ses excursions vers d'autres contrees. Tour a-tour il s'occupa de la Perse, de Tlnde, de TArabie ; mais ses pavilions etaicnt dresses dans les plaincs dc Samarcande ; il rcvenalt , aprcs chaque expe- dition, vers I'ancienne residence de Tamerlan , dont il traduisit Ics Instituts politiques et militaires.

L' Alphabet Mandchou , qu'il publia et dont il fit graver les ca- racteres , fut precede dune savante introduction sur la meme langue. Ces caracleres etaient egaleinent ceux des Mongols et des Oighours , quoique chacunc de ces tribus guerrieres eitt un idiome different : ils servaicnt de clef gencralc pour la lecture des livres tartares ; et cettc conquete litleraire sur des nations qui avaient dispose du sort de TAsie, et qui tenaient encore la Chine dans leur dependance , valut a M. Langles le surnom dc Tarlare, comme on avait donne a d'anciens triomphateurs le nom des pro- vinces qu'ils avaient soumises.

La publication d'un DIctionaIre Mandchou, dont le savant mis- sionnaire Amyot avait rassemblc les clemens, sulvit de pres ce premier travail. M. Langles esperalt alors que celte langue , dont Tecrilure syllablque a plus d'analogie avec la n6tre que les carac- teres ideographlques des Chlnois , pourralt dispenser de recourir aux originaux , pour connaitre les ouvragcs que les conquerans dc la Chine avaient fail Iraduire ; mals on a verifie quo ces

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traductions dtaient rares , qu'elles etaient souvent infid^les , ct que , pour juger les dcrlvains de cctte nation , il fallall d'abord s'obsliner h vaincre les difficultds de la languc et de la lecture.

M. Langles revint k la litterature de I'Asie occidentale. Le per- san devait lui plairc , par la douceur de Tidlonie , par la variety des productions ; et quelle que fdt la direction qu'il vouliit sulvre , il trouvait de toutes parts des modeles. S'il voulait approfondir Thlstoire, Ferdoussy avait compost, sur les annales de la Perse , le celebre poeme historiquc connu sous le nom de Schah-Nameh ou livre royal. S'il cherchait un melange de philosophic et de morale , ou la gravitd des preceptes fAt souvent unie au charmc de la poesie, il parcourait les principaux ouvrages de Saady, sur- tout ce Gulistan, dont la renommee, devenue populaire comme celle des bons dcrits, se soutient depuis six cents ans. II pouvait consulter le Beharhtan de Djamy, dont il remarqua les beautes, ct dont il prdpara une traduction , qui n'a pas encore vu le jour.

Fallait-il passer a des sujets moins aust^res , oii I'eclat de la pensee et des images, la vivacitd des sentimens, Tharmonie du style se fissent cgalement remarquer I Les chants lyriques ou dle- giaques d'Anwery , les Ghazels et les po«5sies legeres de Hafez , lui offraient tour-a-tour des cxemples d'elevation , de sensibilit(5 ou de grace. Illisait, dans la traduction persannedeHussein-Vaez, les Fables indiennes de Bid-Pat; dans les imitations de Modes , les contes celebres des Mille etun jours, dans les ouvrages d'Ab- doulrizac , d'intdressantes relations dc voyages en Asie.

Aucune source d'instruction ne fut ndgligde par M. Langles, et I'on jouit bient6t des nouveaux fruits dc ses lectures. 11 traduisit un Piccueil de fables et de sentences tirc-es des auteurs persans , la Relation d'une ambassade en Chine, celle d'un voyage dans I'Inde, un Precis historique sur les Mahrattes. Tous ces ouvrages, publics par lui avanl FSge de vingt-six ans , dtendirent sa rdputation des ses premiers debuts , et la France le compta au nombre de ses sa- vans distingues.

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La rdvolution ne detourna point M. LangUs de ses occupations littdraires. Sa vocation dtait determin^e : elle lui ouvrit , en le s6- parant de nos dissenlions civiles, une carriere honorable ou il fut constamment utile aux lettres et a son pays. En 1 792, il fut nommd garde des manuscrits orlentaux de la Bibliotheque du Roi. L'an- nee suivante, lorsque les arts etaient proscrits en France, et quand la plupart de Icurs monumens furent dclruils ou mutiles , il devint membre de cette commission temporaire qui devait en sauver les debris , et il s'opposa avec fermete k la ruine de nos richesses litte- raires , dans un temps oil le bien ne pouvalt pas etre fait sans cou- rage et sans peril, Un ctablissement, ou Ton rassembla les livres ^chappesau pillage des grandes bibliotheques , fut forme en i7g4> et la garde lui en fut confiee.

Dans le cours de la meme.annde, un Rapport, prdsenle par M. Langles au Comity d'lnstruclion publique, tra^a le plan et de- termina I'institution de TEcoIe speciale des langucs orientales vi- vantes; grande et nouvcUebranched'instruction , dont les commu- nications de la France avec TOrient font chaque jour appr^cier les avantages. Ce n'est plus la langue d'Homere que Ton parle en Grece et dans I'Asie-Mineure ; le turc etle grec moderne en ont pris la place. L'arabe vulgaire n'est pas celui du Coran et du siecle illustre de Haroun-al-Rachid : I'armi^nien dans la Haute- Asie, le malay dans I'Archipel indien, sont devenus les langues du commerce; et les relations de I'Europe avec la Perse ont rendu plus necessaire I'^lude de sa litt^ralure. Repandre Tusage de ccs divers idiomes, c'etait procurer des facilites plus grandes aux hommes que I'interet du commerce, le go6t des sciences naturelles, r^tude de I'antiquite et de I'histoire devaient attirer en Orient. M. Langles fut attacbe a cette Ecole speciale comme administra- teur, et comme professeur de persan et de malay : les autres chaires furent dignement remplies ; et la France vit prosperer une institu- tion aux progrcs de laquclle il prenait une si noble part.

L'on peut remarquer, par son cxemple , qu'au milieu de I'agita-

So

tlon «lcs partis il est une classe d'hommes qui , cntrainee par les charnics de TeliKk , y clicrche scs premieres jouissances , pr<5ftre h toute autre gloire cclle que donnent les Iravaux litteraires, ct ne fail servir qu'a Tavan cement des connaissaiices humaines le credit que Jui assure son rang dans les lettres ct dans Topinion publique.

A Fepoque ou les Socieles litteraires et savantcs se releverent, el oil rJnstilut rccueillit, comme a la suite d'un naufrage , les homines remarquablcs que les oragcs de la revolution avaient epar- gnes, la rdputalion et les dcrils de M. Langles le firent adnieltre dans cette honorable reunion. Devcnu membrc de la classe de lit- terature ct des beaux-arts, il porta dans ses dtudes une nouvelle ardcur. Les JVIomoires del'Instilut, les Journaux consacrds aux sciences, les Dictionnaires biographiques , d'autres Recueils enri- chis de ses Iravaux , attestent ses connaissances varices et son zele inepuisable. En faisant paraitre les premiers volumes des Recher- ches asiatiques dc la Societe de Calcutta , il attira Tattention des savans sur une contree justement celebre : il traduisit les Voyages de Forster a travers I'Asie , de Norden en Egyple , de Home- man dans TAfrlquc septenlrionale. Ses editions des Voyages de Pallas et de Chardin furent accompagnees dc notes instructivcs sur les contrees qu'ils avaient parcourucs , et sur les changemens survenus depuis Icur passage. Ses remarques sur chacun de ces ecrits rendaient , a des relations plus ou moins ancicnnes , tout rinterel dc la nouveautc. II publia les Lettres de William Tone sur les JMahrattes , et il y joignit des renseignemens precieux sur les derniers momens el sur la chute d'un peuplc qui, pendant plus d'unsiecle, avait jetd Talarme chez ses voisins, et avail occupe dans rindc un des premiers rangs.

L'esprit observateur de M. Langles s'attachail aux questions les plus graves , mais ne le rendait point insensible aux attrails de la lilteralure. Dans la peinlure d'un peuple , tout lul paraissait digne d'etre remarque. Taiitot , pour faire connaitre le gdnie des Orien- laux, il traduil quelques poesies arabes et les reclts de Siiid-liad le

marin , ouvrage romanesque , mais attachant , ou d'uliles lemons sur la conduile et la peine de la vie sont melees a la fiction el aii merveilleux : tantot il renlre dans un monderdel ; scs goAts Ic ra- menent vers Thisloire de Flndc , el il puLlie les relations de quel- ques voyageurs orientaux qui I'ont parcourue. Un savant anglais , M. Alexandre Hamilton , avait fait de profondes recherches sur le samskrit : M. Langles redige avec luiune Notice raisonn^e sur les manuscrits que nous possedons dans cette langue, et il nous avertit de nos rlchesses.

Si nous n'avons encore remarqud, parmi tant de productions llt- teralres , qu'un petit nombre de creations , ne faut-il pas en chcr- cher la cause dans le systeme d'enseignement qu'il avait adople comme professeur, et dans robllgatlon qu'il s'etait imposee d'of- frlr aux jeunes orlenlalistes de nombreux essals de traduction , afin de leur rcndre plus sensibles les formes et le caraclere de cctte itteralure ? Ses premiers soins leur elalent consacres; II cherchait, dans raccomplissement de ses devoirs envers eux , cette conside- ration publique qui vaut mieux que la renommee ; et les progres , le merite de ses eleves , devenaient la plus douce partie de sa glolre. Pour faciliter leurs etudes, il avait ete I'editeur de la Gram- maire arabe de Savary; et c'etalt dans le meme dessein que, vers le terme de sa vie , il enricliissait notre typographic par de nou- velles fontcs de caracteres arabes , graves sous sa direction , rc- marquables par la purele des formes, reunlssanten groupes bien assortis les lettres qui se touchent Ic plus frequemmcnt , les sepa- rant de leurs points , de leurs ligatures , ct se pretant aux combi- naisons les plus varices , sans jamais oter a Tenchatnement de I'e- crlture sa rare ele'gance.

Cependant , quelle que fAt rutilit^ de ces travaux , les savans exigeaient de lui davantage , et M. Langles repondit k leur attente par la publication d'un grand ouvrage sur les monumens de THIn- doustan. Le litre n'annongalt qu'une description archeologiquc ; mais I'auteur y joignit d'importantes Dissertations sur rhisloire, la

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gdographie, les lois, les moeurs, la religion des contrees dont ii allait expliqucr les monumcns. On n'avail public en France aucun dcrit qui fit connaitrc THindoustan sous tant de rapports divers. Ses antiquites, sa religion surtout, etaicnt encore entourdes d'obs- curite : la filiation, les altributs de ses divinitcs etaient dnigmati- ques ; c'etait un ciel a relirer du chaos. II fallail debrouillcr les ceremonies du culte, en expliqucr Tinfluence ct les pratiques, en rcudre plus chastes quelques images. M. Langles composa, sur ce vaste et difficile sujet, un livre instructif, oi se developperent les traditions et les preceptes, oii les allegories religicuses rcprircnt leur voile, et dont la pudeur ne put s'alarmer.

Les premiers ouvrages de M. Langles sur TAsIe avaient ob- tenu la plus honorable approbation ; et la Societd de Calcutta Tavalt compris au nombre de ses membres. D'autres palmes littd- ralres, d'autres distinctions lui furent accordees. Egalement con- sldere aux deux extrcmites de PEurope, admis en France dans la Ldgion-d'honneur , en Pvussie dans Tordre de St-Wladimir , membre de la plupart des Societes savantes , il appartenait a cette grande classe litteraire que Ton distingue dans tons les pays, et qui , par lensemble de seS omxages , donne au si^cle ou clle pa- ralt le caraclere et le dcgrd d'illustralion qui lui appartient.

L'activite des travaux de M. Langles annon^ait toute la vigueur de Vage; mais leur nombre le fit considerer quelqucfois commeun vieillard. Un portugais qui lui fut presente lui cherchait des rides pour s'expliquer Vetendue de ses connaissances : ses traits ne repondaient point a Tlmage surannee qu'Il s'ctalt faite : il le de- mandait a lui-meme; et rendait, par cette meprise, un hommage involontaire a son savoir.

Nous voudrions pouvoir animer nos rdcils par quelqucs-unes de ces anecdotes qui peigncnt rhomnie d'un scul trait, et qui se detachent des scenes ordinaires de la vie ; mais dans une carriere toute sludieuse , les jours se ressemblent , ct Ton rcmarque plutot des habitudes que des evcncmens.

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L'ouvrage suf THIndoustan avail coAte d'immenses recherches." Pour puiser aux sources originales , M. Langles rassembla les plus Importans ecrits qui furent publics dans I'lnde et en Angleterre ; et sa bibliotheque devint la plus remarquable qu'on eut encore forme'e sur les institutions , I'histoire et la litteralure de TAsie. On y retrouvait un grand nombre d'ouvrages que la Bibliolb^que royale n'avait point encore , et si ccs richesses devaient etre disper- sees et enlevees a la Capitale, elle perdralt en ce genre un de ses plus beaux ornemens.

Quel souvenir nous retient encore dans ce vaste depot litteralre, ou sc rassemblaient frequemmcnt les amis de M. Langles, les Frangais, les etrangers, rapproches de lui par I'amour des lettres, ou par cette pente involontaire qui Tentrainait vers TOrient I Pour- rions-nous rappeler sans emotion et sans regrets, ces reunions ou son am^nite re'pandait tant de charm es i' Ce nombreux con- cours , cette sociabillte' , cet echange de pensees entre des hommes de tons les pays , donnaient aux assemblees de M. Langles un caractere europeen. Chaque langue, chaque genre de litteralure, avail ses inlerpreles. Les savans , qu'altirait Tun vers Tautre une mutuelle estime, formaient bientot de plus intimes relations. lis se confiaient leurs recherches, leurs doutes , leurs dccouvertes ; et cette instruction communicative offrait souvent plus d'avantages que les mueltes legons de la lecture. La , plus d'un ouvrage ful congu ou perfeclionne. Une conversation vive et lumineuse eveil- lait le genie , eclairait sa marche , etendait le domaine des sciences et des verites.

Ce fut dans ces grandes reunions que se forma la Societe de Geographic. Et quel berceau pouvait mieux lui convcnir que cet asile litteraire, ou tant d'illustres etrangers venaienl se rcuniri' Chacun d'eux pouvait repandre, sur son pays, des notions nou- velles; et cette etude devenall un lien de plus entre tous les elals civilises.

Aussi la Societe de Geographic rc^ul , des son origine, celtc

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honorable dlreclion. EUe cherclia des lumlcrcs <le toules parts , sur une science qui cmbrassait la tcrre cnliore ; ct les homines de tous les pays furent invites ^ concourir a ses Iravaux.

Kendons hommagc a celui qui consul, Tun des premiers, la pensce de cette utile association, ct qui ne vit dans les hommes erlaires de tous les pays que les hahitans d'unc memc palrie. Les institutions, les langues , les distances qui separent les mem- Lres de la grande famille humaine, ne pcuvent alliircr Ic principe de sociabilite qui les rapproche et qui les porle i s'enlre-secourir. Quand les guerres decliirent les dtals , I'interet des sciences con- serve encore cntre eux quelques relations ; et ce besoln de s'en- tendre , qui tient au developpement graduel de I'espril humain "j prepare souvent la reconciliation des ennemis.

A la suite de nos dissentions , el des guerres qui out afflige TEurope durant tant d'annces , Ic bicnfait des Societes savantes et lilteraires se fait plus vivementsenlir. Des hommes long lemps rivaux apprennent a s'cstimer ; la confiance se retablil dans leurs communications; et cc rapprochement , auquel un des fondateurs de la Soclete de Geographic contribua si puissamment , fera regretter sa pcrte dans tons les pays qui honorent les vcrlus , les qualiles socialcs et les lumieres.

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ExTRAlT d'lmc lettre de M. BuissoTS d'Armaisdy, Agent Jranguis a Moka , a hi Commission Centrale ilc la Societe de Geographie,

Mes longs voyages , n'efant point diriges par une

dtudc prelimlnaire, n'ont sans doute pas dtc aussi avantageux qu'ils auraient pu elre a la Geographic , si, avant de les enlreprendre, j'avais ete a meme de profiler dc vos consells. Mais si le desir d'etre utile, si celui dc vous ctre agrciable dans le posle d'Agcnt Fran^ais que Je vais occuper en Arabic , eiail un litre suflisaut pour esperer

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ITionneur d'etre membre de votre Sociele , je croirais le mcrilcr et vous prierals de me I'accorder.

Parti dc France eniSiy, j'ai visits les cotes occidenlales de TArabie depuls Suez jusqu'au delroil de Bab-el-Mandel , et deli celles du sud jusqu'au cap llaz-cI-At. Force alors d'cntrer au ser- vice de riman de Mascate, fai et^ a m^me de parcourir, a plu- sieurs reprises , le golfe Persique, el Ceux qui forment , du Keutch et du Calole, une grande peninsulc ; mals au bout de deux ans , le cllmat du pays que j'habllais ordinairemcnt aliera ma sante, et je fus oblige de le qulller. Je me rendis en Perse par Bassora et Bagdad, et je vins offrir mes services au prince de Kermancha, qui commandait au nom de son pere dans Tlrak Adjcmi : il voulut bien les accepter : je reslai dix-buit mois pres de !ul. Alors le desir de voir Tlndoustan me fit demander la permission de parlir ; je mc rendis a Bombay, d'ou , avcc beaucoup de peine, je pus suivre mon projelde me rcndre a Gaboul ; je Iravcrsai le Guzurate, TAgui- nere, le Bikaner, le Bchavulponr ; enfin je traversal I'lndus, vis- a-vis Dera-Ganzi-Kan , et j'entrai dans TAlguuistan ; j'apprls que Tempereur habltait Candabar : je me dirigeai sur cette vlUe, oii je n'arrlval qu'apres avoir couru millc dangers ; mais le prince que j'<5tais venu y chercher , n'y elait plus: une revolution I'avait force de fulr par le Siistan jusqua Herat, sur les fronlieres de son em- pire et de la Perse, ou dcpuis, j'ai apprls qu'il s'etait fixe.

La position ou je me trouval alors elait des plus dangereuses ; tout Ic pays aulour de moi etailrevolle , les routes etaienl Infeslecs dc partisans qui ne vivaienl que de pillage. Je desesperal de rcvoir ma palrie ; cependant une sorte de caraAane s'clanl formee pour Chikarpour , je ne voulus pasnegligcr ce moyen de sortir dun pays ou les lois etaient meconnues. Aprcs vingl jours de marcbe sur la frontiere du Belouchistan , j'arrivai dans la grande et commer^anle ville qui ctait le bul de mon voyage. De la je vins m'embarquer sur rindus, aupres de Sakir, forteresse Ar[;ane, dependante du gouver- neur de Chikarpour; pendant hull jours, je descendis Ic (leuve ini-

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niense qui borne I'Inde a I'ouest. A Hydrabad , capllale du Sind inferieur, province qui comprend le Delia que forme le fleuve a son embouchure , j'offris mes services aux Emirs qui y regnent ; mais je fus reconnu pour un Europeen , pris pour espion anglais, et je regus I'ordre de quitter le pays dans les vingl-quatre heures : j'obeis et je vins m'embarquer a Mandivie , sur le golfe du Kculch , d ou je relournai en Perse par Bouchir. A celle fois, je visltai la plusgrandeparlie des provinces de ce vasle empire : je visSchiraz, Isphahan, Theroun, Thabriz, Sullanieh, Seneh, d'oii je me ren- dis a Bagdad. Je desirais alors revenir en France et j'avais compte y rentrer par Constantinople ouAlep; raais les communications avec ces deux villes elant interrouipues , je fus force de prendre ma route par Bassora , le golfe Persique , la Mer - Rouge , et

I'Egypte

. . . Je possede un Journal asscz detaille de tout ce que j'ai vu ; peut-etre un jour , apres Tavolr mis au net , oserai- je le sou- mettre a votre jugement : heureux si dans nombre de pages inutiles, vous en trouvez quelques-unes dignes de votre attention. Mainte- nant que j'al vu TEgypte , depuis Thebes jusqu'a I'enibouchure du Nil , je compte , en retournant a Moka , tachcr de pdnetrer en Abyssinie pour visiter ce pays encore si peu connu ; Toccasion me semble favorable : le pacha d'Egvpte a des troupes sur les fron- ti^res du Dongola, et il ne me refusera pas sa protection puissanle ; la connaissance que j'ai deja des usages, des moeurs , de la langue du pays , facilltera , je I'espere , mon entreprise ; mais pour la rendre plus fructueuse , j'oserai vous prier de m'cclairer de vos lumieres , de me marquer les lieux que je devrai plus soi- gneusement visiter , et de m'indiquer les recherches que j'y de- vrai falre

Signe BuissoN d'Armandy. (i)

Paris , le 27 Janvier 1824.

(1) D'apres le dcsir <lc M, <l\Vjmun<ly , la Scrlioii ilc correspondance. a re- di^c fl liii a adrcsst'' 1111 iionilirc asscz considtrablc dc questions , sur les pays qu'il se propose de piucoiirir.

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S.ilnl-Loiiis (Senegal ) , Ic 9 fevvier 1824.

ExTRAIT d^iine Lettre adressee It M. Jomard, President dc la Com- mission Centrale, par M. RoGER, commandant pour le Roi au Se- negal, Membre de laSociete.

Monsieur ,

J'ai re9u la leltre que vous m'avez faitFhonneur de lu'ecrire, et qui m'a ^t^ remise par M. de Beaufort. Get officier vient de partir de Saint-Louis pour la grande entreprise dont il esl charge, Je m empresse de vous en donner avis.

Vous ne pouviez pas douter de Tinterct que doit m'inspirer toute expedition de cette nature. Independamment des motifs ge- neraux qui determinent a cet dgard les hommes.pensans, me trou- vant place plus pr^s du th(5atre de cette exploration , je puis en apprecier les obstacles et Tulilite : aussi je concourrai, avec tout le zele dont je suis capable , au succes des voyageurs qui tenteront d'entrer dans cette voie de decouvertes.

J'ai donne a M. de Beaufort tons les documens, toutes les direc- tions qu'il etait possible de lui procurer sur les localltes et sur le but d'utillte de son entreprise. Je me suis estime tres-heureux que vous lui ayez remis d'excellentes notes sur la partle scientifique ; il ne m'est reste qu a lui conseiller de ne jamais les perdre de vue.

Je me felicite de trouver cette occasion d'attirer votre attention sur notre Senegal, trop delaiss^ ou trop maltrait^ de Topinion pu- blique. J'ai lieude penser qu il ne tardera pas a prendre sa revan- che , et vous etes trop sage pour n'etre pas des premiers i lui ren- dre justice. Tons les essais de culture ont parfaitement reussi; les etablissemens deja formes promettent de grands succes. II ne man- que ici que des capitalistes, et surlout des hommes induslrieux , pour que la France compte bientot une riche colonic de plus.

S8

Sous d'aiilres rapports, les amdliorallons qu'eprouve ce pays meritcront encore plus voire intdret. Encffet, Ics cultures, qui tous ]es jours s'(5lern3cnt, sonl faitcs par des braslibrcs : les negres des pays voislns viennenl se louer volontairement sur nos Iravaux ; il en arrive de cent, cent clnquanlc ct memo deux cents licucs; et le noniLrc en croft dans unc proportion plus grandc que les cul- tures , lellemcnt que le prix dc la main-d o-uvre dimuiuc dans Ic temps mt5ine que le travail auginenlc.

Vous pouvez, IVIonsieur, imaginer dc quel effet doit elre pout* la civilisation de cette partie dc I'Afriquc , pour le developpement des facultes intellecluelles des negres , pour I'extenslon du com- merce frangais , cette communication , cc sejour d^une portion dc la population indigene sur les etablissemcns europeens, ct son re- tour succcssif dans rinterieur du pays. Vous, dont les scntimens phllanlroplques, dont les efforts pour la propagation des connais- sances utiles sont si connus, permcttcz-mol de vous le demandor : dc semblables esporances ne suffiralent-clles pas pour faire aimer ct servir le Senegal ?

MM. de Beaufort et Despr^s m'ont beaucoup parle du desir que vous avez manlfeslc dc voir rinslructlon elementalre s'ctendre, en faveur des noirs, plus loin que Tile Saint-Louis. Ces Messieurs, a leur arrlvec, mont trouvc occupe de la creation dun nouvel etabllssement agricole, qui conllcndra unc dcole d'enseignement mutuel , a trente lieues dans Ics fcrres. Je me feliclle de m'ctrc rencontre avec vous dans ce projct, ct de devoir aux blenfaisantes intentions du Gouverucment du l\oi les moyens d'en tenter Texc- culion.

Sigiie Roger ,

Cominanilant ol Administralonr du Senegal cl depciidances.

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ExTRAIT d'uneleUre de M. DE Beaufort, en mission dans le Senegal, « M. J , Membre de la Societede Geographie. *> "f p

Sainl-Louls , 23 Janvier i824»

Le baromelrc , dans les jours de grande sr^cheresse compares h ceux de grande liumldlte et dc plnie oil de vent , n'a monlre que la difference de o'",7G32 a o'",76G6. Sa marche, jusqu ici ne m'a pas pcrmis des conclusions bien precises; j'aitrouve,termemoyen:

Eaiometic. Tliermomelre. Hygiometve.

a midi o"',7654.

25"

180

a 4- licurcs. . . . o'",7563

23

700

a 8 heures. . . . o"',7667

19

9o»

a minuit o"', 7650

18,5

98"

a 7 heur. du malln. o"", 7629

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5o°

Les grandes variations de rhygrometrc vous surprendront peut- elre aulanl, Monsieur, que Tespece d'uniformite des deux aulres instrumens. Je vous die ici les journecs communes ; j'ai vu , dans les venls d'Est, qui, dans cclte saison, sont assez frequens, Thy- grometre 32", le tliermomelre a 28" et le baromclre a o'",766 (i).

Si on fait, a la hauteur du mercure, dans le tube baromelrique, les correclions necessaires pour ramencr loutes ses hauteurs au o de rhygrometre , on a, a midi, o™,7G3i ; a 4- heures, o"',7658; h 8 heures, o'",7G52; a minuit, o"'7638; a 7 heures du malin, o"',765G; ce qui ne s'accorde pas completcment avec les observations de M. de Humboldt, mais s'en rapproche beaucoup , el place les mini-

mi) Ces oLscrvalions embrassent environ 2 mois 1/2 de raiitonme el do riiLver.

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ma aux environs de mull h. minuit, Ics maxima , vers 7 heurcs du nialin et 7 heures du soir, et n^accorde que o'",oo27 d'ampletude. Plus de temps, plus de loisirs et de r^gularite, monlrcraienl ( ce qui est tres-iinporlanl ) a connailre si ccs heurcs, dedullcs dun nonibre assez limile d'observations , sont invariables ; je le ferai si jepeux, etc.

II y a encore ici une cause constanle : c'est le vent qui s'dleve vers 7 heures du matin , et se caline entre 6 et 7 heures du soir.

DE LIMPP.IMERIE D'EVERAT, IMPRIMEUR DE LA SOCIETE,

RUE DU CADRAK, N" l6.

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BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMERO TREIZE.

Seance particuliere du 3o ami 1824.

XiA Commission Centrale , en execution de son arretd du 26 mars, procede a la nomination des adjoints, sur la liste des candidats proposes par ies Sections.

La Commission nomme MM. Bottin et Dezoz de la Roquette ad- joints a la Section de Corrcspondance.

Elle nomme MM. Brue et de Larenaudiere adjoints a la Section de Publication.

Elle nomme M. J. G. Barbie du Bocage adjoint i la Section de Comptabilite.

Sur la proposition du Bureau, elle nomme M. Sueur-Merlin Bibliothecaire-adjoint.

M. le bibliothecaire-adjoint , dans I'absenee de M. le biblio- thecaire-archiviste, concertera avec la section de ComptabIlit(l , Ies mesures relatives a la conservation et a raccroisscment de la Bibliotheque.

Seance du 7 mai. MM. Bottin et de Larenaudiere annoncent rju'ils acceptent la

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nomination do Membre adjoint a la Conilssion, e.l qu'Ils s'ef- forccront de rempllr Ics devoirs que cc tilrc leur impose.

MIM. Barbie du Socage fils aind , et Dezoz de la Rot/uetie se joi- gnent a cetle declaration.

La discussion sur la publication des questions par la voie de rimpression est a I'ordre du jour.

M, Malte-Bmn devcloppe les motifs de sa proposition. Ces mo- tifs sont : la necessite de faire concourir plusieurs personnes a la solution des questions , le plus souvcnt complexes par leur nature; rutllite gencralc pour le blen de la science , d'appeler Tattentlon des savans et des voyageurs sur les lacuncs de la geographic ; Tin- Icret qu'aura chaque membre de la Socletc, a voir son nom figu- rer honorablement dans le recuell des questions ; I'espoir d'exci- ter le zele des merobres molns actlfs; enfin le besoin de satis- faire au voeu des membres souscripteurs, qui demandcnt a voir pa- raitre quelque imprime utile et qui fasse honneur a la Society. ( Voyez Documens p. 70. )

M. Barbie du Bocage pere., en appuyant Tlmpresslon d'un re- cncil de questions, demandc que, poursatisfaire au rcglcment, la Section de Publication soit consultee sur le mode de publication , el la Section de Comptabiiite, pour fixer les depcnscs qu'entrai- nerait I'impression de ce recuell.

Le memc membre donne connaissanccd'uneleftrc de M. Rous- seau, a la quelle sont joints un plan de la ville d'Alep et une table de numa geograpliif/ues , en fran^als et en arabe.

M. Jomard , donne communication des melanges de ge'ograpbic et d'histoire naturellc, envoy^s a ia Soclete par M. Bresson. (Voyez Documens p. 76. }

Seance du 21 mat.

M. Alex. Barbie du Bocage fail au nom des deux Sections de

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Correspondance etde Publication, un rapport sur rimpression des questions. Les conclusions dc ce rapport sont : i" I'impression des questions ; 2" la nomination d'un Comite mixle compose de mem- bres pris dans les trois Sections.

Ce comity est compose de MM. Jauhert, de Fcrussac, de Frey- cinet^ l\uu% et IValckenaer.

La Commission Cenlrale adopte ces conclusions.

La Section de Correspondance donne communication :

De plusieurs questions, presentees par M. Choris, sur les cotes N. O. de TAmerique, les lies Alcutiennes et Sandwich;

Dun ensemble de questions relatives a la geographic physi- que de la Pologne , redigees par M. de Laraiaudiere ;

D'une serie questions relatives au Mont-Olympe pres de Brousse et a quelques points limitrophes en Bithynie , par M. Barbie du Bocage fils aiiie ;

4"Dc differentes indications sur quelques^oinfa, situes dans Cons- tantinople ou le long du Bosphore , ou II y auralt des decouvertes k faire , par le meme.

M. Barbie du Bocage donne des eclairclssemens sur la confec- tion de la carte de M. Rousseau, et sur la gravure du plan d'Alep.

M. Roux donne egalement des eclairclssemens sur Timpression du manuscrit de Marco-Polo. Le manuscrit fran^ais est complete- men t Imprime. L'impresslon du manuscrit latin est commenc^e.

JVL Jauberl donne lecture d'une lettrc de M. Leschenault de La Tour, datee de Rio-Janeiro , et d'une autre de M. Kctnigh, datee de Wadi-Khalfa ( Nuble ).

M. Jomard communique un Memoire sur la mesnre geom^trl- quedc la hauteur de quelques sommitesdes Alpes, par M. Corabceuf, chcfd'escadron au corps royal des Ingenieurs geographes, etmem- bre dc la Societe. ( Voyez Documcus p. 81, )

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Renvoi a la Section de Publicalion el an Comitd du Bulletin.

II communique en meme temps une lettre de M. Grey Jackson sur les dangers auxquels les d^guisemens exposent les voyageurs qui parcourcnt I'Afrique.

Renvoi au Comitd du Bulletin.

Memhres nouvellement admis dans la Societe.

Seance du ">. i mat.

M. le baron de Mareuil, ministre plenipotcntiairc de France aux Etats-Unis d'Araerique.

M. DE La Porte , vice-consul de France a Tanger.

Outrages offerts a la Societe.

Seance du 7 mai.

MM. Perrot et Aupick font hommage de la 11* Iwraison de leur Atlas de France;

La Societe Asiatique offre le 22^ cahier de son Journal ;

La Societe d' Agriculture du ddpartement de la Seine-Inferieure , le 12* caJiier de VExtrait de ses Travaux.

La Societe d* Agriculture An ddpartemenlde Tlndre, le 17* cahier de ses Ephemerides.

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VViiVVVVVVVVVVV\A'VK\^\V\a\VVVVVVVVVVVVVVVV\\'VV\VVVVvVVVV\VVVVVVVVVt\\vVVVVVVVV\^

DOCUMENS.

ClRCULAlRE ewoyee par la Commission Centrale avec des reglemens et des programmes de prix.

Paris, le 7 mai 1824.

M.

Vous cntrelenir de la Societe qui s'est formee a Paris pour les progres de la Geographie, c'est vous parler d'une entreprise creee dans les vues les plus utiles et les plus honorables. Personne n'ignore, en effet, que cette science est indispensable pour culti- ver avec fruit les autres branches des connaissances humaines , auxquelles elle sert d'introduction ; mais combien il lui reste de conquetcs a faire ! combien de parties du globe a explorer, a de- crire , nieme au sein des regions civillsees ! Convaincus que la Geographic reclamait de puissans encouragemens , plusieurs amis zelcs de la science ont fonde une association qui , des son ber- ceau , a compte pros de trols cents membres de tous les rangs , de toutes les conditions, nationaux et Strangers. Depuis, la So- ciete a fait des acquisisions precieuses , et les hauts fonctionnaires de TEtat se sont fait gloire de lui preter un genereux appui. Elle appelle tous les hommes eclaires a cooperer a ses Iravaux; le nombre de ses membres est illimite ; des fonds sagement adminis- Ires , qui s'augmentenl du prodult des souscriptions annuelles , assurent a la Societe des ressources qui lui permettent, d^s a pre- sent , de remplir sa destination : elle ne compte pas trois annees d'existence , et dcja elle propose des prix pour une somme de 7,700 fr.

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Mais , M , ce serait peu que le ddvoueinent et I'activitt?

de ses fondateurs , si , dans chaquc pays , loutes les personncs zclecs pour les sciences ne les assislaient dans Icurs opdralions ; si dies ne contribuaient a faire connattre Tinstitution , a repandre les programmes et les questions qu'on adresse journellemenl aux savans, aux voyageurs et a lous les amis de la Geographie. II ne manque a ces operations qu'une plus grande puLlicile pour ctre cncouragees , appreciees gendralemcnt. Nous invoquons done , M , le secours de vos lumieres, de votre zele, pour pro-

pager la connaissance de ces Iravaux , soit par vos propres efforls, soil par la voic des journaux qui se publient au lieu de votre residence.

Peut-dlrc , M , votre position vous niet-elle a uieine de

rencontrer des personnes instruites disposees a enlrer en rapport avec la Socidte ; veuillez les lui faire connaitre : si quelque bon mdmoire inedit, quelque relation de voyage, quelque notice ou nouvelle sclentifique , ayant pour objet la Geographie , ou les connaissances qui s'y rattachent , parvenaient jusqu'a vous ; ou Lien si quelque voyagcur instruit traversait vos contrees , veuillez nous en informer. La Societe publie des memoires, des relations ineditcs et mi bulletin de ses seances ; les materiaux que vous lui adresseriez trouveraient, scion leur degre d'imporlance, une place dans June ou I'autre de ces publications; Ton ne manquerait , dans aucun cas , de faire honneur a chacun , du travail dont il serait I'auteur.

Tout ami de la science, quelqneloigne qu'il soit da lieu oil la Societe est ^tablie , peut en devenir membre : vous Irouverez dans le reglemenl ci-joiot, les conditions de Tadmission, et vous con- naitrez les avantages qui appartiennent aux souscripleurs. La Commission Ccnlralc qui agit au nom de la Societe , et preside a ses travau:v , dans b vue de faire participer a ces memcs travaux lous icS" mcmbrcs de I'associalion , meme les plus cloignes , adresse reguliercment a lous les souscripleurs, les premiers jour;;

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de chaquc mois, et sans IVais, le bulletin <]ui annoncc la marchc de ses operations.

Tel est, M , le plan que suit la Socielc de Geographic,

avec une perseverance infatigable : elle se flalte de trouver dans votrezele et dans vos lumieres, un precieux appul, elde parvenir ainsi au but qu'elle s'est propose , Tavancement des connaissances et le bicn de I'humanite.

Nous saisissons cette occasion , pour vous offrir au nom de la Socicte de Geographic , I'expresslon de la consideration distin- guee avec laquelle nous avons Thonneur d'etre , M

Vos tres-humbles et tres ob^issans serviteurs.

Les President el Secretaire de la Commission Centrale.

V\)^VVOK\ fail it la Commission Centrale de la Societe de Geographie , dans sa Seance du ^fevrier 1824 , parM. i?oux. (i)

Messieurs ,

Les leltres adressees, en i683 , par Jean Sobieski , roi de Po- logne , a la reine Marie-Casimire , son epouse , ont ete publiees a Varsovie , par M. le Comtc Edouard Raczynski , uiembre de la Societe de Geographic. L'editeur vous en a adresse un exem- plaire ; et pour vous rendre compte du merite de cet Ouvrage , qui est ecrit en polonais , vous avez desire qu'une des lettres fAt traduite.

En vous prescntant cette Traduction , faite par M. Bigot de

'*■ -■ - - .- .■-.-.■■- ^ - - . .

(2) Voyez ci-dcssus , ii" lo, pag. 189

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Morogues , attache au Ministere des Affaires Etrangeres , je crois , Messieurs , pouvolr y joindre quelques observations sur rim- porlance que le nom de Sobieski et Teclat de son regne donnent a celte correspondance.

L'histoire , qui nous conserve les faits memorables des heros , cntre rarement dans les details de leur vie privc^e. En les propo- sant pour modeles , elle choisit tons les traits qui les ont illustres ; elle neglige ceux qui les rapprochaient de nous , corame si elle avait une nature ideale a peindre , comme si c'^lalt deroger que de tenir de trop pres a Thumaniti^.

Mais ces brillantes relations ne suffisent point a qui veut con- naitre les homines. Les plus remarquables de tons n'ont pas et6 conslamment exposes aux regards publics. lis ont eu le bonheur d'echapper quelquefois a Tadmiration , a Tenvie qui la suit de pres , a tous les embarras d'une bruyante renommee.

Pour lire au fond du coeur d'un grand homme , et pour retrou- ver les premiers germes de scs pensees , ce n^est plus a son histo- rlen que je m'adresserai ; et s'il a laisse quelque correspondance , ecrile avec I'abandon de I'amitie , sans qu'on puisse supposer qu'elle alt ete destinee a voir le jour , je croirai qu'Il s'est peint tel qu'il etalt : son ame me sera d^voilee ; je reconnattral Thomme dans son style.

Cc caracterc de verite doit se retrouver dans un Recueil de Lettres , adressdes par Jean Sobieski a la Reine son epouse , pendant la campagnc memorable ou il fit lever aux Turcs Ic siege de \ ienne. Ccttc correspondance , ignorc^e pendant cent-quarante ans, a ^te relrouvee dans des archives de famille , par M. Edouard Ptaczynsky : elle vient d'etre publiee par ses soins , comme un monument historlque el litterairc bien digne d'Inleresser la Pologne , cl comme un hommage rendu .t la mdmoire d'un de ses plus grands Rois.

Si Ton s'attachc a Tepoque oii ces lellrcs furent ccrites el aux

evenemens qti'elles rappellent , cet Int^rSt augmente : il ne se borne point a la Pologne ; il embrasse I'Europe entiere ; car Sobieski fut , dans cette campagne , le defenseur de toule la chre- tiente ; et la defaite de Cara-Muslapha , sous les murs de Vieniie, delivra la civilisalion meme des dangers qui la menagaient.

Que Ton se represenle une armee de deux cents mille hommes aulour de Vienne , qui n'a que treize inlUe defenseurs. La tran- chee est ouverle depuis deux mois : les assauts sont frequents : la plupart des premiers ouvrages sont emporleS : le corps de la place n'est encore soulenu que par des efforts inouis de Constance et de courage ; mais les forces des assieges s'epuisent ; la famine fait des progres ; les munitions sont consumees ; le desespoir est au fond de tous les cceurs. Tout-a-coup des tourbillons de flamme s'elevent sur les hauteurs du Kalemberg ; ce sont les feux du camp de Sobieski. Vingt mille Polonais s'avancent avec leur Roi, et se reunissent a Tarmee imperialc : les ennemis sont attaques et tallies en pieces. Sobieski est dans leur camp ; et c'est de la lente du Grand- Visir qu'il annonce a la Pieine , dans une de ses lettres , que Vienne est sauvee.

Les Turcs , apres cette grande defaite , qui eut lieu le i3 septembre i683 , se retirerent pr^cipilamment en Hongrie. La moitie de ce vasle royaume leur appartenait alors ; et les aulres provinces avaient ete soulevees contre 1 .Enipereur Leopold , par Tekeli , dont les Turcs avaient embrasse la cause. Mais ils furent rapidement poursuivis par les troupes viclorieuses. Sobieski tenait encore la campagne : il la termina par la prise de Gran , Tunc des plus imporlanles forteresses de Hongrie , et II revint en Polo- gne , fameux par ces nouvelles vicloires , comme il I'avait ete par celle de Choczlm., avant son av«5nement au Irone.

Cetle campagne de cinq mois est le cadre de sa correspon- dancc; mais nous pouvons juger par une de ces lettres , dont nous avons la traduction sous les yeux (i), qu'en ecrivant a la Reine

(i) CeUc k'tirc est la vingt-seplieme du lecuciL

il ne rcntrclenalt souvent <ks tHenemcns niilitaircs que d'une maniere incidcnie. Cc sont dcs epanchcmens d'amilie ; c'est I'expression de ses scntlmcns pour die , pour la Pologne ; c'est le desir do recevoir souvent dcs nouvelles de ce qu il aime Ic plus.

D'autres leltres auront sans doule plus d'importance; mais on jugc peut-etre niieux de la simpllcite d'un grand-homme dans le commerce ordinaire de la vie , par una lettre ou il peint ses affections personnellcs , que par celles ou Jl'aurait a se mettre en scene , et oii le recit d'un grand ^venenicnt donnerait plus d'exal- tation a ses pensees.

II serait , sans doute , a desirer qu'un homme de lettres entre- prit la Iraduclion fran^aise de cettc correspondance enliere. La lecture en serait recherchee dans un pays ou Ton rend une espece de culte aux grands-hommes , ou Sobieski avait voyage , ou cnfm il avait choisi son epouse. La Reine a qui ces lettres sont adressees etail frangaise : elle appartcnait a la famille de La Grange , nom tour-a-tour illustre dans les armes ct dans les sciences : elle eut elle-menae a se faire gloire d'avoir fixe le coeur d'un grand-homme ; et condamnde h lui survivre , elle vint finir ses joiu-s en France.

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Proposition de M. Malte-Urun , sur la publication d'un recueil de questions. (Seance de la Commission centrale, du 7 mai. )

Messieurs ! je demande la permission de resumer les proposi- tions que j'ai failcs, soil dans le sein de la Section de correspon- dance , le 3 mars, soit dans votre remiion du

\'olre Section de Correspondance, s'occupe avoc le zele le plus aclif de I'envoi des <jueslions que plusicurs mcmbres ont dress(5es pour des voyageurs qui ont demande dcs instructions a la Socidtc , ou pour des correspondans qui , places dans

lies situations favorablcs , se livrent a dcs observations sur des pays peu connus ct deslrenl elrc guides par vos conseils. Tres- souvent ccs questions sont de nature a pouvoir en nieme-lcmps occuper plusicurs observateurs ; ellcs cmbrassent des localltes etendues , elles 'suivent des routes convcrgenlcs , ou enfin elles touchent a des fails generaux qui peuvent etre observes simultane- nient en plusieurs lleux. En general , aucune recherche dc geogra- phic, de statistique, d'ethnographie, ne peut amener un resultat satisfaisant, sans le concours de beaucoup d'amis de la science , reunis par la meme idee et diriges vers le meme but. X.e voyagcur isole , I'observateur a poste fixe, peut aujourd'hui esperer de se faire aider par les houmies instruits qu'il peut rencontrer; Fesprit qui rcpand parmi les nations civilisees , bannit de plus en plus cette etroite jalousie qui jadis armait les voyageui's dune defiance mysterieuse. La Socie'te de Geographic qui professe un pur anaour de la science , a fait un appel a tons les amis des connaissanccs gcographlques , disscmincs sur le globe. La publicile dc ses re- cherches resullc de ses principcs niemes ct ne peut en tout cas que lui etre honorable. Des socieles savantes et des ctablissemcns celebres', ont donne rexemple dc publications semblables.

Non sculement un recucil de questions iniprimces est Ic nioyen le plus commode pour conimuniquer a tons les voyageurs , a tons observateurs les idees , les vreux de la Societe ; non scule- ment, ce mode de correspondance , en assurant de plus grands succes que I'envoi par manuscrit , n'cntrainera gueres un surcroit r^el de depenses ; mais il aura encore le resultat de faire naitre , par la reunion successive des cahiers, un ouvrage d'une haute uti- lite pour les savans el les voyageurs , un monument scientifique sur lequel cliaquc mcmbre de la Socielc pourra inscrire son nom ct qui, meme dans le cas d'un resultat peu favorable, attcstera au mondc savanl les vucs eclairees qui dirigent voire association.

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Vwvpom: fait au nom des sections de Coirespondance de PuhUcation, sur la proposition de I\J. Malle-JBrun , relatii>e ii la publication des Questions (^j) ; par M, Alex. Barbie du Uocage.

Messieurs,

Une proposition d'une haute importance a ^te falle a la section de Correspondancc , par Tun de vos membres, en qui vous avez deja , et avec raison , place plus d^une fois votre confiance ; et la Section , frappee de son ulilite reelle , Ta prise en consideration. 11 s'agissalt , Messieurs , de donner la publicile la plus etendue possible aus operations de la Section ; il s'agissait de faire partl- ciper aux travaux de la Societe , non pas seulement votre Com- mission cenlrale , non pas seulemenf la Societ(5 tout entiere , mais m^me les savans de toutes les contrees, les voyageurs de tous les pays , les amis de la science , comme ses adeptes , el d'etablir ainsi entre eux et la Societe de Geographic, un lien dont la chaine ne pfit jamais se romprc. Quelle proposition dut sourire davantage a voire Section de Correspondancc ! Charge de la tenue de ses proces-verbaux , je vous ai communique celui du 3 mars dernier, oil cette proposition se trouvait relatee. Elle vous a paru , comme *i toute la Section , meriter un examen attenlif.

Cette proposition ayant pour but de facilller , d'accelercr les travaux de la Seclion de Correspondancc, el ce but ne pouvant fitre atteint, d'apres la proposition elle-m(*me , que par le fait do la publication , vous avez voulu , Messieurs , que les deux Sec- tions , celle de correspondancc et celle de publication , concou- russent a son examen. Elles se sont r^unies ; el cest Ic resultat de lenr travail , c'est Icur jugement , que je suis charge de vous ex- poser.

(i) \ nv«z ti-iiessus p.ig. ^o.

73

L'ulilil^, rimportance de la proposition fut parfailement sentie, appr^cieepar chacun desmembres des deux sections, malgre quel- ques Inconveniens , qui , bien peses , n'ont point paru devoir la faire ecarter. La proposition renfermait la lisle des series de ques- tions deja redigees (i) ; et Ton objectait , non sans fondement , que les auteurs , en ies redigcant , n'avaient point songe qu'elles seraient exposees au grand jour de la publicile ; qu'il y aurait de rinconvenient, k publier des travaux qu'ils n'avaient jamais cru devoir subir Tepreuve de Timpression; mais il fut aise de r€- pondre que le travail deja fait pourrait elre repris par ses au- teurs , et qu'il serait loisible a chacun de rediger de nouveau la serie de questions qu'il aurait deja donnee ; et , quant a Tavenir, on vit dans celle publicile une sorle de garantie des travaux des redacleurs de Questions.

Cette difficuhe levee , d'autres se presentaient : i" les Questions etantspeciales, et, par consequent, adressees a des voyageurs par- ticuliers , ou a des correspondans jouissant de la confiance de la la Socicle , n'y aurait-il pas des inconveniens a publier ainsi et a grands frais , des Questions qui ne pourraient servir qu'a un petit noinbre de personnes ? 2" Les Questions etant ainsi redi- gees et envoyees imprimees, ne risquerait-on pas devoir plusieurs personnes travailler sur les memes points, ou s'attacher aux mo- nies difficultcs ? 3" Ne courrait-on pas la chance de voir sans resultat des Questions qui , n'etant confiees a personne en par- ticulier, par la raison qu'ellcs seraient adressees a tout le monde, ne sembleraient point a ceax a qui eiles seraient envoyees, leur conferer la mission speciale de les resoudre ?

(2) Depuis ce rapport, fie nouvelles series de qucsllons onl tie soumises a a la Section : i" sur ia Polognv , par M. de Larenaudiere , niembre adjoint de la CoiDRiission ccnlrale ; 1" sur Conitantinnple et ses ent'irons , jtar M. Barbie dii Bocuge Ills aine , aussi menibre adjoint j 3" sur Brousse el s^s environs par le uieme; \" siir lies jJleoutes et Sandwiched sur la Califirriue, par M. Charts , niembre do la Socicle.

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Ces dlfficult^s iiKTitaient unc serieuse allcnlion : cllcs out cle examindcs avcc soin. 11 a paru qu'au luoyen <lcs divisions que Ton pourrait introduire dans la colleclion des Questions , il serait fa- cile dc remedier au premier des inconv^niens signal^s. -Quant au second , on a pense que si plusieurs personnes s'occupaient en m^me temps et sur las memes points , des mSmes objets , cetle concordance de travaux devicndrait au contraire un avantage pour la science, en ce sens, que Ic conlrole des operations de Tun s^e- taWirait tout naturellenicnt par les operations de Tautre. Dans Ic troisieme cas, enfln , une simple lettre suffira pour conferer une mission directe.

Voila , Messieurs , la reponse aux inconveniens de la mesure signales ; il ne reste plus qu'a vous parler des avantages qu'elle pre- sente.

II faut considerer que ces questions sont d'un interet general. I\edigdes avec une cerlaine ctendue et avec lucidite , elles se- ront comprises de chacun ; cllcs indiqueront et cc que Ton doit fairc et comment on doit le fairc. Portccs a un grand nombrc , dies peuvent embrasscr toutes les rcchercbcs a fairc , tous les doutes a eclaircir. Chacun , le savant lout aussi bien que le voya- geur , y trouvera des sujets de meditation ct de travail riches et varies. Que les questions soient simples , elles seront aisement re- solues ; qu'elles soient dune nature complexc , c'est alors que ce concours de travaux dont nous vous cntretenions tout- a-riicurc, et qui cstimplicilcment consacree par la mesure proposee cllc-memc, deviendra precicusc. S'il est incerlain, s'il est rare, en effct, qu'un seul honmie puisse , dans ce cas, les resoudre com- pletement, quel avan[age ne retirera-t-on pas de la cooperation de plusieurs personnes, agissant de divers points de depart ct sur des lignes convcrgentes. Avant meme qu'il se soit dcoule un long temps, ces Questions pourront presenter, sur toutes les parties du globe , un corps complet , qui deviendra un livre utile a tous Ics voyageurs cl a tous les amaleurs des connaissances geogra- phiques ; cl dc plus , en adoplanl ccllc mesure , on cncou-

75 rage la redaction des Questions, on satisfait a Timpaticnce du pu- blic, et I'on dtend partoutet jusquc danslcs pays Ics plus eloign^s, Ic nom dc la Societe. Mais outre tous ces avantages , la ine- sure nouvelle offre encore celui de simplifier et par consequent de faciliter les moyens de correspondance.

L'utilite de inettre ces questions au grand jour parut tellement evident^ et incontestable, que TAssemblee reconnut unanimement le principe de V impression et de la publication.

Mais c'^lait pcu que d'admettre ce principe , si I'on n'en reglait Tapplication. Tous les avis pouvaicnt tendre au meme but, et ce- pendant chacun varier sur les moyens d'y arriver. Rien ne pre- sentait en effet autant de difficultes que de determiner le mode d'execution que Ton devait preferer. Plusieurs membres, et entre autres M. Cirbied , qui avait deja deposd sur le bureau un pro- jel tout redigd , firent diverses observations, tant sur la distinction a etablir entre les Questions generales et les Questions speciales, que sur Tordre a adopter pour le classement des maticres Quelques discussions purent s' engager; mais le rcsultat de la deliberation nouvelle fut : i*' que Ton nommerait un Comite special charge de rdgler ce mode d'execution , et meme de le suivre; 2" que ce Comite serait compose de ««y membres et mixte, c'est- a-dire que les trols sections y seraient representees. Ce Comite vous soumettra lui-meme son travail.

L'Assemblee n'aurait pas cru avoir entierement rempli sa mis- sion, Messieurs, si elle ne s'^tait occupde du soin de vous pro- poser les cinq commissaires qui doivent composer ce Comile, Elle les a designes , stance tenante , au scrulin secret et a la majorite absolue ; ce sont :

i" MM. Jaubert et De Ferussac , pour la section de corres- pondance ;

2" MM. IJe Freycinet et Roiix , pour la section de publication ;

3" M. M^aclkenaer , pour la section de comptabilite.

76 En definitive, Messieurs, nous sommes chargds de Vous pro- poser :

I" d'adoptcr, en principe, Y impression ci\A publication i^cs Ques- tions (leja remises, ou a remetlre 4 la section de correspon- dance ;

De confier tout ce qui ticnt a I'ex^cution de cette decision a un Comite special et mixte de cinq membres;

S^Dc prononcersur \cchoix des cinq membres hU^ar TAssemblee.

Telfcs sont les idees et Ics reflexions que rinl^ressante propo- sition de M. Malte-Brun a fait nailre ; telles sont aussi les deci- sions qu'elle a provoquees, ct qui ont cle prises par les deux sec- tions reunies. Nous les soumetlons. Messieurs, a voire sanction.

Paris, le 20 mai 1824.

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Melanges de Geographic envoy es par M, Bresson.

Washington, le 2J J<k-enibre i823.

Kouvelle erprdillon dii major Long. (1) Une seconde expe- dilion scientifiquc vieni d cire tcrminee sous les ordrcs du major Long. C'est ce meme officier, qui, en 1820, s'esl avance h Iravcrs la partic occidentale de la Vallee du Mississipi jusqu'au pied des monts Rocky.

Le 3o avril dernier , il quilla i hiladclphie , el , dans I'espace desixmois, il completa un voyage d'environ Sooomilles, k travers des contrces inhabitccs et, en parlie inconnues. Voici Titineraire des voyagcurs quil dirigeait.

De Philadclphic , ils sc rendlrcnt Wheeling sur TOhio , tra-

(i) Voir torn, i, pag, 289 ct suiv-

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vers^rent Ics etals de I'Ohio , de I'Indiana et des Illinois , atteignirent le Mississipi au fort Craw-Ford , le remonterent jusqu'au fort Saint-Anthony , a I'embouchure de la riviere Saint-Peter , et le Saint-Peter jusqu'a sa source. Cette riviere traverse deux petits lacs, i'un appele le Lac quiparle^ 1' au- tre Big-Stone. Au dessus de la source du Saint-Peter , ils rencon- trerent un lac nomme Lac-Tnwers , dont les eaux se dechargent dans la baie d'Hudson par le Red-River qu'ils descendirent jus- qu'a son embouchure. Apres avoir touche au fort Douglass , situ^ k la jonction des rivieres Rouge ( Red-River ) et Assiniboin, ils attei- gnirent le lac Winnipik , le traverserent a son extremile meridlo- nale , remonterent la riviere Winnipik jusqu'a sa source , le lac des Bois , la riviere et le lac Rainy, et , cotoyant une chaine de petits lacs , dont les principaux sont : les lac Namakan ou lac Es- turgeon , lac de la Croix , lacs Deadman etHyogon , Wandigo ou Cannibal , Michisagaegun ou large lac , etc. , ils arriverent sur ce plateau qui separe les eaux de la baie d'Hudson de celles du Saint-Laurent. Nos voyageurs se dirigerent ensuitc par le lac Cold water ( eau froide ) , la riviere du Chien ( Dog-River,) , et le lac du meme nom , vers le fleuvc Kaonanatakwoya , qu'ils naviguerent jusqu'a son embouchure dans le lac Superieur , au fort William.

Les contrees que le major Long vient de parcourir n'ont point encore ete decrites en totalite. II est probable qu'aucun voya- geur n'avait , avant lui , remonte la riviere Saint-Peter. A tout prendre , le pays situe au nord-ouest du Mississipi est a peine connu. Le major Long parle avcc admiration des rives du Win- nipik. Ce fleuve , dont le cours est frequemment interrompu par des rapides et des cascades du plus pittorcsque effel , coulc entre deux remparts escarpes de rochers de granit , couronncs de ver- dure. Le contraste entre la grandeur et la variete des scenes qui se developpaient successivemcnt sous leurs yeux , et I'uniformit^ fatigante des immenses savannes qu'ils avaient jusque-la Iraver- secs , augmenlait encore I'interSt du tableau, lis renconlrercnt

78

plusieurs Iribiis crrantcs d'lndlens , quiles re(;urent avec hospiia- litL- el k'Lir donnorent des renseignL'iiiens piecleux. Dcs planles ft des aniinaux , donl lis eureiit a crcer les uoms , s'offrirent par- tout sur leur route. La relation de celle expedition sera publico incessammenL J'en rcudrai un coniplc delaille.

Recensement de la nouvelle Espagne en 1832. Jc Irouvc dans un ouvragc dedl^ a Don Auguslin llurbidc, Ic tableau suivant ou ap€r9u de la ISowe/le Espagne ^ en 1822.

laeucs quarr(^es 118,478.

Districts 242.

Paroisses 1,072.

Missions i65.

Villes 3o.

Bourgs 95.

Villages 45682.

IMines 206.

Habitations 3,74g-

Hanieaux 6,684.

Bcrgcries ijigS-

Couvens de religieux ct de nonnes. 264-

Populalion.

Pr^lres 41229.

Religieux 3,2i2.

Religicuses 2,098.

Espagnols 1,097,928.

Indicns 3,076,281.

Classes mixtes 1,338,706.

Total. . . 6, 122, 354- Ilabilans par lieuc cjuarrcc. . . . Sa.

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Le recensenienl officlel qui a cu lieu dans la ville de Mexico ., au mois de juin 1822 , lui domic pour population 168,846 indi- vidus; g2,838 du sexc fc^minin, el 76,008 du sexe mascuiin : excc'- dant i6,83o.

Canal entre I'Ocean Padjique et V Ocean AUantique, Un elran- ger a propose au Gouvernement de Colombia, de faire communi- quer par un canal les Oceans atlantique et pacifique. La ddpensc est calculee a 200,000 dollars , et I'entrepreneur demande le privilege exclusif de sa navigation. Ge canal, destine h. unir la riviere Atrato a I'est , au San-Juan a Touest , aurait peu d'etendue , parce qu'il serait facile de creuser les lits des deux ri- vieres de maniere a rendre leurs cours presqu'entiercment navl- gables. Le president Bolivar se disposait a se rendre sur les lieux pour juger par lui-meme du plus ou moins de possibilite de I'exe- cution.

M. de Humboldt indique ce point de communication entre les deux Oceans , comme I'un des plus faciles a ^tablir , et comme deja etabli par un canal qui n' aurait besoin que d'etre considera- blement elargi.

Cnie subite des eaux du Lac Erie. Le 3o mai dernier , un peu apres le coucher du solcil , les eaux du lac Erie , alors calmes et unies, s'accrurenttout-a-coup dansune proportion extraordinaire. Ge phenomene fut surtout observe aux embouchures des deux ri- vieres Otter et Kettle , a vingl milles de distance I'une de Tautre. Pres de I'Otter, le lac s'cnfla sans gradation a une hauteur pcrpen- diculaire de g pieds, repoussa violemment le couranl de la riviere, arracha de ses ancres une goelette de 35 tonneaux, et la porta a quelque distance sur le rivage qu'il franchit , couvrant au loin les terres environnantes , de 7 et 8 pieds d'eau. Gette premiere crue fut suivie de deux autres , qui firent rebrousser la riviere d'un millc et demi. Le bruit de celle invasion rapide des eaux du lac, dans le (■anal tortueux de TOtter, avait quelque chose de terrible.

8o

Pres lie la riviere Kettle , quelques pecheurs , occupes a retirer de Teau leurs filets, apper^urent tou(-a-coiip Ic lac qui s'avan^ait au-dessus de leurs teles. Us se liatererit de fair ; inais le (lot les atteigiiit avant qu ils eussent pu se mettre en sArete , el les lan^a a distance avec une violence extreme ; ils ne durent leur salut qu'a leur adresse comme nageurs. Le canot de p^che , dans lequel I'un d'cux dtait reste, porte assez au loin sur le rivage, fut retenu par une petite eminence jusqu'a Tabaissement des eaux. La , comme pres de TOtter, il y eut trois crues ; leur effct fut le meme sur le courant de la riviere , avec cctte difference que Televalion de I'eau n'exceda pas 7 pieds. Le lac , apres eel effort surnaturel , s'affaisa peu a peu , et dans Tespace de 20 minutes, il avail repris son ni- veau efsa tranquiljite ordinaires. On observa sur d'autres points ce meme phenomene , mais rescarpcment des rives prevint de semblablcs effcls.

Changement subit de temperature a Tampico, Le 21 octobre dernier, le vent ayant tourne au nord-ouest , un changement su- bit de temperature se fit sentir a Tampico sur la cole occidentale du Mexique : le thermomelre s'abaissa , en 8 heures , de /^o de- gres de Ferenlieit. 3oo personnes en devinrent malades en une seule nuit, dans la vlUe et les environs. Plus d'un tiers en mourut_ La goiilelte des Etats-Unis , le Grampus , qui se trouvail a Tancre dans le port , cut , en 2 heures , 16 hommes malades. Le capitaine mil a la voile immediatemenl, a 20 lieues dela cole , Tatmosphere etai t douce et temperee. Tous les malades se retablirent subilement, a Texceplion dun seul qui succomba.

ExTRAlT d'une Letlre adressee par M. Leschenault de La Tour , a

M. Jaubcrt.

« Mon sejour a Rio- Janeiro a (5tc d'un mois. Je me suis pro- « cure vingt-un plants vivans du the de Chine , que jc transporte i » Cayenne; celle belle acquisllion , pour nos Colonies et pour Ic » Midi de la France , sera Tun des resullats heureux de ma inis-

8i

»> slon actuelle. Je transporte encore quelques plants de I'herbe » du Paraguay ( I'kco vomitoria ) , et un grand nombre d'arbres » fruiliers et de plantes alimentaires. ••

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ExTRAlT d'une hllre de M. A. Koenigh , a son pere , datee de Wadi-Klialfa , le 2 fevner 183 4*

« Mon voyage jusqu a ce jour n'a pas ete bien penible , en ce

» que je suis monte par le Nil jusqu'a la seconde cataracte. Mais,

me voici desormais habitant du desert, pour sept ou huit mois ;

j> et comme je connais un peu ies lieax de mon sejour futur , je

» me prepare d'avance a souffrir. Je me felicile neanmolns d' avoir

» entrepris un voyage aussi interessant et dans des contrees si peu

» connues.

3> Notre expedition se c ompose de sept Fran^ais ; et j'ai dans » ce nombre un compatriote. Enfin jamais entreprise ne se fit » sous des auspices plus favorables.

)> Voila a peu pres huit jours que nous sommes campes id, en u attendant 100 chameaux que le Bey de Dongola doit nous en- » voyer pour nous rendre dans ses dtats. Nous irons de la k CJiendi, » a Sennadr , a Kordofan ( aucun Europeen n'a encore pe'netre » dans cette derniere contree ) ; et si mon voyage ne se prolonge » pas plus loin , je retournerai en ligne directe a Dongola par le » desert. »

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ApeRQU du Memoire de M. Coraboeuf , presente dans la seance du

21 mai.

M. Corabizuf^ chef d'escadron au Corps-Royal des Ingenieurs- Geographes , et membre de la Societe de Geographic , vient de lui adresser un Memoire intitule : Mesure geometrique de la hauteur

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de qiwlques sommites des Alf>es. Cel Ouvrage inlcressant est le fruit <lcs operations gcographiques dc cct habile ingenieur , cxccutces dans la Savoie , en i8o3 et i8o4 , el en llalie , pendant les an- necs 1806, 1809 et 181 i.Le31ont Klanc, le Mont-Rose etleMont- Viso , sontles principaiix points determines par ces observations, avec toute la precision desirable. L'auteur expose en detail les donnees et les calculs dent il a fait usage el a Taide desquels on pent apprecier le mdrite des r«sultats qu'il a obtenus. Ces resultats different notablement de ceux qu' on a coulumc d'admellre dans les tables des hauteurs du globe. Ce qui ajoute h I'inter^t de ce tra- vail , c'est une comparaison faite par Tauleur , enlrc les residtals des op(^rations geomelriques et ceux des observations barometri- qucs faites par Saussure , pour la hauteur du Monlblanc et celle du Glacier du Buet , au-dessus du lac de Geneve : I'accord est tris-satisfaisanf , et digne de ratlention des Geographes et des voyageurs. II est a desirer que I'exemple de M. Coraboeuf soit imite dc MM. les Membres de la Societe Geographic qui vou- draient concourir i la formation du Reciwil de Meinuires ordonne par la Sociele , en commuuiquant les Ouvrages manuscrits qu'ils ont en leur possession et qui seraient utiles a Tavancement de la science.

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Ex"! RAIT d'une lettie de M. James Grey Jackson , ii M. Jomard.

J'ai lu les trols articles que vous m'avez fait i'honneur de me transmeltre par les mains de M. ***. En parlant des Irois voyageurs anglais, qui sont arrives a Bornou, vous dites : « Leur courage est » d'autant plus digne d'eloges qu'ils ont neglige la precaution prise » par tous les voyageurs , et qu'ils ont toujours conserve I'habit » europdcn ». Vous paraissez ignorer les ralsons qui les ont exci- tes a faire le voyage en habit europeen jusqu'au centre de TAfri- que ; je tScherai de vous I'expliquer.

Les voyageurs , en Afriquc , out trop souvent cssayc dc tromper

83

les habitans de cc continent , en adoptant le costume du pays. Burckhardt s'est expose a de grossieres insultes. Ritchie cX. Lyon ont tache en vain de persuader aux Africalns qu'ils etaient Musulmans. Badia , dit Aly Bey , qui pretcndalt passer pour IVIusulinan , a excite les soup^ons et Tindignatlon des Maures , quand on a de- couvert , par ses cors aux pleds , qu il etalt chretien.

Pour gulder !e jugement de mes conipalrloles , et aussi tout ctranger qui entreprendralt de faire des decouvertes , je nae suls efforce d'eclairclr la vue de ceux qui avalent la direction des Voya- ges d'Afrlque , par une Dissertation que j\ii ecritc sur Ic Voyage du capitaine Lyon en AJrique. J'alme a me flatter que mes Observations publl^es , en 182 1 , sur ce sujet interessant , ont ete pesdes par les trols voyageurs anglais , et les ont determines a faire le voyage en habit europeen ; ce qui ^ a ce que je crois , a contribue a les faire pan>enir jusqu' au centre de VAfrique septentrionale ; et j'espere que tout voyageur , a Tavenir , abandonnera cette espece d'hypocrisie avec laquelle je crols que Ton ne pourra jamais reussir en Afrique.

Agreez I'assurance , etc.

James Grey Jackson.

DR L'IMPRlMEUiE D'EVERAT, IMPRIMEUR DE LA SOCIETE,

T\DE DU CADRAN , N" ifi.

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BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE,

NUMERO QUATORZE.

Seance du [^ juin i824.<

ItJL . le President donnc cominunication d'une Lettre de M. le Buc de Doudeauville , directeur-general des Postes. Cette Lellre annonce que, d'apres les desirs de la Commission Centrale, il a envoye a leurs destinations les Programmes de prix mis au concours , avec les Circulaires qui les accompagnent ; el qu'il faciiitera de tons ses moyens la correspondance de la Societe.

M. Roux , au nom de la Section de Publication , rend compte des mesures qui ont dte arr^tees dans sa derniere Seance, sur Fedi- tion de Marco Polo , et sur la gravure de la carle des Pachaliks d'Alep, d'Orfa et de Bagdad. (Voir ci-apres, documens p. 1,6)

M. de Ferussac donne connaissance d'une Notice sur le voyage du frere Jean de Marignola, dans la Tartaric, la Chine et ITnde. Ce voyage, qui eut lieu dans le cours du i^""' siecle, cinquanle ans apr^s ie retour de Marco Polo , peut renfermer d'utiles notions sur la gdographle des memes contrees. L'examen en est renvoye a la Section de Publication.

M. Warden depose sur le bureau un Mdmoire sur le pays sltu^ entre le meridlen qui passe au Council Bluff et les monts Rocky.

86 La lecture de ce Mdmolre est renvoyee a la Seance suivanle.

M. Sueur-Merlin annonce qu'ii s'occupe de plusleurs Catalogues de la Bibliotheque, par noms d'auteurs , par ordre alphabetique et par ordre de matiercs; afin que les Membres de la Socicld , auxquels cetle bibliolheque sera toujours ouverte, puissent plus aisement y faire des recherches.

Seance du iS juin.

M. le Conseiller d'Elat Comte de Montlwaut, prefel du deparle- ment du Calvados, remercie la Sociele de I'envoi qu'elle lui a fait de ses Reglemens et des programmes des prix qu'elle a mis au cou- cours. II annonce qu'il leur donnera loule la publicite possible , en les faisani inserer dans les journaux de son deparlement ; et il apute qu il esp^re procurer a la Societe de nouveaux memljres ; et qu'il ne manquera pas de se meltrc a la tete des Souscripteurs.

M. Grey Jackson ecrit a M. le President pour lui annoncer I'en- voi de plusieurs exemplaires dune brochure qu'il vient de pu- blier , sur la conformile de Varabe occidental avcc Varabe oriental. L'auleur la regarde comme utile aux voyageurs qui ont pour but de parcourir TAfrique.

M. Vauvilliers , secretaire-general du Ministere de la Marine, ^crit a M. le President qu il fait distribuer dans les ports de France et dans les Colonies , les reglemens et programmes des prix, avec la circulaire qui les accompagne.

M. le Baron Delessert annonce a la Societe que M. Balguerie^ ndgociant de Bordeaux, s'est charge d'un grand nombre de circa- laires et de programmes pour le Commerce maritime, et qu'il porte k cent francs sa souscription annuelle, comme Membre de la Societe.

M. Jaubcrt previent la Commission Centrale du depart de denx voyageurs pour Tifiis et pour lous les pays qui avoisinent la Georgle ; il fait part , en meme-temps , du desir qu'ils ont de recevoir les

8; instructions de la Soci^t^, et de rdpondre aux questions qu'elle voudrait bien leur adresser sur les diverses contrees qu'ils se pro- posent de parcourir. La Section de Correspondance est invitee a s'occuper de la redaction dune serie de questions.

M. 5'//72072o/ propose a la Commission Centrale de donner a ces voyageursune lettre de recommandation pour M. le general Yermo- loff, commandant de Tarmee meridic^pale de S. M. I'Empereur de Russie a Tiflis , et connu par la protection eclairee qu il ac- corde aux decouvertes g^ographiques dans cette contree.

M. Moreau , vice-consul de France a Londres , envoie a la So- ciete un Tableau comparatif de la longueur des divers fleuves et rivieres du globe par M. Wild.

M. Baihie du Boccige donne communication de deux lettres de M. Vidal , interprete du Consulat de France a Bagdad ; elles sont relatives aux environs de cette viUe et a une partic de la Syrie. ( Voir ci-apres , Documens , pag. < g. )

^ M. Malte-Brun fait un rapport verbal sur le voyage de Marlgnola dans la Tarlarie , la Chine et Tlnde , en signalant Ics points qui peuvent servir k eclaircir quelques passages de Marco-Polo.

M. Roux donne communication d'une lettre que la Section de

Publication adrcsse a M. de Hammer , en reponse a la proposition

[ qu'il avait faite d'extraire de quelques ouvrages persans plusieurs,

notions geographiques ouhistorlques, qui pourraient (?lre inserees

dans la meme edition.

M. Jomard communique une note sur un ouvrage recent de M. Froehn , membre de TAcademie des sciences de Petersbourg. Cel ouvrage est relatif aux connaissances des Arabes sur la geographic dela Russie. ( Voir ci-apres, Documens , pag. 102).

M. Malte-Brun donne quelques eclairclssemens sur I'ouvrage de U.Rastnussen , relatif au m^me objet. Sa note sera inseree dans un autre Bulletin.

88

M. JVardcn fait lecture de son M^moire sur le Pays situd cnlre le mdridien qui passe au Council Bluff et les montagnes Rocky.

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Membre nouvcllement admis dans la Socie'te.

Seance du \% ju'in. m M. Balguerie , Negocianl . a Bordeaux.

Ouvjages ojfcrts a la Socieie. Seance du 4- juin.

M. Bajot fait hommage du cahier de mai des Annales maritimes el colom'ales.

M. Ranch , de la 1 7""' livraison des Annales europeennes de physi- que vegetal-.

Seance du \8 Juin.

MM. Perrot et Aupick font hommage de la 1 2""- livraison du Nouvel Atlas de la France.

M. Moreau , d'un Tableau comparatifdc la longueur de divers fleu- ves et rivieres du globe , fait et public a Londrcs par M. Wild.

M. Grey Jackson , de plusieurs cxcmplaires d'un ouvragc intitule' : Sur la ronformite de Varabe occidental avec I'urabe oriental.

M. Senkocvski , dun Supplement a VHistoire generaledes Huns , des Turcs et des Mogols.

La Societe Asiatique envoie le 23"'*' cahier de son Journal.

La Societe de Thuringe envoie deux cahiers de ses memoires.

La Societe d'Agriculturede la Seine Jnferieure envoie \e iS"" ( ahier de rEx,trait de ses Travaux.

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DOCUMENS.

La Society de Geographic s'empresse de publler, dans son Bulle- tin , les renselgnemens qui lui ont et^ communiques par M. Bal- guerie , Tun de ses membres , et Tun rfe ces armateurs distingu^s qui conlribuent le plus par des speculations hardies et bien com- bin^es , a ^tendre notre commerce jusques dans les parties du globe les plus lointalnes et les moins frequenlees(i). L'extrait qu'il vient de nous communiquer dune partie de la navigation du na- vire le Larose, se rendant de Batavia a Manille, a conlre-niousson, fait beaucoup d'honneur aux personnes chargees de I'execulion de ses vastes projets. 11 montrequ'elles possedentles meilleures metho- des d'assurer la position de leur Valsseau et qu'elles ne craignent pas de traverser les parages les moins connus pour abreger leur naviga- tion et se rendre aux lleux ou elles veulent aller par la route la plus dlrecte. Le capitaineChemisard , commandant le navire le La- rose, vient d'en donner un cxemple. Ce capitaine a passe entre I'lle Xulla Talyabo , qui se trouve a TO. des Molluques et la cote orientale de Tile Celebes , au milieu d'lles , d'llots et de dangers tres-peu connus. Toutes les cartes different entr'elles, tant a Fegard de leur forme et de leur nombre , qu'a Tegard de leur situation. Les Anglais et les Fran^ais ne peuvent ciler qu'un bailment qui jusqu^a present ait traverse ces dangers ; c'est la fregage fran^aise la Colombe , commandee par M. Lebrun , partie de Manille le aS

(l) Voyez le Journal ^un Voyage autour du monde , par M. de Roquefeuil, commandant le naviie le Bordelais, arme par M. Balguerie Junior de Bordeaux. Paris i82i , 2 vol. in-8".

Janvier i j55 , et qui est sortie des MoUiiques par les detroits voi- sins de Timor. Le Journal de sa cainpagne existe en manuscrit.

Les details que M. Chemisard donne dans la simple Notice qui nous a «5le adressee par M. Balguerie, nous assurent que ce capi- taine a dA beaucoup ajouter aux decouvertes de la fregate la Co- lomhe. II acquerra des droits a la reconnaissance de tousles navi- gateurs par la publication de Textrait detaille de son journal ou se trouvent ses nouvelles decouvertes, et des carles qu'il ne doit pas avoir manqud de lever d'un parage si peu connu.

RossEL.

Bordeaux , le 6 juilk't 18^4. A M. JoMARD , President de la Commisslnn cenirale.

- Nous avons I'honneur de vous adresser , sous ce convert , un cxtrait du Journal de bord de noire navire le Larose^ de 800 ton- neaux , dernierement arrive de Manille , la Cochincliine cl Bala- via, apres vingt-un mois de voyage. Ce bSliment ayant sejourne asSez long-temps sur la rade de Balavia , y a perdu son premier et son second capitaine , et s est Irouve , par cela nienic , sous la di- rection immediate de M. Chemisard, jcune officicr forme dans noire maisn.i , qui a fait , comme vous pourrez le remarquer par I'lExIrait ci-joint , des decouvertes qui nous paraissenl devoir intd- resser la Soclete de Geographic.

Nous saisissons avcc empressement cette occasion , M. le Presi- dent , pour vous exprimer combicn nous sommes rede\ al>les a nos respectables amis MM. Delessert, de nous avoir fail admellre Mem- bres de Thonorable Society a la l6te de laquelle vous eles place ; jaloux de conlrlbuer a ses travaux et a sa prosperite , nous nous ferons un veritable plaisir dc lui communlqucr tous les rcnseigne-

9* mens qui parvlendroiu a noire connalssance , et dont I'lmpor- tance nous parailra dignc de fixer son attention.

Signes B \LOVEKir. et Compagnie.

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ExTRAlT du journal dii nadre le Larose , dans sa iraversee de Bat(K>ia a Manille , a contre-mousson , par les detroits de VEst, sous le com- mandement du capitaine Chemisard.

L'extremlle occidenlale de la grande ile Xulla Talyabo est coupee suivant le rhumb vrainord lo" est, etpeut avoir 25 miUes d'etendue nord et sud. La poinle ou le cap sud git par i" 5' 6" de latitude sud, et par 122" 07' 10" de Test de Paris, deduite d' ob- servations de distances faites deux jours avant. Ce cap est uneterre morne et Ires-elevee , qui pent s'aper^evoir a i5 lieues et plus en mer : il est probablement delache du corps de Tile principale; mais je n'ai pu m'en assurer. Je le noniraai cap Stuttenberg. A par- tir de ce cap , jusqu'a lapointe qui suit a Test, que je nominai pointe ^Adien- Vat , et qui doit etre la terre la plus sud de Tile Xulla , la cote court est 38" sud.

Vers la parlie N. O. de Xulla, se trouvent quelques ties, petkes, rapprochees , qui m'ontparu etre aunoinbre de trois , et fort pro- che de la cote ; dans Touestde celles-ci , el dans le N N O. du cap Stuttenberg, a 12 ou i5 milles environ de distance , git I'lle que je nommai Larose. Elle est petile , boisee et court est et ouest, I'es- pace d'environ 4- milles ; elle est bordee au sud par un refcif de co- rail , sur Icquel la sonde a donne a un mille au large , 7 et g brasses ; et reauaugmenle graduellement en avan^antau sud. Elle est situee a 3 lieues environ de la cote de Xulla. Dans Touest de Tile Larose , a 3 ou 3 '4 lieues environ de distance , git une ile beaucoup plus elendue, courant nord et sud, ayant 3 a 4 milles de largcur , et 7 environ de longueur. Sa pointe nord git quelque peu au sud de I'lle Larose , ct II s'y trouve un ilot delache. Celle poinle m'a paru 6tre moins large que celle du sud , qui forme conune la base d'un triangle. Jenomntai celle-cl Tile Balguerie-

95 A sa poinle sud, se projete jusques a 6 ou 7 niilles de distance , nn bancde rochers de corail blanc, qui se perd en pointe vers le sud. 11 parait fort clair, et a 3 ou 4 milles d'eloignemcnt, droll dans le sud de I'lle Balguerie, la sonde m'y donna i4 brasses de suite, apres quel- ques jets de g brasses, et sur le plus haut 7 /^ . La poinle sud du banc git N ]S E. , et S S (). avec la pointe est de I'ile Lescan. Cette der- niere, haute et etendue de 6 a 7 milles , E '^ S E. et S. )\ N O. , et de 2 '/j i 3 milles de large , est bordee d'un banc de recifs qui parait dangereux , et pent s'etendre a 3 milles au large. C'est la plus orienlale d'un groupe diles fort nombreux , que j'ai nomme, d'apres le lieu de conslructlon du navire , Tarchipel Gascon. Get archipel est forme au IN E. de deux chaines paralleles d iles de fer fort elevees , qui laissent enlr'elles un canal fort droit , et qui m'a seinble profond , et dont la direction est N N O et S S E. Ces chaines commencent au parallele de Tile Lescan et s'^ten- dent au nord ; et la plus orientale vient joindre la pointe O. de celte ile. Dans le sud et le S E. , et sans inlervalle , se trouve Tautre partie de i'archipel , formee de pelites iles basses tres-rap- prochees , et unies par des bancs et des hauts-fonds qui se pro- i^tent de leur extremlte.

L'ile Lescan git a 5 ou 6 lieues dans le sud , 80" O. du cap Sluttenherg.

J'ai appele Detroit Balguerie celui que je viens de decrire , compris entre I'archipel Gascon et 1 ile Lescan, vers Touest, et I'lle Xulla Talyaba a Test , et qui se trouve forme de trois passages ou canaux , qui m'ont paru tous praticables et offrir un bon lou-

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yage.

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ExTRAIT (Tune lettre ecrite par M. le capilainc Dupperrey, comman- dant r expedition fran^aise de decouvertes , a M. de Freycinet , en date du Port-Jackson , le 3o Janoier 1824.

Commandant, je profite d'un navire qui sc rend en Europcpour vous faireparvenirde nosnouvelles.Parli X Amboine le 28 octobrc,

93 je ne suis arriv^ au Pert-Jackson que le 17 Janvier 1824 Jamais nous n'avons eprouve aulant de conlrarietes que dans cette dernlere travcrsee. La saison descalmes eldes oragcs nous a long-temps re- tenus dans la mer de Banda, et passe les ties Sami^ los vents de S. E. et de S. S. O. nous ont forces a navlguer a une distance considerable des cotes de la Nowelle Hollande. J'ai vainement cherclie les lies Trials A rO. des routes ^ Entrecasteaux et de Baudin : les baleiniers qui frequentent ces parages m'ont assure que ces ilesn'existent pas.

En partant A^Amboine, j'avais le dessein de relachcr a la riviere des Cygnes sur la cole ouest de la Noiwellc Hollande ; niais si j'a- vais perslste dans ce projet, j'aurai perdu un temps inunense, et, d'ailleurs , je n'aurais plus eu assez de vivres pour me rendre au Port-Jackson , seul point ou il me fAt permis de ravilailler la cor- vette. Je me vois egalement dans I'impossibilite d'aller i Ttje Camphell , car les reparations qui nous sont indispensables me retiendront ici jusqu'a la fin de fevrier ; el la saison me'sera alors a peine favorable pour traverser les mers de Chine, apres Texplo- ration des Carolines^ que je vais entreprendre.

En parlant du Port-Jackson , je ferai une courle relsiche a la Nouvelle Zelande. II sera sans doute curieux de voir de quelle ma - niere les missionnaires se sont etablis a la baie des Mi'lle-Iles que Marion a visitees pour la premiere fois. Je toucherai a Tonga- Tahou et aux Jles Fidjii ; et enfin j'entreprendrai la Geographle <les Carolines , que je terminerai par une relache a Guam.

Mon chirurgien-major , dont la sante etait deja tres-alteree eu partant de la France , a eu le courage de venir jusqu'ici : mais il ne pent continuer la campagne ; et c'est avec bien du regret que je me vois dans la necessite d'auloriser le retouren France d'un col- laboralcur aussi zele et aussi instruit. M. Garnot eslgen^ralement reerelli^ a bord dc tous ceux qui s'inldressent au succes de nos Iravaux.

M, le Gouverneur Brisbane nous comble d'amiti^s, Ses ordrcc

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ont eld donnes pour que tout nous soil livrc des magasins du Gou- verncnicnl, scion nos deslrs. Son obscrvaloiie,elanl a Parruniatla , ne pent cUe Ic lieu dc nos observations : niais il nous a donne le fori jMactjuarie , conslruit au bout dc la pointe Banelong a Sydney; ct c'est la que j'observe Ics pendules. Toutes les fois que le Gouver- neur vient a la ville , il ne manque jamais de venir me voir , el c'est toujours datis I'intenlion de nous favoriser de tout son pouvoir.

M. Oxiey vient tout recenunent de faire une decouverte impor- tanle : c'est celle de la rwieve Brisbane , siluee au fond de la baie Moreton. Cette riviere cstaussi large que la Tamise ; ses eaux sont douces , et sa profondeur permettra aux navires de 2 a 3oo ton- neaux de la remonter a une grande distance. Le gouverneur Bris- bane a I intention de fonder uu etablissemcnt sur ses bonis , qui presentent un sol blen supericur a cclui de Port-Jackson.

Sydnev s'embellit tous Ics jours dc nouveaux et magnifiques ba- timens. (^)uant a la legislation , ellc parait avoir subi des change- mens considerables , et les convicts sont actuellement circonscrils dans des bornes plus etroites, ce qui rcmedie a de graves inconve- niens qui d'abord n'avaient point die prdvus.

Je termine cette lettre avec Tespoir de vous dcrire de nouveait avant mon depart duPort- Jackson , etc , etc.

ExTRAir d'une lettre ecrite a M. Louis de Freycinet.

Londi-es, juin 1824.

M. Oxley , ingenleur-geograpbe de laNouvellc-Galles ilu Suil , vient d'ajouter aux decouvertes qu'll avail deja failes dans rinte- rieur du pays, celle d'une riviere d'une dtendue considerable, (loiil rexisteucc avail echappe aux explorations du capilaine Flin- <lcrs, et «|ui ne sc trouvait pas sur la route que dcvail sui\rc le ca- pilaine King. Celle riviere dccbaige ses eaux dans la baie Moreloii, par 27" 35' de lalilude auslrale.

95 En decembre 1823, Ic gouvernemcnl anglais fit explorer cettc Laie , dans la vue d'y fonder un elablissement ou devaient etre relegues les convicts condamnes par un second jugement. C'est pendant le cours de ces travaux que ful decouvcrte la nouvelle ri- riere dont il s'agit, et a laquelle on a donne Ic nom de Riviere Brisbane. Elle arrose une rlchc contree , et est navigable pendant 20 milles pour les vaisseaux qui calent 16 pieds d'eau. Au-dela de cette distance , I'eau est parfaitenient douce. M. Oxley s'avanga encore jusqu'a 3o milles, sans apercevoir de diminution dans la largeur ou dans la profondeur de la riviere , si ce n'est sur un point, a quinze toises du bord , ou une masse de rochers lardtre- cit, en s'elevant de plus de 12 pieds au-dessus de Teau, En cet endroit, et du sonnnet d'une coUine , on peut observer que le cours dc la riviere s etendait encore au-dela d'environ So ou 4.0 milles. Au point ou s'arrcta M. Oxley , la maree monte de 4 pieds 6 pouces ; il fut impossible a cet ingenieur de poursuivre plus loin son investigation, a cause dcs maladies de ses gens, de la chaleur et du manque de provisions; mais il a dA reprendre son exploration a Tautomne suivant. Le pays dtait plat jusqu'aux bornes de Thorizon, dans la direction du Sud au N. O., et aussi loin qu'on pouvalt apercevoir le cours S. O. de la riviere. Cette cir- constance , jolnte au peu de rapidite du courant et a la profondeur du fleuve, fit penser a M. Oxley que la riviere pouvait etre navi- gable pour des vaisseaux considerables a une tres-grande dis- tance , probablement jusqu'a 5o milles au-dela du lieu ou il s'est ariete. 11 n'est pas probable qu'ellc soit sujette aux debordemens ; et, d'apres la nature dupays ct quelques autres circonstances, on ne doit pas croire que cette riviere prenne sa source dans une re- gion montagneuse, mais plutot qu'elle sort dun lac qui pourrait bien 6tre le bassin qui rcgoit tous les lorrens que M. Oxley tra- versa lui-meme pendant son expedition de i8i8, entr'autres le Karry, le Bowen, et les rivieres Field et Peel.

M. Field a lu, a la Socicte d'agricuUure de la Nouvelle-Galles, un Memoire pour prouycr que la riviere Brisbane devait etre

96 r<Scouleincnt du lac intericur dans Icquel finit la riviere Macqua- rie, piiisquo Ic cours entier de cclle riviere se dirige pendant 3oo niillcs au N. O. , ct qu'il faudrait lui supposer unc deviation regiilierc ct immediate de pres dc 4oo mille au N. E. pour se rendre dans la baie Moreton ; et alors I'elevation de sa source au- dessus du niveau de la mer ne donnerait a tout son cours qu'une pente d'environ 2 pieds par mille, tandis que IVI. Oxley a trouve que dans un endroitla pente du Macquarie ^tait de 4^7 pieds pour 5o milles , et dans un autre, de jSo pieds, aussi pour 5o milles environ ; ct d'apres les calculs de sir Thomas Brisbane , ce flcuve aurait, dans une ^tendue de 3o milles, une pente de ii^o pieds; mais une pente aussi considerable paraft impossible la ou il n'y a pas de cataractes; aussi ce resultat doit etre attribue a quelque erreur commise dansTcmploi du barometrc.

Quelle que puisse etre, au reste, son origine, cette riviere est la plus considerable qui ait encore etc decouverle a la Nouvelle- Hollande, et celle qui promet les plus grands avantages a la co- lonic ; car elle procure une communication par eau avec la mer , a une vaste etendue de terres, qui ont paru k M. Oxley susccptibles de nourrir les plus riches productions des tropiques.

ExTRAlT du proces-veiial de la Seance de la Section de Publication ,

du 28 mai i824>

La Section de Publication a examine si un plan de la villa d'Alep , dresse par M. Rousseau , serait joint a la carte des Pa- chalicks d'Alep , d'Orfa et de Bagdad, dont la Commission Cen- tralc dc la Societe de geographic a ordonne la publication. La Section a pcnse que cette addition augmentcrait Finteret dc la carle, sans nuirc au trace du pachalick, qui n'en occupc pas loute I'etendue, et qu'cllc pourrait etre placeedansia premiere feuille, conune le plan dc Bagdad Ic serait dans la seconde.

97 M. R,oux a fait remarquer que ce dessin du plan d'Alep elait anterieur a I'epoque du tremblement de terre qui en a renverse une partie ; mais qu'il etait tres-viaisemblable que chaque edifice en ruine serait releve sur le meme sol et que les quartiers de la ville conserveralent leur ancienne forme , solt parce que les Orien- taux aiment a ne rien changer dans leurs constructions cl dans leurs usages, soil parce que le tremblement de terre, qui a fait crouler les vodtes et la parlie superieure des monumens publics et des habita- tions, en a lalsse subsister les bases, eta ainsi trac^ Talignement des constructions k relablir.

Comnie cette remarque ne s'applique qu'a Taspect general de la ville , ou il serait possible qu'il s'introduisit quelques change- mens particls , la Section a decide, sur la proposition de M. de Rossel, que Ton indiquerait, dans la carte, Tepoque de la levee du plan d'Alep , afin de monlrer qu'elle est anterieure a la derniere catastrophe.

La Section a regu de son secretaire des renseignemens sur I'etat actuel de I'impresslon des voyages de Marco Polo , et sur les dif- ferens travaux qui doivent former I'ensemble de cette publication.

L'impression du manuscrit en vieux frangais est terminee. Celle du manuscrit latin , qui dolt en grande parlie lui servir d'interpre- tatlon , est commencee, et Ton en a execute pres du quart. Un discours prellminaire , dont la Commission a deja entendu la lec- ture , sera place en t^le de I'ouvrage : II sera accompagne d'une Notice blbliographlque sur les editions deja publiees , et d'un/ac simile des deux manuscrits.

L'impression de leurs textes sera sulvie d'un tableau comparatif, dans lequel on rapprochera les varlantes de noms de lleux et de noms propres qui ontele remarquees dans les differens manuscrits de Marco Polo, deposes dans les bibllotheques de la Capltalc;

D'un glossaire des mots en vieux langage dqnt I'expllcation a paru le plus necessaire ;

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D'une suite de notes ou excursus sui difTerens passages dc jVIarco Polo ;

De notions g(?ographiques sur les Heux qui soul rappeles dans sa relation ;

D'une carle destinee h. faire connaltre la situation de I'Asie a Tepoque de ce voyage.

M. Meon , editcur dc plusieurs ouvrages en vieux fran9ais , a suivi rimpression dc cette partie du manuscrit, et en a corrig^ les epreuves.

M. Thory , attachd a la Bibliothequc royale, s'est charge ainsi que lui de faire le relcve des variantes ; et M. Meon , qui va en ras- sembler toutos les parties , s'est egalenient occupe de la redaction du glossaire.

M. Malte-Brun, a qui le travail des notes gcographiques a ete confie , n'attond pour le connncncer que la fin dc celui des va- rianles: et il lui devient indispensable d'en avoir le tableau sous les yeux pour etablir les concordances de la geograpbie de Marco Polo.

Les contours de la carte de ce voyage sont deja prepar(;s par M. Lapie ; mais aucune position de lieux ne peut (?lre fixee avanl que le travail precedent ne soil termine.

Pour indiquer aux Membres de la Societe qui prendraieni part aux notes de cette edition , les differens passages qui pourraient avoir besoin d'eclaircissemens , la Section leur fera rerneltre les premieres parlies de Touvrage lorsqu elles auront paru. Elle a cru devoir attirer personnellement Taltenlion dc plusieurs savans sur quelques-unes des questions qui lui paraissaient nieriter d'etre eclaircies ; mais en leur indiquant celles qui pouvaient le mieux entrer dans la nature de leurs etudes, elle n'a eu I'intentlon ni de regler et deborner leurs recherches, ni de se priver des documens «t des explications que d'autres hommes eclaires voudraient bien lui faire parvenir.

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ExTRAITS de Lettres mlressees a M. Barbie du Bocage, par M. Ho- nore Vidal, interprete dii Comukit de France it Bagdad.

Constantinaple , le 26 mars 1824.

Monsieur ,

La letlre que j'ai eu Thonneur de vous ecrire, sous le N*^ i, faisalt connailre mes divers voyages en Turquie: j'ai depuis entre- pris de nouveau, en 1822, celui aussi pdnlble que dangcreux de la Mesopotamie, que j'ose dire connailre maintenant dans lous les sens. J'ai visile les bords du Kbabour, el par consequenl j'ai eld a meme de prendre de nouvelles notes exactes sur Ballkli-Djullab , Zergan el aulres rivieres dont parle ma relation de Tannee 181 5. J'ai de plus determine , a ce qu'il me semble , assez correcteraent la position de quelques lieux interessans dans la Mesopolamie et sur la rive droite de I'Eupbrate , peu au-dessus de Hile, I'endroit d'ou tirait sa source Djari-Saade , canal que Niebuhr designe sous le nom de Pallacopos. Enfin , je parcourus dans la meme annee une grande parlie de la Syrie : el apres avoir visile Antioche, 1 ancien port de Suedie , que je ne connaissals pas, je relournai a mon poste, ou le pacha de Bagdad avail a soutenir la guerre conlre la Perse et contre diverses de scs proprcs tribus. Peu de temps apres mon retour dans celle ville , je re9us du Ministere I'ordre de me rendre i Constantinople; nouveau, penlble et peril- leux voyage , que je dus enlreprendre en septembrc dernier, mal- gre le deperlssement de ma sante ; et je me trouve maintenant en cette capitale, depuis le ii octobre.

Ces nouvelles courses, jointes a de graves maladies que j'ai faites depuis la date de mon precedent numero , sont cause de la grande lacune qu a eprouvee ma correspondance avec vous , Monsieur ; mais maintenant que je me trouve plus rapproche , je consacrerai

lOO

tous mes niomeus de loisir a cimenler mes relations ; heureux de trouver le moyen de faiie quelque chose qui puisse vous etre agreable I

Je saisis cetle occasion pour vous remettre, Monsieur, ci-inclus le duplicaia de ma lettre n" i , du i8 decembre 1820 (i) , qui me parait ne vous eire jamais parvenue , ainsi que Ics llincraires qui y ^taient joints. Je vous serais bien oblige si vous vouliez les faire inserer dans un des premiers cahiers dc la Societe Geographique.

J'ai Phonneur, etc.

Si^ne H. ViDAL.

Duplicaia de la lettre i.

Bagdad, 18 decembre 1820. Monsieur,

Je mefals un devoir de vous soumettre ci-joint deux pieces qui offrent , la premiere i, Tllineraire de mes deux voyages de Bagdad a Damas , en 1809 et 1811, parl'Arable deserte et une portion de la Mesopotamie ; la seconde , 2 , celui de mon troi- sieme voyage dans la meme contree, mais d'Alep a Bagdad. J"i- gnore si ces sortes de Notices peuvent avoir quelque interet pour vous ; et, dans le doute oil je suisa cet ^gard , je me permetlrai de vous transmetlre , a la premiere opportunity , un autre Illneraire de mon quatrieme voyage dans le desert, en 1812. Quoi qu'il en soil , j'ose reclamer votre indulgence pour ceux qui vous sont ex- pedies aujourd'hui.

Je saisis cette occasion pour vous faire connaltre , en peu de mots , les diverses courses que j'ai failes dans ces contrees , des Tdge le plus tendre. Je n'ai d'aulre but, dans ce court recit, que

(i) Le N" I sc irouve ci-apres. Quant an N" 5 , it a deja ete envoye a M. Barbie du Bocago , et inseree dans It- T. i , 3- rahier du BuUelin de la So- ciete.

Ae voils engager a disposer de moi pour tout ce dont vous me ju- eeriez capable , si j'etais assez heureux pour meriter voire atten- tion.

En i8oy, je partis d'Alep , voie de la Mesopolamie , avec M. Rousseau , pour Bagdad , et je me rendis avec lui en Perse. Nous passames par Kermanchah et Hamadan ; et, apres un sejour depeu de temps a Theheran, nous fdmes aSultanie, d'ou nous re- tournames encore en Arabic.

M. Rousseau reparlil d'Alep , et je demeur^i a Bagdad jusqu'en i8og. Le n" i vous offre , Monsieur, I'ltineraire simple de mon premier voyage, voie de Hite pour Damas , d'ou je passai a Alep par Horns, Hamma, etc. etc.

En 1810, je pris la route directe du desert, pour me rendre encore d'Alep a Bagdad; et, apres ctre reste un an dans celte ville, j'en partis de nouveau pour Damas, et j'eus la satisfaction de visiter ainsi une seconde fois Palmyire, ou je copiai quelques inscriptions que je ne manquerai pas de vous communiquer. L'en- vie de voyager me decida en Syrie a faire une tournee vers le midl de Damas, dans le Auran , afm de connailre le commerce qui s'y fait parmi les Arabes. Je me rendis apres a Alep. De la , charge par I'agent de Bagdad d'une mission parliculiere, je passai a Lat- takieh ; et, de relour a Alep, je m'acheminai de nouveau vers Bagdad, ou j'arrivai en 1812

Je ne fis pas un tres-long sejour dans cette derniere residence ; j'en partis pour Bassora , et m'embarquai pour la premiere fois sur le Tigre. J'arrlvai a ma destination endecembre meme annee ; et en i8i3, je me rendis de cetle echelle, de nouveau , a Bagdad , avec le consul ; et ce rctour me fournit Toccasion de voyager sur TEuphrate jusqu'a Hilla , d'ou j'aper^us les ruines de Babylone.

Je ne fis pas encore un long sejour a Bagdad. Rappele par mes fonctions a Bassora, je m'y rendis avec ie nouvcl agent, et nous revinmes ensemble a Bagdad dans le courant de 1814.

En juin m6me annee, charge dune mission parliculiere aupres de I'ambassade , je partis pour Constantinople , voie de Moussol, Mardin, Diarbekr, Tocat, Amasia, etc., contrdes ou la peste fai-

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salt les plus grands ravages , et je ne mis pas plus de vingt jours a faire ce penible trajet.

Je passai de Constantinople a Smyrne , d'oii je m'embarqaai ponr la Syrie. J'eus occasion , dans cette traversee , de voir quel- ques lies de TArchipel ; et apres un sejour dun mois a Chypre , je me rendis, voie de Latlakieh , a Alep , d'oii , sur I'ordre que j'eus de retoumer a mon poste, je quiltai encore cetle derni^re ^chelle et je m'acheminai vers ma destination. La Notice qui est entre vos mains vous offre , Monsieur, la relation de ce dernier voyage dans la Mesopotamie , en 18 15, d'Alep a Bagdad.

Mes ordres ^taient de conlinuer mon voyage jusqu'a Bassora ; mais les evonemens survenus a cetle epoque en France me retin- renta Bagdad jusqu'a Tarrivee, en 181G, dunouveau Consul, avec lequel je fus une Iroisleme fois k Bassora , par le Tigre et I'Eu- phrate , en traversant le Haie , canal qui sert de communication entre ces deux fleuves. De retour a Bagdad, je fus visiter les prin- cipaux monumens de Babylone , el j'en rapporlai quelqnes briques dont les inscriptions me paraissent asscz curieuses.

VoIIa , Monsieur, le court rccit que j'avais a vous offrir de mes divers voyages dans ces contrees, oii j'airamasse quelques antiques en pierres gravies , medailles couphiques , ainsi que quelques bons cylindres , etc. M. Kiafala , qui se trouve ici depuis plusieurs mois , et qui a pris differentes notes sur la navigation de I'Eu- phrate , qu'il m'a promis de vous conununiquer, aura , a son re- tour de Moussol, la bonte de m'aider a dresser le Catalogue de ma petite collection , qui vous sera egalement acheminee.

J'ai Thonneur, etc.

Si'gne H ViDAL.

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Note sur un ouvrage recent dr. M. Froehn , Membre de VAcademie des Sciences de Petersbourg , relatlf aux connuissances des Arabes sur la geographie de la Russia ; ouvrage dont M. le baron Silvcstre de Sacy a rend^i t.ompte a VAcademie des Inscriptions et Belles- LtJires.

Au 9' siecle de IVre chr^tienne, nn Calife abbasside envoya

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faire des decouverles au nord de la mer Caspienne. Les observa- teurs se porterent du c6t^ de Sembirsk , et lis revinrent par Sa- marcand. L'an 921 , sous le calife Mokfader, une ambassade fut expediee sur les bords du Wolga , vers Tepoque de la fondation de la monarchic russe. Dans lessieclessuivans, les Arabesenlrepri- renl plusieurs voyages dans les contrees duNord. Les llusses firent a Icur tour des incursions dans les Elals musulmans, au 4'" siecle de Ihegire. II resulle de la comparaison faite par M, Froehn, des ecrits des auteurs arabes, principalement Yakout ( dans son grand diclionnaire de Geographic ), que les geographes de cetfc nation ontconnu un pays et une merde Warange dans ie nord de I'Eu- rope, qu'on croit etre le golfe de Bolhjiie ou la mer Ballique: c'est ce que Nestor, le premier des hisloriens russes, enlendait par le nom de mer de Warege. Le pays que le meme Neslor a connu sous le nom de Wes, est le meme que celui que les ecrivains Arabes , appelleni Wisou , sur la mer Blanche, au nord de la Bussie.

Les ecrits originaux des Arabes sur les connaissances de leurs compatrioles, au sujet des pays du Nord, sont cux-memes tres- anciens. Schaab-eddyn Moqaddesy, cite par Yakout, est mort Fan 44i de Thegire. Ebn-Foslan est une des j>rincipales autorites sur lesquelles s'est appuye Yakout: il falsalt partie de I'ambassade envoyee au roi desBulgares, qui habitaienl alors les rives du Wol- ga. Les Russes meles avec les Bulgares, tels que les depeint Ya- kout, presenlent beaucoup de traits de ressemblance avec les Normands qui figurent dans les bistoires d'Angleterre et de France. Le morceau original d'Ebn-Foslan, cite par M. Froehn , a vingt- deux pages, et il roule particulierement sur la stature, tes armes el les costumes des Russes. « Les femmes, dit-il, portent uupoi- gnard ; elles ont les seins couverts d'une boile de fer, d'or, d'ar- » gent ou d'autre metal. Les hommes sont d'une brulalile et d'une » malproprete revoltantes. Dans leur superstition, ils adorent » des poutres et leur offrent des sacrifices. Aux funerailles des » chefs , on leur immole un esclave male ou femelle , qui doit se » d^vouer volontairenient. Les ceremonies funebres sont accom-

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» pagnees d^aclions barbares et obscines. Le roi des l\usses sc » tient sur une grande estrade : il est enlour^ d'unc garde de » quatre cents homines et de quaranle concubines , etc. »

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Avis aux Membres de la Societe de Geographie.

Jusqu'a Tepoque ou les Iravaux de la Societe de Gdographie onl prisunecertaine activite, et ou ses archives ont commence a s'enri- chir, onn'avaitpuexccutcrqu'en parlielesarticlesagelSaduRegle- nient. Le but de ces articles est dc mettre a Tusage des Souscripteurs les ouvrages qui sont offerts a la Societe, ou quisont acquis par elle. Sa Blbliotheque doit etre un centre pour les comniunicalions scientifiques ; une fois ouverte a tous ses membres, elle prendra lous les jours de nouveaux accroissemens par les dons niemc que les Societaires seront porfes a faire de leurs propres ouvrages. Le Bureau de la Commission Centrale, charge de veiller a lous les intercls de Tassociation et desirant faire jouir les Souscripteurs de Tavanfage qui leur a ele promis, s'occupe de disposer un local oh ils pourront , deux fois par semaine , consulter les ouvrages de la Bibliotheque. Ceux d'entre eux auxquels leurs affaires ne lals - sent pas le loisir d'assister aux deux seances mensuelles de la Commission centrale, comme tous en ont le droit, et sont in- vites a le faire , pourront y prendre connaissance de ses travaux el de Tavancement des ouvrages quelle publie, et deposer les pro- positions qu'ils croironl avanlageuses aux succes de la Societe. On leur communiquera les questions adressees par elle aux voyageurs qui parcourent le globe en ce moment, munis de ses instructions, et ils seront invites a en proposer de nouvelles pour les continens encore inexplores.

MM. les Societaires sont prevenus que Ton commencera sous peu la publication d'un Rerueil de Memoires inedits , ayant pour ob- jet les points les plus intetessans des sciences gc^ographiques. La commission recevra avec reconnaissance les ouvrages de ce genre qu'ils desllneraient a etre inseres dans la collection.

Dans un prochain Numdro, Ton indiquera les jours et heures ou la Bibliotheque sera ouverte aux Membres de la Societe.

DK L'IMPRIMERIE D'EVERAT, IMPRIMEUR DE LA SOCIETE,

HUE DU CADRAN N" iG.

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BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

IMUMERO QUINZE.

Seances dc la Commisssion Cenirale,

Seance ilu 2 juillet.

ItjL. le President de la Sociele d' Agriculture de la Charente et M. le Secretaire-General de la prefecture du Var repondent a la derniere circulaire de la Societe de Geographic , en annon^ant qu'ils contribueront par tous les moyens en leur pouvoir au succes dune entreprise si utile.

M. Barbie du Socage rappelle la publication des Memoires , comme objet urgent.

Divers Membres insistent sur la necessity de terminer d'abord I'cditlon de Marco-Polo , et de faire paraitre le recueil des questions.

La Section de Publication est invitee a prendre ces remarques en consideration.

M. le President communique une leltre de M. Grey Jackson sur les noms de plusicurs tribus arabes de I'Afrique occidentale , mal

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Perils siir los carles geographiqiies. Cellc letlre est renvoyce an Coiiiil*^ <Ui Bulletin ( Voir ci-apres, Documens , pag. i35 ).

M Multr-Brun , a I'occasion do cettc letlre , iudiquc comme travail utile ct necessaire aux progres dc la science , une PulygloUe geographlque , contenanl Texplication des mots qui entrcnt dans la composition des denominations gdographiques.

M. J«uAe//developperulilIlo d'un seniblablc travail relativcment aux langues de TAsie.

M. Eyries annoncequun litterateur a fait travail encore incdit, relatif a cet objet et proniet de Tengager a le communiquer a la Societe. .

M. h Baron de Ferussac fait un rapport sur les Memolres de la Societe Saxo-Thuringienne , presentes dans la derniere seance. Ces Memolres , generalement consacresa Tarcheologie , conlien- nenll'annonce de quelques Iravaux interessans sur la Germania de Tacite , recemment publics en AUemagnc.

M. Malte-Brun annonce qu'un Membrc de la Societe Saxo-Thu- ringienne, ]M. le Recleur Nobbe, prepare une edition critique des cartes attribuees a Agalhodemon.

M. Bianchi faitun rapport sur un ouvragc intitule : Supplement a THIstoIre generale des Huns , des Turcs et des Mongols , par 1\I. Senkouski.

M. Alex. Barbie-du-Bocage donne lecture d'un itineraire d'Alep a Mosoul , par M. Rousseau.

M. Bianchi est nomme a Tunanimite Mcmbre-Adjoint a la Sec- tion de Publication.

Seance du id j tulle t.

M. Brack , directeur des douanes h Strasbourg , ecrit qu'U a

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rtqu la circulaire et les programmes de prix envoyt^s par la Com- mission Centrale. II rend compte des relations qu'il a cherche h etablir entre la Societe Agriculture et des Arts du Bas-Rhin et celle de Geographic , et fait hommage d une Dissertation , dont il est Tauteur , sur V uncienncte de la Muppeinonde des freres Pizigani de Venise ( i ) , et dun volume intitule : Promemides Ahaciennes , par P. M. Ce volume contientle resultat d'excursions faites sur la portion de la chaine des Vosges qui separe TAlsace de la Lor- raine. II sera rendu compte de res deux ouvrages dans Tune des prochaines seances.

M. le Baron Coguehert de Montbret envoie , sur I'lnde Gange- tique , des Questions dont la Section de Correspondance donne lecture.

M. Balguerie , negociant a Bordeaux , accuse reception de la circulaire et des programmes dc prix envoyes dernicrement par la Commission Centrale. Pour repondre au desir dela Societe et au but qu'elle s est propose , il lui adresse une Notice sur une decou- verte geographique faite , entre les Moluqucs et les lies Celebes , par ]V[. le Gapilaine Chemisard , Commandant de Tun des btiti- mens dont M. Balguerie est proprietaire. (Voir le Bulletin n" i4, p. 90).

On demande que la Commission adresse des remerctmens a M. Balguerie , qui , a peine membre de la Societe , a voulu lui faire partager le resultat de scs travaus. Plusieurs Membres rappellent, a cette occasion , Tinteret que la maison Balguerie porte depuis long-temps a Tetude de la Geographic , et les expeditions qu'elle a faites dans la vue d'etre utile au commerce et a sa patrie. lis ajou- tenl que les difficultes ne Font point rebutee ; qu'elle a toujours persevere dans ses entreprises , malgre les pcrtes qu'elle a eprou- vees; enfm on se rappellc que c'cst a son zele eclaire que Ion est

( i) Le nierue ouviage a deja tie offert a la Societe pav I'un ile scs ]Mcinbres , M. Siteur-Mailin, \v •! mil iSiiS ; (v. Bullelin 11" G, T. i, paj^. 'ii'^^).

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rodcvabic <]ii Voyage autoiir du Monde fail , il y a quelquos annces, par M. Je Roijuefcuille. M. le President est prie <le lui Iransniellrc les reiiierciineus de la Soci(il<5.

On lit une lettrc de M. de Nerciat^ mcmbre de la Socidtc, qui offre a la Commission Centrale latraduclion d'un grand nombre d'observation geographiques sur la Perse. Ellcs avaient cleinserees parM. de Hammer isins \cs j'^ et8'= volumes Acs Annalesdclalitlerature ( Voir ci-apres , Documens , pag. 119)

Des rcmercimens sent fails a M. de Nerciat ; et son travail est renvoye a la Section de Publication.

M. Jumaid depose sur le bureau plusieurs exemplaires d'une brochure iuiprimee en arabe ct publiee a Londres. M. Jaidiert rend coinpte de eel ecrit ; // est adresse au.v JMuurcs et aux peiiples du Sou- dan , et il a pour ohjet de les delourner de la iraitc des Noi'rs.

La presentation d'une Carte d'Espagne et de Portugal , en 6 feuil- les , dressee par M. Alexis Doniiet ct envoyee a la Sociele par les editeurs , MM. Malu freres , donne lieu a M. le colonel Jacotin d' observer que celte carte est redigee avec sagacile ef talent. L'au- teur, dil-il , a lire un grand et utile parti des materiaux existans. M. Jacotin est invite a en rendreim compte delaille.

Les diverses Sections rendent comple de leurs travaux.

Le Comlle charge de liuipression des Questions annonce que plusieurs series de Questions ont deja ete revues , ct que la pre- miere serie est sur le point d'etre donn^e k Timpression. L'on ex- primera les vues qu'a cues la Sociele en faisant celte publication.

La Sociele , qui avail dd'jk regu de M. Bresson (i) un Memoire sur d'anciennes fortifications siluees prcs des bords de TOhio , ayant desire avoir un travail plusetendu sur des fortifications de la

(1) Tom. 1, paj^. 338. BulU'iiii 11" b.

log

inc-ine nature , M. If^aiden annoncequ'il a recueilli divers inaleriaux sur celle question iniportantc , et qu'il sc propose de la devclopper.

M. Boftln est prie d'enrichir la Societe du resultat des travaux stallstiques qu'il a faifs sur Vindustrie et le commerce , ct qui lui ont merite le prIx de statistique decerne celle annee par TAcademie royale des Sciences.

M. (le Larenaudiere est invite a faire connaitre un Memoire qu'il a prepare sur les lies Bahama.

M. Barbie du Socage pere offre la communication d'un Me- moire de M. Honore Vidal sur la Mrsopotamie.

M. de Fenissac annonce a la Societe qu'il vaparailre cctte annee a Saint-Petcrsbourg , une Description grogmplmpie et sfatistirpie de la Siherie , en langue mssc , par M. Grrclis. II ajoulc que le congres de Colomhie a decide que Ton publlerait une Carte detoutle territoire de cet Elat.

M. AlciV. Barhie du Borage donne connaissancc d'un Atlas histo- ri<pie et geographique de V Amcrique , redige sur le plan de 1' Atlas historique de Lesage. Cel Atlas a paru en 1822. M. Eyries dit qu'une lettre de Philadclphic lui a annonce que cet Atlas etait tres- cxact pour ce qui concerne les Etats-Unis , mais qu'il pouvait en- core laisser quelque chose a desirer pour les autres Etats.

M. RouiV communique une lettre qui lui a ^te adressee par M. Chaumetle Desfosses , membre de la Societe. Cette lettre , datee A'' Arkhangel ^\e. t4 octobre 1823 , est renvoyee au Comlte du Bul- letin (Voir cl-apres , Documens , pag. 121 ).

M. Jauhert annonce qu'il est autorlse par M. Klaproth a faire part a la Socldle des progresdes travaux de ce savant orientaliste sur la Chine. II donne lecture d'un fragment que JVI. Klaproth va publier , et qui Irallc spccialement des villes de Gnmpou et Zai- thoum.

no

M. Jomiirr/ donne cominnnication d'line lettrcqu'il a re^ue de M. Deh/porte,\icc-Consu\k Tanger,laquclle est relative h plusieurs points qui interessciit la gc-ographic de TAfrique septenlrionale. M.Ja»6eites,[fvic dcxaminer celleletlre ct d'cn dormer un exirait pour le Bulletin.

M. Junianl III une lellre de M. CorahzuJ ^ auleur d'un Mcmoire sur la luiutcur geomelri(/ue de plusieurs sommites des Alpes^ deja lu a la Sociele. II reslail quelquc incerlilude sur la partie dela hauteur du Monlblaiic, qui se compose de Felevation du lac de Geneve au-dessus de la Mcdilerranee. Get ingenieur vient de se transpor- ter sur le sommet de la Dole, dont la hauteur au-dessus du lac de Geneve a etc mesurec geometriquement avec beaucoup de preci- sion, par Ic capitainc Roger, officier du genie Suisse. Cornme le nivellemcnt geodeslque de M. Coraboeuf doit determiner la hau- teur exacte du meme point au-dessus de la mer , on connailra de meme celle du lac de Geneve.

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Membres nouveUement admis clans la Socie'te.

Seance du 2 juillei.

MM. Feux-Dujardin Sailly, employe desDouanes Royalesf au Hiivre.

Abel Malo, graveur de g^ographie, ^Icve du D^p6t de la Guerre.

Gaspard Malo , idem.

Pernet, professeur au college d'Agen.

Seance du \^juiUel. M. BouRRlAT, ancien phannacicn.

Ill

mj*i».v*'»/»«»(m'x'»v» »y X v*»

Oturagcs prescnles el deposes siir le Bureau.

Seance du 2 juillet.

Annales de la Societe d' Agriculture , Arts et Commerce du departe- mentde la Charente. Broch. In-8% Angouleme , 1824.

Seance du 1% juillet.

Memoires de la Societe d'' Emulation de Camhrai, arinee iSaS. I vol. in-S" , cnvoye parson president, M. Sen>ois, IVIeniLre de la Societe de Geographic. Cambrai, chez Berthoud, imprimcur du roi , place au Bois.

Annales de la Societe d' agriculture, arts et commerce du departemenl de la Charente. Broch. in-8". Angouleme, 1824.

Memoires de la Societe d' Agriculture, Sciences et Arts dudepartemenl de VAube. Broch. in-8°. Troyes, 1824.

Annales IMaritimes , par M. Bajot; cahier de juin 1824. in-8° Paris, chez Bachelier, libraire.

Sur fanciennete de la Mappemonde des freres Pizigani ; par M. Brack. in-8°. Strasbourg , 1824.

Promenades Alsaciennes; par P. M. i vol. in-8''. Strasbourg, 1824. '

Ecrit arabe , imprime ci Londres , et adresse aux peuples du Soudan et aux Maures en general , pour les detourner de la traite des Noirs.

Treizicme livraison de \ Atlas des departemens de la France ; par MM. Perrot cl Aupick , contenant les departemens de la Moselle^ de la Meurthe et de la Mayenne. in-f" oblong , 1824. Chez les editeurs, rue des Fosses Sainl-Germain-des-Pres n" i3. Prix

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Carte chile et militaire d'Espagne et de Portugal, en 6 fcuilles grand aigle ; par M. Alexis Bonnet, 182 3, offerte par MM. Malo freres, chcz les edlteurs, Malo freres, rue Saint-Jacques, n" 178. Prix

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DOCUMENS.

CoNNAISSANCES geograpliiques des Orientaux sur la Russia et la Scandinaoie {Addition au Bulletin precedent pag. lol^.). '

Void le litre de I'ouvrage de M. Fraehn , dont M. Jomard a parle dans la stance du 18 Juin dernier.

« Relations d'Ibn Fosdan etd'autres Arabes sur les Russes anciens, » texte et traduction , avec des notes critiques et phllologiques ; » suivies de trois Memoires sur les Russes de Kiovie , sur les Va- » rengues et la mer des Varengues et sur le pays de Visou ; par » ]M. Fra?hn,ConseIllerd'Etat, Membre de TAcademie de Peters- » bourg etson bibiiothdcaire en chef; directeur du Musde asialique. « a Petersbourg, 1823 ; en allemand.

Ibn Foszlan fut envoye comme ambassadeiir par le calife Mouc- tddir aupris du roi des Bulgares, sur le Wolga, en Tan 922 de noire ere. Sa Ptclation a die conservee par Yacouti. M. Frahn a lui-meme collationne Ic manuscrit de Petersbourg , et a obtenu la collation de cclui de Copenhague de M. le professcur Rasmussen , et de celui d'Oxford par M. le professcur Macbride. II discute savamment les varianles et cxplique par li les noms les plus cor- rompus. Par exemple , il prouve que Darmuschi, dansun geographe arabe , est Danimarca. Son travail est admirable sous les rapports de la philologie , de Thistoirc et de la numlsmatique. Peul-etre les gdographes auront-ils quelque chose a ajoutcr aax recherches du savant auteur sur la mer de J''arengues qui , selon les temoignages rdunis des Arabes, est « un bras de I'Ocean, au nord des Seclaves (Slaves), s'etendant au sud du pays des Varengues jusqu'i des

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» montagnes inhabitees qui touchent a rempire de Chine et aux « pays des Turcs. » En se rappeJant les syslemes des Grecs, qui regardalenl la Scandinavie et la FInlande comme des ties, le sens des geographcs arabes devient tr^s-clair. lis reunissent systemati- quemcnt lamer duNord, le Kattegat, laBaltique, legolfe dc Fin- lande , la mer Blanche et les mers voisines de la Nouvelle-Zemble dans une seule masse. Ce n est pas ici le lieu d'enlrer dans une discussion plus approfondie de cet objet. Mais je crois qu'il sera agreable aux Membrcs de la Soclete de Geographic de trouver ici la Notice d'un autre ouvrage relatif a la meme matiere : en voici le tilre :

. « Memoire siir les connaissances geographkjues des Arabes et des » Persans du moyen age sur la Riissie et la Sr.andina\ne , ainst que sur » le commerce quilsy ontfait, par M. Rasmussen, professeur des » langues orientalesaruniversitede Copenhague; i8i4:endanois,»

C'est un resume de loutes les notions des Orientaux alors con- nues sur les pays du nord et de Test de I'Europe ; resume plein de sagaclte critique et dun grand interet gcographique. II en resulte que les Arabes et les Persans commer^aient non-seulement avec Novogorod et Casan , mais probablement avec Birka en Suede, et avec Sleswick en Dannemark. De la, Timmense quantite de monnaies arabes des g'^'"' et lo'^"'^ siecles, qu'on decouvre conti- nuellement dans le nord , et entre autres dans Tile de Bornholm. M. Rasmussen determine , par ces Memoires , Tepoque oil les rela- tions des Arabes et des Persans ont commence et cesse. II compare soigneusement les Fielations orientales avec la geographic anglo- saxonne du roi Alfred , et avec les Notices geographiques contenues dans les saga's islandais. II est naturel que le savant danois n'ait pas pu connaitre en 18 1 4 les citations d'auteurs arabes que M, Frsehn a tirees des 5oo manuscrits orientaux que M. d'Ouvarovv procura a I'Academie de Pelersbourg. Mais il est remarquable que M. Fraehn , ayant ces nouveaux moyens a sa disposition , a trcs- souvent confirnie les explications proposdes par M, Rasmussen.

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Je iTie proposals de traduire, dans les Annales des Voyages , le Meiiioire du professeur danois, lorsque j'apprls que M. Frrehn Ira- vaillait a son ouvragc. Pcul-otre aujourd'hui frouvcrai-je le lolslr de fondre ensemblo ccs deux travaux dans une analyse geographi- que ; mais conime il serait n^cessatre de Taccompagner d'une carte , qui manque egalement dans Frn-hn et dans Rasmusscn , je ne puis assurer positivement quand celte analyse parailra.

Je dirai encore que le celebre professeur de (kBttingue , M. Schlcetzer, a le premier scull rulilite de consulter les sources orlentales pour eclalrcir Thisloire et la geographic de Test de I'Eu- rope pendant le nioyen age. Un de ses disciples , M. Ea>ers , dans ses Materiaiix pour Vllisioire JfJzwse (Dorpal , 1 8i4), a suivi les traces de Scherltzer en reunissant et comparant divers passages des auleurs orientaux; mais son hypothese, qui fait desccndre les Varegucs- Kusses, fondaleurs de rempirc russe , des Chazares, nation turque, ou selon d'autres persanne, est cntierement refutee par la critique profonde de M. Frsehn. L'origine scandinave des Va- regues est aujourd'hui hors de doute. Les Russes etaient probable- ment eux-memes un peuple goth'que qui regnait sur des pcuples slmons : c'etaient vraisemblablenient les Rox-Ahins des ancicns. Les Varegues etaient des princes russes refugics en Scandmavie, el qui revinrent conquerir leur patric. Le mot varg signifie loup , brigand, pirate, homme banni. Le mot veering signifie guerrier. Peut- gtre les deux denominations ont-elles ^le confonducs. Le savant historien M. Krug , de T Academic de Pelersbourg , a dcmonlr(< que les Russes , lors de leur altaque sur Constantinople , appelaient le Bosphore le Sund, et leurs proprcs barques skeyd , de deux noms scandinaviens ou golhiques. J'ai recueilli un certain nonibre de noms geographiques de Russic de la meme origine. M. K^eppen , savanl tres-verse dans les anliquilcs russes, a fail quelques remar- ques semblables.

Mais je ne finirais pas sije voulais rappclci toulcs les rccherches

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geographiqucs ct historiques dont la Russie estacluellemcnl Tobjet. La Societede Geographic a dcsignd dcs IVIemoires gdographlqucs sur la Russie coinme I'objet d un prix donn^ par M. le comte Orlof : esperons^que ses intentions seront remplies.

Malte-Brun.

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Notice sur la relation du frere Jean de Marignola, par M. le Baron de Ferussac.

Messieurs , les recherches auxquelles votre Section de Puhlica- tion se livre pour donner de I'inleret a votre edition de Marco-Polo me font penser que vous apprendrez avcc satisfaction Tespece de decouverte qu'on a receminent falle d'une relation, vcritablement inconnue quoiquc imprimee , d'un voyageur qui a parcouru les memes pays que Marco-Polo , un demi siecle plus tard.

Voici le litre du Memoire allemand d'ou j'ai tire cette Notice :

Voyage du frere Jean de Marignola dans V Orient depuis Van i33qjus- qu'en Van i353 ; traduit dii latin , mis en ordre et commcnte par J. G. Meitsert , lojp. in-8° { faisant aussi partie du tome VII des Memoires de la Societe des Sciences de Boheme ) Prague , 1822.

Au 14." siecle lesFranciscainsct lesDominicainsallaient avecdes missions du pape en Tartaric, pour cssayer de convertir le kan des Mongols et ses sujets , ou d'obtenir au moins la permission de bS- tir des eglises. Nous devons a ces missions des relations de voyage interessantes ; ce sont a-peu-pres lesseules qui nous fassent con- nattre I'etat de Tinterieur de I'Asie a cette epoquc. Jean de Mari- gnola , issu d'unc faniille de Florence , fut du nombre de ces en- voyes. Franciscain cl profcsscur a Rolognc , il sc rendilen i33g , avec le titre pouipeux de legal du pape , dans rinterieur de TAsie.

ii6 .

11 ful Tun des premiers inlssloimaires qui reussircnta ponelrer par Ic descrl dc CobI jusqu'eu Chine , oil il sejouriia qualrc ans. I)c la il s'ciubarqua pour I'liulc, et cnsuile pour Ic golfe pcrsiqiic ; il rc- vint,par la Palestine el par Chypre a Avignon, en i353. Quelque temps aprcs ie roi dc JJohcme rappela,en qualite de chapelain a la cour de Prague : vers le m^me temps Jean de Marignola oblint rdveche de Bisignano en Calabre. Leroi Tinvitaalors a ecrire Fhis- loire de Bohenie. L'ancien missionnalrc oLeit ; il redigea une chro- nique , qui suivanl Tusagc du temps commence par Adam ct Eve, et ou il a trouve moycn d'inserer ou plulot do disseminer Ihisloire de sa mission. Elle y est si bien restee cachee , que jusqu\^ present on n'a guere songe a compter Jean de Marignola parnu les voya- gcurs qui ont agraiidi les limites dc la Geographic, ct a lui faire Ic meme houneur qu'a Plan Carpin , iNIarco-Polo et Mandcville. II est vrai que la Chroniquc mcmc n'a etc publiee qu'en 1768 par Ic P. Dobner , parmi scs Monumenta histurica Bohemnr, Prague , in-^.", 4 vol. , el que le P. Dobner, n'clanl pas geographe , a laiss^ subsister dans le voyage de Marignola une obscurilc telle que Ton n'a pas dA etre tcnte d'y cherchcr des verites. On rcconnait aisemcnt les causes de cettc obscurilc dans le d(5sordre des rdcits et des remarques de Marignola, qui s'est bornd a rappeler ses sou- venirs sur rOricnt , amesurc que Toccasiou Tinvitait a les inlcrca- Icr au milieu de laChronifjue de la Bohcme, dans rirregularitc des denominations gcographiqucs , a la fin du 14*^ sleclc , el dans I'in- difference du moine voyageur pour les progres de la geographic profane. M. Meinert , aprcs avoir compare soigneusemcntle ma- nuscrit dc la Chroniquc dc Marignola existant a la blbllotheque de Tunlversite de Prague , avec le teste public par le P. Dobner , s'est attache a epurer ce dernier texte , a extraire de la chroni<juc du franciscain (out ce qui avail rapport a ses voyages en Asic,a re- tablir Tordrcnalurcl de ses rcclls par la rcclificalion de cclul de son itincraire , ct a les rcndre Intclliglblcs par de savans commentaircs et par une mcilleure nomenclature des lieux que Marignola avail visitds. Cette reslauration r(5clle des voyages du moine franciscain

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est un service eminent que M. Mcincrt a rendu a la geographic du irioyen age.

Le Missionnairc florenlin se rendit d'atord chez le premier em- pereur Tartare Usbcck, dans Tcmpire duquel il coraprend le mont Ararat de la petite Armenie. II parait quUsbeck residaita Saray, sur la riviere d'Actuba , a Test du Volga. De la Marignola se ren- dit a Armalek, dans Vempire de Medic. Ce que les missionnaires ap- pellent Tempire de Medic n'a pu etre que le Dschagatai ou Djaga- tai , qui s'etendait alors depuis la rive orientale du lac Aral jusqu'au desert de Gobi. Armalek etait situe sur la riviere d'Ab-Eila , au milieu de cet etat. Marignola paile d'une ville de Camout qu il Ira- versa dans sa route : c'est sans doute le Camoul de Marco-Polo , province apparteuant au Tangut , et dont les habitans offraient aux voyageurs jusqu a leurs femmes. Depuis les frontieres d' Armalek , la route de commerce se dirigcalt sur la ville limitrophe de Kant- cheu , en passant par Lop , ville situce sur le lac du m^me nom , ou les caravanes se pourvoyalent de chameaus et de chevaux pour traverser lesmontagnes. Maiignolaarriva enfm,en i342,a la capi- tale du Kathai ou dela Chine scptentrionale ; elle avalt alors le nom mongole de Kambelek : c'est le Cambalou de Marco-Polo , lePe- kin d'aujourd'hui, Le Franciscain se presenta a 1 'audience du grand Khan avec les ornemens ecclesiastiques , faisant porter devant lui une croix , des cierges et un enccnsoir , et aspergcant le mongole d'eau benite, que le grand khan re^uttres-poliment. Ilavait permis aux missionnaires de fonder dans sa capitalc un archeveche , une cathcdrale etplusieurs egliscs avec des cloches. Marignola cite, com- me Marco-Polo, le fleuve Caramora,qui separe cepays du Kathai; c'est , comme on sait , le Hoango ou fleuve Bleu.

Apr^s un S(5jour de quatre ans a Pekin , le missionnaire resolut de revenir par mer en Europe. II se rendit d'abord dans le Mant- chi , c'est-a-dire , \e Maha-Tahin , la grande Chine , nom que Marco-Polo donne egalement a la Chine meridionale. Arrive aux Lords d'un grand fleuve ( le Yangtse-Kiang ou fleuve jaune ) , le

II

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missionnairey Irouve dos vlllcs supcrbes , riches en or ; on recolle sur scs bonis plus tie soic que dans le resfc du mondc. Dcs niai- sons flotiantcs sur Ic (leuvc sont rcniplics des artistes les plus liaLi- Ics , surlout de lisserands en soic el dc fabricaus deloffes dor. La ville de Kampsay , la plus grande place du Manlchi , n'a pas de scmblabic pour la population, la magnificence cl le nondjre des pagodes;il y a lo mille ponts de pierre avec des statues de princes du pays. Des couvens renferment loo a 2000 moines. Dans I'enclos dun de ces couvens, on nourrit beaucoup d'animaux singuliers, que les habitans regardentcomme les ames dcs morts. Cette ville est la menie que d'autres missinnnaircs appellcnt Cassai , Quinsai ^ Cas- saya^el qu'on nomnie aujourd'hui Nankin. Marco-Polo cite egalc- ment ces 1 2 mille ponls.Dans une de ccs pagodes on adorail Tiniage de la mere de Fo , que le simple Marignola prit pour la Vierge Marie ; il ajoute que les Chiuois cclcbrent sa fete pendant la nuit el aux ilambeaux , lors de la nouvelle lune du premier mois de I'annee chinolse.

Marignola passa ensuite a Zaylon , dont il trouva le port admi- rable. Les Franciscains y avaicnt 3 belles eglises avec dcs cloches, un bain et un depot pour loutes les marchandises. Marco-Polo vanle le commerce que Zaylon , Zartan ou Zantan . faisait avec les lies aux Epices ; elle elait situee sur la cole orienlale de la Chine meridiouale. Marignola s'y embarque pour aller dans rinde , coraposee selon lui dc Cynkalan ou Grande-Inde, Nymbar ou Pelite-Inde, Maubar ou Inde supcrieure. C'est du njoins ainsi que son commentateur , M. Meinerl, rend ses idces. i! dcbarqua dans le Cynkalan a Kulumbus , qu'il appellc la ville la plus celcbre de rinde, et « oil croit tout le poU're du moiide ». Les chreliens de Saint-Thomas sont les maitrcs de cette culture el levent un tribut sur la rccolte : elle rapportait a Marignola , en sa qualite de legal du pape, cent a mille/an5 (i) d'or par mois. Meinerl pense que

(i) Lc fan, represenld dans Ic vojagc de Sonacrat, est unc pcliu- mon- naie Indicnne de la valcur de 2 a lo sols.

'19 ce Kolumbus est !e Pahtmhe dc Mandcville, le Con/am dcs Arabcs el le Qlanuni des Porlugais. Cello ville , situec sur la cole dc Malabar , i 24 lieues sud de Cochin , elait une des plus riches dc rinde, et faisait , par son excellent port, un commerce de polvre considerable. Marignola donnc, sur la culture du poivre, des details contraires a ceux de Mandcville , que Marignola combat quel- quefois , mais sans le nommer. De Kolumbus , le Missionnaire florentin se rendit a Mirapolis clans la haute Inde : c'est probable- ment Meliapour sur la cote de Coromandel , comme le pays qu'il appelle Marbar est le royaume de Maravar. 11 y avail effec- tivement a Meliapour mie eglise de Saint-Thomas, ainsi que Ma- rignola le dit de Mirapolis On salt que les chretiens de Saint- Thomas forment depuis long-temps une secte particuliere dans rinde ; les Portugais I'exlirperent peu k peu sur la cole de Coro- mandel. Apres avoir quitle Mirapolis, le fransciscain s'embarqua pour Vile dc Saba^ oil depuis un temps immemon'al, lesfemnics regnent en commun sur les homnies. Le missionnaire a vu dc ses propres yeux, des femmes assises dans des charriots ou des sieges , tandis que les hommes menaient les boeufs ou les elephans. Dans le pa- lais, il a Irouve des tableaux qui representaient les femmes sur le tr6ne, et il a ete admis a Taudlence de la reine, qui le gratifia de riches presens. II parle dc la plus haute montagne de Tile, appelee Gyheit^ et dont le soramel elait inaccessible. Meinert pense que le Saba du voyageur italien est Tile de Java ; effeclivement les Arabes du 9"= slecle connaissaient le volcan de Java sous le nom de Gyheii. Marignola se vante aussi d'avoir ete aupres du paradis terrestre , situe selon lui vis-a-vis de Seyllan ou Ceylan. C'est la aussi que le placent les pouranas indiens. II parle du pic d'Adam et du jardin du premier homme ou croissent le pisang et le nargll ( cocolier ). Au pied de la montagne il vil un couvent dc fakirs dont il vanic les moeurs sobres et la vie reliree; ils accueillirent Ires-bicn Mari- gnola, comme s'il avait ete, dit-il , de leur ordrc. II y avail dans le couvent deux arbres qui venaient d'Adam, selon la tradition , et qui etaient entour^s de couronnes et de picrres prdcieuses. II parle

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encore d'unc caste ou secte ambulante; ces sectaires s'appellent^A deCdin, ontun airaffreus, sontgeneralciiicntdctestcsct semonlrcnt rarcment. 11 est evident que iMarignola fail allusion a Tune des castes reprouvees dont parlc le code de Menou. 11 fait mention en particulier des Vedes ^ ou homines des bois a Ceylan , ainsi que de leur trafic muet. II parle au reste des fakirs avec beaucoup de mode- ration , on pent meme dire avec cliarile , chose assez rare dans ce siecle. Malheureusement , dans I'lle ou il Irouva de si bons fa- kirs, il fut depouille de ses richesses par un rnaiidit sarrasin , feu- nutjue Coja-Joan , uswpateuv du royaume de Scyllan. Tout en le coniblant de politesses , ce Coja-Joan enleva au Franciscain Go mille marcs en or, de Targent, de la soie , des etoffes d'or, des pierres precieuses , des perles , du camphre , du muse , de la myrrhe et des epices , qu'il avait regus du grand khan et d'autres princes, tant pour lui que pour le pape ; vers le meme temps, des brigands le depouillerent de sa belle ceinture en or , present de la reine de Sula.

Le voyage par laTerreSainle, que Marignola traversa en reve- nant de Tlnde , offre peu de choses remarquables.

kft/^.W'-V^'V t^^VfcV^.V

A la Commission Centrale de la Societe de Geographie.

Paris , iG juillct 1824.

J'airhonnenrdesoumettre al'cxamen de la Commission Centrale de la Societe de Geographie dix cahiers in-foL, contenant la tra- duction i^ Observations surla geographie de la Perse ^ que M. de Ham- mer a inserccs dans les scptleme et huilieme volumes des ylnnales de la lilterature , dont M. Collin de Vienne est I'dditeur. C'est pour mon utility particuliere que j'al enlrepris ce pdnible travail ; mais corame M. de Hammer a resumd tout ce que les anciens et les modernes, jusqu'en 1818, nous ont transmissur la geographie

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de cette interessante partic de TAsie; comme en Ics opposanl Ics uns aux autres , il a souvent , par des remarques critiques et des developpemens pleins de sagacite , repandn la plus vIve lumiere sur des points de geographic ancienne, qui jusqu'a ce jour avaient ete Tobjet des doutes, et meme des dissentiinens de savans illus- tres, tels que d'Anville , d'Herbelot, Barbie du Bocage , Rennel, Kinneir, Vincent, Mannert, Hock, etc., j'ai pense que la Com- mission Centrale ne dedaignerait peut-etre pas de porter son ju- gement sur ce fruit de mon loisir. Nayant pas eu le temps d'en faire une cople digne de rester dans les archives de la Sociele , je supplierai, par suite, Thonorabie Commission de me permettrc de reclamer ce Memoire , dont je pourrai quelque jour elaborer un peu mieux la redaction , car elle doit se ressentir des interrup- tions frequentes qui ralenlirent son execution.

Je prie la Commission Centrale d'agreer I'hommage du respect avec lequel je suis , etc.

Signe , Augusle-Andrea De Nerciat,

Attache au Ministere des affaires etrangeres.

Lettre de M Chaumette des Fosses a M. lloux.

Archangel, le i/j oclobre iSaS.

Monsieur et cher ami.

Vous avezsans doute eu connaissance de la letfre que j'adressai, au mois d'aoAt de Tanncc dernicre, a noire savant ami M. Langles. Elle etait ecrile tout prcs du famcux Malstrom , sur lequel j'ai eu le plaisir de naviguer en bateau sans le moindre danger. De ce point jusqu au port, d'ou j'ai Thonneur de vous entretenir , il y a

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un immense chcmin. J'ai eu le bonheur Ac le parcoiirir en d(5tail ; niais je puis assurer qu'il n'csl guiire possible d'en imagincr un plus pcrllleux sous tous Ics rapports. Environ bull cent lioues fai- tes , en bateau ouverl , sur une nicr si oragcusc, que, niemc en cle, die passe, en unc denii-beure , du calme coniplet h la plus forte tempete , donncnt dejh lieu a bien des dangers; et toutcfois ce sent les moindres que Ton ail h surmonter Toutes les cdtes norvegiennes sont hcrissees dc hautes montagnes ct de rochers per- pendiculaircs. 11 en descend continuellement des vents qui suivent les embrasures creusees par Ic temps, et qui, parvenus a Tcau, se cbangent en trombe. La moindrc qui atloindrail un bateau A la voile , le ferait engloulir sans remission; dc sorte que les batclicrs, des qu'ils aper^oivenl le moindre fremissement de cette nature, sont obliges de baisser la voile, qu ils tiennent d'aillcurs a moitie bissee seulemcnt. On doit alors s'abandonner aux vagues, souvent irritees, jusqu'a ce qu'il ne resle aucune trace de ces trombes me- nacantes. 11 faul quelquefois rcpetcr cette manoeuvre Irois k qua^ tre cents fois dans un jour. Ensuite il faut se garer des baleines innombraljles qui inondent les mcrs du INord, el qui altaquent quelquefois les bateaux , dans le temps de leurs amours (juillct et aoftt). Viennent ensuite les monstrueux rcquins fixds dans ces regions polaires, par les bancs de poissons qui y sont innombra- bles.Un de ces tyrans des mers poursuivit noire bateau assez long- temps, en cberchant h le renverser par le cote ; et nous lui dchap- pames avec peine. Enfin on a toutes les peines du monde a se procurer du poisson sec en guise de pain , des oiseaux de nier , infecles de lodeur dbuile de poisson, et d'horrible cognac : en- core ne trouve-t-on ces delicatesses que de cinquanle en cinquante lieues.

Tel est Ic vilain cote de cette longue excursion ; mais elle a aussi Ses compensations, lorsqu'ellc a cleheureusement termincc. Indc- pendannnenl du Malslrom, j'ai examine avec attention lout TAr- cliipcl du Lofode , oil se fonl les plus grandes pecbcs dc morue, el

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riinmeiise iVofil des rochcrs qui cnmposent io Cap jNonL J'ai oi«' assez lieureux pour cotoyer ce cap , dans toule son etendue , du cote de la nier , seul point d'ou il offre un beau coup-d'oeil. Cette bonne fortune est si rare sur cette plage orageuse, et oii Ton n'a qu'un petit bateau nionte de deux hommes , qu'enlre tous les voyageurs venus depuis quinze ans a cette extremite de TEu- rope , j'y al seul rencontre un beau calme. C'est surtout sous le rapport du temps que j'ai 6lc favorise pendant nion long peleri- nage. Jc suis juslemcnt tombe dans un etc admirable pour la cha- leur et la screnile, ct tel enfin , que, de mdmoire de Lapon , Ton n'en a point vu d'aussi beau dans ces contrees hyperboreennes^ Cest encore a cette favorable temperature , qui m'a suivi jus- qu'ici, que je d<;»Is Favanlage de vous adrcsser celte Icttre, par un navire qui part , apres demain , pour Londrcs; evenement sans €xemplc, dans cette saison , ou la mer Blanche est ordinairement couverle de glaces, taudis qu'il n'y en a pas encore la moindre ap- parence.

Jc pars aujourd'hui pour Moscou ; j'y restcrai quelques semai- nes, ainsi qu'a Saint - Pelersbourg; et, apr^s avoir terrninc mes affaires a Golhembourg , j'espere etre arrive a Paris au mois d'avril.

Sigae Chaumette DE.S Fosses.

Voyage du Major Long. Suite de la description du pays sitiie entre le meridien <fui passe, au Council Bluff, et les montagnes 7?ocA^'. (Bul- letin n" lo).

Ce pays , qui occupe une superficie de plus de 4oo milles carreS. est silue entre les gS' et 108*= degres de longitude oucst, et les 35'= ct 42" de latitude nord. II presente partout une surface ondulde et nue, excepte en quelques endroils ou il cxisle des coilines el <picl- ques plateaux qui s'elcvcnt deGooaSoopieds au-dcssus des ])laines

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adjaccnlcs. Plusieursdeces tlcrniers sont enlieremcnt Isolds, ct les flancs en sont escarpes el hordes de precipices , qui en rendent Faeces presque iinpralicable. D'aulrcs, au contraire, s'elevent par une penle insensible. Ces eminences sont plus nouibreuscs, mais inoins elendues, dans le voisinage imracdiat des monlagnes Rocky, qu'elles ne le sonl plus a I'E. ; et comme le pays ou elles se trou- vent est presque entierement degarni de bois , clles presentcnt souvent un aspect tout parliculier. Elles se composent alternati- venient de couches horizonlales depierres sablonneuseset de br6- che, el en plusieurs cndroils on trouve une quanlile prodlgieusc de pierres sonnanles. On a appele ces eminences tabulaires , k cause de Fapparence qu' elles prcsentent de loin , et de la disposi- tion horizontale des couches dont elles sont formces, quoique la surface en soit generalement ondulee , et que merae elles forment ca et la des elevations de quelques centaines de picds. Plusieurs sont couverles de Pins rabougris, de Chenes etde Cedres rouges, el d'autres sont pclees ou couverles d'herbages.

En suivant la base des montagnes Rocky, et pres de ces pla- teaux Isolds, on rencontre plusieurs elevations remarquables dont les coles , tallies a pic , presentcnt une hauteur de 5o a i5o pieds. Lcur Inclinaison est, en certains endrolls, de 45 a 80 degres. Elles se composent des memes stratifications rocheuses que les pla- teaux isoles , et paraissent avoir autrefois fait partle des hauteurs voisines.

La surface du pays, dans le voisinage des montagnes Rocky , et au S. de la riviere d'Arkansas, est couverte de debris de roches volcanlques , sans qu'II y alt cependant la molndrc trace de vol- cans. Ces roches paraissent s'elever sur des couches horizonlales de pierrc sablonneuse. On y observe aussi 5a el la un pcu de houille el des morceaux de sel ciyslallise.

Les vallees de celte partle de I'Amerlque septentrionale, arro- sces par la Platte, la Kansa el FArkansas, se Irouvent ordinaire-

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nienl a i5o ou 200 pieds au-dessous du pays adjacent. Elles renferment des etenducs assez considerables de terres ferliles ; mais , en plusieurs endrolts , il se mile i Talluvion une grandc quantite de sable , de la magnesie et des malieres nitreuscs et sa- lines, qui lesrendent entierement arides. A rcxcepfion d'une petite parlle qui est couverle de Pins et de Chenes rabougrls , et de quelques hauleurs sablonneuses ou il ne croit que des Cedres rouges, lout le sol de ce pays est de nature sablonncuse , ne pro- duisant que peu d'herbages et des cactus (i); et coninie Teau et le bols y sont fort rares, il est par consequent peu proprc a I'a- gricullure. 11 paraitrait, d'apres le recit des capitaines Pike, Lewis et Clark el d'autres voyageurs , que le pays silue au N. et au S. de cette region , entre les sources de la Saline, de la Trinite et du Colorado , et le ^g"^ de latitude N., est dc la memc nature, et peut servir de barriere naturelle entre les possessions Aniericaines et Espagnoles.

La haute chaine de monlagnes connues sous les noms de Chip- peivyan, Rocky , Shining, Sandy , Mexican et Missouri, s'etend de- puis les sources du Missouri jusqu'a remboucbure de la Macken- zie , par lal. N. 65. Ellcs ont en general une direction IS. N. O. ou S. S. E. ; leur largeur varie dc 5o a 100 inilles , et elles s^ele- vent par une pente rapide jusqu'au-dessus de la region des neiges eternelles. On aper^oit cetle chaine, du cot" de I'E., a plus de cent inillcs de distance. C es monlagnes se terminent gdncralement en poin. les oupics, entre lesquelssctrouvent des valiees d'une grandeferlillte. Entre TArkansas et la Platte, on remarque un pic, que le capl- taine Pike dit elre le plus eleve qu'il y ait sur une etendue de i5o a 200 milles. Un detachement de Tcxpedition , sous la conduile du docteur James, gravll ce pic vers la ml-juillet, et en trouva Ic somniet entierement revetu de neige. II a conclu de la position des neiges sur les hauteurs volsines , qu'il doit en effet avoir une

(9.) Cactus JeiX'X clcj liiidricus.

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plus grande elevation. Ces niontagnes sont couvertes dc Louque(& dpars (le Pins , de Chencs , dc Cedrcs et de Gen<?ls , d'une tres- petile espece , ct presentenl Taspect Ic plus escafpe et le plus inegal. Leui* fornnation rocheuse a un caraclere primitif. tile se compose dc gncis , de granit et de quartz; inais du c6t(i de FE. , one couche epaisse de roche secondaire, semblable a la stratifica- tion des plaines, regne depuis la base jusqu'a la hauteur de plu- sieurs centaines de pieds.

UnFran^ais d'orlgine, nomnn^ Joseph Bijean , qui avait habild pendant presde sixans les villages Pawnees, a accompagnd I'expe- dltion, en quallted'interpreleetdegulde, depuis les villages jusqu'aux montagncs llocky. II avait aussi traverse , dans tous les sens, le pays comprls entre Taffluent septentrional de la Platte et I'Ar- kansas, et etait souvent venu trapper le Castor dans ces nionta- gnes, ou cet animal se trouve encore en grand nombre. II a rendu a Texpedition de grands services, et lul a fourni d'Interessans details sur la contree situee a TO. de la premiere chaine des montagnes Rocky, el entre les sources de la plerre Jaune au N,^ et Santa-Fe au S. Ce pays , sulvant lul, se compose de monta- gnes elevees et couvertes de neiges perpctuelles , lesquelles fer- ment des valloes de lo , 20 ct 3o milles d'etendue, arrosecs par de belles rivieres, et dont le sol, souvent fertile, est abondam- ment convert d'nne espece de trefle blanc fleuri , qui nourrit une grande quantltc de chevaux et d'aulres animaux sauvages. Le bois y est malheureusement fort rare , mais U abonde partout sur le revers des montagnes voislnes. I-cs Indlens de cette contrc-e n'ont pas de residences fixes , et vivent entierement de la chasse.

La hauteur du Pic de James , au-dessus de la plalne volsine , telle quelle a ete determinee au camp de Bolllng-Sprlng-Creck, qui en est elolgne de 25 milles, est de 8,507 V^ pieds (i). II est

(i) Oil avait pvi.s a eel cffet une base dc io^8 i/J pieds.

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situcparlal. N. 38' 18", ei par long. (). io5°3q", de Greenwich, ou 28" Sy" (Ic ^Vashiaglon.

L'Inclinaison de la riviere Plalte, dcpuis les nionlagnes jus- qu'au Missouri, est d'environ ig pouces par m^lrc; et celle de ce dernier, depuis ce point jusqu'a son embouchure, de 16 pou- ces. Le Mississipi a ensuite 1 2 pouces d'inclinaison par m^tre , depuis le Missouri jusqu'au golfe du Mesique. Suivanlce calcul, la hauleur de la Plalle, a la base de ces montagnes , serait de 3, 000 pieds au-dessus de TOcean , et consequeniment le Pic de James au- rait 11,507 pieds 1/2 d'elevalion au-dessus du nieme niveau.

La rapidile du Missouri, a Tendroit ou son cours etait degagd de glace, et ou ralmosphere elalt presque calme , a eld determinee de la manicre suivante. On choisit a cet effet une grande bou- teille a laquelle on donna la gravite specifique, en la remplissant a moitie dean. On Tallacba alors a une corde de 122 pieds de long , et on la laissa flotler au gre du courant. Elle parcourut cette distance , k six reprises differentes, en I'oGi" 2 , ce qui donne une rapidite de i mille i324. pieds 1/2 par hcure. Le courant, devant etre ralenti par la surface interieure de la glace, on ima- gina d'en niesurer la rapidile k la profbndeur de 10 pieds , au moyen d'un baton de cette longueur qu'on parvint k faire flotler verticalement en altachanl un poids a son extremlle inferieure, k laquelle on adapta egalement une corde de 178 pieds de longueur. Ce baton parcourut cet espace, dans qualre experiences succes- slves, en i'' 20 1/2, ou a raison de i mille, 2680 pieds, parheure; ce qui excede de i356 picds par heure la rapidite du courant k la surface lorsque la riviere est couverte de glace,

II parail qu'on ne s'est pas servi du barometre pour mesurer les hauleurs. L'expedllion elalt cependant pourvue de trois de ces inslrumens (^ mountain barometer!,')-, mais deux s'elant deranges dans le voyage , on ne put en tirer aucun parti.

Temperature. Suivant les observations ihermometriques et

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aiifrcs, faitcs par Texpedition , il paratlralt que la temperature aa Council-Bluff , a Saint-Pierre ct aux villages Pa^^nees , sur le Wolf, ou Ic vent S. O., qui souffle du golfe du Mcxique, ne se fait pas sentir , ressemble a celle des cotes de TAtlantique aus memes latitudes, excepted qu'elle est quelque fois plus froide. Les changemens y sent egalement grands et suLits.

Le 24 jnillel , Ic ihermometre niarquait , pres da premier af- fluent {firslfork ) de TArkansas, i environ 100 milles de la base des niontagnes Rocky, 100° (87" 77 centigrade) a Fombre de la tente.

Les 25, 26 et 27 , a trois heures du matin, 55'>( 12" 77 centig.)

Le 2g, il descendit de 70° k 47", apres un orage accompagnd de pluic et de grele.

Le 4 SiOdX. , et les cinq jours precedens que Texpedititon mil a traverser des plaines sablonneuses , le therniometre marqualt le matin 58° , et a midi qo" ( 82° 22 centig. ).

Le 9 II s'eleva a 100" , a I'ombre, et dans la tente qu'on avail dressee sous de petlts arbres , II se tint a io5". Comme cetle cha- leur est de quelques degres plus dlevee que celle du sang , il est vralsemblable qu'elle ^talt occasionnee par la reflexion des ayons du solell sur le sable. II y eut souvent une difference de 5". entre la cbaleur du matin et celle du solr.

Malgre les transitions subltes du frold et du chaud que Ton eprouve dans ce pays , il y a peu d'exemples de phthlsles pul- monalres parmi les Indiens qui Thabitent. L'on a egalement re- marque qu'il n'est pas non plus expose a Taction de ces causes qui produisent dans les terreins bas , mals fertlles de la vallde da MIssissipI des effcts si deplorables.

On allrlbue la grande mortalile des soldats (centmoururent , et plus de trois cent (^talent ou avaient ivi maladcs , Ic 8 mars ) qui

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eul lieu dans Ic camp du Missouri, au scorLut occasionnd par le manque de viande fraiche et de legumes, allendu que Ics chasseurs qui avaienl ete presque loujours elolgnes du camp n'en avaient pas ete attelnls.

On remarqua pres des monlagnes Rocky , un changement con- siderable dans la temperature , et I'etat du del. Le matin et le soir, Fair etait calme , et la chaleur plus excessive qu'au milieu du jour. Vers le nildl, 11 s'elevall une brise de TO. ou du S. O. , qui cessalt de souffler a I'approche de la nuit. EUe etait produite , a ce qu'oncroit, par la rarefaction de Fair dans les plaines sablonneuses arrosees par la Platte, et qui s'etendent au nord jusqu'au grand detour du Missouri. Les rayons du soleil etaient alors brAlans et tres-douloureux pour les yeux , blen que le thermometre marquSt rarement plus de 80 degres ( 26,66 cent. )

Le 12 decembre, le thermometre se tint au-dessous de zero, pendant presque toute la journee. Le 9 fevrler , la glace qui re- couvralt le IVIissourl avait 16 pouces d'epaisseur ; le 29, la deba- cle eut lieu; et le ig mars, elle avait tolalement disparu.

La temperature de Teau de source , dans un ravin profond et ombrage etait de 4-7 ° ( 8,33 centlg. ) ; celle de Teau de riviere de 82 <* (0,00 centlg.), et celle de Tatmosphere de 56 " ( i3,33 centig. )

Sur les bords de la Platte , le mercure marquait ordinalrement, avant le lever du soleil, 60 ° ( i5,55 centig.). La temperature de de I'eau de riviere etait d' environ 71 ° (21,66 centig.), tandisque celle de Tair etait de 77 (28 centig.).

Suivant le Journal de rexpedition du gouvernement des Etats- Unis, qui remonta , en 1806, la Riviere Rouge, le climat doit etre , sur ses bords , plus doux et plus uniforme. Les observations thermometrlqnes faitcs chaque jour, depuis le i" juin jusqu'au 6 juillet, entre Natchitoches et le village de Coashaly, ont fait con-

naitre que la lemperalurc ile Tair y clail tic 72 a y3, cl cellc dc I'cau de 79 k 92 (33,33 centig.)'

Volcans. Lc 19 mars, on enlcndit, sur les Lords du Missouri, unc violentc explosion souterraine. La glace , qui couvrait alorsla riviere, se brisa avec fracas ; une coUine voisine s'affaissa en par- tie; et il en sorlll une epaisse colonne de fuiiiee. 11 paratlralt, d'a- pres lc recll des Indiens, que de scniblables pbenonieiics s'y re- nouvellenl fort souvenl. Lc trembleuicnt dc terrc qui dclniisit , en 1811 , la ville de New-Madrid, ful ressenli dans la partie su- pcricure du tcrritoire de Missouri.

Mirage. Le 3o juin, Texpedilion se Irouvant en vue des mon- lagnes Rocky , vit s'elever des plaincs voisincs d'epaisses vapeurs quiaugmenterentamesure que lesolcildevint plus ardent, elquisem- blaicnlnionteravec un niouvcmenl vacillant etondulaloire. La den- site de celle vapeur etait telle, qu'clle presentail dans chaque val- lec Tapparencc d'unc piece d'eau. L'iliusion fut si complete que lout le nionde y fut Irompc. Une Iroupe de bisons , qui paissail dans une prairie, a la distance dun uiille, paraissait placee au milieu d'un lac, et Ton disllnguail aussi clalrement la reflexion de leurs corps que ces animaux eux-mcmes. Ces illusions , suivant I'auteur, sont tres-frequentes dans les deserts de I'Afrique et de I'Asie. Kn Perse,on les appelle sirraub, et dans la langue sanscrite mriga trichna ^ c'est-a-dire , lc deslr ou \ai soif Cn^ V aiitHopc (1). L'armee fran^aise , en traversanlle desert qui s'elcnd dWlexandrie a Rbamanieh, remarqua le meme cffet d'oplique. La surface du sable lui presenta au loin Tapparence d'un lac. (2)

Sources. Au pied du pic de James se trouve une source dont Teau, fortement impregnee de gaz carbonique, a depose une si

(1) ElphinsUm'i iiusnun , in CauLul, y. i^y , /^. Loitilvn ^^■2) Denon , f'oyu^ctc , UiuiA. yoQ. 12a.

i3t

grande quanlite de cette matiere , quil sen esl forme un large bas- sin, Icqiiel aboutil a un ruisseau qui coule aupres..Ce bassln, d'une blancheur eclalanto, est asscz vasle pour conlcnir de 3 a ^-oogal- lons et dechargc contlnuellcment avec un bruit sourd environ 5o gallons d'air et d'eau par minule; cellc-ci estfrolde, limpide et agreable au goul. Le soir, sa temperature etait de 63", tandis quh I'ombre le tbermomelre en marquait 68". Pres de la il existe une autre source de meme espcce, qui ne deborde pas, mais d'oii il sort conslamment desbuUes d'air. Sa temperature est de 67".

Sources medicinales. Sur la rive septenlrionale de I'Arkansas, et dans un terrain marecagcux il y a six sources medicinales , decouvcrles par le capitaine Bell, et qui portent actuellement son nom. EUes sont toules plus ou moins ferrugineuses et conliennent du muriate de soude. L'une est si fortement saturee d'air carbo- nique, et une autre d'hydrogene sulfure , qu'on en sent I'odeur a une distance considerable. Les bisons et les daims qui frequen- tent les plaines voislnes ne boivent jamais de leur eau.

Les animaux qui peuplent cette contree sont le bison, qu on y rencontre quelquefois en troupes de 10,000 ; le cheval sauvage , qui se trouve en certains endroits ; Tours gris ( ursus horribilis ) ou blanc , Tours noir ou ours ordinaire, quise tientpres des bols; le daim,deplusieurs especes; Telan dans le voisinage des bois, Tanti- lope americaine, connue sous le nom de cabri ou chevre sauvage , qui suit le bison dans ses courses, et ne quitte les plaines que lorsque Teau y devient rare ; la marmotte ou chien de prairie {arctomyx mi'ssouriensis) ; et en g^n^ral lous les animaux qui se Irou- vent dans les autres parties des Etats-Unis. Le pays est aussi peu- ple d'une grande variete d'oiseaux ; mais il est infesle de reptiles et d'insectes.

Cette conlree esl habitee par differenles tribus indiennes, donl les princlpales sont les Oitoes ou Wah-took tab-tab; les descen- dans des anciens Missouris; les Omawhaw ou Maha , les Poncah ,

1 32

les Pawnees , Ics Konzas , les Osages , les tribus noinadcs d'Ar- rapahocs, de Kaskaias , de Klaways , dcTatans et dc Shiennes.

M. J. D. Graham , el^vc de raslronome Ellicot , et actuclle- mcnt lieulenanl d'artillerie, qui etait charg<5 de faire les observa- tions aslronomiques , a determine la latitude et la longitude de divers points iniportans et a relev(5 plusieurs erreurs graves qui se trouveut sur les nieillcures cartes dcs Etats-Unis. Par exemple : le camp de Tlngcnicur pres du Council Bluff, au lieu d'etre place par lat. N. 4i" 4^' , et long. O. gG" 5o' , comine 1 indique la der- niere carte des Etats-Unis, publice par M. Mclish, avec Tauto- risation du congres, est situe par lat. N. 4i" 2 5" , et long. O. g5". 43' -BS" de (ireenuich. La position de Tembouchure de la Platte est aussi erronce et de 6"" de lat. trop au N. La position du plus haut pic qu'il y ait entre les sources de la Platte et de TArkansas , qui se trouve indiqude sur la nieme carte 4o" 42' de lat. N. et 107" 20 delong. O. est cgalement fautive, carle major Long, et le lieutenant Swift, qui Ta determinee sur leslieux, laplacentparlat. N. 38" 53 et long. O. io5 52. La m^me erreur se trouve aussi sur la carte du Mexique, publice par J.H.Robinson, h Philadel- phie , en i8ig, ou ce pic remarquable est place par lat. N. 41° 3o et par long. O. iii" 20, c'est-a-dire , 20° 3 7' de lat. trop au N. el 5" 28' de long, trop a TO.

(l) Cdiisnller aussi los voyages de ]\I. le baron de Humboldt, ijui a vii Ic memc plienonienc.

i33

TABLEAU de la latitude et de la longitude de plusieurs points importans dans VAnierique septentrionale ^ telles qu'elles ont ete determinees par l' ex- pedition.

POSlTIO>S.

Sliippingport (Kentucky) . . .

Cauip siir le Mississipi, le 8 jiiin

Embouchure de la riviere Mcrameg

Saiut-Louis (Missouri) >

Camp sur le Missouri, le 'i8 juin

Franklin (Missouri)

Fort Osage ( Missouri )

lie aux Vaches (Cow-Island) dans le Missouri. .

Camp sur le Missouri , le 3 1 aoiit

Fort Lisa , e'tablissemeut de la compagnie des four-

rures du Missouri

Cantounemont de Tiugcnieur

Conlluent de la Platte

Id. de ri']lk-Horu , tributaire de la Platte. . . . Riviere de Boyer, oil coramencent les terres liautes. Rivit'red'Elk-Horn,presdn territoire des Pawnees.

Village de Pawnees re'publicains

Embouchure du Missouri

/(/. de la riviere de Moyen

Id. de rUlinois

Cap Girardeau , dans le Mississipi

Fort Espagnol, a Natchez

Camp sur la Platte , le 4 i"illet

Id. Id. Ic 5 juiUet

Id. a la base des Rocky -Mountains , le 8 juillet.

I*"' camp sur I'Arkansas, le 17 juillct

Camp sur I'Arkansas, Ic 1 9 juillet

Camp oil I'expe'dition se scpara ,

Camp sur la riviere Canadienne, le 6 aout

Id- Id. le 22 aout. . . .

Id- Id. Ic 3i aoiit. . . .

Id. Id. le 9 septembre. Belle-Point ( territoire de I'Arkansas)

LATITUDE N.

38° 1 5' 23"

38. 2G. 09.

38. 23. 39.

38. 36. 18.

38. 34. 33.

38. 57. 09-

39. 09. 33. 39. 25. o5. 3g. 49. 01.

4i. 4i.

4i.

4i. 4i- 4i.

4i-

38. 4o. 38. 37. 3i. 39. 39. 39. 38. 38. 38. 35. 35. 34. 34. 34.

2i.

25.

o3. 12.

32.

26.

Z

21. 58. 18. 33.

5o.

23.

18. 14. 12. 16. 26. 57. 5o.

04,

i3.

07. o3. 39.

48.

23.

39. 45. 40. 40. 40.

19- 18. 22.

19- 29- 35.

1 5. 54.

LONGITUDE 0'

de Greenwich.

90° 2' 35"

92. 57. o5.

»

S)

95. 43. 53,

90. 00. 4o.

»

90. 18. »

89. 17. »

io5. 20. 4'>-

)) io5. 39. 45.

)) io3. 4^5. 16,

»

96. 33. 00,

»

94. '2 I. 00

kU

Voyaseur en Afrique. M. H. CampLell , mcmbrc de la SocielC^ royale *lc I^ondres , qui depuis plusiours annees offrait ses services i la Compagnie d'Afrlque, s'est determine a explorer cette inld- ressanle parlie du Monde ^ ses proprcs frais. Loin dc le rcbuler , la mort deplorable de MJVI. Bowdich el Belzoni semble redoubler son zele ; elle lui laisse le champ libre. M. Campbell est deja par- venu a quelques milles au-dela dcs rivieres de Carneivorisel dc Vieux Calabar , que Ton suppose elre des embouchures du ISiger. II s'cst aussi rendu sur les bordsdu Congo. M. Campbell est un officierde marine distingue. 11 a de graudes connaissances en topographic. On lui doit une edition des Poemes d'Ossian et plusieurs travaus qtli lui font honneur.

Description de la vallee de Tf^el/ingfon , daus la Nouvelle-Galles du Slid. La vallee de Wellington est situde par le 32" Zi' 4^5" lat. S. etle i48" 2g' long. E. de Greenwich. Elle est bornee au N. par la r'w'iCT&Macquarie., au S. par les monts Narugal, a TO. par la chainc de Glen Finlas^ eta IE. par une suitede montagnes basses el ferliles. Sa plus grande longueur est d'environ 25 milles, et sa plus grande largeur de 3. La riviere de Bell, dune grandeur considt^rable , serpen te dans son milieu etla divlse en une suite de belles plain es separees , qui viennent aboulir a ses deux rives, et qui renfcrment une conlenance de looo acres de la plus bejle terre qu'on puisse imaginer. Les gazons et les herbages croissent parlout , et les bords de la riviere sont,en plusieurs endroits, converts dune brous- saille impenetrable de planlcs herbacees. A 12 milles au S. du confluent des rivieres de Bell et de Maapuirie, la vallee se resserre graduellemenl , et les montagnes de chaque cote paralssent plus elevees, etconservent neanmoins la mi^me ferllllte ; les plalnes gardent toujours leur caractere. Les arbres qui fournissent le bois de merrain sont prlncipalemenl Tarbre a gomme bleue, le ca- suarina, que les colons nonuncnt chene, clcelul qu'ils connalsent sous le nom de pomriiler. 'J'ous cxcedent en hauteur ccux que 1 on volt sur la cote orientalt. La chaine dc G/m Fin/as est herlsscc dc

iS5 cypres d'unc grande elevation, l.eur aspect tres-piltorcsque prd- senle, h unc ccrtainc distance , Tapparencc de pins d'P^cosse. Les rivi»^res abondcnt en excellent poisson, dont plusleurs ont et^ rcconnus pcser plus de /^o livrcs. On y a pris des torlues du poids del 5 livrcs. Lesoiseaux sauvages, parmi lesquelsil faut ciler Temus, le pelican , le cygne, ie grand-due, la caille, etc. , vivent en grande quantite dans cette vallcc. Les kanguroos sonl nom- breux. Sous le rapport de la geologic , le sol offre un tres-grand interct. Sur la rive meridionale de la riviere Macquarie , 3 niilles S. E. du campemcnt de M. Oxley , sont des lits de pierres verles qui rcnferment de fort belles agathes ; les montagnes qui bordent la vallee a TE. se coniposent de calcaire de la meilleure qualite. La chaine de Gkn Finlus est principaleincnt formee de breclie, susceptible d'obtenir un fort beau poli. On a observe deplus quil y avail des ardoises en abondance , quelques milles plus bas ; le jaspe etle porphyre ont tite vus par lits de grande largeur dans les montagnes voisines, et le granit dans les montagnes au S. E. de lai vall(Je. Le Glen Fintas pr^senle un tableau bii n different de ce que 1 on a vu jusqu a present dans les districts colonises de TAus- tralasie. La vue de nombreux cypres , qui offrent une cpaisse ver- dure , et de rochers escarpes a cote depicseleves, a quelque chose de v^ritablement grand. L'ouverture du Glen dans la vallee est magnifique. Le contraste que Ton remarque dans ces deux tableaux ne peut se decrire. Pour tout , on pent dire de la vallee et du pays qui I'cnvironne , que c'est le pays le plus interessant ou Ihomnie aitpu penetrer.

VWVW VW vW ^/W VW W\i

A M. JoMARD , President de la Commission Central.

Sceaiix , 20 juin i •2.!^.

Monsieur ,

J'ai vu, il y a quelques annees , a Londres, une carte fran^aisc de I'Afrique , dans laquelle on a dessinc une source et une riviere celebre du Sahara , c'est-a-dire , le Sakia el llumra. Tous les voya- geurs du Sahara connaissent cette riviere ou Source Rouge. L'em- pereur de Maroc , Yezzid , I'oncle de celui d'aujourd'hui , sc plai-

i36

salt a Tappeler la fronti(!;rc nicridionalc de son empire. Cependant les geographes fran^ais n'adineltcnt pas, a cc que je crois, cetle rivitire , dans leurs cartes. Cctte clrconstance ne doit pas elre sans interet pour la Sociele de Geographic, surtout si elle juge a pro- pos de publier une carte de cc pays.

Dans la Carte publiee par Faden , celcbrc gdographe , a Lon- dres, en i8o4- , on voit, a la lat. N. 34"-3o', long. O. 2" , surla riviere de MuUmvia, qui separe Maroc d' Alger, les mots Cataat el IVed ; le iecteur europeen peut imaginer que c'est une ville ou bien un district; mais veritablcment ces mots signifient : « c' est id que les voyageurs ti-aversent la rid'cre. » Nota. II y a ici un bac.

Dans une Carte executee avec un art distingue, par M***, j'ai ete surpris de voir , dans la partie occidenlale du Sahara , les bar- ba'rismes suivans : Laldesehas , IVadeUms , au lieu de Jf^uled ylbbu- sehah. Healed Deleim , kabyles des Arabes du Sahara (Voyez la Carte intitulee : Blap shewing the tracks as followed by the rarai^ans from Fas et from Arguin to Timhuctoo , by J- G. Jackson, iS'.io; mes letlres au President de la Societe royale de Londres , dans les Proceedings of the African Association , etc.; Notice qu'on a donnee au public , il y a quelques annecs).

On pourrait observer aussi que le kabyla des Arabes de Tuat, qui habitent une tres- grande portion du Sahara , n'est pas insure dans plusieurs carles d'aujourd'hui , quoique ce soit un kabyla de plusieurs mille ames ; Tempcreur defunt le considerait conime la borne meridionale de son empire, \oyez la lelfre dudit em- pereur au Roi d'Angleterre , dans mon Account of Marocco ^ page 320, ligne arabe 5*^.

Je n'ai d' autre but, en vous adressant ces remarques, que celui d'eclaircir la geographic de FAfrique.

James G. Jackson.

Dli L'lMPP.lMiaUL 1)E\ LIIAT, IMPlllMKLU 1;E LA SOCILTE,

HUE DU CADHAN N" iG.

A/VM/W*! ■\,W«'V%,V1.WV»'^/*»(1 WVS ^W* VV*-»-'V»/»(l/»,'Wl.'*.V»» l'W»rt/V%'»(VW»/V»/%'»iV*X^ ^'Vi /\'\.l.T.*W»*\'\-Vl %.\^1

BULLETIN

DE

r r

LA SOCIETE DE GEOGRAPIIIE.

ISUMERO SEIZE.

Seances de la Commission Centrale.

Seance du 6 aoiit.

IVl. le Directeur general du Depot de la guerre annonce ii M. le President que Son Excellence le Minhtre de la Guerre accorde, pour la bibliotlieque de la Societe de Geographie, k collection des cartes publiees par le Depot de la guerre (Voir ci-apres, docu- mens , page i Sa ).

La Commission Centrale invite M. le President a adresser k Son Ex. les remerciemens de la Society.

M. le Baron Coquehert-Monbret donne communication de plu- sieurs extraits manuscrits d'ouvrages relatifs au voyage de Marco Polo , entre autres du morceau incdit suivant :

Copie d'un manuscrit en parchemin , appartenant a M. le bar- ron ^Valkenaer, intitul(i : Mlraltlia descripta per fratrem Jordanum a Scoerafo , in India major! episcopum Columhensem ; avec xxn fac i/wZ/e llthographie de ce manuscrit, qui est probablement de 1821 a i325.

10

i38

M. Coqueberl - Monhret arinoncc qu'il a reuni quelqucs notes sur ces manuscrils.

L'cxamen en est renvoye a la Seclion de Publication.

M. Cottard ^ Inspccleur , charge des fonclions rcctoralcs en Corse , annonce a M. Barbie da Borage fils ainc , qu'il prepare un travail sur quelques coutumes singulieres qui se sont conservees en Corse, ainsl que sur Tile Bahiasia. (Voir ci-apres, documcns, page 1 53).

M. Warden communique une Notice sur deux ouvrages recem- ment publics dans les Etats-Unis , savoir : Decomerte des verilables sources du Mississipi el de la riviere Rouge ^ par M. Beltrami ; et Notes sur le Mexique^ par mi clloyen des Etats-Unis. (Voir cl-apres , documens, page i54).

M. Malte-Brun lit une Note sur les ouvrages de ]M. Frachn, membre de I'Academie des Sciences de Saint-Pctersbourg , et de M. Rasmuss''n, professeur a Copenhague, rclatifs aux connais- sances geographiqucs des Arabes sur la Russie el la Scandinavie. (Voir Bulletin n" i5, page 112).

Le m(5me Membre annonce qu'on tradult actuellcment un Me- moire de feu M. Botvdich , sur les decouvertes faites depuis 1 785 par les Portugais, dans I'Afrique australe; decouvertes qui s'e- tendent, a travers le continent, depuis Angola et Benguela , jusqu'a Mozambique et Senna; de sorle que desormais, sur les cartes d'Afrique , une zone dc contrees connues Hera les deux coles du continent dans cette direction.

Seance du 2> aoilf.

M. le baron Fourier ^ Tun des secretaires perpetuels de TAca- demie Royale des Sciences dc llnstilut, remercie, au nom de cette Academic , la Soclete de Geographic de I'envoi de son Bulletin.

M. Romain, consul de France h Dublin, annonce qu'il a dislri- Lu^ en Irlandc les programmes de la Societc.

M. Ronx annonce que I'impresslon du texte de Marco Polo est prcsque tenTiinec. II ne restc h imprimer que le glossaire, les va- rianles et le discours preliminalre.

M. Simonoff, nicniLre de la Soclele, et professeur a FUnivcrsitd de Kasan, inforinc la Commission Centrale de son depart pour la l\ussie. II lui offre de correspondre avee clle, et de la mctfre en relation avec les societes savantes de la Russie. II annonce quelques travaux gdographiques executes par les Russcs. (Voir ci- apres, documens, page iSg).

M. RoujD lit une relation de M. Derc/ie , sur le tremblement de terre d'Alep, en 1822. (Voir cl-apres, documens, page 162).

M. Alex. Barbie du Bocage continue la lecture de Tltineraire d'Alcp a Bagdad, par M. Rousseau.

M. Malte-Bnin , en pr^sentant , de la part de M. Glicmann , de Copenhague , un excniplaire de la Description geographlque de rislande, publiee par ce savant, et dedieea la Soclete de Geogrtiphle, donne une idee de ce livre et de la Carle de I'lslande qui I'accom- pagne. II se reserve d'en communiquer un aper^u plus detaille.

Membres nouvellcmcnt admis dans la Sociele,

MM. Bauprand , Mardchal-de-camp au corps royal du Genie ;

R AXJLIN , Secretaire de M. Tambassadeur de France en Dane- mark. ;

Way (Lewis) , Ministre de I'Eglise anglicane.

Aj-fcX-* /VW» iV*-"*/* /V*^ VI 'VWt

Outrages presenies ct deposes sur le Bureau.

Seance du 6 aout.

Noiwelles Annales des Voyages , de I'Histolre ct de la Geographic , cahicrs de juin et juillet 1824; par MM. Eyries et Malte-Bnin.

i4o

Notice siir le premier outrage d'yinafomie et de Medecine impriine en turk, a Constantinople, en 1820; par M. Bianchi.

Recueil de Fet\?as^ ecrit en lurk et en araLc; par le mfime.

Journal de la Societe Asiatique , 25"^ cabier.

Seance du 20 anut.

Qualorzieme livraison de V Atlas des Departemem de la France , conlenant les departeniens d ///e et J^ilaine, Loire-lnferieure el Maine et Loire; par MM. Perrot el Aupick.

Tableau histori(/ue , geographique et politique de la Molduine el de la Valachie; par IV. JVilkinson^ ecuycr, ancicn consul general d'An- glelcrre a Bukarest; Iradult de Tanglals par M. de La Roquelte , chevalier de la Legion-d'Honneur , Tun des redacleurs de la Bio- graphic universelle. Seconde edition considerablenient auginentee ; vol. in-S" ; ia Paris, chez Anlh. Boucher, inipriineur- libraire, rue des Bons-Enfans, n" 34; L,-G. Michaud , libraire, place des Victoires, n"3; Delaunay et Petit, Libraires au Palais-Royal.

Notice sur A. M. Rochon , membre de I'lnslitut; brochure In- 8"; Paris, 1824.; par le meme.

Etude des Glaces , a Vusage des nai>!gateurs dans les mers arctiques ; I vol. in-8" ; Paris , 1819 ; par M. Cadet j de Metz.

Annales Europeennes de Physique vegetale^ cahler de juillet 1824; par M. Rauch.

Description de I'lslande, ouvrage allcmand dedid a I'lnstitut Geo- graphique de Weyniar, el a la Societe de Geographic de Paris; par M. Glieman. #

i4i

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DOCUMENS.

Le 6 aout.

^WPORT fait par M. Bianchi , sur Vouvrage intiiitle SvvvLtm'E^T h I'H'isloire generale des Huns, des Tares etdesMongoh , par M. Sen- kowski , professeur de langues et de litteratures orientales , a VUni- oersite Impaiale de Saint Pelersbourg , i vol. in-^'^ , Fetersbourg , 18:14.

Get ouvrage, dont I'auteur vient de faire hommage h. la Society de Geographic , a ^te traduit d'un manuscrlt persan , donne en present au chef de la mission russe, en Bukharie, par i'Emir Hai- der, souverain acluel de celte contree, et apporte h Saint-Peters- bourg, en 1821 , par M. le baron de Meyendorff, attache i la mission imperiale.

L'auteur du manuscrit est Mohammed Youssouf Ibn Khodja Beka, MomichI, ou redacteur d'office de la cour de Moukini khan, prince qui parvint a la vice-royaute de Belkh , en 1702. L'histoire de Youssouf Mounchi , qui a pour litre , Tezkere'i Moukim Kluin , ^'^ *Ji.j 2p jj', commence ti la conquete du royaume de Bu- kharie par Mohammed CheYbani khan, en i5o5 , et s'arrete i I'annee de Thegire iiiyC 1706-7).

Les donnces vagucs , inccrtaincs et souvent contradicloires qui se Irouvcnl dans Aboulgazi , d'Herbelot et autres, rinsuffisance et I'inexactilude des noiions historlqucs que uous avons sur la domi- nation des Uzbeks dans la Transoxane des anciens ; tels sonl les motifs qui ont determine f»i. Senkowskia publier une Notice et un

Extrait delaille du manuscrit cite plus haut. Coinme il serait trop long de sulvre cet auteur dans Ics ddtails ou il enlre pour rec- tifier les erreurs ^chappees aux hisloriens qui ont donne avant lui la premiere gencalogie des khans deBukharie, nous nous allache- rons a la parlie de son ouvrage qui nous a paru en faire essen- tlelloment le inerite.

Un avantage qui resulle effcctivement de cette Iraduction , c'cst que les historlens qui onl ecril antericurement, nc nous ont offcrt la succession des khans de Bukharie que jusqu'cn iSgg , tandis que M. Senkowski nous donne un tableau genealoglque, trace avec ordre, des deux dynasties , celle des CheYbanis , et celle des Aslracanides ou Baloukhanidcs, jusqu'en 1702.

La premiere partie de cette histoire de la Bukharie , quolque tracee rapidement , offre neanmoins des details curieux et des anecdotes caracteristiques ; mais c'est particullerement sur les circonslances de la seconde epoque, oii il vivait lui-meme , que Tecrivain persan s^est le plus etendu. M. Senkowski a donne des extraits des quinze regnes dont se composent ces deux dynas- ties. Les notes explicalivesetphiloiogiques, qui suivent , et qui sont accompagnees de textes persans et djagatais, offrent des citations poetiques remarquables par I'esprlt el la dclicatesse des pensdes, particullerement celles qui se rapporlent aux regnes d'AbdouIlah ibn Iskender et Abdoul Aziz, I'un des princes les plus letlres de la seconde dynastic. Ces notes sc Icrmiuent par des renseignemons aulhentiqucs , rccueillls par M. le consclllcr d'etat Negri , sur 1 histoire de la Bukharie , depuis Tepoque ou fmit le manuscrit de Youssouf MounchI , jusqu'a nos jours. Ces documens nous font connaitre la continuation de la seconde dynastic , depuis 1702, jusqu'cn 1740, et roriginc dune troisleme k laqucHe apparlient Mir Haider, aujourd'hui regnant. Ce prince, qui descend de DjInguIz par sa mere, occupc Ic trone depuis 23 ans, sous le tilrc d'Kmir.

M. Senkowski donne ensuile des remarques geographiqucs ,

1^3

puisees dans Tauteur qu'il a traduil , et qui sont d'aulant plus in- te'ressantes que la partle de la grande Bukharie k laquclle elles se rapportent nous est peu connue. A I indication de lous Ics lieux mentionnes dans son manuscrit , M. Senkowski a cru devoir join- dre les renscignemens qu'il a recueillis sur leur position geogra- phique : il n'omet pas memo los places dont les noms sont deji connus, parce que les descriptions des royaumes modern es'de TAsie, composees sur des renseignemens qui datent depuis sept slecles , meritent peu de confiance. II a done pensd que la mention , d'un endroit trouve dans son auteur serait importante , au moins comme preuve de ce qu'il existe encore aujourd'hui, car il s'est convaincu que beaucoup de noms de villes citds par Ibn Haou- cal , Aboul Feda et Hadji Khalfa , dans leurs descriptions de la Transoxane , sont entierement inconnus des naturels du pays. M. Senkowski a marque d'un asterisquc les denominations rappor- tees par les Geographes orientaux : nous croyons devoir renvoyer, pour les dernieres , i Touvrage meme , et nous nous bornons k extraire de la liste qu'il donnc, les noms des lieux qui , par leur nouveaute, peuvent coniribuer plus parliculiereraent aux progres de la Geographic.

S'iah-Djerd ^j^ jUw , bourg eloigne de deux parasanges de la forteresse de Belkh.

Buluk-Aktche Asr^l ^^^l> , bourg on vlUe entre le Djihoun ( rOxus) el Choubourgan.

Mezari Baba-Abdal j\^\ \Ai Aj.o ^ le tombeau du religicux , bourg de la province de Belkh.

Klian-Ahad y^\ ^^^^ ^ bourg entre le Djioun et Belkh.

Ach^ar etCaradague i-liS^j .Ui.1, situes dans Ic Turkestan, sont les monts les plus eloignes de ces contrees , vers le Kachgher.

Ser-Kupruk w^y^j— (la tele du pont), ville qui parall elrc la meme que celle nommee par Aboul Feda Khouchafaghn ,

bourg, grand et fertile du pays de Seghed. II faut cependaot le distiiigucr dc Scrpoul , dont le noni a la memc signification.

Jco'w^ ^JL^yj Vilditi-Miyankal ^ le nom moderne de I'ancienne vaUee de Soghd : c'esl le pays qui s'etend le long dcs rives du Zerresfhan , entre Samarcande et Boukhara (i).

•NeQ BeharXijy , bourg du cote d'Endkhoud, sur le chemin qui , de cette villc , conduit dans Ic Bcdakhchan.

Guedj doiian .!j J^ iX^ , est un bourg sltu^ au nord dc Bou- khara a la llsiere du pays cultlve.

Naaman ^U'.w , forteresse dans Ic Bcdakhchan.

DJouz-Gun %y j^ , la plus forle ville du Bcdakhchan. Celte place , dll M. Senkowski, doit etre distinguce de DJouz-djan, dont M. le baron de Sacy parle dans ses Notices et Extralls , tome iv , page SjS , et M. W^Ukcn dans son Historia Samanidarum.

Kecheni JLS , district des environs de Candez.

Dirsek <^tXwj^ , bourg qui doit se trouver aux environs de Naa man , sur le chemin de Candez.

Bala Mourgab s_jl£,^Vu , place considerable du Khorassan. On connait la denomination de Mourgdb , par les Geographcs orientaux ; mais celle de Bala Mourgab ou Mourgab superleure , donnc a croire qu'il y a une autre place qui porte ie nom de Fu- rou Mourgab , ou MourgSb inferlcure.

Kara koul Jj3»^ , une des porLes de Boukhara : c'est aussi le nom d'une grandc ville, situee a lo lleucs S.-O. de cette capltale.

Defidi koukteche ^^y («5tj-^» fleuve principal du Bcdakhchan.

(i) PLisicurs dc ces noles geographiqucs ont cle rectillocs par M. Senkowski, 8ur les observation? recentes que M. le baron de Meyondorfl' a bicn voulu lui couimuniquer avant la publicalion du son voyage d'Orenbourg a Buukbarn.

»45

C'est le meme que M. Elphinstone (An account of the kingdom of caubul) ecrlt Kokcha.

Namaz. giiiah »1^ jUJ (rOratoIre) , bourg pen cloigne de Belkh , sur la route de Bokhara.

Djoiii bar y-^,$^ est effecllvement le nom dun des quarliers de Boukhara.

Feiz-Ahad ^o i ^jo^ , est une ville du Bedakhchan. Elle est de- signee quelquefois sous le meme nom que la province dont elle est aujourd'hui la capitale. 11 y a un autre Feiz-Abad, enlre Ankoy (Andkhou el Belkh : c'est encore le nom dun village, pres de Boukliara.

Bag Mourad ^]y pu , village peu eloigne de Belkh. Derbendi- kata'i ^p-J=^ ^-^s^ , defile qui dolt se trouver dans la chaine du Mont Bilour , qui horde au nord le Kachgher.

Kerem ^j5 , M. Senko\vski pense que ce nom , par lequel les Orientaux designaient Tancienne capitale de Djinguiz khan , indi- que main tenant tout le Khatai septentrional , ou le nord de la Tartaric chinoise.

Koutel jj'y , mot qui signifie : Passage a trailers les monts. A huit jours de marche de Khouloum , vers le Kaboul , on passe une ri- viere nommee autrefois DoAybar , qui prend sa source dans une montagne , appelee Cara-dague ou Cara Koutel. Au-de-la de Bamian , on traverse un defde qui porte le nom de Kouteli Had dji Khak. II parait que c'est le premier de ces deux defiles que I'au- teur Persan deslgne sous le nom de Koutel.

Araleq \^^yi ce nom est donne aupays comprls enlre les deux bras du fleuve Amon et la mer Aral.

Ruluk kJioulm *Li. v^^u , ville sur la route de Candez, i Belkh , ^loignee de celte derniere capitale de deux journees de marche. C'esl le Kullum de M. Elphinstone.

1 46

Orta-Erel ^y 'jjji , tie sur le Djihoun elle doit se trouver sur la llgne tiree de Belkh i Hissar.

Qoubadiian .'jpl' J , fort occupd par la tribu dc Dourman : II

est sita^ entre Belkh et le Djihoun , sur la ligne tlr^e de cette ville k Teraiouz.

Tenfii-Di'iXin ^^j'^^ «>*XJ' et Bemll-harem *p. JJL> , d(ifil^s qui doivent olre places dans la province de Termouz.

Caldi-Kakdi ^ao ixli , fort de la in^me contree.

Ichikrnich el Talikan 0\i Talkiin ^ yjiUpj ivsxi,tc(<2>.tJ, Cette derniere province est placee par M. Elphinslon , entre cclle de Belkh et Bedakhchan. II Tecrit Talikhan.

A ces observations geographlques se trouve joint, un dtat dcs- criptlf des monnoies qui ont cours en Tartaric.

£nfin Touvrage se termine par le lexte de quclques fragmens hisloriques pris dans le manuscrit de Youssouf iMounchi , dont M. Senkowslci , sans les traduire lilteralement, a donne des cx- tralts , et qu'il destine aux amateurs de la langue persanne. Ces morccaux, quoique pour la plupart ecrits dans le style emphali- tique des orientaux , u'en sont pas moins remarquables par la beaute, la richesse des expressions, et commerenfcrmantun grand nombre de mots turcs employes par les Persans , et rclatifs a Tart milltaire moderne de ces peuples.

En resume , nous pensons que la traduction dc M. Senkouski est un ouvrage utile , en cc qui! jello de nouvellcs lumlcrcs sur Thistoire , la geographic et la lltleralure dune partic de TAsIe digne de notre attention.

i47

X'VX'* ^t. fc^ 1A -V^ X«/» -- A^.'Vt

Extrait de deux lettres de M. Dclaporte , Fice-Consul it Tanger, an- cien ChanccUer du considat de Tripoli deBarharie , h M. Jomard, Membre de la Societe de Geographie.

Je dois d'abord vous signaler quelques Inexactitudes

que le capitaine ainericain James Riley (naufrage aux memes lleux que M, Cochelet), a consignees dans son livre intitule : Naufrage du brick le Commerce. L'une de mes remarques porte sur le mot arabe J-^ djyl, quil ecrit zilles. Ce n'est pas sous le rapport or- thographique de ce mot que j'ai la pretention de rallaquer, mais sur la signification quil lui donne. II entend par-la un espace de quarante annees de vie, tandis que J-^ ne signifie reellement que generalioiij ou vingt ans. II deduit de son interpretation erronee, que des arabes qui ont quatre J~?- djyl ou zilles d'age , complenl i6o ans d' existence , lorsque, par le fait, ils n'en ont que 80; et il part de la pour attribuer la longevite surnaturelle dont il se plait k gralifier les habitans du desert , a la regularite , k la sobriete de leur maniere de vivre , a la chaleur du climat auquel ils sont ac- coutumes, a leurs transmigrations continuelles d'unlieu k un autre. Cependantla maniere de vivre des arabes errans semblerait devoir operer un effet tout-a-fait oppose. Vous savez vous-meme que la decrepitude se grave en trisles sillons sur le front d'un Arabe qui n'a pas meme atteint la moitie de la carri^re de la vie. Cette appa- rence de vieillesse prematurce ne pourrait-elle pas provenir des fatigues de Icurs voyages continuels, de la mauvaise nourriture a laquelle ces voyages les reduisent, de Tabus de leur temperament epuise par le commerce des femmes et ruine par Flntemperle des saisons a laquelle les expose leur vie vagabonde ; enfin des crain- tes , des alarmes sans cesse renaissantes journellemcnt , soil qu'ils aient a fulr leurs ennemis , soil qu ils aillent les surprendre. Ayant

i48

vecu parrni Ics Arabcs , vous pouvez , beaucoup mieux que tout autre, dmettre un avis sur ce point.

L'erreur , si toutcfois e'en est une , dont je vais vous parler , porte sur retymologle du nom donneaux habitans acluels dc I'A- frique.Jai lu dans un livre de RecherrJies liistoriques sur les Maures^h la page 38 du discours preliminaire , un passage ou i'on fait rcmon- ' ter Torigine du nom qu'ils portent en Europe aux Mahurim, c'est- i-dire k tout ce qu'il y a de plus hebreu dans la profondcur des siecles. Le savant Bochard a cru trouver une analogle enlrc les mots Mauri et Mahurim. Cette etymologie ayant souri a Tauleur des recherches liistoriques sur les Maitres , il s'en est empare pour don- ner k ses hcros uneorigine singulicre. En ma qualite d'orientailste, je dcATais aussi sourire a une etymologie qui donne aux habitans de TAtlas et du Sahara , parmi lesquels je suis pour ainsi dire condamne a vivre , des ancelres qui remonleraicnt , par droit de denomination , aux temps du deluge et mome au-dela ; mais Ta- mour-propre doit ceder au raisonncment ; ainsi , au lieu de me preter a leur donner une denomination antl-diluvienne , je me vois forc^ de reconnaitre que le mot Maures ou Mauri \\cni tout slmple- ment du mot grec mavro , lU et le V etant proprement une scale et meme lettre. Les Grecs auront ainsi designe les Africains , 4 cause de la teiute de leur peau ; car s'ils n'eussent pas ^t^ Mavro , c'est-i-dire noirs , origlnaireraent du moins , on leur eAt donn^ ua nom analogue a leur couleur. C'est done par analogic dc couleur et non de parent^, qu'ils onl re^u lenom qu'ils portent encore de DOS jours.

L'auteur des recherches a commis une autre errcar dans le llvre ci-dessus designd. II avance que Ics Mahometans ou les Maures ont regu des Chretiens I'artde lire et dV'crire , parce que le Coran les nomme »«_J'^CUJJ^I , Ahl-el-Kilab , re qu'il traduit ^d,T gens de lii>re ou de lecture. S'il eAt ete un tant soil pcu verse dans la laiigue arabe , il n'etlt pas ignore que Mahomet designe sous ccltc deno- mination , non-seulcmenl les Juif's , mais encore les Chrcliens ,

1^9 parce quHls suivent dcs codes de lois religieuses ; la Bible et rEvangile.

Le meme auleur sc Iroinpe encore sur le mot -j-la. , hagge , c'est-a-dire pelerin , qu'U fail deriver du mot j^ , hegiaz (nom- propre d'une province de la contree ou se trouvent les villes que les Mahometans visilent en pelerinage) , a cause de la concordance approximative qu'il trouve entre ce dernier nom, et celui de r^-^j hagage , pluriel du premier.

C'est ainsi que, quand on ne comprend pas une languc, on se laisse aller complaisammcnt aux erreurs de I'imagination. On com- promet les auleurs qu'on traduit, et on donne des interpretations {autives ou des sens forces aux mots dont on se sert dans ses citations.

C'est ce qui vientd'arrlvcr 4 M. Paolo dellaCella, *i la page 170 de son Voyage dans la Pentapole Libyque, lettre XIV. Ce mede- cin voyageur s'abandonnant a la gaile de son imagination au sujet de deux sources qui fecondenl les terres de Derne, s'ecrie : Les gens de Derne font un si grand cas des deux sources dont leur ter- ritolre est arrose, qu'ils leur donnent le nom de ^^yf- ■, Haen, c'est-a-dire, suivant lul, Pvunelle de Votil^ et appellent Tune Hacn Derna iij^ ^j^ , Vizll de Derne ^ et Tautre Haen Bemansoiir sya^ji\ ^^y^t c'est-a-dire Vceil d^Abou-Mansour ^ sans doute parce que ce3 sources sont aussl cheres pour eux que la prunelle de Icurs yens. L'auteur, qui connait la langue arabc, au lieu de sacrifier unc tra- duction exacle a urie Inlerpretatlon spiritucUe, aurait dA savoir , puisqu'il cite de I'arabe , que le mot Ain , comme il (^crit ce mot , signifie une source , une fontaine d'ou Teau surgit , et que c'est par allusion que I'oeil a re§u des Arabes cette denomination , parce qu'il est la source d'oii coulent nos larmes , qui sont I'expression de nos diverses sensations. Pulsque je suis sur le chapitre de M. del- la Cella, je vous diral en passant que le pere Pacifiquc, prefet de la Mission apostoliquc de Tripoli de Barbaric, dont je vous ai d^ji parle plusieurs fols , doit relevcr , dans la relation qu'il va donner de ses courses dans la Pentapole Libyque, les erreurs qu'il a ren-

i5o

contrc'cS(lansrouvragecl«mdclccIn(i),Pourvou.<!pr»rlprime(!crni^rc fois Ac M. della Cclla , il scmble liesilcr a detcrniincr la position Oil ont dil ctre situees Ics Irois villes principalcs de la Tripoh'taine dAfrique : Leplis magna ^ CEa qui esl Tripoli, ct Sabrata. Ces villes seniblent cepcndant Lien indlquees par Ics noms qu'clles portent encore aiijourd hui. Lehda concorde avec Lcptls; CEa , que Ton aura nonime CEapolis , ct ensuile, par alteration, iVea/?o/is ( et qui est Tripoli avec Trabohs ; et Sabrata avec Zoagha, que Ton appcUe aussi TripoU-vieux : J'en ai vu les ruines (2).

Les Annales marltlmcs , lomes 4 et 5, chapitre de la Taxidermie ^ offrcnt, je crois, une autre erreur qui porte sur le mot Couxcouz^ auquel M. Lesson, naluraliste, donne Ic nom technique de Holcus spiratus, et qu'il range parmi les planles d'Afriquc. 11 s'en faut de beaucoup que le Coux-coiiz de M. Lesson oulc Coiisi:oussou don ties habitans de rAfrique font un usage si habitue! , soit une plante hcrbacee epi/ere, a moins qu'on ne le place dans la classe Aesfarincs subactiZ de Genes et de Naples , tel que les pates de macaroni , de vermicelle etc. ; car le couscoussou n'est autre chose que le produit d'une manipulation de semoule de farine de fromenl ou d'autres

(l) Le pere Pacitique vient de m'envoyer une Note snccinte sur les cinq villes de la Pcntapole , qu'il a parcoumes. Elle ne diflere picsqu'en rien de ce que M. Cervelll en dit. II m'avait fait parvcnir des planles du famcux Silpliiuta qu'il a retiouve dans son voyafje ; mals ellcs sont morles en roule , malgre tons les soins qu'on a pu se donner pour me les conserver : c'est une perte. Le pire Pacifique ne parlc pas en Lien du voyaqe qu'a public M. Paolo dolla Cclla , docleur en medecine, sur la Pentapole CyrenaVque. Voici ce qu'il m'eciit a ca sujct : « Ce voyage donne quf Ique idee dc la Pentapole ; mais je n'ai pas trouvi » exact ce qu'il dit de Cyrone et des antres lieux que j'al visiles. Je lui ai fait u savoiv en quoi son voya-e pecliait contreTexactilude. L'aulcur en a couveit » les defauts par rornemenl du reclt. »

(a) M. Delapovle a redijje une relalion dilaillt-e des ruines dc Leplis , et il a receuilU los inscriptions Le lout a ete conlmunique a I'/lcademie royale des Inscriptions et Belles-Lettres.

OI

cer^ales melees d'une tr^s-petile quantit(5 d'eau, qui, tourn^e avec la paume do la main et mise a plat dans le fond dun vase de terra en forme de gamclle , est amende a Tetat de grains plus ou moins gros , qui ressemblent a des parcelles de gruau ou de riz concasse , mais d'une rondeur prcsque parfaite.

Au risque d' abuser de voire complaisance, permettez-moi de finir par une reflexion. Combien d'erreurs les traducteurs, meme les plus instruits, faute de connattre la veritable acceptlon des mols qu'ils ont ele dans le cas d'interpreter , n'ont-ils pas commises , donnant des sens simples h. des passages qu'ils auraient du rendre figurcrnent et vice versa ! Que d'antiphrases , d'euphemismes , de locutions qui , s'ils etaient traduits mot a mot , ne pourraient etre compris !

^W»\wlwvwvv^'^^^^ft\

ExTRAIT Je/a lelire adressee a M. le President, par M. le Directeur general du Depot de la Guerre.

Monsieur le President ,

J'ai I'honneur de vous informer que le Ministre de la Guerre a rempli le desir de la Societe de Geographie, en accordant , pour sa bibliotheque, la collection des Cartes publides par le Depot de la Guerre , que vous lui avez demandee. La Societe reconnaitra , sans doute , dans ce don , I'inter^t que Son Excellence prend k scs travaux , et le desir qu'elle a de les voir couronnes de succes.

Recevez, etc.

Signe M" Delachasse de Verigjsy.

iSa

mv%%^A/yv\/*jvww*ivw%

Etat des Cartes dufonds dii Deptjt de la Guerre , donnees a la Blhllo- thique de la Societe Geographujuc. , en vertu dune decision du Minislre de la Guerre , du 'j juillct 1824 ;

S AVOIR :

La France, par Capitaine , en 20 feuIUes.

La France, par Cassini, en i84 feuil.

Les Etapcs dc la France, par le Dep6t , 4- feuil.

Carle adminislralivc de la France, idem^ 3 feuil.

Le Canal de Languedoc, 22 feuil.

Le Comparateur des Echelles , 2 pelites feuil.

Les Pyrenees , par Roussel , 8 feuil.

Le Haul Dauphine et Corate de Nice , par B'ourcet , 9 feuil.

Les Limites de France et de Savoic , i4 feuil.

Le Diocese de CamLrai, par Villaret, 4 feuil.

La Champagne et la Brie, par Bazin, 2 feuil.

Les Rivieres approvisionnant Paris, 2 feuil.

Les Teinles convenlionnelles, 5 numeros.

La Foret de Fontaincbleau, par le Depot, i feuil.

La Foret de Senart et sa reduction , 2 feuil.

La Foret de Rambouillet, 2 feuil.

La Carle des Chasscs, par le Depot, i3 feuil.

La Souabe, idem, 18 feuil.

Reduction, ou Petite Souabe , 4 feuil.

L'ltalie et Royaume de Naples, par d'Albc, 54 feuil.

La Moree, par le Depot, i feuil.

Le Plan de Pondicbery, i feuil.

La Wetteravie , par Beaurain , i feuil.

LeCcrcle de Weslphalie, i feuil.

La Hesse, par Beaurain, 4 feuil.

L'Irlande, par le Depot, i feuil.

Les Environs de Londrcs, idem , 3 fcuilies rdmiics.

i53

Le Plan de Londres, idcvi, i feull. Lc Plan de Dantzig, idem ^ i feiill. La Pxussie Europecnne , idem , yg feuil. Les Postcs de la Russie, en trois feuil. Le Tyrol, par le iJcpol, g feuil. LaPrusse, par Schroetler, 2 5 feuil. L'Archipel Toscan, par lc Depot, i feuil. Les Alpes Fran^aises, 2 feuil.

V*'%»WV»»1.* «•--*,*/ 1*^

ExTRAlT dhme Letlre de IVL Colfard, Inspccteiir charge des fonrfions rectorales en Corse , mcmbre de la Societe de Geographic ^ li ]\I. Bar- bie du Bo cage.

Ajaccio , i8 juillot !824'

Je prepare pour mon prochain voyage a Paris, un petit travail sur les coAtuines les plus singulleres qui sc sont conservees dans plusieurs parlies do la Corse ; j'espere obtenir la faveur de lire moi- meine ces notes a une des seances de la Societe de Geographic.

J'ai visite dernierement un petit ilol des bouches de Bonifacio , appelc 5«« jBa/i/« , oii il se trouve, avec une colonne de G nicires de hauteur, niille morceaux de granit prepares pour des tables, des cintrcs , etc. , etc. Je recherche a present sous quel people avait lieu cette magnifique exploitation. Si jenc parviens pas a me pro- curer, sous ce rapport, les documens necessaires, j'aurai du nioins releve I'erreur de plusieurs geographes , qui ont place ces restes de Iravaux dans Tile Lavezzo, qui, aucontraire, n'offre aucune trace semhlable , ct qui est a-peu-pr^s d'un mille de distance de San Bahisi.

II

i54

M»/^ ««WVWWWVWWVhV

Notes on Mexico , etc. , Notes sur le Mcxique , faites pendant Vau- iomne de 1822, accumpagnees d'un Resume historique de la revolu- tion , et de Traductions de pieces officielles sur I'etat actuel de ce pays^ avec une Carte ; par un citoyen des Etats-Unis : un vol. inS"., de 359 pages. Philadelphie , i8i4-

L'auleur, M. le colonel roinsett, de Charleston, adonne, sous ce modeste titre, une foule de renseignemens varies et interessans sur la situation du Mexique pendant I'automne de 1822.

« Les Notes , dit Tauteur , que je livre au public , ont 616 dcrites durant un court sejour que f ai fait au IMexique dans Tautomne de 1822. Elles ont ete adressces , en forme de lettres , a un ami , et n'etaient pas dcstinees a voir le jour. Toulefois le vif inte- ret que prennent mes compatrioles h tout ce qui a rapport a ce pays, et les renseignemens incomplels qu'ils possedent sur Ics cau- ses et le caractere de la r<^volution qui vient de s'y operer , m'ont decide a conseritir a leur publication.

M La forme d'un journal n'estpeut-etre pas cellequi convient le plus a un ouvrage de cctte nature ; et ce n'est pas non plus celle que j'aurais prefer^e : mais il m'eAt fallu plus de temps que je ne pouvais y en consacrcr pour changer ces lettres de maniere a pre- senter un recit plus suivi ; et, d'un autre cote, je ne pouvais en differer plus long-temps la publication sans leur faire perdre Icur principal interSt.

» Ces considerations expliqueront . si dies n'excusent pas le de- faut de methode qui regne dans le classement des matieres varices qu'il renferme. J'ai ecrit ces notes dans la capltale du Mexique , pendant les momens de loisir que j'ai pu derobcr a mes occupa- tions et pendant mon voyage dans le pays; et, k I'exception du r<5sumd hislorique qui se trouve dans I'Appendice , I'exactifude des renseignements qu' elles renfcrmcnt a cte vcrifide sur les lieux.

i55

i) Jc n'ai d'autre pr<^Jonlion , en publiant ces Notes , que celle de faire connailre la partie du Mexique que j'ai parcourue. Le Icc- feur trouvera de plus amples details, a ce sujct, dans les ouvrages dc Lorenzana, Alzate, Clavigero , Uolurini, Mier, Koblnson et Humboldt , maissurtout dans celui de ce dernier, ou j'ai puise de precieux renseignemens. Ce celebre voyageur a tout vu et tout de- critavecune exactitude scrupuleuse. Lisezson «Essai politique surle royaumc de la Nouvelle-Espagnc, » et vous acquerrez, sinon une connaissance parfaite du pays , du moins une idee beaucoup plus correcteque celle qu'en a donnee aucun autre voyageur avant lui. »

M. Poinsett s'est embarque sur la corvette le John Adams , le 28 aoAl 1822. II a touche a Puerto-Rico, ou il est reste depuis le 26 jusqu'au 3o septembre, a parcourir cette lie , dont il donne une courte description. Sulvant le denombrement de la population , fallen 1822, elle ctalt alors de 225,ooo hablfans , dont 25, 000 esclaves. La majeure partle de la population llbre se composait de gens de couleur. Depuis quelques annees , II y emigre , dit - on , d'Europc, de 6 a 8,000 pcrsonncs annuellement. La ville de San- Juan renferme environ 20,000 ames. »

La corvette, ayant rcmis en mer , rencontra , le i*^"" octobre , presde Tile de Mona , le brick dcs Etats-Unis le Spark , a bord du- qucl M. Poinsett se rendit d'abord k Laguira , et dc \k a la Vera- Cruz, ou II arrlva le 18 du meme itiois.

II prit ensuite le chemin de Mexico , et passa par Jalapa et Pucbla. La population de cette dernlere vllle , que M. dc Hum- boldt a evalu^e , en i8o3 , a 67,800 habltans , n'en renfermait, sul- vant le recensement qui ful en fait, en 1820 , que Go, 000.

II arriva dans la capitale de la Nouvelle-Espagne le 27 oclobre suivant. D'apres tous les renseignemens qu'Il s'est procures sur la population de cette ville, II crolt pouvoir I'evaluer de i5o a 160,000 liabllans. M. de Humboldt Ta estlmee , en i8oi , a

137,000.

1 56

La population de plusieurs aulrcs villes a subi des changemens remarquables. Celle de la Pucbla , coiuinc on fa dcja vu, est de- meurce presque stalionnalrc; mais la population de Guanaxuato, de 70,000 qu'elle etait en i8o3, savoir , 4-i»ooo dans la ville pro- preinent dite, et 29,000 dans les mines voisines ct les faubourgs, est actuellcment rcduite k 15,879 '^^"^ ^^ ville, et i i6,44i dans le voisinage; en tout, 3i,820. La population de Guadalaxara, au contraire, s'esl accrue, dc ig,5oo habilans qu'elle elait en i8o3, k au moins 70,000 ; et c'est aujourd'hui la seconde ville de Tem- pire , sous le rapport de la population.

Queretaro renferme 3o,ooo habitans, dont 11,000 Indiens; Salamanca etlrapuato,chacune 4,000; Hacienda de Bunas, 4,854; YalenciaDa, 4»ooo, de 22,oooquesa population ^tait autrefois , etc.

Les forces militaires du Mexique etaient, en 1822 , de 40,764 hommes, savoir :

Troupes de ligne, dont 4i5oode cavalerle, 10,764.

Milices 3o,ooo.

Total. 4o, 764'

i5j

Le Tableau subant de la quantite d'or , d argent et de cuht-e monnoyes h Mexico^ depuis 1802 jusquen 1821 induswement ^ dresse le i5 juillct 1822, par Don Jose -Mariana Paria, pent faire suite a celui quen a donne M. de Humboldt, depuis 1G90 jusquen i8o3.

Annees.

On.

Argent.

CulVBE.

ToTAUX.

1802

839,i22i"U.

17,959477 3

1/4

»

18,798,599 3 1/4

i8o3

(i^jfijoSo

22 520,856 1

3/4

})

23,166.906 I 3/4

1804

95y,o3o

26, 1 3o, 97 1 0

1/4

»

27,090,001 0 i/j

i8o5

i,35<),8i4

25,806,0-4 3

•/4

»

27,165,888 3 1/4

1806

i,3;-.-j,348

23,383,(.7 ! 6

./2

I)

24,736,020 6 1/2

1807

ij5i2,.j6()

20,502,433 7

'/4

»

22,014,699 7 1/4

1808

1,182,516

20,703,984 7

1/4

»

21,886,500 7 1/4

1S09

1,464,818

24,7o8>i64 2

1/2

»

26,172,982 2 1/2

1810

i,o()5,5o4

17,950,684 3

1/2

»

19,046,188 3 1/2

1811

i,o85,363

8,956,433 0

3/4

u

10,041,796 0 3/4

181J

38 1, 646

4,027,620 0

3/4

>J

4,4o9,2(i6 0 3/4

18 1 3

»

6,i33,983 6

)l

6,133,983 6

1814

618,069

6,902,481 4

1/2

io3,555 »

7,624,105 4 1/2

i8i5

486,464

6,454.799 5

101,356 .■>

7,042,620 2

1816

960,393

8,3i5,6i6 0

'/4

125, /Si 6

9.401,290 6 1/4

1817

854,94'

7>994 95i 0

»

8,849,893 0

1818

533,921

10.852,367 7

1/2

)'

11,386,288 7 1/2

1819

539,377

ii,49i,i38 5

u

I2,o3o,5i5 5

1820

509,076

9.879,078 I

»

10,406,154 I

1821

3o'3,5o4

5,6ou,022 3

1/2

12,700 )1

5,916,226 31/2

TOTAUX.

16684,22')

286,292,811 5

3/4

342,893 3

3o3,3ig,928 0 3/4

L'appendice renferme, entre autres documens inleressans , uo voyage de Tampico k Mexico, qui a ete fcommuniquci par un ami au colonel Poinsett ; nous nous conteuterons de donncr la Table dcs distances entre ccs deux villes.

1

58

Dc Pueblo Viejo de Tampico , h El Arrojio-

dcl-Monte 3 1/3

De la i Esterilla 12 1/2

~ a Los Hucvas i3 «

k Tanloyuca 4 "

a Las Flores 3 »

a La Pesca 11 »

a Papalipan 6 »

au somniet de Penulco 10 «

a Zaguallipan 3 »

au I\lo Oquilcalco 3 «

au Rio Grande. ....... 4 "

au Mittan Grande 3 »

au MItlan Chlquito 6 »

a San-Mateo 10 »

k Guadaloupe 11 »

a Mexico i m

En tout io4- lieues.

IVL Poinsett visita Tile de Cuba, h. son retour du Mexique. D'a- pr^s le recensement de la population de cette ile, fait en 1817, elle etait alors de 671,079 habitans, savoir :

Blancs 259,260.

Gens de couleur, libres 99,682.

Noirs libres 54,375.

Gens de couleur , csclaves 32,3o2.

Noirs esclavcs 166, 843.

Esclaves importescn 1817 25,976.

Elrangers 32,64i.

Total. 671,079.

Le produitmoycnderilc, pendant scptannces, aelede3oo,ooo caisses dc sucre, dc 4"o livrcs cliacunc, cl dc 25, 000,000 livres de cafe. W".

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Lettre de M. SiMOMOFF , professeur de I'Unwersite de Kasan,. a la Commission Centrale.

Messieurs,,

Ayant eu Thonneur d'etre appele parmi vous , et associ^ a vos travauxquisontveritablement utiles pour les progris des sciences, comment puis-je vous en temoignei ma reconnaissance, autre- ment que par mon zele a communiquer a votre illustre Societe tout ce qui peut meriter son attention , dans le vasle empire sous les lois duquel je suis n^? Je sais combien mes takns sont peu suffisans pour sati;ifaire completement au desir de la Societe; j'espere, ce- pendant, que mon heureuse situation me donnera les moyens d'y parvenir. Ne i Astrakhan, capitale d'un ancien royaume des Tar- tares , et a present ville remarquable par la richesse de son com- merce en Asia, par son abondance, par la diversite de ses habi- tans , par le voisinage d'interessans pays, tels que les Caucases , la Perse et la Georgie ; etabli a Kasan, qui donnait son noma un autre royaume lartare , et qui est maintenant la troisieme ville de la Grande Russie, et le depot de tout le commerce de la Sibcric et de la Chine ; membre d'une Universile qui dirige Tinstruction pu- blique dans un arrondissement compose de quinzegouvcrnemens, j'espere avoir le moyen de rassembler sur ces interessans pays , quel- ques notions que je puiserai tantot dans mes propres observations , tan tot dans, une correspondance que je me propose d'entretenir avcc des personnes instruites qui les habitent.

L'arrondlssement de TUniversit^ de Kasan est le plus vaste et le plus interessant de tous les arrondissemens scientifiques de la Russie. Son influence s'elend depuis le pays civilise des gou- vernemens de Kasan , de Nizhnci-Novogorod , dcSImbirck, de Penza jusqu'a la peninsulc du Kamtschalka ; depuis le beau climat des gouvernemcns de Saratovv, d' Astrakhan, des Caucases ; depuis

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le climat LrAlant dc la Georgie jusqu'aux nelges perpdtuclles dc la cole (Ic la iner Glaclale. C'cst de ccs pays que j'espere avoir 1 hon- neur d'eulrcleiiir de frequcntcs relations avec la Societe de Geo- graphic, apres men rctour a Kasan.

La Siberic, a ellc sculc, merlle raltenlion des savans. EUe doit exciter Icur curiosile , par la diversite de ses clinials, de ses productions , de ses planles , par les richesses intarlssables ca- chees au sein des montagnes qui la couronnent, par la marche ra- pide de la civilisation de ses habilans indigenes. Cepcndant, pres- que tout y est inconnu. Et, dans toute TEurope , on n'a qu'une connaissance blen incomplete , ct quelquefois inexacte , de ce pays nalssant , surlout sur les objets donl s'occupe la Societe de Geographic. Les travaux sublimes de Pallas, d'Aclanes el d'aulres savans voyageurs, nous ont decouvert des objets eminemmenl in- teressans sur Ihistoire naturelle; mais, pour connaitre ce pays, il restc encore beaucoup a faire.

Les positions de beaucoup de villes ne sont delerminecs qu'a- proximativemcnt, la haulcur des montagnes n'a pas encore eld mcsuree ; on ne peul encore repondre de Texaclitude des posi- tions, que relalivemenl a quelques cndroils silues sur la route, depuis Kasan jusqu'a Kiachta, determinee par le celebre academi- cien Schabcrl, pendant son voyage, a la suite de Fambassade russe en Chine , et de quelques autres situes pres des mers, et visiles par plusieurs savans navigafcurs russcs el eirangers. Le niveiicmcnt et la delermination des degrcs du meridien , dans celte parlie de laterre, sont extrcniement necessain^s pour la connaissance du globe terrestre ; surlout, la mesure d'une portion du meridien, donl le degre elalt mesure dans les Indes Orleulales. llscralt encore plus imporlant de prendre, en Siberie, uue mesure du degre d'un cercle parallcle a Tequaleur. Si la lerre n'est pas un sollde de re- volution , alors celte mesure, coniparec avec cclies qu'on aura failes en Europe , donnera le nioycn de jngcr dc sa figure. II n"y a point de doules que (out cela ne soil blcnlol entrcprls et execute. Que ne devons-nous pas atlendre de la magnificence de noire au- guslc souverain I'empereur Alexandre ! Vous voycz les rcsulats de sa

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hanle protection pour toulcs les branches des connaissanccs hu- maines. Les voyages de M. Visclmewsky, membre de TAcadeniie des sciences a Saint-Petersbourg, falls pendant sept ans , pour determiner des positions geographlques , dans la Russia Eu- ropcenne ; les observations aslronomiqucs , les travaux de MM. les generaux Schabrak et Tenner, dans les gouvernemens de Saint- Petersbourg et de Wilua; les expeditions frequentes envoyees, parl'ordrede Sa Majeste, tantot dans les parages du cercle anlarcti- que , tanlot vers ledetroit deBchring , tantotvers Tcrre-Ncuve, en sont la preuve evidente. Vous avcz deja re^u quelques nouvelles sur les travaux importans et perilleux de MM. W rangcl et Anjou, qui on I explore presque toule la cote septentrionale de la Siberie. En outre, on fait continuellement des decouvertes iinporlantes dans I'interieur de ce pays : entre autrcs, on a decouvert unc com- munication enfre les rivieres Tase et Enisey. Cette dccouverte estbien iniportante et bieu utile, puisqu'clle donnc un moyen sur et facile d'envoyer aux peuples qui babilent les rives du Tase, toute sorte de fournilurcs.

Son Excellence Monseigneur de Magnitzky, curatcur de TUnl- versite de Kasan, professeur zele des sciences, ne neglige rien de ce qui peut repandre la lunilcrc sur ce pays, et assurer Ic bien- ^tre de ses habitans. Outre les gymnases qu'on trouve dans tous les chefs-lieux des gouvernemens, outre les ecoles qu'on a ctablies depuis long-temps dans toutcsles villes. Son Excellence a donne Tordre a TUnivcrsite de Kasan , de faire le plan dun grand lycee, qui doit etre elabli en Siberie , et dun jardin botanique , qui doit ctre a Krasnoyarsh, ou dans un autre endroit du gouverne- ment d'Eniseysk , pour enlretenir toutes les plantes de Siberie^ Les instituteurs des ecoles sont munis d'instrumens et d'instruc- tions necessaires pour faire toute sorle d'observations sur la geolo- gic , la meleorologle , la stalistique, la topographle , et sur tout ce qui peut ctre ullle aux sciences. La Conuuission, coniposee des Membres de lUniversite dc Kasan , est cliargee de metlre en ordre les notes et les memoires , qui lui sont deja parvenus ea grande quantite.

Je commcnccral , Messieurs , par vous communlqucr Ics resul- tals de CCS Iravaux ; el par le zele que je metlrai a informer la So- ciety de tout ce qui se fcra dans nia patric d'important , pour Ics scienccsdontvousvousoccupcic, je lachcraidevous prouver la recon- naissance que je vous ai vouee pour 1 honneur que vous m'avez fait.

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Relation du tremLleme.nt de terre d' Alep , par- M. DercUE, 2= Drog- man du Consulat general de France.

14 aoiit 1822^

( Qitteqite ipse miserriina vidi. )

Celui qui a cle temoin d'un grand evencnicnt, d'un grand de- sastre, senible elre, plus que personne, a nieme d'en donner une relation fidele et detaillee ; et souvent la fortune d'un recit a (tic faite par ces paroles : j'y etais.

Pour moi, j'avoue que je n'ai point conserve, dans les instans terribles de notre catastrophe , assez de sang froid , d'inipassibi- lile , pour me prevaloir de ma presence en faveur de mes r('cits; mais ayant etc depuls a memc de voir d'un ceil plus calme les, resullals de cette nuit fatale, j'essaie d'en tracer un tableau , som- bre sans doute , mais que , bien loin de rembrunir par Texagera- tion , je me sens incapable de porter a son vrai ton de couleurs.

Alep, naguere une des trois plus belles villes de TEmpire Ot- toman, offrait au voyageur un contrasle frappanl avec les autres villes de la Turquie. Sa position dans une plainc immense dont quelques jardins font Tuniqiie ombrage , rie pouvait sans doute rivaliser de beautes avec celle de Constantinople , ou meme de Srayrne ; mais ses palais , ses nombreuses mosquees , scs maisons dcvees , ses bazars, qu'on aurait pu comparer .'i un vasle laby- rinthe recouvert de voAles bardies , scs rues propres et bien pa- vees, le caractere de scs babllans , surprenaicnl agrcablcment

i63 ccux qui etaJent accoutumes au spectacle des chdtives bourgades de la cole dc Syrie.

Je ne parlerai pas de scs richesses, que les avanies de toute cspece nepeuvent epuiser. Entrepot d'un commerce immense en- tre Bagdad et la Perse , Alep etait la cite la plus opulente de ces conlrees ; mais, dans la triste nuit du i3 au i4 aoAt 1822 , son opulence a croul^ en un instant.

Depuis quelques jours le del etait embrase ; une atmosphere ^paisse cnvcioppait la ville et la couvrait comme d'un voile ; le thcrmometre restait invariablement fixe a 82 degres ; et la nuit , loin d'apporter quelque soulagement aux pcines du jour , venait les redoubler en y melant ses craintes et ses horreurs. Deja meme quelques secousses avaient eu lieu ; et quoi qui! se passatrarement une annce sans qu'elles se renouvelassent , cependant les circons- tances quiaccompagnaient ccUes que Ton ressentait , donnalent de vives inquietudes. Enfin, le i3 aoAt, vers les 8 hcures du soir, un bruit souterrain se fait entendre , et il est immediatement suivi d'une sccousse qui repand I'alarme dans la vlUe.

Alors , mais trop tard , les personnes que de tristes pressenli- mens agitaient et que la crainte seule de passer pour pusillanimes avait fait rentrer dans Tenceinle des murs , virent la mort Inevi- table se presenter a elles. La fuite etait Impossible ; toutcs les por- tes de la ville , celles des khans et des bazars etaient fermees; et la frayeur avait glace les esprits au point que, ccdant a ses impres- sions , les hommes les plus intrepides attendaient dans la stupeur , et sans penser a le detourner , le coup dont lis etaient menaces.

C e coup nese fit pas long-temps altendre : vers les 8 heures et de- mie, onentend redoubler le bruit souterrain, precurseur de toutes les secousses violentes que nous avons ressentlcs ,• chacun s'ecrie : nous soinmes perdust la terre ebranlee dans ses fondemens , fremls- sant sous les masses enormes qui la prcssent , s'agile dans d'hor- ribles conviUsIons ; et bienlot Alep n'est plus qu un monceau de rulnes. 11 n'etalt personne qui ne se crut echappe seul au desaslre; car, pendant quelqnes inslans, le silence le plus morne regna dans

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!a ville. Mais bicnfot les Cris arraches a la tlouleur, an tlt^scspoir, vinrent cnlrecoupcr cct affreux silence. On courait 9a et la sur les decombres, en demandant au ciel Ses parens , ses amis. Des fcmmes echevelees paraissaient pressant contrc lour scin un en- fant nouvcau-ne , ct guidant dune main Ireniblanle les pas mal assures d'un autre enfant en bas age. On fuyait vers les quarticrs de la ville que les secousses avaient entierement detruits, et li, sur des monceaux de decombres qui seuls pr(5senlaient un refuge et quelque espoir de salut , on voyait d'un ceil effrayd crouler les domes et les minarets des mosquees , les voAtes des bazars , les palais des grands ct la masure du pauvre

Quelle famlllc n'offril point quelque episode parliculier!

Comme les details que je confie au papier son I uniqucmcnt re- cueillis pour faire connailre , a mon pere et a quelques amis , quelle elait ma situation lors de celle terrible catastrophe, je vais cnlrer en scene et raconter le plus succinclement possible cc qui se passait au consulal general de France.

Vers les sept heures du soir, j'dtais , selon mon habitude, chez le premier Drogman du Consulat, dont les apparlemens, ainsi que les miens, elaicnt attenans a ceux de ]M. Lcsseps, notrc digne ct respectable chef. Ce dernier, qui avait rc^u , le jour mt^me, des leltres de sa famille, en achevait la lecture sur la terrassede notre khan. La secousse de 8 heures se fait sentir ; M. le Consul, ap- puye centre le parapet de la lerrasse , scnlait qu'il allail se derober sous lul ; II me dit alors : « Que pensez-vous de cette secousse? M. le Consul , lul repondis-je, esperons avec Taidc de Dieu, qUc nous en sortirons. u M. Lesseps quifta la terrasse pour se relircr dans ses appartemens-, j'hesitais a me relirer dans les miens : ma maison etait si vieillc qu'un vent violent suffisalt pour la faire ecroulcr. J'altendais Tarrivee de M. IVIercl , medecin du Consu- lat, pour le prior de m'accordef rhospilallle. Je m'i-fforcais de calmer les cralntes de la femme et de la fille de uolrc preuner Drogman, emplol asscz difficile, car tout en prodiguant les belles paroles, j'i^tals bien loin de m'dtourdir sur le danger de nOtre position.

1 65

Pendant que je cherchais k leur inspirer une securltc que je n'avais point , la sccousse tie 8 heures et domie se fait sentir. Je voyais les inuraillcs de la salle que nous occupions se rapprocher et s'eloigncr , le lustre suspendu au plafond Inillail Ic mouvement d'un pcndule , toutes Ics lumieres furcnt eteintes et une poussieTe epaisse nous suffoquaif. La jeune personnc s'etalt evanouic ; le devoir ne nic permetfait pas de in'arreter long-temps aupres d'elle; a peine eut-elle ouvert Icsyeux , je m'elance dc la maison , je tra- verse en courant, et au milieu des decombres, la maison Consu-^ laire : les vo&tes en etaicnt ouveptes de plus d'un pied. G'est k la faveur de la lumiere , que me prelent le del et les ^toiles , que je p^netre dans ces cspeces de catacombes. J'arrive jusqu'a la portc de la chambre a coucher de M. Lesseps ; elle est fermee ; je frappe ; j'appelle : a peine ma voix etouffce par la poussiere pou- vait elre entendue. Je ne rcgois aucune reponse ; et trop sAr du maHieur que je redoule , je quiltc ce lieu d'horreur A Taide des ruincs , je gravis la terrasse oii dormait le fds de M. liesseps ; je vois la terrasse entr'ouverte ; le parapet centre lequel etait appuye le lit de men ami , avait ete renverse , le lit n'y ctait plus , et je, ne doutai point que mon cher Theodore n'eAt ele precipite dans la cour du hhan , et qu'il n'y fult enseveli sous les decombres.

Chaque pas redoublait mes angoisses ; j'entendais des voix con- fuses, des cris plaintifs ou furieux; mais je m'arrelais en vairt pour essayer de rcconnaitre ceux de M. Lesseps ou de son fils. Les efforts que je faisais sur moi-meme depuis dix minutes m'a- vaient epuise, la douleur m'avait abattu; et resign^ a ma triste destin^e, franchissant en imagination I'intervalle qui me separait de ma patrie , de mes affections les plus cheres , je m'assis sur dea mines, et j'attendis ou, pour mieux dire, j'appellai celte mort que j'accusais de n'avoir dpargne que moi. Tout a coup j'entends une voix ; elle m'est connue , mais la douleur a chang^ ses accents ; on nomme Theodore : je sors de mon ^tat de lethargic, et je vois mon ami dans les bras de son pere i moi-meme je m'y precipite,, et guides par I'exemple de noire verlueuK Consul , les premiers

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momens dc notre reunion sont dcs actions tie grSces k la Pro- vidence.

Inslans d'ivrcssc, voUs vous dvanouttes Licnlot!une fols passes, nous piiines cnvisagcr dc plus pres notre Irisle position et cralndre que la niort n'ciil suspendu ses coups que pour nous reserver ^ des assauls plus tcrrlbles encore. En effet , retires dans une cour etroite , doniinee par des murailles tres-<5levees , chaque secousse, ( et elles se reproduisalent de quart d'heure en quart d'heure ), balangait ces murailles sur nos letcs. Nous voyions leurs parois s'entr'ouvrir , se rapprocher ct dcja se detacher et rouler a nos picds les picrres dc leur sommet. La , nous fftmes rejoints par la famille de notre premier Drogman , et dans ces transes horribles nous attendimes le jour. Inquiets sur le sort de tous nos amis , ou pour mieux dire , pleurant deja leur mort , la nuit nous faligualt de celte lenteur que connait le malheureux. Enfin , attx premiers rayons du jour, nous quittames les decombres de nos habitations. Je pensais que nous serions obligds de defendre les restes de noire vie contre le fanatisme de milices indiscipllnt'es ; mais le malheur qui dgalise les conditions franchit aussi les barrieres que lui oppo- scnt la haine et I'intolcrance. La tcrreur etait si grande que les esprits ^taient abtmes. Comme apres un vasle naufrage, on s'em- Lrassait , on se fellcitait sans distinction de rang ou de religion. On croyalt voir, dans chaque homme, un exemple vivant d'une pro- tection divine speclale.

Nous nous dirigions en toute hate vers les jardins , gravlssant des monceaux de decombres , passant sous des voAtes ebranlces. Arrives a la porte de la ville, quel affreux spectacle s'offrit a nos ycux ! Des blesses , des mourans entasses pele-mele ; I'horreur emprelnte sur tous les visages leur donne un caracterc de ferocitc; les oris du desespoir sont dans toutes les bouches ; des peres vieux et infirmes sont conduits ou portes par leurs enfans; des meres ^plorees courent 9a et la en s'arrachant les cheveux.

Nous etions les premiers Europdens sortis de la ville , et nous ignorlons encore le sort de nos amis ; nous les croyions cnsevells

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sous les ruincs. BJenlot quelques-uns d'entr'eux nous rejolgnirent ; et poursuivant notre course vers Ics jardins , nous pensions aux moyens de conservcr cette existence que le ciel nous avail laissee par miracle.

II y avail k peine deux mois que M. Lesseps ^tait a Alep , et dans un si court espace de temps , il avail su , par une conduile loyale, se concilier I'eslime de tons les Francs et mfime des ha- bitans du pays. D'un commun accord, on lui decerna lalAche pe- nible, mais honorable , de diriger par ses conseils, de protcger de son nom et de son aulorite ceux que le tremblement de terre avail epargnds. Son avis, et chacun y defera avec emprcs- sement , fut de se reunir dans un jardin spacieux , traverse par la riviere qui nous servait de fosse de retranchement , et dont le pro- prietaire jouissait d'une grande consideration parmi les Osmanlis. Ce jardin etaitenvironne de murailles assez elevees, pour ne point avoir a redouler les surprises des Arabes, dont le desastrc present ne pouvail manquer d'eveiller Tinfaligable cupidile.

Sous I'abri des arbres ou sous de mauvaises tenles de crin noir, emprunlecs a la misere, la population franque vint se groupper autour d'un pavilion que le Pacha avail envoye a M. Lesseps. La chaleur ctail insuporlable ; tons les genres de privations ne tarde- rent pas a aniener en foule les maladies ; Teau deslin^e k nous de- saltercr roula bienlot des cadavres. A chaque instant nous ^tlons obliges d'avoir les armes a la main pour repousser les atlaqucs des brigands ; car malgre Tinexorable severile de Behrem Pacha, alors gouverneur d'Alcp , malgre la garde que nous avail donn^e ce \6- zir, rarement la null se passait sans alarmes.

C'est dans ces penibles momens que se montra tout cntier le noble caractcre du Consul de France. Profondemenl emu de tou- tes les calamites reunies sous ses yeux , il sul neanmoins relever les courages aballus, prodiguer les secours et les consolations , et faire benir le nom du souverain magnanime dont il elail le representanl. Les efforts de M. Lesseps, parfailcment secondes par les Con- suls des aulres nations , lui ont acquis , a la reconnaissance des

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Viabilans cVAlep, des droits aussi durables que le souvenir de leuf dtisastre. Cesl a eux de faire son elogc cl celui de son fils, qui par- lagc si honorablcuicnt leur csliinc ; dans lua boucbe , cet cloge scinblerail I'expression exagcrec du devoueineut el de I'ainitie.

Qu'il me soil pcrmis aussi de citer le nom de M. Geofroy , aitacbe depuis long-temps au consulat g(5neral , et qui, dans cetle occasion , conuue dans toutes celles qui dcmandent du zele , de Tactivite , une fermete soutenue, une grande habitude du langage et une connaissance paraliquc des usages et des indivldus , a rendu des services signalcs, dlt;ncment apprecies par M. le Consul gene- ral et par tous Ics Europeens.

La terre continuait a trembler ; nous apprenions k chaquc ins- tant le desastre des villes circonvoisines. Antioche etait detrulte de fond en comble. L'Oronte deborde, roulant dan& ses (lots Ics troupeaux et les maisons, ne rentra dans son lit que pour lais- ser voir des goulTres ouverts dans les flancs de la terre. Latlaquie, Alexandrettc, Djesscr, toutes les villes, tous les villages, dans un rayons de 5o lieues , furent detruits en tout ou en partic.

D'abord on fit monter a 25,ooo le nombre des victimes de celte nuit fatale. Ce nombre etait exagerc ; mais on peut affirmcr qu'il y p^rit plus de 8,000 personnes.

Pendant plus de trois semaines on ne put entrer dans la ville. L'odeur qui s^exhalait des cadavres repoussalt les habilans qui se sentaient asscz de courage pour braver la chute du pcu d'edlfices rcstes debout. Parmi les Francs, le nombre des blesses etait coii- siderable ; mais la mort ne prit que cinq victimes, au nombre des quelles se trouva le Consul general d'Aulriche.

AinsI fut rcnouvelee la destruction d'Alop et d' Antioche. Les annales d'Alep parlent des effrayans resullats dun tremblement de terre qui cut lieu 11 y a environ 1,200 ans, et Thistoire nous apprend qu'cn Fan ii5, sous le regne de Trajan, Antioche fut detruite, et que le consul Pedon y pcrdit la vie sous les ruiucs.

De rimprimerie d'EVERAT, rue du Cadran noiC-

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BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPIIIE,

NUMERO DIX-SEPT.

Seances de la Commission Centrale, Seance du 3 septembre iSa^-

ill. de Tolstoy, Mcmbre de la Soclete, presente une traduction de Fouvrage de M. Bronicfski; inlilule Description du Caucase , en Russe, Moscou , 1823. Cctte traduction est accompagnee du caique dune Carte Russe , egalement traduite en fran^ais.

L'examen de cette traduction estrenvoye a la Section de Publi- cation, qui fera sOn rapport dans une seance prochaine.

M. Caccia, Banquier, ecrita la Commission Centralc, pour ['informer qu'il est autorise par M. Edouard Giiys^ Vice-Consul de France a Lattaquid, a lui faire la remise de deux manuscrits de feu M. Alphonse Guys, intitules : Commerce de Tripoli en Barba- ric ; et Lettres sur Tripoli et la Cyrendique.

L'examen de ces manuscrits est aussi renvoye i la Section de Publication.

M. Jomard, President de la Commission Centrale, envoie a la Societe des remarques sur quelqucs antiquitds qu'il a observdes

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(Inns Ic <l(''partcmont dc la Ilaulc-Saonc , ot parliculitircmcnl dans les environs de Luxeuil.

l\envoy<i an Comlle du Bulletin.

M. Roux , d'apres I'invilalion dc la Coinmission Ccntralc, lil une notice sur louvrage inlilule : Promenades yllsacicrmes.

Cctle notice est renvoy<$e au Coinile du LuUctin.

Le menie McniLre annonce un Menioire dc M. Tli. de Lagrene, Secretaire d'ambassade h Saint-Pelersbourg, sur la foire dc Nischney-Novgorod ; il donnc lecture dc quclques parties de ce Memolre.

M. de Lagrene est invito a fairc un extrait de son IMemoire , pour eire insere dans le Piecucll que la Societe se propose de publier.

M. Sueur Merlin, BIbliolhecaire Adjoint, fait un rapport sur Tclat aclucl de la Bibliotbeque.

A/w« iww't.'w^ /Wk/v rvw«

Outrages present es el. deposes sur le Bureau.

Seance du 3 septembrc.

yinnales maritlmcs et colonialcs, cahiers dc juillel ct aoflit; par M. Bajot;

Journal de la Societe Asiaitque , n" 26 ;

Annales de la Societe d' Agi'iculture , Arts et Commerce du departe- ment de la Charcute, cah. de mai el de juin 1824 ;

Seance generale de f Academic Roy ate des Sciences , /Iris et Bellcs- Lettresde Dijon, une broch. in-8°.

Rapport sur le Josslle trouoe au Loug-Rocher , dans la foret de Fimiainelleau ; par la Societe Linnecnne.

Let In: sur Ir. pretendufosslle humain des environs de Morel, etc. ; une brochure in-8".

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Extrait d'une Lettre adressee a M. le comte Chabrol dc Volvic, Vice- President de la Societede Geogruphie, parlSl. (xraoherg de Jlcmso, Consul- General de SuI'de el de Nortvege ii Tripoli.

Tripoli, 20 aoul iSa/J.

II est probable que nous allous rcccvoir sous pen des iiouvcllcs detailiecs des voyagcurs Anglais dans le centre dc rAfriijue. II est parti dernierement de Tripoli, en Barbarie, une malic picine de leiirs nianuscrils et de leurs effets , qui ne doit «^lre ouvcrle cl exa- minee qu en AnglcJerrc. Le docleur Oudney, apr^s avoir penelr^ bicn avant dans le Soudan, a succombe k la funeste influence du climat; et M. Toole est egalcmont mort d'une ficvrc , k Kouka , dans le royaume dcEornou, oil le I\l.ajor Denliam et M. Tyrhuit dialcnt encore au mois de mai dernier, tandis que Ic Lieute- nant Ciapperton pdn^trait seul dans le Soudan, au-deli du Nil des Negres.

t/VfcVI/t/Wl.VlVIA'Wl-VW

Nouvcllcs de VExpcdifion de M' E. dc Beaufort, dans linterleur de V AJriqiie par la voie du Senegal (i).

E^XTRAlTf/e deux Leltres de IVP E. de Beaufort ii M. Jomard, Membre dc la Societe de Geographic.

Guiauguiaiil)i)urfy , 8 avril iSa/j,

Monsieur ,

Jc suis prcsse par le depart du Mtiment , fatigue- des lorigues leltres que j'al eu a ecrire , et jc vous prie de m'excuser du pcu

(i) M. do 13eaufoil , Olllcler ck' Marino iiisUuit ct plein de zelc pour les di;- coiivcrlos , csl. pariL dc Saint-Louis ala (in de Janvier iSa/J , muni d'insljiimons d'asUonoinie et dc pliysique. II avail deja parcouru le S(';n('-gal qualrc annrjcs auparavanl. ( V'oycz sa premifevclcttre dans le Bulletin n" 12.) K j.

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d'exlcnsion que jc suis oblige de donner a celle letlre. Je resterai i Id encore deux ou trois jours , et je vous e'crlrai alors plus longue- j nient ; je suis a meme de repondre a toules les questions dont la J solution s'est presentee jusqu'ici ; je le feral dans ma premiere. Je , voudrais vous transmeltre les observations que j'ai faites sur les j especes de palniiers qui ornent les rives de la (ianibie ; elles nc sont t pas encore completes. J'ai renouvcle , ces jours dorniers , celle que j'avais faite au Senegal sur relec(ricile ainiospheriquc , mais avec plus de soin ; j'ai fait passer le fil dc lailon a travers un tube de verre suspendu , cl j'ai laisse pcndre une longue pointe de metal. L'instrument etait parfaitement isole. Le resultat a 6le le meme , c'est-a-dire nul , et tres-eloigne de mon attentc

Je vous envoie du beurre du Shea ou Seetoulou , pour que vous le fasslez examiner ; et une boulelUe qui contlent une huile exlraite d'un beurre de Palme ; je serais bien aise qu'ellc fut analysee , surtout par une circonslance qui rend cet arbre interessant ; cette huile est le rcsullat de rebuUIlion du fruit dun palmier que je n'ai pu rapporter a aucua genre ( je me sers du genera plantarum dc M. de Jussieu) ; le fruit est une drupe dont Fenveloppe exterieure est mince; Tamandc contient, a ce qu'il parait , beaucoup de substance alcaline ; on en fait un savon que j'ai jusqu'ici fait cher- cher inutilement. Je vous Tadresseral plus tard.

Ce qui est dit , dans Mungo-Park , du Fang Jany est vral ; c'est un Pandanus , dont la malurite s'annonce par une fracture avec feu ; ce feu pent se communlquer aux parties voislnes , ce qui m'empeche de vous en envoycr , car U a deja prodult quchpies accidens ; mais je le suivrai avec soin ; j'cssayerai den conserver dans 1 huile.

II y a une difference assez marquee jusqu'ici entre les produlis vegetaux dcs deux (Icuvcs ( ie Senegal el la Gamble)

,73

Guiaugiiiyiiboiii oy , lu 12 avill i8'24.

Monsieur ,

Regardant, comme vous, la mesure dcs hauleurs des diff^rens lieux au dessus du niveau de la mer comme fort imporlante , j'ai cherche, autanl que possible, a Tobtcnir ; mais des accidens de route m'ont Irop tot prive de mes barometrcs : j'en dcmande cinq; insistez, je vous prie , pour qu'on me les envoie le plus tot possible.

Je suis parti de Saint-Louis, dont la position est 16° 2' et 18" 53'. J'ai aHeint, en suivant la meme route que M. Mollien, le grand village de Cogue, qui est par iS"^ 35 N. et 18" 18 long, eslimee. Le 8 fevrier , etanta Monlabildey , a peupresamolti^ de la route de Saint-Louis a Cogue , le puils ma donne 27 metres de pro- fondeur ; en prenant pour moyenne des hauteurs du barometre a Saint-Louis 764,6; et en la comparant ici, on trouverait une elevation de la source d' environ i5 metres ; le pour tour de ce puils et de ceux que j'ai examines ensuile ne ni'a offert que de la terre melee d'argile , de sable, et plus loin (mais j'en parlerai en son lieu), d'ocre contenant des debris de coquilles. Cependant, j'ajoule peu de foi a cette indication , qui peut tenir a I'heure ou I'inslrument a ete observe ; a Cogue , au contraire , le barometre a indique 76/1-, et le puits, 60 metres ; de la a Ouarioi (i), 15" 24' et 17° 36' long, estimee; les puits ont 80 metres, exceptc dans cette ville , ce qui tient a une ondulation asscz profonde et a I'approche d'un marigot; De Ouarioi a Ouarneo i4" 1 7' et 17" i5'; a logui (i i mllles de distance ) , 66 metres. Nous avons cu alors un assez grand desert a traverser, et I'eau (je ne sais pourquoi, car le sol paraissait horizontal) se montrait presqu'a la surface. II suffisait de creuser 20 ou 25 pieds pour I'obtenir (2 }. Vous trouverez,

(1) M. do Bcuiiioii itncl le '4- Ah pat' 1111 1. (j) A Ouaiiico, 21 mclios.

^74

Monsieur , dans la Ictlre que je vous pric d'avolr la patience dc lire, quelqucs reflexions qui me portcnl a croire que ce desert a ele ha- bile : cecl pounait s'y rattacher

C'esl dans ccs bois, et pres de logui, que j'ai vusourdir frequeni- menlune roche defer oxide, que j'ai sulviejusqu'a la (iambie pendant pres de soixante licues; c'cst un vaste amas ou jen'ai point reconnu ( si ce n'est sur les bords de ce fleuve, ou il commence a allerner avec de minces couches de la serie lerliaire) de stratification ni de noeuds ; seulement, je Tal vu se melanger , scion les lieux, a du fer hydrate ( ogo ) et a du sable et des cristaux de quartz ; dcvcnir ocreux ( pres de Ouarneo ) et y offrir des coquilles bivalves, bien conservees, comme Trigonies , Corbules; je nai pu arriver aux especes , et m6me , il y en a plusieurs que je n'ai pas pu recon- nailre. Plus loin , celte roche devient terreuse et d'tme decompo- sition facile ( a Banibouk , ou les puits ont aB ou 28 metres ) ; el enfin , sur les bords de \a Gamble , elle forme plusieurs collines remarquablcsparleuregallte de niveau (a environ 3o metres d'ele- vat Ion ), par leurs pentes qui paraissent dcchlrees, et par runiformlte leur structure; clle y est en pelitesstratcshorizonlales, alternant dc avec de minces lits de calcaire grossicr, de sable et d'argile.

Je suis arrive sur les bords de la Gamble, a la fin du mois

de mars. Ce fleuve parait bien encaisse dans son lit ; les rives

sont ornees d'une vegetation riche , en formes varices et souvent

gracicuses ; son lit ( malgrc tout relonnement que j'en eprouve )

doit dire horizontal jusqua 120 lleues de son embouchure; car,

a cette distance, en un lieu nomme Koukongo, oh les pirogues seules

peuvcnt aller, on sent encore, et mcme sans difference sensible

enlr'cUes , les deux marecs dc (lots et de jusant. Je vais , dans deux

ou trois jours, parlir sur un cutter , pour rcmonter Tespace de 10

ou i2marees , jusqua un lieu appele ijalancou , a environ 3 ou

4 journees de marche de Bakel ; je depasserai Fallatenda , oil nos

artes placent k tort uue cataracte ; je puis Tassurcr , car 11 nous

arrive Ici frequemment des balimens qui reviennent de plus loui.

175

Vous voyez que le point de la Gainble ou je suis arriv<5 n'esl pas plus eleve que Saint-Louis , ct que le terrain qui les separe , legerement ondule , forme une courbe un peu irrdguliere....

Dans cct cspace ( je le dis a cause de lopinion gencrale que les plantes veneneuses sont tres frequentes entre les troplques ) je n'ai pas (rouve unescule ombcllifere , une seule renonculacee, fort peu de solanees 2 ou 3 ) , fort peu de scrophulaircs, d'apocynees ( si ce n'est des asclepiadees , qui y sont communes ) , de labiees memc , fort peu d'euphorLiacees et pas de borraginees , pas d'e- ricinees , une scule espece ( je crois ) de champignon du genre bolct ; pas de mousses ni de fougeres ; surtout , je n'ai pas vu de conifercs, ni d'amentacees, ni de melaslomees ; peu de composees, ( quclques senecio ) ; mais il exisle un grand developpement de le- gumineusCs , de malvacecs; quelques capparidees, quelques capri- foliacees nouvelles ; des tereblnthacees, des dipsacees, et beaucoup de figuiers ; des cucurbitacees , dont une trcs-vencneuse. Je ne vous faliguerai pas des remarques du nieme genre que j'ai ete a meme de faire sur Ics insectcs. Au resle, je dois prevenir que j'ai souvent marche la nult , et que , meme dans le jour , il doit m'i^tre echapp^ beaucoup de remarques.

Je n'ai insiste , dans Tautre lettre que j'ai eu I'honneur de vous dcrire , sur Tobservation de rclcclrometre , que parce qu'elle se lie a cellc faite ici , de I'egalife des deux niarees , qui indique une grande tranquillite de Tatmosphere pres des sources , puisqu'clles fournissent si peu d aliment , et qu'a divers degres de hauteur , les tilectricites sont en equilibre el lalenles

M. Laing est retournc en Anglclerre apres avoir etc jusqu'a

Scgo.

Je ne puis me servir de la main des naturels pour ecrirelesnoms, et je crois que les ecrire avec des caracteres arabes , sans donner les noms memes dont se servenl les Arabes, serait un sujet de confusion ; mon Journal est le cahier ou je consigne tout ; j'ai pour cela , des imprlmes que j'ai fail faire a Rochcfort , oii chaque chose a sa place , et j'y ecrls les noins avec soin et en indiquant

176

dans quelle langue ; je m'occupe d'augmenter le nombre des dia lectes don I vous vous etes occupy.

P. S. Jcviensderecevoirmes instrumeus deSalnlc-Marle; jelcs dois presque tous a la gencrosltd de IM""^ Lowdich ; elle porle un si vif inlerct aux expeditions de ce genre , qu'elie m'envoie gratuite- ment tous les Inst rui ens que j'cuHiis dcmandcs, et qu'elie en ajoute plusie Ts ; ellc y met un soiu parllculier qui prouve quelle ne veut negligcr aucun des moycns qui pcuvent aider au succes dune cntreprise seniblable a la slL-nne. C'cst un trail Lien digne d'elo- ges. Au nombre de ces instrumens est une montre a secondes et un baromelre de Fortin , qui a indlque ici 763 a 7G4. H y a

aussi une aiguille aimantee avec une suspension en sole (i) Le

commandant de Sainte-Marie y a joint des medicamens. Je vais parlir pour le Bambouk , ou je passerai la mauvaise saison , ct ou je pourrai const^quemment recevoir ce qu'on in'enverra.

E. DE Beaufort.

tv^f*n/VWSJ\'WWU\W\'SJ\/\

Saiiil-Louis , i4 aoul i824'

Le tire lie M. Roger, Gouverneur du Senegal ^ a M. Jomard, membre de la Sociele de Geographic.

£n attendant que je vous entrellenne de plusieurs objels dont iraite voire leltre du 2(j mai dernier , notamment en ce qui con- cerne les explorations a pousscr sur les bords duTSiger (entreprise d'un grand inlerel, et au succes de laqucUe je serais beureux que ma position me donnat les moyens de concourir), je m'empresse de vous transmeltre, des a present, quelques documens sur deux des questions que vous m'avez adressees au nom de la Sociele de Geograpbie.

1" On n avail rien pu dire encore de positif sur les cataractes du Ba-Fing ou Senegal. Les Maurcs ct les Negrcs voyageurs n'a- vaient fait, a.ce sujet, que des recils incomplets , vagues ct sou-

(1) Ccl iiijlriiuK.'iil est destine a obscrvei' et mesuier les variutlons iliurncs.

177 vent conlradictoires. J'en avais interroge plusleurs sans oblenir aucun resultat jsalisfaisant.

M. Duranton , employe au commerce de Galam , vient de nous Aonnev ^ le premier , quelques documcns detailles et positlfs. Ce voyageur a remonte, vers la fin de Janvier dernier, a la cataracte formee par le rocher du Felou. Je vous envoie la description qu'il m'a faite : quoiqu'clle laisse encore beaucoup h. dcsirer, clle n'est cependant pas depourvue d'interet.

La position du rocher de Felou n'est pas determinee. II resulle du rapport de M. Duranton , qu'il a mis six jours pour redescen- dre de la a Bakel , en passant par le pays de Galam.

Pour allcr , il elait parti d'Alliguel , frontiere du Bondou , uu peu au - dessus de Sansanding , sur les Lords de la Faleme. Pen- dant quatre jours, il avail traverse , dans une partie du Bambouk , les villages de Kakaya, Guelke-Moko , Borkone, Sayola ( aupres duquel il avait vu une mine d"or ), Farbaconta , Silmana , et enfin un desert qui separe le Bambouk du Kasso. Le cinquieme jour, il etait arrive dans le voisinage du Feloui

Bientot , je I'espere , soit par M. Duranton, soil par M. de Beaufort, nous connaitrons aussi la cataracte de Govvina et celles qui doivent se trouver au -dessus. Je ne possede a present, en ce qui les concerne , aucune donnee nouvelle.

2" J'extrais des instructions que j'al rcdigees pour le Voyage de M. de Beaufort, les notes suivantes, relativement a la position geographique de Bakel et de Saint-Joseph a Galam , que desire connaitrc la Societe :

IjaK-EL. Latlludc. LoiigiUiJe.

Suivanl I'Atlas de Diii:iiul. iS" o5' i3o

SuivantM.Dussault, off" do Marine. 140 53' 3o" i4'> 41' 4o"

Anclun Fort Sl-Joscph.

Suivanl I'Allas de Diuand. 140 i5' vi° 2,1'

Suivant la Carle du Voyage de Mungo-

Park. i/,n 35'

Suivant la Carle du V'oyaqcde Molliea. i5» 3o' SuivantM. DussaiJi, olT^de Marine. 14" 38'

10"

))

11"

15'

1

12'

II n'cst pas doulcux qu'on doil s'arreter aux observations faitcs avec soin par M. Dussaull , qui Ics a rcnouvclccs sur plusiciirs points , pendant les ann^es 1818 et i8ig , qu il a passives au haul du Senegal. On voit que les positions de Bakel el de Saint -Jo- seph se tronvent rapprochecs de renibouchure du fleuve beau- coup plusqu'on nel'aurait cru; qu'il s'en faul de pres de 2" qu'el- Ics ne s'avanccnt dans I'E. autant que Tindlquc I'Atlas de Durand , et que la difference est encore plus grande, rclalivemcnl a la Carle du voyage de Mungo-Park.

M, Dussaull a en outre determine la position de Moussala^ vil- lage au bord du fleuve, au-dessus de Saint-Joseph , la voici : lat. i4-" 34.' ; long. 14." o3' 3o" ; ce qui prouve que le lieuve continue k se diiiger proporlionncUemcul bcaucoup plus a TE. qu'au S.

Signe Roger.

ExTKAlT (Tun Mcmoirc de M Duranton , sur suit voyage au roeher

( e Feluu,

Vers unc hcure apres midi(i , nous arrivames a la chute d'eau. L'idee que les rapports divers et quelques voyages m'en avaicnt donnee me parut alors bien au-dessus de ce (jui se presentait a mes ycux.

Le rocher Felou , qui coupe la riviere d'un bord i Taulre , est loin, selon moi, de nieriler le noui imposanl de caturacle ^ donnc en Anierique au Niagara, etc. Ici, Teau ne fonibe point d'unc pro- digicuse elevation, ne couvre pas le spectaleur de la rosee qui nait des Hots brises par les rochers : c'cst siinplenient unc chute d'eau , une cascade d'un aspect beaucoup plus beau, beaucoup plus vasle, beaucoup plus niajeslueux que celui que Tart des houunes pcut . i . . >

(1) Lc aSjamicT i8j4'

179 crecr ; mais ce n'cst n^anmoins qu'une cascade , ou , pour mieux dire , un saut.

La pente existe d'une mani^re prononcee, mais pas extraordi- naire. Le manque d'inslrumens m'a empeche de la reconnailre d'une maniere positive ; mais , a I'endroit ou je me trouvais pour examiner, le niveau de I'eau du fleuve au-dessus du banc corres- pondail i-peu-pres h ma haulcur, et il pouvait y avoir environ cinq a six picds de plus pour se Irouver au niveau de Teau du fleuve au-dessus des brisans (i).

La largeur du banc dc rochcs qui coupe la riviere, ct Sur lequel I'eau vicnt se briser, est environ d'un quart de port(^e de fusil , a parlir du niveau sup^rieur jusqu'a I'infericur.

Le petit ilot sur lequel on remarque deux arbres asscz gros et bien venus et un peu d hcrbe , est precisement au milieu du banc : il scrail, d'apres cela, a presumer que I'eau , meme dans la mau- vaise saison , ne s'cleve pas de beaucoup au-dessus du niveau su- perieur, puisque cet ilot offre des marques de vegetation , et que I'herbe qui y croil ne parait pas d'une nature aquatique ou mare- cageuse.

La roclie plate que I'eau du fleuve decouvre dans la saison seche , en se retirant dans son lit nalurel , offre un spectacle assez singulier : ce sont des puits plus ou moins creux , coupes a pic dans la roche meme. Ouelques-uns sont pleins d'eau ; d'aulres sont sees el permetlenl de ramasser les cailloux que le fleuve y de- pose en se retirant. Le mouvement de I'eau dans ces puits laisse sur la pierre quelques (races qui resscmblent un peu a des carac- teres arabes ; et la superstition ne manque pas d'y trouvcr du mer- veilleux

(i) Si la chute dc Govviiia ii'esL pas trouvcc plus conslJeraLle que celle de Fulou , ce seia une conformile de plus cntie le Senegal el le Nil. On sail tjue les cataiactes duNil, connnes jusija'a present, iie sont que des cascades d'un a deux metres dans les basses eaux, et des lapides pendant les hautcs eaux. E. J.

i8o

Le Felou , vu au mois Ac fdvrier, dolt oiTrir plus ou moins tic differences avec le Felou vu au mols de juillct et aoAl ; c'est ce qu'un second voyage a cette epoque pourrait decider. Je tiens des gens du pays que , dans la mauvaise saison , leurs pirogues fran- chisscnt le saut sans danger. Jc presunierais , sans ccpendant Taf- firmer, que c'est en se laissanl deri\ er sur la roche plale ct sans asperiles que le (leuve couvre dans la saison des pluies el qui est des deux cotes des Lrisans.

Sur le cote gauche du (leuve , h une forte porlee de canon, se - levc la inonlagne de Kaffa , au pied de laquelle est le \ illage du mcme nom. Plus pros, ct a-peu-pres sur la nienie ligne que le Fe- lou , se prescnte le A'illage de Lountou, eloigne de la chute d'eau d' environ une portcc de fusil.

Apres nous t^tre reposes un peu sous an bantanicr pres du ro- cher Felou , ct avoir admire le spectacle riant que nous avions sous les yeux , nous conlinuames noire route en longeanl le fleuvc.

Reconnaissance de la cote septentrionale de la Sihcrlc.

Le Gouvernement Pvussc avail cu dcpuis long-temps le projcl de faire la reconnaissance de la rive septentrionale de la Siberie. M. Sarytchoff fut expedie a cet effet ; niais ses recherches se bornerent a peu de chose : il ne decrivit qu'une partic des c6tes de la Siberie , a une distance d'a-peu-pres lOO vcrslcs au-deli de la parlie orienlale de la riviere Kolvma , el declara qu'une description plus lointaine n'elait pas possible.

Vers Tannee 1820 , il ful arrele que Ton envcrrail une nouvcUc expedition pour Texploralion de ces conlrces : MlM. \V ranguel , Anjou ct JMaluchkin , lous Irois jcunes officiers, en I'urent charges; ils y sejournerent pendant 4 ans , et juslifierent la confiancc du (xouvernement en s'ac({uillant de cette commission avec I out le zclc , le courage ct la prudence qu'il elait possible d"y niellre. Us

t8i

i'^ussirent a faire la description de toute la cole-nord de Siberie^ malgre les noinbreux obstacles , I'extreme rigueur du climat et les dangers auxquels ils s'exposcrent ; car les Tcbouktchis avaicnt deja exterminc antericurcmenl deux detacbemens envoycs pour le meme objel.

M. Anjou a fait la description du rivage, depuis la chaine des montagnes d'Ourais, ou depuis la riviere Oby jusqu'a la Kolyma; MM. Wrangucl et Matuchkin', depuis la Kolyma jusqu'au cap de Tcboukotcb. Non contents d'explorer seulemeut le rivage , ces voyageurs firent encore des excursions vers le Nord , sur une etendue de glace massive, jusqu'a I'endroit ou la mer est ouvcrle, ce qui forme a-peu-pres 5oo verstes du cote du detroit de Bering. C'est danscet endroit , qui fait face a la parlie orientale de la cote- nord, habite par lesTcbouktcbis auxrennes (Olenny-Tcboutkchi), quails ont apercju des montagnes a une distance d'a-peu-pres loo verstes. M. Wrangucl congut le projct de les aborder ; il s'cn trouvait dejk assez pres , lorsque le morceau de glace sur lequel il elait place s'etant detache de la masse , il fut battu par les vagues pendant 5 jours de suite avec 7 autres personnes, ses chicns ct son equipage, jusqu'a ce qu'enfin , apres avoir ete plusieurs fois sur le point d'etre engloutis , le gla^on se (Hi de nouvcau rcuni a la masse. II existe une tradition parmi les Tcbouktchis , laquelle dit que le detroit qui les separe du rivage oppose vers le nord , n'etalt pas convert de glace , et que les habitans traversaient le detroit en baydars ( espece de barques ). Ils racontent qu'a une epoque assez recente ( car tons les habitans se la rappellent en- core), des Tcbouktchis, au nombre de 7 ou 8, accompagnes d'une femme, traverserent les glaces pour aller, vers ces montagnes, a la peche des morses ( cbevaux marins ) , et qu apres bien du temps , la femme revint dans le pays par les iles Kouriles. On sut d'elle que ses camaradcs avaient tons etc massacres par un pcuple aux i-ennes , qui habile un pays dont ils connaissent rexistciice. Cetle femme fut vendue dans une lerre etrangere : apres avoir passe de main en main , elle fut conduite dans la lerre du prince Wallis ,

l8a

d'ou clle Irnnva le mdycn de rentrcr dans sa patric. D'aprds cettc tradition , il faul siipposer quo Ics tcrres on voulail aborder Wrangucl , ne soiit autre chose que dcs iles, supposillon dautant plus probable qu'elle a beaucoup dc rapport avec Ics decouvertes du capitaiue Parry , qui pretend que toutc la partle du INord dc FAnierique est composeed iles. Lcs pcuplcs qui habltenlles iles Ics plus rapprochees de la Siberie se serveul do rennes , cc qui fail croire qu lis se eoinposent d'unc migration de Tchouktchls-Olcnny ( Tchouktchls aux rennes ) , dautant plus que Icurs Idlonics ont beaucoup do rapport cntr'eux. Lcs Tcliouklclils sont en general grands , bicn falts ; lis out lcs trails regullcrs ; Icur ncz n'csl point applall ; nials les pouimcttes de leurs joues soul tres-saillantcs.Nos voyageurs ont vu encore d'autres ties nominees Nom>elle-Siherie : le chemin qu'Ils out pris pour y aborder , peut se voir sur la carte du fameux voyageur-pleton Cochran , ou il est trace avec assez de fidclilc. Mais la terre qui s'y trouvc designee , et que pretend avoir vu le sergent Andi-eeff , n'est , d'apres le temoignage de ces Messieurs , qu'une plage Imaglnaire et chimerique. lis ont fait des excursions trcs-ctendues dans toulcs les directions, et n'ont aper^u aucun littoral. Dans les voyages sur terre , ils ctaient montes a cheval ou sur dcs rennes ; mals Ils preferaicnt les pre- miers , par la raison que la dernlere monture est fort Incommode , attendu que Tusage est de poser la selle sur la partle anterieure de I'os humoral , sans raffermir par une sangle. Quant au trahiage par des rennes, il est tres- commode. Pour traverser la mer , c'est-a-dire la glace , ils se servaient d'une espcce dc grand Irai- neau , que Ton nonnne narta, allele de 12 ou i3 chicns. Ces ani- niaux leur etaient toujours d une grandc utllite , en les defendant contre les ours blancs et noirs , et les loups , ainsi que par leur etonnantc Intelligence ; leur instinct lcs portait toujours a trouvcr le bon chemin ; et lorsque les voyageurs se croyalcnt ^gards , les chicns les ramcnalent dans le senticr. L'intclligcncc dcs chiens elalt tellement grande que , lorsqu'il leur arrlvall de faire un chemin en forme d'angic , ils formaient une diagonale pour re-

1 83 foiirner. Lcs voyageurs passaicnl plusiciirs scmaines sur la glace , entrc la mcr ct la tcrrc, tanlot sur cles masses enormes «le glaces, couvcrles de couches cpalsses de iieigc grise , tantot sur des glagons minces, qui souvent s'affaissaicnt ct se delachaient du materiel de la congelation , de facon qu ils elaicnt cmportes, par le courant et battus par les vagaes.

Dans toutcs ces occasions, les chiens leur rendaient d'innombra- bles services : dans les endroils ou la glace etait epaissc et sans dan- ger , ils couraient avec rapidile sur la neige , aboyaient , se mor- daicnt et paraissaicnt indociles ; mais des Tinstant ou le chcmin devenait dangereux , ils devenaient doux , circonspects et dociles ; ils marchaient souvent sur des glagons dc I'epaisseur d'un demi- pouce avec la plus grande precaution ; ils ne semblaient avan- cer que d'apres Fordre de la personne assise dans le traineau. MM. Wranguel et Matuchkin , sejournerent une fois pendant 70 jours sur la glace , h une distance cloignee de plusieurs centaines de verstes du rivage ; ils etaicnt accompagnds de plusieurs Jiaries , charges de provisions ; ils entcrralent ces provisions sous la neige et laglace,etcontInuaIent leur cbemin en n'emportanl que ce qui leur etait necessaire ; et lorsqu'elles etalent t^pulsees , ils revenalent pour deterrer celles qui etaicnt enfouies. Partout ou 11 leur dlalt possible , ils ne manquaient pas de fairc des observations astrono- niiques ; mais les broulllards les en empechalent souvent. Ces brouUlards sont tellement epals, quil leur arrlvalt , assis dans leur traiiieau , de nc pas voir les cbleiis atleles au devant. Quclquefols de fortes avalanches ensevellssaient sous des tas de neiac les tentes qui lem-. servalent de demeurc , et ce n'cst qu'avec blen de la peine , qu'ils parvenalent , lorsque le temps se calniait , a deblayer la neige , ct k s'en dcbarrasscr. Les mois de novembrc , de- cembre el Janvier , quand la rigueur du frold devenait intolerable , nos voyageurs les passaient dans des cabanes ou des tentes de feutre , ou I'cau gelalt sur le .plancbcr , et la glace s'elcvalt a la hauteur d'un urcJiine ; une masse de glace , d'a-peu-prcs 3 verclioks d'epalsseur , servait de vitres a leurs croisees , et suffisait pour tout

1 84

rK'iver. Le maximum de la chalour , au fort dc I'dte , est de io a i5 degres, ihcrmomelrc de Reaumur; il gele pendant la nuit, ou lorsque Ic solcil est sur son dcclin. La blancheur conllnucUc dc la ncigc prodult des maladies d'yeux ; les habitans portent ime espece de visiere formee d'ecorce d'arbres, dans laquclle sont pratiquees, a Tendroit qui se trouve devant les yeux , des fentes tres-^troites ; les officicrs russes porlaient un crepe pile en quatrc : dans les commenceuicns , ils avaient neglige de le plier, ce qui les ren- dit presque aveugles ; mais ils parvinrent k gucrir cette nialadie , en inlroduisant dans les yeux de Thuile de tabac : cc remede , quoique efficacc , a rinconvenient de falrc eprouver des doulcurs algues. Leur nourriture ordinaire consistait en poisson , en cbair de renne et d'ours. Cette derniere avail la propricte de les forti- fier ; mais ellc produisait aussi de violentes agitations dans le sang et les empechait de dormir. Les habilans sont Ires-pauvres , et ne connaissent aucun metier : toute leur Industrie consiste dans la cbasse et la pcche ; cependant on voit des marchands russes qui viennent dans ces contrees pour faire le commerce.

( Commun'uiue par M. de Tolstoy. )

DE L'lMPRIMERIE D'EVERAT, IMPRIMEUR PE LA SOCIETE,

RDE DU CADnAN ^■" l6.

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BULLETIN

DE

/ /

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

NUMERO DIX-HTJIT.

Seances de hi Commission Centrale.

Seance du \" octobre. ^

jyi. de Tolstoy , Membre de la Socletd , adresse a la Commission Centrale une Notice sur les voyages de MM. IVranguel, Aiijou et Matuchkin dans le nord de la Siberie, entrepris par ordre du Gou- vernement russe. (Voir Bulletin, 17, pag. 180 .

M. Barbie du Socage donne quelques notions relatives aux deux manuscrlts de feu M. Alphonse Guys , intitules : Commerce de Tri- poli en Barbaric^ et Lettres sur Tripoli et la Cyrendufue.

M. le Baron de Ferussac, au nom de la Section de Publication, fait un rapport sur le Memoire de M. Coraboeuf^ relatif aux me- sures trigonometriques de plusieurs sommltes des Alpes , et U en propose la publication dans les volumes des Memolres de la Societe. Cette proposition est accueillle til'unanimite par la Com- mission Centrale (Voir cl-apres, documcns, pag. i8g).

Le meme Membre fait un rapport verbal sur Touvrage de geo- graphic universelle , en portugais , par M. Casado Giraldez.

i3

i86

On donnc communication d'unc Iclire adrcssdc a M. le comte Chabrul de Vohic^ \ ice-President de la Sociele de Geographie, par M. Grdberg de HemsS, Consul gendrai de Suede et de Noruege h Tripoli, sur le voyage des Anglais dans TAfrique centrale ;Voir Bulletin, N" 17, pag. 171).

JVI. Jomard donne des nouvclles de Texp^dition de M. E. de Beaufort, dans Tinterieur de TAfrique, et il lit deux Ictlres qui lui ont dte adressees par ce voyagcur (Voir Bulletin, N" 17, pag. 171 .

Le memc Membre communique une letlrc de M. Roger , commandant pour Ic Roi au Senegal, sur la cataractc de Felou et sur les observations de latitude ct de longitude failes a Bakel et au fort Saint-Joseph. A cetle lettre etait joint TExtrait d'un Memoire de M. Duranton ^ sur son voyage au rochcr de Felou (Voir Bulletin, 17, pag. 176).

Seance du i5 ociohre.

M. le President annonce que son Exc. le Minlslre de la Marine et des Colonies la aulorise a le presenter comme Membre de la Societe de Geographie. Son Exc. est animee des dispositions les plus bienveillantcs pour lestravaux et pour les succes de la Society

M, Jomard communique une lettre de deux pcrsonnes etablies en Egypte, annon^ant plusieurs decouvertes dans les Oasis, entre autres celle d'un temple situd i trois journces au nord-ouest de Syouah. Ces observateurs se proposenl deparcourlr la CyrdnaVque.

Le m6mc Membre communique trois nouvelles lellres de M. E, de Beaufori en date des 20 fevrier, 8 avril et 3 juin 1824. ^Voir ci-apres, documens,pag 192'.

M. Bonnet, Membre de la Societe, adresse une Notice sur le marechal de Camp, Baron Bacler d'Albe, auteurde la carte gene- rale du Theatre de la guerre en Italie.

La Commission Centrale renvoie celle Notice au Comild du Bulletin (Voir ci-aprcs, documens, pag. 200).

i87

M. Balgiien'e ecrit pour annonccr que Ic capltaine CJiemisard est de relour de son voyage et se propose de se rendre a Paris.

M. Brack, directeur des Douanes a Strasbourg, informe la Society de la publication de plusieurs ouvrages ; il lui annonce enlre aulres la description de la Judee au temps de Jesus, par Melos, professeur au Seminaire Protestant de ^Veimar. (Voir ci- apres, documens, pag. 2o4

La Commission Gentrale fixe au 26 novembre procbain la deuxieme assemblee gcnerale annuelle de la Societe.

»WV» i WV* ^-^ ■* 1 ■VV* 4 /V\. VI

Membres nouvellement admis dans la Socieie.

Seance du \" octobrc.

M. HuRTADO, cnvoye extraordinaire de la Republique de Co- lombie a Londres.

Seance du 1^ octobre.

Son Excellence M. le comte Chabrol de Crouzol, Ministre de la Marine et des Colonies.

MM. AupiCK , chef de bataillon au corps royal d'Etat-Major ; Le baron de Mackau, capitaine de vaisseau;

Reaume, professeur de geographic de LL. AA. RR. Ics prin- cesses d'Orleans.

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Oiwrages prcscntes ei deposes sur le Bureau.

Seance du i" octolre.

Olympia or Topography. Olympic , ou iopugraplde de la plaine d" Olympic et des mines de la ville d'Elis , avcc cartes et vues , i vol. in-folio , en anglais ; par M. Spencer Stanhope. Londres , 1824..

Voyage dans la Republique de Colombia , dans Ics anndes 1822 et 1823, 2 vol. in-S", avcc uue carle, par M. Mollien, Paris, 1824.

i88

Carte de fa Route da Simp/on^ en une feuille, Paris 1824; par M. Perrot.

Atlas des departemens de la France, 1 5*^ livraison , par MM. Perrot

el Aiiplck.

Noiwelles Annales des voya/jes , de I'llisioire et de la Geographie , cah. d'avril, mai, aoAt 1824, par MM. Eyries et Malic- Brun.

Annales Europeennes de Physique vegelale, 20' livraison, par M. Ranch.

Plan de Topographic medicale^ i broch. in-8°, par M. Mir.hu.

Annales de la Societe d' Agriculture., Arts et Comi.erce de la Clia- rente., cah. de juillet 1824.

Memoires de la Societe d' Agriculture et Arts de Seine-et-Oise , 24*^ annee.

Seance puhlique de la Societe d Agriculture de la Marne.

Notice necrologique sur M. Ripault, Membre de la Societe, par M. Jomard.'

Le Globe , Journal lilteraire , par M. Lacheoardiere.

Seance du iB octolre.

Description des Eni>irons de Paris consideres sous les rapports topo- graphigue^ historique et monumental ., 1 vol. in-8" avec une carte et 62 gravures, Paris 1824; par M. Alex. Donnet.

Carte cantonale de la France., Paris 181 7, par Ic meme. Journal de I'a Societe Asiatique , 27"^ cahicr.

Exirait des Travaux de la Societe d' Agriculture de la Seine-Infe- rieure^ i4'' cahier.

Annales de la Societe d^ Agriculture de la Charenfe, 8.

Notice sur Hermoru'acurn ., station romaine, entrc Cambrai et Bavai, par M.Lcglay^ Secretaire pcrpetueldela Societed'Eniulation de Cambrai.

iSg

DOCUMENS.

Rapport sur un Memoire intitule : Mesure geometrique de la hauteur^ au-dessus de la mer^ de quehfues sommites des Alpes , par M. Coraboeuf, Chef d'escadron au Corps Royal des ingenieurs geographes.

La determination cxacle des hauleurs du globe au-dessus du niveau de la mer, est dun lei inter^t pour la geographic, pour la geologic, les sciences naturelles et plusieurs des services publics, qu'on ne saurait trop encourager les personnes qui , comme M. Corabceuf, sont si fort a meine d'enrichir ces sciences du resultat dc leurs travaux geodesiques. En effct, la connaissancc du relief de la surface terrestre, toutesles considerations de geographic physique, la determination des zones d'habitation des animaux et des plantes , les rapports des depots qui recouvrent le globe , et la posslbilite de se rendre raison des phenomenes qui ont preside a leur formation , dependent de la determination des lignes de meme niveau, dont les mesures des hauteurs sont les elemens.

Les principales sommites des Alpes dont M. Coraboeuf s'es* occupd, constltuant les points culminans de tout le systeme de ces lignes , de meme niveau, formant, pour une grande partie de I'Eu- rope, le centre de tons les cercles equidistans, dont il s'agit d'avoir les elemens, jusqu'au niveau des mers, il est tres-important d'avoir une determination cxacte de leur elevation ; et le travail de cet habile ingenieur contrlbuera a fairc cesser les incertitudes qui existent depuis si long-temps a ce sujet.

On sail que M. Coraboeuf a cooperd aux determinations geode- siques failes en Savoie en i8o3 et i8o4, et en Italic, pendant les annees 1806, 1809 ct 181 1. C'est alors qu'il a execute le travail

I go

dont il vous oflfrc aujourd'hui les prlncipauxrdsuUats, en cxposanl rensenible de ses operations ou tous les cldmens dc son travail.

II commence d'abord par offrir les longitudes et les latitudes des divers sommels , ou leur position geographiquc ; puis il en donne la hauteur absolue, pour les sommiles du Mont-Blanc et depen- dances , au-dessus du lac de Geneve et de la mer , et pour le Mont- Hose, le Mont-Viso, le glacier du Mont-Iseran et la Roche- Melon , au-dessus de la mer seulement. *

Voici les hauteurs de ces cinq montagnes, telles que M. Cora- boeuf les donne dans son Memoire :

Mont-Blanc 48i4'"> 2

Mont-Rose 4636 , 5

Mont-Iseran 4o45

Mont-Viso 3836

Roche-Melon 3526

La hauteur du Mont-Blanc au-dessus du lac de Geneve, obtenuc par M. Coraboeuf , comparee a cclle que donnent les observations baromdtriques de Saussure, calculees par la fornmle de M. Dela- place, presente un accord remarquable. Le professeur Tralies a trouve la hauteur du Mont-Blanc au-dessus de la mer de 48o5 ". ce qui fait seulement g melres de moins que M. Coraboeuf. Les bases des operations dc M. Coraboeuf ont cte determinces par une triangulation rigoureusc ou par un nivellement geodesique; mais les differences de niveau au-dessus des bases, des sommels de pre- mier ordre sur lesquels on n'a pu faire de station , sont calculees par les distances zenithales reciproques, k I'aide desquelles on est parvenu a connailre le coefficient local de la refraction dont on a fait usage ensuite, dans le calcul des differences de niveau des points couches. Ainsi il pent restcr encore quelques incertitudes sur les r(*sultatsobtenus,quoiqu'ilsaienlct(ifournis en prenant la moyennc d'un grand nombre d'observations.

Le bel ouvrage que M, le baron dc Wcldcn , colonel d'etat-

»9»

major autrichlen , vient de publicr sur Ic Mont-Rosa et surloul la savante analyse de cet ouvrage par M. le baron de Zach, inserde dans sa correspondance aslrononiique , et reimprlmee dans les Annates des voyages de MM. Malte-Brun et Eyries , nousfournis- sent les moyens de comparer les niesures de M. Coraboeuf k celles obtenues depuis lui par plusieurs savans connus.

On salt que , depuis quelques annces, on avail voulu enlever au Mont-Blanc sa suprematie sur les autres montagnes de TEurope. La relation de la premiere ascension du Mont-Rosa par M, Zu- mestein, donna m^me une ccrtaine aulorite a cette opinion; ii avait Irouve que la princlpale aiguille du Mont-Rosa depassait en elevation absolue de 261"", 1714, le sommet du Mont- Blanc. Depuis cette premiere ascension, cet intrdpide voyageur a fait quatre autres ascensions de cette montagne. La relation de ses cinq voyages se trouve a !a fin de I'ouvrage de M. de Welden , et il pa- rait que les resultats de ses premieres mesures n'ont pas ete con- firmes. II resulte, aucontraire, de la moyenne des diverses operations trigonometrlques de MM. Oriani, Carlini et Welden, que le Mont -Rosa n'a que 2866 toises ou 4611"", 4^864 , ce qui ela- blit une difference seulement de 2 5"',07i36, avec la hauteur donnee par M. Coraboeuf. L'elevation du Mont-Blanc, deduite comme moyenne des observations de M. Tralles, des ingenieurs autrlchiens etfran^ais, estde 2462 lolses ou 4798"", 53648. Donc-le Mont-Blanc surpasse le Mont-Rosa de 96 toises ou 187'", 10784. En comparant cette hauteur, donnee pour le Mont- Blanc, ci celle qu'a trouvee M. Coraboeuf, on observe une difference de 16 metres.

Enfin , d'apres les tables du baron de Zach, dans Tanalyse citde, ou il a reuni les donnees les plus certaines sur les princlpales som- mites desAlpes, le Mont-Iseran, mesure trigonometrlquementpar les ingenieurs autrlchiens, a i2456 picdsde Paris ou 4o46'"i207o4 Difference avec la mesure de M. Coraboeuf 1™, 20704. Le Monl- Viso, d'apres M. Plana, a 11808 [pieds ou 3835"',7i072. Diffe- rence avec M. Coraboeuf 0,28928.

La Roclie-Mclon , mesuree irigonomdtriquement par les ingd- nieurs autrichiens, a 10878 pieds ou 3533 "'. , G0952. Difference avec M. Coraboeuf 7 ™. , 6og52.

On pout voir, Messieurs, d'apres les comparaisons que nous venons d'etabllr, combien les mesures oblcnues par M. Coraboeuf, surlout celles de quelques-unes de ces sommiles, approchent de la moyenne deduite des resullats rcunis des ingenieurs autrichiens et italiens; et quand on considere la dlfficulle d'cxecuter ces me- sures et le grand nombre de causes influenles d'ou depend leur exactitude, on ne pcut s'empecher de desirer que les bases et les resultats des mesures de M. Coraboeuf soient publies, afin d'entrer comme elemens avec les moyennes que nous venons de vous don- ner. Le talent de M. Coraboeuf et la rigueur des methodes suivies par cat ingenieur, inspirant toute confiance, nous avons Thonneiu" de vous proposer Timpression de son travail dans le recueil de vos Memoires, et de lui adresser des remercimens pour cette iu- teressanle communication.

Ferussac.

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Nouvelles du Senegal. EXTRAITS de trois Lettres de M. de Beaufort.

Ouarioi, 20 fevrler 1824 (i).

Nous sommes a OuarioV depuis plusieurs jours ; j'y ai dt^ retenu par un peu de fievre qui me rendalt trop faible pour soutenir la marche.

La gomme du Commerce est belle : c'cst bien le verak ; el I'arbre qui la porte , que jc n'ai rencontre jusqu'ici qu'en un petit nombre d'endroits , est bien conforme i la description du Mimosa

(i) Ct-s Leiircs ne sontparvenues a Paris qu'apies celles qui ont ete publiees dans le liuUelia precedent.

Senegalensis ; seulement le legume est si plat que ses deux valves sont imperceptibles. On m'a presentc plusieurs autres gommes; les rameaux qui les accompagnaicnt prouvent que les arbres qui les produisent appartiennent k la famille des Rosacees ; Tune, qui est une resine d'aspect terreux, repand en brAlant une odeur agreable, et peut ^tre le sujet de I'encens du pere Labat. Je n'ai pas vu de gommes odorattfes ; il y en a une espece fort singuliere, dans trois etats relatifs a son Sge: elle estlimpide d'abord, puis elle rougit et noircit et change successivement de saveur depuis le doux jusqu'au piquant insupportable: quand je verrai I'arbre je le decrirai.

Quant au mastic, je n'en ai point vu; mais le beau verak, dans son premier etat, est llquide; unegoutte, en tombant, entraine un long filament: c'est tout le rapport que je lui connais avec le mas- tic , dont le goAt .Tgreable etles facultcs excitantes ont valu a Seco une brancbe de commerce considerable ; cctte gomme au contraire est fade et adoucissante.

Le guiammala est bien connu ici ; la description qu'cn font les naturels convient assez bien au cameleopard ou giraffe ; il n'y a point de civettc, point de calebassier , que je sache.

Ici les puits n'ont que lo ou 12 metres de profondeur : a Cogue, ils en avaient 80.

Les marigots qui versent I'eau au Panier Foule , s'approchent d'ici d'un jour de marche et peuvent en ^tre cause , ils courent maintenantauN. O. et versent I'eau au Lac de Ghyr; mais quand la saison des pluies est avancee , que ce lac est plein , ils la resol- vent de lul, courent alors vers I'interieur et s'avancent comme je viens de vous le dire, h quclques lieues de Ouarioi; ensuite le fleuve decroit et les marigots versent au lac le trop plein qu'ils en avaient rc^u , et par la il dolt conserver plus long-temps son ele- vation.

Des que mes arrangemens pour nion bagage seront termines , je parlirai pour la Gamble : la guerre cntrc les Peulcs et les

Ouolofs (la route que je vals prendre, quoique la plus sAre, ne I'est pas complelcinent, le Roi nie donne une escorte), et les relations, pcuainicales en ce monieul, desderniersavec le liondou m'ont force a faire ce coude.

Un des principaux de cet cndroit m'a dit qu'on n'y rccollait pas d'or; que le peu qui en arrivait etait achete en Bambouk; mais il y a beaucoup de morphil. J'ai vu peu de traces d'^l^phanls.

La latitude de OuarYoi est de i5° aS' Ifi'

Guiauguiaubonrcy, le 8 aviil 1824.

Je vais reprendre avec vous le narre de mon voyage , a partir de ma derniere lettre.

Des raisons de sArete m'ont force a m'ecartcr un peu de I'iti- n^raire de Rubault pour me rapprocher du sud; void le mien :

S. ii»

1. . . . Quest du

compas ,

5

i:j. -LI.—

mill.

Schanne.

Id.,

6

loguc.

S. 5"

Est, .

*

38

Desert, Guiel.

S. 11°

Est, .

i3

hake d'Qgo.

S. 2

Est, .

.

*

18

2" halle.

S. 11°

Est, .

»•

34 ,4"

17' N.-

( Salouni ) Quarneo. -17° 1 5' long, estim.

s. 54°

Est, .

5

Faff (1).

s. 54°

Est, .

*

18

Ca9a9a, i" village de Bambouk.

8.45°

Est, .

a

5

Counguicl.

s. 34°

Quest,

18

(Sortie du Bambouk , ) INiage-Bculang.

S. 22°

Quest,

»

9 1

5i'N.

(Mandingue, Gamble) Niage-Marigot. -17° o5' long, estim.

S.25»

Est, .

«

3o

Guiauguiaubourcy.

(i) Faff, ixloH M. Adiicn Partanivu.

La partle que j'ai parcourue jusqu'ici est fort peu peuplee ; quel" ques mesures ctles princlpes de statislique m'ont conduit a penser que daiis le Cayor , la population est d'cnviron 800 individus par myriamelre carre, et dans le Bourb-Iolof, 56o. Dans ces deux royaumes, comme dans les autres parties que j'ai visitees , les villages, situes i des distances plus ou moins grandes, ne sont en- toures que d'un petit rayon de culture, qui servlrait de base pour fixer Tespace necessaire k la nourriture des habltans , s'il ne variait un peu selon le plus ou le moins de commerce ; le reste est toujours un desert de bois clair-semes.

Dans les deux deserts que j'ai traverses , en allant du Cayor au Ouolof, et du Ouoiof au Saloum, j'ai cru trouver des traces du sejour des hommes cultivateurs. C'est surlout le baobab ; je sais que cet arbre est indigene , qu'il est une production du sol ; nean- moins je ne I'ai rencontr^ que dans les lieux cultivds ou dans ceux qui prctent de fortes raisons de croire qu'ils Tent ete : il ne pent se propager que fort lentement. Son fruit <^tant indehiscent et ses graines lourdes et attachees au pericarpe , iln'ira pas plus vite que cette saxifage dont la racine tubuleuse et horizonlale pousse un noeud chaque annee : il est fort utile a Thomme ; partout il lac- compagne. Vous savez , par Tidentite de moeurs , de langue , de gouvernement , etc., comme je Tai su de mon cote en examinant les traditions , que le Cayor , le Brak , le Saloum , ou micux leurs habitans, ne faisaient, il y a quelques siecles, qu'une meme nation Ouolofe, dont la capitale etait alors etablie sur les bords du Se- negal

J'ai rencontre dans ces bois moins de gommiers que je ne m'y attendais ; une partie d'eux appartlenl a la famille des rosac^es ; n^anmoins le verak y est en quantite notable. J'ai vu aussi une espece de bombax (fromager) , que je crois nouvelle et utile a re- pandre. Dans le Saloum , pres de Ouarneo , j'ai trouve un arbre qui se rapproche du genre thea ; sa fructification n'etait pas assez avancee : les Ouolofs le nomment dinunhoiu Les memes environs

ni'ont aussi offerl plusiems plantcs, dont une, de la taiiiille des euphorbcs, dtait mftrc alors ( elle apparlicnt a un genre nouveau) ; des fruits agreables au goAt ; en general un regne vegetal tres riche; enfin un arbre a encens. C'est un arbre immense du genre figuier, rcmarquabic, a une grande distance, par son vert fonce, sa forme cyllndroVde, son epais ombragc ; il est gros, creux , et cette cavite se ramifie comme lul, s'etend aux plus jcunes rameaux, de maniere a former un arbre vide dont les bords des canaux se corrodent , se brtklont , se couvrent d'une poussiere noire : dans le tronc principal , ou la decomposition est plus avancdc , on recueillc une substance Ires-legcrc , seche , facile a reduire en poussiere , qui a conserve Tapparence ligneusc cl repaud, en brulant, I'odeur d'unc resine. J'ai peu examine cct arbre : jc n'ai pu suivrc les phases de decomposition dans des Individus plus ou moins avances , el je vous transmets Thistoirc que Ton ra'en a faite ; je vous envoie un peu de cet encens : j'ai passe rapidement dans les lieux ou il est le plus commun. On avail alors Thabitude d'en brAler le soir, en assez. grande quanlite , pour embaumer I'air

Enlre Ouarneo et la Gambie , esl une province du nom de Bambouk. Le 9 mars, je me mis en route; c'est encore un desert qui separe le Saloum de ce Bambouk. Depuis 35 lieues, au moins, le sol ondule montre frequcmment la menic roche ; c'est un tri- toxide de fcr , souvent mele a bcaucoup de sable el a du for hydrate (Ogo), plus souvent contenant de Targilc , et formant de Tocre rouge ou jaunc , qui m'a present^ ( environs de Paff ) , pour la premiere fois , des empreintes de bivalves, ou je reconnus des tri- gonecs, des corbules, etc.; jc crois que cette formation est infd- rieure a la craie et apparlienl a ccUe que Ton voil a la Heve , que les geognosies designent sous le nom de sables el gres verts et ferrugineux. Je Tai relrouvee sur les bords de la Gambie , dans des coUincs, qui, par runiformile de grandeur et de structure , scmblenl etre les Icmoins d'un ancien ordre de chose, el qui sonl surmontees de couches d'ocre, de chaux carbonalec, grossicrc, en lits minces , el d'un peu de sable.

»97

Le lo mars, je suis arrive en Bambouk et j'y ai trouve beaucoup plus d'agitalion qu'on ne me I'avait annonc^

Le roim'envoya son fils me dcmander do la poudrc, ct un guide pour nous conduire chez lui , oi nous serions plus en sArcte que dans un petit village : nous y allames. Je dois vous dire que le Bambouk est une colonie de celui qui nous est connu sous ce nom ; qu un de mes hommes , qui a visite I'autre , a cru s'y retrouver ; que Ics habitudes y paraisscnt tres-differentes de cc que nous avons rencontre jusqu'ici, etindiquent, comme sa physionomie, un etre different. Ainsi, ce peuple a transports dans les plaincs une forme de cases appliquee bien mieux au pays sujet aux pluies , aux ora- ges , aux torrens ; une Industrie defiante , etrangere aux Ouolofs ; des fortlficatloiis surtout,quI annoncent le besoln d'en avoir de fortes et susceptlbles de reslster a un coup-de-maIn ou k un siege

La Gamble pcrmet aux Anglais de rcmontcr, jusqu'i quatre ma- rees au-dela de Baraconda, a un lieu appele Balankou, et plus loin, avec des pirogues; ce point parait rapproche de la Falcme. Le fleuve coulc , a ce qu II parait , sur un terrain horizontal ; sa rive gauche est habltee par les Mandingues , peuple tranquille et tres-adonnd au commerce ; la rive droite Test par ces diverses na- tions : OullI , Bambouk , NIage-Marlgot, etc. , et est le the.4tre de guerres frequentes ; de la nait tout naturellement Thabltude que les Anglais ont prise de commercer avec les INIandlngucs plus qu'avec le nord. Les Serracolels viennent quelquefois en cara- vane de loo a i5o , y apporter de lor ; mais les troubles les en empechent frequemment

Ici, la princlpale occupation, ccUe quiabsorbe tons les ouvrlers, est I'exploitatlon des bols rouges ; Tor est apporte par les Serra- colets , et aussi par les habitans des hautcs regions du Niger. Ces derniers viennent rarement: plusleurs annees peuvent s'ecouler sans qu'on les voie; leurs cara vanes sent loujours tres-nombreuscs.

Bakel, Ic 3 juin 1824.

Jc suis depuis deux jours a Bakel : peul-i^tre avez-vous re§u mainlenant uue Icttre de Coussaye, du commencement du mois

de C'est a parlir de ce point, situd a

quclqucs lieucs dans Test de Baraconda, par i3" 36' nord, et iS" 57' dc longitude estimcc, que je vais vous tracer le narre succinct de cc qui nous est arrive. Lcs cnvoyes du roi deOuliime quillerent ivres, dans la soiree du 2 mai, sans me laisser un de leurs com- pagnons, comme ils Tavalent promis ; et je mctrouvalaBanankou (pres de Baraconda), repute pour la mechancele de ses habitans, sans autre protection que celle d'un marabout lege a deux lieues dc la.

Les environs de Tambacounda m'ont presentd I'arbre a beurre que j'avais vu sur les bords de la Ganibie : il n'elail pas encore en fleurs; ils m'ont aussi offert un arbre que je rencontre depuis le Bambouk, et qui va cesser de paraitre dans le Bondou : c'est le nete ( j'ai su ici qu'on le connaissait a Goree, ou on en apporte quelqucfois )

De Tambacounda , je me suis rendu a Bouleband^ sans pertes, sans obstacles, si ce n'est une contrariety de route. Je voulais dvi- lercette demii^reville et voirToumand.il m'aindique quelquesloca- lites, mais surtoutun point de la Faleme, par lequel passenttous les voyageurs qui se rendent a la Gamble , et ou elle forme un bassin.

II m'a beaucoup parle de la navigation de la Falemd , assurant qu'on peut la rcmontcr fort loin , ti travers les ricbes contrccs du Dentilia, Satadou , etc., oii Tor abonde, dit-il, mais ou les marchandises sont rarcs. Toumane convient que cctfe riviere , reccvant tout son accroissement des pluics, a un courant trc^s- rapide; du resle, il la croit navigable; il assuie que les plaines qu'ellc arrose sont la terre chdrie de Tindigo. JMungo Park lcs a parcourues et s'est dgalement plu a les louer.

Une reconnaissaace des affluens du Senegal scrait dgalement

199

iniportante , tant pour la Falemd , dont les rives sont couvertes de villcs et de cultures, qucpour les branches superleures du Kokoro, B^i-Fing, Bil-oulima, et d'une auire riviere nommee le Krayeko , vue par Mungo-Park , a Kouniakary, et sur laquelle est assise maintenant la capltale du Kaarta.

SI cette exploration rcpond k nos desirs et aux recits qui m'en ont etc faits , si ces rivieres peuvent porter nos navires a de grandes distances , j'emploierai la saison s^che a examiner les contrees qu clles arrosent.

Jevousal ecrit du poste anglais, le aoavril..., j'al coupe, depuis, deux ou trois fois, la route que les Serracolets suivent pourarrlver sur la Gamble.

J'al rencontre des caravanes venant du Kaarta, charg^es de morphil et d'or ; des marchands Serracolets , venant du meme lieu, portant de I'or; des marchands du OuUi, venant de Scgo , portant des pagnes et de Tor, et souvent, des captifs qu'ils vendent sur la route.

Une remarque que je puis consigner ici , est une assez grande variation parmi les vegetaux , en suivant , ou la progression dans rinterleur , ou Televatlon , ou le changement de latitude. La Gam- ble , pres de son embouchure , offre beaucoup d'aurantiacees et de palmlers; plus haut, les premiers disparaissent ; quelques pan- dances, et surtout le fang-jang s'offrent alors; plus haut encore, les palmlers cessent successivement, et le rhonier est le dernier de tous. Le carite se montre cnsuite ; vers le Senegal , il com- mence aussi ou le rhonier finit. Mais de nouveaux monocotyledons s'y joignent ; lis interessent doublement par le rapprochement auquel ils donnent lieu ; c'est le dattier et le douma thebdici du Nil.

E. DE Beaufort.

20O

f\,'\/\/V%/%l%l%l%/%/\/%l%J%/\/%l\%'X-%

!F,XTRAIT d'line Notice surle General Bacler d'Albe , par IM. Alexis Donnet, Ingenieur du Cadastre, membre de la Societe de Geogra- phie.

Les arts et la patrie deplorent egalemenl la perte de I'un de ccs hommes superieurs qui surent a la fois mauler I'dpce et le pinceau, servlr Mars etles Muses. Bacler d'Albe dlait un pelntre distingue; il s'est aussi place parml les geographes : votre Bibliotheque vient d'etre enrichie de ses ouvrages par Ic Ministre de la Guerre ; et c'est a ce titre que je viens occupcr de sa memoire , la Societe de Geographie , quoiqu'elle ne le comptSt pas au nombre de ses mcmbres.

Ne, a Saint -Pol en Artois , aujourd'hui ddpartement du Pas- de-Calais, de parens aises, Louis- Albert-Ghislain Bacler d'Albe regut de bonne heure une education soignc^e, qui le reudit propre ^ a suivre une carriere distinguee. Celle dcs arts , que ses parens n'eussent sans doute pas choisie pour lui , fut celle qui lui sourit et dans laquelle il s'elanca avec I'ardeur de la jeunesse et le feu du genie.

Parti a vingt ans pour visiter I'ltalie , cette terre classique des beaux-arls , il s'arreta etonne aux pieds des Alpes : les scenes ma- jcslueuses et imposantes de ces hautes regions renflammerent d'un entliouslasme si vif qu'il renonga a voir , au - dela dcs inonts, les ouvrages des hommes, pour eludier ici la nature, prcsque vierge etdans toute sa splendeur: Sallenches devint son asile; ct bientot ses tableaux , recherches en Suisse et en Allemagne, lui firent une reputation. II ne borna pas la ses travaux : de frequcnles explora- tions dans ces montagnes, en le conduisant souvcnt sur leurs hautes sommitcs , decouvraient a ses yeux leur enchainement et leurs ra- mifications : la il ctudialt, il saisissait les rapports de liaison de ces monts aglomeres , et il jetait dans sa memoire les foudemens

20I

^e cette lopographie piitoresque ^ si je puis m'exprimer ainsi, qu'll devait bienlot mettre en usage et qui a fait faire un si grand pas ai» tlessin de la carle.

Nos troupes victorieuses avaient penetre dans le Faucigny ; et Eacler d'Albe, encore jeune , avail, un des premiers , joint les

drapcaux Ccrne , dans une occasion , par des paysans revol-

tes , il tire son sabre , place sa femme et ses enfans sur Tavant- train d'un canon , et traverse la populace en armes , qui demeurc commc pelrifiee d'une parellle audace. Bacler rejoint Tarraee d Ita- lic ; simple officier d'artillerie , il ne se dislingua que par son zele et sa bravoure , jusqu'au moment ou , pr«^t a descendre dans les plaines d'ltalie avec ses phalanges indomptables , le general en chef I'appela pres de lui et le fit son aide-de-camp.

L'ltalle , toujours morcelee , ne pouvait offrir aucune carte ge- ndrale suffisante pour les operations militaires ; Borgonio pour le Piemont , Chaffrion pour la cote de Genes , et quelqucs aulres carles parliculieres , n'avaient entre elles aucun rapport d'echelle ni de projection; la Mappa del censo ^ dans le Milaiials, elait plu- tot un plan terrier qu'une carte. Le general sentit le besoin d'une bonne carte ; il jeta les yeux sur son aide-de-camp d'Albe : ses souhails etaient des ordres ; et Bacler , qui avait quitte les pin - ceaux pour Tepee, suspendit le glaive et prit le compas.

Toutes les bibiiolheques , surtout la riche Ambroisiennc, tous les depots sont mis a sa disposition : les reconnaissances militaires, les cartes et plans , recueillis de toutes parts , lui sont confies ; et , apres un travail assidu et d'une activite incroyable, on voitparaifrc la belle carte du theatre de la guerre en Italic, en 3o feuilles colombicr.

N'ayant pu, faute d'etre avcrti a temps, fairc parlie de Tcxpt-dilion d'Egypte, oil, n'en doutons pas, il eAt acquis dc la gloire et rendu des services a la science, d'Albe etait reste directeur du depotde la guerre Cisalpin , qu'il avait organisd et oii il poursuivit rachevc-

i4

202

nieni des dix demicrs cuivrcs de sa carle. Les chances de la guerre^ en nous arrachant I'ltalie , depoulllercnt Baclcr d'Albe des fruits de ses longs travaux: la prccieuse coUcclion des dessins de nos fas- tes militaires , dont il n'avait encore grav^ que le Passage du Po ct la Bata'tlle de Lodi, devinrent, ainsi que Ics vingt premiers cuivres de sa carle , la proie de Fennenii. Un pareil revers nc le decou- ragea pas: ses dessins topographlqucs ctaicnt sauves; et, relire en- core a Sallenches , puis a Paris , il avail presqu'entierement refait ses vingt cuivres, lorsquc le gouvernement Aulrichien lui revendit ccux qui avaient etc Iransporles a \ ienne.

Alors il donna, en 22 feuillcs, la suite de la Carle d'ltalie , com- prenant le royaume de Naples, la Sicile et la Sardaigne. C'est vers cetle meme epoque qu'il fournit au Depot de la Guerre, en qvialile de chef de section de eel etablissement, d'excellens Me- moires sur la gravure des Cartes, dont on pent lire des extrails dans le Memorial Topographique. C'est dans ses ateliers que plusieurs graveurs dislingues du Depot sesont formes , ou ont commence leur reputation ; c'est encore dans ce temps que , revenu par goAl, non moins que par necessile, a ses pinceaux , il prilrang, particullerc- ment par ses gouaches , parmi nos premiers paysagistes.

Parvenu au timon de I'Etat, le Soldat hcureux n'oublia pas I'homme dont les talens lul avaient ete si utiles en Italie. C'est encore comme gcographe el directeur de son cabinet topographique, qu'il se I'atlache. Austerlitz , lena, Friedland, Wagram, leTage, la Vislule el la Moscowa, virent lour-a-lour le general d'Albe. Toujours confident des plans de campagne , des projets de mouve- ment , il les indique , les trace sur les carles, fournit les Clemens de !a vicloire , a laquelle il n'est point elranger , el apres laquelle il fait encore, sous [es yeux du triomphateur , le parlage des provinces, la circonscripliondes nouveaux ^tals, etcontribue k regler le deslin des peuples.

Des travaux aussi considerables, aussi aclifs, appelaienl le rcpos; ctle general d'Albe, dccore ilc plusieurs ordres frangais el elran- gcrs , ful nounne directeur du Depot general de la Guerre.

2o3

Les evenemens polillques de i8i5 le rendlrent bientSt a la vie privee. II retrouva avec joie ces pinceaux , la consolation de sa vie , et qu'il n'avait , durant un moment d'cnthousiasme , quittds qu'a regret. Bacler fut, avant I'age de 60 ans, enleye a safamille et a ses amis, le i4-septembre dernier.

La Carte d'ltalie, en 52 feuilles, et particuli^rement la pre- miere partie , a ete , a juste titre , considerde comme la meilleure qu'on eAt sur cette contree. Son echelle de 1 ligne pour 3oo toiscs , oude '/259,3oo, permettaitd'interessans details. La riviere de Genes, une grande partie du Piemont, toute laLombardie, les Lega- tions, la Toscane, une grande partie de I'^tat Vcnitlen et la fron- lierc Napolitaine, y sont fort blen traites; et les imperfections qui se remarquent dans le reste du travail, tiennent peut-elre en partie a Texecution vicieuse de la gravure, encore, pour ainsi dire , dans son enfance , surtout en Italic.

La partie mathdmatique n'a point dtd negligee ; et Ton peut meme voir, par les notes, que les points ont ete discutds , et que I'auleur ne s'est decide entre plusieurs observations, qu'apres un mAr examen.

Mais ce qui distingue parliculierement cette Carte , c'est le trace pittoresque, quoique parfaitement'geometrique, des montagnes. Abandonnant toute perspective lindaire, et rapportant tout a la projection horizontale, il a fait pour jamais disparaitre de nos cartes les rochers en elevation , les arbres qui cachaient les routes qu'ils devaient border, et les montagnes sur les cretes desquelles semblaient couler les rivieres qui devaient en baigner le pied ; enfin il laissa a une juste entente du clair-obscur , i une sorte de perspec- tive aerienne, de faire sentir et de determiner Televation relative de cesmonts,dont ses profondes meditations dans les grandes Alpes lui avaient fait tracer rcnchainemcnt avec tant d'inlelligence.

204

ExTRAIT d'une Letlre de M. Brack , Directriir des Douanes a

Strasbourg.

Strasbourg , septembre 1824.

J'ai Thonneur de vous annonccr la traduction a laqucUc je Iravaille, d un ouvrage allcniand ayant pour litre : Description de la Judee , au temps de Jesus , par JVlelos, professeur au serainalre protestant de Weimar.

Ce petit ouvrage, qui comprend tout ce qui a rapport a la gdogra- phie mosaVque , a Tetat civil , religleux , domeslique , et meme aux sciences, m'a paru de nature a interesser Tenseignement des ecoles primaires. Je me propose de i'enrichir de trois cartes , I'une du voyage des Israelites depuis leur sortie d'Egypte, la mSme com- prenantleurs stations ktravers Ic desert; la deuxieme, representant le Jourdain et la Palestine, divisee et partagee entre les douze tribus; et la troisieme , la Judee telle qu'elle etait du temps de Jesus.

Je ne sais pas si je mc fais illusion ; mais il me semble que la geographic mosaique est dun inleret majeur pour enseigner aux enfans Thistoire et Torigine de notre religion ; et que cette geogra- phic , qui appartient au premier peuple du monde , doit aussi preceder toute; les autres dans I'enseignement.

J'ai Thonneur, etc.

Brack.

DE L'lMPRIMERIE D'l^VERAT, IMPRIMEUR DE LA SOCl^Tli,

KUE DC CADRIN N" l6.

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BULLETIN

DE

/ I

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

INUMERO DIX-NEUF.

Seances de la Commission Ccntrale. Seance du 5 novemlre iSa^--

M. Becquey, Directeur-general des Fonts et Chauss^es , informe la Soclcle qu'il s'empressede repondre a ses desirs, en accordant, pour sa bibliotheque, la collection des ouvrages publics par 1' Ad- ministration des Fonts et Chaussees (Voir, ci-apres, Documens, page 2i3).

La Commission Centrale invite M. le Fresident k adresser i M. Becquey les remerciemens de la Societe.

M. Lombardi, Secretaire-general de la Societe Italienne de Mo- dene , accuse a la Commission Centrale , reception de ses Begle- mens et Programmes de prix, et lui fait les offres les plus gene'- reusesfVoir, ci-apres, Documens, page 2i3).

M. Chemisard, Gapitaine au Long Cours, attache a la maison Balguerie de Bordeaux , annonce a la Societe qu'il se propose de visiter , dans son prochain voyage , les iles Java , Sumatra , Banca ,

i4

2o6

Borneo, Ics Celebes cl Ics <l(5troils qui les separenl; la peninsulc Malaise, les cotes de Siam, de CaniLogc, tie la Cocliinchine , <lu Tonquin ; Macao et Canton , Manille el les iles Lu^on , cnfin les iles Moluques ; el lui exprime le desir de recevoir ses instructions. La Commission C en Irale, en donnantdcs elogesau/ele de M. Che- misard, invite la Section de Correspondance a dresser une serie de questions su<:^les conlrdcs que doit visiter ce jeune marin.

M. le Baron Coquehert Monbret ccr\i a la Commission Centrale, qu'il espere , aussllot que sa sante sera relaLlIe, pouvoir mcltre a sa disposition de nouveauxmaterlaux qu'elle jugera pcul-elre digncs d'enrichir le Recuell dcs Mt^molres de la Societcj,

M. le General Donzelot^ Gouverneur el Adminislrateur de la Mar- tinique, ecrit a la Society qu 11 a fait donner la plus grande publi- cite aux Rcglemens, Programmes de prix et autres pieces qui lui ont ^le adressees. 11 offre de seconder les efforts de la Sociele , et de lui faire parvenir les renseignemeus quil jugera utiles aux progres de la Geographic.

M. A. Jaubert, au nom de la Section de Publication , fait un Rapport sur un Ouvrage de Geographie ecrlt en languc lallne ti en caracteres gotbiques, par Icfrcre Jordanus, coUationne avec le plus grand soin par M. le Baron Coquebert Monbret, d'apres le frag- ment original appartenarit a M. J^alckenaer. La Commission Cen- trale, sur les conclusions de M. Jaubert, vole Timprcssion du ma- nuscrll dans le P^ecueil des Menioires de la Society, et renvoic le I\apportauComileduBuUelin(Voir,ci-apres,Documens, p. 2i4).

M. Bianchi, au nom de la meme Section, rend compte de la traduction qu'a failc M. de Nercial, d'un Blt^moire sur ia G«^ogra- phie de la I'ersej par M. le Baron de Hammer.

Apres quclques observations de M. Barbie du Borage, sur la si- gnification de differens noms g(^ograpbIqucs, la C ommission Centrale renvoie le Uapporl de M. UiancM au Coniilti du Bulletin (V^oir, ci-apres, Docuniens, page2ig).

207

M. Bar])i<5 du Bocagft fait deux propositions, dont Tune est re- lative a la fixation du prix de I'Ouvrage de Marco Polo , poor les Mcmbres dc la Socictc ct pour Ic public; ct Tautrc a pour but rimpression de la liste generale des Mcmbres de la Socidtc. Ccs propositions sont renvoyces a la seance sulvante.

Seance du i^ nwemlre^

Son Exc. le Comte Chabrol de Crouzol, Ministre de la Marine, annonce a ]M. le President quelle se fait un plaisir d'accorder, pour la bibliotheque de la Societe, la collection des Cartes pu- bliees par le Depot general dc la Marine (Voir, ci-apres, Docu- mens, page 228).

La Commission Centrale invite M. le President i exprimcr k Son Exc. la reconnaissance de la Soci^t^.

M. le Comte de Rosily, DIrecteur-general du Ddpot de la Ma- rine, annonce a la Commission Centrale Tenvoi de la colleclion accordee par Son Exc. le Ministre de la Marine.

M. Hurlado, envoy e dc Colombie a Londres, remercle la Societe de ravoir admis dans son sein , et promet de contribuer de tous ses efforts aux succcs de son cntreprlse.

M. de iV«c/a/ ecrit a la Commission Centrale pour lui exprlmer sa reconnaissance de Tlnteret avec lequel elle a bien voulu accuelUir sa Traduction du Memoire de M. dc Hammer sur la geographic de la Perse. II rinforme en meme-lemps qu'il laisse ce Manuscrit a sa disposition , et qu'Il sera tres-flatte si die le juge digne d'etre in- sere dans le Recueil des Memolres de la Societe.

La Commission Centrale decide que la Liste gene'rale des Mem- fares de la Societe sera imprlmee a la fin du volume de Marco Polo.

Elle d<^cide dgalement, sur la proposition de la Section de Pu-

20b

blication, que I'Ouvrage de Marco Polo sera dellvreaux JMcuiLres de la Societe , a moillc du prLx fixe pour Ic public.

M. le General Ilaxo depose sur le Bureau uric Carte des envi- rons de Gironne, execulee d'aprcs le systemede lopograpliie quil a indique , en 1822 , dans un Mcmoire iniprime et disuibuc aux Menibres de la Commission Rovale de la nouvelle Carte de France, dont il fait partie. Cetle Carte, dont rechelle est au dix- niiliieme, a ele dessinee par M. Ic Capitaine du Genie Noizet, sur une planche lilhograpliique de zinc, preparce suivanl le procede de M. Sencfelder. Les formes du terrain y sont representees par des hachures qui, par leur rapprochement et la force du trail , forment des teinles d'autant plus foncees, que les pentes sont plus roides. Ccs hachures sont disposdes d'apres des regies certaines , qui ne laissentrien a Tarbitre du dessinateur , de telle sorlc que ic meme terrain, figure par des mains differentes, produise toujours des dessins du meme aspect.

Une ecliclle de pente, tracce sur le bord de la Carte , donne le nioyen de mesurer Tangle qu'une partie quclconque du terrain forme avec Ihorizon. 11 suffit, pour cela, de prendre, avec un compas, rintervalle qu'occupent quatre hachures voisincs , et de le porter sur les ordonnees de cette echelle.

L'idee principale de ce systeme est d'amener a representer tou- jours les memes pentes par des teintes dune meme inlensild, de maniere a faire du dessin lopographiquc une veritable ecriture degagee du vague inseparable de lemploi des moyens pittoresques. La Carte des environs de Gironne est un premier cssai qui fait voir que ce rosultal important sera lacllement obtenu aussilot que les pcrsonnes qui font de la topographic leur principale occupation , rauront.pris pour but de leurs recherchcs.

^l.D.^e la Roffiielie donne lecture dune serie de questions qu'il a drcssecs sur le Gamboge, !e Laos, etc., pour M. le Capitaine Chemisard.

209

M. Joma/J communique une Leitre de M. le Chevalier Pictel, dc Geneve, en reponse aux questions qui lui avaient ett^ adressees sur la hauteur du lac de Geneve. Cette Leitre est renvoyee au Gomite du Bulletin (Voir, ci-apres, Documens, page 229).

Le menie Membrc donne lecture d'une Lettre de M. Belaporte , Vice-consul a Tanger, relative .\ la Cyrenaique , cetle lettre est renvoyee au meme Comite (Voir, ci-apr^s, Documens, page 234 \

ASSEMBLEE GENERALE DU 26 NOYEMBRE.

Presidence de M. le vicomte de CllATEAUBRIAND.

La seance est ouverte h 8 heures du soir, par M. le Vicomte de Chuteaiihriand. M. le Baron de Feriissac^ Secretaire de la Societe, lit le proces-verhal de la seanee generale du 2 avril,

M. Malte-Bnm , Secretaire-general de la Commission Centrale , donne verbalement un aper9u dcs Iravaux de la Sociele, pendant Tannee ccoulee.

N. Jomard, President dc Id Commission Centrale, pr<^sente, au nom dd la Commission , le i''-' volume du Recueil des Voyages, Rela- tions et Memoires publics par la Societe. L'avanl-propos dc ce vo- lume, destine a faire connaitre le but et Tesprit du Pxecueil , et compose par M. Malte-Bnin , est lu par M. de Ferussac.

M. Jomard presente cgalement le i^'' cahier du Recueil des QiieS' tions adressees aux voyageurs et a toutes les personnes qui s'interessent aux progres de la Geographic. 11 donne lecture du Preambule place a Ja lete du cahier.

Le meme membre depose ensuile sur le Bureau la Carte des Parhaliks de Bagdad, d'Alep et d'Orfa , dressee par M. Rousocau , ancien Consul-general. Cette Carle est grav^e etpuhliee aux frais et par Ics soins dc la Societe.

M. Chapellier^ Trcsoricr de la Socicle , rend con)ple dc Tcmploi des fonds ( Voir, ci-apres, Docuracns, page 235).

M. JomardVii un Memoire inlilule : Coup-d'cdl sur les progres et Vetat aciuel des decoin>erf£S dans I'lriterieur de I'Afrique. L'objet prin- cipal de eel ecrit est d'assigner Ic rapport qui existc entrc I'elcn- due de I'Afrique Inlerieure et la supcrficic obscrvee par Ics voya- geurs europeens, depuis une quarantaiue d'annees (Voir, ci-aprcs, Documens, page 289 ).

On annonce que M. le Comte Oiloff^ Senateur de Tempirc de Russie, a qui la Sociele doit deja un don de 5oo fr., met a sa disposition une somme de 1,000 fr. , pour etre employee a I'en- couragement des d«^couvertes , de la maniere quelle croira le plus utile aux progres des sciences gcographiques. IVl. le President est prie de vouloir bien exprimer a M. le Comte Ortoff ^ present a la seance , la reconnaissance de la Socicte.

La seance est lev<5e a lo heurcs.

%/^/^ntv%ryw\;%lM*^\!\^M\■*.'\^^

Lisle des Membres nouvellement admis dans la Socicte, Seance du 5 nwembre 1824.

MM. CnEMiSARD , Capltaine au Kong Cours.

DESBASSiNSDERiCHEMO]ST(Le Vicomle), Commissaire-or- donnatcur a Pondichery.

Lahure, Notaire royal.

SEA^XE GENERALE DU 26 ^OVEMBRE.

Auger , Mcmbre dc T Acadcmie Fran(;aise.

Bigot de Preameneu (le Comic), Mcmbre dc T Academic Fran^aisc.

211

Boucher, Sous-Direcleur au Ministere de la Marine.

Drojat, Avocati la Cour Royale Je Paris.

DuTENS, Inspectcur-divisionnaireau Corps royal des Fonts et Chaussees. ,

FoRBiN (le Cornle de), Directeur-gendral des Museesroyaux. Gaimard , Naluralisle du Roi.

Gamba (le Chevalier), Consul-general de France a TIflis. GvENiFEY (le Baron de) , Conseiller du Roi pres le Cohseil des Manufactures.

Jordan (Augustin), ancien Chef de division an Minislere de rinlerieur.

LEMOiNE(Ainie),

Saint-Genis, Ingenieur en chef, Directttrratt Corps royal des Fonts et Chaussees.

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i

Oiwrages pre'sente's ei deposes sur le Bureau.

Seance du5 novembre.

Grdfi'd'e Carte roati^re- de la France , dress^e par ordre de M. le Directeur-general des Fonts et Chaussees, en 6 feuilles.

Statistique des Routesroyalesde France; Faris, 1824. i vor.m-4".

Rapport au Roi, sur la Navigation interieure de la France; Paris, 1820. I vol. in-^"; par INl. Becc/uey, Dircctettr-g^n^'al des PoBts et Chaussdes.

Annales Maritlmes et Colonialcs, cahler de septembre; par M. Ba/'ot.

Annales Europ^enncs de Physique v<5gelale; 21= Ilvraison, par M. Rauclu

212

Journal de la Societe Asialique ; 28" cahier.

Le Globe, Journal litteraire.

Lettre adrcssee a la Societe Aslatique par M. J. G. Jackson.

Rccueil Agronomique de la Societe Centralc d'Agricullure dc la Haute-Saone.

Seance du 1 g nocembre.

Collection dcs Cartes publiees par le Depot general de la Marine. ( Voir, cl-apres, Docuniens , page 228 ).

Nouvelles Annalcs des Voyages , cahier d'octobre ; par INIM. Ey- ries et Malte-Erun,

Carle lithographie'e des environs de Gironne, en une feullle ; par M. le General Haxo.

Annales de la Society d'Agricullure de la Charente, cahier de septembre.

Le Globe, Journal littdraire.

Seance generale du 26 novemhre.

Carle manuscrite de I'Archipel Gascon, dccouvert par M. le Capitaine Chemisard, commandant un navire de commerce de la maison Balguerie.

Voyage a Surinam, Cayenne , 1824, par M. Leschenaut de La Tour.

Dictionnaire Fran^ais-Wolof et Fran^ais-Bambara, redigepar M. Dard , ancien Directeur de I'ecole de Saint-Louis du Senegal, et offert par M. Jomard.

RestaurationdeTiledeCorse. Unebroch. in-^'javec une Carte mineralogique , par M, Cadet de Meh.

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DOCUMENS.

A MM, les President et Secretaire de la Commission Centrale.

Messieurs ,

J'ai re^u la lettre que vous m'avez fait Thonneur de m'dcrire; et d'apres le desir que vous m'exprimez , je me fais un plaisir de vous adresser le Rapport presente au Pioi, au mois d'aoiit 1820, sur la navigation interieure ;

La Statistique dcs routes royales de France ;

Et la grande Carte routiere dressee par les soins de radminis- tration des Ponfs-et-Chaussees.

Je suis fort aise , Messieurs , de pouvoir , dans celte occasion , faire quelquc chose qui soit agreable a unc Societe qui se rccom- mandcparleshommesdistinguesqu'elle compleparmi ses membres et par son noble devouement a la science qu'elle honore et qu'elle enrichit par ses travaux.

Le Conseiller d'Etat, Directeur-General des Ponts-et-Chaussees et des Mines.

Signe Becquey.

k/v^x L^x-vft^/WLVW i«/%v

EXTRAIT d'une lettre de la Societe Italienne des Sciences de Modene, a MM, les President et Secretaire de la Commission Centrale de la Societe de Geographie.

Modene, le i3 octobre 1824.

.... La Societe Italienne des Sciences rdsldant a Modene a

1 2l4

agrde les notices que vous avcz cu la bonle dc nous conimunlquer avec voire tres-obligeante letlrc du 7 mai dernier, ot clle desire vivcment pouvoir aider votre utile etablissemenl dans ses operations dirigees vers I avancemcnt de la science geographique , conslderee dans Ic sens le plus elendu. Les Savans qui composent la Societe Italienne sont rcpandus dans loute lllalie; lis nc se reunissent jamais, mais lis Iraitent les afl'aires par la vole de correspondance. Neanmoins, Son Excellence M. le Alarquls Lovis RangonI, pre- sident de la Societe , m'a ordonne de communiquer votre letlre a nos Mcmbres , et de les engager a s'occuper des objets auxquels travaille votre Societe. Je nietlrai tout inon empresscment a ac- complir les ordres de Son Excellence M. le President , et je ferai imprimer et dlstrlbuer a tous nics coUegues, votre leltre du 7 mai ; je ne manquerai point de vous cnvoyer les Notices et les Dccou- vertes que nos Membres pourralent faire dans cette belle branche des sciences naturclles, et je me (lalte que nos communications seront publiees par la Societe que vous prdsidez.

Si vous voulez blen m'adresser les Notices de vos Iravaux, je m'empresserai de les faire imprimer dans nos journaux.

Je saisis cette occasion, etc^

Antoine Lombardi.

Secretaire de la Societe Italienne des Sciences de Modene.

Rapport fait ii la Commission Centrale , par M. A. Jaubert.

La Section de Publication m'a charge de vous rendre compte d'un fragment d'ouvrage de geographic , ^crit en langue latlne et en caracteres gotblques. L'orlglnal de ce fragment appartienta M. Walckenaer; M. Coquebcrl-Monbret a collalionne , avec le plus grand soin, la copie qui vous est offerte, cl H a fail ILlliogra- phier un/«c simile de rccriiure du manuscrlt.

2i:

L'ouvrage en question est intitule: MirabiUadcscriptaperFrat-ein Jordanum ordinis Prcedlcatoriim, oriendiim de Severaco, in India majore Episcopum Cobanhensem. llien n'indique la date de sa composition ; mais la forme dcs caracteres, la phraseologie laline, la qualification d'Empereur des Grecs, que Tauleur doniie au Prince qui regnait de son temps a Constantinople, la denomination d'Asie mineure , sous laquelle il deslgne la Turquie, la matiere mc^me qui compose le manuscrit, qui est en parchemin et non en papier de coton ; toutes ces circonstances reunies prouvent evidemment que l'ouvrage est d'une epoque antt^rieure au quinzieme slecle. La mission du frc^rc Jordanus aurait-elle eu lieu durant le cours du Ireizieme siecle, c'est-A-dire lorsque les armes des Turcs faisaient les plus rapides progres dans TOrlent? G'est ce qu'il semble assez naturel de con- jecturer.

Des les premieres pages, on voit que notre auteur a visite la Grece et I'Armenle , en observateur attentif. Prcsque tout ce qu il dit du mont Ararat est d'une remarquable exactitude. Le sommet de celte montagne , dit-il , est constamment couvert de neige , et tres-souvent voile par desnuages; sa base presente une surface telle qu'il scralt difficile d'en faire le tour en moins de trois journc^es, et on y rencontre une quantitc de serpens , et d'autres reptiles vdri- tablement cxlraordinaires.

L'auteur definit ce qu'il appelle Armenie : le pays compris entre Sebaste et la plaine du Moghau, d'une part, etle montBarcario)i) et Tauris, de I'autre. II lui donne 4^o journees de longueur sur 2 3 de largeur. II parle d'une grande ville de Semour, detruite par les Tartares. Le nom de Semmour est en effet turc ; onle donne memc a un pays situe sur le revers septentrional du Caucase,non loin des Tchechentzes; mais j'ignore entlerement quelle etait la ville qui le portait.

(i) Ce mont Barcaiio serait-11 lachaine des monlagncs dcs Hdkiaris ? mais oil scraicnt alors les 23 journees dc largeur.

2lG

Quoiqne le frerc Jonlanus paraisse avoir visite la Perse; Ics gciieialiles ilans Icsquclles il entic relalivcmcnt a ce pavs n'offrcnt lien dc bien salisfaisant ni tie Lien conipict; ct d abonl onvoit (page 25 du travail de M. dc Monbret), quil coinprend sous la denomination d'Empire Persan, nonseulemenlTrcbizonde, (nu'il <[itelre une villc grecque), nials encore I'Asie Mineure, la Medic, la Cappadoce, la Lydic, rArmenie Majeure, la Chaldee,la G^orgic, une panic des niontagncs Caspicnncs et le Mogliau. Or celle cir- conscripiion est evidemnient Irop vasle pour Tepoque en question, soil qu'on sen rapporlc a tons les tenioignagcs dc 1 bistoirc, soil qu'on se borne a ajouter foi a ce que dit notre missionnaire lui- m^ine , dans un autre endroit de sa relation.

ParmI les phenomencs remarquables que Tautcur dit avoir vus en Perse, il parle avec beaucoup d'exagcratlon de la secheresse dudimat dc Tauris. Jamais, dit-il, on n'y voit tomber de rosee, jamais dc pluie en ete ; en sorte (Ju'on est oblige d'arroser lesterres avfec les eaux ( couranf es ). 11 ajoute que , dans ce pays , on trouve une espcce de chrysalldc qui produit , par emission , sur les feuillcs des arbres ct sur la terrc , une sorte dc manne plus douce que le miel , et qu'on y yoit des rivieres cbarriant dc Tor en abondancc : assertions qui ne semblent pas mdriter une serieuse refutation.

Mais, en revanche, ricn n'est plus exact que ics details dans les- quels cnlrc le frerc Jordauus relalivcmcnt aux moeurs el usages des Persans , et en particulicr sur leur manierc de manger, soil dans des auges de bois, soit sur des nappes de cuir , et toujours avec les doigts. Rien de plus curieux que ce quil dit dc la depopu- lation deja tres-scnsible en Perse a Tepoquc oii il ecrivait , ct sur I'existenccdes egliscs cfue possedalent alors les Chretiens a Sulta- nich et a Tauris.

Nous nc le suivrons pas dans sa description des pays qu'Il nommp Indc Mineure, Indc Majeure, troisieme Indc, ct Arabic: dans Icsquclsil annouceavoir baptise cl couvcrli Irois cents personnel,

21'

parini lesquelles elaientbeaucoupd'Idoiatres et de Sarrasius. Bieo' qu'il annonce avoir visite la piemiere et la trolsiemedeccscontrees, etqu'a travels cerfalnes fables, on rencontre ou Ton dcvine un grand nombrc de fails exacts, il nous semble plus interessant de trans- crire la description abrcgee que noire inissionnaire fait de la grande Tartaric , pays vers la connaissance duquel les progres ont ele peu rapides jusqu'a ces dernlers temps; el ce sera par cet exlrait, suivi d'une courle conclusion , que nous lenninerons Ic present rapport.

" Dans ce royauine , dit-il , on se sert , au lieu de monnaie , 3) d'une sorlc de papier marque avec de I'encre noire, au moyen » duquel on se procure de I'or , de I'argent , dcs pierres precieuses, » el gcneralement lout ce dont on peul avoir besoin.

» II y a toujours, dans la grande Tarlarie, des temples con- » sacres aux idoles , et dcs couvens d'hommes et dc femmes , » qui chanlent en choeur et recilent leurs prieres absolument » comme parmi nous. Les grands ponlifes des idoles portent des » chappes et des chapeaux rouges , de la mfime maniere que nos » cardinaux. C'est une chose incroyable que le fasle, la pompe, » Teclat el la solennile que deploient ces peuples dans leurs sa- >' crifices aux idoles.

>• lis ne brulent point leurs morts et ne les ensevelissent pas quelque fois de dix ans , par la raison qu'il ne possedent pas » toujours de quoi faire les sacrifices et celebrer les obseques con- » venablement ; mais alors ils gardent les corps dans leur maison, » el leur offrenl des alimens comme s'ils vivalcnt encore.

» Les grands seigneurs , lorsqu'ilsmeurent, sont ensevelis avec u un cheval et avec un ou deux de ceux d'entre leurs domcstiques " qu'ils cberissaient Ic plus.

» II y a, dans cet empire ; de tres-grandes villes, d'apres ce '> que m'en onl dit ceux qui les ont vues. II en est iine nommdc

ai8

» Hycmo, qui est carr^e, ct qu'un homme i chcval meflrait u » jour a traverser , en sulvant le plus droit chemin.

J'ai enlendu dire que le souverain de ce pays lient sous i » doniinatlou deux cents villcs, dont la grandeur surpasse celle c » Toulouse : je Ics crois encore plus peuplees.

a Leshabltans de la Grande TarJarie sont gens de bonnes mcpur* » propres , civils et gencreux.

« Leur pays produit de la rhularle et du muse. Le muse proviei du noniLril d'un certain animal sauvage, qui ressemble a u » chevrcau. Lorsqu"on peut le saisir en vie, on lui coupe en ron w la peau du nonibrll, on recueiilc le sang qui en dccoule , o » met ensuite cc sang dans la mcmc peau et on ly laisse secher » il en resulte le meilleur muse du monde. II n'y a , que je sacbe » rlen autre qui soil digne d'etre rcmarque dans ce pavs, 5 » ce n'est cependant les vases , si beaux, si nobles el si precieu » de porcelaine. Lorsque le souverain vient a mourir , quelque » hommcs transportent son corps, acconipagne dun riche tresor »> jusqu'a un certain lieu oii lis deposenl le corps; ils prcnnen » ensuite la fuile commc si le diablc Ics poursuivalt. La se trouven » d'autres porteurstouf prels,qui enlevent lecorps immedialement et le transferent de meme jusqu'a une autre station ; de nouveau: » porleurs leur succedent, etainsi de suite, jusqua ce que le corp 5> soit panenu au lieu ou il doit etre cnseveli. On en agit aiusi poui « que ce lieu reste ignore, et que personne ne puisse, en conse- « qucnce , voler le tresor. On ne fait connaitre au public la mor du prince quau moment ou ses parens et les principaus person- « nages de 1 elat out secretemeut installe son successcur sur b » ir6ne. Ce souverain fait plus d'aumones qu'aucun potentat d( i Tunivers. Ses sujets sont, pour la plupart, idolalres. »

Vous avez pu juger. Messieurs , par cette rapide et imparfaltc analyse , quel est le degre d'interet que peut inspirer le travail du frere Jordanus. Ce travail n'est pas de nature , sans doule , a ac-

219

croilrc dc bcaucoup la somine dcs connaissances sur I'Asie; mais c'estun monument respectable, ct a pcu-pres ignore jusqu'a ce jour, dcs connaissances geographiquos du moycn age; c'est I'ouvrage dun Frangais, dun conlemporain de Marco Polo : a ces titres, la Sociele dc (ieographic ne peut manquer dc raccucllllr favora- blcment.

J'eslimc , en consdqucncc , que la Commission Cenlrale doit a M. le Baron Coqucbert-Monbret, des remerciemens pour Tlntd- ressanle communication qu'il a bien voulu lui faire, ct ordonner que le manuscrit dont il vicnt de vous elre rendu conq)te sera rendu public par la voic de I'lmpression.

■A/t.V k,'%.^'\/%/%JW%A/\'Vt^/\^

Ty KPVORT fail par ^l. Bianclii , sur le manuscril intitule: Ohserva- tionssurla Geographie de la Perse, par M. de. Hammer; extraltes et irnduites des Annules de la I.itleralare ylllemande; 7'" et 8*^ vol.; i8i8 et 1819. Par M. de Nerciat.

La premiere partie de ces Memoires dont le traducteur vient de faire hommage a la Sociele , fait connaitre les llmiles de I'empire Persan, avant I'expedition d' Alexandre , a Tcpoquc de sa plus grande splendeur. Des vingt-quatre satrapies mentionnecs par les ecrivains grecs , douze seulement composaient des-lors la Perse propremenl dite. M. de Hammer nous apprend, en outre, que Plalon, qui divisait cet empire en septgrand.es regions, s'accorde par fa i tern en t sur ce point (malgre Topinionconlraire du president lirisson) avec Tabari, Tun des plus anciens et des raeilleurs ecri- vains Arabes. L'auteur passe en revue les divisions indiquees par Hcrodote, Pline , Diodore deSicile, Arrien , Ammien-Mar- cellin , et Isidore de Charax.

Si Ton est surpris, observe M. de Hammer , dene pas trouver dans ri tinerairc du dernier, les plusbelles provinces meridionales de

220

rempIrePersan, savoir la Caramanic, la Perse clla Suzianc, Slra- hon en donne una raison speclalc. II nous apprend que, de son temps, la Perse propremcntditc, Ic Farsd'aujourd'hui, avait un roi particuller quiobcissaltausouverain desParlhes. Lcs provinces non nientionnees par Isidore appartenaient sans doule aux dials dc cc polenlat. Or, en tenant connjte des provinces en-dc^a du Tigrc, formeesparlalVIesopolamie et laBabylonie, M. dc Hammer trouve justement, dans Isidore comma dans Plineetdans Ammien-JVIarcel- lin, dix-hult gouverncmens , dont Ireize scraient au nord et sept au sud.

En suivant cette espece d'ltincraire, qui commence dans Touest. de Tcmpirc, et allant de capitale en capilale , il dirige Ic voyageur aunord, puis a Test, et enfm aumidi. M. de Hammer indique d'au- tant plusvolontierscesdiverses stations, que plusieurs d'entre elles n'ont pas encore ete reconnues dans les villes actuclles du royaume. Laissant de cote la Mcsopolamic et la Babylonia , qui , situees entre I'Euphrate et leTigre, n'appartiennent pas proprement a la Perse , considerec dans ses limites naturclles , !a premiere province qu'il decrit est ApoUonialis, la plus occidenlala au-dela du Tigra.

Apres rindicatlon dc ces dix-huil contrees , I'auteur passant au rigne brillant des Sefis, donne la nomenclature des vingt-quatre provinces ou grands gouverncmens dont se composait I'empire Per- san a cettaepoquc, et dont les neuf premieres ont ete enlevdespar les Afgans, et les trois dernieres par les Russes.

Ainsi la Perse d'aujourd'hui ne comprend plus que douze gou- vernemcns , dont la description compose Tensemble de ces Me- moires. L'auteur , pour en facililer la connaissance , divise ces pro- vinces en quatre parties, suivant les quatre points cardlnaux, et commence sa tournce geographlque par Toucst, aux cols Zagrlens ou Tentree de la Medle. Apres avoir parcouru en cercle ces douze provinces, il s'arrcle a lemboucbure du Tigre, qui borne a Touest le pays du Kourdlstan, province dont la Perse aujourd'hui nc posscde qu'une petite portion , la plus grande partie apparlenanta Tempire Turc.

221

Quoique la plupart <les designations modernes aicnt ete puisees €n parlie dans les ouvrages des voyageurs ou dcrivains europeens deja connus, tels qucrsiebuhr, Thevenot, Tavernier, Johnson , Olivier, Morier, Ouseley , Mannert, Mackdonald Kinneir, Tan- coigne, Dnpre et autres,- ce travail general sur la Perse ne laisse point que d'etre utile ; car h Tavantage de faire connaitre succin- tement presque tout ce qui a ete ecrit sur cettc contree, il offre une critique aussi savante que judicieuse des auteurs qui en ont parle et de I'opinion des voyageurs qui Tont parcourue. Nous regrettons seulement que la publication de ces Memoires ayantete anterleure a celle de la geographic de Ritter et des ouvrages de Malcolm et de M. Jaubert, M. dc Hammer n'ait pu enrichir sa collection des observations de ces voyageurs distingues.

Au reste ce qui nous parait donner un nouveau prix a cette traduction de M. de Nerciat, c'est que M. Hammer, pour rcndre ses Memoires geographlques plus complels, y a ajoute tout ce que les liislorlens el les geographes orientaux, tels que Tabari, KhadjT Khalfa , Ahmed Toussi, Cazvini, et autres, pouvaient lui offrir de plus interessant. Ce savant orientaliste s'est surtout attache a faire ressortir les analogies qui existent entre les noms rapportes par les historiens grecs , et les denominations orien- tales. C'est ainsi que le nom de la vllle d'Artenn'ta , situee dans la province arrosee par la Diala, estd'autant plus a rechercherdans le lieu appele Kasri Chirlne ^j^j^^ que le nom de XaXafjcf.p , rap- porte par Isidore , a la plus grande analogic avec le mot arabe kasr »^ , que les '. spagnols prononcent encore aujourd'hui alcas- sor. Lapetiterivieresurlaquclleelle estplacee, et qu'Oliviernomme Kasrsouli j^-o^-scS, n'est qu'unbras de la Diala II retrouve de m^me le nom acluel de la province de Guilan, m-^, dans celul de T/Aat de Strabon. C'est ainsi que , dans le Kourdislan , le nom du defile , appele ZayoojTr //at , s'est conserve dans la denomina- tion persanne dc Seripout J_^,j^

JNous avons remarque des observations fort curieuses sur le

232

monumenl de BIsouloun , dont les ancicnnes sculptures oiil 6l6 decriles dcuxfois dans Ic Djilian-^uinaUJ^l^ Traitc de Geogra- phic uoiverselle, par Hadji Khalfa. D'apres les ecrlvalnsorientaax, le mont Elvcnd -V)_y!5»r, dans ic Kourdlslan (rOronles) est re- marquablc par la hauteur de ses Alpes, les plus belles dc I'Asie. Au dire de Djafer Sadik , une dcs sources du Paradis jaillll de ses flancs; et selon Ahmed Toussi et Cazvini, il aurait f rente parasanges de circulL On Taperi^oil a vingt parasanges de distance : une dc ses ramifications se dirige vers TAzerhaidjan et une autre vers I'l- rak. M.de Hammer, d'apres Hadji Khalfa, nous apprend encore que les poeles arabes et persans ont cclebre sur leurs lyres les beaules admirablcs de celte chainc. Ahmed Toussi, dans sa Des- cription des Rochers Mervellleux, cite deux immenses grottes carrees, remplies de caracteres inconnus dont il donne une inter- pretation, qu Alexandre aurait fait faire ason passage sur les lieux. Si rien ne semble moins aulhentique , observe M. de Hammer , que I'explication donnee en arabe par cet auteur, rien ne serait pourlant plus utile a approfondir ; ct les voyageurs devraient ap- pliquer tous leurs soins a la rechercher et a la copier, ainsi que les caracteres qui Font fait naitre (i).

(i) Siiivant Alimed Toussi, ces caracteres slgnitieraienl :

JIX ^i% JaxM J^ ^,^.v. jI}\ Ji^' iJJI ^\^. j.vJ|

« La verity est la lialance dc Dleu, avec laquelle 11 mesiirc la justice : le » mensonge est la mesiire de Satan, avec laquelle il dispense riniqnite. La )) verite n'ciil-clle que la valciir d\in grain d'or.;e , est la lumierc de Dicu. Sois » veridiqno ; car la verile produit la vevile. Ne mens point j carle nocnsonge « prodtiit le mensonge. Lc fruit dcla verite est un remcde salutttire, Celui du » mensonge est une maladie morlcUe.y Cette inscription, qu'on trouve dans Kinneir , en caracteres persepolitains , a du moins , d'apres la version aialie , eeci de remarquable . qu'ellc rappelle le pren^ier precepte dc morale des auciens Pei-ses.

323

Le cours des fleuvcs a ete surtout, dans cesMcmoires, Tobjet dc raltention particuliere de M. de Hammer. II resulte dc leur position et de leurs differens embranchemens, que plusieurs villes dont la situation etalt douteuse, telles que celles de Chouster, de Pasar- gate et de Persepolis , se trouvent fixees de la maniere la plus sa- tisfaisante.

Le passage sulvant , tire du cbapilre Xll des Memoiies de M. de Hammer, nous a paru assez interessant par son importance geo- graphique, pour fixer voire attention et trouver place dans ce Rapport.

« Nous touchons , dit il , a la plus grande difficulte qui se soit

» elevee parmi les geographes modernes au sujet du Pasitigris et

« de TEulaeus qui s'y decharge; toutce qu ils ont dit jusqu'a present

» n'a pas suffi pour etablir d'une maniere salisfaisante si I'an-

« cienne capitale du paysde Suze doit «^tre cherclicie dans lendroit

» que Ton nomme aujourd hui Cliouz \^ , ou bien dans la loca-

» lite de Chouster jU^. Les ctymologistes les plus estlmables de

» la Geographic anciennc, tcls que d'AnvIlle (i), P^enncl (2),

» Manncrt et Vincent (3) , se sont beaucoup etendus sur Thydro-

» graphic du Houzistan ^'j^-j^ sans nous procurer de rdsultats

" incontestables sur cet article: ce qu'il faut attribuer a Timper-

j> fection des donneesque leur ontpresenteesles cartes quails avaient

» pu se procurer. MackdonaidKinncir, Ic seul des voyageurs mo-

» dernes parmi ceux dont il est question dans ces Memoires , qui

" ait parcouru la Souzlane, est le premier qui nous ait donne d'une

» maniere juste le cours et les noms actuels des rivieres de cette

» contree dans les deux cartes qui accompagnent ses Memoires

» sur la Perse et son Voyage dans TAsie IVlincure. Ce sont aussi

(i) Recherchesgeogvaphiqnes surle golfc Persique, Mem. del'Acatl., t. XXX.

(2) T!ie ^ oyage of Nearclius.

(3) Geog. of ilcrodolus.

res trav.iiiN qui hoiis onconiagoiil <lans rciilropriso (|ne nous allons l('nl(!r. (>(l illiislr<: voyaj^cur, Mlmi (luil prolcsle no pas vouloir prononcor ciitrc ^ iiiccnl cl Ueiiiiel au siijot des nunis, dcs rivieres el, <lc la posillon dc Suzc, fait potirlant clans sa carle, deux rivieres bien dislinclcs de l'Eula;us el du Khoaspes, quoiqu'ils n'en fassent qu'une, et que leur idenllte ait <5le de- nnonlree jusqu'alV-vidence par d'Anville, Vincent, Mannerl, et Hook qui s'esl fonde sur leur opinion. En effet, Arrien, Pline el la ]{il)lc ])larcnl Suze au bord de TEul'ius, ct Ilerodole, Slrabon et (^)uint-Curce le nicllent sur le Kboaspes; et ce que les premiers disent de 1 Eulceus, les seconds le rapportcnt du Khoaspes, c'est-a-dire que les eaux en elaienl si legeres et si salulaires, que les rois de I'erse n'en buvaient pasd'autres, meine dans leurs voyages, parcequ'ils en faisaient porter partout avec eux.

» Si, par ce fail, Tldenlile dcs deux rivieres demeurc Incontes- table, i'opinion dcs geograplies n'en resle pas inolns partagee pour savoir si Tanciou Eul.iiis ou Khoaspes doil eire cbcrche dans la riviere qiilporle aujourd luil le noni de Karasou y^tji, on bien dans le Karoiin ^^^y•^ , selon que les geographes vou- dront Irouver ranlique Su/.e dans la ville de Sous irty^, ou dans cellc de Chouslei-y-^-J^ ; car la premiere est situee sur la rive orientale du Zereh 5p , ou Karasou j-^sJ?, et la seconde sur la rive orientale du Karoun ^^y^ ■, egalement nommd Abi-Chous- ter,^'v..i.^'.. v^l (la riviere de(>housler). Mais Suzc elail sur le bord orienlal de TEuIrcus (ou Klioaspcs) : il ne resle done plus «pie dc ddcouvrir, dune inaniere cerlaine, laquclle de cesdeux rivieres est FEuKeus, autremcnt dll Khoaspes, pour en meme temps re- connailre qui dc Sous ij^y~'i oudc Chousler y.»~i,., futPancienne Su7,e. D'Anville, Vincent et Mannerl, ont pense que c'elait » Choustcr ^^-^U^Jl, ; l\ennel, Kinneir (i), el d'apres lui lloek, ont >> pcnchd en faveur dc Sous. Sans appcler Tappui de notre sen-

(i) \ 03 ez sa (l.iilc

« timent raulorile incontestable des geographes orientaux , nous » nous rangeons de I'opinion des premiers , uniquement par cette « raison, que le Karoun jjjj^ ou rAbi-Chouster^^X«*:;, ^^l est » le seul dont le cours s'^tende jusqu'a la mer et rende possible la » marche de la flotte de Nearque. Le Qereh ijs ou le Karasou^j-^S^ « n'ayant point son embouchure sur la cote ne peul done pas elre » I'Eulaeus ou le Khoaspes.

» Les partisans du sentiment conlraire (Hoek au moins) n'ont

« pas pris en consideration cette objection importante: niais sans

» nous arreter sur elle, et sur d'autres emises par Vincent , qui

» jettent la plus grande lumiere sur Tidentlte de Suze avec Clious-

» ter j.X^mJ;,, nous nous empresserons d'offrir le texte aussi blen

» que la traduction d'un geograplie persan qui prouve d'unc ma-

» niere cvidente quel est le fleuve que Ton doit regarder comme

» VEulizus ou le Khoaspes, et qui force de reconnailre la position

» de I'anclenne Suze a Chouslcr v^vm^ , et non pas dans Sous

» friy^- 11 est extrait d'un manuscrit precleux de la Bibliolbeque

» I. et R. (de Vienne) , sous le n" 433, et qui sembic faire partie

» de Touvrage intitule : Nouzhei Elkoiilinih w^^^ ' vJU»)J ( la re-

» jouissance des coeurs. »

Void ce passage :

<f L eau du flciwe de Chouster {2) vt'entdu Kouh-i-Zerde ^j\ iy ((le » la montagne Jaime) et des monts du Grand - Lou?' -jjjy jy , et

(i) Ou, S!ii\aiil quelqiics manuscrhs , kX»tj,

(2) Ce passage |iii',seiilcqiielqiies<lir(uiill('s, par suite de plusietirs faiilcs (le ly- pogiaphie qui s^y sunt glissees. La vilieilc iS'u(ij, a I'ouesi delaville do Chouster

2a6 ;

» apres un cours tie Irenle et (/uelt/ues fxirasanges, elle arrive h Chouata' \ » y^.^^ : elle est ton jours fralrlie et si dissohante , que sous cette ar- » dente temperature , ies Jialitans de ce pays mangent les mets Us plus \ » luurds a I'esiornuc , se cuiifianl dans sa verlu digestive; etils les di- » gerent,

» Ici rexcellence deFcau, continue M. de Hammer, semble avoir « trait a celle de I'PZulceus ou du Khoaspes, qui avail d<5termin^ » les rois de Perse a les pr*5ferer aux eaux de lout autre fleuve ou » source; et sa proprielo , qui n'a point change depuis plusieurs » milliers d'annecs, suffirail seulc pour lever la difficulte, si la com- » position de son nom oriental Dedjlei Chouster JL^ iS^^ ( le » Tigre de Chouster), n'offrait pas la preuve irrecusable que cctle « riviere, unie au Pasitigris, ful le fleuve que la flolte de Nearque » remonla, el celul sur lequel Alexandre, en partant de Suze , « vogua a sa rencontre

.".n*^ ef^alementnommeeTouster, . '■'i,>< est d'abordappelce 2o7/c/tou A"omc/j,

selon que Ton juononcera, haul on Las allemand , \n\\sChrnich, puisdenouvcaii

Souch ou ZoucU. On ne saurait a quelle prononclation s'aireler , si I'on n'avait

pas sous les yeuxaumoinsle geograplie tuic. Celui-ci nous presente, a laverile,

ce mtrue nom dc ville sous deux orthogiaplics , c'est-a-dhe commence par deux

leltres de foiiiie dirfirente , qnolqu'ayanl une analog's de son. 3''ai cru que je

pouvais prendre surnioi de reclilier, en eel endroil , les inadvertences de rini-

primcur , et ineltre Sous . -> a~) , au l"-'u de Souch, Zouchet Ckouck,

quoique cctle derniere maniere d'ecriie et de prononcernc soit pas sans exemple.

Da reile, je pense aussl que Chouster c^l I'ancienne Suze, quoicjue , d'apres

la carle dii Djilian-Niima , il ne soit pas impossible de parvenir egalement

a Sous en rcmtnlant le Clialoul - Areh jiisqifa Peiidroit oil le Kaivuii s'y

decbarge , ct celni-ci jusqu's la hauteur ou il recoil le Iribut des eaux du

Kdrasnii , sur la rive oricniale duqiiel Sous est construtte. Je conviens que

bous . ^<vw > si i'on nclransformc pas les ^ ta ij^ p-'i' 'a ponclualiou, a plus

d'analogie avec Suze qu'on n'en trouve dans Cliouster , ct bicn plus dans

Touster kXwV; mais les raisons et les Iradilions militcnt en favear de

Cliousler. (Notes du Truilucceurj.

227

En traitant , clans la suite de ccs Mdmoires , dc Choustcr , M. de Hammer revlent encore sur la position de cette ville, et combat avanlageuscment,-^en rappelant son irrecusable idenlite, Topinion de ceux qui refusent de radmellre comme I'ancienne Suze.

La crainle d'outrepasscr les bornes de ce Rapport et d'abuser de vos momens, a pu seule, Messieurs, nous determiner a res- treindre le nombre des citations aussi curieuses que savanles que nous offralt la suite dc ces Memoires. Nous lerminerons en observant que M. dc Hammer ne s'esl point borne aux descriptions purement lopographiqucs, mais qu'il a resume, dans cet ouvrage, tout cc que les geographes anclens, les orienlaux el les voyageurs modernes onl ecrit sur Thlstolre, les anliqultes, la stalislique, les moeurs, les usages , le caractere na lonal , les fetes , I'armee, les productions, el la liUeralure de la Perse.

M. de Nerciat, en traduisanl, de Tallemand en fran^ais, les Me- moires de M. de Hanuner, el en y ajoutantses propres notes, a fait une cbose d'autant plus utile , qu'ayant habitd et parcouru la Perse durant plusieurs annees, avec la connaissance approfondle de la langue et dc la litlcralure de cette contree , il elail, plus que tout autre, en ctal de s'acquitter convenablement de ce travail.

Nous pensons done. Messieurs, d'apres Texpose que nous avons eu riiouneur de vous faire , que ces observations geographlqucs dc deM.de Hammer, Iraduitcs el enrichiesde notes par M. de Nerciat, peuvent elre considerees comme des documens precieux, dont la Socield de Geographic pourra tirer avantage en les Inserant, sinon en lolalile, du molns en parlle dans la collection de ses Memoires.

228

Paris , le 8 novembre 1824.

A M. JoMARD, Membrede VlnstltutRoya^^ et President de la Commis- sion Centrale de la Societe de Geographic , a Paris.

iVIONSIEUR ,

J'ai regu la lettre que vous m'avez fait riionncur de m'adresser^ <]e concert avec MM. Barbie du Bocagc et Malte-Brun, pour me demandcr la collection des Cartes publiees par la Marine, afin de les placer dans la bibliotheque de la Societe de Geographic.

J'accede bien volontiers a celte demande, et je charge M. le Comte de Rosily, Vice-amiral, Directeur-general du Depot des Carles et Plans de la Marine, de vous faire remettre les Atlas qui composent la collection dont il s'agit, et que je vous invite a faire reclamer pres de lui. 11 vous euverra , a mesure qu'ellcs paraitront , toutes les Cartes que publiera k Tavenir le meine Etablissement.

II m'est fort agreable de pouvoir offrir a la Socie'te de Geogra- phic, quivientdem'inscrireaunombredesesMembres, une preuve de Tinter^t que j'altache a ses utiles travaux.

P\ecevcz, etc.

Le Pair de France, Minislre Secretaire d'Etat au depar- tement de la Marine et des Colonies.

Comte de Chabrol.

VWWVVWVA/VVVWWVM*

Etat des Cartes dufonds du Depot de la Marine, donnees a la Societe de Geographie , en vertu d'une decision Minislerielle

I" Pilote Fran9ais (environs de Brest). Atlas in-fol. compose de 91 feuilles.

2 29

2'' Neptune de la Meditei-ranee , en 4i feuil. in-fol.

3" Neptune des Cotes occidcnlales de France, en 6i feuil. in-fol.

4'' Neptune des C otes septenlrionales de I'Europe , en 4o feuil. in-fol.

Neptune des lies Britanniques, en 45 feuil. in-fol.

6" Neptune des Cotes occidentales d'Espagne , de Portugal et d'Afrique, en 36 feuil. in-fol.

Neptune de I'Amerique Meridionale, en 49 feuil. in-fol,

Neptune de I'Amerique Septentrionale, en 39 feuil. in-fol.

Neptune des Cotes occidentales d'Amerique sur le grand Ocean , en 29 feuil. in-fol.

10° Neptune des Cotes orientales et du grand Archipel d'Asie^ en 47 feuil. in-fol.

11° Neptune Oriental de Dapres, en 69 feuil. in-fol. , accompagne d'une Instruction, par le meme, sur la Navigation des Indes Orientales : i vol. in-S".

12° Supplement au Neptune Oriental , en i5 feuil. in-fol.

vwtwwvvw vw wvvw

Note adressee a M. le Professeur PiCTET de Geneve.

La Society de Geographic a re^u un Memoire interessant de M. Coraboeuf, Tun des ingenicurs Ics plus distingues du Depot-ge- neral de la Guerre, ou il donne la hauteur geomelrique du mont Blanc au-dessus du lac de Geneve. II s'agit de fixer les id^es sur Telcvation de celui-ci au-dessus de la Mediterranee.

D'apres les observations barometriques de de Saussure , on a calcule que cette dernierc hauteur est de 376 "".

Mais, selon les observations plus rccentes de M. le Professeur Pictet, die est de 368 ™.

On desire savoir si ces observations different beaucoup de celles de de Saussiire , ou si la difference n'esl que dans le calcul, fait, dans le premier cas , selon la nielhode dc Deluc, et dans ie se- cond, par les formules plus recentes.

Le Professeur Tralles a determine la hauteur g(5onictrique du mont Blanc a ^--t-Sy^au-dessusdu lac de Geneve (ou 4805"" au- dessusde lamer). Quelle est I'opinion que Ton se forme de I'exac- titudc de celle mesure , et des instrumens dont on a fait usage ?

ExTRAlT de la Monographie du mont Rosa , par M. de Welden, Of/i- cierd'elat-niajurdu Genie Autrich'en.

( Article communique par M. le Professeur PiCTET de Geneve, en reponse aux questions ci-dessus )

Depuis Tannic i787(anneede Tascension de de Saussure), plusieurs personnes sont montees sur le mont Blanc; et sa hau- teur a ete mesuree et estimee par plusieurs physiciens.

En 1778, M. Pictet I'a mesure, en observant, du glacier du Buet, son angle de hauteur, et en determinant la hauteur du Buet par le barometre.

Le Chevalier Schuckburgh I'a mesur^ en 1777, parun proced^ trigonometrlque reposant sur une base mesuree aux environs de Geneve.

En 1787,^1. de Saussure fit plusieurs observations au sommct, ct en parliculier celle du terme de rebullillon et celle du ba- rometre. Ces observations, comparees a celles faites en meme- lemps a Geneve, et calculees d'apres differcntes formules, don- nent , comme on le verra lout-a-rheure , des determinations differentes pour sa hauteur.

Enfin, en 1802, M. Tralles le mesura trigonometrifiuemcnt d'apres les triangulalions faites dans le Jura ct le canton de FrI

23l

bourg , et delermina sa hautear : nous allons donner , dans un tableau , les resultals de ces diverses mesures.

M. de Saussure est le physiclen qui a le plus employe de me- thodes differentes.

UauU'ur

til luises.

D'aprt-s les observations correspondantes du barometre, k la cinie et a Chamouny, a midi , calculees par la me- thode de Trembley 24.71

Idem, par les observations a 2 heures 2483

Idem, par les observations correspondantes a Geneve, a midi 2478

Idem, a 2 heures : 2483

Ces qualre observations, calculees d'apres la melhode de Deluc, donnent une hauteur moyenne de 2418

Enprcnantunemoyenneenlretouslesresultats, M. de Saussure etablit , pour la hauteur du mont Blanc 245o

Les observations de de Saussure, calculees d'apres la formule de Schuckburgh, donnent 2475

Des mesures trigonometriques, reposant sur une tres-

petlte base, donnent (d'apres de Saussure) 245o

M. Ebel cite un autre resiJtat (d'apres Schuckburgh). 2407

Et un autre de Deluc 2891

D'apres une mesure de M. Pictet 242G

D'apres une determination du ni^me, calculee avec les tables barometriques du Baron de Lindenau 243o

D'apres la mesure trigonometrique de Tralles (au rap- port du Baron de Zach) 2468

Les resultats oscillent enlre un minimum de 23gi toises, donne par Deluc, et un maximum de 2489, donu«^ par de Saussure et cal-

232

cule par Tremblcy, ce qui presente une difference, cnire cos ex- tremes , de 98 toises.

Ces delerininations laissalent, comme on voit , subsister bien des doutes , lorsque les travaux recens des ingenieurs Fran^ais charges de determiner , par une grande triangulalion , la perpen- diculaire a la nieridienne de Paris, dcpiils la lour de Cordouan ; au travers de la France, leur ont donne Toccasion de comprendre le monl Blanc dans leur triangulation , en Tobservant de plusieurs de leurs stations dans les Alpes, et entre autres, depuis celle sur le raont Colombler, au midi de Seyssel , dont la hauteur, d^ter- minee trigonometriquement , a dte trouvee de 737,6 au-dessus de la mer.

M. Carlini, astronome de Milan, avail etabli sur celle mon- tagne, en 1822, un pelit observatoire ou il a sdjournc plusieurs semaines, en observant frequemment le baromelre. Ces observa- tions calculees lui ont donne , pour la hauteur de la station, 737,5. D'apres cet accord satisfaisant de deux mcthodes tres-dlfferenles , il ne peut rester aucun doute sur la hauteur du Colonibier.

Apres que M. Carlini eut determine la position geographique exacte de sa station sur le Colombier, en partanl de la triangula- tion fran^aise a laquelle elle etait liee, il observa du Colombier, Tangle de hauteur du mont Blanc. II a trouvc (le barometre a 26° 10', 5, le Therm. + 10°), d'apres 18 observations, dontilapris la moyenne. Tangle de hauteur de 54' Sa" ; et la refraction de '/■ o de Tare terrestre intercepte ; ce qui donne , pour la hauteur du mont Blanc sur le Colombier. . . » 1722',!

A quoi, ajoutant !a hauteur du Colombier sur la mer ( trouvde ci-dessus) 7^7'^

On a, pour la hauteur du mont Blanc 24.60

Apres avoir determine la position et la distance du mont Blanc,

i33

par le Iriangle Culoml/ier , G renier el mont Blanc, el la distance ^ par le c6te Colombier ct mont Blanc , = 445o5,9 tolses , on s'est prevalude Tangle de hauteur (lumontBIanc, observe du mont Gre- nier par le chevalier de Loslende (barom. 22°. 6' , 4^. therm. + 12°, 5) = i^SS' 28 '; et onaconclu,dans ce triangle, lahauteur du mont Blanc sur le Grenier 1470,5

Hauteur du Colombier, sur lamer, d'apresles mesures trigonometriques comprises dans la grande triangulation fran^aise Q^Q?^

Seconde determination de la hauteur du mont Blanc. . 24.60, 1

» On peutobtenir encore uncontrolede cesdeux determinations, par la grande chatne trigonometrique conduite de Milan et Turin , par les Hautes-Alpes , jusqu'a Chamberi , oil elle vient joindre la chatne frangaise. Elle repose sur une base de 553o toises, mesuree sur le haut Tesin, et verifiee par celle mesuree pres de Turin, par Beccaria. On a reuni les deux triangulations par des signaux de feu donnes sur diverses sommites , sur quclqucs-unes desquelles on a etabli des observatoires, ou MM. Pl^ina et Carlini ontfait leurs ob- servations. Cette grande suite de triangles prescntait plusieurs points d'oii le mont Blanc etait visible ; on sen est prevalu pour le faire entrer dans le systeme, et en partlculier pour observer son angle de hauteur depuis plusieurs stations, savoir, de Rocheme/on , du Glacier d'ylm/ji/i (a Touest du mont Ccnis); du Perron des En- combres (pres Saint-Jean de Maurienne) ; enfin du mont Trelod, entre la Tarentaise et le lac d'Annecy. Les angles de hauteur et horizontaux ont ete observes avec un theodolite repetiteur de 12 pouces; ce qui a donne les resultals suivans pour la hauteur du mont Blanc et sa position geographiquc.

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Tableau des rrsullats obtcnus (le qiintre stations differentes ^ sur la hauteur et la situation geographique du mont Blanc

Stations ou on a observe. Hauteur. Latil. Lon"it.

o ' " o ' "

Rochcmelon 24.58, 8 ^5 ii 56 2^44 21

Glacier d'Ambin 2462, g 45 9 8 2482 46

Perron des Encombrcs. . . =459,9 45 17 34 =4 6 44

Mont Trclotl 24G2, 5 45 4i 18 23 5i 29

Moyenoes 24G1, o 45 19 Sg i4 18 So

La moyenne entre ces quatre ddlerminalions (assez rappro- ch^es enlre dies), dlfTerant de nioins d'une loisc de cellc oblcnue par les autres triangulations, on pent admetlre avec confiance que le mont JJlanc est elev^ en nombre rond de 2460 toises sur lamer, c'est-a-dire de 10 toises de plus que la hauteur conslderee par de Saussure comme moyenne entre tous les resultals dont il avait con- naissance. «

J'ajoute a cette occasion , Monsieur, qu'une recherche analogue del'auteur, sur les diverses hauteurs alfribuees aumont Rosa, lui donne pour rdsultat moyen , 2370 toises: c'est-k-dire 90 toises dc moins que le mont Blanc.

Je ne connais pas les details de Topcralion de Tralles ; mais je Tal connu bon geomelre et observateur exact. Son resultat, de 48o5 metres equivaut a 2465 toises : quanlite assez rapprochde des moyennes preccdentes.

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EXTAIT d'une lettre de M. DelapORTE , f 'ice-Consul de France.

Tanf;er, le 21 .septt-mbre 182^.

Monsieur,

J'ai re^u les six questions de la Sociele dc Geographic.

» Je nrefforccrai d'y salisfaire aussitol que je !c pourrai; a mon premier loisir, je me ferai un devoir de remplirla lacliedont on veut bien m'honorcr, assure dc Tlndulgence de la Socicte et de la voire.

235

» Lep^re Pacifique a fail un voyage scienlifiquc ^ la Pcntapole, ct en a rapporte le Sylphium , au sujetduquel, f m'en ayaiit envoye une plante qui n'a pu resister au trajet par mer de Tripoli ici) il m'ecrit , en Icrmes italiens que je vous Iraduis , « qu'il est Lien » fache que le Sylphium qu'il m'avait envoye n'alt pu ine parvenir; » mais que, dans la saison favoraLle a celte plante, il in'en enverra « un des quatre pieds qu'il possedc. » 11 ajoute a ces mots, qu'il m'ecrlvit le i3 fdvrier 182 1 : « les AraLes reconnaissent deux sor- » tes de Sylphium, I'un qu'il nomment Drias, et I'aulre, inferieur ou " plus petit, qu'ils appellent K/ek ^ ; mais le premier est, je croJs,

le veritable ; » puis it finit son paragraphe par une exclamation d'enlhousiasme sur les agremens du sejour de Cyrene. J'ajouterai seulemenlici quele Klek, qui est commun partoute I'Afrlque, n'est autre chose que la Ferule, et sans doute c'est la Fei-ula Tingilana , dont vous me parlez dans votre P. S., aux six questions de la Soclete. Cette Ferule, qui abonde dans le royaume d' Alger , ou Ton en fait des cages a poules et autres ouvrages de vannerle , est une sorle de Fenoull de grande espece, qui a une odeur desa- gre'able, et non le Sylphium des anclens, qui , sur les medallles de la Cyrenaique, presente une toute autre plante. Il est remarquable que , sur ces medallles , elle est toujours accompagnd dun Inscctc qui est place aupres de sa raclne. Le pere Pacifique doit donner une relation de son voyage qui ne pourra qu'Intcresser , parce qu'elle sera falle par un homme de ma'urs simples, ^erivant sans autre pretention que celle de se rendre utile a la science.

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CoMPTE des Recettes et Depenses de Vannee iSa^., iroisieme annee de la

Societe.

RECETTES.

Ces recetles se divisent en sept parties, ainsi qu'il suit :

i" Parlie. Reliquat actif, en argent, ducomple (le la deuxicme annee, arrele, Ic ignovembre 1823, a la somnie de six miile trois cent dix-huit francs trente centimes , ci 6,3i8 f. 3o c.

2^ Partie. Recettes des souscriptions de 182^, dont deux cent quinze k trenle-six francs , trois a quaranle, line a cent et une a deux cent quarante, formant ensemble la somme de huit mille deux cents francs, ci 8,200 »

3" Parlie. Pvecettes de seize souscriptions arrierees de 1823, dont une a quarante francs et Ics quinze autres a trenle-six francs , formant ensemble cinq cent qualre-vingls francs, ci 58o »

4.'= Parlie. Piecettes devingt-six diplomes delivres en 1824, a raison de vingt-cinq francs, formant ensemble la somnie de six cent vingl-cinq francs, ci. 62 5 »

5' Parlie. Recelle de Tannee d'inlerels au premier avril dernier, des dix mille francs de capital , place's au3Iont-de-Piete, la somme de qualre ccnls fr., ci. 4-00 »

G'' Parlie. Don fait h la Sociele , pour aider au prix d'encouragement, dune somme de cinquante francs , ci 5o »

•j^ et derniere Parlie. PKecetle des abonnemens au Bulletin de la Societe, montant ensemble a la somme de cinquanle-sept francs , ci. Sj »

I'otal des recetles i6,23of. 3oc.

^37

DEFENSES.

Ces depenses sont dlvisees en sept parlies , ainsi qu'ii suit :

i"^ Partie. Traitement de Fagcnt dc laSociete , montant a hull cent soixante-six francs soixante- cinq centimes , ci 866 f. 65 c.

2'= Partie. Droits de recette alioues k I'agent, deux cents francs , ci 200 »

3*^ Partie. Loyer du local de la Societe, montant k cinq cents francs, ci 5oo »

4-" Partie. Chauffage et eclairage , montant k trois cent quarante-trois francs dix centimes , ci. . 343 10

5*^ Partie. Frais d'imprcssion des Bulletins de la Societe, niillc quatrc cent dix-sept francs trenle- cinq centimes, ci ^i^^J 35

6'' Partie. Frais d'impressions diverses etgravure, six cent cinquante-six francs soixante centimes, ci. 656 60

j'^etderniere Partie.Depenses diverses, montant amille cinq cent soixante-six francs vingt centimes, ci 1,566 20

Total des depenses 5,5^9 f. 90 c.

RESUME ET BALATMCE.

Les recettes s'elevent a la somme de seize mille deux cent trente francs trente centimes, ci. . . . i6,23o f. 3o c,

Les depenses s'elevent a celle de cinq mille cinq cent quarante-neuf francs quatre-vingl-dix cen- times , ci 5,5^9 90

238 Le reslanl en caisse esl dc Jix niillc six cent (jualre-viiigis francs quarante cenlimes, ci . . . . io,G8o 4o

En ajoulaiit Je placement fait au Mont-(le-Pidl(5, do dix niille francs, ci 10,000 »

L'aclif aclucl de la Socielc est devlngl niillc six cent quatrc-viugt? francs quarante centimes, ci. . 20,680 f. /^o r.

Cerlific par le Trdsorier, le dix-huit novembre 1824..

Signe Chapellier.

Le present Compte dc. la Sociele, pour I'annee 1824, a} ant etc presente par M. Chapellier, Tun de ses membres et son tresorier, a la Commission Centrale , dans la seance du dix-ncuf novembre present mois, conformoment au r^glement ,

M. Barbie du Bocagc et M. Bajot , membres de la Commission Centrale, ayantdtenommes par elle, Icdit jour, dix-neuf novembre, pour verifier , aux termes dudit reglement, ce present comple , se sont transportes chez M. le Tresorier, ce jour, et ayant pris con- naissance des registrcs , etats et pieces a 1 appui dudll compte, tant en recelles qu'en depenses, ils ont recounu lo tout juste el exact; et en consequence , ils declarent elre d'avis d'arreler les reccttes de la Society, pour 1824, a la somme de seize mille deux cent irente francs Irente centimes, ci 16, 280 f 3o c.

Efles depenses k celle de cinq mille cinq cent quarante-neuf francs quatre-vlngt-dix centimes, ci. 5,54-9

A Paris, ce vingt-trois novembre mil huit cent vingt-quatre.

Signes Barbie du Bocage, Bajot. . .'i c ...

Nous sousslgne , President de la Commission Centrale de laditc

Society ,

.\vanl pris connaissance, tant des dits complcs en rcccllcs cl depenses , que du rapport ci-dcssus ; des jMembres dc la Commis- sion, qui les ont vus, examines et verifies, arrelonsdefinilivement

239 iesdits comptes , tant en receUcs qu'en ddpehses, aux sommcs y porlees, et fixons le rcliquat a ladite somme de dix mille six cent quatre-vingts francs quarante centimes, argent en caisse;

Non compris las dix mille francs de capital places au Mont-de- Pi^te.

A Paris , ce vingt-six novembre mil huit cent vingt-quatre.

Signe JOMARD.

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Coup-d'{EIL rapide sur le progres et Vetat actuel des decouvertes dans I'interieur de VAfrique.

Un demi - siecle jde tentatives presqu'infruclueuses pour con- iiailre enfin la mysterieuse Afrique , n'a rien ote de I'ardeur des premieres recherches. Plusle but a semble reculer, plus la curiositd europecnne s'est atlachee a le poursuivre: et aujourd'hui que, parmi les intrepidcs explorateurs du continent africain, Ton conipte tant de pertes deplorables pour la geographie, celte curiositc est devenue encore plus avide qu'elle ne Fa jamais ete. Yainement les decouvertes successives des voyageurs ont revele les obstacles presqu'insurmon tables que ces regions opposent au courage: soli- tudes briilantes, niontagnes impenetrables, forcts peupl^es de betes fdroces , langues et populations barbares, climat meurtrier, rien narrete les successeurs de tant de genereuses victimes de la science : LenoirduRoule,Ledyard,Brovvne,Hornemann, Houghton, Mun- go-Park, Tuckey,Peddie, leC^Campbell,Burckhardt,Rilchie,Ilou- zee, Roentgen, BelzonI, Bowdich etd'autres encore, enfin le jeunc Tool etl'infortune D"^ Oudney quiviennent de succomber dans Ic coursdecetteannee. Dumoins devrait-on, avant de tenfer de nou- veaux efforts, se recueillir un moment, profiler de I'experience, et proportionner les moycns aux difficulles; mais le genie entre- prenant de TEurope civilisee ne se rcposera point avant d'avoir dechire le voile tout enlier, avant d'avoir appele des popula- tions immensesetinconnues a participer aux fruits de ses lumiercs,

a4o

aux Liens c.l aux maux <lc sa clvilisalion. Nous voiilons, ct cc nVst pas sans niollf, que I'Afriqiie, avcc le reslc du monde, paie son liibiil a noire Industrie ; qu elle verse, au milieu de nos villes en- combrees d'hommes, ses tr^sors, sesproduils, sesmelauxprecieux. Lcs Ameriques, enlevees bientol a TEurope, lui rendent dcji molns qu elles n'en re^oivent ; lcs Indcs Orienlales absorbent noire numeraire , ct les regions insulaires commencent a atlirer Ic com- merce dcs nations. Que ce soil done le pur amour de rhumanite ou la soif de la science, les inlerels de la morale ou ceuxde notre politique , qui animeni I'esprit de decouverte, peu importc: il faut que TAfrique interieurc subisse a son lour la civilisation modernc; aussi voyons nous les voyageursse baler pour assurer, cbacun a sa patrie , le benefice en meme lemps que I'honneur de la premiere decouverle. De la , lanl d' efforts d'un zele imprudent , lant de de- vouemcnl perdu, tant de victimcs a regretler. A peine le capitaine Tuckey cl ses dix-scpt compagnons, morls en Irois mois sur les rives du Coango, avaient-ils fait retenlir de leur catastrophe les bords de la Tamise, que leM"'^ Gray, suivant les traces de Park , se porle sur le Niger; bientot, repousse par des populations ar- mees, il vienl cherchcr un asile dans les posies fran^ais du haul Senegal , au moment meme ct au meme lieu ou succombe le jcune irosper Rouzee. Un autre voyageur, non moins renomme pour sa stature et sa forte constitution que pour ses Iravaux en Nubic el en Egypte, essaie de penetrer par le grand desert; il ccboue a Maroc, et court a Benin pour eire a unc plus petite distance du Niger ; mais, en voyage, la ligne droite n'est pas toujours la plus courte. Lcs montagnes de la cbaine cenlrale secondairc et les peuples quirbabilentauraienlprobablemenl arreleses premierspas quand il aurait <^'cbappe aux influences dun climal funeslc. Presquc dans le m»;me temps, le savant voyageur Bowdich tonsbe, viclimc de son ardeur pour lcs sciences, sur lcs rivages de la (iambic; cl quand notre compatriolc M. de Beaufort s'altendail a le rcncon- trer , peut elre meme a rdunir ses efforts a ceux de rintrcpidc Anglais, il re<;oit de sa veuve dcs instrumcns de physique ct d'as-

■2/,t

li'Ononiie qui allaienUlcvenirlnuliles. (i)Si le sort fatal el imprevu du voyageur ilalien cl dii voyagcur anglais ii'effrayc pas M. dc Beaufort , il n'a rien iion pius qui arrcterentrcprise dc M. Camp- bell, et ilsse precipitenl tous deux surlespasdcBelzonictde Bovv- dich. Apr-is lant d' efforts, qui ontdure trente-deuxannees, seule- ment a partir de Browne, la science a besoinde compter ses con- (fuetes. Bassemblons , dans une sorle de foyer , toules les clartes acquises ; peut-etrc il en jaillira quelque lumlere pour gulder les decouverles futures.

Afm dc tracer un tableau exact dos progres et de I'etat actuel dcs decouvertes en Afriquc, ecartons d'abord tout ce qui forme la lisierc de ce continent, espace assez bicn connu, mcme jusqu'a une assez grande distance dans les terres, surtout au nord-est etau nord. En second lieu, Ton doit compter pour peu de chose les recits des Arabes et los relations des indigenes : notre but est de connailre les seules traces qu'a laissees Ic pied europeen , appuye sur dcs instrumens fideles, ou eclairc par le flambeau dcs sciences. Or, si on depasse la lisiere etroite dont nous parlous, il n'existe plus, pour ainsi dire, que des lignes isolees et des points c'pars sur cette immense surface , qui aient ete visites ou decrils par des hommcs dignes de foi. L'Egyple , il est vrai, et meme I'Abys- sinle et la Nuble, ont ete explorees dune maniere assez heureusc et assez complete pour satisfaire aux besoins de la curiositc , et en panic a ceux de la science; de ce cote, la lisiere connue est plus large que partout ailleurs, surtout dcpuis que toutes les Oasis et rintervalle qui reslait entre la ligne parcouruc par Browne, et les rives du Nil Bleu ont ete visites par un voyageur Nanlals deja celebre, M. Frederic Cailllaud. Ainsi, au nord du 10"= parallele , et du 2S'' au 4-0" degre de longitude occldentale, on a des notions cxactes et des idees justes de la geographle de TAfritpie ; mais

(i) I cs Fiancals onl rcnilu un juste lioiuina;^o a la £;('a(-rciise et noble comluite do Mad. Bowdich. (Moiiileur du 3o oclobic 18144),

212

quelle lacune encore entrc le Dar-fonr et Ic cours du Nil Blanc, soil a Test, soil au sucl ; et quelle Incertitude sur ce cours lui- incmc, si important pour la geographic physique; sans parler nl de Tinlcrieur de Tile de Mero^ , ni de la description complete des Alpes abyssiniennes, ni meme du rivage occidental du golfe arabique. Si cetle region de TAfrique inlcrieure est la moins im- parfailcment counue, on Ic doit aux efforts reunis des voyagcurs portugais, frangais ct anglais: Poncet, JJrevedent, Bruce, Salt Burckhardt et leurs predccesseurs les peres Lobo, Paez, Tellez etc.; les lignes qu'ils ont parcourues ne pourraient Stre ddfinics' claircment par le discours : on les a rapportces, ainsi que toutes les autres, sur une carte d'enserable quon se propose de publicr.

La nation anglaise a la gloire d'avoir fait , sur tons les points , des lentatives ; repoussee d'un cote , elle a porle ses efforts sur un autre, et, depuis 1792, jamais elle n'est restec quatre ans de suite sans renlrer dans la carriere des dccouvertes. Du Nil elle passe a la Gambie , de la Gambic au Garicp , du Garicp au ZaYr , du Za'iV au Niger. Feu heureuse dans Texpedition du Congo , elle attaquc Ic continent par le fond de la Mcditerrancc ; elle entreprend , el cnfin elle vient a bout de le traverser en ligne droite, du nord au midi ; et aujourd hui , (pour user dune expression vulgaire) TAfrique , d^s long-temps cernee par sesvoyageurs , est comme enfoncee par le milieu ; mais n'antlcipons pas sur des decQuvertcs glorieuses el encore toutes recentes.

La HoUande, maitresse paisible de la poinle sud de I'Afrique , pendant de longues annees, avail a peine fait reconnaitre le cours des grandes rivieres. Depuis la fin du 18'' siecle, pourne remontcr qu'a M. Barrow, Telat des choses n'est plus le meme : desmission- naires anglais, dc simples parliculiers , Trutler el Sommerville, Lichlenslein , le docleur Gowan etGonovan miserablement assas- sines dans leur route a Sofala, W. Burchell el J. Canq)bt'II out pcnctrd dans rintcrleur jusqu'au 26'' et memeau 24^ parallele sud , et nous connaissonsle cours general du (leuve d'Orangc ou du Garicp ,

243

a-insi que le coins des deux rivieres du niciuc nom par Ic concours desqucllcs il est forind priucipalcmentet qui sont dislinguecspar les initiales «« el ^j : autremcnt le Gartep nuir el le Gariep jaune ; de meme que dans le nord-esl de I'Afrique , le AiV blanc et le Nil bleu se reunissent pour former le grand Nil , qui n'a plus qu'un nom et qu'un lit a parlir de Tile de Meroe. Ces rivieres coulent dans un bassin forme, d'un cote, par la chaine des montagncs de Kowp; de Taulre par les longues montagnes , et par celles de Kamhanni, que M. William Burchell a franchies jusqu'aupres du 26' deg. de lat. sud et sous le 22" m^ridien oriental , depas- sant ainsi de beaucoup la limlte des nations qui appartiennent i la race des Hottentots, et laissant devant lui d'iumicnses forets. 11 lul restait a se porter jusqu'aux etablissemens du N. O., pour joindre les decouvcrtes anglalses avec celles des Porlugais qui nous occu- peront bientot : mais ses guides refuscrent de passer outre.

La riviere de Zack, sur le cote gauche du meme bassin , et les aflluens de la riviere des Elephans, plus au midi, ont ete visltes et determines; et, sur le cote droit, au pied de la chaine de Kamhanni, malntes rivieres qui toutes se portent vers Touest et se perdent quelquefois dans les sables , sans qu'on ait pu cclaircir si la riviere du Poisson est Tissue dune de celles qui sortenl de celte chaine ele- vee. Volla done , au sud de Tequateur , de grands courans qui sont absorbes par le sol, quoiqu'a une mediocre distance de I'Atlan- lique ( 6 degres seulement) : n'est-cepas une probabilite pour qii'un pareil phenomene se produlse au nord de la ligne, a un inlervalle des trois mers bien plus considerable!' Avant de quitter lapartie la plus auslrale de TAfrique, voyons combien il reste encore de ques- tions a resoudre , de positions a fixer : la source de Tun et Tautre des grands bras de la riviere d'Orange ; celle de la riviere du Poisson ; Tenchainement des chaines de montagnes; Tissue de la riviere de Zack ctde celles de Moshowa et de Makalta , plus au nord ; Tune se dirlgcant vers TAtlantiquc , Taulre vers la cote orioiitale: cequi an- nonce que la chaine longitudinale des monls Kamhanni continue

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tic se prolonger du nord au sad sous Ic 22"= meridlcn oriental ;, c'est-a-dire sur Taxe de I'Afrlque auslralc, et elevc en meine temps dc nouveaux doutes sur la prclenduc opine du mondc, qu'on place Lien plus a Test, vers le 35' meridian. Si la ligne des mon'.s Lu- palas exisle en realite, cc n'est qu'une chainc secondairc, ou mcme lerllaire , interrompue par unc multitude de rivieres, notamnient par Ic Sofala, par le Zambezi et ses afducns, et par le Loffdi, qu'on pretend sortir des montagnes de la Lune. Quelle incertitude encore ne reslc-t-il pas sur le grand lac IVIarawi , que D'Anville a trace sur sa carte, a Test des monts Lupatas, et dont les notions rccentes ne font plus mention !

I)es regions lout rccemmen t connues viennen t rcmplir une grande lacune, vers le milieu de I'Afriquc auslrale, entre les bouches du Coango et du Coanza, d'une part, et celle du Zambezi et le canal de Mozambique, de Taulre, dans la dirtclion de I'O. N. O. a I'E. S. E. , el du 4*^ au ig*^ degre dc latitude sud. Par quelle fatalite des notions si intcressantcs sont-ellcs restees ignorees jusqu\i ce jour:' et n'est-on pas en droit de reprochcr haulement aux Portugais d'en avoir prive les sciences gcograpbiques pendant quarante an- nees ? C'est a 1785 que remonlcnt les expeditions qu'ils firenl dans I'interieur. Les decouvertes se sont succede pendant plus do quinze ans. Gregorlo Mendes, le capitaine Laccrda, Percira el d'autrcs encore, ont suivi plusicurs lignes obliques au meridicn, qui , sans se rejoindre, se dopasscnt; el Ton a ainsi une conlinulle d'espaces observes et decrifs par des Europcens. Le rapport des Portugais reclifie Tidee que I'expedition du capitaine Tuckey nous donnait du cours du Coango ; et cette rectification est d'une grande importance pour la geographic physique de I'Afriquc centralo. En effet, s'il est vrai que le Coango ou Zair ne prcnd pas sa source au nord de I'equateur , comme on le croyail apros le voyage de Tuckey, mais au contraire vers le io<> degre de latitude sud, ct au lieu memo ou le C.oango prend la sienne , que dcviennonl les explications donnees par des gcographes cldcs voyageurs sur la

24-5

cause dc la crue du ZaiV, ct sur Tepoque de cet accroissement , comparee avcc cclle de la crue du Niger!' La regie generalc de I'e- poque des pluics , entre I'equateur et le Iropique meridional , s'op- pose-t-elle absolument a ce qu'unc riviere comprise dans cet espace ne prenne de raccroissement un peu plus tot :' Vainement done on s'est appuyc sur la conjecture du capitaine Tuckey, pour ne faire qu'un seul et meme fleuve du Niger et du Zair , et le forcer a de- crirc, par un cours bizarre et retrograde, les trois c6tes d'un trapeze dc quinze cents lieues : supposition encore nioins vrai- semblable que la chiite du Niger dans le Nil , et nee , comine la premiere , de la necessite de trouver au Niger une grande embou- chure.

La route sulvie parle Portugais Pereira, en 1796, rcpand aussi de nouvclles lumieres sur la par tie orientale. Outre le iieuvc Zam- bezi, il nous fait connailre un autre fleuve beaucoup plus occi- dental, plus meme que la source du Coanza, et qui cependant se jette vers le canal de Mozambique; tellement qu'a cette latitude, la grande chaine longitudinale doit flechir a Touest et s'approcher de I'Atlantique beaucoup plus qu'on ne pensait, Les expeditions des Portugais, en outre des itineraires evaluds en journees de marche, nous onl procure aussi des observations de latitude et de longitude sur cette ligne de jonclion des deux mers , sans parler de la description du sol el des peuplades qui Fhabitent.

La Geographic a done fait , de ce cote , une precieuse conqucic : nous la devons prcsque a feu Bowdich. Voulant faire prcc(;der son second voyage par une etude approfondie de TAfrique australe, il a obtenu , a force de soins et de recherches , la communication des decouvertes des Portugais, deja si anciennes et perdues pour la science, mais que la renommee avait signalees des long-temps aux geographes. Son dernier adieu a sa patrie est le present qu'Il lui a laisse dc cette Relation , tiree des manuscrits originaux : nouveau motif pour payer un profond et legllime Iribut de reconnaissance et de regrets a la memoire de cet infaligable et savant exploraleur !

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Les excursions des Portugais sur le coiirs supciieur <lu ZaiV nous conduisenl a Fcxpcdition si malheureuse du capilainc Tuckcy. Ses dccouverlcssc Uentavecleslcurs, et conllnuent, en quelquesorle,le rcscau des lignesparcouiues parlesKuropeens.Lesprenucrsavaicnt marche i5 degres a Test , pres dcs rives du fleuve, juscjue pres dcson origine; le capllaine Anglais, auconlraire, esperalt remon- tcr vers cellc source , en suivant un affluent qui descend du nord.

Leresultat principal de son expedition est d'avoir fait reconnailre, dans le gissemcnt de la cote occidenlale d'Afrique, une erreur dc longitude qui va jusqu'a un degre de trop a I'ouest ; et le fait est confirine par les cartes Portugaises. Sur la cole orientalc, I'erreur est en sens inverse ; d'apreslesmemes cartes , labouche du Zambezi a eteplacee jusqu'a present un degre trop a Test; le continent afri- cain se Irouve ainsi diminuc, en largeur, dc 2 degres, sous le 17^ parallele sud, et d'un au moins sous le G'^ , a la Louche du Zair. Ce dernier (leuve, a quatre-vingt-dix lieues au-dcssus de son embouchure, a pres d'une lieue et demie dc large ; il est , conune le Niger, le Haut Nil et toutesles rivieres de I'lnterlear , peuplc d'une multitude de crocodiles et dhippopotames.

Ainsi, a partir du 5" parallele sud, jusqu'au cap de Bonne- Es- perance, les lignes suivies par les voyageurs ne laissent guere de lacune qu'entre le 19'= et le 26*^ degre de latitude australc, sauf la partie du N. E. , espace ou la carte dressee par feu Bowdlch d'a- pres les Portugais serait entierement vide sans I'lndication d'une riviere de Cassau. Plus loin , toute la zone equatoriale , dcpuis le 5"^ parallele sud jusqu'au lo*^ parallele boreal, est completcmcnt inconuue , a lexceplion des deux lisieres ; aussi est-ce dans ce vaste espace que les speculations geographiques s'ouvrent une large carriere, etqu'elles y tracent desfleuvesindefinis se jelantdans les deux mers, et leur font franchir les plus hautes montagnes sans la moindre difficulte. On n'aurait , sur cette region de I'dquateur, auc(ui point de jonclion entre le 2' meridien oriental et le Si*^, at- teinls rcspeclivenicnt par feu Bowdich et par iVl. Frederic Cail-

a47 llaud, sansl'cntreprise aussi heurcuse quehardie, acconiplie par les anglais en 1823. Avant d'en faire le tableau, achevons le tour de TAfrique par I'ouest et le nord-ouest

Les resultats des deux voyages de Mungo Park sent trop connus pour nous y arrcter. Qui ignore que son premier voyage nous con- duit a Silla, au-dela de Se'go, sous le 2'^ meridien occidenlal ; et les renselgnemens plus incertains, tires de son second et dernier voyage, jusqu'a Boussa, trois degrcs seuleinent plus a Test? De-la au Nil , quelle enorme distance!

Entrc leSenegal et les niontagnesde Kong, les voyages d'Adan- son , de Wintcrbottom , do M. MoUien , du major Gray, du major Laing, et beaucoup d\iutres excursions moins connues, on t fait connaitre assez bien la nature du pays et la position probable des sources des rivieres; mais au-dela, et jusqu'auxconfinsduMaroc, les Europecns ne connaissent qu'unebordure etroite du continent, defendu conlre toute approclie par ravidlte et la perfidie des Maurcs, Onn'aoublic ni la fin miserable du major Houghton, ni celle de Rocnigen, ni les frallemens cruels qu'ont subis notre compalrlole Cochcletelses inforlunes compagnons , pour elre lombes dans les mains de ces feroces gardiens du Soudan. Quel Europeen , tentant d'y penelrer par la voiede Maroc , pourrait se flatter de leur echap- per? Quant aux voyages du matelot Adams, d' Alexandre Scotl el dequelques autres, quelle lumierepeul-on en tirer? peut-onmcme y ajouler foi? De ce cote de I'Afrique , cVst le voyageur Fran^ais Compagnon, arrive jusqu'auBambouk, el Mungo Park, parvenu sur le Niger, qui , jusqu ici , ont penetre le plus avant.

Toute la bordure septenlrionale , si on excepte Tancienne Cyre- naique, est assez bien decrlle et assez connue , graces aux voyages des Schaw, des Jackson et de tant d'autrcs, pour que la Geographic porte scs rechorches d'un autre cote. A peu de distance de colic lisiore est la ligne connue qui conduit deTEgyple a Syouah, dans le pays d'Anunon. On doit a Browne eta Hornemann dWoir vu Syouah

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les premiers. Noire compatriotc Cailliaud etlc chevalier Drovelti Font visits depuis el d'aulres Jesont suivis; mais Horncmann est Ic scul qui ait continue cctlcmeme ligne jusqu auFezzan, el dans des lieux encore plus eloignes oil il a irouve la mort. Mais sou inal- heur n'a pas etc sterile pour les decouverles. Mourzouk , niieux connu par sa relation , est devenu le poiiU de mire des voya"ours, comme la veritable porte de I'Afrique centrale. Le jeune Ritchie sy est porle avec cette ardeur dont nous avous lous ele les temoins , et qui lui a coiite la vie. Plus heureux, son compa^non de voyage le capilaine Lyon est alle' encore au-del^ , et a prepare les voies a rexpedilion Anglaise. Hornemann avail fail connaitre IMourzouk, Ritchie el Lyon avaient appris le chcmin le plus court qui devait y conduire : les trois voyageurs Anglais y arriverenl done sans oLslacle ; et quoique tres-rccule dans les terres, ce ne ful pour eux qu'un point de depart pour penetrer plus avant. C'est ainsi que les decouvertes se pretent un secours necessaire ; et c'est aussi pour cela que les moindres conquetcs sont precieuses pour Its sciences. Heureux ceux a qui on les doit, quand, pour toutsalaire, ils ne sont pas pay(^s parl'ingratilude qui, s'il fallait en croirc noire divin fabullsle, est le propre de noire espece (i). Rapporlons done avec enipressemenl a Frederic Hornemann une partle de la gloire qui brille aujourd'hui sur les noms du docleur Oudney el de ses conipaguons de voyage.

Personne n'ignore que ces derniers quilterenl le Fezzan vers la fin de 1822, et quils francliirenl d'un coup, le grand desert qui est au nord du Soudan. Arrives vers le i4-' parallele boreal , ils atteignirent les confins de Tempire de Bornou, et bientot apres , lacapitale meme, placeejusque-la paries geographes a Goo niilles plus au nord-ouest qu'il ne fallait ; ce qui ( pour Ic dire en passant ) est une mesure de la foi due aux recits des noirs , cu fait de geo- graphic cxacte. L'un d'eux, le major Dcnham , avec une confiancc qui tient de I'audace, continue sa route jusqu'a 3oo milles plus

(i) ( Ltifont. I. X.Jat^le I).

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loin , Dt s'ongagc dans une expcrlltlon avantureuse , a la chasse ilcs iioirs monlagnards. Pour etendrc le champ dcs decouvcrtcs , il combat dans une cause qui n'est pas la sienne ; tout perit autour de lui; I'armce enliere est aneanlie. II echappe cependant ; etplus lieurcux que sage, il rejoint ses compagnons dans le Bornou , et leur revele I'cxistence dune grande chaine transversale , enlre le 9*^ ct le io'= parallele boreal, situe'e preciscment comme cellede Kong , ct d'ou s'ecoule , vers le nord , une riviere d'une largeur immense. A I'exlremite de sa course , il n'etait plus qu'a 45o milles du fond de TAllanUque (i).

C'cst ainsi que nos connaissances au N. de Tequateur ont ete poussees jusqu'au lo"^ degre de latitude sur trois points diffe- rens; a Test enlre les deux Nils, par M. Cailliaud; a I'ouest vers les sources du Senegal et du Niger, par M. Mollien et le major Laing; ct au centre de TAfriquc, par le major Denham ; et par- tout, ils ont ete arretes par des monlagnes escarpecs, impenetra- bles , occupees par des peuplades sauvages qui n'ont pas subl le joug de rislamisme : montagnes qui sont aujourd'hui une barrlere contre la civilisation europeennc, comme jadis, centre la loi mu- sulmane.

On salt quel spectacle frappa ici les regards des voyageurs an- glais : une ville toute gucrriere sur la frontiere du pays; mie nombreuse cavalerie cuirassee , hommes et chevaux ; une profu- sion d'or et de fer travailles par une Industrie inconnue ; des villes florissantes et populeuses, baties a quelques milles les unes des autres ; un commerce immense dout on n'avait qu'une faible idee; des marches pcriodiques oucent mille individus se rendent toutes les semalnes! Quelle rnoisson pour la Geographic ! quelle recompense pour les fatigues et les perils essuyes par les trois voyageurs ! Ils ont sous les yeux ce grand lac central dont parlaient prcsque toutes les relations des indigenes mais que tout le mondc pouvait nier, etils s'assurent qu'il revolt les eaux qui vienncnt du Nord , de TOuesl ct

- (>) Et non a ooo milles, comme on I'avail dit il'abord d'apies uue faussc- loug.t idc de Mourzonk.

du Sud; Ic Niger, on t\u inoins une riviere qui descend du cdld dc Toinbouclou et de Haoussa, s'y dcoule au mois de juillet, sous la forme d'un courant mddiocrc; ce lac a plus de 220 iiiillcs de lon- gueur connue; sa largcur ne Test pas; on ignore encore s'il a une issue; si Tevaporalion , coinine dans la Caspienne, compensc les eaux affluentes; si enfin, dans les crues, il s'dcoule vers le bassin du Nil: question loujours agitee et encore suspendue, mal- gre toules cfes grandcs decouvcrlcs ! Aussi avec quelle impatience n'attend-t-on pas lesnouvellesulterleures de Texpedition! Une plus heureuse occasion peut-elle se retrouver de rdsoudrcles problemes que presenle en foulc celle Afrique cenlrale, ou , naguere, tout abso- lument etail ignore : nature du sol, pente et cours des eaux, hauteur et direction desmontagnes, productions vegetales,atiiinaux, tem- perature, enfin la geographic physique tout entiere. L'ignorancc elait la nii-me sur les moeurs , le langage, les races d'hommes, les usages, la population etie degre de civilisation desconlrees mddi- lerranees.

Mais, au moment meme ouTEuropesavante attend les nouvcaux fruits de rcxpedilion anglaise, elle apprend que ses cspcranccs sont reduites de moilie par une perte irreparable. Le docteur Oudney a succombe en quelques jours a un climat funeste. Le jeune Tool, parti plus tard de Tripoli, rejoint Texpedilion ct perit en arrivant ; tout notre espoir repose a present sur Tintre- pide Denbam, sur le lieutenant de marine Clapperton et sur M. Tyrhwit. Le rare devouemcnt du docteur Oudney et les cir- constanccs inatlendues de sa fin tragique nierltentqu'on s'y arretc un moment: on connaitra toute 1 elenduc de la perte qu'on fait en lui. Parti de Bornou en dcccmbre 1828 (un an apres son pas- sage a travers le grand desert), il se porte a Touest vers Kano, en c.ompagnie deM. Clapperton, el il arrive aux confins du royaume. La, unfroldsubit, extreme, imprevu, saisit la caravanc. L'eau gele aui.our des voyageurs; les outrcs gelent sur les chamcaux, et le docteur lombc gravemcnl malade. Cepcndant il continue; chaque

|our, fie fournir sa carrierc laborieuse pendant dix-sept journecs de suile. Lc 12 dc janvler, il cssaie encore, a Tordinaire, de se nieltre en route a la pointe du jour. Deja les chamcaux sent char- ges; mais ses forces Fabandonnent , el peu d'instans apres il expire dans les bras de son compagnon, regrellant moins de mourir que de n'avoir pas fait assez pour sa patrie.

On a conjecture que sous le 12"= parallele nord , ou se troU-^ vaient alors les Anglais, I'eau ne peut geler que sur des monta- gnes elevees de 4-i 5ooo metres au- dessus de I'Ocean ; ce calcul est fort exagere. Ceux qui Font fail ignorent apparemment qu'il gele quclqucfols dans les deserts de la Libye , a quelques cents nielres seulement au-dessus de la mer ; a la verite , a quelques degres plus au nord , mais encore bien pres de la zone torride (i). Ici des circonstances particulieres ont pu refroidir considerablement la temperature , et il est plus sAr d attendre , pour fixer son opi- nion, que Ion ait public la mesurc de la hauteur du lieu : con- nalssance achelee bien cher , puisqu'elle aura coAte la vie au plus savant homuie de 1 expedition. Au reste , si les monlagnes qui sont a 100 lieues a Touest de Bornou sont en effet tres-elevees (ce que nous necontestons pas),comme dun autre cote la source du Niger nest haute que de 5oo metres d apres le major Laing , la conjecture savante de M. Walckenaer sera hautement confirmee , savoir : la hauteur progressivement croissantc de la chain e trans- versale , en allant de Touest a Test, jusqu'au nceud de la chainc prin- cipale, lequel parait place sous le 22' meridien et le 8*^ parallele boreal.

Le m^me savant a judicieusement porle Tombouctou i 2" /^ plus

(i) M. Callliaud a trouve de la glace dans le dtfseit de Syoiiali , el la Com- mission d'Egyple a observe le thermomelre a ziiro dans la basse Egypic , en Janvier 1798. Les conditions de la temperature dans les grands deserts d'Afriqiie doivenl necessairement differer dc celles qiron observe dans les auUes regions .ii'piralcs. 11 seiail Hop '"n^ (Ten dediiirc les inolifs.

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vers Fouest que ne I'avalt fall le major Rennell, d'apres les observa- tions dc 31ungo-Park (i). Mais la posilion do Sillasur le Niger est fixce surles cartes encore trop a Test, el il est possible que la pre- miere de cesvillesalt aussi une longilude plusoccidenlalc, puisquc Bakel el lefortSainl-Joscph, selon Ics obscrvalions les plus reccn- tes des officiers fran^-ais, Iransmises parM.lc baron Roger gouver- neur du Senegal, doivenlelre reporlesa 2" environ plus a louest que ne le pensail Mungo-Park. Toul annonce que les villes de I'Afrique ccntralc sonl plus rapprochees de TAllantiquc, ce qui nest pas d'une faible importance pour les relations qu'on espere d'ouvrlr : cent lieues de molns a faire, dansun pays si difficile a traverser (2), sonl une sorle de conquete geographique.

Si Ton ne s'dtait fait ici une loi d'ometlre les rapports des nalurels Africains , on citerait celul de deux indigenes , inlerro- gds separement par M. Roger, el qui s'accordent h. dire que Djennc est sur la rive droite du Diallibii (ou iNiger), qu'ii en est de meme de Sego , el que cette residence royale est formec de quatre villes dislinctes el isolees. Mungo-Park avail connaissance de ces quatre villes ; mais il parail qu'il s'est arreted sur la rive gauche dufleuve, sansy pcnetrer. C'esl bicn aupres du DiallibA , disenl les memes hommes, que la grande ville de Tonibouctou est batie, a deux lieues seulement de lanW gauche^ el interne beaucoup plus pres, selon JNI. Adrlen Parlarrieu. Kabra est son port, comma Boulaq est celui du grand Kaire : el les porteurs de marcliandises font le voyage deux fols, el meme troisfois en un jour. Enfia il est fail mention ici d'uneseule riviere, le Dialliba, el aucune du Gam- barou, si ce n'est qu'il coule au loin dans le N. N. E. une riviere de ce nom.

(i) Selon le M""' Rennell, l" 28' E. dc Greenwich, (cai-tc de 1802), elselou M. Wulckcnacr, I" 38' 5a" O. do Pails. Plusicurs conjecluics Ju savanlnalii- lalislc M. LaLicillc sonl aussi contiriiii'cs par Ic^ (lernicrcs obscrvalions.

(3) Pour Tallec cl le relour.

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D'autres observations dc M. Partarricu concordcnl avec ccilcs ■des officicrs fran^ais et celles de M. i:: Beaufort, pour faire juger ics longitudes de Park trop orientalcs , et on croit ineme qu'il y a une erreur assez grave de latitude dans son point de depart sur la iiambie.

Tel est le dernier etat des dccouvertes des Europeens dans 1 Afrique mterleure , j'entends des leisiolns oculaires. Quel vide immense on trouverait dans une carte bornee a ccs decouvertes! Quelle solution de continuite entre les vingt ou vingt-cinq llgncs prir.- cipales que les voyageurs out suivies! Nous avons suppuld Telcn- diie lotale de ceslignes, parcourues dcpuis une quaranlaine d'an- ndcs, el nous Tavons estimce a 2200 millcs geographiques, en y comprenant meme les excursions de Poncet en i6g8 et celles dc Bruce, faites de 1768 a ijyS. Admcttons que chaque observateur a constamment embrasse de Toeil un horison de Slieucs dc dianietre , et c'est beaucoup , voila au plus une surface de 28 millelieues carrces; or qu'est-ce que ce tier superficie comparativc- mentacellede TAfrique, evaluee a i^oo millelieues carrecs. Ainsi, a peine TEurope connaft-elle la 5o'^ parlie de TAfrique Inlerieure. Hors dela , presque tout est confusion ou i*ncertitude , et lout geographe de bonne fol en fcra Taveu. Cest dans le sud du continent que ces lignes se rapprochent le plus, et c'est a Test du mdridien central ( le iS'' a I'orlent de Paris), a 10° de ])arl et d'autre de I'equateur , qu'elles sont le plus distantcs. Du point ou a peri Mungfl-Park jusqu'a celui ou le docleur Oudney a succombe, il nc reste plus quun intervalle dc ladcgres a francliir; niais , du Bornou au rivage de I'ocean Indicn le plus rapprociie, on en conipte plus de trenle. 11 est probable que, dans cc vasle cspace, on troi!- vera une haute chaine faisant suite aux montagnesque M. Burchell a reconnues au 26'^ degre de latitude meridionale : montagnes qui dominent les sources des fleuves coulant en sens contraire , et qui paraissent plus eloignccs de cet ocean qu'on nc Ta cru jusqu'a nos jours.

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En finissarit ce tableau rapide, nous devons regretter de n'avoir pu couvrlr raridil^ du sujcl »ir la pelnture de Tc^lat moral et phy- sique dc TAfrique inlcricurc , sujet vasle et plein d'inlerel. C'esl Lien la le but ou tendent ics efforts de TEurope chrdtienne, savante et commercialc ; et c'est aussi la cc qu'on attend des decouvertes de la Gcographie : mais on est encore plus loin d'y alteindre que deparvenir a la description geometrique de ce grand continent.

JOMARD.

N. B. Dcpuis que ce morceau a ete lu a la seance g^nerale dela Soci^te de Geographie du 26 novembrc 1824, on a apprlsque M. Hey , compagnon de voyage de M. Edouard Ruppell , avail remonle le Nil -Blanc jusqua plus de 60 lieues au-dessus de son embouchure , et que Mohammed-Bek, Tun des gdneraux du vice- roi d'Egypte , avail trace un Itineraire du Kordofan, pays jusqu'ici ires-mal connu, situc entre le Scnnar et le Dar-Four ( Voyez plus hautpage 4 )• On f a trouve, dit-on , des volcans qui fument encore a plus dc 180 lieues dela mer rouge.

DE L'IMPUIMEIUL: D'EVKHAT, IMPRIMEUR DE LA SOCIJ^TE,

HUE UU CADEAN iG,

Mi/i,-9fVi.'*'0'V'W*;i'V»,i.V'V*» vi'\'*.'V»'v»i*.m/v»/^;wiyvw»*i4."» ■.vw»/%.w»/vwti^/i.t/\/i/v«-t.Ti/v«'vw%r.»,'»-/\'\'V*'*t*ttxw«

BULLETIN

DE

LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

ISUMERO VINGT.

Seances de la Commission Ccntrale. Seance du 3 decembre iSa/J-.

i\J . Lome, negociant et membre dc la Societe , lul adresse le Prospectus d'une societe anonyme, donl le but est d'etendre rini- porlation et rexportation de toutes les matieres premieres con- nues sous le nom generique de droguen'es, et applicables a la me- decine , aux sciences , aux arts et a la fabrication. La Commission Centrale invite M. Malle-Bnm k lui faire un rapport sur ce pros- pectus.

M. le Baron de Fertihdc , d'apres I'invitation qui lui en a ete falte, depose sur le bureau la proposition d'adopter le Bulletin des Sciences Geographiques public sous sa direction, comme Bulletin de la Societe de Geographle. II donne lecture du projet, et 11 en developpe les conditions. Cettc proposition est rcnvoyee aux Sec- tions de Publication et deComptabillte, chargces de presenter leur rapport a la Commission Centrale , sur ramelioration du Bulletin.

M. Dczoz de la Roquetie presente un rapport sur une Notice re- lative a Hermonlacum , station romalne situce enlre Cambrai et Bavai.

^7

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M. ??^<i/£Aenrter fait quelqucsromarqucssur la position d'Hermo- macum, qui ne lui parait pas prcciscmcnl a la place indlquce dans la notice.

M. Joinard annoncc qu'un anonymc fait a la Sociele un don de mille francs, pour qu'il soit joint au don receminent fait par IM. le Cumte Orluff tl aux aulres dons scmblables, et pour qu'il soit offert en recompense au premier vuyageur qui aura penctre jusqu'a la ville de Tombouctou par la voie da Senegal , ct qui aura procur^: des observations positives et exactes sur la position de cette ville , sur le cours des rivieres qui coulent dans son voisinage , et sur Ic commerce dont clle est le centre ; Ics renseignemens Ics plus ,satisfaisans sur les pays compris cntre Tombouclou el le lac Tsaad , ainsi que sur la direction ct la hauteur des monlagnes qui formcnt le bassin du Soudau.

Seance du 1 7 deccmbre,

M. Malle-Drtin, secretaire-general de la Commission Centrale, communique unelettre qui lui annonce Tenvoi : i" d'une Carte geo- graphique de FEurope ; d'une suite de Tableaux (en six cabicrs) oil sontindiquees les hauteurs des differens points de ce continent el des lies environnantes; 3" de quelques remarqucs sur la connexion des hauteurs de TEurope. Ces pieces sont deslinecs a concourir au prix propose par la Soclete sur la determination des chaines de montagnes de I'Europe.

]M. L' Baron de Hammer adresse une lettre fort clemlue au sujot de Tedition de IMarco-Polo. Le renvoi en est fait a M. Roux.

M. Jauhert donne lecture dune lettre dfe M.Fonlauier, voyageur frangais, datcc de- Teheran, 5 novembre 1824. Ce voyageur an- nonce qu'il enverra a la Sociele un Memoire, en reponse aux questions qu elle lui a adressees sur la geographic de la Perse. Cellc lettre est renvoyee a la Section de Correspondance ct au Comilc du Bulletin. ( Voyez Documcns, page 261).

M. Adrim IJiipre ^ vice-consul de Fraace h Bone, annonce egalement i la Socletd qu'U s'occupe de la solution des questions qui lui ont ele adreSiSees sur Bone elConstanline. Renvoi a la Sec- de Correspondance el au Comite du Bulletin. (Voir ci-aprcs documens , page 262).

M. Grciherg de Hemso , consul-general de Suede a Tripoli, dcrit a la Societe qu'il fera tous ses efforts pour la seconder dans ses travaux. II luifaitrhommagedelacollecllonde ses ouvrages, aux- quels il a ajoute la copie d'un manuscrit geograpliique du quinzicrae siecle, et un manuscrit arabe , contenant la description du pays de Gana etdesmoeursdeseshabifans. Cesouvrages sontrcnvoycsa una commission composee de MM. Bianchi, Jaubcrt et Malte-Brun, chargeed'en rendre compte. (?Wr ci-apres, Documens, page 263).

La Commission Centrale invite M. le President a remercier M. Graberg de Hcmso.

]VI. Huber communique une lettre de Saint-Pctersbourg, datee du 25/i3 novembre 1824, qui donne des d(^tails sur Tinondation de celte ville {Voir ci-apres, Documens, page 265).

M. le Baron Coqiiebert-Monbret exprime le regret que sa sant^ et son sejour a la campagne I'aient tenu souvent eloigne des seances de la Commission, et ne lui permettent plus de remplir les fonc- tions de vice-president, auxqucUes Tavait appele la confiance de la Societe.

La Commission temoigne le desir de continuer a profiler de ses lumieres ; et M. JF^ulckcnaer propose qu'il soit pric de surveiller Timpression du manuscrit latin du frere Jordanus, dont la publi- cation a ete ordonnee. Celle proposition est adoptee.

^\. Jomard Ml une lettre qui lui est adressee, du Senegal, par M. de Beaufort.^ et qui I'informe du premier rcsultat de quelques reconnaissances failes sur les rives de la Faleme {Voir ci-apres, Documens, page 2G6).

Le meme membrc communique des reflexions sur la marclie des

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travaux <le la Societtf , sur ceux qu'il Ini resle a excculor , ct snf les ameliorations a obtciiir: la Commission arrele quo re discnurs sera Imprlme au BuUclin (Fo/r cl-apres, Docmnens, page 268).

M. Ecerat expose, dans une lettrc, quelc President actuel de la Coniniission n'a exerce ses fonclions que par interim, dcpuis la mort deM. Langles, et que I'arlicle du reglement qui declare le Pre- sident non recligible, ne lui est pas applicable. Plusieurs membres appulent cette opinion. M. Jomard observe qu'il a etc nomme Pre- sident en titre el non par interim; qu'il a signc comme tel les actes de la Societe, et qu'il y a lieu en consequence a appliquer le re- glement. Adopte.

La Commission Centralc, aux lermes de son reglcineul, precede a I'election annuelle de son Eureau.

M. Barbie du Bocage pere est elu President;

M. Eyries, premier Vice-President;

M. Jomard , deuxieme Vice-President ;

M. Pioux, Secretaire-General.

Les membres composant la Section de Corrospondance sont reclus; M. le baron Coqucbert-Monbret reinplace M. Eyries.

Les Membres dela Section de Publication sont reelus; M.Mai tc- Brun remplace M. Rous.

Les membres de la Section de Comptabite sont aussi reelus.

La Commission Centralc vote des rcmerciemens a M. Jomard qui, pendant sa presidence , s'est constamment attache a donner plus d'interel aux seances par d'importantes cummunications, a etendre les cnrrespondances de la Socieie, a lui concilier la bien- vcillance du Gouverncmenl.

La Commission adresse aussi des remercfmens a M. Mallo- Brun,pour le zi^le elle talent distingucs avcclcsquels il a reinpli sos fonclions dL'Sccretaire-(»cneral,depuis la formation de la Societe.

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W\f%l%J\/\/\IV\/%/%IV\/V\iti\l\'V

Liste des Mcrnbres noiwcltemcid admis dans la

Socieie.

Seance du 3 decembre 1824.

MM.

Cailliaud (Frederic), de Nantes ;

Caussin de Perceval fils , professeur d'arahe vulgaire a TEcole P\oyale des Langues orienlales ;

Hur.ER, attache au MInistere des Affaires Etrangeres ;

Lafont (le baron) , niembre de la Ghambre des Deputes ;

Lam^RCHE, capilaine de fregate.

' Seance du 17 decembre.

CoCHELET (Adrien);

CouPXN (Alex,), chef de correspondance i TAduiinislra- lion des Doiualnes;

Duojat (Pierre), avocal a la Cour P\oyale de Paris.

A^'^ JVWft ^W^ « ' V % k t /\i%-*

Oiwrages offerts et deposes sitr h bureau.

Seance du 3 decembre.

Voyage a Meroe, au fleuve Blanc, au-dela de Fazoql, dans le uiidi du royaume dcSennar, a Syouah el dans les cinq autres Oasis, fait, dans les annees 1819 et 1822, par M. Frederic Cailliaud, de ISantcs; redigc par M. Cailliaud et par M. Joniard Membre de rinstilut.

Carte physique, rouliere elpolilique, d'Europe, cnqualrefeuillcs, par M. Brue.

26o

Nouvel Atlas dcs departemens tie la France , seizicme livraison, par MM PerrotetAupick ;

Annales maritlnes et coloniales, n"* lo ct n, par M. Bajot;

Annalcs curopceniics dc physique vegc^'lale , vlngt-deuxieine li- vraison , par jM. Rauch ;

Journal de la Socicte Asiatiquc, n" 29, envoye par cclte Societe.

Seance du ij decembre.

Grammaire arabe vulgairc k I'usage de Ttlcole Rovale des lan- gues orlentalcs, un vol. 111-4°, par M. Caussin de Perceml fi\s ;

Hisloire de la guerre des Turcs et des Russcs , de 1769 h ^TT^-i ua vol. in-S" , par le ineme ;

Nouvel Alias des departemens de la France, dix-scptieme li- vraison, par MM. Perrot et Aupick ;

Le Globe , journal litteraire.

M. Grdbcrg de Heniso , consul-general de Suede ct de Norvcge a Tripoli , fait hommage des ouvrages suivans :

Cople d'un inanuscrit gcographique intitule: Itlnerarium Anionii Ususmaris cwis Januensi's , i4.55 ;

Manuscrlt arabe contenant la description du pays de Gana el des moeurs de ses habitans ;

Doutes et conjectures sur les Huns du Nord et sur Ics Huns Franciques, un vol. in -8°;

Precis de la litlcrature historiquc duMogh'rib-cl-aksa, in-S", deux exeitiplaires ;

The'orie de la slatistique, in-8'% deux exemplaires;

LaScandinavie vengeedc Taccusafion d'avoir produil les pcuples barba^cs qui delruisireut Tempire de Rome, un vol. in-S";

Annali di geografia e di slalislica , deux volumes in-8";

20l

Letlera sopta i piaceri tlella villeggialura iVAlbaro , piesso Ge- iiova, in-8" , deux exemplaires ;

Lcssico islorico-geografico dei vocaboli anlichi spassi negli opus- coli di Tacilo i, costumi dci German!, e la Vit^ di Agricola, uu vol. in-S" ;

Delia statistica , e dei suoi progrcssi in italia , in-4" , deux exemplaires ;

Lezioni di cosmografia, di geografia e di statislica, in-8°, deux exemplaires. '

DOCUMENS.

ExTHAlT d'une Iclire de M. Fontanier ^ voyageur en Asie, h M. Juuhcrt^ Mcmbre de la Scclion de Correspondance.

Telieran, Ic 5 aoiit 1824.

Je m'empressc de repondre a la lellre que vous m'avez fait rh.onneur de m'ecrire le 24. mars, et que j'al re^ue, accompagnee des qucslionsquc la Socieledc Geographic abicn voulu m'adresscr. Les pcrsonnesqui sonl restees quelque temps eji Asje remportenl de ces paysune opinion si differente de celle qu'elles avaicnt aupa- ravanl, que je m'elonne, Monsieur, et de la precision des ques- tions que Ton m'aadressees et de la manicre dont ellcs sonl adaplees aux pays que je me propose de visiler. II y a cepcndant quelques points qui me paraissent avoir cte omis et que je crois dune assez grande importance , puisqu'ils donnent la solution et du mode de gouvernement asialique et des revoltes des habilans, qui sont d'uu caractere Lien different des rc^'volutions curopeennes. Je veux parler des Iribus errantcs. Nous ne savons ricn du lout la-dessus:

262

nous nc connaissons ni la succession au commandemenl, ni la manierc dc perccvoir les denlcrs publics, ni Ic mode employe pour lever les troupes. II est vrai que les Europeens sont en Perse blen denues de livres, mais encore les meiileurs s'y Irouvenl-ils ; nous avons Chardin, Malcolm, Morler; el si nous voyons dans ces ou- vrages le nom de tribus, ce n'est que pour citer quclquc individu, et jamais pour donner des details sur leur organisation, organisation qui , ce me scmblc, est comnmnc a prcsquc toute I'Asie. Une autre chose sur laquelle les rechcrches ne sont pas faites avec pen dc soin, c'est I'elatdes sciences en Perse. Que serail-ce, par exemple, si on decouvrait que les Persans ont eu avant nous une Idee exacte du systeme du monde ; que , depuls plus long-temps que les Euro- peens, ils connaissent la fixitc du soleil, le mouvement des pla- neles, la theorie des eclipses, ct quils avaient des methodcs dc les calculer plus simples que les notres. Bien plus, que diricz-vous si je vous annon^ais que !c magnelisme animal a ctd connu des Orientaux long-temps avant qu'on s'en solt occupe en Europe; qu'il y a des gens qui en font metier; et que ces gens sont poursuivis par les MoUahs. II y a une infinite de questions qui nous manqucnt sur CCS pays et qui sont bien dignes de fixer I'attention des voya- geurs.

ExTRAiT d'une leltre de M. Adrien Dtipre, Consul de France a Bone.

Bone, Ic i5 novcniljrc 1824-

J'ai appris avec bien de Fafniction la perte que la Societe de Geographie a faile dans la personne de M. Langles. L'estirae et Tamllie dont il m'honorait m'ont fait ressenlir encore plus vive- mcnt cette pcrle. li sera long-temps regrette par loutes les pcr- sonnes qui avaient le bonheur dc le connailrc.

2G3

Je suis fache que les questions qui m'ont dte adressees aujour d'hui ne in'aieiat pas eld transniises plus lot. J'aurais pu, dans les deux voyages que j'ai fails a Constantine, prendre des renseigne- mens qui m'auraient servi a en resoudre du moins quelques-unes. Je m'en occuperai aussilot que j'aurai tcrmine un travail pour le Minislere des Affaires Etrangeres , auquel je mets la derniere main, Je crains que mes forces, mes connalssances et le manque d'instrumens necessalres ne me permettent pas de parvenir a leur solution comme je le desirerais ; mais vous ne devez pas douler un seul instant que j'y mettrai tout le zele et Tapplicalion dont je suis capable.

Signe Adrien Dupre.

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ExTRAIT d'lme leitrc de M. Graberg DE Hemso , Consul general de Suede et de Nowege a Tripoli.

Tripoli, le 2g juin 1824.

QuoiQUE eloigne , depuis neuf ans , de la belle Europe , et force de vivre avec des barbares de plusieurs especes , je n'ai ja- mais cesse de m'inleresser , de la maniere la plus vive, aux pro- gres que font , en France , les arls et les sciences en general , et parlicullcrement les eludes geographJques et ethnographiques, qui furent toujours pour moi Tobjet d'une application ardente et sui- vie. Par consequent , je n'ai pu apprendre , sans une joie bien sincere , la formation de votre societe , sous les plus heureux aus- pices ; d'aulant plus que je me fais gloire de compter , parmi ses fondateurs et ses membres les plus distingues , d'illustres et alma- blcs savans qui, durant mon longsejouren France, m'honorerent de leur bicnveillance et de leur corrcspondancc : je pourrais meme me felicitcr d'etre collegue de plusieurs d'entrcux dans dlffercnlcs Socictes savantes el lltteralrcs, surlout dans llnslilut Royal ct dans la Societe lloyale des Anliquaircs.

11 n'y a ricn, Messieurs, que je souhailc avec plus d'ardeur que de prouvcr , quelque jour, par des fails, les sciilimens de haulc ostirac ct d'inleret que voire Sociiili^ ct vos nobles et utiles Ira- vaux m'inspirenl; en altendant, je prends la liberie de vous adres- scr , a litre de tribut et d'bommage , cellcs de mes productions qui ont quclques rapports avec le but que voire Societe se propose (^Voir Ouvragcs offerls a la Sociele , pag. 260). J"y ajoule la co- pie dun manuscrit geograpbiquc du i5'^ sieclc , inlilule : Itiiierarluni jintonii Usiismaris cms j'anuensis ^ i455, au sujct duqucl j'eus , en i8og , avec Tun de vos confreres, M. JV^alckenaer yune correspon- dance qui fut impriinee dans les Annales des Voyages, etc., et an autre savant membre de voire Sociele, M. Malle-Bnin. Celtc cople est suivie de quclques doutes et conjectures sur plusieurs en- droits obscurs de Toriginal. J'ose encore vous prcsenlcr un petit manuscrit arabe, contenant un fragment de description du pays de Gana et des moeurs des habitans. Cc morceau assez curieux lermine un gros volume de geographic universelle , possede , a Tanger , par rinterprete du consulat d'Espagnc ; Tauteur en est inconnu, parce que le manuscrit manque de commencement et de fin ; mais I'ouvrage est exlrcmement interessant : il nie fut prcte pour quclques jours, afin d'en exlraire la copie du morceau que j'ai mainlenant Thonneur dc vous presenicr.

Sisne Graberg de Hemso.

j65

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Saint-Petersbourg, le 25-i3 novcmbre 1824-

Le 19-7 de ce mois , nous avons cuune inondation telle qu'on n'cn a jamais vu a Sl-Petersbourg et qui a surpasse ccUe de 1777, d'une archine y^ (environ 3 pieds). Dans la nuit, le vent soufflait avec une force etonnanle. A 9 hcures du matin , Teauetait au niveau du sol , et elle a augmente, avec une promptitude difficile a de- crire , jusqua 2 heures apres midi , au point qu'clle a monte k 16 •/. pieds au-dessus de son lit ordinaire. Elle etait a 3 arcliines dans quelques rues , entr'aulres , dans la grande Milllone ; dans d'autrcs , du cole de la barque a vapcur , plusieurs maisons ont ele submergees. Des villages entiers ont disparu. Les barques de foin , de bois, ont ele renversees par la violence du vent. Les rues etaient couvertes de bois de toutes especes et de debris de navires. Tous les ponts en bois , sur les canaux et sur la Neva , ont ete briscs et disperses dans tous les quarliers ; la majeure partie des grilles des canaux et du parapet en granit de la Neva , renversee ; les rues depavees ; les troltoirs enfonces , en plusieurs endroils. Plus de 2,000 bestiaux ont ete noyes , ainsi que beaucoup de chevaux; les deux tiers des marcbandises qui se trouvalent a la douane, sont per- dues ; les marchands de tout genre , qui habitaient le rez-de-cbaus- sec , ruines. On vpyait sur la Neva des maisons de bois enlieres , avec les liabitans , qui avaient ele enlevees des quarliers bas et principalement du fond de Vassiolostroff. On a trouve au Jardin d'cle , dont une partie des arbres a ete renversee , des croix et des cercueils enlevcs des cimetieres de Smolensk.

A Cronsladl, les navires, apres avoir euleurs cables casscs, sont venus dans la ville; beaucoup se sont perdus ; un vaisseau de 100 canons a ccboue au milieu de Gronstadt; les batteries ont ete en- sevelies , ainsi que les parapels et plusieurs maisons. Le nombre des personnes noye.es est incalculable ; on Tevaluc k 10,000. Qua-

266

tre mille families de la basse classe sonl sans asilc : rEnipcreur a ordonne qu'on Ics logcat dans la Bourse , et qu'on Icur fit des dis- tribution dc vivres. Si cc fleau s'elait prolonge pendant six heures , Petcrsbourg n'cxistcrait plus : beureuscinent qu'a 2 '/4 heures, le vent a change et I'eau s'est retiree avec la mfime rapidite qu'cUe elalt venue. On evalue a i3 millions la perte des sucres, seulement ceux qui ctaient a la douane.

Que de malheureux ! Que de falllltcs I Enfin , je n'en termi-

ncrais pas si je voulais relracer toute cette scene d'horreur et de calaiulte. L'Empereur a pleure en voyant ces ddsastres , dont nous sommes loin encore de connailre tous les details. S. M. a donne iin million pour subvcnir aux besoins les plus presses des victlmes vivantes de ce deluge. Toutes les denrees ont double de prix, et nous nous ressenllrons longtemps de ce funeste et deplo- rable evenemcnt. II faudra bien du temps avanl que les degals dc la vllle soient repares , et 11 en coAlera bien des millions au Gou- vernement. L'Empereur a defendu le spectacle , jusqu'a nouvel ordre ; 11 va tous les jours voir les rulnes amoncelees dans plnslcurs quartlers de la vllle ; et sa plus grandc sollicilude est de soulagcr les malheureux qui ne sont parvenus a se sauver que conmie par iiilracle.

On assure que le regiment des carablnlers, qui elait canlonne entrc Saint-Petersbourg et Cronsladt, a entierement perl.

I

/WVi I v-k alV^V^ V vxt w«.'«

ExTRAIT d'une letlre de M. DE Beaufort a M. JoaiARi).

Bakol , Ic 27 septcmbrc 1824.

Je viens de recevoir deux leltres que vous m'avcz adressdcsavee divers numdros du Bulleliu de la Sociele , et la Notice, forllnte- ressante , sur les decouverlcs recenles de mes collaborateurs an- glais. J'en suls charmc , el je vals, de mon cole , lachcr dc lever

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Ic coin du voile qu'ils ont lalsse pendre. J'ai peu a vous entretenir de ce que j'al fait depuls mon arriveea la Gamble : j'y ai reconnu, et dans la roule ensuite, combien toutes ces parties sont trop avancees vers TEst ; ainsi la position que j'ai trouvee devoir etre assignee a Baraconda, marquee sur la carte de Mungo-Park , est de i3° 28' lat. ct iG" 7' long. Ouest de Paris. J'allais, au moment ou j'ai regu les Questions de la Societe , m'occuper de la princi- pal : Texamen des hautes branches du Senegal ; mais je n'ai ete mis a meme de le faire que blen tard , et en I'entreprenant d'ici a quelques jours , je doute d'y parvenir. Vous serez peut-elre surpris du peu d'clevallon de Bakel au-dessus de la mer; le mercure s'y soutient entre 0,757 et 7600 : ce qui fcralt tout-au-plus 100 me- tres, et il est a 80 lieues du point de la cote le plus rapprochd. Cela explique facllement la stagnation des eaux, pendant les trols quarts de I'annee , et les inondatlons lorsqu'elles affluent. J'ai fait, dans rinteret du commerce , quelques reconnaissances dans le Bandou ; j'ai remonte la Faleme , loin au-dela du point ou Ton s'etait arrete. J'ai rencontre , dans le haut , des laveursd'or, et apres avoir soumis a divers essais la poudre nolratre qui I'accom- pagne habituellement , et qu'on avail designee a M. Park sous lenom de rouillt (Voi\ j'ai reconnu que c'etalt un titane menakanlte en petits cristaux , - reuni a une petite quantlte d'oxide de manga- nese(i). C'est en geologic que ces excursions m'ont offert lesfalts les plus interessans.

Je vals envoyer a Son Exc. le Ministre de la

Marine , des fruits de I'arbre a beurre. II parait appartenir a la famlUe des tereblnlhacdes et ressembler neanmoins beaucoup au noisetier; aussi je trouve qu'en le plantant, on ne devrait pas s'attendre a le voir lever vite ou y renoncer s'il tarde plus de cinq

(1) 11 faiulrail dire : c'csl un fer lllane analogue a celui qui ost noninit- muna- kauito , mineral quiailmet oi-dinaivcment une pelile quantile do inangaoese dans sa composition N. dii N.

2G8

h six mois , puisque ce tlcrnier arbre ne levc qu'au bout de deux ans. Si je puis en avoir de Tannee, je Ics enverrai immediatcment et avcc precaution.

Signe E. DE Beaufort,

l\/l/K%/\/W%/WWW%t A.««*

DiscouR de M. Jo!\tARD , President dc la Commission Centrale , prononcti a la Seance du 17 decembre 1824,

Messieurs

»

En quittant les foncllons dont voire confiance m'a charge il y a dix mois, il est de roon devoir de vous soumettre quclques re- flexions sur la marche des travaux de la Societe de Gdographle. Nous sommes tous anime's d'un desir ardent de faire prospercr rinslilufion; tous, nous avons qnelquc sacrifice a faire pour son succes; ct il suffit, pour le faire avcc joie , qu'elle puisse un jour tourner a Favantage , a la gloire de la palrie. Ne somnies-nous pas d'ailieurs rev^lus d\me sorte de magistralure par la Socie(e entiere qui nous a confie ses pouvoirs? Si nous laissons echapper les circohstances favorables 011 la Societe se Irouve parvenue, nous encourons unc grande responsabilite , non-seulement aux yeux de nos commelfans, mais a ceuxde la France enliere. Qu'ii me soit done pennis de regarder conimc certain qu'un si grand . interet rcunira conslamnicnt les opinions diverscs des 3Ienibres de la Commission Cenlrale, et les lournera vers I'amelioration ct la perfection de lout ce qu'elle a entrepris, vers Tadoplion de lout ce qui est bon , sage et utile.

Le principc conslilutif de loute Societe, florissante, c'est la conservation; celui d'unc Societe naissante, c'cst I'unite : craignons que la divergence des idees n'arrele la marche de nos progres ct

269

faisons, s'il se pcut , qu'elles soicnt toujours unanimes, commc les vucs donl nous sommes animes.

Avant d'exposer ce qui me semblc proprc a hater Tepoque prospcre de la Societe^ c'est-a-dire tout ce qui nous reste a faire, ietons un coup-dVnl sur ce qui est deja fail; nous verrons mieux I'espace qui reste encore a parcourir. D'ailleurs, Messieurs, la Commission peut s'applaudir des resultats qu'elle a obtenus. Le principal est le credit dont la Societe commence a jouir au dehors et au dedans, la confiance qu'elle inspire au public fran^ais et elranger. C'est a Thistorien de la Societe a ciler toules les marques d'interct qu'elle a reguesdepuis ces dernieres annees: je me borne ici a rappeler que , graces a Tactivile de si correspondance , et au devouement de ses Membres, la Connnission Ccntrale est entree en relation avec «ne foule de personnes instruiles ou eminentes, et en etat, par leurs lumieres et leur autorite, de travailler effica- cement au progres des decouvcrtcs. On compte parmi elles, des ministres du Roi et des puissances de 1 Europe, un grand nombre de consuls gdneraux et de residents, des amiraux francais et Strangers, des navigateurs celebrcs, des negocians renommes par leurs entreprlses , fruclueuses pour la Geographic aulant que pour le commerce ; enfin beaucoup de fonctionnaires marquans dans I'Etat. L'annce qui va s'ouvrir verra doubler, n'en doutons pas, ce nombre de correspondans etd'aniis de la science, tous empresses de s'associcr a des travaux honorables et utiles.

Pendant le cours de Tannee qui va explrer, vous avcz publie, Messieurs, le i*^"^ volume de voire l\ccueil de Voyages, de Ilela- tions et de Memoires Geographiques (i).

Vous avez publie la premiere serie de vos Questions dirigees sur tous les points du globe.

Vous avez fait graver une Carte inedite, ouvrage d'un de vos Membres.

(i) Les Membres de la Commission recevront I'ouvragc a moiliepnx.

270

Les Materiaux pour un second volume du Recueil sent prels h metlre a riinpresslon.

Vous avez regu des voyageurs qui sent en rapport avcc la So- cietc, de nonibreux rcnseignemens, des ilineralres, des relations, des cartes et des Mcmoires de Gcographie.

Enfin , vous avez ouvert la carriere des decouvcrtes en Afrique par des prix et des recompenses , promis aux hardis explorateurs de cc continent,

Vous n'avcz pas molns a vous fcliclter, Messieurs, de Telat de vos affaires Interleures.

Des personnes d'un rang ^lev^ ont marque le desir d'assoclcr leurs noms aux votres; et le nomBre des souscrlpleurs s'est accru, en 1824, dc cinquante. Votre blbllolhequc a ete enrichie au-dela de vos esperances par les dons genereux du Gouvernement; ellc renferme mainlenant plus de trente volumes de cartes format atlan- tique. Les Membres de la Soclete s'empressenl a Fenvi de vous adrcsser leurs plus beaux ouvrages; vous possedez les grand cs collec- tions dc la Guerre el de la Marine, et des cbefs-d'oeuvre dc topogra- phic comme la Carte des Chasses etla Carle de Corse. Bientot votre bibliolhcque sera ouverle k tous les Membres de la Socielc, et ils y trouveront un milller de volumes remplls la plupart de carles ou de figures.

Voire Bulletin mensuel a paru rcgulierement dans les premiers jours de chaquemols, et les Membres de la Commission Ccntrale y ont deposd ce qu offrait de plus interessant leur correspondancc particuliere.

Vous avez adjoint a vos trols Sections six membres zdlcs el la- boricux. Les Sections etlcs Commissions specialcs sc sontreunics frequeannent, souvcnt deux fois par semaine. Des rapports vous ont 616 fails dans loutes vos seances.

La Complabilile a etc assujetie a des formes reguliercs ct ccr- taines.

271

Aucuno lellre, aucunc affaire n'a ^l6 n^gligcfc. Les operations nrgenlcs out etc dislribuees entre les Menibres Ics plus zeles et les plus actifs ; vous avez donnea tons vos Iravaux uneactlvitegenerale ct une impulsion qu'on avait craint, a tort, de ne pas pouvoir leur impriiner; enfin , vos finances ont prospere d'une maniere remarquable (i).

Ce tableau rapide de vos Iravaux pourrait dtre plus amplenient devcloppe, ct il repondrait suffisamment aux dclracteurs de la So- ciete , s il en existc. Mais il est plus utile de jetcr les yeux sur les travaux qu'il nous reste a executer , sur les amelioralions qu il fant obtenir. Au premier rang, peut-etre, est la publication reguliere du Recueil periodique, ct ccllc des Memoires et Relations de voyages inedits. Vous aurez bientdt h deliberer sur la premiere de ces deux publications; quant au recueil des Memoires, il meparail de la plus haute importance de regler des-a-present que I impres- sion aura lieu par demi-volumes, et qu'elle se fera sous la siuveil- lance et par les soins d unepersonne deleguee a</ //or. L' experience a suffisamment justifie cetavis: sans le zele infaiigable de M. Roux et la responsabillte a laquelle il s'est cru engage, vous ne jouiriez pas de votre premier volume, forme d'environ 700 pages in-^".

En second lieu, je penise que Ton devrait multiplier les relations qui sont deja ouvertes avec le commerce et en ouvrir avec les missions eirangeres, comme deja Tun de nos coUegues I'a pro- pose.

3 ' Beaucoup de personnes eminentes qui habltent h. rc'rnngcr, ne sont peut-etre pas en position d'enlrer dans la Sociele romme Membres souscripteurs : vous en avez des exemples. II y aurait cependant de I'avantage a les y attacher par un lien quelcontpie ; par exemple, en leur donnant la qualite officlelle de correspondans etrangers , ct de Membres honoraires.

(i) On a pi'is au^si des niesu:es pour que les Registrcs do la Socicte soient iijis dans Ic plus graiitl orilie.

18

272

Dc rneiiic, il serait tr^s-uriled'inleresser a la Socield des Fran- ^ais d'uu haut rang dans le monde, en leur decernant le tllre de presldens honoraires; le noinbre serait fixti cl llniltc a I'avance.

4." 11 serait lemps de publier une inslrucllon pour repandre en France et paruii nos voyageurs, I'usage du baroinetre propre a niesurer les hauleurs, de nianiere a le rendre en quelque sorle populalre. L Instrument perfeclionne par M. Gay-Lussac, rendu plus econoiniquc, plus porlalif par Tartisle Bunlen, sans rien perdre de son exactitude , vient d'etre execute avec succes : deja Ton vlenl d'en envoyer six dans Test et dans I'ouest de I'Afrique. II ne s'agit plus qued'acheverrinstructlon qui a ele commencee et qui n'a ete interrompueque par d'autres Iravaux plus urgens, en- treprls dans I'lnteret de ia Societe.

II serait avantageux aux progres de la Geographic que Ton adressSt aux voyageurs, et meme qu'on publiat un l\ecueil metho- dique de niofs cholsis , propre a les guider et a faciiiter la compo- sition dcs vocabulaircsdans les langues despays quils parcourent, lorsque ces langues sont laconnues.

II ne serait pas moiiis utile de former en diverses langues un llccueil de mots generiqiK s, exprimant lous les accidens du sol et de la Geographic physique : ce livre medile par les voyageurs in- telligens leur ferait eviler les erreurs sans nombre ou 1 on tombe tous les jours.

Tels sont les objels parliculicrs sur lesquels jai cru devoir fixer votre attention, independainment des quatre grands moyens d'ac- tion qui apparticnnent a la Societe, savoir : la publication d'un Bulletin periodique propre a niettre les Societaires au courant des decouvertesetdes progres de la science; la publication dun Recueil de relations incdltes; les !Vix offertspour la solution des probleraes les plus int^ressans; enfin les Encouragemens donnes aux voyageurs.

7" II me reste a exprinier le voeu que la Societe obtienne pour

.73

ses iitiporlans travaux la £anction royale. Aujourdtiui que leur utilite est generalement connue, vous pouvez esperer que vosregle- mcns recevront Tapprobation de SaMajesle, et qu'une ordonnAnce royale vIendraLIenlot donner a la Societd, non pas une existence plus legale, niais un litre honorable, et peut-Stre necessaire^ son entier developpenioiit.

La presentation que vous allez faire au Roide votre i" volume, est une occasion favorable que vous saisirez pour oblenir cette faveur.

Je tennine, Messieurs, en rappelant ici Texemple de la Socicte Africaine; ayons-le toujours devant les yeux; quels resultats n'a- t-elle pas obtenus de sa perseverance et de Tesprit qui animait tous ses Mcmbrcs! Les decouvertcS inemorabics de Hornemann, de Mungo-Park et de tant d'autres, ne sont-elles pas son ouvrage? Que les delegues de la Societe Fran^aise se pen^trenl bien deleur mission, et elle Ira plus loin que toutes celles qui Tont precedde.

ERRATUM.

Le Jjecleui- est iiivltt; a coniger une faut.e d'impression iLsns le Bulleiin pi«- cedt-iiL :

Page 344 . ae Ugne en rettionrant , liscz : au lieu mijine oii It- C, anza preiid la sifriiie

•'■74

VVV\\V\VV\\ViXV\\V\VVvXX\\\A,VV\A*VVV\\VvVVV*\^^A'VVVV«/V\VVVWVWVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\^^

TABLE DES MATIERES

CONTENUES DANS LE TOME SECOND

DU BULLETIN

DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.

tXillAlXS Ul.b FR'JCliS- VERBAVX UE LA COMMISSION CEJNTRALE.

Pages

Sc'antc du u janvier i8u4 3

du 16 4

flu G fc^Tier 17

(In 20 : . . 18

(lu J mars 2c)

du I'i (Seance particuliere. ) 3i

du ic) 3',^

du 'i.'] ( Seance extraordinaire ) 54

dn 2 avril (Assemble'e ge'ne'rjde) 3 7

du iG . . . . 38

du 3o avril (Seance particidiere) 61

du 7 mai . Ibid.

du ui 6.>.

dn 4 juin 85

du 18 86

du 2 juiJlet io"«

du 16 !"(>

du 6 aoiit »3-

du 20 1 38

du 3 septembre '69

du 1" octobre . . . . i8.5

du i5 186

du 5 novembre 2o5

du ip ^07

du 2G ( Assemblee generale ) 2op

du 3 deccmbre 255

du 17 ■iSG

LISTE DES NOUVEAUX MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIET^.

( Foir pag. 5 , 20 , 35, 4o , 64 , 88 , no, 1 39 , 187 , 'iio, uSg. )

I.ISTE IJES OUVUAGLS OFFi.RTS A LA SOCIETE.

( rojr pag. 5, 141, 35, 4o, 64, 88, iiijiSg, 170, 187, ui i, -iGg.) '

RAPPORTS KT PROPOSITIONS FAITS DANS LE SEIN DE LA

COMMISSION CENTRALE.

Pages

Rapport fait a la Commission Centralc sur les lettres de Jean Sobieski, roi de Pologne, a la reiue Marie-Casimire , son e'poiise, par M. HoHx 67

Proposition laile a la Commission Centrals, sur la publication d'mi Recueil de questions destinees aux voyageurs , par JVI. Malte- Brun 70

Rapport fait au nom des Sections de Publication ct de Corrcspon- dance, sur la proposition dc M. Malle-Brun^ relative a la publication d'uu Recueil de questions, par M. Alex. Barbie du Bocage 7'2-

Rapport sur I'oiivrage intitule' : Supplement a I'histoire generale des Huns , des Turcs et des Mongols, par M. Bianchi. . . i4i

Rapport sur nn Me'moire de M. Coraboeuf, intitule' : Mesure geometrique de la hauteur au-dessus de la mer, de quelqaes somniites des Alpes ,]i^r M. lehiivoii Cic Ferussac. . . . 189

Rapport sur un manuscrit latin intitule : Mirabilia descripta per Jratrem Jordanum, par M. Jaubert 21 4

Rapport sur un manuscrit intitule : Ubsen>ations sur la Geogrfl-

phie de !a Perse , i^ai M. Bianchi . . . . 2ig

CORRESPOND ANCE.

Lettre de ftl. Jullien, Directenr de la Revue Encjclopedique ^ a M. Ic President de la Commission Centrale i5

Extrait d'une LetJie dc M. Buisson d'Armandj , agent francais a Moka , sur sou premier voyage en Arabic , en Perse et dans rindoustan 54

Extrait d'une Lettre adresse'e a M. Jomard, par M. Roger, com- mandant pour le Roi au Senegal, relative a I'expe'dition en Afri- que de M. de Beaufort, et aux diverses ameliorations qu'e- prouve la colonic du Se'ne'gal 57

Extrait d'une Lettre adresse'e a M. Jomard , par M. E. de Beau- fort, en mission dans le Senegal, relative a plusieurs observa- tions barome'triques Sg

Lettre circulaire , destine'e a faire connaitre lebut et les travanxdc

la Societe, avec des Re'glemens et des Programmes de prix. . 65

Extrait d'une Lettre adresse'e a M. Jaubert par M. Leschenault de

Lalour, sur quelques re'sidtats de son voyage dans la Guianc. . 80

Extrait d'une LettredeM. Koeingh, voyageur franfais, qui serend a Dongola , Cbencli , Sennaar et Kordofan 81

Extrait d'une Lettre de M. Grer-Jackson a M. Jomard, snr la manicre qui lui parait la plus sure dc voyager en Afriquc. . 83

276

Pac;es

Lcttic adiTSsec a M. Jvmard par IM. Balgitrric , de Rordfaux, aAPc i'exlrait du jouiiial dti iiavire Ic Larosi', dans sa travcrsc'e de Balavia a Mauillc, sous le commaiideincnt du capitaine Cheinisard q,

Extr.-ut d'uiie Lettre adresse'e a M. de Freycinet par M. le rajii- tauic Dupcrrer, sur les rc'sultats de son voyage de dc'couvortes daus la mcr du Sud 03

Extrail d'unc seconde Lettre a M. de Freycinet , sur la decouveite

d'u/.e rivihc considoiahip dans la ^'()nvol:e-("..ill(\s dii sud. . . ()4

Extrai;.-. de Lettrcs adiessc'cs a M. Barbie du Bocage ])ar I\I. H. ■Fidal , interprete du Consulat de France a Bagdad , sur scs dv:.:\. voyages de Bagdad a Danias, en 1809 et 181 1 , ct sur un troisitme voyage d'Alc]j a Bagdad 100

Lettic dc M. de Nerciat, relative a un ouvrage de M. de Hammer

sur ia (le'cgrapliie dc la Perse \>.o

Lettre de M. Chaitmelte dcs Fosses , sur son voyage dans le uord de 1 Il,iiro])e ivji

Lettre de M. Grey-Jackson a M. Jomard, sur la ge'ograplile de

I'ArricjLio 1 35

Extraits dedc-iixLettresadresse'es a M. Jomard \yM- M. Delaporle, vice-consul de France a Tanger, sur quelques errcurs relatives a la signillcation de mots arahes i47

Extrait d'niie Lettre adressee a M. le President jinr M. le Directeur- gene'ral du Depot dc la Guerre , pour lui annouccr I'envui de la collection des cartes du Depot, donnc'c a la Sociele eu vertu d'une decision du Miuistre i!)!

Extrait d'unc Lettresur quelques coutumes conservees dans I'lle de Corse, adresse'e a M. Barbie du Bocage par M. Cottard, ins- pecteur charge' des fonclions rertoralcs en Corse i53

Lettre adresse'e a la (Commission Centrale par 1^1. SimonofJ, pro- I'esseiir a I'Univcrsile dc Kasau , relative aux travaux ge'ogra- {)liiqucs execute's par les Russcs iSt)

Exij'aii d'une Lettre adresse'e a M. le comte de Chabrol par M. Graherg de Ileinso , consul-general de Siiedc el dc Norwege a Tripoli , sur le voyage des Anglais dans I'AIVique centrale. . 171

Extrait de deux Lellres adresse'es a M. Jomard par M. E. de

Beaufort, sur quelques re'sulfats de son voyage en Afrique. . 171

Lettre de IM. Boger , gouvemein- du Senegal, a M. Jomard, sur la calaracte de Felou et siu- les ohscrvations de latitude el dc longitude faites a Bakel et au fort Saint-Josej.li 17;)

Exirait d'une Lettre de M. Duranton, sur son voyage au rochcr

de Felou ^"fi

Extraits dc Irois Letlrcs adrcssccs a M. Jomard par M. E. de Beaufort . avec ritinerairc dc son voyage en Afrique e. la des- cription des lieux qu'il a parcourus ' '9^

377

Extrait cl'iuic Lellro de M. Brack, directciir des douanes a Stras- lioui" , rcl;ili\e a iia ouviage allemaud iiuitule: Description de la Jadec an temps de Jesus 2o4

Lc'itrcdeM. £ec(j'«e>', diiecteui-gcneral des Ponts-et-Chaussces. . 2i3

ExUait d'uiie Lcttje de la bociete italicune des Sciences de Mo- dene, siir sou desir d'etre utile a la Socie'te de Ge'ograpliie , et de seconder ses tia\ aux Id.

Lcltre de S. Exc, le Ministi* de la Marine et des Colonies, qui an- iionce ie don de la collection des cartes ;.ublie'es par le Depot de de la Marine . . UiS

Extrait d'une Lettre de M. Delaporte , vice-consul de France a

Tanger, relative a quelques e'claircisseinens sur ie sylphium. . 234

Extrait d'une Lettre de M. i^o/ifa/i/er , voyageur en Perse, relative a plusieurs questions qui peuvent interesser un vojageur dans cette contree 261

Extrait dune Lettre de M. Adrien Dupre , consul de France a

Bone , , . . 262

Lettre de M. Graherg de Hemso , consul general de Suede et de Norwege a Ti'ipoli , accompagiree de I'envoi de plusioiirs ou- vrages 263

Lettre relative a I'expe'dition de M. E. de Beaufort, en Af'rique. 266

NOTICES liT COMPTES RENDUS.

Note sur la population de la France, par M. le baron Coquehert

Monbret . . . 6

Decouvertes recentes en Afriquc (article communique par M. Jo-

viard). . II

Notice sur la Relation de I'expcdition partic de Pittsbourg pour les llocky-Mountains , en 18 19 et 1820 , sous la couduite du major Z/07«g. (Article communique par M. JFardcn) -xZ

Notice sur la vie et Jes ouvrages de M. Langles , hie dans la seance

gene'rale de la Societe, Ie 2 avril i82( , par M. Roux. ... ^Q

Melanges de Geographic. Noiivelles de rexpcdilioa du maior Long. Recensement de la Nouvelle-Espagne en 1822. Canal entre i'Occan-Pacitique et rOccan-Atlautiqi;e. Crae subite des eaux du lac Erie. Cbangcmcnt subit de tempera- ture a Tampico. (Articles communiques par M. Bresson, se- cretaire dc la Legation francaise a Washington). ... n6

Precis d'un Me'moirc de M. Corabceuf , intitule: Mesure ge'oine- trique de la Jiautcur de (juelques sominiles des Alpcs. . . 81

Note de M. de Russcl surle voyage dc M.le capitaine Cheinisard,

commandant du navire le Larose 8f)

Note sur un ouvrage de M. Troehn, Mcmbre de I'Acade'mie des Sciences dc Saint-Pe'tersbourg , relatif aux connaissanccs des Arabes sur la geographie de la Russie. loi

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278

Pages

Connaissances ge'ograpliiqiics ties Orientaux sur la Riissie ct la Scaiidinavie , par M. Mallc-Bntn n .,

Notice sur la Relation du frcrc Jean dc Marigiwla , ancioii mis- siounaire ct voyagcur en Tartaric, jiar M. Ic Larou dc Fe- russac 1 1 5

Notice sur le voyage du major Long. ( II<^ article communiqne par M. /Fardcn i-23

Voyage de Campbell en Afrique 1 3 j

Description de la valle'e de Wellington, dans la Nouvelle-Galles du sud //;.

Notice sur I'ouvrage intitule' : ISotes sur le Mexique , fail es pen- dant I'aulomne de 18.22, acconipagnces d'un Uesunie histori- que des derniers e've'neineus , et de traductions de pieces oiii- cielles sur Tetat actuel de ce pays. (Article communique par M. fFarden) i54

Relation du tremblement de terred'Alcp, du i j aoiit i8j.2, par

M. 2?erc/ie'^ drogman du Consulat general de France. . . . i6i

Reconnaissance de la cote septcntrlonale de la SiLe'rie , faife par M. Ifraiiguel, j4r.jou el Malitchkin, dans Ics annc'es i8iio a 1 828. (Article communique par M. rZt; jTo/ifoj) 180

Notice sur le general hanonBaclcr d'Albc, par M. yilexis Donnet, 200

Extrait de la Monographic du mont Rosa , par M. TVeldon, ofli- cier du genie autrichitn. (Articic cummunique par M. Ic pro- fesseur Picfe^, de Geneve.) aSo

Comptes des recettes et dcpenses de la Socic'tc' , prc'senle par M. Chapellier , trcsorier, a I'asseinijlee geneiale du -lii novem- bre 1824 I'^G

Coup-d'ceil rajiide sur Ics progrcs et iVtat actuel des de'couverles dans Tintcrieur de rAfrupie. ( Article lu a i'asseniLlee ge'uerale du u(j novembre 1 824 , par M. Jomard sSq

Notice sur I'inondalion de St-Pe'tersbourg (Article communique par M. Huher. ) 2G:5

Disconrs sur I'ctat actuel de la Socie'tc, et snr la direction qu'il

convient de domier a ses travaux. , par M. Jomard. . . . •.),68

PROGRAMME DE PRIX.

Piogramme des prix mis au coucours pour les annc'es 1825 et 1826

FIN DE L,\ T.VnLl .

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