.îi-3 *.* -i^, 3K»4-k>^^' iê'i m^^^^m'^ i3ulletitt (4, DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATiaUE w^j jDïâ îp3Eaîpa(âimir. /%VW\1;VWV*1 PREMIÈRE ANNÉE. m l\\\WM\,\W\\ fâ Les leltres, mémoires, objets d'hisloire naturelle, etc., doivent C'tre adressés, franc de port , à M. Farines, phar- macien , secrétaire de la Société, à Perpignan. M ^ M F£R7IGNAKr. IMPRIMERIE DE JEAN-BAPTISTE ALZINK. 1853. <^' s Société p\]i[cmatiqm. h La Société déclare n'approuver ni improuver les opinions émises dans les travaux qu'elle publie; elles appartiennent à leurs auteurs , qui en sont seuls garans. ^. ?«, DE LA SOCIÉTÉ r ^ PHILOMAÏIQUE (1834.) M reffZicre a}7?tcc s (ie Ja /ofu/(f/foj7-. TOME PREMIER. *',iT- y*^ '-''^y^ l^!/n-, v>\'=> siy PERPIGNAN. IMPRIMERIE DE JEAN-BAPTISTE ALZINE. 1835. IB10II1TÏM ns LA SOCIETE PIIILOMATIQUE 'Bmoxiv^ \iur la Sucictc , Par M. FAIUÎVES5 vicc-présidciit. L'Homme, constamment poussé par son instinct au j)lus-connaitre ^ et cherchant la réaMsation àwmieiix- e//"e,ohéit aux imprcssioiis instinctives (h; son esprit et de son cœur, et (hrii^e tous ses efforts à tléj)asser les hniites de toutes les connaissancosac([uises. Sou- tenu dans ce travail pénihle et laborieux par l'espoir d'augmenter la souim(> de l)ien-ètre de ses semhla- Ijles, il est capable de faii-e les plus grands saci'ifices: ni perle de tems, ni veilles, ni contrariétés, lien ne l'arrête dansson généreux élan; et, n'ambitionnant d'autre récompense que celle d'^cf-»//- contribué au bien de l hiiniiLinlé ^ il lui suffit de ra|)prt)balion et des suihages (latleurs des hoinincs cpn |)artagent les mêmes affections, et de ceux qui, sans les partager, n'en sont pas moins animés du saint amour d'une 1 2 philanlropiqiic nationalité! et, nous aimons à le dire, et nous éprouvons une douce émotion à le répé- ter, cette approbation n'a jamais manqué à ceux qui l'ont méritée!... Mais l'homme isolé ne peut produire des travaux aussi importans que lorsc|u'il y a efforts de communauté : c'est de ce besoin de communi- cation entre les hommes qui ont un mémebut, que sont nées les associations ; c'est par l'association que l'humanité progresse ; c'est de l'ensemble de collaboration que jaillissent les rayons les plus purs et les plus brillans des sciences civilisatrices; les hommes c[ue les mêmes goûts rassemblent, s'enten- dent facilement et s'enthousiasment de même, et c'est par l'enthousiasme de la gloire et du bien de l'humanité, que s'accomplissent les plus grandes choses, et que s'obtiennent les résultats les plus utiles et les plus progressifs. C'est particulièrement dans les contrées méridio- nales, où l'imagination active et créatrice n'a besoin que de s'exalter pour produire, que les réunions sont utiles. Les sociétés excitent le zèle et encouragent le mérite; c'est en excitant leur émulation que certains hommes se produisent et développent des talens jus- que là ignorés,et qui ne se seraient jamais manifestés sans les associations; c'est en indiquant le bien à faire qu'on fait naître l'idée de faire le bien. Notre dépar- tement possède tous les élémens propres à la culture des sciences et des lettres; il ne s'agit que de rappro- cher les hommes et de les mettre en écliange de com- munications. C'est dans ce but, c'est dans cet espoir c^' -A ë\ëionî\k^\-A Société Fhilomatique; l'esprit qui a présidé à sa création a été principalement l'étude et l'exploration de notre sol, sous le triple aspect scientifique, agricole et industriel, sans pour cela négliger le développement des autres sciences de l'esprit. Pour atteindre et perfectionner le résultat 3 de cetteidée, touted'avenir et de philantropie, en- tr'autres moyens, il était indispensable de réunir les matériaux qui doivent servir à l'étude physique des diverses parties comprises dans ces deux mots, scien- ces et industrie : c'est ce qui a été parfaitement com- pris par la Société, qui, dès sa première séance, dé- cida que des collections seraient formées. En mettant les objets utiles, tout comme les objets curieux, sous les yeux de ses membres, el!e espère faire naître et propager le goût des recherches et le désir de se rendre utile, pensée dominante des fondateurs de la Société. Notre département, très peu connu jusqu'à pré- sent et, pour ainsi dire, ignoré des hommes progres- sifs, ne figure que pour une bien faible part daiis les fastes du rapide avancement qui a eu lieu dans toutes les branches des connaissances humaines. Les rayons du grand foyer de centralisation sont rarement arri- vés jusqu'à lui, et ne l'ont éclairé que faiblement. L'époque de l'émancipation intellectuelle des pro- vinces est venu; c'est assez faire comprendre que c'est aux enfans du Roussillon qu'appartient la gloire de faire connaître le Roussillon , et de préparer, par ce moyen, les voies d'amélioration de la position de tous, et l'augmentation de la somme de bien-être du plus grand nombre. Kiche en productions naturelles de tous «enres le département des Pyrénées - Orientales offre un vaste champ d'observations utiles aux sciences et à. l'industrie, et dont beaucoup pourront être suscep- tibles de productives applications. De nombreux restes d'antiques raonumens, d'an- tiques habitations et d'objets qui s'y rattachent, rap- pelant des époques plus ou moins reculées, offrent à l'archéologue de nombreux sujets de méditation, et de précieux documens pour l'histoire du pays, 1* La variété du sol, la diversité de température de ses différentes parties, la position physique et la douceur du climat du Roussillon , sont autant de motifs pour que l'agriculture y prenne un favorable développement; mais plusieurs causes ont retardé jusqu'ici toute amélioration ; et à quelques faibles exceptions près, rornière de la routine est le manuel d'agriculture de ce département. Les principaux obs- taclesà l'avancement du système agronomique, sont: la multiplicité des insectes qui dévorent tous les ans plusieurs récoltes , les inondations heureusement rares, mais funestes , et la sécheresse presque de tous les ans , qui, en appauvrissant et atrophiant les végétaux, réduit le produit au-dessous des dé- boursés. Toutes ces calamités, ruineuses pour les petits propriétaires et décourageantes pour les agro- nomes, sont un obstacle à l'introduction d'une foule de procédés nouveaux d'une utilité reconnue, et au perfectionnement des méthodes. Mais aujourd'hui une ère de prospérités commence à luire; et la pro- pagation des fontaines artésiennes nous lait espé- rer, pour notre agriculture, une face de progrès et une source de richesses promptement réalisables, si les principaux intéressés, si les plus intéressés comprennent bien cet avenir, comme déjà plusieurs de leurs concitoyens leur en offrent l'exemple. Fidèle à sa mission d'uTiLiTÉ publique, la Société Philomatique doit consacrer une partie de sa solli- citiide à la multiplication des forages artésiens, à des expérimentations pour parvenir à détruire sinon totalement, du moins à réduire considérablement, le nombre des msectes destructeurs; elle doit s'oc- cuper de toutes les améli^ralions à introduire dans notre département. Enfin, tout ce qui tient à la prospérité locale et à la gloire de notre pays, doit être et sera l'objet de ses recherches et de ses in- vestigations. »»#*#»«######*##*»««#■*****#**********•**** |31)i)iiiiiuc. TABLE correspondante des poids spécifiques des liquides avec les degrés de raréomètre de Baume , pour la températute ordinaire. Par M. CAYROIi, membre corrcsiiondant à Turin, Degrés. Dtnsitéa. Digrcs. Densités. Degrés. Dt-nsitt's. 1 O 1,0000 35 i,aioo 5o i,53i4 I 1,0068 a6 i,aaoa 5r 1,5477 3 i,oi35 37 2,o3o4 5a i,564i 3 1,0206 a8 1,2402 53 i,58oa 4 1,02/3 2.9 I,25n 54 1,5970 5 i,o344 3o 1,2620 55 i,tji4g 6 1,0417 3t 1,2731 5,6 1,6336 7 1,0495 3a i,a843 ^7 1,6526 8 1,0574 33 1,2961 58 1,6717 9 1,0648 34 i,3oSo 59 1,6910 lO 1,0733 35 l,3ao5 60 1,7106 11 i,o8i3 36 1,3333 61 1,7389 la 1,0899 37 1,3459 62 1,7555 i3 1,0966 38 1,3587 63 i,77«3 i4 i,io33 39 1,3722 64 1,0810 i5 1,1 lOI 40 1,3858 65 1,8239 i6 i,iao5 41 1,3990 66 1,8471 17 i,i3o9 4a 1,4 '48 67 1,8715 18 1,1414 43 1,4268 68 1,8963 19 i,i5io 44 1,4410 69 1,92 JO ao 1,1606 45 1,4547 70 1,9486 a I 1,1704 46 1,4697 71 1,9738 aa i,i8oa 47 1,4847 7a a, 0000 a 3 1,1900 48 i,5ooo «4 i,aooo 49 i,5i6o 6 Ayant eu occasion d'observer que la table qui se trouve dans Je dictionnaire technologique , à l'article aréomètre, ainsi que celle publiée par M. Thillaye dans son manuel du fabricant de produits chimiques ^ étaient inexactes , et contenaient des erreurs notables, j'ai calculé celle qui précède, qui m'a donné des ré- sultats toujours positifs, depuis plus de six mois que je m'en sers. SUR LES EFFETS D'UN ORAGE, Par M. BOISCIRAUB , professeur de chimie à Toulouse, correspondant de la Société, etc. ( Extrait de la Correspondance. ) A la suite d'un orage épouvantable qui eut Heu dans cette ville, le Bjuillet dernier, à huit heures de matin, en ramassant des gréions comme des œufs de poule, dans mon jardin, je remarquai une prodigieuse quan- tité de mclolontha fullo et de clitus détritus qui étaient tapis contre le mur. Celte grêle, qtii a été limitée presque à la ville de Toulouse, a cassé, d'après l'é- valuation de rarchitectc de la ville ^ pour 60 à 80 mille francs de carreaux de vitres. Ces grêlons singu- liers avaient tous un noyau neigeux, et étaient exté- rieurement hérissés de pointes nombreuses. — Leur chute a duré cinq à six minutes. 7 (écologie. SUR UN GISEMENT DE LIGNITE NOUVELLEMENT DÉCOUVERT A PAZIOLS (Aude) , Par M. FAKINES. L'oplimisle qui a dit qu'une loi de compensation présidait à tous les phénomènes de la nature, semble lavoir prise sur le fait. Si nous considérons philoso- phiquement l'ensemble et le résultat de tout ce qu'on est dans l'habitude d'appeler malheurs, catastrophes, on arrive à cette conclusion : qu'il n'y a pas de perle pour l'un qui ne soit gain pour l'autre ; ainsi , toute ridicule que parait cette idée, prise isolément, c'est une grande vérité lorsqu'on en fait une large appli- cation, et qu'on l'envisage sous un point de vue gé- néral. Les exemples ne manquent pas à l'appui de ce raisonnement : les dernières inondations dont notre déparlement a été le théâtre, nous en fournissent un que nous citerons comme introduction à ce mémoire. En effet, si l'eau des rivières a ravagé, bouleversé , anéanli des plantations et diminué d'autant le com- bustible , elle a aussi découvert des matières compen- satrices; elle a mis à notre disposition des lignites jus- que la enfouis et ignorés. L'imporlance qui s'attache 8 h tout ce qui peut être mile aux besoins de la vie, et qui peut concourir au bien-être de riiumanité , ainsi que Tintérêt scientifique du gisement de ce com- bustible, me font un devoir de soumettre mes obser- vations à la Société, convaincu qu'elles seront ac- cueillies avec indulgence. A 500 mèlres environ, et à lonest de la commune de Paziols, sur la rive droite du Vcrdouble, au lieu appelé la Rive de la PracJe ^ Icau a opéré un ébou- lement qui a mis à découvert des lignites de la plus grande beauté. Le terrain dans lequel git ce combus- tible est une formation d'atterrissement de nature marneuse, calcaréo-argileuse et sableuse, généi-ale- ment bleuâtre ; dans certains endroits, jaune, rouge, noirâtre. Ces diverses couleurs sont dues à la présence du fer à différons degrés d'oxidation; la marne argi- leuse est en assises d enviion 2 mètres de puissance , alternant avec du grès gris-brunâtre. Celte marne est dune saveur styptique, efflorescente, pénétrée de fer pyriteux: c'est surtout sur la couche de grès que le sulfure de fer domine : le toit est formé par une allu- vion caillouteuse peu épaisse, recouverte d'un dépôt de calcaire tubulaire, friable, d'un blanc-jaunâtre, très léger, sur lequel repose une seconde assise allu- viale, avec galets d'un volume plus considérable que cevtx de la couche inférieure. Ce dépôt de calcaire lacustre, postérieur au lorrain d'alluvion, est le ré- sultat des sédimens formés par une mare d'eau douce qui existait dans cet endroit, et démontre combien la forme primitive du terrain a subi de modifications. Ce système repose sur la formation crayeuse. Les li- gnites y sont disséminés par blocs et non par couches, affectant toute sorte de directions, d'un volume dis- propoilioniié, mais représentant toujours des portions daibres, soit le tronc, les branches, les racines; j'y ai même trouvé un fragment de fruit de conifère, que je crois pouvoir rapporter au genre pinus. Cette observation et le résultat de l'inspection des fibres du bois, qui sont très visibles, m'ont offert assez de ca- ractères pour en inférer qiie c'est a des arbres appar- tenant à ce genre, ou au moins à la famille des coni- fères, qu'est due l'origine de ces lignites. Ce charbon fossile appartient évidemment à l'es- pèce fibreuse ; il offre deux variétés que nous allons décrire : 1° Lignite fibreux, variété A. — Il est de couleur noire, dur, susceptible de poli, ayant subi un com- mencement de bituminisation qui le rapproche du jayet-, sa pesanteur spécifique, l'eau étant prise pour unité, est de 2; soumis à l'action de la chaleur, il répand, avant de s'enflammer, une grande quantité de vapeurs, d'une odeur bitumineuse, piquante, acide , brûle ensuite avec flamme , et laisse pour ré- sidu 0,15 de cendre de couleur jaune- ferrugineuse. Les morceaux de lignite qui sont en contact avec la couche de grès, sont souvent recouverts de fer sul- furé qui paraît avoir remplacé l'écorce ; il s'est aussi infiltré entre les fibres, de manière qu'en les séparant, on voit une belle cristallisation pyriteuse , argentée ou dorée. Quelques fragmens conservent encore l'é- corce du bois qui est rougeâtre; l^épiderme s'en dé- tache facilement , sous forme de grains bitumineux et brillans comme du jayet. 2° Lignite fibreux, variété B. — 11 est de couleur brune, friable, se déchirant facilement, présentant la texture ligneuse, beaucoup moins dur que le pré- 10 cèdent, se brise sous la lame du couteau, prend du brillant lorsqu'on le raole , mais ne supporte pas le poli; pesanteur spécifique 1,5: exposé à la chaleur, il offre les mêmes phénomènes que la variété A, mais donne moins de vapeurs, brûle avec plus de flamme, et répand beaucoup plus de calorique; soumis à la dessication, il perd les deux tiers de son poids; ainsi desséché et brûlé il fournit 0,12 de cendre jaune, ocreuse. Ce lignite est plus imprégné de fer pyriteux que le précédent, car non seulement il y en a entre les fibres longitudinalemcnt , mais encore il s'en est infiltré dans les gerçures transversales qui y sont assez fréquentes. Ces deux variétés de bois bitumineux se trouvent indistinctement et en désordre dans le grès et les couches argileuses qui lui sont supérieures et infé- rieures , ce qui par conséquent ne permet pas de douter qu'elles ne soient contemporaines; on ne peut pas les attribuer à Tage nia la partie de l'arbre, puis- qu'on trouve des fragmens de toutes les dimensions qui offrent les deux variétés : est-ce à l'espèce de vé- gétal qu'il faut les rapporter ? nous ne le pensons pas , ces lignites nous paraissant dus à la même origine vé- gétale. Ce point de fait qui est encore inexpliqué, nous semble tenir à des causes locales qui resteront long-tems peut-être dans le domaine des questions problématiques. Les morceaux qui sont en contact avec le grès, sont souvent recouverts d'une couche mince de fer sulfuré qui s'est aussi infiltré entre les fibres et les nombreuses fissures transversales du lignite , de manière que lors- qu'on le casse on voit une belle cristallisation pyri- leuse, comme argentée ou dorée. J'en possède deux Il fragmens qui ont conservé lecorce, et sur laquelle se trouve une matière résineuse eu petits grains rou- geatres, transparens, et qui soumis à quelques expé- riences m'ont paru avoir la plus grande analogie avec le succin. Les terrains à lignite offrent en général des restes de coquilles d'eau douce ^ ce qui explique suffisam- ment leur origine ; il n'en est pas de même de ceux dont j'ai l'honneur d'entretenir la Société ; nous avons inutilement cherché, M. Fauvelle et moi, dans ces terrains, quelque reste de corps organisé qui pût nous fixer sur sa formation. Ces dépôts sont- ils marins? cela n'est pas improhahle, car ils ont la plus grande analogie avec nos terrains coquilliers-, sont-ils lacus- tres? celte hypothèse est encore admissihle, puisque le hassin de Tuchau, dans lequel se trouve Paziols, est dans une position à recevoir les eaux pluviales des montagnes qui l'entourent de tous côtés, et l'écou- lement de ces eaux ne peut s^opérer que par un seul point qui est le Verdouhle; or cette rivière n'existait prohahlement pas dans les tems reculés , ou son har- rage au nord-est était alors élevé de manière que le hassin était un vaste lac , dans lequel se sont formés les dépôts qui l'ont comhlé en partie. Quoi qu^il en soit de ces hypothèses, la présence de corps organisés seule peut donner la solution de cette question. Ce que nous connaissons de l'étendue du terrain à lignite de Paziols est assez considérahle. A3 ou 4 cents mètres de la Pradcj du côté opposé de la rivière , au nord-ouest du village, en creusant un canal d'irriga- tion sur la propriété du nommé Etienne Fous, on a découvert un gisement de lignites, à 60 centimètres de profondeur , dans une marne argileuse pareille à 12 celle de la Prade^ et qui évidemment n'en est que la continuation. Nous pensons que cette couche existe dans une grande partie du bassin. Ce combustible , quoique pyriteux , ne dégage qu'une très petite quantité de vapeurs sulfureuses : il peut remplacer le charbon ordinaire pour les usa- ges domestiques; il est très propre au chauffage des appareils des usines; il est même prouvé par expé- rience qu'il peut servir à forger le fer, puisque le forgeron de Paziols n'en use pas d'autre depuis sa dé- couverte: mais, dans tous les cas, il est nécessaire de Fexposer à Tair pendant plusieurs jours , en ayant soin de le remuer pour mettre toutes les parties en contact avec l'extérieur, afin de faciliter le dégagement de riiumidité surabondante et la décomposition d'une partie du fer bvilfuré. Les efflorescences qui se trouvent sur les marnes à lignites , peuvent être utilisées pourfabriquer de l'a- lun et comme engrais dans les terres sablonneuses. 13 DE MM. FARINES ET GOUGET sur une brochure de M. TOURNAIi, correspondant à Nar- bonne, intitulée : Considérations scr les Volcans ANCIENS et sur LES Cratères de soulèvement. ( M. FARINES , rapporteur. ) Le monde savant est préoccupé depuis quelque tems par une question qui est encore loin d'être ré- solue : aucun de vous, messieurs, n'ignore la dissi- dence qui existe entre les géologues sur une opinion qui a été émise primitivement par M. de Bucli, et qu'il a caractérisée par Texpression de cratères de sou- lèvement. M Elie de Beaumont a adopté lopinion de ce savant, et il prétend que le relief des montagnes du Cantal et des Monts-Dore est le résultat d'une se- cousse terrestre , et que les eaux n'ont fait que le mo- difier; M. Cordier^ au contraire, combat ce système, en disant que le relief de ces montagnes est dû au seul effet de Ycrosion des eaux; ces explications ont trouvé leurs partisans et leurs adversaire^' , d'où il s'en est suivi une discussion à laquelle les naturalistes les plus célèbres comme les plus médiocres ont pris ime part plus ou moins active , sans que la science , nous pouvons le dire, y ait beaucoup gagné, ni que la question soit devenue plus explicable. La brochure de M. Tournai, intitulée : Considé- rations sur les volcans anciens et sur les cratères de sou- lèvement, dont vous nous avez chargé de vous rendre compte , traite cette question ou , ])lutôt, ne fait que rapporter très succinctement les diverses opinions qui 14 ont été émises sur cette matière. La réunion des mem- bres de la Société Géologique de France qui eut lieu l'année dernière en Auvergne ( pays classique des volcans anciens ) semblait devoir aplanir tontes les difficultés et lever tous les doutes. C'était du moins l'opinion et l'espoir de tous les géologues qui ne pu- rent assister à cette assemblée, et ils en attendaient impatiemment les résultats : mais il arriva à ce congrès scientifique, qu'on discuta beaucoup, on parla davan- tage, on usa du papier, on fit de bons repas, et on se sépara aussi peu avancé qu'avant de se réunir. — M. Tournai, qui était à ce congrès, n'a pas été plus éclairé que les autres; il ne se déclare pour ni con- tre, et il n'a publié ce livre que pour vulgariser la science et pour attirer l'attention des gens du monde sur cette importante question. Ce travail est divisé en quatre parties : la première traite des volcans en activité : nous y voyons que le nombre connu des volcans brûlans est de plus de 300, que l'Europe n'en renferme que quatre d'un peu importans et quelques autres très petits, et que la partie du globe qui en offre le plus est l'Amérique : c'est surtout sur le dos de la grande Cordilière que ces feux souterrains ont le plus concentré leur action. Après avoir décrit les volcans avec beaucoup de lu- cidité, et nous les avoir montrés en pleine activité, M, Tournai est natin-ellement conduit à émettre son opinion sur la théorie de ces feux souterrains. Sous ce rapport il est cordiériste , c'est-à-dire qu'il admet, avec M. Coi'dier et la plupart des philosophes con- temporains, que notre planète est actuellement for- mée d'une masse en fusion ignée, recouverte d'une croûte refroidie, et que les volcans sont les évens 15 nalui'els par où s'épanchent au dehors les matières fluides intérieures: cet épanchement est produit par la force expansive des gaz qui résuhent du passage de la matière fluide à l'état solide et de la compres- sion exercée par la contraction de Técorce du globe. Quoique la cause des phénomènes volcaniques soit constante , les effets n'ont pas toujours la même iden- tité; ainsi les montagnes, formées par l'accumulation successive des laves telles que nous les voyons se for- mer aujourd'hui , offrent des caractères différens des anciens produits volcaniques. En effet, celles-ci sont parfois composées d'injections de granité , de por- phyre, de wackes, d'autres fois d'éruptions verticales de laves de différente nature (dikes) offrant à leur extrémité des cavités en forme de cirque, auxquelles M. de Buch a donné le nom de cratères de soulcvemejit. L'explication deces faits sedéduitdece qu'antérieure- ment, l'écorce du globe étant moins épaisse, elle était facilement brisée par la force expansive des gaz cl des laves provenant de l'intérieur; tandis que postérieu- rement et dans l'état actuel , cette enveloppe, ayant acquis une plus forte épaisseur (environ 20 lieues de 500 mètres), elle ne peut être soulevée par ces ma- tières, et elles s'échappent par les nombreuses fissures de l'enveloppe terrestre et forment les volcans en activité. Dans la deuxième partie^ M. Tournai trailc des volcans éteints omiolcans anciens, dont le nombre est très considérable; l'Auvergne seule en renferme plus de cent; il donne la description de ceux des ]Monts- Domes et des Monts-Dore comme étant les lieux où se trouvent les plus beaux exemples des terrains vol- caniques de cette période. La troisième partie est consacrée à rexplicailon de la formation des montagnes. Saussure, M. de Bucli , et après eux M. Elie de Beaumont, ont admis et dé- veloppé la théorie de la formation des montagnes par soulèvement ; ce système qui est contesté par beaucoup de géologues repose sur l'observation de couches ti-es inclinées et qui cependant ont du s'être déposées dans une position liorizontale. M. Tournai, quoique adop- tant le soulèvement des montagnes, ne partage pas entièrement cette dernière opinion, et il apporte en preuve cette vérité , que « très souvent des couches (( ont pu avoir été déposées sous un angle d'incli- « naison assez fort, parce que le fond sur lequel elles (( se sont pour ainsi dire moulées, n'était pas horizon- ce tal. » 11 convient cependant que ces cas n'infirment point la théorie des soulèvemens qui^ dit-il, est basée sur les lois naturelles et sur un grand nombre d'ob- servations précises. D'accord avec la majeure partie des naturalistes contemporains, l'auteur n'admet point les prétendus douleveisemens universels de la surface du globe , mais bien des cataclysmes particuliers qui bou- leversaient la madère inorganique et anéantissaient tout ce qui avait vie sur un point du globe, quand tout était tranquille et subissait les lois ordinaires de la nature sur le reste de sa surface. Il rejeiie avec raison l'intervention de causes surnaturelles, telles que le choc d'une comète ou d'autres causes astrono- miques, à l'aide desquelles les partisans des boulevcr- semens universels, ont voulu expliquer leur système , et avec une secte de philosophes ( les Pluioniens) il attribue tous ces phénomènes à la chaleur centrale, tandis qu'une autre secte (les Neptuniens) donnent pour cause principale des désordres terrestres Tac- lion des eaux. Enfin, ce jeune savant termine son ouvrage par la question des craLcrcs de soulèvement. Mais, comme nous l'avons déjà dit , il ne conclut à rien , il n'a point d'opinion arrêtée sur une question qui divise aujourd'hui les géologues en deux camps; il se con- tente de proposer un mczzo-teiininc , et engage ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, à abandonner tout ce qu.'il y a de hasardé dans leurs théories, à "mettre de la bonne foi dans la discussion , à chercher à faire triompher la vérité et non pas leur amour- propre, et enfin à en finir. SUR LES MARBRES D'ESTAGEL, Par M. JPAUVEIiIiX: , membre-résident. Depuis plusieurs années, je m'occupe de rechercher les marbres des montagnes voisines de Perpignan, et j'en ai déjà découvert d'un très bon effet à Estagel, Calce, Baixas et Casas-de-Péna. L'allocation d'une somme de 500 francs, faite par le déparlement, m'a permis cette année de diriger quelques fouilles sur le territoire d'Estagel. Je vais en faire connaîlre le résultat, après avoir jeté un coup-d'œil sur le gise- ment de ses marbres et sur les roches qui leur ser- vent de base. Les granités de Caladroër forment le noyau de ce système de montagnes qui s'étendent jusqu'à Baixas et Peyrestortes, prolongement probable de ceux de 2 18 Nohédas ci du Callau. Ces granités sont découverts sur une longueur de plus de deux lieues et sur une largeur d'une demi-lieue, depuis la rivière de l'Agly, au-dessus de Laiour, jusqu'à la rivière de la Tet , aupi'ès d'ille. Là, le flanc de la montagne, rongé sans doute par les inondations de la Tet, laisse voir à nu les blocs énormes dont elle est composée: là aussi, près des ruines de Reglella, s'est établie la seule ex- ploitation de granité du département ; l'on n'en tire que des meules de moulin à huile, et cependant on pourrait en extraire la matière première de tous les monumens durables, et obtenir des pièces de toutes dimensions. Près de Caladroër, ce granité sert de matrice à une multitude de grenats dont quelques-uns ont près d'un pouce de diamètre. Ces grenats ne seront jamais, je pense, qu'un objet de curiosité; ils sont défectueux, s'exfolient et ne sont pas susceptibles de poli; là on trouve aussi un filon de marbre blanc primitif légè- rement veiné de noir, semblable, sinon supérieur pour la qualité, à celui de Py. Des recherches sur ce point ne seraient pas sans résultais; mais, en fait de marbres blancs, c'est vers l'Albéra qu'il faut aller les découvrir. Je crois que Ion réussirait plutôt qu'à Py et à Caladroër. Les granités dont nous venons de parler, sont re- couverts par des schistes ou ardoises qui s'étendent depuis Laiour, Montner et Estagel jusqu'à Cornella- de-la-Rivière et Millas , et la montagne de Fort-Réal en est entièrement formée. Ces schisies peuveniétre exploités pour la couverture des maisons, pour dalles d'escalier, appuis de fenêtres, etc. ; un ouvrier d'Es- tagel en a extrait long-iems près le Mas de la Dona, 49 et fournissak crardoises renseignement mutuel de Perpignan, de Narbonne et de Barcelone. On peut facilement le fendre, le scier, l'unir à la varlope et le polir. Il y en a de rubané près d'Eslagel, au tor- rent de la Grava , qui est du nuMllcur effet. C'est aussi dans Cette même localité que Ton trouve des pierres a. aiguiser les faux : les paysans de la plaine les pré- fèrent à celles que Ton apporte de finlérieur de la France. Par dessus toutes ces roches, s'étendent les carbo- nates calcaires de Caixaî;, Calce, etc.; ils se conti- nuent au-delà de FAgly, et commencent sur ces points la série des Corbières: Ton y remarque des marbres de toutes les qualités et de toutes les couleurs, dont la dureté paraît décroître à mesure que Ton s'éloigne des schistes. L'on peut en former deux grandes divi- sions : les marbres à fond uni et les brèches. Celles-ci superposent en général les marbres à fond uni; elles sont beaucoup moins fissurées, du moins extérieu- rement; elles se trouvent par masses amorphes, tan- dis que les autres marbres sont presque tous en cou- ches régulières. Les gisemens les phvs remarquables sont ceux de brèche noire et blanche de Baixas, an- ciennement exploitée; de marbre noir coquillier de Casas-de-Pèna; de blanc et rouge d'Estagel ; de noir veiné de blanc du Mas du Fenouillct , et enfin ceux très variés de la Pota d'en Rolland. C'est cette dernière localité que je crois la plus convenable pour Texploilation en grand; d'abord, parce que la rivière le Verdouble, au lieu appelé la Pota d'en Rolland , vient couper à pic les roches de marbre dans une profondeur de plus de lOÛ mè- tres; Ton peut donc, dans ce lit de la rivière, voir 20 les marbres et juger de leur qualité avec plus d'avan- tage que si l'on avait pratiqué une excavation; en- suite, si jamais une exploitation a lieu sur ce point, la rivière qui ne tarit jamais servira de moteur pour les scieries; et les hlocs, quelque énormes qu'on les suppose, pourront être débités en table dans la car- rière même. ->aS>^.4S£- SUR UN GISEMENT DE MIIVE DE CUIVRE ET SVK UN CALCAIRE DE TRANSITION, Par MM. FARINES et VÈNE . ingénieur des mines, correspondant. A Textrémité de la vallée de Carensa, près du grand étang, nous avons trouvé deux gisemens de cuivre dans vin filon de quarz; ce métal y est à l'état de si- licate, de sulfure , d'oxide , de carbonate et même de svilfate, et uni à du fer ocreux. Un peu plus liaut, à l'endroit appelé Los dots , dans un escar|K!ment au sud de la vallée, il y a du calcaire primitif qui contient un filon d'asbeste. En passant à la vallée d'Eyne , pour nous rendre en Cerdagne, nous avons observé que le calcaire qui alimente le four à chaux de cette vallée, donne un excellent produit , et que , quoiqu'il soit enchâssé dans un gneiss , et qu'il contienne de l'amphibole blanc , deux motifs pour qu'il doive être considéré comme un calcaire primitif, il n'est cependant que de transition, puisque nous y avons constaté la pré- sence de nummulites. 21 DE MM. FARINES ET FRAISSE sur une notice de M. MARCEL Jm serres, professeur à Montpellier, correspondant — M. rARiNES, rapporteur. Nous avons pensé qn'en vons faisant le rapport que vous nous avez demandé sur le mémoire de M. Marcel de Serres relatif' aux puits artésiens de notre dépar- lement, nous ne devions pas nous borner à reproduire les principaux faits contenus dauscet ouvrage, et vous faire part de notre opinion sur son mérite. Nous avons cru que cet ol)iet était d'une assez haute importance pour rindustrie agricole, pour exiger un examen plus approfondi, et en même tems qu'il était convenable de vous pi'ésenter nos idées sur ce sujet. Depuis les belles réussites des forages de Bages et Rivesallcs, nous en avons deuxautres à signaler; tou- tes deux ont eu lieu à Bages, qui semble être pour le Roussillon ce que l'Artois est pour la France. C'est aux frais de la comnuine, p?r les soins de ses admi- nistrateurs, à la tête desquels on voit avec satisfaction M. Garnier, et sous la direction des frères Souvras- Manjolet, serruriers de Perpignan, que ces sondages ont été faits ; tous deux ont été pratiqués au sud-ouest de la commune, à environ 250 mètres de ceux qui existaient déjà. Le premier a été terminé en quatorze jours: à 39 mètres de profondeur, on a obtenu une Source jaillissante de 2 pouces de diamètre et s'éle- vant à 6G centimètres par sa seule force ascension- nelle. Cette eau est très pure , très propre aux besoins économiqties et excellente pour la boisson; eliemar 22 que 16" 5 centimètres à sa sortie: cette fontaine a été consacrée aux usages domestiques de la commune, et un second forage fut entrepris immédiatement à 33 mètres de distance, pour servir aux besoins agrico- les. Dans cette opération on était décidé à continuer, dans le cas où une source semblable à la précédente jaillirait à la même profondeur; mais, après douze jours de forage , et une dépense de 216 fr. , la sonde étant à 48 mètres, s'enfonça d'elle-même à 51 mètres, et l'eau jaillit avec force; la sonde fut promptement retirée et fut remplacéepar un jet d'eau de 4 pouces et i^ de diamètre , ayant une force ascensionnelle de plus d'un mètre. Une chose digne de remarque, c'est qu'aussitôt que cette source se fiit manifestée, la précédente diminua de moitié. On a expliqué diversement ce phénomène: notre opinion est que ces deux sources proviennent de la même couche , et que la révolution qui s'est opérée lors du mouvement ascensionnel de la der- nière, a obstrué quelque fissure qui donnait passage à l'eau qui alimentait la première, d'où il s'en est nécessairement suivi une diminution dans son volu- nie. 11 n'y aurait rien de surprenant, du reste, que cette fontaine recouvrât non seulement son premier jet, mais encore qu'elle donnât plus d'eau par la suite. j Celte opinion nous amène à ne pas admettre celle I de M. de Serres sur l'existence de bassins intérieurs , " résultant diin reste des eaux qui ont tenu en suspension ou en dissolution les terrains de sédiment^ et à admettre plutôt que les eaux qui alimentent les sources arté- siennes dansle bassin du Roussillon, proviennent gé- néi'alement de la rivière la Tet, quoiqu'il n'y aitpas dç raison pour quç les autres rivières, particulièrement 23 le Tech , ne puissent donner naissance aux mêmes ré sullats. Celle liypolhèse se déduii de ce que nos ter- rains de sédiment se continuent sans interruption jus- qu au dessus de Prades par la vallée de la Tct , et jusqu'à Arles par la vallée du Tech j. que nous voyons les eaux de ces deux rivières se perdre dans les cou- ches alluviales et entr'clles et les roches secondaires ou de transition qui leur servent de support, à des hau- teurs hien supérieures au maximum d'élévation des sources artésiennes du pays. Les terrains de sédiment étant composés de couches d'argile plus ou moins pure, et de couches de sahic, tantôt à grains fins, tantôt h gros grains , et ces dernières seules donnant passage à l'eau , puisque les argileuses sont imperméa- bles, il en résulte qu'on peut trouver des sources mon- tantes au-dessus de la surface du sol dans tous les lieux et à toutes les profondeurs, et que la même couche perméable peut fournir des sources jaillissantes à des profondeurs différentes, même dans le cas où deux forages seraient très rapprochés. Nous croyons que les deux sources de la commune de Bagcs sont dans ce cas: mais, comme les dépôts d'alluvion, soit ma- rins, soit fluviatiles , ont des puissances très varia- bles, souvent des solutions de continuité, il pourra arriver que la sonde dépassera sur divers poinls les couches aquifères sans résultat , parce qu'elle aura passé sur un point où la couche peruiéable sera in- terrompue. Ce fait aura lieu plus souvent quand on forera sur un terrain élevé, par la raison que les courans qui ont creusé les vallons ont rompu l'ordre des couches, et que si quelques-uns se sojil de nouveau comblés, on ne peut pas admettre que les dépôts de même na- 24 ttire aient coincidé; ainsi, toutes ckoses égales, poui' obtenir des eanx jaillissantes sur un point élevé, il faudra descendre à des jirofondcTirs considéral)les, proportionnellement aux forages des bas fonds. INous en avons deux exemples dans ceux de l'Esplanade et du Mas Deu : le premier est à 167 mètres, quoicpie ce point ne soit pas bien élevé au-dessus du niveait de la place de Rivesaltes, et dans celui du Mas Deu on est déjà à 127 mètres, également sans résultat, quoique ce point iie soit élevé que d'environ 70 mè- tres au-dessus du niveau de Bagcs. Il est sans doute fâcheux, dans l'intérêt de la ville, que le forage de l'Esplanade n'ait pas encore réussi, quoiqu'on soit à 167 mètres de profondeur, mais cela ne prouve point qu'on ne yjuisse l'éussir bien avant sur tout autre point de la ville; d'ailleurs, cette dé- pense ne doit pas être considérée comme perdue, puisque la science en recueille les fruits. Grâces à ce forage, nous savons aujourd'hui que les terrains de transport, sur ce point, ont plus de 167 mcTres de puissance; qu'ils se composent de couches argileuses, marneuses, alternant avec d'autres couches sableuses, de diverses épaisseurs, diversement colorées, de con- sistances variables, toutes analogues aux couches déjà connues; mais nulle part nous n'avons remarqné le terrain signalé par M. de Seires , et qti'il dit appar- tneir aux formations intermédiaires. JNous ne saurions admettre cette dénomination pour exprimer une cer- taine profondeur, car l'on jiourrait tout aussi bien l'appliquer aux couches de sable siq^érieiires , puis- qu'on y trouve, dans l)eaucoupde cas, des débris de schistes et de phyllados. 11 existe une couche coquil- lière marine dansioul le bassin , depuis le Tech jusqu'à 25 l'Agly; elle se démontre dans la plupart des couches naturelles et dans beaucoup de creusemens de puits ordinaires : à Espira-de-l'Agly, par exenijde, il est rare qu'en perçant lui puits , on ne rencontre , après la première couche d'argile bleuâtre, un grès coquillier ou au moins des débris de coquilles. M. Marcel de Serresdit, danssa notice, que pour ob- tenir des sources jaillissantes , il faut traverser la totalité des couches tertiaires, comme on le fait dnns la plaine du Roussillon, Ce fait est inexact, et capable de dé- tourner les personnes qui voudraient tenter des fora- ges dans les contrées où les couches tertiaires ont une grande puissance , et dont l'épaisseur est inconnue. Malgré le respect et la profonde estime que nous pro- fessons pour ce savant, nous ne pouvons nous dispen- ser de relever cette erreur, qxii a été commise, nous en sommes persuadés, d'après quelque faux rensei- gnement. Les couches tertiaires ne peuvent avoir été traversées en totalité dans les forages de Bages et de Rivesaltes, puisque le maximum de profondeur at- teinte n'excède pas 48 mètres, tandis qu'à Taxo on est descendu jusqu'à 82 mètres sans en voir la fin; au Mas Deu on est à 127 mètres et on continue le forage, et à l'Esplanade on perce dans ce moment dans une couche dargile noire et onctueuse, à 1 67 mètres de profondeur. Si dans les forages qui ont réussi , lorsque la sonde est ai-rivée dans la couche qui a fourni l'eau jaillissante, elle s'est enfoncée d'elle- même , on ne doit pas en inférer que c'est là que fi- nissent les terrains de sédiment, mais bien que l'ins- trument, étant dansunecouche de sable délavé dans beaucoup d'eau, n'a trouvé aucune résistance et a tra- versé celle couche sans obstacle, mais bien certaine- 26 ment, et nous en avons la preuve, cette couclie aqui- lère repose sur une couche argileuse qui est suivie à-peu-près du même système de stratification de ter- rains que nous avons observé dans tous les forages qui ont eu lieu dans le Roussillon. Quoi qu'il en soit, nous sommes persuadés que si Ton parvient à traverser la totalité des terrains de sédiment supérieur on ob- tiendra des sources jaillissantes. ^ t! DÉTERMINATION ORYCTOGNOSTIQUE M' . W o. T On ^o jS ET GEOGNOSTIQUE gc no ng des terrains retirés par la sotide dans le forage '^ M S" M ?" ^ artésien opéré sur une propriété p,» r ç .- tr de M. Raymond Singla, _ ç> in 50 ———^——— de Rivesaltes, ordre, pieds, pied.. p^,. J^J ^ FAXUNES. 1 12 12 Terre végétale, gravier, sable et argile marneuse (puisard). 2 13 1 Mélange d^irgile et graviers noirâtres quarzeux, avec jmarne calcaire blan- châtre. 3 16 3 Marne argileuse rougeatre non efferves- cente. / 1 9 3 Argile rouge , veinée de marne calcaire blanche, avec fragmens de quarz et de schistes. Cette couche participe de la précédente, et paraît être de la mar- ne calcaire pure, mais on ne saurait trouver cette pureté dans les terrains amenés par la sonde. \ 20 1 Limon rougeatre, argilo-calcaire, avec 27 ordre. p{etls. pirds, / petits grains calcaires Lianes assez ar- rondis. Quoique cet échaniillon dif- fère beaucoup des précédens par le faciès, les élémens étant les mêmes, il appartient évidemment à la même couche. Il est probable que la marne calcaire s'est trouvée,dans cet endroit, plus dure ou peut-être à letat de cal- caire concrétionné , et que la sonde, au lieu de la pulvériser, l'a réduite en petits fragmens. 22 2 Glaise rouge-vif, dans laquelle, au lieu d'y avoir de petits fragmens comme dans la précédente, ce sont des mas- ses amygdaloidesd une substance blan- che pulvérulente, composée de chaux carbonatée; c'est une véritable marne calcaire pure qui serait très propre à 1 amender les terres. 5 25 3 Sable jaunâtre micacé, avec graviers pro- venant de roches primitives, non ef- fervescent. 29 4 Argile compacte très dure, d^un rouge pale. 32 3 Argile compacte, très absorbante, très dure et très rouge , contenant une quantité notable de fer tritoxidé. 37 5 Marne argilo-calcaire sablonneuse, colo- rée de diverses nuances de jaune, avec quarz et mica. 41 4 Marne coquillière très sablonneuse, avec débris de test de cardium et àç pcctcn, 6 28 ordre, pieds, piedt. mais lellcmeiiL divisés par la sonde qu'il a fallu avoir recours à la loupe pour les bien distinguer. 8 45 ^ Argile rouge, compacte , avec un peu de marne calcaire, provenant de la cou- che supérieure. 9 52 7 Sable argileux jaunâtre , où Targile do- mine. 10 55 3 Argile plastique très pure, dure, com- pacte , fortement colorée en rouge par du fer peroxidé. 11 59 4 Marne argilo-calcalre , blanchâtre , fria- ble. 12 C3 4 Sable micacé à grains fins. 64 1 Calcaire concrétionné, blanc sale, broyé par la sonde. 70 6 Marne calcaire, avec graviers de la gros- seur d'un pois. 88 18 Sable grossier, tantôt homogène, tantôt avec graviers, diversement coloré de jaune , de vert , de brun , taché de 1 4 / blanc par du quarz broyé par la sonde. 92 4 Argile et sable jaune, avec débris de chaux carbonatée et de quarz prove- nant de cailloux broyés. 93 1 Argile plastique, onctueuse, très absor- bante, très propre à la fabrication de J5{ la poterie commune. 94 ] Même terrain que le précédent, coloré en bnin par du fer pyritcux. 16 100 6 Marne calcaire blanchâtre-granulée, très bonne pour engrais. 13 29 ordre, pîcjs. pieJs. •1 7 1 05 5 Argile lougeàtre , avec petits grains de quarz et de chaux sulfatée. Cette ar- gile très dure, très lourde, est évidem- ment le produit du mélange de plu- sieui-s veines de différente nature; le gypse ne devait former dans l'argile qu'un tilon très mince , et le quarz doit s'y trouver accidentellement en gros graviers, qui ont été fractionnés par la sonde. 18 110 5 Marne calcaire rousseatre très pure ; le peu d'argile qui y est interposée ap- partenant aux assises supérieures. 19 114 4 Sable micacé, à grains très fins et homo- gènes. 116 2 Marne argileuse verdàtre , avec dél)ris de lignite. 118 2 Marne argileuse très brune, compacte, avec débris de bois fossile, des traces de fer sulfuré et des fragmens de cris- taux de chaux sulfatée. Celte couche est très intéressante sovis le rapport de sa composition; le gypse ne me paraît 20 ( pas devoir être classé dans la même période que celui de la couche n» 17 : je crois que sa formation est due à la décomposition du fer sulfuré. 128 10 Quoique les échantillons formant cette série de dix pieds ne soient pas iden- tiques quant à la couleur, car il y en a de jaunâtres, de verts, de bleus, de bruns, ils doivent néanmoins être 30 orJre. pieds, pieds. classés dans un seul groupe qui lui- même fait partie des deux précédens, puisqu'ils se composent des mêmes élémens minéralogiques en plus ou moins grande quantité. 21 131 3 Marne argileuse bleue, avec nombreux fragmens de calcaire vermiculaire , fer ocreux et débris de végétaux. 1 43 12 Sable et gravier, mêlé. d'une petite quan- tité de marne argilo-calcaire , avec des bandes colorées par dvi fer ocreux, dé- bris de cailloux calcaires et quarzeux. L'ensemble de cette couclie est bleuâ- tre: elle paraît constituer nn banc de sable pur, et la marne argileuse et les auli^es matières liétérogènes qu'elle contient sont dues aux étages supé- rieui's , soit qu'elles y aient été mêlées par l'introduction de la sonde ou par éboulemenl. 1 44 1 Couche aquifère, continuation de la pré- cédente ; elle contient une grande quantité de roches primitives et se- condaires à rétat pulvérulent, prove- nant de cailloux tombés accidentelle- ment dans le trou et broyés par la sonde. C'est de cette couche que l'eau a commencé à jaillir. 161 17 Continuation de la couche aquifère, sa- ble pur, avec graviers plus gros dans les derniers coups de sonde. La posi- tion de ces graviers ayant subi les ef 22 31 afdr«. pieds. pieJs, fets de la loi des gravités, s'explique par le mélange de sable et d'eau dont se compose cette couche qui a permis aux corps pesans de se précipiter vers les parties inférieures : c'est de cette couche que la plus grande somme d'eau a jailli, (quatre pouces deux li- gnes,) s'élevant à dix pieds au-dessus de la surface du sol. 23 1 62 1 Marne argilo-calcaire bleue , mêlée à du sable de la couche précédente. Cette couche est imperméable , et sert de conque à la couche aquifère super- posée. Le classement des couches fait d'après des échan- tillons résultant d'un sondage dans des terrains ter- tiaires, ne doit pas être considéré comme très rigou- reusement exact, parce que le broiement des roches par la sonde et leur mélange ne permet pas de bien préciser leur gisement; néanmoins, d'après la déter- mination qui précède, on peut établir la coupe géo- logique des dépôts tertiaires du bassin de Rivesalies de la manière suivante. COUPE GEOLOGIQUE DES TERRAINS DE SÉDIMENT TERTIAIRES 2 O S « ° o g t« î '^ 5 n du bassin de Rivesalies. 1 12 Terre végétale , graviers , sable et glaise (pui- sard. ) 32 2 1 Marne argilo-calcaire graveleuse. 3 3 Argile rouge. U 6 Marne calcaire, un peu argileuse, avec peti- tes niasses de calcaire , quarz et schistes. 5 3 Sable micacé grossier. 6 7 Argile plastique , fortement colorée en rouge par le peroxide de fer. 7 9 Sable marin coquillier 8 4 Argile plastique et fer peroxide. 9 7 Sable, avec limon argileux. 40 3 Argile plastique, avec fer tritoxidé. \ \ k Marne argilo-calcaire. 4 2 4 Sable à grains fins. 43 7 Marne calcaire, avec rognons de calcaire et graviers. 14 22 Sable grossier, avec graviers quarzeux et cal- caires. 45 2 Argile pkstique rouge et brune. 46 6 Marne calcaire. 17 5 Argile et gypse tertiaire. 48 5 Marne calcaire. 49 4 Sable micacé, très fin. 20 14 Argile très noire, avec gypse spontané et fer pyrileux. 21 3 Marne argileuse, avec calcaire vermiculaire, fer ocreux et débris de végétaux. 22 30 Sable grossier aquifère. 23 1 Marne argilo-calcaire compacte, bleue. 33 SUR LES PUITS ARTÉSIENS, destinées à répondre à celles consignées dans le n. 76 de V Institut, ou du a5 octobre 1834, Par M. MARCEX. DE SEB.RXS. Messieurs, J'ai lu dans le n» 76 de V Institut, une notice sur les nouveaux puils artésiens pratiqués dans le départe- ment des Pyrénées-Orientales, dans laquelle, tout en traitant d'erroné ce que nous avons avancé sur la théorie du forage , on finit cependant par en recon- naître l'exactitude. Nous n'aïu-ions donc qu'à opposer Tauteur à lui-même , pour prouver combien peu ses assertions sont fondées. Vous jugerez sans doute. Messieurs, que dans des questions de ce genre, il ne s'agit pas de petits inté- rêts de vanité; mais de savoir comment il faut les résoudre. C'est donc sur le fond d'une question qui mérite toute l'attention des agronomes, et qui se lie d'une manière directe à la géologie, que nous appeL lerons, Messieurs, tout votre intérêt. Nous ne suivrons pas l'auteur de la notice dans ce qu'il dit sur les nouveaux forages pratiqués à Bages, et qui, comme les précédens, ont été couronnés d'un succès complet. Nous attendrons, pour asseoir notre opinion à cet égard , d'avoir pu visiter les lieux où ces puits ont été ouverts. Nous nous bornerons, dans ce moment, à rechercher s'il est réellement constant, ainsi que nous l'avons avancé, que les eatix que l'on y a découvertes se trouvent au-Jessous de la totalité des teiTains tertiaires; et, en second lieu , si on peut supposer qu'elles soient les restes de celles qui ont tenu en suspension ou en dissolution les terrains de sédiment. Ces points fixés, nous verrons, si comme Fadniet l'auteur de la notice qui nous a combattu, ces eaux ne sont que le résultat des infiltrations des deux grandes rivières, la Tet et le Tech, qui traver- sent le département des Pyrénées-Orientales de l'ouest à l'est. Nous concevons très bien que celui qui n'a vu qu'une seule localité et qui n'a suivi qu'un ou deux forages, puisse avoir une pareille opinion ; mais il n'en est pas de même de ceux qui ont étudié les phéno- mènes qui s'y rapportent dans leur ensemble et leur généralité. Il est en effet une infinité de localités fort éloignées de tout cours d'eau où il existe pourtant des eaux jaillissantes abondantes obtenues par le procédé du forage. Mais avant tout, voyons comment l'auteur de la notice prouve que les eaux des puits de Bages sont alimentées par la rivière du Tech, qui n^en est pas très éloignée. Cette hypothèse se déduit, dit-il «de (( ce que les terrains de sédiment se continuent sans «interruption jusqu'au dessus de Prades , dans la «vallée de la Tet, et jusqu'à Arles, dans celle du «Tech.» Nous ferons d'abord observer que, parmi ces terrains de sédiment, il faut distinguer ceux qui appartiennent à Tétage supérieur ou aux terrains ter- tiaires, de ceux qui dépendent des étages moyens et inférieurs , et qui comprennent les terrains secon- daires. Quant à ces derniers , il n'est pas probable que ce 3 & soil parmi eux que l'auleur veuille trouver ces cou- ches de sahie dont il parle, et qui sont, même d'a- près lui, les seules perméables, et par conséquent les seules qui puissent recevoir les infiltrations. Ces couches se trouvent uniquement dans les terrains tertiaires; et ceux-ci, loin de s'étendre jusqu'à Pra- des, dans la vallée de ia Tet, ne dépassent pas Ille, tandis que les mêmes formations ne vont pas au delà de Céret, dans la vallée du Tech. II existe bien, à la vérité, d'autres formations tertiaires dans le Pious- sillon, même à de plus grandes distances de la 3Ié- diterranée; mais celles-ci, généralement peu éten- dues, dépendent des terrains tertiaires émergés, qui n'ont x-ien de commun avec les sables marins et les marnes argilo-sableuses des formations immergées de ce même bassin, les seules formations de cet ordre que la Tet et le Tech ti-aversent. Ces points de fait ainsi rétablis, il s'agit de déter- miner si des rivières dont les lits sont nécessairement dans les points les plus bas des vallées qu'elles parcovi- rent, peuvent, par leurs infiltrations, produire ces amas d'eaux souterraines que l'on découvre à-peu-près partout et dont l'ascension est aussi variable que la quantité qu'elles en déversent au dehors. Si ces eaux devaient leur origine à une pareille cause, leur as- cension serait d'autant plus considérable, qu'elles se- raient plus rapprochées des points où le niveau de ces deux rivières est le plus élevé ; on ne les découvrirait pas non plus dans des lieux où leur niveau inférieur est au-dessus de celui que présente l'un ou l'autre de ces cours d'eaux près de ces mêmes localités. Remarquons encore que de pareilles infiltrations ne semblent possible qu'à travers des terrains per- 3G méables-, cepeiulant, ce n'est presque jamais dans de pareils terrains que l'on rencontre des eaux couran- tes- mais uniquement au-dessous des formations im- perméables, telles que les marnes ou les argiles. Sans doute, Ion découvre bien aussi des eaux souterraines dans des coucbes sal donneuses-, celles-ci, loin d'être abondantes comme les plus profondes, produites par des infiltrations superficielles, sont fugitives , et pour ainsi dire passagères, comme les causes auxquelles elles doivent leur origine. Du reste , généralement, les couches meubles et sablonneuses sont superficielles ; dès-lors, elles ne peuvent recevoir que les infiltrations qui s'effectuent à la surface du sol. Ces coucbes ont aussi une faible puissance dans les terrains compris depuis les terrains primitifs jusqu'aux tertiaires. Ce n'est aussi que dans ces derniers, et dans ceux qui leur ont succédé, que ces couches acquièrent a la fois une grande éten- due et une grande épaisseur. Ce fait s'observe aussi bien dans le Roussillon que dans toutes les autres contrées, et prouve que, si partie des eaux de la Tet et du Tech s'infiltre réellement dans le sol qu'elles traversent, ce qui, du reste, est peu probable, ce ne peut être qu'à partir du point où elles rencontrent des coucbes perméables, telles que celles qui appar- tiennent aux formations tertiaires ou à celles qui leur sont postérieures. Ces formations ne se montrent pour- tant, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, qu'à partir d'Ule , pour la vallée de la Tet, et de Céret, pour celle du Tech; dès-lors, l'on ne peut pas sup- poser que les infiltrations de ces rivières commen- cent au-dessus de ces deux points. Mais, pour faire admettre que leurs infiltrations 37 proiluiscnt les eaux intérieures que Ton découvre dans différentes parties de ces vallées à Taidc de la sonde, il faudrait prouver d'abord, 1° quelles tra- versent constamment des terrains perméables, ce qui est peu probable, du moins aux yeux de ceux qui connaissent la composition du sol du Roussillon; 2» que le niveau inférieur de ces mêmes eaux n'est pas plus élevé que celui de ces deux rivières, dans les points qui en sont le plus rappiocbés. Or, ce sont là des questions sur lesquelles on aurait dû, ce sem- ble, donner quelques éclaircissemens, avant de trai- ter d'inexacte et d'erronée une théorie que noiis n'avons , du reste , proposée , en nous fondant sur l'ensemble des faits connus, qu'avec cette circons- pection (\ne commande l'objel auquel elle s'applique. Quanta la position des eaux souterraines abondan- tes, elle nous paraît être au-dessous des terrains ter- tiaires, soit dans le bassin du Roussillon , soit ailleurs, et quoique l'auteur ait traité ce point de fait d'inexact, il paraît pourtant qu'il en a lui-même reconnu plus tard la réalité, puisqu'il termine son travail, en di- sant avec nous « qu'il est persuadé que si l'on parvient «à traverser la totalité des terrains tertiaires ou de (t sédiment supérieur, on obtiendra des eaux jaillis- (1 sautes. » Lorsque nous avons avancé ce point de fait, nous l'avons appuyé sur Tensemble de nos connaissances sur la position des eaux souterraines et principale- ment sur les puits artésiens naturels dont le Roussillon nous donne lui-même un bel exemple : la source de Salses. Nous avons cru, par cette obsorvaiion, éclai- rer les agriculteurs qui se sont livrés dans le Midi de la France, avec un zèle digne de plus nombreux suc- 38 ces, à une j;.:ailque.cjul, dans la plupart des cas, n'est utile dans nos contrées qua améliorer des puits, en déversant dans leurs bassins , une plus ou moins grande quantité d'eau remonlanl de fond , et rare- ment pour obtenir des eaux jaillissantes abondantes. Une exception remarquable à Futilité dont le pro- cédé du forage peut être dans nos contrées méridio- nales, nous est fournie par le département des Pyré- nées-Orientales; et cette exception est trop frappante pour ne pas enrecberclier la cause. Aussi, en exami- nant avec attention la nature des coucbes qtie la sonde a traversé à Bages, coucbes qui avaient été recueillies par M. Fraisse, aîné, dont l'intelligence est bien con- nue des membres de la Société à laquelle j'ai l'bon- neur de soumettre ces observations, j'ai cru recon- naître que les dernières coucbes, qui avaient été en partie percées par la sonde , appartenaient aux ter- rains de transition. Dès-lors j'ai dû croire que si l'on avait obtenu des eaux plus abondantes à Bagcs que dans les autres localités du Roussillon, cette circons- tance devait tenir à ce que Ton y avait traversé la tota- lité des terrains tertiaires, et que là seulement exis- taient ces grands réservoirs d'eaux intérieures, dont la fontaine de \ aucluse nous fournit un si bel et si magnifique exemple. Nous ne pouvons nous empéclier de nous demander si c'est bien sérieusement qu'en convenant de l'iné- galité d'épaisseur des terrains tertiaires. Fauteur, de la notice a cberclié à révoquer en doute ces faits, parce que le maximum de profondeur atteint à Bages et à Rivesaltes, n'excéderait pas quarante-liuit mètres, tandis qu'à Taxo on était descendu jusqu'à quatre- vingt-deux, au Mas~Deu à cent vingt-sept et à l'Es- 39 planade de Perpignan à cent soixante-sept mètres, et cela sans succès. Tout ce f[ne ces faits prouvent, c'est que les for- mations terliaircs y ont une plus grande épaisseur qu'à Bages et à Rivesaltes, où Ton a ol)tenu des eaux jaillissanles al>ondanles. On pourrait l)ien trouver d'autres laisons non moins délenuinantes dans la position relative de Taxo et du Mas-Deu à l'égard de Bages et de Rivesaltes , ainsi que dans quelques circonstances géologiques du bassin de Perpignan ; mais les détails dans lesquels nous serions obligés d'entrer, poumons faire saisir, exigeraient une étendue beaucoup trop considérable pour le but que nous nous proposons dans ces observations. Nous aurions sans doute beaucoup d'autres obseï'- valions à ajouter à celles que nous venons de vous soumettre , IViessieurs ; mais la crainte de fatiguer votre attention, nous arrête et nous force de les ter- miner. Qu'il nous soit permis pourtant de remercier l'auteur de la notice qui a rejeté notre manière de voir, d'avoir appelé nos réflexions sur un sujet lié d'une manière aussi immédiate aux progrès de notre agriculture. En fesant connaître aux agi'onomes le résultat de nos recberches, nous n'avons pas du leur taire la vérité, quelque pénible qu'elle pût leur pa- raître; elle a été et sera toujours le but constant de nos efforts. 40 A LA RÉPOÎVSE DE M. MARCEL DE SERRES SUR LES PUITS ARTÉSIEIVS, Par M. FARINES. Lorsque la Société nous chargea de Itii faire un rapport sur la notice de M. Marcel de SeiTcs, nous crûmes de notre devoir de lui présenter, non pas un résumé de ce travail, qui n'aurait offert aucun inté- rêt nouveau , mais bien notre opinion sur les idées qui y étaient émises et, en même tems, des obser- vations qui nous étaient propres, et qui pouvaient être utiles à Tavancement de celte branche d'indus- trie agricole. Le talent et la réputation de l'auteur, loin d'êtreunobstacle à notre critique, nous parurent au contraire devoir être un motif de sévéïnté de notre part, par cela seul que son opinion devait exercer une plus grande influence. Ainsi nous dûmes nous appe- santir particulièrement sur un fait inexact, avancé comme une vérité, et qui malheureusement avait déjà porté ses fruits, puisque c'est d'après l'opinion émise dans ce mémoire_, que pour obtenir des sources jaillissantes il faut traverser la totalité des couches ter- tiaires, comme on le fait dans la plaine du Boussillon , que la Société d'Agriculture du département de l'Hé- rault a déclaré que les cultivateurs de ce département ne devaient pas espérer de retirer du forage les mêmes avantages que les agronomes du Roussillon '. Certes _, il » Bulletin da la Société d' agriculture du département de l'Hérault , oc- tobre i833, pag. 333. 41 ne nous aurait pas été difficile tle prouver rjucles ter- rains tcrtiaùes n'ont été traverses EN roT.iurÉ dans avcvN FORAGE du département des Pyrénées-Orientales ; mais, par vine condescendance que nous sommes pi-esque tentés de nous reprocher aujourd'hui, nous avions vouhi ménager la susceptibihté de ce savant, en lui facilitant le moyen de laisser croire qu'il avait été mal informé. Cependant, comme non-seulement il ne nous tient aucun compte de notre ménagement et que même il en prend texte pour réfuter sans fondement ce que nous avons avancé , nous nous permettrons d'exposer qu'indépendamment des raisons que nous avons don- nées sérieusement, nous invoquons le témoignage des sondeurs et de ceux qui ont fait sonder, et tous di- ront, qu'après avoir trouvé l'eau jaillissante dans une couche de sahle, ils ont trouvé une couche d'argile au-dessous qvi'ils n'ont fait qu'entamer, et cela a eu lieu à Bages, tout comme à Rivesaltes; et une chose qui étonnera sans doute, c'est que la lettre de Mon- sieur Fraisse, dans laquelle M. de Serres, (comme il l'avoue lui-même), a puisé une partie des documens dont il s'est servi dans son travail , contient formelle- ment , qu'après avoir obtenu l'eau jaillissante ( à Bages ) il fit remettre la sonde et qu'on en retira de l'argile. La notice de M. de Serres sur les puits artésiens duRoussillon^ ne nous est connue que par un extrait inséré (\Ans\e Bulletin d'Agriculture de l Hérault , et par un autre plus exigu encore , dans le Bulletin de la Soeiété Géologique de France, où j'ai remarqué le passage suivant. ...La plaine du Boussillon est formée de terrains ter- tiaires, recouverts par des masses de diluvium. Le forage y est des plus faciles lorsque l'on a enlevé le terrain le 42 plus superficiel , composé de dépôts diliwicns ^ panni les- quels se montre une immense fpiontité de cailloux roulés. Les essais faits sur la place Royale de Perpignan, n'ont été infructueux^ queparce qu'on NEKLErA pas ENTiÈREMEitT CE DÉPÔT DE CAir.I.OUX ROULÉS , ET QU'ON APPLIQUA IMMÉ- DIATEMENT LA SONDE , qui s'y engagea de telle manière qu on ne put la retirer , et que les travaux furent tout- à-fait abandonnés '. Je demande si c'est séiùeusement que M. de Serres a écrit ces lignes : je ne le pense pas; car, en vérité, il faudrait supposer les liabitans du Ronssillon, et parti- culièrement Tautorité municipale de cette époque, qui fesait opérer le sondage , Lien ignorans , pour n'avoir pas su dégager la sonde , engagée dans une couche superficielle de cailloux roulés. 11 s'uffisait de prendre une pioche et la faire jouer jiendant quel- ques minutes; mais, pour l'honneur des sondeurs et même des Perpignanais, il y avait bien d'autres d'ifii- cultés à vaincre. 1°Nous ferons observer qu'il n'était pas nécessaire d'enlever les cailloux roulés, parce qu'il n'y en avait pas dans cet endroit ; 2" qu'on n'ap- pliqua pas immédiatement la sonde, puisqu'on creusa un puisard de quinze pieds de profondeur; 3" qu'en- fin, la sonde ne pouvait s'engager dans une couche qui n'existait pas. D'ailleurs, tout le monde sait que le forage de la place Royale fut très bien conduit jus- qu'à 135 pieds de profondeur, d'où une portion de la sonde, cassée par accident, ne put être retirée. Quant à la partie théorique, nous ne Tavons pas taxée d'inexactitude, comme le prétend la réponse de M. de Serres. Nous avons pris la liberté d'avoir une opinion d'ifférente de la sienne : c'est un droit qu'il I ISuUctin de la Sociclc Géologique de France, tOID. IV, Jjag. 21 3. 43 ne nous conlestera pas; mais, puisque nous n'avons pas été bien compris, nous demandons la permission de développer d'avantage notre manière de voir à ce sujet. Avant de reproduire notre théorie, il est nécessaire de rétablir quelques points de fait sur lesquels M. de Serres se donne gain de cause; il prétend qu^il n^existe point de coiiclies de sable dans nos terrains tertiaires, et que s'il en existe elles ne sont que superficielles. Il est vrai que dans la détermination qu'il donne des terrains provenant du sondage de Bages, il n'en est pas fait mention : cela prouve que, sans doute distrait par V étude des phénomènes généraux , il ne s'est pas oc- cupé des faits particuliers,, c'est-à-dire qu'il n'a pas songé que dans nos sondages où le trou de sonde est constamment rempli d'eau jusqu'atix premières assi- ses de sable , celui-ci n'est remonté par la sonde qu'au moyen de l'argile supérieure que l'introduction de l'instrument y mêle, et d^où il résulte un mélange que ceux qui n'ont pas étudié nos forages peuvent attribuer, comme RI de Serres, aune couche de sa- ble argileux ; mais tous ceux qui connaissent la compo- sition du sol du Roussillon savent très hien que nos terrains tertiaires se composent de couches d'argile plus ou moins pure, alternant avec des couches de sable ; que tous les forages pratiqués jusqu^ici ont démontré celte vérité, et que toutes les eaux jaillis- santes ont été rencontrées dans des couches de sable, que noxis avons désignées, il y a déjà quelques an- nées, par le nom de couches aquifcres. Les terrains tertiaires du bassin de Perpignan , ne finissent pas à Ille ; ils se continuent évidemment jus- qu'au dessus de Prades, et il suffit de faire le voyage 44 tle Perpignan à Prades^ en diligence, pour s'en corr- vaincre ; mais serait-il vrai que les terrains de sédi- ment supérieur n arrivent quà Ille, la théorie des infiltrations n'en serait pas moins soutenaLle. En ef- fet, mon opinion est que les eaux des rivières du bassin du Roussillon, et particulièrement de la Tet, s infiltrent à travers les couches sableuses des dépôts tertiaires qui font partie du comblage; que ces dépôts occupent plus ou moins régulièrement Tétendue du bassin , mais non pas entièrement , puisque leur irrégularité, leur solution de continuité , dépendent dune foule de circonstances géologiques et acciden- telles, et c'est à ces causes qu^il faut attribuer la non réussite de quelques foiMges sur divers points. Ainsi, i^1dmets que la couche aquifère qui alimente les fon- taines artésiennes de Rivesaltes, peut provenir des in- filtrations de la Tel, entre Néfîach et Ille, puisque ce point est à une élévation de beaucoup supérieure au maximum de niveau des sources jaillissantes ac- tuelles ; que celles qui alimentent la petite source de Bages et celle de M, Fraisse , quoique appartenant à un étage supérieur, proviennent d^infiltratious plus rapprochées du point de sortie; mais nous n^admet- tons pas que ces sources soient dues à des infiltrations supérieures, et surtout qu^clles soient fugitives et pas- sagères ; car on ne peut raisonnablement donner cette qualification à la fontaine artésienne de Soulangcs, qui na pas varié depuis 1829, pas plus qu^à celle de Bages , qui depuis qu^elle existe n'a subi aucune mo- dification naturelle. De la théorie des infiltrations riveraines, se déduit naturellement cette hypothèse, que si l'on parvient à traverser la totalité des couches de sédiment supérieur , on 45 obtiendra des eaux jadlissantes. Et c'est parce Cfue nous avons admis comme probable une chose sur laquelle il n'existe aucune preuve, et que M. de Serres a avan- cée, lui, comme un fait existant, qu'il prétend qu'il n a qu'à nous opposer à nous mêmes pour prouver que ce qu'il a avancé est une vérité. Bien certaine- ment personne ne verra dans cette phrase soulignée la preuve que nous partageons sa manière de voir ; d'ailleurs cela n'infirmerait point que son assertion ne soit inexacte , puisqu'il est suffisamment prouvé que la totalité des terrains tertiaires n acte traversée dans aucun forage du Rous sillon. Je répète que c'est une grande distraction de dire que nous avons traité une théorie d'inexacte ; il suffit de lire notre rapport pour rester convaincu que cette épithète méritée n'a été appliquée qu'à nn fait maté- riel. Mais puisqu'on nous attire dans l'arène de la théorie, nous y entrerons avec plaisir; et quoique nous ayons de leloignement pour la polémique, nous ne la refusons pas quand nous la croyons utile aux ui- térêts du pays. Nous nous sommes contentés d'opposer une théorie à une théorie; l'actualité nous oblige a examiner la valeur de celle proposée par M. de Ser- res , qui consiste à admettre des bassins intérieurs, restes des eaux qui ont tenu en suspension ou en disso- lution les terrains de sédiment. Ces nappes , dit-il sont donc intarissables , comme les sources dont elles proviennent >. Puisque ces bassins sont des restes d'eaux, la cause qui les a produits a cessé , d'où il résulte qu'ils ne sont plus alimentés et que dès- lors , au lieu d'être intarissables , ils seraient au contraire tarissables. La fontaine Extramor , près ■ BtiUetin de la Société Géologique de France, tom. IV, pag. ii(\. 4G l'étang de Salses, que M. de Serres cite comme un exemple naturel de rex.isten("e de bassins souterrains, est, suivant moi, un exemple irrécusable de la non existence de ces bassins; en effet, ceux qui ont étu- dié la marche de cette fontaine, savent très bien que son volume varie avec les saisons. Ainsi , quoique en tout tems elle donne beaucoup d^eau, pendant les étés secs, elle en donne beaucoup moins que quand ils sont pluvieux; qu^en automne elle est beaucoup plus aitondante que dans les autres saisons , et que toutes les fois qu'il pleut elle augmente proportion- nellement à la quantité d'eau tombée. Tous ces faits prouvent jusqu'à l'évidence que cette fontaine est sous l'influence des infiltrations de plusieurs petits bassins, et particulièrement de ceux d'Opol et de Pérellos, qui communiquent par des crevasses ou fis- sures de la montagne, et dont la fontaine de Salses est l'égoiît par où viennent- s'épancher au-dehors les eaux qui s'y réunissent de tous les points environ- nans plus élevés. Nous pourrions nous étendre davantage sur ce su- jet, et donner de plus grands développemeiis en la- veur de notre système ; mais ce que nous en avons dit nous paraît suffisant pour démontrer la vérité et la bonne foi de notre rapport, et détruire la mauvaise impression produite par l'erreur de M. de Serres. 47 iHinn*alo$te, CHAUX SULFATEE TRAPÉZOÏDALE, Par M. FARINES. La grammalite on Irémolilhe, est un asLeste qui cris- lalliseen prismesobliques rhomboïdaux loujours grou- pés, tandisque le cristal présenté par M. Cafre,sousce nom, estun trapèze allongé qui appariientà une variété de cliavix sulfatée, dont j'ai trouvé le gisement dans plusieurs endroits de nos montagnes, entr'autres dans un ravin aux environs de Taurinya, et sur les Albè- res, au lieu dit Puig Estela. Quoique M. Caffe n'in- dique pas la localité d'où a été retiré cet échantillon, je crois pouvoir affirmer qu'il provient de Taurinya, où ces cristaux se trouvent dans une marne noire, formant des masses peu volumineuses, encaissés dans de la terre argileuse ordinaire, et accompagnés de py- rites ferrugineuses ; ils y sont très nombreux et affec- tent plusieurs formes; mais ceux du genre et du vo- lume de celui qui est présenté sont assez rares. Je crois pouvoir expliquer la présence de ces cristaux de chaux sulfatée dans un terrain qui n'est pas gyp- seux , par la transformation du soufre des pyrites en acide sulfurique qui se combine à la chaux de la marne , et le fer passe à l'état de deutoxide et colore la gangue en noir. 48 i30tanique. SUR UNE MONSTRUOSITÉ PRÉSENTÉE par M. JACOMET, Par M. FARINES. Quoique les monstruosités soient très communes dans les végétaux, il s en présente quelquefois qui sortent des règles ordinaires, et qui méritent une mention particulière : celle qui nous a été présentée dans lu dernière séance est dans ce cas. Elle est pro- duite par un chou-brocoli , brassica oleracea botjytis , LiNN. Cette plante, tout comme les diverses variétés de l'espèce, ne sont que des monstres dans l'état où nous les offre la culture. La variété brocoli, plus que les autres encore, est sujette à ces excroissances contre nature-, la surabondance de sucs nourriciers se porte dans la tige naissante, et y produit un gonflement en forme de tête épaisse, charnue, mamelonnée, de couleur légèrement vineuse , et qui est susceptible de se ramifier et de porter des fleurs et des fruits comme les autres choux. Ces masses charnues affec- tent les formes les plus bizarres et presque toujours agréables à la vue; j'en ai vu une qui s'élevait en ser- pentant à la hauteur de près d'un mètre, et qui était covironnée et garnie dans toute sa longueur de petites «("■les de fleurs n'ayant pns plnsde qnali-c centinièlres de saillie, donl renseiublc l'aisait nn snpcihe effet. La monslruosilé svir laquelle vous m avez demandé une note, Messieurs, ofi're une anomalie dont je ne trouve pas d'exemple dans les ouvrages de physio- logie végétale qui sont à ma disposition. Tous les observateurs sont d'accord sur ce que la suraljoii- dance de nourriture dans les variétés de v\wu\-f/ciirs et brocolis , se porte sur les branches de la vérital)Ie lige, tandis que dans les autres variétés, c'est tantôt dans les feuilles , la souche ou la racine que ce suc s'accumule et y produit ces prodigieux développe- niens, qui sont d'un usage journalier dans la cuisine du prolétaire. Dans l'individu qui nous occupe, cette exubérance de sève , au lieu de se porter sur les tiges , et donner naissance à ces belles létes de chou-fleur qui, joignant l'utile à l'agréable, sont servies siu- la table du riche comme un mets délicieux. et d'orne- ment, s'est dirigée sur les pétioles, les a soudés l'un contre l'autre dans le sens de leurs angles et contrai- rement à la disposition circulaire des feuilles autour du tronc- au lieu de former une masse sphéroidale , il en est résulté une excroissance plate, comme com- primée , charnue, n'ayant que deux centimètres d'é- paisseur, sur trente de diamètre, imitant parfaitement la forme d'un éventail, assez dure , d'un verl pâle, re- couverte sur ses deux faces de rudimens de feuilles sessiles en même nombre , dans le même ordre et avec le même arrangement symétrique qu'aïu-aient eu les feuilles si elles avaient concouru à la formation de la plante dans Féiat normal. Les tiges implantées sur toute la périphérie de ce chou étaient terminées par les organes de la frucii- 4 50 ficalion, ilc forme globulaire, d autres fois allongés et tournés en forme de corne, variant tantôt dans leur longvieur, depuis la presque nullité jusqu'à six centimètres de hauteur ; les fleurs colorées, depuis le vert jaunâtre jusqu'à l'étal vineux, les unes grou- pées, les autres isolées, représentaient des forets, d'épaisses bruyères, des mamelons gazoïinés, des ar- bres isolés; enfui tout ce qui peut contribuer à l'imi- lation de l'aspect d'une montagne boisée , vue d'une petite distance est la figure la plus vraie qu'on puisse donner de cette monstruosité. SUR LA VALLÉE DE CARENSA, Par M. TARINES. La vallée de Cnrcnsa m'a paru être une des plus riches localités de nos Pyrénées sous le rapport bota- nique. J'y ai trouvé toutes les espèces signalées dans la vallée d'Eyne, et beaucoup d'autres qui ne se trou- vent pas dans cette dernière. Malgré la saison avancée et la pluie qui n'a pas discontinué tout le tenis que j'ai passé sur la montagne , et qui ne ma pas permis de bien explorer les lieux, j'en ai rapporté encore cent cinquante espèces de plantes, dont aucune ne se trouve dans la plaine. J'ai fait cette singulière re- marque, qu'en général le nombre de pieds de la même espèce y est peit considérable et, par exemple, je n'y ai vu que trois pieds de Scnccio Touvncfortd et dix de VEriiiginm Burgati , tandis que ces deux espèces se trouvent en grande qtiantité à la vallée d'Eyne. 51 SUR Li\ DÉVELOPPEMEÎVT EXTilAORDiXAIRE D'ÏJiVE RACIXE DE PEIJPLIEK NOIR, Par M. FARIKTES. Ce n'est pas sans quelque fondement que plusieurs auteurs ont altrihué un instinct aux; plantes : il est assez difficile de ne point partager cette opinion, si l'on considère les efforts ({ue font les racines pour aller cherclier la nourriture qui leur convient; tout le monde sait qu'elles passent sous un mur , sous un fossé pour atteindre des terrains qui contiennent plus d'engrais, et qu'alors elles prennent un développe- ment considérable. Mais un fait ipii peul-élre n'avait pas encore été ol)seivé , c'est la direction de bas en haut d'une racine pour franchir un obstacle et arri- ver dans un milieu plus riche en principes nutritifs que celui dans lequel ces racines végétaient. En cherchant des fossiles dans les marnes tertiaires de la rive gauche tlu Tech, près du \olo, je fichai ma pioche dans une assise verticale qui céda à un lé- ger effort , et mit à décotivert une espèce de tissu formé par des radicules dirigées de haut en bas, et si bien entrelacées, que l'emploi de ma force physique fut insuffisante pour le rompre. Ces racines étaient adhérentes a la face correspondante de la marne, elles avaient végété entre les deux assises; et leur exten- sion en avait opéré l'écartement. Lescoqtiilles qui se trouvaient sur les deux pages étaient réduites en poussière blanche, et remplacées dans les cavités qui 4* 52 les contenaient par un amas de radicules tellement serrées que le moule était exactement représenté , au point qu'on pouvait reconnaître la famille, et quelquefois le genre auxquels ces coquilles avaient appartenu. 11 est à regretter que ces protubérances se soient déformées par la dessication; elles auraient offert une des plus belles pièces physiologiques que ce genre de phénomène puisse produire. Ce déve- loppement radical occupait une surface d'environ un mètre carré, et avait de quatre à six lignes d'épais- seur 5 les brins étaient sensiblement plus gros à la partie supérieure ; mais ce volume était loin d'être en rapport avec l'état normal de cette partie des vé- gétaux : il formait ce qu'on connaît en physique végé- tale sous le nom de chevelu. L'endroit d'où sortaient ces racines pour plonger dans la marne , formait une éminence de plus de deux mètres , relativement au sol environnant , et elles se montraient à une profondeur moindre d'un mètre. Aucun arbre, aucun arbuste, ne se trouvait dans la direction du chevelu; frappé de cette remar- que, je fis déterrerles racines pour suivre leurdirec- tion. Elles s'enfonçaient dans un terrain d'alluvion, où à mesure qu'elles devenaient plus grosses elles di- minuaient de nombre; et enfin j'arrivai au point où je vis qu'une racine, pas phis grosse que le poignet, avait donné lieu , par la subite multiplication de ses bifurcations , à ce prodigieux développement. Au- dessous de cette légère couche alluviale, entièrement composée de cailloux cl de sable, il se trouvait une brèche de même nature , unie par un ciment ar- gileux. Ce banc avait une inclinaison à l'opposite de la marne coquillièrc: quelques peupliers noirs végé- talent péniblement à cinq à six mètres de cet endroit ; un seul se fcsait remarquer par son feuillage vert et son branchaçfc plus étendu. C'est surtout dans la di- rection du chevelu, quoique au nord, que les bran- ches de cet arbre avaient acquis une supériorité de croissance qui contrastait dune manière frappante avec le piteux état de ses voisins : c'est à lui qu'ap- partenait le phénomène que nous signalons. Les ra- cines de cet arbre avaient poussé suivant les lois ordi- naires, c'est.à-dirc en s'enfonçant d'abord, et ensuite en suivant la direction propre à l'espèce. Une d'elles ayant rencontré un obstacle (la brèche) au lieu de le longer dans la même horizontalité , de rebrousser chemin ou de s'enfoncer davantage pour chercher à passer en dessous, comme cela a lieu dans beaucoup de cas, prit une direction opposée aux lois habituelles, remonta vers la surface du sol^ en rampant en quel- que sorte sur la brèche j et , étant arrivée au sommet , s'étendit horizontalement, jusqu'à ce qu'ayant ren- contré un milieu qui lecélait abondamment des ma- tières nutritives (la marne coquillièrc) elle s'y divisa brusquement en une multitude d'organes aptes à s'emparer des principes nécessaires à la vie végétale, et acquit ce monstrueux développement. i^^^/î 54 €iycto[o^ie. PLUIKS DE CRAPAUDS, Par M. PAF.ïrJES. Laqueslloii des plaies de crapauds semLle prendre une direction à l'opposiie de la maiclie naturelle des êtres de cette classe , depuis que plusieurs renseigne- mens, tendant à confirmer la chnte de ces reptiles, sont parvenus à V Acadcinlc des Sciences. Sans préten- dre révoquer en doute la vérité du témoignage des personnes qni sont venues affirmer ce fait, nous pen- sons que les observations ne sont pas encore assez mul- tipliées, ni assez précises^ ni assez détaillées pour admettre les pluies de crapauds. Les explications données sur ce phénomène ne me paraissant ni suf- fisantes, ni rationnelles, je me permettrai d'émettre mon opinion sur celte (piestion. Je ne pense pas que la chnte de crapauds, pendant les pluies, doive être attribuée à des crapands existant dans Taii- ou des nuages, sous quel état que ce soit, mais à des causes particulières et indépendantes de l'atmosphère. A.insi, par exemple, des crapauds pouvaient cire engourdis sur des toits, sur des murs, sur des arbres, et rendus à la locomobililé par l'effet de la plaie ou de riiumi- diié, se précipiter et atteindre les personnes qvii at- testent ce fiiit. Plusieurs fois dans ma vie, il m'est arrive de voir le sol jonché de petits crapauds avant, 55 pendanl ei après des pluies, mais jamais je n'en ai vu tom])er. J'ai élé plusieurs fois à même de faire des observations qui viendraient à Vappui de l'opi- nion que je présente; mais je ne les ai pas enregis- trées, parce qu'il n'était pas venu dans ma pensée qu'il viendrait un jour où je pourrais en faire usage. Néanmoins, je suis bien mémoraiif qu'étant assis (avec une autre personne que je crois être, sans pouvoir l'affirmer, M. Textor, capitaine du 43<^ régiment) contre le mur d'une ruine près de Millas, nous vîmes une quantité prodigieuse de petits crapauds qui grim- paient le long du mur, et qui allaient se cacher sous les tuiles du toit qui étaient couvertes de mousse. Je me rappelle encore, qu'il y a une dizaine d'années , étant à la chasse à l'étang de Villeneuve , il m'a clé raconté par un chasseur d'une petite commune des environs de Perpignan^ qu'au commencement de l'hiver d'une année qu'il cita , une troupe de ca- nards sauvages s'abattit sur un champ de trèfle où il n'y avait point d'eau, ce qui est contre les habitudes de ces oiseaux, que quelques coups de fusil qui leur furent tirés en firent rester plusieurs; les autres s'en- volèrent, mais ils ne tardèrent pas à revenir à la même place, si bien qii'à plusieurs reprises presque tous fu- rent tués. Soit maladresse ou curiosité, quelqu'un s'a- visa d'ouvrir le gésier d'un de ces canai'ds , qu'il trouva rempli de petits crapauds ; aussitôt la nou- velle s'en répandit, et tous ceux qui y furent encore à tems vérifièrent ce fait, qu'ils trouvèrent exact : d'ovi l'on conclut que ces oiseaux étaient venus manger des crapauds dans ce champ. Ainsi, il résulte de ces deux observations, que de jeunes crapauds vont se cacher sur les loiis, (ju'ils peiiveni paiconscquenl rester cachés dans les trous ou les crevasses des murs, qu'ils peuvent monter sur les arbres, se tapir sur les troncs, les l)ranches, sous les écorces; qu'ils restent engourdis ou dans un état d'immobilité sous le gazon, peut-être dans la terre, jusqu'à ce qu'une pluie ou une forte humidité vien- ne les réveiller et les inviter à satisfaire aux lois de la nature; que, dès-lors, il n'est pas étonnant que, dans certaines localités et à certaines époques, on trouve d'immenses quantités de ces. animaux quand il pleut , et qu'il ne l'est pas davantage d'en voir tom- ber quand on se trouve dans des circonstances favo- rables. D'après cela, Ton conçoit très bien que les personnes qui ont été témoins de leur chute aient pu croire qu'ils tombaient de l'atmosphère , et en tirer cette conséquence que la transformation des crapauds, favorisée par la pluie, avait lieu dans l'air. SUR LES MOEURS D'UNE ESPÈCE DE TORTUE D'EAU DOUCE, TESTUDO ORBICULAHIS, Par M. FARINES. J'avais mis des sangsues dans le réservoir d'un jar- din où cette tortue javxne avait l'habitude de plonger; elle y demeurait d'ordinaire quatre à cinq jours, puis en sortait pour y revenir quelques jours après. Mais, depuis qu'il y eut des sangsues dans le réservoir, la tortue n'en sortit plus comme auparavant ; seulement elle venait de tems à autre respirer l'air à la surface 57 de Teau, cl dès que (|iielqu'iin s'appvocliail elle se laissait aller au fond : il lui suffisail même de la vue d'un corps quelconc[uc pour qu'à l'instant , et avec la plus grande promptitude, elle s'enfonçât pour ne reparaître que long-tems après. Si celte espèce de tortue a l'organe de la vue très fin, en revanche elle a l'organe de l'ouïe très obtus, si toutefois elle n'en est pas lotalemenl dé|)0urvue*, car, bien que le ré- servoir fût placé derrière la porte du jardin, le bruit très aigu de la serrure et des gonds ne paraissait pas être entendu de cet animal qui était toujours à la surface de l'eau lorsqu'on entrait, et ne disparaissait qvie quand on se présentait devant le réservoir. Pour confirmer cette observation , je fis placer un enfant auprès du réservoir, de manière qu'il ne put pas être vu par la tortue, et m'élant mis dans une position à la voir, je fis crier Tenfant : l'animal ne fit aucun mouvement, et son cou qui était tendu hors de Teau resta immobile ; mais lorsque l'enfant eût allongé son bras et eût présenté seulement lui doigt dans le l'éservoir, la tortue disparut. Craignant avec raison que le séjour continuel de ce reptile dans l'eau, ne lût motivé par l'appât des sangsues, je le retirai du réservoir, et je le plaçai de manière que, pour y rentrer, il lui fallût i'ranchir un petit mur crépi, de dix-huit pouces de hauteur. Cet obstacle n'en fut pas un pour la tortue qui, après des efforts inouïs, une persévérance et une obstina- tion difficiles à imaginer, parvint à escalader le mur et retourna dans l'eau ; elle mit deux jours et proba- blement une nuit consécutifs à s'exercer à celle es- calade: elle grimpait dans un coin du inur, s'élevait de quelques pouces, tombait toujours sur le dos, se 58 retournait avec la plus grande facilité en appuyant sa télc à terre pour recommencer à monter, rcloinher au même instant , se retourner et revenir a la charge. Pentlant ces deux jours, je fis de fréquentes visites au jardin. Je trouvai la tortue toujoiirs occupée au même exercice , et je remarquai que chaque fois elle s'élevait un peu plus; enfin, après avoir fait de petites hrèches au mortier à force d'y poser les griffes, et en s'aidant de sa queue et surtout de sa tête; elle parvint à franchir cet ohstacle, et courut aussitôt se précipiter dans le réservoir. Quelques jours après, ayant voulu m'assurer si les sangsues avaient diminué de nombre , je fus très désagréablement surpris de ne pas en trouver une seule dans le réservoir oii je les avais mises pour les conserver. J'ai remarqué que celte espèce de tortues mangeait beaucoup de mollusques terrestres et fluviatiles; elle recherche surtout ces derniers. Pour les avaler, elle casse les premiers tours de la spire , c'est-à-dire le som- met de la coquille, avec rextrémité anlérieure des mâchoires, et en retire l'animal avec beaucoup de facilité, sans en laisser aucune trace. Lorsque les co- quilles sont operculées, elle avale l'opercule, qu'elle rejette ensuite avec le^ excrémens. 50 Cmtii)î)Utilo0tc, os TROIS ESPÈCES NOUA ELLES DE COQUn.LES VIVANTES DU DÉPARTEMENT DES PYRENEES-ORIENTALES, Par M. FARII^'ES. 1. Unio Pianensis, Nob. Fig. 1,2,3. Unio Pianensis, Farines (^Boudée, Bul. Giss., 3e scct., pag. 27). U.. Testa transvers â , subœi/nilatcrali ^ ovalo-tc- tragonâ, crassâ , iiitiis gratissime carneo-roseâ , NEQUJQUAM MARG.iiiiTACEA , cpiclcrmide iiigerrùnâ rugis c/-assis regularibiis iiistructâ; natlbus sub- projninentibus dccorticatis; lamina cardinali nic- dio angidatâ, dentibus triangidaribus a cutis ier- TICALITER SULCATIS. Longueur 0,082 mètres. Hauteur 0,048 Epaisseur 0,032 Description. Coquille subéquilatérale , olilongue , épaisse, recouverte d'un épiderme très noir, épais, luisant, à stries régulières; son nacré intérieur est mat et couleur de chair dans diverses parties, som- mets excoriés, le bord inférieur est un peu échancré 60 vers le licis postérieur, et les valves déprimées dans celle j)arlie. Cette dépression est d'autant 'pkis pro- noncée que les sujets sont moins larges et plus épais. Borddojsal, presque rectiligne. Bord antcro-dorsal^ 1res peu oblique, légèrement courbe. Bord antérieur , arrondi, obliquant légèrement en arrière. Bord an- téro-basal, courbe, obliquant fortement en arrière. Bord basai , borizontal , rectiligne, sauf" un léger si- nus vers son milieu. Bord postcro-basal , courbe, su- banguleux, très court. Bord postérieur , très légère- ment courbe, subtronqué. Bord postéro-dorsal , un peu long, oblique légèrement courbe. Quoique M. Jîoubée (ouvrage cité) dise que celle Uiiio n'est qu'une belle variété de VU . littoralis , que ce jugement résulte de Finspection qu'il a faite de cette coquille avec M. Desliayes, et que j'aie la plus grande confiance dans les décisions de ce dernier; cependant, après avoir minutieusement comparé ces deux coquilles et avoir mis en parallèle leurs carac- tères les plus minces, leur éloignement m'a paru telle- ment iranclié, la différence si évidente et prouvée par un si grand nombre de caractères , que toute analogie a disparu pour moi, et il m'a été impossible de ne pas persister dans ma première opinion. Je pense donc que ces deux savans n'ont point porté dans cette inspection toute l'attention qu'elle exi- geait, et qu'ils verront la cliose tout différemment s'ils se donnent la peine de comparer de nouveau ces deux Unio : ([uoi qu'il en soit, voici le résultat de l'examen comparatif que j'ai fait de VU. Piancnsis avec V U . littoralis Drap. elVU . sabtetragoua Midi., ces deux espèces m'ayant paru les seides des Unio de France avec lesquelles on puisse la comparer. un. Piancnsis se distingue des deux autres : 1° En ce que la lame interne de son test n'est point nacrée, ni brillante, mais mate et SEMP.i.ABf.E A de la PATE DE PORCELAINE SANS VERNIS ; 2° En ce que son intérieur est d'une couleur de CHAIR BIEN FRANCHE au lieu de tirer sur le jaunâtre comme la nacre de \U. subtetragona , ou sur le bleuâ- tre et le brunâtre, comme celle de 1'^. liitornlis ; 3<* En ce qu'au lieu d'être très inéqnilatêralc , elle est suBÉQUiLATÉRALE. Aucune espèce de France ne peut lui être comparée sous ce rapport. 4« En ce que, quelles que soient les nombreuses variétés d'allongement de VU. littornlis , sa charnière forme toujours une courbe rcgulicre qui suit le con- tour dorsal des valves. Dans 1'^^. Piancnsis , au con- traire, la ligne de la charnière est beaucoup plus HORIZONTALE, quoique brisée par un angle vers son MILIEU. Il en résulte que les crochets de VU. Piancnsis sont plus saillans que ceux de 1'^'. littoralis ; 5° En ce que le système de charnière est à la fois beaucoup MOINS ROBUSTE proportionnellement, et BEAUCOUP PLUS SAILLANT daus 1'^. Piancnsis que dans les deux autres espèces; G" En ce que la position des dents de la charnière ( caractère essentiel ) est presque exactement paral- lèle AUX BORDS DORSAL ET BASAL , tandis qu'elle est trcs oblitiuc dans les deux autres espèces. Il suit de là , que la dent double (valve gauche) est sillonnée ver- ticalement dans VU . Piancnsis, tandis ({ue ces mêmes sillons sont dirigés très obliquemenl(et souvent même presque parallèlement aux bords dorsal et l)asal, dans les variétés très allongées de V U .littoralis ] dans les deux autres espèces. La lucmc remarque comparative sap- 62 pliqne aux sillons de la dent simple ( valve droite); 7" En ce que la dent simple est réellement trian- GUI.AIRE ET AIGUË dans VU. Pianciisis , tandis quelle est seulement subtriangulalrc et très obtuse dans les deux autres espèces; 8° En ce que la forme générale , loujoui-s Qu'aie plusou moins allongée dans V U . littoralis , ovalc-arron- ilie subtétrngvnalc dans VU. suhtetragona ^ est ovAi.E- TRANSVERSEetsuDPARAi.LÉLiPiPÈDiQUE daus la mienne; 9° En ce que la subéquilatéralité de VU. Pianensis, caractérise fortement son Jades extérieur; 10» En ce que son épidémie est noir et non brun comme celui de VU. littoralis, noir et non vert comme celui de l^^. subtctragona ; 11° Enfin, en ce que son épidémie est relevé de rides épaisses et régulièrement espacées , tandis qu'elles sont irrcgidicremcnt entassées ou séparées tlans VU. littorahs. L'épidémie est presque lisse dans VU. snbtelragona. Hab., à Pia, village à une lieue N. N. E. de Per- pignan, dans le ruisseau qui porte le nom de celte commune. Quoique ce canal reçoive les eaux de la rivière de la Tct, comme les autres canaux d'irriga- tion des environs de Perpignan , c'est le seul jusqu'ici où j'aie trouvé celte coquille , et encore dans une seule partie, depuis Pia jusqu'au Vernet: au-dessus, je n'y ai pris que VU . littoralis ; je n'ai pas visité la continuation de ce canal au-dessous de Pia, où je présume que l'^'. Pianensis doit être commune. Un fait digne de remarque, c'est que les Unio c\m, en général, se plaisent de préférence dans les eaux cou- ranles , se trouvent ici au contraire abondamment dans les eaux dormantes et vaseuses; et que nos ri- ^ 63 vièrcs, le Tech, la Tel el l'Agly, qui sont assez ra- pides, n'en contiennent point ou fort peu, tandis qu'elles sont abondantes dans la Basse , et pas rares dans les eaux stagnantes des fortifications; par oppo- sition , j'ai trouvé Vanodonta cygnea dans le Tech au-dessous d'Elne, dans un lieu sablonneux et l'on sait que cette coquille aime les eaux tranquilles et les fonds bourbeux. Utilités. h'U. Pianensis esx. éàu\c-^ elle est beaucoup moins coriace que VU. littoralis ; les cureurs de ca- naux en mangent en quantité sans en être incom- modés; ils prétendent que son odeur est différente des autres mouscles , nom qu'ils donnent aux Unio et qu'elle a un goiit de viande bien marqué ; mais c'est probablement la couleur carnccnne de l'intérieur et qui est très intense lorsqu'on en relire l'animal qui, agissant sur l'imagination, leur fait attribuer au sentiment du goût l'impression produite par le sens de la vision. J'en ai mangé sans prévention et la seule remarque que j'aie pu faire , c'est qu'elle m'a paru un peu moins dure que 1'^/. littom/is. 2. IIelix Desmouf.insii. Nob. Fig. /i 5 G. H. Testa orhicnlato clepressâ , nlrinquc convexius- culâ subpellucidâ, albafusco imifasciata, longitu- diuahtcr striatâ; umbilico inagno peivio; apcrturâ transverse ovali , deprcssissimâ ; lamina columel- LARi (in speciem adultisj cum peristomate reflexo JLfIO CONTINUATA, MARGINË EXTERWRI UIIERA. ïî-'^^^teur 0,00G mètres. Diamètre 0,014 Diamètre en hauteur de 64 Yoiive7tu?-e , pris de la réunion antérieure des deux bords à la jonc- tion postérieure du pé- ristome 0,00G Diamètre en largevir. . . 0,005. Cette cocpille appartient au sous-genre Hèlicdle de M. de Férussac; elle est voisine, par sa forme, de VH. cornea et de VH. alpina, mais elle s'en éloigne essentiellement par la forme de la Louche, dont le pÉRiSTOME EST CONTINU ; SOUS Ce dernier rapport^ elle se rapproche davantage de \H. l apicid a c\u'i , par sa carène, fait partie des caracollcs , avec laquelle on ne peut par conséquent la confondre. Description. Solide, transparente, couleur de corne claire ou blanc sale, Icgèrement fasciéc , striée longitu- dinalement, ouvcilure un peu ovale, presque orbi- CULAIRE, caractère qui la dislingue de VH. cornea, qui a l'ouverture beaucoup plus ovale , et dont le péristome forme un nngle un peu droit à son bord gauche; ce caractère est saillant: si on met ces deux coquilles l'une à coté de l'autre, péristome continu, blanc, réfléchi, ombilic un peu évasé, très jirofond, spiie aplatie, mais un peu moins que celle de \H. cornea. IIap. les endroits frais et gazonnés de la moniagne des Albères ; elle a été trouvée , ]>our la première fois , près des ruines de l'ancienne forteresse de N.-Dame dcl Castcll, par M. Serny, professeur de rhétorique au collège de Perpignan, qui eut l'obligeance de la ramasser pour moi. Je l'ai prise depuis dans jilusieurs autres endroits des Albères, et notamment près de la Toui du Diable. 65 J al donné à celle coquille le nom de M. Charles des Moulins, savant, dont l'ohligeance égale le mé- •ritc ; je désire qu'il tioiive, dans cette faible marque de mon souvenir, un témoignage sincère de mon dévouement et de ma vive gratitude. 3. IIemx Xatartii. Nob. Fig. 7, 8, 9. H. Testa snllda , orhicidalo-condidcâ , subdcprcssa UMBIL1CAT.4, loiigitiidiiialiter stviata et uregularitcr costidatâ suh cpiderniidc virescciitc albâfusco iini- Josciatâ; apcrturâ snhrotiimlâ; umbilico peristO' vmtc rcflexo alho parliin tcclo. Hauteur '. . 0,011 mètres. Diamètre 0,018 Diamètre en hauteur de \ous'crtuvc , pris de la réunion antérieure des deux hords à la disjonc- tion du pcristome. . . 0,010 Diamètre en largeur. . . 0,008. De toutes les Hélices de France, la seule qui ait des rapports avec celle que je décris est 1"//. nrbus- torian. Mais un caractère qui éloigne loute analogie entie ces deux coquilles, c'est que celle-ci est sim- plement perforée et ap|yanient au sous-genre Hèlico- geiie de M. de Fér\]ssac, taudis que VU. Xalariii est OMBii.iQTJÉE , cl comme VH. JJesinoidiiisu doïl êtvc ran- gée parmi les Hélicelles du même auteur. Description a l'état adulte. Test solide, d'une cou- leur jaunâtre, tirant sur le vert, brunâtre et comme rôtie, surtout sur le tour inférieur de la s|)ire qui 5 66 est marqué d'une bande brune, clair-semé de taches jaunes, plus nombreuses vers la partie postérieure de la coquille, ouverture semi-ovale, péristome blanc peu réfléchi, trou ombilical, moyen et un peu mas- qué parlacolumelle; cette coquille est très striée et comme câtelce par des replis très saillans, qui sont probablement des restes d anciens péristomes; ces stries, beaucoup plus apparentes en dessous qu'en dessus de la coquille, constituent un caractère dis- tinctif entre cette Hei.ix et VH. arbustorum. La spire , quoiqu'un peu convexe, est beaucoup plus aplatie, et sa grosseur beaucoup moins variable que dans les difTérentes variétés de VH. arbustorum . Dans le jeune âge,. celte coquille est transparente, fragile, d'une couleur jaune verdatre, unie, sans bande brune, ni taches jaunes, profondément striée; son ombilic est en grande partie recouvert par la co- lumelle ; au fur et à mesure qu'elle avance en âge , elle acquiert de la solidité, se fonce en couleur, l'ombilic se développe et se découvre. IIab. sur toute la chaîne des Pyrénées-Orientales, à une élévation d'environ 1,200 mètres au-dessus du niveau de la mer , particulièrement du côté de Prats- de-Molld, au lieu dit /o Coll. de las Molas. Elle est assez commune sur le chemin de Nuria, par Campredon, sur le gazon et sous les pierres le long d'un petit ruis- seau en face de la Coma de Vaca, sur le pendant de Font-Llct.cra. Je l'ai prise, mais en très petite quan- tité, auprès d'une fontaine de la vallée Dorri, sur un pied de Vaconitum jinpcllus , et en assez grande quan- tité a rexti^émité de la vallée de Carcnsa, près de la Cullada de las trcs Crcus. 11 était cinq heures du ma- lin, le soleil commençait à frapper sur cette partie 67 de la montagne; mais, comme il était tombé une lé- gère pluie peu cVinstans auparavant, quelques-unes de CCS coquilles marchaient encore et se retiraient sous les cailloux et dans les crevasses profondes des rochers d'où je les débusquai. Dédiée à mon ami M. Xatart, pharmacien à Prats- de-Mollô, botanisie distingué, qui l'a trouvée le pre- mier, et de la bonté duqviel je tiens une partie des renseignemens que je viens de donner sur son habi- tation. EXPLICATION SE LA FI.AIffCHE. Fig. 1 . Unio Pianensis, de grandeur naturelle, mon- trant l'intérieur de la valve gauche. 2. La même, montrant la valve droite à l'inté- rieur. 3. La même, vue par le dos. Fig. 4. HelixDesmoulinsii, vue l'ouverture en haut. 5. La même, vue en dessus. 6. La même, présentant l'ouvei'ture et l'ombilic. Fig. 7. Hélix Xatartii, vue l'ouverture en haut. 8. La même, vue en dessus. 9. La même, présentant l'ouverture et l'ombilic. Fig. 10. Molaire de Jihinoccros mcgnrhinus. 1 1 .La même vue du coté de la couronne. 5* 68 DE MM. FARINES ET FAUVELLE SUR UNE DEKT FOSSILE. M. FARINES , rapporteur. La denl envoyée par M. Cliapsal, curé de Trullas, dont vous nous avez chargés de déterminer le genre auquel elle appariieni, est du nombre de ces maté- riaux destinés aux progrès d^une science qui occupe aujourd'hui des hommes de toutes les classes de la société^ et dont Tobjet ne se borne pas à nous ensei- gner ce qui est : cette belle science remonte plus h.uii; elle nous découvre ce qui a été, et Ion peut ajouter même ce qui doit être; c'est à elle que nous devons d'avoir changé en fait ce qui jusque là n'avait été que le résultat d'une croyance religieux', La question du a déluge, si souvent contestée et si fortement combattue '{ par les philosophes du xviii*' siècle, grâces à la géo- logie, n'est plus un doute aujourd'hui. De nouvelles observations viennent nous révéler tous les jours l'oc- cupation de tous les continens connus par les eaux de la mer ; mais il reste encore à harmoniser les idées religieuses avec les idées scientifiques sur celle ques- tion : y a-l-il eu un cataclysme général ou des cala- 69 clysmes pariiels? Celle qiicsiion csi eomplèlement résolue el parfailcnicnl harmonisée pour les hommes voués à la recherche des secrets de la naiure, dont lesmédiiaiions se porienl vers l'étude des faiiseréné- raux el qui savent concilier et apprécier les diverses phases de Thumanité ; mais elle a hesoin d'cire vulga- risée pour pénétrer dans les masses el èlre hien com- piise par tout le monde. L'impulsion que prend la géologie nous fait espérer que cet immense et sublime résultat seia alleinl. Nous sommes d'autant plus fon- dés dans notre espoir, que nous voyons des hommes de paix et de désiiiiéressement, des hommes voués par étal à l'amélioration moiale de leurs semhlal)lcs, des hommes libres de toute influence,, de toute dis- traction temporelle, des trètres, enfin, se livrer avec zèle à l'élude de l'histoire naturelle; dans de telles mains, les bienfaits de celle science ne peu- vent n)anquer de descendre jusqu'aux moindres in- telligences, et ce progrès obtenu nous donne le droit d'espérer de voir se réaliser la plus grande conception de CIVILISATION : l'instruction de toutes les classes de la société, et nous disons à dessein de toutes les classes, parce que nous avons la conviction que toutes les classes ont besoin d'insiruciion , et que nous ne de- mandons pas, avec la plupart des économistes , de n'instruire que la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. C'est dans U- courant de l'année 1831 , que les ter- rassiers occupés au percement de la loule départe- mcnlale ([uiconduil deTrullas à lîages, découvriront dans une marne argileuse, à dcu\ mètres rincpiante cenlimèlres de profondeur, des débris dasseniens et la dent qui vous a été envoyée. M. Chapsal cxpiiiuc ' 70 le rcgroi, qui sera partagé par tous les nattirallstes ^ que ces osseinens iTaieiii pas été recueillis; il émet le vreu que des fouilles soieul dirigées sur ce point: nous partageons entièrement son opinion sur l'utilité de ces fouilles; mais, comme lui, nous ne pouvons faire que des vœnx pour leur réalisation. Cette dent est une sixième molaire supéiicure gau- clie ; sa forme est un peu quadrilatère , oljli([ue ; elle a 6 centimètres de diamètre dans le sens longitudinal, 5 centimètres dans le sens transversal, et 9 centimètres de l'extrémité inférieure de la racine au sommet de la couronne. Les racines sont plates, au nombre de qua- tre, dont deux séparées correspondent aux deux an- gles de la face externe, et les deux autres, collées à la base, correspondent aux deux angles de la face in- terne : elles sont séparées de la couronne par un collet Lien distinct. La face externe , plate et un peu déclive en dedans , offre une côlc saillante qui se termine inférieurement par une lame lianchante, et »|ui forme la plus longue cminence sur la couronne. La face interne se divise en deux parties arrondies a. la Lase, qui se terminent en un sommet obtus, où commeiicent les collines tiansverses. La couronne a un bord relevé, trancbant , avec quatre éminences anguleuses du côté externe, etdeux plus obtuses du côté interne; elle offre deux collines iransverses , séparées par une vallée conique de 2 centimètres et /» par nue dos collines Iransverscs, cl ([ul donne à celle jxn lie de la conroinic la figure assez, régulière d'un liclle. Celle caviié pai'aît avoir été primitivement une petite vallée, car on voit encore à son bord externe la suture occasionnée par le rapprochement de l'émail. Les collines des vallées sont formées par la continuation d(^ la ligne d'c'mail du tranchant de la couronne, et bordent nn rnbaa osseux. Les faces antérieure et postéiicurc sont garnies, à commencer des angles internes jusque vers le mi lien, d'une colline d'émail peu prononcée, qui forme un double tranchant de la couronne, mais nn peu plus bas et beaucoup pbis obtus. Cette dent appartient an genre Ilhinocéros, et pro- bablement à l'espèce Mcgarhinus '. 1 Lorsque nous avons fait lecture cle re rapport h la Soàétc Phih- iiititii/iif,nous n'avions pas les docuniens suffisatis pour nous prononcer d'une innnièie affirmative sur le gente auquel devait être attiibuée cette (ient ; depuis, nous avons reçu de M. de Cliristol son savant mé- moire , intitulé : /ùclivrclics s'ir les inniitèrri: dis ^riiii) 75 |3atl)aUjjie, DE MM. RIBELL ET GRANDO sur une notice relative à l'HKMÉRiLOPiE, présentée à la Société par M.FOUI.AIN, cliirurgien-major de la division des Pyrénées-Orientales, correspondant. (M. KIBXlili, rapporteur.) L'héméralopie, ou aveuglement de nuit, est une affection singulière et peu connvie de la vision, pen- dant la durée de laquelle le malade ne voit rien aussi long-tems que le soleil est sous l'horizon. Au lever de cet astre , il commence à y voir un peu ; sa vue s'é- claircit graduellement jusqu'au milieu du jour, mo- ment auquel il voit aussi bien qu'avant sa maladie; mais à mesure que le soleil baisse, il perd peu à peu la faculté de distinguer les objets, au point, qu'à l'en- trée de la nuit, il ne peut rien discerner qua travers un épais nuage, et souvent même la vision est com- plètement abolie , malgré la lumière artificielle la plus vive. Dans le mémoire de M. Poulain, il n'est question que de l'héméralopie essentielle, c'est-à-dire de celle qui ne dépend pas d'une autre maladie des yeux, mais qui existe par elle-même \ car il y a quelques 76 infirmités de lorgaiie visuel, la goutte sereine ou amorause, par exemple, dans laquelle riiéméralopie se rencontre aussi ; mais alors cet affaiblissement de la vue, qui ne pex'met d'apercevoir les objets qu'à l'aide d'une lumière considérable, n'est que le pre- mier degré de la maladie. M. le docteur Poulain eut occasion d'observer à Belfort, dans le courant de l'année 1832, une hé- méralopie épidémique qui régna exclusivement sur les militaires de la garnison. Dans la première quinzaine de février, douze ou quinze militaires se plaignirent de ne pas y voir le malin avant le lever du soleil et le soir aussitôt que cet astre avait quitté l'borizon. Ce nombre d'hémé- ralopes s'accrut graduellement à la fin de février et dans le mois de mars, au point que le nombre des malades s'éleva au de-là de cent. L'épidémie perdit de son intensité dans le courant d'avril, et à la fin de ce mois il n'y cul plus un seul liéméralope. Chez la plupart de ces militaires, la cécité nocturne fut incomplète; ils conservaient la faculté de voir les objets ])eu éloignés et les corps brillants; chez quel- ques-uns la vision fut lout-à-fait abolie, et dans ce cas la pupille était énormément dilatée. Le plus pe- tit nombre, enfin, offrit le rcirécissemeni du trou pupillaire, et ceux-là semlilaicnt y voir mieux que les autres. Dans cette épidémie, les militaires furent frappés au milieu de la santé la plus florissante; pas d'élour- dissement de tête, ni pléthore sanguine, ni embar- ras gastrique, qu'on pût invoquer comme symptômes précurseurs de l'hcméralopie. Quant à la cause prochaine de la maladie et aux 77 causes éloignées ou accidentelles, c'est-à-dire ù celles qui rendent un certain nombre d'individus propres à la contracter, on ne saurait en assigner aucune. On n'a guère plus de données sur les modifications sur- venues dans l'œil de Tliéméralope. Cette appréciation est d'autant plus difficile, que cette maladie n'offrant jamais un caractère de mortalité •et étant presque toujours passagère, on a rarement la facilité de l'étudier sur le cadavre. Aussi nous ne croyons pas devoir laisser échapper l'occasion de rap- porter ici une observation d'iiéméralopie, recueillie par M. le docteur Chauffard , médecin de l'hôpital d'Avignon, dans laquelle il a pu saisir, après la mort, l'altéi-ation des yeux chez son héméralope. Il s'agit aussi d'un militaire en garnison à Avignon affecté dliéméralopie en même tems que plusieurs de ses camarades. Cette maladie existait, chez ce soldat, depuis trois mois, lorsqu'il succomba à une antéro- coliie très intense. Le nerf optique, disséqué avec attention, depuis son origine jusqu'à son entrée au trou optique, ne présentait aucune altération; mais de ce point, jusqu'à son expansion membraneuse, ce nerf était comme comprimé par l'extrême turgescence d'vuic foule de vaisseaux sanguins, toiissillonnans au tour de la lame interne de la dure mère. Le ganglion ophthalmique était très rougeairc; l'artère centrale de zenn était dilatée et dans un éiat de turgescence sanguine. 11 existait entre la choroïde et la sclérotique des suffusions sanguines, véritables taches hémorra- ci(nies. Ces particularités étaient également dc^e]op- pées sur les deux yeux. L héméialopic de ce mililaiic et de ses camaïades a été attribuée par M. Chauffard a leur séjour dans une caserne récemment blanchie. 78 ] Quant au traitement apporté à cette maladie , M j Poulain fait remarquer que celui qui paraît avoir ' réussi le mieux, a consisté dans Temploi du mercure i doux à l'intérieur, l'application d'un vésicatoire à la ; nuque , et l'usage d'un collyre résolutif, activé par l quelques gouttes d'essence de térébenthine. Ilobser- ] ve , d'autre part , que les militaires qui ont abandonné / la maladie à elle-même, et qui n'ont eu recours qu'à i des moyens empiriques, ont vu aussi leur guérison; ! ce qui semble prouver que l'iiéméralopie est plus ef- frayante que dangereuse , et qu'il n'est pas besoin d'employer beaucoup de remèdes pour la guérir. Tou- tefois, il est juste de noter que ces guérisons spon- tanées n'ont eu lieu qu'après huit ou dix jours, tems double de celui qu'ont réclamé les guérisons par le traitement. :f 79 EMPLOI DU ZOSTERA-MARINA DANS LE COUCHAGE Par M. FARiiffEs. ^ M. Bory-de^aint-Vincent a annoncé dernièrement à VJcadcmie des Sciences de Paris que des personnes qui s'occupent de lamélioration du système du couchage adopté en France, se proposaient d'introduire l'usage du zostera-marina dans la confection des matelas. Il y a bien long-tems que les matelas remplis de cette plante sont en usage dans ce département; par- conséquent ce système n est pas à introduire en France; mais, si l'on parvenait à adopter la zostère pour le cou- chage dans les étahlissemens publics, il y aurait non- seulement une grande économie, mais ce serait une mesure éminemment philantropique. Les feuilles de la zostère, lavées dans de l'eau douce et bien sé- chécs, ne sont pas hygrométriques, et elles ont l'im- mense avantage sur les matières animales qui entrent dans la confection des matelas d'être à l'abri des atta- ques des insectes: j'ai remarqué que les puces et les punaises ne s'y attachaient que rarement. On ne sau- rait assez recommander l'usage des matelas remplis de -ostcra-niarina pour le couchage des jeunes enfans ; ils n'ont pas Tinconvénient de s'imprégner de mau- vaises odeurs, ni de devenir hygrométriques comme les matelas ordinaires. Le zostera-Euj-opea, qui se trouve toujours mêlé avec le zostera-marina, est tout aussi bon pour cet usage. 80 €i*0uomie publique. SUR L'ÉCLAIRAGE DES VILLES, Par- M. FHAISSS , vice-secrétaire. Désigné, en 1831, pour fiùre partie d'une com- mission, tlans le Lut d'améliorer le système d'éclai- rage de la ville, nous nous adressâmes à M. Bordier- Marcet , pour le prier de nous envoyer un de ses Téverbèr€s à réflecteur parabolique pour en faire l'essai. Ce réverbère à un seul bec, muni de quatre ré- flecteurs placés à angle droit, fat d'abord posé au carrefour de la rue Voltaire. Le réverbère placé à la maison Lazerme, et celui du carrefour de l'Ange ne furent pas allumés ce jour-la. L'éclat produit par ce nouvel appareil ne tarda pas a attirer un grand nombre de personnes qui parta- geaient notre étonnement. L'effet fut tel que dans le cul-de-sac; de la rue de l'Ange il y avait encore assez de clarté |x»ur lire- Dans les anciens appareils d'éclairage, la plus grande partie de la lumière se perdait inutilement sur les mu- railles ou dans l'atmosphère. Dans ceux de M. Bordier tous les rayons sont utilisés et réfléchis au profit de 81 la surface à éclairer; des réflecteurs j>lacés au-dessus de la lampe, et courbés selon chaque localité, en- voient dans la direction de la rue toute la lumière qu^ils ramassent. La sphère de lumière dont le hec de la lampe est le centre, est réduite par les réflecteurs en autant de cônes qu'il y a de rues à éclairer. Ces cônes obli(|ues ont pour sommet le bec de la lampe et pour base une ellipse ayant pour grand diamètre la longueur de la rue, et pour petit diamètre sa largeur; la courbe de ces réflecteurs est calculée de manière à projeter un plus grand nombre de rayons à mesure que la dis- tance augmente, ce qui égalise l'éclairage autant que possible. Lorsqu'on \oit les progrès immenses qu'a fait l'é- clairage de nos grands étal^lissemens publics et l'é- clairage domestique, on se demande naturellement, pourquoi celui des rues est le même qu'il était il y a un demi siècle. Si un homme avait inventé il y a quarante ans un mode d'éclairage qui^ sans coiîtcr plus cher de pre- mier établissement que celui existant, ei\l offert éco- nomie de combustible et vingt fois plus de lumière, n'auriez-vous pas gai'anli à l'inventeur de celle mer- veille, une réussite couiplète et la reconnaissance de ses concitoyens? Eh bien! cet homme existait, il a lutté et lutte encore contre les vieux préjugés, et plusieurs fois sa fortune a été au monienl d être com- pi'omisc par le môme objet qui aurait dû l'assurer. Bordier-Marcet, inventeur de la lauqie astrale, et de plusieurs perfectionnemens lemarquables à tout ce ce qui tient à l'éclairage , se trouve dans ce cas. Suo- .82 cesseur el parent d'Amy-Aigand , inventeur de la lampe à double courant d'air, il avait hérité de son génie. Serait- il destiné, comme lui, à ne pas jouir du triomphe de son invention ; mais telle est sa fa- talité, quun ouvrier, nommé Quinquet, qui ne fit que couder le verre , qui était d'abord cylindrique , donna son nom à l'invention d'Argand. Voici l'économie qui résulterait de l'emploi des réverbères de M. Bordier pour l'éclairage de la ville de Perpignan. La ville est éclairée par 188 réverbères de un à quatre becs, en tout 523 becs, qui coûtent 2 c. 04 par heure ; ce qui fait un total par heure de 1 0 fr. 66,92. Quatre-vingt-neuf réverbères Bordier remplace- raient avec avantage les cent quatre-vingt-huit qui existent. Ceux de Bordier dépensent par heure 0,08 centimes, total 6 fr. 76 c. 11 y a donc un bénéfice de. ... 3 54 60. On compte ordinairement cinq heures d^éclairage par jour, pendant cent quatre-vingt-trois jours, ce qui ferait une économie de 3,206 fr. 91 cent. 80 par campagne ou par an de cent quatre-vingt-trois jours. Tout l'appareil complet neuf coûterait environ 10 mille francs. Et sans compter ce qu'on pourrait retirer des vieux réverbères, l'économie seule payerait tout ce nouveau mobilier dans moins de quatre ans. 83 3îaDlîMî de reconnaître, à la seule inspection , les fausses pièces de 48 et de 24 francs, Par M. GROSSET , trésorier. Les louis de 48 et de i\ , dits de fabrique , offrent les défectuosités suivantes : DÉSIGNATION DES .SIGNES. Fleurs de lys touchant au liaut de l'é cussuu Idem, maculées Tdem. de travers. ........ Courouue à droite. Lettres matérielles , iuégalemeut ré' parties - . . . . Idem baveuses L' V de REGN. touchant à l'écusson.. Nez très pointu, légers Cordon mal l'ait Sans cordou • . . . • Ne sont points ronds Au lieu de 1 1 points qui doivent exis' ter dans la longueur de l'écussou il n'y en a que 9 Les lettres de IV A REJi. rapprochées de la tête Parties usées, tirant sur le cuivre. . Blancliàtres En platine, doublés en or (très rares) MILLESIMES. 1784 1785 I78S 1788 1786 I78G I7S6 I-S6 1786 1787 1788 plusieurs années. LETTRES, N ; A.; J. ;B. J. D. J. B. N. A. B. H. S. V. \V. A. H.; R.; N plusieurs lettres. 1786 D. J 1788 A. I7S.5 A. 1786 A. 84' NOUVELLE METHODE DE PLANTER I.ES ARBRES ET LES VIGNES, Par M. FAUVEXIiE. C'est un fait reconnu en agriculture que si rien ne s'oppose au libre développement des végétaux, leurs racines s'étendent syméiriquemenl au tour de la sou- che, et occupent dans la terre un espace circulaire 5 que leurs branches s'arrondissent de même au tour du tronc et prennent extérieurement une forme sphérique ou pyramidale. La meilleure manière de placer les arbres sur le terrain , afin de perdre le moins d'espace possible sans les gêner dans leur développement, n'est donc point d'arranger horizontalement leurs cercles de végéta- tion , comme on le fait en plantant en échiquier , mais on l'obtiendrait en divisant le terrain en losan- ges égaux, sous un angle de 60 degrés, et prenant le centre de chacun pour l'emplacement des arbres que Ton veut planter. En employant cette méthode, l'es- pace qui restera entre les arbres, pris quatre à quatre, sera presque nul , et comme la surface du carré qui sert de base à l'échiquier est au losange, ayant même côté que lui, comme 1 ,000 est à 86G, il s'en suit que l'on peut, en mcllani la même distance d'un arbre à l'autre, planter en losancfe 1,000 arbres dans lui es- pace de terrain qui n'en contiendrait que 8GG, plan- lés en échiquier. SUR LA CULTURE DU SAFRAN, Par M. AYMAR, pharmacien à IHc, membre-résidciil. Il y a plusieurs espèces de safran; quelques-unes fleurissent au printems, d'autres en automne ; elles offrent de très jolies variétés qui ornent agréable- ment les plates-bandes des jardins des fleuristes les plus renommés. L'espèce qui fait l'objet de cette note est originaire d'Orient; elle est naturelle à quelques contrées d'Italie; elle est cultivée en grand en Es- pagne et dans plusieurs provinces françaises. Son importation date du xiv^ siècle ; elle est connue dans le commerce sous le nom de safran du Gatinais. C'est le safran cultivé , crocus satnnts , Linné , de la triandrie monogynie, famille des îrridccs. Jaloux d'intioduire dans notre département la cul- ture d'une plante très productive, je me suis livré à quelques essais que j'ai l'honneur de soumettre à la Société Philoinatique . En 1831 , je me procurai des bulbes de safran que je fis venir de la province d'Aragon, en Espagne; après avoir choisi un terrain léger, et l'avoir préparé i\o la 8G manière indiquée dans les ouvrages d'agronomie qu'il serait superflu de rapporter, vers la fin d'août je mis ces bulbes en terre, à une profondeur de quatre pou- ces et distans l'un de l'autre de cinq pouces. Dans cer- tains pays, le Gaiinais, par exemple , on les met a une plus grande profondeur, dans la crainte qu'ils ne soient saisis par les gelées j mais dans notre pays, où nous avons à redouter bien rarement que la lempéraiure de la glace pénètre jusqu'à quatre pouces dans la ter- re , cette profondeur me parut suffisante. Une légère pluie survenue vers la fin du mois d'oc- tobre, détermina la croissance subite de la bampe et l'épanouissement de la fleur. Je m'empressai de faire récolter les siygmates; ce travail dura six jours; il se faisait de grand matin , et quelquefois le soir après la tombée du soleil, quand je prévoyais que la quan- tité de fleurs ne me permettrait pas de finir le len- demain matin avant que le soleil n'eût fait fermer la fleur; malgré que la récolte de safran ne soit jamais aussi abondante la première année que les suivantes, le rendement fut cependant supérieur en valeur à toute autre récolte ordinaire que j'aurais pu mettre sur le terrain de la safranière. L'année suivante, je donnai trois labours à ma sa- franière ; le premier au commencement de mars, le second en juin et le troisième à la fin de septem- bre. Vers la fin du mois d'octobre je remarquai, com- me l'année précédente, que l'extrémité de la fleur commençait à paraître; mais au lieu de s'épanouir promptement, elle restait dans le même état, et à peine si dans quatre jours je pus apprécier qu'elle eût fait quelques progrès. Me rappelant que c'était à la suite d'une pluie que cette fleur avait poussé spon- 87 tanénient rannce avant, je crus devoir attribuer son état stalionnairc à ]a sécheresse qui régnait depuis plus de deux mois. Je résoins alors de suppléer à l'humidité naturelle qui paraît indispensable à la flo- raison de celte plante , par une légère irrigation que je donnai le soir, immédiatement api'cs le coucher du soleil. Le lendemain matin, étant revenvi pour voir Teffel qu'aurait produit cette opération , je fus agréablement surpris de voir ma safranière entière- ment émaillée de belles fleurs parflxitement épanouies. Le produit de cette récolte jouissait de toutes les qualités qui constituent un safran de première qua- lité, d'une belle couleur rouge brunâtre, d'une odeur forte , pénétrante , agréable ; en proportionnant le produit obtenu pour soixante ares, qui font VaYmi- iiatc du pays, j'ai trouvé que cette plante peut four- nir 9 livres de safran par ayminate, dont la valeur, terme moyen, est de 20 francs la livre; ainsi une ayminate de terre plantée en safran produit 180 fr. par an; il faut y ajouter encore la valeur des feuilles qui restent \ ertes tout l'hiver et qui sont \\n excellent pâturage pour les brcufs. Les frais de culture se ré- duisent à pende chose, puisqu'ils consistent en trois travaux par an, dont les deux premiers sont deux bêchages superficiels et le troisième un simple ratis- sage, qui peuvent cire faits par des fenuucs ou des enfans. Jeregrelle beaucoup qu'une crued'eau qui eut lieu dans le mois de novembre de celte année, ait entraîné ma safranière, qui était située près de la rivière, et m'ait privé de présenter une série de faits el d'expé- riences plus complets sur la culture d'une piaule (pic je n'hésite pas à signaler comme une des piincijialcs 0'** 88 productions si elle vient à se propager dans ce dé- partement. Je voulais attendre le résultat d'une nou- velle expérimentation que je fais cette année; mais le désir que j'ai d'être utile à mes concitoyens, m'im- pose l'obligation de communiquer à la Société Philo- matique le résultat de mes premiers essais. Plus tard j'aurai Tlionneur de lui faire part de mes nouvelles observations. 89 -=g>^>. Description d'un genre nou- veau de coquille bivalve fluviatile, in-S". Description d'une nouvelle espèce d'euphorLe, in-S". Mémoire sur celte question: le genre planorbe est -il dextre ou sénestre? Note sur les moyens d'em- pécher la corruption dans les bocaux où Ton conser- ve des animaux aquati- ques vivans, in-8°. MM. DupuY Notice sur deux hippuri tes, in-8». Farines Description de trois nouvel- les espèces de coquilles vi- vantes, in-8°. Journal des Connaissances Utiles, 2^ vol., in-8°. IzERN Code rural français , in-12. TouRNAL Notice sur les volcans an- ciens, in-8«. Souvenirs d'un congrès sci- entifique, in-8o. ViGAROSY Considérations sur les bre- vets d'invention. 96 OBJETS DIVERS. MM. Cayroi. Le sceavi de la Sociélé. Chapsal Une dent de Rhinocéros fos- sile. Caffe Un cristal de chaux sulfatée trapézoïdale. Courp-MassotA. . Un alcedo hisplda. Farines Deux échantillons de lignite et un de fer sulfuré de Pa- ziols. Deux exemplaires du cyclo- lites lieniisphcrica. Un échantillon de mine de cuivre de Carcnsa. Fraisse Un échantillon de jayet. Une hippurite de Costujas. Ferrus • Un raisin incrusté de la fon- taine de St. Alyre (Auver- gne). Un échantillon du dépôt calcaire de cette fontaine. Seize échantillons de miné- raux. Gouget Ceiit espèces de plantes des- séchées. Grando Dix-huit espèces de coquil- les fossiles tertiaires. Parés Jh Cent soixante- deux échan- tillons de terrains prove- nant d'un sondage arté- sien. // m ■^"lïPMiM-. -m :,;5rtî^ k:%vv"- "^s' éÉMÈ^^É^^ ^^msimii^ // 3 ft.iïSïïiKj&;*isfe-_ ■Ss, 9 -iS»;*^^"' '\ lt /D J 0 J 1 ém BULLETIN n E LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE (section de uttérature et beaux-arts). jCitlcratum iîDsa(2iâ îiîaâ^DiKa(^iirï3. Si les oLjels qui nous sont tout-à-fait étrangers le plus souvent nous intéressent, me sera-t-il permis, messieurs, de captiver un instant votre attention en la reportant sur qucl([ucs souvenirs qui se rattachent au pays qui nous a vu naître. Les sentimens manifestés au sujet de ce pays dans la lettre qua publiée la Société, dans le journal dé- positaire de ses travaux, n" 14, 183'i, font beaucoup d'honneur à M. Siau, son auteur. Ils ne peuvent manquer de trouvei- des sympalliies dans Tàmc des Roussillonnais; mais si, comme M. Siau Ta écrit: les connaissances humaines se sont arrêtées, pour ainsi dire, aux portes du Roussillon , ce n'est point qu'elles y aient trouvé des dispositions contraires. On peut se con- vaincre que la voie du progrès n'est pas nouvelle pour notre province. Elle y entra bien plus tôt que beaucoup d'autres, et son éloignement aujourd'hui ne doit être attribué qu'au malheur des tems qui ont pesé sur elle, plus que sur tout autre pays; mais en ]ui enlevant ses libertés, ses franchises, la source de ses prospérités >, ils ont pu compinmer ses élémens tle progrès, mais non les détruire. Ces élémens, messieurs, sont déjà signalés dans les lems les plus reculés. Notre pays faisait partie d'une province que Tanli- quilé distingua déjà au milieu de la barbarie. La Gaule Narbonaise , dit Ausonne , doit être plutôt regardée comme l'Italie même que comme une province. Elle ne le cède ci aucune autre , soit pour la culture des champs, soit pour le mérite de ses liabitans et pour la dé- cence de leurs mœurs ^ soit pour la grandeur des richesses. Alors que la Catalogne , le Roussillon et la Cerdagne ne fesaient qu'un même pays, on vit sortir de son sein des guerriers, des conquérans, des législateurs ==, des hommes doués d'une ame forte, des hommes entre- « ReciiPÎllîes dans un nouvel ouvrage, brûlant tl'mie énergie tonte patiiotique : Essai sur les anciennes institutions municipales de Perpignan par un de nos concitoyens, M. Jaubert-Campagne, avocat. 2 Ou les vit conquérir la Sicile, la Sartlalgne, l'île de 3Iinorque, faire trembler sur leur trône les einpereuis de Constantinople, se par- tager l'Attique et la Béolie, donner des lois à la Grèce, et s'attirer l'admiration de leurs ennemis (note historique). I prenans, dont l'activiié et le courage propagèrent l'in- duslrie, étendirent le commerce dans tout le monde connu, et contribuèrent, par le ]:)erfectionnenient de leur agriculture et par leurs nombreux ctablisscmens manufacturiers, à l'élévation, à la prospérité et à l'o- pulence de leur terre natale. Tableau heureusement présenté dans les iv^^ 43, 44, 45 et 4G du Pnblicateur , année 1833, par un his- torien consciencieux, notre compatriote, feu M. de St.-Malo, cadet, trop tôt enlevé aux sciences et aux Jeltres. Nos annales historiques , en vous offrant la cour des princes catalans comme le rendez-vous de la bravoure, de la courtoisie et de llionneur, vous la signalent aussi comme l'asile des arts et le berceau de la poésie, alors nommée gale science. Les xu^ et xiii"^ siècles retentissent des noms dés Bcrejigerj des Béatrix de Savoye , des Alplionse II ^ , des Jacques l„, et des Pierre III d'Aragon =. Il faut , disait Giraud-Riquier , poète de Narbonne, qui écrivait dans le xiii'^ siècle : // faut que je me confirme dans la voie du véritable amour; je ne saurais y pi-endre de meilleures leçons que dans la joyeuse Catalogne , parmi les braves Catalane et les braves Catalanes : gcdanterie, mérite et valeur, cnjouenicnt;, grâce, courtoisie , esprit, savoir, honneur. ' l'rotecteiir des troubadours et troubridour lui-ni■' " Cependant Saragosse ne pouvait plus tenir, malgré l'héroïque résistance de ses habilans. Chaque maison , transformée par eux en citadelle, avait coûté des ef- forts surnaturels à nos braves. 11 restait encore un couvent. Ses mvirs crénelés abritaient un nondjre assez grand de défenseurs déterminés. On employa la mine. Il fallait un homme dévoué pour y mettre le feu. Le régiment d'Arthur se trouvait en première ligne; on fit un appel aux plus braves; la gloire de l'armée dépendait de ce dernier effort. Dans celui qui demande un homme de courage , liaymond a 22 reconnu celui qui deux ans plutôt lexhortait à ses devoirs de soldat. Il s'élance: «Général » s'écrie- t-il, ((VOUS à qui je dois tant, et dont les leçons sont si (djien gravées dans ma mémoire, aujourd'hui, je ((vais vous montrer si je suis digne de vos bontés; ((me voici prêt; il faut un homme de courage ! or- (( donnez. Cachez-moi cette larme qui m'honore; Vive (( l'Empereur et la France ! amis , souvenez-vous de «moi.» 11 dit' et marche d'un ])as ferme vers l'en- droit fatal. L'honneur, lamour de la patrie, le dé- sir de la renommée, si puissant sur un jeune cceur; tous ces motifs hâtent sa marche. îl approche. ((Ma- ((ria» s'écrie-t-il alors ((pardonne, la France le com- ((mande, je lui dois obéir. Adieu, Maria! » — ((Elle ((veille encore sur toi, et son nom te protège, jeune ((homme, le Gitano vient payer la dette qu'il a con- (( tractée envers loi ; lu acquitteras celle de la re- (( connaissance : » et la grande figure du proscrit vint tout-à-coup se dessiner devant lui. ((Écoute; les mo- ((mens sont chers; Maria n'est point ma fille, mais je ((l'aime à l'égal d'une fille; je lui jurai de conserver (( les jours. Quand tu fus blessé, jet'emporlaiducliamp ((de bataille; je t'ai nourri quand la disette dévastait (don camp, et maintenant que pour ta gloire il faut ((brûler ce couvent, et que ta mort doit suivre cet ((incendie, le Gitano mourra pour la gloire; c'est ((lui qui le brûlera. Ne parle point; cède; il le faut; ((au nom de Maria je l'exige : et moi, en attachant (de feu a cet édifice, je venge mes frères et je me ((vengCr Dis-moi, Ai'thur, maintenant; tu vois si la ((bienfaisance est récompensée : Adieu; pense au Gi- ((tano; veille sur Maria; lu la retrouveras à la fron- (dière de France.» il dit, embrasse le jeune homme 23 el conri à la mine. Arthur veut le suivre; un de ces gestes icrrililes auxquels l'homme doit obéir, et le nom de Maria, qu'il répète, viennent l'arrêter; une explosion terrible se fait entendre; Raymond, qui espère encore sauver son ami, s^élance au milieu des flammes; les Français le suivent; et Saragosse, mais Saragosse en ruines, est au pouvoir de l'armée. Et dix mois après cet événement, assis auprès du feu , souriant doucement à une jeune femme qui pas- sait sa main dans ses cheveux, un jeune capitaine, le comte Arthur Raymond -d'Halville, disait à sa char- mante compagne : ccMaria, c'est demain le vingl-cinq, (de général d'îialville, noire bienfaiteur^ mon père, ((Car maintenant je puis lui donner ce nom, viendra ((nous voir, et nous irons ensemble prier pour le (( Gitan o.n L. d'Horbouro , raembrc-icsidiivt. 24 ]m mimiÈ mm ila i-m^miLm, Connaissez - vous la contrée ou le ciel est toujours brillant, ou la voix du rossignol n'est jamais muette , oie les Jleurs succèdent aux fleurs : c^est le beau climat de l'Orient. C'est dans ce climat heureux que^ frappée du spec- tacle d\ine nature grande et belle, versant d'une main libérale toute la richesse de ses trésors, l'ima- gination de l'homme créa un langage povtr exprimer ses sensations, langage qui fut en rapport avec les objets dont elle votilait publier les merveilles; et le génie allégorique déploya ses aîles; c'est l'esprit de l'antiquité. Source de beauté, de gloire et de jouis- sances pour les tems modernes; car, c'est inspiré par l'amour de ce langage merveilleux que le génie de la Grèce enfanta ces productions supérieures, que la patrie des Raphaël et des Michel-Ange montre au- jourd'hui, avec leurs chefs-d'œuvre, à l'admiration de l'univers. Ce génie symbolique des anciens tems , dont le berceau remonte aux premiers fasles du monde, s'é- tendit avec les peuples. Il a parcouru les espaces ; il est parvenu jusqu'à nous ; mais brisé , torturé par les mélanges des différens esprits des nations, par l'altération d'une foule de fables de tems eJ, de lieux 25 différens. 11 nous est parvenu enfin avec le cortège de toutes les superstitions de lunivers. M. de Saint- Malo, dans un de ses articles des n"* 19 et 20 du Publicatcur , 1 833, nous a fait part d'heureuses obser- vations, à ce sujet , sur différentes pratiques de notre pays, qui reflètent encore cette teinte d'orientalisme. Je me suis permis de l'essayer dans mon article des Feux de i.a St. -Jean, Publicatcur, n° 25, 1833, et je viens aujourd'hui signaler encore une de ces fables qui me paraît conserver de la manière la plus évidente cette teinte merveilleuse. L'agricultvire a des calculs que nos laljoureurs se lèguent de père en fils, comme un héritage. Ces cal- culs emmènent à leur suite des croyances qui sont religieusement conservées dans les esprits, et qui don- nent naissance à des contes, à des fables singulières. Parnri ces contes les plus remarquables je classerai celui de la Vieille ou les jours empruntés. Notre ciel rivalisant de beauté avec la terre , les richesses précoces de la végétation de notre sol, l'ap- parition de l'hirondelle, gentille messagère de ce mois d'avril qui adoucit lajerocitè des hommes, avec ses odeurs suaves et ses couronnes consacrées à la reine des amours , tout à l'envi semble concourir pour offrir l'arrivée des beaux jours ; c^est en vain , nos anciens laboureurs ne sont pas entièrement rassurés tant que les jours em- pruntes, dont ils craignent les influences, ne sont pas passés. Entendez leur raconter, à ce sujet, le conte de la Kieille , de cette vieille rpii ne voulait jamais mourir^ pour voir des choses nouvelles. C'était du tems rpic les mois parlaient. Or voici ce qui arriva : Vers la fin du règne de Mars, la Vieille dit: En dépit de Mars-Marscll j'aurai sauve ma traie avec mon goret ^ ma chcvrc avec mon chevreau, ma brebis avec mon agneau, et ma vache avec mon veau. Mars, piqué du propos de la Vieille, dit à Avril: Avril gentil, tueur d'hirondelles, prcte-nien un, prête- VI en c^ewx (jours), avec deux que j'en ai, ce sera quatre pour exterminer tous les bestiaux de la Vieille. La fin du conte rapporte que, Temprunt consom- mé, il se fit dans les éléraens un botileversement tel qu'il en advint un très grand mal à tous les bestiaux de la Vieille. Après cet événement^ ces jours em- pruntés furent considérés par la suite comme des jours néfastes, des jours de crainte et de deuil pour la terre. Le cristal pur et limpide de Fonde s'altère et s'obs- curcit à travers les lorrens bourbeux qu'elle traverse en s'éloignant du roc dont elle jaillit, de même les traditions se corrompent en s'éloignant de leur sour- ce; et, si je puis m'exprimer ainsi, à travers les tor- rens de tant d'opinions de langages et de préjugés qui se croisent, se heurtent, s'entent les uns sur les au- tres. Des vérités même dégénèrent en fables absur- des, par le mélange d'autres vérités, mêlées d'autres fables, et deviennent comme le Conte de la Vieille; mais il n'est peut-être pas encore surchargé de tant d'absurdités ce conte, qu^il ne conserve le cachet assez remarquable qui le rattache à un des objets les plus importans pour les hommes, la mesure des tems. Sujet sur lequel le vieil apologue de l'Orient fait entendre son langage le plus métaphorique. C était du tems que les mois parlaient. N'est-ce pas là ce vieux génie, avec son monde énigmatique, à lui qui employait des objets sensibles 27 poiu" exprimer sa pensée sur les objets iulelleciuels? JN'esl-ce pas riinagiualion brillanle des orientaux , or- ganisant la nature entière , prêtant un corps, une ame à chacun des mois dont les influences leur donnaient la vie dans la succession continuelle des années? IN'est- ce pas un souvenir des anciens mois, réglé sur les ré- volutions de la lune? N'est-ce pas cette vieille année lunaire, la primitive, fixée à Téquinoxe du printems sus les traits de cette vieille Percnna , dont les Romains faisaient la fêle à cette époque? Pour finir d'embrasser tous les caractères de fallé- gorie que notre conte a pour objet, serait-il téméi'aire de reconnaître dans l'emprunt de la Vieille un débris du souvenir de cette inlercallation , placée primiti- vement par les mages à la fin de chaque mois, de ces jours cpagomcncs ^ mis aussi à la suite de 1 année lu- naire, pour l'assujettir à l'année solaire vraie; jours qui avertissaient que le soleil était à \a fin de sa ré- volution. C'est peut-être encore l'intercallation mys- tique opérée à la fin de certains mois par le premier des Césars, qui mit enfin par là un frein à l'arbitraire des pontifes sur l'ordre du calendrier, réforme adop- tée plus tard par tous les peuples dépendans de l'em- pire romain. Ce sont enfin les jours néfastes, les dies atri , les jours noirs des Romains, qui les tenaient des Grecs, et ceux-ci des Egyptiens, croyance très répandue et indeslrnctible ; tant il est vrai de dire que dans tuas les siècles et dans tous les pays la supe?sfi- tion a des droits qui peuvent bien changer dcjvrnic, mais qui ne seront jamais entièrement détruits '. Ses débris ^ ' Si dans nos campagnes on croit encore que les grands vents annoncent de grands événeuiens, des désastres, des naufrages, des 28 même les plus défigurés, peuvent être d^uii grand se- cours à la chronologie; car il est certain qu'un profond examen des superstitions même les plus puériles, des pratiques les plus singulières, des croyances et des coutumes les plus bizarres chez les différens peuples de la terre, présente à la science un sûr moyen de parvenir à classer les races humaines, à distinguer leurs filiations, à fixer leurs différens mélanges, à en connaître la marche , les causes , à en comparer et apprécier les effets , et par ce moyen éclairer le vaste empire de l'histoire du monde. Jaubert de Réart, meiubre-résùlcnt. guerres, etc., il y a encore beaucoup de cantons où l'on s'abstient de décuver le vin dans un jour correspondant h celui de la décollation de saint Jean-Baptiste, dans ia croyance où l'on est que le vin fait ce jour là reste toujours trouble. 20 SMirS^3Èîa(23îSïL IDS (SiW^A, Il est des ohjeis dont la vue porte à l'ame une douce tristesse et une profonde mélancolie, et qui laissent long-tems dans le souvenir le sentiment d'une haute pitié. Tel est Taspect d\ine grande infortune ou d\iu cloitre en ruines : on y trouve à la fois et jle néant des grandeurs humaines et la fragilité de notre nature et le peu de durée des choses d'ici-has; et lame, dégoûtée de tant de misères, s'élève sur les ailes de l'avenir et de l'espérance vers vm séjour plus heau oiï rien ne passe, où rien ne se fane, où lout est immortel! Ce sont les impressions que Fon éprouve, lorsqu^en par- courant les montagnes de notre département, si belles et si poétiques, on se trouve toui-à-coup, au détour d'une colline, en présence de quelque monastère rui- né , ou de quelque chapelle dévorée par le tems. Ce sont les sentimens qui m'assaillirent en foule, lorsque, au mois de mais 1833, je fus visiter les ruines de Saint-JMiclicl de Cura. En rendant compte de ce que j'ai vu , je n'irai pas, fouillant dans la poussière des siècles écoulés, inier- i-oger des chartes, consulter des titres , pour connaître l'année de la fondation de cet édifice , ni le nom de son fondateur-, je n'irai pas demander à de vieux ma- nuscrits les franchises dont jouissait ce cornent, ni 30 les redevances qui lui étaient payées. Je ne cher- cherai pas non plus dans la mémoire des hommes le souvenir de la prospérité et de la grandeur de cette retraite monastique, ni comment elle est passée de tant de gloire, de tant de splendeur, à tant de mi- sère, à tant d'abaissement, à la mort... Je laisse ce soin à de plus savans que moi. Je me contenterai de rapporter ce que j'ai vu et l'état dans lequel se trou- vent aujourd'hui ces lieux, trop heureux si, par mon récit, je puis faire naître chez quelques lecteurs le désir de visiter des ruines si intéressantes, et qui, dans quelques années peut-être, achèveront de dis- paraître de dessus la surface de la terre. A une demi-lieue sud-ouest de Prades, s'élève l'an- tique abbaye de Saint-Michel de Cvixa, jadis habitée par de riches moines, et n'offrant aujourd'hui que l'image d'une complète destruction. — Cet édifice, croulant, abandonné, et dont il ne reste pour ainsi dire que des vestiges, est placé au sommet d'une pe- tite colline, au pied de laquelle bouillonnent les eaux d'un torrent qu'alimentent les neiges du Canigou, et qu'on appelle, dans le pays, la Riberete. De tous côtés, à l'entour, s'élèvent des collines en amphithéâtre, qui semblent s'ouvrir vers l'ouest pour laisser apercevoir dans toute leur majesté les cimes du Canigou, vieux géant qui porte dans les airs sa chevelure de frimas. Un petit sentier tracé sur les flancs de la colline nous conduisit jusqu'à la porte de l'abbaye , sur la- quelle on voit encore des marbres sculptés, repré- sentant des figures de saints et des ornemens bizarres. 3i Le cintre tle cette porte, crevassé en plusieurs en- droits, s'est affaissé d'un côté, et menace à chaque instant de crouler. Après avoir franchi le seuil, nous nous trouvâmes dans une vaste cour, entourée de bâ- timens délabrés, dont quelques-uns couverts de chau- me, servent delable à des bœufs. Quelques poules fouillaient çà et là, parmi des monceaux de pierres et des pans de murs renversés. Au fond, quatre ou cinq marches conduisent dans une seconde cour, aussi vaste que la première, autour de laquelle règne un long portique assez bien con- servé. Ce portique, orné de pilastres en marbre, de forme gothique, ressemble beaucoup à celui que l'on voit encore aujourd'hui à Elne, et qu'on appelle los dastrus. Au centre de cette cour est une énorme pierre ronde, présentant la configuration d'un bassin. A l'en tour, le pavé est caciié sous une haute couche de terre en culture. Sui- la façade de gauche, on voit uu cadran solaire , avec le millésime 1 730 5 et sur celle d'entrée, un autre cadran, portant cette inscription : Horologium in honoremS.Scholasticœ.Qimnd tout crou- le autour d'eux, ces cadrans seuls demeurent intacts, comme pour nous avertir de la marche du tems, et de la fragilité des choses humaines. Vers le milieu de la galerie de droite s'ouvre une grande porte qui donne entrée dans l'église : c'est ici que la main du vandalisme s'est le plus appesantie, comme si en détruisant le Siiuctuaire, elle eût pu détruire aussi la divinité. Oh! que l'homme est in- sensé ! La faux du tems n'a-t-ellc donc pas à elle seule assez de force pour détruire, que nous nous fatiguions ainsi à l'aider, à la prévenir? Ce temple a pour voûte le ciel, qui forme une belle coupole d azur, planant 32 sur (le hautes murailles blanrhàues. Il reste cepen- dant encore un arceau, formé de marbres sans ci- ment, suspendus à trente pieds du sol , et menaçant d'écraser le curieux qui ose d'un pied hardi s'aven- turer dans ces lieux de solitude et de mort. Au cen- tre de réglise est un petit caveau qui devait servir de sépulture. Derrière le maître -autel s'étend le ch(eur, dont la circonférence et la voûte peu élevée étaient bien propres à faire résonner les cantiques et les hymnes qu'on y chantait. Je me suis assis dans ce lieu de paix, j'ai recueilli mon ame, et me transpor- tant par la pensée dans ces tems reculés où une foule de religieux vivaient, parlaient, s'agitaient dans ces salles désertes, j'ai cru entendre des voix murmu- rant des prières-, j'ai prêté l'oreille: c'étaient les sou- pirs de la brise à travers les débris!... Au milieu du chœur est une fosse à demi comblée , de six pieds de long, sur trois de large j c'est sans doute le tom- beau de quelque moine mort en odeur de sainteté, de Tabbé^ ou peut-être même du fondateur de l'ab- baye. Autour de l'cglisc, et au fond de chaque cha- pelle, sont une multitude de corridors et de petits réduits, les uns voûtés, les autres sans toiture , et percés de hautes fenêtres. Ces murs, jadis tapissés de saints tableaux, sont couverts maintenant de cyni- ques inscriptions et d'images lascives. Le cœur se serre en pensant que les fils de ceux qui dévastèrent ce "cloitre, ont froidement insulté à la cendre des morts , et foulé aux pieds la sainte majesté de ces lieux : ainsi donc^ à une génération perverse , succède une génération impie! En suivant les corridors qui entourent Téglise, nous trouvâmes aux deux ailes deux clochers très 33 élevés Cl de forme carrée. Les murs seuls soni encore debout; ils sont crénelés à leur sommet et percés dans leur hauteur de fenêtres longues et étroites. C est-là que devait s'agiter le bem-oi et tiaier la cloclie de matines : on n'y entend aujourd'hui que le retentis- sement des pas du voyageur qui erre dans ces asiles de mort et de destruction. Ce temple, flanqué de deux tourelles, ressemble à une énorme proie éten- due sans vie au fond du désert et à demi-rongéc par les vautours et les corbeaux. De là nous passâmes dans les jardins, séparés les uns des autres par de hautes murailles. Des arbres qui semblent aussi vieux que le monde projettent autour d'eux un ombrage majestueux : sans doute ils ont abrité contre les chaleurs de midi quelques-uns des religieux qui dorment maintenant à Iciu' pied d'un sommeil éternel; sans doute ils ont entendu les acccns du prédicateur qui venait, dans la solitude, chercher des inspirations, et qui exerçait son organe en parlant à ces auditeurs muets. Des portiques, des colonnades traversaient ces jardins , dont les murs crevassés sont aujourd'hui tapissés de lierre , de.-li- (;hens, verdoyans de mousse et sillonnés par des lé- zards, qui eu habitent les fentes et viennent s'y éten- dre au soleil. De petits réduits, totalement déyasiés, semblent indiquer ou des serres ou des berceaux : tout à côté sont divers conqiartimens " formant des habi- tations particulières, où nous \îmes la trace de puits, de cheminées et des restes de cellules. C'est un spectacle vraiment sublime et mélanco- lique que celui de ces bàtimens qui s'en vont en poussière. Le sureau et l'ivraie croissent dans les chambres désertes, les débiis couvrent une partie 34 ■ dn sol; le veni géiDil à fruvcis Jos luincs, et par les longues croisées blanciiàlrcs on découvre la campagne vcrdoyaiilc , des poiriers, des pêchers eu fleurs, un figuier séculaire, cl plus loin de majestueuses mon- tagnes portant jusqu'au ciel leur éternelle couronne de neiges ei de glaçons. Nous traversâmes un large corridor, au liout du- quel s'élève un bàlimenl indépendant du cloîlre; c'é- tait ])eut-élrc le logement de l'ahbé : une étroite plate- forme plantée de rosiers et d'autres arbustes se déploie le long de la façade, ornée de deux rangs de croisées et d'une grande porte où l'on arrive par un large es- calier en marbre. Au-dessus de la porte est un cadran solaire sur leipud on voit encore représenté le buste d'un religieux , deSt.-Miclicl probablement, les yeux fixés sur un soleil avec celte inscription; Suô uno soUs radio omiieni niunduni collcctiun conspexit. Les battans s'ouvrirent avec grand bruit, et nos pas retentirent dans une vaste salle carrée, entièrement vide: à chaque angle est une porte communiquant à d'autres pièces ; celle du fond à droite, (jui était la seule ouverte, nous donna entrée dans une énorme cuisine, au-dessus de la([uelle s'étendent d'immenses galetas. De la cuisine , ou descend dans une basse-coin- par un étroit escalier en marbre, garni d'une forte rampe en fer. De là on passe dans d'autres jardins _, aujourd'hui entièrement dévastés. Ce bâtiment (jui, dans ces lieux ruinés , est la seule chose ([ui ne tombe pas encore en ruines, est habité par nn pauvre fer- mier, qui mène paître dans les environs une vache, toute sa fortune, et qui se nourrit des légumes j)lan- lés par SOS mains sur ce sol fécondé jiar la desiruc- tiou : c'est la seule personne vivante dans ces lieux 35 désoiis, cl veillanl. sur dos lonibeux (|ui setubleut n'avoir pour gartUens que le silence cl la mon! L'amc pleine il eniolions, je m^assis àFécart, sur un l)loc (,1e marbre, et porlanl lour-à-lour mes yeux sur Ico ruines, sur la campagne fleurie el sur les monls blanchis de frimas, je me livrai à des rêveries à la fois tiislcs el sublimes: cloilre majestueux, m'écriai- jc , voilà donc ce qui reste de tant de splendeur l voilà celte proie du tems et des révolutions! Ici se trouva jadis une réunion dliommes sacrés, qui avaient place celle i-etraite loin du monde et du bruit, couime uu passage entre la vie el le îouibeau! là se célébraient les louanges du Seigneitr avec toute la pompe et le luxe des cités! Ce temple, ces liabiialions isolées, placés au sominel d'une colline, sem])îaient se rap- procher du ciel; et ces pieux solitaires avaient choisi ces lieux déserts pour que leurs prières pussent être mieux entendues du Très-Haut. Maintenant, tout se lait dans ces demeures antiques, ou si quelquefois on y entend une voix humaine, mêlée aux cris des oiseaux sauvages, celte voix n'a que des sons rudes et grossiers, et send)le insulter amèrement à Thar- monie dont ces voûtes écroulées gardent encore le souvenir. Où sont aujourd'hui lant de pieux céno- bites, dont la vie entière se passait à user de leurs fronts et de leurs genoux ces marbres de l'aulel, de- venus informes et épars sur le sol? Hélas! triste con- dilioi\ de l'homme! les dépouilles de tant de saints religieux gisent pêle-mêle avec celhîs de ce cloître, et svu- leur commun ioni])eau croissent à l'envi des ronces et des épines, comme pour cftàcer jusqu'à la 3* 36 trace de ce qui fut jadis dans ces lieux. Faut-il donc que tout vienne là! Malheureux! nous hâtons de nos v(enx, de nos efforts le terme du voyage, nous appe- lons toujours cet avenir lointain qui senihle s'appro- cher si lentement, et voilà que cet avenir, plus ra- pide qu'un ouragan, nous emporte avec lui, et que reste-l-il de nous? à peine un peu de poussière sans nom, foulée sous les pieds des troupeaux, et jouet des vents! Ah! non, il serait trop dur de le croire: c'est bien le sort de cette enveloppe grossière, qui ne pourrait s^élever vers le ciel , et qui ne fait qu'ar- i-éter Tame dans son essor; mais, une fois dégagé, ce pur souffle de vie s'envole vers sa pairie, remonte vers son essence, revient s'unir à ce foyer d'immor- talité , d'où il est descendu , poussé par le souffle invisible de Dieu Cependant le soleil se couchait à l'horizon enflam- mé, les vents expiraient sans murmure, et dans ce calme majestueux, dans ce silence de la nature, mon ame, dans une pieuse exlasc, s'élevait vers l'Elernelî Alexandre Julia, mcmbrC'resiJant. 37 i^ssAssaim^ mw iDur® s^DsiiLiaMîS;» C'était par une Lelle, mais froide matinée du mois de novembre. Des groupes nombreux s'étaient foi'més à la porte Baudoyer; les bourgeois, recouverts de leurs chaperons neufs et enveloppés de leurs manteaux de dimanche, avaient abandonné le soin de leurs bouti- ques à leurs fenunes , et chacun discutait sur le grand événement de la journée. «Oui, Messire Guéneau, ils se sont juré bonne foi «et alliance; oh! c'était à en pleurer de joie; les «malheur:-' de notre pauvre France vont être enfin à «terme. Noël! noël! les deux princes se sont em- « brassés, ils ont partagé la sainte hostie que leur a «présenté notre seigneur l'abbé de Saint-Germain. « Orléans el Bourgogne , Bourgogne et Orléans, main- « tenant les deux ne font qu'un. Vous pouvez ajouter «fol à mes paroles; un oncle de ma femme, chevccier «de notre daxne, assistait à la cérémonie. 11 vient de «me dire ce que je vous raconte; et d'ailleurs nous «allons voir le cortège. Je les ai vus sortir de l'hôtel «Saint-Paul, tous deux sur le même cheval, comme «deux bons frères et alliés.» — «Dieu nous ait en sa garde, voisin Jehan Worin; «mais j'ai bien peu de confiance en ces raccommo- « démens. Fusscnl-ils sincèrement unis , qui paiera 38 «les frais de celle alliance? le pauvre peuple! Ah! (( un vieux dicton de nos pères a bien raison: Union «.des grands , ruine et servage des faibles . — Auparavant ((nous n'avions qu'un maître à la lois, nous étions ((rançonnés et taxés, tantôt au nom de Bourgogne, (( tantôt au nom dOrléans ; maintenant , voisin Jehan , ((ce sera deux bourses à remplir, sans compter celle (( du duc de Berry , dont le coffre est , je crois , comme (de tonneau des Danaïdes.» — ((Messire Guéneau » reprit Jehan ((VOus voyez ((tout en noir. Le duc d'Orléans est un jeune et beau ((prince. Encore la veille de la Totissaint, il envoya (( prendre chez moi six belles pièces d'étoffe , qu'on me ((paya bien en beaux écus au soleil; et pour nous au- ((tres, boutiquiers, longue vie aux princes généreux (( et galans. Ah! par la vierge Marie, notre digne mè- ((re, la dame de Cany était brave et belle avec les ((étoffes et la fourrure de iMenavair, que j'avais ven- ((du au prince. Quant au Bourguignon, que lui re- «procherez-vous? c'est bien le père du peuple; n est- ((ce pas lui qui toujours défend nos droits?» — «Ami drapier, je cx\ains plus le loup recouvert «de la peau du chien dans la bergerie, que lorsqu'il «marche, à découvert, sur le troupeau.» La conversation fut interrompue entre nos deux bourgeois, par des cris qui retentissaient à la porte Baudoyer. Noël! noël ! Bourgogne! Orléans! se fai- saient entendre, répétés par mille voix, et une foule immense se portait au-devant des deux princes qui revenaient de se jurer paix et amitié sur l'autel, en- tre les mains de l'abbé de St. -Germain. Les deux nouveaux amis se rendaient à Thôtel St. -Paul, où les attendait un festin somptueux, lis 39 moulaicnl le incaïc cheval Maiic; (L le duc d'Or- léans, par liomicur, avait cédé la pieniièic place ù son cousin de Bourgogne. La figure des deux princes dénotait en ce moment solennel le caractèfe de chacun d'eux. A son air ou- vert, souriant, plein de gaîté, on leconnaissail dans Louis d'Orléans j ce jeune prince, à la tèie l'oUe et légère, oublieux d\ui service comme d'une injure, protégeant un ennemi, comme desservant un ami, aimant le peuple, qu'il accablait d'impôts pour satis- frire ses passions, et détesté de ce même peuple, qui, ne voyant en lui qu'orgueil, luxe et débauche, ne tenait compte en rien de ses bonnes qualités, et lui préférait en tout le duc de Bourgogne. Jean-Sans-peur, que Bajazet épargna à la bataille de INicopolis, en le jugeant à son visage sombre et sévère, et qu'il renvoya sans rançon, en disant qu'il rendait à la chrétienté son plus grand ennemi, con- servait, en celte circonstance, le farouche regard qui lui avait valu sa liberté. Il répondit avec un sourire forcé aux acclamations de la foule qui se pressait au- devant de lui-, et ces cris de vive Bourgogne sem- blaient irriter son ennemi. Le duc d'Orléans s'aperçut de ce qui se passait dans l'ame de Jean-Sans-peur. Un bon mol était si doux pour lui , surtout contre son bien aimé cousin de Bourgogne. 11 ne put se retenir, malgré les signes que lui faisait leur oncle commun, le duc de Bour- bon. — ((Vive Dieu! beau cousin, les ribauds vous ai- ((ment, et la porte Baudet doit vous plaiie. Ah 1 ((pourquoi dame Marguerite, votre belle épouse, ((n'est -elle pas ici? Son noble c(enr s'épanonirait 40 «d'eniemire hurler tous ces vilains encliapêronnés. «De par Dieu et monseigneur Saint- Denis, je me «réjouis; le nom de Louis tVOrléans n'est pas sali en ((passant par la bouche de ces boutiquiers. » Jcan- Sans-peur fronçait le sourcil , il s'ap'prclait à répondre. En ce moment on arriva à l'hôtel St. -Paul, et quand les écuyers des deux princes s'approchèrent pour leur tenir l'étrier, le duc de Bourgogne, se penchant vers le sien, lui dit, à voix basse, ces mots: «Raoul, vien- «dront-ils?» — «Tout est prêt, monseigneur, comme ((Vour le désirez,» répondit le gentilhomme en l'ai- dant à descendre de cheval. Les deux princes montèrent ensemble , ils se te- naient par la main. îsabeau de Bavière les reçut à la porte de la salle du festin, auquel elle présidait avec les ducs de Bourbon et de Beriy.- Aimable et joyeux convive, Louis d'Orléans pour- suivait de ses saillies l'humeur noire de Jean-Sans- peur. «Beau cousin, je bois ce verre de Bourgogne «à votre conservation; ne me ferez-vous point raison «avec votre vin d'Orléans? Ah! quoi qu'en disent ces «bons habitans de Paris, qui vous aiment tant, que «toiite chose mauvaise ou toute femme vitupérée vienne ud" Orléans (propos parisien historique) goûtez notre «vin; il Hailera, j'espère, votre gosier de prince.» — «Louis, je bois à vous et à votre Valentine.» — «Oh! Valentine, laissons-la à noire cher sire et «roi Charles Vi=, il la tient en charire privée; elle «seule l'amuse et le console: Dieu lui donne longue «vie pour le plaisir de notre seigneur et maître! Ah ! «dame de beauté, Besange, dame de Cany, votre re- « traite esi donc terminée? oh! les heureux coquins «que ces moines de Sl.-Viclor, d'avoir gardé qiùnze 41 «jours trésof si gentil • et votre mari s'appi4voise-t-il? M) — «Oui à morl!» s'écria une voix avec un accent provençal forleinenl piononcé -, ci mais une lèle de «prince, ça vaut de Tor, et bien lourd;, après un tel «coup il faudra sauver sa vie. Raoul alors entrouvrit la porte; un homme entra. Les routiers crurent à la trahison; en un clin dœil les poignards brillèrent; le vieux chef les retint. ((Eli ((bien! sont-ils prévenus et décidés)) dit le nouveau venu. — ((Oui, seigneur; ils ne demandent plus que ((de Tor et un refuge. » L'inconnu jeta sur la table un sac rempli d'or; et se tournant vers le chef des routiers: ((Ami» lui dit-il ((fais bien toQ devoir, toi ((et les tiens, il faudrait à la justice de la ville de ((Paris des ailes pour franchir les murailles de Flwfel «de lîourgogne. » Il dit et disparut avec d'Octonville. Alors ks ribauds se ruèrent sur For, qu'ils se par- tagèrent, et remplissant de nouveau leurs verres, qu'à l'arrivée de l'ccuyer ils avaient laissés inoccU' pés, ils chantèrent en chœur, d'une effroyable voix, ce noël parisien, composé pour celui, dont ils étaient l'instrument : « Duc de Bourgogne, « Dieu te maintienne en joie, etc. » Le lendemain de cette scène, le duc d'Orléans se rendit à son heure accoutumée chez Isabelle. La reine savait déjà que le Bouiguignon a\aii connaissance du portrait de Marguerite placé dans la galerie amoureuse de son beau-frère : ((Mon Dieu, Louis )> lui dit-elle ((serez-vous donc «toujours léger et inconsidéré! Notre ours de Rour- «gogne a découvert le mystère d iniquité commis en- 4 I 50 «vers lui. Croyez-vous qu'il vous pardonne ce nouvel ((atïVont; ne serez-vous donc jamais réfléchi ? Ali! mé- <( nagez celte créature dangereuse; Jean est capable ((de tout, hors le Lien. Et pour moi, Louis, pour ((IsaLeau, qui vous aime, soyez prudent. Vous me (de promettez, Louis, n'est-ce pas, je vous en prie; ((que deviendrais-je si malheur vous advenait! d Le duc d'Orléans promit tout ; mais se rit long-tems avec la reine de la figure du duc de Bourgogne trou- vant sa Marguerite au milieu de toutes ces beautés. ((De par Dieu, douce amie, son front a dû se rem- (( brunir à Fégal de celui d'un maure d'Egypte, et ((Son sourcil a dû se plisser à lui couvrir ses yeux si ((noirs, et sa main a dû frotter la poignée de sa bon- (tne dague. Mais il est dévot le Bourguignon, nous ((avons partagé la sainte hostie ; et d'ailleurs» ajouta- t-il, en relevant sa jolie tcte avec fierté ((ne suis-je (( pas le duc d'Orléans , frère du roi , son seigneur et ((maître. » Jacob de Merre , jeune page que la reine avait don- né au duc, frappa en ce moment. ((Un seigneur» di- sait-il ((ai-rive et demande au nom du roi monseigneur ((d'Orléans.» A ce message inattendu, Isabelle tres- saillit-, elle craignit une embûche. On introduisit le gentilhomme ; il portait les couleurs royales : ques- tionné sur sa mission, il répondit : ((que Charles VI ((avait éprouvé une attaque violente de son mal ordi- (( naire ; que dame Valeniine était auprès de lui : mais ((qu'à la suite de l'espèce de léthargie qui avait suivi ((la crise, il avait demandé le duc son frère; que Va- (dentine avait envoyé chercher son époux à son hô- ((tel et que lui avait été dépéché chez la reine, avec ((Ordre de le demander promptement. )> 51 Louis prit congé d'Isahelle 5 celle-ci lui faisait mille tendres reproches. «Quoi ! » lui disait-elle «sans escorte- vous qui ne «marchiez qu avec soixante cavaliers. Ah ! Louis, mé- « fiez-vous du Bourguignon. Tenez, je ne sais quel «pressentiment m'agile. Oh! n'allez pas chez le roi; «différez un moment; envoyez chercher voire com- «pagnie d'archers, au moins.» Le duc d'Orléans sou- rit, ferma la houche de la icinc par un lendrc haiser, et dit au gentilhomme d'aller l'annoncer. Isahelle l'accompagna jiisqvi'au perron où il devait monter à cheval, lui jeta encore un tendre adieu, et rentra tremldante pour son ami; mais une caresse du page lîois- Bourdon la rendit hientôt à son caractère premier. Louis s'avançait précédé de deur laquais qui por- taient un flamljcau, sui\i de son page et de deux écu- yers montés sur le même cheval ; arrivé au (T)in de la rue Barheiie , et devant la maison à l'image de saint Michel , deux hommes s'élancèrent , ahattirent les flamheaux des deux laquais qui prirent la fuite, et les cris à mort! à morti se firent entendre. La main droite du prince, qui reposait sur le pommeau de la selle, fut coupée. «Qu'est-ce à dire, mes maîtres» s'é- cria-l-il, se sentant frappé «je suis le duc d'Orléans.» — «C'est ce que nous demandons, à mort! à mort!» Jacol) de Merre mourut aux pieds de son maîlrc, en le couvrant de son corps. Les deux écuyers retour- nèrent au galop à l'hùtel Barhette demander du se- cours; et pendant ce lems le meurtre s'acheva. Le feu , dans le même moment , prit i!ans la maison des truands; des cris se firent entendre. Les gens ûc Thotel de Rieux commencèrent à renruer dans fintérieur. 4* 52 Alors "un lionime enveloppé d'un manleau savança près du cadavre, le regaixla avec une lanterne, et prenant la hache de la main de celui qui raccom- pagnait, il frappa le prince au visage. «Et mainte- «nant» s'écria-l-il «truands, au galop à l'hôtel, et se- « mez les chausses-trapes.» L'hôtel de Rieux s'ouvrit enfin. Le maître -queux arriva à la tête de^ domestiques, irauva deux cada- vres étendus; et les ayant considérés: «A l'aide!» s'écria-t il. «Qui a commis crime si grand : de par le •<(<;iel, c'est monseigneur d'Orléans et son page. A «l'aide! à l'aide! crime horrihle! meurtre abomina- <(hle! » Et l'on enleva le corps, après avoir envoyé jjrévenir la reine et tous les princes. L^effrayanie nouvelle se répandit bien vite dans Paris, et le lendemain les deux bourgeois voisins, maîtr<^ Gu-éneau, le drapier, et Jehan Morin, se re- trouvèrent à la porte de 1 église des Blancs-Manteaux, où le corps avait été transporté. «Eh bien! Guéneau, cette paix si solennellement ((jurée, elle porte de beaux fruits. Le Bourguignon, «si doux, a bien rendu le repas et la fête à lui don- iniés en l'hôtel de St. -Paul.» — «Quelle pensée diabolique, Jehan Morin! igno- «rez-vous ce que sait déjà tout Paris, que l'assassin, «n'est autre que le sire de Cany?» — «Le sire |de Cany, il est dans la Siùntonge de- «puis dcTix mois.» — «Mais, voyez, les princes viennent à l'office de « l'absoute du corps, le duc de Bourgogne est avec «eux. S'd était le meurtrier, oserait-il venir? Il sait «bien qu'à sa vue le sang de sa victbiie coulerait en-, «core.» ) 53 Eu effet, de longs roulemcns (Te lanibours voilés, une sonnerie triste de sacquebiittes se faisaient en- tendre. Les princes de la famille royale venaient jeter l'eau sainte sur le corps du défunl. Ils mirent pied a terre et entrèrent dans Féglise, devisant tristement entr enx de la perte de leur nohle parent. Et Jcan- Sans-peiu-, lui-niènie, disait : Jamais plus grand for- fait n'a été perpétré dans ce /-Gyrtr^njc (historique). La cérémonie commença. Les ducs de Bourbon et de Berry allèrent, chacun leur tour, jeter l'eau sur le corps. Le Bourguignon, une pâleur livide sur le visage, restait immobile et n osait avancer; Raoul d'Octonvillc, place derrière lui, ranima son courage. «Faites un pas ou tout est perdu )> lui dit-il. Jean s'approche : en ce moment une tache de sang paraît sur le linceul; la foule émue considère ce prodige; pas de doute, c'est un avertissement du eiel: le duc de Bourgogne est le meurtrier. Ce bruit sourd cir- cule^ prend de la consistance, et bientôt, devenu vérité en passant de bouche en bouche, le peuple joint le titre d'assassin au nom du Bourguignon. «Qu'est-ce à dire, beau neveu» s'écria douloureu- sement le duc de Bourbon, ((cc prodige est-il réel?» — «Ferme, soyez homme» crie tout bas Raoul à son maître. Mais .Tean-Sans-peur était sans force contre le cri si puissant de sa conscience ; il prit îi part le duc de Bourbon : «Le Diable» lui dit-il ((m'a tenté, et voici» mon- trant Roui (pii fnyait «celui dojit il a pris les traits.» La justice n'avait point coins contre un aussi grand 54 coupable. Le duc de Bourgogne qullta Paris et cou- rut droit à Bapaunie , où il se renferma. Quelque tems après il était à Paris, où, par la crainte qu'il inspirait, le roi, la cour avouaient qu'ils lui devaient reconnaissance pour les avoir délivrés du duc d'Or- léans, leur ennemi à tous; et le peuple de Paris ap- plaudissait au plaidoyer de Jean Petit, théologien, qui prouvait, par un long discours en douze points, en riionneur des douze apôlres, l'innocence et la vertvi de son redoutable client. L. d'IIorbourg, membre- rc'ildenl. 55 ihà. mAmjB'î^ M Alors qu'ils iiassèrent à Alhéra, c'était à l'aube du jour, A la Clusa ou les cerua ; A la Maliiit ils perdirent tout. ' Eutièrement battus à Maurellas, Ils mourureut à Saiut-Jeau de iVîaurauelIs. El réclio des monts répète moriren dis \oilà, en peu Je mots, Thistoire traditionnelle des Maures au passaj^e des Pyrénées, Tbistoire de ces bar- bares , comme serait tentée de les appeler la civili- sation moderne , s'il n'était pas injuste de donner ce nom aux créateurs de toutes les merveilles de l'Orient , et pour ne parler cjue de notre Europe , à ceux qui ont cnfanlé les prodiges de Cordouc la ville sainte , de l' AUiamhra de Grenade , d'Alhama la bicn- aimèe. Mais ces paroles confiées par notre langue catalane à cette barmonie mélancolique et expressive, particu- lière à nos Pjrénées, et que sous un ciel presque or en- tai , une brise légère amène du fond des gorges de ces monts témoins des évènemens quelles rapportent, *Ou l'HamaliHt que j'ai ciiiendu prononcer Mde celui qu'il avait porté, nous avons sauté aux cris ((de vive la France , et nos derniers boulets ont criblé (de vaisseau ennemi et abattu le pavillon anglais. ((Resté sain et sauf au milieu de ce désastre, j'ai ira- <( versé à la nage la rade d'Aboukir, j'ai gagné la terre (( ferme •, et grâce à votre nom , qui me servait de (( sauf-conduit , je suis arrivé jusqu'ici, où je viens ((mettre à votre disposition, à celle de la France, un «cœur dévoué, un bras qui n'est pas sans vigueur, et (d'envie bien prononcée de payer ma dette à ma nou- ((velle patrie». ((Je souriais à ce récit, j'aimais mon jeune Grec , je le fis bien reposer auprès de moi , et quatre jours après il essayait des sonneries françaises avec le bri- gadior-trompcltc des guides à cheval. Nous partîmes pour St.-Jean-d'Acre , où commandait le célèbre Djez- zar-Pacha , et dont le lieutenant se trouvait un fran- çais, ancien camarade du général en chef. Nos soldats firent tout ce que le dévouement peut employer d'é- nei'gic et de courage, mais en vain. La peste se joignit contre nousà l'ennemi. Le siège de cette place fut illus- tré par mille traits de bravoure; mais là, mon jeune Grec gagna ses éperons; il paya bien sa dette à la patrie. 69 «Bonaparte visitait la tranchée, la mitraille pîcn- vait de tous côtés, et l'enncnii nons harcelait d'iine manière terrihle par le jet coniinnel des homhes. Un de ces projectiles vient rouler aux pieds du grand homme, la mèche prcs(|ne consumée va com- muniquer le feu au glohe, dont réclai doit être ter- rihle pour ceux qui sont auprès. Filili et un de ses camarades voient le danger que court le général , ils s'élancent sur lui, le couvrent de leur corps, la homhe éclate. Le guide , les reins fracassés , tomhe victime deson dévouement, et Pietro, hlessé, mais satisfait, reçoit, avec le grade de hrigadier et un sahre d'hon- neur , les félicitations de l'armée dont il a sauvé le père. Nous rentrâmes en France : mes hlessures me privant momentanément de pouvoir faire un service actif, j'ohtins le commandement de la place de Brian- eon , où je restai jusqu'en 1810. Cependant notre armée se couvrait de gloire, ses succès vinrent rani- mer mes forces et cicatriser mes hlessures; je deman- dai un service plus en harmonie avec mes goûts et mon désir de servir notre France, que mon ancien général avait rendue si glorieuse et si helle; je rentrai dans la garde impériale. «La Russie avait manqué à ses promesses envers la France; le système continental , cette conception si terrihle pour l'Angleterre , n'était plus ohservé par elle. Des plaintes , Napoléon passa à des menaces , qu'une déclaration de guerre suivit hientàt. Un ordre impérial manda à Paris tous les réginiens de la garde, qui vinrent défiler devant l'Empereur avant de partir pour cette grande expédilioii, où nous cédàm(\s à lu nature seule. Mon régiment avait défilé et retournait à Versailles. Resté à l'Ecole nùlitaire , oii je logeais, TO l'on introduit auprès de moi un capitaine de cuirassiers, décoré , qui m'aborde avec Fexpression de laffection la plus vive, s'informe de tout ce qui a pu m'arriver depuis l'Egypte , et paraît au comble de la joie en me retrouvant, heureux et prêt à marcher de nouveau sous les ordres de l'empereur. J'écoutais étonné , je cherchais à démêler ses traits; ils ne m^étaient pas in- connus ; les discours que ce capitaine tenait m'indi- quaient qu'il avait servi en Egypte avec moi. «Vous ((sortez des guides, monsieur, lui dis-je ; vos traits «me sont présens, mais quant à votre nom je ne sau- cerais vous l'appliquer». Et là dessus je fais l'appel de^ mes anciens guides , et mon capitaine de me répon- dre toujours : non commandant , non commandant. «Ma foi, lui dis-je, les voilà tous nommés» — «Et «votre trompette, commandant! et le brigadier de «St.-Jean-d'Acre! l'esclave Maltais! Votre Fitili!» Nous tombâmes dans les bras l'un de l'autre. Resté dans les guides, mon brigadier avait prospéré ; sa va- leur l'avait fait distinguer de l'cnqiereur; il l'engagea à s'instruire. Docile aux ordres du grand honuiie , Fitili joignit bientôt les talens à la bravoure, et la croix et le grade de capitaine dans la garde vinrent payer ses heureux efforts. Nous partîmes: vous savez l'histoire de notre gloire et de nos désastres. ((Séparés, décimés par la guerre , je perdis jusqu'au souvenir de mon jeune Grec; seulement, quand ma pensée se reportait vers l'Egypte, l'idée de celui qui avait conservé les jours de l'homme de la France ve- nait sourire à ma mémoire. Jugez de ma joie et du plaisir que j'ai dû ressentir en recevant cette lettre. Oh! quïl me tarde maintenant de le voir et de l'em- brasser. » 71 Je souhaitais une bonne nuii à mon Uôie, quanti tout à coup, le fulèle chien des Alpes fil leieniir de sa voix puissante tous les échos ; et la porte fortement éhranlée , cédant au jeune fils qui avait clé ouvrir , donna passage à lui homme superbe, qui s'avança ra- pidement jusqu'au vieux commandant ; celui-ci se lève, va au devant de lui, et tombe dans ses bras: la joie, le saisissement semblaient l'avoir privé de toutes ses facultés. C'était Pietro Fitili. Il porta jusqu'à son fauteuil soaancien capitaine, qui le caressait comme un fils tendre et bien-aimé. «Ma nuit est faite, dit-il; «mon enfuit, ranime notre foyer. Fitili, que de cho- «sesànous dire? que de questions à nous faire?» Je me retirai tout ému de cette scène si touchante entre ces deux braves; et le lendemain, quand je vins pour pren- dre congé de mon respectable hôte, je le trouvai en- dormi , la lélc appuyée sur le bras de son guide, qui le veillait. Sa main était appuyée sur une carte géo- graphique, son doigt élait sur Aboukir, où Bonaparte répara si bien notre gloire. Le soldai s'était endormi au milieu d'un irionq^he, et sa bouche muiniiu'ait ces paroles de Kléber : ((Général , vous êtes à mes yeux «aussi grand que le monde.» L. D'IÎOUIiOllUG , lucmljre-rrsitlcnt. 72 aiIË(âI[lAlîa) amiaiiSî* 2)112 SiDiaMliMîS •*s* Femmes , pTeparons nos nioniui-es , disposez vos provisions, et vons, enfans , prenez vos habits de fête ! C'est demain le saint jour de Noël. Pour cet an- niversaire de la réunion de nos tribus , nous devons être rendus aujourd'hui à la ville avant le coucher du soleil. C'est un père dcf famille qui parle , et avec un or- donnateur qui met lui-même la main à l'œuvre tout est bientôt prêt. Par des gens qui depuis six mois attendent avec impatience une fêle, les distances sont parcourues rapidement et à point nommé , sur- tout celte année , avec la température douce et calme d\ine de ces si belles soirées dont le ciel s'est plu à favoriser notre mois de décembre. Mais où va notre famille ? elle dirige ses pas vers un asile assuré. Ce n'est pas un hôtel qui lui ouvrira ses portes; c'est une maison de mince apparence, où elle est attendue , et où arrivent successivement ^ comme elle , d'autres familles des environs : hommes, femmes , enfans et serviteurs , riches ou pauvres , *Le grand Ileiram est chez les Mahométans la fête du nouvel an qu'ils commencent par une réconciliation solennelle et générale. 73 tous sont les bienvenus sous le toit tle la petite mai- son, pour y manger ensemble le pain et le sel. Après les compjimens cVusage entre personnes qiïi se retrouvent , après quelqvies intans de repos, le chef de la famille entonne la prière du soir : c'est le rosaire, où tout le monde assiste religieusement. Puis vient le moment de cette collation en usage dans notre pays, qui a pour base ces gâteaux d'amandes , de noisettes, de pignons et de miel , que nous appelons toutrons ; et la veillée se passe à causer sur le plaisir de se re- voir. Les anciens s'entretiennent des affaires de la der- nière foire et des succès qu'ils espèrent dans la pro- chaine , et la guitare , ébranlée par la main du plus habile, met la jeunesse en tiain. On chante , on danse jusqu'à riieure de la messe de minuit. A l'avertissement de la cloche , tous les membres de la famille , munis de sièges , se rendent à l'église , où vous les voyez sous leurs plus beaux habits et dans le plus grand recueillement. La vigile et le jeune , observés très scrupuleusement, sont rompus au re- tour de la messe. La matinée du jour de Noèl est consacrée aux sou- haits des bonnes fctes. Les filleuls vont baiser la main de leurs parrains , dont ils reçoivent quelques leçons paternelles et de ces gâteaux en forme de couronne, appelés tourteaux, qui le disputent en grosseur et en qualité à ceux de nos moissonneurs. Le foyer pétille sous le toit hospitalier; les ména- gères réunissent les provisions , les apprêtent et la famille assiste à un repas copieux , dont l'appétit et la gaîté font le plus piquant assaisonnement '. •Prévenu comme ou Test sur la manière de se nourrir des Bohé* 74 Le doyen iVàge, fut-il le plus pauvre, est le roi du festin, et celui qui contribue le plus a la dépense de la fête en fait aussi les honneurs. Suivant Taniique usage , observé encore dans beaucoup de pays , les femmes ne se mettent pas à table ; elles servent les hommes et ne mangent qu'après eux avec les enfans. Le bcncdicitc et les grâces sanctifient le i-epas ; on di- rait une de ces agapes des premiers chrétiens , accom- pagnée d'une allégresse et dune simplicité de cœur C|ui rappellent les mœurs patriarcales. Après le repas , c'est Theure des visites. On se rend chez les autres parens , chez les amis et les connais- sances de la caste; c'est le moment solennel du baiser de paix, du pardon des injures, de la cessation des inimitiés. Les plus jeunes déférant à l'âge, faisant ab- négation de toute animosité, se soumettent, s'humi- lient, reçoivent à genoux leur pardon de la part de celui qu'ils peuvent avoir offensé , et lui baisent la main; quelques conseils, dictés par la prudence et la sagesse , sortent de la bouche des anciens; les té- moins de cette scène s'attendrissent, des larmes rou- lent dans tous les yeux, et tout le monde s'embrasse. Les plaisirs et les amusemens achèvent de remplir la journée , et le lendemain les familles se séparent en paix et sans regret sur un extrade dépense, qui con- raiens, on serait étonné du clioix et dr l'abondance des mets dont se compose leur festin de î:i fêle de Noéi. Ils économisent, pour ce jour, pendant tout le reste de l'année; trois familles dans le repas dont je parle, en nombre de seize personnes, ont fait une dépense de près de cent francs. Eu Espagne, les Gitanos plus aisés se mettent aussi plus en frais. Il y a dit-on à Lcriln , en Catalogne, un certain Don Jayme, gitano fort riche qui le jour de Noël traite généreusement tous ceux de sa caste. 7r liibuc à aliinculcr enlrc elles les liens du sang, a coniinuer la Loiine iaiclli^enee entre les di(TciciUes tribus ei à faire cesser les inimitiés , les haines, dont elles redoutent les effets. Voilà, aussi succinetement que j'ai pu le faire, un tableau de mœurs et de coutumes qui se conservent religieusement par tradition, qui le dirait? chez ^^ne caste d'hommes distincte de toutes les autres , pour lesquelles son nom seul présente quelque chose de dégoûtant. La plus part des auteurs cjui ont écrit sur les Gita- nos , s'efforcent de nous les dépeindre sous les cou- leurs les plus défavorables. Trop généraliser en cette matière, comme en toute autre, est une erreur que repoussent la raison et Tobservalion impartiale. Parce qu'on taxe la nation française de légèreté et d'inconstance, il ne laut pas en induire que tous les Français sont d'un caractère léger et inconstant \ com- me aussi les Circassiennes ne sont pas toutes belles, les Anglais n'ont pas tous le spleen. 11 ne faut pas met- tre non plus sxu" la même ligne tous les Bohémiens , tous n'habitent point 3ous des ponts ou dans des cha- pelles ruinées , se nourrissant de mets immondes et vivant , comme l'on dit , sans foi ni loi. Il en est j)armi le nombre qui, vus sans prévention , ne seraient peut- être pas jugés indignes de cette société qui les re- pousse, et l'on peut diic que ce qui influe le plus sur le sort d'un grand nombre d'entr'eux , connue sur celui de tous les hommes, c'est la misère qui dégrade tout ce ou elle touche. - « Jaubeut dk Réart, ' iiiemlirc-rcâidcnt. IJamc. ■ iL^IË32A(!i]LΩILlâ. Questo e il porto fJel moiiâo, (Tasso.) « Ici viennent mourir les derniers bruits du monde « Nautonniers sans étoile , abordez. ! C'est le port, « Ici l'ame se plonge en une paix profonde, « Et cette paix n'est pas Js moit. >» (Lamartine.) Oh! que l'aime l'Espagne! Oui, dans mes rêveries, J'ai souvent respiré l'encens de ses prairies; Souvent au coin du feu, durant les nuils d'hiver, J'ai traversé les flots de sa brûlante mer; J'aimais à reposer mon cœur aux chastes flammes Sur les épais barreaux de ses couvens de femmes, 78 Où cent mille bcault-s, anges veillant pour nous, Usent pciiibienicnt leurs jours sous les verroux; J'évoquais devant moi ces ombres passagères, J'écoulais le doux bruit de leurs robes légères, Et quand leurs voix en chœur s'élevaient vers les cieux, Des larnu's malgré moi s'échappaient de mes yeux. Je les suivais partout: aux jardins, dans les salles. Sous les longs corridors aux arches colossales. Même au pied des autels, où leurs gémissemens, Leurs prières, leurs vœux irritaient mes lourmens, Et dans ses souvenirs mon ame recueillie S'enivrait de douleur et.de mélancolie. Gérona, lieu sacré que j'aimerai toujours, Asile où je voudrais pouvoir couler mes jours. C'est toi surtout, c'est loi que je vois dans mes songes! Soit que l'illusion me prête ses mensonges , Soit qu'un dieu bienfaisant offre à mes yeux surpris Le vague souvenir des lieux que je chéris. Toujours je te revois , et toujours ton image Sourit à mes regards comme un ciel sans nuage. Tu m'offres tes palais et tes blanches maisons, Et tes rideaux soyeux flottant sur les balcons. Et tes vases de fleurs embaumant chaque rue , Et tes marchés vivans où la foule se rue ; Tu m'offres tes coteaux, tes bois délicieux, Tes vierges aux cils noirs, au maintien gracieux, Tes bocages touffus, tes citronniers sauvages, El tes verts orangers parfumant les rivages; Tu m'offres les gazons, tes mielleux caroubiers, Tes grenadiers fleuris et tes champs d'oliviers. Et ton fertile sol , faveur de la nature. Mais, de tous les objets qu'embrasse la ceinture, 79 De tous tes monumens qui s'enlacent en rond, jNul d'un plus snint transport ne fit briller mon front, Nnl n'embrasa mon cœnr d'une flamme plus vive, Qu'un couvent où naguère une vierge craintive, Un ange que la terre adorait à genoux, S'établit interprète entre le ciel et nous. Quoi! seule, à dix-se|)t ans, s'ensevelir vivante! Si belle et s'éclipser! Ah! ce sort épouvante. Ces yeux se voileront! Ce visage si beau S'enlcrmera bientôt dans un vivant tombeau ! Comment le concevoir cet horrible mélange De roses , de parfums, de cercueil et de fange, De vie et de trépas! Quel esprit assez fort Pourrait voir sans effroi cet appareil de mort, Cet!c tombe béante au fond du sanctuaire. Et vivant se couvrir du linceul mortuaire? Eh! bien, ce qu'un guerrier ne peut voir sans pâlir. Elle, peureuse fille, elle va l'accomplir: Sur elle pour toujours vont se fermer ces portes Qui ne se rouvrent plus même aux captives mortes; Le voile qui la couvre et la cache à nos yeux. Ne tombera qu'aux pieds du monarque des cieux, Et sa douce parole, enivrante et profonde. Ne retentira plus que dans un autre monde. Mais l'aube a dissipé les soleils de la nuit : Le couvent se réveille, et la foule, à grand bruit , Déjà du temple saint inonde le portique; L'airain a retenti sur le clocher gothique, Et les portes s'ouvrant avec solennité , Laissent voir le palais de la divinité : Ce jour, le sanctuaire est orné de guirlandes; On place sur l'autel de nombreuses offrandes ; Les ileurs, la pourpre et l'or s'enlacent en festons. Des colonnes d'albâtre entourent les frontons; Ce jour sous des lauriers toute tombe est cachée. 80 Et le parfum des fleurs dont la terre est jonchée , Se mêlant aux parfums des cierges, de l'encens, Embaume la pensée et transporte les sens. Quelle lyre a frémi? D'où vient cette harmonie? Est-ce la harpe d'or d'un sylphe ou d'un génie? Est-ce du rossignol le chant mélodieux? De la brise aux bosquets n'est-ce pas les adieux? Non, ce sont des accords encore plus suaves, Ce sont des chants plus purs, ce sont des airs plus graves, C'est l'auguste hosanna, qu'un orchestre de voix, En longs flots d'harmonie, adresse au roi des rois: C'est le cantique saint que, dans ses jours de fête. Répétait, à S ion, la harpe du prophète. Le chœur des séraphins que des anges de paix, D'innocence et d'amour, sous des voiles épais, Redisent à l'écho de cette voûte antique , Et (jue l'écho redit de portique en portique , Jusqu'à ce que le bruit, faible, plus faible cncor. Tombe et meure, en vibrant, le long du corridor. Cependant vers l'autel la victime parée S'avance, d'un essaim de vierges entourée; Un long voile de neige, aux plis mj'stérieux, Dérobe ses attraits aux regards curieux. Avide de la voir, une foule empressée Admire et suit des yeux cette démarche aisée Et timide à la fois , ce port aérien , Cette grâce enfantine et ce louchant maintien, Qui mêle à la grandeur l'humilité de l'ame, luelfdble attribut de l'ange et de la femme. Un silence profond, terrible, solennel 81 S'élève. Pour ouïr le serment éternel . On dirait que les morts, de leur couclie livide, Lèvent leurs fronts poudreux, et, d'une oreille avide, Attendent le moment où, pour aller à Dieu, La vierge au monde vain jettera son adieu. Attends encore, ô jeuns fille, Attends! le jour n'est pas venu: Ton œil à peine s'ouvre et brille ; Ce monde ne t'est point connu. Attends que l'orage qui gronde Sur ces flots où tu viens errer, Soulève la vague profonde. Et te jette aux gouffres de l'onde, Comme une proie à dévorer. O fleur, de larmes arrosée. Tu dois cncor t'épanouir: Tu n'as pas perdu ta rosée , Livré tes parfums au zépliir; Tu n'as pas vidé ta corbeille Pleine des plus beaux dons du ciel, Et de ta corfdle vermeille L'aiguillon de la jeune abeille N'a pas enlevé tout le miel. Quand du calice détachée Ta couronne dans le vallon Tombera, flétrie et séchée, Sous le soufïle de l'aquilon , Loin de ce monde qui l'ignore Tu poseras ton front lassé ; Mais l'avenir te reste encore, 82 l'on astre n'est qu'à son aurore, Ton règne n'a pas commencé. Silence! Il n'est pins lems! l'Élernel la réclame! Livrez, livrez aux vents, aux ondes, à la flamme Celle lyre qui n'a que des sons de douleur : Le luth des séraphins chantera son bonheur !.. Alexandre Julia, m*'mbre-résitlclil. 83 A M. Théodore ABADIE. Air : Du Dieu 'les /tonnes gens. « Il est si doux lie parler de sa patrie !.. » (Flobias.) Bosquets fleuris, Ciel pur et sans nuage, Pics élevés, vallons chers au.v amours, Du Roussilion tel est le paysage; II inspira le luth des Troubadours. Brillant Paris, qu'importe qu'on t'encense! L'ennui chez toi gâte l'esprit Français! Tu ne vaux pas les lieux de ma naissance : Je suis Roussillonnais ! Dieu nous donna, lorsqu'il créa le monde Avec l'esprit, la valeur, la beauté: Arago naît... Sa parole féconde, De nouveaux cieux peuple l'immensité. Son nom du tems craint-il la tyrannie?.. Clio l'inscrit au Panthéon français; El moi je dis, fier d'un si beau génie; Je suis Roussillonnais! Non loin du Cap où la vague azurée • Contre le roc se brise avec fracas, • Au nord-ouest du Cap /?/nrrc se trouve le Pon-Vendres f Portr/.»- •veneris), Non loin de là fut (ileyé jadis un temple à Vénus. 6* 84 Du sein des (lois l'aimable Cythéiée Sortit un jour, riche de mille appas; Les jeux, les ris volèrent sur ses traces. Convenez-en, Praxitelles IVançais, Le Roussillon est le séjour des grâces : Je suis Roussillonuais! Napoléon sur les champs de bataille, De ma patrie admirait les enfans; Bravant la mort que semait la mitraille, Vers le danger ils couraient triomphans. Leur part fut belle en ces jours de victoire ; Us sont tous morts digues du nom Français; Avec orgueil je célèbre leur gloire: Je suis Roussillonuais! Sur nos coteaux coule à flots l'ambroisie, Qui, dans l'Olympe, enivre le? faux dieux; C'est d'elle, amis, que naît la poésie. Voix dont les sons s'élèvenl jusqu'aux cieux. Aux vins fameux de Chypre, de Madère, Joignez les vins Espagnols et Français, Vieux Rivesalle! à tous je te préfère : Je suis Roussillonnais! O Roussillon! mon vers patriotique, Peut-être un jour digne de souvenir. Grâce à ton nom, fléchiia la critique, 11 est si doux de vivre eu l'avenir! Je t'ai chanté : les accords de ma lyre M'ont fait connaître au Rossignol Français «; Plus que jamais je sens que je dois dire; Je suis Roussillonnais! Joseph SiRVEN, m. ml.rf résilient. membre (tes Enjttm ilu Caveau , etc, Béranger. 85 Wiîlâ WlM^^;,. ODE. «Oh ! songez-vous par fois que de fiiihï (k'voré, « Peut-être un iuilijjent il.ins les carrefours souil>res « S arrête , et voit danser vos lumineuses omlires , *< Aux vitres du salon doré, n (Viitor Hugo.) I. tOli! que le voifà bien, ma .sœur! jamais soirée «N'aura vu Tliérésa pins belle et moins parée; t Laisse, que je t admire encor! «Ton front, oît nulle perte aujourd'hui ne ravonnc, f Doux et pur, s'embellit à n'avoir pour couronne «Que les soyeuses tresses d'or. «Et maiiilcnant regarde, ei vois si ma toilette « Avec fulélilé ilc la tienne rcllète «1 Le goût , la grâce, les couleurs. «Rol)e, ceinture, agrafe, en notre simple mise «Tout se ressemble, tout; j'ain\e tant «pi'on se dise « t'n nous voyant: voilà deux sœurs. 8G «Oh! bien sœurs, et do l'élre heureuses et ravies! t Dieu vouhit faire ensemble colore nos deux vios ; «CIkujuo jour en devint plus beau. «Ensemble au même sein, ensemble au bras d'un père, « Au couvent , dans le monde ensemble, et , je l'espère, «Ensemble aussi dans le tombeau. «Tels deux oiseaux des bois , sous le même feuillage tNés des mêmes amours, s'envolent du bocage, «Sans se quitter fendent les airs; «Tels deux humbles ruisseaux serpentant sous les mousses « Mêlent avec bonheur leurs ondes, leurs voix douces «.Itisqu'au vaste abîme des mers. «Aussi, pour nos bouquets, vois, j'ai choisi deux roses «Sur une même tige, au même point écloses ; « (]'est bien les fleurs qu'il nous fallait. « Des larmes du matin toutes deux arrosées , «Elles ont en naissant bu les mêmes rosées « Ainsi que nous le même lait. «Entends-tu? maman vient : c'est l'heure de la fête! «Oh maman! (|u'il m'est doux de ne voir sur ta tête « ( «Ni bandeau, ni vains ornemens! Merci d'avoir comblé mon désir, ma folie Merci d'avoir voulu, ce soir, être jolie «Sans plumes et sans diamaus! «Notre équipage est prêt, dis-tu? percer la foule «Dans ce riche landau si bruyant quand il roule! «Eclabousser avec fracas 87 «Des mallieureiix (|iroii plaint! oli non! je t'en conjure ^ «Ce sacrifice eiicor, maman; pas de voilute; «Allons, la pelisse et mon bras.» — Et déjà toutes trois dms la rue, avec joie, Marchent en grelottant sous leurs manteaux de soie^ Aux pâles clartés d'un l'anal. Où vont-elles? leurs pies, à les voir si rapides, Courir Idanes et légers sur les p.tvés humides. Semblent impatiens du bal. U. Non, ce n'est pas un bal (|ui vous fit, à cette heure, Déserter en riant la paisible demeure Où coulent si doux vos loisirs. Un bal, avec ses bruits, ses élans, ses ilélires, Ne s'est jamais du ciel attiré les sourires; El le ciel bénit vos plaisirs. Non, ce n'est pas un bal. l'oint de mains (pii s'enlacent; Point lie soins palpitans, point de couples (jui passent Echangeant de muets aveux; Ni taille qu'on étreint, ni soupir qu'on recueille, Ni vierge (pie la valse, enivre, emporte, eUeuille Comme la Heur de ses cheveux. 88 Non, ce n'est pas un bal. — L'hiver grondait; les glaces. Comme un autre pavé s'étendaient sur nos places, Pesaient mieux goûter le cliez-soi, Et, sans pain, sans travail, sans toit qui le protège, Plus d'un infortuné s'était dit sur la neige : «Oh! qui prendra pilié de moi! a De ces riches hôtels où l'on a les mains pleines, «Où le plus âpre hiver a de chaudes haleines, «Où, joyeux, l'on cause, l'on boit, «Nos femmes vainement, pleurantes, presque mortes, « Leurs eufans dans les bras, ont supplié les portes; « A nous la faim , à nous le froid! « Dieu! lu n'es donc qu'un mot, qu'un rêve. » — Et celte plainte, Ce triste et dernier cri d'une espérance éteinte. D'une lèvre lasse de fiel , Pour qu'on les vit bientôt se tourner en louanges Sont allés retentir dans vos cœurs, jeunes anges! Comme dans un écho du ciel. Et, soudain, vous avez à ces pauvres, vos frères, Versé vos dons pieux, vos épargnes austères, Le prix de tous vos colliers d'or ; Et vous avez voulu joindre, à l'aumône sainte Qu'un bienfesant concert appelle en celte enceinte, Vos chants, autre richesse encor! Car, vous portez en yoUs un trésor d'harmonies, De larmes, de vertus célestes, infinies. Que vous épanchez de moitié; 89 Vous avez lïes talens pour la riche demeure Et, pour le toit désert du pauvre, un cœur qui pleure ^ Inépuisable de pitié. , Et lorsque, à votre aspect de notre ame élancées, Volent autour de vous mille tendres pensées, Oiseaux chantans devant le jour, Vous baisser vos yeux bleus, confuses, sans comprendre, Ce qui peut sur vos pas ainsi faire répandre Tant de louange et tant d'amour. Voyez, pourtant, voyez, dans la salle ébranlée, Quelle foule choisie, à vos noms rassemblée Accourt, s'étend de toutes parts! Pour applaudir vos chants voyez que de mains prêtes! Voyez! c'est devant vous comme une mer de têtes Aux flots scintillans de regards. Et là, sous ces balcons avec joie accourue. Quelle autre foule encor s'entassant dans la rue Où des enfans dansent en rond! C'est le pauvre... des yeux il couve la cassette; Chaque billet qui passe et grossit la recette Ote une ride de son front. «Sautez, sautez, enfans!)) dit-il a la salle est pleine ; B Voyez! aux mêmes lieux où nous glanions à peine, h Quelle ample moisson aujourd'hui! «Le riche compûlit à nos longues misères; «Il nous plaint, il nous aime, il voit en nous des frères, «Enfans! ce soir, priez pour lui. » 90 Ils prîront!.. et pourtant, cœurs glacés que nous sommes! Pour ne pas oublier qu'il existe dos hommes A secourir, à consoler, Il nous faut un spectacle, mi concert, une ((uête Qui, des roses au front, se travestisse en fête. Hélas! pour nous le rappeler! C'est là, dans une salle à grands frais décorée. Qui d'arbustes en fleur parfume son entrée. De tapis couvre ses chemins, Là, qu'au jour éclatant de vingt lustres en flammes, Notre aumône, au milieu des brillans et des femmes , Tombe, orgueilleuse, de nos mains. Ah! nous n'ailons pas, nous, le soir, d.ins les masures, Consacrer à des cœurs tout saignans de blessures Les heures d'un pieux loisir; Vide de foi , notre ame est vide d'innocence Et nous avons besoin d'être à la bienfaisance Poussés par l'attrait d'un plaisir. Et vous, sans rien savoir des vanités du monde. Vous rendez cette quête, aux malheureux féconde En y mêlant des chaiils si doux; Aussi, de nos transports, quand ces murs retentissent, Ecoutez, que de voix, au dehors, vous bénissent, Seul hommage digne de vous! Chantez! votre talent admiré dans i)0S fêtes, Ici, nous verse cncor des notes plus parfaites , Plus douces au cœur oppressé; 91 L'hymne qu'un rossignol exhale en traits de flamme, En traversant les fleurs s'embaume, et, par votre ame, On voit que vos chants ont passé. C.hanlez! pour l'Eternel vos voix, sous ces portiques, Ont la même douceur (|uc les pieux cantiques, Le soir , élancés du saint lieu ; Chantez! nos cris d'amour, nos soupirs, nos louanges S'élèvent aussi purs à vous, ô sœurs des anges! Que votre mélodie, à Dieu. Et si le pauvre , hélas ! ce pauvre dont la joie Toujours en d'autres pleurs si promptement se noie, Bientôt recommence à souffrir, Chantez, chantez encore! et que votre voix fendre S'envolant vers les cieux, en lasse redescendre La manne qui doit le nourrir! Pierre Batllf, , membrc-rcsulenl. 92 îÈîiisasii^îi^iig Ciiante! j'aime ta voix!.. Elle est douce à l'oreille: Oui, mou ame pensive à tes accords s'éveille. Forte d'émotions, et [tins calme à la fois. Chante!., mais doucement... seul ici je t'écoule. Oh! charme un voyageur fatigué de la route: Chante, chante! j'aime ta voix! Plus bas, plus bas encor... Cachons bien à l'envie Qu'un même feu sacré nous l)rûle pour la vie... Garde-toi d'attirer son terrible regard. L'envie!., oh ! chante bas... j'ai connu sa puissance. Pourrais-tu la braver, ô toi, dont l'innocence iN'a pour vengeur que mon poignard? Écoule!.. Si tu veux... un mot... elle succombe; Car je sais un asile où sa puissance tombe. Où riiomme ne craint plus les atteintes du sort. Où l'espoir du réveil doucement nous endort. Sèche tes pleurs, .Jcnny, cet asile est la tombe.'.. Que pour nous elle soit un port. 93 Mais Ui voix s'affaiblit... une lerreur soudaine... Clianle! ne vois-tu pas sur la rive lointaine Un esquif que l'amour dirige vers ce bord ? Il nous appelle , viens : pour briser noire chaîne Prenons le glaive de la mort. Et que la mort est douce , alors qu'on meurt ensemble. La mort! pour(juoi trembler si sa main nous rassemble, Si le même lincenl doit un jour nous unir. Volons vers d'autres bords... ici bas tout s'achève... Jusqu'à ce qu'il soit dit que la pierre se lève... Qu'est-ce , dis-moi , que l'avenir? Pour moi, la mort me plail; j'aime à la voir en songe De son soudle glacé dissiper le mensonge, Et préparer mon amc à l'immortalité; J'aime à sentir sa main abaisser ma paupière, Et rêver qu'en mourant je franchis la barrière... Sur l'aile de l'éternité. Ainsi je veux finir. Nos jours ne sont qu'un rêve. Un rêve que le tems prolonge, puis achève, Selon qu'il obéit aux caprices du sort. Mais qu'importe, après tout, à l'homme qui médite Défouler plus ou moins une terre proscrite?.. Mourir... c'est arriver au port, L. Angot, menil)i-e-corri-spondant. 94 IL^Alîliîâ as aïâ iD^â^IBILIâ;» A M. Frédéric THOMAS, auteur d'une Epitre au Diable, et d'une ballade intitulée le Roi Àrthus , pièce qui a remporté le prix aux Jeux Floraux, en i834. • ) Air: Il me faudra quitter l'e>\ipir^. En songe, ami, m'apparaît mon bon ange: «Holà» dit-il «digne enfant du Caveau, «Chante! et des sots rorgueilleiise phalange. «Fuira vaincue au bruit de maint bravo...» [bis.) Lors, tout joyeux, du lit je cours à table, Je bois, je rime un cantique sacré... {bis.) Hélas! mes vers ne valent pas le diable: Mon ange, ami, m'a très mal inspiré. [bis.) Vous, plus heureux, vous faites un doux songe, Le diable est là qui vous dicte , et soudain , Vous célébrez dans lui riant mensonge Le grand méfait d'Arthus le paladin. [bis.) Aux jeux d'Isaure, où le bon goût vous venge, A votre mues un prix est assuré. [bis.) A table , au lit vous chantez comme un ange : Le diable, ami, vous a bien inspiré. [bis.) 95 D'un vert laurier voire fVonf se couronne; Moi , j'applaudis à vos brillans succès, Chantez! l'ennui tombera de son trône: Esprit, gaîté seront toujours français. (hls.) Mais pour vos vers qu'olFrirai-je en échange ?.. Non , je ne puis vous louer à mon gré. (^bis.) La faute en est à l'esprit de mon ange; Le diable, ami, m'aurait mieux inspiré. [Ois.) Joseph SiRVEN, niembr£*résii]ent. 96 ##*#** *«^*##***»*************;* ************ im iîaiD a^ îLâ. HKDSs. Un soir — de la forêt prochaine Déjà s'endormaient les chansons, — Un soir, Germain, sur un vieux chùne, Découvrit un nid de pinsons. «Bon!» dit-il «voilà pour Isaure; a Mais l'ombre gagne le chemin ; «Dans votre nid restez encoie «Oiseaux, adieu jusqu'à demain.» Plus loin , c'est une fleur nouvelle, Dont l'aspect le fait tressaillir. — «La fraîche rose! encor pour elle!» Dit-il «mais déjà la cueillir! « Laissons aux feux d'une autre aurore « S'entrouvrir son brillant carmin, a Fleur qui n'es qu'un bouton encore « Adieu! je reviendrai demain.» La pourpre et l'or brillaient à peine Au point du ciel où^naît le jour, Et, déjà, vers l'antique chêne Germain courait ivre d'amour. 97 Il arrive... ô douleur mortelle! Lucas, fuyant dans les buissons, Vient d'enlever la fleur si belle i Et la famille de pinsons. Or, d'fsaure vive et légère Lucas, lui-même, était épris. Il donna tout à la Bergère; Vn baiser en devint le prix; Et, depuis, roses et nichées Eurent beau, par Germain confus, Etre , soir et matin , cherchées , — D'Isaure il subit les refus. Amant qui me prèles l'oreille, Ne vas pas, si comme Germain Tu peux prendre une fleur, la veUle, La laisser pour le lendemain ; Attends, diffère, et lu t'exposes A trouver parmi tes rivaux, Un Lucas voleur de tes roses Et dénicheur de tes oiseaux. Pierre Batlle, niembi'C-re'sideiit. 98 A Monsieur de Labouïsse-Rochefort, auteur des amours à Éléouore (1822). Tendre poète, aimable aulcur, Amant et l'orluné vainqueur D'une seconde Éléonore, O vous, dont la lyre sonore Chante avec succès le bonheur, L'amour, les nœuds du mariage, Et les plaisirs qu'en son ménage, Loin d'un monde vain et trompeur, Savoure à longs traits le vrai sage, Recevez ce sincère hommage D'un faible élève de Panard, Oui s'amuse , dès son jeune âge , A rimer, sans peine et sans art, Vaudevilles et chansonnettes Pour nos modestes bergercties Et pour nos belles du bon ton, Et dont la muse réjouie, Étrangère à la triste envie De posséder un grand renom , Caresse l'austère raison, El badine avec la folie , Préférant au sacré vallon Les bois de Gnide et d'Idalie, 90 Au laurier brillant du génie Le myrte frais d'Anacréon... En vers estimés d'Apollon , Parny célébra sa maîtresse; L'amour couronna sa tendresse, Mais il en fut trahi, dit-on. Ce Dieu, souverain de la terre, Est vif, léger, capricieux, Fait d'un seul mot la paix , la guerre, Et rit des mortels et des Dieux. Toutefois, changeant de système, Devenu moins cruel pour vous, D'un bien dont Zoïle est jaloux Il dota l'objet qui vous aime Comme personne n'aima mieux... 0!i! que ce bien est précieux! Oui, la charmante Elionore, Conduite par le sentiment, Jusques à sa dernière aurore, Saura d'un feu doux et constant, Réchaulfer, ranimer encore Le cœur de son époux-amant. Ainsi le lierre se marie Au chêne qui règne en nos bois; L'nis, ils bravent à la fois Et des aquilons la furie Et des hivers les dures lois. Joseph SiRVEN, mrmlji-e-iL'sidcnt. 7* 1(K) ip(DW]B.'^iirDa ^a ïL^Aa^s* «"Mais i'aiiiie mieux encor, quan^ la cloche in'appelle, « Glisser comme un fantôme au seuil d'une chapelle « Que je n'ose nommer : 'ELt, décédé le 20 janvier l834. 105 a.A mMM MAmMA^^m, « On troque tous les jours un liomme contre « lin cheval.,. Ces misérables vendent leurs en— « fans pour un fusil, ou pour »]uclques bouteilles « d'eau'de-vie.n ( Lettres tk Pam/. ) «O ma mère! pourquoi me conduire au rivage? «Vois, les Blancs sont venus, les Blancs sont bien méchants! «Que de fois sur nos bords, vomissant Tesclavage, «Leur cruelle avarice a semé le ravage «Et le deuil dans nos champs! « Dieux! s'ils fondaient sur nous! dans leur vaisseau captives, «S'ils meurtrissaient nos bras sous des anneaux de fer; «Si, repoussant nos pleurs et nos bouches plaintives, «Ils déployaient aux vents leurs voiles fugitives «Pour repasser la mer; • Que ferions-nous? là bas, dans leur île, égarées, «Nous n'aurions plus de sœurs de la même couleur, «Nous n'entendrions plus les chants de nos contrées «De notre doux pays pour toujours séparées « Nous mourrions de douleur. 106 «Ah! fuyons, ô ma mère! ils suivent notre trace: «Fuyons; rien ne pourrait nous sauver du trépas... «Mais, ln^las! les voici: Seigneurs, faites-nous grâce, «Grâce, grâce, hommes blancs! à ce sol que j'embrasse « Ne nous arrachez pas ! «Prenez pitié de nous! c'est ma mère!... elle pleure! «Aux champs de nos aïeux iaissez-la revenir! «Et moi, près d'elle aussi souffrez que je demeure, «Pour que ma mère au moins ait à sa dernière heure B Une fille à bénir! «C'est un objet sacré qu'une mère! ali! quels charmes «Que de revoir la vôtre après tant de revers, «Et de pouvoir enfin dissiper ses alarmes!... *Ah! laissez-vous toucher! faites tarir mes larmes! « Brisez, brisez ces fers ! «Mais ma mère elle-même!... Elle livre sa fille! «Ma mère! il est donc vrai! tu veux vendre ton sang!... « Oh! non , c'est une erreur... mais l'or dans ta main brille- «Eh! quoi, pour un peu d'or tu jettes la famille « Aux caprices d'un Blanc! «Et qui te nourrira? qui plaindra ta vieillesse? «Qui sera désormais ton guide et ton appui? «Q)ui veillera sur loi dans l'île où je le laisse? «Qui le rendra l'enfant qu'une indigne faiblesse «Te fait vendre aujourd'hui? 107 «Ah! puisses-tu du moins, sous ta hutle isolée, a Ne regretter jamais ma tendresse et ma foi! «Puissé-je, aux bords lointains où je vais exilée, «Apprendre un jour qu'enfin ma mère consolée « Vit heureuse sans moi ! «Mais non , cède à mes pleurs! il en est lems encore: «Rends-leur, rends-leur cet or qui ne peut te nourrir! « Qu'ils partent sans leur proie! et toi, toi que j'implore, « Ma mère , ouvre tes bras à l'enfant qui t'adore « Et qui veut y mourir ! » Cependant le vaisseau, de la rive étrangère, Avec son noir butin s'éloignait pour toujours; Et la vierge, à genoux, dans sa douleur amère, Pleurait et répétait: ô ciel, bénis ma mère! Yeille sur ses vieux jours! Alexandre Jiau, mcnibrc-résidcnt. Octobre i834. 108 AUX ENFANS DU CAVEAU DE PARIS. Air: Garde a vous! (de la FiAHCÉE.) C'est l'ennui, C'est bien lui : Teint blafard, sot visage; S'il parle, à son lang.ige L'on baille, puis encor L'on s'endort, L'on s'endort. Un jour, dans sa colère. Dieu le jeta sur terre: SifTlons-Ie; c'est bien lui, C'est bien lui , c'est l'ennui, C'est l'ennui! [trois fois.) , C'est l'ennui , C'est bien lui; 11 sait changer de forme; Il revêt l'uniforme Comme l'habit de cour; Tour-à-lour, Tour-à-lour, i Il est cagot, sectaire, 109 Nouvelliste, antiquaire: SilTlons-le ; c'est bien lui , C'est bien lui, c'est l'ennui, C'est l'ennui! {trois fois.) C'est l'ennui. C'est bien lui; Le tyran veut proscrire La gaîté, le sourire, Chloris qu'on fuit eu vain, Et le vin Et le ?in ! Dans le meilleur ménage Il fait naître l'orage : Sifïlons-le; c'est bien lui, C'est bien lui, c'est l'ennui, C'est l'ennui ! ( trois fois.) C'est l'ennui, C'est bien lui; En tous lieux il se glisse : Le boudoir, la coulisse Reconnaissent ses lois Quelquefois , Quelquefois! Par lui l'académie Est enfin endormie: Sifllons-le; c'est bien lui. C'est bien lui, c'est l'ennui, C'est l'ennui! {trois fois,) C'est l'ennui. C'est bien lui; 110 Il prête au ridicule; Avec notre férule,- Sur lui , non sans eflfort, Frappons fort, Frappons fort! Aux pieds de la folie Il tombera sans vie: Sifïlons-le; c'est bien lui, C'est bien lui , c'est l'ennui , C'est l'ennui! ( trocs fois. ) Joseph SiRVEN, membre-résident. i&f^mM^ Cl mm miAim mmm^am. REPONSE A M' « Oli ! mêle ta voix à la inirnne , H La nn^iiie oreille nous enteiul ; « Mais ta I rii'rc ai rienne tt Monte mieux au ciel qui l'attend. » ( Lamartink.) C'était le soir; assis sous des feuillages verts, Je cliantais; el pour nous, amans de l'art des vers, Clianler (vous le savez) c'est, pensif, solitaiie. Un crayon à la main, réfléchir et se taire; C'est caresser des yeux tel mot du manuscrit, Dans peu d'instans peut-être avec humeur proscrit; Enfin , c'est, à polir usant sa pauvre lime, Se tuer, pour tâcher de se rendre sublime. Nos fronts , par les sueurs , comme nos champs par l'eau , Sont fécondés : ainsi l'a reconnu Boileau. Or, tandis que suivant l'exemple du grand maître. * Je m'étais permis, iinj)rudemment , envers M' quelques con- seils poétiques , dont il venait de me remercier en très beau\ vers. 112 De mes pénibles vers je suais chaque mètre, Que, sur dix mots écrits, neuf étaient etTacés, Neuf, et peut-être encor n'était-ce point assez, A travers ces rameaux des pleurs du soir hvimides, Un oiseau me jetait quelques notes timides. Et moi , je lui disais : « Barde aîlé de ce bois , a Qui laisses, note à note, ici tomber ta voix! « Fraîche, abondante et pure, à cette onde pareille, «Ne peut-elle, à longs flots, couler pour mon oreille? «Ne l'éparpillé plus ainsi; que tes accents «Descendent jusqu'à moi hardis, nombreux, puissants. «Fais mieux; descends toi-même et, loin de ce bocage, «Viens, consens à passer quelques mois dans ma cage; «Là, je veux, exerçant ton gosier incertain , «Te chanter, te siffler des airs, soir et matin. «Le feuillage te cache en vain ; je te devine « Aux faciles essais de cette voix divine; «Oui, sous notre ciel bleu, comme un ciel espagnol, «Dieu te créa serin; tu seras rossignol «Si jusqu'au mois des fleurs ou des gerbes dorées «Oubliant ton doux nid, tes forêts ndorées, «Ta compagne, tu viens, docile à mes leçons, « Étudier sous moi l'art de filer des sons, «Embellir ma volière et, sur ma serinette, «De ton gosier captif régler la chansonnette. «Oh, viens!» — Je me taisais à peine, et , dans les airs j L'oiseau formait déjà d'harmonieux concerts; Ce n'est plus cette voix qui, timide , voilée , N'avait pour me charmer qu'une note isolée; Elle jaillit puissante et féconde; le cœur Vibre comme l'oreille à son accent vainqueur. De nos vierges priant sous les sacrés portiques Moins suaves, moins purs, résonnent les cantiques, Et jamais vers le ciel des sons plus ravissans 113 Ne montèrent mêlés de prière et d'encens! Cette voix, par l'effet d'une habile imposture, Semble des plus doux bruits semés dans la nature Être l'écho vivant. Vagues plaintes des eaux, Choc des feuilles, soupirs du vent dans les roseaux, Des monts, des prés, des bois, musique iiHléfinie , Tout ce qui sur la terre est voix, chant , harmonie, Gazouillement, murmure, oui, tout est reproduit Dans cet hymne divin jusqu'à l'ame conduit. Toutes les autres voix se taisent pour entendre Celle qui retentit si sublime et si tendre! Et me voilà muet, étonné, confondu! Et l'oiseau, de sa branche à mes pieds descendu, En sautillant, tout fier de son humble plumage, Semble me dire alors dans un dernier ramage : «Eh bien! sous ton ciel bleu, comme un ciel espagnol, «Me crois-tu né serin?» — C'était un rossignol! Pierre Batlle, uiembi-e-résiJeiis. 114 MOnAX.ES ET PHIIiOSOPHIQXTES. A M. AuMiKo GOUFFÉ. Aia du Bouffe et le Tailleur. Imitant mon cher maître, Je veux Vivre ignoré pour être Heureux. Loin de la multitude, Du bruit. Recueillons de l'étude Le fruit. Trop volage fortune, Grandeur, Votre poids importune Mon cœur: De peu je me contente Chez moi; Puis arrive qui plante, Ma foi! Julie aime, dit-elle, Mondor; 11 o Mais elle n'est fidèle Qu'à l'or. J'embrasse ma maîtresse Pour rien... Son bien sera sans cesse Le mien. Le mérite modeste, A pié, Fait, on le sait de reste. Pitié: En carrosse un paillasse Survient, Et le sot plein d'audace Parvient. L'homme est à l'inconstance, Constant : Sondez sa conscience... Néant! Il sait changer de mise, D'avis, Tout comme de chemise. D'amis. Santé, douce folie. Amours, Embellissez ma vie Toujours! Soucis, fade étiquette. Procès, N'entrez dans ma retraite Jamais ! Joseph SiRVEN, niembrf-r^siHi'ni. 8* 1 116 iKiiMaïiitsmMTïï. Messieurs, daignez souffrir que je vous remercie D'avoir fermé les yeux sur mon impéritie, Et de m'avoir admis sans vouloir trop peser Que jeune et sans talent c'était beaucoup oser Que de prétendre ici demander une place! Aussi je le redis, messieurs, je vous rends grâce. Puisqu'au moins une fois chacun doit prendre part Aux travaux annuels divisés avec art, Je devrai pour payer mon tribut de poëte Ou de prose ou de vers étourdir votre tête! Je le dirai, je crains que jugeant mon savoir Vous ne soyez bientôt déçus dans votre espoir ; C'est pourquoi m'avouant trop faible par avance. Pour mes essais futurs je réclame indulgence. Comme le frêle esquif qui s'en va tenter l'eau 117 Demande un bon pilote, nu ciel rionl et beau, Une mer caressante, une It'gère brise, Et non le vent qui gronde ou le (lot qui le brise!.. De mémo les accords que va rendre mon bit h Demandent un appui pour leur premier début, Un juge bienveillant, (jui passe à leur jeunesse Un défaut d'barmonie, un manque de justesse. Et non le froid censeur, dont la sévérité Irait sans nul égard montrer leur nullité ! L'indulgence est pour tous, et pour moi d'avantage Qui de la plume encor n'ai pas acquis l'usage. C'est plein de cet espoir que j'ai sollicité Qu'à côté de vos noms le mien fut ajouté. Heureux si je parviens, comme je le désire, A pouvoir tous les ans faire vibrer ma lyre. Napoléon Lloîbes,. mcmlircrésiiUiit. 118 CHANSON MORALE , DÉDIÉE A M. DE BÉRANGER. Air cl'Aristippe. « Un ange aux ailes A or « L'emporte au ciel dans le pan de sa robe. » ( bÉit&NGEIt. ) De ce prélat la mémoire est bien chère A nos dévots que sa main bénissait; Quel bon pasteur! lorsqu'il parlait en chaire La larme à l'œil le peuple applaudissait. Elle a germé sa morale si belle, Dans le palais comme sous le taudis: Hommes de Dieu, prenez-le pour modèle. Si vous voulez aller en Paradis. Sans faste, à'pied, quoiqu'il eût un carrosse. Il visitait chaque jour son troupeau, Son vieux bâton lui tenait lieu de crosse. Pour mitre, amis, il avait son chapeau; 119 Le luxe est vain: à ses devoirs fidèle, Il le laissait aux cœurs abâtardis: Hommes de Dieu, prenez-le pour modèle, Si vous voulez aller en l'aradig. Dans tous ses points il suivait l'Évangile , La tolérance accompagnait ses pas; Il nous disait: «l'homme, hélas! est fragile; «Quel est celui qui ne s'égare pas?...» Il réchauffait par l'ardeur de son zèle Les fils ingrats, les pécheurs refroidis: Hommes de Dieu, prenez-le pour modèle. Si vous voulez aller en Paradis, Il ramenait la paix dans les familles Où la discorde agile son flambeau; Après l'office, il permettait aux filles D'aller danser, folâtrer sous l'ormeau. Sur les mortels soumis à sa iulelle, Il ne lança jamais des interdits: Hommes de Dieu, prenez-le pour modèle, Si vous voulez aller en Paradis. A l'infortune il donnait un asile, Juifs et Chrétiens recevaient ses bienfaits; L'enfant-trouvë devenait son pupille... Qui peut compter les heureux qu'il a faits? Les Gibelins, les Guelfes, sous son aile. Auraient vécu sans peur d'être maudits: Hommes de Dieu, prenez-le pour modèle, Si vous voulez aller en Paradis. 120 II dnl mourir, puisqu'il faut que tout meure! Le peuple en deuil, de sa perle atirisié , Porta son corps jusqu'à celte demeure D'où l'on renaît poiir l'immortahlé. Quels souvenirs ce bon pasteur rappelle!... On l'aime encor comme on l'aima jadis : Hommes de Dieu, prenez-le pour modèle, Si vous voulez aller en Paradis. Joseph SiRVEN, niemljre-résiJent. 121 lèim^ mm (23îMî^3^ A DEUX ABSENTS. « Mais pourquoi cliantaistn ? » ( Lauabtike. ) I. L'oiseau blessé dans le feuillage Quaud il chantait, N'ose plus charmer le bocage; Triste, il se tait. II craint trop, si sa voix s'éveille Avec douceur, De guider vers lui, par Toreille, L'œil du chasseur. Pauvre oiseau! tout le bois s'çnivre A l'écouter; 122 Il doit pourtant cesser de vivre Ou de clianter. Eh bien! ce timide ramage Pour fuir la mort Se taisant, du mien c'est l'image; Voilà mon sort. Pour mon corps, d'une ame choisie Frêle prison , Le nectar de la poésie Est un poison. Chaque strophe, à l'aile de flamme, Peut, je le vois. Vers le ciel emporter mon ame Avec ma voix. Et pourtant, cet hymne va naître; Un hymne encor, Un hymne, le dernier peut-être Qui prend l'essor. Ah ! j'ai perdu les cœurs intimes Qui , dans mon sein. Savaient contenir de mes rimes Le fol essaim. Je vis leur rapide équipage 123 Fuir...:, mon regard Long-lems, dans le poudreux nuage, Suivit le char; Et, depuis cette heure fatale, Triste, isolé, Je suis, sur ma terre natale , Oomme exilé; Et, las des pleurs où je me noie, Les jours, les nuits, Par ces strophes, j'ouvre une voie A mes ennuis. Oui, ma voix s'éveille, se plie Au rythme ardent; Oui, je chante, et sans que j'oublie En préludant. Que l'oiseau dont l'hymne s'élève Peut du buisson Tomber, même avant que s'achève L'humble chanson. C'est que pour aimer une vie D'amers dégoûts, Je me sens, aujourd'hui, Sophie! Trop loin de vous; 124 C'est que clans l'ame d'un poi-te Las de malheur, L'ivresse peut rester muette, Non la douleur. Et puis, si je laissai, naguère A vos genoux, Dormir, comme un verbe vulgaire. Mon chant si doux, C'est qu'aux sons d'une voix que j'aime Je palpitais, C'est qu'alors vous chantiez vous-même Et j'écoutais. Naissez, mes vers, c'est pour Sophie! Pour son époux. Au vent du soir, je vous confie-, Envolez-vous! Allez , perçant l'âpre froidure, Dire à tous deux, L'ennui, le tourment que j'endure. Séparé d'eux. 125 Allez ! vos ailes arrosées De tant de pleurs Secourent ces douces rosées Sur leurs doulcvirs. «Des vers que l'ami nous envoie!» — Va s'écrier Sophie en ouvrant avec joie L'heureux papier. — «Quel plaisir! quel bonheur! quel charme !• — Oui, l'air joyeux, Sophie! et pourtant une larme Mouille vos yeux. Ah ! c'est que votre ame est saisie D'un souvenir; Vous m'avez vu de poésie Prêt à mourir; Et, pour moi, Sophie inquiète Craint un revers; Tous deux vous aimez le poëte Mieux que ses vers. — Chanter, quand une ode insensée Doit exposer Ton sein, écho de ta pensée, A se briser! — 426 Et que m'importe ! l'ame atteinte D'un noir souci En voulant étouffer sa plainte Se brise aussi. Que la mienne, cette ame veuve, Après l'adieu Qui fut sa plus amère épreuve, Remonte à Dieu; Car, je le sens, pour qui vous pleure, Il n'est de miel, Désormais, qu'en une demeure. Et c'est au ciel. m. Non, non, ne fuyons pas ce monde! Un doux espoir Luit encor dans ma nuit profonde; J'irai les voir! J'irai, j'irai, tout m'y convie. Le cœur, les arts, Dorer quelques jours de ma vie A leurs regards. 127 J'entends, déjà, la voix touchante Du clavecin , Sophie! et le doux luth qui chante Dans votre sein. Ces bois, ces ondes où se mirent De purs rayons, Déjà, mes regards les admirent Sous vos crayons. Déjà, votre art sous mes yeux place, Par les couleurs , Ce mont géant; au front de glace, Aux pieds de Heurs. Le jour, des courses aux prairies, Dans les ravins; Le soiï, nos lectures chéries, Vos vers divins. Et puis, nous clorons la paupière, Non sans avoir Offert à Dieu notre prière. Encens du soir! Nous aurons, pour lui rendre hommage, Tous en commun, Trois cœurs reflétant son image, N'en fesant qu'un. 128 Oh! du déparf , arrive, arrive Bienheureux jour! Et toi, mon Dieu! fais que je vive Justju'au retour! Pierre Baille, membre-résident. 129 DES DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ En 1834. (section de littérature et beaux-arts). DONATEURS. MM. Abadie Théodore. . . . Épîtres et Poésies mê- lées. Carbonell (A.-J.). . . Recueil de Poésies Rous- sillonnaises, in-12. De Labouïsse-Rochefort. Notice sur M. A.-J. Carbonell. Promenade à Long - Champ. Voyage à Trianon. Voyage à St. -Loger. Voyage à Rennes -les- Rains. Magloire-Nayral.. . . Riographie Castraise. Notices sur M. Ph. Al- bert et M"« Ralard. Rabelais a-t-il habité Castres? ViGAROSY Recueil de Fables. 9 430 DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PERPIGNAN, Le 1" Janvier 1835. ( SECTION DES SCIENCES , ARTS ET AGRICUCTURE. ) Président honoraire: M. F. ARAGO, 0. *, secré- taire perpétuel de Vjécadèmie des Sciences , etc. Président: M. PARES, *, propriétaire, membre 1^ du Conseil-Général, etc. I iScc7-eff/;>e; M. Farines, pliarmacien, membre de j| plusieurs académies et sociétés savantes. j. 131 Ficc-Secrctairc : M. Fraisse, marcliaiul de cristaux, ancien élève du Cunservatuire des yJrts et métiers. Trésorier: M. Grosset, commissaire du roi près la Monnaie. archiviste : M. Crova , professeur de mathémali- ques. MEMBRES-RÉSIDENS. MM. Béguin, directeur de l'école normale d ensei- gnement mutuel. Fauvelle, mécanicien. Caffe, ingénieur de la ville. Sèbe, *, conseiller de préfecture. RiBELL, docteur-médecin. Jacomet, propriétaire. GouGET, ift, chirurgien-major du hl^. Talayrac, géomètre. Dalbiès, aîné, entrepreneur de travaux. Passama , docteur-médecin. Gaffard , propriétaire. GuANDO, officier de santé. Aymar, pharmacien. Roland, ornithologiste. Bouis, pharmacien. MEMBRES-CORRESPONDANS. MM. Charles des Moumns, memhre de plusieurs so- ciétés savantes, à Lanquais. Vène, ingénieur des mines, à Cai'cassonne. 9* 132 MM. Tournât., géologue, à INaibonne. MARr.Ef. DE Serres, professeur de géologie, à Moiilpeilier. Xatart, père, Lolaniste, à Prats-de-Mollû. Christoi. Jul. (tle), professeur d'histoire natu- relle, à Montpellier. Courp-Massoïa, médecin, à Banyuls-dels-Aspres. Armonville, secrétaire du Conservatoire^ aFaris. SiAu , ingénieur des ponts et chaussées , à Bor- deaux. Chapsai., curé à Trullas. BouBÉE, géologue, à Paris. Bastard , médecin , à Chalonnes. Arvers, pharmacien militaire, à Bastia (Corse). PouiAiN, chirurgien en chef de la division des Basses-Pyrénées, à Bayonne. Pu.t; de , ^ , médecin , à Arles. BoiSGiRAUD, professeur de chimie, à Toulouse. GoDDE DE LiANCOURT ( le comtc ), président de la Société universelle de Civilisation , à Paris. JuLiA-FoNTENELLE, Secrétaire de \dL Société des Sciences Physiques et Chimiques j à Paris. Thorent, employé à la douane, à Narbonne. DuPUY, 0. *, colonel d'état-major en retraite, à Toulouse. IzERN , memb. de plus, sociétés savantes, à Paris. César-Moreau, directeur de la Société de Sta- tistique universelle , a Paris. GuYOT DE Fère, secrétaire perpétuel de la So- ciété d'Encouragement, à Paris. Denis de Saint-Antoine, président des relations intérieures de la Société universelle de Civilisa- tion, à Paris. 133 CORRESPOND ANS ÉTRANGERS. MM. Cayrol, fils, chimisie, à Tniiu. Llobet, géologue, à lîarcclojic. ( SECTION »E LITTÉRATURE ET BEAUX- ARTS. ) MEMBRES-RÊSIDENS. MM. CAPDEBOS, vice-pré sidcnt , membre de la So- ciété des Beaux-Arts de Paris. Ferrus, pi'incipal du Collège de Perpignan. Alzine, imprimeur. P. Batlle , négociant. F. -A. de BoAcA, propriétaire, à Brades. Andrew Coyert-Spring, littérateur polyglotte, professeur au Collège de Perpignan. Serny, professeur de rhétorique au Collège de Perpignan. A. JuLiA, professeur au Collège de Perpignan. Sirven, négociant, menûixe àc?, Eufans du Ca- \'eau de Paris. Petit, professeur de musique. J. Jaubert de Réart, propriétaire, membre du Conseil d'arrondissement, etc. DlIoRBOURG, directeur de l'école primaire su- périeure de Prades. 134 MM. Cavroî,, gravetti-, professeur de dessin. Tastu-Jaubërt , avocat. Lloubes Napoléon, négociant. DuixAT, avocat, membre de l'académie de Mar- seille. GuiBAun, peintre, professeur de dessin. MEMBRES-CORRESPONDANS. MM. Abadië Théodore, professeur, à Toulouse. ViGAROSY^ homme de lettres, à Mirepoix. De LABOtissË-RocHEFORT, homme de lettres, à Castelnaudary. Gros, avocat, à Carcassonne. Magloire'Nayral, homme de lettres, à Cas- tres. BiAz DE Morales, ancien député aux Cortès, à Marseille. Vidal, lithographe, à Perpignan. XatarT, fils (Jean), à Prats-de-Mollô. Salin ( Alphonse ), contrôleur de la Monnaie , secret, génér. des Enfaus du Caveau, à Paris. Delestre, président de \ Athénée royal ^ à Paris. Angot, homme de lettres, h Paris. CORRESPONDANT-ÉTRANGER. M. Ladron de Guerrera, chanoine et curé du Rciiro, à Madrid. 135 REGLEMENT BB DE PERPIGNAN. Stittxitc^ couj^titiitif^» CHAPITRE FKEMIEB.. Article Premier. La Société Philonw tique de Perpignan s'occupe tle tout ce qui est relatif aux sciences, l)e] les -lettres, arts et agriculture. Art. 2, Elle s'interdit, expressément, toute discussion étran- gère aux sciences, belles-lettres, arts et agriculture. 136 Art. 3. La Société se compose dun président honoraire, de membres résidens et de membres correspondans. Art. 4. Le nombre de ses membres est illimité. Art. 5. Les fonctionnaires de la Société, sont: Un président honoraire. Un président. Un vice-président, Un secrétaire, Un secrétaire-adjoint, Un archiviste, Un trésorier, Un comité de rédaction composé de trois membres, savoir: le secrétaire, et deux membres pris en dehors du bureau. Art. 6. Ces diverses fonctions ne sont conférées que pour un an. Art. 7. Les élections ont lieu sur un bulletin individuel pour les trois premiers fonctionnaires, et sur un seul bulletin pour les autres. Les nominations ont lieu à la majorité absolue des 137 suffrages des membres présens : s'il y a égalité de voix, le plus âgé remporte : si un deuxième tour de scru- tin devient nécessaire et qu'il soit sans résultat défi- nitif, il est procédé à un scrutin de ballolage entre les deux membres qui ont réuni le plus de voix pour chaque fonction. Art. 8. Les membres sortant ne peuvent pas être réélus aux mêmes fonctions. Art. 9. Le président honoraire est élu à vie; il peut être choisi hors du sein de la Société ; son élection doit réunir les suffrages des deux tiers des membres pré- sens; il n'est pas tenu de l'emplir les obligations im- posées par l'art. 13. Art. 10. • Toute personne qui désire être admise dans la So- ciété doit adresser à cet effet une demande par écrit, ou bien être présentée par deux membres résidens ; dans les deux cas, la réception du candidat a lieu à la séance suivante, au scrutin secret et à la majorité absolue des suffrages des membres présens. Art. 1 1 . Le compte-rendu des séances de la Société, et les travaux dont elle ordonne l'impression^ sont puliliés dans les journaux du déparlement, par les soins du comité de rédaction. 138 Art. 12. Aucune publication ne peut être faite au nom de la Société, si, au préalable, elle n'est approuvée par le comité de rédaction. Art. 13. Les membres résidens sont soumis à une cotisation annuelle de six francs, payable d'avance, dans le cou- i-ant de janvier. Statuts rrijlcmcntatrrj^» CHAPITRE II. Art. 14. La Société se réunit le l^"" et le 3« mercredi de chaque mois; les séances s'ouvrent à huit heures du soir. Art 15. Chaque séance est ouverte par la lecture du pro- cès-verbal de la séance précédente; elle est faite par le secrétaire ou le secrétaire-adjoint, et à leur défaut par un membre résident au choix du président. 139 Art. 16. Le présidcnl et a son dcFaul le vice-prcsidenl oe- cupe le fauleuil ; en leur absence, le doyen d âge des membres présens préside la séanee. Art. 17. Lorsqne le président honoraire est présent , il est invité à occuper le fauteuil. Art. 18. Le président de la Société fait observer la police intérieure des séances 5 il veille au maintien et à l'exé- cution des réglemens. Il rappelle à l'ordre; néanmoins ce rappel ne peut être mentionné avi procès -verbal qu'après que la personne inculpée a été entendue, si elle demande à l'être. Le président peut même, si le cas l'exige, suspendre ou lever la séance. Art. 19. Les étrangers à la Société peuvent assister à ses séances, pourvu qu'ils soient présentés par un mem- bre résident. Art. 20. Le i-enouvellement du bureau a lieu le troisième mercredi de décembre de cliaipic année, afin (pie les nouveaux élus puissent entrer en fonctions le pre- mier mercredi de janvier. Art. 21. Le renouvellement du comité de rédaction a lieu le premier mercredi de janvier. Art. 22. Les membres correspondans ont leur entrée aux séances, y ont voix délibérative , à moins qu^il ne soit question d'administration intérieure et d'emploi de fonds. Ils ne peuvent pas faire partie des fonction- naires de la Société. Art. 23. Un tableau placé en évidence dans la salle des séan- ces contient la liste de tous les membres de la Société. Cette liste est publiée tous les ans. ^éancc^ publiiiu^^- CHAPITRE III. Art. 24. La Société pourra se réunir en séance publique et extraordinaire ; l'époque des ces solennités et leur opportunité sera réglée ultérieurement et annuelle- ment. 141 5l&minuitratiint. chapitre iv. Art. 25. Le Secrétaire est chargé spécialement de la rédac- tion du procès-verbal de chaque séance et de la cor- respondance courante. Il tient un registre des procès- verbaux adoptés par la Société ; il donne l'ordre du jour, après s'être entendu sur ce point avec les autres membres du bureau, dont il doit également prendre l'avis pour sa correspondance officielle. Art. 26. Dans la séance de décembre, avant les élections, le Secrétaire présente le résumé des travaux de la Société pour l'année expirée. Art. 27. Toute lettre répondue officiellement est renvoyée à l'Archiviste avec la minute de la réponse. Celte cor- respondance est conservée dans les archives de la So- ciété, ainsi que les notes, mémoires qui y sont lus; mais, au préalable, ces pièces sont revêtues du tim- bre de la Société. Art. 28. L'Archiviste est chargé de la conservation de toutes I 142 ces pièces ; il en lient un registre , où est inscrite la date de leur présentation, et qui sert de répertoire; il tient un registre à part pour y noter les objets d'his- toire naturelle^ livres ou autres qui sont donnés à la Société, avec le nom du donataire et la date. Art. 29. Les membres de la Société ont le droit de prendre lecture des pièces déposées aux archives; ils ne peu- vent les emporter qu'en fournissant un récépissé à TArchivisle. Art. 30. Le Trésorier est chargé de la rentrée des cotisa- lions ; il est tenu de prévenir par écrit, au moins deux fois, les membres c{ui négligeraient de s'acquitter. Il tient un livre-journal où sont inscrites les recettes et les dépenses, avec leur nature; il propose le bud- get de l'année suivante à la séance du mois de dé- cembre, après le compte-rendu du Seciétaire. Art. 31 . Aucune dépense ne peut être faite sans avoir été votée par la Société. Art. 32. Les membres corresponclans peuvent devenir rési- dens , en se conformant à l'art. 13. Art. 33. Tout membre résident qui à la fin de l'année n'a 143 pas acquillé sa colisalion est sensé démissionnaire et, comme tel , rayé de la liste des membres de la Société, après, toutefois, qiril a été invité par les membres du bureau à se conformer au règlement. Art. 34. Aucun membre démissionnaire ne peut réclamer le remboursement de sa cotisation versée. Art. 35. Les membres résidens et correspondans reçoivent un diplôme signé par quatre membres du bureau, et portant le sceau de la Société. Art. 36. En cas de décès d'un membre de la Société, une députation est envoyée au convoi funèbre et auprès de la famille. Art. 37. En cas de dissolution de la Société , les fonds en caisse sont distribués aux pauvres, le mobilier et les autres objets qu'elle possède , répartis entre les mem- bres résidens. La Commission chargée de la révision du règlement: MM. Fraisse, aîné, Jaubert de Réart, Crova, Sirven. i TABLE des Matières. 'o- PREMIERE SECTION. Discours sur la Société, par M. Farines pa Table de correspondance des poids spécifiques, des liquides, par M. Cayrol 5, Noie sur les effets d'un orage, par M. Boisgiraud.... G. Notice sur un gisement de lignite , par M. Farines... 7. Rapport sur un mémoire de M. Tournai, par 51. Fa- rines 1 3. Notice sur les marbres d'Estagell, par M. Fauvelle.. \y. Rapport sur une notice de M. de Gerres , par M. Fa- rines 21. Détermination des terrains d'un sondage; artésien, par M. Farines 2(1 Observations sur les puils artésiens, par M. de St-rras. 55 Réplique aux observations de M. I^laiccl de Serres, par M. Farines l\o 10 146 Chaux sulfatée trapézoïdale, par M. Farines pag. 47. Rapport sur une monstruosité végétale, par M. Fa- 48- i-ines Noie sur la vallée de Carensa, par M. Farines 5o. Observations sur un développement d'une racine, par M. Farines 5i. Pluies de crapauds, par M. Farines 54. Observations sur les mœurs d'une tortue d'eau douce, par M. Farines 56. Description de trois espèces nouvelles de coquilles, par M. Farines 5g. Rapport sur une dent fossile, \)ar M. Farines 68. Mémoire sur lesfracturesdusternnm,par M.Granrfo. ^2. Rapport sur une notice de M. Poulain, par M. Ribetl. ^5. Emploi des feuilles de zoslère dans le couchage, par M . Farines 79. Sur l'éclairage des villes, par M. Fraisse.. 80. Moyen de distinguer les fausses pièces de 24 et 48, par M. Grasset 85. Nouvelle méthode de planter les arbres et les vignes, par M Faiivelle 84. Notice sur la culture du safran, par M. Aymar 85. Puits artésiens , à Monliers 8g. Puits artésiens, par M. Fraisse '.."!''.'.'. Id. tjur les Pilaires, par M. Farines... Id. Entomologie de la vallée de Carensa, par M. Farines. Id. Sur la salamandre terrestre, par M. Farines 96. CycioUtes hemisplierica, par M. Farines Id. Origine des mots barres ou san Juan dans le jeu de ce nom , par M . Fauvel/e Id. Compte-Rendu de la situation de la Société 91. Tableau des dons faits à la Société ( i" section) 94. 14T DEUXIEME SECTION. LITTERATURE. Notice historique, par M. Jaubert de Rcart pag. i Clioléra-Morbus, par M. Andrew Covei-t-Spring 5 Le Gitano , par 11. L. d'Horbourg 12 Le Conte de la Vieille, par M. Jaubert de Rcart 24 Saint-Michel de Cuxa, par M. J. Jtilia 2g Assassinat du duc d'Orléans, par M. L. d'Horbourg. 3^ La Mahut , par M. Jaubert de Riart 55 Pietio Fitili , par M. L. d'Horbourg 5g Le grand Beiram des Bohémiens, par M. Jaubert de Rcart 72 POESIE. L'Espagnole, par M. A. Julio pag. 77 Je suis Roussillonnais, par M. Strven 85 L'ne Fête, par RI. P. Baille 85 Méditation , par M. L. Angot gu LWnge cl le Diable, par M. Sirveii g4 Le Nid et la Rose , par M. P. Bat lie 96 Épîlre à M, de Labouïsse-Rocheforl, par M. Sirve/i. g8 Pourquoi Je l'aime, par M. P. Bat lie 100 Le Deuil , par feu M. A.-J. Carbo/iell io3 La Fille Madécasse, par M. A. Julia io5 L'Ennui, par M. Sirvev 108 148 Un chant d'oiseau , par M. P. Baille p. m Réflexions morales et philosophiques, par M. Sirven. 114 Remercîment , ^3lt 'SI. ti. Lloubes 116 Mon Évêque, par M. Sirven 1 18 Plus de Chants, par M. P. Batlle 121 Tableau des dons faits à la Société (2' section) 12g. Liste générale des Membres de la Société i3o. Règlement de la Société i35. FIN. 1 1 ■%^ ' -i^-*;. — ?■ X % ^1% :*A ^ Wk '**a!- •f Ai> K ; im!::ù