BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Deuxi^me S^rie. TOME PREMIER. La prcuiiere sei ic dii bullktin sc compose dc viiigt vo- lumes, et comprend douze annees de 1821 a i833 , inclus, fi- nissant an 11° 128. Lcs volumes I, 11, iii dii Rf.cueh, de Voyages et de Me- sioiRES ont pani ; les tomes iv et v soiit sous presse. BUREAU DE LA SOCIETE. [Election die 29 mars i833.) rresideiit, M. Ic duo Dfcazes, pair Ae France. ,-. , .. \ M. JoMARD , membrc dc rinstitiit. ' ( M. Warden, coirespond.Mit iIc 1 liistitiit. Si-cn'lairt'. M. de Larenaudi^re. „ . . \ M. Beautemps BEAi'PRi , membi-e dc I'instiliJt. I M. llUERNE DE irOMMEUSE. LISTE DES PR^SIDENS DE LA SOCIETE , depuis son niii^iiw, daiia i'vrdr:- de teiir noiumalion. MM Ic marquis DE I.aplace- MM. IcroniteCnABiiiiLDECRousuL. le niai c|uis DE Pastoret. le baron (^uvjeh. le viconite de Chateau- le baron Hyde de Neuville. BlilAKD le due DE DoUDEAUVlLLE. leconiteCHABiioL de Voi.vic. J.-B Eyries. Becquky. Ip comte de RrcNY. Jcbar'n Alexandre de Hum- Dumont d'Urville. BOLDT. CORRESPONDANS ETRANGERS, dans I'ordre de leiir nojuinalion. MM. ledoctenr Mease, iPbila- MM. F.-Ant T.okzalez, a Madrid. delphie. leD'. REl^GANUM, .i Berlin. Tanner , a Pbiladelpbin. le cap. Franklin , a Londres. W. WooDBRiDGE , a Boston. le D'. HiciiARnsoN, .aid. lecapitaine Edward Sabine, le prof. Rafn, a Copeuhagne. a Londres. _ Ic cap. GRAAH,a Copenba- le col. Poinsett, aux Flats- gue. Unis. AlNswORril , a Edimbourg. le col. d'Abrahamson , a Co- Adr.ien Balbi , a Vcnise. pe'niiague. Graberg de Hemso , a Li- le professeur Schumacher , a vouinc. Altona. Ic in.ijor Long, aux Etals- de Navarette, a Madrid Unis. M. CuAPELLiER, notairc lionoraire , tr< l:ttitucle S. et les 54 el 63° de longitude O. La naviga- tion y est difficile, la terre rare et n'offrant que de la mousse pour toute vegetation. Le climat ressemble a ce- lui de la Georgie meriilionale. Lile de Deception, la plus au sud, est evidemment d'origine volcanique. Au N.-E., dans I'iHterieur de la bale, est le havre appele Port Yankee, pres lequel est une source d'eau chaude; et le sable, a quelques verges de distance, est si brulant, qu'on ne pourrait y laissei' quelque temps la main. Dans la cavite d'une montagne peu eloignee , on decouvrit des monceaux de ghice de plusieurs centaines de pieds de hauteur. L'annee qui siTn ii le retour de VHersilie , une escadre de cinq vaisseaux iut rassemblee a Stonington, sous les ordres du capit:iine Pendleton , de I'etat de Connecticut, pour un voyage a*x Shetlands meridionales. La flotte arriva en vue de I'lle de Deception , et jeta I'ancre dans le havre Yankee (1821). D'une position elevee de cette lie, et par un temps serein, on apercut directement, au sud, une montagne ( presentant I'aspect d'uu volcan en travail), et qui, ayant ete examinee par le capitaine Palmer, monlant le sloop Hero, de 4o tonneaux, fut re- connue etre une region montagneuse tres etendue , et encore plus convene de neige et de glace que les Shet- lands meridionales. En revenant au port Yankee , le Hero se trouva enveloppe dans un epais brouillard, entre ces dernieres lies et laTerre-Ferme ; et quand la brume se fut dissipee, il e ait au milieu d'une fregate et d'un sloop de guerre riisse , faisant un voyage de decouvertes autour du monde. Le capitaine Palmer iiiforma Ic com- modore de I'existence dun grand continent au sud de ( ^7) Ja latitude ou ils se trouvaient. Ce dernier officier Im donna le nom de Terre tie Palmer, (i) Dans la s iison nautique suivante (1821 — 22), le capi- taine Pendleton etant retourne au havre Yankee, deta- cha M. Palmer sur le sloop James Monroe^ de 80 ton- neaux, afin d'examiner la nouvelie terre. En naviguant au sud, cet officier trouva I'acces des cotes defendu par les glaces; il prit alors a lest, el approcha dans quelques endroits jusqu'a un miile, tandis que dans d'autres, il fut oblige de se tenir a plusieurs milles de distance. Pen- dant les mois de decembre et Janvier, qui forment le plein ete dans cet hemisphere, le capitaine Palmer par- courut 1 5 degres de cotes, depuis le 64° jusqu'au 49" de de long. O. — par 61" ^i' de latitude S. II decouvrit un tletroit, qu'il appela Detroit de Washington^ et dans lequel il penetra. Apres uiie lieue de navigation, il arriva A une baie magnifique, qu'il nomma Baie Monroe^ et au bout de laquelle etait un havre commode , qui recut le nom de Havre de Palmer. Le capitaine y jeta I'ancre, et s'aventura a terre avec une partie de son equipage; mais, apres avoir visite la cote, et meme Tinterieur du pays a quelque distance, on n'apercut aucune trace de vegeta- tion, si ce n'est de la mousse; toutes les montagnes etaient couvertes de neige, a I'exception de quelques pics noiratres. Voyage de la goeiette Pacifique dans les mers du Sud , sous le commandement du capitaine James Brown. Parti de Portsmouth (New Hampshire) le i*^"^ octobre 1829, il relacha , le i4 novembre, aux iles du cap Vert (l) Dans le Voyage du capitaine Jf/orel/ {pa^e Cy ) , il est dit par erreur que cette terre fut nominee Noiiveau Groenland miridional par le cipitiiine Tolmson. ( i8 ) pour prendre tlos provisions, rl fit voile pour la Geor- gic ineridionale , ou il arriva le 29 decenihre suivaiit. Lc Pacifique quilta cette ile le 5 mars (i83o) charyo de 256 lourrures de loutre de mer et de 1800 "alloiis d'huile. Se trouvant, le Sdecenibre suivant, par latitude S. 56 lb', et longit. O. 28" 35', on decouvrit une ile non nu'ntionnee sur aiicuiic carte , de deux luillcs de eircouference , tort eievee an dessus du niveau de la mer, et qui, par un temps clair, peut etre vue a trente niillcs de distance. Le capitaine Brown la nonima lie dc Potter. Qua tre jours apres (le 12 decembre) une autre ile tut apercue,du centre de laquclle il s'elevait conti- nuellenieut une colonne de fumee a une hauteur de huit cents pieds environ. Elle etait couverte de neigc et de glace. Les parties interieures presentaient une couche profonde de lave , dont plusieurs masses epaisses se de- tachaieiit et flotlaient aux environs. Cette ile, qui fut appelee lie des Princes , offre deux points de debarque- nient abordablcs; elle a cinq milles de long du N. O. an S. E., et est situee sous le 5^° 55' de lat. S. et le 27" 53' do long. O. Le 22 decendjre, on se trouva encore en vue dune nouveile i!e, sous le 57° 49 t'e lat. S. et 27° 38' de long. O;, ayant six milles en longueur du N. O. au S. K. , et presentant le meme aspect que la precedente, mais n'of- frant aui un ancragc. On peut I'apereevoir a cinquante milles au large par un ciel serein; elle recut le nom de lie de II illey. Etilin une qiiatrieme He fut decouverte le jour de Noel i83o; d'ou elle fut appelee lie de Noel (Christmas Island); elle est a egale distance des iles de la Chaiideleur et de Montague, mais plus a louest que I'nne et lautrt-. Au reste , toulcs ces lies n'oiliMieiit pas la moindre espece de vegetaux. i*-' ( '9 ) Les plus grandes inontagnes de glace apercues pai le Pacijiqiie furent sous le 58° 18' de lat. S. Quelques- unes avaient trois a qiiatre milles de long, deux milles de large, et deux a trois cents pieds de haut, aplatles au sonimet. I/equipage qui se trouvait dans la chaloupe avait souvent a so defendre centre les tigres de nier (probablenient une espece de walrus); on tua un de ces animaux, qui avait dix huit pieds de long. Tableau de di verses iles recemment decoiivertes , et qui ne so/It pns generalement indi'quees sur les cartes. lie de Pike (^Pilce's island). Lat S. , 26'' 19' ; long. O. (de Greenwich), 10 5° 16'. Decouverte en iSog. lie de Ducie ( Ducie's island). Lat. S. , 24'' 26' ; long. 0., i24» 37'. Groupe de Mitchill lyMitchilVs group). Lat. S. ,9° 18' ; long. E. , 179" 45'. Decouvert par le capitaine Barrett, commandant le navire V Indcpendance , de Nantucket. Ce groupe est habite. lie Rocheuse ( Rocky island). Lat. S., 10° 4^'; long. E., 179° 28'. Decouverte par le meme. • He de Swain [Swain's island). Lat. S. , 59° 3o'; long. O., 100" (par approximation). Decouverte par le capi- taine Swain, de Nantucket, en 1800 j frequentee par une grande quantite de veaux marins. lie de Tuck [Tuck's is/and). Lat. N. , 17°; long. E. , iSS". Tres basse et peuplee. lies de fVorth [Worth's islands). Lat. N. , 8" 45'; long. E. , i5i" 3o'. Au nombre de cinq. Recifs de Tuck vi bancs de rochers, au nombre de neuf, par 6" 20' de lat. S. et 139'' 3o' de lon^f. E. Recifs de Rand'lei [Pmiid)ler's reefs). 1" par lat. N., 2. ( '-^o ) 2 1" 45'; long. E. , lyS^ 12' 2" par lat. N. , 23° 29', et long. E., 178° i3'.— 3° par lat. N , 23" 3o', et long. E., i38"3i'. Ces ecueils ont ele signales par le capitaine William Worth, second du Rambler, deNanlucket,dans I'annee 1829. lie fie Jcjferson [Jefferson s island). Lat. N. , 18" 27'; long. O. , 1 1 5° 3o'. Decouverte par un batinient parti de Salem, le 8 avi'il 1826. lie de Gardner {^Gardner's island). Lat. S. , 4° 3o ; long. O. , 1^4° 22'. He dcCnJJin {Coffin s island).L,at. S., 3^1° i3 ; long. O., 178'' 54'. Grande lie de Gange {^Great-Gange's island). Lat. S. , ID" 25' ; long. O. , 160° 45'. He habitee. Petite lie de Gange {^Little Ganges island) Lat. S.jio"; long. O. , i6i". Egalement peuplee et a])on(lant en co- cotiers. Ces quatre dernieres iles ont ele decouvertes par le capitaine J. Coffin, du navire /e Gange, sortit de Nan- tucket. Les habitans se montrerent bienveillans et em- presses a fournir des noix de cocos, etc. I/e Inconnne [Unknown island). Lat. S, , 5° ; long. O. , i55° 10' ; d'euviron 10 niilles en longueur sur 2 de lar- geur. Cote herissee de rochers. lie Reaper [Reaper's island). Lat. S. , 9" 55'; long. O., 152° 4o. He basse, boisee et peuplee ; decouverte par le capitaine Coffin, en 1828. Groupe d' Iles [Group islands). Lat. S., 3i°25'; long. O. , entre 129° 27' et i3o° i5'. Decouverte par le capi- taine J. JVlitchel, en i823. Recifde Lancaster [Lancaster's reej). Lat. S., 27" 2'; long. O. , 146" 27'. Sf'teridant I'espace de 6 milles du ( a. ) N.-E. au S.-O. ; signale par le capitaine Weeks, de New- Beclt'ord, en i83o. J/e Oeno (Oeno island). Lat. S., 23" 5y' ; long. O. , 1 31° 5'. A environ 8o milles N.-O. par N. tie celle de Pitcairn. Un brisan dangereux saillit de son extremite nieridionale. Decouverte par le capitaine G.-B. Worth, du navire I'Oeno, de Nantucket. Ecueil inconnu (^Unknown reef). Lat. N. , 2-7° /\(i' \ long. O. , 174" 56'. Rochers a lleur d'eau et bancs de sable, ou firent naufrage, le 26 avril 1822, le vaisseau la Perle , capitaine Clarke, et r Hermes, capitaine Phil- lips. Les equipages se sauverent et resterent deux mois sur ce recif, en attendant qu'on vint les rechercher. Smitt-Face-lsland. Lat. S., 6" 16' ; long. E. , 177° 19'. lie Parker. Lat. S. , 1° 19' ; long. O. , 174" 3o'. lie de Brown {Brown s island). Lat. S., 18° 1 1'; long. E., 175° 48'- Ces trois dernieres decouvertes appartiennent au capitaine Flasket, montant VIndependance, de Nan- tucket, qui les fit en 1828. Ilede Chase {Chase's island). Lat. S., 2° 28' j long. E., 176". He de Lincoln {^Lincoln's island). Lat. S., i" 5o' j long. E., 175". lie de Brind {^Brind's island). Lat. N. , o" 20' ; long, E.. 174°. lie Dundas {Dundas island). Lat. N., o" 10'; long. E., 174° 12'. Les quatre lies qui precedent ont ete decouvertes par le capitaine Chase, du vaisseau Japan^ de Nantucket, en 1827 et 1828. Rocherde Nixon [Nixon s rock ). Lat. S., 40" , long. O. , 57° 36'. Selevant a 6 pieds au-dessus de i'eau, ets'eten- ( '^2 ) daiit au N.-E. de la loiij^ut;iir dun cable. Signale par le capitaine Dixon, de V Ariel. lie de In Nonvelle-Deconverte {New-Disco{>eTy island). Lat. S., 15" 3i ; long. E. , 1 j6 ii'. Habitee, et decou- verte par le capitaine Hunter, du navire le Carmelite. He Falelte {^Faletta island). Lat. S. , 2i" 2' ; lonjr. E. , long. E., 1 33' 1 3'. Det'ouverte par le capitaine Philips, le 10 juillet 1825. Rocher de la Baleine (Whale rock). Lat. S. , 5i° 5i'. long. O., 64" 3 2'. Juste a fleur d'eau, el couvert dune grande quantite de sel niarin. Rocher de I He de Gardner ( Gardner s island rock ). Lat. N. , 25° 3'; long. 0., 167^40'. D'environ un mil!<; de eirconterence et i5o pieds de haut. ReciJdAllen{Allens reef). Lat. N., 25° 28' ; long. O., O I 170 20. Ces divers ecuei's turent decouverts par le capitaine J. Allen, sur le navire Mara, de Nantucket, en 1821. Groupe de Stcirhiick ( Siarhuck's group). Lat. , sous Te- quateur; long. E. , 173" 3o'. lie de Loper (^Lopers island). Lat. S. , 6° 7' ; long. E., 177° 40'. Brisan dangereux [^Dangerous reej). Lat. S. , 5° 3o'; long. O. , 175°. lie de Tracy ( Tracy's island ). Liit. S. , 7° 3o' ; long. E. 178° 45'. Noiiveau-Nantiicket [Neiv-Nantucket). Lat. N., o"i i' ; long. O. , 176° 20'. He de Granger {^Granger's island). Lat. N., 18" 58' ; long. E., 146" 14'. ^ Ces six dernieres iles ont ete decouvertes par des ba- tiniens baleiniers de Nantucket, de 1820 a 1826. He et Groupe de Fisher. Lai. N. , 26" 3o'; long. E. , ( ^3 ) 141° i'- Decoiiverl p;ir le navin; anglais le Transit , ca- pitaine J.-J. Coffin, ie 12 septenibre 1824. Le capitaine Coffin a donne des details siir ces lies, ({nil (lit etre au nombre de six, outre un grand nonibre de bancs et de recifs. Entre file Fisher, la plus grande de ce groupe (ayant 4 lieues de long du S, S. E. au N. N. O. et lile de Kidd, qui en est la plus occidentale, il y a une baie vaste et linipide de 2 milles en largeur sur 5 niilles on longueur. En y naviguant,on decouvrit une autre pe;itc anse commode et a I'abri de tons les vents, excepte de 10. S. O. , et ou le navire jeta I'ancre sur i5 brasses d'eau. EUe recut le nom de Havre, de Coffin. Cette baie fournit de lean en abondance et de la meilleur qualile , ainsi que du poisson excellent. Les tortues et les pigeons y sont en quantite innombrable.Ces lies sont couvertes d'arbres niagnifiques, sur lesquels on ne decouvrit au- cune marque ou entaille qui put faire croire a la pre- sence de riiomme sur ces rivages; enfin on n'y apercut ni quadrupede, ni reptile, ni insecte -d'aucune espece. Ce groupe offre un point de relache tres favorable pour les baleiniers, ainsi que pour les navires allant de Canton a Port-Jackson ou sur la cote N. O. Groupe de Covell, compose de i4 iles, et situe sous 4" 3o' de lat. N. et 168" 4^' d« ''^"g- E. Decouvert par le capitaine H. Covell, montant la barque I' Alliance , le 7 mai i83i. Ce groupe est peuple. W. ( 24 ) Memoires sur Cancienne Geographic historiijue des pays voisins de la Meditet ranee. Lu» .i la Societe de Gtiographie, dans ses S('ances du 4. du i8 octobre et du 8 novembre i833. PAR M. ROUX DE ROCtlELLE. Jtalie. L'ltalie , ou se renferma long-temps la republique ro- niaiiie, est separee du reste de I'Europepar les cimes des Alpes, qui embrassent les provinces du nord cornine une large ceinlure. Une autre cliaine de montagnes nioins elevees parcourt cettePeninsuledans toute sa longueur: ce sont les Apennins. La longue plaine qui las' separe des Alpes et ou viennent s'ouvrir les nombreuses vallees du nord de 1 Italic, est baignee par les eaux de I'Eridau qui recoil le Tesiu , I' Adda, le Mincio, le Tanaro et la Trebie, illustree par la victoire d Annibal : I'Adige situee au nord de I'Eridan , se jette conime lui dans I'Adriatique. Ce sont les plus grands fleuves de Tltalie ; inais le Tibre en est le plus fameux ; et Ion est lente en etudiant la geograpbie d'un grand peuple, de fixer les rangs des lieux par leur celebrite. Les vallees et les plaines qui s'etendent au pied des Apennins, soit vers la Mediterranee, soit vers I'Adria- tique, ii'ont pas assez d'etendue pour que cette partie de l'ltalie puisse avoir de grands lleuves. L'Arno, le Ga- rigliano, le Vulturne sont, apres le Tibre, les principa- les rivieres qui se rendent dans la Mediterranee : L'A- ( 25 ) tlriatiquen'en recoit aucune d'aussi considerable j le Me- taure, le Tiferne , TAufule ne doivent leur celebritequ'i I'histoire; et le Rubicon neserait rien , si Jules Cesar ne I'avait pas franchi pour changer le sort de Rome et de la terre. Considerons sous d'autres rapports les differentes par- ties de cette contree, et voyons ce quelle tut a diverses epoques, afin d'y suivre avec plus de fruit la niarche des peuples et le cours des evenemens. On peut partager I'ltalie ancienne en trois grandes divisions : au midi est la Grande-Gr^ce , ainsr noaimee des colonies grecques qui vinrent s'y fixer; au centre sont les regions dont se composa d'abord la republlque Roniaine; nous trouvons au nord les nations Aborige- nes et les etablissemens des Gaulois Cisalpins. Quelques geographes ne coniprennent sous le noin de Grande-Grece que la Lucanie et le Brutiuni, mais on peut y joindre la Campanie et I'Apulie. Les principaux peuples du Brutium elaient les Ld- criens et les Crotoniates ; ceux de la Lucanie etaientles Sybarites : Grotone leur fit la guerre; et Sybaris etait deja detruite, long-temps avant la conquete d.i Brutium par les Romains. Ceux-ci fonderent plusieurs colonies dans cette contree ; la plus reniarquable etait celle de Regium, situee sur le detroit de Messine, et destine'e a maintenir les cominunic;itions de I'ltalie avec la Sicile. Naples, Capoue, Salerne, etaient les premieres villes de la Campanie. Cette region. Tune des plus tertiles de I'ltalie, fut aussi I'une des plus peuplees : on I'habite jusqu'au pied du Vesuve , et sur la cendre meme des villes qu'il a detruites : Virgile y a place ses enfers et ses champs Elysiens. L'Apulie etait occupee par les Dauniens, les Pence- ( 26 ) tiens, les Calabiais, Itjs Mossapiciis , les Saleiitiiis et les petip'es df Tarciite. Ces clerniers fiirent les plus puissans, les plus ri(;hes, les plus leniarquaLtles pai' leur resistance aux Roniaius. Cetait au port tie Brutulusiuni,siiue vers renlree de 1 Adriatique, qu'on s'embarquait ordinaire- nient pour la Grece : Jules Cesar en partit pour aller vaincre a Pliarsale; Vlrgile y debarqua a son retour d'Atlienes, pour aller niourir a Naples. Les champs de Dioniede, situes pres de I'AuIide, rap- pellent que Ion faisait remontercetle colonie jusqu'aux temps de la prise de Troie : la bataille de Cannes se livra dans les memes plaines, et 1 on trouve,en s'elevant vers les montagnes, le territoire de Venusinm, ou se tor- mina la guerre contre Spartacus. L'ltalie cenlrale comprend ces pcuples nombreux, contre lesquels Rome eut a lulter pendant plusieurs siecles. Si Ion se borne a les classer par regions, on Irouve le Latium, le pays des Samnites, i'Etrurie , I'Om- brie et le Picenum : chacun de ces teriiloiresreiifermait plusieurs peuples que I'histoire des premiers siecles de Rome a rendus celebres. Dans le Latium, les Rutules s'etaient opposes les premiers a I'etablissementd'Albe, d'oii les fondateurs de Rome devaient sortir ; et les Latins, les Herniques, les Volsques, lui firent long-temps la guerre. Les.Sabins, lesy^ques, les Marses, voisins des Sam- nites, avaient avec eux une commune origine , et ils occupaient ensemble la chaine des Apennins; nations tortes et belliqueuses, qui,apres avoir resiste a Rome avec energie, devinreut les premiers appuis desa gran- deur. Les Vestins, lesPelignes, les Marucins, les Fren- taniens, etablis entre les Apennins et I'Adriatitjue, des- eendaient egalement des Samnites. ( ^7 ) L'Etruiie forrtiait, vers les premiers temps de la re- publique roniaiiie, une confederadon de douzt; cites ^ dont chacune avait des magistrats ou des rois. Les cites les plus remarquables etaicnt celles de Florence, d'Are- tium, de Ciusium, de Yidsinii, de Tarqiiinii , de Falis- que et de Yeies. La desunion de cette ligue rendil 1 E- Irurie plus facile a vai'icre; niais les moyens de siege etaient alors si foibles, que, pour s'emparer de Veies , il fallut dix annees, L'Ombrie, le P.cenuin , ne renfermaient aiicune cite remSrquable ; les colonies de Spolete et d'AiKone y ki- rent etablies depuis. Les plus importantes nations du nord de I'ltalie etaient les Liguriens, les Insxibriens, les Veneles etles Gaidois. Les Liguriens, places entre les Alpes Cottiennes, le i^o et la Mediterranee, se partageaient en plusieurs Iribus. Les plus nombreuses occupaient, sous le nom gene- rique deVagienni, la Ligurie occidentale : elles etaient separees par le cours de la Macia des Liguriens Apuani qui s'etendaient entre I'Arno et la chaine des Apennins. Genes, Albenga, Portus Veneris etaient les principaux lieux de la Ligurie. LesSegusiens , les Tauriniens ^ les Lisubriens avaient pour limitesTEridan, le lac Majeur et les Alpes : Turin , Milan , Pavie , destines a acquerir un jour plus desplen- deur etaient au noinbre de leurs cites. Entre le lac Majeur, le P6, les Alnes et I'Adiiatique s'etendait !a Venetie. Les Euganeens , les Cenonianes , les Carniens, leslstriens faisaient partie de cette nation. Altinuui, Aquilee, Padoue, exislaient : Venise ne s'ele- vait pas encore du milieu des eaux. Differens peuples, dont les iionis rappellent leur ori- gine gauloise, etaient repandus entre le P6 , les Apen liins el Ic* lionlieri'.s de lOiubrie el du Piceniiiii : cV- taient les Lingones , les Boiens , les Senonais, veiius des regions de Langres, de Botirges et de Sens. Leurs tribus formaienl les postes avances de la Gaule Cisalpine, i[u'i fut long-temps pour les llomains une ennemie d'aiitant plus redoutable, qu'elle pouvait aisenient recevoir des secours de la Gaule Celtique. Tous ces peuples d Italia perdirent successivement leur independarice; c't,a mesure qu'ils f'urent eriges en provinces roniaines, leur existence changea : ils recurent la langue et les lois du conquerant, et leurs anciens nonis s'effacerent. Cherchons a recueillir encore ces antiques souvenirs, et en parcourant les annales de cette contnie, dont tous les anciens niaitres ne disparurent que pour faire place a leur vainqueur, rappelons d'abord la lutte qui s'engage entre Rome naissante et les pays qui I'environ- nent. L'ltalie etait alors morcelee en un grand nombre d'etats; mais chacun deux etait une puissance redou- table pour une vilie qui s'elevait a peine. Rome a re- cours a la violence pour se peupler , aux arnies pour conserver les feinmes qu'elle a ravies, et sa premiere alliance est conclue avec les Sabins qu'elle avail outra- ges. Des nations belliqueuses , mais souvent divisees, lui font la guerre pendant trois cents ans : elle attaque on resiste sans relache , montre une male Constance dans les revers,et attend toujours la victoire pour conclnre la paix. Sa politique liabituelle est de ne pas avoir plusieurs ennemis a-!a-f'ois: elle combat tour-a tour les yEques, les Herniques, les Veiens , les Volsques, les Samnites; chaque guerre lui vaut des conquetes , et lout le centre de l'ltalie est soumis a ses armes. Sa pru- ( ^9 ) dence lui conseillait de ne point trailer en siijets les peuples vaincus : ils deviennenf. menibres de la cite : les droits des nouveaux Romainssont les niemes;et ces nombreuses acquisitions de citoyens donnent a lEtat iinaccroissenient de forces, a I'aide duquel il tentera de noiivel'es entreprises. Au nord des possessions romaines etaient les Etrus- ques, et au-dela de TEtrurie, les Gaulois , dont les armes avaient conquis les belles regions qui forment le bassin de I'Eridan : ces deux ennemis etaient les plus redoutables. Porsenna vint porter la guerre jusqu'aux rives du Tibre, et Brennus s'enipara de Rome long-temps apres : mais les desastres niemes de ce peuple lui inspi- raient d'heroiques vertus. Le courage de Codes, la Constance de Scevola contre la douleur, decident le roi d'Etrurie a conclure la paix : Maniius et Camille , deja vainqueur de Veies , deviennent les defenseurs de Rome contre les Gaulois : les Romains, humilies aux fourches Caudines par les Samnites, sont releves par Quintus Fabius : bientot ils attaquent les peuples de Campanie, d'Apulie, de Tarente : Curius Dentatus ar- rache an roi d'Epire le fruit dedeux victoires, et le force a regagner ses etats : toute I'ltalie inferieure est sou- mise, et la premiere guerre punique est engage'e. Ici , le tbeatre des bostilites va s'etendre , et Rome porte ses forces hors de I'ltalie. Duillius se signale par une premiere victoire navale : Regulus, vaincu pres de Carthage, devient plus grand dans les fers : Lutatius dicte enfin la paix a ses ennemis, et les Romains s'eta- blissent en Sicile. Bientot ils sont maitres de la Sardai- gne et de la Haule-Italie ; mais la seconde guerre pu- nique doit changer le sort des armes , et la gloire de Rome palit devant Anni])al. . ( 3o ) La posterite a retenu les nonis clu Tesin, de la Tre- ble , de Tiasiinene, ou Annibal Cut vainqueur, el celiii de Cannes, d'oii !»;consulTerentius Varron nes'echappa qu'avec queltpies debris de larmec roniaine; inais elle garde aussi la niemoire de Fabius, qui sauva la patrie en teniporisant, et de Marcellus, qui, apres la jouinee de Cannes, arreta devant jNola l<^s vainqueurs, les af- faiblit en llalie, en Sicile, et leur enleva Syracuse: elle a surtout consacre la gloire dii premier Scipion 1 Afri- cain. Ce heros forca les Carthaginois a rappeler x^nnibal aleur secoftrs, el tennina la soconde guerre punique par la victoire de Zama. Des ce moment, les iorces de Home deviennent for- midables a toutes les nations etrangeres. Philippe, de Macedoine est vaincu par Flaminius : un autre Scipion abaisse et detruit la puissance d'Antioclnis, roi de Syrie : lEtolie, I'Epire, la Macedoine , dont le dernier joi e.et enchaine au char triomphal de Paul Emile, deviennent des provinces romaines : Carthage va toiu- ber sous les coups dun troisieme Scipion; et, le jour meme de sa ruine, Mummius detruit Corinthe , dernier boulevard du Peloponese. La guerre parcourait tons les rivages de la Mediler- ranee, et Rome etaitpartout victorieuse. Elle ramenait sous sa domination la Lusitanie , on yiriate s'etait soutenu pendant cincf ans contie les legions, et ou il peril assassine ; Scipion Emilien semparait de Nu- mance , depeuplee par la guerre, par la iamiiie, et sur- tout par le desespoir des habitans, dont la plupart s'e^ taientdpnne la mort; \es Romains penetraient dans la Gaule, comme allies des Marseillais conlre les Salyens, ou des Eduens, contre les Arvernes et .1,^ Allobroges; ilss'etablissaient en Provence , remo;ntaient les rives du Rhone, et penetraiciit clans la Gaule NarJjonnaisej Ma- rius attaquait en Afriquo Jugurtlia , avant tie venir coni- battre vers les Alpes les Teutons el les Cinibres ; et la guerre oii coninienca la fortune cle Sylla eclatait contre Mithridate. Que n'est-il possible d'etemlre iin voile sur les san- elanles annales decesiecle! Les chefs des armees roiiiai- nes ne cherchent plus leurs erinemis vers les froiilieres de la republique : la guerre civile est allumee; les pro- scriptions commencent, et les plus illustres letes toni- bent sous la hache des licteurs ou des assassins. Bientot la revoke s'etend : Sertorius prend les armes en Espa- gne : la mer est infestee par des pirates : Spartacus, a la tete des gladialeursetdesesclaves, attaque la puissance romaine; et Ponipee, qui consomme partout la ruine des ennernis, deja vaincus par d'autres generaux, Pom- pee, qui termine la guerre de Milhrida'.e , et que la fa- veur popnlaire a porte aux plus grands honneurs, voit un competiteur plus habile heriter de son credit et de sa gloire. Arretons-nousa cette epoque. La republique romaine est expirante et va s'aneantir dans les plaines de Phar- sale. Cesar est nomme dictateurj la mort I'arrete quand il a'lait regner; mais Octave, Antoine et Lepide succe- dent a son autorite : le triunivirat , d'oii Octave est sorti vainqueur, fait placea renipire d'Auguste; ellerechre- tienne qui commence sous le regne de ce prince, nous offre un nouveau point de depart, d'ou nous pourrons nous avancer, a travers les siecles de la grandeur et de la decadence de I'empire , jusqu'a I'epoque de son de- membremenl. . ( 3a ) lies du bassin occidental de la Meditcrranec. La forme triangulaire de la Sioile, dont les cotes se terminent aux trois proniontoires de Pelorum, de Pa- chynum et de Lilybee, lui fit donner autrefois le nom de Trinacria. Cetle lie fut peuplee par une colonie de Sicules, qui arrivalent d'llalie : les Grecs y fonderent Syracuse, Messine et d'autres villes; lesCarihaginois y fonderent Lilybee. De frequentesguerres eclaterent entre les Syracusains et les Carthaginois, qui partageaient entre eux la Sicile, Elles comniencereiit sous Gelon, prince de Syracuse, qui lionora ses victoires en contraignant Carthage a re- noncer aux sacrifices humains : elles attirerent quelque- fois dans cette ile des armees alheniennes qui venaient y soutenir la cause des colonies alliees. Denys-le-Tyran, eut avec Carthage des guerres malheureuses ; mais Ti- inolcon affaiblit par ses victoires cette puissance rivale : il fit jouir sa patrie d'un long repos; et quand la guerre vint a se ranimer, Agathocles en porta le theatre en Afrique , et dicta aux Carthaginois les conditions de la paix. L'ambition qui avait conduit en Italic Pyrrhus, roi d'Epire, lui fit tenter une invasion en Sicile : il y fut tour a-tour vainqueur et vaincu , et il ne laissa aucunc trace de son passage. Mais la revoke d uneannee d'avenluriers quis'etaient enipares de Messine, et que I'histoire a designes sous le nom de Mamertins, attira bientot en Sicile un peuple plusredoutable. Hieron, roi de Syracuse, s'etait uni aux Carthaginois contre les Mamertins; mais ceuxci avaient les Romains pour alli«»s; etAppi us Claudius, venant a lour ( 3;^ ) • secours, l)altit successivement les troupes de Syracuse et de Carthnge, qui les assiegeaient dans Messine. 11 al- lait attaquer Syracuse, lorsqiie Hieron , pour sauver cette ville, rompit subitenient avec les Carthaginois : tous les efforts de la guerre purent alors etre diriges contre eux. Les Romainss'emparerent d'Agrigente, premiere place (1'armes des Carthaginois. lis prirent Hippana, Mittis- trate, Caniarina, Enna; Asdrubal fut vaincu pres de Panornie par L. Cecilius Metellus; et C. Lutatius bat- tit pres de Lilybee une flotte carthaginoise , cornmandee par Hannon. La guerre durait depuis viiigl-deux ans : elle avaitetc melee de succes et de revers 5 niais cette vicloire decisive la termina. Les Cartliaginois dont les ressources etaient . epuisees demanderent la paix; ils abandonnerent aux Romains tmites leurs possessions de Sicile, et I'Archipel silue entre cette i!e et I'ltalie. Les dangers dont Syracuse etait alors menacee par le voisinage des Romains fujenl detournes par Hieron , qui eut la sagesse de maintenir la paix; niais son succes- seur selant declare pour Annibal pendant la seconde guerre punique, Marcellus debarqua en Sicile avec une armee romaine , et s'illustra par le siege et la prise de Syracuse , ou peril Archimede. La conquete de cette place entraina celle du royaume entier, et la Sicile de- yint une province romaine. Les principales iles , situees dans le vaste bassin qu'en- vironnent la Sicile , I'ltalie, la Gaule, I'Espagne et I'Ar frique sont la Sardaigne, la Corse et les lies Baleares. La Sardaigne s'etail d'abord partagee entre trois peu- plades, lesCorsi, les Balari, les Valenlini. Ces noms in- diquaient une communaute d'origino avec les habitans ■5 • (34) de la Corse , et avec ceux des lies Baleares , et de la cote de Valence; la navigation et la guerre avaient niele quelqiietois les differens peuples dn continent et des lies; et leurs relations nuitnelles n'avaient commence que par des hostilites. Olbia j Luquido, Caralis etaient les principales villes He la Sardaigne : la trace des deux premieres nexiste plus; Cagliari s'est elevee sur les rui- nes de la troisieme. Les Carthaginois , pen de temps apres la perte de la Sicile, durent egalement renoncer a la Sardaigne. lis avaient termine la premiere guerre punique; mais la guerre des mercenairesavait eclate contre eux; elle s'e- tait pronagee d Afrique en Sardaigne, oil toutes les trou- pes a la solde de Carthage, s'elaient revollees; et lors- que Amilcar , pere d Annibal , cut lieureusement acheve en Atiique cetle guerre qui avail ete si desastrcuse, le soulevement des troupes ne lut point apaise en Sardai- gne : les revokes y oblinrent I'appui des Romains, qui ne leur donnerent des secours que pour les asservir; et Carthage, trop aifaiblie pour recommencer la guerre, aima mieux renoncer a celte possession. Les Romains, devenus maitres de l;i Sardaigtie, s'oc- cuperent peu de sa prosperile. La cidture y etait negli- gee; des niarais nombreux en rendaient le sejour insa- lubre ; on fit de cetle ile un lieu d exil pour les condam- nes, que leur litre de citoyens romains avait sauves de la peine de mort. La Corse, situee au nord de la Sardaigne, dont elle n'est separee que par un detroit de quelques lienes , a successiveraent recn des colonies de diverses nations. Aleria fnt tondee par les Phoceens : elle fut successive- ment occupee, comme les autres parlies de celieile, paries Elrusqnes, les Carthaginois, les Romains ; et ( 35 ) Sylla y fit passer une nouvelle colonie : Mariana fut batie par son rival, sur les debris de Nicea , qui remontait an temps des Etrusques : Ptoleniee a fait mention dAlista, d Urciniiim , de Cannelata. Une route militaire traver- sait I'lle, du nord au midi , depuis Mariana jusqu'a Por- tus Syracusanus oil s'estensuiteeleve Bonifacio; elcette voie romaine , dorit une station militaire occupait le centre , sous le nom de Prsesidium , etait deslinee a en- tretenir les communications de toutes les parties de la Corse avec la Sardaigne. Les Cartliaginois, qui avaient occupe la Corse, pen- dant deux siecles et demi , en furent chasses par Lucius Cornelius Scipion ; mais I'esprit d'independance des ha- bitans prolongea leur resistance ; I'ile ne fut complete- men t soumise que sous les consulats de Marius et de Sylla. Apres avoir perdu la Sicile, la Sardaigne et la Corse, Carthage chercha vers I'occident le dedommagement de ses sacrifices. Elle etendit ses acquisitions en Espagne, ou elle avait deja plusieurs colonies, et elle forma dans les lies Biilearesd'autres etabiissemens; mais les Romains devaient bientot en heriter, et le traite de paix qui ter- mina la seconde guerre punique les fit succi'der en Es- pagne el dans les lies voisines a toutes les possessions des- Ciirth'dginois. Majorque et Minorque etaient les seules iles Baieares qui fussent habitees. Le nom de Portus Magonis y rap- pelle celui de son fondateur : les villes de Palma et Pol- len lia y furent baties par les Romains. D autres iles, dispersees le long des cotes de laMediter- ranee suivirent egalement le sort des pays voisins. Les Stechades avaient dependu de laG.'iiile , avant de passer comme elle sous la domination des Romains : Gor- ( 36 } gone , Capraria, Igilium , llva , connue par ses mines de fer, avaient. appartenii a 1 Elruiie : Pontia, Pithecusa , Capree etaient voisines de la Cainpajiie ; et la derniere lie vit terminer le triste regne de Tihere : les iles Eo- liennes, Lipara , Vulcania , Strongile , et quelques autres craleres qui lancaieiil leurs teux du milieu des eaux , elaient disperses au nord de la Sicile : an midi de celte lie, lerocherde Ivlelita s'elevaitsur lamer. II etait alors inhabite, sterile et sans illustration. Les lies Pithyuses, celles de Dragonera, de Colul)ra- ria, vers les coles d'Espagne, etaient egalemenl deser- les; et nous pouvons juger,- par leurs denominations memes , quelles etaient infestees par des reptiles. Nouscivons vu passer quelques autres noms, tels que ceux de Gorgone , Capree, Capraria, qui turent origi- naiiement imposes a des lies encore sauvages; el nous pouvons remarquer ici que la terre, dans son etat pri- mitif , nest point un paisihle domaine pour 1 liomme. II a besoin den disputer I empire a celte foule d'etres animes qu'enfante autourde lui une nature inepuisable. Ici il entre en guerre avec les animaux feroces, et il doit purger la terre de ses reptiles malf'alsans : ailleurs des especes plus timides et plus faibles prennent la fuite devant lu'i; il lesatteint, lesdompte, les apprivoise. La terre elait une republique immense; Ihomme en a fait une nionarchie. Mais, quand ses innombrables ennemis se retirent a son approche, il lui en resle un pJus redoulable : c'est lui meme. La nature est soumise; mais la guerre entre les peuple"-. dure encore. ( 37 ) Espag, ne. L'Espagne , dont les Romains commencerent la con- qiiete pendant la seconde guerre puniqiie, est liee aii reste de I'Europe par la chaine des Pyrenees : les eaux de Ih Meiliterranee et de I'Ocean en endjrassent toutes les autres f'rontieres : eile est separee.de I'Afrique par le detroit de Cadiv, on la table a snppose qu'Hercule ou- vrit une communication enlre les deux mers, en cou- paiit par une prot'onde vallee les barrieies de Galpe et d'Abyla. De hantes hiontagnes, dont la cbaine s'etend du nord vers le niidi, en serpentant eritre les sources des prin- cipaux fleuveii , partagent I'Espagne en deux grands bas- sins , qui s'ii;clinent vers 1 orient et vers I'occident. L'Ebre et seS affluens, le Xucar, la Segura arrosent le bassin oriental, celui d'orcident est traverse par le Minho, le Duero, leTage, la Guadiana, le Guadalquivir. Les trois grandes divisions de I'Espagne ancienne etaienl la Tarraconaise, qui en occupait au nord et a I'orient la plus grande partie, la Lusitanie a I'occident et la Betique au inidi. IJn grand nombre de peuples se partageaient enlre eux ces territoires ; et cette circon- stance facilita les succes des Romains. Les principales reunions portaient le noin dc Conventus : on en con- naissait huit dans la Tarraconaise, trois en Lusitanie, trois dans la i?elique; et chaoune de ces confederations renferniait differentes trii)us,dont les denominations et les places geograpbiques soiit indiquees dans un tar bleau que nous donnerons ensuite. On reconnail dans cette nomenclature plusieurs villes qui subsistent encore, celles de Girone, de Barcelone, ( 3S ) ((e Tortose, de (jarthageno clans les ^)rovinces cle la Me- diterraneej celles de Cadix , de Lisbonne sur TOcean 5 de Sarragosse sur les rives de I'Ebre, dont le nom avail fait donner celui d'Iberie a lEspagne enliere; de To- lede sur leTage; de Cordoue ou naquirent Seiieque et Lucain. D'autresnoms se sorit denatures : Vergilia a fait place a Murcie, Hispalis a Seville, Carteja a Gibraltar; d'autres enfin , cojiime Numance, nappartiennenl phis (|u'a des ruines. II est utile, lorsqu'on etudie la geographie ancienne, de comparer, quand les niemes lieux subsistent encore, les differens nonis qu'ils ont successivement portes : ce rapprochement seul eclaircit les fails, et permel de lier entreeiles les diversesepoques derhisloire. Nous voyons ainsi que le Belis a pris le nom de Guadalquivir; que les monts Carpetani sont aujourd bni la Guadarama, et que la chaine de lOrospeda est devenue la Sierra-Nevada. On reconnait davantage le niont Marianus des anciens dans la designation actuelle de Sierra-Morena, et les flpuves Anas, Durius, Sucronis, dans les noms de Gua- diana, de Duero, de Xucar qu'ils ont recus depuis. Les peuples qui donnerent prinitivement leurs noms a toutes ces contrees n'en occuperent ensuite qu'une faible partie. Les Iberes etaient etablis au nord-est , et les Hispalenses dans les ptaines de I'Andalousie : ailleurs les noms dun grand nombre de lieux rappelient une origine etrangere : on peut ainsi distinguer les colonies qu'avait fondees Carthage; et Ion retrouve dans la Celtiberie et la Galice les traces d'anciens etablissemens celtiques o\\ gaulois. Quand les Remains penetrerent dans cette conlreie , Carthage en possedait les provinces orientales. Annibal y avait puise ses priticipales forces pour penetrer en ( 39) Iialie, et Rome reconiiut la necessite d'y envoyer une partie tie ses legions et il'y affaiblir les Carthaglnois. Sagonte, qui s'etait declaree pour Rome , venait de tomber sous les coups d'Annibal : les ruines en etaient encore fumaiites, et il ne restait de cette ville qu'un noni imuiortel. Le vainqueur poursuivait sa niarche; et telle etait la rapidite de ses succes qu'au moment ou Rome envoyait une armee pour I'attaquer en Espagne, Anni- bal avail deja francbi les Pyrenees et la Gaule narbo- naise. Les troupes romaines, conimandees par Cneus Scipion , debarquerent en Espagne, et s'emparerent des provinces situees entre I'Ebre et les Pyrenees. L'arrivee de Publius, son frere , qui le rejoignit avec vingl vais- seaux, permit aux Romains d etendre leurs conqnetes vers le midi : ils passerent I'Ebre pour la premiere fois; et leurs troupes reup.ies defirent celles de Carthage j mais les deux freres ayant ensuite divise ieurs forces fu- rent vaineus et tues en combattant. Un chevalier ro- main, le jeune Publius Marcius, sauva les debris de I'armee, qui I'adopta pour son general, et il oblint sur Asdrubal quelques avantages (jui , cependant, atfaibli- rent pen les Carthaginois. Ceux-ci pouvaient aisement reparer leurs perles dans un pays si tecond et si peuple. La guerre devenait , chaque annee, plus difficile pour les Romains : les troupes que Claudius Neron conduisit dans la Taraconaise, avaient peine a tenir la campague; et les provinces espagnoles qui s'etaient declarees pour Rome, abandonnaient son alliance. La gloire de reunir aux possessions romaines cette belle contree , etait reservee a Publius Cornelius Sci- pion, fils decelui qu'Annibal avait vaincu pres duTesin et de la Trebie, et qui avait ensuite peri en Espagne, a la tete des armees romaines. Publius, anime du desir ( 4o ) (Je veiiger son pere, et pleiii de cet enthousiasnie coni- niunicatil, qui entiaitie toutes les volontes, n'avait que viugt-qualie ans , lorscpi il uffrit -lux Romniiis de con- duire cetle guerre et den reparer les desastres. On lui donne dixniillelioinnies de troupes : il les reunit a celles que la valeur de JMarcius avail sauvees : sa premiere ope- ration est le siege de Carlliagene, que lennenii regar- dait comuie son arsenal le plus important, et oil se trou- vaient reunis les otages des peuples que Carthage clier- chait a retenir dans son alliance. Scipion s'enipare de celte place; les otages sont delivres et renvoyes a leurs families; et la generosite, la continence du jeune heros lui gagnent lescceurs des Espagnols. II poursuit lecours de ses conquetes; et la fortune lui est favorable partout. Deux Asdrubal , lun His de Giscon, I'autre frere d An- nibal, commandaient lesprincipalesanneescarlhaginoi- ses : le premier fut defait par Scipion , I'nutre qui seren- dait enlta!ie,a la tete decinquante niille honmies, pour y secourir son frere, fut tailleen pieces pres du Metaure. Son depart avait tellement affaibli en Espagne les Car- thaginois qu'ils y perdirent successivemenl leurs posses- sions, et chercherent a Cadix un dernier refuge. lis comptaient encore sur lalliance de Mussinissa et de Syphax, rois de Numidie; mais cette ressouice leurayant manque, Cadix ouvrit ses portes aux vainqneurs, et sa soumission ent; aina celle de 1 Espagne enliere. Scipion revint alorsen Italie, et il y fut bientot charge de conduire en Afrique, les armees romaines : la gloire de terminer la seconde guerre punique lui etait reservee. ( 4« ) Afrique septentriofidle. Les contrees seplentrionales de lAfrique, bornees ati nord par la Mediterranee, au midi par la chaine du nioiit Atlas et par les deserts du Saara, son t les seulesqiiiaient eii des relations avec lEnrope ancienne, et qui aiont subi la tlomination des Remains. Leurs principales divi- sions, sans y coniprendre I'Egypte, etaient le territoire de Carthage au centre de ce littoral immense, la Nu- niidie et la Mauritanie a loccident, la Lybie el la Cyre- naique a I'orient. Carthage, qui fut eonquise la premiere, n'avait ete, dans lorigine, qu'une colonic phenicienne, jetee sur les rivages d'Afrique, et long-temps reduite a un faible ter- ritoire : sa situation la rendit commercante, et le com- merce devint la source de sa riches«e et de sa puissance. Vers le milieu du neuvieme siecle avant I'ere chre- lienne, la monarchie y fit place a la republique : Car- thage sortit de ses anciennes limites, et conquit tout le centre des rivages dAfrique; elle y joignil, dans la suite, la Numidie, la Mauritanie, et ses possessions s'e- teiidirent d Occident en orient jusqu'aux limites de la Cyrenaique. On voyait sur celte ligiie de demarcation les autels des Philenes, places comme des bornes sacrees entre les deux territoires. La domination de Carlhase s'etendit aussi sur une grande partie de 1 Espagne, de la Sicile,de laSardaigne; niais les deux oremieres guerres pnnic|uos liii avaient fait perdre ces contiees; et la Numidie, la Mauritanie , avaient recouvre leur indepeudance , et s'etaient erigees en monarchies. Les flottes de Carlhage dominerent seules sur la Mediterranee, avant que lys Remains eussent per- 142 ) . lectiomie, a son oxemple, la construction de lours vais- seaux, et que Diiillius cut reniporte sur cet eiineini utie victoire navale. La premiere guerre punique e'puisa tellenieiU Gaf- thage, quail moment de licencier les troupes que cette republique avait prises a sa solde, elle neiait plus en elat de les payer. Les mercenaires se revolterentj quel- ques villes d'Afrique leur donnerent des secours : ils tinrent pendant trois aiis la canipagne, et oserent memo assieger la capitale. Amilcar releva enfin lautorite de Car- thage, et les villes qui s'etaient declarees centre elle renlrerent dans sa dependance. Les relations des Romains avec Massinissa, roi deNtr- niidie, et avec Syphax, roi d iine partie de la Maurita- nie, comniencerent pendant la seconde guerre punique. L'un et I'autre monarque devinrent allies des Romains, et Massinissa leur fut toujours fidele; niais Syphax chan- gea promp'.ement de parti, et lorsque Scipion porta la guerre en Africjue, ce monarque leva contre lui luie ar- mee de ciuquante mille Numides. Ayant ete vaincu et fait prisontiiei' , il fut depouille de ses etats, et Massi- nissa en recut la plus grande parlie. Les Romains conserverent leur amitie a ce dernier prince, qu'ils favoriserent dans toutes ses contestations avec Cartilage. Leur intention etait d alfaiblir de plus en plus cette puissance rivale , et Massinissa, soutenu par leur appui, eleva les pretentions les plus ambitieuses : son inimitie contre Carthage etait inveteree : a 1 age de quatre-vingthuit ans, il liii declara la guerre; Rome fit elle-nieme d'immenses preparatifs pour ecraser ses en- nemis ; et la troisieme guerre punique finit par la des- truction de leur capitale et de leur empire. L'amitie que les Romains avaient eue pour Massinissa, ( 43 ) ■ ■ fut CQiiservee a son fils Micipsa , et il jouit de trente- cinq aiinees tie paix ; niais, apres le regne de ce prince, les discordes de sa famille firent eclater une guerre qui devait entrainer la conquete de la Nuniidie. Micipsa, qui avail pour fils Adherhal et Hiempsal , crut leur don- ner un protecteur, en adoptant Jugurtha, fils naturel de spn frere, et en p;irtageant son heritage entre les trois princes. Jugurtha , moins louche de ce bienfail que devore d'ambilion, fit assassiner Adljerbal ; il declara ensui te la guerre a Hiempsal, qui iuiplora ['assistance des Romains, et I'ayant fait prisonnier, il le fit perir dans les supplices. Ce fut alors que les Remains atlaquerent Jugurtha. Les premiers generaux qu'ils envoyerent contre lui fu- rent seduits par ses largesses, et ce prince, niande a Rome, parvint par les niemes moyens de corruption a &e justifier. Copendant la guerre se ralluma ])ient6l con- tre lui : vaincu par Metellus, i! chercha enfin un asile pres de Bocchus, son beau-pere, roi de Mauritanie ; mais Bocchus fut a son tour defait par Marias; et les sollicitations de Sylla , qui servait dans I'armee romaine, determinerent ce prince a livrer son gendre. Jugurtha fill conduit a Rome; on le fit perir de faim dans un ca- chot : la Numidie fut conquise, et reduile en province romaine. Le menie sort devint commun a la Mauritanie, lors- que , apres la bataille de Pharsale , 1' Afrique eut recueilli les derniers soutiens du parti de Pompee. La defaite de Scipion a Thapsus, et la mort volontaire de Caton d U- tique, acheverent la ruine de la cause qu'ils avaient de- fendue : Juba , roi de Mauritanie, etait leur auxiliaire; il fut vaincu a son tour, et ce prince craignit de tomber vivant entre les mains de Cesar : il se tua, pour ne pas ( 44 ^ etrc reserve au lrioin[)lie clii vuinqiieiir : le^ Roinains occupeieul ses etats; et Salluste tut iiotniue gouverneur (le Mauritanie. A cette epoque la Cyrenaique etait deja reunie aux possessions romaines. Elle avail ancienneinent fait partie des conquetes d'Alexaiidre : souniise ensuite aux rois d'Egypte, elle etait parvcnue a recouvrer son indepen- dance; et ce pays formait un royaunie separe , lorsqiie les Ixomains sen emparereiit. Toules les regions eiitre I'Egypte et I'Ocean se irou- verent alors parlagees en trois gouverneniens, la Lybie, I'Afrique et la Mauritanie. La Lybie comprenait la re- gion des Oasis, la Marniarique, la Cyrenaique ou les villes de la Pentapole s'elevaient encore. Les provinces du gouvernement d'Afrique etaientla contreedu meme noni, ou se trouvaient Carthage, Utique, Clypea , le promontoire de Mercure, et la Numidie ou la bataille de Zama s'etait livree. Ce gouvernement central renfer- mait aussi la Byzacene, dont Adrunietuni etait le port principal, I'Arziigitaine et la Tripolitaine, plus barbare que les autres provinces : c'etait dans cette derniere re- gion qu'liabitaient les Lotophages, les Troglodites, les Nasaniones , nations a demi sauvages, vivant des fruits de la terre , y creusant leurs habitations, ou errant dans les paturages avec leurs troupeaux. Le lerritoire de la Mauritanie se parlageait en trois provinces : la Sitlfensis, plus rapprochee de Carthage , la Cesariensis, bornee par les contrees sauvages de la Getulie, et la Tingitana, voi- sine des colonnes d'Hercule, baignee par la Mediterra- nee , par I'Ocean, et touchant le moiit Atlas. Les vastes deserts situes au midi des possessions ro- maines etendaient une longue barriere entre elles et le centre de I'Afrique. Des regions steriles et devorees par ( 45 ) le soleil ne tentaient plus I'anibition des conquerans j il eut fallii traverser une immense plaine de sables mou- vans, pour retrouver les bassins des fleuves et les traces de la vegetation; et aucune armee r'>maine n'avait en- core lente cette entreprise, a I'epoque a iaquellese rap- portent les observations de cette parlie de nos Memoires. ( 46 ) Note sur In communication mntiiel/e de la Gambie et de la Cazamnnse , Lue dans I.1 seance du Ct s<>ptembre i833. Le (lenu-volume deMeinoires puhlieen juillet dernier par la Societe royale geographique de Londres, conlient des observations relatives a la jonrtion presumee de la Gambie et de la Cazanianse par linterniediaire de quel- ques marigots navigables. Les etablissemens que nous formions en Cazamanse avaient attire la jalouse attention du gouvernement an- glais, el le commandant Boteler, qui tut envoye sur la cote d'Afriqueavec la corvette de S. M. B. I'Hecla, recut la mission speciale de verifier si la Cazamanse ne serait point un bras de la Gambie. M. Boteler fit un relevementde la Cazamanse jusqu'a Zinghinchor; et dans la Gambie, il reconnut une partie du marigot de Bintam, bifurqxie' en deux branches prin- cipales portant les noms de Badgeconda ei de Gyngy- nocotto; mais il ne poussa pas plus loin son explor.ilion efteclive. Les renseignemens qu'il recueillit de la boucbe des traitans indigenes, lui parurent constaler suffisam ment qu'il n'cxistait ent're les deux fleuves aucune com- munication navigable, a moins que pour de legers ca- nots, (jui, dans les grandes eaux, pouvaient peut-etre accomplir la traversee de Tun a I'autre en proiilant des moindres ruisselets. Dans tons les cas, 'a question lui paraissait avoir perdu beaucoup de son interet , par la circonstance que la Cazamanse, fiit-elle un bras de la Gambie , les etablissemens que les Portugais y posse- daient de temps immemoriAl coupaient court a tons les ( 47 ) projets queradmitiistration britannique avait pu former a I'egard de cette riviere. M. Botelerenumere,comine seals argumens en faveur de la jonction presumee, les cinq cartes suivantes : 1° celle de la cote occidentale d Afrique, qui accom- pagne I'histoire d'At'riqne d'Ogilhy, imprimee en 1670 : la Cazamanse n'y est point fignree, mais une communi- cation y est marquee entre la Gamble et la riviere de Cacheo , ce qui presente, comme on voit, un argument a fortiori , mais que I'hydrographe anglais a raison de trouver trop vague pour etre pris en consideration; 2" la carte de Belin , pub! ee en i^53 et corrigee en 1765, ou Ion remarque une communication continue par I'in- termediaire du marigot de Bintam; 3o celle de Buache, de 1756, offrant la meme comn;unication ; 40 celle de Jelferys, de 11768, laquelle , outre la jonction par la crique de Bintam, fait connaitre, par annotation, qu'une autre communication est indiquee, sur quelques cartes, vis a-vis de I'lle aux Elephans ; 5" enfin la carte deWood- ville, de \ African Pilot, edilee en 1797, et marquant comme egalement certaines Tune et I'autre communica- tions. Voi^a tout ce que I'erudition cartographique de M. Bo- teler avait pu recueiilir de documens pour laffirmative. Pour la negative, il exposait les temoignages des in- digenes. M. Joiner, liomme de couleur, I'un des princi- paux traitans de Bathurst, natif du pays voisin du mari- got de Domasensa , dont I'entree est vis-a-vis de 1 ile aux Elephans, avait remonte en goelette jusqu'a Domasen- sa , seulement a 7 milles de I'embouchure , puis en canot, a i5 milles plus loin , jusque par le travers d'Eropiria. Au-dela, il avait trouve le lit a sec; mais il dit que dans la saison pluvieuse on pouvait remonter un grand noiti- (-48 ) l)re de milles {^iimiiy tnilcs^j autlessus, jus(juon un lieu app«'le Cahhou , doiil hi position \\\'sl point indiquee. Le meme traitant, tort dcsireux de irouver un passage interieur pour se rendre par cau a Zingliinchor, ainsi que la carte deVVoodville luien dcnnait respoir, et per- suade que le marigot de Domasensa ne pouvait remplir son but, tenta, en 1810, de remonter celui de Bintam, mafgre les assurances des indigenes qui lui predisaient ie non-succes. II equipa un grand canot monte de qua- torye hoinnies, et les envoya reoounaitre le rnnrigot de Badgeconda, I'une des branches de celui de Bintam; maisapres exploration, le canot revint sans avoir trouve la communication cherchee, et dont I existence etait niee par tous les iiaturels qu'on renconlra en cheniin : d'ou Ion conclut que la carte deWoodville etait erronee. Au-dela de Jereja , le marigot de Badgeconda re- monte jusqua uneville de ce nom, situee vis-a vis et a quatre heuresde marcheseulementdeTenderbar. A cette hauteur, elie est navigable; les canots peuvent meme aller plus loin, jusqua Sangahdou, et au-dela encore jusqu a Pahcow^; mais le courant est alors si peu consi- derable, et s' tortueux; que les indigenes preferent voya- ger par terre. Cette tendance dii marigot de Badgeconda vers Ten- derbar ne s'accorde point, suivant M. Botelor, avec les anciennes cartes, et devient des-lo^rs pour lui im irrefra- gable argument contre leur exactitude. L'opinion de M. Boteler n'a point ete partagee par le lieutenant-gouverneur Rendall , qui a voulu tenter le pas- sage de la (iambie dans la Cazamanse par le marigot de Bintam, et s'est en consequence, au mois de juin i33i, avanoe en personne sur cette voie. Apres avoir depasse Bintam , il prit par le marigot do Jataban , qui lui parut ( % ) •^tre la brAnclte la plus considerable , et deux jours apres il arriva a Gifarang,a une distance d'environ 4o milles: il remonta 20 milles plus loin , jusqu'a la hauteur de Badgeconda , et meme 5 milles de plus encore, entre des rives qui se resserraient graduellement, mais sans que le ehenal cessat d'etre profond, en sorte que M. Kendall, force de retourner a Bathurst par I'approche des tour- nades et des pluies, declarait qu'il etait plus que jamais persuade de I'existence de la communication dont il s'agit, A mon tour, je dirai quelques mots sur la question qui fait I'objet des documens que je viens d'analyser. Je comraencerai par faire remarquer qu'aucune des carles citees par le capitaine Boleier ne peut etre consi" deree comme construite, en cette partie , sur d«s elemens originaux. Woodville a copie Belin^ Jefferys a simple- ment donne une edition angbise de la carte de d'Anville de 1761, laquelle avait pareillement servi a Belin eta Buache. M. Boteler, au contraire, ne cite ni Delisle ni d'Anville, tandis que c'etaient la les veritables autorites a consul ter. On sail combien Guillaume Delisle nieUait de soin a recueillir des lumieres nouvelies pour la redaction deses cartes geographiques. Celle du Senegal , qu'il avait dres- see sur un grand noinbre de cartes manuscrites et dUtine- raires , et qui fut publiee par sa veuve en avril 1726, montre la Gambie et la Cazamanse conimuniquant en- semble au moyen de deux marigots sortis d'un meme lac et coulant a I'ouest : celui de ces marigots qui va a la Gambie nest autre que la riviere de Gueregue , c'est-a- dire la Badgeconda-Creek de M. Boteler , qui n eut poiat affirme, comme il I'a fait, que la tendance de son cours versTenderbara ete me'connue sur lesanciennes cartes, s'il eut vu celle de Delisle. Le nom de Saint- Grigou est 4 ( 5o) inscrit au voisiuage du lac. Sur le niarigot qui rejoint la Cazamanse, on trouve d'abord Buhugne, puis Bintani : ce dernier point est , comma on volt, singulierement transpose, Rien n'indique la continuation des commu- nications par eau jusqu'a Cacheo. Au niois de Janvier suivant parut une carte (fort pcu connue aujourd'hui, puree quelle hit supprimee plus tard par I'auteur) oftrant la partie occidental e de I'AJri- qiie , comprise entre Arguin et Serrelionne , et dediee a la compagnie des Indes de France, par d'Anville. Les communications entre la Gainbieet laCazamanse ysont fort nombreuses ; elles ont lieu , d'abord pres de Tile des Eiephans , puis, par un marigot voisin de Tenderbar, plus baspar celuide Bintam, ensiiitepar un autre canal, qui s'ouvre dune part vis-a-vis de Jamesfort et d'autre part tout pres de Zinghinchor, enfin par un autre en- core qui s'embranche a la Gambie vers son embouchure, et va rejoindre la riviere aux fluitres. Les deux bras du marigot de Bintam, qui se separent au-dela de Gereges, sont nomnies , Tun simplement Sangedcgou , I'autre Sangedegou de Riba (c'est-a-dire Sangedegou d'en haul) , etcette derniere appellation trahit un document portu- gais. Les deux marigots de Sangedegou , anssi bien que celui de Tenderbar, et meme celui qui vient de I'ile aux Eiephans, conduisent tous a un nieine lac. Sur la rive meridionale du Sangedegou de Riba , est place Pascua^ ce bras communique a la Cazanianse par trois rameaux, aupres de Tun desquels est inscrit le nom de James. Trois autres marigots traversenl de la Cazamanse a la riviere de Cacheo. Cette carte de 1727 fut remplacee en 1751 par la grande carte en deux feuilles qu'a reproduite Jefferys a une echelle un peu moindre, et qui a, du rcste , ete ( 50 suivie presque invariablement dans toutes les cartes de la Senegambie qui ont paru depuis , tant en France qua I'etranger. La redaction de la nouvelle carte de d'Anville (et peut-etre aussi de celle de 1727) eut lieu sous I'in- fluence des renseignemens que le pere Labat publia en 1728, d'apres les memoires de Brue, pour lesquels le celebre geograplie dressa lui-meme plusieurs cartes spe- ciales. Brue, gouverneur du Senegal, avail fait un voyage d'Albreda a Cacheo, par I'interieur des terres : j'en vais donner ici le resume jusqu'a la Gazamanse seulement , en conservant les propres termes du pere Labat. « M. Brue s'embarqua dans une cbaloupe qui devait le porter a Gereges , qui est situe a sept lieues au-dessus de Bintam. La riviere de Bintam se nomme quelquefois de Saint-Grigou ; ily a des gens qui I'appellent encore la riviere de Gereges. M. Brue partit de Gereges le sixieme jour apres y etre arrive ; il avait seize personnes avec lui, tant blancs que negres , tous bien arraes, cinq che- vaux charges de bagages , avec deux chevaux de relais , outre ceux qui portaient les biancs de sa conipagnie, car pour ses negres ils etaient tous a pied : ils firent dix lieues ou environ ce premier jour, et arriverent sur le soir a Pasqua , gros village de Bagnons, situe sur le bord d'une petite riviere, que Ton nomme Saint-Grigou, aussi bien que celle qui passe a Gereges ; et la raison qu'on en donna a M. Brue, iut quesortant toutes deux d'un memelac, qui est a quinze ou vingt lieues plus haul vers Test , elles devaient avoir le meme noni. M. Brue passa un jour entier a Pasqua, et y coucha deux nuits; il fut prendre Fair sur le bord de la riviere : elle n'est pas large, mais en echange elle est tres profonde. On trouva 4. (5. ) des chevaux pour M. Brue et sesblancs, et dewxeanots avec des negres pour conduire les bagages et les mar> chandi es; mais tout cela ne fut pret que le troisienie JDur , encore ne put-on se mettre en marche que sur les trois heures de I'apres-niidi; de maniere qu'on n'alla cou- cber qu'a une bonne lieue de Pasqua, chez un Espagnol, dontlaniaison Taste et commode etait aussi sur le bord de la riviere. M. Brue parlit de cet agreable endroit, el marcha pendant deux jours dans un pays qui est pres- que tout babite par des Floupes; il ne fit que treize a qua- torze lieue^ pendant ce temps-la , parce qu'il ne voulait pas quitter les canots qui portaient son bagage et que le retour de la niaree empechait d'aller plus vite. II passa h gue deux petites rivieres qui sejettent dans celle de Saint-Grigou , et coucha deux nuits dans des cases de nesres Bagnons. II arriva le troisieme jour a James : M. Brue quilta la les cbevaux et les canots qii'il avail pris a Pascua , et ne pensa qu'a achever son voyage par eau. On lui prepara des canots sur un petit marigot , ruisseau, ou riviere, qui passaita deux cents pas de I'en- droit ou il avail loge. II s'y embarqua, et apres avoir fail une lieue, il entra dans la riviere de Casanianca, envi- ron a deux lieues au-dessus d'un fort que les Portugais onl a la droile de celte riviere, c'est a-dire en la remon- tant et du cote du sud. La riviere de Casamanca ou Ga- semanceest unbras de celle de Gambie. Acent cinquante lieues ou environ, en la remontant, on trouve un en- droit qui fait un coude, et qui donne le nom a un royaume considerable : les Portugais I'ont appele le royaume de Caho ou de Gap. >< II resulte evidemment de ce recit , que depuis Pascua , la route par eau est continue jusqu'a la Gazamanse; et d'aulre part, que la riviere sur laquelle est Pascua, com- ( 53) muniqiie avec celle de Gereges, puisqu'elles sortent toiites deux d'un menie lac; niais il y a mieux : leSaint- Grigou de Labat , ou le Sangedegou de d'Anville , est evidemment la nieme chose que le Sangahdou de Bote- ler; et le Pahcow de celui-ci est le Pascua de ses prede- cesseurs : or luiinSme a consigne dans son rapport que le marigot de Bintani est navigable jusqu'a Pahcow. La communication est done etablie de toutos pieces. Autre rapprochement : d'apres M. Joiner, le marigot de Domasensa peut etre remonte dans les hautes eaux jusqu'a Cabbou; et d'apres Labat, le royaume de Cabo est sur laCazamanse meme; c'est un argument en faveur de la justesse de son autre assertion , que la Cazamanse est un bras de la Gamble ; et une justification de I'opi- nion d'apres laquelle d'Anville, sur sa carte de 1727, et Woodville soixante-dix ans apres, ont marque la reu- nion des deux fleuves vis-a-vis de lile aux Elephans. ( 54 ) Dbs colonies ag-ricoles, par M. Hubrne de Pommeuse , ancien depute , membre de la Societe d' agriculture , etc. I gros vol. in-8°j i832. Lii a la Societe de Geographic, le 8 novembre i833. La Societe a desire qu'il lui fut rendu compte de cet ouvrage, qui appartient a un des membres de sa com- mission centrale. Si cette qualite nous interdit des elo- ges, elle ne nous defend pas de faire connaitre les im- portans documens qu'il renferme. L'ouvrage est divise en deux parties; la premiere se compose d'un memoire lu a la Societe d'agriculture, et contient les resultats du voyage que I'auteur a fait en Hollande et en Belgique, en 1829. La seconde se compose de recherches statistiques sur les instituts analogues , principalement dans les etablis- semens Britanniques et aux Etats-Unis. L'auteur, ayant pendant dix ans , siege dans la cham- bre des deputes de France, a rempli son ouvrage de considerations detouteespece, sous les rapports tantde I'economie politique, que de Tamelioration du systeme repressif ou penal. Tout le monde sait que le principal obstacle a la re- fonte de nos lois penales , consiste dans les difficultes qu'on rencontre a operer la rehabilitation morale des condamnes, et a les faire rentrer dans la societe, dont ils ont viole les lois, surtout s'il y a recidive. L'etat de choses actuel presente d'immenses incon- veniens; deux systemes sent en presence pour y reme- ( 55 ) dier: celui de l;i reclusion isolee, ou penitentiaire, et celui des colonies agricoles j chacun deux u ses partisans. L'ouvrage de M. Huerne, est peutetiele pius important de ceux qui out ete ecrits a I'appui du second de ces systemes, et sans doute, il n'a pa» peu conlribue a de- terminer le gouvernement a former une commission chargee de lui presenter des resultats realisablcs a I'aide de mesures legi&latives. II n'entre pas dans les travaux de la Societe, de s'oc- euper de l'ouvrage qui lui est soumis sous ce rapport ^ nous devons nous bornera I'analysedes documens qu'il nous apporte sur les elablissemens que I'auteiir a visites dans les pays etrangers. Ges pays sont la Hollande et la Belgique, auparavant reunies sous le litre de royaume des Pays-Bas. Hollande. — La premiere colonic fondee en 1818, est celle des Champs de Frederic (Fredericks-Oord) ; elle est situee dans les landes immenses el desertes de la province de Drenthe , la plus pauvre du royaume, dent la population n'est evaluee qua 5o,ooo habitans pour une superficie de 223,852 hectares. Elle se composait , en 1829, de six colonies, sur une elendue d environ trois lieues, divisees en 4 16 petites fermes , et nourris- sant 2,3oo tetes. On compte encore dans ce royaume La colonic entiere d'Ommerschans . . . i,25o Les trois elablissemens sis a Veenhuisen. 45ii5 Et I'inslitut de Wateren i5o Tolal .... 7,81 5 Elles foimentce qu'on appelle les colonies du nord. Leur situation tiiianciere est florissante, et permet d'a- morlir le capital empruute pour seize ans. (56) Les colonies dii Sud oil de la Belgique, datenl de i8a5. La principale a ete fondt'e dans la Cainpine, a VVortel , noil loin de I'anrien chateau dHogstraet , ou il exisiait un depot de niendicite provincial , an milieu de vastes landes. Elle est dirigee par M. Van den Bosch, depuis sa fondation. LUe a ete visitee en detail par M. de Pommeuse; a ceite epoque (1829), elle comptait laS habitations, ou petites fermes, ayantchacune trois hec- tares et demi de terra en exploitation ; elle se divise en colonie libre, qui n'est pas tres prospere, et en colonic forcee, dont la prosperite s'accroit rapidement. Les colonies du niidi entretiennent seulenient i,55o individus, qui ont defriche environ 5oo hectares. Notre collegue a visite egalement un etahlissement d alienes a Gheel, bourg d'environ 6,5oo habitans a cinq lieues de Turnhout. Ces alienes sont places chez les cul- tivateurs qui les emploient a des travaux chanipetres , et contribuent ainsi a leur prompte guerisoii. M. de Pommeuse a joint a son ouvrage d'imnienses developpemens et des calculscomparatils, avec I'etat de la France, soit quant aux terres incultes que Ion pour- rait coloniser de la meme maniere, soit quant a la des- truction successive de la mendidte, et a ranieiidement des condamnes. Comme ces recherches ont moins de rapport avec les sciences geographiques , nous nous bornons a indiquer le contenu du reste de louvrage. II donne un etat de la population des prisons et mai- sons de detention de la Hollande et de la Belgique, en 1827, un tableau des institutions charitables de ce pays , une description du bagne d Anvers, de la maison de force de Gand , des renseignemens sur les mesures prises a Hambourg et a Munich , pour I'extinction de la mendicite; un grand travail sur le paupeiisnie en An- ( '57 ) gleteire, et sur ses colonies penak'S emens peniteniiers de Glocester et de Milbaiik. II presente I'analyse du nou- veau systeme de colonisation par emigration volontairo dans le Canada et la Nouvelle-Ecosse , celle des penit. n- tiers des Etats-Unis d'Anierique du nord, notamment de celui d'Auburn, et de Sinsing, de la niaison de Ge- neve, et de Lausanne, et de Brauwilliers en Alleiuagne. Enfin, il a extrait des meilleurs documens, un ta- bleau des colonies niiiitaires et agricoles de la Suede, de la Prusse, de la Russie, de I'Espagne, de I'Aulriche, et des etats d'Allemagne. . Get ouvrage, rempli de fails est enricbi de tableaux, statistiques ; il est digne d'occuper les meditations des hommes d'etat, et par son universalile, il est de nature a porter un grand jour sur les essais de colonisation tentes dans les diverses parties du monde civilise. En faisant hommage de son travail a la Societe de geographie, I'auceur a senti que loutes les sciences se touchent el s'eclairent mutuellement , et que celle qui fait ici I'objet de nos etudes , ne pouvait que profiler de tanl de recherches, ajoutees aux renseignemens qu'il a recueillis sur les lieux, dans des pays peu connus de nous, quoique voisins de nos frontieres. IsAMBEHT. ( 58 ) Rapport sur un ouvrage intitule : De la Sendee militnire. M. Isambert fait un rapport verbal sur un ouvrage qui a ete adresse a la Commission centrale,et qui a pour titre : De la Vendee militaire, comprenant les deparle- mens de la Vendee, des Deux-Sevres, et una partie de Maine-et Loire et de la Loire-lnferieure. L'ouvrage est divise en deux livres , I'un statistique et historique , et I'autre intitule: Etat politique. Dans le premier livre, il a signale particulierement le chapitre v, divise en 5 paragraphes, relatif aux diver* niarais du departenient de la Vendee. 11 a paru au rap- porteur qu'apres la statistique de M. Cavoleau, qui tou- tefois n'embrasse que le tiers de la con tree decrite par I'auteur, ce dernier a compose l'ouvrage le plus com- plet sur cette partie du territoire francais, et meme que ce chapitre renferme beaucoup de dociimens qu'on cher- cherait vainement dans cette statistique; il est d'ailleurs accompagne de plusieurs planches : Tune est consacree aux marais du nord-ouest, qui sont coupes par un nombre immense de canaux, notamment a la commune de Saint-Jean-de-Mont : ce qui explique la ditficulte qu'on eprouve a pacifier cette partie du deparlement encore troublee par des bandes armees. L'autre, au marais desseche du midi, ou marais de Lucon,avec une seconde planchedes profils des canaux. Cette publication est d'autant plus iniportante, que le gouvernement vient de publier une ordonnance pour le dessechement des marais mouilles de la Sevre Nior- taise. ( 59) Dans le livre II, I'auteur a don tie des renseigneniens assez precieux sur I'etat moral de la population de la Vendee. C'est une etude qui a ete trop negligee, et qui, tant qu'elle ne sera pas plus avancee, laissera subsisler beaucoup de projets plus ou moins divergens pour la pacification de cette contree. Dans le Bocage, c'est I'isolement des habitans et hi difficulte ou I'absence de communications avec les cen- tres de civilisation, par la multiplicite des baies, des ravins, et le defaut de chemins praticables. Dans le marais du nord , qui a ete la patrie de Char- rette , on est plus embarrasse d'expliquer les motifs qui rendent une population en communication avec la mer et avec la plaine, en hostilite avec les institutions. Quant aux marais de la SevreNiort.iise, ils sont habi- tes par une population sauvage et malheuieusequi vit presque sans lois. Du reste, I'ouvrage, qui parait devoir etre complete par un troisieme livre, est principalement destine aux etudes militaires, auxquelles I'auteur anonyme, officier superieur, se livre avec beaucoup de succes. C ^o ) DEUXIEME SECTION. UOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLKS GEOGRAPHIQUES, ETC. ExTHAiT des Annates de Bergfuius (raai i833,p. 224). ILES RALIK. Le capitaine Chromtschenko, commandant le trans- port russe V America, ayant ete charge, dune expedition, partit de Kronstadt le 27 aoi\l i83i avecun chargement pour Petropaulowskoi et la Nouvelle-Archangel. Pen- dant ce voyage, M. Chromtschenko chercha a determi- ner la position des lies situees dans le Grand-Ocean , entre 5 et 12 degres de latitude N. , et qui, depuis le premier voyage du capitaine Kolzebue sur le Rurik, sont connues sous le nom de Chaine de Ralik. II executa le plan detaille de deux groupes de cette chaine, nommes Namu et Ouadelen, qui n'avaient encore ete decrits par personne. Voici le resultat de ces recherches: i" Les groupes Odia et Namu, ainsi nommes par les navigateurs anglais Lambert et Ross, sont beaucoup plus eloignes I'un de I'autre qu'on ne le trouve marque sur les cartes , d'apres la notice qui a ete donnee par ces navigateurs, et ils s'etendenl environ ao milles plus au nord. ( 6i ) a" Lc groiipe Nainii setend dans une direction N. 3o" O. et S. So" E. Sa longueur dans cette direction est de 29 milles 1/2 geogr., et sa plus grande largeur, qui est dans la partie S. est de 1 1 milles 1/2. Cegroupe con- tient'5 grandes iles et 20 petiles qui sont toutes unies entre elles par un recif de corail. Dans ce groupe, Chromlschenko determina par des observations astrono- miques la position geographique des iles suivantes: a. La pointe orientaie de la plus grande ile du S. est par 7° 45' de lat. N. el 168° 23' 46' de long, orientaie de Greenwich (166° 3' 22'' de Paris). b. La latitude du milieu de I'lle du centre est de 7° 59' N., et sa longitude 168° i3' 36" E. de Green- wich (ib'S" 53' 12" de Paris). c. La latitude de la grande tie, qui est la plus nord de tout le groupe, est 8° 9' 45", et sa longitude 167" Sp' de Greenwich (i65° 38' 36" de Paris). 3° Le groupe Ouadeleu s'etend dans une direction N., 61° O., et S. 61° E. II a dans cette direction 63 milles 3/4 delongueur,etadanssa plus grande largeur 10 milles 1/2. II consiste en 44'l6s grandes ou petites, qui sont toutes jointes ensemble par un recif de corail. C'est \\x\ des groupes les plus dangereux pour la navigation. M. Chronischenko a determine la position geogra- phique des lies suivantes : a. lie la plus sud du groupe. Lat., 8" 45' i5''N. j long., 167^45' 32" E. deGr. (i65»25'8" de Paris). b. Ile centrale. Lat., 9" 6' ^6" N. ,• long., i67''i6' 4' E. deGr. (i64»55'4o" de P.). c. Ile du N.O. Lat., 9" 19' 7"; long., 166^ 55' 56" E. deGr. (i64« 35' 32 de P.). ( 62 ) M. Chromtschenko ayant surtout a coeur le succesde I'expedition qui lui avait ete confiee, ne put pasachever le recherche des deux autres groupes de la chaine de Ralik, princlpalement parce que rarriere-saison arrivait. Parmi les tiois chronometres qui lui avaieiit ete"delL- vres pour cette expedition , il y en avait un qui a\ait ete construit parllauthjhorloger a Saint-Petersbourg, dont il fait le plus grand elo^e ; car, dans tout le voyage de Kronsladt au Kamtschatka, qui dura onze mois et onze jours, la marche de ce chronometre ne varia que de + o" ap a + o" 7 1 . [Extrait de la Gazette de Saint-Petersbourg.) Annales de Berghaus (juillet i833 , page 4»6). Reapparition de Vile Ferdinandea {ou Julia) dans la Mediterranee. Le volcan qui setait eleve dans la mer il y a deux ans, qui avait produit la petite ile Ferdinandea, et avait en- suite disparu, ne laissant au-dessus du niveau de la mer aucune trace, s'est montre de nouveau dernierementau meme point. Dans la soiree du 22 inai dernier, on aper- cut dans la direction du banc de corail un nuage de fu- mee ires epais, qui selevait du meme point d'ou etait sorti le volcan, et dans la nuit du 23 , on vit de plus des etincelles au milieu de cctte fumee. ( La Cerere , gazette de Palerme. ) (63 ) Nonvelles du voyage de Lander. M. Laird , associe a Lander dans son expedition au Niger, et qui vient d'arriver en Angleterresur/aCo/o/w- hine, apporte des nouvelles de Lander, qui est actuelle- ment a Alia. Elles vont jusqu'au 21 juillet dernier. Son voyage sur la riviere, depuis I'embouchure du Nun (dans un canot) la occupe trente-deux jours. II a ren- contre M. Laird et le lieutenant Allen, qui le croyait raort ou de retour en Angleterre, au moment ou ces derniers descendaient le fleuve pour regagner la cote sur le batiment a vapeur. C'etait le 21 juillet. Lander convint sur-le-champ que M. Laird retournerait a la cote sur la Quorrah, et prendrait avec lui une partiedu ohar- gement de la Colombine, tandis que lui (Lander), avec le batiment a vapeur en fer, pousserait jusqu'a Rabba et a Boussa. II semblait avoir pris la ferme resolution de se distinguer par une decouverte et par Tetablissement de relations de commerce avec It's naturels, ce a quoi il es- perait beaucoup reussir. M. Laird, pendant son sejour en Afrique , a beaucoup souffert de la fievre. II est reste pendant plusieurs mois dans une miserable hutte ou il n'avait plus que la peau sur les os. (Moniteur du 24 Janvier. — Debats du 28.) ( 64 ) TROISII^ME SECTION. ACTES I)E LA SOCIETE. PRESENTATION DE I.A SOCIETK AU ROI, A I'occasion da nouvel an. La Societe de Geographic ayaiit etc ad;iiise a presen- ter au roi ses honimagcs a I'occasion du noyvel an, iinc nombreuse deputation s'est rendiie, le i"' Janvier i834) »u palais des Tuileries , ayant a sa tete M. le due Decazes> president de la Societe, et elle a ete introduite, a une heure et demie , a I'midience deS. M. Le Roi avait a ses rotes le Prince Royal et les autres princes ses fils, puis la Reine, les jeunes princesses, et niadame Adelaide. Une cour brillante environnait leurs niajesteset leur auguste famille. M. le due Decazes a adresse au Roi le discours sui- vant ; n Sire, « La Societe de Geographic s'etait placee sous votre « protection avant que la France vous eiit confie ses Qu'ElIc nous permelte aussi de reporter jusqua n Elle nos respeclueux renierciniens pour les encourage- « mens que votre noble Fils a bien voulu accorder a nos « travaux. Heritier de voire bienveillince pour nous, « conime de votre sollicitude pour la prosperite et le « l>onheur de la France, sa munificence provoque et . ( 65 ) « eclaire le zele de nos voyageurs, en dirigeant leurs « efforts vers une voie nouvelle d'utilite pratique que « leur genereuse emulation s'empressera de suivre. « C'est nous acquitter envers lui,selonson coeur, que «« de ne pas separer notre gratitude pour ses bienfaits « de notre devoument a votre personne et k votre n auguste famille, et de lesconfondre dans nos homma- « gesavec notre respectueuse confiance dans cette haute « sagesse que la Providence elle-nieme seinble s'appli- « quer chaque jour de plus en plus a signaler a la re- connaissance publique. » Le Roiadaigne temoigner, dans sa reponsc, !oul I'in- teret qu'il continue d'accorder a la Societe de Geogra- phic, dont il se plait a conserverle patronage; ilvoitavec plaisir que son fils partage ses sentimens envers elle et qu'il lui ait confie le soin de decerner les encourage- mens qu'il destine aux voyageurs dont les efforts au- ront procure a la France les plus utiles resultats ; c'est en s'attachant a diriger les recherches de la science vers un but profitable a I'humanite et aux interets de la pa- trie , qu'on lui donne sa plus importante et sa plus noble destination. Le Roi a rappele I'attrait que I'etude de la Geographic a eu constamment pour lui : il aimera toujours a proteger une science qu'il a cultivee des sa jeunesse et qu'il a professee pendant I'exil ; il eprouve une sympathie reelle pour les travaux de la Societe , elle peut compter sur sa constante bienveillance. M. le due Decazes s'adressant ensuite a la Reine, a dit: « Madame , « Je prie Votre Majeste d'accueillir avec bonte les res- « pects et le devoument de la Societe de Geographic, « fiere de se presenter a vous sous le douiile patronage « de son roi et de votre auguste fils. ( ^ti) « Voyageurs sur cette terre, nous n'en connnisson:» '> pas de si luintalnes ou les peuples ne vous benissent et « ne vous portent en vie. II nest pas de haines si injustes « et si onveniniees, pas de passions si ennemies qui ne « se taisent a votre nom,oii plutot qui ne repetent avec « nous que si vous etes la plus heureuse des epouses et « des meres, vous etes aussi la plus heureuse des reines , « car jamais reine ne fut 1 objet de plus de veneration et « de plus d'amour. » La Reine a bien voulu repondre a cat hommage par les plus gracieuses paroles de bienveillance et d'interet. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance dii lo jatwier i834. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le professeur Moll, membre de la Societe, ecrit d Utrecht a la Commission centrale que les redacteurs de I'Almanach de la marine hoUandaise recevraient avec plaisir en echange de ce recueil uii oxemplairedu Bulle- tin de la Societe. M. Moll appelle aussi lattention sur un nouveau journal de marine public en HoUande, et il signale les articles qui interessent plus speciale- ment la geographic j il espere pouvoir procurer a la Societe, si elle le desire , un exemplaire de ce recueil. La Commission accepte avecempressement I'offre de M. le professeur Moll , ainsi que les deux cchanges qu'il propose. Apres la lecture de la correspondance , M. Jomard annonce qu'une deputation de la Societe, presidee par M. le due Decazes , a cu Thonneur de presenter au roi ses felicitations, a I'occasion de la nouvelle annee. Sa Majeste a accueilli avec bienveillance ia deputation, et lui a temoigne tout I'interet quelle porte aux travaux de la Societe et aux progres de la geographic. ( 6-7 ) M, Jumai'cl depose siirle bureau letliscours proiioiice par M. le due Decazes el remet en ineme temps celui qu il avail prepare lui-menie sur I'avis que M. Decades ne pourrait presenter la deputation. Le meme nieinhre communique a la Societe, de la part de M. Henri Ternaux, la relation du voyage a I'lle d'Amat(Taiti)et aux ties adjacentes, fait en 17745 P'T' '"^ capitaine du paquebot le Jupiter de conserve avec la fre- gate f Jguila {V A\g\c), conimandee par le capitaine de la marine royale espagnole Don Domingo de Bonechea. L'examen de ce nianuscritesl renvoye a la section de pu- blication, el M.d'Urville veut bien se charger d'en pre- senter I'analyse a la prochaine seance. M. Warden oftre aussi , de la part de M. Henri Ter- naux, une lettie ecrite par le cure de Santiago de Tepe- huacan a son eveque , sur les moeurs el les coutumes des Indiens soumis a ses soins; cette lettre a ete tra- duite sur lemanuscrit original par M.Ternaux. Remerci- mens el renvoi de la lettre au comite du Bulletin. Le meme membre communique suCcessivement a I'assemblee trois notes: I'une sur un nouvel etablisse- nient pour les noirs libres des Etals-Unis, au cap des Palmes sur la cote d'Alrique ; une autre sur le traiie de commerce entre les Etals-Unis et Siam, et la derniere sur les canaux de Chesapeake, de Delaware et d'Oliio. M. Daussy donne lecture de deux notes relatives a la position des lies Ralik dans le Grand-Ocean el a la re- apparition monientanee de Tile Ferdinandea (on Julia) dans la Mediterranee. Renvoi au comite du Bulletin. Un membre communique de la pari de M. Desaugiers membre de la Societe, une note sur la population de la Crete en i832 , et un itineraire de la Canee a Candie en passant par Relhimo et de Candie a la Canee, en reve- ( 68 } nant par Gorlyne, les monasteres d'Assoinato» et d'Ar- cadie. Renvoi au comite du Bulletin. M. d'Ave/ac lit quelques fragmens d'une esquisse ge- nerale de TAfrique , sous les divers rapports de geogra- phic naturelle , ethnologiqne et historique. La Section de comptabilite presenie le budget des recettes et des depenses de la Societe pendant I'exercice 1 833- 1 834 • il 6st depose sur le bureau pour etre dis- cute a la prochaine seance. La Commission centrale procede a la nomination de deux commissions speciales pour juger les concours. Lii premiere, chargee de rechercher quelle a ete la decou- verte la plus importante en geographic, faite dans le cours de I'annee i83i , est composee de MM. d'Avezac, d'Urville, Eyries, Jomard et Roux de Rochelle. La se- conde, chargee d'examinerun memoire destine au con- cours pour le prix relatif au nivellement des rivieres de France, se compose de MM. Coraboeuf, Daussy et d'Urville. Cette nomination donne lieu a une discussion dont le but est de savoir si les membres du bureau ont voix deliberative ou seulement consultative dans toutes les commissions. La question, presentee sous ce point de vue general , sera renvoyee a I'examen dune commis- sion speciale. Quant a la commission de cinq membres chargee de decerner le prix annuel, il est decide, sur la proposition de M. d'Urville, que les membres du bu- reau qui s'y adjoindraient a ce seul titre , n y auront que voix consultative. ( 69 ) Seance du 'i.\jan\>iei: Le proces-verbal de la derniere seance est lu et acJopte. M. le comte de Montalivet, pair de France, et M. Hersant, consul de France a Rotterdam , qui vi<»nnent d'etre adniis au nombre des membres de la Societe, lui adressent des remercimens et promettent de ia secon- der dans ses utiles travaux. M. Francis Lavallee ecrit de la Trinidad de Cuba, pour renouveier ses offres de service a la Societe et lui an- noncer I'envoi d'un memoire sur I'histoire, la geogra- phic et la statistique de I'ile de Cuba. M. Adam deBauve, dans une lettre datee deBelcm de Gram Para, le 29 aoiit i833, adresse denouveaux de- tails sur son voyage et celui de M. Leprieur dans la Guiane, et sur les obstacles qu'ils om rencontres dans I'execution de leur entreprise. Par suite du naufrage de ses embarcations sur I'Amazone, M. Adam de Bauve aura a regretter la perte de ses observations et de ses collections de botanique et d'entomologie. Quatre de ses compagnons de voyage ont peri dans le fleuve. Ce voyageur se propose de renionter I'Amazone jus- qu'au Watuma, et si, par cette riviere, il ne pent ga- gner I'Essequebo, il se rendra sur le Rio Branco, ou il croit avoir plus de chances de succes. A son arrivee a Demerary, M. Adam de Bauve adrcssera a la Societe une relation et des esquisses sur les diverses peuplades des Guianes, ainsi que des vocabulaires des races intlien- nes, et il f'era connaitre la suite de son itineraire. II an - nonce que depuis le 4 avril, quil est separe de M. Le- prieur, il na recu aucune nouvelle de lui. M. Alvarez Guerra ecrit a la Societe quil arrive d'Es- pagne avec une invention utile a Tagriculture, et quil se (7'>) propose de concourir au prix offert par S. A. R. Ms"" le duo d'Orleans. II serarepondu quecette invention ne rentre pas dans les attributions de !a Societe. M. le colonel Coraboeuf lit une note sur les travaux de la nouvelle carte de Suisse qui se poursuivent avec activite sous la direction deM. le general Dufour. M. Daussy communique egalement une note sur les travaux hydrographiques que le capitaine Vidal vient d'executersur les cotes occidentales des lies Britanniques; il donne ensuite, d'apres M. Laird, quelques renseigne- mens sur le voyage de Richard Lander en Afrique. M. le president annonce que Ton a lieu d'esperer I'impression prochaine a liniprimerii^ royale, de la grani- maire et du vocahulaire Berbers de Venture, que la Commission cenlrale avait deja manifeste ledesir devoir publier. M. Jomard depose ensuite sur le Bureau, 1° Une se- rie de nunieros du Moniteur Egyptien, dont plusieurs renfernient des nouvelles geographiques ; 2" de la part de M. de La Pilaye, plusieurs dessins representant des antiquites celtiques de Reginea en Bretagne; 3° une lettre de M. le baron de Hammer, qui en transmettant un ouvrage de M. le comte Serristori, intitule Essai sta- tistique delltalie^ temoigne le desir qu'aurait ce savant d'etre nomme correspondant. M. d'Avezac lit une notice sur les Berbers. Le meme membre soumet a la Commission centrale la proposition douvrir une nouvelle serie de nunieros pour les volumes du Bulletin dont la publication est arrivee au tome xx. Cette proposition est renvoyee a, I'exaincn prealable du Comite du Bulletin. C 70 OUVRAGUS OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du lo jarwier i834. Par M. Alhert-Moiitemont : Bibliotheque universelle ties voyages y iS" livr. , in-S", renfermant la suite du voyage de Laperouse et les voyages de Maurelle, Ort- lock et Dixon , Bligh, Meares, Wilson, Edwards, etc. Par la Societe asiatique : Cahier de decemhre de son Journal. Par la Societe de geologic : Feuilles i a 5 du tome iv de son Bulletin. Par M. Bajot : Annates maritimes et coloniales,cai\neTS de novembre et decenibre. Par M. le directeiir : Bibliotheque de Geneve, cahier d'octobre i833. Par MM. les auleurs et editeurs : Neuf liuraisons de la France pittoresque. Par MM. les directeurs : Cabiers de decembre du Recueil industrial , du Memorial encyclopedique et du journal Vlnstitut. Seance du i^ Janvier. Par le bureau des Longitudes : Connaissance des temps jwur iSi6. — Annuaire pour i834. ParM.Daussy : Ta^/e desPositions gcographiques, in-S". Par MM. Vander Maelen et Meisser : Dictionnaire geographique de la province de Hainant, i vol. in-S". Par M. le comte do Serristori : Saggio statislico dell' Italia, I vol. in-S*^. Vienne, i834. Par la Societe royale de Londres : Adress delivered at the anniversary meeting., in -4°. Par M. le capitaine d'Urville : i4* et i5'' livraisons du Voyage pittoresque autoiir du monde. Par la Societe d'Eniulation du departement du Jura : Seance publique de cette Societe pour i832, in-S". ( 72 ) Bibliographie g^ographique. OUVnAGES CENKRAIIX. Journal of the royal Geographi- cal Socictr of London. — Jotirnnl de la Socicte roy.ile geoi;raplii- qiie de 1 oiidres, vol. iti , i'' par- tie . in-S". FOBoPr.. Tour through Be/giam to Paris. — Tournee dans la Belgique et jus- qu'a Paris, par T. Barlow. In-i8. Travelling memoirs {luring a ^ Tourthroiigh Belgium, Uheniih Prus- sia, Germany), Switzei land , and France. — IMetnoires H \ii: voya- geur pendant iine toni iice duns la Belgique, la Pi iism IDiinane, TAIIemagne, la Suisse i-t l.i Fran- ce, pendant I'et^ et rautonine de i832, Y compris une excursion sur leRliin eii le remontant, par T. Djke Junior. i vol. in-8o. La monarchie prussienne, cousi- deree .sous las rapports topogra- phique, statistique, administra- tifet et'ononiitjne , par Leopold Krug. Berlin, 1 833, in-4°. Coup^'ccil general sur les divers arrondissemens dans lesquels Tempire de Russie est actuelle- ment partage, sous le rapport des communications par terre et par eau, avec des details stir le commerce et les cchanges qui ont lieu par les routes d'eau , uu avant propos hi.slorique sur cette branche de Tadministration , et un apjiendicecontejiant une des- cription dctailh'C du canal de Windau.Riga,i833. i vol. in 8'. Dictionnaire geographique et historique de I'empire de Russie, contenant le tableau politique et statistique de ce vaste pays; les denominations , les divisions an- j ciennes et novivelles des contrees, ' villes, bourgs; leur position geo- graphique, leur bistoire, leurs produclions uaturelles et indus- trielies , leur commerce , leur cli- mat, la population, les mwurs, coutumes, religions iles babitans de cet empire ,. par N.-S. Wsevo- lojsky ; troisieme edition, aiig- inentee d'un supplement par Maurice Allart. Petersbourg , 1833. 1 vol. in-8°. J-EVAJIT. Excursions in the Holj--land, Egypt, JVuBia, Syria. — Excur- sions dans la Terre Sainte, I'E- gypte , la Nubie , la Syrie . etc. , par J. Madox; avec beaucoupde gravures. a vol. in-8°. AFBIQUE. Travels and researches in Caf- fraria, describing the character, customs ani moral condition of the tribes inhabiting that portion of Sou- thern Africa. — Voyage dans la Cafrerie et recberches concer- naut ce pays, ou Ton decrit le caractere , les coutumes, la con- dition morale des peuplades qui babitent cette partie de I'Afrique meridionale, avec des observa- tions bistoriqups et topograpbi- c|ues sur les elablissemensbritau- niques cjui s'y trouvent, I'intro- duction du cbristianisme et les progr^s de la civilisation; par ;>. Kay, In-i2. AMF.nlQUE. Tour of the American lakes, and among the Indians of the North West territory, etc. — Voyage sur les lacs Americaius et jiarmi les Indieiis du rerritoire du N.-O., en i83o, avec des observations sur le caractere et la condition future de ccite wvce. i vol. inii. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. FEVRIEIl I 834. PREMIERE SECTION. t MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. ExAMEN et rectification des positions cleterminees astro- nomiquenient en Afrique par Mungo-Park. Ce memoire a ete redige a la fin de 1829, et les resultals quant aux longitudes , en out ete mentionnes explicitement dans uu autre ecrit ( Reponse aux objections elevees en Anglelerre conire Fan- tftenlitile dii voyage de Caille a Ten-Boitoue ) , public en avril 1 83o. Un an aprfes (i3 Janvier i83i), M. Oltmanns a lu a Tacademie des Sciences de Berlin un travail sur le meme sujet, imprime en 18 32 parmi les Memoires de ladite academte , sous ce titre : De la nullite de quelques corrections qui ont ^te proposees a Vegard des dernieres obser- vations de latitude faites en Afrique par Mungo-Park. Sans contredit, des observations astronomiques bien faites sont le meilleur de tons les docuniens que \» geo- graphie positive puisse recueillir et mettre en oeuvre. Mais par malheur les observations de cette nature ne sont trop souvent connues que par les resultats qui en sont public's; et le geograplie, inceriaiii s'il doit admet- Ire ou rejeter les determinations ainsi oblenues , se fait 6 ( 74 ) ;t l)Oii droit ceile cJoubh; queslioii : \es observations sonl- elles bonnes? ont-elles ete ealcnlees exacten)ent? car la reunion de ces deux conditions est indispensable pouf meriter nne entiere confiance. Or il arrive trequeniment que les observations sont douteuses; et il nest guere plus rare que le calcul en soit errone par negligence, ou entaclie de corrections arbitraires. Lors done que les positions goononiiques qui en resultent ne concordent point avec celles que procurent les documens itineraires , il y aurait grande imprudence a sacrifier aveuglement ceux-ri a la trom- peuse precision des premieres. Ces considerations sonl en grande partie applicables aux latitudes et longitudes consignees dans les voyages de MungoPark en Afrique. Muni d'instrumens propres a foire des observations, ce voyagcur celebre a essaye de determiner astronomiquement la position de divers lieux places sur les routes qu'il a parcourucs. Quant a son premier itineraire , il n'offre que les liuit latitudes que voici : Pisania i3"35 Kolor. . ■ ' • 4'j Kourkouranyi i3.6.'J Jong. . .,.'...,,.. ii'i . i5 Jonibo . . . i\ ^.^v:'i'V ; J t'-. . -iK . 1 4 ■ 3 4 Kanji . . 14. to Fissora i 4 • 5 J ana i5. 5 Comme les observations d'ou ces latitudes ont ete conclues , n'ont jamais ete publiees, il est impossible de verifier si dies sont calculees avec justesse; niais il y a lieu de le presumer, si Ton reflechit que les eleraens du calcul ont dii passer sous les yeux du savant Rennel , qui nous cu a fait connaitre les resultats. (75) Dans son beau travail hyfJrographique sur la Gamble, le lieutenant Richard Owen a fixe la position absolue de Pisania par i3° 33' N.; la determination de Mungo-Park en diftere de 2' seuleinent. Quant aux autres latitudes, nous ne possedons point d'eleniens de verification. Quoi qu'il en soit, on admettra volontiers que les observations astronomiques du voyageur, faites a I'aide d'un sextant de tres petite dimension , ne peuvent , il est vrai , etre acceptees que comme des eleniens imparfaits , mais qu'on en pent du moins conclure des positions approximatives , toiijours precieuses dans le dennnient absolu ou la geogniphie de ces contrees se trouvait a cet egartl. Je passe au second itineraire , jalonne d'un grand nombre de positions observees, et qui offrirait par con- sequent un document geograpbique bien precieux , si Ton pouvait avoir confiance aux observations consignees dans le journal de route du celebre Ecossais. Malheu- reusement il n'en est point ainsi : le plus sin)ple examen suffit pour faire reconnaitre la necessite d'apporter une grande defiance dans I'eniploi des observations dont il s'agitj elles ont toutes besoin d'etre soumises a une discussion serieuse, a une severe e'pnration , apres la- quelle il restera bien peu de chose de I'apparente ri- chesse que presente au premier abord une masse de vingt-cinq latitudes et cinq longitudes determinees as- tronomiquement. Surce nombre, le journal de route dePark a conserve vingt-deux observations origiiiales pour la hititude et quatre pour la longitude; elles sont, a doux latitudes et une longitude pres, accompagnees du calcul employe par le voyageur pour obtenir les positions resultantes; 6. / (76 ) son jouriia) coiiticnt en outre trois latitudes et une lon- gitude observees, sans faire connaltre les observations orii^inales dou elles sent deduites. Je m'occuperai d'abord des latitudes. Voici le releve complet des observations et des resultatsconsignes dans le journal tin voyageur. AFaraba, le i5 mai i8o5,haut.mericl. ^ •. I.at. i4°38' 46"N, Nerico, i8mai (?) i68°35' 14. 4.5t Tambico, 21 niai 0 166. 5f) i3.53 Soutitabba, 25 mai 0 164.46 i3. 33.33 Bee-Creek , 26 mai 0 164.31 1 3. 3a. 45 Badou, 28 mai 0 163.17 i3.32 Mambari, 3tni;ii 0 162.43 i3.22.Jo Julifunda, 2 juin , 0 162. ri i3.33 Baniserile, Gjuin 0 161. 8 i3.35 c J • • ^© 'Go. 6 batadou, 9 J"'h j^^ (% 116. 36 Fankia, i4juin.,... 0 139.39 i3.22.3o Fajemniia, 18 juin 0 159.49 i3.35 Secoba, 24 juin ')p 115.28 13.27. 26 Moiaharra , 9 juillet 0 (incert.) 1 3 . n Sabousira, 10 juillet ^ » i3.5o Keminoun, 12 juillet 0 i63.24 14. o Ba Oulima , 20 juillet 0 166. 4 14. i Bangassi, 26 juillet 0 168.26 14. o Koulihori, 5 aout 0 172 45 i3.4i Koumikoumi , 14 aout 0 177. 7 ia.57 Marrabou, 2 septembre 0 169.54 12.48 KoulikoiTo,i3 septerabre 0 80.45 ia.52 Yamina, i5septembre 0 79.36 i3.i5 Sanii, lyseptembre 0 78.47 13.17 [ 77 ) L'editeur anglais a releve, dans le calrul de la latitude de Kouniikoumi, une erreur portant siir la declinaison solaire employee : le voyageur, en effet, a fait usage tie celle du i5 aout, au lieu de celle du 14, jour precis de I'observation ; operant la correction, l'editeur a re- tabli la latitude de ce lieu par i3° 16' 39'. On ne remarquera point sans surprise que les dieiix observations de Saladou, destinees a fixer le point fort important du passage de la Faleme, et qui n'ont point ete calculees par le voyageur, ne I'aient ete non plus depuis par personne, et soient reslees comnie absolu- ment ignorees, meme par Bowdich., qui cependant a fait un travail special sur les calculs d'observation de Mungo-Park (i); mais ce n'est pas la seule preuve que je pourrais alleguer de I'inconcevable legerete avec la- quelle le critique anglais a execute ses corrections : j ai reconnu en effet qu'apres avoir note, d'apres l'editeur du journal de Park, I'emploi fait, le i4 aout, par le voyageur, de la declinaison solaire du i5; apres avoir, de son cote, decouvert I'emploi , au 28 mai, de la de- clinaison du 29, et se trouvanl ainsi dnmcnt averti de se tenir sur ses gardes, le pretcndu correcteur ne s'est point apercu neannioins que Paik avail encore em- ploye, le 3i mai, la declinaison du 3o , et le 6 juin celle du 7. Et cependant le theme special du critique etait precisement de corriger les declinaisons. (2) 11 est, je crois, a propos que je donne ici, avec quelque developpement, un resume du sysleme de cor- rection imagine par Bowdich, de son motif, et tie ses re- sultats. (i) M. Oltmanns est dans le meme cas. (2) Ces inadvertaiices de I'observateur ont paieilleiueivt euhappe a M. Oltmanns- ( 78 ) On trouve, des !e coniinencement du journal de Park, deux articles consecutifs donl voici la version litterale : « 3o avril : la goeiette de M. Ainsley est arrivee , et « nous avons aussilot commence a decharcer le bagaae « et le riz. n ii avril : donne les bats a renibourrer de mousse, « etfait peser les paquets. Trouve, lout calcul fait, que « nos anes ne pourraient porter notre bagage. Achele « cinq anes de plus avec I'aide de M. Ainsley. » M. Walckenaer , dans ses Recherc/ies sur VJfrique, a fait la-dessus I'observation suivante : « Je remarque « dans ce journal une inadvertance qui a ecbappe a I'au- « teur et aux editeurs : il y a iin recit de ce que Mungo- n Park a fait le 3i avril : le niois d'avril n'a que trente « jours. Cela est vrai; mais je pense qu'au lieu du 3i avril, I'auteur a du ecrire le 3o (mal lu 3i par le copiste ou Timprimeur), et que les deux articles se rapportent a la menie journee. La suite de la relation presente, sous les dates des i8 mai, 17 et 18 juin, et i3 aoiit, d'autres exemplesde la separation en deux articles des notes ap- partenant a un seul et nieme jour. Telle est , selon moi^ I'explication naturelle de 1 inadvertance relevee par M. Walckenaer , et cette explication est d'autant mieux fondee que les phenomenes arrivant a jour fixe, tels que les eclipses des satellites de Jupiter, sont exactem nt rapportes a leur veritable date. Mais Bowdich a juge la chose beaucoup plus grave: il a cm y trouver un juste motif d'admettre qua partir du i'''^ mai, les dates du journal de Park sonttoutes er- ronees d'un jour en moins; et qu'il y a deslors neces- site, dans chaque calcul de latitude, de substituer a la declinaison du quanlieme ecrit, la declinaison du jour ( 79 ) suivant. li a developpe ce systeme dans un nieinoiie, publie par la voie i\e la lithographie, assezrare, et dont je dois la communication a 1 aimable obligeance de M. Walckenaer. Voici le releve complet des latitudes corrigees par le critique anglais, d'apres le tableau recapitulalif qu il ea a lui-meme dresse. Faraba Nerico ...... Tambico . . . . Soutitabba . . Bee-Creek , . Badou Manibari.. 'i '. , Julifonda. . . . Baiiiseiile. . . . Fankia Fajemmia . . , Secoba Moiaharra. . . Kemiuoun . . . Ba Oulima. . . Bangassi . . . . Koulihori. . . . Koumikoumi. Marrabou.. . . Koulikorro . . Yamina Sami ' ? f; f >^ ' ff * I r> 0", i3"'43 46' 14.18 i3,()5 13.44 13.42 i3.3. i3.3o i3.4i i3,4i 3.> 13.25. 3o i3.36 13.26. afi i3.3 i3.5i i3.6 I . 3o 13.46 3o 13.25 3o 12.58 12. a5. 40 II. ag 12 .52 12.54. 20 .f,iiLin'i Sabousira, que Park a place par i3° 5o' N. , d apres une bauteur meridienne lunaire, n'a point ete souniis a la correction systematique de Bowdich : cette correc- tion eut ete, dans I'espece, tellement forte (elle eiit de- passe 2°), que le critique a pense sans doute que Park avail ici, comme a Badou et a Koumikoumi, employe ( 8o ) par meprise la declinaison convenable a I'hypothese da correcteur. II faut noter, d'autre part, qu'une applica- tion plus attentive dii sysleme de rectification de notre Anglais, doit produire, sur quelques latitudes, des resultats differens de ceux qu'il a adoptes; ainsi il eut dA conclure Manibari. par i3' Sg' 56" Baniserile 1 3 . 35 . o A mon tour, je vais placer ici le releve des latitudes qui resultent des observations de Park d'apres nies pro- pres calculs, c"est-a-dire en operant avec inoins de ne- gligence, en retablissant quand il y a lieu, a la place dune declinaison anticipee ou tardive , celle qui con- ▼ient precisement au quuntieme marque, et enfin sans^ omeltre les observations non encore calculees. J'aid\\ na- turellement, au contraire, laisser de cote les resultats dont le voyageur ne nous a point transniis les elemens^ Nerico 14° 4' 44" Tambico i3.53.28 Soutitabba i3.34. 8 Bee-Creek i3.33.45 Badou 1 3. 31. o Mambari i3.3i.22 Julifouda i3.3a. o Baniserile 13.28.48 ^i3.i4.43 batadou ' I i3.3i.35 Fankia 1 3 . 2 1 . 45 Fajemmia 1 3. 35. 42 Secoba 13.27.36 Keminoun i3. 58.56 Ba-Oulima i4- 2.23 Bangassi t3.59.3i Koulihori i3.4<>44 Koumikoumi 1 3. 16.39 (8, ) Marrabou i2.4;'.25 Koulikorro i a . 5 1 . 55 Yamina r3.i5. 7 Sami 13.17.33 Plusieurs de ces latitudes soiit incontestablement mauvaises, comme il est facile de sen convaincre par quelques verifications. Ainsi le passage du Nerico, par 14° 4 44" ^st d'en- viron tout un degre plus nord que Rennel ne I'avait etabli d'apres les gisemens releves par Mungo-Park au retour de son premier voyage. Park se serait-il trompe alors ail point de supposer vers le siid cequi serait vers le nord.f* la chose est pen probable : et lorsqu'il a note le point ou il a traverse le Nerico, vers !e S. E. de Me- dina, en passant par Koiissay, il n'y a certci pas lieu d'imaginer qu'il faille y substituer le N. E. ; on trouve en divers endroits , etnotaniment dans le voyage de(iray et Dochard , la preuve que Koussay est bien en effet dans le S. E. de Medina; or cette derniere ville, com- prise dans I'itineraire de Pisania a Joag, tombant vers 13" 43' de latitude, il serait absurde d'adniettre le pas- sage du Nerico par 14° 4'> ^t moins encore par i4" 18' comme le veut Bowdich. Badou, par i3° 21', est de pres de 45' au N. du point qui lui correspond dans le premier voyage construit par Rennel; or il resulle des renseignemens recueillis par Mungo-Park, dans son second voyage, tant a Badou meme qua Beniserayl , que la distance de Badx)u a Laby dans le Fouta-Ghialon, est de trois fortes journees ou de cinq moyennes , ce qui ne peut eire evalue, au maxi ■ mum, qu'a t,o milles geographiques; or Laby se trou- vant, d'apres des calouls que j'ai exposes ailleurs, par 11" 26' N. , il en resulterait, dans les conditions les plus ( 8^ ) favorables, une distance de ii5 milles geographinuos , ail niininium, eritre ces tieux points ; ce qui est ahsulu- inenl inadmissible. II en faut dire autant de Beniserayl, qui, place ega- leiuent a irois lories jouineesde Laby, ne saurait se trouver par ime latitude de i3^ 22 , d'ou resulterait une distance de 116 milles au minimum. Mais une preuve, plus trappante que toules ies au- tres, du pen de conllance que I on doit avoir aux obser- vations qui nous occupent,c'est la cboquante difleience de deux latitudes qui devraieni etre identiques : je veux pailer de celles de Satadou sur la Falenie, I'une de i3" i4' 43", et I'autre de 12° 3x' 35". Cette derniere s'ac- corde tresbjenavec la construction , faite parRennel, du premier voyage de Park , tandis quelle presente une anomalie remarquable dans la serie generale des autres latitudes. La premiere, au contraire, est en parfaite har- monic aveccelles-ci , et, commeelles, se mainlientii une grandodistanceaunordde la iigne construitepar llennel. II nest point douleux que la latitude donnee par la deuxieme observation ne soit preferable a la premiere, qui apparticnt a un systeme de positions ou j'aiindique tout-a-l'heure plnsieurs points evidemment fautifs. Or il est a remarquer que la seconde observation est que hauteur meridienne de Jupiter, tandis que loutes Ies precedentes sont des hauteurs solairesj et que le dou- ble angle de hauteur incsure en dernier lieu a Satadou n'excede point la porlee ordinaire dun sextant, tandis que tous Ies autres depassent de beaucoup cette portee; et cependant Mungo Park a du employer pour tous le meme instrument (un petit sextant de poche). Ne serait-ce point dans cette distinction ties impor- tante des angles au-dessous et des angles au-dessus de ( 83 ) I20° que gk la demarcation generale a etablir entre les observations adniissibles et celles qui ne meritent point de confiance? II y a tout lieu de le penser. Etd'abord, en effet , on doit natuiellenient regarder sinon coninie bonnes, au moins connue peu susceptibles d eiieurs graves, des hauteurs prises directement, soit al horizon artificiel , soit a ! horizon visuel , avec un instrument specialement destine ad hoc. Les cinq observations de Satadou , Secoba, Koulikorio, Yamina et Sami appar- tiennent seules a cette categorie. Dans I'autre classe d'observations , au contraire, I'er- reur a dii etre d autant plus facile, que i'angle a mesu- rer n'a pu etre obtenu qu'au nioyen de quelque procede insolite, et sans doule coniplexe, puisque la portee de I'instrument ne s'etend point au-dela de 120^. II ne sera point sans interetde rechercher comment s'y est pris notre observateur pour mesurer ces doubles hauteurs solaires de ibg" a 177°. Voici ce qu'il en dit lui-meme dans son journal, sous la date du 17 mai : « J'ai essaye d'obtenir la hauteur « meridienne du soieil , au moyen de 1 observation « par derriere [back observation) avec mon sextant de « poche de Troughton; et apres avoir soigneusement n examine la niarche de I'astre tant en montant qu'eu n descendant, ainsi que les intervalles entre chaque ob- « servation , je suis demeure convaincu qu'on peut arri- « ver a une grande precision , et qu'il ne laut pour cela « qu'une main ferme et une attention soutenue. Cela a « ete pour moi dun grand secours; car, apres avoir « guette peniblement la passage des etoiles fixes, il m'ar- n rivait souvent d'etre surpris par le sommeil au nio- « ment ou elles etaient au meridien. « Ce n'est point tout d'un coup qu'il m'a etepos,sible de (84) coniprendre ce passage , et j'ai vu un habile astronoine que je consultais a ce sujet, rester court coninie nioi ; car couimenl concilier lidee dune observation por cletriere, avec celle do I'eniploi d'un horizon artificiel , enipioi constate par la double grandeur de Tangle? un tel concours est en efiet rigoureusement impossible. Mais une meditation attentive ni'a fait trouver la solu- tion de cette enigme, qui ne signifie autre chose sinon que I'observateur a fait usage du petit niiroir de sup- plement habituellement consacrea prendre hauteur par- derriere, et que c'est a travers la partie non etamee de ce petit miroir qa'il a vise par devant I'image du soleil reflechie dans I'horizon artificiel, pour la mettre en con- tact avec I'image semblable refl^chie par le grand miroir sur la partie etamee du petit. Pour la complete intelligence de la solution que je viens d'indiquer, et des consequences qu'ilyalieu d'en deduire, quelqties explications succinctes sont ici ne- eessaires. Tout le monde sait qu'en visant I'horizon a travers la partie non etamee du second miroir dun octant , et ra- menant sur la partie etamee, au nioyen dune double reflexion , I'image de I'astre a observer, on obtient di- rectement la hauteur de cet astre au-desstrs de I'horizon, jusqu'a un maximum de 90°. Que si, faisant usage du troisieme miroir ordinairement adapte a I'instrument, on vise le cote oppose de I'horizon, toutes circonstan- res demeurant d'ailleurs les memes, on mesure alors en realite le supplement a 180° de Tangle de hauteur donne par Tobservation directe, bien que Tusage soit de comp- ter, non ce supplement lui-meme, mais Tangle de hau- teur qu'il y a lieu d'en conclure, et que marque en eff'et la numeration unique du limbe. II est bien entendu que ( 85 ) si, au lieu de viser rhorizon , on vise 1 'image tie lastie rellecliie dans un horizon artificiel , Tangle de hauteur effective ne sera que la moitie de Tangle indique par Tinstrunient. Tout le nionde sait egalement que la position nor- male du second miroir est d'etre exactement parallele au plan tlu miroir principal lorsque Talidade est fixee sur le point du zero du limbe, el que la position nor- male du troisieme miroir ou petit miroir de supplement est d'etre exactement perpendiculaire sur le plaTi du miroir principal, Talidade etant pareillement sur zero. Les sextans sont, le plus ordinairement, depourvus du troisien^e miroir. Dans ceux ou le miroir supplemen- taire existe, sa position est generalement la meme que dans Voctaiit, en sorte que Tobservalion directe don- nant les angles de hauteur depuis zero jusqu'a 120°, Tobservalion parderriere donne, en faisant retrograder Talidade, les angles supplementaires depuis 60° jusqu'a 180°. Mais il est des sextans dune construction particu- liere, ou le petit miroir de supplement affecte une po- sition telle, que, formant angle droit avecle grand mi- roir, lorsque Talidade est sur 60° du limbe , il donne Tangle de I'io" en meme temps que le second miroir, et Tangle de 240" sur le point zero de Tobservalion directe. Une seconde numeration, placee sur le limbe a rebuurs de la premiere, sert a compter les angles ainsi mesures. J'ai trouve dans un memoire inedit du general Badia (le fameux Aly Bey) la description dun sextant de poche anglais dune semblable construction (1). II y a lout lieu (i) « Je fais mes observations avec un sextant de|)ocLe de vingt « lignes de rayon depuis le centre de I'alidade jusqu'au point de col- (86 ) (le pciiser que 1 instrument de MuiigoJ^ark etait pareil a ceini de Badia. Or, on conrnittont d'ahord coml)ien, dans une telle disposition des niiroirs, il doit etre epineux de verifier et retablir I'exacte situation norniale du petit miroir de siipplenient , comhien par consequent I'erreur est aisee acomniettreet difficile a relever. Et cette reniarqiie acquiert nne nouvelle force si Ion considere que I'in- strunient elait de diniensions tellemerit exi^^ues, que la longueur de I'alidade offrait probablenient un rayon inoindre de deux pouces. i^' Et cependaiit Mtingo Park reclame pourles oi)serva- tioiis ainsi obtenues, la meme confiaiice que pour les observations directes : « Dans le cas, dit-il a la fin d«? « son journal, dans le cas ou Ton serait porte a douter « de I'exactitude des latitudes obtenues au moyin de « robservatioii par derriere faite avecle sextant de poclie « de Trcjughton, je crois oonvenable de declarer qu'a " Sansanding j al allcrnalivement employe I'obscrvalion « direcle a I'horizon de la riviere, et I'observation par « derriere soit dans I'eau , soit a I'hori/on artificiol ; et " que je n'ai jamais trouve plus de 4' ^*^ difference, « mais generalement beaucoup moins. » Peutetre, en effet, les dernieres observations ainsi Hmation du nonius on vernier avec rochelle, ct un horizon en verre " colore de vingt-quatre lignes de diainetre. J'acliutai ces instrumens ■ a Londres en I'annee i8o3. — L'eclielle du sextant arrive a lao de- « gres, et de l.i2..53 « Avance de la montre o.. 3. .35 ( ff« ) n Longitude d'apres trois series d'observations fiiiles " le matin suivanl afin de trotiver le lempsvrai dii lieu, « 13" Q 45" O. « II est difficile de se rendre conipte dune telle diffe- '< rence dans la marche de la montre pendant le couis " dun mois; niais 1 excessive chaleur et le mouvenient « du cheval y ont peut-etre contribiie; car je regarde « mon observation d'immersion comnie exacte. » a° Pr'es du Marigot des Aheilles {Bee-creek^ ^ le 26 niai. « Pendant la nuit, je pris le telescope pour reglcr \\\\\ " montre sur le temps de Greenwich, au nioyen dune « observation d'eniersion du second satellite de Jupiter. " M. Anderson tint la montre, et je restai an telescope « une demi-heure dans I'attente, afin de ne pas man- « quer ['observation : •■ Emersion du satellite, a la montre 1 1 '' 49 "■ if!' <• Emersion , d'ajiri^s le Nauti- cal almanak lT..49-*5l « Equation — o.. 3. .at Temps moyen a Greenwich . 1 1 . . 4f> • . 3o 1 1 . .46. . 3o ■■ Avance de la montre a. .46 « Hauteurs du soleil, a 1 horizon artificiel et a la mon- « tre , prises le meme soir pour determiner le temps « vrai : < 5 h 5 7 <" 1 '> • . 5. .58.. o .. 5. .58. .4a 3o" l!^ 3o 14 29 43 6h 4'" i5» 6. .5.. o 6.. 5.. 35 27 II 2'>.5l 26.36 fit. fill 54» [25'' 56' 6. .7. .34 a5.38 6. .8. .i3 25.20 « Longitude 43'" 56' en temps, ou 10° Sp' ouest. >> 'S° j4 Fajemnu'a , le \'j juin. n Ob.serve une emersion du premier satellite de Jupi « ter; (9' ) "Temps, a la inontie, i3'' 6'" iS". « Le i8 juin , hauteur a Ihorizon aitificiel, pour le « temps vrai : .. 6^ 25 "> 35 s « 6. . 26. . i3 « 6. . 26 . . 5 ( t9°36' i' 6I1 27"' 4i« 19.28 ' fi .28. . 19 19. 5 , 6.28. . 5o i8"43' 6^ 29™ 39' 17049' 18.24 6.30..23 17. 3o 18. 12 6.30..48 17.19 « Loiiojitude non encore calculee. » 4° -^ Konhomo , Ic "xG juin. « Presumant que nous aurions une occasion favorable « d'observer une eclipse du premier satellite de Jupiter, « je pris les hauteurs suiyantes pour le temps vrai : . S"" a5'" 55 • • 5 . . 26. . 53 « 5 . .27, . 37 45° 36' 1] .'.'■3o«n 2« 45.13 43^47' 43.28 43. 10 I 5h 36m 22* 5.37.. 3 4o''55' 40.35 5.37. .44 140.17 5. 3o. .42 44.55 ij 5.3i..25 " Observe I'emersion du premier satellite de Jupiter: •■ A la montre g"" 26 ■" ao" • Temps , d'apres le Nautical alinanak. g..24..53 « Equation -)- c 2..i5 Temps moyen a Greenwich . 9.. 27.. 8 9. .27. Retard de la montre . .48 « Longitude Sa" 24" ou 8° 6' O. « « Le 27 juin , la nuit etant ciaire, observe I'emersion « du second satellite deJupiter(sur lariveest du Ba-Fing): « Emersion a la montre 1 1 'i a5 "' 55 • « Temps , d'apres le Nautical almanak i i . . 24. . 4o - Equation -f- o. . i . . 53 Temps moyen a Greenwich . 1 1 . . 26 . . 33 II. .20. .33 Retard de la montre o. .38 (9^ ) 5" All passage (In PalFoulimn , le igjuillet. " Observe les emersions suivantes des satellites de Ju- '< piter : « Emersion dn troisi^me satellite, a la montre. i8« « Retard de la montre. . . i"' b5' Emersion du premier satellite , a la montre. « Retard de la montre. . . 2. .34 9'' 25 g. .36. . 10 « Le 20 jiiillet, hauteurs pour le temps vrai I - b gm42' 7« IO»26 7-ii« 3 •■ 7h6"4.')» « 7.7«25 .. -.8. o 21 21 21 -40 2i«55 22"42' 7l>l3mio' 24"i8'| ^hi6inj^» 25»49' 23« 2 :-i3.4', 24.33 -.17. 0 26. 3 a3.i8 7t4-i'i 2 4- '.6 7.17.30 26.16 n Longitude 5° o' i3"0..> Avant de reprendre un a un ces divers points pour les soumetlre a un examen special, il convient de re- chercher, dans I'ensemble desdonnees, quelque lumiere sur la marche de la montre du vojageur. II resulte des quantites ecrites dans I'observation de Manjalli TabbaCotta que 5"' 48' exprimeraient la somme des retards diurnes depuis Londres, c'est-a-dire depuis les derniers jours de Janvier jusqu'au 16 mai, ce qui peut etre evalue de no a 1 15 jours, et suppose des-lors un retard diurne dVnviron 3' d'apres la marche ob- servee a Londres. A Kayi , le retard total avait augmente de 5'; et a Manjalli Tabba Cotta , I'heure de la montre , corrigee de la somme des retards diurnes depuis Londres, et de Taccroissement de retard reconnu a Kayi, offrait en- core, sur I'heure de Greenwich donnee par le Nautical almanak , un retard de 23' en sus pour les 20 jours ecoules depuis Kayi; en sorle que le retard diurne se trouvait porte, pour ce dernier intervalle , a un pen plus de 4 . ( p^n Une telle inarche eut sans doute ete satisfaisante , si elle se fut reguliereinent condnueej mais la suite Cut loin de repondre a ces premiers resultats. La comparaison du temps des tables pour linstantde chaque eclipse , avec I'heure que marquait la montre au moment de I'observation du nieme phenomene, four- nit une serie de differences d'ou se peuvent deduire les re ml tats successifs de la niarche de la montre pendant le temps ecouie dune observation a I'autre. En voici le tableau resume. 1 DATES DlFPEfiEPCSS UURBE MARCHE de la Diontre TOT ALE MARCUB d-l 5ur ie temps drs de i.t montre pourchuque OIUBSB. observalioiis. des ublef. ialerTallea. interTalle. 1 6 mai i8o5. + 6-" i6' 9 ir»2 2 '■ At: &-°4i^ Av: 34S43 16 id. id. + 0..35 i7Juin id. 2 2.. I Av : 5.38 Av: i5, 33 — 5 . . 3 8. .20 Rel:3.36 Ret: 24, 44 ■id id. id. — I. .27 I . . 2 Ret : 0. 12 Ret: 11,08 2 7 id. id. — i..i5 rgjuil. id. j + ...55 - -i I . .11. < Ret: 3.10 Ret: 8,67 + I. .34 i ( Ret -.3. 49 Ret: 10, 44 On voit que depuis Manjalli Tabba Cotta, la marche de la montre devint tres forte et tres irreguliere, et qu'en rapportantau moment de lobservation de chaque eclipse, le retard ou I'avance deduite des angles horaires du matin ou du soir, il est indispensable detenircompte de la inarche pendant I'intervalle, qui est quelquefois assez considerable, puisqu'il depasse 17 heures dans I'observation du lyjuin, el 29 heures dans celle du 27. Je vais porter successivement mes investigations sur chacune des longitudes observees. { 94 ) Munjalli- Tahha-Cotta. Oil voit que I'observaiion de longitude faite en ce lieu nest consignee qu'ea partie dans le journal de Mungo-Paik, et qu'apres avoir note I'heure de rimmer- sion a la. montre, le voyagenr n'a point ecrit les hau- teurs prises pour determiner I'heure du lieu, se conten- tant d'enoncer son resultat. Ici done nul nioyen de con- troler directcment ce resultat , ni de determiner la rectification precise dont le calcul de I'observaleur peut etre susceptible; mais les donnees incompletes qui se trouvent consignees en cet endroit de sa relation suf- fisent du moins pour demonlrer que ce calcul est enta- che de plus d'une erreur. II est en effeta observer, en premier lieu, que les i4 '' 16"' 5i* transcrites du Nautical almanak ^ sont \e temps inoyen de Greenwich, et non le temps vrai, comme se Test, par megarde , imagine le voyageur, qui y a des-lors applique a tort )a correction soustractive de Vequation du temps. Si cette erreur etait la seule que Park eut conuiiise dans son calcul, il suftirait, pour la rectifier, de fnire subir au resultat une correction addi- tive egaie a I'equation du temps qui a ete soustraite, c"est-a-dire de 3" 58* de temps ou Sp' 3o" de degre; ce qui reporterait la longitude de Manjalli-Tabba-Cotta , de i3''9' 45 a i4' 9' i5 O. de Greenwich, ou 16° 29' 1 5" O. de Paris. Mais il est evident qu'un tcl resultat est inadmissilile , puisque le point auquel il s'applique , et que les dociunens itineraires doivent faire conclure a 4o milles environ dans le S. E, de Medynah de Oully, che- vaucherait dans 10. de cette ville, placee elle-nieme avec assez de precision a 16" 19' O. de Paris, ainsi que jel'ai expose ailleurs. ( 95 ) L'erreur relative a leqiialion du temps n est done point ici la seule; il en existe aussi necessairement dans la determination de I'avance de la montre sur le temps du lieu. Quelle que soil cette quantite, dont le voyageur n'a point consigne le chiffre dans son journal, elle a ete ob- tenue en coniparant 1 heure que marquaii effectivement la montre a I instant dune observation de hauteur so- laire, avec I'heure conclue de cette menie hauteur au nioyen d un calcul dangle horaire dans lequel intervien- nent comme elemens la deelinaison soiaire et la latitude du lieu. Je suppose volontiers que le calcul a ete fait avec justesse. que la hauteur observee (directenient) etait bonne, et que la deelinaison convenablea ete em- ployee; mais quant a la latitude estiniee , elle a ete na- turellement deduite de la latitude observee a Faraba , d'o'i il suit qu'elles'est trouvee necessairement entachee de la nieme erreur que ceMe-ci, c'est-a-dire d'un degre environ en exces vers le nord. II s'agit maintenant d'apprecier I'influence que cette erreur de latitude a du exercer sur Tangle horaire; et ce probleme est d'autant plus difficile a resoudre d'une nianiere satisfaisante , que Tangle horaire est absolum nt inconnu; mais du moins ne somnies-nous pas sans au- cun moyen de Testimer approximalivement; car dun cote le lever du soleil , et dun autre cote le depart de Manjalli-Tabba-Cotta , posentles limites extremes entre lesquelles il doit se trouver : or le soleil ne s'est leve en ce lieu , le ly mai, qu'apres cinq heures et demie; et d'autre part le voyageur, arrive avant niidi a Bray, apres une marche faligante de 12 milles, avail du partir de Manjalli-Tabba-Cotta avant sept heures du matin. Cest done, selon toute apparence, vers six heures qu'il prit (9^) hauteur. Dans ces conditions un abaissement de latitude d un degre doit augmenter d environ 20' iangle ho- raire, et par suite diniinuer de pareille quantile 1 avance de la montre, ainsi que la longitude. Cette nouvelle correction placerait Manjalli-Tabba- Cotta vers 16° 9' O. de Paris, a environ 2'-> niilles dans le S. 1/4 S. E. de Medynah, c'est-a-dire foit loin encore de la position que lui assignent les conditions itinerai- res. II en laut conclure que, outre les deux erreurs que j'ai pu signaler, il en existe encore quelque autre dans les calculs de I'observateur, et que I'absence des donnees que I dont il a fait emploi oblige de renoncer a la rectification du resultat par lui indique. Passage du Marigot des Aheilles fBee-creek). lei du moins le journal du voyageur a heureusenienl conserve toutes les donnees essentiellespour la fixation de la longitude. On voit reproduite en cet endroit I'er- reur que j'ai deja relevee quant a Li nature du temps des tables du Nautical Ahnanak. Du reste Park ne donne point son calcul dangle horaire, ni meme 1 henre du lieu qu'il en a deduilej mais il est aise d'y suppleer au moyen des memes elemens qu'il a employes. La hauteur nioyenne resnitante des trois series d'observations etant de i3° 4^' 17'' a 6'' '^"' 3o* de la montre, le 26 mai au soir, et la latitude observee etant de i3^ 32* 45' N. , MuMgo-Park a dn en conclure un demi-angle horaire de 4o° 1', ce qui lui a donne, pour I'heure vraie du lieu, 5'' 20" 8'. Essayons maintenant, a I'aidede cette determination et des autres donnees recueillies par le voyageur, de re- (w ) construire la serie d'operations auxquelles il se sera llvre pour arriver a la longitude de 43™ 56' de temps a 10. de Greenwich, que porte son journal. Voici incontesta- bleoient quelle a du etre sa maniere d'operer : Heure viaie du lieu de I'observation Si'ao" 8« Equation du. temps — 3 . . 20 Heure moyenne du lieu 5. .16. .48 Heure de 'a moiitre 6 . . 3 . . 3o Avance de la montre sur le temps du lieu. . . 4(j. .42 Avance sur le temps de Greenwich 2 . . 46 Longitude a I'ouest de Greenwich 43. .5(i Sans relever en detail les diff'erentes rectifications dont le calcul de notre voyageur est passible dans ses diverses parties, je vais simplenieiit resunier ici mon propre calcul. Les nioyennes des trois series de hauteurs prises le 26 niai au soir, par une latitude que j'eslinie a 12" 48' N. , me donnent,pourravance dela montresurle temps nioyen du lieu , 4711. 55 s 47 '"48' 47"'43» Ces trois quantites sont un peu divergentes j je choisis la seconde, qui est a-peu-pres moyenne entre les deux autres ; il y a lieu de lui appliquer, pour .5 1^ 45"'d'in- tervalle jusqu'au moment de I'eclipse, une correction additive d'environ 4% a raison d'une avance diurne de i5' 1/3. Avance de la montre sur le temps moyen du lieu, o •' 47 ■" 5a • Heure de remersion d'apres la montre i f . . 49. . 16 Heure du lieu a I'instant de I'emersion i r . . i . . 24 Heure de Paris d'apres la Connaissance des temps (temps moyen) 11. .59. . n Difference des meridiens, en temps 57. .47 Longitude a I'ouest de Paris 14° 26' 45' ( 9« ) Mungo-Park a trouve la longitude tie ce point par lo" 59' O. (le Greenwich, soit iLI" ly'O. tie Paris; la rectification dont ce resultat est passible s'eleve done, en definitive, a plus d'un degie vers 10. Dans le calcu! qui precede, j'ai employe I'heure de liniinersion a Paris, telle quelle est donnee par las ta- bles de la Connaissance rles temps ; elle offre un assez haul degre de precision pour qu il soil raisonnable de s'en contenter. Desireux toutefois de parvenir, sil etait possible, a une exactitude plus rigoureuse, je n'ai point neglige la recherche des observations du nieme pht^no- mene qui auraient ete faites dans !es grands observatoi- res connus; mais j'ai consulte sans fruit a cet egard les additions de la Connaissance des temps , et le recueil de Maskelyne; les Ephenierides de Coinibre ni'ont seules offert une observation isolee, f'aite a Lisbonne par M. Ciera, directeurde I'observatoire royal de la marine, et presentee comine douteuse : elle donne I emersion a 1 ih lym 24', temps vrai de Lisbonne, soit 11'' 59'"53*, temps moyen de Paris, ce qui porterait la longitude du Marigot des Abeilles a i^' 3y' i5" O. Incertain sur le degre de precision de 1 observation sur laquelle s ap- puie ce resultat, je n'ose le preferera celuique procure (0 I'heure des tables, (i) (1) Une autre obseryation correspondante , faite a Prague par I'astronoine David , et rappor ee dans le Recueil d'observations as- tronomi(jues de Triesueker, mais qui ne in'a ete conuue que parle memoire de M. (Jltmanus, donue rcmersion a ia''5i"' 2y' temps vrai de Prague, soit 1 1^ 59°' 48' temps moyen de Paris, ce qui re- porierait la longitude de Bee-Creek a f4° 3j 35" O. ( 99 ) Fajeininia. la longitude de c;e lieu n'a poinl ete calculee par I'ob- seivateur, ni par personne autre, que je sache, l)ien que tous les elemens necessaires soient consignes dans le journal. Voici le resume de mon operation. Les nioyennes des Irois series de hauteurs prises le i8 juin au soir, par une latitude que jeslime a 12° 48' N. , medonnent, pour lavancede ia montresur ie temps nioyen de Fajemmia, ■■••^"■ 47"" o^ 46"' 57" 4()U> 42". Laissant de cote la troisieme, qui s'eloigne beaucoup des deux autres, je conclus de celles-ci une nioyenne de 46'" 58% qu'il y a lieu d'augrnenter de i8^ pour ij '' 22"" dintervalle depuis I'instant de leclipse, a raison dun retard diurne de 24' 1/2. Avaiice de la montre sur le temps moyen du lieu, o'' 47 "' iii» Heure de reniersion suivant la montre i3. . (i. . i5 Heure dc Fajemmia a I'instant de I'emers'on ... 1 2 . . 1 8 . . 5g Heure de Paris d'apr6s la Connaissance des Cemps . 1 3 . . i o . . 3a Difference des meridiens , en temps 5 1 . . 3 ', Ijongitude a I'ouest de Paris 12" 53' i5" Dans le but de substituer a I heure calculee des tables , 1 heure donnee par des observations correspondantes, j ai releve celles que j ai trouve consignees dans les re- cuoils les plus accredites, et choisissant celles qui m'ont paru presenter le plus de garant es , je me suis borne aux trois suivantes, savoir : 1° Vneexcellente observation faite a I'observatoire de Viviers, par M. Flaugergiies , correspondant de I'lnsti- tut, et donnant I'heure de I'emersion a i3'' 19"' 4^% (' lOO ) temps inoyeri de Viviers, soil i'5^ lo'" 19* temps moyen de Paris; 2" Une bonne observalion faite a Lisbonne par M. Ciera, et dormant I'lieure de lemeisioii a 12I1 23™46* temps vrai de Lisbonne, ce qui revient a iZ^ 10° 16* temps moyen de Paris; 3" Une observation faite a Coimbre par le reli<^ieux Fray Luiz do Coracao de Maria, I'un des astronomes at- taches a I'observatoire de celte universite celebre , et doniiant I'heure de Temersion a 12'' 2^™ 17' temps rtioyen de Coimbre, correspondant a i3'' 10'" 16' temps moyen de Paris. De ces trois observations concordantes, j'ai conclu une heure moyenne de i3'' 10'" 18'. La longitude de Fajenmiia, rectifiee a I'aide de cette nouvelle base, est de 12" 49'45''0. Konkromo. Dans ce lieu, Miin go-Park a observe deux emersions, I'une du premier, I'autre du second satellite de Jupiter, et pour cliacune il a renouvele I'erreur que j'ai deja ite- rativement signalee dans ses premiers calculs, sur la na- ture du temps donne par les tables du Nautical J Ima- nak. Quant aux operations par lesquelles ii a j)u airiver a une longitude de 8" 6' O. de Greenwich (10'' 26' O. de Paris), j'avoue que mon intelligence ne pent parve- nir a s'en rendre compte. Au surplus, voici mes propres resul^ats: Emersion du premier satellite, le afi juiu, ;> la montre 9 '' aO " ao • Suivant la Connaissance des temps 9..34..13 Retard de la montre sur le temps moyen de Paris. 7 . . 53 ( loi ) Cette obsei'vation ayant ete faite 3 h. 55 m. apres celle des hauteurs pour Tangle horaire, se trouve entachee du retard proportionnel afferent a cet intervalle dans le retard diurne de 24* 1/2 ; il y a done lieu d'ajouter 4* a Iheure de la montre, ce qui reduit le retard de celle- ci sur le temps de Paris, a 7"" 49*- Emersion du deuxieme satellite, le 27 juin, a la montre ii'> 25™55» Suivant la Connaissance des temps 1 1 . . 34 . . o Retard de la montre sur le temps moyen de Paris. 8 . . 5 Cette deuxieme observation ayant eu lieu ^cj^ 46"" apres celle des hauteurs pour I'angie horaire, doit etre corrigee du retard proportionnel afferent a cet inter- valle, a raison dun retard diurne de ii^j il faut done ajouter i4'«^ Iheure de la montre, ce qui reduit le re- tard de celleci sur le temps de Paris, ay" 5i'. Les moyennej des trois series de hauteurs prises le 26 juin au soir, par une latitude de i?>° I'j' 26" N. (observee a Secoba sur le meme parallele), donnent pour I'avance de la montre sur le temps nioyen deKon- kromo , 4 am ^« ^i m 58 » ^2 "• o». 1 = Avance moyenne o'" 42 Retard moyen sur le temps de Paris 7 , . 5o Difference totale des meridians 49"" 5i • Longitude a I'ouest de Paris 12° 27' 45" Je n'ai trouve d'observations correspondantes que celles notees ci-apres, savoir: Pour I'emersion du premier satellite , le 26 juin, une bonne observation, faite a Paris par M.Bouvard, membre du bureau des longitudes, el donnant 9^ 33.11 3^*^ ^^ ( ^l^1 une observation cle M. Cii'ia, cle Lisboniie, donnant 8'' 4^"' i^' temp* vrai de Lisbonne, ce qui revient a q'' 33'" 3 1' icinps moyen de Paris; dou i'ai coiicbi I'bcure nioyeiine de y'' 33" 33' ; Pour lenjersion du deuxieiiie satellite, le 2.y juin, line excellente observation de M. Flaiigergues, de Viviers , donnant ii''42'" 54' temps moyen de Viviers, soit III* 33" 3i' temps moyen de Paris. En faisant usage de ces donnees au lieu de celles que m'ont fournies les tables de la Connaissance des temps , la longitude reclifiee de Konkromo se trouvera par 12° 19' I 5". La correction applicable a la longitude calculee par Mungo-Park s'eleve done ici a pres de 2 degres vers louest. Passage du Ba-WouUma. En cet endroit encore, deux emersions ont ete ob- servees, et cette fois du moins le voyagetir n'a point commis sa meprise ordinaire sur le temps du Nautical almnnak. Mais,du reste, ici coinme a Konkromo , j'ai fait des efforts superflus pour deviner comment, aver les donnees qu'il enonce, Mungo-Park est arrive a une longitude de 5^ o' x3" O. de Greenwich (7" 20' i3" O. de Paris). Ainsi que je I'ai fait pour les observations precedentes, je place ici le resume de mon propre calcul : Emersion du troisifeme satellite do » Jupiter, .i la montre g^ ,5 m ig • v i i ■" i5« Suivant la Connaissance des temps. . 9. .3fi. .33 ) Emersion du premier satellite, a la montre 9 . . 36 . . i o ) it 5.i SuivSint la Connaissance des temps . 9..4S.. 4 ) Retard mojen de la montre sur le temps de Paris, 11. .34 ( lo.) ) Ces deux observalions out etc failes 9'' 47'" t^t 9 '' 36"" avant celle des hauteurs pour I'angle horaire ; la inarche de la montre offrant un retard diurne uioyen de 9' 1/2, c'est a-peupres 4^ qui' f^"t retrancher de I'heure de la montre, ou ajouter a son retard moyen sur le temps de Paris, ce qui porte ce retard a 1 1™ 38*. Les moyen nes des quatre series de hauteurs prises le 20 juillet au matin, par une latitude observee de i4" 2' 23" N., donnent pour I'avance de la montre sur le temps moyen du lieu, 35m 23,3. 35" i3». -35™ i',7 34"'59». On voit que la seconde de ces quantites est a rejeter ; les trois autres produisent une moyenne de 35'" i\ Avance de la montre sur le temps rlu lieu .... o '> 35 "• i' Retard moyen sur le temps de P.nris 1 1 . 38 Difference totale des meridiens 46n'39' Longitude a I'ouest de Paris 11° 39'45" Les observations correspondantes a celle du troi sieme satellite, que m'ont offertes les Ephcmerides de Coimbre, et les Additions de la Connaissance des temps ^ presentent entre elles des divergences qui vontjusqu'au- dela d'une minute; les unes donnent I heure de I'emer- sion moindre que celle des tables, les autres la donnent plus forte; aucune, au surplus, nest recommandee a la confiance par quelque annotation de I'observateur : je n'hesile done pas a maintenir I'heure des tables comme offrant plus de chances d'exactitude. Quant a Fetnersion du premier satellite, les observa- tions correspondantes que j'ai recueillies aux memes sources, concordent mutuellement a quelques secondes pres, et donnent sans exception I'heure moindre que ceile des tables : une correction en ce sens sera done ( »«>4 ) ici pleinenient justifiee. Je choisis , conime offrant la nioyenne a-peu-pres exacte de toutes ces observations, I'heure de 9'' 4"° 26' ohtenue a I'observatoire de Paris par M. Arago. En reprenant nion calcul pour y taire eniploi de cette nouvelle donnee, j'arrive a line longitude rectifiee de 11° 35' i5" O. , pour le passage du Ba-VVoulinia. Ici la correction vers I'ouest a taire subir a la deter- mination de Mungo-Park, est enorme : on voit qu'elle atteint qiintre degres et nn quart I.... En resume les corrections que j'ai fait subir aux lon- gitudes observees par Mungo-Park, produisent les re- sultats suivans : Marigot des Abeilles 14° 26' 45"0. de Paris. Fajemniia 12.49-45 Konkromo la.ig.iS Ba-Oulima ii.35.i5 Ces chiffres, loin d'etre dementis par les documens iti- neraires, s'accordent au contraire sans embarras avec leur construction raisonnee telle que je I'ai exposee dans un autre travail. Je m'arrete. J ai accompli la tache que je m'etais pro- posee dans ce memoire particulier : j'y ai reforme tous les calculs vicieux qui abondent dans la portion astro- riomique du dernier voyage de Mungo-Park en Afrique; j'ai opere 1 indispensable triage des observations admis- sibles et de celles qui doivent etre reprouvees. J'ai ainsi restitue a la science un document precieux, qui demeurait perdu pour elle sous la croute d'erreurs dont I'ignorance et la routine le raaintenaient enveloppe. *A ( io5 ) Voyage dans Vinteriew de la Guyane , par MM. Adam DE Bauve et P. Ferre. Suite, (i) Les carbets ou cases ne manquent pas d'elegance : ils sont eleves de i5 a ?,o pieds, et quelquefois plus, au-dessus du sol. Lacouverture est bombee, et presque toujours en feuilles de ouaille ( espece de palmiste ) ; elle est reniarquable par sa legerete. D'autres carbets peu eleves entourent la case principale. II y en a ordi- nairement un qui sert a recevoir les etrangers ; dautres a grager le manioc, a loger les chiens, etc. Une quan- tite de ravets et de petites mouches desolent la plupart des etablisseniens : elles entrent dans les yeux, et redou- blent d'iinporlunite a I'heure des repa.s. Les Oyampis, quoique frequemment dans I'eau , n'en sont pas nioins en proie a la vermine. Rien nest plus degoutant que de les voir assis par rang de taille, s'epluchant mutuelle- ment. Les poules sont tres nombreuses ; nous n'avons pu savoir d'ou elles proviennent. Toujours estil que, dans leurs habitudes, elles different essentiellement des especes domesliques, n'ayant qu'une saison pour pon- dre. II est rare de ne point trouver chez chaque Indien beaucoup d'animaux prives, tels que hocos, agamis , marailles, coullouirs , perroquets de diverses especes, haras , etc. On y voit aussi des patiras et des maij pou- ris, mais plus rarement. Outre les soins du menage, I'entretien des abatis, les femmes font aussi les hamacs, les calimbes de coton de (i) Voir les numeros 126 et 127 de la premiere s^rie. 8 V ( io(> ) leurs maris : elles filent le cototi avec une espece de quenouille. Elles soiit aiissi chaigees d'aller chercher le glbier que leur mari a tue , souvent a de grandes dis- tances. Lear condition est un esclavage dont rien n'a- doucit la rigueur. Les Oyampiscultivent aussi une variete de ma'is dont les grains sont jtimeles et de couleur ^iolette. An fond, le caractere de ces Indiens n'est point me- diant. Dans I'ivresse, ils deviennent lurieux et sont capahies de se porter aux plus grands exces ; mais, ce moment passe, ils sont tres doux. Us ne sont nullement enclins au vol. Ils n'ont point de portes. Leurs cases sont toujours ouvertes. Nous avons souvent laisse a la disposition deceux chez lesquels nous passions des ob- jets a leur convenance, jamais rien ne nous a ete derobe, nieme apres avoir refuse I'objet qu'on nous demandait. Le seul individu dont I'importunite serait a charge, s'il avait quelque puissance , est ce Wananicka, dont j'ai pirle. Tier d'avoir ete nomme capitaine par le baron Milius, il sut pendant quelque temps se rendre redou- lable a ses voisins. Ayant recu en present des armes et de la poudre, il s'etait porte a des exces qui eloignerent les Indiens de lui. La crainte qu'il leur avait inspiree fut telle, qu'ils prefererent le fuir, n'osant Ic punir, le croyant appuye par les blancs. Ce miserable assassina, entreautres, un Portugais blanc , refugie dans linte- rieur, ou il etait marie et avait des enfans, d'apres des ordres qu'il avait, disait-il , recus. Peu de temps avant notre arrivee, il avait chez lui deux negres qu'il avait arretesj il s'en faisait servir. Craignant qu'on n'cn fiit informe a Oyapock, il leur procura le moyen dt^ se reti- rer dans les terres. On n'a pu me dire positivement ce qu'ils etaient devenus^ peut-etre font-ils partie d'une ( »07 ) bande dont nous avons eu connaissance , et dont je parlerai plus tard. De la langue Oyampis. Cette langue est pauvre, conime toutes celles des peuples qui ont peu d'objets a exprimer. Les voyellesy sont tres frequentes. Les substantifs et les adjectifs y sont indeclinables , sans difference de sin^ulier ou de pluriel. Les verbes sont invariables dans tous les temps. La prononciation est rude et gutturale. Les noms de nombre ne s'elevent pas au-dessus de cinq , qui sont : Pessou Un. Moncongue Deux. Mapour Trois. Moypente Quatre Jateute Cinq. Pour exprimer des nombres plus forts qui cependant ne passent jamais dix, ils montrent leurs doigts. Voici un vocabulaire de quelques-uns des principaux mots de cette langue qui pourra en donner une idee ; Teco Homme. Acantara Plumages, tours Waimi , erare- de t^te. couara , Femme. Massacara Poules. Massi, erayeure Enfant. Paira Arc. Couarai Soleil. F. Ourapara Flfeches. Jari Lune. Petemma Tabac. Caritata Etoile. Cassourous, Occa,capouia, Case, carbet, moura , Collier deverre. Caabe Bois. Wiwi Hache. Meiou Cassave. Maria Couteau. Mandioca Manioc. Pira Poisson. Anianiou Colon. Harara Hara. Enimopoii Coton file. Coiire Perroquet. 8. ( 'o8) Periti Perrache. Erendonra Mentoh. Ivara Canot. Erendou Barhe. lawar Chien. Eratoup^ Joues. Ku Eau. P. Epirere Peau. I'^poimiai-ievai Paieineiit. Eracope Ventre. Icatoii Bon. Epossi-a Poitrine. Nicatou Mi'chani. Tou^ Sang. Franclii Uu blanc Erahvere Veines. Oussirao Liane. Taccourourou Os. laippe Haziers. Janeppo Main. E'iboura Grand bois. Epp6 amp^ Pouce. Thor Oi.i. Eppo Doigts. Nani Non. Eioupaou.i Bras. Mol Serpent. Siribinna Coudes. Eoii Biche. Eoubacouan Jambes. Copei Bonjour. Diribinnii Genoux. Ocket Bonsoir. Eppo cape Pieds. Hang Ceci , cela. Assoussous Seins. Coromoii Plustard,tant6t. Tappe Dos. Tilla Hamac Erdmo-eparassi Parties naturel- Camisa Toute espece de les de rhomme vetement. et de la femme. Caspar Sabre. Er^mii Manger. Toupan Tonnerre. riwoye Avoir soif. Ai^gan Hyver, grandes Occa6 Boire. pluies. CAvi .i a Allerj Eacan T6te. 16 javerao Chasser. OEreJi OEil. Opotare Vouloir. Erapopiraoua Paiipi^res. I carave Etre malade. Eiapouacan Tempes. Erendou a Cracher. Yanissi Nez. NaetJ Pecher. Eccouroii Bouche. lae iapi naeti A Her a la p^che. Eremb6 Levres. Aye toupi e Comment appe- Eraimbire Gencives. lez-Tous cela ? Erraim Dents, Mama e hang Quel est cet hom- Nambi Oreilles. teco me ? Eccou Langue. I apotare ayem^ Eracout^ MSchoire. hang Donne ce fruit. Euouroucaouar Gorge. Je pense qu'il serait inutile de donner ici des exeni- ( »o9 ) pies qui ne seiviraient qua prouver riinniulabilite des temps des verbes , des adjectifs et des substantifs. Les noms propies sont toujours des noms darbies ou d animaux. Suite de Vltineraire. Decembre. Le 3o, M. Ferre se trouva assez bien re- tabli pour que nous pussions reprendre notre explora- tion. Jose Antonio ne se ressentait plus de sa nialadie. Notre intention etait de reconnaitre d'abord les sources de rOyapock. Nous fumes obliges d abandonner nos ca- nots un pen au-dessus de la Crique-Acao. Nous primes notre direction ouest-quart-nord , et cotoyames ainsi la riviere, que nous longlons a-peu- pres, pendant six journees. Le chemin est afTreux,entie- coupe de marecages profonds et de hautes montagnes , que nous gravissions avec peine. Nos Indiens porteurs, quoique peu charges , fatiguaient beaucoup. Janvier i83i. Le ^, nous tombames sur un etablisse- ment assez considerable , vers niidi. Nous nous y re- posames le restede la journee. 8. Nous reniarquames plusieurs traces d'etablisse- mens abandonnes depuis quelques annees. On ne dis- tingue, en traversant ces immenses torets, que quelques especes de bois qui y sont rassembles par families; ce sont le bois bagot, qui est tres commun et un des plus beaux bois de couleur de la colonie, les wapas, des ce- dres, quelques mahots, le reste bois mous; ce qui n'est pas surprenant, car le sol ne se compose que de gros graviers, et meme en des endroits sans aucune appa- rcnce d'humus(les marecages exceptes), surtout au som- met des montagnes, la le bois est tres clair , et meme ( »'o) rare. A la base des montagiies , avant d'entrer dans les marecages, on rencontre ca etia quelques pieds desalse- pareille(i), niaisdeniauvaise venue, car ellene se trouve en abondance que dans les terres noires et grasses; ceiles que nous parcourions etaient graTeleuses ou argileuses et tres fortes. Nous finies balte a 4 heures. g. Nous partinies a six heures du matin. Memc sol , meine route, de tres hautes montagnes escarpees a Test, pente douce a I'ouest; le sol s'eleve prodigieusenient, I'escarpement d'un cole a Test, et la pente douce de I'au- tre a I'ouest le prouventsuffisamnient.Nous entendions souvent le bruit des barreset cascades de la riviere, qui n'etait qu'a une petite distance. Nous la vimes memo plusieurs fois roulant dans un lit resserre avec la rapi- dite et le fracas dun torrent. Nous fimes halte a trois heures et demie au has d'une montagne, au pied de laquelle coiile une crique,appe- lee par les Indiens Tuatou, ce qui signifie courte. Elle ne parcourt, en effet, qu'un tres petit espace, et se jette dans rOyapock. Nous y primes quelques carpes et quel- ques aymaras. lo. Nous traversames des marecages profonds , et notre route, qui n'avait pas depasse I'ouest-quart-nord, changea sur les onze heures et tomba jusqu'au nord- ouest, et meme nord-quart-ouest. Dans quelques en- (i) La salsepareille presente une ronce triangulaire qui serpente au loin ou quelquefois grimpe sur les arbres. Ses racines ou clieve- lues s'etendent lateralement a une distance de sept a huit pieds. Ce sont ellcs qu'on arraclie, et qui sent livrees au commerce. Un pied peut donner quatre a cinq livres. Cette plante a en outre un pivot qui s'enfonce a une grande profondeur, et qui sert a la reproduction des racines laterales. ( !«' ) droits de ces marecages, le chemin etait plus eleve et ressemhiait assez a uiie digue. Vers deux heures , nous nous trouvames sur lesbords de la riviere, et nous vinies non loin de la un saut assez considerable dont nous eti- tendions le bruit depuis environ une lieure. Nous la cotoyames sans la perdre de vue pendant une heure et demie, et remarquames la encore I'elevation du sol a la grande quantite de barres et de roches que nous recon- niimes durant cet espace de temps. Nous rentrames dans le bois, marchant nord ouest et meme ouest-quart- nord. Apres deux heures de raarche , nous rencontra- mes une riviere sur les bords de laquelle les Indiens entretiennentdes carbets,car ils yviennent souventeni- vrer le poisson. Cette riviere s appelle Tacuande. Elle est assez considerable, et a son embouchure beaucoup plus large que ne lest I'Oyapock a cet endroit; elle parcourt, dit-on un assez grand espace. La nous passa- mes la nuit. II. Nous explorames la riviere Tacuande jusqu'a onze heures. Elle est tres encaissee. Apres un dejeuner ou du poisson sec nous tint lieu de pain, car nous ne pou- vions jamais avoir avec nous une forte provision de cassave, nous reprimes notre route ouest-quart-nord, et sur les deux heures nous traversAmes a gue le Ta- cuande, qui fait des detours considerables. Nous gra vimes deux des plus hautes montagnes que nous eus- sions encore rencontrees. Du sommet de la plus elevee, nous apercumesau sud le Tacuande , qui serpentait au loin et paraissait former de temps en temps de grands bassins entoures de montagnes que nous estimames a environ quatre lieues de nous , et qui s'etendaient en demi-circulaire, depuis le sud-est jusqu'a I'ouest de no- tre position. Nous crumes d'abord que le Tacuande' ( "O prenait sa source an sud , dans ces montagnes ; niais i\ en etait autrement, ce dont nous nous sonirnes assures, car cette riviere revient un peu avant ces montagnes, jusqu'au nord-ouest , a une journee environ du lieu ou nous etions , retourne a Test et prend sa source sur le revers meme de ces niontasnes. Nous aurons occasion d'en reparler. Le soir meme, nous traversamcs encore deux fois le Tacuande, et nous nous arrelamos a cincj heures, dans un endroit ou i! y avail beaucoup de ca- caos. 12. Apres une matinee penible, nous decouvrimes vers onze heures un etablissement. Nous avions be- soin de nous reposer et nos Indiens aussi. Nos botes n'avaient jamais vu de blancs chez eux; ils ne pouvaient revenir de leur etonnement et s'enquerraient avec in- quietude du sujet de notre voyage. Eux-memes coni- muniquaient rarement avec les Indiens de I'Oyapock el etaient fort mal pourvus d outils. Aussi parvinmes-nous a les apprivoiser promptement, en leur donnant quel- ques couleaux et quelques siibres, en echange desquels jls nous apporterent de la cassave et du poisson bou- cane dont ils avaient une assez grande quantite. Leurs cases etaient aussi garnies d'immenses jarres remplies de cachiri. 1 3. Nous laissames une partie de nos gens sur I'eta- blissement oii nous devious revenir prendre des vivres, et nous partimi;s a sept heures du matin avec deux des Indiens du village, pour continuer notre exploration de I'Oyapock. Nous marchames exactement nord. An bout de trois heures de marche, nous arrivanies sur les bords de la riviere, qui en eel endroit n'est qu'un ruis- seau. Nous la lungeames par le bois. Les bords en sont impraticables. De temps en temps , elle forme des has- ( 1^3 ) sins assez consideiables , mais pen profonds. Les banes et cascades sont plus eloignties, mais aussi plus elevees. Nous traversames 1 Oyapock deux fois sur les roches. Enfin , a quatre heurcs, nous nous arretames el assi- nies nos piquets sur un Immense plateau forme d une seule roche. Le matin, nous fiimes surpris de voir beau- coup de poissons que nos Indiens avaient fleches pen- dant la nuit. i4- Nous remontames encore jusqu'a huit heures le long de la riviere; la nous reconni^mes qu'il etait inutile d aller plus loin; en effet, 1 Oyapock se partage en une multitude de branches ou criques. II faudrait le temps des grandes eaux pour reconnaitre son cours principal. La fin dejuin ou le commencement de juillet serait 1 epoque favorable pour cette expedition , on pourrait menie alors se servir de petites embarcations. Nous revinmes sur nos pas , et le i5 au soir, nous ral- liames I'etablissement ou nous avions laisse nos gens. i6. Nous sejournames pour prendre nos vivres et des guides qui nous etaient necessaires pour les che- mins que nous devions parcourir, qui etaient, nous di- sait-on , diffioiles et meme dangereux. Une plus longue exploiation des bords de I'Oyapock en cette saison de- venant inutile , je voulais gagner I'Ynipocko , dont j'a- vais entendu parler lors demon excursion a Agamiware. 17. Nous nous mimes en route a huit heures, passa- mes le Tacuande a onze. En traversant des montagnes, Jose Antonio me fit remarquer le bois Coumarou. C'est un arbre fort grand, son ecorce, grisatre et ral)oteuse, a le gout de Famande amere. Les Bresiliens en retirent une essence fort estimee. A trois heures , nous tomba- mes sur une habitation ou il yavait environ cinquante individiis. La nous apprimes qu'a peu de distance se ( "4 ) trouvait urie etablissement de iiiulalres et dc negres niarons. Les Indietis n'en parlaient qu'avec terreur. lis vivaient de rapines, souvent nieiiie ils enlevaieiil des fenimes. Nous ne primes savoir d'oii ils provenaient , ni eire fixes sur 'eur nombre; mais d apres les donnees que nousa.vons recueillies , nous presunions qu'ilspeu- vent elre douze a quinze. iS.JNoiis primes a six heures le cliemin des monta- gnes, niarchant toujours nord-ouest. Jusqu'a onze heu- res, nous ne fimes que monter et descendre. Dans les marecages, nous avions souvent de I'eau jusqu'a I'esto- mac et presque toujours aux genoux. Nous nous arre- tames a niidi au pied d'une monlagne pour prendre quelque nourriture et nous reposer ; nos gens etaient excedes. Les Indiens sont bons marclieurs et font de longues traites, mais pour pen qu'ils soient charges, ils se fatiguent promptenient, ce qui vient du defaut d'ha- bitude. Nous nous remimes en niarche a deux heures, traversames encore une montagne , et a peu de dis- tance nous passames le Tacuande pour la derniere fois. Nous couchames sur ses bords sud-ouest-quart-ouest. 19. Nous primes notre direction au sud-est et peu apres a Test. Nos guides nous firent remarquer une cas- cade qui sortait des flancs de la montagne, et formait un bassin dont les eaux s'ecoulaient dans un lit etroit borde de roches elevees. lis nous assurerent que c'etait le Tacuande; en effet , nous ne le vimes plus. Nous nous arretanies pour dejeuner a dix heures , et reprimes notre route sud-est a tiavers des niontagnes tres escar- pees. La , nous trouvames des cavernes fonnees d'enor- mes blocs de roches superposes les uns sur les autrcs. Nous vimes frequemment des coqs de roches qui volti- geaient dans les environs ; mais leur vol est si rapide ( ii5 ) qu'il passe toute idee qu'on pourrait s en faire. Jamais ils ne se poseiit , et nous ne pumes en tirer. Dans le temps do raccouplemcnt , ils sont moins farouches ; ils cherchent leurs femelles et s'arretent aupres d'elles. Les Indiens nous assiirerent qua cette epoque , ils se ras- semblent a Tentree des cavernes, et la, apres avoir nettoye un certain espace , ils combattent quelquefois plusieurs heures en presence des femelles, qui sont spectatrices passives de ces combats. L'apres-midi fut signalee par un tres gros patira que Ion nous tua pres dun bassin situe sur le sonmietd une de ces montagnes. La, nous nous etablimes pour passer la nuit. Nos Indiens prirent dans ce bassin quelques poissons dont ils ignoraient le nom. Ils ressemblent a ces pois- sons rouges que Ion prend en France dans les sources d'eaux vives; ils sont nuances des couleurs les plus brillantes. Ge sont des especes de carpes tres petites , mais dun gout exquis. La ntiit que nous passiimes sur les bords de ce bassin , nous entendimes presque conti- nuellement de fortes detonnations, qui ne cesserent point menie dans le jour, jusqu'a ce que nous ayons entiere- ment traverse ces montagnes, et encore a une distance assez considerable. 20. Notre route fut continuellement sud-est toujours a travers les montagnes, nous nous arretions assez sou- vent pourexaminer le sol. La terre s'amelioiait a mesure que nous nous eloignions d'Oyapock, et a la base, nous rencontrions de la salsepareille. Elle devenait plus commune a mesure que nous nous enfoncions dans le sud-est. Jose Antonio nous fit remarquer un arbre qu'il appelle sapucaia. II est d'une grande elevation ; il porta un coco spherique qui renferme une vingtaine ou plus d'amandes qui sont fort delicates. Nous trouvames aussi ( "6) beaucoup de lianes d'eau ou lianes du voyageur. Effec- tivenient, en prenant environ deux brasses de cette liane et lamarrant bien par les deux bouts, on a de I'eau en assez grande quantite, et qui demeure long- temps fraiche. 21. Nos guides nous previnrent que vers midi nous passerions la plus haute de ces nionlagnes, du sonimet de iaquelle nous pourrions voir cellos que nous avions traversees le 4- Nous y arrivames en effet a une heure, niais ce fut en vain que nous cherchames a reconnaitre le point d'ou nous avions apercu la chaine sur Ia- quelle nousetionsj seulement nous distinguames deux chaines qui ne sont , la premiere que celle sui' Iaquelle nous nous etions trouves , I'autre est plus loin et borde rOyapock. Nous nous arretames a trois heures sur les bords de la crique t-u plutot bassin Aganiiware. Agamiware signifie bassin ou lac des Agamis. II y en a eftecti- vement beaucoup; car des le soir, nous en tuanies une douzaine. Nous avions depuis la base des monta- gnes trouve beaucoup de pieds de caoutchouc , et ils devenaient plus nombreux a mesure que nous mar- chions sud-est. 22. Nous commencames a visiter le cote sud-ouest du bassin. Plusieurs criques sen echappent. Nos guides nous dirent que plusieurs d'entie elles allaient non loin de la se jeter dans les rivieres, une entre autres qu'ils appelaient Hieuwar (grande eau) que nous pourrions voir le lendeuiain. Le terrain surlequel nous etions etail couvert de fougere fort haute et de cacaos. Get endroit est un des plus giboyeux que nous ayons encore vu, car nous etant arretes pour dejeuner, nos Indiens nous ap- porterent une si grande quantite de gibier et de poisson, ( i'7 ) que nous fumes obliges de deineurer la pour le faire boucaner dans lecourant de la journee. Nos provisions furent encore augmentees d'un cabiaille et d'un patira. Aussi nos gens, qui depuis quelque temps etaient a-peu- pres raiionnes, se jeterent-ils sur ces victuailles avec toute la gloutonnerie qui caracterise llndien qui se trouve dans I'abondance, sans aucun souoi ni pre- voyance pour Vavenir. La, Jose Antonio me fit voir un arbre qu'il nomma coucheri. Ses feuilles ont la meme odeur que oelles du giroflier. (^La suite au numero prochain. ) ( Il« ) DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUINICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. Sitr la situation et la distance des 'villes c/'Almalii. w. Societe americaine des missions. L'anniversaire de la tondation de cette Societe a ete celebre avec solennite a Philadelphie, dans le courant de septenibre dernier. Nous donnons ci-apres un court extraitdu rapport, dont la lecture, faite par Irois secre- taires , a occupe plusieurs heures , dans deux seances differentes. La Societe americaine entreilent en ce moment vingt- deux missions , savoir : en Grece , a Constantinople, en Syrie , chez les Juifs; a Bombay, Ceylan , Siam, a la Chine; dans TArchipel Indien , les lies Sandwich; laPa- tagonie; parmi les Cherokees , a I'ouest du Mississipi , chez les Chactaws, Creeks, Osages, Stockbridges , Ma- ckinaws, Ojybeways , Maumees et les Indiens de I'etat de New -York. Ces missions comptent 60 etablisseniens, 83 missionnaires dans les ordres , 6 medecins non gra- ( '2f>- ) dues; 6 impriniedis, 26 inissiunnaires assistans, 126 feiniiies; p!u? 4 piedicateurs iiatifs et 4^ assislans aussi iiatifs. Ce qui fait 247 personnes travaillant a la propa- gation de la vraie foi , envoyees par la Sociote et 5o pre- dicateiirs el assislans nalifs, en lout 296 individus. De ce nonibre, 48 sont partis I'aniiee derniere, savoir: 19 niissionnaircs dans les ordrcs , 2 medecins, 2 inipri- nieurs et 2 5aulres assislans. Les eglises lornieesetdes- servies par ces niissfons sont an nombre de 3^, et comp- tenl 1704 calhccumenes convertis. Les ecoles qui en dependent sont frequentees par environ 5u,ooo iHeves. Les presses de la Sociele onl iniprime, 1 annee derniere, pres de 7,600,000 pages traitant de matieres religieuscs. On calcule que depuis retabiissement de ces presses, it en est sorti 68,000,000 de pages, ayant toules rapport aux travaux des missions. La Societe est sur le point d'envoyer de nouveaux ogens dans I'Afrique orientale et occidentale, dans les lies de Crete el de Cliypre , a Broussa , dans I'Asie-Mi- neure et en Perse. Plusieurs autressont en observation sur le continent oriental el parmi les Indiens de I'Ame- rique du nord. Le cliamp explore sous la direction de la Societe s'agrandit de jour en joui-. Ses inessagers ont penetre chez les trihus indiennes qui bordenl la frontiere S. O. des Etais-Unis , jusqu'au pied des monlagnes Roclieu- sesj d'autres ont ete envoyes aux grands lacs et vers le Haul-Mississipi. Un deux a parcouru la plus grande partie de la coleN.O. tandis qu un autre visilait leMexi- que et la plupart des nouveaux Etals de TAnierique duSud. Des missionnaires ont aborde aux lies Washing- ton, plusieurs se sont etablis sur la frontiere nieridio- nale de la Chine, et a Siani dans la partie septentrionale ( 127 ) de Ceylaii et dans I'Incle occidentale. La Societe est ega- lenienl representee dans la Syrie et dans la capitate de Tempire ottoman, a Athenes, cet ancien flambeau de la Grece, et clans 1 ile de Make; elle a porte la parole di- vine a travers les provinces de I'Asie-Mineure , dans les plaines du Caucase et sur les confins de la Perse; une mission s'avance dans rAfrique occidentale , et les cotes orientales de cette partie du monde vont etre aussi ex- ploreeSjdesqu'on aura trouve les interpretes necessaires; dans qnelques niois, une station sera etablie dans I'an- cienne Crete, et une autre dans I'importante ile de Chypre. Enfin, on attend des nouvelles de missionnaires qui doivent porter la lumiere de I'Evangile au pied du mont Olympe et jusque par-dela les plaines de la Meso- potamie et les montagnes du Kurdistan. Les recettes de la Societe pendant I'annee qui vient de secouler ont excede celles de I'annee antecedente de 1 5,270^011. 6'5, et se sont elevees a 145,844 77, ce qui, ajoute a la balance en caisse au commencement de I'annee, a donne un fonds de i52,522 4r a la disposi- tion du comite. Sur cette somme,il a ete depense celle de i4g,Qo6 27. Reliquat a la cloture de I'annee financiere(au i^aoiit dernier), 2,616 74. En outre, la Societe a encore recu diverses sommes pour aider a la propagation des sainlesEcritures, savoir: De la Societe Biblique americaine : Pour aider la mission de Bombay a traduire I'Evangile en langue mahrate 5,ooo''"" Pour la meme traduction en laneue ^ reporter. . . . 5,ooo ( 128 ) Report 5,000 'lo"- hawaihienne, a la mission des iles Sandwich 5oo Pour la meme traduction en laneue Cherokee 3oo De la Societe Biblique de Philadel- phia : Pour aider a traduire les Ecritures en langue hawaienne i,5oo De la Societe americaine des Tra- ductions : Pour le meme objet, aux missions de Bombay, Ceylan , de la Chine , des lies Sandwich et dans la Mediterranee. 6,000 Enfin , de diverses autres sources , pour impressions et traductions . . . 6,5 20 Le tout montant a 17,920 A quoi joignant le montant de la depense ci-dessus 149,906 27 Les depenses de la Societe des Mis- sions se sont elevees , pour I'annee i832-33 a la somme de 167,826 27 ( 129 ) Population du Canada. — Relei'e dii inouvement des tiais- sauces, manages et deces pendant les quatre dernieres annees, tel que Vont ctahli les rapports des protonotaires de chaque district a la legislature. DISTRICTS. ANNEgS. NAISSANCES. MARIAGES. DECKS. Quebec < Montreal • Les Trois-Rivi^res . I Gaspe -^ Saint-Francis < 1S29 i83o i83i i832 1829 i83o i83i i832 1829 l83o i83i l832 I8a9 i83o i83i ^ i832 - 1829 i83o i83i i83a 7,211 7,600 8,i33 8,591 i,i5o 1,432 1,629 1,67 + 3,5oo 4,843 5,028 6,946 3i,535 5,885 20,1 12 12,208 i3,o43 i4,2i7 13,195 2,012 2,553 2,592 2,5o6 5,36i 5,767 6,5 14 13,718 52,663 9,663 3i,36o 2,409 2,492 2,738 1,754 419 5io 519 548 8o3 1,292 1,195 i,3i9 io,3o3 1,996 4,609 0 52 0 42 62 67 0 4 a5 28 102 »94 i63 aor 3o6 330 189 43 42 58 5i 45 47 48 23 926 194 i63 L'accroissement de population pendant les quatre ( 'So ) clernieres annees , obteiiu par I'excedaiit des naissance:* sur les deces, est done de 39,3 16 , savoir : District de Quebec 11,421] Montreal 2i,3oaf Les 1 rois-nivieres . 5,7041 Saint-Francis. . . . 763) En coinparant le mouvenient de la population pen- dant I'annee derniere, on verra qne dans le district de Quebec, les naissances ont ej^cede les deces de i,645, et que dans celui de Montreal les deces ont siirpasse les naissances de 623; niais it faut observer que le grand nonibre des morts a frappe sur les emigrans nouveau- venus, et a ete cause pai' les ravages du cholefra. En prenant en consideration la grande niortaiite qui a regne en i83i, ainsi que I'accroissement de population qui n est pas connu dans diverses parties du territoire, telies que le comte de Gaspe et d'autres etablissemens protestans, on peut porter, en toute assurance, I'aug- mentation de la population du Canada pendant les quatre dernieres annees, a 40j00C) individus, ce qui donne 10,000 par annee moyenne, non compris les accroisse- niens resultant du fait des emigrations. (i) On remarquera dans ce resultat, comme dans le tableau qui precede , des erreurs de chiffres qu'on ne peut rectifier parce qu'elles sont egaiement dans le texte, mais qui ne doivent point influer sur le chiffre total. i3i ) Population de la Crete en i832. NOMS DES CANTONS. Setia Yera-Peira ou Gira- Petra Mirabelle Lassiti Malevisi . . „ Temenos Arcadie ou Riso-Cas- tro Cliersonesp ou Pedia . Bonifacio ou Mono- facio Kenourio Piriotissa Milopotamos Amari Retliimo Aivassili ou Lambis. . Apocorona ouAmpri- corna La Canee Saelino Kissamos Sphakia CONSEILS doni i!s dopendeiitJ POPULATION. Candie. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Rliethimo. Id. Id. La Canee. Id. Id. Id. Id. Id. 3,000 8,000 2,5oo 19,000 2,000 2,5oo 6,000 000 5oo 000 000 000 000 000 5,000 10,000 3,000 3,5oo 4,000 98,000 OBSERVATIONS. D'oii depend Spina- longa. Le chef-lieu de ce can- ton esi Candie. (Ces tr formes 3 trots cantons eonl p.nr i'ancienne ; province de Messara, oCi I etait siluee Gorljne. Qui comprend I'Acro- lyrie, oil est i'ancienne grotte de saint Jean. D'oii depend Cara- Imse. ( i32 ) Note sur les travaux de la nouvelle Carte de Suisse. Les travaux de la Carte de Suisse, commences depuis long-temps, et qui etaient nioUement conduits par le general Fiiixlcr, ont pris, sous la direction du general Diifour, une grande activite. En i834 5 la triangulation sera, sinon terminee, du moins fort avancee, et le travail topographique sera presque arrive au meme point. Les minutes se font au 77777. La Carte sera gravee a Techelle du .„g'^„^, et comprendra aS feuilles de la meme dimension que celles de la nouvelle Carte de France, savoir, 5 decimetres sur 8 decimetres. Geneve, 27 decembre 18 33. Voyage de MM. Ad.vji de Bauve et Levrieur datis rinterieur de la Guyane. Belem de Gram Para, 29 aout i833. Monsieur, Dans la derniere lettre que j'ai eu I'honneur de vous ecrire, en vous adressant la relation de mon excursion a I'Amazone , je vous ai donne une idee de ma position, et je vous ai fait part du plan que Leprieur et moi nous nous etions trace. N'ayant pu executer notre projet comnie nous Tavions concu , nous nous determinames a descendre le Jary, comptant de trouver cliez les Ta- niocomos les guides necessaires pour me rendre aux sources du Rio de Gurupatouba, a I'embouchure du- ( '33 ) quel est situe Montealegre, et de la penetrer, comme nous nous I'etions propose. Le 4 avril, je quittai notre etablissement de Rouapira, Leprieur devait me suivre au bout de irois a quatre jours. J'eus , avant d'arriver chez le chef des Tanioconios, donr, ainsi que vous I'a- vez vu par ma relation , le village est situe a i'embou- chure de Carapanatouba , a lutter contie les perils du fleuve et contre ceux que me susciterent des individus du dehors, venuspour tirer de la salsepareille, qui enga- geaient les Indiens a me faire un mauvais parti. Arrive chez Joaquim Manoel , je trouvai un assez grand nombre de colporteurs qui, ayant anime les Tamocomos, voulaient s'opposer a nion debarquement. Ce ne tut cpi'a force de patience et de ferniele, que je parvins a faire entendre raison a ces individus, qui se figuraient toujours que des Francais ne pouvaient se presenter en ces pai-ages que pourse frayer un cherain pour s'emparer dela pro- vince. Le commandarit de Gouroupa, que j'avais connu, avait ete change , me disait-on , et le nouveau avait donne les ordres les plus severes a I'egard des Francais qui pourraient se presenter de nouveau. J obtins po\ir- tant qu'un petit canot lui fut expedie avec une lettre dans laquelle je I'informais de ma presence, en le priant de vouloir bien donner des ordres pour qu'on ne nut aucun obstacle a mon expedition. Le capitaine Joaquim Manoel, un peu revenu desmauvaises impressions qu'on lui avait fait prendre contre moi , me dotma au bout de quelques jours des guides pour me conduire sur une riviere peu t^Ioignee des nionts Sororoca, qui , disait-il, se jetait dans Gouroupatouba. Des lacs, des marecages pleins d'eau decouragerent mes gens, qui me declare- rent que , dans cette saison, il etait impossible de gagner le point sur lequel je voulais me rendre. Un naturaliste, ( i34 ; Ml Brarhet , qui iiravait acconipagne, ne put resister aux fatigues que nous enmes a essuyer, et tomhaiit inalacle , niourut a notre relour chez le capitaine Joa- quim JManot'i. 31. Brachet etait excellent preparateur, avail tJes connaissances en entomologie , et me tut sou- vent utile par sa peiseveranie et son courage; je le re- grette vivenient. Une derniere tentative pour gagner Gouroupatouba fut encore intructueuse. Enfin , je recus le aS juin une reponse de Gouroupa du lieutenant-co- lonel Mougo, qui avail reniplace M. Gaye. II donnait ordre au capilaine Joaquini Manoel de nie donner des guides pour me rendre oil bon me seniblerait, ayant recu du president de la province des instructions a cet egard. En eltet, I'annee derniere, j'avais ecrit au vice- consul fiancais du Para qu'oblige de relourner sur nies pas , je reviendrais dans un bret delai a-peu-pres daus les memes parages. Le vice-consul fit des demarches aupres du president, qui expedia aussitotdes ordres a Gouroupa pour qu'on ne suscilat aucun obstacle, si moi ou quelqiies Francais se presentaient sur un afiluentde I'Atnazone. IMalheureusement , un miserable juge de paix de Villa -JNova, qui paraissait m'en vonloir particu- liereiuent , eut assez dinHuence sur Joaqiiim Manoel, dont il etait le parrain, pour IVmpeclier de me donner des guides capables.Voyantquejene pouvais gagnerGou- roupatouba avec les gens que j'avais avec moi, j enga- geai quelques Indiens de bonne volonte, mais peu ex' periraentes, pour me conduire a Gouroupa. Mon inten- tion etait deremonler lAmazone jusqu'au RioVVatuma , dont les sources sont voisines de la Serra do Acavava, et traversant celte chaine, cliercher un affluent de I'Essequebo. Mais mes gens , pen accoutumes aux dan- gers de la riviere, precipiterent mes emharcations dans ( >35) line cascade. Je perdis quatre personnes qui se noyerent et tout ce que j'avais. Moi meriie, saisi par une jambe qu'avait attr.'xpee un de mes neg^res , je ne dus nion sa- int qua un canot qui se trouvait au bas du rapide. Des objets precieux de botanique el d'entomoiogie , mes observations, tout enfin tut englouti. Quanta Leprieur, depuis le 4 avril, je n'ai eu aucune nouvelle de lui, et tout me porte a croire que ce sera une nouvelle victime de ces parages. Son intrepidite, son amour de la science le feront regretter des honimes inslruits sur les traces desquels il niarchait , et dont beaucoup etaient ses amis. Je suis enfin arrive le 22 juillet a Gouroupa. J y tus accueilli avec I'hospitalite la plus genereuse. Prenant de la passage dans une goelette, je debarquai au Para le 1 5 aout, apres dixsept jours de traversee. Je ne saurais trop me loner des bontes du president, M. Machado d'Oliveira, que je ne connaissais cependant que dune maniere indirecte, ayant ete tres lie avec un de ses amis, president de la province de Mara^non en 1823. M. Ma- chado mit a ma disposition toutes les cartes et documens des archives, et me fit I'oftre des instrumens qui pour- raient nieconvenir; mais je ne trouvai que quelques sextants et cercles en mauvais etat, dont la pesanteur en rend le transport dans le bois impossible. Je vais maintenant remonter I'Amazone jusqu'au Watuma, et si par rette riviere je ne puis gagner I'Essequebo, je me rendrai sur le Rio Branco , par lequel je crois que je reussirai. De Demerary, ou j'espere que j'arriverai dans six niois, j aurai I honneur, monsieur, de vous en- voyer une relation et des esquisses zoologiques sur les diverses peuplades des Guyanes , ainsi que des vocabu- laires. Parlant plusieurs langues des nations indiennes, ( i36) je me trouve avoir plus de facilite que n'en ont eues d'au- tres voyageurs, pour saisir les traits et lescoutumes qui les differencient. De Demerary, men intention estde re- nionter lOrenoque, si je suis approuve par le gfoiiver- nement francais, de rentrer par le canal de Cassiquiari dans lAmazone, d'ou prenant le Rio-Ucayala , Apopo- Paro ou le Rio Beni, que je remonterai jusqu'a ses sources, je trouve rai une grande quantite de nations iiidiennes tout-a-fait inconnues, et je visiterai le lac Titicaca , sur les bords duquel on trouve des antiquite's americaines. De Demerai'y , j'aurai I'honneur de vous soumettre , en vous rendant compte de mon voyage, un plan circonstancie de mon projet. J'ai Thonneur d'etre, etc. E. Adam de Bauve. Extrnit dune lettre de M. J. Graberg de Hemso a M. JoMARD , membre de Vlnstitut. Florence, le 2 avril i833. L'atlas de Zuccagni Orlandini est termine depuis le mois de novenibre ; il contlent en tout vingt tableaux ou cartes, dont la derniere represente I'arcbipcl toscan. Mon rapport sur cet excellent ouvrage fut lu a I'Aca- deniie des Georgopbiles le 3 de mars , et donna lieu a quelques pourparlers dans le sciti de I'academie, et a des eclaircissemens et notes supplementaires, qui seront lus dans la seance du mois courant. Je ne sais si on les imprimera, car 1 oxcellente execution de I'ouvrage, sur- tout dans sa parlie descriptive et pour la nomenclature geographique , a excite quelque jalousie. Le fait est ( i37 ) pourtant que Zuccagni a reconnu et rectiiie plus de trois cent soixante-dix erreurs de nonis topographiques dans les cartes de ses deux predecesseurs , dont quarante-et- une dans hi seule lie dElbe, La carle du pere Inghirami excelle par la precision niathemalique, et celle de Se- gato par la beaute de I'execution caleographique; niais pour I'exactitude de la nomenclature, de I'orthographe desnomsde localite, celle de Zuccagni laisse I'uneet I'au- tre bien loin en arriere.C'est qu'il a personnellenient vi- site et examine presque tous les lieux mentionnes dans son ouvrage; et, ou il n'a pas ete en personne, conune dans le duche de Lucques et dans la Garlagana, i! a obtenu des autoiites memes et des notables du pays les renseignemens et les corrections qui lui etaient neces- saires. Ses tableaux geo-ethnographiques et statistiques sont, d'ailleurs, ce que Ton pent voir de mieux fait dans ce genre, et surtout ce qu'il y a de plus exact et de plus instructif a I'egard de la geographic et de la statislique •de la Toscane. lO ( i38 ) TROISIEME SEC/IION. ACTES DE LA SOCIETE. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du 'j fevrier i834. Leproces-verbal de la derniere seance est hi etadopte. M. Felix Let'el ecrit a la Societe pour iui souinettre cjiielques observations relativement a la publication de son Histoire philosopliique et politique de I Afrique oc- cidentale, flans le cas on la decision de la Commission speciale Iui serait favorable. ■ M. Rafinesque ecrit de Pbiladelpbie, a la date du i5 novembre i833, pour envoyer a la Societe une notice sur les monts Cotocton de la A'irginie et du JMaryland, accompagnee dune petite carte. 11 annoncequ'il enverra incessatnnient a la Societe 1 analyse des principaux voya- ges, et de quclquesautres travaux publics auxEtats-Unis. II se propose de joindie a cet envoi un precis de ses voyages en Europe et en Amerique , et une histoire des peuples de toutes les Ameriques. La Commission cen- trale remercie M. Rafinesque de ses comiaunications , et renvoie sa notice sur les munts Cotocton au comite du Bulletin. M. Guerra ecrit de nouveau, de Bordeaux, pour an- Tioncer qu'il se propose de concourir au prix foride par S. A. R. le due d'Orleans , pour etre distribue par la Societe de Geographic : il a deja ete ecrit a IM. Guerra que I'irivention agricole dorit i! a entrelenu la Societe ne pouvait renlrer dans le programme des matieres dont <;llc s'occupe. ( '^9 ) M. lebaron d'Homhres Fiiinas, menibre de la Sociele, adresse un niemoire sur iin gyrometre ou roue d'arpeti- tage, et sur son application a un instrument de geodesie dont un long usage lui aprouve la commodite et ['exac- titude. M. le redacteur de la Revue des voyages deinnnde I'e- change de ce nouveau recueil contre le Bulletin de la Societe. La Commission centrale accepte cet ecliange. II est rendu compte que le comite du Bulletin s'est reuni pour s'occuper de la proposition faite par M. d'A- vezac d'ouvrir uiie nouvelle serie de numeros pour le Bulletin, et que la majorite du comite a ete d'avis que cette nouvelle serie fut ouverte a partir du i*^'' Janvier. Cet avis a ele adopte par la Commission centrale. M. le commandant d Urville fait un rapport sur la relation espagnole du voyage de Bonechea a 1 lie d'Aniat (Tahiti^, et il propose que cette relation soit piibliee dans les memoires de la Societe. Cette jiroposition est prise en consideration par la Commission centrale, et renvoyee a la section de publication. Le rapport de M. d'Urville sera insere au Bulletin. M. Warden communique I'extrait du journal dun voyage sur la cote de la Chine, depuis la province de Canton jusqu'a la Tartaric Mantchoue , en i839. et i833> par le Rev. Ch. Gutxlalf. Renvoi au comite du Bulletin. M. Coulier depose sur le bureau une note par laquelle il fait connaitre lexistence de deux feux qui ne sont pas portes dans la notice des phares des cotes de France, publiee par ladminislratioii des pontj-et-cliaussees ; il demande que cette note soit inseree au Bulletin de la Societe. ( '4o ) Seance da 1 1 fevrier. Le pioces-verbal de la derniere seance est lu el adopie. M. Joiiannin depose sur le bureau, pour elre lu a la prochaine seance, iin niemoire sur le choix des diametres des globes terrestres artificiels, et sur la divi- sion des carles geographiques et des menies globes quil conviendrail d'adopter dans linteret du systeme legal des poids et niesures , de I'instruction publique et des sciences. M. Benoit, ingenieur niecanicien a Troyes, e'crit a la Societe pour lui ofirir un globe geographiquo porlatif en papier pnrvhemin ,ajA\\\. onze pieds de circonference, Ce globe , qui se remplit d'air en deux minutes environ, est nionte sur un support renfermant un soufflet. L'au- teur soumet ce globe a I'approbalion de la Societe , et lemoigne le desir quil soil fait un rapport sur son in- vention. — La Commission cenlrale remercie M. Benoit de son hommage , et elle renvoie I'examen du globe a une commission speciale, coniposee do MM. Corabocuf, Daussy, Eyries et Reaume. M. le colonel Jackson , membre de la Societe, a Saint- Petersbourg, adresse un exemplaire de I'AideMemoire du voyageur, qu'il vientdepublier, el il acconipagne cet envoi de quelques details sur la redaction de son tra- vail. M. le colonel Goraboeuf est prie den rendre compte. M. Alexandre Burnes e'crit de Londres pour faire bonnuage a la Societe d'un nouveau niemoire quil a public sur le cours de 1 Indus, et qui complete son premier travail sur la description de ce lleuve. M. Townsend, membre de la Societe, lui ecrit pour lui faire hommage de deux grandes cartes americaines , ( i4i } I'une des Etats-Uiiis, et I'autre de I'Etat de New-York; et il entre dans quelques details sur ces deux publica- tions. M. Townsend annonce qu'il vient de se former, an depot de la marine, a New-York, une societe sous le noni de United states naval Lyceum , dont les travaux ont pour but de hater la marche des connaissances geo- graphitjues. II tenioigne le desir de voir des relations s'ouvrir entre les deux societes, et il se feliciterait de pouvoir servir d intermediaire dans leurs ra]>ports scien- tifiques. La Commission cenlrale remercie M. Townsend de ses inleressantes communications , et elle accepte avec empressement la proposition qui lui est faile d en- tretenir des relations avec la nouvelle societe de New- York. La Societe fera volon tiers I echange de son re- cueil periodiqiie avec les publications de cet etablisse- ment. M. Arthus Bertrand ecrit a la Societe pour lui t'aire homniage du voyage en Sr.ede de M. Alexandre Dau- mont, qu'il vient de pul)lier. M. Dubuc veut Lien se charger de rendre conipte de cet ouvrage, M. Grand-Pierre, directeur de la Societe des Missions evangeliques de Paris, adresse les deux premieres livrai- sons deson recueil pour i834, et appelle I'attention de la Societe de Geographic sur le voyage de MM. Arbous- set et Casalis dans le pays encore inexplore des Bas- soutos. Dapres son desir, le Comite du Bulletin est in- vite a presenter une analyse de cette relation, ainsi que des cartes qui I'accompagnent. M. Adrien Gochelet rappelle a la Societe qu'il a eu I'honneur de rini'ormer, par une Icttre datee de Mexico, le 3o juin i83o, qu'une caravane, composee de 62 individus, etait partie le 7 novembre 1829 d'Albiquisi , dans I'Etat du Nouveau-Mexique, et s'etaitdirigee vers ( 142 ) lu haute Californie, a travers des pays qui n'avaient jjio- bablement ele parcounis que par les auciens inission- naites espagnols. Cette caravaue etait heuicusenicut arrivee le ii Janvier suivaiit a la mission de Saint-Ga- briel, dans la Hiiute-Calilornie , apres avoir rencontre quelques tribus sauvages qui ne connnirent a son egard »ucunes hoslilites. M. Cocheliet adresse le nuniero du journal officiel mexicain qui fait coniiaitre avec exacti- tude et jour par jour la route suivie par cette caravaue, et il exprinie le desir que cet itineraire soit insere au liulletin. — Adopte. M. Warden aiinonce que la societe de colonisation ameriraine s'est diHerniinee a former un nouvel etablis- sement qui sera appele New-York, au cap Mount, ou sur tout autre point de la cote d'Atrique qui sera juge convenal)le. Lacoloniedu cap Palinasva prendre le noni de Maryland. II est aremarquer qu'une chained'etablis- semens ainsi places le long de la cote est le seul moyen efficare pour arriver a I'entiere abolition de la traile. La Commission centrale , a laquelle M. le professeur Rafinesque s'est adresse pour obtenir la remise de son niemoire surles races negres asiatiques , dans les cas ou il ne serait pas insere dans le recueil de la Societe, de- cide , sur I'avis de la section de publication , que ce tra- vail ne sera pas publie , et que lauteur, dapres les con- ditions du concours , sera autorise a f'aire lirer une copie de son manuscril. M. le president informe I'assemblee que M. Leprieur, de r tour depuis quchjues jours d'un voyage dans I'in- terienr de la Guyane, est present a la seance. Sur lin- vitation de M. le president, il annonce qu'il se I'era un plaisir de communiquer, a la prochaiue assemblee, une notice sur ses voyages. La seance generale est iixee au 4 avril prochain. ( '43 ) aCVRAGKS OFFEKTS A LA SOCIETE. Seance dii 'j feviier i834. Par M. le directeur tin Deput de la guerre : Vlan iF Alger et des environs, drcsse au Depot de la guerre sous la direction de M. le general Pelet. i832. i feuille. Par M. Albert-Monteinont : Bibliotlieque universelle des voyages, 14*" livr. , in-8°. Par M.le capita'ne d'Ui-ville : 16'', i7'' et 18' livraisons du Voyage pittoresque aiitour du monde. Par M. Jaubert: Meiaoii e sur V ancien cours de V Oxus. Droch. in-8°. Par M. Ramon de la Sagra : Tahlas necrologicas del colera morbus en la ciitdad de la Habana y sits arraba- les, etc. I vol. in 4°- Par M. Gide : Nouvelles Annates des voyages, cahier de Janvier i834. Par MM. les redactenrs •.Revue des voyages, 2' livr. Par M. de Moleon : Bceiieil de la Societe Poly tech- nique, 2^serie,n'^ i, Janvier. Par M. Virlet : Notes geologiques sur les ties du nord de la Grece , in-8\ Par M.*** : Sur T emplacement de robelisque du Louqsor. Par la Societe d'agriculture de la Charente : Jnnales de cette Societe , cahiersde novembre et decembre. Par M. le directeur : Plusieurs numeros du journal TInstitul. Seance du 2 1 fevrier. Par M. Townsend : Carte des Etats-Unis , par Amos Lay. New-York, i83i. — Carte de Vetat de New-York , avec une partie des etats de Pensylvanie et de New- Jersey. 2"" edit., 1829. Par M. Benoit : Globe terrestre, dresse par A. Des- madry] , geograplie, et public par M. Benoit (3™,575 ( M4 ) c!e circonfererice, i"',i37,5 de dianietre). Imprirae sur papier parchemin. Troyes, i833. Par M. All)ert Monteinoiu : Dibliotheque universelle lies voyages, i 5*^ livr. Par M. le tapitaine d'Urville : Deux livraisons du Voyage pittoiesque aiitour du inonde. Par M. Arlhus Bertrand : Voyage en Suede , contenant des notions elendues sur le commerce, I'industrie, I'a- griculture, les mines, les sciences, les arts et la littera- turedece royaume, etc. , par Alexandre Danniont. avol. in-8'^ avec un atlas in-4 '. Par M. le colonel Jackson : Aide-memoire du voya- geur, I vol. in-i2 avec atlas. Par M. Al. Burnes : J memoir of a map oj the eas- tern branch of the Indus ^ giving an account of the alte- rations produced in it bjthe enrtliquake of i%ig and the bunsting oJ the dums in 1826, etc. 1 vol. in-4" Htliogra- phie , avec une carte. Par la Societe royale Asiatique de Londres : Procee- dings of the Society, diicembrc. In-S". Par M. Bajot : Annates maritimeset co/onia/es, valners de Janvier et fevrier i834. Par la Societe des Missions evangeliques : Carte du sud-est deVAfrique, pour lintelligence des travaux des missionnaires francais, i834- — Carte du pays des Bas- sonios, au sud de C Afrique , dressee par le missionnaire Casalis , i834- — Cahiers de Janvier et fevrier du Journal ftes Missions. Par la Societe asiatique : Cahicr de Janvier de son Journal. ParM. le directeur: Memorial cncrclopeditpie , caliier de fevrier. Par M. le directeur : Plusieurs n"" du journal Vlnstitut. BULLETIN UE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. malRs i834. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. JR APPORT sur iin manuscrit espagnol presente a la Societe de Geographie par M. H. Ternatix. 11 est a-peii-pres reconnu auj6urd hui que la premiere deoouverte de Taiti est due a Quiros. Apres avoir ren- contre piusieursiles de I'archipel Pomotou, dont I'iden- tite n'est pas encore bien constatee, !e 9 fevrier 1608, il apercut de loin la haute ile de Ma'itia, qu il nonima De- zenn. Le 10, on eutconnaissance dune grande et haute lerre bien peuplee,qu'on nomma Sagittaria. Dans cette journee et dans les deux suivantes, on eat des commu- nications avec ses habitans. Tous les renseignemens que nous a laisses Quiros sur leurs traits moi aux et physiques, et sur la nature de 1 ile, ne permettent pas de douter que ce ne fiit celle de Taiii. Une autre raisoii, plus pe- remptoire encore pour trancher la difficulte, c'est que, dans toute I'etendiie de 1 Ocean Pacifique, il n existe pas 1 1 ( i46) sur !e parallele de ij" 4o' tie lat. S. , assigne par Quiros a la parlleN. de \n Sagittan'a, une seule terre qui puisse repondre en aiicune maniere aux details consignes dans la relation de Quiros. Touiefois, coinme loutes celles (jui avaicnt lieu a cette epoque, cette importanle decouverteresta pen ronniie. 11 taliut que I'Anglais Wallis fit, pour ainsi dire, une seconde fois la decouverte deTaiti. II y sejourna du 19 juin an 27 juillet 1767, et lui imposa le nom de He de Georges III, qui ne fut pas meme adopte par les Anglais. Notre compatriote Boug.\inville suivit depres Wallis dans cette lie, qu'ii voulut notnmer Nom>eUe-Cythere , designation qui neut pas plus de succes que celle de ses predecesseurs. Sa relache fut courte, puisqu'elle ne dura que du 6 au i5 avril i j68. Cependant le spirituel navi- gateur nous laissa sur cette He des details reniplis de charnie et de fraicheur. Enfin, dans ses trois voyages, le celebre Cook, de- puis 1769 jusqu'a la fin de 1777, visila frequeniment Taiti et y fit souvent de longues stations. C'etait son He favorite, cetait ia qu'il venait se reposer de ses longues explorations, quil venait renouveler son eau, son bois et sesvivres. Sa liberalite,jointea son inflexible severite, I'avait rendu aussi cher que redoutable aux naturels,et its Ihonoraient a legal d un de leurs dieux. Ses descrip- tions, et surtout celles du savant Forster, firent con- nailre a I'Europe entiere cette delicieuse He mieux qu'au- cune province de France ou d'Angleterre. Cook eut le bon sens de lui conserver le nom indigene, niais il fut etrangement defigure en celui de Otalieilc , par leffet de rorlhograplie anglaise. II nenlre pas dans notre plan de parler des nonibreux navigateurs qui visilerent Taiti depuis Cook jusqu'a nos ( i47 ) jours. Ce que nous avons dit menie des voyages de Wal- lis , Bougainville et Cook, n'avait d'autre objet que de rappeler que, suivant 1 opinion commune, les An- glais et les Francais seuls avaient eu part aux travaux qui nous firent connaitre, il y a soixante ans environ , Taiti et les iles voisines. Cependant les Espagnols aussi prirent part a celte impulsion. Deux expeditions, parlies de CuUao , eurent lieu de 1772 a 1775; elles se dirige- rent vers Taiti ; Jans la seconde meme , una mission fut etablie, et deux pretres furent laisses sur cette ile ; mais le tristc esprit de mystere et de reticence qui presidait aux operations du cabinet de Madrid, jetaun voile epais sur ces expeditions, et la geographic resta privee des renseignemens quelle ex\\, pu en retirer. Seulement Cook, dans un second voyage en lyy'i, fait mention en pen de mots de la premiere expedition espagnole, disant que le vaisseau, qui elait de la gran- deur de la Resolution , avail passe trois semaines dans le liavre de PFai-Ouroua , et qu'il avait emmene quatre naturels du pays. Lors deson troisieme voyage en 1777, il parle aussi dune maniere tres succincte de la se- conde expedition des Espagnols, de I'etablissemeiit des dteux pretres, et de leur depart sur deux navires de leur nation apres un sejour de fiix mois. II parait neanmoins qu'une relation du voyage fait par les Espagnols en 1774 est parvenue a la connaissance de M. de Rrusenstern, puisqu'ii en fait mention dansle premier volume de ses Memoires hydrographiques sur rOcean Pacifique, a I'endroit ou il parle des decouvertes du capitaine Boenechea; cependant il designe la fregate sous le nom de Santa-MariaMagclalena, tandis quelle sappelait Vjguila. Tel etait 1 etatde nos connaissances sur les expeditions 11. ( i48 ) des Espagiiols a Taiti de 1772 a iyy5, lorsquun ina- nuscrit espagnol presente a la Societe de Geographic par M. H.Ternaux, est venu jeter une vive lumiere sur ces fails. Ce manuscrit, compose de 162 pages dune ecri- ture tres correcte et tres piopre, est le journal nienre du capitaine du navire qui servait de conserve a la fregale, lors du second voyage. Par un singulier hasard, le noni de ce capitaine, qui parait avoir ete un niarin eclaire , judicieux , et surtout Ires exact dans ses observations, nest mentionnenullepart.il nous donnedans lecoursde son re'cit, les noms desprincipaux officiers de la fregate, des -pilotes des deux batimens, et meme d'autres per- sonnes,et le sien n'existe en aucun endroit. Cependant, comme il lui arrive de parler de son fils sous le nom de Josef Gregono, il est naturel de penser qu'il se nommait aussi Gregono. A tout hasard, pour la commodite de notre recit, nous empioierons cette designation, per- suade que I'erreur, s'il y en a, ne sera pas importante. Maintenant nous allons donner une courte analvse du journal en question, nous bornant aux faits qui sont dun interet direct pour la geographie. En 1772, le capitaine de fregate don Domingo de Bo- nechea avai*, decouvert I'lle de Taiti , et I'avait nommee Amat, en honneur du vice-roi gouverneur, et capitaine- geueral des royaumes du Perou et du Chili. Le vice-roi don Manuel Amat, en 1774? "'it la fregate rjguila sous les ordres du capitaine Bonechea , pour conduire a Taiti les deux missionnaires Fra Geronimo Clota et Fra Nar- cisso Gonzales, qui devaient y travailler a la conversion (les infideles. Ces ecclesiasliques etaient accompagnes dun interprete et dedeux nalurels amenes dans le voyage precedent, et qui avaient recu le bapteme a Lima. Le paqiiebol ht Jupiter int frete pour servir de conserve a i ^49) la fregate et transporter l:i niaison de bois preparee pour les niissionnaires, et divers animaux domestiques cju'on voulait introduire dans 1 ile. L'auteur de cette relation fut, dit-il, designe pour capitaine et premier pilote du paquebot. L'expedition niit a la voile du port de Callao , le 20 septenibre 1774? et Gregorio prit son point de depart de la pointe de I'lle San-Lorenzo, qu'il place , d'apres une carte francaise de 1756, par 298° aS' de longitude, comptes du meridien de Tenerif. Cette remarqueest im- portante, car c'est de la que derivent toutes les longi- tudes du voyage. Des le 5 octobre, dans une nuit obscure ou le vent soufflait avec violence et soulevait une grosse mer, le Jupiter perdit de vue le fanal de la fregate. Le 6, au jour, il ne put la rallier; leur separation fut consonimee, et ils ne se reunirent que devant Taiti. Le 3o octobre, a cinq heures et demie du matin, on apercut une ile basse , au sud de laquelle on avait passe dans la nuit, et a moins de 4 on 5 milies dans le sud. Gregorio crut d'abord que c'etait I'ile San-Simon el San- Judes , decouverte dans le voyage precedent; niaisil re- connut a Amat que e'en etait une autre, et la fregate , qui en avait eu aussi connaissance, I'avait nommee San- Narcisso. Cette lieresta ensuite inconnue jusqu'en 1822, ou.elle fut revue par le capitaine Clarke; en 1828, elle fut aussi reconnue par M. Duperrey, qui la nomma d'a- bord ile Daugier, la croyant nouvelle. Gregorio la placa par 17020' Lat. S, et 238" 58'. Le i^' novembre, au point du jour, on decouvrit une lie basse dans le sud. Ou la prit d'abord pour lile Sau- Quintin; mais a midi on observa la latitude a 5 milies environ de la pointe septentrionale, qui se trouva ( »5o) placee par ly" 44' ''»*• '^^ ct '2i6> 49' '""g- ^t^'** <'c- niuntra que cette ile etait differente de San-Quintin, et on lui donna le noin de las Animas, parce quelle avail ete apercue la veille du jour des niorts. Gette lie a plus de 'j licues de lon<^ du N. E. au S. O. Ses rives offrent des plages d un sable tres blanc, etl'on ne put (louter qu elle ne fut liabitec, attendu qu'on re- marqua plusieurs cases. Le milieu de sa cote septentrio- nale etait eloigne del ileSan-Narcisso de ^i lieues a 10. 1 1° S. corrige ( varia. S" 3o' N. E. ). Tons ces renseignemens demontrent jusqu'a Tevi- dence que cette lie de las Animas est identique avec rile Moller, reconnue en 1820 par le capitaine Bellings- hausen et 1 lie Freycinet, revue en iSaS par le capitaine Duperrey. Sur notre carte, nous lui avons assigne le noni de Maiiou, que Beechey donne coinme celui des naturels ; niais Gregorio indique dans son tableau celui de Noaroa. Le navigateur qui aura des communications sures avec ses habitans, decidera lequel de ces deux noms, Manou ou Noaroa, doit rester. Une troisieuie ile basse fut apercue le jour suivant a six heuresdu matin; on courutdessuspour savoirsic'e- tait celle de Todos-Santos ^ mais on sut plus tard que c'etait rjle San -Simon et Judes, que le capitaine Bone- chea avail decouverte dans le voyage precedent. On s'approcha jusqu'a un demi-mille de sa bande occiden- lale, et Ton vit une troupe nonibreuse de naturels qui paraissaient se preparer a repousser par la force des amies toute espece de tentative de debarquement. Le ciel, convert, ne permit point d'observer la latitude de cette lie, dont le milieu fut place, d'apres I'estime, a 17" i5' lat. et 236'' 2' de long., a 17 lieues a I'O. N. (). , 5° 3o' N. corrige, de lile de las Animas. Cette ile de ( i5i ) Saii-Sinion et Jiides esl ceitainenieiit la nieine que celle de la Resolution, reconniie par Cook en 1773. Si Boiie- chea la viteii 1772,1a decouverte lui en appartient sans con tr edit. Des le 3 au point du jour, une autre ile basse, con- verte d'arbres et entouree de plages d un sable bianc, se montra a 5 niilles dans le nord ; elle recut le noni Aelos Martires , et sa pointe sud tut placee par 17" 21' lat, et 235" 2' long. , a 18 lieues et demie a 10., 7° S. corrige du milieu de San-Simon et Judes. Nul doute que cette lie ne soil la meme que 1 ile Douhtful, decouverte I'an- nee precedente par Cook. Le meme jour, a trois lieures du soir, on apercut en- core une ile basse, que Ton rangea a une lieue de dis- tance a quatre heures du soir, Elle avait de 2 et demie a 3 lieues de longueur de lest a rouest,sur un mille dans sa plus grande largeur, ce qui en rend I'approche fort dangereuse. Cette ile, qui fut reconnue pour etre celie de San-Quinlin, decouverte par le capitaine Bonechea dans le voyage precedent, fut placee par Gregorio par 17" 3o' lat. et 334" 45' long., a la distance de 17 lieues et demie de la pointe S. de Los Martires, a 10. i/4 S.O., 2" 21' O. corrige. La latitude de cette lie, sa distance a I'lle Todos-Santos ou Anaa, et a la piecedente, nous portent a croire quelle n'avait plus ete revue jusqu'a Beechey en 1826, qui I'a nornxnce Crokei: En conse- quence, MM. Krusenstern , Duperrey, et nous-meme sur notre carte de I'Oceanie , avons tons place 1 ile San- Quintin trop a lest. Le 4 novembre, a trois beures et demie du soir, on apercut Tile basse de Todos-Santos, reconnue par le capitaine Bonechea dans le voyage precedent. I! etait deja nuit lorsqii'on la doubla au sud, de sorte qu'on ne put ( l52 ) la bien reconnaitre ni conslater son etendiie. On sonp- conna quelle etait peuplee, d'apres une case que Ton apercut. La position cle sa pointe su(f fut etablie par Gregorio par ly" 3i' lat. S. et 232" 8' long., a 32 lieues et deinie de SanQuintin, dans 10, , 4^ io' S. coriige. Gitte He de Todos-Santos est evidemment Tile Chain on Anaa, decouverle par Cook en 17696! revue par lui en 1772. On apercui dans la soiree du 5, a I'ouest, une apparence de terredans les nuages, qui ne tarda pas a se cacher. La nuit lut passee a la cape. Le jour suivantau matin, on revit la terre de la veille a 10. S. O. , et ;i huit heures, une autre qui semblait plus proche au N. N. O. 5" O. du Gompas. On gouverna sur relle-ci, pour s'assurer si ce n'etait point I'lle de Amat; mais a midi, la latitude ob- servee etant 17" a3' , et I'lle en vue restant encore a quel- ques lioues plus au nord, il lut reconnu quece nepou- vait etre Amat on Taiti. Gregorio ajoiitequ'a Taiti Ion apprit, par I'un des piloles les plus habiles du pays, que celte lie etait Matea ; il etablit sa position environ par 16" 5o' lat. S. et 23o'6' long. , a la distance de 4 1 Ueues fJe Todos- Santos, et a 10. N, O. 3" O. , el la nomine dans son tableau San-Diego. Ici nous devons faire une remarque : dapres les ob- servations de Turnbull en i8o3 , et surlout de Belling- hausen en 1820, lile Matea est situee par i5o52' lat. S.j ainsi ce n'est point elle dont il est question ci-dessus. Kxiste-l-il une lie encore inconnue sur nos cartes qui doive se rapporter a la position que vient d'assigner Gregorio, c est-a-dire a 21 lieues environ au N. N. E. de Maitia? Les routes de Cook et de Wilson, iracees sui la carte que M. Duperrey adressee des lies Pomolou por- tent a penser le contraire. Cepcndant, couime I'une et ■ ( »53 ) I'autre de ces routes passent encore a i8 ou 20 nnlles de cette position, et que Gregorio est dune grande exac- titude sur tous \es auties points qu'il a signales , il est possible qu'une nouvelle ile soit a retrouver dans ces pa- rages. La question nierite d'etre resolue par le premier capitaine qui sera appele a les visiter. Quoi qu'il en soit, Gregorio , quittant sa pretendue \\e de Matea , se dirigea desorniais sur la haute terre qui! voyait au S. O. Contrarie par les vents faibles et va- riables, le 7 a midi il n'en etait encore qu'a 2 ou 3 lieues auN. E. ; niais la latitude observee lui fit reconnaitre que c'etait San-Christoval , ou Maitia des naturels. II la place par 17° 44' lat. S. et 229° 34' long. , a 49 lieues i/3 a rO., 5° S. corrige de Todos-Santos, et a 21 lieues au S. S. O., 7° 1 5' O. de son ile San-Diego. Le 8 novembre , au coucher du soleil , on apercut les sommets de I'lle Amat ou Taiti, et le 9 au matin on se trouva sur sa cote,- niais il se passa plusieurs jours sans qu'on put atteindre le mouillage. Le i5, le Jupiter se reunit a la Iregate. Durant dix jours, ils furent encore ballottes par les grains, les rafales et les courans , et le 5.7, les deux navires affourcherent dans le portdeFatou- Tira, sur la presqu ile du S. E. , qu'ils noinnierent port de la Santissinia Cruz. Ce port de Fatou-Tira repond, sur la carte des voyages de Cook, a Owkatou-Tera , qu'on doit ecrire regulierement fFatou-Tera. Gregorio place ce point par 17° 45' lat. S. et 228° 56' long. Notre navigateur consacre plus de soixante pages de sa relation a donner des details sur les productions de Taiti, sur le caractere, les nioeurs, les coutumeset les occupations de ses habitans. Tous ces details sont pleins d exactitude ct de bonne foi ; mais coinnie , apres tout, ils n'apprenuent rien aujourd hui qui nail ete raconle ( ,54 ) bien ties fois , nous les snpprimerons dans cette analyse. Dans les noms des naturels ciles par Gregorio , on re- troiive bientot cen\ qui Hgurent aussi dans les recits de Cook, en tenant compte des differences notables qui existent entre la prononciation anglaise et celle des Es- pagnols pour traduire les iioms polynesiens en carac- teres europeens. Cook, dans son recit, parle d'une maniere assez de- daigneuse des tentatives des Espagnols pour s'etablir a Taiti. Cenx-ci avaient connaissance des voyages des An- glais, et on sera sans doutecurieux de savoir comment, a leur tour, ils s'exprimaient sur le compte de leurs rivaux : « La douceur et la complaisance que nous temoigna- mes a ces peuples, comparees a la rigueur et a la bru- talite avec lesquelles ils furent traites par les Anglais qui se trouvaient ici I'annee derniere, leur donnerent lieu de croire que ceux-ci sonl plus courageux que les Espa- gnols. Pour ce n>otif, et parce que les Anglais furent plus gene'eux envers les Taitiens, malgre leur cruaute, ils leur inspirerent a-la-fois plus de respect et d'attache- ment. Pour preuve , je raconterai le trait suivant.Un de nies mateiots, nomme Joseph Navarro , alia a lerre pour laver le linge des offlciers. Differens Indiens I'ayant en- toure, sous pretexte de voir comment il lavait, luienle- verent quelques chemises. Le matelot mit en siirete le reste de son linge, et poursuivit I'lndien qu'il supposait etre le voleur; mais celui-ci, au milieu de sa course, ra- massa une pierre avec une promptitude inconcevable, et, revenant sur Navarro, la lui lanca avec tant de force et d'adresse , qu'elle lui fracassa le crane. II serait infail- liblement mort de cette blessure, si I'excellent cliirur- ( '55 ) gien-niajor de la fregate iie lui eut fait I'operation ne- cessaire. '■ Les Indiens craignirent que nous ne vouiussions les tuer pour nous venger, attendu que, pour des motifs bien nioins graves, les Anglais en tuerent plusieurs et en blesserent un plus grand nonihre : aussi les deux eris prirent la fuite, et, a leur exemple, leurs snjetS, emportant avec eux tout ce qu'ils possedaient. Aussitot le commandant expedia linterprete pour les rassurer, et leur nffirmer de sa part qu'on ne les poursuivrait en aucune maniere. Cette promesse les determina a revenir occuper leurs habitations. Notre conduite leur fit com- prendre que les Anglais etaient plus portes a la colere et a la vengeance que les Espagnols, et ils contaient a iios gens que s'il arrivait quelque navire de cette nation, ces honinies nous tueraient tons. « L'un des Indiens que je conduisis a Raiatea, nonime Oro-Metoua m'informa qu apres que le commandant Bonechea eut passe a Taiti dans son premier voyage, il y etait arrive un grand navire qui devait etre un vaisseau de ligne, d'apres les gestes qu'il fit, et une fregate un peu plus grande que VAguila, dont le commandant, disait-il, se nommait Otoute, et etait Bretane de nation. Comme ces Indiens ne peuvent prononcer exactement les mots des langues europeennes, je ne fus point fixe sur le nom du commandant; mais je ne pus douter qu'il ne flit Anglais, tant a cause du nom de Bretane qu'O- ro-Meloua donnait a sa nation , que parce qu'il iniitait avec une grande perfection une chanson et une contre- danse anglaise, non-seulement avec lair, le ton et la mesure, mais encore avec leur maniere de la fredonner avec les dents serrees. En outre , je vis entre les mains des naturels differens objets que les Europeens leur ( '56) avaient donnes, et ils m'assurerenl que !e roi Otou pos- sedait uii pavilion et deux enseignes anglaises qui lui avaient ete donnees par le conunandant et les officiers de ces deux navires. « Oro-Metoua me dit qu'ils etaient restes iiiouilles dans le port de Fatou-Tira deux niois ou lunes,et que la fre- gate parlit avant le vaisseau. Gelui-ci ayant ensuile mis a la voile, alia seul a Raiatea. Apres I'avoir reconnu et avoir mouille dans un de ses ports, il parlit, emmenant avec lui trois Indiens de cette ile. A.pres une navigation d'une lune, ils trouverent une grande terre oil il faisait tres froid, et, ayant navigue sui sa cote une autre lune, ils n'en purent trouver I'extremile. Les habitansen sont paisibles et genereux; ils ont de meilleurs vetemens et d'autres ohjets que ceux de Taiti. Enfin le vaisseau re- vint pour laisser dans leur patrie deux des trois Indiens qu'il en avait tires, emmenant avec lui le troisieme. « Quant au nom de cette terre , il y a incertitude , puisque les uns la nomniaient Gouytajo , et I'lndien Oro-Metoua, avec d'autres, Tonetapou. " Parini les differentes choses que ces Indiens appoi- terent a Raiatea, et qui passerent cnsuite a Taiti, il m'arriva par hasard de voir une espece de coutelas a deux tranchans den teles en scie dune pierre fine, noire el pesante, orne dune sorte de ciselure execuiee laite avec quelque gout. Comme cette arme nest usitee par les iiaturejs d'aucune des iles que nous avons vues dans ce voyage, son apparition donne quelque poids a la rela- tion que font les naturels de la decouverte operee par les Anglais. " Je suis porle a croire que cette terre serait une par- tie de la Nouvelle-Zelande, parcc que les naturels dirent qu'il y faisait fioid; or, Ij parlie la plus septentrionale ( iSy ) de ia Nouvelle Zelande se trouve par les 34° environ dans cet heniisphe»e meridional. En outre , coninie je le vis dans les journaux des officiers du navire francais le Saint-Jean-Baptiste, sous le conimandement de M. de Surville, qui vint de I'lnde orientale a Callao en traver- Sant la mer du Sud , il est constant qua partir de son extremite septentrionale les Francais decouvrirent une grande parlie de la cote de la Nouvelle-Zelande , qui courait au S. E. et a I'E. S. E. a-peu-pres, partie qui n'a- vait pas encore ete decouverte jusqu'alors. Ainsi il n y a pas de doiite que la distance de tlaiatea jusqu'a la Nou- velle-Zelande n'a pu etre le cheniin fait par le navire anglais durant le premier mois , et que la Nouvelle-Ze- lande ne puisse etre un continent qui , apres avoir couru a Test, se dirige ensuiie vers le pole Sud, en formant un canal avec le cap Horn. « Revenant a la fre'gate , je demande niaintenant au lecteur ou elle alia seule,avant que le commandant quit- tat Taiti pour Raiatea , et cette ile pour la decouverte de cette derniere terre? Quels motifs I'obligerent a cette separation? II est certain que s'il devait revenir en Eu- rope par le cap de Bonne-Esperance ou par celui de Horn, il n'auraitpas permis cette separation sans encou- rir de graves reproclies. « Comment put-il embarquer assez de vivres, et cl'assez bonne qtialite , pour qu'ils n'eussent point ete exposes a souffrir la corruption dans un voyage aussi long que celui d'Angleterre a Taiti , dans le sejour de deux mois (|u'il fit dans cette ile, dans le temps qu'il consuma a aller reconnaitre Raiatea, enfin dans celui qu'il employa a retourner a cette ile apres la reconnaissance de la grande cote qu il decouvrit? S il expedia la fregatepour lAnglelerre parce quelle n'avait point assez de vivres ( i58 ) pour son equipage, pourqnoi ne lenonca-t-il pas aux tiecouvertes qu'il tit ensuite, ou pourquoi ue la pour- vut-il pas ties vivres qu'il consiiniait dans le temps memo qui! devait consacrer a ces travauxPLe retour du com- mandant de llaiatea en Angleterre exigeait un voyage ties long : comment parcourut-il un si grand espace ilans la mer du sud, sans considerer que les vivres pou- vaient lui manquer, ou par suite de corruption, ou par insuftisaiice? Ou allait-il en reprendre? On pourra me dire quec'est au Bresil ou aux ties Malouines; maiscela ne le sauverait pas du reproche d'imperitie, parce quil ne devait point congedier la fregate, quand il projetait tant de decouvertes dans la mer du sud ; au risque de faire naufrage sur quelque ecueil inconnu, sans avoir de navire pour saiiver les malheureux naufrages. Nean- moins, je ne puis croire qu'il y eut de la faute du com- mandant, attendu que, pour desend)lables expeditions, nous Savons que les Anglais et les autres nations civi- lisees envoient des hommes habiles. Qui engagea les Anglais a expedier deux navires nommes le Dolfin , vaisseau de ligne , et la t'regate Tatnes ( erreur pour Ta- mar), sous les ordres du commandant Wiron (Byron), pour explorer cette mer du sud , expedition qui appa- reilla du port de Plymouth, Ian ry64? H n'y a pas de doute que celui ci n ait ete a Taili , puisque I'lndien Oro-Metoua , quej'ai dejucite, ayant entendu uouuner Wiron, dit qu'il le connaissait et qu'il y avail long- temps qu'il avait passe a Taiti. Lui ayant demande quel- ques indices, pour savoir a quoi men tenirsur sa ve- racite, il me repondit qu'il y avait un vaisseau de ligne et une fregate dont le capitaine se nommait Mount; alors il ne me resta pas de doute, puisque cela meme est con- state par la relation dfce voy;ige. Quels motifs eut alors ('59) Wiron pour cacher les latitudes el les longitudes des lies qu'il decouvrit? Le temps le dim 61 publiera ce qui en etait. » II est assez curieux devoir Gregorin se livrer aux con- jectures les plus bizarres sur la mission et les vues du capitaine Cook , et cela sur les renseignemens vagues et naturellement inexacts qu'il avail pu rerevoir des na- turels de Taiti. La verile est que Cook, apres unecourte station a Taiti, en 1773, quitta cetle He avec ses deux navires le i" septembre de cette annee, visita succes- sivementWahine^Raiaiea, Hervey, les lies Tonga, et ar- riva sur les cotes de la Nouvelle-Zelande, ou il se separa de sa conserve dans un coup de vent suivenu le 3 no- vembre. Cook se rendit ensuite a Isle de Paques, aux ilesNouka-Hiva, el reparut enfin, apres huit mois d'ab- sence, aux lies Taiti et Raiatea, oil il sejourna cette fois pres d'un mois et demi. II n'emmena qu'un seul naturel de Raiatea , Didi , que Cook nonime OEdidee, et qu'il deposa, a son retour, dans son ile. Quant ;i Tone-Tapou, c'est evidemment Tonga-Tabou , et Gaajte/oWai-Tahou, I'une des lies Nouka Hiva. Ces deux noms sont pionon- ces a la taitienne et ecrits a I'espagnole. Quant au pre- tendu sejour de Byron a Taiti, il est evident que noire Espagnol confond ensemble les expeditions de Byron el de Waliis, qui conimandait le Dolphin, et qui seul visita Taiti. Enfin, nous ajoulerons que le vceu du brave Gre- gorio s'esl accompli ; le temps parla, les travaux immor- tels de Cook furent connus de i'univers entier, et ceux (les Espagnols, grace au caraclere oudjrageux et egoisle de leur gou\ernement, t(uit ostimables qu'ils etaient, furent completement ignores. Duranl leur sejour a Taili, les Espagnols sOccupeient ( '6o ) a ravitailler leuis navires , et surtoiit a inonter la mai- son (le hois apportee de Lima pour les niissionnaires et a I'entourer do palissades. Get ouvrage dans lequel ils fiirent aides par les naturels fut termine a la fin de - 1774' l^ I*' Janvier 1775, la croix apportee de Lima fut debarquee en grande pompe, et plantee devant la niaison des niissionnaires; une messe soiennelle et des salves de niousqueterie et d artillerie celebrerent cette imposante cerenionie. Le tout, ditGregorio, en temoi- gnage de la possession que Ton prenait de I'ile an nom de notre souverain don Carlos IH. II ignorait, le brave Homme, que huit ans auparavant I'Angl.iis Wallis avait fait conceder I'lle entiere asonroi par la fameuse reine Oberea. Ce qui etait beaucoup plus honorable de leur part , les Espagnols deposerent sur le sol de Tile des bestiaux de diverses sortes, tels que vaches, anes,coclions,brel)is et chevrespour en propager I'espece. Les dernieres seules prospererent; mais les naturels en firent peu de cas; et tous ceux qui ont goiite de la chair savoureuse de leurs cofhons en concevront facilement le motif. Cela fait, on remit a la voile le 7 Janvier pour aller a la recherche de I'lle Raiatea dont les naturels de Taiti avaientannonce I'existence aux Espagnols. On reconnut en partant I'lle deMorea ou Santo Domingo, plus con- nue sous le nom d'Eimeo ; le 9 on decouvrit I'lle Wahine, qui fut nomniee lie Herinosa, et placee par 16'" 45' lat. et 226" .59' long. On se trouva le lo pres de I'lle Raiatea, que Ton nomma la Princesa , et dont la pointe sud fut placee par 16° 69' lat. S., et 226'' 36' long., a 45 lieues au N. 34° 3o' O., corrige du port de Fatou- Tira. Le conunandant Bonechea envoya rcconnaitre les ( i6i ) mouillages cle llaiatea ; iiiais, ne les ayant pas trouves a son gre , il se decida a retourner a Taiti pour voir coniment se troiiVaient les peres; ce qui contraria beaiicoup Gregorio, qui aurait desire explorer avec plus de soin toutes ces iles. Comme on se trouvait pres de Raiatea on vit une lie haute et petite que Gregorio placa par 16" 3o' lat. et 226" 1 5' long. Elle fut nomniee San-Pedro par les Es- pagnolsj c'est lile de Boabora. En revenant de Raiatea a Taiti,. Gregorio vit de loin deux lies petites mais hautes. La premiere Toubouai- Manou, qu'il nomma I'lle Pelada par i^"3i' lat. S. et ii'j° i4' long., et la seconde nommee Manou par les naturels par 17° 53' lal. S. et 226° 5p' long. La premiere existe bien certainement, mais la seconde ne fiufure point sur les cartes, et il est difficile d'admettre qu'une lie haute soit restee inconnue aussi pres de Taiti. II est done a presumer que cette fois Gregorio prit un nuage pour une ile, ou qu'il y eat double emploi pour Toubouai-Manou. En outre, a bord de la fregate, on vit de loin deux autres iles, Tune nommee Tauroua par les indigenes, et Tres Hermaiios par les Espagnols, et que Gregorio place par 17" lat. S. et 228° 18' long.; I'autre appelee Moroua par les naturels et Santo-Antonio par les Espa- gnols, situee par 16° 3o' lat. S. el 2260 3' long. Ces deux lies sont evidemment Tetouroa Gi Maupiti ou Mauroua decouvertes I'une et I'autre par Cook en 1769. Le 20 Janvier on fut de retour au mouillage de Fatou- Tira sur Taiti. Aucun accident facheux n'etait arrive aux missionnaires ; les naturels leur avaienl montre les dispositions les plus bienveillantes, et s'etaient active- 12 i irta ) nienl e^l[)l<)y«^s a lenniner les palissades ot l«'s fravaux de leiir etablir.seinenl. Le c'oinmaiidant Bonecliea, malade depuis qu»'lqiie temps, succondja a ses souffiances le 26 jaiivim-, et flit eiiterre le jour suivaiit au pied de la croix avec les hoiineurs diis a son rariir. Don ToniasGayangos piit le comniandeinent de I'ex- pedition,et remit a la voile des le 28 jaiivier pour Lima. On prit la bordee du sud pour alter gagner la handedes vents generauxduS.D.Le 5 a dixheures etdemiedii ma- tin on apcrcut une ile de moyenne hauteur, et le 6 un canot de la hegate envoyea lacote, conununiqua avecles liabitans. Ceux-ci appartenaient a la meme race que les Taitiens, et comprenaient quelques mots isoles du Ian- gage de ces derniers; niais ils ne pouvaient soutenir avec eux une conversation suivie. Cette ile nommee par les naturelsOraibabae, dit Gregorio, recut des Es- pagnols le nom de San la Rosa, et sa position, d'apres lui, est 23° 48' lat. S. ct aS'' long. II est evident que cette lie est celle qui porte le noni de Ravavai ou Vavi- tou sur les carles niodernes, et qui f'ut vue, a ce que nous croyons, en 1791 par Broughion. Mais il est con- stant que la premiere decouverte en est due a I'expedi- tion espagnole. Apres avoir eprouve diverses conlrarietes, el entre autres un epais brouillard, ou les deux navires sesepa- rerent, Gregorio renconlra enfin les vents variables par 44°; le 27 mars il eut connaissance de I'lle Mas-aFuero, et le i3 avril il niouilla dans le port de Callao , pres de la fregate, qui etait arriveecinq jours auparavant. Dans le tableau de positions geographiques placees a la suite de son recit, outre les lies dont nous avons parle, Gregorio mentionne encore trois lies basses, ( i63 ) apercues par V Aguila avant d'arriver a Taiti. Ces lies sont : I" Eroiia ou San-Ju.tn, par ij''39' S. et 235° 21'; 2° Taboa ou San-Julian , par 1^° c)' S, et 233o 17' long.; 3''Houarava ou San-Blas, par 16° 53'S- et 232° 5 1 long. 11 suftit de Jeter un coup-dVeil sur les dernieres cartes pour se convainc.e que ces trois lies se rappor- tent, savoir : San-Juan a lile Melville de Beechey en 1826, maisque Bougainville a certainenient vue le pre- mier en 1768 ; San-Julian a i'lle Adventure, decouverte par Cook en 1773; enfiii, San-Bl.is a I'lleTchitsliagoff, fignalee par Bellinghauseii en i82o,ii;iis dont la de- couverte doit rester a Bouechea. Le manuscrit est termine par un tableau des decli- naisons de raiguille aiuKiiitee, ohservees duraiit tout le cours du voyage, assure Giegorio, avec toute I'at- tenlion possible, an moyen d une excellente i)oussole marine anglaise. Ainsi que vous avezpu en juger, niessieuiSjd'apres I'a- nalyse que je viens de vous en soumettre, le manuscrit olt'ert a la societe de geographic par M. H. Ternaux est dun veritable interet. II iixe tous nos doutes sur I'expe- dition espagnole qui tenta le premier etablisseinent sur liie de Taiti , el il nous donne le nioyen du restituer a teux quil'ontvraiment operee la decouverte deplusieurs lies delArcliipel dePomotou et notaninient Raivavai. Enfin, il nous donne tout lieu de croire (ju'une nou- velle lie, celle de San-Diego existe peu loin de Taiti, sans avoir ete signalee sur les cartes. Dapres toutes ces considerations, je serais dispose a penser que le manuscrit deGregorio seraitun de ceux dontla traduc- tion inlegrale pourrait figurcr convenablemenl dans les memoires de la Soci«?te, si les fonds dont on pent dis- poser le permettaient un jour. 12. ( .64 ) Nota. II est reniarquable qua I'epoque des deux ex- peditions en 1772 et i774) '^s Espagnols n'aient point senti ni meme soupconne queTaiti et Maitia pouvaient se rapporter aux ties Sagittaria et Dezena, decouvertes au commencement du xvir siecle par leur compatriote Quiros. 38 Janvier 1834. J. d'Urviixe. ( i65 ) Voyage dans Vinterieur de la Guyane , par MM. Adam DE Bauve et P. Ferre. Suite. Janvier I'i. Nous reprimes notre exploration, et vers neuf heures nous rencontrames uiie grosse crique que nos guides nous assurerent etre une riviere considera- ble qui sejetait dans I'Amazone, et qui etait Hieuware, dont ils nous avaient parle la veille. Nous descendimes cette riviere environ une heure et nous trouvames une chute considerable. Ces environs sont abondans en ca- caos, et sur quelquesmornets on voit des copahus et des caoutchoucs. La salsepareille aussi est tres commune. Nous revinmes coucher sur les bords d'Agamiware , ou nous mimes des hamecons. 24. Le niatin nous trouvames nos hamecons garnis d'aymaras et de rouies, excellent poisson nuance de rouge et de noir, qui pese ordinairement quinze a dix- huit livres. Ayant marche toute la matinee, nous ren- contrames a midi une autre riviere sud appelee Mapari , qui se jette aussi dans I'Amazone. Elle est tres large et recoit plusieurs criques assez fortes. Un de nos Indiens tua un animal qu'ils nommaient euyawar poper, chien ou tigre d'eau. II ressemble assez a un chien, son poil est court, dun noir lustre et dune finesse extraordi- naire. 11 a aux pattes des membranes comme le cabiaille, demeure tres long-temps sous I'eau. II altaque les cai- mans et meme les tigres,quand ils traverser t les rivieres. Ils se nourrissent de poissons; aussi les lieux ou ils se trouvent en sont-ils depeuples. Les Indiens nous assure- rent qu'il etait tres rare. ( i66 ) Nous contiiuirttDos tie desrendiv le Maparl, et a six licuresiioiis arrivaines a un etablisseinent que nos guides connaissalent.Les Indians die/ lesquelsnous nous irou- vions n'etaient plus Oyaninis, niais Coussaris. Nous ne vimes cette soiree aucun des Iiabitans de lAldee qui ne descendirenl point pour nous recevoir. Nous tendimes nos hamacs dans un rarbet has, situe au centre de I'e- t.iblissement, et apres avoir sonpe, nous nous endormi- nies tranquillenieijt , s;ms redoufer aucune trahison de la part d iiidividus chez lesquels nous nous trouvions ainsi a 1 iniproviste. 25. Quand nous nous lOTeiilanies, nos bamacs etaient entoures dune quarantaine d'Indiens. C'etaient tons de beaux hommes plus noiis que Ics Oyanipis. Leurs che- veux etaient courts, sans i-ouoon el presque crepus. lis etiiient assis pres de nos guides, auxquels ils avaient apporie des coins de caobiri , d'ignames , et senlreie- naient aveccbaieur avec eiix en nous examinant et nous designart sonvcnt. Nos guides nc leur repondaient que par monosyllabeset ne paraissaient pas tres rassures;eux, aU t»»ntraire, ne temoignaient aucune crainte. lis s'ap- procherent de nous avec des demonstrations d ainitie , et furent bientot familiers justpi a toucber les niousta- cbes et la barbe de Ferre ; nuiis ce qui semblait les surpiendre beaucoup, c'elait le poil doiit sa poitiine est garnie, lar il nest pas rare de voir cbez les Oyanipis des bomines qui aient de la barbe, mais je n'en ai ja- mais vu de veins siir d antres parties du corps. Sur les clivtTS efablisseniens oil nous avions passe, les Indiens .ivaient temoigne de la surprise, mais principalemeiit de la crainte , eux n'en eprouvaient pas; ils etaient entiere- ment nnis par I'etonnenient et la curiosite que cause uii objet inconnu. Jamais ils n'avaient vu de i)lancs; tout ( '«7 ) chez nous etait notiveau poui' mix : apres les pi>'iiiiers elans tie curiosite, iis dfineurerent long-teinps en si- lence en examinant tons nos niouveniens. Quelques tem- nies vinrent nous apporter du rachiri d'ignanies, niais sans lever les yeux siir nous , et elles disparurent aussi- tot. lis furent enchantes de me voir boire cette li(jueur sans aucune defiance, je dis nioi, car Fene n'avait ja- mais pu se resoudre a goutor de cacliiri , tant sa prepa- ration le degoiitait ; leurs yeux fixes sur nous seniiilaient scruter nos pensees. Nous achevames de nous niettre tout-a-fait bien avec eux en leur distribuant quelques verroteries. Unepartie dentreeux se leverentet furent a lachasse, voulant, disaient-ils que, pnisque les blanrs etaient venus les voir, ils ne pussent conserver qii'un souvenir agreable de leur reception. Du resteils paraissaienl croire que nous venions d'un pays ou les vivres manquaient, et la maniere de s'ex- pliquer de nos guides ne les dissuaderent pas. Les chas- seurs ne tardrrent pas a revenir avec une biche et nn gacque que des femmes portaient. De meine que les hommes, elles ne nousparurent pas faire usage de ro- cou. Leurs cheveux etaient d'un beau noir et tresloriirs, leurs corps etaient peints dejenipa, mais avecbeaucoup plus de soins et de regularite que ne le sont les Oyani- pis. Ces femmes etaient jolies et bien faites, mais leurs traits avaient quelque chose de dur et de male. II parait qu'elles sont pen sedentaires, et qu'elles ont I'habitude d'accompagner leurs maris dans leurs excursions qui sont longues. Ces Indiens, en effet, paraissent moins mous que les Oyampis , moins craintifs et moins dissimules; leur Ian- gage est apeu-pres le meme, mais plus franc; les Oyam- pis ont la prononciation un pen nazillarde. Fls sont ( ^f''« ) niieux armes; outre Tare et le taumaho, ils onl un ja- velot et line sorte de sarbacane avec laquelle ils lancenl de petites fleches a una grande distance, lis ont de plus una espece de cuirasse ou plastron tissu an pataoua, at assez epais pour garantir la poitrina d'une fleche. Nous avons vu dans leurs cases beaucoup de fruits et de grai- nes de bois qu'ils mangent, at dont las Oyanipis font peu ou point d'usage , car nous leur avons vu refuser caux qui leur etaient offerts. Je citerai entre autres le bacoury, de la grosseur d'une orange, d'une couleur rosee, d'un goi'it aigre et assez agreable. Le crioary, pour la gros- seur et la forme , absolument semblable a la cerise, mais sans aucune saveur. La jussara , pareille a una grappa de raisin , vient sur un arbrisseau peu eleve et a un goi'it delicat. Enfin le maracouja, du volume dun melon vient sur un arbrisseau peu elave et est loin d'an avoir la saveur. Las abatis sont vastes , plantes de manioc, d'ignames et de patates. Le manioc violet est la seule variete qu'ils cultivent. Le gingembre, dont ils ne font aucun usage a moins que ca ne soit pour quelque remede , s'y irouve en abondance. Las Coussaris paraissent avoir plus da connaissancas et de soins des maladies qua las Oyampis. Nous vimes una femme attaquee de fievre depuis plu- sieurs moisj ils ne paraissaient point la redoutar at ne I'avaient point releguee seule dans un carbat, comma I'eussent fait les Oyampis; aucontraire, ils s'empres- saient aupres d'elle at sur la demande que nous leur fi- mes, ils nous assurerent qu'ils etaient certains da la guerir. Chez les Oyampis, dans letat ou etait I'individu, il cut eteabandonne depuis long-temps. aS. Le aS, nous quittames ces Indiens hospitaliers, et ipres une forte journec, nous vinmes coucber sur ( '69 ) les bords de rAganiiware. Nous ne f'imes aucune reinar- que interessarite, nous vimes seulement beaucoup de salsepareille et d'arbres a gomme. 26. Nous nous mimes en marche a la pointe du jour ; nous voulions reconnaitre I'lnipocko. Nous arrivames a trois heures sur ses rives. Cette riviere est large. Les Indiens nous assurerent qu'elle acquerait une dimen- sion considerable a pen de distance de I'endroit 011 nous nous trouvions; son cours, d'apres les renseignemens que j'ai recueillis, est nioins prolongs , mais aussi moins embarrasse que 1 Oyapock. Elle va se jeter dans I'Ama- zone, et a son embouchure se trouve an poste bresilien nomme Almeyrime. Jose Antonio y avail ete peu d'an- nees auparavant. Ayant appris qu'il y avait une habita- tion peu eloignee, nous longeames la rive qui est peu obstruee, et qui forme menie des anses de sable blanc tres fin. A six heures, nous apercumes une barre for- mee d'une seule nappe d'eau, qui se precipite d'une hauteur de pres de soixante pieds sur une largeur d'en- viron quatre-vingts toises. A huit heures et demie nous arrivames a I'habitation que nos guides nous avaient designee. C etaient des Coussaris. 27. Ces Coussaris nous parurent melanges avec les Oyampis qui habitent I'Arouari, qui est a peu de dis- tance d'Inipocko, car ils sont moins noirs que ceux qui habitent les bords du Mapari. Comme ils avaient des embarcations, nous resolumes de descendre un peu cette riviere. Le terrain est eleve, la terre, grasse et noire, est melee d'un sable blanc tres fin; la salsepa- reille, les copahus se rencontrent en quantite. Nous reconniimes beaucoup de bons bois, des cedres de toute espece, des ouapas, balatas , acajous; en ge- neral, peu d'especes inferieures. Nous etant arretes a ( '7" ) troisheures, nos guides nous assurerent que, de I'eiiilroit ou nous etions, il n y avail qu'uri trajet peu consideraMe pour gagner I'Arouari par terre. Nous nous decidames aussitot a faire celle route, ne pensant pas qu'il nous tut daucune utilite de descendre plus has rimpocko, qui devait nous conduire a un poste bresillen, n'etant point munis de passeports a cet effet , nianqiiant des objets de premiere necessite, menie de vetemens con- venahles, n'ayant que ceux qui nous etaient absolunient necessaires pour un voyage dans les hois, sans argent , nous n'eussionspu quetre Ires mal recus des Bresiliens, ne pouvant nous reclamer de personne, le Para oii re- side le consul francais, elaiit encore tres eloigne de cet etablissenieiit. Nous reyinmes done a ['habitation pour y prendre nos bagages et ceux de nos gens qui y etaient restes. Nous ny arrivames que le 28 a trois heures, quoique nous fussions descendus assez lentement, le courant etait cependant ties rude a retouler. 29 Nous descendimes en canot jusqu'a I'endroit 011 nous nous etions arretes le 27, et nous y couchanies. 3o. Nous nous separames des Coussaris apres leur avoir fait quelques presens , et nous primes notre route par terre. Le terrain que nous parcourumes etait convert de cacaos, ce netait qu'une langue de terre qui nvait peu de largeur. A sept heures, nous arrivames a una habitation oyampie peu eloignee de I'Arouari. La, en remettant le pied chez les Oyampis , nous retrouvames ce caractere de timidile qui les distingue. Nous en fft- nies cependant bien recus, niais ce n'etait plus cette franchise et celle cordialite que nous avions tnnivees chez les Coussaris. Notre intention etait de descendre I'Arouari jusqn a une certaine distance pour reprendre ( '7» ) le cheniin que j'avais fait en octobre et novemhre. 3i. Nous iiousembaiquanies a huit heiires. L'Arouari eil cet eiidroit a vitigt-ciiiq a trente toises cle large, el est enibarrasse de roches. Nous descendimes plusieurs fois pour visiter les environs. Nous vinies beaucotip de salsepareiUe ; le terrain etait entrecoupe de mornets et dans les endroits les plus bas doniinaient les baches et les pinots. Getie riviere conn parallelenient a I'Oya- pock pendant un assez long espace, et tourne louta- coup dans I'est-sud-est, ou Ion apercoit des montagnes elevees dans lesqnelles on nous dit qu'elle prend sa source. Pour sen assurer, il faudrait le temps des gran- des eaux. ler /ei'rier. Nous continuames a descendre la riviere. Souvent elle est barree par des troncs d'arbres rasseni- bles en nionceau. Les deux bords sont tres peuples , ce qui ne parait pas avoir diininue le poisson dont les bas- sins sont remplis. Nous n'en avons pas vu autant a beaucoup pres dnns I'Oyapock , qui est moins habite. Jose Antonio m'avait assure que lesOyampisniangeaient des crapeaux. Nous eiinies occasion de nous en convain- cre, car nialgre I'abondance dans laquelle nous etions. ayant pris plusieurs de ces animaux dune grosseur re- marquable, nos Indiens les firent rotiret se delecterent de ce niets degoiitant. Nous finies halre a six heures sur une habitation ou nous devions ahandonner nos em- barca lions. ti. Nous \innies , apres une journee de niarche Ires faligante, concher sur une habitation. La pluie, qui depuis plusieurs jours tombait f'requemment , rendait les cheniins encore plus impraticables. 3. La journee du i tut encore plus penible. La pluie avail f';)it gonfler les criques , et nous etions obliges de ( *72 ) quitter les marecages oii nous avions continuelleinenl de I'eau jusqu a la ceinture, pour prendre a travers des montagnes difficiles a gravir. La nuit nienie ne fut point un temps de repos pour nous. Mai ahrites par un niauvais ajoupa, nous fumes obliges de nous tenir presquecon- tinuellenient debout pour pouvoir nous garanlir un pen de la pluie qui tombait par torrens. 4. Le 4j apres une journee semblable a la precedente, nous arrivames, excedes, a cinq heures, sur I'etablisse- nient ou j'etais demeure malade en novembre, aban- donne de nies Indiens. Les individus qui s'y trouvaient avaient encore diminue. II en restait a peine quarante, plus de fcmmes que d'hommes. Mais quoique pales et encore abattus, ils paraissaient cependant nioins souf- frans. L'«jpidemie avait cesse ses ravages : depuis pres dun niois personne n'elait niort, et ceux qui restaient reprenaient coujage et semblaient etre rassures sur leur avenir. y^ussi nous recurent-iis mieux qua mon pre- mier voyage. lis nous engagerent a revenir et a leur ap- porterprincipalement des baches dont ils avaient le plus grand besoin , nous promettant de la salsepareille qui , comme je I'ai dit, est tres commune en cet endroit. Ces Indiens nous regardaient avec adniiration. Ils m'avaient vu tres mal, avaient entendu dire que Ferre etait mort, et ils ne pensaienl pas que Jose Antonio piit en rechap- per.lls attribuerentsaguerison ames soins, opinion dans laquelle il les confirma. Nos maladies seules qu'ils re- doutaient les avaient porles a s'interdire toute com- munication avec nous, craignant que nous n'aggravas- sions encore leurs maux. 5. Nous rencontrames plusieurs etablisseniens , dans quelques -wns desquels les Indiens etaient parfailement retablis. Ils nous presserent de revenir promptement , ( »73 ) s'offrant de nous tlonner de la salsepareille et dii co- pah u. 6. Nous comptions trouverla crique Acao, mais les marecages qui etaient inondes nous contraignirent a faire notre route sud-est pour reprendre les montagnes. Nous reconnunies sur la pente est la crique Acao qui y prend sa source. Nous avions jusque-la pense cju'elle s'echappail du bassin Agamiware. Nos Indiens fleche- rent un animal qui nous etait inconnu , c'etait une es- pece de chien dont la gueule est tres allongee, sa robe etait blanche et de couleur fauve. Nos Indiens I'appe- laient guarachini. Pris jeune, il s'apprivoise facilement. On sen empare dans les terriers qu'il se creuse et ou il porte le gibier qu'il prend a la chasse. Nos guides nous previnrent que la journee du lendemain serait penible. La nuit que nous passames n'etait guere propre a repa- rer nos forces. 7. Nous marchanies continuellemCnt dans les mare- cages pour gagner une habit^uion situ^e sur la crique Acao, oil Jose Antonio savait qu'il y avait des canots dont nous pourrions nous servir, vu la crue des eaux, ce qui devait abreger notre route de pres des deux tiers. Quand , malgre des guetres tres serrees , nos souliers n'etaient point pleins de vase, ils I'etaient de sable. Enfin nous arrivames tres tarti sur I'etablissement que Jose Antonio voulait rallier. Nous reconnunies avec joie que les Indiens avaient des canots , et que les eaux etaient assez hautes pour nous permettre de descendre la cri- que. L'etat de nos pieds iie nous eut pas permis de con- linuer la route par terre, nous eussions ete obliges de (lenieurer plusieurs jours avant de nous remettre en niarche. 8. Nous nous erabarquames le 8 de bonne heure, et ( 174 ) favoiises par la rapiclile du courant, nous arrivames en quatre jours a notre etablissement. Nous fumes acconi- pagnesti'une pluie presque continuelle. Je n'ai point cherche , dans celte relation, a relever lous les desagreiifens et luenie les dangers auxquels nous avons ete exposes. Une perte qui fut tres sensible pour nous, fut celle dun des doinestiques de Ferre, garcon eprouve par cinq annees de service. Je perdis aussi mon chasseur, qui m'etait tres attache et de la plus grande utiliie. On peut se faire une idee de ce qu'on a a soul- frir dans ces vastes solitudes, ou souvent on peut etre abandonne par les sauvages qui Thabitent. Je regrette beaucoup que la sante de Ferre ne m'ait pas permis de denieurer le tjemps que j'aurais desire .sur les bords de rAgamiware. J'aurais aussi voula faire un sejour plus prolonge d.ms les montagnes; ii ni'eiit sans iioute mis a nieme de reconnailre la cause des detonations souter- raines que nous avons entendues. Sont-ce les derniers efforts dun volcan eteint.!* sont-ce des indices de mines? Je serais plutot pour cette derniere presomption. Habi- tant quelque temps chez les Coussaris, une etude plus approfondie tie leurs nioeurs , de leilrs usages aurait peut-etre presente un contraste piquant avec celles des Oyampis, au lieu que, dans un passage rapide, je n'ai pu .saisir que quelques-uns des traits geneniux les plus appareiis. Fern; , quoique assez bien retabli, ne pouvait se pemiettre de passer Ihiver en cet endroit. II etait presse de revenir a Cayenne pour se traiter. Jose Anto- nio meme eprouvait des douleurs. Nul doute que mes recherches ne ni'eussent conduit a la de(;ouverte du quinquina, et que je n eusse obtenu les resuhats les plus avantageux, pendant que les contrarietes (jue ( '7^ ) wous avons eprouvees ont rendu nutre expedition tres onerense pour nous. J'otf'rirai e|i forme de nomenclature la liste des diver- ses productions de I'interieur. En indiquant les bois , je me bornerai a les presenter dans I ordre ou on les range ordinairement dans la colonic, d'apres les divers usages auxquels on les emploie. Je neferaiaussi que donner le nom des animaux, beau- coup ayant deja ete decrits. Cependant une description detaillee de quelques oiseaux et de plusieurs poissons presenterait des details encore neufs; niais ce serai t sor- tirdes bornes queje me suis prescrites dans une courte narration. Ce travail serait I'objet dun onvrage consi- derable et ires interessant. Bois de coiileur febenisterie ). Satixe (deux especes). Ruhane, rouge et jauiie. Moutouchi. Violet et noir. Bagot. Uii ties plus eslimes et des plus rares. Se troupe pr^s de la crique Acao, par families. Ferfolle. Rouge feu. Laittre. Rouge fonce raye de noir, grain tr^s fin. Boco. Noir. Panacoco Noiret jaune; /rf. mou- chete. Courhari. Rouge. Bagasse. Jaune,seml)Ial)le an bois e et de liouapira, afHuens superieurs du Jnrc, afin de recounaltre par moi nienie si ce point etait l'avor;d)le- ment situe pour en faire un point central, d'ou il fut facile de faire des reconnaissances dans les pays envi- ronnans; la loute, apres avoir traverseN. et S., le point culminant des niontagnes reprend la direction N. E., S. O, qn'elle avait deja suivie pour venir aux souices de YOjapo/c; le terrain est entierement seniblable: meme succession de monticules, de marais couverls de [)almiers on de ruisseauxj mais cette fois, longeant beaucoup plus le cours de Rounpfra, nous fumes forces de traverser cette petite riviere six ou sept fois avant d'atteindre I'etablissement situe pres de sa jonc- tion avec Couve, etablissement sur lequel j'arrivai le cinquienie jour, premier decembre, de bonne heure. La , comnie sur les etablissemens que j'avais visiles precedemment , je ins parfaiteitienl recu ; la plus tran- che bospitalite me fut offerte, aiiisi quaux honmies quej'avais avec moi; du macouraj, de la craynve, quel- ques morceaux de poisson et de la cassave nous furent aussitot apporles,el le chef de la famille nous cngagea par signes a nous asseoir et a suivre rexemple (ju'il nous donna de manger; le repas fini, sur son ordre, ses Hlles apporlerent des grands couis pleins de cnchiri^ que nous faisions circuler a la ronde apres y avoir bu; car, cliez les Indiens, il est de bon ton de ne jamais refuser de boiredans la coupedeson voisin, etceserait meme luifaire insulte quede lui refuser cette preuye de fraternile. J'eus en peu de temps reconnu les lieux; les habilans de cet etablissement, possesseurs de grandes cultures dc ( 211 ) manioc, ayanl consenti a nie vendr*? une partie des vi- vres sur pied, et m'ayant aussi cede une case poury de- nieurei', je nie decidai a sejourner sur ce point, en atleiidaiit que le cXmi Jose jintonio , entieremeiil reta- bli de la maladie qui! avail contractee dans le voyage qu'il avail fait avec nioi , pal me donner les lenseigne- mens el les guides dont j'avais besoin pour parcourir surement les forels vierges qui mentouraient. Ce point convenablemenl silue pres du confluent de Coui>e el de Rouapira, me donnail la facilite de reconnaitre sans peine les cours de ces affluens du hant Jari^ je fis en consequence (en attendant que je pusse f'aire construire une embarcation nouvelle), reparer la moins mau- vaise de celles dont je pouvais disposer; des le lo decembre je nie mettais en route avec buit jours de vi- vres , deux negres et un Indieu , pour nj'assurer par moi- nienie des ressources en poisson et gibicr sur lesquelles je pouvais compter dans ce pays que j'aliais babiter pendant quelque lenips; au moment e ^ Xoule: incertltiule disparur ; la largeur de cci aKIutiit, la be.iule de la vegetalion qui en couvrait les bords, m'eurent bienlot delermirie; j'avais provision de bons liamecons; aussi, apres I'avoir remonte pendant quelques hcures, je fis mettre pied a terre , et pre|)arer tout pour passer la nuit; aussi beurenx cbasseurs que pecbeurs, nous nous remettions en route le lendemain avec bonne pro- vision de poisson et de gibier ; lapparence de la rivier€^ etait des plus favorables; son lit etait large et ses eaux etendues en belie nape, y coulaient tranquilleuient et sans obstacles; depuis trois jours je la remontais que rien encore ne me faisait craindre d'etre arrete dans ma ( 2 1?- ) marche, elle clait loujours large et |)roroiKle;jecioyais avoir de la peine (avec le peu de vivres que j'avais eni- porte) a la remonter jusqu'a ses derniercs eaux , et deja je songeais a revenir, avec des vivres en plus graiidc quantite pour n'etre plus arrete dans ma course, quand je vis tout-a-coup s'evanouir mes illusions: la belle ri- viere de Coiivc n'etait plus qu'un fort ruisseau cnibar- rasse par des arbres tond)es qui en barraient le passage. Elleavoit subitement disparu, a un detour que je n'avais pas apercu, en se divisant en trois branches. Le sep- lienie jour au soir je rentrais a letahlissenient avec des provisions pour un temps assez long et la certitude de ne jamais manquer de gibier ou de poisson , dont la riviere fourmillait. Le /a/Y, qui se jette dans I'Amazone, en face de la ville de Gouroupa , est la route la plus frequentee par les Oyampis des deux versans snd et nord de cette partie de la Guyane-Centrale, qui ont des relations avec cgvw des leurs qui se sont joints a la Iribu des Tamocornes , qui est etablie sur les rivieres de Moucotiron et Cnrapa- natoube ; ceux des sources el des divers aftluens de VOyfipok sortis, comme leurs consanguins, depuis fort peu de temps des monlagnes dans lesquelles ces rivieres prennent leurs sources, sont unis a ceux du /flrr/ par des liens de parente que I'eloignement actuel n'a pas encore relaches; au commencement de la saison des pluies, lorsque tousles travaux deculture sont termines, ils vont voir leurs parens ou leurs amis d outre uionts. Par suite de ces relations et de ces habitudes de voyage, il est tres facile de trouver des guides pour se rendre de XOyapoksuT le Jari^ elmeme c'est par suite de cette facilite de communication que je m'etais determine a reconnaitre le chemiu qui conduit de XOjnpok sur 1 //- (.i3) -fnazone par cette riviere, esperant que plus tarcl il me deviendrait beaucoup plus facile d olttenir de hons renseigneineiispournie diriger siiremeiil surle Maroni, que les peuplades du centre designent sous ie nom A'A- rawa. Le 20 Janvier, au moment 011 je revenais d'une pre- miere course sur le Jari , je vis arriver deux Indiens ^xpedies par Jose Antonio avec des lettres qui avaient ete envoyc'es chez lui, ainsi que divers objets que M. le gouverneur mefaisait parvenir : Jose Antonio etait par- faitement retabli; aussi a cette nouvelle me decidai- je aussitot a prendre le chemin qui me separait de son elablissenient, afin de pouvoir m'entendre avec lui, et den tirer et guides et renseigneniens; en peu de jours la distance qui me separait de lui fut franchie; et je fus a menie de m'assurer que tout ce que je venais de recevoir de Cayenne etait fort convenable j je regardai deslors comnie assuree la reussite de mon voyage; et quoique par suite des rapports faits a cet Indien , il ne voulutpas me donner des guides pour me rendre sur le Maroni, il me procura autant d'individus qu'il m'en fallait pour foire transporter a I'etablissement que je venais de quitter toutes les marchandises d'echange que je venais de recevoir; il consentit lui-memea me servir de guide et d interprete pour visiter et reconnaitre tout le bassin du Jari. Des que je fus de retour sur I'etablissement , il se chargea de faire faire un canotsuffisant pour nous con- tenir, ainsi que toutes les marchandises : trois negres travaillaient avec lui; et, un mois apres notre arrivee, le cmotavait ete mis a I'eau. Pendant ce temps les Indiens nos voisins ni'avaient prepare une paftie de couac, telle que de long- temps je n'avais besoin de m'en occuper. ( 2i4 ) Dans les prciiiitMS jours d'aviil, lows les preparatifs termines, nous nous reniinies en route pour redescen- drele /oriavecl'intention de reprendre pourle romonter Topipako , Tin de ses afduens ouest, esp<'rant que par la j'aUeindrais par un portage beauooup plus court le Maroni nu un de ses affluens, et que de cette nianiere ilmeserait possible, en remplissant lesdesirsdela Societe de geograpliie, d'y ajouter la reconnaissance du Jari et d'un de ses principaux Iributaires; niais je fus bien cruellenienl decu de celte esperance que je croyais fondee : javais fait partir devant inoi toutes, ou du moins presque toutes, les niarchandises de I'expedition, une personne qui m'avait ete adjointe avec ordre de m'attendre sur Tetablissement du nomme Jose Oiiroii^ situe a 35 ou /\o lieues de nous sur le Jari, devant moi meme my rendre trois jours apresj mais lorsque j'arrivai sur cet etabiissement, an lieu de trouver les personnes qne j'avais e\pediees qnclcpies jours avant moi, je trouvai une leltre par laquelle on m'annoncait qu avant la fin du niois, on mexpedierait un canot et des guides pour nie conduire sur Carapanatoubey ou on allait m'attendre. Je n'avais pas besoin de lire la lettre, car des que j'avais vu qu'on ne nfavait pasattendu, j'avais ete con- vaincu que j'etais abandon ne et que mon trop de con- fiance m'avait perdu, que des-lors il etait impossible de reniplir le butde I'expedition. J'attendistoutefois sur cet etabiissement la lettre et les guides qu'on me pro- mettait, malgre mon i time conviction que cette pro- messe ne se realiserait pas. Je fis tout preparer pour retourner sur I'etablisse- ment du confluent de Coiive et Rouapira, je fis pre- parer des vivres, j'acbelai trois nouveaux cbiens de ( ^'5 ) chasse, autanl dansrcspcrance qiiils me faciliteraienl les nioyens de me procurer du gibier, dontlepays abonde, que comme excellens gardiens pour la nuii; decide que j'etais a faire une tentative pour atteindre avec les trois negres qui me restaient le Maroni ou quelqu'un de ses affluens, je prenaistoiites les precautions possibles pour assurer la reussite de ma tentative. Le i^i mai de grand matin je quittai i'etablissement de Jose Outou, nun sans avoir observe des hauteurs circum-meridiennes du soleil. Le 6' au soir je revenais forcement sur un etablissement donl je con naissais fort bien les environs , et que je ne croyais plus revoir; apres nous etre reposes un jour, je fis faire touslespre- paralifs du portage, aiguiser sabres et baches, nettoyer les fusils , prendre et emballer les objets dont je croyais avoir besoin. Le 8 au soir tout etait fini , rien ne man- quait a nos preparatifs; nos hamacs seuls n'etaient pas empaquetes : de nouvelles obseivations circum-meri- diennes furent aussi faites dans la journee du 8. Enfin, le 7 ati matin , charge presqne autant que les negres qui m'etaient restes fideles , muni de tout f e qui pouvait assurer la reussite de mon entreprise, tant en instrumens et amies qu'en outilsj niais charge de fort peu de vivres, je me mis en marche accompagne en outre par les trois chiens de chasse qui me restaient (un d'eux avait ete pris par un jaguar en remontant le Jari) ; je fis continuellement route au N. O de la bous- sole , appuyant autant que possible la route au Nord; j etais force, pour ne pas devier de la direction que je voulais suivre, de marcher le premier, et, dans beau- coup d'endroits embarrasses par des broussailles ou des plantes valubiles , de m oiivrir un chemin a coups de sabre; souvent meme elle devenait si difficile que ( 2i6 ) nous n'avancions qu'avec peine et en faisant les plus grands efforts. Quoique la marche fut conihinee tie niaiiiere a nous fatiguer le inoins possible, ce n'etait pas sans un hien vif plaisir que nous voyions arriver Theure du repos. Le 12 au matin, deja au milieu de la quatrieme mar- che , apres avoir traverse un bas-fond dans lequel j'a- vais remarque beaucoup de pas de pecan's, (f agoutis et de chei>reuils , j'entends lout a coup mes trois cliiens donner de la voix : la joie et I'esperance me font tre- saillirj Ueja je vois en perspective la nourriture de la jouruee et du lendemain largenient assuree; car jo savais etre possesseur de bons chiens, et je comptais sur un pecari au moins ; je fais aussitot mettre les paquets u terre, j'y laisse deux negres tandis quaccompagne du chasseur Domingo^ et armes Tun et I'autre d'excellens fusils doubles, je meprecipite a travers les fourrees pour arriver le plus tot possible pres de mes chiens qui don- naient au ferme. J'arrive et Domingo a mes cotes, mais quel n'est pas notre desappointement. Mes chiens avaient attaque un jaguar a qui la maladie avait ote la force de fuir. Sa maigreur etail extreme et sa taille enornie; il s'e- tait defendu , et le plus hardi , le meilleur de mes chiens, a qui dun coup de dents il venait de briser la tete , se debattait enlre ses griffes; furieux de I'attaque dont il venait d'etre I'objet, ses yeux roulaient de rage dans leurs orbites et il etait pret de s'elancer sur les deux chiens qui le harcelaient encore lorsque je I'apercus. Je glisse aussi vite dcs balles rlans les fusils, je change les amorces afin d'etre plus siir de nion coup, j'ordonne a Domin"o de faire attention et de no lirer sur la bete que dans le cas ou je laurais manquee ; mon coup de fusil futdes plus justes,je mis deux balles a-la-fois dans ( 217 ) la tete du jaguar qui tomba raide mort sur le corps de mon chien. De ce jour jusqu'a mon retour sur I'Oyapok , il ne m'arriva plus rien qui meiite d'etre cite. Je nerencon- trai plus un seal animal dangereux , la vie errante que nous menions etait devenue monotone de tranquillite, rien ne troublait la paix des solitudes que nous traver- sions ; a peine si nous en effrayions les habitans, igno- rans du danger qu'il y avait a nous approcher de trop pres. Le i4, il y avait a peine aS minutes que nous avions repris notre route, que nous atteignions nne belle riviere coulant a pleins bords dans «n lit large et pro- fond. Sa direction generale est N. E., S. O. ; et la trou- vant pendant long-temps trop large pour la traverser, je suis force de la remonter. Enfin, parvenu a un en- droit ou sa largeur apparente a beaucoup diminue, je fais abatlre un grand arbre au moyen duquel je par- viens a la traverser 5 mais au lieu d'arriver sur la terre ferme, je n'arrive que dans un labyrinthe de criques la- terales que je suis force de traverser, dans I'eau jusqu'a la poitrine pendant plus dune deinibeure, apres ia- quelle nous finissons enfin par atteindre unejolie colline sechesur laquelle nous prenons un peu de repos j presie d'atteindre le but vers lequel tendaient tous mes voeux , je ne m'aiTetai pas sur le bord de cette belle riviere (Jenipoko), que nous venions de traverser, nialgre la certitude dune peclie abondante. Tout le reste de la journee, tout le lendemain et une partie de la journe'e du 16, nous traversames un grand nombre de niarais et de cours d'eau. Les niontagnes s'elevaient de plus en plus et les pentes en etaient beaucoup plus raides; tous les ruisseaux coulaient paralleles au Jenipoko au S. O., ot deja je me bercais de I'espoir de reussir. La 16 ( ^'8 ) iiiaiche, quoique peu rapide , etait pourtaiit leguliere el lie nous eloignail pas i- ki. tate. J'ai beaucoup 11 est g&t6 Babouse. de tafia Baneke polata- Je ne veux pas wiu nomone. manger Ana eske. Tiens ton coui Aponi tomanr. Je ne suis pas Donne -moi de content de ma I'eau Enonta oni. femnie Kanbetek non- J'ai soif Arabouin. kaka onaga. Mettez la-haut Ikeue nota. As-tudu chagrin 'Maba pika dini. NOTICE SUR LES lESGUIS , Par M. FoKTANiER. Je venals de stiivre les bords de la mer Caspienne depuis Derbenl jiisqu'a Bakou, et je devais retourner a Tiflis. Deux routes pouvaient uie conduire a celte ville; I'une est tracee dans la vallee baignee par la Koura, et I'autre, laissaut ce fleuve sur la gauche, traverse le pays desLesguis et ensuite la province deCakel. La pre- miere ne presente que de legers accidens de terrain : elle conduit sur une plaine inculte, dont les montagnes sont assez eloignees; la seconde, au contraire, oblige les voyageurs a parcourir de> contrees aussi belles qu'au- cun pays de TEurope. Je connaissaisdeja le cbeinin qui suit la Koura, ainsi je n'hesitai pas a prendre celui qui conduit chez les Lesguis. D'autres voyageurs ont deja decrit le pays qui separe Bakou de Schuniaki, ancienne capitale du Chirvan ; je n aurai done pas a m'en ocruper. Schuntaki est ( 23o ) batie sur le penchant dune colline, au sonimet de la- quelle se trouve la raaison dii commandant, ancienne demeure du Khan de Chirvan,qui, peu d'annees avant, s'etait enfui en Perse. Sur une belle terrasse, d'ou Ton domine tout le pays, on placait encore sa tente, qui, divisee en plusieurs compartimens , couverte de tapis ct de coussins, me servit de domicile. La ville est peu considerable et n'est guere babilee que par des malio- metans; elle a un bazar et ne differe nullemen.t des cites persannes. On n'y conipte que deux cents maisons. Jen partis pour Nouka, capitale de la province de Cheki ; malheureusement il n y a pas de postes de Cosaques organises sur cette route, de telle facon qu'il faut re- courir aux Ketkodas, ou maires des villages, qui met- tent des chevauxen requisition, et font aiiisi passer les voyageurs de commune en commune. Ce transport est opere sur I'ordre du commandant, etpresente un a van- tage qui n'est pas toujours a dedaigner, celui d'etre gratuit. II est impossible de faire rien accepter a ces montagnards, soit pour le loyer des chevaux , soit pour la nourriture et les rafraicbissemens qu'ils s'empressent d'oftrir. Dureste, la nature les pourvoit abondamment de toutes sortes de productions; partout on voit des forets de miiriers , des fruits de toutes especes , parmi lesquels les melons sefontremarquer parleur grosseur; si Ion traverse des bois, on est etonne de la vigueur de la vegetation. Bien que les rizieres soient nombreuses, que la maniere de cultiver le murier que Ion plante en petits bosquets souventarroses, doivent faire supposer des maladies endemiques , les liabitans paraissent jouir d'une sante vigoureuse, et ne semblent pas tourmentes par les fievres qui desolent une grande partie des pro- vinces du Caucase. Leurs habitations sont en bois ou en ( -3i ) osier, niais elevees et spacieuses j ordinairenient on les enloure dan verger; elles secomposent le plussouvent de la maison des homines, du harem on apparlement des fenujies, et enfin dune autre maison destinee a I'e- ducation des vers a soie. Pour se rendre de Schumaki a Nouka, on n'a a traverser qu'un rameau peu eleve du Caucase, puis on se trouve au pied de la chaine prin- cipale quel'on suit en remontant une large vallee: lors- qu'on avance vers Nouka , la vallee se resserre et se trouve engagee dans les montagnes ; aussi le nombre des villages, la richesse dupaysdiminuent progressivement. II n'y a pas dans ce trajet de cours d'eau digne d'etre cite, mais des torrens, qui, a de certaines epoques, se precipitent des sonirnets neigeux du Caucase, fertilisant et ravageant alternativement les campagnes. La civilisa- tion peu avancee de ces pays, I'etat continuel de guerre dans lequel vivent les habitans, ne permeltent pas la construction de ponts, de telle maniere qu'il faut tra- verser a gue les cours d'eau; quelquefois les communi- cations sont interrompues. Souveiit aussi les chevaux posant un pied mal assure sur d'enormes rochers, sont avec leurs cavaliers entraines par les torrens. Quant aux paysans Lesguis, ils ne marchent qu'armes dune longue branche d'arbre ; taiitot ils I'eniploient Dour sonder le terrain; tantot ils s'appuient dessus pour s e- lancer d un roc sur un autre : ainsi ils traversent les cours d'eau quelle que soit leur rapidite , etdans toutes les saisons. Nouka n appartenait pas a I'empire persan , mais son chef ou khan reconnaissait le schah pour son suzerain; II etait d'ailleurs a-peu-pres independant et hereditaire. Les Russes s'etaient empares de cette ville sans raison fort legitime; mais les descendans des anciens princes ( =^32 ) vivaient dans les environs et etaient assez considered. Cette ville est grande, reniarquable par ses jardins et par ses nombreuses Fontaines; un torrent la traverse et sert a des tanneries. Le palais des khans est in- con testablement le plus beau monument, et pent-etre ie seul que les Russes possedent de I'ancienne archi- tecture persanne : c'est une forteresse tout-a-t'ait asia- lique, dans laqnelle resident le colonel-gouverneur et les principaux of'ficiers; comme d'usage, elle ^st placee dans la partie la plus eleveede la ville elsur un plateau. On y entre par une grande porte, et Ton se trouve dans la cour ; en face on voit le divan , c'est-a-dire le lieu ou le khan recevait et rendait la justice ; a droite et a gau- che sont line foulo de constructions destinees aux ecuries et aux domestiques; sur le derriere se troiivent les anciens appartemens du harem , ou Ton me logea. Les chambres que j'occupais etaient fort agreables; de- vant les fenetres se trouvaient des jardins converts de rosiers en fleurs et de reservoirs d'eau; les murs etaient ornes de peintures , incrustes de dorures et converts de fragmens de glaces. La grande salle du Divan ren- fermait des tableaux persans, et tout autour se trou- vaient representes les hauts faits des arniees persannes dans les guerres des Nadir-Schah contre les Turcs et les Russes. Suivant I'usage, la perspective et le dessin n'y etaient guere respectes; mais le coloris et la fidelite des costumes les rendaient fort reniarquables. II n'est pas une peuplade de I'Asie mahometane, depuis lln- dusjusquaux montagnes du Causase, depuis Constan- tinople jusqu a la mer Rouge, qui ne s'y trouvat re- presentee. L'administration du paysappartenait auchef militaire qui etait aide par un maitre de police niahonietan ; comme ( 233 ) 1e gouverneur ne savait pas iin mot dela langue tartare, et que le maitre de police n'etait pas plus habile que lui en russe, on ne s'etonnait pas que la bonne harmo- nie regnat enlre eux. J'avaisete precede dans cette ville par une recomniandation du general Willeminoff, gou- verneur militaire du Caucasejaussi n'eus-je quamelouer de I'accueil queje recus. Comnie je desirais parcourir les environs , le colonel chargea le maitre de police de men fournir les moyens; ce dernier comprit mal et crut qu'il s'agissait d'une lutte entre un Tartare du pays et un Mingrelien , que la population chretienne avail fait venir a grands frais pour soutenir un pari. 11 se hata de faire les preparatifs convenables , et, au lieu demontera cheval, nous nous rendimes sur la terrasse du chateau ou s'etaient rassenibles les spectateurs. On fit d'abord conibattre deux coqs, puis deux beliers: mais les acteurs principaux ne purent s'entendre sur les formes du combat ; le Tartare etait revetu de son cos- tume, c'est-a-dire couvertd'un calecon depeau serreala ceinture, nu et les membreshuiles pour que son anta- goniste neput le saisir.Il tenait un«e massuedans chaque main et les faisait tourner sur sa tete pour donner de la flexibilite a ses muscles. Le Mingrelien pretendait,au contraire, combattrc vetu comme d'habitude; il voulait , disait-il , pouvoir librement saisir son adversaire; et, pen salisfait du jeu habituel qui consiste a le placer sur le dos, il aspirait a le frapper et meme a lui ronipre les os, s'il etait possible. Un exercice auquel il se livrait le maintenait sans doute dans ces dispositions hostiles. II avalt apporte une outre de vin et un grand verre ; pour quelque monnaie il remplissait son verre, ouvrait unebouche enorme , etyjetait la liqueur, qu'il englou- tissait d'un coup sans en repandre une goutte. Pendant 1? ( 234 >) cju'on neguci. it et au grand scandale des Mahometans, ilvidasoii outre, qui ne conlenait pasnioins de dix bou- teilles , puis il se retira trioniphant de ce qu'on n'osait le coniLattre, et ne paraissaiii niillfuieiit incommode. Sa place fut prise par d'auties lutteurs, qui, sous la pre- sideiice dun mollah, se livreient a leurs exercices. Le motlah prenait les antagonistes par la main, leur faisait proniettre de lutter d'apres les regies, de ne point se frnpper, de n'avoir aucun ressentiment de la defaite; il iuvoquait le nom de Dieii et du propliete pour cha- cune de ces promesses, puis il les laissait libres de com- mencer. II est impossible de voir ces jeux de la lutte sans reconnaitre I'exactitude des descriptions que nous en ont laissees les auteurs grecs et latins. Quand celte ceremonie (ut terminee, le gouverneur fit en fin comprendre an chef dr police qu'il devait me faire parcourir les environs; pour se rendre plus intel- ligible sans (loute, il le menaca de quelques coups de baton; niais ce n'en valait guere la peine, car je ne vis que quelques jardins et les collines circonvoisines.il n'y avait qu'une chose remarquable dans le pays, le serail dontj'ai parle. La province deNouka ne paie rien en argent au gou- Virnement russe; on se contente de preleveren nature une contribution sur la soie ; celte soie transportee 4 Tiflis, ainsi que celies duChirvan, est ensuite niiseaux encheres et vendue pour I'etat. La justice estrendue par le commandant aussi bien que le pent un juge qui nt; comprendpas ce qu'on lui dil. Je dois rapporliM- cepen- dant que I'obligation de rendre des arrets etait fort penible au chef que je rencontrai, et que, plus scrupu- leux qued'usage, il sollicitait un changcnient deresidence. On, ne peut appeier Schoumaki et Nouka des ville» ( 235 ) tie Lesguis, bien queles pays environnans soient habites par des Mahometans qui parleut le tartaie, et dont plu- sieurs professent le rile des Sunnis. Ge sont plulot des cites persannes, tandis que les veritables Lesguis sont dans les nionlagnes et pius au nord; j'allais passer sur leur territoire et cliez un de leu rs chef's noninie Elinsky- Sultan. Coinme le trajet n est pas facile et que Ion court risque d'etre attaque par des montagnards, on me donna une forte escorte pour la route; le fils du maitre de police fut meme charge de m'accompagner. Nous ne traversames pas,apres etre sortis de Nouka,un pays aussi riche (jue celui quej avals d'abord parcouru, cependant levoisinage des montagnes et la rapidite des torrens le rendaient fort pittoresque; apres deux jours de marche nousatteignimes les etats du prince que j al- lais visiter. Comme il etait prevenu de mon arrivee, mes compagnonsretournerent sur leurs pas tandis qu'il quitta son chateau et s'approcha jusqu'au village le plus voisin. llmeprenait prohablement pour unillustre personnage, et fut singulieremen t desappointe lorsqu'il m'apercut seul et sans suite, arme dun marteau , et portant tout mon bagage renferme dans une mechante valise. A peine pou- vait-il en croire ses yeux, et il attendit quelque temps pour reconnaitre si mes gens n'arriveraient pas. Enfin, comme j'approchais pour le saluer , il se precipita dans mes bras avec tant deffusion que nous faillimes tomber. Sa Majeste ri'avait pas cru pouvoir fairea un chretien un accueil plus flatteur que de se griser completement. Lorsqu'elle eut repris lequilibre, on la conduisit dans une barraque de bois, oil elle se livra ausoinmeil pendant qu'on me traita par ses ordres. Ensuite nous nous mimes en route, et, suivant les bords dun torrent que nous traversames plusieurs fois , nous gagiiames sa demeure ordinaire. La '7- ( 236 ) rapitale lie ce potentat n'etait qii»un miserable hanieau situe dans un ravin , d'ou Ton pouvait egalement fuir surlamontagnequand les Russesapprochaient, ou faire des excursions dans la plaine. On avail de distance en distance eleve des murailles pour couper la vallee et se defendre dune surprise. Le palais imperial ne differait guere des maisons des particuliers; il se distinguait par uneeohelleen bois que Ion retirait ex.icteinent chaque nuit. J'ignore la splendeur du harem j quant a la salle de ceremonie, elle etait precedee dune anti-chambre en- tierement nue,et on n'y remarquait qu'un trone en bois blanc couvert d'un mauvais tapis ; un feutre regnait tout autour et servail de siege aux grands officiers et aux dignilaires de I'Etat. Quand les fumees du vin furent dis- sipees , je reconnus que le sultan vivait en fort bonne intelligence avec ses sujets. Les plus distingues se ren- daient chez lui aux heuresdes repas etvivaieiit des restes de son diner. Comme etranger j etais alors place pres de lui sur son trone; on apportait une grande quanlite de mets turcs, et quand nous avions choisi cc qui nous convenait, il envoyait les dilferens plats aux assistans avec autant degravite qu'exit faitle Grand-lMogol. Ceux- la ne recevaienl pas une si grande faveur avec moins de reconnaissance et de respect que les habitues des grandes cours asiatiques. Elinsky-Sultan avail soixante ans environ; sa famille etait iiombreuse ,et pres de lui vivaient trois de ses fils ; un autre etait a Tiflis employe, ou plutotgarde comme otage par le gouvernement local. Quant a I'aine, (jui portaitdans I'armee russe le titre de capitaine , comme son pere celui de colonel, il avait trouve nioyen de rester dans son pays. On ne peut bl4- merces precautions, si Ton considere qucles Lesgiiis ont toujours passe pourde haidis brigands, et que leur re- ( ^'S? ) Ggion les porte a faire des excursions contre les tlire- tiens. Bien que le sultan pretendit etre ties devoue a la Russie, je doute qu'il n'eiit cherche dans line occasion favorable a se soustiairea sa domination. Du moins, il me paiutque I education de sa famille n etait pas dirigee dans des vues de tendresse pour les Europeens. Deux de ses jeunes enfonsqui ne le quittaient pas me temoignaient uneaversion qui rejouissait singulieiemenileur pere, et il me disait: ) L'un de ces bitimer.s a , dit-on , 600 pieds de face. (6) Ces derniers etaient encore habites par un prince iudien .i I'e- poque de la conqudte. ( 264 ) On recherchera les bas-reliefs qui represententrado- ration d une croix , tel que celui qui est grave dans I'ou- vrage fait d'apres del Rio. 11 importerait de reconnaitrel'analogiequiregne entre ces divers edifices, regardes comme les ouvrages d un nienie art et dun meme peuple. Sous Ic rapport geographique , la Societe demande surtoul : i" des cartes particulieres des cantons ou ces ruines sont situees, accompagnees de plans topographi- ques : ces cartes doivent etre construites d'apres des nietho(ies exactes; 2° la hauteur absolue des principaux points au-dessus de la mer; 3° des remarques sur I'etat physique et les productions du pays. La Societe demande aussi des recherches sur les tia- ditions relatives a I'ancien peuple auquel est attrihuee la construction de ces monumens , avec des observa- tions sur les moeurs et les coutumes des indigenes, et des vocabulaires des anciens idiomes. On examinera spe- cialement ce que rapportent les traditions du pays sur I'ase de ces edifices , et Ion recherchera s'il est bien prouve que les figures dessinees avec une cerlaine cor- rection sont anlerieures a la conquete. Enfin I'auteur recucillera tout ce qu'oii sait sur le Votan ou Wodan des Chiapanais, personnage compare a Odin et a Boudda. Ce prix sera decerne dans la premiere assend^lee gene- rale de 1 836. Les memoires, cartes etdessins devront etre deposes au bureau de la Commission centrale, au plus tard le 3 1 decembre i835. ( 265 ) GEOGRAPHIE DE LA FRANCE. PRIX ANNVELS. VII, VIII. DESCRIPTION niYSIQUE d'oNE PARTIE QUEL- CONQUE DU TERRITOIRE FRANCAIS. Medaille cTor de la valeur de ^oo francs et une autre de la valeur de ^oo francs. La Societe met au concours le sujet de prix suivant : « Description physique dune partie quelconque du « territoire francais, formant une region naturelle.» La Societe indique , comnie exemples , les regions suivantes : les Cevennes proprenient dites, les Vosges, les Corbieres, le Morvan , les bassins de I'Adour, de la Charente, du Cher, du Tarn,ie Delta du Rhone, la cote- basse entre les Sables-d'OIonne et Marennes, la Solo- gne, enfin toute contree de la France distingue'e par iin caractere physique particulier. Les rapports physiques et moraux de Ihoinme , lors- qu'ils donnent lieu a des observations nouvelles, doi- vent etre rattaches a la description de la region. Les memoires doivent etre accompagnes d'une carte qui indique les hauteurs trigonometriques ou barome- triques des points principaux des montagnes , ainsi que la pente et la vitesse des principales rivieres , et les li- mites de diverses vesfetations. Les memoires devront etre remis au bureau de la Commission centrale, au plus tard le 3r decembre i834. IX-XVIII. NIVELLEMENT DES FLEUVES ET DES RIVIERES DE FRANCE. Dix medailles d^or de la valeur de loo francs cJiacune. La Societe offre une medaille d'or d'encouragement a celui qui aura procure le nivellenicnt geonietrique dune '.9 ( 266 ) parlie notable du cours des fleuves etdes principales ri- vieres de la France. La Societe n'admettra pas au concours les copies des nivellemens deja deposes dans les archives des ponts- et-chaussees et des aulres administrations publiques. Dix niedailles seront consacrees chaque annee a cette destination, et seront decerneesdans hi premiere asseni- blee generale. Le minimum del'espace a niveler est fixe a dix lieues devingt-cinq au degre. Chaque medaille sera de la valeur de lOo francs. Les memoires et profils,accompagnes des cotes et des elemens des calculs , devront etre deposes au bureau de la Commission centrale, au plus tard le 3 1 decembre 1 834- XIX, XX. NIVELLEMENS BAROMETRIQDES. Deux niedailles (Tor de la valeur de i oo francs chacune. Deux medailles d'encouragement sont offertes aux auteurs des nivellemens barometriques les plus etendus et les plus exacts, faits sur les lignes de partage des eaux des grands bassins de la France. Ces medailles, de la valeur de loo francs chacune, seront decernees dans la premiere asseniblee generale annuelle de i835. Les memoires et profils,accompagnes des cotes etdes elemens des calculs, devront etre deposes au bureau de la Commission centrale, au plus tard le 3 1 decembre i834. Les fonds de ces deux niedailles sont faits par M. Peb- ROT , membrede la Societe. Total , viNGT PRIX de la valeur de dix-sept .mille NEUF CENTS FRANCS , indcpendammeut des souscriptions qui sont ouverles au bureau de la Societe ( rue de I'Uni- versite, n" ^3) et chez le tresorier (rue de Seine, n° 6), pour les decouveiies en Jfrique {vuy. page 4)» ( 267 ) CONDITIONS GENERALES DES CONCOURS. La Societe desire que les memoires soient ecrits en francais ou en lalin ^ cependant elle laisse aux concur- rens la facnlte d'ecrire leurs ouvrages en anglais, en ilalien , en espagnol ou en portugais. Tons les memoires envoyes auconcours doiventetre ecrits dune maniere lisible. L'auteur ne doit point se nommer, ni sur le litre, ni dans le corps de I'ouvrage. Tous ies memoires doivent etre accompagnes d'une devise et dun billet cachete , sur lequel cette devise se irouvera repete'e , et qui contiendra, dans linterieur, le nom de l'auteur et son adresse. Les memoires resteront deposes dans les archives de la Societe, mais il sera lihre aux auteurs den Jaire tirer des copies. Chaque personne qui deposera un memoire pour le Goncours est invitee a retirer un recepisse. Tous les membres de la Societe peuvent concourir, excepte ceux qui sent membres de la Commission cen- tral9. Tout ce qui est adresse a la Societe doit etre envoye franc de port , et sous le convert de M. le president, a Paris, rue de lUniversite, n" 2 3. Paris, le 4 avril i834. ( 268 ) PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Assemblee generate du t\ avril i834- La Societe de Geographic a tenu sa premiere assem- ble'e generale pour I'annee i834, le vendredi 4 «ivril , dans una des salles de I'Hotel-de-Ville. M. Jomard , I'uii des vice-presidens, ouvre la seance en I'absence de M. le due Decazes. M. de Larenaudiere , secretaire de la Societe , donne lecture du proces-verbal de la derniere seance generale; la redaction en est adoptee. M. le secretaire communique la liste des divers ou- vrages deposes sur le bureau et offerts a la Societe. (Voir p. 273.) M. Jomard communique aussi les cartes manuscrites du voyage de M. Leprieur, dans I'interieur de la Guyana ;, una nouvelle carte du Groenland, renfermant les de- couvertes du capitaine Graah , avec partie de I'lslande et de la cote orientale d Amerique, et le dessin dun bateau Groenlandais conduit par des femmes; il presante I'introduction du voyage du capitaine Graah, et ses in- structions traduites par M. de La Roquette , consul a Elseneur et membra de la Societe. L'assemblee vote des remercimens aux auteurs , et or- donne le depot de leurs ouvrages dans la bibliotheque de la Societe. M. le president proclame les noms des candidats pre- sentes pour etre admis dans la Societe. (Voir p. 273.) M. le colonel Coraboeuf , au nom d'une commission ( 269) speciale, composee de MM. Coraboeuf, Daussy et d'Ur- ville, fait un rapport sur le concours relatif a I'hydro- wraphie des rivieres de la France. L'assemblee adopte les conclusions de ce rapport, et decerni; une medaille d'or de la valeur de cent francs a M. Maic Jodot, ar- cliilecie - ini^enieur, pour son Memoire sur le nivelle- ment de la vallee de la Vesle. M. Jomard, au nom d'un« comniission speciale desi- gnee pour s'occuper du concours relatif au prix annuel, el composee de MM. d'Avezac, d'Urville, Eyries, Jo- mard el Roux de Rochelle, presente un rapport sur la decouverte la plus iuiportante faite dans I'annee i83i. La comniission appelle d'abord lattontion de l'assem- blee sur I'expedition maritime du capitaine John Ross dans les mers polaires, et sur celle du capitaine John Biscoe dans I'Ocean anlarcliqne. Le rapporteur pass'; en- suile en revue les expeditions principales faites a la meme epoque dans linterieur des continens , notam- ment les voyages de MM. Victor Jacqueinont dans le Haut-Indostan , Dessalines d'Orbigny dans lAmerique meridionale , et Leprieur dans rinterieur de la Guyane. Apres un examen attentif des documens parvenus en France jusqu'a ce jour, la commission place au premier rang les dernieres decouvertes du capitaine Ross au nord de I'Amerique; et , en consideration des services que cette expedition a rendus anx sciences geographi- ques, regrettant toutefois de n'avoir pas a sa di'jposition tous les materiaux qui en auraient pu fiire apprecier encore mieux I'importance , la commission dc'( erne une grande medaille d'or au capitaine John Ross, de la ma- rine royale d'Angleterre ; elle accordeune mention tre? honorable au capitaine John Biscoe, aussi de la marine royale d'Angleterre . pour son voyage de decouvertes C 270 ) dans rOceanantarclique. Enfin , elle decide que le voyage de Victor Jacquemont vl celui de M. Dessalincs d'Orbi- gny seront cites avec distinction. Les droits de cc der- uier sunt reserves pour leconcours de i832. M. le president donne lecture du programme du prix fonde par S. A. 11. le ducd'Orleans , pour erre decorne par la Societe an voyageur ou au navigateur dont les iravaux geographiques auront procure la decouverte la plus utile a I'agriculture, a liiidustrie ou a rhunianite. M. le president annonce que la Societe remet au con- cours les deux sujets de prix relaiifs aux nntiqultes ainc- rieaines et a Vhistoire mathematiqnc et critique dcs me- sures de di^gre^ le premier pour I'annee i83(), le second pour I'aiinee i835 : il rappelle ensuite le prix annuel pour la decouverte la plus imporiante; les prix pour les decouverles en Afrique el dans Tinterieur de la Guyane; el enfin les diverses medailles offcrtes pour la geogra- phie de la France, et pour le nivellemenl de ses (leuves et rivieres. M. de Larenaudi^re lit , pour M. Leprieur. una notice sur son voyage dans I'interieur de la Guyane, et prin- cipalenieiit aux sources de 1 Oyapock et du Jary. M. Fontanier lit une notice sur une excursion quil a faito cliez les Lesgliis, dans le cours de son dernier voyage en Orient : il donne, sur I'aspect du pays et sur les moeurs et usages des Iiabitans, des details qui fixent I'attention de rassemblee. L'assend)lc'e ecoute aussi avec interet la lecture d'un Memoire de M. lloux de Hochelle, sur I'ancicnne geo- graphic liistorique dc la Gruce. La Societe, aux termes de son reglemcnt, procede au i-enouvellcmcnt des membres de son bureau pour I'an- ( 271 ) nee i834-i835 , et a la nominuliun de deux membres de la Comrnission centrale. M. le president proclame ainsl le resultat du scrulin : President, M. le cotnte de Montalivet, pair de France^ !M. le baron Walkcnaer, nienibre de rinstitut. M. de Larenaudiere. C M. le baron de Ladoiicette. Scriitateurs . . .( M. Isambert, niembre de la cham- bre des Deputes. Secretaire, M. Denaix, colonel au corps royal d etat- major. M. Micbaux , voyageur- naturaliste, et M. Delcros, ebef d'escadron au corps royal d'etat-major, soiit nonv- Mios membres de la commission centrale. La seance est levee a dix beures et demie. Seance du i8 april i834. Le proces- verbal de la derniere seance est lu et adopte. MM. Walckenaer et Michaux, nommes le preiiiior vice-president , et le second, membre de la Commission ceft^rale, dans la derniere assemblee generate , adres- sent leurs remercimens a ia Socieie. La Societe royale Geograpbique de Londres , remercie celle de Paris de I'envoi quelle lui a fait de la collection de ses Memoires et elle lui adresse ses propres publica- tions moins conime un echange que comme un temoi- gnage du desir de voir continuer des relations si heu- reusement commenrees. La Societe de Londres joint aux trois premiers volumes de son journal une carte dune ( 272 ) partie tie la Georgie, ile rArinenie et de plusieiirs pro- vinces de la Peise, par le colonel W. Monteith. M. le docteur Guyetand, secretaire perpeiuel de la So- ciete d'l'-mulation du Jura , adresse le conipte lendu cles travaux de cette Societe et le'nioigne le desir de recevoir en echange, le Bulletin de la Societe de Geographic. Ac- corde. M. le president communique de la part de I'auteur un extrait de la relation manuscrite du voyage de M. de La Pylaie, en i83o, i83i, i832et i833, dan^ les de- partemens de rouest de la France. Get extrait . qui con- cerne specialement les villes de Rochefort (du Morbi- han) et de Vannes, est renvoye an comite da l.ullctin. M. Warden communique de nouveaux renseigne- mens sur la colonic de Liberia; une note sur la prison d'Elat dAuburn, ainsi qu'une analyse du Pilolc de la cote desdeux Ameriquespar Edmund Blunt. — Renvoi au comite du bulletin. M. Roux de Rochellc lit un menioiie sur la reco nais- sance des cotes orientales d'Ainerique. A I'occasion du prix annuel , un niembre propose de caracteriser desormais les distinctions acrord('es par la Societe en decernant desmedailles de trois ordres, toutes (lu nieme module, et differant seu'.rnient par le metal (or, argent ou bronze). Deux ant res dogres de distinc- tion existeraient encore dans la mcniion honorable et la citation. Cette proposition est renvoyee a une commis- sion composee de MM. le baron Coslaz, dAveza ; et dUrville. ( -73 ) MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance generate du 4 avril i834. S. E. Boghos-Bey, ministre du commerce et des af- faires etrangeres en Egypte. M. Etem-Bey, gouverneur de I'Ecole Poly technique egyptienne au Caire. M. Artyn Effendy, sous-directeur de I'Ecole Poly- technique egyptienne au Caire. M. AuDOT, libraire. M. le baron Pichon. Seance clii i8 avril. M, le docteur Alfrkd Reumont, d'Aix-la-Chapelle. M. le docteur Woerl , de Fi'ibourg. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance generale du 4 airil. Par M. le ministre de la marine : Voyage de la cor- vette la Coquille. — Botanique, i4, i5 et \&^' livraisons. — Voyage de la corvette l' Astrolabe : Observations de physique, broch. in-4°. — Zoologie, 27, 28 et 29"= livr., et le 4° vol. de texte. — Botanique, 9"= livraison. Par I'Academie imperiale des sciences de Saint-Peters- bourg : Memoires de cette acadeniie, tome xi de la 5" se- ( 274 ) lie, et les livraisuns 2 a 6 des Sciences raathematiques, physiques et naturelles ; les 1" et 3" livraisons des Sciences poHliques, Histoire et Philologie ; les 2= a 5= livraisons (les Menioires des savans etrangers, et le recueil des actes tie la seance publique de I'Academie , tenue le 29 de- cembre 1829. Par M. Albert-Montemont : Bibliotheque universelle ties voyages , I'j" livr. , in-S" ( Voyages de Krusenstern et de Kotzebue). Par M. Arthus Bertrand : Voyages en Arable , conte- nant la description des parties du Hedjaz, regardees comma sacrees par les Musulmans ; celle des villes de la Mecque et de Medine, etc., traduits de I'anglais de J.-L. Burchardt, par M. J.-B. Eyries. Tome i , in-S". — Excursion en Grece, pendant I'occupation de I'annee francaise en Moree dans les annees 1882 et i833, par M. J.-L. Lacour. I vol. in-S". Par M. Bottin : Statistique annuelle de Vindustrie (Al- inanachdii commerce) /jo«/-i834. i vol. in 8°. Seance du 18 avril i834. Par la Societe royale Geographique de Londres : Les 3 premiers volumes de son journal, et une carte d^une partie de la Georgie, de VArmcnie et de plusiews pro- vinces dela Verse, par le colonel W. Monteitb.4feuilles. Par M. Ainswoith : An account of the caves oj Bally- hunian^ county of Kerry; with some mineralogical details. Dublin, 1834. I vol. in-S". Par M. Gide : Nouvelles Annates des voyages, cahier de mars. Par la Societe asiatique : Cahier de mars de son Journal. ( 275 ) Par M. Bajot : ^nriales maritimeset coloniahs,cahiers de mars et avril. Par M. de Moleon : Becueil de la Societe Poljtech- nique , cahier de mars. Par M. le capitaine d'Urville : 2 5° et 16^ livraisons du Voyage pittoresque aiitour du monde. Par la Societe d'asriculture d'Ans[ouleme : Annates de cette Societe , cahiers de Janvier et fevrier. Par MM. les directeurs : Plusieurs numeros du jour- nal rinstitut et le premier numero de I'Echo du monde savant. MORT DE RICHARD LANDER. Lander remoiitait !e Niger sur une clialoupe, se ren- dant a 3oo milles de distance dans une petite ile qu'il avail achetee du roi de Benin, et ou il avait ctabli un comptoir. II etait deja a loo milles, lorsqu'une decharge presque a bout porlant liree de derriere un taillis, tua trois homnies sur la chaloupe, et en blessa quatre au- tres. M. Lander fut un de ceux qui recurent les plus graves blessures. Au nieme moment la chaloupe tou- chait terre; il descendit pour sechapper, mais cinq ou six canots de guerre se mettant aussitot a sapoursuite, nourrirent pendant cinq ou six heures un feu tres vif contre les siens, et ne s'arreterent que lorsque la nuit les leur eut fait perdre de vue. M. Lander, qui avait ete blesse de nouveau, a declare avant de mourir qu'il avait reconnu les cunots pour etre de Bonny, de Brats et de Benin; ainsi Ion peut croire que des negriers oud'autres ( ^76) Europeens se sont rendus coupables de cet odieux as- sassinat. Le parlement d'Angleterre a demande une se- vere enquete a ce sujet. Tout annonce que des negriers, craignant de perdre Ics avantages que leur infame com- merce leurfaisait trouversur cette cote, ont tue Lander, homme simple et genereux, et qui portait la civilisation jusqu'aux sources du Niger. AVIS. .La carte du cours de I'Oyapock et dune partie de celui dn Jary, jointc a la relation de M. Leprieur, pa- raitra avec le prochain numero. BULLETIN 1)E LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. MAI i834. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPlPORTS. RELATION D'un voyage dans Pinterieiir de VAfrique septentrionale, Par Hhaggy Ebn-el-Dyn el-Eghouathy. M. William B. Hodgson , qui etait attache nu consulat general des 6tatsUnis a Alger pendant la mission de M. William Shaler, et qui succeda en 1828 a ce dernier, dans ses fonctions, profita de sa position pour recueillir des lumieres sur les dialectes berbers de cette portion de I'Afrique, et sur I'etendue des contrees ou domine ce langage. Le HAggy Ebn-el-Uyn El-Eghouathy fut I'un des infor- niateurs auxquels il eut recours. Ebn-el-Dyn, dont le nom est arabe et signiiie le fih de la Foi est natifou originaiie de la ville d'El-Eghouath , d'ou lui est venu le surnom d'El-Egliouathy; et il a accompli le h/iagg ou saint pelerir.age. qui lui a valu le titre respecle de Hhdfjgj ou pelerin. A la prieredu consul americain . le hhaggy ecrivit une relation de ses voyages et lui en fit present elle formait un caliier de qnafnrze 20 ( =^78) pages in 4°. d'une ^crituie qui n'etait ni belle ni correcte, execute* dans le caract^re maghrebj, c'est-a-dire occidental ou africain. M. Hodgson la traduite en anglais, et sa version a ete imprimee a Londres par les soins du Comitd des Traductions orientales, en un fas- cicule de 3a pages in-8° , qui comprend aussi une liste des noins de lieux et de tribus mentionues dans la relation, et leur transcription en caracteres arabes d'apres I'ortbographe d'Ebu-el-Djn. Des extraits etendus en ont ct^ donnes dans le cabier de juillet l832 de la North-American Keview de Philadelpliie, et fid^lement traduits dans le cabier de novembre suivant des NouveUes Annales des -voyages. A mon tour j'ai fait une version francaise d'apres celle de M. Hodgson , en retablissant dans le texte les noms propres confor- mement a I'orthograpbe arabe de I'auteur original , bien quelle ne soil point toujours d'une exactitude satisfaisante. J'y ai joint quelques annotations et remarques geographiques. La date mise a la fin de I'ecrit est de la seconde lune de Reha' de I'aunee 1242 , c'est-a-dire du mois de decembre i8a6; mais d'un autre c6te, une expedition militaire effectuee deux ans auparavant, et mentionnee a I'article A'jn-Mddhy , est rapportee a ranneei243, qui a commence en juillet 1827, cequi supposerail la relation ecrite a la fin de 1829 : il y a done erreur de chiffre k I'un ou I'autre de ces millesimes, peut-dtre a tons deux. *A RELATION DU VOYAGE. Au nom d'AUah le compatissant, le misericordieux ! Les benedictions et le salutd'Allah sur notre seigneur Mohhammed, sa famille et ses compagnons ! Get ecrit contient une description de diverses con- trees et villes, par le Hh&gg Ebn-el-Dyn el-Eghouathy. El-Eghoudlh. El Eghouath est une grande ville, et elle estentoure'e dune muraille avec des fortifications. Elle a quatre por- ( 279 ) tes, et qualre niosquees. Le laiigage des habitans est arabe, et ils portent des veteniens de laine. Les femmes d'un rang eleve ne quittent jamais leurs maisons; mais les autres paraissent dans les rues. II n'y a point de bains dans cette ville. Le pays produit des fruits en abondance, tels que dattes, figues, raisins, coings, gre- nades et poires. La ville d'El-Egbouath est divisee en deux portions par la riviere Emzy qui coule au travers. Cette riviere est bien connue dans toute cette region. Les habitans eux-menies sont divises en deux partis, appeles el-Khe- laf et Aouled-el-Serghyn, lesquels sont souvent en ofuerre Tun avec I'autre. La cause d'hostilite entre eux est generalement le refus de I'un deux de se soumettre au Scheykh. A Test d'El-Eghouath sont les mines d'une ville, dont les prirtces, a une epoque eloignee, etaient chretiens. II y a aujourd'hui beaucoup d'inscriptions que Ton peut voir parnii ces mines. sf-t La ville d'El-Eghouath est batie principalement d'ar- gile ou de terre ; il y a cependant quelques maisons construites de mortier et de pierres. Les mosquees n'ont point de minarets j etil n'y a , dans la ville, ni place de marche determinee, ni bain. La monnaie courante est celle d'El-Gezayr et de Fes. Le commerce y est florissant et la culture y est soignee. Les scorpions et la pesle n'approchent point de la ville, parce quelle a ete fondee sous «n favorable horoscope. Cette region est fort raontueuse, et dans le nord il y a uue grande montagne rocheuse. Tegemout. A la distance d une journee de route au nmd d'El- ^o. ( 28o ) I'lgliouath est situe le village cle Tegeniout. Leshabitans (le ce village sont clivises en deux partis et n'ont point de chef ou goiiverneur. lis se battent entre eux conime font les gens d'El-Eghouath. Les maisons sont baties en pierre et en terre. Au nord de Tcgemout est une ties liaute montagne appelee Gebel-el- A'lnour, 11 y a aussi une montagne de sel aupres du GebeI-el-A'mour> ^ j« Mddhy. Cette villa est situee a I'ouest de Tegemout. Elle est entouree de nmrailles seniblables a celles de Thablos, et a deux portes inimense'nient fortes. Le hhakeni ou gouverneur, dont le nom est Ould-Tagyn, a environ cent esclaves, et un tresor rempli. II y a deuxans (i243 de I'Hegire) son frere assenibia des troupes dans le dessein de marcher contre Ouahran et de s'emparer de ses tresors. Tous les Arabes de la contree environnantc accoururent sous son etendard; et ils partirent avec des tambours et des fifres; et ils etaient munis de chevaux et de tentes. Omm-A'sskara toniba entre leurs mains, et ils s'avancerent sur Ouahran. Le bey de Ouahran, pour defaire cette armee, distribua de Targent parnii les Arabes de I'expedition, ce qui les detourna de soutenir Ould-Tagyn, Icjuel fut ensuite tuc dans une attaque de ses troupes par le bey. Son frere est maintenant hhakem de A'yn Madhy. 11 a un bain au milieu de la ville; et entreautres precieux objets, il possede des selles et des harnais brodes en or. II a de plus une grande quantite de livres. Les femmes de A'yn-Madhy paraissent dans les mar- ches. La distance de cette ville a I'egard d'El-Eghouath est d'une journee de route. ( ^8t ) Gehel-el'A' mour. Cest une tres haute montagne, qui contient une ceii- taine de sources d'eau. II en sort une grande riviere^ que Ton appelle El-Kliayr et qui est universellement connue. La terre est cuUivee sur cette montagne, et elle fournit toute espece de hois de charpente. Sa lon- gueur et sa largeur peuvent ctre estimees chacune a deux journees de niarche. Les naJifs elevent des cha- meauxj et quelques-uiis soignent du betail et des trou- peaux. lis sontbons cavaliers; leur langage est Tarabe; et ils ne sont point gouverues par un soltlian. Le nombredeshommes amies dans leGebel-el-A'niour est d'environ six mille. A yn-Madhy en a environ trois cents; et El-Eghouath , niille. Itinera ire d'El-Eghondt/i a Metslyli dans le Ouddy Mozdb. D'El-Eghouath a Ras el Scha'b, un jour. II n'y a point d'eau en cet endroit, et !e pays produit le terebinthe (el botbm). De Has el Scha'b a Safil el Fayadh i! y a une journe'e de route. On n'y trouve point d'eau. De la a El-Khadem, oil croit le terebinthe, une journee. De la a El Lefhhat, qui sont deux grandes niontagnes rocheuses. De El-Let- hhat on gagne Metsiyli. MetslyU. Ce nest point une ville ierniee, et il n'y a d'eau que celle fournie par les niouiins. Le sol de la contree n'est point une plaine de sable, niais il est niontueux et < on vert de cailloux aigus qui coupent romnie un coutoau. ( 282 ) II y croit des dattes , et il y tonihe queUjiiefois de la pluie. Les langages des habitans sont rarabeetleberbei Us moment des chameaux et sont amies d'lin fusil e, d'une epee. A Test de Metslyli sont les hauteurs dii Ouady Mozab. Ouddy Mozab. Dans ce ouady il y a six villes et villages; la plus grande est Ghardeyah. Cette vllle contient deux nii!le quatre cents maisons, y compris les mosquees. L'cau est entierement fournie par des puits. EUe est enlourec d'une iriuraille, et elle a una g ande place de roarclie, deux tours et deux portes. Elle n'est point sous le gou- vernement d'un sol than. Les habitans pailent la langue bei'bere. En matiere de foi, les Mozabys ditTerenl des Arai)es. Us se refusent a reverer les compagrions de I'Envoye d' Allah (sur lequel soient la benediction et le salut). Us sont opposes aux Sunnites, mais ils s'accordent pour la doctrine avec les Ouahabys, les Persans, et les habi- tans de O'man et de Maskat. Tons ces gens sont ]\loa- tazelytcs ou dissidens. Les Mozabys sont fort temperans; ils ne fument du tabac ni ne boivent du vin. Le ouady produit des dattes. Les indigenes de tout ce ssalihra sont familiers avec I'ait de fabriquer la poudie a tirer. Le procede est ce- lui-ci : la terre ou le niorlier des villes ruinees est re- cueilli; cette terre, qui est naturellement silee, est niise dans un grand vase , et Ion verse de I'eau dessus, de la nienie facon qu on traile les cendres dans la fabrication du savon.L'eau ainsi obtenue est mise a bouillir jusqu'a ce qu'elle acquiere de la consistance. On en iiiele alors urie livre avec quatre livres de soufre et quatre livres ( 283 ) de charbon de bois de laurier-rose. Ces ingrediens sont melanges ensemble pendant I'espace de trois heures,et alors la poudreest faite. II y a dans le Ssahhra une mine conside'rable de plomb, d'ou les Arabes en tirent des quantites pour vendre, Cettemine n'est dans le domaine d'aucune tribu en particulier. Elle est situee a lest des Aoulad Nayl , et est appele Gebel-el-Ressass. Itiiieraire de Metslyli a El- Qalyah. De Metslyli vous allez a ei-Tsemad en une journee. II s'y trouve beaucoup de puits , et le pays produit du hhaljd (spartum?); vous arrivez de la a el-Scharef, qui a iin puits profond de vingt edzra (coudees). Les deux autres stations entre el-Scharef et el-Qalya'h sont el-Sa'adeny et Ouady el-Scbaheb. A la premiere il y a un puits, et le hhalfd y croit. A la seconde il n'y a point d'eau. El-Qalyd h. Ce village est situeau milieu des sables, et il n'a point d'eau autre que celle qui est tiree des puits. Lesbabitans sont appeles Scha'anber, et ils parlent la langue arabe; ils montent des cbameaux, vu qu'ils n'ont point de cbevaux; leurs arnies sont des epees, des mousquets et des lances: leurs vetemens sont de laine. Le villaofe n'a point de murailles; les femmes sont comme les Bedouins: ellesvont aux puits, puisent del'eau, et I'apportent sur leur dos, dans des outres. Le pays produit des dattes et du hhalfd. Ouerqelah. De el-Qalya'b a Ouerqelah il ya une distance deciri({ jours de marcbe. Ouerqelah est une tres grande ville, entouree dune mnraille avec de nombreuses portes. ( 284 ) Elleest gouvernee par un solthan, etestdivisec entre trois tiibusdont lesnoinssont Beny-Ouaqyn, Beny-Ibrahyni, et Beny-Sesyn. Le langage des babitans est le berber. Le pays abonde en datliers. Ouerqelab a d'abondantes sources d'eau; elles soiit obtenues de la maniere suivante: un puits est creuse a une profondeur de cent soixante dix edzra\ ce qui at- teint I'eau douce. Le puits se remplit inimediatenu^nt d'eau, et devient un ruisseau. Les babitans sont appeles Erouagbab; leur couleur est noire, et leurs veleniens sont de laiue et de coton. Tout le pays est une sebkhah de sel. Dans la juridiction de Ouerqelab est un Ueu appele el-Scbatb ; et dun mi- naret dans la viDe, I'oeil peut decouvrir les villages sui- vans , Rouysat , A'gegeb et Meqousab. Au sud de Ouer- qelali, le pays offre une etendue de sable non interroni- pue, se poursuivant jusqu'au Ber el-A'byd (pays des esclaves). Itineraire de El-Qnlydh a El-Toudt. De El-Qalya'ha Aoulan il y a un jour de route. II y a des puits a celle station, el le pays produit des daltes. Le village est dans le Ssabbra , et est bati en terre. Le peuple parlc la languearabe. De Aoulan a El-Ahbmar. II y a la un puits d'eau, d'environ trente edzrd de profondeur. De el Ahbmar a Byr el-Nabl, un jour. De Byr el-Nabl a Byr el Lefa'ayab , un jour. De Byr el-Le(a ayab a Byr el *Tarqy, un jour. De Byr el Tarqy a Byr el-Zerq , un jour. De Byr el Zerq a Byr Bedenian , un jour. De Byr Bedeman a Temymoun , un jour. ( 285 ) Temjmoiin. Temymoun est une {jrande ville; niais elle n'a point de murailles comme celles qu'on eleve pour la defense , parce que les maisons sont loutes attenantes. Elle a une grande place de marche. II y a des dattes ainsi que d'au- tres fruits, et une grande abondance d'eau. II y a ega- lement une couche d'alun rouge. Le dialecte des indi- genes est le herber. Leurs moutons, comme ceux des Soudan , sont couverts de poils , semblables a ceux des chevres, et d'une couleur noire; et ils ont de longues queues. Les clievaux sont nombreux. II y a au centre de la ville de I'eau qui y est amenee par des conduits. II s'y tient un marche ou Ton echange, en grandes quantiles , des esclaves et de la poudre dor ; ce dernier objet est ■vendu au poids par mitsqdl et oiiqyeh. La couleur des habilans est diverse, blanche, rouge et noire; etilss'ha- billent de vetemens de laine et de coton, et d'un say noir. Les maisons de Temymoun sont baties d'argiie ou de terre; et il y a quatre mosquees. Les habitans pos- sedent de grands troupeaux, et les Touareq font le com- merce avec eux. Ge sont de vrais musulmans : ils prient, font des aumones, €t lisent le qoran. Au sud de Temymoun est un village appele Aouqe- rout, et un autre nomme Aoulef. Anulef. C'est la principale ville de I'oasis d'El-Touat , et sa ju- ridiclion s'etend sur tout le pays. Le solthan a des sol- dats, et les tambours battent devant lui. II a le pouvoir d'infliger des peines et d'emprisonner. II possede des chtvaux et des esclaves, mais il n'a point de tresor d'argent. ( 286 ) Aoulefa des murailles qui rentourent, lesquelles sont construites en argile et en briques. Le pays abonde eii eau et en dattes , et les habitans possedent beaiicoup d'esclaves. Teyth. All sud de Aoulef est un village appele Teyth, et a. I'ouest un autre nomme Atouat-el-Hhenne.Cette con tree produit du hhenne et des dattes en abondance.Les murs des maisons sont d'argile. II y a des mosquees a Atoiiaf, et les habitans jeunent , prient, lisent le qoran , et font des auniones. Us sont sous le gfouvernement du solthan d'Aoulef. Les indigenes parlentla langue berbere. En-Ssdlahh. Pres de Atouat est En-Ssalahh, au sud 5 alors vienl le pays des Soudan, plus au sud, lequel est frequenh- pour la traite des esclaves et de la poudre d'or. QordraJi. Cette oasis est a environ une journee de route de Te- mymoun. Elle comprend a-peu -pres vingt villages , qui sont tous alimentes d'eau par des conduits. Les indi • genes s'habillent dun say noir et de vetemens de laine. Leiirlangage est le berber, et leur couleur est noiratre. La nionnaie courante est celle de Fes. A I'ouest de Qorarah, et a la distance de vingt joui - nees de route , est le pays appelti El-Schenqylhah. El-Schetiqythah. Les gens de ce pays elevent des chaineaux , et leur principale nourriture est le lait et la chair de ces ani- inaux. Le ble et I'orge leur sont inconnus. Le qoran est beaucoup lu par les liabitaiis de Sclieii- ' ( ^87 ) qytah ; les fenimes aussi le lisent. On y peut voir tel homme lisant a sa mere et a sa femme ; et Ion y est pas- sionne pour les rapports sociaiix. Schenqytah n'a point de solthan. Les fruits qu'on y recueille sent les dattes, le lotus , et quelque peu de melons. Tenbokto est voisin de Schenqytah , vers le sud et Test; a I'ouest on trouve le Bahhr-Malehh , ou la nier salee. Quand les indigenes de Schenqyteh partent pour le pelerinage de la Mekke, ou ils passent a travers les Soudan, ce qui est le plus court, ou par le Ouady- Dera'h dans le Maraksch. P^oyage da Beled-el-SoiuIdn a V oasis d'El- Toudt. Les kafelahs ou caravanes ne partent du pays des Sou- dan qu'au commencement de I'annee. A cette epoque , les marchands se reunissent en grand nombre, dans le but de voyager ensemble et de se garantir des Touareq, qui ne dependent d'aucun gouvernement. Pour former la ligne de marche, les chameaux sont places les uns a la suite des autres, en files de deux cents de prolondeur. G'est ainsi qu'on traverse le desert. Les articles de commerce exportes du pays des Sou- dan sont des esclaves et de la poudrc d'or, en echange desquelsTouat etQorarah envoient des soieries , du fer, des verroteries et autres marchandises analogues. Itineraire de Ouerqelah a Aqddines. De Ouerqelah a Sydi-Akhuuylid , il y a unejournee. Ce dernier est un village au milieu du sable, offrant de lean et des dattes. Les maisons sont baties d'argile. Les indigenes parlent la langue arabe. Ils se servent de cha- njcj'.ux pour monture, et de laine pour la confection de It'urs vetemens. ( ^«8 ) De Sydi-Akhouylid vous ailez a Hh^sy el-Naqeli, ou se trouve un puits au milieu d'une sebkliali de sel qui est bien connue dans ces regions. De la a A'yn , ou est une source d'eau a la surface du sol. Tout ce pays est une etendue de sable , oii Ton ne voit ni pierre, ni montagne autre que des collines de sable. De la a El-A'aqer, qui est uue colline de sable; et la station voisine de El A'aqer est El-Thybat. El-Thybat est un village au milieu du sable, et sans murailles. II a beaucoup de puits d'eau , et la campagne produit des dattes et d'autres fruits. De El-Thybat vous allez a El- Abter, qui est un ouady desseche ; de la a un grand ouady connu sous le nom de OuadySouf. Dans ce ouady il y a de nombreux daskeras ou villages qui peuvent fournir vingt mille homnies, des chevaux et des ineherrys. Ces jrens vivent de dattes et de lait de cbameau. Les femmes vont aux places de marche sans se voiler, et elles se montrent dans les jardins. II se commet parmi elles beaucoup d'adulteres. Les habitans de ce district ne sont point soumis a. un gouverneur, et ils sont continuellement occupes a lever des troupes et a voler aux Arabes leurs effets. lis pons- sent leurs ^i^a;j/eAJusqu'au pays de Touareq. Ils parlent la langue arabe. Ils sont entierement independans , et ne se sont jamais soumis a un soltlian. Leur commerce se fait surtout avec Aqdames, ou ils veiident des estlaves ; et quelques-uns des indigenes font metier de faire le voyage du pays des Soudan avec des niarchands d'Aq- dames , a I'effet de chercher des esclaves. De Ouady-Souf a Aa'mysch il y a une journee de marche. C'est un village sur les coniins meridionaux du ouady. Les maisons sont baties en terre et brique, at- tendu qu'on ne trouve point de pierres en cet endroit. ( 289) De Aa'mysch a Aqdames, la distance est de huit jours de route. Le pays intermediaire est un seul desert in- interronipu. II n'est point frequente par les Arabes 5 il ne contient point de villages , ne fournit point d'eau, et nest point varie par des collines ou des pierres. Partout I'oeil rencontre une etendue de sable. Le chacal , le tigre el le lion ne viennent point ici , a cause de I'exireme chaleur et de la soif ; Tautruche et le beqr el ouahhasch sont les seuls animaux que Ion trouve dans ce desert. La maniere de chasser I'autruche est la suivante : le chasseur monte son cheval, pourvu des vivres neces- saires , et prend avec lui de lean. II chevauclie douce- ment jusqu'au milieu du jour, instant ou les Autruclies se rasseniblent en troupes de cent ou plus. Aussitot qu'elles apercoivent un homme elles s'enfuient. On con- tinue de les poursuivre pendant quatre heures , ou Tiioins, jusqua ce que, accablee par la soif et la crainte, Tautruche commence a se lasser. Le chasseur etant pourvu d'eau , boit quand il a soif, et finalement, atteint I'oiseau epuise, dont les entrailles sont deja consumees par la chaleur. Le chasseur alors le frappe sur la tete, ce qui I'abat a terre. Descendant de son cheval , le chas- seur coupe la gorge de I'autruche. Le chasseur est accompagne par un homme qui porte ses provisions de vivres et d'eau. Get homme suit les traces faites sur le sable, jusqu'a ce qu il aitrejoint son compagnon. lis placent alors I'autruche sur un chameau, et I'apportent chez eux. Telle est la description d'une chasse a I'autruche. jiqdd mes. Aqdames est une grande ville , batie d'argile ou de terre. Le pays aVjonde en dattes. Les habitans parlent ( 290 ) l;i langue berbere , et leur habillemeiit est de laine el de colon. Leur teint e*t noir; el les femnies ne se nion- Irent point. 11 y a dans celte villa une grande quantite d'ulenias et de thalebs. On y tienl un grand niarche , mais il n'y a ni bains ni nioulins a manege. Les femmes broienl le ble dans les maisons. On ne veil point de bazars dans la ville , et il n'y a, au deliors, aucune culture. Aqdames a un grand nombre d'esclaves dont le prix est d'envii'on 3o duros ( p. esp 22 ). Une mere est eva- luee au meme prix. La ville est situee au milieu du sable, et la distance entre elle et El-Toual est de vingt-quatre journees. Le pays intermediaire est exclusivement oc- cupe par des Touareq : il n'y a point d'Arabes. Toudreq. C'est un peuple puissant. lis ont'le teint fort blanc; et ils se servent de chameaux pour raonlure. Leur nour- riture consiste entierement en viande et en lait , car ils n'ont aucuns grains. Ils s'habillent dun sai de colon noir, et leurs seroudl ou pantalons sonl pareils a ceux des Chretiens. Les Touareq prientdebout,el secouvrent le visage d'un voile ou dune piece de colon. Jamais ils ne boivent ou ne mangent devant personne. lis font des srliazies dans le Soudan , et en rapportent des esclaves et desdenrees. Ceci est une notice complete el detaillee <]e Touareq. Mathmathah et ses etwiions. Mathmathah est un village sur le sommet d'une mon- tagne , 011 Ion descend par une ouverture. Celte exca- vation a ele faite en creusant. Les maisons, la-dedans, sont comme des chambrej et sonl enduiles ou crepies ( 291 ) avec de I'argile. Le langage des habitans est le qobihe; ce nest ni du berber, ni du turk, ni de I'arabe, c'est du qobthe. Qabes est un village au bord de la iner, a environ deux journees de Mathmuthah. Quand un natif de QA- bes desire se marier, il s'echappe avec sa pretendue pour aller a Mathmathah, et c'est la qu'il I'epouse. lis sejour- nent en cet endroit un an et un mois ; alors ils retour- nent chez eux. Gerbeh est a deux journees de Matbmathah, qui est a I'ouest. La tribu de Naouayl est aussi a deux journees de Mathniathali; et apres la tribu de Naouayl est celle de Mahhamyd, peuple puissant qui habite une grande chaine de inontagnes, et sur lequel le pascha de Tha- blos n'a point d'atitorite. lis ont un gouvernement qui leur est propre, et possedent un grand nombre de troupes et de chevaux. Entre eux et le pascba de Tha- blos il y aura guerre continuelle, et il ne pourra jamais obtenir deux aucun tribut. Le langage de la tribu de Naouayl est le qobthe. Les tribus qui occupent les montagnes voisines, de Gharyan, Ben-Oualyd , Mesellatah et Ghayah , parlent toutes le nieme dialecte. Les femnies de ces tribus sorlent libre- ment aux places de marche, et ne sont point voilees. La principale nourriture de ce peuple consiste en gibier et en dattes. Leur habillement se compose du khayq et du siriah ou chemise ; fort peu ont des bernos. Ils por- tent des scheschias assez grands pour couvrir les yeux. Depuis Mahhamyd jusqu'a Efzan (Fezzan), la distance est dun mois de route. Nous allons relater maintenant les autres choses que nous avpns vues et trouvees. ( 293 ) Tcqort. Teqort est une ville de richesses et d'abondance. Le nays produit des dattes, des figues , des raisins, des grenades, des ponunes, des ahricots, des peches et d'au- tres fruits. Le marche de Teqort est tort grand. Cettft ville est la capitale de ce district, et a juridiction sur vingt-quatre villages. Elle contient environ quatre cents inaisons , et elle est ceinte de murailles avec des portes. Ces murailles sont entourees d'un fosse qui peut etre compare a un fleuve. II communique avec des sources d'eau qui toutes s'y dechargent. Sur ce fosse il y a trois ponts. Les mosquees ont des minarets fort eleves. II y a a Teqort une race de gens appeles El-Megeha- ryeh, qui occupent un quartier separe dans la ville. lis etaient juifs autrefois ; mais pour echapper a la mort dont ils etaient menaces par les indigenes, ils firent pro- fession de I'Eslam, et maintenant ils sont lecteurs assidus du qoran, qu'ils apprennent par coeur. Ils sont encore distingues par le teint particulier aux juifs; et leurs mai- sons , comme celles de cette nation, exhalent une odeur desagreable. Ils ne se marient point avec les Arabes , et il arrive raremcnt qu'un Arabe prenne femnie chez les Megeharyeh. Le gouverneur de Teqort choisit parnii ces gens-la des scribes et des teneurs de livres ; mais ils ne sont jamais adniis a la dignile de qadliy ou d imam. lis ont des mos- quees dans leur quartier, et ils prient aux. lieures le- gates, hors le jour de gema, qu'ils n'observent point comme un jour de repos. Ils possedent de grandes ri- ( hessL-s. Leurs femmes sorteut voilees dans les marcbes, ct conversent entreellesen hebreu, quand ellcs desirent n'etre pas compi ises. Le gouverneur de Teqort possede ( ^93 ) une grande quantite de chevaux et de selles avcc leurs harnais brodes en or. On bal le tambour dcvant lui. II a le pouvoir d'infiiger la peine capitale, de l)ruler les maisons et de confisquer les biens des coupables. Dii baiit des minarets de la ville, beaucoup de villages et de plantations de dattiers peuvent etre apercusdans le pays environnant. El-Nezlah, Tebesbest , Temys, El- Moqaryn, El-Mogliayr,et d'autres villes, jusqu'au nom- bre de vingt-quatre, se voient toiites des minarets de Teqort. On ne rencontre point ici de pierres ; niais des sources d'eau y existent en abondance. Le nombre des troupes qu'on peut lever est de cinq inille honmies. Le teirit des gens de Teqort est noir,et on les appellc Eroua- ghah. Une liqueur appelee el-eqmy est en usage parmi ce peuple; elle est extraite des branches du dattier, en les coupant et les pressant. Elles donr)ent un liquide dune couleur rougeatre et doux comnie du sorbet. On le vend a la mesure dans les marches. Les saisons du labour dans ce pays sont octobre et mai. Aucun Arabe ne vient en ce lieu, a moins que ma- lade de la fievre. II y a une mine de sel a Teqort , et en verite tout le pays est une sebkhah de sel. Ce qui precede est une description de Teqort. Vile de Gerheh. Gerbeh est une ile au milieu de la mer, d'environ dix- huit milles de tour. Cette ile etendue est productive de divers fruits : olives, raisins, peches, grenades, figues 61 amandes; mais il n'y vient pas de dattes. II y tombe une grande quantite de pluie. L'ile est divisee en parties se- parees, et chaque maison a un jardin y altenant. Le marclie est grand et bien approvisionnej et boauroup 21 ( 294 ) tie iiiarclmnds ont des fondones ou iiiajrasins. Gerbeh depend dii pascha de Tunis, qui nomine le gouverneur ou Idiakeni. Les femmes de Gerbeh soitent voilees. Les maisons sont baties dargile, et quelques-unes en biiques. La population est composee de plusieurs peuples difterens. Le district de I'ouest, dont le port est vis-a-vis de Qiibes, esthabite parun peupleappele Agym,donl le langage est le berber. lis lisent le qoran, et les doctrines de leur foi sonl seniblables a celles professees par les Ouehabites et les Beny-Mozab. Quelques-uns d'entre eux rejettent A'ly ben Aby-Thaleb (a qui Dieu soit propice). Ces uOg!nes sont observes par ces gens, mais ils ne les pro- f'essent pas publiquement , et les caclient plutot. lis ne prient point en commun avec la secte de Malek; ils ont des mosquees a eux. Gerbeh a quatre ports : Agyrn a I'ouest; Gergys a lest; Mersat-el-Souq au nord ; et Mersatel-Qanlharah au sud. Les habitans fabriquenl de la poierie, et ils fa- briquent de la chaux ainsi que de grandes quantites d'huile qu'ils vendent aux Arabes. Tribu arahe de Ouerqemah. Cette tribu est adonnee au vol de grands chemins; et ils sont soumis au pascha de Tunis. Qcibes. De oette ville h Thablos , par terre , il y a six journees de route. Derayeh. Nous decrirons ce pays , celui de Negcd et les A'rab elOuehab. Dera'yeh est une grande ville avec des mu- ( 295 ) rallies, et detencliie juiv uii nombro considerable de troupes coniposees d Arab e!-Oiiehab. Cette ville a des mosqueps ; niais le peuple diffeve , en ses articles de foi , des habitans de la Mekke, et ils n'ont point de respect pour le propbete ni pourses compagnons. lis professent ne reconuaitre que Dieu seul ; ils ne prient point le pro- phete et ne lisent point le Delyl el-Rhayrat. S'ils le trou- vent en la possession de quelqu'un, i!s battent I'indi- vidu ft brulent le livre. Le tesbehb ou chapelet nest point tolere; s'il est irouve entre les mains de quelque personne , celle-ci est punie, iraitee d'idolatre , et exhor- tee a retourner a Dieu, Ces Arabes sont une puissante irlbu. Aucun deux ne parle la langue berbere. Leur ha- ))illenient est un qaftban de laine , attacbe avec une cein- ture de courroies de cuir, et ils nouent autour de leur tete des nioucboirs de soie teints avec du safran. Cette leinture est grandenient estimee parnii eiix, et vaut jus- qu'a vingt-quatre de leurs piastres par iivre. Leur nion- naie consiste en piastres et sequins qu'ils appellent meschchds.hes arnies en usage parmi euxsont la lance, et le genhiah qui se met a celle-ci. Le genbiab est une lame recourbee d'environ une dzeraa'et deuiie de louir. et alfdee a couper la lete. Les Arabes appellent. ceir(! arme asir. Le prix dun cheval au marcbe est de trente cba- meaux. Les Arabes appellent leurs clievaux kahhnlyeh , comme un objet precieux. Ce sont de beaux animaux , qui sont aussi legers que le vent. Us sont niaintenant fort rares, et ne se trouvent que dans les liaras des princes en Egypte, en Syrie eta Fes. Le solthan actuel de Dera'yehestTerky-ould-Ssa'oud. Son predecesseuretaitSsaoud. La ville est batieen terre, cbaux et pierres. Quand une expedition guerrierc est ■J. 1. ( ^96 ) proposee , cinquante mille Arabes, ou davantage, se ras- seinl)lent. Dans cettc contree sont plusieuis peuples difforens. Quelques-uns sont adorateursdufeu; d'autres adorent le soleil , et quelques-uns venerent les parties sexuelles de leurs fenimes et de leurs botes. Que Dieu les dclivre de cette erreur! Ces Arabes ne chevauchent pas toujours avec des sellesj s'il y a a combattre dans les montagnes, ils mon- tent sans selles; niais ils sen serventdans les plaines, ou ils vont avec leurs sabres. Qaelques femmes se batten t ii cote de leurs maris. Ils sont bien pourvus d'arnies. Le teint de ces gens est rougeatre. Ce qui precede est un recit de ce que nous avons vu, ecrit en 1 aunee 1242 , en Rebya' el-Tsany. EXTRAIT DU JOUUNAL DES MISSIONS EVANGELIQDES , Premiere et deuxi^me livraisons de i834. De nouveaux renseignemens sur les peuplades de I'Afrique meridionale se trouvant compris dans les der- nieres lettres des missionnaires qui explorent ces contrees si peu connues; nous nous eiiipressons , comme nous I'avons deja fait, d'en extraire tout ce qui peut concou- rir aux progres de la geographic. Le niissionnaire Casalis ecrit de Philippolis le 3i juil- let i833 que Moshesh chef des Hassoutos ayantentendu parler des stations de Philippolis et de Kurunian , com- prit de suite combien de parcils etablissemcns fondes ' ( ^^97 ) dans ses domaines pourraient etie avantageux a ses sii- jets; decide a employer tous les moyens possibles pour attirer chez lui les niissionnaires , il remit 200 bceuf's a quel(jues-uiis de ses serviteurs et leur commanda d'aller trouver le grand-tnaitre des blancs, afin d'obtenir de liii en echange de ce troupeau, des /io?n??ies capables d'in- struire les noirs. Ces hommes ayant ete pilles par les Ko- rannas revinrent aupres de Moshesh, qui, plus tard ayant appris qu'un Griqua venu de Philippolis chassait sur ses terres, le fit venir et apres i'avoir questionne sur les intentions et les travaux des missionnaires, le pria de I'aider dans laccomplissement de ses desirs. Le Griqua aussitot son retour , rapporta ce fait a M. Kolbe, celui-ci engagea MM. Casalis, Arbousset et Gosselin a entreprendre cette excursion , ce qu'ils s'em- presserent d'oxecuter. En consequence, le 5 juin i833 iis quitterent Philip- polis avec une seule de leurs voitures; incertains qii'ils etaient de se fixer pres du roidesBassoutos, ils laisserent la plus grande partie de leurs bagages et leur seconde voiture aux soins de M. Kolbe; ils avaienl pour guide un Griqua habile nomme Adam, connaissant tres bien le pays, et qui, accompagne de quelques chasseurs a cheval et de quelques Bechuanas monies sur des boeufs, partaient pour la chasse de I'antilope. La carte jointe a cet extrait montre la route suivie par les voyageurs , la ligne qui I'indique, passe par les Kraals de Ramacau et de Kugnanane et s'etend de Pliilippolis a Bossiou capi-* tale des etats de Moshesh , puis de Bossiou a Morija ou ils fonderent une station; enfin, pour revenir a Philip- polis chercher le reste de leurs bagages, I'un deux, M. Casalis suivit la route qui, passant par Popokuan, va re- joindre la ligne du nord au campement Gnou, et redes- ( 298 ; rend ilc la a (Liledoii pour remoiiler t^nsuile al'hilipjioli.'.. Les detours fails par les voyageurs onl ete necessiteis par los difiicultes du sol ci par le manqiic d'eau. Voici leur itineraire (i) : Le 5 Juin. Apres avoir voyage 3 heures moitie E., nioitie E.S. E. ils camperent pres d un kraal de Griquas ou Baastaanis, i\ppe\e Divart-rifcr. Le 6. Obliges dechercher uue parlie de la journee les chevaux egares pendant la nuit, ils ne niarcherent que pendant 3 lieures 1/2, direction S. E. et E. S. E. pour ar- viver a Rooie-Port-Fontein petit kraal abandonne. Le y. Partis a 9 heures 1/2 et ayant marche E. S.-E. jusqua II lieures, ils visiterenl une source abondante appelee Komitjos- Fontein. Usy trouverent quelques noirs qui y etaient venus ehercher du fourrage pour leurs bestiaux; 1 un deux portaienl lenonitrancais de / isage. Apres 20 minutes de lepos, ils niarcherent E. S. E. jus- qu'a niidi. lis avaietit alors a leur gauche dans la direc- tion N. N.-E. une montagne haute et ties longue, que leurs gens esliniaient etrea i4 lieues deux, non loin de la riviere Riet. A une heure ils passerent Kopjes- Kraal qui est habite par quelques Bushmen , et an pied duquel coule une ['etite fontaine dans la direction N. a I h. 42 m. ils etaient entre trois inonts, dont deux en forme de dome et I'autre en forme de pain de sume, remarquables par leur position respective: ils leur donne- rent le nom de Trois moids. A ah., ayant complelemeut change de direction pour ehercher de rean,ils suivirent (i) Les missionnaires ayant appris la laiigiie holliiiidaise , qui est parlie par les feiiniers de la colonic du Cap tt par les tribus voisines (le Griquas, de Korannas, etc., peuvent, au nioyen de laditc langiie, se faire comprendre des iiidigt-nes, soil par cux-mdmcs , soil par des interprfetes. ( '^-gp ) la ligne S. E. E jusqu a 2 h. 35 m. , et trouverent que le pays comiiiencait a nionter. Le 8. De 9 h. a 9 h. aS m., direction S. S. E. — De 9 h. 35 m. a II li. 35 m., E. — De 1 1 h. 35 m. a 12 h. 45 m. , E. N. E. — De 1 2 h. 45 ni. a 2 h. 45 m., E. — De 2 h. 5o in. a 3 h. 25 m., E. — De 3 h. 25 ni. a 3 h. 46 m., N. Cette deviation de 21 minutes a encore ete necessitee par le manque d'eau. A 10 h. 7 in., ils avaient a nne demi-lieue de distance N. una chaine de coilines qu'Adam, leur guide, nomme Winter s Port Berg, ou Port d'Hiver. En ineme temps on apercevait au S. E. dans un eloignement de 6 h. une montagne qui se terininait en pain de sucre, appelee Hang-Lip. A 11 h. 35 m.,ils passerent une source de la riviere Riet coulant N. Une demi-lieure plus lard on distinguait dans le lointain du cote N. E. une nouvelle chaine de montagnes dont I'une fut nommee par les chasseurs Olijn-Fontein Be7g, et qui n'est sans doute que le prolongement du Hang-Lip. A 1 h. etdemie, cette men»e chaine senihlait s'etendre IN. et N. N. O. ; a i li. 7 m., ils passerent une seconde source dela ii\iere Riet cojilant N. E.; et a 3 h. 2j ni. ,ilsatteignirent quelques coilines assez elevees, quits appelerent les Redout es , a cause de leur forme. J^e pays abonde en antilopes et en lievres. Le 9. Jour de dimanche, selon leur coutume, les mis- sionnaires ne voyagerent point. Le 10. De 8 h. a II h. 12 m. , E. — De 11 h. i5 m. a 12 h. 3o m. , E. N. E. — De I h. a 4 h. i5 m., E.N. E. A 1 1 h. 25 m., une nouvelle source de la Riet coulant W. A 2 n. 25 m. cinquieme source de la meme riviere nieme courant. A 3 h. 6 m., rencontre d'une f'ontainede fort belle apparence, mais sans eau, qiion appeLs Drooz- ( 3oo ) Fonlein on loiUaine s6i;li<;. A 3 li. 20 in. auUo source tie la Riet. Ces sources sontsi peu de chose qu'elles ne merilent point qu'on leur tlonne un noni quant elles n en ont pas. A 4 li. i5 m. une petite chaine de collines de fort belle apparence sur la gauche, s etendant N. E., elle a ete appelee Sokoa en raisoii de sa ressemblance avec le fort de re nom. Campement pres d'une source de la Riet , la plus considerable (ju'on ait rencontree; elle a le menu; courant que les precedentes, son lit est profond et argileux, ses rives abondent en canards et en cailles. On lui a donne le nom de Moie-Spruit (belle source); quelques monies assez semblables a celles qu'on ramasse au bord de la mer y ont ete recueillies. Le pays continue a nionter. Le 1 1. De 2 h. a 4 h. 4 ni. E. Campement aupres dune source de la Riet qu'on a nommee Gnou (i) a cau.se de la nndlitude de ces animaux que Ton trouve dans les en- virons. Ce jour la on vit des montagnes dans toutes les directions N. S. E. O. A 5 h. du soir il y eut un orage avec eclat de !a foudre. Le 12. De 7 h. 4o m. a 10 h., N. E. — De 1 1 h. 35 ni. a 3 h. 45 m., entre I'E. et I'E. N. E. A midi , passage a Shiet-port, petite source de la Riet (donton n'etait, au dire d'Adam,qu'a 2 h. de marche N.) Tout pres de la est un Kraal de Bushmen ; quelques hom- mes et une dizaine de fenunes portant leurs enfans lies derriere leur dos vienneni voir les voyageurs. Leurs traits sont entierement defaits par la soutfiance. Les Bushmen viveiit dans unegrande misereet se nourrissent presque uniquement de sauterelles. lis sont rahongris, laids de visage et ressemblenta des spectres : et comme si (i) Mainmifi're de re. seigneniens sur les etablisseniens tlu sutl de rAFrique : la reponse suivante d un Hottentot indique dune raaniere vigou reuse et vraie, les heureux resultats des missions parnii ces peuples. « Quand les missionnaires vinrent au milieu de nous, • nous n'avions d'autres vetemens que de sales peauxde • mouton; maintenant nous sommes liabilles du produit « des manufactures anglaises. Nous n'avions point de « langue ecritej maintenant nous pouvons lire la bible, « ou au moins nous la laire lire. Nous elions sans religion; • et maintenant nous adorons Dieu dans nos families. • Nous ne possedions aucune idee de morale, tandis ■ qu'aujourd'hui chacun de nous reste fidele asa propre « femme. Nous etions adonnes au libertinage et a I'i- « vrognerie, tandis qu'aujourd'luii I'industrie et la so- H briete regnent parmi nous. Nous n'avions rien en pro- • prej mais les Hottentots de Betlielsdorp ont mainte- « nant cinquanle chariots et un nombre proportionne « de bestiaux. Enfin nous etions exposes a etre massa- » cres comme des betes feroces ; mais les missionnaires « se sont interposes entre nous et les fusils de nos en- « nemis. » Ces importans resultats ont entierement change la condition de ces peuples qui, d'opprimes qu'ils etaient, sont devenus coumie tons les autres habitans anglais ou hoUandais de la colonic, libres sous la protection des lois. Les Criquas , indigenes de la station de Philippolisy ( 324 ) possedenl 35,ooo moutons, 3,ooo tetes de gros betail et 5oo chevaux, ce peuple sert de boulevard a lacolo- nieducoteN. et N. E. et epargne ainsi au gouvernement colonial I'entretien de 5oo homnies de troupes, qui, se- raient necessaires pour proteger cette parlie de la fron- liere, longue de 3oo inilles. Les Griquas ^7i\\ commencement de la mission, etaient aussi ignorans et denues de ressources que les Korannas^ les Biischiiien et les Bcchuanas qui les entourent, et dont ils sont deveniis les protecteurs, bien que cinq fois inoins nond)reux qu'eux. La station de Caledon qui avait ete abandonnee, a re- pris par les soins de M. Pelissier, une importance, qui pourra devenir utile au progres des explorations ulte- rieures, il est parvenu a reuni'r en ce lieu 1,200 Btchua- nas, qu'il s'occupe a civiliscr et a instruire. Une lettre de M. Casalis en date du 4 octobre i833 rend compte des circonstances de son voyage de relour a Morija , nous en extrayons les faits suivans. A Pliilip- polis un grand nonibre de Baastaards (i) voulurent le suivre pour se fixer a Morija, afin d'eviter les enlre- prises devastatrices des Korannas (2); mais il s'y opposa, ne voulant pas donner les mains a un projet qui eut pii entrainer la mine de la station anglaise. W partit vers (i) Les baastaards sont des enfans illegitimes des fermiers liollan- dais et des Hottentotes profiremerit dites; les griquas sont issus des fermiers et des namnquoises. M. Casalis se propose d'indiqiicr les differences de caraclere de ces deux races inlxtes, dans uii court apercu sur les peiiplades du sud de TAfrique qu'il doit envoyer au comile des Missions. (1) La denomination de Koranna designe ( aux environs de Phi- lippolis) inoins une jieuplade qu'une association de brigands. Il existe beaucoup de Korannas ainsi nomnies a cause de leur origine , et qui virent neanmoins d'une maniere fort lionn^fe. ( 325 ) le millieu d'aoiit et s'arreta qiielques jours a (laledou pres dii frere Pelissier, ils y recurent la visite dune bande de Korannas qui venait de piller et massacrer les Cafres-Taniboukis. Ayr.nt quitte Caledon le 27 aout, M. Casalis prit une route plus directe que la premiere, il traversa la Caledon a une journee de la stition de M. Pelissier et se dirif;;ea toujours vers Test. Cette route a cependant un grand inconvenient, cest qu'elle tra- verse uu pays uniquement hahite par des betes feroces. Presque chaque soir des troupes de lions rodaient au- tour de la voiture et deux hommes devaient alternati- vement faire des rondes pour protegerles bestiaux. Ce- pendant le danger n'est pas aussi grand qu'on pourrait le supposer, en se tenant enfenne dans sa voiture, ou en entretenant un grand feu, on necourtaucun risque. M. Casalis arriva a Morija le j septembre, il s'etait ar- rete deux jours pour reparer sa voiture, il mit done neuf jours effectifs a^se rendre de Caledon a Morija, II trouva cette station tlorissante, le roi Mosliesb vint ren- dre visite aux inissionnaires aussitot qu'il eutappritle retour de M. Casalis; ils lui proposerent alors d'acbeter le terrain de Morija^ cest une precaution qu'ils ne ne- gligent jamais ; la possession du teriain qu'ils babitent leur donnant la liberie den ecarter les individus d'un caractere dangereux , de s'opposer a limportation des liqueurs fortes el de realiser tons les plans qu'ils jugent favorables ^ I'avancement de leur oeuvre. Moshesb apres les avoir sondes adroitemenl a ce sujet, satisfiut de leurs reponses, recul en paiement un babillement europeen complet. La rassade est beureusement a-peu-pres in- connue dans ces contrees ou les marcbands anglais n'ont jamais penetre; les missionnaires pieferent pour objet d'ecbange, les uslensiles utiles, la ou la rassade nest u3 ( 3^6 ) pas indispensable. L*- roi , toujours desireiix de venir se fixer a Morija puisque deja il a pris les veteniens euro- peens et qu il s'esl defait de beaucoup de bestiaux pour acheterdequelques chasseurs ,des ustensiles de menage, des fusils, de la poudie, des chevaux, etc.,parait vouloir se voiiger des Koiaiinas et leur donner une lecon dont ils se souviennent. Son coeur est, dit-il , plus gros qu'une maison et plein de projets grands et genereux, il va commencer par envoyer pres des missionnaires tons ses «nfans et une partie des habitans de Bossiou. Les betes feroces iiiquietent sans cesse les troupeaux de la station , et comnie elles avaient devore un cheval, une chasse fut resolue; dix cliasseurs dont MM. Casa- lis et Gosselin faisaient parlie, se niirent en route et au bout d une heure de reclierches, la trace du lion fut retrouvee, elle conduisait direclement au sotnmet d'une montagne dont il fallut gravir les rochers. Arrive'e sur je plateau la troupe se divisa en deux bandes, M. Ca- salis, suivi de trois homines, avait a peine parcouru un quart de lieue qu'un magnilique lion male se presenta devant lui. II appartenaita cette variete que les fermiers hollandais designent sous le nom de zwart-leemv (lion noir) a cause de la couleur noiratre de sa criniere, et qui se distingue de I'espece commune par son extreme ferocite. Get animal , qui n'avait pas nioins de sept pieds depuis le nez jusqu'a I'insertion de ia queue, s'arrela un instant pour regarder les chasseurs; mais ceux-ci ayant lance leurs chevdux au galop, il courut se refugier der- riere un roc; parvenus a cinquante pas de lui et ayant mis pied a terre, ils firent feu; protege par le rempart nalurel qu'il avait choisi , aucune balle ne parut avoir atteint le lion; mais 1 explosion I'irrita , il commcnca a brandir sa queue et a pousser iin rugissement sourd , ( :^-7 ) on se disposait a tirer uMe secoiide fois sur lui loisqu'il quitta sa letraite sans que sa fiiite eut rien de precipite, il ninrchait dun air furieux en retournant souvent la tete. On conlinua a le poursuivre jusqu'a ce qu il eut atteinl un buisson ou il attendit les chasseurs; il parais- sait resolu a ne plus bouger de ce retranchenient, et sa posture faisait presumer qu il se disposait a sauter sur I'und'eux; la position devenait tres dangereuse, tous les cliiens avaient sulvi I'autre bancJe, des trois hoin- nies qui accompagnaient M. Casalis I'un etait sourd , il etait prudent d'aller chercher le reste de la troupe et Ion partit au galop. En arrivant pres de leurs compa- gnons ils les trouverent occupes avec une lionne qui faisait beaucoup de resistance : apres avoir essaye plu- sieurs fois de s'elancer sur les chasseurs, elle s'etait placee dans les fentes dun rocher, les chiens excites pour la debusquer s'avancent jusque sous ses griffes, I'un d'eux ose lui mordre la queue, mais elle se precipite sur lui, le saisit dans sa gueule et le laisse pour mort, aussilot une grele de balles pleut sur elle, et elle tonibe expirante. Sa peau fut adjugee a M. Casalis qui se pro- pose de 1 envoyer au musee de Paris. Son premier soin fut d'examiner un point d'histoire naturelle fort interes- sant. Didyme d'Alexandrie, coninientateur d'Homere, Hit au sujet dun passage du xx*" livre de I'lliade, que la queue du Hon est armee d'uneespece d'aiguillon ca- che dans le poil , qui sert a irriter la bete, lorsqu'elle en frappe ses flancs. Blumenbach assure avoir vu cet aiguillon de ses propres yeux, tout en observant que sa petitesse le rend impropre a I'usage qu'on lui prete. M. Casalis a vu distinctement dans la peau une ex- croissance epineuse, longue de deux lignes et demie, et supportee, comnie la remarque le savant naturaliste 23. ( 3a8 ) par une espece de f'ollicule ( i ). Cette lionne avait six pieds de longueur sur trois de hauteur ; elle etai t pleine. Dans Tapres-midi on chercha le lion; mais on ne put le retrouver. II ne faut pas croire que de pareilles battues soient souvent neressaires, la presence de I'liomme en grand nombre, suffit pour faire fuir les lions; dans les con- trees depuis long-temps explorec-s, les betes ferocessont devenues tres timides , et Ton n'a pas plus a craindre sur la route du Cap a Lattakou, que dans les environs de Paris. Mad. Moffat a fait, en avril i833, I'immense Irajet de Kuruman a Graham's Town avec un enfant de rinq ans sans renrontrer un seui animal dangereux. M. Arbousset, reste a Morija pendant que M. Casalis retournait a Philippolis chercher le reste des bagages, fait le plus grand eloge des nioeurs et de la douceur des Bassoutos; jamais de querelles entre eux, ils ne savent que manger, chanter, rire et dormir et poussent Thos- pitalite au plus haut point: un etranger arrive-t-il, con- nu ou non, il a le droit de mettre la main au pot avec les autres, sans deniander permission; il n'y a que chez le roi oil il faille attendre cette autorisation. (i) Depuis long-temps cette observation est connue de toutes les personnes qui s'occupent d'histoire naturelle , et I'existence d'une espice d'epine ou d'ergot dans le pinceau de la queue du lion ne fait phis doute. ( Note du rvdacleitr, ) ( 3^9. ) RAPPORT SUR UN OUVRAGE DB M. LE MAJOR POUSSIN, INTITULE : Travaujc (T amelioration interieure, entrepris ou executes par le gouvernement des Etats- Llnis, Lit » la Soci^te de G^ographie dans sa seance du i6 mai 1 834- Par M. Roux de Rochhllk. Nous ne pouvons nous rendre compte des travaux entrepris par les Etats-Unis d'Amerique, pour perfec- tionner et multiplier leur navigation interieure, qu'en examinant d'abord leur situation geographique, et les premieres lignes de tommunication , dont ils ont suivi la trace et prolonge le developpement. Les Etats de I'Atlantique ont eu les premiers a s'oc- cuper de ce systeme d'amelioration. Leur immense lit- toral, prolonge du nord-est au sud-ouest entre I'Ocean et la chaine des Alleghanys, est traverse dans toute s;i longueur par un grand nombre de rivieres navigables. Les unes coulent du nord au sud, commele fleuve Hud- son et le Connecticut : les aulves coulent vers le sud- est, et le cours de toutes ces rivieres est d'autant plus long qu'elles ne se rendent pas directement des Alleghanys ( yso ) a lamer : elles suivent dans leuis coiirbiires ies vaFItfe* etendues et echelonnees entre Ies differeiis plans de ces niontagnes : leur longueur augniente ie volume de leurs eaux : quelques-unes des bales ou elles se jettent out une grande profondeur, et toutes ces dentelures du ri- vage, depuis la baie de Passamacquodi jusqu'au cap Hatteras facilitent Ies comtnunications mutuelles des Etats maritlmesj non-seulement parce qu'elles pene- trant au loin dans I'interieur des ter«'es, niais parce qu'il a ete possible d'etablir entre elles de nouvelles li- gnes de navigation. Un autre systenie bydrograpliique regne dans Ies vastes contrees situees a I'occident des Alleghanys. Celte chaine de montagnes separe d une inaniere absolue le Tersant des eaux; et tous Ies fleuves de ces regions oc- cidentales sont Ies tributaires du Mississipi, ou s'ecou- lenl directement dans Ie golfe du Mexique. A mesure que ces nouvelles acquisitions de territoire sont entrees dans la confederation des Etals-Unis, Ies bommes frappes de la necessite d'unir enlie elles toutes Ies parties d'un si vaste corps, out cherclie Ies nioyens den assurer Ies conununications; et I'idee primitive, la plus grande, la plus feconde de toutes, a ete d'etablir une lonjrue lijjne de navigation entre Ies Etats de lest et de I'ouest, entre I'Atlantique et le Golfe du-Mexique. Washington , le heros, le bienfaiteur de son pays, avait concu cette grande pensee : il regardait de faciles com- munications avec I'ouest comme le seul moyen d y fa- Torisei" la civilisation; et cc qui avait ete projete par ce grand homme, dans la vue d'ameliorer dans des con trees encore sauvages le sort de la race humaine, a ete execute apres bii, pour favoriser a-la-fois Ies interetsde la socielf» , de I Industrie el du commerce ( ^^» ) Le projet de Washington etait d'unir la Chesapeak a lOhio et par la au Mississipi ; mais un autre plan celui d'unir le fleuve Hudson au lacEiie, est le premier qui ait recu son execution. Ce plan, dont la legislature de I'Etat de New-York s'occupa en 1808, ditferait d'abord de celui que Ton a ensuite adopte. On voulait, a I'aide du fleuve Hudson, du Mohawk qui en est le principal tributaire, du lac Oneida et de la riviere Oswego, eta- blir une communication entre New-York et le Lac On- tario, d'ou Ton serait remonte au Lac Erie, en creusant un canal, sur la rive orientale du Niagara, Mais les in- genieurs charges de I'exploration de ces contrees, re- connurent qu'il valail niieux ne pas emprunter la na- vigation de rOntario, et qu'il serait possible de tracer un canal direct entre I'Hudson et le lac Erie. La niaree remonte dans IHudson jusqu'au-dela d'Albany, et la Mohawk sejette dans ce fleuve a quelques lieues plusau nord. Ce confluent tut le point de depart : on fit sur la rive du Mohawk le trace dun canal qui devait en re- monter le cours jusqu'a Rome. De la jusqu'aux plaines ou coule le Genesee, on eniprunta les eaux des rivieres et des differens lacs qui s'ecoulent vers le lac Ontario; et les eaux du lac Erie et de ses affluens durent alimenter toute la partie occidentale de cette ligne de navigation. Ces operations preparatoires firent icconnaitre la possibilite du canal; mais la guerre de 1812 entre les Etats-Unis et I'Angleterre, vint en retarder I'execuiion On ne reprit ce projet qu'en 18 16; et apres avoir con- li'acte, sous la garantie de I'Etat de New-York les pre- miers emprunts necessaires pourconimencer les Iravaux sur le terrain, ils furent mis en adjudication en 1817, el ils furent repartis entre un assez grand nombre de ( ^i-^ ) coiitiactans, pour etre executes a-la-lois sur uiie ties vaste etendue. La section du milieu entre la villedUtica et la riviere Seneca fut achevee la premiere, dans I'es- pace de deux annees, et avec un developpement i\e g6 niilles anglais : les sections de lest et de I'ouest furent ensuite executees simultanement : Tune a io3 millesde loncueur, I'autre en a i63: et cet immense ouvrajre dont la longueur totale est de 362 milles (environ 120 lieues de France ) fut completement termine en iSaS, huit ans apres le comtnencenient d'execution. On a donne a ce canal deux embranchemens : celui de Sene- ca qui a 20 niilles de longueui", correspond avecle lac de ce liom ; celui dOswego qui a 38 milles s'etend jus- qu'au ac Ontario. Un autre canal, destine a lier le lac Champlain ct la riviere d'Hudson s'etait execute en meme temps: on en avail commence les fouilles en 1818, et le canal etait termine en i8i3. Son eleveloppenient est de 61 milles, et son embouchure dans I'Hudson aboiitit au meme point que celle du canal Erie. L'on a ainsi etabli et mis en contact Tunc avec I'autre deux grandes lignes de na- vigation , Tune diiigee au nord vers le Canada et le fleuve St. Laurent, I'autre arrivant a I'ouest jusqu'au lac Erie. Cette derniere communication a immediatement don- ne lieu a une autre entreprise, qui n'est que le deve- loppement et le complement du meme systeme. Le gouvernement de I'Ohio s'est determine a ouvrir un canal entre le ileuve de ce noni et le lac Erie ; et ce ca- nal, dont le developpement est de3io milles anglais , a ete commence en 1825 et termine en i832 : il debou- che a Cleveland sur le lac Erie, passe a Newark, a Cliil- licote, et se dirige sur Portsmouth, ou il s'unit a lOhio. ( 333 ) Vers lepoque ou I'etat de lOhio projetait retablisse- ment de ce canal, le gouvernenient central des Etats- Unis formait un autre plan de communication entre les regions de I'est et de I'ouest. Si la ligne de navigation de IHudson et du canal Erie etait particuliei-ement utile aux Etats du nord, il convenait d'etablir pour les Etats du centre que baignent la Delaware et la Chesapeak, de semblables relations avec I'ouest. Un comite d'amelio- rations interieures, dont le general Bernard faisait par- tie, s'occupa de ce beau projet; et le general fut charge en 1824, de faire toutes les reconnaissances necessaires entre Washington sur le Potomac et Pittsbourg sur rOhio, afin de juger si I'execution dun canal entre ces deux villes serait praticable, quelle direction on aurait a lui donner, conunent on pourrait franchir la chalne des Alieghanys, quels ouvrages dart on aurait a con- struire, et quelles seraient les depenses de lexecutioii. Le major Poussin , qui rend compte de ces travaux dans limportaiit ouvrage que nous avons sous les yeux, etait aide-de-camp du general ; il le suivit dans toute cette reconnaissance; et deuxFrancaiseurent I'honneur de cooperer a des travaux qui influeront un jour de la maniere la plus remarquable sur la prosperite des Etats-Unis. II nous est doiix de retrouver des noms fran- cais, cite's avec eloge dans les annales de leur histoire , et de ne pas nous regarder comme etrangers, soil a leur glorieuse independance, soit a quelques-unes des causes les plus propres a alf'ermir leur union et a developper leur puissance. II resulta des observations et des traces faits par les ingenieurs, que le canal etait possible, que son deve- loppement serait de 34i milles anglais, que pour fran- chir les Alieghanys dans leur cliaine la plus elevee on ( 334 ) aiirait a ouvrir uu souterrain de 5,ooo metres , que ce point fornierait le bief de partage, que la penle du cote du Potomac serait de 546 metres, qu'elle serait de 345 du cote de I'Ohio , et qu'il faudrait 240 ecluses a Test et 148 a I'ouest, pour rachcter I'une etl'autre penle. La depense totale fut evaUiee a 121 millions de francs; mais elle ne parut pas trop elev«^ pour un si important pro- jet, et Tentreprise des travaux fut faite par une compa- gnie doni les priricipaux actionnaires etaient le gouver- nement general, interesse a faciliter les commiuiications de lest avec I'ouest, les etats de Virginie, de Maryland , de Pensvlvanie, dont ce canal devait traverser le terri- loire, et les villes de Washington , de Georgetown et d Alexandrie, siluees sur le Potomac. Pour graduer I'execution des travaux, on a partage celte ligne en trois divisions, et Ion a commence par la division de Test, qui aboulit a Georgetow^n. Toute celte partie du canal doit etre alimentee par les eaux du Polo- mac , dont elle remonte la rive gauche : on s'est deja eleve au-dela des montagnes Bleues, jusqu'a la manufac- ture d'armes de Harpers-Ferry ; el cetle ligne , qui a 64 inilles de longueur, et dont les creusages n'ont ete en- Irepris qu'en 1828, est en ce moment ouverle a la na- vigation. La section de lest, dont elle fait partie, doit >,e prolonger jusqu'au confluent de la Savage et de la branche nord du Potomac: elle aura 186 milles en 10- lalile, et toute la partie ilu Maryland qu'elle doit traver- ser, depuis Cumberland jusqu'au voisinage de George- town , jouira la premiere des avantages de cette com- munication. La division du centre sera alimentee par les eaux du Savage a lest des Alleghanys, et par celles de Cassel- man a I'ouesl; elle le sera dans la partie inleiniediaire ( 335 } par deux bassins artificiels oil I'on reunira loutes les prises d'eaii des liaules nioritagnes. Le volume et Ja con- soniniation en ont ete calcules. Qiumt a la division occidenVale qni doit se terminer a Pittsbuurj^ suri'Ohio, eile sera abondamment pourvue par les eaux du Youghagany et du Monongohela, dont elle suivra la rive droile. L'utilite dVlablir des communications entre iaChesa- peak el I'Ohio, par la ligne que ce canal doil suivre, a excite quelques rivalites, et Ion a forme I'entre- prise d'un chemin de fer dont une compagniedu Mary- land a commence I'execution. Cette route, qui part de Baltimore, et qui doit aboutir a Wheeling sur lObio, aura aSo milles de longueur. Les travaux ont ete con- duits JMsqua Point-of-Ilocks sur le Potomac, et le quart de la distance totale est parcouru ; mais ici Ion entre en concurrence avcc les entrepreneurs du canal : il faut egalement remonter la vallee du fleuve, et quelques-uns de ses defiles soiit si etroils, qu'ils ne laissent pas la place necessaire pour continuer parallelement les deux operations. II seraita desirer que I'une et I'autre com- pagnie se concertassent pour n'employer que I'un des deux moyens de communication ,soit dans la haute val- lee du Potomac, ou le canal continue d'etre construit, soit dans les regions encore plus elevees ou les eaux sont plus rares , ou il faudra s'ouvrir un passage a travers la chaine des Alleghanys, et oil Texecution d'une route de fer pourrait etre moins dispendieuse. Get emploi alternatif descanaux de navigation et des chemins de fer a ete adopte avec succes par I'etat de Pensylvanie, lorsquil a fait ouvrir une communication entre I'Ohio et la Delaware. Deux lignes de navigation out ete creusees a Test et a Touest des montagnes : le ( 336 ) caua! de lest enipruiite sucressivenient les eaux do la Juniata, de la Susquehana, du Schuilkyll, doiit il suit les bords jiisqu'a Philadeiphie : le canal de I'ouest est alimente par les eaux du grand et du petit Gonemangli et de la riviere Alleghanys, jusqu'a Pittsbourg, ou il se termine; et pour lier entre elles les deux parties de ce canal de Pensylvanie, dont le developpement total estde 4i4 inilles (environ i4o lieues), on a etabli entre Johns- town sur le Coneinangh et Franckstown sur la Juniata , un cheniin de ler ds Sj milles de longueur. Tous les tra- vaux de cette grande entreprise sonl entiereinent ter- mines. Nous avons vu qu'en etablissant entre Test et I'ouesl de si importantes communications, on a cherche a les faire aboutir a I'Ohio, qui offre a son tour un develop- pement innnense a la navigation, et qui permet de la prolonger jusqu'au Mississipi et de la jusqu'au golte du Mexique. II a f'allu, pour assurer dune maniere com plete ces avantages, s'occuper egalement du cours de rOhio et faciliter sur quelques points sa navigation. Les chutes que Ton rencontre pres de Louisville abaissent subitemenl de quelques metres le niveau du tleuve, et Ton ne pent les f'ranchir que dans la saison des crues , ou les eaux superieures et inferieures sent niomentane- nient remises de niveau. Un canal que Ton a creuse sur la rive meridionale de TOliio, dans une longueur de 2,376 metres, assure dans tous les temps la navigation. II a ete termine en i83i, et les proportions quon lui a donnees permeltent le passage des plus grands bateaux a vapeur qui font le commerce entre la Nouvelle-Or- leans, Louisville, Cincinnati, Wheeling et Pittsbourg. La navigation de 1 Ohio offre d'autres obstacles, dans les bancs de sable ou de giavier qui obstruent quelques ( ;^37 ) parties de son lit, et qui n'y laisseiit subsister cjue des passes intermediaires ou il est difficile de se niaintenir; mais le coinite des ameliorations interieures a propose de diminuer ces obstacles par des digues de barrage qui forceraient lecourant a suivre une ligne deterininee, et a creuser le lit du chenal ou il passerait. Des travaux analogues ont ete executes d'apres les plans de cette commission, pour approtondir i'entree du port de Presqu'ile sur le lac Erie, et Ton est parvenu a obtenirun fond de quelques metres de plus. Des reconnaissances et des operations dune autre nature ont long-temps occupe le comite d ameliorations. L'intention du gouvernement federal etant d'etablir une route militaire et commerciale entre Washington et la Nouvelle-Orleans , il tallait examiner les differentes di- rections qu'elle pourrait suivre et toutes les contrees intermediaires qu'on aurait a traverser. La plupart de res regions etaient couvertes de forets, ou herissees de rocliers et de montagnes, ou embarrassees par des tor- rens , des fleuves, des marecages, ou occupees par des tribus indigenes; le trajet de ces pays nouveaux et sau- vages etait aussi perilleux que difficile, el Ton avait a se rondamner a toutes les fatigues, a toutes les privations. Cette reconnaissance fut faite par le general Bernard, dont le major Poussin partageait les travaux : ils par- courui'ent et releverent ensemble toutes les contrees qui separent ces deux villes, reflrent plusienrs fois ce long trajet dans differentes directions, comparerent entre eux les traces de quatre routes qui pouvaientetre etablies entre I'un et I'autre point, les examinerent egalement sous les rapports militaires , poliliques, economiques et commerciaux, et rendirent compte de leurs travaux au gouvernement federal. La route de lest offrait I avantage ( 3:^8 ) (ie mellre en coniiiiiiniration les unes avec les aiitres toutes les rapitales des etats dii sud : son developpemenl etait de i,i36 niilles. La route du milieu se rapprochait du pied des Alleghanys ; elle avait i,iofi milles de lon- gueur: les deux routes de I'ouest allaient franchir les nioDtagnes par les cols les plus accessibles; elles ga- gnaient la vallee du Tenessee , traversaient successive- nient la Coosa , le Tumbeckbe et les autres affluens du golfe du Mexique : Tune de ces routes occidentales avait i,i4o n)illes, I'autre en avait 1,282. Les rapporteurs penserent qu'une seule route ne snffirait point a toutes les coninmnications , et qti'il serait utile d'en etablir tieux, I'une a lest , I'autre a I'ouest, soit pour multiplier les relations avec la Nouvelle-Orleans, soit pour favoriser les interets coinrnerciaux et la defense de lous les etals intermediaires. Le gouvernement federal s'occupa bientot d'unenou- velle ligne de communication entre I'Atlantique et le golfe du Mexique. Devenn possesseur des Florides en 1 82 1, il chargea le general Bernard de faire dans cette contree toutes les reconnaissances necessaires pour eta- blir un canal de navigation a travers la partie superieure de la prt'squ lie, den tracer la direction, et de determi- ner les differentes prises deau dont on pourrait dis- poser pour son usage. Dans cette reconnaissance qui fut commencee en 1827, le general , accompagne de son digne collaborateur, parcouri.t, entre I'Atlantique et le golfe, tous les cours deau, toutes les hauteurs ou Ion pouvait tracer la direction d'un canal. II s'a r re ta a u pre- set de le faire deboucher dans I'Ocean par la riviere Sain te -Marie , qui separe la Georgie et la Floride ; d'ou- vrir une communication entre cette riviere el celle de Saint-Jean, dont on remonterait le cours jusqu'au Black- (339) Creek; d'etoblir entre le Black-Creek et la riviere de Santa-Fe , uti canal ou lo)) ferait arriver les eaux de plusieurs etangs intermediaires , et particulierement de celui de Sampson; de remonter ensuite le cours de la Suwannee depuis le confluent de la Santa-Fe jusqu'a Charles-Ferry, et de diriger la continuation du canal vers I Occident, fjusqu'a la riviere Saint-Marc, qui se jette dans le golf'e du Mexique. Les ingenieurs, charges de poursuivre leurs recon- naissances , penserent qu'on pourrait prolonger vers I'occident cette ligne de navigation interieure, en ou- vrant un canal entre la riviere d Ocklockhony et le de- troit de Sain I George , entre le lac Wimico et la haie de Saint-Joseph, entre la baie de Saint-Andre et celle de Santa-Rosa , qui communique par une passe du meme nom avec la baie de Pensacola. On pourrait egalement ouvrir un canal entre le Lagoon et la baie Perdido, entre cette baie et celle de la Mobile. De ce dernier point on peut se rendre au lac Pontchartrain par les passes du littoral , en creusant davantage celle du Heron; et la commission a trace le plan d'un canal a etablir entre le lac Pontchartrain et le Mississipi. Si tous ces travaux viennent a s'executer, on aura une ligne de navigation continue entre la Nouvelle-Orleans et I'Atlantique, sans etre expose aux accidens de la haute mer et aux chances d'une guerre maritime. Ce systeme de navigation inte- rieure et parallele au littoral, qui n'est encore qii'nn projet pour les plages du golfe du Mexique , a deja ete applique sur une partie des cotes de I'Ocean, et Ton y u successivement execute plusieurs (ranaux destines a assai- nir les marais voisins du rivage, a multiplier les commu- nications, a faciliter la defense. Nous pouvons citer le canal de Savannah, qui doit se prolonger vers le midL ( 34- ) jtjsqu'au roiirs de lAlatamalwi ; le canal du Dismal- Swamp, qui traverse de longs marecages, et qui met en communication la haie d'Albemarle et celle de Nor- folk ; le canal de la Cliesapeak ii la Delaware, qui a etabli une navigation directe entre Baltimore et Philadelphie, sans qu'on eut a parcourir dans toute leur longueur les deux grandes baies qu'il reunit; le canal de la Delaware au Rariton, qui met en communication directe les ports de Philadelphie et de New-York; le canal projeteatra- vers Tisthme du cap Cod , entre les baies de Buzzard et de Barnstable , pour epargner aux batimens coliers le danger de doubler ce cap ; un autre canal egalement pro- jf'te entre la baie de Boston et celle de Narraganset; et ciifin , plus au nord, le canal de 3Iiddlesex , qui ouvre une communication entre la rade de Boston et le cours du Merrimack. Ce canal , qui a 27 milles de longueur, est le plus ancien qui ait ete creuse aux Etats-Unis : Boston , cette ville si distinguee par les progres des sciences et de la civilisation, a pris souvent I'initiative de ce qu'on a fait d'utile et d important, et c'est dans cette region de I'Amerique du Nord qu'on peut placer I'origine et le berceau de sa grandeur. En tracant , dans cette analyse, le systeme des prin- ci[)ales comnumications, destinees a lier entre elles les differentes parties de la confederation americaine, nous iioiissommessuccessivementarretesa cellesqui devaienl !inir lesetats de Test a I'ouest, et a cellesqui avaient pour but d'etablir dans toute I'etendue du littoral ame'ricain tnie ligne de navigation interieure. D'autres canaux, d'autres routes de fer ont ete entrepris dans des vues agricoles, industrielles, ou commerciales; tels que le canal Morris, destine a I'exploitalion particuliere des Jx'llcs mines de charhon anthracite de la Pensylvanie; il ( 34i ) a 90 niilles ile longueur, ci il se terniine a la Passaie qui se jette dans la bale de New-York : le canal du Lehig, el celui de la Delaware a I'Hudson ont eu pour but de tavoriser les niemes exploitations ; I'un a 46 milles de longueur, I'autre en a 65 milles. Nous indiquons souvent la mesure de ces lignes de navigation, afin d'en mieux faire apprecier I'importance. Parmi ces entreprises qui, sans etre necessaires au Hen de la confederation entiere, ont un grand interet commercial, pour plusieurs etats, nous citerons le pro- jet d'ouvrir un canal le long des rives du Tennessee ou sont situes les rapides du Muscle-shoals : cette lon- gueur est de 36 milles : les plans du canal ont ete tra- ces, et ils seront sans doute executes par le gouverne- ment d'Alabama, qui a deja fait entreprendre d'autres travaux dans le lit meme du fleuve, pour en faciliter ia navigation entre Florence et Waterloo. Toute cetle partie du Tennessee traverse le territoire de I'Alabama; el ce dernier etat est particulierement interesse a debar- rass€r le lit du fleuve de ses derniers obstacles. Nous devons mentionner ici, comme entreprise en- core plus importante, le canal de Miami qui doit ouvrir une nouvelle communication entre I'Ohio et le lac Erie. Ce canal, deja ouvert entre Cincinnati et Dayton , aura 265 milles de longueur: on en a execute plus du quart en remontant la vallee du Miami ; louvrage se continue, et Ion doit le conduire jusqu'a la riviere Maumee qui aboutit a I'extremite occidentale du lac Erie. Un autre canal projete entre Maumee et le Wabash I'un des affluens du Mississipi; et un troisienie canal e'galement projete entre le lac Michigan et rillinois, autre affluent du Mississipi, sont destines a etablir entre les grands lacs du nord et le golfe du Mexiqne les 24 ( 342 ) iiieines coniniunicatiuns que celles que nous avons vu tracer entre las etats de Test et de I'ouest, entre leurs principales villes, entre les differentes parties de leur immense littoral. Quelle que soit I'etendue du territoire federal , deux puissans moyens, dus an genie inventif de I'homme, sont venus faciliter les communications et rapprocher pourainsi dire les distances. L'application des machines a vapeur a la navigation rend les voyages beaucoup plus rapides sur loutes les rivieres, sur tous les canaux oil ce procede est pralicable; et I'etablissement des routes de fer, partout ou elles peuvent etre construites, accelere encore davantage les communications. Aussi I'emploi de I'un et de I'autre moyens s'est promp- tementmultiplieaux Etats-Unis. On n'a pas mcme craint den faire usage simultanement, entre les differens lieux qui par leuriinportance etleur commerce etaient interes- sesa multiplier leurs relations mutuelles; et la commis- sion des ameliorations interieures, dont les travaux ont pu etre d'autant mieux analyses dans I'ouvrage deM. le major Poussin, qu'il y avait lui-meme habituellement participe, a eu a s'occuper du trace et de I'etablissement de plusieurs grandes routes de fer. Nous ne suivrons point le detail de ces operations nouvelles : ce serait entreprendre de parcourir les differentes lignes dun reseau complique, qui s'etend de proche en proche sur de nouveaux territoires. Bornons-nous a signaler ici un frappant exemple de la rapidite des communications que Ion espere obtenir par I'emploi combine des chemins de fer, et de la navigation a la vapeur. Lorsqu'on aura lermine les chemins de fer commences entre Washing- ion et Baltimore, ontre Ballimore et Philadelpliie, entre Philadelphie et New-lork, on croit pouvoir parcourir ( 343 ) en i5 heures cette distance qui est de 210 milles anglais ( environ yS lieues. ) On a le projet de construire egale- ment une route de fer entre Boston et I'entree de la baie de Narragansett, et d'etablir entre cette baie et New-York un service de bateaux a vapeur : la distance des deux villes est de 241 milles, environ 88 lieues : on es- pere la parcourir en 12 beures. Ainsi, en faisant succe- der immediatement I'un a I'autre tous les services de cette longue ligne de communication, Ion se rendrait en moins de 3o heures de Boston a Washington, qui, en suivant les routes actuelles, en est eloigne de 166 lieues. Arretons-nous un instant a I'un des plus importans travauxdont lecomite d'amelioralionait eu a s'occuper, a la construction d'un port artificiel, pres du cap Henlopen qui s'avance a I'entree de la Delaware. L'em- bouchure de la baie, semee de has-fonds qui rendent difficile la navigation de son chenal , avait besoin d'un port, ou Ion ne craignit pas les coups de vent, et le choc des glaces qui, en hiver, s'accumulent dans la Delaware; et la commission s'est determiueea la con- struction de deux grandes digues destinees a proteger ce port contre les vents, les coups de mer et les glaces. fci'une de ces digues, ou break-water (brise-lames) a un developpement de 1,100 metres; I'autre digue ou brise-glaces a 4^7 metres. On a consulte les travaux de meme nature qui ont ete executes a Cherbourg et a Plymouth, afin de bien calculer les angles des talus de chaque digue, et de mieux se rendre compte des pro- portions et du poids des materiaux a employer pour les massifs et pour les reveteniens. On a adopte 4^ degres pour I'inclinaison des talus nterieurs : celle des talus exterieurs , plus soumise a ( 344 ) I action des vagues, varie a differens points de la hau- teur; c'est entre les niveaux de la haute et de la basse iner que cette inclinaison est la plus grande, parce que cette partie du talus doit plus habituellement resister au volume et au mouvement des tlots. Nous n'etendrons pas davantage nos observations : elles ont pu faire apprecier I'importanre des travaux publics executes aux Etats-Unis, et le merite des hom- mes recommandables qui furent appele's a y prendre part. L'ouvrage oil M. le major Poussin rend compte d'une grande partie de ces travaux fera mieux juger encore de leur utilite et de I'influence qu'ils ont deja sur laprosperite d'une nation si promptement agrandie. Les hommes de I'art y etudieront avec fruit les procedes dont on a fait usage, soit pour favoriser sur un meme point la navigation ascendante et descendante, par nn double rang d'ecluses accolees, comme on la fail a Lock-Port sur le canal Erie; soit pour economiser la depense des eaux, en remplacant les ecluses par des plans inclines et des sas mobiles comme on i'a fait sur quelques points du canal Morris, soit pour la construc- tion de quelques pouts en bois, et pour celle des routes de fer, qui varie selon les niateriaux et les terrains dont on pent disposer; soit enfin pour toutes les operation;* de calculet d'application qui ont besoiu d'etre eclairees par I'experience. Nous nous sommesbornes a analyser ces grands travaux ; c'etaitpeut-etre la mcilleur maniere 4. ( 354 ) terpretation d'apres laquelle M. Hodj^son traduit I'une et I'autre par les enfans de V austere (en arabe mossaeU)^ Shaw les appelle Bcni-Mezzah , et place leur pays a 35 lieiies ail sud dea tribus d El-Aa'ouath et d'EI- A'niour. ( i ) M. Hodgson dit que leur oasis ou eghzer est a environ 3oo niilles au sud d'Alger, et separe des Wadrcagans et des JFurgelans , c'e:jt-a-dire des oasis de Teqort et de Ouerqelah , par iin desert de huit journe'es sans route tracee; il cstime que leOuady-Mozab doitetre place vers le 3i'^ degre de latitude, et il fail observer que cespeu- ples sont remarquablement blancs , landis que ceux de Teqort et de Ouerqelah sont noirs. (2) Shaler, dans ses lettres a M. Duponceau , datees de 1823, a consigne des informations (repetees ensuite dans Ihs Esquisses d^ Alger') qu'il avait recues dun tha- leb de la nation de Mozabys, lequel, en effet, etait blanc : elles portent que ce peuple hahite un district du desert, entoure de niontaenes hautes , rugueuses et steriles, a vingt journees de caravane au sud d'Alger; qu'il est partnge en cinq villes ou cantons, savoir, Gar- dica, Birigan, Wargalah , Engensn qI Nadrama, chacun desquels est gouverne par un conseil de douze nota- bles nonimes par voie d'election (3). Malgre les fautes lypographlques qui defigurent quelquesuns de ces noms,il est aise de reconnaitre dans Gardica ou Gor- dica ^ la Gardeiak de Shaw, la Ghardeyah d'Ebn-el- Dyn, capitale du Ouiidy-Mozab d'apres ces deux der- niers ecrivalns; Birigan n'est autre que Berygan^ indi- que par Shaw comme le daskerah le plus considerable (i) Shaw, tome i.page 108, (2) Transactions ^elc. , tome iv , page 22. (3) Ibidem, tome i, page 45 1. — Esquisse de P^tat dJlger, p. 1 14. ( 355 } apres Ghardeyah, et comme situe a neuf lieues k Test du chef-lieu ; mais Giara n'est mentionne que par Shaw seul. WargaJah est la Ouerqelah d'Ebn-el-Dyn , dont je parlerai plus loin ; Engcnsa on Egoussa est XEiigousah de Shaw (i); enfin Nadrama est uiie station que nous n'avions vue mentionnee nulle autre part que dans L'E'^ drysy, lequel la nomnie dans I'itineraire d'El-Uahnesa d'Egypte jusqu'a Segelmesah , itineraire trace sur les cartes de D'Anville. La mine de plomb qui se trouve dans le desert voisin n'est connue que par lindication d'Ebn-el-Dyn ; le nom de Gebel el-Ressdss quelle porte ne signifie point autre 'chose que la montagne de plomb ; il y en a une ainsiap- pelee tout pres de Tunis. La tribu des Aouldd-Ndjl est mentionnee par Shaw, sous Torthographe de iVo/7e (2), comme errant dans le voisinage des montagnes d'El-Aa'ouath et d'El-A'mour, non loin de la tribu de Matmata; nous verrons ces deux noms sereproduire dans les environs du golfe de Qabes. Les stations de El-Tsemdd, El-SchdreJ ^ El-Saddeny , Ouddy-el-Schaheb , intermediaires entre Metslyli et El- Qolya'h, portent des noms arabes; elles ne sont men- tionnees nulle autre part qu'ici. El-Qolyah, qui se trouve situee a cinq journees de marche de Ouerqelah , pourrait bien etre le meme lieu que Fray Diego de Haedo , dans sa Topografia e historia general de Argel {?>), mentionne comme ayant servi de refuge au roi de Ouerqelah lorsque Salehh el-Rays > (i) Tome I, page 169. (2) Tome I, page 107. (3) Cap. VII de la deuxienie partic , folio (J7. ( 356 ) bascha d'Alger, inarcha contre sa capitale en i5;")2 : « El rey de Hiiergueld estai>a de aJli siete jornadas , que son cincuenta leguas , en una tier/a < ue se llama Alcala, y niny vecina de la tierra de los negros «. II faul convenir cependant que, malgre la ressemblance des noms , la distai)ce de cinq journties indiquee par Ebn-el-Dyn oe peut concorder avec celle de sept journees ou cinquaute lieues comptee par Haedo. On trouve aussi dans Abou-Obayd el-Bekry (i) un lieu appele ElQala'h, ou Ion se rend en partantd'une ville situee sur la limite du Ssabhra ; niais le defaut de lumieres plus etendues ne perniet pas d'en prononcer I'identite avec El-Qolya'h d'Ebn el-Dyn. Ouerqelah est appelee Guargala par Leon. Guergucla et Guerguelen par Marmol, Huerguela par Haedo, Oudrkeldn par I'Edrysy (lu Vareklan par Hartmann aussi bien que par les Iraducteurs rnaronites), Oudrqelan par A.bou-Obayd, TVurglah par Shaw, IVargalah par Sha- ler, IVurgelah par Hodgson. Gramaye la nomme Guar- gala ou Huerguela^ suivant qui! copie Leon ou Hae- do. (2) Suivant Leon, Ouerqelah est une ville bien batie, bien fortifiee, ou les dattes abondent , et dont les habi- tans sont noirs, chose que repete Marmol, bien qu'il ait moins servilement que de coutume reproduit ici le texte de Leon. Haedo ne parle que de I'abondance des (i) Notice, etc., page 102. (2) Leon, dans Ramusio, folio 81 verso. — Marmol, tome in, pages 32 , 5 r. — Haedo , folio 67. — Edrisi de Haitmaiin , page i38. — Notice, etc., page 101. — Schaw ,tonie i, page 169. — Shaler , Transactions , etc. , tome i, page 45 i- — Hodgson , ibidem , tome iv , page 2». — Gramaye , pari. 2 , p. 65 , 190. { 357) dattes, et marque la distance a qiiatre journees de Te- qort, ce qui, a son compte, suppose vingt-cinq journees depuis Alger. Shaler comprend Ouerqelah parini les villes du Ouady-Mozilb, niais il est coiitredit en ceci par les autres autorites. M. Hodgson la met a trente iieues sud-ouest de Teqort : Shaw attribue precisement cette position a Engousah , et porte Ouerqelah a cinq Iieues plus loin a I'ouest. Riley mentionne, d'apres le recit de Sydy Ahhmed , une ville de Gnjelah (^i), ou Ton passe en venant de Tonat a Teqort a travers le Beled el- Geryd ; n'est-ce point Ouerqelah qui! a voulu indiquer? Ce qu'Ebn-el-Dyn raconte des puits artesiens que Ion creuse a Ouerqelah s'accorde completement avec ce que Shaw rapporle , a cetegard, de tous les villages du Wadreag en general. Photius nous a conserve un pas- sage d Olynipiodore, qui parle de puits semblables (2), creuses quelquefois jusqu'a cinq cents coudees, dans une oasis innomniee qu'il y aurait toute raison de prendre pour celle des Erouaghah. Le mot sehkhali, applique par Ehn el-Dyn au plat pays qui enloure Ouerqelah, se trouve employe fort souvent par Shaw dans sa description de la Barharie ; ce mot signifie un marecage sale. D'apres cette disposi lion du terrain , on doit etre peu surpris d'y voir croitre aussi frequemment le hhalfd, qui est une plante marine, et, a ce quil parait, de la famille des algues. Schath et ScJickhy sont des mots arabes qui signifient oonimunement les rivages de la mer, mais qui se trou- vent appliques a divers endroits de linterieur de I'A- frique septentrionale, ou il existe des terrains has sou- (i) Riley, £ofj of the brigli Commerce , p. 3S7. {■>.} Pholii bibliollieca {Roiieii , i()S3) coloiines 191 ct iy2. ( 358 ) Tent inondes. Shaw signale, dans le pays de Zab , au nord de Oiied-el-Gedy, des terres noyees qui recoivent le nom de Schath ; mais le scliath situe dans la jnrjdic- tion de Ouerqelah n'avait cte encore signale par per- sonne. Des renseignemens recneillis a Oran indiquent pareilltnient un schath a quatre joiirnees au sud de Ma'skarah. Les villages de Roujsdt, A'gcgeb et Meqousoh, n'a- vaient ete mentionnes par aucun ecrivain avant Ebn- elDyn ; a moins toutefois que Ton ne suppose Meqou- sah idenlique a Engousah de Shaw et de Shaler, ce qui ne serait point denue de vraisembiance. Les diverses stations de Aouldn, El-Ahhmar, Byr-el- JSahl, Byr-el-Lefndjtth, Bp-el-Tdrqy , Byr-el Zerq, Byr-Bedemdn , Temymoun^ Aouqerout, n'avaient non plus eteindiques, queje sache, dans aucun document anterieur. Mais ^o«/e/ est compris dans les informations recueil- lies par Lyon , qui ecrit Awlcf , et qui place ce lieu dans I'oasis de Touat, a dix-huit journees au nord de Taou- dyny. (i) Suivant Ebn-el-Dyn , Aoulef est la ville principale de Touat; Lyon designe A'yn-elSsalclih y bien que Ritchie cut precedemment \x\i\\<\y\^ A gahly ; le scheykh Hhaggy Qasem signale aussi Agably, qu'il dit avoir ete fondee par Abou-Naameh ; Abou-Bekr de Seno-Palel nomme El-Oudlyn (2); enfin si Ton remonte jusqu'a Ebn-Ba- thouthah, qui le premier a parle du pays de Touat, on (i) Lyon' s narrative , page 148. — Quarterly Review- , tome xxiri. (a) Walckenaer, Rccherches sitr V Afrique, pages 4a3 , 481. ( 359 ) trouve !a ville cle Boiidd indiquee comme capitate (i) : cette ville est aussi inscrite sur la carte catalane de la bibliotheque du roi, sous la forme Buda. (Pour le dire en passant, le genie de la langue arabe se refuse a ad- mettreaucun rapprochement onomaslique tel que celui qu'a tente M. Walckenaer (2) entre Bouda et Abou- Na'ameh.) Leon , Cadamosto , Marmol , nomment simplement Tuath, Tiiat ou Toet ; Lempriere ecrit Thouat , Caille Taoual, Jackson Tiiat et Tinvat, Sydy-Abhmed dans Riley Twati, etc. (3). Lyon dit que cette oasis s'elend en longueur du nord au sud. Teyth et Atouat-el-Hhenne etaient inconnus jusqu'ici, a moins que ce dernier lieu ii'ait ete designe qtielque- fois sous le nom de Touat, ecrit alors Atoudt par les indigenes, comme dans I'ilineraire d'Abou-Bekr de Seno-Palel. En-Ssdlahh est orthographic par Ebn-el-Dyn dune maniere completement concordante avec celle de Laing qui ecrit Ensala^ et avec celle d Ensiedel qui met Enzala ( le ^ allemand est sifflant). Mais le scheykh Hhaggy Qasem fait remarquer que le nom de ce lieu signifie Fontaine des Saints (4), a raison des santons musulmans qui y demeurent et de ceux qui y ont leurs tombeaux, et des-lors son orthographeest A'jn-el-SsalahJi^ laquelle (i) Kosegarten , pages 45 , 49- (2) Walckenaer , «t/.5K/>r(i, page 287. (S) Rnmusio, folios 83 recto et loS versti. — Marmol, tome m . page 5o. — Lempriere , edition francaise, page 287. — Caille, t. in, page 54. — etc. (4) Walckenaer, page 422. ( 36o ) est aussi celle de Ritchie, et se trouve aujourd'hiii gene- ralemcnt atloptee. Laing a fixe la position dc cette station, a ce que rapporte la Quarterly Review (^i), a 27' ii" nord,'et 2" i5' est de Greenwich, soil 0° 5' ouest de Paris, et d'apres les renseignemens donnes a M. Jomard par le capitaine Sabine, a 27^ 1 1' 3o" nord et o' 29' onest de Paris. Le meme voyageur observe que cette ville est la plus orientate du pyys de Touat, ce qui Concorde avec ce qu'avait dit Rilchie, que A"yn-el-Ssalahh est sur la frontiere de Touat du cute de Ghadames. M. Hodgson , qui ecr'xl A in-Salah en blamant I'ortho- graphe de Laing, place cette vllle dans une oasis spe- ciale, qu'il appelle Tedykels (Tedeekels) (2) j et cette as- sertion parait appuyee sur des temoignagcs indigenes , car il dit ailleurs qu'il a converse avec des habitans de Dra, Tafdet, Fighig, Tvi^at, Tegorara, Tedeekels, Wur- gelah, Ghadames, Djerbi et Ghirian, tons cantons ou se parle le berber. Mais comnie Ebn-el-Dyn ne dit rien a cet egard, et que tons les autres voyagt- Apres lui avoir consacre un premier article de quelques lignes, Ebn-elDyn y revient plus loin une seconde fois (r) Shnw , tome i, page 25-2. — Ramusio, folio (iy verso. — Mar- mol, ^dit. esp. , tome ii, folio 9.88. — Hartmann, page 262. — Notice, elc, pages a8 et suiv. 26. ( 368 ) pour remarquer qu'elle est a six journees de niarche cle Tripoli. Gerbeh est paieillementindiquee d'abord a deux joui- nees de Mathir.athah; puis un second article plus etendu lui est consacre deux pages plus loin; nous reunirons ici tout ce que nous avons a en dire. Cette lie est appelee Gerba ou Jerbn par Shaw, il Gerbo par Leon , los Gelves par Marniol , qui parle fort au long des expeditions espagnolcs dirigees contre elle; les Letters from Tripoly, le voyage de Maggil a Tunis, le second voyage de Paul Lucas, contiennent quelques lignes sur cette i!e; I'Edrysy ne fait gnere que la noin- mer, et le Bekry n'en dit que pea de mots. L'Etat des royaunies de Baibarie, attribue au pere de La Faye, en donne une esquisse plus detaillee, et M. de La Porte en a envoye, dans ses reponses aux questions de la Societe de geograpliie, une breve description, qui s'accorde tres bien, ainsi que la precedente, avec celle qu'en a fiite Ebn-el-Dyn. M. Guys, de son cote, a fourni sur cette lie une note inseree au Bulletin de la Societe, et dans laquelle il donne, sur les dattes de Gerbeh ( qu'il appelle Zerby), des details qui ne concordent point avec I'assertion d'Ebn-el-Dyn, que I'lle neproduit point de dattes. (i) Quant aux ([uatre ports de Gerbeh, celui de Agjm est marque sur la carte du golfe de Qabes du capitaine Sniyih, a I'endroit ou celle de M. Lapie porte Tour (i) Shaw, tome r, page 254. — Ramusio, folio 70. — Marmol (•Axt, esp., tome II, folio 289 verso. —Hartmann, page 289. — Notice, etc., page 3o. — Etat , etc., pages 81 et siiiv. — Leilers from Tripoly, tome I, page 22. — Maggil, pages iSy, 168, 175. — Paul Lucas, second voyage, tome 11, page i35. — Manoires de la Socicti de Geo- graphic, tome' II, pages 72 , 73. — Bulletin, tome v, pages 549, 5()0, t^Agira; celui tie Gergys est probablement le Qassr Mendqes menVionne par M. de La Porte, et qui, repre- sentantla wWeAe Meninx de Ptolemee, aurait pu,comme d'autres villes de la province d'Afrique, recevoir le nom de Gergys en memoire du sejour du patrice grec Gre- goire, prefet d'Afrique. Le Mersat-el-Qantharah^ ou plus ey^actemexit Merscif-el-Qantharah, c'esta-dire le port du pont, ne peut etre eloigne de I'endroit ou M. de La Porte enonce qu'on peut passer a gue le detroit qui se- pare, au sud , 1 ile de la terre fernie; les anciens plans y representent en effet un pont, et c'est au voisinage sans doute qu'il faut placer avec DAnvillele /^o«/e-Z;Va mimicipium de 1 itineraire d'Antonin. Pour ce qui est du Mersat-el-Souq ou plus exactenient Mersaj-el-Souq c'est-a-dire leportduniarche, que la version de M. Hodg- son place to the east ^ il nest evidemment ainsi indique que par inadvertance de traduction ou decriture, car le port qui est a lest est deja nomme immediatement auparavant; c'est done to the north qu'il fallait lire, et c'est ainsi que je I ai corrige ; au nord en effet est le portde Gerbeli, avecia residence du gouverneur de lile et un soiiq ou marche, ainsi que le remarquent M. de La Porte et M. Guys : la carte de Smyth inscrit en cet endroit le mot ^ug , qui nest evidemment qu'une transcription, defiguree par I'orthographe anglaise, du mot arabe Sotiq. Dans le voisinage de Mathmathah , de Qabes et de Gerbeh, Ebn-el-dyn place les tribus de Naouayl^ de Mahhdmyd et de Ouerqeniah^et les montagnes de Gha- rydn^ de Ben-Oualjd, de Meselldtah et de Ghdyah. Tons ces noms sont deja plus ou moins connus : les tribus de Naouayl et de Ouerqemah sont appelees ( 370 ) Aowa/les et IVargarnmas dans les Letters from Tripoly, Nolle et Wargumma par Biucc. M. de La Porte, dans ses reponses aux questions de la Societe de gcogra- pliie, parle de la tribu de Mahhainyd sous le noui de MahaiJiides , et il en indique les denieures dans les plaines que circoriscrivent les montagnes de Yafran; il donne aussi line notice des montagnes de G/idrydn, de- crites soninjairement par Leon et par Marmol. M. de La Porte mentionne en passant la montagne de Ben- Oualyd qu'il appelle Benoulid ; et c'est probablement la nieine que Leon et Marmol ont designee sous le nom de Beni Guarid. Ces deux auteurs decrivent brieveinent aussi la province de Mesellatah,appelee iT/eJ5/<3^« eX. Me- zulala Jans les Letters from Tripoly (i). Quant au nom de Ghayah , il se trouve, a la verite, mentionne par Abou-0'bayd el-Bekry, mais comme appartenant a une riviere dans restdeThobnab;on pent conjecturer seule- ment que cette riviere a recu son nom de quelque frac- tion de la tribu qui habite les montagnes dontils'agit ici. Efzan pour Fezzdn est un nouvel exempie de I'em- ploi abusit'dV/jy initial dans les mots dont la premiere syllabe est breve. Apres avoir indique la route qui, de Ouerqelab,conduit a lest parGhadames et le Gharyan, Ebn-el-Dyn revient siir ses pas afin de donner une description de Teqort^ que son traducteur ecrit Tuggurt, et qui est transcrit Tegghert dans les extraits donnes en francais par les Nouvelles Annales des voyages (2) d'apres la North- American Revimv (3). Dans ses lettres a M. Dupon- (r) Letters from Tripoly, tome i, page 27. — Memoires de la SociSU {le Geographic, toDie 11 , pages 65 et suiv. — Ramusio, folio 7 i verso. — Marmol , edit. e.sp. , tome 11 , folio 307. (1) Tome tv de i832 , pages iSg a 142- (3) Cahier de juiilet i83i. ( 371 ) ceau (i), M. Hodgson dit que cette capitale du Wadreag est a cent milles au sud-est des Biscar'is ^ qu'il place a leur tour a deux cents milles au sud-est d'Alger. II ajoute que les habitans de ce canton appellent leur langue Eregaiah, qu'ils se noniment eux memes Aith Eregaiah^ et que le mot Wadreag est la denomination arabe du Wad ou Egzer de Ereag. Ebn-el Dyn eiionce que les habitans de Teqort, lesquels sont noirs, sont appeles Erouds,hah; leur oasis est done alors correctement de- nommee Ouddy- Eroudghah. II est a reinarquer que les habitans de Ouerqelah sont noirs aussi et portent le menie nom, d'ou il y a lieu de conclure qu'ils sont de la meme race, et forment peut-etre avec eux les restes des Melano- Getuliens de la geographic ancienne, Leon Africain consacre un article unpen etendu a la ville de Techort(ji) , quil dit batie sur une montagne au pied de laquelle passe une petite riviere; il la place a cinq cents milles de la Mediterranee, vers le sud, et a trois cents milles de Tegorarin. Marmol(3) repete, avec des additions , la notice de Leon, Le benedictin Diego deHaedo (4) la nomnie Ticarte ou Ticurti^ et la met a vingt-et-une journees d'Alger, cinq journees audela de Bescari ^ eslimant la distance totale a cent cinquante petites lieues. Gramaye, qui a ptiise tantot dans Haedo, tantot dans Leon, parle de Ticarte comme le premier et de Techor comme le second (5). La carte catalane de la bibliotheque du roi contient aussi le nom de Tacorl au sud de I'Atlas. Shaw dit que le Wad-Reag (i) Transactions , etc. , tome iv, page 22. (2) Ramusio, folio y5. (3) Tome III , folio i r verso. (4) Topografia de Argel, folio 66 verso. (5) Gramaye, 2'' partie , pages 55 , igc ( ^7^ ) est un amas de vingt-cinq villages ranges dans une di- rection nord-est et siid-ouest , dont la capilale Tuggurt est balie dans une plaine ou ne coule aucune riviere, mais ou I on se procure de I'eau an nioyen de puils artesiens (i). II senibierait que le voyageur anglais, ha- bituellement si exact, se serait mepris ici en donnant, pour le canton de Teqort, des renseignemens que ses informaleurs entendaient appliquer au canton deOuer- (jelah qui est un autre Ouddy Eroudghah.S-^dj h\\\\m^(\^ dans Riley, signale Tuggurtah^ close hy a mountain near the rh'er Tegsah ; c est , dit-il , une grande ville entouree de hautes et epaisses murailles (2). Des renseignemens recueillis a Alger par les otficiers tiancais indiquent la ville de Teggourl , grande comrne Alger, au milieu du desert, sur la riviere Rahani, entouree de murs avec sept portes et une citadelle, a treize journees de Tunis. M. Desfontaines , qui vit un des chefs d Erouaghah a Touzer, en 1784, appelle ces gens des Ouareglj et dit que leur pays est a six journees de Touzer (3). Oua- reglj semble une forme adjective turke derivee du nom de Wadreag j ou peut-etre est-ce un singulicr du nom que Ics Maronites ct Hartmann ont lu Vareklan dans lEdrysy; Ouerqelah en serait la racine, en se prononcant Ouahreqlahf d'ou Ouareqly et Ouareqldn , habitant et liabitans de Ouareqlat. Hartmann et autres (4) ont prononce avec plus ou moins d assurance que Teqort etait la meme ville que Td- hart ou Tayliarl ^ capitale des Rostamydes au neuvieme siecle, men lion nnee par lesgeographesorientauxjc'est une (i) Sh.iw , tome i, ]>age ifig. (a) Riley, page 387. (3) Noiivelles Annates des vorages, tome iit de i83o, page 72. (i) Hartmann, page aor. — Notice, etc., pages 88, 99, 104. ( 373 ) grave erreur, que I'examen geographique le plus leger siiffit pour rendre evidente : en eff'et, Tdlinrt ou Tayhar est a quatre journees de Telemsan , autant de Asian, c'est-a-dire du golfe d'Areschqoul, a trois journees de Melianali et a cinq de Tenes; enfinelle etait batiedans le voisinage des niontagnes de Ouanaschryscli. 11 est vrai qu'il y avail deux vilies de Taliart, I'une appelee A'lyd ou haute , I'autre Safalhf ou basse, distantes entre elles d'une journee suivant les uns , de cinq milles seu- lement suivant dautres ; Ssadyq el-Eslahany , dans son Taqoujm el-Bolddn , leur donne des positions telle- inent excentriques qu'on n'en peut tirerauciin parti (i). De toutes les indications utiles combinees on peut conclure que remplacenient deTahart etait peu eloigne de cehii de Ma'skarah. De la a Teqort il y a cent lieues. Les daskerah de El-Nezlah, Tebesbest , Temys , El- Moqar/n , El-Moghajr, qu'Ebn-el-Dyn place aux envi- rons de Teqort, paraissent completenient nouveaux; a nioins que dans El-Moghayr on ne veuille reconnaitre le Majyre deShaw, ce qui n'est guere plausible, attendu que I'un des deux noms est ecrit par un ghayn, et que I'aulre parait devoir I'etre par un gym. Je suppose que c'est de ce Majyre que tirent leur nom les Megeharyeh dont parle Ebn-el-Dyn; M. Hodgson a tort de les confondre avec les Mohngeryeh ainsi ap- peles de ce qu'ils accompagnerent Mahomet dans son hegire ou fuite de la Mekke. Ebn-el-Dyn termine son ecrit par une description de Derdyeh dans I'Arabie centrale. Je ne m'en occuperai point ici ; ne voulant traitei* que de TAfrique, ce serait un hors-d'oeuvre. *A (i) Geographical works of Sadik lijahani , pages 82 , 83 . ( 3-4 ) NOTICE SDR LE VOYAGE EN SOEDE DE M. ALEX. UAUMONT, Lue par M. Edouard Duuuc a la Societe de Geographic , dans sa seance dii 1 6 mail 834. Sans entrer dans aucun detail sur le lieu comniun de 1 utilite des voyages et sur los nombreuses productions de ce genre qui viennent sucressivement grossir la somme de nos richesses , j'entrerai imniediatement en niatiere et communiquerai a la Societe les diversss im- pressions que nous avons ressenties a la lecture de louvra^e de M. Daunionr. L'auteur, compatriote du Bearnais roi de Suede, ho- nore des sa premiere jeunesso de la bienveillance de ce prince, ayant servi sous ses ordres, concut le projet de se rendre a Stockholm pour lui faire agreer loifre de ses services. Sil ne nnissit pas dans sa demarche au gre de ses desirs nous devons toutefois le feliciter d'a- voir enlrepris un voyage qui nous a valu des rensei- gnemens precieux sur une parlie de notre Europe dont les connaissances geographiques etaient loin d'etre com- pletes. M. Daumont mit a la voile du Havre le 24 mai i83o a bord du trois mats laJeanne-d^AiCf en destination pour Saint Petersbourg, devaiit debarquer a Elseneur. Le 3o au matin il etait en vue de la Norvege. II aper- cevaitpour la premiere fois cette terre dont Inspect est ( 37^> ) eminemmeiit severe j de hautes inontagnes quiseniblent avoir leur base dans la mer bordent le rivage sans in- terruption. Leurs flaiics sombres et escarpes sont reve- tus de forets desapins entremelees de quelques espaces cultives, de fermes et de banieaux. Apres quelques difficultes, la Jeanne-d' Arc parvint a doubler ie cap Skagen et penetra dans le Skager-Raek. La cote danoise presenta a notre voyageur un contraste parfait avec celle d« Norvege. Autant celle-ci est elevee et imposante, autant I'autre est basse et monotone ! c'est une plage aride, triste. sans verdure, sans vegeta- tion , bordee de dunes sablonneuses, sur lesquelles on apercoit, a de grandes distances, quelques moulins a vent ou quelques maisons sol;taires , mais aux approches du Sund, I'aspect de ces rivages change completement, ils se couvrent d'unebrillante verdure, de villages nom- breux et bien batis, de hameaux entoures de t'rais bos- quets et de benux arbres. Bientot M. Dauniont se trouve a Elseneur, au milieu d'une rade couverte alors de plus de deux mille navires, que les vents y relenaient depuis plusieurs jours. D'Elseneur, M. Daumont se rend a Helsineboraf el le paiallele qu'il etablit entre les deux cites est tout a I'avan- tage de la premiere. Toutefois le port d'Helsingborg dont le retablissement coniplet ne date que de i833 ot- frira,a I'avenir, deprecieuxavantages au commerce et a la navigation de cette partiede la cote de Scanie. Les environs d'Helsingborg se presenterent a M. Dau- mont de la maniere la plus agreable, il s'apercut bientot que la Scanie, cette Provence de la Suede, etait digne de sa reputation. A la sortie de la ville sa vue s etendait sur des coUines doucement ondulees, entre lesquelles serpentait la route peu large, mais parfaitement unie; (376) deux petits chevaux iioirs, vit's et pleins d'ardeur empor- taient dune course rapide son t'rele char-a-bancs, tandis queses regards erraientdetoutes parts pour saisirl'image gracieuse et fugitive des objets qui passaient rapidement sous ses yeux ; des terres bien cultivees , parees de vertes nioissons, deshanieaux isoleset heureusement groupes, des fernies animees, des villages rians et bien batis, des chateaux entoures de pares, s'offraient de toutes parts a ses regards surpris et charmes. L'auteur a su repandre sur ses descriptions un attrait puissant par ses peintures animees et gracieuses ,* son style revetu des plus brillantes couleurs trace a grands traits de vives images des contrees qu'il parcourt et nous ne pouvons resister an desir de donner une idee de son style, par quelques citations; voici comment il retrace les sensations que lui firent eprouver les nuits du nord. " A onze heures et demie (d u soir) lorsque nous ani vames « au relai de Fagerliult, il faisait encore presque jour. Je « n'ignorais pas que dans les contrees boreales, le soleil >■ a cette epoque de I'annee, reste fort long-temps sur « I'horizon ; neanmoins je dois avouer presque a nia « honte, que maintenant cette suppression de la nuit, "sans me causer aucune surprise laissait errer dans «mon ame une impression vague et indefinissable qui ••repandait son influence sur tout ce qui m'entourait; je n savais bien que je parcourais d'autres zones , que j'etais '•sous d'autres cieux; mais lorsque vers niinuit, en tra- "versant un beau hameau eclaire encore par les reflets « des feux brillans du jour j'y voyais regner le calnie <■ profond et le silence de la nuit, je ne pouvais me de- « fendre malgre la voix de la raison , d'un sentiment "penible el desordonne; mon imagination me rappelait "involontairement les mille et une nuits avec ses villei< ( 377) « desertes, solitaires, asiles de feeset de perils invisibles; « et ces idees bizarres repandaient sur l.i belle et riante "nature que j'avais sous les yeux, un air etrange et « fantastiqiie. » Le tableau que M. Daumont nous offre des scenes de la nature aux approches de Joenkoeping (Yonchouping) n'est pas moins remarquable. « Dans quelques lieures « nous arrivames a la base de la chaine de montasfnes " dont la ciuie s'elevait devant nous et qui forme la cein- « tare du lac Vetter. Nous nous trouvanies transportes "dans des gorges inculles, bordes de precipices; les « champs, les prairies, les habitations, toute trace de cul- «tureavaient disparu, pour taire place aux aspects les «plus sauvages el les plus arides; nos chevaux gravis- « saient au grand trot, avec leur ardeur ordinaire, la « route escarpee qui s'elevait par d'innombrables sinuo- « sites jusqu'a la crete des montagnes; cette contree nisolee, solitaire, semblait etre separee du reste de la « terre et de toute creature vivante ; dans ces montagnes « couvertes d'epaisses foret-*, un silence solennel n'etait "interrompu que par le murmure des vents qui balan- « caieiit la cime des pins; la voix plaintive de la t'oret re- "pandait dans lame une teinte melancolique mais exal- «■ tee et je me croyais transporte aux concerts des Bar- «des de Fingal; a chaque pas, mon imagination se pe- «netrait de la poetique influence de ces scenes de la "nature. . .... Plus j'avancais, plus la scene devenait « varie'e, je descendis le revers des montagnes que je « venais de gravir ; des ruisseaux tombaient en cascades "argentees, des torrens fougeux roulaient avec fracas « leurs eaux impetueuses sur un lit de granit et allaient «se Jeter dans le lac Yelter dont j'apercevais devant «moi les eaux paisibles et bleuatres : bientot je pus y ( ^-^ ) « (lislinguer les navires qui y vogiiaient a pleines voiles, o Alors tout changea d'aspect comniepar enchantement: « auxsonibres forets, aiix inontagnes escaipees, succeda « touta-coup une petite plaine riante, fertile, couverte n de champs, de prairies, de vergers, de maisons et de "jardins jusqu'a I'entree dela ville. » JcKiikoeping est bati a lextremite sud du lac Vetter. Ce lac, dit M. Daumont, a 3o lieues de long sur 7 a 8 de large ; la navigation y est tres active, mals les batimens y sont souvent assaillis par des tempetes violentes, cau- sees par les hautes niontagnes qui I'entourent de toutes parts; les vents en se precipitant impetueusement de leur sommet sur la surface des eaux, occasionnent des grains plus subits et plus terribles qu'en pleino mer. Les navires sombrent en uu moment, et ces evenemens sont inalheureusement trop frequens. De Jonkceping notre voyageut se rend a Linkoping, capitate de TOstrogothie, Tune des plus antiques villes de Suede, mais dont la population nexcede pas 4,000 ha- bitans. Les seuls objets dignes d'littention qu'elle ren- ferme sont une belle eglise cathedrale, etson gynuiase ou college, qui passe pour le plus considerable de tout le royaume, si on en excepte ceux de Stockholm. A Norrkoeping (Norcheuping) M. Daumont s'embar- que pour Stockholm. La description qu'd trace de I'ar- chipel pittoresque et innombiable qui couvre I'entree du port de cette ville offre les details les plus attachans. " On ne se douterait guere, dit-il,au milieu decededale «d lies, que Ion est dans le voisinage dune grande et « belle capitale; mais a mesure que Ton s'en approcbe, « on apercoit par intervalles, des maisons, des ctablis- « semens publics disperses sur les flancs et a la base des !< montagnes ou sur la crete des rochers grisatres de ( 379 ) « granit ; les hois et les rorhers sont repandus partout « avec profusion ; les cultures sontrares, tout conserve " un aspect apre et severe; I'art senible ici etre impuissant " pour seconder la nature, et elle seule avec ses sauvages « beautes fait les honneurs et rornement de ces lieux. » En arrivant dans cette capitale, ce qui frappe d'abord, est I'aspect imposant du chateau. C'est un edifice magni- fique, et le seul veritablement remarquable de la ville, ou du moins il les efface tons par le grandiose de ses proportions. La situation de Stockholm est admirable; c'est, avec Edinibourg, Constantinople, Lisbonne et Genes, une des villes les plus pittoresques de I'Europe : rien n'egale I'aspeci singulier de cette ville, ou Ion voit se deployer a-la-fois la pompe des arts et la grace energique et sau- vage de la nature; c'est un melange de palais , d'edifices, de roi'hers, de verdure, d'eaux transparentes , d'arhres, de bosquets, dejardins, de forets , de navires, de bar- ques, dont I'ensemble offre le coup-d'ceil le plus enchan- teur. Nous ne suivrons pas M. Daumont dans ses nom- breuses excursions aux environs de la capitale; nous ne parlerons pas non plus de son entrevue piquante et pleine de franchise avec Charles X[V Jean ; nous conti- nuerons de le suivre dans son voyage vers les con trees plus septentrionales de la Scandinavie. Parti de Stockholm par le bateau a vapeur, I'auteur se rend a Upsal, d'ou il passe dans les contrees voisines de rUpland et de la Dalecarlie, et visite les mines fa- meuses de Falun et de Danemora. L'aspect d'Tlpsal , cette Athenes de la Suede, n'eut pour lui rien de bien imposant ; niais tout y annonce un sejour agreable : la contree qui I'entoure est riche , ( 38o ) teconde, «'t abonde en sites niagnifiques. Les souvenirs tnylhologiques repandent le plus vif inteiet sur toute cette con tree. M. Daiiniont en pi-end occasion dentrete- nir ses lecterns de la cosniogonie scandinave; il parle d'Odin, et trace le caractere de ces conquerans goths, qui, sortis de la Germanic, deplacerent a leur tour d'autres peuples ; il parle ensuite de I'universite celebre d'Upsal, et s'etend sur sa bibliotheque importanle, qui renfernie plus de soixante milje volumes et un grand nombrt; de nianuscrits parnii lesquels il en est quijouis- sent dune grande renommee. La Dalecarlie, ceite province si pittoresque, et dont les habitans donnerent des preuves si multipliees de fidelite a leurs souverains, dut fixer I'attention du voya- geur. Toiitefois, il ne s'est pas contente de ses propres observations, il a fondu dans son ouvrage des extraits de celni de M. Forsell , publie en i83o a Stockholm , sous le litre de : Un an en Suede ; on y lit avec interet un episode 6'une noce dalecarUenne , et des details fort in- teressans sun^es aventures du celebre Gustave Wasa. Apres avoir fait une excursion a Mora, en Upland , bourg celebre en Suede, puisque c'etait dans la plaine voisine que se faisait I'eleciion desrois,et avoir visite la belle manufacture de porphyre d'EU'dal,soutenue par la munificence du roi, et qui assure I'existence de plusieurs centaines de families d'ouvriers on d'employes, M. Dau- mont revint a Stockholm. Ce second sejour dans la ca- pitate fut mis utilement a profit : il s'occupa du soin de saisir et de retracer les moeurs el les usages des Suedois. S'occiipant ensuile de la topographic de cette con tree, il fait connaitrel'aspect general du pays, indiquo la configu- ration geodesique du sol ; puis , se livrant a des conside- rations philosophiques sur la population, il expose 1 'o- ■ ( 38.) rigine des diverses races qui ont peuple la Suede : nous y lisons au cliapitre xv, tome i", que la population de cette contree, sans y comprendre la Finlande, etait, en 1^5 1, de i,;785,ooo habitans, et d'apres le dernier re- censement de i83o , elle est de 2,871,^152 , ce qui doniie iin accroissement de 1,086,000 ames dans I'espace de 80 ans, et si ce inouvenient se soutenait comme dans !es dernieres annees , elle doublerait avant cinquante ans. Tout ce qui regarde le climal , I'agriculture et I'liorti- culture, offre une foule de details reniplis d'inleret et jusqu'alors inconnus; la partie des mines et des manu- factures est traitee avec un talent remarquable. Toutes ces notions nouvelles sur un pays si peu connumeritent de fixer lattenlion des personnes que ces specialites pourraient interesser, avecd'autant plus de raisoii que lauleur etait sur les lieux, et qu'il lui a ete possible de puiser aux meilleures sources par ses relations avec les diverses autoriles de Suede, qui se sont fait un plaisir, nonseulement de laccueillir avec bienveillance , mais de lui faciliter tous les moyens d'accelerer et de com- pleter ses rechercbes. Dans son second volume, M. Daumont poursuit le cours de ses investigations sur la statistique de la Suede: il traite successivement , dans des cbapitres speciaux, et avec beaucoup de lucidite, du commerce, de la naviga- tion , des douanes , de I'armee de terre et de mer , des cultes, du clerge lutberien, de la noblesse, de I'inslruc- tion publique, de la litterature, des arts, de 1 adminis- tration civile et politique de la Suede , des finances et des rapports de cet elat avec les divers pays d Europe. II termine ses tableaux par des considerations sur les causes du changement de dynastie. 27 ( 38->- ) Tons ces siijcls, comnic on le sent bien, soul cle la derniere importance, iiecessitent des details nomhieiix qui occupent les deux tiers an tnoins du second volume, ft qui, pour etre analyses, exigeraient uu travail plus approfondi. Nous dirons cependant un mot du commerce, de la navii^ation,de larmee, del'administration etdes finances. Le commerce interieur de la Suede est tres liniite,et il ne peut guere en etre autrement, dit raufeur, dans un pays qui ne possede aucun nioyen d'echange entrc des provinces dont les productions oflrent partoul uiu' constaute unitormite. La masse des produits que le com- merce suedois envoie a Tetranger, alinieiiU' [)ar le pro- duit des mines et des forets, seule ressource de cette contree, donne naissance a une navigation tres active, et sous ce rapport, il est digne d'intcret : c'est la vie du pays. En 1 83 1, les exportations de la Suede se sont eievees a 27 millions de francs, et ses importations a 24 millions j d'ou suit que la balance etait eii sa faveur de 3 nullions de francs. La presque totalite des articles se composait de n)atleres premieres; les produils manufactures n'en- traiont que pour environ un dixieme dans la masse des exportations, dont le fer formait plus de la moitie de la valeur ; le bois et le cuivre etaient ensuite les objets les plus importans. L'auteur a emprunte au ra[)port presente le 5 de- cembre i832, au roi de Suede, par M. G. Poppius, president du college decouuucrce, quelques details tres precieux, par cela meme qu'ilssont autbentiques, sur la nature des relations mercanliles de la Suede en i83i, avec les principales puissances. Cc docun)ent donne une idee complete de I'etendue du commerce decepays, ( 383 ) et ii est d iin liaut inleret pour ceux qui se livrenl a I'etude tie lecoiiomie politique. La navigation et ses progres en Suede ne pouvaient echapper aux meditations du voyageur ; aussi fait-il ob- seiver avec laison , en tete du chapitre qui y est relatif, qu'un peuple entoure de niers orageuses, un pays coupe de lacs imnienses, presque lous navigables, doit fournir une pepiniere d'excellens matelots j et qu'en effet, les Suedois, calnies et duis a la peine, iiitrepides, subor- donnrs, possedent toutes les qualites qui constituent le bon marin. La Suede a sous sa main tout ce qui lui est necessaire pour la construction des vaisseaux, a I'exceplion, toute- fois, du bois de chene et du cbanvre, quelle ne pro- duit pas en assez grande abondance ; mais le bas prix du fer, du cuivre, des planches, des matures et des aulres maleriaux, offre une compensation tout en faveur des constructions suedoists, qui, dit-on , peuvent etre exe- cutees a trente pour cent meilleur marche que partout ailleurs : c'est pour ce motif que Mohammed -Ali y a fait construire une grande partie de la marine egyptienne. La marine marchande de Suede, qui ne conqotait, an quatorzieme siecie, que 200 navires, s'elevait, en 1800, a 1,224, ^^ *^n i83i, a plus de 2,400, outre les batimens de toute sorte de grandeur destines au petit cabotage. Sur ce noinbre, i,5oo navires ont ete employes au com- merce de la Baltique et du Danemark, 345 ont frequente la Mediteiranee et lAdriatique, 21 5 les ports de I'Ocean et de la nier du Nord , 22 ont ete expedies pour I'An- gleterre, 45 pour le Bresil et ig pour les Elats-Unis. La navigation a la vapeur a ete introduite en Suede il y a douze ans : il y existe maintenant i4 batimens a vapeur, tons construits dans le-pays. L'atelier mecanique 2-7. ( 384 ) etabli a Motala en Ostrogolhic livre des machines a vapeur aussi parfaites qu'eii Angleteire, et a intiniment meilleur marche. Les chapitres xxiv et xxv du Voyage de M. Dauniont sont consacres a des details sur I'armee de terre et de niei" : c'est un liistorique coniplet dans les details du- quel il ne nous est pas possible d'entrer; il y en a de ties curieux sur larniee dite indclta : c'est ainsi que I'on nomine les troupes qui forment la masse principale (l<; I'armee suedoise. Ce sont de veritables soldats labou- rcurs; depuis le colonel jusqu'au simple soldat , chacuu selon son grade , possede un domaine plus ou moins etendu, qui leur est assigne pour le cultiver, founiir a leur entrelien el leur tenir lieu de solde. II serait a souhailer qu une pareille mesure put s appliquer a nos troupes coloniales, principalement a Alger. En 1 83 1, I'armee suedoise selevait a 171,540 hommes, dont 163,070 d'infanterie parn^i lesquels i3o,ooo de landwelir ou gardes nationales, 5, 100 de cavalerie , 3,000 d'artillerie et 370 du genie. L'indelta s'elevait a 33,600 hommes. La flotle suedoise est maintenue sur le pied le plus respectable j elle est entretenue avec le plus grand soin. Suivant M. Daumont, son materiel s'elevait, en octobre i833, a II vaisseaux de Hgne, 8 fregates, 4 corvettes et 6 bricks j sa flottille comptait 2 jo navires de moindre force ; son personnel s'(;levait a i\,\x^ officiers , sous- officiers et matelots. Sous le rapport de ladministration civile, notre au- teur nous transmet des details importans sur la division territoriale de la Suede en vingtcinq gouvernemens. Les gouverneurs representent iios prefets , mais avec des aitrii)Utions beaucoup plus etendues. Ces gouverne- ( 385 ) mens se subdivisent en cantons composes cliacun Je quatre a tlouze paroisses. Tout ce qui regarde les tribu- naux, la statistique judiciaire et la legislation civile ot politique, est tiaite longuement dans une suite de cha- pitres fort interessans a lire. Quant aux finances, les details presentes par I'auteur lui ont ete. f'ournis par le secretaire d'etat des finances , M. Skogmann ; i! evalue la totalite des contributions de toute sorte, payees soit en especes, soit en nature, de 34 a 36 millions de francs. Le budget de la Suede s'e- leve a 18 ou jg millions en especes, les depenses en nature pouvant difficilement avoir une evaluation fixe. L'ouvrage est terniine par des considerations politi- ques dun ordre fort elevesur la reunion de la Norvege a la Suede, et sur la cession de la Finlande. L'auteur deplore la perte de cetle derniere province , tout en re- connaissantquesa possession etait devenue une necessite absolue pour la Russie ; la securite de sa capitale depen- dait de tette position , qui devenaitmenacante aux pre- mieres bostilites; et la reunion de cette province aux vastes domaines de I'autocrate a tari la source de tout contlit. L'auteur developpe, dans deux chapitres qui seront his avec un vif interet, les causes qui amenerent I'elc- vation au trone du roi Charles XIV (Jean-Bernadotte) , et dans le cours de l'ouvrage, il trace un tableau tres remarquable de I'habile et sage administration de ce souverain. Un atlas est joint au Voyage de M. Daumont : il con. tient une carte de Suede dressee par M. Andriveau pour servir a l'ouvrage; elle comprend non -seulement la Suede , mais encore la Norvese et le Danemark. Cette carte est accompagnee de neuf lithographies represen - ( :m ) tant soil des vues de villes, soil des costumes iiatio- noiix. Nous y avons reniarque une vue de Stockholm et des costumes dalecarliens et suiolandais. En tete de louvrage , et sous le litre modeste d I'/i- troduction, se tiouve une chronologic historlque des diflerens voyages entrepris dans le nord , et notamment en Suede, depuis le celebre Pytheas de Marseille jus- qu a John Carr en 1804. Mais il est evident que dans ces derniers temps, la Suede a change de face; que ces divers ouvrages ont laisse beaucotip a desirer, et que nous devons savoir gre a M. Daumont d'avoir cherche a combler la lacune. Nous avons parle du style elegant et fiicile de cet ou- vrage ; a ce merite est joint celui de I'authenticite, de l.i veracite, et une variete de faits el d'apercus qui decelent dans son auteur des connaissances Ires elendues. Sous ce double rapport, le Voyage de M. Daumont est vrai- ment remarquable. II eiil ete a souhaiter neanmoiris qu'il eut pu nous donner des renseignemeris precis sur la topographic de I'immense Nordland , sur lequel nous n'avons que des donnees vagues et peu satisfaisunles ; nous eussions desire encore qu'il nous eut iransmis quelques details plus circonstancics sur la geographic physique et la statislique de la Norvege; quoique n'e- tant pas sur les lieux, il pouvait, ce nous semble, com- pleter plus que personne la description totale de la mo- narchic suedoise. En somme, M. Daumont a rendu un service a la science geographique , a ajoute aux connaissances st.i- tistiques, et son ouvrage pent dignement figurer sur les rayons de nos bibliotheques, a cote des specialiles que nous avons vu paraiire de nos jours, sur la Sanlaigne, la Perse, le Monte-Negro et le Caucase. ( 387 ) RAPPORT VERBAL Sur I'ouviage de M. le capilaine de vaisseau C.T. Falbe, consul general de Danemark a Tunis, intitule: lie- cherches sur V emplacement de Carthage ^ sith'ies de ren- seignemens sur plusieurs inscr/ptions piui icpies incdites . de notices historiqucs , geographiqiies , etc., ai'ec le plan lopographique du terrain et des mines de la ville dans I ear ctat actiiel, et cinq autres planches ^ Fait a la seance du i6 mai, par M. d'Avezac. Messieurs, Le premier plan ettectif de Carthage qui ait ete livie k la euriosite du nionde savant , a ete mis sous vos yeux, des avant sa publication , par son auteur M. le capitaine de vaisseau Falbe, de la marine danoise, qui a con- sacre a cette oeuvre les loisirs de sa residence a Tunis comnie consul general de son souverain aupres du Bey El-Hhasan. Un exeniplaire du volume et de I'Atlas ou cet officier a consigne les re'sultats de ses travaux , vous a recemment ete reniis en son nom par noire collegue M. Jouannin, dont I'auteur danois ne nous a point laisse ignorer !a cooperation active a la redaction francaise de son texte. Vous m'avez charge de vous rend re un comple verbal de ce bel ouvrage, etje viins m'acquitter de ce devoir. Le travail de M. Falbe n'est point borne au simple relevement des ruines qui constatent encore, sur rein- placement del'ancienne Carthage, I'etendueet '{uelques- unes des distributions de cette grande et fameuse cite; une deuxieme section de son livre offre des remarqucs geogra[)hiques et topogiapliiqnes iiileressanlos sur la ( 388 ) contree qui se prolonge au sud jusqu a El-Legem (I'an- vlenneT/tjsdriis); une tioisieme section est consacree a des fragniens de paleograpliie et de numisniatique car- thaginoises et niauritaniennes. I . Carthage. M. Falbe a execute consciencieusenient , et avec cette exactitude que donne la pratique usuelle desreleveniens nautiques, un plan detaille du sol ou gis:iit la rivale de Rome. Les configurations physiques du terrain ont ete soigneusenient expriniees, et des indications pres- que niinutieuses signalent tons les vestiges d'anciennes constructions que I'auteur a rencontres ou apercus : ce sont des jalons a I'aide desquels nous pouvons, par la pensee, restituer ces niurs et ces edifices delruits par les insouciantes et journalieres demolitions des Arabes aussi bien que par I'incendiaire orgueil deScipion. On s'accorde a deplorer que si peu de hiniieres nous aient ete conservees par les auteurs grecs et latins surla topo- graphic de cette reine du commerce d'occident ; le beau travail de M. Falbe rend aux antiquaires un service d'autant plus precieux, que non-seidement il leur facilite I'intelligence complete des indications si concises et si clairsemees d'Appien, de Strabon, de Polybe, de Tite- Live,de Procope, d'Orose, etc., mais qu'il leur signale en outre des details que I'erudition ei\t vainement de- mandes aux textes anciens : el, par excmple, I'amphi- theatre, dont il a verifie I'existence et le gisement, avait-il une incontestable realite tant qu'il ne nous etait revele que par une fugitive mention de la nmse de Virgile? Mieux encore: le ciique avait-il quelque part une mention, meme en des vers douteusenient sinceres? Toutefois, il le laut ilire, ces indications que la litte- ( 38.9 ) rature classiquea omises, un auteur aiahe du xi'" siecle ne les a point negligees : Abou-0'baycl-eI-Bekry, de Cor- doue, enonce que dans I'enceinte de Carthage, ou le voyageur curieux decouvre chaque jour quelque nouvel objet digne d'attention, le monument le plus admirable de son temps etait le theatre^ voisin deMa'lqa/i^ du Hhoumas (qui paraitetrele cirque), et des citernes des diahles : tout cela est en parfaite harmonie avec les re- levemens de M. Falbe etvient confirmer I'exactitudede ses observations 5 mais il est a regretter que cet officier n'ait point connu I'auteur andalous, pour nous aider aresoudre unedifficuUe qui se presente dans i'applica- tion du nom de Ma'lqah (ou plus correctement Ma'al- laqah, la Suspendue) , qui appartienl anjourdhui au hameau bati sur les grandes citernes, tandis que Abou- O'bayd le donne a un palais d'une elendue et dune elevation prodigieuses, dominant sur la nicr, et qui semblerait d'apres ces termes devoir etre cherche sur le haut plateau de la citadelle Byrsa. Ladecouverte laplus notable que nousaient piocuree les explorations locales du docte danois, c'cst celle des vestiges bien determines du double port, avec sou mole exterieur, avec ses murs, avec son kothon peniu- sulaire, ses deux entrees successives, et la coupureacci- denteile eJfectuee pendant le siege : ces traces persis- tantes, en demontrant que le port etait au sud de la ville, renverse completement 1 opinion, generalement adoptee depuis Leon Africain , quece port etait jadis sur i'emplacement AEl-Mersay^ denomination qui, a la ve- rite, etait bien faite pour induire en erreur. M. Falbe porte ensuite ses observations sur les ruiues de Byrsa, sur ceiles des citernes, sur celles du grand aqueduc, dont Torigne no pouvait etre au ilcla des ( 390 ) hauteurs d Aryanah, ainsi (jue le demon lien t a lu-iois la verification comparative des reliefs du sol et les traces encore subsistantes des travaux, ce qui ne permet plus de croire avec Shaw que les eaux amenees a Carthage vinssentduGebel-Zaghouan(aujourd'huiappeleSsouan). 11 soccupe ensuite des vestiges de temples, de ceux de lamphithealre, du cirque, de quelques rues, lies murs denceinte, des loiid)eaux. Ces investigations le conduisent a la determination conjecturale du circuit de la Carthage punique, et des liniites plus reslreintes de la Carlhage roniaine, autourde laqufile apparaissent encore presque completes les divisions agraires du sol atlribue aux trois mille colons envoyes par Augiiste. 2. Details geographiqiies ct Inpographiqites. Lorsque M. Falbe voulut encadrer son relevenient geodesiquedans les travaux hydrographiques de Smytli et deGauttier, il fut arrele a-la-fois par la disrordance de ses resultats avec les leui'S, et par les dissidences no- tables que presentaient entre ellesnon-sculemeulles car- tes respectives de ces deux habiles marins, mais meme trois cartescontemporaines derhydrographeanglais; ce- pendant apres avoir reconnu que la feuille de detail donneepar celui-ci pour la cote de Tunis depnis la ville d^ AfricajusqiL auxFreres de Bizerte, se rapprochait beau- coup, dans ses bases, des positions observees par Gauttier, il a adopte cette derniere carte comme un canevas dans lequel il a insere le trace que lui avaient procure ses propres triangulations depuis le voisinage du cap de Qamait jiisqu au-dela de Solyman sur le littoral, et a linlerieur jusqu'au Gebel el-llessass et au Gebel Ssouan. 11 y a employe en outre ses relevemens itineraires depuis Tunis jusqu'a Sousah et de la jusqua El-Legem, en ( 391 ) suivantdiverses routes ou inoyen desquelles il a corrige des meprises et des transpositions assez notables de la carte anglaise; neanmoins il a conserve intacte la posi- tion de Hhammamet, bien qu'il eiit verifie que cette position etait ainsi beaucoup irop rapprochee de Tunis; car au lieu de 26 milles geographiques entre elle et Hhanimani-el-Enf, levoyageur danois a compte4o mille tunisiens ou 9 heures de chemin au pas accelere dun cheval ou a Tambledune mule, ce qui equivaut a plus de 3o milles geographiques d'apres ses propres evalua- tions : or il est a remarquer (^ue s'il eut adopte la position que Smyth a donnee a Hhammamet dans sa General chart of the situation of the Sicily^ il eut precisement trouve cette distance ; mais il n a voulu modifier en rien iin trace de cotes qu il avait adopte comme le moins de- fectueux dans son ensemble, et ce scrupule se mauifeste ailleurs pai' les solutions de coiitinuite qu'il a laissees subsister aux points ou son propre relevement n'eut pu se lier a ceuxde Smyth qu'au moyen d un leger raccord qu il a abandonne a la discretion des cartographes. Faute de s'expliquer convenablenient ce respect tran- sitoire et conventionnel pour les parties defeitueuses d un travail adopte dans son ensemble, les geographes du Depot de la guerre, qui, dans leur carte lithogra- phiee des Possessions francaises en Barbaric, ont fait entrer les resultats de M. Falbe, ont simplenient copie sa carte en raccordant les lignes qu'il a laisseesinterrom- pues, mais en conservant a Hhammamet la position pour laquelle il a averti qu'une correction est indispen- sable. M. Falbe avait aussi, dans sa carte maniiscrite ainai que dans les premieres epreuves lithogiaphiees, place Qayrouan dans la position ab.sohie 011 il se trouve sur la ( ^90 carte cleSliaw, et ccUe position lui est pareilleinent con- servee clans la carte lilhographiee tin Depot de la guerre : cette derniere circonstance ine porte a reproduire ici les observations critiques que javais a cet egjard adres- sees a M. Falbe, et qui I'ont porte ii effacer de sa carte I'indicalion de ce point. Shaw n'ayant pas determine la situation de Qayrouan par des observations directes, mais au nioyen de lignes itineraires s'appuyant sur Tunis, Sousah et F.hraqlyah, ce sont ces conditions re- latives de distance qu'il importe de conserver, et non une fixation geononiique qui n'a rien d'absolu ; il est vrai que Shaw ne negligeait point les observations as- trononiiques, et que selon toute probabilite il en ii fait a Qayrouan ; niais il ne faut point perdre de vue que dans ce cas son instrument n'a pu etre exempt en cette station des erreurs qui Caffectaient a Tunis, a Sousah, a Ehraqlyah; c'est done, a cet egard , sur les differences en latitude qu'il ya lieu d'asseoir ses calculs : or la com- Ijinaison des distances itineraires et des dif'lerenees en latitude fournies par les observations, doit procurer a Qayrouan une position sensiblement plus septentrio- nale. 11 est vrai que d'autres considerations ont ete in- voquees pour I'abaissement de la latitude deQuayrouan, savoir, les conditions de distances relatives dans les- quelles les itineraires romains placent le Fiats y4ugust/, qu'(m suppose avoir occupe I'emplacement de Qay- rouan j mais malgre I'autorite de Shaw, de d'Anviile et de tous leurs successeurs , je n'hesite point a nier cette identite pretendue; !cs historiens aiabes rapportent que Qayrouan , fonde au septieme siecle par le celebre O'qbah el-Feliry ou parson lieutenant Mo'aouyah ebn Khodaygj, lut bati en un lien jusqu'alors desert, et couuert d'cpaisses forcts remplies de betes feroces ct do ( ^9^ ) serpens. Nous voyons dun autre cote Ibraliym eba-el- Aghlab construire , en I'annee 800, Medynet el-Qassr- el-Qadjniy la ville du Vieux-Chateau , a trois milles au sud de Qayrouan ; or, une ville nouvelle ne pouvait tirer un tel nom que des constructions antiques qui deja se rencontraient sur son emplacement : voila tout au plus, peut-etre , le P'icus Augustl des itineraires ro- mains ; mais il est evident qu'on ne pent le chercher a Qayrouan. Je desire que ces observations empechent desormais la reproduction dune erreur qu'une routine constante avait si nialheureusement consacree. Un releve des villes et villages compris dans les dis- tricts de Sousah et de Monaster, avec leur population; des observations sur les concordances de la geographic anoienne et de la geographic actuelle en ce qui concerne Grasse, Decimum , Hadruniatum, Ruspina , Thysdrus , avec I'indication des vestiges subsistans a Sousah et a El-Legem, terminent cette section. 3. Paleographie et numismatique . M. Falbe s'occupe, dans les articles suivans , du de- chifiiement de plusieurs inscriptions puniques, de la description de diverses medailles africaines et de quel- ques autres objets d'antiquite. Malgre tout I'interet que presentent ces dernieres recherches, je n'ai point a vous en faire ici I'analyse , puisqu'elles n'ont plus un carac- tere geographique, bien qu on put toutefois pretendre avec quelque justice que la geographic n'est pas tou- jours completement desinteresseeen de telles questions. Je nie bornerai a presenter une seule observation sur une niedaille attribuee a la ville de Hadrumetum : elle porte, a I'une des faces, une tete barbue avec des ca- racteres peu apparens qui semblent pouvoir etre his ( 394 ) HAD ; M. Falbe explique I'line et lautre pai la Tele cle Neptune et le mot HADRVMETVM 5 sans disculer I'aii- lonomie de la luedaille, il seinble (ju't;n la comparant a celle du niusee Medicis, publiee par Eckhel , Pellerin, Carorii , Mionnet, et reproduite par M. Falbe lul-nieme, on doive supposer que la tete barbae est celle d'un em- pereur, et quo la legende portait le noin HAURIANVS, comme la niedaille du musee Medicis donne la tele d'Auguste avec !a legende IMP. AVG. PP., etc. Je terminerai par uuc reniarque generate, mais d'une importance fort accessoire : le texte de M. Falbe a ett* imprime a limprimerie royale , ou les types orienlaux abondent; quelques noms de lieux, tels que MaHqali, Ssoudn, Doudr el-Sckath , etc. , out ele indiquesen carac- teres arabes ; pour le surplus, M. Falbe s'est contente d'un systeme particulier de transcription dont il a donne la clef au commencement de son livre : nous regrettons qu'avec les facilites qu'il avail a sa disposition pour don- ner tous les noms en caracteres orientaux , il se soit contente de transcriptions qui manquent Icui butcliaque fois qu'elles laissent le moindredoutesur Torthographe ori> commence pres le confluent du Bio Puerco avec le Rio Bravo et se diri- geant an N. E., entre sur le teniloire du Texas, aux (^^97) sources de la Nueces; cle la elle se prolonge dans la nieme direction jusqu'aux eaux superieures de la San Saba,branche du Colorado, et inclinant a lest, elle tra- verse le Colorado, a peu de distance de I'einbouchure, et s'etend jusqu'aux terrains ondules qui avolsinent le Brazos, sans passer a travers cette riviere. Des chainons penetrent au sud, au-dessus de la Medina et de Gua- dalupe, dans le voisinage de Bexar; d'autres descendent audela des rivieres Llanos, Piedernales et des petits affluens du Colorado a I'ouest, remontant cette riviere a une tres grande distance de San Saba et environnent les sources de San Andress et Bosque , tributaires du Brazos. Cette chaine, de troisieme et quatrieme grandeur, par rapport a son elevation, est couverte en beauconp de parties, de chenes, de cedres et d'autres grands arbres; on y a trouve du fer, du cuivre et du charbon. Rivieres., baies, etc. — Toutesles rivieres de cette cote sont, en general, obstruees par des bancs formes par la predominance des vents du sud, qui agissent dans uu sens contraire a celui du courant. Loa (juantite de le.rre distribuee avec des litres legaux est d'environ ,'1400 lieues mexicaines (i). Une lieue de (i) Une lieue de ce pays est de 5,ooo varas mexicaines carrpes , ou 4,4iS acres anglais. 1,'acre ainericain est a I'arpent de France comme 1,000 est ii 1,262. ( 4o3 ) terrain revient, tout compris, a 4 centiemes de dollar par acre. Dans la colonie de Wilt, sur la riviere Guadalupe' plus de 200 lieues de terres ont ete concedees a des eniigrans des Etals-Unis, et a-peu-pres aulant aux indi- genes. Les colonies iriandaises sur la Nueces ont ete formees par MM. Mac-Mullen et Mac-Glone; celtes sur la cote entre les rivieres La Baca et Nueces, par MM. Powers et Hewilson. Le pays sur !e San Antonio et celui quiavoisine 1 em- bouchure de la Guadalupe, appartient en general a des Mexicains, qui resident a Bexar et a Goliad. La vaste contree a 1 est de la colonic Austin jusqu'a la riviere Sabine, est exploitee par des conipagnies et des particuliers recommandables, qui en ont passe des contrats. Une autre concession a ete faiie par legouvernement, pour etalilir une colonie iriandaise entre la Guadalupe et la Nueces, compren.int toutes les terres enclavees entre ces deux rivieres, a 10 lieues du golfe. Au-dessus de cette plaine, la region ondulee s'etend vers le N. O. en s'elevant a rnesure quelle s'approche dela chaine desnionlagnes. Toute cette paitie est con- vene dune espece d'iierbe appelee riiiis/at^ qui ressemble a Xherbe bleue des Etats-Unis et fournit d'excellens pa- turages. Bexar, vllle situee sur le San Antonio, par latitude 2y° 5o', a i4omilles de la c6te,contient 2,5oo babilans, tous natifs Mexicains, sauf quelques lamilles Aniericai- nes. Un poste militaire y avait ete etabli par le gouver- nement espagnol en 1718; en 17^1, des eniigrans des lies Canaries y fonderent la ville actuelle, qui prospera ( 4o4 ) jusqii'a la revolution de 1812, ou elle eut a souffrir de^ altaques des Comanches et autres Indiens. Cette place est adiiiirablenient situee pour des etablisseinens ma- nufacturier>. Le \iliage de Goliad, autrefois la Bahia, situe sur la live droite du San Antonio, a environ 1 lOinillesS.E.de Bexar et 3o dela cote, contienl 800 habitans, tousMexi- caius. San Felipe de Justin, ville fondee en 1824, par le colonel Austin et te baron de Bastrap, commissaire du gouvernement, est le chef-lieu de la colonic Austin. Elle est situeesurla rive droite du Brazos, a8oniillesdugo!fe (par terre ) et 180 niilles en suivaiit les sinuosites de la riviere. Matagorda, nouvelle ville sur la baie du menie noni, a Temboucliure du Colorado, parait devoir prosperer rapidenient. Gonzales est une ville situee sur le cote gauche de la Guadalupe au point din tersection entre cette riviere et la route directe conduisant a San Felipe de Austin. San-Patrick, ville comniencee sur la Nueces et peu- plee exclusivement d Irlandais. Brazoria, situee sur la riviere Brazos, est a 3o milles par eau et i5 milles parterre, de son embouchure. f^ icloria, village sur la Guadalupe, a 20 milles de 1 em- bouchure de la Baca, pres laquelle il ya un poste mili- taire. Nacogdoches, ancien poste militaire espagnol et vil- lage, situe dans la region orientale du Texas, par 3i" 4o de latitude, est a environ 6omillesO. de la riviere Sa- bine. En 1819 ou 1820, ses habitans furent disperses par des troupes espagnoles et se refugierent sur le ter- ritoiie de la Louisiane ; Nacogdoches ful repeuple en ( 4o5 ) 1822 et 1823 ; on y compte mainteiiant, conipris les alentours, 5oo Mexicains. 11 y a aussi une garnison de la menie nation. Anahuac est un poste militaire, etabli vis-a-vis I'em- bouchure de la Trinite, a 40 niillesN. O. de la baie de Galveston par ordre du general Teran. Tenoxticlan est encore un poste militaire, sur la rive droiledu Brazos, a 12 millesau-dessus de !a route supe- rieure conduisant de Bexar a Nacogdoches, a i5 milles au-dessous de I'embouchuredu San Andre et 100 milles au-dessus de San Felipe de Austin. On doit y entre- tenir une garnison afin de proteger cette partie de la colonic, contre les depredations des Indiens et faciliter les progres au N. O. au-dessus de la riviere Brazos. Le colonel Austin doit etablir une ville sur le cote gauche du Colorado, au point ou la route ci-dessus se trouve coupee par la riviere. M. de Zavala, ministre plenipotentiaire des Etats Mexi- cains pres la cour de France, a recu de son gouverne- ment, en 1829, une concession de terres de goo milles carres, lesquelles s'etendent depuis le golfe du Mexi- que, a I'ouest de la Sabine jusqu'a la route qui conduit de Natchitoches a Nacogdoches. Ces terres ont ete di- visees par lots de chacun I'j^j acres ^^;^; 3oo families emigrantes de New-York s'y sont etablies, pour former une colonie, en se conformant aux regies etablies par la loi de colonisation, rendue par letat souverain de Coa- huila et Texas, Ie4 :>vril 1825. Indiens. Les Comanches habitent le pays au N. et au N. O. de San Antonio de Bexar. Ce peuple nomade ne subsiste entierement que des produits de la chasse. Les vastes plaines de cette contree sont couvertes d'immen- ses troupeaux de buffles et de chevaux sauvages ; ces ( 4o6 ) liiilions en surprennent et ;ipprivoisent un grand noni- bre pour leur servir de ressources, en cas de chasse in- tructueuse. Les Gomanches sont braves a la sfiierre et civils pendant la paix ; i!s vont toujours a cheval et por- tent pour armes, un arc, des flecbes et un long epieu. Amis des Aniericains dii nord, ils detestent les Mexi- cains; et ceux-ci, lorsqu'ils veulent adresser a quelqu'un une {jrosse injure, le qualilient de Comanche. Ces In- diens ont un principal cbef, qui a plusieurssubordonnes. Ils ont des conseils par quartier, et une fois I'annee, on reunit le grand conseil de toute la tribu, ou sont reglees les atlaires importantes. Les Carancahuas, qui peuplaient autrefois toute la cote, ont ete chasses au-dela de la riviere Baca, liinite occidentale du territoire. Celte tribu guerriere, apres avoir inquiete pendant plusieurs annees les colons arne- ricains et t.ue quelques-uns d entreeux, tut attaqueepar un corps de 60 carabiniers sous le colonel Austin, qui en detruisit la nioilie. Le reste se refugia dans I'eglise niexicaine des missions delal};ihar, ou, surl'intervention des pretres, on leur accorda unetreve, a condition qu'ils ne repasseraienl point la riviere Baca. Les Cushatees sont etablis en petit noinbre, sur les bords de la Trinite. Leiirs maisons sont propres, leurs terres bien cultivees. lis font un bon conmierce de che- vaux el de bestiaux, se servent dristensiles culiiiaires et sont hospitaliers envers les etrangers. Les autres petitestribus sont les IVacos, TaxvaJianies, Tankaways et Lepmis, >(4> IJTAT DU TEX\S EN I J 4^. Le T/ieatro Jmericano (^puhVie a Madrid en 1748) a donne une description detaillee, de la province dii Texas on Neuvas Philippinas^ dans laqueile on trouve les renseigneniens suivans : La province du Texas, separee de celle de Coaguila ou Coaiiuiia , par le Rio-Medina, a plus de 220 lieues de longueur, sur 60 de largeur. Dans cette vaste etendue iJe pays, on ne compte que quatre etablissemens {po- blaciones) ^ tres eloigne's les uns des autres, savoir : I" Lepresidio de San-Antonio Bejar (longit. 2^4° 5' de lile de Ferj lat. 3o° 7') distant de 80 lieues du Rio de Medina ; 2" Presidio de Nuestra seiiora de los dolores (longit. 281° 10', lat. 32° 1 5') sans garnison , au centre de la province, a )54 lieues de San Antonio; 3° Presidio de Nuestra senora del Pilar de los Adaes (longit. 284° i5' , lat. 32^ 20') a 61 lieues du precedent; 4" Presidio de la Bahia del Espiritu Santo (longit. 277° i5' lat. 29° 10') a 44 lieues de San Amonio et 12 de la cote. Ce presidio fut detniit et retabli en J721. La ville de San Antonio de Bejar, capitale du Texas, fut fondee en i63i par le marquis de Casa Fuerte, vice- roi de la nouvelle Espagne. 1690. Mission de S;m Francisco, etablie par le gou- verneur de Coahuila. 1691. S. M. ayant ordonne la reduction et la pacifi- cation de la province, D. Domingo Teran, gouverneur de Coahuila et Texas, arriva avec 5o soldats, i4 reli- gieux et 7 laiques, pour fonder 3 missions au Texas, ( 4o8 ) 4 dans le pays de los Cadodachos et i sur le Rio de la Guadalupe J niais il ne reussit aucuncment, attendii les hostilites des Indiens, la perie du belail et autres calamites. 1714. Ces missions sont retablies par D. Luis deSan- Denis, D. Mcdar Jalot et deux Franc,iis, sur I'ordre du due de Linares, vice-roi de la nouvelle Espagne. D'au- tres missions furent aussi fondees dans le presidio de los Adaes. Le marquis de Valero , nomme gouverneur de Coa- huila et Texas, amena un renfort de 5o soldats et un certain nonibre d'ouvriers constructeurs, avec les ma- teriaux necessaires, ponr augmenter les etablisseniens; mais la guerre survenue entre I'Espagne et la France arreta ses projets . Les Francais retournerent a Pensa- cola (19 mai 17x9) et au moisdejuin suivant, les mis- sionnaires d' Adaes se retirerent a S. Antonio. Le marquis deS. Miguel de Aguayo, qui succeda au precedent gouverneur, marchaa la tete de 5oo cavaliers, contre les Francais restes dans les presidios de Cado- dachos et de Natchitoos, qui n'opposerent aucune resistance. En consequence, un ordre royal defendit au gouverneur d'attaquer les Francais et celui-ci reussit a retablir les trois missions d'Adaes et a creer le presidio de Nuestra sefiora del Pilar. Indiens. Les Texas (qui ontdonne leur nom au pays) Nechas, Malleyes, Asinais, Aes, Nacogdoches, Adoses, Cocos et autres. Ce fut les Texas, qui, en 1687, massa- crerent la plupart des conipagnons de De la Salle. ( 4o9 ) NOTE SUR UNE SOCIETE DE GEOGRAPHIE PROJETEE A PARIS EN 1^85. C'est en 1788 que s'est formee a Londres une societe particuliere pour les decouvertes en Afrique. On pour- rait la considerer, a certains egards, comme la premiere qui ait songe a reiicouragement des decouvertes geo- graphiques , si plusieurs tentatives analogues , et meme pour un but plus general, n'avaient ete faites en France avant cette epoque. D'Anville, en ce qui regarde les de- couvertes en Afrique, avait deja, vers le milieu du dix- huitieme siecle, porte son attention sur ce sujet. II doit exisler dans les archives des affaires etrangeres un plan de recherches auquel il avait coopere {^Acad. des inscr., tome xxvi). Le document qui suit, extrait des archives d'un etablissement public, date de I'annee 1785; il prouve que Ion s'occupait a Paris, des cette epoque, dune association du meme genre; I'objet en est moins etendu que celui que la societe actuelle de Paris s'est propose , mais il n'est pas borne a une seule partie du globe, comme le but special de la societe anglaise for- mee en 1788 , il embrasse la geographie et les cartes de toutes les parties du globe. L'auteur du projet voulait surtout remedier a I'un des vices les plus facheux qui aient nui a la diffusion des connaissances exactes eu geographie, savoir, le defaut de bonnes cartes et la mul- titude de mauvaises. L'on ne pent nier que ce but es- sentiel eut ete atteint par le nioyen propose il y a un demi-siecle, et pour le plus grand avantage des savans. Le bien que la societe aurait pu faire par cette voie est jio ) iiicalculalile : il est evident, d'nilleurs, que son plan se se- rait graduellemenl etendu avec le succes de rinstitution. Plusjeurs projets analogues ont ele concus en France : a Paris, au commencement de la revolution, uiie asso- ciation pour les decouverles en Afrique, a I'instar de la societe nnglaise , devait se former, sous la protection du gouvernement. Une autre societe s'est etablie en i8oa; voici conime le secretaire de la Societe Africaine de Londres s'fxprimait a lassemblee generale du 26 mai i8o4 (*) : '• Aussitot apres que le journal du voyage de • Frederic Hornenianii mil tie coninmnique au consul « general de France par ordie de la societe, celui-ci le « fit traduire en francais; M. Langles , membre de I'ln- « stitut national, editeur de I'ouvrage, apres avoir ex- « plique les vues de cette institution ct appele Tattention 1 de son eouvernement et de tout Francais ami de son o pays et de la science, sur les considerations impor- « tantes developpees par la societe anglaise , provoqua « la forniition d'une societe semblable en relation avec « la premiere , et bientot apres la publication du journal « d'Hornemann en France, une societe s'etablit en ei'fet « a Paris, sous le litre de Societe de V Afrique interieure a- et de decouvertes ». Ses reglemens nieriteraient petit- etre d'etre reiniprimes. II a fallu dix-neuf ans encore, et surtoui la paix gene- rale, pour permettre ici, a une societe geographique de se former et de se consolider. La societe actuelle, etablie eau continent, etc., com- prenant 1° un exanien critique de Ihistoire de la geo- graphic du nouveau continent et des progres de i'as- trononnie nautique auxxv* et xvr siecles. 2° Six cartes a 1 appui. M. Jomard se charge den rendre compte et an- nonce qu'il a prie I'auteur, au nom de la Societe, de completer les premieres livraisons. M. le docteiir Woerl ecril de Fribourg pour remer- cier la Societe qui vient de I'adniettre au nombre de ses membres. M. Berthet fait hommage a la Societe d'une geogra- phic historique, industrielle etcomnierciaie de la France et de ses colonies, ainsi que dun tableau historique et iudustriel de toutes les villes du royaume. M. Cesar Moreau est prie d'en rendre compte. ( 'i«7 ) M. Gr4berg de Heinso adresse de Florence plnsieurs opuscules dont il est I'auteur; entre autres un tableau du commerce de I'empire de Marok; une notice sur Ebn-Khaldoun et des notes statistiques sur le iittocal de la mer Noire. M. J. Lamy, ancien employe du cadastre, au Caire, ecrlt a la Societe pour I'informerqu'un desesamis vient de se mettre en route pour visiter le littoral de la mer Rouge et une partie de I'Arabie, tandis que deux autres remonteront le Nil. Ces voyageurs s'empresseraient de repondre aux questions que la Societe voudrait bien leur adresser dans I'interet des sciences geograpbiques. La Commission centrale decide que plusieurs exemplai- res du cahier des questions redigees par la Societe, se- ront adresses a M. J. Lamy. Elle regrette de ne pouvoir y joindre, ainsi que M. Lamy en exprime le voeu, des cartes de ces contrees, dont elle n'a point d'exemplaires a sa disposition. M. Jomard lit une note contenant quelques indica- tions historiques sur le projet qui avait ete concu a Pa- ris des 1785, de creer une Societe Geographique, et il annonce qu'il en communiquera le programme a la pro- chaine seance. Le meme membre rend compte de I'examen subi re- cemment par onze eleves de la mission Egyptienne de- vant la faculte^ de niedecine de Paris et il appelle I'at- tention de la Societe sur I'aptitude des jeunes Arabes pour les langues et les sciences naturelles. Tons ces ele- ves ont subi leurs examens avec un succes remarqua- ble. En 16 mois ils ont appris le Franeais, les elemens de matbematiques, la chimie, la physique et plusieurs branches de I'histoire naturelle; cette annee ils vont se livrer a I'etude des sciences geograpbiques, et les succes (4i8) qu'ils viennent d'oblenir donnent a Li Commission cen- trale une juste mesiire desservices qiielaSociete pourra ulterieurement attendre des connaissances speciales qu'ils vont acquerir. M. Warden lit une notice sur un ouvrage intitule : Observations hlstoriques , geograpkiques et descriptives sur le Texns^ par madame Mary Austin HoUey. Renvoi au comite du Bulletin. M. Jomard commence la lecture dune relation du voyage de M. de Bove, voyageur naturaliste attache au gouvernement d'Egypte, dans le Hhedjaz et le Yemen ; line autre relation du meme voyageur, d'une excursion dans I'Arabie-Petree et la Syrie meridionale, sera ulte- rieurement communiquee. M. Roux de Rochelle entretient la Societe de la perte douloureuse qu'elle vient de faire en la personne de M. Mathieu de Lesseps, decede dernierement a Lisbonne, ou il etait consul-general. II etait parti en lySS avec Laperouse,et iH'avaitaccompagne jusqu'au Kamtchatka, d ou ce navigateur I'expedia pour France avec ses de- peches. Une notice sur M. de Lesseps sera inseree au Bulletin. Seance du 10 juin. Leproces-verbalde la derniere seance est lu etadopte. M. le comte de Montalivet, intendant-ge'neral de la liste civile , annonce que, sur sa proposition , le roi vient d'allouer a la Societe une somme de mille francs a titre d'encouragement pour I'annee 1 834- La Commission cen- trale vote des leniercimens a M. le comte deMontalivet. L'Academie imperiale des sciences de Saint-Peters- .bourg cnvoie la suite de ses memoires et le recueil des actes de sa seance publiquede i833. ( 4i9 ) M. le docteur Guyetant fait hoinmage a la Societc d'un tableau de I'etat actuel de I'economie rurale dans le Jura; et il offre au nom de la Societe d'Emulation de ce departement, la relation de la ceremonie qui a eu lieu a Thoirette dans la inaison qui a vu naitre le celebre Bichat. M. le president adresse a M. le docteur Guyetant , present a la seance, les reniercimens de la Societe, et il prie M. Roux de Rochelle, de rendre compte de la partie du premier ouvragequia le plus de rapport avec les travaux de la Societe. M. Boucher de Perthes , president de la Societe d'E- mulation d'Abbeville, adresse au nom de cette Societe, un exemplaire du recueil de ses meraoires pour I'annee 1 833. M. Jouannin, membre de la Societe d'Emulation de Rouen, fait hommage dun tableau du systeme metrique legal et dune notice sur les monnaies considerees comme faisant partie du systeme melrique. M. le president adresse a M. Jouannin les reniercimens de la Societe. M. Albert-Montemont offre la vingtieme livraison ( 21*-' volume) de la Bibliotheque imiverseUe des voyages ^ contenant les voyages de Basill-Hall aux iles Lou-Tchou ; de Weddel vers le Pole sud ; de King , autour de la Nou- velle Hollande ; de Fanning et de Biscoe, dans la mer du Sud. M. le comte de Fortis, ecrita la Societe pourappeler son attention sur trois grandes cartes de la France, de I'Europe et des deux hemispheres , qu'il a publiees de concert avec MM. Jogand , Engelmann et Grandperret. Ses collaborateurs et lui, dans I'interet des sciences geo- graphiques, desirent etendre ce travail aux autres par- ties du monde, et pour atteindre leur but, ils deman- dent que la Societe veuille bien les seconder dans celte entreprise. ( 4:^0 ) M. labbe Pallegoix , missionnaire francais en Chine, adresse a la Societe deux lettres datees dc Bangkok, capitale de Siam, et de Si Outhaja (Julhia) les 2 Jan- vier 1 832 et I" aout i833. Ces lettres , qui contiennent divers renseignemens sur les pays parcoiirus par ce inissionnairc et sur ses travaux geographiques et ethno- graphiques, sont renvoyees an comite du Bulletin, ainsi qu'un itineraire de Juthia a Xai-Nat, qui les acconipagne. Les documens quil demande pour I'aider dans ses recherches, lui seront adresses. M. le chevalier Jaubert met sous les yeux de I'assem- blee une epreuve (jlU fac-sitnile de I'une des cartes qui doivent acconipagner la traduction de I'Edrysy; il annonce ensuite que I'impression du deuxieme climat est sur !e point d'etre terminee, et que Ton commencera immediatement celle du troisieme climat. M. Jomard communique le memoire donl il a entre- tenu I'assemblee a la derniere seance, et dans lequel se trouve developpe le plan d'une Societe Geographique, concu a Paris des I'annee ijSS. II Jijoute ensuite quel- ques developpemens sur les autres tentatives analogues faites dans le cours du xviii'' siecle, et au commence- ment du XIX*. La Commission centrale entend avec interet la lecture de ce memoire et elle le renvoie au comite du Bulletin. Le meme membre continue la lecture de la relation du voyage de M. de Bove le long du Hhedjaz et leYemen ; renvoye au comite du Bulletin. ( 421 ) MEMBRE ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 10 ju'ui i834- M. J. G. Hoffmann, de La Haye. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du 2 mai i834. Par la Societe royale des antiquaires du Nord : Scn'pta historica Islandorum de rebus gestis veterum Borealium latine reddita et apparates critico instructa (volumen quartum et quintum , in-S". — Nordisk Zidschrift for Oldkyndighed, udgwet as det Kongelige Nordiske Oldskrift selstah , 2* mimero. — De mensura et delinea- tione IslandicB interioris, cura societatis islartdicce his temporU)us facienda scripsit, Bjornus Gwinlnugi filius , broch. in-S". Par M. le capitaine Graah : Undersogelses-Reise til Ostknsten as Groenland ^ efter kongelig befaling udfort i varene i828-3i as W.A. Graah^capit.-lieut. i vol.in-4". Par M. Albert-Montemont : Bibliotheque universelle des -voyages, 18** llvr. (Voyages de D'Entrecasteaux et de Marchand), i vol. 10-8°. Par M. Alex. Barbie du Bocage: Dictionnaire geogra- phique de la Bible, i vol. 111-8". Par M. le major Poussin : Travaux d^ amelioration in- terieure projetes ou executes par le gouvernement general des Etats- Unis d'Jmerique , de 1 824 « 1 83 1 . Paris, 1 834- I vol. in-4* avec un atlas de 10 pi. in-f". Par M. Ansart: yitlas presenta?it en apercu, dans une suite de cartes et de tableaux , Vhistoire de tons les etats europeens, etc. , par Ch. et Fr. Kruse, traduit eau magasin encyclopedique , n° 4, mars. Par M. le directeur : Memorial encyclopedique , ca- hier de mai. ( 4M ) Par M. Hueine de Poniineuse : Observations sotn- maires sur les canaux navigables et ies chemins de fer , et sur ies avantages que la France peut obtenir de sa canalisation. Broch. in- 8. Par la Societe des Missions evangeliqiies : Journal de cette Societe , cahier de mai. Par I'Academie de I'industrie : Journal des travaua: de cette Academic, n°* 4o et 4^ ? avril et mai. — Recueil supplementaire de memoires , xxv" livraison. Par la Societe de stalistique : Journal des trai'aux de cette Societe, n"* lo et ii, avril et mai. Par MM. les directeurs : L'Institut, n"* 53, 54 et 55 ; Vicho du monde sai'ant , n«» 8 et 9 ; le Moniteur ottoman, no j'j ; le Journal de Smyrne , g numeros ; le Moniteur egj'ptien^ 7 numeros. Seance du 20 /uin. Par racademieimperiale des Sciences de Saint-Peters- bourg : Memoires de cette Academic, \i^ serie , ^ livrai- sons. — Recueil des actes de sa seance publique du 29 de- cembre i833. Broch. in-S". Par la Societe royale d'Euiulalion d'Abbeville : Me- moires de cette Societe pour i833. i vol. in-8°. Par M. Albert Montemont : Bibliotheque universellc des voyages, 20° livraison (Voyages autour du monde: B. Hall, Weddell, King, Bellinghausen , Fanning, Bis- coe). I vol. in-80. Par M. Guyetant: Tableau de Vetat actuel de V econo- mic rurale dans le Jura , etc. , avec des considerations sur la geographic physique de ce departement, i vol. in-S". Par la Societe d'Emulalion du Jura : Honneurs rendus par cette Societe a la niemoire tie Bichat. Broch. in-8". »'»vi»'**-v»v^»V».'*wfc'k».-*-*.*.'»'vv-v%.^"v^*.-» w*^*'*^*^*^-^^-* TABLE DES MAT TERES COKTKKUES DANS LE J" VOLUME DE LA T SERIE N" I a 6 (Janvier i834 a Juin). PREMIERE SECTION. MEMOmES, EXTKAITS5 ANALYSES ET RAPPORTS. Voyages amour du monde , avec des extraits choisis de voyages dans les mersdu Sud et les Oceans Pacifique, Septentrional et Meridional, en Chine, etc. , entrepris sons les ordres de I'auteur, ou sous sa direction, etc., par Edmund Fanning; lu a la Societc de Geographic par M. Warden i Mcmoires sur I'aucienne Geographic historique des pays voi- sins de la Mediterranee , lus a la Sociite de Geograpbie par M. RoUX DE ROCHELLE, 2 4 Note sur la communication mutuelle de la Gambie et de la Ca- zamanse if> Des Colonies agricoles, parM. Huerne de Pommeuse (compte rendu par M. Isambert) 54 Rapport de M. Isambert, sur un ouviagi- intitule : De la Fen- dee militaire 58 Examen ct reciification des positions dcterminoes astronoini- quemcnt en Afrique par Mungo-Park, par M. d'Avezac. . 78 Voyage dans I'interieur de la Guyane, par MM. Adam he Bauve et P. FERRi; (suite) io5 Rapport sur un manuscrit espagnol presenle a la Societc de G(''o^:iplnc par M. H. Ternaux , |)ar M. T. d'Hrville. ... i45 ( 4^6 ) Pnges. Voyage dans I'interieur dc la Guyane, par MM. Adam de Bawve et P. Ff.rrk (suiteet fin) i65 Extrait du journal d'un voyage sur la c6te de la Chine 179 Voyage dans la Guyane centrale , par M. Lepripur 20 r Notice sur les Lesguis , par M. Fortanieh 229 Memoire sur I'ancienne geographic historique de la Gr^ce, par M. RoDX de Rochellk ^38 Note sur I'ilineraire de M. Dessaliue d'Orbigny dans I'Ameri- cjue meridionale »47 Lettre de M. le secretaire de la Soci6t6 Geographique de Londres 249 Relation d'un voyage dans I'interieur de I'Afrique septentrio- nale, par Il'.iaggy Ebn-el-Dyn el-Eghou4thy ( i'"'' et a^ ar- ticles) 377 et 4^9 Extrait du Journal des Missions evangeliques, i"^' et a"" li- vraison de i834 , par M. Ambroise Tardieu 296 Rapport sur un ouvrage de M. le major Poussin , intitule : Travaux d' amelioration interieure, entrepris on executes par le gouverncment des Etats-Unis , par M. Roux de Rochei-le.. . . 829 Notice sur le P'ojage en Suede de M. Alex. Daumont, par M. E. DoBtJc 374 Rapport verbal sur I'ouvrage de M. le capitaine de vaisseau C.-T. Falbe, intitule : Becherches sur V emplacement de Car- thage , par TVI. n'AvEZAC 38? "0" ' P Analyse de I'ouvrage intitule : Texas. — Observations historical , geographical and descriptive, etc., par madame Mary Austin Holley , par M. Warden . . SgS Etat du Texas en 1748 '♦07 Note sur une Societe de Geographic projetec a Paris en 1785, par M. JoMARD 409 DEUXIEME SECTION. DOCUMKNS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOCH APHIQnES. lies Ralik 60 Reapparition de I'ile Ferdinandea (ou Julia) dans la Mcditer- ranee 6a ( 4^7 ) P.lgPS. Nouvelles dii voj-age de Lander , 63 Snr la situation et la distance des villes d'Almaligh , Fichba- ligh , Karakoroum , Kantcheou et Peking , d'apr^s I'histoire persane de Wassaf , par M. J. de Hammer ii8 Travaux du capitaine Yidai sur les cotes occidentales des \les Britanniques 120 Nouveau traite de limites entre les Etats-Unis de rAmerique du Nord et le Mexique ia3 Societe americaine des Missions 1^5 Population du Canada (annees 1829, i83o, i83i et 1S32).... 129 Population de la Crete en 1882 i3r Voyage de MM. Adam de Bauve et Leprieur dans I'interieur de la Guyane iSj. Extrait d'une lettre de M. GrSberg de Hemsd a M. Jomard . . i36 Notice sur les monts Cotocton de la Virginie et du Maryland , par C.-S. Rafinesque (avec une carte) 184 Etablissement d'une nouvelle colonic pour les noirs libres, au cap Palmas 186 Etat de I'enseignement dans la colonic de Liberia (Afrique). . 189 Traite entre les Etats-Unis et Sia;n igo Retour de Nathaniel Jarrys Wythe, chef de la compagnie d'a- venturiers qui ont fail recemment le voyage jusqu'a I'Ocean Pacifique par terre Ibid. Canal de Chesa])eake et de Delaware liid. Canal de Chesapeake et de I'Ohio Ibid, Lettre de M. Townsend 19 1 Pilote de la cote des Deux-Ameriques 192 Mort de Richard Lander 275 Note sur uu fragment de carte de I'Amerique septentrionale . 4'5 TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. Presentation de la Societe au Roi , a I'occasion du nouvel an. . 64 Rapport sur le prix destine a la decouverte la plus importante pour r.Tnnee i83i 25 1 Rapport sur un memoire relatif au nivellement d'une partie du cours de la riviere de la Vesle aSS Programme des prix aSg ( 4^8 ) Procds-verbaux des seances de la Commission centrale ( janyier j834ajuin) 66, 69, i38, 140, 194, igS, a68. 271, 346, 348, 416, 4i8. Menibres admis dans la Society 198 , 373, 421 Ouvrages offerls a la Socitte 71, 143, 198, 278, 421 BIBLIOGRAPHIE. Bibliographie geographique 71 CAKTES ET PLAXS. Esquisse des monts Colocton , jiar M. RaGnesque. Carte d'une partie de I'Afrique meridionale , pour I'iuteiligence- des travaux des missionnaires francais. Carte d'une partie de TAmerique Septentrionale. Fl\ DE LA TABLE DES MATIERES DV l*"" VOLUME. IMPRIME CHEZ PAUL RENOUARD, HUE uiiaAKciknE n. 5. i'/// ' ^/y///////'/<'//f///'t , ""/i'olaire ■f'^m, T^^G/JE Cerclc Polaire lyatude k I'Oecidenl ih-jf'- nrr^-fnitrvij-e ZtrtAet. Arclit^vK* _ (lu Mcridieude.Eaii yz'^:^ - IJ- BULLETIN OE LA /• / SOGIETE DE GEOGRAPHIE. Deuxi^me S^rie. TOnf£ DEUXIEME. IMPRIME CHEZ PAUL RENOUAUD, RTE GARANCIERE , N. 5. BULLETIN DE LA SOCIl^T]^ DE GEOGRAPHIE. Deuxidme S^rie. tome JBmxime. PARIS , CHEZ ARTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE DE LA SOCI^T]^ DE GEOGRAPHIE, RUE HAUTEFEUILLF , k" 23. 1834. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. JUILLET l834. PREJUIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. MEMOIRES sur la djicouverte et la reconnaissance dbs cotes d'anerique, Liis a la Societe de Geographic dans ses stances du 21 mars et du 18 avril i834 , Par M. Roux de Rochelle. La reconnaissance des cotes orientales d'Ameiique entre le Labrador et le delroit de Magellan , et celle des cotes occiden tales entre ce detroit et le nord de la Ga- lifornie, ont ete rapidement faites par les premiers na- vigateurs qui ont visite le Noiiveau-Monde ; mais la de- couverte des cotes plusseptentrionales a deja coute plus de trois siecles sans etre encore terniinee. Nous nous sommes propose de suivre la progression de ces recher- ches, et nous rendrons compte des expeditions succes- ( (^ ) sives qui ont eu pour but et pour resultat de reoon- naitrc et de fixer la forme du littoral aniericain. Le cadre du continent etant ainsi trace, le tableau de sa ceogra- phie interieure deviendra plus facile a saisir, et Ton aura sous les yeux un ensemble auquel tous les details pour- roiit se rattacher. Le Paria est la premiere terre du continent d'Ame- rique, dont Christoplie Colomb ait reconnu les rivages. II avait decouvert , dans sa premiere navigation , I'ar- chipel de Bahama, file de Cuba, celle d'Haiti , et dans un second voyage, une partie des lies Caraibes , liori- quen ou Puerto-Rico et la Jamaique : les notions qui! recut des insulaires leporterenta croirequ'il existait au midi de plus vastes conlrees , et le but de sa troisieme expedition fut de les decouvrir. Colomb partit de San- Lucar de Barameda le 3 mai i4y^; •' ^'''g"-' '^s lies Ca- naries et celles du Cap- Vert, cingla vers le sud-onest, se maintint ensuite a la hauteur du io« parallele jusque vers le terme de sa navigation, et donna a la premiere terre qu'il decouvrit le 3 juillet le noni de la Triniie. Le golfe qui separe cette ile de la Terre-Ferme est borne au nord par une longue presqu'ile que Colomb crut d'a- bord separee du continent, et qu'il nomma He de Gra- zia. II reconnut a I'occident du golfe les autres rivages du Paria, en admira la fecondite, eut de nombreuses relations avec les naturelsdu pays, observa leurs traits, leur couleur, quelques-uns de leurs usages, et recut d eux de premieres informations sur les lieux on se trou- vaient les perles , lesmetaux, les picrres precieuses, (jue les Indiens echangerent alors avec lui contre quel- ques productions d'Europe. Deux phenomenes attirerent specialement I'attention fie Christophe Colomb a rette epoquo de sa navigation : ( 7 ) I'lin etait la presence des eaux douces dans quelques pa- rages maritimes qu'il traversa; I'autre etait la violence des courans et le choc des vagues, soit a I'entree, soit a la sortie du golfe. Ces eaux douces devaient provenir de rembouchure d'un fleuve, el Golomb conjectura que, pour avoir un si grand volume el une trace si prolongee dans la mer, ce fleuve devait prendre au loin sa source dans de hautes montagnes et recevoir les affluens d'une vaste contree. Un genie si penetrant reconnaissait par ce seul indice I'existence d'un continent etendu; et les courans qu'il remarquait aux deux issues du golfe de Paria lui paraissaient etre I'eftet inevitable de ce niou- venient general des eaux de I'Ocean , qui dans les re- gions des tropiques participent de la direction des vents alises , et sont ernportees d'orient en Occident. Golomb sortit du golfe par la bouche du Dragon f il suivit vers I'ouest la cote du Paria, reconnut les iles Marguerite et de Gubagua, ou les Indiens faisaient la peche des perles, et se rendit a Santo-Domingo, d'ou il envoya a la cour d'Espagne le recit de son voyage et de ses decouvertes. II avait joint a sa relation une carle geographique, des echantilions d'or, et les premieres perles que les Europeens eussent trouvees dans le Nou.- veau -Monde. Alonzo de Oyeda , qui avait suivi Golomb dans sa- seconde navigation, etait alors en Espagne : il eut con- naissance des papiers et des plans envoyes par I'amiral, et I'archeveque de Seville Fonseca , surintendant des affaires des Indes, I'autorisa a faire un voyage dans les lieux que Golomb n'avait pas decouverts avant I'annee 1495. L'expedition d'Oyeda, composee de quatre vais- seaux , partit de Seville le 5 mai i499 ' *' avait aveclui Americ Vesp\ice, etabli depuis plusieurs annees duns ( 8 ) cette residence , et Juan de la Cosa , qui avait ete pilote de Golomb dans ses premiers voyages. Les navigateurs reconnurent le continent, a deux cents lieues a Test de I'Orenoque, vers ces contrees de la Guyane situees entre I'Oyapok et I'Essequibo , oil les Francais et les Hollandais ne formerent que tres long- temps apres leurs premiers etahlissemens. L'expedition se dirigea ensuite vers le golfe de Paria , quelle traversa du midi au nord; elle reconnut I'lle Marguerite, longea la cote de Terre-Ferme , decouvrit les golfes de Vene- zuela, de Maracaibo, et s'etendit vers I'ouest jusqu'au cap de la Vela. Americ Vespuce , revenu a Cadix avec Oyeda (i), adressa bientot une relation de son voyage a Laurent de Medicis. Quelques mois apres son retour, on vit entrer dans le meme port (2) la caravelle qui ramenait en Europe Colomb charge de fers. II avait ete arrete, ainsi que ses deux freres Barthelemy et Diego Colomb, parBobadil- la , gouverneur d'HaIti , et I'Espagne voyait revenir comnie un criminel celui qui lui avait donne le Nou- veau-Monde, tandis que A.meric Vespuce, arrive plu- sieurs annees apres dans cette parlie du globe, allait lui laisser son nom. Nous n'examinons point en ce moment si Vespuce avait fait en i4gy un premier voyage dans le golfe de Paria et sur les cotes de laTerre-Fenne, et s'il y avait precede Chrislophe Colomb , qui ne s'y rendit en effct qu'en 1498. QueUjue opinion qu'on puisse se former sur cette question, tres digne dun exainen separe, nous nous bornerons a remarquer ici qu'il ne pent selever (i) 18 juiliet i5o<>. (7) Decembrc i:'>oo. (9) aucun doute sui- lauteur tie !a d'icouverte du Nouveau- Monde. Le merite, le courage, rinimortelle renommee de Tentreprise, appartient au navigateur qui, en fraii- chissant I'abime immense de I'Atlantique, fraya la route a ses successeurs , et parcourut les principales lies , je- tees comme autant d'avant-postes et de dependances, a I entree et sur les cotes dn continent aniericain. Colomb avait accompli dans un premier voyage tous les prodiges de la decouverte, et les diverses expe'ditions qui furent tentees depuis ne firent que confirmer la gloire qu'il setait aoquise. On vit bientot ses titres r.ippeles dans les armoiries qui lui furent accordees par Ferdinand et Isa- belle, et dans cette legende qui les accompagnait : A Castilla y a Leon Nuevo -Mimdo did Colon. Trois siecles apres , il fut encore plus haulement reba- bilite dans ses droits. La Colombie devint le nom de cette belle portion du continent ou il avait aborde : les Etats-Unis de I'Amerique du Nord nommerent Colom- bia le district ou ils etablissaient leur capitale ; et le nom de ce grand bomme, applique a d'autres regions, a des fleuves, a de nombreuses villes du meme continent, semble y avoir seme partout le souvenir et les titres de sa conquete. Lorsque Oyeda et Vespuce partaient pour les Indes occidentales, Pedro Alonzo Niiio et Cbristoval Guerra allaient s'embarquer a Palos, pour une semblable desti- nation : ils arriverent quinze jours apres Oyeda sur les cotes de la Terre-Ferme, visiterentle golfe de Paria,se dirigerent ensuite vers I'lle Marguerite et vers les cotes de Cumana, d'ou ils revinrent en Galice. Rodrigo de Baslides partit de Seville en i5oo, pen de temps apres le retour d'Oyeda. II etendit ses decou- ( »o vt^rles sur la cote de Terre Ferme , tlepuis le cap de la Vela, oil Oyeda s'etait arrete, jusqu'au port de Nombre de Dios, a I'occident du golfe dii Darien ; il regagna ensuite 1 ile d'Haiti, et levint a Cadix en i5o2. Les de- couvertes se trouvaient alors prolongees d'orient en Oc- cident, depuis le goK'e et la cote de Paria jusqua I'isllime de Panama. L'epoque dii voyage de Bastides fiit sign alee par d'auties decouvertes sur les cotes orientales d'Ame- rique. Vincent- Yanez Pinson, un des trois freres qui avaient suivi Colomb dans son premier voyage , etait parti de Palos an mois de decembrc i499 j et il aborda, le 28 Janvier i5oo, pies du cap Saint- Augustin , qui forme la pointe la plus orientale du Bresil. 11 revint vers le noid-ouest, reconnut successivement reinboucbure du Maragnon, celle de I Orenoque el quelques rivieres intermediaires , entra dans le golfe de Paria, Iraversa la bouche du Dragon, gagna File d'Haiti et I'archipel de Bahama, ou il eprouva une violente tempete, et re- vint a Palos au mois de septembre suivant. Un navigateur portugais, Pedro Alvarez Cabral, avait reconnu les cotes du Bresil quatre mois apres Yanez Pinson. Cabral devait se rendre aux Indes : il avait d'a- bord navigue vers le sud pour couper la region des vents alises, et avait ete ensuite porte vers le cap Saint- Augustin. La nieme direction tut suivic par Diego de Lepe, el elle le fut encore I'annee suivante par Americ Vespuce, qu'Emmanuel, roi de Portugal, venait d'attacher a son service. On cherchait alors les moyens de gagner et de doubter plus aisement le cap de Bonne-Esperance ; et Ton avait reconnu que,, pour eviter les courans con- Iraires, it Lilhiii iiniller tcs coles dAbique et (inglei' (I' ) vers le sud-ouest. Dans cette navigation, commencee le lo mai i5oi, Ameiic renconlra les cotes du Bresil, et il les suivit jusque vers le Rio tie !a Plata. Cenavigateur, revenu aLisbonneen i5o2,fut charge, I'annee suivante, d'une autre expedition dont le but etait de chercher par I'ocrident un passage vers les Mo- luques; niais cette entreprise n'eut pas le resultat qu'on avait espere : Americ perdit dans unetempete son prin- cipal vaisseau ; il se rendit sur les coles du Bresil, gagna la baie de Tous-les Saints et les parages des Abroihos , construisit un fort sur le rivage voisin , y laissa une gar- iiison, et revint en Portugal treize niois apres son de- part. Ses grandes expeditions etaient lerniinees : Americ en e'crivit les relations; elles se repandirent de toutes parts, et furent promptcinent traduites en portugais, en espagno! et en latin. Ces recits, qui furent successive- ment imprirnes, soil avec son aveu , soil par d'autres editeurs, augmenterent la reputation d' Americ; et I'ini- portant cmploi dont ce navigateur fut revetu en Es- pagne, ou on !e chargea de tracer les plans des nou- velles decouvertes a faire, et d'organiser le systeme des colonies dans le Nouveau-Monde, attacha tellement son nom aux destinees de cette contree, sur laquelle on ne connaissait encore que ses relations, que son nom, de- venu populaire, s'appliqua an continent entier. Vers la fin de sa vie, Americ entreprit encore une longue navigation : la mort le surprit dans ie trajet, et son corps fut inhuma dans I'lle deTercere; quelques debris du vaisseau la Victoire , qui avail servi a ses de- couvertes, furent suspendus a la voiite de la catliedrale de Lisbonne. Quoique son nom soit moins illustre que celui de Cbristophe Colomb , neaiimoins la posteritc Ini assi- ( 12 ) giieia toujours iiii rang ties eleve : Florence le conipte avec raison au iiombre de ses honimes les plus celebres; le merite et la lenommee d'Americ Vespuce comblerent de joie sa patrie : elle fut emerveillee de ses premieres relations, et le senat de Florence fit illuniiner pendant trois nuits la maison du voyageur; honneur qui ne s'ac- cordait alors aux particuliers que pour les actions les plus nieuiorables. On doit sans doute continuer de se rappeler a Florence avec un juste orgueil cette pensee d'Averrani sur Americ et Galilee : -< L'Etruriea produit « deux honuiies auxquels je ne sais si I'univers entier « pourrait en comparer d'aulres : I'ui! a donne son noni » a la quatrieme partie du mondequ'il avail decouverte, '< I'autre a decouvert une grande partie du ciel «. La pos- terile confirnieraii ce jugement sur Americ Yespuce , si Cbristophe Coloiid> n'avait pas exisie. Colomb, qui avail precede dans les parages du Nou- veau-Monde tous les autres navigateurs, fut egalement le premier qui decouvrit et visita les rives occidentales du golfe du JMexique. Venge par 1' admiration pid)lique des injustes accusations de ses persecuteurs, il eta it rentre dans la carriere de ses decouvertes. II reconnut, dans son quatrieme voyage (i), les cotes septentrionales de Honduras, depuis le cap de ce nom jusqu'au cap Grazias a Dios; il suivit la cote des Mosquites et celle de Veragua, et il descendit, en longeant I'istbme de Panama, jnsqu'a Porto-Belo et a la riviere de Helen. La, son expedition eprouva de nombreux desastres : la guerre conf.re les Indiens, la revolte d'une partie des equipages, ne lui permirent pas de consolider I'etablis- semerit qu'il avait entrepris, et le delabrement de ses (i) I. 'Jos. ( i3 ) navires le forca d'allcr chercher eii toute hate iin abri sui" les cotes de la Janiaique. Le vaste champ qui s'etait ouvert aiix navigateurs es- pagiiols etaitdevenu le theatre dune emulation et d'une activite infatigables. Oyeda entreprit, en i5o2, un nou- veau voyage avec quatre vaisseaux. II toucha aux lies Canaries suivant la coutume , atterit sur les cotes d'Ame- riquevers Tentree du goUe deParia, reconnut I'lle Mar- guerite, debarqua sur la cote de Cumana, et prolongea sa navigation au-dela du golfe de Maracaibo jusqu'au port de Baya-Honda : quelques annees apres, il fit dans les memes parages une troisieme expedition (i). Nous remarquerons ici que, dans son premier voyage le long des cotes de la Terre-Ferme, Oyeda avait rencontre, pres des rivages deCoquibacoa , des aventuriers anglais qui faisaient comme lui un voyage de decouvertes. Get evenement nous rappelle que, a la suite des premieres navigations de Jean et de Sebastien Cabot en 1497, quelques entreprises maritimes furent formees en An- gleterre, et se dirigerent vers les regions du Noiiveau- Monde. Henri VII en encouragea plusieurs par des actes et des lettres-patentes , et des armateurs aventuriers en- trerent aussi, a leurs propres risques, dans les hasards de ces expeditions. Oyeda devait couronner ses decouvertes par un plus solide etablissement : on avait jete a Carthagene les fon- demens dune colonie;ils'yrendit de Santo-Domingo (2), fit la guerre aux Indiens , perdit Juan de la Cosa dans un premier combat, parvint a former une autre co- lonie dans le golfe d'Uruba, et donna a cette ville nou- velle le nom de Saint-Sebastien. (i) i5o5. (2) tSoy. ( M ) N'ayant a considerer ici que sous le rapport des de- couvertes les capitainesespagnols qui parcoururentcette cote du Nouveau-Monde, nous nous bornons a rappeler que Diego de Nicuesa, I'un de ces conquerans, o'eni- barqua en iSop a Carthagene , pour gagner la cole de Veragua j il se rendit dans la riviere de Belen , ou Co- lomb avait tant souffert dans son quatrieme voyage, et il reconnut ensuite Puerto-Belo et Nombre de Dios , que Colomb avait egalement visites. Fernandez de Enciso vint, I'annee suivante, recou- vrer la forteresse de Saint-Sebastien , dont les indigenes etaient parvenus a s'einparer. IJn honime qu altendait une grande celebrite faisait partie de cette expedition : c'etaitVasco Nuiiez de Balboa, qui devait bientot con- querir le Darien et faire la decouverte de la Mer du Sud. Accable de dettes et cherchant de hasardeuses entre- prises, il etait parti clandestinement de Santo-Doniingo et s'etait fait transporter dans une caisse a bord de la flottille d'Enciso, aCn d'echapper aux poursuites de ses creanciers. Un autre honinie, Francois Pizarre, destine a la conquete du Perou , vint rejoindre Enciso a Saint- Sebastien. On forma dans le Darien un nouvel etablis- sement auqiiel on donna le nom de Santa-Maria de la Antigua. Pedro Arias Davila , conimunement nomine Pcdrarias, remplaca Enciso dans le gouvernement du Darien (i). Les sanglantes guerres qu'il eut a soutenir contre les sauvages lui firent acheter bien cherement les progres des decouvertes. On esperait trouver le temple dor de Dobayba, que Nunez de Balboa avail deja cberche : ce (i) i5i4. ( '5 ) temple fabuleux s'evanouit, et I'aviclite cles conqueraiis fut trompoe; niais cette contree leur resta. Les decouvertes de I'Espagne se dirigeaient aussi vers d'autres points. Cette puissance voyait avec jalousie les Portugais s'etablir conime elle dans le Nouveau- Monde. La bulle d'Alexandre VI (i) ne leur aurait donne aucun droit d'y pretendre , puisque la ligne de partage que cette bulle tracait dun pole a I'autre devait passer a cent lieues a I'occident des iles Acores et de cellos du Cap- Vert, et qu'elle n'atteignaii aucune partie de I'Ame- rique; niais le traite de Tordesillas(2), qui avait ensuite porte cette ligne de demarcation a 3yo lieues a I'ouest des lies du Cap- Vert, comprenait dans la limite portu- gaise les cotes du Bresil qui furent decouvertes six ans apres. Cet arrangement permit aux Porlugais de s'eta- blir paisiblement dans une region que I'Espagne avait cependant reconnue quatre mois avant eux, et meme ils etendirent leurs possessions jusqu'au-dela des points qui correspondent effectivenient a ce meridien. Mais les Espagnols dirigerent ensuite leurs decouvertes vers le Rio de la Plata. Diaz Solis penetra en i5i6 dans I'em- bouchure de ce fleuve; il en remonta le cours, y fonda plusieurs colonies, et fut tue dans la guerre qu'on eut a soutenir centre les sauvages. Sebastien Cabot reconnut, dix ans apres (3), les rivages du meme fleuve, et ils fu- rent ensuite visites par Juan de Ayala (4) , qui fit dans le Paraguay de nouvelles explorations. On avait deja vu , en iSao, accomplir la decouverte des contrees plus merldionales par I'illustre Magellan, qui traversa le de- (i) 1493. (3) i526. (2) 1494. (4) i53(i. ( '6 ) troit silue enlre le continent et la Terre tie feu , at qui lui donna son nom. Apres avoir conduit jusqu'a Toxtremite meridionale de TAmeiique cette serie d'observations , revenons aux reconnaissances faites quelques annees auparavant sur les lives occidentales du golfe dii Mexique, en comnien- cant par la pointe la plus avancee de ce littoral. Valdivia, regidor de la province du Darien, avait ete jete par une tempete sur les cotes du Yucatan (i), en revenant de cette province a Hispaniola. Son equipage se composait de vingt hommes : il en avait perdu sept dans le naufrage; cinq autres, et Valdivia lui-meme, lurent massacres par les sauvages; le reste fut fait pri- sonnier, et presque tons succoniberent a I'exces de leurs fatigues et de leurs miseres , sur les rivages dun vaste empire que I'Espagne etait a la veille de conquerir, et qui allait devenir une de ses plus riches possessions. Les peuplades du Yucatan virent , quelques annees apres (2) , paraitre sur leurs cotes de grands vaisseaux : c' etait I'escadre de Francisco Hernandez de Cordova, qui faisait un voyage de decouvertes. L'annee suivante, Juan de Grijalva visita les rivages du Yucatan et parcourut ceux du Mexique , 011 il reconnut les rivieres de Tabas- co, d'Ulloa , de Panucoj mais il ne forma aucun etablis- sement : la revolte de ses equipages le contraignit a re- venir dans I'lle de Cuba. Une expedition plus importante y etait alors prepa- paree. Cortez partit de la Havane le 10 fevrier i5ig. II toucha I'lle de Cozumel , longea la cote septentrionale du Yucatan, s'arreta sur les rives du Tabasco, gagna (l) l5l2. (») i5i7. ( »7 ) oelles de I'Ulloa, et forma a Vera-Cruzson premier eta- blissement. La conquete dii M-exique, dont nous n'a- vons point a suivre ici les divers evenemens, donna lieu a d'autres entreprises. Narvaez debarqna pres de Zem- poal; Garay se dirigea vers I'embouchure du Panuco, deja reconnu par Grijalva ; il visita les contrees voismes de ses bords, et accompHt la reconnaissance des rivages orientaux du Mexique. La decouverte des pays sitnes au nord du golfe avait ete comniencee(i), quelques annees avant I'expedition de Cortez, par Juan Ponce de Leon , qui avait accom- pagne Colomb dans son second voyage. Ponce deLeon, deja signale par la conquete de Puerto-Rico dont il fut ensuite gouverneur, avait entendu parler d'une region plus septentrionale, ou coulait une fontaine qui avait la propriete de rajeunir. Le vieux guerrier equipe trois vaisseaux pour en faire la decouverte; il fait voile vers Tarchipel de Bahama, arrive a San-Salvador, cherche inutilement I'lle de Bimini ou devait etre la fontaine, se dirige ensuite vers le nord-ouest, et, dans la nuit du 2 avril , jette I'ancre pres du continent, au-dela du 3o^ degre de latitude. C'etait le jour des Rameaux ou de Paques fleuries , et Von nomma Floride la contree qu'il avait decouverte. Ponce de Leon suivit la cote, en des- cendant vers le midi ; il doubla le cap Caiiaveral , pro- longea ses reconnaissances a Test et au sud de la pres- qu'ile , et revint dans le port d'ou il etait parti. Ses pro jets de decouvertes furent repris par Juan Perez de Ortubia,qui parcourutegalement I'archipel de Bahama: il reconnut cette He fameuse de Bimini , mais sans y trouver la fontaine de Jouvence. ( '8 ) La plus seduisante, la plus fabuleuse ties esperaiices, avail ete en cette occasion le premier stimulant des de- couvertes ; on vit que le guerrier le plus prodigue de son sang obeissait lui-meme a eel instinct secret qui nous attache a la vie, el nous fait redemander en vain nos plus beaux jours. Ponce de Leon etail arrive a la vieillesse en cherchantles moyens de sen preserver; il etait accable de jours el d'infirmiles lorsqu'il tenta une nouvelle expedition pour soumettre les Florides(i): blesse dans un premier engagement avec les sauvages, il vim mourir quelques jours apres dans I tie de Cuba. Ces decouvertes furent reprises en iSay parNarvaez, dont I'expedition n'eut pas de succes, el ensuite par Fernand de Soto, qui fit en i53q une invasion en Flo- ride. 11 debarque , a la tete de douze cents liommes, dans la baie de Spiritu-Santo , gagne vers le nord le pied des Apalaches,«e dirige ensuite a I'ouest, traverse la Coosa, le Tombegbe, le Mississipi , se rend a la Riviere-Rouge, et de la au Brazo de Dios, et revienl vers le confluent de I'Arkansas et du Mississipi, qui fut le terme de sa carriere. Son expedition avail dure quatre annees, elses compagnons, n'etanl plus soutenus par sa Constance heroique, se haterent de descendre le fleuve et de se retirer au Mexique, Ne soyons pas surpris que les possessions voisinesdu golfe de ce nom et celles de I'Araerique meridionale aient ete ocoupees par les Espagnols et les Portugais,de preference a celles des cotes orientales qui s'etendent du sud-ouest au nord-est, depuis les limites de la Floride jusqu'aux regions siluees entre le golfe Saint-Laurent et la baie d'Hudson. Nous avons pu voir, en observant la (i^ I 5^ I . ( '9) direction suivie par^ces premiers navigateurs, qu'ils gagnerent les tropiques , pour y profiler de la direction des vents alises. Get avantage, dont ils parent jouir dans toute Telendue de la zone situee entre les deux tropi- ques, deterniina les differens points ou ils reconnurent rarcliipel des Antilles et le continent. Les voyageurs qui s'engagerent sur la trace de leurs devanciers, chercherent a prolonger dune nianiere continue les decouvertes qui venaient de se faire avant eux. Les differens groupes des lies qui bordaient I'entree du golfe du Mexique, et la vasta etendue du continent lui-nienie, excedaient leurs moyens de colonisation , et tons les regards furent long- temps attires vers les memes points. Cetaient les pays de Tor; on y detruisait des empires, et Ton avail a y transporter une partie de la population de ses anciens etats. Les climals que Ion avail reconnus avaient plus d'a- nalogie aveccelui de la patrle des conquerans. II fallait a des peuples meridionaux une temperature elevee, telle qu'ils la retrouvaieiit dans leurs premiers etablis- mens du Nouveau-Monde. Cette chaleur y etait moins forte que ne I'est celle d'Afrique situee sous les memes latitudes; elle leur rappelait la temperature de TEspa^ne et du Portugal, beaucoup plus que celle de la Mauri- tanie et du Saarah. La plus grande partie des coles de I'Amerique septen- trionale fut ainsi abandonnee a d'autres Europeens. Ce ne fut plus pour y chercher des tresors qu'on entreprit de les explorer: il fallut d'autres mobiles pour y con- duire une longue suite de navigateurs, et les peuples du centred du nord de I'Europc commencerent a dinger vers les differens points de celte vaste cote leurs ex- peditions. 2. ( 20 ) Jean et Sebastien Cabot avaient decouveit, en i497, rile de Terre-Neuve et une partie du continent voisin ; mais aiicun projet de colonisation ne fnt tente dans ces parages pendant plus de soixanle ans, et la premiere entreprise de cette nature fut essayee sous le regne de Charles IX par Tamiral de Coligny, qui desirait assurer nn asile aux calvinistes persecutes en France. Jean Ri- baut s'enibarqua, en i562, sur deux vaisseaux que I'a- niiral avait obtenus de Charles IX. II descendit avec un corps de troupes calvinistes sur la cote orientale de la Floride, pres de la riviere San-Juan, remonta plus au nord , €t erigea dans la Caroline nieridionale le fort Charles, qui devint le premier etablisscment des Fran- cais dans ces parages. Deux ans apres , il partit des ports de France une nouvelle expedition de protestans , conmiandee par Rene de Laudoniere, qui debarqua dans la meme con- tree et construisit sur les bords de la riviere de Mai une autre forteresse. Laudoniere visita I'interieur de la Flo- ride , de la Georgie, de la Caroline , et il recut (i) dans son etablisscment un nouveau renfort que Ribaut etait alle chercher en France. Mais une escadre espagnole , commandee par Pedro Melendez de Avila, venait de- truire cette nouvelle colonic. On n'attaquait pas les hu- guenots comme F rancais , mais comme heretiques : le fanatisme religieux ne voyait en eux que des ennemis irreconciliables , ei I'on fit usage de la ruse, de la perfi- die , de la force , pour les exterioiner. Un acte si baroare excita en France I'indignation, et Dominique de (jourgues, ne a Mont-de-Marsan , forma le projet de vcngar tomes ces victimes, acte d autant (0 i565. ( 21 ) plus reniarquable dans ces niomens cle guerre civile re- ligieuse, que de Gourgues etait catliolique. Cent cin- quante gentilshommes aventuriers I'accouipagnent ; il part de Bordeaux pour le golfe du Mexique(i); double la pointe occidentale de lile de Cuba, remonte vers la rioride, s'approche d un fort occupe par les Kspagnols, et en concerte I'nttaque avec les Indiens qui s'unissent a son entreprise. Le fort est emporte par escalade , ceux qui cherchent a se refugier dans les bois tombent sous les coups des Indiens : aucun nest epargne ; et de Gour- gues,apres avoir demoli les forts, revient en France avec les hommes qui I'avaient suivi dans cette expedition. La colonic calviniste, projetee par I'amiral de Coligny, n'avait eu que quelques annees d' existence; niais au nord-est de ces lerritoires , I'Ansleterre coninienca bien- tot de plus durables etablisseniens. On ne s'etait occupe, ni sous le regne de Henri VIII, ni sous celui de Marie, d'etendre les decouvertes dans le Nouveau-Monde. Eli- sabeth, qui jeta les fondemens de la puissance navale de I'Angleterre, accorda sa protection a ces grandes en- treprises, et les deux premiers hommes qui se signale- rent dans une si noble carriere furent Humphrey-Gilbert et Walter-Ralegh son beau-frere. Elisabeth leur avait accorde des lettres-patentes (2) pour etablir une colonic au-dela desmers; et Gilbert, qui conduisit lui-nieme les deux premieres expeditions, perit dans la seconde (3\ sans avoir pu accomplir son dessein. Mais Ralegh ob- tint de nouvelles lettres-patentes (4), et,apres avoir fait reconnaitre par quelques balimens iegers plusieurs par- ties du littoral qui recurenl en I'honneur d'Elisabelh le (0 1567. (3) i58o. (') 1578. (4) ifJfi'i. ( ^o nom de V^irginie, il envoya dans I'lle de Roanoke, voi- sine du continent, plusieurs colonies qui , sans prosperer elles-memes , devinrent I'origine dun grand nombre d'autres etablissemens. II se forma, sous Jacques I", deux associations char- gees d'etablir en Amerique des colonies : Tune etail la compagnie de Londres, I'autre celle des negocians de Plymouth, de Bristol et de quelques autres villes. L'expedition de la compagnie de Londres, qui devait se rendre dans I'lle de Roanoke (i), fut poussee vers le nord par des vents contraires, et arriva dans la baie de la Chesapeak : elle en remonta le fleuve le plus meri- dional, et fonda sur ses bords la ville de James-Town, la plus ancienne que les Anglais aient erigee dans le Nouveau-Monde. Les premiers etablissemens fails sur le continent I'u- rent ensuite affermis par larrivee de lord Delaware(2): la population s'etendit de proche en proche autour de James-Town; on protegea laculture, et particulierement celle du tabac ; lesBermudes venaientd'etredecouvertes dans lAtlantique; de nouvelles villes se formerent au- tour des baies de la Chesapeak et de la Delaware; les attaques des Indiens furent repoussees, et la oolonie n'eut plus a craindre pour son existence. Telle etait la situation de- la Virginie, lorsque les eta- blissemens de la compagnie du Nord on de Plymouth commencerent a se former. La contree qui leur avait ele cedee par les lettres-patentes de Jacques I" etait situee dans un cliniat plus rigoureux ; il devenait difficile d'y attirer des colons, et les premiers Europeens qui s'ex- (i) 1606. (a) 1609. ( 23 ) patrierent pour I'habiter furent les puritains , persecu- tes par I'Eglise anglicane, refugies d'abord en Suisse, en HoUande , et autorises ensuite par Jacques l*"" a se fixer dans les terres conoedees a la compagnie anglaise. Leur etablissement se fit dans le Massacbusett (i), et ils donnerent le noni de New-Plymouth a leur premiere ville. D'autres dissidens les suivirent , et fonderent la ville de Salem. On vit bientot de nouvelles colonies eriger d'autres villes autour de la baie de Massacbu- sett (2); Boston, Cbarlestown , Dorchester, lloxbo- rougb, furent fondees. La continuite des persecutions religieuses attirait sans cesse de nouveaux babitans, et les affreux ravages que la petite-verole fit chez les indi- genes mirent a I'abri de leurs attaques les etablissemens naissans des Europeens : ceux-ci purent s'etendre dans I'interieur. II se forma dans le Massacbusett plusieurs associations particulieres , qui differaient par leurs dogmes religieux; elles se separerent de la famille pre- miere (3) , chercberent dans les terres voisines des eta- blissemens particuliers , et formerent successivement ceux de Rhode-Island , du Connecticut, de New-Hamp- shire et du Maine. Le nombre des emigrans qui se rendaient d'Angle- terre en Amerique etait devenu si considerable, que Charles I"vouluty mettre des bornes, en soumettant ceux qui voulaient partir a un serment de confonuite aux regies de I'eglise anglicane. II est a remarquer que Olivier Cromwell, pret a s'embarquer pour le Nouveau- Monde (4), fut retenu en Aiigleterre par I'ordre du roi, que deux ans apres il fit condamner a mort. (») 1620. '(3) i636. (3) l63o. (4) ,(^{8. ( ^4) Cromwell, ilevenu oonquerant tie la Janiaique pen- dant son protectorat, voulut y attirer les puritains de la Noiivelle-Angleterre; mais ce projet n'eut aucune suite, et les religionnaiieS conserverent leurs premiers etahlissemcns. Toiite lAnierique anglaise avail ete partagee par Jacques I" enlre deux compagnies ; mais celles-ci n'e- taient encore parvenues a former d'etablissemens que dans la Virginie et dans les regions voisines de la baie de IMassachusett. Charles I'^ separa de la Virginie le pays situe au nord du Potomack et de laChesapeake(i) : il le donna en propriete a lord Baltimore , et son fils vint y fonder la premiere eolonie du Maryland. Apres la restauration de Charles 11, les pays situes au midi de la Virginie furent donnes au due d' Albemarle , a lord Clarendon, a d'autres seigneurs (2). Leurs eta- blissemens furent plus prosperes que ceux qui avaient ete essayes avant eux, et la concession qu'ils obtinrent comprit aussi la Georgie et s'etendit jusqu'a la Flo- ride. Locke fut appele a donner une constitution a ces contrees (3) J mais elle ne convenait point a leur situa- tion , el elle n'eut que dix annees d'exisience. De nouveaux possesseurs s'etaient introduits entre le Maryland el les etats de la JNouvelle-Angleterre : les Hollandais ctablirent des colonies sur les bords de la riviere d'Hudson ; ils fonderent , a Tentree de ce fleuve, la ville de New-Amsterdam qui en devint la capitale, ils remonterent le cours de I'Hudson jusqu'a Albany, et revinrenl vers I'Ocean occuper dautres posies; mais ils (i) i632. (3) 1G70. (a) i(.oi. (.5) en furent depossedes en i664 pa'" '«» troupes du duo d'York, auquel le roi d'Angleterre son frere avait cede ce territoire. Les Anglais, en faisant attaquer la colon ie liollandaise, se fondaient sur le droit de decouverte; et en effet, Hndson, un de leurs plus illustres navignteurs, avait reconnu et renionte en i6oy le fleuve auquel il donna son nom. Les Hollandais, apres avoir reconquis leur colonic en 1673,1a perdirent definitivement I'annee suivante : New-Amsterdam prit le nom de New-York , et ce dernier nom devint celui de I'etat qui est aujour- dhui le plus etendu, le plus peuple, le plus riche de la confederation americaine. L'etat de New-Jersey fut un de'membrement de celui de New-York; il fut fonde apres la conquete que I'Aii- gleterre en fit sur les Hollandais. La colonic la plus remarquable par le nom de son t'ondateur et par les principes que Ton suivit dans son etablissement , fut celle de Pensylvanie. Penn avait obtenu de Charles II la concession du territoire (i) ; mais il voulut encore en acheter la propriete des indi- genes lorsqu'il y conduisit une colonie de quakers. D'autres sectes religieuses , et particulierement des moraves, des anabaptistes, venus de Hollande,de Suede, d'Angleterre, fournirent a ce pays de nouveaux colons. La tolerance devenait un des principes du gouverne- ment de la colonie; la division des proprietes en facilita la culture; I'etablissement d'une banque de credit aidait a solder les acquisitions. La ville de Philadelphie etait fondee; un siecle apres, elle devint le centre d'une grande puissance, et I'inde'pendance des Etats-Unis y fut proclamee. (.) .tJSi. ( ^6 ) Au noril des possessions anglaises qui bordaient les coles orientales d'Ainerique, s'etendaient les etablisse- niens francais, sur les rives du golfe et du fleuve Saint- Laurent. Ges pays avaient ete successivenient reconnus, des I'epoque du regne de Francois l'^'' , par le baron de Lery (i), par Verazzani (2), pilote florentin, et par le capitaine Jacques Cartier, de Saint-Malo(3), qui penetra dans les lerres de Canada , Hochelaga et Saguenay. La Roque de Roberval construisit plusieurs forts dans le Canada (4), et I'ingenieur francais Alphonse (5) visita le Labrador, anterieurement decouvert par Cortereal. ApreseuXjles expeditions dans cette partie du monde furenl interrompues pendant un denii-siecle ; on les reprit sous le regne de Henri 111 , et elies furent succes- sivenient dirigees par Chaton (6) , Jacques Noel et Ravillon (7). La guerre de la ligue les fit suspendre encore , et Henri IV ayant retabli la paix , chargea La Rocbe-Breton (8)d'afferniir et d'etendre les possessions francaises dans tons les lieux qui ne seraient pas occupes par d'autres elals chretiens. Une nouveile escadre fut envoyee sous les ordres de Mons (9), dans les pays de Canada , de Norumbega et d'Acadie, dont se composait la Nouvelle-France. Champlain faisait partie de cette expedition , et il continua la decouverte des regions voislnes : on fonda la ville de Quebec (10) et celle de Montreal, el Ion s'avanca progressivement vers ces mers interieures qui bordent le Haut-Canada. Les Francais apprirent que de vastes contrees s'elen- (0 i5i8. (6) i588. (2) i5a4. (7) '^tjr. (3) 1534. (8) i5<)8. (4) 1 540. (9) 160.5. (5) I 5', I. (10) 1 60S. ( ^7) daient au niidi des grands lacs, et ceux qui partirent pour les reconnaitre (i) decouvrirent les regions qu'ar- rose le Haut-Mississipi, et descendirent cefleuve jusqu'au confluent de I'Aikansas. La Salle, qui succedait a Frontenac dans le gouver- nement du Canada, voulut suivre lui-meme les decou- vertes conimencees : il Lorna son premier voyage (2) a I'embouchure de la riviere des Illinois, et le pere Hen- nepin, qui I'accompagnait, publia cette relation. Dans une seconde reconnaissance (3), il descendit jusqu'a I'embouchure du Mississipi. La Salle vint former en France une troisieme expedition qui partit du port de La Ilochelle : il voulait fonder un nouvel elablissement sur les rivages meridionaux de la Louisiane; et lorsqu'il eut penetre dans le golfe du Mexique, les vents ou les courans le porterent jusque dans la baie de Saint-Ber- nard (4), oil il erigea le fort Saint-Louis , et ou il tomba victime d'une conspiration. Iberville reconimt, quelques annees apres(5),les regions sitihees sur I'une et I'autre rive du Mississipi ; mais les etablissemens epars dans cette contree ne com- mencerent a prendre quelque importance qu'a I'epoque ou Grozat obtint le commerce de la Louisiane (6), et y conduisit un certain nombre de families pour y former des colonies agricoles. Ce n etait encore qu'unefaible et passagere lueur de prosperite. Le privilege dont Crozat jouissait temporairement fut cede, quelques annees apres (7), a la compagnie d'Occident , que Lavif avail (0 1673. (5) 1699. (2) 1679. (6) 1712. (3) 1682. (-) 171,. (4) i685. ( ^8 ) cret-e en France, et qui tut l)ientul entrainee dans la commune ruine. La Nouvelle-Oileans n'existait pas en- core, et le pere Charlevoix, dent les relalions remon- tent a cette epoque, ne vit elever dans la canipagne de- serte, ou cette ville fut ensuite batie , qu'une tente ou Ton cclebrait les saints mysteres : ce lieu devait, un jour, devenir un des plus beaux etablissemens du Nouveau- Monde. Nous nous sonimes arretc's , dans ce Menioire, aux epoques des decouvertes et a celles des premieres colo- nies fondees sur les rivages orientaux de lAnierique. Les expeditions faites sur ses cotes occidentales seront I'objet d'un second Menioire. NOTICE Lue .i la Societe de Geographic , clans sa seance du 4 juillet i S I i , Par M. Roux dc Rocuelle. Nous venons de perdre le dernier homme qui ml acconipagne La Perouse dans les deux premieres annees de son voyage. Jean-Baptiste Bartheleniy de Lesseps, ne a Cette, departement de I'He'rault, le 2^ Janvier 1766, et decede le 6 avril iS?>4 ;i Lisbonne oil il etait consul- general de France, avait ete attache a cette expedition : il parcourut avec La Perouse I'Atlantique, les parages meridionaux ct les cotes nord-ouest du Nouveau-Monde, une partie des arcliipels du grand Ocean, les mers de la Chine, celles du Japon , de la Tartaric et du Kaml- chalka, ou il se Uouv.iil en 17H7. la Pi'iouse desiraM ( 29 ) alors faire parvenir en France le recueil de toutes les observations qu'il avait faites, confia tous ces docuinens au jeune Lesseps qui eut a traverser par terre tout I'ancien continent pour revenir dans sa patrie. Nous allons le suivre dans son voyage autour du monde, en nous bornant a rappeler d'une maniere sommaire la direction et les circonstances princlpales de sa navigation; et nous nous arreterons plus speciale- ment au voyage qu'il fit ensuite a travers les glaces et les deserts de la Siberie, voyage dont la relation fut publiee en 1790, deux annees apres son retour en France. L'expedition mise sous les ordres de La Perouse se composait des fregates la Boiissole et I Astrolabe : la seconde etait commandee par de Langle; et Lesseps partit a bord de ce batimcnt, en qualite d'interprete. La langue russe lui etait familiere; il I'avait apprise a Saint-Petersbourg ou son pere etait consul-general; et sa presence pouvait etre d'autant plus utile aux navi- gateurs, quits avaient a relacher successivement , soit en Amerique soit en Asie, aumilieu des possessions ruRses. Les deux fregates, armees a Brest, mirent a la voile le i""" aout 1785, toucherent a Madere, a Teneriffe, et se dirigerent vers le sud-ouest : elles devaient doubler le cap Horn pour se rendre dans le grand Ocean. On observa dans cette traversee la position des iles de Martin- Vaz et de la Trinite, et Ton relacha a Sainte-Catherine du Bresil : le cap Diego qui forme la pointe occidenta'e du detroit de Le Maire fut releve le 20 Janvier 1786; et, apres avoir heureusement depasse le cap Horn, les navires se rendirent au Chili dans la baie de la Concep- tion, en reconnaissant dans leur route quelques parlies ( 3o) de la cote Magellanique. Les vaisseaux se dirigereni ensuite vers I'lle de Paques ou ils alterirent le 9 avril, de \d vers les ties Sandwich, et euGri sur les cotes nord- oiiest d'Amerique, oii Ton reconnut, a la date du 23juin , le niont Saint-Elie. En indiquant la direction des navigateurs, nous n a- vons point a nous occuper ici des observations de di- verse nature qui furent faites dans la Iraversee : ces reniarques appartiennent specialement au recit du voyage de La Perouse; mais nous ne pouvons passer sous silence les premiers malheurs d'une expedition qui devait se terminer dune nianiere si desastreuse. La reconnaissance, les sondagesdune nouvelle baie, situee pres du cap Beau-Temps, occasionnerent !a perte si justenient regretlee, de Descires, des jeunes de La- horde, signales par un merite premature et par leur union fraternelle, de plusieurs autres ofBciers et de quinze homnies d'equipage, qui , en traversant la passe de la haie, furent entraines dans ses brisans, et englotitis par la violence des vagues. Ce lieu avait recu le nom de Port des Francais; notre etahlissement n'y fut marque que par un monument funeraire. Le 3o juillet les de ux tregates reprirent leur naviga- tion. LaPeroiisecherchaila ranger hahituelletnentlacote dont il ne se tenait eloigne que de deux a trois lieues, et quelquefois nioins; de maniere a pouvoir y prendre le relevement de tous les points principaux ; mais sans determiner d'une maniere continue tous les details de cetle longue ligne de littoral , et sans penetrer dans les passes des divers archipels qui en sont voisins. II ne voulait relacher qua Monterey, ou les deux fregates qui avaient toujours navigue de conserve arriverent le 1 5 septembre, et il remit a la voile le i/\ pour gagner ( •" ) les parages (le I'Asie. La Perouse decouvrit I'lle Necker dans cette traversee; il reconnut rextreniite septen- trlonale des lies Marianes, et arriva le 3 Janvier 1787 dans la rade de Macao. Son intention etait d'y faire vendre les pelleteries dont on avail fait la traite sur la cote nord-ouest d'Anierique, afin d'en reparlir le prix entre les equipages, et un niarcband suedoisse cl)argea de cette consignation. On parlit de Macao pour I'lle de Lucon le 5 fevrier, et le 28 on inouilla dans le port de Cavite. La Perouse reconnut ensuite I'lle Formose : il releva les lies Pongf- hou ou Pescadores, entra dans I'archipel de Likeu, na- vigua dans la nier Jaune qui s'etend entre la Chine et cetarchipel, prit connaissance de 1 lie de Quelpaert, passa dans le detroit de Goree qui separe le Japon du continent, et releva la cole de I'extremite de cette - presqu'lle. Apres avoir determine qiielques points de 1 ile de Niphon , les voyageurs revinrent vers I'occident sur les cotes de la Tartaric. Cette region n'avaitpas eieexploree par d'autres navigaleurs europeens : La Perouse en observa avec soin les rivaees , et il continua sa recon- naissance jusquau fond dii long canal maritime qui separe le continent de I'lle de Seghalieri, et que Ton connalt sous le nom de Manche de Tartaric. II releva ensuite du nord au niidi la rive occidentale de cette ile, decouvrit le detroit qui la separe de I'ile de Jesso , passage auquel on a donne le noni de detroit de La Perouse, et poursuivit sa navigation vers le iioid, entre rile Seghalien et le long archipel des lies Kuriies, dont il reconnut une partie, depuis le i5 aout jusqn'au 5 sep- tembre. Alors on apercut les cotes du Kamtchalka ; et le 6 septemhre 1787,168 doux fregates furent niouillees ( 32 ) tlans la baie il'Avatcha devant le port cle Petropau- lovvski. Ce fut dans cette contree que le jeune interprele de I'expeditioH put se f'aire reniarquer par des services liabiluels. 11 devint 1 interniediaire de toutes les com- inunicalions de La Perouse avec le lieutenant Kaboroff, conuuandant du port; et , grace aux soins de Lesseps et a I'obligeant empressement de cet of'ficier, les astro- noraes formerent a terre un etablissenient commode pour leurs observations, les naturalistes furent secondes dans leurs recherches, et entreprirenl une ascension jusqu'au cratere du volcan le plus voisin de la baie d'Avatcba : aucun voyageur ne les y avait precedes. Le Kamtchatka depenoait a cette epoque du gouver- nement d'Okotsk; et le colonel Raslotf-Ougrenin qui en elait charge visitait alors cette province et voulait tout y observer, dans la vue d'ameliorer le sort des babitans. II vint a Petropaulowski pendant le sejour de La Pe- rouse; et sa politesse aftectueuse envers les Francais, dont il enlendait parfaitement la langue, leur fit retrou- ver, aux exlremites de I'Asie, tous les agremens d'une societe europeenne. Huit jours apres I'arrivee des fregates, Lesseps de- couvrit le malbeureux Ivaschkin , dont les compagnons deCook avaient deja public la disgrace. Ivaschkin , exile depuis plusde cinquante ans, avait ete eleve en France : son education, sa figure aiuiable lefaisaient alors reniar- quer : il devint page de I'imperatrice Elisabeth, et offi- cier dans le regiment des gardes Preobajenski ; mais sa favour fut passagcrc, et quelques propos indiscrets, tenus a la fin d'un repas ,devinrent la cause de sa perte : il tut degrade, recut le knout, eiit les narines fendues et lut exil('' au Kamt<:hatka. Pendant vingt ans, Ivaschkin ( 33 ) fut traite avec line extreme i-igueur, et rediiit a vivre au milieu desKamtchadales du produit de ses penibles chasses. En6n son sort fut allege; plusieurs gouver- neurs d'Okotsk intercederent pour lui; on obtint qu'il put habiter une ville de Siberic ; mais il s'etait plie aux moeurs des Ramtchadales, et il se proposait de mourir au milieu deux. Portantsur lui la trace ineffacable dun cruel cliatiment, et se voyant marque du sceau des criminels, il cherchait a se derober aux regards des etrangeis, et il conservait la fierte de son caractere: son visage etait mutile, mais I liomme n'etait pas fletri. Ivaschkin avait ete temoin en iy4^ des obse(|ues de LaCroyere, savant francais qui avait fait partie des ex- peditions de Beliring et de Tchirikoff : il indiqua le lieu de son tombeau , et La Perouse y fit graver sur cuivre I'epitaphe suivante : « Ci-git Louis de Lisle de La Croyere, « de I'academie royale des sciences de Paris, mort en «i74i, au retour d'une expedition faite par ordre du « czar pour reconnaitre les cotes d'Amerique; astro- « nome et geographe, emule dc deux freres celebres "dans les sciences, il merita les regrets de sa patrie. « En 1786, M. le comte de La Perouse, commandant les " fregates du roi la Boussole et V /istrolahe, consacra sa « memoire, en donnant son nom a une lie, pres des " lieux ou ce savant avait aborde. » Le capitaine Gierke, charge apres la mort de Cook, du commandement de son expedition, etait mort et avait ete inhume en 1779 dans la meme contree; La Perouse fit egalement graver sur cuivre linscription mise sur son tombeau; ct le gouverneur d'Okotsk promit d'ele- ver a ces deux hommes celebres un monument plus digue d'eux. Nous arrivons au moment ou Lesseps doit sc scparci- 3 ( 34 ) de rexpedition dont il avail fait partie pendant vingl six mois. Ses services comiiie interprete n'etaient plus aussi necessaires, puisque les fregates allaient quitter les possessions russes pour se rendre dans les regions equatoriales : La Perouse I'expedia en France avec les journaux de son voyage, et il s'en est ainsi expriine dans sa relation : « Je crus rendre service a ma patrie, en • procurant a M. de Lesseps roccasion de connaitrepar «lui-nieme les differentes provinces de I'empire de Rus- « sie, oil vraisemblabiement il remplacera un jour son « pere, riotre consul-general a Petersbourg, M. Kasloff n medit obligeamment qu il I'acceptait pour son aide-de- « camp jusqua Okotsk, d'ou il lui faciliterait les nioyens << de se rendre a Petersbourg , et que des ce moment il « faisait partie de sa famille, » L'amenite et les qualites aimables de Lesseps lui avaientpromptement concilie la bienveillance de M. Kas- loff: il laissait a bord des deux fregates de nombreux amis,et La Perouse donna des regrets a son depart. " Nous ne pumes, disait-il, quitter sans attendrissement " M. de Lesseps, que ses qualites precieuses nousavaient ur le firent rechercher : son caraclere fut noble, et sa conduite honora le nom fraii- cais. Estime de son gouvernement, ainie dans les pays ou il residait, il emporte les regrets des hommes de bien , et la consideration pul)lique s'attachca sa me- moire. ( 4i ) EXTRAIT DE DEUX I.ETTKES ADRESSEES A lA SOCIETE DE GEOGRAPHIE PAR M. PALLEGOIX, Missionnaire francais ii Siam- Bangkok , capitale de Siani, le 2 Janvier i832. Messieurs, J'ai lecu avec satisfaction et reconnaissance la lettro que la Societe m'a fait Ihonneur de m'adresser le 8 juin i83o. Puisque vous daignez m'adniettre au nomhre de vos correspondans, je niettrai tout le zele possible a vous etrede quelque utilite. Je vous prie de m'adresser quelques questions sur les objets dont vous desirez le plus avoir connaissance lou- chant les contrees que j'ai a parcourir , c'est-a-dire le royaume de Siam , et les cinq petitsetats Laociens tribu- taires de Siam. A peine vient-il ici chaque annee un navire de Syn- capor, et ce royaume reste plonge dans la plus crasse ignorance. Je prie la Societe de me procurer une carte de Siam, la meilleure qu'elle puisse trouver, afin que dans mes frequens voyages je puisse decouvrir si vos cartes indi- quent juste la direction du fleuve, des rivieres, et des montagnes; car je vois des erreurs extremes dans celles que j'ai apportees moi-meme. Je prends la liberte de vous envover un itineraire de sept journees de chemin en remontant le fleuve Menam ( 4a ) a paitir de Juthia (donl le vrai nom est Outhaja qui signifielleu de delices , jardin delicieux). Depourvii comme je le suis d'instrumens, je n'ai pas pu mettre dans I'observation et le calcul des distances une justesse mathematique. Si Outhaja (Juthia), le i"aout i833. Messieurs, Je vous ecrivis en i832 pour reniercier la Societe de ce qu'elle avait daigne m'admettre au nondjre de ses correspondans; cette annee-ci, je vousecris denouveau non pas encore pour vous envoyer mes notes, qui sont trop en desordre, niais pour vous donner avis de mes travaux et vous deniander s'ils vous seront agreables. 1° Je compose un diclionnaire sianiois et une gram- mairede cette langue. J'ai deja recueilli vingt mille mots; neanmoins ce ne sera que dans trois ou quatre ans que je serai a nienie de vous I'offrir; 2° Mon minisiere m'appelant niainlenant au Laos, je lerai le nieme travail sur la langue laocienne, qui, du reste, a presque tous le^ mots siamois avec quelque alteration et une prononciation differente; 3" Je fais aussi un vocabulaire de la langue liAli, langue sacree des Siamois ; 4° J'ai recueilli un bon nombre de livres elementaires de ces trois langues, qnej'aurai I'lionneur de vous fairc passer avec les dictionnaires et gramniaires ; 5" Je compose peu-a-peu une sorte de tableau physi- que, moral et politique des pays que je parcours ; mais comme c'est un ouvrage de plusieurs annees , j'ignore quand il sera en etat de vous ctre offort ; car ce ne sera ( 43 ) qu'apies avoii' ninri et corxigemes notes, que je pouinii las livrer a votre curiosite; 6" Le Laos est un pays inconnu en Europe; or, je suis sur le point d'y penetrer, et nion intention estd'allerau moins jusqu'a P'ieng Channe (i) situee sur le fleuve du Gamboge, saccagee par les Siamois en 1828, el fort nial designee dans nos cartes sous le nom de Langtcliang. Vieng Channe veut dire ville royale de ia Luiie. II ne faut pas croire que ce soit la capitale de tout le Laos. D'apres les renseignemens tires des Laociens amenes en caplivite a Siam et etablis a la partie est du royaume, le Laos est un compose de huit ou^dix petits etats qui re- levant tons , les uns de Siam les autres de Cochinchine. Vieng Channe est I'etat le plus considerable de tous, niais les autres etats ne dependent pas de lui et lui- nieme depend du roi de Siam. La nation laocienne se divise comme en trois tribusPhoung Khao ;[ventre blanc) Phoung dam (ventre noir) Phoung Khio (ventre vert). La i" ne se tatoue pas, la a*' se tatoue en noir, et la troisieme en vert. Chaque tribu a son dialecte; nialgre ceia les trois tribus peuvent s'entendre mutuellement. Le caractere des Laociens est tres doux, tres hospitalier. On a ecrit jadis qu'il n'y avait pas de voleur parmieux; cela pouvaitetre alors : car le roi de Vieng Channe pu- nissait de mort les vols les plus legers; niais depuis, ses sujets, pousses peut-etre par I'extrememiserejse sontmis a voler comme les autres peuplades qui I'avoisinent. Je pourrais vous donner d'assez longs details sur eux , puisquej'y ai deja fait trois voyages, mais je crains en- core qu'il ne m'echappe quelques erreurs. (i) II faut pronoiicer le cA comme //, mais tres adouci : channe y prononcez tianne. ( U ) Itineraire dc Juthia a Xainat (Janvier i83i), en re- montant le grandjleuve appelc Menain[Mere des eanx). N'ayant pas d'aulre instrument qii'une boussole, je me contenlai de noter les contours du Heuve, et surtout leur direction, le plus exactement que je pus. Je com- mence I'itineraire a la sortie meme de Juthia , en re- montant la principale branche du fleuve. Direction du fleuve- O.O.N. Uue lieue environ. Alors on voit un petit bras du fleuve a droite, dont nous retrou- verons I'ouverture iin peu plus haut. O. Un quart de lieue. Les deux bords du (leuve garnis de bambous et parsemes de cabanes isolees. O. 0. N. Un quart de lieue. Vue flimnienses cani- pagnes. O. 1/2 N. Un quart de lieue. O. O. N. Un demi-quart de lieue. Village appele Tuk- Farang, c'est-a-dire Edifice europeen. 11 pii- rait qu il y avait la autrefois un village clue- lien , compose en partie d'Europeens. N. O. Un demi-quart de lieue. Village appele Ma- hapbram , c'est-a-dire Grand-Brachniane. La sont les mines d'un grand college fonde par les eveques francais etablis a Juthia. O. O. N. Un quart de lieue. La , a gauche, s'ouvre un gros bras du fleuve qui va s'y rejoindre a six lieues au-dessous de Juthia. La aussi le fleuve forme une petite ile d'envirou cent toisos dc longueur. N. 0. N. N. 0. N. N. E. N.E. (45) N. N. O. line demi-lieue. Petit bras qui remonte a droite. On \ voit un village chinois appele Ban-Houa-Taphan. N.N.O. 1^2 O. Trois quarts de lieue. A droite, villages siamois. Urie douane. Campagnes de riz. Les bords du lleuve s'elevent insensiblement. On commence a trouver ca et la des bancs de sable ou les barques ont de la peine a passer a cause du pen d'eau. Un quart de lieue. Un quart de lieue. A droite, Ban-N6n (vil- lage des vers). Un demi-quart de lieue. Ca^janes isolees. Un demi-quart de lieue. Cabanes isolees a droite et a gauclie. Le fleuve borde de bambous. Une demi-lieue. Un quart de lieue. Petite ile. Une demi-lieue. A droite, village ; a gauche, petit bras du fleuve courant au midi. Une demi-lieue. Une demi-lieue. A droite, petit bras qui court vers Jutliia. Un demi-quart de lieue. Gros bras qui re- monte a droite. Un quart de lieue. A gauche, petit bras qui remonte a la ville nommee Hang-Thong. Campagnes de riz. N. E. Un demi-quart de lieue. N. N. E. Un quart et demi de lieue. Cabanes a droite et a gauche. E. Un demi-quart de lieue. N. Une demi-lieue. 0. N. N. 0. N. 0. N. N. N. 0. N. N. 0. (46) N. N. E. Un quart de lieue. Petit bras a gauclie coii- rant au S.-O. N. N. O. Un quart de lieue.- O. O. N. Une demi-lieue. N. Un quart et demi de lieue. N. N. O. Une derai-lieue. A droite, hras du fleuve qui renionte au nord, Cahanes isole'es. Point de bambous. Village garni dune espece de ro- seau grele et fort eleve. N.N.i^aO. Une demi-lieue. N.N.0. 122 N. Trois quarts de lieue. Nombreuses ca- banes a droite et a gauche. N. N. O. Trois quarts de lieue. Ville appelee Hang- thong (queue d'or); elle n'a guere que i,5oo habitans, mais c'est le siege dun gouverneur assez puissant. Depuis Juthia a cette ville, les rivages se sont eleves insen- siblement d'environ lo pieds de hauteur. Le terrain y est tres sablonneux, et on n'y trouve d'argile qu'a la profondeur dune vingtaine de pieds. A I'extremite de la ville, a gauche, est un petit bras qui remonte, dit- on. jusqu'a Xainat (dont j'aurai a parler). N. E. Un quart de lieue. Banc de sable. A gauche, pagode remarquable par une superbe plan- tation de manguiers bien alignes, chose in- finiment rare a Siam. A I'extremite du con- tour, a droite, Bang-Kco (village du verre), compose de pres de cent families chinoises et dix families siamuises. Ce village est sur une pointe de terre terminee par un im- mense banc de sable. A droite, passe le village, gros bras qui court au midi et ( 47 ) rentre dans le fleuve a Juthia. Plantations ds Cannes a sucre. N. N. O. Une demi-lieue. A droite, Ban-Horn (village odoriferant). L;i et dans les villages voisins. on cultive beaucoup de Cannes a sucre, dont on evapore le sue qu'on reduit en petits gateaux ronds. N. E. Un quart de lieue. N. Une demi-lieue a gauche, village appele Talat-Krout (marche des cailloux). A droite, village appele Tou-Pho (village des peu- pliers). N. N. O. Trois quarts de lieue. N. N. E. Une demi-lieue, A gauche , village des Cail- loux. Cast la que les bancs de sable com- mencent a devenir des bancs de cailloux. La aussi, les rivages eleves sont converts de broussailles , et on ne jouit plus que tres rarement de la belle vue des campagnes de riz. On remarque aussi ca et la, dans les plaines , d'antiques palraiers comme jetes au hasard et sans alignement. N. Trois quarts de lieue. A droite^ petit bras presque a sec. Village du Chat et du Croco- dile qui se battent. Un quart de lieue. Cabanes disseminees sur les rives. Une demi-lieue. Village du Crocodile qui pousse des cris. Une demi-lieue. Nombreux villages malais. Une demi-lieue un quart. He de 200 toises de longueur environ. N. Un quart de lieue. N. E. N. N. N. 0. N. 0. ( 48) JN. O. Un tiers de lieiie. N. N. O. Une demi-lieue. A gauche, villnge siamois. N. E. Trois quarts de lieue. Bras presque a sec a droite. N. N. E. Une denii-lieue. N. O. Un quart de lieue. Les rivages conimencent a etre garnis d'arbustes et bambous sau- vages, N. N. E. Un quart de lieue. Village du Sable ; a gauche, village du Betel. Le fleuve tres profond , etroit et tres poissonneux. Beaucoup de crocodiles. Pays presque inculte. N. N. O. Un tiers de lieue. N. E. Trois quarts de lieue. Vue claire d'une chaine de montagnes situees a I'E. et qui court N. E. Leur distance estimee approxiniative- ment a huit lieues. Montant sur le rivage, on apercoit pen de champs de riz, mais une quantite de petits bois formes seulement d'arbustes epineux. N. O. Une demi-lieue. Village de I'Eau rapide. N. Trois quarts de lieue. La on rencontre une ville laocienne, batie sur les ruines dune ancienne ville sianioise appelee Muang- Phrom ( ville des Archanges ). J'ai visite ces ruines, qui ne consistent qu'en quelques pagodes et une longue enceinte carree dun mur qui est detruit. Ces Laociens, amenes en captivile au nombre d environ deux mille, out un gouverneur qui leur fait labriquer de la chaux pour le service du roi de Siam. Une chose qui decele les uioeurs douces et hospitalieres de ces Laociens , N. N. 0. N. N. E. 0. 0. N. O. O. N. N. 0. N. N. E. ( 49 ) cest qu'ils ont fait un ladeau muni dun loit et amarre au bord du fleuve pour servir d'asile aux voyageurs, exeniple peut-etre unique dans tout le royaume de Siam. Un tiers de lieue. Una demi-lieue. Cabanes isolees et beaucoup plus rares. Trois quarts de lieue. A gauche, village Tete du desert (commencement du desert), Trois quarts de lieue; on voit deja les traces du tigre sur le rivage ; vastes forets a gauche. Un quart de lieue. line demi-lieue, village pegouan. Une demi-lieue; a droite le fleuve forme une branche qui court au sud-est et vient se re- unir a lui a I'extremite sud de Juthia. Un peu au-dessus de cet embranchement est une petite ville appelee Embouchure du village des Jujubiers; la se trouve une grande fa- brique d'aralc, il y a un mandarin chinois pour gouverneur, et la population, presque toute chinoisc, pent se monter a deux mille ames. N. N. O. Trois quarts de lieue. Desert. Bambous sau- vages. N. O. Un quart de lieue. \ N. Un tiers de lieue. I Presque inhabite. O. O. N. Un quart de lieue. ( Bambous sauvases. O. Un tiers de lieue. j N. N- O. Une demi-lieue; village desBuffles. N. O. Trois quarts de lieue ; cabanes isolees. N. Une demi-lieue; village de I'Asyle, a droite et a gauche. (5o) N. N. O. Trois quarts de lieue. Campagnesde Riz. N. N. O. lln tiers de lieue. O. Tin quart de lieue. N. N. O. Uue demi lieue. Rivage eleve. Le terrain change d'aspect, il est niele de grains de mine de fer en quaniite. N. N. O. Un tiers de lieue. Desert. N. O. Une denii-lieue. Le fleuve fort etroit et par- seme de bancs de cailloux. La commence une ville appelee Muang-In (vilie des prin- resdesanges) laocienne et siamoise, dune longueur interminable, luais composee de cabanes assez clairsemees. On evalue le nombre des Laociens a mille, et celui des Cbinois et des Siamois a deux mille. II y a la un mandarin siauiois. lis sent laboureurs et cultivent aussi le betel et le cotonnier. Le fleuve y est extremement poissonneux : dans un certain cndroit, il est si rapide que ma petite barque a trois grandes rames ne pou- vait pas monter. N. Une demi-lieue. Immense banc de sable. Le vrai lit du fleuve tres resserre, ay ant tout au plus vingl pieds de largeur. N. N. O. Trois quarts de lieue. Suite de Muang-In , parlie Siamoise j deux petites iles. N. Une demi-lieue. Suite de Muang-In ; partie Laocienne. N. N. E. Un quart de lieue. Suite de Muang-In j partio Laocienne. N. N. O. Trois quarts de lieue. Desert. N. 1/2 O. Une demi-lieue. Absolument desert. Croco- ( 51) diles uoiubreux clans le fleuve. Sinsos ('^ paons sur le rivage. N. O. Tiois quarts de lieue. Arbres charges de gros pelicans qui nagent par troupes sur le fleuve sans presque senfuira Tapproclie du voyageur. Desert. N. N. E. Un quart de lieue. Quelques cabaneseparses. O. Une demi-lieue. De'sert. Bambous sauvaees. N. Trois quarts de lieue. Le fleuve rapide. Banc de sable. Dun coup de filet nous prenons un crocodile qui nous echappe. Le poisson est si abondant qu'il saute dans ma barque. N. N. O. Une demi-lieue. Village du Cheval a droite. Grande plantation de bananiers. N. Trois quarts de lieue. Desert. Aspect sau- vage des rives. N. N. O. Un tiers de lieue. Commencent les erands arbres des hautes forets. Arbres resineux d'un port magnifique dont on tire une es- pece de vernis inconnu en Europe. O. O. N. Une demi-lieue. Village des cotonniers (arbres) ; jignore le nom de ce grand arbre qui, presque sans feuillage, porte une quan- tite de grosses gousses remplies d'un duvet fort semblable au coton , mais inferieur a celui du cotonnier arbuste. A eauche.villajre des Trois-Rois situe presqu'au pied de l:i premiere colline qu'on rencontre et qui termine la grande plaine de Siam que j'es- time avoir einquante lieues de longueur et quarante dans sa plus grande largeur. La colline des Trois-Rois est bien boisee et c'est dans les forets des environs qu on 4- ( 5. ) tabiiquf avec Li resine dcs gros arbres les torches dont on se sert ici en guise dc chandelles. N.O. 1I2 IN.Trois quarts de lieiie. Rivages deserts. N. N. O. Un tiers de lieue. N. Una demi-lieue. On commence a rencontrer de petites roches dans le lit du fleuve, et le terrain de la rive est presque tout com- pose de globides ferrugineux. N. O. Une lieue ; village des Cannes a sucre, a gau- che. L'inondation annuelle et qu'on peut appeler generate n'arrive pas ordinairement jusqu'a ces terres elevees,non plus qu'aux autres villages en montant vers le nord ; il arrive cependant cerlaines annees que des pluies extraordinaires occasionnent des inondations passageres, quoique le rivage ait plus de quarante pieds an dessus du niveau ordinaire du fleuve. O. O. N. Trois quarts de lieue ; village a droite et a gauche. N. O. Une demi-lieue. Rivages droits et escarpe's, mines par la violence des eaux dans lasai- son des pluies. S. O. Trois quarts de lieue. Vue d'une multitude de collines eloignees du fleuve d environ qnatre lieues. O. line demi-lieue; village a gauche, cabanes eparses , rivages rocailleux, bancs de cail- loux. S. Un tiers de lieue; desert. O. Une demi-lieue; desert. N.O. 1/2 N. Trois quarts de lieue. La commence une ( 53 ) ville appelee Xai-Nat (riva;;es niaguifiques ou majestueux) ; les habitaus fabriquent des torches, cultivent le betel et le riz. II y a un mandarin ou gouverneur. N. O. Una demi-lieue. Suite de la ville de Xai-Nat des deux cotes du tleuve. J'evalue les habi- tans tout au plus a i,5oo, Siaiuois , Chi- nois , Laociens. A I'extreniite de la ville, grande pagode royale antique, decoree de figures et statues fort curieuses. Un peu au dessus de la ville, a gauche, debouche dans le fleuve un canal sablonneux que je trouvai a sec. Sa direction est au N. O. et il va aboutir de nouveau au fleuve a I'en- droit ou se trouve une ville appelee La- khonne Savan (comedie du ciel). Un peu au dessus de Xai-Nat, est une ville chinoise appelee Tha Soiing (c'est-a-dire rive haute) ou sontetablies des forges dirigees par les Chinois. On y travaille le far quon fouille dans les environs et quon y transporte a dos de buffla et d'elephant. J aurais voulu pousser ma course a plus de douze jour- nees au nordjmais mes conductaurs, aux- quels une si longue promenade etait biefi loin de faire plaisir, prirent le parti de se dire malades; et a mon grand regret, il me fallut redescendre ce fleuve que j'aurais desire suivre jusqu'a sa source s'il ni'eAt ete possible. (54) ITINERAIRE DE LA CA.NEE A CAJVDIE PAR RETUI.MO, ET DE CANDIE A LA CaNEE , Eu revenant par Gortyue, les monast^res d'Assomatos , d'Arcadi et Retliimo. Get itin^raire serait un des plus utiles a ravancement de la geo- graphic, si le vojageuryvait pu iadiquer, comnn; dans le precedent, a la suite des distances observees avec tant de soin , les differentes aires de vent de la boussole. C'est un regret que nous devons expri- mer ici , aOn que I'auteur et ceux qui nous adresseront comme lui des documens puissent nous les envoyer encore plus complets. Nean- moins, nous devons beaucoup remercier I'auteur du zfele qu'il a montr^ dans cette description detaillee de la route qu'il a faite. II serait .i desirer que notre recueil fut rempli de renseignemens de cette nature. Nous avons cherche a reproduire ici le texte m^me afln de ne pas changer la valeur des expressions. De la Canee aux Salines, fond du golfe de la Sude, toujours en plaine.(i) 45 On cotoie la mer, on arrive aupres d'une tour. 3o On suit une chaussee venitieiine , on rencontre encore deux tours , on arrive a unefontaine. 4^ (A 5 minutes de la, on est pres d'une qua- trieme /o//7-;on dorainela rade. i5 minutes apres on perd la rade ou golfe de la Sude de vue , et on est au haul de la montee en 5 minutes). De \diJontaine a la fin de la montee. a 5 A reporter. .... 2 25 (i) On laisse a droite les jolis villages de Nerocho'i et Tziko:l,iria, eu face des salines. ( 55 ) ni. D^ autre part 2-25 (D'ici on se rend a un Paleo-castro qui est a gauche en allant a Rethimo. On suppose que ce sont les ruines de Minoa. ) On descend, et Ton decouvre un tfes beau pays : c'est la province d'Jpocorona. On ren- contre deux chapelles dii inoyen age, en ruines. Du commencement de la descente a la 2* cha- pelle. ^o On est alors dans un vallon delicieux , ou huit a dix sources prennent naissance sous les pas des voyageurs; quelques-unes sont assez fortes pour faire aller un moulin a leur naissance. On a, a drolte, Pemonia, Offres{\)\ en face, a environ unelieue, lejoli village AeNeo-chorio. A une lieue de Pemonia, sur la droite, il existe un reste de chdteaufort nomme KiUo-mouroiiimWQ mesures); a gauche, on a Armenous y Ratzoufriana ^ et plus Las Kalives. (2) Pour traverser ce vallon et arriver a Neo- chorio. 4^ A reporter. .... 3 45 (i) Ces villages, aiiisi que ceux de Melidoni et Nipos , sont sur la carte Lapie evideniment trop vers le sud. (2) La carte presente ici des erreurs et des oublis. Le nom de Katzoufriana est porte comme Caffonpiana ; et aprfes Arnienoiis , elle indique un autre village sous le nom de Calsnttssina, qui n'existe pas. C'est une confusion, et ce village, par sa ressemblance avec Kat- zoufriana, est sans doute le ni^me. Vers la hauteur, des villages qu'on nomme Givaras , Gavalachori , Vamos, ne sont pas indiques. Vers la mer, on a indique sous le nom d'£gremnos un village qui n'existe pas. Egremnos en grec signliie Champ sterile , ciride. (56 ) ti. m. D'autre part 3 4^ On s'engage dans an horrible cliemin pier- reux, et Ion nionte (vue magniGque) pendant aS On redescend , on rencontre un kandetruit^ et Ton arrive a uneyo«?rt<«e (eau excellente). 4^ Peu apres on traverse un misseau. Le pays est d'un fort joli aspect, mais le chemin est mauvais. On suit le ruissean tout borde de lauriers-roses. On voit peu apres de tres jolis mctoki ( metairies, niaisons de canipagne) sur la hauteur a droite; on traverse de nouveau le ruisseuu, ce qu'on fait plu- sieurs fois. A gauche, on voit \es, resins dun tres grand mais tres ancien monastere. On arrive au moulin. Uepuis la fontainejusqu'uu moulin de Camara, qui est sur la gauche. 45 Le pays qu'on decouvre sur la droite est tou- jours ravissant; on continue a voir Offres, Meli- doni ^ Nipos. On traverse encore plusieurs fois le rulsseau. A gauche, on voit les villages de Calamiti el Sopoli{i). On arrive au chateau (\e- nitien) d'Armjro, flanque de quatre tours. Tout pres est une /ontaine ; mais elle manque d'eau pendant les mois de juillet, aoiit, septembre et quelquefois octobre. A cote de cette fontaine dont I'eau est excellente, surgit une source A reporter. .... 5 4^ (i) Ces deux villages ne soiit pas m^nie indiqucs sur la carte. Parmi les villages oublies sont PTOfrt/wa, dibalha , Filipo , Mathi , Calanizia , Caridi. Les autres , quoique nomm^s , ne sont pas toujoiirs hien places : c'est un defaut cnnimun .i toutes les cartes qui ne sonl pas le resultat crime ti ianguhitio" (57 ) )i. m. D'autre part 5 4o abondante, et qui tait aller un moulin; mais cette eau est saumatre, et elle purge. On trouve, ici un poste d'Albanais et on peut s'y arreter. [Ar- myro veut dire eau salee.) Du moulin de Camara a Arinjro ( le chateau) 3o On sedirige vers lamer. YiaX-Afontainek la plage. 1 5 On longe la plage sur un tres beau sable, et on arrive a un pont casse, i i 5 Pendant le trajet, qui est de la largeur du golfe d'Armyro , on traverse cinq oii six torrens qui vont se jeter dans la mer, et qui en hiver sont tres dangereux. On voit sur la colline a droite, a distance d'environ une iieue , plusieurs tillages tels que Arcouvena, Drammia , Filaki, Castello j un peu au-dela du pont casse, est Episcopi. (i) Du pont casse (ou Ion traverse la riviere a gue) a la tour de Caraca. au 11 faut descendre de cheval, a cause du mau- vais chemin , 5 minutes avant d'arriver a cette tour, et ne remonter que 5 minutes apres. On cotoie la mer par un mauvais chemin, on monte et on descend plusieurs fois ; apres avoir laisse deux tours a gauche, on arrive, en descen- dant, sur le bord de la merj on trouve la une chapelle grecque ruinee, tout pres de laquelle est un puits dont I'eau, quoique a 3o ou ^o A reporter 8 » (i) Filaki est indique sur la carle comme Plaki. Episcopi, (|ui est pourtaiit un assez gx-and village, est oinis ainsi que Gaidainputt , lUouii , Kuliumanero , I'li/iti. — I'erani est sur la carte Reiani. ( 58 ) li. in. D autre part 8 » pieds au-dessous du niveau de la nier, est fort bonne. De la tour de Garaca au puits. 40 On inonte rapidement; on trouve ensuite un pont SUV un ruisseau tres encaissej peu apres on decouvre Rethinw. 3o De la a un autre pont. 25 Ce pont est encore plus encaisse que le pre- cedent. II a double rang d'arches commele pont du Gard. De ce pont a Rethimo , 011 Ton arrive en s>ui- vant la plage. 5o De la Canee a Relhiino. 10 20 Nota. On ne peut guere aller coucher de la Canee a Rethimo, parce que les portes ne s'ouvrent a la Ganee qu'au lever du soleil et se ferment a Rethimo des qu'il se couche. Gomme le chemin est feitigant, il faut compter 2 ou 3 heures derepos, cequiferait i31ieures; a moins que les jours ne soient fort longs (on peut pour- tant gagner 2 heures en allant bon train), il faut coucher en route; alors on s'arrete dans les vil- lages de Neo-chorio ou d' 0/fri's ; on peut encore demander asile au inonastere de *** De Rethimo a Candie. On suit le bord de la mer sur le sable, ou Ion traverse le village de PerevoUa, qui lui-mcme longe le rivage. Jusqu'a la fin du village. 2 5 A reporter « 2;") ( 59 ) m. D' autre part » 25 On traverse une belle plaine marecageuse , coupee de sept torrens qui se jettent dans la mer et rendent cette route dangereuse en hi- ver. On rencontre plusieurs puits. La plaine est riche, mais peu cultivee. A gauche est la mer; a droite, line colline sur laquelle on voit plu- ' sieurs beaux villages. Cette colline appartient a la belle province de Milopotamos , tres riche en oliviers. (i) De la fin dePejevolia jusqu'a la fin de ]a plaine. i 35 On monte, et Ton traverse un joli pays agreste, ou Ion trouve un ou deux moulins abandonnes ; on redescend dans un raui/i ou il y a un torrent. 4o On remonte, et quand on est sur la hauteur, on decouvre la province de Mllopotainos , dont la vue est admirable, et ou les oliviers sont commeune foret. Quand on commence a redes- cendre, il taut mettre pied a terre,car le terrain etant en terre glaise la descente est tres niau- vaise, et les chevaux glissent continuellement. On arrive a un ruisseau aupres duquel est un puits. 5o De ce puits au village de Perama. aS A 5 minutes de la, on traverse la riviere de Perama, aupres d'un pont auquel il manque une arche. Tout pres du pont, sur le bord de la ri- viere, on rencontre une fontaine d'excellente eau. On traverse plusieurs fois la m erne riviere , A reporter '^55 (i) Plusieurs de ces villages nianquerit sur la carte. (6o ) b. m. D'autrc [jtiit 3 55 et apres avoir tVanchi une montagne on arrive au joli village de Daphnides. De Perama a DapJinides. i -j-o (Avant d'etre a Daphnides, sur la gauche, on voit le village de Melidoni , aiipres duquel se trouve une grotte fort remarquuble )• On traverse encore phisieurs fois le ruisseau, et on arrive a une iontaine delicieuse ombragee par des platanes. 20 Pour monter de cette Fontaine au village de Carasso. (i) 5 ( Si Ion ne veut pas coucher a Carasso , on continue sa route en plaine, la niontee et la des- cente de Carasso etant tres t'aligante. ) Au sortir de Carasso, forte descente (ju'il est prudent de taire a pied. i5 On traverse le torrent et on arrive a un joli ruisseau. 2 5 A 5 minutes de la on trouve un puits. Ce pas- sage se nomme Clep/isinia^ du uoiu dun village qui est tout pres, sur la droite, en allant vers Candle. 3o Un autre puits. A deux pas de la, un joli ruis- seau ombrage de beaux platanes. Ou pourrait faire la une halte pour un repas; niais ces ruis- seaux n'ont souvent point d'eau pendant les trois ou quatre mois d'ete. De ce ruisseau a la fontaine de Cania-Oglou. 4" A reporter 6 00 (i) Carasso est indiquc sur la carte cominc Lassos. ( 6I ) h. m. D' autre pait 6 3o Cette Fontaine est detoutebeaute; elie estom- bragee de beaux arbres, et toujours fort abon- dante: c'estdoncla niellleure balte de la route. De la fontaine au commencement de la mon- tee qui conduit a Damasta. 5o Duree de la montee, qu'il faut faire en grande partie a pied, car le pave est de marbre ; toute la montasne etant une carriere de marbre blanc tres beau. 20 De Damasta, par une horrible route, on ar- rive presque au sommet du mont Strombolo , d'ou Ton apercoit Candle et la pleine mer. 2 a5 On descend fort rapidement le Strombolo, et on s'arrete, pour faire souffler les chevaux, a un han ou se trouve une bonne fontaine. Ce lieu se nomme Servili. (i) i De Servili a Candie, toujours en plaine. i 3o De Rethimo a Candie. i3 35 Gomme on ne peut pas faire cette course en un jour, on peut coucber a Daphnides ou a Ca- rasso , meme a Clephsinia. On pourraitbien aller jusqu'a Damasta, mais c'est un village miserable. Quelquefois on pousse jusqu'a Servili, etle len- demain matin de bonne beure on est a Candie. Pour aller de Rethimo a Candie, on prend quelquefois la route de MeJidoni^ qui se trouve nvant d'arrivcr a Daphnides. Dans ce cas, on tra- verse le joli village de Fhodelcs ou Fodetes. La route nest pas plus longue , mais encore plus mauvaise que celle de Damasta. (i) Arotede Servili, la carte indique un />a!/)//«/Ww quin'existe pas. ( (^^ ) De Candie au Lahyrinthe. h . in La route directe est : De Candie a Daphnides. 3 3o De Daphnides a Aya Barbain ( on ecrit indif- feremineiit Ajaoxx hajia, sainte). i 55 D'Aya Barbara a Ayos Deca ( les dix saints). 2 D'Ayos Deca (voir ci-apres) au Lahyrinthe, en traversant les ruines de Gortyne. i lo 8 35 La route suivante quoique plus longue, est plus interessanle. • De Candie au metoki de Cnnia-Oglou (i), ou il y a une excellente fontaine. 4o Quelques minutes apres on est sur les ruines de Gnosse, dont il ne reste que quelques murailles de construction romaine. (On voit sur la hauteur a droite, un village noninie par les Grecs Fortessa. Cest ce village dont les Turcs ont ete niaitres pendant presque tout le siege de Candie.) Du metoki de Cania-Oglou a Macri'dico. i5 On voit ici des grottes assez profondes , ayant servi a des sepultures, de Gnosse sans doute. Embranchement du cheniin qui conduit a CJiersonese. i o On laisse un pont a gauche, on sui< le ruis- seau et on arrive a un nioulin. 5 A reporter i 10 (i) Ce Cania-Oglou etait un des plus riches agas de I'ile, qui a fait plusieurs construciions d'utilite pubjique. (63 ) m. D' autre part .... i lo Pea apres on traverse le ruisseau; on laisse a tlroite un moulin. Sur la hauteur a drdite, on distingue les ruines. On voit de la I'aqueduc qui conduit les eaux a Candie. (i) lo Canipagne aride en montant pendant 55 On descend jusqu'a Cato- Archanes ( has Ar- chanes). i5 Commencement dun joli vallon un peu res- serre. On arrive a Archanes, oii Ton recolte d'ex- cellent vin. 3o Jusqu'a la fin du terrain cultive. 3o On descend jusqu'a une riviere ( terrain sans culture) I ( Au milieu de la descente on trouve un ruis- seau.) De la riviere a Kanli-Castel. (2) 3p C'est une tres ancienne forteresse qui entou- rait un rocher. H y a des murs encore en bon etat, et la position de cette forteresse , d'ou Ion a une belle vue, est faite pour piquer la curiosite. Au-dessous du fort est un village a quelques minutes duquel il y a une excellente fontaine ou Ion est Ires bien pour une halte. DeRanli-Gastel on arrive en descendant a une riviere. aS A reporter 5 aS (1) A 3o minutes de la se trouve un village nomme Silainos , (|ui n'est pas indique dans la carte. (a) Kanli-CAsleX , qui signifie ChAteau du sang, est indique sur la carte conime Cani-Castel. ( 64) li. in. D'aiUie part 5 aS De la riviere qu'on traverse, a Daphnides. (i) 35 De Daphnides a Venerata, 20 En descendant, on trouve a quclques minutes deux jolies fontaines de bonne eau, De Venerata a Aricniki^^i) , qu'on peut laisser un peu sur la droite. 20 La route passe aupres d'une eglise grecque detruite ; on traverse un ruisseau. 5 On monte par une route ennuyeuse et aride pendant 5o On arrive a Ayos-Thomas (3) apres avoir tra- verse un ruisseau. 20 Ce village est fort interessant, non-seulement parlaculturedes cerises don t on exporte pi usieurs bateaux pour I'Egypte, mais encore par sa po- sition. Le rocher sur lequel etait situe le village a ete partage par un tremblenient de terre, et des tombeaux tailles dans le roc setrouvent ren- verses ca et la. Us sont fort grands, et, quoique vides raaintenant, leur forme est faite pour ex- citer les recherches des archeologues. D'Ayos-Thomas a Megali-Vrissi. 20 On arrive a un point culminant ou Ton aper- coit la mer de Ljbie. On distingue I'llede Goze. 25 On rencontre nn puits. 20 A reporter 9 » (i) II y a ici confusion sur la carte. Ellc nomme ce villnge Casiel- Temenos. II y a aux environs de Daphnides plusieurs villages qu'elle n'indique pas. (2) Ce viiliige n'est pas indiqu^ sur la carte. (3) /Iron-Thomas est noinnu' snr la raite Caslel-Ilonifacio. (65 ) )■ IH. D^ autre part t^ . On passe aupres dun cimetiere turc dont on ne voit le village que 5 minutes apres. D'ici on decouvre les fertiles plaines 6e Messara. Ce vil- lage est Cato-Moidiana. (i) 5 Fontaine maintenant sans eau. 35 On laisse a gauche P/-eVe'Aa/m (2),et Ion ariive a une jolie Fontaine ( bonne eau ). 20 On arrive a un embranchement de route : a droite on va a Gortyne , a gauche a Ayos-Deca. La distance est la meme. i5 Si Ton va a Ayos-Deca , on suit le lit d'un tor- rent, et si Ton va a Gortyne, on longe I'aqueduc qui conduisait les eaux a Gortyne. Le torrent est tres encaisse et d'un effel tres pittoresque. D' Ayos-Deca a Metropoli. i5 D' Ayos-Deca a Me'tropoli, la terre est couverte de debris, et le dessin qu'en a donne Tournefort est encore exact : il doit y avoir eu peu de chan- geniens dans ces ruines. En general, a quelques colonnes de granit pres, on ne trouve aucun vestige demonumens helleniques ; toutes les con- structions etaient romaines , c'est-adire en bri- ques, pierre et ciment. II existe vingt-cinq ou trente colonnes de granit qu'il serait facile d'em- barquer, si on pouvait les utiliser pour queique monument en Europe, a Ambeloussa. i5 A reporter. .... 10 45 (i) Calo-MotiUuna et Panomouliaiia n'existent pas siir la carte, k moins qne ce ne soit Muglia; mais alors il est mal place. (2) Preveliana n'est pas sur la carte. 5 (66) h. m. D' autre part lo 45 D'Amheloussa, qui est un fort joli village, a I'entree flu Labyrinthe. 4<* Ainsi, pour alter de Candie au Liibyrinthe en visitant jirchanes, Kanli-Castel et Ayos-Deca, on met i r 2 5 \S Archanes on peutaller a Ayos Thomas sans passer par Daphnides quon laisse alors a droite; mais I'essentiel est de voir Kanli-Castel. On pent tres bien ooucber a Archanes , a Daphnides, a Ayos-Thomas , a AyosDecn et a Ambeloussa. Tous ces villages offrent quelques ressources. Toutefois, ici comme dans toute la Crete, it faut porter avec soi son lit et une cair- tine contenant provisions ou du moins du pain, et quelques usterisiles de cuisine. D'ailleurs, on est parfaitement bien accueilli partout. Si Ion veut aller par la route dire(;tc, on peut tres bien coucber a Ambeloussa j le lendeniain de grand matin, voir le Labyrinthe el relour- ner coucber a Candie. Le Labyrinthe est a-peu-pres comme la decrit Tourncfort; il n'y a eu que peu d'eboiilemens; on sy promene maintenant sans ficelle, parce qu'on a pour guide des Grecs qui ont fait pendant la revolution leur retraite de cette caverne. (i) (i) J'ai trouv6 plusieurs fois le nombre 1700, qui est de la niairt de Tournefort; le noni A'Ambriet , son dessiuateur; les iioms de Sa- vary, Mathieu Dumas , e'c. , et line foule d'autres indiqiirs par Toui'» nefort ou ccrits depuis sa visile. ( f>7 ) Du Lahyrinthe a Re'thimo , Par Assomatos et Arcadi. h. in. D'Ambeloussa on prend la direction de lamer. Onlaisse a gauche les villages di' Alicani,Bobia[i) jusqu'a une fontaine du village de Coperiana (a). 4o Petit village de Mires (3). i5 On rencontre \ii Lethe ^ mais on ne le traverse pas. 3o (De I'autre cole, on voit en face de soi le vil- lage de Petro-Kephale.') On s'eloigne un pen du Lethe , que Ion re- trouve a. . .. 3o On passe sous I'arche d'un aqueduc. 5 3 ou 4 minutes apres, on voit sur sa droite le joli village de F'orous;\A campagne est des plus riches et des plus belles. On traverse une petite riviere qui se jette dans le Lethe. lo On en traverse une autre. 20 De I'autre cote du Lethe on voit Aja-Triada, (4) La plaine est magnitique. De la riviere a Thibaki. 20 De Thibaki, qui est a peu de distance de la mer, on se dirige vers la monlagne-, on trouve un ruisseau. ao A reporter 3 10 • >!' (i) Bobia n'est pas sur la carte. (2) Caporiana est sur la carte Castel-Nuovo. (3) Mirh n'est pas sur la carte. (4) Aya-Triada ou Hay^ia-Triadn , qui en grec veut dire Sainte- Trinite , est indique sur la carte comme HOdyitria. U y a bien un peu de coiiforniite; mais cela prouve que les noms ont ele donnes par des personnes ignorant le grec. 5. ( es ) li. ra. W autre part 3 lo Un autre. 25 On coinme^ice a monter ; on arrive a Clima[i). lo On peut se rendre directemenl d'Ambeloussa a Clima, et I'on abregerait d'line heure ; mais il vaut mieux passer parThibaki, a cause du beau chemin. On arrive a la fin de la monlee. aS En conimencant a descendre, on trouve a 2 minutes une fontaine, et a lo minutes une autre plus abondante. Du commencement de la descente jusqua Salla{i). 1 5 Fontaine. 3o Un ruisseau a la fin de la descente (3). lo On remonte pendant lo minutes , et on est a Fasiliako (4). lO De Vasiliako a Apodoulo , on Ton trouve une eau abondante. 20 Font.iine. 10 On contourne la mont Ida, qu'on a a droite. En face du torrent qui descend de cette nion- tagne. 35 On continue a descendre, et on traverse ce torrent, i5 On monte pendant quelque temps, puis on descend. Du torrent a la fin de la descente. 35 A reporter 7 10 (i) La carte indiqtie la rivifere ou ruisseau Climaiiana , niais n'in- dique pas le village de Clima. (a) N'est pas iiidique sur la carte. (3) On voit le village de Plaiana . non iudique sur la carte. (4) Non indique , quoique assea grand village. (69) t>. m. D^ autre part 710 On traverse un ruisseau. 3o On arrive a f^isari ou. Cryo-Vryssi. 5 On rencontre un ruisseau; on le cotoie pendant i5 On le quitte, et Ion parcourt un des plus beaux vallons de lile, tres boise et prodiiisant des fruits de toute espece. On arrive au monastere ^ Assomatos. 5o Du monastere on prend, a droite, un chemin escarpe a travers un bois de chataigniers, pres- qne toujours montant et descendant. On trouve une fontaine dont on dit que les eaux sonl bonnes pour la gravelle. 60 On descend jusqu'a un ravin, puis on remonte, et on trouve une ^w^^xhe, fontaine tres ombra- gee et propre a une hake. 3o On continue a nionter pendant 10 La on quitte le chemin , et on prend a droite un sentier escarpe, et Ton monte pendant 5 De la (ou se trouve la fin de la montee) au monastere ^Jrcadi. ^5 Ce monastere, dans une position moins agrea- ble que celui d'Assomatos , mais pourtant fort pittoresque, est tres riche. On y trouve un loge- ment convenable et des ressources en provisions. Pour allerdu village d'Ambeloussa a Arcadi, la route est trop fatigante ; il vaudrait mieux s'ar- reter a Assomatos. On est passablement a Apo- doulo, et on peut s'y arreter en partant au mi- lieu du jour du Labyrinthe. A reporter 11 20 ( 7" ) b. mi W autre pari 1 1 20 On descend d'Arcadi en se dirigeant vers le noid. On traverse un pont sur un ruisseau. 10 On rencontre unejbntaiiie bien ombragee. aS De la fontaine a Jmnatos. i5 D'Amnatos a une riviere. 55 On arrive a Pi'gii. 20 On cotoieun ruisseau qn'on traverseau bonl de 5 On rencontre un puits. i5 On se trouve assez pres de la nier ; on traverse deux on trois des torrens dont j'ai deja parle dans 1 itineraire de Rethimo a Candie , et on arrive au commencement des jardins de Retliimo ou village de Perevolia, qui en grec signifie jardin. aS Du commencement des jardins a Rethimo^ soil qu'on suive la rue du village ou la plage. aS D'Ambeloussa a Rethimo par Assomatos et Arcadi. Ji4 35 En pai tant de bonne heure d'Auibeloussa , on peut , en faisant une petite halte a Tkihaki , aller dejeuner a Apodoulo , . 5 35 1 Et aller coucher au monastere iAs- ^. 8 5o somatos. 3 i5 ' j;.j<-i (111 ,-)/ui ! D' Assomatos on va dejeuner a Ar- \ cadi. ^ 3o ' 5 45 Et on se rend, a Rctliinw en 3 .5 I 14 35 Comme on arrive de bonne heure a Rethimo , on peut en partir encore le soir, et aller coucher, soit a ( 7' ) Archipopoido ou a Episcopi ^ le lendemain on se rend a la Canee. Mais le vent de terre soufflant tons les soirs,on peul a Relhiino, louer une barque qui en quelques heures , poeiivu que la mer ne soit pas forte , vous conduit au fond du golfe de l.i Sude. De la a la Canee, ii faut une henre el deniie a pied. Ou bien on debarque au'cbateau de la Sude, et, en se faisant, de la, porter au lazareth , qui est en fiice , on arrive en trois heures, a pied, a la Canee par le pays pittoresque de L' Acrotyri. EXPEDITION MERCANTILE DANS LINTERIEUR DU SUD DE l'aFBIQUJS. (Extrait du journal des Missions evangeliques.) Un passage du journal de Graham Stown ,re|)roduit par le journal asiatique, renferme les details suivans sur un voyage entrepris dernierement dans I'interieur de I'Afrique nieridionale, par deux negocians de la villedu Cap, MM. Humeet Mallon. (i) lis quitierent Lattakou au niois de juin i832, etapres avoir traverse la riviere Lauipoupo, qui sejette dans la bale de Delagoa, a quelque distance plus loin que le dernier point atteint par M. Whittle, ilsse dirigerent a I'ouest, et longerent pendant neuf jours leNacongo, qui est unebrancheduLampoupo. De la, apreshuit jours de (i) A leur arriv^e en Afrique , les derniers missionnaires fran^ais partis pour ce pays ont eu une entrevue avec M. Hume, et ont reant, numeros i4 et 16. BULLETIN 1)H LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. A OUT i83i. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. RELATION D^un, voyage dans Vinteriear de V Ajrique septentrional e, Par Hhaggy Ebn-el-Dyn cl-Eghouathy. (suite). NOTICE SUR LE TRACE GEOGRAPHIQUE D UNE PARTIE DE l'aFRIQUE SEPTENTRIONALE. J'ai voulu tenter une esquisse graphique des'pays qii'Ebn-el-Dyn a mentionnes dans sa relation; et le besoin d'assurer des bases a I'itineraire complexe du voyagcur arabe ni'a conduit a une investi- gation generale des eleinens qui constituent le cahevas geodesique d'une region beaucoup plus etendue : je me hate de declarer que tout en prodiiisant un nouveau trace, purge de beaucoup d'erreurs anterieures, j'apprecie mieux que personnel'insufCsance d'un travail 6tabli sur des donnees aussi imparfaites . et que nul autant que moi ne souhaite voir des dt-terminations plus certaines prendre la place des resultats simplement approximatifs auxqnels j'ai ete force de me borner. Le desir de tracer sur une petite carle les itineraires donnes par Ehn-el-Dyn, ma conduit a recherclier 6 ( 82 ) quelle carte deja construite je pourrais adopter pom me servir de base; j'avais d'abord jete les yeux surcelle de M. Lapie, en deux feuilles (i), qui jusqu'alors etait ce que Ion possedait de mieux sur ces contrees; uiais bicntot i! tut lithographie, au Depot de la guerre, une nouvelle carte en trois feuilles (2), offrant sous plu- sieurs rapports des ameliorations a celle de M. Lapie, et je me disposals a opter pour elle, lorsqu'un examen plus attentif ni'y fit renoncer. Nul, certes, n'aura lidee de contester lliabilete des geograpbes du Depot de la guerre, et moi-menie moins que personne, car nul n'apprecie, avec une conviction si profonde, les admi- ralties cbefs- d'oDuvre sortis de cette ecole pratique de geograpbie positive; mais leur bal)itude memo de n'ern- jdoyer que les excellens materiaux recueillis par lenrs propres operations , les rend mal liabiles a tirer parti de mauvais materiaux; ici commence le domaine de la geograpbie critique, qui appelle a son aide, au lieu des metbodos exactes, les tatonnemens d'approxima- tlon, au lieu d'une juste confiance dans les donnees, line severe discussion prealable de leur valeur, et pour la combinalson umluelle des documens emanes de di- verses sources, une etude speclale des synonymies, J'ai done sentl qu'il me fldlalt faire table rase de tous les travaux anterieurs , et construire a neuf une carte de la region dont Ebn-el-Dyn a donne la notice. Les seuls itineraires qu'il f'ournisse dune maniere suivie, condulsent depuis El-Agbouatb jusqua A'yn-el- Ssalahb du nord au sud , puis, par embrancbement, (i) Carte comparee des rc-gences d'Alger etde Tunis, i8a8. (4) Carte des possessions fran^aises en Afrique et d'une partie de la regence de Tunis, i833 (i834). ( 83 ) depuis El-Qolya'h jiisqu'a Ghadames, tie I'ouest a Test. A'ynel-Ssalahh, Ghatlames et la cote determinent done a-peii-pres le cadre naturel de la carte; mais comnie d'une part Ghadanies s'appuie sur Tripoli, et qu'il y a, d'autre part, interet a montrer la liaison de A'ynel- Ssalahh avec les autres dependances de Tempire de Marok, j'ai etendu nion cadre a Test jusqu'a Tripoli, a Touest jusqu a rembouchure du Ouady Noun. Ne voulant donner qu'une esquisse a petit point, puisque j'ai adopte I'echelle dun millimetre pour lieue ge'ographique de 20 au degre(c'est-a-dire un 5,555,555°), et n'ayant d'autre but que de faire ressortir les rapports d'ensemble du pays d'Alger, solt avec les etats limitro- phes, soit avec la portion du desert qui en est voisine, je n'ai point du me livrer a une discussion appro t'ondie du detail des cotes, et je me suis borne a reproduire les travaux fails les plus recens et les plus dignes de confiance. J ai dabord choisi, pour canevas general, la Chart of the Western dwisioii of the Mediterranean sen , de Smyth, apres lavoir i;ollalionnee avec celles de Tofino et de Gauthier; et sur ce canevas j'ai simple- ment substitue, a certaines parties de cotes, des rele- vemens plus recens ou mieux etudies : ainsi, par des motifs que j'ai exposes ailleurs (i), c'est a la general Chart of the hjdrogrnphical situation oJ'Sicily, du rneme Smyth, que j'ai emprunte le golfe de Hhamamet; M. Falbe m'a fourni les environs de Carthage; les rele- vemens edits de MM. Berard et Dortet de Tessau m'ont servi pour le golfe de Qol et celui de Bougie, ainsi que (i) Rapport verbal sur Touvrage de M. Falbe re.latif.a.,Carthage, dans le Bulleliu de la Socli-lc de Geographie, deuxieme seiie, tome i, page 391. 6. (84 ) pour la portion comprise cntre Tedlis et I'llot de Be- denj^cl; et j'ai en outre puise dans leurs trayaux inedits la position de Scherscliel et celle de Bone, ainsi que quelques autres qui n'ont avec mon travail qu'un rap- port nioins direct. A partir de I'llot aux Colombes (Gezyret-el-PIhanjaai) jusqu'aux lies des Dja'faryn, j'ai eu ie relevenient du lieutenant de vaisseau Gamier, con- firme par les operations plus etendues de MM. Berard et Dortet dp Tessan. La carte de Marok du lieutenant Washington, basee elle-meme sur les travaux de To- fino, de Badia, de Boteler et les siens propres, m'a donne la cote en-deca du detroit depuis la petite ri- viere des peupliers (JIamos), et au-dela jusqu'aupres de Santa-Cruz ; enfin, j'ai pris la suite, jusqu'a la riviere de Noun, dans la carte de Borda. J'ai eu ainsi les positions suivantes des points de la cote sur lesquels s'appuie ma construction : Tripoli 3a"'54'N. io"5i'E. Qabes 33.54 7.44 Sfaqs 34.44 8.ao Mehdyah 35.32 8.47 Sousah :i5.48 8.21 HhammSmet 36. 20 8.22 Tunis 36.46 -j.St Bone 36.54 5.26 Ruines de Rusicade 36.53 4.33 Qol 37. I 4. 1 1 Gygel ,... 36. 5o 3.24 Bougie 36.46 2.44. Tedlis 36,55 i.35 Alger 36.47 0.44E. Scherscliel 36.37 o . 1 2 O. Caplvi 36. « a. 5 Embouchure du Schelif ... . 36. 3 2.10 Mostaghdnem 35.5; 2.12 ( 85 ) Oraii 35.42 3. o Embouchure de la Tafnay. . 35.19 '.5o Taouant 35. 8 4-Ij Emhoucliure dii Molouyah. . 35. 7 4- 36 Cap Noun 2S.39 I 3. 35 EniboucliiireduOuady-Noun.28. 17 i3.5i Dans riiUerieur, les travaqx geodesiques de la bri- gade topograpliique d'Alger m'ont fouriii les detennina- lioiis suivaiUcs : Qolya'h SCABS' N. o°27E. Belydah 86.28 o.3o Mehdyah 3G.i4 0,26 M, Falbe m'a donne El-Legem ( aiicienne Tliys- drus) ..'..... 35.20 8.. 27 Enfin, j'ai emprunte a Badia, dont I'exactitude a ete verifiee, sur Maiok, par le lieutenant Washington, les positions ci-apres: Ouetchdah. 34"'4i'N. 4° 8' O. Tezay 34.10 6. o F(?s • 34. 6 7.19 Marok 3i.38 9. 56 Les documens itlnei'aires qu'il est possible de ratta- cher a ces bases, conime elemens dune triangulation grossiere, sont a distinguer en plusieurs categories : 1° Les routes parcournes et relevees par des voyageurs europeens; 2° les voies romaines, dont la niesure etait officielle, et nous a ete transniise ( non sans incerti- tudes) par ritineraire d'Antonin et la table Peutinge- rienne; 3<^ les routes rapportees en lieures de niarche par les indigenesj 4° cclles qui nc sont mesurees qu'cn journees 4c clieminj 5° les indications plus ou moins precises de distances et de gisemens lournies par les. ecrivains arabes, etc. ( 86 ) De ces (liverses categories, la premiere est evidem- ment celie a laquelle il y a lieu d'accorder le plus de confiiince; et Shaw y tient le premier rnn^ par letendue des lignes qui! a suivies , et qui Ibrment trois groupcs en apparence indepcndans, I'un cntre Tunis etQabes, le second entre 13one et Alger, le dernier entre Alger et les montagnes de Tatcherah. II n'est pas sans iiiteret de rapporter ici ce qu'il dit lui-menie de sa maniere de voyager et dVstimer sa route; voici ce que porte, a cet egard, sa preface (i) : « Nos chevaux et nos chameaux « avaient generalement iin pas uniforme, les derniers " faisant par lieure deux niilles et demi, les autres trois « milles ge'ographiques de Go au degre. La distance que « nous avions purcourue etait d'aljord comptee en heu- « res, puis reduite en milles.... Je m'arretais ordinaire- « ment a midi pour prendre la hauteur meridienne du « soleil, et ohtenir ainsl la latitude, relevant tons les « gisemens et directions de notre route avec une bous- « sole de poche , dont je reconnus que la variation dtait « alors (en 172^) a Alger de 14" et a Tunis de iG" vers « I'ouest. Chaque soir, des que nous etions arrives a « notre gite, j'avais coutume d'examincr a quelle lati- « tudc nous nous troiivions, combien d'heures, et dans " quelle direction nous avions marche pendant la jour- « nee, en tenant exacteinent conipte des sinuosites et n des detours accidentols que nous avions fails hors de « la route directc. Quand notre cheniln traversait des '■montagnes et des forets , ou que les plaines etaient « coupees de rivieres (sans que des haies , niurailles ou " clotures nous causassent du retard ou de I'embarras) , « il arrivait souvent que, apres avoir marche huit heu- (i) Travels, etc. London, 1757, page xjv. ( «7 ) ores, cest-a-dire 24 niillos, je trouvais, par la metliode " ci-dessus expose'e, et ert ayant egard aux longitudes ■< et latitudes, qu'il ne tallait pas porter I'estime aii-dela " de 18 a 20 milles. » Apres cette explication preliminaire, je vais successi- venient reprendre chacune des trois sections de I'iline- raire deShaw, et I'assnjetir au nouveau trace des cotes determine par les derniers relevemens. Comniencons par celle de Tunis a Qabes en passant par Qayrouan, S«beytiialah, Qaf'ssah et Touzer. Dans ce long circuit, la route de Shaw n'est liee a la cote par des communications transversales qu'au seul point de Qayrouan , indique par le voyageur a 8 lieues dans I'ouest de Sousah, el a-peu-pres a la meme di- stance au sud-ouest d'Ehraqlyah; sa carte lui assigne une latitude de 35" 36' N., Sousah etant par 35" 39'. J'ai releve ailleurs (i) I'erreur d'apres laquelle les car- tographes conservent a Qayrouan cette latitude, sans tenir compte du deplacement que doivent aineuer les corrections operees dans le trace du littoral, et j'ai refute la concordance admise par Shaw et d'Anville entre cette cite et le vicus Angusti des itineraires re- mains. La carte du voyageur anglais ne met que bj milles entre Tunis et Qayrouan 5 mais comme de Tunis a Qabes il ne compte que i63 milles au lieu de 174 qui existent en realite d'apres les relevemens et les obser- vations moderues, il faut avoir egard a Tinsuffisance de son echelle, et operer en consequence une correc- tion proporlionnelle sur toutes ses mesures de distan- ces :les Sy milles indiques plus haut se traduiront aiusi (i) Rapport verbal sur I'ouvrage de M. Falbe relatif a Cartilage, BiiUetin de la Societe de Geographie, deuxieme serie, tome i, page igi- (88) en 60 milles an maximum, ce qui ne permet pas une latitude moindre de 35" 4G' pour Qayrouan : et ce chif- fre conserve, a legard de la latitude veritable de Sou- sah, la mininie difference qui resultait aussi des obser- vations de Shaw. Quant a la longitude, elle se deduit de la distance sur Sousah, qui est de 8 lieues ou 24 milles geograpliiques d'apres Shaw, mais qui doit etre reduite a 22 milles d'apres les donnees de Leon et de Marmol, de 21 a 24 milles d'apres Dapper, a 21 milles d'apres Lacroix; craployant la moyenne de 22 milles, Qayrouan me vient par 7" 55' E. Sobeythalah est, toute correction faite, a 58 milles de Qayrouan d'apres Shaw, qui ne lui attribue qu'une difference en latitude de 12' sur celle de Qayrouan, et la met a 100 milles de Theny et 35 milles d'El-Legem; mais il faut tenir compte dun rapprochement vers ces deux points, sollicite par les itineraires romains : il est, en eftet. Lien reconnu que Sobeythalah estidentique a I'ancienne Suffelula, Theny a I'ancienne Thenae, El- Legem a I'ancienne Tysdrus. Or I'itineraire d'Antonin, dans la route de Thenaj a Theveste, n'admet que io5 mille pas jusqu'a Suffetula, c'est-a-dire 84 milles geo- graphiques au maximum. Lc meme ilineraire offre con- stanmient, dans les routes de Carthage a Suffetula par Adrumetum, de Tusdrus a Theveste, de Theveste a Tusdrus par un autre chemin, et de Suffetula a Clypea, une distance de 36 mille pas enlre Suffetula et Mas- clianaj, et une distance de 18 mille pas de Masclianaj a Aquae Regiae; en tout 54 milles romains ou un peu plus de 43 milles geograpliiques" de Suffetula a Aqua? Regiaj; puis nous trouvons dans la table Peutlngerienne une route d'Aquic llegiae a Thysdrus ainsi marquee : (89) Aqua? legise. Terento xvj. yEIiac x Tliisdro » Le tlernier chiffre manque, niais I'itineraire d'Antoniii y supplee dans le fragment suivant de la seconde route de Theveste a Thysdrus : Aqufe regiae. Gerraaniciana M. P. xxiv Eiiac xvr Tusdro XVIII Dans jEIice ou Elicu on ne pent meconnaitre, a Tun de ses cas obliques, un seul et merne point, dont le nom, identique a celui de la Jerusalem romaine, rappelle pareillement celui d'^Elius-Verus. On ne saurait done admettre la double lecon de la carte comparee de M. Lapie, qui transcrit d'une part Achac , et de I'autre Elice^ et en fait deux mutations distinctes. En suppleant done dans la table Peutingerienne le chiffre xyiii entre ^lia et Thysdrus, on aura une distance totale de 44 mille pas entre Aquae Regioe et Thysdrus, c'est-a-dire un pen plus de 35 miiles geographiques, en sorte qu'il faudra compte- au maximum ^8 i;'2 miiles geographi- ques entre Suffetula et Thysdrus; or, en partant de la position assignee a El Legem parM. Falbe, le concours de cette derniere mesure avec les 58 miiles depuis Qay- rouan , amenera Sobeythalah par 35° 22' N. et 6° 5o' E., a 82 miiles de Theny. Qafssah est placee a son tour, d'apres la route de Shaw, a Sy 1/2 miiles de Sobrythalah, avec une diffe- rence en latitude de 54' vers le sud , et une distance de 75 miiles sur Qabes ; mais un raccourcissement est pareillement necessite sur cette distance par les itine- raires remains, qui nous donnent la rout, sans variante, pour cette meme distance. ( 98 ) Nous avons done Naraggara a 3o luillc pas de Sicca , 20 niille pas de Tagora ct 25 niille pas dc Tagasto, ou,en dautres termes, a 24 niilles geograpliiques d'El-Ref, 16 inilles d'FJ-Gatlar, et 20 niilles deTagilt; lo point (fe Qala't el-Atsiiyn correspond precisement a cos trois dis- tances, ct representc par consequent I'ancienne Narag- gara, liant ainsi les deux grandes lignes de route de Shaw tant entre elles qu'avec la route du comic Borgia. Poursuivons avec Shaw la route qu'il a parcourue de Constantine a Alger. Sethyf n'y etant appuye que sur Constantine etCallah (Qala'h), il faut placer d'ahord ce dernier point, qui se trouve rattache a-la-fois, par un reseau commun , a Alger et a Tedlis. Les distances, corrections faites, sont : d'Alger a Qala'h, 72 millesjde Tedlis a Qala'h, 4^> niilles ; de Qala'h a Sethyf, 4;") niilles; et enfin de Sethyt a Constantine, 56 niilles; ce qui me donne Qala'h par TiG" 16' N. et 2'' 5' E. , Sethyf par 36" 3' N. et 2° 59' E. La route, entre Sethyf et Qala'h, passe par Sydy- Mobarek et Megenah , qui tomberont, le premier par 35" 57' N. et 2» 3i' E. , le second par 36° o' N. et 2° 19'E. Le texte du voyageur conticnt en outre divers ren- seignemens sur la position de quelques points notables plus avances dans I'interieU'T, et qui s'appuient , par des distances ct des giscniens, sur Sydy-Mobarek , Sethyt et Constantine : en relevant soigneusenient les indica- tions qui peuvent concourir a une triangulation gros- siere, on trouve, d'une part, El-Mcsylah a 9 lieues S. S. O. de Sydy Mobarek , puis Emdoukhal (plus cor- rectement Modakhan , ren/iime) a i6 lieues S. O. d'El- Mesylah, ce qui produit, en ligne droite, une distance totale de 64 milles S. S. E. D'autre part, une serie de distances et giscniens conduit de Constantine a Moda- (99) khan en allant d'abord h Tattubt, 8 lleiies S. S. O. ; puis a Omoley-Sinab , 4 lieiies S. O. ; ce point a, d'un cote, Zainah a 4 lieues O. , et de I'autre, Medraschem a une lieue, dans lest suivant le texte, dans le sud suivant la carte; de ce dernier endroit, on a 12 lieues jusqu'a Tliobnah,qui est en nienie temps a 10 lieues de Zainah; enfm, de la a Modakhan, y lieues S. S. O. ; la construc- tion de ces indications partielles procure une distance totale de 92 milles dans une direction a-peu-pres S.S. O. 1/2 O. Ces deux lignes , de 64 milles sur Sydi Mobarek, et de 92 milles sur Constantino, determinent la position de Modakhan par 35" i' N. et 3° 9' E. El-Mesylah se trouve en meme temps portee vers 35° 3o'N. et 2"22'E.j a 43 milles de Sethyf, ce qui s'accorde avec les deux journees que Abou O'bayd el-Bekry (i) met entre ces deux villes en passant par Ghadyr, ou sont les sources de la riviere Scheher qui passe a El-Mesylah. Zainah, liee d'une part a la ligne de Constantine h. Modakhan , se rattache d'un autre cote a Sethyf par une distance de 8 lieues dont la direction est N. N. O. d'a- pres !e texte de Shaw, O. N. O. d'apres sa carte , ce qui cadre mieux avec les autres dijnnees; d'apres ces condi- tions, je place Zainah vers 35° 5i' N. et 3° a5' E., et Thobnah vers 35° 22' N. et 3' 16' E. a 44 milles d'El- Mesylah, ce qui correspond aux deux journees comptees par I'Edrysy pourcette distance, ainsi qu'aux trois jour- nees enoncees par le Bekry. (2) Tattubt, qui viendra par 35° 58' N. et 3° 54' E. , ne saurait etre le Tadutti d'Antonin comme la cru Shaw, et M. Lapie apres lui ; car Zainah etant Diana ainsi que le demontrent les inscriptions locales , on ne pent cher- (1) Bchrr, pngc 100. (2) Edrysy, page ■).'\/\ ; nikry, page i6i. ( ««o ) cher Tiidiilti qu'a une distance dc iGniille pas on environ 1 3 niilles <^t'<)grapirK{Uos an niaximum, taiidis qn'il y en a 24 jiisqu'a Tattubt. A. iin pen molns de 9 lieiies dans lest d"Kl-Mesylah Shaw place las Geouani el-Mugvah , qui rappellenl la ville de Maqqarah qne I'Edrisy (i) met a une journee deThobnah, et que d'Anville identifie au Maori d'An- tonin. Quanta El-Mesylah, c'est une ville moderne qui ne saurait represcnter Zndi ainsi que I'a cru iVI. Lapie; niais il existe, a pea de distance , des mines quipeuvent recevoir celle application. Entre El-Mesylah et Maqqarah s etciid la plaine a la- (juelle Shaw donne le noni de Ilulhnah, et danslaquelle il place A'yn el-Kelb. Cette dei-nicre denomination me parait otfrir la veritable lecon du mot que M. Quatremere a hi A'yn el-Katan dans le Bekry ('2) ; quant a Ilutlmah , c'est evidemment le district d'Adnah (peut-etre mieux Adznali)«(lu Bekry, ainsi appele d'apres une ville de- truite par les TThamoudytes, au ilixienie siecle. Dans le triangle forme par El-Mesylah, Ghadyr et Maqqarah, doit se trouver le chateau d'Abou-Tawil, que M. Qua- tremere (3) a raison de conslderer comme Identique au Qala't-B('ny-Ilhammad du Nouayry, mentionne egale- ment sous ce nom par I'Edrysy, qui I'indique a 12 milles d'El-Mesylah J le Bekry designe tour-a-tour les trois villcs qui forment cc triangle , comme derniere etape pour arrlver a Abou-Taouayl (4^ : j'attribue en conse- quence a ce point une position conjecturale de 35" 34' (1) rage aJ6. (2) Page 160. (3) Notes siippltnientaircs, page 517.8. (,',) Behj, pages 70, 74, 80, — Edrysf, pages 210, 21a. ( loi ) N. et 1" '5y' E. , qui ne pent etic biei: eloignee de ia verite. Bien que la double lignequi, sur les carles de Shaw, indique son itiueraiie, ne soit point tiacee jusqu au Boi'oj Hanizah , appele aussi Sour el-Ghozlan, nous avons cependant la certitude qu il y estallejcar, outre les inscriptions qu'il y a copiees , et qui prouveiU que ce lieu est I'ancienne Auza des itineraires roniains , il est consigne dans le journal de route de Hebenstroit, qu'ils se Irouvaient ensemble en ce lieu , appele Pourtsch- Hanipsa par le naturaliste alleniand (i), a la date des i 5 et i6 niai 1732; qu'ils s'y etaient rendus de Melnlyali en traversant les tribus de Aouled-Ibrahyni , Ik'uy- Selyni , Aouled-Taan et le canton de Castoula , et qu'ils revinrent de la a Alger par la plaine de Hanizah et la tribu de Beny-Haroun. Shaw connaissait done bien par lui-menie ce point, qu'il indique a 16 heues au S. E. d'Algei-, 24 lieiies E. S. E. de Scherschel , 26 lieues O. de Sethyf", et qu'il place , sur sa cai te, par une latitude de 3t)''7'N. Les trois conditions de distances ne peuvenl si- niultanement concourir en un nienie lieu; Shaw n'a tli- rectement parcouru que celle sur Alger, et il a estinie ies deux autres approxiniativemenl j or elles se Irouvent trop courles, nieme en tenant compte de la correction precedemnient indlquee, laquelle procure, pour les Ircjis distances, 5o, y5 et 83 niilles ; !a position nioyennedc Ihunzah se trouvera vers 36° 3' IN. et i" i5' E. , a 0'4 niilles de la position supposee de Zabi, ce qui convieirt a merveille pour les Somille pas que I'ilineraire d'Anto- (i) Summlii/ig Ide'mtr P.cuc/i, de JieiiiouiUy, tome ii; la tryiliKtloii eu est inseree dans les Aiinales des voyages, tome 2 de i83o, inais les iioiiis propres y sont deligures i)ar des (.uUcs typograpliiqites. ( I02 ) nin (expurge) met entre Z;ibi ct Auzu, sur la route de Sitifi a Gesaree , que je retablis ainsi : A Sitifi Cacsareii , M. P. ccci, sic: Perdices xxv Cellas XVIII (i) Maori xxv Zahi XXX (2) Aras xviii (3) Talilti XVIII Auza xLmi(4) Rapidi XVI Tirinadi xxv Caput Cillani.. . . xxv Sufasar xvi Aquis XVI Caesarea xxv D'Auza a Cesaree il reste 128 mille pas, equivalant a 98 1/2 milles geogiapliiques; c'est trop peu pour arriver jusqu'a Tenes, ou d'Anville a place Cesaree, et qui est a no milles au molns de Borgj Hanizah; d'An- ville n'a pu y atteindre qu'cn meconnaissant I'identite de ce dernier point avec Auza, malgre I'autorite des inscriptions locales. Cependant on pourrait pretendre, avec quelque apparence de raison , que si la position de Tenes est a-peu-pres assuroe , celle de Borgj Hanizali est trop incerlaine pour qu'on ne la put affecter d'une correction qui la reportat quelque peu vers I'ouest, bien qu'il soit a considerer qu'il faudrait alors renoncer a la correspondance de Macii avec Maqqaiah eta celle de Zabi avec les ruines peu distantes d'El -Mesylah; (i) Tariante: xxv. (a) Variaiite: xxv. (3) Variautc : xxx. (4) Variante : xlvii ( i"3 ) Jaime niieux laisser tic cute ces consideralions negatives pour donner une denjonslration direcle que I'aucienne Cesaree est lepiesentee , ainsi que I'avait pense Sliaw, par la nioderne Seherscliel. Que Ton prenne ritineiaire le long du rivage entie deux points incontestes , tels que 1 embouchure du Mulua, bien connu pour etre le Molouyah d'aujour- d'liui, et Jgilgilih\en connue aussi pour etre la modeiiie Gygel ; verification exactenient faite de toutes les varian- tes, aiin d'operer sur un lexte bien epiue, ou la sonime des distances partielles concorde avec le cbifiie des di- stances totales, on aura, du fleuve Mulua a Igilgili, 717 niille pas ainsi partages : Mulua, fleuve. Cesaree M. P. 41O Igilgilis 3oi c'est-a-dire 333 et 241 milles geographiques j c'est l.( mesure exacte des distances relatives du Molouyah a Scherschel et de Scherschel a Gygel ; il ne peut done rester le nioindre doute que Scherschel ne soit I'antique Cesaree. II serait derisoire d Opposer a cette solution precise les tables de Ptoleaiee, vrai chaos ditineraires heterogenes , chevauchant les uns sur les autres, quel- quefois a rebours, et traduits ensuite en series de positions absolues. Presque tons les itineraires d'Alger a Constantine, recueillis par les officiers francais de la bouche des naturels (i), passent par Hamzah , Meget)ah, Sydy (i) Je ne saurais me louer assez hautement de la bienveillance avec laquelle M. le lieuteuant-gt'neral I'olet a fait mettre a nia disiio- sition lesdocumens envoyes au Depot de la guerre par nos ofUciers d'etat-major, ct du gracieux cmpresscmciU de RJ. le toluuul Lapie 11 effectuer cclte couimuuicatiou. ( »o4 ) Mobarek ot Selhyf"; je n'en ferai ici aucun usage, parce qti'ils lie sauraierit me procurer que des points de de- tail entre ies diverses stations principales , que la route de Shaw m'a fourni le moyen de placer avec plus de certitude. Ces itineraires sont portes sur la carte liiho- graphiee du Depot de la guerre, mais avec des doubles eniplois et des transpositions : ainsi, Borj inita Hamza ( Borgj metha Hamzah, fort a Hanrzah ) nest point un autre lieu que Borgj Ham/ah ou Sour-cl-Gliozlan, et il faut effdcer la position distincte qui lui est assignee dans Test de celui-ci; I'erreur provient de ce que I'itine- raire qui designe ce fort en employant une locution triviale, nicntionne auparavant Ras Hamzah, qui a ete confondu avec le Borgj ou fort de nieme nom : or Ras Hamzah, c'est-a-dire le chef-lieu de Hamzah, est indique par Shaw, lequel nous dit que Sydy Hanrzah , qui a donne son nom a ces plaines, a son tombeau pres du roc Magrowa (Maghraouah); sur sa carte, la posi- tion est marquee au confluent du W^ed Ashyre (^Oued. El-Scha'yi") et du Oued ElMelahh, mais le nom du lieu est oublie ; M. Lapie navait omis ni I'un ni I'autre sur sa carte comparee; I'omission est a reparer sur la carte lithographiee du Depot. Un itineraire d'Alger a Beskarah, envoye par M. le capitaine d etat-major Gougeon , me servira , faute de donnees plus precises, a placer cette derniere ville; il est en 12 journees ainsi distribuees : D'Alger ii Hamza 3 FomadDjeiiau,pres des tentes des Ouled Sidi Aica i Ain-Ghorab, a droite du Oucd-Ekseb.. I Bbe^ra, plaiuc avec beaucouj) d'cau.. . i ^ reporter 6 ( io5) Report 6 Msila, sur une riviere i Am el -Kelba i Mdokan i Glatt-Hammam i Outaya , sur une riviere i Biscara i Nombre total des journees 12 Dans Foiiiad Djeiian , il est aise de reconnaitre le Phouni Jineene de Shaw, plus exacternent Fom-el- Genan (Tentree des jardins), a 5 ou 6' lieues de 13orei- Hanizali, non loin dii tombeau de Sydy I'say. Ain Gho- rab, qui vient ensuile, est pareillement identique a Ain el-Graab de Shaw, plus exacternent A'yn el-Ghorab (la fontaine du corbeau), et le Oued Ekseb qui est sur la gauche, et qui doit elre lu Oued el-Qassab (la riviere du rosean) , n'est autre chose que la riviere qui passe a El-Mesylah, et que Shaw appelle egalement de ce nom. Bheyra est sans doute une plaine souvent inon- dee, ainsi que I'indique sa denomination, qu'il faut ecrire correctement Bohhayrah. Msila, Am el-Relba, Mdokan , sont alses a retablir en El-]Mesylah, Ayn el- Kelb, JModakhan , qui sont deja connns et places; reste done a employer Glatt Hammam et Outaya DOur arriver a Beskarah ; le premier de ces noms , qui sans doute doit se lire Qala't elHhammam , ne se trouve point dans Shaw; mais le second avec rarlicle, El-Outayah, corres- pond nalurellenient a Lwotaiah du voyageur anglais, qui I'indique sur sa carte a 9 lieues vers IE. S. E. de Modakhan, et 4 lieues vers le N. N. O. de Beskarah; ces distances nie paraissent trop courtes pour trois journees de route, et je les porte a 12 lieues et 6 lieues, ce qui me fait avoir Beskarah par 34" 3o' IN. et /{o E. ( '^6} line route Av Constantino a lieskarali viciit cuira- borer cette determination; la voici : Di'part de Constantine. I5ir cI-Bekerat , sur l.i route d'Alger. ... i jour. Segghaii,avec une riviere coulant ail Slid, i Mchira, avec une riviere i Moulsenah i Leteiia i Ksour el-Ganiiava , ])laine i Kantara i K[-IIaininam i El-Outaya i Biscara i Nombre total des journces lo Byr el-lieqeret (le puits des vaches) est une station indiquee pav d'autres lenseigneniens a 5 heures, equi valant a lo niilles, dans I'ouest de Constantine; quellf que soit la situation de Segghau et de Mchira, i\ est evi- dent que I'etape suivante, Mouisenab, est identique a Onioley Sinab de Shaw, Amoula Senab de Peyssonnel, bien que la carte lithograpbiee du Depot de la guerre tasse trois stations distinctes de ce seul point, en con- fondant meme I'une d'elles avec le Tattubt de Shaw , ce qui ne pent etre nuUenient adniis. Aprcs Mouisenab vient betena, qui est bien le Baitnah du voyageur an- glais, indique sur sa carte a 8 lieues S. 1/2 O. d Oinoley Sinab. Ksour, qu'il faut lire Qossour ( les chateaux), est reconnaissable sous I'orthographe Cossoure, em- ployee par Shaw, qui I'a inscrit un peu au sud de Bait- nah. El-Qantharah (le pont) est sur la riviere de Bes- karah; puis la route rejoint celle (|ui vient d'Alger, sinon a El-IIhaniniani (les bains), qui senible etre Ic meme point que Qala't cl-IIhammam (le fort des bains), au moins a MlOiUayah. IJc (juclquc nianicre ([ue ces ( ^07 ) diverses mutations soient placees, il me sutfit cle le- marquer que Shaw dit expressement que Baitnah mar- que la moitie du chemin entre Coiistantine et Beskarali; or cast ce qui se verifie exactement dans ma construe- tion, ou Baitnah se trouvera a distance egale (58 milles) de ces deux villes. Ma position de Beskarah est ainsi reculee de phis dun degre a I'orient de celle qui est adoptee dans la carte du Depot de la guerre; mais loin qu'il y ail exageration dans cette protension de la route, il y a lieu de remar- quer qu'elle laisse encore subsister, entre Beskarah et Nefthah, une distance d'au moins cent milles, a repartir en cinq journees seuleraent, qui sont ainsi indiquees par le Bekry. (i) Depart de Beskarah. Telioudali i B;\dys de Zab i Qaythoun-Bayddliah i Nefthah 2 Temymy, cite par Hartmann (2), ne donne meme que quatre journees de Beskarah a Touzer, espace qui dans ma construction est de 108 milles , ce qui fait 9 grandes lieues a lajournee, marche tres peu commune. Le Be- kry y met cinq journees. Badys (Badass de Shaw), qui me vient par 34" 9' N. et 4° 42' E-j parait correspondre a la mutation Badias de la table Peutingerienne , de meme que Tehoudah ville ancienne(Toodah de Shaw) representerait la mu- tation voisine, Thabudis. La route comprise enfre Badias et Thelepte, avec embranchement sur Theveste, est facile a placer dans (i) Bekry, pages 96, 98. (2) Page 238. ( io8 ) ma construclioii. En clletj la route dcTluiiiL- a Tiicvc.ste , d'Aiitonin , ine donm; jo iiiille pas ou 56 iiiilles geo- graphiqiies de Suffetvila a Tlieveste. Sur cetle route se trouve Aciniedera, qu il iie iaul point, avec d'Anvillcot T\I. Lapie, placer sur Ilydrah , car colic ci est rancienne ThunudronuMJ, ainsi que le prou\crit les inscriptions locales. D (in autre cote, Theveste ne doit etrc qua 90 mille pas ou 72 inilles geographiqucs de Musti d'apres la route siiivante de la table Peutingerienne : Theveste. Ad Jlcrcuriiim .vj. Ad Medera riiij. Mutia xvj. Oi ba XVJ. Larabus 17. Drusiliaiia xij. Tbacia ivy. Musti i'ij- Or reinplacemcntde Musti, constate par les iiisciiptions locales, se trouve, d'apres Shaw, en vue dc Tidjersoke, etdeDugga, et d'apres les itineraires romains entre Sicca etTignica, a Sa miUe pas de la premiere suivant Antonin, ct a i3 mille pas de la seconde suivant la table Peutinge- rienne, c'est-a-dire a ^5 iji milles geograpliiques d'El- Kef et a 10 1^2 milles de Tunga : les relevemens du comte Camille Borgia marquent , a I'ouest de Teboursek et de Dugga, a 24 milles en ligne droite d'El-Kef et a C) milles de Tliunga, une ville ruinee qui correspond a merveille a toules ces indications , ct qui, dans ma con- struction, vient par 36° 20' N. et 6' 5i' E. M. Lapie a place Musti sur Teboursek ; mais les inscriptions locales, en signatant Musti sur un autre point (Sydy Abd-e!-Abbus deShaw),rappellentcnTebonrsekrancienThnbuisi(iini. 11 taut, des eleinens tpii precedent , conclure Theveste, ( I09 ) ou la moderne Tebesah qui la represente, par 35"o5' N. et 5o 43' E. Ubalia castelluni, sitae a 5g mille pas de Theveste et a 20 mille pas de Thelepte, tonibera vers 34"49'N. et 5"58'E. a 76 rnilles de BadysdeZab, distance qui repond precisenient aux pS mille pas que la table Peutingerienne met entre ce point et telui de Badias. S'il etait permis d'alleguer comme autorite un docu- ment aussi pen siir que les tables et les cartes de Ptole- mee, je ferais remarquer que, entre Tliouhoiina qui est bien notre Tbubnab, et Oueskether ( Vescetbrea des editions latines) que Ion s'accorde a considerer comme correspondant a notre Beskarah, elles donnent une dif- ference de 20' en longitude et de i» en latitude, ce qui constitue une distance de 62 miiies, exactement la meme que celle qui existe dans ma construction. Une consi- deration qui nest pas a dedaigner pour donner un peu plus de poids a cette concordance , c'est qu'il est pro- bable que c'est cette distance meme qui a servi a la de- termination des differences en longitude et latitude ci-dessus rappelees. Je rapporterai encore ici un itineraire d' Alger a Bes- karab, non plus comme une nouvelle justification dema construction , niais seidement pour reconnaitre en pas- sant quelques stations. Depart d'Alger. Sour Oued el-Lahm Hermam Boucada Mhagliem, siir la rivifere Maleh Hoba Saboun Doucen Taolgha Biscara Nonibre total des jouvnees.. . 12 ( "o ) Sour-cl-Ghozl;in (lo mur dos Gazelles), on simple- iiient Sour, est le ineme lien que le Rorgj-Hamzah eleve sur les mines d'Auzia, et distinct dii lias Hamzah ou Souq-Hanizali (le rlief-lien ou le niarclie deHanizali), place, ainsi (jue je I'ai dit plus haul, au confluent du Oued el-Scha'yr (la riviere de lorge) et du Oued-el- Malehh (la riviere du sel), dont la reunion forme le Oued-el-Zeytoun (la riviere des olives ). Oued el-Ham est evidemment le Oued El-Ham de Shavp, plus correctement Oued el-Lahhm (la riviere de J'engloutissemenl), autre nom du Oued el-Genan (la riviere desjardins). Herniam est mentionne par Schaw (i) comnie un daskerah remarquable au nord deBoosaadali, ecrit Doucada dans iitineraire ci-dcssus, et dont lorthogrnplie reelle est Abou-Sa'adah (le pere du bonheur). Mhaghem est plus difficile a reconnattredans le Maiherga de Shaw, mais la prononciation anglaisede ce dernier mot [Mehnghc) le rapproche beaucoup du premier, et la riviere Maleh, Mailah de Shaw, est un indice de plus. Hoba etSabounse placentaisement dans I'espace vide laisse par le voyageur anglais entre le Oued el-Malehh et Dousan (2), qui est bien notre Doucen et le Deusen de Leon. Taolgha, ecrit Tulgah par Shaw et Theolaca par Leon, est aussi mentionnee par le Bekry (3), qui I'ortho- graphie Thaoulqah:il la place au nord de Denthyous, dont le nom a ete parfaitement lu par M. Quatremere , bien que ce savant n'y ait pas reconnu le Ranteuse de Shaw (4), identique dans la prononciation anglaisc ^ (i) Page loC. (i) Shaw, tome i, page iG6. (3) Bekry, page 96. (/i)5/irt«', ubi supra. ( III ) Benthyous est a line journee tie Beskarali , aiissi hicn que Thaoulqah. Cette derniere etape s'effectuc en {)as- santsoit par Lichana qui est a i heure de Thaoulqah et a 5 oil 6 heures de Beskarah, soil par Ouiillel qui est a 4 heures de la premiere et 6 heures tie la se- conde. Dans Lichana et Ourillel on n'a aucune peine a reconnaitre Leshanah et Ourelan de Shaw. Je vais soumettre a un exanien seniblbble un itint;- raire de Mehdyah a Beskarah envoye d'Alger par nos officiers tl'etat-major, et qui ne me parait pas trace avec toute I'exaclitude desirable sur la carte lithographiee du Depot de la guerre. Le voici : Depart de Medea. Passage de la riviere de Tit^ry. Barbanaguia 6 heures. Tilery , camp 7 Hajer, sur une riviere de meme noin. 7 Sidi-Issa , pres du Ouad el-Jenan . . 7 Sidi-Hazerac, prfes du Ouad el-Lahm. 7 (Les Arabes de ce pays sont , entre autres, les Aulad el-Madi). Chelal, au-del.i du Oued el-Sidra, et a 2 heures du Chott 7 (Route tie Constantine, h gauche; route du desert allant au Ouad el- Gedid , a droite). Allant au Ouad el-Gedid , Seada. . i jour. Halte sur les bords tie la Deffla. . . 7 heures. Moelhamel i Sadauri i Dossal I EI-Toual, sur le Ouad el-Gedid. . . 4 ( En remontant le Ouad el-Gedid vers I'cuest , on trouve les Aulad-Jellal et autres tribus. A Test, le long de la riviere , sur les deux rives , et a une flistancc successive de i a 2 heures , les boujgades sui- ( ^'2 ) vantes:Laua, Schara , Meckadenia, I'.en-Tias, Hauril- las, Zaoud ben Guard, Bigo, Meualiela, Taoud el- Charfa.Lili, Mouach , Sidi-Ocuba, Tbouda, Gartba, Seriana, Sidi-Kalil, El-Driz, Chatma, Felial. Beskara , ville. Bezcbagron, Lecbana, Zeatcba , Farfar, Taoug el Bey, Focala , El-Aineri ). La premiere station est a Barbanagnin, qui me parait n'etre qu'une faute de copiste pour Barrauaguia ct representer iles-lors le Burwakeah de Shaw, plus correctement Barouaqyah (lieu abondant en barouaq, qui est line plante epineuse); la distance indiquee cadre parfaitement aveccette coincidence, et la riviere de Ti- lery correspondrait des-lors au cours d eau qui , sur la carte de M. Lapie et sur celle du Depot, afflue au coude le plus oriental du Scheiif ; I indication dece cours d'eau est fourniepar un relevenient anglais que j'aurai occa- sion de citer plus loin. Titery, dont le noin s'e'crit plus correctement Ty- thery, est bien connue comme le camp du bey qui conimandait jadis a toute la province, et comme situe au pied dcs niontagnes appelees par les Arabes Hha- gjar Tylhery (les rochers de Tythery). Hajer se retrouve dans ces memes Hhagjar ou rochers. Sidi Yssa et Ouad El-Jenan sont les inenies que Sydy I'say et le Oued El-Genan, deja mentionnes plus haul. Sidi Hazerac pres du Ouad El-Lehm, ne pent etre autre qui le Sidi Hadje- rass de Shaw, pres du Oued el-Lahhm, ct je ne puis me rendre raison du double emploi commis a cet egard sur la carte lithographiee du Depot de la guerre. Chellal se trouve determine par sa distance a I'egard de Sidi lladjerass combinee avec celle de i heures a legard du Schath; et la petite riviere Oued el-Sidra, qui en est (ii3) voisine,tire son nom des jujubiers- lotos, qui sans doute croissent a sa source ou sur ses rives. J'ai constate a dessein , pour en tirer parti p lus tard , que les Aouled- Madhy habitent au-dela de Sydy Hadjerass et pres de Cheilal ; Shaw les indiqueaussi dans ces parages sous la forme Welled Maithie. Seada, qui suit, est'evidein- nient le daskerali d'Abou-Sa'adah, deja indique plus haut. La riviere de Deffla nous rappelle naturellenient le Ain Difla de Shaw, plus correcCement A'yn el-Defalay Qla source de I'Oleandre). Moel Hamel et Sadauri sont inconnus, et prendront aisement leur place dans le vide qui existe entre A'yn el-Defalay et Deousan, qu'on ne pent meconnditre dans le Dossal de notre iiineraire ; la carte lithographiee du Depot de la guerre incline done cette route beaucoup trop vers I'Ouest. Le Ouad el- Jedid est bien le Oued el-Gedy ou riviere du cbevreau , qui est suffisamment connue. Shaw maique non loin de ses bords les Welled Jillel , qui sont evideninient les Aulad Jellal de I'itineraire ci-dessus. La serie des bourgades indiquees ensuite sur les deux rives du Oued el-Gedy , en descendant vers lest, se retrouvepresqueentierenient dans Shaw, oi'i I'onpeut relever successivement, dans I'ordre de notre itineraire, Lewah, Syrab, Mukadmah, Banteuse, Oiirelan [Zaoud Ben Ouard manque), Beegoe, El-menalah {^Taoud-el- Charfa manque), Meleely, Oniash , Seedy Occ'ba , Toodab , Carta , Seriana [Sidi-Kalil et El-Driz nian- quent), Sbitmab (^Felial manque), Biscara, Boosha- groone,Lesbanab , Zaatshab , Farfar, Tulgah {Focala manque), el Lamree. Je m'occuperai encore, sous le meme point de vue , d'un autre itineraire envoye d'Alger, lequel est cense conduirede Mebdyah a Gonstantine, et dont I'emploi 8 • ii4 ) trop confiant a defiguni en plusieurs parties , d'une ma- uierc notable , la carte litliographiee dii Depot de la guerre. Depart de Mfcliah. Schkaou (ou Sebkaou) lo heures. Beroiiakie 9 Oued e!-Chehir 8 Oued Oullad el-Ziana 9 Oued Oullad el-Zenin 9 Clieliain 10 Sidi-Saliid 7 SIdi HIssa '2 Schellal, ville des OuUad-Midi 9 Messila ro Sarther 7 Ben-Sidi-Sahid 10 Const Sntiue 7 Ilelevons d'abord , sur cette route, tout ce qui nous est deja connu , sans prendre garde aux indications des distances: Nous avons d'abord Berouakie, qui est bien le Burwakeabde Shaw, etquis'ecritpluscorrectenientBar- ouaqyah ou Berouaqyeh; le Oued ei-Chebir est egale- ment le Wed Ashyre ou Shaier de Shaw, c'est-a-dire la riviere de I'Orge, Oued elSha'yr, Plus loin , en suivant de proclie en proche, sur la carte du chapelain anglais, la direction de cette route , nous trouverons Shilellah, qui doit coincider avec le Chellala de I'itineraire ci-dessus. Sidi Hissa represente p.ireillenient le Sidi Eesah de Shaw, que nous avons deja mentionne plusieurs fois, et dont la veritable orthographe est Sydy i say. C'est ainsi que nous arrivons, par plusieurs etapes connues, a Schellal, ville ties Oullad Miuli ^ que nous avons tout-a" Iheure trouvee dans I itineraire de Mehdyaii a Beskarah, ou elle est marquee sous la torme Chellal^ precisement dans le p^'»JS hiibite par los Aoulad-Madhy , et comme ( 'i5) situee en menie temps k i heures cle marche seulement du Scliath. Inimetliatement apres vient Messila on plu- tot El-Mesy!ah, tropconnuepourqna son egardaiicune equivoque soit possible, et dont la position s'accorde d'ailleurs amerveille avec les indications qui precedent. Le.reste jusqu'a Gonstantine est tout-a-fait ignore. La serie de concordances successives entre Mehdyah et El-Mesy!ah se compose d'anneaux trop nombreux pour qu'on puisse admettre que les deux routes qui ot- frententreelles tanl de reperes,puissent etre totalement differentes; les mesureshoraires des distances necadrent point, il est vrai , en beaucoup d'endroits; niais loin de trouver dans cette circonstance un motif qui justifiat I'emploide I'itineraire actuel de maniere a creer arbitrai- renient des details topographiques denues de tout autre fondement, j'y apercois une cause de rejet absolu de I'itineraire ou an moins des indications de distances qu'il presentent. Que Ion juge de Tetrangebouleverse- nient que la construction litterale d'un tel document a cause sur la carte du Depot de la guerre , par ce seul fait qu'El-Mesylah s'y trouve transporte a moitiechemin de Sethyf a Gonstantine, toutes les rivieres, tousles noms de lieux etant ainsi en double emploi a d'enormes dis- tances de leur veritable place: des lignes de route ima- ginaires semblent Her ces positions a des points connus appartenant a d'autres itineraires. Te nff saurais trop m'elever contre cet abus de liirnes de communications indiquees la ou des documens precis n'en constatent point I'existence : e'est un veritable piege, un dedale presque inextricable prepare aux verifications et aux recherches des geographes qui tentent de se rendre compte des elepiens employes. 8. [ ti6) EXTRAIT Du tapport des directeurs de la Societe americainc de colonisation pour Vannee i833. (i) Ce rapport commence par appeler I'attention sur les expeditions qui ont ete dirigees sur la colonic de Libe- ria, pendant le cours de I'annee i833. Le 21 avril , le brick V Ajax (capitaine W. -H.Taylor), fit voile de la Nouvelle-Orleans pour Liberia, avec i5o emigrans dont 102 de I'etat de Kentucky, 44 781 1827 1828 13,294 13,458 94 17 13,901 17,077 74 12 1829 19.795 61 18,487 34 1830 26,583 51 17,637 32 259 1831 27,999 15 28,068 15 441 1832 40,365 08 51,644 22 790 1833 37,242 46 35,637 54 108 2,769 i II a ete adopte , dans la reunion generale des socie- tairesdu 3o Janvier i834, diverses resolutions nouvelleS ou modificaiives , concernant 1 organisation interieure de la colonic. (1) AttiencAn Repotitory, e/c. , vol. x , n" I. ( I20 ) MEMOIRES De i'Academie americaine des Sciences et Arts de Cambridge. Le premier volume (nouvelle sene)du recueil de I'A- cademie americaine des sciences et arts (Cambridge, i833), contient plusieurs articles interessans. Nous dis- tinguons entre aulres les deux suivans, dont nous don nerons une jinalyse, comma ayant plus specialement rapport a la stalislicjue et a la geographic. 1° Observations siir la longevite et la duree de la vie ana: Etats-Unis , et plus particulierement dans Vetat de New-Hampshire i avec des remarques comparatives sur d'autres pays , par J.-E. Worcester. Dans ce petit e'lat de New-Hampshire , on a compte, de I'annee ij32 a 1824 > c'est-adire en 98 ans, 98 per- sonnes ayant passe I'age de cent ans, et il estaremar- quer que les exemples de la plus grande longevite sont fournis par des emigrans europeens : Zaccheus Love- vsrell , Anglais, a atteint I'age de 120 ans; Robert Met- lin, Ecossais , celui de 1 10 ; et William Scoby, Irlandais, celui de 1 10 ans. Le docteur Belhkap, historien du New-Hampsliire, affirme que les premiers planteurs du district de Lon- donderry ont vecu I age nioyen t'e 80 annees. U'apres le releve des bills de mortalite de 32 villes ou villages , pendant une pei'iode de 21 ans , on a calcule que dans I'etat de N;^w^-nampshire, la mortalite annuelle ( '^I ) est dans le rapport de i a 83 ; en France, elle est conime I a 3o J en Suede, conime i est a Sp; en Angleterre, comme i est ii 49 5 ^^ Russie, comme i est a Sg. En 1784 , Kian-Long , empereur de Chine , fit faire le denombrement de I'empire , et sur une population esti- mee 200 millions d'individus , ii ne s'en trouva que 4 au-dessus de 100 ans. La Suede, en i8i5, comptait 9 centenaires sur 2,465, 066 habitans. L' Angleterre , en 1821, en avail 168 pour 9,880,461 ; I'Ecosse, 102 pour 1,936,706; rirlande, en i8a4j 349 pour 6,801,827 habitans. II resulte des tableaux etablis par M. Worcester, que le New-Hampshire (E. U.) f'ournit un nonibre propor- tionnel de centenaires, bien plus considerable que la Suede et la Russie, pays qui ont fourni les exemples les plus frequens dune longevite avancee. Un autre tableau contient les nomS et les lieux de re- sidences de i3o personnes des Etats-Unis qui ont atteint I'age de no ans passes; 7 sont arrives a i3o ans; 7 autres a i33, i36 et 137; une a i42 , une a i43, et une negresse nommee Flora Thompson, a i5o. Ces faits detruisent les assertions de plusieurs ecri- vains qui ont pretendu que les habitans des Etats-Unis vivent moins long-temps que les Europeens. Le docteur Ramsay, dans son Histoire de la Caroline du Sud, dit que quelques emigrans allemands, francais, irlandais, ecossais, anglais, etdes parties septentrionales de rUnion , y sont parvenus a I'age de 100 ans et nieme de no ans, tandis que peu de naturels du meme eta!; passent 80 ans. La plus grande partie des cas remarqua- bles de longevite se trouvent dans les etats meridionaux de PUnion; mais les individus qui les presentent sont venus pour la plupart des etats septentrionaux de I'Eu- ( 122 ) rope ou de I'Afrique. II piiraitrait ainsi que le chaiige- ment de cliniat est favorable a la prolongation do I'exis- tence, connne le renouvellement de lair est utile a la sante. C'est un fait hien etabli (juo les femmes vivent plus long-temps ({ue les honunes. Selon les observations du docteur Price, la proportion entre les deux sexes, jus- qu a I age de 80 aiis, est comme 49 a 34 5 "lais P«sse cet age, on trouve plus d'honimes que de femmes. Sur pS individus habitant le New-Hampshire, ages de 100 a 1 10 ans, il y avait 69 femmes et 34 hoinmes; 5 personnes ayant passe no ans etaient toutes du sexe masculin. La majeure partie des individus plus tjue centenaires, qui existent aux Etats-Lnis , sont du meme sexe. M. Worcester remarque que les centenaires appar- tiennent generalement a la classe pauvre et laborieuse; on en compte tres peu parmi les gens fortunes ou ver- ses dans les sciences et la litterature. On a vu rarement des souverains passer ieur 7o'=annee , et sur 3oo papes, 7 seulement ont atteint 80 annees. Le meme volume contient une excellente Description mineralosiqne et geologique de In Nouvelle-Ecosse ^ par MM. Jackson et Alger. Cette presqu'ile, situee entre les 43 et 46° de latitude nord, et entre les 61 et 67° de lon'^itude ouest de Greenwich, a pres de 3oo milles de longueur et i5o de largeur, ou environ i5,ooo milles de surface carree. Le pays est parcouru par trois lignes distinctes de hauteurs {High lands^ dont deux sont connues sous la designation de montagnes septentrionales et montagnes meridionales, els'elevant rarement a 5oo pieds au-dessus du niveau de la mer ; la troisieme chaine se compose de collines arrondies. Les montagnes du nord formant la ( »23 ) cote sud-ouest tie la Nouvelle-Ecosse , s'etendent, sans line seule interruption, I'espace cJe i3o milles, el pre- sentent a la nier line insurmontable barriere ; celles du Slid sont bornees au nord et a I'ouest par une vallee a travers laquelle la riviere Annapolis decrit un cours de plus de 80 milles. Le meme volume renferme des observations meteoro- giques faites par le docteur Holyoke depuis lySG jus- qii'en 1829. W. RAPPORT VERBAL Sur la IS oinenclatui-a geogrdfica de Espana , DK M. CABALL.ERO , Fait a la seance du 22 aout 1834, Par M. n'AvEZAC. Messieurs, M. Firmin Caballero a publie a Madrid et fait parvenir a la Societe de Geograpbie un petit volume intitule : Nomcnclatura geogidphica de Espaiin , dont je viens vous rendre un conipte sornmaire. Le but de I'auteur a ele de passer en revue les noms geographiques de la Peninsule, pour les soumettre a une classification fondee sur I'analyse grammaticale, et recbercher, dans leiir signification , le motif de leur applicatiort aux localites. Dans I'ensemble de la nomenclature topograpbique de sa patrie , M. Caballero a cru devoir distinguer sepa- rativement les noms proprement dits, les sunionis,et les particules qui servent a Her le surnom an nom princi- pal; puis il a examine quclles especes d'alterations mo- difient le plus ordinaireinent les denominations de lieux ; enfin il a consacre un chapitre aux proverbes , si ( 124 ) frequens dans la Peninsu'e , siir les qualites et los de- lauls des populations ou des localites. Quant aux nonis proprement dits , il les considerc tour-a-tour conune simples ou composes, radicaux ou derives, appartenant a la langue nationale, u des patois provinciaux, oua des idiomes etrangers. Entre les patois ou les langues des provinces, il distingue successive- nicnt le Basque; le Li/uoiisi/i, comprenanl le Catalan, le Valencien et le Baleare ; puis enfin le Galicien , qui «'est autre que le Porlugais. En ce qui touche les deno- minations empruntec's a de§ idiomes etrangers, il les classe en celtiques, phenicienncs ou puniques, grecques, romaines ou latines, gothiqucs et enlln arahes. Cechapitre est la portion la plus intercssantedu travail de M. Caballero; e'en etait aussi le plus difficile ,et I on doit rendre justice, en general, a la sage reserve qu'il a apportee dans la chanceuse recherche des etymologies; mais c'est una matiere si delicate, ou I'esprit est si aise- nient trompe par de fausses lueurs, que nialgre sa re- serve, I'auteur s'est laisse entrainer a des conjectures el des assertions hasardees que des etudes linguistiques speciales lui eussentfait eviter. Je ne m'arreterai point a relever 1 intrusion des mots arabes ah-tlialayah (vigie) et al-meiidrah (phare) dans la liste des noms caslillans, puisqu'ils sent complete- ment naturalises dans la langue espagnole; mais je ne puis me dispenser de me recrier sur le classement d'«/- pujarras parmi les noms celtiques , comine derive de la racine alp , dont je suis loin d'ailleurs de contester le celticisme; mais c'est un fait historique constant, que alpujarras estvenu de I'arabe al-bonigehit , nomdonne a ce canton a cause des tours nombreuses qui y avaient ete elevees. C'est egalement un fait historique que Gi- ( 1.5 ) braltar vient de Gebel-Tlidreq et nom de Gehel-Tharjf. Jlpuente me parait representer exactemerit le latin ad poiitem , et je ii'y saurais reconnaitre, non plus que dans ses analogues, Ihybride produit de I article arabe et d'un nom castillan. Caldf eX Benica/df qua M. Caballero rapproche de Calat , Alfdques et Benalfaqid, dont il veut trouver la racine dans al-zaque , ont evitlemment uiie toute autre origine, et 11 est surprenant, au nioins quant au dernier nom, que le mot si coiinu de faqjh ne soit point venu a la pensee de I'auteui-. Dans les etymologies basques , il me semble avoir trop legerement accorde creance aux reveries de quelques enthousiastes qui ont deraisonne sur leur langue mater- nelle. La signification actuelle dumot ola (cabane), celle d II mot egui (colline) , me semblent , par exemple, offrir un caractere de simplicite et de verite bien prefe- rable a I'explication torturee de ses guides. II meconnait frequemment lui-meme , dans sa traduction des noms basques, les regies de la syntaxe decetidiome, dans lequel,par exemple, Iturbide ne signifie point, comme le dit M. Caballero , Fontaine du cheniin , niais bien Cbe- min de la fontaine; ou Echegojen et Goyeneche n'ont point un sens identique, car I'un exprime un haut de maison , lautre line maison den haut 5 ou Elexa\>eilia ne veut pas dire lebas de I'eglise, mais feglise basse, etc., etc. On reconnait qu'il a manque a M. Caballero , pour le basque, I'etude des deux excellens ecrits deM.Guillaume de Humboldt {Berlchtigungcn und Zusdtze zum Mithri- dates^ et Prii/ung der iintei suchungen iiber die urbewoh- ner Hispaniens verinittelst des vaskischen spi-ache) ^ ou il eut trouve I'analyse et I'application la plus philosophi([ue qu'on ait encore faite de ce curieux langage 5 et pour I'arabe, i! a eu tort de negliger les secours nombreux ( ^^e ) que lui eussent offerls la Bihiiothecn (trnbi('0-his])ana de Casiri, et la description de I'Espngne du scliei-yf El- Edrysy, traduitc et commenlee par Conde. Passant des detads a lensemble, je me demande si I'ordre dans lequel ^I. Cabaliero a classe les divers Ian- gages n'est point susceptible d'amelioration : il me senible, en etfet, que le castillan , K; basijue, le limou- sin, le galicien , le celte, le phenicien, le grec, le latin, le gothique et I'arabe, ainsi ranges, n'offrcnt point entre eux la serie la plus rationnelie a laquelle il soit possible d'atteindre; je verrais plus d'avantages a rap- procher niutuellenient le grec, le latin, et le groupe que j appelleraidu nomcommun qui lui appartient, romane, sauf a le subdiviser en Catalan , portiigais et castillan 5 puis a cote je voudrais placer le basque , qui dans son etal actuel doit aux langues neo-latines la majeure par- tie de ses mots; puis d'autre part, le celte et le gothi- que ;eteiifin dans une derniere categorie, le punique et I'arabe, mettant ainsi cote a cote les langues que des racines communes et un systeme peu dissemblable da- nalogie grammaticale doivent reunirpar families. Apres les noms, iM. Cabaliero traite des surnoms , qu'il classe en douze articles ditferens , suivant qu'ils indiquent une propriete royale, ou une domination seigneuriale, soit laique , soit ecclesiastique; qu'ils sont empruntes de la ville voisine, ou de la circonscription territoriale, ou de (jiielque personnage, ou dune ri- viere; qu'ils enoncent, entre plusieurslieux homonymes, I'etat relatif d'anciennete , d'importance, de situation; ou qu'ils font allusion d'une mauiere absolue k la posi- tion topographique , aux productions naturelles ou \xt- dustriellos,ou bien cnfin a c{uelque souvenir historique. Certains li«;ux sent indifferennnent designes par deux ( 127 ) on plusiours clenominalions diverses^ M. Caballero ii'a point oublie den pailer. Puis il vient aux particules qui entrent dans la com- position des noms geographiques espagnols : il y recon- nait tantot des prepositions, tantot des adverbes, sou- vent un simple article. Ensuile il traite \\es figures, qui le plus liabituellement alterent les denominations primitives, telles que la syn- cope, I'apocope, la synalephe, I'apherese et lametatbese. Le livre tout entier, mais cet article surtout, sont em- preints dun certain vernis scolastique auquel les etudes modernes ne sont gaere plus accoutumees. Enfin le dernier tiers du volume est consacre aux proverbes et dictons populaires relatifs aux localites, a leurs babitans, a leurs productions, etc. , etc., distri- bues en une serie de vlngt paragraphes. Cette partie n'est pas la moins curieuse de I'ouvrage. Sauf ce dernier chapitre, qui parait aussi complet qu'il ait dependu de Tauteur de le faire, et qui ne pent etre considere, au surplus, que comme un interessant nppendice a ses considerations sur la nomenclature geo- graphique de I'Espagne, on ne pent s'empecber de re- gretter que M. Caballero se soit borne a tracer un cadre sans le remplir; il nc me parait point douteux, toute- fois, qu'il n'air dresse pour lui-meme un complet inven- taire de cette nomenclature dont il a fait une etude si perseverante; c'est un travail qu'il ne peut etre qu'utile de publier, et dor.t il serait a desirer que Ion possedat les analogues pour les autres contrees du globe : les noms locaux ne sont que trop souvent defigures a I'e- tranger, et c'est un service a rendre que d'en fixer la veritable orthographe, fondee sur I'analyse grammati- cale et la signification originelle. ( 1^8 ) NOTICE SUR UN OUVUAGE »E M. LE DOCTEDR GUTETAND, INTITULE : Tableau dc Vetat actucl de Veconomie rurale dans le Jura , et considerations sur la geographic physique de ce departemcnt, Lue a la Societe de Geographic , dans sa seance du 4 juillet i83/, , Par M. RoUX DE RoCUELLE. Les etudes geographiques nous paraitraient incom- pletes si elles se bornaient a de simples recherches sur la forme de la terre, suv le trace de ses con linens, des chaines de montagnes qui les traversent , des fleuves qui en parcourent les regions inferieures. Tous cesaccidens de la surface du globe nous conduisent a d'aulres con- siderations sur les couches dont son enveloppe se com- pose etsur laparure dont elle est revetue. Nous regar- dons la terre comme I'habitation de 1 homnie : tout ce qui peut concourir au soutien de son existence et on developpement de son bien-etre est digne d'interet pour nous. De la resulle une alliance nalurelle entrc la geogra- phic et quelques autres sciences egalement litfes a I'e- tude de la terre ou a celle de la race humaine. Nous ai- mons a chercher quels rapports offre la situation d'un pays avec les plantes dont il est orne , avec la culture qui peut encore Tenrichir; et nous pouvons, sous ce ( 129 ) point de vue, puiser une nouvelle instruction, dans nn ouvrage qui vient d'etre offert a la Societe par M. le docteur Guyetand, sur I'etat actuel de re'conomie ru- rale dans le Jura, et sur la geographie physique de ce departement. Un precis raplde sur la situation de cette contree de- vient necessaire pour que Ion puisse suivre avec plus de fruit la marche de I'auteur dans les differentes par- ties du terriloire qu'il veut parcourir. Le Jura prend son noni de la chaine de niontagnes qui forme sa limite orientale et qui !e separe de la Suisse. Cette chaine, tracee dans la direction du nord-est au sud-ouest, s'abaisse graduellement vers I'occident, par une suite de plateaux, de vallees , de niontagnes infe- rieures, dont les cinies sont generalement paralleles. Les principales rivieres qui coulent dans cette direction des vallees du Jura sont laBienne, I'Ain , la Valouse. La ri- viere d'Ain recoit les deux autres ; elle parcourt ce vaste plateau situe cntre les plus hautes sommites des nion- tagnes et leurs degres inferieurs , qui descendent de c6- teaux en coteaux jusqu a la plaine. La plaine occupe les parties occidentales du departe- ment : elle s'incline vers le lit du Doubs et vers celui de la Saone par des pentes insensibles; c'est au nord- ouest quelle a le plus d'etendue. Les principales rivieres qui la traversent, et dont le cours general est d orient en Occident, sont : lOgnon , la Loue, la Cuisance, la Glantine, la Seille, la Valliere. Cette difference entre les deux grandes parties du territoire fait deja reconnaitre que I'une et I'autre ne doivent pas avoir les menies productions. Celles de la niontagne et celles de la plaine sont essentiellenient dis- tinctes : il s est meme forme dans la zone qui les separe 9 ( >3o ) une region inlermediaiie (jiii occupc tout le premier rang lies collines : cette contree est celle ties vignobles; la r('£;ion tie Li plaine est consacree aux ct?reales,et celle (!es niontagnes lest aux paturages et aux forets. C'est en t^ntiant dans les details de ccs trois "landes divisions que ion est conduit a examiner les dil't'eientes propriett?s de leur sol , leurs productions naturelles , et les cultures varices dont elles sont susceptibles. La region qui se presenle la premiere est celle des uiontagnes : elle est la plus etendue; elle occupe les deux cintjuiemes du departement; et connne t;lle pre- sente dans ses plus hauls sommets et dans ses parties infeiieures deux caracteres bien distincts, I'auteur la divise en haute et basse inonta£;ne. La haute uiont;i£fne reiiferme le vallon de I Orbe , la vallee de la Bicnne , celle du Grandvaux; la basse montagne, situee a I'occi- dent de la premiere, comprend la Combe d'Ain, et les plateaux et les vallees qui se prolongent du nord est au sud-ouest, depuis les hauteurs de Salins jusqu'au bourg de Thoirette , qui Jut le berceau de Bichat , et qui ter- mine le departenient au midi. La pierre calcaire dont se compose le massif de ces montagnes se partage en deux varietes : eJle est dure , compacte, et dun grain fin dans les chainons les plus rapproches des Alpes ; e'.le a un tissu lache et a gros grains dans les chainons inferieurs, et cette seconde qualite renlerme un grand nombrc de zoophites et de coquillages petrifies. Les mines de fer, les tourbieres, les carrieres de gypse de cette contrt»e, y tlonnent lieu a des exploitations utiles. Les arbres resineux croissent spontanement dans la haute montagne, et les forets y sont principalement coniposees (\o sapins proprement dits, et d'epiceas. ( i3^ ) Quelques autres essences de bois y sont aussi melees; mais, a I'exceplion du hetre, elles sont tres peu noin- breuses. Dans les forels de la basse montagne , on reraarque le cbene , I'erable, lefreno, le betre, I'orme, le peu- plier, le lilleu!. L'auteuv a rassemble dans son ouvrage une nomenclature etendue des arbies, des aibrisseaux, des planles herbacees qui croissent dans les differenles parties de ces regions, ou elles caracterisent a-Ia-fois le climat et la nature du sol : il a distingue les plantes qui croissenl dans les lieux les plus eleves ou sur les pla- teaux inferieurs, et celles que Ion y trouve an bord des tourbieres ou dans les prairies les plus ferliles. Son ou- trage pourrait servir de guide pour la geographic bota- nique du departement du Jura, et il offre I'applicalion de quelques vues gcnerales que j'ai eu I'bonneur de vous soumetlre dans un precedent Meinoire. Lorge, I'avoine, la pomme deterre, sont les seules cultures qui puissent reussir dans la haute montagne : I'entretien des troupeaux, la fabrication des fromages , y deviennent la principale ressource des habitans. Les chalets ou 1 on exerce cette branche d industrie sont si- tues au milieu des hauts paturages : on y monte avec les troupeaux vers le commencement de juin ; on les quille des le 9 octobre, et Ion s'applique, pendant le reste de I'annee, a la culture de la terre ou a I'exercice de quelque profession mecanique; genre d'industrie qui distingue les habitans des regions les moins fertiles , et qui leur procure une aisance dont ils seraient prives par I'ingratitude du sol. Dans la basse monlagne, ou la terre est plus feconde, on a donne plus de developpement a I'agriculture. On joint aux graines que nousavons nom- necs le iroment d aulunme, le seigle , les pois, les vesces, ( l32 ) Jes lentilles, le mais, el Ton fait alterner la culture des planles alimentaires par ties assolemens regulicrs. Les ceieales d'automne sont cultivees la [jremiere annee ; on donne la seconde aux cereales dii printenips, la troi- sienio aux legumineuses, et une partie des champs est niise en jachere. On fait aussi eiitrer dans cettc culture la navette, le colza, la canieline, d'oii Ion extrait de I'huile j la rave, le choux, le chanvre, lelin,et tjuelques autres semis, tels que le trelle, reserves a la consommation des bestiaux. Le vignoble, qui se prolonge sur la chaine occlden- tale du Jura, et qui en occupe toutes les collines infe- rieures, est la region la plus productive de ce departe- ment : les villes de Salins , d'Arhois, de Polignv , de Lons-le-Saulnier, de Saint-Amour, se trouvent place'es dans la direction de cette ligne de culture, et la ville de Dole est a I'extremite d'une seconde lisiere de vignobles qui s'etend vers le departement de la Haute- Saone. Des bancs de marne, de I'argile, des couches calcaires auxquelles sont melees de nombreuses coquilles d'ani- raaux marins, fossiles ou petrifiees , composent en ge- neral le sol de cette region. La culture de la vigne y commence au pied des roches calcaires, a 4oo metres environ au-dessus du niveau de la Mediteri-anee. On evalue a une surface de plus de seize niille hectares car- res le vignoble du Jura : I'auteur indique les differens plants de raisin que Ion y cultive, et les qualites de vins les plus renommees, telles que celles de Salins, d'Ar- bois, de I'Etoile, de Chateau-Chalon. Tous les arbres fruiliers reussissent dans le vignoble ; les noyers , les cluitaigners , y e'taient autrefois nmltiplies; mais a me- sure que Ion a etendu cette culture, elle a envahi les ( i33 ) forets du haut des collines et !a phi part des plantations inferieures. Toute la contree du vignoble est arrosee d'lm gi^nd nombre de ruisseaux, et Ion a remarque que la pluparl des sources salees s'y trouvaient egalement. Celles de Lons-le-Saulnier et de Salins ont dorine lieu a des re- cherclies et a des decouvertes de mines de sel dont nous avons rendu compte a la Societe. La piaine du Jura peat etre consideree conime un terrain d'alluvion ou sont melees des substances cal- caires, divisees en sable, en gravier, en galets : elles re- posent sur des bancs de marne ou d'argile, et sont i-e- couvertes d'une couche de terre vegetaleplus ou nioins profonde, plus ou moins melee aux autres substances de sa base. Cette region renferme entre le Dorain et la Seille de nombreux etangs et des terres marecageuses. L'abaisse- ment ct le peu de pente du territoire en rendent sans doute le dessechement tres difficile, et les plaines voisines du Doubs et de la Loue y sont egalement exposces aux inondalions. II serait digne des soins du gouvernement d'affaiblir par de sages mesures cette cause de dommage et d'insalubrite : I'auteur croit ce resultat possible, et ses vucs sont celles ddn homme eclaire. Toutes les cereales, toutes les autres plantes alimen- taires, reussissent dans la piaine du Jura. Le froment d'automne en est la production la plus importante; on y a midtiplie les arbres fruitiers , le betail , les chevaux, tons les animaux et les oiseaux domestiques. De nom- breuses ameliorations dans la culture se sont intro- duites depuis quarante ans dans la piaine, comme dans le vignoble et les montagnes : I'auteur les indiquc; il en conseille encoi'e plusieurs autres, et ce salutaire mouve- ( i34 ) ment imprinie a Tagriculture continue de faire des progres. Nous avons pu remarquer , en lisant cetouvrage, combion de rapports avaicnt les productions de la terre ayec la geographic physique dun pays , avec la nature du sol , la distribution des eaux , le relief du terriloire et la temperatuie du cliuial. La geographic ainsi liee aux etudes agricoles , tend a leur donner une sage direction: elle merite d'etre envisagee sous ce rapport, et tout nous ramene a cette observation generale, qu'une science acquiert plus d'iniportance par lutilitc de ses appli- cations. L'ouvragedout nous venous d'otfrir lanalyseest celui d'un observaieur habile et d'un bon citoyen. Ses con- naissances en histoire naturelle lui ont permis de s'e- tendre sur la geologic du departement du Jura, et sur la grande variete de ses productions; il y a joint toutes les notions de zoologie qui pouvaient se iier a son tra- vail sur leconomie rurale, et tous les principes d'hy- giene que lui suggerait son habilete comme medecin. L'etude du bien-etre de ses cumpatriotes la occupe avant tout : il sest empare avec cuipressement dun sujet que la Societe dEmulation du Jura avait mis au concours, et il a nierite et obtenu que la Societe cou- ronnat son ouvragc. ( ^y- ) DEUXIEME 8ECT10N. DOCUMENS, COMMUINICATIONS, NOUVEILES GEOGRAPHIQUES, ETC. NOUVELLE-GREXADE. On lit (laiis cm rapport en date dii 2 mars i834» adresse au congres de la Nouvelle-Grenade , pa:- le secretaire d'etat de I'interieur et des relations exterieures Lino de Poinbo(i), qu'il a ete deride de dresser un atlas conipiet de toutes les provinces de la republique , en tracant une carle cliorographiquc de cliacune d'elles en particnlier, et une carte generale de tout ie terrltoire. Celte qperation, confieea deux Commissions, composees de gens cxpeiimenles et munis de tous les pouvoirs ( t iinslrumens necessaires, parait devoir durer de six a hnit annees. Ce rapport est termine par un tableau dii nonibre iVecoles et d eleves des deux sexes, existant acluelle- nient a la Nouvelle-Grenade. Nous donnons ci-apres ce document. (i) Esposicion del secrelario de cstiido en el despaclio itel interior i relaciones exteriores del gobierno de la Nucva-Grcnad )) 54 297 123 » 3,841 FILLES. Ecoles Eleves. 45 TOTAL DES Ecoles. 11 28 1 10 2 71 t\k\ 850 1,450 » 32f. » )) 209 99 208 140 » 130 5) » 54 297 123 3,880 DEUX SEXES celles regies par la methode Lancaster ienne de celles regies methode. ANCIENNE METHODE. TOTAL GENERAL des GARCONS. FILLES. TOTAL DES ]£coles. Eleves. Ecoles. Eleves. Ecoles. ]Sleves. ficoles. Eleves. 54 1,965 14 354 68 2,319 79 3,169 42 1,269 8 255 50 1,524 78 2,974 13 325 » » 15 325 15 325 15 331 40 562 55 893 58 1,219 8 225 » )) 8 225 8 225 6 104 )) » 6 104 6 104 )) » )) » » » » » 26 299 16 241 42 540 45 749 17 561 « )) 17 561 20 660 11 380 » » 11 386 14 594 22 774 » » 22 7 74 26 914 19 4 36 7 23 26 459 20 459 42 1,829 15 336 57 2,165 60 2,895 2 163 » )) 2 163 2 163 23 729 )) 11 23 729 23 729 15 815 )> » 15 815 10 869 25 774 I 9 26 783 30 1,080 14 320 1 10 15 336 • 17 459 1 2:) » ;» I 23 1 23 357 11,328 102 1,796 459 13,124 530 I7,0l0l w. ( '^8 ) SOCIETE AMERICAINE DE COLONISATION. La Societe de Colonisation ile I'etat d ■ Maryland avait annonce I'inlention de fornicr un etablissenient au cap Palmas, sur la cote d'Afriijne. Scs aj^ons viennent d'y acquerir la possession d un teiritoire de 4^0 niilles Carres environ, s'etendant de 20 inillcsle long de la cote sur a-peu-pres autant en profondeiir. Cette acquisition comprend le cap et le liavre qu'on dil ctre le mcillLiir de la cote depuis Sierra Leone Jusqu'a Fernando Po. La situation est elevee, parait salubre et n'est environ- nee par aucuns marais ou aniius deau slagnante^ le sol est riche et les eaux qui le baignent abondent en huitres et en poisson. La Societe a [)aye cc terrain , en diverses inarcban discs, exclusion faitede liqueurs foites ou esprits, et moyennant Tengagement d'etablir, dans le delai d'une annee, trois ecoles libres a I'usage special des naturels, dans les trois principales villes. Les indigenes inontrent les dispositions les plus aniicalcs et un grand desir de s'instruire. (i) Le capitaine Rdey, connu parsonzele philantbropique et par les souffrances dune longue caplivite parnii les Arabes du desert, a rccemnient rapporte d'un voyage de Moiradore et offert a la Societe Ainericaine de colonisa- tion , deiix boisseaux de ble de Barharie^ dans I'espoir qu'il serait mieux adapte au sol de Liberia que le grain qui y est cnltive. Le ble de Barbaiie passe pour le nieil- Icur quil y ail, et croit clans un pays oil le froid n'est point connu. W. {^Liberia H?rald, 24 deceinbre i833. ) (l) T/ie nfricaii ReposUory, vol. X, li" 4 'juili l834). ( i39 ) Bo Poro, I'lin des etablissemens indigenes voisinsde Liberia, est silue sur une hauteur et peut etre vu de plusieurs niilles a la ronde. La route qui y conduit de Monrovia va toujours en montant, est rocailleuse et bordee de cliaque cote par de tres grands arbres, entre- meles de quelques vigneset arbrisseaux, principalement dans les lieux qui ont ele cullives. A i5 ou 20 milles de Bo Poro, on n'apercoit qu'un tres petit nombre d'arbres forestiers dans (juelques petites places inaccessibles a la culture. La raison de cette difference est que les natu- rels se rapprochent tous les ans, de plus en plus, de la ville pour elablir leurs fermes , et fontautant de clai- rieres des endroits qu'ils abandonnent. On trouve a Bo Poro de Teau fraiche en abondance ( qu'on croit provenir dune source d eau vive)dune excellente qualite; elle est toujours froide, surtout en novembre et en deceinbre. — La ville consiste en 3oo a 35o niaisons contenant environ 3,ooo habilansde toutes sortes de tribus, dont Boatswain est empeieur souve-, rain , quoique chacune d'elles ait son nionarque ou chef particulier. Qtielques-uns de ces derniers se croient egaux en pouvoir a Boatswain , raais ils se garderaient bien de manifester cette pretention en sa presence. II y a a Bo Poro un niarche quotidien , ou Ton peut se fournir de riz, cassave, plantains, huile et noix de palmier, et de toutes sortes de viunde sauvage, depuis celle de I'ele- phant jusqu'a celle (\i\ singe. On s'y procure aussi du poivre, du set, des poules, dj.i poisson , des oeufs de poule, des mats, des corbeilles de fantaisie , du coton tisse, des draps de coton , etc. , contre du labac et tous les articles de manufacture europeenne. Bo Poro est genera lenient frequente par la plupart des Africains, qui ( '4'> ) veulent faire proniptement lour trafic ; c'esl daillcurs le point capital (le la cote occidentale d'Afrique, dans nne longueur de 200 a i^oo milles, 011 le commerce ne peut s'etendre par 1 influence et la terreur cjua su inspirer Boatswain. W. ( Liberia Herald y 24 fevrier i834. ) COLONlIi DE LIBERIA (Aflique). M. Voorhees , commniandant le Sloop de guerre, John Adams, de la marine des Elats-Unis , a visite recemment la colonic de Liberia. Dans son rapport, date du cap Mesurado, le i4 decembre i833, et adresse, au secretaire de la marine, cet officier repre- sente Monrovia k comme etant dans une condition prospere , ses habitations offrant un air d'aisance et de proprete vrairnent remarquables. Plusieurs magasins . construits en pierre et des quais^galement en pierre , bordent le fleuve j d'autres sont en construction; des batimens debarquent ou font leur cargaison de retour; enfin , il regne un mouvement et un aspect d'affaires, tels qu'on en voit dans nos ports marcliands. Tout le monde parait occupe; ct le lion ordre et la moraiite se font sentir dans les rapports avec les babitans.o 11 y a quelque temps, un baleinier francais fit nan- frage au sud de Grand-Bassa. L equipage, compose de 20 individus, fut recueUli par les colons du lieu, qui lui faciliterent les moyens de se rendre, en longeant la cole, jusqu'ii Monrovia; la, les nauf'rnges furcnt places a bnrd dune goclette du gouvernement, qui les con- duisit aGoree, lieu de leur etablissemcnt. Le gouverneuc ( '4i ) de celte colonle envoya un clesesofficiers , pour adres- ser aux liiibitans de Liberia, les remercimens qui leur etaient dus pour leur conduite genereuseet hospitaliere dans cette circonstance. On dit que des navires de Cuba frequentent actuel- lement cette cote, vers I'equateur , pourse livrer a 1 o- dieux trafic de la traite. Le capilaine Voorbees pense qui! faudrait un bateau a vapeur arme en guerre, pour croiser dans ces parages, attendu les calmes quiysont tres frequens et durent plusieurs jours; les batimens ordinaires fdent rarement plus de deux nceuds a I'beure, et Ion considere 40 milles par jour comnie une niarcbe tres rapide. Le John Adams, ayant toutes voiles de- hors, a mis 10 jours a faire 240 milles sur cette cote. W. CHEMIN DE FER POUR UNIR LES DEUX OCEANS. Une souscription de 90,000 dollars a ete faite a Pa- nama pour la construction d'un chemin de fer de cette ville a cellede Porto-Bello, c'est-a-dire de I'ccean Paci- fique a I'Ocean Atlantique. On a decouvert un passage qui, en general , n'est point occupe par des collines et qui n'a pas plus de 35 milles de longueur. Les commissaires charges d'explorer cette route par- tirent de Panama le 25 mars dernier et n'etaient pas de •retour le 6 avril. W. ^2 ) TROISIEME SECTION. Actes de la Soci^te. PP.OCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance da if^"" aoilt i834. Leproces-verbalde la dernlere seance est In etadopte. M. JomartI communique tieux leltivs parlictilieres qu'il a recucs de M. Frederic Waldek , voyageur en Amerique, ancien eteve de lecole francaise. Ces lettres datees de Tabasco dii 21 mars et du 20 avril i834, coniiennent des details circonstancies sur les antiquites de Paienqiie el des pays environnans explores par cet artiste, qui a deja passe deux ans sur leslieux, et qui se propose d'y sejourner deux autres annees encore. II a releve une carte topographique, copie avec soin les bas- reliefs des nionumens, leve les plans, dessine les coupes et elevations des edifices, etc. M. Joniard ajoute que le talent de M. Waldek, comme dessinateur, etant bien connu, Ion doitesperer des representations lidcles des nionumens de celle partie de lAmeriquc. M. Leprieur depose sur le bureau le rapport qu'il a presente au miuistere de la marine sur son voyage dans la Guyane centralc. M. Warden rend comptc du premier volume (nou- velle serie) des Memoires de I'Acade'mie americaine des sciences et arts. II comnmni(jue ensuile 1 extrait d'un rapport desdirecteurs de la Societe americaine de colo- nisation pour i833, ainsi qu'ime note sur le chemin de fer projet*^ dans I'isthme de Panama, et qui doit unir les oceans Allantique et PaciCque. Ces diverses conununications sont renvoyees au Comite i\u JiuUetiii. ( '43 ) Seance dn 22 nuut. Le proces-vei bal cle la derniere seance esl lu et adopte, M. le Ministre de la marine ecrit a la Societe pour lui deniaiider communication du resultat de I'exanien qu'elie aura fait des travaux de M. Leprieui"' sur la Guyane; i! desire aussi qu en exprimant son jugement sur lenierite de rexploration elfectuee par ce voyageur, la Sociele emelte son avis sur les dispositions qui se- raient a faire pour coniinuer utilement cette reconnais- sance. M. le President designepour s'occuper de cette question, MM. Coraboeuf, D'Avezac, et V\ arden. M. De Jablonsxki, administrateur de la paroisse d'Op- pova en Hongrie, sur la trontiereturque, offre de faire, aux frais de la Societe un voyage dans I'interieiir de la Guyane, et il demande les secours et les instrumens qui lui sont necessaires pour entreprendre ce voyage. La Commission arrete que M. Jablonsxki sera remercie dune offre de zele dont elle regretle de ne pouvoir prof'ter, les usages de la Societe ne lui permettant pas de faire les frais des voyages de decouvertes. M. le secretaire de 1' Academic royale des sciences de Berlin adresse a la Societe le premier volume de ses Memoires pour lannee 1882, et M. le secretaire du comite des traductions orientales de Londres transniet une serie de volumes publics par ce comite. — Remer- clmens. M. D'Avezac communique I'extrait dune lettre par- ticuliere qui lui estadressee de Londres etdans laquelle on lui annonce qu'il se prepare actuellement deux ex- peditions geographiques en Angleterre : I'une serait chargee de I'exploration de la Guyane anglaise et aurait pour but principal de determiner la geographic pby- ( M4 ) sique de ses districts interieurs, en les liant aux posi- tions fVancaises dans lost et a cellesde M. de Humboldt dans rouest;rautre serait destinee a pe'netrer dans I'in- terieur de I'Afrique australe par la haie Da-Lagoa, pour Her les decouvertes des niissionnaires dans Ic nord du Cap de Bonne-Esperance avec ce point du littoral et peut-etre nieme avec les sources du Zanibeze et Ics eta- blissemens portugais de I'interieur le long de ce lleuve. M. Joniard communique une lettre particuliere de M. le baron de Hammer, annoncant I'envoi d'une notice sur le voyage de M. Leon De Laborde, et d'un nouvei o[)uscule de M. le comte de Serristori sur la statistique de I'ltalie. Le meme membre annonce que M. Haradere lui a donne communication d'une panic des manuscrits de M. le colonel Dupaix sur les niitiquites de Palenque, d'apres la copie falte sur les originaux du musee de Mexico. M. Baradere est sur le point de se rendre au Mexique, ou il esperereunirdes moyens d'exploration. M. Bottin ecrit a la Societo pour lui of'f'rir, de la part de 1 auteur, J\L Noellat, de Dijon, une carte de France, politique, industrielle, commerciale, classique et rou- tiere, ainsi qu'une geographic universelle ancienne et moderne. M. Warden, communique divers renseignemens, I" sur le nombre des ecoies et des eleves des deux sexes existant acluellement a la Nouvelle-Grenade ; 2° sur le nouvei etablissement forme par les Americains au Cap Palmas; 3°surBoPoro, I'un des etablissemens voisin de Liberia. — Ilenvoi au Comite du ]5ulletin. M. D'Avezic fait un rapport verbal sur la nomencln- clatura geograficade Espahadie. M. Caballero. — Renvoi au Comite du Bulletin. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPIilE. SEPTEMBRE i8j4. PREMIERE SECTION. 3IEM0IRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. RELATION DUin -»oyage dans Vinierieur tie V Afrique seplentrionale, Par Hhaggy Ebn-el-Dyn el-Eghouathy. NOTICE SUR LE TRACE G^.OGR APHIQUE d'uNE parti E DE L'ArRIOTJE SF.PTENTRIONALE. (suite ET FIN.) Avant de quitter la province de Constantine, j'ai iiii mot a dire de Baiihayali, orthographie Bagai par Shaw, - qui parait avoir eniprunte ce qu'il en tlit a la relation nianuscrite d'Antoine Peyssonnel , lequel lavait visitee a la fin de juin 1725. Je n'ai pu nie procurer cette rela- tion originate; et il me parjit d'autant plus indispensa- ble den faire une etude approt'oiidie, qu'ayant pu com- parer aux resultats que Shaw^ eh a conclus ceux que lO ( '46) M. Lapie et M, Guillaume Barbie du Docage en onl tires a leur tour, je nie suis Irouve embarrasse d'optor entre trois versions diverses : encore rcstait-il la ditficulte de faire cadrer Tune on I'aulre d'elles avoc K's indications puisees a d'autres sources; j'ai renonce des-Iors a re- soudre quant a present une question qui n'avait d'ail- leurs pour Tensemble de mon travail aucun interet ac- lu(d, et j(; me suis d'autant plus aisenient resigne a ni'abslenir, que mon excellent ami M. Guillaume Barbie du Bocage , qui m'avait coinplaisamment communique ses propres extraits de la relation de Peyssonnel , s'oc- cupe de rechercher loriginal de celle-ci , afin de la pu- blier avec une construction grapliique de la route de ce voyageur. Des extraits et des croquis que j'ai eus sous les yeux, je dois me borner a concluretjueLandjese et Bagai sont seulement a 8 heures ou 20 niilles de distance mutuelle, ainsi que la adoptcShaw; or la distance de Lambese a Diana n'est que de 33 mille pas ou 26 1^2 milles geogra- phiques, au maximum, d'apres I'itineraire d'Antonin, ce qui , avec les 24 milles entre Zainab et Selbyf indiques par Shaw et qui resuhent egalement de I'itineraire de Peyssonnel, ne produira que 70 iji milles entre Setliyf et Bagbayah. Or Scbaw donne, d'un autre cole, une niesure de 24 lieues ou 72 milles entre Qala't-el-Alsnyn et Biigbayali (x); ccs deux lignes ne peuvent se rencon- trer merae sur la voie directe do SetbyfaQala'h, et bien nioins encore en inclinant loutes deux au sud pour aller au-dela du Gebei-el-Ouastli, qui lui-meme est au-dela de la montagne de Seedy Rougeise , visitee par Sbaw, et siluee a 42 milles au S. 1''. i;4 S. deConstantine. (f) De Gellah a AynT\l!ali , 18 lieues dans I'ouest, et de lA a Bagai, r> lieues dans la nidme direction. ( ^47 ) Dune autre p-ut, lEdrysy iiulique ljaghay;ih a 8 jouniees de Bougie, el a 4 stations deTliobnali, qu'il met elle-menie a G journees de Bougie; le Bekry met, de son cote, Bagliayali a 4 journe s de Beskarah (i) ; une position nioyenne de 35" 23' N. et 4° 3o \l. rempli- rait tres bien res conditions, au taux uniforine de i5 niilles a lajournee; mais elle ne peutcadrer avec celles qui resultent de la ligne plus precise deSethyfa Ba- ghayah par Diana et Landjese. Je signale ces incertitudes au zele invesligateur de nos otliciers de larniee d Afri- que : a eux est 1 honorable tache de fixer en fin la geo- grapliie de loute la region l)arbaresque. Prenons maintenant la route de Shaw entre Alger et les montagnes de Tatcherah , qu il appelle Traia. La carte litbographiee du Depot de la guerre est en cette partie, du moins pour tout ce qui est compris dans la premiere feuille, la reproduction d une carte dressee a Oran, sur les renseianemens des iudii>enes combines avec les documens anterieurs, .par M. le capitaine d'etat- niajor Tatareau, qui a fait preuve, dans ce travail, de beaucoup de sagacite, mais dont je ne crois pas moins indispensable de controler les resultats afin de ne m'ap- puycr que sur des bases que j'aurai personuellement verifiees; j'analyserai done directement I'itineraire de Shaw, qui se rattacbe a un assez grand nombre de points de la cote pour en obtenir une construction satisfai- sante. Apres avoir reconnu que le docte Anglais a vu de ses yeux tout le cours du Schelif entre son endjouchure et le confluent de la petite riviere Harbeene (probable- (i) Edrysy, pages 228 , 237 et 234 ; Belu-y , page 70. 10, ( '48 ) iHciit Oued-el-Kharhyn) , jc vais tn'occiiper d'en reea- blir le trace. Le confluent de cette riviere a lieu aupres diirio ville ruinee, designee par Ics Arabes sous I'appel- latif I'Ll-Mcdyiiah el-RlicrJjah (la^ille detruile), qui se rencontre si Irequemment dans la geograpliie nioderne de ces contrees. La caite deShavv met EI-KIierbah vers le S. O. de Melidyah, a une distance egale a celle de Mehdyah a Belydah ; c'esl aussi ce quolfVe une carle plus detaillee, levee, a ce qu'il parait, par des officiers auglais lorscjue se preparait rexpeditioii d'Exmouth, et dont M. Lapie ma obligeamment communique iin caique. Jai, d'apres cette base, place cette premiere Kberbah a 36" 2' N. et o" 16' E. De la a I'embouchnre du Schelif , la distance reelle est de iiy milles, tandis que Shaw n'en compte que 87, ce qui constitue une insufllsaiicc d'estime dun tiers j correction faite , les mesures partielles du cours du Schelif donnees par Shaw doivent etre employees ainsi qu'il suit : Depart du confluent c!u OuOd-el-Klierbyn. Confluent du Ou»5del-Fadhah, au lieu de 14 lieues, 56 miiles O. Coufluent de la rivifere Arliyone, au lieu de 7 — 2S — O. S. O. Confluent de la riviere Mjnali , au lieu de 5 — 20 — • O, Cap Ivi ou Gebel el-Dys au lieu de 5 — 20 — N. O. La ligne que jai ainsi construite se trouve accompa- gnee, dans la majeure partie de son elendue, par la route que Shaw a suivie el tracee depuis KubberRomeah, vers I'ouest, avcc end^ranchement sur Mostaiihanem et Oran. Rubber Romeah, plus correctemenl Qobr el- Roumyah, est un monument bien connu, ou il est a desirer que soicnt operees des fouilles, qui selon toute apparence seront fructueuses pour I'archeologie man- ( ^49 ) ritaniquc, cur nous savons par Ponipor.ius Mela (i)que c'elait la sepulture royale des souverains de Cesaree. Nous avons un autre point de repere dans Seedy Jbidy plus exactcnient Sydy O bayd, que Shaw nous dit etre a 2 niilles (correction faite, pres de 3 niiUcs) a lest du confluent de VArhew (Arliyoue); il se place ainsi vers 35° Sa' N. et i° 20' O. dans ma construction , qui me donne en meme temps Mazounali vers 35" 59' N. et 1° 28' O., Senab vers 35° Sg' N. et i- i' O. , et Melya- nah vers 36' i4' N. et o" 10' 0. 5 cette derniere est I'an- cienne Malliana, d'ou I'itineraire d'Antonin nous con- duit a Rusuccurruni , ainsi qu'il suit : Malliaua. Sufasar M. P. xvin (i) Velisci XVI (3) Tanara Musa Castra xvi Tamariceto pra;sidio xvi Rapida Castra xvi Rusuccuno coloiiia xii D'autre part, nous avons deja vu (4) que Suiasar est a i6 mille pas de Aquje, et celles-ci a aS niille pas de Ce- saree : les bains Hanunam Meriga, a 20 milles de Scher- schel, correspondent a merveil'e a Aquoe; de sorte que la position de Sufasar se trouve ainsi assuree \ et Ton apercoit aise'ment que la route doit aboutir aux mines voisines du cap de Temedfous, Rapida Castra niarquant le passage du Hhanatch. Le surplus de la route de Shaw n'ofire d'impoitant a placer que Telemsen , qu'il met a i") milles S. S. E. de (i) Mela , lib. i,cap. iv. (2) Variante : xviiii. (3) Variante: xv. (4) Ci-dessus, p. lo?.. ( ^5o ) reuibouchure cle la Tafnay, et a pareille distance ties montatfiies de Tatcherah. La carte de M. Gamier place la 5a ) cet egard des donnees beaucoup plus precises : M. Bei*- nior de Maligiiy, capitaine d'etat-njajor, a, depuis 1a souniission dii bey A bd-cl-Qader, rcleve soigiieiiseinent la route d'Onin a Ma'skaridi et de la a Mostaolianeiii ; il eii resulte que Ma'skarah est a une distance de 21 i/3 lieues de 4,000 metres en iigiie droitc a legard d'Oran , et a 17 1^3 lieues a legard de jMostaglianeni , ce qui re- vient a ^6 el '^~ milles geographiqiies, et auiene Ma'ska- rah par 35^ 20' N. et 2" i5 ' O. , a 33 milles d'Arzeou et a 71 milles de Telemsen : cette derniere mesure s'dc- corde dune maniere salisfais;'.nte avec une marche de 33 1^2 lieures indiquee par 1111 iliiieraire oralement founii a M. Levret. Les indications de distances et de gisemens recueillis par Sliaw se poursuivent audela de Ma'skarah vers Tagadenipt, et de la par Svvamma jusqu'au Nader et a Goojeda; puis, s'appuyanl sur divers points connus du Schelif, ces indications determinent le cours superieur de ce (Icuve, et s'avancent, par Midroe , jusqn'aux mon- tagnes des Amnier et de Lowaate. Elles doivent ainsi nous conduire jusqu'au point de depart des itineraires d'Ebn-el-Dyn. D'autres routes, oralement recueillies aussi par des olficiers IVancais , nous mencronl au jnenie but, et ces donnees diverses aiderontmuluellement a leur construc- tion commune. Je relevc, dans le texte de Shaw , une premiere ligne ainsi divisee : Depart de Sinaah. IMoiitngne de Wannashreese 8 lieues S. E. Tessumseely ... 3o milles S. S.E. Tuckereali 20 milles. Midroe 6 lieues S. Montagnes de Lowaate et Ammer. 6 lieues. ( '53 ) Sinaah (plus correctenient El-Essnab)se trouve doj^ place, (Inns la conslniction de la route suivie par Shaw ]e long (111 Schelif. J'ai deja fait remarquer que tians toute cette partie, le docteur anglais a, par une reduction trop forte, estime generalemenl; ses distances un quart au-dessous de leur cliiffie reel : en retablissant le taux ett'eclif, le Wannashreese , dans lequel il est aise de re- connaitre le Ouanaschrysch des geographes arahes , trouvera sa place a 32 iiiille? S. E. d'EI-EssnAb, vers 35o 36' N. el o" 33' O. ; Tessomsyly,a 4o niilles S. S. E. de la , tonibeia vers 35° o' N. et o' i4' O. Le gisenient deTokeiyah n'est pas marque : la carte I'indiquc S. i^4 S. E. deTessonisyly, et Miuroe (plus correctenient Me- deiay) y est place au S. i/4 S. O. de Tokeryah, ce qui revient a inettre Mederay au sud de Tessomsyly. On y arrive pareillemcnt par une autre vi.ie : Shaw rappoite que le Sclielif , forme par la reunion des Se- ba'oun A'youn (les Septante soujces) au Nahr-Ouassel, commence a 8o milles de son end^oucluire, ce qui, cor- rection faite de la distance, etablit ce point vers 34'' 46' N. et o<'37' 0. ; et comme, de la, il couipte lo lieues jusqu'a Mederay , ce village viendra, par cette voie couime par la precedente, vers 34° lo' N. et o'^ i4' O. La montagne des Lowaateet des Ammer, c'est-a-dire le Gebel el-A'mour, situe a 24 milles dans le sud de Mederay, se trouvera des-lors par une latitude de 33° 46' N. offrant un premier repere aux routes d'Ebn-el- Dyn. Verifions si les informations recueillies par nos offi Ciers de I'.irmee d'Afrique concordeiit avec ce resukat. Jai a ma disposition deux itineraires qui, se soudant bout a boula Eerendah, conduisent ainsi depuis Oraii ( '54 ) jusqu'a A'yn-Madhy, autre point de repere avec les in- dications d'Ebn-el-Dyn. Le premier de ces itineraires, recueilli par M. Levrel en iSl^i, fournit les indications suivantes: Depart d'Oran Msulen, village i heure». TIelat, ruisseau 3 Teig , ri vit;re 4 Oued Hammem 4 Mascara 4 Tiganefin , ruisseau 'i Oued Hadded 4 Oued el-Abt 4 Mina , riviere 4 Medrossa , hameau 4 Frimdey, village ferme 4 Le second, recueilli par M. Tatareau en i833 , se di- rige d'abord vers le S. E. , puis directenient au S. par les etapes suivantes : Depart de Frendah. Enliar Ouessei 4 heures Susellem , riviere courant de droite a gauche. 5 (A I beure sur la gauche est le village de Gougela ). El-Feygia ( le col ) 4 "fi El-Bayda , terre blauche 4 Oued elAleg, riviere coulant vers le N. E. . ft Hadra , village S Teyloula 5 Ain-Madi , prfes des Ouled el-Amour 4 ( La ville de Beni-Lahouat est a a jours dans Test , et celle de Chileia a 5 ou 6 jours dans I'ouest d'Ain-IVIadi. ) Le premier de ces deux itineraires compte ly lieures pour les 46 milles qui se trouvent en ligne droite dOran a ( ^35) Ma'skarah , ce qui doit f'aire eslimer a 65 inilles les 24 heures restantes pour aller jusqu'a Ferendah ; a defaut de direction indiqiiee, on pent presumer que celle d'O- ran a Ma'skarah sepoursuit au-dela; cette presomption se trouve corroboree par d'autres considerations, savoir: que Shaw indique les sources du Oued-el-A bd a 3o niilles (qui en valent 4") ^i' S. E. de Ma'skarah; que I'itineraire actuel traverse le meme ruisseau a 12 heures ou 6'2 1/2. niilles de Ma'skarah, el que le ruisseau dont il s'agit coulant du snd au nord , le passage doit avoir eu lieu au nord des sources, par le double motif que ces sources sont lorigine du courant traverse, et que la route qui y conduit est la plus longuc. Par une raison sendjlal)le, Tagadenipt (que Leon dit signifier Antique, et dont la veritable orthographe est des-lors Taqadymt, forme berberisee du mot arabe qadym ) , doit se trouver au nord de I'itineraire dont je m'occupe , car Shaw in- dique ce point a 60 niilles (qui en valent 80) d'Oran, c'est-a-dire en realile a 34 niilles au-dela de Ma'skarah, sur la rive droite de la Mynah, a quelque distance au nord des sources de celle-ci, tandis que litineraire ac- tuel traverse cette riviere a 16 heures ou plus de 43 niilles de Ma'skarali. Or Taqadymt est a 82 ou phitot 43 niilles au nord du Nador ( plus correctement El- Na/hour, la Vigie), d apres Shaw ; et d'autre part , des informations recueillies par M. Levret placent El-Na- zhour a 20 heures des mines de Mynah, qui sont entre Ma'skarah et Sydy O bayd a 9 heures de 1 un et p 1^2 heures de I'autre : cela donne 18 1/2 heures pour les 55 niilles compris reellement entre ces deux points, d'ou il faut conclure 60 milles pour les 20 heures de Mynah a El-Nazhour : et de la a Goojeda sur le Susel- lini, Schaw compte 18 niilles ({ui en valent a4 ; le se- ( ^56} cond des itineraires ci-dessus traverse le Susellem a une heure oiiest de Gougelali , qui est evideinmetit le Goo- jeda de Shaw : il est done indubitable que la route de Ma'skarah a Ferendah passe en ire Taqadymt et El-Na- zhour, et celle de Ferendah a A'yn-31adhy enlre El- IVazhour et Ghougelah. Je niets ainsi Ferendah a 65 milles sur le prolongement de la ligne d'Oran a Ma'ska- rah, ce qui me donne une position conjeeturale de 34° 44' N. et 1° 9' O., le passage intermediaire dc la Mynah se trouvant vers 34" 56' N. et 1" 3i' O. Cette position de Ferendah diflere singulierenient , comme on voit, non-seulement de la va»ue indication de Shaw , qui la met parmi les daskerahs qui entourent les sources du Oued el-A'bd , mais aussi de la carte lithographiee du Depot de la guerre, qui la |)lace sur la rive gauche du Oued el-Haddct, le Oued el-IIadded dt; noire itineraire, c'est-a-dire au tiers de sa distance veri- table a I'egard de Ma'skarah; et encore de la carte de M. Tatareau , (jui letablit a 22 niilles seulement de Ma's- karah, c'est-a-dire a nioitie de la distance reelle. La route de Mynah a El-Nazhour, tracee sur la carte lithographiee du Depot de la guerre, est ainsi distribuee: Depart de Miiia (ruines roniaines). Sifii-Mohammecl Ben-Heisa S h»-iiies. Ouled-Sclurif 6 j/7. Nador 5 i/i Cette route ne traverse ;.ucun cours d eau , et parait reraonter la rive droite de la Mynah; la direction eu est des-lors determinee par la situation relative du point de depart (vers 35° 36' N. et 1° 49 O.) et de ceiui oii la route de Ferendah coupe la Mynah : la position d El- Nazhour sera ainsi portee vers 34" 4f'' N. et 1° 22' O. De la conqUaut 43 milles vers le nord jusqu a line dis- ( '57 } tance de 34 milles dans Test de Ma'skarah , Taqadymt se iroiivera place a 35° 23' N. et 1° 33' O. La route de Ferendah a A'yn-M.adhy est de 36 r;2 hemes; niais quelle valeur itiiieiaire convient-il de don- ner a cette niesure lioraire? C'est une question d'autant plus difficile a resoudre, que les appreciations de cette nature sont Ires variables, et que nous sonimes ici de- nues dune portion connue qui nous serve de taux pour les autres. Dans les precedentes investigations, nous avons trouve la valeur de I'heure de route en milles geo- grapliiques, tantot de 2 i/6, tantot do 2 2p, tantot de 3 : cela depend du mode de voyage, soil a pied, soit a dos de chameau ou de mulct ; de la nature du chemin, battu ou non, en plaine ou en montees, etc. Rien ne nous fait connaitre ici ces bases d evaluation, si ce nest une presoniption generale que Li route est en nionlee, d'abord parce qu'elle traverse le Nahr-Ouassel, affluent superieurdu Sclielif, puis les hauteurs que Shaw indique entre El-Nazhour et Ghougelah, ensuite El-Feygia , qui parait etre le mot Fegj ou Fe^jah ( un defile), et qu'elle s'avance enfin vers les hautes montagnes d'El- A'niour. Uapres cette consideration, je choisis le taux le plus court, celui de 2 i^6 milles, au moyen duquel les 36 1/2 heures se traduiront en 85 milles dans une directionr^ue la carte de M. Tatareau porte d"ai)ord au S. S. E. jusqu'a ElFegjah, puis au S. 174 S. E. ; en com- binant les ly 1/2 milles de Ferendah au passage du Sou- sellein avec les 24 milles d'El-Nazhour a Ghougelah aboutissant a 3 ou 4 milles sur la gauche du passage dont il s'agit, jobliens celui-ci par 34° 27' N. et o'S^'O. Dans I'intervalle de Ferendah a ce point, et a pres de 1 1 milles de ce dernier, se trouve le passage du Nahr- Ouassel , qui est la fort pres de sa source, et qui, dans ( i58 ) ma construction, it'a plus a parcourir qu'un espace d'environ aS niilles pour arrivrr au point ou, reuni aux Seba'oun A'youn, il prend le noni deSchelif. A ^annlles dans lest de ce premier confluent, et a 4" niilles dans le sud do celui du Oued el-Kharbyn, se trouve, dapres Shaw, celui du ruisseau de Mederay, c'est-a-dire, cor- rection faite, a un coude determine par environ 4 5 niilles sur le premier confluent, et environ 53 niilles snr le troisienie, ou, en d'aulres lermes, vers 35° 8' N. et o" 8' E. Arrive a El-Fegjah, la route incline davantage an sud; sa direction sera dcterminee a laide des indications d'Ebn-el-Dyn, qui place A'yn-Madhy a une journee dans I'ouest deTegemout, et ce point-ci a une journee au sud du Gebel el-A'mour; je niontrerai plus loin que la journee d'Ebn-el-Dyn vaut i8 niilles, au moyen de quoi Tegemout me vicnt vers 33° 28' N. et o^ i4' O. , Ayn-Madhy vers 33o 28' N. et o" 36' O. , et enfin El- A'dioualh, qui est a une journee au sud de Tegemout, vers 33° 10' N. et 0° i4' O. De cette maniere il y a deux iournees de A'yn-Madhy a El-Aghouath comfiie le marque notre itinciaire, si Ton passe par Tegemout , ot une journee seulement ainsi que le dit Ebn-e!-Dyn, si Ion suit la route directe, qui n'est que de 21 niilles. Le Oued-Alegh, qui marque une des etapes^inlerme- diaires, coulant vers le N. E. , ne peut aller tomber dans le Schath qui est a louest, i omme le lui fait faire la carle lilhographiee du Depot de la guerre. II est pro- bable que c'est un affluent du ruisseau de Mederay, et par consequent du Schelii. M. le capitaine Levret a envoye, en i833, un itine- raire qui conduit deMa'skarah aEl-Aghouiilh sans passer par Ferendah; les nonis de lieux y sont accompagnes ( ^''9 ) iViine transcription en earacteres arabes, qui sans etre ni aisement dechiffrable , ni parfaitement correcle, pent neanmoins aider a fixer lorlhographe; niallieureuse- nient les distances ne sont point indiquees. Voici cet itineraire , ou j'ai mis entre parentheses la lecture fidele des transcriptions arabes : Depart de Mascara ( Ama'skara ). Maousa ( Mousi'iy ), luisseaii. Kachreu ( Kasclira' ) , hameau. Oiied el-Abdt ( Oiied el-A'bd) , riviere. Tagazoule (Taqa'out), village. Susellam ( Sousellem ) , riviere. El-Ogala (El-OghaU), puits. El Beda ( EI-IiaydliA ) , ruisseau. El-Fedja (El-Fegjah) , petite riviere. Oued el-Alag (Oued el-A'laq) , riviere. Ei-Kadara ( El-Kliadiira) , hameau. Teiioiila (TevlouIA ) , hameau. Beni-Lagrouat (Beny-LaghouSth ) , ville. On pent supposer que la distance de chaque station a la station suivante est d'line journee de route, sauf pour la derniere mutation , ou nous savons qu'il y a trois ('tapes. II est a remarquer en outre que les sta- tions d'El-Baydha et d'El-Fegjah setrouvent, dans ce dernier itineraire, placees dans une situation relative inverse de celle (jui a ete indiquee precedemment. En retablissant El-Fegjah avant El-Baydha , ainsi que la porle I'ilineraire envoye par M. Tatareau , ii faudra compter, pour I'itiueraire actuel, 7 journees de Ma'ska- rah a El-Fegjah, ce qui donne environ i3 mil'es par journee. La rencontre du Oued el-A'bd aura ainsi lieu loutaupres de la source, et la rencontre du Sousellem a quelques milles au-dessous d'El-Nazhour. Taga'zout, que Shaw^ ecrit Tagaz.ou'ie el indique avec Ferendah I ( '60 ) au voisinage des sources du Oued el-A'bd, se trouvera dans ma construction, vers 34"43' N. , et i°3o'0. , a i'6 niilles desdites sources et a ly milles de Ferendah. Revenons aux indications du cipitaine Tatareau : elles portent que A'yn-Madhy est a 5 ou 6 journees de Chilela, position au sud d'Oran , a laquelle conduit la route suivanle, recueillie par le meme officier : Depart d'Oran. Melcta 7 lieuies. El-Gazul , petite riviire 5 Tesselah , montagne 5 Mekerra, cours superieur du Sig 4 i/'» Hanimen Sidi Ali Him Youb 5 Raz el Mall , source du Mekerra, 3 Travers d'El • Beghera u Benihiza , deux montagnes a 4 lieures sur la droile 7 r/2 Oued el-Haniem , tcrrent 8 El-Sholt, grande sebgha longue de plusieurs journees , large de inoins de i lieure 4 Senia (> El-MelleliaL, source salee 7 Teniah , col dans le grand Atlas 5 Chilela, petite ville daus le desert 7 Dans la carte [corrigee) qu'il a envoyee en i833, M. Tatareau donne cette route avec des variantes qui tendent a en restreindre I'etendue, de manicre a ce que I'estime des distances de litineraire ci-dessus doive etre reduite a environ 1 3/4 milles par heiire; je mo range d'autant plus volontiers a cet avis, que les indications de Shaw ne permettent point une evaluation plus large; ainsi, par exemple, le voyageur anglais met a ai milles (qui en valent 28) au sud vd'Oran , la ville de Tessailah , situee au pied du versant septentrional de la montagne du meme nom , que litineraire ci-dessus place a 17 h. ( x6i } d'Oran , produisant pres de '-^o inilles, a raison de i 3^4 milles par heure, dans une direction S. 8° O. De la aux Hhanimam Sydy A'ly hen Ayoub , il y a 9 lya heures produisant un pen plus de 16 J/2 milles qu'il taut com- biner avec les 4o milles (correction f'aite 53 milles) que Shaw compte depuis Arzeou jusqu'a ce point, lequel demeurera ainsi determine vers 35''o' N. , et 2"5()' O. Les trois heures qui suivent, et qui valentun peuplus de f) milles, conduisent au Ras el-Maa Ma t^te de lean ) , d'ou Von trouvera aisoment deux journees jusqu'a El- Ghour, position qui elle-meme se trouve, par uu au- tre itineraire , a 12 heures ou 26 milles au sud de Te- lemsen ; en placant Ras el-Maa sous le meridien d'Oran, il y aura, entre les deux points, 36 milles pour les deux journees dont il s'agit. En continuant la route droit au sud, on a 44 ip heures ou environ y8 milles jusqu'a Schilelah, qui, maintenue sous Ic; meridien d'Oran, se- rai t a 120 milles de A'yn-Madhy , ce qui verifierait la condition des 5 a 6 journees de distance, suivant qu'on les supposerait de 24 ou '^^ '^'^ milles , deux taux fort admissibles; s'ils paraissaienl toutefois un pen eleves , il siitfirait d'incliner un peu la route vers 1 est, de maiiiere a faire tomber Schilelah , soil a 108 , soit a 100, suit meine a 90 milles de Ayn el-Madhy, le taux de la jour- nee descendant ainsi a 18 et i5 milles. Quant au Schath , que la route ci-dessus traverse a 19 1/2 heures ou 34 milles du Ras el-Maa , M. Tata- reau a envoye en i833 un autre itineraire qui y abou- tit en partant de Ma'skarah, et allant droit au sud par les etapes suivantes ; Depart c!e Mascara. Beiii-Hen, affluenl dii Ouecl el-Haminem. 5 hemes. I.aliod , autre affluent ', 1/2 I I ( l(i->- ) I'alet , ruviii 4 Sgliouna , lac (i E10glil;i , piiits 4 Sldi-Klialifa, villnge 8 El-C.liott , grande sebglia o tp Cest (11 loul ^2 heures, cju jl y a lieu d'estimer a envi- ron [joniillt's, d'apres Ic t.uix iinitorme qui parait ap- plicable anx itineraires fourtiis en dernier lieu par le nienie oificier. In rapport de M. le lieutenant - general Boyer enonee que, dapres les renseigneniens tournis a Oran, en novenibie ie a son evt^ue. I-e but du pas- teur, en faisant connaitrc les inoeurs des Indiens, est d'apprendre cl ses successeurs quels obstacles ils auront a vaincre dans I'exercice de leurs fonctions , et en m^me temps d'appeler I'attention de I'ev^que sur les moyens de faire disparaitre les idees superstitieiiscs qui re- giient encore r.liez les Indiens Chez les Indiens Huastecas, quaii». lis eniporlent ensuite un peu de terre enve- loppee dans la chemise et la lui remetlent; ils disent que de cette mauiere I'esprit est rappele dans le corps dumalade, el qu'il guerit. Quand les femnies en mal d'enfant ont de la peine a accoucher, ils balaient la maison et disposent des sieges, afin que les dieux puissent s'asseoir quand ils viennent visiter la malade, et ils croient que s ils negligeaient cette precaution elle perirait. ( »79 ) Le i8 octobre, fete de saint Luc, tons les Indians se reunissent et balaient les chemins, afin que les ancien» Indiens du temps du paganisme les trouvent propres a leur passage, car ils disent que cette nuit ils viennent les visiter et qu'il faut les honorer. Les Indiens croient que les iemmes qui meurent en couches n'iront ni au ciel, ni en purgatoire, ni en enfer, mais qu'elles resteront dans Fair pour faire alier le ton- nerre. Lorsqu'un Indien est pique par un serpent, ils font aussilot des gateaux de fete et en dislribuent aux enfans; ils en portent aussi au serpent pour qu'il retire le poison qu'il a verse dans la plaie er qn'il ne niorde plus personne de cette niaison. Tout Indien qui va travailler dans la montagne porte avec lui da tabac en poudre, coninie un preservatif centre la niorsure des serpens. Si un Indien nieurt de la morsure dun serpent, ou s'il se noie,il n'est point enterre dans une eglise , parceque les Indiens pensent que la foudre viendrait le deterrer, et qu'en meme temps elle mettrait le feu a I'eglise. Quand un Indien vient a rnonrir, la veille de I'enter- renient son lit est porte tout autour des niaisons voi- sines. Les Indiens croient que s'il.s manquaient a cette pratique, le mort viendrait prendre conge de ses voi- sihs; et en revenant de I'enterrement, ils jettent de la cendre autour e mourra bien- tot, et si c'est la fiancee, que ce sera le mari. De meme, si le cierge du mari s'eteinl quand il est devant I'autel, c'est signe de mort pour la fiancee; si c'est celui de la fiancee, c'est signe de mort pour le mari. Aucun Indien ni aucune Indienne n'ose sebaignera I'beure de midi, parce que, disent-ils, c'est I'beure a la- quelle les dieux des eaux se reunisscnt pour se divertir, el que celui qui se baigncrait a celte beure tomberait malade. Quand les nouveau-maries se rendent a leur maison pour faire le festin de noce, et qu'ils se sont assis a la table, c'est la marraine de la mariee qui met le pre- niier morceau dans la boncbe du marie, et le parrain du marie qui met le premier morceau dans la bouche ( i8i ) cle la mariee. Sil en elait autrement, I'amour niutuet des deux epoux ne pourrait pas durer. On danse le soir, et quand le moment de se coucher est venu , la marraine va faire le lit des nouveaux epoux et etend dessus un drap parfaitement blanc. Elle des- habille ensuite la mariee et la couche sur ce drap. Le lendemain , les parens et les lenioins des epoux vont relever ce drap, et s'ils le trouvenl ensanglante, ils I'ecommencent leurs festins ct leurs danses en pro- menant ce drap dsns le village; si, au contraire, le drap est encore blanc, ils ne font ni festins ni danses , tnais iis prennent deux lasses dont ils otent le fond , et , les mettant sur un plat, ils les reniplissent de chocolat et vont ensuite les presenter aux parens de la mariee, de sorte que quand ils vont pour les porler a la bouche, ]e chocolat se repand, et de cette maniere, ils leurfont entendre que la mariee n'etait pas vierge. Pendant le temps que Ton emploie a semer le colon et le chile , les Indiens ne mangent ni graisse, ni viande, ni oeufs , parce qu'ils croient que cela ferait tomber les fleurs et nuirait a la recolte. De menie ils n'approclient pas de leurs champs quand ilssont en (leurs, ni ne tnon- trent du doigt aucune plante en fleurs, parce qu'ils croient que les fleurs tomberalent ct ne donneraient pas de fruits. Quand ils font la recolte du mai's, ils cholsissenl les meilleurs epis, qu'ils suspendenta la fumee, et quand le temps des semailles est venu , ils en prennent les grains avec le plus grand soin , evitant surtout que les pores , les poules ou d'autres animaux ne mangent aucun de ces grains, et avant de les semer ils les trempent dans une eau courante. Cette derniere ceremonie a lieu pour ohtenir du dieu deseaux qu'il donne aux champs une ( »82 ) hutnidite suffisante, et la premiere, parce qu'ils croient que si un seul grain de ceux qui sont destines a la se- mence avail ete mange par un animal , les sangliers et les oiseaujf viendraient manger le reste , et que le champ ne produirait rien. Lorsque les epis de inais sonl leves, ils apportent un grand gateau qu'ils brisent et dont ils setncnt les mor- ceaux dans le champ, disant que c'est la nourriture des , dieux , et qu'ils la leur doiment pour qu'ils epargnent la recolte; ils font la nieme cerenionie pour les autres pro- ductions de la terre. Quand un Indien tombe malade, ils croient que c'est un chatiinent des dieux, et pour obtenir d'eux sa gue- rison , il laut quil fasse trois fois sept gateaux, qu'il en place sept au sommet du pin le plus eleve de la foret , qu'il en enterre sept au pied du meiiie pin, et qu'il en jette sept dans un piiits et se lave ensuite avec I'eau de ce meme puits ; alors la maiadie y restera et le malade suerira. Pour empecher les oiseaux de manger le mais, ils en peignent un sur une planche, ils 1 ornent de plumes, et le suspendent ensuite dans le champ. Quand ils etablissent un nouveau moulin a ecraser les Cannes a Sucre, ils font un grand festin. Ils pren- nent d'aboid une bouteille d eau-de-vie ( de cannes) et la repandent sur la machine, et quand on sert le repas, ils lui disent : « C'est toi qui es notre pere, c'est toi qui nous nourriras, ne te i'ache pas conire nous «. Si la ma- chine blesse quelqu'un, ils lui servent un repas pour I'apaiser, et afin que le blesse guerisse et qu'ellc n'cn blesse pas d'autres. lis font aussi un festin quand ils vont couper un grand arbre, afin de I'apaiser et aiin ((uil ne blesse per- ( i83 ) Sonne en tonibant. Quand ils batissent une inaison, ils placent sur le toit des branches de soiimar, afin dVmpecher les sorciers de venir s'asseoir dessus et de I'enfoncer. La nuit de la Saint-Jean, les Indiens vont fouetter les Grangers et les pruniers, afin qu'ils prennent de la force et donnent de bons fruits, et la veille du jour des Cen- dres , ils appliquent de la cliuux sur le tronc, afin que les malefices des sorciers n'y puissent trouver prise. Tout Indien qui, dans sa vie, a enterre un cadavre, ne peut planter un arbre fruitier ; I'arbre qu il planterait secherait et ne pourrail prosperer. Les autres Indiens ne veulent pas I'employer a la peche, disant que sa pre- sence ferait fuir le poisson. Quand ils mangent du sangiier ou du gibier, ils n'es- suient pas leurs doigts contre les inurs ni centre les portes de la maison, et ils disent que sils le faisaient, jamais ils ne pourraient prendre d autre gibier. Les Indiens qui pechent a Thamecon ne veulent pas preter leurs bainecons aux Indiens civilises, donnant pour raisou que ceux-ci jettent aux chats les restes du poisson, et que cela les enipecherait den piendre d'autres avec les nienies hamecons. Quand on enlend les cris du renard , ils disent one c'est signe de niort pour quelqu'uii du village, et que le renard est I'alguazil de I'enfer. Si une feninie est sterile, ils disent qu'uu grand ver vient la teter toutes les units, el ils appellent ce ver tertopitri. Lorsqu'on entend le cri de deux oiseaux nomtnes toio et teapirnni, qui sont assez communs dans les champs de cannes,ils croient que cest un signe que celui qui les entend se noier.i. ( '84 ) Un oiseau nomnie tecolote se placet-il sur la cabane dun Indien et fait-il entendre son ci i , ils lui disent : «Va-t'en, demon (««/«//««), va»j et ils jettent du sel dans le feu , croyant que cela raveuglera. Quand il y a une eclipse de soleil, ils attaclient ii la ceinture des lemnies enceintes une paire de ciseaux et une navette, et ne les laissent pas sortir : ils croient que sans cette precaution elles avorteiaient. lis pensent que I'eclipse est causee par un aigle enoime qui s'eleve vers le soleil et le cache de ses ailes. ( '85 ) DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. Lettre de M. John Ross, capitaine dc vaissean de Id marine royale britannique , ii MM. les president , se- cretaire , etc. , de la Societe de Geograplde de Paris. Londres, i *■' septembie i834. Messieurs, M. de Bacourt, charge d'affaires de France, m'ayant l-emis votre lettre du i3 avril, ainsi que la medaille d'or dela Societe de geographie, je vous prie de vouloir bien assurer cette Societe savante et distinguee , qu'entre plusieurs citconstances de profonde satisfaction qui ont suivi men retour en Europe , apves un voyage d'une longueur et d'unedifficulte plus qu'ordinaires,iln'en est aucune qui ait plus vivement excite nies sentimens de respect et de gratitude, que I'honneur, digne d'envie, que la Societe m'a confere. Recue dans ces sentimens, la medaille dor qui m'a ete decernee dune maniere si flatteuse , sera transmise a ma posterite comme un precieux temoignage de I'es- time que les membres de la Societe accordent a mes ef- forts pour lavancement des connaissances geographi- ( »86 ) ques; et je vous pile de croire que je lie suis pas luoins sensible a la inaiiiere flatteuse tlont les president, secre- taire , etc., m'ont exprinie leurs sentimens en celte oc- casion. J ai 1 honneur d'etre avec le plus profond respect, Messieurs , Voire tres obeissant et tres humble serviteur, John Ross , cnpitaine de ■vaisseuu. CHKMIN DE FEK A TUAVERS I, ISTHiMK Uli PANAMA. Dans le courant des annees 1828 et 1S29, M. Lloyd, ingenieur anglais , et un otiicier siiedois, tons deux comrnissionnes par Bolivar, (irent un nivellement com- plot dune partietle i'istlune, afin de s'assurer de la pos- sibilite de joindre VOcean Pacifique a I'Ocean Atlan- tique. Nous avons deja donne un extiait du rapport de cesdeux ingenieurs (r); entre autres observations, on y lisait celle qui suit: « L'endroit oil le continent ameri- cain est resserre dans ses plus etroites limites, est aussi remarcfuable par une rupture de quelques niilles, exis- tant dans la grande chaine de montagnes qui, a quel- ques legeres exceptions pres , traverse ontierement cette partie du pays, de I'extremile nord a I'extremite sud. La principale ditficulte, pour etablir une coniniu- nication entre les deux niers, ne viendrait done point des montagnes, niais bien d'une foule de ruisseaux a traverser, qui sont a sec dans I'ete, et deviennent de (i) Voir le n" 88 du Bulletin 'tome xiv). ( ^87 ) veritables torrens dans I'hiver ou la saison des pluies. » Le meme rapport Indiquait aussi dune maniere precise la difference de niveau entre les deux oceans, diffe- rence qu'on avail cru jusqu'alors plus considerable. Les ingenieurs concluaient cependant par la possibi- lile d'etablir un cheniin de fer qu ils jugeaient devoir etre prefere a un canal. Outre les difficultes bien plus grandes que ce dernier moyen de communication len- contrerait dans I interieur de lislbme , le peu de pro- fondeur de I'Ocean Pacifique, a plusieurs milles de la cote, en rendrait I'abord inaccessible aux aros bati- mens, et son but serait par consequent manque. Dans I'etat actuel des clioses, un cbemin de fer qui permet- trait le transport des marchandises, des passagers et des lettres, remplirait, pour la Nouvelle-Grenade en parti- culier, et le monde commercial, en general, lous les avantages qu'on doit raisonnablemeiu esperer. Ces diverses considerations ont determine les deux decrets dont voici la substance : Decret de la legislature de la repnblique de la Nou- velle-Grenade , autorisant Ic pouvfiir execiuif a oiivrir une comumnication entre les deux mers , a travers I'isthme de Panama. Art. i*"^. Le pouvoir executif est autorise a recevoir toutes les propositions qui pourraient lui etre faites , pour letablissemenl d'une route traversant listlime de Panama, d'uu ocean a I'autre , el ce, aux conditions du present decret. Art. 2. Les entrepreneurs pourronl former cette communication , soil par un cbemin de fer, soil par une route ordinaire, en usant de tons les cours d'eau qui pourraient les aider dans leurs Iravaux. Art. 3. La route sera coninieiict'C deux ;uis au plus ( '88 ) tard, a dater de la concession du privilege, et etre ter- ininee dans un delai qui sera fixe par le contrat. Art. 4 ^t 5. Si le cheniin passe a travers des pro- prieles particulieres , les possesseurs seront obliges de les ceder a juste prix , c'est-a-dire a la valeur qui sera fixee par experts, a I'epoque du commencement des travaux. Si les terres ou passera la route sont publiques (^valdias) , elles seront cedees gratuitement et sans exi- ger aucune indemnite. Art. 6. Les entrepreneurs auront la jouissance du revenu suivant la nature de la communicalion qu'ils auront creee, pend.ant un temps qui ne sera pas moindre de dix ans, ni au-dessus de cinquante. Le maximum du droit a percevoir sera fixe par la legislature. Art. r et 8. Les entrepreneurs recevront en recom- pense 20,ooo fanegadas (exwiron 100,000 acres) de terres publiques dans I'isthme', propres a la culture, et qui seront , pendant vingt ans , exemptes de toutes charges publiques. Les articles 9, 10 et n sont regie- men taires. Fait a Bogota, le 22 mai i834. L'autre decret, qui est la consequence du precedent , est rendu par le president. II fixe le i5 Janvier i835 , comrae terme de rigueur pour Tadmission des proposi- tions ; on fixera ulterieurement le jour et Iheure ou leS soumissions seront publiquement ouvertes. Le contrat sera passe avec la personne qui offrira les conditions les plus avantageuses et les siiretes les mieux etablies. Bogota, 29 mai i834. Si'gne : Frapjcisco de Pacla Santander , president ; Lino de Pombo , sccfctairc de rinterieur et des affaires etrangeres. ( x89 ) EXTRAIT d'cN MEMOIRK SUR UN CHEMIN DANS LISTHME D£ PANAMA , Adresse a la Societe de Geographic de Paris par M. Juste Pa REDES, membre de cette Societe. De tous les projets que ce siecle de progres a fait eclore, il ii'en est aucun qui soil dune importance plus grande que celui qui a pour objet d'ouvrir une com- munication entre I'Ocean Atlanlique et la nier Pacifique au travers de I'isthme de Panama. On a beaucoup parle de cette conception depuis la de'couvertede lAmerique, comme propre a faciliter les relations commerciales du nionde en tier; mais pendant la longue doriiination de I'Espagne, il a ete impossible den obtenir la mise a exe- cution, et il a lallu abandonner ce projet jusqu'a une epoque plus propice. Depuis que les colonies espagnoles ont secoue le joug, cette question a repris une existence nouvelle. Elle a fixe I'attention des gouvernemens et celle des particuliers : tous les hommes entreprenans de lAme- rique comme de lEurope , voient dans son execution le moment desire qui operera par les interets du com- merce le rapprochement materiel et inteliectuel des in- dividus des differens points de la lerre, geographique- ment trop eloignes les uns des autres, pour avoir entre eux des relations frequentes. Aucune position n'est aussi favorable au commerce de I'univers que celle de listhme de Panama, dont le ( «9o ) sol , les productions et Ic diniat soiit autant de rares bientaits do la nature. Leur concours heureux a fait de ce pays un sejour enchante ou Ton jouit d iiu prin- temps peipetuel , et ou le travail, que les hiibitans don- nent a la terre , les recompense deux tois par an de leurs peines, qui sent legeres en comparaison de celles que les cultivateurs ont ordinairemeut dans des pays moiris favorises par la fertiiite et la temperature. Le cacao , le tabac, le coton , le caie , le sucre , la salsepareiile , la cocbenille , lindigo , les bois de tein- ture , le riz, etc. , etc., peuvent s'y cultiver avec une extreme taoilite. On y Irouve aussi des mines dor, d'ar- gent, de mercure, toutes productions qui sont autant de moyens d'echange parlaitement conformes aux be- soins de I'Europe. La nature qui s'est plue a repandre une telle abon- dance de Ijiens sur cette terre privilegiee , a encore voulu que son terrain fut le plus uni , le plus etroit et le plus bas de ceux de toutes les Ameriques ; c'est la que s'interrompt si beureusement entre I Amerique nie- ridionale et T Amerique septentrionale , la cbaine de montagnes qui s'etend presque uniformemeni et sans autre lacune de I une a lautK! extremite du pays. Ce point est le plus <;onvenable, sous tous les rap- ports , a une communication commerciale entre les deux mers. Dans de telles circonstances , anime dun sincere amour pour ma patrie, et penetre de Timportance de I'objet qui m'occupe, j'avais demande a la clianibre provinciale de Panama le privilege special pour I'exe- cution dun si grand iravail, et ce corps, etant con- vaincu de I'utilite de ce projet, a accueilli ma demande, m'arepondu favorablement, et a emis un decret auquel ' 19 1 ) I'isthme devra sa prosperite, qui donnera iiiic grandc preponderance a I'elat auqiiel il apparlient , et rendra un immense service au commerce du monde entier. On pent done hautement approiiver toute personne qui appelle I'attention publique sur un tel projet; a une epoque ou I'esprit d entreprise est repandu par tout, et ou aucun plan, qui oftre quelque utilite , n'a manque d'etre mis a I'essai. Cette heureuse tendance vers le per- fectionnement general, sera unc grande gloire pour le siecle ou nous vivons. Non-seidement cette entreprise fait partie des ame- liorations actuelles , mais I'epoque est tout-a-fait pro- pice a son execution , el il ne faut plus qu'une unifor- mite d'idees pour la realiser. L'objet qui m'occupe in- teresse plus ou moins directement toutes les parlies de la terre, et un bien si general ne peut pas etre entre- pris par les seuls habitans de I'isthme , quand i'uiilite est commune et les avantages egaux. Cette osuvre doit elre partagee par les autres pays qui ont le meme in- teret. On a songe a etablii' une communication au nioyen du lac de Nicaragua, dans TAmerique du centre, pre- ferant cette voie a celle de Tisthme de Panama , mais la grande distance de 77 lieues qui separe I'Atlantique de la mer Pacifique dans I'Amerique du centre , com- paree aux i4 lieues qui traversent I'isthme de Panama, sul'fit pour prouver les avantages que Ton trouverait a s'occuper de preference de ce dernier point. Portobello, quoique Ton ait dit de son insalubrite , n'a reellement pas ce defaut, <'t forme une excellente baie a I'abri des vents. Une compagnie s'est organisee dans I'isthme ; et la souscription monte deja a 5oo,ooo fr. pour I'entre- prise de la communication par terre , entre Portobello ( '92 ) et Panama; de plus, un certain nonibre de capitalistes de cette ville, m'ayant offert de I'aider, Ic moment est venu d'executer cat utile projet. Une fois que la communication sera ouverte par I'isthme, qui est dans le centre des regions les plus peu- plees de lAmeriquej et dans la ligne la plus directe de, I'Europe a I'Asie, elle facilitera extraordiiiairement le commerce par la grande promptitude , la singuliere com- modite et I'extreme economie, et mettra en contact des millions d'individus qui se trouvent separes paries bar- rieres que la nature a placees entre eux, et qui les ren- dent tout-a-fait etrangers les uns aux autres. Les habi- tans de I'ouest de I'Amerique, depuis le Chili an sud jusqu'aux possessions russes dans le nord , ce qui em- brasse une distance de 2,070 lieues , jouiront enfln dun grand bienfait par le nouveau passage oftert aux com- munications lie leur commerce avec lest de I'Amerique et avec I'Europe. Ce passage facilitera leurs echanges avec tout le globe, et il augmentera les relations du commerce de I'Europe avec tout I'occidcnt de I'Ame- rique, en diminuantd'environ i,33o lieues les distances a parcourir, Le commerce de toutes les nations dans I'Ocean Paci- fique, trouvant par la un puissant auxiliaire , s'etendra et deviendra beaucoup plus lucratit, en abregeant de plus de moilie les voyages des marins et des negocians qui vivent de ce trafic, et en les mettant a meme de re- cueillir le fruit de leurs travaux avec moins de risques, plus d'economie et moins de temps; des voyages reite- res el moins dispendieux rapporteront beaucoup plus de benefices que ceux qui se faisaient auparavant. II est done evident que le commerce et I'industrie de toutes les nations rctireront de celte nouvelle voie ou- ( ^93 ) verte a leurs relations , d'incalculables avantages qui opereront une lieureuse revolution dans le monde mer- cantile, parce que les productions manufacturees au- ront plus de circulation pour satisfaire un plus grand nombre de consonitnateurs auxquelsellesserontoffertes dans les differens marches qui s'etabliront sur de nou- veaux points on il n'en existait pas. RAPPORT SUR LES COMMUNICATIONS A ETABLIR AVEC LINSTITUT niSTORIQUE, Lu a la Societe de Geograpliie, dans sa seance du 3 octobre i834, Par M. Roux de RocHEtLE, Messieurs , Lescontreesdontla geographic donne la description ne doivent pas etre considerees comma des deserts sans vie et sans habitans. Nous nous attachons d'abord ii observer leur situation , leurs fleuves, leurs montiignes, les productions, les phenomenes qui leur sontpropres ; et si ces pays sont occupes par des peuples civilises, linleret de nos recherches augmente : nous voulons aussi connaitre les homnies, suivre les revolutions qu'a eprouvees leur sejour, soit par le cours des evenemens poliriques, soit par la niarche de la nature, et nous ren- dre conipte de I'influence que leur position geogra- phique a pu exercer sur leurs destinees. Dans ce nouveau sujet d'etude, tout nous conduit a reconnaitre Tintime liaison de la geographie avec riiistoire. Lune et I'autre science se pretent un mutuel secours : elles s'eclairent; ellesdonnentplus de variete, d'importance et de grandeur aux tableaux que nous avons sous les yeux. Convaincus de I'utilite de ce genre d'association, i3 ( ^94) nous vous avoiis soutiiis, dans cle piticeclcntes lectures , quelques essais sur la geographie historique de plu- sieurs conlrees, el nous aurons encore recours a votrc indulgence pour la suite de ce travail. Yous pourrez juger, messieurs, par celle direction donnee a une parlie de nos etudes, que nous regardons la Sociele de geographie et llnstitut historique comma naturellement unis entre eux par la tendance de leurs travaux. Get Institut forme depuis le 23 n)ars en i833. M. Eyries oltVc , de la part de M. Malenas, capitaine ' ( 202 ) au long cours , ime rarte autograpliit'e des lies de Tristan da Cunha. IVl. Renault Becourt ecrit a la Societe pour lui faire honiniage dun exemplaire de son exposition d'un nou- veau Systenie de lunivers. M. Warden communique une notice du voyage exe- cute en 1769, dans I'interieurde la Guyane, par M. Pa- tris, niedecin botaniste du roi et conseillcr au conseil snperieur de Cayenne. — Renvoi au comite du Bulletin qui pourra donner un extrait do cette relation. M. Roux de Roclielle lit Mine notice sur la Geogra- phie historique de la Gaule. M. d'Ave/ac lit quelques iragmcns rclatifs au trace geographique d'une partie de I'Afiique septentriouale , ' d'apres les itineraires d'Ebn e!-Dyn. — Renvoi au co- mite du Bulletin. La Coniniission centrale decide sur la proposition d'un de ses membres, qu'il sera ouvert des relations avec la Societe de Geograpliie qui vient de s'etablir a Bombay. M. Jomard annonce a I'Asseniblee que M.Delaporte, ancien consul de France a Tanger , est present a la seance ; il rappelle les services rendus par ce zele corres- pondant a la Geographic de lAtrique septentriouale et ses communications a la Societe. M. Delaporte doit retourner bient6t a Alger, ou sa position lui permettra d'etre utile aux sciences geogr.iphiques. Seance du 19 septcDihrc. Leproces-verbalde la derniere seance est lu etadopte. M. le capilaine John Ross ecrit pour remercier la Societe dela medaille dor qn'ellc lui ;i decernee dans sa ( .o3 ) derniere assenihlee generale, pour son voyage dans les iTiers Polaires. Celte lettre sera inseree au Bulletin. M. Noyer , niembre de la Societe , de retour de Cayenne, adresse une serie d'observiitions sur I'etat actuel de la Gtiyane. — La Comtnission vote des re- niercimens a M. Noyer, et reiivoie sa communication au comite du Bulletin. M. Euaene de Monglave adresse, au noni de I'lnsti- tut historique , le premier caliier de son journal , et il en demande I'echange contre le Bulletin de la Societe. — Cette demande est renvoyee au comite du Bulletin. M. Jomard depose sur le bureau les ditfeiens rap- ports faits a 1 Inslitut, sur les resultats scieiitifiques du voyage de M. dOrbigny, dans I'Anierique du Sud. M. Warden conununique une nouvelle note sur I eta- blissement dun cliemin de fer dans I'istbme de Pana- ma. — Remerclmens et renvoi au comite du Bulletin. M. Cesar Moreau presente , de la part de M. Hel- lert , une carte de la Moree jointe a la traduction de rhistoire de I'empire Ottoman , de M. de Hammer. Le nieme niendjre depose sur le bureau un rappoit sur la navigation de I'Euphrate, par le capitaine Clies- ney , ouvrage deja communique par M. Fontanier, et il en signale divers tragmens qui sont de nature a etre analyses dans le Bulletin de la Societe. La Commission centrale, sur le rapport de sa sec- tion de pidjlication, accepte I'offre que lui a faite M. Fr. Micbel , de publier , dans le tome iv du recueil des Memoires, le texte latin du voyage de llubruquis, d'a- pres le plus complet des qualre manuscrits qu'il a re- trouves a Londres et a Cambridge , en y ajoutant les. variantes des trois autres manuscrits. J.a Commission rcnvoie a une piodiaino seance , la ( 204 ) discussion de la pioposilioii de IM. Clement-Mullet, relative a la redaction dune table analytique des ma- tieres, pour la premiere serie du Bulletin. M. Joniard annonce que M. Paredes, de Panama, de- mande a entrer en relation avec la Societe de geogra- pLie, et lui oftre ses services pour cette partie de I'A- nierique. M. Paredes est charge dune partie des ope- rations relatives au chemin de fer qui va etre execute, de Panama a la riviere de Chagres. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 5 sepleinbre i83.4. M. J.-B.-F.-R. JOUANNIN. Seance du 19 septembre. M. Juste Paredes. de Panama. OUVRAGES OFFEUTS A LA SOCIEtE. Seance du i*^' aoiit 18 34- Par M. dAvezac : Carte geographo-gcologique dc la Gujanefrancaise, dressee surlesrelevesde M. Leblond, par Poirson, 1814, "ne leuille. Par la Societe geologique : Feuilles 20 a 24 du tome iv de son Bulletin. Par M. d'Urville : Voyage pittoresque autour du monde , 42* , 43" et 44^ livraisons. Par la Societe d'agriculture de I'Eure : Recueil de cette Societe, i caliier in 8°. ( 205 ) Par M. Barbie du Bocage : Journal des conseiliers municipaux ^ avec une carte statistique de la France. Brochure in-8°. Par MM. les directeurs : Numeros 62 el 63 de I'ln- stitut, el numeros 17 el 18 de VEcho dn inonde savant. Seance du i5 aoilt. Par TAcadeniie royale des sciences de Berlin : Me- moir es de cette academie pour i832. i vol. in-4o. Par le Coniite des traductions orientales de Londres : The travels of Macarius , Patriarch of Antioch ,• written by his attendant Archdeacon , Paul oj Aleppo in Arabic; parts 11^ III, IF and F; translated by F. C. Belfour. London^ i83i a i834. — Narrative of travels in Eu- ropa, Asia^ and Africa in the seventeenth century by Evliyd Efendi; translated from the Turkish by the Ritter Joseph von Hammer. London, i834- Un volume in-4°. — The Geographical works of Sddik Isfahdni; translated by J. C. from original Persian mss. in the collection of sir JFilliam Ouseley. I^ondon, i832, un volume in-8°. — San Kokf tsou ran to sets , ou Apercu general des Tro is - ro yau j?ies, traduh de roriginal japo- nais-chlnois , par PA. Jules Klaproth. Paris, i832 , un volume in-8''. avec un atlas de 5 cartes. — A Description of the Burmese Empire , compiled chiefly from native documents by the Rev. Father Sangermano , and trans- taled from his mss. by fFilliam Tandy. Rome, i833,un volume in-4°- — Tianslation from the chinese and ar- menian with notes and illustrations, by Charles Fried. Neumann. London^ i834, un volume in-8°. Par la Societe Geologique : Resume des progres des sciences geologiques pendant I'annee i833, par A. Boue. un volume in-8. ( 2o6 ) Par M. Albert-Monti'tnont : Btblivlfietjue unu'erse/le des voyages ,11" \i\r. (Voyages en Atrique, Levaillanl ). Par M. Noellat : Nouveaux elemens de geographic wnverselle ancienne et moderne ^ etc. Un volume in-i 2. — Nouvelle carte de France, politique, industrielie , etc. Une feuille. Par M. le comte tie Soniuori : Primo siippleiiwnto al saggio statistico deiV Italia, etc. Vienne, i834- Bro- chure in-8°. Par M. le capitaine d'Urville : 45* a 48*^ livraisons ant. Seance da 5 septenibre. Par la Sociele royale de Londres : Philosophical Transactions Jor the year i8.54j part. I, in^""* Par IWssociation hritannique pour lavancenient des sciences : Report of the third meeting oj the british asso- ciation, etc. Held at Cambridge in i833. London, i834 I vol. in-8. Par M. Klaproth : Lettre a M. le baron de Humboldt stir I'invention de la boiissole , i vol. in-8. Par 1\I. le directeur du Spectateur militaire : Frag- ( 207 ) ment de I'ldstoire militniie de la France. Giierres de re- ligion de i585 a i5c)Oj redigees d'apres les docuniens recueillis et discutes avec soin par le comite d'etat- niajor, par Ic colonel de Saint-Yon. Paris, 1 834, avec 3 plans. Par M. Arthus Bertrand ; V oyage dans les Elats- Unis de VJmeruiue du Nord et dans le Haiit et le Bas- Canada , par le capitaine Basil-Hall. 2 vol. in-S", i834. Par M. Matenas : Carte des iles de Tristan da Cunha, extrait de latlas anglais par C.-B. Matenas, capitaine an long-cours, i834. Par M. d'Urville : Voyage pittoresqiie ■ aiitour du monde , 49*^ et 5o" livraisons. Par M. llenaull-Becourt : Le tombeau de toutes les philosophies tant anclennes que inodernes , ou exposition raisonnee dun nouveau systeme de I'univers, etc. I vol. iiJ-S''. Par la Societe Asiatique : Cahier de juillet de son Journal. Par la Societe pour I instruction elementaire : Cahier de juillet de son Bulletin. Par M. de Moleon : Recueil industriel et manufactu ■ tier, cahier de juin. Par MM. les directeurs : Bibliolheqne univetselle de Geuei'e , caliier de juin. — Memorial encyclopedique ., cahier d'aout. — Ulnstitul , nos Qj et 68. — L Echo du monde sai>ant^ nos 21 et 22. Seance du 1 9 septembre. Par M. Alhert JMonternoiit : Bibliotlieque universellc dcs voyages, 23" livraison (Voyages de Bruce ). Par M. S.-X. Botelho : Resumo para servir de intro- ducccto a Memoria estadisticasobre os dominios portugue- ( 208 ) zes na Africa oriental. Lisbon , iia Imprensa nacional, 1834. I vol. in-8". Par jM. Hellcrt : Carte de la Mnree, dressee pour la traduction de I'histoire del"EiiipireOttoinan,parM. J. de Hammer, une feuille. Par M. Jomard : Rapport fait a Vacademie rojale des sciences de I'lnstitut de France , siir les rcsidtats scienti- fiques da voyage de M. Alcide d'Orhigay dans V Anie- rique du Sud pendant les annees 1826 a i833, in-4°. Par ]M. Graberg de Hemso : Nutizin intorno alia fa- inosa opera historica d'Ibnu Klialdiin fdosofo affricano del secolo xiv. Firenze, i834. Broch. in-8". — Prospetto del commercio dell' impero di Morocco. Lezione delta nelV I. e R. Acaderuia del gcorgofili^ il di 4 agosto i833. Firenze, i833. Broch. in^". Par M. d'Urville : Voyage pittoresque autour du nionde, Si*^ et Sa" livraisons. Par la Societe Asiatique : Cahier d'aoilt de son Journal. Par la Societe des Missions evangeliques : Cahier de septembre de son Journal. Par I Institut hislorique : Premiere livraison de son Journal, Par MM. les directeurs : Plusieurs numeros de I'ln- stitut, de VEchodu monde savant, du Mom'teur ottoman et du Journal de Smyrna. BULLETIN «E LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. OCTOBRE l834. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. NOTICE ET ANALYSE DE LODVRAGE DE M. KLAPROTH, INTITULE : Lcttre CI M. Ic baron de Humboldt sur I'invention de la boussolej^i) , Lue a la Societe de Gi^ographie dans sa stance du 17 octobre i834, Par M. DE L.VHHNAUDIlERE. Gette savanle dissertation repond a iine demande de renseignemens adressee il y a quelques mois, par M. de Humboldt a M. Klaproth, sur I'epoque ou les Chinois ont connu la polarite de laiinant. Sans cette question, les notes depuis long-temps recueillies par M. Klaproth, tussent peut-etre restees en portefeuille, incompletes et sans ordre. Mais en cherchant a satisfaire le desir de son illustre compatriote , il a ajoute a ces memes notes d'aulres extraits d'auteurs chinois, et dans ces nouvellcs recherches, il a ete assez heureux pour rencontrer des fails qui, par leur nombre et leur importance, lui ont permis de tracer une hisloire a-peu-pres complete de I'invention de I'aiguille aimanlee, en Chine. (i) Un vol. in-S". i4 Ct; travail diilicilc, (jiu; M. Kkijyroth s'est cleterinine a publier, et donl vous m'avez cliarge tie vous offrir I'a- nalyse, eclaircit un cles points les plus curieiix de I'his- toire de la civilisation huniaine. Les anciens, nos maitres dans les arts dont le gout et limagination font tons les frais , poesie, eloquence, ar- chitecture, mais si loin de nous dans les sciences exactes, ignoraient conipletcmeut la polarite de I'aimant, etnian- quaient par consequent de ce puissant moyen de direc- tion et d'observation. Ont-ils su meuie vaguenient que lainiant a la propriete d'altirer le fer d'un cote et de le repousser de I'autre? c'est encore ce dont on peut dou- ter, car il n'existe de ce tait aucune preuve positive, et les erudits en sont aux conjectures. Si Claudien, dont Its vers sur I'aimant sont admira- b!es de pensees et d images, ei*itconnu la plus precieuse de ses proprietes, il ne leiit certes pas oubliee, lorsquil fait allusion a la passion amoureuse de cette pierre pour le fer, a leur sympatbie mutuelle, a leur constant atta- chement. Pas une ligne echappee aux anciens ne parle de I'aiguille ainiantee et de son utilite pour la naviga- tion. Les marins grecs et romains ignoraient coniplete- ment I'usage du conipas de mer, et se dirigeaient prin- cipalement dans leurs voyages, la nuit, par les etoiles, le jour , par les conuaissances acquises des iles , des cotes et des dangers. Vincent de Beauvais et Albert-le-Grand citcntii la ve- rite un passage d un livre arabe, sur les pierres, attribue a Aristote, et dans lequel il est clairemcnt question de la polarite de I'aimant et de son usage dans la marine,, mais ce passage n'est evidemment qu'une note iutercaloe par quelque copiste, dans le texle arabe. II est nieme a- peu-pres certain quece traite des pierres n'est point d'A- ( 211 ) rislote. II est rernpli de tant de puerilite, qu'il faut en vouloir au precepteiir d'Alexanclre pour en charger sa memoire.M. Klaprolh ne s'appesantit clone pas sur cette question qui n'en est pas une pour I'homme instruit. II a beaiicoup mieux a faire en nous donnant la liste Ires curieuse des noms divers del'aimant, dans les langues de I'Europe et de I'Asie. Les anciens sonten tete de cette nomenclature. Pour eux, I'aimant c'est \a pierre d' He?vu/e, )& pierre (VHera- clee^ ou de magnesie, ou \i\ pierre de Lydie ^ ou vulgai- renient magnes. Pour Aristote, c'est la pierre sans au- tre designation, la pierre par excellence (r, XiQci;). Au quatrieme siecle de notre ere, nous voyons Mar- cellus Empiricus, niedecin de Theodose-le-Grand , don- ner a I'aimant !e nom d'antiphyson , et lui reconnoitre la double propriety d'attirer et de repousser lo fer. C'est cette derniere qui est expriniee par ce mot A'ajitiphjson. Un passage de Manetlion, cite par Plutarque (delside et Osiride), fait soupconner que les Egyptiens avaienl eu long-temps avant les niemes notions sur I'ainiant. lis lappelaient \os dc Horns, et le fer Xos de Typhon. En considerant la nature dans I'etat d'union et de decom- position, sous le symhole de Horns et de Typhon , ils croyaient voir I'image de ces deux etats dans Taction de Taimant sur le fer, selon que la pierre attire ce me- tal ou qu'elle le repousse. Les domains, qui apprirent des Grecs a connaitre I'aimant, lui conserverent son nom de magnes, et admirent la tradition de I'origine de cette denomination , comme on le voit par ces vers de Lucrece : Quern niagncta vocnnt pntrio dc nomine Groii : Mfignetiini, (jiiifi sit ijotriis in rnontiluis oitiis. ( 212 ) I^ luoyeii age . dans sa barbare latinite , liii donna le noni de adninas^ nom qui designaii originairement le diamant, et qui parait a M. Klaproth, d'origine orien- tale. II est plus difficile d'expliquer I'orlgine du noin de calainita , que les Italiens, comme les Grecs modernes, donnent a I'ainiant. Nous croyons, avec M. Klaprotli, que la seule explication raisonnable de ce mot a ete donnee par le P, Foamier qui dit, en parlant de cette pierre : <> Les niarins irancais la nominent calamite qui , :■ proprement en trancais , signifie une grenouille 'vertc ^ ' parce quavanl qu'on ait trouve I'invention de sus- « pendre et de balancer sur un pivot Taiguille aimantee^ '< nos ancelres I'enferinaient dans une fiole de verre de- « mi reniplie d'eau, et la faisaient Hotter sur I'eau comme « une grenouille. Hugo Berlius, qui vivait du temps de II saint Louis, en meme temps ou a-peu-pres queGuyol " de Provins dit que tel etait lartifice duquel les mate- " lots, en ce tenips-la, se servaient pour connaitre la « nuit, ou etait le nord. « M. Klaproth est d'accord avec le savant jesuite pour le fond , mais le mot calamite ^ pour designer la petite grenouille verte, lui parait grec. Ce mot calnmita est aussi usite dans d'autres idiomes europeens, on le trouve dans le dialecte de la langue romane de Surset, chez les Bosniaqucs, chez les Croates, et dans le dialecte sla- von des Windes ou Wendes de la Styrie. II faut lire dans la dissertation de M. Klaproth, tout ce qui concerne la denomination de I'aimant dans les autres langues. Nous devons nous borner a i'aire re- marquer ici, que, pour le bas-breton, c'est la pierre de toiiclie ; pour le Hollandais, le Suedois et le Danois, c'est la pierre a J aire -voile; pour I'lslandais et I'Anglais , la pierre conductrice ; pour I'lrlandais et le Welch, la pierre ( 21-^ ) « joint, Ion touclie ob une aiguillet et en festue Ian " ficlie , puis I on met en I'aigue et se tient dessus et la " pointe se tourne contre I'estoile qu;ind la luiit tut « tenebrous et Ion ne voit estoille ni lune poet li niari- « rinier tenir droite voie. » ViOyez un pen comme notre moyen age s'empare de I'aimantpour I'accommoder a son goiltdu uierveilleux, a sa passion des choses surnaturelles. Albert-le-Grand , digne representant de son epoque dans les sciences na- turelles, va se charger de vous apprendre ce que les |)lus instruits d'alors pensaient de c€tte pierre admirable. Lui .Albert ne se fie |)as a ce (|ue ses cuntemporains ( 2i6 ) avaient observe. II en appelle au tenioignage d'Aristote, de I'Aristote qui lui convient, de I'Aristote de la facon des Arabes , de I'auteur pretendu du Traite des pierres. Avec une telle autorite , Albert se sent a I'aise, aussi remarquez ce que I'ainiant devient entre ses mains. II en existe, dit-il , qui attire lor reduit en poudre fine, melaiigee de sable; le sable reste tout seul. II est un au- tre aimant iroid , humide, blanc, et craquant sous la dent, celui-ci c'est I'argent qu'il prefere a tout. Fut-il eloigne de trois ou quatre coudees , I'argent vient a lui tout dun bond , et meme forteinent cloue , I'argent s'echapperait et viendrait encore. Tin troisienie aimant exerce une influence bien autrement remarquable; c'est sur la chair qu'il opere ; il a pour elle un tel attrait , qu'elle s'attache a lui de maniere a ne pouvoir plus en etre separee , et alors pas une goutte de sang ne reste dans cette pauvre chair qui ne renait plus sur le corps auquel elle appartenait. On sent tout le parti qu'un ro- mancier pouvaittirer de I'aimant , a I'epoque d'Albert- le-Grand. Tout porte a croire que ce fut a I'epoque des croi- sades, alors que les peuples de I'Occident se melerent sur les champs de bataille avec les peuples de I'Asie , que les premiers apprirent des Arabes lusage et les proprietes de I'aiguille aimantee. Apres avoir refute les opinions contraires a cette hy- pothese , M. Klaproth I'environne de tous les temoi- gnages historiques qu'il a pu recueillir. L Edrisi qu'on avait invoque ne lui en fournit aucun. Le passage at- tribue a Aristole prouve au moins , qu'avant i25o, le pretendu traducteur arabe connaissait la polarite de I'ai- mant. II est fort difficile d'etablir a quelle epoque pre- cise It'S Arabes ont fait usage de I'aiguille aimantee dans ( ^^7 ) la navigation. Tout fait supposer que leurs marins s'en servaient long-temps avant que leurs astrononies ne la connussent , ou du moins n'en aient parle dans leurs ecrits. On en trouve la premiere mention dans le Tresor des Marchands pour la connaissance des pierres^ ouvrage que Ba'ilak, natif du Kibdjak, redigea en 1282 de J.-C. C'est en naviguant de Tripoli, de Syrie a Alexandrie, en 1242, qu'il vit les capitaines en faire usage. II entre, a ce sujet, dans des details d'autant plus curieux qu'ils pres<'ntent une description complete de I'instrument et de la maniere de sen servir. « Les capitaines, dit Bailak, qui naviguent sur les niers de Syrie, dans les nuits obscures , alors qu'on n'apercoit aucune etoile et qu'on ne peut se diriger d'apres les quatre points cardinaux remplissent un vase d'eau, et le posent a I'abri du vent dans I'inte- rieur du navire, puis ils enfoncent une aiguille dans un chalumeau et disposent le tout en forme de croix dans le vase plein d'eau ou I'appareil surnage, puis ils pren- nent une pierre d'aimant assez grosse pour reniplir la paume de la main , I'approchent a la superficie de I'eau, impriment a leurs mains un mouvement de rotation vers la droite, de maniere que I'aiguille tourne sur la surface du liquide , et tout-a-coup retirent leurs mains avec dexterite et promptitude, I'aiguille alors par ses deux pointes fait face au nord et au midi D'autres capitaines, qui voyagent dans I'lnde, remplacent I'ai- guille et le chalumeau par une sorte de poisson de fer, mince, creux , et dispose de telle facon que, jete dans I'eau, il surnage, et de sa tete et de sa queue designe les deux points dont nous venons de parler. >> On voit, par ces details, qu'il s'agit de la boussole aqualique, la merae dont il est question dans Hugo Bes- ( 2l8 ) lius, dans Giiyot de Provins , nii la IjoussuIc des iiiarin;; Iraiicais. Ici, s'appuyaiil de lautoiite de Bailak, lemoin oculaire de ce quil rapporte, M. Klaprolli cond»at sur tin tei'rain fort avantageux les ecrivains qui, tels que llenaudot, CoUitia , le president Aznni, rontestent aux Arahes la connaissance de la boussoledans le treizienie siecle. Ces ecrivains se sont etayes de tenioignages iie- gatifs, soil dune note existanle siir le tanieux plani- sphere des Camaldules , apporte du Calliai par Marc Paul, soit dun passage de Conti , Venitieii , qui (it le voyage de I'inde, vers le milieu du quinzieme siecle. L'auteur de la note pretend que sur cette mer on navi- gue sans boussole ; Conti assure quil n'en a pas vu a bord du batiment sur lequel il se trouvait. Ces deux as- sertions peuvent etre vraies sans infirmer en la moindre chose le temoignage de Bailak. On sail que devant la justice la deposition de riiomnie qui n'a pas vu ne balance en aucune maniere, celle de I'honime qui a vu de ses propres yeux, la seconde seule fait la conviction du jugc et sertde base a sa decision, ainsi en doit-il etre devant la critique. .> Jl parait done demontre que la boussole aqualique jitait, en 1242, aussi bien en usage chez les Arabes que chez les Europeens; et que le poisson, dont on se ser- vaitdans les niers des Indes en guise d'aiguille , y etail connu avant I'epoque du voyage de Bailak. Nous allons voir niaintenant que la boussole aquatique des (Illinois etait, entre iiiietiii^de I'ere chretienne,absolument ^"aite de la menie maniere que la boussole d«s Arabes, que la boussole vue par Brunetto Latini^ chez le moine IJacon avant 1260, pendant son voyage en Angleterre. INous sommes parvenus a la partie la plus neuve de la dissertation de M. Klaproth. Lui, le voici avec les V 219 ) Chinois, gens de sa connaissance in lime. Rien ile plus curieux qne la masse de fails qu il emprunte a leuis ecrivains, el a I'aide desquels il etablit les droits de la Chine a I'invention dun instrument dont les copistes europeensse servent un peu niieux que les decouvreurs. Je prie d'avance M. Klaprolh de me pardonner si je manque a quelque chose dans 1 orthographe des noms fhinois , en revanche je tacherai de n'omettre aucun des fails principaux qu il fait vaioir avec une si judi- cieuse critique. Si Ion remonte a la lai" annee de J -C. , on trouve deja le nom d'ainiant impose par les Chinois a la pierre (wec laquelle on pent donner la direction a C aiguille, Ge passage important est cite dans le Lexique de lenipereur Khaiiglii et dans la plupartdes autres dietionnaires chi- nois. Voila done au second siecle de notreere , laiguille aimantee connue dans la Chine; nous lisons, dans le granti dictionnaire Poei wen run fan, qu'aux troisierne, qualrienie et cinquieme siecles, sous la dyn;istie de Tsin de 265 a 4^95 d y avail des navires qui se diri- geaient au sud par I'aimant. Plus lard, dans le on- zieme siecle, les diseurs de bonne aventure , les hate- leurs , les charlatans de place, s'emparaienl de laiguille dont iis frotlaienl la pointe avec la pierre d'aimant, en prometlanl aux spectateurs que le petit morceau de fev allait leur indiquer le midi, ce qu'il ne manquait pas de taire. La declinaison de laiguille etait alors connue, et, chose remarquable, la variation observee au com- mencement du douzieme siecle etait a-peu-pres la meme que celle que le P. Amyot trouvait a Peking. Ce der- nier, en I'indiquant entre 2° et 2** 5o' vers I'ouest, se rencontre avec un vieil auteur chinois do i 117 , qui la porte e.sl 5/6' sud; car on sail (ju<* pour cc Illinois ( aao ) comme pour ses ronipatriotes ile toiites les epoques, Ic pole principal de I'aiguille aimantee est celui qui inontre le sud. Ainsi I'expression de I'un et de I'autre de ces observateurs , quoique ties differente en apparence, se trouve absolument la meme. Chez les nations de I'Occident, la premiere applica- tion de I'aiguille aimantee a ete faite par la marine; cliez les Chinois, elle n'a point servi d'abord a guider le navigateur au milieu des solitudes del'Ocean. II fautbien distinguer le double usage qu'ils en ont fait. Le plus ancien etait de les employer a dinger leurs chars de guerre, de voyage ou de ceremonie. Celui de ces chars, porteur de I'appareil, s'appelait char magnetique. Et I'appareil, tel que I'indique la gravure donnee par M. Klaproth , consistait dans une petite figure de bois tournant sur un pivot et sous le vetement de laquelleune barre de fer aimantee se trouvait artistement cachee. Cette statue avail le bras etendu, et de quelquecote que le char tournat elle montrait le sud de la main; on va- riait la forme de cet ingenieux condurteur, il se voyait quelquefois sous celui d'un genie, pare d'un habit de plumes, entoure de dragons; mais toujours le meca- nisme interieur etait le meme. Toutefois , ce char mer- veilleux, porteur de Ihomme ou du genie , prenait la tetedu convoi. II indiquait la route aux voitures qui le suivaient et la position des quatre points cardinaux. Les histoires chinoises sont pleines de details sur la construction de ces chars magnetiques, et M. Klaproth n'a neglige aucun de ceux qui peuvent servir a leur histoire. L'orgueil chinois en fait remonter I'origine a des temps fabuleux, a I'ancien empereur Ilouang-ti , c'est-a-dire environ 2600 ans avant J.-C. On pense bien que M. Klaproth ne s'avise pas de discuter une sem- ( 221 ) blable antiquite; il saute quinze siecles pour se trans- porter dans des temps veritableinent historiques, et la i trouve les chars nientionnes dans les Memoires histo- riques de Szu ma tJisian, sous lannee iiio avant J.-C. C'est encore une fort belle noblesse. Depuis le troisieme siecle de I'ere chretienne, on rencontre de frequens te* moignages, et des tenioignages authentiques, de leur existence, de leur forme et de leur emploi. On voit qu'ils furent connus au Japon dans laseconde moitie du septieme siecle. A toutes les epoques, ce fut toujours une grande rarete : on les donnait en cadeau aux prin- cipaux dignitaires; ils tenaient le premier rang dans les corteges d'apparat. Lorsque Chj hou (335-349) sortait en ceremonie, un des commandans de la garde de ses carrosses conduisait toujours un de ces chars en avant. Lesouvriers qui les construisaient etaient fort conside- res : c'etaient des academiciens qui etaient ordinaire- ment charges de cette besognej elle leur valait d'hono- rables distinctions du prince, et leur rapportait beau- coup d'argent. Quant a I'invention de la boussole proprement dite, M. Klaproth n'en trouve pas la date dans les livres chi- nois a sa disposition. Nous avons vu que, depuis le milieu du troisieme siecle jusqu'au commencement du cinquieme , on dirigeait deja des vaisseaux d'apres des mdications magnetiques. Nous savons que dans les septieme et huitieme siecles, les Chinois faisaient de longues courses maritimes; qu'ils partaient de Canton , qu'ils traversaient le detroit de Malacca, qu'ils allaient a Geylan , au cap Coniorin , a la cote de Malabar, aux embouchures de I'lndus et ensuite a Siraf , et jusqu'a I'Euphrate. Si au troisieme siecle les Cliinois connaissaient la pro- ( uaa ) |)iiet«' (111 liT aiiiuinU' pour si- tlirifror a l;i nu-r, il u'osl pas possible que dans los ifnips posterieurs ils ii'nient pas fait usage do la boussole en traversant I'Ocenn In • dien. Neaninoins, la descriplion la plus aiicicMiiie de cet instrument, trouvee par M. Klaproth dans les livres thinois, ne date que «les anneos i ii i a i i i;; de J.-(^. ; tinijours csl-il constant que son usage etait general dans la marine chinoise vers la fin du treiziemc siecle. 11 ne faut pas onblier que la boussole dont il s agit ici etait la boussole aqnatiqtie, qui parait s'etre conservee lort long-lenips entihine; on ignore ni^nie I'epoque ou elle tut remplacee par lo systenie actuel, c'est-a-dire par une aiguille suppor(ee et se inonvant suv un pivot, et rentermee dans une boite sur laquelle sont tracees les divisions de 1 iiorizon ou des signes astrologicjues dis- poses dans des cercles eoncentriqiies. La description «les l)ous>oles chinoises telles qu elles existent aiijourd hui terniine cette curieuse dissertation. Gette partie ne pent etre ni ahregoe ni analysee : pour etre conipris, il t'audrait tout citer; car ici, rien de su- perllu, rien (|ui ne soit utile a lintelligence de I'instru- inent et a ses divers emplois. ,le ferai remarqtier seide- nient que M. Barrow accorde de grands eloges aiix boussoles chinoises, et (ju'il en regards la roiistruetian ooinnie preferabU; a cello des boussoles i\e I Europe : dans los premieres , I'aiguille doit son extreme sensibilite a son pen de longueur el d'epaisseur; par la nianiere dont cette aiguille est niontin;, elle resto txmstamnwnt poin lee vers la memo partie du oiel, quelle que puis'se etre la rapidite avec laquelle tourne la botte qui la oon- tient; sa potilesse, sa leocrote et la maniere doiii olle est suspondue, lui donnent un grand avanlage pour vaincro le ponvoir niagnetiquo de linolinaison dans toutos los ( ..3 ) |jurties du globe, et eiilin ello n'epiouve jamais do de- viation dans sa position liorizontalc. En resume, la dissertation de M. Klaproth etaUlitque c'est a tort que Ion attribue a Flavio Gioia, ne dans les environs d'Amalfi vers la fiti du treizieme siecle, I'in- vention de la houssole; que cent ans avant lui elle elait connue en Europe^ que la seule part qui pourrait lui elre laite se hnnitirait a la forme aetuelle de Tinstru- ment, a un perlectionnement de la houssole ancienue ou aqnatique; que cette derniere etait usitee en Cliine quatre-vingts ans au moins avant la composition de la satire de Gnyot de Provins; que les Arabes la posse- daient a peu-pres a la meme epoque; ((u'ils la recurent directetnent ou indirectement des (Jbiiuns, et qua leur tour ils la comnuiniquerent aux Francs a I'epoque des premieres croisades. !i ,i! -/>{> :i;': •'.■•' '' RAPPORT SUR LE VOYAGE DE M. I-EPRIEUR DANS LINTERIEtJR DE LA GDYANE, Fait au nom d'une commission sp^ciale, par M. d'Avezac. ( Stance du 17 octobre 1834.) Messieurs, Vous avez charge MM. Warden, Corabojuf et moi, d'examiner, pour vous en rendre compte , un memoire remis par M. Leprieur el contenant la relation de son voyage dans Tinterieur de la Guyane Erancaise j vous avez assigne a cet exanien un double objet; d'jine part , I'appreciation de ce que le voyageur a accompli j d'autre ( 224 ) part , la recherche des moyens a employer pour rendre aussi fructueuse que possihle !a continuation de I'ex- ploralion qui a ete commencee. Nousne pouvionsmanquerd'attacherbeaucoup d'in- teret a cette double question; mais elle tire encore a nos yeux un nouveau degre d importance, de cette con- sideration, que le departement de la marine nous pro- voque a eclairer, par nos observations, la marche qu'il lui paraitra la plus utile d'adopter pour mener a fin une reconnaissance generate des parties inconnues de la Guyane Francaise. Depuis long-temps la convenance d'une telle explo- ration a ete appreciee par la Societe de geographie : des 1826 , elle a mis au concours un prix de ^,000 fr. a decerner au voyageur qui I'aurait accomplie; et le de- partement de la Marine, avec lequel la Societe se trouve unie par des liens si nombreux et si bonorables , est entre lui-meme pour 2,000 francs dans la fixation de cette somme. Deja une commission (1), reservant pour I'avenir les droits de M. Leprieur, avait applaudi au zele dont il avait preuve dans ses premieres tentatives , mais avait du reconnaltre qu'il n'avait point encore rempli le pro- gramme de la Societe. Charges aujourd'hui de porter une investigation spe- ciale sur les documens plus detailles que voiis a soumis M. Leprieur , et d'apprecier a-la-fois ce que le voya- geur a fait, ce qu'il est capable dc ftiire, et la voie qu'il devra suivre pour tirer un parti aussi utile que possible dc son propre zele et des moyens d'observation qui (i) Elle ttait composee de MM. Eyries,' Roux rle Rodielle, d'Urville, d'Avezac, et Jomaid rapporteur. ( ■^■^-1 ) scientifique, cette inciuie des carlograplies, d'autant plus facheuse que les erreurs quelle accredite se consa- crent en quelque sorte par la deplorable habitude de plagiat qui a envahi le domaiiie ou iie regnent plus les Delisle et les d'Aiiville. Vous vows rappelez tous, messieurs, lexcellente note qui vous a ete adressee de Caienne le 4 septembre 1829, etdans laquelle notre confrere M.JNoyer vous enlreiint de Vetat actuel de la geographie de la Guiane Francaise^ et dhm projet d' exploration dans t interieur de cette con~ tree ; nous savons, grace aux renseigiiemens pulses dans les souvenirs personnels de I'ancien depute de Caienne, que de toutes les carles publiees sur le pays dont il a fait lui-nieme, par devoir conune par gout, une soi- gneuse etude, les nieilleures sont celles de Men telle et de Leblond , I'une reduite par I'ingenieur hydrographe Bonne pour I'atlas de Raynal , et reproduite a une autre echelle au Depot de la marine, en 1817, lauli'e redigee par Poirson sur les releves du second voyageur, et publiee en i8i4- L'un et lautxe avaient observe quelques latitudes; il n'v a point entre leurs resultats respeclifs un accord parfait; les differences se bornent a quelques minutes, dont les routes de Leblond se trouvent plus courtes que celles de Mentelle; ces differences sont trop pe- tites pour qu'il y ait lieu de s'y arreter ; on pent seu- lement annoter qu'un troisieme observateur, M. Mil- thiade, ancien aspirant de la marine, qui fit en 1822, une excursion dans I'interieur, obiinl des latitudes con- firmatives de celles de, Mentelle, et que deja, en 1819, M. Dumonteil, sous-ingenieur de la marine, a\ait re- leve quelques parties vues par Leblond, et avait Irouve sa route un pen plus longue que celle du voyageur na- if). ( 228 ) turaliste.Quantaux longitudes, il ne parait pas qu'il y en ait eu d'observees. Les releveinens de Mentelle etant reproduits, sauf quelques modifications a reviser, sur la carte de Le- blond, celle-ci est, en definitive, ce que nous posse- dons de plus complet sur les parties explore'es de la Guiane Fraiicaise. Elle ne se trouvait plus dans le com- merce; mais j'ai ete assez heureux pour en decouvrir le cuivre, au moyen duquel ont ete obtenues de nou- velles epreuves dont une est sous vos yeux. Quelques ameliorations y pourraient etre faites, d'abord sur une zone assez large du littoral , d'apres une grande carte nianuscrite relevee par M. Siredey, arpenteur-geometre de la colonic (laquelle ne doit cependant etre suivie qu'avec precaution et discernemenl) ,• puis dans le haut de rOyac, d'apres le relevement manuscrit de M. Du- monteil, le tout combine avec la carte de Mentelle: quelques indications pourraient etre approximativement marquees , vers les sources de TApprouague , d'apres la relation de BI. Milthiadc; mais il ne faut pas se dissi> muler que la redaction de ces elemens divers exige un travail critique qui n'est point sans difficulte's. Dans une contree couverte de forets vierges , ou les routes sont remplies de difficultes, coupee dailieurs de nombreux cours d'eau que remonte ou descend avec adresse la pirogue du sauvage indigene, tons les voyages se font par les rivieres et les criques , et les cours d'eau les plus considerables sont la voie la plus naturelle pour des reconnaissances etendues : I'Oyapok et le Maroni sont, sous ce rapport, les deux grandes routes de I'in- terieur de notre Guiane. Le cours du Maroni est connu depuis son embouchure jusqu'a son confluent avec I'Araoua, connu lui-meme depuis re confluent jusqu'a ( '■^■'^^ ) pourront etre mis a sa disposition, vos nouveaux com- niissaires se sont partage la tarhe que vous leur aviez imposee en coinmun : M. Warden s'est charge de re- chercher quels nKyens materiels paraissent necessaires pour effectuer le voyage do maniere a ne point rencon- trer d'obstacles insurmontables, de dangers contre les- quels on ne se trouve preniuni; M. Coraboeuf a recher- che de son cote quels nioyens d'observations devraient etre mis a la disposition du voyageur pour faciliter et assurer d'une maniere salisfaisante le relevement de sa route. L'examen du travail d'exploration deja effecluee par M. Leprieur, el le soin de vous exposer I'ensemble de nos investigations , tel est le lot qui ma ete speciale- ment departi. II nous a semble que I'ordre dans lequel il convenait de vous en rendre compte e'tnit de vous entretienir d'abord des reconnaissances faites, puis des directions scientifiques qu'il importe de ne pas perdie de vue dans les tentatives ulterieures d'exploration, et enfin des dispositions materielles a prendre pour mener a heureuse fin une aussi louable entrepiise. Pour mieux vous faire apprecier, messieurs, le degre d interet que peuvent offrir les premiers relevemens de M. Leprietir, il conviendrait peut-etre de vous presen- ter d'abord un tableau d'ensemble des resultats procii- res par les explorations anterieures , de discuter la va- leur de chacun des elemens dun trace general des con- naissanccs deja acquises sur I'interieur de la Guianc Francaise. Mais pour remplir dignement une pareille tache, il eut fallu ne rien ignorer de tout ce qui a ete tente , avoir a sa disposition les documens recuelliis par tons les explorateurs qui ont precede le voyageur ac- luel;et s'il nest point impossible aujourd'hui de re- i5 ( 226 ) trouver un a un , a force de rechcrches et de soins , tous ces elemens perdus ou ignores, leur analyse coinparee denieurerait encore un travail, difficile peut- etre, devant lequel sans doute notre courage n'eut point recule , niais qui eiit exige des verifications et des etudes trop longues pour se traduire ici en un simple expose de quelques pages. Et pourtant un examen de cette nature iniporterail A la science et au pays ; car une deplorable ignorance de ce qii a ete fait, depuis un denii-siecle, se revele dans le trace de la Guiane Francaise , donne par des geo- graphes, fort reconiniandables d'ailleurs, tels que Spix et Marlins, excusables peut-etre, en leur qualite d'etran- gerSjd'avoir si fort neglige dans leur travail unecontrec placee au surplus en dehors du theatre de leur explora- tion; mais tels aussi que notre defunt collegue et ami Brue, dont les belles cartes recemnient edites par sa veuve se bornent a reproduire, pour notre Guiane, les configurations surannees et fautives des deux voya- geurs bavarois, copistes eux - memes des vieilles es- quises portugaises. Les constructeurs de cartes, che/ nous comnie a I'etranger, ne se trouvent cependant point destitues a cet egard d'indications siires et de salutaires conseils; un ingenieur goographe qui a passe sa vie a la Guiane, leur a signale, dans une note breve, niais substantielle, quels travaux avaient ete faits jusqu'a lui, et quels documens edits offrent les lumicres les plus certaines ; niais on ignore ou on neglige les indications de M. Noyer, on ne recherche point les releveniens de Mentelle et deLeblond; et c'est aux vieilleries portu- gaises que Ion va emprunter le trace graphique de nos possessions !... Je voue, messieurs , a une reprobation ( ^^^' ) de M. Leprieur avec celui de Leblond : ils offrenl pour I'Oyapok, avec quelque diversite de formes, les niemes sinuosites, et, si j'ose m'exprimer aiiisi, la meme physio- nomie ; c'est le cas de dire avec le poete : Fades non omnibus una , Nee diversa tamen , qualis decet esse sororum. Ce recollement m'a convaincu de Texactitude des deux voyageurs, qui se servent ainsi de controle niutuel : ils ont I'un et I'autre tire du meme modele deux copies sem- blablesj je dis semblables et non point egales, car s'il y a una grande ressemblance entre leurs configurations, il y a une enorme difference dans I'estime , ainsi qu'on peut s'en convaincre par le parallele suivant : Du Cahiopi an Yave Du Yave au Moutoura (ou Samacou). Du Moutoura au Jenagarey Du Jenagarey a Ipoussinghe ( ou Suacari ) De ripoussJnghe au point oii I'Oya- pok cesse d'etre navigable Leprieur. 35 milles. 28 23 Leblond. 16 milles. 20 17 Ainsi, terme moyen , M, Leprieur aurait eslime 2"'i/4 pour mille; et en reduisant ses evaluations sur ce pied, la mesure en ligne droite de la distance totale qui! a parcourue depuis rembouchure du Camopi nest que d un peu plus de i5j njilles au lieu de 354- M. Leprieur nous a fourni lui-meme des renseigne- niens qui confirment la plausibilite de ce laux de reduc- tion ; il nous a fait connaitre en effet que, d'apres les informations qui! tenait da indigenes, il y avait, en descendant le Jari , dix journees de It'tablissement de •lose Omuu jusqu'a rembouchure du ("iarapanalouba , et ( 23a ) de la duuzu journees jusqu'a I'Amazone. II evalue ces journees a 5 lieiies, c'est-a-dire i 5 rnilles. Or on voit que, inenie en retranchant un tiers pour les detours, on aurait, pour ces 22 jours, 220 niilles devaluation qui, ajoutes aux 354 niilles, formeraient un total de 5^4 niilles (ne mettons que 56o) pour la distance du confluent du Camopi a I'Amazone; cette distance n'est en realite que d'environ aSo milles : c'est done encore, conime tout-a-l'heure, 2 1/4 niilles d'eslime pour un niille effectif. Une troisieme verification conduit encore a une con- clusion pareille : M. Adam de Bauve nous a envoye la relation d'un voyage qu'il a fait a la fin de i83i et au commencement de i832, par 1 Oyapok et le Jari, jusqu a I'Amazone; il a mis, de I'embouchure du Camopi a I'e- tablissement de Jose Antonio , onze jours pour une dis- tance que M. Leprieur evalue a i5i niilles: ce serait pres de i4 milles en ligne droite par jour, en remontant ! ... Dela a I'embouchure du Piraouery dansle Jary,M. .Adam de Bauve a mis 1 4 jours pour une distance de 1 18 milles siiivant M. Leprieur; puis, descendant le Jari , M. Adam a fait en 8 jours le trajet de lembouchure du Piraouery a celle du Yenipoko , laquelle est, au rapport de M. Le- prieur, a 3o milles au-dessous de rclablissement de Jose Ourou, ce qui porte a plusde 120 milles, sur son rele- vement , la distance parcourue en ces 8 journees : c'est done I 5 milles en ligne droite a compter par jour pour la descente du Jari. M. Adam de Bauve a continue de suivre cette voie pendant 12 journees encore, jusqu'a 6 lieues au-dessous de Fragozo ; en comptant i5 milles pour ces 6 lieues, on aura, a I'estime de M. Leprieur, 16T) milles du Yenipoko a Fragozo, et 549 ni'"*?s ( "« luellons que 53o) du (>amopi ii Fr.igozo. Or comnie la ( ^29 ) la crique Tako. Au-dessus du confluent dont il s'agit, le Maroni a encore un cours que Ton suppose fort eten- du; niais il n'est plus possible d'y arriver en remontant !e fleuve depuis son embouchure, a moins que Ion n'eut des forces suffisantes pour vaincre Toppositlon des negres niarrons de Surinam, qui barrent le passage et forment une peuplade redoutable. Reste done I'Oyapok, que Leblond avait releve jus- qu'a sa source en aout et septembre 1789 , ayant memc reconnu, au-dela, la tete de quelques ruisseaux affluens du Yari, qui lui-meme va se jeter dans I'Amazone visa- vis du fort de Gurupa. Dans le comple qu'il vous a rendu de son voyage, M. Leprieur vous a fait connaitre qu'il a remonte I'Oya- pok jusqu'a sa source, puis descendu leRouapira, ap- pele ^lus bas Jari, jusqu'a plus de cinquante lieues ; que la, prive par une circonstaiice imprevue de la majeure partie de son monde et de son bagage, il revint sur ses pas, et fit par terre une tentative dans lebutde rallier le Maroni ; mais qu'au bout de trente lieues, deux de ses trois compagnons etant tombes malades, force lui fut de retrograder et de regagner I'Oyapok, d'ou il revint a Caienne. M. Leprieur a soigneusement releve sa route au-dessus du confluent du Camopi : on avait jusque-la le trace de Mentelle,et il croyait inutile de s'occuper d'une partie deja connue; il ignorail lexistence du relevement de Leblond au-dessus de ce point, et nous devons a cetle circonstance le soin qu'ii a pris de consigner dans son journal les details du fleuve depuis cei endroit. Le voyageur avait I'intention d assurer le trace de sa loute par des observations astronomiques ; il avait uii cercle dc reflexion , une montre a secondes , boussoles ( 23.) ) barometre et ihernioinetre.Naturaliste distingue, il avait Ihabitude des observations meteorologiques; niais il n'e'tait point assez familier avec la pratique des observa- tions celestes pour eviter ou surnionter les dit'ficultes que lui presentait lusage d'un instrument a reflexion sous d'aussi basses latitudes, ou les hauteurs solaires merl- diennes sont impossibles a prendre en employant I'hori- zon artificiel. Le voyageur voulut y suppleer par des hauteurs non meridiennes; mais malheureusement il n'avait point a cet egard des connaissances assez precises pour nomettre aucun des elemens indispeusaliles au calcul de ses observations, etil ne peut etre tire aucun jiarti de loutes celles qu'il a rapportees. Nous navous done le trace de sa route qu'a Festime, et cette estime ellememe, basee sur la niesure horaire des espaces parcourus, combinee avec la force d'impu!- f-ion ou de resistance des courans en oval ou en anion t, nest fondee, quant a ce dernier element, que sur une appreciation nientale, sans verification quelcoiique de la vitesse effective de la marche par la voie du lok. Voila comment a ete obtenu un relevement qui offre en ligne droite une longueur de 354 millcs geographiques estimes esitre le confluent du Camopi , point de depart, et leta- biissement de Jose Ourou, point darrivec. En admettant que le voyageur ait fait une juste eva- luation relative des diverses fractions de sa route, il reste a se demander ce que valent en realite les 354 milles aux- quels il estime I'axe general sur lequel serpente sa ligne itineraire. II faut reconnaitre qu'il n'a pas recueilli de donnees suffisantes pour resoudre directement cette question ; j'ai des-lors cherche ailleurs des elemens de verification. J'ai dabord altentiveinent coHationni^' le relevomrnr ( 235 ) ner les latitudes et les longitudes des lieux , leiir hauteur au-dessus du niveau de la mer, donner les relevemens et le trace du cours des rivieres, les directions des chaines de montagnes, etc. , comme aussi a faire con- naitre la niesure de la temperature et des variations at- mospheriques. Les differences deja signalees entre le relevement d'essai (jue vous a remis le voyageiir et ceux qu'avait obtenus Leblond, rendent evidente I'indispensable ne- cessite qu il y aura pour M. Leprieur a recueillir, aux points notables de ses routes, les elemens astronomiques propres a fournir des determinations exacles dans les- quelles viendront s'encadrer ses relevemens de detail. La commission rend justice a la bonne volonle dont il a fait preuve a cet egard dans sa premiere exploration ; elle espere qu'au moyen des instrumens qu'elle indiqne et de I'instruction speciale preparee par M. Coraboeuf , il n'y aura plus de me'compte a redouter dans I'observa- tion et la notation des elemens dont il s'agit. Personne ne sait mieux que M. Leprieur lui menie quelles parties de la Guiane restent a explorer; la Sociele de geographic a, du reste, propose un progranmie qui signale particulierement comme importante la recon- naissance des sources du Maroni et des reliefs qui de- terminent, en se prolongeanta I'ouest, la ligne du par- tage des eaux des deux bassins opposes. L'interet na- tional indique en nieme temps une ligne entre le haut Oyapok et I'Araounry; mais il semble convenable den faire I'objet dune seconde tentative qui prendrait son point de depart a Tetablissement de Mana , afin de lier par des portages successifs le cours superieur de cette riviere a celui du Sinaiuary, puis aux sources de 1 Oyac ( ^36 ) eta celles d'Approuague, d'ou Ton atteindrait uisemeiit 1 Oyapok par llnipi et le Camopi. Nous ne nous occu- perons ici que de la premiere route. Le succes de I'expedition depend nioins des efforts necessaires pour vaiiicre las obstacles physiques inhe- reus a la nature du pays, que des uiesures effioaces a prendre pour segaranlir des hoslilites des indigenes et surtout des nejjres marrons de la Guiane Hollandaise. qui occupent les bords du Maroni au-dessus des sauts Itoupoucou et s'avancent jusque assez avant sur I'A- raoua J il est essentiel que le voyageur evite soigneuse- nient d'approcher de leurs etablisseniens, en se portant imniediatement sur les plus hauts afiluens du Maroni par une route analogue a celle qu'il a tentee au nord- ouest de letablissenient de Couve et Rouapira, et qui le conduira probablernent chez les lloucouyennes du Oualioni, d'ou il pourra descendre, a travers les Aranii- chaux, jusqu'au Maroni, apres s'elre assure que les negres marrons n'onl point encore pousse jusque-la des detachemens. Pour revenir au meme point, en re- montant le Maroni depuis son embouchure, il faudrait lutter a diverses reprises contre les negres marrons, et une escorle niilitaire serait indispensable; on aurait, il estvrai,par cette route , I'avantage de pouvoir assurer par des determinations de latitude et surtout de longi- tude, le cours encore fort peu certain de ce fleuve, et den reconnaitre les portions comprises entre I'enibou- chure de I'Araoua et celle du Ouahonl. Mais la securite de I'expedition, aussi bien que I'econoniie , semblent conseiiier I'autre voie, deja familiere, en majeure partie, a M. Leprieur, et qui lui pcrmettra d'atteindre beaucoup plus tot le but principal, les sources du Maroni et de ses afHuens superieur^. Apres la reconnaissance de ccltc re- ( 2^3 ) distance leelle est d'environ 235 milles, I'estiine de M. Leprieur est de nouveau demontree reductible dans la proportion de 2 i^4 ^ i- Nous pouvons done rondure que le terme le plus eloigne qu'ait atteint ce voyageur est a iSj ou 160 milles du confluent du Camopi avec I'Oyapok. La direction generate de cette ligne resulte, de laserie des gisemens partiels, au S. 28" O. de la boussole; le voyageur a observe iine declinaison magnetique de 90 N.E., ce qui poiterait la direction dont il s'agit au S. 37° O. et devrail faire assigner a Te'tablissenient de Jose Ourou, une position conjecturale vers Tin lersec- tlon du parallele de 1° N. avec le nieridien de 56' O. de Paris. Ce resultat paraitra peut-etre bien recule a I'ouest, eu egard a la direction supposee du Jari, qui debouche a-peupres sous le nieme meridien que I'Oyapok 5 dans 1 etat actuel des notions acquises, nous n'avons aucun moyen d'eclaircir cette question. Nous devons toutefois remarquer, qu'a partir de lembouchure du Moutoura, Leblond incline le haut Oyapok beaucoup plus vers I'ouest que le nouveau voyageur, en sorte qu'il y a peut-etie compensation, dans le trace de celui-ci, entre la direction trop occidentale du Jari et la direc- tion trop orientale de I'Oyapok. G'est a M. Leprieur que demeure la tache de faire a ce sujet les verifications convenables, en poursuivant une exploration qu'il n'a laissee imparfaite que faute de directions assez precises pour tirer tout le parti possible du zele reinarqualde et de I'aptitude que nous nous plaisons a reconnahre en lui. Lesconseils dictes par I'experience de M. Corabanifle premuniruiit desormais contre les dilKcultes el les ( 234 ) ecueils de sestravaux de reconnaissances, en le guidant sur lusage des instrumens les niieux appropries 4 de telles operations et a un tel pays, en lui signalaiit la na- ture et les elemens constllutits des observations les plus siires ou les plus convenables, en lui tracant une niarche invariable pour la notation de tons les details a consigner dans un journal de route regulier. Notre coUegue prepare, a ce sujet, une instruction speciale en rapport avec le degre dhabilete du voyageiir, a qui elle sera remise lors de son depart. Quant au choix des instrumens dont il importe que M. Leprieur soit pourvu , nous regardons connne neces- saires a la determination des positions geograpliiques qui jalonneiont sa route : 1° Un cercle repetiteur dun dianietre de 27 cent. (10 pouces) muni de tons les accessoires indispensables aux observations astronomiques, au nonibre desquels il sera convenable de comprendre deux oculaires dc rc- cbange pour la lunette superieure, dont 1 un aura son ouverture fixee parallelenient a 1 axe oplique de la lunette et dans une direction perpendiculaire au plan du linibe, pour donner la facilile d'observercommode- nient les plus grandes elevations des astres au-dessus de r horizon J 20 Un cercle de reflexion avec un horizon artiliciel ; 3° Deux chronometres de poche; 4° Une lunette astrononiique pour les observations des eclipses et des occultalions d'etoiles ; 5" Deux barometres portatifs a la'Gay-Lussac, montes selon la methode de Buntcn; 6» Deux thermomelres libres; •j" Deux boussoles niontees sur des boitcs de metal. Tels sonl les instruniens a employer pour determi- ( -39 ) NOTICES Sui' Vaucienne geographie historique des pays voisins dc la Medilerranee , Lues a la Societe de Geographic, dans ses seances du 5 septenibre etdu 3 octobrei83/i, Par M. Roux de Rochei.i.e. Avant de passer aux expeditions des Roniains en Grece et en Orient, il est utile de se rendre compte de la situation ou se trouvaient alois ces con trees , et des principales revolutions qu'elles avaient eprouvees de- puis la mort d'Alexandre. Ce conquerant avail souniis la Grece, I'Asie-Mineure, la Syrie, la Perse, I'Egypte. Apres sa mort, ses vastes conquetes se demenibrerent pour former encore de puissans etats : la Macedoine echul a Philippe-Aridec ; et Cassandre , qui le fit perir avec sa famille , usurpa ensuite la couronne : Ptolemee-Lagus fonda en Egypte une nouvelle dynastiej toute I'Asie-Mineure appartint a Antigone J et la Syrie , d'abord partagee entre ces deux derniers rois , leur fut bientot enlevee par Seleucus- Nicator. La possession de la Macedoine tentait specialenient I'ambition des successeurs d'Alexandre. Ce royaume fut tour-a-tour attaque et souniis par Demetrius Poliocerte, roi de I'Asie-Mineure , par Lysiniaque qui avait fonde dans la Thrace une monarchie nouvelle, et par Seleu- cus-Nicator, roi de Syrie. La Macedoine repiit ensuite ses rois: elle fut souvent en guerre avec les etats du { i\o ) midi de la Grece, ct piofita oe leuis querelles et de leurs divisions pour on soiiniettre une parlie. Deux ligues, celle d'Etolie ct celle d'Achai'e, connnen- caient a sp former : la plupart des elats de la Grece se reunirenl a I'une ou a I'aulre pour y chercher un ap- pui , Pt la rivalite de ces deux confederations contri- bua sans doute a donner plus d'animosite aux dissen- sions interieures de celte contree; niais les secours de la ligue achecnne, particulierenient formee contre les attaques des etrangers, protegerent long-temps I'inde- pendance du Pelcponese, et lui assurerent encore un siecle d'existence. Cettc ligue eut ses moniens d'illustra- tion , sous Aratus et sous Philopo-men , qui defendi- rent avec gloire leur patric : on les a regardes comme les derniers des Grecs. Apres eux, les moeurs puhliques avaient change; la ligue achc'enne netait plus dominee que par des factieux; et la Grece, sans force et sans union , devait coder a I'ascendant des Romains. Nous sommes arrives a une epoqu do la geographic et de I'histoire , ou chaqne guerre agrandit Rome, et ou les conquetes de ce peuple s'enchainent les unes aux autres. La seconde guerre pnnique avail conduit en Espagne les armees romaines ; elle leur ouvrit aussi I'entree de la Macedoine ; et les premieres hostilites contre Philippe, quatrieme prince de cc nom, amene- rent successivement la soumission de la Grece entiere. Pyrrhus, roi d'Epire, avait commis , avant lepoque des guerres puniques, de premieres agressions contre les Romains; mais ceux-ci n'occupaient alors qu'une partie de I'ltalie; et, apres avoir repousse I'invasion de Pyrrhus, ils n'avaient ni le pouvoir ni I'intenlion de porter leurs armes en Grece. Ils n'y parurent long temps apres que comme allies des Etoliens contre le roi d'll- ( ^37 ) gion, il devra faire parvcnir a Caienne, par lOyapok, uii double de son journal , ou du moins un extrait con- tenant tons les eieniens geograpliiques jusqu'alors re- cueillis. II pourra cnsuite cheminera I'ouest et effectuer son retoiir par 1 Essequebo, dont il ne tardera pas a ren- contrer les bras orientaux: il aura ainsi I'avantapfe de lier ses operations a celles des explorateurs anglais qui selon toute prol)abilite seront envoyes a la reconnais- sance des hautes regions de la GuianeBritanniquejil ar- rivera d'ailleurs ainsi chez une nation amie, ou les re- commandations efficaces d'une Societe avec laquelle nous enlretenons des relations de la plus courtoise confraternite, pourront le devancer et lui preparer un favorable accueil. Un retour par I'Amazone serait an contraire herisse de cbances defavorables, tant pour la sante des voyageurs que pour la surete de leurs per- sonneset de leurs papiers. M. Leprietir a deja voyage dans Tinterieur de la Guiane; nul ne pent juger mieux que lui du nombrc de personnes qu'il conviendrait de lui adjoindre pour com- poser une expetlition de reconnaissance j ce nombre doit elre calcule de nianiere a lui offrir assez de res- sources pour la manoeuvre des canots , les transports pendant les marches, les corvees de chasses, pe- che , etc., sans exiger des approvisionnemens trop con- siderables. Dans tous les cas, il parait indispensable qu'il y ait au moins un autre Europeen avec lui, et que ce compagnon soit autant que possible en etat de laider dans ses observations, de le suppleer meme, en cas de maladie, d'accident, de separation momentanee; dans tous les cas, celui-ci devrait tenir un journal de route separe , et faire aussi des observalions distinctes autant qu'il le pourrait. ( 238 ) M. Leprieui' est habile naturalistej toute recomnuin- dation serait done superflue a son egard sur los objets di"nes de fixer son attention; cependant on peut lui si- gnaler coninie plus particulierenient utiles les observa- tions de toute nature auxquelles peuvent donner lieu les diverses peuplades indigenes qu'il rencontrera ; outre les vocabulaires quil aura soin de recueillir,il s'appli- quera a dessiner, dans cliaque tribu,quelques proGls, en choisissant pour modeles les honunes qui oi'friront le niieux les traits caracteristiquesde leur peuplade. Nous bornons la, messieurs, le compte que vous nous avez deniande des travaux faits par M. Leprieur et des voies a suivre pour niettre a profit, dans une nou- velle exploration, le zele et I'aptitude de ce voyageur. La commission pense qu'il est tres propre a romplir la mission d'exploration qui parait lui etre destinee , et elle fait des voeux pour qu'il accomplisse lieureusement une tentative dont la science et le pays lui sauront gre. D.-B. Warden. CoRABOETiF. d'Avezac, mppoHcur. ( Ml ) lyrie ; dallies ils devinient conqueransj lis souinirent cl'abord une partie de I'lllyrie , et en reduisirent la moi- tie en province romaine. Apres la bataiile de Cannes , Philippe , roi de Mace- doine , se declare allie d'Annibalj mais I'equipement d'une flotte romaine I'intimide, lui fait lever le siege d'Apollonie, et le determine a regagner ses etats. Phi- lippe, ayant ensuite attaque une partie des republiques de la Grece , les Atheniens reclament le secours de Rome. La seconde guerre punique venait d'etre terniinee, et les Romains, accrus en gloire et en puissance, pouvaient appliquer toutes leurs forces a d'autres guerres ; celle qu'ils declarerent a Philippe fut terniinee, quatre ans apres, par deux victoires de Quintius-Flamininus, I'une en Epire , lautre a Cynocephale. Les Romains procla- merent la liberte de toutes les villes de la Grece , ou plutot ils les rendirent toutes independantes et faibles , pour preparer leur assei vi^sement. La Grece etait alors enervee par ses divisions : Nabis, roi de Lacedemone, pretendait a I'assujetir; mais elle avait pour defenseur Philopoemen, chef de la ligue acheenne. Les Romains intervinrent dans ces demeles , tantot en faveur des Acheens , tantot en faveur de Sparte. Ils ne se mon- traient encore que comme protectouis dans les affaires des republiques de la Grece ; etce fut ace titre qu'ils de- clarerent la guerre a Antiochus , roi de Syrie, qui avait attaque les villes grecques de I'Asie-Mineure. Philippe de Macedoine, ancien ennemi des Romains, etait devenu momenianement leur allie contre Antio- chus j mais il vit bientot avec omhrage leurs succes et leur agrandissement, il fit en secret des armemens contre euxj et ses preparatifs, que la morl viiit interrompre, 16 ( ^42 ) entrainerent la niiiiede Persee, son successeur, mallieu- reux prince qui fiit vaincu par Paul Emile pres des ninrs tie Pydna, se vit recluit a fuir sans armee et sans asile, et se remit bientot entre les mains du vainqueur. Gentius, roi d'lllyrie, av.iit ete detrone en nieme temps: son royaume fut partage en trois etats, et la Macedoine le fut en quatre; mais le but de ces divisions de territoire n etait que d'aifaiblir davantage les nations conquises. De nouveaux troubles dans la IMacedoine, ou Andriscus et un faux Philippe cherchaient a recueillir I'heritage de Persee , y rappelerent les legions coniman- dees par Metellus, et cetle contree fut reduite en pro- vince roniaine. Le meme sort devait etre common a touts la Grece. Rome prend soin d'y affaiblir d'abord la ligue acheenne dont elle detache plusieurs villes; elle s'empare ensuite de Corinthe, ou presque tous les monuniens sont de- truits par un incendie , et la Grece entiere est sous le Alors toutes les parties de I'Orient, qui n'etaient pas encore soumises aux Roniaius, obeissaient deja a leur influence. L'Asie-Mineure ne pouvait plus leur resister ; elle avait ete demenibree depuis la mort de Demetrius- Poliocerte, et il s'y etait forme quatre monarchies inde- pendantes, celles de Pcrgame, deBithynie,de Pont et de Capadoce. La Galatie, dont le nom etait derive d'une co- lonic militaire de Gaulois, les menies qui avaient envabi sous Brennus la Macedoine , la Grece et la Thrace , formait un gouvernement separe, entre les deux chaines du Taurus; et Ion voyait a I'occident et au midi de ces montagnes, I'lonie, la Phrygie, la Pamphylie , la Cilicie , souvent exposees a I'ambition des conquerans et a des changemens de souverains. ( -43 ) Si nous comparoiis a ces laibles etats et a ces mor- cellemeiis de tenitoire , qui faciliterent I'invasion des Remains , le vaste empire de Syrie, tel qu'il existait sous le regne d Antiochus, cette grande monarchie semble offrir plus de moyens de resistance. Elle comprend dans ses limites orientales I'Armenie, le pays des Par- thes, des Perses, des Medes et la Babylon>e; au midi , elle s'est rendue maitresse de la Palestine; a I'occident, elle s'est emparee dune partie de I'Asie - Mineure; niais elle a Lientot perdu le fruit de ses conquetes, lorsqu'elle est entree en guerre centre les Romains, et ses armees qui avaient vaincu I'Orient flechis- sent sous la force et la discipline des legions. Lucius Cornelius Scipion attaque et defait Antiochus pres de Magnesia; il lui dicte la paix dans la ville de Sardes, capitale de ses etats; et cc prince est force d'abandon- ner les rivages de I'lonie et ses provinces de I'Asie-Mi- neure. Cette conquete des Romains est suivie d autres deniembremens : I'Armenie se declare independante, et il se forme, dans la grande et la petite Armenie, deux monarchies sepaiees. L etendue de lempire de Syrie va toujours en decroissant ; le royaume des Parthes sen est separe; et les vains efforts que fait Antiochus Epi- phane pour recouvrer cette conquete I'affaJblissent en - core; ce prince perd successivement la Palestine, la Mesopotamie, la Syrie; et dun empire si puissant et si vaste il ne reste bientot a ses desceudans que le faible royaume de Comagene. Les Romains, avant d acquerir une partie de ces riches depouilles de la Syrie, s'etaient avances de proche en proche a travers I'Asie-Mineure; ils avaient protege contre Antiochus le royaume de Pergame, etils avaient ensuite profile d un testament vrai ou suppose 1 6. ( 2/,4 ) (I'Altale pour liii siiccetler dans ses titats. La IJilhynic, celebre par I'exil et la niort tl'Aiinibal, avail subi le luenie sort que Pergame; elle avail ete leguee aux. Ro- inains par Nicomecic; les vainqueurs avaieiit enleve a Antiochus les provinces meridionales de I'Asie-Mineure; el toules leiirs acquisitions clans ces con trees leur don- iiaicnl des facilites nouvelles pour altaquer la Pa- phlagonic et le royaume de Pont, alors possedes par Mithridate. Cependant les Koniains, avanl de prolonger leurs conqnetes en Orient, voulaient consolider leur domina- tion dans les contrees deja soumises; et leur prudente politique evitait de s'attirer plusieurs puissans ennemis a-la-iois. Us s'attacherent a soumettre les Dalmates et les Thraces,a terminer en Afrique la guerre contre Jugurtha, a delivrer leur pays de I'invasion des Cimbres, a soutenir la guerre sociale qui avail souleve contre la republique presque tous les peuples d'ltalie; ce ne fut qu'apres la pacification de cette peninsule que la guerre eclata contre Mithridate. Sylla pril Athenes qui s'eiait declaree pour ce prince; il battit ses generaux a Che- ronee, a Orchomene; I'attaqua lui-meme en Asie, et le forca, en lui accordant la paix, a se renfermer dans le royaume de Pont, el a rendre a leurs anciens rois la liitliynie et la Cappadoce. Mithridate ayaut recommande la guerre dix ans apres, fut baltu plusieurs fois par Lucullus, et perdit, pres de Cabires, la plus grande partie de son armee. Ses defaites, et celles du roi d Armenie, son gendre, I'avaient pres^ que epuise, quand Pompee vint enlever a Lucullus I'honneur de terminer cette guerre, par une derniere et facile vicloire. Pompee fixa le sort de I'Asie; il laissa a Tigrane I'Ar- ( 245 ) nienie, et a Phaiiiace, fils de Mitliridate , Ics i-tais de son pere; il detrona Antiochus, el reduisit la Syrie en. province romaine. Pour ne pas interrompre la serie des evenemens , el pour les Her entre eux par des rapporls plus naturels, nous avons suivi de proche en proche les conquetes des Romains sur difterens rivages de la Mediterranee et dans plusieurs parlies de I'Orient. II nous reste a parcourir d'autres regions ou ren)pire roniain, qui s e- tait agrandi de toules parts, trouva pendant plusieurs siecles les prlncipaux appujs de sa force et de sa duree. Notice sur la Gaule. La Gaule , dont les Romains firenl la conqtiete peu- de temps apres la morl de Mitliridate, s'eteiidait entre rOcean , les Pyrenees, la Mediterranee, les Alpes et le Rhin. Les principaux fleuves qui traversent ce vaste territoire sont la Seine, la Loire, le Rhone et la Ga- ronne. De hautes montagnes separent les hassins de ces trois derniers fleuves, et forment une chaine internie- didire entre les Pyrenees et les Vosges. On partageait la Gaule en trois grandes regions , l.i Belgique au nord de la Seine, la Celtiqiie entre la Seine et la Garonne, I'Aquitaine entre la Garonne et les Pyre- nees: Rome etait deja maitresse des provinces que baigne la Mediterranee, depuis les rivages de la mer jusqu'aux Cevennes et au pays des Allobroges. Cliacune de ces trois divisions coniprenait un grand nombre de peupies, unis par la comrnunaute de langue et dorigine,et lor- mant entre eux des confederations militaires lorsqu il fallait entreprcndre an loin de perilleuses expeditions, (» 246 ) niais s'accordant moins ensemble pour la defense com- mune, et souvent dechirees par des dissensions. La plupart des noms de ces differens peuples se sont conserves dans ceux des provinces ou des plus an- ciennes villes : un tableau particulier en comprendra renumeration , et nous nous bornons a rappeler ici quelques-uns de ceux qui occupent un rang plus eleve dans I'histoire. A I'orient de la Gaule Celtique etaient les Sequanais et les Helvetiens, separes les uns des autres par la chaine du mont Jura : les Helvetiens occupaient les Alpes; les Sequanais s'etendaient jusqu'aux rives de la Saone : Vesuntio etait leur capitale. ' "-''" ' Les Eduens, places entre la Saone et la Loire, furent les premiers allies des Romains : c'etait la nation gau- loise la plus avancee vers la civilisation. Bibracte, leur capitale , etait remarqnable par les encouragemens qu'on y donnait a la culture des lettres. Les colonies de Lingones, de Senones, de Boiens , que nous avons deja remarquees en Italic, attestent le genie militaire de ces nations. Le menie caractere dis- tinguait les Arverni, montagnards endurcis aux fatigues, et que 1 on vit souvent a la tete des confederations •rauloises. On venait, tous les ans, celebrer dans les forets des Carnutes les grandes ceremonies religieuses des druides, et Ion yremarquait les monumens celtiques ous'accom- plissaient leurs rites et leurs sacriGces. La confederation Armorique comprenait, entre les embouchures de la Loire et de la Seine, les provinces Occiden tales, les plus avancees vers I'Ocean. Cesar, dont la plus glorieuse expedition militaire fut la conquete de la Gaule, avail d'abord obtenu le gou- veriiement de la Cisalpine et de I'lllyrie : on y joignit, V 247 ) dans la lueine aniiee, celui tie la Gaule Tiansalpiiie. 11 sortait du consulat : son triumvirat avec Pompee et Crassus etait forme : la guerre niit bientot dans ses mains les principales forces de Rome, et Cesar devint tout puissant. Sa premiere operation futde rej^ ter dans leurs mon- tagnes les Helvetiens, qui les avaient quittees pour aller <;hercher des etablissemens sous un ciel plus doux et vers les fronlieres de la Gaule Narbonnaise : il les har- cela dans leur marche, les vainquit plusieurs fois, et les forca de regagner les Alpes, apres avoir leduil a cent dix mille bommes la population qui cbercbait a s'expa- trier. Arioviste, roi des Germains, fut ensuite vaincu pres du Rhin , et fut conlraint a repasser le fleuve. Toutes les nations de la Belgique, depuis la Seine jusqu'au Rbin, se liguerent alors pour attaquer un en- nemi qui, en s'etablissant dans la Gaule Celtique, me- iiacait leur independance : elles avaient plus de deux cent mille bommes sous les arnies; mais Cesar prevint leur reunion , et les attaqua isolement : il vainquit tour a-tour les Suessones, les Bellovacieiis, les Ambianiens, les Nerviens, envoya une legion dans la partie occlden- tale de la Gaule qu'babilaient les Armoriques, et vint achever lui-meme la difficile conquete de ce pays. Le vainqueur se porta ensuite sur les bords du Rbih, tandis que ses lieutenans poursulvaient leurs expedi- tions dans I'Aquitaine. II attaqua, entre la Meuse et le Rhin, les Usipetes et les Tench teres, nations Germa- niques que les Sueves avaient cbassees de leur pays , il passa ensuite le Rhin sur un pont de bateaux qu'il avait fait construire, defit les Sicambres, protegea les Ubiens contre les Sueves, et forca cette nation conquerante a se rejeter dans ses forets. Cesar ne voulait que faire res- ( 248 ) pecter^en Germanic les armes des Roniains : il n'essaya d'y former aucun etahlissement, rentra dans les Gaules, et fit bientot une descente sur les cotes de la Grande- Bretagne, ou il obtint de premiers avantages. Celte attaque etait le prelude d'une expedition plus considerable. Cesar fit rassembler dans le port d'ltius plus de six cents galeres ou il embarqua cinq legions, deux niille hommes de cavalerie romaine et beaucoup plus de cavalerie gauloise. Les Bretons se replierent dans leurs forets : leurs chefs se desunirent, et iis ache- terent la paix par un tribut; inais Cesar ne forma en Bretajrne aucun etablissement. Si nous portons nos regards sur la situation de cette derniere contree lorsqu'elle fut attaquee par les Romains, nous voyons des peoples separes de la civilisation par la mer et les tempetes, partages en un grand nombre de tribus qui se font la guerre entre elles , pour s'enlever, des forets ou des paturages. Ces nations n'ont de ca- ractere commun que la barbaric : la diversite de leurs langues atteste ceile de leur origine ; on y voit des colo- nies Celtes ou Gauloisesj les Pheniciens et les Cartha- ginois qui etaient en Espagne sont venus s'etablir an midi de cette lie : les Scythes, les Bretons, les Scandi- naves, y sont arrives du centre et du nord de I'Europe. L'Hybernie s'est peuplee de la meme manierc, et ces deux lies ont ete la proie des nations aventurieres qui ravageaient I'Occident. Les peuples du nord de la Grande-Bretagne etaient dans I'usage de se peindre : ils recurent le nom de PicteSjCt Ton donnait celui d' Albion aux contrees plus nieridionales. Ce pays etait alors le plus sauvage de I'Europe; mais une fois apercu par les Roniains, il ( M9 ) etait reserve a leur domination, et il devait enlrer uii jour dans la grande famille des nations civiiisees. Les annees qui suivirent I'invasion de la Grande- Bretagne se passerent en expeditions pour reprimer snr differens points les soulevemens des nations gauloises. II fallut combattre les Nerviens, les Treviriens : Cesar tcnta encore une excursion au-dela du Rhin , et il y for- tifia une tete de pont, pour assurer aux Rouiains un facile passage dans la Germanie. Gependant de nouveaux combats allaient se livrer dans la Gaule, Toutes les nations de cette contree se re- volterent a-la-fois : elles avaient profile de I'eloignenient de Cesar, qui etait alors dans la Hautc-Italie, ou il pas- sait ordinairement I'hiver ; et leur ligue, formee par Vercingetorix , chef des Arverni, prit subilement les armes. Les Eduens meme, ces anciens allies des Re- mains, se joignirent ensuite a la coalition. Jamais Cesar n'avait eu tant d'ennemis a combattre : il fut superieur a tous. Sa campagne fut memorable , par la rapidite de ses levees, de ses marches , de ses succes, par les sieges de Genabum, de Noviodunum, de Gergovie, d'Alesia, et par les defaites de Vercingetorix. L'annee suivaute vit eclater de nouveaux soulevemens qui furent egale ment comprimes : le siege d'Uxellodununi en fut lope- ration la plus remarquable. Cesar put alors appliquer tous ses soins a Tadministration de la Gaule : il en con- solida la conquete par sa clemence , par la moderation des charges publiques , par lunion, I'ordre, les lois qu'il fit succeder a lanarchie. Depuis neuf ans il cotn- mandait dans la Gaule, quand la guerre s'engageant entre lui et le parti de Poinpee, le rappeia en Italic et le conduisit successivement a Pharsale, en Egypte, dans ( aSo ) les plaines d'Utique, a Miinda , au Capitole, ou ildevait perir aux pieds de la statue de Ponipee. La Gaule avait eu des nioeurs barbares, une langue informe, une religion cruelle, des lois aveugles et sou- vent iiupuissantes : elle dut a son administration nou • velle une longue suite d'ameliorations. Des camps ro- mains se changerent en villcs; d'autres cites s'eleverent sur la rive des fleuves ou dans les lieux les plus favo- rables au commerce : on fonda des colonies ; les routes, les canaux s'ouvrirent ; les fleuves devinrent plus navi- gables : des monumens de la puissance romaine turent eriges dans les villes, dans les campagnes, et consacre- rent partout la domination dn grand peuple destine a chansrer le sort du monde. D'autres temps de barbaric pourront succeder a cette memorable epoque, mais quels qu'en puissent etre les desastres et les bouleversemens, ils n'aneantiront pas tous les fruits de la conquete. NOTICE sua LE VOYAGE EN BOUKHARIE DE M. ALEX. BUKNES(l), Par M. Eyries. M. Alexandre Burnes a public la relation de son voyage en Boukharle , et s'est empresse den envoyer uu exemplaire a la Societc de Goograpbie. Nous n'avons pu qu'ctre extremement Ilattes de recevoir cettc marque (i) Uiie traduction francaise He ce voyage est sous presse, et pa- raitra piochainement chez le libraire de la Societe. I 25l ) d'attention de !a part dun honinie qui vient de rendre un service eminent a la science dont nous nous oc- cupons. La ligne que M Burnes a suivie est tres remarquable par son importance, car il a voyage dans des pays qui ne sont pas connus, ou du moins ne le sont que tres imparfaitement; il suffira de tracer brievement son iti- neraire pour faire apprecier I'interet extreme de sa longue peregrination dans une partie de I'Asie centrale. Le 2 Janvier i832 , M. Burnes , accompagne de M. le docteuf Gerard, d'un ingenieur hindou , d'un jeune Ca- cheniirien etd'un domestique hindou, partitdeLodiana, ville de I'Hindoustan britaimique , situee sur un petit bras du Setledje , pres de la frontiere du territoire de Rendjit Sing , maharadjah des Seiks. Apres un sejour dun mois a Labor, capitale des etats de ce prince , M. Burnes se dirigea vers les rives de I'ln- dus, et passa ce fleuve celebre a gue, un peu au-dessus d'Attok. C'est la que les conquerans de llnde , depuis Alexandre-Ie Grand jusqn'a Nadir-Chah, ont franchi la barriere naturelle que la nature a placee entre cette contree et celles qui sont plus a I'ouest. Peicbavs^er , que les voyageurs virent ensuite , est b4ti sur un rameau de I'Hindou Kousch , le Paropamisus des anciens. M. Burnes a traverse entierement cette fameuse cbaine de montagnes : il a d'abord suivi les vallees ou coulent le Hezareh ou la riviere de Gaboul et ses al- flens; au-dela de Caboul, il a continue pendant quelque temps a marcher a I'ouest; ensuite, tournantau nord , il s est engage dans le defile de Kalou , dont le col est a i3,ooo pieds anglais au-dessus du niveau de la raer, et qui forme le point de partage des eaux entre I'lndus et rOxus. Dans une haute vallee ou coule le Serkab, il fit 2a2 halle a I3aniian , ville fort siiiguliere, car une partic ties liabitaliovjs consisie en caveriies creusees dans k; roc a toutes les hauteurs. 11 y conteinpla ces idoles gigan- tesques dont les livres orientaux font mention, et aux quelles ils attribiient une antiquite fabuleuse, uiais qui sont cerlainement poslerieuresau siecle de Mahomet. Au village de Heibek , situe sur le Khouloum, M. Burnes quitta entierement les montagnes , et entra dans ces plaines imnieiises, generalenient sablonneuses et entrecoupees de quclques oasis, qui se proloiigent an nord jusqu'au dos du pays peu eleve d , en remontant jusqu'a Attok; pays et villes quil baigne ; I'Aersines ou Tclienab, auquel se joint THysu- drus ou Setledje; etats de Bhavoul Rban ; le Pendjab ; etals de Rendjit Sing; I'Aersines ou Tcbenab , auquel se joint I'Hydraotes ou Ravi. En decrivant le cours de tou- tes ces rivieres, M. Burnes trace le tableau des pays qu'elles parcourent. II 6nit par un memoire sur le bras oriental de I'lndus, et sur le Ren ou grand marais du Cotcb, contree riche en phenomenes remarquables , et sou vent bouleversee par des tremblemens de terre. M. Alexandre Burnes , lieutenant d'infanterie de la conipagnie anglaise de;> Indes, est frere de M. James Burnes, chirurgienniajor a Bhoudj dans le Cotcli. Ce ( 259 ) dernier fut appele en 1827 ii Haiderabad, pour donner ses soins a un des emirs. II a publie une relation de son voyage. Ainsi les deux freres ont bien merite de la geo- graphie, en nous donnant des details sur des pays peu connus. Quiconque a lu le livre de M. Alexandre Burnes ne pourra que confirmer le temoignage que lui rend le gouverneur general: « Vous avez des droits a des eloges pour la quantite de renseignemens relatifs a la geogra- phie et a divers sujets que conrient votre relation. » Si M. Burnes merite des louanges pour les progres qu'il a fait faire a la geographie , il en merite egalement pour la maniere dont sa relation est ecrite. De meme que les voyageurs dont les ouvrages sont cites comme des mo- deles, M. Burnes sait exciter I'attention et I'interet : il raconte avec clarte et simplicite, et ne cause pas un seul moment d'ennui. ( i6o ) DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUISICATIONS, NOUVEF.LES GEOGRAPHIQUES, ETC. EXTRAIT d'cne lettre adressee a la societe de geographie par m. noyer. Paris, le i3 septembre 1834. I" Geographic et statistique de la Guiane francaise. Depiiis long-temps la geographie de la Guiane est restee a-peu-pres stationnaire. En 1824, M. le baron Milius, gouverneur de la colonic, lit une expedition pour la reconnaissance des sources de XOjapoc et de Maroni. Cetle entreprise n'eul pas tout le succes qu'on devait esperer. M. Milliade , et, apres lui, MM. Adam de Bauve et Feret, ont fait des excursions dans lOyapoc et ses aflluens. Ces explorations ne nous ont rien appris de nouveau , et les explorateurs n'ont determine au- cune position geographique, ni releve leur route dune maniere assez rigoureuse pour qu'on put en faire la carte. M. Leprieur vient nouvellement de faire un voyage dans Y Oyapoc et dans le Jari. II a reconnu la communication de ce fleuve avec un embranchenient de VJniazone, au moyen d'un portage. Cette reconnais- sance avait deja ete faite anciennenient par les PP. Gril- let et Bechamel , et par Jacques des Sauts , le soldat de (' 26 1 ^. Louis XIV , qui hubitait le voisinage cles cataractes. L'itineraire de M. Leprieur a ete insere clans les bulle- tins de la Societe. Sur la demande de M. Jubelin, gou- verneur de Caienne, j'ai ecrit une notice sur I'etat ac- luel de la geographic de la Guiane francaise, et sur les moyens d'sntreprendre un voyage de decouvertes dans rinterieur. Cette notice a ete inseree dans les Annales maritinies (Janvier i83o). Je me propose d'envoyer a la Societe des notes fort ioteressantes sur un voyage de M. Benoil , taxidermiste, fait dans les savanes de Cachi- pour, qu'il a traversees en canot dans la saison des pluies 2° La Mann. Cette petite colonie a ete fondee en 1821 , sur les projets de Catineau-Laroche. En 1828, cet etablissenient a ere cede a madame Javouhey, superieure generale de la congregation des dames de Sainl-Joseph. Depuis que cette petite colonie a fait quelques progres, le probleme de I'acclimatement descultivateurs europeens a ete, en partie, resolu. Les soeurs converses , que la snperieure generale avait emnienees avec elle, se sont habituees au travail de la terre et a la nourriture du pays. L'esprit de congregation et la discipline religieuse etaient bien plus pi'opres a atteindre ce but que tous les encoiira- gemens que Ion pourrait donner a des families inde- pendantes. 3° Population de la Guiane. La population des noirs a augmente; elle elait , au i" Janvier i832, de 19,102 Cet accroissement est dii A reporter 19,102 ( 262 ) Report. ... 19,102 surtout aux ameliorations qui ont ete introduites dans le regime des noirs. Le nombre des blancs etait, a la meme epoque , de. . . . 1,573 Celui des hommes de cou- leur 2,625 23,3oo Las importations, en i832, ontete de 1,882,336 f. 73 c. Les exportations , de 1,607,826 92 Difference. . . . 274,509 71 Les affranchissemens donnes , ou regularises a Caienne , depiiis la promulgation de i'ordonnance du 12 juillet i832 , s'elevaient, au 21 Janvier i834 , a 295 personnes de tout sexe. Au i*"^ Janvier i832 , on comptait, a Caienne, 11,94a hectares de terrain en culture. j63 ^ on re (H. n- O M Sa O o M n o m a- « 4 3 U (jy a s ^~ a- c 1 ro 3 D. tr- n> c *# O P tt 3 3 n 3 c_ 1^ lu 3 n I.) 1-1 o- c V 3 5 3 VI "3 o 03 ^ fn V- c n o o o 3 c 3 Ol T; ™ 1 a u C/) s d 3 a. 3 65 t- 3 ^ O Ui 3 n s m- 2. v' o 3 (/I n o ■■J' 3 in •o O. » t— 1 o D <3 n ^ 3 Districts ou parlldos. SPDOO-? 2. 5 SJ ,- w w — — o ijJ ^ " W to t'l *- — ■■;r " P Bus H o H c »: n o ■ SB 3 ■ n ; . o . •— w oj — tc ^ ^J — O GC Ol CO 00 (O .C^ CO ^ O •— O U3 o S 2 c. s o —> Ol 00 NO Ol OS to Ol 00 •> O Dr„vOOpnoncf B" re a> 3 s -! a C3 o E. o re u ^ S^ re c c «. SL B o re- 2 o o JL 3 CO 60 lO*>00Ost00JU'-*»-4^ "sj'oo'co O^^Ol 01<0^ "-» C/l <— ^1 O O OJ O Co C-' ** 0^oJc:iQi't>'t^ccoo^j B H W w IZ H a < > d D » H B g a H 0 w f ;» a o 58 o <; o w D W O ) siirtout une oeuvre chorograpliiquc qui se recomniande ail plus haul degre a noti'e estime; je veiix parler de la nouvelle carte de France, executeeau Depot de la guerre, avec un zele et un soin qui font le plus grand honneur aux officiers qui concourent, depuis seize annees , a la confection de ce beau travail , travail d'autant plus im- portant, que les nivelleniens trigononietriques qui s'y rattachent , fourniront la hauteur au-dessus de I'Ocean, de plus de trente mille points dans toute la France. Mais, j'oserai le dire, vous croyez plus etendue encore la mission que vous vous etes librement et gratuitement impose'e. Ainsi , a vos yeux comme aux notres, il ne faut pas que la science geographique offre seulement un guide sur,.au voyageur dans ses explorations, et au general d'arrnee, dans ses operations strategiques, inais encore elle doit evaluer, dans I'interet du commerce et de la propriete, la niesure de la vitesse et de la pente des eaux dans les bassins de diverses grandeurs , qui forment le relief de notre sol, et determiner la direction et la na- ture des divers terrains qui les composent ou les sepa- rent : etude nationale et feconde , ou viennent prendre place successivement tous les resultats utiles a I'ouver- ture des communications, a I'exploitation des mines, a la rapidite du transport, a la realisation des desseche- mens, et par consequent a tout ce qui interesse au plus haut degre la prosperite publique, a tout ce qui est le plus propie a en vivifier les sources. C'est dans ce but que la Societe de Geographic a fonde plusieurs piix annuels qui doivent etre decernes aux meilieures descriptions physiques d'une partie quel- conque du territoire frant^ais, aux nivellemens des 1 8. ( ^76) fleuves et rivieres de France, et enfin aux nivelleniens barometriques. Je sais, messieurs, qu'une forte objeclion a ete faite contre le systenie deja coiicu par vous , et que je viens de vous rappeler en peu dc mots. Son plus grand in- convenient est sa grandeur meme ; et limmensite de la taclie est, dit-on , une invincible difficiilte. Cast un avis que nous ne saurions partager, et nous somnies heureux de pouvoir nous appuyer a cet egard de I'opinion emise en iSaJ par un membre de I'lnslitut que la Societe deGeograpbie s'bonore de compter dans son sein. Sans doute, si la Societe etait reduite a ses seules ressources, le nombre si restreint de ses membres, et les limites que sa constitution meme lui impose, ne lui permettraient que difficilement d'elcver un monument aussi vaste, et de tracer la carte mineralogique etby- drographique de la France; mais ce secours dont elle a besoin, c'est aupres de I'administration qu'elle doit le chercber. Deja une fois la Societe de Geograpbie s'est adressee au ministere de Tinterieur, pour obtenir le concours des corps savans des ingenieurs des ponts-et-chaussees et des mines. Quel resullat, en effet, ne pourrait-on pas esperer, lorsque les ricbesses isolees et partielles que ces deux corps possedent viendront se reunir aux precieux mate- riaux recueillis par les ingenieurs-geograpbes! C'est la, disons-le, une application grande et belle de la centralisation ; dej.i si feconde en politique, qu"el!c le devienne encore pour les arts et pour les sciences! Le temps est propicc, messieurs, a la reprise des negociations deja entamees, il y a sept ou buil ans, ( 277 ) avec le niinislere de I'interieur : nous soninies a Tune de ces epoques ou les conquetes pacifiques succedent a d'autres conquetes glorieuses sans doute, mais presque toujours steriles pour I'luimariite , et ou la protection Royale est assuree a toutes les entreprises nationales. "Vous le savez, messieurs, la science geographique a plus d'une fois eprouve les effets de la bien veil lance edairee du Roi, et nous somnies charge de vous en transmettre une nouvelle marque. Sa Majeste, en ap- prenant que la Societe rassemblait les elemens du qua- trieme volume de ses MenioireSj a desire contribuer a cet ouvrage si utile et si impatiemment attendu , et lui consacrer un nouvel encouragement. S. A. R. le due d'Orleans, qui ne laisse e'chapper aucune occasion de s'asspcier a tout ce qui peut honorer la France et servir les interets du pays, a bien voulu, de son c6te,concou- rir a la nouvelle publication quevos soins ont pre'paree. Je suis heureux, messieurs, d'avoir du au choix done vous m'avez honore , de pouvoir vous transmetti'e moi- meme ce temoignage d'une bienveillance auguste. Des voix qui vous sont plus connues que la mieniie vont vous entretenir des travaux de la Societe, et je n'ai plus qu'a vous exprimer de nouveau toute ma recon- naissance pour la distinction si flatteuse que vos suf- frages m'ont accordee. NOTICE DES TRAVAUX DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIF, FT nu PROGRES UES SCIENCES GEOGUAPHIQUES, PENDANT l'aNNEK i83/|, PAR M. d'aVEZAC, Secretaire general de la commission ceiitiale. Messieurs, Aujourd'hui s'accomplissent trois annees depuis que votre gracieuse bienveillance daigna m'appeler a-la-iois dans le sein de la Societe de geographic et dans celui de la Goniinission centrale ; ingenieuse a se dissiinulcr mon insulfisance , votre indulgente amitie ma elu de- puis uu an pour votre organe habituel et Ihistorien de vos Iravaux : j'ai besoin de rappeler de si precieuses fa- veurs, pour m'en faire un litre a un redoublenient d'in- duigence de votre part, au moment ou je viens remplir cette tache annuelte, que douze fois deja des l)OUches plus exercees ont accomplie dcvant vous. (i) Chaque aiuiee vient accroitre I'importance et I'eten- due des matieres qui doivent trouver place dans le ca- dre restreint ou Ics bornes d une lecture publique toi- (i) i8a2, 1823, i8a4 , Alaltc-Bniii ; iSa5 , M. lloux de Ko- rhelle; i8a(j, 1827, 1828, 1829, M. de Larcnaudi^re ; iS.lo, i83r, M. Jouannin; 18 H , M. Alexandre Barbie du Bocage; l833 , M. Co- r;il)renf. ( 279 ) cent a les reduire ; aiiisi comprimees tie plus en plus sur \e tableau qu'elles pourraient animer de leur develop- pement , elles n'ont guere la hiculte de s'y prodiiire qu'ea une sorte de catalogue enumeratif, avec tons les desavantages dune accumulation de nonis propies , n histoire, et vos eflorls eclaires vous assiirent, messieurs, une page dans ses tastes. Ce n'est pas devant vous qu il pent etre permis de me- connaitre le veritable caractere de la ge'ographie, dene- gliger aucune des branches qui se rattachent a cette souche feconde. Mais nous ne devons pas non plus nous laisser en- trainer aventureusenient dans un ocean sansrivages, et suivre dans toutes leurs ramifications les sciences con- nexes dont les applications speciales viennent se grou- per dans le systeme general des connaissances geogra- pliiques. Ces applications seules ont droit de nous oc- cuper : aux sciences mathematiques ii taut se borner a deinander leurs formulcs, pour la determination des po- sitions geonomiques , la mesure des dimensions du globe etde ses parties, la projection graphique des coor- donnees du spheroide ,• aux sciences physiques, 1 expo- sition des phenomenes generaux de magnetisme ter- reslre, de meteorologie , de climatologie; aux sciences naturelles , la distribution des etres tant inorganiques qu'organiques a la surface de la terre ; a chaque science, en un mot, ce qu'elle a d'essentiellement , d'exclusive- ment geographique. ( .8a ) Telle est I'eteiulue, telle aussi lulimite du champ que vos efforts tendent a feconder. Dans cette earriere speciale que votre zele a ouverte, vous n'etes plus reduits a vos seules forces: de puissans auxiliaires sent venus ajouter, a Tinlluence de votre im- pulsion, leurs propres efforts pour I'acceleration des progres de la Geographie. Vous aviezvivementapplaudi, messieurs, a la creation des Societes geographiques de Londres et de Berlin ; ces jeunes soeurs de la Societe pa- risienne n'ont point doute de I'empressement de leur ainee a leur ouvrir les bras : des relations de la plus aimable courtoisie, de la plus affectueuse confraternite, se sont etablies entre nous et la Royal geographical So- ci'e/^deLondres, et s'entretiennent par unniutiiel echange de publications aussi bien que par I'amicale correspon- dance des deux secretaires. La Geselhchafl fiir Erdkunde de Berlin a, de son cote, entameavec nous dcsemblables relations, en nous adressant le premier conipte annuel dc ses tiavaux, redige par le savant docteur Hitter. Les journaux de I Inde anglaise nous avaient en outre ap- pris la formation et les premiers travaux dune nouvelle Societe geographique fondec a Bombay ; nous avons lieu d'esperer que des communications directes nous niet- tront bientot en rapport avec elle. Independamment de ces associations geograpliiques conslitueesa notre exempleet dans lesqucUes nous trou- verons desalliees, des emules peut-etre, mais jamais des rivales, une autre institution encore, ayant pour objet lavancenientdune specialit'i geographique, s'est formee a New-Yoik sous le litre de United slates naval Lyceum , et nous avons recu en son nom des ouvertures que nous avons accueillies avec autant d empressement que d'interet. ( 283 ) Ces auxiliaires directs que vous avez acquis, ne peii- vent vous faire oubiier I'aide que deja pretaient a lob- jet de vos etudes tant d'autres corporations savantes avec lesquelies vous conservez les plus honoi'ables re- lations : le Bureau des longitudes, les Depots generaux de la Guerre et de la Marine ont droit d'etre cites au premier rang, a raison de la specialite geographique des publications dont ils nous gratifient; lAcademie impe- riale des sciences de Saint-Petersbour^ reclame une mention particuliere pour le nombre de memoires rela- tifs an nieme objet qui sont contenns dans le precieux recueil qu'elle nous fait exactement parvenir; 1" Aca- demic royale des sciences de Berlin vent aussi etre nommee au meme litre; la Societe royale de Londres, I'Academie royale dessciencesd'EdimbourgbjlAcademie omericaine des sciences et arts de Boston , la Societe phi- losophique de Philadelphie , I'Acadeniic royale des sciences de Turin , entretiennentpareillement avec nous des relations dont nous aimons a rappeler la continuite ; et parmi les societes nationales vouees a la culture des Sciences et qui nous apportent le tribut de leurs publi- cations, je dois citer en premiere ligno la Societe de geologic de Paris, dont les travaux se resolvent en re- sultats que la geograpbie enregistre au grand livre de ses acquisitions speciales; apres elle je nommerai encore, dans la meme categoric, les Academies de Caen , de Di- jou, de Rouen, les Societes de Lille, de Valenciennes, de I'Eure, du Jura. Je ne saurais oubiier non [)lus ces vastes Associations qui, en Angleterre et en France se reunissent annuelle- ment en coiigres scientifiques , et qui n'ont point ne- glige de nous faire parvenir les comptes-rcndus qu'cile.s ont publics de leurs conferences. ( ^84 ) Different est le programme mais non moindre pour nous lutilite des Societes Asiatiques etablies a Paris, a Londrcii, a Calcutta , et avec lesqiiellesnos liaisons sont si etroites et si affectueuses : elles restreignent I'objet de leurs etudes au sol de I'Asie et aux ecrits des orientaux sur lesautres parties du monde; mais n'est-ce point un champ immense, inepuisahlc, qui procure a la geogra- phic les plus riches moissons? Aussi leurs Transactions sont-elles accueillies par vous avec le plus vif interet. A la publication de ses memoires par volumes in 4°, celle de Londres vient d'ajouter un journal in-8% dont le premier cahier nous est recemment arrive, et qui nous promet un redoublement d'activiie dans nos relations avec elle. Les Asiatic researches de Calcutta ont, a raison de leiir etendue et du lieu de leur publication, un degre particulier d'importance que vous appreciez , et votre impatience gemit du retard qui vous prive encore du xvii^ volume, parvenu en Europe depuis une annee, et qui est compose, en majeure partie, de documens geographiquesaccompagnes de cartes et de dessins. A cote de la Societe royale Asiatique de la Grande- Bretagne et d'Irlande, et comme une succursale de cette savante compagnie, V Oriental translation committee s'est constitute avec I'utile mission de repandre la connaissance des ouvragesorientauxaumoyende versions europeennes publiees a ses fiais; plusieurs des livres mis en circula- tion par cette voie ont un interet specialement geogra- phique, tels que les voyages d'Ebn-Bathouthah, de Ma- carius, d'Evliya Effendi, d'Ebn-el-Dyn el-Aghouathy ; les tables de positions de Ssadiq el- Essfahany; I'apercu tie Corce, Lieou-Khieou el Yeso; I'Histoire de I'enipin; barman : tous ces livres ont pris place dans noire bi- bliotheque, grace a I'envoi plein de courtoisie que nous ( .8f5 ) en a fait le Comite : et d'autres nous sont annonces,aux- quels la geographic nest pas moins interessee. Les sciences morales et poiitiques , I'histoire, la statis- tique, les arts agricoles et industriels, offreiit encore des foyers autour desquels gravitent nn grand nonibre de Socieles savantes et liiteraires, qui entretiennent avec nous des relations suivies : Tlnstitut liistoriqiie, recem- mentfonde a Paris, n'a point oublie le scolastique adage que la geograpMe estun des yeux de Vhistoire^ et il nous a con-vies a des rapports de confraternite auxquels nous avons accede avec plaisir; la Societe royale des anti- quaires du Nord, a Copenhague, continue de nous ouvrir les tresors de cette litterature septentrionale ou la geographic a lant d anciennes conquetes a retrouver,' la Societe de statistique universelle accuniule des ele- mens d'une autre nature, destines a s'encadrer aussi dans !« cercle de nos etudes. Nous recevons encore les publi- cations de I'Academie de I'industrie, de la Societe d'in- struction elementaire, des Societes departementales de I'Aube, deSeine-etOise, de la Seine-Infe'rieure, de Caen, d'Angouleme, et de la Societe coloniale d'Alger. II me reste a nonnner enfin une derniere association parmi celles qui pretent formellement leur aide a notre oeuyre; je devais reserver ainsi une place distincte a la Societe des missions evangeliques, dont les communi- cations nous procurent de si interessantes lumieres sur les contrees ou s'aventurent, en des explorations har- dies, tant de courageux apotres de la foi chre'tienne. Outre cette centralisation spontanee des travaux re- cueillis ou elabore's dans le sein des corporations di- verses dont je viens d'esquisser le rapide inventaire, de nombreuses sources d'information existent pour nous dans les ecrits et les rapports de toute espece qui forment ( 286 ) la masse no:i nioins importanie des tributs indiviclucls. Tanlotce sontdcs publications peiiodiques , les unes exclusivement, les autres partielleinent, quelques-unes inenie accidentellement fouriiies de fails et de nouvelles geograpliiques, telles sont, au premier rang, les ^n- nales des Voyages de nos doctes confreres MM. Eyries, de Larenaudiere et Rlaprolb, telles les Annales mari- times et coloniales de M. Bajot, la Bibliot/ieque urtwer- selle de Geneve^ \e Memorial encfc/opediqiie de MM. Bailly et Malepeyre; tels encore VInstitut de M. Eugene Ar- iioult, \Echo da monde savant de M. Boubee,!e Re- cued polytechnique de M.de Moleon, les Archives dii com- merce et de r Industrie de M. Heinricbs; puis encore le Moniteur ottoman^ le Journal de Smyrne, et le IFaqdy Messryeh imprime au Caire en arabe et en turk. Tantot ce sont des ecrits et des communications spe- ciales. Les uns consistent en des oeuvres edites, telles que nous en ont fait parvenir les nombreux amis de la science que nous comptons dans tous les pays , et par- mi lesquels nous avons a citer , pour I'annee qui s'a- cheve, en Ilussie , le savant amiral de Krusenstern et le colonel J. 11. Jackson; en Allemagne,MM. de Hum- boldt, de Canstein, Beer et 3Iaedler; en Danemark, MM. Rafn, Graah, Falbe; en Belgique , MM. Vander- Maelen et Meisser; en Angleterre, MM. Ainsworth , Alexandre Burnes et Tilstone Beke; en Italic, MM. Graa- berg de Hemsoe, deBylandt, de Serristori; en Espagne, M. Firmin Gaballero ; en Portugal , M. Xavier Botellio ; et chez nous une fouie de donateurs a la tete desquels nous aimons u citer ie ministre de la Marine, qui con- tinue de nous faire remettre les livraisons successives des beaux voyages de la Coquille, de V Astrolabe et de la Favorite^ publics par ses ordres; et apres lui, MM. An- ( 287 ) sard, Baradere, Barbie da Bocage, Boblaye, Bottin, Fon- tanier, Jaubert, Klaprotb, de Ladoucelte , Montemom, Poussin, Towiisend, Virlet, et tant d'autres. J'aurais a repeter plusieurs de ces noms en vous par- lant des communications epistolaires que nous devons a nos coirespondans et a nombie d'autres de nos con- freres , soit etrangers, soil regnicoles ; j'aime mieux lais- ser a voire memoire le soin de les suppleer sur cette nouvelle liste, ou je me bornerai a vous signaler MM, Raffinesquo, Mease, Tanner, aux Etats-Unis; Goobelet, au Mexique ; Galindo, Waldeck, Paredes , dans I'Amerique centrale; Ramon de ia Sagra et Francis Lavallee dans lile de Cuba; Adam de Bauve , dans I'A- merique du sud; Pallegoix, dans le royaume de Siam ; plus pres de nous, MM. Reumont a Florence, de Hammer a Vienne, Ritter a Berlin, Molt a Utrecht, de la Roquettea Elseneur; et en France, MM. Henri Ter- naux, Desaugiers, Noyer, d'Hombres-Firmas , de la Pylaie.... Je n'ai plus, belas! a compter, parmi ces colla- borateurs distingues, M. Guillemin, que la mort a frappe cette annee dans son considat general de la Ha- vane, et qui s etait fait remarquer par son zele entre tant de consuls empresses de joindre leurs efforts a ceux de la Societe ; ni M. Barthelemy de Lesseps , que la mort a pareiilement enleve cette annee a son consulat general deLisbonne, etaux sciences geographiques , anxquelles il avait consacre les plus belles annees de sa vie, conime compagnon de voyage du celebre Laperouse. Enfm, messieurs, les lectures que vous avez enten- dues dans vos seances semi-mensuelles completent le catalosue general des travaux individuels qui sont ve- nus se produire devant vous : MM. Warden, Roux-de- Rochelle, Daussy, Goraboeuf, Jomard, d'Urville, de ( 288 ) Larenaudiere, Walckenaer, Fontanier, Leprieur, Joiian- nin, Dubuc, out plus ou moins frequeinment capte votrfe attention par I'interet des communications orales qu'ils vous ont faites; moi-niemc j'ai plus dune tois ete ecoute avec une indulgence que je serais coupable de lie point rappeler ici. Apres cette enumeration sonimaire des sources di- verses qui d'elics - meines affluent a vous, et aux- quelles vous n'avez point neglige d'ajouter encore I'utile complement de quelques notables productions de la presse periodique ctrangere, telles que \ Jsialic journal^ la Literary gazette et autres senil)lables, ]'ai a derouler devant vous le rapidc tableau des acquisitions nouvelles par vous obtenues ou constatees, pendant I'an- nee qui s'acheve, au profit des sciences geographiques, dont I'avancement est le constant objet de vos veilles. La theorie, qui dans les sciences d'observaticn nait de I'elude comparative d'une masse iniposanle de faits observes, et qui a pour objet den deduire les regies generales dont les fails eux-memes ne sont plus consi- deres que comme des applications, a le grand avantage de creer, pour l;u determination , le classement et lex- position de ceux-ci , des methodes qui deviennent un pre'cieux instrument de progres, en imprimant aux in- vestigations des neopbytes aussi bien que des adeptes une marche plus directe vers un but mieux connu, en leur signalant toutes les dependances du vastc domaine qu'ils ont a explorer, en Icur servant de guide pour les parcourir, en leur enseignant jusqu'a un langage special pour traduire en descriptions cxactes et precises tous les resultats de leurs observations. M. Denaix, qui depuis tant d'annees consacre de per- severans efforts au perf'ectionnement des metliodes ( ^89) geographiques, s'occnpe aclivement de rediger un texte expositif de la theorie generale qui lui parait devoir re- gir desortnais les applications de la science, en meme temps qu'une descriplion assujetie a ces preceptes; le monde savant attend avec impatience cette clet indis- pensable de I'enseignenient rationnel que notre confrere a si fort a coeur de substituer aux vieilles routines sco- lastiques, et nous serons les premiers a saUier de nos applaudissemens I'apparilion dune oeuvre qui doit ac- coniplir tant de promesses. Le colonel Jackson nous a adresse, de Saint-Peters- bourg , divers travanx de theorie geographique dignes d'attention : je signalerai d'abord, comme le plus impor- tant, son aide-memoire du voyageur, recueil metho- dique de questions relatives a la geographic physique et politique, a Vindustrie et aux beaux-arts, destine aux gens qui veulent tirer parti de leurs voyages ou acque- rir la connaissance exacte du pays qu'ils habitent; it senible que I'auteur ait donne des proportions plus etendues aux parties successives de son livre, a mesurc qu'il avancait dans sa redaction ; en sorte que les derniers chapitres sont bien plus developpes que les premiers ; I'insuffisance de ceux-ci est meme telle, que Torogra- phie y est completement oubliee , ainsi que I'indication des procedes astronomiques et geodesiques ne'cessaires au voyageur pour determiner sa position, relever sa route, et projeter le trace des con trees qu'il aura par- courues; le magnetisme terrestre, la pression atmosphe- rique, n'y sont pas traites non plus; en un mot les par- ties les plus essentiellementgeographiques sont negligees. De pareilles lacunes veulent etre reparees, et il suffitde les signaler a notre zele confrere pour etre sur qu'elles seront completement remplies. 19 ( 290 ) Nous avons encore de lui un interessant niemoiie sm les lacs , olfrant un utile developpement de I'article trop concis consacre a cette matiere dans son autre ouvrjige. II y faut annexer une note sur le phenomene des Seiches ou marees lacustres, observees sur le Leman et autres lacs de la Suisse par M. Vauclier , et sur quelques lacs des Alpes autrichiennes par notre confrere M. Ami Boue : M. Jackson a pris des mesures pour reunir des observations sur le nieme phenomene, quant aux grands lacs de la Russie , de la Suede , et des Etats-Unis. Nous devons enfin au memc officier des considerations pleines d'interetsur la nomenclature ge'ographique et la disposition materielle des details dans les cartes: depuis long-temps les esprits positifs desirent I'etablissement dune nomenclature raisonnee des elemens geographi- ques; divers essais ont ete faits a cet egard, mais il ne parait pas qu'ils aient encore pu satisfaire aux capricieu- ses exigences des oreiiles francaises. La physique generale du globe occupe les premieres pages du grand livre que I'etude de la geographic tient ouvert devant nous. L'illustre Laplace, que nous conip- tons avec orgueil parmi les fondateurs de notre asso- ciation, provoquait une attention toute speciale des adeptes de la science sur la constatation des elemens qui, sous ce rapport, constituent I'elat de notre planete. La chaleur terrestre, la meteorologie generale, le ma- gnelisme, etaient surtout par lui signales a leur inves- tigation. M. Arago a traite le premier de ces sujets avec la su- periorite qui lui est familiere, et dont I'heureux privi- lege est de se rendre accessible aux esprits vulgaires sans rien pertlre de son elevation : la JSotice sur Cetat iherniometjique du globe terrestre , inseree dans I'annuaire ( 291 ) du Bureau des longitudes de i834, est devenue popu- laire. Les comptes-rendus des congres annuels del'Associa- tion britanriique, vous ont offert un rapport digne d'at- tention, de M. James Forbes, sur les progres recens et I'etat actuel de la meteorologie. Cette science est le con- stant objet des soilicitudes de notrezeie confrere M. Mo- rin, de Saint-Brieuc, qui a etabli sur cet important objet d etudes une correspondance fortetendue, dans la pen- see de reunir une masse d'observations assez conside- rable pour en deduire une tbeorie, au moyen de laquelle il croit possible d'arriver a la prevision des phenomenes, pour un point et un instant donnes, conime se prevoient les pbenomenes astronomiques. On doit au contre-ajni- ralBardenfleth, de Copenhague, un memoire qui semble fournir un argument favorable a cette hypothese, en etablissant que les grandes perturbations aimospheri- ques appeleesouragans, sont en quelquesorteparquees en de cerlaines limites determinees. Les observations meteorologiques comparatives n'eussent-elles point I'im- mense resuitat qu'en augureM. Morin, leur multiplica- tion aura du moins I'avantage incontestable de contri- buer a la formation dun tableau moins incomplet des moyennes de frequence, d'intensite, de duree des cir- constances atmospheriques accidentelles ou continues, pour chaque lieu d'observation; et sous ce point de vue les instructions adressees par M. Morin a tons ses cor- respondans, ont ete accueillies par vous, ainsi que les divers me'moires du nienie auteur, avec un interet non equivoque. II importe dautant plus de favoriser le collectement des observations sur lesquelles doit se fonder la theorie meieorologique, que cette partie de la pbysique lerreslre est encore dans I'enfance. ( 292 ) II en faut dire autant de la theorie des niarees : M. Lubbok , a Londres, a demontre que la formule de Bernouilly est bien loin de s'accorder avec I'observalion ; et d'autre part on se plaint de manquer d'observations assez exactes pour verifier la formule de Laplace. On doit une revue de I'etat actuel de cette partie de la science, a M. Whewell, qui avait tente, I'annee der- niere, de dresser une carle approximative des lignes cotidales ou lignes de synclironisme des marees. Nous attendons avec une vive' impatience la publication, an- noncee comme prochaine, du beau travail sur les ma- rees communique il y a deux ans deja a 1' Academic des sciences par M. Savary. L'influence des marees sur la formation des barres a lenibouchure des rivieres a ete ingenieusement exposee dans un menioire lu a cette menie Academie par M. W issocq , iiigenieur hydro- graphe de la marine. Le magnetisme terrestre a ete I'objet de plusieurs tra- vaux remarquables : le capitaine de corvette James Clark Ross, neveu du celebre capitaine de vaisseau Jobn Ross , et son compagnon de voyage , a fait , dans les hautes latitudes septentrionales ou ces coumgeux de- coiwrcurs s'etaient avances , des observations suivies qui lui ont offert, par 70" 5' 17" N. , et 99° 6' 12" O. de Pa- ris , une indifference complete de I'aiguille de declinai- son, et une position verticale de I'aiguille d'inclinaison, d'ou il a conclu que sa position etait alors au pole nia- gnetique boreal , ou tout au moins a une tres petite distance de ce point. Pendant que le commander James Ross communi- quait ce resultat a la Societe royale de Londres , notre confrere M. Dupcrrey, reprenant et completant le ta- bleau coniparatif diesse par Hansleen , des observations ( ^93) d'intensite magnetique faites jusqu'alors a la surface du globe, produisait ici le fruit de ses recherches pour la determination de I'equateur magnetique : il en resulte que cet equateurn'est point une ligne d'unite constants d'intensite , mais la courbe complexe des moindres in- tensites, identique , a-peu-pres sinon completement , a celle des plus hautes temperatures, et tranchant brus- quement, sans se laisser traverser par aucune d'elles, les lignes isodynamiques de I'un et I'aulre hemisphere, qui concordent a leur tour avec les Ugnes isothermes. Les declinaisons magnetiques sont, de leur cote, constam- ment normales aux courbes isodynamiques , en sorte qu'une triple relation se trouve etablie entre la tempe- rature, I'intensite magnetique et la declinaison. Des observations directes de M. Peltier sont venues confirmer pleinement la correlation de ces deux der- niers elemens^ precedemment reconnue d'ailleurs par M. Saigey. M. Morlet s'est applique a rechercher les lois du ma- gnetisme terrestre, en considerant le globe comme une sphere aimantee a laquelle on appliquerait les principes generaux de la theorie mathematique du magnetisme : on se rappelle que M. Biot avait deja donne I equation des intensites magnetiques terrestres, en fonction de la latitude. Ces investigations de la science moderne n'otent rien de leur interet aux applications empyriques qui nous ont valu la boussole. L'erudition de M. Klaproth vient de reconstruire a neuf I'histoire de cet instrument. II a peu de peine a enlever au douteux Flavio Gioja d'A- malfi, I'honneur d'une invention qu'un poete francais (Guyot de Provins) decrivait plus d'un siecle aupara- vatit; elle avait probablement ete transmise aux Francs ( 294 ) par les Arabes, navigateurs de la mer de Syrie aussi bien que de la mer des Indes, ou ils avaient pu la rece- voir, nieme directement, des Chinois. Chez ces derniers, la boussole etait en usage depuis une antiquite imme- moriale, au dire de leurs fabuleuses histoires; le Tite- Live chinois, Sse-ma-Tlisien , en signale reniploi des le douzieme siecle avant I'ere vulgaire; mais a ne renion- ter que jusqu'a I'historien lui-meme , c'est encore au deuxieme siecle avant noire ere qu'il faudra reporter I'usage constate de la boussole chez les Chinois. A cet instrument grossier, qui souvent encore est le seul dont puisse se munir le voyageur, les progres de I'art ontsuccessivementajoute d'autres instrumens plus parfaits; mais on ne parcourt pas les contrees incon- nues ou barbares avec toutes les facilites de transport que reclament trop souvent, par leur volume et leur poids , ces machines si utiles, mais si embarrassantes; nous devons done accueilliravec interet les ameliorations qui tendent a les rendre plus portatives.Un explorateur, qui le plus souvent voyage a pied avec peu de monde, pouirait difficilement consacrer deux hommes a porter, avec sa monture, une lunette achromatique applicable aux observations d'ecUpses des satellites de Jupiter, observations qui lui fourniraient cependant une grande ressource; un telescope otfrirait moins d'enconibrement, mais un poids plus considerable, et d'ailleurs la suscep- tibilite de derangement, et la tlifficulte des reparations le mettraienl bientot hors de service. Sous le nom de Telescopes dialytiques , M. PossI , opticien a Vienne, est arrive a construire,d'apres les indications de M. Littrow, des lunettes achromatiquesauxquelles une nouvelle dis- position de la lentille de correction a I'egard de I'objec- til, perniet de donner des dimensions et un poids ( ^95 ) beaucoup mointlres, tout en ameliorant dune maniere notable leur degre de precision et de clarte. C'est une veritable conquete pour les operations pratiques de la Geodesie. Mais si le perfectionnement des instriiniens merite votre attention, elle est due a non moins juste titre a celui des tables asli'Onomiques destinees a faciliter le calcul des observations , et vous avez remarque avec un vif interet les ameliorations notables qu'a eprouvees la Connaissance des temps dans le nombre et la disposition des elemens de comparaison rapportes a I'Observatoire de Paris. Vous avez en menie temps sincerenient ap- plaudi k la refonte complete, entreprisepar M. Daiissy, de la table des positions geographiques, oiinul resultat n'a plus ete admis qu'accompagne de la double indica- tion de I'observateur et du calculateur, apres un soi- gneux triage fonde sur les garanties d'exactitude of- ferles par I'un et I'autre. M. Goraboeuf a contribue a enricbir cette table en fournissant les resuhats, calcu- les parlui, des observations de latitude et de longitude faites dans I'interieur de I'Afrique par le lieutenant de vaisseau Ernest de Beaufort en iSaS. Dans la Connais- sance des temps pour iSSj, qui est maintenant sous presse, la table des positions, encore amelioree, con- tiendra les determinations qui ont ete obtenues dans I'Amerique du sud par M. Pentland, et qui etaient de- ineurees inedit.es jusqu'a ce jour. Et puisque je vous eutretiens de listes de positions geonomiques, je ne veux point laisser en oubli Ic cata- logue de cent soixante-deux determinations pour divers points de I'empire cliinois,insere au Nouveau journal asia- lique, et exlrait par M. Neumann, de Munich, de la des- ( 296) criplion officielle de la Chine, publiee en 1818 a Pekin. Le Nautical Magazine de Londres f dont les Jinnales maritimes reproduisent, par les soins de M. Daussy, les indications les plus utiles), et le Krilischer Jt egweiser de Berlin, enregistrenl avec un louable empressement les acquisitions journalieres de la geographic sous cet important rapport. Ces positions, quelaslronomiefournit a Ta geographic descriptive, sout inseparables des denominations indica- tives des lieux d'observationjet I'exaclitude, qui fail le me- rite des determinations geonomiques n'estpas moins in- dispensable dans la fixation de ces denominations locales: . le secours de la philologie, niais d'une philologie tou te spe- ciale,est ici necessaire,et par malheur troprarenient invo- que. La geographic s'est loutefois enrichie celto annee de quelques travaux particuliers de cette nature; le plus considerable est celui que M. Firniin Caballero vous a adresse de Madrid, sur la nomenclature geographique de I'Espagne; les Transactions do la Societe philosophique de Philadelphie vous en offrent un second, fort cu- rieux, pubUe au nom de I'auteur (feu M. John Hecke- welder), par notre corresporidant M. .Daj)oiiceau, et ayant pour sujet les nonis geographiques imposes par les aborigenes Lenni-Lennape et Delaware, aux rivieres, ruisseaux, et lieux remarquables, dans les etats actuels de Pensylvanie, New-Jersey, Maryland et Virginie; vous en avezun troisieme dans un memoiredu savant Aker- blad sur les noms copies de quelques villes et villages de I'Egypte, publie dans le Journal de la Societe asia- lique de Paris par les soins de M. de Sacy. Enfin les feuilles edites de la nouvelle carte de France redijree au Depot de la guerre, out fourni a M. Guerard I'occasian d'enioltrc, sur la nomenclature des lieux qui y sont *■ ( 297 ) portes J des observations critiques pleines de juslesse et d'interet; hatons-nous d'ajouter que le Depot de la guerre les a accueillies et en a profile. Nous arrivons ainsi, de proche en proche, a une consideration plus immediate du sol. La geologic , de- venue I'objet special des travaux de plusieurs societes savantes,a acquis une sorte de vogue, qui lui menage sansdoute de rapides progres. Sans denieurer etranger aux theories aventureuses au moyen desquelles le geo- logue cherche hativement a s'expliquer des faits encore incompletement observes, le geographe doit surtout considerer la partie descri{)tive et fondamentale de cette science , la geognosie ; les descriptions locales qu'elle produit se multlplient chaque jour davantage : je n'ai pas la pretention de vous en laire ici, messieurs, une enumeration qui a fourni a notre confrere M. Ami Boue, vice-president de la Societe de Geologic de Pa- ris, la matiere dun gros volume, auquel je me borne a vous renvoyer. Les resultats ainsi obtenus se tradui- sent frequemment en cartes speciales, sur lesquelles un systeme uniforme d'enluminure, adopte par les geo- logues francais et anglais, denote la nature des terrains a decouvert; M. Leopold de Buch a propose, en A.lle- magne, un nouveau choix des teintes applicables aux diverses formations, et il a donne une carle geognos- tique de lAlleniagne enluminee d'apres sa niethode. M. de Humboldt a, de son cote, adopte, pour la desi- gnation des roches dans les coupes geognostiques, un systeme de signes symboliques, qu'il a employes sur une carte particuliere de la vallee de Mexico. Avant de quitter le domaine de la geologic, j'ai a vous signaler la nouvelle Theorie den Volcans du comte do Bylandt; Ic resume analylique qu'il nous a fait par- ( 298 ) venir de I'ouvrage ou il a consigne le fruit de ses medi- tations et dune etude assidue sur le terrain, ne peut que nous (aire desirer les developpemens et les justifi- cations qu'il nous annonce avoir renfermes dans son livre. Quant a la distribution geographique des vegetiiux , les Flores speciales oft'rent de veritables chorographies botaniques , lorsqu'elles notent avec soin I'haljitat des plantes, et siirtout le degre de frequence des individus de chaque espece ; la Flore de Senega mbie, de MM. Guil- lemin, Perrottet et Richard, est une acquisition inte- ressante sous ce rapport, et le deviendra davantage en- core par les considerations generates dans lesquelles M. Guillemin se propose de resumer les fails particu- liers dont I'ensemble determine le caractere constitutif de la vegetation du pays. L'emploi de cartes phytographiques n'a point encore ete adopte pour ces travaux de detail , pour lesquels elles seraient si utiles, en meme temps qu'elles en reti- reraient un notable perfectionnement ; il est vivement a desirer que Texemple des geologues soil suivi a cet egard par les botanistes. Quant a des cartes generales des zones de vegetation du globe, ou de ses grandes divisions , I'usage en est plus repandu ; et le baron de Canstein nous a recemment adresse de Berlin, avec un texte explicatif, une mappemonde partagee en zones et climats correlatifs a la distribution des plantes les plus utiles, non-seulement dans le sens des latitudes, mais encore dans celui des altitudes, au moyen de deux pro- fils qui encadrent le limbe exterieur des deux hemi- spheres. Ce que j'ai dit des Flores s'applique aux Faunes lo- cales; peu de travaux generaux onl ('le f.iits sur la dis- ( 299 ) tribution geographique des ariimaux a la surface du globe : ils semblent en effet appartenir moins etroite- ment au sol qu'ils parcourent , et peut-etre d'ailleurs la connaissance plus generalement repandue de leur ha- bitat a-t-elle moins fait sentir le besoin den dresser des tableaux mneraoniques : sous ce dernier rapport , rentomoloirie , ou les genres sent si nond3reux, fait ex- ception : aussi s'est-on occupe davantage de leur classe- ment geographique, et divers memoires ont ete publics en Angleterre et en AUemagne, sur ce sujet. On an- nonce toutefois un travail d'ensemble du docteur Swainson , sur la geograpliie des animaux. Apres avoir ainsi passe en revue les eleniens divers que fournissent a la geographic les differentes sciences qui sc lient a elle d'une maniere si intime , ce sont ses oeuvres speciales dont nousallons feuilleter, en courant, le catalogue varie. Parmi les trailes generaux, celui de Malte-Brun, revu par notre confrere M. Huot, a livre en dernier lieu le tome X contenant I'Afrique; et M. Ritter a donne un troisienie volume de son Erdkunde, completant la des- cription de I'Asie orientale. La renommee de ces deux beaux ouvrages est europeenne, et ma faible voix n'y pent rien ajouter ; qu'il me soil perniis du moins d'e- mettre le voeu qu'une version fidele nationalise chez nous I'ceuvre du geographe allemand. D'autres noms plus modestes viennent s'inscrire apres ces grandes celebrites ; M. Noellat de Dijon , M. Ber- thet, professeur a Saint-Dizier, vous ont adresse des traites de geographic rediges dans un louable but d'a- nielioration dans I'cnseignement vulgaire. Avec les traites generaux , les atlas generaux : une uouvelle edition de celui' de MM. Lapie pere et fils ( 3oo ) se prepare en ce moment pour suppleer a I'epuiseinent lie la premiere; a cote de ce grand el beau recueil , il vous en a ete presente un de dimensions et d'aspect bien modestes , public par M. Ambroise Tardieu ; ce cahier si mince a pourtant un degre d'importance qui lui merite voire faveur : c'est qu'il est destine a popula- riser la connaissance des configurations gcograj)biques avouees par la science, en se produisant a un prix d'une modicite presque incroyable. M. Benoit , ingenieur-mecanicien a Troyes , a cher- cbe , a son four , a rendre I'usage des globes de grandes dimensions accessibles aux moindres etablissemens d'in- slruclion elementaire, et il y a reussi en construisant , a Ires bon marche , en papier- parcbemin , des globes aeropbyses de quatre pieds de diametre : il est a regret- ter qu il n'y ait pas applique de meilieures delineations. De son cote, la presse n'avait a aucune epoque de- ploye tant d'aclivite a repandre des publications mises par leur bas prix a la portee des lecteurs de toutes les classes, el redigees neanmoins avec un soin reserve d'ordinaire a des ouvrages moins accessibles; c'est un grand raouvement de diffusion de lumieres dont I'An- gleterre nous a donne I'exemple el que nous suivons avec ardeur. La geograpbie ne pouvait manquer d'obtenir une place distinguee dans de telles entreprises : ellea, en Angle- terre, une encyclopedic speciale, redigee par M. Hugb Murray et les professeurs Wallace, Jameson, Hooker et Swainson : de tels noms suffisent a la fortune du iivre. En France la geographic a inspire Y Unluers pittoresque , oil MM. Cbanipollion, Delamalle, de Larenaudiere, Bory deSaint-Viticent, Jouannin, Golbery, Rozet, comp- tcnt parmi les n-dacteurs ; le Fo) ni^'c pittorcsquc auloitr ( 3oi ) du monde n'a pas besoin d'autre garantie que le nom de M. D'Urville. La geographic n'est pas I'objet exclusif , niais elle est una des parties les plus developpees de ^ Encyclopedie piUoresque , dont le premier volume, termine , vient de vous ^tre adresse par MM. Leroux et Reynaud , qui en dirigent la publicalion. C'est presque dans la nieme classe, tant le prix en est borne, qu'il y aurait lieu de comprendre la Bibliotheque uniK>erselle des voyages^ publiee par M. Albert-Monte- mont avec une rapidite peu commune, une incroyable activite ; vingt-et-un volumes ont successivement fait passer sous vos yeux les relations abregees des voyages autour du monde, jusqu aux plus recentes circumnavi- gations \ et une seconde serie , consacree a I'Afrique , a deja mis en vos mains cinq autres volumes. A cote de cette rapide emission de livraisons succes- sives, nous avons au contraire a deplorer Tinterrupiion prolongee de la collection a laquelle M. W alckenaer donnait son nom et ses soins. Ayons espoir que ce mo- nument eleve a la geographic ne demeurera pas ina- cheve , et que notre savant confrere sera appele a en poser les dernieres assises comme il en a pose les pre- mieres. De I'histoire des voyages a la geographic historique, il n'y a qu'un pas : celle-ci n'est-elle point en effet le resume des voyages et des relations descriptives des an- ciens temps "^ M. Roux de Rochelle a souvent caple votre attention par des lectures ayant pour sujet la geographic ancienne de I'Occidenl. M. Ansart vous a presente , de concert avec M. Lebas, son collaborateur, les premieres livraisons dun atlas historique de I'Eu- rope , traduit de celui de Rruse, mais revise par les edi- ( 302 ) teiirs francaisj lout en accordant a ce travail la juste estime qu'il nic-rite, vous n'avez point mis en ouhli ce- liii que M. Denaix a deja public pour le memo objet. M. Alexandre Barbie du Bocage , qu'une sante gra- vement alteree eloigne encore une fois de nos reunions et de sa chaire de geograpliie a la Sorboiine , nous a donne uu dictionnaire peu voluniineux, mais clair et substantiel , de la geographie biblique telle qu'elle est generalement admise ; M. Ch. Tilstone Beke en a entre- pris au contraire, dans les Origines bibliccB dont il nous a adresse le premier volume , une refonte complete ba- see sur I'unique consideration du texte sacre : aussi son livre est-il empreint dun caractere de nouveaute fort remarquable, dont le principe fondamental est que les peuples denombres au x' chapitre de la Genese, n'y sunt point genealogiquement disposes d'apres I'ordre de primogeniture , mais qu'ils y sont geographiquement ranges dans leur ordre de contiguite successive d'est en ouest; principe fecond en consequences inattendues, qui changent completement la physionomie de la map- pemonde mosaique. Je ne veux pas quitter le champ de la geographie an- cienne sans vous parler du grand travail que notre con- frere, le colonel Lapie , prepare depuis plus de six an- nees , et qui a pour objet la construction graphique des periples et itineraires que nous ont laisses les anciens. Une grande carte en neuf feuilles, comprenant I'empire romain avec I'Asie jusqu'au Gauge, accompagnera une uouvelle edition de ces routiers, dont 1 impression sa- cheve sous les yeux deMM. de Fortia, Hase et Guerard ; M. Lapie espere que le tout pourra vous etre presente dans un delai peu eloigne. Une publication qui doit exciter votre interet au ( 3o3 ) nieme litre, est celle qua entreprise , en AUcniagne, M. Sickler , dun Corpus geographorum grcecorum et la- tiiioruin qui supersuiit omnium. Revenonsmaintenantal'epoqueactuelle, et voyageant a notre tour de continent en continent, recueillons, dans notre marche hative, les lumieres nouvelles que la geo- graphic a obtenues cette annee sur chacun d'eux'. lis sont respectivement constitues dans des conditions tellement individuelles et mutuelloment exclusives, que I'interet qui s'attache de leur exploration, affecte, pour chacun, un caractere tout particulier. Notre Europe, jeune et forte de civilisation, se con- nait trop bien elle-meme pour vouloir etre etudiee a la legere; tout ce qui, loin d'elle, pourrait passer pour etude approfondie du sol et de ses habitans, ne serait chez ielle que mediocre et superficielle etude; ce n'est point a une geodesic expeditive qu'elle pent demander le relevement de ses territoires, ni a I'hydrographie sous voiles le trace de ses cotes, ni a des evaluations approxi- malives la statistique de ses forces, de ses besoins, de ses ressources: ce sont des operations rigoureuses, (\es travaux consciencieux , qu'elle exige, et des-lors chaqtie branche d'etude s'individualise pour s'attacher a une nionographie exclusive : c'est ainsi que s'executent des cartes topographiques telles que la carte de France du Depot de la guerre, des cartes hydrographiques telles que les cotes de Fi'ance du Depot de la marine, et des milliers de statistiques speciales par departemens terri- toriaux ou par matieres. II est evidemment impossible d'entrer ici dans la nioindre enumeration de tant de pu- blications accumulees, et je ne tenterai nieme pas de vous faire la recapitulation de ceiles qui sont venues prendre place dans vos collections : qu'il me suffise de ( -^04 ) rappeler que It; Depot de la guerre a, par uiie receiUe emission, porte a vingt-quatre le nombie cles feuilles edites de la carte de France; qu'il a publie la carte de Moree due aux travaux geodesiqucs de nos ingenieurs geographes MM. Peytier, Boblaye et Servier, dont I'ocuvre se poursuit, pour le reste de la Grece, sous les ordresdu premier ilentreeux, notre colleguc M. Peytier; et que le Depot de la marine, qui a termine nos cotes occidentales, s'occupe maintenant de relever les cutes de la Manche, dont la triangulation est conOee a M. Begat. Parmi les statisliques departementales , je n'excepterai d'une pretermission absolue que le livre de M. de La- doucette sur les Hautes Alpes, que vous avez juge d'une maniere si favorable. Quant a I'etianger, je ne saurais me dispenser d'une mention honorable en faveur de M. Vandermaelen, a raison des nouveaux volumes qu'il nous a envoyes de son Dictionnaire geoginphiqiie de la Belgique et qui com- prennent les provinces de Hainaut, d'Anvers et de la Flandre orientale, sans parler de divers autres documens stalistiques pleins d'interet; le comte Serristori nous a adresse de Florence nnSaggio statistico delV Italia^ au- quel il a successivement ajoute deux supplemens; et M. Graaberg de Hemsoe nous a fait tout recemment parvenir de son cote un ecrit DeW atlunle condizioiic dellascienza statistica in Italia^ e di alciine opere statisti- che noi>e//amente pubh/icaie; i'aurais a indiquer encore di- vers ouvrages sur les etats aulrichiens qui nous ont ete transmis de Leipzig par M Gross-Hoffinger, un tableau statistique de la monarchic russe que M. Schnilzler a mis sous presse a Paris, un nou\ cau Gazetteer of Eng/a/id and IValesi^iu vierit de parattrca Londies; mais le temps me m;inqiie pour m abandonncr a unc telle enumeration ( 3o5 ) Alger est a nous, et a nos portes : c'est done par la que je dois naturellenient commencor mon tour d'Atri- <£ue : MM. Berard et Dortet de Tessan ont acheve cette annee le relevenient complet des cotes de la Regence, et s'occupent de rediger les resultats de leurs travaux. Nos officiers d'etat-major, auxquels nous devons le plan de la ville et des environs d'Alger, ont fait quelquos nouvelles explorations dans la plaine de Metygjah, et prennent soin de recueillir des renseigneniens sur I'in- terieur; M. Tatareau avait dresse, pendant son sejour a Oran, une carte de cette province, qui nous donne la mesure de ce qu'on peut attcndrc du zele de cet officier pourl'eclaircissenientde la geographie,si obscure encore, de la province d'Alger, ou il est maintenant employe. MM. Levret et de Maligny sont reste's dans celle d'Oi-an, que nos rapports pacifiques avec Abd-el-Qader leur permettent de sillonner de leurs propres lignes de route. Dans celle de Bone, MM. Delcambe, Franconniere et de Presbois etendent leurs explorations autour du chef- lieu , et ont dernierement leve le plan de Bougie et de ses environs^ les renseigneniens qu'ils ont recueillis sur les routes de I'interieur n'ont point jusqu'ici ete pousses au-dela de Constantine. C'est a Taide des docuniens envoyes par lous ces officiers, et qui m'ont ete liberale- ment communiques par le Depot de la guerre, que j'ai tente d'esquisser un nouveau canevas geodesique d'une partie de I'Afrique septentrionale, en y puisant les ele- mens des corrections applicables au trace de Sllav^^ Dans cette revision critique se trouvent compris, d'une part I'etat de Tunis, pour lequel M. de Faibe nous a offert son beau travail sur Carthage et !a contree vei- sine, d'autre part I'empire de Marok, sur lequel notre zele correspondant M. Graaberg de Hemsoe a tout re- 20 ( 3o6 ) ceniment piihlie iin Specchio historico e statistico plein dinteret, et acconipagne d'une carte d'une execution soignee, ou 1 on peut regretter seulement que I'erudi- tion de I'auteur n ait pas toujours etc doniptee par une critique plus rigoureuse. Sur la cote occidentale, la Societe anierioaine de colo- nisation de I'etat de Maryland a jete, an cap des Palmes, les fondemens d'un nouvel etablissement analogue a ce- lui de Liberia : c'est encore une porte ouverte a I'explo- ratlon geographique d'une contree dont on connait a peine une etroite lisiere lelong du rivage. L'expedition du Niger, qui faisait concevoir line si flatteuse esperance de voir enfin etablie une grande route, conduisant jusque dans le coeur de cette com- pacte Afrique, si obstinement fermee a notre avide cu- riosite ; cetle expedition, grosse de tant d'avenir, n'a pu braver a-la-fois I'ardeur dun climat inexorable et la perfidie de peuples inbospitaliers : vainqueur du climat qui avail moissonne ses compagnons, Richard Lander est tombe sous les coups des aborigenes. Mais son voyage nest pas demeure sans profit pour la science, bien que les resultats n'en aient pas ete publies : Lander s'etait avancti dans son bateau de fer, avec le lieutenant Wil- liam Allen jusqu'a Rabbah; ils etaient entres aussi dans le Tchaddah, et I'avaient remonte jusqu'a une distance de i5o milles,par un lit frequeinment obstrue d'iles ; les assertions precises et repetees des indigenes ne lais- saient aucun doute sur sa communication avec le lac Tchad, et de ces excursions, le lieutenant Allen a rap- porie des observations qui sans doute recevront une publicite procbaine. Au surplus, la voie est ouverte, et 1 inleret mercantile ne reuoncera pas a la tenter de nou- veau; pendant que des contrarietes deplus d'un genre ( ^07 ) preludaient a la fatale issue cie 1 expedition organisee par la compagnie de Liverpool , une autre compagnie se formait a Glasgow, dans le but d'organiser uue se- conde expedition ; et depuis la mort de Lander, le co- lonel Nicholls , parti de Fernan-do-Po , est entre dans le Niger, afin de s'enquerir parlui-meme des circonstances et des causes de la niort du voyageur, et d'etablir sur des bases solides des relations commerciales avec les na- turels. Dans I'Afrique australe, les explorations des niission- naires, des. naturalistes, des marchands, etendent de plus en plus nos connaissances sur les regions inte- rieures ; les missionnaires francais Arbousset et Cazalis ont recemment penetre chez les Bassoutos, peuplade jusqu'alors ignoree,entre les Korannas et les Zoulas; et le missionnaire Leniue vient de faire parvenir en France une carte, qui sera prochainement publiee, des pays qu'il a lui-meme visiles, ou sur lesquels il a obtenu des renseignemens positifs, tant de la part de ses com- pagnons d'apostolat, que des marchands Hume et Mel- lon, qui ont parcouru une ligne assez avance'e au nord- est. Une expedition scientifique, dirigee par M. Smithy estpartie du Gap pour etiectuer une reconnaissance plus exacle des memes pays. La Sociele geographique de Londres a concu le pro- jet d'une exploration qui, preliant son point de depart h la baie Dalagoa, s'avancerait a I'ouest pnur iier a la cote les relevcmens faits par les missionnaires, et se porterait ensuite vers le Zambeze, peut-etre jusqu'a ses sources, pour redescendre ensuite aux etablissemens portugais; c'est le capitaine Alexander, deja connu par de nombreux voyages, qui est charge deconduire cette nouvelle expedition. Uu interessant niemoire de 20. ( 3o8) M. Cooley, sur les tribus kafres qui hahilent les liautes lerres aiix environs dc la baie Dalagoa , a ele insere par extrait dans \e journal de la nienie Societe, qui a pa- reillement public une breve esquisse de Monbase et de la coiitree environnante, par le lieutenant de vaisseau Emery. M. Xavier Botelbo nous a envoyc; de Lisbonne un resume destine a servir d'introducliori a un me- moire statisiique sur les domaines portugais do I'Afrique orienlale : cet apercu fait desirer le reste de I'Duvrage. On ne peut qu'attendre, avec une impatience propor- tionnee au merite reconnu du voyageur, la relation du sejonr que M. Edouard Riippel a fait en dernier lieu en Abyssinie. Le niissionnaire Gobat a recenmient public le journal de sa residence de trois annees dans ce pays. Quant au bassin du Bahhr Abyadli, I'exploration qu'en avait projetee M. Adolphe Linant, se trouve encore ajournee a raison des fonclions qui lui sont departies par le pacba d'Egypte pour etablir un barrage sur le Nil. Nous n'avons aucune nouvellc des tentatives de M. Henri Wilford , qui avait resolu de penetrer parcette voie dans I'Afrique centiale. L'Asie , plus accessible et moins nieurtrjere que I'Afri- que, excite nioinsvivement I'ardeur des de'couvertesjaussi n'ai-je point a vous donner ici la nouvelle de grandes explorations effectuees ou en cours d'execulion dans I'in- terieur de eel immense continent; car on ne saurait ran- ger dans cette categoric la reconnaissance preparatoire de I'Euphrate, effectuee par M. Chesney, et qui va etre re- conimcncee par le meme officier, en compagnie de notre correspondant M. Ainswortb; et nous ne connaissons point les resultats, d'une haute importance sans doute, que nous rapporte de Syrie notre collegue M. Callier, apres quatre annees d investigations. Je n'ai done pro- ( 3o9 ) prement a vous signaler que qiielques publications, sur lesquelles la physionomie particuliere des populations asiatiques jette un tout autre genre d'interet que celui qui s'attaclie aux relations des aventureuses expeditions de decouvertes. Nous devons a M. Eyries une traduction du voyage de Burckliardt en Arabie; nous lui devrons bientot celle du beau voyage de M. Alexandre Burnes en Boukharie, dont les i-esuitats vous t'urent annonces I'annee derniere par nion predecesseur, at qui avalu a son auteur le prix royal annuel de la Societe geagra- phique de Londres. La publicite donnee a la correspondance privee de Victor Jacqueinont nous a mis a porteede niieux appre- cier le mei-ite si original et si vrai du voyageur fran- cais; les papiers et colleciions qu'il a laissees constituent sans doute les niateriaux dun niagnifique ouvrage; niais ces niatej-iaux ne sont point encore parvenus en France, et peut-etre s'ecoulera-t-il long-temps avant que nous puissions jouir du fruit de ses recherches. Je ne veux point ajouter a ces indications une vaine liste des nombreuses publications de voyages en Asie dont les presses anglaises alimentent le public de Lon- dres; ce n'est pas qu'elles manquent d'interet, soit qu'a- vec John Madox nous eussions a parcourir la Pales- tine et la Syrie, avec Arundell TAsie-Mineure , avec Smith et Dwight I'Armenie, avec sir Henry Brydges la Perse, ou qu'avec le lieutenant ConoUy nous allassions par terred'Europe dans I'lnde , a travers la Perse et I'Af- ghanistan; mais j'occupe votre attention depuis trop long-temps pour qu'il me soil permis de la fatiguer en- core par une recapitulation trop scrupuleuse de ces tours qui n'ajoutent guere aux (!onquetes de la science. Je ne saurais toutetois ometlre quelques documens ( :^io ) speciaux relatils aux logions les nioiiis connues de iu Haute-Asie; tels que la Dreue nntizia del ivi^no del Thibet d\i here Orazio della Penna de Billi , remontant a J'arniee 1730, et qui a eie tout receminent publiee dans le Nouveau journal asialique; la relation dun voyage du Nepal auTubet, par le kascluiiyrotubetain Amyr, inseree par M. Hodgson au xvii*^ volume des Asia- tic researches ; et I'itineraire de Si-Outhaia a XaiNat, qui nous a ete envoye deSiam par M. Pallegoix. Si de I'Asie je passe dans I'Austialie , je ne trouve guere non plus rien qui nierite une mention speciale, depuis les explorations du capitaine Sturt,qui vous ont ete signalees, des I'annee derniere, d'apres la notice de M. Allan Cunningham, et dent la relation originale a ete publiee ulterieurement; je me contenterai dindiquer le livre nouvellement public a Londres par M. Lang, et contenant un apercu de I'origine et des migrations dela nation polynesienne. lei viennent se classer les graudes navigations de Fanning, de Chromtscbenko et de Henri Forster, qu'il me suffit de vous nommer. J'aborde I'Amerique du sud , et la du moins je ren- contre les traces non encore dellorees dun voyage digne de tout voire interet, et dont les resultats vont doter la science de riches et solides conquetes : parti de Fran<;e au milieu de I'annee iSaf), M. d'Orbigny est alle passer huit annees a etudier, comme naturaliste voyageur, I'Amerique meridionale, designee a ses inves- tigations par les professeurs du Museum; ses recherches et ses travaux se renferment dans deux cercles distincts d'exploration : I'un comprenant, avec I'Uruguay, les provinces argentines de Entre-Rios, (jorrientes et Bue- nos-Ayres, et les pampas de la Patagouie conligues a ( 3ii ) celles cle Buenos-Ayres ; 1 autre conespondaut a la re- publiqiie de Bolivia. Dans la piemiere de ces deux re- gions, laclif voyageur avaitsoigneiisement rccueilli tons leseleuieiis d'une description complete sous le rapport des sciences naturejies, de I'etlinographie , de la lin- guistique; le trace geodesique etait seul incomplet; niais M. d'Orbigny a ete aide en cette partie par I'amitie de M. Parchappe, qu'il rencontra a Corrientes , et qui lui a donne ses propres relevemens. Sur le second theatre de ses investigations , M. d'Orbigny s'est exclu- sivement suffi a lui-meme, et sans parler desmateriaux de toute espece qu'il a coUectes avec discernement , il rapporte des leves itineraires assez nombreux pour former un reseau geodesique a niailles serrees, auquel les observations de M. Pentland viennent heureuse- ment fournir des reperes ; en sorte; que meme a ne tenir compte que de son deuxieme voyage, M. d'Orbigny aura dote la geographic, pour uue region non nioins etendue que I'Espagne, de tous les elemens dune carte topographique non nioins satistaisante que celle que par des moyens semblables le celebre Lopez a dressee de lEspagne elle-meme. Bien plus, une sorte d'instincl geographique senible avoir constamment preside a la notation de toutes les observations qu'il a faites dans le domaine des sciences connexes, de manierea ce qu'elles puissent, en quelque sorte, se traduire en cartes geo- gnostiques, phytographiques , zoologiques, ethnogra- phiques. Ce n'est pas sans quelque orgueil, messieurs, que vous enregistrez dans vos souvenirs les litres geo- graphiques de M. d'Orbigny; si laFrance est peu feconde en publications de voyages; du nioins les voyageurs qu'elle produit peuvent-Ils etre inscrits parnii ceux du premier ordre. ( ^'2 ) C'est encore dans lAmeiique du sud que M. Le- prieur , et M. Adam de Bauve, son precurseur puis son conipagnon , ont fait des tenlalives d'exploration qui vous ont doiine Tespoir d obtenir , dune nouvelle expedition de reconnaissance, un trace general des par- ties inconnues de la Guiane francaise: vous avez re- grelte de ne pouvoir niettre a profit, dans le meme but, les offres de service qui vous sont venues jusque du fond de la Hongrie, de la part de M. Jablonszki , dOp- pova. M. Hillliouse, deDenierary, a, de son cote, re- connu, dans une assez grande etendue , le cours du Masarouni , affluent principal de TEssequibo ; la So- ciete geographique de Loudres a resolu d'encourager une exploration de la Guiane britannique, assez eten- due pour en rattacher les determinations, d'une part a celles de M. de Humboldt, de I'autre a celles de nos voyageurs. Je ne saurais oublier ici les belles cartes de I'Ame- rique meridionale et du Mexique, oeuvres posthumes de notre ancien collegue Brue, receniment pubiiees par sa veuve. Pour lAme'rique du nord, outre les lettres de Henri Tudor, sur le Mexique, les Etats-Unis, et les colonies anglaises voisines, j'aurais a vous rappeler quelques do- cumens particuliers , tels que I'itineraire suivi par une caravanne qui est allee du Mexique dans la Haute-Cali- fornie, envoye, de Mexico par M. Cochelet ; la notice sur !es niouts Cotocton , envcyee de Philadelphie par M. Raflinesque; et d'autres pieces analogues. Mais un interet bien plus pr»;ssant nous entraine aux terres arc- tiques : la, pendant trois annees consecutives, notre at- teiitioJi, uotre sollicitude, persista , pleinc encore d'es- perancc, a errer sur les traces disparnes du capitaiue ( ^^^ ) Ross, dont le retour est venu cornbler tant de voeux f'ervens. Ah ! de nouvelles soUicitudes , non nioins vi- ves, non moins perseverantes , s'egarent aussi sur les traces perdues de la Lilloise , qui apres etre allee im- poser , au sud du cap Barclay, les nonis francais de Breaute, de Rigny, de Daussy, de Pouyer, a qiiatre lies nouvelles de la cote orientale du Greenland, parait s'etre obstinee a poursuivre de plus imporlantes decou- vertes; et les voeux de retour qui appelaient Ross se tournent aujourd hui vers Blosseville, retenu peut-etre conime lui dans les glaces , et qui nous reviendra sans doute non inoins heureuseinent : en vain une premiere tentative de recherches a echoue ; que I'espoir ne faiblisse point, que les tentatives se renouvellent plus ingenieu- sement combinees! La perseverante Angleterre expe- diait Back trois ans encore apres la disparition de Ross : resterions-nous en arriere dun si louable exeniple? Le nom de Ross vient se leplacer sous nia plume pour etre proclame de nouveau dans ce rappel accou- tume des prix que vous avez decernes dans I'annee; c'est aux rudes travaux, fructueux pour la science, qu'il a acconiplis dans celte memorable expedition, que vous avez confere votregrande medailleannuellej vous avez en nieme temps deeerne une mention tres honorable au capitaine Biscoe, dont les navigations aux terres australes vous avaientsi vivement interesses. Vous n'a- vez eu a couronner quun troisieme laureat, M. Jodot, qui a recu, pour son nivellement de la Vesle, une des medailles specialement destinees a encourager les tra- vaux de ce genre. Le programme du nouveau concours que vous avez ouvert n'ol'fre pas moins de vingt prix , dune valeur tolale d'environ dix-huil niille francs : pcu dc chitTres ( ^x4 ) suttisent ainsi a resuiner les encouragement non)l)reux cjue vous etes henreux de distiibuer dans I'inlereldes progres geograpliiques; vos efforts n'ont pas ete vains jusqua ce jour, et leur etficacite passee vous garanlit leur succes a venir. Ces prix ne sontpas le seul stimulant dont vous ilat- tez la noble ambition des concurrens que vous appelez : une place est reservee, dans le recueil de vos IMemoiri-s, aux travaux qui sont juges dignes de cette nouvelle dis- tinction : c'est ainsi qu'un volume toutentier a ete con- sacre a I'orographie de I'Europe de M. Bruguiere, et que d'autres menioires couronnes sont destines a une insertion prochaine. Quelques difficultes avaient entrave I'impression si- niultanee des deux volumes qui sont en preparation, et dont I'un contiendra I'oeuvre geographique de I'Edrysy, I'autre une collection de miscellanees. L'impression de I'Edrysy a ete recommencee a rimpiimerie royale, ou elle se poursuit avec regularite , et vous avez sous les yeux des epreuves du juc simile des trois premieres cartes ; M. Amedee Jaubert vient de son cote d'achever la traduction du troisiemeclimat. Le volume ouvertaux miscellanees ne contenait naguere encore qu'une seule piece, imprimee depuisplusieurs annees : c'est le voyage du frcre Jourdain de Severac dans quelques unes des con- trees visitces par Marco Polo; vous y avez ajoute cette annee la relation originate dun voyage fait, en 1774? ^ rile de Taiti, par le commandant dun paquebot qui naviguait de conserve avecla fregate VAguila^ sous les ordres de Domingo de Jjonechea , le decouvreur de cette lie; a la suite de cette relation ont ete imprimes les vocabulaires recueillis en Egyptc par M. Koenig; ces pieces composent le demi-volunie dont un premier ( 3i5 ) exempkiiie est en ce moment devant vous. Laulie demi-volume sera consacre a une edition , soigneuse- mentcollationnee sur les nianusciils, de la relation ori- ginale du voyage de Rubruquis, en Tartaric , par ordre de saint Louis; des traductions anglaises et francaises en existaient depuis long-temps; le texte original, reste inedit, en a ete retrouve, par M. Francisque Michel dans les bibliotheques de Londres et de Cambridge; une copieexacte, preparee par ses soins et ceux de M. Tho- mas Wright, nous est recemment parvenue; limpies- sion en va etre immediatement commencee,etle volume entier s jra probablement termine dans un bref delai. II me reste a parler d'une autre publication , celle de notre 15ulletin , dont I'apparition periodique vient chaque mois raffermir le lien de confraternite qui unit tons les membres de notre association. Quelques efforts ont ete tentes pour en ameliorer la composition et le rendre plus substantiel; une premiere serie de volumes a ete close avec le tome vingtieme, et une nouvelle se- rie s'est ouverte avec Tannee courante; les cartes qui y sont jointes me donnent occasion de vous rappeler le desinteressement avec lequel M. Ambroise Tardieu et M. Selves ont mis a la disposition delaSociete leurs ate- liers de gravure et de lithographic. Le vceu constant du comite auquel est remis le soin de publier ces cahiers mensuels a ete de leur procurer le plus haut degre pos- sible d interet geographique; mais il ne sauraitse flatter d'etre encore parvenu a remplir toutes les conditions de perfectionnement qu'il est dans notre desir de lui voir atteindre. II m'est enfin permis de clore ici le compte-rendu que je vous devais de nos travaux del'annee; trop heu- reux, niebsiiuirs, si dans racconiplissenient dece devoir, ( ;^'(^' ) une lecture si loiigue, et poiirtaiU si avare de develop- pemens, n'a point fatigue lattention que votre bien- veillance daignait ni'accoider, CONSIDERATIONS NOUVELLES SLR LES ETUDES GEOGRAPHIQUJES ET SCR I.EXl'RESSIOiS DES CARTES, Par M. lu lieutenant-colonel Dejnaix. Messieurs , Vous m'avez fait Ihonneur de me nonimer votre secretaire. Cette faveur a pour moi d'autant plus de prix. que je la dois moins a la part que j'ai prise a vos travaux qua mes publications , pulsqu'en nie rete- nant dans le cercle etroit des connaissances eleiuen- taires du domaine de I'enseignement, elles ne me per- mettent pas de vous suivre dans les hautes directions sur lesquelles se porte votre attention. Par ce fait, par I'adliesion que vous avez don nee aux jugeniens favorables emis sur nies premiers essais, cir- constances qui prouvent que vous ne negligez aucune occasion de donner des temoignages d interet a tout ce qui pent exercer une influence utile sur les progres de la geographic, il m'est permis d'esperer que je trioni- pherai des entraves que m'opposent les erremens de la routine. Deja des instituteurs engagent leurs eleves dans les voies nouvelles tracees par mes e'tudes; deja toutes les personnes donees d'un esprit eclaire et de connais- sances positives recherchent, dans I'expression physique des cartes , les ligues hydrogeiques par lesquelles se de- (3i7) finisscnt les plans tie revetement dii polyetlre terrestrc. Loin cle redouter, a ce sujet, la Iiitte que d'autres ma- nieres de voir peuvent engager, je crois utile de la pro- voquer.Je vais, dans ce dessein, avoir I'honneur de vous entretenir un moment des vues particulieres dans les- quelles je poursuis mes travaux. L'etude de la geographie,par son immense etendue, par lavarietedesobjets qu'elle embrasse, est, sans contredit, de toutes les connaissances classiques celle qui trouve le plus souvent son application dans le monde. A.ussi sen occupe-t-on des que Ion est en etat de s'adonner a des lectures dont il importe de conserver le souvenir. Consideree generalementcomme une science demots, on cherche, comme pour les langues , objets de nos premiers soins, a en fixer la nomenclature dans la me- moire, en en faisant soit un jeu , soit un exercice pra- tique presente avec plus ou moins d'attrait. Toutes ces methodes, purement elementaires , con- viennent a des eleves trop jeunes encore pour niieux ap- prendre a I'aide du raisonnement. La facilite qu'en ge- nei'al elles presentent , fait qu'on les adopte avec em- pressement, et que promptement aussi on les delaisse, les hautes etudes portant bienlot a negliger celles qu'on ne regarde plus que comme un exercice dememoire. Dans cet etat de choses, on entre en general dans le monde sans savoir la geograpbie. On y eprouve bientot le besoin de reparer , par des lectures, finsuffisance des notions elementaires. On a recours alors aux metbodes a I'usage des gens du monde ; mais le peu de fruit qu'on en retire , tant a raison des elemens variables sur les- quels se regie I'ordonnance des matieres, qu'a cause de I'exuberance des details dans la foule desquels se perd I'encbainement des circonstances physiques principales, ( 3i8 ) fait enfiii preferer les dictionnaires. C.eux-ci ne sont pour I'enseignement que rles oracles, dont les reponses sans liaisons, sans rapprochemens utiles , s'effacent du souvenir comme la pensee eventuelle qui conduit a les con suites. Les traites que nous possedons jusqu'a present ne sont done pas des ouvrages veritahlement classiques. Celui qtii, a juste titre, tient le premier rang, est le precis du celebre Malte-Brun. Apres avoir travaille avec Mentelle, a une grande geographie en seize volumes, il sentit que ce vasle repertoire etait plutot un livre de bi- bliotheque qu'une methode d'enseignenient. 11 reprit alors tous ces materiaux , les elabora, et senia son recit de tableaux synoptlques , d'elegantes descriptions qui grouperent, pour la premiere fois, des apercus phy- siques , politiques et statistiques, presentes jusqu'alors sans ordre et sans discussion. Ces innovations, et la verve feconde d'une erudition peu commune , assure - rent le succes du nouvel ouvrage. M. Balbi , I'ami et parfois le collaborateur du savant Malte-Brun , s'est , apres lui , attache a reunir en un abrege toutes les connaissances qui, a son avis, sont du domaine de I'enseignement. Get ouvrage , veritable resume encyclopedique des connaissances geographi- ques et statistiques, est, avec justice , fort accredite; car, sous ce double rapport, il contient une foule de documensprecieux que Ton chercherait vainenient dans d'autres traites. Get abrege n'avait pas encore paru, que deja, depuis plusieurs annees , je me trouvais engage dans des etudes geographlques demandees dans des vues niilitaires. A I'instar des auteurs qui ont aborde avant moi cette specialite, j'ai du coinmencer par la Geographie naturelle, celle qui decrit les formes du so! ( 3^9 ) sans aucune trace de vegetation on de vie aniniale, en- core nioins de lieux d'habitation humaine. Ces etudes devaient naturellement commencer par la division du globe en bassins, divisions que Philippe Buache a le premier redviite en systeme; divisions qui ont ete depuis reprises et developpees d'abord par M. Lacroix de I'lnstitut, ensuite par M. le chevalier Al- lent, de maniere a faire connaitre les lois que suit la distribution des eaux a la surface du globe, et les rela- tions qui subsistent entre les masses solides et liquides du spheroide terreslre. Moi qui liens a honneur de reconnaitre pour maitres en cette matiere les Bourcet, les Darcon, les Andreossy, et plus particulierement encore I'auteur du savant Essai sur les reconnaissances militaires, je ne reclame d'autre part dans cette voie de regeneration des etudes geogra- phiques,que celle d'avoir eu le courage de faire de grands sacrifices pour donner de la vie a des preceptes trop long-temps meconnus, ou regardes comme des the'ories inapplicables a un enseignement que Ion retient, par routine ou par paresse, dans les premiers erremens tra- ces dans des vues etroites pour de faibles intelligences. Presentement que ma voix a trouve de I'echo dans cette enceinte, presentement que des noms justement celebres protegent mes efforts, presentement que de jeunes eleves sont inities avec succes au nouveau mode d'exposition dont ils apprecient de plus en plus les avantages, je dirai, en laissant a chacun le merite de ses ceuvres, qu'il manque entre les livres elementaires proprement dits, ou les exercices de memoire, et les ou- vrages a I'usage des gens du monde ou les traites plus substantiels, une methode presentant dans un ordre rationnel toutes les connaissances qui a raison de leur ( 320 ) importance effective , peuvent etre considerees comnie les points de repere auxquels doit s'arretcr un ensei- gnement solide. Cest cette lacune, messieurs, que je me suis propose de remplir. Engage dans des voies nouvelles, je ne pouvais de prime abord etablir irrevocablement toutes les amelio- rations qui me seniblaient necessaires. De la j'ai hasarde mes premieres pensees sous le litre d'Essais. Des ob- jections trop faibles pour arreter ma marche me don- nant plus d'assurance, j'ai continue mes publications comme elemens progressifs d'un nouveau cours de geo- grapbie generale. Aujourd'hui que beaucoup dinstitu- teurs, qu'un grand nombre de personnes eclairees s'in- teressent vivement a la poursuite de mon entreprise, je publierai incessamment, comme elemens de geographic rationnelle, la premiere partie du texte dans lequel se developpera enfin la marche philosophique de mes etudes. Messieurs, ma tache est plus difficile et plus etendue qu'on ne pense. Je I'aurais deja abandonnee sans la pro- tection du gouvernemenl; car des lecons presentees presque entierement sur des cartes et des tableaux dune assez grande etendue, content fort chera etablir, et par cette raison sont d'un difficile ecoulemenl. En cette con- joncture, c'est aux personnes en position de favoiiser les entreprises utiles, c'est aux amis des progres, c'est aux associations philantropiques a s'emparer des moyens de repandre avec liberalite les ouvrages propres a con- courir a I'amelioration de I'enseignement. Messieurs, iivrecomme je le suis a I'etude toute particu- liere de la configuration des superficies terrestres , etude qui, par ses considerations d'ensemble, m'a conduit a etablir dune maniere positive les regies de I'analyse geo- ( ;^^t ) graphique naturelle, etude qui, renfermee dans de plus etroites limites, a revele a de savans militaires, \es pre- ceptesrepandus aujourd'huidans toute rAlleniagne sotis le nom particuJier de Theorie dii terrain. Je vous dirai avec toute la franchise quautorise une opinion qui n'est point hasardee, que les carles aiijourd'hui meme les iiiieux accreditees, ne sont pas encore presentees avec 1 expression caracteristique propre aux contrees dont elles offrent I'image. 11 ne suffit pas au merite dun ta- bleau que toutes les pai ties prises separement en soient parfaitemenl et minutieusement execulc-es, ilfaut encore que ces parties fornient un ensemble bien coordonne, et que cet ensemble ne soit rien autre que celui qu'on apercevrait en se placant au point de vue du tableau. Ce qui est present pour la representation des objets vus dans des distances assez rapprochees, n'est-i! pas ration- nellement exigible pour des cartes dont en effet les de- tails doivent s'elaguer d'autant plus que la distance men- tale entre le point d'observation et le plan de site est supposeeplus grandePCe n'est done qu'abusivement que Ion s'evertue a modeler dans la chorographie et dans la topographic generale, une infinite de reliefs accessoires au milieu desquels se perdent les traces de la confio-u- ration generale. Gette observation a lieu non-seulement pour toute I'etendue dune carle, mais nieme pour cha- cune de ses feuilles prise isolement , car dans chacune aussi, il y a des relations obligees entre le tout et ses dependances. Les comparaisons qui se font communenient entre les sites que Ton connait et ceux que Ton voit figure's, n'ont pas assez de portee pour que Ton puisse en inferer que !a meme harmonic a lieu dans tons les rapports que do- mine I'intelligence. L'unanimite des jugemens etablis de 21 ( ^^^^- ) cettenumiere, neprouvedonc rien ni cii faveuide I'oeuvre apprecie, ni contre les protestations irrefragables delaiia- lyse; elleprouveseuleiuentque d habitude on ne juge des superficies terrestres que par abstractions, et que par suite deces abstractions on regarde lavarieleinfinie des formes du globe comnie un dedale inextricable. De la on ne cherche pas du tout a se rendre raison de la liaison et de la dependance absolue des differens plans d'une carte , persuade que Ion est qu'on n'y parviendrait menie pas en explorant le terrain dont elle offre le tableau. Et en effet les cartes ne sont ni ordonnees, ni massees sui- vant les lois hydrogeiques, par la raison peremptoire que ces lois n'ont encore ete etablies avec quelques deve- loppemens que dans mon analyse naturelle de I'Europe centrale, et que leur expose n'est encore aux yeux de beaucoup de personnes qu'une methode systematique qui ne merite pas nieme d'etre contestee. Cette methode n'en jelte pas moins des germes qui deja commencent une ere nouvelle dans I'enseignement de la geograpVue et dans lexpression physique des cartes. Toutes les per- sonnes sans prevention qui ont pris la peine de s'initier a ces progres ne sont plus etonnees que de I'aveuglement dans lequel on persiste plutot par prcjuge que par motif de conviction. Quel que soil le mode adopte pour exprinier le relief du terrain, deux grands preceptes doivent regler de- sormais I'ordonnance continue des plans de configura- tion dune carte. Ces preceptes sont rapportes dans les termes suivans par M.Allent, dans son Kssai sw les re- connaissances mililaires : « Les projections ou les traces des cours d'eau sur les cartes generales sont des courbes arborifornies, dont la tige, les branches ou les ratneaux penetrent dans les ( 3.3 ) terres et dont les Ironcs sont tinis par la ligne dinter- section de la mer et des cotes. « Les cretes du bassin ou les lignes du partage des eaux y sont projetees par d'autres courbes arboritormes dont la tige, les branches ou les rameaux, souvent an- guleux, embrassent les ramifications des coiirs d'eau et dont les troncs sont unis par la chaine centrale qui tra- verse tout le contineni. » Quand une fois a I'aide de ces lignes caracleristiques, on presentera dans leur valeur relative et dans leur de'- pendance reciproque tous les plans qui dessinent les formes effectives des superficies terrestres, les descrip- tions des montagnes et des eaux, jusqu'a present rap- portees a des circonscriptions souniises a de frequentes vicissitudes, se rattacheront naturellementades demem- bremens definis de I'entier dont elles constituent les par- ties. Alors tout sera lie dans la pensee, comme tout est lie dans la nature. Alors on sentira que si par des noms on pent indiquer les relations, les analogies que les cartes permettront dorenavanl de saisir, il deviendra fa- cile de decrire nettement et dans tous leurs rapports, des circonstances physiques qui anterieurement ne se presentaient que dune maniere confuse. Ge n'est done pas par entrainement a innover que j'ai basarde une nomenclature analytique, les noms en usage pour determiner les differentes parties dun meme mas- sif de montagnes ne pouvant en aucune maniere preciser la situation, les rapports, les connexions des aretes dont les deux systemes parfaitement distincts forment les re- seaux hydiographiques et hypsograpbiques. Je mets, messieurs, sous vos yeux des cartes presentees dans I'esprit queje viens d'indiquer. Les lignes de par- tage des eaux y sont caracterisees par des nervures tra- 21. ( ^M ) cees en blanc, et les cours H'eau , coinnic a I'ordinaire, par des traits arboriforines qui se Hotaclient en noir. Les liauteui 5 relatives des reliefs y sont aussi exprimees » selon I'usage, par I'intensite plus ou moins prononcee des teintes. II n'y a par consequent dans ces cartes , d'autre innovation que celle d'une correlation continue, etablie fentre tous les reliefs par les lignes de partage des eaux. Pour faire ressortir en tous lieux ces lignes , il fallait necessairement teinter toutes les pen tes, lors nieme que leur inclinaison est absolument insensible. Mais cette necessite qui parait fausser les conventions recues, n'est, en realite, qu'une application generale d'un prin- cipe auquel on pretend, sans raison , assigner des li- mites : il n'y a de surfaces horizontales , sur le globe, que celles qui sont donnees par les niers, et par le mi- roir des eaux liquides , a I'etat de repos ; ou les eaux coulent, il y a pente; ou elles se rasseniblent , il y a cavite. Les parois de revetement du globe se partagent done dune maniere absolue en deux classes , en sur- faces horizontales et en versans. Ou les lienes d'inter- section de ces plans cessent d'etre indique'essurlcs cartes les pentes sont indefinies.Qui pent dire alors a quel bas- sin appartient tel objet ou telle position ? Ces observations me paraissent suflire pour inettre en evidence: i" que les livros elenientaires , n'ayant d'autre but que celui de fixer , dune maniere quel- conque , des noms de pays, d'etats, de lieux, dans la niemoire, les meilleurs sont ceux qui, par des exercices faits dans des vues diverses , ramenent souvent ces noms a la pensee. 2" Que les traites a I'usage des gens du nionde, sont en general surcharges de details politiques et statisti- ques qui empcchcnt de saisir les rapports qu'ont entre ( 325 ) elles les circoiistanccs physiques , mal presentees d'ail- leiirs par la coutume que Ton a cle morceler les oeuvres (le la nature , pour en assujelir les descriptions aux di- visions eventuelles donnees par les circonscriptions des etats. 3° Qu'entre ces ouvrages nianquent des etudes, dent I'enchainenient presenie dans I'ordre nieme des faits na turels, pent seul constituer Tenseignement rationnel. 4° Que I'expression physique des cartes , hien qu'en progres, est encore loin de presenter la conformation effective des contrees qu'elles embrassent, parce que les grandes explorations et les etudes du terrain se font, en general, sans aborder les considerations successives de dependance auxquelles toutes les parties dun pays sont siibordonnees. Une longue experience et des etudes consciencieuses m'ont suggere, messieurs, les reflexions que jesoumets a vos lumieres. Yeuillez les accueillir avec la l>ienveil- lance dont vous in'avez honorejusqu'a ce jour. Veuillez, dans I'interet commun de la science qui est I'objet de nos reunions , m'adresser les objections que vous juge- rez convenables. Je les recevrai avec reconnaissance , et je me ferai un devoir de signaler devant vous toutes oelles qui me dessilleront les yeux, sur mespropres er- reurs. ( 3S..6 ) APERCU O'UN VOYAGE DANS l'aMERIQUE MEUl DION ALE i)E 1826 V iSS3, l»AR ALCIDE D'oaUIONY. Protectrice nee de tout ce qui tend aux progres des sciences en general, et surtout de la science qui fait, plus specialement, I'objet de ses etudes et de ses en- couragernens, la Sociele de Geographic a daigne penser qu'un expose de mes courses et de mes decouvertes en des contrees dont plusieurs sont encore totalement in- connues , ne serait pas sans interet pour elle et pour I'auditoire que rassemble, aujouid hui, dans cette en- ceinte, une de ces interessantes solennites , dont le programme pique toujours, a si juste titre, la curiosite pul)li(jue. Quel({ue flatte que je fusse de son appel, si je n'avais cousulte que mes forces, j'aurais pu craindre d'y repondre; mais, confiant en son indulgence, en Tin- dulgence de Ihomme distingue qui la preside en ce jour, et non nioins snr de celle dun public qui mesure, sur ses voeux seuls pour I avancenient des sciences, la faveur quit accorde a leurs amis, mon zele me soutien- dra dans I'acquit d'une tache difficile, Je dirai ce que j'ai vu, sans jamais viser a I'effet , convaincu que la ve- rite, !a simplicite, qui furent toujours les premieres vertus d'uii voyageur, sont aussi , plus que jamais, au ( 3.7 ) siecle ou nous vivons, le premier gage de ses succes et le plus siir garant de sa gloire. La Societe, sans doute , a deja senti qu'aux termes meme de ses reglemens, le pen d'instans qui ni'est ac- corde ne me permet de lui offrir qu'une esquisse des plus rapides de mes explorations transatlantiques dans le cours de huit annees. La Societe sait , d'ailleurs, qw'une vaste publication qui se prepare, sous les aus- pices d'un ministre , ami des sciences, renfermera tous les details de I'expedition , sous tous ses rapports his- toriques , geographiques , ethnologiques et d'histoire naturelle. Je croirai done avoir, en ce moment, re- pondu au voeu do la Societe et rempli la tiiche quelle m'impose, sije parviens a repandre quelque interetsur les principales etapes de cette longue campagne scien- tifique d'un jeune audacieux, que son amour pour la science et pour la patrie ont arraclie de ses foyers , et que la providence y ramene , heureux et fier de pou- voir deposer , a leurs pieds , les premiers tributs de ses efforts. Parti de Brest en juin, 1826, en qualite de natura- liste voyageur , avec la mission d'explorer les etats de Buenos- Ayres, du Chili et du Perou , sous les divers points de vue de Ihistoire naturelle et de ses applica- tions , j'arrivai a Rio de Janeiro, au commencement du inois d'aout de la meiue annee. J'epargne a mes auditeurs Ihistoire de mon sejour au Bresil et meme a Montevideo, ou une observation ba- rometrique, prise par des officiers ignorans , pour iin levedu pays , hostile aux interets des occupans, faillit compromettre tout I'avenir de ma mission, en ne me permettant de poursuivre mon voyage et de me rendre a iUienos-Ayres, qu en Janvier, 1827. Je ne sejournai ( 328 ) que quelques jours d;tiis cetle deniiere villo , enipresse de m'embarquer sui la riviere du Parana, pour gagner les frontieres du Paraguay. Je remontai cctte immense riviere sur une etendue de plus de trois cent cinquante lieues. A cette distance de son embouchure, ses eaux. majeslueuses coulent encore dans un lit de pres d'une lieiie de largeur ; ses Lords et les lies nombreuses dont ii est seme , s'ornent de vastes forels ou les e'le'sans palmiers viennent entrelacer leur leger f'euillage a celui de mille autres arbres de tout genre, le plus souvent couverts de lianes, dont les fleurs, au printemps, email- lent de pourpre t,t dor, ces guirlandes naturelles. J'eus lieu de reconnaitre, des-lors, rombien sont in- fideles nos cartes les plus accreditees de cette partie de la republique argentine, surtout en ce qui concerne la grande lagune d'Ibera , dont elles doublent gratuite- ment I'etendue, et qu'elles reportent, d'ailleurs , d'un degre trop a I'ouest ; sans parler de plusieurs rivieres , telles que celles de Corrientes, de Bateles et de Sainte- Lucie, dont le cours y est trace tout-a-fait a faux ; er- reurs, que mes observations personnelles et les lumieres que j'ai dues a M. Parchappe, savant aussi modeste que distingue, m'ont permis de corriger sur mes cartes, avec beaucoiip d'autres non moins graves. Dans ce voyage, qui ne se prolongea pas moins d'une annee, j'ai parcouru succossivement les provinces de Corrientes et des Missions; et, apres avoir penetre au milieu des hordes sauvages qui pcuplont le jrrand Cha- co, et dont j'ai pu observer de pres les mocurs diverses, en vivant presque toujours de leur vie, je suis rentre sur le terrain de la civilisation europeenne par les pro- vinces d'Entre-rio3 et de Santa-fe. De retour a Ikienus-Ayres, le.s guerrcs intestines qui ( 329 ) dechiraient 1 etat, depuis la signature de la paix avec les Bi'esiliens, me niettant dans rimpossibilite de traverser sans danger le continent, pour me rendre , par terre , au Chili ou au Perou, je me decidai a partir pour la Pa- tagonie, cette terre mysterieuse, ou sipeu d'Europeens peuvent se vanter d'avoir vecu , et dont le nom seul avait encore quelque chose de magique. Je m'y rendis par mer, a la fin de 1828, et j'y sejournai huit mois. Mes recherches s'y fireni d'abord assez paisiblement, quelque penible qu'il soit de parcourir un paysdes plus arides , ou le manque d'eau se fait sentir a chaque pas, au sein de deserts uniformes et sans fin ; mais les In- diens cesserent bientol de vivre en bonne intelligence avec les colons. Les nations Puelches , yVucas et Te- huelches ou Patagons, tout-a-coup insurgees, sans mo- tif connu, se coaliserent contre la colonie naissante du Carmen, sur le Rio-Negro, ou je m'etais refugie, des les premieres attaques; et je fus obhge de me joindre momentanement aux habitans, pour contribuer a la de- fense commune. Independamment de plusieurs observations iniporlan- tessuria geologic du pays, dont les formations presentent une analogic frappante avec celles du bassin de Paris , j ai recueiili bon nombre d'ubservations curieuses sur les trois nations indigenes de ces parties australes. Le gigantesque fantome de ces fameux Patagons de sept a huit pieds de haut, decrit par leg anciens voya- geurs, s'est evanoui pour moi, J ai vu la des hommes, encore tres grands, sans doute, comparativement aux autres races americaines, mais qui, pourtant, n'ont rien d'extraordinaire, meme pour nous; car, sur plus de six cents individus observes, le plus grand nombre n'a- vait que cinq pieds onze poures de France, et je crois ( S5o ) pouvoir evaluer leur taille nioyenne a cinq piecis qiiatre pouces. Peut-etre la inaniere clont ils se drapent, avec de grandes pieces de fourrure, expliquerait-clle I'an- cienne erreur. Dans tous les cas, nul doute que mes Patagons ne soienl la nation qu'ont vue les premiers navigateurs ; car eux -memes m'ont assure qii'ils faisaient, tous les ans, des voyages aux cotes du sud , et qu'ils ne connaissaient, a la pointe de I'Anierique, d autre nation que celle qui habite la Terre de Feu. Qui le croirait? Temoin de leurs ceremonies religieu- ses, J'ai retrouve, chez plusieurs de ces hordes les plus sauvages, des images, grossieres il est vrai, mais pour- tant fideles, des rites si poetiques des anciens Grecs. J'ai vu leur Pythie , au milieu des plaines, entouree dun vaste cercle dindieus silencieux , leur interpreter, I'oeil en feu , les oracles du Gualichu (genie du mal et du bien), et leur prophetiser des victoires. J'ai vu des pu- rifications superstitieuses celebrer, dans chaque t'amille, 1 instant marque par la nature pour la puberte des jeunes Indiennesj j'ai, comme chez quelques autres peuples, vu massacrer, sur la tombe dun Patagon. tous les ani- maux qui lui avaient appartenu pendant sa vie; bruler les v^temens de loute sa tamiile; et sa veuve , barbouil- lee de noir, attendre , avec ses enfans denues de tout, que quelques parens daignassent lui jeter les lambeaux qui doivent la couvrir; faits qui, tous, avec beaucoup d'autres, ne paraitront sans doute pas inditterens aux moralistes et aux philosophes, jaloux de recueilUr, sur toute la surface du globe , les traits distinctits de I'hu- manite, sous quelque forme qu'ils se presentent. Revenu pour la seconde fois a Buenos-Ayres , je re- trouvai le pays dans I'anarchie la plus complete; et I'ini- possibilite bien reconnue de gagner le Chili par le con- ( 33i ) tinent, me cletermina a my rendre en doublant le Cap Horn. A peine arrive au Chili, au commencement de i83o, la guerre civile, non moins animee qu a Buenos- Ayres, me fit prendre le parti de tenter un voyage dans la Bolivia (ancien Haut-Perou ), ou tout devait me faire esperer, de la part du gouvernement, une bonne recep- tion et des moyens de poursuivre mes voyages. Cobija, le port actuel de Bolivia, m'offrit j'aspect imposant des chaines volcaniques dont il se couronne ; puis je debarquai a Arica , republique du Perou , ou je commencai mes voyages par terre. J'observai d'abord le versant occidental des Andes. La suite d'un sol aride, sablonneux, ne m'y offrit que de la geologie. La nature , en ces lieux , n'a rien fait pour embeliir les vallees : tout y est I'ouvrage de I'art; et si , parmi ces deserts de sable, I'oeil se repose, par inter- valles, sur un terrain plante d'oliviers, de figuiers, de grenadiers et de bananiers, I'eclat de cette vegetation f'aclice n'est du qua Taction eombinee de mille canaux qui, a des jours et a des heures fixes, viennent lui don- ner ou lui rendre la vie. Telle est toute la partie du Pe- rou situee it I'ouest des Andes. Je gravis ensuita, par des ravins affreux, le sommet des Andes. La , bien loin de rencontrer une seule crete ressemblant a celles que representent les cartes, je me trouvai sur un immense plateau ou selevent, de dis- tance en distance, des montagnes volcaniques qui n'af- fectentaucune direction suivie. La, partout, une nature aride, une secheresse affreuse etune rarefaction de lair, telle que je men sentis tres douloureusement affecte. J'arrivai sur le versant oppose du plateau, que mar- quait une chaine intermediaire entre le plateau particu- lier des Andes et le plaliau general des Cordilleres. IJne ( 33-i ) vuc admiiable se de veloppait, la , de toutes parts , ii nies yeiix : a I'ouest et au sud-ouest, les sominets imposans du plateau des Andes j au nord-est, la Cordillere orien- tale, plus haute encore et plus continue ; et des polntes dechirees, couvertes de neige, seniblant shuniilier de- vant niimani et le Sorata , ces geans des Alpes ameri- caines, qui doniinent de leurs fronts orgueilleux la re- gion des hivers eternels. Je descendis ensuite sur un autre plateau qui est en- core a pres de douze niille pieds au-dessus du niveau de la mer. Ce plateau separe les Andes de la Cordillere que j'appelle orieiitale. L'espace compris entre ces deux chaines principales peut etre de trente lieues, et con- serve le meme aspect. C'est sur cet immense plateau , forteteiidu au nord et au sud , que se trouvent les plus noinbreuses populations de Bolivia et du Perou; ce qui tient, sans doute, au grand nonibre de llamas et d'alpa- cas qu'il nourrit. C'est aussi sur ce plateau remarquable que s'etend I'immense lac de Titicaca , si fanieux par les anciens temples du soleil et de la lune, ouvrage des In- cas, dans les lies dont il est seme. Plus tard, j'ai par- couru, dans tout leur developpement, les rives escar- pees de ce nieme lac , si riches en souvenirs de 1 histoire ancienne du Perou. Ce plateau , et surtout les environs de la Paz, turent, pendant quelque temps , le theatre de mes recherches. J'ai corrige, sur le gisement de cetle ville, une grave erreur consacree par toutes les cartes, sans menic en excepter celles de Brue, bien qu'assurement les moins fautives pour I'Amerique. La Paz n'est pas situee sur le versant oriental de la chaine, mais dans un inmiense ra- vin du sud-ouest de la cordillere, sur le grand plateau. Au commencement de )uillet,i83o, toujours marchant ( 333 ) • a Test, je gravis le sommet de la Cordillere orientale; et la s'offrirent a mes yeiix, dun cote les nionta»nes arides du grand plateau, ou le ciel , pendant neuf mois de I'annee, garde invariablement la meme purete; de I'autre , des niiages amonceles, toujorns se inaintenant a quelques niille pieds au-dessous du lieu de mon ob- servation, et qu'on prendrait pour les flots d'une mer en furie, quand ils se heurlent centre les pointes abruptes des niontagnes; penetres, d'ailleurs, de loin en loin, par les points culminans de quelques pics qui figurent assez bien des lies; niais, que ces nuages viennent a laisser cntre eux quelques intervalles, I'oeil , alors, tout dun coup, plonge dans une profondeur immense sur les pics converts de bois qui couronnent les chaines paralleles. 11 est plus facile de sentir que de rendre la sublimite dun tel spectacle. Ces nuages, de plus, determinent une zone distincte, et signalent, pour les parties inferieures , le commence- ment d'une vegetation comparable, a tons egards, a la vegetation la plus riche et la plus variee de la zone tropicale. Je m'avancai jusqu'aux niontagnes dechirees qui for- nient le versant oriental de cette chaine, descendant al- ternativement du lit des rivieres au sommet des chaines; et, dans ce long et penible voyage, j'ai reconnu qu'aucun des immenses et nombrcux torrens de ce versant ne sont marques sur les cartes, et qu'une confusion des plus grandes, ou des espaces entierement vides, y tiennent, le plus souvent, lieu des accidens varies dont est rempli le pays entier. Ces lieux reproduisent , mais avec plus de luxe encore, la pompeuse vegetation des environs de Rio de Janeiro; une humidite chaude y couvre de plantes magnifiques meme les rocliers les plus escarpes. ( 334) Je reraontai, pies de Gochabamba, la mcine Corclillere; et suivis line longue serie de montagncs arides dont la pente m'amena dans les belles plaines l)oisees on se trouve la ville de Santa Cruz de la Sierra. Cet intervalle de cent vingt lieues est aussi peu connu que le rcste. J ai passe de grandes rivieres qui n'existeiit pas sur les cartes , et les systeines de versans my paraissent sur- tout des plus faux. J etais deja a trois cents lieues de la mer; niais, vou« lant connaitre aussi les lieux peuples seulement par les indigenes, je resolus de penetrer plus avant dans I'inte- rieur des terres habilees; et, a la fin de la .saison des pluies, qui interronipt toute communication, je ropris ma marche vers Test, en traversant une toret dont I'c- pais f'euillage couvre une etendue de plus de soixante lieues de largeur, est et ouest, et dans laquelle on cher- cherait vainement d'autres botes que les jaguars ou tigres d'Amerique. J'arrivai ainsi dans la province de Chiquitos, que je parcounis en tous sens, jusqu'a la ri- viere du Paraguay et a la ville de Mato-Grosso du Bresil. La province de Chiquitos a plus de douze mille lieues de superficie. J'y ai trouve, sinon dans toute sa splen- deur passee, du moins encore intact dans ses formes et avec tous ses caracteres primitifs, le gouvernement qu'y avaient jadis etabli les jesuites, gouvernement encore inconnu et bien nial apprecie, malgre tons les ecrits dont il a ete I'objet, et qui sut, par une patience dont il serait difficile de se faire une idee, reunir et rallier en dix villages , sous les memes lois et sous 1 empire dun idiome idenlique, dix-sept nations bien distinctes, par- lant chacniie une langue differente. Les Chiquitos, chretiens seulement de nom, ont conserve la plnpart de leurs anciennes superstitions. II ( 335 ) est curieux den voir les souvenirs se nieler, le plus innocemment du nionde , aux ceremonies les plus aus- teres du culte catholique. J'ai ete frappe du contraste de gaite et d'insouciance qui les distingue des taciturnes habitans du grand Cha- CO, non moins que de ['extreme bizarrerie de quelques- uns de leurs jeux nationaux , et entre autres, dune es- pece de jeu de paume qui s'execute avec la tete, sans le secours des mains. Une singularite des plus piquantes, et caracteristique dune des langues du pays, c'est que la pluparl des substanlifs se designent par un mot different, en raison du sexe de la persoune qui parle. Au milieu de ces vastes et sonibres forets, qui sepa- rent les immenses provinces de Chiquitos etdeMoxos, dans un vaste territoire marque comme inconnu sur nos meilleures cartes, coulc une riviere egalement ignoree, quoique navigable, et dont les bords, enrichis dune vegetation aussi active que brillante, sont habites par une nation de celles que nousappelons sauvages, nation aussi inconnue en Europe que le sol quelle foule, mais qui n'en pourrait pas moins servir de modele a beau- coup de peuples civilises. Ce sont mes chers Guarayos, realisant en effet, en Amerique , par une bospitalite franche et loyale, par les moeurs simples des temps pri~ mitifs, le reve poetique de I'age d'or. Chez ces honimes de la nature, que I'envie ne tourmente jamais, le vol, non plus, n'a pas penetre; le vol, cette plaie morale des civilisations les plus grossieres comme les plus par- faites; le vol, regarde pres(|ue comme une vertu par leurs plus proches voisins, les Chiquitos j et, au milieu meme des missions , ou la corruption des moeurs est a son comble, on aime a retrouver chez leurs femmes une ( 336 ) piuleur, line conduite exeniptc de reproches. La, j'ai vu de respectables vieillards a longue barbe, caractere sin- gnlier parnii les races anK'ricaines, qui sont generale- menl imberbes; vrais patriarcbes dn desert, vetiis dime loTigue robe, faite de I'ecorce des arbres de leurs forets. Bien different des serviles neophytes des missions des jesuites , qui ne parlent que le front baisse vers la terre et les bras croises sur la poitrine, le Guarayo, fier de la liberie dont il jouit, marche la tete haute, se presente avec assurance, et, tout en vous traitant oomme son egal, se regarde conime bien superieur aux autres In- diens, quil nieprise parce qu ils sont voleurs ! Aussi prevenans que fiers, les chefs de cette noble nation ve- naient tons les jours interroger mes voeux pour les prevenir. J'ai vu toutes leurs ceremonies religieuses; je les ai entendus, dans leurs hymnes sjlennelles enricbies da- mages riantes et gracieuses , inviter les oiseaux d'alen- tour a venir egayer le feuillage, et prier les fleurs de s'epanouir, pour feter avec plus d'eclat le tamoi (le grand pere), leur dieu bienfaisant, qu'iU adorent sans le craindre, parce quil preside a I'abondance des re- coltes sans jamais punir les cultivateurs. Dans I'immense province de Moxos, au nord-est du HautPerou, plus de coUines granitiques, plus de gres comme dans Chiquitos; mais bien des terrains extreme- ment plats, en partie inondes par un dedale de rivieres. La vivent, divises en dix nations distinctes et parlant des langues diverses , des peuples, tons navigateurs, qui connaissent parfaitement les moindres detours de leurs canaux naturels , journellement parcourus deux sur de iongues pirogues formees dun seul tronc d'arbre creuse par le fer et par le feu j je les ai souvent employees (337 ) flans ines reconnaissances cle la province entiere, el je leur dois les materiaiix tlune refonte integrale des cartes de cetle partie du sol aniericain. De Moxos, qui conserve la temperature chaude et humide de sa latitude, je voulus remonter au sommet de laCordJllere orientate, afin de parcourir successive- nient, jusqu'aux neiges, les differentes zones dhabita- tion des plantes et des animaux. Je remontai alors In Rio-Chapare, jusqu'au pied des derniers contreforts des Andes, ou vivent les Yuracares. La, au sein des f'orets les plus belles du monde, ou, a la hauteur de deux ou trois cents pieds au-dessus du sol , les rameaux d'arbres inimeiises viennent s'enlacer en voiites de verdure im- penetrable aux rayons du soleil, au-dessus de palmiers gigantesques eux-niemes, protegeant a leur tour une vegetation des plus elegantes et des plus varices; la, parmi ces tableaux de I'aspect le plus niajestueux, I'homnie sauvage s'est cru I'etre le plus heureux et le plus privilegie; ses idees ont grand! avec la nature. Les Yuracares, en effet, possedent une histoire sacree assez etendue et reniplie des idees les plus originales sur la creation du monde et sur I'origine des nations , le tout mele de fictions les plus gracieuses , souvent analogues a celles du riant polytheisme des Grecs. Ainsi, par exernple, une jeune fdle parvenue a I'age des passions, reve seule,an sein des vastes forets; elle s'y plaint a I'echo des bois du malheur de sa solitude. Son ceil s'y fixe avec attendrissement sur un bel arbre charge de fleurs purpurines. S'il etait homme , elle I'ai ■ merait La jeune fillo pleure, soupire, attend , es- pere Elle espere, et ce nest pas en vain.... L'amour lui devait iin prodige : I'arbre devint homnie; il devint homnie, et la jeune fille est luMU'cuse. 22 ( 338 ) Ces Yuracares, doues d'une imaginaliun si exallee , ii'ont pas moins d'orgueil que d'exaltation. lis menaceiit le ciel de leurs fleches, quaiid il tonne, bravant ainsi jusqu'a la divinite. Ma ciiriosite etait encore bien loin d'etre satisfaitej et , des lieux que je viens de decrire, on meat vu m"e- lever, bientot apres , de ravin en ravin, jusqu'a Coclia- baniba , passant lour-a-tour d'une zone torride a uue zone temperee , et de cette derniere a celle des neiges. Je ne tardai pas a revenir a Moxos, me frayant un che- niin sur un autre point du versant de la Cordillere orientale, dans le but de verifier nies premieres obser- vations et de reconnailre le point de partage du grand versant du Rio-Beni et du Mamore, fait important pour la geographic. De Moxos je revins a Santa-Cruz, et de Santa-Cruz je passai a Cliuquisaca, capitale do Bolivia, distante de cette ville de cent trentesix lieues. Je revins ensuite a la Paz , apres avoir visile Potosi , lieu dont la richesse est proverbiale j et de la Paz enfin, repassant pour la derniere fois la Cordillere des Andes, apres avoir explore trois ans toutes les parties de la re- publique de Bolivia, je me trouvai sur la cote du Perou, oil je ni'embarquai le n5 jiiillet,! 833, pour la France, en passant par les ports d'Arequipa, de Lima el du Chili. Dans cette absence de huit annees, j'ai parcouru qua- torze millesept cent qualre-vingts lieues, y compris mes voyages par tcrre, sur les rivieres et par mer , ct j ai vu lAmerique meridionale en sens divers, du 1 1" au 4'^*^ degre de latitude australe. (339) COMPTE- RENDU DES RECETTES ET DEFENSES DE LA SOCIETE pendant Vexercice i833-i834. RECETTES. Reliquat du compte de i832-i833j interels des Ibnds places; montant des souscriptions renouvelees <'t des diplomes delivres aux nouveaux membres ; sous- cription du roi et fondation du prix de S. A. R. le due (I Orleans; vente du recueil des Menioires et du Bul- letin 12,198 f. 78 c. DEFENSES. Frais d'administration, d'agence, de loyer; impression du Bulletin; nion- tant des prix decernes en i834; achat d'une inscription de 100 fr. de rente 5 pour 0^0 pour le prix de S. A. R. le due d'Orleans 10,761 >- En caisse le 28 novembre i834. ^A^l 7^ Deux placemens representant un capital de i5,ooo » Total de I'actif 16,437 f. 78 c. Certifie par le Tresorier de la Societe et approuve par V asseinhUe generale^ Paris, le ?.8 novembre i834. Signe Chapellier. ( 34o ) PROCES-VERBAL ©« l'aSSEMBLEE CENERALE do 28 NOVEMBRE l834. La Societe Je Geographic a tenu sa (leuxieine assem- blee generale tie i834, le vendredi 28 novemhre , clans une des salles de I'Horel-de-Ville, sous la presidence de M. le comte de Montalivet, pair de France. M. le President ouvre la seance par un discours dans- tequel il signale les genereux encourageniens que la So- ciete accorde aux decouvertes geograpliiques. Rappe- lant ensuite des travaux non moins utiles, il ia felicite de ses premiers efforts pour obtenir la description phy- sique , la carte hydrographique et le nivellenient gene- ral de la France. Le temps est propice, dit-il, pour re- prendre I'execution de cette grande entreprise, et hi Societe doit compter sur Tempressement du gouverne- ment a lui faciliter les moyens datteindre un but aussi utile. M. le president annonce que S. M. et S. A. R. le due d'Orleans , qui portent un vif interet aux sciences geographiques et aux travaux de la Societe , veident bien consacrer un nouvel encouragement aux publica- tions dont elle a deja rassemble les elemens. M. de Mon- talivet se felicite de devoir au choix de la Societe de pouvoir lui Iransmettre ces temoignages de haute bien- veillance. M. le colonel Denaix, secretaire de la Societe, donne lecture du proces-verbal de la derniere assend)lec eene- rale. — La redaition en est adoptee. ( 34i ) M. le Secretaire lit une lettre de M. le general Pelet, qui annonce I'envoi des nouvelles publications du De- pot de la guerre, et il communique la liste des divers ouvrages offerts a la Societe. — L'assemblee vote des remercimens aux donateurs , et ordonne le depot de leurs ouvrages a la bibliotheque. M. le President proclame les noms des candidats pre- sentes pour etre admls dans la Societe. M. Jomard, president de la Commission centrale, de- pose sur le bureau la premiere partie du quatrienie vo- lume des Memoires de la Societe, composee de la Be- lation d'un voyage fait dans I'lnde, au quatorzieme §iecle; de la relation inedite dun voyage fait a Taiti, en 1774 j et de plusieurs vocabulaires de I'Afrique septen- trionale et orientale. M. d'Avezac, secretaire general de la Commission centrale , presente la notice annuelle des travaux de la Societe. Apres avoir determine quelle est la veritable etendue du doniaine de la geograpbie, il passe en revue les diverses parties du champ que les efforts de la So- ciete tendent a feconder , et les puissans auxiliaires qu'elle a nouvellement acquis pour remplir cette noble tacbe; il montre combien de sources diverses affluent spontanement au centre commun que leur offre la So- ciete de Geograpbie, et il fait connaitre avec precision tous les progres que I'association a obtenus ou consta- tes dans le cours de I'annee qui s'acheve j il signale les travaux geographiques les plus importans, et expose les re'sultats des explorations les plus recentesj enume- rant ensuiie les encouragemens que la Societe a distri- bues et ceux qu'elle met au concours, il excite I'interet de l'assemblee par le tableau des efforts que les res- sources de I'association lui ont permis de faire, pour at- ( 342 ) teindre le hut de son institution; et il fonde, sur les re- sultats obtenus, un flatteur espoir de succes plus re- marqiiables encore. M. le lieutenant-colonel Denaix remorcie la Societe de ITionneur qu'elle lui a fait en le nonimant son secretaire. II doit moins, dit-il , cette distinction a la part qu'il a prise a ses travaux, qua la perseverance avec laquelle il poursuit le grand ouvrage dont il s'occupe, tant pour la regeneration de I'enseignement de la geographie, que pour rameiioration de I'expression physique des cartes. M. Denaix fait reniarquer rapidement, en payant toute- fois un tribut d'homniages aux oeuvres de MM. Malte- Brun et Balbi , que le peu d'instruction que Ton retire en gene'ral des livres elenientaires et des traites a I'usage des gens du monde, I'a engage a s'ocouper d'un ouvrage propie a Xenseignement normal. II expose a ce sujet qu'elles sont ses vues, et prie les meaibres de la Societe de vouloir bien lui faire part de leurs objections. L'Assemblee entend avec un vif interet un apercu de M. d'Orbigny, sur le voyage qu'il vient d'executer dans I'Amerique nieridionale, de 1826 a i833 , avec la mis- sion d'explorer les etats de Buenos-Ayres, du Chili , du Perou, de Bolivia et la Patagonie. II signale des traits de nioeurs tres caracteristiqnes et inconnus jusqu'au- jourd'hui. Dans une absence de huit annees, M. d'Orbi- gny a parcouru pres de quinze mille lieues , tant par terre, que sur les rivieres de I'interieur, et sur les dil- ferentes mers; enfin, il a visite I'Amerique nieridionale en sens divers, du 11° au 43" degre' de latitude aus- trale. M. Chapellier , tresorier, presente le compte-rendu des recettes et depenses de la Societe , pour Vexercice annuel i833-i834. ( 343 ) M. le I'lesidoiit lappelle a MM. les meniljies que iii Bibliolhetine leur est ouverte tons les jours , de onze heures a quatre , et que les seances de la Cominissloii centrale ont lieu au local de la Societe , les premier et troisienie vendredi de chaque mois. On procede au depouillement du scrutin pour la no- mination de quatre menibres de la commission centrale; M. le President proclame les noms de MM, Denaix , lieutenant-colonel au corps royal d'etat-niajor, Boblaye, capitaine au meme corps; Berard , lieutenant de vais- seau de la marine royale ; et d Orbigny , voyageur- naturaliste du Museum d'histoire naturelle. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance generate du 28 novemhre i834. M. Ernest de Blosseville. M. BouRiAT, membre de I'Academie de niedecine. M. HuzARD , membre de i'lnstitut. M. Alcide d'Orrigny, voyageur-naturaliste. M. le lieutenant-general baron Pelet, directeur du Depot general de la guerre. OUVRAGES OFFEUTS A LA SOCIETTK. Seance generate du 28 novemhre. Par M. le directeur du Depot general de la guerre : Novvelle carte de France, 12 feuilles ; Ghalons-sur- Marne, Lauterbourg, le Havre, Longwy, Montreuil , Provins, Bethel, Saint-Valery-en-Caux, Sarreguemines, ( M4 ) Sierck, Soissons, Weissembourg. — Carfe generale des principaiicn etats de I Europe, 4 feu i lies , 1 832. — Carte de la Moree, retligee et gravee an Depot general tie la guerre, d'apres la triangulation et les levcs executes en 1829, i83o et i83i , par les officiers d'ctat-inajor atta- ches au corps d'occupatiou, etc.; 8 f'euilles. — Carte (In territoire d" Alger, dressee au Depot general de la guerre, d'apres les leves de MM. les officiers detat- major , employes a Tarniee d'Afrique. Paris, i834: 1 feuille. — Carte des etunrons d' Oran et de Mers-el- Kebir, dressee au Depot general de la guerre, d'apres les leves de MM. les officiers detat-niajor , employes a I'armee d'Afrique. Paris, i834; i feuille. Par M. le ministre de la marine : Voyage de P Astro- labe : philologie, tome i"", 2° partie ; zoologie, 3o, 3i , 32, 33, 34 et 35" livraisons, et tome iii, 2<^ partie; t. iv, i" et a* partie; botanique, lo^ livraison et 2' partie du texte. — Voyage de la Favorite: atlas hydrograpliique. Paris, i833, I volume in-folio, et 8* et 9*= livraisons de I'Album bistoriqup. Par M. Artbus-BertraTid : Voyages en Arable, con te- nant la description des parties du Hedjaz , regardi-es comme sacrees par les musulmans, celle des villes de la Merque et de Medinc, etc., suivis de notions sur les moeurs, les coulumes el les usages des Arabes seden- taires, et des Arabes scenites ou Bedouins, etc.; tra- duits de I'anglais dti J.-L. Jiurckardt, par J.-B. Eyries, 3 vol. in-8". - Guide des emigrans francais aux Etats- Llnis, brocbure in-8". Par M. Piban de la Forest: Essai sur la vie et les ou- trages de M. S.-F. Sc/iu'll. Paris, i834; i vol. in-S\ i- ,• . •■■■■( \.Ti ■ » \ de Gepgraphie. (a) 1 5 1 1 . /iu/A^tm f/e /a • 'hcte/c i/e i'COi/r,ip/u>-' 7'Srrif f- ufiMludc k I'Oceidciit du Mcndipii Av rObscr%aloii'o i-o\ .\I Jo I'.i BULLETIN UK LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. DliCEMBRE l834. PRDMIERE SECTION, MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. SUITE DBS MEMOIRES LUS .4. LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE SUR LA DECOUVERTE ET LA RECONNAISSANCE DES COTES d'aMERIQUE (l), Par M. Roux de Rocheme. COTES OCCIDENTALES. Vasco Nunez de Balboa, conquerant du Darien , ap-< prit des naturels du pays que, du haut d'une monta- gne, on decouvrait a I'occident une nier immense, et il se rendit (2), avec cent quatre-vingt-dix Espagnols et une escorte d'Indiens , au pied des Cordilleres. On les gravit avec des dilficultes inouiesj on eut a livrer plu- (i) Voyez dans le nieme volume le n" 7 du Bulletin de la Societe de Gepgraphie. (2) i5ii. '. 23 ( M6 ) sieurs combats aux liabitans, et il ue restait a Balboa, (jue soixaiitc'-sepi liommes en etat tie le suivre , lo?s- qu'il atteignit eiifin le dernier somniet , et (lecouvrit Tocean Pacilique (i). A cette vue, il tonibe a genoux , rend graces a Dieu d'etre le premier Eiiropeen aiiquel il soit accorde de faire cette grande decouverte, ap- pelle tout le monde a temoin qii'il prend possession de cette mer , de ses lies et des terres environnantes, au nom du soiiverain de Castille , et fait dresser par uii notaire cet acte d'occupation , que les Espagnols reve- tent aussi de leurs signatures. Le guerrier descendit ensuite la pente occidenlale des Cordilleres , eut d'au- tres engagemens avec les Indiens, s avanca vers la plage de rOcean , y entra jusqu'aux genoux, et deployant sa banniere , ou etaient peintes les amies de Leon et de Castille, il renouvela sa prise de possession. Le golfe ou Ton etait parvenu, recut le nom de golfe de Saint-Michel ; Balboa niit a la voile dans 1 Ocean qu'il avait decouvert , visita quelques parties de la cote durant cette expedition , et en entreprit une nouvelle, plusieurs annccs apres (2), avec quatre brigantins.donl toutes les pieces avaient ete preparees dans le golfe du Mexique , et transportees ensuite dune mer a I'autre, a travers I'isthmc du Darien. La premiere croisiere de Balboa fut dirigee vers le groupe des lies des Perlesj il reconnut bientot apres ([uelques parties du continent , et il se proposait d'e- lendre plus ati niidi ses decouvertes, lorsqu il fut rap- pele par Pedrarias, gouverneur du Darien, qui, dans s;i jalouse liaine, laccusa de rtibellion pour le pen! re , et le (it decapiter. ( i) afi septcml)re i5 i 3. (a) i5«C. ( Ml ) Francois Pizarre avail suivi Balboa dans son expt-tii- lion; ce tut ensuite hii qui rarit'-t:) , el ce memo guer- rier fit, quelques annees apres, la decouverte et la tou- quete du Perou Nous n'avons point a rappeler ici les circonstances de cette memorable expedition, et il nous sutfit de faire observer quelle donna lieu de recon- naitresuccessivement toules les parlies de cette contree, oil les villes de Quito et de Cusco , residences royales des deux branches de la famille des Incas, furent promp- tement occupees par les conquerans, et oil Ton vil ra- pidement s'elever , sur les debris de lempire peruvien , de nombreuses colonies europeennes attirees par lor du Nouveau- Monde. L'expedition d'Almagro dans le Chili , oil il penetra a travers les Andes, donna aux Europeens de premieres notions sur eelte contree j mais elle ne put etre explo- ree avec soin, que lorsque Valdivia en eut fait la con- quete (i). San Yago en devint la capitale, et on lui donna pour port Val-Paraiso, ainsi nomme de I'aspect enchanteur des vallees voisines. La navigation etait le plus si'ir moyen d'etahlir les communications habituelles du Perou avec le Chili; elle fut d'abord suivie Ires pres des cotes, et elle permit de reconnaitre , dune maniere continue , de longues lignes de rivages. La forme de ces cotes occidentales fut ainsi delerminee : elle le fut jus- qu'au detroit de Magellan, qui etait alors la seiile route des navigateurs europeens. On avail embrassetous les ri- vages de I'Amerique du sud : sa configuration generale etait a-peu-pres tracee ; et si elle etait encore inexacle, du nioins les navigateurs du seiziemesiecle avaientfait tout ce que Ton pouvail allendre deux; vu I'etat d'imper- (i) i5/lo, 23, ( 348 ) fection oii se trouvaient les sciences , les inslrumens el I'ai'l i\u calcul. On suivit penilant un siecle le detroit de Magellan , decouvert en iSao. La teire de Pen, qui le borne au niidi , etait regardee conuue une pointe avancee de cet immense continent austral , dont tousles anciens geo- graphes supposaient I'existence ; et ce ne tut qu'en 1617 , que Schouteii et Lemaire , se dirigeant plus au sud pour trouver un autre passage, traverserent entre la terre des Etats et la terre de Feu, le vaste detroitau- ciuel Lemaire a donne son noni. Toutes les cartes ante- A rieures a cette dt^rniere decouverte, assignent aux terres australes la eirconfereiice entiere du globe : elles en suivent les sinuosites , et elies en tracent les limites en- tre le 55' et le 65° degre de latitude 5 limites imagi- naires, que les navigateurs plus recens ont sans cesse reculees vers le sud, a mesure qu'ils ont tente des ex- peditions plus aventureuses, ou que les perfectionne- mens de la science, el le desir de prolonger les decou- vertes , les ont entraines loin des traces de leurs devan- ciers. Avant que los rives occidentales de I'Amerique du sud eussent ete entieremenl reconnues, la conquete du Mcxique avait deja permis de commencer et d'etendre vers le nord plusieurs series de decouvertes. Cortez en- voya (i) quelques detachemens sur differens points de ce littoral , afin d'en prendre possession ; et les navires qu'il fit construire dans les ports occidenlaux du Mexi- qne en visiterent dabord les cotes : elles furent recon- nues vers le midi, par Fernand de Grijalva (2) ; et Cortez et lui , decouvrirent ensuite (3) la pointe de la (^alilor- (1) i5xi. (•2) i5ri. ii) i535. ( M9) Tire, ainsi ([u'une partie de la mer Vermeille (i) , oi'i Francesco de Ulloa prolongea ensuite ses reconnais sances. (2) A leur exemple , d'autres navigateurs s'engageient dans cette iner interieure. Vasquez Cotonado en par- coirrut les rives orientales (3), et il recueillit dans les contrees de Cinaloa et de Sonora , heaucoup dc rn- meurs confuses sur line fanieuse -ville de Quivira, que Ton supposait situee plus au nord, et que Ton repre- spntait comme la capltale dun puissant empire. L'Anie- rique etait alors le pays des fictions , et limagination y avail tout agrandi. Francesco de Alarcon etait charge, a la menie epoquo, d'un nouveau voyage de decouvertes le long des cotes oceidentales de la Californiej et Pedro Alvarado , un des plus illustres conquerans du Mexique, se preparait a une autre expedition, lorsque des conjures indietis I'attaquerent pres de Guadalaxara, et !e pre'cipiterent du haul d'un rochei'. (4) Chaque annee se signalait alors par quelque entre- prise maritime. Mendoza, vice-roi du Mexique , fit ex e- cuter (5), par Juan Rodrigue Cabriilo, un voyage le long des cotes de la Californie ; et le cap Mendocin, ainsi nomme en niemoire du vice-roi , fut le point ex- treme de cette navigation , ou !e littoral navait ete re- Gonnu que par intervalles et sur dilferens points. II ne se fit, dans les parages de cette contree, au- cun autre voyage memorable, jusqu'aux navigations de sir Francis Dracke , (jui , a la suite de ses memorables (i) '53(>. C) ,541. (2) 1037. (5) 1541. ( S.'.o ) expeditions militaires contre les colonies espagnoles , leconnut (i) les coles crAmerique depuis le 38" degre jusquau 48* : il voulail s'elever plus au nord ; mais le niecontentemenl de ses equipages lui lii abandonner son projet , et il se dirigea vers les Moluques. Un voyage du nord au sud fut bienl6t fait (2) dans les memes parages , par le capitaine espagnol Gali, qui , apres s'etre rendu a Formose et au Japon, se porta sur la cote nord-ouest d'Amerique , vers le ^'j" degre, et revint du cap Engaiio a la Nouvelle-Espagne. Ces cotes furent ensuite visitees iV) par Sebastien Viscaino, que Monterey, vice roi du Mexique, avait expedie d Acapulco : il reconnut d abord le littoral de la Nouvelle-Espagne et une partie de la mer Vermeille ; il visita dans un second voyage (4) les cotes occiden- lales de Caiitornie, et s'eleva vers le nord , jusqua la poinie de Monterey ct au c;ip Saint-Sebastien. Un na- vire de cette expedition gagna le 43*^ parallele (5) , et Ion y decouvrit une liviere proionde que le mauvais lenips ne permit pas de remonter : on la nonima entree ot riviere de Martin d Aguiiar. Juan Yturbide navigua en i6i5, dans la mer Ver- meille, on d penetra jusqu'au 3ic degre : la pecbe des perles y attimit alors les navigateurs ; et Francesco de Ortega y fit, dans cette vue, differens voyages (6). Gon- zale de Barriga eut bientot a s'occuper dune noiivelle reconnaissance , et il parcourut les cotes de la Califor- iiie, oil Pinadero (8) et ensuite Lescurilla furent char- oes d'elablir des colonies. n (0 1 57;). (5) i6o:t. (2) i58>. (6) i63a, iin,!, i(i3',. (3) iSQfi. (7) ifi4o. (/,) i6(>;>. fS) 166/i , ififi; PI tfif>8. ( 35i ) Mais toutes les expeditions dont nous avons succes- sivement rendu comple n'avaient pas ete faites d'une nianiere assez exacte , assez -omplete pour determiner la forme de la Californie. Cette contree fut d'abord representee comme une presqu'ile dans les anciennes cartes du Nouveau-Monde, dans celles que Ton a jointes aux editions de Ptolemee, dans celles d'Ortelins (i), de Mercator (2), de Ramu- sio (3), dans une grande et belle carte manuscrite, pu- bliee en i6o4 et deposee a la Bibliotheque royale : cette forme etait encore la nieme dans les cartes de Guillaunie Blaew qui parurent en 16 ^5; mais elle fut bientot al- teree par des conjectures ou des relations erronees; et la Californie fut tracee comme une ile dans les cartes de Guillaume Samson pubiiees en i6bc); elle le fut egale- ment dans celles de Wischer (4), de Jean Blaew, de Jan- son (5), de Francois de Witt (6),- de Nicolas Samson (7), et dans le grand globe terrestre de Coronelli qui orne une des salles de la Bibliotheque royale. Cette erreur sur la forme de la Californie dura soixanle ans; et la figure d'une presqu'ile ne !ui fut rendue qu'en 1720 dans les cartes de Guillaume de Lisle, I'uu des hommes qui ont repandu le plus de lumieres sur la geograpliie, et qui Tent degagee d'un plus grand uombre d'erreurs, soit sur la forme des rivages, soit sur le calcul dfs positions, et particulierement sur la fixation des lonu^itudes. Les jesuites envoyes en Californie avaient alors ve- rifie que cette contree n'etait pas une ile, et ils fircnt (1) 1 570, (5) if.(ii. (2) i585. (fi) 1660. (■?) 'C06. (7) lG6n. (■\\ ififii.. ( 35. ) explorer (i),dans loute sa longueur, le golf'e profond qui la separait du Nouveau-Mexicjue. Peu de temps apres cette epoque, il parut entre I'Asie et I'Anierique un nouveau pavilion qui allait en enve- lopper toutes les extreniites nord-ouest. Cetait celui dune puissance qui sortait a peine de la barbarie, s'ele- vait coninie un geant au nord de I'ancien monde, em- pruntait des nations poHcees les elemens d'une gran- deur qui pouvait leur devenir redoutable, et atleignait par la vaste etendue de son territoire, les rivages de toutes les mers de I'Europe, et du nord de I'Asie. La Russie etait particulierement interessee a etendre ses navigations a I'orient de son vaste empire; Pierre F', qui fut le createur de sa marine comme des autres ele- mens de sa puissance, voulut d'abord faire verifier si le nord-est de I'Asie etait separe de I'Amerique, ou si les deux regions etaient contigues. Ce prince hit con- struire deux navires vers la pointe rneridionale du Kam- tchatka, dans le port de Petropaulowski: on y transporte des chantiers de Saint-Ptitcrsbourg, et a travcrs les im- nienses regions de la Siberie, toutes les pieces de gree- nient et d'ainienient necessaires a cette expedition; et Bebring s'embarque en 1728, pour reconnaitre les cotes nord-est de I'Asie. II est le premier navigateur qui en ait depasse la pointe la plus orientale, celle qui forme le rivage le plus avance du detroit auqucl on a donne son nom. Bebring ne decouvrit pas la rive americaine dans ce premier voyage et dans celui de Tannee suivante; mais en 174' "J"*^ nouvelle expedition init a la voile sous ses ordres et sous ceux de TcbirikoMj et la tenqiete ayanl (i) 1721 ( 353 ) separe leurs iiavires, chacun deux (itsur differens points la reconnaissance dune partie des cotes noid-ouest de I' A- nierique. Behringlesdecouvrit au nord du 58' deore: il en suivit la direction de lest a I'ouesl , depuis les parages du mont Saint-Elie jusqu'a la presqu'ile d'Alaska ; il recon- nut ensuite larcliipel des iles Aleutiennes , qui se pro- longe a I'oiiest de cette peninsule, et il vint expirer dans une lie encore plus occidentale qui a retenu son noin. Tchirikotf avait de'couvert les cotes d'Anierique an pen plus au niidi, entre le 56® et le 58" parallele : il perdit sur CO littoral quelques homines de son equipage, et il revinl au Kanitchatka. Delislede la Groyere, frere de notre celebre geograpbe Guillaume Delisle, faisait partie de cette expedition, au succes de laquelle il contribua par les memoires qu'il avait faits sur d'autres decouvertes anterieures. Pierre- le-Grand I'avait honore de sa bienveillance et de frequen- tes visites dans le voyage qu'il fit a Paris en 1717 : La Groyere fut du nombre des savans que ce monarque le- gislateur attira dans son empire; ct Behring lui-meme, ne en Jutland, et distingue dans la marine danoise par ses connaissances et son intrepidite, fut associe par Pierre I"" a I'execution de ses'grandds vues : ce prince se connaissait en hommes; il adopta tous les etrangers qui pouvaient concourir a sa gloire. La route ouverte vers les cotes nord-ouestd'Amerique par Behring et Tchirikoff fut suivie avec zMe et avec ?ucces par les navigateurs russes qui explorerent ces ri- vages. Notre dessein n'est pas de retracer tous les pro- gres que leurs voyages ont fait faire a la geographie de ces contrees; et nous nous bonions a rappeler ici que les expeditions successivement entreprises, depuis celle de Tchirikoff en 1741 jusqu'a celle de Krenitzin ct de ( 354 )^ Levasheft eii 1769, expeditions que Muller el Villiani Coxe ont sutlisamuieiit lail connaitrc, doiinereiit iiais- sance a un commerce etendu sur la cote nord-ouest d'Amerique, el aux importans etablissemeiis que le gou- veinement russe y a tornies. La iiouvelle de leur fon- dation determina I'Espagne a cherclier les uioyens d'e- tendre et de proleger ses possessions occidentales : elle fit occuper en 1-68 les forts de San Diego et de Mon- terey. Une seconde expedition fut bienlot confiee a Juan Perez, qui s'eleva jusqu'au 5^^ parallele, et revint au 49° degre 13o minutes, dans un mouillage auquel on a ensuite donne le noni de Nootka. La relation du voyage (jui fut entrepris en 177^, sous la direction de Ayala, a ete ecrite par le capilaine Mau- relle son pilote. Les navigateurs cherchaient a recon- naitre le detroit designe dans les cartes sous le noin de laniiral de Fonle : ils examinerent sans le decouvrir, toutes les sinuosites de la cote jusqu'au 58" parallele, et revinrent, en toucliaiit plusieurs points du littoral, a Monterey eta San-lilas. Les Anglais cherchaient, eux-niemes a etendre sur ces cotes leurs decouvertes et a les prolonger vers le nord. Le plus remarquable de ces navigateurs est le capi- laine Cook J il avail ete charge de reconnaitre dans son troisienie voyage (car nous n avons pas a nous occuper ici des deux premiers) toules les cotes nord-ouest de lAmerique, et de penelrer aussi loin quil le pourrait le long de ses cotes seplentrionales : il commenca son cxploratiou (1) au nord du cap Mendocin dans la nou- velleCaliforiiie, visita successivemenl lentLce de Nootka ot celK; du piince Guillaume, penetra dans la riviere qui (i) Mars 1778. ( 355 ) lecul le nom de Cook, longea la presqu ile d'Alaska, en suivit la cote seplentrionale jusqu'a la riviere de Bristol, gagna le detroit de 13ehriiig, seleva vers le nord et le long des plages d'Anierique, jiisqu'au cap glace qu'il at- teignit le i8 aout 1778, el (iit force par uiie barriere de glace qui etait alors impenetrable , de borner siir ce point ses decouvertes. II gagna ensuite, en se dirigeant vers I'ouest, les cotes orientates de I'Asie, jusqu'au 68^ degre, ou il fut egalement arrete par les glaces, et il re- vint par le detroit de Behring dans la mer Pacifique. L'anne'e suivante Cook recommenca ses explorations^ niais il rencontra la barriere de glaces un niois plus tot, el il ne put pas nienie atteindre les points qu'il avail observes precedemment. Nous n'omeltrons point ici que la France et laGrande- Bretiigne etaient alors en guerre, et que le gouverne- ment irancais prescrivil a tous ses commandans de vais- seau de trailer le capiiaine Cook conime apparlenanl a une puissance neutre et alliee : salutaire exeinplc de celte bienveillante protection que meritent tous les amis de la science et tous les bienfaiteurs de Ihumanite! Une vive el noble emulation, excilee par le desir des decouvertes, s'elablissait alors enire les naiions. Arleaga et Quadra parlirent de San-Blas en 1779, el seleverent au nord-ouest jusqu'au port Bucarelli , au monl Sainl- Elie el a la riviere de Cook. La France prit une part plus active a ces expeditions apres la paix glorieuse de 1783. La Perouse, parti de Brest en 1785, arriva le 23 juin de raiinee suivante sur la cole nordouest d'Ameiique, a la liautciir du mont Sainl-Elie, el il parcourut et releva celte cote, depuis le 60'' degre jusqu'au 3()' : Cook ne 1 avail lecoiuiue que de distance en distance, el il n'avait alten (juan 44^ '^«S'''' > pfxir rcnionlci' cnsuilo vers le ( 356 ) nord. Cette partie dii voyage de La Perouse donna la preuve qu'il n'existait entie les deux niers auciine com- munication, vers les points oi'i Ton snpposait que I'limiral deFonte avait nayigue. Dans I'annee 1788, une ilotiille espagnole , coni- niandee par Estehan Martinez et Lopez de Haro, recon- nutjusqu'a Unalaska les cotes ou les Russesavaient forme des etablissemens. Deux expedilions furent dirigees en 1789, vers la baie de Nootkaj Tune etait sous les ordres du meme officier espagnol Esteban Martinez, I'autre etait envoyee par la compagnie anglaise de Macao. Au milieu des discus- sions po'.iliques qui s'eleverent a cette occasion et qui sont etrangeres a 1 ohjet de ce memoire, on reconnut avecplus d'exactitude toute cette partie des cotes d'Ame- rique. Elle tut encore visitee en 1791 par Salvador Fi- dalgo qui etendit ses explorations vers le nord jusqu a la riviere de Cook : on releva le port Mulgrave, le mont Saint-liiic, I'entree du prince Guiilaume,'et Ton verifia que le passage indique par Ferrer Maldonado n'existait pas. Jacinte Caamano fit, I'annee suivante (1), les niemes observations surle prt'lendu passage de ramiral de Konte. On snpposait cette communication etablie par le detroit place au sud-est de la pointe de Bucarelli, et Caamano donna a cette entree le nom de Bocca y Brazos de Mo- iiino. Les goelettes espagnoles la Subtile et la Mexicaine , etaient chargees a la meme epoque de reconnaitre I'en- tree de Juan de Fuca : Gagliano et Valdez qui comman- daient les deux navires reconnurent que ce passage n'ou- viait aucune communication avrc 1 Atlantique. ( 357 ) Les memes resultats furent obtenus par Vancouver, (.harge de consiater s'il existait, entre le 89" et le 60" ile<^re de latitude, une nier interieure et un passage de I'un a I'autre Ocean : il atteignit, le 16 juin 1792, la cote d'Amerique vers le 89" parallele, ii la parconrut jusqu'au 52° et reconnut i'entree de Juan de Fuca. L'annee sui- vante ii conlinua ses recherches jusqu'au 56° degre, et il les prolongea en 1794 au-deladu 61". Quelques annees avant I'expedition de Vancouver, un voyage de reconnaissance avait ete entrepris sur la cote nord ouest; et cette expedition, faite sous les ordres de Malespina, promettait a la geographic et aux sciences naturelles d'importantes decouvertes, Mais elle u'a ja- mais ete publiee. Malespina fut arrete apres son relour en Espagnej ses papiers furent saisis, et toute publica- tion fut interdite aux savans qui I'avaient accompagne. Ainsi la puissance qui etait le plus a portee d'etendre nos connaissances sur ce vaste littoral cherchait encore a y envelopper dun voile myslerieux toutes ses decou- vertes. Ce systeme avait ete suivi depuis la date de ses conquetes : elle craignait pour TAmerique espagnole le contact des autres peuples; elle y voyait ieurs pavilions avec onibrage; sans prevoir encore que les etrangers n'y seraient pas les premiers artisans de lindependance , et que des possessions si eloignees, si vastes, et retenues pendant trois siecles dans la minorite, trouveraient en eiles-menies tous les principes de leur emancipation. Nota. Nos Memoires sur ia cote orientale et sur les differentes ex- peditions qui onl ete faites au nord du Nouveau-Monde , pour y trou- ver un passage entre les deux Oceans, compl^tent la serie de nos Observations sur la decouverte et la reconnaissance des c6tes d'A- inei-ique. (Voy. le Bulletin de decemhre i833, page SSg. ) ( 358 ) ITINERAIRE DE CONSTANTINOPLE A ABOUCHIil Par Arz-Roum , Tavris, Teheran , Isfaliaii et Chiraz; Rcdige dans Ics amities 1828 t7 1829 Par le comte Sebristori, ancien colouel d'etat-major an service (le Russia. Constantinople [Byzance. — Stai)ihouV). Ville, population incertaine. ScDTARi (ChijiopoUs. — Lsgou(lar). Yille, population incertaine. Port de iner en face de Constantinople. On traverse le Bosphore pour se rendre de Constan- tinople a Scutari. Kartal, 21 verstes. (i) Village de 5oo maisons, situe au milieu d'un pays riche et bien cultive. La route de Scutari a Kartal passe sur un terrain schis- teux et quarzeux. GuiBizEH iLil/issa). 26 verstes. \illage de 45o maisons, situe sur une hauteur a la distance d'environ 8 verstes du bord de la nier. C'esl ici que se trouvait le tombeau d'Annibal. De Kartal a Guibizeh on traverse un terrain calcaire. Six verstes apres Guibizeh on passe par le village de Lan- (i) Le rapport des ver.stes aux myriam^tres est de i a 0,10668. ( -^59 ) (liki qui est a hull verstes de la mer. Depuis Scutari jusqu'a Guihizeli , la route cotoie les borcis du golfe de Nicomedie. IsMiD (^Nicomedie de Bylhinie). 42 verstes. Ville de 6,000 maisons, situee sur les bords du golte du meme nom, et sur le penchant dune colline. Entre Guibizeh et Ismid , la route est taillee dans le roc: on trouve a mi-cliemin le village d'llerekia [Hern- clee)\ toutle pays compris entre Isniid et ce dernier vil- lage (distance 24 verstes), est convert de bois. Kara-Moussal, 3j verstes. Ville de 800 maisons, situee au sud d Ismid a I'ex- iremite orientale du ooo; latitude 39" 3i' , longitude 30" 21' : elle est situee sur un terrain inegal sur le penchant dune 24 ( 362 ) coUine. La riviere Kizzil-Irniak coule a I'orient de la ville de m^me qu'iin ruisseau qui arrose les jardins qui se trouvent dans ses environs. C'est una ville des plus commercantes de I'Asie. On connait les chales lissus de poil de chevre de son territoire, En fait d'anliquiles on y voit les ruines d'un temple en I'honneur d'Auguste. Le terrain qui environne Angora se trouve etre dans une plaine. En sortant d'Aias , la route traverse plusieurs mon- tagnes d'une etendue assez considerable, elle passe en- suite par une plaine assez etendue et fertile, gravit une montagne escarpee du sonimet de laquelle on decouvre Angora, et de la en descendant apres plusieurs detours dans la plaine on arrive a cette ville. Hairi-Keui 36 verstes. Village de 280 maisons. La route jusqu'a Hairi-Keui traverse ou des plaines verdoyantes , ou dejolis bois arroses par des ruisseaux. Kilislar-Reui, i3 verstes. Village situe au bord de la petite riviere Kouroudjik- Sou. Aksakhan, 32 verstes. Village de 160 maisons. De Kilislar-Keui a Aksakhan la route passe par une Cute rocailleuse et couverte de bruyeres. On traverse la riviere Kizzil-lrmak {Iris). Baldjik, 26 verstes. Village de 260 maisons. Pays ties pauvre. KiATiB-OuNY 1 3 verstes. ( 363 ) Village de 60 maisons, ce village esl entoure par dcs luisseaux d'eau salee. De Baldjik a KiatibOiiny, on traverse a gue une petite riviere qui coule au fond dune plaine par laquelle passe la route. Ieuzgatt, 60 verstes. Ville de 4)000 habitans, residence du grand feuda- taire Tchapan-Oglou. — Ville florissante. De Kiatib-Ouny a Ieuzgatt, le cheniin passe par un pays plat, inculte et aride, ensuite on voil de la culture raais seulement dans les environs des villages. DiCHLiDJE 22 verstes. Village de 60 maisons. Serkioun 21 verstes. Village de lOO maisons. Hadji-Keui 44 verstes. Village de 120 maisons, ce village est situe sur une cote au fond dune plaine bien cultivee; ici se reunissent les routes des caravanes de Smirne el d'Angora. Entre Serkioun et Hadji-Keui, le pays est convert de vignobles. KiztLDJiK 36 verstes. Ce village est arro&e par un ruisseau; il est situe sur une hauteur au milieu de jardins potagers. A six verstes d'Hadji-Keui vers Kizildjik on traverse a gue une petite riviere, la route longeant ensuite pen- dant quelque temps ses bords passe par un grand village. Le pays en general est fertile et bien cultive. Bazar-Keui 36 verstes. Village de 2,000 habitans. De Kizildjik a Dazar-Keui, la route traverse un pays fertile et convert de villages. Apres dix verstes on laisse 24. ( 364 ) a qualre verstes a gauche la villc de Zil qui a une popu- lation de dix niille habitans. ToKAT 2 5 veisles. Ville de 4o,ooo habilans, Turcs, Grecs et Armeuiens; cast une des plus grandes villes de TAsie-Mineuie, elle est situee sur le penchant de trois collines dont les bases se leunissent : ses environs sont tres fertiles. On y fait un commerce considerable de cuivre qu'on tire des mines de Kebban, et de Malatia. Tokat est lapanage d'une sul- tane qui en nomrae le musselim. Gette ville est sous la dependance de Sivas (Sebaste), elle est a trois journees d'Amasieh et a six de Sinope. En sortant de Bazar-Keui on voit les ruines d'un vaste caravanserai construit en pierres de taille. La route est bonne et agreable; elle cotoie la riviere Tosanloue qu'on quitte pour entrer dans une plaine fertile el peu- plee. La route ensuite est renfermee dans des jardins clos qui se trouvent pres de Tokat. La riviere Tozzan-Irmak arrose la plaine de Tokat et va ensuite porter le tribut de ses eaux dans le Kizzil-Irmak. NiKSAR (iVt'o Cesaree de Cappadoce)^ 44 verstes. Ville de 5,ooo habitans, elle est situee sur une hau- teur tres escarpee: elle est environnee de marais et de- fendue par un chateau en assez mauvais etat. Partant de Tokat a six verstes, on passe a gue la ri- viere Tozzan-Irmak. La route ensuite traverse un pays arrose et fertile, et ensuite un bois ou coule un ruisseau dont les eaux tombent en cascades. Lorsqu'on sort de ce bois, la route est dans une plaine marecagnuse. Avant d'arriver a Niksar on traverse la riviere Kelki-Innak. Armeni-Keui, 42 verstes. Village de 120 niaisons, population arinenieiuie j ce ( 363 ) village qui est le premier du pachalik d'Arz-Roum , est en- vironne de gras paturages, et on y voit beaucoup debetail. La route traverse continuellement des bois de sapin. Kizil-Geuzmk, 26 verstes. Village de 60 rnaisons, il est adosse a de hautes mon- tagnes couvertes souvent de neige. La route traverse des montagnes escarpees, et ensuite de vastes forets de sapins. Meium, 3 1 verstes. Village de 56 rnaisons; dans ce village tons les habitans etaient inscrits dans la niilice des janissaires. La route de Kizil-Geuzlik a Meium fail de grands de- tours dans les bois de sapin qui couvrent les montagnes. Ces lieux sont souvent infestes par les Kurdes. KouLE-HissAR, 37 verstes. Village de 60 rnaisons , il est sitae sur la riviere du nienie nom, et entoure d'un grand nombre de jardins; le chateau appartenant a ce village est sur la cinie des montagnes adjacentes; tons les habitans faisaient parlie du corps des janissaires. La route de Meium a Koule-Hissar, passe par un bois de pins bien epais, ensuite elle gravit une montagne ar- gileuse; dans cet endroit elle n'a que trois pieds de lar- geur et longe les bords d'un precipice Ires profond, enfiii parvenueau sommet elle descend par un ravin escarpe au bas duquel on passe un torrent dune grande rapidile. Endres, 4o verstes. Village de 80 maisons, il est situe au fond d'une plaine circonscrite par des montagnes, entoure de beaux jar- dins et bati a moitie sur une hauteur el moitie sur un terrain uni. Les trois quarts de sa population sont des Armeniens. ( 366 ) En sortant tie Koule-Hissar on traverse la riviere du nieine nom sur nii pont eu piene et apres on lotoie sa rive tlroite pendant plusieurs verstes. Kara-Hissar, 38 verstes. Ville de 9,000 habitans ; elle est batie en ampbiiheatre siir la pente dun rocher couronne par une citadelle, elle n'est eloignee que d'une joiirnee des bords de la mer Noire. La route d'Endrcs a Kara-Hissar, apres buil verstes atteint une montagne argileuse, douze verstes plus loin elle traverse une vallee coupee par la riviere Koule-His- sar, qu'on passe sur un pont en pierre. A Tissue de ce pont on marcbe environ cent pas dans un chemin diffi- cile taille dans le roc, et ensuite on descend une mon- tagne assez elevee. Six verstes avant d arrivcr a Kara- Hissar au sud on voit la route de Diarbekir et de Bagdad. ZiLEH, 32 verstes. Village tres pauvre de 20 maisons. La route de Kara-Hissar a Zileli descend une mon- tagne au bas de laquelle est un beau village rempli de peupliers et d'arbres fruitiers. Sabarhdan, 5o verstes. Village de 20 maisons, donl i5 grecques et 5 turques. Kerkif, 27 verstes. Village de i5o maisons; ce village, bati sur les bords d'une riviere tres rapide, est entourc de beaux jardins. LoRV, 33 verstes. Village de 100 maisons, situe clans un pays agreable el fertile en bleet en orge. De Kerkif a Lory la route ne f;ut (juc inonlei el des- (367 ) cendre des montagnes tres hautes , et traverse des bois de sapins. Tholas, 20 verstes. Village tres miserable, de 35 inaisons, dont 3o ar- meniennes et 5 turques. Pekerik, 24 verstes. Village de 65 maisons, la plupart aux Armeniens. II est place au pied d'un rocher d'ou jaillit une source d'eau potable. Ses habitans ont I'air d'etre dans I'aisance. La route de Tholas a Pekerik traverse la branche oc- cidentale de I'Euphrate , huit verstes avant d arriver a Pekerik. On passe cette riviere a gue. Dans ce point, les eaux ont une grande rapidite. Ak-Kaleh, 44 verstes. Village de 100 maisons dont 91 armeniennes et 9 turques. De Pekerik a Ak-Kaleli, la route traverse de hautes montagnes. Dix-huit verstes apres Pekeiik, on passe a gue I'Euphrate, qui longe la route jusqu'a Ak-Kaleh. Elidjah, 3o verstes. Village de 72 maisons. On trouve dans ce village une soui'ce d'eau minerale. En sortant d' Ak-Kaleh, on passe I'Euphrate sur un pont en pierre; on arrive ensuite, par un terrain peu coupe, au village de Nardizan, plus loin a celui d'lennis, et enfin a ceux d'Aranda et d'Alaga. o Arz-Roiim, II verstes. Lat. 39° 58' 5 long. 39° i5'. Ville de 5,ooo maisons dont 3,6io aux Turcs, i,35o aux Armeniens et 4o aux Grecs. Cette ville est situee dans une plaine qui est une presqu'ile formee par les sources de I'Euphrate; elle se trouve adossee a des mon- tagnes qui sont souvent couverles de neige, et a quatre ( 368 ) versles de circuit. Le cliniat y est froid , :i cause de I'e- levation du sol. Apres Bagdad, c'est la ville la plus im- portante de la Turquie Asiatique; elle est I entrepot du commerce entre la Turquie et le nord de la Perse. Les Turcs habitent I'interieur de la ville, les Armeniens et les Grecs les faubourgs. Au milieu de la ville, qui est defendue par de hautes murailles et par un fosse pro- fond, s'eleve le palais du pacha. Son territoire manque de bois de chauffage ; on I'y apporle des environs de Kars. Les pauvres brulent de la funte de vache. Les en- virons sont tres fertiles en ble et en orge. On voit pres de la route les villages de Azoumi , de Belour et de Gez ; on traverse ensuite un petit ruis.seau qui porte le nom de Rarasou , et on entre ensuite dans la plaine d'Arz-Roum. Alouak, village, ly verstes. Population armenienne. Ce village est situe dans la plaiiie d'Arz-lloum, ados- see au pied des montagnes qui la bordent du cote de I'ouest. La route parcourt la plaine d'Arz-Roum. I/viAN, village, 22 verstes. Ce village est a peu de distance de la ville d'Haffan Kale, peuplee de 5, 000 habitans , et situee aux bords d une petite riviere qui se jette dans I'Araxe. D Alouar alaian, la route laisse sur la gauche la ville el la forteresse d'Hassan-Kale,qui est a 16 verstes de dis- tance d'Arz-Roumj elle est batie sur un roc. Le pays est plat et bien cultive. Les principaux villages qu'on rencontre sent, sur la droite, celui d'Arsonjeh, et sur la gauche ceux de Miagen et de Gomec. Ensuite la route passe par e village de Kopri-Keiii , et puis on traverse I'Araxesur ( 369 ) un ponten pierre. Dans cet endroit, la riviere a i6o pas de largeur. Deli-Baba, 36 verstes. Village silue dans une plaine. On traverse, en sortant d'laian, des montagnes; en- suite la route passe par un pays plat et fertile. Les ha- bitans cependant sont ici bien miserables, a cause des vexations du gouvernement. Torpa-Kaleh, 6o verstes. Ville de 600 maisons, la plupart armeniennes , pla- cee sur la pente dune colline couronnee par un fort en terre, Elle est dominee par la montagne Kossek Dagh. La route franchit d'abord un defile tres e'troit nomme passage de Gerdina, et forme par des rochers. Elle passe par Debar, village kurde, et ensuite elle traverse Mo- lah-Soleiinan, village peuple dArnieniens catholiques. En general , elle traverse un pays toujours plus ou moins montagneux. louNDjALi , 28 verstes, village. Ge village et tons ccux envlronnans sont tres pauvres, a cause des frequentes devastations des Kurdes. La route depuis Torpah-Kaleh passe par une plaine au centre de laquelle se trouvent des marais. On y voit cependant plusieurs villages. Elle atteint ensuite le vil- lage de Kara-Rilisia, peu peuple par des Kurdes et par des Arnieniens. On passe ensuite h gue trois torrens qui viennent des montagnes situees au nord, et qui vont se Jeter dans I'Euphrate, qui court a lextremite meridio- nale de la plaine , de lest a I'ouest. La route enfin tra- verse une belle plaine arrosee par des ruisseaux noni- breux, et couverte de villages dont les principaux sont ceux de Datte, de Tape , de Kesick et d'Arnat. DiAiJiNj 48 verstes. ( 370 } Village considerable, fortifie en terre et peuple par ties Turcs et des Armeniens. En has , on voit iin lit profond forme par des rochers coupes a pic ou coule I'Euplirate oriental, qui n'esl qu'un faible ruisseau d'en- viron vingt pieds de large. 11 prend sa source a i8 versles de Diadin. La route d'loundjali a Diadin traverse Abakou, vil- lage en mines, apres avoir laisse a cinq verstes sur la droite le village de Cosmoulja et celui de Belasou, si- tue aux Lords de I'Euplirate. Elle longe ensuite le bord de cette riviere, qu'on traverse sur uri pont de pierre. L Eupbrate coule ici a 1 extremite de la inontagne, pres de laquelle est situe le village d'Utcli-Rilisia. La route passe ensuite pres du village de Djogan, qui est a sa droite et a la distance de deux verstes ; enfin elle suit les bords de I'Euphrate, qui parcourt ici un pays de patu- rages ou Ton voit peu de culture. Baiazid, 36 verstes. Ville de i4,ooo habitans, situee a 12 verstes de la frontiere persane. Elle est batie en ampbitheatre sur la pente dun rocher tres escarpe et defendu par quatre forts dont un se trouve au bas de la niontagne. Sa po- pulation est composee en grande partie d Armeniens. Areh-Dilesi, 28 verstes, village. Population persane et kurde. Ce village est defendu par un fort eleve sur un rocher qui le domine. En quittant Baiazid, on traverse pendant 16 verstes des niontagnes pelees et aridesj on passe ensuite par le village de Kilisia-Kendi ou Agadjik, peuple par des Armeniens et par des Rurdes; ensuite on descend dans un pays moins accidente. Tous les villages et bourgs de la Perse voisins de la frontiere sont defendus par des ( 371 ) petits forts en terre , a cause des incursions et dii pil- lage des Kurdes. KARA-lNEH,32verst., village. Population armenienne. Zadvieh, 3o verstes ; village. Entre Kara-Ineh et Zauvieh, on voit , sur la droite de la route, le village de Korz-Kendeh , et pres de Zau- vieh celui de lekafti. Khoi, 35 verstes. Ville de i,ioo maisons. Population persane et arme- nienne. Elle est situee dans une plaine bien cullivee, couverte d'arbres et de jardins. La ville est ceinte de hautes murailles en briques. II y a des catholiques du rit chalde'en, avec un eveque. De Zauvieh a Khoi, le pays traverse par la route est en general niontagneux. On voit sur la gauche le village de Selaoun, et a droite ceiui de Khoiej cnsuite ceux de Zaide et de Peseh, et non loin de la on traverse celui de Pereh. Tesotjtch , 28 verstes. Village situea peu de distance du lac d'Ouroumieh. En sortant deKhoi, on perd bientot de vue la plaine qui environnecette ville; on passe la riviere Kotour sur un pont en pierre de sept arches, et on gravit ensuite une chaine de hauteurs, en laissant sur la gauche le vil- lage de Desadjiz. L'aspect du pays est bien sterile jus- qu'a Tesoulch. Chebister, 4o verstes. Yille. Elle est situee sur le penchant dune montagne for- tifiee et environnee par nonibre de jardins. A peine sorti de Chebister, et parvenu au somniet des montagnes, on decouvre le lac d'Ouroumieh, ap'pele par les Persans , Adai-Chali. Son circuit est de qtiatre ( 372 ) cent quatre-vingt, sa largeur de soixante-dix, et sa lon- gueur de cent trente verstes environ. On y voit plu- sieurs iles, dont la principale est celle noinniee Adai- Chahl , qui contient plusieurs villages ; la seconde en grandeur, est celle qui porte le noni de Kiasoun-Kale ; le reste de ce petit archipel nest compose que d'iiots et de rochers. Les eaux de ce lac sont bituniineuses et par consequent on n'y trouve pasde poissons. A peu de distance de Tesoutch, on voit suv la droite , le village de Rhadar-Kone, ensuite a quatre verstes des herds du lac, celui d'Ali-Banglou , et plus loin, les villages de Kozec-Donar, Cliinouar, Kliomaieh, Bech-Kalelout, et enfin ceux d'Ali-Arsaleth , et de Micholeh. Tavris, 44 verstes. Ville de 5o,ooo habitans. Cette capitale de I'Aderbid- jan (ancienne Medie Atropatenc), a six verstes de cir- cuit. Les ge'ographes pretendent que c'esl I'ancienne Ecbatane. Elle est situee au pied du mont Oronte (Djedeli-Dagh) , au fond dune plaine arrosee par le Springt-Chah qui la traverse , et par I'Adgi , ruisseau sale qui coule au nord. Elle est entouree de uiurailles flanquees par des tours et par un fosse. Un chateau , nonime Kalai-Rachidie , servait jadis a la defendre du c(!>te de lest : il tonibe maintenant en mines, ainsi que d'autres monumens epars ca et la sur les hauteurs voi- sines. Dans les environs de cette ville , on voit aussi , sur la droite, une reunion de jardins et de niaisons, cndroits connus sous la denomination d'Hocknever. Tavris est la residence du prince royal Ahbas-Mirza, et elle est encore une des villes les plus commercantes de la Perse. De Chebisler a Tavris, la route traverse un trisle de- ( 373 ) sert , le terrain est presque partout couvert de sel , et I'eau qu'on y rencontre est salee. On traverse le village d'AIi-Chah , cnsuite ceux d'Alouan et de Maian, et en- fin on passe sur un pont de neuf arches la riviere Agi , qui couie de 1 est a I'ouest, et qui se jettedans le lac de Chehi. Seid-Abad, 28 verstes. Village situe au pied de Kara-Dagh , ou montagnes Noires. A quatre verstes au sud de Tavris, on voit les villages de Basmidge et de Condouroud. TiKME-DACH , 40 verstes. Village. Sept verstes apres Seid-Abad, on trouve le village de BiniKeui, et ensuite on traverse celui d'Oudjan. Tout le chemin , entre Seid-Abad et Tikme-Dach , est en ge- neral foit mauvais. Turkman , 38 verstes. Village. MiANA, 38 verstes et demi. Ville. Cette ville est arrosee par une petite riviere qui se jette dans le Kizzil-Orran. On y fabrique des tapis qui sent tres estimes dans lout I'Orient. Entre Turkman et Miana , le chemin traverse des montagnes volcaniques. Sur la gauche on voit le village de Garayeh. Tout !e pays compris entre Tavris et Mia- na, est inculte et montagneux. On rencontre souvent les mines dun grand nombre de villages et de cara- vanserais. Ah-Kend, 40 verstes et demi. Ce village est entoure dune muraille , et situe sur une coUine d'ou s'echappe uu ruisseau. La route, en sortant de Miana, traverse sur un pont de vingt-deux arches , la riviere Roud-Khauneh-Miau- ( ^74 ) neli , qui, avaiit le point ou on la traverse et pas loin de la , recoil le Ceransou , le Cheher Cheye et I'Aye- Dognibuch. Ensuite elle quitte la plaine et entre dans une gorge etroite fonnee par le Koflan-Koiih (branche dii niont Taurus). La riviere Kizzil Orran (le Mardus des anciens), qui coupe en deux ce defile, et qu'on tra- verse entre Miana et Ak-Kend , sur un pont en pierre qui a ici un lit de soixante-quatre sagenes de largeur , forme la frontiere entre I'Aderbidjan et 1 Irak-Adjeim ; elle va porter dans la mer Caspienrie le iribut de ses eaux. On trouve ensuite le village de Koltepe qui est sur la ligne des montagnes nommees Koflan-Kouh. Herman Khane , 36 verstes. Ce village, qui est fortifie, est du ressort du Khan de Zenghan. Entre Ak Kend et Hernian-Rhane , on voit , sur la droite , le village de Decht-Boulagh. Zenghan , 34 verstes. Ville de io,ooo habitans , quelques t'aniilles arme- niennes. C'est la capitale du pays d'Hamzeh , qui fait partie de rirak-Adjeim : I'Hamzeh comprend en outre les villas d'Abher-Fazoum et de Zerzin-Abad. Zenghan est situe dans un pays sablonneux ou 1 on voit peu de traces de culture , excepte les parties arrosees par la petite riviere Zenghan, qui coule a peu de distance de la ville du nieuie noni. Entre Hcnnan-Khane et Zenghan , on trouve les vil- lages d'Houloulch , et ensuite oeux de Kouchek et de Bcrri. SuLTANiE, 23 verstes. Village de 4o maisons, jadis ville considerable et ca- pitale de la Perse jusqu'au regne du Ghah Abbas T', ( 375 ) qui transporta le siege a Isftihan. C'est deja a douze verstes du village actuel qu'oii commence a fouler aux pieds les debris de ses beaux monumens. La plaine de Sultanie est nue et totalement depourvue d'ombrage ; cependant les moritagnes environnantes en rendent le climat d'une extreme fraicheur. La cour y sejourne pendant les mois d'ete, et le roi habite une maison con- struite sur un monticule, a uneverste et demie de dis- tance du village actuel. Entre Zenglian et Sultanie, a droite du chemin , on voit le village de Dechis. Ebher, 4 1 verstes. Ville de 6,000 habitans. Elle est situe'e au bord dune riviere du meme nom, ct dans un pays fertile. Entre Sultanie et Ebher, on traverse le passage nom- me Teng-Ali-Akbar , ensuite on trouve le village im- portant et fortifie de Sihin-Kalhe, ou s'arrete ordinai- rement le roi lorsqu'il va chaque annee a Sultanie. Puis on trouve sur la droite les villages de Che'raf-Abad, de Korem-Dereh et d'Hieh , outre plusieurs autres moins considerables. KoRoup, 18 verstes. Village. Entre Ebher et Roroup, on voit, sur la droite, le village de Cherat-Abad. Sia-Dehen, 3o verstes. Village de 5oo maisons. U est entoure de murailles. Entre Koroup et Sia-Dehen, on trouve le village de Nourri, dernier du district d'Hamzeh; ensuite sur la gauche , les villages de Parsin et de Ziabet 5 et puis sur la droite, les cinq villages d'Alangaya , d'Aseh-Hasar, d'Ak-Hegan , Keniseh et Keck. (376 ) Kazvin, 28 verstes. Ville de 12,000 habitans. Longitude 4^^ i3', latitude 36" 11'. EUe est au pied du inont Elvend, branche du Taurus. Elle fut t'ondee par Chapour 11 de la dynastie des Sassenides; les Peisans la iionunent Djeinal-Abad. Elle est defendue par des remparts flanques par des tours en briques. Elle contient un grand nombre de jardins ou se trouvent des excellens fruits. H y a des manufactures de soie et de coton. On y recolte des pis- taches qui font un article important de son commerce. La plaine de Kazvi,n est riche en vignobles et en ar- bres fruitiers. Hassan-Abad , r4 verstes. Village. Kerbouz-Abad, 36 verstes. Village. Entre Hassan-Abad et Kerbouz-Abad, on trouve le chateau de Kichia, maison de plaisance du Chah. C'est ici qu'on commence a entendre parler la langue per- sanne par le bas peuple. K.£Mal-Abad, 40 verstes. Village doiit les environs sont fertiles. Ali-Chah- Abbas , 28 verstes. Village. Entre Kemal-Abad et Ali-Chah-Abbas , on trouve plusieurs villages, entre autres , sur la droite, celui d'Angouri-Mahale ; et sur la gauche, ceux de Chahin- Tapi, Chainer-Lou, Hassan-Abad, Hossein-Abad, Kich- lock , Gauzir Seng et Koran. On traverse ensuite la ri- viere Aub-Keratch , sur un pont en briques, et les vil- lages de Cherar et Baragoun. ( -^11 ) Teheran, 3o veistes. Ville de 5o,ooo habitans. Latitude 35° 4<>'. Capiiale du royaumc et (jlief-lieii de riiaii-Adjcni ( ancienne Media). Elle est situe'e dans uri pays malsain, pies de la chaine Albour ou Elbours. II s'y trouve le Deniavend , qui en est le pic le plus eleve. Son elevation est de djx~ huit cents toises au-dessiis de la nier Caspienne. D'Ali Cbah-Abbas a Teheran, a qualre verstes de la route, sur la droite , on voit le village do Geldin ; on passe ensuite une riviere, au bord de laquelie est le vil- lage de Karatch , et apres douze verstes on arrive a Te^ heran. KiNAR-AlGHERD , 26 VCrStCS. Village de 3,ooo habitans. II est traverse par un ruis- seau. En sortant de Teheran , on parcourl un pays prive de culture; a dix verstes, sur la gauche, on voit les ruines de Rey ou Rhagae, dont la latitude est 35" 3$', et la longitude ^o" 20'. PouL-DoLLAUK , 1 8 vcrstes. Village. La route traverse le passage de Mollohal-Mot, KoM , 60 verstes. Ville de i5,ooo habitans. Elle est regardee par les Persans, conime une ville sainte , renfermant entre au- tres le tombeau de la soeur de I'lmani-Reza. De Poul-Dollauk a Koin, on trouve le Caravanserai d'Houz Sultan, ensuite on traverse le marecage de Ra- vir; et pres de Kv)m , on traverse la petite riviere de Kour-e-Chotour. NoussERABAD, 1 3 verstcs. Village de i,25o habitans. 2 5 ( ^7« ) Ue Koni a Nousserabad , on rencoiitiT le villasr situe dans un fort ronstriiit en terre. Abadaii, i8 verstes. Ville de 5,ooo habitans. Elle n'ofrre qu'une longiie etendue de murailles ruinees. Sa population actuelle est toute renfermee dans un fort carre , defendu par une tour a chaque angle, et par trois tours dans la lon- gueur de chacun des o6tes. SouRMAK, ii verstes. Village de 4,5oo habitans. KhoneKorrah , 2 1 verstes. Caravanserai. Debid, in verstes. Caravanserai. A peu de distance de KhoneKorrah, on franchit un passage tres eleve, impossible a passer lorsqu'il tonibe de la neige. Khone-Kergaub, 19 verstes. Caravanserai. De Debid a Khone-Kergaub , i;i route traverse un pays aride et prive de hois. MouRGAUB, 2 1 verstes. -I , Village. On y voit un fort et plusieurs jardins enclos. De Khone-Kergaub a Mourgaub, la route traverse un pays inegal , depeuple et prive de culture. Kemin , 22 verstes. Village de 5, 000 habitans. De Morgaub a Kemin, la route passe cntre les bases de deux chaines des moiUagnes. Sevou^d, 19 verstes. ( 3 E S A I N T E - C A T H E R I N E ET 1)1! SES EWVIROKS (lie cle Cuba). La coil tret; , ttacee sur la carte ci-jointe , figure iiii Iriaugle , forme, an sud , par la thaine de niorilaones, diles de la Sierra 'Maeslra , du limon , et en parlie par les cotes ; an nord , par les nionts iClateru , du Libun , du l\iunis ^ et le prolongement de celte chaine j entin,a Test , par la ligne tiree de rextreinite de la baie de Guantanamo , au mont latera. Sa surface carree est d'enviroii cent quararite lieues 5 elle est divisee en plu- sieiirs qiiartiers (partidos) , 011 Ton eompte trois vil- lages , savoir : le Saltadero , ie Tigunbo , le Caney, et apeu-pres cinq cent cinquante propnetes nivales , y conipris les hates, ou grands paliuages. Dix-huit niillo negres et lioninies de couleur cidtivenl ces canipagnes; le nonibre des blancs ne s'eleve pas a plus de deux niille. Ces differens quartiers sent aduniiislres par des chefs appelos capitaiies de partUlo ^ qui reunissenl I'autorite civile et mililaire. Le Saltadero et le Tiguabo sout les seuls points 011 il y ait quelques soldats espa'gnols com- niandes par un offioier , (jui reside dans le premier dc ces villages. AvauL le defrichenient assez recent des terres , il n'exislait , dans cette contieo, priniitivenient couverte d'inniierises i'orets, (|ue des hates on Ion clevait des bestiaiix; faute d'holclleries , les |)roprietaires de ces ( 386 ) hates etaient obliges, coniiiH; ils le soiit souvenl encore, lie (lonner Ihospilalile anx voyageuis. Ce nc fiit que , lorsque lie nonibreux colons, presque tous refiigies de Saint-Domingue, vinrent apporter, dans celte lie, leur active industrie et ies debris de leurs ancieiines fortunes, que ce vaste teiritoire pril un aspect nouveau, que des etabiissemens agiicoies Furent fondes, et qu'eut lieu la formation des q.iartiers, auxquels on donna Ies nonis des principaux hates, ou celul des rivieres. On reniarque dans cette parlie de Tile de Cuba , an milieu des bois epais qui I'onibragent encore, quelques belles plaines arrosees par de nonibreuses rivieres qui descendent des montagnes environnantes ; Ies prinri- pales sont : le Guantanaino, le Inibo^ le Goaso et Anvyo- kondo^ la premiere, qui est aussi la plus iniportanle, re- coil le laibo, ainsi que plusieurs autres torrens , et se jelte ensuite dans la vaste baie a iaquelle elle a donne son nom-, Ies Bongos, ou Mistics, remontenl cette ri- viere jusqu'a I'embarcadero, qui est a quatre lieues de son embouchure; c'est a cet embarcadero, expose a de frequentes inondations , que Ies habitans de ce canton sont obliges mainlenant d'envoyer leurs denrees , pour etre expediees a Santiago de Cuba. La grande quantite de sables que charroie cette riviere, surtout lors de la crue des caux , forme des bancs qui la rendront bien- tot innavigable. Le Goaso recoit le Bano el le Rio de los P/atanos, et continue paisiblenient son cours ; il nest pas navigable. \J Arroyo-hnndo , avant d'arriver a la mer, se perd suhiteinent dans Ies sables, a peu de distance de la baie de Giiantanamo. Cette baie , a Iaquelle Ies Anglais onl donne le noni de Cuinberlajid, est une des plus belles el des plus vasles que I on coniiaisse ; elle penetre, a plus de six liouos , dans Ies tcrres et fnirn<^ ( 387 ) plusieurs bassins ou Ton pourrait elablir d'excellens ports. Sa largeur est d'environ quatre a cinq lieues dans certains endroits, et dans d aiitres d une denii-lieue seu- leinent, ce qui permettrait qii'on la fortifiat a peiide frais. Toutes les rivieres dont nous avons parle plus haut, et qui la plupart out ordinairenient tres peu d eau, de^ viennent des torrens impetueux et redou tables , lors- qu'il pleut seulement deux jours de suite ; personne ne pent les francbir alors. Les plus grandes sont le sejour d'une multitude de caymans, qui font une guerre a mort aux bestiaux qui s en approchent. Lorsqu'une vache , ou tout autre bete a corne , vient boire dans la riviere, et que le cayman I'apercoit , il s elance a 1 instant sur ei!e, la saisit par le museau , lentraine avec lui dans I'eau pour la noyer, et la devore ensuile tranquillement. Get animal, le seal nialfaisant d'ailleurs, qui existe dans ce pays, n'attaque pas I'homme, dont il redoute au con- traire I'approche. Entre le Goaso et TArroyo-bondo , on reniarque les traces dun ancien canal qui parait avoir servi de ligne de communication de la baie, au bate de los Canos. Vn vieillard octogenaire, et qui a babite cette contree de- puis sa jeunesse , assure que ce fut Touvrage des An- glais, qui , il y a environ soixante-dix ans , opererent une descente sur cette cote, ou ils prirent position sur le pencbant des montagnes, et creuserent ce canal, afin de pouvoir transporter plus (acilement, dans leur camp, les vivres et munitions qu ils tiraient de leurs navires , mouilles dans la baie de Guanlaiiamo. C'est, sans doute de ce canal et des brandies que forment les deux ri- vieres, entre lesquelles it se trouve place, que le hate de los Cnnvs a pris sou nom; ((un) si^nilie, en espagnol, canal, ou conduit deau. ( 388 ) Les moiitagnes jui traversent les plaiiies de Sainte- Catherine nieriteiit toiite rallention du vovaoeur. En outre des beaux points de vue dont on jouit , a chaque pas, du haut de ces belles niontagncs, elles renfernieiit, a n'en pas doutcr , de riches mines de fer, de cuivre et ineme dor j assez d'indices I'annoncent. Au nord du nioiit Liban, existent des grottes vrai' ment curieuses; elles ne sont connues que depuis une quinzaine d'annees. Ces grottes , au nombre de douze, se suivent toutes dans la nienie direction^ elles vont de lest a I'ouest ; on y penetre par une seule entree , et ion passe successiveinent de iune dans I'autre; elles sont d'ailleurs d'un acces pUis ou moins difficile; il y en a quelques-imes dont les voiites sont d'un poli re- marquable et dune eclatante blancheur. Ces voutes distillent incessainnient une eau cristaline, dont se for- ment des stalactites brillantes qui representent niille fi- gures diverses, et produisent, a la clarte des flambeaux, leffet le plus merveilleux. II faut deux heures pour par- < ourir ces souterrains. A deux cenla pas environ de ces grottes se trouve une autre caverne, dont on ne connait pas encore loute 1 etendue, et dans laquelle serpenle une petite riviere , dont les eaux glacees et transparentes , semblcnt s'a- bimer dans un gouffre sans fin. Le moindre bruit que Ton fait aupies de cette caverne , a un retentissement immense. La riviere du Goaso, ayant ses sources appe- lees par les Espagnols, /as Cabezas del Goasu , a une lieue de Ki , et ses eaux se perdant subitement sous terre , on presiune, avec raison , que celle qui coule dans le souterrain est le Goasu lui-niOmc. Cette riviere leparait d ailleurs de lautre cote de la montagne, a une demi-lieue au dossus du hate do Gonso-Rivn. ( 389 ) Les cafeieres, dans le quartier tie Sainte-Gatherine , sont presque toutes sur les hauteurs, oii regue une tle- licieuse fraicheur que le cafe piefere au soleil hrulant de la plaine. Ce nest au contraire que dans les plaines que Ion cultlve la canne a Sucre, le colon, I'indlgo et le tabac. La niesure de superficie en usage dans celte con tree, comme dans le reste de I'lle, est la cabaUeria^ qui com- prend dix carreaux de terre ; le carreau a sojxante toises carrees. David , Consul de France a Santiago de Cuba. Nota. La carte du quartier de Sainte-Catlierine, qui accompagne cette Description , paraitra avec le prochain nuni^ro. DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. ExTRAiT (Vune lettre de M. Graberg de Hemso a M. d'Avezac. Florence, le aonovembre i8'54. Pour repondre a Ihoiiorable coiiiniission dont vous me chargez.de vous donner q elques indications siir les travaux geographiques les plus recens qui aient paru en Italic, je me suis empresse de vous transmettre pour la Societe de geographic, un cxeuiplaire dun me moire de n)a facoii , iniprime dans le journal napoiitain nomme le Progresso , et qui presente la revue de cinq ouvrages de ce genre dernierement publics en Italic. A cettc liste il faudra maintenant ajouter : 1° 'LeFojdge dans la Ligurie maritime^ par David Ber- tolotti , Turin, 3 volumes in-S", avec carte jreoora- phiquc; i°Dizionario geografico e statistico deiducatidi Parma^ Piacenza e Guastalla, par Laurent Molossi, Parme i832- i834, gros volume in 8" avec carte geographique des trois duches; 3° les 4* tit 5" cahiers ou livraisons de celui dc la Toscane, par Emmanuel Repetli, dont les livraisons pre- cedenles se trouvent analysees dans mon article du Progresso ; 4° Le 3' cahier du Dictionnaire geographique et sta- ( %' J tistique ties eta ts dii roi de Saidaigne , par Goffrcdo Casalis. * Quant a I'ouvrage de M. Molossi qui vient de paravtre, c'est un ouvrage plutot historique qu'etiiDographique, calqiie sur un essai ecrit en 1794 par feu Muratori et imprime en 1824, pour les etats dii due de Modene. II renferme toutefois des notices et des rensei"neniens d'un grand inleret et d'une grande importance pour la geo- graphie et la statistique {Cenni geogmfici e statistici); et s'il cede en merite intrinseque a ceux de MM. Repetti et Casalis, il les devance en ce qu'il se trouve tout-a-fait aclieve, au lieu que les deux autres ne le soiit que pour un sixieine de leur carriere, et ne seront pent-etre ter- mines que dans quelques annees. La troisieuic livraison du dernier est a peine aux lettres AZZ; la cinquieme de Repetti au mot Camuscin^ et il en faudra deux autres pour terminer, avec la lettre C, le premier des trois vo- lumes de Touvrage. A Rome Ton s'occupe aussi d'un pared dictionnaire pour les etats de TEglise, et a Naples Ion est depuis quelque temps en possession de I'excellente chorographie du royaume des Deux-Siciles, en 22 cartes accompagnees de descriptions, par Benoit Marzolla. Pour la topographic provinciale nous avons deux bons volumes de M. Mathieu Franacreta , intitules Teafro to- pografico-storico-pratico della capitanata. Une cinquieme edition de la geographic physique et politique de Louis Galanti se continue aussi a Naples, et le 3^ volume vient de paraitre. Un autre ouvrage aussi curieux qu'interessant, pu- blic cette anne'e a Genes, est le Saggio sid moto rotntoiio del Mediterraneo, dimoslrato teoricamente, e comprovato ( 392 ) colle allia'ioni e coiiosioni deUe caste, par Jerome Bolliiii, architectc ingenieur. On me parle encore d un coiirs tMenientaire de topo- graphie par Gaetan Palermo, dont le premier livre vient de paraitre a Naples. En Toscane, le savant et laborieux docteur Zuccagni Orlandini s'occupe tres serieusement dun grand ouvrage statistique et geographique de toute lltalie, sur le plaii et I'etendue de son excellent Atlante geografico, fisico e storico del aranducato dl Toscana. Un second supplement au Saggio statistico delF Italia do M. le comte Louis Serrislori, vient de paraitre a Lau- sanne. Vous savez deja que I'ouvrage principal et ie pre- mier supplement orit paru cette annee a Vieiine. Et sa- chant que j'allais vous ecrire, cet illiistre et savant con- frere vient de me remettre, pour vous etre transmis, un exemplaire dudit second supplement, avec priere de le presenter, en sou nom, a la Societe de geographic, a laquelle il me charge encore de taire parvenir ci-joint un Itineraire manuscrtt de Constantinople a Ahouchir par Arz-Iioum, Tour/'s, Teheran, Isfahan et Chiraz, rcdige dans les annees 1828 et 1839. II serait flatte et charme si cet Itineraire pouvait trouver place soit dans un ou deux des prochains numeros du Bulletin de la Societe, soit dans le volume IV des memoires, qui doit etre sur le point de paraitre. Je prends la liberte, Monsieur, de vous recommander ce manuscrit el sa destinee future, et de vous assurer que 1 accueil qui lui sera fait sera re- garde par moi comme fait a une de mes propres produc- tions scientifiques. Le comte J. Gkaberg de Hemso. ( 393 ) ExTRAiT (i'nne lettre rle M. Alfred lieumont , inemhre de la Socit'te h M. le president de la Commission centrale. Florence, le 24 novembre i834. Je ne veux pas tarder plus long-temps, Monsieur, a vous communiquer quelques renseignemens sur des publicalions recentes qui concernenl la Toscane, et qui peuvent avoir de I'interet pour la Societe de geographic. Le nombre n'en est pas grand : mais le Diclionnaire qeo- gj'aphique, physique et historiqite de la Toscane , par M. Em. Repetti, que je dois nommer en premier lieu et qui contient un vrai tresor de notices et de dates* equivaut a lui seul a bien d autres. Jusqu'a present cinq cahiers du premier volume de cet ouvrage ont para (Florence, 1 833-34- 44° P- in-8^). Les materiaux hlsto- riques sur ce pays etant en grande abondance , cette partie de I'ouvrage a dii offrir moins de difficultes que celle de la statistique : qu-^ ique, vu la quan tite d'endroits, tous interessans ncmmement pour I'histoire des temps des republiques, rous nommes dans une foule d'ecrivains et de diplomes , cette portion alt du donner lieu a de longues recherches, qui certainement n'auraient pas pu etre executees avec plus d'exaotitude et plus conscien- cieusement, que ne les a faites M. Repetti. Dans les oas ou les historiens et les chroniques ne sont pas d'accord, on laissent dans I'incertitude, I'auteur a consulte les ar- chives, qui lui ont fourni quantite d'eclaircissemens. La statistique, qui trouve si peu d'encouragement dans plusieurs pays de I'ltalie, n'est pas traitee avec nioins de soin, et les tableaux de la population a ditferentes epoques, nomniement du temps du regne de Come P'', vers la moitie du dernier siecle, et a I'epoque ounous a6 ( 394 ) sommes, tlonnent des resultats tres interessans et a-la-fois tres avantageux quant a I'etat actuel. II y a des cas, ou le nonihredes habitanss'est presque double depuis x'j^^i par exemple dans les communes d'Anghiari (vallee du Tibre), d'Arcidosso (vallee de I'Orcia), de Calcinaia (val- d'Arno Florentino), etc.; il s'est plus que double dans la commune de Gampiglia (Maremme) qui en 1745 avail 773 babitans et en a a present 2,i4i; dans celle de Cam- pagnalico (vallee de lOmbrone sienois) et d'autres; il se trouve meme un exemple comme celui de la paroisse de Bolgberi dans le comte de la Gherardessa, qui en 1745 ne comptait que 109 individus, et en a aujourd'hui 535. Parmi les articles les plus remarquables sous le rapport bistorique et descriptif se trouvent ceux qui traitent des anciennes abbayes de la Toscane, de la ville d'Arerro, de Barberino, de Bientina, de Gampiglia, etc. Les cabiers publics con tiennent encore des descriptions tres etendues et exactes de I'Apennln toscan , de ses differentes branches, des terrains et des roches qui le composent, du caractere de ces montagnes, des sources d'eau minerale qui en jaillissent (qui se trouvent classees en six especes d'apres leurs qualites, et dont celles de Lucques, de Monte Gatini, de S. Casciano, et le Bagno Amorba dans la province de Volterre, pres duquel on recueille du borax en grande quantite, sont les plus re- marquables), des mines et veines metalliques qu'elles contiennent, etc. Un article tres important est consacre a I'Arno, et donne des details sur la formation, le cours, les differens bassins et la chute de ce fleuve. M. Repetti lui-meme etant savant mineralogue et geologue, il a su donner a cette partie de son ouvrage un interet tres prononce, et I'histoire naturelle de la Toscane n'est certainement pas ce qu'il y a de moins soigne. ( 3y5 ) Le dictionnalre dont je vieiis de parler, qui embrasse outre le grand-duche de Toscane encore le duche de Lucques, la Garfagnana et la Lunigiana, et qui fait le plus grand honneur au savoir et a lexactilude de I'au- teur, doit former trois volumes, chacun da-peu-pres 36 feuilles d'impression tres serree en deux colonnes, J'eus deja occasion de doniier une notice plus detaillee des trbis premiers cahiers dans un article sur cet ouvrage et sur TalmanacU pour la Lunigiana, de M. Gargiolli de Fivizzano, petit volume dun merite tout-a-fait particu- lier; article insere dans le journal allemand pour la conversation litteraire (Leipsick, i834, cahier d'aout). Une societe s'etant formee I'annee derniere pour ex- ploiter les mines de plonib sulfureux argentifere, qui ^e trouvent dans le val-di-Castello, pres de Pietrasant^ en Toscane, le directeur general M. F. Narro-Perres, vient de publier un rapport et compte-rendu sur I'entreprise et les travaux executes, accompagne d'une relation sur ees mines par le professeur Targioni-Tozzetti (Livourne, ^834, 83 p. in-B" avec 5 plans). La vallee de Castello, situee a lest des montagnes de Farnocchia, qui appar- tiennent a la cliaine de \ jilpe-Apiiana et s'etendent vers la Mediterranee, est formee au milieu de roches qui appartiennent en partie aux terrains primitifs, en par- tie aux terrains secondaires. Les premiers sont du genre du schiste talqueux; ils sont recouverts a leur erete d'e- normes masses calcaires qui appartiennent aux terrains secondaires et dans lesquelles on rencontre de puissantes mines de fer. Les mines de plomb argentifere se trouvent dans le schiste; la galene y est disseminee avec plus ou moins d abondance et de purete, et en grains plus ou moins fins. On a ouvertsuccessivementliuit exploitations Durant la premiere annee des travaux Ion a mis en fusion ( 39<; ) en schlicli livres 6*9, 827, dont on a ohtenu en plonili J'ceuvre I. 0.4,067, et en classes riches I. 21,264. Le contenu moyen en argent du plonib d'oeuvre est de 5oo grammes par 100 kilogrammes. Les mines de cette contree, nommement celle qui est toujours connue sous le nom de I'Argentiera, furent deja exploitees dans le moyen age, et Ton ne cessa d'y Iravailler qu'en i5g2 ''sous le grand-due Ferdinand V''), la niauvaise adminis- tration rendant le profit a-peu-pres iiul. La jotie petite ville de San-Giovanni , dans le Val- d'Arno superieur, a moitie cliemin entre Florence et Arezzo, fondee par les Floientins, en 1296, pour de- fendre leurs terres centre les agressions des seigneurs gihelins de la Toscane, est le siijet d'une brochure pu- l)liee sous le titre : Memorie sulla terra di San-Giovarini, par M. F. Ghernrdi Dragomanni (Florence, i834, 142 pages in-B" ). Ces memoires historiques et des- criptifs, et qui contiennent une serie de documens, sont accompagnes d'une carte assez detaillee de la com- mune et de phisieurs plans. La commune susdite , qui a une surface de 7 3/4 niilles italiens canes, compte 3,876 habitans. Tons ceux qui ainient les sciences geographiques et statistiques , et en reconnaissent la grande utilite , ap- plaudiront au zele infatigable avec lequel M. le comte Serrislori continue ses travaux. Le second supplement de son essai statistique sur i'ltalie, contientdes correc- tions et des additions a I'ouvrage, ainsi que des don- nees tres curieuses sur les cultes catholiques , sur le commerce et la navigation ; et un tableau synoptique et statistique des etats italiens, en i834, auquel se joint un autre sur I'instruction publique dans le royaume lom- bardovenitien, et les duches de Parme et de Lucqucs, ( '^7 ) les seuls etats sur lesquels il a ete possible d'oljtenir des notices satisfaisaiites. Les tables de la population abso- lue, dans les ditferens pays, donnent les resuUats sui- vans : Lombardie 4i436,ooo ; Sardaigne 45484)00o; Parme 459,000; Modene 4^1^000 -^ Lucques i53,ooo; Toscane i,384,ooo; etat de I'Eglise 2,^29,000 ; Deux- Siciles 7,606,000; Corse 198,000. La population rela- tive est de 334, 195, 268, 260, 478, 218, 209, 243 et 69. Le nonibre des enfans qui frequentent les ecoles elenientaires, par rapport a la population, etaiten i832, dans le royaunie lombardo venitien , conime r : 12; dans le duche de Parme, i : 46; dans le duche de Luc- ques, I : 55. En me reservant de vous donner a I'avenir des de- tails ulterieurs sur ce qui paraitra de nouveau, je vous prie, monsieur, d'agreer I'assurance reiteree de ma con- sideration la plus distinguee. Alfred Reumont. Lettre fie M. le capitaine iCartillerie Chesney, inembre de la Societe rojale de Londres , a M. le secretaire de la Societe. Londres, le 3 juillet i834. Monsieur, Permettez-moi d'offrir a la Societe royale de geogra- phic de Paris , le rapport ci-joint sur la navigation de I'Euphrate, comme une faible preuve du reconnaissant souvenir que je conserve des bontes et des services im- portans qui m'ont ete rendus, dans mes differens voya- ges, par des membres de votre Societe, qui , sans y etre porles par aucune consideration personnelle ou nationale, se sont montres aussi babiles qu'empresses a ( 398 ) me fournir la plus favorable assistance , et les meilleurs conseils dans le cours de nies explorations , en diverses parties de lOrient, pendnnt les annees iH'^g , iSiio, i83i et i832. J'ai rallie lEiiphrate i^apres avoir traverse le desert d'Arabie) en un lieu appele el Kaini, entre Anna et Deir j de la j'ai suivi le fleuve pendant 892 milles , jusqu'au golfe Persique ; et , apres avoir cbenjine a travers la Perse et I'Asie-Mineure, j'ai rejoint celte importante ri- viere a Sanisah , Bir , etc. Le petit ouvrage que j'envoie ne coiitient qu'un simple rapport sur I'etat de I'Euphrate , redige pour notre gouvernement , sans donner ( ainsi que vous le verrez) aucune narration personnelle ,* et le delai ne- cessaire pour examiner la question plus amplement m'a seul empeche, jusqu'a present, de vous offrir mon tribut de reconnaissance, pour les durables acquisitions qu'ont procurees au monde savant , les genereux tra- vaux de votre compagnie, auxquels je pourrai peut-etre contribuer quelque jour, en mettant sous vos yeux les autres informations geographiqiies contenues dans mes journaux, si vous les jugez dignes de cet honneur , lorsque j'aurai rassemble mes papiers. En faisant allusion a quelques-uns de vos membres qui mom ete utiles dans mes voyages , je ne saurais omettre de signaler M. Fontanier , que j'ai rencontre a Trebizonde ; M. Guys, a Beirout ; le consul francais , it Damiette ( precedenmient a Bagdad ) ; et I'eveque de cette derniere ville, lequel y est mort de lapeste, pen de temps apres que j'eus pris conge delui. F.-R. Chesney , - Capitaine de I'artillerie royale et niembre dc la Societe royale de Londres. ( ^99 ) ExTRAiT (rune lettre tie M. le ^apitaine de vaisseau Maconochie , a M. d'Avezac , secretaire general de la ^Commission centrale, Notre exploration africaine est partie, mais celle de la Guiane attend encore; et je ne sais rien autre d'inte- ressant dans le monde geographique, si ce n'est le re- tour du docteur Coulter, qui , pendant les onze der- nieres annees, a fait des recherches sur la Geographic physique de la cote nord-ouest d'Amerique, et a ce que j'ai appris, sous presque toules ses faces; et le retour prochain de M. Douglas , qui a employe sept annees a herboriser, presque sur les menies lieux.Ce dernier nous a deja ecrit une lettre fort interessante, datee des iles Sandwich , dont il a visite les crateres volcaniques. Le premier est alle en Irlande voir sa famille, avant de consacrer I'hiver a la mise en oeuVre et a la publication de ses materiaux. En ce qui concerne notre expedition d'Afrique , je dois ajouter que c'est seulemenl d'Angleterre quest parti le capitaine Alexander, qui en est le chef. II pren- dra une suite convenable au cap , ou il arrivera proba- blement ce mois-ci; mais il ne se rendra a la baie Da Lagoa , qu'a la belle saison (avril). J'ai recu I'autre jour line lettredelui, datee de laGambie, qu'il allait quitter. L'expedition de la Guiane ne pourra remonter TEsse- quibo qu'en aout, ce qui nous laisse tout loisir pour les preparatifs ; en redigeant les instructions, nous te- nons compte de I'itineraire de vos voyageurs venant de lest; aussi nos vues se portent-elles entierenient vers I'ouest. Ce qui ajoute beaucoup a I'interet de toute l'ex- pedition , c'est, a mon avis , que les deux nations et les deux Societes y cooperent. ( 4oo ) Nous avons dernierement decerne notre prix royal pour la presente annee, au lieutenant Burnes , auquel je remets aussi une lettre d introduction aupres de voiis. C est un excellent jeunc lionime , et je ne saurais vous le recommander trop vivenienl. A. Maconochie. Carte d'une partie de la cote du Groenlaiid reconiuie par M. DE BLOSSEViLLE, Commandant le brick laLilloise. Au inunient oii une nouvelie expedition est ordon- ne'e pour aller a la reclieiclie de la Lilloise , nous pen- sons qu'on ne verra pas sans interet le croqnis dela par- tie de la cote orientate du Greenland, que M. deBlosse- ville avait reconnue a la fin de juillet i833. La distance a laquelle ilavaitete arrete par les glaces ne perniet pas sans doute de regarder ces determinations coninie tres exactes,- voici au reste ce q'l'il en disait dans sa der- niere lettre dalee de \apnaIiord, le 4 aout : ■< La cote du Groenland, que j'ai vue, est placee d'a- pres un seul relevement ct une distance estimee; niais cette distance ne peut pas etre tres fautive, les re'eve- niens de Scoresby croisant les miens au cap Barclay. Depuis Dunkerque, je n ai pu regler mes montres , mais un jour de soleil, a Nordfiord, et un autre, a Vapna- fiord , ni ontdonne dans ces deux endroits la longitude juste de la carte danoise; ainsi la marche n'a pas varie. Le 27 juillet, i! n'y a pas eu d'observation de latitude, inais les corrections out ete faites d'apres la veille, et le lendemain ou le soleil a paru. Le 29, les observations nnt ete completes, mais I'esserres par les glaces, nous u'avons eu qu'une route mal estimee, et il a ete impos- sible de courir pour tracer une base. Je retourne aux menies parages, je vais tacher de revoir les menies points et de continuer la reconnaissance vers le sud , en ni'approchant le plus possible. Moii premier souhait est pour un temps clair, mais cast etre bien presomp- tueux que de concevoir une telle esperance sur la cote Au Groerdiind oil nous avoiis trouve tous les vents bru- meux. » (4oi ) TROISIEME SECTION. Actes de la Soci^te. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du 7 noveinhre i834. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le piofesseur Perkins, de Bruxelles , remercie la Societe qui vient de I'admettre au nombre de ses niem- bres. M. Francis Lavallee, charge de travaux geodesiques par le gouvernement de I'lle de Cuba, adresse les me- mes remerciinens, et annonce le prochain envoi d'un ouvrage qu'il vient d'achever sur cette lie , et qui lui a coute de longues et penibles recherches. M. le baron de Canstein ecrit a la Societe pour lui faire homiiiage d'une mappemonde , presentant la dis- tribution des plantes les plus utiles a la surface du globe , avec une notice explicative , et il appelle I'at- tention de la Societe , sur ce travail. M. le baron Walckenaer fait don a la Societe, pour etre depose dans ses archives , d'un Vocabulaire des Qobayles, provenant de M. Desfontaines, et compose en 1787, par M. Barre, negoeiant a Bone. M. le secretaire lit la tiaduction faite par M. de la Roquette, de I'lntroductiou du voyage a la cote orien- tale du Groenland, execute de 1828 a i83i , par M. le capitaine Graah, de la marine danoise. ( 402 ) Seance da 21 itovembre. Le proces-verbal de la derniere seance est lu etadopte. M. Uonnet ecrit a la Societe pour lui faire hommage d'une carte topographique de Tarrondissenient de Cor- beil, qu'il vient de publier. M. Daussy annonce que le depot de la marine vient de recevoir, du charge d'affaires de France a Stockholm, une caisse trouvee par des pecheurs, sur les cotes de Norwege, et contenant des cartes que le gouvernement suedois supposait avoir appartenu a la Lilloise ^ com- niandee par M. Jules de Biosseville. Ces cartes ont ete examinees au Depot de la marine , et le resultat de cet examen ne permet plus de supposer qu'elles aient ap- partenu a la Lilloise. II n'existe done encore aujour- d'hui aucune preuve materielle de la perte de ce bati- ment , dont on n'a point de nouvelles directes, poste- rieures au 4 aout i833. M. le president , a cette occasion , propose que la Societe fasse une demarche aupres de M. le Ministre de la marine, pour lui temoigner le vif interet qu'elie prend a M. de Biosseville, et lui exprimer le voeu que des re- cherches nouvelles soient tentees pour decouvrir le sort de rexpedition. M. Albert-Montemoiit lit un fragment d'un voyage en Angleterre. M. Jomard donne lecture de la relation dun voyage recemment fait par un indigene, d'Alger a Constantine, et contenant des details sur la geographic de cette par- tie de I'Afrique, ainsi que sur les usages des habitans. ( 4o3 ) Seance du 5 decembre. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le secretaire donne communication du proces- verbal de la seance generale du 28 novembre. La redac- tion en sera soumise a la prochaine assemblee. M. le general Pelet , directeur general du depot de la guerre, en adressant ses remercimens a la Societe qui vient tie I'admettre au nombre de ses membres, lui annonce qu'il sera tres heureux de s'associer a ses efforts pour contribuer aux progres des sciences geographiques, et qu'il s'empressera de lui faire toutes les communi- cations qui dependront de lui et que la Societe ju- gera utiles au succes de ses travaux. M. Ainsworth, correspondant etranger de ia Societe, lui ecrit pour lui annoncerque le gouvernem'^.nt anglais et la compagnie des Indes orientales preparent une expe- dition qui a pour but d'effectuer la navigation de I'Eu- phrate, au moyen des bateaux a vapeur, et d'etablir, s'il est possible, une communication courte et facile entre I'Europe et les Indes. M. Ainswortb qui doit faire partie de cette expedition commandee par le capitaine Chesney, demande tant en son nom qu'en celui de ses compagnons de voyage, que la Societe veuille bien leur adresser ses instructions. — Renvoi de cette demande a la section de correspondance. M. le docteur Reumont, membre de la Societe a Flo- rence, adresse une notice sur les publications recentes qui concernent la Toscane et qui ont des rapports avec la geograpbie. — Renvoi au comitedu Bulletin. MM. Leroux et Reynaud adressent le i" volume de rEncyclopedie pittoresque contenant plusieurs articles ( 4o4 ) relatifs a la geogiaphie, et jis demaiident que la Societe veuille bien se faire rendre co«pte de cette publication, et leur adresser ses conseils. — Reniis a M. Boblaye pour uti rapport verbal. MM. Beer et Maedler tout lioniniage de la 3" teuille de la carte de la lune qu'ils publient. — Renvoi a M. le colonel Coraboeuf. M. Warden depose surSle bureau le 15" volume de la collection de I'art de veriiier les dates. Ce volume est en- tierement consacre a la description geographiqueet his- torique de la Gujane. 0lfWl**it' '■■- M. Jomard annonce lerfetolir en France de M. le ca- pitaineCaliier, apres un voyage de plusieurs annees dans rOrient, ou il avait accompagne M. Michaud. M. Callier rapporte de nombreux materiaux geographiques sur les divers pays qu'il a explores. M.Jomard communique aussiunelettredeM.lecheykh Refa'h, professeur de geographic, d'histoire et de langue francaise a la mosquee el-Azhar du Caire, ancien eleve de 1 ecole egyptienne a Paris, et il le presente pour deve- nir membre de la Societe. Le cheykli Refa'h a public en arabe les ouvrages suivans : i" Livre des mccurs et den c nut limes ^ avcc un petit dictionnaire geographique et biographique; 2" Traite de niineralogie d'apres Brard ; 3" la relation de son voyage a Paris; 4" Geographic de MM. Meissas et Michelot, et Traite de cosniographie. MM. Wright et Francisque Michel adressent le com- mencement du manuscrit de Rubruquis et promettent la suite de leur travail aussitot qu'il sera termine. M. d'A- vezac annonce que le manuscrit a ete envoye imme- (liatementa 1 impression. M. Jomard continue la lecture de la relation du voyage recemmcnt lail par un indigene, d'Alger a Constantine. ( 4<»5 ) Seance dii ip deceinhre. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. Levasseur, ingeiiieur-geometre dii cadastre, ad- niis dans la seance du 23 aoiit dernier, adresse ses re- mercimens a la Societe. M. le professeur Rafinesque , correspondant de la Societe, a Philadelphie , iui adresse: i" une notice sur les voyages de Pattie, Willai'd, Wyeth et Dodge, dans le nouveau Mexique, la Californie el I'Oregon, de 1824 a 1833 ; 2° sa reponse a une attaque anonyme publiee en Angleterre, sous le litre de The negroes of Kwan-Lun ; 3° une collection du journal le Tsalagi , ou Cherokee Phenix, contenant des docuniens historiques tres cu- rieux; 4" u" exemplaire de son Journal atlantique, et un opuscule ayarit pour litre Herbarium Rafinesquianum . La commission ordonne le depot des ouvragesiniprimes, a la Bibliolheque, et le renvoi des notices manuscrites au Comite du bulletin. Le temps ne permet pas de don- ner lecture des remarques du meme savant, sur line brochure critique relative aux negres de Ruen-Lun. M. d'Avezac communique i'extrait d'une lettre do M. Graberg de Hemso , contenant de nouvelles indica- tions sur les travaux geographiques les plus recens qui onl paru en Italic , et dans laquelle il rappelle I'envoi qu'il a fait a la Societe , de son Specchio geograjico e statislico (TelU Impero di Marocco ; d'apres son desir , la commission centrale prie M. Jomard de vouloir bien rendre compte de cet ouvrage. M. Graberg de Hemso transmet aussi , de la part de M. le comte de Serristori , un itineraire manuscril de Constantinople a Abouchir , par Arz-Roum, Tauris , ( 4o6 ) Teheran, istalian tt Chiraz, fait dans les annees iS^S et 1829. — Renvoi cle ces docuniens au Comite dii bulletin. M. le capitaine Chesney adresse un exemplaire de son rapport sur la navigation de I'Euphrate, et il saisit cette occasion pour payer un tribut de reconnaissance a plusieurs membres de la Societe, dont il a recu les se- eours les plus empresses, et I'accueil le plus bienveil- lant dans le cours de ses voyages. M. Chesney cite par- ticulierement MM. Fontanier, a Trebisonde; Guys, it Beiroul; le consul francais, a Damiette; et I'eveque de Bagdad. M. Barbie du Bocage communique , de la part de M. David, consul de France a Santiago de Cuba , une description du quartier de Sainte- Catherine et des con- trees environnantes, avec une carte levee en i834, par M. Alexandre Jaegerschmid. — Renvoi au comite du bulletin. Le meme membre depose sur le bureau diverses no- tes , 1° sur le voyage de M. Goudot a Mozambique ; :2*> sur les voyages 'de M. Texier, dans I'Asie centrale ; 3° sur le leve de la carte topographique de la princi- paute des Asturies. M. Jomard invite la section de oorrespondance a adresser des instructions a M. Goudol ; ce voyageur s'efforcera de visiter le Zambeze, et de le remonter le plus haut possible. M. le president appelle I'atlention de la Societe sur une circonstance interessante du voyage de M. Callier. II a observe, pres de Beirout, des inscriptions de 'a plus haute antiquite , deja sigHalees par d'autres voya- geurs, et situees non loin de la mer; une en caracteres persepolitains, et les autres en figures hieroglyphiques. ( 4o7 ) M. Warden communique une notice sur la relation de I'expedition de M. Schoolcraft, dans le Haut-Missis- sipi et au lac d'ltasca , pendant I'annee i832. — Renvoi au Comite du bulletin. M. le chevalier Jaubert donne des renseignemens sur les progres que fait la publication de I'Edrisi ; I'impres- sion des deux premiers climats est achevee, et I'on s'oc- cupe de celle du troisieme climat. Apres une discus- sion a laquelle prennent part plusieurs membres , la commission centrale, sur la demande de M. Jaubert, ajourne la publication des cartes destinees a acconipa- gner le texte de I'Edrisi. M. Eyries donne la nouvelle de la mort de M. le car- dinal Placido Zurla. Cette perte sera vivement sentie par les amis des sciences geographiques , aux progres desquelles M. Zurla a beaucoup contribue. M. d'Avezac communique a I'assemblee une lettre de M. Maconochie, secretaire de la Societe geographique de Londres, qui vient de lui etre remise par M. le lieu- tenant Alexandre Burnes, auteur du voyage en Bouk- harie, present a la seance, et deja accueilli avec em- pressement par chacun des membres de la reunion. M. le president adresse a ce voyageur lexpression de I'interet de toute la Societe, pour les resultats de son importanle exploration. M. Burnes remercie la Societe des marques de bienveillance dont elle veut bien I'ho- norer, et il se loue , avec une egale effusion , de I'ac- cueil paternel que lui ont fait, pendant ses voyages, les officiers francais, Allart et Court, generaux au service de Rangit-Sing, souverain du Pendjab. La Commission centrale , aux ternies de son regle- raent , procede au renouvellement de son bureau pour I'annee i835, elle nomme : I 4o8 ) President^ M. Roux de Rochelle ; F ice-preside ns ^ MM. Daussy et Coraboeiif j Secretaire general, M. d'Avezac. M. Roux de Rochelle reraercie ses coUegues de la nouvelle marque de contiance qu'ils viennent de lui donner, et il compte sur leur honorable concours pour atteindre plus facilement le but que se propose la So- ciete. 11 exprime en meme temps, au nom du bureau , les remercimens de la Societe a M. Jomard , pour le zele eclaire avec lequel il a rempli les fonctions de la presi- dence , pendant I'annee i834, et pour les services qu'il a constamment rendus a la science et a la So- ciete. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. - Seance du 11 aout i834- M. Levassedr , ingenieur-georaetre du cadastre. Seance du 5 decernbre. M. le cheykli Refah, professeur de geographic, d'histpire et de langue francaise au Caire. — ^O M OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETlS. Seance du 7 novembre i834. Par M. Albert-Montemont : Bibliotheque universellc des voyages., aS* livraison (Voyages en Afrique. — Rurchell). ( ^^^9 ) Par M. Autlot : Lllnlie, la Sicile , (es iles Eoliennes , File (VElbe, la Sardaigne , Malte ^ Vilede Calj'psu, etc. (Toscane, par M. Saint Germain-Lediic, i vol. in^"- — RoyauiDC tie Naples, par M. G. D. tie la Chavanne. 4 livraisons , in-4'.) Par M. le baron de Canstein: Einige Begleitworle ziir cliarte von der verhreitung dernutzbarsten pflaiizen iiber den Erdkorper von Ph. Baron von Canstein. Berlin, i834- Une feuille et line brochure in-8°. Par M. Graberg de Hemso ; Tableau geogj-aphique el statistiqne de V empire de Maroc. Genes, i834. i vol. in -8°. Par M. le capitainc d'Urville : Voyage pittoresque au- tour du nionde , 5g a 63" livraisons. Par la Societe Asiatique : Cahiers de septemhre el octobre de son Journal. Par la Societe pour I'instruction elementaire : Cahiers de septembre et octobre de son Bulletin. Par M. T. Perrin : Beuue de F agriculture universelle , premiere et deuxieme livraisons. Par la Societe d'agriculture de I'Eure : Reciieil de cette Societe, cahier d'octobre. Par MM. les directeurs : Plusieurs numeros du Re- cueif, industriel, des Jrchii-es du commerce^ dii Memorial encyclopedique , de I'lnstitut , de r Echo du monde savant du Moniteur ottoman , dn Journal de Sinjrne et du Jour- nal du Caire. Seance dn 21 nopembre. Par madanie veuve Brue : NouveUe Carte du Mexiquc et d'tine partie des proi'inces unies de V Anierique cen- trale , etc. , une teuilie. Par M. Donnet ; Carte topographique de P arroudisse- ment communal de Corlieil , iv du departenient deSeiiie- 27 ( 4io} ct-Oise et dune partie des cantons limitrophos; dressee a 1 echelle d'uii mdtre pour 5o,ooo , et**. — unc feuille. Par MM. Alberl-Monteniont et Monin : Atlas pour seri'ir a r intelligence de la Bihliotheque imiverselle des ■voyages, 2" livraison. Par M. le capitaine d'Urville : Voyage pitloreaqiic an- tour du monde, 6"4 , 65 ct G6^ livraisons. Par M. Gide : Nouvelles Annates des voyages , rahier d'oclobre. Par la Societe des Missions evangeliques : Cahier de novemhre de son Journal. Seance du 5 decemhre. Par M. Warden : V Art de verifier les dates , dfpuis Vannee 1770 jusqud nos jours; suite de la chronologie historique de I'Amerique (Guiane). i vol. in-8°. Par MM. Beer et IMaedler : Feuille 3e de la carte de la lune. Par M. Graberg de Hemso : Dell' attuale condizione della scienza statislica in Italia, broch. in-S". Par MM. P. Leroux et J. Reynaud : Encyclopedie pit- toresque , premier volume, in-4''. Par rinstitut bistoiique : Troisiemc livraison de son Journal. Par M. le capitaine d'Urville : Voyage pittoresque au- tourdu monde, 67 a dye livraisons. Par M. Bajot : Annales maritimes et coloniales, cahier de novembre. Par M. de Moleon : Recueil industriel et manufactu- rier, cahier de septembre. Par RI. le directeur : Memorial encjclopediquc , ca- hier de decembre. Par MM. les dirccteurs : Numeros 81, 82 el 83 de (4i.) rjnstiluf, el nurntiios 34, 35 et 36 (ie VEcho da nionde. savant. Seance dn 19 deceinbre. Par M. A. Boue : Essai geologiqiie siir VEcosse , i vol. in- 8°. — Menioireji geologiques et paleontologiques ^ tome ler, in-8". Pai" M. Rafinesque : Uiie collection du Tsalagi ou Cherokee Phoenix. — Journal Atlantique^x vol. iu-S". — Herbarium Rafinesquianuni , broch. in-8°. Par M. le capitaine Chesney : Reports on the naviga- tion of the Euphrates , i vol. iu-tolio. Par M. le comte de Serristori : Secondo siippleniento al Soggio statistico delV Italia. Lausanne, i834, in-8°. Par M. le capitaine d Urville : V oyage pittoresque au- tour du nionde , ^o et 71^ livraisons. Par M. Gide : Nouvelles Annales des ■voyages, cahier de novembre- Par M. le commandant Roguet : De la Vendee nii- litaire. Livre iii , broch. in-8''. Par rinslitut historique : 4* livraison de ion Journal. Par la Societe de geologic : Feuilles 28 tt 29 du tome IV de son Bulletin. Par M. de Moleon : Recueil industriel el manuf'actu- rier, cahier d'octobre. Par M. Henrichs : Archives du commerce (novenibre). Par la Societe d'agricultiire et de commerce deCaen: Rapports sur la cinquihne exposition des produits des arts du Calvados en i834, broch. in 80. Par la Societe dagricultnre de Versailles : Rapport sur les ravages occasiones par les vers blancs , etc. , in - 80. Par M. Boiisquet : Journal de la jeunesse , n" 8. Par MM. les directeurs : N"' 84 et 85 de Vlnstitut et numeros 37 et 38 de VEcho du monde savant. ( 4i2 ) ANNONCES. Pri/icipcs d'lt/ie stntisfirji/e generate soiis le point de vuc decononde nationale , par W.-E.-A. de Scliliebcn. Vienne , i834, i vol. in-8. Statistiqtte des frontCeres militaires de la Transyh'a)iie, par Benigni de Mildenherg , secretaire du coiiimaiide- inerit general de Transylvariie. Hermansladt , i834 , I vol. in-i2. Nouveau Dictionnaire kydrogiapluque des etats alle- niandi , contenant la description des rivieres et ruis- seaux , etc., etc. , par le baron de Sedlitz. Hall, iSX) , I vol. in-8. Mesures des hauteurs dans la Thuringe et dans les en- virons^ reunies et coniparees avec quelqiies observations, par de Hoff, directeur du Consistoire superieur ile Gotba ; avec deux planches, i vol. in-4. Expose geographique et statistique de la force des etats qid font partie de la Confederation gerniaruqnc , avec un grand tableau comparatif de la superficie, de la popu- lation et des ressources des differens etats de lAlle- niagne , par le docteur Aug.-Fr.-Guill. Crome. Histoire des croisades entreprises pour la delivrance de la Terre-Sainte ^ par Charles Mills; traduite de I'anglais par M. Paul Tiby; ouvragc accompagne d'une carte de I'Asie-Mineure, des plans d'Antioche et de Jerusalem , el d'une carte de la Syrie , de la Terre-Sainte et de la basse E^yple, parAmbroiseTardieu.3 vol. in-8. Paris, Depelatol 'riicr.u-leCopui, w" 4), i835. (4i3) Aventuresde Kamrup^ tiaduites de I'hindoustany, par M. Garcin de Tassy, nienibre des societes asiatiques de Paris, Londres, Calcutta et Madras, professeur d'hin- doiistany, a I'ecole speciale des langiies orientalesvivan- tes, I vol. in-8. Paris, Debure freres (rue Serpente, n° 7)? i835. Journal d'lin sejour en Ahyssime pendant les annees i83o, 1 83 1 et 1 832, par Samuel Gobat, niissionnaire de 1 Evangile^au service de la Societe episcopale d' Angleterrej publie par le comite de la Societe des missions de Geneve, et precede dune introduction historique et geographique sur TAbyssinie; avec carte et portrait. Paris, Risler (rue de rOratoire, n° 6), i835; prix 6 francs. Etudes sur la France (pour paraitre en i835 \ — At- las pbysique, politique et bistorique de la France, dresse sur le menie plan que ce!ui de lEurope , mais a une plus grande echelie et avec plus dedeveloppemens; douze carles avec texte marginal et tableaux comple- meiitaires; pai' M. le lieiitenaiit-colDiic! Dt'iiaix. TABLE DES MATIEUES CONTEKUES DANS LE II* VOLUME DE LA 2' SERIE N"^ 7 a 12 (Juillet a decembre i834.) PREMIERE SECTION. MEMOIBES, EXTRAITS. ANALYSES ET RAPPORTS. I'jg.t Menioires sur la decouverte el la reconnaissance des c6tes d'A- merique, par M. Roux de Rochelle 5 et 34i Notice sur les voyages de M. de Lesseps , par M. Roux de KoCHELLE aS Extrait de deux lettres adressees a la Societ6 de Geographie par M. Pallegoix , missionnaire francais a Siam. — Itine- raire de Juthia a Xai-Nat 4 < Itineraire de la Canee h Candie par R^thimo, et de Candie a la Canee .54 Relation d'lin voyage dans I'interieur de I'Afrique septentrio- nale, par Hiiaggy Ebn-el-Dyn el-Eghou4thy (3'et 4' ar- ticles) 8i et 145 Extrait du rapport des directeurs de la Societe americaine de colonisation, j)our I'annee i833 i !♦> Menioires de I'Acad^mie americaine des sciences et arts de Cambridge (comte rendu par M. Warden) lao Rapport verbal sur la NornenclaCrira geogrAfica de Espaila , de M. Caballero, fait a la stance du aa aout, par M. d'Avezac. 17.3 Notice sur un ouvrage de M. le docteur Guy^tand , intitule ; Tableau de I'etat actiiel de I'economie riirnie Jans le Jura, etc., lue .1 la Societe de Geogr.Tphie dans sa seance du 4 juillet 18J4, par M. Roux de Rocheilu la" ( 4i5 ) Piiges. LcUre dii cure de Santiago-Tepehuacan a son ^v^que, sur les mceiirs et coutumes des Indians soumis a ses soins; tiaduite par Henri Ternaux 176 Notice et analyse de I'ouvrage de M. Klaprolh, intitule : Lettre a M. le baron de Humboldt sur i'invcution de la boussole, par M. DE LiVREN,VtJDIERE 209 Rapport sur le voyage de M. Leprieur dans I'interieur de la Guiane , par M. d'Avezac 223 Notice sur I'ancienne geographic historique des pays voisins de la Mediterranee , par M. Roux de Rochelle aSg Notice sur le voyage en Boukharie de M. Alexandre Burnes, par M. Eyries sSo AssEMBLEE GENERALE .^ Discours d'ouverturc prononce par M. le comte de Mowtalivet, pair de France , president de la Societe • 2^3 Notice des travaux de la Societe de Geographie et du progres des sciences gcographiques pendant I'annee i834 , par M. d'Avezac , secretaire general 278 Considerations nouvelles sur les Etudes geographiques e! sur I'expression des cartes, par M. le lieutenant-colonel Denaix. 3i6 Apercu d'un voyage dans I'Amerique meridionale, par M. At- cide d'Orbisny 326 Ilineraire de Constantinople a Abouchir, par Arz-Rouin , Ta- vris, Teheran, Isfahan et Chiraz; redige dans les annees 1828 et 1829, par le comte Serristori, ancien colonel d'etat-tnajor au service de Russie 358 Description du quartier Sainte-Catherinc et de ses environs, par M. David, consul de France a Santiago de Cuba 385 DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES. Expedition mercantile dans I'interieur du sud de I'Afrique . . 71 Nouvelle-Grenade. — Ecoles des deux sexes, existant en i834 a la Nouvelle-Grenade *35 Societe americaine de colonisation i38 Colonic de Liberia (Afrique) i4o Chemin de fer pour unir les deux Oceans i4i ( 4i6 ) Pages. Lettre de .'M. Jolin Ross , capitaine de vaisseau de la marine loyaie britannique, a MM. les president, secretaire, eii\ , de la Socit'tP de Geograpliie de Paris i85 Cliemin de fer a travers I'isthme de Panama i86 Extrait d'un Memoire sur un cheroin dins ristiiine de Panama, adresse a la Societe de Geographic j)ar M. Juste Paredes . . 189 Rapport sur les communications a etabliravec I'lnstitut liisto- rique , par M Roux de Rochellf. 193 Extrait du Journal des Missions evang^liques ig?" Extrait d'une lettre adressee a la Societe de Geographic par M. NoYER 260 Denomhjement de population fait an Chili en iS3i , dans les provinces de Valdivia et de Cliiloe 203 Carte de France ( deuxieme livraisbn ) : a64 Extrait d'une lettre de M. Graberg de Hemso a M. d'Avezac . . . Sgo Extrait d'une lettre de M. Alfred Reumonl , membre de la Societe, a M. le president de la Commission centrale SgJ Lettre de M. le capilaine d'artillerie Cliesney, membre de la Societe rovale de Londres, a M. le secretaire de la Societt*. 897 Extrait d'une lettre de M . le capitaine Maconochie .i M . d'Avezac. Sgg TROISJEME SECTION. VCTES nr. I,\ SOCIETE. Proofes-verbanx des scauces de la Commission centrale (juil- let a decembre) j3 , i42j » aoi, 167, 4oi Proc^s-verbal de I'assemblce generale du 28 novembre 3/\o Membres admis dans la Societe 204 . 269, 343 , 408 Ouvrages offerts a la Societe '78, 204, 270, 343 , 408 Compte - rendu des recetfes- et des depenses de I'exercice iS33-j834 33g FIN nH I,A TABLE DES MATIERES DU Ilf VOLUME.