SAR. = La ù à 4 Ce GA { 4 Ve PR ee. 2 “7 D 4 #!, # LA ; | +] | +718 Pa A ES TROISIÈME BULLETIN . DE pe EN socréré PHILOMATHIQUE — LE Le der Lydie] = - D Rs Es FAR NN E- NS Es Le ne me : bu * : % £ 3 2 > PRE er TN AP PRE Les lettres, mémoires, objets d'histoire naturelle , etc. , _ |: doivent être adressés, FRANG DE PORT, au Secrétaire de k ‘ Société, : à CAE » ‘ SAS Dériote IMPRIMERIE DE m.i* ANTOINETTE TASTU, à : Ci TS. A : n. 77 PAT 5 A837e se & 1e PR, À A L_ CR | | LS + br Aù _. — Ai JE … RP ep ri =} F Rvrisi FA a FR LS seist D filomatfique. IIT. : { Le Pyrénebs. C, Hentales, DD () Ce TROISIÈME BULLETIN DE DAS HSOBGIÈLRS PHILOMATHIQUE DE PERPIGNAN. “ke 10 PREMIERE PARTIE. Perpignan, IMPRIMERIE DE M. ANTOINETTE TASTUs C4 4 Bulletin DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PERPIGNAN. BSLRLLLALLLLILSLLRLIE LAS LA LLAGLLELALAUR LE LABLAR VAR GUT LB LAS L LV LLQLIILLLELD DES SIAVAUS DA LA SOGRATA LANDANT 199% Lu à La Séance du 21 Décembre, | Par M. Bouis, Secrétaire. Don ù La Société Philomathique, destinée par ses travaux et ses publications à concourir aux améliorations que réclame ce département, n’a pas failli à la noble mission qu'elle s’est imposée. Luttant avec persévérance, des son origine, contre les préventions ou les obstacles qui entourent presque toujours une institution naissante, elle les a tous surmontés par les résultats qu’elle a déja réalisés. De nombreux travaux scientifiques, littéraires, Î +7, industriels lui ont été présentés ; des collections pré- cieuses d'histoire naturelle locale lui ont été données. Généralement les sujets des premiers ont été pris dans le Roussillon , contrée encore peu connue , souvent injustement appréciée, a laquelle nous sommes tous liés par les mêmes interêts, les mêmes affections. L'homme, comme lamatiere, soumis à l’inertie, a be- soin pour vaincre cette force qu'une quelconque deses facultés soit mise en mouvement. Si les uns sont poussés par de mauvaises passions, d’autres au contraire, exci- tés par l'espoir de contribuer aux choses utiles , consa- crent à une pareille œuvre cette partie de leur temps Vils auraient oisivement employée. C'est cette ému- lation de l'âme qui, pendant nos premieres études, nous fait souvent sacrifier nos heures de récréation à un tra- vail obstiné et aride, et parlanoble concurrence qu’elle produit entre les élèves , établit une grande différence entre l'éducation publique et l'éducation privée. Arrivés à une époque où nous devenons libres, maîtres de nos actions, laforce d'inertie, sous certains rapports , nous surmonterait , si de nouvelles causes d’émulation n’é- taient mises en jeu. Un levier puissant pour la com- battre, ce sont ces réunions où chaquemembre de lasso- ciation vient porter sontribut, toujours recu avec recon- naissance, quelque faible qu'il soit. Félicitons-nous , par conséquent , Messieurs , de voir se consolider dans ce département , une Société destinée à exciter une géné- reuse émulation parmi les hommes désireux de concou- rira y propager une plus grande masse de connaissances. Si l’année 1836 a fait prendre à la Société plus d’ex- tension par le nombre de membres qu'elle a recus , 25 résidans , 16 correspondans, elle a fait aussi des pertes bien cruelles et qui l'ont frappée au sein. Le bon, le savant Jaubert de Réart , notre président, nous a été enlevé, le 23 mars dernier, par une maladie rapide et inattendue. Ila emporté les regrets bien sincères de PRE HEC tous ceux qui avaient pu apprécier et ses qualités du cœur et ses heureuses facultés de l'esprit. M. Sirven a lu, sur M. Jaubert de Réart, une notice nécrologique, insérée dans votre second bulletin. La Société a eu également à déplorer la perte de M. Capdebos, lun de ses fondateurs, peintre de por- traits , qui s'était élevé au-dessus de la foule , dans le genre quil avait adopté. Cet artiste concut , en 1833, l'idée de former à Perpignan une Société des beaux arts , sciences et belles-lttres. Xl convoqua lui-même , à cet effet, dans des réunions préparatoires, plusieurs personnes connues par la haute direction de leurs études. A la suite de ces assemblées fut fondée la Société philomathique ; il n’y eut donc que le nom de changé , et l'impulsion donnée par M. Capdebos produisit d'heu- reux résultats. Il se recommande encore à ses compa- triotes, pour être parvenu, par la seule force de sa volonté , à créer un Musée , remarquable déja par la réunion des tableaux et des objets d'art qu'il renferme. L'année 1836 fera époque dans les annales de la Société , par le concours de plusieurs circonstances heureuses , ayant également contribué à lui donner un élan de prospérité qui l’a pleinement consolidée. Je vous citerai d'abord , Messieurs , l'allocation accordée par M. le ministre de l'instruction publique , sur les fonds d'encouragement aux sciences et aux arts, quia facilité les moyens de publier notre second bulletin ; secondement les fonds votés par le Conseil-Général du département pour les publications de la Société , sont un témoignage de l'importance qu'il attache au succès de vos travaux ; enfin nous citerons comme nous ayant fait acquérir de véritables titres de noblesse , la pré- sence au bureau, pendant votre première séance publi- que, de notre illustre président honoraire, que le {- Roussillon se glorifie de compter au nombre de ses enfans , et sa part active à nos discussions. Narrateur exact et non historien critique , je vais vous présenter aussi succinctement que possible le ré- sumé des travaux de cette année, sans me permettre aucune controverse sur les opinions émises par leurs auteurs. Plusieurs communications ont traité quelquefois le même sujet, en l’envisageant sous divers points de vue. Il m'a paru préférable de les réunir, plutôt que de im’assujetlir à les exposer séparément , d'après la divi- sion souvent suivie en sciences naturelles , physiques , chimiques , etc. Je vous entretiendrai, en premier lieu, de la séance d'installation du bureau de 1836. M. Grosset , tréso- rier en 1835 , qui présida le commencement de cette séance, vous fit le rapport des travaux de cette même année. Il termina en rappelant à la Société la création d’un registre d'éphémérides, proposée par M. Jaubert de Réart, dont l'exécution avait été confiée à ce der- nier, et qui se continue par les soins d’une commission. M. Grosset vous entretint encore d’un cabinet d'his- toire naturelle où doivent être réunis les produits divers de notre département. Vous verrez plus loin que cet appel n'a pas été infructueux. M. Jaubert de Réart, prenant ensuite la présidence, lut des considérations sur les avantages de l'étude. Ces considérations , où l’on reconnait les pensées de lhom- me au cœur droit, à l'âme pure , aux intentions bien- veillantes, portent l'empreinte du caractère de celui dont nous déplorons la perte. Apres cette lecture , votre secrétaire eut l'honneur de vous exposer l’état de diverses industries dans ce département. Cet apercu pourra plus tard devenir utile, comme point fixe, com- me jalon, servant à apprécier la marche progressive ou Pi 2 rétrograde de ces mêmes industries. Dans cette pre- mière séance , il fut décidé de remettre sans frais à chaque sociétaire, les bulletins imprimés par les soins de la Société et d’en déposer deux exemplaires à la bibliothèque de la ville. BPDROLDETS, Cette partie de l'étude de la nature , si féconde ac- tuellement en résultats, n'a eu primiivement pour objet que la recherche empyrique des eaux peu profon- des , par des procédés depuis long-temps rejetés. Plus tard, lorsque la chimie secouant la rouille alchimique devint une science de faits et d'observations , la côn- naissance des propriétés des eaux naturelles constitua presque seule lhydrologie. Enfin, la nouvelle appli- cation de la sonde à la recherche des eaux profondes, a fixé l'attention des savans sur ce sujet, l’a considé- rablement étendu , en faisant concourir à son plus grand développement l’histoire naturelle , comme la physique et la chimie. Il n’est pas de département en France, dont lhydrolo- gie soit aussi avancée que celledes Pyrénées-Orientales. Le traité des eaux du Roussillon, par Carrère, en 1756, l'ouvrage de Barrère, sur les eaux du Vernet, en 1798, le traité généraldes eaux minérales des Pyrénées-Orien- tales , par J. Anglada, en 1833 , une publication sur les eaux potables de Perpignan, en 1822; l'analyse par le même auteur de quelques sources minérales , con- nues depuis très peu d'années et qui alimentent déjà plusieurs grands établissemens , ont complété la partie chimique de nos eaux naturelles. Ce rare concours de circonstances qui font trouver en abondance dans ce département des eaux potables excessivement pures et des eaux minérales de toutes les espèces, avec une pro- x ie fusion extraordinaire, y ont fait également réussir, sur des points assez éloignés , un grand nombre de sonda- ges. Ceux-ci étant devenus un sujet particulier d’études et d'observations, ont amené la présentation de divers travaux qui pourront contribuer à établir, sur des bases plus solides, les théories des eaux jaillissantes , éclairer leurrecherche, et conduire aux meilleurs procédés pra- tiqués pour les obtenir et les conserver. Votre secrétaire a eu l'honneur de vous communiquer un rapport d'analyse destiné a obtenir l'autorisation d'appliquer à la thérapeutique trois sources sulfureuses thermales de Vernet , dont l'indication ne se trouvait même pas dans les traités les plus récens publiés sur les: eaux de cette commune. Depuis cette commumication, ces trois sources desservent un nouvel établissement, remarquable par son étendue et par ses belles et riches dispositions. M. Marcel de Serres vous a envoyé un mémoire intitulé : Observations sur les puits artésiens creusés depuis peu de temps dans les Pyrénées-Orientales. Ce mémoire est imprimé dans votre deuxième bulletin. L'année dernière, M. Eugène Durand vous avait re- mis un tableau représentant la coupe géologique des terrains traversés pendant le premier forage de Tou- louges. Il vous a encore adressé cette année un second tableau avec la coupe géologique d’un autre son- dage, et des observations sur les trois premiers puits forés qu'il a fait pratiquer dans cette commune. Ces communications se recommandent également à la scien- ce, aux sondeurs, aux propriétaires, par les indications qu'elles fournissent. M. Eugène Durand dirigeant lui- même tous ses sondages , en a éclairé la pratique dans ces contrées et popularisé les applications. Il a obtenu à Toulouges, successivement et sans obs- tacle majeur , cinq puits forés, sur un rayon dun millier de metres. La succession des couches perforées vo a éte a peu de chose pres la même peu les quatre pre- miers puits, situés tous surla gauche de la route d'Orle a Toulouges. Le tableau imprimé dans votre second bulletin fait connaître ces couches. Ces quatre puits fournissent approximativement un égal volume d’eau, à une température de 18° 5 c. (E. Durand. ) La quantité de liquide écoulée en une minute du premier puits , a été évaluée primitivement à 1100 litres. L'eau de ce premier puits foré a commencé à jaillir de 210 piedset la couche aquifere a été reconnue jusqu’à 241 1/2 pieds ; Celle du second puits s’est élevée d’abord d'une pro- fondeur de 183 pieds et elle a augmenté progressive- ment jusqu'a 212 pieds. Le troisième forage a donné l'eau de 186 jusqu'à 231 pieds. Enfin , l'eau du qua- trième forage a commencé à monter à 204 pieds et la sonde a descendu jusqu'a 242 pieds. Au-dessous on a rencontré un fonds d'argile compacte. Le tubage d’abord pratiqué en cuivre rouge a été abandonné par suite des obstacles qui se sont manifetés à l'application. On a ensuite employé des tuyaux en fonte dont les emmanchemens sont à boîte et tenon, arrêtés par des goupilles à vis. Le cinquième puits foré de Tonlouges est situé dans le jardin de M. Durand, au milieu dun bouquet de tilleuls. Ici l'eau a commencé à Jjaillir d’une profon- deur de 80 pieds; le volume écoulé en une minute a été évalué à 100litres, te sa température est inférieure de deux dégres à celle des sources précédentes. Cette difference de température et de profondeur ayant fait présumer à M. Durand qu'il n’était pas par- venu à la grande nappe aquifère , le forage fut conti- nué sur le même point. À 160 pieds, la sonde déboucha dans la nappe inférieure; des ce moment le liquide jaillissant devint plus abondant et sa force ascension- nelle débarrassa promptement le trou de sondage des sables qui s'y étaient accumulés. La sonde descendit PHONE alors librement jusqu'a 212 pieds, point où elle ren- contra l'argile compacte. Le volume de liquide écoulé en une minute de ce cin- quième forage a été évalué avec beaucoup d’exactitude à 1300 litres, par MM. Corbiere aïné, Bach, capitaine d'artillerie ; Bouis, Durand. A la source, on apprécie facilement que ce volume est plus fort que celui des autres sources de Toulouges, mais qu'il est bien infé- rieur à celui de la grande fontaine jallissante de Bages, évalué à 2000 litres. M. Durand a observé, après l'apparition de cette cinquième fontaine , que l’eau de la première, qui est la plus voisine, avait un peu diminué. Il attribue enfin la faible diminution de volume, observée à toutes ses fontaines, quelque temps apres leur venue, à une accumulation de sables dans la partie inférieure des trous forés, et non à un affaiblissement de la source elle-même. Cette grande question des puits forés, d’un si haut intérêt pour notre agriculture et notre industrie , s’est longuement agitée parmi vous, messieurs, pendant cette mémorable séance, à laquelle a assisté notre savant compatriote Arago. M. Bouis commenca par exposer diverses considérations générales sur nos puits forés. Bages , Toulouges, Rivesaltes, sont les trois positions principales qui ont fourni des eaux jail- lissantes dans le Roussillon. Les autres points perforés l'ont été sans succes encore, en dépassant de beaucoup les profondeurs auxquelles on a obtenu l’eau à chacun de ces lieux. Terme moyen, l’eau a jailli à Bages, de 50 mètres ; a Toulouges, de 70 mètres; à Rivesaltes, de 60 mètres ; à Perpignan, au contraire, on a creusé imfructueusement en dépassant 180 mètres. Un fait en opposition avec les idées théoriques sur la relation existante entre les eaux profondes et les eaux directe- ment supérieures, c’est quenos eaux Jjaillissantes sortent PA: o dans des lieux voisins de sources naturelles. À Bages, il yales mattés; à Toulouges, les eaux vives y sont multipliées; à Rivesaltes, plusieurs sources sont peu éloignées des puits forés. Si d’autres résultats viennent confirmer ces observations, alors on précisera les points où l’on pourra sonder avec des chances pres- que assurées d’un succes facile. Les puits forés du Roussillon sont-ils alimentés par des nappes stagnantes, ou bien celles-ci forment-elles un courant intérieur , alors véritables rivières souterraines , plus ou moins étendues, telles qu'en signale M. Arago (ann longitude) sous le sol même de Paris, sous la ville de Tours , aux environs de Nismes et en plusieurs autres lieux ? Nul doute qué nos eaux profondes ne proviennent de filtra- üons à travers des couches perméables, mais aucune observation ne démontre encore que ces eaux sont ensuite ennappes fixes, s’élevant par les lois ordinaires de l'hydrostatique dans les voies d'écoulement qu’on leur procure au moyen de la sonde, ou qu’elles ne soient pas soumises à ce point de départ à un mouve- ment de déclivité. Les terrains traversés par la sonde dans notre plaine, étant tous à-peu-près formés de marnes plus ou moins argileuses, de sables, de graviers compris par les géologues dans les terrains tertiaires , on peut admettre que nos puits forés sont alimentés par des eaux dont l’origine souterraine ne devra pas aller se chercher sur nos montagnes primitives ou secondaires. Avec les faits actuellement connus, qu’au dessous des eaux Jjaillissantes on rencontre généralement le même terrain que dessus, il y a des probabilités à porter leur origine dans cette étendue de formations tertiaires qui couvrent les parties hautes et basses de la plaine du Roussillon. Les eaux qui tombent à la surface, rencontrant sur des points divers un sol tou- jours perméable, s’'infiltrent, se réunissent et consti- tuent les masses liquides inférieures. Celles-ci sont — 10 — ensuite ramenées de nouveau sur le sol au moyen des trous de sonde, débouchant dans les parties favorisées, de maniere à être en communication souterraine par une suite de cavités ou de dépôts perméables avec la surface de la terre. La supposition que les eaux de nos sondages ne sont que l’excédant des eaux atmospheri- ques tombées sur ce qu'on appelle communément la pAsRE du Roussillon , qui ne se sont pas perdues par ’évaporation , les cours d’eau, les sources ordinaires , est corroborée par l'analyse chimique des eaux de nos uits forés. Toutes se rapprochent, par leurs principes ixes, des sources de leurs environs, bien différentes par cette composition des eaux potablesde nos montagnes. Ces eaux Jaillissantes ont entr’elles des caragteres de distinction, contribuant jusqu'a un certain point à ré- soudre le problème. Ainsi, les eaux des sondages de Bages ont une proportion sensible de chlorure de sodium (sel marin), provenant probablement de ce que les terrains qui les circonscrivent à d'assez grandes distances sont evidemment marims. Les eaux des puits forés de Toulouges sont moins chlorurées, plus cal- caires et magnésiennes ; elles ont une grande similitude de composition avec les bonnes eaux de Perpignan et de ses alentours ; enfin, celles de Rivesaltes sont les plus terreuses et présentent, comme celles de Bages, une proportion plus sensible de chlorure de sodium. Ces indications se formuleront plus tard en nombres exacts, et à défaut d’autres preuves matérielles, lexa- men comparé de la composition des eaux souterraines pourra amener à quelque résultat. M. Bouis s’occupa ensuite de la température des eaux jaillissantes comparée à la moyenne du sol a la surface. Il observa que les divergences remarquées dans ces températures , données par divers expérimentateurs , provenaient évidemment de limperfection. des instru- mens employés. Il dit que lui-même avaitévalué la tem- _CEPPES. pérature moyenne du sol à Perpignan, à | 6° 5 c., d'a- pres celle des puits. Les observations météorologiques suivies avec régularité a l'ecole normale, sous la direc- tion de M. Béguin , lui firent exprimer l'espoir d’arri- ver enfin à des déterminations , pour la température moyenne à la surface , que la science pourra admettre avec confiance. M. Bouis termina en priant M. Arago de faire connaitre son opinion sur diverses questions relatives aux eaux naturelles, entr'autres sur la cause de la thermalité de certaines eaux. M. Arago , ayant ac- cueilli cette invitation , répondit d’abord que lopinion la plus probable , celle qui résout le mieux les diverses objections , fait attribuer la thermalité des eaux à leur position plus ou moins profonde, dans l'intérieur de la terre , dont la température s'élève de plus en plus à mesure qu'on s'éloigne de la surface. Abordant ensuite les généralités sur les puits forés , il développa les points les plus difficiles de la théorie des eaux Jail- lissantes. M. Arago vous signala une anomalie de température observee par lui-même, entre deux sources jaillssantes de Bages : ainsi la grande source de M. Durand est à 18° c. ; celle jaillissant dans une propriété de M. Vilar , moins abondante et arrivant d’une égale profondeur, est de 19° c. Cette divergence fait appré- cier l'importance de multiplier les observations sur les volumes, les températures des eaux jaillissantes , sur abondance et l'influence des pluies locales , afin d’ar- river à l'explication des causes perturbatrices des puits forés. M. Arago énumera les avantages que présentent dans des cas particuliers les puits forés négatifs ou absorbans. Il nous parla des craintes manifestées par beaucoup d’habitans de la capitale , que les puits néga- üfs pratiqués à Montfaucon, pour recevoir Journelle- ment 300 à 400 mètres cubes de liquide putride, ne Lun. Eu devinssent une cause puissante d’altération des eaux des puits placés à une plus ou moins grande distance. Afin de juger l'opportunité de ces réclamations, on sonda sur divers points, en se dirigeant vers la Seine. Ces sondages ont appris que le liquide putride se réu- nissail à une nappe d'eau, ou mieux à une rivière souterraine, se dirigeant vers la Seine , à laquelle elle paraitse réunir entre le pont d’Iéna et celui de Neuilly, au dessous de Paris, ce qui ôte toute crainte pour l'altération des eaux de puits de cette ville. S’occupant de la température moyenne des lieux , comme se liant à leur géographie physique , M. Arago indiqua la marche à suivre pour obtenir les résultats les plus exacts. Nous ne pouvons mieux faire que de rappeler encore ces indications. D’apres ce savant , l'expérience a positivement démontré que les tempé- ratures prises à Chaque heure , à chaque quart d'heure et même à chaque mmute, font arriver à nombres moins précis, que par deux observations faites dans la journée aux heures homonymes ou de mème nom, et prenant ensuite la demi somme des températures obser- vées à ces heures. Après une assez longue suite d’ob- servations, on arrive ainsi à obtenir la vraie tempeéra- ture moyenne d’un lieu. M. Arago examinant alors les tables météorologiques , dressées par M. Béguin, l’engagea à poursuivre sur les heures homonymes ses observations thermométriques. L’exactitude des observations, dépendant essentielle- ment de la régularité des instrumens employés, M. Arago offrit à la Société de lui envoyer des instrumens pour des observations de météorologie ou de géogra- phie physique. La Société a accueilli avec la plus vive reconnaissance cette offre, comme une nouvelle I de l'intérêt qu'apporte à ses travaux son il- ustre président honoraire. Des instrumens bien exacts, vous serviront à rectifier un assez grand nombre de re ME: resultats thermométriques qui présentent entr'eux de la divergence. La diminution rapide de l’eau du puits foré de la place de Rivesaltes , depuis qu'on a pratiqué d’autres forages dans ses environs, a donne lieu , de la part de M. Bassal, à une communication importante. Il admet, après une série d'expériences de mesurage , que dans cette commune les derniers puits $alimentent aux dépens de l’eau des premiers , et que £s pluies locales influent sur le volume d'eau fourni habituellement par ces puits. Le fait du soutirage réciproque des eaux intéresse a un haut degré l'agriculture et l’industrie. Déja nous avons rapporté l'observation de M. E. Durand, sur sa premiere fontaine de Toulouges, depuis lapparition de la cinquième. Cette question s'avance vers une solution, par les expériences que poursuit M. Bassal, dont l’ensemble sera communiqué à la So- ciété, et aussi par les nouveaux travaux de sondage qu'on va opérer au puits foré de la place de Rivesaltes. Comme se liant à l'hydrologie, je vous rappellerai, messieurs , que votre secrétaire a eu l'honneur de vous entretenir d'observations faites dans la nouvelle galerie des mines de cuivre de Canaveilles qui com- mence presqu'au pied de la montagne, à 200 metres au-dessous du sommet de la même montagne, formée par un granit porphyroide , surmonté par un schiste sur leqnel est superposé du calcaire blanc saccaroïde. L'air extérieur marquant 10° 5, celui à l'entrée de la galerie était à 16° 2; enfin, au-dela de 30 metres dans l'intérieur , la température était à 25° c. À 35 metres, on rencontre à gauche une source d’eau douce débou- chant de bas en haut, avec une température de 24° 8 c. Quelques pas plus avant et à droite, on rencontre une seconde source marquant 25° c. Ici l'eau arrive avec beaucoup de vitesse de haut en bas, suivant une couche schisteuse perméable, placée entre deux couches grani- EN tiques imperméables. C’est un véritable courant souter- rain , et à peu de distance, sur le côté opposé du vallon, surgissent les sources de ce Gépartement qui ont le plus de thermalité. 76° 125 c. Votre secrétaire vous a également parlé, en dernier lieu, d’une eau saline ayant une faible réaction alcaline, qu'on lui a remise pour reconnaitre si le sel qu’elle renferme peut-être extrait avec avantage et livré a la consommation.\, Cette eau se réunit dans des fossés de 10 à 12 pieds de profondeur , pratiqués dans un lieu qui à été primitivement un étang, peu éloigné de Narbonne. Elle marque naturellement de 6 à 10° de l’aréometre. On en sépare du sel aussi bon que celui extrait de l’eau de mer. Les eaux mères sont un peu alcalines et contiennent du brome en proportion sensible. PISIHIDUES M. Marcel de Serres vous a adressé un memoire sur les caves où l’on prépare le fromage de Roquefort, produit dontla célébrité remonte à une haute antiquité. Pline le naturaliste, qui écrivait vers le milieu du premier siècle de notre ere , en a déja fait mention. M. de Serres ne s’est nullement occupé de la fabri- cation des fromages ; il a cherché la cause physique qui rend tout-a-fait spéciales , pour obtenir de bons fromages, les caves de Roquefort situées sur le revers nord-ouest de la Causse de Larzac , plateau calcaire le plus haut de l'Aveyron. La température de ces caves est toujours peu élevée et inférieurealatempérature moyennede l'atmosphere. Il y règne continuellement des courans d'air froid qui débouchent, selon les saisons, tantôt par leurs ouver- tures naturelles, tantôt par les fissures de la monta- RE gne qui leur sert de mur. Aussi, d'apres M. de Ser- res , une température froide continue , des courans d'air également froids, sont les causes de leur spécialité pour obtenir de bons fromages. Les positions où ces conditions sont les plus actives, sont encore réputées les meilleures pour la fabrica- tion. On signale la rue de Roquefort , dite des caves, où telle de ces cavités peu spacieuse s’estvendue jusqu’à 215,000 francs. Le mémoire de M. de Serres mérite de fixer l’atten- tion des savans par l'explication d’un fait particulier de physique naturelle ; il se recommande aux industriels qui voudraient disposer artificiellement un lieu propre à une fabrication de ce genre. Ecramace. M. Fraisse vous a présenté, dans une de vos séances, une lampe dite Asteare, dont il a expliqué le mécanisme. La flamme de cette lampe est uniforme et tres lumineuse, effets produits par le niveau cons- tant de l'huile qui s'écoule d’un réservoir supérieur a la mêche. L’éclairage particulier, comme l'éclairage des rues est un sujet si important qu'a la suite de cette communication, il fut nommé une commission chargée de vous présenter une notice des divers mécanismes des lampes les plus usuellement employées, et de les comparer aussi dansleur dépense d'huile et leur faculté éclairante. CHIMIE M. Bouis a déposé sur le bureau des pièces fausses de cinq francs et de trente sols, dont il fit connaître la composition. Ces pièces avaient été obtenues par le coulage. IL indiqua en même temps des moyens faciles pour distinguer les pièces d'argent au titre des pièces fausses. Vous devez au même une notice sur des sulfates naturels à plusieurs bases. Dans une cavité placée à pie côté du grand chemin d'Arles , au-dessous du fort des Bains, il a trouvé des concrétions sulfatées formées de 1 atome alumine, 1 atome oxide ferreux , 1 atome magnésie , 3 atomes acide sulfurique , 15 atomes eau. Sur un gneiss talqueux , exposé à des émanations d'eaux sulfureuses à Vernet, il a recueilli d'autres concrétions de composition analogue. Enfin il a reconnu un alun hydrate, à base d'alumine et de magnésie, en petits nodules blancs , dans une terre argileuse noire, recou- vrant le sol de plusieurs enfoncemens caverneux de la côte de Llansa à Roses. HSOLENCES MAULUVTESRLES. Long-temps le département des Pyrénées-Orientales est resté presqu'inconnu des naturalistes, malgré la variété de ses produits. Lapeyrouse seulement y avait signalé quelques plantes rares sur les indications qu'il avait reçues de botanistes de ce pays, aussi modestes que savans. Circonscrit au nord et a l’ouest par des formations secondaires , à l’est par la mer , au sud par les Pyré- nées, sillonné dans ses parties peu élevées par plusieurs zones de collines , ce département réunit, sur une petite étendue , les productions marines à celles des diverses formations et des diverses latitudes. Le miné- ralogiste, le botaniste, le zoologiste y trouvent d’abon- dantes moissons à récolter; le géologue de grands phé- nomeénes à étudier. Tous ont beaucoup à y voir, beau- coup à observer. Aussi commence-t-il a être signalé comme un des points de la France le plus riche en pro- ductions naturelles. Cette impulsion nouvelle , impri- mée vers la connaissance plus parfaite de notre contrée, est due en partie à la direction des travaux de ceux ni — de nos compatriotes qui se sont appliqués à son étude. Ta Société a contribué à exciter cette émulation, en facilitant à ses membres les moyens de publier les résultats de leurs recherches. Vous pouvez en juger et par les communications des années précédentes et par celles qui vous ont eté faites dans le courant de l’année. M. Companyo, naturaliste distingué, vous a lu Le cata- logue des oiseaux naturalisés ou seulement de passage dans cette contrée. Sur quinze ordres d’oiseaux (elassi- fication de Temminck) divisés en 90 genres et 438 especes, trouvés en Europe, 87 genres et 330 espèces ont été reconnus par M. Companyo. Les trois genres qui m'ont pas de représentant sont les genres talève, pélican et fou. Ne sont point également représen- tés la premiere section du genre falco elanion , la premiere section du genre strix, les chouettes accipi- trines ou qui peuvent chasser pendant le jour. Les 330 espèces d’oiseaux , observées dans le dépar- tement, se trouvent dans les collections de MM. Com- panyo et Canta. La Société posséderait déja un grand nombre d'individus de ces 330 espèces , si elle avait pu faire , a son cabinet , les dispositions convenables pour les y placer. M. Itier vous a envoyé une notice sur le calcaire et les cavernes à ossemens de Villefranche en Conflent et de Vicdessos. Ce calcaire, d'apres cet observateur, fait partie d’une formation assez étendue dont les lambeaux épars ca et la , flazquent le groupe de montagnes dont le relief actuel se rattache aux derniers soulevemens du Canigou. Les fossiles observés dans ce calcaire sont des orthocerates , des entroques, des ammonites , des bélemnites , des nautiles et quelques bivalves trouvés dans les derniers étages de la formation secondaire. La montagne de Villefranche , violemment disloquée pendant son soulèvement, présente des cellules caver- neuses dont deux forment ce qu'on appelle les grottes 2 — 18 — de Villefranche , et une troisième, sur la route de Sahorre , est appelée grotte de Feuilla. Les dépôts qui couvrent le sol de ces cavernes con- tiennent de nombreux ossemens; ces derniers sont tous d'animaux dont les analogues existent actuellement. I en est de même des ossemens trouvés dans la caverne de Vicdessos. Des documens précieux ont été lus à la Société sur un insecte, le cebrio xanthomerus et sa femelle, trouvés aux environs de Perpignan, la seule localité de France où on les ait encore reconnus. Le 21 sep- tembre dernier , M. Aleron vous fit part que le 17 du méme mois, après avoir pris plusieurs centaines de mâles, il avait trouvé des femelles, et que prochai- nement il ferait connaitre leur mode d’accouplement, la durée de leur vie , la forme de leurs œufs. Le 2 novembre, vous avez eu communication d’une notice sur ce même cebrio , par M. Farines , qui des 1830 avait donné la description de la femelle à la Société Linnéenne de Bordeaux. Cet entomologiste, dignement connu dans la science, nous a appris que le cebrio parait pendant les pluies de la fin de septembre ou de la première quinzaine d'octobre; il a indiqué les habi- tudes du mâle; il a décrit la femelle , son accouple- ment , la forme et la couleur de ses œufs. Après ces communications majeures , il a été encore fait lecture, dans la dernière séance , d’un travail de M. Aleron sur ce même insecte. Ce travail nous à donné les indica- tions pour arriver à la rencontre de la femelle. Décri- vant l'acte de la fécondation, M. Aleron observe que la jonction est de 10 à 15 minutes, et exposant ensuite les observations faites chez lui , sur des mâles et des fe- melles placés dans une caisse avec de la terre, il a pu préciser le mode d’accouplement , la forme des œufs et celle des larves. La Société doit se féliciter de voir paraître dans son 2] Ole sein une suite d'observations et de recherches , faisant l'historique d’un insecte rare , spécial à la localité et qui fixe l'attention des entomologistes. Je vais terminer ce qui se rattache aux sciences natu- relles, par vous indiquer , Messieurs, les dons de pro- duits organiques et inorganiques faits à la Société. Par cette énumération, vous serez à même de juger si nous pouvons espérer de réunir promptement dans notre cabinet les diverses productions du départe- ment , en contribuant, chacun pour notre part, a cette œuvre désintéressée. M. Aleron, naturaliste , aussi actif et modeste que recommandable par ses connaissances positives , a fait don d’un grand tableau , réunissant la collection com- plette des mollusques fluviatiles et terrestres du dépar- tement. Ce tableau, que la Société se glorifie de posséder dans cette enceinte, a donné lieu à un rapport raisonné qui expose la classification adoptée et le nom de tous les mollusques. M. Companyo, en son nom et en celui de M. Delocre, vous a fait ce rapport. La Société voulant donner à M. Aleron un témoi- gnage de sa gratitude et de son estime, Le nomma un de ses membres, et fit graver en tête de ce tableau : Fait et offert à la Société Philomathique de Perpignan, par M. Aleron, le 6 avril 1836. Depuis lors, le même naturaliste a donné avis qu'il prépare des tableaux d’in- sectes, où seront placés une espèce disséquée de chaque famille; à côté de chaque famille, doivent être indiqués les genres qui la composent, les espèces trouvées en Europe et celles trouvées dans la contrée. Un de ces tableaux, représentant la première tribu des carnassiers pentaméres, a été remis à la Société. Nous devons applaudir à un pareil travail, destiné à faire connaître avec exactitude Îles productions entomologiques de la contrée. à _ ER M. Aleron, toujours infatigable dans ses explo- ralions, VOus a prévenu qu'il devait ajouter trois nou- veaux sujets à son tableau de mollusques; enfin, vous avez recu le dessin colorié, n'ayant pu encore faire la notice, d’un msecte de la famille des Lamelicornes, trouvé pour la premiére fois, en mauvais état, dans le departement , en 1829, par M. Companyo. M. Grosset a remis de beaux échantillons de sel gemme de Cardone. M. Lloubes a donné plusieurs échantillons de lignites. M. Pujade a envoyé des blocs d'hématite de Batere. M. Bouis a donné une centaine d'échantillons mine- ralogiques , tous recueillis par lui dans le département, ainsi que la collection des pierres à plâtre, fournissant le plâtre qui y est usité. M. Dalbies a fait remettre des minerais de fer de Millols, d'Aytua et de Thorrent, exploités dans l’arron- dissement de Prades ; il a envoyé également des échantillons des minerais de cuivre d'Escouloubre et de Canaveilles ; parmi ceux-ci se remarque du cuivre silicaté, dit dioptase minéral, dont les gissemens connus sont encore fort rares. Enfin, M. Pares a enrichi le cabinet d’un grand nombre de coquilles fossiles, provenant de Genegals, terroir d'Opoul. SOLBNTCES MÉDICALES. Il a été lu à la Société la premiére partie d’un essai sur la thérapeutique des eaux minérales, par M. Chenu. M. Pujade a communiqué un mémoire sur un cas remarquable de mérycisme où de rumination humaine. M. Pujade apres avoir développé toutes les circons- tances particulières de cette aberration des voies digestives, indique les cas très rares de mérycisme signalés par quelques auteurs ; cas dont quelques-uns lui paraissent douteux, ou du moins ne pas présenter les symptômes caracteristiques observés par lui. Ce savant mémoire est terminé par la discussion des causes physiologiques qui peuvent développer et entretenir cette affection. MM. Paul et Taleyrac ont fait un rapport confirmatif des opinions du docteur Pujade. M. Farrana présente une observation portant qu'une couleuvre de 0% 56 de long, rangée parmi les serpens a collier, a été avalée par un enfant de quatorze mois, pendant qu'il était couché à l'ombre dans un bois aux environs de Prades. D'après cette observation, la couleuvre aurait été rendue par l'anus, après #4 jours de séjour dans le corps de l'enfant. Comme piece à l'appui, M. Farran a envoyé la couleuvre placée dans un bocal avec de l'esprit de vin. .. M. Auberge, chirurgien-major au 21° léger, a fait remettre un mémoire sur une fracture de los hyoiïde. SARVS INDUSTRIE BE ACRICOLES, M. Aymerich fit part à la Société que, conjointement aveg M. Fauvelle , il avait reconnu au Moula, terroir d'Estagel , une roche grésiforme, applicable au pavage des rues. M. Grosset observa que dans ses propriétés, au Boulou, il avait un gres susceptible probablement des mêmes applications. À la suite de ces indications , la Société manifesta le désir de faire quelques essais qui seraient communiqués ensuite à l'autorité munici- pale de Perpignan, pour les faire continuer sur une plus grande échelle. Depuis lors, M. Aymerich vous a envoyé des blocs du grès d'Estagel, et ces blocs ont été remis à M. Caffe, architecte de la ville, chargé par M. le Maire de faire des essais sur le même £r TRS sujet. Enfin, vous avez recu de la part de M. F arines un article ane Géologie appliquée aux Arts , où il est également question 4 pavage. La Société déc se félicite d'avoir, la première, fixé l'attention sur cette quesuon, el il faut espérer de la voir résoudre d’une manière LConEnr mas aux vœux des habitans. Le mastic bitume , produit composé de bitume naturel, ou de goudron provenant de la distillation de la honte , mélangé avec du calcaire bien sec et pulvé- risé, est utilisé avec succès, Comme moyen de couverte, de pavage, et comme agent propre à empêcher lé 5 filtrations de liquides. Ce mastic , employé depuis plusieurs années sur différens points dela France et pr mcipalement à a Paris, pee” le pavage des quais, cours, etc., a été usité pour a premiére fois à Perpignan, par M. Fraisse, pour couvrir une terrasse de sa maison d'habitation ; le génie militaire vient aussi d’en recouvrir ses grandes et nou- velles constructions de la porte Saint-Martin. Le dépar- tement est également redevable à M. Fraisse de Pim- portation de plusieurs autres inventions utiles, prin- cipalement, des puits fores qu ‘il a le premier pratiqués aunede ses propriétés aux environs de Toulouges. Dans la seance où M. Fraisse commumqua l'emploi qu'il venait de faire du mastic bitume , il s'éleva une discussion sur cette application, sur ses avantages et ses inconvéniens, sur Son prix revenant comparé aux procédés bAbitueld qu'il est appelé a remplacer. Alors fut nommée une commission composée de MM. Fraisse, Neppel et Bach, chargée de recueillir les renseigne- mens et de vous x faire le rapport. Cette commission, aprésavoir parfaitementélaboré Ja question, a nommé pour son rapporteur ! M. Bach, officier cite dans FPar- üllerie par des mémoires spéciaux sur l'arme, et comme nous roussillonnais de cœur et d’âme. SE — Le rapport présenté par M. Bach traite d’abord des localités de France d’où lon retire le bitume, des procédés de fabrication pour le transformer en mastic bitume, enfin de ses diverses applications; il s’occupe ensuite des conditions pratiques à observer dans son emploi, et il soumet à l’analyse les prix revenans des couvertes ordinaires, comparés à ceux en mastic bitume; la différence est à lavantage de ces derniers. Ce rapport méthodique, circonstancié, doit contri- buer à faire connaitre, à propager l'usage du mastic bitume dans le département, et il servira à démontrer les résultats avantageux des réunions où les intérêts matériels du pays sont en première ligne. M. Fraisse vous a remis, depuis lors, du mastic bitume, préparé à Paris avec le goudron de la houille employée a l’éclai- rage. Il est de mon devoir, messieurs, de vous entretenir quelques instans d’un établissement de teinture et de filature, fondé en 1830 dans cette ville, par notre collègue M. Vimort-Maux. Cet industriel commenca par donner des preuves de son aptitude, en faisant confectionner lui-même, sur les lieux et sans modeles, toutes les constructions et machines nécessaires pour monter ses ateliers. Employant un personnel entièrement pris parmi les habitans de Perpignan, étrangers à cette industrie, il a dû dresser un à un tous ses ouvriers, hommes ou femmes. En 1832, il a fabriqué des étoffes en coton, appelées Jaspés et en catalan Sal y Pebre, pour habillement d'homme. La fabrication en a été suspendue pour per- fectionner d’autres branches de production. En 1833, il a joint à la teinture et apprêt de coton, elles des étoffes en soie et en laine. En 1835, il a commencé à fabriquer les ouates. Un de ces produits vous a été presenté ; vous avez pu juger ) 5 A de sa blancheur, de sa légèreté, de son brillant. La même année ont été fabriqués, pour la première fois, les cotons cardes pour piquage des couvertures. Enfin en 1836, ila établi sa fiature mise en action par un manège. Les établissemens industriels sont si peu nombreux dans la contrée, leur développement serait cependant d'une si haute importance, pour fournir du travail à une partie de la classe la plus pauvre, qu'on ne saurait assez encourager ceux dirigés avec discernement et habileté comme celui de M. Vimort-Maux. Je joindrai aux communications industrielles qui vous ont été présentées, un mémoire de M. Grosset sur les monnaies de la Turquie et des états Barbaresques. La premiére partie de ce mémoire traite des monnaies Lurques comme les plus importantes, étant recues pour leur valeur nominale dans la plupart des états des côtes d'Afrique. L’aspre est lunité monétaire de la Turquie, trois aspres formentle para etA0 paras composent la piastre. Les monnaies d’or sont Le sequin, le demi sequin, le rouble. En Turquie, le titre de l'or est représenté comme en France par 2/4 Karats et le Karat a 4 grains. Il parait que l'échelle décimale, appliquée aux monnaies d'argent, y avait devancé le système décimal adopté en France. Ces monnaies turques d'or et d'argent ont subi souvent des altérations de titre. La seconde partie de ce mémoire n’a pas encore été lue à la Société qui recevra, avec la plus vive reconnaissance, des rensei- gnemens monétaires sur des contrées où nous avons tant d'intérêts engagés. L'agriculture, messieurs, doit être une des branches principales de nos travaux, si vous voulez consolider d’une manière efficace cette association, dans un dépar- tement où l’industrie manufacturière est presque nulle, comparalivement aux arts agricoles. Des changemens Eu — 2 (Dj dans les assolemens, des prairies naturelles ou artifi- cielles encore plus multipliées, question majeure dont les suites doivent amener à une plus grande abondance de troupeaux ; lmtroduction de nouveaux instrumens aratoires dont la pratique ait confirmé les bonnes appli- cations ; la préparation et la conservation des engrais, des perfectionnemens dans la culture de la vigne et dans le choix des cepages, la multiplication des bonnes espèces de mürier etc., sont autant de sujets dignes chacun d’une étude sérieuse. Quelques-unes de ces améliorations s’obtiennent, mais graduellement et avec lenteur ; c’est une suite de cette tendance des proprié- taires, à n'adopter qu'avec circonspection les change- mens qu'onleur propose. L'agriculture ne peut marcher avec succès qu'éclairée par une saine expérience ; sou- vent on a tracé comme regles a suivre, des principes applicables à un seul genre de terrain, d’où il est résulté que lorsque des propriétaires ont voulu les adopter sans discernement sur des sols de nature différente , ils en ont reconnu les fausses applications, et cela les a mis en garde contre les innovations. Peu de pays ont une si grande variété de sols que ce département; à côté d’un terrain léger, sablonneux ou calcaire, se trouve un terrain fort, argileux; plus loin on rencontre un sol chargé de gravier. D’une part sontdes terrains encore imprégnés de sel marin; d'autre ‘part se présente un sol nouveau de composition bien opposée. Les aspres de la plaine différent essentielle- ment des aspres des montagnes, il en est de même des terres arrosées par cet admirable système d'irrigation qui vivifie de si grandes surfaces. Ces observations ser- vent à apprécier combien il y a de difficultés à modifier avec rapidité l’agriculture d’un pays aussi accidenté, où un système adopté sur un point ne peut s'appliquer sur des lieux peu éloignés. Ici donc, plus que partout ailleurs, il y aurait convenance à organiser des réunions SR EE agricoles dans chaque arrondissement, où l’on s’assu- rerait, par des essais dirigés avec méthode, de l'avan- tage de modifier telle ou telle culture selon la nature des terrains. Et attendant une pareille organisation , notre Sociélé, quoique privée des conditions matérielles quipermettentles expériences agronomiques, concourra aux progres de notre agriculture, par la publication des travaux de ceux de ses membres qui se livrent plus spécialement a ce genre d’expérimentations. La culture du mürier, l'éducation des vers-a-soie , la filature de la soie, ont été autrefois pour la province une branche de revenu, vivement encouragée par les autorités locales. Les satins, les velours de nos fabri- ques étaient une partie essentielle de notre production et de nos exportations. Différentes causes avaient contribué au dépérisse- ment successif de cette industrie, lorsqu'enfin elle fut anéant'e par la réunion de l'Italie, ( Piémont, Lom- bardie ) à la France. Les anciennes divisions territoriales, rétablies en 1814, firent prévoir iei que de nouveau la culture du mürier, la création de magnaneries deviendraient tres productives et promettaient un bel avenir; depuis lors aussi les plantations de müriers s’accroissent annuel- lement. Il y a dix ans, on comptait à peine dans le dépar- tement 30000 mûriers, et ce n’est pas la dixième partie de ce que nous pouvons réaliser; 30000 de ces arbres en plein rapport suffisent à l'éducation de 1200 onces de graine de vers-à-soie. En 1835, le nombre demüriers était deja plus que doublé, et les plantations sont en grande voie de progres ; même cette année on estimait à 50 mille ceux de l'arrondissement de Perpignan ; à 10 mille, ceux de l'arrondissement de Ceret. On ne connaissait même pas approximativement ceux de lar- rondissement de Prades, où les plantations en arbres — 27 -- sont peut-être trop négligées. Les soies de Perpignan sont belles, luisantes; celles de Ceret sont d’une cou- leur, d’une qualité qui les rendent avantageusement comparables a celles du Milanais etde la haute Cevenne. La production en cocons, pendant 1835, a été de 6150 kilos, au prix de 3 fr. 10 ce. 50 kilos de coton produi- sent, terme moyen, # kilos de belle soie. Le prix de celle-ci a varié, depuis 15 ans, de 30 à 65 fr. le kilo. Le rendement est bon lorsque une once métrique de graine fournit 100 livres de cocon. Vous voyez, messieurs, par cet apercu, que l'in- dustrie sétifere est de nouveau en voie de progrès dans le département. Dans ce moment les plantations de müriers sont nombreuses ; qu’on les cultive avec intel- ligence, que leurs feuilles soient consommées dans des magnaneries aérées, chauffées, établies avec soin et d'après un bon système; que la soie soit partout filée par de bons procédés, et le département verra s'ac- croître dun riche produit son revenu agricole et industriel. Un pareil résultat serait réalisé promptement, avec économie, par la publication des méthodes si heureu- sement adoptées dans d’autres départemens, par des communications plus fréquentes entre ceux qui ont ouvert la carriere, réveillé dans le pays une industrie long-temps prospère et a-peu-près éteinte, et ceux quicherchent, mais avectrop d’inexpérience, à marcher sur leurs traces. M. Fraisse, dans une notice commencant par quel- ques observations générales sur l’agriculture du depar- tement, vous a signalé les résultats obtenus aux envi- rons de Paris, par M. Camille Beauvais, dans ses magnaneries. Ces résultats remarquables, comparati- vementà ceux oflinairement réalisés dansnos contrées, font sentir la nécessité de modifier nos méthodes usuelles, et, favorisés comine nous le sommes par le ne. M clunat, l’on aura alors moins à redouter la rivalité de con- trées si souvent privées des rayons vivifians du soleil. L'usage des silos pour la conservation des grains remonte à la plus haute antiquité. À mesure que les progres de la civilisation ont rendu presqu'impossibles les grandes disettes, par les secours mutuels que se prêtent les peuples; a mesure que les guerres sont devenues moins fréquentes et surtout moins dévasta- trices, l'emploi des silos est devenu de moins en moins nécessaire. Îl est des cas cependant où on pourrait les utiliser avec avantage. À ce sujet, vous avez recu de M. Izern une notice d'économie rurale sur la conser- vation des grains, par lemploi des silos. M. Izern indique les différens procédés suivis pour la construc- üon des silos; il signale ensuite les positions où sont situes les anciens silos de la citadelle de Perpignan, et donne leur contenance. MM. Béguin et Cayrol, chargés de vous présenter un rapport sur la notice de M. Izern, s'étant rendus à la citadelle pour vérifier ces contenances, ont reconnu que les documens fournis à M. Izern étaient imexacts. La préparation, l'augmentation, la conservation , l'emploi des engrais, sont des questions sur lesquelles on ne sauraittrop appelerlasollicitude des agriculteurs, et malheureusement elles sont trop négligées. Peu de traités spéciaux ont été publiés sur ce sujet; le dépar- tement aurait cependant besoin d’un manuel local, à la portée de tous les agriculteurs, qui les guidât dans le mode d'application des engrais ou amendemens, selon les localités et les. terrains. Nous devons nous féliciter d'avoir recu un travail sur les engrais, dans lequel on trouve des propositions utiles dont lappli- cation pourra étre avantageuse. L'auteur, M. Fortaner, chanoine, appelle engrais toute subsistance ou toute opération qui tend à améliorer le sol et à lui commu- niquerune plus grande quantité de principes productifs. NT 1 Ï divise les engrais en fumiers et amendemens ; ceux-ci sont subdivisés en amendemens Lirés du règne Organi- que et en amendemens minéraux. La chaux, le plâtre, la marne sont parmi ces derniers. La marne est étudiée dans ses divisions, ses caracteres, ses propriétés ; il est question des lieux où on peut se la procurer. Enfin, M. Fortaner traite de l'emploi des engrais, selon la nature particulière des terrains du département, qu'il divise en montagnes, aspres, riveral ou terres arrosa- bles et salanque ou terres voisines de lamer. Le travail de M. Fortaner sera consulté avec fruit, sur un-grand nombre de faits pratiques. Nous devons des éloges à l'homme consciencieux, ami de son pays, qui a écrit seulement dans le but d’être utile à ses concitoyens. M. Llanta a lu des observations sur l’agriculture du département ; il a traité de la convenance de modifier le mode général de nos assolemens ; il a insisté sur la nécessité de remplacer l’araire ou charrue ancienne par une charrue simple mieux appropriée à nos ter- rains. Il a développé les imperfections de laraire , qu'il estime bien inférieure à la charrue Dombasle ; comme fait à l'appui, il a cité qu'un travail égal exécuté avec ces deux charrues , a été terminé plus rapidement avec la seconde , mieux fait et avec une grande économie d'argent. Plus tard, ila fait connaître les modifications qu'il a fait à la charrue Dombasle; elles sont de telle sorte, d'apres cet agronome, qu'un enfant de dix ans peut conduire lattelage et la charrue avec facilité. Celle-ci peut être appliquée à tous les sols ; un timon et soc mobiles qu'on peut régler sur place même, remplacent lavant-train dela charrue Dombasle. M. Llanta a remis le dessin de cette charrue perfectionnée. Nous l’engageons à vous communiquer d'autres ré- sultats de son expérience éclairée , afin que des faits matériels , seule manière de prouver en agriculture, DT 7 concourent à modifier les pratiques anciennes, recon- nues vicieuses. Enfin, M. Fraisse a donné à la Société plusieurs espèces de blés étrangers, remis adivers membres pour tenter quelques essais. PORT-VENDRES. Je crois mutile , Messieurs , de m’arrêter sur ce que ce port présente d'avenir et d'importance. Déjà un mémoire de M. Aymeric , remarquable par les hautes questions politiques et commerciales qu'il a agitées , et imprimé dans votre second bulletin, a soulevé le voile sur les destinées futures de ce point maritime. Je vais maintenant vous énumérer les communications sur Port-Vendres , qui vous ont été faites durant cette année. Vous avez recu de M. Qués, entrepreneur des cons- tructions du phare de Port-Vendres , le plan de ces constructions. Il vous a annoncé en même temps qu'il préparait, pour le cabinet de la Société , un modele en bois ou en plâtre de ce phare. M. Bach, traitant la question physique de ce sujet , a d'abord lu un apercu sur l'éclairage des côtes mariti- mes , afin d'arriver à l'explication dn système d'éclai- rage adopté pour ce phare. M. Bach a rendu parfai- tement intelligibles et à la portée des personnes peu accoutumées aux études physiques , les différens sys- ièmes d'éclairage successivement employés sur les côtes. Il a fait voir les progrès qu'ils recurent de l’em- ploi des miroirs paraboliques, progres qui devint lus sensible au moyen des fanaux à éclipses. Ce mode d'éclairage fut encore perfectionné en 1823, par fadoption des miroirs paraboliques - métalliques de Fresnel , en remplacement des lentilles de verre. Le — 31 — phare de Port-Vendres, rangé parmi ceux de pre- mière classe à feu fixe, a un systeme d'éclairage par les lentilles. Ce phare, comme l'a dit M. Bach, n'offre pas moins d'intérêt à connaître, soit qu'on le considère comme un témoignage de la perfection des arts en France, comme un monument d'utilité générale , ou comme un premier acheminement vers l'exécution tant désirée dans le département du projet d'agrandisse- ment de ce port. M. Henri , auteur de l’histoire du Roussillon , a lu une notice sur Port-Vendres. M. Henri retraçant rapi- dement l’histoire de ce point important de nos côtes maritimes , l’a montre comme constituant autrefois le port de la ville de Collioure , au territoire de laquelle il appartenait. C'était à Port-Vendres qu'existait l'arse- nal naval de Collioure , que se construisaient, s’ar: maient et se conservaient les galeres royales, que mouillaient les gros navires de cabotage que le com- merce envoyait trafiquer en Egypte, en Syrie et dans tout le Levant, navires que la plage ouverte et dange- reuse de Collioure n’était pas susceptible de recevoir et dabriter. IL a fait voir que déja , sous les rois de Majorque et ceux d'Aragon , une vigie établie sur le haut du Cap Béar, pendant le jour, et un bâtiment stationné au-dehors de la passe , pendant la nuit, as- suraient la sécurité de ces établissemens maritimes. Rappelant ensuite ce qu'a fait M. de Mailly pour son agrandissement et ce qui est dû au Conseil Général et aussi à M. Lacombe St.-Michel, pour Pinitiative que ses connaissances navales l'avaient particulièrement mis en position de prendre dans cette assemblée, relative- ment à ce port, M. Henri a terminé en exprimant le vœu de voir réaliser bientôt le projet de classement de ce port parmi ceux de la marine militaire, projet pour lequel militent des intérêts encore plus nationaux que de localité. = 6 Apres cette lecture , qui eut lieu pendant la séance à laquelle assistait M. Arago, notre président hono- raire, Ce savant exposa ses opinions sur Port-Vendres, et ce qu'il importait de faire pour arriver plus promp- tement à faire classer ce port comme second port mili- taire francais sur la Méditerranée. Ce sujet est dune si haute portée pour nous, pour un grand nombre de départemens méridionaux , pour la marine francaise en première ligne |, que je crois devoir vous retracer de nouveau , Messieurs , les opinions émises par M. Arago. Il développa d'abord ce qu'il y a d'avenir pour cette position maritime , si on apprécie enfin son importance , soit à cause de nos vossessions d'Afrique, soit à cause de sa situation dans ke cas de guerre avec la Péninsule. Tout en recon- naissant les avantages de Port-Vendres pour la marine marchande, ce savant fit reconnaitre la nécessité d’ob- tenir en premier lieu le classement de ce port parmi ceux de la marine militaire. Comme député , comme Roussillonais , toute son influence sera dirigée vers ce résultat ; il ÿ était puissanment secondé par M. le ma- réchal Clausel , par l'avis motivé de plusieurs amiraux et officiers supérieurs de marine, par le voeu fortement exprimé des autorités civiles et militaires du départe- ment. M. Arago a agité ensuite la question de savoir si ce port, qui dans le moment actuel pourrait recevoir des vaisseaux de haut bord , est soumis à un ensable- ment, élevant graduellement le fonds , ou s’il en est à abri. La côte francaise de la Méditerrance recoit plu- sieurs rivières qui y charrient de grandes quantités de sables, dont l’amoncellement suecessif éloigne insen- siblement cette mer des lieux qu'elle a primitivement baignés. La côte de ce département, depuis Argeles jusqu'a Saint-Laurent , est un exemple bien frappant de cette conquête de la terre sur les eaux. L’ensable- 33 — ment lent, mais continu des ports de Cette, Agde, La Nouvelle etc., a pu faire craindre qu'il n’en fût de même de Port-Vendres , malgré son entourage de rochers en saillie dans la mer, qui l’'éloignent et labritent des cours d’eau un peu importans. La solution de cette question : le Port-Vendres s’ensabie-t-il? sera résolue en comparant les sondages faits en 1834, par la com- mission envoyée par M. le ministre de la marine pour explorer ce port, à ceux pratiqués en 1702, sur un grand nombre de points à l'intérieur et à l'extérieur de ce même port. Le relevé de ces derniers sondages existait aux archives du génie de Perpignan. Si, com- me on doit le présumer, cet ensablement est nul ou si faible qu'on puisse en paralyser les effets par un curage facile à exécuter, il n’y a plus alors de motif plausible pour ne pas faire de Port-Vendres une succursale de Toulon , où viendront stationner, s’abriter , se radou- ber au besoin les navires de l'Etat. Port-Vendres classé port militaire, l’objet secondaire sur lequel , d’après M. Arago, il convient d’insister , c'est l'établissement d'unlazaret pour les navires venant d'Afrique. Ce lazaret peut être fonde sur différentes positions ; il en est une de naturelle , convenablement située et facilement appropriable à cette destination ; c'est l'extrémité de la presqu'ile au milieu du port, où l’on a élevé une redoute, bien plus utilement remplacée par cet établissement sanitaire , dont la création doit influer sur le mouvement maritime de Port-Vendres, quel que soit son classement. M. Arago , durant ses développemens sur Port- Vendres , captiva à un haut degré l'attention de toute l'assemblée par sa parole brillante, son élocution facile. Vous pütes reconnaître en lui, Messieurs , non seule- ment le compatriote illustre , l'homme de la science , mas aussi l'ami de son pays , au cœur chaud , énergi- 3 = ASE que , soutenant avec force et conviction des intérêts profitables à la France et à son département. DARCEBDIOGES Notre Société ressentira long-temps la perte de M. Jaubert de Réart , dont les recherches archéolo- giques sur le département étaient si heureuses dans le choix et écrites avec tant d'élégance. Nous avons le regret de vous annoncer que des communications de cette nature ont presque entierement cessé , lorsque l'association compte des membres qui pourraient s’en occuper d'une manière brillante. Nous formons des vœux pour voir se reproduire cegenre detravaux dans vos séances , dont l'intérêt s’accroitrait encore par la discussion de faits se rattachant aux antiquités de la contrée. J’aià vous signaler seulement, commetravail archéo- logique présenté en 1836 , une notice sur une meule en pierre volcanique , trouvée aux environs de la tour de Ruscino par MM. Sirven et Fortaner. Ces Messieurs ont remis cette meule pour le cabinet de la Société. Vous avez également recu pour le cabinet, de la part de M. Pares , une amphore de grande dimension, trouvée dans une vigne du terroir de Peyrestortes, et divers objets antiques en fer, recueillis à Thoura. PNSEDUGETON PAHRIMAITE Ce sujet, auquel se rattachent maintenant de graves débats entre les partisans des deux méthodes d’ensei- gnement primaire Îles plus répandues , la méthode mutuelle at la méthode simultanée , n’a amené qu'une seule communication. Elle est de M. Sirven |, membre zélé pour la prospérité de la Société comme pour tout D ce qui présente un résultat utile d'intérêt général. Vous en avez recu un tableau statistique sur l'instruction primaire de Perpignan; ce tableau a paru dans votre second bulletin. DELLE LEUMTEES Deux chroniques perpignanaises vous ont été pré- sentées , lune par M. Jaubert de Réart, la seconde par M. Sirven. Ce dernier a aussi communiqué une notice critique sur divers ouvrages publiés à Paris , qui ont parle de ce département. Ils l'ont fait d’une ma- nière si étrange et quelquefois si absurde , qu'il y a justice à dévoiler sur quel fonds de mensonges et d’er- reurs sont bâtis la plupart de ces voyages et autres livres périodiques, dont la capitale inonde là province. Amis d’un véritable progrès, nous devons travailler, chacun pour notre part , à briser ce joug que Paris a depuis long-temps imposé aux autres villes de France ; il faut donc discuter les opinions des écrivains de la capitale et les admettre pour leur juste valeur. M. Julia, digne émule des poètes qui ont illustré le Roussillon , a lu une chronique vénitiennne , intitulée la Vengeance. M. Coste vous a retracé, à la séance de M. Arago, les premiers succès de collége et les premières palmes obtenues dans cette même enceinte par ce savant. Il nous a reportés à cette époque brillante , succédant à de grandes commotions politiques , où le renouvelle- ment de l'instruction fut accueilli avec passion et délire; époque bienremarquable et par la direction des études et par les souvenirs bienveillans des élèves pour leurs professeurs. La poésie, Messieurs, a fournisa bonne part dans les travaux que nous avons eu à enregistrer. Quelques membres surtout , inspirés par une muse féconde ont 3. Lr'IQUE souvent diversifié vos séances par la lecture de produc- tions, ou l’on trouve le véritable cachet de l'inspiration et du génie. Voici Le nom des pièces et celui de leurs auteurs. Regrets d’un vieillarda Neris . MM. ne Sots. Ma Descente aux MAO ou SIRVEN. Revue desauteurs Roussillonnais. Une. Fleoie : ss - ago. 2 AGREE ER À une ! jeune fille. … :. 04 . © GavraenapaAre La Partie d'ecarté. ... . . : Jurxen. Hlécienspts Must: !MÉDEONE Comsss. La Croisée: : £:20 4° fout MERIc: Ladamousme... . ur. Ravicné. Ode Italienne. . . . . . . . SALvATORI. RARE EE A cie Le Petit Mendiant. . . . . . | La Mort de Walter Scott. . . Jura. Risciro a eu MN TN Silvia. 3 RATES Et trois autres poésies. Ps Une Promenade. males, À une jeune Fille Et ue Miéditations:,rebtml Sep : B Portrait. A ( LE La Madone de Valence. . . | Le sondage de Bages (poëme.)\ La Société a recu en ouvrages imprimées : Les Evèques d'Elne . . MM. Forraner. Biographie Castraise. (3 vol.) Narmar. Voyage He PanSanurin. . . DE ST.-ANTUOINE Eu Discours prononcé au collége REROX Lo. D NL … Vicarosr. Brno (ude D Ale: La clef de l’industrie 3 vol. D'ARMONVILLE. Discours sur lassociation in- Hcllhepnelles 9 . ali tue on : Res. Plusieurs poésies dert.%00, ver DM RAñvIGNÉ. Plusieurs poesies de, . .«. M. ne LABOUISSE. Observations sur l'électricité. : M. Gourpox, D.-M. Comme complément des travaux de la société pen- dant1836, jai a vous rappeler une question qui a fixé sa sollicitude, par les grands intérêts matériels quise raltachent à sa solution. Je veux parler des moyens à mettre en pratique pour paralyser , Sinon empêcher, les dévastations, suites ordinaires des débordemens de nos grands cours d’eau. La Société a proposé la question suivante : quels sont les meilleurs moyens à suivre pourse préserver des ravages denos grands cours d’eau, a l’époque de leurs fortes crues ? Et elle a offert à l’auteur du meilleur mémoire une grande médaille en bronze , envoyée par M. Izern. Vous avez recu un seul travail à ce sujet, 1l en sera fait lecture dans cette séan- ce, c’est ensuite à une commission à l’examineret à vous proposer des conclusions. Enfin, Messieurs, le bureau, par l'organe de votre secrétaire, vous a proposé de modifier l’article 10 du réglement relatif aux admissions des membres. Voi- ci l’article tel qu'il a été modifié et voté: « Tout candidat au titre de membre résidant ou cor- » respondant, devra présenter un travail relatif aux » sciences, aux lettres, aux arts ou à l'agriculture. Un » rapport sera fait dans la séance suivante et on procé- » dera ensuite à l'élection par scrutin secret. L'admis- » sion sera prononcée à la majorité des voix des deux » tiers des membres présens. EE « Un travail écrit n’est pas exigé lorsque le candidat » à l'admission se recommande par de grands services » rendus à l'agriculture, à l’industrie, aux sciences; » ou bien lorsqu'il a fait don ala société d'objets d'arts, » d'archéologie, d'histoire naturelle. « Toutefois dans ces cas particuliers, la propositios » pour l'admission devra être faite à l'unanimité par les » membres du bureau. » Messieurs, vous pouvez juger, par l’exposé rapide que je viens d’avoir l'honneur de vous soumettre, que la société, ayant convenablement apprécié sa mission, marche avec rapidité dans une véritable voie de pro- grès. Une des causes de son état prospère, c’est d’avoir pris comme but principal de ses travaux, des sujets qui se lient anx intérêts materiels de la contrée, ou qui doi- vent contribuer à la faire plus exactement connaître. Elle s’est ainsi ralliée l'opinion de ceux qui ne voient dans des associations comme la nôtre, placées sur des Pr excentriques, qu'un moyen d'arriver plutôt à a connaissance parfaite des localités, et non comme une arène où seraient seulement débattues des ques- tions purement scientifiques ou littéraires. Le bureau qui clôture aujourd'hui ses fonctions , pé- nétré des obligations que vous lui aviez imposées, en le chargeant de la direction et presque de la responsa- bilité de vos réunions, a fait tous ses efforts pour jus- tifier cet honneur. IL y a eu toujours en lui parfaite unité de vues , parfaite unité d'action, pour parvenir à un seul but, la consolidation, la prospérité de la So- ciété, etpar elle, réaliser plus promptement quelques- unes des améliorations réclamées dans le pays. Quant à nous, Messieurs, notre tâche est définitive : ment terminée; elle a été moins difficile par la frater- nité de relations qui a toujours existé entreles membres du bureau et la coopération bienveillante d’un grand nombre d’autres membres. Nous vous engageons en terminant, à former un nouveau bureau, ayant a Fe oi \ cœur comme nous les intérêts du pays, et qui agrandis- se de plus en plus le cercle et l'importance de vos tra- Vaux. MM. MM. BUREAU POUR 1537. B. Lacombe Saint-Michel, président. Ribeil, vice-président. Bach #, secrétaire. Délocre #, vice-secrétaire. Pastre-F/erdier O. #, trésorier. Sirven, archiviste. Comité DE RÉDACTION. Ce le Secrétaire, Batlle, | Paul #, Rte *:-sassdns oi ts ee 1e, = L CP É " ME dr Le Dre Pré m1} ï 3 A a Nr, ANA hr rs FA ñ NT Were gi A nat +? n DEL UE L D'HAT ET Fe % OPEN ORNE il LT RRRE N . Er dc 4e a 0) dr. : De les ; te sie He "mis ba Ë de, due de EVA sé. C0 4 ; ÿ K dE cu à As FT ’ ous ur à Me Se LL W +2 Esreh la mr ris + Bdli-ee pa rot p ter N La “le ÿ es, riotre dé # gré (hcphes € Sici MNT nie COLOLEeOESLOCOLOEO0TITITPITITITITIFIT CHAPITRE PREMIER, Sciences Mbpsiques et Maturelles. PHARE DE PORT-VENDRES, Por AM. Back. Les diverses parties des connaissances humamnkes sont liées comme les anneaux d'une même chaîne; elles ont des rapports intimes, elles se prêtent des secours mutuels, et chacune transmet aux autres, plus ou moins directement, l'influence de sa marche ascendante. Le perfectionnement des arts est une conséquence des progrès des théories scientifiques ; dès que celles-ci étendent leur domaine, les arts se développent rapi- dement et fournissent d’utiles applications à l’industrie et au bien-être des peuples. Cette connexité des sciences entre elles, cette dé- pendance qu'elles imposentaux arts, se font particuliè- rement remarquer dans les a méliorations apportées successivement à l'art de construire les phares. L'in- vention de la boussole, en permettant aux navigateurs LES de parcourir toutes les mers, rendit plus saillante l'imperfection des moyens employés pour signaler les écueils et les points remarquables des côtes. Les sciences ne purent long-temps prêter aux phares qu'un faible appui; ce n’est que vers la fin du siècle dernier, après les travaux immortels de Lavoisier, qu'ils acquirent de grandes améliorations. Ce savant illustre, en decou- vrant le rôle de l’oxigène dans la combustion, fraya la route à Ami-Argant, inventeur des lampes à double courant d'air, qu'on appliqua de suite à l'éclairage des côtes. Bientôt Borda combina ces lampes avec les mi- roirs paraboliques; enfin Fresnel, en remplaçant ces miroirs par des lentilles de verre, obtint une lumiere équivalente à celle de 400 lampes d'Argant. Ainsi la chimie et la physique ont contribué simultanément à l'amélioration des phares; les arts mécaniques leur ont aussi payé leur tribut, et l’on peut dire aujourd'hui le phare lenticulaire de Fresnel estun des produits e l’industrie française qui exige la plus grande variété de talens. Le phare de Port-Vendres est construit d'apres cette derniere méthode. On voit par ce qui précède qu'il n’est pas moins intéressant à connaitre, soit qu'on le considère comme un témoignage de la perfection des arts en France, comme un monument d'utilité générale, ou comme un premier acheminement vers l'exécution tant désirée dans le département du projet d'agrandir le port. Avant d’en donner une description détaillée et afin de faire mieux apprécier les avantages qu'il présente, nous allons jeter un coup d'œil rapide sur les progrès successifs del’éclairage des côtes maritimes. L'institution des phares remonte à la plus haute an- tiquité ; les historiens anciens nous apprennent qu'on construisait, pour guider le navigateur pendant la nuit, des édifices gigantesques, au sommet desquels on sa red entretenait à grand frais des feux de bois et de char- bon de terre. Ces édifices étaienttres élevés, afin qu’on pût voir les signaux de plusieurs lieues en mer. Le plus célebre avait été élevé par Ptolomée-Philadelphe près d'Alexandrie dans l'ile de Pharos dont il a em- prunté le nom, et passait pour une des sept merveilles du monde ; il n’en reste plus aujourd’hui le moindre vestige. Les phares des romains étaient des chefs-d'œuvre d'architecture et s’élevaient bien au-dessus des tours modernes les plus célebres. On distinguait ceux d’Os- tie, de Pouzzole et de Ravenne. Les villes maritimes mettaient de lamour-propre à posséder un phare re- marquable par ses dimensions colossales, sa hauteur et la richesse de ses ornemens. On le considérait comme un monument de luxe, et tandis que des cités opulentes en étaient décorées, les points dangereux de la côte qu'il importait de signaler la nuit en étaient dépourvus. Il est vrai que la navigation étant alors peu avancée , lutilité des phares était moins appréciée que de nos jours; plus tard, le besoin d'indiquer aux navires les passages dangereux et de les guider dans leur marche fit augmenter le nombre de phares; on les distribua d’une maniere plus convenable et l’on cessa de les regarder comme des œuvres d’embellis- sement. Sous les rapports optiques, les phares resterent long-temps stationnaires ; les faibles rayons lumineux émis par les feux allumés au sommet des tours n’ar- rivaient pas à une grande distance et étaient presque totalement absorbés par les vapeurs épaisses qui, dans tous les climats, se trouvent dans les régions basses de l'atmosphere ; ils exigeaient un soin continuel des gar- diens, des dépenses considérables de combustible; on pouvait les confondre avec des feux accidentels, et le navigateur trompé sur sa route, prenant lun pour ER. l'autre, courait risque d’être précipité sur une pointe de roches. La premiere amélioration des phares digne d’être ei- tée ne date que de 1786, époque de l'invention des lam- pes à double courant d'air, d'Ami-Argant. Cette idée in- génieuse de faireles mèches cylindriques, pour exposer la flamme à un courant d'air intérieur et à un courant extérieur, a donné naissance à tousles appareils d’éclai- rage que le goût et les arts font varier à l'infini. Quatre ou cinq de ces lampes réunies produiraient sans aucun doute un feu aussi ardent que ceux des tours romaines; mais On augmenta considérablement la force de leur lumière, en les plaçant au foyer d’un miroir paraboli- que. La première application en fut faite sur la tour de Cordouan à l'embouchure de la Gironde et fut couron- née d’un succes complet. Le principe de physique sur lequelse repose ce grand perfectionnement des phares, doit nous arrêter un ins- tant afin de mieux saisir les détails subséquens. On sait que les corps emflammés lancentdes rayons lumineux dans tous les sens et n’envoient à l’observa- teur que ceux qui sont dans sa direction; les autres se erdent dans l’espace et dans le sol; d’après cela une Pu placée sur la côte n’éclaire un navire qu'avec une parte des rayons lumineux qu’elle émane, tous ceux qui ne sont pas dirigés horizontalement vers la mer sont absorbés par l'air et par la terre et produits en pureperte. Indépendamment de l'inconvénient dene donner en effet utile qu'une petite portion de la lumie- re totale, les lampes isolées ont celui de n’envoyer que des rayons divergens; c’est pour réunir tous les rayons émis et détruire l'effet de leur divergence que Borda eut l’heureuse idée de placer la lampe d'Argant au foyer d’un miroir concave parabolique en métal ar- genté ; tous les rayons lumineux qui vont frapper dans des directions diverses la surface de ce muroir sont gg + réfléchis parallèlement à son axe, et peuvent être ren- voyés en faisceau horizontal vers le ravigateur. Le probleme paraissait donc résolu; on avait trou- ve le moyen d'utiliser toute la lumiere pour l'obser- vateur placé au large et on avait détruit l’éparpillement des rayons ; cependant on ne tarda pas à s’apercevoir qu'on n'éclairait ainsi qu'une zone de la largeur du mi- roir, et que les navires placés en dehors de cette zone seraient constamment plongés dans l’obscurité. On au- rait pu parer à cet inconvément Jusqu'à un certain point, en disposant plusieurs becs et autant de miroirs autour d’un axe vertical , mais il y aurait eu encore des espa- ces angulaires constamment privés de clarté; on satis- fit à toutes Les conditions en imprimant, à un pareil sys- tème de miroirs refléchissans et de lampes, un mou- vement de rotation général et uniforme à l’aide d’un mécanisme d'horlogerie; par cette disposition chaque faisceau lumineux parcourait l'horizon, et le navigateur les apercevait successivement à des intervalles dont la durée dépendait de la vitesse de rotation et du nom- bre de miroirs. Cet appareil porte le nom de fanaux à échpses. Il est tres avantageux parce qu'il permet de re- connaître, par la durée de l'éclipse, le lieu devant lequel on se trouve et qu'il empèche le navigateur de prendre pour un phare , une planète, une étoile de premiere grandeur, ou un feu allumé sur la côte par des pêcheurs, des bücherons ou des charbonniers, meprises fatales qui ont été la cause des plus graves sinistres. Toutefois, dans la pratique, les miroirs paraboliques sont loin d'offrir tous ces avantages au méme degré que semble l'indiquer la théorie. L’on a reconnu que la moitié au moins de la lumière qui frappe le miroir n'est pas réfléchie; en second lieu, les dimensions de la flamme de la lampe font varier le foyer réel, et il en résulte des rayons divergens; ceux qui partent de lex- trémité de la flamme , tombant sur la partie supérieure BU te dumiroir, sont renvoyés à peu près dansla mêmedirec- tionet servent à éclairer les abords du phare; mais ceux qui, par l'effet de la même divergence, sont réfléchis en sens contraire par la partie inférieure du miroir sont perdus; ainsi au lieu de zones lumineuses, les miroirs renvoient des côneslumineux dont l'intensité, diminuant comme le quarré de la distance, doit s’affaiblir bien rapidement ; enfin, il est très difficile de varier les du- rées des révolutions, parce qu’elles doivent être très différentes pour que les marins du petit cabotage ne sy méprennent pas etqueles limites des vitesses de rotation qu’on peut adopter sans inconvénient sont très rappro- chées; les verres coloriés placés devant les réflecteurs pour diversifier les phares et qu’on a adoptés dans quel- ques localités, ont été reconnus présenter plusieurs in- convéniens, entre autres, celui d’affaiblir considérable- ment l'intensité de la lumière. Les miroirs paraboliques ont été employés jusqu’en 1823, époque où M. Auguste Fresnel, savant dont la France déplore la perte prématurée, les remplaca par des lentilles de verre. La lentille de verre jouit comme le miroir parabolique de la propriété de faire ressortir parallèlement les rayons de lumiere qui arri- vent sur elle de son foyer. Ainsi Fresnel a substitué la réfraction de la lumiere à laréflexion, et aobtenudes effets bien supérieurs. Son premier appareil lenticulaire se compose d’une cage prismatique à huit pans, dont les faces sont occu- pées par des lentilles ayant leur foyer commun sur le même axe vertical; à ce foyer se trouve un bec à # méches concentriques dans les intervalles desquelles sont établis des courans d'air. La cage est mise en mou- vement et la lampe est fixe. On obtient ainsi des al- ternatives d'éclat et d’obscurité comme avec les fanaux à éclipses. nt fo La lampe à plusieurs mèches produit sur chaque lentille un effet plus grand qu'une lampe placée au foyer d'un miroir; il est tel, d'apres les observations de MM. Arago et Mathieu, que la lumière provenant d’un appareil de ce genre a éte vue à une distance de 17 lieues aussi brillante que celle d’un phare anglais à mi- roir parabolique argenté, situé à peu près dans la mé- me direction, mais éloigné seulement de 5 lieues. Afin d'utiliser les rayons dirigés du foyer vers la partie supérieure de la cage, Fresnel a recouvert cette cage de huit petites lentilles, inclinées de maniere à former une pyramide octogone; les rayons qui tom- bent sur ces lentilles sont refractés en faisceaux paral- lèles mais inclinés, pour les faire concourir à éclairer les navires. Fresnel a placé derrière chaque petite len- tille une glace étamée dont la disposition est telle que les faisceaux parallèles sont réfléchis horizontalement. Enfin, un système semblable de huit petites lentilles accompagnées de huit glaces étamées a éte adopté à la partie inférieure de la cage pour utiliser la lumière qui s’échappait vers la terre. Ces dispositions rendent les espaces privés de lumière beaucoup plus petits, et l’on peut sansinconvénient rendre l'appareil fixe, dans certaines localités; nous disons sans inconvénient, parcequ’il n’en serait pas ainsi avec les miroirs parabo- liques dont les espaces obscurs sont tres considérables. Les petites lentilles de l'appareil Fresnel sont placées dans les angles de la cage prismatique, dirigent la lumière vers la partie obscure de l'horizon comprise entre les faisceaux principaux de rayons lumineux et diminuent le nombre de points privés entièrement de lumiere. L'observation a confirmé la théorie de l'inventeur et a fait voir qu'on obtenait avec son appareil une lumière trois fois plus grande qu'avec les miroirs para- TERRE boliques et une consommation d'huile proportionnel- le à son intensité. Cet avantage ne pourrait être obtenu avec les miroirsen multipliant les mèches de chaque lampe , vu que l'effet de ces miroirs diminue à mesure que la force du foyer augmente, c'est-à-dire que la quantité de rayons réfléchis n'est pas proportionnel à l'intensité de la lumière de la lampe ; c’est ce qui se déduit des expériences de MM. Fresnel et Arago. Les difficultés qu'offent la fabrication des lentilles de grande dimension, leur trop grande épaisseur qui absorbe une grande partie des rayons, enfin leur poids considérable les ont fait remplacer par une réunion de petits morceaux de verre sphérique, inclinés d'apres les lois de l'optique et dont l'effet est à peu près iden- tique avec celui produit par une lentille faite d’une seule pièce. Fresnel a donné lui-même les procédés pratiques pour couler ces morceaux de verre et pour les disposer avec la plus grande précision les uns à côte des autres. Nous avons dit que chacune de ces lentilles com- posees envoie une lumiere équivalente à 400 lampes à double courant d'air; c’est léclat qu'on obtiendrait en rassemblant le tiers de la quantité totale de gaz qui tous lessoirs éclaire les rues, les magasins et les théâtres de Paris. Les nations étrangeres ont adopté les modifications successives .que les savans francais ont apporté a lé- clairage des phares, mais la construction des phares Fresnel, qui exige le concours des artistes les plus babiles et les plus distingués, n’a pu encore être exécutée ailleurs qu’en France. Paris en a fourni à la Hollande, à la Suëde et à la Belgique. L'Angleterre elle-même est obligée de rendre hommage à l'invention francaise, et la corporation de l'éclairage des côtes de ce pays LA. s'occupe sérieusement aujourd'hui de faire l'essai des phares lenticulaires. M. Arago, qui avait seconde Fresnel dans ses expé- riences sur les phares lenticulaires, fit connaître à l'académie des sciences les puissans effets de cette découverte, dans un rapport qui a fourni les matériaux les plus importans aux divers articles publiés depuis quelques années sur les phares. Bientôt l'administration supérieure ordonna des essais par suite desquels lap- pareil Fresnel à été définitivement adopte. Une com- mission savante nommée pour régler tout ce qui concernait l'éclairage des côtes a publie un programme d'apres lequel les phares sont divisés en # classes; SavOIr : Phare du Ordre. Placés aux caps qui compren- nent entre eux les grandes anfractuosités , pour signa- ler au navigateur venant du large l'approche des côtes. Phare du 2%e Ordre. Placés dans ces anfractuosités pour indiquer les caps moins importans et les points remarquables que le navigateur a intérêt à reconnaitre. Phare du 3% Ordre. Pour marquer l'entrée des peti- tes baies, des rivières et des ports. Phare du 4e Ordre ou feu de port, pour guider le navigateur dans le petit bassin, but de son voyage. Le phare de Port-Vendres est de 1° ordre et à feu fixe ; 1l est établi au cap Biara sur la montagne de ce nom, dont la hauteur est de 220" au-dessus du niveau de la mer. Sa portée est de 10 lieues, latitude #29 31” 257; longitude de 0°, 46° 30- E. Il y a de plus à Port-Vendres un phare de 4° ordre, situé sur le fort du Fanal à droite de l'entrée du port; son élévation est de 33" et sa portée de 2 lieues et demie. Le cap Biara ou Béarn est un emplacement tres convenable pour le grand phare : élevation considéra- ble, pointe tres saillante vers la mer, voisinage du port 4 ee le plus important de la plage du Roussillon, de tôut tems ces avantages l'ont fait choisir pour létablisse- ment des signaux de nuit. Les chroniques du pays nous apprennent » Qu'aux ides de février 1345, sur les sol- licitations de Pierre Comar, Berenger Mataplan, et Jean de S'-Gilles, consuls de Collioure, le roid'Aragon Pierre IV prescrivit à son procureur-général de soigner constamment désormais le bassin de Port-Vendres, d'entretenir un bateau de ronde à Collioure pour aller de nuit à l'écoute, de placer enfin un guetteur et un fanal au cap Biara, promontoire si heureusement situé à ces fins. « (4) L'expérience de quelques années a fait subir à l’ap- pareil Fresnel, dont nous avons donné la description, des. modifications importantes qui ont été appliquées au phare de Port-Vendres. Au lieu de 8 pans, la cage de ce phare en a 16, les petites lentilles sont suppri- mées et remplacées par des glaces étamées disposées sur plusieurs rangs et inclinées de manière à réfléchir à peu près horizontalement tous les rayons lumineux qui tombent sur elle. Au milieu de chaque panneau est une grande lentille d'une seule pièce, dont l'axe est horizontal et passe par le milieu de la flamme de la lampe ; au-dessus et au-dessous de chacune de ces lentilles sont placés six prismes plans convexes disposés en échelons et dont l'effet est de briser les rayons qui émanent du foyer sous de grands angles et de les réfracter parallèlement à l'horizon. Les avantages produits par ces changemens à l'appa- reil primitif de Fresnel, sont 1° de rendre les espaces angulaires obscurs beaucoup plus petits; 2° de rem- placer par des miroirs les petites lentilles de verre (1) Recherches historiques de M, de S'-Malo. Publicateur du 29 octobre 1836. Es M E plus difficiles à fabriquer; 3° de dégager l’espace au- tour de la lampe, en supprimant les systèmes de petites lentilles et de glaces étamées qui génaient la crcula- tion et rendaient le service difficile. Il sera aisé maintenant, d'apres les détails théori- ques qui précèdent, de bien saisir les dessins du phare: la description suivante en fait connaitre les différentes parties et les particularités les plus importantes. À À A ( planches I et II ) Bâtimens contenant les lo- gemens des gardiens, le magasin à l'huile, les objets de rechange. et autres. B Citerne recevant les eaux pluviales des toitures de l'édifice par le tuyau c encastré dans la maçonnerie. D Escalier tournant. Son noyau E est creusé dans une partie de sa longueur, pour donner passage à un poids moufilé pesant 35 k., qui met en mouvement le méca- nisme de la lampe. G Plate-forme circulaire en fer comprise entre la lan- terne et la cage du phare. H Paratonnerre, sa tige et son conducteur. I Lentilles verticales au nombre de 16, une sur cha- que panneau de la cage prismatique du phare; elles ont leur foyer commun à lextrémité du bec de la lampe. Tous les rayons que la flamme projette sur cet entourage forment 16 faisceaux de rayons lumineux paralleles. | K Morceaux de verre, plans-convexes, disposés en échelons; il ÿ en a 6 au-dessus et 6 au-dessous de cha- que lentille. Le parallélisme et la concentration des rayons divergens a surtout lieu surle milieude la lentille près de son axe; ces effets vont en diminuant à mesure qu'on s'écarte du centre ; il résulte de la He navire qui passe devant le phare aperçoit une lumière très vive; sil est surl’axe d'une lentille, cette lumiere pâlit peu à peu et finit par s’éclipser pour reparaître de nou- 4, veau pâle, puis s’accroissant par degrés, et enfin vive el brillante de nouveau. Kk Couronnes de glaces étamées, disposées en Jalou- sie; elles recueillent les rayons supérieurs et inférieurs, perdus sans cela dans l'atmosphère et autour du phare ; la lumière produite par cet appareil subsidiaire a une moindre portée que celle des grandes lentilles, mais elle est constante et empêche le navigateur de perdre le phare de vue. L'auréole päle qu'elle forme autour des grands éclats, peut servir à distinguer le phare des feux allumés accidentellement sur la côte. 1. Colonne en fonte, creuse, servant de support a l’ar- mature de la cage du phare et donnant passage intérieu- rement au poids moteur. M Boite en tôle renfermant le mécanisme d’horlo- COrC. à N Réservoir d'huile communiquant par un tuyau as- pirateur garni inférieurement d’un petit filtre, aux corps de pompe. Ces pompes sont au nombre de #, leurs pis- tons sont horizontaux , le mouvement de va et vient est produit par un arbre vertical qui fait tourner une roue dentée et par suite trois autres roues engrenant cha- cune avec la suivante. Les tiges des pistons sont atta- chées aux roues près de leur circonférence à l’aide de bielles; Les pistons sont formés de valvules en peau de moulon. Le bec de la lampe porte 4 mèches concentriques, lhuile y arrive par un tuyau qui forme la tige du bec et s'ajuste à vis sur le corps de pompe. La consommation est par heure de 750 grammes d'huile de colza filtrée. On sent qu'elle doit varier par nuit selon les époques. IL est nécessaire, pour entretenir la fraicheur du bec et obtenir tout le développement dont la flamme est sus- ceptüble, que la quantité d'huile qui arrive aux mèches soit quatre fois plus grande que celle qui est consom- se Eh mée. L'huile excédante est dégorgée par le bec et retom- be dans le réservoir. La lampe estsurmontée d’une lon- gue cheminée en cristal p. On modifie à volonté le cou- rant d'air en ajoutant à la cheminée un tuyau en tôle muni intérieurement d’un obturateur. On ne commence à allumer qu'après avoir imbibé d'huile les meches ; on met Le feu à deux points oppo- ses de chaque mèche et on place la cheminée, en ayant soin de tenir son coude élevé au dessus de la flamme, afin de prévenir la rupture qui pourrait résulter d’un trop brusque échauffement; on abaisse ensuite la che- minée graduellement et on élève les mèches avec les mêmes précautions jusqu'à la hauteur de 7 millimetres qu'elles ne doivent pas dépasser. Au bout d’une heure, la flamme ainsi gouvernée a acquis son développement qui est de 10 à 11 centimètres de hauteur. Le service du phare est fait par trois gardiens qui sont la nuit alternativement de quart ; le jour, ils doi- vent nettoyer la lampe , moucher les mèches , frotter la cheminée et polir les glaces et les lentilles , tirer les rideaux de la lanterne pour empêcher la concentration des rayons solaires sur le bec de la lampe, ce qui occa- sionnerait infailliblement sa fusion; filtrer l'huile, en garnir le réservoir et entretenir toutes les parties du mécanisme d'horlogerie du phare et de la lampe dans un état parfait de propreté. Afin que le gardien de quartne puisse négliger même involontairement son service de nuit, on adapte à la lampe un réveil à carillon ; ce mécanisme se compose d'un levier portant à son extrémitéun godet percé d’un petit trou; ce vase est placé sous le jet d'huile dégor- gée par le bec de la lampe. Tant qu'ilest rempli , il soutient le contre-poids fixé à l’autre extrémité du lé- vier, mais si l'ascension d'huile vient à cesser et par suite le dégorgement, legodet se vide et le contre-poids s'abaissant lève l'arrêt du carillon qui entre aussitôt a En en jeu. Dans ce dernier cas, le gardien doit s empres- ser de remonter le poids ri Lorsque toutes les précautions ci-dessus sont obser- vées , le phare de Port-Vendres a une portée de 10 os EAUX SULFUREUSES DE VERNET, ( Piyrénces-Ovieutales » ), Par M. Bours. Le département des Pyrénées-Orientales, riche en eaux minérales de tous les genres, possède principa- lement des sulfureuses, remarquables par leur nom- bre, leur volume, leur différente thermalité, leur composition, leurs précieuses applications; elles ali- mentent plusieurs établissemens, dont quelques-uns re- montent à une haute antiquité. L'administration supérieure, ayant convenablement apprécié combien il importait de faire connaitre la na- ture, la position, les effets thérapeutiques de toutes ces eaux, chargea de ce travail notre compatriote J. Anglada. Après quelques années d’excursions et de re- cherches de laboratoire, ce savant professeur publia, en 1832, son traité général des eaux minérales du dé- partement des Pyrénées-Orientales, précédé par deux volumes de mémoires sur divers faits physico-chimi- ques, observés pendant leur étude. Ce traité, ouvrage qui fera époque en hydrologie , a été accueilli parmi nous avec le plus vif intérêt , à cause de ses apercus topographiques et de la description complette qu'il donne de produits naturels déstinés àexercerunegrande influence sur notre prospérité. Depuis cette publication, plusieurs sources, précé- demment ignorées, ont été le sujet de travaux particu- liers. J’ai donc cru convenable de présenter leurs prin- cipaux caractères et leur composition , afin que cet me vs article puisse servir de supplément, jusqu'a ce jour, au traité général de J. Anglada. Les sources dont je vais m'occuper sont toutes sulfu- reuses, elles existent aux environs de Vernet, leur analyse a été faite pour obtenir l'autorisation de les ap- pliquer à l'usage médical, elles ont donné lieu à trois rapports, promptement suivis de la fondation de ther- mes, signalés aussitôt par leur étendue et leurs belles d'sposit ons. Une si rapide création, autour d’un même point où existait dejà un établissement connu depuis des sie- cles, est due tant à la nature des eaux sulfureuses qu'a leur position au pied nord du Canigou, dans une vallée étendue, citée par la variété de ses sites, sa brillante végétation, ses promenades pittoresques, la supériorité, la fraicheur de ses eaux potables, sa température modérée dans toutes les saisons, etc. SOURCES MERTARDER. Sur la gauche de la grand’route de Vernet aux an- ciens bains, il apparaissait primitivement divers filets d'eau, débouchant presqu’a l'entrée du chemin de Cas- teill. L’odeur, la saveur , un dépôt blanc glairineux, les fesaient reconnaître pour des sulfureuses. M. Merca- der, propriétaire duterrain, fit entreprendre, ily a peu d'années, des fouilles profondes pour arriver àun point où les eaux, étant moins divisées, sourdraientavec plus d'abondance. Après ces travaux préliminaires, je me rendis sur les lieux pour procéder à leur étude chimi- que ; les divers historiens qui ont traité des eaux, de celte commune, n'en ayant même fait aucune mention. PR M. Mercader a mis à découvert trois sources, voi- sines les unes desautres. D’aprèsleurposition, j'appelai l'une source du Torrent, la seconde la Barnouse, la troi- sième source de Casteill. À leur droite est Vernet, à leur gauche les thermes Lacvivier et Couderc , le Canigou est derrière; en face se découvre presque tou- te la vallée terminée par une montagne en partie cul- tivée, qui la sépare de celle de Sahorre, connue par ses mines , ses forges , ses grottes. Ces trois sources sortent d’un gneiss talequeux bleuà- tre, qui se désagrége avec facilité sous l'influence de leurs eaux, et qui se recouvre alors d'efflorescences concrétionnées blanches, vertes ou jaunes, que l'analyse m'a fait reconnaitre pour des sulfates à base d'alimine , de magnésie, db ferreux. Elles ont l'odeur, la saveur caractéristique des sul- fureuses. Elles sont limpides, incolores ; elles tiennent en suspension de petits flocons blancs légers, appelés indifféremment glairine ou barégine, matiere actuel- lement considérée comme une production organique ; leur poids spécifique est 10006, celui de l’eau disullée étant 10000. Le 26 septembre 1832, jestimai leur volume et leur température comme il suit: Température. Volume écoulé en une minute. Source pu TORRENT, 29°,68r. 37°c. 9 litres. LA BARNOUSE, 29, 6 37 9 DE CASTEILL, 20, 5 99, 1 4, 5 Depuis lors, les besoins de létablissement qu’elles desservent s'étant considérablement agrandis, le pro- priétaire a obtenu, après de nouvelles fouilles à la source du Torrent, un écoulement d'eau de 40 litres par minute, à 31°,5nr. 39°,379 c. = Dors Elles produisent activement un sédiment blanc, abandonné avec des couleurs et des propriétés physi- ques variables par d’autres sulfureuses ; et ce caracte- re est distinctif pour cette classe d'eaux minérales. À leur point d’émergence, apparait un dégagement bulleux. La source du Torrent a été la plus favorable- ment disposée pour recueillir ce produit gazeux qui s’é- chappe avec intermittence. Je l'ai vu se dégager à travers les parties humides du sol, entourant le bouillon. Ce gaz est de l'azote, il en a présenté tous les caractères négatifs. Une première analyse d'indication ayant démontré que les eaux de ces sources étaient identiquement sem- blables, nous allons exposer seulement les résultats fournis par la source dite du Torrent. L’acide arsénieux , le bichlorure de mercure, le tar- trate de potasse et d’antimoine, le nitrate d'argent, les chlorures de barium , de calcium et de magnésium, loxalate d’ammoniaque, l’eau de chaux, l’eau de barite, le sirop de violettes , l’action de la chaleur etc. , ont démontré que l'acide hydrosulfurique n’est point à l’e- tat libre au moment où ces eaux arrivent à la surface; qu'il ÿ a un carbonate alcalin accompagné de sulfate et de chlorure, que la proportion de sels terreux y est trés minime. Analyse quantitative. Détermination de la propor- tion du principe sulfureux : il forme del’hydrosulfate de soude ou sulfure de sodium, minéralisateur commun de toutes les sulfureuses du département. La transfor- mation rapide du soufre, partie en acide hydrosulfu- rique qui se dégage , partie en acide oxigéné qui reste en combinaison, nécessite d'arriver à son évaluation, au moment où l’eau paraît au-dessus du sol. Si on croyait opérer avec sûreté , en remplissant a la sour- ce des flacons à l’émeri, les bouchant avec soin pour les transporter dans les laboratoires et reprendre en- ne Me suite les opérations, on serait grandement dans l'erreur L'air qui reste dans les flacons, comme celui entrainé par l’eau , les flacons eux-mêmes, surtout le verre qui contient du plomb, sont des causes de perturbation dans le mode de combinaison du soufre. De l'eau de la source dite du Torrent, précipitée par le nitrate ammoniacal d'argent, a donné sur unlitre, 0 5.096 sulfure d'argent, représentant 0, 014582 acide hydrosulfurique ; 0, 041315 hydrosulfate de soude an- hydre et 0,101266 hydrosulfate de soude cristallisé. Proportion d'acide carbonique. Il y est à l’état de carbonate alcalin. Un kilo d’eau additionné d'acide oxalique, a abandonné un gaz qui, traversant l’eau de barite, a produit 0,208 carbonate de barite, représen- tant 0,046467 acide carbonique. Nous verrons plus loin que ces 1000 gr.5 d’eau con- tiennent 0,006369 de potasse, qui prennent 0,002972 d'acide carbonique, pour former 0,0093%1 de carbonate; il reste 0,043495 du inême acide unis à 0,061489 de soude pour produire 0,104984 carbonate de soude. En supposant ces carbonates cristallisés on a 0,282136 carbonate de soude, 0,021512 carbonate de potasse. Evaluation des autres composans. L'eau lentement concentrée nese trouble pas. Sur lafinde l'évaporation, il y a séparation de petits flocons blancs brunâtres; la liqueur a _ alors une nuance jaune, et son odeur se rapproche un peu de celle d’une très faible décoction de chair musculaire. L’évaporation poussée avec pré- caution Jusqu'à siccité ne il y a eu pour 1000 grammes d’eau, un résidu pesant 0,260. Dans cerésidu existe de la matière glairineuse, partie soluble, partie insoluble à l’eau ou à l'alcool. Afin de simplifier l'analyse, il a été directement calciné pour la détruire en totalité. Après cette opération, il est resté 0,246 de produit fixe. Il y a donc eu 0,014 matière glairineuse sur 1000 grammes d’eau. En admettant — 00) qu'a l'état d'hydrate, cette substance contienne 0,99 d'eau, on aura sur 1000 gr.s d’eau 1 gr., 4 glairine hydratée. Les essais préliminaires m’avaient démontré que les chlorures terreux ne se trouvaient pas en proportion appréciable dans le résidu d’évaporation, après sa calci- nation. Traité alors par l'eau distillée froide, il n'y a pas eu encore solution sensible de sels calcaires et magnésiens. La dissolution a été fortement concentrée et additionnée d'acide acétique, pour saturer les carbo- nates alcalins ; la liqueur a été lentement desséchée et traitée ensuite par Falcook à 40°. Il s’est dissous des acétates alcalins. La dissolution alcoolique a fourni avec le chlorure de platine, un précipité jaune de chlo- rure de platine et de potassium qui, après avoir été lavé à l'alcool et desséché, a pesé 0,033. Il représente 0,006369de potasse 0u0,0093#1 carbonate de potasse. Nous connaissons déjà la proportion d'acide carbonique combiné sur mille grammes d’eau. Avec cette donnée et la proportion de carbonate indiquée, il a été facile de calculer la proportion de carbonate de soude, primitivement énoncée. Reprenant par l’eau disuillée ce que l'alcool n’a pu dissoudre apres avoir employé l'acide acétique, il y a alors une portion notable com- plètement insoluble; c’est de la silice qui a été réunie aux matieres insolubles, formant le premier résidu d'évaporation. Le liquide séparé de cette silice, traité d'abord par l’acetate de barite, a fourni 0,079 sulfate de barite; ce sulfate séparé et le même liquide mêlé a du nitrate d'argent, on a obtenu 0,037 chlorure d’ar- gent, qui représente 0,015124 chlorure de sodium. (IL avait été primitivement reconnu que ce liquide contenait seulement des sels de soude). Si nous calculions la proportion de sulfate de soude contenu dans 1000 grammes d’eau, sur ces 0,079 sul- fate de barite, l'évaluation serait beaucoup trop élevée ue OM L'hydrosulfate existant dans cette eau au moment où elle sortdela source, se dénature pendant l'évaporation. Une portion du soufre se dégage, combiné à l’hydro- gène; une autre portion s’oxigène et se trouve dans le résidu, à l’état de sulfate. La donnee la plus problable, c'est que ce soufre sulfatisé forme la moitié du soufre de lhydrosulfate naturel. On a déjà vu que 1000 gr. eau contiennent 0,014582 acide hydrosulfurique, dont la moitié du soufre donne 0,017105 acide sulfurique et 0,049 sulfate de barite. Retranchant ces 0,049 sulfate de barite, des 0,079 obtenus par précipitation, il reste 0,03 qui équivalent a 0,018353 sulfate de soude anhydre ou 0,041494 sulfate de soude cristallisé. Détermination des composans du résidu insoluble. Ce résidu, formé de la portion insoluble dans l’eau distillée et de celle abandonnée par cette eau après sa saturation par l'acide acétique, a pesé 0,055. Traité a froid par l’acide hydrochlorique étendu, il y a eu mani- festation d’une tres faible effervescence. L’'acide avait dissous du sulfate de chaux, du carbonate de chaux et du carbonate de magnésie , formant ensemble les 0,005 du résidu. Les 0,05 restans ont perdu 0,001 soumis à l'action de l'acide nitrique concentré et bouillant. Les 0,049 sont de la silice pure, et le 0,001 dissous a tous les caractères de l’alumine, légèrement nuancée en jaune par de loxide de fer. Probablement ces deux dernières substances sont étrangeres à la composition de l’eau. D'apres ces divers résultats, 1000 grammes d’eau sulfureuse de la soûrce dite du Torrent, renferment : SELS ANHYDRES. SELS CRISTALLISÉS. Gramanes. Hydrosulfate de soude, 0,041315},2 0,101266}, Carbonate de soude, 0104084 n 0.282130 /8 Carbonate de potasse, 0,009341 2 0,021512 5 0 = Sulfate de soude, REA A AE Chlorure de sodium, 0,01512% 0,015124)© = us Sulfate de chaux, Carbonate de chaux, }0,005000 Carbonate de magnésie, Alumine avecdes traces d'oxide de fer, 0,001000) 0069000 Silice, 0,049000 Matière organique glai- rineuse , 0,014000 ANHYDRES. HYDRATÉS. Total des composans, 0,258117 0,530532 Les eaux sulfureuses de M. Mercader ont présenté l'ensemble des caractères génériques des autres sulfu- reuses des Pyrénées-Orientales, et toutes ont aussi une grande analogie de composition avec les mêmes eaux de la partie occidentale des Pyrénées. Ainsi, nous avons observé avec les premieres, 1° dégagement de gaz azote, au bouillon des sources, convenablement dispo- sées; 2° production rapide de glairine ou barégine ; 3° soufre combiné formant un hydrosulfate ou un sul- fure ; 4° alcali carbonaté; 5° proportion très minime de sels terreux; 6° proportion abondante de silice , relativement aux autres matériaux fixes ; 7° petite quantité de principes minéralisateurs , proportionnelle- ment à une quantité donnée d’eau; 8° naissance de la source Sur un terrain primordial. Peu après cette analyse, M. Mercader fit construire des thermes à une vingtaine de mètres de distance de ses sources. Les eaux en parcourant cet espace arri- vaient avec une température quelquefois inférieure a celle usuellement convenable pour bains même tem- pérés. Le manque de caléfaction, pouvant réagir sur la fréquentation des thermes, malgré leur situation heu- reuse et lefficacité médicale des eaux, M. Mercader fit de nouvelles fouilles qui lamenérent à réunir une — 635 — . source plus abondante et plus chaude, comme nous l'avons précédemment rapporté Nonobstant ces résul- tats favorables, le premier établissement a été affecté aux logemens et il en a été construit un nouveau, atte- nant aux sources, plus grand, à trois étages, avec des cabinets particuliers à bains , des douches, des cabinets à vapeur. Depuis cette création nouvelle, les thermes Mercader ont acquis une réputation non contestée et basée rapi- dement sur l'expérience. On les fréquente avec succés, dans tous les cas où il convient d'employer des eaux sulfureuses tempérées, dans les maladies cutanées, les affections du poumon, les irritations des voies diges- tives , les maladies des voies urinaires. Les eaux Mercader sont utilisées dans les mêmes circonstances des eaux de St.-Sauveur (Hautes-Pyrénées) , des eaux de Molitg (Pyrénées-Orientales). Beaucoup d'eaux sulfureuses ont, à leur point d'émer- gence, une température trop élevée pour bains ou douches. Employées à la suite d'un refroidissement, opéré généralement sous l'influence de l'air, leur prin- cipe sulfureux est presque toujours alors completement détruit, ou du moims fortement altéré. Malgré cela, leur efficacité est puissante dans les rhumatismes , les luxations, les fractures et dans beaucoup d’autres cas où il convientd’exciter énergiquement l’économie ani- male. Si l’on a des sulfureuses naturellement froides, dont il faui élever artificiellement la température, il y a encore souvent altération du principe sulfureux. On peut donc apprécier la prééminence des eaux arrivant à Ê surface, avecune température convenable pour bains tempérés , dans toutes les affections où les propriétés sulfureuses sont de préférence recherchées. Ces observations jointes a ce que la limite de l'erreur est assez étendue dans l'évaluation précise des propor- tions des agens minéralisateurs des eaux sulfureuses, L: OR bien caractérisées, font que dans leurs applications thérapeutiques, les medecins doivent peut-être moins s'enquérir de quelques légères différences dans les résultats d'analyse, que de leur temperature à la source et de leur caractère plus ou moins sulfureux au moment de l'emploi. SOURCE SIDEANS SE Elle a été connue par la publication que jefisen 1834, de l'extrait d’un rapport joint à une demande d’autori- sation pour l'utiliser en bains, douches et boissons. Elle nait sur le côté sud d’un pré, bordé sur cette face par des alluvions qui la séparent de la partie à découvert de la montagne, en arriere, distante de 60 mètres. On arrive à cette source par ün petit sentier de 70 metres de long, débouchant à une quinzame de méètres avant d'arriver aux anciens bains, sur la droite de la route qui vient de Vernet. Ceux-ci sont adossés à la face Est d’un rocher en saillie terminé presqu’à l'entrée de ce sentier; et sur l’autre revers de ce ro- cher, à environ 90 metres, est la source Riubanys. L'eau est parfaitement transparente, incolore, elle tient en suspension des filamens de glairine, qui se dé- pose avec assez d’abondance dans les canaux d’écoule- ment. Son odeur, Sa saveur, présentent le caractère significatif des sulfureuses des Pyrénées, qu'on ne peut méconnaître avec un peu d'habitude. Son poids spécifi- que se rapproche sensiblement de celui de l'eau distil- lée. Elle est onctueuse à la peau. Sa température est à 4h° R. (55° c.) La source fournit 80 litres d’eau par minute, 1152 hectolitres par jour. = Mille grammes de cette eau contiennent : Sulfure de sodium, 0,0412 or. Carbonate de soude, 0,0640. de potasse, 0,0030. Sulfate de soude, 0,0280. Chlorure de sodium, 0,0090. Carbonate de chaux, de magnésie, 0,0060. Sulfate de chaux, Silice, 0,0500. Glairine, 0,0100. Malgré les légères différences que présentent ces résultats, comparés à l'analyse des eaux des anciens bains de Vernet, publiée dans le traité général des eaux minérales des Pyrénées-Orientales , différences qu'il est presque impossible d'éviter; je considère ces eaux comme identiques et provenant d'un même point ou réservoir peu éloigné. Cette source presque inconnue , inappréciée avant l'examen que j'en ai fait, doit, par son volume, sa com- position, sa température, se placer au premier rang parmi nos sulfureuses favorablement situées. Par ses propriétes médicales, elle est l’émule des eaux de Barèges, Arles, Vernet (anciens bains), etc. Douleurs rhumatismales, paralysies, entorses ou luxations an- ciennes , engorgemens articulaires , retraction des muscles et tendons, faiblesse des membres etc., sont des cas où elle sera employée avec avantage. Jusqu'a ce jour onne l'avait pas positivement utilisée; M. Mercader, qui en est devenu propriétaire il y a fort peu de temps, va l'appliquer à l'alimentation de thermes que l’on construit tout à côté. Et cet établisse- ment sera une nouvelle cause d'améliorations dans une commune où quelques habitans, et principalement Ics D ET D - propriétaires de bains, marchent avec la plus grande rapidité dans une bonne voie de perfectionnemens. SOVRICES LACVIVIBR SE TCOUDERCG. L'affluence toujours croissante de baiïgneurs qui se rendent à Vernet pour faire usage de ses eaux ther- males sulfureuses, a excité une si puissante émulation pour y rechercher celles-ci, qu'en peu d'années les résultats ont été si heureux, et les créations d’établisse- mens si rapides, que tout ce qui a été précédemment publié sur cette commune , ne pouvait faire prévoir ni les grands changemens qui s'y sont opérés, ni la prospérité vers laquelle sont en voie de parvenir promptement ses thermes anciens et nouveaux. Des actes du 14° siecle font mention des anciens bains de Vernet. Les eaux qui les alimentent étaient probablement déjà connues en 1007, lorsque Guifred, comte de Cerdagne, et Guisla, son épouse, firent don de leurs droits seigneuriaux et des biens qu'ils possé- daient dans cette commune, au monastère de Saint- Martin de Canigou. La découverte de débris de poterie, de scories de fer, dans une couche aquifèere sulfureuse abondante, à plusieurs mètres de profondeur dans un pré dépendant, peu éloigné et au-dessous de ces bains, où l’on creusait afin de se procurer du sable et des pierres pour la bâtisse, démontre que primitivement on a connu beaucoup plus de sources sulfureuses qu’on n’en avaient indiquées il y encore peu d'années. On peut admettre d'apres cela, qu'a une époque impossible à déterminer, les points d’'émergence d'eaux sulfureuses étaient plus nombreux aux environs de cette localité , et qu'à la suite d’alluvions, il n’est resté à découvert que les sources jaillissant des parties élevées au-dessus NE de ces alluvions ; telles sont les sources de ces mêmes bains, telles sont les sources situées sur l’autre face de la vallée. Carrère , dans son traité des eaux du Roussillon imprimé en 1756, ne parle que de deux des sources sulfureuses de lancien établissement ; Barrère, qui acquit ce dernier en 1788, de l’abbé de Saint-Martin , lors de la fermeture du monastère , signale seulement dans son traité des eaux minérales de Vernet, publié en 1798, quatre sources servant toutes à alimenter cet établissement. Elles sont encore les seules indiquées et examinées dans le traité général des eaux minérales des Pyrénées-Orientales, par J. Anglada. Enfin j'ai fait connaître les autres sources précédemment étudiées. Aucun travail général ou particulier n'ayant même indiqué celles que se proposaient d'employer à de nouveaux thermes MM. Lacvivier et Couderc, déja propriétaires des anciens , il fut alors nécessaire d’en examiner chimiquement les eaux, afin de se conformer, en premier lieu, aux ordonnances qui régissent les établissemens thermaux, et ensuite pour en garantir la nature et les propriétés aux personnes qui réclame- raient leurs secours. Ces sources, au nombre de trois, seront distinguées entr’elles par les n° 1,2, 3. Nous en signalerons aussi une quatrième, que sa position et sa température font appliquer à la boisson pour les anciens et les nouveaux thermes. Source n° 1. Elle surgit sous le pavé de la salle à manger de l’ancien établissement. Un tuyau de conduite qui traverse un réservoir fermé, adossé a la face nord- est, l'amene aux nouveaux thermes éloignés de 21 metres. Source n° 2. Ses eaux, réunies dans le réservoir que nous venons d'indiquer , arrivent par un tuyau particu- her à ces thermes. ù. ER Source n° 3. Elle est à la droite du chemin en allant de ces mêmes thermes aux anciens, à huit métres des premiers, et à treize mètres des seconds. Elle est renfermée dans un petit bassin profond, recouvert par plusieurs épaisseurs de briques et de ciment, et par de la terre qui cache completement celte construction. Il y a encore ici un tuyau séparé pour amener les eaux à leur destination. Elle fut décou- verte, il y a peu d'années, par M. Morat ; l'eau qu'elle fournit, étant bien moins chaude que celles précédem- ment connues, il chercha à lutiliser en la conduisant de l’autre côté du chemin, pour le service de deux baignoires. Lorsque MM. Lacvivier et Couderce eurent acquis les thermes de M. Morat, ils apprécierent de suite le parti avantageux qu'ils pouvaient tirer d’une eau sulfureuse qu'une température modéree permettait d'employer directement sans réfrigération ; ils change- rent la disposition des baignoires, en augmenterent le nombre et les placerent chacune dans des cabinets particuliers. L'illustre chirurgien Lallemand fut un des premiers à se convaincre des bons effets qu'on pouvait obtenir avec cette eau, et il appela alors petit Saimnt- Sauveur ces thermes naissans. D’apres le désir des propriétaires, nous avons continué à appeler petit Saint-Sauveur, le nouvel et superbe établissement bâti sur l'emplacement de ces premières baignoires, où sont employées les trois sources dont nous venons d’'indi- quer les positions, bien que le Vernet en ait assez de sa propre réputation, et par conséquent de son nom, pour rivaliser sous tous les rapports avec les thermes les plus accrédités des Hautes-Pyrénées, et qu'il leur soitmême supérieur par satempérature atmosphérique. MM. Lacvivier et Couderc, après avoir convena- blement encaissé et mis à l'abri des filtrations exté- rieures cetle eau tempérée n° 3, pratiquerent quelques excavations à côté, en se dirigeant vers les anciens = Ne bains. Ils trouvèrent alors de vieilles couduites d’eau, simplement formées par des tuiles couvertes par d’au- tres tuiles, avec leurs bords réunis, ou mieux enchassés dans des pièces de bois creusées sur leur longueur. En suivant ces vieux aquéducs , ils furent amenés jusqu'aux murs des anciens bains où ils durent s'arrêter. La, ils découvrirent des eaux sulfureuses se perdant dans le sol; à ce point, ils établirent le bassin qui reunit la source n° 2, dans lequel ils firent passer le tuyau de conduite de la source n° 1. Ces deux sources très anciennemeut connues , comme le démontre l'existence de ces vieilles conduites, étaient depuis long-temps tellement ignorées, que lorsque Barrere fit relever l'établissement détruit par un incendie, au commence- ment du 18° siecle, il ne les retrouva pas, car il n’en fait point mention dans son traité des eaux de Vernet. Source n° 1. L'eau en est limpide, incolore; elle tient en suspension de petits flocons blancs glairineux ; son odeur et sa saveur sont celles des sulfureuses bien caractérisées. Son poids spécifique est 100015, celui de l’eau distillée étant 100000. Elle est onctueuse à la peau; sa température, évaluée à la terminaison du tuyau qui l'amène au petit St.-Sauveur, est à 37° R. (46° 25 c.); ou peut l'appeler source forte du petit St.-Sauveur. Source n° 2. L'eau a les caracteres sulfureux égale- ment prononcés; elle produit beaucoup de glairine ou barégine. Sa température, dans le réservoir où elle se réumt, est à 37°3 R. (46,625 c.) De ce point au petit St.-Sauveur, éloigné de 21 mètres, elle perd pres de 3 degrés ; pour parvenir aux baignoires, elle perd encore sensiblement de sa température. Et sans autre réfrigération que son parcours dans des tuyaux où elle est totalement à l'abri des influences atmosphériques , elle arrive dans ces baignoires avec une caléfaction convenable pour bains tempérés. _—— Cette source n° 2 donne 19 Litres d'eau par minute ; ce volume, comparé à celui des deux autres, nous la faite désigner grande source du petit St.-Sauveur. Source n° 3. L'eau en est énergiquement sulfureuse , avec de petits flocons blancs glairineux en suspension, son onctuosité à la peautrès prononcée , sa température dans le petit bassin profond où elle nait, est à 32° R. (40° c.) Les huit metres qu’elle doit parcourir pour arriver au petit St.-Sauveur, la raménent à une Rs rature parfaite pour bains tempérés. Je l'ai appelée Source douce. La disposition des tuyaux de conduite ne me permit d'évaluer avec exactitude que le volume d’eau de la source n° 2. Sans déterminer positivement la quantité d'eau provenant de chaque source, les propriétaires avaient déjà reconnu que les n° 1 et 3 fournissaient ensemble autant que la source n° 2, qui donne 19 litres par minute ; les trois donnent 38 litres dans le même tems, ou 54 mètres cubes 720 litres par jour, quantité suffisante pour donner plus de 250 bains durant cette dernière période. La grande proximité de ces sources de celles em- ployées auxanciens bains, devait faire présumer qu'elles présenteraient une composition analogue. Nous avons néanmoins examiné ces premières sources, COmparati- vement à la source la plus chaude de ces bains, et les indications ont été toutes semblables. Enfin nous avons irouvé sur mille grammes d’eau de la source n° 2, dite grande source : Sulfure de sodium, 0,0406 or. Carbonate de soude, 0,0730. de potasse, | traces. Sulfate de soude, 0,0270. Chlorure de sodium, 0,0120. — pig Carbonate de chaux, de magnésie, 0,0040. Sulfate de chaux, Silice, 0,0600. Glairine ou barégine, 0,0110. Les effets thérapeutiques des sources du petit Saint- Sauveur ne sont plus problématiques. Sulfureuses bien caractérisées , elles ont aussi en leur faveur, nombre d'observations recueillies depuis qu'on à com- mencé à en faire usage. Leur température differente , permettant de diversifier leurs applications, il y a, a ces thermes, des baignoires pour bains doux et bains forts, des douches descendantes et ascendantes, des cabinets à vapeur. Source n° 4. Elle est située à dix mètres de la face sud-ouest de l'ancien établissement, à la partie infé- rieure d’un léger enfoncement de la roche. Elle est ainsi placée dans un grotte naturelle, facilement em- bellie par l'art. L'eau en est claire, limpide ; elle donne fort peu de glairine blanche ; son odeur et sa saveur sont médiocre- ment sulfureuses. Le volume écoulé en un temps donné est peu abondant et je ne pus lévaluer. Le 9 février 1836, sa température était à 6° 5 R. (8° 125 c.), celle de l'air atmosphérique était également à 8° 1 c. Sa composition la fait classer parmi les eaux sulfu- reuses alcalines , faibles. La position des lieux indique qu'elle provient de filtrations des sources les plus élevées qui alimentent les thermes , qu'avant de par- venir à la surface, à travers une roche tres fendillée , elle se refroidit, s’'aère, dégénère ainsi dans son prin- cipe sulfureux, et que même durant ce trajet, elle peut se mêler avec des eaux étrangères. Elle sera utilement employée en boisson et précieuse pour létablissement , dans les circonstances où les = FU sulfureuses chaudes, chargées en principes minéralisa- teurs , agissent avec trop d'activité sur les organes digestifs ou le système nerveux. Elle formeune fontaine quenous avons appelée Fontaine de la Comtesse Guisla, eau de la Comtesse qui, avec son mari, sont les plus anciens maitres de Vernet, signalés dans l’histoire de notre pays, et dontle souvenir rappelle la connaissance antique des eaux minérales de cette commuue. Le traité des eaux minéraies du département donne avec exactitude l’état des lieux à Vernet, peu de temps avant sa publication, en 1532. Les changemens opérés depuis, soit dans la commune par les dispositions des maisons anciennes et les constructions nouvelles qu'ont fait beaucoup d'habitans, soit par les établissemens qui se sont élevés et dont on ne croyait pas encore à Îa possibilité, soit enfin dans les anciens thermes, ont tellement amélioré cette localité, qu'il est juste de le signaler. MM. Lacvivier et Couderc ont totalement changé la disposition intérieure et extérieure de leur premier établissement; ils ont en même temps élevé un grand et bel édifice, le petit St.-Sauveur, construit d'après les regles dune brillante architecture; sa facade est au couchant et il domine presque toute la vallée. Les deux établissemens ont ensemble environ 60 cham- bres, des salles de réunion richement décorées, des fogemens complets parfaitement meublés, une salle de billard, un cabinet de lecture, etc. En joignant à ces logemens ceux dela commune etdes thermes Mercader, on apprécie les facilités que trouvent actuellement à Vernet les personnes qui s’y rendent pendant la belle saison des eaux, tandis quil y a peu d'années on n comptait pas vingt lits complets disponibles. Il y a aussi des restaurans qui servent aux lieux, aux heures que l’on désire; enfin des diligences allant directement de Perpignan à Vernet, et revenant le même jour , ny - concourront encore à faire affluer plus de monde vers ce lieu. La controverse renouvelée ily a déja quelque temps, sur la différence de thermalité qu'il peut exister entre les eaux thermales et celles artificiellemeut chauffées , m'engagea, afin de contribuera résoudre cette question, a répéter quelques essais lors de mon séjour a Vernet. Ma coopération aux expériences rapportées dans le mémoire sur la chaleur des eaux thermales, par J. Anglada, m'avaient depuis long-temps donné la conviction qu'il n’y a pas de différence sensible dans la durée de refroidissement ou de caléfaction plus fortes, entre des eaux naturellement therinales avec des eaux amenées artificiellement à la même tempéra- ture. Jai encore reconnu, comme d’autres expérimen- tateurs, qu'une eau thermale, se refroidissant dans les mêmes circonstances que de l’eau de riviere, élevée d'abord à la même température, présente la même décroissance de thermalité que celle-ci. La durée dans la caléfaction a été également presque uniforme. De l’eau thermale à 43° c., chauffée dans un vase de verre avec une lampe à esprit de vin, a mis 17 minutes pour s'élever à 75°; de l’eau de rivière, en égale proportion, placée dans le même vase et marquant 43°, a mis 18 minutes pour s'élever à 75°. Et quant à cette supposition, que les eaux thermales n'agissent pas sur nos organes avec la même énergie colorifique que les eaux arüfciellement chauffées , je la crois encore inexacte. Parmi les diverses obser- vations que J'ai eu occasion de faire, je citerai seule- ment la suivante : Me trouvant avec M. le docteur Paul Massot, à la source de Thuez, dont la température est a 60° R., j'eus ma lèvre inférieure comme brûlée et enflammée touteune journée, pour avoir portéavec trop de précipitation de cette eau à ma bouche. Ce qu'on appelle généralement la saison des eaux, ee comprend untems fort court, pendant lequel beaucoup de sources sont seulement abordables. Des la fin de septembre ou le commencement d’octo- bre, il faut s’en éloigner à cause du froid ou des neiges, et l’on n'y peut revenir avec sécurité que vers le mois de juin. Dans les Pyrénées-Orientales, au contraire , presque tous les établissemens thermaux peuvent être fréquentés en hiver comme en été, en prenant quel- ques précautions dans cette dermière saison. Ainsi, par exemple, à Vernet où je me trouvais les 7, 8, 9 février 1836, la température y fut toujours modérée, malgré la neige qui couvrait les pics environnans et un vent nord-ouest tres-fort, qui souffla le 7 et le 8. Voici la différence de température atmosphérique pendant ces trois jours, entre Perpignan et les alentours des bains, Perpignan. Vernet. 9 h.matm ®% oc. 4 h. soir 8°7. T février, 10 h. m. 95 Gh.soir 10,5 6h, s. , 8°3, 9h." 1122 d (0. ne 7.3") 8 février, , & 10h, m.. 41,5 10.hfme 7. oh 1, 2h Same 6 hs. .:5,,8. 9 fevrier, J'h. 0. + ob 8h,41/2m5001, Vernet, place au pied du Canigou et à 651 metres au-dessus du niveau de la mer, jouit malgré cela , grâce à sa situation dans une vallée entierement circonscrite par des montagnes, en partie cultivées ou couvertes debois , d'une température assez douce pendant l'hiver ; en été, au contraire, l'air y est pur et frais. On ne saurait trop répéter aux personnes ayant impérieusement besoin du secours des eaux therma- les, que leur usage dans ce département peut avoir lieu en toute saison, lorsque dans beaucoup d’autres contrées leur emploi est forcément restreint par le CUT ONEE climat à des époques fixes et courtes. Il n’est pas rare de rencontrer des habitans du Roussillon, faire usage des eaux thermales pendant les mois d'hiver. Feu M. Paul Massot père, chirurgien très distingué, de Perpignan, fut aux bains d'Arles au mois de janvier, et cette fois seulement ces eaux le soulagerent; nous citerons aussi un Boucher de Villefranche, dont toute la peau était couvertede croûtes dartreuses ressemblant à la lèpre ; après quelques bains pris au milieude l'hiver , aupetitSt.-Sauveur, ces croûtes tomberent en totalité , la peau revint à son état normal et la guérison fut complète. Si la fréquentation et l'usage des eaux minérales se propagede plus en plus, c'est que leurs effets médicaux, déduits de l’expérience d’une longue suite de siècles , les font ranger, lorsque leur emploi est convenable- ment dirigé selon les cas particuliers, au nombre des plus puissans moyens curatifs dont puisse disposer le médecin. Ces considérations doivent faire persévérer nos propriétaires de bains, dans la voie d'améliorations que réclame leur intérêt bien compris. Nulle part on ne trouve réuni sur un espace aussi circonscrit que les Pyrénées-Orientales , une si grande variété d'eaux minérales, médicinales, aussi exactement décrites ; leur position y est généralement heureuse, leurabord facile, et leurs proprictés thérapeutiques bien précisées par les applications plus ou moins étendues que l’on en fait depuis des époques indéterminées. Enfin , pour étendre au loin la réputation de nos thermes, il est à désirer que, par les soins des inspecteurs chargés de diriger les malades dans l'emploi des eaux, il soit publié de temps à autre des observationssur les effets obtenus avec ces dernières. ( Voir aux planches une vue des deux établissemens de MM. Lacvivicr et Couderc. ) | | TR. 7 ” ie dB TA ut Siél 29l; more vatb "C10M | teens 0) 1rSéu 5 | sg raoaahhs | & je tivaRf dbséiorn fui mn 2 PTE TT ne CT ENT TITS ERTTE Per ut hello aesr ssh ésifross sb atrsv Du Fit rucbi là t-Yar ted 3 Convrnt 1e fn: Ps : 1 HAS # | ) “rotin | , dot a 8f 4 brodé of tas CPE de ail loterie trmgiepnnnse 2544 | Hot os hrrbdiagt ssh Re Hunt Ttath sieieci déni en ÉNe + x © Ch Fan 2U% Laftiite ETC RE out etotn el sp fe egilqre L'esléie-sb' anis: ergagbenr ft sois Es sin: D x jure 5 re F | | qu ! LE Rs tes ie QoEr Pi we ue Arai : - 4 | » | Reine F xe7}9 id “âoû: RER Lay E noiloims be, SO s) LCA = œ. Ve sm À vd LE ME ) ue de AT ACA A ne) nyod no GX e90 CARO L x MAC Lo 41339 0110 S 1 So F ACL RÉ) >" | —t sd | SUR LE CALCAIRE ET LES CAVERNES A OSSEMENS De Villefranche en Contlent et de Vicdessos, Par M. Inner. Le calcaire dolomitique de Villefranche fait partie d’une formation assez étendue, dontles lambeaux épars cà et la flanquent le groupede montagnes dont le relief actuelse rattaché aux derniers soulèvemens du Canigou. Bien que laltération des fossiles renfermés dans ces couches ne permette guère de déterminer, avec une parfaite précision, à quel genre ils appartiennent tous, on peut cependant reconnaitre parmi eux des ortho- cérates, des entroques, des ammonites, des bélemnites, des nautiles et quelques bivalves observés dans les dermiers étages de la formation secondaire. L'espèce crthocéras simplex parait être le corps organisé le plus répandu aujourd’hui, sans doute parceque c'est celui qui a le mieux résisté aux causes de destruction qui ont agi avec une énergie telle que, jusqu'à ces derniers tems, l'existence des fossiles dans les calcaires de Villefranche était encore problématique. Si le genre orthocérate, qu'on sait ne pas remonter très-haut dans les terrains secondaires et appartenir aussi aux premières couches terrestres dans lesquelles me on commence à rencontrer les débris des êtres orga- nisés de l’ancien monde ; si le genre orthocérate, dis-je, caractérise déjà la nature du calcaire de Villefranche , la superposition immédiate de ce calcaire au schiste argileux qui l'entoure et le pénètre de toute part, et qui renferme lui-même dans les points de contact les fossiles de ce calcaire, ne laisse aucun doute sur son âge relatif, nous le considérerons, dès-lors, comme fesant parte des terrains secondaires les plus anciens, que quelques géologues rejettent dans les premiers étages du terrain de transition. Violemment disloquées par l'effet du soulèvement, les strates de cette roche présentent dans tous les sens, tous les degrés possibles d’inclinaison; elles sont fen- dillées , découpées et souvent percées de cellules caverneuses, vrais boursoufflemens dus à l’action de la chaleur centrale du globe sur cette roche, dans les premiers âges de son dépôt. Deux de ces vides souterrains forment ce qu'on appelle les grottes de Villefranche. La première a deux ouvertures principales donnant, l’une au nord, dans les fortifications de la place; l’autre à l’est, dans la gorge qui conduit de Villefranche à Vernet. Cette caverne ayant été, depuis long-tems, convertie en case- mate, les travaux exécutés par le génie militaire ont tellement modifiéses dispositions naturellesintérieures , qu'on y rechercherait en vain aujourd’hui des traces des ossemens qui y ont été probablement ensevelis : on reconnaît seulement que le limon qui couvre le sol est bien de la nature du limon rouge, dit des cavernes. La seconde caverne est située vers le milieu de la gorge qui conduit de Villefranche dans la vallée de Sahorre; on la désigne plus particulièrement dans le pays sous le nom de grotte de Fuilla. Sur ce point, les couches calcaires redressées presque verticalement et disjointes par l'action mécanique du soulèvement, ont L. por offert aux eaux un passage qu'elles ont considérable- ment agrandi. L'entrée de cette caverne est à 12 ou 15 mètres au-dessus du cours d’eau qui arrose la vallée. La partie que jappellerai le vestibule présente une superficie oblongue de 4 à 500 metres carrés. Sa plus grande longueur forme un angle droit avec le boyau principal dans lequel on pénètre aujourd'hui, et qui, en se ramifiant à l'infini, s'étend à une fort grande distance sous la montagne qui sépare la vallée du Vernet de celle de Sahorre. Les dépôts qui couvrent le sol de la caverne sont de deux natures très différentes qui se rapportent évidem- ment à deux origines comme à deux époques distinctes. Le plus ancien est formé de gravier siliceux, compre- nant des galets, des roches granitoïdes que j'ai trouvées en place sur les flancs de la vallée de Py. Leurs formes sont généralement arrondies et leurs surfaces polies ; leur grosseur atteint souvent celle de la tête d’un bœuf. Le dépôt supérieur est un limon terreux contenant des fragmens anguleux dela roche calcaire ; il recouvre sur un point seulement, c’est-à-dire dans le vestibule de la caverne , le premier dépôt dont il différe, comme on voit, essentiellement. L’anatomie comparée des ossemens rencontrés dans ces deux dépôts, a fait reconnaitre qu'ils appartiennent tous à des espèces vivantes, si non dans le pays, du moins à peu de distance; ainsi, l'ancienneté de ces dépôts est moindre que nous ne l’avions d'abord sup- osée ; toutefois, leur étude nous a paru de nature à jeter quelque jour sur les profondes modifications qu'a subie la surface du pays depuis les tems qu'on est convenu d'appeler historiques. Le dépôtinférieur de gravier siliceux renferme, sous l'épaisse couche stalagmitique qui le recouvre, des ossemens ayant appartenu tous à l’ordre des ruminans et au genre ovis, bos, cervus, capra et rupicapra. — nil Les ossemens contenus dans le dépôt limoneux supérieur se rapportent 1° à l’ordre des ruminans et aux genres bos, ovis, capra, rupicapra, cervus; 2° aV'ordre des solipedes et au genre equus, asinus ; 3° à l'ordre des carnassiers et au genre canis et fehs ; 4° a l'ordre des pachydermes et au genre sus; enfin, à l'homme. Les ossemens humains ont été trouvés au fond du vestibule à 15 pieds au-dessous du sol ; ils étaient péle- mêle avec des os de cerfs et des fragmens de poterie grossière. A la simple inspection des lieux, il est évident que le dépôt inférieur de gravier et galets qui repose hori- zontalement sur le sol de la caverne, n’y a pas été introduit par l'ouverture actuelle ; Le contour du boyau principal, à partir du vestibule, rendrait cette hypo- thèse madmissible , si elle ne le devenait déja par ces deux considérations: que le nivean du sol va toujours en s'exhaussant depuis l'entrée, et que les galets sont d'autant plus gros qu'ils s’éloignent davantage de cette entrée. Ainsi, le cours d'eau qui les a charriés est venu de la partie considérée aujourd'hui comme le fond de la caverne, et l'orifice par lequel on pénètre a dù servir à sa décharge. Si maintenant nousrapprochonsla nature de ce depôt des alluvions tertiaires des collines qui dominent le calcaire de Villefranche, nous reconnaitrons qu'anté- rieurement à l’existence des gorges de Fuilla et de Villefranche, un fort cours d'eau, et probablement un lac, devait exister àa-peu-pres au niveau de la montagne qui sépare la vallée de Vernet de celle de Sahorre, et que, se perdant dans les anfractuosités de la roche, ses eaux les ont agrandies et creusées par l'effet du frottement des sables siliceux et des galets qu’elles entrainaient ; circonstance qu'explique, d’ailleurs, l'état d'érosion des parois de la caverne. Cette action est tout-a-fait analogue à celle qui eee. QT s'exerce présentement sur les roches calcaires au milieu desquelles le Rhône disparait à quelques lieues au- dessous de sa sortie du lac de Genève Quoi qu'il en soit, ce cours d’eau a enseveli dans ses sables des ossemens d'animaux vivant sur le plateau supérieur qu'il arrosait; et cet état de choses n’a cessé qu'au moment de la rupture des digues qui barraient les vallées de Sahorre et de Vernet, et par suite de l'abaissement considérable du niveau de ces vallées. Il s’est donc opéré un changement considérable à la surface du sol, depuis que toutes les races d'animaux actuellement existantes dans le pays lhabitaient, Cette observation nous permet de fixer à cet événement une epoque post-diluvienne, mais qui peut étre néanmoins fort ancienne, puisque l’on ne trouve encore aucune trace de la présence de l’homme, Le dépôt limoneux supérieur qui, d'apres l’ordre de superposition, est plus nouveau que celui de gravier et galets, doit, comme nous l'avons dit plus haut, son existence à un ordre de circonstances différent de celles qui ont présidé à la formation de ce dernier. Ce dépôt limoneux a été évidemment introduit dans la caverne par lorifice inférieur ; ce qui n'a pu avoir lieu que long-tems apres l'ouverture de la gorge de Fuilla. La présence des ossemens*d'homme et d'animaux compagnons de homme, tels que le chien et le cheval, ainsi que des morceaux de poterie grossière, premiers vestiges de l'industrie humaine et des fragmens de charbon végétal, nous indiquent, à une époque plus rapprochée des tems actuels, une seconde inondation considérable qui a transporté et rassemblé ces objets au fond de la gorge de Fuilla, dont le sol était alors à 12 ou 15 metres plus haut qu’actuellement Après le dernier cataclisme diluvien, des inondations, quelquefois immenses, ont dù long-tems se produire (0 Sos au-dessous des points où des obstacles naturels avaient retenu des masses d'eaux; et si de telles catastrophes sont devenues rares de nos jours, c'est que les divers élémens répandus à la surface du globe ont eu le tems de s'arranger, vis-à-vis les uns des autres, dans des conditions d'équilibre susceptibles de peu de modi- fications. Les vallées entourées d’un amphithéâtre de montagnes portent encore des traces évidentes du long séjour des eaux douces; c'est ainsi qu'on reconnaît, à la seule inspection de la vaste plaine de la Cerdagne, le fond d'un lac immense qui s’est écoulé au sud-ouest par la rupture des roches formant un barrage au-delà de Belver (Espagne). Les coquilles lacustes (Planorbes et Lymnées) qui accompagnent les lignites de la Cerda- gne, ne laissent subsister aucun doute à cet égard. La vallée de Vic-Dessos nous offre aussi des traces remarquables d’une puissante inondation qui a détruit une foule d'animaux dont elle a accumulé les débris dans une caverne située sur le flanc de la montagne qui borne, au nord, cette vallée. Cette caverne est creusée dans le calcaire saccharoïde à conzeranite qu'a souleve et réduit à l’état de fusion, le pyroxène en roche ou lherzolithe répandu depuis létang de Lherz jusqu'à Vic-Dessos. Situé à 770 mètres au-dessus du niveau de la mer, l'ouverture de la caverne fait face à la vallée et domine d'environ 40 à 50 mètres le lit actuel de la rivière. La cavité est peu profonde, comblée qu’elle est par le dépôt limoneux, endurcei, qui renferme des ossemens et qui constitue une espece de brèche osseuse, à ciment gris, contenant des fragmens de calcaire à conzeranite, ainsi que des cailloux roulésde granit et de Iherzolithe. Les ossemens qu'on y rencontre ont appartenu a l’homme et aux mamnnferes des genres ovis, capra, cervus, rupicapra, bos, aper ; aux oiseaux de Pordre des Lu, ON gallmacées, du genre gallus; et de l'ordre des silvains du genre turdus; quelques débris de poterie grossière et de charbon végétal sont pêle-méle avec ces restes; on y trouve aussi assez abondamment l’Aclix nemoralis. Une des choses remarquables au milieu de la disper- sion des débris de ces animaux, c’est l’état de conser- vation parfaite des apophyses les plus déliées d’un os d'oiseau, du genre furdus (grive); ce qui ne peut s'expliquer qu'en admettant que les parties charnues de ce petit animal, ont protégé les os dans leur trans- port; et ce transport a été tumultueux, puisque lon observe de petits os introduits dans l’intérieur d'os plus gros, et une hélice nemoralis qui a dû sa conservation à la place qu’elle occupait dans un tibia humain. Tous ces restes d'animaux appartenant aux especes encore vivantes dans le pays, ou pres de la, on ne peut ürer de leur présence, dans cette caverne, aucune induction sur le plus ou moins d'ancienneté de limon- dation qui les a détruits. À défaut d’autres données, jai essayé si l'examen chimique de ces restes ne me donnerait pas quelques indices de leur âge ; mais je n’ai pas tardé à reconnaître que laltération des matières animales ne tenait point à des causes générales agissant uniformément, puisque, dans ce même dépôt, des os du même animal m'ont donné des quantités de gélatine variant entre 17 et 25 p. 0/0. Le limon endurci est chargé sur plusieurs points de matières animales, et il contient aussi du phosphate de chaux. Li l NS $ . 7 M5 ” ADS ES RES — ‘% 1 dl de ; : = ON, Re 2 NE A TENUE DE ru ua sf a o dr side tiré r'ohCa ba PTE Li 2 ren | CPP HUE Lu à Lrtrs % SE hiile F5 { Pa FM EL ty Ne ii ait EU Poil dAiple a 0. . | É 454 "RLOT { L } + 4 ; ti - #9 feu Fan = Fe L «+ né . ra +” thé à f Le } à 3 (+ m1 1 ne 7 à + y F 4 CARTE i PR. 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C'est surtout depuis la ublication des ouvrages de ce dernier, que cette classe d'êtres organisés a fixé l'attention des personnes qui s'occupent de leur étude; leurs coquilles , dédaignées jusqu'alors, ont été recherchées et conservées avec soin dans les collections, et plusieurs naturalistes bor- nent la leur ambition. En effet, ceux qui s’attachent PR A aux classes dont les espèces sont peu nombreuses, ont l'espoir pendant leur vie de voir leur collection com- plète; M. Aleron est de ce nombre; il a rejeté de ses cadres tout ce qui est étranger, objets qu'on se procure tres difficilement, fort coûteux souvent et la plus part dans un état de conservation peu satisfaisant. Il a pris la résolution de ne colliger que ce que le département fournit , tant dans les coquilles terrestres , fluviatiles et marines, que dans l’entomologie. Dans cette derniere branche principalement, la vie de l'homme qui com- mence une collection, n’est pas assez longue pour lui donner lespoir de la completer. Si ce naturaliste a la persévérance de s'en tenir à ce que le département peut lui offrir, s'il borne là son ambition, avec l'esprit d'observation qu'on lui connaît, dans peu d'années il aura une collecüon rare et obtiendra d'immenses résultats. Chaque localité ou bien chaque département devrait posséder un naturaliste aussi zélé; au bout de quelques années, des collections semblables, réunies dans un centre commun, pourraient donner lieu à un ouvrage complet d'histoire naturelle. M. Alerona rangé dans le tableau qu'il vous a offert, ayant un carré de 120 centimètres de largeur sur 85 de hauteur, tous les mollusques terrestres et fluviatiles qu'il a trouvés dans le département; ce travail est parfait quoiqu'il y man- que encore quelques espèces, n'ayant voulu y placer que celles qu'il a pu observer par lui-même, se réser- vant d'ajouter celles qui manquent à mesure que ses observations lui en fourmiront l’occasion; il a laisse à dessein des places vides pour remplir ces lacunes. Ce naturaliste, dans ia composition de son travail, a pris à tâche de n’y placer que des exemplaires qui se font remarquer par leur parfaite conservation et leur belle fraicheur. Chaque espèce est étiquetée avec le plus grand soin, en indiquant les localités où il les a trouvées le plus communément; les étiquettes sont =. PA accompagnées de notes explicatives et critiques, dictées par un esprit de réserve qui ne froissera point la moindre susceptibilité. En histoire naturelle, chaque observateur doit émettre sa manière de voir sur l'objet qu'il a étudié; et le plus souvent des discussions scien- üufiques les plus diamétralement opposées, on a vu jailir des vérités qui ont fait le plus grand bien à la science. Après avoir comparé les diverses méthodes de clas- sification, celle de Cuvier, publiée en 1817, celle de Lamarc, en 1818; celle de Férussac, en 1819; et celles de Latreille et de Blainville, en 1825, M. Aleron a cru ne pouvoir mieux faire que d'adopter celle qu'a suivie M. Rang dans son Manuel de l'histoire naturelle des mollusques et de leurs coquilles. Sur vingt-quatre genres connus dans les mollusques terrestres et fluvia- tiles, ce départementen possède 23, avec denombreuses espèces. Le genre mélanopside seul est excepté. M. Boubée, dans son bulletin des voyages, l'a indiqué comme ayant été trouvé en France depuis peu d'années; divers points de cette contrée font supposer à M. Aleron que lorsqu'il aura exploré ceux-ci, il y décou- yrira ce genre. Parmilesnombreuses especes querenferme le tableau, plusieurs sont originaires de ce département, et n’ont pas été trouvées ailleurs ; nous les ferons remarquer a mesure que nous détaillerons leur classification ; d'autres, apportées des départemens plus ou moins éloignés, se sont reproduites avec avantage, preuve bien évidente que la température s’est trouvée à leur convenance. Nous allons exposer ces genres et leurs especes, selon l’ordre de classification que leur a donné l’auteur. Comme les mollusques terrestres et fluviatiles, dans toutes les classifications méthodiques, sont intercalés tant selon leur conformation intérieure que sur celle — de la forme de leur coquilles, avec les mollusques marins , VOus apercevrez dons ce travail quelques interruptions d'ordre qui ne doivent être attribuées qu'aux lacunes que laissent les familles ou genres qui appartiennent à ces derniers exclusivement. TROISIÈME ORDRE. Infercbranches Cuv., phyllidiens et semi-phillidiens Lam. , inferobranches et famille des subaplysiens Blain. Deuxième famille. Les semi-phyllidiens Lam. Genre ancyle, ancylus Geoff., deux especes. 19 Ancilus fluv SP Ancy le des fleuves. 20 __ jacustris. — . des lacs: CINQUIÈME ORDRE. Pulmonès, inoperculès, Fer.,pulmobranches, Blain. Première famille , les limaces, Fer. 2 2 I. Sous genre. Arion, Fer., une espece. 49 Limax ater. Limace noirâtre II. Sous genre. Limaces proprement dites. M. Aleron ne nous donne que la limace des jardins ; : des observations qu'il n'a pu terminer pour pouvoir les conserver dans leur état naturel, l'ont empêché de nous donner les autres espèces qu À placera plus tard dans ce tableau ; cependant nous signalerons celles que lon trouve chute dans cette contrée. Sept espèces et trois variétés. 4° Limax Bart Limace gigantesque, Drap. Cette espece, dans nos forêts, nous présente trois variétés bien belles, dont lune se distingue pai une couleur gris-cendré et la cuirasse HAE [a 2ela cuirasse Lachetée de noir; et la 3°, par le dos fascié de noiretlacuirasse parsemée de taches de la mème couleur. 2° Limax agrestis. Lunace agreste. 99 — silvalicus. — des bois. ER ‘FLOUE re fE hs ce A gagales. Ja) ct. S'CRCRE marg'inatus. — 0, marginée: OP rufus. —: . rousse. 40 >. hortensis. — des jardins (4). Genre testacelle, estacellus, Cuv., une espèce. 1° T'estacellus haliotidea. Testacelle hormier. Cette testacelle se trouve communément dans nos vignes, mais d'une grosseur quine dépasse pas un pouce et demi ; la coquille qu'elle porte sur son dos est petite et n'atteint guère que 8 mil. de longueur sur 5 de lar- geur. Nous avons trouvé un individu de ce genre à St.-Martin du Canigou, dont la coquille, communiquée a M. Boubée, a été citée dans le bulletin des voyages de ce naturaliste, comme un fait tres remarquable par son développement; elle a 17 mil. de longueur sur 8 de largeur ; depuis lors nous avons trouvé deux autres individus dans une localité qui, par sa position, corres- pond asseza celle où nous avions trouvé la premiere (2): nous ne pouvons affirmer si c’est une espece differente; des observations que nous pourrons terminer, nous l'espérons , l'été prochain en revenant sur les mêmes lieux, nous permettront de nous décider d’une manière positive. Ce que nous pouvons affirmer seulement dans ce moment, cest que la grosseur de l'animal et les couleurs habituelles de son corps sont bien différentes; nous rendrons compte de nos observations à la Société, aussitôt que nous aurons quelque chose de positif, car notre habitude n’est pas de nous prononcer sur léta- blissement d’une espece nouvelle à la moindre diffé- rence : il faut qu'une série de faits bien constatés et des caracteres spéciaux viennent à son appui. (1) Cette limace fait partie du genre arion de M. de Férussec, arion hortensis. (2) Dans les lieux humides de la métairie de M. de Paillarès près de Rigarda , en Conflent. = Deuxième famille. Les limaçons Fer. ,trachelipodes colimacés Lam., Limacines Blain., geocochlides Lat. Genre vitrine, vitrina Drap.,une seule espèce est dans le tableau. 19 Vitrina diaphana. Vitrine transparente. Nous trouvons aussi dans ce département la vitrina subolobosa ; nous l'avons rapportée des lieux humides, du bois des Fanges, prise sur les écorces ou feuilles charriées par l’eau des ravins. Genre hélice, helix Mul., #1 espèces et plusieurs variétés. Les recherches faites par M. Aleron, lui ont procuré 41 espèces qu'il nous donne dans son tableau; parmi les hélices, l'auteur signale celles qui sont propres à ce département et qui sont très estimées; nous en don- nons la dénomination dans l’ordre qu’elles ont été placées dans la collection; à la fin nous reviendrons sur quelques particularités qui nous paraissent mériter des éclaireissemens. 19 lolix conica. Hélice conique. 2° — pyramidata. — pyramidée. 39 — elegans. — élégante. AO RE rupestris. — des rochers. 09 — strigella. — strigelle. 60 — maritima. — maritime. T° — variabilis. — variable. 8 — pisana. = rhodostome. 9 — pomatia. — vignerone. 400 — Xatartu. — de Xatart. A9 — candidissima. = porcelaine. 729 — aspersa. — chagrinée. 139 — naticoides. — mnatice. 149 — sylvatica. — sylvatique. 15 — nemoralis. — nemorale. 16° 47° 1 8° 49° 20° 21° 220 239 2/49 25e 26° 27° 28° 29° 30° 91° 32° 99° 34° 9390 36° 31° 38° 390 40° 41° = Dee hortensis. vermiculata. lactea. Companyonii. splendida. cinctella. carthusianella. Olivicrt. conspur cata. apicina. ericetorum. cespitum Desmoulinst. squammatina . cornea. rangian«. Pyrenaica. lapicida. obvoluta. pulchella. lenticula. rotundata. aloira. lucida. nitida. nilens. des jardins. vermiculée. lactee. de Companyo. splendide. cnctelle.s bimarginée. d'Olivier. sale. apicine. ruban. des gazons. de Des Moulins. cornée. de rang. des Pyrenées. lampe. trignophore . mignone. lenticule. bouton. peson. lucide. luisante. brillante. Genre ambrette, succinea Drap. , deux espèces. Ambrette amphibie. 1° Succinea amphibia. oblongue. 2° -— oblonga. === Genre bulime, bulimus Cuv., quatre espèces. 19 Bulimus decollatus. Bulime décolle. 29 = ventricosus. --- ventrue. DO CUS. = aigu. 46 = radiatus TA. En ee Genre agathine, achatina Drap. , trois espèces. 1° Achatina lubrica. Agathine brillante. 7. DE acula. = aguillette. DOPESEE folliculus. _— follicule (1 js Genre maillot, pupa Drap., treize espèces. 10 Pupa marginala. 2° — pranum. Maillot grain. Jo. inedite. 4° = avena. --- avoine. 09 -— frumentum _——- froment. 60 —_ cinerea. _—- cendre. T° == Pyrenaica. - Vope Py renées. 8° —- Pyrencaria. --- desPyrénées. 90 — Farinesi. -— de Farines. 10° — variabilis. _—- variable. 110 — fragilis. —- fragile. 199 —- quadridens. —- quatre dents. 139 -— polyodon. —- polyodonte. Genre vertigo, vertigo Mull., trois espèces. Ces trois espèces fesaient partie du genre Maillot, et portaient le même nom qu'on leur a laissé; mais Muller a cru devoir les séparer et en faire un genre a part. 1° Vertigo vertigo. Vertigo. Don anti-verüoo. —- anti-vertigo. SO —— muscorum. —— mousseron. (1) Cette agathine est désignée dans les ouvrages comme ayant été trouvée en Espagne ; mais M. Michaud, en la décrivant, aurait dû faire remarquer qu’elle existe aux environs de Perpignan, où elle a été trouvée par M. Canta, qui se fit un plaisir de la lui communiquer. — M. Michaud l'ayant trouvée en Espagne , et désignant seulement cette localité pour cette coquille , aurait pu dire aussi qu’on l’avait trouvée à Perpignan, et qu'il l’avait vue dans la collection de M. Canta. Je ne vois pas pourquoi, une fois qu'un objet d'histoire naturelle a été signalé en France, on s’obs- tinerait à désigner les localités étrangères. s. Re Genre clausilie, clausilia Drap. , deux especes. 1° Clausilia papilluris. Clausilie papilleuse. 20 —- rugosa. _— ridée. 32 = ventricosa. = ventrue. (1) Troisième Famille. Les Auricules Fer., auriculacées Blain., imnocochlides (à collier) Lat. Genre carichie, Carichium Mul., une espece. 1° Carichium myosotis. Carichie myosote. Ce genre a été sépare des auricules par M. de Férus- sac, comme habitant les eaux douces, tandisque les auricules sont marines. Quatrième Famille. Les limnéens Lam. , limnacés Blain., hmnocochlides (sans collier) Lat. Genre planorbe, Planorbis Brug., cinq espèces, dont quatre sont dans le tableau. 4° Planorbis Contorsus. Planorbe entortille. 2 — marg'inalus. — marginé. D — vortex. — tourbillon. 49 — imbricatus. — tuilé. Nous avons trouvé dans nos environs deux planorbes que M. Aleron n'a pas désignés. C'est le planorbe corné et le planorbe spirorbe. Ces deux espèces se trouvent dans les ravins des environs de Ceret, surtout à Nougrède. Genre limnée, limnea Lam. , trois espèces. 1° Limnea ovata. Limnée ovale. 29 — palustris. — des marais. 32 -— minula. — naine. La limnée voyageuse se trouve dans les fosses des prairies de Thuir. Elle n’est pas portée dans le tableau. (1) Trouvée pour la première fois dans le département , par M. Xatard , de Pratx-de-Mollo. = pe Genre physe, physa Drap., deux espèces. . 49 Physa hypnorum. Physe des mousses. 0 —— acuta. = aigüe. SIXIÈME ORDRE. Pulmonés operculés Fer., trachelipodas colimacés Lam., pectinibranches Cuv., chrismobranckhes cricostomes Blain., percumompomes Lat. Deuxième Famille. Les cyclostomes, cyclostoma Lam. Genre cyclostome, cyclostoma Lam., quatre espèces. 1° Cyclostoma elesans. Cy clostome élégant. 20 obscurum. — obscur. 3° = patulum. 2 évasé. 19 — truncatulum. — tronqué. SEPTIÈME ORDRE. Pectinibranches Cuv., t rachelipodes Lam., chismo- branches Blain. Première division. — Première famille. Les turbinés Fer. Genre paludine, paludina Fer., six espèces. 4° Paludina impura. Paludina sale. 29 —— viridis. ns verte. 0 _—- acula _ aigué. Ho — analin«. _—- des canards. 5° — similis. _— semblable. 6 — abreviata. __ raccourcie. Genre valvée, valvata Mul., une espèce. 1° Valvata piscinalis. Valvée piscinale. Deuxième famille. Les trochoides Cu. Deuxième section. — Les Néritines. Genre néritime, neritina Lam., deux espèces, une seule est dans le tableau, 4° Neritina fluviatilis. Néritine fluviatile ; ; PT Nous avons trouvé la neritina viridis dans le ruisseau de lÆscowridou, vers la propriété de M. Amanrich, pres de Perpignan. Genre meélanopside , melanopsis Fer. Ce genre a été établi par M. de Férussac comme appartenant aux eaux douces. TROISIÈME ORDRE. Lamellibranches Plain. Septième famille. Les submytilacées Blain. Genre anodonte, anodonta Brug., une espèce. 1° Anodonta cygnea. Anodonte cygne. Genre mulette, unio Brug., quatre espèces. 1° Unio littoralis. Mulette littorale. 29 —— Pianensis. — de Pia. 3° — piclorum. --- des peintres. 49 — rostrata. —— rostrée. Neuvième famille. Les conchacées Blain. Genre cyclade, cyclus Lam. , trois espèces. 1° Cyclas fontinalis. Cyclades des fontaines. 20 —_ cornea. ; —- cornée. 32 -— caliculata. == caliculee. Nous venons de terminer ici la liste des diverses espèces de mollusques que contient le tableau qui vous a été offert; nous vous exposerons quelques particu- larités qui se rattachent à plusieurs d’entre elles, et que nos observations nous fournissent. Nous voyons des espèces, nées dans des localités dont le climat diffère beaucoup du nôtre, se reproduire avec avantage dans ce département. M. Aleron déposa près de sa vigne plusieurs couples de l’Achix pomatia qui lui avaient été donnés par M. le colonel Kindelan ; ils se reproduisirent, et les jeunes hélices vinrent fort bien; mais leur chair étant très bonne et la coquille fort grosse, ils ont été si recherchés qu'ils sont devenus ET. très rares. Nous-même nons en déposämes quelques sujets qui venaient de la même source, dans le jardin de feu M. Rigaud, pépiniériste intelligent, et qui se prétait avec plaisir à tout ce qui pouvait contribuer aux progres de la science. Ces hélices se trouverent si bien dans ce lieu, qu’à la seconde année on se vit forcé de recourir à leur destruction, le jardin étant dévasté par leur multiplicité ; cependant cette espece est origi- naire du nord de la France. L’Aclix algira est aussi de ce nombre; nous en avions apporté plusieurs de Montpellier, que nous déposämes dans diverses localités : ils se sont reproduits et leur espèce se conserve ; à la vérité leur chair n’est pas aussi bonne que celle de lAelix pomatia, et par conséquent pas aussi recherchée. M. Canta a déposé pres d’une de ses propriétés, plusieurs individus de lhelix lactea qu'il avait recus de Valence ( Espagne ) : ils se sont reproduits; mais les jeunes sujets durent supporter , la premiére année, l'hiver tres rigoureux de 1830 et périrent presque tous. Les hélices qui résistérent à cette température si froide n'atteignirent point la grosseur de celles qu'il avait recues ; il parait que cette espèce a besoin pour son développement de beaucoup de chaleur, car- toutes celles qui viennent dans ce pays ne sont pas aussi déve- loppées ni aussi variées de belles conleurs que celles que nous recevons de l'Espagne et d'Alger. Cette hélice néanmoins se trouve en grande quantité au lieu appele las Lloberas, entre Perpignan, Cabestany et Château Roussillon, coupé par des ravins où le soleil darde avec force. Nos paysans appellent cette hélice llubera ; elle est très recherchée, car sa chair est bonne et fine. Je n'ai pu découvrir si c’est du nom de lhélice qu'on a surnommé ce terrain, ou si c’est du nom de la localité qu'on a baptisé la coquille. =... 970 — L’helix quimperiana, qui ne fait point partie du tableau, vient dans ce département. Elle fut apportée de Brest par M. le baron de Kindelan ; déposée par nous sur le bord d’un fossé des parties basses de Château Roussillon, elle s'y reproduisit fort bien, etnous obtimmes plusieurs sujets. Nous choisimes cette position, parce que cette hélice habite toujours des lieux tres humides, dans le département du Finistere. L'hélix squammatina, quoique originaire de ce dépar- tement, ne s'est point reproduite aux environs de Per- pignan , où nous l'avions déposée. Cette espece habite toujours les lieux frais et humides des régions élevées ; la chaleur paraît ne pas lui être favorable ; elle n’a pas résisté à l’action du soleil, bien que nous eussions choisi la partie qui pouvait mieux convenir à ses habitudes ; elle se trouve près des rochers humides , ou près des ruisseaux qui arrosent les prairies de La Preste et à ses environs. | L’Aelix Xatartii, nouvelle espece , établie et décrite par M. Farines ( Bulletin de la Société Philomathique , fre année ). M. Aleron, en la déposant dans le tableau sous cette dénomination , pense qu'elle est une variété de l'hélice porphyre. M. Boubée décrit cette même espèce sous le nom d'Aeliz Canigonensis nobis; ainsi voila une hélice décrite sous trois noms différens. D’après les observations que nous avons pufaire, nous partageons la maniere de voir de M. Aleron. Ayant recueilli aux environs de La Preste plusieurs individus de cette espèce , en 1823, nous avons porté toutenotreattention sur cette coquille, en visitant diverses collections a Paris, Lyon, etc. Nous l'avons vue toujours rangée parmi les variétés de l’Aelix arbustorum, et nous avons cela de commun avec M. Bou bée qui, tout en la séparant pour en faire une nouvelle espèce , dit l'avoir vue dans les collections parmi les nombreuses variétés de l'hélice porphyre. Pa css GORE. M. Terrevert, de Lyon, conchiliologiste distingué, bossède une très grande quantité de variétés de cette espèce, de diverses localités, et qui sont parfaitement semblables à la nôtre. MM. Canta, Gouget, chirurgien- major, Michel, capitame au 17° de ligne, et plusieurs autres naturalistes, sont dans la certitude que ce n’est pas une nouvelle espèce ; que, tout au plus, elle doit être considérée comme une variété. Plusieurs individus de divers âges, pris dans les localités où on les trouve ordinairement , observés avec impartialité par M: de Boissi et nous, nous ont donné la conviction que ce n'est pas même une variété , puisqu'elle a les rapports les plus constans avec lhélice porphyre: il est vrai que lés jeunes sujets different tellement par leur couleur, qu'on serait porté à les séparer d'abord ; mais en com- parant les divers âges de la coquille , plus celle-ci se rapproche de l'âge adulte, plus on lui trouve de rap- ports avec l'hélice porphyre ; nous avons vu le passage parfait à devoir les confondre en passant graduellement des jeunes sujets à ceux qui ont atteint tout leur accrois- sement. D'où nous concluons que l’Aelix Xatarti , Fa- rines , et l’helir Canigonensis, Boubée, ne paraissent être que des jeunes sujets de l’Aelix arbustorum , ou du moins qu'ils peuvent être rangés dans les nombreuses variétés de cette belle espece. M. Alerona placé dans le tableau une hélice que nous avonstrouvée dansletemps, qu'ila nommée helix Com- panyonii. Cette espèce se rapproche beaucoup de lhe- lix serpentina et ondulata; nous ne pouvons asseoir en- core notre jugement, cependant nous pensons qu’elle n’a pas été décrite. L’Aclix Desmolensü, décrite par M. Farines ( Bulletin de la Société Philomathique , 1"° annee) est une fort belle espece ; les caracteres que ce naturaliste lui assigne sont constans , et tout-fait croire qu’elle est nouvelle et inté- ressante. Nous l’avions recueillie à La Preste en 1823; après l'avon examinée attentivement avec M. Marcel dé Serres ; nous vimes bien qu'elle avait quelque chose de particulier quila distinguait de l’Aehix cornea , de laquelle elle se rapproche beaucoup ; mais le caractere qui l'en sépare tout-à-fait, c'est que le peristome est constam- ment contigu (1). M. Michel a trouve une variété de cette même espece à St.-Girons, et deux variétés à Na- varrins, en Morée. Les hélices les plus remarquables apres celles que nous venons de citer, sont l’helir rangiana, dont la dé- couverte est due a M. Rang, qui la transmit à M. de Férussac ; ce dernier la publia et la lui dédia. M. Bel- lieu, naturaliste à Collioure, a été longtemps en pos- session de cette hélix ; c’est lui qui l'a propagée, étant très près de la localité où elle vit. Bien qu'on la trouve avec beaucoup de difficulté, par rapport a sa petitesse et les lieux qu'elle habite, cependant ellen’est plusaussi rare. C'est une espèce que l’on trouve en allant de Col- lioure à Consolation , tout près d'unerangée de peupliers, en montant à gauche : jusqu'ici on ne l’a découverte nulle autre part. Les premieres qu'on avait trouvées étaient charriées par l’eau du ravin, et on croyait u elles venaient des parties élevées de la montagne. Les helix Pyrenaica, squammatina et lenticula sont encore propres à notre département et sont tres estimées. L’Aclix splendida nous offre plusieurs jolies variétés ; mais la plus estimée est la variété dont la bouche est rose ; elle est propre à ce département ; on la trouve aux garrigues de Cantaranne, sur les Alberes, et dans beau- coup d’autres endroits. Parmi les maillots, nous avons plusieurs espèces pro- pres a nos localités, entr'autres les pupa Pyrenaica, F'a- (1) Nous avions cette coquille dans notre collection sous le nom d’helix cornea de La Preste , 1823 — A observer. # 100 rinesi ; une espèce que nous croyons nouvelle, est le pupa Pyrencaria de M. Michaud. Nous possédions ce maillot, que nous avions trouvé à La Preste, en 1823 ; il était dans notre collection sous le nom de Clausilie rare (à observer , mais il a été décrit par M. Michaud, avec son nobis, que M. Boubée lui conteste , en le dé- crivant sous le nomde clausilia Pyrenaica nobis. Examiné très attentivement avec MM. de Boissi et Aleron, après en avoir ouvert plusieurs individus , pour bien voir la conformation intérieure de la bouche, nous persons que c’est le pupa pyrenearia : ses habitudes sont toutes celles d’un maillot ; cependant, au premier aspect, on croit voir une Clausilie , car il est allongé comme la plupart d’entr'elles ; et la bouche, quand on n’y porte pas beau- coup d'attention, ressemble à celle des clausilies ; tous les naturalistes, au premier abord, s’y sont mépris, et ont cru voir une clausihe. M. Aleron nous fait remarquer , dans son tableau , une mulette qui a été décrite par M. Farines , sous le nom d’unio Pianensis( Bulletin de la Société Philomathique, 4'e année ) qu'il pense être une variété de l’unio littoralis ; du moins, ayant communiqué cette espèce à M. de Fé- russac, d’après la décision de ce savant , il suspend son jugement jusqu'a de plus amples renseignemens. La création de cette nouvelle espèce, malgré les onze caracteres principaux que son auteur lui assigne , nous paraît peu fondée. MM. Boubée et Deshaies ayant examiné cette mulette , pensent que ce n'est qu'une va- riété de l’auo littoralis. MM. Terrevert, de Lyon, Gouget, Canta, Miche}, croient , avec nous, que c'est une variété de l’unio littoralis. Nous avons examiné cette mulette avec la plus grande attention; comme elle est commune , cent indi- vidus de tout âge ont ser vi à nos observations ; nous n’a- vons pu admettre le caractère constant des charnières qu'on lui donne, plusieurs individus nous ayant présenté = ONE = les mêmes variétés que celles qu’on trouve dans l’unio littoralis ; dans les uns comme dans les autres, elles va- rient beaucoup. Les formes extérieures présentent aussi les mêmes variétés que dans l’unio littoralis , et sont, à peu de différence près, les mêmes ; seulement les carac- ieres en général sont plus constans à mesure qu'on se rapproche de l’âge adulte, et tant que l'unio littoralis n'a pas atteint tout son développement, ce qui se fait re- marquer par cette espèce de frange gélatineuse ou mem- braneuse dont ses bords libres sont garnis, et qui se concrete à mesure que l'animal prend de l'accroissement. Jusque-là , les couleurs de l’'unio littoralis ne sont point altérées, son intérieur conserve cette belle couleur na- crée, commune à toutes les coquilles de ce genre, qui, en these générale , plus le sujet est jeune , plus il est brillant et nacré ; plus il se rapproche de l’âge adulte , plus l’intérieur de la coquille perd de son éclat. En effet, dans l'unio hittoralis, les choses se passent ainsi: à mesure que la coquille atteint l'âge adulte , elle perd de son brillant, et prend une couleur terne , qui se nuance pe- tit à petit de rose ; à mesure que les sujets vieillissent , cette belle couleur incarnée devient plus prononcée ; plus les sujets sont décrépits, ce qu’on remarque de suite par l’altération du test , qui est plus ou moins déchiré , percé même quelquefois , plus cette belle couleur rosée se fait remarquer , tant sur la chair de l'animal, que sur l'intérieur de la coquille. A l'extérieur , les choses se passent de même , dans les jeunes sujets ; jusqu'a l'âge adulte l’épiderme est brun plus ou moins foncé , quelque- fois verdâtre , et les rides sont plus où moins relevées ; mais dès qu'il atteint l’âge adulte et qu'il prend la tete rosée à l'intérieur , l’épiderme noircit , les rides sont plus prononcées et plus régulièrement espacées. Nous avons trouvé chez les sujets qui ont servi a nos observations , le passage trés bien gradué du jeune sujet à l’âge adulte, et de ce dernier à l’état de vieillesse ;nous n'avons jamais — 102 — trouvé la teinte incarnée que chez les très vieux sujets. Il est donc constant que nous n’avons trouvé cette belle couleur incarnée que chez les sujets qui avaient dépassé l’âge adulte ; c’est surtout chezceux quihabitent, une partie de l'été, dansles fonds des ruisseaux vaseux, et qui s’y enfoncent d'une maniere prodigieuse. Nous ne chercherons pas à expliquer comment eette colorisation a lieu; nous avions pensé que le séjour prolongé dans la vase des ruisseaux, où beaucoup de substances animales et végétales sont en décomposition , pouvait en être la principale cause. Des observations , faites à ce sujet , n'ayant pu être terminées , nous reviendrons sur cette matiere plus tard (1). On a dit qu’on n'avait trouvé cette coquille qu'au ruis- seau de Pia. M. Canta l’a prise dans une autre localité, et nous l'avons trouvée au ruisseau de Mailloles ; c’est toujours chez les individus tres vieux que nous avons vu la couleur incarnée , chez des sujets habitant des lieux vaseux (2). Si l'unio Pianensis était une espèce nouvelle , il est certain qu'on le trouverait dans tous les âges de sa vie ; (1) On observe sur les coquilles qu’on lave avec l'acide nitrique. étendu , pour en enlever l’épiderme et jouir des belles couleurs de. leur test, qui souvent sont très variées , que si cette partie est nacrée etla coquille jeune, elle conserve sa belle couleur de nacre et prend alors une teinte azurée ; que si elle est vieille, elle devient rosée. Cette expérience faite tout récemment par M. Delocre, a été très. concluante, (2) Presque tous les ans , le ruisseau de Pia reste à sec pendant une partie de juillet, août et septembre. Les malettes qui vivent dans ce ruisseau s’enfoncent très profondément dans la vase pour éviter l’action du soleil ; il est probable que ces animaux souffrent par le manque d’eau ; il ne serait pas étonnant qu’un état maladifde l'animal occasionnât le changement de couleur qu’on observe chez, la piupart. La partie du ruisseau où l’on trouve cette variété rose est celle où il existe beaucoup de vase, — 103 — on le trouve constamment avec l'unio littorahs, dès ge le plus jeune, jusqu’à l’âge adulte, toujours frais et paré de ses belles couleurs de nacre ; ce n’est que lorsqu'il arrive à l’état de vieillesse qu'il devient incarné ; cette couleur existerait dans le jeune âge, ainsi que dans l'age adulte , si cette mulette était d’une espèce différente de lunio littoralis. Nous pensons donc qu'on doit conclure , d’après les observations que nous venons de vous détailler, que celte mulette ne peut être considérée comme une espèce nou- velle. Nous croyons que c’est l’état de vieillesse de lunio littoralis | séjournant dans la vase , qui lui donne la cou- leur incarnée ; par conséquent il ne peut être rangé que parmi les variétés de cette mulette , et alors nous dirons, avec M. Boubée, que, sous ce rapport, il est le plus bel unio de France. Ainsi, Messieurs, nous voyons réunis dans le tableau que nous devons au zèle de M. Aleron , sur 24 genres de mollusques terrestres et fluviatiles connus, 23 genres appartenant à notre département ; dans ces genres nous avons 115 espèces et plusieurs variétés. Il n’est pas dou- teux que si on explorait avec soin nos diverses localités, il y a encore bien des choses à recueillir. Dans toutes les classes de l’histoire naturelle nous avons des objets spéciaux en quantité ; ceci est de noto- riété publique. Chaque année, les associations savantes du nord envoyent des naturalistes qui viennent récolter nos productions ; ils sont étonnés de voir la multiplicité des espèces qu'ils y trouvent dans toutes les classes. Une chose qui mérite de fixer l'attention dela Société, et qui a déjà été proposée par un de ses membres, c’est qu'on ne saurait trop se hâter d'organiser un musée d'his- toire naturelle, où chacun viendrait déposer une partie de ses récoltes ; dans peu d'années , nous aurions ainsi un cabinet qui ferait honneur à notre pays. Dans tous les chefslieux des départemens de France , une réu- = 40e nion de ce genre a lieu; les étrangers sont étonnés , en voyant nos richesses , de ne pas la trouver ici, où ils ne peuvent visiter que quelques collections particulieres. Si nous pouvions être appuyés par l'administration dé- partementale pour la composition de ce musée, nous pourrions montrer avec orgueilnos diverses productions : aucun département , sous ce rapport, n’est dans une position aussi avantageuse. À Nous devons donc, Messieurs, faire tous nos efforts pour parvenir à ce but, et contribuer par la à faire dis- paraître de la statistique des départemens de la France, par M. Ch. Dupin, cette tache obscure qui, mal-à-pro- pos , signale le nôtre comme un des moins à la portée des progres des sciences et des arts. Votre commission a l'honneur de vous proposer de voter des remercimens à M. Aleron pour cette collection des mollusques terrestres et fluviatiles du département, offerts à la Société, et de le nommer membre corres- pondant. Perpignan , le 3 mai 1836. — 105 — NOYLTÉS : Sur Le Cebrio Kanthjomerus , Soft. Por AM, T. DC, Tarsies. Les Cébrions appartiennent à l’ordre des Coléoptcres, section des Pentameres , famille des Serricornes , tribu des Cébrionites. L'espèce qui nous occupe habite les contrées Les plus méridionales de l'Europe ; notre département est laseule localité de France où elle se trouve ; elle y est assez abondante , et, malgré cela , la femelle était restée in- connue jusqu'en 1830, époque ou Je la fis connaître au monde savant, par une courte description qui est insérée dans les actes de la Société linneenne de Bordeaux , tom. 4, pag. 137. En 1831 , j'en pris de nouveau trois exemplaires dont un resta à la possession de M. Viau, et un autre , un peu mutilé, fut remis à M. Companyo. En 1833, je fus assez heureux pour en prendre une plus grande quantité, et j'en enrichis diverses collections, et notamment celles du Museum d'histoire naturelle de Paris, de M. de Rambur, de M. Dupont, etc. La description du mâle de ce Cébrion se trouvant dans tous les ouvrages d’entomologie , qui traitent de l'ordre d'insectes dont il fait parte , je m'abstiendrai de la reproduire , et me bornerai a donner quelques détails nouveaux sur ses mœurs, et à décrire la femelle. Le Cebrio Xanthomerus, le seul du genre quise trouve dans les environs de Perpignan , ne paraît qu'a une seule — 106 — époque de l'année; c’est pendant les premières pluies d'automne, qui ont lieu à la fin de septembre ou dans la premiere quinzaine d'octobre ; si à cette époque il ne pleut pas, et que les pluies viennent plus tard , alors on en voit beaucoup moins : c’est particulièrement lorsque les pluies ont lieu à la suite d’un orage qu'il sort en grande quantité , quelquefois même il est son avant- coureur ; Je l'ai vu paraître par nuées apres quelques coups de tonnerre, par un temps tres sombre, et avant que la pluie ne tombât. Cet insecte vole rapidement , son vol est court et préoccupé; il s'élève peu en parcou- rant un espace circonscrit au lieu qu'il habite , qu'il sillonne dans tous les sens à la recherche de la femelle ; il se pose souvent sur le gazon, court aussitôt et s'élève de nouveau s’il ne rencontre pas ce qu'il cherche. Lors- qu'une femelle est entourée de quelques males qui la fécondent , on voit venir ceux-ci de tous côtés et se précipiter dessus avec une impétuosité extraordinaire. Je ne sais si c’est à l'odorat ou à la vue qu'on doit attri- buer la faculté qu'ont ces insectes de venir à la rencon- tre de la femelle de tres loin ; il est probable que c’est au premier de ces sens; car on l’apercoit avec difficulté, surtout parmi des plantes et des feuilles sèches, où elle se tient ordinairement. Lorsque cet insecte est fatigué de voler, il tombe, au lieu de se poser; c’est ce qui est cause que souvent il se trouve renversé sur le dos; dans cet état, il éprouve beaucoup de difficulté pour se re- tourner , et on a tout le temps de le prendre. Cet acct- dent n’a lieu que lorsqu'il tombe sur les chemins où l’eau séjourne; dansles champs, ilest beaucoup moins fréquent; c'estsans doute ce quia fait dire à Ollivierqueles Cébrions se trouvent rarement dans les champs , et qu'ils volent ordinairement au milieu des chemins, parce qu’en ef- fet ce n’est que là qu'on les apercoit facilement et qu'on peut les prendre de même, tandis qu’on les voit diffici- lement dans les endroits gazonnés. — 107 — Description de la femelle. Elle est de la même forme et grosseur que celle du Cebrio gigas, Oliv.; sa couleur est plus foncée , et ses élytres plus profondément striées ; elle est d’un brun fauve, pointillée et pubescente ; les an- tennes insérées au devant des yeux sont tres-courtes et composées de dix articles, dont les deux premiers fauves et les autres noirs ; les trois premiers articles des palpes maxillaires sont fauves et le quatrième noir et arrondi ; elle a les mandibules arquées , grandes et de couleur brune ; le thorax étroit, avec les angles postérieurs peu saillans ; les élytres très écartées, plus courtes que l'ab- domen , sont d'un fauve brunâtre , profondément siriées, ayant neuf stries à chacune , avec une petite bande noire a leur partie antérieure ; les ailes membraneuses, plus courtes que les élytres , ne sont pas pliées , dans leur longueur , comme dans le mâle et la plupart des coliop- tères ; elles ont la nervure extérieure noire jusqu'aux deux tiers de leur extrémité postérieure. La femelle du Cebrio xanthomerus ne vole pas ; on la rencontre à la même époque et dans les mêmes circons- tances que le mâle; tout comme lui , elle sort de terre our salisfaire aux exigences de la nature et obéir aux FE de la reproduction ; pour être fécondée, elle s’en- fonce dans la terre verticalement , la tête en bas, de maniere à n'avoir que l'extrémité postérieure en dehors ; dans cette position, elle recoit plusieurs mâles à la suite l'un de l'autre, et le remplacement et la fécondation ont lieu avec tant de vitesse et si instantanément, qu'il faut y apporter beaucoup d'attention pour les remarquer ; il est vrai que Je n'ai pu faire ces observations que dans des circonstances où la femelle était assaillie par une pro- digieuse quantité de mâles qui s’agitaient autour d'elle comme les abeilles dans un essaim ; peu d'heures apres la fécondation , elle pond des œufs oblongs , un peu roussätres , assez gros pour sa taille, et ressemblant as- sez à ceux de quelques gros bombix.Comme cette expé- — 108 — rimentalion n'a pu se faire qu’en tenant cet insecte ren- fermé dans une boîte contenant de la terre, il reste à décider si, dans son état normal, il dépose les œufs dans la terre ou sur des végétaux ; les œufs que j'ai obtenus se sont desséchés, ce qui me fait croire qu'ils n'étaient pas dans le lieu qui leur convenait, et qu'ils auraient dû être placés sur quelque plante ; sa larve m'est in- connue. Cet insecte vit dans la terre, il affectionne particulie- rement les terrains sablonneux, sans doute parce qu'il trouve plus de facilité à s’y frayer un passage pour venir payer son tribut à la nature ; c’est toujours des lieux où il ÿ a de grands arbres qu'il sort. Les racines de peu- plier, d’ormeau, d’olivier servent probablement de re- traite à sa larve. En faisant arracher un grand peuplier, je pris dans les débris des racines sept de ces Cébrions - mâles , ainsi que plusieurs larves dela Cicada orni , et plusieurs individus de l'Oryctes grepus. Pendant la forte pluie qui eut lieu dans le mois de septembre dernier, je me trouvai sur le chemin d'Espira pres la Llobera, je vis une grande quantité de ces insectes sillonner l’espace dans un champ d’oliviers, je pris plusieurs femelles au pied de ces arbres. Comme nous l'avons déjà dit , il est présumable que la larve vit dans les racines des grands arbres , et particulièrement des espèces que nous venons de nommer ; que l’insecte parfait s’y développe et n’en sort qu'a l’époque de l’accouplement qui a lieu pendant le mois de septembre, octobre et novembre; et cet acte ne pouvant s’accomplir dans l'intérieur de la terre , un instinct naturel, un besoin commun commandé par la nature , porte les deux sexes à sortir pendant les pluies pour satisfaire aux lois de la reproduction. Il arrive quelquefois qu’on rencontre cet insecte à la surface du sol, sans qu'il y ait aucune espèce de symptôme de pluie: ainsi j'en ai pris un dansle mois dejuillet, en plein midi ; par un temps très sec et très chaud , qui courait — 109 — sur la poussière d’un chemin ; mais ces anomalies , tres .ares d’ailleurs, sont, bien certainement, produites par des causes accidentelles et mdépendantes de ses mœurs et habitudes. La vie de ce Cébrion est très courte ; et, par induc- tion, Je crois pouvoir avancer qu'il ne prend aucune es- pèce de nourriture ; il est, en effet, difficile d'admettre qu'il puisse se procurer de quoi manger dans l'intérieur de la terre, n'étant pas organisé de maniere à pouvoir y circuler. IL est vrai qu'Olivier dit que les Cébrions sor- tent pendant la nuit ; mais rien ne vient à l'appui de cette assertion , du moins pour ce qui concerne l'espèce qui fait le sujet de ce travail; et, bien certainement, si cela était, on rencontrerait ces insectes communément pen- dant le jour , ne serait-ce que ceux qui , retardataires ou accidentellement , n’auraient pas pu regagner leur gite. Dans mes chasses de sphinx et de noctuelles , je n'en ai Jamais rencontré aucun. 30 octobre 1836; | aline Le : cod ha T4 be Mon Choc of À Ne. one sie nt ts » nn i | ‘Cet dondéshen, fn | 5 D 0 Ver he : pt ; “other »ai au qu'is i Hap-sopelar ï der SA 2 de pt de r. ARC AE 1e tur ide Ta nr EE F andiée dass 2: - hivials, | E Lo. Cheat Kk - quite ei fat ai e. réa “us rh rh elrons “ire 2 in te poid ” ÿ at à pe +4 x mer K que liniécie parlait - dével 147 à Fépexgis > de Va dot tbe COTE Rip pi ele Vu canne) LS ke LATE Os dso vont vel r- dar ces mer L Se A: “jee Me N de foriqu tir: céatns leinais : dej jù gl des L Ho UT LE roé Pin, # | à ï 27", fa s# n : US. à RM, à = 14h — Dbotire SUR AA GROBIO RAANTAOMANUS à Pac: NC: Aleron. Lies Cébrions appartiennent aux contrées les plus mé- ridionales ; sur sept espèces connues en Europe, les dé- partemens méridionaux de la France en possèdent deux. Le Cebrio gigas (Olivier ) qu'on trouve depuis Toulon jusqu'à Montpellier, et le Cebrio xanthomerus (Hoffm. ) qui habite les environs de Perpignan ; la femelle de cette espèce était restée inconnue jusqu'en 1830, époque où M. Farines la fit connaître, par une très courte descrip- tion, à la Société linnéenne de Bordeaux (1): La possession de cet insecte que j'avais trouvé aussi en 1830, n'était pas assez pour moi ; la maniere de le pren- dre, ses mœurs , ses habitudes étaient le but constant de mes recherches. Dans le mois de septembre 1836, ayant été assez heureux pour l’atteindre, je crus pouvoir an- noncer à la Société philomathique de Perpignan , par (1) M. de Rambur , de passage à Perpignan, au moment où Je commencçais mes expériences, a eu la complaisance de me commu- niquer deux espèces qu’il a trouvées en Espagne , et qu'il se pro- pose de décrire à son arrivée à Paris, ce qui portera à neuf le nombre des espèces connues en Europe. Je lui communiquai , à mon tour , les observations que je venais de faire sur la femelle du Xanthomerus , ainsi que les recherches que je me proposais de faire encore. Il examina un œuf que j'enlevai momentanément de ma boîte à expériences. — 112 — une lettre en date du 22 septembre, que lorsque mes observations et mes découvertes sur cette espèce se- raient rédigées, je me ferais un devoir de les lui com- mimi quer ; M. Farines ma devancé , et si l'observation des mêmes faits ne nous avaient conduits à des résultats op- posés, je me serais abstenu de faire connaître ce que j'ai pu découvrir sur les mœurs de cet insecte, afin de ne pas enlever la priorité à un naturaliste aussi distingué. Description du mâle. —Tie Cebrio male est pubescent ; il a la tête noire , les yeux très saillans , les antennes filiformes dilatées en dents de scie à l'angle intérieur, le prothorax estnoir ainsi que lécusson ; lemésothorax, le métathorax et l'abdomen sont d’un fauve clair ; les élytres sont noires , striées et pointillées ; les élytres membraneuses sont fauves à leur base et noirâtres à leur extrémité ; les pates ont les tarses et les jambes noires ; les cuisses et les hanches sont fauves. Description de la femelle, ses mœurs, ses habitudes. — Le Cebrio femelle differe singulièrement du male ; elle est de couleur fauve noirâtre ; ses antennes , composées de onze articles, insérées au devant des yeux, ne sont guere plus longues que la tête ; le pre- mier article est beaucoup plus long que les autres, qui réunis , composent une petite massue oblongue et pres- que perfoliée ; les yeux sont peu saillans et noirs; les palpes maxillaires sont fauves et arrondies à leur som- met; les mandibules grandes, tres arquées et plus fortes que celles du mâle , sont noires à leur extrémité seule- ment, et s'avançant au-delà du labre; les élytres poin- üullées et à peine pubescentes sont profondémentstriées, leur bord interne n’est point en droite ligne comme chez le male , il est au contraire arrondi de manière que, s'écartant l’une de l’autre, l'abdomen reste à moi- té découvert ; les élytres membraneuses avortent en parte et ne sont point pliées; les pieds sont beaucoup =, MIS, 2 plus courts, mais plus forts que ceux du mäle ; il est à remarquer que les extrémités des articulations sont noirâtres ; le prothorax est d’une couleur plus claire que toutes les autres parties de l'insecte; il n’est point pubescent ; son diametre traversal est plus large à sa base , les angles latéraux postérieurs sont aigus etmême prolongés en forme d'épine, l’écusson est très petit et noirâtre à son articulation. Ce n’est qu'a l'époque des pluies d'automne que ce coléoptere paraît. Jusqu'en 1536, les femelles que l’on possédait n'avaient été trouvées que par hasard, ou du moins on avait gardé le secret sur la manière de les prendre , ce que Je ne puis supposer de la part d’au- eun naturaliste. Quoi qu'il en soit, dans le mois de sep- tembre dernier, apres de fortes pluies, étantàla chasse de cetinsecte , contrarié d'avoir ramassé cinq à six cents males, sans avoir pu trouver une seule femelle, je n''ap- pliquai à observer le vol du mâle ; je ne tardai pas a découvrir des différences sensibles , tantôt le vol était rapide , long-temps prolongé, etle corpsde linsecte était horizontal, tantôt, au contraire, ilétait perpendiculaire ; mais alors il se posait brusquement sur les plantes , les abandonnait aussitôt, sans cependant s’en éloigner ; les élytres faisaient entendre un bruissement particulier ; peu-à-peu son vol bruyant devenait plus rapide et plus court, se rapprochait de la terre ; linsecte laissaitaper- cevoir une agitation singuliere , descendait et s’insinuait très rapidement sous les plantes ; la femelle était trouvée. On voit toujours plusieurs mâles à la recherche de la même femelle, ce quiferait supposer que le nombre de males est supérieur à celui des femelles. La femelle que les pluies ont fait aussi sortir de la terre, creuse un trou d'environ six lignes de profondeur, dans une direction légèrement oblique; elle reste ainsi à moitié enterrée, ne laissant à l'air quela partie postérieure del'abdomen, afin de pouvoir recevoir le mâle : c’est dans cette posi- 8 tion que Je lai toujours rencontrée vivante ; C'est dans celte position que le mäle la féconde. Si l’on voit beau- coup de mâles à la recherche de la femelle , il est rare de voir plus de trois ou quatre mâles parvenir jusqu'a elle; et lorsque le plus adroit ou le plus fort a réussi à s’accoupler, ce qui s'exécute avec la plus incroyable rapidité, les autres mâles s’éloignent : la jonction dure de dix à quinze minutes. Le grand nombre de femelles que J'ai trouvées dans un trés court espace de temps , la facilité avec laquelle des individus entièrement étrangers à l’entoinologie ont trouvé des femelles , d'apres les indications que je leur avais fournies, me prouvérent la vérité de mes obser- vatons. ExPÉRIENCES FAITES CHEZ MOI (1). Dans une caisse remplie de terre, de quarante centi- mètres de long sur vingt-deux de large et quinze de profondeur, recouverte d’un verre, je mis trois femelles vivantes et cinq mâles; peu d’instans aprés, trois mâles s’'accouplerent ; j'enlevai les deux autres, afin de mieux observer. La jonction a duré de 8 à 12 minutes; le mâle resta fixé sur le dos de la femelle 5 à 6 minutes pendant lesquelles la femelle creusa un trou , comme J'ai déjà dit, et je crois pouvoir avancer que c’est dans cette seule position qu'elle peut être bien fécondée , vu la dif- ficulté extrême qu'éprouve le mâle dans toute autre po- sition; après avoir enlevé tous les mâles , deux femelles (1) Une femelle trouvée le 7 octobre 1836 , fut aussi mise dans une boîte remplie de terre ; je ne savais si elle avait été fécondée , etje n'avais alors aucun mâle vivant ; elle s’enfonça dans la terre, elle y resta 22 jours avant de mourir ; je supposai avec raison qu’elle n’avait pas reçu de mâle , parce que lorsque l'atmosphère était chargée d'humidité ; elle venait se placer à la surface de la terre , dans la position qu’elle prend toujours, lorsqu'elle attend le mâle ; trois fois j'ai eu l’occasion d'observer ce phénomène. 2 — 115 — s'enfoncèrent dans la terre; la troisieme resta à la sur- face ; elle y déposa des œufs. Aussitôt que lovifere en avait déposé un, elle le faisait rouler avec sa tarière, et formait une petite boule comme une grosse tête d’é- pingle. Cette femelle qui n’entra pas dans la terre pon- dit 8 œufs , et mourut dans le courant de la journée. Le lendemain et jours suivans je visitai la caisse, et ce fut seulement le douzième jour que les autres femelles moururent. Les recherches les plus mnutieuses me firent décou- vrir 47 œufs enfouis séparément dans la terre ; 31 d’en- tr'eux étaient enveloppés de terre et roulés en forme de petites boules, comme je ai déja dit. Les œufs sont blancs , un peu ovales ( il est à remarquer cependant que les deux extrémités de l’ovale sont égales); sur un point de leur surface , on remarque une petite tache noire qui me paraît être un pédoncule. La femelle qui était restée à la surface de la terre, m'offrit une circonstance qui me donna la certitude que la mort l'avait surprise avant d’avoir terminé sa ponte; en effet, l’ovifère n'etait pas apparent dans les autres ; au contraire , au moment de la mort, il se trouvait hors de l'abdomen, sous la tariere. Je la disséquai , et je trouvai dans son abdomen 24 œufs qui n'offraient pas la blancheur des autres, ce qui, avec la mort prématu- rée de la femelle, doit me faire penser qu’elle était ma- lade ou blessée. L'ovifere est de la même couleur que les œufs , et suspendue sous la tarière, à son ex- trémite. Les œufs que j'avais recueillis furent distribués de maniere que 34 resterent dans fa caisse ; 13 furent mis dans l’alcohol. Tous les quinze jours je visitai la caisse ; et le 10 novembre jy trouvai des larves ; j'en enlevai 4 afin de pouvoir les étudier : elles ont une ligne de diametre sur six de longueur ; elles sont filiformes, ar- 8. — 116 — rondies , composées de douze segmens , dont chacun porte sur les parties latérales un bouquet de poils; elles sont de couleur fauve clair ; la tête , les palpes et les mandibules sont noires; les pates tres courtes sont d’un fauve clair ; le dernier segment dont les bords offrent quatre dentelures garnies de poil, est terminé par deux appendices bifurqués ; les dentelures, les appendices et l'anus sont noirs. TRE © © QQ © a = fa — NOTICE Œouchant Les effets délétères du Redoul, SUR CZ ovane, li és loire de Chevse, Par M. Jean Pusane, D.-M. x Le Redoul , Coriaria Myrtifolia, Linné, est connu dans notre département sous le nom de Rodor ou Rou- dou. C'est un arbrisseau très répandu dans les bois et sur les tertres du midi de la France ; il est abondant dans les ravins de notre petite vallée du Tech. La description de cette plante se trouvant dans tous les ouvrages de botanique, nous n'avons pas à nous en occuper , d’au- tant plus qu'elle n'a pas de congénere en Europe, et qu'elle est tres connue du lee qui emploie jour- nellement ses rameaux , ses feuilles et ses fruits , soit pour le tannage , soit pour la teinture. Nous nous bor- nerons donc à examiner cette production végétale sous le rapport de son action délétère sur l’homme et sur certains animaux domestiques. Dans les ouvrages de matière médicale, comme dans les traités de toxicologie , l'on ne trouve absolument rien concernant les propriétés du Redoul. Cest seule- ment en 1811 que, parunmémoireinséré dansles annales cliniques de la société de médecine pratique de Mont- — 118 — pellier , cahier de décembre même année , je fis con- naître les effets délétères de ses fruits. Vers l’année 1820 , ce mémoire fixa assez l'attention de MM. Loise - leur-des Long-champs et Marquis, pour les déterminer a signaler cette découverte par un article parüculier qui figure dans le 47° vol. du dictionnaire des sciences médicales ; mais comme depuis cette époque, j'ai pu colliger de nouveaux faits, tant sur les qualités mal- faisantes des fruits de cet arbrisseau, que sur celle de ses feuilles, je crois devoir raconter sommairement d'abord ce qui s'est passé à ce sujet, à Figuères, en Catalogne , pour m'occuper ensuite de ce que j'ai été à même d'observer depuis. Chargé en chef du service des hôpitaux de cette ville, je dus me transporter à la hâte aupres de sept militai- res venant des bords de la Fluvia, petite rivière à envi- ron quatre lieues. J’appris que ces malheureux soldats, harassés par une longue marche et tourmentés par la soif, s'étaient arrétés sur ces bords, et qu'invités par la forme agréable et séduisante des fruits du Redoul, ils en mangérent avec avidité pour se désaltérer ; que peu de temps après , ils éprouverent beaucoup d'anxiété précordiale, et successivement des nausées et des vo- missemens tres pénibles, accompagnés de crampes dans les membres. À ces premiers symptômes succédè- rent bientôt la prostration des forces , et un état co- mateux des plus profonds. En cette occurrence, je crus devoir leur administrer l’émétique en lavage , afin d’ob- tenir l'expulsion de la substance vénéneuse dont le sé- jour , dans l'estomac, ne pouvait qu'accroitre les phé- nomenes morbides. Mon but fut atteint ; il y eut des vomissemens de matieres bilieuses avec une quantité considérable de baies ou fruits du Redoul, qui n'avaient subi aucune altération digestive. Je prescrivis ensuite l’oxycrat pour boisson ordinaire, desfrictions générales el des vésicans sur différentes parties du corps. L'état — 119 — des malades ne tarda pas à s’amender; ils recouvrérent | peu à peu leurs facultés sensoriales ;, et il ne me resta plus à combattre que de légers symptômes d'irritation abdominale , qui céderent à l'usage d’une médication émolliente. La convalescence ne fut ni longue ni péni- ble ; et Les sept militaires sortirent de l'hôpital parfai- tement rétablis ; 1l n’en fut pas de même de deux de leurs camarades qui, n'ayant pu être transportés à Fi- gueres , périrent, faute de secours , dans les premieres vingt-quatre heures. À la fin de l'été de 1819 , je fus appelé pour visiter deux enfans, frère et sœur, âgés lun de six ans, l’autre de trois , qui habitaient une ferme , autour de laquelle le Redoul croît abondamment. C'était le quatrième jour de la maladie , et les pauvres enfans n'avaient pas en- core recu des soins médicaux. El y avait eu dans le com- mencement des nausées pénibles et des vomissemens spontanés, qui eurent pour résultat le rejet d’une certaine quantité de fruits ingérés de cet arbrisseau. À cette pé- riode d'angoisse succéda l’état soporeux ou apoplec- tique. Les jeunes malades bégayaient quelques mots sans liaison ; les sclérotiques étaient injectées, les yeux fixes et les pupilles dilatées ; la langue était lourde et volimineuse , et la déglutition difficile. Deux indications fondamentales, celles de prévenir l'absorption du prin- cipe délétère et d’en affaiblir l’action , n'avaient pas été remplies. Il restait à combattre et la congestion céré- brale , et l’état d’énervation de l'organisme. Je preseri- vis des émissions sanguines dérivatives, et fis multiplier les excitans de la peau. Nous espérions peu des secours de l’art; la petite fille revint néanmoins de sonétat coma- teux et se rétablit assez promptement. Le garcon suc- comba après des convulsions violentes, et après avoir offert les phénomènes d’une hémiplégie complette du côté droit. Comme je traversais une haie formée en grande — 120 — partie de Redoul , je trouvai une brebis couchée sur Le flanc, raide et immobile au point que je la crus sans vie; lay Énh examinée de plus près, Jai pu me convaincre qu elle vivait encore. Elle paraissait essoufflée; ses yeux étaient saillans et les pupilles larges ; le “ner était tendu , la bouche close, laissant toutefois échapper une salive € épaissie et ne L'idée que cette bète pouvait avoir mangé du Redoul n'est a l'instant même sug- gérée : | appelle le berger qui gardait son troupeau non loin de la ; il arrive anssitot. Quelle est ma surprise , en me voyant dévancé dans mes prévisions . « Cela ne » me cause aucun étonnement, me dit le berger; j'ai » été maintes fois témoin Me ceders ee bte »_ brebis a broutéles feuilles tendres de cet nca que » rt était Le Redoul ); elle en reviendra ». En ef- fet, deux heures s'étaient à peine écoulées, et la brebis Ban déjà repris l’état normal. Cette éventualite ne pouvait que fixer monattention; elle m indiquait la marche à suivre pour me procurer des renseignemens plus précis et plus certains. Je m'a- dressai a tousles bergers, pâtres et chevriers qui avaient conduit leurs troupeaux sur des terrains où se trouve le Redoul, et les indices qu'ils m'ont donnés ne m'ont laisse EL doute sur les effets dangereux et même dé- létéres de cette plante , tant sur ls bêtes à laine que sur les chèvres ; en vaici le résumé. Ces animaux mangent avec avidité les feuilles prin- tannieres du Redoul. C’est ordinairement à cette épo- que qu'ils éprouvent les accidens que nous avons SL : gnalés, tels que vertiges, stupeur, cécité momentanée , écoulement baveux , etc., etc. Le nommé Darné, Bbvi ger à la métairie dite lo mas d'en Monere , a vu toxibens jusqu'a trente bêtes à la fois , sur cent vingt dont se composait le troupeau. Elles se relévent ingambes deux ou trois heures aprés , et puis elles vont rejoindre les autres. Ce ber ger n'a pris d'autre pr écaution que celle — 121 — de placer un baillon à chacune (un caillou ), dans le . double but de favoriser la sortie de la bave et de faci- liter la respiration. Darné pense que dès le moment que la feuille a ac- quis tout son développement, ce qui a lieu en été, elle perd ses qualités vénéneuses ; aussi , observe-t-on que les bêtes qui s’en nourrissent à cette époque n'en sont nullement incommodées. Ce berger observateur croit même que les feuilles sont alors très nutritives, et plu- tôt salutaires que nuisibles : mais voici un fait bien plus curieux encore , qui m'a été rapporté par le même berger. Vers la fin de l'automne de 1820 , quatre bêtes à laine , parmi lesquelles était le plus beau bélier du iroupeau, se jetèrent avec avidité sur quelques pieds de Redoul qui avaient poussé de nouvelles feuilles, en mangérent à satiété , et puis allèrent s'abreuver à un ruisseau qui se trouvait dans le voisinage. Immédiate- ment apres , et sous les yeux du berger , ces animaux firent divers tours sur place, tomberent ensuite , et périrent à l'instant même, au milieu des convulsions. De ce qui précède , il résulte évidemment que Île Redoul est non-seulement vénéneux pour l’homme, mais encore pour les bêtes à laine et la chèvre. Voila donc un poison à ajouter à la classe déjà si nombreuse des poisons appartenant au règne végétal; voilà enfin une plante justement suspecte, et dont il faudra désor- mais se défier ; mais à quel degré cette plante est-elle vénéneuse ? Quelle est la quantité présumée de fruits ou de feuilles capables de provoquer des symptômes toxiques , soit chez l'homme, soit chez les animaux? Nous n'hésiterons pas à faire l'aveu de notreimpuissancea cet égard. Ces questions sont trop ardues pour que nous tentions jamais de les résoudre. L'on sait qu’en fait de poison végétal rien n’est absolu. Que les effets que pro- duisent les plantes vénéneuses sont sujets à varier, non seulement en raison des vicissitüles atmosphériques , — 122 — suivant la nature des lieux, des époques de l'année, etc. ; mais encore d'après une foule de circonstances indivi- duelles, telles que l’âge, le sexe, le tempéramment ! Ne soyons donc point surpris si le Redoul est poison on aliment, selon la saison où l’on en fait usage ; s’il est innocent chez les uns; dangereux , nuisible et poison mortel chez les autres. Enfin, si l’on considère que l’in- tervalle qui sépare ce qui est poison d’avec ce qui ne l’est pas est si peu sensible, qu’en un mot, il faut si peu de chose pour queleplussalutaire des alimens devienne En et le poison le plusactif devienne remede , l’on devrait ne pas être surpris que le Redoul fournit à la fois une nourriture saine pour certains animaux do- mestiques , et une substance médicamenteuse pour l'homme. J'ai employé le Redoul comme moyen sédatif contre l'affection névralgique. L’eau cohobée de ses feuilles , administrées en frictions sur les parties malades, calme le plus souvent les souffrances saccadées du patient, et quelquefois elle extirpe le mal. Les mêmes feuilles , bouillies avec la mie de pain, et employées sous la forme de cataplasme , soit dans les gonflemens doulou- reux des articulations, soit dans les solutions de conti- nuité , avec dilacération ou rupture des tissus nerveux ou aponévrotiques, m'ont paru agir très efficacement. € ODSSERVAUTONS Sur les troisième, quatrième, cinquième Sontaines jaillissantes , obtenues à Œoulouges, Pa AM 6, CA D peu. (Communication du 1." Juillet 1836), MESSIEURS , Vous avez apprécié, des premiers, les avantages que l'agriculture de notre département pouvait reurer de la recherche des eaux Jaillissantes ; vous avez accueilli avec empressement les renseignemens relatifs aux premiers essais de forage, et l'intérêt que vous portez a tout ce qui peut encourager et avancer cet art, encore nouveau pour nous, me fait un devoir de vous rendre compte des faits recueillis dans la série des forages que J'ai commencés et que je dois poursuivre. ous connaissez les résultats des deux premiers sondages pratiqués à Toulouges. J'ai eu l'avantage de vous soumettre la, coupe géologique des couches tra- versées dans le premier. J'aurais désiré pouvoir en faire autant pour le second; mais les difficultés assez grandes qui ont presque constamment accompagné ce — 124 — travail par suite d’une couche de gros cailloux roulés, prenant depuis la profondeur de 10 pieds jusqu’à 20 pieds, m'ont empêché de conserver toute la série des échantillons ; je n'aurais pu vous présenter qu'un tra- vail incomplet. Du reste, ce forage distant du premier d'environ 1000 metres, et sur un niveau plus élevé d'environ 2 metres, n’a présenté aucune différence notable dans la nature des couches et leur ordre. Je n'ai eu à traverser que des argiles jaunâtres nuancées, plus ou moins compactes ou sabloneuses, et deux ou trois couches moins épaisses d'argile vert-olive foncé. La première eau est montée de la profondeur de 183 ee et a augmenté progressivement jusqu'à ce que a sonde eut pénétré à 212 pieds. Après ce point, le forage fut continué, mais avec l'obstacle toujours crois- sant des graviers du fonds de la couche imfiltrée qui s’'accumulaient autour de la tige dans le trou qui leur est inférieur. Je parvins jusqu'a 217 pieds, malheu- reusement la sonde se trouva alors tellement engagée qu'elle ne put résister aux efforts qu'il fallut faire pour la retirer, et la tige inférieure se cassa au dernier emmanchement. Je dus renoncer à la retirer après plusieurs tentatives inutiles. Du reste, cet accident ne pouvait nuire en rien à la libre sortie de l’eau dont le volume est de peu inférieur à celui de la première source ; sa température est de mêmede 18° centigrades. J'aurais beaucoup désiré pouvoir pousser plus avant ce forage, dans l'espoir de faire jaillir quelque nou- velle source inférieure plus abondante encore, ainsi qu'il est arrivé dans tous les forages où l’on a traversé plusieurs nappes d’eau jaillissante, et où les nappes inférieures ont dépassé le volume des supérieures , notamment dans ceux opérésà Tours, par M. Degouzée. L'expérience m'a demontré que nous ne pourrions parvemr à un pareil résultat qu'en tubant jusqu'au dessous des couches de sable pur infiltrées. Ce seul * — 125 — moyen compliquerait beaucoup le travail et en aug- menterait considérablement la dépense. Je ne déses- père pas cependant de compléter quelque jour cette épreuve. Voici, maintenant, les observations que j'ai à vous soumettre, relatives à la troisième fontaine jaillissante de Toulouges. Elle est située à environ 300 mètres de la premiere, sur un miveau plus élevé de 1 mètre 40 centimetres. Il a fallu 21 jours de travail pour arriver à la profon- deur de 186 pieds, point où le premier jet a paru, et quatre journées de plus pour atteindre 231 pieds. Entre 186 et 220 pieds, la tariere, presque toujours accompagnée de 3 à 4 pieds d'engravement trés difficile à traverser, surtout en remontant, na rapporté que des sables assez gros mêlés d'argile. Dans cet inter- valle, le volume de l’eau a subi successivement une augmentation sensible vers 194, 210 et principalement 220 pieds. Ces mouvemens d'augmentation ont été instantanés et non continus ; pendant leur durée , l’eau était pluscolorée etdégorgeait une très grande quantité de sable. Cest à 220 pieds que l’eau parait avoir acquis son plus fort volume. IL est au moins égal à celui de la première fontaine voisine qui n’a rien perdu à cette rivalité. La température de ce nouveau cours d’eau est également de 18° centigrades. Je tenais à reconnaître d’une maniere certaine la nature de la couche immédiatement inférieure à l’eau, malheureusement aucun des outils que jai employés Wa pu men rapporter d'échantillon. Le tems et les efforts nécessaires pour dégager la sonde de Fengra- vement dont elle était accompagnée, joints à la force de l’eau ascendante, nétoyaient complètement le fer dans le trajet. Néanmoins, d’après la couleur de Peau et la résistance dont l'effet peut être très bien apprécié en mettant la main sur la tige pendant la rotation, Je — 126 — crois pouvoir dire avec quelque vraisemblance, que vers 230 pieds le fonds est de nature argileuse. Tandis que pour le premier forage cité plus haut, j'eus des indices d’un fonds de calcaire dur. La comparaison de la coupe géologique que je joins à cette notice avec celle du premier forage, montre une parfaite analogie dans la nature des couches. On devait s'y attendre d'apres la petite distance qui sépare ces deux points; cependant l'ordre de ces couches et leur épaisseur offre quelque difference. On peut remarquer, par exemple, que les couches dune teinte vert-olive foncé, les moins épaisses etles plus distinctes, ne se trouvent pas dans un rapport absolument exact dans les deux coupes. La difficulté de me procurer, sans de trop longs délais, des tuyaux en fonte de fer, a été le motif qui n’a engagé à employer, pour le tubage des deux pre- miers forages de Toulouges, des tuyaux en cuivre rouge brasés et rivés aux emmanchemens. Les terrains traversés sont de nature à Ôter toute crainte d’éboule- ment dans la partie non tubée du trou foré, aussi ai-je jugé qu'il pouvait suffire de placer une longueur de 36 pieds de tuyaux. J'ai eu ainsi le double avantage de l'économie et surtout de la facilité pour l'opération du tubage, puisque j'ai pu faire ajuster et river toutes les pièces préalablement, ce qui n'aurait pu être pratiqué sur une longueur de quelques pieds de plus, vu la hau- teur limitée de léchafaudage. Ces tuyaux en cuivre rouge offrent sans doute toute garantie pour leur solidité et leur durée; mais leur prix est fort élevé comparativement à celui des tubes en fonte. Je n'ai pas hésité à donner la préférence à ces derniers, depuis qu'il n'est possible de les tirer de Toulouse et de les avoir à ma disposition dans le délai d’un mois après la commande. Les emmanchemens à boite et tenon, arrêtés par des goupilles à vis, permettent de les placer avec assez de facilité, pièce à pièce, à toute profondeur, ‘malgré la force ascensionnelle de la source jaillissante, qui devient une difficulté souvent insurmontable pour ajuster, sur place, des pièces de tuyaux qui doivent être rivés ou soudés. Communication du 20 décembre 1836. Messturs , Depuis que j'ai eu l'honneur de vous rendre compte de mon troisième forage artésien , à Toulouges , j'ai continué avec succes mes recherches d'eaux jaillissantes dans cette même localité. Quatrième fontaine. — La quatrième fontaine que j'y ai forée , est située sur le point le plus élevé des pro- priétés dépendantes de la métairie d'Orles, longeant la gauche du chemin de Toulouges , et à quelques pas de ce chemin ; elle est distante d'environ 5 à 600 mètres de la premiere fontaine dont je vous ai donnéla coupe géologique. Les couches traversées n’offrentaucunedif- férence , soit dans leur ordre, soit dans leur puissance; ainsi le même tableau peut se rapporter à l'un et à lau- tre de ces deux forages , si ce n’est pour les couches supérieures , jusqu'a 16 pieds seulement. Ces terrains superficiels , tres variables à de petites distances, pré: sentent , sur ce dernier point, une couche de gros cailloux roulés que la sonde traverse avec beaucoup de péme , et qui nécessite un tubage provisoire ; aussi a-tl fallu quarante journées de travail pour arriver à la profondeur de 242 pieds. — 128 — L'eau jaillissante a commencé à monter en petite quantité de 204 pieds , en éprouvant successivement des mouvemens d'augmentation jusqu’à la fin du forage. Je lai terminé après avoir acquis la certitude que le terrain aquifere était traversé , et que la sonde avait retrouvé un fonds d'argile compacte. La température de celte eau est comme celle des sources précédentes, à 18.° 5 centigrades ; sa quantité est, à peu de chose pres , égale. Cinquième fontaine. — La cinquieme fontaine est placée au milieu d’un bouquet de tilleuls formant le cen- tre de mon petit jardin de Toulouges; elle a présenté quelques circonstances nouvelles dont je dois mainte- nant vous entretenir. Ainsi qu'au forage précité, une couche de très gros cailloux roulés a rendu le commencement dutravail long etdifficile, surtout pour l'élargissement nécessaire au pla- cement dun tube provisoire. Quatorze journées ont été employées pour mettre, a un diametre de 6 pouces, le trou foré jusqu'a une trentaine de pieds. J'ai employé des alisoirs à 3 et 4 branches , dont le fer s'est presque entierement usé sur les cailloux qu'il a fallu rogner. Il eüt été désirable de pouvoir creuser à la pioche jusqu'a la fin de cette couche graveleuse , si les infiltrations abondantes qui se découvrent à une tres petite distance de la surface du sol, ne rendaient indispensables de puissans moyens d’épuisement que je n'avais pas à ma disposition. Une fois cette premiere difficulté vaincue, le travail a marché assez rapidement jusqu'a 79 pieds , dans des couches d'argile jaunâtre, tantôt compactes , tantôt plus ou moins mêlées de sable. De cette profon- deur , l’eau est remontée jusqu'a orifice de la buse ; et de deux à trois pieds plus bas creusés dans le sable, Veau jaillit assez abondamment pour donner plus de cent litres par minute. L'apparition de cette source me causa d'autant plus » — pet d'étonnement , que rien de semblable n'avait été re- marqué dans mes précédens forages , notamment au troisième qui n'est pas à plus de 40 mètres de distance. J'eus soin d'en éprouver la température avec le même thermomètre qui avait marqué 18.° 5 centigra- des aux autres fontaines, je reconnus une différence de 2 ° en moins. Cette observation et la grande différence de profondeur de la source devaient faire penser qu’elle n'avait rien de commun avec celles déjà connues. Bien que j'eusse ainsi obtenu un arrosage suffisant et tout l'agrément d’un petit cours d’eau permanent pour mon jardin , javais en quelque sorte du regret de ce résultat si prompt, dans la crainte qu'il ne s’en suivit des difficultés peut-être insurmontables pour parvenir à la profondeur de 200 pieds environ , où il était a préstuuner que je pourras retrouver la grande nappe quatre fois rencontrée ; je me décidai néanmoins à ten- ter l'entreprise. Pendant les premiers jours , la tarière ordinaire s'enfoncait dans le sable sans pouvoir en remonter, c'était un travail sans résultat. Je fis faire une grande cuillère fermée, à sa partie antérieure, par une forte plaque de tôle arrondie, ne laissant qu'une ouverture dans le haut et dans le bas; cet outil put remonter une grande quantité de sable , mais non débarrasser entic- rement le trou de son engorgement ; alors, et pour derniere ressource, j’essayai l'emploi d'une mêche plate ou trépan, pouvant traverser facilement le sable. J’eus la satisfaction de voir que cet ouül fesait assez de che- min dans l'argile, et se nettoyait sans difficulté en le relevant , de tems-en-tems , de quelques pieds ; par ce moyen, l’économie du tems compensait largement la difficulté du travail. C'est ainsi qu'en 15 jours la sonde fut menée, à travers l'argile, jusqu'a 186 pieds, point où se mamifesta l'ascension de la seconde nappe d’eau beaucoup plus abondante que la première. Dès ce 9 — 130 — moment la force toujours croissante du jet fit bientôt dégorger tous les sables. La sonde resta libre , et par- vint, sans difficulté, jusqu’à 211 pieds; là, elle rencon- ra de nouveau l'argile compacte. Les deux sources réunies par le même forage ont >roduit un volume plus considérable que les précédens. Cette belle fontaine , mesurée par MM. Bouis, Bach, Corbière ainé et moi, donne 1300 cents litres a la minute. Une chute de trois piels , formée par cette eau, à sa sortie du jardin, nous a permis de faire l'opération du mesurage avec beaucoup d’exactitude. La température qui était, en premuer lieu, de 16°5 centigrades , est remontée à 18°, par le mélange des deux sources. Jusqu'à présent, l'apparition des sources nouvelles n'avait exercé aucune inflence sur le volume des fon- taines antérieures. Cette fois j'ai pu remarquer que la fontaine la plus voisine de cette premiere avait seule un peu perdu; la différence est sensible en observant at- tentivement. Je ne puis, faute de moyens pour un mesurage exact, en préciser la proportion. C’est ici Le cas de vous faire connaître que toutes les fontaines de Toulouges , que j'ai observées avec soin, ont éprouvé une légere diminution quelque tems après leur venue, et se sontbien maintenues depuis. J’attribue cet effet, non à l’affaiblissement de la source elle-même, mais bien à l'accumulation des sables, dans la partie in- férieure du tou foré ; plusieurs faits évidens m'ont confirmé dans cette opinion. J'aurais désiré pouvoir vous donner la coupe géolo- gique de ce dernier forage ; vous devez juger, d’après exposé ci-dessus, que je n'ai pu rassembler la série complette des échantillons des terres. Cependant, avec le petit nombre de ceux que j'ai pu remonter , et les indications fournies par la couleur de l’eau , lorsque — 131 — la mêche plate était relevée pour être nettoyée, je puis établir, avec assez d’exactitude , lè tableau suivant : Terre végétale — 3 pieds. | -Puisart.{ Argile jaune —3 idem. À 8 pieds. | Sable — 2 idem. De 8 pa 18 pés— Sable et gros gravier. — 18 — à 26 — Argile jaune sabloneuse. — 26 — a 30 — Sable mélé d'argile. — 30 — à 43 — Argile jaune compacte. — 43 — à 63 — Sable mêlé d'argile. — 63 — à 78 — Argile jaune compacte. — 75 — à 82 — Sab. traversés par la premiere source Jjaillissante, — 82 — à 174 — Argile jaunâtre. Mers + — L'eau a indiqué de l'argile ver- dâtre. De 17% — à 186 — Argiles. — 186 — à 205 — Sables traversés par la seconde source Jjaillissante. — 205 — à 212 — Argile compacte. À vant de terminer , permeltez-moi , Messieurs, de rendre au sieur Joseph Esperiquette , maître sondeur , que J'ai constamment employé pour mes forages , toute la pustice qui lui est due. Il serait difficile de réunir , mieux que lui, les qualités requises pour le genre de travail auquel il s’est consacré : habileté, prudence et ersévérence. J'apprécie d'autant plus les soins assidus qu'il a donnés à tous mes forages , que je sens combien on s’exposerait à compromettre les résultats, en met- tant trop de hâte dans le travail, ou en désespérant trop tôt du succès. — Je désire , Messieurs , que ces observations présen- tent quelqu'intérèt à ceux d'entre vous qui font de la géologie une étude spéciale. J'ajouterais un plus grand prix aux résultats que j'ai eu la bonne chance d'obtenir de mes forages , s'ils contribuaient à encourager la poursuite des travaux entrepris, et à multiplier les tentatives sur d'autres points de notre belle plaine — 1335 — LOMPDITRION DE PLBRESS OS CHATE Du département des Mprénées-orientales, Pr DIT. Vbouis. On donne le nom de pierres à chaux à celles qui contiennent assez de carbonate de chaux, pour se transformer en chaux vive après une calcination suffi- samment prolongée. Leur composition variable fait obtenir des chaux, de propriétés diverses, susceptibles d'applications spéciales ; d’où il résulte que pour avoir de bonnes constructions , il convient de connaître la nature des chaux dont on peut disposer , et dans quelles circonstances particulières il est préférable d'utiliser telle ou telle variété. Aucune publication n'ayant encore traité des pierres a chaux du département, il m’a paru utile d'indiquer les propriétés, la composition, les applications de celles que J'ai eu l'occasion d'examiner jusqu'à ce jour, et contribuer ainsi , pour ma part, à éclairer un sujet qui doit fixer, d'une maniere toute particulière, l’atten- tion des ingénieurs, des architectes, des entrepreneurs de travaux publics, des propriétaires eux-mêmes dans beaucoup de cas, Rappelons préliminairement les divi- sions et les caracteres distinctifs des chaux vives, avant d'exposer les résultats de nos expériences. Les chaux se divisent en aériennes et hydrauliques. Les premieres forment , avec l'eau , des pâtes qui res- tent molles , conservées sous ce liquide ; les secondes, placées dans les mêmes circonstances ; durcissent plus ou moins fortement apres plusieurs jours | = Les chaux aériennes comprennent celles dites grasses et maigres ; les hydrauliques peuvent se subdiviser en chaux éminemment dureissantes dans l'eau , et chaux hydrauliques ordinaires. Chaux grasses. — Elles sont habitueliement blanches; elles absorbent beaucoup d’eau , augmentent beaucoup de volume, dégagent beaucoup de chaleural'extinction et émettent alors une forte odeur alcaline. Exposées à l'air, en bouillie épaisse , elles se dessechent et se trans- forment en une masse sans cohérence qui se délite avec facilité. Mélées à du sable , elles donnent des mortiers qui durcissent à l'air et restent päteux dans l’eau ou les lieux humides. Presqu’entierement composées de chaux pure , elles sont réputées les plus économiques à cause de la grande quantité d’eau et de sable qu'elles peuvent prendre ; aussi sont-elles recherchées pour les bâtisses ordinaires. Chaux maigres. — Elles absorbent peu d’eau , déga- gent pee de chaleur, demandent peu de sable pour for- mer des mortiers qui acquièrent peu de cohérence à V'air et restent päteux dans l’eau. On attribue, peut-être à tort, la faible agrégation des pâtes préparées avec ces chaux ; à une trop forte proportion de magnésie dans leur composition ; leur maigreur provient quelquefois d’une trop faible dose de carbonate de chaux dans les calcaires, relativement à la proportion de silice sablon- neuse , d'argile ou autres de leurs composans. Chaux hydrauliques. — Elles sont habituellement colorées; le blanc sale , le jaune , le gris , le rouge et leurs nuances sont les teintes les plus communes. Elles absorbent peu d’eau et de sable , dégagent peu de cha- leur et exhalent d’une manière bien moins sensible que les chaux grasses l'odeur alcaline , en les éteignant ou en les transformant en mortiers. Leurs divers degrés d'hydraulicité sont relatifs à leur durcissement plus ou moins rapide dans l'eau et à la dureté acquise. Les 132 — bonnes hydrauliques se prennent en huit jours au plus ; il en faut jusqu'à vingt pour les moyennes; d’autres exi- gent encore plus de temps. Lespierres calcaires qui les fournissent contiennent de l'argile siliceuse en proportion variable de 8 à 20 et 25p.°%; etleurs caracteres minéralogiques sont généra- lement d'être compactes, cohérentes, avec une couleur blanche, grise, jaune, jaune rougeâtre : lacassure en est plutôt terne que brillante, squilleuse, cireuse ou schis- teuse; elles dégagent par l'insuflation, l'odeur argileuse. L'homogénéité deleur pâte , peut les faire distinguer des calcaires à chaux grasse dont la cassure est brillante , écailleuse, grenue ou lamellaire , et des calcaires gros- siers ou moëéllons dont la pâte peu unie, grenue, a sou- vent peu de liant dans ses parties. Le mode usuel d'essai des pierres à chaux est fort simple. On calcine des fragmens de la grosseur d’un œuf, dans un four à chaux, dans un four à potier, dans une forge ordinaire , à défaut d’autres fourneaux ayant un assez fort tirage , en employant le charbon de bois de préférence au charbon de terre; après une cuisson de ie a dix heures on éteint la chaux obtenue el on ajoute assez d'eau pour en faire une pâte, qu'on place dans un vase, on tasse légèrement, et on remplit ensuite ce vase avec de l'eau pure; si l’on a agi sur la chaux hydraulique , cette pâte se durcit apres une quinzaine de jours, de maniere à résister à l'inpression du doigt; différemment elle reste molle. Cette expé- rimentation à la portée de tous le monde, doit populari- ser la recherche des pierres hydrauliques d’une spécia- lité si précieuse pour les Bassins, Réservoirs, Conduits, et généralement pour toutesles Bâtisses dans l’eau et les lieux humides. Il convient d'observer sur cemode d'essai par l’eau, que si on délaie la chaux dans une trop forte proportion de ce liquide, ses molécules trop divisées, comme noyées, se prennent alors avec beaucoup de — 136 — difnculté et de lenteur, quoiqu'elles soient éminemment hydrauliques. L'inobservation de cette regle peut avoir : fait regarder comme non hydrauliques des chaux jouissant d'une forte hydraulicité : quelquefois on apprécie ce dernier caractère en fesant, avec la chaux et le sable, des mortiers qu'on place également sous l'eau. Nous ajouterons à ces essais, celui de traiter les chaux par l'acide hydrochlorique; les non hydrauliques se dissolvent en totalité ou en partie et la dissolution reste liquide ; les chaux hydrauliques, au contraire, forment avec le même acide, une combinaison qui prend la consistance d'une gelée, quelquefois en peu d'heures, d’autres fois en un. ou deux jours. Toutes les chaux hydrauliques mises en expérience, m'ont présenté ce caractère dont l'intensité a varié, selon les degrés d'hydraulicité. Il n'est pas toujours nécessaire que les calcaires hydrauliques soient parfaitement décarbonatés par la calcination, pour se prendre en gelée avec les acides , il suffit pour cela qu'ils aient subi une chaleur rouge de quelques heures, sans être amenés à l’état de chaux vives. La petite quantité de sable et d'eau qu'absorbent les chaux hydrauliques, et par suite, leur faible rendement en mortier, en fait souvent rejeter l'emploi par les chefs d'aiteliers, entrepreneurs et quelquefois aussi par les propriétaires eux-mêmes, qui, par une économie mal entendue , s'exposent a avoir, selon les cas, des bâisses sans solidité, pendant un tems indéfini. C'est dans quelques-unes des circonstances où leur application est reconnue éminemment indispensable, qu'on emploie pour les remplacer des cimens composés de sr grasse, de brique pilée, de pouzzolane, etc., d’un prix trop élevé pour en étendre la consommation. L'analyse des calcaires dont je vais indiquer la com- position, a été conduite Le plus habituellement comme -. — 137 — il suit : les pierres ont été broyées sans tamiser ensuite, attendu que si on cherche à obtenir les parties les plus fines, on opère déjà une espece d'analyse mécanique qui sépare les parties tendres et friables d'avec celles plus dures, et on arrive alors à des résultats souvent inexacts. Dix grammes de calcaire broyé ont été rougis pour connaître la proportion d'eau, puis traités par un faible excès d'acide hydrochlorique étendu, après la cessation de toute effervescence on filtrait. Le résidu insoluble lavé et calciné était examiné séparément ; le liquide filtré était évaporé à siccité, puis repris par l'eau ; il y a eu souvent de la silice insoluble dans cette eau ; elle était réunie au premier résidu. Dans certaines circonstances, cette eau a été simplement précipitée je l’eau de chaux pour séparer la magnésie de la disso- ution ; d'autrefois elle en a été obtenue, en précipitant d'abord par l’oxalate d'ammoniaque, filtrant rapidement et additionnantleliquide filtré de phosphate ammoniacal. Suit le T'ableau : FILE CITE? | ELA 4 CE 1e ue Oelo:erdr so à ph , à e " \; 6 fs te. à A ALT SEE sta 24 ie fa NUE ph CHE ps seb etes AU À ‘tu rte dal. ET M. € Fr 5e CUITS a ages. D dus r ceci fé ETATS : + ‘ RU esp 7e AT Je tite prerueg si 3 # £A pt) cr st MERE to idosdotel eh es < ‘afyiers a! ET 4e Aa, D LA LC EGLISE es. N° ARE ECO Er RNTETEL he, hat; LPPP RES use | UNE a Rare 1. Alter Rus Ag: à 2-3 sb | MNT RES dal rl Qué. 29} hr. y, durent n 1 Wr 4 5 | La) } PAT CE pig Net D ae cer v: à CRT LI 7° L= \; 44 Fer: A LE | Fe ses ris ñ sais #Hibe Er PE ” fé éd at 4 Cie SELLE £ AS LU Te EN OR: hs ANT 39 1e Her rardulsxs 6 mu à ESA “heal: trier HE eat 5 “tie seat lé Lo LE ts vi pi — 139 — N° 1. Marbre blanc et rouge de Viliefranche, trés * anciennement exploité, a ete beaucoup employé pour les encadremens de grandes portes, et en dernier lieu, pour construire le pont de Molitg sur la Tet. Il fournit de la chaux grasse moyenne. N° 2. Calcaire avec fossiles des environs de Vilie- franche. Je ne puis en préciser le gisement , je le crois cependant supérieur an n° 1. N°3. Des mines de cuivre de Canaveilles à Thuéës, le chemin de Mont-Louis longe la rive gauche de la Tet, et passe au pied d’une montagne granitique, eld- spathique, talcqueuse et schisteuse, facilement attaquée par les agens atmosphériques, et dontles débris viennent s'amonceler à côté et souvent sur le chemin lui-même, apres de fortes pluies. Le calcaire apparaît sur les parties élevées ; au-dessus du gissement cuivreux, il est blanc, saccharoïde. Cette localité avait été signalée, à ce qu'on ma dit, par M. Vicat, comme devant fournir des pierres à chaux, dont les propriétés se rappro- chcraient du plâtre-ciment, ou seraient du moins d’une bonne hydraulicité. Dans l'impossibilité de me rendre sur les lieux, je priai M. Pailléte, directeur des mines de Canaveilles, de faire quelques explorations dans les environs ; elles ont amené cet ingénieur à prendre sur un point, le seul qui lui ait paru mériter une attention particuliere , l'échantillon classé au n° 3. Il provient de la partie de montagne en face de Thues; il existe en couches peu puissantes, entre le granit et les schistes siliceux et talcqueux , d’où on ne pourrait l’extraire que difficilement et avec une forte dépense. Ilest dur, compacte; sa cassure est brillante, sa structure écailleuse, sa couleur blanche-grisâtre, nuancée de jaune; sur les bords des couches on distingue des parties comme quartzeuses. Sa dissolution dans les acides est lente, et préliminairement, la pierre doit être parfaitemement brovée, le résidu est du mica et du tale. _— NA Apres une ealcination suffisante , on obtient de la chaux brune, couleur due à la décomposition du carbonate de fer; cette chaux absorbe l’eau avec avidité, en déga- geant beaucoup de chaleur ; elle est maigre, elle ne donne pasavec l'acide hydro-chlorique de gelée siliceuse. Depuis ces essais sur ce n° #, M. Thoyot, ingénieur des ponts et chaussées, m'a remis de la chaux brune, immergée pendant quelque temps, obtenue avec du calcaire de Nyer, prés Olette, peu éloigné aussi de Thues, en m'engageant à en examiner la composition. La modification dans le mode de combinaison des élémens , la présence d’une assez forte proportion d’eau, 7 p. 0/0, la chaux et la magnésie, partie causliques, partie à l’état de carbonates, ont rendu presqu'impos- sible la détermination rigoureuse de ces élémens, tels qu'ils se trouvent dans la pierre à l’état naturel; je crois cependant que la chaux et la magnésie carbonatées, y forment une véritable dolomie, atome à atome, con- tenant sur 100 parties 12 carbonate de fer argileux. Cette chaux de Nyer, placée sous l'eau, a fait prise en six Jours; examinée trois mois apres , elle a eu l'aspect et la consistance d'une pâte argileuse propre au modélage, ce qui prouve qu'elle n'a pas continué à durcir ou à se prendre par un plus long séjour dans l'eau ; cette pâte, conservée ensuite à l'air pendant quelques jours, a acquis de la dureté et de la cohérence; alors sa dissolution dans les acides s’est opéréeavec une vive effervescence, et le liquide ne s’est pas pris en gelée, Ainsi donc, cette chaux de Nyer, quoiqu'ayant une premiere apparence hydraulique, ne peut étre considérée comme telle, puisque sa dureté n'augmente plus dans l’eau après sa premiere prise; ce qui ensuite a lieu au contraire par sa dessication à l'air, Il parait qu'elle ne peut répondre à l'espoir que l'on avait de l'appliquer avec succès aux fondations de plusi- eurs ponts à construire dans l'arrondissement de Prades, ‘uoqi eu") | nn enene "20IfIS | ‘ur [ges = En SR = 5 Z £ - s © pl = = © 2 = ee) Le] «a Me = ®) Ex 91P10 p SOIHUNN] | — où 0e Numéros d'ordre INDICATION des LOGALITÉS. Marbre de Villefran- che. Calcaire de Villefran- che avec fossilles Thuès. Caleaire noir du pont de Palalda Collioure Ste-Colombe Béziers. Caladroi. Estagel Grotte d'Estagel. Calce. je Fons , Cale. (pla d'Oms, pladelaRoca, Baixas Baixas Génegals, Vaspeille. La Rigole. Fort de Salses. Fort de Salses. Fort de Sulses. Fort de Salses Fort de Salses. Platrières de Fitou, | Poids spécifique Carbonates de ferrugineuse | magnésie, fer. Areile sablonneuse. | | blanc. Argile jaune et sable | Sable argileux micacé. | Argile et plombagine. Mica et tale. Sable micacé. Sable fin. Charbon. Todéter-| minable miiable Indéter- Indéter- Eau et bitume. N° 4%. Calcaire noir en face du pont de Palalda, à la gauche de la routed’Arles; il fournitde la chaux grasse, IL fait partie de cette formation qui comprend les montagnes de Ceret, de Reynes, des Bains d'Arles, dans lesquelles existent des bancs gypsens puissans, et classée par beaucoup de géologues parmi les intermé diaires ou de transition. N° 5. Collioure et Port-Vendres, entourés de mon tagnes presque toules schisteuses, fournissant aussi peu de bois propre au chauffage des fours, tirent la chaux de Laroque, Sorèdectautres points plus éloignés. L'avantage quil Y aurait à pouvoir la confectionner dans les environs de ces premières communes, surtout si les constructions autour du port de Port-Vendres viennent à prendre un grand essor, a fait apprécier la convenauce de rechercher des gisemens calcaires rapprochés, et d’en reconnaître les propriétés. M. Fauvelle, premier agent-voyer du département, aÿant parcouru dans ce but les rochers qui bordent la mer, depuis Collioure jusqu'a la plage d’Argelès , y a trouvé datés des schistes noirs, plusieurs veines de # et 6 mètres d'épaisseur, formées par du calcaire dont il m'a remis un morceau pour l'examiner chimiquement, sauf à faire ensuite des essais de cuisson sur une grande échelle. Sa couleur est noire avec quelques petites veines blanches ; il a peu de dureté; sa cassure est un peu brillante, sa texture est à petites écailles. IL m'a produit une chaux grise, moyennement grasse. Si celle-ci présente une bonne application en grand, quelle que soit sa spécialité, la position des carrières sur le bord de la mer, la facile extraction de la pierre, per- mettront d'établir des fours continus à la houille, suscepübles de fournir économiquement à une grande consommation. N° 6. Les garrigues de Ste.-Colombe, près Thuir, localité que je n'ai jamais parcourue, forme, je crois, le point de jonction entre les terrains secondaires supérieurs, derniers contreforts des Pyrénées, et les terrains tertiaires. Le calcaire y est assez généralement répandu pour y rencontrer des variétés suffisamment argilo-siliceuses, donnant des chaux hydrauliques apres leur calcination. Le n° 6 provient de ses garrigues, il m'a été remis par M. Thoyot. Sa couleur est jaune, sa cassure terne, un peu cireuse, eu masse elle est schisteuse ; il y a des parties blanches spathiques. Ses caractères physiques et l'analyse chimique, me font pérneer qu'il fournira de la chaux moyennement ydraulique. Les essais après la cuisson n'ont pas encore été faits. Ne 7. Calcaire moëllon, tuf calcaire des environs de Béziers, indique ici, parce qu’il vient d’être employé ar le génie militaire à la construction de la porte St.-Martin, à Perpignan, et des revêtemens qui l’avoi- sinent. Blanc jaunâtre , cassure terne , grain grossier; sa dureté faible d’abord, augmente par l'exposition à lair, qualité qui rend son travail facile et l'a fait préférer a d'autres calcaires de localités plus voisines. Il ne pourrait servir au pavage. Son analyse a été faite sur l'invitation de MM. les Officiers du génie qui se propo- saient d'employer sa poussiere à la préparauou du mastic-bitume. N° 8 existe en couches dans le granit avec grenats de Caladroi, vers cette extrémité où les Pyrénées viennent se perdre sous les formations secondaires, peut-être range dans cette espèce calcaire appelée par divers minéralogistes, calcaire primitif. Il est blanc, nacré, très-dur, à cassure grenue squilleuse. Il produit de la chaux grasse, brune et estimée. Le carbonate de fer, dont la présence dans la pierre n° 8, détermine la couleur de la chaux, est également la cause de ces nuances rouille qui se développent sur beaucoup de mn, EN nee. marbres blancs, dits primitifs, travaillés, polis et exposés à l’action de l'air ou de l’eau. Il serait à désirer, é q éviter cette altération d'objets d'art précieux par leur travail, que les marbres blancs dont un long usage n'aurait pas constaté les bonnes qualités pour statues, coupoles, bas reliefs etc., fussent examinés primitive- ment dans leur composition, afin de s'assurer qu'ils ne sont pas ferrifères et susceptibles alors de conserver une belle blancheur, N° 9 forme le lit de la rivière de l’Agly, à un quart de lieue au-dessous d'Estagel. Marbre noir, veiné de blanc, avec débris de coquilles, prend un beau poli, et est un exemple de ce que l’on peut espérer de faire avec les marbres du pays. Il vient de servir à faire le couronnement de la bâtisse de la pompe placée au puits du Puitg, à St.-Jacques, par M. Fauvelle. Cette pompe a cela de remarquable, qu’elle donne une ascension d’eau continue avec un seul corps; elle est à la fois élévatoire et refoulante. Le n° 9 fournit de la chaux moyennement grasse; il se lie aux formations de Calce, et sert de jonction entre Force-Réal, les montagnes de Caladroi et les Corbières, qui forment la gauche de la vallée de PAgly. N° 10. Il y a peu de temps, on découvrit en brisant une roche pour obtenir des pierres à bâtir, à gauche de la grand-route, au-dessous le la chapelle St.-Vincent, avant d'entrer à Estagel, une de ses cavernes assez communes dans les grandes formations calcaires. Elle a 16 metres de profondeur, une largeur mo- enne de 5 mètres; une hauteur de 12 mètres, et vers È milieu de la partie supérieure ou toit, il y a une ouverture de 2 mètres qui s'élève presque perpendicu- lairement à plus de six metres, en diminuant de largeur et formant une espèce d’entonnoir. Des concrétions stalactiformes, assez variées, tapissent les murs et le dôme. Au-dessous de l'ouverture de l’entonnoir , ül Ês Î 4,4 se existait nne grande stalagmite qui fut brisée, dés les premiers jours de la découverte. Le sol est formé de terre argileuse etde débris pierreux jusqu’au-delà d’une profondeur de un mètre, point où nous avons fait cesser de le creuser. On peut croire qu'il s’est élevé par les détritus détaches de l'espace vide ou entonnoir supérieur. Aucune trace d’ossemensn'y a été reconnue. La masse calcaire est généralement blanche, à cas- sure lamellaire, écailleuse , brillante. Les parues homogènes sont peu étendues, à cause des couches irrégulières jaunes qui divergent et les pénttrent dans tous les sens. L'exposition à l'air nuance également en jaune les parties les plus blanches. L'analyse chimique a été faite sur un échantillon parfaitement blanc. Cette variété perd son brillant et décrépite aux premiers instans de sa calcmation. La chaux obtenue est maigre, point hydraulique; elle s’égrenne avec facilité. Ce dernier caractère, retrouvé sur d’autres chaux, tend à nous faire admettre qu'il y a une relation inexpliquée entre les caracteres physiques des pierres à chaux et les propriétés des chaux qu’elles fournissent, ou bien qu'a composition semblable, la chaux obtenue avec une pierre dure, compacte, différera pour l'emploi avec celle provenant d’une pierre tendre, peu cohérente. Pareille chose a été observée sur les plâtres cuits et gachés, dont la dureté relative est en rapport avec leur dureté avant la cuisson. Tout à côté de cette caverne, il débouche sur la route un enfoncement actuellement muré, appelégrotte des Gitanos. En déblayant le sol meuble, on pourrait peut-être reconnaître une communication entre cette grotte et la premitre; à quinze metres au-dessous de l'entrée de celle-ci, est le lit de l'Agly, et il parait que les eaux de cette rivière onL été reconnues se perdre quelquefois en partie à ce point, pour reparaîlre plus loin. — Mb — MM. Basterot , Fauvelle et moi, désignés par M. le Préfet pour visiter cette cavité, signalée à lautorité comme une découverte remarquable, y avons vu une de ses boursouflures intérieures, si variées et si com- munes dans Îles grandes formations calcaires. On pourrait facilement l’'approprier pour une chapelle ou 1l y aurait de beaux effets de lumiere, en ouvrant cette espece d’entonnoir quila surmonte, dont l'extrémité est fort rapprochée de la surface au-dessus de la monta- gne. M. Basterot en a dessiné l’intérieur et la vue à l'entrée. Ces dessins faits avec vigueur et exactitude sont joints au rapport de la commission. Un avantage de cette chapelle sur d'autres, égale- ment dans le roc et guere plus étendues, où d’anciens usages amenent beaucoup de visiteurs à des époques fixes, serait d'être peu humide et à l'abri de ces filtra- tions qui rendent le séjour des dernieres incommode, quelquefois même insalubre. N°11 fournit la chaux grasse de Calce très employée a Perpignan. | N°12,13, 14 me furent remis par des chaufourniers auxquels je demandais des pierres donnant des chaux autres que des chaux grasses. Ils me les procurerent comme fournissant des chaux maigres ou hydrauliques, dénominations quelquefois employées synonymement pour désigner toute chaux qui n’est pas grasse. Calcaire de las Fons; couleur gris foncé, cassure terne parsemée ça et la de petites lames brillantes ; dur, compacte, cohérent. L’insuflation ne développe point l’odeur argileuse ; il émet par le choc une légere odeur bitumineuse , se dissout rapidement dans les acides, et le liquide se recouvre de pellicules irisées charbonneuses. Il donne de la chaux d’un blanc sale qui absorbe l’eau avec avidité et est médiocrement grasse. 10 — 146 — Calcaire du pla d'Oms; couleur jaune, cassure cireuse, terne, avec points blancs et brillans de calcaire lami- naire ; dur, cohérent, parsemé de petites cavités cellulaires, remplies quelquefois d'ocre jaune. IT émet l'odeur argileuse par l'insuflation, et est rapidement dissous par les acides. Aux premieres impressions de la chaleur, il devient rougeâtre ; donne de la chaux blanche jaunâtre qui abscrbe peu d’eau, et dont la pâte durcit moyennement dans ce liquide. Calcaire du pla de la Roca; il est noir, grisätre, avec de petites veines blanches. Sa cassure est lamellaire, écailleuse, brillante ; se brise facilement et se pulvérise de même, ne donne point l’odeur argileuse par linsu- flation, émet par le choc ou le frottement une odeur fétide prononcée. Sa dissolution dans les acides marche lentement et avec peu d’effervescence, caractere assez marqué des calcaires magnésiens. C’est une dolomie fétide dont la cuisson s’opere rapidement. Il reste une chaux maigre, blanche, grenue, se désagrégeant avec beaucoup de facilité. Traitée par l'acide sulfurique, j'ai obtenu du sulfate de magnésie, résultat indiqué sans chercher à préconiser cette fabrication. N° 15. Calcaire secondaire comme ceux de Calce, provient du terroir de Baixas, au dessus de la métairie dite : mas dels Baixanenqgs ; couleur jaune et rouge avec veines spathiques, donne de la chaux peu grasse, sans hydraulicité. | N° 16 est situé à un quart de lieue a l'ouest de Baixas, en allant vers Calce; couleur grise, pâte fine et dure, cassure légérement brillante, est en couches minces, planes et parallèles. M. Talayrach, conducteur des ponts et chaussées, a reconnu qu'il fournit de la chaux, exigeant au moins trente jours pour prendre un peu de consistance dans l'eau. == M N° 17. Marbre coquillier, véritable lumachelle avec des entroques et des débris de petites huitres, tiré d’une propriété de M. Lamer, à Genegals , terroir de Vingrau, sur les Corbieres. La magnésie dans ce marbre, comme dans le n°2, peut contribuer à modifier l'opinion que sa présence dans les calcaires en avait exclu les fossiles. N° 18. Couleur jaune ferrugineuse, cassure grenue, terne, terreuse avec parties brillantes spathiques, et débris de petites coquilles difficilement détermimables, peut être appelé, d’après son aspect et sa composition, calcaire grésiforme, ou grès à pate calcaire. Les acides l'attaquent lentement et difficilement; fournit de la chaux tres maigre. La localité de Vespeille, dans le terroir de Salses, sur la montagne, fesant face au nord de Rivesaltes, est signalée dans le pays pour produire des chaux qui ne sont point grasses ; aussi, depuis qu'on reconnait l'indis- pensable nécessité de trouver un gisement puissant de bons calcaires hydrauliques, applicables surtout aux grandes constructions projetées au port de Port- Vendres, elle a été de nouveau explorée pour y en rechercher. Jusqu'a présent, les résultats obtenus ont été peu satisfaisans ; ce qui doit tenir probablement à ce que dans les pierres mises en expérience, la silice est en molécules trop grosses, et non dans un état assez divisé pour que la calcination puisse effectuer sur ces xnerres les combinaisons silicatées déterminant généra- Pau lhydraulicité. Et comme le terroir de Vespeille est pour la plus grande partie formé de calcaires sablonneux , nous devons croire qu'en continuant à lexplorer, on ne peut manquer d'en rencontrer où la silice sera dans un état parfait de division, et en propor- tion convenable pour les transformer en bonnes pierres hydrauliques. | 10. EE UT N° 19. La pierre de la Rigole est à côté de la source saline de Salses, à l'extrémité orientale des Coxbieres ; elle est blanche grisâtre, avec une cassure écailleuse un peu grenue et brillante ; elle est dure et compacte. La chaux de la Rigole est la chaux grasse la plus estimée et la plus employée à Perpignan. Nos 20,21, 22, 23, 24. Les travaux du génie militaire de Perpignan, nécessitant souvent des chaux hydrauli- ques, M. le commandant Doussières, lors de sa direction des fortifications, fit prendre des échantillons de pierres à chaux sur plusieurs points du département. Ils furent tous réduits en chaux et soumis à l’action de l’eau, afin d'apprécier leurs degrés divers d'hydraulicité. II fut ainsi reconnu que les cinq calcaires les plus hydrau- liques, parmi ceux en expérience , provenaient des alentours du fort de Salses; nous les désignons par les n° ci-avant. Peu après ces essais, M. Doussieres ent l'obligeance de me remettre des échantillons de ces calcaires , en m'indiquant leur gisement et le nombre de jours nécessaire au durcissement de leur chaux. one N° 20 est pris dans la grande gorge de la montag qui vient déboucher sur la grande route de Salses, avant d'arriver à la Rigole. Couleur rougeàtre, cassure terne, structure un peu schisteuse, compacte, est rayé par l’ongle, odeur argi- leuse par l'insuflation. Sa chaux a durci dans l’eau en neuf jours. No 21. Calcaire formant une roche exfoliée, au commencement de la montagne en sortant de Salses , par le chemin d’Opoul. Couleur rougeâtre, cassure cireuse avec points bril- lans, veiné de spath jaune, n’est point rayé par l’ongle, odeur argileuse; a fourni de la chaux durcie en sept jours. N° 22. Calcaire dans le ravin ou la gorge allant de | fes la métairie située sous le Castel veill (le vieux Château), à Salses. Couleur grise , cassure terne terreuse , structure feuilletée avec quelques petites veines spathiques, odeur argileuse, se pulvérise facilement et sa poudre est terreuse. À donné de la chaux dont la prise n’a été complette qu'après dix-neuf jours. N° 23. Calcaire bordant une vigne à 300 metres du donjon du château de Salses. Couleur grise mélangée de jaune rougeûtre , cassure un peu cireuse, plutôt brillante que terne, veinée de spath jaune ; odeur argileuse. Le nombre de jours que la chaux produite par ce calcaire a mis à durcir , n’a pas été exactement précisé ; c’est de 8 à 12 et le durcissement considérable. N° 24 forme une roche sur un mamelon situé au sud-ouest du fort de Salses, au-dela d’un petit ravin. Couleur jaune rougeûtre, cassure terne avec points brillans laminaires, structure schisteuse avec couches ET rougeâtres, cohérent, odeur argileuse. La chaux obtenue avec ce n° durcit en sept jours. Elle est actuellement employée presque exclusivement pour les travaux militaires de Perpignan. Sa cuisson s'opère dans un four élevé sur le bord du ravin, du côté du fort; il est à feu continu et chauffé à la houille ; on le charge par le haut, par couches alternatives de houille et de pierre à chaux, en morceaux de la gros- seur du poing. Cette chaux a une couleur terreuse, elle fuse rapidement dans l’eau en dégageant assez de chaleur ét donne une pâte blanche grisâtre. Il con- vient de l'employer peu de jours après son extinction, avant qu'elle n'ait trop durci. Elle donne assez de gelée traitée par l'acide hydrochlorique ; c'est une moyenne hydraulique. D’après MM. les Officiers du génie , les résultats en ont été satisfaisans pour les — 150 — mortiers immergés ; ces mortiers sont surtout d'un bon emploi à l'air, et pour les crépis ; il s’agit alors de les appliquer de manière à ce que la dessiccation ne soit pas trop prompte. L'ignorance du mode pratique à suivre dans cette application, a contribué à propager l'idée fausse que les mortiers à chaux hydrauliques y étaient impropres. Deux mortiers que j'ai préparés, l'unavec de la chaux n° 24 sur un de sable; le second avec de la chaux grasse et une même proportionde sable n'ont présenté, après sept mois d'exposition à l'air, les différences suivantes : le premier n'a presque pas pris de retrait, le second a diminue de volume et s’est fortement fendillé ; le premier a acquis plus de dureté, plus de ténacité que le second. Les mortiers à chaux grasse, employés comme enduits dans des lieux exposés même à une faible humi- dité, éprouvent ce qui arrive plus rapidement à nos plâtres dans les mêmes circonstances; ils se désagregent, se détachent, perdent leur cohérence et se recouvrent d’efflorescences salines plus ou moins fortes. La cause de cette altération des plâtres nous l'avons attribuée principalement à leur composition (2° bulletin de la Société Philomathique), celle des mortiers à chaux grasse nous paraît moins tenir à leur nature chimique qu'a leur état physique. En effet, les chaux grasses prenant beaucoup d'eau, forment avec le sable des pates qui, après leur dessiccalion, restent poreuses, et quelle que soit leur ancienneté , elles ont rarement une très forte adhérence de parties. Les pâtes hydrauliques contenant beaucoup moins d'eau, ont plus de corps et moins de porosité apres s'être desséchées. Et c’est à cetLe circonstance physique de la plus ou moins grande divisibilité ou porosité de la chaux (base absorbante, puissante et énergique) que nous attribuons en grande parte cette altération des mortiers à chaux grasse, = (5h — employés commeenduits dansles lieux un peu humides, ‘altération bien plus difficile avec les pâtes hydrauliques qui, par leur cohérence, leur moindre porosité, sont dans des conditions moins favorables à se laisser pénétrer par des élémens gazeux, et produire des combinaisons salpétrées. | N° 25. Une pierre calcaire de ma collection, éti- quetée, prise sur le chemin un peu avant d'arriver aux plâtrières de Fitou , m'ayant présenté les caracteres physiques des bonnes hydrauliques, j'ai envoyé sur les lieux pour savoir si les pierres de même nature étaient en roches ou en blocs roulés. Je n’ai pu avoir sur cela des renseignemens précis , seulement on m'a rapporté des pierres semblables, en me disant qu'elles étaient abondantes au lieu dit Pierre Fenduda et dans le ravin qui l'avoisine. Ce calcaire est jaune, très dur, tres com- pacte, sa cassure est parfaitement cireuse, sa densité forte ; il est avec de petits filons spathiques et des ro- gnons d’une cassure plus unie, moins cireuse que le res- tant de la masse, ressemblant à des rognons de silex, quoique le carbonate de chaux en soit toujours l'éle- ment prédominant ; il y a même sur les parties exté- rieures de petits cristaux de quartz. Il donne l'odeur argileuse par l'insuflation : sa dissolution dans les acides est assez prompte et il laisse un résidu d'argile jaune très fine. La cuisson de cette pierre est lente, difficile, à cause de sa forte compacité ; elle a été tout-a-fait incomplète lorsque avec le même feu, j'ai cuit à point la pierre hydraulique de Nismes, généralement connue de tous les architectes. La chaux obtenue est jaune gri- sâtre, elle absorbe peu d’eau , dégage. peu de chaleur et se délite lentement ; elle donne une gelée épaisse avec lacidehydrochlorique ; elle est très maigre, son hydrau- licité paraît dépendre beaucoup du point de cuisson. Je ne puis la préciser encore dans cette note, pressé que je suis de remettre celle-ci à l'impression ; même Je ne la publie actuellement qu'afin d'indiquer la localité de Pierre Fenduda, pour y faire de nouvelles explorations, dont le résultat favorable ne me parait nullement dou- teux. La cause de la solidification dans l’eau des mortiers à chaux hydrauliques, est principalement attribuée à des combinaisons de chaux et de silice, qui peuvent re- jeter l’eau en excès et acquérir ainsi ane rapide solidité dans ce liquide. Ces combinaisons se produisent pen- dant la calcination des pierres , comme le démontre l'état de la silice avant et après cette opération. Les pierres non cCalcinées, traitées par l'acide hydrochlori- que , abandonnent la silice sous forme de résidu ter- reux; et celles qui ont été maintenues au ronge pen- dant plusieurs heures, également traitées par cet acide, 5 donnent la silice à l’état gélatineux, de manière à épais- sir le liquide. La chaleur pouvant d'après cela détermi- ner l’union de la chaux avec la silice et même l’alumine dans des états convenables de division moléculaire, a amené à la préparation de chaux hydrauliques artificielles, par la calcination de craies ele d'argiles, et d’une assez bonne application, quoique cependant elles ne présen- tent pas la compacité des chaux provenant de la calci- nation des calcaires naturellement mélés à une propor- tion suffisante de silice. L'union de la chaux grasse avec la silice sablonneuse nécessite, pour s’opérer à la température ordinaire , un espace de temps dont on ne peut préciser la durée , qui dépend sans doute de diverses circonstances acces- soires. Les mortiers de chaux grasse et de sable restent, en effet, päteux dans l’eau ou les lieux humides, un temps fort long; arrive enfin une époque où ce mé- lange acquiert une grande dureté, et alors il s’est opéré des combinaisons analogues à celles des chaux hydrau- liques. En dernier lieu, le génie militaire de Perpignan fit démolir des constructions qui avaient une ciuquan- — 153 — taine d'années de date; le mortier de l’intérieur fut reconnu mou, comme lors de son emploi; des obser- vations analogues sont assez communes. On a trouvé, au contraire , tellement durs les pieds des vieilles tours, à droite et à gauche de la porte Saint-Martin , qu'il a fallu employer le pic et la poudre pour en détacher une partie, afin de régulariser ce point des fortifications. Ces tours paraissent dater de la fin du douzième ou du commencement du XII: siecle. Le mortier de ces par- ties basses donne, avec l’acidehydrochlorique, dela silice gélatineuse comme Les chaux hydrauliques, le mélange acquiert l'aspect d'une gelée animale : d'ou il résulte qu'entre la chaux grasse et les sables siliceux, mainte- nus humides, il s'exerce une réaction continue qui amène à des combinaisons analogues à celles des chaux hydrauliques naturelles, et que par conséquent les sa- bles sont pour beaucoup dans la solidification des mor- üers, opinion soutenue d'abord par M. Vicat. Le dur- cissement considérable des mortiers à chaux grasse et sable des anciennes fondations, contribue à empécher l'adoption plus étendue des chaux hydrauliques, plus coûteuses que les premieres , en raison de la moindre proportion d'eau et de sable qu’elles peuvent absorber. La combinaison lente des chaux grasses avec le sable, sous l'influence de l'humidité, se reconnait dans les faits qui suivent : habituellement dans les fosses à chaux an- ciennes , la chaux de l’intérieur est en pâte molle, celle appliquée sur les parois a acquis de la dureté. En 1825, M. Fauvelle fesant travailler dans le puits à glace de Pézilla, portant une inscription de 1630, trouva à une profondeur de trois mètres au-dessous du sol, dans une terre graveleuse , humide, une couche de 0," 05 de chaux encore molle, tandis que dessus et dessous, sur une épaiseur de 0," 10, le sable pénétré as la chaux avait formé un mortier complètement durci. — 154 — Jusqu'à présent , la recherche des pierres à chaux hydraulique a été faite trop exclusivement sur nos cal- caires en roches, anciens. Outre ceux déjà décrits, jen ai examiné beaucoup d'autres pris surtout dans l’arron- dissement de Prades, sans en avoir jamais rencontré aucun dont l'application pût être préconisée. À Font- pédrouse, le calcaire est semblable à celui de Thuës ; à Flassa { pla del Farré_), à la Guardy, près Serdinya, il est également sans hydraulicité. À Eyne, il y en a de blanc à cassure écailleuse un peu brillante , en couches minces, planes , contenant # p. °/ de mica et donnant de la chaux un peu maigre. À Escaro, il fournit de la chaux brune, maigre, qui se rapproche de celle de Nyer. Le carbonate de magnésie est abondant dans tous ces calcaires, et Le carbonate de fer se retrouve en assez forte proportion dans tous ceux qui, comme à Escaro, Nyer, Fillols, Sahorre, avoisinent nos mines de fer. Ces résultats, peu satisfaisans jusqu'ici, sous le rap- port des propriétés des chaux, doivent faire diriger les explorations vers nos terrains tertiaires de Banyuls, Trouillas, Neffiac et ceux en avant d'Ille jusqu'a Vinca. Beaucoup de bonnes pierres hydrauliques, des lo- calités, proviennent des formations peu anciennes ; celle de Nismes , qui donne de si beaux résultats, pa- raît appartir aux derniers terrains secondaires ; celle de Gaillac (Tarn-et-Garonne), très avantageusement ap- pliquée aux constructions à l'air et dans l’eau, est un calcaire dolométique argileux qui, d’après échantillon, est dans un terrain d’eau douce : ainsi les probabilités sont toujours que notre département, dont les forma- tions minérales sont si variées, possède des pierres à chaux jouissant d’une forte hydraulicité. CHAPITRE DEUXIÈME. ARTS INDUSTRIELS ET AGRICOLES. — ESS D0ESE=— DE MASUTIG GITUVMINEUE. Des avantages dans La construction des Terrasses ; Manière de l’employer, Pr M & Bach. Depuis quelques années l'emploi du mastic dans les constructions sest considérablement étendu; tous les jours les nombreux avantages qu'il présente sont con- firmés dans presque toutes les parties de la France. Comment se fait-il que notre département soit resté en arrière à cet égard et n’ait à montrer à peine que trois ou quatre exemples récens de cette heureuse applica- tion des arts industriels ? En voyant à Paris, Lille, Di- jon, Pau et d’autres villes, des toitures entières re- couvertes en mastic, et formant de vastes terrasses presque horizontales, on regrette vivement qu’un pro- cédé aussi utile qu'économique ne soit pas répandu dans notre pays. En Roussillon, où la beauté du ciel et la douceur de la température rendent le goût pour les ter- rasses presque aussi dominant qu'en Italie, l'emploi du mastic y serait très avantageux, et nous ne doutons — 156 — pas qu'il n’y devienne général lorsque les qualités pré- cieuses de cette substance y seront mieux connues. Le mastic bitumineux, dit vulgairement bitume, est un composé de pierre calcaire réduite en poussière et d’un bitume minéral (espèce de goudron), dont il existe de nombreux gisemens. On ne l’exploite encore en France qu'à Seyssel, departement de l'Ain; à Lesban (Bas-Rhin ) ; à Dax (Landes), et à Puy-de-la-Poix (Puy- de-Dôme), et enfin à Paris où l’on a trouvé le moyen de remplacer le bitume minéral par le goudron résul- tant de la distillation de la houille. Dans toutes ces lo- calités , on opère le mélange du calcaire avec le bitume et l’on en forme des pains de mastic que l'on verse dans le commerce Ces pains , concassés et chauffés convenablement dans une chaudière, entrent en fusion et l’on coule ia matière liquide sur les surfaces que l’on veut recouvrir; par le refroidissement, elle acquiert une consistance plus ou moins dure selon que, dans le dosage, le cal- caire prédomine plus ou moins. Un exces de bitume rend le mastic tres ductile et le fait ramollir dans les fortes chaleurs; lorsqu'il est très dur, au contraire, il n’a pas assez de malléabilité et se rompt pendant la des- siccation des bois. On peut l'employer dans ce dernier état pour recouvrir les trotoirs des villes et le rez-de- chaussée des maisons. L'expérience a fait adopter par les fabricans de mastic des proportions telles qu'il n'est ni trop ductile ni trop dur, et convient parfaitement aux constructions. _ La propriété d’être imperméable à l’eau rend le mastic très propre pour recouvrir les toits, les auvens, Les balcons, les chapes des voûtes, l’intérieur des aqué- ducs, les murs des citernes, des fosses d’aisance, des lavoirs de laine, etc. Mais c’est principalement pour former des terrasses que son emploi présente des avan- tages marqués. Dans les lieux voisins de fabriques, on trouve beaucoup d'économie à en revêtir tous les toits en place des couvertures en tuiles si lourdes , d’un en- tretien si coûteux. À Bayonne, par exemple, on recou- vre toutes les maisons en mastic de Dax. La première terrasse en mastic a été faite a Perpi- gnan, par M. Fraisse, au printemps de l’année 1836; elle présente les avantages reconnus aux couvertures de cette espèce dans les autres pays. Le plancher sur lequel elle est établie est fait avec du vieux bois ; on l’a recou- vert d'une légère couche de mortier, et c’est sur celle- ci que le mastic liquide a été appliqué de maniere à former une croûte de 8 millimètres d'épaisseur. Au fur et à mesure que le mastic était coulé, et pendant quil était encore liquide, on l'a saupoudré selon l'usage, avec un crible fin, d’une légère couche de sable tres sec, qui s’est fortement attaché au mastic et a donné au sol de la terrasse l'aspect d’un pavé en dalles de gra- nit. Le mouvement produit par la dessiccation des bois, pendant les fortes chaleurs de 1836 , n’a occasionné à la couche bitumineuse ni fente ni gercure, et M. Fraisse est tellement satisfait de ce premier essai , qu'il se pro- ose de recouvrir incessamment , de la même maniere, É toit et le sol d’un grenier à foin. Cette nouvelle ap- plication du mastic sera d’un grand intérêt pour les agriculteurs , exposés sans cesse à voir dans leurs ma- gasins recouverts en tuile, les fourrages avariés par lhumidité. Le second exemple de l'emploi du mastic nous a été donné parle génie militaire ; ce corps, toujours empressé d'adopter les bonnes innovations, en fait usage depuis long-temps ; l’occasion ne s’est présentée qu’en 1836 de lemployer à Perpignan ; lesnouvelles voûtes de la Porte- Saint-Martin, des corps de garde et du logement du concierge , sont garanties des infiltrations par une cou- che de bitume de 1 centimètre d'épaisseur , appliquée sur le terre-plein et légèrement inclinée ; un metre de — 158 — terre est pose sur celte couche : les eaux en s’infiltrant arrivent sur le mastic, ne pouvant le traverser, elles coulent sur sa surface et se rendent dans des lieux où elles ne peuvent causer aucun dommage ; cette applica- tion est d'autant plus remarquable, qu'elle a été faite en grand et qu'elle a fourni l’occasion de comparer les prix et les qualités des mastics de différentes fabriques. Nous en rapportons ici le résultat dont nous pouvons garantir l'exactitude. T'ableau comparatif des prix du mètre carré du mastic des fabriques de Paris, Seyssel et Dax. Masric DE Dax. 21 k. 80 de mastic à 0,229 le kilo, transport compris... . 4,992 0 k. 64 degoudron a 0,349 ,idem. 0,223 0 22 de journée de manœuvre Poe lbs nd rar ab 0,396 2,k:90-de:bois.à 0:02: at 0,058 Masric DE SEYSsEr.. 22 k. 60 de mastic à 0,255, trans- POIL COM... 2,763 0 k. 64 degoudronà 0,585,idem. 0,374 6.591 0 22 de journée de manœuvre ? G pile Deer adieu en DE 2 k. 90 de bois à 0,02... 0,058 Masric pE Paris. 49 k. 40 de mastic à 0,350, trans- porb compris…....ere 6,790 f 0 k. 6% de goudron a0,585,idem. 0,374 7,618* La peute quantité de goudron qu'on mélange avec le mastic en facilite la fusion. — 159 — Les prix portés sur ce tableau supposent iv yaun centimètre d'épaisseur de matière ; en retranchant le cin- quième , on a le prix de la même surface à 8 millime- tres d’épaiseur, qui est suffisante pour le recouvre- ment des terrasses et des toits. Ces prix sont 4 fr. 53, 5 fr. 37 et G fr. 09, suivant qu'on se sert du mastic de Dax, de Seyssel ou de Paris. On voit que celui de Dax est le moins cher, il est d’ailleurs plus facile à fondre et à couler; enfin, il ne produit pas plus de soufilures que les autres, il est donc préférable en Roussillon. Son prix ne diffère guère de celui de la couverture ordinaire qui est de # fr. tuiles garnies et 3 fr. 50 tuiles vides ; mais il faut remarquer que le toit en bitume a l'avantage de servir de terrasse et que l'emploi du mastic dispense de faire une char- ente coûteuse. On peut même le couler sur le dernier plancher de la maison et obtenir ainsi une grande éco- nomie ; il est vrai que dans ce dernier cas on supprime les greniers ; si l’on en a absolument besoin , on pourra bâtir un demi-étage à la place du comble supprime , et l'économie, quoique moins grande, sera encore sensi- ble. Dans le cas particulier où le toit en tuiles a deux par- ties avec faitière , sa surface totale est beaucoup plus grande que celle de la toiture du même édifice re- couverte en mastic , et cette seule différence dans l’é- tendue des toits à recouvrir suffit pour compenser celle des prix. Les bätimens militaires sont presque tous dans ce cas; et de plus, les combles n'y sont d'au- cune utilité, aussi l’économie produite par leur couver- ture en mastic est-elle de 26 p. °/. Enfin , pour bien comparer les prix des deux métho- des , il faut faire entrer en ligne de compte les frais d'entretien qui sont presque nuls dans la nouvelle , et tres considérables dans l’ancienne. Personne n’ignore que le travail des bois , les orages — 160 — et les vents violens qui règnent dans notre pays, occa- sionnent des dégats continuels sur nos toits ; nos terras- ses surtout présentent beaucoup d’inconvéniens ; quel- que soin que l’on prenne, on ne peut les empêcher de porter l'humidité dans l’intérieur des maisons. Cet effet a lieu lorsque la terrasse est formée de trois et même quatre rangs de briques jointoyées au ciment. Dans ce cas , le prix de sa construction ajouté à celui de son en- tretien annuel, est de 15 francs Le mètre carré; on voit qu'il est trois fois aussi grand que celui d’une terrasse recouverte en mastic. Quelquefois on construit, en Roussillon, Je sol de la terrasse sur les tuiles même du toit, alors son poids s’a- joute à celui de la couverture du toit pour fatiguer la charpente ; son inclinaison est tres-ncommode , et ne préserve pas encore totalement des infiltrations ; car, indépendamment des causes accidentelles dont nous ve- nons de parler, qui produisent des gouttières, nos tuiles sont tellement poreuses, que l’eau passe à travers leur épaisseur et détériore , à la longue, la charpente et les murs. Ces effets sont tels, qu'on a vu à Perpignan des exemples de propriétaires obligés de renoncer à leurs terrasses pour se délivrer d’une cause continuelle d’hu- midité , de dépenses et de destruction. Avec l'emploi du mastic , au contraire, on n’a pas à craindre la moindre absorption d’eau ; celle qui séjourne dans les cavités qui se forment quelquefois à sa surface par l'effet des inflexions de la charpente ou par toute autre cause , s’évapore entierement sur place. Ces détails, qui ont été publiés en partie dans le journal des Pyrénées-Orientales du 27 août 1836, ont engagé quelques personnes à faire l'essai de la nou- velle méthode. Plusieurs terrasses en mastic existent maintenant dans le département ; il y en a à Perpignan et dans d’autres localités ; et à Espira, M. Farines a fait placer un rang de briques sur üne couche de mastic et a employe la même substance au jointoyement. Ce pro- cédé est tres-avantageux pour les terrasses exposées au midi, dont la surface en bitume est sujette à se ra- mollir pendant les fortes chaleurs de l'été. Nous ne doutons pas que les qualités précieuses du mastic ne soient bientôt confirmées en Roussillon; ses avantages, sous le rapport économique , Seront encore plus grands lorsqu'on aura appris à le fabriquer en com- binant le goudron minéral de l'intérieur de la France avec la pierre calcaire du département. Le génie mili- taire a déja fait l'essai de cette fabrication, qui sera exécutée en grand l’année prochaine. Alors l’économie, résultant du transport et de l'achat des malieres, sera tres considérable et permettra aux pauvres même de faire usage des toitures en mastic ; avec cette maniere de recouvrir les toits, on n'aura pas à craindre des ca- tastrophes semblables à celle arrivée à Baixas, le 1er août 1835, où, en un quart d'heure, toutes les couver- tures des maisons furent détruites par la grele, et une grande partie des habitans réduite à implorer la pitié publique pour se mettre à l'abri des intempéries de l'hiver. Manière d'opérer. — Le plancher sur lequel on veut établir la terrasse doit être recouvert d’une couche de mortier , dont on fait varier l’épaisseur afin de donner à sa surface une inclinaison de 25 à 30 millimetres par mètre. La dernière de ces pentes, qui correspond à un cinquantième, est fort convenable à Perpignan. Il faut que cette aire soit bien dressée à la règle et très unie, afin de pouvoir la recouvrir sur tous les points d’une égale épaisseur de bitume. On laissera bien dessécher la couche de mortier, et après avoir balayé avec soin, on procédera au coulage. Avant de décrire cette opération , nous allons indiquer les ustensiles les plus commodes dont on doit se munir. Pour des travaux importans, il est indispensable de faire 11 — 102 — les règles et autres outils en fer, mais le plus souvent on pourra se servir d’ustensiles en bois. Nous avons soin de le faire observer dans le tableau suivant : Ustensiles nécessaires pour couvrir les terrasses en maslic. 4° Une chaudière en fonte ou en forte tôle, de 120 litres (une charge ) de capacité, pour faire fondre le mastic ; elle contient à peu près ce qu'il faut pour cou- vrir 40 mètres carrés d’une couche de 1 centimètre d'épaisseur ; 2° Une petite marmite de 10 litres environ, pour porter le mastic fondu à certaines distances on d'un étage à l'autre, et le verser sur l'aire ; 3° Deux regles en fer : une de 70 centimètres environ et l’autre de 1,50 de longueur sur 10 à 15 millimètres de largeur, et d’une épaisseur égale à celle que l'on veut donner à la couche de mastic. On peut remplacer les règles en fer par des regles en bois d’une longueur égale à celle des regles en fer, leur largeur sera de 5 à 6 centimètres et leur épaisseur un peu moindre que celle à donner au mastic, attendu que la chaleur fait relever les règles et conduirait à donner trop d'épaisseur à la couche ; 4° Deux fers à souder et à applanir , d'environ 25 centimetres de longueur, 15 de largeur et 2 ou 3 d'épaisseur ; ils portent ün manche semblable ou analo- gue à celui d’une truelle de maçon ; 5° Deux ou trois spatules en bois pour étendre le maslic , apres qu'on l'a versé sur le sol ; 6° Un cylindre en bois dur , de 15 à 20 centimètres de diamètre. Il sert à unir la surface du mastic , on le fait rouler à cet effet sur le bitume , en appuyant for- tement dessus , et deux poignées fixées à ses deux extrémités servent à le maintenir ; TT A 7° Un crible à canevas de fer pour tamiser et ré- pandre le sable sur la surface du mastic ; 8° Deux ringards larges ou deux grandes spatules en bois pour remuer le mastic, à mesure quil se fond dans la chaudiere. On peut les remplacer par deux leviers en bois. Le mastic se vend en pains de divers poids; pour les faire fondre on les concasse en petits morceaux et on les met dans la chaudière avec du goudron , dans la proportion que nous avons donnée. Pour faciliter la fusion du mastic, on commence par en faire fondre d'abord une certaine quantité, et au fur et à mesure que la matière se ramollit on y ajoute d'autres morceaux , en ayant soin de remuer continuellement pour empé- cher les parties qui sont au fond de la chaudiere de s'y attacher et de se brûler. Le foyer du fourneau doit être disposé de maniere à ce que la flamme ne puisse atteindre les bords de la chaudiere et ne mette Le feu au mastic ; si cela arrivait, il suffirait de bien couvrir la chaudière pour l’éteindre ; dans tous les cas il faut bien se garder d'y jeter de l'eau. La plus longue des deux régles se placera parallèle- ment à un des côtés de la terrasse, et à environ 70 cen- timètres de ce côté , on place la seconde règle per- pendiculairement à la première, de maniere à former un cadre avec deux côtés de la terrasse et les deux règles; si c'est nécessaire on assujettit ces regles avec des pierres ou des poids quelconques et on a soin, si elles sont en bois, de les garnir de poussière, ou bien de les graisser , afin que le mastic ne s’y atta- che pas. Tout étant ainsi disposé , dés que le mastic entrera en ébullition, que des vapeurs blanches commenceront à s'élever de tous les points de sa surface, on dimi- 11. 464 — nuera beaucoup le feu , afin que le mastic ne brüle pas. et l’on se hâtera de charger la petite marmite ; trois hommes la verseront dans le cadre, et l'étendront avec des spatules en bois le plus uniformément possible ; on pratiquera une breche de trois ou quatre centimètres de profondeur et de 6 à 8 de hauteur le long des murs sur la terrasse et on y introduira du mastic avec les spatules , en lui donnant une pente vers l'intérieur , afin d'empêcher les eaux de s’infiltrer au-dessous de la couche bitumineuse. Deux hommes prennent ensuite un rouleau en bois et le promenent sur le cadre, en le pressant fortement. Cette opération donne au mastic de la consistance et rend la couche homogene et unie. La surface du rouleau devra être huilée pour empé- cher le mastic de sy attacher. Avant que le mastic ne soit solidifié , il faut le recouvrir avec un crible fin d’une légere couche de sable sec qu'on ferait chauffer, si C'était nécessaire ; ce sable s’incruste dans la matüere encore liquide et sert de préservatif contre la chaleur, en même temps qu'il consolide la couche bitumineuse et empêche le mastic de s'attacher aux pieds quand on doit marcher sur la terrasse. On remplit de mastic liquide les soufflures et autres cavités qui se forment pendant le coulage, et on achève d’unir toute la surface en la frottant avec des fers plats chauffés convenablement. Lorsque le premier cadre est rempli, on passe au second qui se forme en reculant la petite regle parallé- ment à elle-même jusqu'a la distance de 0,70 de sa premiére position, l'on verse ensuite la seconde couche de matiere bouillante à côté de la premiere , en ayant soin de les faire souder ensemble , à l’aide des spatules et des fers chauds, avant de létendre dans les autres sens. On continue ainsi en suivant tout un côté de la terrasse; on procède ensuite au coulage d’une seconde rangée de carreaux , en faisant préalablement mouvoir la longue règle parallelement à elle-même , dune dis- SET tance égale au côté que l’on veut donner au carreau supposé être ici pour fixer les idées de 0,70. Il n’y a pas d’autres précautions à prendre pour les autres ran- gées ; seulement il faudra ménager, en certains points de la surface du mastic, des pentes légères, dirigées vers les ouvertures par lesquelles les eaux doivent s'écouler. he jat- .— Fa — FIRE ces rn 19 aéiiaob 9 not sup ddo 8 alcos Pie th give t eut hits 1U8 sal. 0406 K PEUUTAL re a + 1 F2 415 28 LL LME. 28, Le . SA RE Var dde Aus LL sntstonk Le 1 at . te ik “Hi -#ù ja Pan + ira ELITE tof ÉuNÉE RE À k er Sante af rite tert à du æ De Ca un. Æ ‘ imderer het tre n CAES vrslève # Mieux Reraypes pret 11 1. 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Aux essais faits pour jeter dans les départemens des sols coulés imitant les empreintes imparfaites des sols coulés de la république, ont succédé d’autres essais sur les monnaies d'argent. Quelques alliages fusibles à l'eau bouillante ayant fait obtenir dans les arts des objets bien plus difficiles à reproduire que des monnaies dé- fectueuses , les faux monnayeurs ont cherché à utiliser cette fusibilité; cependant , malgré la perfection de ces contrefacons, il est des signes caractéristiques qu'il suf- fira de faire connaître pour que les personnes, même étrangeres à l’art monétaire, puissent facilement éviter d’être trompées. Le poids des pièces de 5 fr., dont le minimum, lors- qu'elles sortent des ateliers monétaires, est de 24 gram. 925, ne dépasse pas, dans une piece fausse, 21 ou 22 grammes. — 168 — Dans les pieces coulées, les lettres ont ordinairement de la dépouille; elles sont baveuses. Le nom du gra: veur, placé sous l'efligie du souverain, est presque il- lisible ; les cheveux et oeil n'offrent pas des traits bien distincts. Il est rare que ces pièces aient un cordon, où, si elles en ont, tout porte à croire qu'il a été poin- conn“. La distance qui sépare les lettres, leur circon- volution parallèle sur la tranche, sont autant d'indices qu'il faut consulter. On a cru pendant long-temps que l’ancien système de monnayage offrait encore un moyen de contrôle , qui résultait de quatre boutons ovales dont la tranche recevait l'empreinte en même temps que celui des let- tres en creux. Ces boutons qui servaient à centrer le flan dans la virole pleine , et qui, malgré le frappage , conservaient une saillie à peine sensible , sont tres dis- tinctement reproduits par le moulage. Il n'en est pas de mêmeaujourd'hui dela légende enre- lief sur la tranche des pièces, au moyen de la wirole bri- sée (1). Non seulement la séparation des machoires de la virole , qui se reproduit sur la pièce frappée , donne à la légende une disposition identique et constante , maïs elle rend encore impossible la rognure des lettres sail- lantes qui, facilement apercue , ferait repousser de la circulation une pièce ainsi alterée. Les faux monnayeurs ne se bornent pas au moulage ; leur industrie a été jusqu'a monter sur un tour des pièces d'argent pour les creuser. J’ai vu des pieces, ainsi préparées, dont le cordon estampé était goupillé (1) Quelques objections ont été faites contre le système de la vi- role brisée et des légendes sur tranche à lettres en relief. Il a été dit que ces lettres saillantes sont plus exposées au frai et à l'usure. On a répondu que ces lettres s’écrouissant par la pression de la pièce contre la virole , sont moins exposées à s’altérer que les lettres en relief qui sont également sur les deux surfaces de la pièce , et où action du frai s'exerce presqu’uniquement. — 169 — sur un /lan en cuivre que recouvrait deux lames d’'ar- gent ; mais ce moyen de contrefacon, qui réclame un ouvrier habile, est tres rare. Au reste, se présenterait- il, on comparera la pièce remise avec d’autres: si elle n'a pas Le même poids ni la même épaisseur, on ne doit pas hésiter à la couper pour examiner le métal à nu. La perte qui résultera de la valeur réelle à la valeur nomi- nale est trop minime pour s'exposer à accepter une pièce fausse et à encourager, par une coupable Imsou- ciance, l'émission d’une monnaie ainsi altérée. IL est aussi des pieces qui par le frai, la percussion, etc., ont presque perdu le caractère légal de monnaie, et qui se trouvant dans la circulation, sont acceptées sous la sauve-garde de la foi publique. Quelques miséra- bles ayant déja exploité cette tolérance, il importe d'avoir recours au réactif suivant : On connaît l'action de l'acide nitrique sur l'argent; si une goutte, placée sur une piece suspecte donne un bouillonnement coloré en vert , on est certain que la pièce est en cuivre ou en une de ces compositions connues dans le commerce sous les noms d’'argental, melchior (1) etc. ; mais si vous agissez sur de l'argent, la dissolu- tion aura lieu plus lentement, et l'endroit ou sera dé- posée la goutte d'acide présentera une tachenoire. Lors- qu'un de ces effets aura été produit, vous ajouterez une goutte d'acide hydrochlorique (2); ce réactif accusera la présence de l'argent par le précipité de chlorure d'argent qui est completement insoluble. S'il n’y a pas d'argent, l'acide hydrochlorique ne fera que dinunuer la rapidité de la dissolution , sans ‘altérer la coloration verte précédemment produite (3); la sapidité du métal sert quelquefois aussi de présomption. (1) Ces métaux prennent un aussi beau poli que largent ; les traces qu’ils déposent sur la pierre de touche sont les mêmes. ( Cir- culaire aux essayeurs du bureau de garantie.) (2) La dissolution du sel marin produira le même effet. (3) Commission des monnaies et médaalles , 20 juin 1833. 2H Il peut arriver qu'on soit privé d'acide et que des pieces françaises ou étrangeres , sur lesquelles on aura des doutes, vous soient présentées ; il ne faut pas hésiter à décaper, avec la lame d’un couteau, la pièce douteuse. On la mettra ensuite sur des charbons bien allumés. La fusibilité de l'étain, du zinc, etc., ne per- mettrait pas à ces métaux de résister à cette épreuve du feu. Il y à encore un moyen de reconnaître si une pièce presque effacée a été frappée ou non ; je lai employé bien souvent pour la vérification des écus de 3 fr., le voici : il consiste à placer cette pièce sur un charbon allumé jusqu'à ce que toutes les molécules, ayant été pé- nétrées par la chaleur viennent en se dilatant , détruire la force de cohésion que leuravaitimprimé la frappe du coin monétaire , alors l'empreinte se trouvera en quel- que sorte ravivée, et on pourra saisir tous les contours de la piece frappée. NOUS Gur l'Industrie sétifère, (es Ses Ke CRIT A MESSIEURS , Si l'on compare l’agriculture de notre departement avec celle des départemens septentrionaux, on ne peut disconvenir que, malgré les avantages qu'offrent et no- tre climat et notre sol, nous sommes loin d'obtenir les produits que les industrieux habitans du nord retirent de la terre. Quelques propriétaires cultivateurs , étudiant le sol sur lequel ils font travailler , ont obtenu de grands avantages des terrains anciennement déchirés par la charrue pour produire quelques épis de blé , qui sont aujourd'hui couverts de riches pâturages , de beaux vignobles , de plantations de müûriers, et qui rivalisent par leur développement avec ceux des Cevennes. Cependant la vieille routine l'emporte toujours et empêche des procédés employés avec succes dans le nord de se propager dans nos campagnes. Je connais tel fermier qui possède 60 ayminates de terre à l'arro- sage, et qui s'est ruiné pour entretenir son troupeau pendant l'hiver. Cet homme qui, au reste, passe pour un bon agriculteur , n’a pas su mettre en réserve la nourriture nécessaire pour la mauvaise saison, et lors- que Je lui ai parlé de faire des racines pour lhiver pro- chain , il m'a répondu qu'il n’était pas assez riche. Il économisera cent francs dans le moment, et il devra en dépenser mille plus tard ; voila ce que je n’ai pas pu lui faire comprendre. Une des branches d'industrie agricole les plus pro- ductives , et qui semblait être l’'appanage des climats méridionaux , échappe encore de nos mains ; la cul- ture du mürier et l’industrie sétifere sont en plein suc- cès aux environs de Paris. Voici les faits constatés par plusieurs sociétés savantes , et consignés dans le bulle- tin de la Société d'encouragement de septembre 1835. M. Camille Beauvais possède 67,000 müriers plantés sur 16 hectares et demi de terrain, dans le département de Seine et Marne. La première éducation des vers à soie , tentée pour la premiere fois en 1829, par cet agronome , lui a produit 67 livres de cocon par once de grain ; il a eté constamment en progrès pendant les an- nées 1830 , 1831 , 1832 et 1833 ; en 1834, il obüint 104 livres ; sa dernière éducation qui était de 8 onces, lui en a donné 137 ; elle a été faite sous une tempéra- ture de 18 à 20° Réaumur ; elle a duré 37 jours, a consommé 8,415 kilos de feuilles non mondées ; et elle a produit 551 kilos de cocon de la plus belle qualité, gros , ferme , d’une blancheur admirable. Une once de graine contient 42,000 vers ; sur 8 on- ces employées par M. Camille Beauvais , il aurait dû obtenir 336,000 cocons, il a obtenu et réalisé 551 kilos de cocons de 360 cocons à la livre ; il n’a donc amené à bien que 286,520 vers à soie. Il serait peut-être utile de comparer ces résultats avec ceux qui sont obtenus dans notre département. Le rapport fait à la Société d'encouragement par M. Soulange Bodin affirme que ces résultats sont plus avantageux que ceux obtenus dans le midi. Ne serait-il done pas important d'ouvrir les yeux de ceux de nos compatriotes qui exploitent ce genre d'industrie, et de leur faire connaitre les — 173 — moyens employés par M. Camille Beauvais , pour ob- tenir de pareils résultats dans un pays où tout semblait devoir s'opposer même à la reussite ? M. Camille Beauvais vend sa soie filée le double de ce que se vend ordinairement la soie grège ; elle est le produit de cette belle race dite Sina, que Louis XVT fit venir de Canton , en 1784 , et qui s'était peu à peu al- térée par l’avarice et l'incurie des premiers éducateurs. M. Poidebard est parvenu, par des efforts longs et assidus , à la régénérer d’une facon remarqnable ; et M. Camille Beauvais ne néglige rien pour la rendre à toute sa beauté primitive. On importe annuellement en France pour 43 millions de francs de soie ; quelle belle perspective pour ceux qui veulent exploiter cette branche ! La note que je vous communique, Messieurs, parce qu'elle se rattache à une industrie agricole très im- portante, doit attirer votre attention. Je vous pro- pose donc de nommer une commission qui sera chargée de vous rendre compte de son état, dans notre département, et des moyens de améliorer ; cette com- mission devra se pénétrer de l'importance de la haute mission que vous allez lui confier ; elle ne devra pas craindre d'entrer dans les détails les plus minutieux , en vous éclairant sur ce qui existe et sur ce qui devrait exister. CHERE 1. 7 + . Sd me. nt : :"æ kr À 4 : qu'il re dite Pr "LU PET récital et FE LOTE ETS a vol does . dites GILET CNET 07172077 POSTES LEURS elisrrga vs ‘# tai : Hieeuye nf À senbux 19806 Me ab sd sk 118% tee ceines dl À Labideu-allat: 8365: 3-0 ut-Héierre' eg à FY 4 aol 947 mé atilr sode Sfar alt | Æ 7 dacy NT ET dis -aahquiter Ÿ at [EE La vx af cote he api enb Minnereué-téo si-rom “be ALES égub) CAL T2 ; sys 184 , DUT +29 aux pic 2 #> è sldéegiinber nositguaar br tpuie ob ñ 6 ubtse as 1hioap ft sie flute où éisvucs alto or 4 dormi ‘de Léa itaireq td : FRS O1 1e DA E er trente; AGENCE sutrO | come. re” “ 2490 2040 aeyén é "5: FO ang" ut à LPN Lund hi ent | esivaieze bis pic HS iolodà ge rh VDurt He Lee : Sarfonsre dk du éléoatés a rrmtté V5 Tarn Moruno le saut: à 1 at A ET 0 1. oc reed deirr 4 CAB lise: 9 40Bn ésbas so8airrl : CE ] «#9 préalioe a". | ” É & 4 » ss Le ir 6. 000 cd00E ; w a4 € 21 sw c ra re” s potins de 166 ce: @us à D le tre Hi mu > ya 296 FA vers m1 LTTE 24 ériasl, ÿ he diirer « € réaul sg ns des % ’ Æ LE 7 in pre ar hu be : Va | k P nernii par “. jun ais Pyr plus: avan ‘ oux | Chr - PR D Ne sernit-il done pes amp | h L LR D ux de/nos cou | Dlatie. rt de — 175 —: MANDER SUR LES EMNCGERALT: Pc AO. C'hanbe onaner LL DES FÜUMIERS. Le premier de tous les engrais, celui qui mérite la préférence, si on pouvait se le procurer avec abon- dance, est le parcage des bêtes à laine. La qualité émi- nente des matières animales, pour exciter la végéta- tion, est généralement reconnue; l'état prospère des plantes arrosées avec de l’eau corrompue, prouve in- contestablement que tout corps, susceptible de contrac- ter à un certain degré l'état putride, est le plus favora- ble à la végétation et contribue le plus efficacement à cette grande opération de la nature. Les engrais pro- venant des maüères animales doivent donc avoir la pré- férence sur tous les autres; et combien ne serait-il pas à désirer que les propriétaires de troupeaux s’appli- quassent à mettre à profit, mieux qu'ils ne font, le fu- mier de leurs bêtes a laine, dans un pays où l’on peut sans inconvénient les faire dormir sur les champs plus de deux tiers de l’année. Le fumier des bêtes à laine est donc supérieur à tous les autres, sous tous les rapports. Il ne demande aucun soin, aucune main-d'œuvre, et (1) Nora. L’étendue de ce manuel n’ayant pu le faire insérer en entier dans ce bulletin , il en a été extrait les faits les plus appro- priés à l’agriculture du département, 7 on épargne les frais de transport en faisant parquer les bêtes à laine sur le sol qu'on veut ensemencer. Ce fu- mier étant naturellement divisible, se dissout immedia- tement en se mêlant à la terre, et lui communique ses vertus fécondantes. Il détruit l’adhérence des parties et les rend plus susceptibles d'être pénétrées par les raci- nes. Il produit en abondance cet humus ou terreau qui nourrit les plantes et augmente leur végétation. Elles aspirent le carbone dont elles sont si avides, surtout si on a le soin de donner à la terre un labour , aussitôt que les bêtes à laine ont quitté le parc, afin d'empêcher l'évaporation des urines et la réduction du volume des excrémens que les animaux y ont laissé. Ce fumier ne trompe guere l'espoir du cultivateur , il vient remédier à son impatience , car il produit son effet dans la même année ; et la première récolte est toujours la meilleure, si l’année est humide ou pluvieuse. Le cultivateur intelligent doit employer de préfé- rence le parcage pour fumer les terres fortes et argi- leuses, et réserver le fumier des étables pour les ter- res meubles et sablonneuses, parce qu'il tarde plus à se dissoudre et conserve plus long-temps sa vertu fécon- dante. Il est certain que si Le cultivateur avait un trou- peau nombreux, rien ne lui serait plus facile que de fumer ses terres chaque année, sans peine ni aucun frais de transport, et la récolte de la lame serait pour lui un surcroît de richesse. Mais dans ce département, où il y a si peu de terres vagues et incultes, un trou- peau nombreux est difficile à entretenir surtout pendant l'hiver; et dans presque tous les corps d'héritages les troupeaux ne sont jamais en proportion de la quantité des terres labourables : c’est ce qui rend encore plus dé- plorable l'usage où l'on est généralement de ne pas lais- ser parquer les bêtes à laine plus long-temps qu'on ne fait. Au moindre signe de pluie, nos bergers font ren- trer les troupeaux, d’après le préjugé qui leur fait croire — 171 — que la pluie gâte la laine et détériore sa qualité, ce qui est un paradoxe. La vérité est que la laine lavée est moins pesante; et nos bergers, qui sont accoutumés à vendre leur laine chargée de suint et pleine de crottes, qui augmentent excessivement son poids, ne veulent pas entendre raison sur cet objet. La cupidité les aveu- gle au point de ne pas vouloir comprendre que le mar- chand donnerait plus volontiers un meilleur prix de la laine qui serait plus pure, et qu'ils ne perdraient rien à laisser leurs troupeaux exposés à la pluie... Le désir d'améliorer et de multiplier son troupeau doit engager le cultivateur à rendre ses étables plus commodes et plus saines. Elles sont en général basses ct peu aérées ; di mauvaise coutume de n’enlever le fu- nuer que trois ou quatre fois l'année, est cause que les bêtes à laine, qui couchent tous les soirssur un tas épais de fumier , n'y respirent qu'un air infecté de gaz ele. tères et nuisibles à la respiration, qui occasionnent en grande partie la mortalité qui affecte si souvent nos troupeaux. Le propriétaire affligé en cherche en vain la cause, il attribue à l'intempérie des saisons, à la qualité des pâturages, au malheur du temps; tandis qu'il devrait l'attribuer en grande partie au fumier des éta- bles , à la mal-propreté des bestiaux et au peu de soin qu'il a de les tenir constamment dans un état de salu- brité. Qu'il se détermine donc à faire parquer ses trou- peaux plus long-temps qu'on ne fait ordinairement, il évitera cette mortalité fréquente , et au lieu de voir di- minuer ses troupeaux, il aura la satisfaction d'en voir augmenter le nombre sans rien perdre de ses fu- DRIGCS tre Le sol des bergeries doit être fait en pente pour fa- ciliter l'écoulement des sucs et urines qui sont la partie la plus précieuse des fumiers. Il est des propriétaires qui font paver leurs bergeries et réservent, dans la par- Lie la plus basse, une fosse qui recoit tous les écoule- 12 mens, ce qui est très bien entendu. Mais quelque soin qu'on apporte à ramasser tous les résidus, il s’en échappe toujours une plus ou moins grande quantité d'urine qui va se perdre dans la terre, en passant par les Joints des pierres formant le pavé des étables où écuries. Un moyen fort simple de remédier à cet inconvé- nient consiste à mettre sur le pavé ou sol des eétables, écuries, fosses à fumier, une couche de terre neuve d'environ six pouces d'épaisseur, qu'on renouvelle toutes les fois que le fumier est enlevé, ou à des époques plus éloignées si on le juge nécessaire. Cette terre ayant le temps de s’'impregner de l'urine des bestiaux et d'une partie des sucs de la litière qu’elle entraine avec elle, est des plus propres à fertiliser Les sols sur lesquels on la répand, et à rétablir les arbres épuisés ou malades, en remplaçant celle qui est autour de leurs pieds, sur- iout si on a le soin d'employer une terre d’une nature différente. On-peut aussi l’entasser sous un hangar ou dans tout autre endroit à l’abri de la pluie, pour s’en servir au besoin. MULTIPLICATION DES FUMIERS. Les cultivateurs , dans ce département, sont en gé- néral dans la persuasion qu'on ne peut faire du fumier u’avec de la paille ; et si celle-ci vient à leur manquer, k ne savént de quel côté se tourner ; aussi dans les an- nées de sécheresse, les entend-on se plaindre amèrement de ce que la paille va devenir rare , et ne pourra four- nir à leurs besoins. Il faut convenir que dans tous les pays, la paille est d’une très grande utilité ; et après le grain , c'est peut-être la chose dont le cultivateur a le plus grand besoin. Elle sert à nourrir les bestiaux pen- dant la mauvaise saison; elle économise presque la moi- tié des fourrages avec lesquels on la mêle en hiver; elle sert de litière aux animaux ; elle entretient la propreté, et par conséquent la salubrité dans les étables ; enfin — 179 — elle remédie aux années de sécheresse et de stérilité , en remplacant les fourrages, lorsqu'ils viennent à man- quer totalement. La paille avec le grain peut au besoin nourrir les bestiaux de travail; et nous savons qu'en Espagne , généralement parlant, on nourrit avec de la paille et un peu de grain, pendant toute l’année , non- seulement les bestiaux de labour, mais encore les mules et les chevaux de lüxe. La paille est donc d'une utilité générale pour le cultivateur ; elle est une des choses les plus indispensables pour l’économie rurale ; et son abon- dance fournit à l’agriculture des ressources utiles, né- cessaires et indispensables, Mais on peut dire avec vérité que la paille est un as- séz mauvais excipient pour faire du fumier ; son écorce lisse et séche ne se laisse pas pénétrer facilement ; son tissu serré et compacte ne se pourrit que difficilement ; et il faut un temps tres considérable pour que la disso- lation puisse s'opérer. Comme on l’emploie toujours seche pour servir de litière aux bestiaux ; on peut dire w’elle ne communique au fumier presque aucune qua- lité propre à la fermentation; elle en augmente , il est peu de substance et de sels au fumier, et qu'on ne peut a regarder que comme un excipient qui, à raison de 12, — 180 — cétte multitude de bruyeres , genèts, fougères, joncs de toute espèce, chardons , feuilles mortes et autres plantes parasites ; qui bordent nos chemins, embarras- sent nos champs , de ces herbes inutiles et nuisibles , de toute espece , qui se multiplient si abondamment , méme dans les mauvaises récoltes , et sont le fléau des cultivateurs. Ce serait donc un double avantage pour eux de faire disparaitre cette multitude de plantes quidévo- rent nos moissons , embarrassent nos chemins , et de pouvoir , avec leurs débris , former un fumier gras, abondant et capable de former un bon engrais Toutes les fois qu'on se promene à la campagne , dans la belle saison , on est étonné de trouver, surtout dans les par- ties dont le sol est humide , une multitude de plantes parasites qui ne sont bonnes à rien ; les chemins en sont remplis , les bords des champs en sont hérissés ; les cultivateurs étant en général dans la mauvaise habitude de laisser autour de leurs champs une lisiere inculte qu'on appelle marges | qu’on réserve à dessein, soit pour soutenir la terre, servir de passage ou former la clôture : abus contraire à tous les principes de l’agri- culture , car , outre que le pñopriétaire , en laissant ce terrain inculte , se prive du produit d’une partie de son champ, ces herbes parasites , ces arbustes qui y viennent en abondance , produisent des graines qui, dispersées par les vents , se répandent sur les champs, se mêlent au bon grain qu'on y a semé, l’étouffent dans sa naissance , et rendent enfin la récolte plus mauvaise, Je propose donc d'ajouter à la paille dont on se sert généralement pour faire du fumier, cette multitude de plantes qui croissent le long des chemins et au bord des champs, prés, fossés , etc. , sur les terrains vagues et incultes ; de les mêler ensemble dans une fosse que tout cultivateur intelligent doit avoir à portée de son habitation. Parmi ces plantes, il en est deux qui, à raison de leur abondance , peuvent augmenter beau- — 181 — coup les produits du fumier : ce sont l’orue et la mauve; leur tissu est lâche, leurs feuilles grasses, leur tige molle et peut être facilement décomposée en la mêlant avec le famier qu'elles rendront plus gras et plus onctueux. Celui fait avec les herbes vertes sera toujours meil- leur que celui qu'on fait avec la pailie sèche. Ces herbes parasites fauchées lorsqu'elles sont dans toute leur force , et jetées dans la fosse du fumier , lui com- muniqueront ce mucilage , cette mucosité , qui forme leur tissu, et le rendront par conséquent plus onctueux. Le cultivateur peut se procurer dans moins de six mois, en suivant ce procédé, un engrais cent fois meilleur que celui qu'il aurait fait avec de la paille seule , qui a be- soin d’une année pour se dissoudre completement. Afin de pouvoir mettre en pratique les moyens que je viens d'indiquer , il est indispensable d’avoir dans chaque métairie deux fosses à l'endroit qu'on croira le plus convenable, et à proxümité de la maison ru- rale. Elles seront creusées dans un terrain ferme et argileux ; il serait bon que les quatre faces intérieures fussent revêtues d’un mur ordinaire, pour empè- cher les infiltrations. Ces fosses seront établies dans la partie la plus basse du terrain, afin de pouvoir y amener , par le moyen de rigoles, les eaux pluviales, croupissantes , des environs de la métairie ; chacune de ces ie doit être assez spacieuse pour contenir, sil est possible, toute la quantité de fumier qu'on doit em- ployer chaque année comme engrais. A lune des faces e ce carré, on ménagera une issue où ouverture suf- fisante pour laisser passer commodément une ou deux charrettes. La capacité de cette fosse, une fois remplie, elle restera fermée au moyen d’une porte ou grillage en bois. Dans cette fosse, seront jetés les animaux morts et leurs dépouilles, les fumiers des étables , le produit des latrines, les eaux qui servent à laver la vaisselle et les auges , les eaux savoneuses, les boues et limons, les — 182 — balayures des appartemens, enfin toutes les immondices de la maison. On y ajoutera par intervalles de ces her- bes vertes et inutiles qu’on aura fait faucher, dans des momens perdus, par ses domestiques et dont j'ai parlé ci-dessus. On aura soin de retourner de temps en temps toutes les matières par un temps pluvieux , en hiver, et d'y entretenir constamment un degré convenable d'humidité pour aider le mélange et la dissolution, car il est tres essentiel que la fermentation soit conti- nue et uniforme , la décomposition est plus régulière. II devient nécessaire d'arrêter cette fermentation lors- qu'elle est trop violente , car le fumier se brülerait et perdrait ses qualités les plus précieuses. On reconnait qu'il est brülé , lorsqu'il est sec, moisi et décoloré dans l'intérieur. Pour prévenir cet inconvénient , il ne faut pas le laisser dessécher ; mais bien l’arroser fréquemment et le faire retourner sens dessus dessous, Il est un autre moyen de donner au fumier une vertu encore plus efficace , d'augmenter sa puissance végéta- tive , en faisant ce que les Anglais appellent un Com- post. À peu de distance de la fosse ci-dessus, on creusera une espèce de puits large de trois ou quatre pieds en carré, dans une terre ferme et argileuse , c’est dans ce puits qu’on doit faire la lessive d'engrais de la manière suivante. On remplira ce réservoir d’eau commune , on y jettera deux boisseaux, plus ou moins, de chaux étemte a l'air , autant de cendres ordinaires, et l’on aura soin d’agiter le mélange avec une perche, afin que les deux matières se délayent le mieux possible, Tout étant ainsi disposé , on commencera de porter du fumier dans la fosse , et lorsqu'on aura fait une épaisseur d'environ deux pieds, on l’arrosera sur toute la surface au moyen d'un arrosoir ordinaire avec le liquide puisé dans le réservoir où l’on a préparé la lessive. Cela fait, on recouvrira le tout avec une cou- che de terre assez épaisse. Les couches successives de — 183 — fumier qu’on y ajoutera seront placées , assaisonnées et couvertes de terre de la même manière, jusqu’à la dernière sur laquelle on étendra de la terre la plus compacte qu'on pourra trouver, en lui donnant l’épais- seur au moins de cinq à six pouces ; après quoi la pré- aration du véritable engrais est achevée , et dans cet état , il se bonifiera tous les jours par la fermentation. Quand apres un certain temps, on voudra le tirer de la fosse, on choisira de préférence un temps humide ou pluvieux , et on aura soin de couvrir la charrette ainsi chargée avec des nattes ou des toiles grossieres , ainsi que la partie de la fosse où l’engrais a été entamé , afin d'empêcher , autant que possible, l’'évaporation des principes gazeux. Arrivé au champ, le laboureur l’enfouira dans la terre sans le moindre délai. Enfin , le voisinage des grandes villes peut fournir aux cultivateurs un moyen efficace de fumer et rendre leurs terres fertiles, en mettant à profit un engrais qui, sagement employé, est le plus efficace, le plus puissant de tous et accélère la végétation d’une manière vrai- ment étonnante : je veux parler du résidu des fosses d’aisance. Comme j'ai été témoin pendant mon séjour a Barcelonne des effets prodigieux que produit cet en- grais , fait avec les excrémens humains , je crois me rendre utile à mon pays en faisant connaître à mes con- citoyens la maniere dont on exploite cet engrais qui devient une source de prospérité pour les héritages qui avoisinent cette grande cité , à plus d'une lieue à la ronde. On choisit dans tout le corps d’héritage un champ dont la terre soit forte et argileuse , on y creuse une fosse profonde ou citerne pour y déposer le résidu des latrines. Ceux qui peuvent en faire la dépense , la font paver en briques et bâtir en maçonnerie ; la partie supérieure est couverte en voûte ; on y ménage une — 184 — porte qui est de niveau ave le sol, horizontale et fer- mant à clef ; on l'appelle tabatière. C'est là qu'on dé- pose les matières fécales , qu'on va chercher tous les matins à Barcelonne, depuis la pointe du jour jusqu’à huit heures du matin; passé cette heure, on ne permet plus leur transport. On se sert pour cela d’une espèce de tombereau garni en planches bien jointes et calfa- iées, dont la partie supérieure s'ouvre et se ferme à deux battans comme une armoire. Par ce moyen, on évite les inconvéniens qui résultent de Pexhalaison des mauvaises odeurs, ainsi que le coulage; les matières fécales se vendent ordinairement vingt sols la com- porte. Afin de mettre à profit cet engrais, on sème le blé à sillons , et voici comment on procède : le labou- reur ouvre la terre avec la charrue, après lui vient celui qui sème le blé de la même maniere que nous semons les fèves, les haricots, les pois, etc , enfin vient un troisième qui, armé d’une casserole ou autre instrument de cuivre garni d’un manche , répand la li- queur dans le même sillon ( on emploie ce même pro- cédé à semer toute sorte de grains). Chaque sillon, ainsi humecté, est bientôt recouvert par le suivant, et la naissance du blé n’est retardée que de quelques jours. Ce procédé, que je désirerais voir adopter dans ce dé- partement, économise beaucoup de semence, facilite le sarclage ‘et procure des récoltes plus abondantes par la raison:que le blé se trouve plus éparpillé.et peut éten- dre plus facilement ses racines dans la terre du:sillon qui reste vide. Cet engrais s'emploie aussi dansiles hjar- dins; et quelque maigre que soit une plante ,orv n’a qu'à creuser un peu autour de ses racines, etuné petite quanlité de cette matiere , délayée avec de l’eau: ; lui donne peu de jours après une force de végétation dont ) j'ai été moi-même témoin et fort étonné. EMPLOI DES ENGRAIS Dans les diverses natures de terrains que nous offre le Département. Ï On peut diviser en quatre classes les terrains qui composent le département des Pyrénées-Orientales , savoir : les Montagnes, les Aspres, le Riveral ou terres arrosables, et la Salanque ou terrains voisins de la Mer. Chacune de ces classes étant d'une nature différente , subordonnée à la température, à sa posision , à la qua- lité du terrain et autres causes locales, il est naturel de croire que Pemploi des engrais doit être différent dans chacune d'elles | puisque les récoltes sont différentes. Dans la partie qu'on appelle les Aspres , on ne recueille que du blé, de l'huile, du vin et quelque peu de légu- mes ; tandis que dans le Riveral, où les arrosages sont fréquens, on récolte toute espèce de grains, légumes , fourrages et autres dont il serait mutile de faire l’énu- mération ; comme la terre y est toujours en valeur, cou- verte de productions, et qu'on ne la laisse presque ja- mais en repos , puisque les céréales sont aussitôt rem- placées par les plantes légumineuses ou les fourrages ; il est nécessaire de fumer plus souvent et plus abon- damment. Quant à la partie qu'on appelle la Montagne, où la température est froide, la terre légère! très peu pro- fonde ; le terrain en pente rapide , on doit fumer en- coré plus fréquemment, car les pluies fréquentés qui tombent par torrens entraînent non-seulement les en- grais ; mais encore la terre végétale. Comme le fumier est malheureusement ‘assez rare dans cette ‘partie , nous proposons de suppléer à cette pénurie par l'éco- buage; cette méthode se pratique sur les parties les plus élevées et les plus âpres de nos montagnes; nous désirerions qu'elle devint plus générale, avec d'autant plus de raison qu'elle peut être employée avec succès — 186 — dans Ja plaine et surtout dans les pays humides, maré- cageux , sur le bord des étangs où la terre froide et hu- mide a besoin d’être amendée ou échauffée. On sait que sur le sommet de nos montagnes le cultivateur ne peut guère ensemencer la même terre que trois ou qua- tre fois, parce que les terrains, qui ont une pente tres rapide, sont bientôt lavés et entraînés par les pluies et les orages. Les terres une fois entrainées, il ne reste plus que la roche vive et le champ a disparu; le culti- vateur est donc oblige de confier ses semences à un au- tre terrain; alors il choisit ordinairement un terrain gazonné et inculte. Apres avoir arraché les mottes avec la beche, en leur conservant toute la largeur possible, il fait sur le nouveau champ, à des distances d’environ une ioise, de petits tas de bruyéres sèches, genèêts, fougeres et autre menu bois, qui n’est pas rare dans ces endroits. Il place artistement dessus les mottes qu'il a arrachées, de maniere qu'elles se touchent seulement par la partie supérieure et puissent donner issue à la flamme. Alors il met le feu au menu bois, et la flamme passant à travers les intervalles, consume insensible- ment les mottes et les réduiten cendres ou en une terre noirâtre qu'on répand sur le nouveau champ, qu'elle fer- tilise d’une maniere surprenante; c’est ce qu’on appelle en langue du pays faire des fourmigous. Nous avons vu nous-même des terresincultes amendées par ce procédé, et nous avons été étonnés de voir que dès la premiere année, elles produisent des récoltes extrêmement abon- dantes. Combien serait-il à désirer que ce procédé si simple, et àla portée de tout le monde, fût appliqué aux terres froides et humides, aux bas fonds et surtout à ces terrains vagues quiavoisinent nos marais et les bords de nos étangs ? Et quel parti ne pourrait-on pas en tirer ? On m'objectera peut-être que les broussailles sont rares au bord des étangs et de la mer, mais il serait facile de les remplacer par les algues, varecs et autres plantes — 187 — maritimes , dont on pourrait aussi se servir COMmme en- grais. Le moyen le plus convenable pour en tirer parti serait de les stratifier sur le champ même avec de la terre végétale, c’est-à-dire de faire des tas où il y aura plusieurs lits alternatifs d’algue et de terre; il serait aussi très avantageux d'y mêler de la chaux éteinte. Un an après, on a un excellent terreau qu'on répand devant la charrue pour le mêler avec la terre Dans la partie de ce département qu'on appelle la Salanque ; il y a sur le bord de la mer une multitude de terres qu'on appelle salobres, dont une partie est mise en culture et l’autre demeure en friche, et sert de pätu- rage aux bestiaux. Celles qui sont cultivées trompent fréquemment l'espérance du propriétaire : car pour peu que la sécheresse se fasse sentir (et ce malheur arrive tres fréquemment), il n'y a pas de récolte. Pendant tout l'hiver, le blé est ordinairement très beau; mais des que les chaleurs commencent , ses feuilles jaumis- sent et il dépérit insensiblement, ce qu'on doit attri- buer à la surabondance du sel marin dont elles sont im- Arc qu'on reconnaît à cette efflorescence sa- ine dont ces terres sont couvertes pendant les fortes chaleurs. Le moyen de remédier à cet inconvénient, que nos cultivateurs ont regardé jusqu'ici cemme insurmon- table, est de rompre cette continuité de surface, de diviser cette terre que les chaleurs rendent si com- per ,) d'interrompre cette agorégation des parties sa- ines, d'interposer un corps étranger qui rende la terre plus meuble, plus divisible. Cet amendement est plus fa- cile qu'on ne pense; il est peu coûteux et presque à côté du sol. On n’a qu'à prendre du sable fin, qui est si abondant dans le lit de la rivière, et le répandre sur le champ , en quantité suffisante, pour adoucir, diviser la terre et la rendre plus poreuse, et par le moyen de quelques labours, elle se trouvera amendée et disposée — 188 — à donner une bonne récolte. Le sable méine du bord de la mer peut produire le même effet, si on a la précau- tion de le laver préalablement dans l'eau douce : car , je le répète, il n’est question ici que de diviser la terre, de la rendre plus perméable, de détruire son aggréga- tion, et l'effet d'un corps étranger quelconque sera d'empêcher que le sel se cristallise à sa surface et forme ceite croûte salée qui donne la mort aux plantes. L'amendement serait encore meilleur, si on pouvait ré- pandre à la place du sable une terre calcaire, très divi- sible, de la Marne surtout. Et je ne doute pas que si on voulait sacrifier une légère dépense à creuser dans le sol même, on ne trouvât à peu de profondeur quelque couche de terre douce, calcaire ou sabloneuse, qui de- viendrait une mine féconde et une source de prospérité pour le propriétaire qui, sans s’en douter, possède dans son champ même un trésor inconnu. nn RETRE () CDs j, EN 4856, INDICATION VENT de > à DOMINANT. L UDOMETRE. 127 jours; celui de N.-Ouest 121 jours. PABLAAŸ DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES , EN 1856, S D'OBBERVATOLNE DS L'ÉCOLE MOLMALE DS PHMPLCI,ANT, Par A. Béquin, Directeur. INDICATION INDICATION INDIGATION INDICATION à DDIC VENT DU THERMOMÈTRE CENTIGRADE. DU BAROMÈTRE. DE L'HYGROMÈTRE DE SAUSSURE, de | © © | DOMINANT. : L'UDOMETRE Moyenne, | Maximum.| Minimum, | Moyenne. Maximum. | Minimum. | Moyenne, | Maximum, | Minimum. Janvier 7e) 2 2 » 85° 8e, 50 , 063 Février » 277 39,6 2e 755,781 | 771,49 || 737,66 57 5 38 0», 0005 Mans. 5 42 Ê 757,450 | 769,24 Avr... ë Ô je 756,005 | 764,7: 5,68 >, 966 Ma o, 047 1 5 78,003 | 764,7: 748 77», 032 Junx 21», 169,25 762,170 56,98 755,70 75°, 716 JuiLuer. 24°,716 30° 17°,25 762,908 59,24 755,70 75°, 129 Aour 2 200,20 | 760,507 | 766,98 | 757,96 | 80, 161 o o Om, 022 ST à ge 25e 16e 761,419 | 769,24 | 753,45 |34 666 5 0®, 030 Ocrosre 4 5 21°, 5 4e 757,886 | 764,73 79°, 967 98° 0, 002 Novemsre ] B 5 4° 757,208 | 762,47 7 59/15 51° , 008 Décempne 13°50 —20,50 Résumé 562 | 30° 2, 758,984 | 77 98e 5 0%, 3285 L'axe du vent paraît être la ligne qui va du N.-N.-0. au S.-S.-E. Le vent du nord a soufflé pendant 127 jours; cel de N.-Ouest 121 Jours. cte 32 ce DD. LeCC AM DD, 200 Aa DD ECC Pr DD CU EEE SCT; Le Th coke oo T LÉ cie rase DES MATIÈRES. PRSMIÈRE PABVLS: Compte-Rendu des travaux de 1836, par M. Bouis... Page Bureau pour 1837,.,....esevevesossessecsseose CHAPITRE ÎL”. SCIENCES PHYSIQUES ET CHIMIQUES. Phare de Port-Vendres, par M. Bach.........,.,.. Eaux sulfureuses de Vernet, par M. Bouis........, Sur le calcaire et les cavernes à ossemens de Villefran- che en Gonflent et de Vicdessos , par M. Jtier,..... Rapport de MM. Delocre et Companyo, sur un tableau contenant une coMection des mollusques terrestres et fluviatiles du département des Pyrénées-Orientales, offert à la société par M. Aleron ; M. Companyo, TappoOrteur. ...sosesssesesremessessese.ssesee Notice sur le cébrio xanthomérus , par M. J. Farines. Notice sur le cébrio xanthomérus , par M. 4eron.... Effets délétères du Redeul, sur l’homme, les bêtes à laine ne chèvre par M. Pujade. Ju here nv Observations sur les troisième , quatrième , cinquième fontaines jaillissantes obtenues à Toulouges , par M. RE eee. 0 0 0 à 0 on ne so 0 os ve 0 9 e à 0 + Composition de pierres à chaux du département des Pyrénées-Orientales, par M. Bouis.....,.:..90 1. 39. A1. 59, AVie 85. 105. 111. 117. 123. 133, — 190 — CHAPITRE II. ARTS INDUSTRIELS ET AGRICOLES. Du mastic bitumineux , ses avantages dans la construc- tion des terrasses, manière de l’employer , par M. D AbRanemdielr Cie ete suscite urnes ceesse eee Des pièces coulées ou aAltérées qui sont en circulation comme monnaies d'argent, par M. Grosset........ Note sur l’industrie sétifère , par M. Fraisse... ..... Extraits d’un manuel sur les engrais, par M. Fortaner. Tableau des observations météorologiques faites en 1836 , à l’observatoire de l’école Normale de Perpi- gnan , par M. Béquin , directeur. ...,..,......-, FIN DE LA TABLE. Passe 155. 167. 171. 175. 191. _ ; _ = The à = Ge. = 5) CES; RKŸ>- ÆSZ (2 CSN CL Pare de dort SVendres = DOTE LAC | È— | Plan rU4 clévalion du lhare. À — 1 B 2 © ) Da giusen TA MIN anne Sr DU EE | | es ul \ | 4 - T [ni er > » | Il CT EX éunrbre te gardien EL — llanche, 11. (Planche, x.) 12 H A À de VOL AL 1 Délais de la plale-forme circulaire en fer 6. 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