Hi > /■, ; •c< ' r <: -: ^ 4: ■ < ■ % <- t • ■ « cc c c . Cstr<. . I : \^1. ^ces snr lesquelles, laule de documents snflisanls, elle n'a pu prononcer dans ce d^lai, sont, de droit, ajourn^s an eonconrs suivant. Art. 1(»6. — Les rt^compenses et encouragements de la Society Bont annncllement dlstribui^s jwr elle dans une stance gjfn^rale et publiqne, donl le programme, arr^.t^ par le Conseil, comprendra aussi un discours dii President ou de Tun des vice-presidents, un rapport general sur les tra- vaux de lu Society par le Secretaire general ou un des secretaires, et d€8 rapports spi^ciaux snr des sujetsdeslgnds par le Conseil et par des rappor- teurs cholsis par Inl. Art. 107. — La seance gendrale et publique de la Societe a lieu, chaquc annee, Ic 10 fevrier, jonr anniversaire de la fondation dela Societe. Art. 108. — Les medaillos accordees a des concurrents eioignes de Paris, et qui n'auront pu les rccevoir a la st^ance publique, seront adressees, pour leur fitre remises au nom de la Societe iniperiale d'acclimatalion, aux Societes alfiliees ou agregees, soil fran(;aises, soit etrang^res, ou aux oeiegues, on, h detaut, aux autorites locales. Art. 109. — La mddaille de la Societe, de metal autre que Tor et I'ar- gent, ponrra fitre remise, sur leur demande el a leurs frais, avec leurs noms graves, aux membres appartenant depuis plus de deux ans h la Societe, ou ayani acquitie leur colisation definitive. La medaille soil d'or, soit d'argent, est expressement reservee aux laureats. Les Societes designees sous le nom d'AGR^GEus, dans le Chapitre suppie- mentaire qni precede, sont celles qui avaient ete designees jusqu'i present sous le nom de Societes correspondantes. Ce changement de denomina- tion a ete arreie par le Conseil dans sa seance du 22 fevrier 1856 (voyez le Procfes-verbal de la seance generale du 29 fevrier, p. 133). En consequence, le Cbapitre II du r.i;glement administratif est maintenant intitule : Des Soci£t£s AFFiLiifiES et agregees; et les articles 15 et sui- vants sont ainsi modifies : Art. 15. — Pourra etre nommee ogtr^g^e toute Societe ou Association frauQaise ou etrangere deji exislante qni en adressera la demande oQicielle au Conseil de la Societe imperiale zoologique d'acclimatation. VIII SOCl^TE IMI'^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Art. 17. — Toule Societ(5 agregee est assimilee a un menibre de la Soci^t^ imperiale d'acclimatation. EUe est soumise aux memes charges et jouit des monies droits. Elle est reprt^,sentee par son bureau. Art. 18. — En vertu de I'article pr^c^dent, toule Soci^t^, en recevantle litre d'agregee, paie un droit d'entrt5e deiO francs et une colisation annuelle de 25 francs. Art. 21. — Toute Soci^t^ agrdg^e qui reqoit des animaux ou des veg»5- taux appartenant a la Society imp^rlale zoologique d'acclimatation, s'engage a remplir les conditions imposdes aux simples membres. Art. 22. — En cas d'elcclion , toute Societe agr^gt^e a droit a une voix. Son vote est transmis au Conseil par le president ou le secretaire. Art. 23. — Pendant leur s^jour a Paris, les membres du bureau des Soci^t^s agr^g^es assistent de droit a toutes les stances g^n^rales de la Soci^t^ impi5riale zoologique d'acclimatation. Art. 25. — Les noras des Soci^t^s affiliees ou agreg^es seront inscrits en tfite de la liste des Membres de la Soci^t^ imp^riale zoologique d'acclima- tation. SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE U ACCLIMATATION. ORGANISATION POUR l'aNNEE 1856. S. M. LTHPEREUR, protecteur. BUREAU DE LA SOCIETE. M. Isidore GEOFFROY SAINT-HILAIRE, president. vice-pr6sidents. MM. Le prince Marc de BEAUVAU, Antoine PASSY, Le baron dePONTALBA, RICHARD (du Cantal), I Le comte d'fiPRfiMESML, secretaire general. Auguste DUMERIL, secretaire des seances. E. DUPIN, secretaire pour la correspondance a I'interieur, GUfiRIN-MfiNEVILLE, secretaire duConseil. Le baron de MONTGAUDRY, secretaire pour I'dtranger. Paul BLACQUE, tresorier. Le comte de COUESSIN, archiviste. COHSEIL D'ADMINISTRATION. Les Membres do Bdreao et MM. Le marquis AMELOT, Fr^d. JACQUEMART, Le marquis de SELVE, Jacques VALSERRES, Jules DELON, POMME, SAULMER, E. TASTET, De QUATREFAGES, RLFFIER, Le baron SIGUIER, Le comte de SINETY. DELE6UES DU CONSEIL EN FRANCE. A Bordeaux, A Caen, A Lyon, A Marseille, A Mulhouse, A Nancy, MM. BAZIN. LE PRESTRE. LECOQ. Ant. HESSE. FrM. ZUBER. MONNIER. A Poitiers, MM. HOLLARD. A Rouen, POUCHET. A Toulon, AGUILLON. A Toulouse, JOLY. A Wesserlimj, SACC. DELEGU^S DU COHSEIL A L'ETRANGER. MM. A Milan, Ch. BKOT. A Rio-Janeiro, DeCAPANEMA. A 6'j/dnej/ (iuslralie), MAC ARTHUR. A Turin, le cbeulier BARUFFI. MM. A Alexandrie (Bgjple), SABATIER. A Geneve, GOSSE. A Lausanne, CHAVANNES. A Londres, MITCHELL. A Madrid, GRAELLS. SOCIJ&TE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aGGLIMATATION. SECTIONS. 1" Section. — Mammiferes. MM. RICHARD (du Cantal), president. Fr. JACQUEMART,^ . ^ , .^ VALSERRES, T'"' ^'^''''^^ DARESTE, secretaire. 2* Section. — OiSeadx. (A^icnUure). Le baron de PONTALBA, president. Le coSe SINETY, ! ^^<^'-P'^'i'^' DAVELOUIS, secretaire. -presid. 3* Section. — Poissorss, Crustaces, AN^ELIDES, MOLLUSQUES. MM. [fmMim). ['ASSY, president. Ml OUATREFAGES, Le marquis deSELVE, LOBLIGi:OIS, secretaire. ti' Section. — Insectes. (S^ricicollure el Apiculture). Le prince Ma rede BEAUVAU, presid. GUERIN-MENEVILLE, { „ _ ■ -j TASTET, ^\v.^res^d. BIGOT, secrStaire. COMMISSION PERMANENTE DES VEGETADX. MM. ie baron de MONTGAUDRY, president; le marquis AMELOT, ANNfiE, BOSSIN, BOUCHET* CHATEL, CHATIN, CHEVET, GERMAIN de SAINT-PIEI'.RE , Fr. JACQUEMART, le baron LE GUAY, LEROY, MILLET, MOQUIN-TANDON, PAILLET, PAYER, REMONT, le marquis de SELVE, VALSERRES et VILMORIN. COMMISSION PERMANENTE DE L'ALGERIE. MM. RICHARD (du Cantal), president; le general DAUMAS, president /jonora/re,iBAUDENS, )e prince Marc de BEAUVAU, BIGOT, CARLIER, CHATIN, COSSON, DARl'STE, DAVIN, DELON, DUVAL, FOCILLON, le baron GARBfi, A. GliOFFROY SAINT-HILAIRE, GUf:RlN-MENf:VfLLE, le comte de JONQUlfiRES, LOBLIGEOIS , J. MIGHON, MILLET, le baron de MONTGAUDRY , de NABAT, PAYER, PEUT, de QUATREFAGES, REYNOSO, TASTET, VALSERRES et de VILLEiNEUVE-FLAYOSG. COMMISSION PERMANENTE DES COLONIES ET DE L'ETRANGER. MM. A. PASSY, president; de QUATREFAGES, vice-president; le marquis AMELOT, BAUDEMENT , CARLIER, le comte DESBASSAYNS DE RICHEMONT, FAUGfiRE, JOMARD, LifiNARD Y>bre, MALAVOIS, MENNET-POSSOZ, MESTRO, MONET, PAYER, PECOUL, I'amiral PENAUD, POEY, RAMON DE LA SAGRA , TASTET, TAUNAY , de TCHlHATCHEFelYVAN. ■ Les d^l(5:.;uds coloniaux , ct les ministrcs, charges d'affaires et consuls Grangers, qui resident h Paris, et qui sonl membres dc la Soci^tc, font d? droit partie de la Copimissioo des Colonies el de I'ttranger, LISTE DES SOCIETES AFFILIEES ET AGREGEES SOCIETY IMPiRIALE ZOOLOGIQUE D'AGCLIMATATIOll (1). SOClETfiS AFFlLlfiES. La S0Ci6t£ ZOOLOGIQDB D'ACCLIMATATION POLR la region DES Alpes (Soci^t^ zoologique des Alpes), h Grenoble. La Soci^t^ ri^gionale d'acclimatation pour la zone du nord-est, h Nancy. SOClfiTfiS AGRCGEES FRANCAISES. Le Comicb agricole de Toulok* La Soci^te d'Amulation, d'agricultore, sciences, lettbss kt arts dd d£parteh£nt de l'Ain, k Bourg. La Soci^t^ d'agricdltore de Verdun (Mouse). La Soci£t£ d'agricdltore, belles-lettres, sciences et arts de Poitiers (Vienne). La Soci6t6 protectrice des animadx, i Lyon (Rhdne). La Soci^Tft d'agriculture do dj^partement des Booches-do-1\h6ne, h Marseille (Boucbes-du-Rh6ne). Le Comice agricole d'Aubigny-sdr-Nerre (Cher). La Societe d'agricdltore, arts bt commerce du di^partement de la Charente, ci Angouleme (Charente). La Society d'agricdlturb d' Alger. . »v,< .;• . • SOClfiTKS AGRfiG^ES fiTRANGfiRES. ''*'^' La Soci£t£ d*otilit£ publiqde de Ladsanne (Suisse). La Soci^t)^ agricole d'expertise mutuelle de Ladsanne (Suisse). L'Association agraire des £tats Sardes (Associazione agraria degli Stati Sardi), ^ Turin. La Soci^Tfi d'i^.conomie rdrale de la C6te (canton de Vaud) (Suisse). L'AcAD^MiE royale d'agriculture de Turin {Reale Accademia d'agricol- tura di Torino). La SOUiTE DU CERCLE LITTERAIRE D£ LADSANNE (Suisse). (1) Voyez pages vii et vni. ' Outre les Societe's affiliees et agregees, huit Comile's coloniaux viennent d'etre institu6s et rattaches a la Societe imp^riale d'acclimatatioa, par les ordres de S. E. le Ministrc de la marine et des colonies, et par les soins de M. Mestro, directeur des colonies. — Voyez page i44. Un ComiU d'acdmaialAQn vieat aussi 4'Sli'e ferine eo %ypte, Voyes page ]u^. LISTE SUPPLEMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Membres admis du 1" juin 1855 au 28 mars 1856 (1). MEMBRES HONORAIRES. LYmir Abd-el-Kader, k Damas (Syrie). MM. Griffith, president de la haute Commission des pecheries d'Irlande, h Dublin (Irlande). HORNSBY, secretaire gdn^ral de la haute Commission des pficheries d'Irlande, h Dublin (Irlande). Mac Arthur (William), commissaire g^n^ral de I'Auslralie prfes TExposi- tion universelle, h Sydney (Australie). P^NAUD(le contre-amiral), a Paris. Perky (Pabb^), missionnaire apostolique, en Chine. Perrotet, directeurdu jardin botanique de Pondich^ry (Indesorientales). ^ >^r.« ; : - MEMBRES TITULAIRES. S. A. Mgr le prince de Salm-Dick, au chateau de Dick (Provinces rh^nanes). MM. Agop, premier conseiller de I'ambassade ottomane, a Paris. AlQDi, propri^taire, a Ajaccio (Corse) et ci Paris. Alberdi (Jean-Bapliste), charge d'affaires de la Confederation argentine, h Paris. Allibert (Paul), ancien agent de change, h Paris. Argyropulo, de Moldavie, h Paris. Baigniere (Henri), h Paris. Baleste (Hjppolyte), proprietaire, ci Sceaux (Seine). Barread (Maurice de), propridtaire k la Sabarlarie, prfes Castres (Tarn) et h Paris. Barrier (le docteur), h Paris. Baude (le baron) , ancien conseiller d'fitat, a Paris. (1) Pour les Membres anterieurement admis, voyez la liste generale des Membres fondateurs honoraires et titulaires, I. II, p. xxui a xlvu. LISTE SUPPLEMENTAIUi; DES MEMHUES. XIII liAzAN (Gabriel de) , membre de la Socidt^ eniomologique de France et de la Societd irnp(5ria]e et centrale d'liorticullure de Paris, a Paris. Bazin (ledocteur), professeur de zoologie h la Faculty des siences de Bor- deaux (Gironde). B^nard-Lechevallier, propridtaire, h Alger. Bertrand (Ldon), directeur duj^ournai des chasseurs, h Paris, Besson des Blains (de), propridtaire, aux Hosiers, prfes Saint-Vallier (Drdme). Beurges (le comte de), propridtaire, h Paris. BLAQuifcRE (S. S. lord de), h Woodland, prfes Havant (Angleterre). Blondat, ingdnieur en chef des ponts el chaussdes en retraite, h Paris. Blum (Auguste), propridtaire k la Belle-Epine, pr^s Choisy-le-Roi, et & Paris. BoiGUES (6mile), propridtaire h Brain, pr^s Nevers (Niftvre). BoissiiRE, propridlaire h Audenge (Gironde). BoNHOMME (Jules), ci Milhau (Aveyron). BoRELY, ancien procurcur gdndral prfes la Gour d'appel d'Aix, propridtaire agronome h Aix (Bouches-du-l\h6ne). BOTTON (Charles), ndgociant , membre du iribunal de commerce de Marennes (Charenle-InKrieure). BoDCHARD-HuzARD, dirccteur-g^rant des Annales de I'agriculture fran- Qaise, a Paris. BooELLE (le corate de), propridtaire, h Paris. BooFFARU (Charles de), ci Labarthe, prfes Puylaurens (Tarn). BouvENOT, au ChSteau de Versailles (Seine-et-Oise). Bravo-Murillo, ancien minislre de S. M. la reine d'Espagne, h Paris. Breon-Guerard (Rerre), propridtaire agronome et sylviculteur, & Montbard (C6te-d'0r). Breuille (le baron Ferdinand de), propridtaire h Breuille, prfes Jonchery- sur-Vesles (Warne), et a Paris. Brot (Charles), banquier, h Milan (Lombardie). Brdniquel (Eugfene), pasteur, h Toulon (Var). Bryas (le marquis Charles de), propridtairc au Taillan, prhs Bordeaux (Gironde) , et h Paris. Burg AT (Charles de), propridtaire h Dracy-le-Fort, prfes Givry-sur-Orbyse (Sadne-et- Loire). Calderon (Don Carlos), propridtaire, chevalier de I'ordre militaired^Alcan- tara, h Madrid (Cspagne). Canto (Joseph de), propridtaire, i Pile Saint-Michel des AQores (Portugal). Capanema (le capitaine G. de), professeur de physique a Pfecole impdriale de gdnie de Uio-de-Janeiro, commissaire du Brdsil prfes I'Exposition universelic, a Rio-de-Janeiro (Brdsil). Carrey (fimile), h Paris. Casati ^CamiJle), propri«5laire, a Milan (Lombardie). XJV SOCll&Tifi IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCL1MA.TAT10N. Chagot ain^, n^gociant en plumes et fleurs , membre de la Commission pour la revision du taiif des douanes , Ji Paris. Chambert (le docteur), ctiirurgien en chef des hospices de Laon, president du Corait^ d'hygi^ne de I'Aisne, h Laon (Aisne). Chazereau, secretaire du Cornice agricole d'Aubigny-sur-Nerre (Cher). Chouippe (le docteur Adolphe), i Ivry (Seine). CtiET (tmile;, proprietaire auB(5rard, prfes Voiron (Is^re), et ci Paris, Collet (Anaiole), proprietaire, k Lagny (Seine-et-Marne). COLMONT DE SAINT- JuLLE (dc), inspectcur des finances, a Paris. Colon JON (Henri de), proprietaire, h Saint- Vallier-sur-Rhone (Dr6me). CoNNEAD (le docteur Henri), premier m«5decin de S. M. I'Empereur, a Pari* CONSTANTiN (le docteur Sabin), k Poitiers (Vlenne). CossoN (le docteur Ernest), proprietaire, ci Paris. CosTALLAT (Ic docteur), a Bagnferes-de-Bigorre (Hautes-Pyrenees). Crepet (Eugene), proprietaire, h Paris. CRfevECOEDR (le marquis de), prefet des Bouches-du-Rhdne, a Marseille (Bouches-du-Rh6ne). Cumenge (fidouard), ingenieur des mines, h Paris. Dalesmes (le baron), proprietaire, h Villecresme (Seine-et-Oise) el h Paris. Dacrier (le baron), directeur de la ferme et des bergeries imperiales de Rambouillet (Seine-et-Oise). Decaix de Saint-Aymour (le vicomte), ci Senlis (Oise). Delaronde, proprietaire, h Poitiers (Vienne). Delehaye (Aiiguste), proprietaire, h Saint-Omer (Pas-de-Calais). Delmas, ancien secretaire general du Ministfere de Tinterieur, ancien prefet, proprietaire i Boussarocque, prfes Montsalvy (Cantal). Delpuech de Lomede, proprietaire h Saint-Andre, prfesle Vigan (Gard). Denis, ancien depute, ancien membre du Conseil general du Var, h Hy^res (Var). Denningef, conseiller municipal, ci Stuttgard (Wurtemberg). Derbes (Alphonse), professeur d'histoire naturelle k la Faculte des sciences de Marseille (Bouchcs-du-Rh6ne). Deyrolle (Henri), ci Paris. Domenger, membre du Conseil general des Landes, k Mugron, arrondisse- ment de Saint-Sever (Landes). Douillaud, proprietaire, a Audenge (Gironde). DuFOURNEL, ancien depute, k Gray (Haute-Sa6ne). Ddpont, medecin-veterinaire, secretaire de la Societe d'agriculture, k Bor- deaux (Gironde). DuPRE de Saint-Madr (Jules), proprietaire de la ferme modfele d'Anbal, province d'Oran, k Anbal (Algerie), et a Paris. Duval, proprietaire agricuUeur, a Saint-Maurice-sur-rAdour (Landes). PnvAL (Jules), ancien colon en Algerie, h Paris, LISTE SUPPLEMENTAIRU DES MEMBKES. XV Fauche (Gaspard-Adolphe), ancicn consul, h Paris. Fenouillet (Lc^once de), propri^taire, au ch&teau de Tiloin pr^ le Pom- pidou (Lozftre). FoRTiER (Pierre-Thomas-Pascal), associd de la maison Forlier el Maillard, fabricant de chMes, k Paj'is. Garnier-Savatikb, invenieiir breveld des pficheries oc^aniennes sus- marines el de pisciculture, h Marseille (Bouclies-du-I\lidne). Gasc-d'IIadancourt (le docteur Jules), ci Paris. Geofkroy-Chati:;au (tUppolyte), propri^taire, juge au tribunal de Bcrnay (Enre). Gerard (firaile), nt5gociant, conseiller municipal, h Toulon (Var). Germain de Saint-Pierre (le docteur), propri^taire, au chateau de Bessay prfes Domes (Niiivre), et h Paris. GiLLOT Saint-£:ve, professeur de chimie ci la Faculty des sciences de Poitiers (Vienue). GiRARD, y^t^rinaire en chef de la garde municipale de Paris. GODRON, ancien recteur de I'Acad^mie de Montpellier, doyen de la Faculty des sciences de Nancy, president de la Socl^td r(5gionale d'acclimalation du nord-est, h Nancy (Meurthe). GOJON (Henri), propri^taire, h Francin (Savoie), el h Paris. Gradx, cultivateur, h la ferme de \lauchamps pr^s Bdry-au-Bac (Aisne), Gros (Jules-Gabriel), n^gociant, «t Mulhouse (Uaut-Rhin). Gd^rin de Waldersbach (le baron .lean-Jacques-Guillaume), colonel au 3* spahis, h Paris. Gdibodt (Jules), fabricant, h Paris. Gdidi (Ijouis), membre de la Soci^t(5 m^t^orologiquede France, propridtaire, h Pesaro (£tats romains). Gdillon des Brulons, propri^iaire, ancien receveur de I'enregistrement, ci Lagny (Seine-et-Marne). Gdyet-Desfontaines, ancien d^put^, h Marly-le-Roi (Seine-et-Oise), et h Paris. Hamonville (Louis d'), au chateau de Manonville pr^s Noviant-aux-Prfe (Meurthe). Herr (Georges), manufaciurier, a H^ricourt (Haute-Sadne). . Uerve de Lavaur (le docteur), h Paris. Heurtaud de Saint-Christophe, h Saint-Christophe (Indre). HoEFFELY (Henri), manufacturier, h Pfastalt prfes Mulhouse (Haut-Rhin). HOFER (fidouard), manufacturier, a Mulhouse (Haut-Rhin). HOMBRES-FiRMAS (Ic barou d'), membre correspondant de rinstilut, h Alais (Card). HODZEAU (Paul), propri^taire 5 Reims (Marne), et ci Paris. HCGUES (Henri}, ct Paris. IvERNOis (d'), proprit^taire, a Ilyferes (Var). JypNGER (le docteur), h Colmar (Haut-RUin), XVI SOCIETY IMPEIUALK ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Jars, ancien ddputt?, a Paris. JONQUifeRES (le comte Henri de), a Paris. Jdsseradd (le docteur), ancien d^put^, president du Cornice agricole de Rlom (Puy-de-D6nie). KHALiL-BEY(S.-E.),commissairedeS. A. le Vice-roi d'figypte prfes TExpo- sitlon universelle, au Caire (Egypte). Labretonniere (Adolphe de), membre du Conseil g^n^ral de la Dr6nie, maire de Crest (Dr6me). Lacaille (le docteur Louis-Philippe), h Rio-de-Janeiro (Br^sil). Lacoste (de), propri^taire, ci Paris. Laisn£, v^t^rinaire en chef au 17* regiment d'artillerie, a Vincennes (Seine). La Motte (A. de), propridlaire, h Liffrd (Ille-et-Vilaine), et h Paris. Lanseigne ain(5, n^gociant en laines frangaises et ^trangferes, c» Paris. Laplace, consul g^ndral de la R^publique du Paraguay, ti Paris. La Rochefoucadld (le vicomte de), h Paris. La Rochette (le baron de), propridtaire, h Paris. Latham (Charles), n^gociant, au Havre. Laurence (ain^) percepteur de la ville, h. la Flfeche (Sarthe). Lebel (le docteur Charles), S Vincennes (Seine). Lebrdn-Verneuil, propri^taire, a Paris. Le Chevalier (Armand-Gilbert), administrateur du journal I' Illustration, h Paris. Lechevalier (Victor), ancien offlcier d'artillerie, k Paris. Lefebure dd Bus, ci Abbeville (Somme). Lemonnier (Charles) , docteur en droit, h Paris. Lentillac (de), directeur de la ferme-^cole de la Dordogne, au chateau de Lavallade, par Bourdeilles (Dordogne). Le Pin (le baron), h Paris. Le Sergeant de Monnecove (le baron Louis), propri^taire, JiSaint-Omer (Pas-de-Calais). Lesieur, propri^taire, h Paris. ^ Levis (le marquis de), propri^taire, h Paris. LiENARD p^re, propri^taire, membre fondateur de la Soci^t^ royale des arts et sciences de Tile Maurice, & Port-Louis (ile Maurice). Li]£nard (Alfred), id. Li^NARD (Cheri), id. LiENARD (Elis^e), id. LifNARD (Jules), id. LiRON d'Airoles (Jules de), propria tai re , ci la Civelifcre prfes Nantes (Loire- Inf^rieure) . Llorente y Lazaro (Ramon) , professeur a I'Ecole vetdrinaire, h Madrid (Espagne). Luce (Timoth^e), propri^taire, a Paris. LISTE SUPPLJ!:MENTAIRE DES MEMBRES. XVII Mac£ (Jean), professeur, h Bcblenheim (Has-Rliln). Maill£ (le due de), proprielaire, 5 Cliiteauneuf (Cher), et k Paris. Mailly (le comte de), a Paris. .,;>;. Malapert, professeur h I'ficole prdparatoire de mddecine de Poitiers (Vienne). Mal£zieux, proprielaire, au Petit-Fresnoy-Gricourt prfes Saint-Quentin (Aisnc). Malingi^, proprielaire agriculleur, h Verri^res pr^s Bourges (Cher). MANis, proprietaire, h rile de la I\($union, et dei^gu^ de cette colonic en France, a l^aris. Marignan (Hubert de), propridtaire, a Bayonne (Basses-Pyrenees). Marozeau (Philippe), ci Wesserling (Haut-Rhin.) Martelet, ancien maire du 7* arrondissemenl, ancien membre de la com- mission municipale du departement de la Seine, professeur h Tficole centrale, a Paris. Massez, proprietaire, a Paris. Mauduyt, pharmacien, h Poitiers (Vienne). Mazdc (£mile), a Pezenas (Heraull). Menville (le docleur), h Paris. MiCHELET (Henri), proprietaire, h Senlis (Oise). MiTivi^ (Albert), ^ Paris. MOLINOS (Paul), ^ Paris. MoLY ( fidouard de) , secretaire de la Societe d'agriculture de ia Haute- Garonne, k Toulouse (Haute -Garonne). MONJARET DE Kerjegu, directeur de la ferme-ecole de 'lYevarez pris Cha- teaulin (Finistfere), h Brest (Finislfere). MONTALEMBERT d'Esse (le comte de), au chateau de Cairon prfes Brelteville- rOrgueilleuse (Calvados). MONTEBELLO (Ic maiquis Alfred de), proprietaire, negociant en vins de Champagne, h Mareuil-sous-Ai (Marne), el h Paris. MONTREUiL (le baron de), proprietaire, h Gisors (Eure), et h Paris. MORTEDiL (le comte de), k Laborite pr^s Paulhaquel (Haute -Loire). NouGARiDE (Adrien de), proprietaire, k Paris. Oger, ancien depute, a Paris. Ollagnier (Jean-Baptiste-fedouard), proprietaire, h Lagny (Seine-et- Marne). OuNOCs (Leo d'), proprietaire, h Saverdun (Ariege). Paillart (Louis-Stanislas), proprietaire cultivateur, au chateau d'Hymme- ville(Somme), membre de la Societe hippique el du Cornice agricole d' Abbeville et de la Societe imperiale et centrale d'horticullure, h Paris. Paradis (Henri), h Paris. Partiot (Gaetan), attache au mmistfere des affaires eirangferes, h Paris. Pascal (Albert), banquier a Marseille (Bouches-du-Rhone). ^ . XVIII SOCIETI?. IMPf.RIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. Pauvert (I'abbe), clianoine honoraire de Poitiers, a Targ^ pres Cliatelle- rault (Vienne). P^couL, ancien niembre de I'assemblde legislative, h Paris. Pelouze (Eugfene), h Paris. Perdonnet (Gustave), propridtaire, a Lausanne (Suisse). P£rier (Adolphe), conselller r^Krendaire, ci lacour des comptes, h Paris. PfiRRiN (Joseph-Dominique), agronorae, a Cournon (l'uy-de-D6me), et a Paris. Perrot (Edmond), naturaliste prdparateur, attache au Museum d'histoire naturelle, a Paris. Perthcis (le comte Amable de), h Paris. PiAzzoNi (Costanzo), propridtaire, ci Bergame (Lombardie), et h Paris. PiCHAUD (Max.), n(;gociant, membre dela Socidted'horticulturede Marseille (Bouches-du-I>h6ne). PiCKE de Peteghem. propri^taire, h Gand (Belgique). Pictet (F.-J.) professeur d'anatomie comparde S rAcaddmie de Genfeve (Suisse). PiocHE (Alfred;, proprletaire, .i la Ville-Evrard prfes Neuilly-sur-Marne, el c» Paris. Plessis d'Argentri5 (Charles du), h Argentrd (llle-et-Vilaine). PoRTALis, receveur g(5n6ral, 5 Orleans (Loiret). POCLAIN DE BossAY, propricHairc, ancien conseiller de I'Universitd et ancien proviseur a Paris, membre du Comitd central de la Soci(5t(5de g<5ographIe, k Paris. Qdinette, conseiller d'fitat, a Paris. Raigecourt (ic comte de , i Paris. Remont, pdpinidriste, & Versailles (Selne-et-Oise). ' Renard, ancien ddldgud de Tlndustrie parisienne en Chine, h Paris. Reward (Albert), propri(5taire, a Amiens (Somme). '• R^TiF (Henri), propridtaire, a Paris. Revenaz (Alexis), administrateur de la Compagnie impdriale de la naviga- tion de la Mdditerrande, ci Paris. R6VENAZ (Gustave), administrateur de la Compagnie impdriale de navigation de la MMiterrande, & Paris. -^ . Rfiv^REND, mddecin, h Sainte-Marthe (Nouvelle-Grenade). * RiEDER (Amddde), manufacturier ci Rixheim, prfes Mulhouse (HautRhln). RiSLER (Kugfene), a Paris. Robin (fidouard), professeur de chimie et d'histoire naturelle, Ji Paris. Rota (le docteur), mMecin de la maison d'alidnds de Picpus, h Paris. Roux (Albert de), propridtaire, ci Marseille (Bouches-du-Rhone) et & Paris. Saint-Leon, ancien chef de la Gare du Nord, directeur de la Socidt^ des sangsues, ci Aronville, pr^s Pontoise, et ci Paris. Saist (le vicomte Louis de), directeur de la ferme-^cole de Gastellaouenan, prfes Carhaix (C6tes-du-Nord). L18TE 8UPPL16mBNTjMRR DKS MRMBRRS. XIX Salvignac (Antoine), professeur de sciences physiques au Lycde Louis le Grand, i Paris. Sargenton (l''r^d(5ric),propri^talre, 5 la Ctiapelle-cn-Serval (Oise),et aParis. S£n£clause (Adrian), liorticulleur, 5- Bourg-Argontal (Loire). SiCARD (le docleur Adricn), secr(!lairc de la Socldtd d'horticulture de Mar- seille ;Bouches-du-Rli6nc). SiZERANNE (Fernand de la), au cliAteau de Beausemblant, prts Saint-Vallier (Drdme) et h I^ris. SOHIER (L^on), propri(5laire, ci Paris. Styrbey (le prince Georges), dc la Valachie, h Paris. SosiNi (le vicomie Klorimond de), ancien oflicier de cavalerie, president de la Soci^t^ d'agriculture de Sarttne (Corse). Tadnay (le major), propri^laire h Tijuka, prfes Hlo-de-Janeiro (Br^sil) et S Paris. Terson-Paleville (le docteur Isidore de), k Revel (Haute-Garonne). Theillier-Desjardins, proprietaire et banquier, a Saint-Quentin (Aisne). Thenard (Paul), propri«5taire, h I'aris. Therme (Joannes), mcmbre du Conseil g^n^ral du RliOne, maire de Saint- Just-d'Avray (IShftne). Thierry (le docteur), membre du conseil municipal de Paris. Thouas, proprietaire, h Aubigny-sur-Nerre (Cher). TORGAN, directeur du Moniteur universcl, h Paris. Turin (le marquis de), proprietaire, a Nogent-le-Rolrou (Eure-et-Loir). TuTSSDZiAN, proprietaire en Cilicie (Asie Mineure), a Constantinople. Van Blarenberghe, ingenieur des pontsetchaussdes, h Honfleur (Galvadosj. Vandercolme (Alexandre), courtier maritime, h Dunkerque (Nord). Vavin, ancien depute, h Paris. ViCAiRE (Henri), administrateur general des domaineset forfits de la Cou- ronne, h Paris. ViEL, negociant, au Havre (Seine-Inferieure, . VoiLLEMiER (le docteurj, ^ Senlis (Oise). Vrolik (le docteur), secretaire general de T Academic royale d'Amsterdam, (Pays-Bas). •"*" ' XX SOCll&TE IMPlfeRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ADDITION A LA LISTE DES MEMBRES TITULAIRES. Membres admis dans la seance du 4 avril 1856. MxM. Bosquet (le mar^chal), a Paris. Melzi d'Eril (le comte Jean de), proprietaire , h Milan (Lombardie), S. A. le prince Abdui-Haum-Pacha, gouverneur du Soudan. S. K. Artin, bey de 1" classe, ex-ministre des affaires dtrangtres , cotn- mandeur de I'ordre imperial de la Legion d'honneur et des ordres de Gr^goire-le-Grand, de I'Aigle rouge de Prusse et de Sainte-Anne de Russie, grand-cordon de Naples; iftikar, membre de la Soci<5t6de geogra- phic et de la Soci^td asiatique de France, a Alexandrie. MM. Clot (S. E.), bey de 1" classe, docteur en m^decine et en chirurgie, inspecteur du service m(5dical civil et militaire d'Egypte , president du Conseil de sant^ , membre de rAcad^mie imp^riale de m^decine de Paris, membre de rAcad^mie royale des sciences de Naples, president honoraire de la Socit'td d'acclimaiation des Alpes, commnndeur de la Legion d'honneur, & Alexandrie. Derviedx (Edouard), agent des services maritimes des Messageries imp^- riales, i Alexandrie. KOENIG (S. E. Mathieu-Augusle), bey de 1"= classe, secretaire des com- mandementsde S. A, le Vice-roi d'figypte, chevalier de la Ldgion d'hon- neur, offlcier de I'ordre de Leopold et de la Couronne de fer, comman- deur du Midjidie et du Nicham, h Alexandrie. Ltghodnes (Jean-Wonidas), ing^nieur au service de S. A. le Vice-roi d'Egypte , h Alexandrie. Pastre, banquier, chevalier de la Legion d'honneur, h Alexandrie. S. E. PSki-Bey, attache au secretariat des commandements de S. A. le Vice- roi d'figypte, a Alexandrie. S. A. POLFAKAR-PACHA, iutcndant general des finances, beyleyrbey, com- mandeur de I'ordre imperial de S. M. Francois-Joseph, a Alexandrie. M. Sabatier (Remond), consul general, charge d'affaires de France en Egypte, commandeur de I'ordre imperial de la Legion d'honneur, etc., president du Comite d'acclimaiation (1) forme h Alexandrie. (1) Ce Comite d'acclimatation, qui sera pourl'figypte, vis-a-vis de la Societe, ce que sont, dans les Colonies frangaises, les huit Comites locaux tout recemment institues par S. E. le Ministre de la marine (voy. p. 144), vient d'etre forme (mars 1856) a Alexandrie par les soins de M. Sabatier, charge d'affaires de France, de concert avec M. de Monligny , envoye plenipotentiaire a Siam (alors de passage en Egypte), etM. Jomard, de I'lnstitut, tous deux membres de la Societe. BULLETIN MENSUEI, DE LA SOGIETE IMPERI ALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle le tO F^vrier i85-l. r } '■■ ■ ! ■ I. TRAYAUX DES HEMBRES DE LA SOCI^Tl RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOClfiTE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION EN 1855 Par M. Aug. DUMilRIL, Secretaire des feances. (Seance du 21 decembre i855.) Messieurs, Au moment oix notre Societe ouvre sa troisi^me session, il a paru convenable au Conseil qu'une analyse de nos travaux fut souniise a voire appreciation eclairee. En I'absence de notre honorable secretaire general, M. le comte d'Epremesnil , j'ai ete charge de prendre aujourd'hui la parole devant vous, et, osant esperer en votre bienveillance habiluelle, j'ai volontiers accepte cette mission, car le resume rapide que je dois vous presenter vous montrera nos progres dans la voie nouvelle que nous parcourons d'un commun accord. Notre but, qui est le perfectionnement des races, mais sur- tout racclimatation des animaux utiles, et, par suite, des vege- taux etrangers a notre sol, ne pouvait ^tre alteint avee quelque T. III. — Janv. iSrM. 1 2 SOCIETK IMPERIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMAIATION. promptitude que si cqttp grj^pdQ \(\t)e, nettement Tormulee et hardiment acceptee par notre savant President et par les zeles fondateurs dela Societe, etait re^ue avecsympathie. Or, mes- sieurs, yqtres pfespqcc daps cette enceinte, qui renferrne tant d'hommes eclaires, et I'empressement avec lequel on a repondu de toutes parts , en France et a I'etranger, a I'appel fait en faveur d'une tentative si utile al'epoqiie o\\ nous yivpns, mon- trent, sans qu'U spit neqessqirp d^y jnsisier, que 1§ moment elait venu d'aborder par la pratique I'etude des questions im- portantes qui soiit I'objet de nos recherches. A ce zele si louable de notre Societe il est venu se joindre une autre cause de succes : je veux parler de la sanction supe- rieure accqr^^e a qqs |^fivau:^. Pp^re \p bi^i:)vqil|q,i:]|t appui que S. Exc. le ministre de I'instruction publique et des cultes , M. Fortoul, a bien voulu nous accorder lors de notre fonda- tion , un rapport de S. Exc. le ministre de I'agriculture , du commerce et des travaux publics, M. Rouher, a motive un de- cre!|, irpperi^l, er^ date d^w 26 fpyrier 1855, qui q rpconqij notre Societe comme etablissemenL cl'utHite publique. De plus, enfin, vous vous le rappelez, m^e.ssipijrs, ^. j^. Tplmpereur nous a au- torises a inscrire son nom comme protecteur en t6te de la liste de nos membres; et cette liste, couverte des les premiers mo- ments de tant de signatures, puisrapidement accrue de semaine en semaine, compte aujourd'bui 901 membres, repartis non- seulement dans tous les Etats de I'Europe, mais dans toutes les regions du monde. Aipsi, plus qousuvanQons, plus nous avons 4 nops feliciter de I'euipressen^ent avec lequel on continue a se joindre a nous. Ce n'est pas toujours isolement, au reste, que Ton s'est rallie, et plusieurs societes deja etablies, animees du 4§^ir (ie conlribuer au sypces rte. noire cause, ou des societes qouyellcment fondees, opt demande a entretenir avec nous des relsnions officl^lles. Le terme (['affiliation , employe par ces sppietes, dit assez, comaie I'afaitremarquer M. de Quatrefages dans un rapport sur ces demandes, quels sentiments animent ceux qui se sont aclresses a votre (lonseil. Aussi somrnes-nous heiireuv de vpir marcber dans la meme direction que nous, Gomp^e affiliees, les Societes zoologtques d'accUmatation pourr la TBAVAU:^ \iV. lA SO<:|ETt. 8 region lies Alpes cl pour la region nord-esl Ue la France, fon- dees t|ans le butd'appliquer a des portions delerminees de notre pays Ics principes exprimes dans nos slatuts constitutifs. C'est egalomenl avec une yive salislaction que nous comptons parmi nos socieles correspondantes le Cornice agricole de Toulon, la Saddle d'emulation, d' agriculture, sciences et arts^ du d4par- Ument de I'Ain^ ceWo d' agriculture de Verdun, celle d' agri- culture, belles-lettres , sciences et arts de Poitiers; la Soci6t4 proteclrice d'animaux siegeant a Lyon, ei\es Soci^t^s d'utiliti publique el agricole d' expertise mutuelle de Lausanne , asso- ciations deja existanles, ([ui toutes out voulu se rattacher a liolre piuvrp. Cette cpuvre, iiousl'avons franchement entreprise. Non-seu- Jenient des recherches inslruclives, dues a voire premiere sec- (iqq, ayant pour rapporteur M. Dareste, el a M. F. Prevost, nous pnt appris qupls sont les animaux donl il est utile et sur- tpi4t donl ii est passible de tenter racclimatation ; mais des es- sais d'inlrodqction out ete deja fails, el les succes obtenus jus- qu'a ce jour permeltent d'esperer leur reussite definitive. J'aime a penser que vous partagerez avec moi ces esperances, quand j'aurai mis sous vos yeux le tableau de ce que nous avons en- trepri^ ou realise cette annee. Si nous npus occupons d'abord des animaux inferieurs, nous voyons les etudes relatives aux Insecles producteurs de la sole lenir une place Ires imporlanle dans nos travaux, et je me (.rqwve ainsi amene a voqs rappeler le nam de M. de Monligny, I'un de nos membres honoraires qui ontle plus ulilement servi r^plre c^use, el donl la mission actuelle en Cochinchine et dans le voyauqip de Siam, CQmme envoye plenipotentiaire, ne pent m?ipquer, grace a son zele, de nous fouvnir I'occasion de nou- veaux et heureux essais. Apres s'6tre etlbrce de suppleer, par rinlroductjoii d'oeuls du Bombyx du Miirier provenant de la race la plus estimee en Chine, a nos races de Vers a soie, mal- heureusemenl degenerees, il a voulu doter noire pays d'une espece sauvage qui vil sur le Ch6ne dans la partie septentrio- nale de eel empire. Ses produits, moins beaux, mais plus du- rables, dun prix moins eleve, et servant, dit-on , a v^lir h SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOniQUE d'aCCLIMATATION. 120 millions de ('hinois, seraient tres precieux pour notre pays, ou manque la soie plus commune connue sous le nom de soie tussali. Ce Papillon du Ch^ne, ou Bomhyx Pernyi, n'estpas le seul, au resle, qui fournisse cette soie, et la Societe a recu, dans le courant de I'annee, de M. Perrotet, directeur du jardin de bo- lanique de Pondicliery, des coeons d'une autre Chenille, celle du Bomhyx Mijlitta, dont les produits ne sont pas moins im- portants. Nous eprouvons, d'ailleurs, le plaisir de pouvoirvous annoncer I'heureux succes de I'education du Ver a soie du Ricin, ou Bomhyx Cynthia, originaire du Bengale, et entre- prise en Algerie , ainsi qu'en Espagne, par nos confreres MM. Hardy et Robillard, et sur une plus grande echelle qu'on ne pent le faire en Franco. C'est encore dans notre belle colonic africaine que nous pourrons esperer le developpement d'une race du Senegal, adressee par notre confrere M. Barthelemy Lapom- merSiYe {Bomhyx BQuhinice). Elle vit sur un 3 uiuhier {Zizyphus orthacantha) tres voisin de I'une de nos especes algeriennes. Peut-6tre pourra-t-on, comme semble I'esperer M. le docleur Ch. Coquerel , qui nous a envoye un interessant memoire , y voir prosperer des Vers a soie de Madagascar, toujours reunis pour tisser en societe des coeons gigantesques, dont la soie est utilisee dans cette ile pour y fabriquer des eloffes qui vous sont connues par quelques ecbantillons places sous vos yeux dans une des seances du mois de fevrier. De la Louisiane nous avons regu, par les soins de M. le consul Roger, des coeons formes par la larve du Bomhyx Polyphem,e. Leur prompte arrivee a ete facilitee par I'obligeante interven- tion de notre confrere M. Drouyn de I'Huys, alors ministre des afTaires etrangeres, et qui avail bien voulu accorder a la Societe le plus chaleureux appui pendant qu'il dirigeait le ministere des relations exterieures. L'Amerique du Sud possede aussi des Papillons producteurs de soie, et c'est avec inter^t que vous avez appris le present fait par notre confrere M. John Lelong, de quelques coeons en bon etat d'une espece dont la Chenille vit sur un arbre de la famille des Terebinlhacees. THAVAUX DE LA SOClETJt:. 5 II est d'ailleurs important de rappeler que la larve de ce Lepidoptere (Bombyx Aurota) et celle du Ver a soie de la Loui- siana paraissent 6tre polyphages , ainsi que d'autres especes voisines, circonstance eniineniment favorable , comme on le coniprend, pour le succes de raccliinatation. Cette question et plusieurs autres, qui se rattachent aux progres de la sericicul- ture parnii nous, out ete etudiees cette annee, dans le sein de ia Societe, par MM. Guerin-Meneville, Chavannes et differenls autres nienibres. Leurs travaux ont ete successivenient inseres dans les onze premieres livraisons du 2" volume de votre Bulletin, qui contientegalement des details sur I'education des Abeilles donnees par MM. les docteurs de Beauvoyset lebarou de Montgaudry. Vous avez vu aussi dans ce recueil periodique, et je ne dois pas manquer de le rappeler, que le zele de nos confreres MM. Coste, Millet, Poucbet, le baron de Tocqueville etle mar- quis de Vibraye, qui s'occupent de la pisciculture, ne s'est pas ralenti. Loin de la : au lieu de se borner aux moyens les plus efficaces d'arriver, dans un espace de temps plus ou moins long, au repeuplement de nos cours d'eau, malheureusement appau- vris sur un grand nombre de points de la France, les etudes actuelles portent, en outre, sur les tentalives a faire pour ob- tenir au bord de la Mediterranee et de I'Ocean, dans des bas- sins remplis d'un melange d'eau douce et d'eau salee, la repro- duction abondante de Poissons marins. On pourrait, en effet, en conserver ainsi un grand nombre dans uiie sorte de capti- vite, et, en les rejetant a la mer quand ils seraient parvenus a un developpement suffisant, on aurait lieu d'esperer, par cette sorte d'ensemencement des eaux, de voir se repeupler les cotes qu'elles baignent. On doit done compter sur la continuation de succes qui peuvent avoir une si bienfaisante influence, en fournissant d'abondantes ressources a I'alimentation. Je ne puis pas laisser ce qui concerne les animaux aquali- ques sans signaler I'attention toute particuliere que vous avez apportee a la question tres importante de I'elevage des Sang- sues, dont il serait si essenliel que la multiplication fiit consi- derablement augmentee, en raison de leur rarete actuelle et du 6 SOCllETE IMPERIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. prix eleve auquel lo commerce est oblige cle les mainieuir. Un questionnaire tres detaille, redige par notre Confrere M. de Quatrefages, et dont les reponses ne sauraient manquer d'eclai- rer les points encore obscurs de celte industrie, a ete repandu en grand nombre. Dejaon a recueilli d'interessaiits documents. Le Bulletin conlient, en particulier, ceux qui nous ont ete fournis par M. Saint-Leon . Je dois enfm mentionner un travail de M. le marechal Vail- lant, qui porte le plus vif inter6t a notre association, heureus<». de trouver dans ce haut dignitaire, que nous avons I'honneur de compter parmi nos membres, une protection tres precieust, en raison des ressources incalculables jusqu'a present, mais certainement fort importantes, que pourra fournir le sol de I'Algerie, genereusementmis a notre disposition par S. Exc. le ministre de la guerre. Ce travail a pour objet la p6che du Corail sur les cotes de I'Afrique fran^aise, et M. le marechal, aprfes avoir presente tous les documents qui se rapportent a ce sujet, reclame les lumieres de notre Societe pour aider a la solution de ces deux graves questions : 1° Par quels moyens poufrait- on determiner nos armatcurs et nos marins, en France et en Algerie, a se livrer a la peche du Corail, dont les benefices soht evalues a 6 millions de francs environ ? 2o Comment raviver en Prance la fabrication du Corail et assurer a ce produit des debouches au dehors ? Relativement a I'acclimatation des Oiseaux, un grand pas a ete fait : car notre Societe , dont la fondation remonte a une epoque si pen eloignee qu'elle n'a que vingt-deux mois d'exis- tence, doit compter pour beaucoup, la oii des resultats bien manifestes ne sont pas encore venus eouronner ses efforts, les etudes serieuses auxquelles elle s'est livree sur la convenance ou sur Topportunite de telles ou telles tentatives, et sur les meilleurs moyens a mettre en usage pour entreprendre d'une facon serieuse , et avec le moins de chances d'insucc^s qu'il sera possible, les essais de perfectionnement de races, I'intro- duction et la domestication dans notre pays d'especes nouvelles qui nous manquent. Or, ces etudes ont ete suivies avec perse- verance par votre deuxieme section , et le rapport presente TRAVAUX DE LA SOCIETE, 7 par M. Davelouis, au nom d'unc commission qu'elle avail nom- mee, vous a fait connaftre ses cdhclusinns snr le projet si utile de rotabiissement d'une oisellerie. D'tiutf-es Irjlvaux sur c6 siijet vous seront encore commtiniques dans' cetle seance ou dans la prorhainc. Rovrnant an recit des fails pratiques, je ddi§ i^Sj)f}e1^f StiHk sonv^nirs Ics details interessahts donnes dans hos seances par notre confrere M. Saulnier, slir lei Votin dfe la Cdlifdrhle, etfiSr M. Coeffier sur le Colin-houi , nomme vulgairement Perdrix d'AnieriqUe, dont il a obtenu une abondante reproduction. Quand viehdra le moment, pen eloigne srins doute, dii la So- ci^t6 pourra teriter par ellfe-mSrifie, fet sUr ses propres terrairis, des essais qui offriraient Un si j)uissJil1t iriterM , elle aura la satisfaction d'avoir, a Tavance, reunibien des elehienlspour la solution des questions qu'elle abordera jilu^ directefrient alors par la pratique. II en est, au reste, qu'elle traite deja de cette fa^on et avec bonheiir. Quels meilleurs exemples pourrais-je voiis citer a I'appui de cette Assertion que ceux qui nous sorit foilrnis par les differerites especes de 3Iammif6res qu'elle a introduits dans riotre pays, et dont I'acclimatation, commericee sous de falvo- rables aiispiccs , semble dfevoii' s'accomplir de la itiarliet'e la plus lieureuse, a eii juger par les boris resultals deja obteniis? Tels sont nos Yaks, dus a la perseverante energie de M. de Montigny, et dont I'excellent etat de sante, facile a observer sur les individus nburHs a la menagerie du Museum, est sigttale dans les rappofts circonslancies que nous adressent, des divers points de la France ou ces precieux animaux ofit et6 dissemines, nos cbhfrercs S. Elc. M. le comte de JWorny, MM. Ctienot de la Malc6te, Jobez et Montaubin, qui en ont accepte la surveillance et la direction. Je me hate d'ajouter <][ue la reproduction de ces animaux nous donrte les meilleures flssurahces, [ibisque de jettnes individus , nes dcpuis I'arriv^e du troupeaU, ont porte de 12 k 17 lenombrc des t^tes dont il se compose. Telles soht encore nos Chevres d'Atigora. Leur introduction a ^t^ I'objet de I'urt des premiers vofeux dfe hotrfe Societe hais- 8 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. sante appelee , des son origine, a s'en preoccuper serieuse- ment, par suite des sollicitations pressantes et des offres gene- reuses de notre collegue M. le professeur Sacc. Grace au don que nous a fait M. le marechal Vaillant de 16 individus qu'il avail re^us de Vemir Abd-el-Kader, et auquel nous avons pu en joindre 76 autres acquis a Angora m6me, par les soins eclai- res de nos confreres M. le general Daumas et M. le baron Rous- seau, consul de France a Brousse, nous possedons maintenant de petits troupeaux de ces precieuses Chevres en voie d'accli- matation dans presque toutes nos chaines de montagnes. II y en a dans les Alpes, sur plusieurs points des Vosges, du Jura et du Cantal, et, de plus, sur I'Atlas; les Pyrenees, enfin, pourronten recevoir I'annee prochaine. En voyant les heureux succes obtenus jusqu'a ce jour, et en se reportant aux savantes et interessanles considerations emises sur cette race de Che- vres par nos confreres MM. de Tchihatcheff et Ramon de la Sagra, ainsi qu'aux recberches statistiques sur I'usage si im- portant de leur laine, consignees dans une lettre de M. Sacc, dont il vous sera donne lecture dans le cours de la seance, on peut se rejouir, avec ce dernier, de leur importation parmi nous. Notre Sociele a, en effet, entrepris par la de doter la France d'un animal dont la toison a la plus grande valeur industrielle, et qui parait appele a procurer de brillants bene- fices a I'agriculture fran^aise. II faut encore parler des excellentes Chevres laitieres d'Egyple donnees a notre Societe par le Museum d'histoire naturelle , a qui notre confrere M. le consul Delaporte les avait envoyees. Son lait, Ires abondant et etudie par M. Sacc, est environ deux fois plus riche en beurre que celui de la Vache. Son in- troduction dans notre pays , quand elle sera entreprise dans des limites moins restreintes, sera done une tres utile acquisi- tion. On en pourra peut-6tre dire autant des Moutons a grosse queue de la Caramanie , ou Karamanlis, que M. le marechal Vaillant a regus de I'emir Abd-el-Kader, et dont il a bien voulu nous faire present. Apres vous avoir fait connaitre nos progres dans la voie de 'acclimatation d'especes qui nous manquent, je ne puis negli- TRAVAIJX DE LA SOCIETE. 9 ger les tentatives poursuivies de differents cotes pour I'ame- lioration de nos races. Ainsi, on vous a plusieiirs fois entretenus cette annee de la toison remarquable de la race raerine dite de Mauchamp, du nom de la ferme qui a ete lemoin des succes oblenus par M. Graux dans les habiles croisements auxquels ii a soumis les animaux dont il voulait perfectionner la laine. En outre, vous avez reQu de remarquables et savantes notes de M. le general Daumas sur les Clievaux arabes et sur les immenses avantagc^s que pent fournir a notre cavalerie leur introduction dans les regiments. A ces communications, il s'est joint I'interet parli- culier de connaltre les opinions emises sur ce sujetpar Abd-el- Kader, dont on vante avec raison les profondes connaissances sur la race chevaline. Je viens de passer en revue, messieurs, parmi nos travaux relatifs aux animaux, ceux qui m'ont semble devoir fixer plus specialement votre attention ^ mais je n'aurais rempli qu'une partie de ma lache, si je ne vous entretenais aussi des essais entreprisdans le but d'arriver a la naturalisation des vegetaux utiles. Vous avez tons desire, messieurs , que noire association , malgre son titre de Societe zoologique, choisi pour exprimer que son but esscnliel est Tacclimatation des animaux, ne ne- gligeat pas celle des plantes dont les produits semblent pou- voir 6tre utilises. Conformement a cette extension de voire programme primi- tif, les tentatives ont dd se multiplier, par suite surtout des dons de vegetaux precieux de la Cliine rapporles par M. de Montigny. A diverses reprises, notre confrere M. le baron de Monlgaudry vous a fait part des resultats heureux obtenus jus- qu'a ce moment dans la culture des Glands de deux especes de Ch6nes de la Chine, dont les feuilles servent a la nourriture du Ver a sbie sauvage, du Sorgho, du Pois oleagineux, de I'Al- piste et de I'lgname. Diverses autres plantes, soil de la Chine, soit de contrees differentes, et dont rinlroduction dans notre pays serait tres desirable, sont egalement cultivees, et vous vous rappelez les appels qui vous ont ete fails par notre con- 10 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATIOIS . fr^re M. Tastet pour vous engager a doter la France du Riz sec de rinde, qui offrirait de veri tables ressources comme sub- stance alimentaire, et qui serait d'un puissant secours pour les pays arides et montagneux. Vous vous 6tes associes avec em- pressement a cette pensee, et nous devons en attendre les re- sullats avec confiance. Ceux que doivent donner TAlpiste et rigname sont des maintenant assures : I'un nous fournira abon- damment une semence tres appreciee pour la nourriture des Oiseaux de basse-cour ainsi que des bestiaux , et I'autre est appelea devenir pour I'alimentation un auxiliaire important de la Pomme de terre, et que rendent d'autant plus precieux la de- generescence etla rarele actuelle de cette derniere sur dn assez grand nombre de points de la France. 160,000 bulbilles d'Igname, distribues par la Societe en France et a I'etranger, promettent et, on peut le dire, assurent la promple multipli- cation decet utile vegetal. Voila, messieurs, quels sont les faits principaux qu'il etait necessaire de constater au moment ou le Conseil se presente de nouveau devant vous. Ce sont la de puissants encourage- ments pour notre zele et des motifs legitimes d'esperance pour I'avenir. Le r61e de notre Societe , dans les grandes questions d'agriculture et d'acclimatation , ne peut d'ailleurs manquer d'acquerir une haute importance. Vous en avez eu deja la preuve dans la demande que vous a faite Tun de ses membres, M. le due de la Uochefoucauld-Doudeauville , au nom de la Compagnie d' exploitation des landes de Bordeaux, dont il est le president, de donner votre avis sur les moyens a employer pour tirer le meilleur parti possible des diverses productions de la vaste etendue de terrain qu'elle possede. Or, vous savez avec quel soin cet avis a ete exprime dans le rapport si pleiri de faits precis que notre confrere M. Ricbard (du Cantal) vous a presente comme membre de la commission qui avait ete nom- mee a cet effet. Si de nouvelles adhesions nous arrivent sans cesse, si nous devons nous rejouir de ce que les idees qui ont servi de fonde- ment a notre association se repandent au loin et resolvent un accueil fftvorable, et si enfm il nous est permis de nous felici- TRAVAl'X DE LA SOCIl^/r^. li ter de ce que notre nombre s'accroit chaque jour, npus avons, d'autre part, a deplorer les vides que la mort a fails parmi nous. Trois de nos membres honoraires ont succombe depuis I'ou- verture de nofre derniere session : M. le general Carbuccia, qui, comme tant d'autres militaires, a peri dans la guerre d'O- rient, dont il a eUi Tune des premieres et des plus regrettables victimes ; M. I'amiral baron de Mackau, choisi tout d'abord par voire Conseil, en raison de ses efforts constants pour faire servir sa position elevee atiH ptb^tes d€ I'ftcclitnatation ; enfin, M. Andre-FrauQois Michaux, mort a qualre-vingt-huit ans, et a qui la France doit la naturalisation du Virgilia el de plusieurs aulres arbres, puis I'ouvrage si connu sur les Chines d'Ame- rique. En outre, il a pris part, pendant son long sejour aux Etats-Unis, a lous les travaux de son pere, etdont la naturali- sation du Catalpa, ainsi que de beaucoup d'arbres utiles, a ete le resultat. Michaux pere et Ills avaient aussi introduit le Colin. Parmi nos membres titulaires, il faut citer MM. Ducos , ministre de la marine et des colonies; Bertrand, membre du conseil general du deparlement de I'lsere; le comte du Bou- chage; Pescatore, consul general de S. M. le roi desPays-Bas a Paris ; le comte de Bellozane , le plus ancien de nos con- freres, apres les fondateurs , et enfin le venerable et savant M. Duvernoy, membre libre de I'Academie des sciences, qui avail pris une part importante a nos travaux par son remar- quable rapport sur les Yaks , insere au tome P"" de vos Bulletins. 12 SOCIETE IMPERIALE ZUOLOGIQLE IJACCLIMATATIOIN'. RAPPORT SUR LES DONS FAITS A LA SOCIETE PAR MM. LES COMMISSAIRES DES GOUVERNEMENTS ETRANGERS PRES l'exposition UNIVERSELLE POUR LA COLLECTION D'HISTOIRE NATURELLE APPLIQUEE FONDEE PAR LA SOCltTE. Commissaires : MM. le baron de Montgaudry, Richard (du Cantal), Valserres, et CiUi:RI]V-lfieiVEVILLE, rapporteur. (Seance du 21 decembre 1855.) II y a bientot un an, messieurs, vous adoptiez a runanimite les conclusions d'un rapport que nous avions I'honneur de vous faire sur une proposition d'echange de la collection des produits de la France contre ceux de la Russie, qui nous etait adressee par la Societe imperiale economique de Saint-Petersbourg, et vous decidiez que les echantillons offerts par cette savante Societe seraient conserves pour une Collection d'histoire NATURELLE APPLIQUEE ET COMPAREE , etahUssement d'utilite publique dont la Societe a eu la pensee , d^s sa fondatioriy et pour lequel dejd de precieux mater iaux ont e'tS recueillis (1). Depuis cette epoque, le nombre de ces objets s'est rapide- ment augmente par les dons de beaucoup de nos confreres, et surtout grace a la generosite de MM. les commissaires de plu- sieurs gouvernements etrangers, qui ont bien voulu seconder I'ulile initiative de la Societe Imperiale zoologique d'acclima- tation en mettant a sa disposition des series d'echantillons des produits animaux et vegetaux qui composaient leurs expo- sitions. Specialement cbarge par le Conseil de se mettre en rela- tion avec les honorables commissaires de I'Exposition, votre rapporteur a eu I'bonneur de leur ecrire pour leur faire connaitre le but que la Societe cherche a atteindre en reunis- (1) Voyez Bulletin n" 7, juillet 1855, p. 353 (sdance du 27 avril 1855). DONS FAITS A LA SOCI^Tl^. 15 sant les elements de cette collection. « Ce musee, disions-nous dans cette lettre, reellement d'utilite publique, etant forme par une societe qui compte des membres dans tons les pays, sera eminemment universe! et appartiendra a loutes les nations. Ce sera une collection des productions de toufes les con trees du monde, avec la serie des transformations que Tindustrie fait subir aux malieres premieres. Dans ce musee, les savants, les agriculteurs, les industriels et les negociants trouveront des renseignements dont ils ont besoin tons les jours etdes objets de comparaison qui les guideront silrement dans toutes les operations de leur industrie et de leur commerce. Enfin , il sera un puissant stimulant pour amener le progres en montrant les differences qui peuvent exister entre les produits de divers pays, et en excitant ainsi les nations et les agriculteurs qui n'obliennent encore que des produits inferieurs a perfection- ner leur agriculture et leur industrie. » La Societe attend de votre amour du progres, ajoutions- nous, une decision favorable a ses larges vues. L'indication de cequ'elle devra a votre genereuse intervention sera immedia- tement publiee dans ses memoires et scrupuleusement placee, ainsi que le nom des exposants, sur les etiquettes de ses objets dans son musee, ouvert au public des qu'il sera completement organise, ce qui fera connaitre la part que la nation dont yous 6tes le representant aura prise a cette fondation si eminem- ment utile. » L'importance et I'utilite generale de cette collection ont ete comprises, et notre appel a ete entendu. Nous avons regu I'accueil le plus sympathique de MM. les commissaires de plu- sieurs Etats, quise sont empresses de nous offrir les collections d'echantillons dont ils pouvaient disposer. Cependant plusieurs d'entre eux n'ont pu se rendre a nos desirs, et cela par un motif si respectable que nous devons nous applaudir de leur refus. En effet, s'ils n'ont rien pu nous donner, c'est parce qu'ils avaient re^u de leurs gouvernements la mission d'ofFrir loute leur exposition a S. A. I. le prince Napoleon, pour 6tre vendue au profit des families des beroiques soldats lues ou blesses en Crimee. ih SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. Cependant cette circonstance ne nous privera pas de tons ]es olDJets qui nous auraient ete si utiles pour nos collections : car vos commissaires, en entrant en relation directe avec les exposants etrangers et leurs representants, ont re^u la pro- messe de beaucoup d'entre eux qu'ils s'empresseraient d'en- yoyer a la Societe les echantillons qu'elle leur demanderait, des qu'ils seraientrentres chez eux. Pour abreger cp rapport, nous nous abstiendrons d'entrer clans le detail des avantages qqe presentera la collection que nous avons commenep a notre debut : car c'est dans notre pre- j^iiere stance, le 10 fevrier 185Zi (1), qpe votre rapporteur a eu I'bonneur de prendre I'initiative en faisant le premier don a la ^ociete. Qu'il nous soit permis seulement d'indiqqer les avan- tages que les personnes qui veulent s'occuper d'acclimatation retireraient de I'etude dans ce musee d'une serie d'ecbantillons de matieres textiles ' anirpales et vegetales, de laines, par exemple, provenantde tousles pays, rapprochees dans un clas- s^ment geographique et portant des etiquettes assez detaillees poi^r §uppleer presque a la trop longue lecture d'un traite. Que d'utiles enseignements on obtiendrait aussi de I'examen comparatif de toutes les races de cocons, des diverses varietes (^e Lins et Chanvres , cle tputes les especes el varietes fie (i) BuUelin du IQ Wvrier 1856, n" 1*% p. M. C'est ci Toccasion de cette offre que j'ai parl^ a mes collegues de I'idee que je nourrissais depuis long- temps d'une collection d'histoire naturelle appliqu^e. J'avals renouvele cette proposition, en 1849, en adressant au ministie le programme d'un Cours de zoologie appliquee aux arts agricoles et manufacturiers, dont je demandais la creation au Conservatoire des arts et metiers. En effet, a la ^Viite du plan d^laill^ et du sommaire des lemons que je proposals de faire, je disais : « Le professeur r^unirait une collection de toutes les matieres premieres provenant des animaux et que I'industrie emploie et transforme continuellement ou que le commerce exploite, 11 reunirait aussi une collec- tion des v^g^taux qui sont attaqu(5s par les insectes, pour montrer les alte- rations qu'ils produisent ; des grains sains et attaqu(5s, pour faire apprecier rimportance des pertes qu'ils occasionnent ; eniin il tacherait, autant que possible, de parler aux yeux autant qu'a I'esprit de ses auditeurs, pour que les nombreux faits et documents d'une haute importance qu'il leur expose- rait se gravent mieux dans leur m^moire. » POISS FAITS A LA SOr-IETE. 16 Cpreales, tie loules les qqalitps (|e Cafes, de Thp, de Rja, des Qjr^jnes oleagineuses, des diyerses especes de Plantes fourra- g^res, Bois , Gommes, Uesincs , Cjres, matieres medicinales provenant des aniniaux et des vegetaux, etc., etc. Au besoin in6me, quelques piembres de notre Sopiple pourraient expqger a leurs confreres, dans des sortes de conferences faites le soir, par exemple, dans des especes de conversations enlre confrere^ reunjspour s'eclairer mutuellerpent, et non pour entendre les lemons d'un cours regulier, les qualiles et les defauts des objets contenus dans celte collection. L'un traiterait la question des Laines, I'autre celle des Cereales, des Soies, des Oiseaux de basse-cour, des Chevaux, et chacun apporterait ainsi, dans sa specialite, le tribut de ses etudes el de son experience a ses confreres reunis ainsi pour se communiquer aaiicalement leurs cqnnaiss^nces. Au moyen d'une telle ptude, les merpbres de notre Societe determineraient facilement quels seraient les aniniaux el les vegetaux qu'ils pourraieqt utilement essayer d'introduire et d'acclimater dans |eurs pays, et ils marcheraient d'un pas plus sOrdans leurs teptatives : car ils auraient pu reconnaitre, en voyant les diverses qualites des ecbantillons de notre musee, et Surtout leur provenance, si les conditions du climatde lalOca- lite qu'il^ habjtent, permettent d'y faire pro^perer les especes et les races ou varietes de qualites superieures appartenant a des contrees analogues. lie noyau de cette utile collection est forme par les dons que npus avons rectus de beaucoup de nos confreres, et il s'est accru considerablement, grace a ceux qui nous ont etc fails par les honorables commissaires des divers pays pres I'Exposilion uni- verselle. Ainsi, nous avons regu de M. Mac-Arthur 54 ecban- tillons de laines, grains, plantes et produits divers de TAus- Iralie, ce quj pent downer une idee de la beaute des pro- ductions de cette riche contree, dans laquelle la famille de M. Mac-Arthur a tant contribue a I'acclimatation des races ovines, qui lui font produire aujourd'hui des laines magni- fiques. M. le commissaire du Canada nous a reniis 69 ecban- tillons des produits de ce pays. La republique de Costa-Rica 16 SOCIIETK IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nous offre des echantillons de noix de coco et de I'huile qu'on en oblient, ainsi que de la cire de melipone. L'Espagne nous a donne 19 echantillons, I'Empire ottoman 220, les Elats pon- tificaux 10, le Portugal 65, les possessions Neerlandaises dans rinde nil, les Etats sardes 35,1a Toscane 330 (1). Divers exposants franqais et etrangers, et d'autres personnes qui ne sont ni exposants ni membres de la Societe, ont bien voulu aussi concourir a notre oeuvre, et vous avez pu voir, parmi les principaux objets mis aujourd'hui sous vos yeux, vingt modeles de nids d'oiseaux qui ont ete offerts par M. Glo- ger, du royaume de Prusse ^ une serie de modeles d'appareils de peche et de pisciculture, offerts par les commissaires des p6cheries irlandaises ; un appareil d'oisellerie et des oeufs de poules ameiiorees, des appareils de magnanerie, des cocons de diverses races et des soies, ainsi que des fruits nouvelle- ment introduits en France , des arbres utiles de Terre- Neuve, etc., que nous devons a MM, Bouvenot, de Versailles; Roger, de Bordeaux; Dorel, d'Annonay ; Galimard, deVals; d'Arbalestier, de Loriol ; comte d'Arloz, deGramont; Barthe, de Paris ; Audibert freres, de Tarascon, et Duroch, capitaine de fregate. Nous devons nous borner aujourd'hui a cette simple enu- meration, car I'appreciation de I'importance comparative des nombreux objets qui composent deja le noyau de notre collec- tion nous ferait sortir des limites de ce rapport sommaire. Nous devons cependant dire, en terminant, que notre confrere, M. Eugene Rober.t, et voire rapporteur, se sont fait un devoir d'offrir aussi a la Sociele la serie d'objets qui formait leur exposition, laquelle est I'expression materielle des travaux d'acclimatalion et de perfectionnement des races et de I'en- seignement sericicole qu'ils font gratuitement, depuis plus de dix ans, a la magnanerie experimenlale deSainte-Tulle (Basses- Alpes). (1) Pour les dons faits a la Socidle par MM. les commissaires ^U'angers prfes I'Exposition univeiselle, voyez la liste generale des dons faits a ia Society durant I'annee 1855, t. If, p. 6[\2 it suivantcs. DONS FAITS A LA SOGIKTK. 17 CONCLUSIONS. Comme conclusions de ce rapport, votre commission a I'honneur de vous proposer : 1° D'adresser les remerclmenls de laSociete a MM. les com- missaires etrangers et a MM. les exposants ou autresqui ont bien voulu cooperer a la fondation de son Musee d'histoire naturelle appliqu^e et compar^e. 2° Enfin d'accorder le litre de membre honoraire a M. Mac- Arthur, qui a rendu de grands services a Tacclimatation, ainsi que I'avait fait son pere, en introduisant, acclimatant et per- fectionnant les races ovines en Australie. Ces conclusions ont ete adoptees. La nomination de M. Mac-Arthur, comme membre hono- raire de la Societe, a eu lieu dans la seance du 21 decembre, sur la presentation de M. le President, faite au nom du bureau, conformement aux dispositions de I'article 3 du r6glement constitutif. (Voy. t. II, p. 632.) T, 111. — Janf . ISM. 18 SOCIETE IMPEKl.lLE ZOOLOGIUL'E d'aCCLIMATATION. SUR L'UTILITE D'UNE OlSELLERIE MODELE tTABLlE PAR LA SOClfiTE OU SOUS SON PATRONAGE mt L'ACCtlMATATiON, LA DOMESTICATION ET LA PROPAGATION DES ESPECES UTILES, Par 91. Joseph MICHOIV. (Seance du 21 decembre 1853.) Dans la dertiiere stance de la derni^re session, vous avez entendu avec le plus vif inter6t le rapport si detaille el si pra- tique de M. Davelouis sur un projet d'oisellerie. Vous avez re- marque, dans ce travail, toute I'importance que la deuxieme section attache a cette idee si souriante et en m6me temps si utile de notre savant President. Vous vous y 6tes m6me tous assOcies eri votalit Timpression de ce rapport, pour que les membres absents pussent tous 6tre saisis de cette question, la mediter, et apporter a la Societe la collaboration eclairee, savante et pratique qu'elle attend de tous ses membres. Dans les premiers jours de sa fondation, la Societe, encore incertaine de son succes , malgre le zele et I'autorite de ses fondateurs, a dCi commencer par des travaux ecrits, par des rapports, par des extraits, par des instructions, en un mot par des publications qui faisaient voir a tous ce qu'elle pouvait faire, et qui I'accreditaient de jour en jour dans I'opinion pu- blique. A peine une annee s'etait-elle ecoulee que la Societe comptait deja six cents membres , qu'elle marchait a cote des societessavantes qui s'honorent d'echanger leurs travaux avec elle, et qu'enfin de toutes les parties du monde, les hommes qui represenlent la France s'empressaient d'envoyer a la So- ciete les richesses exotiques dont ils voulaient, par son inter- mediaire, doter leur pays. N'avons-nous pas re^u de M. de Montigny, avec tant de precieux vegetaux qui sont main tenant acquis a notre culture, grace aux efforts de M. le professeur OlSKLLKniK. ^'^'•'^^ II Uecaisne, de M. tie Wotilgaudry et de la commission des veg6- taUx ; n'ovons-nous pas regu ces Yaks donl le nombre estpresque double? iS'avons-nous pas deja plusieurs esp^ces nouvelles de Vers a sole, et entie aulres celles du Ricin et du Cb6ne, qui, sous la direction de M. Guerin-Meneville, promettent de bons resul- lats? LesClievres d'Angora, que nous avons en si grand nombre par la gracieuse obligeance de M. le Ministre de la guerre, aiiisi que de M. le general Daumas, et que M. Sacc a si bi6n su nous faire apprecier ; les Moutons Karamanlis et tant d'au- tres dons que je ne cite pas, sont une preuve certaine de I'in- leret qu'^veille parloutnotreSocieteet de la confiance qu'elle inspire. t AprSs lih si heureux debut, la Soci^te se voit en mesure, pibs t6t m^rtie qu'elle He pouvait I'esperer d'abord, de ne plus confier qu'd elle-m6ihe les experiences qu'elle etait forcee de IfeisSef aux sdins des ailtres. C'est pourquoi M. le President s'eSt occup^, d6s I'atlnee derni^re , de la creation d'uri de ces centres dont le reglement constitutif prevoyait si justettient le bel ftveriir. Utie commission a 6te norhrti^e, deis travaut dnt ^t^ fails et ti'ont ete interrompus que par la fin m6me de la session qu'ils ont close. Je viens vous rappeler, messieurs, qu'il eft urgent de les reprendre : la solution de cette question doit ouvrir Une route uouvelle et assuree aux progres de I'lie- climataliou. En elfet, quoiqu'il soit inipossible de rendre assez justice au zele, au soiu, et, on pent dire, au bonheur avec lequel ces essais ont ^te lerites, il tious faut avouer que le suc- p^s serait encore bien plus assure si ces experiences se fai- saient sous une m6ttie direction, sous I'empire d'Urie m6me suite d'id^es, sans cesse niddiflees par les temarques et les tivis de lous les tnembres qui pourraieut prendre part a ces tra- imt pratiques. Combien de niembres , combien d'etrangers m6me , se fe- raienl Un plaisir de faire don h la Societe des esp^ces nouvelles qu'ils auraient, s'ils savaieht ne pas voir disperser leurs dohs, s'ils savaient qu'il y ait uil Cndroit oil ils pourraient retrouver leurs el^ves, ou ils pourraient jouir du succes d'une acclima- tation commencee par eux ! Je ferai ici .. messieurs, une re- 20 S,0C1ETE IMPERIXLE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. marque. La classe dos oiseuux est eelle qui occupe lesloisirs du plus grand nombre d'amateurs, et cependant c'est dans cette branche que la Societe est le moins riche : elle a peu rec;u de dons de cette espece, et elle n'en recevra guere tant que le projet dont je vous cntretiens ne sera point accompli, parce que tout amateur, qui serait heureux de voir faire des essais sous la direction commune d'hommes qui reuniraient leurs conseils et leur experience, aimera mieux garder les plaisirs de cet elevage que de les transmettre a un particulier comme lui. Nous n'oublierons pas ces instructions deja remises a plu- sieurs voyageurs pleins d'ardeur pour les inter^ts de la Societe, ces listes d'animaux utiles ou d'ornement dressees par les sections. La Societe pent recevoir et elle recevra des dons pre- cieux qui la mettront a m6me de tenter des experiences im- possibles sans elle, impossibles loin d'elle. Ces dons seront, a cause de la difficulte du transport, composes surtout de petits Mammiteres etd'Oiseaux. Figurez-vous, messieurs, cette oisellerie, fondee d'abord sur des bases modestes, en rapport avec nos ressources, creee par vos soins, toujours sous vos ordres, regie par vos delegues, modifiee chaque jour par vos conseils, vos remarques et votre experience, oii vous pourrez tons verifier par vos yeux ce que vous entendrez dans les rapports, oii vous pourrez suivre les progres de I'acclimatation et de la domestication, surveiller la multiplication des especes, et voir chaque jour s'accroitre votre esperance de recevoir de la Societe , en recompense de votre zele, une part de ces vivantes richesses. Mais I'oisellerie ne renfermera pas seulement des especes nouvelles d'animaux : elle sera a la fois un lieu d'experiences et un lieu d'elevage, el vous y trouverez a cote des Oiseaux etrangers nos Faisans, nos belles varietes de Poules, que Ton neglige trop souvent. Encore un avantage : les oeufs destines arepandre dans les provinces les especes bien connues a Paris, mais eneore rares dans le reste de la France, y seront couves et amenes a eclosion, pour que les membres qui n'habitent pas OISELLKKIK. 21 Paris ne perdent pas dans les secousses du voyage leur espe- rance d'inlroduire chez eux des varietes si utiles. Messieurs, cette idee, dont nous devons remercier notre President , a deja souri a bien des membres. Les uns ont pro- pose leurs proprietes pour devenir le siege de cette oisellerie ; les autres ont offert le concours de leur influence pour obtenir dans un endroit propice, a I'abri du trop grand nombre de visiteurs, qui nuirail a un etablissement pratique d'elevage, et en m6me temps a proximile de la Societe , des emplacements (jui, par leur site, leur exposition ou leur irrigation, offriraient les plus grandes chances de succes. Je me tais sur les details d'etablissement , de construction et de direction : la Societe aura le temps de s'en occuper ; niais je vous demandc, messieurs, de voter I'etablissement de cette oisellerie, d'employer tous les moyens a la disposition de la Societe pour I'etablir des cette annee, de faire savoir au Conseil que vous regardez cet etablissement comme urgent, et que vous vous reposez sur lui pour I'execution dc votre volonte. Sur la proposition faite par un membre, et appuyee par un grand nombre d'autres, la Societe a envoye au Conseil le tra- vail de M. Joseph Michon, et decide qu'il serait tres prochai- nement insere dans le Bulletin. [N. du R.) 22 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOqiQUE d'aCCLIMATATION. DES RESSOURCES QUE PRE8ENTE LE DfiPARTEMENT DES BOUCHES-DU-RHONE SOUS LE RAPPORT DE LA PISCICULTURE. Lf;TfilB APBESSBE A M. I.E PUESIDENT DE LA SQCIETE IMPERIALE d'ACCLIMATATION Par in. ALPHOIVSE DERBES, Professeur d'Histoire naliirelle a la Faculte des sciences rie Marseille. (Stance du 4 Janvier 1856.) Marseille, le 15 decembre 1855. Monsieur le President, Les sucpes de ]a Societe d'aeclimatation , la confiance que; j'^i que |a voie ou elle est entree est une de celles qui doivent aboutir a la solution, au moins partielle,du plus grand probleme economique de notre epoque, la vie a bon marche, et I'espe- rance de joindre mon grain de sable a ses utiles travaux, me decident a vou^ prier de vquloir |)ien fpe ffiire agrper conime un de ses membres, et de lui communiquer les vues dont j'ai deja eu I'honneur de vqus entretenir sur les ressources que pr^sente le d^pfirtement des Bouches-(iu-Rh6ne, sousle rappor^ de la pisciculture. II est bon de rappeler d'abord que la ville de Marseille, en saqualite de grand centre de population, appelle tousles moyens de production, et promet a tous les produits un debouche aussi avantageux qu'assure; mais de tous les produits, ceux qu'il importe le plus d'y voir abonder, ce son t ceux qui peuvent rendre la vie, sinon facile, au moins possible a cette partie de la societe qui vit de son travail manuel, et qui bientot ne trouvera plus, dans son salaire, de quoi faireface aux plus urgents besoins. Les Mollusques , par la grande puissance de reproduction qu'ils possedent, par la qualite saine de I'aliment qu'ils four- nissent, et par la simplicity des moyens qu'on pent employer pour favoriser leur multiplication, les Mollusques seplacent au premier rang parmi les animaux dont la culture doit ^tre lentee .. :,,i\ I>1SUC(JLTUHK. 28 ou f^ncouragee , dans le but d'augmeutei- la inasse des sub-^ stances alimentaires a la portee dq plus grand nombre. Permetlez-moj de vqus exposer, a pe propps, quelques fails peu c'onnus, puree qu'ils se passent dans unc partip de I'ltalio ordinairement evitee par le grand nonibro Ao voyageurs qui visjtent la |)eninsule. Ces I'ajts, j'ei) ai ete temoin, pendant un sejour de pres de deux ans que j'ai fait sur les jieux, et ils ^e rattachent directement a mon sujel, ainsi que vous I'allea voir, La vjUe de Tarentq, balie au bord de la mer, se Irouve en m^mp temps gi I'entree d'une sinuosjte tres prqfpnde, assez isojee de la Mediterranee , assez conipletement entouree djj terre pour juslifter le npni qu'plle a rcQude petite nier de Ta- rente. Cette petite mer est tres fecoiide en coqujllages d'especes tres varices ; mais il en pst dpux surtout qui dounent-lieu a une exploitation tres abondanle et tres produptive : pe sont les Huitres et les Monies. Pour vous donner une idee de I'abondance de nes MoUusques produits daps la petite mer de Tareute et de leur bon marobe, m6me apr^s qu'ils oqt ete trausportes a des djslanpes assez considerables, je ne puis mieux faire que de vous citer le fait suivant. A Bori et dans les environs, c'est-a-dire a plus de 50 kilometres de Tarente, lesMoules et les Huitres, lorsquej'y etais, arrivaieut par terre en quantite suflBsante popr entrer comnje un element important dans I'alimentation ordinaire, et dans pe pays, ou les autres denrees etaient a bas prix, on ne regardait pas comnie un plat de luxe une fritqre exelusivement composee d'Huitres, dans laquelle I4 portion afl'erente a pbaque convive conlient un nombre de ces MoUusques excedant de beaucoup celui qui est consomme ordinairement, a I'etat frais, par un iudividu. II est inutile de dire qu'il en elait aiijsi, aplu^ forte raison, des Monies. Pour que cette abondance et ce bon inarche puissent se maintenir lorsque ia denrt^e se repfjnd sur une purface d'un pared rayon, il faut que la production soil bien active. Serait- ce que la petite mer de Tai'ente ejsl, pur elle-m^nie, tres favpr rable a la reproduction des Monies et des Huitref*, ou bien Tju- 4|Jstrie vient-elli? ep |ide 9. ^a patuff? pQUf iRpiljler peiLe 2/1 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. reproduction, ou au moins pour lirer tout le parti possible de la fecondite de ces Mollusques, et emp6cher que le frai dispa- raisse avant d' avoir pu se developper? Je pense que la nature fait une grande partie des frais ; mais je crois aussi que Tart et I'industrie secondent ici la nature. En effet, j'ai vu dans la petite nier de Tarente des Huitres attachees a des cordes, suspendues, comme des guirlandes, a des pieux sous-marins, et j'ai vu retirer ces cordes pour p6cher les Huitres; et, si mes souvenirs sont fideles, je crois avoir en- tendu dire que chaque habitant de Tarente possede, dans la petite mer, un certain nombre de pieux, qui constituent une sorte de jardin oii il se livre a la culture des deux Mollusques qui nous occupent. Voici maintenant le rapport qui existe entre Tarente et le departement des Bouches-du-Rhone. Ce departement possede aussi sa petite mer, off'rant, avec celle de Tarente, la plus grande analogic : c'est I'etang de Bene. La disposition de ces deux sinuosites est, en (Ret, a peu pres identique : toutes deux communiquent avec la mer par une etroite embouchure, qui s'ouvre dans la Mediterranee, vers I'ouest ; toutes deux regoivent des cours d'eau qui en amoindrissent la salure; en fin , pour completer la similitude et montrer que notre petite mer est, par elle-m6me, aussi favorable que celle de Tarente a la mul- tiplication des Mollusques, il suffit de rappeler avec quelle abondance les Moules se reproduisaient dans I'etang de Berre, iln'y a pas encore un bien grand nombre d'annees. On connait la cause principale qui a depeuple cette localite, ou ces Mol- lusques pullulaient naguere. Ce n'est point, comme on I'a dit, une sorte de cholera qui est venu les detruire : c'est une ex- ploitation inintelligente et conlinue, provoquee sans doute par les besoins toujours croissants de la population toujours crois- sante de Marseille. La preuve en est que, actuellement encore, il existe des moules dans les memes lieux ou se faisaient prece- demment d'abondantes recoltes; mais on ne laisse pas a la reproduction le temps suffisant pour s'effectuer, II arrive la ce qui est arrive dans les canaux qui entrecoupent les marais salants aupres de Bouc , a I'entree de I'etang de IMSCICLLTlRi;. 25 Caronte, qui lait communiquer I'etang de Bene a la mer. Je tiens du proprietaire de ces salines qu'il a essaye de jeter dans ces canaiix de tres petites Monies qu'il avail fait recoUer sur les rochers, au bord de la iner, et que ces Moules s'etaient la parfai lenient developpees, et s'y seraient certainemenl perpe- luees, sans les devastations incessantes des ouvriers. Supposons, du resle, qu'a une exploitation desordonnee se soil jointe encore une modification particuliere dans la qualite de I'eau, ce qui est fort peu probable, ou une autre cause quel- conque qui, jusqu'a present, a echappe a I'appreciation ; sup- posons quecetle cause soil de nature a g6ner la reproduction des Moules sur les lieux monies : il est constant du moins que ces Mollusques peuvent s'y developper, et que , dans tous les cas, on pourrail bien faire la ce qu'on fait dans les bouchots des c6les de I'Ocean, oil Ton seme les jeunes Moules recoltees sur d'aulres points. Le fait que je viens de citer demontre suffi- samment cette possibilite , et la persislance d'une cerlaine quantitede Moules dans I'etang de Berre est un gage assure de la reussite de ce procede, en m6me temps qu'elle montre com- bien est graluite la supposition que je viens de faire au sujet d'un obstacle qui s'opposerait a la reproduction sur place. On le voil done, pour rendre a la ville des Martigues I'in- dustrie qu'elle a perdue par I'avidite mal entendue de ses habi- tants, il suflirait d'une reglementation convenable, et, pour donner a cette industrie un developpeinent qui surpasserait de beaucoup ce qu'elle a ete dans les temps les plus prosperes, il n'y aurait qu'a aider la nature par I'application de procedes raisonnes el eprouves. C'est done le cas d'aller prendre des lemons a Tarenle, pour en rapporter le fruit aux Martigues. C'est un service eminent a rendre a cette localile et a la ville de Marseille, oii Ton ne saurait prendre trop de moyens pour faire abonder les substances alimentaires. L'etude qu'il y aurait a faire, en se portant sur les lieux, ne devrait pas se borner aux procedes ; elle devrait comprendre la nature du sol, la composition chimique de I'eau, en un mot, I'examen de toutes les conditions exterieures, afin d'assurer la reussite, autanl que possible, en prevoyant immediatement et 26 SOCIETE IMPEKIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. prevenant les chances d'insucces qui pourraient se presenter. Si les procedes employes a Tarenle pour les Monies elaient applicables aux Martigues, on pourrait bien y introduire aussi ceux qui concernent les Huitre?. De ni6me que nous avons une Moule indigene (Mytilus gallo-provinciaUs), qui n'est pas la m6me que celle de Tarente, ppus avons aqssi une Huitre qui croit naturellement dans nos etangs sales, et qui pourrait tres bien 6tre soumise a la culture. Cette Huitre (0. hippopus?), de tres grosse dimension, passapour nn aliment grossier; mais, outre que la cuisson pourrait en modifier la qualite, lorsqu'on la prend a un certain degre de developpernent, elle est aussi delicate que celles des provenances les plus renommees, comme le prouvent celles que Ton tpange a Cette, et qui sont p6chees dans I'etang de Thau. n existe aussi dans la rade de Marseille, et probablement sur plusieurs autres points de la Mediterranep, une autre espece d'Huitres, de petite taille et de tres bonne qualite; mais elles ne forment pas des bancs etendus. On les trouve groupees par places isolees, ce qui ne perniet pas de les draguer. Un tres petit nombre de ploqgeurs, etrangers a la population de Mar- seille, sont les seuls a les exploiter. Aussi sont -elles tres peu conques des consommateurs. Elles meriteraient egalement qu'on fit, a leur egard, qnelques tentatives de culture. II parait, du reste, que les Romains avaient su profiler det avantages que presente notfe departement , au nioins pour la conservation et le parcage des Huitres, et peut-6tre pour leur culture et leur reproduction. On trouve, en effet, dans toute la region qui avoisine I'etang de Berre, jusque sur les bords de la Durance et au dela , d'anciennes ruines autour desquelles s'plevent d'immenses tas de cpquilles d'Huitres, qui temoignent que les habitants des opulentes villas qui couvraient cette partie de I'ancienne province romaine consommaient des quantites prodigieyses de ces Mollusques , et tres probablement ne les liraient pas de bien loin. L'etang de Berre serait aussi eminemment favorable a la culture de plusieurs poissons^ ppiir les Anguilles surtout, il pourrait riy^liser j^v^c les eejebres l^gunes de Cowaeehio.On y PISCICULTURE. 87 en p6clie a])ondamnient et d'une taille remarquable. Mais ce ([u'il imporlerait surtout, ce serait tie n'y pas g6ner, du moins, la production naturelle du poissqn. Pour cela , les moyens de p6che usjtes a I'entree de I'elang de Berre, dans I'^tang de Caronte, recl^rpent I'application la plus severe des r^gle- ments existants, et peut-6tre la creation de reglements nou- veaux et plus precis. Perniettez-moi quelques mots sur cette p6che. n L'etang de Caronte est presqqeentierement occupe par des bourdigues : ce sont des compartiments cppstruits avec des roseaux juxtaposes, fiches verticalement dans le sol et tres rapproches. Ces compartiments ou chambres ontune ouvertuFe tournee du c6te de l'etang de Berre ; cette ouverture est formee par deux plans qui vont eq se rapprochant insensiblement, de mani^re a permettre I'enlree du poisson dans les cbambres, et a lui en rendre la sortie a peu pres impossible. Le poisson qui va de la mer a IJetang evite ces ouvertures; mais celui qui en revients'y engage presque necessairement, et, unpfois prison- nier dans la bourdigue, jl devient d'qne capture fapile. Jus- que-la il n'y a rien que d'ingenieux et de simple; mais, comme il importe de ne prendre que le poisson d'upe taille conve- pable, afin de permettre aux jeunes de se developpep, les re- glements fixent la distance a laquelle doivept se trouver les roseaux qui forment les parois des bourdigues. Or ces regle- ments sont eludes, d'une manierp qu'on pent appeler saqvage, par les exploitants de plusjeurs bourdigues. lis placent der- ri^re les roseaux un fdet a mailles tellement etroites, qqe rien n'ecbappe a leur rapacite. Le travail de destruction opere par ces ^ngins ne peut ^tre compare qu'aux eflets desastreux de la p6cbe connue sur nos cdtes sous le nom de baguf et de gangui. Ce sont des filets trai- oants , sans cesse promenes sur les fonds frequentes par les poissons, qui ont )e double inconvenient de g^per l?i reproduc- lion par les constants bopleversements du fond, et d'enlever tout ce qui serait devenu adulte, a cause dela petitessede leurs mailles, et Ton fremit en sopgeant que ces d^g^ts se cam- paettent presque teujeurs Ipul H f«it en pqre perte; ear le menu "IS SOCIETE IMPERIALE ZOOLUGIQIE d'aCCLIMATATION. fretin, ainsi ramasse, est le plus souveiit invendable, et on le rejette a la mer, mais lorsqu'il a cesse de vivre, II ne sufifit pas de chercher a naturaliser les especes utiles que la France ne possede pas ; il est eminemment important de ne pas laisser perdre les ressources que nous ofirent les especes indigenes. Sous ce rapport, je crois qu'il entre dans les attributions de la Societe d'acclimatation de proteger ces es- peces, et de provoquer toules les mesures capables de mettre un terme a des abus qui deviennent d'autant plus insolents, qu'une tolerance inexplicable les a laisses vivre plus longtemps. 11 y aurait bien des choses a dire a ce sujet, et, si vous y trou- vez quelque inter^t, je pourrai y revenir une autre fois. Je m'apepQois que ma letlre depasse deja les bornes raison- nables d'une lettre, et cependant j'aurais voulu vous dire en- core quelque chose sur la culture des Crustaces, et notamment de la Langouste, celui qui parait devoir s'y prater le mieux sur nos cotes. Ces aniniaux se montraient autrelois abondants et d'une assez belle taille, parmi les rochers, a peu de distance du rivage. Aujourd'hui, outre que les beaux sujets deviennent de plus en plus rares, on ne les p6che plus guere qu'a une assez grande profondeur. Pourquoi ne pas essayer de les ramener sur les paragesqu'ilsontabandonnes, et oii ils trouveraient encore, au milieu des algues qui couvrent les rochers, les elements nutritifs qui les y attiraient autrefois? II sutiirait, pour cela, de preserver les jeunes des causes destructives qui les ont fait disparaitre , et de leur rendre Tancienne securite dont ils y jouissaient. C'est une question dont je m'occupe; mais il me manque un element bien important : c'est un lieu parque, a Tabri des depredations des p6cheurs marrons et des atleintes de la malveillance, et qui piit etre aussi garanti de la violence des vagues dans les mauvais jours, quoique restant toujours en communication avec la mer. Je connais assez les cotes de nos environs pour 6tre assure que la chose est possible et execu- table a peu de frais ; mais mes modiques ressources ne me per- mettent pas de faire ces depenses. J'aurais voulu vous eritretenir encore de la possibilite d'in- troduire dans notre departement la pisciculture d'eau douce, PISCiCLLTlKK. 29 et m^me ties a vantages qu'on pourrait y Irouver; j'aurais voulu vous parler aussi de I'education des Sangsues , pour laquelle nous possedons la localile peut-6tre la mieux adaptee qu'on puisse rencontrer en France. II existe, en eflel, dans le departement des Bouches-du- Rhdne, entre Fos et Aries, plusieurs milliers d'heclares de tour- bieres. Jusqu'a present elles n'avaient pas ete exploitees; ac- tuellement on a commence a en extraire la tourbe, qui a jusqu'a 3 metres d'epaisseur. Or cette tourbe est immedialement rem- placee par de I'eau douce, de maniere que Ton fait des bassins, des lacs, de la dimension que Ton souhaite, parfaitement isoles les uns des autres, dans lesquels des poissons d'eau douce se montrent deja en assez grande abondance, et oii la culture des Sangsues reussirait infailliblement. Les etangs et les canaux qui derivent du Rh6ne et de la Durance en conlenaient autre- fois beaucoup, et Ton y en rencontre encore quelques-unes. Si cela vous agree, je reviendrai sur ces divers sujets. Je tache de me les assimiler, afin d'eclairer mes compatriotes sur le parti qu'ils peuvent lirer de la position et des ressources de notre pays, et je m'estimerais tres heureux si nies conseils vous paraissaient dignes de recevoir I'approbaiion de la Societe d'acclimatation ; car ils emprunleraienta cette approbation une autorite qui les ferait ecouter plus favorablement. Veuillez agreer. Monsieur, I'assurance de ma consideration la plus distinguee et de mon entier devouement, Alph. DERBES. 19 SOCIlilTE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOTE POUR SERVm A L'HISTOIRE DE LA PISCICULTURE Par M. ALITARO RETNOjSO. (Seance du 18 Janvier 1856.) hh note qiie j'ai i'hoftneur de presenter a la i^ociete ne ferd mite aucun progr^s pratique a la pisciculture ; aussi je ne me serais pas permis de distraire son attention des travaux plus irtlpdrtants qui I'occtipent, si je n'avais compte sur sa bien- veillatice et sur I'irtter^t que doiveht toujours inspirer I'histoire d6taillee des decouvertes utiles, Otl ('roit generaleinetit que la pisciculture, k son debut, n'attira pas I'attention eii France, et qiie cette application de la sciericfe passa inapercue. J'espere prouver qu*elle a ete pro- fessee de bonne heure a Paris. Erl 17^2, Adansdti, veritable Aristote de^ temps modernes' par son genie ericyclop«^dique, fit un cours d'hisloire naturelle au Jdrdin des plantes. A la mort d'Adanson, on trouva dans ses papiers le manuscrit de ce cours qui a ete public en 18A5, pat- M. Payer (1). Ce petit traite d'histoire nalurelle est encore, maigre les progrSs de la zoologie, tr6s utile a corisulter, et^ parmi les livres elementaires, je crois que, par sa methode d'exposilioft , J)ai* Id lucidile des explications, et surtout par les choses originales qu'il contient, on doit meme aujourd'hui le placer au premier rang. Une partie de la treizieme seance de ce cours fut consacree aux generalites sur les poissons, et la, quand il parle de leur generation, il se plait a developper la pratique de la fecondationartificielle. Je ne veux pas abuser de la bonte de la Societe, et je prefere renvoyer a la page 70 (1) Cours d'Histoire naturelle fait en 1772 par Michel Adanson, public sous les auspices de M. Adanson, son neveu, avec une introduction et des notes par M. Payer. — Paris, Victor Masson, 18ii5, 2 vol. in-18. PISClClLTCRE. 31 et suivantes du second Volume, 06 I'oii trotiVera tin resume complet dii inemoire de Janobi. .' Je saisis cette occasion pour rappcler qud 1^ memoire de Jttcobi a ete public a Paris, en 1770, par Paul (1), epoque int^rieure a la publication des SolHes helvilienhes, du marquis de Pezay (1771), et a celle du Traits des pSches, de Duhamel de Monceau (1773). Quelques personnes qui connaissent , plat6t par reputation que par une 6tude approfondie les travaUx de Spallanzani sur la generation, on t avance ou pensent que ses rechercbes ont pu rtiettre sur la vole de la fecondatioh artificielle des oeufs de poissons. Le memoire de Jacobi avail ete communique en l76A ^ I'Academie de Berlin, tandis que les experiences de Spallan- zani, commencees en 1768, Ue furent publiees completement qu'en 1787 (2). Si au lieu de prendre I'annee 1764 comme epoque do I'apparilion du niemoire de Jacobi, nous prenons Tannee 1758, epoqUe ou il futenvoye en France, notre obser- vation acquiert une force nouvelle. Ainsi Jacobi ne pent pas hvoirete guid^ par les travaux de Spallanzani, el le contraire iiufait bien pu avoit* lieu. Cependant cela n'esl pas probable, car Spallanzani ignorait le mode de generation des poissohs, ce qui nous indique qu'il n'avait pas eu connaissance de la fecondation artificielle de Jacobi. « En effet, dit-il, apfes avoir expose les conjectures qu'on faisait sur la generation des poissons , on ignore completement comrtient se fait la fecondation des pois- sons. > (Page 93 du livfe cite.) PoUrtdUt a cette epoque deja la fecondation artificielle avail ete publiee dans des livres qu^il aurait pu connailre. Ainsi, dans les notes de la traduction fran- Qaise d'AristOte, par CartiUs (Paris, 1783, 1. 11, p. 35ii), on en fait deja mention. (1) M6moires de rAcad^mie royale de Prusse, exlraits des 16 volume!) in-Zi qui composent les m^raoires de ladite Acad(5mie. Paris, Panckouke, 1770, 7 vol. in-12. Voy. p. 73 de Vappendix du T vol. — Collection aca- d&mique , t. IX* de la pariie ^trangfere , p. 42 de Vappendix. Paris, Panckouke, 1770, in-^. (2) ExpMences pour servir a I'histoire de la generation des animattx et des plantes. Pavie et Geneve, 1787. 32 SOCIETK IMPERIALE /OOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. Spallaiizani n'aimait pas Buffon , aussi profita-t-il tie cette occasion pour le critiquer ; et cependant I'auteur des Spoques de la nature etait dans le vrai , quand il atiirmait que chez les poissons Taccouplement n'avait pas lieu, et que le male repand sa liqueur seminale sur les oeufs deposes par la femelle. « C'est I'opinion ducomlede6uffon,dit-iI ; mais, commeiU'avance sans aucun doute, on croirait qu'il en donne les meilleures preuves. II s'appuie sur I'opinion populaire repandue jusqu'aii temps de Swammerdam ; cependant on n'a encore aucune observation solide sur ce sujet. » Je pourrais citer plusieurs naturalistes qui , depuis long- temps, avaient public des travaux sur ce sujet : ainsi , en 17A5, le docteur Grand aval t communique a I'Academiede Stockholm un memoire fortdetaille sur le frai du Saumon, memoire plein de renseignements curieux, et qui contient « la chaine des faits necessaires pour resoudre le probleme » d'apres les desirs de I'illustre abbe (1). L'opinion de Buffon, qui etait, comme le dit tres bien Spallanzani , populaire , avait ele formulee par Aristote : « le seul des anciens , comme dit Cuvier , qui ait traite de Thistoire naturelledes poissons sous un point devue scienlifique et avec quelque genie. » Les travaux de Spallanzani devaient conduire d'une maniere naturelle et inevitable a la fecondation artificielle des poissons ; aussi voyons-nousle chevalier Joseph Bufalini de Cesene reussir a feconder artificiellement plusieurs poissons. (Opuscoli scelii di Milano, t. XV, ann. 1791; et Vie liU4raire de Spallan- zani, par Tourdes, p. 63 .) ' (i) Collection academique, W vol. de la par tie ^irangfere, p. 97. COMBATS DES ABEILLES. i SUR LES COMBATS DES REINES DES ABEILLES lettre adressee a m. le president de la societe imperiale d'acclimatation. Par le doctenr DE BEAUYOTS. (Stance du 21 d^cembre 1855.) Monsieur le President, La Sociele zoologique a accueilli I'an dernier avec tant de bienveillance les communicalions sur les Abeilles que j'ai eu I'honneur de lui adresser, qu'il m'a semble qu'il lui serait agreable de connaitre quelques experiences que j'ai faites sur les combats des reines. L'illustre Reaumur, dans ses importants memoires, reste dans ce sage doute dont il a ete donne tant de preuves, sur la question de savoir qui est charge de tuer les reines surnume- raires, ou celles qui viennent par ambition, ou mieux pressees par le besoin, lui disputer I'empire. Huber, notre grand maitre, que nous venerons au dela de loute expression, nous a donne une description si poetique et si chevaleresque du combat des reines entre elles, que j'atten- dais depuis longtemps I'occasion de repeter ses remarquables experiences a ce sujet. Profitant de la bonne volonte de mes voisins, qui m'accor- dent maintenant tres volon tiers leurs Abeilles au moment de leurs recoltes, je me suis procure, grace aux procedes anes- thesiques que j'ai eu I'honneur de faire connaitre, plusieurs reines que j'ai mises en contact les unes avec les autres; et la ruche du naturaliste, si avantageusement disposee pour I'ob- servation (quoi qu'en ecrive M. le secretaire perpetuel dela Societe des apiphiles),m'a ete du plus grand secours pour me rendre temoin d'une infinite de choses qu'on ne peut bien voir T. III. — Janv. IRrK). JJ 84 SOCIETE IMPERIAHi ZQOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ailleurs, et parliculierementdu sujet dont j'ai rhonneiir d'en- tretenir la Societe. Voici ce que j'ai vu au mois d'octobre 1854 : 1. J'ai presente une reine k une ruche que quelques raisons me faisaient croire en 6tre privee. La premiere gardienne qui I'aperQoit la saisit, lui plonge soq pigijillon dans le corps avec vivacite. Ce mouvement rapide attire les autres surveillantes, etcliacune a son tour, et toutes ensemble, en font autant a cette majeste tres humble, qui, se defendant a peine, peril bient6t sous ces coups redoutables. M. I'abbe Coquet et M. Leseur, apiculteurs a Nantes, ont vu la m6me chose de leur cote. L'attitude de la reine, dans ce cas, est de I'humilite la plus complete; elle plie son ventre sous elle-ra^me, h I'instardeces jeunes chiens qui cachent leur queue sous leur ventre devant les autres qui les grognent, 2. Apres avoir mis en etat de bruissement par de la fumee ordinaire les Abeilles de ma ruche plate, j'y introduisis par le vestibule un autre essaim. II monta rapidement aux rayons, mais le brouhaha et la fumee m'emp^cherenl de rien voir, Le lendemain matin, je trouvai dans le vestibule une de ces grosses pelotes d'Abeilles si bien decritespar Huber, et je m'empressai de la recueillir pour confirmcr ses observations. Je mis , a I'aide des barbes d'une plume, cette pelote sur une assiette. Plusieurs Abeilles s'envolerent , mais le plus grand nombre resta etcontinua d'assouvir sa fureur en plongeant I'aiguillon dans le corps de la malheureuse victime. 3. Je cherche a mettre une autre reine eu contact avec celle de ma ruche plate dont j'avais enleve le vitrage, mais elle ne la sent ni ne fait mine de I'apercevoir, elle se hate m6me dese derober k I'experience; mais les Abeilles qui I'accompagnent et un grand nombre de celles qui sont sur le gateau s'emparent de Tetrangere, la poignardent, tout en formant peu a peu autour d'elle une pelote qui I'enserre et lui dte tout moyen d'echapper a leur juste fureur. Cette pelote roule sur le gateau, se grossissant toujours, et tombe sur un carton que je tenais au-dessous pour la lecevoir. Les Abeilles les plus eloignees COMBATS DKS AHKILLKS. 35 (lu centre s'envoleiit, mais les aulres continuant de retenir la reine dans leur masse serree, et ne quittent leur victime (jue quelques heures aprcs et alors seulement que je les cliasse. A. Une seconde reine, presentee dans les m^mes circon- stances, subit ie niOime sort. Si je n'ai point vu ces etonnants combats decrits par Tim- niortel Huber, c'est peut-6tre, monsieur le President, parce que j'ai agi en octobre, alors que le sentiment de la maternite est l)eut-6tre considerablement affaibli cliez la mere des Abeilles parl'absence plus ou moins complete de couvainacetteepoque. Plusieurs personnes ont emporte ma belle ruche de natura-t liste. Esporons que de nouvelles observations nous arriveront bient6t. Mais je continue. &. Je mets sous un globe de verre deux reines Abeilles, d'abord celle si belle et si vigoureuse de ma ruche plate, et je lui en adjoins une autre prise parmi les Abeilles d'un de mes. voisins. Leur premier soin est de chercher une issue pour en sortir. EUes se rencontrent cependant sans s'attaquer; mais, a une seconde rencontre, je vois un superbe combat. On se heurte, on se choque ; les ventres se reunissent , et bient6t on se separe. Mais la lulle recommence avec un nouvel acharnement. Ma reine monte sur I'elrangere, lui plonge son aiguillon dans le cute else retire. La blessee se traine encore quelques instants a I'aide des trois pattes du cote reste sain et sauf de venin, les autres elant deja paralysees, puis elle expire, Arbutnoth, apicuUeur anglais, avait vu, des 1720, un pareil conxbat, comme nous I'ont fait connaitre le cure fjanc-comtois et Diipuy d'Emporte, dans le Gentilhomme cuUivateur (1763). 6. Le lendemain , la reine victorieuse est placee sous le m6me globe avec trente de ses Abeilles; j'y ajoute une autre reine avec trente des siennes. Personne ne s'attaque ni ne se dispute : c'est a qui trouvera au plus vite une issue pour echappera ce guet-apens. Las de ce manege inutile, je fais evacuer la place par les 36 SOCIETI^: IMPKRIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. ouvrieres, el je laisse lo champ libro atix deux concurrenles, qui restent ainsi ?eules en presence ; mais elles ne se cherchent pas encore, il faut que je les rapproche a I'aide des barbes d'une plume. Enfin, les voici t6te a tete, croisant leurs an- tennes comme deux jeunes taureaux qui vont lutter sur le gazon : Tune baisse les palles de devant , se mettant en quelque sorte au pied de I'autre comme pour I'implorer; celle-ci , en effet, lui leche le dessus de la t^te et !a caresse amicalement. La reine suppliante caresse a son tour sa rivale, qui, comme elle, a ploye les genoux. Ce manege sentimental et gracieux se repete si longtemps que je les separe et les stimule vaine- ment au combat. La nuit arrivant , je rends ma reine a ses Abeilles, dont I'agitation etait telle que je fus oblige de me couvrir pour approcher de la ruche. Je donnai quelques Abeilles a I'autre pour la tenir chaudement pendant la nuit et lui pre- senter de la nourriture que j'avais eu soin de mettre sous le globe, afin de renouveler cette curieuse observation le len- demain. 7. Le lendemain je lui donne une reine autre que celle de ma ruche. II y eut d'abord le m6me resultat , mais cependant un coup fut porte par suite de I'excitation que je leur imprimai. La nuit survenant encore, je laissai ces deux royautes seules , mais le lendemain I'une d'elles etait raorte. Huber etait tellement surpris des combats dont Burnens avait ete le temoin, qu'il termine sa description en disant: « Mais il faudra repeter ces experiences mille fois, afin de voir si cela se passe toujours ainsi. » Cen'etait pointpar doute positivementque j'ai repete ces experiences, mais bien par curiosite. J'ai trouve le contraire des observations de notre maitre sur plusieurs points. Puissent d'autres observateurs les repeter encore. Rien de plus facile et de moins dangereux. Agreez , etc. De Beauvoys. IIAI'I'OKT SLU I.A COMl'TAlJILITl';. 37 RAPPORT DE LA COMMISSION DES FINANCES. , Conunissaires : MM. le baron de Fontalba , Dupiii , Fr. Jacquetnart , et DEIiOKy rapporteur. ; (Stance du 1" fevrier i 856.) Messieurs, Voire Commission des finances s'est reunie ie 15 Janvier courant, an domicile deM. Blacque, voire tresorier, pour pro- ceder a la verificalion des ecrilures, el constaler la situation financiere de laSociele zoologique d'acclimatation, M. le tresorier lui a remis : 1" Le tableau de la balance generale des ecritures.depuis la fondation delaSociete; tj 2° Le biiande I'exercice, solde au 31 decembre 1855. Lecture des pieces annexe'es, Ces comptes out ele attentivement examines et verifies, tant sur les livres que sur les pieces justificatives des receltes et depenses, et la Commission m'a charge de vous faire un rap- port sur ce travail. Le nombre des societaires etait, a la fin de I'annee 185/i, de 899; il s'eleve aujourd'hui a 910, sur lesquels 800 on t paye 20,000 fr. » c. Pour les 110 membres reslanls, plusieurs sont membres honoraires, les autres sont en parlie de rentree douteuse. Vous avez vu que le solde en caisse, au 31 decembre 185Zi, elait de 8,A18 fr. 96 c. Les cotisations definitives , les abonne- ments au Bulletin , la vente de quelques Chevrcs d'Angora, les cotisations arrierees de 1854 et celles de 1855, ainsi que la souscription Remy, ont produit ensemble. . 26, 6H fr. 60 c. Total des recettes. . 35,030 fr. 56 c. 38 SOCIETE IMPERIALE ZOULOGIQUE d'aCCLIMATATION. Nos depenses detaillees comme suit, s'elevent : Frais pour les Yaks et Vers a soie 2,056 fr. 50 c. Chevres d'Egypte; port et distribution de graines diverses, de 160,000 Igna- mes, etc. ; Moutons Kara- manlis et Chevres d'An- gora; acquisitions et frais. 6,569 65 Frais generaux, loyer, appointements , depenses courantes , affranchisse- ments, etc 7,722 53 Publication du Bulletin, gravures, etc 9,094 74 25, 443 fr. 42 c. L'excedant des recettes sur les depenses est de 9,587 fr. 14 c. qui sont representes par : Especes en caisse. . . . 1,787 fr. 14 c. A la caisse des consi- gnations 7,500 » Avance a I'agent de la Societe 300 » Total 9,587 fr. 14 c. 11 y a a deduire sur cette somme la sous- cription Remy 2,530 fr. 90 c. Ce qui reduit notre fonds disponible a . . 7,056 fr. 24 c. II reste a encaisser les cotisations arrierees, un solde du sur des Chevres d'Angora, etc., et diverses creances s'elevant ensemble a 5,091 fr. 60 c, mais la renlree de ces creances est incertaine ; evalue a moitie. . . 2,500 » Nous pouvons compter notre solde de. . 9,556 fr. '^-4 c. Cette position (inanciere de la Societe doit paraitre assez salisfaisante, apres deux annees seulement d'exislence, et en hAM'OHT SlU LA COMl'TABILItE. 39 enumerant les sacrifices que nous avoiis dCl faire pour la publi- cation du Bulletin, rimportation des Chevres d'Angora, des Vers a soie, etc., et toules iios relalidhs etablles. . Le nombre de Hos souscfipteurs S'ttccfoll fhaque jour, et le public, en voyant les efforts que nous faisons pour le bien du pays, doit desirer de s'associer k nos travaux : nous devons aussi compter sur I'appui et les secours du gouvernement imperial. Le budget de 1856 commence avec des charges nouvelles. L'ancien local de nos seances ne suffisait plus a contenir les membres venant au* assemblies*, Hos archives n'avaient pas d' emplacement convenable, pour placer les collections et dons fails a la Societe : il a fallu chercher un local plus approprie a tous ces besoins, et par consequent plus vuste et plus codteux. La Commission nommee a cet eifet a atteint ce but, nous le croybns, en loudnt dahs I'hOtel Lauraguais un vaste appatte- ment qu'on dispose convenablement, moyfennatlt un loyer ilnnuel itibhtdht a lasomme de 3,000 fr. Les frais d'installation , mobilier , chauffage fet ^clairage, les frais generaux, appointemeiib, etc. 11,000 L*i publication du Bulletin evaluee i 7,500 Toutes ces depenses forment un total de. . . . 21,500 fr. Nota. Sur cette derniere depense, on espere traitor a des conditions plus avantageuses. En evaluanl nos recettes a 2^,000fr. Notre solde en caisse et les creAnces. ..... 9,556 Nous aurons un total de 32,556 fr. Soit environ 11,500 francs applicables a I'acclimalation el aux progres, qui sont le but de nos travaux. Si, a cette somme, viennent s'ajouter quelques dons et (encouragements, nous pourrons travaillera I'imporlation des Alpacas, Lamas etautres b^tes a laines, a eel les des di verses especes de Vers a soie des contrees meridionalesqui nous ontdeja fourni quelques echan- tillons; enhn a rintroduction el a racclimalalion des Oiseaux Utiles el des planles et graines si desirees par lagriculture. II fautdonc redoubler do zele el d'aclivile, pour subvenir a ces depenses et en m^me temps y apporler toutel'economie possible. hO SOCIETE IMPEUIALK ZOULOGIQUE 1) ACCLIMATATION. I. EXTRAIT DES PROCESVERBADX DES STANCES GENERALES DE LA SOCIfiTE. SEANCE DU U JANVIER 1856. Presidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres admis depuis la derniere seance : MM. Alberdi (Jean-Bap tiste), charge d'affaires de la confe- deration Argentine, a Paris. Galderon (Don Carlos), proprietaire, chevalier deTordre militaire d'Alcantara, a Madrid. Germain de Saint-Pierre (le docteur), proprietaire, au chateau de Bessay, canton de Domes (Nievre), et a Paris. Robin (Edouard), prot'esseur de chimie et d'histoire naturelle, a Paris. TuRGAN, directeur du Moniteur universel, a Paris. — Sur la proposition de M. le President, faite au nom du bureau, et conformement aux dispositions de I'article 3 des statuts constitutifs, la Societeadmet, a Tunanimite, au nombre de ses membres honoraires : MM. Le vice-amiral Penaud. Perrotet, directeur du Jardin botanique de Pondi- chery. — M. le President informe Tassemblee que , par suite de I'extension que la Societe a prise, et selon le voeu emis par un grand nombre de membres, le Conseil a fait choix d'un local plus vaste, plus commode, appartenant en propre a la Societe, et situe dans r hotel Lauraguais, rue de Lille, n" 19. II sera mis .>rr. PKOCES-VERBAUX. Al a sa disposition aussitdt apres rachevement des travaux d'ap- propriation, c'est-a-dire dans le cours do Janvier. — II est donne lecture de deux lettres, Tune de M. W. Mac- Arthur, et I'autre du pere Furet, missionnaire apostolique en Chine et au Japon, qui adressent des remerciments pour leur nomination comme membres honoraires de !a Societe. Ce der- nier rappelleles communications qu'il a I'aites a M. le profes- seur Decaisne touchant les Vers a soie querciens eclos a Hong- Kong, et sur le Ch6ne convenable pour leur nourriture, qu'il a decouvert. II annonce son desir de nous 6tre utile , malgrc les nombreuses difiicultes materielles qui s'opposent a ce que les missionnaires puissent mettre a profit, aussi efficacement qu'ils le voudraient, leur z^le pour la Societe. — M. le baron d'Hombres-Firmas ecrit pour remercier de son admission. II offre la comparaison de quarante annees d'observations meleorologiques faites a Udine et a Alais, a I'aide d'instruments compares avec ceux de I'Observatoire imperial. — M. le major Taunay adresse de semblables remerciments, et fait hommage d'un travail qu'il a public sur I'azotage par la voie seche des graines destinees aux semailles, et donnant, dit-il, une plus-value de recolte de 10 ou 12 pour 100. — M. le comle de Fontenay, membre de la Societe, et qui, avant son depart pour I'Orient, avait manil'este le desir de faire servir son voyage aux inter^ts de la Societe, ecrit de Con- stantinople qu'il a fait deja des efforts depuis qu'il est dans cette ville, et qu'il compte en iaire de nouveaux, des son arri- vee en Crimee, pour obtenir des renseignements positifs sur la question, fort problematique encore, de la culture, dans ce pays, d'Oliviers en pleine terre, et pouvant resister, dit-on, a un froid de 13 a 14 degres. — MM. Audibert freres, directeurs d'un etablissement hor- ticole et d'une pepiniere a Tonelle, pres Tarascon (Bouches- du-Rhone), font hommage, par I'intermediaire de M. Guerin- Meneville, de differents produils vegetaux accUmates par eux, et qui sont mis sous les yeux de la Societe : on pent citer, en particulier, des Giraumonts de la Floride {Cucurbita pepo, 42 SOCIETE IMPEKIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. variete), des fruits de diverses sortes de Plaqueminiers {Dios- pyros), des glands du Ch6ne Velani {Quercus cegilops), etc. Dans la leltre detaillee qui accompagne cet envoi, MM. Audi- bertfont connaitre les avantages qui peuvent resulter de I'in- troduction de ces diverses plantes dans notre pays. Des remer- clments seront adresses a ces agriculteurs. — ■ Notre confrere M. Ramon de la Sagra presente quelques considerations sur I'utilite qu'il y aurait a introduire en Aige- rie plusieurs des nombreuses plantes monocotyledones de§ regions intertropicales dont les feuilles donnent de la filassej Ces feuilles, ajoute-t-il, offriraient plus de ressources a I'in- dustrie que les ecorces des vegetaux dicotyledones ; car, outre la finesse, la resistance et la facilite de I'extraction, leurs fibres textiles sont fournies par beaucoup plus de genres. Ceux- ci, d'ailleurs , sont tres riches en especes. M. Ramon de la Sagra fait present d'un ecbantillon de filasse, longue d'un metrfe environ, provenant des feuilles d'une plante de Manille, appe- lee Pina dans le pays, et qui appartient a une espece du genre Bromelia^ tres probablement distincte de I'espece comestible dite Bromelia ananas. A cette filasse il est joint un morceau d'une etoffe plus fine et en m6me temps plus forte que la ba- tiste, fabriquee avec les fibres non travaillees de cette plante. Ces etoffes, qui se vendent beaucoup a Madrid, sont d'un prix inferieur a celui de la batiste. — M. le baron d'Anca, membredela Societe, la remercie du don qui lui a ete fait de Vers vivants et de cocons du Bombyx cynlhia, dont I'education sera poursuivie a Palerme et a Mes- sine, oil le ricin croit en abondance. — On ecrit de Metlray qu'une education d'hiver de ce Bombyx s'y poursuit en ce moment. — Notre confrere M. Robillard , directeur du Jardin bota- nique royal de Valence (Espagne), annonce que, grace a I'envoi que lui a fait la Societe, il a obtenu beaucoup de cocons de ce ra6me Papillon, et qu'ils sont en assez grand nombre pour pouYoir servir a des essais sur la filature de la sole. — A ces details satisfaisanls sur I'education du Bombyx cynthia, M. Guerin-Meneville en ajoute d'autres. II annonce PROCES-YEHKAUX. Aft que des pontes abondantes ont eu lieu, pour la Soci^le, au Museum d'histoire naturelle, dans les sallesde la menagerie des reptiles, ou, grace aux soins intelligents qui leur ont ete donnes par M. Vallee, gardien de celte menagerie, la race s'est ame*- lioree. Les cocons, comme on pent le voir par les echantillons mis sous les yeux de la Societe, sont maintenant plus volumi- neux et plus colores que ne I'etaient les premiers cocons. La sole en est plus brillante, et il resulte de I'examen comparatif qui en a etc fait par notre confrere M. Davin, que, selon I'expression des fabricants, elle a plus de nerf. A Hyeres, un des regisseurs de notre confrere, M. de Beauregard, eleve constamment de ces Papillons. — M. le Prefet du departemcnt des Vosges transmet une lettre de M. le Sous-Prefet de Remiremont, indiquanl les moyens les plus praticables de venir en aide a la famille du p^cheur Hemy, en faveur de laquelle la Societe a ouvert une souscription, dont le niontant s'el^ve aujourd'hui a 2,6A4 fr. II resulte de ces renseignements qu'en raison des besoins ac- tuels et pressants de cette famille, il est convenable d'afJecter a leur soulagement, des a present, une petite portion de cette somme, qui sera distribuee successivement et avec ordre par une person ne honorable du pays , designee par M. le Sous- Prefet ; 2,000 francs sont places d'une fagon sure et avantageuse par les soins de M. le tresorier de la Societe. M. le Prefet des Vosges recommande vivement aux personnes qui s'occupent de pisciculture le jeune Laurent Remy, qui, dit-il, n'epargne- raitaucun soin pour justifier la protection dont il serait I'objet de la part de la Societe. — II est donne lecture d'un travail de notre confrere M. Alph. Derbes, profosseur d'histoire naturelle a la Faculle des sciences de Marseille, ayant pour titre : Des ressources que presente le ddpartement des B ouches- Ju-Rhdne sous le rapport de la pisciculture. Ce memoire est renvoye a la troisieme section. — Notre confrere M. Bouvenot montrc un appareil de son invention destine a I'education des jeunes oiseaux; il en ex- plique les avanlages, et en fail present a la Societe. hh SOCIETE IMFEUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. -— On lit une lettrede M. Delaporte, aiicien consul general, qui annonce que son fils, M. Delaporte, consul au Caire et membre honoraire de la Societe, a pris des mesures pour faire venir procliainement de la haute Egypte les Oies d'Egypte qu'il destine a la Societe. — Notre confrere M. le marquis de Selve ecrit pour remer- cier la Societe de lui avoir destine des Brebis a grosse queue de Caramanie ou Karamanlis, et il demande des Chevres de la haute Egypte. — Nos confreres MM. Lambot-Miraval et F. de la Sizeranne adressent des rapports satisfaisants sur les Beliers et Brebis Karamanlis qui leur ont ete confies par la Societe. — Notre confrere M. de la Roquette, qui a fait parvenir aux Etats-Unis plusieurs numeros denotre Bulletin, dont un compte rendu a ete donne par le Journal amSricain des sciences et des arts (nov. 1855), presente I'analyse d'une lettre adressee au consul general de France a New- York par un proprietaire de cette ville, M. Ambler, qui prend un vif inter^t a I'acclimala- tion dela Chevre d'Angora. Cetle lettre informe que ledocteur Jos.-B. Davis a importe, en 18/i9, dans la Caroline meridio- nale, six femelles et deux males de Chevre d'Angora. Place d'abord dans les regions basses de la Caroline, par 34 degres de latitude, ce petit troupeau s'est accru rapidement, et, en decembre 1855, on comptait deja plus de 50 animaux de race pure et un bien plus grand nombre provenant du croisement de males d'Angora avec des Chevres communes du pays. On Irouve dans cette lettre des renseignements sur les changements subis par la laine, dont des echantillons sont joints a ce document, ainsi que des gravures representant ces animaux. M. Ambler demande qu'on lui communique des renseignements un peu etendus sur les resultats obtenus jusqu'ici, et qu'on lui envoie des echantillons des laines produites par les animaux dont la France lui doitl'introduction a notre Societe. — II est donne lecture de notes sur les Yaks extraites par I'un de nos Vice-Presidents, M. A. Passy, d'un voyage dans I'Himalayai par Hooker. — M. Dareste lit un rapport sur les objets offerts a la So- PROCES-VERBAUX. 45 ciete par MM. VV. Mac-Arthur et Bonsfield, commissaires de rAustralie pros I'Exposilion nniversi'lle. (Voir an Bulletin.) — M. (ieotrroy Saint-IIilaire presente quelques details sur deux individus iemelles du genre Cheval, appartenant a une espece nouvelle, et donnes au 3Iuseum d'histoire naturelle par S. 31. rimperatrice, qui les avait recus du Paclia d'Egypte. lis proviennent de troupes nombreuses, fort agiles et tres diffi- ciles a atteindre, qui vivent dans le desert de Syrie, entre Palmyre et Bagdad. M. GeolTroy Saint-Hilaire a donne le nom d'Hemippe {Equus hemippus) a cette espece qui est a peu pres de la cou- leur de I'Hemione, mais qui a la t6te beaucoup plus petite, les oreilles plus courtes, et la queue et la criniere plus fournies : caracteres par lesquels elle se rapproche un peu plus du Cheval que I'Hemione. STANCE DU 18 JANMER 1856. ^M. le President proclame les noms des membres admis depuis la derni^re seance : MM. Collet (Analole), proprietaire a Lagny (Seine-et-Marne). CossoN (le docteur Ernest), a Paris. Decaix de Saint- Aymour (le vicomte), a Senlis (Oise). HuGUES (Henri), a Paris. Laine , veterinaire en chef du 47' regiment d'arlil- lerie , a Vincennes. Lanseigne aine, negocianten laines fran^aises et etran- geres, a Paris. NouGARiiDE (Adriende), lieutenant devaisseau, a Paris. PoRTALis, receveur general du departement du Loiret, a Orleans. Roux (Albert de), proprietaire, a Marseille. Salvignac (Antoine) , professeur de sciences physiques auLycee imperial Louis le Grand, a Paris. Voillemieu (le docteur), a Senlis (Oise). — M. le vice-amiral Penaud adresse des remerciments A6 SOCIETE niPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. pour sa nomination comme membre honoraire, et promel son concours a la Societe. — M.J. d'Alberdi , charge d'affaires de la confederation Argentine a Paris, ecrit pour remercier de son admission, et notre confrere M. Briquet- Jacquemin remercie de celle de M. Lhuiltier Dujardin, qui a ete recemment admis sur sa pre- sentation. — M. Barufii, notre delegue a Turin, informe du desir exprime par la SocUU agraire des tltats sardes (1), presidee par M. le chevalier senaleur Audiffredi , d'etre admise au nombre de nos Societes correspondantes. Cetle demande est renvoyee au Conseil. — A cetle communication, notre confrere M. Baruffi joint une Illation imprimee des succes obtenus en Piemont dans la culture de rigname. Cette relation a ete recemment presentee par M. le professeur Delponte a I'Academie royale d'agriculture de Turin. M. Baruffi rappelle queles Ignames de Chine qui sont culti- ves dans le Piemont avaient ete distribues dans ce pays, non- seulement par ses soins, comme delegue de la Societe, mais par ceux de S. A. R. le prince de Savoie-Carignan, qui avail rcQu aussi de la Societe, comme un de ses membres, un envoi assez considerable de bulbilles d'Igname. — M. Peire ecrit de Commercy, pour faire connaitre les avantages que presente, selon lui, Vemploi dela poudre d'ar- gile cuite dans la culture de certaines plantes. — Notre confrere M. I'abbe Maupied envoie de Gourin (J\Iorhihan) un rJ^pport sur les resultats obtenus par lui avec les graines qu'il a revues de la Societe. lis ont ete satisfaisants pour le Riz du ^resil, pour le Mais sucre hatif et pour I'lgname de IftQiiae, e,n 9^ qu'il en est resulte la preuve que ces vege- tauxpeuventsedevelopperen Bretagne. Toutefois les semailles ayant ete faites trop tard, les gelees se sont opposees a ce que le succes ait ete aussi complet qu'il aurait pu I'^tre sans cette circonstance defavorable. (1) VAssociazione agraria degli Stati Sardi. Le Conseil, dans sa stance du 11 Janvier, a admis cette association au nombre de nos Societes corres- pondantes. .4 PUOCES-VERBAUX, A| .i#- SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. amoindrirait les defauts de nos laines, mais d'une maniere trop minime pour nous en lenir la. Si nous voulonssericusementcommuniquer aux b6tesovines de TAlgerie les qualites qui leur manquent, si nous voulons generalise!* rapidement ces qualites, ne serait-il pas preferable de nous faire aider par les races qui les possedent, au lieu de nous borner a ramelioration de nos b^tes a laine par elles- nieines? On doit bien se persuader que, par la seule influence (les soins et des appareillements, nous pourrions, il est vrai, faire un grand pas, mais ce ne serait que par de longs travaux, et encore, pour les mener a bonne fin, faudrait-il aux indigenes des connaissances plus profondes sur cetle matiere et une maniere d'etre agricole plus en barmonie avec les conditions indispensables a ce mode de regeneration. Les croisements doivent done 6tre admis, mais sans exclusion des autres moyens ameliorateurs. Le choix des beliers, la castration de ceux qui sont inutiles ou impropres a la reproduction , la reforme armuelle des mauvaises brebis, la mesure de ne vendre pour la boucberie que les animaux cbatres ou reformes etc., rendront plus sures, plus promptes et plus faciles les amelio- rations que nous voulons introduire par les croisements. Le 25 Janvier 1852, nous disions dans un rapport adresse a la Societe d'agriculture d' Alger sur I'amelioration des laines : « Les Arabes, avec leur mefiance et leursidees arr6tees surce » qui concerne I'espece ovine, offriront des obstacles que Ton » p^ pourra surmonter qu'a la longue. II faut agir avec eux par » degres et leur donner surtout des preuves irrecusables des » avantages que Ton obtient par une hygiene bien dirigee et » par des croisements bien compris : notre premier pas doit » 6lre un succes. S'il en est autrement, nous aurons beaucoup » de peine a detruire les mauvais effets qui se produisent en » pareille circonstance. Si, au contraire, nos debuts sont beu- ^ reux, ramelioration des laines s'etendra peu a peu et aura .;» penetre en q,uelques annees dans presque toutes les tribus. » Ce premier pus est fait et ii a paiiailement reussi, non-seu- lementau point de vue des croisements, mais encoie au point jde vue de ramelioration de i'espece par elle-m6me. Le beau ESPECE OVINE DE l'aLGEBIE. ft? Iroupeau que M. lecomto Karidon, gouveineur general, a cree a Lagliouat est deja une preuve des resullats avantageux que Ton peut obleiiir par les soins et rintelligeiice. A la ferme d'Arhal, dans la province d'Oran, des brebisdu pays, croisees avec des beliers merinos de la race de Perpignan, ont donne, chez les premier metis, une augmentation de 60 a 65 francs par 100 kilogrammes de laine, et, chose a noter, une amelio- ration dans la qualite de la viande. En 1851, M. Haca, com- mandant le bureau arabe d'Orleansville, fit venir pour I'aghades Sendjes et pour celui des Sbea quelques b^tes de la race pierine de Naz. Get essai fait par les indigenes a ete couronne d'un plein succes. L'etablissement des Trappistes de Staoueh; MM. Bastide, a I'Arba; Goby, a Blidah; Belle, a Cherchell; Bonnet, a Baba-Hassen ; Dandrieu, a Oran, et quelques agri- culteurs de la province de Gonstantine, ont aussi employe les merinos, et parlout on a reconnu une influence amelioratrice bien marquee et une facilite tres grande d'acclimatation. Tunis, qui possede des laines au moins aussi fines que les nCtres, acheta, il y a une dizaine d'annees, un troupeau meri- nps pour ameliorer ses b6tes ovines. La aussi ces regenera- teurs ont produit de beaux effets. Noys ne pousserons pas plus loin les considerations qui se rattachent a I'ulilite des croisements pour nos b^tes a laine. Nous ne pr6cherions guere qu'a des convertis, car ee moyen ^meliorateur de premier ordre estgeneralement admis, surtout par les personnes qui occupent ici un certain rang dans le ,oa,onde agricole. * Maintenant il s'agit de savoir quelle race oo devra adopter. ]1 existe deux types de Iginnge que Ton est convenu d'appeler type de c^rde et type de peigne : les laines de carde exigent des qualiles d'elasticite qui ne sont pas demandees aux laines de peigne, lesquelles ^oivent 6tre longues, lisses et lustrees, tandis que les autres sont ordinairement plus courtes, plus ondulees et moins briliantes. Ces deux types se rencoutrent en Algerie a des degres difierents. Malgre le desir de simplifier les choses vis-a-vis des indigenes, nous pensons que Ton ferait bien d' avoir recours a deux sortes de raetissag^s, Tun pour les ()8 SOCIETl' IVri^.RIALE ZOOLOGIQLE IVACCLIMATATION. I.'iines a canle H I'atitre pour les laines a peigne. Pour le pre- mier, nous consoillons la race de Naz ou les plus beaux me- rinos d'Espagne, et pour le sec'ond, la race Mauchamp-Ram- houillet, niais daus des proportions differentes, parce que le type de carde est ici bien plus repandu que le type de peigne. 1. L'Etat doit-il abandonner la fourniture de ces animaux a rindustrie privec? Nous repondrions affirmativement a cetle question, s'il y avait en Algerie des capitalistes agriculteurs familiarises avec I'exploitalion lainiere. Us auraient bientot compris combien serait avantageux pour eux et pour le pays un etablissement ou Ton s'occuperait de la fabrication de ces beliers, de I'amelioration des b6tes ovines et de la production de la laine. II estprouve que cetle enlreprise agricole, dirigee convenablement, donnerait en peu de temps unrevenu annuel superieur aux capitaux primitivement engages. Plus bas, nous ferons connailre le mouvement ascendant d'un troupeau place dans de bonnes conditions. En I'etat ou sont les choses, ya-t-il des probabilites pour la formation d'un pareil etablissement sans I'appui de I'autorite? Nous ne le pensons pas. II serait done necessaire qu'elle intervintcomme elle a.du le faire pour beau- coup d'aulres mesures agricoles. Elle a parfaitement compris qu'il etait necessaire de mettre a la disposition des colons et des indigenes les graines et les germes les plus capables de faire prosperer le pays. N*est-elle pas venue a leur aide pour I'introduction et le perfectionnement de cerlaines cultures? Lorsque M. le comteRandon, gouverneur general, s'estoccupe de I'amelioration chevaline, n'a-t-il pas reuni, dans les depots de reproduction, des materiaux de haute qualite? N'a-t-il pas organise les etalons des tribus, cree des primes d'encourage- ment et mis les courses sur un meilleur pied que partout ailleurs? Que Ton etudie les heureux effets produits chaque annee par ces sages et bonnes mesures, que Ton fasse atten- tion que les ameliorateurs de I'espece chevaline sont sur les lieux, que, malgre cette condition, on a reconnu le besoin d'intervenir, et Ton arrivera a cette conclusion que le germe regenerateur de I'espece ovine etant au dehors, I'Etat doit le KSFECE OVIN£ UE L ALGEiWb:. 69 meltre sous la main des colons eL des indigenes. S'il n'agit pas de la sorte, Tamelioration des laines ne pourra marcher que treslentement vers un degre deGnesse qui laisserabeaucoup a desirer. A part quelques rares exceptions, qui voulez-vous qui fasse venir de France, d'Espagne ou d'Allemagne des beliers qui, rendus ici, coClteront chacun de 100 a 300 francs ? Colons et indigenes, auraient-ils les moyens de faire cette depense, seraient forces de se reunir, de s'entendre pour se faire expe- dier un certain nombre de ces animaux, el cela nous paralt bien difficile, surtout pour les indigenes. La plupart des tribus du Sud font pdturer dans ce triangle presque equilateral forme par Boghar, I'Oued-Souf el I'oasisdes Beni-Mzab. Cliaque cote de ce triangle est environ de 560 kilo- metres. Quand on compare I'etendue des paturages dont peuvent disposer les Arabes a I'etendue de ceux qui sont occu- pes par les colons et que Ton jette ensuite les yeux sur le petit nombre de b6tes ovines appartenant a ces derniers, on restc bien convaincu que les indigenes possedent et possederont pendant longtemps les principaux elements de I'industrie lai- niere. Si vous ne metlez pas a leur disposition des beliers ame- liorateurs, soyez persuade qu'ils n'iront pas les chercher, qu'ils ne feront rien pour en avoir, et que leurs betes ovines ne pro- gresseront pas beaucoup. Mais si vous leur procuriez ces rege- nerateurs, chaque annee les laines augmenleraient en qualites. Cette augmentation elevantle prix de ce produit agricole, les troupeaux deviendraient plus nombreux et parviendraientbien- tdt a fournir a la metropole les grandes quantites de laine dont elle a besoin. Ensuite, tel agriculleur, europeen ou arabe, qui, dans I'etat acluel des choses, ne songera jamais a amelio- rer son troupeau, ni m^me a en posseder un, pourra elie amene a faire difieremment par la seule raison qu'il aura a sa portee des regenerateurs qu'il obtiendra pour une bien faible somme. Plus loin, nous demontrerons que I'Etat pourrait faci- lement fournir ces beliers a raison de 10 francs I'un, prix infe- rieur a celui des beliers indigenes. 2. Faut-il, chaque annee, aller chercher au dehors ces beliers ou les faire nailre dans le pays? Sous tous les rapports, 70 SOCIETE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. cette derniere maniere d'agir est bien preferable a I'antre. Avee elle, les depenses seront bien moins considerables pour tout le monde, nous ferons bien mieux les choses et nous aurons moins de pertes, parce que nous amenerons progressi- vement I'accliniatation des b6tes a laine que nous voulons introduire pour les croiser avee les brebis indigenes. Supposez des beliers de Naz ou de Mauchamp-Rambouillet, transportes tout d'un coup dans certaines tribus. Supporteront-ils facile- ment cette transition subite declimat, d'alimentation et d'habi- tudes? Nous ne le pensons pas, et alors une espece de defaveur se repandra sur ces animaux. Ne serait-il pas preferable et plus rationnel de les faire naitre ici dans une iocalite comme on en trouve dans la subdivision de Medeah, parexemple, oiila temperature a beaucoup d'analogie avee celle de la metropole? La ces futurs ameliorateurs verraient le jour avee un commen- cement d'acclimatation, et cette acclimatation serait complete aladeuxieme ou troisieme generation. Un melissage doit ^tre dirige avee esprit de suite et surtout avee fixite de principes. II faut que le germe ameliorateur soit puise constamment a la m6me source, et que cette source soit mise, autant que possible, ci proximite des troupeaux auxquels elle doit servir. Si tous les ans on est oblige d'aller chercher en France ou ailleurs, et, sans doute, dans des bergeries diffe- rentes, les beliers dont on aura besoin,on depensera beaucoup et Ton risquera fort de faire delamauvaise besogne en nielan- geantles races et en nelaissant a aucune d'elles le temps de se fixer. Les acbats annuels de beliers auraient aussi le grave inconvenient de s'arr6ter de bonne heure, parce que Ton croi- raitbientot avoir fait assez pour I'amelioration des b6tes ovines, et nos laines resteraient loin du degre de perfection auquel dies peuvent atteindre. Ensuite n'est-il pas plus rationnel et plus economique de se servir d'etalons chez soi que cliez les autres ? II lie faut pas oublier que la depense de premier etablisse- ment est bien inl'erieure a toules les sommes qu'il faudrait debourser si I'onelait prived'une pepiniere de reproducteurs. Uho bergeriede cette nattire offrirait un autre avantage qui teSPfeCE OVINK 1)K l'aLOERIK. 7i aurait aussi son importance. Colons et indigenes verraient naitre et grandir les ameliorateiirs de leurs b6tes ovines, com- pareraieht la laine des uns a celle des autres, s'habitueraient pen a pen a I'idee du metissage, etfiniraient par I'accepter avec empressement parce qu'il donnerait une valeur bien plus grande aux troupeaux. Cette pepiniere de reproducteurs elant admise, nous avons etudie quelle etail la contree qui offrait les conditions les plus favorables a son installation. Pour beaucoup de raisons, la di- vision d' Alger nous a paru la plus convenable ; dans cette divi- sion, nous avons visile les endroils ou Ton croyait pouvoir elablir cette bergerie. Au camp du Fondouck, I'Etat ne possede que 32 metres 36 terrain sur chaque face de cet etablissement. Les dornainesdnt encore, il est vrai, des terres aux environs; mais elles sent a une trop grande distance et au tlela d'une riviere que le trou- peau ne pourrait pas traverser pendant une grande partie de I'annee. La Maison-Carree reunit quelques bonnes conditions : proxi- mite d'Alger, paturages d'ete et d'hiver, frais d'installation presque nuls, surveillance facile; mais il faudrait payer a MM. Maisofj et Cordier une location assez forte pour les 300 hectares qu'ilsmettraient a notre disposition. Dans la subdivision do Medeali, jl y a une localite oil Ton poutrait installer le troupeau regenerateur, c'est Barragouia. II resterait la pendant I'epoque des chaleurs, et il irait passer le temps du froid et des pluies a El-Birin, qui n'est qu'a une vingtaine de lieues de Medeah. C'est une plaine assez vaste, a terrain leger et sur laquelle croissent des herbes convennnt tres bien aux b6tes ovines. La tribti du chef Ben-Yahia et les Ouled-Alane vont seuls y faire paltre leurs troupeaux pendant la mauvaise saison. Nous croyotis utile de faire connaltre, d'abord les d^petlses occasionnees par I'achat, riuslallalion et rcntrelien de ce trdii- peau, et ensuileses produits et son adcfoissement pendant un temps determine. Supposons qu'il y aura 25 beliers et 400 brebis. 72 SOCiETE IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCL1M4TAT10N. Nous les portons au prix moyende !l20fr.,ci. . 51,000 fr. Frais d'installation a Barragouia 6,000 Total 57,000 fr. Voila la premiere mise de fonds. Frais d'entretien pendant une annee. Un maitre berger a 100 fr. par mois :1 ,200 fr, Trois aides a AO fr. par mois chacun I,lili0 Frais divers 500 Total 3,lA0fr. Pour des raisons facilesacomprendre, cette depenseannuelle devra s'accroitre, mais ne marchera jamais de front avec la progression que nous allons indiquer. Produits et accroissement du troupeau ameliorateur. Ce troupeau sera rendu a destination vers le commencement du printemps. Les achats se feront de maniere que beliers et brebis aient environ trente mois pour I'epoque de la saillie, et Ton agira selon les regies suivantes. L'annee aura lieu d'un printemps a I'autre. Les brebis n'aurontqu'une portee par an, atinque les eleves soient plus vigoureux et que les meres durent plus longtemps. Les agnelles augmenteront le nombre du troupeau et les mAles seront distribues vers I'agede trente mois. Onconservera peux qui seront necessaires a la saillie de ce troupeau. ., Nous portons a 5 pour 100 la mortalite d'une annee. , A deux kilogrammes et trois cents grammes le poids de la toison en suint des b6tes de deuxans et au-dessus. A quatre francs le kilogramme de cette laine. A un kilogramme et cinq cents grammes le poids de la toison en suint des b6tes d'un an. A deux francs cinquante centimes le kilogramme de cette laine. A vingt-cinq centimes par t6te les frais de tonte. A dix francs la vente de chaque belier ameliorateur. 11 nous semble preferable de les faire payer que de les livrer gratis. ESPECE OVINE DK t'ALGEniE. 7S Pour si faible qu'en soil le prix, il aura le double avantage d'6tre quelque chose pour nos recettes et d'engager ceux qui emploieront ces reproducteurs aleur prodiguer plusdesoin. II arriverait sans doute pour notre bergerie ce qui a eu lieu pour la Pepiniere du Gouvernement. Colons et Arabes ont loujours mieux soigne leurs plantations quand ils payaientles arbres que lorsqu'ils les obtenaient pour rien. II en serait de m6me pour les beliers. Cette mesure n'emp6chera pas d'en distribuer plu- sieurscomme primes d'encourageinent a ceux qui auront mieux dirige leurs troupeaux au point de vue de I'amelioration des laines. Que ces regeneraleurs soient vendus ou donnes a titre de recompense, on ne negligera rien, afin qu'ils ne serventqu'a I'usage pour lequel nous les destinons. En faisant entrer en ligne de compte, d'un cdte, les portees doubles, et de I'autre les avortements et les non-fecondations, nous evaluons que nous aurons un nombre d'agneaux ou d'a- gnelles inferieur de 5 pour 100 au nombre de brebis existant au commencement de chaque annee. D'apres ces regies, nous aurons a la fin de la 1" AJJNEE. Beliers H) Toisons des b«les Poids : kil. )>r. Vulenr. Brebis 580 ) de 2 aos et au-dessiis. . . 401 939 300 3.7lGfr. 80 c. Agoeanx ou ugnelles. 5K0 A deduire pour frais de lonte. . 101 fr. ToUl du troupeau. 784 Reiie 5,615 fr. 80 c. 2* AXNEE. Beliers -io > Toisons des beles PoiJs : Itil. gr, Vale.ir. Brebis. 261 ) de 2 ans et ou-dessus. . . 38t 883 200 3,352 fr. 80 c. Antenois 00 aDteuu::cs ~. . ■ i «. „ -o. .■<■ ....« . ..■_ j.yjj -g. Toisons des beU-s dim an. ti6l Mi 600 1,55S 75 Agneuux ouagu>;ll.s. 361 .^— _^__ .^_ Total du produit des laines 4,886 fr. 55 t . Total du troupeau. MOB A deduire pour frais de tonle. . 186 2j Resle 4,700 fr. 3l) c. 3« ANN^E. Beliers 22 \ ' Brebis • . . • 345 f Toisons des beles Poids : M. gr. Valeur. Antenoisouantenoisi-s i de 2 ans et au-dessu». . . 708 l,6i8 4o0 6,513 fr. 60 c. dedeuxans 343* Anleuuis oouutenoises _ . j t .. j. -.. .... ^^^ . -^_ j>un g„ -^5 Toisons des betes d'un an. o43 514 800 1,286 35 Agoeaux ou agnelles. 345 ■■ , Total du produit des liiinei' 7,799 fr. 85 c. ToUl du troupeau. 1.394 A deduire pour frais de tonle. . 462 75 Rest 7,537 fr. 10 c ih SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. IX* ANNEE. Au commencement de la quatrieme annee aurontlieu les pre- mieres livraisons de beliers ; ils auront environ trente mois a I'epoque de lasaillie qui suivra ces livraisons. En supposant que les naissances soient partagees entreles males et les femelles, nous distribuerons aux Europeens ou anx colons 167 beliers et nousaugmenterons notre troupeau de 171 brebis et de 9 be- liers. Nous aurons done a la fin de la 4* annee : Beliers Breliis Antenois oii antcuoises cle deux aiis Aiitenois on antenoises d'un an Agneaux uu agnelles. 26' 488 ( Toisons des betes Poids : kil. gr. Valeur. [de 2ans etau-defsus. . . 840 1,932 .■ 7,728 fr. » C. 526 526 488 Toisons des betes d'un an. 326 489 » 1,222 50 Tolal du troupeau. 1,634 Total du produit des laines 8,950 fr. 50 e. A de'duire pour fiais de lonte. 291 60 Reste 8,659 fr. » c. Vente de 167 beliers a 10 fr. I'un. . . . 1,670 » Beliers Brebis Antenois ou antenoises de deux ans. . . . Anienois ouantenoises d'un an Agncuux ou iignellcs. Tolal du troupeau. Total 10,329 fr. » c. 5' ANNEE. 29 J 618 f Toisons des betes Poids : Icil. gr. Valeur. ( de 2 ans et au-dessiis. . . 957 2,201 100 8,804 fr. 40 c. 3io; ,_. ToisoHS des betes d'un an. 464 696 » 1,740 » 618 2,059 Total du produit des laines. . . 10,544 fr. 40 c. A de'duire pour frais de tonle. . . 555 23 Reste 10,189 fr. 15 c. Vente de 158 beliers a 10 fr. I'un. . . . 1,580 » . Tolal 11,769 fr. 15 c. Beliers Brebis. Antenois ou antenoises (le deux ans Antenois ou antenoises d'un an. ...... Agneaux ou agnelles. 7.i\ 734 ( 441 ) 587 734 6* ANNEE. Toisons des betes I'oids : kil. gr. - Valeur. de 2 ans ct au-defsus. . 1,209 2,780 700 H,122 fr. 80 c. Toisinisdesbetesd'unan 587 880 500 2,201 25 Tulal da troupeau. 2,630 Total du produit des laines. . 13,524 fr. 05 c. A de'duire pour frais de tonte. . 449 » Reste 12,875 fr. 05 c. Vente de 148 be'liers a 10 fr. I'un 1,480 » Total 14,355 fr. 05 c. ESPfeCE OVINE DE l'aLG^RIE. 75 7* ANNEE. B«li«rs ."8\ Brebis 006 r Toisons ties licd^ Poids : kil. gr. Valour. AnICDoisouantenuises | dedans et nu-dcssus. . 1,502 o,454 600 13,818 fr. 40 c, de duuxans 5S8 ' J, „__ Toi&uns des betesd UD uii 007 1,0».*> MX) 2,613 73 a un an. ..•.,. van Agoeaiix ou agnelles. 9H6 Tolaldn produit det Uines. . . ia,432fr. IS c. -,.,,. _ ,„w A dcduire pour fruis dc lonte . . 549 75 Tutal ilu trou|ieuii. o,105 Rcste 15.882 fr. 40 c. Veuto dc 115 be'liers h 10 fr. i'lin. . . . 1,150 » Total 17.032 fr 40 c. Nous n'irons pas plus loin» parce qu'il nous faudrait etablir de nouvelles regl«s pour la niortalite ,et la reforme des vieilles b6tes. Ensuite nous ne savons pas s'il y aura utilite de eonti- nuer a Alger ce mouvement ascendant, ou s'il ne sera pas pre- ferable de doter les divisions d'Oran et de Constantino chacune d'un troupeau ameliorateur que celui d' Alger pourra leur four- nir largement. Recapitulation des Defenses et des Recettes pendant les sept premieres annees. DEFENSES. Zf25 betes ovines 51,000 fr. 1" mise de fends i ^, . „. „ . I'rais dmsiallaUon 6,000 iDt^r^t h 5 pour 100 de ces deux sommes. . . .' . ^ . ,. 19,950 Personnel ct frais divers pour les trois premiferes anriPes. 9,3^0 (Les quatre annees suivantes, il y aura deux aides en sus el une augmentation de 500 fr. I'an pour les frais divers. ) Personnel et frais divers pour ces quatre ann(5es 1^^,600 Total des d^penses 10Zi,770 fr. RECETTES. Vente de 17,976 kilogrammes de laine, deduction falte des frais de tonte 63,458 fr. Vente de 688 Wliers, a 10 fr. Pun 6,880 Total des recettes 70,338 fir. Pendant les sept premieres annees, les d^penses <5taiit de 10^,770 fr. Et les recettes de 70,338 II y aura une dilTi'rotice de 36, 432 fr. Mais nous auronsdistribue 688 beliers a 10 francs Tun, ce qui 76 SOCIETE IMPERIALE ZUOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. estpourrien ; ces reproducteurs auront deja amelioreles laines, fait de nombreux metis, et il nous restera , pour represen- ter cette difference de 3Zi,/i32 francs, un troupeau pur sang de 3000 t6tes environ. II est important de noter que ladistrii^u- tiondes beliers commence seulement a la qualrieme annee et que cette distribution ne suivra le mouvement ascendant qu'a partirde la seplieme.Nous pourrons alors tons les ans inonder I'Algerie de sang anieliorate.ur ; et c'est ce qu'il faut faire si nous voulons tirer un parti avantageux de nos b6tes a laine et de nos immenses paturages. Qu'on se le persuade bien, sans cette pepiniere de reproducteurs, nous n'arriverons jamais aux resullats que nous pouvons obtenir, a moins de depenser chaque annee des sommes enormes; et encore, malgre nos sacrifices, nous ne marcherions pas aussi bien, ni aussi vite. Les considerations et les cbiffres enonces ci-dessus parlent assez haut pour que nous engagions I'Etat a enlrer hardiment dans la voie que nous lui indiquons. Nous sommes enlierement convaincu qu'elle doit nous conduire a un tres grand progress agricole qui contribuera beaucoup a la richesse du pays et qui sera d'un concours tres avantageux aux manufactures fran- gaises. Pour cette fabrication de beliers, comme pour I'ame- lioration et la multiplication des b6les ovines, nous n'avons pas a craindre I'ecueil ordinaire des frais de main-d'ceuvre, ni la perte d'une premiere mise de fonds. II faut bien peu de bras pour I'induslrie lainiere.L'Algerie reunitde si belles conditions d'elevage,et lamarche asceudanle d'un troupeau est si rapide, qu'eii peu de temps et avec une avance d'une soixantaine de mille francs, notre colonic deviendrait une secoude Australie pour la production des laines, mais avec cette difference que nous ne sommes qu'a quarante hemes de la metropole. Dans une prochaine etderniere lettre^ Monsieur le President, nous continuerons I'examen des moyens de multiplier et de perfectionner nosespeces accrues de I'Algerie. Veuillez agreer, etc. Bernis. PISCICULTUHE PRATIQUE. 77 PISCICULTURE PRATIQUE APPLIQUEE A L'EMPOISSONNEMENT DES COURS D'EAU Par n. €. MILLET, Inspecteur des ForSts. (Stance du 1" fevrier 1856.) J'ai I'honneur de communiquer a la Societe un rapport qui resume les principaux resuUats que j'ai obtenus dans la gare de Choisy-le-Roi, par I'emploi de moyens reellement pratiques destines a assurer rempoissonnement des cours d'eau. Ce rap- port est signe par I'inspecteur de la navigation a Choisy-le- Roi, les autorites locales et les personnes Ires competentes en pareille matiere. Dans mes explorations sur les rives de la Seine, j'avai's reconnu que la gare de Choisy pouvait 6tre utilisee pour des Iravaux de pisciculture pratique. Les resultats ont repondu a mon attente ^ en effet, pendant ces trois dernieres annees, a partir du mois d'avril 1852, j'ai pu installer mes appareils dans la gare, et y organiser des frayeres artificielles placees sous la surveillance des employes de cette gare. Mes frayeres artificielles couvertes, chaque annee, de plusieurs millions d'oeufs, et mes appareils flottants charges, chaque annee, d'un tres grand iiombre d'oeufs des meilleures especes, ont produit des quanlites considerables de jeunes poissons qui peuplent aujourd'hui la gare, et qui, au fur et a mesure de leur develop- pement, se repandent dans les cantons limitrophes sur tout le cours de la Seine. Ces resultats, surtout ceux qui se rapportent aux annees 1853 et 1854, pendant lesquelles la reproduction naturelle du poisson a ete nulle ou presque nulle dans lacontree, en raison des iiiiluences atmospheriques et du regime des eaux, ont produit une impression favorable sur les riverains pour la pro- pagation et la conservation du poisson , et sur les nombreux visiteurs qui ont suivi mes experiences, et qui n'ont pas tarde 78 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE I) ACCLIMATATION. a en appliquer les principes sur divers points de la France et de I'etranger. Pour ne laisser subsister aucun doute, aucune incertitude, dans I'esprit des riverains, m^me les plus incredules, j'ai eu I'idee de faire eclore dans la gare des oeufs de Poisson rouge, ou Cyprin dore de la Chine. Pes le printemps de 1855, cette jolie espece etait abondamment repandue dans la gare et dans le cours de la Seine a plusieurs kilometres de distance. Ante- rieurement a cette importation, I'inspecteur de la navigation et les riverains qui habitent le pays depuis plus de trente ans n'avaient pas vu ou p6che un seul Poisson rouge. L'importance des resultats obtenus n'echappera certajne- ment pas a I'attention delaSocieted'acclimatation qui recherche les choses utiles et essentiellement pratiques, etqui, sous I'im- pulsion de son savant et zele President, en favorise la propa- gation par tous les moyeris dont elle pent disposer. . Je ne viens pas, en effet, presenter a la Societe un expose de ces theories, de ces projets, ou de ces programmes dont on a trop abuse, et qui ne sauraient commander aucune conviction. Je lui apporte des faits. Ces faits bien constates et ncttement indiques dans le rap- port que je depose sur le bureau, sont de nature a reagir heu- reusement sur I'opinion publique : d'une part, ils peuvent ramener dans une voie pratique les pisciculteurs qui s'en sont trop ecartes; et, d'autre part, ils viennentcorroborer I'opinion que j'ai souvent emise et que partagent aujourd'hui toutes les personnes qui s'occupent serieusement du repeuplement des eaux, a savoir que la pisciculture pratique etait facile et peu couteuse sur les cours d'eau, et que leur empoissonnement pou- vait 6tre opere sans avoir recours a des etablissements speciaux qui se placent presque toujours dans des conditions exception- nelles, et qui necessitent souvent des depenses considerables, mais qui, en realite, ne donnent que des resultats insignifiants et incapables de produire des matieres alimentaires. C. Millet. Ce 1" fevrier 1856. pisciclltl'hk pratique. 79 Rapport sur les moyens de rcmpoissonner la Seine a Vaide des gares qui communiquent avec ce fleuve. La gare Boivin, situee sur le territoire de la commune de €hoisy-le-Roi (Seine) est crousee parallelemont au cours de la Seine, sur la rive dioito de ce Ueuye, oil elle forme un grand rectangle de AOO metres de long sur 60 metres de large ; elle /comjnunique avec la Seine par un petit canal de 7 metres de large, de sorte que ses eaux subissent toutes les variations de niveau que celles de la Seine peuvent subir, et que les pojssons peuvent alterner avec la gare et le fleuve. Les variations de niveau sont tres frequentes , surtout a I'epoque de la ponte de la plupart des especes Ue poissons qui peuplent la Seine; outre les variations naturelles qui pro- viennent des pluies ou de la fonte des neiges, la Seine est encore soumise a des ernes subites, deux fois la semaine, par le flot provenant des parties superieures, et destine a faciliter le flottage. U en resulte que, sur un parcours considerable, les oeufs de poisson, notamment des especes qui deposent leur frai sur les herbes, sont exposes a des causes nombreuses de destruction; car on sait que les crues d'eau deteriorent ou detruisent les frayeres naturelles, et que I'abaissement du niveau de I'eau a pour efl'et immediat la destruction des oeufs mis a sec et expo- ses aux influences du soleil et a la voracite des animaux j^uisibles. Par consequent, pour assurer la reproduction des especes qui vivent dans la Seine, de maniere a en obtenir un peuple- ment capable de subvenir aux besoins des populations rive- raines, il devenait necessaire de rechercher les moyens de remedier a ces causes de destruction, sans entraver toutefois I'exercice du flottage ou le service de la navigation. La pisciculture a fourni ces moyens. Dans ses nombreuses explorations sur la Seine, M. Millet, inspecteur des forets, qui s'occupe depuis longtemps deja du repeuplement des CQurs d'eau, a eu I'beureuse idee de venir organiser dans la gare de Choisy ime application pra^qi^e (^e pjsciaujti^l'e ,de$|lii;i^§t /^ 80 sociET]^. imp^:riale zoologique d'acclimatation. rempoissonnementde tout oours d'eau place dans les conditions ou se trouve la Seine. Ses premiers travaux dansnotre localite remontent au mois d'avril 1852 ; ils ont ete continues sans aucune interruption depuis cette epoque jusqu'a ce jour, pendant tout le temps favorable a la ponte et a I'elevage des poissons. Le succ^s est complet, et les resultats obtenus ont une importance bien significative ; car pendant les annees 1853 et 1854, la reproduction naturelle du poisson a ete nulle ou presque nulle dans nos con trees, en raison des influences atmos- pheriques qui ont ete tout a fait contraires a la ponte et a I'eclosion des oeufs. Neanmoins, grace aux travaux deM. Millet, les jeunes poissons et I'alevin qui proviennent des annees 1853 et 1854 se presentent aujourd'hui en tres grande quantite; jamais la gare et m^me les portions de la Seine limitropbes n'ont offert un peuplement aussi complet et aussi satisfaisant. Ce peuplement se compose non-seulement des bonnes especes qui vivent liabituellement dans la Seine, mais aussi d'esp^ces inconnues jusqu'a ce jour dans la region de Choisy et dans tons les cantons circonvoisins. Du mois d'avril au mois de juillet 1852, M. Millet a opere sur la Perclie ordinaire, la Br6me, laCarpe, la Tanche et autres poissons existant dans la localite. De plus, il a commence a introduire : 1" une Ires belle espece d'Ecrevisse a pattes rouges; 2" la Percbe goujonniere ; 3° I'Alose, a I'aide de 100,000 oeufs au nioins; h" le Poisson rouge ou Cyprin dore, a I'aide de 30,000 oeufs environ, fecondes a Versailles eta Saint-Cloud; etc. Dans les annees 1853, 1854 et 1855, a partir du mois de fevrier, il a opere de nouveau sur les especes precedentes et de plus sur le Saumon, la Lotte et le Brochet. ' On voit et Von pent p6cher, dans la gare et dans quelques portions de la Seine, les jeunes poissons et I'alevin de toutes ces especes, a I'exception du Saumon et de I'Alose, qui sont des poissons migrateurs ou voyageurs. On sait, en effet, qu'a certaines epoqucs de I'annee, les jeunes Saumons et les jeunes Aloses quiltent les localites on ils sont nes el ou ils ont pu prosperer, pour gagner la mer, et qu'ils I PISCICULTCRI-: PRATIQUE. 81 revlennent, quamlilssont adulles on plus ages, dans ces m6mes localites, pouivu qu'elles soieiit encore accessibles et qu'elles ne soient pas dans des conditions incompatibles avec la nature de ces poissons. Par ces inleressants essais d'introduction ou d'acclimata- lion, M. i>Iillel a voulu doter notre contree d'esp^ces qui n'y sont pas connues, et qui pourraient offrir degrandes ressources pour I'induslrie de la p6che et pour Talimentation publique. On a aujourd'hui I'espoir de voir le Saumon venir frequenter nos rapides et nos graviers ; car M. Missa, I'un de nous, a vu cette annee quelques Aloses dans la gare et a proximite de la gare : or, d'apres les souvenirs de M. Missa, qui habite le pays depuis trente ans, et qui s'est toujours occupe de la p6che et de la conservation du poisson, I'Alose n'avait jamais paru ni dans la gare, ni dans la Seine; il en est de m6me pour le Poisson rouge. L'acclimatation de ce Cyprin dore estresolue. Cette esp^ce, ayant dans le premier age les caract^res de la Carpe, n'avait pas fixe d'abord I'attenlion des promeneurs ou des p6cheurs; mais cette annee, le Poisson rouge s'est montre avec toute la richesse et I'elegance de sa robe et de ses formes. On remarque mftme sur les sujetsqui ont nujourd'hui 15 a 20 centimetres de longueur, une vivacite de coloris que ne presentent jamais les poissons de cette espece livres au commerce. Apres s'6tre tenue sous les grands bateaux et dans les herbes de la gare, cette belle espece a commence a se repandre dans la Seine a une distance de plusieurs kilometres. Ces importants resultats ont ete obtenus a I'aide de moyens qui sont d'une grande simplicite et d'une pratique a la portee de toulle monde : Pour favoriser et assurer la reproduction des especes exis- tantes dans la localite, M. Millet procede, soit par fecondation artificielle, soit par fray^re artificielle 5 il donne la preference ace dernier mode. Pour le Barbeau et le Goujon, il suffit d'approprier des tas ou monticules de graviers laves par une eau vive ; pour le Bro- chet, la Perche, la Br^mo, la Carpe, la Tanche et autres, il T. HI. — Fevr. 1856. 6 82 SOCll^TE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. suffit (le disposer, en plan incline dans I'eaa doriiiante, des cages a claire-voie, ou des claies garnies de brindilies , par exemple, de Lalais de bouleau. Nous avons vu ces fray^res ar- tificielles couvertes de plusieurs millions d'oeufs en vole d'eclo- sion, el depuis lour installation dans la gare, au mois d'avril 1852, elles ont produit, en trois annees, des quantites innom- brablesde jeunespoissons, qui apparaissent par les beaux jours, soil entre deux eaux, soil a la surface de I'eau. Pour introduire des especes nouvelles ou etrangeres a la lo- calite, M. Millet a recours a la fecondation artificielle ; c'est ce qu'il a fait pour le Saumon , I'Alose, le Cyprin dore, etc. , especes pour lesquelles il n'avait pas pu organiser, sur les lieux m6mes, des frayeres artificielles. Les oeufs de Saumon et d'Aloseont ete transportes dans des boites de bois ou dans des tamis de fecon- dation, entre des linges humides, ct ceux du Cyprin dore sur des brindilies enveloppees d'un linge humide, dans un panier d'osier ou dans un tamis double. Quand les oeufs sont disposes sur les frayeres, on pent, si cette precaution est necessaire , les metlre a I'abri de leurs ennemis en enveloppant la frayere, soit par un clayonnage, soil par un grillage ou un filet. On peut aussi enlever les objets qui supportent les oeufs, et les deposer dans des tamis flottants ou des caisses tlottantes. Les oeufs de Saumon sont deposes sur le fond de I'appareil avec ou sans cailloux. Les tamis flottants, de canevas prepare ou de toile metallique galvanisee, nous ont paru reunir d'excellentes conditions; ils sont en effet peu coOiteux, tres solides et d'un usage facile et commode : des tamis de 30 a 35 centimetres de diam^tre, et dont le prix est de 2 fr. 25 cent, a 2 fr.. 50, ont fonctionne, pendant trois ans a partir du mois d'avril J 852, une grande paytie de I'annee sans avoir subi aucune alteration notable. Leuy forme et leur legerete permettent de les transporter faci- lement, de les manier et de les disposer sans aucun embarras a une station convenable dans I'eau, et la forme arrondie des bords ne permet pas le sejour des matieres etrangeres ou des ordures charriees par les eaux ; ils reunisseut entin de grands avantages en servant a la fois pour la recolte, la fecondation, I I'lSCICLLTllRE PRATIQUE. 83 le transport el reclosion ties oeufs, et pour le transport et la conservaiion des jeunes poissons jusqu'au moment de la dis- semination. Ces moyens de repeuplement, nous le repetons, sont tres simples et Ires peu coiiteux. M. Millet les a mis en pratique sur une tr^s grande echelle, dans la gare de Choisy, avec un entier desinteressement, sans aucune subvention de I'Etat ; son but etait de prouver que la pisciculture pratique fournis- sait, d^s a present , les moyens d'empoissonner convenable- ment les eaux de la France, et de livrer a la consommation une masse considerable de poissons comestibles : ce but a 6te complelement atteint. Nous dirons, en terminanl, que M. Millet a ete dignement seconde dans cette grande oeuvre par MM. Boivin, proprietaires de la gare, qui ont mis tous leurs poissons a sa disposition, et par le service de la navigation et celui de la surveillance de la gare, dont les employes ont fait preuve d'un zele tres louable. Cboisy-le-Roi, le 13 juiUet 1855. Ont signe : '" ," . ^ , MissA, inspecteur de la navigation et des ports de I'arron- dissemenl de Choisy-le-Hoi. — Lemire, directeur de la fabrique de produits chimiques. — Caureue, docteur medecin. — Lupine, chef d'institution. — Jamin, graveur sur cristaux. — Caillaud, adjoint. — Normand aine, maire de la commune de Choisy-le-Roi, rapporteur. A I'appui de cette communication, M. Millet a mis sous les yeux de la Societe des boites ct des bocaux qui presentaient, pour loutes les especes indiquees ci-dessus, une seriede jeunes sujets de divers ages, et uneserie de sujets adultes constituant, des a present, des produits marchands et comestibles. Ces boites et ces bocaux avaient ete fermes, cachetes et scelles par les autorites locales en presence desquelles les poissons avaient ete pOches. Les boites conlenant les poissons vivants ont ete ouvertes publiquement, sur I'invitalion de M. le President, pa M. le Secretaire general. 9h so(;iI':tp. impkuialk zoof.ofiioir, h'acclimatation. II. TRAVAUX ADRESSES ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIETY. SUR LES MOUTONS DE CARAMANIE (Asie Mineure) DOJi\ES A LA SOCIETK IMPERIALE Il'AfXLlHATATIOK PAR S. E, M. LE MARECHAL VAILLANT Karamanli Kouionl. Par n. TEXIER, Memhre ile Tlastilut. (Seance du 1" fevrier 1856.) Le nom de Karamanli donne aux moiitons de la Societe imperiale d'acclimatation indique qu'ils sont originaires de Caramanie. La particule U, en langue turque, indique la pro- venance : c'est ainsi qu'on dit Osmanli, descendant d'Osman; Tunisli^ habitant de Tunis, etc. La Caramanie est une des plus grandes provinces de I'Asie Mineure. EUe comprend le territoire del'ancienneCappadoce, celui de la Pamphylie et d'une parlie de la Cilicie. Ces contrees ont ete de tout temps renommees par la beaute et I'abondance de leurs troupeaux. Strabon (liv. XII, p. 525) nous apprend que cbaque annee, independamment d'un faible tribut en argent, la Cappadoce fournissait au roi de Perse 1500 chevaux , 2000 mulcts et 50,000 moutdns. Les Cappadociens ont toujours ete celebres dans I'art d'ele- ver les chevaux et le betail. La table de Peutinger indique le haras d'un certain Pampalus qui elevait prihcipalement des chevaux de char {equi currules). La Cappadoce se distingue par un caractere qui est deja mentionne par les geographes de I'antiquite, elle est comple- tement privee de bois ; de la lui vient le nom de Axylon, qui lui etait donne par les Grecs. Son territoire se compose de vastes steppes parcourues aujourd'bui par les Turcomans no- MOLTONS DE CAUAMAME. 85 mades. Au centre est un ijrand lac sale (jui fournit en abon- dance du sel a toule la contree. Comme cette substance n'est soumise a aucun imp6t en Turquie, ce sel se vend sur le pied de 20 paras (10 a 12 centimes) la livre turque (l''ii-,250). Les eleveurs ont Thabitude d'en distribuer une tres grande quantite au betail, et pour que les animaux n'en mangent pas trop a la fois, on le melange avec un peu d'argile rouge. Le matin et le soir, lesbergers en deposent des petits tas sur des pierres plates, el le betail, boeufs, moutons ou chevres, vont lecher cette poudre salee. Dans les provinces oii Ton trouve du sel fossile, on est dans I'usage de metlro un bloc de sel pr6s de la maiigeoire des chevaux. Le cheval leche ce sel en man- geant son orge. Tout le sous-sol de la Cappadoce est compose de tuf volca- nique. L'eau est rare dans toule la conlree; mais ce tuf est reconvert par une epaisse couche de terre vegetale qui forme, au printemps, une prairie naturelle on les troupeaux trouvent une pature abondante. Le droilde parcours etant presquesans limites, les nomades se depiacent a mesure que I'herbe s'epuise. Ce caractere de la contree s'etend au nord, bien au dela de la province de Cappadoce ou Caramanie, jusqu'au territoire d'Angora. Cette province porte le nom de Haimana : c'est la surtout que se rencontrent les chevres a toison soyeuse, con- nues en Occident sous le nom de chevres d'Angora. Tout le centre et le sud de la Caramanie nourrissent d'in- nombrahles troupeaux de moutons , qui different de ceux d'Europe par une particularite remarquable. La queue de ces moutons est comme un appendice de toute la peau du dos, elle forme une masse de graisse qui pese jusqu'a 6 kilogrammes et quelquefois davantage. Ces moutons existent dans le pays de temps immemorial, car ils sont cites par Herodote en ces termes (Herodote, liv. Ill, chap, cxni) : « Les Arabes ont deux especes de moutons dignes d'admiration, et qu'on ne voit point ailleurs. Les uns ont la queue longue au moins de 3 coudees ; si on la laissait trainer, il y viendrait des ulceres pnrce que la terre I'ecorcherait ; mais aujourd'hui tous les bergers du pays savent faire des petits 86 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. chariots, sur clmcun desquels ils attachent la queue de ces animaux. L'aulre espece de moutons a la queue large d'uue coudee. C'est cette derniere espece qui, par suite des relations avec la Syrie et I'Asie Mineure, s'est propagee en Cappadoce au point d'avoir remplace toute autre race de moutons. » Maintenant, a Constantinople comme a Smyrne, et dans toutes les villes de I'interieur, on ne mange plus que cette espece de moutons a grosse queue. On la retrouve dans toutle nord de la Perse, et j'ai m6me remarque que dans cette der- niere contree, les moutons sont infiniment plus grands ; ils sont de couleur fauve. La laine de ces moutons est assez grossiere, elle ne pourrait 6tre utilisee pour la confection des draps fins ; mais on Tem- ploie dans la fabrication des feutres et surtout des tapis turcs, qui sont connus en France sous le nom de tapis de Smyrne, sans doute parce que le commerce les tire de cette echelle, car dans toute la ville de Smyrne il n'y a pas une seule fabrique de tapis : Smyrne les tire d'Ouschak, ville de I'interieur. Les petits tapis de priere, vendus par le commerce sous le nom de tapis de Perse, se I'abriquent a Guerdess, autre ville d'Asie Mineure. La laine des moutons de Caramanie sert aussi k fabriquer des etoffes pour les lentes, et des manteaux noirs appeles par les Turcs habas. Ces manteaux se fabriquaient ancFennement en Cilicie, d'ou ils avaient pris le nom de cilices ; c'etait le costume de deuil de I'antiquite. La fabrique fran^aise emploie une grande quantite de laines d'Asie, qui arrivent en France par 1' echelle de Smyrne, sous le nom de laines de Caramanie. Elles sont dans leur ensemble de cette couleur grise, connue dans le commerce sous le nom de hurel : cette nuance resulte des diverses couleurs melan- gees, depuis le gris jusqu'au fauve fonce. Les laines de Caramanie entrent avantageusement dans la fabrication de quelques grosses etoft'es, notamment les tissus pour cabans des marins du commerce sur les cotes de la Medi- terranee, les limousines pour voituriers, etc. Mais !a destina- tion la plus generale s'applique a la fabrication des couvertures M0UT0N8 DB OAltAMANIl!;. 87 pour le service des troupes frariQaises de terre el de mer : la nuance des laines, leur souplesse, les rendent parfaitement convenables pour cct emploi. La maison Tesserenc et Calvel, de Lod^ve, qui depuis nombre d'annees est chargee de la fourniturc des armees, en consomme des quanlites considerables. A Marseille , le prix moyen de ces laines etail de 50 i (50 francs les 50 kilogrammes nets de droits. Les droits etaient de 22 francs les 100 kilogrammes; mais depuis le decret du 19 Janvier 1853, le droit a ete reduit a 3 francs les 100 kilo- grammes, mais en revanche le prix des laines s'est considera- blement eleve et se maintient entre 80 et 85 francs les 50 kilo- grammes. Les fabricants pensent que, vu I'extension donned a la fabrication des lissus de laine, ces prix se maintiendront longtemps. Ces laines arrivant en suint, doivent eprouver chez les fa- bricants un nouveau lavage, qui occasionne encore du dechel. Convenablement assorties, ces laines sont employees aussi pour la fabrication des lisieres et de la matelasserie commune. La race des moutons a grosse queue est repandue dans toute I'Asie Mineure et la Perse; elle est moins commune en Egypte, elle est a peine connue dans I'Afrique fran^aise", mais elle est exlr6mement repandue dans les regions du cap de Bonne- EsperancG (Histoire generale des voyages, t. V, p. 214). Getle queue ressemble a un enorme coussin de graisse (tome III, page 297); on voit des moutons dont les queues sont si grosses, que les bergers sont obliges de les soutenir par un petit cha- riot pour aider I'animal a marcher. C'est exactement ce que dit Herodote; j'ai, de mon cCte^ observe le m6me usage dans les environs deKonieh. En Perse, j'ai vu des beliers, engraisses pour le sacrifice du courban Ba'iram, qui avaient acquis le volume d'un veau. La queue ne pesait pas moins de 20 livres. Ces animaux ne marchaient plus, ils pouvaient a peine se tenir deboul. La graisse de ces queues est legere, huilcuse, et est em- ployee dans les cuisines en guise de beurre ; elle sert en Orient, oii le pore est abhorre, pour tous les usages ou 88 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nous employons I'axonge. On la bat dans I'eau, on en retire toutes les parties fibreuses, et elle sert en guise de beurre. Malgre I'abondanee des troupeaux et la quantite de laitage qu'ils fournissent, le beurre n'est pas commun en Orient : a Constantinople on tirait le beurre frais de Russie ; il arrivait dans des peaux de boeuf ou de cheval; il etait toujours melange de graisse, et exbalait une odeur qui indiquait a vingt pas la demeure du baccal ou epicier turc. Maintenant les Turcs en sont reduits a la graisse de queue de mouton pour preparer leurs aliments. Le lait des troupeaux n'est pas employe pour preparer le ieurre, mais il est consomme en nature. On en prepare : 1° Du ka'ijmak, qui n'est autre chose que le lait porte a la tem- perature de I'ebulljtion dans de grandes bassines larges et peu profondes, et ecreme avec une coquille. C'est le mets favori des dames turques ; il y a pour le harem du sultan un prepa- rateur de kaijmak attitre. 2° Le youhourt, ou lait aigri : c'est le mets national des nomades; il est tres nutritit" et rafraichissant. On prepare le youhourt avec le ferment, puis dans du youhourt ancien. 3° Enfin le mohalibi, mot arabe qui veut dire : avec du lait. C'est du lait doux cuit avec la farine de riz ; les marchands le vendent sur les places sous forme de gateaux blancs. Les fromages des brebis sont doux ou sales. Les Asiatiques ne connaissent pas le fromage fermente ; ils conservent le fro- mage, espece nommee misitra, dans des tonneaux de saumure. L'acclimatation dans nos regions de Tespece de Caramanie a grosse queue ne parait devoir presenter aucune difficulte. La Caramanie forme un plateau eleve en moyenne de 1000 a 1200 metres au-dessus du niveau de la mer. Les hivers y sont au moins aussi rudes que ceux de France; les etes y sont chauds. L'espece de betail est accoutumee a une grandesobriete et n'a jamais passe I'hiver dans une etable. L'Auvergne, les plateaux du Tell en Algerie, et la Sologne, seraient tres aptes a recevoir des eleves ; mais il me parait important de faire entrer le sel pour une partie notable dans leiir alimentation. 6«< III. EXTRAIT DES PROCESVERBAUX DES SEANCES GfiNfiRALES DE LA SOClfiTfi. SEANCE DU 1" FEVRIER 1856. Pr^sidence de M. Geoffroy Saint-Hila)re. M. le President proclame les noms des membres admis depuis la derni^re seance : MM. Besson des Blains (de), proprietaire, au chateau des Rosiers, pres Saint-Vallier (Dr(5me) . Capanema (le capitaine de), professeur de physique, a TAcademie imperialc de genie de Rio-de- Janeiro, commissaire du Bresil pres TExposition universelle, a Rio-Janeiro. GojON (Henri), proprielaire, a Francin (Savoie) et a Paris. Laplace, consul general de la Republique du Paraguay, a Paris. Lebel (le docteur Charles-Guillaume-Pierre), a Vin- cennes (Seine). Ollagmer (Jean-Baplisle-Edouard), proprietaire, a Lagny (Seine-et-Marne). Pycke de Peteghem (Ic baron Oscar), proprielaire, a Gand (Belgique). Quinette, conseiller d'Etat, a Paris. SoHiER (Leon), proprietaire, a Paris. SusiNi (le vicomte Florimond de), ancien officier de cavalerie. President de la Societe d'agriculture de Sartene (Corse), a Sarlene. — Sur la demande de MM. Gingins d'Eclepens, president, C. de Loriol, vice-president, et D. Sautter, secretaire de la Societe (Veconomie rurale de la Cdte (Vaud-Suisse) , cetlc Societe est admise au nombre de nos societes correspondantes. 90 SOCIETE IMPERIALK ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. La m6me admission a eu lieu pour Y Association agraire des £tats sardes. — MM. Ollagnier et de Salvignac ecrivent pour remercier de leur admission, et notre confrere M. Lecoq, directeur de I'Ecole veterinaire imperiale de Lyon, adresse des remerciments pour le choix que le Conseil a fait de lui comme delegue de la Societe dans cette ville. — M. le prince Anatole de Demidoff, en transmettant de Vienne (Autriche) son vote pour le renouvellement du Bureau, temoigne le desir qu'il lui soit reserve une part dans la souscription que plusieurs membres fondaleurs de la Societe comptent ouvrir pour mettre a la disposition du Conseil une somme de 300 francs, qui represente la valeur intrinseque de la medaille d'or destinee a devenir I'une des recompenses les plus importantes parmi celles que la Societe a le projet de decerner annuellement. M. le prince A. de Demidoff demande en m6me temps des bulbilles de I'lgname de la Chine. Notre confrere M. Blanc, directeur des etablissements de culture et d'acclimatation que le prince a crees a San-Donato, pres Florence, sera charge de diriger les essais. — Des demandes d'animaux et de vegetaux, adressees par MM. Braguier, Chazereau, Daget, d'Andecy, Galand, Molly, le comte Leon de Montesquiou, le due de Padoue, I'abbe Pauvert, le professeur Sacc, membres de la Societe, et par la Societe imperiale d'agriculture, sciences et arts de I'arrondissement de Valenciennes, sont renvoyees au Conseil. A cette occasion, M. le President rappelle que, vu leur nombre considerable, les demandes semblables a celles qui viennent d'etre mentionnees, lorsqu'elles emaneront de per- sonnes etrangeres a notre Societe, ou de Societes qui ne se rattachent pas a elle d'une maniere directe, ne pourront 6tre inscrites et examinees, suivant une decision du Conseil, que si elles ont ete Iransmiseset recommandees, soit par un denos confreres, soit par I'un des membres du bureau d'une societe affiliee ou correspondante. — M. J.-C. Werner, peintre au Museum d'histoire naturelle, PROCfeS-VERBAUX. M presenle quelques planches d'lin Atlas qu'il va publier sous le litre (TAnimaux utiles et d'agrement, et conformement a sa demande, la Sociele en accepte la dedicace. ht- On procede a I'election du Bureau et du tiers du Conseil. Les bulletins de vote sont remis a une Commission choisie par le Conseil, pour operer le depouillemenl immediat du scrutin. Voici comment les voles ont ete repartis : Le nombre des volants etait de 228 (8Z| membres presents, et 144 votes envoyes sous pli cachete et contre-signe, ou dans une lettre adressee, soit a M. le President, soit a M. le Secre- taire general , savoir : bli de Paris , 82 de 32 departe- ments, 2 d'Espagne, 3 des Etats sardes, 1 d'Autriche et 2 de Suisse). 1° Pour la presidence : M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, 227; M. A. Passy, 1. 2° Pour les quatre vice-presidents : MM. Antoine Passy, 227 ;le prince Marc de Beauvau, 226; Richard (du Cantal),223; le baron de Pontalba, 218. 3° Pour les fouctions de Secretaire general : M. le comte d'Epremesnil, 226. PROCfeS-VKRBAUX. M h* Pour les fonctions de secretaires : MM. Guerin-Meneville, 227; Aug. Dumeril, 226; E. Du^in^22/i; le bi|ron de Mont- gaudry, 223. -'''"■.' 5° Pour le Conseil : MM. de Quatrefages, 223; le comte de Siiiety, 222 ; le baron Seguier, 222 ; Rullier, 219. Les autres suffrages ont ete donnes : Pour la vice-presidence , a MM. les docteurs Baudens, Berryer-Fontaine et Moquin-Tandon ; Pour le secretariat, a M. Huzard ; Pourle Conseil, a MM. Edmond Becquerel, Bigot etPlorent Prevost. En outre, un grand nombre de membres ont obtenu une voix pour di verses fonctions. En consequence sont elus, pour I'annee 1856 : President : M. Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire ; Vice-presidents : MM. le prince Marc de Beauvau, Ant. Passy, le baron de Pontalba et Richard (du Cantal); Secretaire general : M. le comle d'Epremesnil ; Secretaires : MM. Aug. Dumeril, E. Dupin, Guerin-Mene- ville, le baron de Montgaudry; Membres du conseil : MM. de Quatrefages, Ruffier, le baron Seguier, le comte de Sinety. Le Secretaire des stances, A. -Aug. Dumeril. 96 SOCIl&TE IMPERIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATaTION. OUTRAGES OFFERTS A LA SOClilTl;. STANCE DU 18 JANVIER 1855. L'Institdt (du 26 d^cembre 1855 au 16 Janvier 1856). Cosmos {W annde, 8* volume, livraisons 1 et 2). Le MoNiTEUR DBS coMiCEs (n"' 1 et 2). Rendiconti delle adunanze della R. Accademla economico-agraria dei Georgofllidi Firenze (9Mivraison). Revue coloniale (novembre et d^cembre 1855). Archives algeriennes (n°' 8 et 9, 1855). L'Utile et L'AGRtUBLE (novembre et d^cembre 1855). Annuaire de la Society ra^t^orologique de France (octobre 185Zi et aoflt et octobre 1855). Journal de la Soci^t^te vaudoise d'utilit^ publique (ddcembre 1855). Nouvelles annales des voyages, de la g^ographie, de I'histoire et de rarch^ologie, rddig^es par V.-A. Malte-Brun (septembre, octobre, novembre et d^cembre 1855) ; offert par M. de la Roquette. Journal d' agriculture, public par le Comlt(5 central d'agriculture de la C6le-d'0r (octobre, novembre etd^cembre 1855). Bulletin du Comice agricole de Toulon (n" 2, 1855}. Revub et Magasin de zoologie pure et appliqu^e, par M. F.-E. Gu^rin- Meneville (1855, n<" 10, 11 et 12). Journal de la Society imp^riale et centrale d'horticulture (de Janvier i octobre 1855 ; 10 livraisons). Bulletin de la Soci^t^ industrielle de Mulhouse (n° 132). Annales de la Soci^td d'agriculture de I'Allier (3^ trimestre de 1855). Annales de la Soci^t^ acad^mique de Saint-Quentin (2* sdrie, tome XI, 1853 et 185Zi). Annales de la Soci^t^ d'^mulation du ddpartement des Vosges(tome VIII, 3' cabier, 185Zi). Journal de la Socidt^ d'horticulture deGand (1" volume, 11* livraison, novembre 1855). L'Agricultedr praticien (les 2 premiers volumes et les n°' 1 S 5 de la 3* ann^e), offert par M. Gorn, libraire de la Soci^t^ imp^riale zoologique d'acclimatation. Bulletin de la Soci^td des conferences agricoles pratiques de Meulan (ann^es 185Zi-1855). CH^VRES d'aNGORA. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOGI^TE. SUR LES CHEVRES D'ANGORA DONNfiES A L'ALGfiRIE PAR LA SOCIETE IMPERIALE D'aCCLIMATATION ET PAR M. SACC. LETTRE DE M. LE MARECHAL RANDON GOUVERNEUR G^N^RAL PE L'ALOERIE A M. LE PRESIDENT DE LA S0CI6t£ 1MP£rIALE D'ACCLIMATATION ET RAPPORT SUR L'ETAT DU TROUPEAU Par m. HARDY, Direcleur de la Pepinicre cenlrale du gouvcrnemenl ?i Hamma. (Seance du 15 fevricr 4856.) Monsieur, J'ai I'honneiir de vous envoyer une copie du Rapport qui vient de m'^tre adresse par le directeur de la Pepiniere centrale, sur le troupeau de Chevres angoras qui nous a ete envoye par M. Sacc. Vous lelirez, j'en suis certain, avec un grand inter^t. Nous voici desormais assures que ces animaux s'acclimateront en Algerie, ou nous pouvons esperer les voir se reproduire rapidement et devenir pour noire colonic une nouvellc et im- portante source de prosperite. Vous jugerez peut-6tre convenable de porter ce rapport a la connaissance de la Societe, qui y verra une preuve de Tem- pressement que je mettrai toujours a enlrer dans ses vues et a seconder ses efforts. Recevez, Monsieur, I'assurance de ma consideration tr6s distinguee. Le general de division Gouverneur general de I' Algerie, Randon. T. in. — Mars 1856. 7 i&8 SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Rapport sur la situation du Troupeau de Chevres d' Angora donne a I'Algirie pat la SocUte imperiale d' acelimatation et par un de ses membres, M. Sacc, par M. Hardy. Monsieur le Gouverneur general, Selon vos instructions, je me suis rendu a Cheragas pour examiner le troupeau de Chevres d'Angora confie aux soins de M. Frutie, I'un de nos plus anciens et de nos plus liabiles colons. Ce troupeau se compose de douze chevres et d'un bouc. Le bouc et dix chevres sont de race parfaitement pure; leur lon- gue toison soyeuse, legerement ondulee, est d'une entiere blancheur et brille au soleil; deux de ces chevres ont le poil aussi blanc, mais beaucoup moins long et moins soyeux •, elles semblent etre le produit d'un metissage. En tout cas, elles sont de race beaucoup moins pure que les autres. La situation do ce troupeau est des plus satisfaisantes. Les b6tes sont vives, alertes et dans un etat de sante tres florissant; elles ont m6me beaucoup d'embonpoint pour des animaux de ce genre. Cependant il est facile de remarquer que leurs for- mes exterieures se rapprochent, a un certain point, de celles du mouton, et que I'engraissement a chez elles plus d'appa- rence immediate que dans la chevre ordinaire. Le troupeau d'Angora patt toute la journee, tantot dans les champs, tantot dans la broussaiUe, en compagnie d'un certain nombre de chevres du pays et de chevres nialtaises, dont on a eu soin d' eloigner les boucs. La nuit, il couche seul, dans une ecurie a part, ou une litiere abondante et toujours propre est entretenue. Les toisons sont d'une proprete assez satisfaisante ; mais elles ramassent dans les champs les fruits entoures d'hamegons pro- pres a certaines plantes legumineuses, telles que les luzernes, les chenillettes, et qui sont tellement adherents qu'il faudrait arracher les poils auxqgels ils sont accroches pour les extirper. Ces graines, qui se rencontreni dans presque tous les patura- ges, presentent un inconvenient reel, et il sera toujours diffi- cile d'en preserver les toisons d'une maniere satisfaisante. CHr^.vitER d'angora. 09 Les Clievros d'Angoru sont certaiiiement tr^s rustiques. Elles soiit moins dt'licales et moins susceplihles, soui le rapport de la iwurrituru, que les dievrtfs prdinaires. Elles londent I'herbe de pres et hroutent a toutes les broussaiiles; elles mangent avee appelit los feuilles des lentiscjues, des clematites, des fila- ria8, des ollviers, etc., qui sotit les arbustes les plus communs dans les lieux incultes et ou le parcours peut avoir lieu. La reproduction de ce petit Iroupeau ne se presenle pas d'une nianiere moins satisfaisante. La pliipart des cbevres sont plci- nes, et plusieurs ni6me'm'ont paru dans un etat de gestation assez avancee. On est Ibnde a croire que toules mettront bas sueressivenient. Desiranl connailre ce qu'il serait possible d'obtenir par le m^Hssage, j'ai fail conduire au bouc d'Angora deux Ires belles clievres nialtaises nfappartenant, et dont M. Frutio a bien voulu prendre soin monientanement. Je ponst^ (jue le nionient favorable pour la tonte de ces ch6- vres sera, en Algorie, vers la fin d'avril, a peu pres comme pour nos nioutons. II i'audrait que cette operation importante t'lH t'aileavec beuucoupde soins, par un tondeur dont I'habilete serait reconnue. Selon les conseils de M. Sacc, ces toisons doi- vent ^tre conserveeB entieres et eniballees dans leur position naturelle, atin que Ton puisse operer le triage des poilsau lieu de la fabrication. Je vous proposerais, Monsieur le Gouverneur general, d'ex- pedier ces toisons a la Societe zoologique d'acclimatation a Paris, qui les ferait vendre avec cello des aulres troupeaux qu'elle possede en France. M. Sacc pense que ces loisons se vendraiont (i fr. le kilogramme, el que la fabrication d'Amiens les recherche beaucoup et pouirait en faire uue consommation considerable. Veuillez agrecr, etc., Le Direct fiur de la Pepiniere centrales Hardy. 460 SOCTl^Tlft IMPKRIALE ZOOLOGTQUE 1) ACf.LIMATATFON. RAPPORTS DE LA COMMISSION GENERALE CONSTITUEE DANS LE SEIN DE LA SOCIETE IMPERIALE d'ACCLIMATATION POUR l'examen de rExposition nniverselle des produits de I'lndastrie (1). NOTE PRELIMINAIRE PAR M. LOBLIGEOIS, Sccretairo de la Commission generale. (Sdance du 15 f6vrier 1856.) Messieurs , C'est dans des eoncours agricoles plut6t qu'industriels, c'est sur place et en nature plutotque dans des collections, que vous aimez a trouver vos sujets d' etudes. Le Conseil a pense pour- tant que la Societe pourrait profiler, a son point de vue, des travaux auxquels les produits exposes par I'lndustrie invite- raientses membres. line Commission, dite de I'Exposition, fut instituee en 1855, et composee de delegues nommes par vos Sections et Commissions permanentes. Des sa premiere reunion, voire Commission de I'Exposition universelle, apres s'6tre completee par quelques adjonctions dont elle avail reconnu I'utilite (1), regla son travail, et se partagea en Sous-Commissions, moins pour specialiser les etudes de ses membres sur plusieurs sujets, que pour relierles travaux de meme ordre. Des rapporteurs nommes par chacune de ces Sous- ommissions vous exposeront le resume des obser- vations faites par vos delegues. L'organisation de ces Sous-Commissions ou Commissions partielles sera indiquee en t6te de chaque rapport. (i) Les membres adjoints par la Commission aux dd^gu^s des Sections et Commissions permanentes sont : MM. Chatin, Focillon, Fiemy, Haime et Moquin-Tandon. Pour la premiere organisation de la Commission, voyez le procfes-verbal de la stance du 25 mai, t. If, p. 388. KXAMEN UES MIELS ET CIKES. 1^ Trois resultats ont (He obtenus : L'un, iiiinu'diut •, la collection des rapports fournira uii vaste catalogue des principaux objets dont racclimatation et la pro- pagation sont designees avos efforts. Un autre, non moins direct, c'est une collection d'echantil- lons obtenus soit par votre Conseil, soit par vos delegues, des exposants de plusieurs pays. y, \j.y,,. Un troisienie, enlin, s'il n'est pas aussi immediat, n'en est pas moins important: laSoci^te, pen connue encore, au moment de I'Exposition, de bien des producteurs etrangers et m^me indigenes, peut compter pour Tavenir sur beaucoup d'entre eux , soit comme correspondants, soit comme membres titu- laires; elle peut encore, grace aux demarches qu'elle vient de faire, esperer avec fondement qu'un nouveau concours lui fournirait des renseignements precieux, et qui malheureuse- ment se sont fait regretter plus encore que Tabsence de collections et de specimens specialement destines a notre observation. RAPPORT DE LA SOUS-COMMISSION CHARGEE DE L'EXAMEN DES MIELS ET CIRES. Commissaires : MM. GutRiN-MtNEViLLE , Tastet, et BIGOT, rapportear. L'insuffisance des documents imprimes ou manuscrits, et la difGcuUe extreme d'obtenir des renseignements verbaux cir- constancies sur la plupart des produits exposes au palais de rindustrie, rendent necessairement fort incompletle rapport de la Sous-Commission chargee d'examiner les ecbantillons de cires et de miels au point de vue de V acclimatation. Nean- raoins nous pensons que les cires^ en particulier, offrent, sous divers rapports, un sujet d'ctudes aussi interessant que varie. Les wiie/;?, exposes sont I'ort loin de presi'iiter les .iii^.njQs 1091 SOCIETE IMPERIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. avantages, aussi nous bornerons-nous a quelques breves indi- cations que nous croyons devoir suffire. Plusieurs nations , entre autres la France, FAngleterre, TAllemagne, la Belgique, Tltalie, exposent des mati^res pre- mieres ou des produits fabriques, tires directetnent ou indi- rectement de substances diverses : soit animates {snifs, graisses , etc.)-, soit vegetates [huiles de palme , de coco, fruits de Myricas, etc.); soit, enfln, imnerd\e?, (Vasphaite) -, mais la plupart de ces matieres, deja connues et employees depuis longtemps, nous semblent plutot interessantes sous le rapport exclusivement commercial que sous celui de racclima- tation. Nous avons done cru devoir nous borner a cboisir dans le nombre ce qui nous a paru nouveau ct susceptible d'inte- resser notre Societe. Ces produits. ces substances peuvent 6tre pftrtagees en deux categories : dans la premiere, nous rangeons les produits de divers insectes; dans la seconde, ceux qu'on obtient de divers vegetaux, pour la pluparl encore peu connus, sinon ignores de la science. Parmi les premiers, nous n'hesitons pas a placer tout d'abord, et hors ligne, la aire produite par un insecte du genre Coccus {Hemipteres) qui vit sur les rameaux d'un arbuste chinois. Cette sorte de cire, dont il fiit deja plusieurs fois question I'annee derniere, tant dans les seances generates de notre Societe (jue dans celles de la section entomologique, enfin pendant les diverses reunions de la Commission permanente des vegetaux, ne ressemble en rien au petit ecbantillon qui nous fut soumis en seance generate avec la designation de cire vegetale de la Chine. Nous avons pu facilement nous en assurer en examinant le contenu d'une vitrine de 1' exposition anglaise de la galerie annexe, dans laquelle se voyaient encore d'autres cires et des bougies appartenant a la Prices patent candles Company. C'est la seulement que nous avons decouvert plusieurs echantillons magniliques de cette belle substance et qui presentaient m6me d'assez fortes dimensions; mais, en I'absence de renseigne- ments convenables, nous ne pouvons actuellement dire si ces ^chwtillons uvaient ete epures et blancbis, Quoi qu'il en soit. FAAMKN HES MIELS RT CIRES. lOS et tels (|ii'ils se presenterent a nos yeux , nous n'hesitoiis pas a affirmer que leur apparetice generale semijlait les placer bien au-dessus de toutes les cires deja connues, et sur le m6me rang peut-t'^tre que le precieux sperma ceti. Leur blancheur est eclatante, pour ainsi dire iiacree, leur texture cristalline ou fibreuse comme celle du blanc de baleine. Nous n'avons pu jugerla valeur usuelle ou industrielle de ce produit; cependant I'usage considerable qu'en font les peuples de la Chine et du Japon pour leur eclairage nous porte a penser qu'il ne dement en aucune fa^on ses apparences seduisantes. Nous croyons done fermement que ce produit entierement remar- (juable devrait 6tre I'objet des recherches les plus serieuses, les plus perseverantes, et qu'il ne sera pas hors de propos de donner ici succinctement quelques indications extraites d'une curieuse notice inseree dans les Traiisactions of the entomo- logical Society ^ London{new scries, vol. II, 1853, p. 93, etc.): « M. D. Hambury a presente a ladite Societe Tinsecte, la cire etles dessins de I'arbuste, lequel existedu lestea Y Exotic nursery (Chelsea). II parait (jue les caracteres chimiques de cette cire la rapprocheiit du sperma ceti, et la placent bien an-dessus de toutes les autres matieres circuses, animales ou vegetales, d^ja connues. Elle est ouctueuse au toucher, ino- dore, insipide; se brise en une line poussiere Ires seche, qui iradhere pas aux dents; elle entre en fusion vers 180° Fahr.; elle est insoluble dans I'eau, soluble par Thuile essentielle; a peine attaquable par Talcool, les acides ou les alcalis bouillants. Son prix de revient a Niug-po serait de 22 a 35 cents la livre anglaise. Le produit annuelen Chine representerait/iOO, 000 livres sterling. L'arbuste sur lequel vit I'insecte producteur est a feuilles persislantes, et porlerait le nom botariique de Ligus- trum lucidum. On le cultive en grandes quantites depuis I'ocean Pacifique jusqu'aux IVontieres du Thibet, surtout dans la province de Se-chuen. » (Ceci, soit dit en passant, indique- rait la possibilite de racclimater dans notre pays.) Nous dirons un mot, plus loin, d'une cire vegetale exposee en notable (juantite dans la m6nie vitrine, et provenant df. Borneo \ son aspect est assez satjsfaisant. . , ., , ,,,, , 104 SOCIETE IMPfiRIALE ZOOLOGIQCE d'aCCLIMATATION. A rexposition des colonies anglaises de la Nouvelle-Galles du Slid et de Van-Diemen, nous avons pu obtenir, grace a la complaisance de MM. Mac Arthur et Bonsfield, commissaires, des renseignements assez circonstancies sur les miels et les cires produits par les abeilles importees d'Angleterre, et qui paraissent s'y etre developpees avec tant de facilite, qu'on les y rencontre actuellementpartout en nombre vraiment incroya- ble. Leurs miels sont tres abondants et parfumes, quoique exhalant une legere odeur cireuse, ce que nous attribuons a certains vices de preparation ou d'exploitation. Une personne de Sydney expose unhydromel excellent, digne de figurerpr^s de nos bonnes liqueurs fines ^ nous lui avons trouve un goiit alcoo- lique et un bouquet voisin de celui qui appartient a certains vins du Midi et d'Europe. Les echantiilons de cire, en tres petit nombre, exposes par la Societe d' agriculture de Schoaloven, etpar M.J. Norrie, sont d'un gris jaunatre sale, et ne presentent qu'un minime inter^t. II n'en est pas de m6me de la cire produite par un tres petit hymenoptere noir brillant ou bronze, que nous avons mis sous les yeux de la Societe, et qui parait constituer une espece nouvelle du genre Apis, depourvue d' aiguillon I . , . Get insecte vit a Tetat sauvage, mais, a ce qu'il parait, s'apprivoiserait tres facilement ; il s'agglomere en essaims enormes dans les creux d'arbres. Ses rayons, exploitespar M. 3Iitchell, de Syd- ney, paraissent formes d'une cire brunatre fonce, ainsi qu'on a pu le voir par les echantiilons que nous avons presentes a la Commission 5 le miel qu ils renfermaient nenous est connu que par oui-dire, mais on nous a certifie que son gout ne laisse- rait rien a desirer. Nous devons ajouter que ces echantiilons, actuellement depo- ses dans les collections de notre Societe, sont dus a I'obligeance de MM. Mac Arthur et Bonsfield, commissaires. Nonobstant Finnocuite de I'abeille en question, nous ne sommes pas assures que la qualite de ses produits soit telle qu'elle puisse rivahser avec ceux de notre abeille indigene 5 il serait neanmoins desirable que certaines experiences fussent entreprises a son sujet. Le transport de quelques essaims en EXAMEN DES MIELS ET ClUES. 105 Europe, d'apres les informations que nous avons obteuues de MM. les commissaires australiens, ne paratt pas impossible, car un essai aurait ete deja tenle. Malheureusement, Tessaim qu'ils apportaient, inonde d'eau de mer pendant la traversee. ne tarda pas a perir. Ce petit hymenoptere, suivant I'opinion d'un observateur distingue de Sydney, le docteur Stevens, secreterait en outre, ou dn moins causerait sur un arbre particulier Vexsudation fort abondante d'une sorte de resine dont nous avons offert quel(|ues echantillons. Or, si Ton prend la peine de soumettre a la mastication un fragment de cette curieuse matiere pen- dant quelques minutes, ce fragment devient bientot malleable, visqueux et filant ^ sa couleur se modifie, il exhale une odeur resineuse. Cette substance nous aparu destinee a jouer un r6le utile dans le domaine de I'industrie. EUe est creusee de nom- breuses cellules arrondies, qui indiqueraient la presence d'un insecte ; neanmoins nous ne pouvons nous ernp^cher de sup- poser qu'en en attribuant la production a d'aussi petits hyme- nopteres , I'habile observateur deja cite n'ait commis quelque erreur entomologique. Diverses regions ont expose des cires et des miels prove- nant de I'Abeille domestique {Apis meMifica)^ soil en rayons bruts, soit epures et employes. Nous ne croyons pas qu'il y ait lieu de les mentionner ici ; car, suivant I'opinion des personnes competentes, les differences dans les qualites de ces substances dependraient surtout des soins donnes a ces precieux insectes, des influences climateriques, eniin de I'espece ou de I'abon- dance de certains vegetaux les plus convenables a la perfection de leurs travaux. Cependant nous signalerons les superbes rayons exposes par M. Amedee Mauget (du Calvados) , qui con- firment du reste une partie de notre proposition; Tautre partie trouve pareille confirmation dans la juste celebrite du miel liistorique de I'Hymette, ou croissent probablement certaines fleurs qui lui communiquent leur parfum tout particulier. Nous voyons encore a Texposition de la Jamaique un petit echantillon de cire dite vierge^ d'un assez beau blanc, mais sur lequel nous n'avons pu obtenir aucun renseignement, \q\a- 106 SOCIETE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. quette portant simplement : « Bloached Bees , expose par M. Edward Ckitty, » Nous avons trouve, soit parmi les objets interessants expo- ses par radministration du Museum de Paris, soit parmi ceux apportes des pays divers, une coUeclion variee, (juoique fort incomplete, des mati^res cireuses extraites de divers vegetaux ou substances vegetales ; mais, a notre avis, et jusqu'a plus ample inform^, les produits steariques obtenus par le moyen de certains produits chimiques, tombes actuellement dans le domaine de I'industrie , de plusieurs matieres grasses tant animales que vegetales, fort repandues et fort connues, sont bien preferables a tout ce que nous avons pu examiner la. Quelques vegetaux, neanmoins, seraient peut-6tre susceptibles de fournir directement, et a moins de frais que les autres, cette substance cireusefrequemment et improprement appelee suif vegetal... Nous laissons le soin de les faire connaitre a de plus competents que nous dans le domaine de I'analyse chi- mique. En premiere ligne, nous citerons les diverses sortes de Myricas. Mais il faut confesser qu'a 1' aspect des echantillons de cires vegetales exposes, nous ne nous sommes trouves nulle- ment disposes a croire que, dfes actuellement, ces cires pussent jamais devenir equivalentes, entre autres, aux extraits magni- fiques d'huile depalme, de coco , que nous voyons exposes dans I'Annexe, par la France, VAngleterre, la Belgique, FEs- pagtie, entre toutes par la Prusse. Ainslles echantillons de cires provenant de divers Myricas et exposes par le Museum; ceux exlraits a Java des fruits du Ficus cerifica [Lahoc Boom), dont le prix de revient, dans le pays, s'eleverait a 90 ou 100 francs les 100 kilogrammes ; les cires sans indications suffisantes, provenant de la Republiqiie dominicaine , exposes par M. Schumbury, consul britannique de Saint-Dom ingue, et usuelles en ce pays ou Ton parvient teutefois a les epurer et k les blanchir plus ou moins convenablement; celles qu'on re- marquait tant a I' exposition anglaise ile la Guyane qu'a celle descontrees riveraines de TAmazone; celles du Gabon , jaunatres, grossieres; de File de la Reunion {a U fr. lekilogr.); dela Guadeloupe (a 20 fr. 20 c. lekilogr.)-, dela Martinique et de EXAMEN DES TUlELS ET ClftES. 107 la Guyane fran^aise, pays oii Ton sail les extraire des Virula sehifera^ etc., etc. (au prix tie 2 fr. 26 c. le kilogr.) ; enfin, les beaux pains cylindriques de cire vegetate de Borneo^ a la nuance grisatre, appartenanl, comm6 nous Tavons deja dit, a la Prices patent candles Company^ tous ces echantillons ne nous donnent, a vrai dire, qu'une assez pauvre opinion de leur valeur reelle. Nous tie pensotis done point que, dans I'etat ac^liiel de la question, ily ait lieu d'insister plutot a Tegard des uns que des autres; en d'autres termes, de designer presentement Tun ou plusieurs d'entre eux k la Societe zoologique d'acclimatation. Nous aurions assurenient pu nous etendre davantage sur un sujet aussi interessant, mais les limites de ce Rapport devaient 6tre restreintes, etnous craignons deja de les avoir depassees. Nous conclurons done en insistant, une fois de plus, pour deci- der la Societe a dirigersans plus de retard son attention sur la cire chinoise produite par Tinsecte dont nous avons parle en commengant, et qui nous parait,avant toutes les autres, meri- ter du moins les investigations de iios savanls collegues (1). J. Bigot. (1) 11 y avail aussi des dchantillons de cire vdg^tale obtenue d'lin palmier, J I'exposition du Bresii, pays ou Ton fabrique des bougies d'une couleur verdStrc. L'exposition de Costa-Rica piesenlait une manne de ia cire fabriqu^e par les abeilies sauvages, insectes du genre des Melipones, et qui n'ont pns d'aiguillon. La Socit'l^ possede d^ja un ^cbanlillon de cette cire, iaquelle ^e trouve aussi h Tile de Cuba, oil I'ou en a fait r^cemnaent une application Industrielle pour I'encre lilhograpliique, ainsi qu'on Ta d^ja fait connaitre \ la Socidt^ d'acclimatation. {Note comrnuniquie par M. IUmON de la Sagra.) 108 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR L'ESPECE OVINE DE L'ALGERIE. TROISIfiME LETTRE ADRESSEE A M. LE PRESIDENT DE LA PREMIERE SECTION DE LA SOCIETE IMPERIALE d'aCCLIMATATION (1 ), Par M. BER1\IS , Veteriiiaire principal de I'armee d'Afrique, officier de la Legion d'honneur, mernbre de la Sociftte imperiale d'acclimatation. (Seance du 28 mars 1856.) Monsieur le President, Nous allons continuer dans cette derniere lettre I'etude des moyens de mutiplier et de perfectionner nos Moutons alge- riens, dont nous avons deja pu comprendre I'importance pour notre richesse nationale. line belle semence reussit bien mieux sur un terrain debar- rasse de ses mauvaises herbes que sur un terrain qui n'a re^u aucune preparation. II en sera de m6me du germe ameliorateur que nous voulons donner aux b6tes a laine de I'Algerie. En attendant ce germe, on ferait done bien de mettre en pratique quelques moyens d'attenuation. La premiere condition de ces moyens, c'est de ne pas 6tre trop en opposition avec la maniere d'etre des Arabes. Tout le monde sait combien il serait avantageux de bien nourrir les males, de neles laisser avec les femelles que pendant tout le temps de la saillie, de construire des hangars, ou ce que nous appelons des gourbis, pour mettre les troupeaux a I'abri de la pluie et des fortes chaleurs, de ne pas laisser p6le-m6le beliers, brebis nourrices en chaleur et en etat de gestation, de faire quelques provisions alimentaires pour parer aux eventualites de la nature. Tout le monde, disons-nous, connait parfaitement la bonne influence de ces mesures ^ mais peuvent-elles s'adapter a I'etat agricole, aux habitudes et aux conditions d'existence (1) Voyez pour la premiere leUre, tome II du Bulletin, p. 597, et pour la deuxieme, tome III, p. G3. ESP^.CK OVINK DK l'aLG6RIE. 109 (los indigenes? Nous ne le peiisons pas. II serait peut-Olre possible de les faire accepter par quelques-uns des chefs pris qui vivent pres de nous, mais, pour le plus grand nombre, il ne faut pas y songer, si nous voulons rester dans les mesures praticables. Dans ces dernieres marchent en premiere ligne la castration desbeliers impropres ou inutiles a la reproduction, et la reforme graduelle des brebis trop vieilles, de mauvaise nature ou a lainede basse qualite. Ces detix mesures sonttresimportantes, et ce qui n'estpas moins important, c'est qu'elles entrent, en quelque sorte, dans les habitudes des indigenes. Chaque annee, ils vendent pour la boucherie un certain nombre de b^tes ovines. Depuis que les bouchers et le commerce d'exportation achetentles moutons de preference aux beliers, la castration prend chaque jour un developpement plus considerable. Pour- quoi ne choisirait-on pas pour cette vente et pour cette opera- tion les animaux qui s'eloignent le plus des belles laines ? La production de la viande ne doit pas 6tre invoquee contre ces moyens ameliorateurs, car I'incompatibilite entre cette pro- duction et la laine fine n'existe pas en Afrique. Quand il s'agit de changer la face des choses indigenes, on est souvent arr6te par des considerations qui se rattachent aux habitudes locales. II ne doit pas en 6tre ainsi pour la castra- tion, car le premier mouvement a ^te donne par les Arabes et tend a s'accroltre de plus en plus sans le secours de notre intervention. Si nous savons diriger cette tendance, elle nous aidera beaucoup dans les ameliorations que nous voulons intro- duire. Nous ne devrions rien negliger pour faire comprendre les avantages qu'il y aurait a nc garder pour cent brebis que cinq ou six beliers reunissant les meilleures conditions pos- sibles du c6te des formes exterieures et des qualites de la laine, a chatrer les autres males, a reformer peu a peu les brebis vieilles , de mauvaise nature, dont la laine est grossiere, tachetee, jarree, et a ne vendre pour la boucherie que les animaux chatres ou reformes. Cinq ou six beliers peuvent saillir bien plus de cent brebis. Si nous conseillons de garder ce nombre de males, c'est afin 110 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. que les eleveurs ne soient pas pris au depourvu en cas de morlalite, et qu'ils en aient de supplementaires pour seconder cette grande (juantite de femelles qui entrent quelquefois en chaleur en m6me temps. A quel age doit-on chatrer les agneaux? Les uns font cette operation a deux mois, les autres de cinq a six, etil y en a qui attendent un peu plus tard. L'epoque de I'agnelage etant ires irreguliere, nous ne voudrions pas fixer un age pour la castra- tion des jeunes sujels, alin de ne pas courir le risque qu'elle ait lieu pendant la niauvaise saison. Nous prefererions que cette operation fut faite chaque printemps et chaque automne sur les agneaux n'ayant pas moios de quatre mois. De cette maniere, ces aninmux ne seraient ni trop jeunes ni trop vieux au moment de subir cette operation ; on pourrait se rendre ainsi un compte exact des qualites futures de leur laine, et Ton eviterait la facheuse influence des grandes chaleurs, du froid et des pluies. II y a dans plusieurs troupeaux et dans plusieurs localites un melange de betes ovines a laine courte et ondulee ou a type de carde, et a laine longue el droite ou a type de peigne. 11 serait utile d'etudier la tendance la plus marquee vers I'un de ces deux types et dp diriger vers lui la castration, les reformes, les appareillemenls et les venles pour la boucherie, alin d'ar- river a une sorle delaine dans le,m6me troupeau, dans la m6me tribu et dans la meme contree, si cela etait possible. On comprendra sans peine les avantages a operer du c6te ou la nature fait ses etforts et a etablir dans la m6me localite cette unite de lainage qui faciliterait beaucoup les ameliorations, soit par les moyens d'attenualion, soit par les croisements. Le choix des reproducteurs est tres important, on y appor- tera beaucoup d'attention, surtout par rapport au lainage. Voici les qualites a rechercher : les brins laineux doivent 6tre fins, souples, doux, tenaces et depourvus de ce poll roide appele jarre. II faut qu'ils soient ondules et extensibles pour le type de carde, longs, lisses et lustres, pour le type de peigne. Les meches seront uniformes et lerminees carrement. II resulte de cette disposition que les corps etrangers penetrent diffici- ESPKCE OVINE l)B l'aLGISiRIE. Ill lementdans la toisoii, et que la laine se salit beaucoup moins par leparcours etia transhumaiice. La toison sera blanche, sans laches, tassee, a brins rapproches les uns des autres, et elle s'etendra, le plus possible, sur la surface de I'animal. Cette derniere qualite indique, chez les b6tes ovines, une graiide aptitude a la finesse et Ji la quantite de la laine. Dans les appareillements, nous conseillons, a merite egal , les aniniaux sans comes. Ce moyen aineliorateur est bien secondaire, sans doute, et pcJurtant il a son petit degre d'uti- lite. Les materiaux employes a la formation des comes servi- ront a produire de la viande et de la laine. Les indigenes coupent la laine avec leurs couteaux. ou la faucille qui leur sert a moissonner. Cette mani^re de tondre fait soufl'rir les animaux, liraillela laine, lui donne une surface irreguliere et en laisse une grande partie sur le corps. Cette methode est done nuisible aux interOtsdes eleveurs. M. de Thury, directeur de la ferme d'Arbal, dans la province d'Oran,nousa dit qu'il avait achete aux Arabes des brebis immediatement apres la tonte, et que les ayant souinises tout de suite a une seconde operation, faite avec les cisailles, il y eut des b6tes qui fournirent jusqu'a 450 grammes de laine. Ce fait n'a pas besoin de co m mental res. Ajoute aux aulres deiauts de la tonte arabe, il demontre d'une maniere suUisante combien I'eniploi des cisailles serait avantageux. II ne faut que quelques jours pour apprendre a se servir de cet instrument, qui est en usage chez tons les colons, et qui, chez ces derniers, est manie, dans le plus grand nombre de cas, par des domesliques indigenes. A la tonte derniere, M. le Gouverneur general I'a introduit dans son troupeau de Laghoat et I'a envoye a quelques chefs de tribu. Voilala premiere impulsion donneepoursubstituer les cisailles aux couteaux et aux faucilles. Esperons que cette substitution s'etendra pen a pen dans toutes les tribus. II est utile de faire observer qu'avec les cisailles, le meilleur tondeur n'est pas celui qui opere le plus vite,c'estcelui qui fait la coupe unie el qui ne serre pas la peau dans cet instrument. II vaut mieux laisser un peu de laine sur la bete que de lui alterer les tissus dermiques. La toison, sortant des mains du toudeui*, sera 112 SOCII^TE IMPI^.RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. entieredans toute sa force et pliee de maniere que loules ses parties se tiennent. Dans plusieurs tribus, on ne commence a tondre les jeunes sujels que d'un an a vingt mois, et quelquefois a un age plus avance. Cette habitude est vicieuse, car la premiere tonte, faite tardivement, aide beaucoup a la production du jarre, rend la laine moins souple, moins nerveuse et moins convenable pour la fabrication des draps. Pour eviter ces mauvais resultats, on a conseille de praliquer cette tonte a six mois. Cette mesure serait bonne lorsque les naissances ont lieu en octobre et no- vembre, mais elle n'aurait pas la m6me valeur quand elles arrivent en avril et mai, parce que, dans ce cas, les jeunes b6tes se trouveraient en etat de nudite a I'epoque des pluies et du froid. Nous voudrions que cette operation fut faite chaque prin- temps sur tons les agneaux nes d'une tonte a I'autre. De cette maniere, les premieres toisons auraient toujours moins d'une annee, et les agneaux ne seraient pas depouilles de leur laine pendant la mauvaise saison. Mais cette mesure ne pent 6tre mise en pratique qu'avec les cisailles. Comment voulez-vous tondre un agneau de quatre a cinq mois avec un couteau ou une faucille ? Cela nous parait bien difficile sans deteriorer I'animal et sa laine. Nous ne sommes pas eloigne d'admettre que I'habitude des indigenes de faire tres tard la premiere tonte prend sa source dans la defectuositedes instruments dont ils se serventpour faire cette operation. Faisons en sorte que les cisailles soient acceptees, et cette mauvaise habitude chan- gera d'elle-m^me. Le jarre est tres commun sur les b6tes ovines de I'Algerie. C'est un poll ordinairement d'un grisperle, assez brillant,plus long, plus gros et plus dur que le brin laineux. L'abondance du jarre deprecie beaucoup la laine, qui des lors prend mal la teinture, et ne peut entrer que dans \a fabrication des etoffes grossieres. II est done tres important de le faire disparaitre. Deux mesures peuvent conduire a ce resultat: d'abord celle que nous venons d'indiquer pour la premiere tonte, et ensuite en ecartantautantque possible de la reproduction les individus dont la toison est souillee de ce mauvais poil. ESPECE OVINE DE l'aLGERIE. 'i*/!:- 113 II existe chez les indigenes, el parmi quelques Europeens , une croyance que nous devons faire conn a lire. On est persuade que le jarre et une grande partie des laines les plus grossieres sont dues aux croisements des brebis avec les boucs. Tous les renseignements que nous avons pris k eel egard se resument en ceci : En Algerie, les chevres, vivanl constanimenl avec les b6tes ovines, plusieurs brebis sont saillies paries boucs. Voila un fait certain, mais il n'a pas la valeur qu'on lui donne , puisque Ton n'est pas sOr que les boucs seuls ont monte ces brebis. Le jeune sujet que Ton croit 6lre le produit de ce croi- sement n'a jamais rien dans les formes qui tienne de I'espece chevre. Nous pensons que si le bouc avail une influence quel- conque surla laine, cette influence ne s'arr6terail pas la. Tout porte done a croire que I'opinion enoncee ci-dessus est peu fondee. Mais dans Tamelioration des races, une simple ma- niere de voir ne suffit pas, il fautquelque cbose de plus positif, etc'est pour cela que nous proposons les experiences suivantes: avant I'epoque de la lutte, on prendra huit brebis que Ton isolera, pour 6lre bien sOr qu'elles n'ont pas ete fecondees par le belier. Lorsqu'ellesseronten chaleur on en fera saillir quatre par le bouc et les quatre autres par le bouc et le belier. Ces deux males monlerontchacun une fois ces quatre dernieresfemelles, mais avec cette difference que le bouc commencera la lutte sur deux brebis et qu'il la finira sur les deux autres. On aura soin de prendre note du lainage et du poil de ces animaux, afin de pouvoir les comparer avec les lainages desproduits et se rendre un compte exact de I'influcnce supposee. Si les brebis sont fecondees par le bouc, les sujets resultant de cette fecondalion seront conserves, et , plus lard, on les soumeltra a de nouvelles experiences pour s'assurer s'ils ont la faculte de se reproduire, soil entre eux, soil avec les especes ovine et caprine. II seiail utile de faire comprendre aux indigenes que les fraudes qu'ils essaient dans la vente des laines ne peuvent que leur porter prejudice, par la raison bien simple qu'elles depre- cient la qualile de la niarchandise. Depuis longlemps on a reconnu les inconvenients qui resul- T. HI. — Mars 1856. 8 lift SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tent de la maniere dont se fait cette transaction commerciale. Pour y remedier, on a essaye quelques mesures de police qui n'ont lien produit. Nous pensons que ce qu'il y aurait de mieux a faire ace sujet, ce serait d'introduire le lavage des laines, de ne les vendre qu'au poids et non \}Sly toison, el d'etablir sur les inarches des peseurs jures qui sauvegaideraient les inter^ts de I'acheleur aussi bien que ceux du vendeur. , Tout le monde reconnait I'utilite de ces mesures. Par elles, les operations commerciales deviendraient plus faciles, nos laines jouiraient en France d'une meilleure reputation, et Ton eviterait des frais de transport qui sont quelquefois conside- rables. |«.Ce lavage peut avoir lieu par les indigenes sur les lieux de production, ou par les Europeens pres des grands marches a laine. C'est une question tresimportante que I'autorite devrait faire etudier serieusement. En attendant, donnons quelques conseilsa ceux qui voudraient se livrer a cette operation. Le lavage des laines se fait a dos ou apres la tonte. Ce dernier mode est celui qui convient le mieux a I'Algerie pour des rai- sons d'execution. Plusieurs procedes sont mis en usage pour le lavage des toisons. Voici celui qu'on pourrait suivre : Les laines sont prealablement nettoyees, triees et separees par qualites; cela fait; chaque lot est lave separement. On choisit un de ces reservoirs d'eau douce qui se formenl dans les champs, le long des cours d'eau, pres des fontaines, enfin partout ou I'eau, reposant sur un lit de sable, de cailloux, de rocher ou bien encore de terre glaise couverte d'herbe, n'est ni courante, ni marecageuse, ni calcaire. L'eau courante entraine le suint qui est une matiere tres favorable au lavage des laines ; l'eau mare- cageuse ne convient pas, a cause de sa malproprete, et l'eau calcaire forme avec le suint un savon insoluble qui rend le des- suintage difficile. II faut done se garder de nettoyer ce reser- voir, quelque sale que Teau paraisse a la suite de cette opera- tion. De ee reservoir, on passe a un second reunissant les m6mes conditions, puis a un troisieme ; mais, dans celui-ci, l'eau courante est preferable, parce qu'alors le suint a disparu en tres grande partie, et qu'il s'agitde faire ce que Ton nomme ESPl^CE OVINE DE l'aLGERIE^ - - 11^ ^laircir la laine. Ces trois lavages successii's etc^nt termines, on fait egoutter la laine en la pla^ant sur des dales, des cordes, des barres, des brandies d'arbre, etc.; onsuite, on I'etend, pour en assurer le secliage, sur des endroils propres tels que cailloux, rodiers, gazon, etc. Lorsqu'elle est bien seche, on la met en balles, en ayant bien soin de ne pas melanger les qua- lites. Dans les tribus, le lavage devra se faire immediatement apres la tonte ; car, a cette epoque, on trouve de I'eau presque parlout et il n'en est pas de m^me deux ou trois mois apr^s^,.^ L'industrie manufacturiere se plaint que dans quelques con- trees de I'Algerie les laines sont eiiargees de ces petiles boules epineuses de la grosseur d'un pois et que Ton nomnie graterons, Les laines qui se trouvent dans cet etat perdentde 20 a 25 pour 100 de leur valeur. Les bergers, en gardant leurs troupeaux, pourraient detruire peu a pen la plante qui produit ces boules epineuses. Resumons ces moyens d'attenuation : 1° Chatrer les mules impropres ou inuliles a la production. Chaque printemps et cliaque automne, faire cette operation sur les agneaux n'ayant pas moins de quatre mois. ,.;. 2" Ne garder pour centbrebis que cinq ou six beliers choisis avec la plus grande attention. Ne pas oublier que cette pro- portion est celle qui doit exister au moment de la saillie. On fera done entrer en iigne de compte les pertes probables de- puis la castration jusqu'a I'age ou les males sont eifldoy^^ |.i^ reproduction, . ■ , ., ; 3" Faire chaque annee une reforme des brebis vieilles, de mauvaise nature, et a laine de la qualite la plus inferieure du Iroupeau. U° Ne vendre pour la boucherie que les animaux chatres ou reformes. , :,' 5° Dans chaque localite, il y a une tendance a produire, ^it des laines courtes et ondulees oua type de carde, soit des laines longues et droites ou a type de peigne. Diriger les mesures qui precedent vers cette tendance, afni d'avoir un lainage unique dans chaque Iroupeau, dans chaque tribu et dans chaque con- ,tree, si cela est possible. 116 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 6' Ne plus tondre avec un coutecau ou une faucille et se ser- vir des cisailles. 7" Pratiquer cette operation chaque prin temps sur tous les agneaux nes d'une tonte a I'aiitre. 8o Mettre en pratique le lavage des laines, les vendre au poids, et etablir sur les marches des peseurs jures. 9" Detruire la plante qui produit les graterons. Pour loutes ces mesures a inlroduire, les bureaux arabes peu- vent 6lre d'un concours Ires favorable. On oblige les indigenes a batir, afaire des plantations, a fonder des ecoles; on obtient d'eux des Iravaux d'utilite publique.L'amelioration de I'espece ovine ofl'rirait moins de difficultes. et amenerait partout des resultats non moins importants. De I'espece ovine chez les agriculteurs europeens. Dans une ferme, il faut une quantile relative d'animaux et de vegelaux agissanl continuellement les uns sur les aulres, car les elements qui entrenl dans leur composition ont une ten- dance a se disperser, et se disperseraient bientdt, s'ils n'etaient sans cesse ramenes dans la circulation organique par la force de la nutrition eldela generation, si lesplantes ne prenaient pas a rq,tmosphere une partie de ce que le sol perd par I'ex- porlation de cequ'il fait naitre, el si la terre ne recevait en en- grais ce qu'elle donne en produits de toute nature. Ces prin- cipes generaux d' agriculture irouventici leur place. Continuez a faire du labac, du coton, descereales, etc. ; n'ayez pas assez debestiaux; negligez lesengrais, etbientot vos champs epuises seront bien loinde vous donner les benefices que vous auriez pu realiser par un ensemble d'operations agricoles plus ration- nelles. Plusieurs contrees de notre colonic paraissent inepuisables ; mais, qu'on se le persuade bien, il n'y a pas de terre, si fertile qu'elle soit naturellement, qui puisse resister presque sans be- tail a Taction des cultures. Une autre consideration que Ton doit mettre souventen avant, c'est que la prosperile d'une ex- ploitation agricole, si petite ou si grande qu'elle soit, depend, ESPfeCE OVINE DE L'A.LG]^iUE. 117 en grande parlie, de I'art de tout savolr utiliser. Les pailles, les chaumes, les plantes qui croissent naturellement, le detritus de cellos que vous cultivez, I'elevage des animaux, leur force musculaire, leur aptitude a transformer les substances alinien- taires en viande, lail, sole, laine, niiel, graisse, engrais pour la terre, enfin, depuis les choses de premier ordre, jusqu'au brin d'berbe que vous foulez aux pieds, rien ne doit 6lre perdu, tout doit converger vers un centre conimun, qui est la produc- tion. II y auraitbeaucoup a dire sur I'economie agricole deTAl- gerie au point de vue des animaux, mais ce n'est pas ici le lieu de traiter cette question ; bornons-nous a dire qu'il est de I'in- ter6t des agriculteurs d'avoir un bon nombre de bestiaux sur leurs proprieles, ct donnons quelques regies sur I'elevage des b^tes ovines. Ces regies completeront ce qui a ete dit au cha- pitre precedei:!. ct dies pourront 6lre utiles aux eleveurs et aux personnes qui seront appelees a diriger le troupeau ame- liorateur. Nous avons demontre plusieurs fois que dans cbaque loca- lite, les modificaleurs naturels poussentconstamment vers telle organisation plul6t que vers telles autres. Les eleveurs doivent prendre en consideration cette tendance en agissant dans le m6me sens ou la nature fait ses efforts. Les p'.aines basses et bumides, ou le sol est herbeux et fecond, donnent a I'espece bovine un accroissemenl rapide, mais ne conviennent pas a I'ele- vage des b6tcs a laine. 11 faut a ces dernieres moins d'bumi- dite et des plantes contenant moins d'eau de vegetation. Les terres a b6tes ovines sont divisees en terrains Ires legers et en terrains qui tiennent le milieu entre ces derniers et les plaines marecageuses. Dans les terrains Ires legers, on doitplutotviser a la finesse de la laine qu'a la production de la viande de bou- cberie. L'une de ces deux industries n'exclut pas I'autre ; toutes les deux peuvent 6(re exercees en m(^me temps et sur le m6me troupeau ; mais la premiere s'adaplera toujours mieux que la seconde ade maigres paturages. Lecontrairea lieu sur les ter- rains plus fertiles, surtout quand ils nc sont pas eloignes des grands centres de population, parce qu alors la production de la viande se complete par I'elevage des agneaux de lait. 118 sociETE imp]6rtale zgologique d'acclimatation. Quelques agriculteurs de^ environs d' Alger font des agneaux de lait. Cette Industrie lenr rapporte de beaux benefices. lis vendent ces jeunes animaux vers I'age de deux mois, pour la somme de 7 a 9 francs cbacun. Inutile de dire que rien n'est neglige, afin de leur donner un accroissement rapide. Le m^me agneau tette souventdeux m^res, et, arrives a un certain age, presque tousonlun supplement de bonne farine d'orge. Ces agneaux de lait ne sont pas tons le produit de la race in- digene. II y en a plusieurs qui sont dus au croisement de la brebisdupays avec le belier de la race du Languedoc. II parait que ce belier a une bonne influence sur la production de la viande, comme qualiteet comme quanlite. Toute b6te ovine est saine, si son ceil est plein et net, si les vaisseaux qui s'apercoivent sur le blanc sont d'un rouge clair, si la peau est d'une couleur rosce, si la laine tientfortement a lapeau, si les dents sontblancbes etles gencives fermes. L'ani- mal joint la vigueur a la sante lorsqu'on lui voit de I'agilite, delaprestesse dans les niouvements, del'inquietude au moindre bruit qu'il entend, de la force dans le jarret. Mais I'oeil creux et couleur de suif, ses vaisseaux d'uiie nuance pale ou obscure, la chair molle, la peau humide, la laine qui se detache facile- ment, les dents ternes, les gencives baissees, sont des marques certaines d'une mauvaise sante. A part les qualites de la laine, les caracteres des meilleurs bi^liers sont: la t6te grosse, le nez camus, le front large et eleve, les yeux grands, noirs, vifs, les oreilles laineuses, le corps allonge, les reins et la croupe larges, le ventre grand, les testicules gros, la queue longue et forte a la base, ^la brebis aura le dos, les reins et la croupe plus larges, le ventre plus grand; ses tetines seront longues et les hiamelles volumineuses. - Une grande qualilepourle belier comme pour la brebis, c'est d' avoir la surface du corps le moins possible denuee de laine. II faut faire paitre les b6tes ovines lous les jours, si c'est possible, parce que la pature est I'alimentation la plus natu- relleet la moins coCiteuse, etque I'onn'y supplee qu'imparfaite- jnent par des fourrages donnes a labergerieoudans tout autre ESPfeCE OVINE 1)E l'aLG^RIE. 110 etablissemont qui en tient lieu. En paturant, ces animaux choi- sissent leur nourriture, el ensuite I'herbe leur profile toujours mieux que le foin ou la paille. '' Des lerrains sees, qu'on ne peut ni labourer ni faucher, trop maif]^res pour les boeufs, offrantca et la des plantes tines el aro- matiques, sont pour les b6les ovines les meilleurs palurages, surlout quand on se livre a I'lndustrie lainiere plutdl qua la production de la viande. Les plaines basses et marecageuses sont nuisibles, a cause de leur humidite, de leurs exbalaisons et de la mauvaise nature des herbes qu'elles fournissent. Ces localiles peuvent convenir a Tesp^ce bovine, mais elles sonl contraires aux b6les a laine. On doit eloigner les b^tes ovines des herbes capables delenr nuire. Nous n'entendons pas parlericides herbes nuisibles par elles-m6mes, car ces animaux les rejellent toujours-, mais de celles qui sont de bonne qualite et qui peuvent cependant, en certaines circonstances, leur faire beaucoup de mal. Ce sont le froment, I'orge, et en general toutes les plantes qui sont trop succulentes, trop tendres, trop aqueuses et chargees de rosea ou de pluie froide. Les engrraisseurs de moulons ont souvent recours a des paturages de eette nature. Lorsque ces herbes sont en trop grande quanlite dans la panse, elles fermententet occasionnent la maladie connue sons le nom de meteorisation. Pour la prevenir, on evite ces herbes le matin, lorsqu'elles sont encore humidesde rosee, et que les b6tes a laine sont affamees ; il faut laisser passer leur faim dans les paturages maigres, les mener ensuite dans les paturages gras, et empMier qu'elles y prennent trop de nourriture. -^^^i '^'^^ Quelque avantageuse que soit la methode de nourrir les b6tes a laine aux paturages, il y a cependant des cas ou il vaut mieux ne pas les faire p&turer : c'est pendant les jours de grande pluie. Comme ils ne sont pas nombreux en Alg^rie, on. n'a guere a se preoccuper de ce qui devra remplacer I'herbe des champs. Dans presque toutes les fermes, il ya un grand nombre de substances alimentaires qui peuvent convenir a ces animaux les jours de tres mauvais temps. L'humidite froide, surtout celle qui se trouve pr^s des eaux 120 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. stagnanles, est plus nuisible que le froid sec et la pluie. On devra done eviter les marais, et ne commencer, aulant que possible, a faire paitre que lorsque le soleil aura pompe la rosee ou que le vent I'aura fait tomber. Les b6les ovines paturent avec moins d'appetit lorsque les planles sont mouillees, excepte dans les temps ou la pluie, arrivant apres une grande seclieresse, hu- mecte I'herbe, et la rend plus douce et plus appetissante. A I'epoque des fortes chaleurs le troupeau devra, autantque possible, 6lre conduit le matin sur les coteaux exposes au cou- chant et le soir sur les coteaux exposes au levant. Lorsque la chaleur commence afatiguer les betes ovines, elles s'arr6tent, s'agitent et cessent dc paturer. C'est alors qu'il convient de les mettre a I'ombre dans un endroit ou elles puissent raminer a I'aise. On les ramene ensuite au paturage lorsque le soleil se fait moins sentir, et on les y laisse jusqu'a latin du jour. Le berger doit laisser marcher librement les beles a, laine qui paturent. On les gSnerait en les arrelant ou en les faisant marcher trop vite. Leur allure naturelle estde vaguer de place en place. Get exercice entretient leur sante et leur vigueur. Les b^tes ovines trouvent ordinairement leur boisson dans les plantes qu'elles paissent et dans les mares ou ruisseaux qu'elles rencontrent sur leur passage. Pendant les chaleurs, ces mares etces ruisseaux etant a sec, et les herbes contenant bien peu d'eau de vegetation, on devra s'occuper de la boisson de ces animaux, Toute espece d'eau paraitleur convenir, celle de mare comme celle de riviere, ou de puits, ou de fontaine. Au printemps, I'eau renfermee dans les herbes doit leur suffire. En les faisant boire chaque jour pendant cette periode, on s'expo- serait a les rendre malades. Lnmediatement apres la tonle, qui a lieu dans le Tell vers la fin d'avril ou le commencement de mai, il y a des soins a prepjdrepour la conservation du troupeau. Plus une toison est tassee, plus il est prudent, quand on depouille I'animal, de le soustraire aux intemperies atmospheriques. La chaleur mo- deree est celle qui convient le mieux a la b6te a laine les pre- miers jours de sa nudite. Des que la brebis a atteint I'age de six a sept mois, elle com- ESPi:cE OVINE DE l'algi^rie. 121 mence a avoir des chaleurs et a pouvoir 6tre fecondee; mais alors elie n'est guere qu'aux deux tiers de sa croissance. L'agneau qu'elle produit est le plus souvent chetif. L'agnelie, ainsi devenue mere, proOle moins et devient bien rarement une belle et forte brebis. II est done prudent d'attendre, pour la livrer au belier, un age plusavance, que nousfixons de deux ans a Irenle mois. La puberle chez le male est aussi precoce que chez la femelle ; mais si d^s le jeune jige il sertala reproduction, il restemaigre, chetif et prend souvent une alteration des poumons. Pour lui, comme pour la brebis, I'age le meilleur pour commencer a se reproduire, est de deux ans a trente mois. Alors le belier a toutes ses facultes, ses formes sont fixees, sa satjte est solide et il a toute I'ardeur et toute la force necessaires. II ne faut pas oublier qu'il ne possede tous ces avantages que pendant quelques annees, apres lesquelles il perd do son energie. Quoique deux beliers soient 'suffisants pour cent brebis, il convient d'en avoir deux autres pour les presenter a la fin de lamonle et leur faire couvrir les.b^tes tardives et celles qui, n'ayant pas retenu,se trouvent en chaleur. Cette secondecha- leur est plus faible, plus fugitive ; elle ne pent 6tre saisie que par des beliers frais et ardents. Ces deux beliers supplemen- taires seront pris parmi les plus jeunes, parmi ceux qui debu-;- tent dans la carrierede la reproduction. Au debut de la lutle, on ne doit pas mettre avec les brebis tous les beliers necessaires a leur fecondation ; car, comme elles n'entrcnt pas toutes en chaleur en m6me temps, les males se disputeraient celles qui en offriraient les premiers signes, et il en resulterait des combats qu'il faut avoir soin d'eviter. Pour prevenir cet inconvenient, on n'introduit dansun troupeau de cent brebis qu'un belier, et on ne I'y laisse qu'un jour. Le len- demain on le remplace par I'autre, et ainsi de suite. On les y met tous les deux quand la monte est en pleine vigueur, etl'on a recours aux beliers supplementaireslorsqu'il y a une grande affluence de brebis en chaleur, ou a la fin de la lutte, pour cou- vrir les b6tes tardives et celles qui n'ont pas retenu. Quand on laisse continuellement les behers avec les brebis, 122 SOCIlfiTlfe IMPl&RULE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. celles-ci entrent en chaleur presque chaque mois. EUes peu- vent alors 6tre fecondees a toutes les epoques, d'ou il resulte qu'on ne peut en assigner aucune pour I'agnelage. Les brebis pleines rentrent elles-m^mes quelquefois en cbaleur- dans ce cas, la monte est une cause d'avortement. D'autres femelles, fatiguees par le male, restent steriles. Celui-ci, malgre toutes les precautions, se tourmente, se fatigue, s'enerve et devient moins apte a la reproduction. La saillie etant terminee, il est done tres utile de separer les males des femelles. Laduree de la gestation est de cent cinquante jours environ. Pendant ce temps, il faut preserver les meres de tout ce qui peut causer I'avortement. Dans ce but, on doit les nourrir con- venablement, les conduire doucement, ne pas les mettre dans le cas de francbir des obstacles, et eloigner d'elles tout ce qui est capable de les effrayer, car la peur est pour ces animaux timides une cause puissante d'avortement. On connait qu'une brebis est pres de mettre bas au gonfle- ment des parties naturelles, a celui du pis, qui se remplit de lait, et a un ecoulement de matieres glaireuses qui sortent des organes generateurs quelques jours avant la parturition. Les brebis k terme sont retirees du paturage ; on les separe du reste du troupeau, et on les laisse tranquilles pendant le temps de lamise bas, apres laquelle on ne doit pas negliger les precautions suivantes. Lorsque la brebis ne leche pas son petit, il faut repandre sur lui un peu de sel, afin d'engager la mere a lecher le nouveau-ne pour le secher; il faut le placer et le mainteriir pres de la mere; comprimer les mamelons pour en faire sortir un peu de lait et faciliter la succion. Si le petit ne cherche pas de lui-m6me la mamelle, il importe de Ten appro- cher et de faire couler du lait dans sa bouche pour I'accou- tumer a teter et a connaitre sa mere. Si la brebis meurt pendant lamise bas, on donneraal'agneau, pour teter, une cbevre ou une autre brebis ayant perdu son petit ; a defaut de chevre ou de brebis, on lui fera boire du lait, d'abord par petites cuillerees, puis a I'aide d'un biberon garni de linge, ou dans un vase. On alimentera bien les nourrices. L'agneau ne doit suivre sa m^re aux paturages que lorsqu'il a ESPtcE ovmE DE l'alg^rte. 123 pris de la force et qu'il commence a bondir, ce qui arrive ordi- naireinent vers I'age do trois semaines ; on retardera cette premiere sprtie , si le temps est mauvais. On ne fcra jamais boire I'eau pure a ce jeune animal pendant qu'il est nourri entierement de lait, car il est probable qu'elle le rendrait malade, Ic lait de la mere doit lui sufBre pour etancher sa soif. Le moment du sevrage est indique par la nature. II arrive ordinairement lorsque les brebis ont perdu une grande partie de leur lait ou lorsqu'elles commencent a enlrer en chaleur. L'operation du sevrage ne doit pas 6tre faite brusquement, si Ton ne veut pas exposer les jeunes sujets a souffrir de ce chan- gementde nourriture. Pour mettre le troupeau a I'abri du mauvais temps, nous conseillons les hangars, ou ce que nous appelons des gourbis. On disposera et Ton entretiendra le sol de mani^re qu'il n'y ait jamais ni boue, ni grande bumidite, ni odeur de fumier trop prononcee. Telles sont, monsieur le President, les opinions qui m'ontete inspirees par une etude suivie depuis plus de vingt ans sur nos esp^ccs de moutons algeriens; j'ai ete heureux de les comrau- niquer a la Society d'acclimatation, qui a bien voulu me faire rhonneur de m'admettre au nombre de ses membres. Veuillez agreer, etc. Bernis. iiO 124 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. II. TRAYAUX ADRESSES ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIETY. SUR L'EDUGATION DE LA PERDRIX BARTAVELLE LETTRE ADRESSEE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION Par n. lu Doctcur LORTET, President de la Sociele protectrice des aniniaux, a Lyon. (Seance du 14 mars 1856.) Monsieur le President, *vVotre Bulletin de la Societe d'acclimatation contient plu- sieurs articles sur la doinesticile de certain.s oiseaux. L'un de nos oiseaux indigenes, qui parait le plus facile a apprivoiser, est la Perdrix rouge bartavelle {Perdix saxatilis). Nous nous somnies occupes de celte question dans une reu- nion de notre Societe protectrice des animaux, et voici quel a ete le resultat de notre premiere enqu6te. Les naturalistes de differentes epoques avaient deja signale cette aptitude. Nous ne citerons pas les passages connus de : Gesner, De avium natura, p. 648; BuFFON, Oiseaux^ t. II, p. 434; TouRNEFORT, Voyage au Levant, t. I, p. 386. Ce dernier ajoute a ce qu'il a observe en Grece, qu'il a vu du c6te de Grasse, eu Provence, un homme qui conduisait dans les champs un troupeau de Perdrix rouges, les prenait, les cares- sait, etc. Nous avons pris des informations dans la contree de Grasse. On a perdu m6me le souvenir de cette education des Perdrix en liberte. Mais voici un fait plus recent qui nous a ete rapporte en ces termes par notre collegue M. le docteur Stenon : « II y a quinze iiDUCATION DE LA PEUDRIX RARTAVELLE. 125 a dix-huit ans, j'herborisais entre Brignolles et le Luc, dans les bois de Flassans, pr^s de la propriete de M. de Saint-Charles. Dans une eclaircic de bois, je vis sur une hauteur une vieille femnie (la veuve d'uu garde) qui elevait et soignaitdes Perdrix rouges bartavelles en liberte. Ces Perdrix, dont plusieurs com- pagnies etaient reunies autour d'elle , venaient, a son appel, manger sur son tablier et dans ses mains. Dans le pays cette vieille femme passait pour 6tre un peu sorciere. — Je me suis informe plus tard de la femme aux Perdrix. Malheureusement les chasseurs ont decouvert ses el^ves et les ont detruites jusqu'a la derniere, d'autant plus facilement qu'elles etaient tr^s privees. » n nous paratt done possible d'elever des Perdrix en liberte, dans des pares et de vastes enclos, oil elles seraient a 1'abri des chasseurs. Ainsi elevees, elles conserveraient probablement les qualites qui distinguent ce gibier. Si, au contraire, on les tenait enfermees dans de grandes volieres, elles y periraient probablement, ainsi que le dit Buffon. Lors m6me que I'on reussirait a les faire vivre , il n*y a pas de doute qu'elles perdraient les qualites qui les distinguent des simples volailles. Desirez-vous que nous prenions de nouvelles informations sur le fait signale par M. Stenon ? Agreez, etc. LORTET. I 1^ SOCIIETE IMPjfeRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. III. EXTRAIT DES PROCESVERBAUX .' DES SEANCES GENERALES DE LA SOGlfiTE. SlfeANCE DU 15 FEVRIER 1856. Presidence de M, Geoffroy Saint-Hilaire. • M. le President proclame les nomsdes membres admis depuis la derniere seance : MM. Carrey (Emile), a Paris. Chagot aine, plumassier, membre de la commission du tarif des douanes au Ministere du commerce, a Paris. ^^j|^ ..jPlUPR^ DE Saint- Maur, proprietaire dans la province d'Oran (Algerie), et a Paris. H(»:ffel\ (H.), manufacturier a Pfastatt, pres Mulhouse. Jars, ancien depute, a Paris. Khalil-bey (S. E.), commissaire deS. A. levice-roi d'Egypte pres VExposition universelle, au Caire (Egypte), Latham (Charles), negociant au Havre. iv .4, 0 Malezielx, proprietaire, au Petit-Fresnoy-Gricourt, pr^s : Saint-Quentin (Aisne). Michelet (Henri), proprietaire, a Senlis (Oise). Oger, ancien depute, a Paris. Partiot, attache au Ministere des affaires etrang. , a Paris. Perdonnet (Gust.), proprietaire, a Lausanne (Suisse). Perrot (Edmond), naturaliste-preparateur , attache au Museum d'histoire naturelle, a Paris. Pioche (A.), proprietaire, a la Ville-Evrard, pr^sNeuilly- sur-Marne, et a Paris. ViEL (J.), negociant, au Havre. — Sur la demande de M. le President de la Societe d'agri- culture du departement des Bouches-du-Rhone , siegeant a Marseille, cette Societe est admise au nombre de nos Societes agregees. Dans une leltre anterieure a cette demande , notre confrere, M. Ad. Lucy, receveur general du departement, avait insiste sur les avantages mutuels que pourront offrir aux deux -.u.iv-. PROC^S-VERBAUX. ,...:.. - . 127 Societes leurs relations officielles, surtout a cause de la situa- tion de la ville de Marseille. ')^"w>f^ «i k <9u^.mn'Hui — M. Brot, nomme delegue de la Societi k Milan, ^wt pour la reniercier. — MM. des Blayns, le baron d'Hombres-Firmas,deLentilhac et Ed. Uobin, adressent des remerclments pour leur admission. — Notre confrere, M. le Baron de Miiiler, ecrit de Stuttgart qu'il est sur le point d'entreprendre un voyage aux Etats-Unis, dans le Yucatan, le Mexique et a Cuba. U fait des offres de service a la Societe et lui demande des instructions. — M. Mestro, directeur des Colonies et membre de la Societe, annonce qu'il met a sa disposition une collection de graines qu'il a revues de M. Belanger, directeur du Jardin de naturali- sation de la Martinique. II informe, en outre, quil prendra les mesures necessaires pour repandre aux Colonies les exem- plaires des Instructions publiees par la Societe. Des remer- clments seront adresses a M. Mestro. — Notre confrere, M. Ramon de la Sagra, presente le cata- logue de vingt-neuf substances vegetales presque toutes incon- nues en Europe, envoyees par le gouvernement du Paraguay a I'Exposition universelle, et dontM.le consul general Laplace ofl're une collection pour le musee de la Societe. Des remerclments sont adresses parM.lePresident,aunomde la Societe, a M. Ramon de la Sagra et a M. Laplace. L'exanien de ces substances est renvoye a la Commission des vegetaux. — Notre confrere, M. Renard, ancien delegue de Tlndustrie parisienne en Chine , fait don a la Societe d'echantillons de soies fabriquees dans ce pays et provenant du Ver a sole du ch6ne. II depose en m6me temps, pour nos collections, d'autres soies jaunes et blanches. Selon I'opinion de M. Guerin-Mene- ville, ces dernieres paraissent provenir du Ver a soie ordinaire {Bombyxmori). Des reraercinij[^^US,^Qt adresses a M. Renar4 pour CO present. — M. Guerin-Meneville annonce avoir re^u de notre con- frere. M. Aguilion , delegue de la Societe a Toulon , une lettre par laquelle il rinforme que sou Ills, ofticier de marine , vient de rapporter de la Nouvelle-Caledonie des graines et des tuber- 128 SOCllfeTE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. cules de vegetaux utiles et d'agrement , dont il compte faire hommage a la Societe. — Notre confrere, M. Bossin, presente en son nom et au nom de M. Louesse : 1° des bulbilles d'Igname pesant de 2 a 5 grammes ; 2* des tubercules ou rhizomes longs de 0'",15 a 0'°,20, du poids de 12 a 20 grammes, et provenant de bulbilles envoyees a la Societe par M. de Montigny; 3" d'autres tuber- cules du poids de 200 a 300 grammes, longs de 0°,50 a 0'°,t)0, et provenant de trouQons ou fragments de rhizomes. Ces pro- duits sont le resultat de la culture de 1855, et le but de MM. Bossin et Louesse , en les mettant sous les yeux de la. Societe, est de faire ressortir les avantages considerables qu'il y a , suivant eux , d'apres ces resultats , a employer pour la reproduction les tron^ons de racines preferablement aux bulbilles. — Notre confrere, M. Millet, donne lecture d'une lettre de M. Tissot, inspecteur des for^ts, relative a des h^tres qui, dans la for6t de Verzy, pres Beims, et au milieu d'autres arbres de la meme espece parfaitement droits, offrent cette particularite que le tronc , au lieu de s'elever verticalement , se contourne sansdepasser une hauteur de 2 a 3 metres, et donne naissance a un grand nombre de branches qui , se contournant elles- m6mes , finissent par se greffer par approche sur leurs voi- sines, de maniere a former une bizarre agglomeration de branches, dont quelques-unes s'enracinent en terre. Un echan- tillon d'une portion de I'un de ces arbres est soumis a I'exa- men de la Societe. Notre confrere, M. le docteur Germain de Saint-Pierre, sup- pose, contrairement a I'opinion emise par M. Tissot, que ces arbres ne constituent pas une variete distincte et stable du Fagus sylvatica. II serait plul6t porte a considerer ce mode de developpement comme accidentel et du peut-^tre aux conditions particulieres du terrain. :?^ M. Millet fait connaitre que, malgre des plantations faites dans les conditions les plus favorables, I'arbre a toujours pre- sente le m6me aspect. II reconnait neanmoins, avec M . le docteur Germain de Saint-Pierre, que la question ne pourra 6tre jugee PROCES-VERBAUX. >- .. 129 d'une maniere certaiiie que d'apres les resultats obleiius par des semis. — II est donne lecture d'une lettre de S. E. le Ministre de Tagriculture, du commerce etdes travaux publics, qui demande des graines du Ver a soie du ch6ne. II sera repondu qu'un envoi au Minislere aura lieu des qu'il pourra 6tre fait, mais qu'il n'esl pas encore possible actuellement. Un rapport sur les tentatives d'acclimatation des papillons producteurs de soie sera ulterieurement adresse a M. le Ministre. — On lit un rapport adresse par noire confrere, M. ledocteur Chavannes, de Lausanne, sur I'education suivie par lui-m^me dei=, Saturnia mi/lkta et Cynthia, a'msi que du Bombyxdu mii- rier,dont on a re^udes graines paries soins deM.deMontigny. — L'abondance des matieres oblige de renvoyer a une autre seance la lecture d'une lettre de notre confrere, M. le vicomte Florimond de Susini, et d'un Rapport qu'il apresenteen 1841 au cornice agricole de Sartene en Corse, sur Tiiducation des Vers a soie, et auquel est joint un autre rapport sur le m6me sujet, rcdigepar madame Victoire de Susini, nee Soulavie. — M. Lobligeois, membre de la Commission de TExposition, lit une introduction aux Rapports qui doivent 6tre soumis a la Societe, et destinee a faire connallre les resultats obtenus par celte commission generale , qui s'etail subdivisee en sous- commissions. — M. Bigot, au nom de Tune de ces dernieres , dont il fai- sait partie avec MM. Guerin-Meneville et Tastet, presente un Rapport sur les cires et sur les miels exposes au palais de rinduslrie. (Voy. ce Rapport au Bulletin, t. Ill, p. 101.) — Notre confrere, M. Blanc, directeur des menageries et des cultures fondees a San-Donato pres Florence, par M. le prince A. de Demidoft", envoie une liste des animaux (mammiferes et oiseaux ) nes et eleves dans cet etablissement. — S. E. le Ministre de la guerre transmet, avec une lettre deM. le gouverncur general de I'Algerie, un Rapport adresse a ce baut ftmctionnaire par M. Hardy, directeur de la pepiniere cenlrale, et relalif au troupeau de Cbevres d'Angora qui a ete offert en don a I'Algerie par la Societe d'acclimatation et par T. m. — Mars 1856. 9 130 SOCIET]^ IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. un de ses membres, en particulier, M. le docteur Sacc. II est donne lecture de ce rapport, dont le resultat general est que la situation du troupeau estdes plus satisfaisantes.Une autre copie du Rapport est directement adressee a la Societe par M. le gou- verneur general qui, dans la lettre d'envoi ecrite a M. le Pre- sident, dit que Ton est desormais assure de I'acclimatalion de ces animaux en Algerie, ou Ton peut esperer, ajoute-t-il, les voir se reproduire rapidement, et devenir pour notre colonie une nouvelle et importante source de prosperite (Voy. p. 97). • -^ — M. le marquis Orazio Antinori ecrit de Smyrne a M. le President une lettre dans laquelle il insiste sur I'importance de racclimatation des animaux de I'Asie Mineureetsur I'extr^me facilite avec laquelle ces animaux s'apprivoisent. lis offrent une /emarquable tendance a la domestication, et par cela m6me leur introduction dans d'autres pays semblerait devoir offrir moins de diflicultes. ifli— Notre confrere, M. Florent Prevost, adresse une note sur des Chevrotains de Java (Moschus Javanicus), qui ont vecu chez madame laduchessede Berry, a Rosny,de 1828 a 1830, et qui, dans cet espace de deux annees, se sont reproduits deux fois. II en a ete de m6me a Knowsley, chez lord Derby, et M. de Montigny, qui en 185Zi rapportait de la Chine 12 ou 15 de ces animaux, a vuplusieursfemellesmettre has pendant la traversee. ■ — M. le marquis de Selve, membre du Conseil , envoie un Rapport tres satisfaisant sur I'etat de sante de la Chevre et du Chevreau d'Angora qu'il eleve a Villiers preslaFerte (Seine- et-Oise). La toison de ce dernier est tout a fait remarquable par son epaisseur et par son aspect brillant. — II est ne chez notre confrere trois agneaux de Caramanie, qui avaient, en naissant, la grosse pelote graisseuse de la queue propre a cette espace. — Une de ses Chevres de la haute Egypte lui a donne deux jeunes animaux male et femelle qui n'epuisaient pas dans les premiers temps le lait de leur mere dont le pis est enorme. — On lit, par extraits, un Memoire de notre confrere, M. Bernis, surTespece ovine de I'Algerie. — II est donne connaissance du Reglement adopte par le Conseil relatif u la seance publique annuelle , et aux encoura- PROCfeS-VERBAUX. ISl gements et recompenses que la Societe decernera dans cette seance. (Voy. ce Ueglenient uu Bulletin^ t. Ill, p. v). — M. Gosse lit un nouveau fragment de son Memoire sur les avanlages dela domestication de I'Autruche d'Afrique. En- parlant des ressources que les plumes de ces oiseaux peuvent olTrir au commerce, il met sous les yeux de la Societe de tr^s beaux echanlillons de ces plumes, qui sont ott'erts en don par notre confrere M. Chagot. — Parmi les pieces imprimees de la seance, il se trouve une annonce en langue allemande adressee par M. le docteur Nees d'Esenbeck, president de I'Academie imperiale Leopoldo- Caroline, et par M. le prince de Demidoff, aux Societes sa- vantes de I'Allemagne, pour les informer que la Societe impe- riale zoologique d'acclimatation decernera des medailles comme recompenses, et pour les engager a porter ce fait a la connais- sance de lous ceux qu'il pent interesser. — On trouve egale- ment parmi ces pieces le tome l" des Memoires de I'Academie royale des sciences de Madrid,^ que ce corps savant envoie a la Societe, avant m6me que nos publications lui aient ete adres- sees ; puis deux brochures de notre confrere M. Malavois, ayant pour litres, Tune : Organisation d'un etablissement colonial en Algerie, et I'autre : De la culture du coton en Algerie. — M, J.-€. Werner fait hommage a la Societe de la pre- miere iivraison de la Collection iconographique des animaux utiles ou d'agrement^ dont elle a accepte la dedicace. SEANCE DU 29 FEVRIER 1856. — M. le President proclame les noms des membres admis depuis la derni^re seance : MM. Baleste (H.), proprietaire a Sceaux, pres Paris. ''' Barrier (le docteur), a Celles, pr^s la Voulte (Ardeche). Br^on-Gu^rard (P.), proprietaire agronome et silvicul- teur, a Montbard (C6te-d'0r). Denninger, conseiller municipal, a Stuttgart. Glillon des Brllons (F.), proprietaire, ancien receveur de Tenregistrement, aLagny (Seine-et-Marne). 132 SOCDETE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. MM. IvERNOis (d') , proprielaire a Hyeres (Var) et a Paris. MoNTEBELLO (Ic marquis A. de), proprietaire , negociant en vins de Champagne, a Mareuil-sur-Ay (Marne). Paillart (L.-St.) , proprietaire agriculteur, au chateau d'Hymnieville (Somme), mernbre de laSociete hippique et du Cornice agricole d'Abbeville et de la Societe imperiale et centrale d'horticuUure, a Paris. Pecoul (Auguste), ancien depute, a Paris. PouLAiN DE BossAY, proprietaire, ancien niembre du Con- seil superieur de I'instruclion publique, ancien proviseur a Paris, membre de la Commission centrale de la Societe de geographic, a Paris. Thomas, proprietaire, a Aubigny-sur-Nerre (Cher). TuYssuziAN (0.), proprietaire en Cihcie (Asie Mineure), ancien eleve de Grignon, a Constantinople. — Sur la proposition de M. le President, faite au nom du Bureau, et conformement aux dispositions de I'article 3 des statuts constitutifs, la Societe admet, a Tunanimite, aunombre de ses membres honoraires : L'Emir Abd-el-Kader. A I'occasion decette nomination, M. le President rappelle les services que I'Emir a rendus a laSociete en lui procurant deux troupeaux, Tun de Chevres d' Angora, I'autre de Moutons de Caramanie, et il donne lecture d'une lettre de M. le general Daumas , dont nous citerons textuellement les premieres lignes : « Je m'applaudis avec vous, dit M. le general Daumas a M. le President, de Taffiliation a la Societe imperiale zoolo- gique d'acclimatation de quelques notables musulmans de 1 Orient. Partis de si haut, ces exemples de tolerance et d'union, venant d'hommes de toutes les races et de toutes les religions, dans un but commun d'utilite, ne peuvent qu'exercer une salu- taire influence pour faire disparaitre les prejuges et les preven- tions qui divisent encore les nations. » Notre confrere regarde comme tres heureuseet tres importante Tentree parmi nous de I'Emir qui, dit-il, sera une precieuse acquisition pour la Societe. — MM. Piich. Griffith, president, et Ed. Hornsby, secretaire des travaux publics et p6cheries d'Irlande, sont egalement admis PROCftS-VftRBAUX. 1S3 par la Societe au nombre de ses inembres honoraires. M. le Pre- sident, apr^s avoir signale leurs litres a nos suffrages, informe de leur intention de faire a la Societe renvoi d'oeufs des meilleures especes de Truites et de Saumons. — Notre confrere, M. Cluazcreau, secretaire du Cornice agri- cole d'Aubigny-sw-Nerre (Cher), fait connaltre le desir de ce Cornice d'entrer en communications directes avec nous. En consequence, M. le President annonce qu'il sera, d'apres la decision duConseil, compris au nombre de nos Societes agre- gees. Cetle nouvelle denomination est destinee a remplacer cellede Societe correspondmite, qui, generalement adoptee par des associations dont les rapports se bornent a de simples echanges de publications, ne preciserait pas assez la nature des relations beaucoup plus importantes etablies entre nous et toutes les Societes inscritesjusqu'a present comme correspon- dantes , et qui maintenant prendront le titre de Societes agregees. — Sur la demande de VAcade'mie royale d' agriculture de Turin, transmise par notrc confrere, M.Baruffi, ce corps savant, d'apres la decision duConseil, est egalement admis au nombre de nos Societes agregees. — Monseigneur Pallegoix, ev^que de Mallos, vicaire aposto- lique de Siam , ecrit , de ce dernier pays , une lettre datee de Bangkok, 5 oclobre 1855, pour remercier la Societe de son admission comme memhre honoraire. De mc^me quo le pere Furet, missiomiaire apostolicjue en Chine et au Japon , dont une semblable lettre de remerciments a ele lue dans la seance du h Janvier 1856, Mgr Pallegoix temoigno de son desir d'etre utile a la Societe. 11 ne le pourra cependant, ajoute-l-il, que lorsque le royaumede Siam aura un consul frangais etque nos navires mouilleront dans ses ports. . 'r./ii» « — M. 0. Tiiyssuzian, originaire de la province de Cilicie (Asie Mineure), oil il doit retourner prochainement, remercie de son admission. Des lettres ecrites dans le m6me but sont adressees par MM. Oger et Viel. MM. Harufti et de TchihatchefT remercient du choix que le conseil a fait d'eux , le premier comme delegue de la Societe a Turin, le second comme membre 134 SOCIIET^. IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de la Commission permanente des colonies et de I'etranger. — IVL Odysse Barrot, directeur de la Revue des cours publics, propose Techange de son journarcontre notre Bulletin. Get echange est accepte, comme I'a ete celdi du journal I' Ami de la maison, ainsi que nousl'apprend notre confrere, M. Le Che- valier, qui, en outre, fait liommage a la Societe du recueil periodique l' Illustration. — A cette occasion , M. le President fait connaitre la liste deja tres nombreuse des feuilles periodiques revues par la Societe, et qui, a partir du 3 mars, seront mises tous les jours a la disposition de MM, les membres, de midi a quatre heures, dans une salle disposee a cette intention. — II annonceensuite ['organisation pour 1856 des Commis- sions permanentes : 1° Commission des vegetaux, President, M. le baron de Montgaudry • 2° Commission deTAlgerie, Presi- dent, M. Richard (du Cantal) ; Presidenthonoraire, M. le general Daumas ; 3° Commission des colonies et de Tetranger, Presi- dent, M. Passy ; Vice-President, M. de Quatrefages. (Voy. pour la composition de ces Commissions, Bulletin, t. Ill, p. x). — Notre confrere, M. Chagot, fait I'offre d'un don de 1000 francs pour des essais de domestication de I'Autruche en Algerie. Des remerciments lui sont adresses, et M. le President renvoie la question soulevee par M. Chagot a Texamen du Conseil, qui aura egalement a deliberer sur deux projets soumis par ce m6me membre. Tun relatif a Textension que des secours pecuniaires accordes par TEtat pourraient permettre a nos travaux, et Fautre touchant les moyens a employer pour donner a ces travaux la plus grande publicite possible. — Des demandes d'Ignames, de Chervis et de Riz sec sont faites par nos confreres, MM. Baruffi, Mauduyt et Van-Blaren- berghe. . — Notre confrere, M. Bossin, fait hommage a la Societe de meches de Coton de Georgie a longues soies pouvant servir de specimen, et de graines de ce m6me coton destinees a 6tre dis- tribuees aux membres qui, habitant les departements meridio- naux, ou bien I'ltalie, I'Espagne ou le Portugal, voudraient tenter cette culture, PROCilS-VERBAUX. 136 — Notre confrere, M. Millet, en saqualite demembre d'une commission nommee par les Ministres de la marine et des finances pour proceder a I'examen des echantillons de hois envoyes paries colonies a TExposition universelle, demande a la Societe si elle ne trouverait pas convenable I'insertion dans ses Bulletins d'un extrait du rapport qu'il a fait au nom de cette commission, et qui contient des indications et des renseigne- ments utiles au commerce et a Tindustrie. Cette proposition est renvoyee a I'examen du Comite de publication. — On lit plusieurs passages d'une Note adressee par notre confrere , M. le professeur Joly. C'est un document historique dont il est maintenaiit possesseur, et qui est relatif a la puissante protection et aux encouragements que I'lmperatrice Josephine accordait aux tentativesd'introduction en France des vegetaux etrangers a notre sol. Ce document est fourni par une longue et remarquable lettre adressee par I'lmperatrice au botaniste Raffeneau-Delile pendant ses voyages dans TAmerique du Nord. A cette occasion, M. le President rappelle que la soUici- tude de I'lmperatrice pour les avantages qui, par les tentatives d'acclimatalion peuvent ^tre procures a notre pays, s'etendait egalement aux races animales utiles. En eflfet , sans les difQ- cultes nees des graves evenements politiques de I'epoque, la France aurait du a I'lmperatrice Josephine I'introduction d'un troupeau d' Alpacas et de Lamas. II fut amene jusqu'en Espagne, mais son entree sur le territoire frangais devint impossible par suite des circonst^nces qui viennent d'etre rappelees. — Son Excellence le Ministre de I'agriculture, du commerce et des travaux publics ecrit pour temoigner le desir de recevoir des graines du Bombtjx mylitta , des que les pontes permet- tront cet envoi , et , selon la proposition qui lui en a ete faite par le Conseil, il sollicite un Uapport sur tout ce qui concerne les sept especes de Bombyx que la Societe, jusqu'a ce jour, est parvenue a se procurer en Chine, dans I'lnde, au Senegal, au Bresil et aux Etats-Unis. — On lit, par extraits, un travail adresse par notre confrere M. le vicomte F. de Susini, president de la Societe d' agricul- ture de I'arrondissement de Sartene (Corse) et relatif a un 136 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. journal dont il est donne communication, et qui, tenu par raadame Victoire de Susini , nee Soulavie , fait connaitre tous les details d'une deuxieme education de Vers a soie commencee par elle le 22 juillet et entierement terminee le IQaoOt, c'est- a-dire dans I'espace de vingt-neuf jours. — En reponse a une lettre oii M. le President insistait sur lesfaibles ressources fournies a ralimentation par les produits de la p6che dans les eaux douces et saumatres de FAlgerie, et s'informait de Tutilite que I'introduction des procedes de la pisciculture dans notre colonic africaine pourrait offrir en vue de I'accroissement de ces ressources, Son Excellence le Ministre de la guerre adresse une Note relative a la possibilite de I'application de la pisciculture aux cours d'eau de ce pays. Cette note fait connaitre les conditions plus ou moins favo- rables a des essais de ce genre. De plus, M. le marechal informe qu'il saisit les autorites locales de cette importante question dont I'etude est renvoyee a Texamen de la troisieme section. — Le m6me renvoi a lieu pour une lettre de notre confrere M. Derbes, qui rappelle les vues emises par lui dans un travail deja lu devant la Scciete, puis insere dans nos Bulletins (t. II, p. 22), etou il indique les ressources que prcsente le departe- ment des Bouches-du-Rhone sous le rapport de la pisciculture. II se met a la disposition du Conseil pour aller a Tarente, s'il le juge convenable, ctudier avec tous les details necessaires le mode d'exploitation de Tinduslrie qui consiste a employer les moyens les plus propres a faciliter la reproduction des monies et des huitres, et dont il suppose Tintroduction possible dans I'etang de Berre, oii les conditions de localite sont analogues a celles de la petite mer de Tarente. W>i— Notre confrere, M. Bouvenot, exprime le desir qu'il soit nomme une commission chargee d'examiner les resultats obte- nus par lui dans le croisement de Ponies et de Coqs de races differentes. Cette demande est renvoyee a la deuxieme section. — M. Mauduyt, membre de la Societe, fait connaitre le bon etat de sante de trois Grues du Senegal qui sont conservees, sans soins particuliers, dans la cour d'une fabrique a Biard, pres PROCfeS-VERBAUX. 137 Poitiers, depuis 1847. Neanmoins hi reproduction dc ces oiseaux n\i pas encore eu lieu. — Notre confrere, M. Sacc, remercie du don qui lui a ete fait d'une paire de Pores de Chine , dont il rendra a la Societe les premiers produits. II fait ressortir les avantages que devra presenter cette petite race Ires rustique, pour les habi- tants des montagnes, qui n'ont pas les ressources suftisantes pour nourrir des pores de plus grande taille. — Un membre de la Societe, dont la signature n'a pas pu 6tre lue, appelle son attention sur les qualites importantes du lait ainsi que du poil d'une race de Chevres des Canaries, deja ^ignalee par Leopold de Buch. II pense qu'une tentative d'introduction de cette race pourrait 6tre faite. La lettre est renvoyee a la premiere section. ' — M. Dareste, membre de la commission nommee par la Societe pour examiner les produits de I'Exposition universelle de I'industrie, lit un Rapport sur les huiles et les vins soumis a I'examen de cette commission. (Voy. le Bulletin, num. d'avril.) — A la suite de cette lecture, M. Gosse fait observer que I'huile de Ricin est m^lee aux ahments dans les iles des Antilles, ou, ainsi qu'il I'a appris par I'ancien prol'esseur Claude Richard, il suffit d'enlever le germe des graines pour faire disparaitre le priiicipe purgalif de ces huiles. En Chine, comme M. Tastet le rappelle, I'huile de Ricin est egalement mise en usage dans les preparations culinaires. auxquelles elle communique seulement une saveur fort desagreable. On nc la soumet a aucune pre- paration particuliere ; mais, avant de servir, elle doit avoir fait un s< jour d'un an ou de dix-huit mois sous terre. Quant a Thuile de Dugong {Halicore indicus)^ consideree dans le Rapport comme un utile succedane de I'huile de foie de morue, dont elle n'aurait pas la saveur desagreable et dont elle differerait, suivant les renseignements fournis a M. le rappor- teur, par ce fait qu'elle ne conliendrait pas d'iode, M. Clialin emet un doute absolu sur les proprietes therapeuliques de cette huile, si I'iode y manque. D'un autre cdle, ses bons effets etant cependant mentionnes, il suppose que I'etude chimique n'en a pas ete convenablement faite, et il propose a la Societe, 138 SOCIl&Tlfi IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. si elle peut lui procurer une petite quantite de cette huile, de la soumettre aux procedes d'analyse qui lui ont permis, dans ses recherches sur les substances iodees, de retrouver ce prin- cipe m6nie dans celles oii il y en a le moins. Abordant ensuite la question des travaux oenologiques des Allemands, soulevee dans le rapport, M. Chatin insiste sur ce fait que les vins de rAllemagne fabriques, en quelque sorte, de toutes pieces avec de Falcool et de Tether ou huile de vin, ne peuvent pas, quelque habilete qu'on apporte a leur composi- tion, supporter la comparaison avec les vins frangais, puisqu'il y manque I'arome. M. Tastet dit que cette habilete des Allemands est bien reconnue, car ceux qui habitent Bordeaux sont, de tous les negociants en vins, ceux qui preparent le mieux leurs produits. On sait, d'ailleurs, ajoute-t-il, que des villes anseatiques et de divers points de la HoUandc, il est expedie, chaque annee, de grandes quanlites de vins dans la fabrication desquels il entre dif- ferents produits, et en particulier des vins de Celte et de la Loire. — M. Guerin-Meneville met sous les yeux de la Societe une matiere textile tres analogue au coton, et obtenue de I'ecorce du mijrier par un precede pour lequeU'inventeur.dontlenom n'est pas connude M. Guerin-Meneville, apris un brevet d'invention. M. Davin donne quelques details sur les resullats obtenus avec cette substance au moyen de ses cardes fines. II est prie, par M. le President, de vouloirbien preparer, avec M. Guerin- Meneville, une note propre a faire connaitre cette decouverte avec les details suffisants. SEANCE DU 14 MARS 1856. M. le President proclame les noms des membres admis depuis la derniere seance : S. A. Ms' le prince de Salm-Dicr, au chateau de Dick (pro- vinces rhenanes). MM. Baude (le baron), ancien conseiller d'Etat, a Paris. Bravo Murillo, ancien ministre de S. M. la reine d'Es- pagne, a Paris. CJasati (GamiUe), proprietaire a Milan. PROCfes-VERBAUX. 130 MM. CoNNEAU (le docteur), premier medecin de S. M. I'Empe- reur, a Paris. La Rochefoucauld (le vicomte de), proprietaire, a Paris. La Rochette (le baron de), proprietaire, a Paris. Lemonnieh (Charles), docteur en droit, a Paris. Lepin (le baron), proprietaire, a Paris. Lfivis (le marquis de), proprietaire, a Paris. Mailly (lecomte de), proprietaire, a Paris. Massez, proprietaire, a Paris. Menville (le docteur), a Paris. PiAZzoNi, proprietaire a Bergame (Lombardie). Sarcenton (P.), proprietaire a la Chapelle-en-Serval (Oise) et a Paris. Thierry (le doct.), membre du Conseil municipal de Paris. — M. Basque, secretaire de \Q.Societed' agriculture, arts et commerce du departement de la Charetite, siegeant a Angou- l6me, ecrit pour informer du desir manifeste par elle d'en- trer en communication directe avec nous. En consequence, M. le President fait connaitre qu'elle sera, d'apres la decision du Conseil, comprise au nombre de nos Societes agregees. — En reponse a une demande d' organisation, dans les Colo- nies, de centres de correspondance et d'echanges, qui lui avait ete adressee par la Societe, S. E. le Ministre de la marine et des colonies a ecrit, le 7 mars, qu'il etait tout dispose a se prater a la realisation de ce voeu, en raison de Tinter^t qu'il porte a nos travaux, dont il serait satisfait de pouvoir faciliter le developpement. Par une autre lettre, en date de ce jour, le m6me Ministre transmetune copie des instructions qu'il adresse aux administrations de nos diverses colonies, pour les encou- rager a organiser des comites locaux charges de fournir a notre Societe les renseignements et les elements d'echange qu'elle desire. II est donne lecture de cette circulaire. (Voy. p. 14/1.) — Notre confrere, M.le docteur Gosse, est designe par le Conseil pour 6tre le delegue de la Societe a Geneve. — Des lettres de remerctments sont adressees par MM. Ba* leste et d'lvernois pour leur admission dans la Societe ; par M. Mennet-Possoz pour sa nomination corame membre de l^ 140 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Commission permanente des Colonies et de I'etranger, et par M. Chavannes pour le choix que le Conseil a fait de lui comme delegue a Lausanne. — M. le docteur Reich adresse a la Societe, et a MM. les membres en particulier, ses offres de service pour la traduction et I'analyse des travaux ecrits en langues etrangeres. — Notre confrere, M. Drouyn de Lhuys, fait present a la Societe de deux vitrines contenant des ecliantillons de laines de SiU^sie, envoyees a TExposition universelle de 1855 par M. Kiipfer, et qui y ont obtenii des recompenses. — Tin autre don egt fait a la Societe par notre confrere, M. Sacc : il consiste en un exemplaire colorie de la portion du Regne animal illustrc de Cuvier, relative aux races humaines, aux mammiferes et aux oiseaux. M. Sacc prie la Societe d'ac- cepter cet ouvrage, comme un temoignage de sa reconnais- sance pour les deux pores de Chine qui lui ont ete donnes. — Desremerciments seront adresses a M. Drouyn de Lhuys et a M. Sacc. — Notre confrere, M. H. Fontanier, sur le point de partir comme eleve drogman pour la Chine, ou il residera pendant plusieurs annees, se met a la disposition de la Societe, et lui demande des instructions detaillees sur Macao, Singapour, Malacca et Manille, qu'il compte visiter. — Notre confrere, M. A. d'Abbadie, membre correspondant de TAcademie des sciences, ecrit pour consulter la Soriete sur la question de savoir s'il serait possible de creer une sortc de port de refuge au-devant de la baii^ de Saint-Jean-de-Luz, en y formantdes recifs vivants et protecteurs pour les batimentsqui voyagent le long de la cote S.-O. de la France, ou manquent les abris contre le gros temps. II demande si, en favorisant aux abords de la baie le developpement, soit du Fucus giganteus^ qui s'allonge jusqu'a 120 metres, soit de quelques autres Al- gues a tres haute tige, on ne pourrait pas arriver a procurer aux navires une retraite semblable a celle dont parle Solander dans le Voyage deCook, laquelle, naturellement formee par des Algues gigantesques, permit au celebre navigateur de mouiller sans danger dans des eaux tranquilles pendant une temp^te. PROCfeS-VERBAUX. 141 L'examen de la (luostion soulcvee dans cette lettre est renvoy^ a une Commission composee de M. Passy, deM. I'amiral Penaud et de MM. Blondat,Cliatin,Dareste, Moquin-Tandon et Payer. — M. Conrad Leinweler, jardinier de la cour a Leixembourg, pres Vienne (Autriche), envoie une note manuscrite sur la cul- ture de V Araucaria excelsa. — Par une lettre datee de Constantinople, notre confrere, M. le comte de Fontenay, informe qu'il n'a trouve nulle part, enCrimee, lesOliviersenpleine terrepouvantresister, disait-on, a un froid de douze a quatorze degres, et dont il a ete deja plu- sieurs fois (juestion devant la Societe. Ceux que Ton rencontre sur quelques points, et qui sont d'ailleurs des plants de nos provenances indigenes, ne sont places que dans des lieuxabrites ou la temperature ne descend jamais au-dessous de quatre a cinq degres, eton ne les cultive quecomme arbres d'agrement. M. le comte de Fontenay continuant a se mettre a la disposi- tion de la Societe, il sera prie, d'apres le voeu exprime par la premiere section, de vouloir bien profiler de son sejour en Crimee pour recueillir des renseignements sur les chameaux a deux bosses qui vivent dans le pays, et sur les avantages que pourrait offrir leur introduction en France. — II est donne lecture d'une lettre ecrite de Calcutta, le 18 Janvier, par M. Piddington, membre honoraire, annon^ant renvoi de quelques tubercules, pour laFrance et pour I'AIgerie, d'une espece particuliere d'Igname originaire de la Nouvelle- Zelande. Des essais de culture, dont on ne connait pas encore les resultals, out etc enlrepris par les soins de sir W. Reid, Tun de nos membres bonoraires, dans I'ile de Malte, dont il est le gouveineur, et par notre confrere M. BarulK a Turin, ou une premiere tentative, qui va 6tre renouvelee, a echoue. A cette lettre il est joint une note de M. Piddington, faisant connaltre la bonne qualite des produits obtenus a Calcutta m6me par M. Hill. Notre confrere insisle sur ce fait tres important, au point de vue de Tacclimatation, que cetlgname provenant d'une zone temperee, il est permis d'esperer que son introduction pourra reussir en Europe. Des remerciments seront adresses a M. Piddington. 142 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. Tastet communique par extraits la reponse faite par M. Libois, procureur des Missions etrangeres en Chine, aux demandes de vegetaux utiles que cemembre lui avail adressees au nom de la Societe. — Notre confrere, M. Renard, ancien delegue de Tlndustrie parisienne en Chine, faithommage d'une nombreuse collection de Bambous de ce pays, ainsi que de joncs et de rotins de la Malaisie et des Philippines. II lit, sur ce sujet, une Note ou il fait connaitre les diverses especes de Bambous et les nombreux usages de ce precieux vegetal dans I'empire chinois. Des re- merciments sont adresses a M. Renard par M. le president pour le don des echantillons. — M. Lortet, president de la. Societe protectrice des ani- maux siegeant a Lyon et agregee a la notre, signale des faits contenus dans les ouvrages de differents naturalistes, et des faits recents tendant tons a demontrer I'aptitude singuliere a I'apprivoisement et a la domestication de la Perdrix rouge ou Bartavelle {Perdix saxatilis) . La lettre deM. Lortet est renvoyee a Fexamen de la deuxieme section. (Voy. plus liaut, p. 42/i.) — M. Le Prestre, membre dela Societe a Caen, informe qu'il a chez lui dix ocufs de Casoar de la Nouvelle-Hollande, couves depuisquatorze jours par la femelle, tandis qu'au Museum, c'est au male qu on a du le succ^s de I'incubation. — Notre confrere, M. Gosse lit la troisieme par tie de son Memoire ayant pour litre : Sur les avantages que presente- raient la domestication de I'Autruche d'Afrique et I'acclima- tationde I' Autruche d'Amerique enAlgerie. L'auleur laisse de c6te, quant a present, Texamen des questions que souleve cetle derniere portion de son travail. II en fera Tobjel d'une com- munication ullerieure, quand il aura recueilli des documents qui lui manquent encore. Se bornant done aujourd'hui a Tetude des avantages que la domestication de FAutruche d'Afrique pourrait offrir, il a complete ce sujet par la redaction d'un Questionnaire detaille relatif a eel oiseau et qui sera adresse, par les soins de la Societe, dans les lieuxouvit I'Autruche. Les reponses aux iiombreuses questions qu'il renferme fourniront d'utiles renseignements. M. Gosse est prie de s'adjoindre a la • " ' • • PROCfeS-VERBAUX. 14!^ deuxieme section et de lui donner son avis pourl'opinion qu'elle doil emeltre relativement a Tolfre d'un don de 1000 francs, faite par Tun des membres de la Societe, M. Chagot, dans le but de faciliter des essais de domestication de I'Autruche en Algerie. — 11 est donne lecture d'un Memoire de notre confrere, M. I'abbe Allary, sur I'education des Pigeons et sur les avan- tages qu'elle procure. A la suite de cette lecture, M. Bourgeois combat les opinions emises par M. I'abbe Allary. II rappelle que les Pigeons sont proscrits dans les pays de culture, parce qu'il est universelle- ment reconnu que ces oiseaux nuisent a la recolte des cereales et des plantes legumineuses. Aussi doivent-ils 6tre tenus en- fermes pendant le temps ou leurs degats sont le plus a craindre* M. Malezieux presente des observations analogues, et indique un chapitre de son Manuel de la fillede basse cour, dont il a fait hommage a la Societe, et ou cette question a ete traitee. Elle pent, dit-il, se resumer en pen de mots : Si les Pigeons sonttres avantageux pour ceux qui necultivent point, ils sont, au contraire, fort nuisibles aux inter6ts du cultivateur. MM. Bourgeois et Malezieux sont pries de s'adjoindre a la deuxieme section alaquelle le Memoire deM. Allary est renvoye. — Notre confrere, M. de Souance remercie le Conseil, qui lui a confte un Cerf-cochon femelle. II envoie une liste des manimif^res et des oiseaux qu'il eleve dans ses proprietes, et parmi lesquels on remarque des animaux interessants, dont plusieurs se sont reproduits. — M. Fernand de la Sizeranne, a qui le Conseil a confie des Mou tons de Caramanie , annonce la naissance d'un nouvel agneau male dont la queue porte deja la masse graisseuse caracteris- tique de Tespece. L'etat de son petit troupeau esttoujours tr^sf satisfaisant. — Parmi les ouvrages imprimes offerts dans cette seance, est la d( uxi^me livraison de I'ouvrage public par M. Werner, et ayant pour titre : Atlas d'animaux utiles ou d'agr^ment. Le Secretaire des stances, Aug. Dumeril. ihh SOCIETJ& IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. IV. FAITS DIVERS. S. E. le Ministie de la marine et des colonies, ayant ^t(5 inform^ de la con- stitution de la Commission permanente des Colonies et de I't^tranger (voyez page 00), a bien vonlu adresser la iettre suivante a MM. les Gou- verneurs des colonies de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Reu- nion, du SENEGAL, de riNDE, ct a MM. les Commandants sup^rieurs de Gor£e et de Taiti. Monsieur le Gouverneur , La Soci^td imp^riale zoologiquc d'acclimatation m'a exprim^, par la Iettre ci-jointe en copie , le d^sir de voir organiser dans nos Colonies des centres de corrcspondance qui les renseigneraient sur les acquisitions et ^changes que la France et ses Colonies pourraient faire en plantes et en animaux. Le but que se propose cette Soci^td et qu'elle poursuit avec ardeur en ^tendant tons les jours le cercle de ses travaux, pr^sente une utility r^elle qui ne voiis dchappera pas. Vous jugerez done sans doute qu'il serait pro- fitable pour notre colonic de participer aux ^changes qui se font par I'inter- m^diaire de la Sorit?t^ zoologique, et dans tousles cas d'entretenir avec elle des rapports scientifiques denature a elucider les questions d'acclimatalion de plantes et d'animaux dont la reproduction serait reconnue praticable et avantageuse. Le moyen le plus efficace d'atteindre ce but et d'organiser des centres de corrcspondance me semble, h preraifere vue, resider dans la creation de comil^s locaux qui se feraient sous le patronage de radminisiralion, et dont pourraient faire partie des habitants, des industriels , des fonclionnaires et des officiers de sante de la marine que leurs (5tudes premieres meltent sur- tout a m^me de fournir h cet ^gard un concours utile. Je suis dispose du reste a approuver les mesures que vous jugerez convenable de prendre pour favoriser la realisation du desir exprime par la Soci^t^ impdriale zoologique d'acclimatation, et je vous invite ti me tenir au courantdes dis- positions que vous aurez adoptees par suite de la pr^sente communication. Recevez, Monsieur le Gouverneur, I'assurance de ma consideration distingu^e. Uamiral, Ministre secrStaire d'Elat de la marine et des colonies, Signe Hamelin. — Les Ignames de la Nouvelle-Zeiande , annonc^s par M. Piddington (voyez page 141), sont arrives en bon etat. Le Conseil avail pris a I'avance les mesures propres a assurer la culture, dans les meilleures conditions, de ces g^nereux v^g^taux. Pour les faits divers, le secretaire du conseil, Gc^rin-Meneville. Education di; saturnia mylitta. l/i5 I. TRAVAUX DES HEMBRES D£ U SOCI^TI RAPPORT ;..,, AURESSE A LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATIOM SUR LA PREMifiRE Education du saturnia mylitta FAITE EN SUISSE Par M. le doctenr A. CHAVAIVNES, D^l^gue de la Socidte a Lausanne. (Stance du 15 fevrier 1856.) L'introduolioii et racclimatation du Saturnia Mylitta en Europe sont des fails assez importants pour que la Societe d'acclimatation desire connaitre, si ce n'est tous les details, au moins les traits principaux des premieres educations de ce precieux insecte. C'est pourquoi j'ail'honneur d'adresser a la Societe le rapport suivant. Je dois a I'obligeance de notre confrere, M. Guerin-Meneville, renvoi, faitau nomde la Societe imperiale d'acclimatation, de quarante oeufs diM Saturnia Mylitta, pondus en partie du 19 au 20 aoOt, en partie du 20 au 21 aoCit. Ces oeufs, tenus a la temperature naturelle de 18 a 20 degres, sont eclos du 1" au Aseptembre, soit douze a quatorze joursa pres la ponte ; deux d'entre eux ont peri sans livrer de chenille. Celles-ci ont ete nourries uniquement de repousses de clique tailles ou abattus au printemps L'education s'cst prolongee, pour la chenille la plus precoce, jusqu'au 26 octobre, pour la plus tardive jus- qu'au 19 novembre , soit de cinquante-six a soixante-seize jours, par une temperature naturelle ou artificielle de 18 a 20 degres. . T. III. — Avril 1856. 10 146 SOCIlfeTE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les branches de ch6ne etaient plongees dans des bouteilles pleines d'eau et renouvelees tous les trois ou quatre jours. Je rappelle a cette occasion que les fails viennent de confirmer I'opinion que j'ai emise {Bulletin, tome'II, page 135) que le Mylitta etait un des Vers a soie du ch6ne, pour la Chine. La petite chenille, longue a sa sortie de Toeuf de 6 milli- metres, est d'abord d'un jaune orange avec des stries trans- versales noires ^ a la fin du premier age, elle passe au vert et atteint une longueur de 15 millimetres. Get age dure dix jours, dont un pour le sourcil. Dans le second age, la chenille est verte avec des tubercules rouge orange ; ceux des rangees dorsales ont Textremite noire, leur base a des reflets metalliques, les stigmates sontnoirs. Sa longueur, a la fin de cet age, est de *25 ii 28 millimetres ^ il dure huit jours, sur' lesquels deux sont employes par la mue. Au troisieme age, les tubercules dorsaux sont or metaUique, surtout a leur partie externe ^ les lateraux, lilas violace, sauf sur le quatrieme et cinquieme anneau, ou ils sont dores. Une ligne jaunatre regne au-dessus des stigmates et se termine posterieurement par une tache triangulaire d'un brun noi- ratre. Longueur, Ii centimetres. Duree de cet age, huit jours comme le precedent. Au quatrieme age, les chenilles ont la m6me livree, saul" que le plus grand nombre d'entre elles portent au-dessus des stigmates, sur le quatrieme, le cinquieme et quelquefois sur le sixieme anneau, une tache argentee ressemblant ai une gout- telette de mercure. Stigmates jaunatres cercles de noir. Lon- gueur, 75 miliimetres. Cet age dure douze jours, dont quatre pour la derniere mue. Cinquieme age, dix-huit jours, meme livree. Vers le quin- zieme jour de cet age les chenilles atteignent leur plus grand developpement , elles mesurent jusqu'a 12 centimetres et pesent 28 grammes. La duree des divers ages indiquee ici est celle de la chenille la plus precoce ; ii faudriiit raugmentcr proportionnelleiuent pour les plus tardives. Je n'ai pas reniarque ila freze bienpro- uoncee : peut-etre sous une temperature plus eleyee en eut-il ete jfeDLCATION UU SAtURNIA MYLITTA. Ifl7 autrenienl, car au-dessous de 18 degrt^s les dienilles paraissent onuoiirdics ct marigonl [)(3U. Elles ne courenl pas beaucoup avant de commencer leur coron : il est place entre des feuilles, el de plus (ixe a la hranrhe par un fort pedicule. La cheniUe emploie sept a huit jours a rachevement de ce cocon. Six de mes chenilles ont peri dans le premier age, mais d^s lors elles ' n'ont point eu de maladies. Aujourd'huij'ai trente-deux cocons qui ne different nulleinent pour la grosseur de ccux que Ton recueille dans les dju«gles des Indes, mais leurs extremites sont bien moins arrondies et le tissu est un peu moins serre ; quelques-uns n'ont pas de* pedicule ou I'ont moins arrondi que les cocons des Indes. En somme, les cocons obtenus ici tien- nent le milieu entre ceux du Mylitta eleve aux Indes et ceux du Pernyi ; je ne crois cependant pas que ce dernier soit une variele locale du Mtjlittn, car, outre la difference des cocons et des papillons, la chenille du Pernyi a de longs poils, clair- semes et un peu aplalis a I'extremite, qui tfexistent pas chez le Mylitta. La chenille du Mylitta demeure vingt-cin(j a trente jours dans le cocon avant de se transformer en chrysalide. Les cocons males pesent 7 a 9 grains, ceux des femelles 12 a 14 grains. Les males, se developpant plus rapidement que les femelles, 6nt ete places dans la partie la moins chaude de la chambre, oil ils ont 10 a 12 degres, les femelles dans la partie la plus chaude, ou elles ont une temperature de 15 a 18 degres. Les cocons sont places sur de la mousse mainlenue humide. Le point capital sera d'obleriir au printcmps prochain des oeufs feconds ; si Ton reussit, la question de racclimalation sera resolue^ il ne restera plus (ju'a disseminer et uliliser cette pre- cieuse acquisition, (|ui comptera parmi les nieilleurs services rendus a Thumanite par la Societe d'acclimatation. Saturnia Cynthia. Les rapports de M. Hardy ont prouve qu'il ne pouvait y avoir aucun benelice a altendre des educations du Cynthia coiiiluitus en cliandjre, comme celles du Ver d sole ordinaire. M. Hardy n'a pas essaye les educations en plein air et sur la 158 SOCIKTK IMPERULE ZOOLOGIQUR d'aCCLIMMATION. plante m6me; je puis annoncer aujourd'liui quej'ai eleve avec succes les Cynthia en les abandonnant sur !es pieds de ricin : ilsy ont tres bien prospere, aucun n'a disparu. Malbeureuse- ment les cocons, obtenus a la fin de seplembre, ont donne leurs papillons en novenibre, et cela malgre la basse lempera- • ture a laquelle ils etaient sounds ; I'education des nouveaux vers n a pu se faire a cause de la saison. Education de la graine de B. Mori, envoy ee de Chine. La Societe imperiale a bien voulu me faire participer a la distribution de la graine de B. Mori, provenue de la Chine par Tentremise de M. de Montigny. J'ai apporte a I'education de ces vers , dont I'eclosion a ete tres lente, tons les soins pos- sibles, je les ai nourris de feuilles les mieux choisies, la tempe- rature et la ventilation n'ont rien laisse a desirer 5 neanmoins, des la premiere mue , ces vers se sont montres atteints de grasserie, et a tel point que sur 1/4 d'once de graine, dont la moitie a fourni des chenilles, il n'estresteque c?(?z/a: chrysalides vivantes, dont il est sorti deux males. Les dix cocons que j'ai obtenus etaient de variete blanche, petils et peu fournis de sole. En terminant ce rapport, je prierai la Societe, dans le cas ou les educations de Saturnies de TAmerique du INord faites cet ete par M. Blanchard fourniraient des oeufs au printemps prochain, de vouloir bien en confier a mes soins une petite quantite, en particulier ceux du Polyphemus et du Cecropia. INDUSTRIE S^RICICOLE. 1A9 SUR L'INDUSTRIE SERIGICOLE DANS LE MIDI DE LA FRANCE ET PARTICULIEREMENT DANS LE DfiPARTEMENT DE L'HfiRAULT, LETTRG ADRESSEE A MU. LES HEHBRES DE LA SOCIETY IMPERIALS ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION Par M. tmlle NOL'BRIGAT, Proprielaire-directeur de retablissement sericicole de I'lierault pour ramelioration des races de Vers a soie, suppl^t a la'justice de paix de Lunel. (beance du 28 mars 1856.) Messieurs el honores collegues, Dans les departements meridionaiix, rinduslrie sericicole merile, an point de vue de son heureuse influence sur le sort de la classe ouvriere, un encouragement particulier; elle le merite encore au point de vue manufacturier et commercial : car, favoriser I'extension de cette belle industrie, c'est exonerer la France d'un Iribut considerable que nous impose annuelle- ment I'achat des soies etrangeres; c'est olTrir aux proprietaires agricoles les moyens d'augmenler leurs revenus; c'est ouvrir, enfln, a noire commerce et a nos manufactures une nouvelle source de benefices assures. La France est placee dans les conditions les plus favorables au developpement de la sericicuUure; ne point profiler de cet avantage nalurel, c'est se priver volontairement du produit d'une mine inepuisable. II est vrai que, pendant ces dernieres annees, les sericicul- j leurs ont etc alfliges par de facbeux revers. Mais ces revers ont eu, selon moi, deux causes : le defaut d'bomogeneite des graines etrangeres, lombees dans le domaine du commerce et auxquelles la degenerescence de nos belles races indigenes a dQ nous forcer de recourir, confusion que je cunsidere comme la veritable pierre d'achoppement de toute education-, et en 160 SOCI]ETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. second lieu, remploi de precedes defectueux ou de pratiques routinieres. En faisanl couiiailre les principales de ces causes, j'ai indi- que les moyens propres a remedier a ieurs pernicieux effets. Malheureusement, en France, el priricipalenient dans nos con- trees meridionales, les methodes nouvelles, malgre I'evidence de Ieurs bons resultats, ne sorit accueillies qu'avec difficulte ; chacun tient essentiellement a ses habitudes, et il y tient d'au- tant plus, qu'elles sDnt vieilles ou inveterees, et quelquefois m6me absurdes. Pour vaincre les preventions de certains esprits et les deter- miner a entrer dans la vole du progres, il leur faut des demons- trations materielles : c'est pourquoi j'ai forme a Lunel un eta- blissement dans lequel, joignant la pratique aux theories les plus accreditees, je suis parvenu a obtenir des resultats qui ont fait quelque impression sur les masses, grace, je dois le dire, aux suffrages dontont bicn voulu m'entourer des hommes emi- nents. A la verile, ce n'cst la qu'un progres imparfait; mais avec dela perseverance, ce progres peut en amener d'autres qui feront participer la sericiculture au mouvement general. D'abord, et avanl tout, il importe que les educateurs se penetrent d'une verite cssentielle, qui est Tune des bases fon^ damen tales de toute education fructueuse. Ce point capital consiste dans la nourriture de I'insecte pro- ducteur de la soie; sans une bonne alimentation, les vers, meme ceux provenant des meilleures races, troniperont infaii- liblement les esperances de Peducaleur. ,f La culture du murier est generalement Irop restreinte; elle (jxige une extension dont j'ai deja fait sentir la necessite. Cette extension ne doit pas se borner a la simple nmltiplication de I'arbre, elle doit encore avoir lieu dans des conditions propres a realiser les avantages de cette multipHcation. Malheureusement, quelques proprietaires, preferant la quan- tite alaqualitc, ont, conime pour la vigne, plante nos meilleurs terrains, aulieu d'utiliser les sols maigreset impropres a toute autre culture. Le but que Ton doit se proposer dans toute plantation, c'est INDL'STKIK StlRICICOLE. 161 I'economie clans les irais et la bonne qualite de la feuille. On obliendra ce double avantage en etablissanl des pepini^res dans le sol m^me ou les sujels doivent 6tre Iransplantes, at en rejetant toute grell'o d'une provenance douteuse ou inconnue. Ayanl signale ailleurs les qualites distinclives des bonnes feuilles, je m'abstiendrui de nouvelles explications a cet egard. Qu'il me suffise de mentionner ici la superiorite des planta- tions en bnguettes d'une annee de grefl'e. Point de mutilation aux rarines au moment de la transplantation a demeure, embranohement facile et plus favorable au sujet , pousse rapide, etc., tels sont les precieux avantages de ce genre de plantations, a I'appui desquels je puis offrir de nombreux exemples, et notamment une plantation de 900 sujets places dans un m6me champ, moilie en arbres de trois ans et I'autre moitie en baguettes d'une annee de grefl'e, cfiectuee trois ans plus tard ; ces derni^res ont acquis un developpement presque double des premiers, bien qu'ayant trois annees de moins de plantation et cinq ans de moins d'existence. Pr6chant d'exemple, j'ai encore plante cette annee 6,000 su- jets , dans les conditions indiquces, et deja cette plantation annonce le plus beureux avenir. Une consideration tres propre a encourager I'extension de la culture du mOrier, c'est la resistance que cet arbre oppose a la maladie qui a attaque la pluparl de nos vegetaux les plus pre- cieux ; la prosperite, cette annee, malgre I'intensite d'un froid qui a exerce une si deplorable influence sur ceux-ci, a ete com- plete. On pretend, il est vrai, que roidium a atteint, dans nos contrees, la periode de la decroissance. Toutefois cette affec- tion, rcconnue vraie par les uns et contestee par les autres, est encore problematique; mais re qui Test beaucoup moins, c'est I'etat de I'olivier : cet arbre dont le developpement est si long, si coOteux, et dont le fruit se fail si longtemps attendre, il suf- fit d'un hiver un pen rigoureux pour le detruire par milliers, ou du moins pour le rendre improductif et languissant pen- dant plusieurs annees. ^ .*, u. Si Ton faisait un rcleve exact du revient de I'olivier, de celui du murier, on Irouverait, sous ce rapport , entre I'un et 152 soci^TE impMiale zoologique d'acclimatation. I'autre arbi e une difference qui convaincrait les plus incredules de I'enorme avantage du second sur le premier. Je puis fournir pour preuve de cette verite ies resultats d'une education industrielle de 750 grammes d'oeufs deVers a soie, race d'ltalie, a laquelle je me suis livre cette annee. Places a I'incubation le 20 avril , ces oeufs ont donne quelques avant-coureurs le 28; I'eclosion a ete complete le 3 mai. Bien quenes aplusieursjours d'intervalle, tousles Vers sont sortis, le 7, de la premiere mue; le 12, de la seconde ; le 18, de la troisieme; le 25, de la quatrieme; la montee a eu lieu le 2 juin, par une temperature des plus detestables; le 12, ilsont ete decames. La duree de I'education, de la naissance a la montee, a done ete de trente jours. Le produit constate s'est eleve a 1400 kilogrammes cocons, d'une homogeneite irreprochable et d'une uniformite de dimension, de forme et de nuance la plus reguliere. Les vers de ces 750 grammes oeufs ont consomme 24, A95 kilogrammes feuilles demurier, soit un produit re'.adf d'environ 5'''i-,79,0 grammes cocons par 100 kilogrammes de feuilles consommees. Le resultat en especes s'est porte a. . . . 6,400 fr. 00 c. La depense etant, pour frais d'education de 1,215 fr. 25 c. Pour la feuille evaluec au cours de 8 fr. pour J 00 kil. 1,959 fr. 60 c. 3,174 fr. 85 c. Reste pour benefice net 3,225 fr.J5c. End'autres termes, le produit brut de ma feuille a ete de 26 fr. 13 c. par 100 kilogr., ou 21 fr. 17 c, deduction faite des frais d'education. J'ai demontre autre part qu'il resulte de faits materiels, et par consequent incontestables, qu'une plantation de 602 mii- riers, occupant une siiperficie de 9,632 metres carres dans un terrain fort ordinaire, a produit, a sa cinquieme feuille, ou la quatrieme annee de plantation, 6,356 kilogrammes feuilles. Prenant pour base le produit de ma chambree, tres nomade INDUSTRIE S^RICICOLE. 153 dans mon etablissement, cette jeune plantation, d'avenir et de la contcnance de moinsd'un hectare, pourrait donner au pro- prietaire-educaleur un revenu annuellement croissant de 1,350 francs environ : de tels resultals peuvenl bien legitimer revaluation, consideree comme fabuleuse, de 25 a 30,000 fr. affecles dans nos Cevennes a un hectare de miiriers. Je dois avouer cependant que mes educations experimen- tales n'ont pas obtenu, cette annee, le m6me succes. Cetechec tient a deux causes : 1° elles ont ete effectuees tardivement; 2° oblige de me rendre a Paris, en avril et mai, a I'occasion de I'Exposition universelle, je n'ai pu donner a cette partie de mes travaux scientifiqrtes les soins minutieux qu'ils exigent. Le regret que j'en eprouve est d'autant plus vif, que la graine de Chine dont la Sociele avait bien voulu me confier I'experimen- tation se trouvait au nombre de ces experiences , se compo- sant de sept races divorses, et dont le produit n'a pas couvert ' les frais. Ce deplorable resullatdoit me faire dire avec le (regrettable Camille Beauvais : « Que loin de contrarier la » nature, nous devons au contraire nous attacher a la secon- > der dans sa marche, et qu'en attendant qu'une ere nouvelle » nous soit ouverte pour doubler avec securite nos travaux et > nos benefices, nous devons nous occuper d'ameliorer notre » unique education. Songeonssurtout, otc'estlala plusgrande > critique des secondes educations, que I'age du ver et des » feuilles pent 6tre toujours le m6me : I'observation de plu- » sieurs siecles I'a piouve. Le ver et lebouton doivent naitre > le m^me jour el pour ainsi dire sous le m^me soleil. » Ainsi que me I'ont demontre d'ailleurs deux experiences suc- cessives operees sur une assez grande echelle, diverses causes s'opposaient aux educations tardives ou hors des limites assi- gnees par la nature : 1° la difficulte pour I'insecle d'attaquer la feuille coriace; 2° le prejudice qui peut resullcr pour le . mQrier de cueillette tardive de la feuille ; 3" entin, I'insuffisance des bras, dans ce pays, aux epoques des travaux de la moisson l «t des vendanges, travaux qui se rencontrent avecles secondes educations de printemps et d'automnc, considerations bien dignes de serieuses meditations. 15/i SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Bien que les oeufs composant mes diverses experiences fussent conserves a une temperature constante de 10 a 11 degres Reaumur, je remarquai, des le 18 mai, quelques naissances, ce qui dut m'obliger a placer immedialement ces oeufs a I'incubation. Le 23 mai, I'eclosion de six races fut complete, celle des Chinois se prolongea jusqu'au 29; une faible partie des oeufs resta inerte. L'eclosion de cette derniere espece fut done per- manente pendant onze jours, quoique placee, comme les six autres, sous I'influence d'une m6me temperature; les mues n'etaienl point simultanees et les vers etaient d'une inegalite de grosseur tres apparenle. Je crois pouvoir attribuer cette irregularile a la confusion de races dont se composaitce petit lot d'oeufs, car j'ai pu compter au decoconage, jusqu'a six especes bien distinctes de forme, de grosseur et de couleurs differentes, circonstances qui se sonl reproduites du reste, en 1852, sur une experience d'oeufs de la m6me provenance. Ne doit-on pas conclure de ce defaut d'homogeneite, de purete de race, que les habitants du Celeste-Empire sont encore arrieres dans cette partie de I'industrie sericicole? J'ai pu reunir toutefois une certaine quantite de cocons d'une beaute remarquable, que j'ai faitfigurer a I'Exposilion, en indiquant leur origine. Je regrelle beaucoup qu'une absence ne m'ait pas permis d'en conserver I'espece. . Aiimentes par une feuille coriace et nuUement en rapport avec leurs faibles organes, les vers de mes diverses experiences se trainerent peniblement, laissant a chaque age de nom- breuses pertes, et n'arriverentenfin a lamonlee que le 2juillet. La duree totale de {'education fut done de quarante-cinq jours, alors que la premiere s'etait realisee en trente, et les cocons, generalement faibles, donnerent 35 pour 100 de moins en sole, ainsi que j'ai pu m'en assurer par un essai comparatif de ces deux educations. Un kilogramme cocons provenant de la premiere chambree a produit 102 grammes soie 5 cette m6me quantite de cocons resultant dela deuxieme chambree, bien que de la m6me race, filee au m6me titre, n'a rendu que 66 grammes. INDUSTRIE S^RICICOLK. 155 Ces fails ne demoiitrenl-ils pas encore de la maniere la plus evidente les trisles resultats qn'on doit alteadre des educa- tions faites en temps inopportun? Le fait le plus remarqiiable qui ressort de iries diverses experiences, est racclimatation d'une rare d'ltalie conservee dans toute sa purele, et dont j'ai egalement expose les cocons. Deux essais successifs doivent me laisser Tespoir de voir cette race resisler d I'ihflueriee deletei-e qtie la maladie des vegetaux exerce depuis quelques annees sur le regne ani- mal. Les papillons, d'une conformation parfaite, se sontaccou- ples avec facilite et la ponte a ete abondante. Les OBufs que j'ai conserves seront soumis, I'anhee pro- chaine, a une troisieme experience. Veuillez agreer, etc. E. Nourrigat. P. S. — Je crois devoir vous signaler Tacclimatation d'un plant de Tokay de Hongrie , que je cuUive depuis longues annees, et qui, loin de degenerer par Tage, sous notre brCllant climat, produit, au dire des connaisseurs, d'excellent vin. L'echantillon de douze bouteilles que je me fais un plaisir d'ofirir a la Societe pourra la mettre a m6me de s'assurer du fondement de cette assertion. 156 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE i/aCCLIMATATION. SUR UN NOUVEL IGNAME DE LA NOUVELLE-ZELANDE LETTRE ADRESSEE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION Par M. PIDDINGTOIV, de Calcutta. (Seance du 14 mars 1856.) Monsieur et cher confrere , Je viens d'expedier a I'adresse de M. Borsarelli de I'Academie royale de Turin une boite contenant des racines et des tubercules aeriens d'une nouvelle espece dlgname de la Nouvelle-Zelande, dit-on, sur lequel je vous donne ci-joint une note detaillee. Je vous envoie dans la boite, et je vous prie d'en faire bommage a la Societe d'acclimatation , une petite racine et deux tuber- cules moyens. J'ai prie M. Borsarelli, s'il a une communication directe avec TAlgerie, d'y expedier un des tubercules afin de gagner du temps. Mais j'espere pouvoir obtenir de M. le consul de France I'expedilion d'une boite directemenl pour I'Algerie, et dans ce cas vous recevrez vos trois ecbantillons au complet. L'essai se fera ainsi a Turin, en France et en Algerie. J'apprendrai , Monsieur, avec un plaisir infini que cet envoi reussit et se trouve digne d'etre place au nombre des acquisi- tions utiles pour la France et pour I'Europe, Recevez, etc. H. PlDDlNGTON. Calcutta, 18 Janvier 1856. P. S. M. le consul de France se cbarge de mon envoi pour TAlgerie; ainsi vous recevrez le v6tre au complet. Dans une boite pour TAlgerie, j'envoieun seul tubercule aerien qui pese, je crois, deux et demi ou trois de ceux que je vous envoie; puis un autre du poids de deux des votres, et des pelits, grands comme de grosses noix on de petits tubercules de la pomme de terre ordinaire. IGNAME DE LA NOUVELLE-ZI^LANDE. 157 Note stir I'lgname de la Nouvelle-Zelande. C'est a M. le capitaine J. Hill, officior distingue de I'admi- nistralion du port de Calcutta, et ancien capitaine dans le commerce de Flnde, (jue nous devons le bel Igname dont je viens faire hommage a I'honorable Societe d'acclimalation. II y a maintenant trois ans au plus, que M. Hill re^ut d'un capitaine americain un tubereule de cet Igname, que ce capi- taine disait avoir apporte de la Nouvelle-Zelande. M, Hill le planta dans son jardin et en obtint a la racine un produit excellent, c'est-a-dire un bon Igname (delicieux au goCit et de bonne grandeur), et de plus un certain nombre de tubercules aeriens sur la tige. On sait qu'aux Antilles, ainsi que dans rinde, plusieurs des Dioscorees portent des tubercules aeriens qui se mangent •, mais ils sont petits, tandis que quelques-uns de ceux-ci etaient fort grands , du poids de 3 a 5 livres m6me, hers les tout petits, et beaucoup de la grosseur d'une bonne pomme de lerre. Le capitaine Hill me donna plusieurs tubercules etj'enfis tout de suite Tenvoi a Son Excellence Sir William Reid, gouverneur de Malte, et a M. le professeur Baruffi de Turin. Car un Igname de la Nouvelle-Zelande, donnant de 10 jusqu'a hO livres pesant de substance en liuit ou neuf mois ( fevrier jusqu'a octobre ou novembre), n'etait pas choseanegliger, si Ton pouvait le natu- raliser dans le sud de TEurope. Jen'ai pas de nouvelles encore de ceux de Malte ; mais celui de Turin, apres avoir ete beaucoup admire et m6me, me dit-on, dessine, n'a pas germe. Je viens de faire un nouvel envoi de racines et de tubercules aeriens en Italie , et dans la m6me boite j'expedie aussi une racine et des tubercules pour la Societe. ^ Le capitaine Hill a trouve que cette plante a tres bien reussi placee pres d'un ou de deux petits arbres, et qu'elle grimpe de preference en dehors de I'arbre ; et j'ai trouve de mon c6le que, placee de maniere a ne pouvoir grimper autre part que dans Tonibre epaisse d'un grand manguier, la plante (racines, 158 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. feuilles et tubercules) elait chetive et miserable, tandis que cliez un ami qui en avait fait courir une liane sur des bam- bous borizonlaux, au plein soleil de Calcutta, et cela dans une cour entouree de niurs, la tige etait magnifique et le produit superbe; mais on n'a jamais pu en connaitre Pexacte quantite, parce que les naturels, qui ont deja nomme la plante Alov- tra-gach (arbre a pommes de terre), volaient les tubercules a la moitie de leur croissance; mais il est clair que la liane prefere le soleil a Tombre, et que Ton peut ainsi la faire courir le long des entourages ou meme des murs, ce qui economisera beaucoup le terrain et utilisera pour le cultivateur des espaces souvent perdus. Le sol de tous ces essais a toujours ete le sol ordinaire des cours et des jardins de Calcutta, qui se compose d'un melange de terre sablonneuse, de gravier de briques et de debris de platre (calcaire). 11 est bon de reniarcjuer ceci, car il serait possible que les sols calcaires fussent ceux ou I'igname four- nirait le meilleur produit. M. Hill m'assure (jue la racine (qui est proprement I'igname) est delicieuse, et les anciens marins dans Flnde connaissent bien le gout des bons [gnames malais, que beaucoup d'entre eux preferent, comme moi, a la pomme de terre. Je n'en ai goute que le tubercule, et cela fort mal cuit ; il etait tres bon et ressemblait a une pomme de terre aqueuse. II aurait fallu, comme pour I'igname, le faire cuire d'abord a I'eau, et ensuite sous la braise pour le secher. Je ne doute pas qu'ainsi traite il ne soit excellent. Le meilleur Ignauie ne vaut rien s'il n^est pas ainsi cuit. Nous avons trouve aussi que les petits tubercules donnent bien une plante et quebjues produits la premiere annee; mais si on laissait la racine en terre, le produit dans la seconde annee serait plus beau et la racine plus grande. Nos botanisles n'ont pas encore determine le nom speciiique de cette dioscoree. M. Falconer, fi (jui j'ai remis les seules fleurs que j^aie pu obtenir icar la floraison est tres raie), n'a pu Y faire attention, ctant au moment de son depart pour I'Eu- lope ; et il paraitrait que la plante que j'avais fait placer au IGMAME DE LA NOUVELLE-ZI^ILANDE. 15^ jardin botanique n'aura pas floiiri celte annee. On dit seule- ment que dans la province de Tenasserien il se trouve un Igname qui donne aussi de gros tubercules, niais on n'en con- nalt pas non plus le nom specifique. Sur celui de Tlgname des for^ts de Pegose, qui s'y trouve, dit-on, Ires abondamment, et porte de tout petits tubercules et des racines qui servirent i la nourriture de beaucoup des malbeureux naturels que la disette, apres la guerre de la conqu6te de cette province, avait reduits aux dernieres extremites de la faim. Ces dernieres especes d'Ignames viennent des tropiques, et I'avantage que presente le notre, c'est qu'il apparlient a une zone temperee, et qu'il pourra s'acclimater en Kurope. Nous gardens ici les tubercules et les racines pendant le temps des froids, soit depuis novembre jusqu'en fevrier, et quand ils bourgeonnent couime les pomnies de terre, nous les mettons en terre. Apres cela il ne leur faut (|u'un peu d'eau jusqu'aux pluies, PiDDINGTON. Calcutta, 1^ Janvier 1856. NOTE SUR L'IGNAME DE LA NOUVELLE-ZELANDE Par Ad. CHATIK. (S6ance du 11 avril 1856.) Messieurs, Un envoi precieux vient de nous 6tre fait. M. Piddington a fait parvenir de Calcutta a M. le cbevalier et professeur Baruffi, doyen de la Faculte des sciences et membre de FAca- deniie royale d'agriculture de Turin, trois tubercules d'un Igname nouveau destines a la Sociele imperiale d'acclimata- tion. Ces tubercules vierment de nous arriver, par les soins de M. Barulfi, en parfait etat de conservation. Avec nos trois tubercules en sunt venus qualre aulres, dont deux pour la Societe d'agriculture de Turin , et deu;i pour la Society djig- 160 SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. climatalion pour la region ties Alpes, cette premiere-nee de nos succursales, a laquelle le zele et les lumieres de ses mem- bres ont deja fait prendre, an dela de I'Europe, une part de la haute estime en laquelle est tenue la Societe mere, creee elle- m6me d'hier seulement, et occupant deja une de ces grandes places auxquelles les institutions m6me les plus utiles n'ar- rivent qu'apres avoir vieilli. '-'^ Aux sept tubercules envoyes par M. Piddington, et qui pa- raissent etre les seuls du nouvel Igname qui existent actuelle- ment en Europe, il y aura peut-(Hre a ajouter, nous I'esperons dumoins, deux ou trois tubercules que M. Piddington annon- ^ait r intention d'envoyer a M. le gouverneur general de I'Algerie. Des trois tubercules donnes a la Societe imperiale d'accli- matation, un a ete remis a notre confrere M. Paillel. , I'habile horticulteur dont le nom occupe une si belle place dans I'his- toire de I'lgname de Chine {Dioscorea batatas) et est garant de ce que Ton peut esperer de lui pour I'lgname de la Nouvelle- Zelande ; le second est aux soins de M. le professeur Moquin- Tandon; le troisieme m'a ele confie. Nous sentons toute la valeur du depot mis en nos mains, et la Societe peut 6tre sure que nous allons rivahser pour la conservation et la multiplica- tion d'uneplante, peut-6tre appelee a occuper eu Europe un des premiers rangs parmi les especes alimentaires. Je n'ai pu faire des nouveaux tubercules qu'un examen bien sommaire, force que j'ai ete de m'arr6ter a ne considerer que leur surface. De forme plus ou moins regulierement ovoide, ces tubercules portent, au milieu de leur base repondant au c6te le plus gros, les restes d'un etroit pedicule par lequel ils tenaient a la plante. Leur surface peut etre partagee en deux regions : du c6te de la base, I'epiderme est fin , lisse, et Ton compte un grand nombre de sortes de petits yeux; du cote oppose, Tepiderme est epais, ecailleux comme la peau d'un pachyderme (cette comparaison est de notre illustre et si de- voue President) et prive des yeux repartis vers la moitie basi- laire. Le poids du tubercule confie a M. Moquin-Tandon etait de 500 grammes •, celui du tubercule qui m'a ete remis, de IGNAME DE LA NOUVELLE-Z^LANDE. 161 490 gramnu'S. Je u'ai pas vu le tuberciile de M. Paillet^ mais il avail a peu pres le nn>me volume que les autres, et, par con- sequent, le m6me poids. Deux tubercules, qui malheureuse- ment n'ont pas reussi et que M. Piddiugton avait adresses I'an dernier a M. Baruffi, etaient (piatre fois plus gros que ceux rectus cette annee ; leur poids, qui devait se rapprocher de 2 kilos, donne une idee des dimensions auxquelles peut atteindre le nouvel Igname. La densite de ce dernier, ou son poids sous un volume donne, est considerable (sensiblement egale a celle de la pomme de terre) et tend a donner une bonne opinion de sa richesse en matieres alimentaires. Une observation que je n'omettrai pas, parce qu'elle tend aussi a etablir la forte proportion des matieres solides contenues dans les tubercules, c'est que ceux-ci, (juoique recoltes depuis longtemps, n'etaient ni fletris, ni m6me rides, ce qui n'aurait pas lieu pour des tissus tres aqueux. J'aurais bien voulu examiner Tinterieur de nos tubercules, mais la crainte de les compromettre m'a retenu •, tout au plus me suis-je permis d'enlever, avec la pointe d'un canif, une par- celle du tissu qu'avait mis a nu sur Tun des tubercules, impu- nement d'ailleurs pour sa conservation, I'attaque d'une larve. Toutefois cela a suftit pour constater que la cliair, d'un blanc jaunatre, est riche en mucilage et en fecule. Celle-ci , que j'ai examinee au microscope, comparativement avec la fecule de I'Igname de Chine a, comme cette derniere, un diametre de 0°'"',035, mais se distingue nettement par une forme triangu- laire (ou mieux, tetraedrique) etnon arrondie ou ovee. L'espece botanique a laquelle doit 6tre rapporte I'Igname de la Nouvelle-Zelande nVstpas determinee ; mais la forme des tubercules, et surtout celle de la fecule, ne permettent pas de penser que nous ayons affaire ici a une simple race de I'Igname de Chine [Dioscorea batatas). Les differences sont tres certai- nement specifiques, et peut-6tre generiques : les premieres fleurs que nous pourrons avoir decideront la question. Dans quelles con trees de la France et du monde le nouveau tubercule prosperera-t-il ? c'est encore le secret de I'avenir. Le T. III. — Avril 1836. 11 162 S0CIET1I& IMpfeRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. succ^s de la culture a Calcutta pourrait faire craindre que les con trees chaudes ne soient necessaires a la nouvelle plante, mais lapatrie de celle-ci, qui parait^trela Nouvelle-Zelande, nous laisse de tres legitimes esperances de la voir s'acclimater dans la plus grande partie de notre pays. Si, laissant de cote les questions de climat, de duree et de rendement de la culture, encore voilees, on chercliait a etablir le parallele entre I'lgname de Chine, seulement au point de vue de la ricliesse alimentaife et de la facilite d'arrachage, on trouverait que la comparaison est toute favorable au premier, duquel pourrait 6tre rapproche, par la contexture generate de ses tubercules, un Igname re^u de Shang-Hai par M. F. Deles- sert. Un envoi incessamment attendu de cet Igname de Shang- Hai arrivera, il faut Tesperer, en meilleur etat que le premier pour la multiplication de la plante. Quand, tout en faisanl des reserves, je considere les chaiices d'avenir de Flgname de la Nouvelle-Zelande et le bonheur qii'e- ^rouveraitla Societe si elle reussissait a le faire compter parmi iios plantes alimentaires, je suis sur que je vais au-devant de sa pensee en disant que M. Piddington, a qui elle donnait par acclamation le litre de membre honoraire, en m6me temps qti'a M. Baruffi, a S. E. William Reid et a M. Bergonzi, tous introducteurs principaux du i^ombyx Cynthia en Europe, s'iest acquis de nouveaux litres a sa reconnaissance. ■A -.'.u:. CCLTURE DU SORGHO A SUCRE. 165 SUR LES AVANTAGES DU SORGHO SUCRfe CULTIVfi COMME PLANTE FOURRAGfiftE LETTRE ADRESS^E A M. LE PRESIDENT DE LA SOCI^TE IMPi^RIALE ZOOLOGIQUE d'acclimatation. Par 91. Ch. D'lTERNOIS. (Stance du il avril 1856.) Monsieur le President, Dans la derniere seance de la Societe d'acclimatation, j'ai prononce quelques mots sur la culture du Sorgho sucre [Holcus sdccharatus) aux environs d'Hyeres. J'apprends que vous (Jesirez recevoir une note sur les fails dont j'ai parle. je n'en ai enonce qu'un seul qui puisse meriter quelque inter^t : c'esl le resultat extraordinaire que j'ai obtenu du Sorgho Sucre en le cullivant uniquement comme plante four- ragere, c'est-a-dlre en le semant epais, et en le fauchant dus- silot qu'il a atteint une hauteur sul'fisante. J'en ai fait ainsi a Hyeres, Tannee derniere, cinq coupes abondantes dans un terrain leger et fertile, mais non arrosable, et sur lequel au- fc'uhie autre plante fourriagere n'aurait, je crois, dcittne un produit comparable. Ce fourrage a etc avidement recherche par tous les Bes- tiaux. Ce n'est la qu'un premier essai fait tres en petit, et auqUel je n'bse pas atlacher une grande importance avdhl qu'il ait ele renouvele. Mais si un pareil i-esultat se confirmie, le Soi-gho Sucre sera une conqu6te immense pour la Provence, oil si peu de plantes fourrageres peuvent braver les quatre mois et demi de secheresse absolue. J'aurai I'honneur de tenir la Societe au courant de tout ce que j'apprendrai a ce sujet. J'ai fait expedier a la Societe quelques kilogrammes de 164 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQL'E d'aCCI.IMaTATION. graine de Holcus, (jui doivent liii parvenir sous peu do jours. Je crois que I'oii est encore a temps de la senier. Je me per- mets de souniellre les observations suivantes aux personnes qui Tessaieront. Dans les essais tentes dans le cliniat de Paris, ce n'est peut- 6tre pas uniquement a amener a niaturite la graine du Holcus qu'il faut s'attacher. Sous ce rapport, le Nord ne peut pas esperer de rivaliser jamais avec le Midi, ou un hectare pro- duit environ 100 hectolitres de graine (an moins dans les environs d'Hyeres). Mais cette plante interessante merite encore d'etre etudiee comme produisant du sucre, et aiissi comme fourrage •, si elle reussissait sous I'un de ces rapports, on pourrait toujours en tirer la graine du Midi facilement, et a has prix. Enfin, le Sorgho sucre, cultive soit comme plante fourragere, soit pour en retirer de la graine ou du sucre, me parait 6tre une plante de grande culture. Ne serait-il done pas prudent de I'essayer en plein champ en m6me temps que dans les jar- dins qui, presque toujours ahrites, peuvent donner des succes isoles et trompeurs que la pleine terre dementirait? Veuillez, etc. Ch. d'Ivernois. Au moment oi\ un grand nombre de membres de la Soci^l^ s'occupent de la culture du Sorgho a sucre sur divers points de la France, de I'Algerie et de I'Europe, ils liront avec intdr^t un rapport adress^, en 185/!|, a S. E. le mar^chal Vaillant, ministre de la guerre, par M. le docteur Turret, en sa quality de secretaire du Cornice agricole de Toulon. Ce rapport n'est pas in^dit; mais, imprim^ 5 Toulon, il n'a pas regu toule la publlcile d(5,sirable, et nos lecteurs nous sauront gr«5 de reproduire au moins une partie d'un travail qui est IVeuvre d'un de nos plus z^lds confreres, et qui ^mane d'une des Soci^t^s frangaises agr^gees a la notre (et la premiere de toutes qui ait contract^ avec elle cette intime alliance). L'int^ressante lettre de M. d'Ivernois et le rapport de M. Turrel sont d'ailleurs r^dig^s a des points de vue dilKrents. Dans I'un, le Sorgho est consider^ comme plante fourragere ; dans Tautre, au point de vue de la production de I'alcool et du sucre. Pour les manures tinctoriales que fournit aussi le Sorgho, et sur les essais CULTURE DU SORGHO A SUCRE. 165 falls pour son emploi dans la fabrication dii papier, voyez, dans le Bulle- tin, t. II, p. 336 ct 395 (et procts-verbaiix des s«5ances du 30 mars et du 8 juin 1855], les communications faites h la Soci^td par M. le doctenr Sicard, de Marseille (1). P. S. Depuis que ce qui prdcfede ainsi que le travail de M . Turrel a iti compost, il a paru sur la culture du Sorgho en Algdrie un document im- portant, insi'rc^ dans le Moniteur universel du 11 avril 1856. Ce document est aussi un rapport a S. E. M. le Ministre de la guerre, et a pour auteur notre savant confrfere M. Hardy. Sur le ddsir exprimd par plusieurs Membres de la Soci^t<5, le Comit(5 de publication a cru devoir reproduire enti^rement cet important travail. Nous donnons aussi, en extrait, page 180, une lettre que la Soci(5t(5 vient de recevoir d'un de ses membres, M. De Lacoste (stance du 25 avril). Les Membres de la Socidtd qui se livrent prdsentement h la culture du Sorgho aimeront h trouver ici rdunis les rdsultats des observations de nos honorables confreres. (.Y. du R.) RAPPORTS ADRESSES A S. E. M. LE MINISTRE DE LA GUERRE .SUR LA CULTURE DU SORGHO A SUCRE Par M. le D' TURREL, Secretaire du Comice agricole de Toulon (Var), membre de la Societe imperiale d'accUmatation, et par IH. HARDY , Uirccteur de la pepinierc centrale du {^ouvcrncmcnt a Hainma, en Algerie, Membre de la Societe imperiale d'acclimatation. RAPPORT DE M. TURREL. Monsieur le Ministre, Le Sorgho k sucre {Holctis saccharatus) n'est pas une e.spfece botanique nouvelle pour les pays mdridionaux. II diaitcullivd dfes le xv* sitcle en Ita- lic, ou il avait probablement iti introduit par les Vdniliens ou les Gdnois ct r^poque du ddveloppement si considerable de leur commerce maritime. Au commencement du si^cle, et comme cons(5qucnce ires, en arrachant h la main celles qui (Jiaiont supeiflues. La plantalion rociit successivement Irois bina- ges et trois icigferes initiations, qui consislaicnt a faire coiirir un peu d'eau dans une ligolo ouvcitc au pied de ciiaque lignc. J'estime qu'un pareil ar- rosage no doit pas employer plus de /jOO m^t^es cubes h rhcctare. Au der- nier binage, on ramena la terre au pied des planles, de manit-re 5 former un petit billon dont la Iigne occupait le centre, tanl ponr donner aux plantes un point d'appui conire les vents que pour favoriser le developpe- ment des racines ad ven lives qui naissent ci la base de la tige, comma dans le mats. La plupart des tigos atteignirentuno ^l^vation de 4 & 5 mc-tres ; un grand nombre n'avaient pas moins de 10 it 11 cenlimfetres 'a la base. La maturite des graines eut lieu vers la mi-seplembre, et malgr^ les d^- pr<5dations des moincaux, les 37 ares m'ont donn^ /!|25 kilogrammes de graines, ce qui porte le rendement a 2,500 kilogr. a I'hectare. Cette graine a ^t(5 le produit principal de la culture. Pour trailer indus- trielleraent la bello production des liges el en lirer paiii, il m'ainait fallu une installation et des appareilsqui manquent h I'etablisscment que je dirige. N(5anmoins j'ai fait des exp(5ripnces pour obtenir des renseignemenls sur le rendement qu'on pouvait en esp^rer. J'ai done conpc? les tiges pour en faire des pes^es sur des surl'aces dont j'ai lenu comple dans diverses parties des trois parcelles ; j'ai remarqu^ que les plantes avaient vn gdn^ral de 3 Ji 7 tiges, ce qui fait 5 liges pour la moyenne. Ces tiges, d^barrassc'es de leurs feuilles et des petioles engainant chaque m^rithalle, puis priv(5es de leur partie sup^rieure, qui ne conienait que peu ou point de parties saccharines, furent ramendes ci une longueur moyenne de 2"', 50. Ces pesees me donnferenl un rdsullal de 83,250 kilogr. de liges saccharines ci Thectare. L'annde prdcddente, dans le premier essai que j'entrepris de culture du Sorgho a sucre, j'avais fait semer par petiies touffcs espac4es de Ub centi- mfeires en tons sens. Les tiges s'dlev<'rent h pen pr^s comme celles de cette annde; mais, g6n(5es par suite d'un espacement insuffisant, elles n'eurent pas, tants'en faul, le volume et le diamelrc de celles de la prdsente rdcolte. Leur rendement ne fut guere que de Z|0 a /i':,000 kilogr. h Theclare. L'espacement et la disposition de la plantation de la campagne 1855 me paraissent lout a fait convenables pour les terrains de bonne fertilit(5, les seuls du reste oii Ton doive placer le Sorgho h sucre, afin d'obtenir des planles dans tout leur ddveloppement et pour arriver au rendement leplus devd. Ces conditions se pr^lent d'ailleurs admirablement h I'emploi des instruments attelds, lels que la houe a cheval, pour donner les binages, et la charrue legtre ou le bulloir pour tracer les raies d'arrosement. Les tiges, pil»;es dans un niortier apr^s avoir eld couples par tron<;ons, puis soumisesa une pression (?nergique, ont donn^ 67 pour 100 de jus. 174 SOCIIETE IjiPjfeRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Le jus extrait des tiges avail, fin septembie, au moment de la recolte des graines, une densite de 8" 3//i h Tar^omttre cTe Baum<5, ce qui ferait approxi- mativement une proportion de suae de 13 pour ioo. Je me hate de dire que ce n'est Vd qu'une approximation, attendu que je n'ai pas ici de saccha- i'imetre, seul instrument qui pcrmette de d(5lerminer avec priicision la dose de sucire incrislallisable ou siicre de raisin ; c'est encore au saccharim^tre i)olarisaleur qu'il faut avoir recours pour se procurer ce renseignement im- portant. Mais en supposant que tout le sucre soil cristallisable, Thectare donnerait jes r^sultats ci-apres : 83,250 55,717 -j^ X 67 = -^^ X 13 = 7251 kilogr. de sucre ou r^quivalent pour une partie de sucre incrislallisable. Le jus coulenant du sucre de raisin ou incristallisable n'est pas moins sus- ceptible d'alcoolisalion que s'il conlenait en entier du sucre cristallisable. Mais j'envisagerai plus lard la question h ce point de vue special. Les tiges dont on avail coupe les panicules de graines ayant t5l^ conser- vees sur pied, j'ai eu la satisfaction de voir que, deux mois aprfes la r^coite de la graine, les tiges rest(5es debout, el qui n'onl pas 6te courb^es par le vent ni gStees par les vers, n'avaient rien perdu de leur saveur sucrde. Ainsi, on peui fitre assure que, non-heulement le principe sucrd se d(5ve- loppe jusqu'au moment de la maturity des graines, mais qu'il se conserve encore dans les tiges longtemps apres la recolte de ces memes graines, et 11 est parfaitement elabli qu'en Algerie on pent utiliser les graines de Sorgho a sucre en les laissant venir a malurite, sans diminuer la recolte du principe saccharin que contiennent les tiges. La graine de ce Sorgho a une assez grande valeur commerciale en ce mo- ment, a cause de sa raretd ; mais cette valeur sera de peu de dur^e et des- cendra rapidement au niveau des mercuriales des espt'-ces communes de c^r^ales, car la quanlite que les recolles sont susceptibles de donner d^pas- sera alors de beaucoup les besoins des ensemencemenls. Gependaul cetle graine pourra peut-fitre prendre une certaine valeur in- dustrielle et avoir d'autres m^rites que ceux de servir a Talimentalion de la volaille et des pores, comme la graine de Sorgho a balais. M. le doctcur Sicard, a Marseille, a d^couvert, I'ann^e derni^re, que la graine de Sorgho h sucre renferme dans son episperme une tres belle couleur rouge, de laquelle il a obtenu des nuances dans touts la gamme du rouge au violet. M. Che- vreul a constate aussi I'apiilude remarquable et louie particuliere de cetle couleur k teindre la sole. De mon cole, j'ai extrait des tiges du Sorgho un produit qui pourra n'fitre pas sans importance et dont je parlerai plus loin. Le Sorgho a sucre est, pour ainsi dire, vivace, car j'ai des plantes qui sont k la fin de leur deuxifeme ann^e d'existence qui commencent ci faire une troisi^me pousse, et se disposent a accomplir leur v^g^talion pendant une troiai^me auQ^e. CULTURE DU SORGHO A SUCRE. 175 Mais je me hate d'ajouter que Ton ne peul rien dt^duire de ce fait en fa- veur de i'iiliiit»5 quil poiurait y avoir a conscrver une plantation pendanl j)lusieurs saisons. Je suis fond«5 a croire que ce serait piut6t on^reux que productif. La seconde ann(5e, Ics tiges atteigncnt a peine la hauteur de 1 infe- tre 50 centimetres h 2 metres ; elles sont chdlives et grdles comparalivement au d^veloppement de ia premiere ann(5c, et ordinairemenl beaucoup moins grosses que le petit doigt. La troisieme ann<5e, ii est plus que probable que leur d^veloppemeut sera bien moindre encore. Mais outre le pen de produit que Ton lirerait de la prolongation de la mSme plante sur le m^me emplacement, il y a une consid(5 ration bien autre- ment importiinle, c'est celle de I'^puisement qui en resulterait pour la lerre. II taut au contraire se hater de rctourner le sol par un labour de char- rue des la tin de la premitre saison. Quoi qu'on en ail dit, je ne crois pas que le Sorgho k sucre puisse donner deux bonnes r^colles de tiges dans une uieme saison. Pour favoriser le d^- yeloppement de la deuxieme pousse, on seiait assez dispose a couper lies tiges de la premiere avant la formation des graines, mais alors on n'aiiralt qu'iin Sucre qui n'aurait pas encore acquis tout sou principe sucrt^ et I'oii perdrait en outre le produit de la graine, qui n'est pas sans avoir une cer- taine valeur. Les tiges qui succMent h la premiere coupe ayant port«5 graines demeu- rent lierbac^es, et ont un jus trop pauvre en principe saccharin pour cou- Vrir les frais de fabrication. 11 sera toujours prel(5rable de livrer cetle seconde pousse en pAture au bt5tail, qui precisemenl manque d'herbages a cette ^poque, c'est-a-dire a la (in d'octobre et au commencement de noverabre. Du reste, un des bons c6t^s de la culture du Sorgho, c'est que Ton pent uti- liscr une notable partie des depouilles de la plante pour aiimenler le b^lail et contribuer ainsi puissamment a la production des engrais. C'est une large compensation a I'^puisement du sol qu'elle est susceptible d'occasionner. Ces premieres experiences dont je viens de rendre compte ne sont pas les seules auxquelles je me sois livr^ ; j'ai continue, au contraire, mes Etudes avec activity, et voici les rt^sultats que j'ai oblenus : Les liges qui avaient et6 6cim«5es par suite de la r^colte des panicules de graines ont ^t^ conserv«5es sur pied jusqu'au mois de f(ivrier dernier. J'ai fait des extractions de jus a diverses ^poques ; j'en ai recueilli les r^sultais d-aprfes : Premiere operation (fin seplembre, au moment de la r^colte des graines). Elle a donn^ 67 de jus pour 100 parties de tige; ce jus avail une density de 8- 3/4. Le 28 noverabre, j'ai obtenu 52 pour 100 de jus, ayant une density de 9" 1/2 ; Le 31 Janvier, j'ai obtenu 51 pour 100 de jus, d'une density de 8° 1/2; Enlin le 16 f^vrier, derniere epreuve, j'ai obtenu 49, 50 pour 100 de jus ayant une density de 8 degr^s. 176 SOCIKTE lMPF:r.lALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Ainsi de la fin de septembre a la fin de novembre, les ti^'es conservj^es sur pied n'ont rleu perdu de la propoilion de leiir piopri^te saccharine; car si la quantity de jus avail diminue de 15 pour 100, repidscnlanl 0,66 pour 100 d'alcooi, en revanche ce jus avait gagn^ de 0,75 pour 100 en richesse, re- presenlant a pen pr^s I'^quivalent en aicool ; d'oii il suit que la richesse sac- charine ou alcoolique a an contraire augment^. De la fin de novembre h la mi-f«5vrier, la diminuUou en poids et en titre dejus n'a pas m sensible c^ ce point qu'il n'y ait pas economic a conserver les liges aiiisi, pour alimenter la fabrication pendant ce long laps de temps. C'est la un fait capital ; en eflet, tandis que dans le midi de la France les gel(5es ont detruit les tiges du Sorgho diis la fin d'octobre, en Alg^rie ces tiges peuvent se conserver sans alteration pour ainsi dire, et sans frais pen- dant la majeure partie de I'hiver, pour entrelenir les distilleries. Les essais d'alcoolisation ont (?ld faits sur le jus extrait le 31 Janvier. J'ai mis dans deux ballons de verre deux litres de jus avec addition de levure de bi^re un peu vieille et un peu acidulee, et deux litres sans aucun ferment ; ensuite j'ai fiiit bouillir des ironcons de Sorglio sucr^ ; je les ai fait peler et j'en ai extrait le jus h la presse ; ce jus a et<5 introduit dans un troisieme ballon. Les trois ballons furent plac(5s dans la serre aux boutures, a une temperature oscillant entre 22 et 30 degr^s ceniigrades. Des le lendemain, le jus qui n'avait requ aucune addition dMngr^dient , et que j'appellerai jus simple, commenra a fermenter ; il s'y degagea de nombreuses bulles de gaz acide carbonique ; le jus avec addition de leviire, ainsi que le jus bouilli, ne donnerent aucun signe de fermentation. Le 3 f^vrier, je fis un essai avec I'appareil Salleron : Le jus simple donnait 2 1/2 pour 100 d'alcooi ; Le jus avec addition de levure donnait 0 ; Le jus bouilli donnait 0 ; Le 6 f^vrier, un deuxicme essai eut lieu : Le jus simple donnait 6,20 pour 130 d'alcooi ; Le jus avec addition de levure donnait 0 ; Le jus bouilli donnait 0. Le 8 f^vrier, troisieme essai : Le jus simple donnait 10,30 pour 100 d'alcooi; Le jus avec addition de levilre donnait 0 ; Lejus bouilli donnait 1 pour 100. Le 10 f^vrier, quatri^me essai : Lejus simple donnait 9,90 pour 100 d'alcooi Le jus avec addition de levure donnait 0 ; Le jus bouilli donnait 3,20 pour 100 d'alcooi. Le 12 f^vrier, cinqui^me essai : Lejus simple donnait 9,30 pour 100 d'alcooi: Le jus avec levflre donnait 1 pour 100 ; Le jus bouilli donnait 5,/i0 pour 100. CULTURE DU SORGHO A SUCRE. 177 Le. 14 Wvrier, sixifrme essal : Le jus simple donnali 8,60 pour 100 d'alcool ; Le jus avec levdre donnait 0 ; Le jus bouilli donnait 2,ZiO pour 100. ^e 16 ftvrier, septi(!me et dernier cssai : Le jus simple donnait 7,90 p. 100 d'alcool; Le jus avec levilre donnait 0 ; Le jus bouilli donnait 1,90 pour 100. Cette s^rie d'expdriences parait concluante, et d^monlre que le jus da Sor- gho sucr^ porte avec lui son principe fermentescible et qu'il n'est pas n^ces- saire d'y .ijouter aucun levain pour obtenir la fermentation alcoolique, en le soumettant toutefois h une tempi^raiure convenable. L'addition de levflre, qui d'ailleurs ^tait de mauvaise qualii«5, a neutralist Taction du ferment na- turel ou albumineux du jus, et d^termin^ trfes rapidement la fermentation acide. Le jus bouilli n'a pas ^prouvg une fermentation complete, parce que le principe fermentescible albumineux a ^t^ coagul(5 par la cuisson. C'est au bout de huit jours de fermentation que le jus simple du Sorgho sucrd a alteint son maximum d'alcoolisation , c'est h ce point qu'il devait Ctre soumis ^ la distillation ; deux jours aprfes, sa richesse alcoolique dimi- nuaitet il passait u racidification. La graine du Sorgho sucr(5 est ^galement susceptible de donner une no- table quantity d'alcool, comme les autres c^r^ales ; je n'ai pas encore fait d'essai sous ce rapport, mais par analogic on est nalurellement amend i conclure qu'il doil en 6tre ainsi. la graine du Sorgho ordinaire, selon M. Basset, donne 26,75 pour 100 de son poids d'alcool; celle du Sorgho sucrd ne doit pas donner moins : d'ou ceite cons(5quencc, quo les 2,500 ki- logram, de cette graine que pent produire 1 hectare rendraient 618 kilogr. 75 grammes d'alcool. Get emploi sera peut-^tre encore le plus avantageux que Ton pourrait en faire, lorsqu'elle sera plus abondante qu'il ne faudra pour les ensemencements. lorsque la tige du Sorgho sucrd est arrivde k parfaite maturitd, il se dd- veloppe h sa surface une efflorescence cireuse, semblable h celle de quel- ques vari«5tds de cannes a sucre, et qui n'est autre chose que de la cdrosie. La cdrosie, ou cire v^g^tale, est s^che, dure et peut se pulveriser ; ellc est fusible h 90 degrds ; mSlde i un peu de suif dpurd, elle peut faire des bou- gies dont la luraifere a le plus bel (5clat. J'ai fait detacher la cdrosie d'un certain nombre de tiges, et je me suis rendu compte qu'un hectare pourrait donner 108 kil. iOO gr. de cette ma- lifere, moyeniiant une ddpense de 252 IV. de frais de main-d'oeuvre pour cette espfece de rdcolte. I-a cire d'abeilles valant 4 francs le kilogramme en moyenne, la cdrosie pourrait valoir 3 fr. 50 c; ce serait une recette de 330 fr. 62 c. donnant un benefice net de 88 fr. 62 c, h porter au net pro- duit dela culture du Sorgho. Ce produit nouveau pourrait d'ailleurs acqu^- rir une importance plus grande, si Ton arrivait, comme je n'en doute pas, h T. in. — Avril IS-^e. 12 178 SOCIETE IMPI&RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. trouver des procdd^s d'extraction plus ^conomiques que'celui que j'ai em- ploy^, qui consisie h gratter la tige du Sorgho avec un couteau, ainsi qu'on le fait pour le palmier a cire. Les experiences directes d'alcoolisation auxquelles je me suis livr^ m'ont donn^ les r^sultats ci-aprfes : les 83,250 kilogr. de tiges mond^es et prates h 6lre employc^es que donne un hectare contiennent 67 pour 100 de jus au moment de la maturity de la graine, lequel renferme 10,30 pour 100 d'al- cool absolu ; done : 83,250 X ^ = 55,777 X ^ = 5,7Zi5 kilogr. d'alcool. L'emploi industriel de la graine sera trfes certainement de la convertir en alcool, et, a ce litre, je puis dhs h present lui assigner sa valeur et la porter en compte. 24 2500 X ^ = 618 kilogr. 75 d'alcool. Le rendement eu alcool d'un hectare de Sorgho sucr^ cuUiv^ en Algdrie serait finalement de 5745 + 618,75 = 6363W1.,75, ou 796/i"''".,68 ; en nombre rond, 79 hectolitres et demi d'alcool. Quoique ce rendement puisse paraitre extraordinaire, il n'est cependant pas exagere; il est le resultat, quant a I'extraction et au traitement du jus, d'experiences positives faites avec le plus grand soin, et dans lesquelles on peut avoir touie coufiance. En ce qui concerne I'alcool que renferme la graine, revaluation est conforme a ce qui a ete obtenu de la graine du Sor- gho ordinaire. Le fourrage pour la nourriture du betail que Ton peut tirer d'un hectare, tant de I'effeuillaison des tiges que du regain, a aussi une certaine valeur, et ce n'est pas exag^rer que de I'estimer a 200 quinlaux m^triques ranien6 ■4 1'etat sec, ce qui, h k fr. le quintal, donnerail un produit de 800 I'r. Le produit d'un hectare bien cultive en Sorgho a sucre serait, en resume, ainsi qu'il suit : 7,95Zii'H'-,68 d'alcool, a l/iO fr. I'liectolitre, valeur actuelle sur les princi- pales places de France, mais dont il convient de d^duire 10 fr. par hecto- litre pour le transport, le coulage et les fiais de tout genre, soil 130 fr. I'hec- tolitre, ci 10,341 » 108 kil. ZiOO gr. de cerosie a 3 fr. 50 c. le kil 330 62 20,800 kil. de fourrage, le quintal a 4 fr 800 « 11,471 62 Les frais seront i peii prfes comme il suit par hectare : Labour, 80 fr.; hersage, 40 fr., en lout .... 120 » Ensemencement 30 » Binages, sarclages, ^claircies 90 » Irrigations 40 » Valeur du fumier consomme 60 » A reporter. . . . 340 11,471 62 CULTURE DU SORGHO A SUCRE. 179 Heport 340 11,471 62 Frais de r<5colie 80 » Loiyer de la lerre 100 » Frais (rextraclion de la c^rosie 253 » 772 » Frais de distillation a 30 fr. I'hectolitre, compre- •-" f> pant ia main-d'eeuvre, le combustible, les fAts, les frais g^n^raiix, int^r^ts du capital engage, entretien du materiel, etc 2,386 40 Total des frais h d^diiire. . . 3,158 40 3,158 40 Difference en faveiir du b<5n(5(ice 8,313 22 Ce b^n^Hce ^norme serait dil a la chert(5 actuelle des alcools; mais, en supposant mfime que ces alcools tombassent a 70 francs Thectolilre, ce qui est ceriainement le chiffre le plus bas ou ils puissent descendre, le Mniiice total par hectare serait erjcpre de 3,350 fr. 49 c. On pent en conclure que la producijon de Talcool par le Sorgho sucr^, en Alg<5rie, serait ui^e IndMS- trie viable, de nature ci rdsister h loutes les crises, et qui ne saqr^it tiQp fitre encourag^e. Le Sorgho h sucre a besoin, pour accomplir toutes les phases de sa vdg^- tation, depuis le semis jusqu'a la maturity de sa graine, de 2,760 degr^s de pbaleur. Le ipili^u du mois de mai est te moment le plus favorable pour le semer et oblenir une belle veg<5tatiop ; semees a cette ^poque, les plaRtps mflrissent vers le 15 seplembre, et mettent cent vingt-deux jours ct franqbir les deux points extrfimes, depuis le semis jusqu'a la maturity des graines. Cette periode est, sans contredit, ia plus favorable pour oblenir de bonnps graines pour semences. Cependant le semis peut se faire encore avec succfts ^ (ipe temp^rattue pips basse et lorsque sa moyenne est de 12 h 15 degr^s environ ; ainsi Ton peut commencer les semis vers les premiers jours cfar vril. Les semis falts le 1" avril miiriront leur graine vers le 13 aoflt , au bout de cent trente-cinq joiirs de vegetation. Les semis pourraient s'^fhec lonner ainsi jusque vers la n)i-juillet ; ceux faits h cette derni^re epoqu^ mdriront leur graine h la lin de novembre, aprfes cent quarante-trois jours d^ vegetation. Cp terme est, je crois. le poin^ extreme qu'il q'est gnere possible dp d^- passer pour assurer la maturiiedcs tigcs. Avec la proprieie qu'ont les Ijge^ dP Sorgho de se conserver pendant phisieurs mois, on peut etre certc|in d'eirp en position d'alimenter les distilleries pendant six mois de chaque annee. On a paru craindre, dans le midi de la France , qu'ii la longue le Sorghd 9ucre, multiplie exclusiveuunt par la graine, ne vienne a degenerer, et IV)n a conseilie de le multiplier par bouturp. Ce que Ton craint pourrait arriver si Ton cultivait cette espece sans aucune prevoyance, dans le voisinage imiue- diat de congenferes, du Sorgho a balais, par exemple ; il pourrait en resuller alors un abatardissement; mais il n'y a aucun danger si Ton a soin de la enir parfaitement isoiee. La multiplication par boutures et drageons ne se- 180 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE 1) ACCLIMATATION. raitgufere praticable en grand; ceite m^thode aiirait aiissirinconv^nientde lendrela descendance beaucoup plus delicate, les sujets venus de boutiires seraient moins vigoureux et inoins productifs. INdanmoins j'ai fait ex(5cuter une petile plantalion de drageons de Sorgho sucrd pour me rendre un compte exact des avantages ou des inconv^nients que pent presenter ce mode de multiplication. Le directeur de la pepiniere cenirale du Gouvernement, Hardy. LETTRE DE M. DE LACOSTE. (Stance du 25 avril 1856.) Monsieur le President, Je suis heureux de pouvoir annoncer a notre Societe que la culture du Sorgho sucre prend cette annee, dans le midi de la France, un developpement qui depasse les esperances des premiers propagateurs de cette pi ante precieuse. Son acclima- tation et sa reussite dans nos departements meridionaux sont deux faits accomplis . J'ai distribue pour nion compte, dans les mois de mars et d'avril, a divers proprietaires de la Gironde, du Gers et du Lot-et-Garonne , 350 kilogrammes de graines qui vont 6tre semees avec economic. Des cette annee, Tindustrie pourra s'emparer avec avantage de la canne chinoise. J'ai en m^me temps distribue 15 litres de mais sucre. Des experiences comparatives seront faites a di verses epoques. Des nouvelles aussi satisfaisantes m'arrivent de I'Algerie. Le Sorgho sera cultive cette annee sur AO ou 50 hectares dans la plaine d'Oran. M. Saillard, chimiste d'un grand merite, m'a offei't une bouteille de sirop de Sorgho, auquel il a donne le nom de Sor~ ghotine Saillard. Comme aspect et comme goClt, il ne laisse rien a desirer. II est appele a remplacer avec avantage les sirops de groseille, de vinaigre, de framboise, etc. Je puis offrir a la Societe un echantillon de cette sorghotine. On pent presque dire que nous ne savons pas a quelles applications pourra ne pas se prater le Sorgho. Recevez, etc. Pari.s le 19 a%TiH856. G. De LaCOSTE. CHAT d'angora. 481 II. TRAVAUX ADRESSES ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOClETfi. SUR LE CHAT D'ANGQRA. LETTRE ADRESSiE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIET^. IMPERIALS D^ACCLIMATATION Par M. LOTTITV DE LA VAL. (Seance du H avril 1856.) Monsieur le President , Ces jours derniers, quandj'eus Thonueur de vous recevoir chez moi, vous me files part de I'opinion recemment accreditee que les Glials dits d'Ant/ora n'exislaienl ou ne pouvaient vivre que dans le voisinage de I'antique Ancyre. C'esl une erreur, et je m'empresse de vous envoyer celle note pour delromper le monde savant. J'ai Irouve cette belle espece feline sur le grand plateau armenien a Erzerouni, ou le climat dilfere singulierement de celui d'Angora. Elle est tres nonibreuse a Mourch (Kurdistan) ; «etteespece est la race dominante. .Ken ai trouve aussi a Billis et dans le pachalick de Bayazid ; mais les plus beaux que j'ai vus appartenaient a I'arcbev^que de Van, villesituee dans Test du Kurdistan, sur les frontieres de TAderbaidjan. II en posse- dait trois : un decouleur gris de perle, un orange, mouchete de blanc et de noir, et le troisieme completement blanc; leur fourriire etait inagnifique, et Ton ne trouvait a cela rien d' ex- traordinaire, tant ces animaux sont communs dans le Kurdistan. J'en ai vu aussi a Alpeit, chez Khan Mahmoud, prince de Hekiars. Je n'ai pas souvenance d'en avoir vu en Perse; si j'avais pense que cela pClt interesser la science, je m'cn serais preoccupe malgre mes travaux si multiples. Mais ce qui vous surprendra davantage , c'est que malgre Televalion de la tem- perature, on Irouve Ji Bagdad des Chats d'Angora; seulement ils sont moins beaux que ceux qui vivent sur le versant nord des 182 SOCIl^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. montagnes Mediques et du Taurus : doit-on attribuer cela a ratmosphere embrSlseie oil al'hdslilile desBdgdadins? JeTignore et vous resoudrez la question bien plus sCirenient que moi ; ce que je puis vous dire, e'est que les habitants de Bagdad font une rude guerre aux chats, pretendant, avee assez de raison, je crois, qu'ils apportent la peste a cause de leurs fourrures et de leurs habitudes. Quand le terrible ileau sevit dans la ville des Kalifes, toute communication est interdite; chacun s'interne, et principalement les chretiensj qui repoussent le fatalisme musulman. C est par les terrasses, m'ont dit plusieurs Chaldeens, que la peste nous arrive. Aussi chacune de ces terrasses, m^me quand la peste n'a pas sevi depuis plusieurs annees , est-elle en tout temps defendue par une epaisse et haute muraillefaite de Sabber et autres arbustes epineux du desert ^ ces haies fortrii- dables Sont entretenues avec plus de soin Sijue les maisons m6mes. C'est en demandant la cause de ces epais fourres qui me semblaietit si sales et si disgracieUx sous le beau ciiel de I'lrackj dans cette ville de jardins , belle encore malgre sa decheance, que j'ai dd de pouvoir repondre a votre questioh deFaulre joUr. En tiemps dig peste, chacun reste sur sa terrasse, le fusil k la inaiti , et tout that qiii rode est tue iiiipitoyablenieht ; il esl bieti entendu que les Chretiens seills se livreht a cet ex^rcice, les musulinans ne croyaut pas a hi contagion de la peste. ■^ Veuillez agt-eer, etc., LotTin d6 la Val. ■ P. S. Quant aux Chevres d'Angora, je ne puis vous en rien (lire. J'ai traverse la haute Armenie et le Kurdistan deux fois ; la premiere, durantl'automne et Thiver, saison des neiges; la seconde, a la fin du printemps, alors que les troupeaux etaient dans les plus hautes montagnes. J'ai vu beaucoup de Chevres, mais sans etudier leur pelage •, cela n'entrait pas d'ailleurs dans mes instructions et je n' avals pas les connaissances necessaires, Voire question , monsieur, m'a fait regretter de n^avoir pa^ ajoute cette page a mes observations; cela prouve une foi^ de plus que le Gouvernement, lorsqu'il dohne de grandes mis- sions, ne saurait trop elargir le cercle des instructions. GHAINES DE CHINE. i83 SUR DES GRAINES DE PLANTES ET ARBRES DE CHINB RfiCtJEiLLIES Et ADRESSftES A LA SOClElTfe (\) Par m. rabb« CiUIERRY, Procnretir g^ndral des Lazaristes en Chine. LETTRE ADRESSEE A M. TASTET, Mlsmbre A* Conteil d'administration de la Society. (Seance du H avril 1856.) Ning-po, le 1" Janvier 1856. La caisse que je vous envoie cotitient dix es^eces de graines : 1* Graines de the. Elles sont d'un noir chAtain lisse. Quel- i^iies personnes pretendent que ce sont des arbrisseaux diffe- lents qui nous donnent les dilTerentes especes de th6 : j'ai con- siilte plusieurs indigenes qui se sont accordes pour la negative. I'apr^s eux, les qualites viendraient du site, de I'epoque de la ricolte et aussi de la preparation. Les moutagnes donnent la neilleure recolte, et clle doit 6tre faite avant que les feuilles s«ient entierement developpees. Le the vert est celui que Ton rkolte quand l^s ieiiilles sont tout a fait formees ^ le rouge est ieluique Ton fait legerement torretier. Je ne crois pas que cet irbrisseau soit tres delicat; nous I'avons ici, et la temperature Uffere peu de celle de Paris •, je I'ai vu dans plusieUrs especes ie terre : terre jaiine argileuse, noire, glaise et m6me terre {'alluvion. 'j"-. .^o ,/ .: i 2° Le Gou-tong-chou. Ses gralttes sont jaunes avec aSpi- rtes. Cet arbre est d'un port seniblable a celui de notre pla- tihe; il est surtout curieux a cause de ses fleurs et dfe ses gaines. Les fleurs sont de la couleur du gui parasite et forment di tres gros bouijuels qui seclient sur I'arbre et ne tombent 1) Les graines ont ete adrcssees pour la Societe, a M. Tastet, par M. I'abb^ Liois, procureur general des missions elrangercs en Chine. 184 SOCI^TJfe IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. qu'avec les feuilles, en automne. Les graines sont attachees, au nombre de quatre ou cinq, sur les bords externes des pe- tales. 3° Le Ta-teou, esp^ce de haricots a tres loilgues gousses qui donnent abondamment et sont excellents a manger en vert : plantes en m6me temps, les uns sont precoces et les autres tardifs. Ix" Les Lo-oux-sen, que nous appelons les pistaches de terre (probablement arachides), et qui donnent une huile tres abon- dante, bonne a manger. On doit les planter dans un terrain tres leger, les espacer de (juatre pieds, et tenir la terre toujours Guverte, afin qu'elles puissent tracer et se developper faci- lement. 5° Les Ouang-teou ou Monteou, haricots jaunes a poil dont on se sert pour faire de I'huile. Pour toute espece de legumes, les Chinois cultivent tres legerement la terre, mais pour ce- lui-ci encore moins que pour les autres 5 ils pretendent m6m3 que c'est necessaire: aussi j'ai toujours vu le Ouang-teou dans une terre presque inculte, ainsi que la f^ve. Voici leur mani^ie de planter : Ils font un trou avec une pierre taillee en core renverse et ayant une main qui se termine en bequille, dep)- sent les graines dans ce trou, les recouvrent, lorsqu'ils le pei- vent, avec des cendres ou de la terre passee, et ensuite ks arrosent avec de la poudrette allongee d'urine. Plus tard, ils reit^rent cet arrosage deux ou trois fois, a un mois d'inte^ valle a peu pres. 6° Les Tso-tse ou Tcha-tse, graines du Tcha-chou. D^aprs les descriptions qu on m'a faites de cet arbre, je crois que c'eit un Strychnos dont on retire une huile abondante, bonne a brCiler. Mettre quatre ou cinq graines dans chaque trou, et sil en leve plus d'une, transplanter le reste ailleurs.. 7° Les Tong-tse, graines de Tong-chou. Je crois que c'estle Strychnos vomiquier. Ces graines donnent en abondance uie huile dont on fait un grand usage dans tout I'empire; les pen- tres en batiments n'en emploient pas d'autres. Recuite, ele donne un vernis passable; legerement recuite, elle sert dms les peintures ordinaires, et non recuite, pour le mastic et le GRAINES DE CHINE. 185 calfatage des embarcations, jonques, etc. Cet arbre est trfes commun dans le Chan-tong, nous Tuvons ici et je I'ai vu ega- lement a Canton. 8" Les Lo-teou, pois verts reputes comme tres rafraichissants en puree. 9° Graines d'Ai^bre a suify avec lesquelles on obtient du suif a Texterieur du noyau etde I'huile a I'interieur. Les chan- delles de ce suif coulent un peu; mais pour remedier a cet inconvenient, on les trempe dans la cire ou le blanc de baleine fondu . 10' Les Gui-md-tse, graines de TOrtie blanche de M. For- tune. Je crois que c'est VUrtica Japonica de Linne. Cette or- tie equivaut a notre lin : elle est vivace, et ici ses tiges se coupent trois fois par an; la premiere coupe est la mejlleure. 11 faut les semer dans une terre de decombres, et, de prefe- rence, dans une terre a chanvre, et avoir soin de recouvrir, chaque annee, les racines qui tendent toujours a sortir de terre. Les Chinois pretendent que cette plante ne peut se re- riouveler que par des racines et non point par ses graines. li faut la faire rouir comme le chanvre. Tous les arbres vegeteront bien dans les terres indiquees pour I'arbrisseau a the, c'est-a-dire les terres jaunes argileuses, noires, glaises, et m6me les terres d'alluvion. Les Chinois e^traient I'huile des graines a notre fa^on^ seu- lement, avant de les presser, ils les chauffent au bain-marie. L'Arbre a suif, apres avoir vegete quatre ou six ans, doit 6tre tondu comme un saule, une fois pour toutes; apres cette operation les fruits viennent plus beaux. Tous ces arbres et toutes ces plantes peuvent supporter notre climat de France, si ce n'est celui du nord, au moins celui du midi. 186 SOCIETlfe IMPERIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. SUR LA PLANTE TEXTILE TCHOU-MA (i) {Urtica nivea). TRADUIT DU TRAITE imperial d'aGRICULTURE CHINblSE Par M. fStanislas JLXIEAI, Metnbre de I'liistitut, administrateur du Coll6ge de France. Culture du Tchou-ma. « Pour semer le Tchou-ma dans le troisieme ou le quatri^nde mols, on choisit de preference une terre sablonneuse et l^g^re. On le seme dans un jardin ; si I'on n'a pas de jardih, on pfeut adopter un terrain situe pres d'Une riviere ou d'un puits. On b6che la terre une ou deux fois ; ensuite on forme des plates- bandes larges de 1 pied et tongues de h pieds ^ apres quoi , on b6che encore une fois. On tasse la terre superficiellement, soit avec le pied, soit avec le dos de la b6che, et lorsquelle est un peu ferme, on I'egalise avec un rateau. La nuit sui- rante, ori arrose les plates-bandes, et le lendemain, avec iih rateau a petites dents, on rel^vfe la terre, puis on la nivelle? de houveau. » Ensuite on prend un demi-cAm^ (260 centilitres) de terrfe humide et un ho (52 centilitres) de graines , et oh leS tniftlfe ensetnble. Avec un ho de graines , on peut enseniencier six a sept plates-bandes. Apres avoir seme, il n'est pas necessJiirfe de recbuvrir les graines de terre, car si on le faisait, elles ne germeraient pas, » On prend quatre batons, dont Textremit^ inferieure est tfeillee en pointe, et on les enfonce en terre en les alignant, ' (!) All moment ou la Soci(5te viont de recevoir (voyez page 185) et a remis S plusieurs de ses membres de la graine d'Ortle blanche, M. Stanislas Jullen a bien voulu metire ^ notre disposition, pour le Bulletin, plusieurs passages traduits par lui du Chinois sur la culture de cette plante textile, appelde h prendre une grande place dans noire Industrie. Cette traduction est un nouveau service rendu par M. Julien, toujours empress^ de faire profiter notre pays de tous les renseignements que renferment les livres cbinois, si riches en tout ce qui louche ct Tagriculture et ci Tiadustrie. cultOre de l'ortie blanche. 48T deux d'un cdtc de la plale-bande et deux de Tautre: on s^en sert pour appuyer une sorte de petit toil de 2 ou 3 pieds d^ hautj que Ton recouvre d'une natte mince. » Dans le cinquieme ou le sixieme niois, lorsque la chaleur du soleil est devenue forte, on recouvre cette le^ere natte d'un paillasson epais. Si Ton ne prenait pas cette precautions les germes de la plante seraient detruits par la chaleur. » Avant que la plante germe , ou lorsque les premiers germes commencent a paraltre, il ne faut pas arroser. A Taide d'un balai trempe dans Feau, on mouille le toit de nattes, de manierea tenir humide la terre qu'il recouvre. Chaquo nuit, on enl^ve les nattes afm que les jeunes ptiusses reqoivent la rosee. » l)es que les premiers germes ont paru, si Ton voit des lierbes parasitesj il faut les arracher nnmediatement. L(jfsque la plante a acquis deux ou trois doigts de hauteur, le toit n'est plus necessaire. Si la terre est un peu seche, on Tarfose legere- ment jusqu'a la profondeur de 3 pouces. » On choisit alors une terre un peu forte , et Ton forme d'autres plates-bandes pour y etablir les jeunes Jilants. La nuit suivante, on arrose les premieres plates-bandes ou sont encore les jeunes sujets^ puis le lendemain matin, on arrosfe les nouvelles plates-bandes qui les attendent. On les enleve ttvec la b6che en conservant une petite motte de terre autour de cha([ue pied, et on les transplante (on les repique) a la dis- tance de 4 pouces les uns des autros. On bine frequemment. » Au bout de trois a cincj jours, on arrose une fois ; puis, au boUt de dix jours, de quinze jours et de vingt jours, on arrose entore. » Apres le dixi^me mois, on les recouvre d'un pied de fumier frais de bceuf, d'ane ou de cheval. » Lorsque les touffes du Tchou-ma sont tres fournieS; on ereuse la terre tout autour. et Ton en detache les nouveaux pieds que Ion transplante ailleurs. Alors le pied principal vegete avec plus de vigueur. Au bout de quatre Du cinq ans, les pieds anciens se trouvant extr^mement fournis, on les divise el on les replante sur d'autres plates-bandes. 188 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » Quelques personnes se contentent d'abaisser les longues tiges, et obtiennent des marcottes par le precede ordinaire. » Quand une plate-bande est trop garnie, on en etablit une nouvelle qui est bient6t suivie de plusieurs autres. De cette maniere, les plants se muUiplient a rinfini. » On cboisit d'avance une terre grasse qui a ete bien labouree en automne, et on la fume avec du fumier fin. Le printemps suivant, on transplante. La meilleure epoque est celle oii la vegetation commence •, la seconde epoque (sous le rapport de la convenance) est celle oii les nouvelles pousses paraissent ; la troisieme epoque (c'est-a-dire la moins convenable) est celle ou les tiges sont deja grandes. » On espace les nouveaux plants d'un pied et demi, et, quand lis ont ete bien entoures de terre, on arrose. * » En ete et en automne, il faut profiter du moment oh la terre vient d'etre humectee par la pluie. On pent aussi trans- planter les jeunes tiges dans des lieux voisins,mais il est essen- tiel de conserver une motte de terre autour de chaque pied. » Pour multiplier les plants de Tchou-ma, on separe avec un couteau des portions de racines de trois ou quatre doigts de longueur, et on les couche par deux ou trois dans de petites fosses eloignees Tune de Tautre d'un pied et demi. On les en- toure de bonne terre et Ton arrose ; on renouvelle cette irri- gation trois ou cinq jours apres. Quand les nouvelles tiges ont acquis une certaine elevation, on bine frequemment. - » Si la terre est seche, on arrose. SMI s'agit de transporter ces plants au loin, il faut que la racine conserve sa terre pre- miere, bien enveloppee de feuilles de roseaux. On les enferme, en outre, dans une natte pliee de maniere a les preserver de I'air et de la lumiere. On peut alors les transplanter, en toute securite, a une distance de plusieurs centaines de lis (dizaines de lieues). )) La premiere annee, quand la plante a atteint la hauteur d'un pied, on fait une recolte^ on en fait une autre, la seconde annee. Les fibres des tiges coupees sont bonnes a filer. » Chaque annee, dans le dixieme mois, avant de couper les rejetons qui depassent la racine, on couvre la terre d'une r CULTURE DE l'oRTIE BLANCHE. 189 coucbe epaisse do fumior de boeul" ou de clieval. Dans le second mois. on enleve le funiier avec un rateau, nfin que les nou- veaux sujels puissent sorlir librement. Au bout de Irois ens, les racincs se trouvent extr^mement fournies; si Ton ne transportait pas une parlie des plants qui viennent en touffes serrees, ils s'etoufferaient les uns les autres. Recolte du Tchou-ma. » Chaque annee, on peut faire trois recoltes. A I'epoque oi!i Ton coupe les tiges, il fautque les petits rejetons qui sortent du pied de la racine aient environ un demi-pouce de haut. D^s que les grandes tiges sont coupees, les rejetons poussent avec plus de vigueur, et donnent bient6t une seconde recolte. Si les jeunes pousses etaient trop hautes, il ne faudrait pas couper les grandes tiges ; mais les rejetons ne pourraient pros- perer et nuiraient au developpement de ces grandes tiges. » Vers le commencement du cinquieme mois, on fait une premiere recolte ; une deuxieme au milieu du sixieme mois ou au commencement du septi^me mois ; enfin une troisieme au milieu du huiti^me mois ou au commencement du neuvieme mois. Les tiges de la deuxieme recolte croissent plus rapide- ment que les autres ; leur qualite est infiniment preferable. » Apres la recolte, on couvre de fumier les pie.dsderc/iow-m«, et Ton arrose immediatement ; il faut bien se garder d'arroser en plein soleil. » Lorsqu'on veut recueillir des graines de Tchou-ma pour le semis, on doit preferer celles qui proviennent des premieres pousses. Dans le neuvieme mois, apres Tepoque choang-kiang (apres le 2 octobre), on recueille les graines et on les fait secher au soleil ; ensuite on les m6le avec une egale quantite de sable humide, et on les met dans un panier de bambou que Ton recouvre soigneusement avec de la paille. Cette precaution est necessaire, car, si elles gelaient, elles ne germeraient pas. Les graines de la deuxieme et de la troisieme pousse ne sont pas bonnes a semer. Au moment de faire des semis, on les eprouve avec deTeau: on emploie celles qui ont ete au fond, celles qui flottent a la surface n'ont aucune valeur. » 100 SOCIETE IMP]&RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR LA PROPOSITION FAITE EN 18Zl7 DE CREER DANS LES VOSGES UNE SOClfiTE DE DOMESTICATION EXTRAIT DUHE LETTRB ADRESSEE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQOE d'acCUHATATIOR Par M. MAUD'HEUi; flls, Avocat, docleur en droit, Mcmbre de la Sociele d'emulation des Vosges. J (Seance du 18 Janvier 1856.) On lit dans le Compte rendu des travaux de la Society d'emulation des Vosges pour I'anneelBbA, parM. Maud'heux fils (1) : « D^s 1847, M. le docteur Turck vous adressait line propo- » sition tendant a ee qu'il fut forme une Societe dont Tobjet » serai t d'acclimater en France les animaux sauvages ou etran- » gers a I'Europe, qu'il serait possible de domestiquer oii » d'employer a Talimentation. La proposition etait bien con- » que. M. Turck, au lieu de se livrer a des efforts individuels, )) partout impuissants, voulait qu'on mit au service d'une idee » excellente la force la plus feconde ici-bas, celle de I'associa- j) tion. Pourtant, sous Finfluence de je ne sais quelles causes, » sa proposition n'eut pas de suites. » La lettre suivante de M. Maud'heux forme le complement de son Compte rendu, et fait connaitre le texte de la pro- position de M. Turck. II a paru convenable de lui donner jilace dans le Bulletin , comme a tous les autres documents nistoriques sur les vues emises et les efforts fails, avant la creation de la Societe, dans le but qu'elle poursuit (2). i (1) Voye? les Annales de cette Soci^t^, t. Vllf, p. 27. Spinal, 1855. r, (2) Voyez en tete du lome I, la note historique sur la fonpation de 1^ Societe et sur les travaux qui I'ont pr(^par6e, ainsi que les 3' et k' Fragments sur la domestication et la culture des animaux, par M. Geoffroy Saint- Hilaire, t. I, p. 288 et 389, et I'Extrait d'une note de M. Alfred Dum^ril, t. II, p. 345. LETTRE DE M. MAUD'HEUX. « Monsieur le President, » Dans la pensee de rendre a chacun la justice qui lui est due, de livrer a la reconnaissance publique les noms de ceux qui, en quelque lieu et en quelque temps que ce soit, ont congu et aim6 Toeuvre a laquelle s'est consacree la Societe, vous me demandez ou a ete faite la proposition deM. Turck, mentionnee dans mon Compte rendu •, si elle a ete imprimee, et, dans le cas contraire, s'il serait possible d'en avoir une copie. » La proposition de M. Turck n'a jamais ete imprimee. Elle a ^t6 faite verbalement a la Societe d'emulation des Vosges, dans la seance du 21 mars 184/i. On la trouve consignee sur le registre des proces-verbaux des seances de la Societe, a la date que je viens d'indiquer, et dans les termes suivants : « M. le docteur Turck, apres avoir demontre tous les benefices » qui resulteraient de converlir a la domesticite plusieurs ani- » maux, qui le sont deja dans certaines contrees du globe, » comme le lama, I'alpaga, la vigogne, ou d'autres qui sont » dans Tetat sauvage et habitent i'Europe, comme I'outarde, » la gelinotte, le co(| de bruy^re, les perdrix, les cailles, » I'eider, etc., demande la formation d' line Society dite de » domestication, qui serait sous le patronage de la Societe » d'emulation et recevrait d'elle les instructions pour repondre » plus sClrement au but propose. Uenvoye a une commission » composee de MM. Bocher, Malhieu, Hogard, le docteur Mou- » geot, Turck, Mansion et Guery. » » J'ai transcrit litteralement , afm de satisfaire autant que ppssible a voire demande dune copie de la proposition. » A la seance publique de cette m^me annee 184A, le rap- porteur cbarge du compte rendu des travaux de la Societe s'exprimait ainsi : « II ne conviendrait pas de passer sous silence la formation » d'une Societe de domestication placee sous notre patronage » et notre direction, et qui aurait pour but 1'introduction de v plusieurs animaux deja devenus domestiques dans les con- 192 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. j> trees qu'ils habitent, tels que le lama, Talpaga, la vigogne, » et la domestication de ceux qui, dans nos contrees, vivent » encore al'etal sauvage, comme I'outarde, la gelinotte, lecoq » de bruyere, la perdrix, la caille, I'eider, etc. » » Ces lignes se trouvent dans les Annales imprimees de la Societe (volume de 1844, page 242). » La proposition de M. Turck fut discutee par la Societe, dans la seance du 23 Janvier 1855, et voici en quels termes le proces-verbal de cette seance en rend compte : « La Societe s'occupe ensuite de la proposition de M. Turck » sur la domestication des animaux etrangers ou sauvages. » Apres une discussion approfondie sur I'utilite et les diffi- » culles de cette mesure, la Societe, sur la proposition d'un » membre, adopte la resolution suivante : » M. le Secretaire perpetuel est charge de s'adresser a » M. Simeon, president honoraire, pour le prier d'obtenir du » Gouvernement des oeufs de gallinaces, afin de propager des » especes nouvelles dans les Vosges. La Societe pense qu'il » serait utile d'essayer la naturalisation et la domestication » d'animaux qui sontdejadomestiques dans d'autres contrees. » Elle soumet au Gouvernement le voeu que des essais soient » tentes dans les bergeries royales, et notamment dans celle » de Lahoussevaux (Vosges) pour arriver a ce resultat. » » Tels sont, Monsieur, les renseignements que je puis vous donner. J'ai communique a la Societe la lettre que vous avez bien voulu m'ecrire, et par laquelle vous reclamez les moyens de rendre a Tun de ses membres la justice qui lui est due. Je termine en vous remerciant au nom de tous mes collegues. » Veuillez agreer, etc. » Maud'heux fils. PROCfeS-VERBAUX. 193 III. EXTRAIT DES PROCESVERBADX DES STANCES GfiNfiRALES I)E LA SOClfiTfi. SKANCE DU 28 MARS 1856. Pr^stdence de M. Geoffboy Saint- Hilaire. M. le president proclame les noms des memhres nouvelle- ment admis : MM. Agop, Armenien. premier conseiller de Tambassade otto- mane, a Paris. Argyropulo, de Moldavie, a Paris. Bazan (G. de), membre de la Societe entomologique de France, et de la Societe imperiale et centrale d'horti- culture, a Paris. Blondat, ingenieur en clief des ponts et cbaussees, a Paris. Bouchard-Hlzari) (Louis), directeur-gerant des Annates d' agriculture francaise, a Paris. CoLONJON (H. de), proprietaire a Saint-Vallier-sur-Rhone (Drome). Delehaye (A.), proprietaire a Saint-Omer (Pas-de-Calais). Deyrolle (Henri), a Paris. Geoffroy- Chateau (Hippolyte), proprietaire, juge au tribunal de Bernay (Eure). HoLZEAU (P.), proprietaire, a Reims et a Paris. Lacoste (De), Tun des i'ondateurs de la culture en grand du Sorgho en Algerie, a Paris. Lechevalier (V.), ancien oflieier d'artillerie, a Paris. Lien ARD (Alfred), \ , r i » i i c •'.- ^ . ^J Jmembres tondateurs de la Societe ' ^ . > royale des arts et sciences de Tile Ln::NARD (Elisee), Maurice, a Port-Louis (tie Maurice). LlENARD (Jules), j T. III.— Avril ISrifi. 13 194 SOCIl&Tf: IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Mantis, proprietaire a I'ile de la Reunion, et delegue de cette colonie en France, a Paris. Perthuis (le comte Amable de), a Paris. Reverend, docteur en medecine a Sainte-Marthe (Nou- velle-Grenade) . Styrbey (le prince G.), de la Valachie, a Paris. Turin (le marquis de), proprietaire, a Nogent-le-Rotrou. Vicaire , administrateur general des domaines et for^ts de la couronne, a Paris. .;*^ Sur la (Jeniande de notre confrere M. Bernis, et sur celle de nos confreres MM. Chavannes, Perdonnet et comte de Saint- Julien Muiron, la Societe d' agriculture d' Alger et le Cercle litteraire de Lausanne (canton de Vaud) sont admis au nombre de nos Societes agregees. — M. Hornsby, rccemment nomme membre honoraire, ainsi que M. Griffitb, ecrit de Dublin pour remercier la Societe en son nom et au nom de son conipatriote, actuellement en voyage. Des remerciments sont adresses par S. A. le prince de Salm-Dick et par M. Paillart pour leur admission, ainsi que par notre confrere, M. le docteur Gosse, pour le cboix que la Societe a fait de lui comme delegue a Geneve. — M. Flourens, secretaire perpetuel de T Academic des sciences, annonce que cette Academic a decide que le recueil des Comptes rendus hebdomadaires de ses seances sera accorde, a partir de cette annee, a notre Societe. — Des demandes dlgnames et de differentes graines sont envoyees a la commission des vegetaux. — M. Paulus Troccon soumet a I'examen de la Societe des clocbes et des vases metalliques perfores, destines a la propa- gation, a I'acclimatation et a la conservation des plantes pre- cieuses, et dont il est Tinventeur. — Notre confrere M. Ponsard envoiede Omey (Marne) une certaine quantite de collets et de pieds de Chervi, qu'il met a la disposition de la Societe. — Des cotons d'Algerie, adresses par S. E. le Ministre de la guerre, et qui avaient ete remis a la Society industrielle PROCiiS-VERRAUX. 1^5 de Mulhouse pour des essais do lilulure, sont deposes sur ie bu- reau, et les resultats obtenus dans les ateliers de M. N. Scblum- borger, de Guebwiller, sont indiques avec detail dans une lettrc (ie ee filateur, dont il est donne lecture. — Notre confrere M. le marquis de Bryas ecrit pour appeler Tattention de la Societe sur les resultals obtenus par M. Ivoy pere, a son domaine de Geneste (Gironde), dans ses Iravaux entrepris depuis plus de vingt-cinq ans et rela-. tifs a racclirnatalion d'un grand nonibre d'arbres exotiques. II propose qu'une commission soit nommee pour verifier les fails dont il s'agit. A cette lettre, est jointe une Note manus- crite de ce m^me membre, et intitulee : Considerations sur I'lUilite qu'il y aurait a fonder dans les Landes du sud-onest de la prance une ecole pour I'acclimatation des arbres exo- tiques de pleine terre. — Nqtre confrere M. Jomard deniande que des renseigne- menls soient recueillis par la Societe, dans les departements du Uhope, du Var et de la Gironde, sur les resuUats donnes par les plantations du Sorgho noir ou Sorgho du nord de la Clljine (Holcus saccharatus) pendant la derniere campagne de i855. 11 enumere les questions touchant les usages varies de cette plante, auxquelles il lui seinhlerait necessaire d'obtenir des reponses propres a guider les essais relatifs a cette culture. Ces (pieslions seront transniises k MM. Hesse et Aguillon , nos delegues a Marseille et a Toulcn , ainsi qu'au Cornice ftgricole de cette derniiMe ville. Le m(iiiie membre presente un epi de Sorgho noir a grains mOrs, et provenant d'une culture fnite par lui aux environs de Paris, a Lozerc pres Palaiseau, et 6«idence de M. Geoffrot Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : S. A. le prince Abdulhhalim - pacha , gouverneur du Soudan. S. E. Artin, bey de 1" classe, ex-ministre des afltiires etrang^res en Egypte, commandeur de la Legion d'hon- neur, de I'ordre de Gregoire le Grand, de TAigle-Rouge de Prusse, de Sainte-Anne de Russie, grand cordon de Naples, If-li-kar, membre de la Societe de Geographic et de la Societe asiatique de France, etc., a Alexandrie. Mm. Bahrot (Odilon), membre de I'lnstitut, ancien President du conseil des Ministres, a Paris. Bosquet (le marechal), senateur, a Paris. Chaponay (le marquis de), proprietaire, a Paris. Clot (S. E. A. B), bey de 1" classe, docteur en medecine et en chirurgie, inspecteur du service medical civil et militaire, et president du Conseil de sante en Egypte, membre de I'Academie imperiale de medecine de Paris et de I'Academie royale des sciences de Naples, presi- dent honoraire de la Societe d'acclimatation des Alpes, commandeur de la Legion d'honneur , a Alexandrie. . Dauban (Ch.), proprietaire, a Compuat (Aveyron). Dervieux (Ed.), agent des services maritimes des Messa- geries imperiales, a Alexandrie. IhiBhEuiL (P.), ancien sous-prefet, directeur du Cheptel dans le departement deTarn-et-Garonne, a Monlauban. FabrE (L.), directeur de la ferme-modeie du departement de Vaucluse, directeur agronomique du personnel de- partemental du Cheptel, a Paris. Foacier, membre du Conseil general du departement de TYonne, au chateau de Serhonne. pres de Pont-sur- Yonne. 200 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. KffliNiG (S. E. Mathieu-Auguste), bey de l'* classe, secre- taire des commandeinents deS. A. levice-roi d'Egypte, chevalier de la Legion d'honneur, officier de Fordre de Leopold, officier de la Couronne de fer, conimandeur du Medjidie, commandeur du Nichan, a Alexaiidrie. Lyghounes (J. Leonidas), ingenieur au service deS. A. le vice-roi d'Egypte, a Alexandrie. Maupouit (le docteiir), directeur du Moniieur du Calva- dos^ a Caen. Melzi d'Eril (le comte de), proprietaire, a Milan. Mertzdorf (Ch.), manufacturier, a Thann (Haut-Rhin). MoiTESsiER, a Paris. Pastre, banquier, chevalier de la Legion d'honneur, a Alexandrie. Peki-bey, attache au secretariat des commandements de S. A. le vice-roi d'Egypte, a Alexandrie. PoNTOi (le marquis de), a Paris. Pulfakar-pacha (S. E.), intendant general des finances, bey-leyrbey, commandeur du Medjidie, commandeur de rOrdre imperial deS. M. Frangois-Joseph, a Alexandrie. Sabatier (Remond), consul general, charge d'alVaires de France , commandeur de la Legion d'honneur, etc., president du Comite forme a Alexandrie* Thenard (le baron), membre de I'lnstitut, ancien pair de France et chancelitr de I'Universite, a Paris. Uruguay (le vicomte de 1'), envoye extraordinaire et mi- nistre plenipotentiaire du Bresil, a Paris. ZuRGHER (Ch.), manufacturier, a Cernay (Haut-Rhin). — A la suite de cette proclamation, qui fait connaitre Ven- tree parmi nous d'un prince et de plusieurs fonctionnaires du plus haut rang, places a la t6le des affaires de I'Egypte, M. le President informe qu'il faut altribuer cette circonstance im- portante a I'intervention de nos confreres M. de Montigny, actuellement de passage a Alexandrie en se rendant a son poste a Siam, et ]\T. Jomard, qui, apres avoir, fait partie de la grande expedition du commencement de ce siecle, est PROCfeS-VERBAUX. 201 toujours reste en relation avec le gouvernement egyptien. Sur la proposition de 31. le President, des remerclments seront adresses a nos deux confreres. II est ensuite donne lecture d'une lettre de Ka;nig-Bey, secretaire des commandements de S. A. le vice-roi d'Egypte, annon(;ant qu'un Comite d'acclima- tation vient d'etre forme a Alexandrie. II demande en m6me temps, pour S. A. le prince Abdulhalim- Pacha, recemment nomme gouverneur du Soudan par le Vice-roi , son frere, la presidence d'un comite semblable, qui sera fonde par les soins du prince dans le Soudan egyptien , et qui est appele, dit Koenig-Bey, a rendre de grands services a notre asso- ciation, en lui procurant des especes animates et vegetales faciles a acclimater dans TAfrique frangaise. Ce m^me niembre adresse une petite collection de graines du Fleuve blanc, dont il a fait parvenir Tautre moilie a S. E. le Ministre de la guerre pour des essais a faire en Algerie. — MM. le marechal Bosquet, de Lacoste, A. Laplace, le mar- quis de Levis et le docteur Menville ecrivent pour remercier de leur admission dans la Societe. — Sur la demande dc la Societe d' agriculture du departe- ment de le Haute-Garonne et de la Societe universelle pour I' encouragement des Arts et de F Industrie, fondee a Londres, un ecbange de publications aura lieu entre ces Societes et la ndtre. Le comte de Brignola, secretaire general de la Societe anglaise, qui ecrit pour faire cette proposition d'echange, annonce que, comme membre de la Commission mexicaine pres de TExposition universelle de 1855, il a eu soin de faire . mettre de c6te, pour nos collections d'histoire naturelle appli- quee et de matieres premieres, un grand nombre de produits naturels du Mexique. Ce don sera regu avec reconnaissance, et des remerclments seront adresses a M. de Brignola. — M. Louis Bouchard - Huzard , directeur - gerant des Annales de I'agriculture francaise, remercie de son admission et fait hommage des six premiers numeros de ce recueil parus en 1856. — M. le general Daumas adresse 75 exemplaires du compte rendu des operations relatives au concours du prix de I'Empe- 202 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. reur pour favoriser le developpement de la culture du coton en Algerie pendant la campagne de 1855 , et contenant le Rapport du marechal Vaillant. On les distribue aux membres presents. — Notre confrere M. le comte de Nieuwerkerke , en sa qualite de president d'une Commission pour la statue a elever a Olivier de Serres, a Villeneuve-de-Berg (Ardeche) , ecrit a M. le President afin de Tengager a ouvrir, dans le sein de notre Societe, une souscription pour I'erection de ce monu- ment. M. Richard (du Cantal) rappelle, a cette occasion, les importants services que le celebre agriculteur a rendus a notre pays par ses remarquables Iravaux sur I'education des Vers a sole et sur la culture du murier. Cette lettre est renvoyee au Conseil. — M. Anthoine, sur le point de partir pour I'Amerique, rappelle les tentatives d'acclimatation qu'il a faites a diverses reprises et demande a devenir le correspondant de la Societe. — MM. Guerin-Meneville, de Waroquier et Cie, s'appuyant sur Tefficacite des conseils donnes par notre Societe a la Com- pa'gnie d' exploitation des Landes de Bordeaux, sollicitent la m6me faveur pour la Societe generale du Credit agricole pour la fourniture des bestiaux, connue sous le nom de Cheptel, et dont ils sont les gerants. M. Guerin-Meneville prend la parole pourindiquerrimportanceextr6me(|u'il attache a I'amelioration des races comme element de succes serieux pour le Cheptel, et c'est sous ce point de vue scientifique et pratique qu'il re- clame les lumieres de notre Societe. M. Richard (du Cantal) fait ressortir toute I'importance d'etudes sur les races cheva- line et bovine analogues a celles qui ont ete entreprises et poursuivies avec lant de succes par Daubenton pendant le dernier quart du siecle precedent pour la race ovine, et qui ont ete jusqu'a ce jour, malheureusement, presque tout a fait negligees pour les autres races. Le Conseil sera appele, dans sa plus prochaine seance, a statuer sur la demande dont il s'agit, et qui, en principe, a ete deja favorablement accueillie. — Notre confrere M. le comte H. de Jonquieres a remis a M. le President, au nom de M. de Montigny , trois ^rwm d'Egypte PROCftS-VERBAUX. 203 (Variete cultivee pour saricliesse en fecule). lis ont ete confies, deux a notre confrere M. Moquin-Tandon, pour 6tre places dans les serres dc la Faculte de medecine, et le troisieme k M. Lucy, receveur general a Marseille , niembre de la Societe, qui pos- s^de de tres belles serres bien lenues. Dans une lettre jointe a cet envoi, M. le comte de Jonquieres dit que ce qui doit valoir une attention particuliere a cette variete, ce sont ses qualites comestibles et sa valeur comme plante feculente, si bien reconnues et mises en oeuvre en Egypte , que , dans les plaines de la basse Egypte et de la campagne du Caire, celte culture a lieu sur une grande ecbelle. C'est surtout en Algerie que les essais doivent avoir lieu. — Notre confrere M. Caniille Aguillon adresse, pour 6tre distribuees dux menibres de la Societe, des graines, itialheu- reusement en tres-petit riombre, que son fils, lout fecemment de retour, vient de rapporter de la Nouvelle-Caledonie. II en- voie, en in^me temps, une certaine (|uanlite de graines du Sor- gho noir ou sUcre [Holcus saccharatus) recueillies a Marseille. On en re^oit egalenient des environs d'Hyeres par les soins de notre confrere M. d'lvernois, qui transmet, par ecrit, des details sur les restiltats import ants quMl a obtenus de la culture de ce Sorgho comme plante fourragere. II en a fait ainsi , a Hy^res, cin(| coupes en une seule annee. II insiste, en outre, sur I'utilite de ce vegetal comme fournissant une niatiere sucree. (Voyez au Bulletin, page 163). — Une demande de graines de FExpositiott, adressee pirtf notre confrere M. Fr. Zuber, notre delegue a Mulhouse, est renvoyee a la Commission des vegetaux. Le m^me renvoi a lieu pour plusieurs pieces adressees a notre confrere M. E. Tastet par M. Libois, procureur general des Missions etran- g^res en Chine, par M. Guierry, procureur des Missions laza- ristes a Ning-po (Chine), par le pere Furet, missionnaire apos- tolique a Hong-kong, toutes relatives a une serie de graines expediees de ces contrees, et dont la distribution devra 6tre faite par unci Commission nommee a cet effet, a laquelle M. Tastet a ete adjoint. M. Tastet fait egalement parvenir a la Societe des details 204 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sur le Riz sec ou de montagne, qui lui sont communiques de Manille par M. A. Petel, son correspond ant,, dont la lettre annonce le prochain envoi de onze especes differentes de ce riz. — M. Barrat informe que le 13 courant, de nouvelles expe- riences, faites avec sa machine a vapeur de defrichemenl , auront lieu dans le pare de Neuilly , et il invite MM. les membres de la Societe a y assister. — Notre confrere M. Remont, pepinieriste a Versailles, an- nonce Tenvoi d'une certaine quantite de bulbilles etde racines d'Igname de la Chine. En outre, il en a adresse directement a notre delegue, M. Baruffi, pour les deux Societes agregees de Turin. Des remerciments seront adresses a M. Remont. — M. Chatin lit une Note sur Tlgname de la Nouvelle- Zelande. (Voyez au Bulletin, page 159). — Nos confreres MM. Lienard pere et fils adressent des graines de Tile de la Reunion, d'ou ils comptent faire parvenir en Europe un Igname dont ils pensent que Tacclimatation pourra 6tre obtenue sur des lieux eleves. lis ont, en outre, I'intention d'envoyer, afin de tenter son introduction dans nos eaux , le poisson connu sous le nom de Gourami {Osphro- nemus olfax). — M. le docteur Berrier-Fontaine presente deux Dragon- neaux (vers filaires) extraits du pied d'un Indien, Sheik-Soli- man, domestique de M. le docteur Legran, a Saint-Denis de la Reunion, en 1853. — S. E. le Ministre de I'agriculture, du commerce et des travaux publics, transmet et recommande une demande deM.le docteur Follet de Pont-Audemer, qui desire obtenir des Vers a soie du chene. II y sera fait droit des que Ton aura de ces vers, dont on manque actuellement. Une demande analogue pour des oeufs des Bombyx Mylitta et Pernyi est faite par la legation de Wurtemberg en faveur de rinstitut royal d'agriculture de Hohenheim. Cette demande sera inscrite , mais ne pourra venir qu'apres les demandes, en grand nombre deja, adressees par les Societes affiUees ou agregees, PROCES-VERBAUX. 205 — On renvoie a rexameii de M. Guerin-Meneville une lettre de M. Evesque, medecin-veterinaire a Vigaul (Gard), deman- dant des conseils sur les soins particuliers a donner dans ce departement a Teducation des Vers a soie provenant des mon- tagnes du Liban. — M. Millet lit un travail dans lequel il presente des consi- derations generales et pratiques sur I'exploitation des eaux marines, et en particulier sur celles du bassin d'Arcachon. — M. le docteur Leprestre, de Caen, fait parvenir des details sur Tincubation de dix oeufs de Dromee ou Casoar de la Nouvelle-Hollande, pondus chez lui, et que la mere couve avec grand soin depuis le 22 ievrier, le male se contentant de faire bonne garde pres de la cabane. Si , comme notre con- frere le pense, I'incubation doit durer soixante-deux jours, c'est le 11x avril que I'eclosion aura lieu. — On lit, par extrails, une Note de M. J. Verreaux sur I'oi- seau dit Messager ou Serpentaire du cap de Bonne-Esperance {Serpentarius reptilivorus, Daud.). Les details circonstancies sur ses moeurs donnes par I'auteur, qui a vecu pendant vingt ans au Cap, ont pour but de montrer combien il serait impor- tant de tenter de nouveau Tintroduction de cet oiseau dans les pays ou les serpents venimeux abondent. — II est donne lecture, par extraits, d'une lettre de M. Lot- tin de La Val, adressee a M. le President, et faisant connaitre les diverses localites ou se rencontre, en Orient, le Chat d'Angora. — Notre confrere M. 0. Tuyssuzian, Armenien , commu- nique un exlrait d'un journal ou il est question de moutons transportes a Pliiladelpbie, originaires de la Tartaric chinoise et dits Moutons de Shang-Hai. On vante, dans cet article, leur fecondite, les qualites de leur chair et celles de leur laine, qui n'est pas tres fine, mais pent servir avec avantage a la fabri- cation des couvertures et des tapis. Renvoye a la premiere section. — M. Fremy, professeur de chimie au Museum d'histoire naturelle et a FEcole polytechnique , membre de la Societe , fait parvenir les produits obLenus par I'analyse de la graisse contenue dans la queue des moutons de Caramanie, et qui '206 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGiQUE d'aCCLIMATATION. consistent en tieiix substances bien distinctes : Tune solide et analogue au suif ; Tautre liquide, d'un aspect huileux, et dont on pourra sans doute faire d\i tiles applications dans Tindustrie. — Une lettre de M. Uelaporte, consul au Caire et membre honoraire, annongant I'envoi au Museum d'une nonibreusc collection d'animaux, informe que, parnii ces animaux, il y a deux Boucs a t6te fortement busquee, et dont I'arrivee sera tres precieuse, parce qu'ils appartiennent a Tespece de chevre bonne laitiere de la haute Fgypte, dont on pourra ainsi obtenir la reproduction sans melange. II y a egalement pour la Societe, dans cet envoi, trois Pintades a joues bleues, que leur mutisme rend preferables a Tespece criarde dont les caroncules sont rouges. — ■ M. Sacc ecrit (jue I'une de ses (^hevres d'Angora, de- pouillee prematuremenl de sa laine, sans doute par suite du changement de climat, a avorte, et il engage a prevenir promp- lement les niembres detenteurs de ces clievres qu'ils aient grand soin de les tenir enfermees, si la chute de la laine com- iTience a se faire, afin d'eviter ravortement, r— Notre confrere M. John Le Long, ancien consul general de la republique de TUruguay, fait hommage a la Societe d'un certain nombre d'exemplaires d'une brochure ayant pour litre ; Appel aux poptdations laborieuses de France et d'Allemagne pour la colonisation de la province de Corrientes {confede- ration Argentine), il est joint a ce Memoire une lettre dans laquelle Fauteur insiste sur I'importance des produits de ces contrees, dont I'acclimatation pourraitetre tentee avec succes, dit-il, en France et en Algerie. — M. Werner annonce quit vient d'apporter une modifica- tion a V Atlas qu'il publie, et qui consiste dans I'adjonction de planches representant les vegetaux les plus utiles, ce qui por- tera de dix a quinze le nombre des livraisons. Le Secretaire des seances, Aug. Dumeril. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 207 OVVBAGES OFFERTS A LA SOClllTi:. SEANCES DU 29 FEVRIER, iU MARS, ET 28 MARS 1856. L'INSTITDT (du 23 Janvier au 27 f^vrier 1856). Cosmos (5* ann^e, 8* volume, livraisons 3 h 7). Le MoNiTEUR DES coMiCES (n°" 3 et li, 1856). Rendiconti delle adunanze della R. Accademia economico-^graria dei Georgolill di Firenze (1856, n" 1). Revue coloniale (Janvier et f^vrier 1856). Archives alg^riennes (n " 10, 11 et i'J, 1855). li'UTiLE ET L'AGRtABLE (Janvier et f^vrier 1856). Annuaire de la Socieie meteorologique de France (d^cembre 1855). Journal de la Soci^t^ vaudoise d'utilit^ publique ( jan \ ier et Kvrier 1856). NouvELLEs annales DES VOYAGES, de la geographie, de rhistoire et de rarch^ologie, r^dig^es par V.-A. Malie-Brun (jauvier et f^vrier 1856) ; offert par M. de la Roquette. Revue et Magasin de zoologie pure et appliqu<5e, par M. F.-E. Gu^rin- M^neville (1856, n°* 1 et 'J)- Annales de I'agriculture francaise (six n°* de Janvier a mars 1856). Bulletin du cornice agricole de rarrondissement d'Alais (Card) (d^cem- bre 1855, Janvier 1856). Annales de la Soci^t^ d'agriculture de I'Allier {U* trimestre de 1855). Journal des Haras (fi^vrier 1856). Bulletin de la Soci^t^ de geographic (Janvier el Kvrier 1856). Transactions of the state agricultural Society with Reports of co^nty agricultural Societies , for 1853 1 fort volume in-8). Ninth annual l\eport of the Board of agriculture of the stale of Ohio to the governor. For the year 185/i (1 vol. in-8). Eighth and ninth annual report of the Board of regents of the Smith- sonian Institution, for 185Zi and 1855 (2 vol. in-8). Report to the secretary of the Smithsonian Institution on the Fishes of the New Jersey coast, as observed in the summer of 1854, by Spencer F. Baird, assistant secretary (Washington 1855). Publications of learned Societies and periodicals in the library of the Smithsonian Institution (part. 1). 208 SOCIETE 1MP^.RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATJON. Lecture on the Camel, delivered before tlie Smithsonian Institution, by hon. George P. Marsh. (Ces six derniers ouvrages ont <5t^ offerts par I'lnsli- tution Smithsonienne des £tats-Unis.) La Pisciculture et la production des sangsues, par Augusle Jourdier (1 voL in-12. Paris, 1856); offert par Tauteur. Manuel de la fide de basse-cour, par M. F. Malezieux (^1 vol. in-12); offert par I'auleur. Memoires de I'Acad^mie royale des sciences de Madrid (de 1850 a 1854). Journal de Tarchipel Indien (avril, mai, juin 1855). Bulletin de la Societe indusirielle de Mulhouse (n° 133, 1856). Notice sur la n^cessit^ d'^tendre la culture du mflrier, par M. Emile Nourrigat. Organisation d'un dtablissement colonial en Alg^rie, suivant le syst^me pratique dans les colonies, par M. Malavois, ancien colon et armateur. De la Culture du coton en Algerie, suivant le syst^rae pratique dans les colonies, par le m6me et offert par lui. Lettre sur la galle des feuilles du poirier, adressee h la Soci^t^ d'hor- ticulture de la Moselle, par J.-B. Gehin. Notice sur les Saturnies s^ricigfenes et sur leur introduction en Europe, par le docteur A. Chavannes. Notice sur I'lgnamede la Chine {Dioscorea Batatas), par M. le profes- seur 11. Joly. Lettre sur la zoologie et la physiologic. — Un mot sur la question des ' subsistances a propos d'un diner d'hippophages, par le m^me. Meteorologie. Rapport fait ci I'Acad^mie imp^riale de Nimes, dans sa preraifere seance de 1855, suivi de notes comparatives entre l£s observations faites ci Udine et celles faites a Alois, par M. le baron d'Hombres-Firraas. M^moire sur la rage et particuli^remeiit sur les chiens enrages, par le m^me ei offert par lui. Note sur un Mollusquc recemment naturalist en Lorraine, par M. Godron, doyen de la Faculty des sciences de Nancy. Catalogue des v^gdtaux et graines a livrer pendant la saison 1855-1856, dans les p^pinieres de TElat en Algerie. De l'usage alimentaire de la viande de cheval. Lecons faites, en mars 1856, auMus(5um d'histoire naturelle, par M. Is, GeoffroySaint-Hilaire, recueiilies et r^dig^es par M. Camille Delvaille, membre de la Soci^t^. APERgu sur la Corse. Agriculture, Industrie, commerce, etc., par M. F.-A. Aiqui, membre de la Soci^t^. CHKVRES d'angora. 209 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETY SUR LE PRODUIT DES TOISONS DES CHEVRES D'ANGORA DONNfiES A L'ALG^RIE PAR LA SOCIETE IMPERIALE d'ACCLIMATATION ET PAR M. SACC LETTRE DE M. LE MARECHAL RANDON GOtJVEHNEUn GENERAL DB i.'ALGERIB A M. LE PRKSIDENT DE LA SOCIETK IMP^RIALE D'ACCLIMATATION , ET RAPPORT SUR LES TOISONS Par M. HARDY, Directeur de la P^ini^o ccntrale dn Gouverncment, a Hamma, en Alg^rie. (S6ance du 9 mai 1856.) Alger, le29avril 1856. Monsieur leMarechal, J'ai I'honneur de vousenvoyer copie du Rapport qui vientde m'6tre adressepar M. Hardy, directeur dcla Pepinierecentrale, sur la premiere tonte des Chevres d' Angora mises a ma dispo- sition par la Societe zoologique d'acclimatation. Les heureux resultats obtenus dans cette premiere annee m'en font esperer de bien plus importants pour celles qui vontsuivre, etjene doute pas qu'avant qu'il soit longtemps, I'Algerie ne trouve la une nouvelle source de riches produits et de plus grande prosperile. Les douze toisons ont du partir par le courrier du 25, dans une caisse a votre adresse, pour M. le president de la Societe zoologique d'acclimatation, a ([ui je vous prie de vouloir bien faire transmettre egalement une copie de ce rapport. Veuillez agreer, Monsieur le Marechal, I'assurance de nion respectueux devouement. Le Marechal dc Frmicp . gouverneur general de I'Algerie^ Signe : Raindon. T. III. — Mai 18ri6. 14 210 SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Copie d'un Rapport adresse a M. le Marechal gouverneur general de I'Algerie , par M. le direct eur de la Pepiniere centrale du Gouvernemetit . Monsieur le Marechal , Le 28 mars dernier, j'ai eu I'honneur de vous informer de la remise qui venaitde m'^tre faite des toisons des douze bStes caprines d' Angora, deposees chez M. Frutie, a Cheragas. Ces 12 toisons pesent ensemble 8''"-,080dont voici le detail : Kilog. Nos 1. . . 1,200 toison du Bouc. 2. . . 0,790 toison de Gh^vre. 3. . . 1,000 — 4. . . 0,7Zia — 5. . . 0,800 — 6. . . 0,710 — 7. . . 0,690 — . 8. . . 0,580 — 9. . . »,320 — 10. . . 0,680 — U. . . 0,320 — 12. . . 0,250 — Total. . . 8''ii.,080 La moyenne de ces douze toisons est de 670 grammes, mais il convient de remarquer que les numeros 9, 11 et 12 appar- tiennent a des animaux tr^s petits et tres jeunes. II parait pos- sible d'arriver a une moyenne plus elevee, dans la suite, par un choix judicieux dans les appareillements, et d'obtenir des toisons qui reunissent en m6me temps un poids plus eleve sans perdre de leur finesse. II ne parait pas impossible d'obtenir a peu pres regulierementdes toisons qui peseraient 1 kilogramme. La soie des Chevres d' Angora valant 6 francs le kilogramme, la moyenne des toisons qui viennent d'etre obtenues vaudrait Afr. 02 c. D'apres les considerations qui precedent, onpourrait esperer que cette moyenne s'eleverait a 6 francs par toison. Maisdeja auprixde Ix fr. 02 c, leproduit serait superieur a celui du mouton. Dans Fetat actuel, les plus belles toisons du sud valent, en masse, 2 fr. 16 c. Tune. On voit qu'ily a unegrande marge en faveur du prix de la toison d' Angora. Comme b6te de boucherie, la Chevre d' Angora ne serapeut- 6tre pas d'abord aussi estimee que le mouton, il n'y aura peut- CHEYRES d' ANGORA. 211 ^ii«e, SOUS ce rapport, quiin prejugc a vaiiwre'fl une habitude « prendre. A en ju^er paries apparences exlerieures, laviande e parait pas devoir fetre irtl'erieure a cefle 4u mouton ; toutefois ce n'est ({u'une presomption, autorisee peut-6lre par Tampleur et I'arrondissement des formes, mais <[ui a besoin d'etre contirmee par I'experience. Les €hevres d' Angora reussiront-elles a peu pres partoat en Algerie ? II estdifiicile, pour ne pas dire impossible, de se pro- noncer a prion a cet egard. On sait deja que la race subsiste nativement dans un pays accidente, aux paturages arbustifs, mais notablement plus Iroid que I'Algerie. On a observe d'tm autre cote que les toisons et les fourrures lie conservent leurs hautes qualites que sous Tinfluence d'un climat dont la tempe- rature baisse sensiblement pendant une partie de I'annee. Mais, par contre , on a deja des exemples que des especes conservent leurs proprietes acquises sous des climatsdifierents, et que, moyennant des soins judicieux, il s'opere cbez les su- jets depayses une sorte d'acclimatement. Ge n'est que par I'experience directe que cette question importante pent 6tre convenablement elucidee. 11 est, par con- sequent, de ila plus grande importance d'etablir des stations du troupeau'd'Angora dans des localites dissemblableset resumant chacune une zone, un rayon, une contree entiere. II pourrait y avoir danger, en voulant arriver a ce resultat, a trop isoler les animaux dont la nature est de vivre en societe, •et de les exposer ainsi a la nostalgic et autres maladies qiii afi'ectent certaines especes lorsqu'elles ne sont pas reunies en nonibre de sujets suilisants. Ainsi, je ne pense pas qu'il soit prudent de composer les premiers groupes d'essai de chaque station de moins de six individus, dont, autant que possible, cinq lemelles et un male. Je ne crois pas non plus qu'il con- vienne de diviser le petit troupeau de Cheragas avant I'annee prochaine. Ce troupeau s'est augmente de huit naissances cette annee; 3 cbevres n'ont pas porte. Sur ces 8 chevreaux, il y a 5 males et 3 femelles. Cette majorite de nombre chez les males est une chose facheuse, en ce qu'elle diminue les elements de repro- 212 SOCllETK IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. duction tie Tespece. Ce troupeaii se compose done en ce mo- ment de 14 chevres et de 6 males. L'annee prochaine on pour- rait en former trois groupes, dont deux composes de 5 femelles et 1 male, et un de 1 male et de 4 femelles. II resterait 3 males en reserve qui pourraient 6tre mis avec des chevres maltaises pour faire des metis. II va sans dire que Ton devrait choisirles males les plus beaux pour entrerdans les groupes de pur sang. Dans la repartition que je propose des trois groupes, un serait laisse aCheragas, un serait mis sur les terrains acciden- tes de la Pepiniere centrale, oii cette espece serait a la portee de ceux qui veulent voir et s'instruire, et le troisieme envoye aMedeah ou dans les environs, mais dans les conditions ana- logues a ceiles des hauts plateaux, oii le lainage acquiert une qualite superieure a celui des autres localites algeriennes. Au fur et a mesure de I'accroissement de ces divers trou- peaux, on pourrait former de nouvelles stations et en doter les deux autres provinces. Une fois que Ton aurait des donnees certaines sur les loca- lites qui conviennent le mieux, et que les animaux seraient en assez grand nombre, le meilleur mode de diffusion chezles par- ticuliers serait, a mon sens, de vendre les sujets aux encheres publiques, ainsi qu"on le fait dans les haras, vacheries et ber- geries du gouvernement. Au moyen de ces diverses mesures, il est per mis de croire que Ton parviendrait surement et fructueusement a repandre cette precieuse espece caprine qui promet de donner un aliment important a nos manufactures pour la production d'etoffes recherchees, et subsidiairement de s'ajouter, par sa viande,aux ressources des subsistances publiques. J'ai fait emballer les douze toisons dans une caisse, et cette caisseva etre remise au campement, pour partir par le courrier ^ du 25, a I'adresse de S. E. M. le Ministre de la guerre, pour M. lepresident delaSocietezoologicjued^acclimatationa Paris. Veuillez agreer, etc. Le Direct our de la Pepiniere centrale, HARnv. Hamma, le 20 avril 185(>. Vi.V.HK l)L- CiUJAlL. 213 RAPPOUT l.l' AU NOM m lA COMMISSION DE L'ALGKRIK A LA SOCIETE IMPERIALE D'ACCLIMATATION SUR LES QUESTIONS RELATIVES AU COKAIL POSEES VM\ S. E. M. LE MARECHAL VAILLA>T, Ministre de la {guerre, Par M. Ad. FOCILLON. (Seance du 9 mai 1856.) Dans une lettre dalee du 23 fevrier 1855, S. E. M. le Ministre de la guerre a fait appel au zele de la Commission tout re- cemment i'ormee dans le sein de la Societe pour I'etude des productions de I'Algerie ; et profitant immediatement des offres qui lui avaient ete adressees le 22 Janvier precedent, M. le Ministre nous a fait Thonneur de nous soumettre une question dont radministration de la guerre se preoccupe depuis plus de trente ans , et que des mesures diverses , toutes prises dans un m6me but, n'ont pu resoudre jusqu'ici. Cette question a ete developpee avec une lucidite remarquable et peut se resumer ainsi : i" Aux deux extremites de nos c6tes d'Algerie , sur les rivages d'Oran a Touest, et surceux de la Calle et Bone a Test, lamer recele et nourrit des bancs de Corail d'unequalitesupe- rieure, et dont la production annuelle peut 6tre considerable. 2" Ce produit naturel des cotes africaines a ete pendant plusieurs siecles exploite par la marine frangaise, et est venu se faire travaiiler dans des fabriques frangaises. 3" Aujourd'hui tout a change : le Corail d'Algerie est presque exclusivement p6che, moyennant un simple droit de 800 francs sur chaque bateau, par des marins napolilains, sardes, toscans et espagnols. li° Ces produits de notre littoral representant, a Tetat brut, une valeur annuelle de 2,500,000 francs environ, sont / 214 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. presque en totalite portes loin de nos cotes sur les marches italiens, et particulierement sur celui de Naples-, et ils pren- nent entre des mains etrangeres una valeur marchande de 10 a 12 millions de francs. 5° Le Corail est done un produit algerien qui, chaque annexe, est enleve sur nos cotes, sans benefice aucun pour nos etablissements d'Afrique, sans benefice notable pour la metro- pole, qui retire annuellement Zi2, 000 francs d'une exploitation capable de fournir aux etrangers 5 millions de francs, et plus, de benefices commerciaux et industriels. 6° D'une autre part, cette Industrie, qui se meurt enFrance, existe encore florissante pour d'autres pays : depuis vingt ans et plus, le nombre total des bateaux corailleursn'a pas diminue dans les eaux de I'Algerie ; done la matiere premiere a aujour- d'hui la m6me valeur, les m6mes debouches, qui autrefois ont engage nos marins a la rechercher. 7" II s'agit done d'une decadence particuliere a la France, et comme Va parfaitement dit M. le Ministre lui-m6me, cette Industrie n'est pas detruite, elle n'est qu'en partie deplacee. C'est en presence de ces faits que, des 1822, le gouverne- ment frangais tentait de ranimer I'exploitation et Findus- trie du Corail. C'est en presence des m^ines faits aggraves par trente annees d'effbrts infructueux et d'une decheance continue de nos fabriques a Marseille et aux environs, quele gouverne- ment fait appel a toutes les lumieres, recueille tous les avis, et veuten tirer quelque mesurefructueuse pour notre commerce, ou tout au moins profitable pour le tresor metropolitain. Bien des mesures ont ete proposees avant ce jour: quelques- unes seulement ontparu a M. le Ministre meriterune discussion serieuse. Eiles consistent essentiellement en primes, privileges ou subventions en nature accordees aux p^cheurs etrangers travaillant pour les fabriques frangaises , et aux armateurs nationaux qui entreprendraient la p6che et la fabrication du Corail. line idee ditferente au fond, et digne d'etre examinee, est aussi formulee parmices diverses propositions : je veux dire I'utilisation des indigenes dans cette exploitation a peu pr6s abandonnee par les Frangais. PF'CHE DU COHAIL. 215 La question soumise a nos etudes par S. E. M. le Ministre de la guerre s'enonce ainsi : « Par quels moyens pourrait-on determiner nos armateurs » et nos marins, en France et en Algerie, aselivrer a lap6che > du Corail ? » Conunent raviver en France la fabrication du Corail, et » assurer a ce produit des debouches au dehors ? » Qu'il soit permis, avant tout, de faire remarquer qu'en s'adressant a la Societe imperiale d'acclimatation, M. le Minis- tre n'a certainement pas oublie quel est le caractere essentiel de ses travaux, et quMl a desire sans doute que le commerce etla fabrication du Corail fussent consideres a un point de vue scientifique encore nouveau dans la question. En nous rappe- lant que des marins distingues, et qui connaissent bien les c6tes algeriennes ; que des administrateurs experimentes, et enfin les chambres du commerce de Marseille, d' Alger, de Bone, de Philippeville, ont ete consultes ; en nous exposantles solutions proposees par ces diverses autorites, M. le Ministre a voulu, ce me semble, nous mettre a m6me de traiter au point de vue des ressources naturelles et des enseignements que pourrait fournir la science, une question examinee et trop diver- sement resolue parle commerce, I'administration etla marine. Aussi toutes les parties de la question qui nous est posee ne sont-elles pas egalement de notre competence ; et si nous pouvons parler assezpertinemment delap6che du Corail, les mesures propres a en raviver la fabrication, a lui assurer des debouches au dehors, sortent un pen plus du cercle habituel de nos travaux. C'est done aveo une grande reserve que seront abordes ces points oil notre autorite est plus discutable et notre opinion moins decisive. 1" De l'exploitation du Corail en general. Le Corail n'est pas un objet de premiere necessite , mais c'est un objet de toilette; et a ce titre, il est et il sera toujours recherche. Selon que sa couleur vive s'harmonisera plus ou moins heureusement avec la beaute et le teint des femmes de 216 SOCIETE IMl'ElllALE /OOLOGIQIK d'aCCLIMaIATION. telles ou telles conlrees, son usage y sera constant, on sera soumis au caprice tie la mode. Mais les faits actuels semblent prouver eux-m6mes qu'en tout temps cette matiere trouvera sonemploi et aura une valeur commerciale. La France, vers ie milieu du xvi" siecle, a inaugure I'exploitation des bancs coral- liens de la cote africaine, et pendant deux cents ans elle en a conserve le monopole. La periode revolutionnaire et les guerres de I'empire ont rompu la tradition de cette industrie, et, m6me quand la France est devenue maitresse des cotes de i'Algerie, la marine frangaise s'est refusee a revenir dans cette route oubliee. Que le gouvernement ne puissevoir sans emotion les etran- gers exploiter une mer devenue fran(;aise et en tirer sous nos yeux un benefice notable, sans que la France ni ses nationaux y aient aucune part, c'est ce que Ton comprendra sans peine. Mais dans la plupart des mesures proposees. on ne peut guere voir que des expedients imagines sans un examen suftisam- ment approfondi des faits, et congus en vue du but sans une connaissance precise du mecanisme de T industrie qu'il s'agit de regenerer. Essayons done d'indiquer ici quelles sont les conditions premieres de I'industrie du Corail. 2o Production du Cor.\il. Un petit zoopbyte organise pour vivre en agregations arbo- rescentes chargees de milliers d'individus secrete, poursoute- nir les tiges et les brancbes que forme la peau commune de cette innombrable association, une matiere calcaire pbosphatee, coloree en un rouge plus ou moins vif. Peut-etre serai t-il interessant de faire connaitre ici quelques notions que nous possedons sur I'organisation et le genre de vie de ces niyste- rieux ouvriers d'un monde sous-marin , mais il faut marcber sans detour au but de ce rapport. Les polypes du Corail ornent assez rapidement de leur vegetation ecarlate le fond de la mer, vers 75 ou 90 pieds de profondeur ; et les objets submerges, quelle que soit leur nature, recoivent egalement cette semence P^CHE DU CORAIL. 217 animalo et serventde support au precieux polypier. Nous som- mes ignoninls sui* bien des points de la plus haute importance pour la production et I'exploitation de cette belle maliere. Le peu que nous savons permet de soupconner que la croissance du Corail est rapide, que son developpenient est facile et s'ac- conimode de circonstances tres varices, que les fragments de- taches du buisson principal ont une vitalite energique et se soudent volontiers sur quelques corps fixes pour y continuer leur developpement et constiluer de nouveaux troncs^ enfin que les objets plongesdans la mer au voisinage des bancs coral- liens s'y couvrent immanquablement de coraux en quelques mois (1). Tons ces faits ont une valeur considerable et pa- raissent de nature a rendre probable le succes d'experiences ayant pour but la production du Corail dans des conditions favorables a sa recolte, et dans des lieux plus propices a nos compatriotes d'Algerie que ceux oil le caprice des faits natu- rels a elabli les corallines actuelles. Nous savons encore que le polype du Corail pond des oeufs que Cavolini avait vus et figures des 1784, etqui servent a la dissemination de I'espece pour la production de nouveaux poly- piers. En outre, sur cha([ue agregation de polypes, de nouveaux individussedeveloppentparbourgeonnement et en allongeant, au fur et a mesure qu'ils s'organisent, les ramifications ecar- lates de leur arborisation calcaire. Mais qu'il serait precieux, pour regler I'exploitation du Corail, pour en ameliorer les conditions et y ramener les populations maritimes en la ren- dant plus productive et plus certaine •, qu'il serait precieux, dis-je, de savoir a quel age le Corail atteint ses plus grandes dimensions; combien ilfaut de temps a Vm banc epuise pour redevenir riche et florissant-, a quelle epoque a lieu la ponte et comment s'en disseminent les produits ; a quelle epoque se fait le bourgeonnementet combien il dure! Ces questions essen- tielles, et d'ou pourrait sortir une methode de regeneration complete pour la p6che et Texploitation du Corail, toutes ces (1) Cavolini , Memorie por scroire alia storia de polipi marini. Naples, 1785, 1 vol. iu-A, p. 32. 218 SOCI^TE IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. questions sont encoie sans solution parmi les naturalistes, et I'etude seule de la nature pourrait fournir les reponses et in- spirer lesheureuses applications que renferme necessairement Ift connaissance de ces faits natureis. 3° Pj^cHE DU Cor AIL. Je me dispense de parler ici des procedes de p6che, qui d'ailleurs paraissent fort grossiers, mais dont le perfectionne - ment ne semble devoir jouer dans la question qu'un role secon- daire. Mais, dans les conditions actuellesdel'industrie, arr6tons- nous un instant a rarmement des bateaux corailleurs. Cette p6che ne necessite pas un materiel maritime tres complique, et par cela m6me elle est accessible aux plus modestes marines, et leur'permet de rivaliser avec celles des contrees dont I'activite commerciale est bien superieure. Mais cette inferiorite m6me constitue ici une sorte d'avantage : habitues a des occupations peu lucratives, a cette vie frugale qu'enseigne volontiers le climat d'ltalie ou d'Espagne, les marins de ces contrees se contentent d'une paieminime et sont en mesurede faire a nos marins, que soUicitent de plus riches entreprises, une concur- rence dont ceux-ci ne veulent par courir les chances defa- vorables. Cette condition essentielledu commerce des bateaux corailleurs a ete indiquee par plus d'un observateur ^ mais elle meriterait d'etre I'objet d'une etude speciale. II serait d'un haut inter6t dans la question de faire une description exacte de la vie d'un p^cheur de Corail; on y saisirait indubitablement les causes qui I'attachent a son Industrie dont s'eloignent obstiner ment les marins de notre nation. Mais jusqu'a preuve du con- traire, jecrois que nos marins abandonnent cette peche parce qu'ils gagnent plus a faire un autre metier. h" Vente des PRODurrs. La m6me cause produit ici les m6mes effets •, et dans une industrie bornee et qui ne se pr6te pas a prendre, sous I'in- fluence de nos perfectionneraents scientitiques, I'extension que PlftCHE DU COBAIL. 219 prenuent tant d'autres, nous rencontrons avec les m6mes desavantages la concurrence des Napolitains, des Sardes, des Toscans et des Espagnols. Dans notre grand mouvementindus- triel, le travail a augmente de valeur, et les industries res- treintes et stationnaires comma celle du Corail se trouvent au-dessous du niveau general. On les abandonne parce qu'on gagne plus ailleurs. Dans cette mani^re de concevoir les faits, qui me parait la seule rationnelle et exacte, tout se tient ; on abandonne la p6che parce qu'on vit mieux dans d'autres entre- prises; on abandonne la fabrication pour la m^me cause, et par une suite toute naturelle de la valeur actuello de la main- d'oeuvre. Plus Marseille grandit et s'anime de I'activite du grand commerce, plus Vindustrie du Corail y est delaissee. Cette Industrie, que je pourrais appeler primitive, ne regoit aucun secours important de nos procedes savants et de nos puisants mecanismes; et elle ne conserve les ouvriers qu'elle a jftdis occupes que chez des peuples inferieurs a la France en genie commercial et en puissance industrielle. Telle est la situation qui resulte des documents nom- breux que Tadministration a pris soin de reunir, et des avis m6mes emanes des chambres de commerce, ou des propo- sitions qu'elles ont mises au jour. D'apres ces idees, voici done, ce me semble, quelle est la preoccupation du gouverne- nient frangais : On veut surtout utiliser a notre profit un pro- duit naturel de notre sol maritime. II ne s'agit pas, en un mo(, de creer pour notre marine et notre industrie un debouche dont elles sentent le besoin ; mais bien de nous assurer les revenus legitimes d'une des richesses naturelles de notre pos- session africaine. II ne faut pas creer une industrie ou une oc- cupation pour des bras inactifs, mais trouver des bras pour se livrera une exploitation que d'autres pratiquent sous nos yeux. Je considere des lors comme peu efticace et toujours one- reux tout systeme base essentiellement sur I'etablissement de primes ou encouragements de ce genre. Ce serait toujours, en definitive, payer pour faire exercer une profession delaissee : outre rincertitude du succes, ce genre d'operalion ne me pa- rait pas bien conQu, sous quelque forme qu'on le deguise, Ames 220 SUCIETE IMPERIALE ZOOLOGiaUE d'aCCLIMATATION. yeux, les primes et aulres moyeiis du meme genre iie peuveiit agir que comme adjuvants tie mesures plus serieuses, regeiie- rant et placant sur de iiouvelies Lases I'industrie corailliere. A ce titre, parmi les moyens administratifs, un seul me semble renfermer des chances de succes : c'est celui qui con- siste a demander au sol algerien lui-m6me les bras inoccupes, les ouvriers accoutumes a de faibles salaires, qui peuvent seuls rivaliser avee les Napolitains, les Toscans. La creation d'une marine indigene pour I'exploitation des corallines a ete indiquee a M. le Ministre de la guerre par les chambres de commerce de Bone et d' Alger ; elle exercerait, je crois, la plus heureuse in- fluence sur la reprise de Texploitation de nos bancs de Corail. Acette premiere mesure se joindrait tres heureusement, ce me semble, le developpement d'une Industrie indigene suscitee et protegee par le gouvernement, et dont les produitsentreraient en France francs de tout droit et avec les m6mes privileges que ceux des manufactures nationales. Je m'arr^te apres avoir in- diqueces deux moyens, qui me paraissentdevoir 6tre puissants, mais dont Texecution, dans ses details de formes etde mesures gouvernementales , sort entierement du cercle habituel de nos etudes. Mais la science, qui a parmi nous ravive lant d'industries et agrandi leur domaine, semble promettre aussi un utile secours a la p^che eta la fabrication du Corail. La aussi il est neces- saire de changer les conditions industrielles pour resler au ni- veau des autres, et pour conserver aux ateliers des fabriques de Corail, aux equipages des bateaux p6cheurs, les bras qui vont ailleurs trouver un emploi plus lucratif. Ce but peut 6tre atteint en augmentant notablement la production de la matiere premiere, en rendant plus facile son exploitation. Tout change alors •, et Ton peut esperer que le travail du p^cheur ou de I'ouvrier corailleursprendraitune valeur bien superieure a celle qu'on lui voit aujourd'hui. Sans doute, nous resoudrions avec succes ce probleme de zoologie industrielle, si nous connaissions mieuxThistoire na- turelle du Corail, et si les questions que j'ai indiquees plus haut avaient recu dans des travaux entrepris specialementa cet effet P<5CHE DU CORAIL. 221 line solution positive et satislaisante. Mais m6me dans Fetat actuel de notre science, il est permis d'entrevoir quelles tenta- tives seraient de nature a reussir. II faudrait se proposer un double but : 1° exploiter methodi- queinent les bancs naturels de la c(He d'Algerie^ 2" creer, s'il est possible, dans des circonstances favorables a rexploitation, des bancs artificiels que Ton repeuplerait regulierement. L'exploitation melhodique reposerait sur la connaissance exacte du mode et du temps d'accroissement du Corail, de I'epoque et de la duree de son bourgeonnement, de sa ponte. Ces donnees une fois acquises par des etudes que M. le Ministre pourrait faire entreprendre dans cebut, on reglementerait fa- cilement la p6che par regions exploitables d'annee en annee, et par saisons convenablement etablies pour menager, en res- pectant Tepoque de la ponte et de la pousse, les moyens de reproduction que la nature met en usage pour nos besoins ulterieurs. Quanta la creation de bancs artificiels, tousles faits cites par les auteurs, ceux m^me que rapportent des observateurs re- cents, legitiment parfaitement I'espoir de les faire prosperer dans des conditions favorables a la p6che. M. le baron de Montgaudry, Tun de nos plus devoues collegues, afQrme lui- m6me que sur les cotes de Sardaigne un ensemencement du Corail, a main d'liomme, se fait traditionnellement et reussit avec promptitude et facilite. Cavolini, Marsigli rapportent des faits (1) non moins concluanls, et qui ont, des Tabord, fait naltre en mon esprit I'idee d'une veritable coralliculture^ (1) Je di'sire, Ji litre d'exemple, citcr ici nn fait parnii plusieiirs autres:il conlicnt suivant moi la premiere id^e de la culture du Corail, et en d^montre le sur.c^s probable. Cavolini rapporte que les p^cheurs sur la barque des- qncls il avail institu6 ses observations avaient souvent pMi^ sur les cdtes de Sardaigne despotcries submerg<5es depuis quelque temps, des armes, de petites ancres, des pierres, sur lesquelles s'etait d^velopp^ du Corail ; il ajoute qu'un j^aviini du pays, pour obtenir une recolte de ce genre, fit jeler ci la merdes vases deporcelaine, parce qu'j7 savail qu'au bout de quelque teinps ils seraient naturellement converts de rorail, et qu'il voulait en avoir des echantiilons pour les galeries du Mus^e. (Cavolini, 1785.) 222 SOCIETE IMPI^.RIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. capable de regenerer siir nos cotes d'Afrique Texploitation qui attire si vivenient Tattention du gouvernenient. M. ie Ministre de la guerre , qui , dans sa sollicitude pour les inter^ts de I'Algerie, desire vivement la solution de la ques- tion relative au Corail, Irouvera peut-6tre utile de la sou- mettre a une etude scientifique serieuse et suivie, faite sur les lieuxavec les secours et les moyens d' action du gouvernement, et dans le but de reconnaltre les conditions naturelles propres afournir la solution des problemes de science pratique que nous venons de soulever. En resume, done, tout moyen purement administratif ne nous parait pas devoir assurer au gouvernement le succesqu'il desire. Apr^s avoir signalel'heureuse influence que nous semble devoir exercer la creation d'une marine indigene pour la p6che du Corail, et d'une Industrie egalement indigene suscitee par le gouvernement et protegee par lui , nous pensons qu'il serait opportun que le gouvernement fit etudier, au point de vue pratique, en Italic et en Algerie, Thistoire naturelle du Corail et Texploitation de cette matiere precieuse. En un mot, nous regardons comme le preliminaire indispensable de toute mesure concernant cette importante -question, la reunion de tous les documents zoologiques et autres propres a remplir le cadre d'un ouvrage qui nous manque entierement et nous fait aujourd'hui grand defaut : VHistoire scientifique et indus- trielle du Corail rouge. Ad. FOCILLON. Apr^s quelques observations sur la question de forme, les conclusions de ce Rapport ont ete adoptees par la Societe im- periale d'acclimatation 5 et il a ete decide qu'une copie en serait adressee a S. Exc. le marechal Ministre de la guerre. PISCICULTUIIE PRATIQUE. 223 RAPPORT SUR LES MESURES A PRENDRE POUR ASSURER LE REPEUPLEMENT DES COURS D'EAU DE LA FRANCE. Commitsaires : MM. le baron de Montcaudry, A. Perier, C. Wallct, et C. IMILLET, rapporteur. (S^noe du 28 mars 1856.) Plusieurs de nos confreres, et particulierement M. Monier de la Sizeranne, en rappekntaratlention de la Societe d'accli- matation I'imporlance de la pisciculture pour le repeuplement des cours d'eau de la France, ont exprime le vceu que des etudes fussent faites et que des instructions speciales fussent preparees par la Societe, dans le but de propager les bonnes pratiques de pisciculture et d'apporter un remede aux diverses causes (jui concourent aa depeuplement des eaux. Ces importantes questions ont deja fixe I'attention de la Societe ^ son Bulletin presente un grand nombre de notices ou memoires relatil's a la pisciculture : le n^ 4 du tome II (avril 1855) renferme des instructions detaillees et pratiques sur la recotte, la t'econdation et le transport des oeufs de poissons ; et le numero de fevrier 1855 contient unmemoire sur Thygiene et I'alimentation des Jeunes poissons; etc., etc. Toulefois, dans ces divers memoires et instructions, on ne s'est occupe jusqu'a ce jour que des moyens de feconder des ocufs et de creer de jeunes poissons ; on n'a ainsi envisage la question qua un point de vue tres restreint, car, en pisciculture notamment , il ne suffit pas de creer , il faut surtout savoir conserver. En ert'et, les sacrifices de temps et d'argent que Ton pour- rait faire pour avoir des poissons a I'etat d'alevin ou de fretin, 22Z| SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et les meilleurs resultats que Ton pourrait obtenir dans cette voie deviendraient en general inutiles ou tomberaient en pure perte, si le repeuplement naturel ou artificiel des eaux et si la conservation du poisson n'etaient pas proteges d'une maniere tres efficace. H y a done lieu de rechercher les meilleurs moyens de protection et de conservation, et de les etudier dans leur application reellement pratique. De longues et nombreuses observations faites sur les cours d'eau et sur les poissons nous ont ainenes areconnaitre que les causes principales du depeuplement que I'on deplore aujour- d'hui, et qui prive letresor public d'un revenu important et la consommation generale de bons aliments, devaient 6tre attri- buees, d'une part, au regime des cours d'eau, et, d'autre part, a I'insuffisance des mesures de repression. C'est done specialement a ces deux points de vue que nous etudierons ici la question du repeuplement et de I'empoisson- nement des eaux. I. — USINES ET EtaBLISSEMENTS EMP^CHANT LE PASSAGE DU POISSON. Surun grand nombre de cours d'eau, on construit soit des usines, soit des barrages, ecluses, etc., qui ne permettent pas au poisson de circiiler librement, et surtout d'aller fray er dans desendroits convenables. II en resulte necessairement que la reproduction de plusieurs especes devient impossible ou du moins insuffisante, etque, par suite, le depeuplement des eaux s'opere tres rapidement. Sans porter aucune entrave au service regulier des usines, de la navigation et du flottage, on peut facilement concilierles exigences de ce service avec celles de la reproduction naturelle du poisson. II suffirait, en effet, d'etablir, sur les points ou la libre cir- culation, et surtout la remonte du poisson, sont devenues im- possibles, soit des passages libres toujours faciles a franchir par la Truite et par les migrateurs, tels que Saumon, Alose, Lamproie, etc., soit des plans mclines avec barrages discontinus PISCICULTURE PRATIQUE. 225 qui fer.iient roffice de deversoirs ou qui seiviraient a Teeoule- ment des eaux surabondantes, soit cufiii des t'c/w5(?sque Ton tiendrait ouvertes a Tepoque de la remonte ou de la descente. L'organisation de ces passages naturels ou artiliciels devrait 6tre rendue obligatoire : 1" pour Taveiiir, a Tegard des con- structions, barrages, ecluses, etc., qui seraient etablis sur les cours d'eau, et qui, par leur situation, pourraient emp6cher ou entraver la libre circulation, et notamnient la remonte et la descente du poisson ; 2° des a present, a I'egard des etablis- sements de cette nature qui existent sur les cours d'eau dont I'entretien est a la cbarge de I'Etat. Enfin, dans un grand nombre de localites, les usiniers, et notamment les meuniers, ont elabli etentretiennent soigneuse- ment des appareils de peche (les anguillieres, par exemple), qui sont tres destructeurs. Nous avons vu, en difierentes occa- sions , des appareils dans lesquels on p^chait, en une seule nutty plus de cent kilogrammes de poisson. . .' On devrait prendre, dans le plus court delai possible, les mesures les plus energiques pour faire disparaitre ces appa- reils et en cmp^cher le retablissement. II. — CURAGE ET DrAGUAGE. Curage. — Dans le curage des cours d'eau, on perd presque toujours une grande quantite depoissons, surtout en i'retin et alevin, parce qu'on laisse le lit a sec ou parce qu'on abandonne le poisson dans des eaux vaseuses ou bourbeuses qui le font perir promptement. On doit recommander et m6me prescrire, dans toutes les operations de curage, de laisser ecouler le jeune poisson avec les eaux, oubien dele retenir et de le placer dans des reserves convenablement organisees, ainsi que cela sc pratique pour la pOche de la plupart des elangs. Draguage. — Le draguage bouleverse souvent et detruitles lits ou amas de graviers et de cailloux qui forment d'cxcellentes frayeres naturelles pour un grand nonibro de bonnes espcces de poissons, telles que : Saumon, Truite, Onibre, Barbeau, etc. T. HI. — Mai 1856. 15 226 S0C1ETI5 IMPlfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. II conviendrait, pour concilier les exigences du service des eaux et des usines avec celles de la reproduction des poissons, de faire, dans les operations de draguage, quelques reserves sur les points essentiellement favorables a la ponte des raeilleures especes. III. — Plantations. Les plantations de bois, a hautes ou basses tiges, sur les bords des eaux presentent des avantages et des ineonvenients qui sont essentiellement subordonnes a I'etat et a la nature des eaux et des plantations. Voici les avantages : 1° En s'enfon^ant et en se ramitiant dans le sol, les racines retiennent les terres et consolident les rives, surtout dans les versants a pentes rapides. 2° Les racines dans Veaa offrent de bons abris au poisson 5 et leur chevelu est souvent favorable a la ponte de plusieurs especes dont les ceufs vont se coller aux objets environnants. 30 Les arbres offrent , dans certaines positions, un abri contre les mauvais vents si funestes au poisson, et donnent un ombrage que plusieurs especes rechercbent pour s'abriter et se reposer. 40 lis servent generalement a la production ou a la reunion de myriades d'insectes qui perissent ou tombent dans I'eau ou ils deviennent presque toujours la proie de plusieurs especes de poissons qui en sont tres friands etqui en font leur nourri- ture presque exclusive a certaines epoques de I'annee. Voici maintenant les ineonvenients : Les plantations, surtout celles qui sont a basses tiges ou d rameaux etendus, et qui couvrent souvent une grande partie dela surface de I'eau, ont toujours des eff'ets nuisibles en in- terceptant Tair et la lumierei Les arbres sont, d'ailleurs, quelquefois nuisibles au libre cours des eaux par le developpement de leurs racines, et peu- Vcnl, dans certains cas, provoquerdes debordements. En consequence, pour les plantations existantes et pour PISCICULTURE PHATIQUE. 227 cellcs acreer, on doit, en tenant conipte iles ol)scrvations qui precedent, les disposer de maniere ii nc jamais les rendre nuisibles ou dommageables. IV. - Lois et UfeCLEMENTs slr la P£che. 1" D'apres les dispositions de Tart. 26 du Code de la peclio lluviale (15 avril 1829), des reglenients speciaux determinent les lilets, engins et instruments de p6clie qui, ctant de nature a nuire au repeuplement des rivieres, devront Hre prohibes ; il en resuUc que tout ce qui 7i'est pas defendii par les regle- ments locaux est permis. Cctte disposition a des conswjuenees tres facheuses; car les p^cheurs, par un simple changement de nom et par une legere modification de forme, peuvent conti- nuer a se servir d'engins destructeurs, sous la protection m«>me de la loi : le reglement devient ainsi completement impuissant devant les tribunaux. II y a done une modiiication importante a introduire : la loi devrait porter que tout ce qui n'est pas nominntivenient permis est defendu. 2«» La p6che, en temps de fraie^ est prohibee par les regle- ments. 11 conviendrait, pour un grand nombre de localites, de faire etudier et de determiner aussi exactement que possible les epoques ordinaires de la fraie, eu egard aux divers cours d'eau et aux divcrses especes de poissons, pour 6tre en mesure de reviser convenablement les reglements laou les prohibitions et les interdictions ne concordent pas avec les epoques de la fraie, et ou les reglements ne favorisent pas toujours la pro- pagation des bonnes especes au detriment des especes infe- rieures (1). Les fecondations artificielles ne sonlpraticables qu'en temps de fraie. II y aurait done lieu de faire une exception a celte prohibition generale, a I'egard des personnes qui seraient auto- risees a faire des fecondations artificielles, et qui seraient, a cet (1) D^ja, dans un grand nombre dc localites, rinlervcnllon dclairdc des agents dc radministralion des forCts a amend, dans cctte parlle dii service, de ^allltairescl imporlanies ameliorations* 2*28 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. effet, munies d'lin arrete special du prefet du departement (1). 3° L'art. 30 du Code de la pecbe fluviale punit la peche, le colportage ou le debit des poissons, dans certaines conditions prevues par les reglements ; mais on a excepte de cette dispo- sition la vente du poisson provenant des etangs ou reservoirs, II faudraitsupprimer cette exception; car, autrement, laliberte de colporter et de vendre les poissons d'etangs ou de reser- voirs rend toute probibition illusoire. Toutefois I'exception serait maintenue a Tegard da fretin ou de Valevin destin^ a Vempoissonnement ou au repeuplement des eaux. En supprimant Texception en faveur des etangs ou reservoirs, on appliquerait au poisson les mesures de police que Ton applique au gibier (art. A du Code de la cbasse). On ne voit pas, en effet, les motifs pour lesquels on favoriserait la reproduc- tion ou la conservation du gibier plus que celles du poisson^ car le poisson entre dans I'alimentation generale en proportion plus forte que le gibier ; il ne cause aucun degat, le gibier en cause souvent de tres considerables a T agriculture. ho D'apres I'art. 72 du Code de la peche fluviale, Tamende T^eut^ire re'duite au-dessous de 16 francs, et remprisonnement au-dessous de six jours. Les tribunaux, en appliquant trop souvent dans certaines localites les dispositions de cet article, rendent a peu pres nul Teffet des poursuites dirigees contre les delinquants ou les contrevenants. II y aurait lieu de sup- primer cet article, ou du moins de ne jamais I'appliquer en cas derecidive. (1) Ces autorisations ne seraient donn^es qu'avec beaucoup de prudence et de reserve. On prendrait, par exeraple, les mesures n^cessaires : 1° pour ne jamais cr^er dans imc rc^gion un monopole toujonrs tres profitable a certaines individualites, mais iros prt^judiciable au developpement de la pisciculture ; et 2° pourned^livrerd'autorisationssp^ciales qu'aux personnes offrant de bonnes garanlies d'ex(5cution. Car, si Ton perseverait pendant queiques anndes encore dans la voie suivie par quelques pisciculteurs, on arriverait infailllblcment a la destruction des meilleures especes, notam- ment dans le iUiin et les lacs des contreos voisines, ainsi quo dans piusieurs cours d'cau du dt'parlement cle TOisc, sans aucun avantago pour la pisci- culture et sans aucune amelioration pour les auiros cours d'eau. PISCICULTURE PRATIQUr:. 229 5" L'art. 25 du mtMiie (iodc punitdiine amende et d'lin em- prisonnement qiiiconque aura jete dans les eaux dos drogues ou appals de nature a enivrer ou a detruire le poisson. Les dispositions de cet article devraient ^tie etendues a quiconque auraxtpeche du poisson enivre ou empoisonne. La coque du Levant est I'une des substances les plus ener- giques pour Tenivrement et la destruction du poisson ; ses ef- fets sont d'autant plus desastreux que les braconniers peuvent souvent se la procurer dans les campagnes a tres bas prix, chez les droguistes, les herboristes, et m6me les epiciers. II y aurait, par consequent, un inter^t reel a faire appliquer, d'une ma- niere plus rigoureuse qu'on ne I'a fait jusqu'a ce jour, les dis- positions des reglements sur la vente des substances veneneuses; on eviterait, d'ailleurs, par I'application de ces mesures, les accidents qui resultent quelquel'ois de la presence de la coque du Levant, soit dans les eauxoii elle a ete introduite, soit dans les poissons livres a la consommation (1). i ) f-I rV ,i -i» 6" L'art. 11 du Code de la chasse punit d'une amende ceux qui auront pris ou delruit des ceufs ou des couvees de cailles, perdrix, etc. line amende devrait 6tre intligee a ceux qui au- raient pris des oeufs de poissons ou qui auraient detruit des frayeres. Une exception serait faite a I'egard des personnes qui se- raient autorisees a recueillir des oeufs fecondes pour I'empois- sonnement oulerepeuplement des eaux. .i 7° Dans un m6me but de conservation, on interdirait for- mellement, dans les cours d'eau, la coupe des herbes en temps (1) La coque (111 Levant est le fruit de VAnamirta cocculus on Menisper- mum cocculus, Lin. ' Aux termcs de la loi du 21 germinal an xi, qui regit la venle des medica- ments, les droguistes ne peuvent vendre que des drogues simples, en gros; il leur est interdit d'en debiier aucune au poids medicinal (art. 23). Dbs qu'une drogue est sortie de chez eux dans les conditions fix^es par I'ordonnance du 29 octobre 18^0 sur les substances vt5n(5neuses, ils ne sont plus responsables. Quant aux herboristes, la vente des substances veneneuses poor Piisage nit'dical Icur est implicitcment intiM'diie par I'ordonnance du '29 octobre l8/i6 (tit. II, art. 5) : ils ne peuvent vendre que des plantes vertesou seches. , 230 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de IVaie; car les oeiifs de plusieurs especes de poissons s'atta- chent aux herbes ; d'ailleurs, le fretin et Talevin y trouvent un refuge et un abri dans le premier age. II n'y aurait d' exception a cette interdiction que dans le cas oil la coupe des herbes seraitprescrite parTautoritecompetente pour ne point entraver le service de la navigation ou celui de certaines usines, et pour assurer le libre cours des eaux ; on pourrait toutefois, dans un grand nornbre de localites, main- tenir dans I'interdiction, sur cbaque rive, un sixieme ou un septieme de la surface totale , cette reserve serait suffisante pour la ponte de plusieurs especes de poissons qui frayent sur les herbes a proximite des rives, et pour la conservation de I'alevin. EUe aurait aussi un resultat utile pour la conservation et la propagation des larves, des coquillages etd'une multitude d'animaux qui contiibuent dans une forte proportion a I'ali- mentation des poissons. 8° D'apres les dispositions des reglemenls sur la chasse, des primes sont accordees aceux qui detruisent des animaux nui- sibles. II y aurait lieu d'appliquer cette mesure aux cours d'eau, et d'encourager la destruction des loiitres; la loutre est, en effet, un animal qui detruit une grande quantite de poissons, surtout a I'epoque de la fraie. ^^ Au sujet des animaux nuisibles, il ne faut pas perdre de vue que les oies et les canards^ abandonnes en tout temps sur les cours d'eau, y detruisent beaucoup de frai dans les herbes, ou bien le devorent ainsi que le fretin. II y aurait lieu HHnter- dire I'entree de certains cantons de rivieres pour les canards et les oies, pendant le temps de la fraie et du developpement du jeune fretin. 10° Dans les principaux cours d'eau dont la p6che est affer- mee, il conviendraiten general de prolo?iger la duree desbaux^ afin que les fermiers aient inter6t a activer et a favoriser la reproduction; il y aurait lieu, dans le m6me but, de donner ^\\}i's, d' etendue aux canlonnements de p6che. Dans I'etatactuel des choses, les fermiers se bornent presque generalement a profiler des ressources du present, sans se preoccuper aucune- ment de celles de I'avenir, parce qu'ils n'ont pas la certitude, PISCICULTURE PRATIQUE. 231 avec un bailde courle duree, de pouvoir utiliser leurs reserves ou leurs travaux de rcpeuplement, et parce qu'ils ont la crainte, avec un cantonnement peu etendu, de voir plusieurs ospeces de poissons passer dans les cantonnements limitrophes. Ijg trouveraient, d'ailleurs, sur un plus grand developpement, un meilleur choix de frayeres naturelles ou artifieielles. 11" Pour assurer le rcpeuplement et la conservation^ on de- signerait, dans chafjue cantonnement ou portion de riviere, une certaine etendue de bras , fosses , ruisseaux , noues , gares, etc., en communication avec ces rivieres, dans lesquels on favoriserait la fraie naturelle, soit par une active ct inces- sante surveillance, soit par des frayeres artifieielles-, lap^clie y serait interdite pendant toute la duree de la fraie des diverses especes et m6me pendant toute I'annee, afin de ne pas endom- mager les frayeres et de ne pas troubler les jeunes poissons dans les retraites ou ils trouvent a se reposer et a s'abriter. En cas d'insuffisance de ruisseaux, bras, noues ou gares, on etablirait de petits viviers ou reservoirs a proximite des cours d'eau, sous la surveillance immediate de gardes-p6cbe ou gardes-riviere qui seraient cbarges de la production de I'alevin, soit par la conservation des frayeres naturelles et I'etablisse- ment de frayeres artifieielles, soit par Teniploi d'oeufs preala- blement fecondes. Ces travaux de rempoissonnement seraient encourages par des primes. Dans les eaux qui dependent du domaine public (cours d'eau navigables ou flottables), et dans les canaux de toutes cate- gories , cc service pourrait etre organise, des a present, a I' aide des gardes-peche et des eclusiers. Dans les autres cours d'eau, il y aurait opportunite de creer des gardes-riviere qui auraient des attributions semblables ou analogues a celles des gardes-p6clie. En ce qui concerne specialement les cours d'eau principaux c'est-a-dire \esfleuves et les rivieres, dans lesquels la conser- vation et la police de la p^cbe sont confiees a I'administralion des for6ts, l organisation d'un bon service de piscicidtifre n'eprotiverait aucime difficidte, Cette administration dispose, 232 SOCIETE IMI'ERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. en effct, d'un personnel aclif, intelligent et devoue (jui pre- sente environ quatre cent trente brigadiers et gardes-peche atlecles a la surveillance de 8 000 kilometres de rivieres. Ces employes connaissent parl'aitement les mooiirs et les habi- tudes des poissons, les conditions les plus favorables a leur reproduction et a leur developpement; ils sont, d'ailleurs, rom- pus aux fatigues du service des rivieres, et possedenttoutes les connaissances necessaires pour lutter contre les efforts de la devastation. De plus ils sont places, dans chaque region, sous les ordres de conservateurs, d'inspecteurs, de sous-inspecteurs et de gardes generaux qui savent imprimer a leur service une direction intelligente et eclairee. L'administration des for6ts se trouve done, des a present, dans les conditions les plus fa- vorables pour operer, a pen de frais et avec certitude de suc- ces, le repeuplement des plus beaux cours d'eau de la France. On arriverait aux m6mes resultats dans les cours d'eau secondaires, soit par la creation de gardes-riviere, soit par Tembrigadement des gardes cbamp6tres. Entin, pour assurer encore d'une maniere plus energique et plus efficace rapplicalion des reglements, et par une nouvelle assimilation des bonnes dispositions du Code de la chasse (art. 26), tous les debts en matiere de p6cbe devraient 6tre poursuivis d'office par le ministere public. Observations generales et conclusions. Dans I'etat actuel des cours d'eau de la France, ce qu'il y aurait de inieux a faire, ce serait : 1° De supprimer les barrages parlout oii leur etablissement n'est pas indispensable pour le service des usines ou pour celui de la navigation et du flottage. 2" Dans tous les cas, de modifier Forganisation de ces bar- rages de maniere a permettre la remonte des poissons migra- teurs et la libre circulation des poissons de toutes categories. 3° D'encourager et de favoriser rexploilation et le develop- pement des reservoirs ou viviers a poissons marins, et la cul- ture des huitres et des monies. PISCICULTURE PRATIQUE. 233 ii" l)e completer rorganisalion d'un l)on service de surveil- lance, de maniere a proteger efticacement la reproduction naturelle et la conservation du poisson ; et de faire poursuivre il'officc, par Ic ministere public, les delits de ptiche. Ces inesures seraient suffisantes pour faire rendre aux cours d'eau, d'ici a peu d'annees, une grande partie de ce cju'ilspro- duisaient autrefois, et de cequ'ilspourraient encore produire en bons poissons comestibles , et pour developper sur une tres grande echelle la production du Saumon. Elles sont, d'ailleurs, les plus simples, les plus economiques et les plus pratiques. Accessoirement ou simultanement : On organiserait, dans les affluents et les ruisseaux, des frayeres artificielles. On procederait, dans des cours d'eau secondaires et dans quelques sources convenablement disposees, a la production do I'alevin des meilleures especes de poissons par la methode des fecondations artificielles. Telles sont, messieurs, les considerations generales que voire Commission m'a cbargc de vous soumettre pour la solution pratique d'une question qui presente un tres haut inter6t; car, le rempoissonnemerit des cours d'eau de la France produirait en abondance des aliments sains, substantiels et peu coiUeux^ et pourrait donner, dans un avenir peu eloigne, une premiere solution du beau et grand probleme de la vie a bon marche. Ce rempoissonnement viendrait d'ailleurs largement com- penser le deficit de produits provenant du dessechement d'e- tangs ou de lagunes insalubres que I'industrie agricole, entrant dans une voie de progres que Ton ne saurait trop favoriser , tend cliaque jour a convertir en prairies ou en terres arables. Dans le but de donner a I'examen de cette importante ques- tion toute la publicite qu'elle comporte, votre Commission a rbonneur de vous proposer : 1° De faire inserer in extenso\c present rapport dans le Bulletin de la Societe: et 2" d'en faire un tirage a part pour en envoyer des exemplaires au Ministre des finances, au Ministre de la marine, au Ministre de Tagri- culture, du commerce et des travaux publics, aux Prefets des 234 SOCIETE IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. departements, aux Conservateurs et Inspecteurs des for6ts, et aux Ingenieurs charges du service des canaux et des cours d'eau navigables etflottables. II ne suffitpas, en eftet, messieurs, d'elaborerdansle silence du cabinet et de venir ensuite produire en assemblee generale les mesures les plus propres a ameliorer I'etat bien deplorable de la plupart de nos cours d'eau au point de vue de la produc- tion du poisson. II faut, par tous les moyens qui sont en notre pouvoir, appeler la sollicitude du gouvernement et I'attention des proprietaires et des consommateurs sur I'opportunite et ni6me I'urgence de I'application de ces mesures. II faut enfin prouver, par notre active et infatigable inter- vention dans toutes les questions d'inter6t public qui se ratta- chent a nos travaux, que la Societe d'acclimatation est defait, et pas seulement de ?iom, un etablissement d'utilite publique. Les conclusions de ce Rapport ont ete adoptees en seance generale. Des exemplaires seront adresses, par les soins du Conseil, a MM. les Ministres des finances, de la marine et de I'agricul- ture , a MM. les Prefets des departements , et aux autres fonctionnaires dans les attributions desquels sont places les cours d'eaux et canaux. HUILES ET VINS DE l'bXPOSITION. 235 RAPPORTS DE LA COMMISSION GENfiRALE de rExposilion unlverselle (1). r RAPPORT DE LA SOUS-COMMISSION CIIARGEB DE L'EXAMEN DES HUILES ET DES VINS. Commissaires : MM. Davelouis, Faug^re, le baron de Montgaudry, Valserres, et DABESTE, rapporteur. (Stance du 29 f^vrier 1856.) La consommation des liuiles en France s'est considerable- ment accrue depuis le commencement du siecle. D'une part, les perfectionnemenls introduits dans la construction des lampes, I'invention des lampes a double courant d'air par Argant et celle des ressorts pour determiner Vascension du liquide par Carcel , perfectionnee par M. Franchot, ont fait penetrer dans tous les rangs de la societe I'emploi de I'^clai- ragc a I'huile. D'autre part, les progres de I'aisance generale, en repandant parlout le goClt du bien-6tre, ont augmente dans une proportion tres grande I'emploi du savon, emploi qui, d'apres une ingenieuse observation de M. Liebig, est une mesure tres exacle du degre de civilisation d'un peuple. Aussi, bien que les procedes d'epuration des huiles de graines, imagines par M. Thenard, aient permis de substi- tuer ces huiles a I'huile d'olive dans I'eclairage, et qu'ils aient donne, dans nos departements du Nord, une grande extension a la culture des plantes oleagineuses, et particulierement a la culture du colza ; bien que I'emploi du gaz pour Teclairage se soit generalise aujourd'hui dans toutes les grandes villes , et que les decouvertes chimiques de M. Chevreul aient applique a la fabrication d'une bougie economique la stearine de graisses animales, la production des huiles en France reste bien au- oie (|iii sont actucllement souinises aux etudes de la Societe (1). La Giiyane anglaise a expose, sous le nom de Crab oil (huile de crabe), uue huile provenant d'un arbre que Ton designe dans le pays sous le norn de Crab wood, qui est decrit en botanique sous les noms A' Flylocarpus carapa (Sprengel) et de Carapa Guyannensis (Aublet), et qui appartient a la famille des Molia- cees. Celte huile est tres employee dans la Guyane anglaise pour I'eclairage et pour la droguerie. On dit que certaines peu- plades indiennes s'en servent pour se preserver de la piqClre des insectes. La culture de eel arbre a ete essayee a la pepi- niere deHamma. Le m6me pays expose aussi , sous le nom d'liuile de laurier [Laurel oil) , une huile que Ton suppose provenir de VOreo- daphne opifera (Nees), de la famille des Laurinees. Cette huile possede des proprietes medicales et dissout le caoutchouc. LaJamaique a expose Thuile du Noyer de Banioul {Aleurites triloba) , de la famille des Euphorbiacees , huile siccative qui convient tres bien pour la peinture ; et I'huile de poivre. La Guyane frangaise a expose I'huile du noisetier d'Amerique [Oniphalea triandra), de la famille des Euphorbiacees, qui ressemble beaucoup a Thuile d'amandes donees 5 et I'huile ^aoura dont Torigine botanique nous est inconnue , qui coii- tient beaucoup de matieres solides, et est employee a la fabri- cation de bougies. La Belgique a expose de Thuile de betterave , et la Toscane Thuile de pin pignon {Pinus pinea) . Notre compatriote M. Vil-' morin a expose Thuile de raifort champ6tre et Thuile de laitue oleifere. II faut encore indiquer ici certaines huiles animales, dont (1) Nous n'indiquons ici que les substances qui fisurenl k I'Expnsition ; mais i'lnde produil une quanlild beaucoup plus considt'rable de substances oi^agineuses. Je lis dans un rapport de M. Monibrun sur une exposition des produits de Tinde anglaise, faile ix Madras, que It's huiles qui y figuraient provenaient de 104 planles diff^renles. (Voyez la Revue coloniale, mars 1856, p. 222.) 2/i6 SOCl^TE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Fernploi medical a pris de nos jours uiie grande extension. Telle est Thuile de foie de morue. L'Exposition nous en pre- sente de tres nombreux echantillons , de provenances ires diverses, qui nous montrent que la preparation de ce produit se fait actuellement avec un soin que justilie son importance therapeutique, et peut-6tre m6me son importance industrielle, s'il est vrai que Thuile defoie de morue soit preferable a I'huile de baleine pour le chamoisage des peaux. Mais, a cote de ce produit, dont Fernploi medical est connu en Hollande depuis longtemps, I'Exposition nous presente plusieurs huiles de foie de poisson qui sont appelees aussi a jouer un certain role en therapeutique. Depuis quelques annees, M. Gobley, agrege de I'Ecole de pharmacie, est parvenu a preparer a Paris Fhuile de foie de raie , qui est beaucoup moins desagreable au gout et a I'odorat que Fhuile de foie de morue. A peu pres a la m6me epoque, le celebre anatomiste M. Richard Ov^en signalait dans ses cours les services quepourraient rendrea la therapeutique les foies des nombreux squales ou chiens de mer que Fon trouve sur nos cotes et surtout dans les mers equatoriales, et qui sont le plus ordinairement rejetes par les p^cheurs. Les conseils de M. Owen ont ete suivis, et les nombreux echantil- lons d'huile de foie de requin que divers pays ont exposes , et particulierement le Canada et FAustralie , prouvent qu'elle a aujourd'hui une certaine importance pour la therapeutique. Deja cette fabrication a pris un grand developpement dans FInde anglaise, qui en exporte une quantite considerable pour FAngleterre (1). Je lis dans un travail de M. Collas, chirurgien principal de la marine et chef du service de sante des etablisse- ments fran^ais dans FInde (2), que ce medecin a constate Feffi- cacite de Fhuile de foie de requin dans tous les cas oii Fon (1) Je lis, dans le rapport (Uya cil^ de M. Montbriin, que I'huile de foie de requin se prepare surtout dans les ports de Mangalore etde Teliich^ry ; que sa fabrication commence a s'implanter a Madras et dans les districts de Nel- lore et de Ganlour ; et que I'exporlalion s'est ^lev^e, en i8o/i, h 701,095 gal- lons anglais (3,185, 07/i hectolitres). {Loc. cit., p. 236.) (2) Collas, Note sur I'emploi medical et chirurgical de I'huile de foie de requin {Revue coloniale, mars 1856, p. 206). HUILES ET VINS DE l'eXI'OSITION. 247 emploie I'huile de foie tic morue , et qu'il lui a reconuu tie plus de grands avantages comme medicament interne, dans le traitenient de certains ulceres des membres inferieurs, tres communs dans les regions equatoriales, et contre lesquels la medecine etait generalement impuissante. La frequence tres grande des squales dans toutes les mers, et surtout dans les mers chaudes, et la facilite de leur p6che, donnent un in- ter6t assez grand a ces faits, qui sont a peu pres inconnus en France (1). L'Australie a egalement expose I'huile de foie de dugong, cetace tres abondant dans les mers (|ui baignent les cotes meridionales de I'Australie. D'apres des renseignements qui nous ont ete donnes par les commissaires de FExposition, cette huile aurait des proprietes therapeutiques superieures a celles des autres liuiles de poisson ; elle n'aurait point les incon- venients de I'huile de foie de morue pour le gout et pour I'odo- rat; et, fait remarquable, elle ne contiendrait point d'iode. Toutefois cette derniere assertion meriterait d'etre verifiee; et les procedes delicats dont s'est servi notre confrere M. Chatin, pour trouver dans I'air et dans I'eau des differentes parties de la France les traces les plus minimes de cette substance, pour- raient peut-6tre deceler dans I'huile de foie de dugong des traces d'iode qui auraient echappe a des chimistes moins exerces (2). En signalant ces faits, la Commission ne pense pas assure- (1) L'emploi tht5rapeutiqiie de riuiile de foie de requin soulfeve une question scientifique d'nne certaine importance. Sauvages. le c^i^brepro- fesseur de Montpellier, rapporte un fait (rempoisonnement produit par le foie d'une roiissette {Squalus canicula). Ces propridl^s v^n^neuses appar- tiennent-elles h certaines esp^ces? ou bieii se d^veloppent-elles seule- ment dans certaines conditions d^termin(5e8 ? Ces questions se reproduisent, comme on le sait, dans Thistoire d'un grand nombre d'animaux marins, surtout dans It-s regions interlropicales. On ne saurait trop signaler, aux personnes qui s'occupent de chimie et d'histoire naturelle, I'^iude d'une question qui int^resse h un haut degr^ la zoologie el Thygifene des pays chauds. ('i) M. Chatin a bien voulu se charger de la recherche indlqu^e par la Commlssiou. '2llS S0CIET1-: IMPERl.VLE ZOOLOGIQUE d'.vCCUMATATION. ment qu'il y ait lieu de faire pour ces animaux des tetitatives d'acclimatation ; mais elle croit de son devoir de signaler a la Soeiete tous les produits qui, dans le regne animal ou leregne vegetal, peuvent avoir une utilite reellepour respecehumaine. VmS ET LIQUEURS FERMENTEES. L'exposition des vins ne presente, au point de vue de notre Soeiete, qu'un inter^t tres restreint-, car, de Taveu de toutes les nations de I'Europe, les vins de France ont une superiorite incontestee. Nous nous contenterons seulement d'indiquer ici deux faits tr^s remarquables , qui ressortent de nos etudes surl'Expo- sition. L'un de ces faits consiste dans les soins perseverants avec lesquels les Allemands cherchent a ameliorer chez eux la fabri- cation du vin, qui est, presque partout en France, abandonnee a la routine. II serait tres interessant pour la France, et pour notre Soeiete en particulier, d'etudier les travaux recents que divers chimistes allemands ont faits sur Tcenologie, et qui paraissent contredire en plusieurs points les idees que nous avons sur la fermentation vineuse. La production des vins a, pour la France, une importance beaucoup trop grande pour qu'elle consente a rester etrangere aux perfectionnements et aux progres qui se font au deliors. L'aulre fait consiste dans la propagation de la culture dela vigne dans des pays qui, jusqu'a ces derniers temps, ne s'eu occupaient point. II existait des vignes en Algerie avant la con- qu6te fran^aise. Mais les doctrines religieuses des Arabes s'op- posaient a la fabrication du vin. Depuis quelques annees, elle a ete introduite par les colons, et elle commence a donner des resultats importants. De meme en Australie, la cul- ture de la vigne a pris, dans ces derniers temps, une tres grande extension, depuis surtout que la decouverte des mines d'or attire dans ce pays un si grand nombre d'emigrants europeens. Les vins de TAustralie ont figure a FExposilion universelle; d'apres les renseignements fournis par les commissaires, ces HUILES ET VINS DE l'eXPOSITION. "' ' ' 249 vins ne le cedcraient pas (!n qnalite a ceux ties meilleurs crus du Rhin et du Rli6ne. Pour terminer ce travail, il faut encore signaler quehjues produits, fort peu nombreux, mais qui rneritent une serieuse attention. Ce sont toutes les liqueurs que Ton obtient par la fermentation des matieres vegetales autres que le raisin. Plu- sieurs fabricants du departement du Nord ont expose du vin de betterave ; la Guyane et I'ile Maurice ont expose du vin de canne a Sucre; la Guadeloupe, du vin d'ananas. Ces produits, a I'ex- ception du vin de canne, qui est connu depuis longtemps en Amerique, sont d'invention recente , et leur etude cbimique est encore a faire . Nous devons seulement faire remarquer que, dans les cir- constances actuelles, lorsque, depuis plusieurs annees, la production des vins en France eprouve un deficit conside- rable par suite de la maladie qui atteint les vignes, ces essais et tous ceux que Ton tenterait dans la m^me voie, par la fermentation des matieres vegetales sucrees , pourraient avoir une certaine importance. 250 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'aGGLIMA.TATION. SUR LE PR0CED6 DE CONSERVATION DES ABEILLES SOUS TERRE. IjETTRE ADRESSEE a M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'agclimatation Par M. le doctear DE BEAVVOYS. (Seance du 25 avril 1856.) Monsieur le President , J'ai I'honneur d'adresser a la Societe Imperiale zoologique d'acclimatation une notice sur le precede de conservation des Abeilles sous terre, par M. Antoine, apiculteur a Reims, per- suade, monsieur, que Tinter^t toujours croissant que Ton porte a la reacclimatation des Abeilles la fera accueillir favorable- men t. Les hivers continuant depuis plusieurs annees de presenter de veritables periodes printani^res qui sont cause de la mine des ruches, il devient tres important de connaitre un moyen employe avecsucces depuis une douzaine d'annees pour la con- servation des Abeilles pendant ces temps fallacieux. Reaumur s'occupe longuement, dans ses Memoires, des moyens de conserver les ruches pendant Thiver ; il en decrit un, entre autres, avec les plus grands details, et Texamen le plus attentif de ses consequences, lequel consistait a former sur la planche qui supporte les Abeilles une longue boite qu'il faisait recouvrir de terre jusque bien au-dessus de la ruche. On trouve dans le memoire de Zeghers, qui remporta a TAca- demie de Bruxelles, en 1779, le premier prix sur la question que cette savante Societe avail posee, que, dans certaines lo- calites des Pays-Bas , on plagait les ruches dans la terre pour les conserver pendant Thiver; mais il n'en parle que pour critiquer cette methode. Ce que Reaumur voulait introduire dans ia pratique ne fut considere que comme une de ces experiences bien plus propres CONSERVATION DES ABEILLES. 251 a satisfaire la curiosite des savants qu'a une utilite reelle. II en a ete de m6me de Tintelligente ruche a feuillets d'Hubert, qui a ete si longtemps oubliee, malgre ses immenses avantages. . Cependant la Societe Imperiale et centrale d'agriculture de Paris decernait, en 18/19, sur la proposition de son illustre pre- sident, M. Hericart de Thury, une medaille d'argent a M. An- toine, simple ouvrier a Reims et apiculteur de p^re en Gls, pour son procede de conservation des Abeilles pendant Thiver. Get ouvrier, honn^te et modeste apiculteur, subit un examen des plus satisfaisants du Cornice agricoleetde I'autorite municipale de sa ville. Mais, reduit a ses faibles ressources, il n'a pu employer aucun nioyen de publicite pour faire connaitre sa precieuse methode. Desireux de savoir par moi-m6me ce qu'il en etait, j'ai pris les renseignements directs que je m'estime beureux de pouvoir communiquer a la Societe zoologique d'acclimatation. M. Antoine pose des regies si positives, si bien raisonnees, (ju elles paraissent bien fondees, et, d'ailleurs, douze annees d' experiences chez lui et chez quelques voisins en prouvent suffisamment la precision. < - . Lorsque j'ai voulu, m'a-t-il dit, enterrer les ruches vers le !•' octobre, les Abeilles n'ont vecu ([ue quelques jours; si c'etait au 15 que je faisais cette operation, elles vivaient un mois environ, parce que, ajoute-t-il, elles sont encore trop habituees a sortir et ne peuvent supporter cette triste captivite. C'est en procedant vers le 15 novembre que j'ai obtenu le meilleur resultat. II ne faut pas raettre un trop grand nombre de ruches ensemble dans la m^me fosse, elles s'y echauffent et se font perir; et il determine les quantites. Ainsi, il en met vingt lorsqu'elles sont petites, quatorze quand elles sont de force moyenne, et huit seulement si elles sont fortes. La Societe jugera facilement (ju'elle a affaire a un homme pratique, qui nest arrive a un heureux resultat qu'apres bien des essais, bien des sacrifices. II veut aussi que Ton procede avee le plus grand calme, le moins de mouvement et de bruit possible, le soir, par un temps froid. Sachaut fort bien que le bruit et le mouvement exterieurs 252 SUCIETE IMPERIALE ZOULOGIQUE d'aCCLIMATATION. causent de Tagitation aux Abeilles, il veut que le silo dans lequel on lesenterre soit loin des grandes routes, des granges, des usines. C'est au milieu des champs qu'il ies place et dont il ensemence la surface pour qu'on ne se doute pas de leur existence. Les fosses qu'il pratique pour recevoir Ies ruches ont un metre sur O",?© de profondeur, et une longueur relative a la quantite de ruches qu'il veut enterrer. t II pose au fond de la fosse les plateaux sur lesquels il met des madriers de 8 a 10 centimetres de hauteur, place les ruches sur ces traverses, ce qui leur assure un courant d'air suffisant; il met force paille autour de chaque ruche et de vieilles planches par-dessus, puis il les recouvre de toute la terre provenant de I'excavation ; il la presse et la foule sans secousse et sans bruit, en nivelle la surface et 1' ensemence, M. Antoine a porte son attention jusqu'a s'assurer du degre de temperature qui regnait dans ces silos d'une nouvelle sorte, et a constate que tant qu'elle se maintenait a dix degres au- dessus de zero, tout se passait bien. Des le 15 fevrier, et mieux un mois apres, suivant le temps, I'apiculteur de Reims ouvre ses silos; il le fait avec tout le menagement possible, et le soir, dans la crainte que les Abeilles, au sortir de leur captivite, ne lui sautent au visage. Suivant lui, les Abeilles ainsi renfermees consomment trois cinquiemes moins qu'en liberte-, leur mortalite est presque nulle, et la reine pond trois semaines plus t6t. M. Antoine cultive les Abeilles depuis trcnteans. A dix-huit ans, il savait Feburier par cceur, et ce livre I'a completement et suffisamment instruit de ce qu'il avail besoin de savoir. On ne trouvera certainement pas dans cet auteur la moindre indi- cation de sa methode, qu'il m'a dit devoir au hasard. Mais vint-on a lui prouver ou plulot a lui dire qu'il la tient des Busses, qui renferment leurs Abeilles dans des caves, ou de la lecture des auteurs que j'ai cites, il n'en restera pas moins vrai pour lui, comme pour bien d'autres, que perficere inventa non est inglorium., comme I'a dit si a propos Varembey. J'ai rhonneur d'Mre, etc. De Beauvoys. RAMBOUS DE LA CHINE. 253 NOTE SUR L^S BAMBOUS DE LA CHINE SUR LES JONGS ET ROTINS DE LA MALAISIE ET DES PHILIPPINES EN USAGE DANS LE COMMERCE, Par M. Ed. RENARD, Ancien d^lcgue de I'lndustrie parisienne en Chine. I (S6ance du 14 mars 1856.) La Chine, comme on le sait, produit une immense variete de Bambous •, on les cultive et lis croissent naturellement dans la majeure partie de I'empire, mais principalement dans les pro- vinces du Sud et du Centre, telles que le Fo-kien, le Chann-tong, le Sse-tchouen , le How-peh , le Jun-nan , le Kiang-nan , le Kiang-si, etc. Les Bambous sont Vobjet d'un commerce immense en Chine, et ils fournissent un fret important a la marine chinoise. Dans le Nord, aNing-po, ou il gele assez fort I'hiver, puisque nous avons remarque sur les rives du Ta-kia de nombreuses glacieres, et dans I'archipel des iles de Tchou-san , on trouve neanmoins le bambou arbre qui croit a de grandes hauteurs et dont les nombreux massifs ombragent les cours d'eau et les habitations de p6cheurs et de cultivateurs. A Cliang-hai, nous n'avons plus remarque les grands bam- bous, mais bien les Bambous noirs, espece delicate qu'on cultive pres des endroits abrites, pres deskiosques et des pieces d'eau dont ils sont le plus bel ornement. On nous a assure qu'a force de soin, les Chinois etaient par- venus aacclimater plusieurs especes de bambous jusqu'aPe-kin m6me. Enfin , I'utilite du bambou est trop bien decrite dans I'ouvrage intitule : Etude pratique du commerce d' exportation de la Chine., par les delegues commerciaux attachh a la Mis- sion de France en Chine, pour que nous n"'en donnions pas ici un court extrait. 254 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les usages du bambou en Chine sont si nombreux, les ser- vices qu'il rend sont si grands, qu'il nierite a juste titre le nom d'arbre national ; il est necessaire aVarchitecte et au navigateur, au nriedecin et k Thomme de lettres, au charpentier et au con- fiseur, au maitre d'etude et au Ceolie (porteur de fardeaux), aux soldats et au laboureur , au sculpteur et au fabricant de parapluies , au p6cheur et au musicien , au juge et au fumeur d'opium , a FagricuUeur et aux bonzes. On Vemploie pour les vergues des voiles, les etais et tuyaux pour la conduite des eaux des maisons ; il fournit le pinceau avec lequel on trace des caracteres, et le papier sur lequel on ecrit. Ses feuilles servent a couvrir le toit du pauvre 5 ajustees en manteau, elles le preservent de la pluie. Ses jeunes pousses, tendres et delicates , constituent un legume qui s'accommode de diverses manieres, et elles valent, dit-on, nos asperges; bouillies, assaisonnees et confites, elles produisent d'excellentes conserves tellement recherchees, qu' elles forment une branche assez importante du commerce interieur , et qu'on en fait de fortes expeditions dans les diverses parties de I'empire, et sur- tout pour la capitale, 011 elles vont figurer au banquet des grands. Les pretres de Boudha , qui font voeu d'abstinence et s'as- treignent a un regime alimentaire peu nutritif et tr6s vegetal, ont trouve dans ce mets une ressource egale a celle que le poisson offre a notre clerge. On emploie le bambou a elever des echa- faudages,aconstruire en quelques heures des edifices propres aux representations tbeatrales. La concretion siliceuse appelee tabaxir, en cbinois Tchou-houong , que Ton trouve dans les cavites des noeuds du bambou, s' emploie dans les preparations medicales. — Le bambou entre dans- la confection de la plupart des instruments aratoires. — Ce sont des perches de bambou qui servent a porter, a soutenir, a pousser les fardeaux ; c'est de bambou que sont faits le Tchih, mesure de longueur, les trois mesures de capacite, le Taou et les Ching des vendeurs de riz, le seau a puiser I'eau , le manche de la lance du soldat, les claies des chevaux de frise , aussi bien que les montants des parasols et des eventails ^ c'est en bambou qu'est tresse le large I " ' ' BAMBOUS DE LA CHINfi. ' 255 chapeau de rhomme du peuple; c'est sa tige qui, decoupee en bandes de diverses grandeurs, se metamorpfjose en paniers aux formes variees, en tentes et en cables pour la marine r, — sa racine se convertit sous une main habile en magots et en sculptures; — enlin le lit, le matelas, la chaise, la table du Chinois, sa pipe, une partie de sa nourriture, le bois avec lequel il la cuit, les fai-tss ou baguettes avec lesquelles il la mange, le balai pour nettoyer sa chambre, le papier dent est fait le livre de I'ecolier, la ferule du pedagogue, le redoutable instru- ment qui sert a executer I'arr^t du juge, la legere baguette qu'emploie le musicien pour tirer des sons melodieux du Houng-hoo : tout cela est du au bambou. D'apr^s cet expose, on verra sans doute Tutilite qu'il y aurait pour la France de voir la culture du Bambou se multiplier. Quant aux joncs et rotins qui croissent dans les forets humides de la Malaisie, k Sumatra, a Borneo et aux Philippines, il ne nous sera, croyons-nous, jamais possible de les acclimater (1). (1) En donnant communication de cette note, ci la stance du l/!i mars 1856, iVl. Ed. Henard a fait Ijommage ci la Soci^tt^ d'uue colleciion de '6U ^chan- tillons, repr^sentant 21 espfeces des vari^t^s de Bambous, liauriers, Rosiers el Joncs, parmi lesqueis on remarque 3 especes de Bambous noirs, 6 esp^ces de Bambous blancs, un ^chantillon de cette derni^re espfece de grande dimension servant en particulier pour les conduits d'eau ; des Rotins de Java, des Joncs blancs de Marcille, des Joncs rouges de Malacca, et un ^chantillon de Jonc carr^ du Japon d'une esp^ce tr^s remarquable et peu commune. Tous ces objets ont ^t^ vus avec beaucoup d'int^rfit par la Soci^t^, et vont filre disposes dans la Collection d'histoire naturelle appliqu^e que la Soci(5t^ a cr^(5e , et dont one Commission sp^ciale fait, en ce moment, le classement. {N. du R.) 256 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. II. EXTRAIT DES PROCES-VERBADX DES STANCES GENERALES DE LA SOGIETE. SEANCE DU 25 AVRIL 1856. Presidence de M. Antoine Passy. M. le President proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : S. A. le prince Ahmed-Pacha, gouverneur du Soudan, a Khartoum. S. E. Abdouhou-Suleyman- Pacha, general de division de rarmee d'Egypte, grand officier de la Legion d'honneur, grand officier de I'ordre du Medjydie, au Caire. MM. Baptissier, vice-consul de France, a Suez. Baring (Francis), membre du Parlement anglais, a Paris. Bourville (H. de), agent des Messageries imperiales et de la Compagnie de Tisthme de Suez, au Caire. Cloquet (le docteur Jules), membre de Tlnstitut, profes- seur a TEcole de medecine, a Paris. Collenot (Emile), proprietaire, a Semur (Cote-d'Or). CoLUCCi (Jean), chancelier du vice-consulat de Naples, au Caire. Ducoux, ancien membre de I'Assemblee nationale, aBlois. FiGARi (le docteur), membre de 1' Academic royale de Tu- rin, de TAcademie d'agriculture, des ordres de Saints- Maurice et Lazare, Saint-Sylvestre, Saint-Stanislas de Pologne, au Caire. GuERiN (Eugene), attache au ministeredeFagriculture, du commerce et des travaux publics, a Paris. Kaufmann (Ernest), a Paris. KuHN (Francois), directeur du depot des semences de I'Aca- demie imperialelibre d'agriculture, aSaint-Petersbourg. LoMEDE (de), proprietaire, a Saint-Andre (Card). Magnoncourt (de), ancien depute, a Paris. MANCiLLA(le general), de la republique Argentine, a Paris. I PROCES-VERBALX. 257 Manteuffel (S. E. M. de), Ministre ties allaires etrangeres de Prusse a Berlin. Navry (de), a Paris. Petit de Beauverger (le baron), representant du departe- ment de Seine-et-Marne au Corps legislatif, a Paris. Proust de la Gironiere (le docteur), ancien colon aux Philippines, a Paris. Saint-Ajjne (de), a Paris. Sakakini (Emile), banquiev, au Caire. Sakakini (Joseph), id., id. Sakakini (Maximos), id., id. Salmeu (Claude-Edouard), proprielaire, aLagny (Seine- el-Marne). »• ...u- Stephan-bey (S. Exc), Ministre des affaires etrangeres d'Egyple, au Caire. YvoN (Alexandre d'), a Paris. — A la suite de cette proclamation, qui fait connaitre I'ad- jonction a notre Societe de porsonnages du plus liaut rang, de la ville du Caire, M. le President annonce que les Comites locaiix de cette ville et d'Alexandrie ne seront pas les seuls en Afrique; car un troisieme Coniite, sous la presidence de S. A. le prince Abdulhalim-Pacha, va se former dans le Soudan, c'est-a-dire aux avant-postes les plus recules de la civilisation. — I\I. Eugene Guerin remercie de son admission. — M. Pierre Hebert, statuaire, fait hommage a la Societe d'un exemplaire de la statuette d'Olivier de Serres. Des remer- ciments lui seront adresses. A cette occasion, M. le President informe que, d'apres Tap- pel fait par notre confrere M. le comte de Nieuwerkerke , president de la Commission pour la statue a elever a ce celebre agriculteur, I'avis du Conseil est qu'il y a lieu, pour la Societe, de souscrire, et, de plus, d'ouvrir une souscription pour ceux de MM. les membres qui voudraient y prendre part personnel- lement (voy. p. 265). — M. Eugene Desmarest, secretaire de la Societe entomo- logicjue de France, annonce que, sur la proposition qui en a eto T. HI. — Mai 1856. 17 268 soci:^TE imperiale zoologique d'acclimatation. faite par notre confrere M. Bigot, tnembre de cette Societe, ini echange de publications aura lieu. De plus, M. Desmarest fait liommage personnellement d'une collection de dix annees en- viron du Bulletin des seances de la Societe entomologique . Des remerciments lui seront adresses. — Notre confrere M. Jomard exprime le desir que la So- ciete propose des problemes a resoudre et mette au concours des questions determinees. II voudrait qu'il y eut , chaque antiee, un prix d'une valeur fixee a I'avance pour celui qui serait parvenu a acclimater, domestiquer ou naturaliser en France, en Algerie ou dans nos colonies, telle espece d'animal ou de plante utiles pour I'agriculture, I'economie ou les arts. Ce prix, d'ailleurs, serait independant des recompenses que la Societe reserve pour les services rendus en general a Tacclima- tation, Cette proposition, ainsi qu'une autre faite par M. Davelouis, relativement a I'extension a donner aux recompenses , est renvoyee a la Commission reglementaire precedemment nom- mee, et qui a presente son rapport dans la seance du 1" fe- vrier 1856. — Conformement a I'annonce (|ui en avait ete faite a la der- nifere seance par M. le comte de Brignola, membre de la Com- mission mexicaine pres I'Exposition universelle de 1855, une collection de produits du Mexique est envoyee par les soins de MM. le President et le secretaire de cette Commission, auxquels des remerciments seront adresses. •— M. Payen, secretaire perpetuel de la Societe imperiale etcentrale d' agriculture, faitparvenir des billets pour la seance gene rale. — Nos confreres MM. le professeur Bazin, de Bordeaux, Ernest Baroche et Monnier, accusent reception et remercient des graines de Chine, de la Martinique et du Canada, qui leur ont ete confiees, et ils annoncent qu'ils feront connaitre les resultats de la culture. — Des demandes d'Ignames sont faites par nos confreres MM. Bossin et Monet et par la Societe rogionale d'acclimata- tion pour la zone du N.-E , siegeant a Nancy. PROCES-YERBALX. 259 — M. Meslro, direcleur des colonies au Ministere de la iiiarino etnienibre de la SocitiLe, adresse (juehjues echanlillons iVlffnatnes hlancs et iVIgnat/ies dits du pays, provenaiit d'une collection envoycc de la Guadeloupe, a destination du concours agricole universel qui doit s'ouvrir au mois de mai prochain. Des remerciments seront transniis par M. le President a iM. Mestro, dont la lettre d'envoi conlient Texpression de nouveaux tenioignages de syinpathie pour les travaux de la Societe. — Des Notes detaillees sur les resultats de la culture du Sorgho Sucre [Uolcus saccharatm) dans les environs de Bor- deaux, par les soins de MM. AUendy, de Labarse, Arm. Clian- geur, et aupres de Toulon, ainsi que sur les produits varies lournis par cette plante, sont envoyees par notre confrere M. le professeur IJazin et par M. Raoulx, ingenieur des pouts et chaussees, attache au service de la marine a Toulon. Unc lettre sur le m6me sujet est ecrite par M. de Lacoste, membre de la Societe, qui lui fait, en outre, parvenir unechantillon de sirop de Sorgho, prepare par M.Saillard, chimiste. L'examen de ce sirop est confie aux soins de M. Chalin. M. de Lacoste informe par sa lettre que la culture du Sorgho est entreprise, cette annee, sur une grande echelle dans le midi de la France et dans la province dOran, en Alger ie. C'est en 1851 (jue cette plante a etc semee pour la premiere Ibis a Toulon par les soins de M. Robert, ancieu directeur du Jardin des plantes de la marine dans cette ville. Les graines, en tres petit nombre, qui servirent a ce premier essai prove- naient de M. deMontigny, et avaient ete donneespar la Societe de geographic. Par un second semis, on obtint a Hyeres 800 graines que M. Vilmorin acheta pour leprixde 800 francs. Tels sont les details historiques sur la culture en France de ce vegetal precieux, adresses par notre confrere M. Aguillon. — Aux renseignements deja fournis par M. de Bryas sur les travaux de sylviculture, que M. Ivoy poursuit depuis Irente- cinq ans dans son domaine de Gencste, pres Bordeaux, il fatit joindre, comme propres a les completer, une lettre de M. Ivoy Iui-m6me faisant connaitre les resultats qu'il a obtenus, et sol- 260 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. licitant le concours de notre Societe, puis un Discours prononce a la seance publique de la Sociele linneenne de Bordeaux, en novembre 1855, par M. Charles Desmoulins, son president, qui a presente un liistori(|ue ccmplet de la fondation et des developpements successifs de cette ecole forestiere, ou Ton compte plus de 12 especes d'Erables, 7 especes de Bouleaux, 6 de H6tres, 5 de Fr6nes, 13 de Noyers, 7 de Peupliers, 9 de Tilleuls, h de Cypres, 13 de Sapins, plus de vingt especes de Pins, 3 de Cht^nes d'Afrique, 10 de Chines d'Europe et 20 de Chines d'Amerique. Ce discours a ete depose sur le Bureau par M. le marquis de Bryas. — On lit un travail de M. le baron Anca ayant pour titre : Note sur la preparation mdustrielle du Citrate de chaux en Sicile, et sur les avantages que I' on pourrait en retirer en Algerie et dans les colonies francaises, — Diverses demandes de Vers a soie, faites, pour des per- sonnes etrangeres a la Societe, par notre confrere 31. Bossin, et par notre confrere M. A. de Baye, pour lui-m6me, seront enregistrees, et il y sera fait droit des (jue cela sera possible. — M. Ramon de la Sagra fait hommage d'une grande poche de soie formee par le travail commun de plusieurs larves d'un Bombyx inconnu, originaire du Mexique. Cette poche n'est pas identique avee une autre que notre confrere avait presentee il y a quelques mois, et qui provenait du m6me pays. II est done porte a supposer que ces deux echantillons sont fournis par deux especes differentes. II est confirme dans cette opinion par M. Guerin-Meneville, qui pense m6me qu'il y a peut-^tre trois especes distinctes, I'une diurne et les deux autres nocturnes. — M. Barthelemy-Lapommeraye envoie de Marseille des details sur deux educations successives de Bombyx Ctjnthia, dont les larves ont refuse le feuillage du ricin et se sont uni- quement nourries de laitues. Les cocons ont ete petits etles pa- pillons d'un tiers moins grands quVi I'ordinaire. Les oeufs etaient de belle qualite et bien uniformes. — M. Garnier-Savatier, membre de la Societe, lui propose de soumettre a son examen des conserves alimentaires de Monies. Une Commission choisie dans le sein de la Societe des PROCfeS-VERBAUX. 261 sciences naturelles de la Charente-Inferieure a deja fait sur ce sujet un rapport dont iin extrait est joint a la lettre de M, Gamier. Les echaiitillons seront soumis a I'appreciation de M. Louis Rousseau. — M. Millet profile de ce que la saison actuelle est favo- rable ti la recolte des petites Anguilles, pour mettre sous les yeux de la Societe un echantillon de ces jeunes poissons, pro- venant de la montee de 1856, et pour faire connaitre un sac- module propre a permettre le transport d'un grand nombre de ces animaux au milieu de copeaux de bois mouilles. II donne, en outre, des renseignements sur les moyens d'en faire venir de Nantes, d'oii I' on peut expedier a Paris, pour 10 francs environ, unpaniercontenant 10 a 12,000 jeunes Anguilles. — Des demandes d'oeufs de Poules de Cochincbine etant adressees par differents membres, M. E. Baroche annonce qu'il fera present a la Societe, afin qu'ils puissent 6tre distribues, de cent oeufs provenant d'animaux de race pure. Des re- merciments sont adresses a M. E. Barocbe par M. le President, au nom de la Societe. — Une Note de M. I'abbe Allary, destinee a combattre les objections qui ont ete faites a ses opinions relatives a I'utilite de Teducation des Pigeons, est renvoyee a la deuxieme section, ou Ton s'est deja occupedumemoire auquelcette note fait suite. — M. Turrel, secretaire du Cornice agricole de Toulon, ap- pelle Taltention de la Societe sur les bonnes conditions ou se trouve Tetablissement de notre confrere M. Degreaux, pres Toulon, pour la reproduction des especes d'oiseaux a accli- mater, et il engage a meltre a profit eel elablissement jusqu'au moment de la i'ondalion de rOisellerie niodele. — Dans cette m6me letlre, M. Turrel annonce la naissance de Irois Roues et d'une Cbevre d' Angora (de race pure). On apprend, de plus, par deux lellres successives de M. Sacc, qu'ilest neen Alsace, cbez MM. Roman pere et Marozeau, deux males et une femelle de la m6me race. En outre, il y a des naissances resultant de croisemenls fails avec soin enlre des Roues d' Angora el des Chevres du pays. A la seconde letlre de M. Sacc ilest joint un ecbantillon de la premiere piece d'elofl'e 262 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. fabriquee en Alsace avec de lalairie d'Angora, qui a servi afaire la Iraine, tandis que la chaine est do soie; le fde est anglais, toutle reste est de la fabriquede Wesserling. Letissage aetefait sous les yeux de notre confrere M. Albin Gros, et I'impression est due aux soins de nos confreres MM. G. Roman et Ambroise Ehlinger. Get ecbantillon est mis sous les yeux de la Societe. — M. Barthelemy-Lapommcraye communique des details sur le bou etat ou se trouvent, dans le jardiii zoologique de Mar- seille, des Chevres de Nubie et des Brebis du Gongo qui se sont reproduites •, il en a ete de m6me pour une race porcine arabe, elevee en abondance a Aden, et dont les produits promettent d'henreux resultats. — M. Fernand de la Sizeranne fait connaitre la naissance d'un nouveau male de la race ovine de Garamanie, ce qui porte au nombre de trois agneaux (2 males et 1 femelle) le produit du petit troupeau qui lui a ete confie. — M. le general Daumas informe la Societe que S. E. le Mi- nistre de la guerre s'occupe de introduction en Algerie d'une race bovine propre au Senegal. — II est donne lecture, par extraits, d'une lettre de M. de Montigny, datee du Gaire, 3 avril, et dans laquelle notre con- frere engage beaucoup a faire venir, comme devant 6tre une acquisition precieuse, des males et des femelles de la race de Chevres a t6te busquee des environs de Thebes, remarquables par TextrSme abondance du lait ainsi que par les qualites pre- cieuses du pelage , et surtout I'espece de Boeuf indigene a I'Egypte ei nomme Be ledi ; puis le gigantesque Mouton noir de la Nubie (le Kapeh). — M. le President annonce Varrivee des animaux d'Egypte destines a la Societe et envoyes par notre confrere M. le consul Delaporte. Ge sont deux Boucs a nez busque et deux Pintades a j ones bleues. — M. Millet, au nom de M. Richard, lit plusieurs fragments d'un Rapport que ce dernier a presente a MM. les membres du Conseilde surveillance de la Gompagnie d'exploitationdes Lan- des,etrelatifa la culturedesproprietesdecetteGompagnie, ainsi (^u^a I'education des animaux qu'il lui serait avantageux d'elever. PROCES-VERBAUX. i'nT'; " 268 SEANCE DU 9 MAI 1856. Pr6sidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclanie les noms des membres nouvelle- ment admis : S. A. I. Monseigneur le Prince NapolI^on Bonaparte. S. A. le prince Stourtdza, ancien hospodar de la Moldavie, a Paris. MM. AiBt (le docteur), membre des Societes entomologiques de Paris, Londres et Stettin, et dehi Societe imperiale et centrale d'liorticulture, a Paris. Baguer y Ribas (Jacques), consul general d'Espagne en Egypte, commandeur des ordres royaux de Cbarles III d'Espagne et du Sauveur de Gr^ce, chevalier de I'ordre d'Isabelle la Catholique, a Alexandrie. Bauchard (Auguste) , maire et proprietaire a Origny- Sainte-Benoite (Aisne). Baude (Pierre-Jacques-Elpbege) , ingenieur des ponts et chaussees, a Paris. "■"' " .' '!' Blanco Encalada (I'amiral), envoye extraordinaire et ministre plenipotentiaire du Chili, a Paris. CoRBiN, proprietaire au chateau de Morfontaine (Oise). Darblay, depute au Corps legislatif, president du Cornice agricole de Seine-et-Oise, a Paris. Debral'z, conseiller de I'Empereur d'Autriche, a Paris. DuFRESNE, proprietaire, a Bordeaux (Gironde). Guernon DE Ranville (le comte), ancien ministre de I'instruction publique, a Ranville pres Caen (Calvados). GuiLHOu (I'abbe), cure de Dompnac, canton deValgorge (Ardeche). Havard (Emile), grainier horticulteur, a Paris. Kercado (le comte de), proprietaire, a Bordeaux (Gironde). Lalzanne (G.de), au chateau de Porzantrez, pres Morlaix. MfeGE (Louis), au chateau de Kerserbo, pres Morlaix. PaKva (le baron de) , envoye extraordinaire et ministre plenipotentiaire de Portugal, a Paris, 26ii SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM.VTATION. Patxot (Adolplie), consul de la rcpubliqiie Argentine a Gibraltar. Place (Victor), consul de France a Bucharest. Saint-Piemv (le comte de), proprietaire, a Caen (Calvados). ViLLENEUVE (Juuius), citoycn bresilien, proprietaire des chateaux de Wirtemberg, a Neuilly, et deBezons (Seine- et-Oise), a Paris. ViscoNTi (le marquis de), de Lombardie, a Paris. VouGY (le vicomte de), directeur general des lignes tele- graphiques, a Paris. — Sur la proposition deM. le President, faite au nom du Bureau, et conformement aux. dispositions de I'article A des statuts constitutifs, la Societe admet,arunaniniite,au nombre de ses membres honoraires : M. le baron Alex, de Humboldt, Tun des huitassocies etran- gers de TAcademie des sciences, de I'lnstitut deFrance, aBerlin. A Toccasion de cette nomination, M. le President rappelle les titres de Tillustre doyen des savants de TAllemagne a cette honorable distinction. M. Dareste ajoute que c'est a M. de Humboldt que Ton doit I'iutroduction du Dalhia en Europe. — Notre confrere M. le comte de Vougy, president de la Societe d' agriculture et de 5^«^z5^z§'Me de Koanne, fait con- nai tre le desir de cette Societe d'entrer en communication directe avec la notre. En consequence, M. le President annonce qu'elle est, d'apres la decision du Conseil, con)priseau nombre de nos Societes agrcgees. Une sendDlable demande de noire confrere M. A. Passy et de M. deBlosseville, vice-president de la Societe d' agriculture, sciences, arts et belles-lettres du departement de TEure, est renvoyee au Conseil. — M. le President informe la Societe de la perte qu'elle vient de faire dans la personne de Monseigneur Maresca, ev6que de Solen, vicaireapostoliqueduKiang-nan aChang-hai (Chine), membre honoraire. — MM. Famiral Blanco Enralada, H. de Colonjon, Dubrueil et le vicomte de TUruguay adressent des remerciments pour leur admission dans la Societe. PROCES-VERBAUX. 265 — Nos confreres MM. Aguillon, les professeurs Bazin et Hollard, Hesse, le docteur Le Prestre, le professeur Sacc et Frederic Zuber, ecrivent pourremercier leConseil de la decision qu'il a prise d'offrir achacun d'eux, en raison des soins qu'ils apportent, comme delegues, aux inter6ts de la Societe, un exemplaire de la medaille qui vient d'6tre frappee. — M. Guerin-Meneville donne lecture d'un Rapport sur I'avis emis par leConscil : !• que la Societe doit prendre part a la souscription ouverle pour Terection d'une statue d'Olivier de Serres a Villeneuve de Berg, et 2° que la somme versee en son nom soit fixee a 200 francs. Cette double proposition est mise aux voix et adoptee a Funanimite. — M. le President met sous lesyeux dela Societe, de la part de nos confreres M. le comte H. de Jonquieres et M. le docteur Yvan, qui lui en fonthommage, un portrait de M. de Montigny, menibre honoraire. Des remerciments seront adresses aux donateurs. — M le President annonce que le Conseil a deja regu, de differents pays, des pieces importantes, dont I'examen devra 6tre soumis ulterieurement a la commission qui sera chargee de proposer des recompenses bonorifiques et pecuniaires pour des progres accomplis dans Tordre de nos travaux. — MM. E. Baroche et Braguier remercient de I'envoi de divers vegetaux qui leur ont ete confies, et ce dernier donne des details sur la culture de plusieurs aulres plantes que la Societe lui avait precedemment envoyees. — En reponse aux questions qui, sur la proposition de M. Jomard. avaient ele adressees a MM. Hesse et le docteur Turrel louchant les resultats obtenus par la culture du Sorgho du nord de la Chine {Holcus saccharatus) dans les departements des Bouches-du-lUi6ne et du Var pendant la derniere cam- pagne de 1855, ces deux membres envoient des documents etendus dont il est donne lecture par extraits. — Notre confrere M. Sicard annonce le prochain envoi d'une collection des produits qu'il a retires du Sorgho a sucre. II fait parvenir des graines d'Epinards de (loree, espece utile recemment introduite a Marseille, et donne des details sur la 266 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. culture de cette plante, ainsi que sur la raani^re de la preparer pour la consommation. — On fait connaitre des details adresses de Rochefuret pres Tours par M. Les6ble, et relatifs a la culture de VIgname de la Chine^ laquelle promet, pour cette annee, les plus heureux resultats. — Sir W. Reid, membre honoraire, gouverneur de Malte, informe que deux Ignames delaNouvelle-Zelande qui lui avaient etc expedies de Calcutta par M. Piddington, n'ont pas bien reussi. II pense que le cliinat de FAlgerie sera plus favorable a ce vegetal que celui de I'Europe. A cette occasion, M. le President fait connaitre le succes obtenu jusqu'a present a Paris par M. Chatin dans la culture de cet Igname. — A I'occasion d'un article recemment public par un jour- nal scientifique, et dans lequel il est question dela culture du Cerfeuil tubereux {Choerophyllum tuberosum), M. le baron de Montgaudry, president de la Commission permanente des vege- taux, rappelle que le nouvel elan donne en France a cette culture qui y etaitabandonnee est dil aM. Sacc, et a un certain nombre de membres de la Societe qui, par les soins de cette commis- sion, ont rcQU des graines ou des racines envoyees en quantite assez considerable par notre confrere de Wesserling. ' i — M. Aug. Geoffroy signale a Tattention et a I'interSt de la Societe un cultivateur de Lagny, le nomme Lesseur, qui a decouvert le moyen, dit notre confrere, d'ensemencer un ar- pent de terre de la contenance de trente-neuf ares avec 20 litres deble, aulieu de 150 litres employes jusqu'alors. Ces 20 litres ont rendu 10 et 12 bectolitres et demi a I'arpent, tandis que I'ancienne metbode, avec 150 litres, ne donne a I'arpent, en moyenne, que 6 a 8 hectolitres et demi. L'experience se pour- suit depuis cinq annees. L'examen de ces fails et de plusieurs autres, qui se rattacbent iiux travaux de ce cultivateur, est renvoye a la Commission des vegetaux. — M. Richard du Cantal presente quelques observations touchant les travaux de la Commission de I'Algerie dont il est president, et relatifs a la p6che du Corail le long des cotes de notre colonic africaine, a I'occasion d'un Memoire sur ce sujet PROCfeS-VERBAUX. 267 adresse par M. le Marcchal Vaillant, dont le but avait ete d'ap- peler le concours de la Societe pour la solution des questions variees qui se rattachcnt a I'industrie du Corail. II est ensuite donne lecture, par M. Michon fils, du Rapport de la Commission redige par M. Focillon, qui n'a pas pu assister a la stance. — A la suite de cette lecture, M. Ramon de la Sagra emet la crainte que si Ton favorise le developpement des Coraux, il n'en resulte, dans les regions sous-marines voisines des cdtes, des modifications fdcheuses pour la navigation. M. de Quatre- fages fait observer que ces dangers ne sont pas a craindre avec le Corail rouge, qu'il ne faut pas conl'ondre avec les Madrepores, qui, par suite de leur accroissement continu, constituent en efl'etdes ecueils tres dangereux dans certaines mers, et en par- ticulier dans I'ocean Pacifique. M. Guerin-Meneville rappelle qu'il avait, ainsi que d'autres membres, insiste sur cette dis- tinction au sein de la Commission permanente de I'Algerie, ou cette question avait ete deja discutee. — Notre confrere M. G. de Lauzanne ecrit du chateau de Porzantrez, pres Morlaix, pour appeler I'attentionde la Societe sur ce fait que dans sa propriete, des Ecrevisses ont tres bien vecu et se sontbeaucoup multipliees dans deseaux depourvues d'elements calcaires. M. Bourgeois dit que Ton a deja, plu- sieurs fois, fait des observations semblables. A cette occa- sion, M. le President rappelle un fait cite par notre confrere y\. Moquin-Tandon, qui a remarque que les Helices (notam- ment VH. arhustorum) qu'ilatrouvees sur les terrains primitifs ont une coquille plus mince et moins resistante que ne Test celle de ces m^mes mollusques recueillis dans les localites ou le sol est forme par les terrains calcaires. — M. Guerin-Meneville met sous les yeux de la Societe, de la part de M. Ramon de la Sagra, les Chenilles qui produisent la soie sauvage du Mexique, et dont un cocon et les papillons ont ete olTerts pour nos collections par MM. les commissaires de I'exposition mexicaine. M. Guerin ajoute que M. Salle, qui revient du Mexique, en a rapporte ces chenilles et des mate- riaux complets sur leur histoire. II salt par ce naturaliste voya- geur quelesgigantesquescocorsfabriquesparelles encommun, 268 S0CIET]5 IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et semblables d ceux tie nos Chenilles processionnaires, sont remplis d'innombrables polls abandonnes par ces insectes et qui irritent vivement la peau quand on louche a ces cocons. II pense que cette irritation estproduite par les polls barbeles de ces chenilles. Ce serait, sulvant lui, une action purement mecanique ; raais M. le docteur Alex. Thierry emet I'opinion que chez beaucoup d'insectes et de zoophytes, 11 y a de plus une propriete veslcante et d'ou resulte une action speclale sur les teguments. A I'appui de cette manlere de voir, M. le Pro- fesseur J. Cloquet citel'exemple fournl par les Cantharldes, qui determlnent des urtications sans qu'on pulsse les expllquer chez ces insectes coleopteres par aucune action mecanique. M. de Quatrefages donne quelques details sur les phenomenes semblables causes par le contact de certains Annelldes et de plusieurs Zoophytes. L'urtlcallon, dlt-il, est alors le resultat d'une action tantot mecanique, tantot au contralre chimlque. AI. Guerin-Menevllle resume cette discussion en dlsant que si, en effet, les deux causes qui vlennent d'6tre signalees peuvent produire les accidents dont 11 est question, on dolt cependant attribuer ceux que les chenilles determinent, uniquement a ce que leurs polls barbeles aglssent mecanlquement sur la peau. — M. Millet Informe MM. les membres qui ont demande au garde-p6che de Nantes de lamontee d'Anguilles, que les varia- tions (le la temperature et les crues dela Loire se sont jusqu'a ce jour opposees a la p6che, mais qu'il y a lieu d'esperer qu'elle sera possible d'lci a la plelne lune (deuxieme et dernlere montee de mal). — M. le President met sous les yeux dela Soclete quelques olseaux monies, recemment acquis et destines a nos collections d'hlstolre naturelle appliquee. — M. Le Prestre cxprime les craintes qu'il a congues rela- tlvement au succes de Tincubation des oeufs de Casoar qu'il possede, laquelle, malgre les solns etl'ardeur de la mere, s'est prolongee maintenant au dela de solxante-deux jours, duree du developpcuienl iridiquee par M. Florenl Provost, d'apres les observations falles au Museum d'histoire naturelle de Paris. — M.Saulnier, membredu Conseil, annonce qu'il accepte le PROCES-VEIJBAUX. 269 doptU des l*inlades a joues bleues de Nubie, donnees par M. Delaporte, et qu il ne negligera rien pour chercher a en obtenir la reproduction. II remercie la Societe de les lui avoir confiees. — S. E. le Ministre de la guerre, informe par M.le President que M. de Montigny desirait appeler son attention sur la race bovine connue en Egypte sous le nom de Belidi^ dont I'intro- duction en Algerie semblerait utile, puisqu'elle permettrait d'operer des croisements avec la race indigene, fait connattre qu'il apprecie les avantages de cette tentative. En consequence, M. le consul de France au Caire a ete invite a se concerter avec M. Koenig-bey pour choisir et dirigersur la colonic six animaux (deux taureaux et quatre genisses) de race beledi pure et exempte de tout melange. — Lenu^iue Ministre transmet une lettre que M. le Gouver- neur general de I'Aigerie lui a ecrite en lui faisant parvenir un Raj)portde M. Hardy, directeur dela Pepiniere centrale du gouvernement, sur les Chevres d'Angora qui lui ont ete con- fiees. Dans cette lettre, M. le marechal Kandon exprime I'espe- rance que I'introduction de ces animaux fournira a notre colo- nic une nouvelle source de riches produits et de plus grande prosperite. II est donne lecture du Rapport de M. Hardy. — Une lettre de notre confrere M. Marty fait connailre que les toisons des Chevres d'Angora qui lui ont ete confiees seront envoyees a Paris pour le concours universel, apres qu'elles auront figure au concours regional de Tulle. — M. Godron, en sa qualite de President de la Societe regionale d'acclimatation pour la zone N.-E. siegeant a Nancy, envoie un Rapport delaille sur les Chevres d'Egypte confiees a cette Societe, et sur les Chevres d'Angora qui lui ont ete envoyees de Wesserling au mois de novembre. — M. Werner fait hommage de la 3« livraison de I'atlas ayant pour tilre : Animaux et j^lantes utiles. Le SecrHaire des se'ances, Aug. Dumeril. 270 SOCIETE IMPfiRlALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. OUVRAGES OFFERT!^ A LjI SOClilTE. SEANCES DES 11 ET 25 AVIUL 1856. COMPTES RENDUS DE L'ACADE.MIE UES SCIENCES (I. LXll , li'^^ 1 a 1«, avril 1856). L'Institut (du 5 mars au 23 avril 1856). Cosmos (5^ annee, 8' volume, livraisons 8 a 16). Le Moniteur des comices (n"s 5 et 6, 1856). Rendiconti delle adunanze della R. Accademia economico-agraria del Georgofili di Firenze (iios 2 et 3, 1856). Revue coloniale (mars et avril 1856). L'Utile et l'agr^able (mars et avril 1856). Annuaire de la Soci^te meteorologique de France (mars 1856). Journal de la Society vaudoise d'iitilit(? publique (mars 1856). Nouvelles annales des voyages, de la gtographie, de Thistoire ct dc I'arch^ologie (mars 1856); ofiert par M. de la Roquette. Journal d'agriculture, public par le Comity central d'agdcullurc dc la Cdte-d'Or (annees 1850 a 185Zi, et Janvier et fevrier 1856). Journal de la Societe imp^riale et centrale d'horticulture (dc novembre 1855 a mars 1856). L'Agriculteur'praticien (n" 6 a IZi, avril 1856). Journal des Haras (mars et avril 1856). Bulletin DE la Soci^t^ imperiale et centrale d'agriculture (n" 1, 2 et3, 1855). Annales de l' Agriculture francaise (avril 1856). Revue et Magasin de zoologie puke et appliquee, par M. Gucrin- M^neville (1856, n<" 3 et Zi). Bulletin de la Societe de gi5ographie (mars 1856). Bulletin de la Sogieti5 regionale d'acclimatation de Nancy (I" iri- mestre 1856). Bulletin de la Societe protectrice des animaux (n"s l et 2, 1856). M^MOIRES DE la SOCIETE d'AGRICULTURE , DES SCIENCES , ARTS ET belles-lettres de l'Aube (3* ct Zj* trimestre 1855). Journal de la Society d'horticulture du Bas-Rhin (n^s 15 6, 1856). Bulletin de la Societe academique d'agriculture de Poitiers (9 an- tides, de 18Zi6 u 185Zi). Bulletin de la Soci^t^ industrielle d'Angers (26' annt^e^ 1S55). Bulletin DU Comice agricole de Saint-Quentin (t. iV, 1855). Bulletin de la Societe vaudoise des sciences naturelles (t. IV.j nos 36 et 37). EXTRAIT DES ANNALES DE LA SOClE^E ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE (de 185ial85Zi), offertparM. E. Desmarest^ BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 271 Annales de la Socif'ti^ universelle (ann(5e 1854). Bulletin de la Socifii^ philomathiqle de I'aius (anrn^c 1855). Uai'port adresse k l'Empereur par le mait^clial Vaillant, Miiiistre de ia guerre, sur la culture du colon en Alg^rie (1855). Considerations sur les Poissons du Don, du Dnbipre, du Dnestre, du BouG, ET DU Danube, par M. P. de Tcluhatchef (extrait des coraptes lendus de r Academic des sciences). Soci^Tifi linn^enne de Bordeaux, discours d'ouvcrture (ficole forestiire de M. Ivoy, au Plan). Notice sur le docteur Ernest Cloquet. LMgname patata, coltivala neU'orto sperimentale della K. Accadeniia d'agricoltura di Torino. Manoale suUa Cachesia acquosa o marciaja ^elle pecore, compilato dairispetlore A. Salvagnoli-Marchetti (Florence, 1856). Enciclopedia contemporanea (Janvier h mars 1856, 9 livraisons). Le RfeoNE animal distribu^ d'apr(:s son organisation, par Georges Cuvier, avec atlas. Mammifferes et oiseaux (2 vol. in-li), offert par M. Sacc. TraitiS de I'ext^rieur du cheval et des principaux animaux domestiques, par F. Lecoq (Paris, 1856, 3* Edition, 1 vol. in-8). Recherches sur ragriculture et Thorticulture des Chinois, par M. le baron L. d'Hervey-St-Denys, de la Soci^td asialique de Paris (1 vol. in-8). Compte rendu des travaux de la Soci^t^ d'^mulation de Montbdliard. Appel aux populations laboricuses de France et d'Allemagne pour la colonisation de la riche province de Corrientes, par M. John Le Long. Catalogue raisonn£ et prix courant des graines et plantes du Japon, cultiv^es dans T^tablissement de von Siebold et Compagnie, i Leyde. SUR l'enseignement veterinaire, par le docteur Al. Thierry. Rapport sur la Soci^t(5 imp^riale d'agriculture de la llaute-Garonne. Mollusques terrestres et fluviatiles vivants tie la France continentale, par M. Droues. Des dernieres expeditions faites h la recherche de sir John Franklin, par M. de la Roquette. L'Ingenieur, journal scienlifique des travaux europdens (ann^e 1855 et jjM jy jet Janvier au 15 avril 1856). La Soci^td a regu aussi les journaux dont les titres suivent : L'Illdstration (du 5 Janvier au 19 avril 1856). — L'Ami de la maison (n" 1 h 15). — L'Ami des sciences (du 30 d«5cembre 1855 au 20 avril 1856). — La Science pour tous (n" 1 a 16). — Reforme agricole (dd- cembre 1855 Jimars 1856). — La Colonisation (d^cembre 1855 i avril 1856). — Le Moniteur de l'agricllturb (du 27 d«5cen9bre 1855 au 25 avril 1856). — Bulletin d'Espalion (du 15 d^cembre 1855 au 19 avril 1856). — Journal DE Pontarlier (du 23 dt^cembre 1855 au 20 avril 1856). — Revue des cours publics (du 16 au 20 avril 1856). 272 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SEANCE DU 23 MAI 1856. (Les 22 ouvrages dont les litres suivent ont etc offerts par M. Victor iMasson, cditeur, membre de la Societe.) CouRs ELEMENTAiUE d'agriculture, par MM. J. Girardin et A. Du Breuil ('2 vol. in 18, Paris, 1852). CODRS ^LEiMENTAiRE d'arboriculture , par M. A. Du Breuil (2 vol. in-l8, 185Z|). Instruction elementaire sur la conduite des arbres fruitiers, par le meme (i vol. in-18, 185Zi). CouRS i5l]£mentaire d'histoire naturelle, par MM. Milne Edwards, A. DeJussieuctBeudant(Zoologie,BotaniqiieetMin^ralogie,3v. in-18,1855). CODRS I^LfiMENTAIRE DE PALEONTOLOGIE ET DE GEOLOGIE STRATIGRA- PHiQUES, avec tableaux, parM. A. d'Orbigny (5 vol. in-18 avec atlas, 185-). DlCTlONNAIRE GENERAL DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE V|fTERINAIRES, par MM. Lecoq, Rey, Tisserant, Tabourin (1 vol. in-8, 1851). NOUVEAU TRAITE DE MATIERE MEDICALE, DE THI-'rAPEUTIQUE ET DE PHARMACiE VETi^RiNAiRES, par M. F. 'iaboiirln (1 vol. gr. in-8, 185;). Instructions pratiques sur la pisciculture, par M. Coste (1 v. in-lS, 2«eclit., 1856). Guide DUBOTANiSTE, par M. E. Germain de Saint-Pierre (2 v. in-18, 1851). Atlas de la flore des environs de Paris, par M.Vl. E. Cosson et E. Germain de Saint Pierre (I vol in-18, 18^5). HisioiRR des champignons comestibles et v^neneux, par J. Roques (1 vol. in-8, avec alias, 18/11). Catalogue raisonine des plantes vasculaires du plateau central DR la France, par M\I. H. Lecoq et Lamotte (1 vol in-8, ISZiS), TRAITfi TH^RAPEUTIQUE DU QUINQUINA ETDE SES PREPARATIONS, par J. Briquet (2* ^dit., 1 vol. in-8, 1855). HlSTOlRE NATURELLE DU LITTORAL DE LA FRANCE, par MM. Audouin et Milne Edwards (2 vol. gr. in-8, 1832). RkCHERCHES EXPfiRIMENTALES SUR LA VEGETATION, par M. G. Vllle (1 vol. in-fol., 1853). Fragmenta floruLvE ^TiiiOPico-zEGYPTiACiE, auctorc Ph. Barker Webb {in-8, 1856). OTIA HISPANICA SEU DELECTUS PLANTARDM RARIORUM, par le mfime (Ivol in-fol., 1853). Ciioix DE PLANTES DE LA Nouvelle-Zelande , par M. Raoul ( 1 vol. in-fol., 1866). Introduction a l'£tude de la geologie, par A. Gautier (1 v. in-8, 1853). Le Di^iLUGE, Considerations geologiques et historiques sur les derniers cataclysmes du globe, par F. Klee (1 vol. in-18, 18Z|7). La Chimie du cultivateur, par P. Joigneaux (1 vol. in-18, 1850). Traite d'education physique et jiorale, par le docteur A. Clavel (2 voK in-18, 1855). MONUMENT 1» OLIVIER DK SERRES. 273 I. TRAVAUX DES MEHBRES D£ LA SOCIETI RAPPORT , SUR UNE PROPOSITION DE M. LE COMTE DE NIEUWERKERKE , POCR LA SOUSCRIPTION NATIONALE RELATIVE AU Honiiiuent a elever a la memoire d'OIivier de Serres, Par M. CiUilRIN-lMEIVEVILLE, Secretaire du Conseil. (Stance du 9 mai 1856.) Messieurs , Lorsque, en 1851 (1), j'obtenais du Congres central d' agri- culture de provoquer Terection d'un monument a la memoire d^Olivierde Serres ; lorsque. apres avoir demande I'assentiment et I'appui de mon collaborateur et ami M. E. Robert, jevoyais un vote unanime du Congres consacrer cette proposition, je ne me doutais pas qu'apres avoir ete oublie au moment de la mise (1) Congrfts central d'agricultiire. Session de 1851. — Monument ci la memoire d'OIivier de Serres, seigneur de Pradel, le principal fondateur de I'induslrie s^ricicole en France. « Sur la proposition de MM. Gu^rin-M^neville et E. Robert, le Congres a ^mis ie voeu : » Que le gouvernement favorise, par une allocation sp(5ciale, I'^rection dn monument que Ton propose d'(5lever ct la memoire d'OIivier de Serres, dans sa ville natale, Villeneuve-de-Berg (Ardfeche). )) Olivier de Serres, ce v^ndrable patriarche de notre agriculture fran^aise, est nd en 1559. 11 est morl en 1619. C'est en 1599 qu'il a public son traits sur la cueillelle de la sole. II dedia ce livre h Henri IV, qui lui r^pondit de la manifere la plus flatteuse et lui ordonna de s'occuper imm^diaiement de naturaliser le mdrier blanc en France, tSche a laquclle Olivier de Serres a consacr^ une partie de sa vie, et qu'il a poursulvie avec tant de d^vouement, de persev^.rancc et de succ^s, » T. III. — Juin 18.56, 18 274 SOCIETY IMPI&RIALE ZOOLOGIQUR d'aCCLIMATaTION. 'd execution de mon idee, je serais appele a rhoimeur devous entrelenir, six ans apres, de sa realisation. Tout le monde cojinE^it depuis iQngtemps ce que le pays doit a Olivier de Serres,ce patriarclie deTagriculture francaise. On sait aussi que e'est a lui que la France est redevable de cette grande et fructueuse Industrie de la soie, qui fait vivre tantde pauvres et laborieux ouvriers de nos campagnes et des villes, de cette Industrie aux progr^s de laquelle je me suis enti^re- ment devoue. On comprendra done avec quelle vive satisfac- tion j'ai appris que Vheure de la justice avait enfm sonne, et que Tune des plus grandes gloires pacifiques de la France allait avoir aussi son inonunient, La Societeimperiale d'acclimatatjon ne pouvait rester etran- gere a cette souscription nationale, qui est Tobjet des sympa- tbies de son auguste protecteur. Aussi le Conseil d'administra- tion a-t'il accueilli avec le plus vif empressement I'invitation qui nous a ete faite par notre illustre confrere M. le comte de Nieuwerkerke, denous associer a cette grande manifestation. En consequence, le Conseil a pense, et j'ai I'honneur devous proposer en son nom, de decider qu'il y a lieu pour la Societe : 1° De prendre part a la souscription ouverte, par le verse- ment d'une somme de 200 francs, fait au nom de la Societe en corps; 2° D'ouvrir, au siege de la Societe, une liste pour ceux de MM. les membres qui voudraient joindre leur souscription par- ticuliere a celle de la Societe. Qu'il me soit permis de croire que le souvenir de mon ini- tiative de 4851 n'a pas ete etranger a ma nomination comme rapporteur dans cette circonstance, et de me feliciter d'etre aujourd'hui, comme secretaire du Conseil de notre Societe, I'interprete de ses sentiments d'ad miration et de reconnais^ sance pour la memoire d'Olivier de Serres, si justement sur- nomme le P^re de l'Agriculture francaise. Les deux propositions faites par M. Guerin-Metieville, flit nom du Conseil, ont ete adoptees a Tunanimite. 'lT>T/Kl itTAt DE L^AGttlClLtLRH. tJi^ " DE L'lilTAT PRESENT DE L' AGRICULTURE ''', COMPARE A C^LUl PES iVRTS INDUSTRIELS (1) Par M. Is. CiEOFFROT liAIWT ■ HILAIRE , (leiobre de I'^nstitut, pre»idenlde laSoci^te. .■',j ■ KV.q (Stance du 6 juin 1856.)' '. " Orirepfete sou vent que notre si6cle est celui des merveiUes, et rien n'estplus vrai. Tout ce que rimagination de nos peres avail r6ve, la science semble avoir pris a tache de Taccomplifj toutes les fictions de I'Orient deviennent dans notre Europtj de bienfaisantes realites. Nous en sommes venus a dire de la science et de I'industrie, ces fees des temps modernes, ce quq Piine ecrivait de la nature : Rien n'est au-dessus de son pouvoir, et il n'est pas de pror dige qu'on ne puisse attendre d'elle. De ea nil incredibile existimaril Distinguons toutefois. Dans ce grand mouvementdesesprits, principalement dirig^ vers les applications utiles; dans ces ra- pides progresqui, a tous les etages sociaux, font ressentir leur heureuse influence et relient tous les peuples par les arts et le commerce, les sciences se sont-elles toutes avancees de front et du m6me pas? Ont-elles fait egalement, pour le bien-6tre des peuples, ce qui appartient a chacune dans Tordre de se$ travaux? Et puisqu'on les a si anciennement et ^i souvent comparees loutes ensemble a un arbre, les branches de I'arbre sublime se sont-elles egalement couvertes de fleurs etde fruits? ' jvM ,^ li /jMidmo') ■''h *?'?! >.\h ' (1) Ce travail est un fragment d*an oavrage sous preue* Intltui^ : Lettres sur les substances alimentaires, et particulieremerU sur la viandfi de c/icua/ (1 vol. gn ln-18). ■ ■> 276 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. A chaque science sa mission, et, pour ainsi dire, safonction sociale. Aux applications de la mecanique, de la physique, de la chimie; aux arts mecaniques, physiques, chimiques, la con- struction et Tarrangement de nos demeures, les voies et moyens de transport, I'echange de la pensee a travers Tespace ; aux apphcations de I'histoire naturelle, aux arts agricoles, le v6tement et I'alimentation. C'est I'histoire naturelle, en effet, qui, faisant I'inventaire des innombrables especes dont le Createur a peuple le globe, recherche, decouvre parmi elies les produits textiles, a I'aide desquels Thomme se preserve de I'in- temperie dessaisons ; ou, plus necessaires encore, les substances assimilables, propres a reparer ses forces. Et c'est I'agriculture qui cree, qui multiplie sur notre sol ces precieuses matieres pre- mieres qu'il appartient ensuite a I'industrie demettre en oeuvre, et au commerce de distribuer parmi les populations. A la science qu'on a justement appelee de nos jours la premiere des philosophies, se rattache ainsi ce qu'on a appele de tout temps le premier des arts : le premier, en efl'et ; car il est de tons, celui dont Taction sur nous est la plus immediate et la plus intime, comme la plus continue et la plus souvent re- petee. Ses bienfaits sont de tons les jours, de toutes les heures, de tous les instants. Les progres des autres arts entretiennent le mouvement social et, pour ainsi dire, la vie des peuples-, mais, avant tout, de ceux de I'agriculture, de la production et du bon emploi des substances qu'elle cree, dependent la sante et la vie des hommes. Nous voyons dans la Genese Abel et Cain, peres de I'agri- culture {Abel pastor ovium et Cain agricola)^ anterieurs de six generations a Tubalcain, pere des arts mecaniques [malleatw et faber in cuncta opera ceris et /erre). Dans I'Olympe mytho- logique, nous voyons de m6me Ceres, deesse des moissons, preceder Vulcain et Mercure, dieux des arts et du commerce. L' agriculture est, en effet, le plus ancien des arts, le premier dans I'ordredes temps, comme le premier par sa preeminence sur tous les autres. Mais combien il s'est laisse devancer par eux ! Sur plus d'un point, nous pourrions prendre encore des lemons de Varron et de Colimielle : Watt et Stephenson, KTAT UK L'AGniClLTUKE. 277 Volta et Davy, Giirsted et Ampere, el leurs glorieux emules sont a peine descendus dans la tombe, et deja les decou- vertes mecani(|ues, pliysiques, cliimiques, qui sont nees des leurs. ont Iransioriiie i'industrie et profondement niodifie la ^ociete. Que sont les machines les plus admirees, il y a un siecle, aupres de celles qu'on a inventees de nos jours : ces machines motrices des navires, par lesquelles il est devenu vrai de dire que la mer elle-m6me ne separe plus, mais reunit tous les peuples ! ces machines qui fdent, tissent, cousent mieux que les plus habiles ouvriers; qui gravent et sculptent comme des artistes consommes ; qui calculent aussi bien et plus vite que les meilleurs geometres! *'yt I'liS « Qui auraitprevu, disait Voltaire en 1760, qu'on analyserait » les rayons du soleil et qu'on electriserait avec le tonnerre ! » Qu'eut dit Voltaire et jusqu'ou eOt ete son rdmiration, s'il eiit devine cequerenfermaient en elles ces deux immortelles decou- vertes ? La lumiere, la chaleur et I'electricite soumises, non plus seulement aux lois de la science, mais a la volonte de I'homme! II n'a pas suffi a Tindustrie moderne de nous donner, dans nos demeures, de nouveaux moyens de produire et de distribuer la chaleur et la lumiere; de remplacer, au dehors, par les feux du gaz, ces flammes sans eclat qui semblaient ne s'ailumer le soir que pour rendre les tenebres visibles. De nos jours, la lumiere s'est faite peintre et graveur^ le plus exact comme le plus prompt de tous les peintres ! Plus merveilleuse encore, nous voyons I'electricite tour a lour graveur, statuaire et doreur, puissant moteur et phare eclatant; ailleurs encore, docile agent des transformations les plus varices, ou messagere rapide destinee a se substituer partout a la machine de Chappe, cette machine tant celebree, et si justement, a la fin du xvni* siecle. « Plus de distance, » disait-on, le telegraphe reunit en quelque sorte une immense » population sur un seul point » ; la pensee de Thomme vole en un jour du centre de la France a ses parties les plus reculees ! En un jour ! Etonnante nouveaute presque aussi admiree 278 SOCIETE IMI'^RlALK ZOOLOGIQUK U ACCLIMATATION. en son temps que I'invention elle-mt^uie de Mongolfier ; vieillie pourtant au moins de soixante ans. Ce ne sont plus nos mes- sages, c'est nous-m6mes, ce sont des populations entieres qui, aujourd'hui sont entraihees par la vapeur avec ce qu'on appelait laprodigieusevitesse du telegraphe ! Et cen'estplusen unjour, pasm^meenuiiemitlute, que notrepensee,notre p&role s'^lance a travers Fespace : en une fraction minime de seconde, en un instant indivisible, elle arrive, rapide comme la foudre, aux conflns, non de la France, mais de I'Europe, et bientot, a travers les mers, sur les autres continents ! Si bien que nous ne saurions plus direqu'ellevole^ tar le vol de I'oiseau. I'elan du boulet ala sortie du canon, la course elle-m6me de la terre dans son orbite, c'est, relativement, le repos, I'immobilite. La science jjeut re- pr^senter de telles vitesses p'At des nombres ; la langue manque de mots pour les exprimer. Et apres toils ces prodiges de la mecanique, de la physique, de la chimie, que d'autt^es encore non moins admirables, et ce qui vaut mieux, non moins utiles! Dans le domaine de ces sciences et des arts qui s'en eclairent, il semble que les annees vaillent aujourd'hui dies siecles : le nouveau d'il y a vingt ans n'est deja plus qu'un mode use, vieilli, dontpersonne ne velit et presque ne se souvient plus : Magnus ab integro sceclorum nascitur ordo ; ^ et plus d'un voyageur, apres une longue absence, a pu se demander, comme Epimenide apres son sommeilseculaire, s'il se retrouvait dans son pays. Celui qui se laisserait aller un moment a cette illusion n'a qu'a se tourner vers les arts agricoles, et bientot elle sera dissipee. Ce qu'il avait laisse a son depart, si longue qu'ait ete son absence . il le verra encore , sur bien des points, a peine modifie ou m6me fidelement conserve. En face de la physique et de la chiinie du xix' siecle il re- trouvera encore, en trop grande partie, Tagriculture du xvnr siecle; en progres sans doute, ily aurait a lenier injustice et ingratitude ; mais en progres seulement, quand, ailleurs, il ETAT DK l'aGKICI LTURE. " 279 y a eu cliangetiient radical, revolution complete. L'agriciilture a ete ici, par rapport aux autresarts, ce que sont aux autres hommes, dansle mouvernent general du globe terrestre sur lui- m6me, ces peuples arctiques non immobiles, aucun ne Test , mais dont le d^placement est comparativement si lent, qu'il ne va pas , dans le m^me espace de temps, au dixieme^ au vingtieme de celui des peuples des autres zones. Aussi, a cette question : Les arts agricoles ont-ils fait pour ie v6tement et Talimentation ce qu'ontfait les autres arts pour la construction de nos demeures, le chauiTage, I'^clairage les moyens de transport et de communication ? A ces questions : Le peuple est-il bien v6tu? Le peuple est-il bien nourri? nous avons a faire de bien tristes reponses, et bien peu dignes d'une civilisation aussi avancee que la notre ! Le peuple est-il bien v6tu ? Porte-t-il des v6tements chauds et en rapport avec notre climat, avec nos hivers tour a tour si hu- mides et si froids ! Porte-t-il des v6tements solides et de nature a resister aux inevitables effels de ses travau)^? Failes quehjues pas dans les faubourgs de nos grandes villes, et vous repondrez. Triste et deplorable spectacle que celui de ces populations v^tues, hivercommeet^,d'etotTesdecotondechireesau moindre effhrt, deteintes au bout de peu de jours, et bientot reduites a n'6tre plus que des lattlbeaux sans couleuf el sans ttom, si la menagere n'y ajoutait sans cesse des morceaux de toute forme et de toute nuance. La blouse, le bourgeron rapieces, voila le costume habituel d'une partie de la population de la premiere ville du monde! ■ Que faire a de tels maux? Je ne le recherclierai pas ici. tine Verite, a dit un de nos pbilosopbes, est un coin a faire entrer par le gros bout. N'essayons pas, deux fois au m6me moment, le m^me tour deforce. l)«ons seulement qu'il est des moyens non-seuieniciit d'augmenter, en d'immenses proportions, la pfo^uction de la Vaine, mais aussi de produire en abondance sur notre sol, a (i6le de la soie de luxe, un soie moins brillante mais plus solide, quiseraitlasoie de tout lemonde. Les Cbinois, que nous appelons barbares, et qui, du reste, nous rendent ce litre avec usure, sont en grande partie v6tus de cette soie 280 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. populaire. Pour I'avoir, et d'autres soies encore, que t'aut-il jf Jes vouloir (1). Le peuple est-il bien nourri? Dans le repas du milieu du jour, et le soir apresses rudes labeurs, peut-il reparer ses forces par une alimentation conforme aux regies de I'hygi^ne? Je pourrais ici me borner a dire : lisez les taxes recentes et actuelles du pain et de la viande (2) ! Et souvenez-vous des me- sures par lesquelles le gouvernement et les administrations municipales ontdtl venir, trois annees surdix^ au secours des classes laborieuses ! Mais vous mV)biecterez peut-6tre que ces dernieres annees ne representen t pas I'etat ordinaire et normal du pays ? Voyons done, au moins pour la production animale, ce qu'est cet etat ordi- naire et normal, si ce qu'on appelle les annees de prosperite ne sont pas seulement des annees de moindre disettel et si la viande n'est pas a la fois une des substances les plus indispen- sables a la bonne alimentation du peuple, et une de celles qui lui manquent le ^lus? (1) Tous les lecleurs du Bulletin savent avec quelle activity la Socidt^ impdriale d'acclimatation s'occupe de realiser les progrfes que j'indique ici, et plusieurs autres du m^me ordre. Dfes le premier mois de son existence, la Soci^t^ prenait des mesures, d'une part, pour faire venir de Chine le Ver ci sole du chfine et les arbres sur lesqnels il vit ; de I'autre, d'Ai'igora, la Chevre & longue laine soyeuse. Un premier envoi de Vers S sole du clifine, fait sans les precautions indiqu^es par la Socidt^, n'a pas r^ussi ; mais les deux chines de Manichourie, sur lesquels vit Pinsecte, sont aujourd'hui acquis 5 la France, et I'introduction de la Chfevre d'Angora est un fait accompli. On peut voir dans les tomes [ et II du Recueil des travaux de la Societe, et dans les livraisons d^jci publi^es du tome III, qu'elle s'est occup^e de Tintroduclion de plusieurs autres animaux dont les polls ou les soies peu- vent 6tre utilises pour le vfitement, et de celle de plantes textiles de diverses contr^es. (2) La taxe actuelle (seconde quinzaine de juin) porte, pour les premieres categories, le prix du boeuf, h 2 francs le kilogramme, celui du taureau et de la vache, h 1 fr. 71, du veau h 2 fr. 03, et du mouton a 1 fr. 77. Je me borne h donner ces chiffres : ils n'ont pas besoin de commentaires! AytAHIA. 281 SUR LES AQUARIA D'EAU DE MER ET D'EAU DOUCE £tablis AU JARDIN ZOOLOGIQUE DE LONDRES Par n. le vicomte de VALMEB. (Stance du 23 mai 1856.) La bienveillance avec laquelle vous avez accueilli la propo- sition que j'ai eu I'honneur de vous faire a Tune de nos der- nieres seances, I'appui que la Section de pisciculture a bien voulu me prater, me font un devoir de vous communiquer au- jourd'hui quelques renseignements relatifs a la creation des aquaria. Une partie de ces details est le resultat de mes obser- vations-, Tautre a ete puisee dans le livre de M. Gosse, auteur anglais, qui apprend tout ce qu'il faut pour la formation d'un aquarium d'essai, mais qui ne donne qu'une faible idee de ce qu'onpeut voir au Jardin zoologique de Londres. Un aquarium pent 6tre de plusieurs formes, de diverses di- mensions : bassin, rocher, fontaine, ou simple globe de verre, voila Taquarium de Tamateur. CeUii destine a I'etude doit 6tre forme d'une cage dont les parois de glace permettent a Toeil observateur de constater la croissance, le developpement des plantes et des animaux qui y sont renfermes, et surtout les mosurs si peu connues de ces derniers. Ses dimensions sont ordinairement fixees ainsi : 2 metres de long, sur 70 centime- tres de large, et 80 centimetres de haut. II coiite a Londres 18 livres sterling (450 fr.), mais pourrait 6tre etabli a Paris pour 300 fr., et peut-^tre pour moins, en raison de la diffe- rence du prixdes glaces dans les deux pays (voy. les prospectus de Sunders et Woolcot, fabricants a Londres). II pent contenir de I'eau et des animaux de mer, ou renfermer de I'eau et des poissons d'eau douce. 282 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Aquarium d'eau de fner. On adoule dela possibilite de conserver les animaux marins, sans renouveler souvent I'eau de raquarium; mais les details qui suivent prouveront que la chose est facile, m6me dans de simples bocaiiXk Le poiht iMpoftanti c'feBt Apr^s avoir rempli Taquarium d'eau de mer bien claire et degagee de matieres animales, d'y intrtiduire de petits morceauit de t-ochers sur les- quels on aura conserve avec soin I'herbe de mer qui y est atta- chee, evitant toutefois de prendre les especes epaisses et vis- queuses; car elles produisent un limon qui ferait corrompre I'eau, etcboisissantlaCoraline rose, leRhodymeniapourpre, la Mousse chandriHc) et surtout I'Ulva verte, si commune, fine comme du papier de sole, et plissee comm6 un evenlail-, les plus petits morceaux de rocher attaches a ces plantes suffiront pour leur vegetation^ car elles n'ortt pas de vraies racines^ sont seule- ment adherentes, et re^oivent leur nourriture de Teau seule. Un point non moins important, c'est de n'y laisser aucun corps etranger^ aucun insecte en decomposition-, c'est a cette con- dition que I'oxygene produit par les plantes marines pourra neutrahser I'^cide carbonique emis par les animaux , etablir Fequilibre et assurer I'existence de ces derniers. Voici ce que dit M. Gosse a ce sujet : « Les plantes, en general ^ bien que » quelques-unes soient fort jolies et fort curieuses. ne sont que » des accessoires nect^ssaires a la vie des animaux marins ; » car si nous essayions de les garder seuls dans I'eau de mer, » cette eau se corromprait bientot, les animaux seraient ma- » lades ou morts, et nous n'aurions plus qu'a nous defaire de » cette masse de corruption. Et pourquoi cela, quand nous » voyons ces animaux vivre et grossir dans des trous de rocher » moins grands que notre vase?... C'est par lam6meraison que » nous ne pouvons vivre longtemps dans une chambre privee » d'air ; tout animal a comme nous besoin d'oxygene ; les ani- » mauxtcrrestresletrouventdans Fair, les animaux aquatiques » dans I'eau, et dans I'un et I'autre cas, I'oxygene est princi- » palement produit par les plantes sous Taction de la lumiere. » Dans I'etat naturel, les rochers, les etangs, les lacs, et m6me AQUARIA; 28& » le Ibnd des iners est garni de diverses plantes qui, par la » puissance de la lumiere, produisent une grande quantite » d'oxygene, lequel, balloUe par les courants et les vagues, en- » tretient la santc de milliers d'Imhitants. Or, nous devons, dans B notre a(|uariunj, viser a imiter la chiniie de la nature. Pour y » parvenir, nous y placjons les plantes ainsi que les animJlbi : B un peu d'observation nous apprend bienliM les proportiorts » voulues, et nous fait comprendre sur uiie petite echelle la » balance de la vie animale et vegelale. En outre^ ces heH)ages » servent de retraite a nos animaux^ souvent ils y trouvent une » nourriture agreable, et toujours du repos et un abri •, les » plantes, a leur tour, doivent aux animaux Tacide carbonique » qu'ils rejettent en respirant, iet qui, s'il n'etait absorbe par » elles, infecterait Taquarium. » Ainsi, apres avoir place les Algues au fond de raquarium, recouvrez-les en partie de petits cailloux pour les y fixer, et laissez-les reposer deux ou trois jours avant d'y introduire des animaux. Pour le peuplcr, vous trouverez d'abord dans les troUs des rochers les Anemones demer (Actinies) qui suffiraient pour le transformer en un vase de fleurs animees et brillantes de mille couleurs ; une des plus jolies etdes plusfaciles a se procurer, c'est V Actinia mesembryanthemum ; avec un peu plus de peine, on peut avoir les Crassicomes plus grands et non moins eclalants, rouges, bleus, roses, bruns, et gris; mais au moment oii voUs etendez la main pour vous en emparer, ces Dahlias vivants dis- paraissent et ne laissent plus voir qu'une boule de sable ; vous pouvez cependant les prendre en passant la main en dessous, etsi vous les placez avec soin dans votre vase, ils refleuriront avec eclat le lendemain. Deux autres especes non moins belles etassez faciles a se procurer, car on les Irouve presque partoutet communementsur les c6tes du Devonshire, pourront contribuer a peupler volVe aquarium. L'une est la Bellis, ou Marguerite de mer. 11 faut Tenlever avec un marleaudu rocher ou elle est profondement attachee ; apres un ou deux jours de captivite, elle s'ouvrira, et vous dedommagera de la peine qu'elle vous aura donnee. L'autre est le Diantkusqu on voit souvent attache auxhuitres, semblable a un morceaa de gelee de couleur olive, 28/i SUCIETE IMPEHIALE ZOOLOGiyiE d'aCCLIMATATION. rose, ou blanc : ces deux derniers sont les plus beaux; et si, apr^s avoir soigneusement nettoyela coquille a laquelle ilssonl fixes, vousles placez dansTeau, vousles verrez s'ouvrir conime des fleurs de la plus belle couleur orange et semblables a des pierres precieuses. 11 existe une grande variete de Polypes, de Mollusques, de Vers a plumet, etc., qui pourront trouver place dans votre aquarium. Mais, pour la conservation de votre eau dans laquelle des animaux microscopiques puUuleraient, il faut y placer quel- ques-uns de ces petits Crabes bruns semblables a de la porce- laine. Cette espece vit des animalcules qu'elle suce, et vous debarrassera de Timmense quanlite de semence repandue par vos plantes; semence qui, si elle n'etait pas detruite, formerait bientot une epaisse couche de verdure autour de voire aqua- rium, et vous emp6cherait d'en distinguer I'interieur. Quelques coquillages pourront encore vous venir en aide pour le nettoy er : vous les trouverez dans les berbes de mer : ce sont les Nerites jaunes ou vertes, les Petoncles, ceux de forme conique roses tachetes de brun, et enfin le Ziziphinus. Tous ces nouveaux botes commenceront leur oeuvre en rongeant VUlva verte : mais quand les jeunes berbes commenceront a se former, vous les verrez coupees tous les matins, comme si la faux d'une lee y avait passe dans la nuit, et c'est la langue de ces petits ani- maux dontle mecanisme extraordinaire est depeint dans lelivre de M. Gosse, qui se cbarge de ce soin. Enfin, vous devrez ajouter dans votre aquarium quelques crevettes et quelques poissons a etoiles. Vous aurez a vous defier de deux ennemis puissants : le pre- mier est la poussiere qui, repandue a la surface de votre eau, produirait le m6me effet que la glace en emp6chant I'oxygene de I'air d'y penetrer. Couvrez doncle dessus de votre aquarium avec une vitre ou une mousseline soulevee vers I'un des bords. Le deuxieme ennemi, c'est le soleil dont il faut briser les rayons au moyend'un papier transparent, ou de quelque etofTeclaire; si vous laissez tiedir votre eau a son ardeur, tout est fini pour vos eleves. La est la difficulte, car il vous faut beaucoup de jour pour faire vegeter vos plantes marines. Dans tous les cas, AQUARIA. 285 vous devez menager une parlic onibragee dans votre aquarium. M. Gosse dit que sous rinlluence d'une abondante lumiere, on voit se former des globules sur cbaque plante, et m6me sur cbaque pierre oil s'etablit une vegetation. Ces globules, tant que les rayons de la lumiere ne sont pas interceptes, montent a la surface de Teau et se succMent rapidement. C'est de I'oxy- gene pur degage par ces plantes, et a cet oxyg^ne lesanimaux de votre aquarium doivent la vie. J'ai souvent ete a m6me de constater ce fait, et j'ai vu les poissons se jeter avec avidite sur ces globules. Par tous ces motifs, vous devez placer votre aquarium pres d'une fen^tre au midi ou a Test; mais abritez-le par un rideau ou par une toile, des que la chaleur est forte, car il faut quel'eau soit toujours fraiche a la main, quelle que soitla temperature exterieure. Vous aurez, enfin, a suppleer a I'evaporation par une addition d'eau nouvelle; il en faut peu, mais il est necessaire de maintenir le m6me niveau, et d'em- p^cber ainsi que I'eau ne devienne trop salee. En effet, comme Teau s'evaporeetnonlesel,sivous n'y remediiez pas, dans quel- ques semaines vous auriez du sel presque pur. Quand on n'est pas en position de se procurer de Teau de mer, on peut facile- men t en faire avec certains sels ; mais le sel dit de cuisine ne suffit pas pour la composer. Je sais que notre bonorable collegue, M. Millet, dont Texperience et les etudes speciales ont tant de valeur, a employe le sel des marais salants pour composer de Teau de mer qui a fait vivre des poissons; mais je suis porte a croire, comme le dit M. Gosse, que le sel commun dit de cuisine ne suffirait pas pour des animaux destines a passer leur vie dans Vaquarium. Voici la composition indiquee par Tauteui* que je viens de citer : Eau 96/1,74/1 Ghlorure de sodium 27,059 — de magn^sie 3,666 — de potasse 0,765 Bromure de magn^sie. .... 0,029 Sulfate de raagn^sie 2,295 — de chaux 1,/|07 Carbonate de chaux 0,031 999,998 286 SOCIETY iMPftRlALE ZOOLOGlfiUE D'ACCLIMAtATlON. Celle eaii composee est preferable a I'eau naturelle qui ne serait pas claire, ou qui aurait ete apportee autremeiit que dans des tonnes completement neuves, ainsi que leurs bondons, et abreuvees au moins quinze jours d'avance. M, Miahle, phar- macien, place Pavart, vend une eau de mer concentree qui,' peut-6tre, seraitutilement employee dans les aquaria. M. Gosse possede un aquarium dont I'eau n'a pas ete renouvelee depuis dix-neuf mois. Inutile de dire qu^uneconstante surveillance est de rigueur-, car, si les animaux meurent au sein de leur ele- ment, ils sont bien plus gujets a la mort dans votre aquarium, et si vous enlaissiezquelques-uns en decomposition, vous per- driez infailliblement tous les autres. ^ Les instruments necessaires sont : 1° une cuiller d'etain re- courbee et attachee a un petit baton, destinee a enlever les corps morts ; 2" deux ou trois petits batons aplatis a I'extre- mite, en forme de spatule ou de b^cbe, pour cbanger de place ou arranger les plantes; 3° enfin, deux petits filets attaches a un anneau fixes au bout d'un baton, pour vous aider a prendre et a soulever les animaux que vous voulez examiner ou changer de place. Cependant, en these generals, il faut eviter de les toucher, et les deranger le moins possible- II existe a Londres et dans plusieurs autres villes d'Angleterre des personnes qui se chargent de procurer des animaux, des plantes et de I'eau de mer, etm^me des aquaria toutgarnis et tout peuples ^ on n'a jamais besoin de donner de la nourriture a ces habitants, et si chaque chose est dans les proportions voulues, tout doit y vivre et vegeter naturellement. Aquarium d'eau douce. L'aquarium d'eau douce n'est pas aussi curieux que celui d^eau salee, mais il est bien plus facile a etablir : Un vase ou une cage de verre avec deux ou trois pouces de hourbe de mare au fond, du gravier fin pour rempt>cher de re- monter vous suffira; placez-y quelques-unes de nos plantes d'eau, telles que le Vallisneria spiralis, dont la fecondation s'op^re d'une maniere toute merveilleuse, VAnacharis alsi- AQOAKIA. 187 nostrum^ lierbe magique, dernieremeiit apportee en Angleterre avec de la cliarpeiile du Canada, qui s'est niullipliee et resemee si prodigieuseinent, quelle menace d'envahir les canaux et la Tamise elle-m(>me. Ajoutez a ces plantes quelques Verons (P/(oa:mMs),(jUGlquesLe?,ards d'eau ou Tritons, quelques-unsde ces tubes aniines formas derange. Du reste, les lois et les colons leur accordant toutc leur protection, ils ne sont nullement inquietes; cela tient surtout aux services qu'ils rendent en detruisant chaque annee une immense quantite de reptiles de toutes esp^ces qui font la base de leur nourriture, et surtout de serpents exces- sivement venimeux. Comme la nature est prevoyante dans tout ce qu'elle fait , elle a donne a chaque 6tre ses moyens de conservation. Aussi le Serpentaire a-t-il ete modele sur un moule approprie a son genre de vie ; c'est done a cet eflet que les jambes et les tarses etant tres allonges, son ceil per^ant peut decouvrir a une tr^s grande distance la proie qui, ne se doutant gu^re de son appa- rition, est souvent etendue sur le sable ou sur les plantes grasses qui tapissent le sol. La forme elegante et majestueuse de cet oiseau devient en ce moment surtout plus gracieuse encore, car c'est la quMl developpe toute sa ruse afin de surprendre le reptile qu'il vent attaquer, aussi n'approche-t-il qu'avec la circonspection que reclame la prudence : Tceil vif et ardent, le&- plumes du col et du derrieie de la tSte dressees en avant annoncent le moment de la lutte : se ruant d'un bond sur Tanimal, il le frappe du pied avec tant de force, que souvent il le terrasse du premier coup. Cependant, s'il n'a pas reussi, et que le serpent furieux se dresse en epanouissant la peau de son cou comme cela arrive pour les esp^ces les plus dangereuses, I'oiseau force de retrograder, fait un bond en arriere en attendant qu'il puisse saisir le moment opportun de recommencer. Dresse en partie sur lui-m^me, le serpent furieux fait mouvoir sa langue avec la dexterite de I'eclair, et poussant des sifflements aigus qui retentissent au loin, semble tenir en respect son ennemi ; mais celui-ci, dont le courage redouble a mesure que les diflicultes augmentent, entr'ouvre les ailes, et revenant sur le reptile, lui assene de nouveau de ces coups de piecl terribles , dont per- 300 sociETE iMPKitiALE zouLO(;iuLi: d'aclllmatation. Sonne ne peut se faire une idee, et qui ne tardent pas a le mettre hors de combat. Cependant , nous avons vu quelquefois de ces serpents s'elancer sur le Serpentaire ; mais, soit en ouvrant ses ailes dont les premieres remiges seulement servent en quelque sorte de bouclier, soit en sautanl en arriere ou sur les cotes, il est certain d'eviter par ce manege la morsure de son antagoniste, qui, epuise de fatigue, retombe toujours a plat surle sol, mo- ment que choisit Foiseau pour redoubler ses coups de massue, qui, en lui mutilant la coionne vertebrale, achevent de lui retirer toutes ses forces. C'est alors que le Serpentaire victorieux s'elan^ant comme une fleche et posant le pied sur le cou du serpent, juste derriere la t6te, commence a Tavaler , chose qu'il pratique en prenant la queue d'abord j et comme cette operation n'est pas de longue duree, m6me pour des reptiles de 5 a 6 pieds de longueur, sur plus de !i pouces de circon- ference, des qu'il arrive a la t6te, il ne manque jamais d'en briser le crane par plusieurs coups de bee qui le mutilent completement. L'operation faite, I'oiseau reprend sa course lentement jusqu'au lieu de son domicile , ou alors il reste des heures entieres repu, la t6te rentree dans les epaules. Comme la majeure partie des oiseaux de proie, le Serpen- taire rejette, sinon les plumes ou les poils, du moins les ecailles des reptiles qu'il avale, et cela par pelotes comme les autres. II est etonnant de voir la prodigieuse dilatation de la bouche de cet oiseau, car nous avons ete temoin qu'il pouvait avaler des reptiles de plus de 6 pouces de circonference. Bien que le couple ne se quitte jamais, ils ne se secondent pas mutuellement pour terrasser une proie, et chacun chasse pour son compte. Levaillant, qui le premier a donne une bonne figure et une bonne description du plumage de cette espece, ayant, comme nous, eu le malheur de perdre ses observations, aura sans doute fausse ses souvenirs au moment ou il tenait la plume, pour en decrire les mceurs-, car ce qu'il dit au sujet de Fade de I'oiseau qui lui servirait de massue, n'est pas exact, puis- SEIIPENTAITIK. 801 (jirello- \w liii sort (|ue de bouclier , tandis que c'est avec la planle du pied (juil terrasse ses eiinemis. Nous en somnies d'autant plus persuade , (ju^ayant suivi pas a pas le savant voyageur, mieux que personne nous avons ete a m6me de lui rendre cette justice consciencieuse que pen de monde avant nous lui accordait. Puissent les voyageurs suivre son exemple, et la science d'observation, celle que nous regardons comme la clef de toutes les sciences naturelles, fera plus de progres. Nous ajouterons que c'est en juillet que le Serpenlaire a son plus beau plumage. Le mdle, qui est un peu plus petit que la femelle , a une coloration plus pale , plus grise et plus blanche. C'est aussi vers le milieu de ce mois que commencent les amours, et tous deux travaillent a la construction ou au replatrage du nid, ou plutot de Taire qui doit contenir la nou- velle famille. Cette aire est presque toujours placee sur la sommite d'un buisson eleve et tres touffu, le plus souvent un mimosa. Elle est composee de buchettes et de terre •, le centre en est garni de substances moelleuses, soit de plumes ou de laine, quelquefois m6me du pollen des plantes. II est facile de compter le nombre d'annees par les diverses couches qui la composent ; car, comme pour les aigles, chaque annee apporte au nid une couche nouvelle. II arrive souvent que les branches qui I'environnent, poussant sur les c6tes des jets, le cachent completement a la vue, ce qui devient une securite de plus pour toute la famille. Nous avons observe cependant que dans les pays boises, le Serpentaire faisait son aire sur les grands arbres. Du reste, n'importe ou il se trouve, le couple s'y retire chaque soir pour y passer la nuit. C'est en aoiit qu'a lieu la ponte ; elle est generalement de deux ocufs, et quelquefois trois. Ces derniers sont a peu pr^s du volume de ceux d'une oie, mais d'une forme plus ronde d'un bout. Leur couleur est d'un blanc pur sans aucune trace de taches. Au bout de six semaines les jeunes eclosent ; ils sont alors reconverts d'un duvet blanc, qui, au bout de cinq a six autres semaines, laisse poindre ca et la des plumes ; ces der- 302 SOCIETE IMPERlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATaTION. nieres ont, a la teinte pres, la m^me coloration que celles de Vadulie. Ce qu'il y a de plus terrible et de plus fatigant pour les parents, e'est que la faiblesse des pieds des jeunes les for^ant de rester au moins six mois dans leur nid, ils sont tous deux obliges de chasser sans relaehe pour assouvir I'appetit devorant de leurs enfants, qui absorbent une quantite si considerable de reptiles, qu'elle surpasse de beaucoup celle des adultes 5 ce qui pousse quelquefois les peres et meres a des courses loin- taines, et a avoir recours, soit aux tortues, lezards, et m6me a de gros insectes tels que des sauterelles, quand la disette des premiers se fait sentir. Maislabecquee ne se donne qu^avec des objets qui ont deja subi une preparation dans le jabot, du moins, lorsque les jeunes sont encore trop faibles pour manger d'une autre fa^on. Car une fois assez forts pour avaler des reptiles complets, les pa- rents ne se donnentpluscette peine, et les leur apportent tout entiers en ayant le soin de les choisir d'une taille proportion- nee, ou en les morcelant pour en faciliter la digestion. l\ien de plus curieux que de voir de jeunes oiseaux qui ont acquis tout leur developpement, se mouvoir sur leurs tarses a I'aide de leurs talons , ce qui leur donne une tournure fort origin ale. Nous avons remarque que pendant Tincubation, le male seul etait charge de nourrir sa femelle qui n'abandonne jamais ses oeufs 5 aussi est-il facile de reconnaitre par la presence des debris d'ossements le local choisi pour I'habitation de ces oiseaux. Comme presque tous les grands oiseaux de proie, le couple serpen taire ne souffre aucune autre espece dans le canton qu'il a choisi pour son domaine, mais en revanche les petits oiseaux, et principalement les diverses especes de tisserins, clioisissent- ils le voisinage de leur domicile pour y construire leurs nids qui sont suspendus tout autour de cette aire ; il semblerait que ces fr6les creatures chercheiit en agissant ainsi, a se mettre sous la protection des holes qui habitent le palais du canton. Chose etrange que la domination ! le droit du plus fort semble SRRI'RNTAIfiK. SOB toujours ^tre le point de rallieinent de toules les cniintes. II fau t dire cependant que dans ces circonstances ces petits oiseaux devinent juste, car les serpents sont si nombreux, que souvent ilssont victimesde leur voracite, tandis qu'ils ne redoutenten aucune laQon celle des Serpentaires (jui s'enorgueillissent en quelque sorte de leur superiorite tant ils laissent approcher ces petites creatures. Nous avons possede pendant notre sejour au cap de Bonne- Esperance un grand nombre de ces oiseaux, et depuis bien des antiees nous avions forme le souhait de voir introduire cette espece dans nos Colonies fran^aises , lorsqu'en 18'26, a noire retour au Cap, nous decidames M. Freycinet, ex-gouverneur de rile Bourbon (aujourd'hui de la Reunion), a prendre plu- sieurs couples de ces oiseaux pour en faire I'essai a Cayenne, oil il se rendait pour y prendre le m6nie poste (ju'il venait de quitter. Pendant longues annees nous avions cru cette tentative en plein succes, lorsque nous appriines que par la faute ni6me des colons, elle n'avait pas reussi , ceux-ci ayant detruit volontairement une des choses les plus utiles a leur conser- vation. Enfin, comme nous venons de le dire, ayant eu en notre possession un nombre considerable de ces oiseaux. et ayant fait toutes les etudes possibles sur leurs moeurs, nous pouvons aujourd'bui repondre dela reussite de leur acclimalation, non- seulement dans nos Colonies d'Amerique et des ludes, mais encore dans celle del'Algerie, ou ces oiseaux rendraient un ser- vice immense. Reduita Tetat de domesticite, le Serpentaire se contente de viaiides de touteespece; ce serail un excellent sergent de ville {lourles basses-cours; car comme TAgami, il mettrait Vordre des (]ue quehjues combats s'engageraient. , Malbeureusement le nombre considerable d'especes d'ani- niaux que nous tenions ensemble nous ont toujours emp6che de voir cette espece se reproduire chez nous; nous avons eu la preuve que s'il avait ete possible de les tcnir dans un espace plus grand ou plus isole, ces oiseaux auraient produit comme 304 socjiiTE iMPfiniALE zooLOGiguE d'acclimatation. on liberie. Les trois oeufs non a terme que nous avons trouvos nous ont fourni cette preuve. Nous pensons done que si la Societe d'acclimatation voulait introduire en Algerie d'abord un certain nombre de ces oiseaux, elle rendrait a cette colonic et aux autres un service reel, car le Serpentaire se chargerait de purger le sol ou on le trans- porterait des reptiles nombreux qui causent chaque jour tant de calamites. Nous recommandons aussi de porter la plus vive attention sur les diverses especes de Grues, et principalement sur la Ca- ronculee, qui, comme le Serpentaire, detruit un nombre fort considerable de reptiles. Comme ce dernier, elle vivrait dans les m6mes climats ets'y reproduirait. Celles que nous avons eues ennotre possession se nourrissaient de viande, de reptiles, d'insectes et m6me de grains. On la trouve dans les plaines arides, surtout sur la cote est, presque toujours isolee, excepte vers la saison des amours. Mais des que les jeunes sont en etat de reproduire, la famille se disperse. II en est de m6me des jeunes Serpentaires, qui sont chasses par leurs parents lorsque I'age leur permet de s'accou- pler, ce qui n'a lieu qu'a la seconde annee. Comme il y a gene- ralement male et femelle dans la m6me couvee, ils ne se quit- tent pas et imitent leurs parents en se cboisissant un domaine convenable, souvent a une grande distance du lieu de leur nais- sance. Nous saisissons cette occasion pour signaler aux Ornitbolo- gistes la difference que nous avons observee dans les Serpen- taires de la partie orientale de I'Afrique ; car ici ils sont d'une taille inferieure et d'une teinte beaucoup plus pale en tout, difference qui nous semble par sa Constance devoir former une espece distir\cte, pour laquelle nous proposerions le nom de Serpentarius orientalis,si elle etait reconnue comme telle. PROCES-VliRRAL'X. 80^ II. EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES G£N£RAL£S DE LA S0C1£T£. SEANCE DU 23 MAI 1856. Prisidence tie M. Geoffrok Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des memhres nouvelle- ment admis : MM. Archinto (S. E. M. le comle Joseph), conseiller intime de S. M. I. R. Ap., proprietaire,a Milan (Lombardie). Bauchart (Virgile), membre du Conseil general de Tagri- culture, a Mont-Piaisir-Courjumelles pres Origny-Sainte- Benoite (Aisne). Berthier-Bizy (le comte de), membre du Conseil general de la Nievre, a Paris. Bougarel, proprietaire, au chateau du Pare, a Moulins. Chalus (le comte de), au chateau de Bigny pres Chateau- neuf-sur-Cher (Cher). "' ^ Coeffier, proprietaire, a Versailles. Damoisy (Eustache), proprietaire, a Pleineselve, par Ribe- mont (Aisne). Delbetz, agriculteur, ancien eleve de Grignon, membre de diverses societes agricoles, a Paris. Drut (A.), secretaire des commandements de S. A. I. le prince Jer6me Napoleon, a Paris. Keller (Albert de), proprietaire et negociant, a Milan. Molenes-Mahon (le docteurMarc de), a Paris. Montesquiou-Laboulbene (le docteur L.-A.), a Agen. PiCARD (Ch.), membre du conseil general des manufac- tures et du conseil general de TAisne, I'un des admi- nistrateurs du Chemin de fer du Nord, president de la Chambre de commerce de Saint-Quentin, a Saint- Quentin (Aisne). RicHEBOURG, ingenieur oplicien, photographe, successeur de riiigenieur Chevalier, a Paris. T. in. — Juinl856. 20 80(i SOCIIST^ iMP^ftlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMaTaTION. StQUET, flirecteur gerant de la Societe zoologique de Marseille (Bouches-du-Rhone). Tavehna (le comte Joseph), proprietaire, a Milan. Trenqualye (le baron de), consul honoraire, chevalier de la Legation imperiale de France en Chine, a Macao. ViscoNTiNi (Hercule), proprietaire, a Milan. — Sur la proposition du Conseil, Tadmission de la Societe d' agriculture f sciences, arts et belles-lettres du departement de I'Eure est inise aux voix et prononcee par la Societe. Une demande d'admission adressee par la Societe d'agriculture du Puy-de-D6me estrenvoyee au Conseil. — II estdonnelecture d'une lettre par laquelle S. E. le Ministre de I'agriculture, du commerce et des travaux publics annonce qu'il accorde a notre Societe une subvention de 1,500 fr., etdeplus, une somme de 300 fr., pour racliat d'une medaille qui sera decernee en son nom dans la seance generale du 10 fe- vrier (1). Des remerciments seront offerts a M. le Ministre. M. le President fait observer que, grace ace don genereux, la Societe a, des maintenant, trois medailles d'ora sa disposition ; car le Conseil en a deja vote une, et il y en a une autre qui est le pro- duit d'une souscription ouverte parmi les menibres fondateurs. — Par une lettre en date du 9 mai, M. xMalavois a informe le Conseil qu'il compte expedier un navire dans les ports de la Chine situes sous les m6mes latitudes que ceux de TAlgerie vers lesquels ce navire devra operer directement son retour. L'intention de notre confrere etant de profiter de cette circon- stance pour introduire dans notre colonic africaine les especes d'animaux etde vegetaux, dont la similitude de climatpermet d'esperer une accliinatation facile, il a sollicite le concours de la Societe et lui a demande des renseignements et des instruc- tions. S. E. le Ministre de la guerre, informe de ce projet par M. le President, annonce que pour faciliter ces utiles tenta- tives, il met a la disposition de la Societe une somme de 4 a 5.000 fr. Des remerciments seront adresses a M. le Ministre. (1) Pour les conditions et le jiigement du concours, voyez plus liaut page V et page Ix^. f I>h0c&8-VerbauX. 807 Une commission composee de MM. Dareste, le general Dau- mas, Guerin-Meneville, Malavois, Uicliard (du (^anlal), Tastet et le baron de Trenqualye, est chargee de rediger des instruc- tions pour le capitaine du navire. — M. le comte de Nieuwerkerke, president de la commission du monunient a clever a Olivier deSerres, remercie la Societede la part qu'elle a prise d la souscriplion par une cotisalion generale et par I'ouverture d'une lisle particuliere pour ceux de MM. les membres qui voudront s'y faire inscrire. — S. A.l. Monseigneur le prince Napoleon Bonaparte adresse a la Sociele des remerclments pour sa nomination comme menibre titulaire. « Tout mon concours, dit S. A. 1. dans sa lettre a M. le President, vous est acquis pour Toeuvre que vous avez fondee ; j'espere que vous me le demanderez en toutes circonstances sans reserve. » — Mos nouveaux confreres, MM. de la Gironiere, le comte de Guernon-Uanville, I'abbe Guilbon, le comte de Kercado et le baron de Paiva remercient de leur admission dans la Societe. — MM.Barul'liet leprotesseur Joly ecriventpour remercierle Conseil de la decision qu'il a prise de leur oflrir, en raison des soins qu'ils apporlent comme Delegues aux inter^ts de la So- ciete, un exemplaire en bronze de la medaille qui vient d'etre frappee. — Wotre confrere, M. de Capanema, informe qu'il a presente le premier volume de nos Bulletins aS. M. TEmpereur du Bresil qui est dispose a donner a la Societe un temoignage de sa baute bienveillance. •— Notre confrere, M. Henri DeyroUe, sur le point de partir pour le Gabon, reclame des instructions dont la redaction est confiee a une commission composee de MM. Aug. Dumeril, Germain de Saint-Pierre, Guerin-Meneville, le vice-amiral Penaud, et Pucberan. — Une portion du n° du 22 mars 1856 de la Gazette of ticielle de Milan, con tenant un article de M. le professeur E. Gornalia sur les travaux de notre Societe, est envoye par M. Gh. Brot, delegue pour la Lombardie. — M. Sautter, secretaire de ]& Societe d'eco7iomie rurale de 308 SOCIETE IMPERULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMaTATION. la Cote (Suisse), reniercie, au iiom de cetle Societe, des graines qui lui ont etc envoyees et qu'on a distribuees aux membres avec recommandation de faire connaitre les resultats qu'ils obliendront. — Des echanlillons d'une graine oleagineuse nouvelle nom- nommee Barry, et originaire d'Asie Mineure, sent donnes par M. Valserres. On en a extrait de Thuilc dans les departements du nord oii cUe a ete trouvee riche en produits. — M. Barthelemy-Lapommeraye annonce qu'il tient a la disposition de la Societe un certain nombre de racines alimen- taires (ignames, batates, aroides) provenant des Antilles et dont la plus grande partie a ete ofierte par lui, pour TAIgerie, u S. E. le Ministre de la guerre. Le meme membre men- tionne les heureux resultats qu'il a obtenus a Marseille dans la culture dc \ Arum colocasia. — M. de Saint-Julien-Muiron faitconnaitre que dans le canton de Vaud (Suisse) ou est sa residence, les graines qu'il a regues de la Societe ont toutes parfaitement leve, et que m^rne les semis d'Ortie blanche, qu'on pensait ne pas se propager par graines, ont bien reussi. .;';iVi — M. Fred. Jacquemart, membre du Conseil, offre a la So- ciete une brochure ayant pour litre ; Drainage de iiO hectares a l*",/!© deprofondeiir, compte rendu, observations^ prix de revient. On y trouve une des premieres applications du drainage profond, plus efficace, dit notre confrere, et plus economique que ceux d'une profondeur moindre. On y voit, en outre, I'emploi d'une methode qui permet, dans toutes les circon- stances, de tracer avec certitude les drains partiels dans la meilleure direction, sans calcul. Cette methode, d'ailleurs, rend inutiles les nivellements generaux des pieces, qui sont longs et couteux, etnecessitent le concours d'hommesspeciaux. — On reQoit de noire confrere, M. L. Vihnorin, un rapport detaille constatant les heureux resultats du semis de glands de ch6ne de Mantchourie qui lui avaient ete confies au mois de mars 1855. — Une demande de vers a soie du ch^ne est adressee par M. Andre Leroy, membre de la Societe qui, dans ses pepi- 1M50CKS-VKHIJ.VLX. 309 iiicM'es d'Angers, a dispose de la fagon la plus coiivenable plu- sieurs especes de chines de notrc pays sous des Mches qui peuvent 6lre recouvertes, afin de tenter reducation de cette larve etrangere snr nos plants indigenes. — M. Guerin-Menevilleannoncequ'il est parvenu a faire pas- ser riiiver a plusieurs cocons du ver a sole du ricin {Bombyx cynt/iia}dnns lesquels les chrysalides sont restees pendant sept mois, etqu'il vient d'en voir sorlir des papillons bienconstitues. II donne quelques details sur les precautions prises par lui pour arriver a ce resultat qui est important, comme il le fait remarquer, au point de vue industriel. En effet, la rapidite or- dinaire de I'eclosion necessitant sept ouliuit educations chaque annee, aurait dilnecessairement faire renoncera des tentatives d'acclimatation de ce lepidoptere sericigene, a cause de I'arr^t de la vegetation sousnotre climat durant la saison rigoureuse. II faut, au contraire,esperer lesucces maintenant que Ton a la certitude depouvoir obtenir cet arr^t prolonge dans la succes- sion des periodes de la metamorphose. Les vers, dont les chry- salides ont ete ainsi conservees depuis le mois de novembre dernier, ayant ete nourris pendant un certain temps avant la formation du cocon avec des feuilles de chou M. Michon fils demande h M. Guerin-Menevilie si le changement de nourriture n'en a pas amene dans la qualite de la soie. Ce Vernier repond que, sous ce rapport, aucune modification n'a ete observee. — Onmetsouslesyeuxde laSociete des versa soie ordinaires {Bombyx mori) provenant d'ocufs de la race de Novi pondus a la menagerie des Reptiles du Museum d'histoire naturelle au mois dejuillet 1855, etdontTeclosion aeu lieule 12avrill856. Ces chenilles ont ete nourries depuis leur naissance par M. Vallee, gardien de cette menagerie, uniquement avec des feuilles de Viorne des bois [Viburnum lantana). Elles sont en assez grand nombre pour qu'il soit possible d'en faire une dis- tribution. — M. le President renvoie a I'examen de la deuxi^me section une lettre de M.le docteur Turrel, secretaire du Comice agri- cole de Toulon, dans laquelle il donne de longs details sur la disposition favorable des localites oil MM. Laurent Degreaux 310 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. etPaul Aquarone se livrent avec succes, dans le departement du Var, a reducation des oiseaux d'ornement et de basse-cour. M. Turrel insiste sur la necessite de regenerer les races de ces derniers dans les departements meridionaux. II remercie. en outre, de I' envoi de graines fait au Cornice par la Societe. — S. E.leMinistrede Fagriculture, du commerce et des tra- vaux publics, transmet une lettre de M. A. Maurin, habitant de la ville de Passo del Norte au Mexique, faisant connaitre une race porcine nommee Cuino qui signifie /me, parce que les soies sent un peu bouclees comme les polls du Chien caniche. Cette race, dont le systeme graisseux pent prendre un grand deyeloppement, passe dans le pays, par un prejuge populaire, pour 6tre le produit de I'accouplement d'une truie et d'un belier. — M. le marechal Randon,gouverneur general del'Algerie, remerciede la communication qui lui a ete faite de la lettre ou M. de Montigny parle de la race bovine dite beledi, dont I'im- portation en Algerie parait a notre confrere aussi facile qu'utile. « Vous me trouverez toujours dispose, ditM. le mare- chal, a favoriser par tous les moyens en mon pouvoir les essais que laSocietezoologiqued'acclimatationserait tenteedefaire.» — M. Sacc ecrit qu'il va de nouveau s'efforcer d'obtenir I'acclimatation en Alsace des chevres de la Haute-Egypte et la production de metis de cette race, et de celle des grosses chevres laitieres des Alpes. — M. Aguillon annonceTenvoi pour le Concours agricole uni- versel, de toisoiis de chevres d'Angora provenaiU des animaux confies a M. Gerard, membre de la Societe. — Notre confrere, M. J. de Liron d'Airoles, signale les heureux resultats (|u'il a obtenus dans Tengraissement des pores de la race chinoise, et dont un individu pre^ente au Con- cours agricole qui vientd'avoir lieu aNapoleon-Vi'iulee, pesait, a dix mois, 82 kilogrammes. Ce mj&me membre adresse des catalogues imprimes faisant connaitre les animaux reproduc- teurs presenles aux diffen nts concours de TOuest , et des articles sur ces concours inseres dans le journal Le Draineur^ puis des notices pomologiques sur les diverses varietesde fruits obtenuespar lui dans sa proprietede la Civeliere pres Nantes. J'UOCES-VEUBAUX. 811 — M . le President informeqiie la Commission chargec d'etu- dierau point devue des travauxquela Societepoursuitetdu but qu'elle se propose d'attcindre, les produits envoyes a Texposi- tion du Concours agrieoie universel, est constituee. Elle se compose de MM. Richard (du Cantal) president, de Belleyme, le docteur Berrier-Fontaine, Chevet, Chouippe, Da- velouis, Davin, Fred. Jacquemart, le haron Le Guay, Lelong, le baron de Montgaudry, Paillet, Remont, Tastet, Valserres. M. Davelouis lit un Rapport au nom de la Commission do I'Exposition universelle sur les Conserves alimentaires. — M.levicomte deValmer lit une note relative aux i'aits les plus saillants qui se rattachent a la construction et a la popu- lation d'un Aquarium. — A Toccasion de cette lecture, M. Millet fait connaitre les avantages qu'il a retires dans ses travaux de pisciculture de I'emploi d'appareils analogues a FAquarium dont on propose a la Societe de voter la construction. II y pla^ait des crevettes des ruisseaux {Gammarus fluviaiilis vel pullex) ainsi que des Limnees et des Planorbes qui, en se nourrissant des debris des matieres alimentaires donnees aux poissons places sur les claies metalliques, debarrassaient I'eau de substances corrup- tibles. M. Millet dit qu'on pent obtenir une eau de mer artili- cielle pesant 3 a A degres a I'areometre de Beau me en faisant usage d'une dissolution des sels impurs dont le chlorure de sodium n'est pas la seule matiere saline. — M. V. Masson.libraire-editeur, membre dela Societe, lui fait hommage de vingt-deux ouvrages, dont plusieurs sont accompagnes d'atlas el traitant des matieres qui sont I'objet de nos travaux. (Voyez le Bulletin de rnai, p. 272.) Des remerclments seront adresses au donateur. — Parmi les pieces imprimees, on remarque un livre offert par notre confrere M. de la Gironiere ayant pour titre : Aven- tures d'un gentilhomme breton aux ties Philippines, et dans lequel il traite deracclimatationdu Ruffle en Algerie.Lem6me membre fait present pour les collections d'un echantillon du fil que les Indiens des Philippines retirent des feuilles de I'Ana- nas (pina) et de deux echantillons du tissu fabrique avec ce fil. 312 SOCIETE IMPERI.VLE ZOULOGIQLE d'aCCLIMATATION. SEANCE DU 6 JUIN 1856. Pr^sidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. BouREUiLLE (de), inspecteur general des mines, se- cretaire general du ministere de Tagriculture, du commerce et des travaux publics. Darblay (aine), vice-president de la Societe imperiale d'agriculture, a Paris. DuFOUR (Edouard), proprietaire, a Saint-Quentin (Aisne). DuFOUR (Felix), proprietaire, a Saint-Quentin (Aisne). Janz6 (le baron de), proprietaire, a Paris. MoRiLLOT, ancien eleve de VEcole poly technique, ancien membre du Conseil general de la Loire, a Paris. Teyssier des Faroes, proprietaire au chateau de Beaulieu, pres Jouy-le-Chatel (Seine-et-Marne) et a Paris. Ulcoq (le docteur), proprietaire, membre de la Societe d'agriculture de I'lle-Maurice, etc., etc., a Port-Louis (Ile-Maurice). — Sur la proposition du Conseil, Tagregation de la So- ciete d'agriculture du Puy-de-Ddme est mise aux voix et prononcee par la Societe. — MM. les President et Secretaire de la Societe d'agri- culture d'Algerie remercient de ce qu'elle a ete recemment comprise parmi nos Societes agregees. — Par une lettre en langue arabe, ecrite de sa main, I'emir Abd-el-Kader adresse des remerciments pour sa no- mination de membre honoraire. Dans cette lettre, dont la tra- duction frangaise est transmise par M. G. BuUard, interprete de I'armee d'Afrique, I'emir exprimele desir de pouvoir rendre de nouveaux services a la Societe. I'UOCES-VEUBAUX. 'i\i — Nos nouvoaiix confreres, MM. Corbin , Havartl,G. de Lauzanne, Manes, le docteur de Molenes-Mahon, Teyssier, des Farges et Suquet remercient de leur admission. Ce dernier, directeur-gerant de la Societe zoologique de Marseille, in- forme, fjue d'apres Tautorisation qu'il en a re^ue du Coriseil de surveillance, il met a notre disposition le Jardin zoologique de cette Societe. Des remerciments luiseront adresses. — MM. Ch. Brot, Lecoq et Pouchet ecrivent pour exprimer leur reconnaissance de ce que le Conseil a decide qu'un exem- plaire en bronze de la medaille qui vient d'etre frappee leur serait ofiert en raison des soins quMls apportent, comme Dele- gues, aux inter6ts de la Societe. De plus, M. Lecoq accuse reception des graines du Canada et de Chine, qui lui ont ete confiees, et dont la culture sera surveillee par lui et par M. Willermoz, directeur de la pepini^re d'EcuUy. Sa lettre contient un rapport fsivorable sur la culture du Sorgho {Holcus saccharatus) dans le departement du Ubdne. — M. L. Vilmorin fait present a la Societe d'une petite col- lection de Coniferes de THimalaya, qu'il a recues du docteur Royle. Leur distribution sera confiee aux soins de la Com- mission permanente des vegetaux. — M. Edgar Roger temoigne, par ecrit, le desir d'etre inscrit au nombre des membres qui demandent-du Riz sec. — M. Piccioni, proprietaire a I'lle-Rousse (Corse), sollicite renvoi de graines de Mijrica cerifera et de Myrica pensylva- nica, vegetaux americains qu'il suppose devoir rend re de grands services dans le lieu de sa residence, comme arbre a cire et comme pouvant assainir les localites dans lesquelles il est cultive; il s'appuie a cet egard sur les assertions de M. Keller- mann, qui leur attribue I'assainissement de certaines contrees marecageuses de TAmerique septentrionale. — Notre confrere, M. 0. Tuyssuzian, Armenien, actuelle- ment en sejour a Saint-Tulle, ou est situee la magnanerie experimentale, dirigee par MM. Guerin-Meneville etE. Robert, ecrit pour communiquer des fails relatifs auxOliviersdeCrimee. Contrairement aux indications transmises par notre confrere, M. le corate deFontenay (voy. Bullet.^ t. Ill, p. lAl), il in- 31/1 SOCIETE IMPEKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. forme que 200 pieds d'Oliviers de celte contree envoyes en 1835 a M. Reynier-Toulouse de Monfavet, pres Avignon, par les soins du ministere de I'Agriculture, ont pu supporter, en 18/i/|, une temperature de — 8°, 75, qui a fait perir les Oliviers de Provence. Comme M. Reynier-Toulouse, MM. Au- dibert de Tarascon ont parfaitement constate^ toutes les con- ditions etant egales d'ailleurs, que I'Olivier de Crimee resiste mieux que les notres. M. Tuyssuzian insiste done pour qu'on s'occupede Tacclimatation en France de cet arbre. A Tappui de I'opinion emise par notre confrere sur la force de resistance au froid, M. Guerin-Meneville rappelle les faits confirmatifs enonces dans une lettre recente par M. Leroy qui, depuis quinze ans, cultive dans ses pepinieres d' Angers cette espece qu'un abaissementde la temperature jusqu'a — 10° ou — 12" n'a pas fait perir et dont un specimen a ete envoye par lui a Texposition du Concours agricole. — M. Guerin-Meneville annonce ensuiteque, danscesm6mes pepinieres, on a obtenu ie developpement de deux especes de chines de Chine, dont Tune, qui est nouvelie, a regu le nom de ch6ne de Montigny et dont I'autre, plus semblable a nos especes indigenes, a des feuilles glauques analogues a ceiles du Chataignier. — Notre confrere, M. Aug. Geoffroy, fait placer sous les yeux de la Societe un pied de ble en voie de maturite et pro- venant d'un seul grain. C'est un des echantillons exposes au Concours agricole universel par M. Lesseur, dont le procede d'ensemencement grain a grain a ete mentionne dans la seance du 9 mai (voy. plus haut, p. 266). M. le baron de Mongaudry rappelle que cette methode n'est pas nouvelie, et dans les departements de la Haute-Saone, du Doubs et du Jura, on I'a abandonnee, dit-il, apres Tavoir mise en usage, parce qu'on y a reconnu la verite du proverbe : Qui economise la semence, economise la recolte. M. le docteur Aube defend la m6me opinion \ dans I'ensemencement par ce procede, d'un arpent de Zil ares, il a depense autant que par la methode ordinaire, et la recolte n a pas ete plus abondante. D'un autre cote, M. J. Duval, qui a longtemps vecu en Al- PROCES-VKHBALX. 315 gerie, parle de succ6s reniarcjuables et dont il a ete temoin, ob- tenus par un habitant du pays; ce colon, depuis six ans, seme grain Ji grain. II n'y a pas de doute possible, selon notre con- frere, relativementalasuperioritedece procede; car en faisant usage pour un hectare de 30 kilogrammes seulement de grains, ce cultivateur, au lieu de 12 ou 15 quintaux meiriques de ble quon recueille habituellement, en a obtenu 22. Par Tensemencement dit a la Jardiniere, M. Bourgeois n'a employe que la moitie de la quantite ordinaire de semailles et il est arrive a un resultat sinon superieur, du moins presque equivalent a celui que donne la methode generalement mise en usage. Pour cette derniere, dit-on, il y a economic de main- d'oeuvre ; c'est un fait que, d'apr^s sa propre experience, M. Bourgeois ne regarde pas comme parfaitement etabli. M. Chatin, qui a compare les deux manieres de repandre le grain sur le sol, insiste sur les avantages qu'on obtient en ne le semant pas a la voice. II en a surtout acquis la preuve par Texamen de ce qui a lieu sur un espace de l\0 arpents oii la maniere ordinaire d'agir a ete remplacee par ceile sur laquelle les resultats de M. Lesseur ont fixe Tattention de la Societe. Pour M. Chatin, il est done positif qu'il y a par ce procede economic de main-d'oRuvre et de semailles et Ires probablement un rendement superieur. Ces dernieres assertions sont considerees comme fondees par M. Guerin-Meneville, qui en parle d'apres sa propre experience. — II est donne lecture d'une note de notre confrere, M. Paillet, contenant des details sur les succes obtenus par lui dans la culture du tuberrule d'Igname de la Nouvelle-Zelande, qui lui a ete confie et qu'il a fail multiplier par la section en un grand nombre de fragments destines a former chacun un nouveau pied. M. Chatin, a cette occasion, indique le procede qu'il a suivi dans la cultiu'e du luberculeque la Societe lui a remis et qu'il n'a point divise. L'ayant mis en serre chaude, il est sorti de terre une pousse qui s'est elevee a 75 centimetres de hau- teur. La plante a ete alors transportee en serre temperee; elle a aujourd'hui 2'", 70, et porte 15 a 18 feuilles ; ce qui 316 SOCIETE IMPEIUALE ZOOLOGIQIJE D ACCLIM.VTATION. permettra, eii conservant a chacune d'elles une portion de la tige, de faire autant de boutures. Quelques-unes de celles-ci, soignees de m6me, donneront sans doute de semblables resul- tats, et par ces deux procedes, la Societe se trouvera prompte- inent en mesure de repandre cette plante alimentaire. ■ '\' — Des demandes d'oeufs de ver a sole, et en particulier de celui du ch^ne, sont faites par MM. le professeur H. Celi de Modene et Chamaret, president de la Societe de I'lndustrie de la Mayenne. — Une note de M. Millet donne quelques details sur son exposition de pisciculture au concours agricole universel 5 elle comprend les produits vivants obtenus chez MM. de Pon- talba et Wallut. Au nom de ces deux membres et de quelques autres, et en son propre nom, M. Millet demande que M. Da- reste fasse partie de la commission de Texposition. Cette adjonction est prononcee par M. le President. Enfin, M. Millet annonce que, par ses soins, I'exposition des pisciculteurs du bassin d'Arcacbon, qui elevent des poissons de mer, a pu avoir lieu malgre le retard apporte a I'envoi de leurs produits. — M. Pouchet fait parvenir un exemplaire d'une lettre sur les bancs d'Anguilles de la Seine, qu'il a adressee au prefet du departement de la Seine-Inferieure, pour appeler I'attention de cet administrateur sur les avantages que pourrait procurer la creation, dans cette partie de la France, sur les bords m^mes du lleuve, d'une Industrie analogue a celle des lagunes de Commacbio. Notre confrere, en eflet, trouve que cen'estpas assez utiliser I'incroyable multitude des jeunes anguilles qui, sortanl de la mer, penetrent dans I'eau douce contre le courant et y torment ce qu'on nomme la montee^ que d'en expedier de nombreuses tonnes, pour peupler de cette sorte de semence vivante des etangs plus ou moins eloignes. M. Millet emet I'opinion que la montee est encore plus abondante dans la Loire et dans la Somme que dans la Seine. — Parmi les autres pieces imprimees de la correspondance, il y a dix exemplaires des n"* 61 et 62 du Journal pour tons adresses par M. le comte H. de Jonquieres, auteur de deux articles sur I'Exposition permanente de I'Algerie; le Bulletin PROCfts-VERBAUX. SI 7 de la Societe entomologique donne par M. Desmarest, se- cretaire de celte Societe , et le Petit traite d' Apiculture oHert par M. Hamet. Des remerclments seront transmis aux donateurs. — M. S. deOlozaga, ambassadeur d'Epagne a Paris, informe que M. I'Intendant general de la inaison de S. M. la Heine met a la disposition de la Societe une paire de Kangurous provcnant du petit troupeau, niaintenant tres reduit, conserve dans le pare du palais de Buen-Retiro. — M. de Lacoste depose sur le bureau un memoire ayant pour litre . De I'utilite d'introduire en Algerie la race bovine dite race Bazadaise, et dont la conclusion est que nuUe race ne saurait mieux convenir a notre colonic. M. Richard (du Cantalj emet la crainte quece ne soit aller trop loin que de formuler une opinion tres affirmative sur rimportancc de Tintroduction en Algerie de telle ou telle race animale et sur les succes qui pourraient 6tre obtenus. L'espece de ga ran tie offerte par le patronage de la Societe ne doit pas 6tre compromise par des tentatives d'un succes incertain. A ces observations de M. Richard, M. de Lacoste repond que pour arriver a des resultats il faut necessairement faire des essais. II est d'ailleurs d'accord avec notre confrere sur le soin extrt^me qu'on doit apporter dans le choix des races dont I'in- troduction yeut 6tre tentee ; mais il croit que la race Bazadaise presente pour le succes de Tacclimatation qu'il propose les conditions les plus favorables. — y\. de Toulmon exprime le desir que les rapports des commissions pour les expositions soient lus en seance gene- rale, quand ces expositions durent assez longtemps pour que le travail puisse 6tre termine avant leur cloture. La courte dur.ee de Texposition actuelle rend impossible, quant a present, la realisation de ce voeu ; mais la letlre de notre confrere est renvoyee a Texamen du Conseil. — A I'occasion du Concours agricole universel ou manquent les animaux de 1' Algerie, M. Richard (du Cantal) emet Topinion (jue la Societe rendrait ses travaux eminemment utiles a notre colonic africaine, en y propageant par Pexemple la pratique 318 SOCI^.T^ IMPERlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de ramelioration dos races indigenes. La lettre de M. Richard relative a ce sujet est renvoyee a la Commission permanente de TAIgerie dans le sein de laquelle notre confrere, en sa qualite de President, choisira une sous-commission chargee d'etudier cette question. En outre, M. le President prie MM. le mareclial Bosquet, Drouyn de Lhuys, Passy et le marquis de Selve de vouloir bien s'adjoindre a cette sous commission. — M. de Lacoste lit un Memoirs sur Tagregation sablonneuse particuliere aux Landes de la Gironde et do la Gascogne im- proprement nommee Alios. Ses conclusions sont que cette maliere n'est pas, comme on I'a cru jusqu'ici, une agregation minerale inattaquable par les agents chimiques propres a la fertilisation du sol , et qu'elle consiste, au contraire, en un melange de sable et d'humus, dont le sediment vegetal qui les reunit est tr^s soluble dans les liqueurs alcalines et ammoniacales. Enfin, Vurine, la chaux vive et la cendre de bois sont des agents puissants pour desagreger I'Alios. M. Hichard (du Cantal) presente quelques considerations a I'appui des conclusions de ce Memoire; et M. Lacoste est in- vite a vouloir bien mettre la Societe en mesure de faire, par une commission, I'examen geologique et chimique de I'Alios. — M. le President lit une Note sur letat present de H agri- culture compare a celui des arts industrieh , fragment ma- nuscrit de llntroduction d'un ouvrage sur les substances ali- raentaires, et particulierement sur la viande de cheval, et sur les ressources considerables qu'elle peutfournir, selon Pauteur, pour la nourriture des classes laborieuses. he Secretaire des s^ances^ Aug. Dumeril. BULLETIN BiBLlOGhAPHlQUB. 319 01J¥BA<;ES OFFERTS X LA soci^tIe. STANCE DU 23 MAI 1856 (suite). Bulletin de la Soci£t£ botanique de France [ann^es 185Zi et 1855, et no» 1 el 2 de 1856). AvENTURES d'un gentilhomme Breton aux Iles PHILIPPINES , par M. p. de la Giionifere (i vol. gr. in-8. Paris, 1855), offert par I'auteur. Guide de l'^leveur de vers a soie, par MM. Gu^rin-M^neville et E. Robert (1 vol. in-12), offert par les auteurs. Notice pomologiqde, par M. J. de Liron d'Airoles (t. I, les quatre pre- mieres livraisoiis), offert par I'auleur. Le Dral-seur, par iVI. E. Vianne (n"» 6 et 7, 1856). Drainage de 110 hectares a 1"',60 de profondeur, compte rendu, obser- vations, prixde revient, par M. F. Jacquemart, et offert par lui. Memoire sur l'ensilage ralionnel, par M. L. Doycre, et offert par lui. Nuovo ossERVATORio METEOROLOGico IN Pesaro, par M. L. Guidi. ' The journal of the Indian Archipelago and eastern Asia (juillet, aoQt, septembre 1855). SEANCE DU 6 JUIN 1856. Comptes rendus des stances de l'Acad£mi£ des sciences (t. LXII, n" 19, 'iO el '21 mai 1855). Petit Traite d'apiculture, par M. H. Ilamet. Paris, 1856. Journal d'agriculture pratique et d'^conomie rurale pour le midi de la France, public par les Soci^i^s d'agricullure de la llaute-Garonne et de l'Ari<5ge (3' s^rie, t. VII, mai 1856). IlAPPORT oKFiciEL sur les travaux du Jury de la 2* classe h TExpositioo universelle de 1855, par M. Focillon. Extrait des Annales de la Societe entomologique de France (3* s^rie, t. Ill, 1855), offert par M. E. Desmarest. De L'ESPi:cE bovine dans la Gironde, par M. Dupont, de Bordeaux. Bulletin de la Soci^t^ d'agriculture, commerce, sciences et arts du d^partement de la Marne (ann^e 1855). Lettre sur les travaux de la Soci£t^ imp^rialb zoologique d'ac- cumatation, par M. Joly, de Toulouse. Lettre sur les bancs d'anguilles de la Seine et sur l'inddstrie de Commachio, par le docteur F. Poucbet, de Rouen, 1856. 320 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. STANCE DU 20 jum 1856. Observation sur les moyens de reverdirles montagnes et depre- VENiR LES INONDATIONS, par M. Lambol-Miraval (Toulon, 1856). MONOGRAPHIE DE LA CANNE A SUCRE DE LA CHINE, dUe SOI'gho cl SUCre, par le docteur Adrien Sicard (1 vol. in-8, 1856). Pisciculture pratique. Gonsideraiions g^nerales et praiiques sur le repeuplement des eaux de France, et en particulier sur celles du ddparte- mentde la Gironde, par M. C. Millet, inspecteur des forSts (1856), offert par Tauteur. La question de Madagascar apres la question d'Orient, par le comte de Gaalou de Barzay (1 vol. in-8. Paris, 1856), offert par I'auteur. Travaux de la SociETE d'agriculture d'Autun, pendant I'annee 1856. Bulletin de la Soci^te d'agriculture, belles-lettres, sciences et arts de Poitiers (stance du IZi mai 1856). Bulletin de la Society d'agriculture des BoucHEs-DU-RHdNE (ann^es 185.'i, 1855 et 1856). Bulletin de la Soci£t£ botaniqde de France (n" 3, mars 1856). Comptes-Rendus de l'Acad^mie des sciences (t. LXII, n^SSjaSetSA). Revue et Magasin de zoologie pure et appliquee, par M. E. Gu^rin- M^nevilie(1856, n" 5). Le Journal pour tous (nos 61 et 62, dix exemplaires), offert par M. le comte de Jonquiferes. Le Moniteur des Comices (n"' 7 et 8, 1856). Revue coloniale (mai et juin 1856). L'Utile et l'agreable (mai 1856). Journal de laSocI^td vaudoise d'utilitd publique (mai et juin 1856). Journal de la Soci^td Imperiale et centrale d'horticulture (avril 1856). L'Agriculteur praticien (n°' 15, 16 et 17, mai et juin 1856). Bulletin de la Societ(5 Imperiale et centrale d'agriculture (n° 3, 1856). Annales de l'agriculture franqaise (mai et juin 1856). Bulletin de laSociete de gi6ographie (avril et mai 1856). Annales de la Society universelle (ann^e 1856). ' La Soci^t^ a reQU aussi les journaux dont les litres suivent : L'Illustration (du 26 avril au 21 juin 1856). — L'Ami de la maison (n"' 16 a 2Zi). — L'Ami des sciences (du 27 avril au 15 juin 1856). — La Science pour tous (n- 17 ^28). — R^.forme agricole (avril et mai 1855). — La Colonisation ^mai et juin 1856). — Le Moniteur de l'agricul- ture (du 27 avril au 20 juin 1856). — Bulletin d'I'Ispalion (du 19 avril au 7 juin 1856). — Journal de Pontarlier (du 20 avril au 15 juin 1856, n"' IhS, 1856). - La Revue des cours publics (du 29 avril au 15 juin 1856). — L'Ingenieur (l"etl5 mai 1856). PRODUCTION DU CHEVAL EN ALGIERIE. 321 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. DE LA PRODUCTION ET DU PERFECTIONNEMENT DU CHEVAL EN ALGERIE LETTRE ADRESSEE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION Par M. BEBNl'S, V«lt'rinaire principal tic rarmeo d'Afi'iqiiP. (Stance du 20 juin 1856.) Monsieur le President , Votre zele eclaire, vosiiombreuses experiences siir I'organi- sation et le perfectionnement Jes aniniaux , le devouement de la Societe qui vous a eonfie la direction de ses importants Iravaux pour les progres de Tagriculture, et notamment sur le perfectionnement et la multiplication des animaux domestiques, m'autorisent a vous faire connaitre un procede qui a ete mis en pratique pour la production du cheval en Aigerie : ce moyen consiste a mettre a la disposition des eleveurs aral)es ou euro- peens qui manquaientsouvent de types reproducteurs d'un boii choix, des etalons auxquels on a donne le nom d'elalons de tribu. Avant cette sage mesure, que Ton doit a M. le mareclial comte Randon, un grand nombre de poulinieres n'etaient pas saillies faute de reproducteurs, et parmi celles qui etaient sail- lies, il y en avail plusieurs qui etaient livrees a des chevaux de peu de valeur. Cependant les etalons ne manquaient pas dans les tribus, puisque ceux qui ont ete achetes sont vendus en grande partic par elles ; niais ces etalons ne faisaient qu'une ou deux saillies chaque annee, tandis que maintenant ils en font de trente a quarante. II elait done utile d'intervenir au moyen de ces etalons de tribus. Par suite de cette intervention, T. III. — Juillet 4856. 21 322 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les produits augmentent tous les ans ennombre et en qualite. En 1851, il n'y eut que 2,000 saillies faites sous la direction des etablissements hippiques. En 1855, elles sont arrivees a 15,500 (chiffres ronds), et ce nombre augmente tous les jours. Avec cette mesure, si les etalons sont bien adaptes aux di- verses localites ou ils vont faire la monte, on parviendra en pen de temps a des resultats immenses ; mais pour qu'il en soit ainsi, il est indispensable que ces reproducteurs reunissent de bonnes conditions. Je ne cesserai de repeter qu'a I'egard du choix de ces animaux, on doit se rapprocber autant que possi- ble des regies suivantes jndiquees par la science des Belon, des Buffon, des Linne, des Pallas, des Daubenton, des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire, etc. : Bonne qualite de la matiere composant I'organisme, c'est- a-dire les muscles, les os, les tendons, les ligaments, les aponevroses, etc. ; Fluide nerveux en harmonic avec la force et la resistance de ces organes; Conformation indiquee par les lois de la mecaniqueappliquee a la physiologic du cheval ^ Absence de ces tares transmissibles ou qui donnent aux pro- duits une grande predisposition a en 6tre atteints et qui g6nent toujours plus ou moins le jeu des articulations. Tout cheval propose pour etalon, n'ayant pas des antece- dents qui prouvent, d'une maniere irrecusable, qu'il a de I'e- nergie, de la resistance a ia fatigue et une bonne vitesse long- temps soLitenue avec une charge d'un poids convenable, sera soumis a des epreuves, pour savoir s'il possede les qualites que je viensd'indiquer. La conformation etant satisfaisante, il sera admis ou rejete selon qu'il aura bien ou mal soutenu ces epreu- ves. Qu'on se le persuade bien, sans ces. qualites inherentes a la matiere animale, un cheval ne fera jamais qu'un mauvais reproducteur pour si belles que soient ses formes exterieures. Les preuves d'energie donnees par des etalons de chaque station devraient etre pubUees tous les ans dans les tribus ou ils vont faire la monte. II resulterait de cette publication un empressement plus grand de la part des indigenes a nous con- PERFECTIONNEMENT DU CHEVAL EN ALGf^lRrE. 32^ duire lours plus belles juments. L'arabe hesite et, croyez-le bien, il hesitera toujours a donner une belle pouliniere a un etalon dont la vigueur ne lui a pas ete demontree. C'est pour cette cause que le nombre des poulinieres distingu^es qui vien- nent recevoir le germe dans iios stations, n'est pas aussi grand qu'il pourrait T^tre. Pour parer a cet inconvenient, on doit, a la monte prochaine, etablir des etalons rouleurs qui parcour- ront les tribus oil se trouvent les plus belles juments. Cette mesure est bonne et elle aura sans doute de beaux r^sultats, mais ces resultats seraient encore plus beaux si, dans tou testes localites oupasserontcesreproducteurs, on etaitbienconvaincu des qualiles qui les distinguent. Pour ce cas comme pour beau- coup d'autres, le stud-book de I'Algerie serait d'une grande utilito. Non-seulement il porterait a la connaissance de tout le monde les succ^s obtenus par les etalons dans les courses de toute ilature, mais encore il reunirait les elements de qualite superieure, il formerait une source precieuse ou Ton puiserait le principe ameliorateur ; de plus, il indiquerait la genealogie des animaux ennoblis, leur aptitude a corriger tel ou tel vice, a donner telle ou telle qualite, et il provoquerait uneconfiance et un esprit, d'observation toujours utiles en amelioration che- valine. En perfectionnement des races, il est un point sur lequel on ne porte peut-6tre pas assez d'attention : je veux parler de la taille relative de I'etalon et de la jument. Si les poulinieres d'une contree ont generalemenl de 1 metre 45 cen- timetres a 1 m^tre 47 centimetres, et qu'on leur donne des etalons de 1 metre 50 a 1 m^tre 55 centimetres, on n'aura le plus sblivent que des produits decousus, et, par conse- quent, peu capables de faire un bon service. II est done pre- ferable de choisir des reproducteurs en rapport avec la taille et surtout avec I'ampleur du bassin des juments qu'ils doivent saillir. Si Ton a inter6t a augmenterla taille des chevaux, que Ton s'adresse avant tout a un meilleur systeme alimentaire, le succ^s est la. II est admis en principe que les Arabes ne veulent livrer leurs juments, si petites qu'elles soient, qu'a des etalons de grande taille. Cela etant vrai, il serait utile, dans I'inter^t de tous, de 824 SOCIETE IMPERIALS ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. corriger cette mauvaise maniere d'agir, qui est si contraire aux lois qui regissentles accou piemen ts 5 mais il y a des exceptions. En voici une, et ce n'est pas la seule qui soit a ma connais- sance : he Royal, etalon de tribu de la subdivision de Constan- line, fait depuis quelques annees la raonte a Bordj membra, station des Abdenours. Les Arabes le recherchent beaucoup pour leurs belles poulinieres qui sont d'une bonne taille, et cependant ce reproducteur n'a que 1 metre 45 centimetres ; mais il est de bonne nature, bati en force, et il a donne des preuves evidentes d'energie qui ne sont pas ignorees de la contree 011 il va faire la monte. Les indigenes feront toujours de m6me, c^est- a-dire qu'au lieu de rejeter un etalon de taille moyenne et m6me de petite taille, ils ne manqueront pas de le demander pour leurs juments toutes les fois qu'il reuniraa des formes exterieures satisfaisantes, une grande vitesse longtemps soutenue et que les preuves qu'il aura fournies seront portees a la connaissance de la tribu 011 il va stationner. Ne craignez pas que dans cette circonstance la difference de taille soit con- traire a r amelioration chevaline. Le Royal, qui n'a quel metre 45 centimetres, accouple a des poulinieres de 1 metre 48 a 1 metre 50, donne de tres beaux produits. Un de ses pou- lains a obtenu I'annee derniere la prime d'encouragement de la subdivision de Constantine. Get etalon ne ferait pas aussi bien si cette difference de taille etait a son avantage. Toutefois, je ne veux pas dire ici quel'etalon doit toujours 6treplus petit que la jument. Ce qu'il y a de mieux a desirer, ce sont de bonnes proportions entre les deux reproducteurs : mais s'il. existe une inegalite de taille, il est bien plus lationnel que la pouliniere Temporte sous ce rapport. Ne faut-il pas que le germe du male puisse se developper a I'aise dans la matrice? S'il y est comprime, il en resultera certainement des produits decousus, ettout le monde sait combien cette conformation est prejudiciable ala solidite des animaux. Certes, Monsieur le Pre- sident, vous avez pu vous convaincre plus d'une fois de ce fait incontestable sur les produits obtenus de petites poulinieres, en France, avec de grands etalons. Les eleveurs eclaires n'igno- rent pas le deplorable resultat des mauvais croisements. PERFECTIONNEMENT \)V. CHEVAL EN ALGERIE. 325 Plusieurs personnes reprochent a nos chevaux de ne pas avoir la ([ueue attachee liaut et la croupe horizontale. Le premier defaut ii'est desagreable qu'a I'oeil, et Tautre, au point de vue des bons services, n'a pas Timportance qii'on lui donne. line croupe horizontale, ou presque horizontale, et une croupe mo- derement inclinee ontla m6me valeur comme force d'impulsion, car cette force depend de la longueur de cette partie du corps et de la masse musculaire qui y est attachee. La croupe doit done 6tre, avant tout, longue, assez large et bien musclee. Elle doit Hre aussi plut6t anguleuse qu'arrondie, mais anguleuso par conformation, et non par suite de I'amaigrissement des muscles. En Algerie, il y aquelques chevaux a croupe se rapprochant beaucoup de la ligne horizontale. Je les ai etudies avec soin, et, dans plusieurs circonstances, je les ai compares aux che- vaux a croupe un peu plus inclinee. Toutes choses egales d'ail- leurs, les premiers ne courent pas plus vite ni pluslongtemps que les seconds; mais ceux-ci ont Tavantage d'etre plus ma- niables et de galoper bien plus facilement sur un terrain acci- dente ou en pente rapide. Voila des qualites precieuses pour le service de la cavalerie legere; mais faut-il en conclure que le port de la queue et la direction de la croupe du cheval de I'Algerie doivent rester tels qu'ils sontgeneralement? Je nelepensepas. D'abord, la queue bien portee est d' une elegance quine pent pas nuire aux autres qualites ; ensuite, il y a ici beaucoup de chevaux chez lesquels une croupe moins oblique serait un bien sous beaucoup de rap- ports et qui n'occasionnerait pas le moindre prejudice a la sou- plesse de Tanimal. J'ajouterai une autre consideration : la qualite superieure de la mati^re qui compose le cheval de nos possessions du nord de I'Afrique, le fera admetlre t6t ou tard comme regenerateur des races legeres du midi et du centre de la France. Tout semble prouver que ce croisement sera avan- tageux a I'Etat et aux eleveurs-, mais pour que Tetalon de TAlgerie soit appele dans les haras de ces contrees, il faut sa- crifier un peu aux formes exterieures exigees par la mode plu- tot (|ue par la raison. On veut une bonne taille, une queue bien 326 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMATATION. portee et une croupe qui se rapproche de la ligne horizontale. Avec une alimentation substantielle et des accouplements ra- tionnels, on peut sans inconvenients arriver a ces resultats, pourvu qu'on ne depasse pas certaineslimites au dela desquel- les on agirait contre les qualites qui distinguent nos chevaux d'Afrique. Tous ceux qui s'occupent de la question hippique de TAlge- rie reconnaissent combien il est difficile de se procurer des etalons reunissant, sous tous les rapports, de bonnes conditions. Cependant les chevaux de nature a faire de bons reproducteurs ne manquent pas dans notre colonie ; niais les uns ont ete mal soignes et mal nourris, les autres ont ete uses prematurement et ceux qui ont ete bien soignes, bien nourris et qui se sont bien conserves, sontpresque toujours entre les mains des grands di- gnitaires du pays qui se soucient fort peu de les vendre. Pour remedier a cet etat de choses, il a ete souvent question d'acheter chaque annee quelques poulains de deux a trois ans et de les elever pour la reproduction. Si cette mesure, que je considere comme tres importante, etait mise en pratique, il ne faudrait pas perdre de vue les influences exercees sur ces jeunes animaux par leur origine, par Talimentation, par la gymnas- tique, par les qualites de la matiere qui les compose, par les formes exterieures et par les localites oii ils naissent et ou ils vivent. Toutes ces influences, prises judicieiisement en consi- deration avant et apres les achats de ces poulains, contribue- raient pour beaucoup a donner a ces animaux Tenergie, la vi- tesse longtemps soutenue et la resistance a la fatigue qui leur sont indispensables pour etre employes utilement a Tameliora- tion de la race. II est bien entendu que vers I'age decinq ans, ceux qui ne seraient pas dans les conditions voujues pour faire un bon etalon, seraient verses dans les remontes. Les con trees basses ethumides, ou le sol est fecond et I'herbe abondante, ont une tendance bien prononcee a donner aux ani- maux un grand et rapide developpement, a epaissir la peau, a grossir les polls et les crins, a diminuer le fluide nerveux et a pousser les muscles, les os et tous les organes en general vers une contexture moins solide comparativement a leur grosseur. PERFECTIONNEMENT DU CHEVAL EN ALGEKIE. 327 Si I'on ne veut i'aire que des chevaux de selle, il y a utilite de neiitraliser de temps en temps ces intluences locales par des reproducteurs comme on en trouve dans les regions du Tell, qui avoisinent le Sahara et chez lesquels il y a des tissus serres, forts, resistants, et un fluide nerveux en harmonie avec la force de ces tissus ; mais ces contrees basses et leurs influen- ces naturellesconviennent parfaitement si Ton veut former dans la colonic, et pour son usage, des chevaux de trait. Pour ob- tenir cette race, on a deja essaye le croisement de la jumentde trait europeenne avec le cheval d'Afrique. Si ce croisement n'a pas eu les bons resultats que Ton esperait, c'est qu'il a eu lieu dans des localites peu aptes a Televage du cheval de trait et surtout qu'il n'a pas ete accompagne d'une bonne et abondante alimentation. Convient-il maintenant de renouveler ces essais dans des contrees plus favorables ou vaut-il mieux creer cette race avec les seuls elements indigenes? Tout me fait pencher vers I'affir- mative de cette derniere question. Chaque localite a dans son atmosphere, dans la nature de son sol, dans le degre de perfec- tion de son agriculture et dans son systeme d' alimentation, la mesure de la taille et du volume deses animauxdomestiques. Vouloir augmenter cette taille et ce volume par le seul fait des croisements est un contre-sens comme principe general, et a plus forte raison quand, par suite des croisements, il resulte une matiere chevaline de moindre valeur que celle de la race que Ton a voulu transformer. C'est ce qui a eu lieu pour les produits provenant de la jument europeenne de trait avec le cheval de I'Algerie. Les influences locales et alimentaires agis- sant continuellement sur ces produits, il arrive une epoque ou ils sont a peu pres de m6me taille et de m6me grosseur que ceux qui n'ont pas ete croises. A part quelques caracteres dans les formes exterieures, il n'y a guere de difterence entreles uns et les autres, au bout de quelques generations, que dans la qua- lite des tissus et Tabondance du fluide nerveux, et cette diffe- rence est au desavantage des produits de ce croisement. Du reste, le croisement a un autre defaut : on chatre les produits males, mais on ne chatre pas les produits femelles. Quoi que Tonfasse, ces derniers penetrent dans les tribus et y 3*28 SOCIEtE IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. apportent un melange prejudiciable a notre raee chevalinc, (lui resiste si Men a la fatigue par la raison principale qu'elle est petrie de bons materiaux. II est done a desirer qu'on eloigne toute mesure capable de diminuerla valeur de ces materiaux. Si Ton veut utiliser pour la reproduction les juraents europeennes propres au trait qui sont en Algerie, on peut les livrer aux baudets exotiques que VEtat entretient dans ses etablissements bippiques. II en re- sultera de bons mulcts pour le trait et Ton ri'aura plus a craindre le melange dont il a ete question. Si le cheval de trait etait entre dans les babitudes des indi- genes, il y a longtemps qu'il existerait dans le pays, et il se serait forme de lui-m6me dans les plaines basses et herbeuses. Les chevaux qui naissent et qui vivent dans ceslocalites acquie- rent une bonne taille et une ampleur de formes remarquable. Je suis convaincu qu'avec une bonne alimentation pendant toute Tannee et des accouplements rationnels, on parviendrait bient6t a faire de ces cbevaux cette race de trait que desirent Tagriculture, le commerce et I'industrie de 1' Algerie, et qui conviendrait parfaitement aux divers services pour lesquels elle serait employee. Serait-il difficile de Vobtenir des Arabes et des colons qui possedent ces plaines herbeuses ? Je ne le pense pas, et j'ai une raison bien simple 'pour avoir cette opinion : ces plaines conviennent moins a Televage du cheval de selle qu'a Televage du cheval de trait; la production de ce dernier donne- rait done aux eleveursMe plus grands benefices que les autres produits. Telles sont, Monsieur le President, les courtes reflexions que j'ai I'honneur de soumettre aujourd'hui a votre appreciation ; elles sont la consequence des etudes que j'ai faites depuis plus de vingt ans surla production du cheval en Algerie. Dans cette etude j'ai cherche a m'eclairer surtout de la science des natu- ralistes celebres qui ont trace pour I'art de perfectionner les animaux des regies auxquelles je ne cesserai jamais de recou- rir. L'etude de la nature seule, a mon avis, peut nous eclairer, tant sur la multipHcation que sur le perfectionnement des pro- duits qu'elle nous donne. ' J'ai rhonneur, etc. Bernis. RACE BOVINE BAZADAISE. 329 DE L'UTILITE D'lNTRODUIRE EN ALGERIE LA RAGE BOVINE BAZADAISE Par M. G. de LACOSTE, Meinbre de la Societe iinpcriale zoolo(pqiie d'acclimatation , dc la Soci^tc d'agriculture de la Gironde, corrcspondant de rAcadeinie iiii)|icriale dc Bordeaux. (Seance du 6 juin 1856.) I J^ai yu let racei d'Augleterre, d'AUemagiie, de Belgique, deUSuisie; touted les race) fraD<;aii« rae aont connuei; aucuue d'ellet D>>t comparable a la race de Baiai. Ddpoht. a I. Tous les pays civilises ont ete regeneres par Tagriculture : cette verite , bien sentie par Tillustre marechal Bugeaud 5 heureusement appliquee par les gouverneurs qui ont travaille a la pacification de la terre conquise ; enfin , suivie comme regie invariable par Tadministration, doit amener notre terre d'Afrique a une prosperite qu'elle n'aura jamais connue ; et cet enfantement d'un monde nouveau ne sera pas, quoi qu'on en ait dit, Teffet da temps, d'epreuves trop longues, mais FoDuvre de la sagesse et de la haute intelligence de ces hommes superieurs qui ont tour a tour preside aux destinees de cette fille ainee de la France. L'experience nous a appris qu'une des causes les plus effi- cientes de tout progres agricole, pour ne pas dire la premiere, a ete Famelioration des races d'animaux rustiques; aussi s'est-on felicite de ce que tout, dans Tordre social, lui est venu en aide. J'ai cru a mon tour faire une chose agreable a la fois et a la Societe imperiale zoologique d'acclimatation, et a M.le mare- chal, ministre de la guerre, qui poursuit avec une infatigable soUicilude I'oeuvre si belle de la regeneration de TAlgerie par 330 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. Tagriculture, en apportant une pierre pour 1' edifice que Vepee et la charruc elevent dans I'Afrique franqaise a la gloire natio- nale. Heureux serais-je si mes etudes, mes recherches, plus que mes connaissances scientifiques, me faisaient bon ouvrier ! II. DES RACES DE LA GIRONDE. II n'est pas de departement en France, pas de pays parmi les plus renommes pour Televe du betail, qui ait etudie depuis quelque cinquante ans avec plus de persistance, de sacrifices, d'habilete, et il faut le dire aussi, dans des conditions plus fa- vorables, la question de 1' amelioration des races, que la Gi- ronde. Ce que je constate ici est un fait historique incOnnu du plus grand nombre, mais pour cela precisement digne d'etre divulgue. Cette vaste contree, si connue sous le nom de Medoc, a cause de la qualite de ses vins, mais qui merite de I'^tre aussi au- jourd'hui a cause de ses races chevalines et bovines, n'offrait autrefois sur les points ou la vigne n'etait pas cultivee qu^une lande sterile, des marais insalubres, des palus inhabites. Mais a mesure que la charrue conquit ces terres a la culture, Thomme sen tit le besoin de se procurer des engrais : Telfeve du betail fut sa seule ressource. Ne demandez pas si ses premieres tentatives furent guidees par la theorie, par des systemes ; s'il consulta la nature du sol, le climat, ses ressources fourrageres ^ s'il observa les regies de I'bygiene; si enfm il sut distinguer les races dontles qualites lui etaient le plus precieuses par les diverses destinations aux- quelles il entendait les soumettre ; la Saintonge, le Limousin, la Vendee, la Bretagne, la Normandie, I'Angleterre, I'lrlande, la Belgique, la Suisse, enfm la Gironde, la derniere peut-etre, jeterent tour a tour sur ce sol, pour y fabriguer des engrais^ le superflu de leurs troupeaux (1). .Toutes les races furent con- (1) Memoire de M. Dupont, raMecin-v^t^rinaire et secretaire gdn^ral de la Society d'agriculture de la Gironde, couronne par I'Academie de Bordeaux en 18Z|7. RACE BOVINE BAZADAISE. 331 fondues : non-seulement racclimatation fut livree au hasard, mais le metissage fut fait sans discernement. De la des conse- quences deplorables. Cependant I'exces du mal opera one heureuse reaction dans les habitudes. L'ambition d'ameliorer, de perfectionner les produits crees par I'ignorance, s'empara enfin des esprits. On multiplia les prairies naturelles ; les plantes fourrageres ob- tinrent une plus grande place dans Fassolement ; les terres furent assainies ; la production s'accrut en raison des besoins d'une nourriture saine, abondante judicieusement appropriee et distribuee. On se soumit aux regies tracees par la science : on observa les conditions deVhygi^ne : on pratiqua la selection des families. Depuis lors on fit de bons eleves, et le Medoc possede aujourd'hui une race indigene qui n'est pas sans renommee. Cependant le departement de la Gironde ne compte que trois races bien distinctes : la race Garonnaise, la race Baza- daise et la race des Landes. Les deux premieres seules font la gloire de ce departement. III. RACE GARONNAISE. La race Garonnaise dont on place le berceau dans les riches vallees qui bordent les trois fleuves de la Gironde, et les plan- tureux c6teaux qui les dominent, est I'une des belles races bovines connues. Sa reputation, particularite interessante a noter, nous est venue de I'Angleterre. Lorsque les Anglais en- treprirent serieusement et avec cet admirable instinct qui les distingue, I'amelioration de leurs races dont le Durham est pour eux la perfection, c'est dans la Gironde qu'ils vinrent choisir leurs types (1). II suffira, du reste, de citer les caracteres speciaux de cette race, pour en faire ressortir toute la beaute. (1) U est denolori^t«5 dans la Gironde, que la maison Gnestier n'a cess^, de 1750 a 1790, et nieme plus tard,de faire en Angleterre des importations de bwufs de la race Garonnaise. • 332 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Caracteres speciaux. — Taille ln»,55 a l'°,70 centimetres 5 robe rouge-clair ou froment (1) ; peau fine, souple, poll ras ou presque ras ; t6te large, carree ; pliysionomie expressive ^ encolure courte, musculeuse; epaules profondes, degagees ; membres forts sans 6tre gros ; mouvements faciles, pleins de noblesse ; corps elegant , Ibrmes bien accusees 5 croupe et cuisses irreprochables ; queue bien attacbee, longue et termi- nee par un enorme toupillon soyeux ; garrot eminent, aplombs parfaits^ pied bien fait, corne dure. Get ensemble de qualites constitue la race garonnaise, sans contredit I'une des plus perfectionnees que Ton connaisse. La France, si n'etait un engouement dont un avenir peut-6tre prochain f era justice, n'a rien a envier aux nations les plus avancees dans I'eleve du betail (2) ; nous prouverons m^me tout a I'heure quelle est la plus riche : seulement, chez nous, I'eleve n'a pas ete faite partout avee discernement et ne s'est pas assez generalisee. Apart cette inferiorite, nous n'oublierons jamais que FAngleterre est venue un jour nous ravir, au poids de I'or, nos magnifiquesreproducteurs ; que ces freres Colling, devenus celebres, n'ont pas eu d'autres modeles, et qu'il est loin d'etre prouve que leur exemple soit digne d'envie. On ne force jamais impunement la nature. Si le Durham est plus pre- coce pour I'engrais, il ne constituera jamais ces races a deux fins que nos cultivateurs preferent, comme il ne sera jamais aussi estime que les notres pour la boucberie. Je ne conseillerai pas cependant Fintroduction de la race garonnaise en Algerie : I'agriculture de ce pays n'est pas encore assez avancee pour qu'elle put y prosperer. Seulement, comme le progres s'etend chaque jour, comme il est la-bas comme partout d'beureuses exceptions, comme enfin tout dans les choses humaines est I'ceuvre du temps, et qu'on ne saurait trop t6t commencer, j'ai cru utile de consigner ici ces indica- tions ; elles avaient encore un autre but, c'est d'etablir une (1) Les labourenrs donnent & leurs bteufs des noms tels que les suivants : Blauquet, Biaoulet, Raouget, Brunet, etc. , etc. (2) Ce sentiment a d^jh H6 exprim^. (Voyez Bulletin de la Societe impe- riale zoologique d'acclimatation, 1. 1, p. 2J 3.) RACE BOVINE BAZADAISC. -r i.> 988 distinction entre la race garonnaise et celle, si curieuse, que je vais signaler comnieetantla meillcure, peut-^tre la seiile qu'on (loive importer d'abord en Algerie. IV. RACE BAZADAISE. M. de Montigny, notre honorable et zele confrere, vient de nous consulter sur I'opportunite qu'il y aurait a introduire en Algerie une race de boeufs qu'il a remarquee en Egypte, et MM. du Bureau ont bien voulu nous faire savoir que M. le marechal Vaillant, qui ne perd aucune occasion de signaler son devouement pour la colonie, et son estime pour les oeuvres de la Societe, a bien voulu accorder sur les fonds de son mi- nistere une somme d'argent pour cette importation. J'ai pense, de mon cote, que ce serait le cas de tenter siniultanement des essais comparatifs avec la race Bazadaise, que je ne crains pas d'appeler sans rivale, et que distinguent encore des qualites speciales qui assurent le succes de son acclimatation. II serait curieux aussi de voir les effets qui pourraient resulter du croi- sement de cbacune des deux races avec la race indigene, qui, sans doute, pent 6tre perfectionnee, car la nature ne perd ja- mais entierement ses droits, et m6me des deux races entre elles. Mais autant qu'il sera possible, je conseillerai la reproduction de la race Bazadaise pure. Avec ces seuls elements, de la pru- dence, une entente intelligente de Televe, I'observation con- stante des regies que la science enseigne, TAlgerie mettra moins de temps pour doter son agriculture d'un beau betail, que les Anglais et les Fran^ais n'en ont mis pour seulement constituer leurs types. La race Bazadaise, race d'un type tout particulier, n'a pas ete suffisamment connue ; peut-^tre aussi ne convient-elle bien qu'aux pays chauds : les Anglais ne sauraient I'estimer pas plus que les Normands, les Bretons, etc. Mais elle n'en restera pas moins une race sans pareille, une race prototype. On dit, niais I'aut-il ajouter foi a un fait que rien dans Fhistoire ne con- dS4 SOCIETIE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. firme , qu'a une epoque deja bien reculee, cette race I'ut laissee dans la Gironde par les Maures. Ce qui a pu donner creance a cette tradition, c'est qu'elle ne ressemble a aucune de ses con- generes du voisinage, la Garonnaise, la Landaise ; que sa phy- sionomie a quelque chose d'oriental, son allure quelque chose d'envahissant, son sang d'impetueux. Le bceuf bazadais est un, comme le Basque est un, comme, dans une region opposee, le Bas-Breton est un. Nous avons en France plusieurs colonies d'hommes qui fl'ont rien de cbtnmun avec I'indig^ne : pburquoi la nature n'aurait-elle pas permis ces m^mes contrastes pour des colonies de b6tes et particulierement pour les races qui ont ete gouvernees par la main de Thomme ? C'est dans I'arrondissement, et seulement dans I'arrondisse- ment qui lui a donne son nom , qu'on trouve les plus beaux types de la race Bazadaise. « II existe, dit M. Dupont, dans un » second Memoire couronne par la m6me Academic, jusqu'a » I'extremite sud de notre departement (la Gironde), entre les J) routes de Casteljaloux et d'Auros, un coin de terre de nature » argilo-calcaire et marneuse , une forme de triangle ayant le J) territoire de Bazas pour sommet, ceux de Grignols et d'Auros » pour base , sur lequel vit et se propage avec une Constance » seculaire et une vitalite prodigieuse. Tun des plus precieux » animaux de I'agriculture frangaise, le boeuf bazadais . » C'est la seule race bovine en France et en Europe, peut-6tre, comme le fait encore remarquer M. Dupont, dont on puisse dire qu'elle a traverse des siMes, assistant a toutes les revolutions du sol, temoin de toutes les epizootics, sans eprouver la mbindre de- generation physique ou morale. Etrange ressemblance, s'ecrie M. Dupont, avec cette autre race, — cheval arabe, — qui se perpetue sur le sol natal, telle quelle, depuis les temps les plus recules, et qui semble posseder le privilege universel de la generation hippique. . Caracteres speciaux. — Taille, l'",38 cent, a l^jAS cent. ; couleur charbonnee, presque noire au front, aureole rosee au- tour des yeux, cils gris ; peau un peu epaisse, poil rude, quel- quefois long^ tfete haute, courte, seche, bien attachee; front tarre, gros toupet noir sur le chignon ; comes fortes, oreilles RACE BOVINE BAZADAlSE. 335 v6tues, encolure courle et musculeuse; beaucoup de fanon, poitrail large, epaules bien attachees, coudes libres, avant-bras court, tres musculeux, corps ramassc, ligne dorsale droite, reins courts, larges, hancbes saillantes, cuisses bien faites ; queue tres forte et presque aplatie a la base, longue, terminee par une longue toufl'e de crins noirs^ jarrets larges, droits, sabots petits, onglon tr^s dur. Ajoutez a ce portrait une phy- sionomie expressive, ce qui permet encore un trait de compa- raison avee le cheval arabe, aupres duquel seul il merite de vivre. Vaches. — Couleur generaleinent nioins foncee, t6te carree, un peu longue, syst^me pileux moins abondant, peu de fanon, corps elance, bassin large, ischions tres ouverls. Aptitude et emploi. — J'emprunterai encore a M. Dupont, comme a une autorite, a cause de ses connaissances speciales, ces paroles eloquentes : « Le boeuf bazadais est, par-dessus et avant tout, un boeuf )) de travail : n importe la tslche imposee, labour, transport, il » raccomplit. Terre forte ou legere, voie douce ou ferree, il » dechire les unes et parcourt les autres sans effort. Quels que )) soient I'heure, la saison, les lieux, la distance, ce noble ani- » mal ne se dement jamais. L'abondance ou la mis^re n'exer- » cent leur inttuence que sur son etat general. Les saisons n'ont » pas de rigueur pour lui. La nature le dota d'une vitalite et » d'une energie qui ont resiste a toutes les influences contraires » du sol sur lequel il devait vivre, a I'incurie et a I'inertie du » niaitre qui devait lui commander ; rien n'egale sa sobriete et » sa force organique. On pent sans hesitation le placer a la t6te » de I'esp^ce comme travailleur, et dire de lui quMl est la ma- » chine agricole par excellence. Condamne, sur une terre pri- * niitivement ingrate, aux travaux les plus penibles, il a vaincu )) le sol et conLribue, plus qu'on ne le pense peut-6tre, aux » diverses transformations que cet arrondissement a subies. » C'est a cette race robuste et infatigable que le bazadais doit » en partie les progres de son agriculture, ses relations com- » merciales si fecondes, et I'avenir de quelques industries plus » fecondes encore. » 336 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. II se fait dans le pays un roulage tres actif entre Langon, Dax etMont-de-Marsan : on y affecte exclusivement le boeuf ba- zadais; lui seul est capable de le servir. II traine siir une voie ferree, par descbaleurslropicales, a des distances considerables etpresque constammenta travers des bois, la oula mouche est si latiganle, les fardeaux les plus pesants (1). II est a son pays pour la vitesse et la resistance, ce que le cbeval arabe est au cavalier, lecbameau au caravaniste.Le camionnage du port de Bordeaux se fait aussi avec ces animaux : on les voit enlever leurs traineaux, la t6te haute, le poilrail grand ouvert, comnie s'ils travaillaient sans efl'ort. En un mot, d'autres Font dit, c'est la meilleure race de travail qui soit au monde. On reproche cependant au bceuf bazadais un peu d'indocilite dans son jeune age ; mais I'education a bientot corrige ce de- faut, qui n' est peut-6tre qu'un des attributs de son sang gene- reux. II commence a travailler a dix-huit mois, et il fournit un excellent travail jusqu'a dix et douze ans. II est tres sobre : le Bazadais n'est pas ricbe en fourrages 5 sa nourriture se com- pose pendant I'hiver de paille de millet et de seigle, melange avec une petite quantite de mauvais foin, et quelquefois elle lui est distribuee avec parcimonie. Le cultivateur bazadais est fier de son bel atlelage, comme I'Arabe de son coursier. II Taime comme son ami ; le boeuf est aussi I'enfant de la maison : sa genealogie est conservee; chaque jour on Tetrille a I'etable •, sa litiere, souvent composee de joncs et de feuillage, est toujours fraichement couverte ; son toupet, les longs crins de sa queue sont peignes, ses sabots nettoyes. Doit-il paraitre sur un champ de foire, qui est sou- vent un champ de triomphe, I'orgueil national s'y trahit aux yeux de I'etranger, car le maitre Ta pare de rubans et de fleurs. C'est sourtout de I'eleveur bazadais qu'on pent dire : Tant vaut rhomme, tant vaut la bete, tant vaut la terre (*2). Un bel attelage vaut de 1000 a 1200 fr., par exception, 1500 fr. Les belles vaches se vendent de 700 a 1000 fr. EUes (1) 90 quintaux. (2) J. Bujanlt. RACE BOVINE BAZADAISE. 337 sont Ires bonnes nourrices et possedont au m(^nie degre les qualit^s precieuses du travail et de la production. Le hociif bazadais a encore la faculte de prendre, sous Tem- pirc d'un bon regime, le fini de Tengraissement ([u'aimcnt tant les Anglais, et des Tagc de quatre ans. En 1853, une bande de six bocufs bazadais (cinq, six et sept ans) remporta a Bordeaux, au concours des boeufs gras, le prix aflecte a une bande de boeufs, n'importe la race, joignant au fini de Tengraissement la conformation la plus favorable au travail. Enfin, voici ce que m'ecrivait, il y a peu de jours (22 niai), M. Aug. Petit-Lafitte , professeur d'agriculture , charge de Vinspection agricole du departement de la Gironde, auquel le pays doit beaucoup pour I'amelioration, le perfectionnemcnt de ses races : « Je suis entierement de votre avis sur Tavan - » tage qu'il pourrait y avoir a introduirc en Algerie la race » toute speciale de baufs que nous nommons race Bazadaisc. » Cette race, d'une vigueur et d'une sobriete rares, ne redoute » ni la cbaleur, ni I'aridite des lieux ; elle a en outre I'avan- » tage, ainsi que Font prouve les concours d'animaux de bou- » cherie, d'engraisser facilement et de donner de tres bonne » viande. » V. CONCLUSION. De tout ce qui precede, je conclus : 1° Qu'apres m'6tre rendu compte : 1° du climat de rAlgerie, de ses ressources fourrageres et de Vavenir de son agriculture ; 2» de la nature du bceuf bazadais, de ses principaux carac- teres, du milieu dans lequel il vit et prospere, enfin des diverses destinations auxquelles il se pr^te , Aucune race ne saurait mieux convenir a notre colonic que la race Bazadaise. 2° Que s'il est evident pour la Societe imperiale zoologiquc d'acclirnatation, que cette race reunit les qualites qui orit ele enoncees et qui se trouvent appuyees par le Memoire de M. Du- pont, couronne en 1853, a Bordeaux, et par les paroles de T. III. — JuUlet 1856. 93 338 SOCIETE IMP^RIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. M. Petit-Lafitte, savant professeur d'agricuUure, il soit exprime un voeu pour queM. le marechal ministre de la guerre veuille bien faire faire en Algerie des essais pour ^introduction et Facclimatation de rette race. 3° Qu'enfin et pour eviter des tentatives malbeureuses, des deceptions qui retarderaienl indefiniment le progres, on ne perde jamais de vue que Veconomie du betail la plus complete et la mieux entendue, se trouve resumee dans ces deux mots qu'ecrivait Caton, il y a vingt siecles : Si bene pascas. APPENDICE. La race Bazadaise se trouve representee a I'Exposition uni- verselle de I'agriculture par cinq sujets, quatre de race pure et un produit provenant du croisement d'un male bazadais avec une femelle landaise. Les cinq premiers forment la sixi^me categorie du catalogue 5 lis portent les n°' 973, 974, 975, 976, 977. Le n° 973 est un taureau de dix-sept mois, qui a obtenu le troisi^me prix au concours regional d'Auch (Gers), en 1856, ne aPomiro (Gers), cliez M. A. deLavergne, exposant. Le n° 974 marque un taureau de dix-sept mois (premier prix au concours regional d^Auch, en 1856), appartenant a M. de Lafitte-Peron , directeur de la ferme-ecole de Bazin (Gers), exposant. Au n" 976 nous avons trouve un taureau de vingt-quatre a vingt-cinq mois (deuxieme prix au concours regional d'Auch, en 1856), ne dans les pares de M. Alpbonse de Calbiac, de Casteljaloux (Lot-et-Garonne), aux confins du pays bazadais. Sous le n° 977, M. A. de Lavergne, precite, presente comme etant un el^ve, une vache qui a obtenu le premier prix au concours d'Auch, en 1856. Parmi les males, les n°' 976 et 974 nous paraissent les plus remarquables de cette exposition. Nous avons examine atten- tivement ces deux sujets qui sont dignes de representer la race piire. Le premier, qui n'a eu que le deuxieme prix au concours RACB BOVINE BAZADUSE. 330 regional d'Auch, nous parait preferable au second qui a obtenu le premier prix. II y a peut-6tre plus d'apparence dans celui-ci ; I'ensemble promet beaucoup; la peau est line, I'animal enfin est joli. Mais le premier a plus de race; ses aplombs sont meilleurs, il est mieux cpnstitue pour le travail 5 son pelage gris-truite lui a ele peut-^tre prejudiciable aux yeux des exa- minateurs. Que si on lui reprochait qu'il a la queue attachee trop haut, ce qui, pour certains, pourrait constituer un vice, nous repondrons que c'est, au contraire, une qualite chez le boeuf bazadais. Les eleveurs pref^rent les boeufs ainsi conformes ; ils preten- dent que I'animal dont la queue est attacbee baut, est vaillant au travail •, c'est pour eux I'indice de la force, de la vigueur. On dit en pays bazadais : coiXe haute ^ pe leouge. Pour ces motifs, notre preference reste acquise au taureau de M. de Calbiac. M. Laverny fds, proprietaire a Saint-Pe-Saint-Simon (Lot- et-Garonne), confins du Gers, des Landes el du pays bazadais, a presente sous le n" 1079 (treizieme categoric), un taureau qui nous a paru age de quatorze a quinze mois, bien que sur le catalogue on le porte comme etant age de 17 mois. C'est un joli specimen de croisement \ aussi nous ne sommes pas etonne qu'il ait obtenu le premier prix au concours regional d'Aucb. Nous sommes persuade que cet animal sera remarque et pro- bablement prime avantageusement par le jury de I'Exposition universelle. Le boeuf bazadais nous a donne la un exemple de son apti- tude pour la reproduction et surtout pour I'amelioration de la race des Landes. SAO SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQUR d'aCCLIMATATION. SUR LE VER A SOIE SAUVAGE DU GHENE DE MANDCHOURIE LKTTRE ADRESSEE AM. LE PRESIDENT DE LA SOCIIETE IMPERIALE D'ACCLIMATATION Par Mgr VERROLLES , Eveque de Colomby , vicaire apostolique de Mandcliourie , Membre honoraire de laSocidte imperiale d'acclimatation, Des rives du Saro (Mandchourie), le 9 fevrier 1850. Monsieur le President, J'ai re^u dans le cours de Tautomne votre honoree lettre du 20 mars 1855, avec le diplome de membre honoraire de la So- ciete zoologique d'acclimatation. J'ai cte sensible ace precieux temoignage de votre bienveillance qui est venu me rappeler dans cette lointaine solitude le souvenir de la France, et res- serrer encore, s'il etait possible, les liens dela patrie. Puisse-je, du moins, selon mes faibles moyens, tout en fournissant en ces pays reculeslapenible carrieredemissionnaire, contribuer quelque peu a la prosperite de mon pays. J'apprends avec bonheur I'heureuse arrivee des vers a sole du ch6ne, autrement dits de montagne {Chan Kien Tse), que j'expediai a M. de Montigny en novembre 185/i. Ces vers a sole, dans nos apres et durs climats de la Siberie, eclosent parfois avantla poussedes feuilles de cb6ne. Les Chi- nois, pour obvier a cet inconvenient, ont la precaution de cou- per des rameaux dech6ne et de les mettre, le pied seulement, dans Teau. Les bourgeons se developpent ainsi tr^s vite, et les vers nouvellement eclos ne sont pas exposes a mourir de faim. Ces vers, comme je le disais a MM. de la Propagation de la Foi de Lyon, craignent, non-seulement les oiseaux, mais aussi VERS A SOIE. 3A1 les insectes, les fourmis, les grenouilles, les serpents et m6me messieurs les renards qui en sontfort friands, versTepoque ou ilsdoivent setourner en chrysalides. Lorsque ces vers ont de- vore les feuilles d'unepartie de I'arbre, il faut les transporter sur I'autre partie, a moins que les branches ne se joignent par le haul; pour fairece transport convenablement il fautrompre le ranieau sur lequel se trouve la chenille, et la transporter, de maniere qu'elle-meme quittc le rameau et passe sur la branche nouvelle ou Ton veut la mettre. Cette soie est de sa nature moins belle etplus grossiere, plus rustique, eten ce sens plus forte que celle desvers du miirier. La prinianiere est plus blanche que celle de Tautomne. J'ai rhonneur de vous adresser. Monsieur le President, avee cette lettre quelques grains d'une sorte de canne dece pays qui est, dit-on, fort sucree. Peut-6tre pourrait-elle reussir dans nos provinces meridionales -, sa culture est fort simple et ne de- mande aucun soin special. On la seme chaque anneo en mai; en France , on pourrait le faire en avril, car une fois notre hiver de Siberie passe, la vegetation est tres forte ettres rapide ; done, en France, il serait bon de s'y prendre plus tot. Veuillez agreer, etc. + Emile Verrolles. 3 52 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR PLUSIEURS DES YEGETAUX CULTIVES A LA PEPINIERE CENTRALE DU GOUVERNEMENT EN ALGERIE LETTRE ADRESSEE A M. LE BARON MONTGAUDRY , Pr&ident de la Commission permanente des vegetaux, Secretaire de la Commission [lerraaneiite d' Algeria. Par M. HARDY, . 5 Directeur de la Pepiniere centrale du Gouvernenient, a Hararaa, pres Alger. (Seance du 20 juin 1856.) Monsieur le baron et cher collegue, Vous m'avez fait riionneur de m'ecrire a la date du 17 rtiars dernier, pour me demander, au nom de laSociete, des i*enSei- gnements sur les vegetaux cultives a la Pepiniere centrale, qui donnent le Caoutchouc, la Gutta-Percha, des Gommes, des Resines, le Quinquina, etc. Votre lettre n'est parvenue ici que le 22 avril, veille de mon depart pour nia tournee d'inspection des pepinieres et plantations de TEtat dans la province de Constantine. Ne pouvant retarder mon depart, il m'a etc impossible de vous repondre plus tot. Arrive depuis quelques jours seulement, je m'empresse de vous donner, autant qu'il est en mon pouvoir, les renseignements que vous voulez bien me demander. Caoutchouc. — Ainsi que vous le savez, plusieurs especes d'arbres concourent a donner du caoutchouc, dans diverses regions de la hgne tropicale ; mais cette matiere n'a pas la m^me qualite, et n'est pas extraite avec la m6me abondance dans toutes les especes qui possedentlapropriete de I'exsuder. Parmi les especes a caoutchouc que Ton pent des a present regarder comme acclimalees a la Pepiniere centrale, se place en premiere ligne non pas, je pense, pour I'abondance et la richesse du produit, mais pour la rusticite de I'espece, le PLANTES irALG^RIE. 3A3 Ficus elastica, originaire de \a c6te deCoromandel. II en existe trois sujets dans la division d'acclimatation de I'etablissement, qui ont une douzaine d'annees de plantation, qui ont environ iO metres de hauteur, et done le tronc a 80 centimetres de circonference a un metre du sol. Leurs rameaux, (jui s'etendent horizontalement, occupent beaucoup d'espace , et il s'en echappe des racines adventives qui finissent par s'implanter dans le sol, et ajoutent alors un surcrolt de vigueur au vegetal. On con^oit que ce mode de vegetation envahisse des espaces considerables, et que ces racines aeriennes, fixees au sol et tendues comme les haubans d'un navire, entrecroisees avec les branches, rendent certaines parties de for^ts tout a fait inex- pugnables. J'ai tente, Tannee derniere, d'extraire du caoutchouc de ces trois arbres ; le produit que j'ai obtenu a figure a I'Exposition universelle, et doit se touver en ce moment a I'Exposition permanente de TAlgerie. Ceresultatd'une premiere tentative n'est certainement pas le dernier mot de ce qu'il est possible d'obtenir. Les meilleurs procedes d'extraction applicables a I'Algerie, le moment le plus propice pour saigner les arbres, la preparation de la matiere, sont autantde points sur lesquels je ne suis pas encore entierement fixe, et que je ne puis arriver a rencontrer d'une mani^re exacte, que par la voie de taton- nement ; car Tapplication des inductions que j'ai pu tirer par analogic n'a pas toujours repondu a mon attente. Je continue done sans relache mes tentatives a cet egard. J'estime done que chaque pied de Ficus elastica de la force des trois, dont j'ai parle ci-dessus, traite dans de bonnes conditions, pourrait donner de 800 a 1000 grammes de caoutchouc ; mais on pent douler que le caoutchouc du Ficus elastica puisse 6tre classe parmi les sortes les plus estimees. J'ai prepare une plantation tie cette espece assez vaste pour pouvoir faire des essais assez importants pour 6lre concluants •, les sujets qui la composeni sont dans un etat des plus satisfaisants. Le Ficus rubiginosa, de la Nouvelle-Hollande , m'a donne aussi un caoutchouc (jui est trcs malleable, mais offre peu de consistance. 11 pourrait peut-6tre trouver son emploi dans 3/4A SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d\\CCLIMATATION. certaines applications. L'arbre est tres vigoiireux ici etpousse tres rapidement. L'espece qui est la plus gencralement exploitee et qui passe pour donner le 'caoutchouc de meilleure qualite et en plus grande abondance, est le Siphonia Cahuchu ou Siphonia elastica ou Hevea guyanensis d'Aublet, tres abondant dans I'Amerique equatoriale. Une circonstance heureuse m'a rendu possesseur, pendant mon dernier voyage en France, de trois graines de cette interessante Eupborbiacee. Sur ces trois graines semees avec tous les soins voulus, une a reussi :1a plante qui en est provenue est tres vigoureuse et a ete conser- vee dans la serre pendant Thiver ; mais j'augure a son aspect qu'elle est susceptible de s'acclimater, de m6me qu'un certain nonibre d'especes d'Euphorbiacees de la zone torride qui reus- sissent tres bien en pleine terre ici. Ce serait assurement une tres precieuse acquisition. Le Vahea gummifera de Madagascar est encore une espece bonne productrice du caoutchouc. Dans un recent envoi fait a la Pepiniere centrale par M.Richard de Bourbon, sur la de- mande de S. E. M. le ministre de la guerre, se trouvait une marcotte de cette plante, dont Tetat de souffrance demandait les plus grands menagements ; placee dans une bonne serre et entouree de soins, je n'ai pu encore parvenir a la faire revenir a un etat de sante satisfaisant. Cette espece me parait infini- ment plus delicate que le Hevea guyanensis. Gutta-Percha. — L'exploitation considerable, desordonnee et inintelligente qui se fait des arbres qui donnent cette substance, le mode suivi qui- entraine leur mort, pourrait bien dans un delai rapproche entrainer la ruine de cette espece sur le globe, ainsi qu'on en est menace d'un autre c6te pour les arbres qui produisent le quinquina. La culture, la conservation et la multiplication de I'arbre a Gutta-Percha est un objet digne de fixer I'attention des economistes et des acclimateurs. Des tentatives d'introduction de I'arbre a Gutta-Percha ont eu lieu a la Pepiniere centrale. S. E. M. le ministre de la guerre avait d'abord fait venir de Singapour une caisse pleine de jeunes plants de cette espece •, mais par un sejour trop prolonge pen- I'LANTKS d'aLGERIE. 3A5 dant le voyage sans doutc, tous ces plants sans exception sont arrives morts a retablissemcnt. J'ai reussi a me procurer dans le commerce trois petits plants de ce vegetal, maisleurfaiblesse extreme ne leur a pas permis de supporter impunement le voyage, et aujourd'hui il ne m'en reste plus qu'un seul sujet, qui a fait peu de progres jusqu'ici et qui parait fort delicat ; il me parait avoir beaucoup d'unalogie avec ce que nous connais- sons dans les serres de I'Europe sous le nom de Chrysophyllum macrophyllum. Le nom d'Isonandra lui a ete impose, je ne me rappelle plus par quel auteur. Quoique les resultats obtenus jusqu'ici pour I'acclimatation de cette precieuse espece ne soient pas considerables, il n'en est pas moins important dene rien negliger pour continuer les tentatives dans ce but. Un journal de Bombay [rapportait, il y a quelques annees, que Ton avait decouvert dans le sue epaissi de VAsclepias gigantea toutes les proprietes de la Gutta-Percba, et que I'extraction de ce sue etait fort peu dispendieuse. Je ne sais si ce fait a ete confirme depuis. Des graines de cette espece ont dCi 6tre demandees pour 6tre experimentees a la Pepiniere centrale. Cire et suif des vegetaux, — Le Rheedia Americana^ le Morenobea coccinea, originaires de I'Amerique meridionale et qui donnent ces produits, ont ete introduits a la Pepiniere centrale, ou jusqu'ici ils ont ete cultives en serre. Ces deux guttiferes ont une croissance tr^s lente, et Ton pent jusqu'a un certain point douter qu'ils resistent dehors a nos abaissements de temperature. J'ai fait jusqu'ici sans succes des tentatives d'acclimatation sur divers sujets de la famille des Guttiferes. L'introduction du Cirier de Cayenne a egalementete essayee. C'est le Myristica sebifera de de Jussieu, et le Virola sebifera d'Aublet. Les graines de cette espece qui me sont parvenues n'ont pas germe. Dans un tout recent envoi il se trouvait quel- ques pieds de Virola dans un bon etat de conservation. II serait possible que cet arbre de la famille des Laurinees reussit ici a I'egal du Persea gratissifna, qui commence a donner des fruits dans Tetablissement. Le Myrica sebifera de la Louisiane est aussi cultive dans 346 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. I'etablissement ; il veut les terrains marecageux. Ses bales coii- tiennent le quart de leur poids de cire; j'en ai adresse, il y a quelques mois, un premier echantillon auMinisterede la guerre. Le Croton sebiferum de la Chine, dont notre collegue M. de Montigny a envoye beaucoup de graines dans ces derniers temps, est enpleine prosperite. Une plantation, dont les sujets ont six ans, commence a entrer en fructification. J'ai vu a I'Exposition neerlandaise, au Palais de I'lndustrie, un produit sebace tout nouveau , extrait du Ficus sebifera^ originaire de Java. M. Bleckrode, professeur a I'Academie de Delft, etdele- gue du gouvernement des Pay-Bas a FExposition universelle, a bien voulu me promettre un envoi de ce figuier nouveau. Le Palmier a cire {Ceroxylon andicola), qui croit dans les Andes americaines jusqu'a une hauteur de ZiOOO metres au- dessus du niveau de la mer, a fixe mon attention, et je m'en suis procure quelques sujets dans le commerce. Un sujet qui a ete livre en pleine terre, il y a dix-huit mois, est dans une tres bonne situation, et fait bien augurer de sa reussite, mais il craint I'insolation directe pendant Fete. II est probable que le vegetal en question perdra cette sensibilite lorsqu'il aura pris un plus grand developpement. Enfin le Sorgho sucre secrete a la surface de ses tiges, a parfaite maturite, une poussi^re blanche resineuse, qui est de la cerosis, et avec laquelle on pent faire des bougies. D'apr^s mes experiences, 1 hectare de Sorgho pourrait donner plus de 100 kilogrammes de cette substance, et je crois avoir ete le premier a signaler Texistence de ce nouveau produit dans le Sorgho Sucre. Camphre. — Dans un envoi fait par M. de Montigny, il y a trois ans, se trouvaient ([uelques graines de Laurus camphora en stratification : les plants en provenant, soignes convenable- ment, ont servi a faire une plantation dans un terrain mon- tueux, composee d'une cinquantaine de sujets, qui est actuel- lement dans I'etat le plus prospere. La plupart de ces Cam- phriers ont en ce moment a peu pres 2 metres. L'acclimatation de cette espece precieuse peut 6tre consideree comme un fait acquis. PLANTKS D^LG^RIE. 347 Quinquina. — L'acclimaUition de I'arbre a quinquina en Algerie serai t un fait considerable, car cette espece, livree a une exploitation desordonnee dans son pays originaire, pour- rail bien arriver, m6me dans un temps peu eloigne, a un epuisement complet. Les tentatives auxquelles je me suis livre jusqu'a ce jour n*orit pas eu de resultat bien satisfaisant. Les jeunes plants provenant de semis que j'ai tente d^elever, etaient d\me deli- catesse extreme ; cultives sous verre, avec ou sans chaleur artiiicielle, ils s'etiolaienl et finissaient par fondre ; exposes a I'air libre, ils se fletrissaient au moindre souffle de notre vent cbaud, malgre les abris dont ils etaient environnes ; je les ai tous perdus sous I'influence pernicieuse du vent chaud et sec de I'ete que nous nommons le sirocco. Les Quinquinas son I originaires des Andes du Perou, de la Bolivie et de la Nouvelle-Grenade, ou ils croissent dans une zone assez limitee, quant a Taltitude, et ou la temperature varie a peine annuellement, dans cbaque localite, niais seule- ment aussi de quelques degres pendant les revolutions diurnes, sous I'influence du refroidissement de la nuit et de Taction du soleil. lis sont soumis ainsi a I'influence d'un milieu fixe dont les extremes de temperature sont a peine sensibles toutes les vingt-quatre heures, mais sont parfaitement equilibres de la m^me mani^re pendant toute I'annee. Les Quinquinas ont done au supreme degre la temperature des plantes alpines, et Ton salt combien il est difficile de faire vivre cette categoric de v^getaux dans un milieu autre que celui que la nature leur u assigne nativement. En Algerie nous n'avons pas d'elevations assez grandes pour conserver des neiges en permanence et pour determiner des milieux fixes ou la temperature et Thygroscopicite de I'air soient a peu pres uniformes en toutes saisons. Au milieu de I'ete, la colonne d'air cbaud s'^l^ye par-dessus nos plus hauts sommets et en eleve la temperature a Tegal de celle des plaines. Cependant I'espece de Quinquina sur laquelle j'ai opere est la plus delicate et celle qui croit aux plus bautes altitudes 3A8 SOCUETifi IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. dans la region de ce genre botanique •, il y en a qui, croissant a des elevations beaucoup moindres, quoique moins riches peut-^tre en principes amers, n"en seraient que plus aptes a resister sous le climat algerien. Les graines de Quinquina se transportent avec la plus grande facilite 5 elles levent parfaite- ment lorsqu'elles ont ete recueillies bien mures et dans de bonnes conditions. II serait a desirer que la Societe put, par ses relations, faire recolter des semences du plus grand nombre possible d'especes de quinquina, pour en continuer les essais d'acclimatation en Algerie. J'ajouterai que je me suis procure dans le commerce un pied de Cinchona, age de plusieurs annees, qui resiste en ce moment infiniment mieux que ceux que j'ai eu occasion de mettre en experience il y a cinq a six ans. J'ajouterai encore que cet exemple n'est pas isole, que beaucoup d'especes que j'ai es- say ees en vain il y a dix ans, reussissent aujourd'hui parfaite- ment sous I'influence d'une plus grande surface boisee 5 qu'en Algerie les grandes surfaces denudees determinent un milieu que j'appellerai refractaire et antipathique a la vegetation arborescente 5 que ce sont les cent premiers arbres que Ton plante qui presentent le plus de difficultes dans leur reussite. Je termine ici cette lettre deja bien longue , quoiqu'il me reste encore beaucoup a dire sur I'acclimatation des vegetaux en Algerie. Ce sujet fera I'objet d'autres communications, si vous voulez bien le permettre. J'ai consigne un resume sur ce sujet, que vous pouvez trouver dans les livraisons de novembre et decembre 1855 des Annales de la colonisation algerienne. Veuillez agreer, etc. Hardy. HUILE DE RICIN. 3A9 NOTE SUR L'EMPLOl INDUSTRIEL DE LHUILE DE RICIN Par HI. DARESTE. (Seance du 20 juin 1856.) Dans le rapport que j'ai lu a la Societe au mois de fevrier dernier, sur les huiles de I'Exposition universelle (1), j'ai insiste sur le rendement considerable de la graine du ricin en huile. D'apres les documents que j'avais recueillis, la quantite d'huile produite par un hectare cultive en ricin depasserait 1,800 ki- logrammes. Or le rendement moyen des palmiers a huile dans les regions intertropicales n'est que de 900 kilogrammes par hectare , et celui des oliviers dans les regions meridionales de I'Europe n'est que de 600 kilogrammes. Depuis que j'ai redige ce rapport, j'ai reuni d'autres documents qui nous montrent que le rendement du ricin en huile est encore plus considerable. J'avais etabli mes calculs sur le rendement de 0,58 par graine, comme le donne M. Hardy ^ il parait que la graine peut rendre jusqu'a 0,62 a 0,64 d'huile ; differences qui tiennent proba- blement a la difference des procedes d'extraction. En appelant sur ces faits I'attenlion de la Societe, je mon- trais combien la culture du ricin pourrait 6tre avanlageuse , surtout en Algerie ou cette plante croit naturellement et en grande abondance, si I'onparvenait a trouver a I'huile qu'elle produit des avantages industriels plus grands que ceux qu'elle possede aujourd'hui. J'emettais, en consequence, le voeu qu'une etude complete de I'huile de ricin, au point de vue chimique et au point de vue industriel, put nous cclairer sur cette impor- tante question. J'ai appris, depuis la redaction de mon rapport, que ce vceu avail ete realise par un chimiste habile, M. Bouis, (I) Voyez le niim<5ro de mai 1856, page 235. 350 SOCIIETIE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. repetiteur a I'Ecole centrale. M. Bouis a fait, dans ces der- nieres annees, une etude approfondie de I'huile de ricin, etude qui est devenuele sujet d'une these presentee I'annee derniere a la Faculte des sciences. Le travail de M. Bouis contient un resultat qui exercera peut-6tre quelque jour une cerlaine influence sur la prosperite de notre colonie africaine. J'ai pense que la Societe d'acclimatation I'apprendrait avec inter6t. Lorsque Ton distille I'huile de ricin sur de la potasse con- centree, on en extrait deux produits qui trouveront certaine- ment un jour un emploi utile dans I'industrie -, Facide sebacique et I'alcool caprylique. L'acide sebacique a ete decouvert, il y a longtemps deja , par M. Thenard , dans la distillation des graisses : mais ce procede ne donne qu'un produit tres peu abondant*, et il a d'ailleurs quelque chose de repoussant par I'odeur infecte dont il s'accompagne. Le procede de M. Bouis a le double avantage de ne donner lieu a aucune mauvaise odeur, et de produire une quantite considerable d'acide sebacique, a peu pres le quart en poids de I'huile de ricin employee. L'acide sebacique, par I'elevation de son point de fusion , jouit d'une solidite remarquable , et pent remplacer avec avantage l'acide stearique dans la fabrication des bougies. Quand, au lieu de Temployer seul, on le fait entrer en petite proportion dans les bougies d'acide stearique, on augmente leur durete et leur eclat, et on leur donne un aspect qui imite celui de la porce- laine* Aujourd'hui que Ton s'occupe avec succ^s d'employer, pour la fabrication de bougies de quaUte inferieure, des acides gras plus mous et plus fusibles que l'acide stearique , cette derniere propriete aurait une importance considerable. L'alcool caprylique, que I'on obtient dans la m6me prepa- ration, pent 6tre employe a tous les usages auxquels on fait servir l'alcool ordinaire, partieuli^rement a I'eclairage et a la composition des vernis : de plus il donne naissance a de nou- veaux ethers composes tres remarquables par leur odeur, et qui pourraient 6tre employes par les parfumeurs et les con- fiseurs, comme les ethers composes dont on fait actuellement un grand usage en Angleterre. Ces fails, dont la connaissance est due aux recherches d'un HUILE DE RICIN. 351 chimiste habile, doivent nous donner pour Tavenir de belles et legitimes esperances. Une circonstance particuli^re s'oppose actuellement a leur realisation ; le prix de I'huile de ricin qui, malgre une modification dans les tarifs de douane du 20 de- cembre 185A, est reste trop eleve pour permettre des applica- tions industrielles. Mais ces conditions defavorables n'existent point pour I'Algerie , dont les produits agricoles entrenl actuellement en franchise. II y a done tout lieu de croire que la production de I'huile de ricin en Algerie pourrait alimenter en France de nouvelles industries , en m6me temps qu'elle donnerait aux colons algeriens une remuneration suffisante. Je dois d'ailleurs me borner a indiquer ces faits qui me sem- blent de nature a ne point passer inapergus. 352 SOCIIETIE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOTICE SUR LE CERFEUIL BULBEUX {ChoBrophyllum bulbosum); Par SI. SACC, Delegue de la Societe imperialc d'acclimalation a Wesserling. (Seance du 20 juin 1856.) Cette plante bisannuelle et indigene croit dans les pres et les for6ts humides ou elle se plait, surtout dans le voisinage des ruisseaux; son aspect general rappelle completement celui de la carolte sauvage. Cultive de toute antiquite en Silesie, en Pomeranie, dans les Etats autrichiens et en Alsace, le cerfeuil tubereux a, comme le chervis, ete telleraent deplace des jardins par la pomme de terre, qu'on ne trouve plus son nom que dans quelques rares traites de botanique-, ceux d'horticulture n'en font plus m^me mention. II y a deux ans deja que mesdames les comtesses d'Andlau ont appele notre attention sur cet excellent legume dont elles ne possedaient que quelques pieds, mais dont elles faisaient le plus grand eloge, pour en avoir souvent mange a Munich ou ce legume, cultive en grand, occupe une place importante sur le marche. Mesdames d'Andlau, ayanteu Textr^mebonte de nous remettre trois tubercules de leur cerfeuil, nous les plantames aussitot et en avons tire Tannee suivante 620 grammes de semence qui ont suffi a toutesnos cultures de cette annee. Le cerfeuil bulbeux exige une terre legere, fraiche et aussi fortement fumee que possible, pourvu que ce ne soit pas avec du fumier frais qui empecbe le developpementdes tubercules. Dans des sols sees et maigres, les tubercules atteignent au plus la grosseur d'une grosse feve, tandis que dans une terre bien fumee, ils sont aussi forts qu'un reuf de poule ordinaire, pe- CRRFELIL BULBEUX. 3o3 sent jusqu'a 30 grammes Tun, et en raoyenne 21 grammes. Une planche de jardin de 8 metres carres de surface a donne 9 kil. 250 grammes, ce qui fait a riiectare 11,562 kilog. ; beau rap- port d'antant plus a considerer que le cerfeuil tubereux etaut une plante de marais, il permet de faire produire aux terres humides des recoUes qu'il serait impossible d'en tirer a I'aide de tout autre vegetal. Le cerfeuil tubereux developpe, de juin en aout, ses jolies et abondantes ombelles de fleurs blanches dont les graines mdrissent de jnilleten aoiU; on lesrecueille a mesure qu'elles arrivent a maturite, afin de les empOcber de tomber a terre; le produit en est enorme. La plante en fleurs alteint generale- ment 2 metres de baut; eelles de notre jardin qui est en ce moment fume ont plus de 3 metres et sent en ce moment couvertes de graines qu'on seme le plus tot possible tres super- iiciellemeut, en terre bien preparec. La graine nc l^ve qu'au mois de mars; elle doit avoir ete semce a la volee et pas trop serree, tout a fait comme les carottes a manger jeunes, c'est- a-dire que les jeunes plantes doivent 6tre espacees a b cen- timetres environ, en tous sens. Quand le semis est trop serre ou envabi par les mauvaises berbes, le mieux est de n'y pas toucher; grace a la fertilite du sol, on obtiendra tou jours une jolie recolte, tandis qu'on laperdrait en totalile par le sarclage qui tue toutes les jeunes plantes d^s qu'il en ebranle les fr^les radicelles. Vers le milieu de juin, les feuilles se dessechent, et on pent commencer a arracher les tubercules qui ont acquis leur entier developpement ; mais ce n'est qu'en septembre qu'ils prennent le delicieux parfum devanillequi distingue ce legume de tous les aulres et en fait un plat dune delicatesse vraimcnt extraordinaire. On fait bien de n'arracher les tubercules qu'a mesure qu'on en a besoin, parce qu'ils se conservent mieux en pleine terre que dans la cave ; ils ne craignent pas les gelees les plus violentes. Au printemps, les tubercules perdent leur delicatesse; ils developpent, des les premiers beaux jours, leurs larges feuilles velues et vert fonce, du milieu desquelles s'e- lance la vigoureuse tige destinee a en propager I'esp^ce. Le cerfeuil tubereux est eminemment nntritif ainsi que le T. in. — Juillet 18S6. 23 35/i SOClETlfe IMPERULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. prouve I'anaWse suivante, faite sur des tiibercules recoUes a la fin (le la semaine passee • ils etaient composes de : Eau 70,00 Cendres 1,39 Acide pectique 0,03 Ligneux 1,50 Cas^ine 2,09 Inuline 0,75 Sucre de canne 0,30 Amidon 21,50 Sels solubles et perte 2,64 100,00 , L'amidon du cerfeuil tubereux ressemble a celui des grains ; on Textrait tout aussi facilement, et par le m6me procede que la fecule des pommes de terre ; il est blanc du premier jet, ainsi que vous enjugerezpar Techantillon inclus, ce qui vient de la consistance gelatineuse du legume, qui ne se laisse point entrainer avec la fecule par les lavages. L'industrie tirera sans doute parti de la richesse feculente du cerfeuil tubereux, dont elle pourra substituer avantageusement l'amidon a celui des grains ^ reste a savoir si la grande culture reussira a produire avec avantage cette plante dans les terres inondees, ce qui sera le cas si I'eau supplee a I'enorme fumure quelle exige pour donner de beaux produits dans les jardins potagers. Pour le moment, le cerfeuil tubereux est un excellentlegume, Ires nulrilif, et qui arrive precisement a Tepoque ou les pro- visions de pommes de terre s'epuisent etou les chaleurs de I'ete diminucnt la production ainsi que la delicatesse des legumes verts. CONSKRVATION DES ABKILLES. 355 II. TRAYAUX ADRESSiS ET COMMUMCA'JIONS FAITES A LA SOCIETf). * SUR UN NOUVEAU PROCEDE DE CONSERVATION DES ABEILLES PENDANT L'HIVER LETTBE ADRESS^E A M. LE PRESIDENT DE LA SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQCB d'aCCLIHATATION Par n. Pi:N4RU.!IIASSON, ProprieUire-cultivateur a Cormost (Aiibe). (Stance du 20 juin 1856.) Monsieur le President , J'ai 111 avec un grand interCt, dans le dernier numero du Bulletin de la Societe imperiale zoologique d'acclimatation (n° 5, mai 1856), qu'un meinbre de la Societe a bien voulu ine communiquer, un article de M. le docteur de Beauvoys, sur le procede de conservation des abeilles sous terre, decouvert par M. Antoine de Reims. , Je me livre depuis vingt-cinq ans a la culture des abeilles, et j'ai trouve dans cette industrie, depuis quelques annees, des ressources que je ne prevoyais pas d'abord et que j'aurais pu multiplier davantage, sans aucun doute, si j'avais eu d'autres guides que ma propre experience, la science me faisant comple- tement defaut. J'ai beaucoup observe les abeilles, non pas seu- lement avec une pensee d'inter^t, mais par un veritable amour pour ce petit animal si laborieux, si admirable dans tous les details de son existence, et (jue I'bomme traite encore avec tant d'ingratitude et de cruaute dans diverses localites. La culture des abeilles est assurement tres productive, et un ru- cher bien administre est une veritable petite fortune pour I'agriculteur soigneux ; mais les desastres causes par les bivers rigoureux, faute de moyens preservateurs d'une application 356 SOCIKTK IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sure et facile, ont du tout natiirellement degouter souvent les proprielaires de ruches; aussi celte Industrie, d'abord negli- gc«, devait ^tre ensuite abandoimee completement dans cer- tains pays oil elle pourrait rendre les plus grands services , puisqu'elle donne le revenu le plus net et le plus positif, sans nuire jamais aux autres produits de Tagriculture. La conservation des abeijles pendant la saison rigoureuse est done le point capital, a mon avis, etc'estfaute des'enpreoccu- per assez oud'employerdesmoyensconvenables dans la prati- que ordinaire, (|uechaque hiver detruit, en general, iin tiers et quelquefois plus de ces malheureux insectes. Si I'liomme fait son profit de leurs richesses si legitimement acquises a force de travail, neleur doit-ildonc pas au moins une protection efficace ! M'etant voue des mon enfance a la culture des abeilles, je m'y suis attache avec un inter^t toujours croissant. J'ai pendant longtemps perdu moi aussi, a mon grand desespoir, un certain nombre de mes ruches pendant I'hiver. Je me suis si souvent repete que c'etait pour moi un devoir de les preserver que j'y suis enfm parvenu. Depuis 1847 et notamment dans ces deux dernieres annees qui ont ete si funestes aux abeilles, sur cent douze ruches que je possede actuellement en trois ruchers dif- ferents, je n'en ai pas perdu une seule. Ce resultat dans lequel la science n'a aucune part et qui n'est dCi qu'a une serie d'ex- periences perscverantes dans ma simple pratique, m'a encou- rage, Monsieur le President, a faire connaitre a la Societe imperialezoologiqued'acclimatation la methode que j'emploie. Le moyen propose par M. de Beauvoys, decouvert et expe* rimente par M. Anloine, est sans doute excellent, mais s'il convient au sol crayeux de la parlie de la Champagne dans la- quelle M. Antoine pent creuser ses silos, il serait completement impraticable dans la plupartdes pays dontle sol est humide et froid. Les silos y seraient constamment inondes. D'ailleurs il faut ace procede une certaine main-d'oeuvre, tandis que celui que j'emploie est de la plus grande simplicite, pouvant s'appli- quer partout et sans deplacer les ruches, par consequent sans aucuns frais. Tous les proprietaires d'abeilles ont pu remarquer que les COISSKUVATION DES ABEILLES. 357 ruches qui perissenten hiver sont, a hieii peu d'exceplioiis pres, celles qui etaient occupees par des essaims de ramiee, ou s'il s*en trouve (juelques-unes parmi les niclies meres, c'estqu uiie main trop avare ne leur avail pas laisse une provision de miei suffisante. J ai cru pouvoir conclure de ces deux Tails que les deux principales condilions de preservalion pour les ruches consislenl : 1" dans Ic nombre assez considerable de leurs ha- bilanls ; 2" dans une reserve de provisions, c'est-a-dire de miel qui soil en rapporl avec leurs besoins. Une preuve a Tappui de cette seconde observalion, e'est que les ruches ne perissent qu'ala tin de I'hiver, et qu'alorson les trouve loujours coniple- lement vides de miel. Voici comment je procede : Vers la iin d'octobre, ou dans les premiers jours de novembre, je visile mes ruches alin de voir quelles sont celles qui peuvent avoir a redouler I'hiver. Toutes celles qui ne pesent pas 8 a 10 kilos au moins me semblenl 6tre dans ce cas. Ce sont celles-la qu'il iaul sauver, el il me suffira, pour y parvenir, de faire passer les abeilles qui les occupenl dans des ruches mieux approvisionnees; rien n'esl plus facile. Je profile pour faire cette operation d'une soiree ou le temps soil calme et pas trop froid, une heure ou deux environ apres le coucher du soleil. Je place au milieu de mon rucher un baquet de 60 a 70 centimetres de largeur sur autanl de profondeur ; je prends une de mes ruches faibles, et la tour- nant Touverture en haul, je la liens cinq a six minutes dans cette position. Toules les abeilles viennent se grouper precipi- tamment a Textremile des rayons. Je retourne alors la ruche au-dessus du baquet en la tenant par le haul et j'y fais lomber les abeilles en frappant legeremenl la ruche sur un morceau de bois place en travers, sur les bords du baquet, pour que les abeilles tombentperpendiculairement. II faut avoir soin de dis- poser a lavancedans le fond deux aulres pelits morceaux de bois en croix, pour ne pas ecraser les abeilles dans la seconde parlie de Toperalion, qui consisle a placer dans le baquet oii elles sont tombees une des ruches qui nVont paru suftisamment approvisionnees pour leurs propres besoins et pour ceux de la population supplementaire que je leur impose. Au bout de 358 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. quelques minutes, toutes les abeilles deplacees se sont reunies a celles qui occupaient cette seconde ruche que je remets a sa place ordinaire, sans plus m'en occuper. J'en fais autant- pour toutes Ics autres, et la est tout le secret d'un precede qui me reussit sans exception et que je soumets a la haute ap- preciation de la Societe imperiale d'acclimatation. On pourrait peul-6tre se preoccuper de la maniere dont les anciennes proprietaires de la niche accueillent les nouvelles venues, de ce qui se passe entre les reines ; toutes ces (juestions depassent mesi'aibles connaissances scientifiques , mais ce que je puis alfirmer, c'estque je n'ai jamais eu a constater, malgre mes observations tres attentives, le moindre trouble parmi mes abeilles, apres cette espece d'envahissement de leur propriete ; et comme je ne me preoccupe que de leur salut d'abord, puis du profit que j'en retire, il me suffit que ce precede me reus- sisse , comme je le repele, sans exception. Cependant, si je puis hasarder une opinion, il me setnble qu'etant ainsi plus nombreuses clans un m6me espace, elles se conservent plus de chaleur pendant Thiver. Quant a la condition d'un approvision- nement plus abondant, I'avantage en est assez evident par lui- m^me •, car on sait que les printemps prematures que nous avons quelquefois en mars et avril, suivis de gel6es souvent tres fortes, sont plus funestes aux abeilles que les froids plus rigoureux de I'hiver, parce que, trompees par cette apparence des beaux jours, elles se reveillent avec empressement dans I'espoir de commencer leur douce recolte. Elles ne trouvent rien encore .a recueillir : d'ailleurs le mauvais temps les oblige bient6t a rentrer dans leur demeure oii la disette les attend. Elles meurent done de faim, victimes de leur ardeur pour le travail. On pourrait ni'objecter que mon procede a Tinconvenient de diminuer le nombre des ruches ; mais il est facile de com- prendre que I'avantage est dans le nombre des abeilles et non dans celui des ruches, outre que celles que j'ai ainsi depeuplees completemenl etaient a pen pres condamnees a I'avance, ou tout au Jiioins bien exposees. D'ailleurs je retrouve toujours mon compte a la saison suivanle, car les ruches qui ont ete rONSEKVATION UKS ABEILLKS. 359 aiusi doublees avant I'hiver doiiiient un pretnier essaim huit a dix jours plus t6t (|ue celles qui n'ont pas recu ce surcroit de population. La ruche dont j'ai expulse les habitants me sera encore d'une tr^s grande utilite pour la recolte de mes seconds essaims. En la quittant, les abeilles y ont n^cessairement laisse des rayons tout faits et une petite quantite de miol. On a pu reniarquer aussi qu'en decrivant mon operation, je recommandais de frfipper doucement la ruche contre la paroi interieure du ba- quet', c'est afin de menager le plus possible les rayons et le peu de miel qu'ils renferment. En pla^ant ces ruches, couvertes d'une toile qui les niette a I'abri des insectes et de la pous- sifere, dans un grenier bien sec et bien aere, elles se conservent parfaitement et serviront a Tinstallalion des derniers essaims recueiUis Tannee suivante. lis y trouvent des cellules toutes faites, une petite provision de miel deja preparee, et n'ayant pas besoin de disposer leurs rayons de cire, ils emploieront tout leur temps et tout leur travail a remplir de miel ces cel- lules toutes baties. Aussi le proprietaire sera-t-il tout etonne en examinant a la fin de la saison ces essaims qui eusserit ete si pauvres sims ces precautions, de les trouver tres riches main- tenant et assez abondammentpourvus, en general, pourne lui laisser aucune inquietude sur leur avenir. Assez souvent m6me il pourra prelever encore une petite part sur leur recolte. Ce procede, qui m'a toujours parfaitement reussi, n'a , comme vous le voyez, monsieur le President, rien de difficile a executer-, il ne demande ni science, ni grande habilete ; un peu de pratique et d'babitude suffisent pour en garantir le succes. Dieu veuille que sa simplicity ne le fasse pas rejeter sans examen et sans experimentation. Sauver d'une mort cer- laine despetits 6tres aussi precieuxque les abeilles, c'est non- seulement un acte d'humanite, c'est encore une speculation dont les benefices sont assures. J'ajouterai que pour I'education des abeilles en general, et pour ra[»plication de ce procede de preservation, les ruches a cabochon que j'emploie depuis quelques annees offrent de grands avantages sur plusieurs autres que j'ai experimentees. 360 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQLE UACCLIMATATIOK. Je fais construire mes ruches en paille torclue. La partie prin- cipale, cylindrique, doit avoir A5 centimetres de diametre in- terieur et une hauteur a peu pres egale 5 le cabochon qui se pose dessus et lui donne ia forme d'une cloche, doit pouvoir contenir 6 a 7 kilos de miel. La partie superieure du grand compartiment ne doit communiquer avec le cabochon que par une dizaine de trous munis de tubes en canne ou en zinc, pour que les abeilles n'en bouchent pas I'ouverture avec la cire de leurs rayons. Ces tubes permettent encore de fermer plus faci- lement la partie inferieure, a I'aide de bouchons de liege, quand on veut supprimer toute communication avec le cabo- chon, au moment de la recolte, par exemple. Ce cabochon est destine uniquement a recevoir le miel, et il faut encore que les abeilles aient pu en deposer une certaine quantite a la partie superieure du grand compartiment pour leur approvisionne^- ment; aussi faut-il avoir soin, en installant dans ces sortes de ruches ceux des essaims qui sortent les derniers, de supprimer le cabochon, et par consequent de boucher les tubes du grand compartiment, afm que ces jeunes abeilles y deposent la recolte qn'elles pourront encore faire; car c'est toujours la qu'elles passeront I'hiver, que le cabochon y soit ou non. Le procede que j'ai indique plus haut s'applique encore plus facilement aux ruches a cabochon ; quand on juge qu'une ruche n'est pas suftisamment approvisionnee pour passer I'hiver, on en cherche une dontle grand compartiment contienne une cer- taine quantite de miel et Ton echange son cabochon, qui est alors bien fourni, avec celui de la ruche trop faible. S'il m'etait permis , monsieur le President, d'exprimer en terminant un voeu bien sincere et que me suggere I'evi- dence des bienfaits presque inaper(:us de cette industrie mal comprise encore, je prierais instamment la Societe imperiale zoologique d'acclimatation , d'appliquer quelques-uns de ses efforts si puissants au developpement de la culture des abeilles dans notre pays. On y trouverait une source inepuisable de richesses, sans peine aucune en quelque sorte que celle de recueillir un produit toujours assure. Veuillez agreer, etc. Penard-Massgn. PROCES-VERBALX. 361 II. EXTRAIT DES PROCfeSVERBADX DES STANCES G£n£RALES DE LA S0CI£T£. SEANCE DU 20 JL'IN 185G. Presidence de M. GEorFRO"V Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : S. A. le prince Ismayl-Pacha, a Alexandrie (Egypte). MM. Brierre (Hubert), proprietaire, a Paris. Ces-Caupenne (Alfred de), proprietaire a la SaGa, province de Constantinc (Algerie). Chauvassaigne, proprietaire a Clermont (Puy-de-D6me). Dapples (Edouard), proprietaire, a Lausanne (Suisse). DuRFORT (le comte de), proprietaire, au chateau de Ville- rau, pres Neuville-aux-Bois (Loiret), et a Paris. EscAYRAC DE Lalture (Ic comte Henri d'), membre de la Societe de geographic, commandant I'expedition a la recherche des sources du Nil, a Paris. Fleurieu (le comte Ernest de), proprietaire d'une ferme- ecole, en Algerie, au chateau de Laye, par Saint-Geor- ges de Benneins (Rhone). Gaalon de Barzay (le comte de), proprietaire, a Paris. Leferme (Paul), Ingenieur des ponls etchaussees, a Hon- fleur (Calvados). LiNANT DE Bellefond (S. E.), bey de 1« classe, direc- teur general des ponts et chaussees, en Egypte, cheva- lier de la Legion d'honneur, de Tordre de Charles HI, de la Couronne de fer, de 1 Etoile dela couronne de ch6ne, officier de I'orure de Leopold, decore du Nichau If- Ti-Kar, a Alexandrie (Egypte). Melli (Jean), de I'Engadine, canton des Orisons (Suisse), proprietaire en Lombardie, a Milan. Sd2 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. PoNTi (Antoine), proprietaire, a Milan. Richard (le docteur Gustave), licencie es sciences, chi- rurgien et botaniste, attache a Texpedition a la recher- che des sources du Nil, a Paris. Saint-Victor (Gabriel de), proprietaire d'une ferme-ecole en Algerie, au chateau de Ronno, pres Amplepuis (Rh6ne). Turati (Hercule), proprietaire, a Milan. ^:: — Sur la proposition du Conseil, Tadmission de la Societe du jar din zoologique de Marseille, au nombre de nos Societes affiliees est mise aux voix et prononcee par la Societe. — M. le baron de Humboldt ecrit de Potsdam pour re- mercier de sa nomination comme membre honoraire : « Je ne saurais exprimer assez vivement, dit-il, combien je suis louche de cette marque de souvenir et de haute bienveillance de la part d'un etablissement egalement interessant pour I'economie rurale, les arls industriels et Tetude speciale des moeurs des differents groupes d'animaux utiles. » — Monseigneur VerroUes, ev6que de Colomby, vicaire apos- tolique de la Mandchourie (Chine), ecrit de cette province, sur ies rives du Saro, a la date du 9 fevrier 1856, pour remercier de sa nomination comme membre honoraire : « J'ai ete sen- sible, dit-il, a ce precieux temoignage de votre bienveillance qui est venu me rappeler dans cette lointaine solitude le sou- venir de la France, et resserrer encore, sMl etait possible, les liens dela patrie. Puisse-je, du moins, selon mes faibles moyens, tout en fournissant dans ces pays recules la penible carriere de missionnaire, contribuer quelque peu a la prosperite de mon pays. » La lettre du prelat renferme des details sur I'education en Chine des vers a sole du ch6ne dits de montagne, dont il a dote notre Societe par Tentremise de M. de Montigny a qui il les avail expedies en novembre 1854, .En raison de I'insucces de racclimatation de cette espece qu'il faul attrihuer a ce que renvoi n'avait pas ete fait dans des conditions convenables, de nouvelles expeditions seront demandees a Mgr VerroUes* PKOC^S-VERBAUX. 36S — M. le docteur Chavannes ecrit de Lausanne pour expri- mer sa reconnaissance de ce que le Conseil a decide qu'un exemplaire en bronze de la mrdaille qui vient d'etre frapp^e lui serait oflert en raison des soins qu'il apporte comme dele- gue aux inter^ts de la Societe. — Nos nouveaux confreres, MM. V. Bauchard, de Bou- reuille, secretaire general du ministere de Tagriculture, du commerce et des travaux publics, Leonidas Lyghounes, inge- nieur d Alexandrie, Ch. Picard, president de la chambre de commerce de Saint-Quentin et Julius Villeneuve remercienl, par ecrit, de leur admission dans la Societe. — M. Davelouis, en sa (jualite de Secretaire de la deuxi^me Section, annonce que celte Section, dans le but de ne pas in- terrompre ses travaux pendant les cinq mois qui vonts'ecouler, jusqu'a Touverture de la prochaine session, a cboisi dans son sein une Commission permanente composee de MM. Berri^N Fontaine, Bouvenot, Chouippe, Davelouis et Albert Geoffrdy Saint-Hilaire, laquelle se reunira reguli^rement le premier mardi dechaque mois. — M. Ed. Renard, ancien delegue de Tindustrie parisienne, en Chine, fournit, sur la demande du Conseil, des docu- ments pour les instructions a donner au capitaine du navire expedie en Chine par M. Malavois et qui doit efFectuer direc- tement son retour vers un des ports de TAlgerie. Ces docu- ments seront remis a la Commission precedemment nommee et f[ui en a deja re^u de M. Natalis Rondot et de M. Stanislas Julien. — MM. G. de Lauzanne etle vicomte de Saint-Julien-Muiron remercient des graines rares et en particulier de celles de pins de THimalaya, qui leur ont et^ envoyees par la Societe. — M. le comle de Kercado demande des tuberculesd'Igname de la Chine, pour en essayer la culture dans les Landes. — M. C. Aguillon adresse un Rapport sur la culture des diverses especes de Riz que la Societe lui avait confiees pour qu'elles fussent semees aux environs de Toulon. Le m^me membre fait hommage k la Societe d'une petite collection de Crustaces de la Mediterranee, prepares par le procede de 36/i SOCIETE iMPERlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. Martin (Euf, de Toulon, et de bouquets d'Immortelles tein- tes en diverses nuances, par M. Lambin pore, jardinier a Toulon . Des remerciments seront transmis a iVI. Aguillon. — Notre confrere, M. V. Chatel depose sur le bureau un exemplaire d'une lettre qu'il a ecrite le 5 juin a MM. les Pre- sidents des Societes d'agriculture et d'borticulture, afin d'in- diquer les moyens qui lui semblent le plus convenables pour remplacer, cette annee m^me, les recoltes detruites par les inondations. II propose la culture despommes de terre precoces, du sarrasin ou ble noir, de Torge, des navets balifs, des carot- teshatives, des betteraves, du mais et du sorgho. — M. Saccfait parvenir quelques tubercules de Cerfeuil tu- bereux {Chcerophyllum bulbosum), preraices de sa recolte. La saveur, dit-il, en est tres agreable; les petits tubercules se inangent en puree et ceux d'un volume plus considerable, sou- mis a differents appr6ts culinaires, comme les pommes de terre-, le rapport, ajoute M. Sacc, n'en est pas assez conside- rable pour que cette plante entre jamais dans la grande cul- ture, mais comme elle constitue un excellent legume, qui murit en juin et en juillet, precisement a I'epoque ou les autres le- gumes ne sont plus tres bons, il pense qu'elle merite une large place dans tous les jardins potagers (voyez page 352). — Ce m6me membre donne des nouvelles tres satisfaisantes de la culture de Tlgname dela Chine a Wesserling. 11 fait connaitre les bons resultats qu'il a obtenus, dans les soins qu'il donne a ses ch^vres d' Angora, de la stabulation permanente. — INotre nouveau confrere, M. A. de Ces-Caupenne, fait present a la Societe de quelques pieds d'une plante qui croit a I'etat sauvage dans les for6ts et dans les terrains humides de I'Algerie. Les Arabes la nomment {Zetoutt Iris Juncea). Le bulbe leur fournit une fecule d'une saveur tres fine quMls convertissent en pate pour en faire des gateaux fort recherches dans tous les Douars. Plusieurs membres du Conseil essaieront la culture du Zetoutt. — II est donne lecture par M, Albert GeolTroy Saint-Hilaire de Notes complementaires sur le Sorgho a sucre , redigees par M. le docteur Turrel. PROCES-VERBAUX. 365 — M. le docteiir A. Sicard, membre de la Societe, fait par- venir tpois e\emplaires d'un ouvrage qu'il vient de publier sous le litre siiivant : Monographie de la canne a sucre de la Chine, dite Soryho a sucre, et comnie il demande qu'un rapport soit fait sur ce travail, M. le President en renvoie I'examen a la Commission permanente des vegetaux. — Eile devra nom- mer un rapporteur charge de rendre compte a la Societe des nombreux documents transmis sur la culture de cette plante et qui, en raison m6me de leur nombre, ne pourront pas ^tre tons inseres au Bulletin. M. de Lacoste annonce la prochaine publication d'un livre sur ce sujet a la redaction du- quel il a coopere et qui, d'apres la decision de M. le President, sera joint aux autres pieces manuscrites et imprimees, dont la Commission devra prendre connaissance. — Des echantillons d' Alios des Landes offerls par M. de Lacoste, qui a lu sur cette agregation sablonneuse une Note dans la derniere seance, devront 6tre etudies par une Commis- sion composee de MM. Fremy, de Lacoste, Pelouze et Richard (du Cantal). Une coupe figurative du sol des Landes est mise sous les yeux de la Societe par les soins de M. de Lacoste. — M. Dareste lit une Note sur I'emploi industriel de I'huHe de ricin et dont le but est de montrer les avantages que la France retirerait de la production en grand de cette huile dans I'Algerie. — On fait connaitre par extrait un Rapport detaille de notre confrere, M. Hardy, directeur de lapepiniere centrale du gou- vernement en Algerie, sur les vegetaux cultives dans cet eta- blissement et qui donnent le Caoutchouc, la Gutta-percha, des gommes, des resines et le Quinquina. Ce rapport est renvoye a la Commission permanente des vegetaux. . . '^ — M. le comte de Fontenay, qui vient d'accomplir en Orient un voyage pendant la duree duquel il a, conformement au desir exprime par le Conseil, transmis les observations qui pouvaient interesser la Societe, metaujourd'hui sous les yeux de I'assem- blee des echantillons de sole de Brousse teints en diverses nuances et remarquables par leur eclat. — M. Lupe-Penard. proprietaire -cuUivateur a Cormost 366 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIOUE D^ACCLIMATATION. (Aube), fait connaitre un precede particuUer relatif a la conser- vation des Abeilles pendant la saison rigoureuse et different de celui de M. Antoine (de Reims), voyez Bulletin, t. Ill, p. 250. Ce procede consiste a faire passer ces insectes, a la fin d'oc- tobre ou au commencement de novembre, d'une rucbemal ap- provisionnee et ne pesant pas 8 a 1 0 kilog. , dans ime ruche dont les provisions sont plus abondantes et a la population de laquelle se m6lent les nouvelles venues. Cette pratique, dit notre cor- respondant, lui reussit toujours (voyez page 355). Le travail dont il s'agit est renvoye aTexamen de la quatrieme section. — M. Millet presente des Observations sur la fecondation naturelle et artificielle des oeufsdepoissons, etil montre des appareils dont il se sert comme frayeres artificielles. — M. Coeffier, menibre de la Societe, lui fait bommage pour ses collections d'une femelle de Canard de la Caroline qui a vecu chez lui, et d'une petite collection d'oeufs de canes de la Caroline et de la Chine et de Colombe-Lumachelle. — M. Bourgeois lit une Note sur les prejudices causes aux cultivateurs par les ravages des pigeons^ en reponse aux as- sertions contraires consignees dans un Memoire de notre con- frere, M. I'abbe Allary, presente dans la seance du iU mars dernier (voir p. 1A3, la discussion a laquelle ce memoire a donne lieu). — M.J. deLiron d'Airolles conmiunique un article du journal Le Draineur, relatif a des etablissements d'oiselleries ou vo- lailleries a creer dans les landes ou terres incultes pour la creation desquelles il sollicite I'initiative de notre Societe. Ce travail est renvoye a I'examen de la deuxieme section. - — M. de Montigny ecrit, a bord dunavire le Bombay^ enmer Rouge, sousla date du 26 avril, pour faire connaitre les dignitaires d'Egypte qui se sont recemment associes a notre oeuvre, et pour insister de nouveau sur I'utilite de Timportation en Al- gerie d'animaux purs de la race bovine dite Beledi. II signale un ruminant designe sous le nom d''Elan, qui se trouve dans la cliaine des monts Sinai, ou on le nomme Capricorne. Vivant a une tres grande hauteur, ce ruminant, dit-il, sera chez nous d'une acclimatation tres facile et fournira, par sa masse char- PROCi:S-VERBAUX. 367 nue, un element de plus dans notre alimentation. 11 temoigne, en outre, le desir de voir expedier en France des individus de race pure de la ch^vre de la Haule-Egypte. A cette occasion, M. le president fait connaitre ies assuran- ces qu'il a revues de notre confrere M. Koenig-Bey, en ce mo- ment a Paris, relativement a I'envoi d'une variete de ch^vre, qui est trfts remarquable par ses qualites laitieres; c'est la ch^vre de Dongola. Les ch^vres nubiennes que possede la Societe, paraissent en 6tre issues. — M. deLacosteadressecomme complement au travail sur la race bovine, dite Race bazadaise, qu'il a depose sur le bureau dans la derni^re seance, I'extrait suivant d'une lettre qui lui a ete ecrite par M. Dupont, membre de la Societe d'agriculture de la Gironde : « Le fait que vous avez annonce touchant I'importation des races garonnaises par les Anglais de 1750 a 1790 est un fait tres notoire et authentique dans notre pays. A I'epoque ou j'ecrivais le Memoire dans lequel il se trouve consigne, j'ai pu, grace a une bienveillance speciale, le verifier dans les comptabilites de nos vieilles maisons de commerce en relation avec TAngleterre depuis des si^cles. Affirmez done que ce pays a fail acheter dans la Gironde et dans le Lot-et-Ga- ronne, dans le courant du xvin* siecle, presque autant de betail que de ble ; qu'il n'a jamais cesse completement ses importations, s'appropriant ainsi les plus belles bovinees du continent; que depuis 1816, il n'est arrive progressivement i I'^tat prosp6re de son Industrie animale, qu'en amelioranl ' les races fran^aises, suisses, et plus parliculi^rement les bol- landaises dont on a, litteralement, inondeleRoyaume-Uni. » — Notre confrere, M. F. Davin annonce qu'il espere obtenir de bons resultats industriels de la laine des moutons de Cara- manie, surtoul en croisant cette race avec la race Mauchamps. — A Tbccasion des moutons de Caramanie, dont la queue est abondamment chargee d'une graisse que M. Fremy a soumise a I'analyse et qu'il a trouvee composee d'une mati^re grasse solide et d'une matiere liquide et huileuse (voy. p. 205), M. le comte de Fontenay dit que cette graisse lluide remplace, en Cri- 368 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. mee, le beurre pour la fabrication de certains gateaux dent il a mange, et qui ont une saveur fort agreable. / — M. le docteur Millot, lilateur a Mello (Oise), membre de la Societe, lui fait connaitre les resultats satisfaisants qu'il a ob- tenus du travail auquel a ele soumise, dans ses ateliers, la laine de moutons merinos de la race Mauchamp, provenant de la menagerie du Museum d'hisloire naturelle. II montre des echan- tillons varies de laine filee et tissee. — M. Richard (du Cantal), en sa qualite de president de la Commission permanente d'Algerie, depose sur le bureau un Rapport sur les richesses minerales de notre colonic alge- rienne, d'apres lesproduits faisant partie de I' exposition per- manente au ministere de la guerre. Ce rapport, redige par M. Scipion Gras, ingenieur en chef au corps imperial des mines, membre de la Societe d'acclimatation des Alpes et membre ad- joint de la Commission de I'Algerie devant laquelle il a ete lu, devra 6tre adresse a S. E. le Ministre de la guerre. II a, en ef- fet, ete redige, sur ce sujet etranger aux travaux ordinaires de la Societe, afin de repondre aux intentions de M. le Ministre qui a charge la Commission de I'Algerie d'un rapport general sur Texposition de I'Algerie. Un rapport sur les richesses mi- nerales devenaitainsi le complement necessaire des divers rap- ports qui ont ete ou seront faits sur la production animale et vegetale en Algerie. — M. le President declare close la session de 1855 a 1856. La Societe reprendra ses seances au mois de decembre. Le Secretaire des s4ances, 'I -. Aug. Dl'M]&ril. AMLLIOHATlOiN DES CHEVAUX DE l'aLG^RIE. 369 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. AMELIORATION DES CHEVAL'X DE L'ALGERIE DEUXIEME LETTRE ADRESS^E A M. LE PRtlSIDENT DE LA SOCltTt IMP^RIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIJIATATION Par M. BERKIS, VettJrinairc principal dc ranuec d'Afrique, Membra de la SocUtd imperiale d'acclimaUtion (1). Monsieur le President, Dans ma precedente lettre sur Vamelioration des chevaux de TAlgerie, j'ai eu Thonneur de vous entretenir des etalons de tribus. Je vais m'occuper aujourd'hui des remontes de nos regiments d'Afrique, des primes d' encouragement pour les eleveurs, des smalas de spahis, et de quelques considerations sur les courses de septembre 1855. La visite que j'ai faite aux divers corps de cavalerie d'Afrique ^m'a demon tre que les chevaux fournis par le systeme deremonte qui a ete mis en pratique par ordre de M. le marechal comte llandon, gouverneur general de I'Algerie, reunissent de meil- leures conditions que ceux qui etaient achetes precedemment. Autrefoisonremarquaitungrandnombredechevauxdecousus,a poitrinedepetites dimensions, etmontessurdesmembres longs, gr6les et a mauvaises articulations. Aujourd'hui ces mauvais chevaux ont disparu en tres-grande partie des remontes pour faire place a des chevaux plus ramasses, plus pres de terre, a poitrine plus vaste et a membres plus forts et mieux articules. Une meilleure maniere de proceder dans les achats a amene ce changement avantageux qui va devenir de plus en plus sensible (1) Pour la premiere Letire, voycz pages 321 5 328. T. in. — Aoat 185G. .24 370 bOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. a partir de I'annee 1856, epoque a laquelle commenceront d'ap- paraitre sur les marches les produits des etalons dits de tribus. Avant rorganisation actuelle, il y avait trois commissions de remonte, une a Alger, une autre a Oran et la troisieme a Con- slantine. Ces commissions n'operaient que dans ces localites ^ aussi presque tous les chevaux qu'elles achetaient provenaient des maquignons europeens et indigenes. Cette maniere d'agir laissaitbeaucoup a desirer, car alors il n'y avait pasle plus leger point de contact entre le consommateur et le producteur. Comment vouliez-vous que celui-ci connut ce que demandait celui-la? L'Arabe, ne sachant pas les defauts que Von reprochait a son cheval, ne faisait rien pour les corriger. Ensuite les bene- fices fails par les intermediaires places entre lui et nous etant a son prejudice, il en resultait que le prix qu'il recevait neTen- courageait pas a elever des chevaux, elevage qu'il negligeait ou qu'il abandonnait pour se livrer a la production mulassiere qui lui olTraitde plus grands avantages pecuniaires. On comprendra sans peine que cette maniere de faire la remonte etait un obstacle a Tamehoration chevaline. Mainte- nant il n'en est plus ainsi. Chaque division a son depot de remonte, son commandant de depot et ses officiers acheteurs. Le commandant de depot d'une province commande aussi le depot d'etalons de cette province. M. le colonel, directeur des etablissements hippiques de I'Algerie, donne des ordres aux commandants de depot qui assignent a chaque officier acheteur le lieu qu'il devra habiter, les marches qu'il devra frequenter et )es tribus qu'il devra parcourir . De cette maniere, on embrasse toutes les contrees ou Ton s'occupe de I'eleve du cheval et, en s'adressant directement aux eleveurs, on detruit le maquignon- nage au benefice duquel se faisaient autrefois les remontes. Mais la ne se bornent pas les avantages du systeme actuel. En frequentant les marches et en parcourant les tribus, les officiers acheteurs se trouvent en contact immediat avec les producteurs. Ce contact ne pent produire que de bons effets. Ces officiers font connaitre aux Arabes le cheval que nous vou- lons et les moyens les plus capables de Tobtenir. lis mettent en avant I'influence de la nourriture, des abris, de I'elevage, AMKLIORATION DKS CHKVAlX DK l'aLGERIE. 371 (les ac'c'ouplL'inents rtUioniiels, etc. lis etudient les del'auts a rorriger et les meilleures methodes pour y parvenir. lis intro- duisent cliez les elevenrs des idees plus saines et plus en rapport aveclainultiplicalionetrameliorationchevalines.Cettemauierc d'agir contrihuera anousfaire marcher rapidement vers repo([ue ou il nous sera facile non-seulement de bien remonter la cava- leried'Afrique, mais encore d'envoyerchaque annee a la melro- pole une quantite suffisante de chevaux pour former et pour remonter quelques regiments. Mais il ne faut pas perdre de vue que le rdle des commandants de depot et des officiers aclie- teurs doit 6trc rempli par des liommes intelligents, devoues a Tamelioration chevaline et connaissant ou cherchant a connaltre tout ce qui s'y rattache. S'ils ne reunissent pas ces conditions, ils ne s'acquitteront pas d'une maniere satisfaisante de la mis- sion (|ui leur a ete confiee, car elle ne se borne pas a acbeler purement et simplement des chevaux et a les verser dans les corps de cavalerie. Avec tous les moyens qui sont a leur dispo- sition, ils peuvent prendre une large part dans cette amelio- ration chevaline. Chaque officier acheteur doit avoir une con- naissance parfaite de tous les coins et recoins de la contree qui lui a ete assignee, examiner attentivement poulinieres, che- vaux, produits, alimentation, abris, elevage, gymnastique, accouplements, etc. , chercher asavoir d^oii proviennent les qua- iitesetles defauts, et etudier avec soin quelles sont les mesures les meilleures pour corriger ceux-ci et pour augmenter celles-la. II rend comple aux commandants de dep6t des observations qu'il a faites a cet egard. Les commandants de depot les font parvenir avec des annotations a M. le colonel, directeur des ^tablissements hippiques deTAlgerie, qui, apr^s avoir consulte M. le gouverneur general, trace a chacun ce qu'il a a faire. Il en resulte qu'une seule et m6me pensee, s'etendant aux achats de chevaux, aux depots d'etalons, aux primes d'encou- ragemcnt, aux smalas de spahis, aux courses, aux expositions agricoles etc., preside dans toute I'etendue de nos possessions du nord de TAfrique a la multiplication et a Tamelioration che- valines, et c'est un point essentiel. En pareille matiere il faut qu\in jalon plante solidemenl indi(iue d'une maniere claire et 372 SOtlETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. precise la voie que Ton veut suivre. Avec de la suite dans ies idees et dans leur execution on parvient tou jours a de bons resultats pour si faibles que soient Ies moyens ameliorateurs. 3Iais si toutesles forces ne convergent pas versunmeme point, si Tun detruit le lendemain ce que I'autre a fait la veille, si Ton va tantot a droite et tantot a gauche, on arrive bien plus len- teinent au but que Von s'est propose, et quelquefois on reste en route. Je ne dois pas passer sous silence ici, Monsieur le President, Ies primes d'encouragement qui peuvent contribuer avec fruit au but que s'est propose I'administration en Ies fondant. Au debut de cette institution, I'Arabe ne comprenait pas que la seule exhibition d'un beau poulain ou d'une belle pouliche lui fit gagner une somme assez forte. II croyait (|ue le Belik n'agissait de la sorte que pour avoir des droits sur ces jeunes animaux •, aussi est-il arrive souvent que celui a qui revenait une prime disait a ceux (|ui la distribuaient : « Gardez votre argent, car je desire conserver ma bete. » Cette croyance a dis- paru pour faire place a cette conviction que Ies primes outpour but unique d'encourager I'amelioration chevaline, et qu'en Ies donnant on n'acquiert aucun droit sur Ies animaux qui Ies obtiennent. II s'agitmaintenantde donnera ces primes une bonne impul- sion. Pour qu'il en soit ainsi, il ne suffit pas de mettre en jeu Ics recompenses pecuniaires qui en sont la suite ni ce mobile puissant qu'on appelle amour-propre, il faut encore que cette sage mesure soit aussi bien comprise de ceux qui distribuent Ies encouragements que de ceux qui Ies recoivent. Les commissions qui sont formees chaque annee pour cette distribution doivent bien se penetrer de la meilleure maniere de proceder pour parvenir au but que Ton veut atteindre. Deja M. le marechal comte Randon a donne aux courses un cachet de grande utilite ; il a mis les remontes sur le meilleur pied possible; il a institue les etalons dits de tribus; il a cree les smalas de spahis ; il a reuni dans les etabhssements hippiques du pays des materiaux de haute quahte qui aideront a former une nobl*^ lamille qui sera une source precieuse ou Ton ira AMKLIOHATION DKS rHEVAl \ DK i/aLGKRIE. 373 piiiser I'elemeiU amelioratoiir. Quo manque- l-il done aux Arahes pour marcher rapidement dans la voie ([ui leur a ete si bien tracee par M. le gouverneur general ot dans laquelle il no cesso de les engager? Quelle est la chose qui est generalenient on del'aut dans leur systeme d'elevage? Cost ralimentalion. Voilji par ou ils pechent le plus, etils le savent tres bien. Le Propholo a dit: « Tihaque grain d'orge donne a vos chevaux vous vauch'a une indulgence dans I'autre monde^ » L'Araljo ajoute : « Si j(; n'avais vu la jument faire le cheval, ]e dirais que c'est I'orge. » Ces paroles demontrent combienles indigenes sont convaincns de rimporlance d'une bonne nourriture pour Televage de cos animaux; niais cetle conviction passe-t-elle generalenient do la theorie a la pratique? Certainement non. La plupart des pou- linieres et de lours produits ne mangent que ce qu'ils trouvent dans les paturages. Apres I'herbe du printemps, ils sont gras ot se maintiennent dans cet etat pendant quelque temps avoc ce qu'ils roncontrent sur les chaumes immediatement apres la moisson ; ils maigrissent pendant les chaleurs, reprennent un peu avec I'herbe d'automne, redeviennent maigres en hiver, et restent ainsi jusqu'a la vegetation suivante. En ete, lorsquo presque tout est brule par le soleil, les tribus qui out dans leur voisinage des bois ou des marais y conduisent leurs animaux. Mais, dans ces local ites, il n'y aquedeFherbe marocageuso ou venue a Tombre, et qui no contientpar consequent que tros-pou de principes nutritifs, Les consequences d'une pareille alimentation sont tres pro- judiciables aux animaux. Pendant les fortes chaleurs ou les pluies froides, les uns sont retardes dans leur developpemont, plusieurs meurent ou re^oivent de graves atteintes dans leur constitution organique, et les femelles en etat de gestation ou nourrices sont incapables d'alimenter convenablement leur fmtus ou leur produit. Inutile d'expliquer combien cola est con- traire aux ameliorations que Ton veut introduire. N'est-ce pas pendant la vie uterine, pendant I'allaitement et pendant les premieres annees qui suivont le sevrage, qu'une nourriture avarice ou insuffisante porte ses plus mauvais fruits? N'est-ce pas pendcint ces trois poriodes de la vie que se font le plus 37A SOCIETY IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sentir les effets d'une bonne et abondante alimentation? On a prone avee raison, dans I'elevage arabe, I'intluence sakitaire du grand air etde la gymnastique ; mais cette influence devient presque nulle, toutes les fois que Faction des organes de la digestion et de la sanguification ne s'exerce que sur des niatieres alimentaires laissant beaucoup a desirer quant a la qualite et a la quantite. Tons ceux qui s'occupent serieusement de I'amelioration des animaux domestiques de I'Algerie ont reconnu depuis longtemps que Tobstacle le plus important a surmonter se trouve dans Falimentation. Les primes contribueront sans doute a faire naltre une bonne emulation et a repandre des idees ameliora-r trices, mais leur principal but doit 6tre d'amener les indigenes a donner a leurs animaux une nourriture plus suivieet plus sub- stantielle. Voila le changement le plus utile a introduire dans les babitudes arabes au point de vue de la multiplication et de Tamelioration de leur race chevaline, changement qui serait encore plus avantageux a la multiplication et a Tamelioration de leur race bovine. Le concours pour les primes d'encouragement a lieu a une epoque de Tannee ou tous les animaux sont en bon etat par suite d'une alimentation pour laquelle la main de I'bomme ne i'ait absolument rien. Ce concours nous rapproche done bien peu du but qu'il fau- draitatteindre, puisquelanourriture des animauxrestela m^me. II me semble qu'il serait preferable de faire concourir dans le mois de Janvier ou au moment des courses de septembre. Les concurrents seraient alors obliges d'apporter quelques amelio- rations dans lesystemealimentaire, etc'estce qu'il faut obtenir. Ne perdons jamais de vue que les indigenes sont et seront pen- dant longtemps les seuls eleveurs serieux de notre colonic, et que nous devons les engager par tous les moyens possibles a mieux nourrir leurs animaux. Faire des provisions de fourrages et ensemencer des plantes pour 6tre donnees vertes pendant les fortes cbaleurs, sont les deux mesures par lesquelles ils doivent commencer leurs ameliorations alimentaires. ^u printemps le sol africain se couvre d'une riclie vegetation AMl&LIORATION DES CHEVAUX DE L'ALGI^.nrE. 876 eapahlo non-seulement d'alimenter pendant cctte periode tons les hostiaiix des Arahes, mais encore de fournir largement aux provisions que je conseille. La fenaison et la moisson ne S6 portent mutuellenient aucun obstacle, puisquo ces deux tra- vaux agricoles ont lieu I'un apres I'autre. Que faudrait-il done faire pour etablir parmi les indigenes Tusage de ces provisions? !l laudraitvaincre leurapathie en les forgant d'une maniero on de I'autre a se servir de la faux, qui est deja maniee avee adresse par tons ceux qui sont ou ([ui ont ete au service des colons. Les fourrages verts pour I'epoque des fortes chaleurs seraient destines principalement aux h^tes bovines. Les plantes a cul- tiver sont le hechena (espece de sorgbo en usage chez les indi- genes, tliais pour la graine seulement), la grande luzerne, le mais, le figuier de Barbaric sans epines, etc. Toutes ces plantes sont substantielles et mangees avec plaisir par les animaux. La culture des trois premieres est facile dans les terrains frais usages nouveaux. » C'est surlout sur racclimatation du Dromde ou Casoar de la Nouvelle« llollande, que M. Is. Geoffroy Saint-Ililaire a cru devoir insisier. L''Auti'uche ne lui paralt pas une espf^ce destin^e i devenir europf^enne. 380 SOCIETE IMP^HIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. apresqiie tons les animaux , les Arabes liii donnent (liflerenls noms, selon Vage et le sexe : Auiruclie N'adma, aii singulicr. — N'odnif ail plmicl, Aulruche male Del'him. Autniche feraelle Remd'a. Les ceufs Oulad-N'aam. Le jeiine d'un an ffhdl. Celui qui a d^pass^ im an. . Oulad-Gleuh. Apres deux ans Oulad-Bon-Cleulil in. La troisieme annee Gafah. Apres quoi rAutruche devient N'aam, c'est-a-dire animal fait, propre a reproduire sa race. Les habitants du Dar-four appellent rAutriicbe Soumo ; ils en reconnaissent deux varietes, suivant une explication donnee par le scheik Mohammed ben Omar el Tounsi a M. le docteur Perron (1) : L'Autrucbe qui a a chaque aile huit plumes d'un beau blanc s'appelle en arabe Zhalym; celle qui a ces huit plumes grises porte le nom de Azbah'dah (gris), que les F6riens et Soudaniens prononcent par corruption Rabda'h. Les formes excentriques de ce geant des oiseaux ne pou- vaient manquer de frapper I'esprit fantastique des Arabes, grands amateurs du merveilleux •, aussi racontent •• ils que rAutruche est le produit de I'accouplement d'un oiseau et d'un chameau, idee qu'on retrouve du reste emise dans les deno- minations des auteurs anciens. C'est a la fois I'animal le plus stupide et le plus vorace. Lorsque j'arrivai en Algerie, je restai quelque temps au bureau des affaires arabes de Cherchell; nous avions une Autrucho dans la cour interieure ; comme toutes celles privees qu'on trouve dans le Tell, on la nourrissait abondamment de four- (1) La publication du Voyage auDdrfour de scheik Mohanied cl Tounsi, traduite et annot^e par M. le docteur Perron, est due aux soins erudits dc M. Jomard, de I'lnstitut. C'est un des livrcs qui ont le plus contrihue a nous faire connaitre le centre du nord de I'Afrique. ALTRUCHE DAFRIQLE. 381 rage. Cliaque soir nous nous anmsions a lui iaire manger les vienx papiers, les enveloppes, les fragments de journaux, qu'elle engloutissait avec un appetit tout a fait rejouissant. Ses mels (le predilection etaient des mollusques. Au jardin d'essai de Hamma, pres Alger, il y a deux couples d'Autruches. Le savant directeurde cetetablissementpourrait, je crois, nous fournir quelques renseignements curieux sur I'existence de ces animaux prives. L'annee derniere, a la fin de juin, je me promenais dans cet etablissement vers une heure de la journee : je vis le male couvrir la femelle •, cette derniere n'opposa non-seulement au- cune resistance, mais seniblait rechercher les approches du male. L'acte du coit dura au moins trois minutes : les deux animaux s'entrela^aient le col et frappaient le sol de leurs ailes, poussant une sorte de gloussement a la fois sourd et bruyant. L'acte accompli, la femelle sembla rester quelques instants plongee dans I'extase. L'autre femelle vint a son tour gracieusement parader sous les yeux du male amoureux , il n'en fut rien. Je passai une partie de ma journee au Hamma. L'acte ne se renouvela pas. Les Autrucbes qu'on trouve sur le littoral y ont ete amenees comme simple objet de curiosite, et aucune, que je sache, n'v a reproduit. Dans le sud, aupres des douairs des grands chefs, ou plus frequemment encore dans les ksou'rs, on trouve des Autrucbes privees : elles pondent et convent. Les Arabes, auxquels j(; demandais pourquoi il n'en etait point ainsi dans le Tell, m'ont repondu qu'il fallait I'attribuer non pas tant a la temperature qua la nourriture speciale qu'elles trouvaient duns le sud. La force musculaire de cet oiseau est vraiment remarquable, il peut facilement renverser un homme d'un coup de patte 5 je crois fort possible que des cavaliers demontes aient eu les jambes cassees par des Autrucbes. La puissance des muscles de leur long cou, leur becdur comme du silex, expliquent pour- (juoi on trouve si souvent des cadavres de cbacals aux environs de leurs couvees. Les renseignements les plus complets, los plus curieux et 382 SOCIETE IMPEKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les plus positifs que nous ayoiis sur la maniere de pondre et de couver des Autmches, sont dus an voyageur Levaillant, qui explora le cap, etdu c6te oppose, a M. le general Daumas, qui interrogeait les hommes et les choses en parcourant les oasis meridionales de TAlgerie. Avec une verve tout orientale, cet ecrivain militaire a con- sacre a la chasse de FAutruche deux chapitres remplis de partieularites curieuses et detaillees sur les nioeurs de ces ani- maux (1). Tous les Arabes m'ont confirme rexaetitude scru- puleuse de ces pages, qui, ecrites a un bout de I'Afrique, con- cordent si bien avec les notes recueillies par Levaillant il y a pres d'un siecle. J'y renvoie le lecteur. Je dirai seulement que I'Autruche se chasse de trois ma- iiieres, qui toutes se pratiquent dans les grandes chaleurs : a cheval, a raffut, a Tabreuvoir. €omme tous les animaux sa'ha'riens, elles supportent facile- ment la soif. Dans les regions avancees du desert, elles boivent en moyenne tous les cinq jours ; mais restent parfois dix et douze jours privees d'eau. Celles que Ton observe dans le Tell boivent au moins tous les deux jours. En Algerie, c'est du cote de Djella qu'on rencontre quel- ques groupes de deux ou trois de ces animaux ; mais lorsqu'on arrive dans le DjebeUAmour, entre Tadjemouth et Ain-Mad'hi, on en trouve de nombreux troupeaux de dix, douze, quinze itidividus. Abd-el-Kader Mohamed-ben-Kaddour , chasseur d'Autruches des Oulad-Sidi-Cheikh, designait a M. le general Daumas, comme la region la plus riche de ces sortes d'oiseaux, le pays compris dans le vaste rectangle allant d'Ain-Salah aux Oulad-Piguig, du sud au nord, des Oulad-Figuig a Sidi-Okba, de Touest a Test, et enfin de Sidi-Okba a Ouargla, du nord au sud. L'Autriiche paraitegalement repandue dans toutes les vastes contrees qui s'etendent des bords du Nil aux rives du Niger ; les Habdeh, les M'azi, les Atanouri et autres tribus du Sennaar lui font la chasse. Au Wadday ce sont les Arabes Mahamyd, (I) Les ehevaux du Sa'h'ra^ pages 260-'J80* ALTRUCHE D^FBIQUK. 383 les Zebedelj, les Areygat ; an Dar-lour les Mc'djanyni , les Zeiadieh, les Bendu-Djerrar, enlin presque toules les fractions de la nalionalite Touareg. Aguedeuz, la premiere ville dii Soudan, est un entrep6t ou les Touaregs-Azegueur, Azebenaona, les gens de Demergou, vont trafiquer des depouilles d'Autruche. C'est une branche importante de commerce qui a constilue au xin« si^cle une source veritable de richesses pour les Pisans et les (ienois, (jui venaient acheter des plumes dans les ports d' Alger, de Bone, de Bougie et de Tunis. On peut trouver danS I'ouvrage de M. de Mas-Latrie de curieux renseignements sur les transactions de celte epoque (i). J'en ai egalement parle dans mes etudes sur le sud de I'Algerie, publiees dans la Revue de f Orient (1855). Scheikh-el-Tounsi rapporte qu'un negociant Fezzanien avait paye au Wadday les peaux de zbalym un demi-lbalari (2), celles de cabdah un quart de thalari, et que de retour a Ouarah il revendit cbaque depouille de zhalym sur le pied de trois thalaris. MM. Daumas et Ducouret disent qu'une belle peau d'Au- truche vaut en moyenne au Soudan 5,000 oudaas ou cauris, valeur equivalente de Tunis A5 a 50 boudjoux. M. Prax, qui voyagea longtemps dans le Soudan sous le nom d'El-Hadj-Abderrhaman, donne les valeurs suivantes : « Prix d'une ddpouille d'Autruche, ci Agdes. . . . 31 fr. 50 — — i GMt hi 25 — — k Ghdikmes. . 63 » — — h Tripoli. . . 75 — — h Tunis. . . . 90 » » Les plumes d'Autruche paient a I'entree a Tripoli un droit » de 12 pour 100. Generalement I'administration turque de. >cette ville per^oit sur les denrees du Soudan un impot de 10, (1) Apercu des relations commerciales de I'ltalie septentrionale avte^ les Etats musulmanS, par M. de Mas-Latrie. (2) C'est le thalari de Marie -Tli^rese donl il est ici question. 384 SOCIETE 1MI>ER1ALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » a 12 pour 100, sauf les cas ou elles sont vendues aux inar- » cliands de Constantinople ; dans ce cas I'impot est nul. » Lorsqueles marchands de Ghdames vont de Tripoli a Tunis, » les denrees quils portent paient dans cette derniere viile un » droit de 5 pour 100. Avant I'arrivee des Francais en Algerie, une depouille d'Autruche, a Laghouat, ne se payait guere plus de 10 ou 15 francs, et le quartier de plumes 2 ou 3 francs. Aujourd'hui, dans les villes du Tell, une belle peau vaut au moins 70 ou 80 francs. Pour le n" 31 du questionnaire de 31. le docteur Gosse, au sujet des ceufs surnumeraires, voici ce que Ahmed, marechal des logis indigene aux spahis m"a raconte : Les Autruches pondent un nombre a peu pres egal d'oeufs a celui qu' elles doivent couver : au moment ou les jeunes sont eclos, la mere va chercher un des oeufs sur?iumerai?^es, le perce et en fait absorber la nourriture a ses petits. Suivant d'autres indigenes, elle emporterait ses petits pres de ses oeufs nour- riciers, et les leur ferait percer. Rien de plus simple que les nids d'Autruche^ ce sont des cavites creusees dans le sable ayant de /i a 5 pieds dediametre avec un bord eleve. Le male pratique a I'entour un ruisseau pour emp6cher I'eau d'atteindre les oeufs. La couvee se compose liabituellement d'une quarantaine d'ceufs qui eciosent au bout de quarante jours. M. le docteur Lagger dit que le male et la femelle convent alternativement deux heures comme les cigognes. La graisse d'Autrucbe joue un grand rule dans la tlierapeu- tique arabe : on Temploie pour les douleurs aigues ; quand on a bien frictionnele malade ou mieux le patient, on le couvre de sable brulant. La poudre finement broyee de coques d'ocuf,* d'Autrucbe, m6lee avec beaucoup d^autres ingredients, est utilisee dans la guerison des alterations de la cornee ^ pour les maux de gorge, enfm, la graisse bouillante placee comme cata- plasme procure un soulagement immediat. Independamment de ces usages niedicaux, la graisse de I'Autrucbe et sa cliair sont rechercbees comme un mets delicat ; • Mv^ AUTRUCHE d'aFRIQUE. 385' (les Europeens qui en ont mange m'ont assure que le goiit pouvait en 6(re compare a celui de la Pie sauvage. Je rappelle- rai a ce propos que Mofse en avail defendu I'usage comme celui d'une viande impure. On raconte que dans certaines parties de I'Afriquc on eleve rAutruche en domesticite pour en retirer les plumes, la chair et les oeufs. Ce dernier produit me parait 6lre le seul auquel on doive serieuscment s'attacher. Un opuf pese en moyenne 1 kilog. 1/2, a peu pres Tequivalent de 30 oeufs de poule, d'ou Ton pent conclure qu'une Autruclie donne par an la valeur de 1,100 a 1,300 oeufs de poule. Qu'on y ajoute la valeur des plumes assujettie aux caprices de la mode , et celle de la chair comme comestible, on pourrait avoir dans de grandes fermes une source de production considerable ; mais je dois faire observer que la quantite d'aliments absorbee par ces ani- maux en restreindra toujours de beaucoup la domestication, surtout en Europe. Dans les contrees septentrionales de I'Algerie , ou peuvent se former de vastes etablissements agricoles, I'education privee de I'Autruche est susceptible de rapporter des benefices serieux, parce que les grains y ont peu de valeur 5 mais en France elle ne pourra jamais 6tre qu'un simple objet de curiosite , ou un aliment plus dispen- dieux que les plus delicats de nos oiseaux de basse-cour. UliJah, Ic 31 juillet 185G. T. III. — Aout 1856. 25 386 SOClfrlE IMI'^RIALE ZOULOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR QUELQUES ANIMAUX VIVANT PRfiSENTEMENT AU JARDIN ZOOLOGIQUE DE MARSEILLE LETTRE ADRESSfiE T. A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION Par m. BARTHELENY LAPOIMMERAYE , Directeur du Jardin zoologiquc (pour la partie scientiDque) et du Miisee d'histoiro nalurclle , de Marseille. j; (Seance du 25 avril 1856.) Monsieur le President, Veuillez me permettre de donner a la Societe imperialp zoo- logique d'acclimatation communication de quelques faits pro- pres au Jardin zoologique de Marseille, et qui ont un inter^t reel au point de vue de la question d'acclimatation propre- ment dite. Les Chevres de Nubie, dont nous possedons un male et deux femelles, vont tres bien, quoique ayant passe cet hiver dans un petit pare avec cabanon, ouvert a Faction du vent nord-ouest. Des le commencement de Fannee, une des chevres a mis has deux chevreaux, dont un male, I'autre femelle. La seconde a fourni, vers le 15 mars, une paire de jolis chevreaux. Cette race n'est pas essentiellement bonne laitiere , mais elle rachete par la qualite ce qui lui manque en quantite (1). Les bergers de la localite recherchent les males nubiens, a cause de leur ardeur pour la copulation, Je n'ai constate aucun etat ma- ladif chez ces animaux, car je ne puis ranger au nombre des maladies des troupeaux Fapparition d'un bouton isole qui grossit jusqu'au volume d'une noix, dans la region du cou notamment, et qui, sans le moindre secours de Fart, se de- bride naturellement, se purge en quelques jours et se cicatrise d'une maniere parfaite. (1) Plusieurs membres de la Soci^t^. sonl n^anmoins parvenus k obtenir de la Chevre de Nubie une grande quantity de lait (5 et jusqu'a 6 litres). AMMAUX l)U JAIIDIN ZOOLOGIQUE DE MARSEILLE. 387 line Clievre naine de Nubie, aux formes rondes et trapues, a doiino, an commencement de mars, une paire de chevreaux Iresjolis. Lc developpement mammaire chez cette race est pro- digieux. La forme des mamelles est arrondic et non allongee, eomme on Ta remarque generalement parmi leschevres. Le Jardin zoologique posscdc un male et deux femelles de la race ovine que Reichenbach designe sous lenomd'Ou/5 Con- (jensis. Taille haute, t6te forte, allongee, souvent masquee de fauve ou de noir. Polls riches, au-dessous desquels se developpe un duvet court, epais et soyeux ; pelage generalement blanc ^ (|ucue longue, assez bien garnie, egalement large de son ori- gine asa terminaison. Tel estle facies de ce ruminant des pays chaucls.Apr^s une longue attente, Tetat de gestation s'estenfin manifesto ; et j'ai vu avec une satisfaction marquee d'etonne- ment les organes de Tallaitement se developper chez nos deux femelles avant le part, d'une maniere prodigieuse. Assurement nos meilleures chevres laitieres de Provence ne sont pas mieux dotees en mamelles que les brebis du Congo ! Ces mamelles ne sont pas charnues. On pent dire que ce seront de vraies sources a lait, lorsque ce liquide nourrissaiit y aura ete abon- damment attire par la succion du nouveau-ne. En I'etat, n'y aurait-il pas avantage a operer debons croisements entre notre race ovine lanigere amelioree et les brebis du Congo? Si Ton obtenait dans un temps donne une sous-race participant des avantages que possfedent les deux races ainsi rapprochees, on aurait, ce semble, fait une chose doublement avantageuse pour les eleveurs et pour Tagriculture. Somme toute, les animaux des pays chauds, des diverses classes et des ordres divers, que le Jardin zoologique possede, ont traverse avec bonheur les premieres epreuves de la mau- vaisesaison, sans transition anterieureetsans installation autre que celle que permettent les debuts d'une vaste organisation. Les Autruches, campees sur un plateau expose a Taction de tons les vents, n'ont pas ete lemoinsdumonde influencees par le froid ou par la pluie neigeuse. Des la mi-fevrier les pontes ont commence. Males et femelles ont accompli a peu de chose pres, aujourd'hui, leur mue prinlaniere. Les males sont en habit 388 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. complet de iioces, etlesfenielles se prelentavec empresseinent aux desirs qui leur sont bruyamment manifestes. Nous avons re^u, il y a un an environ, male et femelle de la race porcine arabe, elevee communeinent a Aden. Les animaux sont bas sur jambes ; leur t^te n'est ni trop osseuse ni trop allongee. Leur corps est long, peut-etre un peu trop enselle; toutefois les epaules et le train posterieur sont largement arrondis. Le male pousse a peine ses crocs au dehors, Tage de la femelle est a peu pres le m6me. Elle a donne une premiere portee de onze cochonnets que je lui ai tous laisses, et qui ont ete conduits sans accident jusqu'au sevrage. L'operation dela castration sur cinq de ces petits en a fait perir un. Nous avons conserve quelques pairesnon taillees pour la reproduction 5 les autres sont destines a donner la portee de Fengraissement au- quel ils seront soumis. J'espere, Monsieur le President, que vous nbesiterez pas a donner ces diverses communications a 3LM. lesmembres de la Societe imperiale zoologique d'acclimatation reunis en seance, lis me paraissent de nature a les interesser. lis prouveront a cbacun, d'apres les faits observes et les premiers resultats obtenus au milieu des embarras et des hesitations d'un debut, que si le Jardin zoologique de Marseille, d'apres son litre et les precedents de tous les etablissements du meme genre, est fonde pour satisfaire aux distractions et a la curiosite du plus grand nombre, il reserve, dans un avenir prochain, la plus grande partie de ses forces vitales pour atteindre le but d'utilite pu- blique que son administration superieure, composee d'hommes essentiellement intelligents, devoues et haut places par leur position sociale, s'est pose des les premiers jours de son orga- nisation. A ce litre, le Jardin zoologique de Marseille est digne des sympathies et des encouragements de la Societe imperiale zoo- logique d'acclimatation. J'ai I'honneur d'etre, etc. Barthelemy Lapommeraye. EXPOSITION PERMANENTR DK |/aLG6rIE. 389 UAPPORTS SIIR L'EXPOSITION PERMANENTR DES PRODUITS DE L'ALGKRIK. RICIIESSES MINfeRALES DE l'aLGERIE Par M. Scipion GRJtS, Ingonieiir en rhcf iles mines, membre de la Societti d'acrlimalalion des Alps, Meinhrp adjoint de la Commission pcrmancntc do TAlgeric. (Stance du 20 juin 1856.) La Socldtd d'acclimatation ne s'occiipe pas de min^ralogie ; cependant la Commission permanente de I'Alg^rie, ayant a faire, selon les iiiten- lioiis oxprimdes par M. le mardchal Ministre de la guerre , des etudes sur Pensemble de I'Exposition permanente des produits de notre riclie colonie d'Afriqne, n'a pii exclurc de ses travaux les mintlraux que contient cette exposition. D^sirant contribuer ^ faire connaitre toutes les ressources que nous offre noire belle et riche terre d'Afrique, la Commission permanente de I'Algerie a expriuK; le vreu que le travail remarquable que M. Gras a bicn voulu rcdiger comnie membre de la Comnrission de TAlgiJrle fill , par exception, ins(5r^ dans le Bulletin. L'Exposition permanente des produits de I'Algerie, due al'i- nitiative du Minislere de la guerre, est une idee heureuse qui portera ses fruits. II est impossible que le spectacle de tant de richesses aussi varices que precieuses, appartenant aux trois regnes de la nature, ne fasse pas apprecier comme elle ie merite Timportance de notre colonie, et comprendre de quelle immense ressource elle sera un jour pour la France. Si les capitalistcs, qui tons les jours exposent des sommes considerables dans des entreprises industrielles plus brillantes que solides, allaient visiter I'cxposition algerienne, ils y verraient une base silre offerte a la speculation, savoir, presque toutes les matieres pre- 390 SOCIi<;T]t IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d\\CCLIMATAT10N. mieres etrangeres a notre sol que nous tirons ;i grands frais do pays lointains. Ces matieres ne laissent rien a desirer sous Ic rapport delaqualite; cependant leur production est encore dansVenfance, et loindesuffire a nosbesoins, elle attend, pour grandir et prosperer, d'etre vivifieepar les capitaux. Le succes est certain sous la condition seulement que V intelligence et la perseverance ne feront pas defaut. Parmi les produits exposes, ceux du regne mineral attirent peut-6tre moins que les autres I'attention des visiteurs. Leur importance est cependant tres grande : nous allons essayer de iemontrer dans cette note en decrivant succinctementles prin- cipaux gites d'oii les echantillons ont etc extraits. Nous com- mencerons par quelques notions sur la topographie et la geo- logic du pays (1). Onpeutdonner une idee exacle de I'Algerie, sous le rapport topographique, en disantque c'est une zone de montagnes nom- mee TAtlas, dirigee moyennement de I'est-nord-est a I'ouest- sud-ouest et comprise entre la Mediterranee au nord et le grand desert du Sahara au sud. Sous le rapport politique, elle est bornee a I'ouest par les Etats du Maroc et a Test par ceux de Tunis-, mais ces limites ne sontpas naturelles, car TAtlas se prolongea traversle Maroc jusqu'a I'Ocean qui lui a emprunte son nom, et dans la regence de Tunis jusqu'au littoral de la Mediterranee qui s'etend du cap Bon au golfe de Gabes (les pe- tites Syrtes des anciens). Outre la direction dominanteE.-N.-E., parallele a la plus grande longueur des cotes de la Mediterra- nee, les montagnes du nord de I'Afrique en offrent une seconde N.-N.-O., qui est surtout sensible dans lapartie duMaroc bai- gnee par TOcean, et une troisiemeE.-S.-E., dont les traces les plus saillantes s'observentdans la province de Constantine. Les accidents du sol dans cette derniere province sont par conse- quent plus compliques que dans celles d'Oran etd'Alger, parce qu'ils resultent du croisement de plusieurs directions. C'est la (1) Parmi les ouvrages que nous avons consultds pour la rddaclion de cette notice, nous devons mentionner particuli^reinent celui de M. Ville, ayant pour litre : Recherches sur les roches, les eaux et les gites mineraux des 'provinces d'Oran et dAlger. Imprimerie nationale, 1852. r EXPOSITION PERMANENTR DE L*ALdi§RiE. 391 aussi fjue se trouvont les plus hautos sommites. DMmmenses |)liiines, la plupart sitiK'es a une grande hauleur au-dessus dii niveau de la mer, interrompent la continuite des divers chat- nnns de TAtlas dans sa partie centrale, tandis que ses flancs sont profondenient sillonnes par d'etroites vallees et d'innoni- brahles ravins. Une ligne sinueuse, en projection horizontale comme en projection verticale, forme le partage des eauxentre la Mediterranee et le Sahara. Pendant longtemps, on a cru quel'Algerie avail une consti- tution geologique presque uniforme. Depuis qu'ellea ete mieux (^tudi^e, on s'est apercu que son sol ne manquait pas de variete. On y areconnu jusqu'a present au moins huit groupes de ro- ches bien distincts, qui sont : un terrain cristallin plus ancien que tous les autres et probablement de transition, le terrain jnrassique, le terrain cretace, le terrain nummulitique, deux etages du terrain tertiaire, le terrain quaternaire, enfin des "rocbes ignees principalement de nature basaltique. Le terrain cristallin ancien ou de transition n'a pas encore offert de fossiles. II est compose principalement de couches de micaschiste passant au gneiss, coupees par des filons de gra- nit a petits grains et alternant avec des calcaires grenus gris bleuiitre. On le voit a decouvert a Alger sur 12,000 metres de longueur et A, 000 metres de largeur moyenne. Un autre massif du m6me terrain et d'une superficie plus considerable existe entre B6ne etDjidjel. Sa composition est ici plus variee; il renferme des schistes micaces, a grenats et a staurotides, des gneiss a tourmalines, des roches de pyroxene et des cal- caires saccharoides exploites pour marbre. On trouve dans ce terrain, a Bdne ou a Alger, des gttes de fer oxydule, de fer oli- giste, de fer hydroxyde, de galene, d'oxyde de manganese et de cuivre carbonate. Le terrain jnrassique algerien est encore peu connu, quoique son elendue paraisse considerable. D'apres M. Ville, il forme d Touest de TIemcen, province d'Oran, deux larges bandes a peu pr6s parall^les au rivage de la mer; elles constituent le tnassif des Traras et celui des Beni-Senous et des Beni-bou- Said. On. a trouve aussi des fossiles jurassiques dans I'Ouaren- 392 SOCIJ&TiE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. cenis, ausud d'Orleansville; dans la montagne de Goura'ia, pres de Bougie 5 dans les calcaires de la rive gauche de I'Oued-el- K'antVa, entre El-K'ant'ra et Constantino; aux environs de Sidi-Rgheiss et dans le Djebel-Taia, au sud de Constantine; enfin, aux environs de Saida, a 60 kilometres sud de Mascara. 11 reste a etudier avec detail ces diverses contrees jurassiques, composees en grandepartie d'argiles feuilletees grises alternant avec des calcaires compactes. Le terrain cretace parait constituer la plus grande par tie des montagnes de TAtlas ; sous le rapport des caracteres mi- neralogiques et de I'aspect physique, il differepeu des couches jurassiques. Ses principales roches sont des argiles schisteuses grises, associees a des gres quartzeux tres durs et a des cal- caires compactes a texture cristaUine. Son epaisseur est fort considerahle, eten se fondant sur la determination de quelques fossiles, on a cru y reconnaitre tous les etages cretaces, depuis le neocomien inferieur jusqii'aux assises superieures a la craie blanche. Le terrain de craie, qui en Europe renferme peu de gites de minerals, estau contraire tres metallifere en Algerie ^ c'est la un de ses traits les plus remarquables. On y trouve du cuivre pyriteux, du cuivre gris, de la galene, de I'antimoine oxyde, du mercure sulfure et des minerais de fer de diverses natures. Le terrain nummulitique occupe des espaces considerables dans les trois provinces de 1' Algerie, principalement dans celle de Constantine, ou il a ete le plus etudie. II consiste en un cal- caire compacte avec nummuhtes, et en gres plus ou moins ar- gileux, offrant des teintes varices, telles que leblanc, legris et le jaune. Ces gres, qui sont quelquefois metalliferes, composent toutes les montagnes des environs de la Calle et forment une zone qui longe la plaine de Bone et passe a un myriametre de PhiUppeville. On les observe aussi depuis Guelma jusqu'a Setif, et avec quelques interruptions entre Setif et Bougie. Le terrain tertiaire moyen offre deux assises bien distinctes que Ton retrouve partout assez constamment. La plus basse est composee d'argiles grises, et la plus elevee de gres jaunatres a grains fins et d'une durete mediocre. D'apres M. Ville, ce EXPOSITION PERMANENTE DE i/aLGERIE. 303 terrain s'etend au sud d'Oraii, daus les plaines comprises entre la Tafiia a Touest, et rOued-el-Hammam a I'est. Dans la pro- vince d' Alger, on le connait a Orleansville, a Milianab, a Tenes, a Mouzaia-les-Mines et a Aumale. II se montre aussi a Djemela et a Mela, entre Constantine et Setif, ainsi qu'aux environs de Biskra, d'oii il se prolonge dans le desert jusqu'a des distances inconnues. Au camp de Smendou, entre Constantine et Phi- lippeville, il parait represente par un depot lacustre renfermant des lits minces de lignite avec coquilles et empreintes de pois- sons, comme a Aix en Provence. On a recueilli dans ce terrain, pres de Tlemcen, d'Aln-Temouchen, d'Orleansville, de Te- nes, etc., beaucoup defossiles qui rappellent, pour la plupart, ceux de la mollasse coquilliere du midi de la France. L'etage tertiaire superieur est tres developpe dans la subdi- vision d'Oran. II y est compose a sa partie superieure d'un cal- cairemarin blanchatre, souvent sablonneux, qui fournit d'ex- cellentes pierresde construction, et a sa partie inferieure d'une formation epaisse d'argile exploitable comme terre a brique. II existe avec des caracteres a pen pres semblables dans le sabel d'Alger, au sud de Constantine et a I'ouest de Selif. Les fossilesrecueillisaux environs d'Alger et d'Oran sontlesm^mes que ceux des collines subapennines. Le terrain quaternaire occupe d'immenses surfaces en Alge- rie, ou il recouvre indifferemment les depots de tous les ages et principalement les couches tertiaires des plaines. II est ordi- nairement compose a sa partie inferieure d'un poudingue forme des debris de roches plus anciennes : au-dessus viennent, sui- vantleslieux, des couches de calcaire arenace, d'argile plastique ou de travertin, caracterisees partout par des coquilles fluvia- tiles et terrestres identiques avec celles qui vivent de nos jours. Sur lesbords de la mer, sa partie inferieure renferme de nom- breuses coquilles marines egalement semblables a celles qui peuplent encore la Mediterranee. • Les roches de nature ignee sont tres peu developpees en comparaison des terrains precedents. On ne connaJt de coulees basaltiques un peu considerables qu'aux environs d'Ain-Te- mouchen, province d'Oran, et sur les bords de lamer, entre la 30/l SOCIETK IMPIRRIALE ZOOLOGIQTR d'aCCLIMATATION. poinle (le Dellys et remboucliuro do rOueil-Sebaou , a Test d'Alger. Ce. dernier massif a 4 kilometres de longueur; ailleurs le Lasalte ne constitue C[ue des dots isoles conune dans la chaine secondaire du Djebel-Tessala, a Djemma-Garaonat et a I'ile de Rachgoun. On connait des porphyres quartziferes d'origine plutonique sur le revers S.-O. de la montagne des Lions, a Milianah, a Aumale, aux environs de Cherchell et sur d'autres points dans la Kabylie. Les divers terrains de TAlgerie dontnous venons de presen- ter une esquisse rapide renferment un grand nombre de sub- stances utiles que nous allons faire connaitre en nous attacbant surtout aux gisenients les plus importants. On divise ordinai- rement les matieres minerales ex ploi tables en deux groupes comprenant, I'un les minerals metalliques et les combustibles que Ton retire des mines proprement dites, et I'autreles sub- stances salines, pierreuses ou terreuses qui constituent les carrier es : nous suivrons cette division. ■ I. — SUBSTANCES METALLIQUES ET COMBUSTIBLES. Les mines metalliques de I'Algerie se rapportent a quatre metaux principaux, qui sont : le /er, le cuivre^ le plomb et Vantimoine. Les combustibles decouverts sont principalement de I'espece appelee lignite. Mines de fer. — Les mines de fer les plus importantes sont celles des environs de Bone et de Philippeville; elles sontcon- nues depuis longtemps et ont ete exploitees a une epoque re- culee, ainsi que le prouvent de nombreuses scories repandues dans le voisinage des gites. Les minerals consistent principa- lement en fer oxydule massif, done souvent d'un magnetisme polaire tres energique. lis sont representes aTexposition per- manente par quinze ecbantillons qui ne laissent rien a desirer sous le rapport de la purete et de la qualite. On les trouve en couches ou en filons, ayant depuis quelques decimetres jusqu'ti, plusieurs metres d'epaisseur, et quelquefois en amas d'un vo- lume ^xtraflrdlDaire, intercales dans les sebistes micaces gre- EXPOSITION PEBMANENTF DE l/ALr.l^:RIE. 395 naliferes et les calcaires Wanes saccharoldes du terrain de tran- sition. On connait aujourd'luii Iniit groupes de gites tous remarquahlcs par leur puissance et Icur ricliesse, qui sont ap- peles mines de la Mi'boudja^ du Bou-IIammra^ des Karezas, d'Am-Mor?iha, du FilfilaJi, (WEl-M'/i/men, de liou-R'bein et de Marouania. Les (|uatre premieres mines sont concedees. Celles delaMeboudja alimentent les forges et hauls fourneaux de I'Alelik qui sont en pleine activite. Les mines de fer magnelique mancjuent presque complete- ment en France et existent assez abondamment en Suede, oii elles fournissent des fers renommes par I'excellence de leur qualite et par leiir empioi pour la fabrication des meilleurs aciers connus. Des essais entrepris il y a ([uelque temps avec les minerais de BAne ontdonne presque la certitude que leurs produils, elabores convenablement, pouriaient rivaliser un jour avec les fers de Suede •, ils promettent done a la France des ressources inappreciables. La question de savoir s'il y aurait plus d'avantage a traiter ces minerais sur place qu'a les expe- dier en France, a des usines etablies sur le littoral, a ete exa- minee par M. I'ingenieur Dubocq. II est arrive a ce resultat que dans I'etat actuel des moyens de transport, deux mines, celles du Bou-Hammra et des Karezas, peuvent exporter leur mincrai avec benefice, et que pour les autres le traitement sur les lieux e tail preferable. II existe dans la zone littorale de Bone a Philippeville trois beaux massifs boises, peu pies de di verses essences, telles que le chene-liege, le ch^ne vert, le fri^ne, rorine, etc. Ce sont les for^ts dc TFidough, a Touest de B6ne, des Beni-Salah, au sud de la m6me ville et de TOued-Fondouk, entre Philippeville etrOued-Radjelas. On peu testimeral 50, 000 steresle hois de chauflage dontladministration, proprietaire de ces for^ls, pourra disposer un jour en favour des usines a eta- blir dans le pays, et a 108,000 quintaux metriques la fonte qu'il serait possible do fabriquer avec ce combustible converti en charbon. Celte quantite de fonte represente a peu pres le produit de douze hauls fourneaux que Ton construirail sur les points les plus convenables pour les approvisionnements en minerais et en combustible. 306 SOCIKTE IMPKRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Apres les mines de fer do IJone et do Philippeville, on doit citer particiilierement en AlVique eelles de la montagne des Lions, a 13 kilometres N.-E. d'Oran, du cap Ferrate et dn Djebel-Mansour, pres d'Arzew, et de VOiied-Boutan, pres de Milianah. La mine de la montagne des Lions consiste en un amas de fer carbonate lenticulaire, intercaledans desargilesschisteuses du terrain secondaire; il a 5 metres de puissance moyenne sur hO metres de longueur, et donne a I'essai 30 pour 100 de fonte. Comme on ne trouve sur les lieux ni bois ni cours d'eau pour permettrel'etablissement d'uneusine, ce mineral, qui est d'une fusion facile et de bonne qualite, pourrait t^tre charge comme lest sur les bateaux qui retournent a vide en France, et vendu aux usines voisines du littoral. La mine du cap Ferrate et celle du Djebel-Mansour, a 1,200 metres sud-ouest de ce cap, sont aussi dans le terrain secon- daire-, elles sont composees de fer oligiste d'une grande richesse d'oii Ton retire Qh pour 100 de metal. Le gite du Djebel-Man- sour consiste en deux amas irreguliers de 1 a2 metres de puis- sance; celui du cap Ferrate offre de nombreux iilons qui, pour la plupart, n'ont que quelques centimetres d'epaisseur. Le mi- neral, comme celui de la montagne des Lions, ne pourrait pas 6tre utilise sur place, parce que la cote est tres escarpee et n'of- fre aucune ressource; il faudrait I'exporter en France en s'en servant comme lest. Le gite de I'Oued-Boutan se trouve a 750 metres de Milianah, sur la route de Blidah : c'est un carbonate de fer en grande partie hydroxyde, qui forme un amas de plusieurs metres d'e- paisseur entre des argiles et un calcaire cristallin secondaire. On a pu suivre son affleurement sur 250 a 300 metres de lon- gueur; cette mine a quelque importance. Abd-el-Kader avait commence a Texploiter dans le but d'alimenter un haut fourneau qu'il se proposait d'etablir sur le cours de I'Oued-Boutan. Ce minerai renferme au moins kO pour 100 de fer metallique; quoiqu'il paraisse assez abondant pour faire marcher un haut fourneau, le manque de debouches et ladifficulte des commu- nications out fait penser u M. Villc qu'il serait preferable, pour EXPOSITION PERMANENTE DE l'aLGERIE. 397 le nioinent, d'etablir uiie forge ii la calalane, dontles produits s'ecouleraient facilement cliez Ics Arabcs du sud. Mines de ciiivre. — Le mineral de cuivredoit 6tre considere comiTie une des principales richesses minerales de I'Algeiie. Lesgites les plus importants sont ceux de Mouzaia et de I'Oued- Merdja, dans le district de Blidah et ceux des environs de Te- nes. Les premiers ont ete signales, des 1830, par M. Rozet; on a commence a explorer les seconds immedialement apres Toccupation de Tenes par les armees I'rangaises. Les mines de cuivre de Mouzaia sont connues de tout le monde paries esperances exagerees qu'elles ont fait naitre au moment de leur decouverte et par les deceptions auxquelles elles ont donnelieu, deceptions dues en partie a une mauvaise administration, en partie aux sommes enormes absorbees par les iVais de premier etablissement ainsi (|u'aux difficultes inat- tendues que Ton a rencontrees dans letraitement des produits. Les (ilons sont tres nombreux : on les a divises en cinq groupes (jui portent le nom de Montpensier , d''Aumale^ d'lsli/, de Ne-. mows et de Joinville. lis affleurent au jour, sur le revers sud de la chaine de montagnes qui s'etend depuis le col de Teniah jusqu'au pic des Mouzaias et qui est principalement forme d'ar- giles schisteuses grises avec bancs de gres quarlzeux et de calcaire appartenant au terrain cretace. lis sont formes en ge- neral de fer carbonate et de sulfate de baryte renfermant des veines de cuivre gris presque massif. Leur puissance, assez variable, surpasse ordinairement un metre. Surcerlains points elle devient tres considerable, et atteint jusqu'a 10 metres 5 I'epaisseur des veines de cuivre est egalement irreguliere et varie depuis quelques centimetres jusqu'a 0™, 50, en offrantdes etranglements et des renttements successifs. L'un de ces ren- llements dans le groupe de Nemours a presente Tenorme puis- sance de 7 metres d'un minerai sans gangue, renfermant AO pour 100 environ de cuivre metallique. Le cuivre gris de ces lilons est en general d'une composition tres compliquee. On y a Irouve, outre le cuivre, du soufre, de Tantimoine, de I'arse- uic, du for, du zinc, de Targent, et accidentellenient du nickel 398 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et (111 cobalt. D'apros les essais deMM. Berthier et Ebelmen, la richesse en argent est variable. Les lilons de cuivre et de fer de Mouzaia ont ete concedes pour quatrc-virigt-dix-neiif ans, par ordonnance royale du 3 novenibre i8/i6 : la concession est extr6menient vaste et n'embrasse pas moins de 52 kilometres carres. On y a entre- pris depuis iShh des travaui d'exploitation et de recherches tres iniportants. Dans le seul groupe des lilons de Nemours, Tensemble des galeries entreprises presentait, des I'annee i 8A9, un developpement de 1,311 metres. Le minerai de cuivre abattu subit sur place un premier triage. La partie la. plus riche, con tenant 20 a 25 pour 100 de cuivre metallique, est expediee directement a I'usine de Caronte, pres de Marseille; le reste, transporte au village de Mouzaia, pour 6tre debarrasse de sa gangue a I'aide d'une preparation mecanique, est egalement exporte quand il a ete suffisamment enrichi. Le minerai de fer qui compose en grande partie les filons est reste jusqu'a pre- sent sans emploi. Les gites cupriferes de I'Oued-Merdja, situessur la rive droite de cette riviere, a 11 kilometres sud-est de Blidab, ont ete en 1852 Fob jet d'une concession qui comprend 11 kilometres car- res, lis constituent un groupe de trois fdons principaux qui ne renferment pas, comme ceuxde Mouzaia, du cuivre gris, mais des nodules de cuivre pyriteux dissemines dans une gangue de dolomie et de carbonate de fer en partie decomposee. Le filon principal affleure sur une longueur de 100 metres et a une epaisseur qui varie de 0™,30 a 1 metre. Ces gites se trouvent sur le prolongement de ceux de Mouzaia et encaisses dans le m6me terrain; ils sont moins ricbes en cuivre; ptir compensa- tion, le traitement du minerai presente beaucoup moins de diftlcultes. On connait aussi des filons de cuivre pyriteux aux environs de Blidab, sur les bords de FOued-Kebir et de ses affluents. Lim d'eux a un metre d'epaisseur et affleure sur une longueut* de 3 metres. Des filons de m6me nature ont ete reconnus a lj500 metres au sud-est de Dalmatie et a 2 kilometres de EXI'USITFON FEHMANENTE DE L^ALG^RIE. 3O0 Souiimh, sur k*s dcrnieres pentes de I'Atlas. Ce dernier ofl're im melange de carbonate de fer et de sulfate de baryte, avec des nids tres rares de cuivre pyriteux, de cuivre carbonate etde cuivrc gris. En resume, les filons de cuivre du district nietallifere de Bli- dab forment deux groupes bien distincts : les uns sont essen- tiellenient formes de pyrite de cuivre a I'Oued-Merdja, a TOucd- Kebir et a Dalmatie ; les autres sont composes de cuivre gris a Mouzaia. Cesderniers offrent surtout unegranderichesse,et il n'est pas douteux que lorsque les premieres diflicuUes auront etevaincues, ils ne donnent lieu a une exploitation d'unebaute importance. Tous les gites que nous venons de citer sont re- presentes a I'exposition permanentepar des ecbantillons varies; ceux de Mouzaia sont au nombre de cinq. On y voit aussi trois morceaux de cuivre pyriteux indiques comme provenant des environs.de Milianab. II existe,en effet, non loin de cette ville, quelques lilons peu importants de ce mineral avec gangue quartzeuse. On y a fait des travaux de recherches qui n'ont pas eu de rosultats salisfaisants. Les mines de cuivre des environs de Tenes ont etc exploitees a une epoque ancienne, puis abandonnees. EUes ont ete I'objet de nouveaux travaux depuis I'occupation fran^aise, et sont au- jourd'bui divisees en trois concessions qui ont emprunte leur nom kVOued-Allelah, k\ Oued-Taffiles et au cap Tends. Quel- ques gites sont restes non concedes. Ces diverses mines consistent en fdons de fer carbonate liy- droxyde renfermant des veinesde cuivre pyriteux; on y trouve par exception du cuivre gris» de la gal^ne et de la blende. Le cuivre pyriteux s'y presente en veines assez regulieres tres minces, avec des renflements qui s'elevent parfois jusqu'a 15 ou 18 centimetres. Les iilons sont tres nombreux, mais leur epaisseur est tres petite; elle ne depasse guere 0"',&0 a 0'",70, et le plus souvent elle est inferieure a cette limite. Les affleu- rements sont rarement visibles sur plus de 30 metres de lon- gueur; ils ne forment pas de cr6tes saillantes au-dessus du sol comme dans le district de Mouzaia. Les roclies encaissantes sont des argiles scbisteuses grises sansconsistance, et quelque- 400 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. fois des gres associes aux. argiles. D'apres sa liaison avec cer- laines couches fossiliferes, ce terrain parait 6tre cretace. Parmi les filonsnon concedes on doit citer celui de Sidi-IJoasi, a 7 kilometres est de Tenes. II est compose de cuivre gris con- tenant un peu de galene et de pyrite de cuivre. Son affleure- ment, remarquable par sa puissance et son etendue, n'a encore ete (jue faiblement explore. Le traitement metallurgique de ces minerais nepeut presen- ter aucune difficulte. Les ingenieurs des mines de la province pensent que lesproduitsde toutes les concessions devraient^tre fondus dans une seule usine qu'il serait avantageux d'etablir pres d'Alger, parce qu'elle serait a portee des autres mines de cuivre pyriteux des environs deMilianali et deBlidah. Les gitesde cuivre, rares dans la province d'Oran, sont assez nombreux dans celle de Constantine. II en existe dans les en- virons de Filfda, au Sidi-R'gheis, a Ain-en-Nahs, a 37 kilo- metres sud-est de Constantine et sur quelques autres points, lis consistent en filons de cuivre pyriteux et de cuivre carbo- nate qui sont encore peu connus. II est probable cependant qu'ils ont beaucoup moins d'importance que ceux dela province d'Alger. Mines de plomb. — Le mineral de plomb est commun en Algerie, et sur plusieurs points il est exploite depuis longtemps paries indigenes. Parmi les gites sur lesquels on a ouvert des travaux depuis I'occupation franqaise, on doit citer particulie- rement, araison de leur importance, celui dela pointe Pescade pres d'Alger, et de I'Oum-Theboul pres de la Calle, province de Constantine; ce dernier a ete concede depuis peu. Le gite de la pointe Pescade se compose de veines et de nids de galene argentifere dont I'epaisseur peut s'elever a 24 cen- timetres, lis sont dissemines dans de petits fdons de (juartz blanc .qui se coupent entre eux et se ramitient d'une maniere irreguliere dans le sein du terrain de transition, en courant a peu pres parallelement a la stratification. D'apres les travaux d' exploration, cette mine parait exploitable, et pourrait alimen- ter une petite usine ([ue Von placerait aux environs, sur les bords de la mer. EXPOSITION PERMANENTE DE l'aLG^RIE. AM Le fiion concede de rOiim-Theboiil est encaisse entre des argiles conipactes du terrain secondaire, sans ofTrir de salban- des. Sa puissance varie depuis quehjues centimetres jusqu'a 2 metres. II renferme une galened'ungris lerneetd'un aspect resineux, contenant 200 a 230 grammes d'argent par quintal metrique et une galene brillante a grandes facettes dont la richesse argentifere n'est que de 160 grammes. Ce mineral est associe a des matieres terreuses jaunes, riches en plomb et en argent, a des pyrites de fer et de cuivre, a du cuivre carbonate vert et (juelquefois a de la blende brune, Les travaux consis- tent en puits et en galeries combines de maniere a diviser le fdon en massifs rectangulaires qui sont ensuite enleves par gradins renverses. Le nombre des ouvriers employes est con- siderable-, jusqu'a present, aucune usine n'a ete construite sur les lieux , le mineral est envoye a Marseille. Apresles gites precedents, les plus connus sont ceux de la Bouzareah, a 3 kilometres ouest d'Alger-, de I'Oued-Arbatach, a 35 kilometres sud de la m6me ville, et du Bou-T'aleb, au sud de Setif, province de Constantine. lis sont representes par un certain nombre d'echantillons a I'exposition perma- nente. La galene de la Bouzareah est disseminee dans une gangue de quartz hyalin blanc intercale dans le calcaire de transition. On y a fait peu de travaux. Le filon de TOued-Arbatach merite quelque attention ; il se montre au jour sur une longueur de 2 metres avec une epaisseur de 30 centimetres; la galene s'y trouve disseminee en veines de quelques centimetres dans un calcaire spathique a grandes lames. Le massif montagneux du Bou-T'aleb passe pour 6tre tres riche en mines de plomb. II est certain que les Arabes y ont ouvert plusieurs exploitations. Les lilons peu epais sont nombreux et courent dans toutes les direc- tions ; ils sont dans un terrain calcaire reconvert de belles fo- r6ts. Le mineral extrait subit sur place un traitement metal- lurgiquc grossier sur lequel on a peu de details; le plomb obtenu est ensuite transporte dans toule la Kabylie. Une autre mine de plomb, qui est aussi exploitee depuis longtemps par les Arabes el qui a probablement quelque importance, est situe 1'. HI, _ Aoiit I85G. 26 402 SOCHilTE IMPERIALE 200L0GIQUE d'aCCLIMATATION. dans lesmontagnes de rOuarencenis, entre Tagedempt et Mi- ll an ah. Mines d'antimoine. — Le mineral d'antlmoine est surtoul repandu dans la province de Constantine. Les prlnclpaux gites sont ceux du Djebel-Taya, da Djebel-Sensa, pres d'Ain-Bel- bouck et du Djebel-Hammlmat. Les fdons du Djebel-Taya ont ete Tobjet de travaux d'explo- ratlon considerables. On y a trouve de rantimoine en rognons epars, ayant quelquefois pres d'un metre de puissance. Le mi- neral est aTetat d'oxyde blanca la surface, mais a mesureque ron s'enfonce, 11 se change en sulfure tres pur; sur quelques points, 11 est taplsse de mercure sulfure sur une epaisseur de 2 a 3 millimetres. Cette partle du mineral a rendu a I'essai 22 pour 100 de mercure. Les travaux d' exploration, actuelle- ment suspendus, ont produit, en 1849, 1,622 quintaux metrl- ques d'antimoine sulfure qui ont ete vendus ou elabores a Mar- seille : leur valeur a couvert les frais de recherches. La mine du Djebel-Sensa a ete aussl exploree avec activite. EUe consiste en un fdon ayant ordlnairement de 0'",30 a 0'",40 de puissance, compose d'oxyde d'antimoine radie, groupe en petltes masses crlstalllnes. II est encaisse dans des marnes argileuses, probablement cretacees, qui forment le plateau au nord d'Ain-Belbouch^ 11 n'y a pas de salbandes blen visibles. Le gite de I'Oued-Hammimat est plus important que les pre- cedents, et a ete accorde 11 y a peu de temps en concession. II se compose d'oxyde d'antimoine blanc, vitreux, dlssemine dans une roche marneuse que Ton peut suivre sur pres de 2 kilo- metres de longueur. Get affleurement, qui ne presentaitd'abord que depetits cristaux a la surface, s'est notablement ameliore en profondeur, et Ton y adecouvert, outre I'antlmoine, des in- dices de cinabre tres pur. Le mineral soumis a I'essai a donne 84 pour 100 de regule d'antimoine et pres d'un millieme de mercure metallique-, les produits sont transportes a Constan- tine, et de la en France, ou on les a employes a la fabrication du blanc d'antimoine. Metaux divers. — Le fer, le cuivre, le plomb et I'antimoine, EXi'OsrriuN i'ermanbntk de l^alg^hic:. A03 tiux(|iiels ii laut ajouter Targent (1), ((ui fait partie iritegrnnle (Je la plupart des galenes ct des cuivres gris, sont aujourd'hui cii pleine exploitation sur piusieurs points de I'Algerie. II nous reste a indiquer en peu de mots quelques autres metaux dont les gites ne donnent encore (|ue des esperances : ce sont le mer- cure, le manganese et le zinc. Le mei'cure s'est nionlre associe en tres faible proportion, comme onvientde le voir, au sulfure et a I'oxyde d'antimoine, dans les mines du Djebel-Taya et de rOued-Hammimat-, peut- (itre, en poursuivant les travaux, parviendra-t-on a decouvrir des masses plus considerables. On connait dans le terrain de transition de la Bouzareah, a 3 kilometres sud-ouestd' Alger, du manganese oxyde noir,dans une gangue quartzeuse tres abondante avec de petites veines do scilicate rose de manganese. Ce gite forme un amas inter- cale dansun calcaire cristallin gris bleuatre, alternant avec des scliistes micaces ; a en juger par les apparences, il est peu im- portant. Le zinc sulfure n'est pas rare en Algerie-, mais il ne s'est trouvejusqu'a present qu'en petites quantites m6le a la gangue des filons de galene et de cuivre gris. Mines de combustible. — L' absence du terrain houiller en Algerie 6teresperance d\' decouvrir quelques-unes de ces puis- santes masses de combustible qui suffisent a elles seules pour assurer la propriete industrielle de toute une contree. II est seulement vraisemblablequeTon parviendra a utiliser pour la consommation locale et dans un cercle restreint quelques gites charbonneux appartenant, soit au terrain secondaire, soit au terrain tertiaire. La montagne des Lions, a 13 kilometres N.-O. d'Oran, surle rivage de la mer, renferme un gite de combustible bien carac- terise. Une galerie de 64 metres de longueur percee enti^re- i (1) On poiirrait y ajouter aussi Vor, doni la prdsence a ^t^ constaide dans le mineral de plomb de rOum-Th(5boul ; il y est en proporilon assez notable pour supporter les frais de s(iparalion. Quant aux gisements d'or nalif ac- nonces sur piusieurs points de I'Algerie^ ils ont besoin de vdrilication. hOh SOCIETY IMPERIALK ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. ment dans son sein a fait connaitre qiril se coinposait de Irois amas successifs d'anthracite de forme ienticulaire, intercales ciitre des couches de quartzite schisteux rougeatie. Le premier amas qui affleure au jour a 15 metres de large, 1"',50 de puis- sance au maximum et 20 metres de longueur. Le deuxieme a d'",10 danssa plus grande epaisseur, 6 metres de large et une longueur d' environ 12 metres. Le troisieme est a pen pres semblable au precedent. Ce combustible est malbeureusement de mauvaise qualite ; il est charge de trop de cendres et de pyrite pour servir au traitement des minerals ou au cbaulTage des machines a vapeur. On ne pent I'employer qu'a la cuisson de la chaux et de la brique. Le terrain d'eau douce tertiaire du campde Smendou, entre Constantine et Philippeviile, renferme des lits minces d'un li- gnite terreux alternant avec des calcaires marneux. On y a en- trepris des sondages qui ont prouve que les affleurements de ce combustible, en se prolongeant dans I'interieur du sol, nc s'amelioraient pas sous le rapport de la qualite ni de la puis- sance-, on les ajuges inexploi tables. En 1851, M. ringenieur Ville a decouvert a Hardjar-Roum des couches de lignite appartenant egalement au terrain ter- tiaire; on doit y entreprendre des travaux d'exploration. D'autres indices de combustible ont ete signales sur divers points, comme a Fondouk, au camp de Kerbak, aux environs de Tenes, mais ils sont insignifiants. {La fin uu proclutin numcru.) PROCES-VEllBAUX. /|05 II. EXTRAIT DES PROCESYERBAUX DES SRANCES DIT CONSEII, DE LA SOClfiTft. STANCE DU 27 JlIN 1856. Presidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Conseil, conformoment an Reglement, admet au noml)rc des membres de la Societe . MM. Albignac (le vicomte Gaston d'), proprietaire, a Sorgues (Vaucluse). Aymar-Bression, a Paris. Bureau, de Nantes (le docteiir), a Paris. HiBERT, proprietaire, a la Frayere, pr^s Cannes (Var). Lejeune, medecin-veterinaire du Gouvernement, membre de la Commission provinciale d'agriculture du Luxem- hourg beige, commissaire de la province de Luxem- bourg pres I'Exposition universelle de ragriculture. a Arlon (Belgique). Magnin (de), proprietaire, a Dieulefit (Drome). Maurel, ancien representant, proprietaire, aVence(Var). Sardou (Jean-Jac(iues) , proprietaire, au Cannet, pres Cannes (Var). — M. Bouteille, secretaire general de laSociete d'acclima- tation des Alpes, ecrit de Grenoble le 25 juin, relativement au procbain transport des yaks, dont la Societe imperiale a decide le placement dans les montagnes de la Grande-Cbartreuse, a la demande de la Societe d'acclimatation des Alpes. — M. Mauduyt ecrit de Poitiers, le 25 juin, pour demander desoeufs de Poule de (iOcbincbine. La demande de M. Mauduyt sera inscrite. 406 SOCIl^T^ IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SEANCE DU 18 JUILLET 1856. Presidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : MM. Brandt (S. E.}, Conseiller d'Etat actuel, membre de I'Aca- demie imperiale des sciences et directeur du Musee d'histoire naturelle a Saint-Petersbourg. Clerici (Georges de), proprietaire, a Milan. CuRiONi (Francois), id. Jacini (Etienne), id. Magne, professeur d'agriculture et d'hygiene che et tie I'industrie du Corail, redige au nom dela com- mission permanente de TAlgerie, et qui lui a ete adresse. M. le Ministre annonce que Tune des mesures indiquees dans ce rapport comme pouvant aider a la solution du probleme dont il s'agit, c'est-a-dire la creation d'une marine indigene, re^u un commencement d' execution , puisqu'une ecole de mousses est installeo dans ce but, depuis quelques mois, a Alger, et que des dispositions nouvelles vont ^tre prises pro- chainement pour developper sur une large echelle cette utile institution. Quant a la reproduction du Corail, qui faitl'objet du second cbapitre du rapport, M. le Ministre, en felicitantla Societe des indications qu'elle lui fournit a ce sujet, et lui offrant ses remerciments , pense que, quant a present, les ressources naturelles sont suffisantes pour rendre tres produc- tive la p6che du Corail. Ce qui imporle aujourd'hui essen- tiellement, c'est de la faire tourner au profit de nos nationaux, en ravivant en France ou en Algerie la fabrication de cet important produit. :. ■.-* — S. Exc. le Ministre de Tinterieur et S. Exc. le Ministre de I'agriculture accusent reception, en date du 3 et du 11 juillet, du rapport fait au nom de la troisieme section, par M. Millet, sur les mesures a prendre pour le repeuplement des cours d'eau de la France. — S. Exc. le Ministre de la marine, apres avoir egalement accuse reception des exemplaires qui lui ont ete adresses, en demande une trentaine de nouveaux exemplaires, afin d'etendre la publicite du travail de M. Millet, en les adressant aux admi- nistrateurs de la marine dans les quarliers ou la p6che mari- time s'exerce dans les rivieres, concurremment avec la p6che fluviale. — M. Mestro, directeur des Colonies au minist^re de la marine, envoie des semences de diverses especes de courges et de giraumonts de la Martinique, des graines potag^res et aulres, et des racines alimentaires les plus interessantes , parmi celles qui sont parvenues recemment de nos Antilles a la direction des Colonies. M. Mestro signale particulierement a Tattenlion de la Societe, dans cette collection, le Cmina AlO SOCIl^.TlE IMP^.RIALE ZOOLOOFQUE d'aCCLIMATATION. gigantea on Toloman de la, Guadeloupe, dont on extrait une teeule susceptible, dit-on, de rivaliser avec celle du Maranta arundinacea ou Dictame; les Ic/names jaunes ; le Curcuma ou Safran; \espois souchn, du Cap, d'Angole et de vingt mille francs; les Doliques, vulgairement appeles Pais chiclics et de Jerusalem, representent les varietes les plus estimees aux An- tilles. L'examen de cette collection a ete renvoye a la Commission des vegetaux, et, d'apres son avis, le Conseil decide qu'une partie de ces graines sera remise a M. le Ministre de la guerre pour I'Algerie , et qu'il en sera fait egalement un envoi a M. Sabatier, delegue a Alexandrie, pour I'Egypte, — M. le general Daumas transmet a la Societele numerodu 30 mars du Moniteur algerien, etles numeros du h et dul2mai du Moniteur de l' agriculture, renfermant des articles sur divers .sujets relatifs a la Societe, par M. le baron Henri Auca- pitaine. — M. de la Sizeranne ecrit le 2 juillet pour annoncer un envoi de laine, produit de la tonte des Moutons de Caramanie qui lui ont ete confies. Ces toisons ont ete regues et seront remises a M. Davin, qui veut bien se cbarger de les etudier au point de vue de leur valeur commerciale et industrielle. — M. de Liron d'Airolles ecrit de la Civeliere, pres Nantes, le 2 etle 1 2 juillet, relativement a une rectification qu'il demande au paragrapbe du proces-verbal de la seance du 23 mai qui concerne ses nombreuses tentatives d'acclimatation, les resul- tats remarquables qu'il a obtenus dans I'education des Pores de Cbine et la notice pomologique qu'il public, renfermant deja, a sa quatrieme livraison, le dessin et la description de cent soixante-deux varietes de poires, la plupart introduites et decrites par lui. M. de Liron d'Airolles desire que son ouvrage soit renvoye a Texamen d'une commission. II termine en pro- posant I'echange du journal le Drainew\ dont il a adresse la serie, avec le Bulletin de la Societe 5 cette proposition est adoptee, ainsi que celle de M. Guerin-Meneville au sujet de I'echange du Bidletin avec le journal intitule le Commerce sericicole. — M. Bazin, delegue a Bordeaux, armonce la creation d'un PROCftS-VERBAUX. ill comite tie pisciculture flans cette ville, institue par M. lePrefet (le la Girondc. — M. (lliagot alne adresse un cchantillon de graisse d'Au- truche d'Afrique, et annonce qu'il esp^re faire prochainement un envoi d'Abeilles de Cuba, produisant de la cire noire. Des renierctments seront adresses a M. Chagot. — M. le docteur Sacc, en souscrivant pour rerection d'un monument a Olivier deSerres, envoie un exemplaire du ThMtre d' agriculture et Mcsnage des champs, de cet auteur, edition de 1611, et fait don a la Societe de ce precieux ouvrage. Des remerclments seront adresses a M. le docteur Sacc, qui a deja si genereusement enriclii de livres et d'objels precieux la bibliotbeque et les collections de la Societe. — M. le secretaire du conseil donne lecture d'une lettre par laquelle M. Cu(?!not annonce, a la dale du 3 juillet, la naissance d'un jeune Yak, ne la voille, et dont on n'a pu encore connaitre le sexe. M. Cut^not, apres avoir fait observer qu'il serait im- prudent de faire voyager actuellement la femelle qui a mis bas et son nourrisson, et de changer leur nourriture, demande a les conserver, afin de constater la quantite de lait qu'une vache yak peut donner et la duree de ce produit, II propose d'envoyer a la Societe des Alpes I'autre genisse avec le jeune taureau ne chez M. Jobez, et de conserver le laureau adulte jusqu'a ce qu'il ait pu feconder de nouveau la vache qui a mis bas et assurer un nouveau produit. — S. Exc. M. le Ministve de la guerre ecrit, a la date du 16 juillet, pour accuser reception du rapport de M. Gras, sur les richesses minerales de I'Algeric, et offrir ses remerclments k la Societe. A cette occasion, M. Hichard (du Cantal) propose I'inserlion de ce rapport au Bulletin, quoiquMl ne traite pas de matieres interessant Tacclimatation. M, Richard rappelle que 31. le Mi- nistre de la guerre a demande a la Societe un rapport sur Tensemble de I'Exposition pcrmanente de I'Algerie ; le travail de M. Gras traite d'une mauiere tres reniarquable une partie do cette (juestion. Par ces considerations, le Conseil decide lll'l SOCli^.TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. que le rapport sera public dans le Bulletin, precede dune note qui expliquera le motif de cette exception. — M. Guerin-Meneville communique unelettre de MM. Audi- bert freres, de Tonnelle pres Tarascon, qui demandent Tinter- vention de la Societe aupres deM. leMinistre de la marine, pour obtenir I'expedition d'Utab, ville des montagnes Rocbeuses, en France, par les navires de I'Etat, de plantes alimentaires tres precieuses qu'ils sont en mesure d'y recueillir. Cette lettre est renvoyee a la Commission des vegetaux. — M. le President met sous les yeux du conseil une bobino de sole qui lui a ete offerte par M. Fortb-Rouen pour la Societe, et qui provient d'une espece de Ver a sole sauvage de Cbine. M. Fortb-Rouen a re^u cette sole de missionnaires au retour d'un voyage en Chine. Des remerciments seront adresses a M. Fortb-Rouen. — Sur la proposition de M. Ricbard (du Cantal), le conseil nomme une commission pour visiter les cultures d'Ignames de M. Remont, de Versailles, et faire un rapport a la Societe. Cette commission se compose de MM. Ricbard (du Cantal), Dupin et Valserres. — M. le President, apres avoir fait observer que la Societe a deja recu un assez grand nombre de loisons d'Angora des niembres auxquels ces animaux ont ete confies, communique une lettre de 31. Sacc qui indique la voie a suivre pour en tirer le meilleur parti possible. D'apres les indications de M. Sacc, la Societe s'adressera, par I'entremise de MM. Deneux et Lelievre, d'Amiens, a une filature d'Angleterre, d'ou les files reviendront a Amiens pour ^tre convertis en tissus de velours et autres. La Societe pourra ainsi 6tre parfaitement edifiee sur la nature et la valeur des produits industriels de ces toisons en en suivant la fabrication dans toutes ses pbases. Le Se'retaire du Conseil, Guerin-Meneville. FAITS DIVEUS. 413 III. FAITS DIVERS. Creadon d'nne Soci^t6 allemande d'acclimatation. a Les meinbres de la Socidte et les lecteurs du Bulletin savent que deux Socit't^s d'acclimalation ont <5t«5 dtablics en France, Tune a Grenoble, Tautre h Nancy, pen de temps api(>s la creation et u I'exemple de notre Socidtd. lis savent aussi que des Comitds d'acclimatatioii, rattachds k la Socldtd imp^- riale, ont M organises ou s'organisent en ce moment mfime, d'une part, en £gypte et dans le Soudan, et de I'autre, par les ordres de M. le Ministre de la marine, et de M. iMestro, directem' des colonies, dans les huit colonies francaises. Le Gonseil de la Socidt^ vieut d'fitre inform^ qu'une Socidtt? d'acclimata- tion s'organise aussi en ce moment, pour I'Allemagne, h Berlin. Nous croyons devoir metlre d^s b prtJsent, sous les yeux de nos lectenrs, la tra- duction du programme de la nouvelle Soci(5t(5. 11 a ^ti rMigd par M. Kauf- mann, qui s'est empress^ de Tadresser k la Soci^td impdriale d'acclimatation dont il est raembre. « les plaintes soulev^es par la chertd progressive des matiferes premieres » ndcessaires aux besoins de la vie deviennent de jour en jour plus gini- » rales. Malgrd les propositions si varices faites pour remMier h cet dtat de » choses, malgr^ les efforts tenths, on n'est pas encore parvenu ci gu^rir le I) mal. » Nous ne voulons ici que trailer brifevement ce sujet si important, et il » nous semble que la cause de cette calamity publique se rattache en partie » k ce que quelques produits de la terre ont ddgdndre, et aussi k ce que » tons les moyens possibles ne sont pas appliques partout avec assez » d'^nergie pour importer chez nous tout ce que les pays Strangers peuvent » fournir en matures alimentaires. Une Socidtc', composde d'hommes » i^clairds de tous les rangs , devrait se cr^er dans ce but ddtermin^, et » chercher tous les moyens dc I'aiteindre en dtablissant entre ses mem- » brcs une communication constante et sincere. La nature, considdrde en » elle-mfime, offre k Thomme des trdsors indpuisables dont il ne salt pas » tirer parti comme il le devait. Ce n'est qu'avec peine , et au milieu de ») grandes difficultds, que les hommes fouillent profonddment la terre, qu'ils ») parviennent Si descendre dans les profondeurs des eaux, qu'ils entre- » prennent des voyages lointains, pour rapporter dans leur pays de Tor et des » pierrcs prdcieuses, tandis que d'autres cherchent a orner les jardins et les ») prairies de planles d'agrdment et de vdgdtaux utiles, mais qui exigent tres » souvent un sol artlficiel d'une nature particuliere , approprid k leur n culture. A cdl«5 de cela, nous ne voyons s'opeier qu'avec une fachcusc hih SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » lenteur raugmcntation du bien-etic et dc la premiere richesse du pays, » par une importation systematique el eclair^e des animaux utiles qui » vivent dans des climats analogues aux notres. Nous ne somnies pas encore » parvenus a nous assujettir plus de quarante especes differentes d'animaux » domesliques, tandis que le regne animal, dans son ensemble, est compose » de plus de cent mille especes. C'est sur ce d^faut que les naluralistes les n plus distingues ont depuis longtemps cherch^, mais inutilement, a attirer )) I'attention. La science zoologique nous offre done une immense carriere » a parcourir ; mais ce ne sera que par le concours et I'energie des hommes » doues d'un sens pratique, dirige par les connaissances scientifiques et » s'dclairant des recherches dt5ja faites, que tout ce qui est vraiment bon )) pourra se r^aliser et contribuer an progres dii bien public en general. » Dans le pays qui nous avolsine, une telle rdunion a €t^ operee sous la » prdsidence de M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire. II y a a peu pr^s deux » ans que s'est fondle a Paris la Socidt(5 impdriale d'acclimalation, qui ne » comptait a son ddbut qu'une cinquantaine de membrcs, et qui atteint » actuellement le nombre de douze cents environ. Cetle Socidtd cherche n avec beaucoup de zele a introduire en Europe les animaux et les plantes » utiles a rhorame, ou qui peuvent servir a rornement de ses demeures. » Les plantes et les animaux nouvellement introduits sont places, par » la cooperation des membres de la Soci^td, dans les situations les plus » convenables pour eux, et c'est ainsi que la Socidt^ de Paris est parvenue » h acclimaler, tant en France qu'en Italie et en Suisse, un nombre assez » considerable d'animaux utiles, ou du moins a assurer leur acclimataiion. » A regard de notre chfere patrie, cetle Socidtd n'a pu agir encore d'une » maniftre immediate, faute de communications directes, et la cause en est » sans doute en ce que nos relations avec les pays Strangers, pour tout ce » qui concerne ragriculture,sont plus avancdes que celles de tons les peuples » voisins ; avanlage dont nous sommes redevables aux efforts sagement » combines de notre gouvernement. Ces efforts, consistant en des mesures » utiles adoptees et recommandees, rendent moins necessaire le secours )) que pouvait nous offrir une Socidtd etrangtre. n Ajouiez ci cela qu'il existe en Prusse plusieurs associations dont le but » est de poursuivre le m6me objet, chacune dans sa spe^cialitd, et qui toutes n servent a seconder les efforts fails par le gouvernement lui-m6me. Ces » Socidt^s s'occupent, les unes d'agriculture proprement dite ou d'liorlicul- » ture ; les autres de Tdducation du Ver a sole ou de celle des Abeilles. » Cependant quelques branches imporlantes de I'agriculture n'ont pas » encore trouvd de representants. » Une reunion universelle de toutes ies branches des sciences nalurelles, » coopdrant, d'aprfcs un plan bien ^ludid, h Tutililc? gdndrale, est encore une » chose a desirer. Le principal objet d'une Sociele prussienne d'accliraata- » tion doit done fitre de se constituer comme un bon exemple pour le reste » du pays. L'association fera done lous ses efforts pour obtenir une coopd- PAITS DIVEKS. hib 1) ration harmoniquc cl uiiivcrsellc, el potir y parvoiiir, die devra insliluer » dos assemblies g^n^rales, organiser des expositions publiques et p^rio- diques, etc. ■> La preinitrc reunion pr(5paratoire dc la Soci^te allcmandc d'acclimala- tion a cu lieu u Berlin Ic 31 juillct. — Les Ignames de la No»veHc-Z(5Iande que la Socidtd a rcQus en don d'un de ses membres honoraircs, !\I. Piddington, de Calcutta, ont il6, comme on sail, confi(5s aux soins de MM. Chatin, Moquin-Tandon et Paillette. MM. Chatin ot I'aillette ont fait connaltre, dans la stance du 6 juin, les deux proc^d^s tris divers qu'ils ont employds pour faire vdg^ter et pour multi- plier cet Igiiamc, encore si rare en Europe ; procdd(5s qui ontl'un et I'antre r«5ussi. Le Conseil a 6l6 inform(5 par M. Moquin-Tandon que les soins donnas sous sa direction au nouvcl Ignamc par M. Lhomnie, jardinier-chef de I'Ecole de m^ccino, n'oni pas obtenu moins de succfes ; et M. le chevalier BarnfR vient de faire connaltre, par iine letlre adressde h M. le President, qu'on a rdussi aussi dans les essais faits cette ann^e ci TAcad^mie royale d'agriculturc dc Turin. Le nouvel Ignarne, dont sept tubercules seulement avaient ^te envoy^s en Europe par M. Piddington (cinq ci Paris et a Grenoble, deux ci Turin), parait done devoir €tre prochalnement assez multiplid pour que Ton puisse ddter- minor exactenient, d'une part, le climat qui lul convient, et de Tautre, sa vakar comme plante allmentaire. Pour les fails divers, Le Secretaire du Conseil , GU^RIN-M^NEVILLE. /il6 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. OUTRAGES OFFERTIsi A LA SO€IETE. SEANCE DU i8 JUILLET 1856. Le Theatre d'agricdlture et Mesnage des champs, d'Olivicr de Serres, S' du Pradel. fidition revue et augment«5e par Tauteur (I vol. Jn-8, 1611). Offert par M. Ic doctcur Sacc. Guide de l'apiculteur, par M. Debeauvoys. 5' ddit. (1 vol. in-8). Offert par I'auteur. Notes pour servir a riJlsloire des Insectes nuisibles a I'agricullure dans leddpartementdela Moselle, par J. -B. G^liin{Metz, 1856). Offert par Pautcur. Rapports adress^s h M. le Profet de Seine-et-Marne sur les instruments, machines et pioduils agricoles de TExpo-sition universelle d'agriculiure (1 vol. in-8, Paris, 1856). Offert par M. Drouyn de Lhuys, rapporteur. Journal mensuel des travaux de L'AcADifiMiE nationale, agricole, manufacturiftre et commerciiile et de la Soci^td francaise de statistique uni- verselle (5 livraisons, de Janvier ajuin 1856). Offert par M. Aymar Bression. Le Draineur, Indicateur des ameliorations agricoles (9 livraisons , de novembre 1855 a juillet 1856). Offert par M. Ed. Vianne. Bulletin de la Societe d'agricultdre des Boughes-du- Rhone (anndes 185/i, 1855 et 1856). De l'agriculture en quinconce, au moyen d'un nouveau systfeme d'in- struments (Paris, 185Zi). Offert par M. Van Langenliove. Lettre a MM. les presidents des Societds d'agriculture et d'horticulture (5 juin), par M. Victor Chaiel. Extrait du programme de la Society hollandaise des sciences, k Harlem, pour Tannee 1856. Del Sorgo da zucchero e di due prove di concimazione fatte col Guano diSardegna : Cenno del socio Car. Gio. Battista Delponte, direttore deU'orto sperimentale. Extrait des Annales de I'Academie d'agriculiure do Turin. Offert par M. BarufD. CONGRES SCIENTIFJQUE DE FRANCE, XXIII* SCSSion. Contributions de l'agence centrale des echanges internationaux, auConcours agricole universel de 1856. Report of the Commissioners of Fisheries, Ireland, for 1855, to his Excellency the Lord Lieutenant (Dublin, 1856). Bulletin de la Societe botanique de France (n°Zi, avrii 1856). Revue et Magasin de zoologie pure et appliquj^e, par M. E. Guerin- Meneville (1856, n" 6). Le Moniteur des Comices (n" 9, 1856). Revue coloniale (juillet 1856). L'Utile et l'Agr£able (juin et juillet 1856). Comptes rendus de l'Academie des sciences (t. LXllI , u"" 1, 2ci3). PRODUCTION ANIMALE DE LA FRANCE. 417 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETl NOTE SUR LES MOYENS D*AUGHENTER LA PRODUCTION ANIMALE DE LA FRANCE « Par M. RICIIitRD (du Can(al). All moment ou le fleau des inondations vient de desoler la France, je crois utile de soumettre a V Academic des sciences quelques reflexions sur les moyens de multiplier notre produc- tion animale qui joue dans nos subsistances un role si impor- tant. Cette production aura beaucoup asouffrir par les ravages des eaux dans les prairies emportees ou submergees avant la recolte des fourrages dans les valiees. De grandes quanlites de foin ont ete detruites par les ensablemenls, ou elles out ete vasees , alterees par le sejour des eaux toujours bourbeuses dans les grandes crues. II importe done de chercber a attenuer le mal qui en sera la consequence. L'etude des moyens de multiplier la production animale pour augmenter nos subsistances a ete Tune de celles qui ont le plus occupe lesesprits serieux ct les gouvernements de toules les epoques. De nos jours, notamment depuis Tinsuffisance de recoltes de ces derni^res annees, nous avons compris plus que jamais la necessite d'activer les progres de I'agriculture. Nous en avons la preuve dans les eflbrts faits dans ce but. Cependant ces eflbrts sont loin de produirc lesefl'ets desires en tout point, parce que nous avons neglige de recourir aux sciences speciales qui seules peuvent les rendre fructueux. Je vais prouver ce que j'avance par des faits qui se passent sous nos yeux. {{) Ce travail a 6\6 communlqinJ a TAcad^mie des sciences dans sa sc'ance du l^juillet 1856. T. III. — Septembre 1856, 27 AIS SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les ressources offertes par les progres de Tagriculture ont ete signalees a la France, notamment pendant le xvi* siecle, par Belon, par Olivier de Serres et par Sully. Les ecrits ou les exemples que nous devons a ces hommes cel^bres en sont la preuve 5 mais la France etait trop peu avancee a cette epoque sur les sciences naturelles en general, pour comprendre I'heu- reuse revolution qui aurait ete la consequence de leur applica- tion a Tart de cultiver la terre. Lorsque Colbert fut au pouvoir, il chercha a generaliser Vim- pulsion que ses predecesseurs avaient tant desiree. L'eminent economiste avait compris que pour augmenter les richesses et la puissance de notre pays,laprosperite du commerce, quelque florissante qu'elle put 6tre, serait insuffisante sans celle de Tagriculture •, aussi le grand ministre fit-il tout ce qu'il put pour la provoquer. Mais le temps d'appliquer la science de la nature a la premiere des industries n'etait pas venu. Les principes de cette science n'elaient pas assez repandus. La chimie, la phy- sique, la geologic, la physiologic vegetale, etc., n'etaient pas assez avancees pour bien eclairer nos cultivateurs sur Tart de multiplier et de perfectionner nos vegetaux ahmentaires, indus- triels ou d'ornement. D'autre part, I'anatomie et la physiologic comparees de nos animaux domestiques, la science de Tacclima- tation et de la domestication des especes que nous n'avions pas encore, les procedes raisonnes d'en augmenter le nombre et de les amehorer, suivant de bonnes lois, etaient trop ignores au xvi" siecle : ils ne pouvaient done pas favoriser comme il eut convenu, les efforts des ministres de Louis XIV. II fallut I'avenement de Buffon au Museum d'histoire naturelle de Paris pour faire changer la face de la question. Depuis cette epoque memorable pour la science de Tagri- culture (1739) , les travaux du grand naturaliste, ceux des Daubenton, des de Jussieu, des Desfontaines, des Hauy, des Thouin, des Mirbel, des De CandoUe, les cours etles ouvrages de leurs disciples ou de leurs successeurs, nous ont demontre les secrets que la nature nous avait tenus caches sur les moyens de mieux exploiter a notre benefice les immenses ressources qu'elle nous offre. I ■-NA PROf>UCtIOI^ ANrtiALE DE LA FRANCE. 419 Aujourd'hui nous sonimes done plus heureux : I'enseigne- ment fait au Museum d'liistoire naturelle ou les principes de BufTon ont ete developpes sur racclimatation et ia domestica- tion ; les faits pratiques demontres par Daubenton sur les con- quotes a faire sur le regne animal d'une part, et de I'autre, par Andre Thouin sur le regne vegetal, ont ete des exemples fruclueux dont fagriculture frangaise a profile, et dont elle s'appr^te desormais a tirer un meilleur parti. Ne voyons-nous pas les symptomes de Theureuse influence de ces exemples, dans les idees qui se manifeslent de toutes parts. Toutes les classes de la societe fran^aise s'occupent de I'agriculture, nolamment de la multiplication et de I'amelioration des ani- maux domestiqnes ^ ce fait n'a ete aussi patent a aucune epoque de notre histoire-, nous en avons la preuve recente dans I'exposition universelle de Tagriculture, et dans I'immense concours d'admirateurs de cette hrillante f6te qui n'eut jamais d'egale dans son genre. Toutefois, malgre rimpulsion dont nous sommes temoins en matiere de progres agricoles, le pays ne me parait pas 6tre en- core dans la voie qui seule pent lui assurer la multiplication comme le perfectionnement des animaux domestiques. Je de- mande a T Academic la permission de soumettre a son jugement mon opinion sur ce sujet. Pour provoquer la multiplication de notre production ani- male, de maniere a satisfaire convenablement aux besoins pressants de nos populations, quatre moyens bien distincts me paraissent indiques. Sans leur emploi bien raisonne, il est impossible d'atteindre le but propose, et de repondre con- venablement au legitime voeu de la France. Ces moyens sont : !• La multiplication des fourrages, qui a pour consequence rigoureuse la multiplication des animaux. 2° Le perfectionnement des bestiaux qui consomment ces fourrages. 3» La preservation de ces bestiaux contre les causes de pertes qui les deciment periodiquement. fio Enfin racclimatation et la domestication des animaux /|20 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. utiles que nous pouvons naturaliser en France ou en Algerie, et dont nous sommes encore prives. § 1. — De la multiplication des fourrages. Les fourrages sont la matiere premiere de la production animale. Cette production si precieuse pour les usages varies que nous en faisons, est obtenue par la transformation des ve- getaux en matieres animales dans les organes de nutrition des animaux. Ces organes forment, par leur admirable disposition, des appareils de physique et de chiraie etudies par les anato- mistes, et dont la physiologic cherche a nous faire connaitre les fonctions si bieri ordonnees. Les herbivores peuvent done 6tre consideres comme de veri- tables laboratoires vivants de physique et de chimie, charges de fabriquer laviande, la graisse, le cuir, la laine, le poil, les crins, les fourrures, la come, les os, toutes les matieres ani- males enfm utilisees sous mille formes varices, soit pour nos subsistances, soit dans les arts, Findustrie ou le commerce. Or, si les fourrages sont la matiere premiere de ces produits, si les animaux sont les usines dans lesquelles iis sont fabriques, sous la puissante direction de la nature, comment se fait-il que nous nous bornions anoUs occuper de ces usines vivantes, et que nous songions relativement si peu a la multiplication des matieres premieres qu'elles traitent, et sans lesquelles il est impossible a ces usines de nous fournir en abondance les produits alimentaires ou industriels que nous leur demandons ! Depuis quelques annees surtout, radministration fran^aise s'occupe avec le plus louable zele de la multiplication et de I'amelioration des animaux domestiques. Elle importe des types perfectionnes etrangers pour faire des croisements avec les notres, ettacher deles rendre meilleurs. Elle a etabli dans divers points du pays des concours regionaux, des expositions d'animaux de boucherie et reproducteurs, dans le but d'en- courager les eleveurs, dans celui de les eclairer sur de bons procedes d'elevage. Certes, je suis loin d'improuver cet excel- lent moyen d'attirer I'attention publique sur le besoin que nous avons dc multiplier notre production animale, sur celui PRODUCTION ANIMALE DK L\ FRANCE. 421 de la perfectionner. Mais, a mon avis, ce moyen est non-seu- lement insuffisant, niais son adoption ne repondpas etne pcul pas ropondre au but desire. Ne s'occupant que des laboratoires vivanls de chimie qui Iransforment les vegetaux en matiercs animales, il n'agit pas sur la multiplication des malieres pre- mieres, sans lesquelles il est impossible de multiplier les pro- duits qu'elles servent a fabriquer. Qu'il me soit pennis de faire ici une supposition pour bieu rendre ma pensee. Admettons que, m6me apres la brillanle exposition universelle des animaux que nous avons admiree cetteannee au Palais de Tindustrie, I'administration superieure prenne brusquement la resolution de ne plus s'occuper de bestiaux-, supposons qu'elle abandonne d'une maniere absolue les modes d'encouragement qu'elle emploie depuis des siecles, notamment depuis quelques annees, pour ne plus s'occuper que de multiplier les fourrages. Certes,beaucoup de personnesqui n'y auraient pas reflccbi, blameraient cette mesure, parce qu'elle serait differente de celle qui a ete employee jusqu'a ce jour. Cependant Tadministration ne sortirait pas d'une voie rationnelle en agissant ainsi^ elle y entrerait au contraire. Si nous admettons en principe que les fourrages soient seuls la mati^re premiere de la production des herbivores (et comment ne pas I'admettre), nous devons en conclure rigoureusement que la multiplication seule des fourrages fera multiplier la production animale. La realisation de la supposition que jeviensde faire pourrait done seule, et sans autre mesure, favoriser I'augmentation de la production de la viande, et rendre son usage plus repandu, avec la possibilitc de la livrer a meilleur marche a la consommation. En effet (et le pays et son administration ne sauraient 6tre assez penetres de cette idee), com me les fourrages ne peuvent servir qu'a faire de la viande, qu'il est impossible qu'ils aient d'autre destination, plus on provoquera leur multiplication, plus on muUipliera les animaux, puisqu'ilssont la consequence essentielle de la consommation de ces fourrages. Je n'ai pas besoin d'insisler davantage sur cette verite; elle est trop palpable pour chercher a la rendre plus saisissable. A22 SOCIIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Ce fait n'avaitpas echappe a la sagacite de Daubenton, au- quel notre agriculture et notre industrie doivent tant de pro- gres, notre pays tant de sources de richesses et de prosperite. Lorsque ce celebre naturaliste-agriculteur voulut s'occuper de I'acclimatation et du perfectionnement du Merinos que la France n'avait jamais pu faire prosperer sur son sol avant lui, loin de diriger ses etudes sur I'espece ovine seulement, il s occupa en m6me temps de la multiplication des fourrages par la prairie artificielle. Ce fut a Montbard, sa patrie et celle de Buffon, ou il avait etabli son cbamp d'experiencesagricoles, qu'il appliqua ses idees en economic fourragere. La Bourgogne, la France entiere, lui doivent la plus grande partie des progres qu'elles ontobtenus sous ce rapport. Le savant Gilbert, disciple de Daubenton, publia un ouvrage special sur cette question importante, et c'est de cette epoque surtout que date Texten- sion donnee a la culture des fourrages artificiels dont les pro - duits ont enrichi les contrees qui les ont adoptes. La multiplication des fourrages de toute nature devraitdonc 6tre la base, le premier element de toute tentative faite pour augmenter la production de la viande. Ce principe une fois adopte et mis en pratique dans toute son etendue possible, il importerait de songer au perfectionnement des races. Or, voici quelles sont mes raisons pour motiver cette opinion. On sait dans les arts et Tindustrie, comme dans les labora- toires de chimie, que les appareils employes a traiter les ma- tieres premieres donnent des produits d'autantplus abondants et mieux confectionnes, avec la m6me quantite de frais de fa- brication d'ailleurs, que ces appareils sont mieux perfectionnes et operent avec plus de regularite. Or, I'herbivore servant a transformer les fourrages en produits animaux de tout genre, on concevra facilement que, plus les appareils de Tusine qu'il represente sont perfectionnes, mieux ils fonclionnent pour transformer les matieres premieres qu'ils sont charges de traiter. § II. — Du PERFECTIONNEMENT DES RACES. J'aborde ici Tune des questions les plus importantes, les PRODUCTION ANIMALE DE LA FRANCE. 42S plus agitees , et cependant les plus meconnues de toute la production du sol ; je veux purler du perfectionnement des races de nos animaux domestiques. Pour mieux rendre ma pensee sur la cause des erreurs et des discussions inutiles qui ont lieu cliaque jour sur ce point, je demande encore la permission de continuer la comparaison que je viens de faire eutre les machines fabriquees par la main de rhomme, et celles qui sortent de Tadmirable fabrique dela nature. Admettons pour un moment qu'un homme absolumentetran- ger aux plus simples elements de la science de la mecanique, ignore la forme, la nature, la disposition des rouages d'une machine, quelle que soit sa simplicite^ supposons que cet homme est introduit dans I'un de ces ateliers oil les sciences mathematiques, physiques et chimiques, fecondant le genie de leurs directeurs, produisent par leurs applications bien raison- nees, les merveilles que nous admirons cliaque jour dans le materiel employe dans les arts et I'industrie : peut-on penser que cet homme qui ne se doute pas des plus simples elements de ces sciences, soit capable de perfectionner les chefs-d'oeuvre qu'elles ont servi a imaginer et a creer' Tout le monde dira que e'est impossible. Si nous admettons maintenant que plusieurs hommes, quelle que soit d'ailleurs leur facilite de parler et d'ecrire, soient tota- lement etrangers aux sciences que je viens de signaler et a I'art ingenieux de la fabrication des machines, et veuillent discuter sur leur perfectionnement, nous entendrons emettre necessai- rement autant d'opinions, d'aiileurs eloquemment soutenues, que nous aurons d'orateurs ou d'ecrivains; les uns et les autres ne pourront pas s'entendre sur les questions que les sciences speciales auront cependant resolues. Eh bien ! ce qui arriverait pour les machines de fabrication humaine, est arrive pour les machines de la fabrique de la nature. De temps immemorial, et surtout depuis deux siecles, en France , on discute et Ton ecrit sur I'art de perfectionner les animaux do- mestiques, et plus on persevere dans cette voie, plus la cause en litige parait embrouillee. Un seul point de la question de Tamelioration des races a b'2h SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQL'E d'aCCLIMATATION. eteelucide et rrest plus douteuxpour personne, non-seulement en France, mais dans toute VEurope. Ce point est racclimata- tion et le perfectionnement du Merinos, sur lequel on avait discouru pendant un siecle entier avant I'aide que pr6ta la science de la nature. On avait fini par conclure que cet animal, si precieux pour notre agriculture et notre Industrie, ne pou- vait pas 6tre eleve chez nous. Des experiences I'avaient prouve, disait-on, pendant cent ans consecutifs. Daubenton etudia la question et la resolut dans le court espace de dix ans. Avant lui notre pays etait tributaire de I'etranger;^ aujourd'hui la France marche a la t6te de toutes les nations pour la produc- tion des moutons a laine fine, et elle doit a la science de la nature cette source immense de ricliesse nationale. Le perfectionnement des machines employees dans les arts et Findustrie est parvenu aujourd'hui a un degre tres eleve en France, grace a I'enseignement des sciences speciales qui s'en occupent, depuis la fin du siecle passe surtout. Nous devons attribuer a cet enseignement ce succes immense par ses resul- tats. Si nous sommes relativement si arrieres sur le perfection- nement de nos machines animales, c'est que I'enseignement qui aurait dii nous eclairer sur cette question speciale a man- que au pays. Nous ne sortirons de I'etat d'inferiorite relative dans lequel se trouve notre agriculture en France sous le rap- port de la production animale, que quand nos agriculteurs seront instruits par les sciences speciales sur Timportante question qui nous occupe ici. II faut etudier les rouages, les appareils divers des machines animees, les instruments de fabri- cation des produits qu'elles confectionnent, pour pouvoir les modifier comme il convient, les perfectionner suivant les lois immuables de la nature d'abord, etensuite suivant les services auxquels nous voulons employer les animaux. Sans cette etude indispensable, nous ne parviendrons jamais au but desire. Nous en avons la preuve dans le passe, nous Tavons dans toute la force de sa logique dans le present, par la cherte des sub- sistances animales surtout , et par I'anarchie qui regne en France sur les moyens de remedier au mal. Toutefois, lorsque les moyens de multiplier et de perfection- PRODUCTION ANIMALK 1)E LA FRANCK. V26 ner nos animaux domesliques nous seraient connus, il ne fau- (Irait pas en negliger d'autres que je ne puis qu'indiquer imparl'aitement ici. Ces moyensde perfectionnement, en ell'et, seraient insuffisants si nous ignorions ceux de conserver les sujets obtenus ; si nous ne savions pas les preserver, par des soins hygieniques bien entendus, des maladies partielles ou generales ([ui devastent periodi(|uement nos campagnes sur divers points de la France. Je vais dire quelques mots sur celte question tres imporlante pour nos subsistances. § III. — 3l0YENS DE CONSERVATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES. L'etat de domesticite est pour les animaux qui y sont sou- mis une cause permanente et variee de maladies de toute espece. Souvent m^me le meiileur moyen de les perfectionner au point de vue du benefice, qui est toujours celui de I'eleveur, occasionne necessairement des alterations de leur sante. L'hy- pertropbie du foie des oies et des canards, I'etatd'obesite auquel on prepare les pores et certains autres animaux destines alabou- cherie, ne sont-ils pas la preuve evidente de ce que j'avanceici? Nous trouverons encore cette preuve dans les moyens em- ployes par les nourrisseurs des vacheries entretenues dans le voisinage des grandes villes, pour avoir le lait necessaire a I'approvisionnement des marches. Les vaches, dans ce cas, sont placees dans des conditions hygieniques qui favorisent la se- cretion de leur lait aux depens de leur sante. Leur constitu- tion change •, elles devienncnt m6me souvent phthisiques, apres un temps plus ou moins eloigne du jour ou elles ont ete sou- mises au regime dont je parle ; mais elles ont produit les bene- fices qui etaient le premier but a alteindre,' I'etat de leur entretien suivant une bonne hygiene n'a ete qu'une conside- ration secondaire. Ce n'est done pas au point de vue que je signale ici, que je desire attirer Tattention au sujet de la conservation des ani- maux ; je veux parler des precautions a prendre pour les pre- server des maladies violentes et meurtrieres qui, se generali- sant queUpiefois dans nos campagnes, prennent un caractere epizootique, et font perir les bestiaux par quantites conside- ii26 SOCIlfeT^ IMPfiRlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. rabies. Souvent ni6me ces maladies se communiquent par contagion : tels sont notamment le typhus contagieux, la peri- pneumonia contagieuse et epizootique des b6tes a comes, le claveau du mouton, etc. La science a fourni les moyens de preserver les animaux de ces fleaux ou de les arr6ter quand ils se declarent. Pourquoi ne pas recourir aleur emploilorsqu'il est possible de le faire? pour- quoi ne pas soustraire notre agriculture a ces calamites, dont elle a a deplorer trop souvent les desastreuses consequences ? II importe done d'etudier non-seulement les moyens indi- ques par les sciences pour multiplier et perfectionner nos richesses animales, mais il faut de plus rechercher et employer ceux de les preserver des causes de pertes que nous eprouvons cbaque annee en bestiaux. On parviendra a ce but en appli- quant les regies prescrites par la science de I'hygiene qui s'en occupe. Ainsi on disposera les constructions rurales de maniere a 6tre bien eclairees, bien aerees; Tair et la lumiere sont deux elements essentiels de sante : s'ils manquent , des maladies en sont toujours la consequence. On devrait s'attacher aussi avec soin a prevenir les epizoo- tics de toute nature : les mauvais fourrages , ceux qui sont vases, alteres par les inondations, mal recoltes et mal con- serves, occasionnent des maladies desastreuses. II faut done chercher a prevenir ces maladies par les precedes indiques par les sciences. Lorsque les epizooties reconnaissentpour cause la contagion, on ne saurait 6tre assez prudent et scrupuleux pour se sou- mettre aux lois ou ordonnances qui reglent la matiere, ou pour les faire rigoureusement executer quand il y a lieu. Que de ruines ont ete occasionnees, dans nos campagnes, pour avoir neglige I'execution des prescriptions sur lesquelles je ne sau - rais assez attirer Fattention de Tagriculture et de I'autorite ! II n'est pas possible d'entrer dans les details des questions d'hygiene que ]e n'indique ici que pour faire comprendre toute leur importance. Cbacune d'elles aurait besoin de developpe- ments speciaux pour etre convenablement traitee, et les bornes de ce travel ne m'ont perniis que de presenter quelques PRODUCTION ANIMALE DE LA FRANCE. 427 courtes considerations gencrales. Toutefois je dois dire, parce que'l'experience me I'a toujours demontre, que de bons moyens prophylactiques, convenablement employes, preserver aient I'a- gricuUurede pertes souvent enormes qu'elle fait annuellement en bestiaux. La France pourrait done conserver avec certitude des richesses dont les subsistances sont periodiquement pri- vees, ce qui est Tune des causes qui provoquent la hausse du prix de la viande sur nos marches. Jusqu'ici j\-ii indique les moyens de multiplier et de perfec- tionner les animaux domestiques ; j'ai parle de ceux de les preserver des maladies qui les font perir et qui diminuent par consequent la quantite de ces precieux elements de nourriture de rhomme ^ mais je n'aurais pas, a mon avis, rempli la tache que je me suis imposee, si je negligeais de dire quelques mots d'un autre moyen d'augmenter nos richesses animales, je veux parler de Tacclimatation et de la domestication d'animaux dont nous sommes encore prives. § IV. — ACCLIMATATION ET DOMESTICATION d' ANIMAUX UTILES. Les ressources que nous offre la Creation sont infinies dans toutes les parties du globe; mais elles ne sont pas partout idenliques. L'etude des trois regnes de la nature nous en four- nit la preuve. Ces ressources varient, dans les regnes orga- niques surtout, suivant les climats, les latitudes, la composition geologique des sols, leur altitude au-dessus du niveau de la mer, suivant enfin des conditions speciales qu'il n'est pas tou- jours facile de determiner : c'est ici que Tetude de la nature est utile pour connaitre les especes vegetales ou animales qui peuvent 6lre transportees avec avantage d'un pays dans un autre. Le concours de cette etude est le plus souvent indispen- sable, non-senlement pour pouvoir discerner les types qui peu- vent convenir a une nouvellc patrie, mais encore pour con- naitre le traitement auquel il importe de les soumettre, afin de faire reussir leur acclimatation ou leur domestication. Si riiomme est encore prive, partout ou il s'est etabli, de tant de moyens que le Createur a mis a sa disposition pour son bon- heur, c'est qu'il n'a pas su les etudier pour les comprendre ; 428 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. il n^a pas encore eii les moyens de developper la puissanee de son genie de maniere a en apprecier tons les avantages et en profiler. N'avons-nous pas tous les jours la preuve de cette ve- rite dans les succes obtenus par les sciences appliquees ? Exa~ minons, pour en 6tre convaincus, la rapidite des progres des arts industriels. La niarche de ces progres a ete plus etendue depuis que le concours des sciences speciales I'ont facilitee, notamment depuis la fin du siecle passe, que depuis les pre- miers ages de Tindustrie. A quoi devons-nous altribuer cet heureux evenement? C'est aux sciences appliquees. Nous chercherions vainement une autre cause; ces sciences speciales ont mis a contribution jusqu'aux elements les plus subtils de la nature elle-m6me. La lumiere, le calorique, ont ete mis en oeuvre ; le plus terrible de tous les elements, celui de la ibudre, dont la puissance est incommensurable, a ete lui-m6me dompte, domestiqiie, qu'on me permette cette expression. 11 a servi pour mettre en relation non-seulement les liommes, mais encore les nations, les continents, avec la rapidite de Teclair, qui n'en est lui-m6me qu'une emanation. Peut-on observer un fait qui donne une plus haute idee de la puissance de I'homme qu\m pareil resultat? Les physiciens, les chimistes, se serventchaque jour de cet element et obtiennent dans leurs laboratoires d'autres pheno- menes dont ils font profiler I'industrie; et ces pbenomenes auraient paru 6tre des miracles il y a quelques annees a peine; et pouvons-nous prevoir ce que nous reservent encore les sciences appliquees dans le m6me ordre d'idees ! Si I'industrie a obtenu, par les sciences qui lui ont ete appli- quees, tant d'avantages inconnus avant nous, et dont on ne se serait meme pas doute, nous pouvons croire qu'elles sont a la veille de revolutionner pacifiquementaussiTagriculture. Les naturalistes Belon, Bufion, Linne, nous ont montre cette revo- lution du doigt, en nous indiquantles moyens de laprovoquer. Leurs disciples, Daubenton et Thouin, ont commence a nous prouver par des fails, au Museum d'histoire naturelle de Paris, la possibilile de cette revolution, si impatiemment attendue. Etienne Geoffroy Saint-Hilaire a cree la menagerie, qui a servi PRODUCTION ANIMALE DE LA FRANCE. 42P aux experiences d'acclimatation ct de (lomestication, conti- nuees avec tant de succes par leur directeur actuel. Cuvier, et surtout Lacepede, nialgre leurs preoccupations pour des tra- vaux d'un autre ordre, avaient prevu les services que pourrait rendre un jour Fimportation en France des animaux alimentai- res vivant encore a Tetat sauvage dans des continents eloignes. Les naturalistes fran^ais ont reconnu aujourd'hui Tutiiite de Conquerir de nouvelles especes sur le regne animal. Sans negli- ger d'ailleurs les travaux dc leur specialite, travaux qui cliaque jour nous devoilent de nouvelles merveilles de la nature, ils Ont reconnu que le regne de I'ecole pratique de Buffon et de Daubenton etait enfin arrive, et ils Tont prouve en organisant une Societc nouvelle pour faire triompher les principes de cette ecole en faveur de Tagriculture. En fondant cette Societe, ces naturalistes ont donne un exemple qui sera suivi dans d'autres nations, et c'est ainsi que s'operera avec calme et sans sac- cades le progres pour lequel I'eloquence de Bufibn combattit pendant un demi-sieclc dans cet etablissement meme ou se font aujourd'liui les experiences d'acclimatation qu'il avail tant desirees. Du reste, quels que fussent les efforts de Buffon pour faire triompber ses idees, la science pratique dc Tacclimatation ne date en France que dc 1766, epoque ou Daubenton commenga ses travaux au Museum sur le Merinos, travaux qu'il commu- niquait periodiquement a TAcademie des sciences. La mena- gerie d'ctudes experimentales ne fut fondee qu'en 1793, cinq ans apres la mort de Buffon. On n'avait de trace d'acclima- tation de mammiferes que par les animaux domestiques que nous possedions, et dont la conqu^te sur le regne animal remonte aux temps les plus recules. Nous n'avons aucun indice sur cette epoque, et une question engourdie depuis des milliers d'annees ne se reveille pas brusquement pour suivre imme- diatement son cours; il lui faut quelquefois des si^cles entiers pour reprendre sa marcbe et arriver a une solution. Toutefois les faits de naturalisation accomplis a la menagerie du Museum depuis quelques annees, et la formation de la So- ciete d'acclimatation qui pourra les mettre en pratique dans 430 SOCIJfeTlS IMPJ^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. diverges exploitations agrieoles, sont un symptome qui parait decisif. On ne dira pas que racclimatation et la domestication d'especes nouvelles sont le r^ved'une imagination vagabonde, une utopie. La reponse a ceux qui tiendraient d'ailleurs un pareil langage ne serait pas difficile. L'acclimatation du Me- rinos, qui date d'hier, est-elle un r6ve? et si ce precieux animal est si bien multiplie par nos agriculteurs aujourd'hui, pourquoi n'en serait-il pas de m6me de tant d'autres ? Les deux Cerfs indiens, le Lama, I'Oie d'Egypte dont Etienne Geoffroy Saint-Hilaire avait prevu l'acclimatation en France, I'Hemione, ce cheval de I'lndoustan aussi elegant qu'energique et rapide a la course , tous ces animaux sont naturalises au- jourd'hui au Jardin des plantes. Nous les voyons tous s'y repro- duire depuis deja plusieurs annees, comrhe dans leur patrie originaire. L'Hemione, dont les individus forment aujourd'hui un petit haras, neet eleve au Museum in6me, s'estperfectionne sous I'habile direction qui a preside a sa naturalisation et a sa domestication. Son corps a pris plus de developpement, plus de force qu'il n'en avait lorsqu'il fut importe d'Orient a I'etat sauvage, il y a vingt ans a peine, par M. Dussumier de Bor- deaux, membre honoraire de la Societe d'acclimatation. Nous avons vu de plus se reproduire a la menagerie le Ca- soar, cet oiseau de boucherie, comme Fa qualifie M. Isidore Geofi'roy Saint-Hilaire, qui I'a acclimate 5 le Nylgaul, le Buffle, les Chevres d'Egypte, celles d' Angora, de Cachemire, I'Yack ; nous avons vu jusqu'ala Girafe, originaire d'un climat si diffe- rent du n6tre, et que nous ne voulons certes pas compter au nombre des animaux a domestiquer en France, se multiplier au Museum ; son produit est d'une force, d'une vigueur et d'une sante qui prouvent tout ce que Ton doit attendre de l'acclima- tation de tant d'especes diverses qui sont encore inconnues de notre agriculture, et qui peuvent concourir avec avantage a multiplier notre production animale. Jepuis done conclure avec raison, que nous avons beaucoup a esperer de la science de Tacclimatation d'apres les experiences faites, les succes obtenus au Museum d'histoire naturelle de Paris. La majeure partie des animaux que je viens de citer s'y I PRODUCTION ANIMALE DE LA FRANCE. hti est naturalisee et s*y multiplie sans precautions exception- nelles , sans autres soins que ceux qui sont prescrits par la science employee au siecle passe pour acclimater le Merinos. Nous pouvons done dire que la quantite des animaux domes- tiques pent 6tre augmentee. Je cite, pour appuyer cette opi- nion, celle qui a ete deja avancee a ce sujet par le digne suc- cesseur de Daubenton, M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, dans son Rapport general fait au ministre en 1848. Voici ce qu'il dit : « Sur cent quarante mille especes animates connues , combien » rhomme en possede-t-il a I'etat domestique?Quarante-trois. » Et encore, de ces quaranle-trois especes, dix manquent a la » France, huit a TEurope entiere : trouvera-t-on que c'est avoir » assez conquis a la nature ? » La France ne possede done a I'etat de domesticite que qua- rante-trois individus sur cent quarante mille especes diffe- rentes que la nature offre a nos etudes d'acclimatation et de domestication. Ces etudes trop negligees nous feraient con- naitre les sujets qui peuvent 6tre ajoutes a la liste de nos ani- maux domestiques, et augmenter nos richesses agricoles. II importe done de traiter cette importante question avec devoue- ment et perseverance. Le champ de I'acclimatation et de la domestication d'ani- maux utiles est immense, il faut apprendre a le cultiver. Lorsqu'il sera bien exploite, il fournira a nos populations agricoles, comme a celles des villes, des ressources jusqu'a ce jour inconnues, et a nos subsistances commea notre industrie, des elements de richesse dont nous ne saurions prevoir Teten- due. Suivons pour Tagriculture I'exemple que nous a donne I'industrie avec le concours des sciences speciales. Ce concours a place notre pays au premier rang des nations industrielles du monde entier. Que la France soit placee de la m6me ma- ni^re au premier rang des nations par la prosperite de son agriculture-, elle le pent facilement avec le concours de la science de la nature. Les populations s'accroUront alors dans des proportions egales a leur bien-6tre ; et quelle puissance pourrait alors lui 6tre comparee en gloire, en richesse, en prosperite ? A32 SOCll^TE IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. DE LA CHERTE DES SUBSISTANCES Par M. Jules dc LIROIV D'AlROLES. \ Quand on aura tlouble le nombre du betail de toute sorte, qu'entretient I'agriculture, on aura resolu le pro- blenie dc la vie a meilleiir marclie. Ce qui constitue, nous le pensons, les plus grandes et les plus (louloureuses disettes, ce n'est pas la mauvaise recolte d'une ou deux annees, inais c'est raugmentation simultanee de toutes les denrees alimenlaires de preiniere necessite, ce qui a lieu malheureusement depuis six ou liuit annees. Cette augmentation est eflrayante. Sommes-rious dans le vrai, en disant que depuis cette epoque elle a double le prix de la vie? Aussi, qu'on juge de la gene qui regne dans les menages des artisans etdes petits proprietaires •, de la misere du peuple, si la charite publique, si grande, si genereuse, si i'raternelle, ne reunissait d'enormes efforts pour en alleger les rigueurs; si la resignation n'etait aussi une vertu commune ii notre epoque, si frappante de conlraste avec ce besoin immodere de luxe qui semble une fievre brulante , et en realite une des plus grandes plaies du temps. Quand on arrive a traiter des questions aussi graves, il faut les traiter avec une grande independance d'esprit, ne pas s'ar- r^ter aux demi-moyens, aux temporisations ; il faut les envi- sager a un large et sage point de vue; il faut donner cbamp libre a ses pensees, apres une mure reflexion, qui doit tou jours preceder, chez I'economiste sincere, la fixation de ses idees sur le papier. Sous le titre general de Notes agricoles, nous avons succes- sivement donne dans le Draineur une serie d'articles oil s^en- chainent nos pensees et nos voeux sur les ameliorations agri- coles necessaires 5 nous esperons que ces diverses observations, CIIKUTK DES SUBSISTANCES. I3S se rattachant entre elles, auront etc accueillies avec quelque indulgence par les lecteurs de ce journal. La (juestion si grave de la cherte des subsistances et les besoins de Tagriculture etaientet sont toujours la parlie domi- nante de nos etudes : aussi ne laissons-nous ecbapper aucun moyen de produire les reflexions qui se presentent a nous pour eclairer la position. Aujourd'hui, nous allons ramasser en un faisceau toutes les reflexions deduites, fixer nos appreciations sur les moyens (|ui nous paraissent les plus rationnels pour resoudre cette importante chose : raugmenlalion du betail, a laquelle se rattachent, selon nous, toutes les questions de cherte de sub- sistances. Devons-nous dire ce que nous croyons un grand obstacle a la realisation prompte du besoin de la societe, Taugnientation ducheptel national? La consommation anormale de la viande avec la production depuis plusieurs annees, qui diminue chaque jour I'avoir, malgre le haut prix auquel elle est arrivee. Nous devons le dire aussi, notre conviction est que cet etat de choses doit amener encore une plus grande cherte qui n'arr^tera pas ou peu la consommation. Nous paierons avant peu le bcBuf 2 francs le kilogramme; cela est facheux a dire, mais il Taut avoir la sincerite avec la conviction. G'est peut-6tre le seul moyen d'arrt^ter I'eleveur, de le faire resister a Tor du bou* cher, par la pensee d'en trouver davanlage en attendant plus tard. Nous disons cela et nous avons la pretention de n'^tre ni alar- miste ni falaliste, car nous avons grande confiance dans I'a- venir • mais quand des raisons imperieusescommandent, n'est-il pas sage d'invoquer I' adage : Aide-toi, Dieu t'aidera? Nous reproduisons la phrase que nous avons placee en epi" graphe de cet article. « Quand on aura double le nombre du betail de toute sorte » (ju'entretient Vagriculture, on aura resolu le probleme de \(l » vie a bon niarchc. » Nous croyons que cette phrase ne manque pas de logique-, mais pour arriver a un pareil etat de choses, si par lui se resume T. 111. — Seplembre 1856. 28 A3 A SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. un si important resnltat, qui peut s'exprimer en deux lignes, que faut-il faire pour y arriver? Nous avons dit: « L'etat d'ahandon ou depuis si longtemps » reste I'agriculture; le peu de faveur repandu sur ses soldats, M sur ses patients et laborieux ouvriers, — Tinsuffisance des ■» concours etablis par le gouvernenient et des subventions )) accordees aux cornices. Nous avons ete plus loin! — qu'on » devait s'appuyer sur les associations libres spontanement » formees par les amis de Fagriculture, poiir pourvoir a ses » premiers besoins, aux conferences agricoles ; Tutilite de ces » associations repandues comme un reseau serre sur toute la » France, — le deplorable aveuglement des riches proprietaires » qui ne s'occupent pour la plupart de leurs terres que pour en » tirer le revenu et le depenser dans les villes en somptuo- » sites futiles; — le triste entrainement du luxe, qui fait que » les petits proprietaires vendent leur heritage pour en placer » le capital aux operations si chanceuses de la bourse et de jTindustrie^ — Tambition mal raisonnee des paysans culti- » vateurs d'acheter a long terme des terres, ou d'employer a les » payer le peu d'argent qu'ils possedent, si utile a la bonne » exploitation des terres qu'ils tiennent a bail ; — Tinsuffisance » du betail pour la bonne exploitation des terres en culture et » les besoins de la consommation •, — les causes politiques qui » ont pjLi concourir a rendre encore plus rare le betail et les » moyens de I'ameliorer ^ — combien il serait heureux pour » eux-m6mes et pour leurs fortunes que les riches proprietaires » songeassent serieusement a la sorte d'association qui doit » exister entre le detenteur et le cultivateur de la terre pour » arriver a son amelioration plutot qu'a son appauvrissement; » — ce qu^il nous semblait que le gouvernement pouvait faire » pour encourager le drainage et les defrichements, les desse- » chements, la conservation des forets, le boisement des ter- ]i rains impropres a la culture et des montagnes. — Nous avons » dit enlinl'utilite de banques territoriales par I'association de y> riches proprietaires. » Nous ne pouvons maintenant que renvoyer nos lecteurs au developpement consciencieux de notre maniere de voir sur .''•n CHERTI6 DES SUB8ISTANCE8. 431 ces questions si ^troitement liees, qu'elles n'en forment reelie- ment qu'une, Taction dii progr^s agricole. Nous avons pose qu'il ne faudrait p6s moins de 2 milliards pour doubler le grand cheptel national. Nous pouvons ajouter qu'il en fau- drait bien autant pour produire les ameliorations territoriales neeessaires a cet enorme accroissement de ce qu'on appelle maintenant des usines vivantes, refusant m6me de laisser prendre leur place, dans Tordre de la nature, aux animaux utiles, aux animaux domestiques. Singulier esprit que celui de notre siMe, ou I'homme ne sera bientot plus lui-m6me qu'une machine intellectuelle, ne raisonnant plus que par lavapeur, ne recevant de lumiere que par le gaz, ne vivant que de produits chimiques, n'ayant plus de boussole que la bourse. Ah! revenons a de plus rationnelles, de plus materielles pen- sees ; sachons allier les progres de la science a des idees qui assurent la vie de cha([ue jour aux populations qui s^augmen- tent. Soyons plus terre a terre, soyons m^me un peu rococo s'il le faut •, prevoyons comme le faisaient nos peres, qui, pour voyager un peu moins vite, ne cheminaientpourtant pas moins 5 ils ont traverse les si^cles; tachons ^jue le notre, tout savant, tout bouillant de vapeur, ne soit pas le dernier, ne s'en aille pas en fumee, qu'il ne ferme pas la marche de notre brillante civilisation. N'oublions pas la terre qui nous nourrit, nous donne toutes les jouissances premieres de la vie ; qu'elle est notre mere, comme Tappelaient les Olivier de Serres, les Par- mentier, les Dombasle, et la nomment encore les Gasparin, etc. Suivons les utiles leqons, les bons conseils que nous donnent ces peres, ces vrais apotresde Fagriculture. Quittons un peu Tespace des decouvertes pour revenir sur la terre ; ne serons-nous pas plus sages et plus heureux? Avec I'abondance du betail vous aurez celle du lait, du beurre, du fromage, tant de choses utiles a la vie! Mais par les engrais qui permettront une meil- leure, une plus importante culture, vous aurez abondance de ble et de toutes les autres graines farineuses, oleagineuses 5 et les vins, le complement enfin de ces principes d'alimentation, vous aurez tout cela a meilleur marche, sans que le cultiva- teur en soit moins aise : au contraire, car la grande production, A 36 SOCllET^ IMPERIA.LE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. en abaissant le prix des denrees, hausse le revenu delaferme. Pour produire peu ou beaucoup, on n'en paye pas plus au proprietaire, pas plus a la charge d'impot ; on depense un peu plus de sueurs, de fatigues, mais Faisance qui en resulte donne des forces, des jouissances qui compensent au dela les sacrifices du travail. Pour arriver, il taut, nous le repetons, I'association du capi- tal au travail des champs, du proprietaire et du cultivateur, du gouvernement avecles cornices. II faut moins de batisses dans les villes, plus de grands travaux dans le pays agricole-, moins de velours dans les salons, plus de foin dans les granges 5 moins de luxe partout, et plus d'aisance dans les families. II faut que les conseils generauxs'occupentplus que jamais de la question deviabilite, deschemins de petite et de grande communication ; car I'etablis- sement de la bonne viabilile doit avoir une prompte solution, comme etant un des plus grands bienfaits de la civilisation et de la paix. II faut qu'on donne plus de temps aux conseils generaux pour etudier, pour rediger les voeux qu'ils doivent envoyer au gouvernement sur les besoins du pays. Nous avons de fortes raisons pour eraettre nous-m6mes ce voeu. La precipitation apportee dans les examens des commissions de cette represen- tation nationale a de bien facheux resultats. Pourquoi ne pas donner les moyens d'y parer. II ne faut pas craindre d'augmenter la dette publique quand la destination a donner au capital emprunte doit augmenter la fortune territoriale, qui est la base la plus solide de I'edifice social, la veritable vache a lait de I'Etat. Pas de demi-mesures 5 marcher hardiment en tachant de ne pas se tromper de route; on aura toujours pour soi I'ap- probation du pays. Les grandes voies de communications, les rivieres, les fleuves, les canaux, les chemins de fer, ren- dentd^immenses services al'alimentation; ils doivent en rendre un enorme, celui de niveler la valeur de la propriete sur loutes les parties du territoire, en donnant une egale facilite de transport et d'ecoulement aux produits, et ainsi niveler la CHEKTE DES SUBSISTANCES. 487 remuneration du travail, le plus heureux, selon nous, de ces trois resultats. Qu'on se hate done de completer le reseau des cliemins de I'er. Agir autrement, serait conimeltre une grande injustice. II faut, dans la mesuredu possible, se hater de donner a cetto grande ([ueslion son application la plus parfaite : mais il iaut aussi s'occuper serieusenient de la revision des tarifs des com- pagnies, qui sont trop eleves; il faut, au nioyen de prolonge- inents de concession, si la chose est juste et necessaire, desin- teresser les compagnies, les indemniser de cette diminution (|ui changerait la nature des Iraites faits entre elles et le gouverneuient. II faut arriver le plutot possible a diminuer le prix du transport des denrees alimentaires ([ui n'ont pas passe par les mains de I'induslrie, les produits de la terre qui paient une si grande partie de I'impot. A-t-on toujours ete juste avec la propriete, dans la repartition des charges du pays? Nous n'hesitons pas a dire non ! II faut au plus vite faire cesser cet impot de guerre etabli sur les chemins de fer, sur les droits de I'enregistrement, qui pesent si fort sur la propriete, qui souffre toujours sans se plaindre. • A quoi, encore une fois, nous serviront les ailes de feu de la vapeur, si d'hesitation en hesitation nous devons arriver a ne pouvoir faire vivre nos populations ? Pour parer au mal deja si grand, aumal quis'augmente chaque jour dans une effrayante proportion , il faut des hommes qui osent faire voir ou sont les besoins, oii sont les moyens, ouest le mal, oii estle bien. Mais, helas! tout cela peut-il toujours se dire? II faut par-dessus tout une grande volonte qui conimande, persuade, enlralne; une action constante, soutenue par les grands moyens qu'ont toujours les grandes puissances : quand le jour est venu, quand la conscience du bien est le mobile, on doit toujours avoir la force d'agir. A38 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR LES LAINES DE MERINOS-MAUCHAMP PROVENANT DE LA MENAGERIE DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE SECONDE LETTRE ADRESSEE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCI^T^ IMPERIALE D'ACCLIMATATION (1) Par M. le doctear MILLOT de Mello (Oise). (Seance du 20 juin 1856.) Monsieur le President, Je viens vous entretenir de la laine merinos Mauchamp provenant de la menagerie du Museum d'histoire naturelle, que vous avez bien voulu me confier encore cette annee pour la travailler dansmes ateliers. J'ai re^u cinq toisons en suint : Une toison de belier pesant 3 kil. 500 gr. Deux toisons de brebis, ensemble 3 ZiOO Deux toisons d'agneaux, ensemble. ... 1 100 Total 8 kil. en tout. Et apres le triage : 7 kilogrammes AOO grammes. J'ai tout melange, la petite quantite de laine re^ue ne me permettant pas de travailler chaque sorte separement. Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit I'an dernier a propos de ces Taines. Ce sont les m^mes caracteres, meche longue, pointue, brillante, nacree, soyeuse, peu frisee, ressemblant beaucoup au cachemire et pouvant m6me lui 6tre substitue, ce qui lui a fait (1) Pour la premiere Lett re, voyez le Bulletin, t. II, p. 11. LAINES UE MAKINGS MAl'CHAMP. 430 dormer le noiii de cachemire indigene par notre spirituel et savant confrere M. Frederic Davin. Le brin de laine est tou- jours gros. On pent en juger par recliantillon que j'ai garde \ niais il est en m(>me temps long, sonore et nerveux. On recon- nalt dans cette laine une laine de bonne qualite, et si le brin est gros dans I'echantillon que j'ai regu, ce n'est dil probable- ment qu'a des conditions d'eievage et de nourriture parlicu- lieres au Museum d'histoirenaturelle, carle Merinos Mauchamp pent donner une laine tres fine ; les produits de Gevrolles en font foi. La loison est petite, mais tr^s lourde, plus lourde qu'une toison de m6me volume chez nos moutons ordinaires. Deja Fannee derniere j'avais remarque cette pesanteur de la laine Mauchamp etj'avais pense que le dcgraissage avait ete peut-6tre imparfait^ cette annee j'ai surveille attenlivement cette partie du travail, et le resultat a ete le m6me. Lefil s'est fait remar- quer par son poids a la romaine comme le ruban sur la bascule. Ainsi, la demi-cbaine filee avec du n' 110 n'a donne que les n°' 92 a 94 5 la trame, a ruban de preparation plus fin encore que celui qui devait donner 120, n'a donne que 108 a 110 au numero, et pour avoir du n" 120 il a fallu filer le ruban avec du l/jO, la finesse du ruban de preparation etant la m6me. Vingt bobines de fil Mauchamp pesent autant que vingt-trois, vingt-quatre bobines de fil ordinaire. Mais un fil de cette qua- lite ne pourrait pas 6tre obtenu dans ces numeros avec nos laines dont le brin aurait cette grosseur. Elles donneraient au plus des 76 a 90 en trame. Or, si Ton peut ainsi surfiler cette laine sans cesser de faire un bon fil, ce n'est qu'a la longueur, a la force, au nerf de la meche qu'on le doit. De toutes ces considerations nous somraes amene a conclure que le merinos Mauchamp est plus corse, plus solide, plus avantageux que notre merinos ordinaire, toutes conditions egales d'ailleurs, c'est-a-dire alors m6me qu'il n'aurait pas ce soyeux, ce nacre, cette douceur propre au cachemire, et qui font du Mauchamp un produitsm* generis. Dans les toisons que j'ai revues, il y avait deux toisons d'agneaux, et ces toisons n'avaient nullement degenere. C'etait hhO SOCIETE IMPEltlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. bien le type 3Iauchamp sans alteration. On eu pent juger par rechantillon n" 1". II parait singulier de me voir appesantir sur celte remarque, mais c'est un fait important cependant, ((ue de signaler cette reproduction parfaite du type Maucliamp dans les agneaux ; car plusieurs personnes , cultivateurs ou marchands de laine, refusent au Mauchamp la faculte de se reproduire avec ses caracteres typiques hors de I'endroit ou il a pris naissance. A Rambouillet, a Alfort, a Gevrolles, il s'etait reproduit parfaitement entre les mains des habiles administra- teursde ces etablissements, et cependant il reste encore cer- taines personnes qui ne peuvent y croire, parce que, dans certaines fermes, le type n'avait pu reparaitre, la laine perdait ses caracteres essentiels; etattribuant aux paturages de Mau- cbamp la creation et la propagation de ce merinos, ils deses- peraient de I'avoir chez eux et negligeaient d'en faire des eleves. Ce n'est done pas seulement a Maucbamp, mais aussi a Rambouillet, a Alfort, a Gevrolles, a Paris, etpartout oiirori voudra elever le Maucbamp, que Ton trouvera ces caracteres si speciaux ace merinos. C'est une race creee, un type que Ton reproduira quand et par tout ou i'on voudra. Etles cultivateurs seront dedommages par la qualite de la laine et son prix de la petitesse de I'animal et de la toiscn. II est m6me certains pra- ticiens qui reconnaissent chez le Merinos Maucbamp une con- formation plus favorable a la production de la viande. Je desirerais aussi, Monsieur le President, vous entretenir quelques instants au sujet du travail a faire subir a cette laine pour en faire du fil. Disons tout de suite qu'avec quelques modi- fications dans le travail et les machines, on peut filer le Mau- cbamp aussi facilement que la laine ordinaire. Moins on fait subir de preparation a cette laine, mieux elle se travaille , quelques passages lui suffisent. M. Frederic Davin, notre confrere, qui a travaille speciale- ment la laine Maucbamp, veut queTon fasse du fil sanspeigner la laine, il laisse la blouse dans la mecbe. « J'en obtins, dit-il, un fil plus doux, plus soyeux, et par ce faitrevenant a meilleur marche. » Je me permettrai de ne pas etre tout a fait de Tavis de LAINES DE MERINOS MAUCHAMP. AM notre confrere. Si Von fait du fil sans peigner la laine, il pourra se trouver dans ce lil des boutons, du duvet jarreux, de la paille. Ce fil ne sera point net, regulier, propre, ou bien si Ton fait eplucber la laine de maniere a ne laisser aucune ordure, si Ton fait epincer le ruban pour cnlever les boutons, les jars, on fait subir a cette laine une rnain-d'oeuvre conside- rable. Tandis que ie peignage ramene cette rnain-d'oeuvre dans les conditions ordinaires et livre au commerce une blouse bril- lante et soyeuse tres rechercbee a cause de sa douceur, de sa finesse, et surtout, de sa longueur. Rien ne sera perdu, le fil du coDur y gagnera en nettete et pourra 6tre file tres fin a cause de la grande longueur des filaments de cette laine. La petite quanlite de laine que j'ai re^ue ne m'a pas permis de faire une filature comparee, c'esl-a-dire de faire du fil sans retirer la blouse d'une part, et de I'autre un fil de laine pei- gnee. Tout le fil que j'ai fait est peigne^ seulement j'envoie a la Societe pour soumettre a son jugement un ruban de laine avant le peignage, et d'autre part un ruban de laine peignee, on verra facilement la difference qui doit resulter de ces deux preparations. Je vous renvoie egalement la blouse, le duvet de peignage et les etoffes qu'une de nos premieres maisons de Paris, la maison Veron, Sabran et Jesse, a bien voulu faire pour la Societe. M. Sabran a dirige lui-m6me la fabrication de ces etoffes. Je prie la Societe de vouloir bien s'unir a moi pour remercier M. Sabran de I'empressement avec lequel il s'est charge de ce travail. En renvoyant les produits obtenus(l) avec les toisons Mau- c^iamp qui me sont parvenues, j'y joins les divers echantillons (1) Les produits obtenus ont Hi les suivants : * Coeur 7''a.,700gr. Blouse 700 Duvet cailleux 50 J'ai ("u, par le Imvail, une perte de 56 pour 100 environ sur les 7''>'-,600 de laine en suint qui m'ont ^1(5 remis. C'est a peu pr^s la mfime proportion que rann«5e dernifere. A42 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQIIE d'aCCLIMATATION. dontj'ai parle, afin que la Societe puisse juger elle-m^me si mes appreciations sont exactes. Le no 1 est un echantillon des laines brutes de belier, brebis et agneau. Le n° 2 un echantillon de ruban avant le peignage. Le n° 3 le ruban apres le peignage. Le n" A, le ruban peigne au moment de le mettreen prepara- tion pour la filature. Le n° 5, le ruban prepare pour le filage. ,, Les n°' 6, 7, 8 et 9, du fil de / differents numeros. ^^^^"^ "'' ^^ ^" ^''• Tons obtenus avec la laine que l/'\chaine n° n j'airecue,etqueronpouvaitclasser / ^ IramenollO dans le 2. tri, au plus dans le 3' tri. V ^t trame n° 120 Les no» 10, 11 et 12 sont trois bobines du fd des n<>' 7, 8 et 9, telles qu'elles sortent de la main de nos fileurs pour 6tre envoy ees au fabricant de tissus. Les n°' 13 et ih sont les blouses et duvets separes du coeur par le peignage. Enfin le n" 15 est le fil ecru, demi-chaine, employe a faire un gilet, un tricot tout laine Maucbamp. Tandis que les n°' 16 et 17 nous ofi'rent le fil Maucbamp d'un cote pur et oii le tissu a ete simplement degorge et tondu des deux c6tes ; de I'autre teint en rouge de I'lnde et melange avec de la soie et de la schappe Suisse pour en faire des cache-nez. Quelques observations m'ont ete faites par M. Sabran a pro- pos du tissage de ces laines. Je les presente a la Societe telles qu'elles m'ont ete transmises. « Comme observation generale nous dirons que les manu- tentions de blanchiment, ou plutot de degorge et de teinture, nous ont semble faire perdre a la laine de Maucbamp une partie desa douceur. Est-cela faute de la laine? est-cela faute des manutentionneurs, non encore habitues au traitement de cette matiere? Nous penchons pour cette derniere opinion. La laine devidee, teinte en rouge fonce (rouge de I'lnde), a ete horriblement feutree a la teinture, sans doute aussi par defaut LAINES DE MERINOS MAUCHAMP. „^, mv 443 d'habitude du teinturier. Nous desirons que ces echantillons tisses avec cette belle laine indigene soient a la satisfaction des membres de la Societe d'acclimatatioii. Nous pourrions faire mieux avec plus de suite et une plus grande quantite. Nous avons clioisi pour le tissage le cache-nez, parce qu'il exige de la douceur dans la laine qui se Irouve en contact avec la figure, et le cache-nez etant d'un usage general, la vente en est facile. » Avant de terminer, permettez-moi, monsieur le President, de poser ici (juelques questions qui m'ont ete faites par cer- tainespersonnesquidesireraientelever des Merinos Mauchamp-, n'etant pas competent dans la partie, je n'ai pu donner de reponse satisfaisante. Quels sont la taille et le poids d'un mouton merinos Mau- champ compares au poids et a la taille d^un mouton merinos ordinaire ? Entre les mains d'une education habile, le Mauchamp peut-il prendre du volume sans detriment pour la finesse et la qualite dela laine? Quelles sont les ressources que I'industrie manufacturiere peut tirer du fil Mauchamp? Quelles etoffes, quels tissus peut-on confectionner avec ce til ? Veuillez agreer, Monsieur le President, etc. . :.l '..!> AuGusTE MILLOT. Hi«kl tlhh S0C1]ETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE u'aCCL11VUTA.T10N. SUR LES CHKVRES D'ANGORA. LETTRE ADRESSEE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCltlE IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Par M. SiiCC, Merabre et delegue de la Societc a Wesserling. Monsieur le President, J'ai rhonneur de vous informer que notre confrere M. Maro- zeau vous a expedie : 1° Un sac de laine pesant net Z^^^-,6^b provenant de la tonte aux trois quarts effectuee en automne, du Bouc et de la Chevre confies a notre venerable confrere M. Aime Philippe Roman.)! lUul^iURMo! ,:unU:i\mni.';i\:U<^^'m Cette tonte partielle a ete necessitee a Ventree de la mau- vaise saison par I'excessive multiplication des poux dont ces deux pauvres animaux sont arrives litteralenient couverts, et que nous n'avons pu detruire qu'en huilant les polls jusqu'a la peau a force de frictions; ce moyen nous a du reste aussi bien reussi que possible ; 2" Un second sac con tenant 2kii-,630 de laine, provenant de la tonte faite en mai de deux des chevres confiees a M. Ma- rozeau. En joignant a ce poids celui de la toison de la troi- sieme Chevre pesant i^^^-,lhO, on trouve, pour la production laineuse des trois Chevres, 4^11.^765. goit, et en moyenne, lkii-,588 pour la toison de chaque Chevre dont le produit serait done plus que double de celui qu'on a obtenu en Algerie, quoiqu'il y ait eu quelques centaines de grammes de laine perdue, parce qu'on n'a effectue le tonte qu'au moment ou la chute de la toison devenait generale-, 3" Une portion de la toison de la troisieme Chevre, confiee a M. Marozeau •, elle pesait brute lkii-,140, et apres avoir ete blanchie, seulement 1 kilogr. L'an passe, M. Marozeau vous a remis une demi-toison de la m6me Chevre a laquelle celle-ci CH^VRES d'aNGORA. hk^ est done pleinemeiit comparable sous le rapport de I'eclat, de la longueur, ainsi que de la finesse. Deja plusieurs fois, je vous ai ecrit au sujet du regime a appliquer anosChevres d'Angora, pour en lirer le plus grand parti possible; permettez-moi de revenir sur ce sujet interes- sant en vous disant d'abord que c'est celui quon donne en Angleterre aux Moutons a iongue laine. Dans nos climats. il laut nenvoyerlesChevres d'Angora, que sur des lerres seches, par un temps cbaud et sec (1); ellesne redoutent pas le soleil le ^lus ardent, non plus que I'herbe dessechee et coriace qui croit dans les rocailles. Du reste, il me semble preferable de laisser les Chevres d'Angora con- stamment dans une bergerie tres seche et aussi bien aeree qu'eclairee; la meilleure serait un simple bangar complete- raentouvert au midi et ou on leur donnerait leur nourriture. A trois ans (2), on abattrait toutes les b6tes pour la boucherie, en ayantsoin de les tuer a I'entree ou dans le cours de Tbiver, afin de conserver leur magnilique toison dans toute sa beaule. Le developpement graisseux des Cbevres d'Angora est si prodi- gieux, qu'il donnera lieu a un benefice considerable lors de I'abatage; surtout actuellement, ou les suifs se 'maintiennent a un taux tres eleve. Agreez, etc., Votre tres devoue delegue, Wesserling , le 6 juillet 1 850. Sacc. p. S. Nos Chevres d'Angora vont merveilleusement bien. Les Cbevres de Nubie, que je tiens du jardin de Marseille , se Irouvent aussi en parfaite sante : la Chevre est pleine, ainsi que la Chevre d'Appenzell que j'ai croisee avec leBoucde Nubie. ft (1) Afin (rdviter la pouiriture u laquelle leur organisation ^minemment lymphatique leur donne beaucoup de tendance. (2) Lorsque la Chfevre d'Angora sera suffisamraent multipli^e en France, I 440 SOCI^TE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR DIVERSES GRAINES ET RACINES DES ANTILLES OFFERTES A LA SOCIETE IMPERIALE d'ACCLIMATATION. , , l^XfBE ApHESSfiE A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETY Hi" Par m. ItlESTRO, Conseiller d'etat, directeur des Colonies au Ministere de la marine. Monsieur et honorable President , J'ai I'honneur de vous adresser, pour la Societe d'acclima- tation , des semences de diverses especes de courge et de giraumon, revues de la Martinique, et qui ont figure au dernier Concours agricole. J'y ai fait joindre des echantillons des der- nieres graines potageres et autres, ainsi que des racines ali- mentaires les plus interessantes parvenues de nos Antilles a la Direction des Colonies. Parmi les racines, je recomniande tout particulierement a Tattention de la Societe le Canna gigantea, ou Toloman de la Guadeloupe, duquel on extrait une fecule susceptible, dit-on, de rivaiiser avec celle du Maranta arundinacea ou Dictame ; les Ignames jaunes^ dont les tubercules sont enparfait etat de germination ; le Curcuma ou Safran. Parmi les graines, les jooz's souche du Cap, d'Angole et de vingt mille francs; les doliques^ vulgairement connus sous le nom depots chique ou de Jerusalem, representent les espk*es varietes les plus estimees aux Antilles. J'ai fait dresser et je vous remets ci -joint une liste des articles dont se compose cette collection, avec quelques ren- seignements qui paraitront peut-6tre utiles a la Societe d'ac- climatation sur la maniere de tirer parti de ces produits exotiques. Agreez, etc. Le Conseiller d'Etat^ directeur des Colonies , Mestro. GRAINRS ET RACINES DES ANTILLES. '^ "^^^^ 447 /J iftJj ,n"'''i •' ■ COLLECTION de Graines potagdres et de Ravines allnientalres on proprea A rindustrle ponr la f>ioci6t6 d'accUmatation de France. 1" Cajanus bicolor, vulgo : Pois d'Angole (Martinique). 2° Id. Pelits pois d'Angole (Guadeloupe). Ce joli arbrisseau est tr6s r^pandu dans les contr^es chaudes du globe. 11 est depuis longtemps cultiv^ aux Antilles. II pr^sente de nombreuses vari^t^s distincles par la coloraiion des fleurs, par celle des gousses et des graines, et par la forme plus ou moins^largie, plus ou moins allong^e des gousses, etc. On le cultive en pi^ce ou en bordure autour des plantations de Cannes k sucre. Les pois d'Angole sont un aliment excellent et d'un usage fort r^pandu. lis sont comparables, pour la fines!>e de la saveur, aux meiileurs pois connus. lis gagnent beaucoup a ^tre manges tout frais cueillis. On les assaisonne au beurre avec un peu de sucre, comme les petits pois, ou tout simplement au lard. C'est une plante d'assolement; elle repose la terre et I'enrichit par ses feuilles; il faut lui donner autani d'es- pace qu'au mais. 3" Dolichos melanophthalmus {\Ar.),\u\%b : Pois c/ii(/ue (Guadeloupe). k' Id. Pois chique h peiites gousses (Martinique). 5° Id. id. h grandes gousses (id.). Volubiles, rapportent beaucoup ; se mangent cuits au beurre ou au lard. G° Dolique, vulgo : Pois de Jerusalem (Martinique). Croissent spontan^meut dans les bois. Se mangent en grains, cuits h Teau et au sel, et mis en salade. 7" Pois grand souche (Martinique), b' Pois petit souche (id.). Vivaces, ramants. Frais cueillis et cuits au beurre, ils sont sucr^s, fort estim^s. On en couvre des tonnelles ou treillis. 9° Pois de vingt mille francs (Martinique). Vivaces, ramants, trfes produciifs. On en couvre ^galement des tonnelles ou treillis. 10° Pois du Cap, petit blanc (ll^union). il" Pois du Capf grand blanc (id.). ] 12** Pots du Cap, marbr^ rouge et blanc (id.). Farineux, mais non sucr^s ; paraissent avoir, du reste, beaucoup d'affi- nit^ avec les pois souche. i'6" Pois savon blanc {Dolichos lignosus) (Guadeloupe). Parait fitre le mfime que le Pois petit souche de la Martinique. Get ar- brisseau volubile est tr^s r^pandu aux Antilles. II rapporte presque toute Tann^e et pr^sente de tr^s nombreuses vari^t^s qui different par le volume A48 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D^CCLIMATATION. des graines, par leur coloration, par la forme et la grandeur des gousses. C'est un bon aliment ; on le consomme Irais et rarement sec. iW Pots Boucoussou {Lablab vulgaris), blancs, noirs et bruns. Cette plante est cultivde h In Guadeloupe comme aiimcntaire. lille a de nombreuses varietes a graines noires ou blanches, a tiges volubiles ou non. Ce pois se recommande par sa fccondil^. II a une saveur un pen apre; cependant 11 est fort recherche des n^gres. A I'^poque de la lloraison, les fleurs exlialent une forte odeur de bouc. 15" Mat's jaune et rouge, 2 ^pis (Marlinique). 16° Sombo {Hibiscus esculentus) (id.) Excellent comme legume et comme Emollient. Jeunes et longs de 2 pouces & 2 pouces 1/2, les fruits du Sombo se mangent, bouillis comme les asperges, k I'huile et au vinaigre, ou avec un jus de citron, du sel et du piment; plus d^veloppes , on les coupe en rondelles d'un centimetre d't^paisseur et avec la plante appel^e Siguine, que Ton peut remplacer en Europe par des ^pinards, un peu de belle-dame et de poir^e, on fait une soupe appelde Calalon , fort estimde des indigenes, et dont les principaux assaisonnements sont le lard ou petit sal^, le beurre, les crabes et le piment ou poivre de Cayenne. U remplace avec avantage la graine de lin dansquelques-unes de ses applications. 17° Agati grandiflora ou Colibri vegetal (Martinique). Joli arbuste i fleurs roses ou blanches (suivant la vari(5t(5\ alTectanl la forme de I'oiseau dont elles portent le nom. 18" Feves de Tonka, 2 graines avec leur coque (Martinique). 19° Noix de fiancou/ (Martinique). Propres a faire de I'huile, produiles par un joli arbre d'une prompte croissance. 20° Torchon. Plante vivace et grimpanle, appartenant en apparence h la famille des cucurbitacdes. 'I'ous les terrains lui conviennent. Son fruit, arrive a matu- rity, d<5pouill6 de sa pellicule et de ses graines par un bon lavage, presente une sorte de tissu vegetal ressemblant a du brin clair ou a du canevas. On s'en sert aux Antilles comme d'une epongc ou d'un chiObn, pour laver la vaisselle, etc.; d'ou lui est venu son nom. 21" Cassia armata et Cassia occidentalis (Guadeloupe). Herbe puante des cr^ioles. Ces deux plantes ne scut pas ciiltivees ; elles croissent spontant^ment aux Antilles. Les graines sont recueiilies, torr^fit^es et mises en poudre. On en prepare une infusion cafdiforme fort agn'able, et que, dans la m^ecine vulgaire, on empioie avec une certaine efficacitf'' dans le traitement des fifevres d'origine palud^enne chroniques, et surtoiit dans celui de I'asthme nerveux. Cette infusion pourrait, en certaines occa- sions, fitre succ^dande de celle ducafc', et serait certes plus agreable que le caf^ de chicor^e. A ce litre, ces deux plantes peuvent appeler I'atteniion. 22° Potiron de Corfou (Martinique). ., 23° Courge-cornichon (id.). GRAINES ET RACINGS DES ANTILLES. A/j9 lli' Coiirge-calebasse (Marlinique). Dans les colonics, prcsque, tons ces fruits servent h faire des plats sucr^s, lorsqu'iis sont parfaitement mQis. 26° Giraumon rond, a cdtcs, jaune piiic (Martinique). 26" Giraumon, id., vert, peau rugueusc, id. 21" Giraumon vert, niarbr^ dc petiles taciies blanches, id. 28° Courge-Poire, jaune, a tfite verte, id. 29° Potiron-Monkeybotom ou Cul-de-Singe, id. Les giraumons proprement diis sont les plus estim(5s et Ics plus sees. On les mange, coupes par morceaux non pelc'-s, et cuils dans I'eau et le .sel, en guise de pain ; ou bleu on ieur fait subir une seconde preparation pour les convertir en uiratimonade , .sorie d'entremets sucr6 fort ddlicat. On ^crase alors le giraumon, cuit comme nous I'avons dit, aprcs Tavoir d(5pouill6 de sa peau, puis on y ajoute du lait sncr^ avec un pen de beurre et de can- nelle en poudre, et lorsqu'il a cuil a la consistance de gateau de pomme de terre, on le verse dans un plat, et on le glace avec du sucre et un fer chaud. Le giraumon cuit au sel est recommand«5 par les m^decins dans les cas de rougeole. C'est une nourriture trfes sainc et qui facilitc Tdruption. Pour se conserver longtenips, les giraumons ne doivent fitre cueillis que lorsque la peau r^siste a la pression de I'ongle et mfime du couteau. 30" Gingembre (Guadeloupe). Excellent digestif. On n'en tire aucun parti dans les colonies frangaises. 31° Curcuma ou Safran (Guadeloupe). N'a d'autre application dans les colonies que remploi qu'on en fait pour raviver les nuances des mouchoirs de Madras. Dans I'lnde, on le fait entrer dans la composition de la poudre a canon. 32° Arachides ou Pistaches de terre (Gor^e). Ind^pendaniment de I'huile qu'on en retire , ces araandes servent aux Antilles a faire d'excellents nougats, en forme de tablettes ou grosses pas- tilles, et des caramels. On pourrait aussi en faire d'excellentes drag^es. Pour toutes ces confiseries, il faut que les pistaches en coques .soient pr^alable- ment l^gtrement torreO^es dans un podon avec du sable ou du gres en poudre pour les empt^cher de brdler. On s'aperqoit ais^ment du point de cuisson convenable en en mangeant une. Si on retrouve le godt cru, il faut pousser un pcu plus la torr^faction , niais jamais au point de noircir Tamande. 33" Maranta juncea ou Topinambour (Martinique). Ces lubercules se raangent lels qu'ils sont, cuits a Teau et au sel , aprfts avoir pass^'. quinze ou vingt minutes dans Peau bouillante. La planle se re- produit de rejetous. 3i" Ignames jaunes (Guadeloupe). 35" Ignames rouges, id. Comme loutes les racines de ce nom, elles se mangent coupees par mor- ceaux de deux doigts d'^paisseur, cuits au four ou sous la cendre, ou bien par morceaux de trois doigts d'^paisseur (en parlageant en deux les ron- T. HI. — Septembre 1856. 29 A50 SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQL'E d'aCCLIMATATION. delles, quand le diametre est de 6 a 8 pouces ), pelees et cuites h I'eau et au sel on avec un niorceau de lard. Les jaunes ont im pen d'amertume; elles sont presque saiivagcs. Les blanches se font cuire ^galement bien en pui^e, avec du beune et du piinent ; la puree se fait tout nalurellement en pous- sant la cuisson et en ^crasant un pen les morceaux d'igname. On ne plante ordinairement que la lete on les extremites inf^rieures, lorsque la v^g^tation s'y manifesie par des gennes. Pour planter IMgname il suffit d'un morceau de 2 on 3 ponces cubes. On a soin de fouiller nn trou de 2 on 3 pieds de profondeur, suivant que Tespece donne des racines plus on moins fortes et longues. La terre doit etre tres l^gere et mel^e de feuilles on de fumier d'(5curie pour I'empecher de tasser trop vite, afln que la racine puisse se developper. On leur donne des rames. 36° Couscouches (Guadeloupe). La plus delicate de toutes les racines alimentaires des Antilles. Se plante comme les ignames, mais avec des trous moins profonds. (Les derniers specimens sont petits et en manvais ^tat.) 37° Malanga (Guadeloupe). Cette racine se nomme Gliou-Carai'be, ci la Martinique, oil elle complede nombreuses vari(5tes, diff^ranl entre elles par leur plus on moins de gros- seur, par la nature on la couleur de leur chair , par la largeur de lenrs feuilles et la couleur de leurs tiges qui sont jaunes, vertes on violettes. On les plante en qniiiconces, dans des trous de la largeur de la pelle, h 2 ou S pieds d'intervalle, suivant que I'espfece est plus ou moins vigourense. Le sol doit filre prealablement bien ameubli. Le Chou-Caraibe de la Martinique on Malaga de la Guadeloupe , est cultive comme planle alimentaire. Ses tubercules cylindriqnes sont trfes riches en fecnle. On les mange peMs et cuits en tiers avec du lard, comme les ignames. On en fait anssi des purees excellentes comme avec les pommes de terre. La cuisson fait disparaitre un principe acre et volatil que contient toute la plante. Le Malanga ou Chou- Caraibe est un aliment sain, gen^ralement cnltive et variant I'alimentation des habitants du pays. De toutes les plantes f^cnlif^res des tropiques, c'est pent-6tre la plus riche en amidon. La f^cule est tres blanche, fine el fort agr^able. La plante se reproduit par tubercules. 38" Toloman [Canna gigantea) (Guadeloupe). Le Toloman est une plante de la famille des cannac^es. II se fait remar- quer par I'^logance de son port et la beaut«5 de ses fleurs d'un longe ^cla- tant. 11 est culiive a la Guadeloupe pour ses tubercules qui sont aUmentaires. On les mange cuits dans de I'eau et du sel comme les pommes de terre. lis renferment une f^cule tr^s abondante, d'une extraction facile, et dont les grains sont d'une grosseur considerable. Cette I'^cule pourrait donner lien arriver a un triomphe complet. » M. de Morteaux signale aussi la sangsue comme un ennemi mortel des jeunes saumons. — M. Kaufmann, membre de la Societe, ecrit de Berlin pour annoncer la creation d'une Societe allemande d'acclimatation dans ce pays. M. Kaufmann joint a sa lettre un exemplaire de la circulaire qu'il a repandue en Prusse, pour faire un appel a ses concitoyens, pour la fondation de cette Societe (voyez le numero precedent du Bulletin^ page A13}. PROCES-VERBAUX. /l63 — M. le secretaire doime lecture d'une lettre de MM. Deneux et Lelievre, d'Amiens,en date du 28 juillet, qui temoignentde leur bienveillant empressement a transmettre a la Societe tous les renseignements qu'elle leur a demandes sur Temploi industriel qu'on fait en Angleterre et en France des poils de Chevres d' Angora. La Societe recevra prochainement tous les documents qu'il leur aura ete possible de reunir sur ce sujet. — M. Guerin-Meneville communique au Conseil une lettre de M. Dorel , (jui lui apprend son prochain depart pour la Syrie et le Liban, oii il est envoye par le deparlement de TArdeche et la Commission des soies de Lyon, pour s'assurer si la maladie a sevi dans ces pays comme en Europe, sur les vers a soie, et se procurer, dans le cas contraire, la plus grande quantite possible de graines. — A cette occasion, M. Tastet, appuyant les observations presentees par M. Guerin-Meneville, sur la degenerescence de nos races indigenes de vers a soie, depuis plusieurs annees, renouvelle le voeu qu'il a deja exprime, que la Societe insiste aupresdeMM. lesMissionnairesetde ses autres correspondants en Chine, pour obtenir de nouveaux envois de graines de Vers a soie sauvages du ch6ne. Renvoye a la quatrieme section, dont M. Tastet est vice- president. Le Secretaire du Conseil, Guerin-Meneville. 464 SOCIETIE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. IV. FAITS DIVERS. — Li Societe allemande d'aeclimatation , fondle a Berlin le 31 juillet (voy. p. Zil3), vient d'exprimer, par I'organe de son del^gu^, M. Kaufmann, le d^sir d'etre aflilit^e a la Soci^to impt^riale d'aeclimatation. Le Conseil, dans sa stance dii 26 seplembre, s'est empresse de lui conferer ce tilre, et de faire faire a la nouvelle Soci^t^ an premier envoi de graines. Dans la meme stance la Societe des sciences naturelles et archeolo- giques de la Creuse,h Gu^ret. a ^16 admise an nombre des Societes agr^g(5es. Lenombre dessoci^t^s rattach^es ci la Societe impdriaie d'acciimatalion, commeaffili^es (societes d'aeclimatation), on agregees (socielesscientifiqiies, agricoles, indastrielles,^conomiques,etc.), s'el^vea 23, savoir: 10 en France, 1 en Allemagne, 2 en Italic, et h en Suisse. A ces soci^t^s doiveiit etre ajout^s les 11 coniit^s d'aeclimatation des Colonies francaises, de I'Egypte et duSoudan. — Le Conseil a d^cid^, dans sa sdance du 26 septembre , que MM. les membres de la Societt? auraient a I'avenir, la faculty de transmeitrea leurs confreres et au public, par la voie du Bulletin, les propositions d'^change qu'il leur paraitrait utile de faire, dans I'intdret de leurs essais d'aeclimata- tion, de culture et de multiplication, soit d'animaux, soit de veg^taux. la Societe, en donnant a ces ^changes le concours de sa publicite, n'inier- viendra d'ailleurs en rien dans leur negociation. Nous commencons dfes aujourd'hui I'execution de cette decision, en indi- quant les doubles etles desiderata des deux beaux jardins zoologiques cr^^s h San Donato, par M. le prince A. de Demidoff, et h Saint-Aiidr^ de Fontenay, prfes de Caen, par M. Le Prestre. BULLETIIV DES ilCHAlMGES PROPOSES PAR LES MEMBRES DE LA SOCIETE IMP^RL\LE d'ACCLIMATATION. M. Melchior, pour M. le Prince A. de Demidoff, h San Donato, pres Florence. M. Lb Prestre, a Caen. OFFERTS. DEMANDES. Mamm. — Ane du Maroc, 3 fern. — Axis, 2 in. — Nil-Gaut, m. — Gazelle, 2 m., 4 fem. — Ghevre d'Afrique, m. elf. — Mouflon de Sardaigne, 2 m. — Mouflon a manchettes, 3 ra., 7 f. — Mouflon croise, 2 f. — Mouton croiso de Syrie, 3 m. — Zebu de I'lnde, m. — Kangurou de Bennett, m. OiSEAUx. — Faisan argente, 8 m., 4 f. — Poule-Sultane, m. etf. — Cygne (C. olor), 2 m., If. — Canard de la Caroline, 1 m., 7 f. OlSEAUX. — Faisan dore, m. et f. — Faisan argente, m. et f. — Hocco, m. — - Cravant, ni. et f. — Oie rieuse, m. et f. — Canard russe (blanc). — Canard siffleur, m. et f. — Tadorne, ni. et f. — Pilet, m. f. Mamm. — Alpaca, m.etf. — Cerfde I'Atlas, f. — Antilope pourpre, m Mouflon d'Espagne, m. — Kangu- rou de Bennett, f. OiSEAUX. — Tourterellehuppee.f.- — Pigeona tele bleue d'Amerique, f — Hoccoapoit.noir(C. globicera) f. — Hocco a poit. marron (C. ruA bra), m. — Faisan dore, 2 f. — Faisan -versicolore, f. — Heron commun, f. — Spatulo, f. — Oie de Guinee, f. — Oie des moissons ni. — Oie rieuse, f. — Canard mandarin, f. — Tadorne, f. — Sar- cells d'cte, f. — Bernache, f. — Oie d'Egypte, m. Mamm. — Mouflon a manchettes, m. ct f. — Mouflon de Sardaigne, ni. ct f. Pour les fails divers, Le Secretaire du Conseil , Gor^RlN-Ml^NEVILLE. AMELIORATION DES CHF.VAUX DK l'aLGI-IRIR. 465 I. TRAYAUX DES HEMBRES DE LA SOCIETl AMELIORATION DES CHEVAUX DE L'ALGERIE TROISIEME LETTRE AORESSEE A H. LE PRESIDENT DE LA SOCI£t£ IHP£r1ALE ZOOLOGIQUE b'ACCLlllATATlOIl Par m. BERNI8 , V^Urinaire principal de I'armee d'Afrique, Membrc Ac. la Sociclf' irapcrialo d'acrlimatation (1). Monsieur le President, J'aurail'honneurde vous entretenir aujourd'hui dequelques questions d'hygi^ne relatives auxanimaux utilises poui-rarmee d'Afrique, apres leur achat et pendant la duree de leur service. Les jeunes chevaux et les jeunes mulcts de remonte sont mis a part et bien soignes. Dans les corps qui les re^oivent, on a compris que ces animaux ont besoin de se developper, de prendre du grain, comme on dit generalement ; ilsont a lutter contre un changement presque subit d'alimentation et d'habi- tudes \ il faut done que des precautions soient prises, afin que cette transition necessaire s'opere avant qu'ils soient mis en service actif. Les conditions de repos sont un point essentiel pour atteindre le but propose. Les corps de cavalerie sont tellement convaincus des graves inconvenients qui resuitent du manque de liti^re et des bons efl'ets qu'elle produit pour faciliter ce repos, que par- tout on fait tout ce qu'il est possible pour que les animaux puis- sent ^tre convenablement couches. Le dys, Talfa, les grandes herbes de toute nature, enfin tout ce qui peut servir de liti^re est mis \ contribution ; mais tout cela dure plus ou moins, selon (1) Pour les premifere etdenxleme Lettres, voyez pages 321 et 369. , T. in. — Ortobre 18^6. 30 A86 SOCI^.Tl^: IMP^.RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les localites et le temps dont on peut disposer pour t'aire pro- vision de ces diverses plantes : aussi la plupart des animaux, pendant une grande partie de I'annee, malgre le bon vouloir des ofiiciers, sont obliges de dormir debout sur un terrain dur et le plus souvent tres inegal. Quelquefois ils se couchent, mais rhumidite du sol, sa durete et sa grande inegalite, leur font eprouver un malaise qui les force bientot a se lever. C'est surtout apres des journees de fatigue que les chevaux et les mulets ont besoin de reposer pendant la nuit ; pour que le repos atteigne le but que la nature lui destine, un sommeil paisible est un auxiliaire indispensable. Pendant ce sommeil, toute la vie reste concentree sur les visceres interieurs ; le cliyle est abondant par une bonne digestion ; les contractions du cceur sont lentes, mais fortes ; la respiration est aisee, I'he- matose complete, et un sang riche en principes reparateurs est apporte aux organes. Avec une bonne litiere, les animaux dorment bien ; sans litiere, ils sont en quelque sorte forces de dormir debout en se soutenantsur trois extremites seulement, tandis que la (juatrieme n'est pas tendue, ce qui leur permet quelquefois de les reposer alternativement toutes les quatre •, mais ordinairement ce sommeil est inquiet, agite, et par cela seul il fatigue plus qu'il ne calme. Ensuite il resulte de cette station prolongee sur un terrain dur et inegal, des molettes, des vessigons, des exostoses, une grand fatigue de Tappareil ten- dineux des membres, Tirritation des abouts articulaires trop longtemps comprimes, des maladies internes dont on cherche ailleurs la cause, Tincurabilite de certaines affections ou une guerison plus difficile, plus longue, et qui occasionne degrandes depenses en medicaments. Le bien-etre que la litiere procure aux chevaux et aux mu- lets doit faire considerer son usage comme un moyen bygie- nique de premier ordre, non-seulement au point de vue sani- taire, mais encore au point de vue economique. Ce moyen bygienique, mis en pratique d'une maniere convenable, donne incontestablement a ces animaux une plus longue duree de service et une plus grande aptitude a ce service. Les avantages que Ton retirerailde son eniploi sont assez considerables pour Vi'liMteLlOBATlON DKS CHKVAfcX t)K L'ALh^hllE. 46"^ 6tre mis en rapport avpc les depenses (piMl necessiterait. Je suis persuade (pie TEtat, en mettant la litiere dans ses distri- butions regleiHenlaires, rentrerait largementdans ses debours^s par une moins grande consonlmation de chevaux et de muleU, et les corps de cavalerie auraiertt des animaux capables de faire un meilleur service. Dans les ecuries sans litiere, le sol qui est pres de la man- geoire est ordinairement moins inegal et moins humide que celui qui en est eloigne d'un metre et demi a deux mifetres. Ajoutez a cela une pente Irop rapide de certaines ^curies, et nous aurons les deux causes principales qui portent les (Che- vaux et les mulets a se rapproclier de la mangeoire et a s'y placer parallelement a sa direction. Ce sont en general les plus forts qui prennent cette position, soit pour soulager leur ar- riere-main, soit pour se reposer plus a I'aise et dans de meil- leures conditions. Un animal nepeut se placer ainsiqu'en usur- pant la place de ses voisins, usurpation qui les prive de repos pendant tout le temps (ju'elle dure. Pour eviter cet inconvenient, il a ete souvent question du barrage par un, par deux ou par trois individus. On reproche a ce systeme de rendre les ani- maux mecbants. Ce reprocbe est-il fonde? je ne le pense pas ; mais il me semble (|ue des ecuries en pente douce et mutlies d'une bonne liliere seraient preferables au barrage. Si le repos dans de bonnes conditions est necessaire aux ani- maux des corps, une alimentation convenable ne leur est paS moins indispensable. Dans nos regiments d'Afrique, plusieurs cbevaux et plusieurs mulets indigenes acquierent difftcilement un developpement musculairesalisfaisant. On enlend souvent dire que qualre kilogrammes d'orge et quatre kilogrammes de foin ne forment pas une nourrituresuf- fisante pour ces animaux, et que c'est a cette cause qu'il faut attribuer le defaut de developpement observe. Tout porte ^ croire qu'il n'en est pas ainsi. Parlout ou ces chevaux et ces mulets sont dans de bonnes conditions bygieniques, la ration reglementaire, quand elle nest pas avarice, leur suffit pour s'entretenir et se developper. C'est done ailleurs qu'existentles causes qui mettent obstacle a cet entretien et a ce developpe- A68 SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. meiU. Je lestrouve principalement dansrinegalite, rhumidite et la durete du sol des ecuries sans litiere, et dans la maniere dont les rations sont distribuees. J'ai parle plus haul de cette premiere cause 5 un mot sur cette derniere. A part quelques rares exceptions, voici comment cette dis- tribution a lieu : Apres le reveil on donne un tiers de foin ; de sept a huit heures du matin, la moitie de la ration d^orge ; a. onze heures du matin on distribue un autre tiers de foin •, vers trois heures apres-midi, on donne Tautre moitie de la ration d'orge ; et a I'entree de la nuit, le restant du foin. II resulte de cette maniere de faire la distribution, que I'as- similation de la plusgrande partie des principes alibiles conte- nus dans la ration doit avoir lieu pendant le jour, et personne n'ignore que c'est le moment le moins favorable a cette assimi- lation. La lumiere, les odeurs, le bruit, les objets, la chaleur, les insectes, le pansage, les manoeuvres, les corvees de toute nature, etc. , provoquent dans I'organisme certains mouve- ments qui sont un obstacle au principe reparateur et assimila- teur. Le contraire a lieu pendant la nuit. Je serais done d'avis d'operer quelques changements dans la distribution de la ration. Voici ces changements : De sept a huit heures du matin, un kilogramme d'orge ; vers midi, un tiers de foin ; de quatre a cinq heures du soir, trois kilogrammes d'orge. Dans Tartillerie, le genie et le train des equipages, on suivrait les m6mes proportions pour la ration des chevaux et des mulcts frangais. Je connais plusieurs officiers qui ont admis pour leurs che- vaux ce mode de distribution, et qui s'en trouvent tres bien. Inutile d'expliquer qu'il tire son origine d'un vieux dicton tres repandu et que Ton peut traduire ainsi : Les substances ali- mentaires donnees le matin sont bien loin de prodnire d' aussi bons effets que celles qui sont donnees le soir, a I'entree de la nuit, DE LA FERRURE. Malgre tout cequi aete dit et ecrit sur la ferrure, on n'a pas accorde a cette operation toute I'importance qu'elle merite. AMl^LIORATION DES CHEVAUX UE l'aLG^RIE. A69 Un cheval ferre a neuf ne suggore ordinairement d'autre pensee quecelle qii'il aura besoin d'etre rei'erre dans un temps plus ou moins eloigne. On ne songe pas assez a I'influence de chaque nouvelle ferrure, selon qu'elle a ete bien ou mal faite. Tous ceux qui s'occupent de la marerbalerie avec un esprit observateur savent tres bien que cette influence se fait senlir d'une nianiere bien marquee sur la conformation et I'integrite des sabots, sur les membres, sur les aplombs, et, dans quelques circonstances, sur tout I'organisme par une espece de reaction nerveuse occasionnee par les souffrances du pied. Que de che- vaux chez lesquels une ferrure intelligente conserve ou rec- tifie les aplombs, consolide les membres et prolonge leur duree! mais aussi ([ue de chevaux faibles des extremites, boiteux, promptement ruines par suite d'une mauvaise ferrure ! Deux chevaux, dont I'un sera loujours ferre d'apr^s les bons principes et dont Tautre sera continuellement mal ferre, auront, toutes choses egales d'ailleurs, une duree tres inegale de bons services. J'ai etc a m^meplusieursfois de m'assurer de la verite de cette assertion, et de ccnstater que cette inegalite est plus d'un tiers a I'avantage des chevaux bien ferres. L'Etat a done un grand inter^t a ce que la ferrure se fasse de la meilleure maniere possible. Est-il dans la bonne voie pour arriver a ce resultal? Je ne le pense pas. Malgre la surveillance du capi- taine instructeur el du veterinaire, malgre le cours de mare- chalerie professe dans chaque regiment, cette operation laisse encore beaucoup a desirer, et il en sera toujours de m6me, si les reglements militaires qui regissent les marechaux ferrants ne sont pas changes, de maniere que les corps soient pourvus d'hommes eclaires sur leur metier, convenablement instruits sur Tart de leprofesser avecdiscernement. Parmi les maladies causees par une mauvaise ferrure , je crois devoir signaler Tune des plus graves, et qui se remarque surtout dans les che- vaux de sang noble : je veux parler de Tencartelure. Cette maladie est caracterisee par un resserrement conside- rable des talons. A part quelques rares exceptions, elle a son siege aux sabots des membres anterieurs. Le cheval qui com- mence a 6tre encartele pose ses pieds avec crainte et comme Zi70 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. s'il marchaitsur des epines. La g6ne qu'il eprouve se propage aux rayons superieurs des niembres, et fait dire souvenl quil est pris des epaides. Un exercice de quelques instants faitdis- parailre cette g6ne et les mouvements deviennent libres, mais elle reparait apres un repos de quelques minutes. Lorsque I'encartelure est poussee plus loin, il se declare une veritable boiterie qui augmente a mesure que le raal s'accroit, et fmitpar devenir tellement forte, que Taniraal est incapable de rendre le moindre service. Les cbevaux fins ont la fibre serree et les os tres lourds, com- parativement a leur grosseur. Chez ces animaux, le sabot de petite dimension est la consequence naturelle de cette densite des tissus. Ce peu de volume du pied est la principale cause predisposante de I'encartelure. Les causes determinantes les plus ordinaires de cette maladie sont la ferrure, surtout celle qui est appli([uee a des animaux tropjeunes, celle qui allonge le pied et qui provoque le serrement des talons. Le premier soin pour prevenir Tencartelure, c'est d'appliquer la premiere ferrure le plus tard possible , et de laisser- les animaux deferres toutes les ibis que les circonstances le per- mettent. Lorsque I'encartelure est declaree, je fais usage depuis long- temps d'une medication qui guerit tres bien cette maladie. Cette medication consiste dans Tapplication d'un cataplasme emollient et tiede sur les parties laterales et posterieures du sabot malade. Ce cataplasme, que Ton renouvelle soir et matin, produit un gonflement permanent du bourreletdu sabol.L'ac- croissement de la corne de la muraille ayant lieu du bord su- perieur aubord inferieur, il resulte de ce gonflement unepousse plus large de corne qui finit par donner au sabot des dimen- sions ordinaires. C'est une question de temps plus ou moins long, suivant la gravite du mal. Pendant la duree de ce traitement, je laisse autant que pos- sible Tanimal deferre, et je fais faire des promenades sur un terrain doux et uni. Le cataplasme est enleve avant les pro- menades et remis en rentrant a Fecurie. II ne faut cesser son application que lorsque la g6ne du pied a disparu et que les AMELIUKATIUN liUtt CHKVAliX DK i/aIXEKIE. 471 talons ont accjuis une largcur convenable. On comprendrasans peine que la mise en pratique de ce moyen curatif pendant huit jours, et la cessation pendant huit autres jours, feraient naitre sur la paroi des sillons transversaux que Von doit evitef. '" La fourchette est tenu tres propre •, et s'il ne faut pas irop la raniollir, il est utile que rien ne vienne s'opposer a son elar- gissement. Le cataplasme dont je me sers contre I'encartelure est fait avec du figuier de barbarie. Je fais bouillir les feuilles les plus grasses, je les ouvre comme un Uvre, et j'en applique la face interne sur la partie malade. Ce traitement a aussi un plein succ^s comme moyen preser- vatif de I'encartelure. Je I'emploie sur des poulains qui ontde tres petits sabots et une nature de come qui rend la ferrure in- dispensable.On se sert de ces animaux comme s'ils ne suivaient aucune medication ; seulement ils conservent le cataplasme pendant tout le temps en dehors de leurs exercices. Peu a peu la corne devient de meilleure nature et les pieds prennent un volume ordinaire. Tels sont, monsieur le president, les moyens hygieniques employes ou ((ue je croirai devoir mettre en usage pour les animaux utilises a I'armee d'Afrique. Le temps ou notre bril- lante colonie pourra fournir de ces animaux, non-seulement pour ce service de I'Algerie, mais pour celui de la France, ne me parait pas eloigne. Si un jour la science pratique des Buffon, des Linne, des Daubenton, science que la Societe im- periale d'acclimatation cherche a repandre , vient eclairer I'Afrique frangaise, ses ressources sur la production animate de toute nature seront bien plus etendues que nous ne sau- rions le prevoir. J'ai Thonneur d'6tre, etc. Bernis. /i72 SOCIETE IMFERlALt; ZOOLOGIQLK u'aCCLIMATATION. NOTE SUR LES VERS A SOIE DITS TREVOLTINI QUI ONT FOURNI L'ANNEE DERNIERE UNE DEUXIEME EDUCATION DIRIGEE PAR M'l^ CAROLINE DE SUSINI, A SARTENE (Corse), Par HI. le Vicomte DE SUSIIVI, President de la Societe d'agricultiire de Sartene, Membre dee Societes imperiales centrale d'agriculture et zoologique d'acclimatation de France, Vice-President de la Societe imiverselle de Londres. J'ai deja eu I'honneur d'entretenir la Societe de la race de Vers a sole que la deuxieme education si heureusement operee, I'annee derniere, par mademoiselle de Susini, ma parente, nous autorisait a considerer comme appartenant a celle connue en Italie sous le nom de Trevoltini, et j'ai donne communica- tion du journal tenu par madame de Susini, nee Soulavie, sur ce travail qui n'avait dure que vingt-neuf jours. *. J'avais espere, a mon retour a Sartene, vers la fin de juillet dernier, trouver la graine provenant de la premiere education de cette annee, et qu'on me disait avoir ete obtenue dans les meil- leurs conditions possibles, eclose, ou bien pres de nous mettre a m6me de commencer une nouvelle epreuve, et je me lelicitais a I'avance du plaisir que j'aurais a annoncer a la Societe un succes qui me semblait infaillible, et que je regardais comme une conqu^te de la plus haute utilite pour notre pays. Malheureusement, je n'ai, sous ce rapport, que des regrets a exprimer. Le journal ouvert par ces dames, a dater du 16 juillet, jour ou, quelques Vers ayant ete trouves eclos spon- tanement etmorts, elles soumirentleur graine aun moded'in- cubation recommande par le savant M. Robinet, constate que pas un seul sujet n'a eclos pendant les quatorze jours qu'a dure ce regime, et que le resultat n'a pas ete plus satisfaisant depuis que, revenant au moyenvulgairement employe dans les petites educations en Ualie, et qui, jusqu'ace jour, nous avait VBRS A SOIE. h7^ toujours reussi, elles ont doniie cette graine a une femine pour la porter sur son sein. Aujourtrhui, 17 aoiit, rien encore n'a paru s'emouvoir. Cependant les embryons semblent 6tre dans un etat normal dans leur coque, ainsi que MM. Robinet et Guerin-Meneville, a qui j'ai fait passer quelques oeufs par la Societe imperiale et centrale d'agriculture, peuvent s'en assurer, en m6me temps qu'ils seront a m^me de comparer cette graine (provenue de ceile qui, apportee d'llalie comme graine deTrevoltini, a fourni deux educations successives en 1855, et une troisieme, com- pletement reussie au mois de juin dernier) avec celle produite par la race ordinaire distribuee par notre Societe d'agriculture, et n'ayant donne qu'une seule education par annee. II est a remarquer, en passant, que pas un seulVer de cette derniere espece n'a rompu sa coque, au moment de I'eclosion des autres, quoique les deux graines se trouvassent placees dans des conditions tout a fait identiques. Je me perds en conjectures, sans pouvoir me rendre un compte satisfaisant des causes auxquelles nous devons une si penible deception 5 car I'education du mois de juin avait par- faitement reussi; les papiilons reproducteurs etaient pleins d'ardeur, et I'accouplement a ete suivi d'une ponte reguliere et abondante, dont les oeufs presentent I'aspect le plus rassu- rant, sous le rapport de la forme, de la couleur et du poids. Sans done renoncer a la conviction que nous avons opere, jusqu'a present, sur cette race privilegiee, je crois que les m6mes causes qui ont si facheusement agi sur les eclosions au printemps dans le Midi de la France, apres nous avoir epargnes dans cette saison, se sont enlin reproduites cheznous et y ont eu les m6mes effets. Cette perte est a deplorer, au double point de vue du decou- ragement qu'il peut jeter dans un pays ou I'industrie sericicole est encore a I'etat d'essai, et de ladifficulte de se procurer de la graine de cette race pour reprendre Texperience 1' annee proclmine. Ensuite vient le regret d'etre oblige de renoncer, apres un succes obtenu par tant de peines et de perseverance, a Tespoir d'ouvrir a notre pays une source si feconde de travail h7k SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et de prosperite: car, quoi qu'en puissent dire quelques-uns de DOS compatriotes, et precisement par les m6mes molifs qu'ils donnent pour combattre les deuxiemes educations, ou educa- tions multiples, je persiste a croire que, s'ilexiste reellement une race de Vers pouvant se reproduire deux et trois fois dans la meme annee^ la propagation doit en 6tre tentee, et m6me genereusement encouragee en Corse. Les principales objections presentees Adii\?>XObservateur de la Corse, par I'un d'eux, en reponse a un article du Moniteur^ auquel, du reste , je suis tout a fait etranger, sont les sui- vantes : !•* Le danger d'une double cueillette de feuille, operee sur le m6me arbre ; 2° Teffet de la secheresse sur les Vers a soie et sur les feuilles elles-mt>mes. Quant a la premiere, nous n'avons qu'une chose a repondre : c'est que nous n'avons pas eu a nous en preoccuper, parce que Hops n'en avops pas eu besoiq dans Teducation dont il s'agit; et il en sera longtemps de m6me, selon nous. 1° Le peu de graine mis a la disposition de la Societe n'exige Temploi que de fort peu de feuille, en proportion du nonibre de muriers en plein rapport qui existent dans le pays. 2° Comme cette Industrie est tout a fait nouvelle, et que la population, outre qu'elle s'aventure difficilement dans la voie des innovations, est peu nombreuse, nous aurions eu, sans doute, beaucoup de peine a placer une plus grande quantite de graine, et il est difficile de prevoir Tepoque ou cet etat de choses pourra s'ameliorer. 3" Si les bras sont rares, la feuille est aussi trop eloignee de la ville pour que, m6me en la recevant gratuitement, beau- coup de femmes veuillent prendre la peine d'aller la cueillir et la rapporter. A" L'absence de tout local approprie a ce travail, pour lequel il faut deplacer une partie de la famille pour faire une educa- tion d'une once, s'oppose et s'opposera longtemps a ce qu'il puisse s'operer sur une grande echelle. La seconde objection porte sur les effets pernicieux de \^ chaleur sur les Vers et sur la feuille. Quant aux Vers, tout le monde sait que c'est plutot a la .■rjJitiiritu..,M^ VERS A soiE. 476 tmff$^ causee par I'immobilite d^un air lourd et brCilant (|u'a rintensite de hi clialeur solaire anleiieure, que sont dus les desastres qui survienneut au moment de la montee des Vers, et que les temps froids et humides ne leur sont pas moins fu- nestes, pendant loute la duree de reducalion, par les maladies d'un autre genre qu'ils engendrent. Le journal tenu Taimee derni^re par ces dames prquve que I'eclosion de ces Vers (je ne saurais trop Ic repeter) a eu lieu spontanement et simulr tanement le 22 juillet, a une temperature de 20° U., qui s'est maintenue a une moyenne de 19 degres, du 28 juin, jour de la ponte, au 22 juillet, jour de Teclosion ; tandis que ni chez elles, dans la m6me chambre et dans toutes les monies conditions, et par une chalpur caniculaire, ni chez aucune des autres personnes qui avaient de la graine fournie par la Societe d'agri- culture, le m6me phenomene ne s'est reproduit \ que la seconde education s'est operee, sans aucune perte ni dechet, au milieu des difficultes si redoutees de mon contradicteur, et que les cocons qui en ontete soumis a Texamen de la commission de la Societe centrale d'agriculture ont parfaitement soutenu la comparaison avec ceux provenant de la premiere. La non-eclosion de cette annee ne prouve done rien contre le syst^me des educations multiples. Quant a la I'euille, que M. de Soli croit devoir se laner aussi- t6t apres la cueillette, lorsqu'elle a lieu a I'epoque des grandes chaleurs^ et ue pouvoir etre rongee par les Ve?'S, je conviens avec lui que, si on la cueille au moment le plus chaud dela journee, lorscju'elle est briilante et que le soleil en a absorbe ou coagule tons les sues, elle sera d'une mastication difficile, sinon impossible-, mais ce n'est point ainsi que nous avons opere. La feuille a etc cueillie, ou le soir, apres que le vent qui descend periodiquement des mpntagnes, apres le coucher du soleil, et qui produit un changement tel dans la temperature, que touthomme (jui y reste expose court ris(jue de prendre ces ti^vres si tenaces (jui minent, chaque annee, nos populations, ou dans la malinee, apres (jue la rosec est evaporee. Alors la feuille, transportee a domicile, conserve sa fraicheur une grande partie de la journee, si elle est placee dans un lieu frais, sombre, 476 SOCIEITE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. et traverse par la brise fraiche que la mer nous envoie regu- lierementaussi, tous les jours, tie neuf a dix lieures du matin, etquine cesse de souffler qu'au eoucher du soleil ; phenomene qui nous est commun avee beaucoup d'autres iles. Le m6me journal constate encore que, I'ete dernier, I'at- mospbere a subi de violentes variations a I'exterieur ; que le tonnerre a gronde, et in6me eclate tres pres de la ville, et que Dependant I'education a merveilleusement reussi ; et il aurait pu ajouter, si ma memoire est fidele, que bien souvent il a fallu passer une partie du jour ou de la nuit a secher les feuilles une par nne, pour pouvoir donner le repas, soit par suite des pluies, soit par Teffet des rosees toujours abondantes a cette epoque ; tandis que jamais il n'a ete mis au rebut d^autre feuille que le peu qui en restait apres I'arrivee de la nouvelle. Mais, malgre ces changements subits et momentanes, le temps a ete plus generalement egal et beau que pendant I'education du printemps. Aussi celle-ci a-t-elle dure vingt jours de plus ; ce qui m'autorisaita dire a la Societe d' agriculture, dans malettre du 27 aout 1855 : « II serait cependant d'un inter6t d'autant plus grand pour la Corse, que cette circonstance fortuite nous mit sur la voie d'un si grand progres, que ces educations etant moins soumises aux frequentes et subites variations du prin- temps, elles peuvent s'operer dans un laps de temps beaucoup plus court que les premieres. » L'article de M. de Soli s'appuie sur des opinions bien res- pectables, sans doute, et devant lesquelles je suis habitue a m'incliner, lorsqu'elles sont sur leur propre terrain, Aussi, quand le celebre Dandolo parle de I'ltalie , le savant comte de Gasparin des parties de la France ou des pays etrangers pour lesquelles il a ecrit, apres les avoir etudiees, ainsi que les eminents professeurs Moll et Robinet, de qui j'ai eu souvent le bonheur d'apprecier les connaissances pratiques, je comprends leurs theories et crois aveuglement a la justesse de leurs obser- vations. Mais, lorsque ces m6mes observations sont appliquees par un tiers, dans d'autres circonstances de lieu et de climat, je les crois susceptibles de modifications, et je me crois en droit de repeter avec ces savants educateurs eux-mt>mes, et VERS A SOIE. 47^^ avec tous les agronomes qui ont ecrit serieusement sur ces matieres, qu'il n'est pas de rogle tellement inflexible qui ne puisse se plier, sur certains points, dans son application, en raison de la difference des conditions ou se trouve le sol sur lequel on veut operer. Je crois surtout qu'il est du devoir et del'inter^t de tout cultivateur, de tout educateur, defairedes experiences sur ces m^mes principes, afin de leur donner toute leur puissance et d'en lirer tous les avantages qui peuvent en ressortir, ou d'eviter les ecueils caches qu'elles peuvent offrir. Ce fut cette pensee qui me fit accueillir avec empressement, avec bonheur, le phenomene de cette eclosion spontanee, inso- lite chez nous, et que, ainsi que le rappelle M. de Soli, j'avais en vain tente d'obtenir (sur d'autres especes), a la suite des educations que je faisais en 1839, 18A0 et ISAl ; car, des lors, je comprenais, comme aujourd'hui, que le manque de bras s'opposerait a ce que je pusse faire des educations assez consi- derables pour consommer toute la feuille fournie par 800 md- riers de la plus riche vegetation, que j'avais plantes en 1828, 1829 et 1830 ; et j'eprouvais le besoin d'arriver au m6me resultat par Temploi reitere des m^mes femmes qui, toutes habitantes de la ville, pouvaient me consacrer leur temps, sans nuire aux travaux de la campagne, auxquels elles restent toujours etrang^res. Or, si reellement il existe en Italie une race ayant la faculte de se reproduire au moins deux fois de suite; si Teclosion en est infaillible (ou du moins aussi assuree que celle des autres especes), n^est-il pas avantageux de chercher a la propager dans un pays ou le hasard nous a demontre, de la maniere la plus claire, qu'elle reussit a un degre au moins egal a celui des autres, en qualile, en quantite et en poids? (Et tout cela a ete constate sur les lieux m^mes parM. de Ohavannes, inspecteur en mission speciale pour la sericiculture, et au sein m6me de la Societe imperiale et centrale d'agriculture.) Faut-il done, apres un tel succes, renoncer a poursuivre notre experience, parce qu'on trouve, dans le marquis Dan- dolo, que la double cueillette serait le vrai moyen de detmire les mtWiera, et^ en consequence, les Vers a sore ; et plus loin *' 478 SOCl^.T^ IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Tout Men examine et re flichi^ je suis persuade qu'une denos bonfies r^coltes equivaudrait, en produit, aux recoltes qu'on fait ailleurs dans un an?... Je ne le cl'ois pas ; parce que nous ne nous trouvons dans aucun des cas objectes par M. de Soli et les auteurs qu'il cite. L'industrie sericicole, par malheur, n'est pas assez deve- loppeeparmi nous pour pouvoir absorber toute la feuille de nos arbres • par consequent, nous ne sommes pas dans ['obligation de recourir a une double cueillette. Nous n'avons ni locaux, ni bras suffisants a notre disposi- tion, pour faire une de ces grandes educations qui, selon le grand maitre, equivaudraient a celles qu'on pourrait faire dans une annee ; et nous devons cbercher a utiliser ces bras et nos petits locaux aussi souvent que possible, afin de trouver dans la multiplicile des educations un benefice quelconque et Temploi de notre feuille, sans lequel je ne comprendrais pas I'utilite des plantations de 10,000 arbres, citees par mon hono- rable contradicteur, et dont je n'ai jamais nie Texistence. MkiS nous possedons une ventilation exceptionnelle, diurne et noc- turne, que je suis fonde a croire tres propice a la sante des Vers, par le courant d'air que la premiere (la brise de mer) permet d'etablir dans les magnaneries, ainsi qu'au maintien de la fraicheur de la feuille, cueillie et abritee dans les conditions que j'ai signalees. La seconde {le montese), vent de nuit froid et humide, au point d'attaquer la sante des hommes et des aniniaux, et de retarder sensiblement la vegetation et la matu- ration des fruits, exerce une influence des plus utiles et des plus bienfaisantes sur la feuille des mOriers, qu'il rafraichit et ranime, aussitot que les rayons du soleilont disparu. C'est a la combinaison de ces deux vents que j'atlribue, depuis mes pre- miers essais en sericiculture, les succes peu communs que j'ai •] obtenus : toujours au dela de 50 kilogrammes de cocons pour 33 grammes de graine. II est une autre objection qui se trouve indirectement dans la citation citee du Manuel de M. Robinet, et qui semblerait indiquer que, au lieu d'employer de la graine de cette race, ou espece degeneree (comme on semble le croire), il vaudrait • • . VRftS A SOIfi. Af^ rtiieii^ Pecburir an moyen (jii'il conseille, lorsqiie, laute dun local assez vaste, on est oblige de faire des educations multiples. Ce moyen consisterait a prelever sur la masse de la grains (^u'oii poss^de la quantite destinee a la seconde education ; a la conserver dans I'endroit le plus frais (M. de Soli dit ailleurs une glaciate), pour la soumettre a I'incubation lorsque le local occupe par la premiere sera libre. Je comprends parfaitement que, lorsqu'on a le choix dies moyens, comme cbez les proprietaires dont M. Robinet a suivi les travaux, la conservation d'une portion de la graine deja obtenue, et qui aurait subi toutes les phases exigees dans le rapport adresse par TAcadeniie des sciences, le 24 Janvier 1842, au Ministre de la marine, offrirait au moins la certitude d'avoir les ceufs. et la chance d'operer sur des sujets eprouves par la reussite de leurs freres ; tandis que notre procede, outre I'in- certitude d'une ponte abondante et de bonne qualite, nous laisse encore I'inquietude d'une eclosion qui pent n'6tre pas complete et simultanee, et la crainte que le court sejour qu'ils ont fait dans I'cBuf (un mois au plus) ne soit un obstacle a ce que leur semence soit feconde et saine, et ne produise autre chose que des avortons incapables de filer. Voila, sansdoute, bien des motifs pour donnerla preference au mode oifert par M. Robinet; mais je reponds a M. de Soli, que je suppose connaitre aussi bien que moi I'etat de nos loca- lites, que, outre que personne ne possede parmi nous de telles quantites de graine, c'est qu'il n'y a pas un lieu frais, et encore moins une glaciere, ou les oeufs puissent 6tre conserves au dela du moment ou la vegetation commence a se developper|. et que, cette annee, une dame qui avait eu la precaution de placer la sienne dans une cavedu pays, qui n est, comme presque toutes les autres, qu'un cellier sans profondeur au-dessous du niveau du sol, Ta trouvee eclose, le 1" avril, en m6me temps que celle que d'autres personnes avaient conservee dans de simples chambres au iiord j que cette graine provint de la race en question ou de toute autre. II n'y a done pas moyen d'arr6ter a volonte l' eclosion jus-, qu'a I'epoque ou la premiere education serait arrivee a la troi- 480 SOCllfeTE IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. si^me mue; car ordinairement ce ivest qu'a la fin d'avril que les bourgeons du murier sont definitivement a I'abri des atteintes de la gelee, ou des vents violents de montagne. Certes, si la deuxieme education de I'annee derniere n'avait fourni que des sujets rares et chetifs, comme on paraissait le craindre, je serais bien dispose a me rendre a un avis que je sais emaner d'un bomme serieux, et qui n'est mH que par le desir d'emp6cber ses compatriotes de se laisser engouer trop facilement pour une theorie qu^il croit dangereuse. Mais ces eraintes me paraissent peu fondees. Je suis loin de croire que la letlre que j'ai eu I'honneur d'adresser a M. le President de la Societe imperiale d'agriculture, et dont M. le President de la Societe imperiale d'acclimatation a bien voulu me demander une copie, simple expose d'un pbenomene nouveau pour nous, quoiqu'il se reproduise tous les etes dans un pays voisin, puisse 6tre un danger pour un pays qui , malheureusement pour lui, et je parle ici par experience, est peu susceptible d'entrai- nement, et ne se livre aux innovations qu^apres que des succes bien palpables, biens averes, lui en ont demontre Tutilite. C'est ainsi, du moins, que cela se passe dans I'arrondissement que j'babite depuis trente ans, et j'ai la conviction qu'il y a peu de difference a cet egard dans le reste de Tile. C'est cette hesitation, cette inertie, si peu en harmonie avec le caractfere national, et que jeretrouve partout oil ils'agit de travail decorps etd'esprit,oud'avancerderargent, queje com- bats, depuis mon arrivee en Corse, avecun zele qui, sMl n'est pas appuye de connaissances suffisantes et d'une fortune qui me permette de mettre mes id^es en pratique, n'en atteste pas moins un devouement que rien n'a pu rebuter , et je trouve, pour persister dans ces essais, des motifs bien puissants : 1° Les grands succes obtenus dans trois educations operees avec cette m6me esp^ce, dont les produits n'ont rien laisse a desirer, ni pour la beaute des Vers, ni pour la qualite des cocons blancs, auxquels M. Tlnspecteur special, alors a Sartene, a rendu un eclatant hommage, en declarant qu'ils etaient, par leur consistance et leur poids, superieurs a tous ceux qu'il a ete a m^me de voir sur le continent. VERS A SOIE. A81 2° M. Robinet et d'autres auteurs disent (|iio generalement les educations tardives iiedonnent ({ue des produits niediocres-, tandis (jue les ndtres, an contraire, rivalisent avec avantage avec ceux des educations du printemps. Ai-je besoin d'ajouter que la cause la plus determinantede ma persistance est dans Taccueil flatteur fait a ma communi- cation par les deux Societes les plus competentes de' France, qui ont daigne m'appeler a faire partie de leurs membres et m'engager a les tenir au courant de mes observations ulte- rieures? Ce qu'il faut, en Corse, ce sont des exemples suivis de suc- c6s : c'est la propagation de la methode la plus simple pour mener a bien les petites educations, afin d'en populariser I'usage et former le plus d'ouvriers possible, capables de tra- vailler avec intelligence dans les magnaneries qui finiront par s'etablir cbez les proprietaires, a mesure qu'ils en compren- drontTutilite et qu'ils croiront y trouver des benefices. Ce qu'il faut encore pour engager ceux-ci a planter des mOriers, c'est la reussite des educations entreprises, et, sous ce rapport, je crois 6tre dans la bonne voie, lorsque j'engage la Societe que j'ai I'honneur de presider a subdiviser a Tintini la graine qui lui est envoyee par I'administration pour faciliter ces essais. Ce que je viens do dire de la sericiculturc, je pense qu'on pent et doit I'appliquer a I'agriculture. Je crois que Tetablisse- ment de grandes fermes-mod^les dans un pays ou n'existe aucun des usages et pratiques re^us dans le reste de I'Eu- rope, produirait des effets beaucoup moindres , sitoutefois ils n'etaient nuls, que ceux qu'on pourrait esperer de la for- mation de petits domaines dont I'exploitation, a portee d'etre observee sur plusieurs points de I'ile, et plus proportionnee aux moyens p^cuniaires et au degre d'intelligence agricole des cuUivateurs, serait bientOt imitee de proche en proche, etpro- pagerait en peu de temps les methodes nouvelles. Je sais que mon opinion ne sera pas partagee par tous mes compatriotes 5 car deji plusieurs Societes d'agriculture ont emis le vocu de fondalions grandioses t, mais les raisons que j'ai deduitesdans un memoire adresso a M. le Ministre de I'ngri- T. in. — Octobre 4856. 31 A82 SOCI^.TIE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. culture, et que S. E. avail accueiHies avec la plus grandebien- veillance dans un entretien ([u'elle avail daijjne m'accorder, n'en sontpasmoins lefruitd'une elude approfondie desmoeurs, des besoins et de I'etat agricole de la Corse ^ et cette avance que j'ai prise aupres de M. le Ministre me permet d'esperer que, dans cetle discussion, je serai attaque sur le terrain ou je me suis place, et que niescontradicteurs ne s'amuseronl pas a rompre leurs lances contre des moulins a vent, comme on I'a fail dans la question qui nous occupe, car voici, selon moi, le seul point a debattre. Existe-t-il, ou non, en Asie (ainsi que I'assurent plusieurs voyageurs), ou en Italic (selon Tassertion d'ouvriers de cepays qui disent y avoir opere eux-memes deux educations succes- sives dans la m6me annee), une race parliculiere de Vers se nourrissant de la feuille du murier, et donl la pontede juin, venant a cclore dans le couranl de Tele, donne des Ve^rs bien constitues et capables de se reproduire, I'annee suivante, dans les m6mes conditions ? Les personnes qui parlent de douze educations faites annuel- Ipmenl, en Asie, ne disent pas si Ton opere avec des ceufs de I'education precedenle, ou si Ton se serl de graine conseryee par des procedes artificiels, et ayanl passe par toutes les phases qiu seqiblent rationnellemenl necessaires 5 mais les Ita- liens que j'ai cqnsulles, et qui ont emporle la graine qui fait I'objel de cette elude, declarent formellement que la deuxieme education est le fruit direct de celle qui la precede dans la m6me annee, et Texperience m'a demontre qu'ils avaient dil vrai. jG'esl done avec un Ires vif regret que j'ai vu manquer I'eclo- sion que j'attendais pour donner suite a des experiences donl je crois avoir suffisamment demontre Tutilite, tant pour I'in- struction des ouvrieres donl la cooperation ne pent larder a devenir indispensable aux proprietaires de muriers, que pour I'avenir de I'industrie sericicole en Corse, dans le cas 011 nos essais viendraienl a 6tre couronnes de succes. Loin d'y renon- cer, je crois devoir me mellre en rapport avec les educateurs ilaliens, pour oblenir des documents positifs ; el, si leurs re- ponses viennent a Tappui de mes observations, je feral appel VBRS K SOIK. 4^'^ a leur obligeance pour nie procurer la graine la plus parfaite. Voila uiie bien longue dissertation sur une question qui avajt pi^ru bien simple aux (leux grandes Societes auxciuelies j'ai eu rhonneur de la soumettre ^ niais j'espere qu'elle ne paraitra pas denviee d'inter6t et d'utilite. J'ai du defendre une cEuvre qui a paru a ces Societes digne d'etre encouragee, repondre ades assertions qui nVont paru mal fondees et basees sur des faits etrangers a ce qui se passe dans notre pays, et repousser, en passant, quelques allegations peu bienveillantes. J'ai souvent remarque que le defaut capital des personnes qui ecrivent sur la Corse est le peu de connaissance de ses mopurs, de Tetatde son agriculture etde ses industries, etsur- tout de son dimat, s'ils sont continentaux. S'ils sont Corses, ils manquent souvent de points de comparaison, faute d'avoir habite le continent dans les conditions (|ui seules peuvent ies fournir. Ainsi, de ce que la Corse est situee entre la France nieridionale et Tltalie, et sous le ni6me degre de latitude que Madrid, presque tons ont conclu a priori que son climat etait le m^nie que ceux de ces regions , deja si differentes entre ^Ues. La Corse participe, il est vrai, de tous les trois 5 mais, CQpinie j'ai lieu de I'observer depuis longues annees, le systeme de ventilation aiiquel elle est soumise apporte entre ses di- verses parties, et ni^me entre celles qui sont limitrophes entre eiles, des modifications qu'un agriculteur ne saurait perdre de vue sans s'exposer a de graves erreurs. L'Algerie qui est bien plus au sud que notre ile, presenle aussi des phenomenes tie climature non nioins disparates, et une observation plus concluante encore, et qui ne saurait ecbapper a mon honorable contradicteur, c'est quele cap Corse, (jui est situea 160 kilo- metres environ, au nord, du centre de notre arrondissement, fait un commerce considerable de cedrats, de limons et d'o- ranges, dont notre contree pent a peine montrer quelques echantillons; que Tile Rousse et laBalague, qui font face aux cCtesde France, otTrent ce m6me avantage, qui est cependant refuse a Bonifacio et a ses environs, c'est-a-dire a la partie la plus meridionale de I'ile, qui fait face a lltalie meridionale, hSh SOCI^.TK IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. a la Sicile, a la Sardaigne, a I'Afrique, et se trouve, comme le centre de I'Espagne, sous le hi' degre. II resulte, ce me semble, de ce qui precede, que la Corse possede autantde climatures que d'expositions diverses, et que les vents y jouent un role qui en modifie a Tinfini les condi- tions^ que, par consequent, la moins qu'ailleurs, on ne peut, sans une etude prealable, basee sur des experiences repetees sur plusieurs points de I'ile, assigner aux terres telle ou telle culture, pas plus que donner des regies invariables pour I'edu- cation des Vers a soie- que les erreurs doivent 6tre plus fre- quentes et plus graves, si Ton juge ce pays par les analogies apparentes qu'il offre avec les parties du continent qui Favoi- sinent-, etentin,que toutes sortes d'essais doivent y etre tentes, sans se laisser arr6ter par la crainte de voir un engouement aveugle s'emparer des eleveurs, non plus que des cultivateurs. J'ai donne plus baut les raisons qui me rassurent a cet egard, et je ue veux m^appuyer, pour en prouver la solidite, que sur I'elat si deplorablement arriere de notre agriculture dans toutes ses branches. J'espere avoir ramene la question qui nous occupe sur son veritable terrain, et je la formule ainsi : Les vers designes^ en Italie, sous le nom de Trevoltini, sont-ils une realite ou une fiction ? L' experience peut seule nous amener a une solution , et je la tenterai de nouveau, avec Taide des personnes qui y ont deja sacrifie, sans profit, leur temps ct leurs peines , mais qui ont vu le but de trop pres pour renoncer a I'atteindre, pour peu que les renseigncments que nous obtiendrons d'ltalie nous laissent Tespoir d'arriver a la conqu^te de cette precieuse esp6ce. 80KGHU A SUCKE. 485 NOTE SUR LE SORGHO A SUCRE. PROCEDF. POUH l'eXTUACTION DU JUS. — AMELIORATION DU VIN PAR LE RESIDU. ADRESSl^K A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIl^TE IMP^RIALE D'ACCLIHATATION Par M. a. de LiiCOSTE. Deux plantes, le Sorgho a sucre et I'lgname (Dioscorea Batatas)^ qui ont ete importees de la Chine par M. de Mon- tigny, sontappelees a jouer le plus grand role dans Tagricul- ture: celle-ci, en fournissant un nouvel aliment capahle de remplacer la pomme do terre, si tant est que nous devions perdre tout espoir de la conserver ; celle-la, en se pr^lant a un grand nomhre d'usages les plus utiles. L'une et I'autre ne res- teront pas longtemps le partage de la grande culture: leurs qualites preeieuses et varices leur ont deja marque une place dans la petite propriete. Mais pour que ce resultat puisse 6tre atteint, il importe que ces plantes, de m6me que leurs pro- prietes, soient divulguees par tous les moyens possibles. La Societe imperiale d'acclimalation fait, dans ce hut, sous I'inspi- ration de son illuslre et devoue President, les plus louables eii'orts-, mais ne serait-il pas adesirerqueleGouvernement, qui parait enfin se preoccuper serieusementdesinter6ls agricoles, s'emparatde cetle tache? On a deja beaucoup ecrit sur le Sorgho a sucre 5 on a indique un grand nombre de destinations auxquelles les produits de cette plante peuvent se prater (1). Tout en elle est utile. Avec (1) Voyez Guide du cultivateur du Sorgho a sucre, snivi de rindication des diverscs applications de ceUe plante et des apparciis y appropri^$. Goin, ^diteur, quai des Grands-Auguslins, 41, u Paris. /|86 SOCIETE IMPEKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les feuilles que les tiges de deux a trois metres de hauleur produisent en abondance, on eleve avec succes un iiombreux betail ; la graine nourrit la volaille ; elle remplace avantageuse- ment I'orge pour les chevaux, et, seule , elle defraie le colon des frais de culture ; la farine qu'elle produit sert a preparer pour rhomiHe des mets sains et delicats ; la medecine I'emploiera comme laxatif, et. aTexterieur, comme resolutif; lapellicule, etant soumise a Taction d'agents chimiques, fournit des tein- tures pour Tindustrie et pour les menages ; le parenchyine lui-meme peut^tre utilise, soitpour la nourrituredes animaux, soitpour I'industrie; les panicules depouiilees des graines etles racines sont brtilees. Enfin, de la tige, partie principale de la plante, ou extrait un jus sucre avec lequel on fait , du sirop, du tafia, du rhum, de I'eau-de-vie, du vin, du vinaigre, mais plus avantageusement, de I'alcool et du sucre. Seulement les ustensiles appropries a ces divers traitements ne sont pas a la portee de tous les agriculteurs, et beaucoup renonceraient peut-Mre a la culture d'une plante dont les qualites ont ete appreciees, s'ils ne pouvaient conserver I'espoir, la certitude m6me de tirer parti de leur recolte. Eh bien, voici, en atten- dant la description d'un procede economique pour la grande et la petite culture, un moyen tres simple , tres rustique , si je puis ainsi parler, pour utiliser les tiges au profit du menage. Lorsque les tiges sont mures, c'est-a-dire lorsque la graine passe du jaune fonce au rouge, point qui marque la maturite complete de la plante, failes la recolte. On profite ensuite du premier loisir pour couper, soit avec un hacbe-paille, soit avec tout autre instrument, les tiges par morceauxou rondelles-, on place ces rondelles dans une bassine, une cbaudiere ; on verse dans le vase quelques litres d'eau, puis on le place sur un foyer assez vif •, on laisse bouillir longtemps et jusqu'a ce qu'on ait obtenu une espece de marmelade. On retire du feu ce premier rendement, afin d'exprimer le jus et de mettre de cote le residu ; on remet le jus sur le feu. Pendant la cuisson, on pu- rifie la liqueur en jetant par intervalles dans la cbaudiere de Feau de chaux ou bien une solution alcaline ; on ecume sans SORDHO A SUCHB. 487 cesse ; on peut employer la poudre de chaux : 330 grammes sufdsient pour saturer 50 kilogrammes de sue. Endn, on Unit de claritier le jus avec de Talbumine : 14 oeufs sullisent pour 50 kilogrammes. Le jus ayant ete dinsi Iraite est place dans dies vases de terre tju'on deposera, autant (jue possible, dans un endroit qui ne sera expose ni a I'humidite, ni a la chaleur. J'ai fait faire cette operation par un petit cultivateur (|ui etait reste pendant deux ans rebelle a Tadoption du Sorgbo, sous le pretexte que \A plantb hdlivelle ri'etait qu^un mauvais mil a hatais, miltoque. J'avais uri but qu'on coni|)i*Brid sans peine. L'exemple ne pouvait man([uer d'etre suivi ; tout paysan maintenant veut avoir son sirop, et le sirop ou melasse dont on s'approvisionne dans les I'affineries, est le sucrede menage campagnard dans beaucoup de pays. Je n'ai pas besoin d'ajouter qu'on tirera un excellent parti du residu, qui est fort ricbe en principe sucre. Si on ne le donnait pas au betail, on I'utiliserait non moins avantageuse- nlent en le mettant dans la cuve ou fermente lavendange. tie ptocede ne sera pas dedaigne parceux qui Taurontmis une tbis en usage. A88 S0CIET15 IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. RAPPORTS SUR L'EXPOSITION PERMANENTE UES PRODUITS DE L'ALGERIE. RICHESSES MINERALES DE L ALGERIE Par M. Scipion GRAS, Ingenieur en rlicf des mines, niembre de la Socieic d'acclinialation des Alpes, Membre adjoint do la Commission permanentc de I'Algerie. SUITE (1). II. — SUBSTANCES PIERREUSES, SALINES OU TERREUSES. Les principales substances minerales de TAlgeriepierreuses, salines ou terreuses,susceptib1es d'exploitation, sont : le mar- bre, le calcaire hydraulique, le sel marin^ le gypse, le W- petre, la pouzzolane naturelle et Vargile. Le marbre exploitable constitue deux groupes de carrieres importantes, situes Tun au mont Filfila, a Test de Philippeville, I'autre pres d'Ain-Tembalek, sur les bords de I'Ysser, province d'Oran. Les carrieres du mont Filfila ont ete ouvertes dans des mas- ses de calcaire cristallin qui paraissent appartenir au terrain de transition des environs de Bone; les plus anciennes sont si- tuees tout pres du sommet de la montagne , elles ont ete ex- ploitees sous la domination romaine. En s'avan^ant un peu plus loin vers Test, on arrive a une immense excavation faite jadis dans des bancs de marbre parfaitement blanc et d'une beaute remarquable^ tout indique que leur exploitation a ete longue et qu'elle produisait des blocs de dimensions enormes. D'autres carrieres ouvertes vers I'annee 18ii5 existent au pied du ver- (1) Pour la prcinieie partie de ce Uapport, voyez le numero d'aoiit, pages 389 i hQU. EXPOSITION PERMANRNTE DE l'aLGERIE. 489 sant N.-O. de lam6me montagne. Elles renfermentdes calcaires blancs crislallins, mouchetes de matiores metalliques, telles que le cuivre pyriteux, le cuivre carbonate et le fer oligiste. On trouve ailleurs dans le m6me massif montagneux d'autres marbres offrant des teintes varices, commc le rouge pale, le jaune, le vert, le noir fonce avec des veines et des filets d'une autre couleur. Le calcaire blanc saccharoide de Filfda est com- parable au marbre statuaire de Carrare •, il est bomogene, a grains fins et se taille facilement.Sa position dans le voisinage des cbutes d'eau, et a quelques kilometres de distance des bords de la mer, ofFre de grands avantages a Tindustrie. Une com- pagnie puissante s'est formee pour Texploiter sur une grande echelle. Le calcaire d'Ain-Tembaleck est aussi remarquable par sa beaute que par son gisement; il fait partie des travertins qua- ternaires qui bordent I'Ysser, et appartient par consequent a une epoque geologique tres recente. Rien n'egale I'eclat et I'aspect doux de ce bel albatre calcaire exploite autrefois par les Romains, et appele par eux marbre onyx. Le marbre de cette qualite etait alors extr^mement rare et Test encore aujour- d'hui. II est caracterise a la fois par une belle translucidite, un peu nebuleuse comme celle de Topale, et par des veines jaune de miel, tantotdroitesetparalleles, d'autres fois contournees et ondoy antes. On ne le trouve ordinairement qu'en petite quan- tite dans les cavernes et les fentes de la surface terrestre, ou il parait 6tre le resultat de la cristallisation lente du carbonate de chaux abandonne par des sources incrustantes. Les bords de TYsser en presentent des bancs qui ont plus de 3 metres d'epaisseur et paraissent s'etendre sur une grande surface. lis sont associes a d'autres calcaires moins purs ayant dans leur ensemble 15 a 18 metres de puissance. Les giles deja explores sont au nombre de cinq; ils sont traverses par la route d'Oran a Tlemcen ; on a deja pu en extraire des blocs parfaitement sains qui avaient 7 metres de longueur sur une largeur et une ^paisseur considerables. i<: ^-■ La carriere d'Ain-Tembaleck a ete exploitee par les Romains pendant toute la duree de leur domination. Ou voit a I'exposi- 490 SOCl^Tfe IMPI^RIALE ZOOLOGIQtE d'aCCLIMATATION. tiott algerienne line belle colonne provenant de ces ahciennes exploitations, ainsi que des urnes, des vases, des dessus de table et beaucoupd'autl'es objets fabriqiies avecce marbre^ lis excitent Tadmiration de tous les visiteurs. L' exposition permanente renferme aussi des ecbantillons de granit, de porphyre et de marbre de diverses couleurs venant des environs de Philippeville et de Botie. On itianque de ren- seignements precis sur IfeUrs gisements qui auraient besoin d'etre explores pour qu'on put en apprecier rimportance. Une recherche extr^memeht interessante dans la province de Con- stantine seraitcelle de la carriere qui a fourni autrefois le mar- bre appele numidique. Ce marbre, celebre chez les anciens^ qui en ont vante la magnificence, oflrait, a ce que Ton croit, Uii melange de pourpre, de rose et de jaiine d'ol*. Le calcaire hydraulique, si important et si recherche pour les constructions, a etereconnu sur divers points deTAlgerie. On cite comme eminemment hydraulique le calcaire secondaire de Dellys, province d' Alger; le calcaire tertiaire de Mouley- Abd-el-Kader, pres d'Arzew; et le calcaire probablement cre- tace, situesur la rive droite de I'Oued-en-N^a, pres du Campo d'El-H'arrouch, province de Constantine. Dans cette derniere locaUte, il y a un calcaire gris riche en argile qui serait, d'a- pres sa composition chimique, propre a la fabrication du ci- ment naturel. Quant aux calcaires moyennementhydrauliques, on pent en trouver sur tous les points ou les calcaires, soil secondaires, soit tertiaires, sont tres developpes. Leselmarinest trfes abondant dans tout le norddel'Afrique. On le rencontre a I'etat de sel gemme dans le sein de la terre, ou bien en dissolution dans un grand nombre de lacs et de sources. Les principaux gltes de sel gemme sont ceux d'Ain-Temou- chen, province d'Oran, du Djebel-Sahari, province d'Alger, du Djebel-el-Melah, et de Milah, province de Constantine. L'amas de sel d'Ain-Temouchen, situed ill kilometres ouest de cette localite, est intercale dans le sein d'argiles schisteuses grises faisant partie du terrain secondaire; on le voit a decou- vert sur 12 metres de long et h metres de haut ie long d'une KXPOSITION PEIIMANKNTE DE L^ALG^RIE. 49l petite riviere nommeo rOued-Molali. II est en general tres im- pur par suite de son melange intime avec I'argile. Ce sel, malgre son impurete, fest exploite par lesArabeset consomme par eux a I'etat brut; il feSt transporte a dos d'ane ou de mulet a Ain-Temouchen et k Tlemcem. Le Djebel-Sahari est une niontagne de sel situee au dela du Tell, a 21 myriam^tres sudd' Alger. D'apres M. Fournel, elle a environ 4 kilometres de tour et 200 metres de hauteur; le sol est enclave dans des marnes gypseuses, vertes, grises, lie de vin, appartenant au terrain cretace. Des flancs de cette mon- tagne on voit jaillir des sources plus ou moins abondantes qui sont completement saturees de chlorure de sodium. Elles sont d'une limpidite parfaite et deposent sur leurs bords des croCites salines tres blanches qui souvent se rejoigtient d'une rive a I'autre. La distance considerable qui separe cet enorme dep()t de sel des bords dela mer emp6che qu'on ne puisseen tirer parti pourrexportation. Au pied du versant meridional del'Atlas, non loin de Biskra, il existe une autre montagne desel, ainsi que I'indique son nom arabe Djebel-el-Melah. Elle est composee de marnes a couleurs vives et variees, decoupees par de profonds ravins, et renfermant avec du gypse des bancs tres puissants de sel gemme d'une grande purete: on n'y atrouve qu'un peu de sulfate de chaux et 6 pour 100 de sable siliceux. Ce gite est connu depuis fort longtemps, et Ton a des preuves qu'il a ete exploite par les Arabes des lex* siecle; malheureusementilestcommele Djebel- Sahari, trop eloigne de la mer pour que l' exportation des produits soit possible. Le gile de Milah se trouve sur le flanc nord d'une montagne nommee Djebel-Bou-Cherf, chez les Oulad-Kebab. II consiste en une couche puissante de sel gemme recouverte de marnes verdatres gypseuses. Les Arabes du pays I'exploitent a I'aide d'une multitude de petits puits de 15 a 20 metres de profon- deur, grossierement creuses jusqu'a la rencontre du sel ; les produits sbnt tres purs : on les transporte a Constantine, a Se- tif et dans toute la partie inontagneuse de la Kabylie comprise entre Djidjel et Stora. 492 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGiyUE d'aCCLIMATATION. Les lacs sales de I'Algerie portent le nom de sebkha. lis sont extr6niement nombreux : les mieux connus sont ceux des en- virons d'Arzew et d'Oran. La sebkha d'Arzew, sitiiee a lii kilo- metres sud de cette ville, a environ 12 kilometres de longueur sur 2,500 metres de largeur. Le sel y est apporte en biverpar des eaux d'infiltration qui doivent leur salure au lavage de ro- cbes tertiaires impregnees de cblorure de sodium pendant I'ete ; I'evaporation concentre les eaux du lac, et il se depose une couche de sel de quelques centimetres d'epaisseur qui est a decouveri sur les bords; il est facile de I'extraire et on le trans- porte en cbarrettes jusqu'au port d'Arzew^. L'exploitation an- nuelle est d'environ 3,000 tonnes qui ont pour debouche I'Al- gerie. La sebkha d'Oran presente la forme d'une vaste cavite elliptique ayant 20 kilometres de largeur sur 50 kilometres de longueur. Ce lac, comme celui d'Arzew, estalimentc en biver par des sources qui traversent des terrains impregnes de sel marin. Pendant Tele, I'evaporation donnelieu aun depot salin qui n'a que quelques millimetres d'epaisseur et qui nest I'objet d'aucune exploitation. Voici I'indication de plusieurs autres lacs sales : La sebkha du K'ssar, chez les Kabyles de la rive droite de rOued-Sahel, fournit du sel aux tribus voisines : lorsque le so- leil a fait evaporer les eaux accumulees pendant I'hiver, il reste une croute assez epaisse pour Mre brisee en gros fragments d'aspect pierreux. C'est sous cette forme que le sel est livre au commerce. Au sud de Setif, entre Medjana et Bou^ada, il existe sur la limite du Sahara algerien un immense lac sale nomme sebkha el Saida qui s'etend de Test Ji I'ouest sur 60 a 70 kilometres de longueur; Fevaporation naturelle des eaux procure aux habitants pauvres des tribus voisines des masses de sel qu'ils n'ont qu'a briser et a recueillir : ils en font un commerce etendu. A I'autre extremite du Sahara algerien, pres des frontieres du Maroc, il existe un autre lac sale nomme schott el Chergui, encore plus vaste que le precedent. II a environ 170 kilometres de longueur et une largeur variable evaluee moyennement a EXPOSITION PERMANENTK DE L^ALG^.RIE. 493 8 kilometres ; la couche de sel que ce grand lac abandonne pendant I'ete n'a que 1 ou 2 millimetres d'epaisseur. La sebkha Zagrez est situee a 5 kilometres nord du Djebel- Sahari, montagne de sel gemme deorite plus baut. Les nom- breuses sources salees qui s'ecbappent de cette montagne vont alimenter la sebkba et y deposent en ete une couche de sel dont la surface polie comme une glace produit I'effet d'une vaste nappe d'eau ; son epaisseur vaen augmentantdes bords du lac au centre, ou elle est de O^jTO. Le lac Zagrez n'a pas moins de 50 kilometres de longueur sur 8 de large 5 c'est par consequent un immense magasin de sel qui malheureusement nepeut avoir aucun debouche important. Les sources salees, nommees par les Arabes Oued-Melah, sont en (|uelque sorte innombrables. Nous nous bornerons a citer celles des environs de Tenes, a 12 kilometres a I'ouest de la ville de I'Oued-Amassin, sur la route de Bougie a Setif^ des Beni-Messissena et des Beni-Mohali , egalement entre ces deux villes 5 de I'Oued-Terga, a 60 kilometres O.-N.-O. de Msilah ; dlchaben-Mellah'a, entre Setif et Bougie ; d'El-Mel- lah'a, cbez les Beni-Ismail, au sud de Bougie. Ces diverses sources ont toutes une salure considerable et sont exploitees par les Arabes, qui recueillent le sel que les eaux abandonnent naturellement par I'evaporation. Le gypse est commun en Afrique ; on le remontre soit dans les terrains secondaires, soit dans les terrains tertiaires. Le nombre des gites connus est deja de 19 dans la province d'Oran, de 14 dans la province d'Alger, et de 32 dans celle de Constantine : en tout, 65. Les gisements sont de deux natures differentes : les uns consistent en lentilles aplaties contem- poraines des couches dans le sein desquelles elles sont inter- cal^es ; les autres sont des masses non distinctement stratifiees et paraissent d'origine metamorphique. Consid^res dans leur ensemble, ils offrent une composition tres variee et peuvent fournir toutes les qualites de platre reclamees par I'industrie* Quelques-uns d' entre eux sont situes sur le rivage m6me de la mer ou a tr^s peu de distance, et pourraient par consequent donner lieu a une exportation considerable : tels sont ceux de A9A SOCll&T^ IMPJfeRlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. la montagne des Lions de Mers-el-Kebir et de Christel, aux environs d'Oran. Les autres se trouvent trop en avant dans rinterieur Jes terres pour que leurs produits soient transpor- tables avec avantage jusqu'a la mer •, pendant longtemps, ils ne pourront avoir d'autres debouches quo les localites les plus voisines, a cause de la difficulte des communications. Un usage important du gypse qui se developpera en Afrique avec le temps, est son emploi en agriculture comme amendement des terres. On sait que toutes les terres vegetales qui sont de- pourvues de calcaire ou qui n'en renferment pas en quantite suffisante sont fertilisees par le platre. Le salpetre^ ou nitrate de potasse naturel, existe sur plu- sieurs points de I'Algerie, particulierement dans les provinces d'Oran et de Constantine. La villede Tlemcen repose sur des calcaires salpetres, d^u^e epaisseur et d'une etendue considerables. Avant Toccupation frangaise, les Arabes en lessivaient les parties les plus riches, et employaient le sel extrait a la fabrication de la poudre. La richesse de ces calcaires en salp6tre peut elre evaluee a uu demi-centieme. lie calcaire tertiaire feuillete de Miserghin, pres d'Oran, renferme du nitrate de potasse dans une proportion plus forte que celui de Tlemcen. Sa richesse est de 12 kilogrammes de sel par tonne de roches. II forme autour de la ville une couche de un metre de puissance entre les bancs dun calcaire plus copripacte employe comme pierre a batir. L'exploitation de ces deux calcaires pourrait avoir lieu a la fois, et Textraction du salp6tre par lixiviation ne presenterait aucune difficulte. Le salp6tre est tres abondant a Ngaout, entre Medjana et le Djebel-Bou-T'aleb, province de Constantine. II y est exploite et 9i, pour debouche la plupart des tribus kabyles qui fabriquent de la poudre. On indique Fexistence de la m6me substance a Doufna, dans le Zebbou, et a Megra, entre Bou-T'aleb et la sebkha el Saida. L'oasis du Ziban, au sud de Biskra, renferme un grand nom- bre de mines romaines qui sont aujourd'hui de veritables car- rieres de salp6tre. Les tribus voisines viennent I'exploiter a EXPOSITION l>ERlM4M|i:NTR PB L,'ALGERm. A9^ I'aide (i'une lixiviation grossi^re el en font un grand commerce. La pouzzolane naturelle ^ ete decouverte sur plusieurs points, notamment dans une grotte de 16 a 20 metres cubes de capacito (jui existe aux environs de Ujemma-Gazaouats, province d'Oran. Cette grotte se trouve dans une masse busal- tique considerable qui s'est repandue en nappe borizontale au- (iessus des calcaires et des marnes du terrain secondaire. L'jie de Racligoun, situee en face de Tembouchure de la Tafna, est formee de roches volcani(jues recouvertes par le terrain tertiaire. On y a exploite un gite assez puissant d'une pouzzolane qui a ete enqjloyee pour les constructions a 1j^ mer 4h port d'Oran. Elle a ete reconnue d'aussi bonne qualite que celle d'ltalie. Uo grand massif de basalte, qui pres d'Ain-Temouchen pecupe plusieurs lipues d'etendue, renferme aussi des depOts de pouzzolane encore peu etudies. Uqrgile est en general abondamment repandue dans la na- tvife ; elle ne manque pas non plus en Algerie. Les substances firgileuses de ce pays sont de diverses qualites et susceptibles 4'emplois varies. Quelques-unes, etant cuites, peuvent servira |a fabrication! de la pouzzolane arlificielle. On doit citer parti- culi^rement celle du Sig, dont on s'est servi pour les construc- tions hydrauli([ues etablies sur cette riviere. Elle a donne {I'aussj bqns resi^ltats que la pouzzolane naturelle d^Italie. P'autres argiles sont pyriteuses, et Ton pourrait, en les |avaRt ^pres leur decon^position, en extraire avec avantage du sulft^te ^^ fer. Les plus ricbes sont celles des gorges de I'Oued-AUelab, ^u pie^ de la montagne des Lions, pres de Tenes. Klles sont ^res bien placees pour qne exploitation ; Tevaporalion des eaux de lessivage se ferait sans frais par la chaleur solaire en ete. On connait d'autres argiles pyriteuses exploitables a 6 Itilonne- tres suddeFondouck, sur lesbords de I'Oued-Khamiz. L'action simultanee de I'eau et de Fair les decompose et les couvre d'efflorescences tres abondantes, de couleurs varices, com- posees de sulfates de fer, de cuivre, d'alumine, de chaux et de magnesie. Ce gite argileux, comme celui de I'Oued-Allelah, est colore en noir par une certaine quantite de carbone. 496 SOCI^TE IMPlfeRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. II existe en beaucoup d'endroits a, la surface du terrain ter- tiaire des depots d'une terre argileiise rouge qui est employee dans toutes les constructions pour faire le mortier. EUe y entre dans la proportion d'un tiers, le reste etant du sable et de la chaux. L'argile la plus commune en Algerie, comme ailleurs, est celle qui sert a la fabrication des briques et des tuiles. On en exploite pour cet usage un gite situe dans le ravin de Babel- Oued, aux portes d' Alger. Sur le territoire des Benou-bou-Moa'oud, au sud de Bougie, il existe des depots argileux avec lesquels on fabrique des tuiles d'une remarquable blancheur; ce qui les fait rechercher dans cette partie de la Kabylie. On exploite de l'argile a briques a Philippeville , a Bone , a Constantine, et en general partout ou il y a des agglomerations considerables de population. Cc tableau des principales richesses minerales de I'Algerie est certainement tres incomplet. Lorsqu'on songe que la pre- miere entree de nos armees dans ce pays date a peine de vingt- six ans, que pendant les dix premieres annees on n'a guere songe a autre chose qu'a se defendre ou a attaquer, qu'au- jourd'hui encore il y a de vastes surfaces qui ne peuvent 6tre parcourues sans danger, on a lieu de s'etonner que le nombre des gites sur lesquels on a des renseignements precis soit aussi considerable. Bien d'autres mines, sans doute aujourd'hui en- tierement ignorees ou mal connues, seront signalees et explo- rees dans la suite. Quant aux exploitations actuellement eta- blies, la plupart sont naissantes ; elles luttent encore coritre beaucoup de difficuUes, et, comme nous le disions en com- men^ant, elles attendent, pour prosperer, des bras, des capi- taux et de bonnes voies de communication. POILS l)K CHEVRES D^NGORA. 497 IL TRAVADX ADRESSES ET COMMUNICATIONS I'AITES A LA SOCIETfi. SUR LEMPLOI INDUSTRIEL DES FOILS DE CHfiVRES D'ANGORA. LETTRE ADRESSEE A M. GUERIN-MENEVILLE Secretaire du Conseil d'administration de la Societe iraperiale zoolopqued'accliroalation, Par nn. DENEUX et LELli:VRE. Manufacturiers a Amiens. i Nous avons Thonneur de vous confirmer notre lettre du 28 juillet dernier, et venons vous donner, par la presente, les renseignements promis sur I'emploi du poil de chevre. De IHhh a 1853, quelques industriels out file le poil de chevre en France; aujourd'hui, que nous sachions, il n'y a plus une filature en activite. Dans une brochure publiee en 1852, nous trouvions que, pendant I'annee 1850, iletaitentre en France 200,000 kilogr. de poil de chevre file, sur lesquels 195,000 kilogr. provenant de I'Angleterre; et pendant la m6me annee on importa 160,000 kilogr. de poil de chevre brut. La m6me brochure estime que pendant la m6me annee 1850 on fabriqua a Amiens 25,000 pieces de velours d'Utrecht, pour lesquelles il a lallu 250,000 kilogr, de poil de chevre file, une piece necessitant 10 kilogr. de fil environ ; il a done fallu que notre ville employat des fils fran^ais, puisque la fabrication seule fut plus importante que la totalite des importations. En ne prenant que le chilTre ci-dessus pour les importations du fil de poil de chevre, soil 250,000 kilogr., le poil de chevre brut perdan 1 50 pour 1 00 de son poids alix diverses manutenlions, il a done fuUu employer, pour produiro celte quantite de fil, T. III. — Oclobro 1856. 32 ^98 SOCIETK IMPtilRIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. environ 500,000 kilogr. de poil de chcvre brut, a quoi il faut ajouter les 160,000 kilogr. iniportes en brut; ce qui fait im total de 660,000 kilogr. pour 1850; soit 350,000 kilogr. files, valant a cette epoque en moyenne, 10 francs le kilogr. : cequidonne ^ 2,500,000 fr. Plus 160,000 kilogr. bruts a 3 fr. a cette epoque /i80,000 Total des importations de 1850. . . 2,980,000 fr. La passementerie de Paris emploie beaucoup de fil poil de chevre, il en est de m6me de Nimes, Lyon et autres villes ; et comme a Amiens, seulement, I'emploi de cette matiere est aug- mente de la moitie au moins, depuis que toutes les filatures fran^aises ont cesse de filer cette matiere , nous croyons que I'importation doit ^tre maintenant d'au moins ili00,000 kilogr. de fil, ce qui represente pres de 800,000 kilogr. bruts. Le kilogramme valant depuis plusieurs annees au moins 6 fr. en brut : soit 4,800,000 fr. Ou bien en comptant le file au prix moyen de la fr. le kilogramme sur 400,000 kilogr. : soit. 5,200,000 L'industrie du velours d' Utrecht emploie au moins 10,000 ou- vriers dans le seul departement de la Somme, et surle nombre bien pres des deux tiers sont peres de famille. La majeure partie du fil de poil de chevre importe en France est employee a Amiens pour la fabrication du velours d'Utrecht; le surplus est employe par la passementerie, qui parvient a faire divers genres que jusqu'a ce jour la France achetait en Allemagne. Si Ton ne trouve qu'un petit nombre de tissus fabriques avec le fil poil de chevre, a notre avis, la cause en est que cette matiere etantfilee a I'etrangeret dans des conditions telles, ou A peu pres, il est difficile d'en faire de la nouveaute pour robes. Si au contraire on filait cette matiere en France, que le filateur fut en rapport direct avec le fabricant de nouveautes, il est a croire que si le poil de chevre pur ne donne qu'un tissu trop roide pour faire robe , le melange avec la laine aurait bientdt detruit cet obstacle, ce qui n'emp6cherait point d'ob- FOILS DK CH^VRES D^NGORA. A91) tenir des couleurs tr^s vives; etdans ce cas, nous aurions en France des tissus pour robes qui se placeraient naturellement enlre ceux de luine et ceux fails avec la sole. Mais nous le repetons, cela ne pourra se faire que quand cette matiere sera lilee en France, puiscjue le melange de poil de chevre et de laine est prohibe a Tentree en France. A propos de tissus fails avec le poil de chevre, et pouvant Mre employes pour robes, et de I'avenir de ces mati^res em- ployees par les fabricants de nouveautes, M. Chenneviere, fa- bricant a Elbeuf, peutvous donner, monsieur, de precieux reu- seignemenls. Le poil de chevre brut se vend a Londres de 6 fr. a 6 fr. 50 le kilogr; ce prix est appele a augmenter. Dans les toisons vendues a ce'prix, on trouve dans le triage des parties dont on obtient en filature les n" 2/i, 30, 36, A2, 60 et 60, tres pen de n° 70 ; nous entendons les numeros anglais, dont le n° 1 contient une longueur de 560 yards en fil simple (512 moires) pour une livre de poil (A53 grammes): soil une longeur de 565 metres par 500 grammes. Nous nous trouvons avoir en ce moment de 14 a 16 kilogr. de toisons de poil de chevre d'Angora, qui nous fut adresse par la Societe d'acclimatation des Alpes, comme etant la pro- priete des membres de cette Societe. Dans la pensee que la quanlite que deja vous avez d Paris, ou que vous pourrez reunir, se rapprochera de ce que nous avons , nous croyons utile de vous donner , monsieur, les remarques failes a I'examen de ces toisons, en accompagnant ces renseignements de quelques meches de toisons, que nous reunissons dans un petit pa(juet que nous vous adressons ce jour et dont nous reparlerons plus loin. L'ensemhle de ces toisons ne differe point de ce que, pendant plusieurs annees, nous avons re^u de Constantinople, Smyrne, Lcndres, etc. ; c'est-adire que Tetat des toisons, qui represente la sante des animaux, eel elal apparent est le m6me, rien de particulier sur ce point. Le poil noir est un grand defaul qu'il faut eviter, il ne s'en Irouve point dans ce que nous avons. 500 SOClETh: IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Les m^ches reunies et portant une etiquelte n° 1 pour finir au n" hO, representent ce que nous avons trouve de plus fin dans les loisons des Chevres; nous estimons que par le triage de ces parties et leur bon assortiment, on y trouverait de quoi faire des fils aux n°* 38, AC et 42, mais pas au dela; nous n'avons done rien trouve pour faire les n"* 50 et 60. L'echantillon n" 2 vient des toisons des Bones ; c'est la partie la plus fine trouvee dans ces toisons^ nous estimons que Ton en obtiendrait le n° 32 et peut-6tre m6me le n° 3Zi. Sous le n" 3 sont les meches les plus communes des toisons des Boucs^ avec lesquelles on peut filer depuis le n" 24 jusqu'au n-28. Le n" 4, dont il y a une assez grande quanlite, que nous estimons 6tre des decbets des toisons, ne pourrait 6tre file qu'avec la laine, c'est-a-dire melange avec lalaine pour donner un fil propre a 6tre employe par !a passementerie. Le n° 5 vient d'une toison qui n'est point du poil de chevre. Cette matiere a divers noms dans I'industrie, elle est tres employee a Elbeuf, Reims, Sedan et autres villes. II ne faudrait point de boucs de cette espece dans un trou- peau de cbevres. Au resume, nous avons trouve dans ces quelques toisons de quoi faire des n° 24 a Zi2 inclusivement, mais rien pour faire le n" 50 et plus ^ cela ne dit point que les toisons a Paris ne contiennent pas de quoi faire ces numeros. Avec les ecban- tillons designes ci-dessus et par comparaison, il vous sera pos- sible, monsieur, de vous en assurer. Nous avons dit que Ton fait avec le poil de'cbevre file un genre de tissu que Ton designe sous le nom de velours d'Utrecht. Ce tissu est employe pour I'ameublement , pour rideaux, cbaises, etc. On gaufre les pieces de qualite communes et les pieces qui ont des defauts de fabrication. La majeure partie des wagons de TAmerique , les salles d'attente, etc., sont garnis de velours d'Utrecht teint en gris, gaufre ou uni: Amiens expedie beaucoup a New -York. PUILS DE CHEVRES D^ ANGORA. 501 L'echanlillon de velours (rUtrecht que nous vous adressons sous le n" 1 est fait do fil poll de chevre au n" 26; cet echan- tillon est gaufre. L'echantillon n° 2 est fait de lil n" 28. Le 11° 3 est fait avec du n° 30 de qualite secondaire. Le n" /i est fait de fd n" 36. Le n" 5 est fait de fil n" 42. Nous estimons que dans les toisons a notre disposition on trouverait de quoi faire des tissus similaires, mais on n'y trou- verait point de quoi faire les ecliantillons n°'6et7, lesquels sontfaitsde fd n" 50. Nous croyons devoir ajouter que les fils n"* 24 a 30 que Ton obtiendrait des toisons qui sont ici donneraient un tissu beaucoup plus brillant que les ecliantillons n*" 2 et 3. Le tissu fait de n" 26 vaut 4 francs le metre, celui du n" 42 vaut 7 a 8 francs, et celui en fd n*" 50 se vend en gros au moins 10 francs le metre. La question la plus difficile serait d'uliliser les toisons que vous avez pour en obtenir des types en files et tissus. Nous avons ici une filature avec d'excellents metiers anglais, mais malheureusement elle est inactive depuis plusieurs annees deja •, et c'est, nous le croyons, la seule (jui existe encore en France : il faudrait done envover ces toisons en Anijleterre. Cela n'est point une difficulte ; nous sommes en rapport avec des filateurs que nous croyons assez obligeants pour nous rendre ce service. Mais de ces toisons obtiendra-t-on des types vrais? Ce sera difficile : le poil de cbevre brut perd 50 pour 100 de son poids pour 6tre converti en fil; des 50 kilogr. que vous avez, on obtiendrait done environ '?b kilogr. de fil. En admet- tant que dans les toisons qui sont a Paris, on y Irouve des qualites a faire depuis le n' 24 jusqu'au n" 50 inclusivement, les 25 kilogr. de fils se diviseraient a peu pres comme suit : 8 kilogrammes en n" lU- 5 — en n " 30. 8 — en n" 36. 3 — en n" 42. 1 — en ii" 52. Total. . . 25 kilogi'umme.s. 502 SOCIETY IMPERIALS ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Cette division, qui doit approcher de pres le resultat pos- sible, nous fait craindre qu'en admettant la plus grande obli- geance de la part de nos correspondants, cette obligeanee soit insuffisante pour nous faire obtenir des types vrais. Nous estimons que, sans les soins de surveillance, le triage, le peignage, doublage. retordage du fil, le degraissage, la filature des types vrais, tout cela couterait a un filateur fran^ais de 200 a 380 francs, tandis que la facon de 25 kilogr. ne vaudrait au maximum que 75 francs, dans les conditions ordinaires. En admettant le fait possible quant a la filature, viendrait ensuite la question de faire des tissus avec les fils, lorsqu'il faut en- viron 10 kilogr. d'un meme numero pour faire une piece. Lefil poll de chevre employe dans le velours d'Utrecht n'y est point tisse en trame a Taide de la navette, mais il y est employe en chaine, comme la sole dans le velours de sole, et le tisserand forme le velours en coupant le tissu au fur et a mesure, avec un outil appele rabot ; mais cette seconde difficulte pourrait se reduire a une question d'argent. Nous vous prions, monsieur, d'excuser la longueur de notre reponse. Nous desirons que vous puissiez y trouver les princi- paux renseignements que vous desiriez; si d'autres vous sont necessaires, veuillez nous les designer, et nous ferons tout notre possible pour vous les donner. Nous restons a votre disposition, monsieur, pour tirer de ces toisons de poil de chevre le parti que vous deciderez. Veuillez agreer, etc. Deneux et A. Lelievre. PROCfeS-VERBAUX. 503 III. EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES DU CONSEIL DE LA SOClfiTfi. SEANCE DU 26 SEPTEMBRE 1856. Prisidence de M. Geoffro'x Saint-Hilaire. Conformement a Tarlicle l*"" du reglement administratif, le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : MM. Aubry-Lecomtk (Ch.-Eug.), aide-commissaire de la Marine, ex-charge du service administratif au Gabon, charge du classement des produits a TExposition colo- niale permanente, a Paris. Carbonnier (Paul), a Neuchatel (Suisse). . . ..'. . CouLON (Auguste de), id. Dupuis, professeur d'histoire naturelle appliquee a I'agri- cuiture a I'Ecole regionale de Grignon, membre cor- respondant de I'Academie royale d'agriculturede Turin, a Paris. LifeAUTAUD (le vicomte de), proprietaire, au chateau de Busagny pres Pontoise (Seine-et-Oise). Lefevre-Durufl^, Senateur, ancien Ministre de Tagricul- ture et du commerce, a Paris. Pasquier (Frederic du), a Neuchatel (Suisse). RoGET (Louis), banquier, a Geneve (id.). Rouen des Mallets, ancien prcfet, proprietaire, a Ta- verny-Saint-Leu (Seine-et-Oise) et a Paris. Sablons (de), membre du Conseil general de la Loire, a Bourg-Argental (Loire). Sacc (Henri), a Colombier, canton de Neuchatel (Suisse). Schaeiffelk, pharmacien, docteur es sciences naturelles, agroge a TEcole superieure de pharmacie de Strasbourg, a Paris. 50A SOCll^TE IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. — La Societe d'acclimatiition pour le royaume de Prusse , nouvellement fondeo si Berlin { Acclimatisations-Verein fiXr die Kceiiicjlich-preussischen Staaten), est admise, sur sa demande, par un vote unaiiinie, au nombre des Societes affiliees a la Societe imperiale d'accliinatation. — Le Conseil vote egaleaient Tadmission de la Societe des sciences naturelles et archeologiques de la Creuse, qui en a fait la demande, au nombre des Societes agregees. — M. le President informe le Conseil de la perte que vient de faire la Societe, en la personne de M. Alfred du Meril, president de la Societe d'agriculturedeCaen, ancien magistral, decede le 1" aout dernier. — M. le secretaire annonce egalement la mort de deux au- tres membres de la Societe : M. de Leautaud et M. Marcel Atger. — M. le comte de Taverna et M. Casati, de Milan, et M. Magne, d'Alfort, adressent leurs remerciments pour leur admission au nombre des membres de la Societe. — S. A.R. le due Paul de Wiirtenberg, apres avoir egalement adresse ses remerciments pour son adaiission, oft're son con- cours a la Societe, et annonce qu'il lui fera parvenir dans la suite des rapports sur sa derniere expedition scientifique, qui a dure sept ans. M. le secretaire du Conseil est cbarge d'exprimer aS. A.R. le prix que la Societe attache aux communications qui lui sent annoncees . — M. de Saint-Victor transmet les remerciments de M. le comte de Fleurieu avee les siens propres, pour leur ad- mission. Ces deux nouveaux membres mettent a la disposition de la Societe, pour des essais d'acclimatation d'animaux ou de vegetaux, leurs proprietes de Tarare et de Villefranche, leurs serres chaudes et temperees et la ferme modele qu'ils possedent a 15 kilometres d' Alger. — M. leMinistre de la guerre otl're a la Societe ses remerci- ments pour les graines de Chine qui lui ont ete enyoyees, et qu'il a fait parvenir a M. Hardy, pour 6tre cultivees a la pe- piniere centrale d'Hamma, pros Alger. — M. Barthelemy-Lapommeraye envoie un echantillon d'un PUOCES-VERBACX. 505 brai animal, de rAmerique du Sud, produit par un frelon, ct un autre de brai vegetal, d'une origine incertaine, employe dans rAmerique du Sud, egalement pour calfater les navires. Le m6me membre demande quelques bulbilles d'Ignames de Chine , qu'il desire envoyer a un de ses correspondants a la Guadeloupe. — Par une lettre du 9 septembre, M. Stanislas Julien, de rinstitut, annonce I'envoi d'une collection de 33 especesde Do- lichos ({u'il a re^ue de Chine. Des remerciments lui seront adresses. Le Conseil prend immediatement des mesures pour que ces graines soient cultivees sur quatre points differents. — M. le vice-amiral Penaud ecrit de Tile de Malte, le 2 juillet, pour offrir ses services, avec le concours de sir William Reid, gouverneur general de cette lie, pour tout ce qui pourrait interesser la Societe. M. le President annonce qu'il a deja transmis a nos hono- rables confreres les remerciments de la Societe. — M. le marquis Antinori ecrit de Smryne, le 30 juillet, a M. le President, pour lui exprimer ses regrets de n'avoir pu encore se procurer les renseignements qui lui avaient ete de- mandes sur les Brebis a lainefine de la Cappadoce. M. Antinori donne ensuite quelques details sur les Perciiopteres, qui rendent de veritables services en Anatolie ; sur le Chameau employe dans ce pays et sur les Poules de Demisli, dont il avait reuni quel- ques sujets pour les adresser a la Societe. Mais des circon- stances independantes de sa volonte, et qu'il regrette vivement, Font emp^che de les expedier, comme il Tesperait (voyez le Bulletin y novembre 1856). — M le docteurSacc adresse a la Societe le produit de la tonte d'un Bouc et d'une Chevre d'Angora conlies a M. A. P. Roman, etdes trois Chevres deposees chez M. Marozeau, a Wesserling. Le poids total de ces cinq loisons est de 8 kilog. A90 grammes. Apr^s avoir fait observer que ce produit represente plus du double de celui des Chevres envoyees en Algerie et qu'il est d'une valeur remarquable, M. Sacc ajoute quel([ues observations sur le regime a appliqueraux Chevres d'Angora etsur leur pro- duit comme viande de boucberie, et en particulier sous le 506 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. rapport de la graisse. (Voy . au Bulletin, n" de septembre 1856, p. hhlx.) — M. CuSnot, apr^s avoir, a la date du 2 aout, annonce que le produit nouveau-ne de I'une des deux genisses yaks qui lui avaient ete confiees est une femelle, ecrit le 9 septembre qu'il a expedie, le h de ce mois, a la Societe d'acclimatation des Alpes, a Grenoble, conformement a la decision prise par le Conseil, le taureau, les deux genisses adultes qu'il avait requs en depot, la jeune genisse nee recemment chez lui et le jeune taureau ne chez M. Jobez. II ajoute qu'il a pris les mesures necessaires pour que ces animaux fussent bien soignes pendant le voyage. Des remerciments seront adresses a M. Cuenot, au nom de la Societe, pour les soins qu'il a donnes aux Yaks, et pour les heureux resultats qu'il a obtenus dans ce premier essai d'acclimatation. — M . Bouteille ecrit de Grenoble, le 10 septembre, au nom de la Societe des Alpes, pour annoncer Tarrivee du troupeau d'Yaks confie a cette Societe, et faire part de la naissance imprevue d'un jeune male, ce qui porte a six le nombre des animaux composant actuellement ce petit troupeau, savoir : un taureau de trois ans, un jeune d'un an et le jeune ne a Grenoble, une vacbe de cinq ans, une de trois ans et une genisse de deux mois et demi. — M. Cuenot ecrit sur le meme sujet, le 19 septembre , et presente quelques remarques sur les circonstances qui ont precede la naissance du jeune taureau mis bas a Grenoble. — MM.Deneux etLelievre, manufacturiers a Amiens, adrea- sent, en date du A aout, des renseignements tres precis et tres detailles sur I'emploi industriel des polls deChevres d' Angora en France, oil ces poils arrivent, pour la plus grandepartie, apres avoir ete files en Angleterre. L'importalion annuelle de ces produits est evaluee a plus de 5 millions de francs. Ces docu- ments sont accompagnes de divers echantillons de velours d0 differentes qualites, fabriques a Amiens. (Voyez page 497.) MM. Deneux et Lelievre renouvellent en outre Toffre tres empressee de leur concours, pour les essais de fabrication que PK0CE8-VERB\UX. 66f la Societe pourrait desirer tant en Angleterre qu'en France. Des remerclments leur seront adresses au nom de la Societe. — M. Chazereau, secretaire du Coinice agricole d'Aubigny- sur-N^re (Cher), ecrit, le 6 aoOt, pour rendre comptedes cul- tures diverses de graines (jue le Cornice a revues de la Societe, et dont laplupart ont donne des resultats satisfaisants. M. Chaze- reau rappelleensuiteles demandes adresseesdeja par le Cornice, pour obtenir des Gallinaces, des Vers a soie du ch6ne, des graines de Conif^res etdes animaux propres aux pays de plaines. — M. le secretaire de la Legation imperiale du Bresil annonce queles graines adressees par la Societe a S, M. TEni-* pereur du Bresil ont ete expediees le 2 du in^me mois. — M. Braguier rend compte des resultats de la culture des graines qu'il a revues de la Societe en decembre 1855 et avril 1856, et rappelle sa demande de Cochons chinois. — M. Hardy annonce qu'il a pu multiplier en Algerielessujets femelles de I'lgname de Chine, et quMl espere faire bonne pro- vision de graine, dont il enverra une partie a la Societe, afin qu'on puisse, dit-il, par des semis repetes, niitiger la tendance de cette precieuse racine a pivoter profondement, et lui* faire subir des modifications propres a la rendre plus agricole. M. Hardy donne ensuite des renseignements sur la maniere dont il a cuilive, sans les trongonner, les deux tubercules d'Igname de la Nouvelle-Zelande, qui lui ont ete adresses de Calcutta par M. Piddington. — A cette occasion, M. le President annonce que I'Academie royale d'agriculture de Turin a voulu donner un temoignage de son estime a trois membres de la Societe d'acclimatatiou qui ont pris une grande part a Tintroduction et a la multipli- cation des divers Ignames. MM. le docteur Cbatin, Hardy et Paillet ont ete iiommes membres correspondants de I'Academie royale d'agriculture, qui avait deja confere le m6me titre a M. de Montigny. M. Dumeril a re^u aussi le m6me temoignage d'estime, et M. le President a ete invite a transmettre leurs diplomes a nos confreres, au nom de cette Academic. — M. Tuyssuzian, avant de quitter Sainte-Tulle, pour re- tourner en Orient, ecrit pour annoncer (ju'il fera un rapport sur 508 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. rOlivier de Crimee, apres avoir etudie cette espece sur les lieux. — M, Mestro, directeur des Colonies, annonce que S. Exc. le Ministre de la marine vient de transmettre au gouverneur du Se- negal et.au commandant superieur de Goree et dependances le questionnaire relatif a I'Autruche, redige par M. ledocteur Gosse. M. le President annonce qu'une semblable communication a ete faite par ordre de M. le Ministre de la guerre aux fonc- tionnaires de FAlgerie. — M. de Lacoste adresse a la Societe un exemplaire d'une brochure qu'il vient de publier sous le titre de Guide du cul- tivateurdu Sorgho a Sucre, etrecommande cette plante comme pouvant Ctre aussi utile a la petite culture qu'a la grande pro- priete. Cette lettre est renvoyee a I'examen de la Commission nommee pour I'etude speciale du Sorgho. — M. Patu de Saint-Vincent demande a etre inscrit pour prendre part a la distribution du Riz sec, quand la Societe I'aura re^u, et rappelle une demande deja faite d'cBufs de Gallinaces. — M. le baron Guerrier de Dumast, secretaire general de la Societe regionale de Nancy, adresse quatorze exemplaires du Bulletin de cette Societe (second trimestre 1856). Ce numero renferme : 1° un article sur la protection que I'homme doit aux animaux-, 2° une notice de M. Godron, president de la Societe de Nancy, sur deux Mollusques naturalises en Lorraine, I'un recemment^ V autre depuis longtemps; 3° une lettre sur la culture du Sorgho dans le nord-est, et enfm divers documents d'inter6t particulier pour cette Societe. — M. le chevalier Baruffi, delegue a Turin, envoie des Cocons de race piemontaise (Brianza), provenant de la magnanerie de M. Massa, a Voghera, pres Alexandrie, qui a obtenu cette annee 300 onces de tres bonne graine. M. Barul'fi en enverra a la Societe au printemps prochain, pour un essai. — M. de Liron d'Airoles adresse delaCiveliere, pres Nantes, un Memoire sur les subsistances. (Voyez Bulletin, p. A32.) — M. Du Fougeroux, ancien representantde la Vendee, ecrit le 26 aout, pour demander des oeufs de divers poissons. Une semblal:^e demande est adressee par M. Aubel de Pymont (Saone-et-Loire). Ces deuxlettres sont renvoyees a M. Millet. PROCEIS-VERBAUX. 509 — M. Aubry-Locomte, aide-conimissaire de la marine, dont radmission a ete prononcee au commencement de cette seance, donne quelques details , dans une lettre du 30 aoCit, sur ses travaux speciaux dans le cours de ses longs voyages, sur la creation du jardin de naturalisation de la colonie du Gabon, creation f|ui lui est due, et sur quelques envois de vegetaux utiles qu'il a faits en Algerie. — M. de Lacoste envoie, a la date du 2 septemhre, un Rap- port sur la grande culture de I'Igname de la Chine entreprise par M. Remont^ de Versailles , daus les departements de Seine-et-Oise, de la Drdme et des Landes. Ce travail est ren- voye a la Commission chargee de visiter les cultures d'Ignames de Chine de )l. Remont. — M. le docteur Bazin, delegue a Bordeaux, transmet vingt- cinq exemplaires d'un Memoire de M. Des Moulins, president de la Societe linneenne de cette ville, ayant pour titre : Docu- ments relatifs a la naturalisation en France du Panicum digitaria. Ces exemplaires sont accompagnes d'une lettre de M. Des Moulins qui en fait hommage a la Societe. L'auteur re- commande la culture de cette graminee, originaire de I'Ame- rique septentrionale, naturalisee depuis 1820 dans les environs 'de Bordeaux, comme susceptible de fournir, dans la partie nieridionale de la France, un fourrage tres abondant du goiit de tous les bestiaux. ' — M. le Ministre de la guerre, apres avoir rappele la de- mande d'echantillons de laines d'Algerie, qui lui avait ete adressee I'annee derni^re, au nom de la (Commission permanente instituee au sein de la Societe, transmet la copie d'une lettre du marechal Gouverneur general de TAIgerie, en date du 15 aoCit, relative a ces laines. M. le Gouverneur general, apr^s avoir entendu M. Bernis, veterinaire principal, membre de la Societe , pense qu'il y a lieu de differer d'une annee encore renvoi dont il s'agit. Dans Tetat actuel, les echantillons n'au- raienl aucune signification de qualite. L'annee procbaine, au contraire, on pourra connaitre le resultat des amelioratiotis entreprises par des croisemenls judicieux. — M. le Ministre de la guerre ecrit de nonveau, en date du 510 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 15 septeiTibre, relativenient aux toisons des Chevres d' Angora envoyees en Algerie, qui avaient ete otTertes a la Societe par S. Exc. et par M. le Gouverneur general, el qui ont ligure au dernier concours universel d'agriculture. M. leMinistre exprime le desir que ces toisons soient deposees a I'Exposition perma- nente de I'Algerie, et demande Favis de la Societe sur cet emploi. Le Conseil ne peut qu'applaudir a cette pensee et ap- prouver la reponse que M. Guerin-Meneville a adressee en son nom, comme secretaire, a M. le Ministre. — M. le docteur de Beauvoys ecrit de Seiche (Maine-et- Loire), pour appuyer la pensee exprimee par M. Penard-Masson dans son Mernoire sur la conservation des Abeilles, et propose I'etablissement d'un rucher experimental. M. de Beauvoys ajoute qu'un agriculteur allemand vient de communiquer a la Societe de 3Iunich un procede de conservation semblable a celui de M. Antoine, de Reims. — M. Marty, d'Aurillac, apres avoir rappele I'envoi qu'il a fait a la Societe de 5 kilogr. de polls provenant de la tonte des Chevres d' Angora qui lui ont ete confiees, annonce que les sept Chevres et le jeune Bouc qu'il a recus sont en bon etat. — M. Magne transmet un Mernoire sur la production ali- mentaire des quadrupedes indigenes en France^ adresse a la Societe par M. Leclerc, de Seurre. — M. le vicomte de Susini, president de la Societe d'agri- culture de Sartene (Corse), mend)re de la Societe, adresse un Mernoire intitule : Note sur les Vers a soie dits Trevoltini, qui ont fourni, Fannee derniere, une deuxieme education, dirigee par mademoiselle Caroline de Susini, a Sartene (Corse). Ce travail sera insere dans le Bulletin. (Voyez plus haut, p. 472.) Notre confrere demande en meme temps de la graine de Bombyx Cinthya dont il voudrait essayer I'education. — M, le President presente au Conseil, au nom de ma- dame la princesse de Belgiojoso, les graines de deux petits Melons d'une espece originaire d'Asie Mineure, et tres estimee dans cepays. (Voyez ie Bulleti?i, page 458.) — M. le comte d'Epremesnil, secretaire general, dans une t'ROCfeS-VRRBADX. 614 lettre ailressee a M. le presidetit le 9 septembre, donne quelques details propres a interesser la Sociele sur retablissement de Lapins d'Angora, qu'il a visile a Saint-Innocent, petit village situe a une lieue environ de la ville d'Aix en Savoie, sur les hauteurs qui dominent le lac du Bourget. « Get etablissement, dit M. le secretaire general, m'a paru interessant surtout parce qu'il procure beaucoup d'ouvrage aux femmes, aux enfants et aux pauvres, pendant les mauvais temps. II est des plus simples. Les Lapins d'Angora, de toutes couleurs, gris, blancs, brUns, noirs, sont parques dans de grandes pieces et nourris de debris de toute espece et de branchages verts. Le poil est recueilli quatre fois par an-, il est carde, file et tisse dans le village par les habitants, qui vivent de cette industrie bien simple, qu'il serait facile de propager en France. J'ai rapport^ des echantillons de ces tissus que je ferai parvenir a la Societe.)» — M. LaCorbi^re transmet une demande de Cochons chinois adressee a la Societe par M . Martin Buchere, de Cour-Cheverny. — M. le President communique au Conseil une lettre de M. Melchior, gerant du Jardin zoologique de M. le prince A. de Demidoff, aSan-Donato, pres Florence, qui, en I'absence du prince , adresse un tableau des aniraaux dent il pourrait disposer et de ceux qu'il desirerait recevoir en echange. — M. le President fait connaitre en outre (fue M. Le Prestre, de Caen, lui a fait parvenir aussi une liste d'animaux. Le Conseil decide qu'a Tavenir le Bulletin fera connaitre, toutes les fois (ju'il y aura lieu, les demandes d'echanges ou les offres proposees par les membres de la Societe, et ([ue le ta- bleau adresse par M. Melchior et la liste de M. Le Prestre se- ront inseres au prochain numero de septembre. (Voyez au Bulletin^ page Ix^h.) — M. de Lacoste annonce qu'il s'est associe a M. Bemont, pour envoyer au Japon et en Chine, un voyageur charge d'en rapporter tous les vegetaux utiles qu'il y pourra trouver. — M. Barthe, qui a deja od'ert a la Societe des graines de vegetaux utiles de I'Amerique meridionale, lui adresse des graines de Haricot beurre, espece tres grimpante qui donne continuellement des gousses excellentes; et des grains de 512 SOCllST^ IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Mais Sucre, excellente espece cultivee dans beaucoup de loca- lites de la Floride. — A I'occasion de 1' envoi des Haricots beurre par M. Barthe, M. le President annonce qu'un envoi de graines d'une autre variete de Haricots, designes , quoique tres differents, sous le meme nom, lui a ete adresse par M. Le Prestre, qui cultive de- puis plusieurs annees cette variete a Saint-Andre-de-Fontenay, pres de Caen. Des remerciments seront adresses a MM, Barthe el Leprestre. — M. le docteur Sacc annonce qu'il vient d'adresser a M. le President une certaine quantite de graines de Chcero- phyllum bulbosum^ plante dont il a deja entretenu la Societe (voyez le Bulletin, n° d'aout 1856, page 352). Cette graine doit 6tre semee le plus tot possible avant I'hiver, ou aux pre- miers beaux jours de fevrier et de mars. Des remerciments seront adresses a notre honorable con- frere. M. Sacc propose en outre d'envoyer a la Societe quelques pieds des Patates du Japon importees Tan passe en HoUande par M. Siebold. Cette proposition est acceptee avec empresse- ment. — M. le President fait connaitre qu'un autre don lui a ete annonce par M. le comte de Jonquieres, au nom de M. le docteur Yvan. Notre confrere veut bien offrir a la Societe des Poules qu'il vient de rapporter de Turquie et qui paraissent presenter de I'interet. Le Secretaire du Conseil, Gu^rin-Meneville. CHi:vRES. 513 I. TRAVADX DES MEMBRES DE LA SOCIETI ESSAI SUR LES GHfiVRES Par M. S^CC, ProfesK^ur h la Faculte des sciences de Ncufchilel ( SniAw ) , D^^u^ He la Soci^t^ k Wesserling-. INTRODUCTION. La Chevre appartient au groupe des Ruminants a comes creuses, caracterise surtout par I'absence d'incisives a la ma- choire superieure, ou elles sont reniplacees par un bourrelet calleux. Entre les incisives et les niolaires se trouve un grand espace vide cause par I'absence des canines. Les molaires, au nombre de six de chaque cote, sont sillonnees a leurs faces interne etexterne d'elevations et d'excavations ondulees ; leur couronne est oblique et marquee de lignes representant una double demi-lune dont les comes sont tournees en haul, en dehors, et en bas en dedans. Les pieds sont termines par deux doigts reconverts de sabots derri^re, et au-dessus desquels se trouvent deux petits ergots ; les doigts sont fort rapproches Tun de I'autre et ont la surface par laquelle ils se touchent si parfaitement plane , que le sabot a I'air d* avoir ete fendu en deux. Comme tons les ruminants, la Chevre a quatre estomacs, ou plutot un estomac (juadruple. Le premier estomac, qui se trouve au cote gauche de I'animal, sous la cavite formee par la jonction de la cuisse au ventre, est tres vaste, le plus grand de tons, et le premier visc^re qui frappe d'abord la vue lorsqu'on ouvre un de ces animaux-, il se nomme panse^ et re^oit rherbe que Tanimal n'a fail que maclier legerement, en sorte qu'elle occupe un espace considerable. De cet estomac les aliments passent dans le second, appele bonnet, dont la surface interne est tapissee par une membrane T. III. — Novembre 1856. 33 614 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. plissee de telle faQon qu'elle preseiite une multitude de figures hexagonales semblables aux cellules d'un rayon de miel. Comme le bonnet est petit et arrondi, la panse ne lui envoie que de minimes quantites d' aliments a la fois •, c'est la que les plantes, bumectees de nouveau, sont ramollies et moulees en petites pelotes qui, poussees par une espece de regurgitation, remontent successivement, par le canal alimentaire, dans la bouche, ou elles sont mjicliees de nouveau et d'une maniere, cette fois, parfaite. La rumination dure aussi longtemps qu'il reste encore dans la panse de la nourriture qui n'a pas subi la seconde mastication. Durant cette operation, i'animal est tou- jours tranquille et se tient ordinairement couclie. Les aliments convenablement broyes sont avales de nouveau, et descendent dans le troisieme estomac, appele feuillet on psautier, parce que ses parois sont tapissees de larges replis longiludinaux de la membrane, qui ressemblent assez aux feuillels d'un livre 5 de la ils parviennent enfin dans le quatrieme estomac, appele cail- lette, ou ils sont dissous et transformes en chyme : ses parois sont fort epaisses et ridees ; il correspond a Testomac simple des autres mammiferes. Onpeutcomparer les premiers estomacs augesier des oiseaux granivores, dans lequel le grain est d'abord ramolli, avant que de passer dans Testomac proprement dit. La transformation des plantes en sang necessitait d'autant plus un appareil particulier, qu'elles sont souvent dures, coriaces, et que Tanimal en a besoin d'une fort grande quan- tite proportionnellement a son corps pour se nourrir. Tant que les ruminants sont a la mamelle, et que par conse- quent ils ne se nourrissent que de kit, il n'y a que la caillette qui digere •, la rumination n'a pas lieu, et la panse n'acquiert son enorme developpement que lorsque I'animal commence a se nourrir d'herbes, ce qui la force a se distendre. II est a remarquerque tous les ruminants, sans exception, demandenta avoir toujours un peu de nourriture dans leur panse ; aussi ne peut-on renvoyer I'heure de leurs repas, ou diminuer le volume de leurs aliments, sans qu'il en resulte un mal visible qui se trahit toujours par la diminution du lait. cntvREs. Mh he tube intestinal est tr^s long, le gros intestin a fort peu de poches, le crccum est long et plat. Les dejections sent seches et de forme ellipsoidale. La graisso des Ch^vres est plus dure encore que celle des autres ruminants; elle se rassemble en grosses masses dans certaines parties du corps. Le pis, qui est place entre les jambes de derri^re, constitue une grosse glande pendante, terminee par deux mamelons derriere lesquels s'en trouvent d'ordinaire deux autres a I'etat rudimentaire. Les huit dents incisives que les Chevres ont a la machoire inferieure sont a peu pr^s de la m6me grosseur, rangees avec ordre et se toucbent par leurs bords. II n'y a point de canines, mais bien six molaires de cbaque c6te des deux niachoires. Les comes, dirigees ordinairement en arri^re, sont aplaties lateralement et marquees de raies transversales plus ou moins profondes. Le nez est plat ou m^me quelquefois enfonce ; I'espace place entre les narines est nu. Les Clievres n'ont point de fosses lacrymales ; leurs oreilles sont pointues, ordinairement droites et tres mobiles; leur langue est douce et molle, leur tronc et leurs jambes forts, leur queue courte et presque constamment relevee. Le pelage est babituellement compose de deux esp^ces de poils, plus ou moins distincts dans cbaque race. La premiere, ou poil primaire, comprend le poil allonge et flexible qui s'offre le premier a la vue lors([ueronconsiderecesanimaux:ilcouvre la seconde, ou poil secondaire, qui n'est autre chose qu'un duvet extr^mement delie, fort delicat, tenant a peine a la peau, et ne paraissant qu'en automne pour tomber au printemps. Presque toutes les Chevres ont une barbe plus ou moins fournie, et quelques-unes d'entre elles ont sous le cou deux petils appendices cutanes, appeles glands. Les Chevres aiment les endroits eleves et montagneux, qu'elles gravissent facilement a cause de la structure particuliere de leurs pieds, qui ont tout autour du sabot un bourrelet corne qui leur donne une grande sfirete, mj'ime sur les rocbers les 546 SOCIETE IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. plus glissants ; elles vivent en troupes, sont fort gaies, alertes et montrent des facultes intellectuelles extraordinairement developpees. Leur vue, leur ouie, leur odorat sont parfaits. Ces animaux sont, a une seule espece pres, tous originaires de Tancien monde, d'ou ils ont ele transportes dans le nouveau, ou ils se sont excessivement multiplies. La Chevre, ce charmant et utile animal , qu'on a voulu arracher de la chaumiere du pauvre et bannir des pares du riche, est celui de tous les animaux de la ferme qui, en etantprofon- dement domestique, a cependant le moins perdu les moeurs libres, le caractere decide de I'animal sauvage. La Chevre bien soignee est, sans contredit, le plus agile, le plus adroit et surtout le plus gracieux des animaux domes- tiques. Quoique fort capricieuse, la Chevre ne Test point autant que quelques auteurs Tout dit; car, non-seulement elle pait aussi tranquillement que ses compagnons de service, mais elle pent m6me 6tre conduite sans trop de peine en troupeaux, dans les champs; si I'une d'elles quitte un instant ses compagnes, elle revient bientot se joindre a elles, sans jamais rester en arriere. D'ailleurs, rien de plus facile que de mettre un terme a leur petit vagabondage aux champs, puisqu'il suffit de ne les y conduire qu'a des heures fixes et de les en ramener des que leur faim est calmee, au bout d'un temps determine naturelle- ment par I'abondance de I'herbe. Tout son caractere est peint dans ses beaux yeux, qui reunissent aTexpressionde douceur de la brebis, celle de I'intelligence du chien, et de vivacite qu'elle seule possede. La Chevre est bien, apres le chien, I'animal domestique qui est le plus attache a I'homme ; car, non-seulement lorscju'elle est libre, elle ne fuit pas, mais court a sa rencontre, et le suit avec une perseverance quelquefois fort desagreable. La memoire est tres developpee chez la Chevre, ainsi que nous allons le prouver par deux faits dont nous avons ete temoin. Nous avions une Chevre commune que nous affection- nions beaucoup et a laquelle nous donnions seul des soins ; oblige de nous en defaire, nous la perdimes de vue pendant un an, quand revenant chez nous au bout de ce long espace de CHEVKKS. 517 temps, nous vtmes accourir au-devaiit de nous cette m6me Chevre (jui, qiiittant le troupeau au milieu duquel elle paissait, nous teinoigna par ses bonds, ses l)6lements et ses caresses, combien elle elait heureuse de nous revoir; Ayant donne plus lard a cette Cbevre un chevreau a clever, elle I'adopta sans peine et le nourrit avec tout le soin possible. Un an plus tard, (juand on niena paitre ces Chevres avec le troupeau communal, une Chevre, aussi forte que grande, vint attaquer notre pro- tegee, et se preparait a lui faire un niauvais parti, quand sa fille adoptive, s'elan^anl a son secours, mit son adversaire en deroute. Nous avons vu cette scene interessante se renouveler chaque Ibis que la vieille Chevre etait attaquee. Dans le m^me troupeau se trouvait un bouc de deux ans et tres doux d'habitude, qui, frappe un jour par un brutal, I'oublia si peu, que, rencontrant quelque temps apres le m6me indi- vidu, il le suivit par derriere jusqu'au moment oii il put lui appliquer dans les jarrets un si rude coup de t6te, qu'il Tetendit tout de son long a terre. On pourrait prendre ces animaux pour type de lacuriosite; car des que les Chevres aper^oivent un objet cjui leur est inconnu, toutes, le nez au vent, francbissent rocs et vallons pour parvenir a lui ; puis, apres I'avoir bien examine et m6me suivi des yeux pendant quelque temps, elles reviennent, au grand galop, a leur paturage. Le courage des Chevres est tres grand ; mais il est surpre* nant qu'elles en aient beaucoup plus quand elles sont seules que lorsqu'elles sont reunies en nombreux troupeaux : car alors, par exemple, elles fuient devant un chien, tandis qu'au- trement, elles I'attendent de pied ferme, se ruent sur lui, le frappent des pieds et de la t^te, et n'abandonnent que rare- ment le combat les premieres ; car il semble que les blessures qu'elles resolvent ne i'assent qu'augmenter leur intrepidite ou plut6t leur fureur. Quand les Chevres se battent entrc elles, elles s'approchent Tune de I'autre, debout sur leurs jambes de derriere, se lais- sent tomber a terre, front contre front, de tout le poids de leur corps, puis se poussent reciproquement de toutes leurs forces. 618 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. jusqu'a ce que Tune des deux perde pied et soil obligee de fuir. Quand le combat a lieu eiitre des Cb^vres sans cornes, ou sur- tout entre Tune d'elles et une Chevre a cornes, elles cbercbent toujours a saisir avec les dents les oreilles de leur adversaire qu^elles mettent ainsi hors d'etat de nuire, tout en leur causant une douleur si vive, qu'il est rare qu'elles reviennent a la cbarge. Nous n'avons jamais remarque que les Chevres a cornes usassent pour leur defense de ce singulier artifice. Plus lubrique que le coq domestique, le Bouc est tout aussi jaloux que lui, et n'aime pas qu'on touche ses Chevres ; il les defend avec courage chaque fois que Foccasion se presents. L'odorat de la Chevre est tellement developpe, qu'elle retrouve sans peine la trace de son maitre ou de son troupeau ; elle fait cela en portant le nez au vent : d'ailleurs, tout le monde salt qu'il suffit d'avoir pousse Thaleine sur un morceau de pain ou de Tavoir effleure du bout des levres pour le faire rejeter par les Chevres. La voix de la Chevre a quelque analogic avec celle de la brebis, dont elle differe en ce qu'elle est saccadee et tremblotante ^ elle est susceptible d'une foule d'intonations trop peu distinctes pour pouvoir ^tre exprimees par des signes quelconques, mais bien assez pour qu'on apprenne vite ti les connaitre des qu'on s'occupe un peu de ces excellents animaux, et pour qu'ils se comprennent parfaitement entre eux. La voix du Bouc est un b6lement plus grave et plus accentue, qui est remplace, dans les moments de passion, par un eternument nasal rude, bref, saccade, toujours accompagne du relevement de la l^vre supe- rieure. La Chevre, comme le Chien, sait parfaitement se pher au caracteredes gens avec lesquels elle vit : ainsi, vous la voyez, quoique toujours gaie, suivre a pas lents sa debile maitresse, tandis qn'avec les enfants, sans cesse courant, bondissant, ellesembles'associeraleiirsjeux, s'enfuit, va, revient, s'elance sur les murs et en redescend en bonds cupricieux avec toute la legerete qui la caracterise. Si la Chevre n'est pas regardee comme le plus precieux des animaux domestiques, elle ne Test pas moins de fait, puisque CUiVRES. 519 elle seule peut les remplacer tous, ex(;eple sous le rapport de la force, et (ju'aucun d'eux ne peut en tenir lieu : c'est pour cette raison qu'elle s'est si vite repandue sur toute la surface du globe, depuis les sables brOlants de TArabie jusqu^aux mon- tagnes glaroes de la Suede. La Chevre est le type accompli du producteur de lait : sous ce rapport-la, ellesurpassebeaucouplavacbe, puisque pour uii in6me poids de fourrage elle fournit 25 pour 100 de lait de plus quelle. Aucune des denrees necessaires a raliuientation de rhomme ne lui est plus indispensable que le lait : c'est lui qui decide de la sante a venir de Tenfant ; c'est lui qui soutient le vieillard ; c'est lui encore qui, cbez les robustes populations de la Suisse et de TAllemagne, constitue la base des repas du matin fit du soir, et cependant c'est sur lui que s'exerce la fraude, 1^ plus souvent, etde la maniere la plus dangereuse. Procurer tou jours, et a toutes les populations, un lait pur et abondant, sera leur ofl'rir la nourriture a la fois la plus saine, la plus economique, et resoudre en m6me temps le grand pro- bleme a Tordre du jour, celui de la vie a bon niarcbe. On attein- dra ce but niagnifique avec la frugale chevre dont les riches mamelles fournissent reguliferement et en abondance leur pre- cieux lait, sous tous les climats, avec toutes les nourritures et dans toutes les conditions imaginables. Partout oil elle se trouve , la Chevre est bien justemeut regardee comme membre de la famille dont elle est souvent le principal soutien, et comme telle, elle est toujours traitee avec le plus grand*soin, avec la plus araicale douceur. CHEVRES SAUVAGES. Gonnues de toute untiquite, repandues dans toutes les par- ties du rnonde civilise ou etles ont suivi Thomme, les innom- brables varietes de Chevres domestiques derivent sans doute de pinsieurs des especes sauvages (jue nous allons passer en revue, en utilisant surlout I'excellente iMammalogie que M. Giebel vient de publier en alleniand. On rencontre les Chevres sauvages dans tout Tancien monde ^ il n'en existe (ju'une seule espece dans TAmerique du Nord. La forme des 620 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. comes des Chevres sauvages est assez differente, pour avoir servi de base a leur division en deux groupes dont le premier comprend les Bouquetins . e'est-a-dire. les Chevres dont les comes plates^ en avant, ont la coupe horizontale triangulaire et sont g amies de gros nceuds transversaux. Le Bouquetin des Alpes {Capra ibex), de Linne, a un aspect remarquablement musculeux et fort. La t6te, relativement courte, a le front plus bonibe que celui de la femelle, les yeux gros et brillants \ les oreilles courtes et placees fort en arriere. Les cornes du male pesent souvent plus de 7 kilogrammes ; elles sont gris fonce, longues d'environ 60 centimetres, et regu- lierement arquees en arriere, ou elles divergent un peu I'une de I'autre ; elles offrent quatre faces dont les angles sont arrondis, et quatorze a vingt gros noeuds transversaux sur leur face anterieure. Ces noeuds vont en s'effa^ant de plus en plus, depuis la base des cornes jusqii'a leur pointe oil ils disparaissent en entier-, quoique d'autant plus nombreux que Tanimal est plus age, ils ne peuvent cependant point servir a fixer son age avec quelque precision. Les cornes de la femelle sont faiblement noueuses et n'ont jamais plus de 15 a 30 cen- timetres de long. Les l^vres des deux sexes sont couvertes de poils blancs, mais elles sont absolument depourvues de barbe. Le cou, gros et court, acquiert chez le male un developpement vraiment enorme, de m6me aussi que les cuisses, qui sont tres musculeuses, et relativement courtes et lourdes. Le corps est ramasse, la queue courte, relevee et garnie d'une touffe de poils. Les sabots sont hauts, etroits, a angles viis, et leur sole, qui est fort rugueuse, presente la durete de I'acier. Le pe- lage d'ete est court, mais serre, simple et gris brun •, celui dhiver est grossier, long, brun clair, et amplement garni, a sa base, d'une laine moelleuse. Les males adultes ont l'",/i8 de long sur 72 centimetres de haut ; ils pesent 90 a 100 kilogr., tandis que le poids des femelles depasse rarement 50 kilogr. On rencontre les Bouquetins sur les hautes Alpes, pres de la region des neiges eternelles, ou ils paissent en petites families de douze a quinze individus auxquels ne s'associent les vieux boucs qu en Janvier, au moment du rut ; pendant tout le reste CHfeVRES. 521 de I'annee ils se tiennent a I'ecart, dans une solitude absolue. Le soir, tout le troupeau gagne en paissant les for6ts ou il reste pendant la nuit et qu'il quitte avec les premiers rayons du soleil pour retourner a la limite des neiges eternelles, ou il passe la journee a ruminer et a dormir tranquillement au soleil. Quoique absolument insensibles au froid le plus vif, il leur arrive par- fois d'avoir le bord des oreilles durci par la gelee, ce qui vient sans doute de Fetrange babitude qu'ils ont de rester quelque- fois et par les plus aflreuses tempOtes, postes pendant des heures entieres le nez au vent, sur la pointe d'un rocher isole. Leur course est d'une velocite inouie ; ils semblent alors ef- fleurer seulement la terre, et Ton n'a pas d'idee de Tetendue de leurs bonds qui atteignentsouventjusqu'a 5 metres de hauteur. Quand ils s'elancent dans les abimes, ils en atteignent les parois ou le fond avec toute I'elasticite de la balle lancee par une main sure, et retombent toujours sur leurs solides sabots d'acier. Le jeune Bouquetin que possedait jadis la ville de Berne sautait sans hesiter sur la t6te d'un homme de haute taille, et s'y tenait aussi solidement qu'a terre ; il s'elan^ait sur TarSte d'une porte, et gravissait en trois sauts, en se tenant presque parallelement a sa surface, un mur perpen- diculaire, sur les parois duquel il ne trouvait d'autres points d'appui que les minces excavations produites par la chute de quelques plaques de mortier. Sa voix est une espece de siffle- ment prolonge qui se change en un eternument bref et repete lorsqu'il a peur ; quelquefois aussi il pousse un cri nasal qui, chez les jeunes, a quelque analogie avec le b6lement saccade de la Chevre commune. L'oeil du Bouquetin est aussi exerce que son ouie et son odorat sont fins 5 aussi est-il excessivement difficile au chasseur de Tatteindre, et n'y reussit-il qu'a force de peine et de patience : cependant son espece menace de dis- paraitre de toute la chaine des Alpes, quoique la chasse en soit sev^rement prohibee par les gouvernements cantonaux qui en protegent I'espece en Suisse. En ete, les Bouquetins se nour- rissent d'herbes alpines, parmi lesquelles ils recherchent sur- tout le Phellandrium mutelina^ les Artemisia et les Carex; dans I'arriere-saison, et en hiver, ils mangent les bourgeons 522 SOCll&T^ IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. des saules nains , des bouleaux , des rhododendrons ; puis aussi les lichens; ils rechercheiit le sel avec passion. Le rut a lieu en Janvier, et comme la gestation dure cinq mois, c'est de mai en juin (jue naissent les chevreaux, tout couverts d'une laine fine et serree , du plus beau gris brun ; leur ventre est blanc, ainsi que la face interne des jambes. La Chevre ne fait a la fois qu'un seul petit, de la grandeur d'un chat ; il est assez fort pour courir des qu'il est ne, et suivre, au bout de quelques heures, sa mere, au milieu des rochers escarpes oii elle le cache aussi longtemps que dure I'allaitement. Le chevreau, gai, doux et gracieux, s'apprivoise avec la plus grande facilite, et ne se couvre des poils rudes de I'adultequ'a rapprochedeFautomne. En caplivite, les Clievres restent douces et dociles, tandis que les males deviennentpeu traitables d^s leur seconde annee ; ils ont acquis tout leur developpement a quatre ans, et vivent jusqu'a trente. Les Chevres ont un tel attachement pour leur petit, qu'elles ne I'abandonnent pas au moment du danger, mais le prennent dans la bouche et s'enfuient avec lui; pour s'en emparer, il faut suivre la mere au moment ou elle va mettre has, et enle- ver le petit a I'instant m6me ou il voit le jour. Le Bouquetin s'accouple volontiers avec la Chevre commune et produit de superbes metis de m^me forme (jue la sienne, mais plus grands et plus forts. Ges metis sont feconds ; il y en a une magnifique collection au Musee zoologique de Berne, et Ton en rencontre assez souvent dans les Alpes bernoises, ou M. Kasthofer les avait repandus dans I'espoir de creer une race de Chevres indi- genes, plus forte et plus rustique que I'espece commune. La ehair des Bouquetins, analogue a celle du mouton, est plus fine ; sa peau est Ires recherchee par les megissiers. Ce n'est plus guere que dans les Alpes du haut Valais, que le Bouquetin n'est pas devenu excessivement rare, et c'est la aussi qu'on va chercher les rares exemplaires qui sont repandus dans les divers musees d'Europe. (^e n'est que du haut Valais qu'on peut obtenir des Bouquetins vivants, encore faut-il les demander une annee d'avance, alin que les chasseurs aient le temps d'observer leurs allures et de decouvrir leur gite, pour arriver a CH^VKES. 5St surprendre les i'enielles an moment m6me ou elles mettent has. La paire tie jeunes vaut actuellement de 15 a 1600 Cranes. II est vrainient doinniage qu'avec la faculte de se procurer un aussi excellent gibier, aussi facile a nourrir qu'a multiplier, on ne cherche pas a Ic substituer aux daims qui peuplent nos pares, et dont la cliair ne vaut certes pas celle du Bouquetin. II est d'ailleurs probable qu'on reussirait sans beaucoup de peine a domestiquer le Boutjuetin et a creer ainsi une nouvelle race de Chevres, plus grande, plus forte et plus rustique que Tespece commune qui derive de I'Egagre du Caucase. * Le Bouquetin d'Espagne {C. hispanica) a ete decouvert en 1847, dans les sierras Nevada et de Ronda, par M. le docteur Scbimper, Tbabile direrteur du musee de Strasbourg. Ses comes, grosses et epaisses, se touchent presque a leur base ; elles sont arrondies en avant, anguleuses en dedans et garnies chez les jeunes sujets de nceuds horizontaux qui s'effacent avep Tage; elles s'el^vent d'abordparallelement, puis s'arquent en dehors, et reviennent sur elles-m6mes en dedans, de ma- ni^re que leurs pointes se regardent. Les comes de la femelle sont petites et courbees. Le male porte sous le menton une barbe noire et courte, qui manque a la femelle. Le pelage, qui est completement depourvu de laine, est court, brun fonce, blanc sale sous le ventre et a la face interne des cuisses 5 une tache noire derriere la t^te se prolonge en une raie de la m6me couleur, tout le long de Tepine dorsale ; une autre raie noire s'etend des deux c6tes du ventre ; enfm, la m^me couleur ome le devant des jambes. LeBou(juetin des Pyrenees (C. pyrenaica) ressemble beau- coup a celui des Alpes dont il se distingue par ses comes et sa barbe noires ^ elle est encore plus forte que celle du Bou([uetin d'Espagne. Les cornes sont epaisses, arrondies en avant, plates en dedans et carenees ei^arriere, en sorte (|ue leur coupe hori- zontale est piriforme ; elles s'ecartent fortement des leur base, puis tournaiit sur oHes-m^mes, elles tinissent par presenter en avaut leur face interne, et en arriere leur face anterieure ; elles portent de dix a vingt-deux nceuds transverses. Les cornes de la femelle sont courtes, faiblement rayees en Iravers, et 524 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. aplaties devant et derriere. Le pelage d'ete est tres court, couche sur la peau, rougeatre ou brun clair; le front, le nez et la face exterieure des cuisses sont brun rougeatre 5 les machoires gris brun-, le devant du cou, la poitrine et le des- sous du ventre, gris d'acier. En biver, le derriere du cou et les flancs sont d'un gris cendre brunatre •, les cotes de la t6te brun noir; la ligne dorsale, la queue, le devant du cou et les cuisses noirs ; le dessous du ventre et la face interne des membres sont d'un blanc plus ou moins gris, et les oreilles jaunatres. Le pelage des jeunes est rougeatre, avec le dessous du corps et le museau blancs ; le devant des jambes est brun, avec une tacbe blancbe au genou. Les nioeurs de ce Bouquetin sont ana- logues a celles du Bouquetin des Alpes ; completement detruite en France, cette belle espece ne se rencontre plus que rare- ment dans les Pyrenees espagnoles, d'ou elle ne tardera sans doute pas a disparaitre aussi. Le Bouquetin de Siberie {C. sibirica) a le corps plus allonge que le Bouquetin Suisse, et cependant il semble encore plus lourdement bati que lui ; sa t6te est grosse, son cou tres epais et ses jambes courtes et fortes. La barbe est longue cbez le male, courte cbez la femelle. Les cornes sont longues, minces et fortement arquees en arriere 011 leur pointe se recourbe en crochet ; elles sont arrondies en arriere, longues de 1 metre, et garnies de seize iioeuds qui ne s'etendent pas sur leurs cotes. Tout le corps et m^me la t6te sont converts d'une laine tres fine, moUe et frisee ; de longs poils blancs forment sur le derriere du cou une espece de criniere. Le nez est d'un beau brun. Les oreilles sont petites et d'un blanc sale, ainsi que les machoires ; la barbe des joues, celle du menton et la nuque sont bruns ; les cotes du cou sont garnis de poils bruns et blancs ; une raie brune descend depuis le derriere des epaules jusqu'aux jambes; le ventre est brun; une raie brun-noir s'etend depuis la nuque jusqu'a la queue, et les flancs sont de couleur isabelle. La teinte du pelage se fonce avec les annees. Cette espece vit dans les montagnes de la Siberie, de la Tar- tarie et du Kamlschatka ; ses moeurs sont identiques avec celles du Bouquetin Suisse. \^Im suite prochainement.) AUTRUCHE d'aFRIQUK. 525 DES PLUMES D'AUTRUCHE. EXTRAIT DUN MEMOIRE SUR L'AUTRUCHE D'AFRIQUE LU A LA SOCIETfi DANS LES STANCES DES 1*' ET 15 FlSvRIER, £T III MARS 1856, Par RI. le doctear L.-A. GOSSE^ Ddl^guc dc la Society, a Geneve. Quoique le commerce des plumes d'Autruche se rattache a une Industrie de luxe, a une question de mode, on ne peut meconnaitre I'importance qu'il acquiert dans Tetat actuel des choses, en particulier lorsqu'on reflechit que la mode qui a fait de ces plumes une parure de prix dure depuis pres de quatre mille ans. Le front des Pharaons, parmi les plus anciennes dynasties de VEgypte, en etait, en effet orne et de nos jours elle jouit de la m6me faveur chez les classes privilegiees de I'Europe. Et ce ne sont pas les nations civilisees seules qui apprecient la valeur des plumes d'Autruche, la plupart des voyageurs nous informent qu'elles sont Tornement favori des peuples sauvages dc Tinterieur de TAfrique. lis ne se contentent pas d'en garnir leurs coifl'ures, mais ils fabriquent avec les grandes plumes blanches des parasols d'line elegance remarquable^ et avec les plumes noires, des especes de batons emplumes qui servent aux chasseurs de moyen efficace pour se soustraire a la fureur des animaux feroces. (Burchell, Op. cit., t. II, p. 579.) € De cette mani^re, » dit cet auteur, « un de nos Hottentots . echappa a un Rhinoceros furieux.» Au Congo, ces plumes, mOlees avec celles du Paon, sont employees pour faire des enseignes de guerre. D'autre part, la France est le pays de TEurope qui porte le 526 SOCIlEtE IMPERULE ZOOLOGIQUE dVcCLIMATATION. plus de gout dans cette Industrie de luxe, ou qui en tire le meilleur parti, lorsque les matieres premieres sont a sa dispo- sition. Et cependant cette France, maitresse d'une portion du territoire natal des Autruches, est devenue a cet egard tribu- taire d'autres Etats, moins bien places qu'elle, etson industrie plumassierc se trouve souvent a la merci de quelques nego- ciants qui exercent sur ce commerce un monopole de fait, sinon de droit. Pour mieux faire comprendre a quel point il importe de changer cette situation, je me suis vu force d'entrer dans quelques details de pratique, un peu arides, pour lesquels j'implore votre indulgence, en faveur du but que je me propose. Quant aux valeurs que j'ai assignees a telle ou telle qualite de plumes, elles doivent 6tre aussi approximatives que pos- sible, car les documents m'en ont ete fournis par des autorites competentes en pareille matiere. Pour cela il me suffit de vous citer les noms de MM. Chagot aine, Ray, Verreaux, Notre et Gresy. Le col et les cotes de la t6te sont munis d'une espece de plumes ayant I'apparence de polls courts et clair-semes. II est fort douteux qu'ils puissent 6tre utilises, et c'est sans doute par erreur que le compte rendu des douanes frangaises a inscrit les polls d'Autrucbe au nombre des objets importes en 1855 5 ou plutot il est vraisemblable que, dans le commerce, on a donne abusivement le nom de polls a ce qu'on appelle le duvet y soil les barbes detacliees du tuyau, dont les fines s'emploient pour orner les cbapeaux dits caudebecs^ etdont les grosses se fdent et servent a faire les lisieres des draps noirs les plus fins. Les plumes d'Autruche qui entrent specialement dans le commerce sont celles des ailes, de la queue, dudos, de Tepaule, de I'aisselle, de la poitrine et de la croupe. Elles possedent toutes des qualites qui leur sont propres et qui ne se retrou- vent dans aucune autre espece d'oiseaux. Quoique elastiques et fermes, elles sont souples et ondoyantes, recoquillees etarron- dies a leur extremite, et leurs barbes ou barbules, plus ou moins AlITRUCBE n^AFRIQUE. 527 longues, plus ou moins soyeuses et fournies, ne s'accrochent jamais les unes aux autres (1). Claude Perrault, qui deja avail fait ressortir cette qualite spdciale des plumes d'Autruche, et en avail explique le meca*^ nisme, a Taide d'observations microscopiques assez exactes, ajoulait : c On remarque encore une autre qualite dans les plumes des ailes de TAutruche qui leur est particuliere; car les grandes plumes des ailes des autres oiseaux ont toujours un c6te plus large que I'autre, mais celles de TAutruche ont le tuyau justement au milieu de la plume. II y a sujet de croire quecetteegaliteestle fondementdu liieroglyphe des Egyptiens qui representent la justice par une plume d'Autruche. » {MSmoires de I'Academie des sciences, t. Ill, 2* partie.) Ce sont ces diverses proprietes remarquables, jointes aux dimensions considerables que peuvent acquerir quelques-unes fl) Note sur les plumes et les poils d'Autruche, par M. Charles Robin; Le type g^n^ral de leur structure est celui qu'on observe sur les plumes des oiseaux nocturnes ; mais cependant on constate des differences notables dans la grandeur et la forme des barbes et des barbules, ind^pendamment de celle des tiges. Les barbules qui garnissent les barbes sont minces, aplaties, remar- quables par leur largeur et plus encore par leur longueur considerable. Elles sont form^es de cellules allong^es, aplaties, soud^es bout ci bout, et dont les lignes de soudure sont encore reconnaissables sur un certain nombre d'entre elles. Ces cellules montrent encore, pour la plupart, un noyau cen- tral ovoide, pale, non granuleux et sans nucl^ole; c'est surlout dans les cellules du bout des barbules que se voit ce noyau. Les barbules de ces plumes, au lieu d'offi ir chacune un ou plusieurs crochets pour chaque cel- lule qui les constitue, comme chez la plupart des autres oiseaux , en sont depourvues. Aussi n'^tant pas retenues adh^rentes les unes aux autres par les crochets, elles se s^parent facilcment, ce qui , joint h leur flexibility, donne aux plumes une grande raollesse. Les derniiires cellules seulemenl de chaque barbule portent chacune les rudiments d'un ou deux crochets qui se pr^sentent sous forme de petites pointes efliiees, generalemenl courtes, droites et jamais recourb^es, lors mfime qu'elles atleignent une certaine longueur. Aussi ces rudiments d'organes bien developp^s dans les plumes des autres oiseaux uc remplissent-ils aucun usage. Quant aux poils d'Autruche, ce sont de petites plumes dont la tige porte h sa base des barbes biharhulees comme les autres plumes; seulement, dans ces deux rangcSes de barbules, celles-ci sont courtes, peu aplaties, termi- 528 sogi]6t6 imp]e:riale zoologique d'acclimatation. des plumes, qui leur assurent le privilege exclusif dont elles jouissent, sans les soustraire aux caprices de la mode. Chez le male qui a atteint Tage de cinq ans, les pennes des ailes, au nombrede 25 a 30 environ de chaque cote (de 36 sui- vant Adamson), sont les plus longues et les plus elegantes ; et elles sont d'autant plus appreciees qu' elles sont abritees de Tusure. Leur couleur est d'un blanc plus ou moins pur, ce qui permet de les scumettre aux teintures les plus varices et les plus delicates. Les plumes de la queue (bouts-de-queue), au nombre de 50 a 60 (de 72 suivant Adamson), sont plus courtes, quelque- fois plus roides et moins onduleuses. Elles sont egalement blanches, mais ordinairement teintees ou salies par Purine. Les plumes du dos et de I'epaule, plus ramassees, plus courtes, moins souples, garnissent la partie anterieure du dos et le dessus des ailes. Elles sont en general d'un beau noir et d'un aspect lustre. n^es g^n^ralement en pointe, et d^pourvues de crochets ou de leurs rudi- ments signal^s dans les plumes proprement dites. A mesure qu'on s'^loigne de la base de la plume , les barbules sur chaque barbe deviennent plus courtes, plus aigues, plus imm^diatement appliqu^es contre la barbe de la plume ; c'est surlout sur la rang^e interne de barbules que celles-ci sont courtes. Bientdt les barbules de la rangde interne disparaissent compl^te- ment dans une partie ou dans toute la longueur de la barbe de plume, en sorte que certaines barbes sont seulement unibarbulees. Puis enfm les bar- bules manquent compl(5tement sur les dernieres barbes, ce qui fait que celles-ci ressemblent a des poils qui se terminent graduelleraent en pointe. La tige elle-meme, en s'amincissant, se prolonge beaucoup an dela des dernieres barbes, sans plus en presenter aucune ; elle simule alors un poil plus ou moins long et plus ou moins roide, suivant son volume. Cette tige pili forme s'amincit pen a pen, mais se termine ensuite assez brusquement en pointe mousse, arrondie. Touiefois il faut noter qu'avant de se terminer prfesdu bout, cette tige piliforme pr^sente subitement cinq ou six barbes microscopiques, se d^tachanl presque au mfime niveau, de maniere h former ensemble un petit bouquet terminal que la loupe ou le microscope font seuls apercevoir le plus souvent. Quelques-unes de ces barbes microsco- piques montrent m^me de rares rudiments de barbules sous forme de pointes courtes , appliqudes et redressees contre la barbe. Ordinairement, lorsque la tige piliforme est blanche, elle se charge d'une certaine quantity de pigment brunatre pr^s de sa terminaison. ALTRUCHE D-AFRIQUE. 529 Les plumes de la poitrine et tie la croupe varient quant aux dimensions, mais sont egalement noires et lustrees. La plupart des plumes noires ordinaires sont replongees dans une teinture noire, pour rendre leur couleur plus Tranche. On rencontre (iuel([uefois sur I'epaule du male des plumes melangees de blauc et de noir, (jui s'appellent bayoques. Elles sont souples, mais sans grace, n'ont de prix que par leur rarete, et c'est une raison pour que la mode s'en empare et les fasse valoir. Enfin on trouve sous I'aisselle de I'oiseau une espece de plume toute particuliere, blanche chez le male, grise chez la femelle, a laquelle on a donne le nom d'espadoti, a cause de la similitude avec I'arme du poisson de ce nom. Cette plume etroite, velue et gracieuse, est tres rare, parce que son appa- rence a I'etatbrut ne la fait pas recueilhr. Chez la femelle et le jeune male de deux a cinq ans, les plumes des ailes et de la queue, de moindres dimensions que celles du male adulte, sont d'un blanc sale, terne ou grisatre ; elles se blanchissent plus difficilement et prennent aussi plus difficilement les couleurs delicates. — Les plumes du dos, de I'epaule, du poitrail et du ventre, sont brunatres ou d'un blanc brunatre, leur aspect est terne et elles ne peuvent^tre employees que teintes en noir. De la I'inferiorite de leur valeur dans le commerce. Les plumes de la femelle sont particulierementplus mattes, plus molles (velues) et moins gracieuses (1). Les plumes noiratres du jeune male commencent a paraitre des la seconde annee, mais isolement, a mesure (jue les vieilles tombent, ce qui lui donne une apparence bigarree. Eniin , on rencontre dans I'interieur de TAfrique une va- (1) Le docteur Lichlenslein me paialt avoir confondii le plumage de la femelle avec la vari^l^ noire dont il esi queslioa un peu plus bas, lorsqu'il dit {Op. cit., t. II, p. hb) : « La femelle est touie noire, ou dans le jeune ») age d'un gris fonc(5, et elle a de pelites pltmies blanches dans la queue. » Mais lorsqu'on ne regarde pas la couleur, les plumes de la queue sont » aussi grandes et aussi belles que celles du male. » Tous les zoologistes, en effet, s'accordent sur ce point, c'est que la femelle adulle de I'esp^ce ordinaire est d'un gris brundtre, plus ou moins fonc^, et qu'elle n'a jamais de plumes noires comme le mdle. T. III. — Novembre 1856. Zk 580 SOCl^TE 1MP6RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATA.TION. riete d'Autruches doiit les plumes sont presque entierement noires (1), et il ne serait pas impossible qu'on apercut excep- tionnellement des Autruches blanches, comme il arrive pour le Nandou d^Amerique. Dans tous les cas, la domestication pour- rait favoriser ce genre d'albinisme. Les tuyaux des pennes des ailes sont as&ez gros et assez fermes pour avoir servi de plumes a ecrire, comme succedanes de plumes d'oie (2) . Les plumes d'Autruche arrivent en Europe de divers points de I'Afrique et de I'Arabie, et y sont classees suivant leurs provenances et suivant les qualites qu'elles possedent. Voici un aperQu des differenles categories admises dans le commerce (3) : 1" Plumes dites d'Alep. — Proviennent de la haute Egypte {h) et d'une race d'Autruches remarquable par sa taille et sa force. De la elles sont toutes transportees a Alep, d'ou les (1) James Richardson, Narrative of a Mission to Central Africa, per- formed in the Year 1850-1851, 1. 1, p. 150. 2 vol. in-8, London, 1853. (2) James iUchardson, Travel in the Great Desert of Sahara ^ t. II, p. 178. 2 vol. in-8, London, 18Zi8. (3) Notre coliegue, M. Chagot ain^, a fait liommage h la Society d'accli- matation d'un choix de ces diverses qualites de plumes, dument classees et ^tiquel^es. (/i) En 1798, ces plumes ^talent import^es en Egypte, envelopp^es dans des sacs de cuir, par les caravanes du Darfour et du Sennaar, et elles se \endaient au poitls. Les deux caravanes du Darfour en apportaient animelle- ment h Siout de 20 a SOcantars (le cantar ^quivalant a Zi8'''i-,125). Les cara- vanes du Sennaar, arrivant h Esne plusieurs fois I'ann^e, apportaient 8 a 10 cantars, soil de 6 S 9 quintaux de plumes. (Voyez le Mcmoire de M. Gi- rard, sur Vagriculture, I'industrte et le commerce de I'Egypte, dans h Description de I'Egypte, Paris, 1829. t. XVII, p. 28k- — Voyez aussi le M^raoire de Lapanouse , sur les caravanes venant du royaume du Sen- naar,dans les Memoires sur I'Egypte, Paris, an xi, t. IV, p. 77.) Ce com- merce 6lait alors enue les mains de ii(5gociants francs et isra(5iites. Depuis r^poque de I'occupation, les caravanes du Darfour avaient ili interrompues jusqu'a une ^poque r^cente sous le gouvernement de Me- hemet-Ali. Le Cordofan en exporte aussi de nos jours, mais cette exportation esttrfes restreinle et n'interesse que quelques marchands nubiens. (Voyez le Desert et le Sahara, par M. d'Esiayrac de Lauture, p. 572. lvoLin-8, Paris, 1853.) AtJTRUCHE d'aFRIQCE. fifZi negocianls israelites les expedient a leurs coreligionnaires de Livourne et de Marseille. La plume d'Alep est classee au premier rang dans le com- merce, par sa douceur et la legerete de ses barbuies. Les bouts -de -queue sont ordinairement d'une couleur orangee, mais redeviennent tres blancs. lis jouissent souvent d'une grande faveur. 2° Plumes dites Bengazy. — Provierment de la regence de Tripoli, vraisemblablement des oasis de Sockna, Houn et Ouadan, et sont apportees a Bengazy, sur la cdte, par les cara- vanes qui partent tous les deux ans de Wadai, rendez-vous important de commerce dans TAtrique centrale (1). EUes arri- vent en France par Alep et Livourne, et par les m^mes mains que celles d'Alep. EUes sont plus belles peut-6tre que les pre- cedentes, comme (jualite du duvet-, mais leur sont inferieures, quant a la souplesse et a la grace. Toutefois elles se rappro- chent assez de la plume d'Alep, pour 6tre misessur Ieni6me pied et avoir une grande valeur. 3" Plumes dites de Barbarie. — Proviennent surtout du Sahara etdu Soudan ; elles sont transportees par des caravanes a Mogador, dans le Maroc, et monopolisees par des Israelites, puis adressees aux maisons Israelites de Livourne et de Mar- seille. La partie meridionale du desert en tburnit plus que le nord, et cela en echange de produits manufactures. Les plus belles viennerit des environs de Wedinoon et du cap Bojador, et sont recueillies sur des Autruches de tres grande taille (2). Elles sont inferieures aux Bengazy parce que le duvet en est plus sec et plus dur. Cependant elles ont une qualite toute par- ticuliere, en ce que, a la teinture, elles prennent les plus belles couleurs. Elles produisent peu de blanc, quoique, en appa- rence, elles paraissent en donner davantage que les prece- dentes qualites, et en effet les plumes de la queue sout noires, au dire de Jackson, qui a reside seize ans dans le pays* {Op. cit., p. 113.) (1) James Richardson, Narrative ofaMission to Central Africa, 1. 11, p. 9. (2) Jackson, An Account of the Empire of Marocco, and the Districts of Siise and Tafilett, 2* »5dit., p. Hk. 1 vol. in-Zi, London, 1811. 532 SOClfiTlE IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. . A" Plumes dites du Cap. — Proviennent de I'mterieur de I'Afrique meridionale, d'une race d'Autruches dont la taille est peut-6tre la plus forte de toutes. Elles arrivent exclusive- ment par voie d'Angleterre, et, depuis 1837, sont en partie entre les mains de negociants Israelites : ce sont les plus larges et les plus longues plumes du commerce, mais aussi elles sont moins flexibles. M. Jules Verreaux m'a assure en avoir vu une qui mesurait plus de 2 pieds (plus de 65 cent.) en longueur, sur 7 pouces (19 cent.) de large ; elle etait cependant molle, elastique, et son extremite se ployait comme un saule pleureur. Suivant M. Ray, elle tient son rang apres celles de Bar- baric; suivant M. Verreaux, elle va apres celle d'Alep. On designe aussi sous le nom A'agobay une variete de plumes du Cap, qui est moins blanche, plus sale et plus pesante. Suivant Lichtenstein, les bouts-de-queue des Autruches du Cap seraient noires. [Op. cit., p. hh.) 5o Plumes dites du Senegal. — Proviennent de la cote occidentale de I'Afrique centrale. Inferieures aux quatre prece- dentes, en raisondeleur nature plus seche et dela facilite avec laquelle elles sont attaquees par les mites (1), leur seule me- rite est d'etre d'un blanc parfait, ce qui permet de les sou- mettre a certaines teintures brillantes, tandis quelles sont rebelles a d'autres. Elles resistent a la teinture aux acides les plus actifs. On confond parmi les plumes du Senegal, celles dites yamani, qui paraissent provenir de TArabie ou de I'Abyssinie. Elles sont plus courtes,tres blanches et a duvet plus maigre. 6o Plumes dites de la Mecque. — Provenant vraisemblable- ment des deserts de F Arabic, elles sont apporlees a Alger par les caravanes ou les pelerins. — D'une qualite toujours ingrate et defectueuse, elles ne s'employaient que pour la teinture en noir. (1) Notre collogue M. Ray possMe sur ce genre de d^tMoration des documents prdcieux, et il serait ^ d^sirer qu'il voulflt bien les communiquer h la Soci^t^ d'acclimatation . AUTRUCUE d'afuiuue. 633 7* Plumes d'Algirie. — Proviennent de Tinterieur du Sahara et sorit uii nioyen d'echange pour les produits du Tell. EUes sont moins abondaules, et leur (jualitc esl la plus infe- rieure, soil que le temps de la chasse ait ete mal clioisi pour leur recolte, soit qu'elles se composent principalement de plumes detachees de I'animal par la mue, soit eniin qu'on les obtienne d'une race d'Autruches moins grandes et moins corsees que celles d'Egypte ou du Cap. Ce sont egalement des negociants israelites qui s'occupent specialement de ce commerce. Independamment de la qualite des plumes, suivant leur pro- venance, leur couleur ou leurs dimensions, les inarchands atta- chent une grande valeur a leur conservation plus ou moins parfaite. Diverses raisons rendent parfois cette conservation difficile a obtenir. Quant au.\ plumes qui se detachent naturellement par la mue de ranimal vivant et qu'on recueillc sur le terrain (1), outre leur secheresse, qui resulte de I'absence de nutrition, et leur plus ou moins grande deterioration, on a cru observer qu'elles sont plus facilement uttaquees par les mites que celles ([ui sont arrachees a Tanimal vivant. On les recon- nait en ce que, lorsqu'on les presse avec les doigts, elles ne laissent pas suinter, comme ces dernieres, un sue sanguino- ient, et qu'elles sont plus legeres (2). M. Notre pense qu'on pourrait prevenir I'altaque des mites, en les soumettant tout de suite a des preparations convenables, et M. Ray regarde la salaison des plumes comme une methode aussi simple qu'et'ficace. Les plumes nouvelles de I'Autruche sont assez promptement deteriorees parThabitude qu'ont ces oiseaux de se vautrer dans le sable, comme les Gallinaces, pour se debarrasser des poux. — Pendant I'incubation, les plumes des ailes et de la queue souffrent aussi des I'rottements continuels contre les bords du nid. Dans ce cas, les pennes anterieures des ailes et celles du (1) Voyez le M^nioire de M. Lapanuuse, Op. cil., l. IV, p. 103. (2) Histoire generate des voyages^ I. II, p. 362. 534 SOCI^T^ IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. milieu sont plus endommagees que celles placees plus en ar- riere. — M. Burchell [Op. cit., t. II, p. 351) ayant tue une Autruche male et trouvant les plumes salies, !es Hottentots lui dirent « que c'etait un oiseau de nid, » c'est-a-dire, un oiseau couveur. — tichtenstein ditegalement ([u'al'epoque de Tincu- bation les plumes ont moins de valeur « parce qu'elles sont gatees parle frottement et par la terre. {Op. cit., t. II, p. hh.) Mais la principale cause de dechet, qui fait que la plupart des depouilles vendues au marche ont pen de valeur, tient a la maniere dont a lieu la mue chez les oiseaux et au mode vieieux dese procurer les plumes. Quoique le changement de plumes se passe chez les Autruches avec plus d'activite a certaines epoques de Tannee, en avril et mai dans le niidi de TAfrique, au commencement de I'hiver au ' Sennaar, et en septembre ou octobre a Paris, il n^a jamais lieu tout a la fois, raais bien au contraire successivement, de ma- niere qu'on pourrait presque dire que la mue dure la plus grande partie de I'annee. II en resulte qu'on rencontre toujours sur le m6me animal dc vieilles plumes pres de tomber, des plumes naissantes, et quelques plumes nouvellement arrivees a leur croissance complete. Or, comme on ne se procure ordinaire- mentles Autruches par la chasseau fusil,araffutou a la course, qu'au moment surtout de la nichee, on congoit la difficulte qu'on eprouve a recueillir a la fois un grand nombre de belles plumes. On comprend mieux que lorsque, au Sahara, la chasse a lieu exceptionnellement en novembre, apres la principale mue, les chances soientplus favorables. D'ailleurs, on risque en se servant de fusils, comme cela se pratique au Cap et dans quelques parties du nord de I'Afrique, de faire sur les plumes des taches de sang qui, combinees avec la graisse, ne s'enlevent qu'avec la plus grande difficulte, au dire de quelques industriels, quoique MM. Verreaux affirment de leur cole qu'on peut les faire disparaitre promptement quand on les lave tout de suite. Les resultats sont bien autrement avantageux, lorsqu'on peut arracher les plumes, a mesure qu'elles se renouvellent, sur les Autruches vivantes, domestiquees ou simplement appri- AUTRUCHE d'aFRIQUE. 535 voisees. On obtient alors successivenient toutes les plumes dans Teclat de leur fraicbeur, et lorsqu'elles ont acquis tout leur developpement, on peut m6me repeter cette recolte dans le cours de I'annee. Cette idee est loin d'6tre une utopie et est mise depuis longtemps en pratique. Nous avons deja vu qu'au nioyen age, suivant Marmol, les tribus de la province deDara en Numidie olevaient des Autrucbes dans ce but. On les y faisait parquer en troupeaux , afin de s'assurer de la recolte de leurs plumes. Buffon fait observer a ce sujet « qu'ils en tiraient sans doute ces plumes de premiere qualite qui ne se prcnnent que sur les Autrucbes vivantes. » {Histoire naturelle des OiseaKx, t. I.) Plus recemment encore, le capitaine Lyon nous apprend (1) que dans quelques parties du Fezzan on a recours a ce moyen. Voici ses paroles : « A Sockna et aux environs, on el^ve des Autrucbes dans les basses-cours, et Ton recolte leurs plumes trois fois en deux ans. D'apr^s les peaux d'Autruche que j'ai vu exposer en vente , je crois que toutes les belles plumes qu'on voit en Europe viennent de celles qui sont privees, les autres ayant les leurs tellement souillees et brisees qu'elles n'en ont quelquefois pas une douzaine de bonnes. » Diverses tribus negres du centre de I'Afrique exercent une Industrie analogue, et il ne serait pas impossible que les plumes dites d'Alep, importeesen Egypte par les caravanes duSennaar ou du Darfour, ne provinssent de cette exploitation. Entin, MM. Verreaux freres m'ont dit avoir tire, sous ce rap- port, un excellent profit des Autrucbes qu'ils elevaient dans leur menagerie au Cap, et pensent qu'on pourrait sansinconvenients faire deux recoltes par annee. (1) Voyage dans I'interieur de VAfrique septentrionale, traduit de I'an- glais, dans la Collection de voyages modernes. Paris, 1822, t. XIX, p. 79. I^La suite prochainement.) 536 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOTE SUR LES EDUCATIONS DE L'UN DES VERS A SOIE DU CHENE [Bombyx Mylitta) FAITES EN <856, Par M. r. CiCilRIIS'-iaillVEVlLLE. On se rappelle que la Societe a entrepris rintroduction et Facclimatation de deux especes de Vers a soie du clique cultivees en grand dans Tlnde anglaise et en Chine, et Ton a vu, dans ce recueil (1) et dans un Memoire accompagne de figures co- loriees, que j'ai publie dans la Revue et Magasin de zoologie, 1855, p. 292, ou en etaient mes tentatives en 1855. Aujour- d'hui elles sonten voie de progres pour Tune des deux especes, pour celle de Tlnde anglaise {Bomhyx Mylitta). Quant a celle du nord de la Chine, mon Bombyx Pernyi, nous attendons tou- jours de I'obligeance de M. de Montigny et des honorables et zeles missionnaires fran^ais en Chine qui appartiennentanotre Societe, un nouvel envoi de cocons vivants pour recommencer des tentatives qui out ete infructueuses I'annee derniere, par suite de circonstances independantes de notre volonte. En attendant que ]e puisse entretenir la Societe des travaux de cette anuee surle Bombyx mylitta, travaux auxquels notre savant et tres zele confrere M. le docteur Chavannes a pris une si grande et si heureuse part a Lausanne, j'ai adresse la lettre suivante a I'iilustre President de I'Academie des sciences et de notre Societe, le 3 novembre 1856 ; leltre dont un court extrait a paru dans les Comptes rendus de f Academic des sciences : (1) Procfes-verbal de la s(5anc.e du 10 mars 185/i. VER A SOIE DU CH^NE. 537 » Monsieur le President, » J'ai I'iionneur de vous prier de vouloir bien communiquer a TAcademie des sciences un faittres curieux d'histoirenaturelle qui se rattaclie a une question importante, a nos tentatives d'acclimatation du Ver a soie de Tlnde {BombyxMylitta)^ qui vit des feuilles de divers arbres, et particulierement de celles de plusieurs de nos ch6nes les phiscommuns. » J'ai commence I'annee derniere I'introduction de ce Ver a soie, qui donne la fameuse soie tussah, si belle et si solide, et j'ai aujourd'liui la satisfaction de pouvoir annoncer que, grace a la puissante intervention delaSociete imperiale d'acclimata- tion dont on vous doit I'ideeet la fondation (1), et alaquelleje (1) Pour etre compl^tement juste, je dois tijouter au nom de notre Pre- sident, celui de M. le comte d'tprdmesnil. Voyez la note sur Torigine et la fondation de la Soci^t^, plac^e en t^tedu premier volume du Bulletin; note oil notre honorable confrere M. Hollard, alors secretaire et charge du Bulletin, s'est fail un devoir de rappeler aussi la part qu'ont prise aux travaux qui Font pr^paree ou conslituee, MM. De- Ion, Pomme, Richard (du Cantal), Saulnier, le comte de Sin^ty et le baron de l\othschild (*). P. S. — Au moment de meitre sous presse, je regois la letlre que Ton va lire ciapr^s. J'ai cru ne pouvoir mieux r^pondre qu'en Tinserant textuel- lement, h la pens^e qui Ta dictde. SOCl^Tfi IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. X Paris, le 26 novembre 1856. » Mon cher collogue et ami , » Je viens de trouver, en parcourant les epreuvesdu Bulletin, voire note relative a M. d'£premesnil, et je Tai lue avec une veritable satisfaction; car, trop souvenl, on a parie dc la creation de la Societe sans dire la part considerable qu'y a prise M. d'fipremcsnil. Sans lui, la SociSte n'existerait pas;et plus elle a acquis d'importance , plus il est de notre devoir^ tous, h moi surtout, de rendre justice i notre honorable collogue. » Je vous feiicite done et vous remercie de la bonne pensee que vous avez eue d'ajouter cctte note ; il vous appartenait 5 double litre de la placer dans le Bulletin, comme Secretaire du Conseil et comme un de nos premiers et principaux membres fondateurs. » Veuillez agreer, mon cher collfegue, la nouvelle expression de mes sen- timents tr6s dislingues et devoues. » Is. Geoffroy Saint-Hilaire. (') La m6me note rappelle aussi diverses propositions analogues dues a M. le baron de Montgaudry ct a M. Barthelemy-Lapomeraye. 638 SOCIETE IMPfiRlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. me suis empresse de faire hommage, au nom de M. Perrotet, des premiers cocons qu'il m'avaitenvoyes de Pondichery, I'ac- dimatation de cette utile espece est en pleine voie de succes. » En effet, I'annee derniere, jai obtenu assez d'oeufs de ce Ver a soie pour faire elever a Paris et a Lausanne un bon nombre de chenilles qui ont tisse leurs cocons. Ces cocons ont produit cette annee des papillons vigoureux dontla ponte a donne lieu a une ires lieureuse education, surtout a Lausanne, ou nion savant amiM. le docteur Chavannes est parvenu a obtenirplu- sieurs centaines de cocons, espoir de la generation de I'annee prochaine. J'attends de M. Chavannes, pour la Societe d'accli- matation dentil est membre, un rapport detaille sur cette edu- cation, et j'y joindrai les observations que j'ai faites sur Fedu- cation de Paris. Aujourd'bui je desire seulement appeler I'attention sur une anomahe remarquable, sur I'eclosion pre- maturee de I'un des cocons obtenus a Paris. Cette apparition en plein hiver d'un papillon qui ne doit se montrer que I'ete prochain s'observe quelquefois chez nos bombyx d'Europe ; heureusement c'est un cas rare et exceptionnel, car si tousles cocons donnaient ainsi les papillons quand il n'y a plus de feuiUes peur nourrir leur progeniture, et si les oeufs de ces pa- pillons eclosaient huit jours apres avoir ete pondus, ce qui est le cas ordinaire chez le Bombyx Mylitta en question, I'espece perirait infailliblement. » Je ne pourrais trop le repeter, Tintroduction d'especes sus- eeptibles de transformer les feuilles inu tiles de nos chines en une soie tres belle et tr^s forte ne saurait me detourner destra- vaux relatifs a I'amelioration de nos belles races de Vers a soie ordinaires, surtout aujourd'hui qu'une terrible epidemic (la gattine) sevit sur elles dans presque toute I'Europe. Dans une prochaine communication, j'aurai Thonneur d'entretenir TAca- demie de mes observations sur cette grave maladie des Vers a soie, qui fait manquer la recolte presque partout, et qui est devenue pour nos populations de plusieurs de nos departements du Midi une calamite aussi desastreuse que les inondations du Rhone et de la Loire. » J'ai I'honneur, etc. » M. F.-E, Gcerin-Meneville, Cn^NR-LtJ^GE. 539 SUK LE CHENE- LIEGE {Quercus suber) ET SUR LA IH)SSIBILlTfi DE LE CULTIVER SUR TOUT LE LITTORAL I)E L'OCEAN FRANC AIS, Par M. J. d« LIRON D'AIROLES. Le Cli(^ne-liege, ainsi (jue les Chines verts et les Chines blancs, presque excUisivcment reserves au midi de la France, peut cependant 6tre sem^ et roussir, nous le pensons, sur tout le littoral de I'Ocean. II existe a Nantes et dans ses environs de tres beaux Chines verts, de Ires beaux Chf^nes blancs, particulierement sur un plateau de la commune de Saint-Etienne-de-Montluc : quel- ques-uns de ces arbres so!il de la plus grande beaute par leur vegetation; ils accusent plus d'un siecle d'age et peuvent mesurer 2 metres 50 centimMres de tour a hauteur de cein- ture d'homme. II existait, il y a quelques annees a peine, un petit bois de Ch^nes-liege sur la terre de Lauvergac. appartenant alors a M. le comte de la Bourdonnaye, dont quelques voyageurs ont fait mention ; mais les p^cheurs de la cAte, en pillant le liege a des epoques indeterminees et conlraires a I'operation de I'extraction du liege, en ont fait perir beaucoup; il n'en existe plus maintenant qu'une .quinzaine ; les plus beaux, qui se res- sentent lous plus ou nioins des depredations dont ils ont ete victimes, portent de i metre a 1 metre 25 centi»netres de cir- conference a hauteur de ceinture et 10 metres d'elevalion totale. On leur attribue cent cinquante ans. II y avaita la m^nie epoquc, sur le m^me domaine, de beaux arbres exoliques d'une dimension remarquable; il en reste encore Cette espece ressemble au bouc domestique dont elle «#» diflferequeparsesmagnili(jues comes qui, rapprocliees a leur base, s'arquent d'abord en arriere, puis se tournent en spirale eji dedans et derechef en dehors ; elles sont lortement com- primees , triangulaires et depourvues de nceuds ; leur face' interne, d'abord plane, s'arrondit plus haul , tandis que leur face externe est partout convexe ; leur surface est rugueuse, leur angle posterieur aigu et garni de sillons profonds : elles' atteignent jusqu'a 1 metre de long. Le pelage est court, dense et grossier \ il s'allonge sur le dos en une criniere courte 5 la- barbe est longue, et se confond avec les poils tres allonges qui descendent du devant du cou et de la poitrine. La couleur generalc est d'un blanc sale teinte de brun dans certains en- droits. La teinte du ventre est plus claire que celle du dos ; le museau, le menton, un anneau au-dessus du poignet et l6 Levant des jambes sont de couleur niarron ; la barbe et les» cornes sont noires. La couleur change avec les saisons. Get animal se trouve dans le petit Thibet, ainsi que dans les plus' hautes montagnes placees entre I'lndus, le Budukshan et Tlndu' Kusch ; tons ses caracteres semblent indiquer qu'il est la souche de la belle et precieuse Chevre d'Angora dont les cornes sont contournees en spirale comme celies de la Chevre de Falconer. Le Bouquetin egagre (C. mgagrus) ne diflifere du bouc com- mun que parce qu'il ne presente pas de varietes, tandis que. celies du dernier sont innombrables. Cette espece, qui a beau- coup de rapports avec le Bouquetin Suisse, en differe par ses cornes de Chevre commune^ elles offrent, en avant, un angle vif, sont arrondies en arriere et garnies, depuis la base jus- qu'au sommet , de rugositeg' fortes, mais irregulieres. Sans s'ecarter beaucoup Tune de I'autre, les comes se courbent for- tement en arriere, 011 elles s'arquentsurtout vers la pointe, en se rapprochant un pen Tune de I'autre. Les cornes de derri^re 56A SOCIlfeT^ 1MP^.RIALE ZOOLOGlQtE d'aCCLIMATATION. ont jusqu'a 60 centimetres de long, tandis que celles de la femelle sont courtes, minces et manquent quelquefois totale- ment. Le pelage est forme de poils rudes, a la base desquels se developpe, en automne, comme chez la Chevre commune, un duvet fin et laineux. Le devant de la t6te est noir • la gorge et la barbe, qui est tres longue, bruns •, tout le reste du corps brunatre ou gris brun. Le pelage varie avecles saisons. Cette Chevre se tient sur le sommet des montagnes les plus elevees ; et comme elle est aussi agile qu'intelligente, la chasse en est excessivement difficile ; on la rencontre au Caucase, sur le Taurus, en Perse, ainsi que dans le pays des Kirghises et des Tartares. La meilleure description de cette espece a ete donnee par notre celebre confrere M.Brandt, d'apres Texemplaire original de Pallas, et d'apres lesmateriaux nouveaux dont un autre de nos savants confreres, M. de Tchihatchef, a enrichi en 1848 le Museum imperial deTAcademie des sciences de Saint-Peters- bourg. L' excellent travail de M. Brandt, traduit en frangais par M. de Tchihatchef, a ete insere dans le Bulletin de la Societe imperiale d' acclimatation pour 1855, page 565, et il vient d'etre reproduit dans le grand ouvrage du celebre voyageur russe sur VAsie Mineure. Voyez la deuxieme partie, Climatologie et Zoologie, page 668 (1). (La suite prochainement.) (1) Cette reproduction a 6l6 compldtde par une belle planche (planche II de la Zoologie), repr^sentant, sous plusieurs aspects, les comes de I'Egagre male et de I'figagre femelle. AUTRUCHE d'aFI\IQUE« 565 DES PLUMES D'AUTRUCHE. EXTRAIT DUN MEMOIRE SUR L'AUTRUCHE D'AFRIQUE LU A LA SOCI^Tfi DANS LES STANCES DES 1" ET 15 F^VRIER, ET ill MARS 1856, Par M. le doctenr L.-A. G08SE, Delegue de la Societe, a Gendve. SUITE (1). La valeur en argent des diverses especes de plumes que nous venons de passer en revue varie, pour chaque provenance, sui- vant les qualites et les defauts que j'ai indiques. A ce point de vue on distingue en general les plumes blanches en quatre categories : 1° Les premieres, les plus onduleuses, les plus fraiches, ce sont les plumes du devant etdu milieu de Taile. 2° Les secondes^ moins belles pour la grace et la souplesse, et un peu usees, sont les dernieres plumes des ailes et partie du milieu. 3" Les tierces sont plus ou moins usees, et Ton en coupe la t^te. A" Les bouts-de-queue. Cette valeur varie aussi a Tinfini et souvent tres brusque- ment, suivant les caprices de la mode et la rarete de la mar- chandise sur place. Elle donne lieu quelquefois a un veritable jeu de bourse, et le monopole qu'exercent, comme je I'ai dit, quelques maisons, doit y contribuer. Autrefois les plumes longues etaient tr^s recherchees. M. Jules Verreaux a vu, dit-il, une plume atteindre le chiffre (1) Voyez pour la prcmifeie parlie de ce Mdnioiie, le num^ro de novembre, pages 525 h 536. 566 SOCI^TE IMP^RiALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. fabuleux de 100 fr., et les premieres qualites du Cap valoir jusqu'a 2 livres slerl. Aujourd'hui les courtes sont plutot en faveur, on vise'au bon marche. Les boiUs-de-queue, autrefois moins apprecies, ont hausse considerablement, etl'on avu cette sorte de marchandise monter dans I'espace de quinze jours do 60 a 300 fr. En 1830, M. Ray a paye jusqu'a 1,800 fr. le cent des plumes Bengazy, venant d'Alep. Toutefois je suis parvenu a recueillir quelques donnees, qui pourront faire juger de la valeur commerciale de cet article, soit dans le moment actuel, soit a d'autres epoques, et des avantages qui resulteraient de son exploitation plus facile et plus judicieuse. Plumes d'Alep et de Bengazy. — En 1856, les premieres blanches (par paquets de 100), le paquet, de 600 h. 800 fr. Les secondes, moiti^ valeur 300 h Z|00 'Les tierces, quart de valeur 150 a 200 .Les bouts-de-queue, dixifeme de valeur 60 & SO Les noiVes (par paquets de 200 a 300), la livrede 16 onces, suivanl les besoins de la place 20 a 80 Une tr^s belle depouille d'Autruche male peut rapporter, suivant M. Gresy, de AOO a 500 fr. Une depouille mediocre, de 100 a 150 fr. . En 1798, le prix des plumes du Darfour et du Sennaar, im- portees a Siout et aEsne, etait, pour les premieres , de 1,500 pataques (la pataque a 3 fr. 21 c.) le cantar, soit A, 815 fr. les A8*',125s''; \es secondes ne valaient que 200 pataques le cantar, soit 642 fr. (1). Au Caire, suivant M. Jomard, la livre de 14 onces, ou le rotl (437 gram. 1/2) de plumes noires et blanches, coiitait 360 paras (le para a 7 cent.), soit 25 fr. 20 c. (2). L'exportation des plumes avait lieu d'Egypte sur Trieste, par Venise, sur Livourne et Marseille. On expediait annuellement a Trieste deux caisses de plumes dupoids,chacune, de 131'^,250s' a 175kilogr. Le prix moyende cette marchandise y etait cote a 32 fr. 10 c. les 437 gram. 1/2. ,(1) Description de I' Ejjypte, X.Xy II. (2) Description de I'Egypte, t. XVIII, page ^22. AUTRUCHE d'aFRIQUE. MT Le^prcmierrs, 128 fr. AO c; \essecondes, 96 fr. 68 c. •, les tierces, 48 fr. 15 c. ; les bouts-de-queue, 25 fr. 68 c, et les noires de 4 a 6 fr. On expediait a Livourne vingt caisses, pesant chacune de 21'',875e'^ a 87'',5008^ Les premieres y valaient depuis 128 fr. 40 c. jusqu'a 160 fr. 50 c. les 437 gram. 1/2; les se- condes et les tierces, 48 fr. 15 c, et les noires, 6 fr. 42 c. L'importation directe pour la France ne consislait qu'en 8 a 10 cafas ( esp^ce de grand panier) de plumes blanches et noires, dont le prix variait suivant la demande. Suivant M. Lapanouse (1), le prix, en Egypte, des plumed blanches choisies etait de 15 a '20 sequins, soit de 64 livr. 5 s. 8 d. 4/7 a 85 livr. 14 s. 3 d. 3/7 le roil, soit les 14 onces \ les secondes ou plumes ordinaires, de 6 a 10 sequins, soit de 25 livr. 14 s. 3 d. 3/7 a 42 livr. 17 s. 1 d. 5/7 le roll ; les plumes noires, de 1 a 2 sequins le roll de 14 onces, soit de 4 livr. 5 s. 8 d. 4/7 a 8 livr. 11 s. 5 d. 1/7. En 1849, d'apres M. Prax {op. cit.)y le prix d'une depouill« d'Autruche male, tiree de la regence de Tripoli et de Tunis, s'elevait : r A Agdes, h.,..i.,. 38 fr, 50 c. Ghat 47 25 GhMm^s 63 Tripoli. . -l ;..... 73 Tunis. .* ."V .*.... 90 Les plumes d'Autruche payaient a I'entree, a Tripoli, un droit de 12 p. 100-, mais lorsqu'elles etaient vendues aux marchands de Constantinople, elles etaient libres de droits. Les marchands de Ghdames portaient les plumes de Tripoli a Tunis et payaient en outre 5 p. 100 de droits dans cette der- ni^re ville. Plumes de Barbaric. — En 1856 , les jiremi^res blanches ( par paqoets de 100), le paquet, de < . . . . 500 & 600 fr. Les secondes, demi-valeur 250 ct 300 Les tierces, quart de valeur 125^150 Les bouts-de-queue , dlxifeme de valeur 62 S 75 Les noires, par liyre de 16 onces {USb gram.), la livre. . 60 & 60 (1) Mhnoires sur I'Egypte, t. IV. 568 societjS imp]6riale zoologique d'acclimatation. Vers le commencement du siecle actuel, d'apres Jackson {op. cit.), voici la maniere dont se faisait a Mogador le com- merce des plumes de Touesl et du sud de la Barbarie. Un quintal de plumes, ou 100 livres pesant (la livre de 14 onces), etait compose de temps immemorial comme suit : De 75 livr. petites plumes noires, ' plumes dites zumar, ( , , . , , -^ , , , > de chaque espfece ^. et de 25 { — lobar , ' ■» r > longues, noires, N. B. Les zumars avaient plus de valeurque les longues noires, et celles- ci plus de valeur que les lobars. A ce quintal de plumes assorties on ajoutait 6 livr. !i onces de plumes passables ou fines combinees dans les proportions suivantes : N° !. Plumes de devant {face feathers) , de surplus, dites uguh. 2 livr. N°2. Belles plumes de devant, dont 3 comptaient pour 2 uguhs, done 3 livr. n° 2 pour 2 livr. n" 1 2 N" 3. Plumes de devant ^valu^es h 2 pour I uguh , done U livr. n° 3 pour 2 livr. n° 1 2 N" U. Plumes de devant mfil^es {basto face), h 3 pour 1 uguh, done 3 livr. n° U pour 1 livr. n" 1 1 7 livr. Et comme on ajoutait au quintal 6 liv. U one. II en restait de surplus. . . . , 12 one. Or, ces 12 onces en dessus etaient composees de plumes imaginaires isolees, et comme 4 demi- plumes de devant de surplus representaient 1 once, les 12 onces repondaient a 54 plumes. Sur cette base, et en partant d'un prix moyen, voici le compte qu^on etablissait : 100 liv. plumes, a 90 drahims la liv. , font 9000 drah. , soit 900 ^eus mexicains. 5i plumes, h 9 drahims la piece. . /i86 9/486 drah. , soit 9Z|8 ^ dcus mexic. 8 drahims valaient 3 shillings 9 deniers. En 1804, on a exporte de Magador a Londres 555 livr. plu- mes d'Autruche, et en 1806, 556 livr. {Op. cit., p. 243.) AUTRUCHE d'aFRIQUE. 509 En 1824, suivant Denhame, Glapperton et Oudney (1), les depouilles d'Autruclies se vendaient au Bornoude 3 a Apiastres la peau (la piastre valant 5 fr. 43 c). En 1849, d'apres M.Prax {op. cit.), une depouille d'Autruche se vendait a Kachna (Soudan) 8 fr. 75 c, et se revendait dans rOued-Mzab 80 fr. Plumes du Cap. - En 1856. (7,.,P',\"„'^3ite ] lepaquet de 400. . 600 fr. Lesprenneres blanches, ^ ^^ ^^ ^^^^^^ j Les secondes 200 Les tierces 100 Les bouts-de-queue ne paraissent presque pas sur le march^, on ignore pourqaoi. II en est de m^me des noires et des bayoques, quoique assez recherch^es. Leur valeur moyenne n'est que de 100 francs comme les tierces. La depouille d'Autruche male se vendait au Cap de 20 a 24 fr. Celle de la femelle, de 12 a 15 fr. Sur une depouille ordinaire on compte 32 plumes blanches propres au commerce, sans compter les plumes du dos, des epaules et du poitrail. Les plumes sont vendues au Cap a la criee, mais une cer- taine categoric de marchands les accaparent. EUes arrivent en Angleterre par caisses qui ne pesent jamais plus de 5, dO, 20, 40 livres anglaises (Chagot aine). J'avais espere obtenir d'Angleterre des documents ulterieurs plus positifs sur ce genre de commerce , mais ceux que j'ai recueillis jusqu'a ce jour sont loin d'etre complets (2). (1) Yoyages et decouvertes dans le nord et les parties centrales de I'Afrique, traduction franqaise par MM. Eyries et Larenaudifere, t. II, p. 311. 3 vol. in-8. Paris, 1826. (2) Voici en particulier la r^ponse que m'a faite , h la date du 18 f^vrier 1856, un n^gociant de Liverpool, auquel je m'^tais adress^ : « Je me suis assur<5 que le commerce des plumes d'Autruche n'existe point k Liverpool, et qu'il est enti^rement concenlrd i Londres. » Lors meme qu'il eftt exists, je ne crois pas que j'eusse Hi en im de vous renseigner davantage h ce sujet, atiendu que c'est un article teltement 570 SOCIlETlfe IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. En 1809, d'apres le docteur Lichtenstein, on payait aux chasseurs du Cap de 3 a A shillings (8, bis 12 gute Groschen) une helle plume ; mais en echange de niarchandises et de vete- ments d'Europe, on les avait a bien meilletir inarche. (Op. cit., t. 11, p. M.) En 1822, d'apres les rapports fails a M. Priiigle, une peau special , que jamais on ne ie voit cotd dans auetin prix-couranl , ni ttieil- iionn^ dans aucune circulaire de commerce. » En 1852 , il n'y avait en Angleterre que quatre industries qui pr^pa- rassent des plumes d'Aiitruche, ce qui vous montre h quel point c'est un article special, et combien il est difficile de se renseigner sur une Industrie ?iussi pen r^pandue. » En outre , celles de nos maisons qui sont en rapport avec les c6tes d'Afrique font de ce trafic un veritable monopole, dont elles sont extrfime- ment/a^ot/5e5, et rcftisent en g^ri«?ral de donner aucun renseigiiemeht sur leur genre d'afTaires la-bas. b Je sais seillement que les Echelles de la c6te d'Afrique qui trafiqiient avec la Grande-Bretagne sont : Fernando-Po, Sierra-Leone, Accra, Algaa- bay, Benguela , Ambriz , Loango, Gabon et 'Angola. Mais c'est surtout de Mogador, du cap de Bonne-Esp^rance et d'Alexandrie que viennent les plumes imporfdes dans ce pays. On en importe aussi indirectement de LiVourne* » Depuis 18Zi5, il n'y a plus de droits d'entr^e sur les plumes brutes. Sur les plumes travaill^es le droit est de 3 shillings par livre anglaise de l^ onces. II faut que I'importation de ces derniferes soit assez forte, puisque , mal- gr6 un droit aussi faible, il a rendu aux douanes, en 1852, la somme de 425,0(10 francs. » Les plumes d'Autruche s'importent en caisses de 1 ti 2 quintaux. Eii lb52, il a ^t6 importe dans le Royaurae-Uni 8,976 livres anglaises de plumes brutes, dont 3,2/i2 ont (5te r^exportees. »> La valeur de ces plumes varie naturellement beaucoup, suivant la gros- seur, la cduleur, etc, Les blanches valent de 125 k 260 francs la livre anglaise. » Alexandrie a export^, en 18Zi9, 2,690 roltolis(le roitol deli ©nces) de plumes d'Autruche, valant 2,228 francs, somme trfes faible. » Livourne a exporle, en 1848, 1565 livres anglaises de plumes brutes. <;v... — en 18Zi9, 1911 id. / :- -^ en 1850, 2182 id. w Le Cap a export(5, en 18Zi6, 1327 id. valant 191,375 fr. » A Mogador, il y a sur les plumes d'Autruche un droit d'exportaiion de 30 pour 100 de la valeur, ce qui restreint consid^rablement ce geore d^ eommerce. » AUTRUCHE D'APIUQUE. 674 d'Autruche , portant environ /|5 plumes . aprcs qu'on avail enleve les plus l)elles, se vemlait au Cap de 15 a 26 shillings, et les belles plumes de 6 deniei*s a 1 shilling la piece. {Op.cit., p. 177.) Avant 1837. suivant M. Jules Verreaux : . Les premieres dlanc/ies valaient au (lap 10 fr. la plume. Les secondes — — — 6 — Les tierces — .- _^ — 8 _^ Les bonts-de-queue n'avaient pas de valeur. Les noires ou les bmjoques n'etaient cotees qu'a 5 shillings la livre anglaise de 14 onces. Une livre contenait de 80 a 90 plumes, sur lesquelles on choisissait de 6 a 8 belles. Sur une belle depouille de m&le on pouvait recueillir AO plumes propres au commerce. Sur 1,000 plumes melangees (en vrague) arrivant de IMnt^- rieur, on rencontrait 8 a 9 tres belles plumes et tout au plus 100 de belles. ni A ex A y T. .cm . . Me 300 a 600 francs Plumes du S^n6gal.-En 1856. les|,rm»em (Rgy^chagotain^, Gresy). blanches yaleatle 100. . . . .j,,,^^,, , • ( je 300 & 325 (Notr«). Les secondes, demi-valeiir 150 h 200 Les tierces, quart tie valeur 75 ^ 100 Les bouts-de-queue 80 5 90 IjCs noirest la livre de 16 onces (1/2 kilogr.). . 30 Plumes d'Alg^rie. — Les premieres blanches valent le 100, approximative - mcnt , de 200 ^ 300 fr. Les secondes, demi-valeur 100 & 150 Les tierces, quart de valeur 50 i 60 ■^^Les bouts-de-queue , dixifeme de valeur ^Qk '60 Les noires, la livre de 16 onces (1/2 kilogr.) 20 ci 30 Sur la lisi^re du desert, une belle peau a une valeur de 20 k 30 fr. (Daunias.) A Alger, une depouille d'Autruche se vend de 25 a 50 fr. (Chagot aln6.) Suivant le general Daumas {Cke- vaux du Sahara, p. 270), les plumes se vendent dans les lisours a Tougourt, a Laghouat et chez les Beni-Mzab, qui font parvenir les depouilles jusque sur le littoral, au moment 572 SOCIl&TE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de I'achatdes grains. Chez les Oulad-Sidi-Chickh, la depouille du male (Delim) se vend de Zi a 5 douros (20 a 25 fr.), et celle de la femelle (Beumda) de 10 a 15 fr. Les Ouled-Nails, les Arba, les Chaamba, etc., en trafiquent aussi : la depouille entiere d'un male se vend par eux ordinairement de 70 a 80 fr., et hO a 50 boudjous ou 5,000 couris au Soudan. {Le Grand desert, p. hW .) Or, en calculant sur le prix le plus eleve des plumes d'Al- gerie, les 50 pennes des ailes et les 50 plumes de la queue d'une Autruche male d'Algerie, tuee a la chasse, ne vaudraient, une fois pour toutes, que la somme de 115 fr., en supposant m6me qu' elles soient toutes propres au commerce, ce qui n'ar- rive jamais ; tandis que cette m6me Autruche a laquelle on aurait arrache ses plumes, deux fois par annee, pourrait four- nir a son proprietaire un revenu annuel de 230 fr. au moins (1). Et, dans ce calcul, je n'ai fait mention que de 50 plumes blanches des ailes, quoi qu'il puisse y en avoir 80. Je n'ai pas non plus fait entrer en ligne de compte les plumes noires moins frisees et lisses, et des cotes , non plus que les plumes grises du ventre, connues sous le nom depetit-gris, qui, frisees a la main, etaient employees autrefois a des garnitures, a des bonnets, des palatines, des ecrans ou des manchons. Etcepen- 4ant, ainsi que le disait un industriel intelUgent : « // e?i est de I' Autruche comme du Pore , il nest aucune partie de sa depouille qui soit perdue et qui ne puisse etre utilisee, » La triste inferiorite dans laquelle nous venons de voir pla- cees les plumes d'Algerie, et I'accaparement des plumes de la Mediterranee par quelques maisons speciales, ne pouvaient manquer d'exercer une influence desastreuse sur le commerce de ces plumes en France. Autrefois, il en fournissait aux nations etrangeres^ maintenant, je le repete, il est devenu tributaire, pour la plume brute, de ces m6mes nations, et (1) Celte speculation parait avoir ^l^ rdalis^e en Alg^rie par M. Jean Mary, demeurant au caravansdrail de Oued-el-Kri, sur la route de Con- stantine Ji S^tif. 11 a possM(5 une Autruche male adulte pendant quelques annees, et Ton m'assure qu'il retirait 250 francs par an de la vente des plumes arrach^es. AUTRUCHR d'aFRIQUE. 575 en particulier de I'Angleterre et de la Toscane, ce qui est constate par le rapport ofliciel des importations en 185Zi, dont ci-joint Textrait (1) : / de I'Angleterre, \ ^, , \ de la Toscane, J 1623 kil., a 100 fr.lekll. 162,300 fr. Plumes blanches < „ . i j d autres pays , ; IdeTAlg^rie, 226 kil. — 22,600 f de I'Angleterre, \ • flf/^^^^"^' (2827kil.,ai0fr.lekil. 28,270 Plumes notres ^ delEgypte, k I d'autres pays, ) V de I'Alg^rie , 279 kil. — 2,790 Done la Prance est aux autres puissances, dans cettebranche d'exportation, comme 1 est a 7902. Et si nous tenons compte de toutes les plumes de parure, parmi lesquelles figurent les plumes du Nandou ou Autruche d'Amerique (appelees dans le commerce plumes de Vautour)^ le contraste est bien autrement saillant. L'Algerie n'y est representee que par les 505 kilogr. de plumes blanches et noires valant 25,390 fr., tandis que les puissances etrang^res ont importe en France, en 185/i, 32,317 kilogr. de plumes de parure diverses pour la somme de 373,170 fr., c'est-a-dire que la France n'est aux autres puis- sances que comme 1 a 1A697. Mais I'influence de cette cause de perte ne se borne pas au commerce general, et a celui de TAlgerie en particulier, elle porte aussi un prejudice notable aux inter^ts de I'industrie plumassi^re en France 5 Industrie dont, pour le dire en pas- sant, le roulement de fonds s'el^ve annuellement a 3 millions au moins, et qui, a Paris seulement, occupe plus de deux mille ouvriers, dont la journee est plus largement retribuee que dans tout autre etat. En effet, les plumassiers de Paris dependent non-seulement de I'Angleterre pour les plumes du Cap et d'un monopole desas- (1) Tableau general du commerce de la France avec ses colonies et les puissances ^trangeres, pendant I'ann^e 1856t page 81, ^71^ SOCI^Tjfe IMPI&RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. treux pour celles de la Mediterranee , ils doivent en outre craindre de voir tarir les sources de leurs matieres premieres •, car deja les plumes d'Alep deviennent plus rares, par suite de la guerre de destruction toujours croissante qu'on fait a ces oiseaux producteurs, et ils sont obliges de courir les chances de surcharges considerables occasionnees par les alterations qu'on fait subir souvent a cette marchandise. Nous avons dit que les paquets de plumes se vendaient fre- quemment au poids 5 dans ce cas, leur valeur est singuli^re- ment diminuee par l' addition frauduleuse d'un sable fin qui adhere aux barbules, par des liens volumineux qui pesent quelquefois jusqu'a 120 grammes, et par des troncons deplumes qu'on introduit au centre des paquets. J'ai I'honneur d'en placer des echanlillons sous vos yeux. Enfin, le tarif des douanes ajoute encore de nouvelles diffi- cult^s a celles du commerce. En 1826, toutes les plumes qui venaient du Cap payaient aux douanes anglaises 1 livre sterling d'impdt par livre de 14 onces •, en 1832, ce droit fut reduit a 10 shillings la livre ; en 1845, tout droit a ete supprime. Tandis qu'en France, depuis et avant 1826, les droits d'entree pour les plumes etrangeres n'ont pas change, savoir : 117 fr, pour 100 kilogr. de plumes noires, soit 58 cent, les 500 gram., et 412 fr. pour 100 kilog. de plumes blanches, soit 2fr. 6 c. les 500 gram. L'Algerie seule est exempte de droits. Pour remedier a d'aussi graves inconvenients, et regagner, s'il est possible, les avantages negliges ou perdus, il me semble qu'il n'y a qu'un moyen efficace, celui de domestiquer les Autruches en Algerie, et d'autant mieux que I'entreprise ne paraitra ni trop difficile, ni trop couteuse, lorsque nous aurons etudie les moeurs et les habitudes de ces animaux (1). (1) Pour les mceurs et habitudes, voyez le num^ro de Janvier. SORGHO A SUCRE. 575 "' SUR LE SORGHO A SUCRE ET PARTICULltREMENT ', $UR LA CEROSIE QUE FOUUNIT CETTE PLANTE (0 Far M. HARDY , Direcleur da la P^iniero ocntrale du gouverooment, k Haainu prds Alfor. Stance du 12 ddcembre 1856 (1). M. le docteiir Turrel peut tresbien avoir remarque en Pro- vence que le Sorgho sucre ne secretait pas plus de cerosie que les autres especes de Sorghos, qui n'en donnent que fort peu, m^me en Algerie. Celaprouverait une fois deplusqu'unem^me plante n'a pas toujours les m6mes proprietes sous des climats et dans des terrains differents, lors m^me que son organisation lui permet d'y vivre. M. Turrel ne peut avoir I'intention d'in- firmer ce que j'ai observe en Algerie, pas plus que je n'ai la pretention de combattreles faits constates par lui en Provence, et malgre I'importance qu'il attache a la substance tinctorial© eontenue dans Tenveloppe des graines, sans la justifier par des ehiflres et nous indiquer I'avantage que peut avoir le cultiva- teur a la recueillir. Dans les recherches qui se font au point de vue agricole, if faut toujours mettrebienen evidence le c6te economique,c'est- a-dire ce que donne le produit et ce qu'il coiite. J'ai recherche, non pas vaguement, mais par des pes^es et en tenant compte des surfaces occupees et du temps employ^ pourl'extractionjCequ'un hectare pouvait contenir de cerosie; j'ai mis en regard la recette et la depense, et il resulte (jue la balance est au profit de la premiere. C'est done un produit s^ rieux dont I'industrie pourra avoir int^r^t a s'emparer dans certaines circonstances et lorsqu'il sera mieux connu. (1) Extrait d'une letlre de M. Hardy i M. le President de la SocWl^ ; leltre dans laquelle se trouvait aussi eontenue une reclamation conlre quclques expressions de M. le docteur Turrel. Voyez ci-apr^s le procfes-verbal de la stance du 12 d^cembre. 576 SOCIETY IMPlfeRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. Avequin a trouve qu'un hectare deCanne a sucre violette peut donner 100 kilogrammes de cerosie {Journal de phar- macies t. XXVI). Les autres varietes blondes en donnent beau- coup moins. En examinant ces dernieres seulement, on ne serait pas dans le vrai en disant que la Canne a sucre violette n'encontient pas davantage. Au Hamma et en Algerie, le Sor- gho sucre contient une proportion de cerosie plus grande que la Canne a sucre violette. De ce que I'extraction de la cerosie n'est pas encore sortie jusqu'ici des limites du laboratoire, on aurait tort d'en con- clure que I'industrie ne puisse s'en emparer. Beaucoup de pro- duits industriels qui, aujourd'hui, donnent naissance a des valeurs considerables etoccupent des milliers de bras, sont nes modestement dans le silence du laboratoire. Qui peut affirmer qu'un pareil avenir n'est pas reserve a la cerosie, lorsque Ton voit les peuplades de I'Amerique du Sud utiliser ce produit qu'ils retirent de plusieurs vegetaux, notamment du Ceroxylon andicola ? N'en a-t-il pas ete de m6me du caoutchouc utilise primitivementpar les sauvages,et aujourd'hui, grace aux essais de laboratoire, si repandu parmi nous ? Si le manque de bras est un obstacle momentane a la recolte de la cerosie du Sorgho sucre du nord de la Chine importe par M. de Montigny, cet obstacle n'est pas invincible. On pourrait en dire autant de presque tons les produits que I'Algerie peut fournir, carles moyens d' action, capitaux et bras, n'y sont pas encore en proportion des effets a obtenir dans I'inter^t de la mere patrie et de la consommation generale. Cet obstacle ne peut 6tre que passager, et disparaitra successivement dans un avenir prochain, lorsque Ton aura bien compris I'importance qu'il y a a utiUser I'aptitude toute particuliere du climat algerien. Le Bulletin de la Societe zoologique d' acclimation etant appele a servir a I'histoire de introduction des esp^ces utiles dans I'economie domestique, je desire que la presente soil inseree dans Tun des plus prochains numeros du Bulletin, a I'effet de maintenir ce que j'ai dit de la cerosie du Sorgho sucre. IGNAME DE CHINE. 6^ SUR LA GRANDE CULTURE DE L'IGNAME DE CHINE ENTREPRISE PAR M. REMONT, DE VERSAILLES, DANS LES DEPAftTEMEM'S DE SEINE-ET-OISE, DE LA DROME ET DES LANDES. ADRESSK A M. I,E PRESIDENT DE LA SOCltTK IMP^RIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Par M. G. de LACOSTE (1). On a pretendii que rimportation, en Europe, de I'lgname de la Chine (2), remontuit a une epoque assez reculee. Quoi qu'il en soil d'une date ou d'une autre, je ne crois pas qu'il convienne de fixer I'epoque de son introduction definitive au dela de I'annee 38A9, c'est-a-dire au dela du moment ou le Museum de Paris regut le premier envoi fait par M. de Montigny, en m6me temps que les revelations de notre consul de Chang- Hai sur le r6le important que le nouveau tubercule podvait 6tre appele a jouer parmi nos plantes alimentaires. Ce n'est que depuis lors, en effet, ou plutot apres les pre- mieres experimentations du Jardin des Plantes, que quelques- (1) Nous publierons prochainement un autre article sur Tlgname de Chine, qui a ^1^ lu ^ la stance du 12 ddcembre par M. Palllet, membre et horliculteur de la Soci^t^, et dans lequel notre honorable confrire rend compte des resullats qu'il a obtenus cetie ann^edans la culture de Plgname. Pour la part considerable qu'a prise ant^rieureraent M. ^aillet 2i I'accli- mataiion de cctte plante, voyez, dans le Bulletin, t. II (ann<5e 1855), deux Notes r^dig^es, Tune par M. Richard (du Cantal), et I'autre par M. le baron de Montgaudry, p. 271 et ;i37. Sur I'lgname, voyez aussi une Note de iVl. Godron, t. Ill, p. 544, et les proc^s-verbaux des stances de 1855 et 1856. H. (2) Dioscorea Batatas; Sain -In, en chinois, suivant de Montigny; Chan-Yu, d'apres un ouvrage chinois. T. III. — Decembre 1856. 87 578 SOCI^TE IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. uns se sont livres a des essais qui, bien que repeles, n'avaient ete jusqu'a present, ni assez coiicluants, ni assez notoires, pour que, m6me les plus avances en agriculture, aient cru pouvoir se livrer sans hesitation a des tentatives d'une certaine importance. II est vrai que vers la fin de la campagne derniere, M. Hardy nous fit cOnnaitre les resultats qu'il avait obtenus, en 18Zi5, sur les terrains de la Pepiniere centrale, pres d' Alger, ou ses cul- tures avaient produit de 33 a 35,000 kilogrammes a I'hec- tare (1), rendement qu'il estimait egal a celui d'un hectare de pommes de terre cultive dans les meilleures conditions en Europe. II est vrai, aussi, que quelques hommes marquants dans la science agricole, comme MM. Decaisne et Louis Vilmorin, ont public sur la culture du Dioscoree chinois des notions propres a Tencourager parmi nous. Mais, d'une part, que prouvaient pour la France les resultats de M. Hardy? Ne dependaient-ils pas avant tout d'un climat favorable a toute vegetation, et les conditions generales de culture a la Pepi- niere centrale n'avaient-elles pas exerce sur ces avantages une influence particuliere ? Et , d'autre part , sur quel theatre s'etaient accomplis les faits experimentes par MM. Vilmorin et Decaisne ? Leurs relations en font foi : sur quelques ares a peinfe. Aussi avec quelle reserve ces hommes judicieux n'ont- ils pas formule leurs opinions ! Malgre tout, leurs paroles en- courageantes n'ont pas manque de trouver bon accueil aupr^s de nos agriculteurs, et la campagne de cette annee promet d'etre decisive. Qu'il me soit permis, a mon tour, de citer, pour la France, un exemple digne d'etre consacre a I'histoire du Dioscoree franqais (2), digne surtout de meriter a son auteur la recon- naissance pijblique, et, avant tout, de fixer I'attention de la (1) M. Vilmorin accuse Z|2 & ii5,000 kilogr., etM. Decaisne croit pouvoir indiquer 60,000 kilogr. (2) La naturalisation et la domestication de I'lgname de la Chine s'^tanl accomplies chez nous, depuis son importation en Europe, il nous est bien permis de revendiquer h son ^gard le droit de conqufite. IGNAME DE CHINE. 579 Soci^te imperiaie d'acclimatation. qui veut, la premiere, nonorer les oeuvres cle ses membres. 'A Versailles, siir cette m6me terre ou Parmentier deposa les serriences du precieux lubercule qui semble devenu indispen- sable a notre alimentation, et pour lequel le savant cbimist? reclamailalorsle regard protecteur d'un monarque, M.Remoiit, notre confrere, qui n'est pas seulement un borticulteur, uri peninieriste bors li^ne, mais un agronome ires distingue (1), M. Remont, dis-je, se livre avec une persistance des plus loiiables, mais aussi avec un grand succ^s, a la propagatioia de t^lfgname de la Chine dont on attend les bienfaits et dont i utilite serait de reste attestee par les besoins de Vepoque. Voici quelques details sur ces interessantes et remarquables cultures. Sur un champ d'une etendue de plusieurs hectares, pour n parler que des tentatives faites a Versailles, M. Remont a etab un batiment de grandes dimensions dont il a fai t de vastes serres, oil a I* aide d'un nomhreux personnel et de soins intelligents et assidus, il obtient avec une remarquable rapidite la multi- plication des boutures que lui procurent ses plantations. Cnaque plante de I'annee fournit, en moyenne, de 30 a 46 boutures (|ui deviennenl plus tard, a leur tour, un pied- mere. Cinq ou six de ces boutures, qui se composenit d'une feuille et d*un bourgeon qui se trouve a sa base, sont enterrees d'un demi-centimetre dans de petits pots remplis de terre de bruyere. Ces petils pots, enfonces dans un lit de tan chauffe a une certaine temperature, suivant Fetat de T atmosphere au dehors, sont places sous des cloches. Chaque cloche couvre six ou sept petits pots. La pensee ne m'est pas venue de nombrer les cloches qui s'etendent sur plusieurs rangees dans les deux compartiments oil les boutures sont deposees, d'aprfes leur a^e ; mais je donnerai tout a I'heure une idee snffisante de cette^ production artificielle. (1) Un pssai de culture snr une grande ochelle et dans dlff^ientes regions ^lait devenu d'aulant plus uiilo, qu'on avail dmis par prudence, ii est vral, quelques opinions pen favoiablos an tiibercule. M. ildnionj aiua le nn'rite inconieslab^e d'avoh; fail tomber touies ^^ pr^vepl|oq£. 580 SOCIl&T^ IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Si le visiteur est agreablement surpris a la vue de cette active vegetation qui doit devenir le fondement d'une grande recolte, il n'est pas moins etonne lorsque, conduit sur le point des cultures en plein air, il pent mesurer du regard trois hec- tares de terrain oii I'lgname croit et prospere a I'egal de nos plantes lesplus vivaces. Lfi, la plantation provient non plus du bouturage, mais de fragments de bulbilles dela grosseur d'une noisette-aveline dont des plates-bandes unies ont ete pourvues au printemps, avec une sage economic. Ces plates-bandes sont la premiere ressource de la serre. On y puise constamment, mais en ayant soin de ne jamais epuiser les plantes, car s'il en etaitautrement, on nuirait a la recolte du tubercule, ou m6me on ferait perir le pied. Le sol sur lequel opere M. Remont est loin d'etre fertile. Qu' on se figure une terre silico-argileuse, tres oxydee, tr^s impressionnable par les variations de la temperature 5 une couche qui n'a subi que depuis peu de temps les influences atmospheriques , sa surface ayant servi aux remblais de la voie ferree : et Ton aura une idee generale de cette nature de sol. Mais si ce terrain n'est pas encore pourvu des qualites qui caracterisent les fonds riches, on peut dire que sa constitution principale convient parfaitement a Tlgname. La vue de ces plants qui prosperent dans des conditions en apparence si peu favorables m'a porte a emettre cette opi- nion, que rigname que nous connaissons, et qui est, jusqu'a ce jour, notre meilleure acquisition, peut etre cultive sur des terres de qualite mediocre, pourvu qu'elles soient legeres, et que, meme dans ces conditions, les aptitudes de laplante et la nature peuvent suppleer a certaines ressources qui ne seront cependant jamais dedaignecs, car la recolte sera d'autant plus abondante et mieux assuree, qu'on aura pu faire choix d'un terrain bien approprie. II ressort encore d'un fait que j'ai expe- rimente une consideration non moius importante, c'est que rigname n'aime pas une terre trop fraichement fumee, m6me avec Tengrais d'etable recommande particulierement par les livres chinois. On peut evaluer a 3 millions environ la quantite de plantes IGNAME DE CHINE. 681 qui couvrent le champ d'experimentation de Versailles. M. Remont en a cultive a peu pres autanta Valence (Drdme). Mais il parait surtout tres satisfait dc ses tentatives dans les Landes, pres de Dax(Mont-de-Marsan). Celte terre, qu'on s'ob- stine a croire sterile et que les imprevoyants denigrent parce qu'on lui a presque toujours demande des produits relative- ment hors nature, serait, d'apres M. Remont, une terre excep- tionnelle pour la production de notre Dioscoree. Esperons que cet exemple ne sera pas perdu. Des renseignements qui m'ont ete fournis , j'ai pu induire que M. Remont se trouvera, a la fin de 1856, en possession de 10 millions de bulbilles. Or, chaque bulbille pouvant fournir, I'annee prochaine, un grand nombre de plants de cbacun des- quels on pourra extraire, d^s la premiere periode de vegeta- tion, de 30 II hO boutures, il faut estimer a plusieurs centaines de millions la quanlite de plants dont notre confrere aura pourvu alors Tagriculture. Serait-il exagere de dire, apr^s cela, que cet autre Parmentier aura devance de quelque vingt annees peut-^tie I'introduction du nouveau tubercule dans la grande culture? Grace au zele d'un seul bomme, grace a une noble inspiration surtout, on ne dira pas dans les temps a venir ce qu'on a ditau sujet de la pomme de terre, qu'il a fallu deux si^cles pour dominer toutes les repugnances. Je ne dirai rien des sacrifices que M. Remont a du s'imposer : son oeuvre est un bienfait public dont le present et I'histoire lui tiendront compte. Un autre fait s'est confirme pour moi a Versailles, c'est que rigname est une plante eminemment rustique-, on ne saurait mieux le comparer, sous ce rapport, qu'au topinambour. Comme ce dernier, les rbizomes et m^me les semences ne craindront pas I'hiver. J'ai eu sous les yeux des plantes pro- venant de fragments prescjue imperceplibles, qui n'avaient ete al teres ni par le froid, ni par les longues intemperies de I'annee. L'Igname trouvera sa place dans I'assolement, comme la pomme de terre. II a sur cette derniere I'.avantage de fournir, au mois d'aoiit , par ses tiges qui atteignent 2 et 3 metres , suivant qu'on les laisse ramper ou qu'on les releve avec des SH SOCI^TE IMPERULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tuteurs, une prairie artiticielle tres abondante, et dont les yaches et les chevaux sont tres friands. La plante est epuisanle, dit-on. Mais cet inconvenient n'est- il pas suffisamment compense, soit par une double recolte, soit par les nombreux effets que les tiges produisent sur le sol qu'elles enveloppent comme d'une nappe impenetrable, en etouffant les plantes parasites qui lui sont si funestes? Quant a I'arracbage, il sera cerlainement facile, si Ton cul- tive sur billons. Que si, pour ne rien cbanger aux habitudes, on prefere un autre systtMue, I'agricullure n'a-t-elle pas a sa disposition des instruments propres a fouiller la terre a une grande profondeur ? Cette pratique obligera le cultivateur a ramener a la surface une terre feconde qu'il neglige trop sou- vent d'utiliser. Les Chinois font le plus grand cas de Tlgname ; il entre chez eux dans la grande culture. Pourquoi n'en serait-il pas de m6me chez nous? Si nous sommes parvenus a cultiver Fasperge en plein champ, dans les interlignes de nos vignobles, nous devons bien moins nous inquieter pour une plante qui croit a I'etat sauvage dans les pays ou elle est do- mestiquee. Puisse cette relation faire cesser toutes les repugnances, s'il en restait encore ! Le Dioscoree qui nous a ete importe et qui peut si bien reussir sous notre ciimat, doit prendre place a cote cie la pomme de terre, sur laquelle il I'emporte sous plusieurs rapports : rustictte, puissance nutritive^ rendement, conser- vation. POissoNs. 583 IL TRAVAUX ADRESSES ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOClfeXfi. NOTICE SUR UN ESSAI DE FECONDATION ARTIFICIELLE DES POISSONS, FAIT AUX MINES ET USINE DE NIJNE-TAGUILSK (RDSSIE), Par M. Pierre MALISCHEFF, TRANSMISE PAR S. A. LE PRINCE A. DE DEMIDOFF. Avant de detailler les experiences que j'ai faites sur la fecon- dation artificielle des poissons, d'apres les ordres de M. le prince A. de DemidofF, je crois necessaire de donner ici une nomenclature abregee des especes les plus nombreuses, qui habitent les eaux qui arrosent la propriete de Nijne-Taguilsk. Ces espfeces sont : La Perche (OKynb), Perca (luviatilis. La petite Perche ou Gremille commune (Epuii), Acerina, sive Perca cernua. La Lotte (Ha^nM-b), Gadus Lota. La Truite (MansieHb), Salmo Fario sive (luvialilis. Le Thy male (Xapiycb), Salmo Thymalus. Le Brochet (lUyKa), Esox Lucius. Le Carassin (Kapacb), Cyprinus carasaius. Le Goujon (HycKapb), Gobio ftuviatilis. La Tanche (^HHb), Tinea vulgaris. Le Rotengle (IlAOMBa), Leuciscus erythrophthalmus. Le Gardoa (CoposKa), Leuciscus rutilus. L'Able-lde (Hcb), Leuciscus Jeses, Pallas. Le Tfilard (KAeiiit), Leuciscus vulgaris. Le Barbeau (^e6aK'b), Leuciscus lacustris, Pallas. 584 SOCiETE IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. Ceux (le ces poissons sur lesqiicls j'ai fait mes experiences appartiennent a I'ordre des Poissons osseux nialacopterygiens, famille des Morues (Gadida), espece des Lottes (1). On rencontre aussi assez souvent ici la Lotte d'etang (Lotta lacunosa (2), qui se distingue de la Lotte de riviere par una couleur vert cendre, avec des laches sondjres, semblables a des nuages sur la t6te, le dos, les flancs, sur toutes les na- geoires, excepte sous la tete et le ventre, ou la couleur passe au verdatre tres pale. Ces deux especes de Lottes coinmencent a frayer, dans la seconde moitie de decembre, et termineiit leur ponte a la fin de Janvier. Desirant ardeniment repondre auxdesirs de mon bienfaiteur M. le prince A. de Demidoff, j'ai choisi la Lotte, pour com- mencer mes experiences, parce que cette espece etait celle qui, au dire des p6cheurs que je consultai, devait la pre- miere frayer, a Tepoque ou j'ai requ communication du desir du prince de me voir faire quelques experiences sur la fecon- dation artificielle des poissons. Je dois avouer ici que le choix de cette epoque de I'annee, si dure en Siberie, n'a pas ete sans augmenter les difficultes de la tache que j'avais ejitreprise. car il m'a fallu d'abord me rendre sur le terrain que j'avais choisi pour mes experiences ; puis : 1° prendre connaissance de la maniere de p6cher la Lotte; 2° etudier les moeurs et les habitudes de ce poisson; 3" rechercher sa structure anatomico-physiologique (3) ; h" aborder ensuite (1) J.-F. Brandt, dans sa Zoologie medicinale ( Medicinische Zoologie, Berlin, 1829), a ddcrit d'line manifire superienre ceue espece. (2) La Lotta lacunosa habile les etangs et quelques lacs. On la rencontre, h r^poque de la ponte, dans le lac de Tcheinoistotchensk, h I'embouchure de la riviere|Tchaouj. Dans la riviere Taguil, elle habite de pr(5fdrence les petits golfes que forment les eaux, et n'en sort que pour la ponte. (3) En ^tudiant Tanatomic de la Lotte, j'ai recueilli une grande quantity dedonn^es tres int^ressantes, etj'ai pris quelques dessins; mais dans cette notice, je dois meborner a n'exposer que les fails concernantexclusivement la reproduction artificielle ties poissons. D'ailleurs ces donnees se rapportent principaleuient a Tichlbyologie. poissoNS. 585 Facte de la fecondation artilicielle ; 5" enfin observer avec tous les soins possibles le developpement des oeufs et la nais- sance du poisson. Pour la p6che des Lottes, ^e fis choix d'un emplacement sur la riviere Taguil, a 13 1/2 verstes au-dessous de I'usine et a 1 1/2 verste au-dessous du confluent de la riviere Barantcha avec le Taguil. A cet endroit , la riviere coule rapidement sur un fond pierreux et sablonneux, et forme de ten.ps en temps de petits golfes, ce qui reunit les conditions que recherchent le plus les Lottes. Outre cela, Femplacement ou je me suis etabli est un des grands biefs formes par les nombreux bar- rages que les p^cbeurs etablissent sur la riviere pour y placer leurs nasses. On p6che la Lotte de trois manieres : avec les nasses, que Ton place contre le courant, dans les ouvertures des barrages; avec des sourpas, espece de nasse de quatre arcbines de lon- gueur, que Ton place suivant le courant , et enfin avec des hame^ons que Ton amorce avec de petits poissons. L'epoque du frai de la Lotte est ordinairement, ainsi qu'il a ete dit plus haut, depuis le 15 decembre jusqu'a la fin de Janvier. Les p6cbeurs assurent que remission des oeufs n'a pas lieu tous les ans a la m^me epoque, et que cette difference provient des phases de la lune. Les symptOmes de la procbaine emission des oeufs et de la laite sont les suivants. Symptdmes generaux. — De petits poissons friands des oeufs de Lotte commencent a se faire prendre dans les nasses et les sourpas, en suivant les Lottes qui lachent leur frai ; mais lis sont bientdt eux-m6mes victimes d'autres Lottes qui ont deja jete une partie de leurs opufs ou de leur laite, et que Ton appelle aiors kholostoi {xouecmou) (1). (1) Le male et la feinelle des Lottes ne commencent h prendre de la nourriture, qui consiste en petits poissons. que lorsquMIs ont jet^ au moins le tiers de la masse de leurs oeufs ou de leur laite. lis deviennent trf;s vo- races, et on leur donne alors le nom de kholostoi. J'ai trouv^ dans Testomac d'une Lotle, dans laquelle 11 ne restait que la quinzi^me partie des oeufs, lesquels ne m'ont pas paru propres h la fecondation, jusqu'ti trois poissons. 6i^6 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Symptdmes fournis par les Lottes elles - memes . — Leur corps et tous leiirs mouvements deviennent mous. Le volume de leur ventre est presque double. La ligne brun rougeatre, devient pliis apparente et plusdistincte. II se forme un bourrelet lym- phatique d'environ 5 millimetres autoiir de I'anus (1), qui devient i-ose-pale. Au contraire, Vorificium urethra se gonfle tres peu et prend une teitite couleur de cbair. Du reste, ces si^ries se rapportent plus particulieremeiit aux femelles, Chez le's males, le goritlemerit ei; I'inflammation sonl beaucoup itioindr-es. La femeile, qui nage toujours en avaht du male, ainsi que les Aiitrfes poissons, iie lache pas ses ce'iifs ii'une seule fois, mais • deux Tfitards et un Goujon, dont les ^cailles, les nageoires et la tftte ^talent & pioiti^dig^reeset converties en chyme. J'ai remarqu^ en cette occasion que la bile changeait de couleur, et probablement changeait aussi ses qualites. La bile des poissons a jeun est en petite quaptit^ et est d'un jaune verdStre jickle. Chez les poissons rassasi^s, et lorsque la nourriture est ddjci rest^e une semaine dans Testoniac, alors la bile est d'une couleur violettc fonc^e. J'ai remarqu(5 aussi que les appendices [sacculi cceci) qui suivent I'intestin duo- denum sont chez les sujets h jeun de couleur rose et vides , et chez ceux dont la digestion est en travail , de couleur brique violette et remplis d'un liqxiide visqueux. ^ D^sirant me convaincre si les Loties khoiostoi ^taient les seules qui pre- naient de la nourriture, j'ai plac^ le 29 decetiibre , vers qualre heiires de I'apres-midi, dans des trous faits dans la glace, treize hamecons amorces avec des tfetards et des gardons vivants: le 30 au matin, j'ai trouve pris h. six des hamecons des Loties de 50 a 70. centimetres, mais je ne p^us distin- guer si c'etaient des males qu des femelles, parce qu'Jls ^taient vides d'ceufs oiide laite. Leur estomac 6tait rempli de divers petits poissons qu'ils avaient Svales t)rcc(5demment. Ce jour-l&,n'ayant plus & ma disposition de poissons Ifivants, j'amorcai les six hameqons auxquels s'^taient pris les Lottes avec des poissons morls, et je replacai aussi les sept aulres , dont les poissons qui servaient d'amorce ^taienlj^ ^galement morts; mais le lendemain matin, je ne trouvai de Lottes prises ci aucun de mes hamecons, ce qui me prouva que ces poissons choisissent leur nourriture. Ce fait me fut du reste con- firmd par plusieurs remarques que je fis plus tard. (1) Cette denomination n'est pas ici tout h fait exacte. 11 serait plus rationnel d'appeler cette ouverture vestibulum sexuale , parce qu'elle ne s'ouvre sous I'anus qu'i I'^poque oil ce dernier se gonfle, par suite de la maturity du frai et de I'approche du temps de remission des oeufs et de la laite. i " U ' P(ilSSON^. W^ peiulant plusieurs jours; oette operation dure environ urie semaine, parce cjiie les onifs ne sent pas parfaitement formes en m^me temps. La ponte des a>iifs a lieu de la mani^re siii- vante. La femelle, lorsqiie le frai est arrive a maturite (1), (1) Les oeufs, lorsqu'ils sont a maturity {Ichthyoon, dessin n* I), o^cu- pent les denx tiers de la capacit(5 du ventre, et sont renferm^s dans deux snis minces et membraneux {ot^aria) qui sont formes par le p(?ritoine, et places de cheque cdtd de la colonne vert(5brale, ils sont en contact par la parlie supdrieure avec la vessie rcnfermant la bile {vesica fellea), et lis ie terminent au-dessous du rognon ; la parlie sup(5rieure de ces sacs est plus ^troile et va en s'dlargissa.nt jusque vers le milieu , puis garde la m(^me largeur jusqu'ii In partie infdrieure. lis sont relenus en haul et en bas par des ligaments en forme de cordes. I, a partie infdrieure des sacs est marquee dans sa longueur par une ligne d(*primde. Dans cette depression se trou- ventd'assez gro*es artftres, montantdu rognon, se rdtrdcissant et donnant de chaque cdld, chacune jusqu'i quatorze ramifications, qui se perdent siir les cdt^s de Tovaire et de la vessie nataloire. Ces artferes servent a la nqur- riture des oeufs. La membrane des ovaires est double ; la membrane ext<5- rieure est unie, I'intdrieure ne Pest pas, et donne nalssance a une grande quantity de fils qui llent les ceufs les uns aux aulres {comephorus). Ces fds, aprfts la ft5condation, ne sont probablcment autre chose que le cordon oni- bilical {ductus oinphalicus), de m6me que la membrane; ils deviennent de plus en plus faibles h mesure q^u'ils s'approchent de la sortie , tellement qu'ils se ddchirent au moindre attouchement, et que les oeufs sortent chacun s^i)ar('ment ; tandis que dans la partie supc^rieure, ces fils sont encore lids entre eux , et la membrane a conserve sa force norniale. I,es deux sacs se rdunissent au vestibule sexuel; la membrane devient plus dpaisse et prend I'apparence de ligaments (jui s'attachent au rectum et entourent les deilx orilices {orificiwn urethrce et vestibulum sexuale). ( ( . .. < J ai remarqud, en outre, que iorsqu'il resto encore dans le poisson une parlie du frai, on apercoit ddja au-dessus du rectum, et sous Tancienne membrane de I'ovaire , deux nouveaux petits sacs en forme de lancetle, qui vont du rognon en haut sur les c6ti's de la colonne vertdbrale, remplis d'un liquide gdlatinei^x qui, au microscope, laisse voir de petits corps sphd- riques, transparentset incolores. La longueur de ces petits sacs dlail environ de 35 millimetres. Les oRufs de la Lotte, parvenus h maturity, sont trfes petits et ont tout au plus un diam^tre de 9/10* de millimttre. La forme des ceufs est sphdrique ; leur couleur, si on les rassemble en certaine quanlitd, est d'un gomme-gutte faible. J'ai remarqud, en examinant un oeuf, une petite prodminence vdsicii- lalre germinative {vesicula germinatim) tout k fait distincte de la partie ci-apr&s; un liquide ^lobuleux renfertiid daos I'intdrieur de I'oeuf; et comepfiorus sive ductus omphalicus. 588 SOCllfiTE IMPI^KIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. • cherche par instinct a passer dans des endroit, etroits, le plus souvent entre des pierres. Le male, s'il la suit, cherche aussi par instinct a passer par les m6mes endroits, et feconde les oeuls en pressant son ventre pour faire sortir la laite (1). II profite de I'occasion pour saisir les petits poissons qui suivent la femelle pour manger les oeufs qu'elle lache. Du 28 decembre au 3 Janvier, j'ai p6che 32 Lottes : 19 avec oeufs ou laite etun kholostoi, ont ete pris dans les sourpas et 12 kholostoi a Thame^on. Mais je n'ai pu prendre le m6me jour un male et une femelle dont les oeufs ou la laite fussent a maturite, pour operer la fecondation. Je prenais ou des femelles a maturite et pas de males, ou des males dans les m6mes dispositions et pas de femelles. Desirant vaincre cet obstacle, j'ai comraenc^^, a dater du 3 Janvier, a accrocher a des hame^ons , et a remettre a I'eau les males et les femelles qui etaient presque pres d'emettre leurs oeufs ou leur laite. Le 6 Janvier, je retirai des hame^ons jusqu'a six individus des deux sexes, et je trouvai parmi eux un male et une femelle qui etaient pres de frayer. Le m6me jour, vers neuf heures du matin, par un froid exterieur de 17 degres H., je commencai I'operation de la fecondation, d'apres les principes decrits par M. Alloury, dans le Journal des Debats. J'avais prepare a I'avance un panier d'osier ayant 50 centimetres de diametre et 35 de profondeur. J'avais range dans le fond de petites bran- ches d'Epicea, sur lesquelles j'avais mis du sable de riviere avec des galets, le tout de Tepaisseur de 2 decimetres ; je mis ensuite cette corbeille dans un trou fait dans la glace a la profondeur de 1 metre de la surface superieure. J'entrai alors dans une de ces baraques que les paysans sont dans Vhabitude de construire pour se mettre a I'abri pendant le temps de la fenaison, et que j'avais choisie pour domicile pen- (1) La laite quia atteint sa maturity {lac spermaticum) est im liquide tout a fait semblable k de la cr^me fraiche, mais auparavant elle a I'appa- rence d'une masse blanche ^paisse. Je n'ai pu Tobserver sur place au mi- croscope; la baraque que j'babilais ^tait trop sombre, et k Pair elle gelait k I'instant. poissoNs. 589 dant le temps des experiences. Je pris iin pot de faience, j'y vcrsai environ 4 litres d'eau de riviere ; puis je choisis une Lotte femelle, et la tenant par la tt^te avee la main gauche, et en promenant le pouce de la main droite sur son ventre et les autres doigts sur le dos, je fis sortir par le vestihulum sexuale environ la cinqui6me partie des oeufs. Les oeufs sortirent sous une faible pression, qui ne parut en rien incommoder le pois- son. La membrane qui enveloppe les opufs etait deja dechiree. C'estde la m6me mani6re que je fis sortir, en pressant, la laite du male, qui coula facilement avec Tapparence d'une creme epaisse. Lorsque je faisais sortir la laite, la Lotte avec sa queue la m6lait avec Veau, qui offrit une apparence laiteuse. Ceux des oeufs qui etaient a terme prirent tout de suite une couleur opale, tandis que les autres ne changerent pas de couleur. L'operation de la fecondation, depuis le moment de remis- sion de la laite sur les oeufs jusqu'a celui oii ils prirent une teinte perlee, a dure douze minutes. Je versai ensuite Teau et les oeufs fecondes dans la corbeille que j'avais preparee dans la riviere. Je remarquai , lorsque je fis cette operation, que les oeufs fecondes allerent plus vite au fond ([ue les autres, et qu'ils se collerent tout de suite au gros sable et aux galets. Je couvris la corbeille avec de petites branches d'epicea, afin de defendre les embryons de leurs ennemis et du rapide courant de I'eau. La temperature de Teau etait ce jour-la de 8°,5 R. Quant a ce qui se rapporte au developpement des oeufs fecondes, j'ai pu faire les observations suivantes : Le seizieme jour, depuis la fecondation a deux heures de Fapres-midi, chacun des embryons etait entoure dMnfusoires et etait coUe assez fortement aux galets. Leur volume etait aug- mente et allait presque a 2 millimetres, et ils avaient pris une forme un peu allongee. Au contraire, les oeufs non fecondes etaient devenus mous et troubles, ils n'etaient pas entoures d'animaux infusoires, et presentaient le m6me volume qu'ils avaient avant qu'ils aient ete mis a Teau . Afin de pouvoir ob- server les embryons, j'ai ete oblige d'enfoncer plusieurs fois la corbeille dans I'eau, tandis que pendant cette operation le courant avait deja emporte plusieurs dizaines d'oeufs non " ^^P SOCIETY IMPIERIALE Z0OI.OGIQUE D^ACCLIMATATION. fecondes. Plusieurs larves du genre des Demoiselles [Libellula),, tres amateurs de cette nourriture, etaient deja, malgre la basse temperature de Teau, entrees dans les corbeilles pour manger les oeufs non fecondes. Le cinquante-huitieme jour, h mars (16 mars), la t6te et les yeux etaient tres apparents et occupaient les deux tiers de Toeuf . La forme de I'embryon etait ovale et allongee. A travers la peau de I'oeuf [vesica blastodermatica) , on voyait tres distinctement le corps de rembryon, et particulierement les yeux. Sa longueur etait d' environ 3 rpillimetres (1). Le quatre-vingt-quatrieme jour, 30 mars (liavril), les em- bryons avaient atteint presque 5 millimetres de longueur. lis etaient encore beaucoup plus developpes, et Ton pouvait distin- guer leur systeme digestif. Un grand nombre d'entre eux etaient eclos et partis, laissant Ifeur coque ; les autres^etaient pres d'eclore. Des observations minqtieuses et detailjees sur le developpe- mept des embryons m'etaient tres difficiles a faire. Les princi- paux obstacles qui ont g6ne mes observations sontles suivants : La distance a laquelle I'endroit choisi pour les experiences e^ait de mon logement (13 1/2 verstes) ; la dure temperature d'.un biyer de Siberie •, I'epaisseur de la glace, qui etait sur la riviere de 65 centimetres ^ les differences de niveau de I'eau qui augmentait ou diminuait de hauteur, selon que I'ou tra- yaillait ou non aux usines situees en amont : outre cela, je ne pouvais souvent visiter les ceufs, tant a cause de la rapidite du courant qui aurait pu les entrainer, qu'a cause des branches d'epicea, dont les oeufs etaient converts, et qui, si elles avaient ete souvent derangees, auraient pu occasionner leur perte. Le k mars (16 mars), j'avais emporte deux embryons, desirant les garder chez moi jusqu'a leur eclosion \ mais, des le sixieme jour, on pouvait voir qu'ils avaient cesse de vivre, malgre tous mes soins et mes efforts pour les conserver. Ici se terminent les experiences que j'ai faites sur la fecon- (1) Le 5 mars, j'eus Thonneur de presenter quelques embryons a S„ E. M. le g^n^ral Glinka, directeur g^n^ral des mines et usines de I'Oural, qui les exaraina avec attention et avec plaisir. . . . .^ . POISSONS. ^P^l dation artificielle. J'ai bieii regrette de ne pouvoir suivre le developpement des jeunes poissons, mais la temperature s y opposait completement. Si M. le prince de Demidoff le jugeait opportun, je me ferais un devoir et un plaisir de recommencer les experiences sur une autre esp^ce qui fraie dans un temps plus propice. et alors il serait, je crois, facile d'elever les jeunes poissons jusqu'a ce qu'ils fussent assez forts pour prendre eux- m6mes leur nourriture et pour echappera une partie ^c* j^urSj ennemis. Je ne crois pas devoir clore cette notice sans avoir traite, je plus succinctement quMl me sera possible, la (juestion sui- vante : Est-il necessaire de deveiopper la fecondation artifi- cielle des poissons dans les eaux abondantes qui arrosent la propnete ? Pour resoudre cette question, je fais connaitre ici la quan- tite de poissons apportee si Nijne-Taguilsk annuellement de la Siberie orientale et des lacs de BachkarskoL En 1855, on a apporte sur le marche de Nijne-Taguilsk Jes quantites suivantes de poissons geles, sales ou seches (Estur- geons, Syroks, Sterlets, Abies, Brochets, Truites, Lottes, Caras- siiis, Perches, Gardons, Gremilles, Nelmas et Muksouns : Ppi§§ons geles 10,250 pouds. d' sales ou seches. • 2,800 Total. .... 13,650 pouds< Le prix moyen du poisson apporte sur le marche, et vendu en gros, a ete de : Pour poissons geles de 1,86 roubl. arg.; en tout. 20,181 r. ar. d° sales ou seches 2,26 . 6,328 Total 26,509 r. ar. Sur cette quantite de poissons apportee sur le marche de Nijrie-Taguilsk, une partie a ete vendue pour Tarrondissement de Goroblagodatskoi. Pour la remplacer, je n'ai pas porte en compte la quantite de poissons apportee d'Irbit, en grande partie par nos marchands de farine, nos pewits industriels, et 592 soci6t6 imperiale zoologique d'acclimatation. par d'autres personnes, qui trouvent avantageux d'acheter leur provision a cette foire. Outre le poisson apporte, on a encore recueilli de la p6che du lac de Tcliernoistotchensk (1), pendant la fin d'avril et le commencement de mai, jusqu'a 1 ,500 pouds, qui, a 1,45 roubl. arg., donnent une valeur de 2,175 roubl. arg. Outre cela, les paysans de la propriete p6chent aussi dans les rivieres et dans les etangs une quantite assez notable de poissons ; mais, comme le produit de leur peche est employe presque en enlier pour la nourriture de leur famille et qu'il n'entre pas dans le commerce, il est tres difficile de Tapprecier. Le poisson fait une partie essentielle de la nourriture des paysans de la couronne qui habitent au nord du Taguil, aux environs du grand marais. Dans quelques-uns de ces villages, les paysans se nourrissent de poisson cru, auquel ils ont fait subir un commencement de fermentation en I'enterrant dans des trous. Le lacde Tcbernoistotchensk renferme de tres gros poissons : on y rencontre souvent des Brochets de 1 metre et plus de longueur (2), des Perches du poids de 5 livres, des Gardons de 3 1/2 livres. II est connu que le Brochet pond jusqu'a 272,160 oeufs. laLotte 128,000 laPerche 281,000 laGremille 75,600 leGardon 71,820 laTanche 383,250 (Bloch) (3). (1) On pretend que le poisson de Tcernoistotchensk n'est pas de bon goflt. Je trouve la raison de ce dire tr^s ^vidente : 1" La peche a lieu au printemps, au temps du frai, lorsque la nature emploie ses sues les plus nourrissants pour la niatiuation des ceufset de la laile, et non pour Tam^- lioration de la chair. T Les p^cheurs gardent aussi longtemps que pos- sible les poissons qu'ils ont pris, de peur de perdre le temps de la peche, et par suite, le poisson perd son gout et se fletrit. (2) Le 29 avril, j'ai vu une femelle de IJrochet prise a I'hamecon daus r^tang de Nijne-Taguilsk, longue de 1",25 etpesant 18 kilogr. (3) Skandinavisk Fauna, S. Nilsson. Lund, iS52, iiS,i3 ct 1855. i>oisso?(S. 598 Et tous les ans on perd los (pufs de tous les poissons que Ton p6clie pendant lo temps dii IVai ! ! I Si Ton veut bien porter son attention sur cette industrie, qui, au premier coup d'tril, ne semlde pas tres importante, mais (jui cependant ne laisse pas (|ue de meriter d\>tre prise en s^rieuse consideration par un ami de I'amelioration du bien- 6tre des habitants de notre pays, et si Ton organisait un ser- vice pour ie repeuplement des etangs et des rivieres, on arri- verait a pouvoir se passer de la plus grande partie des poissons qui sont annuellement importes, et I'on n'acheterait plus que les poissons <|ui ne vieniient pas dans nos eaux : ce qui ne serait plus alors qu'un commerce de luxe pour los habitants aises ; et encore on pourrait combler cette lacune au moyen de la pisciculture. On a deja des indices qui assurent presque la reussite d'une pareille entreprise : des poissons de la famille des Saumons (Salmones), etparticulierementleNelma [Salrnoalbula, d'apres Linne, et Coregonus leucichthys, d'apres Pallas), se rencon- trent souvent dans la riviere Toura , dans laquelle tombe le Taguil, et dans cette derniere riviere on a pris quelquefois des Muksouns {Coregonus Muksun^ d'apres Pallas) ; des Truites saumonees [Salmo Vimba ou Coregonus Syrok^ d'apres Pallas), lis viennent de I'lrtiche, et par consequent on peut 6tre certain qu'ils pourront vivre dans nos eaux. II en serait sans doute de m6me du Sterlet, et il est probable qu'au moyen d'une feconda- lion artificielle faite sur place, il pourrait aussi s'acclimater, ainsi que cela a ete deja tente, avec succes pour les Sangsues. T. m. — D«cerobrQ 1856. 88 594 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. III. EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES GENERALES DE LA SOCIETE. STANCE DU 12 DECEMBRE 1856. Pr6sidence de M, Geoffrott Saint-Hilaire. M. le President, apres avoir declare ouverte la session de 1856-1857, proclame les noms des membres nouvellement admis : S. M. le premier Roi de Si\m. ' S. M. le second Roi de Sum. (Voy. la Lettre de M.. de Montigny, p. 600.) MM. CambacEres (S. Exc. le due de), grand-maitre des Ce- remonies de S. M. I'Empereur, a Paris. Cambager^s (lecomte de), auditeur au Conseil d'Etat. Elie de Beaumont, senateur, secretaire perpetuel del' Aca- demic des sciences , inspecteur general des Mines , ' professeur au College de France, a Paris. Ferreira-Lagos (Manoel), officier au bureau du ministere des affaires etrangeres du Bresil, a Rio-de-Janeiro, Gras (Scipion), ingenieur en chef des Mines, a Paris. Grellou, proprietaire et maire a Verrieres, pr6s Sceaiix (Seine-et-Oise), et a Paris. Javal p^re, membre du Conseil general de Tagriculture, des manufactures et du commerce, a Paris. Langlais (A. de), vice-president du Comice agricole de Sarzeau et de la Societe d'agriculture de Vannes , directeur du Cheptel, a Sarzeau (Morbihan). Lemichey, proprietaire horticulteur, a Viliiers-la-Garenne, commune de Neuilly (Seine). MuLLOis (Fabbe), chapelain de S. M. I'Empereur, a Paris. Olazabal (Juan- Antonio d'), a Yrun, province de Guipusz- coa (Espagne). Orgoni (le general d'), envoye de S. M. I'Empereur des Birmans, presentement a Paris. PROCeS-VERBAUX. 696 Pl,ANTiEU |)L PoMBAL (Ic chevalitM" Paul), proprietaire a Lislioiine (Poilugal). HoccAGioviNE (le marquis de), s^ Rome et a Paris. HoGER-PuvAL, proprietaire ou chuleau de La Ptochelle, pres Caen (Calvados). Salicis (Eugene), oflicier comptable a I'hopital militaire, a Toulon (Var), Saui^ty (de), proprietaire au chateau de Baville, pres Saintr Cljeron (Seine-et-Oise), et a Paris. SouBEiKAN (le docteur Leon), lieencie 6s sciences natu- relles, professeur agrege a TEcole de pharmacie. Varennes (des), ancien maitre des requites, a Paris. Verette, principal du College de Chateau-Thierry (Aisne). — Apr^s cette proclamation, il est donne lecture de deux lettres ecrites de Rio-Janeiro. L'une, de M. de Capanema, notre delegue dans cette ville, informe de la bienveillance avec la- quelle S. M. I'Empereur du Bresil a daigne accueillir la propo- sition qui lui a ete faite de vouloir bien permettre que son nom Iftt inscrit en t6te de la liste de nos membres. La seconde, adressee par S. E. M. J.-M. da Sylva Paranhos, ministre des afl'aires elrangeres, en transmet oniciellement I'autorisation. Aussit6t apres cette lecture, I'assemblee vote par acclama- tion I'inscription du nom de ce souverain, qui sera prie d'agreer les remerciments de la Societe pour l'inter6t qu'il veut bien lui manifester. — Sur la demande de M. le professeur Bazin, notre delegue a Bordeaux, adressee au nom de la. Societe d' horticulture de la Gironde, cette Societe est admise au nombre de nos Soci^t^s agregees. — Le Conseil de la Societe d'acclimatation pour le royaume de Prusse, recemment admise au nombre des Societes affiliees a la n6tre (voy. A13, liQh et 50Zi), ecrit pour remercier de cette affiliation, et adresse en m6me temps les trois premieres publications de cette Societe, qui a fait connaltre dans )a troi- si^me le projet forme par la Societe imperiale de France de distribuer des recompenses. 596 SOCI^Tf; IMPl&RIALE ZOOLOGIQUE O'aCCLIMATATION. — La Societe des sciences naturelles et archeologiques de la Creuse remercie de son admission parnii les Societes agre- gees a la iiotre, et son President donne quelques indications sur les travaux auxquels elle s'est livree relativement a la pisciculture et a la multiplication des Sangsues. — Leurs AA. SS. les princes de HohenzoUern-Sigmaringen et Alfred de Salm-Dyck font parvenir, avec leurs remerci- ments pour leur entree dans la Societe, I'expression de leurs vives sympathies pour nos travaux. On en trouve d'ailleurs un nouveau temoignage dans une lettre ecrite par S. A. S. le prince de Salm-Dyck a M. Kaufmann, lors de la fondation de la Societe d'acclimatation de Berlin, et que ce dernier fait connaitre par extraits. — Nos nouveaux confreres, M. le comte de Montessuy, mi- nistre de France a Francfort, M. de Manteuffel, ministre des affaires etrangeres en Prusse et premier plenipotentiaire de cet etat au Congres de Paris, MM. Aubry-Lecomte, Roger-Duval , Louis Lacaille, de Rio-de-Janeiro, Leblanc, membre de I'Aca- demie de medecine, Juan-Ant. de Olazabal et Leon Soubeiran, professeur agrege a TEcole de pharmacie, remercient de leur admission. Ce dernier fait, en m6me temps, hommage de quelques-uns de ses travaux. — M. le prince A. de Demidotf, a qui Ton doit le mode d'annonce des echanges d'animaux que les membres de la So- ciete desirent faire et dont on trouve un premier exemple dans nos Bulletins (p. A64), informe qu'il se borne graduelle- ment, dans sa propriete de San-Donato, aux animaux de repro- duction utile. C'est, dit-il , une voie dans laquelle il perseve- rera, car il lui semble que les Societes d'acclimatation ont trace une delimitation necessaire qui separe desorn)ais les col- lections purement scientifiques des tentatives civilisatrices pour I'amelioration des races destinees aux besoins de rhomme. — M. Florencio-Janer Graells fait savoir qu'il vient de mentionner les travaux de notre Societe dans ses Memoires litteraires d'un voyage en France durant I'annee 1856, pu- blies dans la Gazette de Madrid. PROCES-VERBAUX. 697 — ^ S. E. le Ministre de Tagriculture, du commerce et des travaiix publics annonce qu'il adresse a notre Societeles graines de la Chine qn'il avail revues de son collegue S.E.le Ministre des aflaires etrangeres. — M. le general Daumas. directeur des affaires de rAlgerie, remercie la Sociele, au nom de S. E. le Ministre de la guerre, des Ignames du Bresil, des graines de Muscadier de Java et du ChcBrophyllum bulbosum destinees a notre colonie. M. le Mi- nistre adresse en nic^me temps a la Societe vingt exemplaires de \ Almanack de I'Algerie, public par les soins de I'admi- nislration de la guerre. — M. le President depose surle bureau, pour 6tre lues plus tard, deux Notes de notre confrere M. Teyssier des Farges sur la culture du Sorgho et de I'lgname a Beaulieu (Seine-et- Marne). Des details satisfaisants sur la culture du premier de ces deux vegetaux dans le deparlemenl du Tarn sont transmis par notre confrere M. Lemonnier. — 11 est donne lecture d'une Note de notre confrere M. Pail- let sur la culture de I'lgname de la Chine. — M. .Blacque pere met sous les yeux de TAssemblee des echantillons de ce vegetal, donnant une preuve nouvelle quil n'y a pas d'obstacles a craindre pour cette culture, qui reussit egalement bien en Allemagne, comme le prouve un envoi de tubercules fait par les soins de S. A. S, le prince de Salm-Dyck. — M. Hardy, directeur de la Pepiniere centrale du gouver- nement a Hamma, pres Alger, et membre de la Societe, adresse une Note sur le Sorgho a sucre, et particulierement sur la Cerosie ou Cire vegetale que cette plante fournit. Son but est de montrer, malgre les assertions contraires de M. Turrel, I'importance de ce produit special, et de reclamer conlre quel- ques-unes des expressions de notre confrere- (Voy.au Bulletin^ p. 575.) V'-' '•■. •;■ -/ '■ — M. .Tomard, membre honoraire de la Societe, fait connaltre les resultats qu'il aobtenus cette annee a Lozerre, presPalai- seau, aux environs de Paris, en cultivant I'igname de la Chine et le Sorgho. Des succes ont ete egalement oblenus a Paris et a Amblainvilliers, par M. Gustavc de Montebello et par M. Drouyn 5W SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. de Lhuys, qui font mettre sous les yeux de la Societe des echantillons de Mais geant. Le premier a fait, en oulre, apporter un pied de Sorgho compose de 15 tiges, et le second un specimen d'alcool obtenti par la distillation de cette plante. •— Notre confrere, M. Thomas, rend compte de ditferentes cultures faites a Aubigny de graines envoyees par la Societe. »— Un de nos nouveaux confreres, M. le chevalier Plantier du Pombal, fixe depuis vingt-trois ans en Portugal , commu- nique le resultat de ses essais sur la Pomme de terre, que ce pays lui doit en tres grande partie. (Voir au Bulletin.) — M. Tastet depose sur le bureau une lettre de M. I'abbe Libois, procureur general des Missions etrangeres, qui, en re- ponse aux demandes que notre confrere lui avait adressees, ecrit de Hong-Kong le 27 septembre, qu'il a demande a Chang- Hal 5 a 600 onces de graines de la meilleure espece blanche dc Vers a sole, et au Kuei-Cheou , des Vers a sole sauvages. — Des remerciments sont transmis, au nom de la Societe d'acclimatation de Berlin, par M. Kaufmann, son delegue, pour un envoi de graines deBomb7/x Cynthia., provenantdes educa- tions confiees aux soins de M. Vallee, gardien de la Menagerie des Reptiles au Museum. — M. le docteur Sicard appelle I'attention sur la necessite de chercher pour les Vers a sole du ricin des succedanes k cette plante, en raison des pertes que les gelees, eti la detrui- sant, peuvent amener dans les tentatives faites pour Vacclima- tation de cette race. Des essais couronnes de succes ont ete faits au Museum pour ces Bombyx, par M. Vallee, avec les fcuilles du Chardon a foulon [Dipsacus fullonum). — M. le professeur Sacc envoie des echantillons de soie filee par les soins de notre confrere, M. Henri Schlumberger, fet provenant de cocons eclos de Vers du Ch6ne de Chine, et de ceux du Charme de la Louisiane, qu'on a dij dechirer et car- der avant le filage. En raison de ce succes, M. Sacc propose a la Societe de confier des cocons eclos du Ver a soie du Ricin a ce filateur, qui en tirerait sans doute un aussi bon parti qU6 des precedents. - PROCfes-VERBAUX. 699 — M. J. Bashl'ord envoie de Surdali (Bengale) un travai) dans lequel il fait connaitre une serie d'experiences qu'il a en- treprises et qui ont pour but, dit-il», de produire une race de Vers a soie, qui combinerait les proprietes precieuses des diverses races frangaises, italiennes, cbinoises et indiennes, afin d'obtenir, dans une race mixte, la succession rapide des generations de I'insecte de I'lnde, avec le produit superieur, quant a la qualite et 4 |a quantite, des Vers a soie de TEurope meridionale. ., — La Societe recjoit, par les soins de M. le prince A. de Demidoff, une Notice sur un essai de fecondations artificielles des Poissons fait dans ses proprietes «iberiennes,parM. Pierre IWaliscbeff, qui s'etait anterieurement livre a des recherches sur la conservation et la reproduction des Sangsues (p. 583). — M. le docteur C.-L. Gloger, de Breslau, appelle Tatten- tion sur la necessite de veiller ala conservation et de s'opposej* a la destruction des Oiseaux insectivores. Ce serait , dit-il , la maniere la plus efficace d'emp6cher les enormes devastations causees tous les ens par les insectes dans les lieux cultives. Cette question, qui est, depuis six a sept ans, Tobjet des preoc- cupations de M. le docteur Gloger, a deja ete,souinise a I'exa- inen de la Societe protectrice des animaux, dans le sein de laquelle a ete choisie une commission, dont trois membres 4e notre Societe font partie. A ces trois membres, M. le President en adjoint deux autres formant une Commission composee de MM. Geoffroy Saint-Hilaire, Aug. Dumeril , Guerin-Meneville, Prevost (Florent) et Valserres. Ces deux Commissions ainsi for- mees pourront reunir leurs efforts pour etudier les faits qui se rattachent a cette necessite d'amener la cessation d'une c^use de pertes considerables pour I'agriculture. M . Valserres fait observer a cette occasion que la loi de 18Zi4 est assez precise pour qu'elle pilt obvier aux inconv^- nients qui resultent de la destruction des Oiseaux insectivores, si elle etait strictement appliquee. — Notre confrere, M . GraClls, envoie de Madrid des reponses au Questionnaire relatif a I'Autruche et dresse par M. le doc- teur Gosse. II croit au succes possible de Tacclimatation de cet 600 SOCI^T^ IMI'ERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Oiseau dans I'Europe meridioiiale, et pense qu'il faut d'abord commencer les essais en Algerie. Les Autriiches d'Espagne supportent tres bien, en rase campagne, les plus fortes gelees et les neiges des rudes hivers de Madrid. Le m6me membre annonce que la paire de Kangurous dont S. M. la Reine d'Espagne a daigne faire present a la Societe sont a notre disposition, et donne les indications necessaires pour les moyens et les prix de transport. — Notre confrere, M. Frederic Davin , presente quelques boservations relatives a un Rapport recemment fait a la Societe par M. le docteur Millot. Ce dernier ayant indique les resul- tats qu'il a obtenus a sa fdature de Mello avec les laines four- nies par des individus de la race Merinos soyeuse de Mau- champ, appartenant au Museum d'histoire naturelle, M. Davin discute quelques assertions qui pourraient 6tre prejudiciables au developpement et a la propagation de cette race. ■' — M. le President fait part a la Societe d'offres de services adressees par M. Famiral Rigaud de Genouilly, dont le depart pour la Chine aura lieu prochainement, et par M. I'abbe Mont- ferrand, aumonier du batimentsur lequel M. I'amiral doit faire voile. En reponse a ces demandes, 11 sera adresse des instruc- tions redigees par une Commission composee de MM. Chatin, Dareste et J. Michon, et dont ce dernier, en sa qualite de rap- porteur, donne lecture a I'Assemblee. Quelques additions pro- posees par M. Chatel seront communiquees a la Commission. — M. Guerin, docteur en medecine, pres de partir pour Lima, ou il va resider pendant plusieurs annees, se met a la disposition de la Societe, qui lui transmettra ses remerciments et des renseignements sur les services qu'il pent lui rendre. II en sera de m6me relativement aM. Rellaigue de Burghas, vice- consul de France a Monastir (Albanie), et dont M. de La Ro- quette fait connaitre les bienveillantes intentions. — II est donne lecture d'une lettre datee de Bangkok (royaume de Siamj, 25 aoutl856, par laquelle notre confrere, M. de Montigny, charge par le Gouvernement fran^ais d'une mission extraordinaire a Siam, fait connaitre les resultats qu'il a obtenus relativement aux interets de la Societe. Ainsi, apres PROCtS-VERBAUX. 601 avoir re^u des deux rois de Siam Tautorisation de placer leurs noms sur la lisle de nos membres, il a signe avec ces souve- rains un Traite ou out ete menages, en particulier, les inter6ts des voyageurs qui entreprendraieiit de parcourir le pays dans un but scientifique. De plus, il annonce Tenvoi de six especes de tubercules et de palates qu'il croit toutes inconnues el dont il indique les denominations et les principaux caracteres. En- fin, notre confrere fait le recit des accidents ires redoutables auxquels Ta expose la piqOre d'un Serpent de mer. — M. le President met sous les yeux de la Societe un exemplaire de la medaille d' Aluminium contenant 3 centiemes d'argent. Cette addition, sans 6ler au nouveau metal sa leg6- rete remarquable, lui donne plus de solidite. — II est donne lecture de la lisle des dons fails a la Societe depuis la cl6ture de la session de 1855-56. (Voy. p. 609.) '- SEANCE DU 26 DECEMBRE 1856. Pr^sidence de M. Ggoffsot Saint-HilaiRS, et ensuite de M. le comte d'EpRi^MESML. — M. le President lit les noms des membres nouvellement admis. Ce sont : MM. Abria, doyen de la Faculte des sciences de Bordeaux. •-^ AuiNE, proprietaire a Paris. B^ziER (Adolphe) , ingenieur civil a Pontoise. BouLET (Henri), proprietaire a Paris. BouRLiER (Charles), pharmacien aide-major aThOpitalmi- litaire du Gros-Caillou, a Paris. Castilho Dinajara (Leandro de), de Rio-Janeiro, a Paris. CuiGNEAU (le docteur), a Bordeaux. Desmaisons-Dupallan (le docteur), proprietaire, au Castel d'Andorte, au Bouscat, pres Bordeaux. DussARD (Charles), ancien prefet, a Paris. Fazy (James), president du Conseil d'Etat du canton de Geneve, a Geneve (Suisse). FoucAULT, proprietaire, a Paris. 602 SOCll^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Foucou, ancien officier de marine, a Paris. Javal (Leopold), banquier, membre du Conseil general de la Gironde, a Paris. Jozeau, proprietaire, a Paris. ^ La Fresnaye (le baron de), natural!^, proprietaire, au ji chateau de La Fresnaye, pres Falaise (Calvados). Leven, ancien eleve de I'lnstitut agronomique de Ver^ sailles, a Paris. " Mondenard de Roquelaure (fe comteH. de), a Bordeaux* NiCARD (Pol), proprietaire, a Paris. PLATAftET, manufacturier, a Paris. vSabrand, manufacturier, a Paris. Tascher (Maurice de), proprietaire, a Thauvenay (Cher). Tricoghe, ancien prefet, a Paris. — Apres cette proclamation, M. le President fait connaitre le projet forme par nos confreres residant a Bordeaux de se constituer en un Comite regional. Ce projet est mis aux voix et adopte a I'unanimite, ainsi que le Beglement du Comite, dont M. le professeur Bazin , notre Delegue dans cette ville, doit 6tre le President. — On lit une lettre de S. Exc. le Ministre de la guerre in- formant quMl vient de prevenir M. le Gouverneur general de I'Algerie de la prochaine arrivee dans notre colonie de nos con- freres M. Richard (du Canlal) et M. Albert Geoffroy Saint-Hi- laire, qui ont accepte la mission de s'y rendre pour faire, pen- dant deux ou trois mois, toutes les etudes necessaires a I'etablissement d'un projet definitif, dontle but serait I'amelio- ration de plusieurs des races domestiques du pays. M. le Mi- nwtre a, en m^.me temps, invite ce haut fonctionnaire a prendre des dispositions immediates pour que les diverses autorites fournissent a ces voyageurs tous les renseignements dont ils pourront avoir besoin dans le cours de leurs etudes. — Notre confrere, M. le professeur Brandt, adresse ses re- merciments pour le choix qui a ete fait de lui comme Delegue a Saint-Petersbourg. — M. le prince A. de D^midoff transmet de la part de PROC^>S-VERBAUX. 60S M. Nees von Esenbeck, president de rAcademic Leopoldo- Caroline do Brcslau, uno lettre deM. J. -J. Flatow, banquier a Berlin, qui, ayant importe le Houblon en Prusse, fait connaitre les litres qu'il pent avoir pour 6tre compris au nombre des personnes auxquelle.s la Societe deoernera des recompenses. — Le m6me meini)re annonre que la Societe imperiale agri- cole de Moscou a Tintention de fonder un Comite d'acclima- tation de plantes et d'animuux, ainsi quel'apprend une lettre de M. le docteur Renard a M. Nees von Esenbeck. — M. Kaufmann fait connaitre Tagregation a noire Sociele affiliet^ d'acclimatation du royaume de Prusse de diflerentes Societes agricoles, dont plusiours sont des centres auxquels se rattachent un assez grand nombre de Societes particulieres. — Le ni6me membre annonce que noire confrere M. le ba- ron de Manteuffel, ministre des alVaires etrangeres en Prusse, est dispose a faire cooperer, en ce qui les concerne, les mis- sions de son gouvemement dans les dilferents pays etrangers auxtravaux de noire Societe. — A ces lettres il est joint la quatrieme publication de la Sociele de Berlin. — Notre confrere, M. Drouyn de Lbuys, fait parvenir un Rapport sur les resultats obtenus par lui dans la culture des graines et des plantes qui lui ont ete confiees. — M. Cbatin lit un travail relatif a la culture de VIgname de la Nouvelle-Zelande, qui lui a ete remis par la Societe* — M. Millet adresse une Note sur la culture en France de la Palate douce {Batatas Cofivolvulus], laquelle a surtout pour but de faire connaitre les resultats que cette culture a foutnis a noire confrere M. le comte de Guernon-Ranville, dans sa terre de Ranville, pr^s Caen. — A I'occasion de fails mentionnes par M. Hardy touchant rintroduction en Algerie de I'arbre a Gutta-percha {Isoiiandra gtitta. Hook.) {Bulletin^ t. ni» p. 3A/i), M. le docteur Cloz, professeur a la Faculte des sciences de Toulouse et directeur du Jardin botanique de cetle ville, informc que Irois cenLs jeunes pieds de eel arbre, transportes de Borneo et de Singapore a Bourbon, par M. de Roquemaurel, capitaine de vaisseau, et onlies au directeur du Jardin d'acclimatation de cette ile, y 604 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. reussissent tres bien. lis ont ete plantes dans les parties les plus chaudes et les plus etouffees. — Notre confrere. M. Paillet, fait hommage a la Societe d'un certain nombre de bulbilles d'Igname de la Chine. — M. Allier, fondateur et directeur de la colonie agricole et horticole de Pelit-Bouig (Seine-et-Oise), transmetpour la Com- mission des recompenses des documents sur les nombreuses ten- tatives d'acclimatation et sur le perfectionnement de divers animaux utiles auxquels il se livre depuis plusieurs annees. — M. P. Fontaine appelle Tattention sur ses travaux d'ac- climatation en Algerie, ou il a introduitla culture de differents vegetaux. — Une demande d'Ignames de Chine est adressee par notre confrere M. J. Agnellet, qui desire cultiver cette plante en Sa- voie, ou la maladie des pommes de terre a porte, dit-il , un coup funeste aux inter6ts agricoles. — II est donne lecture d'une lettre de M. Flury Herard, banquier a Paris, relative a un envoi qui lui est fait par M. de Montigny, d'une caisse contenant des Pois oleagineux du nord de la Chine, et de plusieurs ballots de graines de Riz sec des m6mes contrees, a I'adresse de la Societe. A cette occasion, M. le President rappelle qu'un grand nombre de membres qui se sont inscrits pour faire venir d'Orient, a leurs frais, du Riz sec, le recevront plus tard, lorsque la commande faite par les soins de M. Tastet sera parvenue a Paris. Le Riz envoye par M. de Montigny pourra 6tre livre en partie aux membres qui desireront en obtenir, et a un prix qu on determinera d'a- pres I'ensemble des frais, mais qu'il n'est pas encore possible de fixer. Une portion assez notable de ce Riz sera distribuee selon les indications donnees par notre confrere et qui ont ete approuvees par le Conseil. — M. le baron Anca, membre de la Societe, fait parvenir de Palerme un Rapport sur la culture de diverses especes de . graines qui lui avaient ete confiees, et sur Tintroduction dans ce pays diW Bombyx Cyjithia , ainsi que d'autres especes de Vers a soie. — M. le professeur Sacc appelle de nouveau I'attention sur PROCfeS-VERBAUX. 605 I'importance des resultals ol)tenus par M. H. Schlumberger par le filage de la soie provenant des cocoiis ouverts des Bom- byx du Ch6ne et de ceux du Cliarme de la Louisiane. « Notre Industrie, dit-il, va avoir une nouvelle branche, et probable- nient aussi TEurope entiere, une nouvelle etoffe capable de lui fournir a bas prix des babits ebauds, brillants et beaucoup moins susceplibles d'usure que ceux de drap, a bien plus forte raison que ceux de toile ou de coton. » — II annonce, dans cette m6me lettre, que lesChevres d' Angora (jui lui ont ete con- fiees ont obtenu, hors concours, une medaille d' argent decer- nee par la Societe d'agriculture du Haut-Ilhin. Cette medaille, transuiise au Conseil par M. Sacc, lui sera renvoyee, par deci- sion de I'Assemblee, comme devant lui appartenir en raison des soins qu'il a fait donner a ces animaux. — M. Guerin-Meneville presente des cocons du Bombyx mori de la part de notre confrere M. Nourrigat, a Lunel, et lit une Note ayant pour titre : « Des verilables causes de Tepizootie actuelle des Vers a soie, et moyens pratiques d'en arr6ter ou d'en attenuer les desastreux effets. » A la suite de cette lecture. M. de Quatrefages, tout en re- connaissant la justesse des observations faites par notre con- frere sur les causes de la maladie dont il s'agit, fait observer (ju'il doit y en avoir d'autres qui ecbappent a nos investiga- tions. Dans la vallee de Valrogues, par exemple, situee dans les Cevennes, et dont il a specialement etudie Tindustrie sericicole, qui y est tres perfectionnee, Tepizootie, sans qu'on puisse s'expli(iuer son apparition, y exerce ses ravages malgre I'ab- sence de toutes les causes auxquelles M. Guerin-Meneville attribueVepideniie. Ce dernier repond que tout, en effet, n'est pas encore connu dans Thisloire de cette maladie, mais il a voulu en mentionner les causes les plus evidentes, afin de pro- voquer autant que possible les mesures propres a faire cesser ce facheux etat de choses si nuisible aux eleveurs. — M. Millet place sous les yeux de la Societe des Ombres- Chevaliers {Salmo Umbla], provenant d'oiufs fecondes artifi- ciellement sur les lacs Paladru (Isere) et de Geneve, et dont le developperaent a eu lieu dans I'Aisne et dans I'Oise. 606 soci^Tife impj5;riale eoologique d'acclimatation. — Notre confrere, M. Ant. d'Abbadie, membre correspon- dent de I'Academie des sciences, ecrit pour provoquer, de la part de notre Societe, des recherches dont le but serait de sa- voir, d'apres certains faits quMl cite, s'il n'existe pas au Thi- bet, ou dans ses environs, une espece ou variete de Moutons dont la laine serait d'une finesse excessive et superieure a celle des plus beaux duvets de cachemire. Cette lettre est renvoyee a Texamen de la premiere section. — II est donne lecture d'une Note de M. Victor Bataille, proprietaire, negociant et naturaliste a Cayenne, sur le Tapir maipouri de la Guyane, et relative a I'importance de la chair de ce Mammifere comme substance alimentaire. — M. le President informe que le Conseil a pris les decisions suivantes : 1° La Commission des vegetaux portera, a compter de ce jour, le titre de 5' Section ou Section des vegetaux. 2" Chaque Section nommera elle-m6me un Bureau dont les membres seront choisis dans son propre sein , et il y aura, pour chacune d'elles, un delegue du conseil. 3° Les sections se reuniront toutes le mardi 6 Janvier, a des heures qui seront indiquees dans des lettres de convocation particulieres, afin qu'elles precedent a I'election de leurs bureaux et au choix des cinq membres qui devront les representer dans la future Commission des recompenses. — S. A. L le prince Napoleon Bonaparte fait adresser a la Societe un grand nombre de billets permettant I'entree a I'Ex- position des Collections scientifiques formees pendant le voyage du Prince chez les peuples du Nord. — M. le general Daumas offre quelques exemplaires de son Essai sur la Kabylie. Le Secretaire des seances^ Aug. Dumeril. itJLLBTIN filfiLlOGtlAPHIQUE. 60!f OUVRACiES OFFERTS A LA MOClilTlg. (Stance du 12 decembre 1856.) «■■■ ■ „ AsiE MiNEURE. Description physiqde, statistique et abch£olo- «IQU£ DE CETTF. coiMR^E, par M. P. dc Tchiliaichef (1 vol. gr. ia-8, Paris, 1856). Ollert parl'auleur. £tud£ do Cueval de SERVICE ET DE GUERRE suivatit ies pi'iDcipes ili- menUiires ties sciences naturelles, par M. A. Richard (duCanial) (1 voU in-12, Paris, 1856). Choix du cheval, ou Appr<^ciation de tous Ies caract^res a Paide desquels on peut reconnallre rapUlude des clievaux aux divers services, par M. J. H. Magne (1vol. ia-8, Paris, lSb'6). Offert par Pauteur. Etudes biograi'Hiques pour servir tt 1 histoire des sciences, par M. P. A. Cap, !'• s^rie (1 vol. in-8. Paris, 1857). Offerl par I'auieur. Lettre sur les substan'CEs alimentaires, et pariiculiferement sur la Viande du Cheval, par i\). Is. Geolfroy Saiol-IJilaire (1 vol. in-18, Paris, 1856). [liSTOiRE DE LA soiE, consid^r^e sous tous ses rapports depuis sa d^cou- verle jusqu'i nos jours, par M. U. P. Lesson (Rocheiort, 18Zi6). Offert par M- Adolphe Lesson, fr^re de Tauleur. Note sur la racine cuarnue du Cerfeuil bulbeux, par M. Payen {E\lvA\l des Comptes rendus de r Acad, des sciences). Offert par rauleur. Guide du cultivateur du Sorgho a sucre, par MM. P. Madioier et G. de LacOsie (Paris, 1856). Offert par M. de Lacosle. Documents relatifs a la naturalisation en France du Panicum digitaria, par M. Ch. des Moulins (Bordeaux, 18i8). Offert par Tauteur. Etudes speciales sur les fruits de la Guyane franqaise, par M. F.-F. le Blond ^Bordeaux, 1855). Offert par M. Bataille, de Cayenne. Des applications de la botanique a la puarmacie, par M. J.-L. Sou- beiran (Paris, 1855). Etudes micrographiques sur quelques f£cules, par le mgme. Note sur l'Hyraceum, par le m^me (mai 1856). Des gommes du S^n£gal, par le mfime (juillet 1856). Note sur la gomme de Sc^oba, le sue de Varennea et la RisiWE de Panal, par le m€me (septembre 1855). De la ViPiRE, DE son venin et de sa morsure, par le mgme (Pari*, 1855). Ces six derniers ouvrages ont ^t^ offerts par I'auteur. Maladie des v£g)6taux, par M. Victor CliateL Offert par I'auteur. C0IX)NIE AGRICOLE ET PENITENTIAIRE D£ MeTTRAY (17* annn 1" Janvier au 31 drcembre 185fi (i). NONS nKS DONATEURS. S. M. la Rkink n'Es- PAGNE. MM. E. Baroche, membre de la Soci6l^. Cu. DE Belleyme, mem- bre de la Society. Delaporte, consul de France au Caire, membre honoraire de la Soci^te. NOUH-BEY-EFFENDI, an cienchambellandu sultan Mahmoud, proprietaire et agriculleur a Constanti- nople et a Smyrne. A . Passy , vice-pr6si- Ident de la Society. Docleur Sacc, membre de la Soci^t6, et son d^ 16gu6aWesserling(Haut- Rhin). Saolnier , membre de la Soci^te. OIUETS DONNKS. r ANIMAUX VIVANTS. Une paire de Kamgurous geants [Macropus gignnteux). Cent oeufs de Poole de Cochin- chine, de race pure. Une paire de Cochoss Anglo-Cbi- NOIS. Deux Boucs a TfttF, bcsqc^e d'fi- gypte. TroiS PiNTADES A JOUES BI.EUES. Deux CoQs et des Poules de deux races differentes : 1° de Bulgarie; 2° de Varna, connus dans le pays sous le nom de Gttduk tepeli. Rap- portes par M. le docleur Yvan. Soixante OBufs de Poule de Co- cHiNCHiNE, de race pure. Un CoQ brahmapoutra. — Un Cog et deu^ Poules de Cochinchine. RENVOI 317,407 264 498 206,262 .j4 2 Une paire de Faisans a collier de la Chine. 649 93 (1) Pour les livres, voyez les pages 96, 207, 270, 319, 416, 607. T, III. — D^cembre 1856. 39 610 SOCIETY IMPfiRULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOMS DES DONATEURS. S. Ex. le MiNisTRE de Fagriculture , du com- merce etdeslrav. publics. MM. C Agoillon, membra de la Societe, et son d^le- gue a Toulon. Le m6me. Barthe. Barth^lemy -Lapomme- RAYE, direcleur du Mu- seum d'histoire naturelle de Marseille, membre de la Societe. Madame la princesse de Belgiojoso. MM. BossiN, membre de la Societe. A. de Ces Caupenne, membre de la Societe. Drouyn de Lhuys, mem- bre de la Societe. L'abbe Goierry , proou reur des Missions Laza- ristes, a Ning-Po (Chine). D'lvERNois, membre de la Soci6t6. OBJETS nONNES. 2° VfiG^TAUX. PLANTES, 6RAINES ET SEMENCES. Une collection de trente-trois es- peces de Dolichos de la Chine. Graines diverses de la Nouvelle- Caledonie. Graines de Sorgho sbcre. Graines de Mais sucre de la Flo- ride et de Haricots-beurre. Tubercules de Plantes alimen- taires des Antilles, de differentes es- pfeces. Deux petits Melons d' Angora r6- coltes a Paris. Graines et meches de Coton de GiftoRGiE a longues soies. Plusieurs pieds de Zetoutt [Iris juncea), de la province de Conslan- tine (Algerie). fichantillons de Mais geant et de SoRGHo SUCRE r^coltcs Ji Amblainvil liers (Seine-et-Oise). Une caisse de dix especes de Graines de la Chine. Plusieurs litres de graines de Sorgho sucre. RENVOI 597 203 203 511 308 458,510 134 364 598 203 203 DONS FAIT8 A LA SOCIETK. 611 NOMS PES D0NATEUR8. OBJETS DONNKS. MM. JoMARD, raembre hono- rairedela Soci^l^. Stanislas Julien , mem- bre de I'lnstilut. Koe»ig-Bky, secretaire des commandemenls de S. A, le vice-roi d't.- gypte, membrede la So- ci6te. Le mSme. Docteur Lk Prestre , membre de la Society, et son deleguea Caen. LiiMARD, pere et fils, de rile de la Reunion , membres de la Societe. Un 6pi mur de Sorgho sucb* r6- colte k Lozerre, prfes Palaiseau (Seine-et-Oise). HENVOl 195 Une collection de graines de DoLicHos DE Chine, - 50S Une petite collection de diverges especes de Graines provenant des contr^es ^u tleuve Blanc. fichantillons de quinze especes de Riz SEC DE Java, el graines de Musca- DiER d'une espece particuliere, de Java. ' Graines de Haricots-bbdrre. Diverses Graines provenant de 'tie de la Reunion. 201 M.ESTR0, directeur des Une collection de Graines de di- colonies au niinistere de verses especes de la Martinique, la marine, membrede la Soci6te. Le m^me. Le m6me. Gustave de ^Ionte- BELLU. Tubercules d'lcNAMEs de deux va- ri6t6s differentes de la Guadeloupe. Une collection de Graines et de TiiBERcuLKs de v^getaux utiles des Antilles frangaises. ^^chantillons de MaTs gAakt et de Sorgho sdcr^ cultives a Paris. 558 557 204 127 259 409 59« 612 SOClfiTE IMPERIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMATATION. NOMS DES DONATEURS. MM. De Montigny, envoye plenipotenliaire pres le roi de Siam, membre ho noraire de la Societe. Le mfime. Paillet, pepinieriste, membre de la Societe. PiDDiNGTON , de Cal- cutta, membre honoraire de la Soci6te. Prax^des-Pacheco, de Rio-Janeiro (Bresil). Remont , pepinieriste a Versailles, membre de la Societe. D' Sacc, membre de la Societe, et son deieguea Wesserling (Haut-Uhin). Le m6me. D*" SicARD, de Marseille, membre de la Societe. Major Taunay, membre dela Societe. • OBJETS DONNES. Trois tubercules d'AfiUM comes- tible d'Egypte. Huit balles de Riz sec du nord de la Chine et une caisse de Pois olea- GiNEux des mfimes contr6es. BulbilleS d'lGSAMEs de Cbine cul- tives a Paris. Trois Ignames de la Nouvelle- Zelande. (La culture de cette plante pre- cieuse a ete contiee a MM. Chatin , Moquin-Tandon et Paillet.) Une tige souLerraine dun Cala- DiDM, designe au Bresil sous le nom d'iGNAME geant, long de 2'", 51 et pesant 86 kilogrammes. Bulbilles et racines d'iGNAMEs de Chine cultives a Versailles. RENVOI 202 604 604 141, 144 Tubercules et graines de Cerfetiil BULBEux [Chcerophyllum bulbosum), recoltes a Wesserling (Haul-Rhin). Tubercules de deux varieles de Patates ni: .Iapon, cultiveos a Wes serling. Graines d'fipiNARDs de Goree Tubercules de Plantes alimen- TAiREs du Bresil, designees sous le nom d 7g names et de Cara, 204 364, 512 558 265 558 DONS FA1T8 K LA SOCI6t6. 6iS NOMS DKS DONATKLRS. MM. Jacques VALSKURes membre de la Soci6t6. L. ViLMOBiN, membre de la Societe. C. AciiiLLON, membre du Cornice agricole de Toulon, membre de la Soci6te, et son deleguea Toulon. BARTH£l.li:MV - LaPOMME- RAYE, directeur du Mu- seum d'histoire naturelle de Marseille, membre de laSociele. Le chevalier Baruffi , professeur a la Faculte des scienres de Turin, membre honoraire de la Societe, el son delegue a Turin. De Beauvoys, de Seiche (Maine-cl-Loire), membre de ia Sociele. DUJETS DONNES. Grainesde Dahry, planle oleagi- nense culliv6e dans le nord de la P>ance. Une colleclion de Graines de Co- N1FERE8 DE l'HiMALATA. 3" OBJETS DE COLLECTION. PRODUITS INDL'STRIEtS , HODKLES ET OBJETS d'aRT. Deux cartons de Poissons et de Crustaces, prepares par M. Martin CKuf, de Toulon. Deux echantillons de Brai anixai. et de Brai vegetal de I'Amerique meridionale. t^-ocons vides de Vers a soie de race Brianza, des educations de M. Massa, a Voghera (Piemont). fichantillons de Cire et de Miel. Docleur Bkruier-Fon-! Deux Dragonne^ux (Vers filaires) taine, membre de la So- extrailsdu pied dun Indien. ci6le. Bodvenot, de Versail- Appareil modele pour l^ducation les, membre de la So- des jeunesOisEAux de basse-cour ou jciete. Idechasse. r.ENV au BULLETIN ::™ 308 343 197,363 505 508 408 204 43 61 i SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE u'aCGLIMATATION. >OMS DES DONATEURS. OBJETS DONNAS. MM. Comte de Brignola, se- cretaire general de la Society universelle pour I'encouragement des arts et de Tindustrie. Chagot aine, membre de la Societe. Le m6me. CoEFFiER, de Versailles, membre de la Societe. Deneux et Lelievre , manufacturiers a Amiens. Drouynde Lhuys, mem- bre de la Societe. Comte D'fipREMESNIL , secretaire general de la Society. Une collection de Produits natu- RELs du Mexique , provenant de rExposition universelle de 1855. Une collection de Plumes d'Au- TRUCHE, Un echantillon de Graisse d'Au- TRUCHE. RENVOI 201,258 131 11 Canard de la Caroline femelle, monte. 366 Une collection d'^chantillons de Files et de Tissus de velours d'U- TRECHT, fabriques avec les poils de Chevres d'Angora. Deux toisons de Modtons de Sile- siE, envoyees a 1" Exposition univer selle de 1 855 par M. Kiipfer. Echantillons de Files et de Tis- sus de foils de Lapin d'Angora, pro- venant de Saint-Innocent (Savoie). 506 140 511 Baron Forth-Rouen, mi- nislrede France a Dresde. Fremy, professeur au Museum d'histoire natu- relle, membre de la So- ciete. Graells, directeur du Museum d'hist. nat. de Madrid, memb. delaSoc. Pierre Hebert , sta- tuaire. Une bobinede Soie sauvage de la I Chine. Ul2 Deux echantillons de Suif et d'HuiLE, extraits dela graisse con te- nue dans la queue des Moutonskara- manlis. Echantillons de Poils de Chevres d'Angora nees a I'Escurial. Statuette d' Olivier deSerres. 205 407 257 DONS I-' A ITS A LA SOCIlllTll:. 616 NOMS DBS DONATEURS. MM. Comte de JouQuifeREs et docteur Yvan, membres de laSoci6t6. Laplace, consul g6n6- ral du Paraguay, membre de la Societe. fi. NoD!^iGAT,deLunel (jBerault), membre de la Societe. OBJETS DONN^. RENVOI •u Bl'LLETIN. Portrait photographic de M. de Montigny. Une collection de vingt-neuf sub- stances vEGETALEs du Paraguay, provenant de 1' Exposition univer- sellede 1855. Douze bouteilles de Yin produit a Fontcendreuse (Heraull), par des plants de Tokai de Hongrie. RENARD,anciend6l6gue fichanlillons de Soies fabriqu^es de rindustrie parisienne'en Chine et provenant du Ver a soie en Chine, membre de la Soci6l6. Le m6me. Docteur Sacg, membre de la Soci6t6, et son de- 16gu6 a Wesserliflg. Le m6me. R. DE LA SAGRA,d6pUl6 aux cort6s espagnoles, membre de la Society. SALVAGE DU peces. Ch^ne et d'autres es- Une collection de BAHBOud de Chine, de Jones et de Rotins de la Malaisie etdes Philippines. fichantillon d'6toffe l^gere pour robes, fabriquee a Wesserling avec les polls de Chevre d' Angora. fechantillons de Soie provenant des Vers a soiEDuCnfeNE de la Chine et de ceux du Charme de la Loui siane, fil6e a Mulhouse parM. Henri Schlumberger. Grande Poche de soie formee par les Chenilles d'un Bombyx sauvage du Mexique. 265 4 27 91 Ml U2 264 605 260 J 616 SOCIETY. IMPERlALE ZOOLOGIQllE u'aCCLIMATATION. INDEX ALPHABfiTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNES DANS CE VOLUME. 250- 105. 135, 191 268, 316, 134, 461, 600. 142, Abeilles, 5, 33-36, 105, 252, 355-360, 366, 510 Abeilles sans aiguilion, 104, 107, 411. Able-Ide, 583, 591. Actinies, 283. Alose, 80-83. Alpaca, 39, 48, 54 464. Ane du Maroc, 464. Anguilles, 26, 261 462. Antilope pourpre, 464. Autruche, 387. Autruche d'Afrique, 94, 131, 142, 290-296, 379-385, 508, 525-535, 565-574, Autruche d'Amerique, 94, 197, 295-297, 530, 559 Axis, 464. Barbeau, 81, 225, 583. Bellis, 283. Bernache, 464. Bison, 209. Boeuf, 54, 425. Boeuf Bazadais, 317, 329- 367. Boeuf Beledi, 262, 269, 366. Bombyces. Voy. Vers a soie Bombyx aurata, 5. Bornbijx Cynthia, 19,42, 1 47- 237,238, 260,309,510, 598, 605. Bombyx Baukinice, 4. Bombyx du Mexique, 260, 2 BombyxMylilta, 4,129, 1 35, 147, 204, 245, 536-538. 339, 310, •148, 560, 67. 145- Bombyx mori. Voy. Vers a soie de la Chine, 3, 129, 148, 309, Bombyx Paphia, 406. Bombyx Pernyi. Voy. Vers a soie sauvages du Ch§ne de la Chine. Bombyx Polypheme des ElaU- Unis, 4, 148. Bombyx serigene de Madagas- car, 4. Bouquetin, 520-524, 561-566. Breme, 80-83. Brochet, 80-83, 583, 591, 592. Buffle, 430. Caille, 48, 191. Canards, 425. — de la Caroline, 366, 464. — de la Chine, 366. — mandarin, 464. — russe bianc, 464. — siftleur, 464. Capra cegngrus, 563. — beden, 562. — caucasiaca, 561. — Falconeri^ 563. — hispanica, 523. — ibex, 520-523. — pyrenaica, 523-524. — sibirica, 524. — waiie, 561 , 562. Capricorne, 366. Carassin, 583, 591 . Carpe, 80-83. Casoar de la Nouvelle-Hollande, '142, 205, 268, 379. Cerf, 430. Cerf de I'Atlas, 464. Cerf cochon, 143. Chameau, 92, 505, 555. INDEX ALPHABETIQUE DBS ANIMAUX. fli? Chatd'Angora, 181-182, 205. Cheval, 9, 54, 84, 85. 321-328, 369-378, 465-471, 486. Chevres, 51.3-524, 561-564. Chevres sauvages, 519-524. Chevres d' Angora, 7, 19, 37, 38, 44, 47, 85, 92, 93, 97-99, 129, 130, 182,206,209-212, 261,269, 280,310,407,412, 430,444,445, 462,463,497- 502, 505, 506, 510, 560, 563, 605. Chevres d'Afrique. 464. — d'Appenzell, 445. — de Cachemire ,430. — des Canaries, 137. — du Congo, 262. — de Dongoia, 367. — d'Egyple, 8, 38, 44, 47, 130, 206 , 261, 269, 310, 385,430,445,461,557,560. Chevre mallaise, 98. Chevrolain de Java, 130. Coccus, 102. Col^opteres, 145, V. Vers a soie. Colin de Californie, 7. Colin Houi, 7. Colombe Lumachelle, 366. Columba migratoria, 461 . Coqs de bruy^re, 48, 191. Corail, 6, 213-222, 266, 409. Corbeaux, 541. Crassicornes. 283. Cravant, 464. Creveltes des ruisseaux, 311. Cuino, 310. Cygne, 464. Cyprins, 78-83. Dianihus, 283. Dugon, 137, 247. Dyliques, 462. Ecrevisses, 80-83, 267. Eider, 48, 191. Elan, 366. Esturgeons, 591 . Faisans, 21. Faisan a collier de la Chine, 93. — • argenl6, 464. — dor6, 464. Faisan versicolore, 464. Garden, 583, 591, 592. Gazelle, 464. Geiinoltes, 48, 191. Girafe, 430. Gougeon, 81-83, 583. Gourami, 204. Grillons, 287. Gr6mille, 583, 591, 592. Grue caronculee, 304. — du Senegal, 136. Helices, 267. Hemione, 45, 54, 430. Hemippe. 45. Herin conimun, 464. Hocco, 55, 464. — a poitrine noire, 464. — a poitrine marron, 464. Hultres, 22-29. Insectes. V. Abeilles, Bombyces, Vers a soie. Kangurou de Bennett, 464. Kangurou g6ant , 317, 407, 600. Lama, 39, 48, 135, 191, 430, 560. Langouste, 28. Lapinsd' Angora, 511. Limacesd'eau, 287. Lotte, 80-83, 583-593. Loutre, 230. Melipones, 107. Messager.Voy. Serpentaire. Morue, 246, 584. Mouflon croise, 464. — d'Espagne, 464. — de Sardaigne, 464. — a manchetles, 464. Monies, 22-29, 54, 63-76, 108- 123, 445. Mouton de Cappadoce, 505, 554. Mouton croise de Syrie, 464. Mouton a grosse queue kara- manli, 8, 19, 38, 44, 84-88, 94. 130. 143, 197, 205, 262, 367, 410. Mouton a grosse queue de Crimea, 92. Moutons de Cachemire, 606, 618 SOCIETY IMPfeRlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Mouton merinos, 422, 429, f»38- 443. Mouton m^rinos-Mauchamp . 8, 367, 368, 438-444, 600. Mouton noir de Nubie, 262. Mouton de Shahg-Hai, 208. Muksouns, 591 . Mulots, 541. Nandou. V. Autfdched'Am^riqtie. Nelmas, 591. Nilgaut, 430, 464. Notoctene, 287. Oie, 230, 4?§= — d'Egypte, 44, 430, 464. — de Guinee, 464. — rieuse, 464. — des fnoisgonS, 464. OiseaoX, 599. Ombres-chevaliers, 22Bj 606. Outafdes, 48. Ovis congensis, 387. — moYitann, 461 . Pdon, 525. Penelopes, 345, 361 . Perohe, 80-83, 983, 591, 59S. Percnopteres, 505, 554-558. Perdrix, 48, 191. Perdrix bartavelle, 1 24-1 25 i 1 4S. Pigeon, 143, 261, 367. Pigeon a t^W bleue d'Amerique, 464. Pintadesajouesbleues, 206, 162, 269. Polypes, 284. Pores, 87, 425. Poissons, 583-593. Pore de Chine, 137, 507. — anglo-chinois, 198. — arabe, 388. Poule, 21 , 54. *— Brahmapoutra, 539. — de CochiDChine, 261, 405, 559. Poule de Demisli, 505, 855. — sultane, 464. — ■ de Turquie, 512. Requin, 2*46. Rotengle, 583. Roussette, 247. Sangsues, 5, 29, 462. Sarcelie det^, 464. Saumon, 32, 80-83, 225. Serpenlaire, 205, 298-304, 407. Spatule, 464. Sterlets, 591. Syroxs, 591. Tadorne, 464. Tanche, 80-83, 583, 592. Tapir maipouri d§ la Guyane , 606. T6lard, 583. Thym, 583. Tourterelle huppee, 464. Tritons, 287. Trigonocephales, 407. Truites, 225, 583, 691. Versasoie, 38,39, 91,129, 136. 149-155,463,508,599, 605, 606, 607. Ver a soie de Chine, 127, 407. Ver a soie du Charme de la LoiJi- siane, 598, 605. V^er a soie sauvage du Ch^ne [Bombyx Perhyi) de la Chitie, 3, 19, 41, 127,- 129, 147, 204, 280, 308, 340-341, 362, 463, 507, 536,. 598. Vers a soie Trevoltini, 472-484, 510. Verons, 287. Vigogne, 48, 191. Yaks, 7, 11, 19, 58,- 44, 198, 405, 411, 506, 55^, 560. Zebu dellnde, 464. Ziziphinus, S8A. INDEX ALPHABETIQUK DE8 VtCtTkVX. olw INDEX ALPHABfiTIQUE DES VEGfiTAUII MENTIONN^S UANS CE VOLUME. Alfa, 465. Algues, 140, 283, Anacharsis alsinaslrum, 287. Arachide, 236, 449. Araucaria excelsa, H\. Arbre a suif, 185, 244. Arosine, 559. Artemisia, 521 . Arum colocasia, 308. — d'Egypte, 202. Arundinaria foliala, 408. Arundo donax, 408. Asciepias gigantea, 345. Azedarach, 244. Bambou de Chine, 142, 253-255. Bambusa nigra, 408. Bassias, 244. Bechena, 375. Betterave, 364. Ble, 58. 266, 314. Bouleaux, 260. Bromelia ananas (Pina), 42. Buchanania lalifolia, 244. Cafe, 15. Calophyllum inophyllum, 244. Camellia japonica, 540. Cameline, 240. Canna gigantea, 410, 446, 450. Carex, 521. Carottes h^itives, 364. Cassia armata, 448. Catalpa, II. Celastrus nutans, 244. Cerfeuil bulbeux, 266, 352-354, 364,512,557,597. Ceroxylon andicola, 346, 576. Chardon a foulon, 598. Chines, 260, 461. Chines de Chinb, 9, 308, 3U. Ch6n©-li6ge, 539-541 . Ch6ne velani, 42. Chervis, 134, 194. Chou, 309. Chrysophyllilin macrophyllum , 34.'i. Cinchona, 348. Colza, 240. Coniferes de I'Himalaya, 313. Coraline rose, 282. Colon, 239. Colon de G6orgie, 134. Courge poire, 449. Couscouches, 450. Croton sebiferum, 346. Curcuma, 410, 446. Cypres, 260. Darry, 308. Diclame, 410, 446. Dolichos de Chine, 505. Doryanlhes excelsa, 60. Dys, 465. Epinards de Goree, 265. Erables, 260. Erable a sucre, 559. Eucalyptus, 61 , 62. Fagussylvatica, 128, 260. Feves de Tonka, 448. Ficus cerifica, 106. Ficus elastica, 343. — ferruginea, 60. — rubiginosa, 343. — sebifera, 346. Figuier de Barbarie, 375. Frene, 260. Fucus giganteus, 140. Giraumont de la Floride, 41. Giraumont de la Martinique, 409; 449. Guizolia oleifera, 244. Gutta-percha, 344, 604. Gynerium argenteum, 408. Haricots-beurre, oil, 512. Haricots de Chine, 184. Holchus saccharatus. Voy. Sorgho sucre. Houblon, 603. Hylocarpus carapa, ^43. Ignames des Antilles, 308, 44 Oj 446, 449. IgnamesduBr6sil,259,&58, S97. 620 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION Ignames de Chine, 9. 10, 46, 55, 90, 128, 144, 160, 161, 266, 228,229,363,485, 505,507, 509, 542-543, 577-586, 597, 598,604. Igname de la Nouvelle-Z61ande, 141, 156-162,204,266, 288- 289, 315, 415, 507, 604. Imphy, 453. Iris juncea. Voy. Zeloutt. Joncde la Malaisie, U2, 255. Jujubier, 4. Lauriers des Indes, 255. Laurus camphora, 346. Lentisque, 237. Ligustrum lucidum, 4 03. Lin, 14,236, 239. Lycopodium, 408. Madura aurantiaca, 461 . Madia sativa, 241 . Magnolias, 540. Mais, 58, 364, 375, 448. Mais geant de Chine, 598. Mais Sucre, 46, 612. Malanga, 450. Maranta juncea, 449. Melons d'Angora, 458-459, 510. Mimosa, 61. Morenobea coccinea, 345. Moringa, 243. Mousse chandrille, 282. Moutarde, 240. Murier, 138, 481, 482. Muscadier de Java, 597. Myricas, 102 106, 313, 345. Myristica sebifera, 345. Navetle, 240. Navets hatifs, 36 i. Noiselier d'Amerique, 245. Noyers, 260. Noyer de Bancoul, 245, i48. Noyer noir d'Amerique, 539. Olivier, 235-239. Olivier de Crimee, 41 , 141, 313, 508. Orge, 36 i, 468. Ortieblanche, 1 85, 1 86-1 89, 308. Palmier 241 . Panicum digitaria, 509. Panicum Isevinodum, 61 . Palates, 600. Palates douces. 604. Palates du Japon, 512, 558. Pavot, 240. Persea gralissima, 345. Peupliers, 260. Phellandrium mulelina, 521. Phormium lenax, 61 . Pinuspinea, 245, 408. Plaqueminier, 42. Pois des Antilles, 410, 446-Zi47. Pois oleagineux de Chine, 9, 184. Pomme de lerre precoce, 364. Polirons des Antilles, 448, 449. Quinquinas, 347-3 48. Rheedia americana, 345. Rhodymenia pourpre, 282. Ricin, 137, 237, 238, 349-351, 365, 461, 598. Riz, 15, 46, 558. Riz de Java, 605. Riz sec, 10. 134, 204,363,508, 560. Rotin de la Malaisie, 142, 145. Sapins, 260. Sarrasin, 364. Sesame, 236. Siphonias, 344. Sorgho Sucre, 9, 163-180, 195, 203,259, 265, 313,346,364, 365, 451-455, 485-487, 508, 575-576, 597, 598, 599. Tabornamontana, 60. Tchou-Ma. Voy. Ortieblanche. Terminalia catappa, 244. The. 183. Tilled, 260. Topinambour, 449. Torchon, 448. Tournesol, 2i0. Tulipier de Virginie, 539. Ulva verle, 282. Vahea gummifera, 3 44. Vallisneria spiralis, 286. V<>teria iniicii, 244. Vernonia anihelmintica, 244. Vigne, 59, 91. Viorne des bois, 309. Virginia, 1 1 . Virola sebifera, 107, 345. Xanlhorrhoea hastilis, 61 . Zetoutt, 364, 408, 456-4S7. TABLE DRS MATltlRES. 62^* TABLE DES MATlfiRES. GfiNfeRALITftS. Aug. DumiSril. — Rapport sur les travaux de la Soci6t6 imp6- riale zoologique d'acclimatation en 1 800 I (tukrin-M^neville. — Rapport sur les dons faits a la I^ci6l6 par MM. les commissaires des gouverneinenls Strangers pres I'Exposition universelle, pour la collection d'histoire natu- relle appliqu6e, fond6e par la Societe H Dareste. — Rapport sur les objets donnas a la Soci6t6 par MM. Mac Arthur et Bonsfield 57 LoBLir.Eois. — Introduction aux rapports de la commission g^ne- rale constitueedans le sein de la Soci6le d'acclimatation pour I'examen de I'Exposition universelle des produils de I'indus- trie <00 Bigot. — Rapport de la sous-commission chargee de I'examen des miels et cires i02 Madd'heux. — Sur la proposition faite en 4 847, de crter dans les Vosges une Societe de domestication 4 90 C. Dareste. — Rapport sur les huiles et les vins de I'Exposition . universelle de 1855 235 Gif-RiN-MENEviLLE. — Rapport sur la souscription pour le monu- ment a elever a la memoire d'Olivier de Serres 273 Is. Geoffroy Saint-Hilaiue — De I'^tat present de I'agriculture compare a celui des arts industriels 275 Gras. — Rapport sur I'exposition permanente de I'Algerie. Ri- chesses minerales de I'Algerie 369 Le m6me. — Suite 488 Barthklemy-Lapommeraye.— Sur quelques animaux qui vivenl pre- sentement au Jardin zoologique de Marseille 386 Richard (du Cantal). — Note sur les moyens d'augmenter la pro- duction animale en France 417 De Liron dAiholes. — De la cherts des subsistances. . . 432 De Lacoste. — Note sur I'agregation sablonneuse particuliere aux landes de la Garonne et de la Gascogne, improprement ap- pelee Alios 544 Marquis Antinori. — Sur quelques animaux de I'Asie Mineure . 554 MAMMIFfeRES. Bernis. — Sur I'esp^ce ovine de I'Algerie, 2* leltre 63 Le m6me. — 3Mettre 403 Texier. — Sur les Moutons de Caramanie donnas a la Soci6t6 imp^riale d'acclimatation, par S. E. le marechal Vaillant . 84 03$ SOCliTE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Marechal Rahoon. — Lettre sur les Chevres d' Angora donnees a I'Algerie par la Societe imperiale d'acclimalalion et par M. Sacc 97 Le m6me. — 2* leltre 209 Hardy. — Rapport sur I'^tat du troupeau de Chevres d'Angora en Alg6rie 98 Le m6me. — Rapport sur les toisons des Cbevres d'Angora . . 210 LoTTiN DE Laval. — Sur le chat d'Angora 181 Bernis. — De la production et du perfectionnement du Cheval en Algerie . 321 Le m6me. — Amelioration des Chevaux de I'Algerie (2* lettre) . 369 Le m6me. — 3^ ISttre 465 G. DE Lacoste. — De I'utilite d'introduire en Algerie la race bo- vine bazadaise 329 MiLLOT. — Sur les laines de Merinos-Mauchamp, provenant de la menagerie du Museum dhlstoire naturelle (2'= lettre). . . 438 Sacc. — Sur les Chevres d'Angora 444 Le m6me. — Essai sur les Chevres. Introduction et Chevres sau- vages ou Bouquetins 51 3 Lem6me. — Suite ■ 561 Deneux et Lelievre. — Sur I'emploi industriel des polls de Chevre d'Angora 497 OlSEAUX. Joseph MicHON. : — Sur I'utilite dune oisellerie modele etablie par la Societe, ou sous son patronage, pour I'acclimatation, la domestication et la propagation des especes utiles. . . 18 L.OUTET. — Sur I'education de la Perdrix bartavelle 124 GossE. — Questionnaire relalif a I'Autruche et au Nandou, Au- truche d'Amerique 290 J.Verreaux. — Note sur le Messager ou Serpentaire du Cap de Bonne-Esperance, et Sur la Grue caronculee 298 Baron Aucapitaise. — Note sur lAutruche d'Afrique. . . . 379 Gossii. -^ Des plumes d'Autruche 525 Le jneme. — Suite 565 POISSONS, CRUSTACfe, ANNfiLlDES ET ZOOPHYTES. Alphonse Debbes. — Des ressources que presente le departement des Bouches-du-Rli6ne sous le rapport de la pisciculture . . 22 ^jyaro Reynoso — Note pour servir a I'histoire de la pisciculture. 30 iJinLET. — Pisciculture pratique appliquee a I'empoissonnement des cours d'eau 77 Ad. FociLLON. — Rapport sur les questions relatives au corail posees par S. E. le marechal Vaillant 213 C. Millet. — Rapport sur les mesures a prendre pour assurer le repeuplement des cours d'eau de la France 223 Vicomte de Valmer. — Sur les Aquaria d'eau de mer et d'eau douce etablis au Jardin zoologique de Londres 284 Table dks hati^res. 628 fiorre M alischevp. — Notice sur un essai de fecondalion arti6cielle des Poissons fait aux mines el usine de Nijn^ - Taguilsk (Russie) 583 INSECTES. Di Beauvovs. — Sur le combat des reines des Abeilles. ... 33 A. Chavannes. — Rapport sur la premiere Wucalion du Sutumia Mylitta faiie en Suisse 146 B. NouBRiGAT. — Sur lindustrie sericicole dans le midi de la France, et particuli^rement dans le d^partement de I'H^ rault U9 Dk Beauvovs. — Lettre sur le proc6d6 de conservation des Abeilles sous terre 250 Mgr Yrrrolles. — Sur le Ver a soie sauvage du Cb^ne de Mand- chourie 340 L. Penard. — Sur un nouveau proced6 de conservation des Abeilles pendant I'hiver 355 Viconite de Susini. — Note sur les Vers a soie dits Trevoltini. 478 GuKam-M^NEviLLG. — Note sur les educations de I'un des Vers a sole du Ch^pe 536 v£g£taux. PiDDiNGTON. — Sur uq i)0uvel Igname de la Nouvelle-Zelande, envoy6 par lui a la Soci6l6 156 Ad. Chatin. — Note sur r Igname de la Nouvelle-Zelande. . 159 Ch. d'Ivernois. — Sur les avantages du Sorgho 8ucr6 cultive Comme piante fourragere 163 ToRREL. — Rapport adress6 h S. E. M. le Ministre de la guerre sur la culture du Sorgho a Sucre 165 Hardy. — Idem. 172 Db LAC06T|i. • — Lettre sur le Sorgho 180 L'abbe Guierrt. — Sur des graines de plantes et arbres de Chine envoyees a laSoci^te. Lettre adress6e & M. Tastet. ... 183 Stanislas Juliim. — Sur la plapte textile Tcbou-ma [Urtica nivea)^ traduit du Traite imperial d'agriculture chinoise . ... 186 Ed. Renard. — Note sur les Bambous do la Chine, sur les Jones et Rotins de la Malaisie el des Philippines 263 t*AiLLET. — Quelques details sur 1' Igname nouvellement introduit de la Nouvelle-Zelande 288 Hardy. — Sur plusicurs des v6g6taux cultives a la P^pinidre cen- trale du gouvernement en Alg^rie 342 li^RESTE. — Note sur I'emploi induslriel de I'huile de ricin . . . 349 Sacc. — Notice sur leCerfeuil bulbeux (Chcerophyllum bulbosum). 352 Mestro. — Sur diverses graines et racines des Antilles, offertes a la Soci^le imp^riale d'acclimatation 446 TuRREL. — Notes complementaires sur le Sorgho a sucre du Nord de la Chine 451 624 SOCIETE IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCOLIMATATION. Dk Ces Caupenne. — Sur le Zetoiitt d'Algerie (/»"js;uncm). . . 456 Madame la princesse Trivulce de Belgiojoso. — Sur des graines de Melons de I'Asie Mineure [Cucumis Dudaim, var.?), adres- sees a la Societe imperiale d'acclitnalation 458 G. deLacoste. — Note sur le Sorgho a sucre 485 De' LiRON d'Airoles. — Sur le Ch^ne-liege et sur la possibilite de le culliver sur lout le littoral de I'Ocean frangais .... 539 GoDRON. — Sur les Ignames de Chine cullives a Nancy. . . . 542 Hardy. — Sur le Sorgho a sucre, et particulierement sur la C^ro- sie que fournit cette plante 575 G. De Lacoste. ■ — Sur la grande culture de I'lgname de Chine, entreprise par M. Remont, de Versailles, dans les departe- ments de Seine-et-Oise, de la Drome et des Landes . . . 577 EXTRAITS DES PROCfeS-VERBAUX. Proces-verbaiix des stances g^n^rales de la Societe. Stance du 4 Janvier 18S6, page 40. — Seance du i 8 Janvier, 45. — Stance du 1 " fevrier, 89. — Seance du 1 5 fevrier, 1 26. — Seance du 29 fevrier, 13'!. — Seance du 14 mars, 438. — Seance du 28 mars, 173. — Seance du H avril, 199. — Seance du 25 avril, 256. —Seance du 9 mai, 263.— Seance du 28 mai, 305.— Stance du 6 juin, 312. — Seance du 20 juin, 361 . — Seance du 12 d6- cembre, 594. — Stance du 26 d6cembre, 601 . Proces-verbaux des seances du Conseil. Seance du 27 juin 1856, 405. — Seance du 18 juillet, 406. — Stance du 2 aout, 460. — Seance du 26 septembre, 503. — Seance du 24octobre, 556. DOCUMENTS RELATIFS A LA SOClfelfi IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. Reglement relatif aux concours annuels et aux recompenses et en- couragements de la Societe v Organisation de la Societe pour 1 856 ix Liste des Societes affiliees et agregees xi Lisle supplementaire des Membres de la Societe xn J. Delon. — Happort de la Commission des finances 37 Is. Geoffroy Saint-Hilaire. — Rapport sur les mesures adoptees relativement aux recompenses et encouragements de la Societe et a sa seance publique annuelle 49 Paris. — Imprimerie de L. Martinet, rue Jligaan, 2. ^.- V :»> ■>> ^>o :>> >5 ^ m&Mii^ ift .■■'■'••■■ '■■■mmf ■ ■ ■ v » .■• '••■ '■■■■mm . ■ I ■''■:■.;> ■■WMf ■ -"• •'''•■■#1