't*± > i BRb^H rsi^ iaiflii^'''.9i.^L$^ #-" -1 f^t ■ te^ w ^ #J Nil? ,,.lv^ » ' 7 ' /^' . / m^mm^m^^mm^êmmmÊm^ Pjrénées-Orîeiitales, #«###»*#* QUATRIÈME BULLETIIV DE LA SOCIÉTÉ JDîâ î?îâiKi?a(â]^iisrq Les lettres, mémoires, objets d'histoire naturelle, etc., doivent être adressés, franc de port, au secrétaire delà Société, à Perpignan. PERPIGNAN. IMPRIMERIE DE JEAN-BAPTISTE ALZINE. 1839. f 0rtJE £.A SOCISITS DE PERPIGNAN. DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ PENDANT L'ANNÉE 1837^ Par M. SmVEN , en l'absence de M. BACH , secrétaire. Messieurs, L'année qui vient de finir a été pioduciive entra- vaux qui prouvent que la fondation d'une Soriété à Perpignan nesl pas une œuvre sans résultats utiles; vous allez en juger par le simple aperçu que nous allons vous en donner. El d'abord, qu'il nous soit permis de payer le juste tribut de reconnaissance qui est dû à M. le Préfet pour l'intérêt qu'il prend à la prospérité de la Société. Sur sa proposition , M. le Ministre des travaux pu- blics , de ragricullure et du commerce nous a accordé une allocation de fonds devant servir à Tinipression de nos bulletins; il a demandé encore pour nous, à ce même Ministre, un modèle de magnanerie d'après lesys-lème de M. Darcct. Mais, comme il est probable que cet appareil recevra quelques modifications qui le perfectionneront, M. le Ministre a informé M. le Préfet que lorsque ces perfectionnements auront eu lieu , il s empressera de faiie droit à sa demande. BI. Paillette, ingénieur des mines, vous a pré- senté une cristallisation trouvée dans les fentes du granit d'où s'échappent les eaux de Molitg; c'est un assemblage de chaux carbonaiée translucide , de chaux sulfatée amorphe, en petits cristaux lenticu- laires et d'un hydro-silicate blanc feuilleté, qui pré- sente quelque chose d'élastique dans sa cassure. Ce composé remarquable aurait été formé par l'action des eaux de Molitg sur les roches environnantes, et sous l'influence des covtrants électriques à petite ten- sion. Pour appuyer cette manière de voir, ce miné- ralogiste vous a donné des détails étendus et pleins d'intérêt sur les expériences de Becquerel. Après les découvertes de ce célèbre physicien, les géologues ne doutèrent pas de la possibilité de la for- mation continue des minerais dans les entrailles de la terre; il suffit pour cela que certaines substances se trouvent sous des influences électro- chimiques convenables. On est maintenant à la recherche de faits qui puis- sent confirmer cette induction. Le département des Pyrénées-Orientales a paru of- frir h M. Pailletle de grands avantages pour ce genre d'exploralions, à cause de la variété de ses roches et des phénomènes de soulèvement moderne qu'il présente. 11 a été d'autant plus fondé à penser que l'origine de son échantillon est telle qu'il le suppose, que les eaux de Molitg ont une très grande énergie. M. Bouis, professeur de chimie, vous a donné des détails sur le lignite de Serdinya. En 1832, il reçut de M. le Préfet l'invitation de lui faire un rapport sur ce giGsement , pour lequel le conseil général avait alloué des fonds applicahles à quelques travaux de déblaiement. Son opinion, conforme à celle d'autres naturalistes qui avaient précédemment exploré cette formation charbonneuse, fut qu'elle ne paraissait pas susceptible d'être exploitée avec avantage. M. lîouis vous a communiqué encore la compo- sition et le mode de préparation des pâtes phospho- riques, alors inconnues, pour obtenir^ au moyen du frottement , l'inflammation d'amadou , d'allumettes et de petites bougies. M. Delocre, chirurgien-major, vous a lu un tra- vail relatif à la comparaison des eaux de Baréges avec celles d'Arles-sur-Tech, dans lequel il émet le vœu qu'un établissement thermal-militaire , qui réunisse toutes les conditions de salubrité, soit fondé aux bains d'Arles; la quantité d'eau donnée par «liverses sour^ ces permettrait d'administrer sous différentes formes ces eaux minérales dans les nombreuses affections pour lesquelles celles de Baréges sont si efficaces. Les analyses faites des eaux d'Arles par MM. An- glada et Bonis ^ ayant prouvé d'une manière irrécu- sable que leur composition était identique avec celles i* 4 de Baréges, M. Delocie conclut à ce qu'elles soient mises en usage dans les mêmes circonstances mala- dives qui nécessitent l'emploi des eaux des Hautes- Pyrénées. M. CoMPANYO vous a parlé d'un oiseau tué dans le département. Cet oiseau est du nombre de ces es- pèces rares dont les mœurs nous sont entièrement inconnues. Buffoa en avait déjà remarqué un individu tué en France; il lui trouva assez de ressemblance avec les pluviers par la forme du corps et celle des pieds, qui n'ont que trois doigts; mais la conforma- tion du bec est si différente qu'il ne put le ranger dans cette famille. Il le plaça dans le même ordre {les èchassicrs) à la suite (\qs pluviers , entre les genres huttriers et lournepicrre ; il en forma un nouveau genre auquel il donna le nom de court-vite , a cause de la rapidité avec laquelle il court sur le rivage. Cuvier lui a conservé la même place que Buffon lui avait assignée. M. Tcinminck, dont les savantes observa- tions ont conduit à des résultats avantageux les na- turalistes qui s'occupent spécialement d'ornithologie, a trouvé la véritable place que doit occuper cet oi- seau, en le classant au douzième ordre, les coureurs (cursorius), à la suite des outardes; il en a formé le cinquante-deuxième genre, court-vite, première espèce, courl-vite-Isabelle {cursorius-Isabellinus). La grande ressemblance de cet oiseau avec les petites espèces d'outardes étrangères et l'outarde houbara d'Europe, otis houbara^ fait penser à ce naturaliste qu'on trouvera plus lard le passage parfait du genre otis au genre cursorius , et dans ce cas, il sera très embarrassant de classer une très petite outarde, ou un grand court-vite. L'apparition de eet oiseau surlc conlinenl est si rare queM.Companyo a cru dcvoirsignaleison passap;e dans cette contrée , où il la observé deux fois dans Icspace de vingt et un ans : en octobre 18IG et en novembre 1837. M. Temminck prétend qu'on n'en peut citer que trois exemples bien positifs, dont un individu est conservé au cabinet de D'Armstadt. La description de cet oiseau se trouvera dans le bulletin de la société. Un nouveau dessin très détaillé, avec légende, de la charrue de Domhasle , modifiée par M. LrAiSTA, vous a été présenté. Selon cet agricultetu-, les prin- cipaux avantages de cet araire ainsi modifié, sont: 1° De pouvoir être dirige très aisément, et sans presque faire effort sur le manche 5 2° De remplacer le régulateur D.ombasle par un mécanisme beaucoup plus simple; 3° De permettre de faire avancer graduellement le soc lorsqu'il est usé , sans qu'il soit nécessaire de démonter la charrue. M. Llanta vous a fait connaître aussi la manière de semer la graine de betterave. MM. FoRTANER et Aywérich vous ont envoyé cha- cun un mémoire sur celle question : Quels sont les meilleurs moyens h suivre pour se préserver des ravages de nos grands cours d'eau , à repoque de leurs fortes crues? M. FauvcUe vous en a fait un rapjîort verbal. Le tracé de la rivière en ligne droite, admis par M. Fortaner^ serait un inconvénient, d'après M. Fau- velie , qui adopte les moyens proposés pour la planta- lion d'arbres sur les montagnes ; mais il est convaincu que le seul moyen de diminuer les ravages des inon- 6 dalions, est la méthode suivie par les ingénieurs des ponts ei chaussées, qui consiste: 1° à labourer les sa- bles du lit et à transporter les pierres sur les bords que l'on veut préserver; 2° à creuser un canal, pendant les basses eaux , dans la direction d'une arche prin- cipale, et d'y faire passer la rivière pendant les crues. Les sables sont facilement entraînés, et les eaux se précipitant dans ce canal , comme dans une écluse de chasse, emportent les sables qui obstruaient le dessous du pont. Et après avoir donné également son opinion sur le mémoire de M. Aymérich, il a conclu à ce que le travail de M. Forlaner soit livré à l'impression. M. Lacombe St. -Michel, mend^re du conseil-gé- néral, rapporteur de la commission d'enquête créée pour donner son avis sur la construction d^un bassin à flot au port de Port-Vendrcs, vous a communiqué la partie de son travail relative au projet de M. Tin- génieur en chef Rabourdin. M. SiRVEN vous a fait un rapport sur Tonale fabri- quée par M. Viniort. Celte fabrication a obtenu un développement tel, que M. Vimort a expédié ''^00 grosses d'ouates pendant le cours de Tannée 1836; la grosse étant de douze douzaines, il en résulte qu'il a fabriqué dans une année 57,600 ouates. Sur la pro- position de M. le Président, les échantillons d^ouate, fabriquée à Perpignan, seront exposés dans la salle du Musée, afin que le public puisse juger des avan- tages de cette production roussillonnaise , sous le rap- port du prix et de la qualité, comparée à celle de Lyon, etc. M. RouFFiA vous a lu plusieurs chapitres extraits d'un ouvrage qu'il composa en '\S'22 sur les subsistances militaires, dans lesquels il expose les maladies qui atta- quent les graines et les farines; il donne les moyens pour les prévenir et ceux qui sont pioprcs a leur conservation, et il propose, comme un des meilleurs moyens, le placement du blé dans les fosses connues sous le nom de silos. L'auteur passant ensuite au cha- pitre intitulé : Des moulins et des moutures, compare les divers procédés de mouture mis en usage jusqu'à ce jour, et fait connaître les résultats produits par les moulins à Tanglaise, au moyen desquels on obtient la mouture dite à la grosse pcrfectionnce, et par ceux qui donnent la mouture dite économique . 11 résulte de cette comparaison que par les moulins à l'anglaise on obtient de 3 à 3 '/> pour cent de farine de plus que par les moulins à la française. La littérature a aussi fourni son contingent : Mi\L Batli.e, Sirven, Lloubes, A. J. , Jeànnin, Duver- NEY (Adolphe), F, Méric, ont^ tour-à-tour, ajouté à l'intérêt de vos séances. Le bulletin de vos travaux fera connaître leurs productions. DONS FAITS A LA SOCIETE. M. BoLuix, enseigne de vaisseau, a offert à la Société, pour cire remise à la ville de Perpignan, une collection de plus de trois cents oiseaux des nieis du Siul et d'Afiiquc, plusieurs lalilcanx de paj>illons et d'insectes, et qnekpies quadrupèdes du IJrésil et de la bande orientale, pouivu que le conseil-municipal établisse un local convenable pour un cabinet dliis- loire naturelle , avec une allocation sulfisanie anx frais d'installation et d'ontrelicn.. 8 M. Geosset vous a fait don de plusieurs échan- lillons du lignite de Serdinya. M. Abblard, entrepreneur des fortifications, vous a envoyé des fragments d ossements fossiles de mam- mifère, trouvés à huit mètres de profondeur, dans un gisscment de sable cpii était recouvert de sept mètres de tuf. Ces ossements ont été rencontrés en creusant un puits. M. Bouis a donné pour la collection minéralogique de la Société, des échantillons de sulfo-arsénicure de fer, avec de Tarsenic testacé natif, provenant du canton de Prats-de-Mollô ; Et des coquilles fossiles, trouvées aux environs de Costujas, 2*^ arrondissement des Pyrénées-Orientales, par M. PujADE, docl.-médcc. à Arles. La Société a reçu en ouvrages imprimés et ma- nuscrits : Une analyse des chansons de M. E.-Jh. Sin'cn, par M. de Labouïsse-Rochefort , de Castelnaudary (manuscrit). IMPRIMÉS. Bulletin de la Société de Statistique des arts utiles et des sciences naturelles du département de la Drônie, ijre çx 2°ie livraisons. Désespoir, poëme , par M. Désiré Cadilhac , de Toulouse. Le Peuple de Juillet, poésie par M. Magloire N.AY- RAL, de Castres. Cowpte-rcncln de l'académie royale de Lyon , par M- Isidore PoLiNiiiRE. 9 Molière a Lyon, 1653— 1G57, par M. Péricaui.t , aîné, de racadémie de Lyon. Notice sur la vie et les ouvrages de Charles Bordes , par le même. Notice historique sur la ville de Laon , par M. E. Paringault. Société généi^ale des naufrages, 6™^ livr.; compte- rendu de ses travaux. Marie, à une demoiselle , par M. Désiré Cadii.hac. Deux exemplaires du rapport de M. Henri Bour- don, sur l'emploi des nouveaux procédés d'éducation des vers à soie dans les départements méridionaux. M. César-Moreau , directeur et fondateur de la Société française de statistique universelle de Paris, a envoyé un état imprimé du commerce de la Grande- Bretagne avec toutes les parties du monde. Notice sur M. César-Moreau^ par ]M. Vautiier. Mon manifeste sur la centralisation intellectuelle , par M. de Laboxjïsse-Rochefort. Rapport fait à la Société d'agriculture, sciences et belles-lettres de Mâcou, par M. VissAC, sur les pres- sions cylindriques de 31. Réveillon , ingén. -mécanicien. Le 20 Mai 1834 , poëme, par M. Barrau, de Cas- telnaudary. Plusieurs cahiers de La France littcraire , par M. Charles-Malo. Le 3fonilcur de la Propriété et de ryjgricullurc. Le Journal des Beaux-Arts et de la Littérature. 10 Considérations physiologiques et pathologiques sur deux ordres de nerfs et sur les causes principales des affections dites nerveuses, etc., par M. Gourdon , docl.-médec, à Paris. Notice sur les Établissements thermaux de p^emet, par M. CouDERC, capitaine en reti*aiie. Les Cavernes tumulaires de la Fonde, près Les Tours, canton du Mas- Catarde (Aude) , par M. Gros, avocat a. Carcassonne. archives statistiques du Ministère des travaux publics , de l'agriculture et du commerce. Évetina ou la Jeune glorieuse, par M. Théodore Abadie^ de Toulouse. Bapport sur le plan d'une embarcation de sauvetage- modèle , par M. le comte de Liaiscourt. BUREAU POUR 1838. MM. BOUIS, président. Bati.le, vice-président. CoMPANYO , secrétaire. Méric (François), vice-secrétaire. Pastre-Verdiek, arcbiviste. Grosset, caissier. COMITÉ DE RÉDACTION. MM. Le Seci'é taire. SiRVEN. ROUFFIA. 11 SÉANCE DU 4 JANVIER 1837. M3^iiiLiLA^it(Dir mw mm^hmAm^ M. LACOMBE SAINT-MICHEL, président. Messieurs, Il est des devoirs que la reconnaissance impose et auxquels il faut se soumettre, quelle que soit Tin- suffisance des moyens pour les remplir dif^nement; telle est ma position à l'égard de notre Société. En acceptant Thonneur qu'elle m'accorde de la présider, je sens tout le poids de raes fonctions. Son suffrage m'est d'autant plus précieux qu'il était moins atten- du : bien mieux que moi, un grand nombre de nos confrères possèdent toutes les qualités nécessaires pour diriger avec distinction vos utiles et patrio- tiques travaux. Notre Société, destinée à faire connaître à la France vme contrée digne de son intérêt, par les produits de son agricultuie, les richesses de son sol, les res- sources qu'elle offre à l'industrie, marche vers le noble but qu'elle se propose. La prochaine publica- tion de son bulletin pour l'année qui finit, va prou- ver à nos concitoyens qu'elle est pénétrée de toute l'importance du mandat qu'elle s'est donné. Dans le conq^tc-rendu de vos travaux, confié au zèle et au talent de JM. lîouis, on voit dans une ana- lyse rapide, dont la clarté a mérité vos éloges una- 12 nimes, que les sciences et la poésie sont également cultivées avec succès par les enfants du Roussillon. Les nombreux articles scientifiques appliqués a l'ex- ploitation des ricliesses minérales du sol, donneront, il faut l'espérer, une nouvelle impulsion à l'industrie agricole et manufacturière; par elles le commerce acquerra de nombreux produits, et de leur écliange naîtra une augmentation d'aisance générale ', réalisant ainsi la plus belle, comme la plus philanthropique des idées: Le bien être de la société. Le Bureau qui termine ses fonctions a prouvé par son zèle , par le développement donné à vos travaux qu'il était digne de vos suffrages; il ne pouvait en être autrement, messieurs, en voyant de quels hom- mes il se composait. Là, se trouvaient réunis, le chansonnier aimable, le chimiste habile, le fozic- tionnaire laborieux, prouvant par ses connaissances spéciales toute son aptitude; enfin le littérateur, l'archéologue studieux qu'une mort prématurée est ■venue ravir à sa famille, aux sciences, au pays qui l'a vu naître, et auquel il consacrait toutes ses veilles. En m'asseyant sur le fauteuil qu'il a si dignement occupé, je sens, plus que jamais, tonte rinsuffisance de mes moyens; j'avoue que le découragement s^em- parerait de moi, si je ne trouvais dans sa conduite, à côté de la difficulté, l'exemple. Si à ce guide sûr, vous daignez, messieurs et chers confrères, joindre votre indulgence, alors, entouré de mes estimables collègues, dont le savoir sera toujours pour moi, je l'espère, un aide puissant, j'aborderai sans trop de crainte des fonctions jusqu'à ce jour étrangères à mes études. Le zèle suppléera au talent, heureux si j'ob- tiens par lui votre approbation. 13 M. RIBELL5 vice-président. Messieurs, L'ensemble des connaissances humaines forme une vaste cliaîne dont chaque anneau concourt à her et à former un tout. Quelque distincts que paraissent au premier abord les arts et les sciences, on finit toujours par découvrir un lien qui, les rendant nécessaires les uns aux autres, étend ainsi leur sphère de relation. Chacune de ces parties a sans doute son esprit et son objet propre*, chacune s'exerce sur un ordre de faits qui ]ie sont pas semblables, toutefois elles se prêtent; mutuellement un appui; l'une emprunte le secours de l'autre pour éclairer sa marche, et, après tout, elles concourent ensemble à un même but : Le mieux être de l'bomme et son perfectionnement moral. Personne ne doute que les progrès de l'esprit hu- main ne se soient étendus et ne s'étendent de jour en jour avec une rapidité remarquable; les hommes qui cultivent les sciences ou exercent les arts, con- çoivent mieux que jamais comment les unes et les autres s'étayent réciproquement, et ils acquièi^entla conviction que l'on doit puiser dans le domaine de chacune de ces deux parties les ressources qu'elles offrent. C'est ainsi qtxe l'agriculture s'enrichit des secours de la chimie et de la géologie; que les lois de la mécanique , que les machines destinées à écono- miser les forces dans nos ateliers, dans nos usines, à obtenir le plus, en un mot, en dépensant le moins, puisent leur perfectionnement dans les sciences ma- thématiques. 14 , Cette union si importante^ si belle dans ses résul- tats, si féconde en applications, c'est lesprit d'asso- ciation qui la faite ; c'est cet esprit, qui en établissant un commerce entre les représentants des diverses connaissances bumaines, a dissipé d'injustes préven- tions et détruit les illnsions trompeuses de quelques- uns, qui jusque-là n'avaient vu de supériorité que dans le ceicle rétréci de leurs études. L'avantage de celte association n'a jamais été ni plus réel, ni plus vivement senti qu'à l'époque où nous vivons; cbaque jour des faits et des aperçus nouveaux lui donnent une nouvelle importance. La capitale, réunion de toutes les capacités, a été la première à donner l'impulsion et à créer des so- ciétés scientifiques. Et notre déparlement, éloigné du foyer des lumières, situé à l'extrémité du rayon, abandonné à ses propres ressources, est resté long- temps étranger à tout développement progressif. Et pourquoi cette sorte de réprobation?... notre pays ne se recommande -t-il donc pas par aucune particularité remarquable?... n'a-t-il pas un sol qui lui est propre, envié de ses voisins, et une culture toute spéciale et digne du plus grand intérêt?... Ses habitants n'ont- ils pas une physionomie morale à eux?... quelque industrie particulière et peu connue ne saurail-clle appeler l'attention sur notre départe- ment et concourir à augmenter son bien-être?... Certes si tout cela est vrai , il ne l'est pas moins que notre déparlement renferme des hommes capa- bles, par leur savoir et leur zèle, de concourir au développement de toutes les améliorations utiles, et de faire connaître tout ce qui dans l'histoire de notre pays est digne de quelque intérêt. Mais ce qui a man- 15 qné a ces hommes jusqu'à présent, c'est d'être réunis en société, c'est d'avoir été prives d'un mutuel appui, qu'ils auraient trouvé dans l'échange réciproque de leurs lumières. La Société Philomathique peut opérer un hien sous ce rapport. Quand elle n/aurait d'autre avantage que celui d'être un centre commun et de faire un appel à tous ceux qui portent quelque intérêt à leur pays, je dis qu'elle rendrait un important service ; mais elle se recommande déjà par des travaux utiles. Deux années d'exercice, mai-quées par des amé- liorations progressives (sensihles surtout dans Tannée qui vient de s'écouler, et sous la direction des hom- mes qu'on nous a fait l'honneur de nous appeler à remplacer), ont désormais assuré l'existence de la Société; il ne s'agit plus que de rendre celte exis- tence le plus utile possible, et le zèle du plus grand nombre permet de concevoir ce résultat. Quant à moi, messieurs, je n'ai ni recherché ni mérité l'honneur que vous m'avez fait en ni'appe- lant à la vice-présidence de votre société. 11 y a par- mi nous un grand nombre de membres qui, mieux que moi, réunissaient les conditions d'aptitude. La spécialité même de mes occupations aurait du me faire une loi de refuser. J'ai accepté toutefois, d'a- bord parce que j'ai regardé cet honneur , moins comme une marque distinctive que vous avez voulu m'accorder, que comme un moyen de me faire prendre une part plus active à nos travaux, et en- suite parce que, m'associer aux honorables membres qui avec moi composent le bureau, c'était me mettre dans l'impossibilité de décliner Thonneur d'en faire partie. 16 M. BACH 9 secrétaire. Messieurs, '? La marche de la civilisation étant toujours lente et graduelle, et son action ne se faisant sentir qu'à de longs intervalles, les progrès d'une contrée peu- vent difficilement être saisis en vivant consiamment au milieu d'elle. Ce n'est qu'après l'avoir quittée pendant plusieurs années consécutives, qu'on est à même , au retour, de comparer et de bien apprécier les changements qu'elle a subis. Cette condition favorable à l'observateur est celle où je me suis trouvé, lorsqu'il y a neuf mois, je rentrais dans mon pays natal , après une longue ab- sence ; j'ai vu le mouvement progressif qui anime notre département, et mon cœur patriote a été agité des plus vives émotions. Ce n'est pas devant vous, messieurs, qu'il est nécessaire de faire le détail des conquêtes industrielles qui m'ont le plus frappé; vous connaissez mieux que moi ce réseau de roules départementales qui sillonne toute la contrée, et le nombre de voitures publiques établies dans toutes les directions. Avant moi vous avez applaudi au succès de nombreux forages de puits artésiens , et vous avez vu avec la plus douce satisfaction, l'heureuse exploita- tion de nos mines de cuivre, l'établissement d'une filature de coton à Perpignan , des plantations im- menses de mûriers et de châtaigniers, la culture de la betterave prenant un grand essor, et l'adoption d'une foule de perfectionnemenls agricoles. 17 Dans î"ortltc moral, les progrès m'ont paru non moins remarquables que dans rorche maiériel : Tu- sage de la langue française devenue familière dans presque loulss les classes , une grande extension donnée aux écoles primaires et une école normale florissante , en sont autant de témoignages. Mais l'ins- titution qui mérite le plus de fixer les regards, en ce qu'elle constaie le développement de l'instruction supérieure et le goût des études sérieuses, est sans contredit la Société Philomathique . Notre département était peut-être le seul qui ne possédât pas de société de ce eenre. Les essais infructueux tentés à diverses o reprises par des hommes instruits et fort recoiuman- dables, font juger des difficultés qu'on a dû surmonter pour fonder celle-ci sur des bases durables; vous avez résolu le problème , messieurs, parce que vous n'avez pas renfermé la Société dans le cercle étroit de la spécialité, et que vous avez réuni dans un même faisceau tous les genres de talents : riionime de lettres siège parmi vous à côié de l'agriculteur, le naturaliste à côté de l'archéologue. Heureuse com- binaison! qui pcrniet à l'esprit de se reposer agréa- blement après les discussions les plus abstraites, en faisant succéder à la gravité des mémoii'es scientifi- ques^ le charme des lectures littéraires. Des voix se sont élevées contre votre ouvrage; le contraire seul aurait pu vous surprendre. Vous avez soutenu la lutte avec dignité : aux sarcasmes, aux attaques réitérées, vous avez répondu par le résultat de vos travaux, la publication de vos bulletins. Si nous comptons maintenant le peu d'années écou- lées depuis l'origine de la Société, et si nous consi- dérons son état actuel , on peut conclure qu'elle se 18 présente à nous dans un avenir de prospérité ascen- tlanie et presque sans limite. Vous devinez, mf^ssieurs, d'après cet exposé rapide quelle sera la règle qui me guidera dans les fonctions laborieuses dont vous m'avez chargé. Celte règle sera celle suivie par mon prédécesseur avec tant de succès. En ne déviant pas d'une ligne si bien tracée, et joi- gnant mes efforts à ceux du citoyen éclairé que vos suffrages ont placé à votre têie, j'ose espérer que l'état prospère de la Société ne faiblira pas dans nos mains. Je ne me dissimule pas, messieurs, que c'est à mon zèle pour la consolidation de la Société, à l'intérêt que j'ai pris à vos discussions que je dois l'honneur d'être votre secrétaire. Ce titre m'impose des devoirs flue je m'étudierai à remplir; interprète de vos pen- sées, organede vos communications avec le public , vo- tre délégué dans maintes circonstances, je n'oublierai jamais que vous avez placé en moi votre confiance, et que je dois me tenir en garde dans mes rédactions contre l'influence de mes opinions personnelles , lors- qu'il s'agira d'exprimer avec exactitude celle des au- tres. Avec de tels sentiments on peut se tromper sans doute, mais ce ne sera jamais qu'involontairement; et dans ce cas je serai heureux que vos observations me mettent à même de rectifier mes erreurs. C'est vous dire assez que mes efforts seront toujours pour le bien de la Société, et que j'attache le plus grand prix à établir avec chacun de vous, chers collègues, des relations de cordialité et de bienveillance. 19 SEANCE DU 26 DECEMBRE 1838. DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ par M. GOMPANYO , secrétaire. Depuis qne louies les Ijranclies des sciences et des arts indiisliicls oui pris des accioissenienls si impor- tants, à mesure que les faits qui en émanent se multi- plient et que le nombre des observateurs devient plus considérable, des besoins nouveaux se font sentir. Se communiquer les reclierclies et les observations re- cueillies, centraliser, en quelque sorte, dans des réu- nions partielles les efforis communs , telle est la cause a laquelle nous devons Texislence de \a Société Philo- mnthique, qui était devenue indispensable à Tépoque où nous vivons. Dès sa naissance vous avez vu accueillir ses travaiix . avec intérêt par des corps savants, qui s^élalent éri- gés en société, sur divers points de la France, long- temps avant nous. Vous avez vu accourir de toute^ parts ceux qu'un même genre d'études et de goûts semblables devaient rapproclier ; des noms illustres ont bientôt été inscrits en tête de votre tableau. Marchons sur les traces de ces hommes célèbres, 2* '20 redoublons iVefforts afin dalleiiulre Funiqur; but que nous nous sommes propose , celui d'arriver aux amé- lloraiions qu'exigent les diverses branches d'industrie et d'agriculture locale, les sciences naturelles et enfin tout ce qui peut être d'une utilité générale. Je viens aujourd'hui, messieurs, présenter à la Société, d'après ses dispositions réglementaires, un lésumé de ses recherches et de ses études durant l'année 1838; résumé qui a pour objet de nous rap- peler à tous les progrès auxquels nos travaux ont donné lieu. La Société, toujours constante dans sa marche, a si-^nalé les améliorations qui devaient être opérées; si elle n'a pas toujouis réussi à convaincre, du moins elle a la certitude que ses travaux ont été accueillis favorablement par grand nombre de personnes. L'importance que nos magistrats attachent à nos travaux, en nous appuyant de tout leur crédit, est la preuve évidenie dn bien que la Société a déjà fait. Je vous citerai à celte occasion, 1° la sollicitude de M. le Préfet à nous faire accorder par M. le Ministre des travaux publics, de l'agriculture et du commerce, une allocation sur les fonds de subvention pour les so- ciétés agricoles; 2° les fonds votés par le conseil-gé- néral du déparlement, fonds qui seront employés à la publication des bulletins de l'année dernière et de l'année courante. M. le Tiéfet, toujours attentif à la prospérité de la Société , veut bien favoriser l'échange de nos publications avec d autres Sociétés savantes, par le canal de M. le Ministre des travaux publics, de l'agriculture et du commerce. Je vous signalerai encore l'intérêt que nous porte le conseil municipal de notre ville, qui a voté des 21 fonds pour être employés à faire parqueter ia salle tle nos séances. Je vais avoir l'honneur d'énumérer par ordre de matières les divers travaux qui ont été foLjct de nos réunions. PHYSIQUE ^ CHIMIE ET SCIENCES NATURELLES. M. Bouis, notre président, animé du plus grand zclepourtout ce qui intéresse la Société, dans la pre- mière séance de 1838, expose sur quelles branches des sciences, ans, belles-lettres, il conviendi-ait à la Société de diriger de préférence ses travaux, afin de concourir plus efficacement à une exacte connais- sance du département et aux améliorations ((non peut y introduire. Voici textuellement quelques- unes des considérations générales développées par M. Bonis. «Si les poètes, les historiens, lès archéologues peuvent trouver dans le Roussillon de nombreux sujets pour exercer leur génie , les sciences natu relies et les sciences physiques y rencontrcni prin- cipalement un vaste chanq> d'observations et de dé- couvertes. Et nous le disons avec confiance , c'est par les ti'avaux élaborés dans le sein de cette Société que la connaissance de nos produits naturels s'est un peu étendue. C'est déjà un premier pas pour attein- dre un but encore bien éloigné. ((La botanique de notre sol est à publier en tota- lité; nous avons lieu de croire cependant que Jious posséderons prochainement une monographie exacte de presque toutes les. plantes du pays. La zoologie est plus avancée; la collection des molusques que 22 vous possédez et que vous devez à un de vos zélés collaLoraieurs est un beau commencement. M. Alé- ron nous a également commencé la collection de nos coléoplèics. «L'ornithologie a eu un historien fidèle dans votre nouveau secrétaire, qui vous a commencé le cata- logue de tous nos oiseaux, catalogue qui enrichira •\oire première publication. M. Companyo va égale- ment communiquer le catalogue de nos mammifères, comprenant ceux qui sont naturalisés dans le pays, et ceux qui y sont accidentellement rencontrés, avec des notes explicatives sur les lieux où on les trouve. Un sujet eniièiement neuf, c'est la description des poissons qui fréquentent nos rivières et qui habitent nos côtes; il serait à souhaiter que la Société vît pa- raître dans son sein les premières recherches sur cette branche de la zoologie. La minéralogie com- mence à s ébaucher; nous avons bien des documents épars sur certaines familles minérales, mais nous manquons de travaux d'ensemble sur les roches, les fossiles, lescondjustibles souterrains, les marbres, les minerais métalliques si précieux et si abondants dans nos montagnes: pour y parvenir, nous ne pourrions assez encourager le zèle scientifique de ceux de nos collègues plus spécialement adonnés à ces recherches. La géologie du déparlement, sur laquelle on est loin d'avoir des opinions arrêtées, deviendra plus facile après ces éludes minéralogiques, qui permettront par l'appréciation exacte des roches et des fossiles qui les accompagnent, par leur position, de déter- miner avec quelque certitude l'âge relatif de nos terrains. ^ « Une fois parvenus à acquérir des monograpliies 23 complètes de nos produclions naltirellcs, et que le classemenl des terrains aura pu s'clablir, Ton pourra alors s'occuper de la géographie pliysicpiC cl naturelle du département , rcpréscnlée au moyen de cartes ho- laniqucs^ zoologiques, minéralogiques et géologiques, loules remarquables par la multiplicité des produits qui viendront sy grouper. (( La propagation de la science qui apprend à dis- tinguer ces produits, ne saurait être trop encouragée et popularisée dans cette province, où leur nombre, leur variété, peut en faire rencontrer journellement de précieux, par leurs propriétés, comme par leurs applications; aussi un vif sentiment de satisfaction et même de reconnaissan'-e a accueilli la création, par la ville, d'un cabinet dbisioirc naturelle, enrichi dès son ouverture par les belles collections données par M. Boluix, et auquel chacjue Iloussillonnais se fera un mérite d'apporter son tribut. La Société serait parvenue, elle aussi, à créer un cabinet avec lesdo is de ses membres, mais ses faibles ressourcca ne lui auraient jamais permis d'animer ses collections, en fesant redonner les formes de la vie aux oiseaux, aux quadrupèdes, aux poissons même; travail d'in- telligence et de soins, dont l'exécution, confiée à M. Companyo, répondra a la juste répulalion qu'il s'est acquise dans celte partie. La création d'un ca- binet public, réunissant tontes les prodnclions dei deuxrègnesdu dé|)arlenienl, ne devieiulia néanmoins conqîlèlement fructueuse, ([u"en facilitant, à ceux encore étiangers à leur connaissance, les moyens de les distinguer, de les classer, d'en saisir les analogies et les dissemblances. L'enseignement des généralités de l'histoire naturelle et de ses principales branches 24 csl donc la conséquence de l'éiaLlissemcnt d'un ca- Linci; par ce moyen seulement on initiera à cette science ceux chez lesquels le sentiment de son élude a besoin d'être développé par Taplanisscment des premières difficultés. On activera surtout leur zèle en leur faisant apprécier ce que picsente de grand, de majestueux, îctudc de la nature, soit dans son ensemble, soit dans ses détails; ils comprendront alors combien elle nous amène à la conviction de noire profonde impuissance, et combien elle doit éveiller en nous des sentiments de modestie par ]'examen de l'organisation, par la reclierche des for- mes et des proportions dans le règne inorganique — «J'arrive enfin, messieurs, à vous entretenir de la direction a suivre pour coopérer au perfection- nement des arls industriels et agricoles. «Les productions de l'imagination, comme les ri- chesses scientifiques;, comportent des discussions qui souvent contribuent à découvrir les iuqierfeclions d'un sujet, le font mieux comprendre et en modi- fient les conclusions. Les arts, au contraire, ne pro- gressent que guidés par une saine expérience, un bon esprit d'observation sans lesquels on marche toujours au hasard. Si les premières forment la par- lie brillante de nos méditations, celles qui obtiennent le plus d'éloges et nous élèvent le plus haut dans l'es- time des autres; les résultats pratiques, plus modestes, attirant moins sur nous l'attention générale, sont ce- pendant les plus réels, les plus positifs, et sont à l'abri de moins d'objections. Cette opinion que le génie seul ne suffit pas, s'il n'est guidé par l'expérience, pour contribuer aux perfectionnements ou aux pro- grès dans les questions matérielles, j'y reporte votre 2 o pensée, pour vous faire apprécier la marche la plus rationnelle à suivre, si nous sommes appelés à déljal- tre des procédés industriels dont l'adoption peut in- téresser nos concitoyens. (( Les anciens Egyptiens avaient excessivement per- fectionné un grand nombre d'arts chimiques: ils tra- vaillaient les métaux, ils fabriquaient les verres, les émaux, ils étaient très avancés en agriculture, ils avaient des procédés de teinture et beaucoup d'au- tres préparations encore, presque aussi parfaites que celles obtenues de nos jours et préparées quelquefois par des procédés qui ont peu varié depuis lors. «Les Chinois, quelques peuples de l'Inde, ont des produits d'art qui font le désespoir de TEurope sa- vante qui ne peut les égaler; faut-il en conclure qu'ils sont anivés à ces perfectionnements par des théories scient ifiqi;es égales aux nôtres? il n'en est rien; mais ils ont le génie de faire des observations, de les lier, de les coordonner, de les suivre, de pas- ser de l'une à l'autre ; et ainsi ils ont fondé , ils ont perfectionné leur industrie. L'art d'observer est donc aussi une science dont l'application bien entendue amène toujours aux meilleurs résultats. «Deux écueils sont à craindre, principalement dans les arts, un entraînement trop rapide vers les changements, qu'on pare assez souvent du nom de progrès, ou une affection trop obstinée pour les pra- tiques anciennes. L'homme sage observe, expéri- mente, modifie ou reste stationnaire aelon les cas, et par sa prudence ne compromet pas l'avenir de créations utiles qu'une fausse direction aurait pu faire totalement délaisser. «Et avec ce système de tout changer, faudra-L-il ré- 26 pudier ce que nous ont transmis nos ancêtres? faudra- t-il, par exemple, abandonner ce facile système d'irri- gation qui fait la richesse territoriale de la plupart de nos communes, pour le remplacer par un mode plus compliqué, moins économique, mais dont on aura vanté lapplicalion, qui a pu être avantageuse en d'au- tres lieux? faudra-t-il aussi rejeter sans discernement tous les procédés mécaniques depuis long-temps usi- tés? Gardons-nous d'un pareil préjugé; bien loin de là , reconnaissons que notre facile système d'irrigation doit nous être envié par les autres contrées, que nos moyens mécaniques d'action n'attendent peut-être que peu de perfectionnements pour rivaliser avec d'autres machines très coûteuses, désignées pour les remplacer. Un de nos collègues, mécanicien habile, m'a souvent fait observer que généralement les ma- chines d'un usage ancien et habituel danslelvoussillon sont fort simples et susceptibles néanmoins de puis- sants effets. 11 faut donc de grands moiifs pour dé- laii'Ser totalement ces machines peu coùieuses, d'une exécution facile, pour les remplacer par d'autres mé- canismes, nécessitant des ouvriers habiles pour leur confection, une active surveillance et des dépenses considérables d'installation et d'entretien. Qu'offiira- t-on de supérieur à nos chutes d'eau si nombreuses, si facilement appropriées à la plupart de nos usines? Les nouvelles méihoiles déducaiion des vers à soie doivent-elles êirc entièrement adoptées, ou faut-il les modifier en quelques points sous l'influence de notre cliuial ?Sur ces faits, dont la citation pourrait se multiplier à finfini , c'est à l'expérience à prononcer; elle seule peut nous apprendre ce qu'il faut adopter, r.e qu'il flmt conserver, ce qu'il faut abandonner. 27 Dans ses tentatives, chacun de nous, selon sa spé- cialilé, peut prendre sa part; et les résultats de nos essais, publiés dans vos bulletins, peuvent servir de base à d'autres expérimentateurs, les guider sur une bonne roule et concourir à la solution de questions du plus haut intérêt. Ce qui précède, nous amène à conclure que dans les arts la théorie a moins de va- leur que la pratique, ou que quels que soient les ré- sultats présumés, déduits de profonds raisonnements théoriques, ils ont toujours à subir l'épreuve de l'expé- rience avant de pouvoir être adoptés avec certitude. «Dans les sciences, au contraire, les théories en forment essentiellement la partie philosophique, et à mesure qu'elles changent ou qu'elles sont modifiées, c'est une preuve d'un nouveau progrès. Voyez les hy- pothèses successivement admises sur les modes de for- mation de cette légère croûte du globe que Thomme a pu explorer; il y a eu entr'elles de profondes dif- férences, et enfin c'est un grand progrès d'être arrivé à celle des soulèvements partiels qui explique le mieux, pour le moment, le plus grand nombre de faits connus: voyez la théorie de la combustion si bien développée à plusieurs reprises; il y a eu progrès à reconnaître que ce phénomène était au nombre de ceux dont les cau- ses déterminantes nous échappent encore. La trans- mutation des méiaux a éié long-temps le but des re- cherches d'une classe d'hommes auxquels on doit d'avoir contribué à la propagation des sciences en Europe, malgré la fausse direclioa imprimée à leurs travaux; hé bien, actuellement l'on est arrivé à con- clure que si la transmutation n'est pas exécniable, c'est du moins un résultat qui peut se déduire de l'isomérie des corps ^ ou de cette faculté de certains 28 corps de se présenter avec des propriétés et des for- mes toul-à-fail dissemblables, quoique leur composi- tion reste identiquement la même. Ne mettons par conséquent aucune borne à rémission des théories, ne mettons aucune entrave à ce que l'imagination ou le travail de la méditation peuvent produire, mais qu'il n'en soit plus ainsi pour les questions matérielles; qu'un contrôle sévèi^e, qu'une expérimentation sui- vie éclairent votre jugement et viennent confirmer ou détruire les faits qui leur servent de base. « L'agriculture , placée au premier rang des arts utiles, par Téienduc de ses travaux, par limportance de ses produits , par les populations nombreuses qu'elle met en action et qu'elle alimente, doit fixer voire sollicitude dans ce département, où elle forme la branche essentielle du revenu public. (( Notre infériorité , sous le rapport des revenus territoriaux , comparativement à des déparlements voisins, peut être attribuée en partie aux grandes variations de noire climat; mais elle doit dépendre aussi de ce que les variétés nombreuses de notre sol, mal connues, ne sont pas toujours appliquées aux genres de cultures qui leur conviennent. H y a là des expériences pratiques qui, élant bien dirigées, pourraient amener à de notables améliorations. Con- tribuons enfin, messieurs, à la propagation des bon- nes méthodes en agricultiire ; c'est un bienfait qui rejaillira sur l'industrie, dont le développement sui- vra les progrès agricoles. » M. Bonis vous a communiqué des observations dé- duites des rapports d'alcoholicité qu'il a trouvés avec les vins du pays ; il a reconnu que les plus réputés ne sont pas généralement plus alcoholisés (|ue les vins bien 29 moins estimés; que les premiers sont presque tous plus tlenses que Teau , et que sous ce rapport les pèse-vins aromèires, etc., lui semblent des instruments souvent défeciueux. Enfin, il dit que pour arriver à préciser une moyenne exacte sur la force alcoholique de nos vins, il faut faire, pendant plusieurs années, une suite d'essais dirigés dans ce Lut. La Société aura constamment présente à sa mé- moire, la séance du 5 juin 1838. Le pays doit se fé- liciter des communications qui vous furent faites par M. AuDOUiN, professeur-administrateur du muséum dliistoire naturelle au jardin des plantes de Paiis, envoyé extraordinaircment par M. le i\linistre des travaux publics, de fagriculture et du commerce dans les départements, pour y étudier les insectes qui , sur plusieurs points de la France, ravagent les vignobles. Après avoir présenté des considéiations générales sur les causes de multiplication des ani- maux dont riiomme doit pres»[ue toujours combattre l'action dévastatrice, causes qui augmentent avec la population, les défrichemens, etc., M. Audouin fait sentir la nécessité de donner à l'entomologie une direction réellement utile, en rappliquant non à la collection des insectes^ mais à la connaissance de leurs mccurs, de leur reproduction, qui doit amener aux moyens les plus positifs pour détruire ou arrêter les effets dévastateurs de la plupart d'entre eux. L'illustre professeur s'est ensuite occupé de la py- rale de la vigne; il a développé et démontré jusqu'à l'évidence les ravages produits par cet insecte, connu en Roussillon sous le nom vulgaire de conque. Cette chenille ([ui, depuis tant d'années, dévore nos vignes 30 et détruit nos récoltes , aux dégâts de laquelle on n'avait opposé jusqu'ici que de bien faibles moyens, va être arrêtée dans sa niarcbe dévastatrice, grâces aux documents, appuyés sur des faits pratiques, que M. Audouin nous a démontrés avec tout le talent d'un judicieux observateur. M. Adrien Paillette, directeur des mines de Ca- naveilles, a lu un mémoire sur quelques applications d electro-chimie. Après avoir développé certains phé- nomènes physiques, dont la réalité est un fait acquis à la science, l'auteur a démontré, par la description de plusieurs gissements métallifères du département, qu^il existait, dans une série de circonstancesvoulues, toutes les conditions nécessaires pour une transforma- tion de minéraux d'une espère, en substances d'une composition chimique différente; ainsi, prenant pour exemple les mines de cuivre de Cana^'eillcs , M. Paillette fait observer que les filons encaissés dans une roche de granit, passant au gneiss et de gneiss bien caractérisé, sont surmontés d'une forma- tion calcaire qui prélude aux terrains de transition. L'un de ces filons, celui qui est le mieux connu, fut jadis caché sous les eaux, alors que le barrage naturel des Gratis existait, et avant que la Tet eût corrodé celte digue , dont la position avancée formait , de la vallée de Thiics , un lac d'une assez grande éten- due. A cette époque furent déposés les galets qu'on rencontre encore aujourd'hui à une certaine hauteur sur la partie déclive de la montagne. De l'immersion des veines cuivreuses résultèrent différents phéno- mènes, dont les effets incessants amenèrent \-\ pro- duction des carbonates et des hydrosilicates de cuivre 3] dans la région supérieure des colonnes mélallifères. Plus lard, celte action ayant été tout-à-coup inter- rompue par la rupture de la masse rpii s'opposait à l'écoulement des eaux de la Tel, le filon ne fut plus soumis aux mêmes influences, et ces minéraux sul- furés, qu'on considère comme originels, restèrent iniacls ou fort peu altérés. Toutes ces considérations ne peuvent être faciles à saisir qu'en lisant le mémoire même de l'auteur, et en suivant sur un plan de la mine de Canaveilles, la position respective de chacun des minéraux signa- lés. M. Paillette examine ensuite les filons des Cam~ bra<: Dazc , du Roc dds Boucs , de la Coume de Buc- que , ceux de Carcnça, de Prats-de-Mollô , etc., qu'il a soumis à de nombreuses investigations. Prenant des exemples d'un autre ordre, cet ingé- nieur signale une partie des accidents qui , dans les vallées de Sahorre , de Kernel et de Taurinya, ont transformé des fers carbonates spalliiques mangané- sifères en cliaiix carbonalée, dont la cristallisation prouve un travail récent, en hématites brunes sta- laciiformes et concrétionnées , enfin en cristaux et en boue de manganèse oxidé, dont une partie se forme encore de nos jours. A l'appui de ces assertions, M. Paillette a recueilli pour le cabinet d'histoire naturelle une collection de roclies et d'espèces minérales. M. Paillette a communiqué et remis à la Société une carte géologique et industrielle du département, sur laquelle il fait connaître les divers points où des recherches minéralogiques ont été faites, et désigne celles de ces localités où on peut se livrer à des re- cherches fructueuses. 11 a parlé aussi des bassins 32 houlllers tle Tucliau et de Ségur. Toujours attenllf et fitlèle observateur, M. raillette a donné quelques renseignements sur des formations nouvelles, et en- tr'aulres sur des silicates de enivre de Canaveilles , produits sous des influences électro-chimiques. Voire Secrétaire a lu un mémoire fort intéressant de M. Berlam, sur un coléoplère qui a ravagé les oliviers de la rive droite du Tech. Dans ce mémoire, M Berlam, docteur en médecine ix Céret, a déve- loppé avec précision la marche et les diverses méta- morphoses de cet insecte -, il a envoyé la larve et l'insecie parfait, et a signalé à lautorité les moyens qu'il croit nécessaires pour parvenir à le détruire. Vous devez a voire estimable collègue, M. Julia, des observations géologiques sur les environs de Bé- ziers. Votre Secrélaire, dans la première séance de celte année, vous a entretenus un instant des avantages quofrrent dans les départements les réunions par- tielles. 11 vous a dit que Tordre ayant succédé aux secousses politiques, les iravaux de la science ont pris une extension considérable; et que dès lors les hommes laborieux ont senti la nécessité de se com- muniquer leurs: idées, afin de s'avancer par un mou- vement commun dans la carrière des découvertes. Notre Société a signalé diverses améhorations qu'on s'est empressé de mettre à profil. Enfin, grâces à la publicité de ses actes, le vœu manifesté tant de fois par plusieurs de ses membres vient de se réahser. A trois mille lieues de nous, en lisant le rapport sur le tableau des coquilles fluviatiles et terrestres qui fut 33 offert à la Socicic, un de nos conipaiiioies, un jeune officier de marine, concul l'heureux projet de recoller tous les produits natnrels qu'il pourrait se procurer dans les parages qu'il avait encore ù parcourir. Le lieu de sa station était on ne peut plus favo- rable. La capitale du Brésil, celte terre qu'à juste litre on pourrait appeler la terre promise de l'his- toire naturelle, mine féconde que la nature semble avoir endtcllie de tous ses trésors, où le naturaliste avide foule à chaque pas des merveilles' Rio-Janciro « 'M.EtigèneBoluix , enseigne de vaisseau, en station à Rio-Janeiro, lut clans le joiirniil du déparlement qui tomba par hasard sous sa main, le procès-verbal de la séance de la société Philomathique tie Perpi- gnan dti 3 mai iS3(). Cette séance portait textuellement le rapport fait par MM. Uelocre et Coinjianvo sur un tableau contenant la colleclioa des Mollusques terrestres et fluviatiles trouvés dans le département et offerts à la société par M. Aleron, l'un de ses membres. Cette lecture , en faisant connaître à notre marin qu'une société s'occupait dans son pays d'histoire naturelle , stimula le zèle de ce jeune cœur tout roussillonnais qui aussitôt conçut l'heureuse idée de récolter pour la société tout ce qu'il pourrait se procurer en ol)jets d'histoiie natuielle. Il colligea ainsi une iiifînilé d'objets, dont l'é- numération succincte que je vais en donner fera mieux apprécier la valeur que tout ce que je pourrais en dire. OisEvux. — Dans les Ha pares , i'^' ordre, trois espèces; [larnii , un vautour et un aigle hupait de l\Joiitéi-idto. Dans les Omnivores, 2" ordre, vingt-deux espèces ; parmi les(]uelles on reniar(jue le genre corbeau, dont les leflets métalliques sont si brillants et si variés, les pique-bœufs, roller , lo.iot, les troupiales. Dans les ///5('t7(Vor«, 3" ordie , quarante espèces ; parmi sont les genres fourmilier, cotinga , manakln , pardalute, inoucherole, gobe- mouches, bec-lin, traqucts et [lit-pit. Dans les (Granivores , 4* ordre, dix-liuit espèces; parmi, les genres alouette, langaia et gros-bec. Dans les ZygoclacCyles , ou 5"^ ordre, vingt espèces; parini , les gen- res toucan, oiseaux si extraordinaires par leur forme, leur bec monstrueux et les belles couleurs de leur plumage , les ani , les cou- loucou, barbu, peiroquet, les pics. 34 offrit, la première, à noire voyageur, ses produits de toute espèce. C'étaient des oiseaux à la taille gigantes- que, au plumage brillant, aux reflets métalliques les plus vifs; des colibris; des oiseaux moviclies, aux for- mes gracieuses et délicates, à la tête d emeraude, à la gorge de feu; des lépidoptères aux ailes argentines et nacrées, où l'on voit dispersées, et tantôt réunies, les couleurs magiques de rarc-en-ciel ; des coléop- tères aux formes monstrueuses et bizarres : il n'avait qu'à choisir... Tout fut mis à contribution par notre Dans les Ànysodactyles , 6"= ordre. Cette classe si variée , si belle et nombreuse en petites espèces , où la nature semble avoir épuisé ses trésors pour embellir leur parure , 3o espèces : on y remarque les genres grimpereau , guit-guit , les colibris et oiseaux mouclies , les souimangas, les promerops. Dans les Alcyons , ou -j^ ordre, douze espèces; les genres guêpier, oiseaux nou moins beaux que les précédents , et martin pêcheur. Dans les Chélidons , ou 8^ ordre, une espèce; le genre engoulevent. Dans les Pit^eons , g" ordre , deux espèces. Dans les Gallinacés, io<^ ordre, deux espèces ; un faisant du Brésil , oiseau très-beau, et une caille de Montevideo qui double les nôtres eu grosseur. Les Jlectorides , ou ii<' ordre, peu nombreux en genres, n'ont rien offert à notre voyageur. Dans les Coureurs, ou la* ordre, une espèce; l'autruche d'Amérique ou le Rhéa. Dans les Gral/es, on i3* ordre, vintg-et-une espèces; on y remarque les genres huitrier , pluviers , vanneau , courlan , héron , flanimant , tantale, raie et poule d'eau. Dans les Pinnatipèdes ^ ou i4' ordre, le genre grèbe. Dans les Palmipèdes , i5« ordre : dans cette grande tribu, il a fait choix de bien belles espèces ; parmi les oiseaux de mer, on y remar- que les genres bec en ciseau, hirondelle de mer, mauve, pétrel, al- batros, pélican, cormoran, frégate, fou, phénisque, manchot. Le lôe ordre , ou les Inertes qui se composent de deux seuls genres excessivement rares , n'ont rien offert k notre laborieux voyageur. Quelques Mammifères fort remarquables font aussi partie de cette collection , ainsi qu'un grand lézard du Brésil et un jeune crocodile 35 laborieux compauiole ; il n'épargna, pour se procurer ces précieux objets, ni fatigues ni soins. Arrivé clans son pays natal, M Boî.uix s'est haié, par Tenireinise de la Société Philomatliique , cVoffrir à la ville de Per- pignan le fruit de ses recherches, pour rétablisse- ment d'un musée d'histoire naturelle . Grâces à la phi- lanthropie de nos magistrats, grâces aux lumières et au désir de faire le bien dont sont animés les membres du conseil-municipal, l'offre de noire compatriote a été accueillie avec empressement. iNotre ville verra de Rio'Janeiro ; un crapaud dont la forme monstrueuse en fait l'admi- ration; quelques serpents. Une caisse d'insectes de divers ordres parmi lesquels des objets de de toute beauté. En Lépidoptères , deux cents individus. Je vous citerai les genres parnassien , piérides , Coliade , vanesse , argine , satire, he^périe , nimpliale , poliommate; une tribu se rap- prochant du genre éliodore, des spliynx , des Zlgènes, des hombix , des I ich nées admira blés par leur grande ta il le et par li-urs belles couleurs. En Orthoptères , des sauterelles , de": mantes , des spectres d'une di- mension colossale. Les Hémiptères , nous donnent des punaises dont la variété des for- mes et des couleurs très brillantes les font admirer; des cigales très belles. Fort peu à Hyménoptères et de Diptères. En Myriapodes , une jule ( vulgairement appelée Scolopendre) qui ne diffère des nôtres que par sa grande taille. En Coléoptères , 635 individus; les pentamères carabciques , les gen- res cicindela et scarites. En Stsrnoxes , les genres buprestis (ou richard) par le brillant de leurs éliîres; les élater ou taupins. Les ^/<2/«co^erm« nous fournissent les genres lanipiris, cantharis, nialacbins , dasites. Dans les CInvicorne'i , nous avons les genres hister et biri bus. La belle tribu des Lumellicomes nous a fourni les genres ateuchus , copris , géotrupes , orictes , scarabeux, melolontha, tricbius , Céto- nia , anomal.!, aréoda, macraspis, liicanus et passalus. 3* 36 Lientôl s'élever un musée, dont le noyau est digfne du plus grand intércl ; notre sol très fertile, déjà exploré, fournira une immensité d'objets qui enri- chiront nos galeries, et nous pourrons montrer avec orgueil noire cabinet, qui deviendra un des plus beaux du midi de la France ■• Votre Secrétaire, en outre, a fait part à la Société du catalogue des mammifères qui vivent dans le dé- |Dartement, et de ceux que des circonstances fortuites y amènent. En Uéuhomères , les genres pimelia , asîda , lagria , pyrochroa, My- cetophila , cistela et Ijtta. Nous avons remarqué dans lafamille des CurcuUotiites , les genres autribus, hrentus , anifris, dorytonius, rhynchœnus, hylobius, lipa- rus , niérionus, gastrodus, pacliygaster, entinius, chlorima , Naupac- tus.cencliroma , tliylaciles, trachyphlous, cléonis, lixus, rhinobatus, rbinodes , baris et calandra. En Capriconies, cette belle famille si brillante et de formes si variées, surtout dans les produits exotiques , nous donne les genres prionus , acrocinus , humaticherus , dorcacerus , ceranibis , sténocorus , tra- chydères, nionochamus, acanthocinus , pogonoeberus , lamia , dor- cadion , colobothen , saperda et clylus. Enfin , les ChrysoméVmes nous donnent les genres aucbenia , leraa , liispa , cassida ; galleruca , doi ipliora , paropsis , timarcha , chryso- mêla , colaspis , eumolpus , clylhra et cryptocephalus, * M. CompanYO désirant contribuer à faire jouir le département d'un établissement aussi utile , a offei t à la mairie de Perpignan de monter gratuitement et mettre en ordre les collections données par M Boluix. La mairie s'est empressée d'accepter l'offre de M. Companyo et lui a fait remettre, le a novembre 1837, les collections qui lui avaient été offertes ; le 3 mai i838, M. Coinpanyo a eu la satisfaction d'annoncer à M. le maire que a66 individus oiseaux, mammifères et reptiles étaient classés , montés et mis en ordre. Les lépidoptères étaient étendus , réparés et préparés ponr être mis dans les cadres; les coléoptères classés, il donna le modèle des armoi- res et cadres nécessaires pour l'organisation du musée. Ces objets d'bisioire naturelle sont momentanéuient conservés dans son cabinet 37 s Cl Elfe ES MEDICALES. Nous devons à M. Paui. un rapport très circons- tancié sur un mémoire du docteur Pujadc, concer- nant une épidémie catarrliale qui a régné dans les environs d'Arles. M. RiBEi.L vous a entretenus un instant d'un mé- moiie de M. Julien Pionafos, sur les ravages produits par des corps étrangers introduits dans les voies diges- lives, et sur des observations déduites de quelques faits pratiques, dont l'iieureux résultat a amené la solution d'une affection hémorroidale très invétérée. M. PuJADE a communiqué à la Société deux mé- moires qu'il a livres à l'impression : L'un sur une épidémie catarrliale, dont M. Paul vous a rendu compte; I/autre sur des fièvres intermittentes qui régnent épidémlquement, depuis quelques années, au Fort- 1 es-Bains. particulier, en attendant que le département établisse une salle conve- nable pour y déposer ces riches collections. M. Companyo a offert en outre à la mairie de donner à la ville ses nombreuses collections, si l'organisation du musée a lieu ; elles se composent d'un grand nombre d'oiseaux et mammifères, montés et recueillis dans le département ; de 1 5oo espèces de coquilles marines, fluviatiles et terrestres ; quelques coquilles fossiles ; jooo coléoptères, 5oo lépidoptères , les crusiacés de nos côtes , et un bon nombre de plantes et de miuéiaux, fruits de vingt-cinqannées de recherches et de travail. Il a remis à la mairie six tableaux proprement encadrés, dont trois contiennent ties Ié])idoptères , trois des coléoptères, afin de faire con- iMÎtre à l'aulorilé la manière dont il entend classer et disposer les col'- lections qui lui sont confiées; en outre trois grands tableaux, dont deux contiennent les mollusques terrestres et fluviatiles , et le troifième plu- sieurs crustacés ; ces objets ont été remis, comme écliaiillllon , le 8 février |8J8. 38 ARTS INDUSTRIELS ET AGRICOLES. Vous devez à M. Auger un mémoire sur les nattes mobiles et les claies à jour pour réducaiion des vers à soie, avec des dessins. La Société apprécie tout ce qui peut tendre au développement et à l'amélioration de cette branche d'industrie, dans un moment où le déparlement se livre avec intérêt a l'éducation des vers à soie, ainsi qvi'à la culture du mûrier, et cherche à se dépouiller de cette vieille routine qui jusqu'ici y avait présidé, pour adopter tout ce que les con- naissances modernes ont signalé d'avantageux. Déjà plusieurs établissements y laissent peu à désirer; je citerai ceux de MM. Jauberide Passa, Corbière aîné et Bresson , qu'on peut considérer comme des éta- blissements modèles. Malheureusement l'année der- nière, qui devait être féconde en observations jus- tes, tout ayant été établi à cet effet, les éléments sont venus détruire les plus belles espérances. Une gelée tardive , du 20 avril au 1 ^^ mai , en faisant périr toutes les jeunes pousses du mûrier, obligea les propriétaires de jeter la plus grande quantité de leui's chenilles, qui étaient déjà très avancées , et qui promettaient les plus beaux résultats. M. Fraisse , que la Société avait chargé de se livrer aux observations qu'il croirait utiles pour l'amélio- ration de réducation des vers à soie, dans une de vos dernières séances, vous a fait part du résultat de ses expériences. Le zèle et les lumières dont cet obser- vateur judicieux a fait preuve dans plusieurs cir- constances, ont conduit de nouveau la Société à ap- précier les soins qu'il s'est donnés dans l'exécution do ce travail. 39 Toujours altenlif à tout ce qui peut cire utile aux arts induslriels, M. Fuaisse vous a fait connailre un ciment blanc hydiaulique de sa composition, qu'il a employé avec succès pour la pose de quatre baignoires en marbre blanc dans rétablissement de M'"^ veuve Fages. Ce ciment se compose de chaux grasse, mêlée avec du fragment de poterie fine , dite terre de pipe ^ réduile- en poudre et passée au tamis. On en forme un mortier qui acquiert beaucoup de dureté et une forte adhé- rence avec le marbre; il peut remplacer avantageu- sement le ciment composé avec la pozolane et utiliser un objet qui n'avait aucune valeur. M. Bassai. vous a fait connaître le résultat des es- sais pratiqués avec le semoir Hugues. Plus lard , tant en son nom, qu'en celui de M. Llanta, il vous a lu un mémoire plein d'intérêt par les observations judi- cieuses qu'il contient. Ces Messieurs ont acquis la certitude que le semoir Hugues est destiné à hâter les progrès de l'agriculture; ils en ont obtenu les avantages promis par l'auteur. BELLES-LETTRES. M. Henry, bibliothécaire, vous a lu un mémoire que vous avez écoulé avec intérêt; le sujet qu'il traite est digne de toute la sollicitude du philosophe; il est relatif à un aveugle, sourd et muet, qui fut privé de ses sens après une grave maladie qui l'at- teignit dans son bas âge. Historien fidèle, M. Henry raconte toutes les époques remaïquables de la vie de cet homme, âgé de vingt-huit ans, qu'on peut regar- der comme un véritable phénomène. 40 M. F. Méric vous a ]u une nouvelle ; il s'est allaché à faire ressortir toute la vérité du sujet qu'il a traité. M. Malard a fait connaître, par un exposé fidèle, tous les caractères gothiques usiiés dans les derniers siècles. M. CosTE vous a lu une lettre de M. lÀavigné père, dans laquelle ce dernier prouve tout l'intérêt qu'il porte au succès de la Société, ayant fait partie, da)js le temps, d'une réunionscieniifique quis"élait établie à Perpignan. M. SiRVEN vous a lu son Voyage à La Preste. Cette lecture, vous rappelle la fidélité de l'historien. L'au- teur ne laisse échapper aucune ciiconstance, dans ce court trajet, sansrappeler les faits intéressants quise lapportent aux divers lieux qu'il a parcourus. Dans une de vos dernières séances, il vous a fait part d'une note historique sur le donjon de la cita- delle de Perpig:nan. 'b" Vos réunions étaient toujours égayées par des mor- ceaux de poésie; je le dirai avec regret, messieurs, cette année la muse féconde, souvent légère et fo- lâtre de nos poètes a été quasi muette; leur zèle s'est ralenti. Espérons cependant que l'intérêt qu'ils atta- chent aux progrès de la Société leur imposera le de- voir, avant la publication du bulletin, de nous fournir quelques pièces, qui seront toujours accueillies avec bienveillance. Je n'ai à vous signaler que deux mor- ceaux de poésie : Le chant de Ftcis, nouvelle algérienne, par ]^I. Jeannin , et une pièce de vers à l'occasion de la naissance de sa fille , par M. J. /.1 DONS FAITS A LA SOCIETE. Volrc cabinet el vos archives se sont augmentés de divers objets en histoire naturelle et géologie: M. Julien Bonafos a fait don d'un échantillon de minéralogie; M. JuLiA, de plusieurs échantillons de coquilles fossiles trouvées dans les environs de Béziers; M. Rouri lA , d'un fascicule de plantes des environs de La Preste, recueillies et desséchées par lui-même. M. SoucAiLLE vous a cuvoyé deux médailles : une de Bilbilis, et une d'Ampurias, très ancienne. M. Baptiste Hivière a donné un monument de forme pyramidale. OUrRAGES REÇUS ET DÉPOSÉS JUX AHCIlirES. De la part de M. le Préfet: Un exemplaire du cultivateur provençal, Le programme d'un prix pour la composition d'un ouvrage élémentaire pour les élèves de Técole pri- maire, sur l'arithmétique agricole. Un exemplaire d'un procédé nouveau pour la con- servation des grains, par le général Demarcay. De M. le Ministre du Commerce: Les annales de la Société Séricicole , fondée à Paris, en 1837, pour l'amélioration, la propagation et l'é- ducation des vers h soie. De M. Gaspartn, préfet de la Seine et président de la Société d'Agriculture de Paris: 42 Un rapport sur les épomées patates, avec une très belle planche. De M. Grenier, docteur en médecine, les Sou- venirs botaniques des environs d'Eaux-Bonnes. De M. Jules Guérin, une brochure sur l'institution orthopédique de la Muette, à Passy , près Paris. De M. ViGNAUD, d'Agen, une traduction de quel- ques odes d'Horace. De M. Magloire Nayral, une ode à Paul Riquet, et le quatrième volume de sa biographie castraise. De M. PujADE, d'Arles, deux mémoires: Sur une maladie épidémique, avec type catarrhal, qui a régné à Arles, Sur des fièvres intermittentes qui ont régné épidé- niiquement au Fort-les-Bains depuis quelques années. De M. Ravigné père, une comédie en vers. De la Société de statistique des arts utiles et des sciences naturelles du département de la Drôme, le bulletin de ses travaux. L'Académie royale des sciences, belles lettres et arts de Lyon, vous a envoyé le programme des prix quelle a proposés pour l'année 1 839. Les discours prononcés à la séance publique de la Société royale de médecine de Toulouse, vous ont été envoyés par ce corps savant. M. SouLANGE-BoDiN a cuvoyé le bulletin des séan- ces de la Société royale et centrale d'agriculture de Paris. 43 M. Hippolyie de Saint-Antoine vous a envoyé le journal de la Société générale des naufrages, dans l'inlérét de toutes les nations. Le congrès scientifique de France, réuni à Cler- niont-Ferrand vous a fait part de ses travaux. Heureusement, messieurs, nous n'avons pas des pertes à signaler. Trois de nos membres actifs, et dont les travaux étaient accueillis avec tout l'intérêt que leur muse féconde savait nous inspirer, se sont éloignés de nous momentanément; je veux parler de votre vice-président, M. Baille, de M. Bach, capi- taine d'artillerie, secrétaire l'année dernière, et de M. Julia; ils n'oublieront point la Société, et leurs moments de loisir seront employés à la composition de pièces, que les diverses localités qu'ils vont par- courir leur inspireront. Quelques acquisitions ont été faites parmi les mem- bres résidants; je vais les énumérer : MM. Derosoy , inspecteur des mines de houille de Tuchan. Malard, instituteur, à Villefranche. Berlam , docteur en médecine, à Céret. Aigues-Vives, pharmacien, à CoUioure. Falip, ingénieur du cadastre. Auger, capitaine d'artillerie en retraite. Membre honoraire: M. Audouin , professeur ad- ministrateur du muséum d'histoire naturelle au jar- din du roi à Paris. Correspondants : MM. Ban-au, homme de lettres, à Toulouse Reboul, homme de lettres, à JNîines. k 'A M3I. Ravlgné, père, homme de lettres, à Limoux. ^ aillant, dessinateur al lâché au muséum d'his- toire naturelle de Paris. Julien Eonafos, docteur en médecine, àSigean. Pares, procureur- général près la cour royale de Colmar, député du 3™« arrondissement des Pyrénées-Orientales. Jasmin, homme de lettres, à Agen. Grenier, professeur d'histoire naturelle, à Be- sancon. L'examen des travaux de Tannée 1 838 , que je viens d'avoir l'honneur de vous exposer , vous fait voir , messieurs, que le but de la société est constamment dirigé vers les améliorations que les inléréls du dé- parlement réclament. En suivant cette marche, et surtout en nous atlachanl à étudier autant que possi- ble les divers produits du pays , nous pourrons arriver à lui rendre des services réels; en éclairant les scien- ces naturelles, Tagri'-ullure, ainsi que quelques au- tres parties des connaissances utiles à la société, nous lui procurerons des avantages qui peuvent devenir beaucoup plus grands qu'il ne nous appartient de le prévoir aujourd'hui. Ici se terminent, messieurs, les fonctions que vous avez bien voulu nous confier; elles ont éié douces parla coopération que nous ont prêtée la plupart des membres qui composent nos réunions. Si nous n'a- vons pas fait lout ce que vous pouviez exiger d'hom- mes auxquels vous aviez confié \\n pareil mandai , vous devez l'attribuer plutôt aux occupations parti- culières dont chacun est chargé , qu'au manque de 45 zèle. Nous vous engageons à former un nouveau bureau dont l'uniié de vues et d'action soit dirigée "vers ce but: les intéréis du pays, la consolidation et la prospérité de la société. BUREAU POUR 1839. MM. FRAISSE, négociant, président. Delocre, doct.-méd., vice-pi"ésident. Paul, doct.-méd., secrétaire. Tastu, avocat, vice-secrét. ViMORT, négociant, trésorier. CoMPANYO, doct.-méd., archiviste. 47 PREMIER CHAPITRE. &M< ^jfkwj^ies ^à^^^mje^ tt Ml^tntMt^* NOTICE SUR UN LOCAL DIT MOLI-D^ARAM , PRÈS PRATS-DE-MOIJjÔ; CONSÉQUENCES QC'ON PEUT EN TIRER POUR l'hISTOIRE DES MINES DANS LE HOUSSILLON, par M. PAILLETTE, ingénieur civil. # Sur la rive gauche du Tech, tout près du confluent de la Persigole avec celle rivière et non loin du mas Pla, existait, il y a quelques mois, au milieu d'une prairie , un reste d'édifice , qui portait dans le pays le nom de Moli d'aram. La tradition indiquait celte hausse comme un an- cien emplacement d'usine à cuivre, et il était facile, à finspoction des lieux , de concevoir une pareille destination. 48 En effet, on voyait parmi les conslruclions en ruines quelque chose qui avait pu apparlenir à un fourneau du genre de ceux dils à catin ou à cassin, et l'on trouvait çà et là des pierres calcinées, qui annonçaient d'anciennes opérations métallurgiques. Si Ton joint à ces données, assez précises, les ré- cils des habitants, récils d après lesquels on aurait jadis découvert en cet endroit des vestiges d'un vieux mail et les traces d'un aqueduc amenanl les eaux de la Persigole, on ne pourra se défendre d'une certaine croyance de la destination originelle de l'édifice dont je parle. Celte confiance dans les chroniques locales, se for- tifie singulièrement par la présence de divers gisse- ments cuivreux, plus ou moins importants, aux environs de St. -Sauveur, de La Preste, etc. Cepen- dant rien n'annonçait que Ton dût ajouter une foi exclusive à ces récits, lorsqu'il y a peu de temps, le propriétaire de la masure abandonnée eut l'idée de la réparer et de la couvrir pour abriter le foin des prairies qui l'avoisinent. Le déblaiement du sol amena la découverte de deux morceaux de métal , dont l'un, garni d'un en- duit verdàire, présentait tous les caractères de ces bavures de cuivre qui accompagnent presque tou- jours les coulées. L'autre, au contraire, était enduit d'une forte in- crustation blanchâtre, et ne laissait voir sa couleur, d'un blanc argentin, qu'après l'enlèvement complet de la croûte qui la dissimulait aux yeux. Ce dernier métal devint incontinent, pour plu- sieurs habitants, qui ne jugèrent que d'après la cou- leur, un véritable alliage d'argent, dans lequel, ce i 49 dernier devait beaucoup dominer. Il n'en fut pas lout- à-fait ainsi du premier inventeur, forgeron et grand chasseur d'isards : il eut l'idée d'en façonnerdes balles, et il reconnut, d'après leur légèreté et la facilité de la fusion, que l'alliage eu question ne pouvait être le métal précieux, objet de tant de recherches. Bien que les caractères qui ont éclairé M. G. Xa- tard, ne soient pas précisément des types d'expéri- mentation, il n'en est pas moins vrai ([u'ils le con- duisirent à me confier un morceau du fameux alliage, pour le soumettre à une série d'essais. De retour à Perpignan , je m'empressai de satisfaire tine curiosité, dont les conséquences serviront quel- que peu, j'espère, à l'hisloii'e de l'art des mines dans les Pyrénées-Orientales. Le métal, d'un blanc brillant, assez malléable , ne peut secoupeller tout seul; il se couvre constamment d'une croûte blanche qui, une fois enlevée, fait place à une nouvelle écume, dont la formation est très ra- pide. Une grande addition de plomb pauvre finit par faire passer fessai... Le bouton de retour, infiniment petit, se perd au milieu d'un amas de crasses plombeuses. Le bouton de retour pesé, n'a donné que le poids de l'argent du plomb pauvre employé. Il n'y avait donc pas d'argent dans falliage. Les caractères qui précèdent , indépendanmient de ceux fournis par un examen attentif, étaient plus que suffisants pour dévoiler une partie de la nature du métal... on ne pouvait douter qu'il ne contînt beau- coup d'étain. Une analyse fit reconnaître, en effet, que c'était de l'élain à peu près pur, puis qu'on trouva en moins i 50 0,015, sur une unilé soumise aux investigations. -^- Les 0,015 peuvent être considérés comme des traces de métaux étrangers, déterminés, au reste, par les procédés chimiques j — c'était quelques atomes de plomb et de cuivre. 11 me semble résulter des faits précédents, qu'il exista jadis dans la vallée du Tecb, et non loin des limites de France et d'Espagne, une usine où les deux métaux (étain et cuivre) formaient les éléments de certains travaux métallurgiques. L'étain ayant pour gîte babitu-el et presque exclusif une variété particulière de granit, dite granit gra- phique, granit ancien, et celte espèce de roche ne pouvant guère exister dans la chaîne orientale des Pyrénées, dont le soulèvement est fort moderne, il me semble logique d'admettre, à priori, que ce métal ne vient pas du département. D'où peut-il donc venir? Peut- on supposer qu'on ait voulu opérer près du mas Pla des liquations de vieilles cloches? non, car cet art, du au talent de M. Bréant, ne date pas en- core de cinquante années. Admettra-l-on au contraire qu'on ait voulu faire, en cette localité , les cloches nécessaires aux com- munes des environs? je dirai encore non, parce que le local n'est pas disposé pour un pareil usage, et qu'il eût été presque impossible de transporter au loin les cloches une fois coulées. 11 paraît donc plus rationnel de chercher au MoU- d'aram une autre destination ([ue celles énoncées ci-dessus, et je vais m'efforcer de démontrer que la construction de celte usine remonte à des temps assez, anciens. 51 Il n'est personne qui ne sache que le nom du village de La IVJanéra, lui vicnl de ce qu'il existe aux envi- rons plusieurs gîtes minéraux. Parmi ceux qui ont été exploités jadis et qui ont été explorés de rechef par la conqjagnie des mines des Pyrénées-Orientales, il en est un surtout, celui de Puig-Colom, qui prouve évidemment que ja- mais poudre ne fut employée dans le percement des galeries... D'autres, au contraire, portent l'empreinte de coups de mine et remontent à une époque bien connue, dont le souvenir n'est pas encore perdu chez les vieillards du pays... Ces recherches malheureuses furent faites par la compagnie Poncé, sous la direc- tion du célèbre Gcnsanne, en Tan 1750. MM. Vène, Ricard et moi, avons découvert, du- rant lété dernier, en remontant le ruisseau qui des- cend du Col de Bernadeill, des scories plombeuses, peu distantes d'un endroit où existe un vieil édifice ayant toutes les apparences d'un ancien fourneau. Dans le cours de mes voyages de cette année et de l'année dernière, j'ai visité les fameuses mines dites de Bernadeill , d'où on a extrait un minerai de cuivre provenant d'une bournonite • argentifère, engagée dans la baryte sulfatée. Les scories qu'on rencontre, non loin de l'orifice des travaux souterrains, prouvent que le minerai n'a pas été traité fort loin du gîte principal. Leur nature est telle que je crois pouvoir affirmer qu'on exploita, avant Tinvention de la poudre, des mines de cuivre, qui furent fondues tout près de Prats-de-Mollô et du mns Pla. ■ Cette bournouite est mélangée de cuivre gris ou de cuivre pjr iteux- 4* 52 Je dis que ces minerais furent fondus au mas Pla, je devrais plutôt affirmer que leur produit subit une transuiulalion au Moli-d'aram. Quelle pouvait être celte transmutation? Si Ton se rappelle que long- temps les Romains fabriquèrent leurs armes et une partie de leurs ustensiles avec des alliages de cuivre et d'étain, on ne se refusera pas à l'idée d'admettre que ces dominateurs de l'Espagne et des Gaules, cherchèrent à se fournir dans l'intérieur de leurs conquêtes des principaux instruments de batailles... Est-il donc tellement étonnant qu'ils aient apporté dans notre pays, où la nature leur fournissait le cui- vre, letain qui leur était nécessaire pour leurs tra- vaux métallurgiques. Ces foyers , ces anciens appareils de martelage, tout n'indique-t-il pas au iVoU-cfaram la présence d'un vieil atelier. Je sais bien qu'on m'objectera que d'autres, après les Romains, ont exploité dans les environs de La Preste, les filons de Pénalt, de St. -Louis et de Sle.- Marie-des-Brinols; mais ces temps ne sont pas encore assez éloignés pour qu'on ne sache à quoi s'en tenir... Lemonnier ' nous parle de la fameuse compagnie royale des mines de France, qui engouffra dans ces localités quelques centaines de mille francs, après avoir bâti le village dit de La Forge, destiné à loger sa colonie de mineurs hongrois. Et, alors même que Lemonnier ne donnerait pas des renseignements suffisants, les plaques de marbre de La Preste et des médailles laissées dans le pays, nous apprennent que cette exploitation ne remonte ■ Observations d'histoire naturelle faites dans les provinces méri- dionales du royaume. Paris; Guérin , 1744' 53 qu'à 1732, cesl-à-dlre aune épor(uc fort rapprochée, où florissaieni déjà en France les mines des Vosges el celles de lirctagne. L'essai d'une de ces médailles ayant prouvé que l'étain n'y avait pas été ajouté, on en conclut natu- rellement que la compagnie du Jioussilton ne les fa- briqua pas et ne travailla pas dans Tendroit dit 3Io' li-d'aram. D'autres que moi pourront fixer l'époque probable de la création du MoU-d'aram , aujourd'hui je me contente de conclure: 1° Que dans des temps très anciens (avant l'inven- tion de la poudre) on a connu et exploité une partie des mines de nos montagnes, autres que le fer. 2° Qu'on fabriquait déjà à cette époque de 1 elain parfaitement pur. 3" Enfin , que les ateliers de fusion qui avaient pour but la fabrication des armes ou des ustensiles, étaient peu éloignés d'appareils de marlclagc. 54 CATALOGUE DES OISEAUX QUI ONT ÉTÉ ThOUrÉS P^NS LE DÉPARTEMENT DES P YRÉNÉES-ORIENTâLES , SOIT SÉDl.NTAIRliS, SOIT DE PASSAGE, par M. COMPANYO, d.-m. * L'ornithologie est une des branches de Thistoire naturelle qui offre le plus d'attraits-, les êtres qui la composent, sont ceux auxquels on peut conserver en quelque sorte leurs formes naturelles, long-tempsaprès que leur existence a cessé ; et quoique une collection de ce genre soit desséchée et classée dans des armoi- res, il reste encore à ces intéressantes momies un air de vie qui semble les faire respirer après leur mort. Cette partie que, sans contredit, on admire avec le plus de plaisir, à Téiude de laquelle nous nous som- jues livré de bonne heure, nous a déterminé à com- mencer une collection , tant nous avons été frappé du nombre d^oiseaux qui vivent dans ce département. Quoique depuis vingt-quatre ans nous consignions les observations fournies par les divers passages des oiseaux qui visitent cette contrée, presque tous les ans , de nouveaux sujets viennent se ranger parmi ceux que nous possédons ; cet hiver encore nous avons observé, pour la première fois, Vaccentcur montagnard, 55 et le bec-fin cinicoU qui paraît lies rarement; ce qui donne la preuve bien évidenie (\\i\\ tant un temps très long pour bien caractériser les espèces qu'une localité peut foiunir. Il y a encore des oiseaux qui restent des temps très éloignés a reparaître ; ainsi l'année dernière a paru un cou/-t-vitc-isabelle que nous n'avions pas observé depuis vingt ans; aussi lesnaUir ralistes qui visitent nos collections sont surpris de la diversité de nos oiseaux, dont plusieurs sont propres à notre sol et d'autres ne font qu'y apparaître dans leurs migrations- La position topographique de ce département, ses. montagnes, ses vallées, ses vastes plaines, ses lacs sab- lés et d'eau douce, la mer qui le borde à l'est, etc., font que les productions organiques sont excessive- ment multipliées, et c'est à ces causes réunies que nous devons attribuer cette grande variété d'oiseaux. Peu de pays ,^ a notre connaissance, offrent sous ce rapportautanl d'avantages: aussi notre collection a été bientôt portée à un nombre considérable d'espèces. Sur quinze ordres d'oiseaux ( classification de M, Temmink) divisés en quatre-vingt-dix genres et (\uar tre cent trente-liuit espèces trouvées en Europe , dans peu d'années nous avons rassemblé tiois cent quaranle-huit espèces , parmi lesquelles un grand nombre de variétés; nous n'avons Jamais observé la cinquième division du genre falco. , Vélanion hlauc ; la première division du genre sirix , les cboueiles accipitrines, ou qui peuvent cbasser pendant le joui". Les trois genres qui n'ont point de représentant daus cçtie contrée, sont les. genres talcvc , pélican et fou,. Aussi ce déparlement mériie-i-ilde fixer l'attention des zoologistes; il a été parcouru par beaucou|) de 56 naluralislcs; mais leur séjour ne s'étant point prolon- gé as>ez long-temps , ils n'ont pu connaître la diver- sité des espèces de tons les ordres quony rencontre. 11 faudrait que chaque contrée comptât des hommes spéciaux dans chaque hranchc de lliistoire naturelle, des hommes laborieux qui se livrassent a la recherche des objets des parties qu'ils auraient embrassées, et que des observations exactes recueillies sur les lieux fixassent les naturalistes sur les habitudes et la ma- nière dont chaque animal se reproduit. Toutes ces observations failes dans des pays différents pr leur position et leur climat, envoyées à des hommes spé- ciaux , à des génies transcendants comme les Buf- fon, les Ciwia-, etc., on parviendrait ainsi à avoir une faune, une statistique générale de la France, qui contribuerait à former un ouvrage complet d'histoire naturelle; les hommes de science qui s'occupent d'un grand ouvrage de ce genre, quoiqu'ils se livrent à des études générales, ne peuvent point concilier le temps qui leur est nécessaire au travail du cabinet, avec les courses nombreuses et multipliées qui sont indispen- sables pour la recherche des espèces. Les différentes températures des régions hautes et basses de notre département sont une des causes des migrations d'oiseaux qui se font remarquer, même dans sa petite étendue ; des oiseaux qui y vivent, se rappro- chent de nous, dans la plaine, pendant l'hiver, et nous quittent pour aller se reproduire et élever leur famille sur nos montages, pendant la belle saison. A ces migrations partielles viennent se joindre les mi- grations générales ; celles qui sont faites par les familles voyageuses qui ne manquent point à des. époques fixes, aiqsi que celles des espèces qui ne fré- \ 57 qucnlenl noire climat qu'à des époques irrégulières, ei lorsque des circonstances, qu'il est impossible de Lien assigner , les forcent à faire leurs excursions lointaines. La méthode de classification adoptée par M. Tem- mhih , ayant apporté à la connaissance des espèces tant de clarté et fait ainsi distinguer la différence qui existait entre des individus que làge ou la mue faisait souvent prendre pour des espèces différentes pu nouvelles, nous a paru la mieux appropriée aux connaissances modernes, et nous nous sommes décidé à la suivre ; nous avons ajouté les observations que la localité nous a suggérées : si elles diffèrent de celles faites par le savant ornithologiste hollandais , c'est moins pour nous ériger encenseur, que pour éclair- cir quelques points qu'on peut approfondir en étu- diant un oiseau sédentaire , et qui échappent souvent lorsqu'un individu ne fait que visiter une contrée. VEI4TÉBRÉS OVIPARES, SECONDE CLASSE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. — LES OISEAUX. Ordre premier. — Oiseaux de proie diurnes. RAPACES. Genre 1 ". — Vau lour, Vtdtur. Illiger. Celte classe est appelée généralement en idiome catalan Voltor. t.r. \. Vautoiu- arrian, Vullur cyreneus. Lin. r. 2. V. griffon, V.fuh'us. Lin. Ces deux espèces de Vaulours devicimeiit pins rares dn jour en jour; ils nous arrivent nu printemps el se répandent dans ies vallées profondes des Pyrénées; ils choisissent les 58 lieux les plus escarpés pour y élever leur famille; on les voit rarement dans la pleine, à moin* que le besoin ou la pré- sence de quelque cadavre ne les y allire. Ils sont solitaires, mais si le cadavre d'un bœuf ou d'un cheval est jeté dans quelque lieu écarté des populations, on les voit, par troupes, venir partager cl se disputer celte nourriture. Ils sont très avides, et s'ils peuvent faire de longs jeûnes, ils se dédom- magent bien lorsqu'ils en trouvent l'occasion ; quand ils sont repus ils perdent de leur agilité et de leur férocité. C'est ainsi qu'une femme en prit un qui avait son estomac si dis- tendu , qu'il ne pouvait bouger. Elle lui enveloppa la tête avec son tablier, lui attacha les pâlies et nous l'apporta dans cet état. Un charretier prit un Vaulour-Arian delà même manière, qui, après avoir vomi les aliments qu'il avait pris en trop grande abondance, étonné du volume, le charretier eut la curiosité d'en constater le poids qui fut de sept kilo- grammes. Genre 2^, — Calharte , Cathartcs. lu.. 3. Cailiarle alimoclic, Cathartcs percnopter us. ^^n. Celle très jolie espèce , décrite comme de Norvvége et d'Egypte, est commune dans les montagnes calcaires qui nous séparent du département de l'Aude ( les Corbières ) , et sur les Albérns, où elle se reproduit; vers la fin de l'été les jeunes se répandent, pendant le jour, dans nos plaines où ils trouvent une nourriture plus abondante. Genre 3*^. — Gypaète, Gypactus. Stor. Cat. Treucalôs. 4. Gypaète barbu , Gypaëtus barbatus. Lin. t. r. Celle intéressante espèce paraît plus méfiante et sauvage que les autres espèces de cette famille ; elle choisit les lieux les plus escarpés des gorges de nos montagnes, et par con- séquent les moins fréquentés, La Roca de Nos , dans les environs de Villeftanchc, endroit inaccessible , voit tous les ans ce vautour y élever sa famille: c'est le véritable Trenca- 59 tôs, de Barrère ( casse les os ). Il a riiabitudc, lorsqu'une cliarrogne est dépouillée de ses chairs , d'en prendre, avec ses serres, un membre, de s'élever à une hauteur prodi- gieuse, de le laisser tomber sur les rochers, où il se brise : alors il descend et avale les éclats, qu'il digère parfaitement. J'ai nourri un de ces vautours pendant deux ans , et je me suis convaincu que ce n'est pas la faim qui lui fait prendre celle nourriture; il paraît qu'elle lui est nécessaire pour exercer les forces de son estomac, puisque, quoiqu'il eût d'autres aliments, souvent il donnait la préférence à des fé- murs et des tibias que j'avais cassés et qu'il avalait. Lors- qu'il était nourri avec des os seulement, alors il buvait beaucoup, et les excréments qu'il rejetait étaient très durs et ressemblaient à la craie. Il était très privé et ne cher- chait pas à faire du mal , à moins qu'on ne l'irritât. M. Fournols , à Villefrjnche , en élevait un qui, à l'âge de deux ans , allait sur la montagne pendant le jour et reve- nait la nuit chez son maître. Il ne manquait jamais de mon- ter à la citadelle, à lo heures et à 4 heures, parce que les militaires f;iisant leurs repas, lui donnaient à manger. Je n'ai jamais vu celte espèce de vautour se jeler sur la proie vivante, quoiqu'il fût pressé par la faim; je l'ai laissé jeûner exprès et j'ai mis avec lui des lapins , des chats , des poules, et il n'a jamais osé les attaquer, tandis qu'il se jetait avec voracité sur leur cadavre, dès qu'on lui en pré- sentait un . La Domesticité influernit-elle sur le courage de cet ani- mal ? puisque (Àivier [Régne animal, d'ulribué d'après son organisation. ) dit : • Alta(|ue les agneaux, les chèvres, les chamois et même, à ce que l'on dit, les hommes endormis : on prétend qu'il lui est arrivé d'enlever des enfants. 11 ne rebute cependant pas la chair morte. " Je pense que ceci est bien hasanié, et malgré la force que peut avoir ce vau- tour, il n'attaque point les animaux et encore moins les hommes. Je ne sais si ces animaux étaient plus répandus ancienne- ment, mais il est de fait que quelques localités conservent 60 encore la dénomination de Roche des Vautours ( Roca ciels P'ollors ) , quoi(|u'on n'y voie jamais aucun vautour. En Ca[)cir, on croit encore qu'une partie delà peau du jabot du vautour appii<|uée sur la région épigasirique, relève les forces de l'estomac et donne de l'appétit: je ne pense point qu'on doive ajouter foi à de pareilles erreurs, que la cré- dulité et l'ignorance des peuples perpétue. Cette espèce hi- verne dans le département. Genre k^. — Faucon, Falco. Lin. I''^ division. — Faucons proprement dits. (Cat. FalcOy Tagatjot, Xuigucr,^ 1 . Faucon gerfaut, Falco islandicus. Lath. 2. F. lanîer, F. lanarius. Lin. On le voit presque tous les ans, mais en petit nombre. 3. F. pèlerin, F . pcrcgrinus. Lin. r. Habite nos régions élevées, on le voit rarement dans la plaine. h. F. hobereau , F . suhbutco. Lath. Celte espèce cs^t assez commune , elle niche dans les fen- tes des murs, des hautes tours de nos fortifications. Elle passe l'hiver. 5. F. émérillon, F. œsalon. Tem. Très commun dans nos environs où il se reproduit et y passe l'hiver. 6. F. crcsserelle, F. tlnuuncidus. Lin. Cette espèce est assez abondante dans nos contrées où elle se reproduit. 7' F. crcsserellelte, F. t'umuncidoicles . Natter, l. r. 8. F. kobes^ ou a pieds rouges, F.rujipes. Bec.e. r. Cette espèce est assez rare ; nous passons quel(|ues années sans la remarquer; mais aussi elle est portée abondamment au marché dans certaines circonstances.^ 61 2« division. — Aigles proprement dits. 9. Aigle impérial, Falco iinperialis. Tem. (Cat. Aliga coronada^. Très rare et loiijours sur nos régions élevées. 10. A. royal, F.fulvus. Lin. r. Celte espèce est niuiiis rare que la précédente. 1 I . A. ciiard, F. nœvius. Lin. Les Aigles sont assez répandus dans les hautes régions de ce département ; les Jlùcras, Montalba, l'rats-dc-iMoll6, VillelVanclie, le Capcir, sont des lieux où on peut se les procurer. L'Aigle criard se jète sur les basses-cours des maisons de campagne isolées, et y enlève souvent des poules J'ai nourri deux aiglons de celte espèce; ils étaient dans un a[)parlement, et, lorsiju'ils furent assez forts , ils atta- quaient violemment les animaux vivants qu'on leur donnait: les clials étaient de suite dévorés. Après les avoir terrassés, ils débutaient par leur enlever les yeux , ensuite le bas ven- tre était déchiré et le foie était lo premier vicèrc mangé; je les ai vus souvent se disputer ce morceau qui doit être friand pour eux. Un F autour alhnoclte, déjà fort, puisqu'il avait 4 mois d'â- ge, quand je le mis dans le même appartement, ne fut pas respecté ; quel fut mon étonnemenl, le lendemain, de ne voirépars dans l'appartement, que les os et les plumes de cet animal ! 12. A. Lolté, F. pcnnatus. Lin. t. r. 13. A. Jean le blanc, F. braclijdactylui. Vot.f. (Cat. Marscnc.^j a. r. Pendant le mois de mars, il arrive une quantité d'oiseaux de cette espèce , qui planent dans nos régions élevées ; c'est ce qui leur a fait donner le nom àc Marseuc. L'apparition de ces oiseaux annonce que le mauvais temps n'est pas fini, d'après l'observation de nos cultivateurs. Ces oiseaux pas- sent aussi dans le mois de septembre. 62 14. A. balbnsard, F. haliœtus. Lin. r. On prend quelquefois celle espèce près de nos lacs ou près des rivières bordées par de grands arbres : c'est pres- que toujours pendant l'Iiiver que nous l'avons vue. 15. A. pigargue, F. albicilla. Lath. Nous ne voyons jamais cetts espèce en plaine, elle est même fort rare sur nos montagnes. 16. A. à lêle blanche, F. Icucoœphalus , Lin. t. r. Nous n'avons vu qu'un seul individu de celte espèce, qui fut tué dans l'hiver de 1819 : c'était un mâle ( de passage très accidentel ). L'aigle Bonetli n'a jamais été observé dans cette contrée. 3^ division. — autours. 17. L'autour, F. palmnharius. Lin. Très commun dans les forêts de nos hautes régions; il descend raremenl dans la plaine. 18. L'cpeivier, F. nisus. Lin. 4^ division. — Milans. 19. Milan l'oyal , F. milvus. Lin. Cat. 3Iila. Assez commun dans les forêts des montagnes secondai- res, qu'il habite en été; mais pendant l'hiver il se rappro- che de la plaine. 20. M. noir, F. atcr. Lin. Celle espèce n'est pas très répandue; elle fréquente les bords des rivières et des lacs de l'intérieur des terres. 5<^ division. Cette division se compose d'une seule espèce : L'élanion blanc, F . melanopteims . Il n'a pas été observé dans celte contrée. 6"^ division. — Buses. Le nom générique de cette classe, en catalan, est jéligat. C'est du 10 au i5mai, si le vent du nord souffle avec vio- lence, qu'on peut se procurer celle espèce abondamment. 63 Elle saisit celle époque pour faire la Iraversée et venir se répandre dans nos forêts et sur nos montagnes. Le plumage de ces oiseaux est excessivement varié. Lorsqu'ils arrivent ils sont très fatigués et point farouches, puisqu'on |)eut en tuer plusieurs sur le même arbre, sans (ju'ils tentent de s'en- voler. Ils sont très gras, mais leur chair est coriace et de mauvais goût. 21. Bvise commune, F. butco. Lin. 22. B. pallue , F. lagopus. Lin. (Cat. Milana ^ Bu- saroca, ) Répandue dans nos plaines pendant l'hiver , se pose sou- vent sur les arbres isolés, fréquente nos bois d'oiiviers et y fait la chasse au petit gibier. 23. B. bondiée, F. aviporus. Lin. r. Cette espèce ne se voit ordinairement qu'au printemps : elle est de passage. 7^ division. — Busards. 24. Busard liarpayé, ou des marais, F.rufus. Lin. r. 25. B. Saint Martin, F. cyaneus. Mont. Il a fallu les observations de W. Temmink pour présenter avec clarté la distinction de ces trois espèces ; on ne peut plus le.s confondre actuellement. Nous les voyons assez com- munément dans cette contrée. 26. B. montagu, F. cyneraceus. Mont. Genre 5<^. — Clioueite, Strlx. Le nom générique de cette classe, en catalan, est Cahcca. \^^ division. — Chouettes proprement dites. Première section. — Chouettes accipitrincs. Elles y voient pendant le jour. Celle division qui se compose de quatre espèces^ Lapone , Hnrfang, de Loural et Ca- paracoch manquent dans ce déparlcment; du moins elles ont échappé à mes recherches , si elles s'y trouvent. 64 Deuxième section. — Chouettes noctunies. \. Chouelie nébuleuse, Strix nebnlosa. Lin. Très rare et de passage accidentel; nous l'avons vue une seule fois dans noire contrée; elle y fut tuée en mars de l'année 182g, dont l'hiver avait été très rigoureux. 2. C. hulotte, S. aluco. Mey. Très rare est de passage accidentel. 3. C. effraie, S. flammea. Lin. (Cal. Xura^ Oliba de nit , Buta , Xucla oll. Celle dernière dénomination, qui veut dire buveur d'huile, lui vient de ce que nos paysans prétendent que, lorsqu'elle peut s'introduire dans les églises, elle va boire l'huile des lampes. Je ne sais si cela est fondé; je croirai plutôt (|u'ha- bitant constamment les tours des grands édifices, les églises étant de ce nombre, si elles y pénètrent, c'est plutôt pour y faire la chasse aux rats que pour y boire l'huile des lampes. C'est celte espèce qui, lorsqu'elle s'arrête sur la toiture d'une maison où il y a quelque malade, et y poussant sou cri lugubre et désagréable , fait dire que cet oiseau est de mauvais augure. 4. C. chevêche, S. passerina. AuTS. 5. C. tengmalni, S. tengmalmi. Lin. Celle espèce est assez abondante dans les bois des monta- gnes secondaires, et vient aussi dans nos bois d'oliviers de la plaine. 6. C. chevechette, .S. acadica. Lin. Celte toute petite chouette, lorsqu'on parvient à la pri- ver, on eu tire un fort boti parli pour chasser les alouettes, et en été les becs fins. 2« division. — Hiboux. Le. nom générique, en catalan, est Xotbanjut. 7. Hibou brachiole, S. brachyotos. Lath. 8. IL ascalaphe , S. ascalaphus. 65 9. H. grand duc, S. hiiho. Lin. (Cat. Sorigucr , Mus- sol, Ganiarôs.'^ Très répaixki dans les forêts tle nos monla2;nes ; il fré- quciile les bois de lu plaine pendant riiiver. Il fait la pre- mière nichée de très bonne heure; en mars nous avons vu de jeunes ducs avec presque toutes leurs plumes. 10. IL moyen duc, 6'. otus. Lin. Le moyen duc est très répandu au printemps et en au- tomne dans toute la contrée; il est fort gras dans cette der- nière saison et sa chair est d'un goût fort délicat. IL W. scops , ou petit duc , S. scops. Lin. Le scops est commun eu toute saison, ce qui prouve qu'il est sédentaire dans celte contrée. Les espèces qui composent cette seconde division sont assez répandues dans notre département; elles s'y reprodui- sent; et loisqu'on connaît l'endroit où legiand duc établit sa famille, on est sûr d'y trouver de bon gibier. C'est ainsi (pi'au Perlhus un homme avait l'adresse de visiter souvent un de ces nids, de nourrir les jeunes ducs avec de la mauvaise vian- de, et d'en retirer des lapins et des perdrix que les vieux apportaient à leurs petits. Ordre deuxième. — Omnivores, Omuivoirs. Genre 6'=. — Corbeau, Coivas. Corbeau proprement dit. (Cat. Corbas , Corb.) Ils sont très répandus et se reproduisent dans le déparle- ment. \. Cor])eaa noir, Corviis^ corax. Lin. 2. C. corneille noire, C. coroue. Lin. (Cat. Graula.') Celte espèce ne paraît dans cette contrée qu'à l'approche du mauvais temps; pendant Ihiverelle y est très abondante, elle l'est d'autant plus que l'hiver est plus rigoureux. 3. C. corneille mantelée, C. coriiix. Lin. (Cat. Corb Calvo.^ Cette espèce est très rare dans le département ; on en voit, 5 66 mais fort rarement , quelques individus mêlés avec la cor- neille noire; lorsque le froid la fait répandre dans nos plai- nes, et qu'il arrive qu'un chasseur eu lue une, il ne manque pas *Ie dire que c'est un corbeau très vieux. 4. C. fieux, C. frugUegus. Lin. 5. C. choucas^ C. monerhda. LiN. Cette espèce ne paraît dans cette contrée que pendant les grands froids. Les corbeaux Leucophée et Chouc n'ont pas été observés. Genre 7^. — Garrule, Garrulns. Bris. 4re division. — Pies proprement dites. (Cat. Margot, Gars a. ) \. G. oie, Garrulus, picus. LiN. La pie , 1res commune dans les départements de l'Aude et de l'Ariége , se voit très rarement dans le nôlre. Je ne sais si les montagnes calcaires et très arides qui nous séparent d'un côté, et les grands lacs qui bordent la Médi- terranée de l'autre, sont un obstacle à leurs excursions; il est de fait qu'on voit très rarement de ces oiseaux dansée département, tandis qu'ils pullulent dans les environs de nos limites. La 2« espèce, la pie turdoïden'a pas été observée. 2^ division. — Geais. (Cat. Gaitg, Gralla.^ 2. Geai glandivore, Garrulus glandarius. Lin. Il se reproduit dans les parties monlueuses de notre dé- partement : il descend en hiver dans la plaine. Le geai imitateur n'a pas été observé. Genre 8«. — Casse-noix, Nucifraga. 1. Le casse-noix , Nucifraga caryocatactcs. Bris. t. r. De passage accidentel, par intervalles très éloignés. Genre 9^. — Pyrrhocorax, Pyrrhocorax. Cuvi. i . Pyr. chocard, Pyr. pyrrhocorax. r. 2. Pyr. coracias, Pyr. graculus. Tem. r. Ces deux espèces se tiennent constamment dans les ré- 67 gîons élevées du département où elles se reproduisent ; il faut que l'hiver soit bien rigo«u-eux pour(|u"ils vieil tient dans la plaine. Les environs de Mont-Louis et loule la Cerda- gne voient ces oiseaux presque toute l'année. Genre lO*^. Ce genre se compose d'une seule espèce: Le Grand jnscur. Cet oiseau n'a pas été observé dans cette contrée. Genre 11 <=. — Rollier, Coracias. 1 . Rollier vulgaire , Coracias garrula. Lin. Le Rollier est rare dans notre contrée; il se reproduit sur les montagnes élevées et boisées : on ne le voit en plaine qu'au printemps et très rarement. Genre 12'^. — Loriot, Oriolus. Tem. 1. Loriot vulgaire , Oriolus galbula. Lin. ( Cat. Oriol Oropcndola. ) Assez commun dans les deux passages, au printemps et en automne, très gras dans cette dernière saison; sa chair grasse et délicate le fait rechercher. Genre 13''. — Etourneau, Sturnus. Lin. 1 .Etoui'neau vulgaire, Sturnus vid g aiHs (Cat. Estornell). Les étourneaux arrivent, comme les grives, dans nolro déparlement, à la fin de septembre ; ils y passent l'hiver et vivent d'assez bonne intelligence avec les vanneaux dans nos prairies humides et fréquentées par le bétail; ils nous quittent aux approches de la belle saison. Quelquefois ils se présentent par bandes très considérables; et lorsqu'ils se jettent ainsi sur im olivet , ils y font bien du mal. Nos culti- vateurs prétendent que lors([ue la volée s'en va , chaque etourneau emporte avec lui trois olives : une au bec et une à chaque griffe. La couleur de leur plumage est très varié. 2. Et. unicolore , S. unicolor. Mar. t. r. Cette espèce est excessivement rare, je n'en ai vu qu'un seul individu; elle est donc de passage accidentel. 5* 68 Genre 14^. — Martin, Pastor. Tem. 1. Martin roselin, PasLor roscus Tem. t. r. Cette espèce est rare, cependant elle est de passage as- sez régulier : elle avait déjà été observée par M, Barrère, médecin à IVadcs. i\l. Cliarles Miquel en a tué plusieurs in^ dividus dans la vallée d'Aigelès, où on le voit régulière- ment. Deux individus tués eu juin rSS" , une femelle et un jeune, feraient croire que celte espèce se reproduit dans cette contrée; mais manquant d'observations justes, je ne puis le certifier. Ordre troisième. — Insectivores, LisecLivores. Genre 15*^. — Pie grièche, Lanius. Lin. Le nom générique de cette classe, en catalan, est margassa ; dans certaines contrées, escanya bruchot. Les cinq espèces se reproduisent dans le département; elles ne quittent point nos contrées, on les y voit en toute .saison. 1 . Pie grièche grise, Lanius excubitor . Lin. 2. P. G. m.éridionale^ L. mcridlonalis Tem. r. 3. P. G. à poitrine rose, L. minor. Lin. t. r. 4. P. G. roiivSse, L. ruiilus. 5. P. G. écorclieur^ L. coUiirîs.(^(l^\.. Borreii.') Cette espèce est la plus rare de cette famille. Le nom de Bourreau qu'on donne à la pie grièclieécorclieur , lui vient de l'habitude unique qu'a cet oiseau de suspendre, entre l'enfourchenient d'une branche , les petits oiseaux et les lé- zards qu'il saisit, après les avoir tués et leur avoir enlevé quelques parties; il a encore l'habitude de suspendre à une épine les gros Coléoptères, comme les Ateuchus, les Scara~ beus , les Melolontes. Genre 16^. — Gobe-Mouche, Muscicapa. Lin. On appelle assez généralement les gobe-mouches , en catalan, Bcca-figas ^ pela-Jigas. C'est au commeacement du printemps que nous arrivent 69 les gobe-mouches; ils quitlent bientôt la plaine ponr aller sur nos collines passer la helle saison , où ils se reprodui- sent; mais vers la fin d'aoiit ils rentrent dans no;î vergers et potagers, où ils trouvent une nourriture abondante; aussi à celte «"'poque leur fait-on une chasse cruelle. Ils soûl très gras, leur chair est fort délicate et estimée, comme généralement tous les becs-fins. C'est encore aux savantes observations de M. Temmink que nous devons les carac- tères qui font distinguer ces oiseaux , qui , au premier abord, se ressemblent parfaitement, selon l'âge et l'époque où ils ont été pris. 1. Gobe-Monche , Miiscicapa grisoln. LiK. 2. G. -M. à collier, M. albicollis. Tem. 3. G. -M. bec -figue, M. luctuosa. Tem. 4. G. -M. rougeàire , M. parvn. Bechs. Genre 17^. — Merle. Tardas. Lin. Première section. — Syh'nins. 1. Merle draine. Tardas viscivorus.LiX-^ 2. M. Litorne , T. pilaris. Lin. Les merles Draine et Litorne. qu'on nomme gribaf en Ca- talan, nichent sur les arbres des montagnes de ce départe- ment ; elles se répandent en hiver d;(n.s les plaines, tandis que les merl'es Grive et Mauvis n'habitent cette contrée que pendant l'IuTer et nous quittent à la belle saison . pouraller nicher sur les tours de la Nouvelle-Ca-itille , du côte de Guadulaxara^Ti\ec les étourneanx et les ramiers. .J'ai vu, dans celte conirée, prendre, dans les trous pratiqués exprès sur les clochers . quantité de jeunes grives et étourneaux, qui sont très bons à manger. 3. M. Grive, T. masicas. LiN. (Cal. Tort.) 4. M. mauvis^ T.iUacas. LiN.(Cat. Tort, yllaroig.) 5. M. à plastron, T. torqaatas. Lin. r. Le merle à plastron niciie sur nos montagnes; il se voit en hiver en plaine. Il est assez rare. Cat. Grihas. 70 6. M. Noir, T. merula Lin. (Cal. Merla-^ on appelle les jeunes Merlats. ) J'ai vu quelfiuefois des merles véritables albinos, leur plumage était tout-à fait blanc, l'œil était rouge. M. Ganta en possède un dans sa coileclion qui est couleur de café au lait; son genou est surmonté d'un coroncule qui annonce- rait que cet animal avait reçu une blessure. La frayeur ou la souffrance qu'a éprouvée cet animal aurait-elle indue sur la couleur de son plumage ? Il était très maigre lorsqu'il fut tué. 7. M. erratique, T. migratorius. 8. M. à gorge noire. T. atrogidaris. Tem. t. r. Nous ne pouvons encore asseoir notre jugement sur celte espèce , car nous avons trouvé des caractères très différents dans les individus que nous avons vus, caractères qui dé- pendent de l'âge; il paraîtrait cependant qu'elle se reproduit dans notre contrée, mais dans les régions élevées. 9. M. nauniann , T. naumanni. Tem. t. r. Les merles blafard et à sourcils blancs n'ont pas été observés dans cette contrée. Deuxième section. — Saxicoles. (Cat. Mcrla roqué , Passera de las rojas.) 10. M. de roche, T. sexatilis. Lath. 1 1 . M. bleu, T. cyaneus. Gmel. Les merles de roche el bleus fréquentent peu nos plaines; ils se tiennent conslammcnt dans les lieux solitaires de nos montagnes, où ils se reproduisent, surtout le premier; le merle bleu est plus répandu dans la plaine lorsqu'il fait | froid, et vient se faire prendre aux lacets tendus pour les grives. Genre 18^. — Cincle, Cinclus. Bechst. 1. Cincle plongeur, C inglus aquatic us. Bechst. Habile les lieux monlueux du département, où il se re- 71 produit; les grands froids l'obligent à venir dans la plaine, où on le voit fort rarement. Les cincles à ventre noir et de pallas n ont pas été observés clans celte contrée, où ils ont échappé à nos recherches. Genre 19^— Bec-fm, Sylvia. Lath. Première section. — Riverains. 1. Bec-fin rousserole , Sylvia turdoïdes. Meyer. (Cat. Carrelé. ) Celle belle espèce habile les parties très couvertes d'ar- bres et de broussailles des contrées humides de ce départe- ment, vers la Salanque. Son chant, peu agréable, et qui imite le criaillement des grenouilles, lui a valu la dénomi- nation, en catalan, de cflrre/<^ ( charretier), parce que, dit- on, ils imitent ceux-ci lorsqu'ils commandent leurs bes- tiaux, cha-ri-o, répété fréquemment sur divers tons. 2. B. F. rubigineux, S. galactodcs. Tem. t. r. Un individu a été tué en janvier i83g. 3. B. F. riverain, S. fluviatilis. Mey. t. r. 4. B. F. Locustelle, S. locustella. Lath. r. 5. B. F. trapu, S. ccrlhiola. Tem. t. r. Nous avions observé quelque différence entre celte espèce et la précédente, que nous avions attribuée à l'âge; mais SI. Temminck a fait connaître ces deux espèces à ne pou- voir plus les confondr3. 6. B, F. aquatique, S. aqualica. Lath. r. 7. B. F. fragmile, S. phracmitis. Bech. On confondait aussi très facilement ces deux espèces, dont les caractères ont été signalés par M. Temminck. 8. B.F. clesroseaux(ou e(farvaltc)»S.a7Yi/if/macca.LAT. 9. B.F. verderolie, S. palustris. Bechst. 10. B. F. bouscarle(ou cetti)iS. cctti. Marm. Celte espèce n'est pas très répandue. Cependant il esl des. 72 années oîi on la voit communément; quelquefois elle resie plusieurs années sans paraître : cette remarque a été faite sur plusieurs espèces de celte famille. Les bec-fins des saules et à moustaches noires n'ont pas été observés dans celte contrée. 11. B. F. clsticole , S. cisiicola. Le bec-tln ci.ilicole paraît très rarement. M. Canta l'avait trouvé le premier; |)lus tard j'en avais eu un individu. Deux .sujelsontparuau marché de cette ville en janvier iSôg, avec, une infinité de petits oiseaux. Deuxième section. — 5f A'aiW. -12. B. F. Rossignol , S. luscinia. Lath. (Cat. Rusignol.) 13. B.F. philomèle, S. philomcla. Bechst. 14. B. F. Orphée, S. orplica. Tem. 15. B. F. rayé, S. nisoria. Bechst. r. 1G. B. F. rubigineux, S. rubiginosa. 17. B. F. à léle noire, S. atracapilla. Lath. (Cat. Cap ncgre. ) Commune dans toute la contrée. 18. B. F. mélanocéphalc , S. mdmmcephala . Lath. La mélanocéphalc est très commune dans cette contrée; elle se tient dans les haies qui bordent les propriétés, à Mallolas, Orle et aux cotes de Chàtcau-Roussillon. La nu- dité qui entoure ses yeux est d'un rouge-cramoisi, et ternit aussitôt que l'animal est mort, sa queue est légèrement êtagée. Le reste est conforme à la description qu'en donne M. Temminck. 19. B. F. fiiuvclle, S. hortciisis. Bt.chst. Fort commune; elle est très estimée en septembre, lors- qu'elle est grasse. Nos paysans l'appellent piula, à cause de son cri. 20. B. F. grisette, S- clnerca. Lath. 21 . B. F. babillard, S. curruca. Lath. Ces deux espèces sont excessivement communes dans 73 toute cel'.e contrée. On en prend considérablement au pas- sage du printemps. 22. B. E. à lunettes, S. conspicillata. Marm. Cette belle espèce, dont la découverte est due à SI. de La Marmora, se reproduit dans ce département , construit son nid dans les buissons et les taillis, avec des graminées artis- tement arrangées, l'intérieur est garni de brins très fins ; pond cinq ou six œufs d'un blanc azuré, garnis de taches brunes , irrégulièrement distribuées. 23. B. F.pilchou, S. proi'incialis. Gmel. 24. B. F. passerluelte, S. passcrlua. Latii. 25. B. F. rouge-gorge, S. rubeculla. LATH.(Cat. Pita roig. ) Le rouge-gorge se rapproche beaucoup des habitations rustiques pendant l'hiver, où il fait entendre sa jolie petite voix et devient très familier; pendant l'été i! quitte la plaine et va sur nos montagnes où il trouve une température plus fraîche ; il s'y reproduit. 26. B. F. gorge-bien e, S. succica. Lath. Cette jolie espèce , que nous voyons assez abondante dans les premiers jours du printemps, présente plusieurs variétés qui ne sont allribuées qu'à làge : ainsi, les uns ont une ?.one bleu de ciel bien caractérisée, encadrée de noir et de fauve, la tache du centre d'un blanc argenté, tandis qoe chez d'au- tres individus celte tache est marron clair et la zone de di- verses nuances. 27. B. F. rouge-queue, S- tithys. Scop. (Cat. Cua roig.) 28. B. F. des murailles, S. phœnicurus. Lath. (Cal. Carhoncr. ) Nous n'avons jamais remarqué dans ectte contrée les bec-fins Soyeux , de Rupel et Sarde ; il serait pos- sible qu'ils eussent échappé à nos observations , car ces petites espèces peuvent souvent passer inaperçues. 74 Troisième section. — Muscivores. 29. B. F. à poitrine jaune, S. hyppoldis. Lath. 30. B. F. sifïleur, S. sibilatrix. Bechst. 31. B. F. ictérine, S. icterlna. Vieill. 32. B. F. pouillot , .5. trochilus Lath. Ces deux espèces , qu'on confond souvent à cause de leur parfaite ressemblance, sont appelées en catalan Most/uetas. 33. B. F. véloce, S. rufa. Lath. t. r. On la trouve dans les forêts des parties élevées, où elle se reproduit. Le bec-fin natterer n'a pas été observé dans celle contrée. Genre 20^. — Roitelet, Régulas. \. Roitelet ordinaire. Régulas cristatus. Lath. (Cal. Rey petit. Habite nos montagnes pendant tout l'été, où il se re- produit; se répand dans nos plaines dès que les froids se font sentir, et ne quitte notre douce température qu'au printemps. 2. R. triple bandeau, R.ignîcapillus. Brehm. Celte inléressanle espèce, qu'on avait toujours confondue avec la précédente, et que M. Brebm a fait connaître, se fait remarquer assez souvent dans celte contrée. Genre 21 e, _ Troglodyte , Troglodytes . 1. Troglodyte ordinaire, Troglodytes valgaj'is. hA.Tii. (Cat. Rey manut. ) Le troglodyte enfuiné n'a pas été observé dans celle contrée. Genre 22^.— Traquet, Saxicola. Bechst. 1 . Traquet rieur, Saxicola cachinnan s. Tem. (CaI. pas- sera de las TIC gras.) Le traquet rieur est peu commun. On ne le voit jamais- 75 en plaine; agile et 1res méfiant, il se tient ordinairement sur les rochers, an milieu des ravins ou des rivières , sur nos monlagiies, quelquefois à Villcfranclie, jamais plus bas; son pays favori est le plateau escarpé delà J]oi;a, près de St- Laurenl-de-Cerdans. Sur ce pays sauvage et rocailleux , il se livre à toutes les évolutions que sa légèreté lui dicte; il niclie dans cette contrée ; il construit un nid à terre, entre les rochers, avec quelques brins de fines graminées, garni en dedans de matières cotonneuses; pond quatre ou cinq œufs blancs et clairsemés de quelques taches roussàlres. 2. T. nioleux, ^S. œnanthe. Bechst. ( Cat. Cul blanc.) 3. T. stapazin, S. stopazina. Tem. h. T. oreillard, S.nurita. Tem. 5. T. larier, S. rnl>c tia. (Cai. Bic chcc^ Caguemnnecs.) Ces deux syllabes souvent répétées lorsque cet oiseau se pose, lui ont fait donner cette dénomination, ainsi que celle de cilié sur les manclies, par l'habitude qu'il a de se poser sur les manches des outils de nos travailleurs, lorsqu'ils qtu'ticnt le travail pour aller prendre leurs repas. Ces oiseaux sont attirés dans cet endroit par la présence des vers qui se voient souvent sur la terre fraîchement remuée. 6. T. rubicole, i5. rubicola. Bechst. Le traquet rieur se lient ordinairement sur les pays mon- tucux, tandis (jue le tarier et le rubicole sont très répandus dans la plaine , et ne fréquentent guère nos régions élevées et froides. Le iraquetleucomèle n'a pas été observé clans celte contrée. Genre 23-. — Accenleur, Accentor. Bechst. Les accenteurs sont assez répandus dans celte contrée ; ils se reproduisent sur nos montagnes secondaires. \. Accenleur pegol(ou des Alpes) Accentor. alpinus. Bechst. 2. A. calliope, A.calUopc. 76 S. X.movichet, y4. 7no(îularis. Cuvi. (Ca.t. Se}'cal>oj-as.) L'Iiabitiide de se Iraîner près des buissons lui a mérité cette dénomination. Cet accenleur, qui habile pendant la belle saison nos montagnes, se répand dans la plaine dès que les froids se font sentir. A. A. montagnard, yi. inontancUus. Tem. t. r. Nous ne Pavons vu qu'une seule fois , eu septembre i838. Genre 24^ Bergeronnette , MotacUla. Lath. \ . Bergeronnette lugubre, MotacUla liigubris. Pallas. ( Ca t . Cua llarg . ) 2. B. grise, M. aida Lin. 3. B. janne(ou boarule) 31. boarula. Lin. 4. B. citrine, M. citreola. Pal. La citréole paraît ici en mèmetemps quela printannière, avec laquelle elle vit de bonne intelligence, ce qui nous avait porté à croire que les différences qu'on apercevait dans le plumage dépendaient de l'âge on du sexe; mais les observations justes de M. Temminckont levé tout doute, et nous pensons que ce sont deux espèces distinctes. 5. B. printannière, M. flava. Lin. (Cat. Cognic.^ 6. B. flaveole, M. Flaveola. Genre 25*=. — Pit-pit, Anthus. Bechst. ^. Pit-pit spioncellc, Anilius aquaticus. Bechst. 2. P. rousseline, v-/. /7artenient , où elle vit en troupes très nombreuses; pen- dant l'hiver nos marchés en sont pourvus, et leur chair, très fine et délicate, les fait rechercher. Au printemps la troupe se sépare et l'accouplement se fait. Malgré cela elles sont très nombreuses dans les parties qu'elles choisissent par pré- dilection pour y élever leur famille. L'alouette nègre n'a pas été remarquée dans cette contrée. Genre 27« — Mésan2;e, Parus. l^e section. — Sylvain. 1. Mésange charbonnière. Parus major. Lin. ( Cat. Marllcngua carboner ^ Xinxcrra.^ 2. M. petite charbonnière, P. ater. Lin. 3. M. bleue, P. cœrulcus. Lin. La mésange bleue se voit en troupes considérables dans nos bois d'oliviers ; quand le froid se fait sentir elle descend 78 de nos régions élevée? avec les roitelets, et paraissent vivre d'assez bonne intelligence. Elle se reproduit sur nos mon- tagnes. 4. M. bicolore, P. bicolor. Lin. 5. M. huppée, P. cristaïus. Lin. Celte espèce reste constamment sur les montagnes, nous ne la voyons jamais dans la plaine; commune dans les en- virons de Jlonl-Louis. 6. M. nonneite, P. palustris.hiîi. 7. M. azurée, P. cyanus. Pal. Elle n'est pas fort commune. Elle vit avec la mésange bleue. 8. M. à longue queue, P. caudatiis. Lin. La mésange à longue queue habite nos montagnes, où elle se reproduit; en hiver elle vient sur les grands arbres qui bordent nos rivières; elle est assez abondante. Les mésanges lugubres et à ceinture blanche n'ont pas été observées clans ce département. 2« section. — Riverains. 9. Mésange moustache. Parus biarmicus. Lin. La mésange à moustache se tient dans nos prairies; elle est assez rare. On la prend aux lacets tendus pour les bé- cassines. On la tue quelquefois avec le fusil, mais elle est si agile, monte sur les joncs et en descend si rapidement qu'il est très dilïicilc de la tuer. 3« section. — Pendulines. 10. Mes. remis, P. pciululinus. Lin. (Cat. Mitchayre.^ La pendniine devient rare. La construction extraordinaire de son nid en est la principale cause: ses dimensions et sa forme sont bientôt aperçues par les enfants qui fréquentent les bois riverains ; ils l'enlèvent aussitôt pour le vendre assez cher en ville. Aussi sa rareté lu fait estimer de plus en plus. 79 Genre 28«. — Bruant, Embcrisa. \^^ section. — Bruants proprement dits: 1. Bruant jaune , Em. citriiieila. Lin. (C. Bardoeill.) Cette espèce, qui se reproduit aux parties élevées de ce département, se voit par bandes très corisidérabies dans nos plaines lorsque le froid se fait sentir; à celle époque on en tue beaucoup. 2. B. proyer, E. miliaria. Li5.(Cat. Santa catharina ^ Durdulla.^ Nous avons possédé un individu de cette espèce tout blanc. 3. B. des roseaux, E. schœniclus. Lin. h. B. des marais, E. p allas tris. Savi Je croirais assez, avec iM. Teniminck, que ces deux espè- ces doivent être confondues; nous trouvons le passage par- fait de l'une à l'autre dans les nombreuses variétés que nous avons remarquées, et elles sont constamment ensemble. 5. B. ortolan, E. Iiortulana. hiTi. (Cat. Bardaula.\ Cette espèce, qui se reproduit dans celte contrée, arrive dans le commencement d'avril; on en prend beaucoup au filet; on les fait engraisser, et on les vend 1res cher. 6. B. cendrillard , E.cœsia, n'a pas été oliservé. 7. B. zizi, ou de haie_, E. cirlas. Lin. (Cat. Chic-chic.) 8. B. fou, ou de pré, E. cia. Lin. Nous avons trouvé un individu tout blanc. 9. B. rustique, E. rustica. Pal. 10. B. gavoué, E. prov'ijicialis.lji'S. Il est de passage très accidentel, car on le remarque fort rarement. Les bruants crocofe, a. couronne lactée , auréole , jaco- bins et mitilene , n'ont pas élé observés dans ce dépar- tement. Les bruants de neige et moniain, appartenant à la 2^ seciiou de ce genre, n'ont pas élé trouvés dans ce département. 80 Genre 29'=. — Bec-croisé, Loxia. Briss. (Cat. Picapinyas, Trencapinyas.^ ^. Bec croisé perroquet^ Loxia pytiopsittacus. Bebhs. 2. Bec-croisé des pins, L. cunnrostra. Lin. Fort coiiiimuis dans les bois de pins et de sapins de nos montagnes. Ce nom leur a été donné, parce qu'avec leur bec, fort et robuste, ils ouvrent très adroitement les pom- mes de pin et en retirent les semences qu'ils cassent pour en faire leur nourriture. Le Lec-croisé leucopicre, n'a pas été observé dans la contrée. Genre 30'= — Bouvreuil, PYrrhula. Briss. 1. Bouvreuil commun, PyrrhidavidgarisV>v.\%s>. Les hivers rigoureux nous amènent des bouvreuils. Ces oiseaux, de passage au printemps, font beaucoup de mal aux arbres fruitiers , en détruisant les bourgeons. C'est la seule espèce que nous ayons observée dans celte contrée, où elle est de passage régulier. Les bouvreuils dur bec, depallas, cramoisi, giiba- gine, ù longue queue n'ont pas été observés dans ce déparlement. Genre 31'=. — Gros-bec, Fringilla. Illi. \^'^ section. — Laticoncs. \ . Gros-bec vulgaire , Fringilla cocothraustcs . Tem. (Cat. Bccdefci-ru.) Appelé ainsi à cause de la couleur du bec et de sa force, dont l'extrémité ressemble à l'acier bronzé. 2. G. B. verdier, F. chloris. Tem. (Cat. Bardarol.^ 3. G. B. incertain, F. inccrta. Bisso. Cette espèce est de passage accidentel; elle se fait remar- quer très rarement. 81 h. G. B. soulcie , F. pctronla. Lin. (Cat. Fardai de inontanya. ) En hiver , par bandes très nombreuses , se répand dans la plaine; mais dès que le beau temps se fait sentir il se retire sur les parties élevées, 5. G. B. moineau, F. domcstica. Lin. (Cal. Pa/y/a/. ) 6. G. B. cisalpin, F. cisalpùia. Tem. 7. G. B. espagnol, F. hispaniolensis. Tem. Ces deux espèces ditFèrent si peu des deux espèces qu'elles avoisinent, qu'il est fort aisé de les corifondrc. Nous avons pensé long-temps cjue ce n'élait (|vic des Viiriétés; mais les observations de M. Temminck sont si concluantes, et après un examen 1res attentif, nous pensons qu'elles doivent être séparées et former deux espèces dislincles. 8. G. B. friquet, F. montaua. \jI'^. (G. P ardai roqué.') 9. G. B. serin, ou sini, F . serinas. \^i^. (Ça^lX.. Canari board, canari de niontanya, ) 2*^ section. — Brevicones. 10. G. B. pinson, F. cœlebs. Lin. (Cat. Pinsâ.) 11. G. B. dardennes , F. montifringilla Lin. (Cat. Pins à mec.') Le pinson dardennes se reproduit sur les parties élevées de ce déparlement. Nous ne le voyons que lorsque le froid très vif l'oblige à «|uitler les parages que la neige couvre. 12. G. B. niverole , F. nivalis. Lin. Cette espèce ne vient jamais dans la plaine; elle habite les régions élevées de nos montagnes. 13. G. B. linotte, /''. canabina. Lin. (Cat. Passarcll vermeil. ) 14. G. B. de montagne , F. montium. Gaiel. (Cat. Passerell pardo. ) 3« section. — Longicones. 15. G. B. venluron, F. Citrinella. Lin. 6 16, G. B. tarier , F. spinus. Lin. (Cal. Llucaret.) il. G. B. boréal, F. borcalis. TiM. Celte espèce se fait remarquer à des intervalles très éloi- gnés. 18. G. B. sizerin , F. Uiiaria. LiN. (Cal. Gaffarou.) 19. G. B. chardonneret, F.carduelis. Lin. (Cal. Car- dme.^ Nous avons un chardonneret dont le plumage est tout blanc, excepté le tour de la lêle qui, au lieu d'être rouge- cramoisi, est d'un orange clair. Cet animal vivait depuis deux ans en cage, un chat sauta sur la cage, qui était sus- pendue à la croisée, bientôt cliat et cage tombèrent dans la rue. L'oiseau ne prit aucun mal, mais quelle lut ma surprise, lorsque peu de jours apiès la mue de l'oiseau s'opéra, et les plumes devinrent toutes blanches. Celte remarqtie por- terait cà croire que la frayeur contribue à ce changement subit, et on ne doit attribuer qu'a quelque accident, si les oiseaux qu'on trouve à la campagne sont blancs ou café au lait; car nous avons vu , avec M. Canta, plusieurs su- jets de ces couleurs; tous étaient dans un état maladif ou bien quelqu'un de leurs membres offraient la trace de quel- que blessure. Ordre cinquième. — Zygodactyles, Zygodactyli. Genre 32^. — Coucou, Cuculus. Lin. i. Coucou gris, Cuculus canor us. Lin. (Cat. Cocuty coguL ) On trouve communément le coucou roux. Quoique les coideurs de ces deux oiseaux soient si différentes, les ob- servations de M. Te.nminck sont si concluantes , (|u'il est impossible de ne pas croire qu'ils appartiennent à la mô- me espèce , et que s'ils diffèrent, cela ne peut être attribué qu'à l'âge de l'oiseau. 2. C. geai, ou tacheté, C. glandarius. Lin. Nous avons remarqué, à des, distances très éloignées, 8^ l'apparition de celte espèce, ce qui nous porte à croire qu'elle n'est ici(jue de p.issage très accidentel. Le premier i;;oai qui ine fut ap|)orlétiit tué à Corsavi, par M. Dô aîné, de Céret. Le COUCOU cendrillai'tl na pas été observé ici. Genre 33*^.— Pic, Picus. Lin. 1. Pic noir, Picus maitius. Lin. Ce bel oiseau est fort rare, il habile les forêts du Capcîr; il ne vient jamais dans la plaine. 2. P. vert, P. viridis. Lin. (Cat. Picot.) 3. P. cendré, P. canus. Gen. 4. P. épeiclie, P. major. Lin. 5. P. leiiconotc, P. Icuconotus. Bechst. 6. P. niar , P. médius. Lin. 7. P. épeicliette, P. minor. Lin. Les pics niar et épeichette sont excessivement rares dans notre contrée. 8. P. tridactyle, P. tridactylus. Lin. Genre 34'^. — Torcol, Vunx. 1 . Torcol ordinaire, Tunx torquilla. Lin. (Cat. /"«r- miguc. ) L'bahilude de cet oiseau à présenter sa longue langue, enduite d'une liqueur vis(|ueuse, auprès des trous des four- mis, pour les manger ensuite, lui a fait donner ce nom. Ordre sixième. — Anisodactyles, Anisodactyli. Genre 35'=. — Silelle, Sitta. Lin. 1. Sitelle torchepot, Sitta europea. Lin. Celte espèce liahile les forêts de nos monta''nes; elle ne vient jamais dans la plaine : est très commune aux envi- rons de Sl.-Laurenl-de-Cerdans. La silelle syriaque, ou des rochers, n'a pas été ob- servée. ■•■■■■: 6* 84 Genre SG*^. — Grimpereau , Certhia. Ilog. 1. Grimpereau familier , Certhia familinris.lji^. Le grimpereau familier se reproduit dansée département. Aux approches du mois de septembre il se répand dans nos vastes forêts d'oliviers, sur les troncs desquels il exécute ses évolutions habituelles. Genre 37^. — Tichodronie, Tichodroma. Illig. \ . Ticliodromeéchelette, Tichodroma phcnicojptcra.T . (Cal. Pique ara/iyas y Meuja aranjas.^ Habile les rochers escarpés des hautes régions. Aux ap- proches de l'hiver il vient exécuter ses évolutions sur les murs des clochers des villes voisines et les plus près des montagnes : Villefranche, Prades, Prats-de-MolIci, Arles, Céret. Nous en possédons un superbe individu, que nous devons à l'obligeance de M. Coder, pharmacien à Prades, botaniste distingué. Genre 38*=. — Huppe, Upupa. Lin. 1. Huppe puput, Upupa cpops. Lin. (Cat. Poputpa- put, Gailfabé. Ordre septième. — Alcyons, Alcyones. Genre 39<^. — Guêpier, Merops. Lin. 1. Guêpier vulgaire, iJ/crop^ opjc^ïcr. Lin. (Cat. iSt'rena de niar, Abcllerola.) Ce superbe oiseau nous arrive en avril et séjourne très peu dans notre contrée. Si le temps est favorable, on en prend assez à Colliourc, avec des filets lors du passage du prin- temps. Genre 40^. — Martin pêcheur, ^/ceJo. Lin. 1 . Martin pêcheur pie , Alcedo rudis. Celte espèce n'a pas été remarquée. 2. M, p. alcyon, A. ispida. Lin. (Cat. Arné,) On prend beaucoup d'alcyons à la chasse à la lanterne pendant le mois de septembre ; on les vend commune- 85 ment au marché. On prétend que cet oiseau , desséché et conservédans une armoire, a la propriété de garantir le drap d'être piqué par les teignes, ce qui est faux, car lui-même est dévoré par cet insecte destructeur des collections, arne, en catalan, d'où lui vient le nom d'arné. Ordre huitième. — Cliélidons , Chelicloiies» Genre 4h. — Hirondelle, Hiriindo. (Cat. Aurendolas ^ aidcnclras.^ 1 . Hirondelle de cheminée , Hirando rustica. Lin.; 2. H. rousseline , H. rufala. LevAIL. 3. H. de fenêtre, H. urbica. Lin. 4. H. de rivage , //. riparia. Lin. 5. H. de rocher, H. mpestris. Lin. (Cat. Aurcndolq, roquera. ) Ces cinq espèces sont communes pendant tout l'été dan?^ celte contrée. Genre 42^. — Martinet, Cypsdus. \\aa. 1. Martinet à ventre hlanc , Cypsdus alpinus,. Tem. (Cat. B alla s té.) Il est assez rare ; cependant, au printemps, on en prend quehjuefois en grand nombre. 2. M. de muraille, C. murarius. Tem. (Cat. Martinet.) Genre 43^. — Engoulevent, Caprimulgus.. Lin, t. Engoulevent ordinaire, Caprimulgus europeus . Lin. (Cat. Eiiganyn past(jrs.) Désirant coiinaîlre le motif qui fesait donner celte déno- mination à cet oiseau, qui veut dire (rompe bcgers , j'ai questionné plusieurs campagnards, dans la contrée où l'en- goulùvenl se reproduit et où il est très abondant ( les garri- gues de Tliuir), contrée où les bêtes à laine vont paître constamment. On s'accorde à dire que cet oiseau, qui ne soigne point son nid, pond ses œufs à terre, sans la moindre 86 précaution, et s'il est surpris par quelqu'un, il ne manque point de transporter ses oeufs dans un autre lieu, afin de les dérober à l'indiscret qui était venu l'interrompre. La conl'ormatioD du bec est propre à cela, si cet oiseau a un pareil instinct; je n'ai pu vérifier par moi-même ce fait. L'engoulevent à collier rovix n'a pas été observe. Ordre neuvième. — Pigeons, Coliimbœ. Genre hh'^ Pigeon, Columba. Lin. 1. Colombe ramier, Columba palambas. LiN. ( Cat. Colom. ) 2. Col. columbin, Col. œnas. LiN. (C. Colom patut.) 3. Col. bizet, Col. là'ia. Bris.(C. Bizet, toudou, xixcll ) Les bizets passent habituellement en septembre et octo- bre; on fait la chasse à ces oiseaux et on en prend beau- coup ; on se poste sur le sommet d'une gorge , près de Ville- franche, où ils passent constamment, et dès qu'on voit venir la volée, qui se resserre beaucoup à caiise de l'étroi- tesse du passage, on lui lire dessus, et on en fait rester beaucoup sur place. Cette chasse dure environ un mois et demi. 4. Col. tourterelle, Col.turtur. (Cat. Tartre.) Ordre dixième. — Gallinacées, Gallinœ. Genre 45«. — Faisan ;, Phasianus. LiN. 1 . Faisan vulgaire ; Phasianus colcliicus. M. Villanova de Thuir a voulu élever cette espèce, qu'il avait apportée de Paris ; on ne lui a pas donné sans doute les soins convenables, elle n'a pas réussi. Ce sont les seuls faisans que j'aie vus dans notre département. Genre 46«. — Tétras, Tetrao. Lin. 1. Tétras auerhan, Tetrao urogallus. LiN. (Cat. Gall salvatge. ) 2. T. rakkelhan, Tet. médias. Meyer. 87 3. T. blkhan , Tet. tetrix. Lin. Ces deux espèces sont assez rares; on les trouve dans les bois des montagnes secondaires, les Corbières. 4. T. gelinotte, Tet. bonasia. Lin. (Cat. Grchul.^ 5. T. rovige , Tet. scoticus. Lath. Jamais observé dans celle contrée. 6. T. plarmigan , Tet. lagopus. Lin. (Cal. Perdiu blajiquc. ) Cette espèce ne quitte jamais les grandes forêts des hautes montagnes ; elle se plaît parmi les neiges. Au printemps, elle perd sa belle couleur blanche et devient d'un gris varié, robe qu'elle conserve jusqu'à Taulomne. 7. T. des saules, Tet. saliceti. Tem. Nous n'avons jamais observé cette espèce dans cette contrée. Genre 47^. — Ganga;, Pterocles. Tem. 1 . Ganga unibande , Pterocles arenarius. Tem. Le ganga abonde dans celle contrée, il s'y reproduit. Dif- ficile à l'approcher, en ce que cet oiseau se tieni conslam- ment dans les plaines découvertes ou dans les garrigues , on en tue à l'abreuvoir, en s'embuscant près de l'endroit où ils ont l'habitude d'aller, ils plongent la tête dans l'eau, à la façon des pigeons, lorsqu'ils veulent boire. Le mâle, en amour, fait entendre un cri grave, comme s'il sortait d'une voix rauque ; il épanouil la queue, en la portant par coté el la laissant traîner à lerrc, pour la relever ensuite et l'étendre en éventail, comme le paon; laissant alors tomber ses ailes, il fail la roue et s'agite beaucoup pen- dant queU|nes instants. La femelle pond de trois à cinq œufs sur quchjnes brins de paille rassemblée entre des pierres ou des molles de terre, en rase campagne. Les œufs sont gros comme ceux de la perdrix ronge, moins poinlus vers le petit bout , d'un blanc jaunâtre, iTcliés de noir jaunâtre; ces taches sont irrégu- lièrement parsemées, et plus grosses vers le gros bout. 88 Le gaiiga unibande est très rare; depuis que nous nous occupons d'orni'hologie nous n'avons vu qu'une seule fois celle belle espèce jiorlée au marclié de celle ville; des an- ciens chasseurs consultés, nous ont assuré ne l'avoir jamais observée. Qursnt au ganga noir, dont parle M. Boubée, dans son bulletin des voyages, comme se trouvant à Perpignan , je crois qu'il a été induit à erreur par la personne qui lui a donné ces renseignements. Nous n'avons jamais observé cette prétendue espèce, du moins nous pensons que s'il exis- tait un ganga noir, caserait un phénomène qu'on devrait allribuer à quelque cause accidentelle, comme cela arrive à d'autres oiseaux qui ont des couleurs dilTérentes de leur plumage ordinaire, sans (]u'on puisse en assigner la cause. 2. G. cala, P. sclarius. TEM.(Cat. Gan ga,perdiu d'An- gleterre, pcrdiu de garrigiui.^ Genre 48*^ — Pcrdix, Perdix. Lath. I''^ seriion. — Fraiicoliii. Le francolin à collier roux n'a pas été observé clans le pays. S*" section. — Perdrix proprement dites : 2. Perdrix Lartavelle, Perdix saxatilis. Mey. La bartavelle est très rare ; elle se tient ordinairement aux Corbières. 3. P. rouge, P. riihra. Buis. (Cat. Pcrdiu\ les jeunes pcrdigaU. ) 4. P. ganibra, P. pctrosa. Lath. Plus petite que la perdrix rouge ; elle habile les côtes mé- ridionales des Albères. On la trouve au bois des Aheilles. 5. P. grise, P.ciiicrca. Lath. (Cat. Perdia grisa. Pcr- diu xcrra, ) Moins commune que la perdrix rouge, qui est la plus abon lante. Elle se tient vers les parties monlueuses de ce département; rarement on la trouve dans la plaine. Prats- de-Mollo est l'endroit où elle abonde. 89 3^ section. — Caille. B. La caille, Per. cotaniix.{^CA\. Quailla , gnalla.^ Les cailles nous arrivent , au piinlemps, des côtes d'Afri- que. Plus le vent du nord est violent , plus elles sont abon- dantes ; elles se répandent par nuées dans nos vastes plaines ; ou leur lait diverses chasses et on en prend considérable- ment. Nous possédons plusieurs variétés, difFérenles par la couleur de leur plumage. Je citerai, comme une des plus précieuses , un individu dont le plumage es-t vert , une dont le ])luniage est noir, avec des taches jaunes, le bec, les jambes et les pieds sont très noirs; elle fut tuée en août i85o. iM. Temminck a prétendu que celte couleur noire lui vient de la graine de chanvre prodiguée, comme nourriture, en captivité. La liôlre fut prise dans les champs; donc d'autres causes peuvent donner lieu à ce phénomène. Un individu, par op[)osilion, est tout blanc : M. Canta en possède un qui est couleur café au lait et un autre qui a les rémiges des ailes toutes blanches. Genre 49*^. — Turnix, Hcmipoclius. 1. Turnix tachydrome, Heuu'podiiis lachùh'omus. Tem^ 2. T. à croissants, H. hinatus. Tem. Je n'ai pas vu ces deux espèces; mais iM. Xatard, natu- raliste distingué, qui habile Prats-de-Moll6, m'a assuré qu'elles vivaient sur les pelouses des parties basses de nos l'yrénées. Ordre onzième. — Alecloridcs, Alcctorides. Genre 50^. — Glaréole , Glnrcola. Bris. 1. Glaréole à collier, Glarcola torqnala. Mey. Les glaréoles ëchasse et lactée n'ont pas été obscr- \ées dans cette contrée. Ordre douzième. — Coureurs , Cursorcs. Genre 51*'. — Outarde, Otis. Lin. 1»"e section. 1. Outarde barbue, Otis larda. Lin. 90 2. 0- canepetlère , Ol. tctrax. Lin. Ces deux oiseaux passent régulièrement en septembre et en février ; pendant les hivers rigoureux , on les voit en grandes bandes, mais c'est lorsque la température est très basse qu'ils viennent chercher un climat plus doux. 2^ section. 3. 0. houbara, Ol. houbara. Lin. Nous avons vu une seule fois cet oiseau au marché de cette ville; il était tellement mutilé qu'il ne fut pas possible de le manier. Nous en constatâmes l'espèce par la descrip- tion ; elle fut conforme à celle de M. Temminck. Genre 52^. — Court-vite, CursorLus. Lath. 1 . Court-vile isabelle, Cursorius isabellinus. Mey. Cet oiseau étant très rare et son a])parilion ne se faisant remarquer (ju'à des intervalles très éloignés, je crois essen- tiel d'en donner la description, l'individu qui est sous mes yeux différant en quelques points de la description qu'en a donnée Buffon et M. Temminck. Cour-vite-Isabelle, Cursorius- Isahellinus. SIeyeb. Bec plus court que la tête, noir, déprimé à sa base , un peu voûté à la pointe, qui est 1res aiguë, légèrement courbé, narines ovales , surmontées d'une petite protubérance, pieds longs, grêles, trois doigts très courts, presque entièrement divisés, l'extérieur uni par ime membrane jusqu'au tiers de sa longueur, Tintérieur de moitié plus court que celui du milieu , ongles très petits, noirs et fort acérés, ailes médiocres, la première rémige presque aussi longue que la deuxième, qui est la plus longue, grandes couvertures, aussi longues que la quilrième rémige. Front, parties inférieures, cou, dos, queue et couvertures alaires d'un roux-isabelle , quelques taches d'un noir bru- nâtre parseuiées sur les plumes, beaucoup plus nombreuses vers l'extrémité des grandes couvertures; rémiges noires, 91 bordées de cendré; quelques l;iclics noires, disposées en zif;-zag, se lout remarquer à rexfrémilé des plumes du manteau ; plumes attachées à la mandibule inlerit;ure et gorge blanchâtres; un Irait noir part des yeux et se dirige vers la nuque, en s'unissant avec celui du côlé opposé ils forment une pointe. Les plumes qui forment celte raie sont couleur isabelle à leur origine et noires vers leur extrémité, très serrées, ce qui forme la raie noire. Cette raie, qui a environ trois lignes de large, est surmontée d'une raie blan- che , encadrée par une seconde raie noire, moins étendue, qui se termine aussi en pointe, et forme un triangle dont la poinle est dirigée vers la nuque. Les plumes du front sont couleur Isabelle, légèrement pointillées de noir. Le sommet de la tête est couleur ardoise clair, qui devient plus foncée en se rapprochant de la raie noire; ces plumes sont assez longues pour recouvrir une partie de la seconde raie noire; elles sont disposées de manière à faire croire que l'oiseau les relève à volonté. Les periues de la queue sont de couleur isabelle , les trois latérales de chaque côté ont une tache noire à leur extré- mité, les deux suivantes, les (|uatrième et cinquième, sont légèrement tachées; les autres n'ont point fie taches. (Nous n'avons point remarqué la tache blanche au centre que lui donnent BufTon et M. Temminck. ) Abdomen et couvertures inférieures de la queue blan- châtre, iris noir, longueur neuf pouces. Cet oiseau est urj mâle. Jambes et pieds couleur de chair pâle. 11 serait possible que si on rencontrait cet oiseau au pas- sage du printemps , les couleurs de son plumage fussent différentes; ce (pii pourrait nous faire connaître si la mue est double, chose que l'on ignore encore. J'ai vu cet oiseau deux fois seulement, la prcniièrc ctj octobre 1816, et la seconde le 5 novembre 1857. iM. Viaud, qui l'avait acheté au marché de celte ville, me l'a commu- niqué pour en faire le dessin et la description. Les court-vile de Coromaiidel et à double collier nom pas été observés. 92 Ordre treizième. — Gralles, Grallatores, l'e division. — Gralles à trois doigts. Genre 53''. — yEdicnème, A^dicnemus. Tem. \. lËiàxcncinecv'iSirAjJEdicnemuscrepitans. Tem. (Cat. Galdric. ) Celte dénominalion lui a élé donnée par rapport à son cri, qu'il prononce 1res rapidement et trois à quatre fois de siiile, en courant sur nos pUines arides de la Salauque ou sur les garrigues des environs. Genre bU^. — Sanderlin|^, Calidris. Iixi. i. Sanderling variable, Calidris. arenaria. Illi. r. Genre 55^. — Echasse , Himantopus. Bris. ( Cat. Cntnas llargas. ) A cause de la longueur de ses jambes minces et faibles > il semble réellement que le corps de l'oiseau est perché sur des écbasses. 1. Echasse à manteau noir, Himantopus melanopterus. Me Y. Genre 56^. — Huîtrier, Hœmatopus. LiN. \. Iluîlrier pie, Hœm. Ostralcgus. Ltn. Les Imîtricrs à manteau et noir n'ont pas élé obser- vés dans ce déparicment. Genre 57*=. — Pluvier, Charadrius. hnn. 1 . Pluvier doré , Cliaradrius pluvialis . Lin. (Cat. Dau- rade. ) 2. P. guinard, Ch. morinellus ■ Lin. 3. Grand pluvier à collier, Cli. hiaticula. LiN. ( Cat. Courriol. ) 4. Petit pluvier à collier, Ch. minor. Mey. 5. Pluvier à collier interrompu, Ch. cautianus.hkrH. Les trois espèces de pluviers, grand à collier, petit à collier 93 cl à collier interrompu sont connus dans ce département; la vitesse avec latjuelle ils parcourent les sables des parties ma- récageuses et des petits ruisseaux de l'intérieur des terres, leur ont fait donner ce nom, qui veut dire coureur. 2^ division. — Gralles à quatre doigts. Genre 58"=. — Vanneau, J^andlus. Bris. \. Vanneau pluvier, Kanellus melanogastcr. J3echst. 2<= section. 2. Van. huppé, Vancllus cristatus. Mey. (Cat. Pi^ra.) Genre .59<=. — Tourne pierre , StrepsUas. Illt. 1. Tourne-pierre à collier, StrepsUas collaris. Tem. Genre GO^. — Grue, Gras. Pai.i.as. 1. Grue cendrée, Gras cinerea. Bechst. (Cat. Grua, gabilan . ) Genre 61*^. — Cigogne, Cico/im. Bris. 4. Cigogne blanche, CLconia alba. Bellon. (Cat. Ci- goiiya ganta. ^ 2. C. noire , C. nigra. Bellon. Elle paraît très rarement dans cette contrée. 3. C. inaguari , C. maguari. Tem. Une seule fois j'ai vu cette espèce, qui fut tuée à Canet par un vieux chasseur qui me l'apporta, en disant que c'était la première fois qu'il avait tué un oiseau semblable. Genre 62^. — Héron, Ardca. Lin. I^e section. — Héron proprement dit: \. Héron cendré, Ardca cinerea. Lath. (Cat. Capô daigna , Barnad pescaira, Agro.^ Généralement tous les hérons portent le nom catalan de capô d'aigua ou Barnad pascaire ; seulement quelques espèces sont désignées par les noms particuliers que je fais re- marquer. 94 Les couleurs du [)Uimage, selon l'âge, varient beaucoup, ce qui avait donné lieu encore à une multitude d'espèces, que M. Teinminck a réduites avec juste raison. Nous possédons plusieurs individus de diverses esi)èces de ce genre, qui sont i'ort remarquables par la variété de leur taille et par les cou- leurs de leur plumage. Plusieurs espèces de cette famille quittent les bords de la mer et des marais et s'aventurent dans l'intérieur des terres. Nous possédons un Crabier, arcJea ralloides, adulte et très beau, qui fut tué à Caudiès, en 1816, M. Palégri, de cette ville, cbasseur intrépide, se trouvant dans celle contrée, étonné de la rencontre d'un oiseau de ce genre, le poursuivit et parvint à le tuer. Le voyant si beau il l'envoya à iM. Duvilliers du Terrage, alors préfet de ce dé- partement, que les travaux administratifs n'empêchaient pas de se livier avec succès à l'histoire naturelle. Ce ma- gistrat me pria de le monter. C'est un superbe individu, dont la touffe des belles plumes aCQIécs, qui ornent sa nu- que, est admirable. 2. H. pourpré, A. purpurea. Ltn. Le héron pourpré a été aussi trouvé dans plusieurs en- droits du département très éloignés des côtes. 3. H. aigrette, A. egretta. Lin. (Cat. Agro blanc. ) 4. H. garzette, A. gavzetta. Lin. (^Idem.) 2<= section. — Bilioreau et Butor. 5. Bilioreau à manteau noir , Ardea nicticorax. Lin. (Cat. Toru de garriga.^ 6. Héron grand butor, A. stcllaris. LiN. 7. H. crabier, A. ralloides. Scop. r. 8.- H. blongios, A. minuta Lin. r. Genre 63«. — Flammant, Phœnicopterus. 1 . Flammant rouge, Phœnicopterus ruber. Lin. (Cat. Alie roig. ) Cet oiseau, dont les couleurs sont si brillantes et la sta- ture si remarquable par la longueur de ses jambes, par un 95; cou long et grêle, surmonté d'une léle dont la forme est si bizarre, est appelé par nos chasseurs alic roig. Celle dé- nomination est vicieuse, car alic veut dire aigle, et roig , rouge, et cela n'est pas ce que l'on veut exprimer. L'oiseau ayant les ailes rouges , il paraît qu'on devrait plulôt dire aie roig. Il se voit ici dans toutes les saisons en bandes très nombreuses sur nos marécages. Sans pouvoir alfirmer qu'il se reproduise dans cette contrée, puisque je n'ai pu véri- fier par moi-même ce fait, je serais cependant porté à le croire, par les observations suivantes. Fin de juillet 1819, cinq ilammanls, deux vieux et trois jeunes, traversaient l'anse de mer qui entre dans les terres au bassin d'Argelès. Le plus faible n'ayant pas eu la force d'arriver à Icrre se laissa lumber dans la mer. Comme il y a fort peu d'eau sur cette plage, un honmie fui le cberclier. Les vieux avaient plongé sur lui plusieurs fois pour tacher de l'amener ; leurs efforts furent ir)fructueiix. Cet oiseau n'était point blessé; c'était seulement la fatigue qui le furca à s'abattre , et on fit la remarque qu'il paraissait le plus petit de la troupe. Il me fut envoyé par M"' Rière, Les couleurs du plumage , la taille et son duvet me donnèrent la conviction qu'il était très jeune. Si cet oiseau n'était pas né dans le pays , je doute qu'il eût pu se trouver ici à cette époque. J'en vis une paire sur l'étang de St.-Nazaire dans les pre- miers jours de juin 182g. La femelle fut tuée , je lui trouvai des œufs; la coque de l'un était presque formée. Genre 64'=. — Avocelte, Recurvirostra. LiN. 1. Avocetteànuque noire, ^ecMn^fVojfra avocetta. Lin. Les avocettes isabelle , à cou marron et orientale n'ont pas été observées Jans ce département. Genre 65*'. — Spatule, Platalea. Lin. (Cat. Bec plané. ^ 1 . Spatule blanche, Platalea leucorodia. Lin. Elle passe à des époques très éloignées. 96 Genre 66^. — Ibis, //^w. Lacep. 4. Ibis falcinelle , Ibis falcinellus. Tem. L'ibis falcinelle se voit assez régulièrement dans le com- mencenienl du printemps. Les premiers qui attirèrent l'at- tenlion furent tués par MM. Higaud et Lafageainé, en i8i8; nue volée de soixante indiivdus était posée dans une prai- rie ; ils se laissèrent approcher , et In premièredécharge en fit rester neuf. Deux me furent apportés. M. Rigaud en conserva un, auquel on fil l'amputation d'une aile que le coup avait meurtrie; il vécut fort long temps dans son jardin, qui est traversé par un ruisseau , où il trouvait de quoi se nourrir. On regarda la présence de cet oiseau comme un phéno- mène, personne ne l'avait remarqué; cependant l'ayant vu presque tous les ans à la même époque depuis lors, je suis porté à croire que si on n'en avait pas fait la remarque , c'était parce que l'ornithologie était très négligée, et que personne, depuis long-temps, ne s'en occupait. Genre 67^. — Courlis, Numesius. Bris. 1. Grand courlis cendre , Numesius arquata Lath. (Cat. Polit.) 2. Courlis corlieu, N.phœopus. Lath. Nous avons trouvé très rarement cette espèce. Genre 68'^. — Bécasseau, Tringa. Bkis. jre section. — Bécasseau proprement dit: 1. Bécasseau cocorli, Tringa subarquata. Tem. Le genre bécasseau est désigné en idiome catalan par le nom de viudetas, qui veut dire petites veuves. C'est appa- ramment par l'habitude que ces oiseaux ont de courir le Ion"' des eaux, et par leur robe tapirée de blanc et de cou- leurs foncées, que cette dénomination leur a été donnée par nos paysans, qui leur trouvent assez de rapports d'ha- bitudes avec les bergeroneltes , auxquelles on donne le même nom. 2. B. brunelte ou variable, T. variabilis. Mey. 97 3. B. plalyrliinque, T. platyrhinca. Tem. 4. B. violel, T.maritinia. Brun. 5. B. lemmia, T. tenimmchii. Leist. 6. B. ccliasses, T. minuta. Leist. 7. B. canal ou manbèclie, T. clnerea. Lin. 2e section. — Bécasseau combaliant. 8. B. combattant, T. pugnax. Lin. li est fort rare de trouver cette espèce dans son beau plu- mage de noces Genre 69«. —Chevalier, Totanus. Bechst. I"-" section. — Chevaliers proprement dits : Les chevaliers sont désignés sous le nom catalan (\ç.cames roges, à cause de la couleur carmin qui revêt les jambes de quel(iues espèces. ^. Chevalier semi palmé, Totanus senti palmatus. Tem. 2. C. arlequin, T. fus eus. Lin. 3. C. gambette, T. calidris. Bech. 4. C. stagnatile , T. stagnatilis. Bech. 5. C. à longue queue, T. bartramia. Wils. 6. C. cul-blanc, T. ochropus. Tem. 7. C. Sylvain, T. glarcoln. Tem. Dans celte classe, les mêmes erreurs ont eu lieu que dans le genre sanderlbig. Les mélliodisfes ont créé une multitude d'espèces différentes, qu'on doit attribuer aux variétés pro- duites par les jeunes individus et par la mue des oiseaux qui appartiennent à la même espèce. En multipliant ainsi les espèces nominales par la seule différence qui est due à l'âge , à l'époque de l'année où l'individu a élé tué, ou sim- plement à quelque cause accidentelle, on augmenterait à l'infini certaines classes , surtout les riverains et les nageurs. Nous devons encore aux observations justes du savant M. Temminck d'avoir mis de la clarté à cette partie. 7 98 8. G. guigneiie, T. hypoleucos. Tem. Le chevalier perlé n'a pas i^té observé cîans cette contrée. 2e section. — Chevalier à bec retroussé. 9. G. aboyeur, T. glottis. Bechs. Genre 70*^. — Barge, Limosa. Bris. 4. Barge à nuque noire, Limosa melanura. Leis. 2. B. rousse, L. rufa. Bris. Genre 71*'. — Bécasse, Scolopax. Ïlli. \'^^ section. — Bécasse proprement dite : (Cat. Bécada , Bécassa.^ \ . Bécasse ordinaire , Scolopax rusticola. Lin. Dès que les froids se foiil sentir nou« avons ces oiseaux en abondance dans les parties humides de la plaiae et dans les taillis qui bordent les rivières. 2<= section. — Bécassine. 2. Grande ou double bécassine, Scolopax major. Lin. (Cat. Mec.) Cette espèce ne se voit guère qu'au passage du printemps, tandis que les autres espèces de ce genre sont communes toute l'année. 3. B. ordinaire, S. gnllinago. Lin. (Cat. BecadelL) 4. B. sonràe^ S. galliimla. \jiri.(C.Becadelldcls surds.) La bécassine ponctuée qui forme la S'^ section de ce genre n^a jamais été observée dans cette contrée. Genre 72'^. — Baie, Rallus. Lin. 1. Baie d'eau, Ballus aquaticus.ÇCdLt. Basclet, Gallinaj Sega.) 99 Genre 73^. — Poule d'eau, Gallinula. Lath. l'fi section. 1. Poule d'eau de genêt, Gallinula crcx. Lath. (Cat. G alla mareza.^ 2. P. d'eau marouette, G.porzana. Lath. 3. P. d^eau poussin, G. puzilla. Bech. (Cat. Pollas d'aigua. ) 4. P. d'eau haillon, G. Baillonii. Viel. 2'^ section. 5. P. d'eau ordinaire, G. chloropus. Lath. Genre 74*'. — Talève, Porphirio. Bris. Le genre talève n'a pas de représentant dans cette contrée, du moins nous n'avons jamais remarqué au- cune espèce de ce genre. Ordre qualorzième. — Pinnatipèdes, Pinnatipcdes. Genre 75*^. — Foulque, Fulica. Bris. 1 . Foulque macroule, Fulica atra. Lin. (Cat. Gallina- sa (le aigua^ Follgua, Fotgc.^ Les foulque.s, dans toutes les saisons, sont fort répandues sur nos marais, où elles se reproduisent. On leur tait la chasse et on en tue considérablement à l'époque de la mue, qui a lieu à la fin de juillet et commencement d'août ; on en prend beaucoup parce qu'alors elles ne [)euvent point voler. Leur plumage, ordinairement fout noir, varie quelquefois; nous avons un individu qui a une zone blanche, large de deux pouces , qui traverse la poitrine ; elle a la tête et partie du col presque blanc. Genre 76^. — Phalarope, Phalaropus. Bris. I''^ section, 1 . Phalarope hyperhoré, Phalaropus hyperborcus. Lat» Cet ui.seau est excessivement rare; il parait que ie midi 100 ne convient guère i ses habitudes : je n'en ai vu que deux individus. 2^ section. 2. Pha. plalyrliinque. Phal. platjrhincus . Tem. Gendre 77^. — Grèbes, Podiceps. Lath. 1 . Grèbe huppé , Podiceps cristatus. Lath. ( Cat. Cala- hrla. ; on appelle les petites espèces Capbusset.'^ Les grandes espèces de ce genre ne paraissent qu'avec les hivers rigoureux, lorsque les glaces les chassent du nord, tandis que les petites espèces sont continuellement dans celte contrée. 2. G. joii gris, P. rubi'icollis. Lath. 3. G. cornu , ou esclavon, P. cornutns. Lath. 4. G. oreillard, Podiceps auritus. Lath. 5. G. caslagneux , P. minor. Lath. Ordre quinzième. — Palmipèdes, Palmipèdes. Genre 78^. — Hirondelles de mer, Sterna. Lin. ( Cat. yîidendras de niar. ) Les hirondelles de mer arrivent au commencement du printemps par bandes très nombreuses; elles volent sur les rivières et marécages. Les enfants leur font la chasse à coups de pierre; ils se postent sur les bords, et lorsque la volée passe ils leur lancent des pierres, qui quelquefois en font tomber plusieurs, tant elles sont abondantes. \ . Hirondelle de mer tschegrava, Sterna caspia. Pall. De passage très accidentel ; je ne l'ai vue que deux fois. 2. H. de mer caugek , S. cantiaca. Gme. 3. H. de mer dougall, S. dougalli. MoîiT. 4. H. de mer pierre garin, S. hirundo. Lin. 5. H. de mer arctique, S. arctica. Tem, f. r. G. H. de mer leucoplère, S. Leucoptera. Tem. 101 7. H. de mer épouvanlail, S. nigra. Lin. 8. Pelile H. de mer, S. minuta. Lin. Elle paraît rarement. Les hirondelles de mer Hansel et Mouslac n'ont pas été observées dans nos parages. Genre 79^. — Mauve, Larus.Vim. 1''« section. — Goéland. 4 . Goéland Burgermeister, Lnrus glaucus. I>REM.(Cal. Gabilan . ) 2. G. à manteau noir , L. marinas. Lin. r. 3. G. à manteau bleu, L. argentatas. Brem. r. 4. G. à pieds jaunes, L.fuscus. Lin. 2<= section. — Mouette. 5. Mouette blanche ou sénateur , L, eburneus. Lin. (Cat. Gabina de nutr.^ t. r. La première division du genre larus porte le nom catalan de gabilan , tandis qu'on donne le nom de gabina de inar à la deuxième section de ce même genre, les mouettes. On trouve encore beaucoup de variétés parmi les oiseaux de ce genre ; elles dépendent aussi de i'àge et des époques de la mue. 6. M. à pieds bleus, L. Canas. Lin. r. 7. M. tridactylc , L. tridatylus Lath. 8. M. à capuchon noir, L. mclajioccphalus . Lath. c. 9. M. à capuchon plombé, L. atricilla. Lir. iO. M. rieuse, ou à capuchon brun, L. ridibundiis. Leist. t. c. La mouette à masque brun nti pas été observée dans celte contrée. 1 I . M. pigmée , L. minutas. Pal. r. 102 Genre 80"=. — Stercoraire , Lestris. Illig. 1. Stercoraire cataracte, Lestris cataractes. Tem. t. r. Les stercoraires se font remarquer souvent sur nos cùles. Ces oiseaux sont regardés par nos marins comme se nour- rissant de la fiante des autres oiseaux; ils prétendent que lorsque les stercoraires voient une mouette ils fondent sur elle, et à coups de bec l'effrayent , lui occasionnent un dévoie* ment, et qu'alors abandonnant leur victime , ils viennent manger la fiante qu'elle a rendu. J'ai questionné plusieurs marins, et tous sont dans la persuasion que ce fait est vrai. Je n'ai pu leur faire croire que la mouette, ainsi poursuivie, rejetait par le bec le poisson qu'elle avait mangé, et que le vol très rapide de cet oiseau donnait seul lieu à cette erreur. 2. S. pomarin, L. pomarinus. Tem. r. 3. S. parasite ou l'abbe, L. parasitîcus, BoiE. Genre 81^. — Pétrel, Procellaria. Lin. 1" section. — Pétrel proprement dit. 2e section. — Pétrel puffin. i. Pétrel puflfin, Procellaria pujjinus. Lin. Il paraît très rarement. 3^ section. — Peirel hirondelle. 2 Pétrel tempête , Procellaria pelagica. LiN. La première et deuxième sections du genre pétrel man- quent dans celte contrée, ou du moins ils ne se présentent que très rarement. Le peirel tempête seul a été observé, en- core devons-nous son apparition à un accident. Le 17 dé- cembre 1821, après un ouragan très violent, parut sur la plage de Torreilles, un oiseau qui ressemblait à un martinet et qui volait constamment. M. Pla, chasseur, surpris de voir un pareil oiseau à cette époque, le poursuivit et parvint à le tuer. Ses pieds palmés et la forme du bec lui donnèrent 103 la conviction que ce n'était pas un maiiinct; vu par d'an- ciens chasseurs, ils assuièreul qu'ils n'avaient |)as observé un pareil oiseau. M. Pla eut l'obligeance de me le faire porter, et je reconnus bientôt que c'était le procellaria pC" Lagica. Du moins parla taille et la couleur de son plumage il ressemblait parfaitement à l'oiseau que M. Temnunck décrit sous ce nom, excepté les scapulaires et les pennes secondaire? des ailes qui n étaient point terminées de blanc; pour tout le reste du plumage, il était conforme à la des- cription donnée par ce savant, ainsi que parla forme du bec et les pieds qui étaient aussi palmés. Depuis lors je n'ai plus remarqué cet oiseau, ce qui me donne la certitude que son apparition n'est due qu'à cette grande tenjpête. Les pétrels fulmar de la 1 ^'^ section, ceux de Mancks et obscur appartenant à la deuxième, ainsi qne celui de Leachqui fait partie de la troisième, n'ont pas été observés dans cette contrée. Les seules deux espèces de ce genre que nous avons observées, sont dues à des circonstances si extraordinaires qui nous font penser qu'elles ne se renouvelleront pas souvent. Genre 82*^. — Canard, Anas. Lin. 1. Oie cendrée ou première, Anas anser férus . LatH'. ( Cal. Hoca. ) 2. 0. vulgaire ou sauvage, A. segetum. Gem. 3. 0. rieuse ou à front blanc, A. albifrcns. LiN^ Les hivers rigoureux l'amènent dans cette contrée. 4. 0. cravant, A. Lcrnicla. Lin. On la voit rarement. Les oies byperborée ou de neige, Lernaclie et à cou roux n'ont pas été observées. 2'^ section. — Cygne. 5. Cygne à bec jaune ou sauvage, yînas cygnus. Lin. (Cat. Signa. ^ Les cygnes, dans ce diipartement , sont cTcessivement 104 rares. Il faut des hivers rigoureux pour qu'il fréquente notre douce température. Celui de 1829 à i85o fut très froid, et ces animaux furent signalés dans des contrées où on ne les avait pas encore remarqués. Chassé par les frimais du nord, le cygne vient chercher dans le midi le calme que nous donne notre beau ciel. L'hiver de iSSjà )8o8, très rude dans le nord, ne l'a pas été dans ce département, où le thermomètre n'est pas descendu à 2 sous o; malgré cela nous avons eu abon- damment de cygnes. Le cygne tubercule n'existe point dans cette contrée. 6. C. tubercule ou domestique, A.olor. Lin. 3<=. section. — Canards proprement dits. A. Le doigt de derrière sans membrane. 7. Canard kasarka, Anas j-utila. F ki.LA.&. (Cai. Anech.^ 8. C. tadorne, A.tadonia. Lin. Le canard tadorne est très rare; on ne le voit que pendant les hivers très rigoureux. 9. C. sauvage, A. boschas. Lin. (Cat. Coll vert.') 10. C. chipeau ou ridenne, A. strepeza. Lin. 11 . C. à longue queue ou pilet, A. acuta. Lin. (Cat. Cuallorg- ) 12. C. siffleur, A.penelope Lin. (Cat. Pinla.) 13. C. souchet, A. cfypeata. L[N. 14. C. sarcelle d'été, A. querquedula. Lin. (Cat. Sar- cetta d'esliu. ) 1 5. C. sarcelle d'hiver, A. crecca. Lin. (Cat. Sarcetla.^ B. Au doigt de derrière une membrane lâche. 16. C. eider, A. mollissima. Lin. Le premier que j'ai vu , c'est pendant l'hiver de i838. 17. C. double macreuse, ^.//wcrt. Lin. (Cat. Collier.) 18. C. couronné, A. Lcucocephala. Lath. 19. C. de micloii, A. glacialis. Lin. 105 20. C. siffleur huppé, A. rujlna. PallAS. On le voit 1res rarement. 21. C. milouinan, A. marila. Lîn. r. 22. C. niilouiu, A.ferina. Lin. (Cal. Bouixot.) c. 23. C. garrot, A. clnngula. Lin. 24. C. morillon, A.fulUgula. Lin. 25. C. à iris blanc ou nyroca, A. leucophtalnios . lî. t. r. Le premier que nous avons vu c'est en janvier iSSq. 26. C. à collier on histrion, A. histriorica. Lin. f. r. Les canards à téie grise , marchand et macreuse n'ont pas été observés dans cette contrée. Genre 83^. — Harlc, 3Iergus. Lin. 1. Grand harle, Mcrgus merganser. Lin. (Cal. Bec de serra. ) Le harle huppé est l'espèce que nous voyons plus fré- quemment; le pielte se voit plus rarement, et ce n'est que pendant l'hiver de i858 ([ue nous avons vu en troupe assez nombreuse le grand harle: on en a apporté au marché plu- sieurs, qu'on a lues dans divers parages de ce département. Nous en possédons un que nous devons à l'obiiseance de M. Sauveur Astruc. 2. Ilarle huppé, M. serrator. Lin. 3. H. pielte, M. albellus. Lin. Genre 84^. — Pélican, PeUcanus. hi^. Le genre pélican na pas clé remarque dans cette contrée. Genre 85«=. — Cormoran, Carlo. Meyer. 1. Grand cormoran, Carho cormoranns. Mey. (Cat. Corp de inar. ) Le grand cormoran est assez répandu sur nos côtes; les autres espèces sont beaucoup plus rares, et ce n'est qu'ac- cidcnlellement qu'on les y trouve. 106 2. Corm. nigaud, C. graculns. Mey. 3. Corm. largue! , C.cristatus. Tem. t. r. Le cormoran pygmée n'a pas éi.é observé. Genre 86^. — Fou , Sula. Brisson. Le fou de bassan n'a jamais été remarque sur ces parages, par conséquent s'il y paraît quelquefois, il a échappé à notre observation. Genre 87^. — Plongeon, Colymbus.luk'va. 1 . Plongeon imbrin , Colymbus glacialis. Lin. ( Gat. Calabria gros s a. \ Les plongeurs imbrin et lame sont très rares. Le cal marin l'est moins, et ce n'est que par des hivers très rigoureux qu'il se fait voir; il fréquente les lacs salés qui ne sont pas éloignés de la mer. Pendant l'hiver de 1819, un individu tué à l'étang de St.-Nazaire nous fut apporté; depuis j'ai eu occasion de le voir au marché deux fois seulement , ce qui fait croire qu'il est rare. 2. P. lumme ou à gorge noire, C. arctîcus. Lin. 3. P. cat marin ou à gorge rouge, C. septentrionalis. Lin. Genre 88^. — Guillemot, Uria. Briss. Le genre uria ne se voit qu'accidentellement; encore ceux que nous avons vus ont été rejetés par la mer, à la suite d'une forte tempête. On les trouve morts sur le sable des dunes, c'est ordinairement vers la fin de mars ou en avril. Les es- pèces que nous avons remarquées sont le guillemot à capu- chon, le guillemot à miroir blanc et le guillemot nain. 1" section. — Le bec plus long que la tête. 1. Guillemot à capuchon, Uria troile. Lath. i U . brunnichii. Stjb. 2. G. à gros bec, {U. francsh. Leach. Cette espèce ' n'a pas été observée. 3. G. à miroir blanc, V . gjylla. Lath. 107 2*^ section. — Bec plus court que la tête. 4. G. nain, Uriaalle. Tem. Genre 89^. — Macareux, 3Iormon. Illi. A. Macareux moine, Mormon fratercula. Tem. Le genre macareux se voit plus souvent que le genre pré- cédent. Presque tous les ans on en apporte à nos marchés; mais nous le devons aux mêmes causes que les guillemots, car nous ne l'avons jamais vu que rejeté par les vagues , c'est presque toujours aux mêmes époques, fin de février ou mars. Il est probable (juc c'est en exécutant leur voyage de migration que, saisis par quelque ouragan auquel ils ne peuvent résister , ils meurent et sont alors rejetés sur la grève. Genre 90^. — Pingoin, Pingoîn alca. Lin. Les pingoins traités aussi par les mêmes causes, nous ne les avions jamais vus que rejetés par la mer sur les sables du rivage; mais nous lûmes surpris lorsque, en juin 18-26, deux pingoins macroptères furent tués en mer, non loin de nos côtes et nous furent apportés : c'étaient mâle et fe- melle, ce qui nous porterait à croire que ces oiseaux vien- nent nicher quelquefois sur les rochers escarpés qui bordent quelques endroits de nos côtes. 1. Pingoin macroptère, Alcatorda.Yjm. 2. P. brachiplère, A. impennis. Lin. Celle espèce n'a pas été observée. 108 MINERAI DE MANGANÈSE, DE LA POUSSANGUE ET MISSEGRE, dÉpabtemert de l'aude. Rapport par M. BOUIS , professeur. * Les trois variétés de manganèse provenant des mines de Poussangue etMissègre, département de l'Aude, qni m'ont été remises pour en faire l'analyse et en comparer la richesse, ont été distinguées entr'elles par les ]No* 1,2,3. Quoique ces minerais se confon- dent par une composition peu différente, nous indi- querons séparément leiirs caractères; et comme Lase de notre analyse nous prendrons le n° 1 . ]N° 1 . Manganèse péroxidée terne avec manganèse métalloïde disséminée irrégulièrement. La c>)uleur brune foncée est celle des parties ternes; le gris d'a- cier, plus ou moins brillant, caractérise les parties métalloïdes. Il y a des morceaux avec la surface ma- melonnée tachant fortement les doigts; c'est du pé- roxide terreux, dont la cassure est unie et la struc- ture par couches parallèles et sinueuses. Sa densité est de 3,7; son analyse a été dirigée comme il suit : on a d'abord évalué la proportion d'eau, et on a ensuite attaqué avec l'acide acétique, qui a dissous des carbonates de chaux et de magné- sie. La liqueur acétique, saturée par l'ammoniaque, a subi l'action successive de Toxalate et du phosphate, d'ammoniaque, à l'aide desquels la proportion de chacun des carbonates terreux a été déterminée. 109 Le minei'ai, ainsi dépouillé de ces carbonates, a été traité par l'acide marin et on a convenablement évaporé. Ce produit dissons par l'eau, il est resté un résidu insoluble, formé de sable blanc argileux. La liqueur séparée de ce résidu , saturée exacte- ment par un carbonate alcalin, il s'est déposé de l'oxide de fer, que l'on a calciné avec addition d'a- cide nitrique, afin d'être assuré de sa péroxidaiion. Le liquide restant précipité parle sul fliyd rate d am- moniaque a fourni du sulfure de manganèse, que la calcination a transformé en oxide rouge. Les résultats numériques ont été de Oxide rouge de manganèse 63, Fer péroxidé 12,80 Subie blanc argileux 5,71 Carbonate de chaux 1,30 de magnésie 0,G9 Eau 7, 90,50 Ces G3 d'oxide rouge de manganèse sont unis a. 0,85 d'oxigène, représentant 71,5 de péroxidé. En admettant, comme il est probable que les 7 d'eau sont combinés à ce péroxidé, pour former un hy- drate contenant vingi pour cent d'eau. La composi- lion réelle du n" 1 est de Péroxidé de manganèse anhydre... 3G,50 hydraté... 42, Péroxidé de fer 12,80 Sable blanc argileux 5,71 Caibonale de chaux 1,30 de magnésie 0,69 99,00 110 N° 2. Cette variété est généralement plus brillante, plus métalloïde que le numéro précédent, et contient plus de manganèse anhydre. Elle est un peu cellu- laire, avec une pesanteur spécifique de 3,67. Elle renferme les mêmes composants que le n° 1 , mais elle diffère en ce qu'elle contient sur 100 par- lies. 75,6 péroxide manganèse. 2,5 eau. N° 3. Sa teinte générale est d'un gris noir bleuâtre , avec peu de brillant; il est plus dur, plus compacte que les espèces précédentes. Sa densité est 4, Sur 100 parties il contient : proxide 73,2 eau 6, Ces trois variétés, formées de péroxide anhydre et hydraté, dont les proportions varient d'échantillon à échantillon, sont à cause de cela difficiles à bien ca- ractériser isolément. L'acide muriatique les attaque toutes promptement, avec dégagement abondant de chlore. Des cristaux lamellaires de carbonate de chaux, souillés d'argile, sont encore irrégulièrement répandus dans la masse du rainerai et en altèrent le coup-d'œil sous le rapport de la vente commerciale. En prenant la moyenne delà proportion de péroxide de manganèse reconnue dans chacun des numéros que nous avons reçus, nous aurons, comme richesse de ce minerai, 73,43 de péroxide anhydre pour 100. A la mine, on trie le minerai en quatre qualités; il me paraît préférable d'en faire deux seulement. L'une composée, autant que possible, du minerai brillant, essentiellement formé par du péroxide anhydre, qui est le plus riche et le plus estimé; la seconde de minerai terne. La première qualité pour- rait être expédiée telle que la fournirait le triage, la seconde devrait précédemment subir l'action d'une température de 150 à 200°ihermoniéiriquesau plus, qui l'enrichirait de 5 à 6 pour cent, en lui enlevant l'eau combinée et l'eau hygrométrique. Des fours cons- truits ad hoc ^ ou tout autre moyen d'une application facile, économique, établi selon la localité et le com- bustible dont on pourra disposer, serviraient à celte calcination. D'après ce qui précède , le minerai de Poussangue et Misscgre doit être classé parmi les bons minerais de manganèse ; sous tous les rapports , il peut sou- tenir la concurrence avec les minerais français de ce genre les plus estimés; surtout lorsqu'au moyen du triage et d'une chaleur modérée on aura élevé sa richesse jusqu'à près de 80 pour cent. Et nul doute que sa consommation ne se propage ensuite dans tous les lieux convenablement situés, où l'on fabrique en grand le chlore comme agent de dé- coloration ou de désinfection. Perpignan, le 28 mai 1838. 112 RAPPORT SE MM. FADX. ET TAZ.ATRAC, DOCTEURS BN MEDECINE, SUR UNE OBSERVATION DE MERYCISME, PRÉSENTÉE PAR M. PCJADE , D.-M. M. PAUL, médecin en chef de l'hôpital militaire de Perpignan , rapporteur. Messieurs, Vous nous avez chargés de vous rendre compte d'une observation sur le méryclsme ou rumination chez rhomme, que M. Pujade vous a adressée. Celte observation est d'autant phis intéressante et curieuse , quelle a été faite chez un homme jouissant de la plé- nitude de sa santé, et chez lequel cet état physiolo- gique n'est jamais plus parfait que lorsque la rumina- tion s'opère librement, que sa cessation, au contraire, est chez lui un signe de maladie, caractérisé par un dérangement dans les fonctions digesiives; qu'un ré- gime approprié et l'usage de quelques extraits amers et de préparations ferrugineuses, fait cesser, en lui rendant la faculté habituelle de ruminer; enfin que cette idiosyncrasie paraît être une faculté transmise héréditairement par sa mère, qui était mérycole, puisque plusieurs de ses frères, tous parvenus à un âge assez avancé, ont été doués de cette faculté. A la suite de cette observation, M. Pujade présente 113 quelques réflexions et clieiche à expliquer ce phéno- mène singulier, qui appartient à tout un ordre delà classe des mammifères et que Ton rencontre très ra- rement chez riiomme sain, quoi qu'en aient pu dire les auteurs, et qui, au contraire, paraît avoir été ohservé fréquemment dans les affections organiques de reslomac, qui s'accompagnent, prescpie toujours, de vomissements ou de rétropulsion des ahments dans la houclie, pour être expulsés ou soumis à une se- conde ingestion. M. Pujade a recherché tous les cas les plus tran- chés et les mieux ohservés de mérycismc cités par les auteurs*, il en donne une analyse et ne retrouve chez aucun autant de conditions réunies de la vraie rumination que sur le sujet qu'il a ohservé, puisqu'il réunit toutes les circonstances que Ton retrouve dans la rumination des animaux polygastres, comme: dé- rangement des fonctions digestives lors de l'intei- ruption de cet acte; sa régularité ; sa transmission de la mère aux enfants; le goût agréahle du chyme et l'influence qu'une nourriture toute végétale exerce sur sa production , car il a remarqué qu'elle était plus prononcée lorsqu'il mangeait de la salade, et qu'il ruminait moins long-temps et même pas du tout lorsqu'il fesait usage de viandes. Au reste, de ces traits de ressemhlance parfaite, M. Pujade ne conclut pas que le mérycisme et la ru- mination des animaux à estomac multiple soient ana- logues; il en fait au contraire fort hien sentir les dif- férences, et les lire surtout du défaut d'uniformité d'organisation du conduit digestif entre l'homme et les animaux ruminants ; organisation qui fait que chez eux la rumination est toute normale, accom- 8 114 pagnée de sensations agrcaLles, etc., tandis que riiez J'honiine elle est le signe d'un désordre fonctionnel, loujours accompagné de iiistesse et de mélancolie. Passant aux causes du mérycisme, il n'en admet qu'une seule pour tontes les diverses anomalies de la digestion , telles que toutes les diverses espèces d'appétit dépravé, Ja cynorexie ou faim canine, la boulimie, le malacia, la pica, etc. , qui ne sont que des nuances ou des symptômes de la même maladie, et la place sous l'influence du sysième nerveux, dans une modification ou état anormal des nerfs pneumo- gastriques j faisant observer fjue tous les pbénomènes qui raccompagnent ne peuvent se rapporter qu'à l'es- tomac sans aucune intervention du diaphragme ni d'aucun autre muscle des parois abdominales; ce qui servirait à prouver, contre l'opinion de quelques phy- siologistes modernes^ que l'estomac n'est point inerte et passif dans l'acte du vomissement. Perpignan, le 18 mai 1836. de l'Alcool icité dt'S Vins du départeinont des Pvréiiéos-Oricntales , j)ar M. BOLIS , lils, ])rofesseiir de Chimie. NATTBE DES \1KS ET OBSEIWATiONS. niam iSSB n.O!/! n.M3 Ma>f leiïa ai an l83S Avril i8S9 I.OOI o.ggS Avril iSgH O.90» Avril iSJS Avril i8jS Avril ,63o Mun iH5H Mar« iB3S vril |B3S vtil iHJS vtll iH38 vrll 1658 vril i858 vrll |83B iril lit je '4.57 13.6a 16,17 1S.33 10,37 "5.53 18.40 17,39 ■ 8,34 iD.e4 i8,o5 ■ s 85 16,83 lO.So '7.3!) 1 8,1)8 l5,3S '?.'9 1G.B8 ,6,41 16.35 i5,58 I9!38 3i,(i8 33, 3<) a8,<8 ao.6- 3U.53 35,95 59.30 9(i,58 >7,84 18,61 iR,ai 33.,-,9 ï5,95 3r.,G6 .9.C a5.S7 »i.il9 37.1 G ■>8,49 S7.68 «r.09 37.00 a8,o5 3i>,48 14,81 î4,Bi a;,86 n.rs »8,fi3 .S.74 ■ 6.11 iti.i4 18,11 18,34 10. o5 30,71 1-.7S 18.61 17.35 .9r« 31,87 18,81 3o,34 3i.o5 19,15 3i,i4 11,57 iG,33 vin ronge cl,iir (EaDigaùl liquoreux, vin rouge clair, produit par de jcunci .in .Mji .l.ir. vin rouge ordioairc , agréable pour la ii'ccplitile d'une loDgucco , peint liquarcui. vin rouge Tancé , peu agréable encore û la boliton. vin rouge fonci!, •aïcurconiniei)"o. vin ronge foncé , liquoreui au goûl. couleur noire ruugeiltre , goûl liquoreux , empile la bouclie. rougo ronci!. ffiaii ù U kou rouge , Mvgtir liquoreune. rouge clair , de jiifur/ifiiJfhc rouge o rouge cljir. TDUKC IrËa clair , gni'll un peu dpre , racili'niciil .llrérablc. un peu |ilua colora que In précédciil cl QioÎDi alléraUlc. rouge clair. couleur rouge foiieé , nani liqueur au goAt. vin rouge , agréable el nan* liqueur. vin rouge peu foncé. rouge foncé, liquoreux. vin rouge clair, tin rouge clair. .in rouge Clair. vin rouge clair, paHanI faoileineai à l'aigro. Tin rouge clair, vin rougo fonoé. b demi ilépDiiillé, rouge foncé. rouge clair. VIO rouge clair, fourni par l'araition. rouge clarr , agréable aa goût lani liqueur. ronge foncé , >aveur un peu iluucellrc. »iN Je grenjcbo , doux au goût .encore rouge Jtrc et un peu U tugc clairel, un peu âpre .111 goût, ingc clair . goût pins agriiable que lo précédetil. >uge clair, gaûl un peu liquoreux, i^e vin te dépi lugo cluir. [ «icilljtsant 1 rouge ordinaire . goût peu liquoreiu. rougo nuir.taveur liquoreuae douuedlrc. liquoreux. I dûigti. rougo foncé, lri« liqnorcut. rouge noir, tavcur doucelire , polMC a rouge foncé , la «ateur dooccAtre n'a pa* lolalcmenl diipar rougo clair, couleur paille, tavcuraroinalIqueliquoreuM. Celle qualilé de vin ett la prcmitro parmi le* tliu de Franc ■a laveur, »a ll<|ueur elion énergie, rouge clair, agréable à la boluon. rouge paillc- rouge clair. rouge clair. rnuga clair. rouge clair , tee au goAliai» liqueur. raugc clair , do icuoei vigoc)- 115 ALCOOLICITÉ DE PLUSIEURS VINS DU DÉPARTEMENT DES PYRÉNÉES-ORIENTALES, par M. BOUIS , professeur de chimie. Quelques essais sur l'alcoolicitc de liqueurs fer- menlées, faits, d'aboi cl sur la demaudc des conlri- butions indirectes et ensuite continués pour mieux généraliser des résultats obtenus , m'ont mis à même de dresser un tableau comparatif" de la puissance al- coolique de la plupart de nos vins. Des essais dans le même genre ont été déjà publiés par d'autres expé- rimeniaieurs, également désireux d'éclairer un sujet si important- dVenologie. Ainsi, dans le numéro sept du l)ulletin de la Société d'agriculture , arts et commerce des Pyrénées- Orientales (novembre 1821 ), il y a une série d'essais sur nos vins, publiés par i\l. Jaubert de Passa , qu'il faut toujours signaler cbaquc fois que l'on s'occupe de lliistorique de rcclierclies utiles sur le Roussillon, et dans le numéro de juillet 1827 du Journal de Chimie médicale , il y a aussi une suite d'es- sais par M. Julia-Fontenelle, sur la quantité d'alcool des principaux vins de France, en léte desquels sont classés les vins de Roussillon. Comme ces messieurs et tous ceux qui ont opéré sur les vins, j'ai reconnu la variabilité des résultats fournis par les vins d'un même pays, d'un même ter- roir, d'une même vigne; aussi conviendrait-il, pour arriver à une moyenne exacte, de poursuivre pendant plusieurs années et aux mêmes époques les évalua- tions alcooliques des vins fournis à chaque récolle, 8* 116 par le morne lieu. J'espcrc, néanmoins, que mes ex- périences, jointes à celles qui les ont précédées, pour- ront servir à donner des notions un peu plus précises sur celte question. Je ferai observer que tous les liquides dont j'indique l'alcoolicité m'ont été fournis par des propriétaires, etque, pour ces vins, j'ai la conviction qu'ils étaient sans addition d'alcool, condition presqu'impossiLlesi on les prend dans le commerce ou chez des négociants en vins, qui n'expédient pas une seule barrique, sans y faire un avinage plus ou moins fort. Les pèse-vins et œnomètres sont construits, sur ce principe, que les vins sont plus légers que l'eau. Dans le Fioussillon les vins liquoreux, comme les vins doux naturels ou cuits sont généralement plus denses que l'eau, et, par conséquent, ces instru- ments ne peuvent fournir d'indication exacte sur la densité de ces vins, et à plus forte raison sur leur alcoolicité approximative. Dans le tableau qui suit, la densilc est rapportée au poids spécifique. Trois volumes de vin, placés dans un appareil dis- lillatoire, ont été distillés jusqu'à concurrence de un volume, et le degré alcoométrique de ce produit a été reconnu, après avoir primitivement évalué avec soin sa température. Tous les résultats indiqués dans ce tableau ont été ramenés à une force alcoolique, à 15° du iherm. C, condition importante que ne doivent jamais négliger les vendeurs comme les ache- teurs en gros d'alcools à différents titres; ils ne doi- vent pas ignorer, en effet, que par degré tliermo- métriqtie au-dessus ou au-dessous de 15° C, il y a une différence en moins ou en plus de 0,4 du degré alcooméiinque. 1*7 DEUXIEME CHAPITRE, s»-^ RAPPORT SUR LES TRAVAUX D'ART A FAIRE A POHT-VENDItES, Par M. LACOMBE SAINT-]\I5CHEL , membre du conseil général. A II SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PERPIGNAN. Messieurs , Voire constante sollicitude et vos travaux, qui ont essentiellement pour but Famélioratiou uialérielle du département, me donnent lieu d'espérer que vous écoulerez avec intérêt un rapport que j'ai été chargé de faire à la commission d'enqucle ayant mission d exa- miner les projets et devis des travaux dart à exécnter à Port-Vendres, pour son agrandissement, présentés par M. ringéuieur en clief^ Rabourdin. 118 RAPPORT. Messieurs, voire rapporteur, avant d'entrer clans 1 examen du projet de M. llngénieur en chei", croit être Tinterprèie de vos seniinienls en exprimant d'a- l)ord ceux de la reconnaissance que nous devons au gouvernement de sa majesté, pour l'iniérèt qu'il ac- corde au département dans son port de Port-Vendres. Les réclamations incessantes du conseil -général, secondées par laciivité des demandes de M. le Préfet, ont été accueillies par le Directeur-général des Ponts et Chausîécs. Son esprit de justice ayant reconnu toute l'importance de notre port va, par les travaux projetés, le faire sortir de l'oubli où il est resté jus- qu'à ce jour, et donner ainsi la vie à une contrée dont les habitants sont dignes de la bienveillante sollicitude du gouvernement. A une époque encore peu éloignée de nous, ovi le commerce maritime effectuait ses transports sur de petits bâtiments, les ports destinés à les recevoir, quelle que fût leur peu d'étendue, suffisaient à tons leurs besoins; mais à mesure que leur tonnage s'est accru, l'espace s'est pour ainsi dire resserré, et tel port qui jusqu'alors s'était trouvé assez spacieux, est devenu petit. Si, à ces considérations, on ajoute celles qui se rattachent directement à Port-Yendres, résultat de sa position géographique, comme port de relâche pour les navires venant du détroit, et des- tinés pour Marseille, mouillage d'autant plus fré- quenté que son beau phare dorénavant l'indiquera aux navigateurs; comme lieu de station et de ravi- taillcmeat pour la marine militaire, et comme le MO point le plus rapproché de rAlgérie, ou rccounaîlia que ce port est insuffisant à toutes les exigences de son avenir commercial; dès lors il est nécessaire que lart vienne l'agrandir. Ainsi vont élre repris des Ira- vaux ordonnés dans le temns par M. le maréchal de Mailly. Deux bassins avaient été tracés; M. ringénicur en chef, opérant sur un terrain où devait élre construit celui situé à loucst de la Presqu'île, a présenté à Tadministralion un projet qui satisfait à lailente du pays. Ce projet , où le talent et Tcxpérience de Ihom- me spécial se trouvent réunis, prouve tout l'intérêt qu'il porte au département dont il est charge de di- riger les travaux publics, et qu'il est pénétré des besoins de l'époque. Des sondages ordonnés par M. l'ingénieur en chef ne présentent que des terres d'alluvion à une pror fondeur plus que suffisante; ainsi la direction-gé- nérale des ponts et ciiaussécs acquiert la certitude qu'aucun obstacle de terrain ne viendra contrarier ces importants travaux. Le projet, qui se compose d'un bassin à flot, de trois cales de construction, d'un plan de carénage, d'une machine à mater, d'un bassin jtour les bâti- ments en quarantaine, entouré de son lazaret, et d\iu emplacement pour y construire une nouvelle ville, pourvoit à tons les besoins de la navigaiioa. La réalisation de tous ces travaux fera de Porl- Vendres le port le plus vaste et le plus a]. proprié aux mouvements du commerce maritime;, parnù tous ceux que possède la France, Marseille excepté, sur le littoral de la Méditerranée. M. Tingénieur en chef, reconnaissant que la ma- 120 rine militaire doit avoir aussi a Port-Vendres ses éta- blissements, laisse à sa disposition les terrains situés au sud de la Presqu'île, affectés dans le temps au second bassin indiqué dans les plans de M. de Mailly. Une lii;;ne traçant le périmètre de ces terrains, donne iine surface de 30,000 mètres carrés, formés, comme ceux de 1 ouest, de terre d alluvion, à une profondeur suffisante au plus grand tirant d'eau; moitié de celte surface sera occupée par les quais et les bâtimenls publics. L'opinion personnelle de M. ringénieur, établissant la facilité des constructions, attirera sans doute l'at- tention du gouvernement; elle est digne, par sa por- tée, de fixer les méditations de riiommc d'état. Re- venant successivement sur cbacune des parties du projet^ je suis beureux de déclarer d'avance que l'éloge seul servira de base à mon examen. BASSIN DESTINÉ AU COMMERCE. Ce bassin a une surface de 41,035 mètres carrés, et sa hauteur d'eau suffira, même à basse mer, pour permettre aux navires d'un fort tonnage de prendre chargement à quai. L'opinion émise par M. l'ingé- nieur en chef, de briser le moins possible les lignes droites des quais, doit être approuvée : on ne doit point reculer devant un surcroît de dépenses que nécessitera l'extirpation des rochers renfermés dans renceinie du bassin , dépenses qui donneront en compensation des matériaux propres à bâtir. La distribution des cales ou embarcadères, cl leur nombre suffisent au service des embarcations. La largeur des quais pourvoira à tous les besoins 121 du port, sans jamais causer denconibrenient, et To- bligalion imposée aux propiiéiaircs de paver en avant dej» magasins sur une largeur de deux mètres, étant connue d'avance, sera une charge à comprendre dans les Irais de construction de ces magasins. CIl.iHTIERS ET ATELIERS DE CONSTRUCTION. Trois cales de construction sont proposées; elles suffiront pour appeler à Port-Vendres une industrie, favorisée par l'abondance des fers de nos forges et la proximité des bois de construction des forets pyré- néennes. Le plan de carénage sera un établissement d'utilité journalière \ ses dimensions sont suffisantes. La machine à niàier complétant lenseniblc d'un chantier maritime, a son emplacement marqué ; elle épargne des frais au commerce pour le mâtage des navires; mais elle n'est pas indispensable: sa cons- truction dès lors peut être long-temps différée. Enfin, l'espace réservé à la construction des ateliers permettra de bâtir tous ceux qu'exige l'architecture navale. ÈTADLISSEilENT SÀNITAinB. De tous les établissements que réclame Port-Ven- dres, un lazaret est un des plus importants, je dirai mcme indispensable pour y amener les navires sou- mis à une quarantaine d'observation. Son isolement est une des conditions essentielles de sa construction. M. l'ingénieur en chef la senti; aussi présente-t-il un projet qui a le mérite de réunir un bassin à flot aux locaux nécessaires, ansquaranlcnaires et àrcnniiaga- 122 sinage des marchandises ; il reutonre d'un mur de clôiure, éloignant ainsi loule idée d'une infraction sanitaire, en facilitant une surveillance très exacte et très sévère. La disposition de détail n'oublie rieu et suflit à tous les besoins. Avant de continuer l'examen du projet, il est , je crois, nécessaire de rappeler le V(fiu formulé par la commission dans sa première séance, de soustraire les terrains compris dans la zone des servitudes mili- taires relatives à la Presqu'île, aux obligations qu'elles imposent; elle le recommande à tout l'intérêt de M. le Directevu'-général des Ponts et Chaussées. Tant que cesservitvules pèseront sur ces terrains, personne n'o- sera bâtir; la consiruclion même du lazaret éprouvera des obstacles, peul-éire même cet élablis'iemenl ne pourra être construit. Ainsi le port sera privé des avantages que lui promet le commerce d'importation fait avec des contrées souvent soumises à des quaran- taines. FOSTAINE rUBUQVE OU AIGJDE. L'aigadc est un établissement indispensable dans un port, pnis([u'elle fournit seule aux besoins jour- naliers du navire ; elle a maîtrisé toute l'attention de M. l'ingénieur en chef. Il trouvera toujours la quantité d'eau nécessaire à l'aide d'un puits ou d'une fontaine. PROLONGEMENT DE ROUTE JUSQU AUX QUAIS NEUFS. La facilité des voies de communication étant l'àme du commerce, M. Fingénieur a senti combien il iia- poric de les améliorer. Aussi la loiite royale n" 1 14, 123 tlans sa partie comprise enire Collioure et Porl-Ven- tlrcs, (juoi(jue déjà reclifiée, allire-l-elle de nouveau toute son aiieniiou. Le projet qu'il présente pour adoucir les pentes lapides de celte route, à partir de rentrée du port juscju'aux quais du nouveau bas- sin, réduit à 0™045 par mètre, satisfera à tous les besoins du roulage, en lui pernieitant de propor- tionner le chargement des cbarrelles à leur dimen- sion, et lui épargnant l'obligation actuelle des cbe- \aux de renfort. Le (racé de celte roule, passant sur le quai actuel, serait un grave inconvénient, s'il n'était proposé d'a- vancer ce quai, en établissant la fondation de la partie neuve à une profondeur d'environ trois mètres; elle donnera à tous les caboteurs, ordinairement d'un tirant d'eau inférieur à 2"' 50 , la facilité de prendre leur cliargement Ainsi, malgré le rétrécissement du port, le mouvement mariiime y trouvera Tavaniagc de se servir d'un emplacement inutile, jusqu"i ce jour, par l'impossibililé d'y aborder. N ou y ELLE VILLE. Dans des lieux resserrés et accidentés par de fortes pentes, un emplacement uni et d^ine certaine éten- due est difficile à trouver. A Port-Vendres M. l'in- génieur en chef le crée, pour ainsi diie, à l'aide des terres de déblais du bassin, et le destine à la cons- truction d'une nouvelle ville. Ce dernir travail com- ])lète son projet; il était indispensable, parce que l'extension tl'un port, devant produire nécessairement une augmentation de commerce, y amènera de nou- veaux spéculateurs , auxquels il faut donner les nioyens de s'élablir. 124 Dans ce projet de ville, toutes les rues sont cou- pées a. angles droits. M. l'ingénieur en chef n'y a pas oublié la facilité des communications. Aussi, on y trouve des pentes douces, des passages suffisants, et l'obligation qr'il impose de bàlir les magasins, res- tant la propriété particulière, sur un plan d'archi- tecture uniforme, doit obtenir l'assentiment de la commission. M. l'ingénieur termine son rapport par la question : Quel est le terrain qui sera acheté pour l'exécution des travaux? Il y répond en indiquant toute la par- tie occupée par les bassins, les quais, les chantiers de construction, le lazaret et l'emplacement de la nouvelle ville. La commission doit approuver entièrement les rai- sons données par iVI. l'ingénieur en chef, à l'appui de sa proposition; elle doit y joindre son vccu Je plus instant pour qu'elles soient adoptées par le gouver- nement-, car si réconomie pour le trésor est d'utilité publique, l'expropriation pour soustraire les terrains compris dans le périmètre de la ville , au monopole et à la cupidité particulière , ne l'est pas moins , parce que ladminisiraiion maîtresse du sol, le vendra par petits lots, au plus bas prix qu'il sera possible, afin de faciliter les constructions urbaines, but final des tra- vaux demandés. Le projet de M. l'ingénieur en chef se termine par le devis estimatif des travaux proposés. Le chiffre to- tal , quoique élevé , est au-dessous de celui c[u'indique l'opinion publique. Douze cent mille francs consacrés aux améliorations d'un port dont le développement se rattache a tant d'intérêts, ne sont pas une somme trop forte : il faut espérer qu'elle sera demandée avec 125 instance par le directeur-général ; il est assuré d'a- vance d'être secondé par les efforts de notre dépu- tation. Notre illustre et savant coni patriote contri- buerait, au besoin , par la puissance de sa parole, à obtenir la sanction législative que le pays attend avec anxiété. Le succès de sa démarche, résultat de sa haute protection accordée aux intérêts de notre port, réparera les funestes effets de l'oubli dans lequel il est malheureusement resté jusqu'à ce jour. Les habitants des Pyrénées -Orientales ne regar- deront plus avec un reil d'envie les largesses du trésor faites en faveur du port de Cette , tandis que la parcimonie la plus complète , la plus affligeante éialt le lot de Port-Vendres. Enfants d'une même patrie , ils auront une égale part à ses bienfaits ; ainsi s'accroîtra leur attachement pour le roi et pour les institutions sur lesquelles repose son gouverne- ment. Nota. Le bassin doit avoir deux cent quatre-vingt- dix mètres de longueur, cent quarante-huit mètres de largeur à l'entrée et cent trente-cinq mètres de largeur au fond. Sa profondeur, sur une moitié de sa surface, doit être de neuf mètres, pour recevoir les vaisseaux de ligne ; l'autre moitié ne doit avoir que six mètres. Le pourtour du bassin sera levêtu de murs de quai élevés de 1 ■"60'^ au-dessus du niveau de la mer, fondés sur le rocher _, qu'on déblayera pour trouver au moins quatre mètres d'eau au pied de ces murs. Les quais auront vingt mètres de largeur. Une loi du 19 juillet 1837 a alloué, pour les Ira- vaux de Port-Vendrcs, 1,600,000 francs. 126 SUR LA CONSERVATION DES GRAIIVS ET DES FARIA'ES. Par M. GOME ROUFFIA. * Messieurs , Lorsque j'étais employé clans l'adminislration des subsistances militaires, j avais remarqué qu'on avait beaiicoup écrit sur cette partie; mais que ions les do- cuments se trouvaient épars , dans un grand étal de confusion et que personne ne s'était encore occupé de réunir , en un ouvragespécialemenldcstiné àTinsirric- tion des agents du gouvernement, tout ce qui pouvait être utile : j'osai entreprendre celte tache difficile, et j'essayai démettre de l'ordre, de la clarté dans ce qui existait déjà. L'expérience que j'avais acquise par plus de dix ans de service dans le magasin de Perpignan, qui fut un des principaux de la France, me guida pour la formation du manuel de Temployé des subsistances militaires, que j'eus la bonhomie de soumettre en 1826 à l'approbation du minisire de la guerre; il me le renvoya , le 24 février 1827, avec une lettre extrêmement flatteuse , après que la commission qui avait été réunie au ministère de la guerre pour travailler à la composition du règlement des subsis- tances militaires , actuellement en vigueur , eut jugé à propos de s'emparer d'un grand nombre d'ar- 127 lîcles tic mon ouvrage ; ce qui me mil dans limpos- siliilité de le publier. INolre sociélé portant une attention toute particulière à ce qui a rapport à l'a- griculture et à léronomie politifpie , permettez- moi , MM. , de vous faire connaître quelques arti- cles que j'extrais de mon manuscrit et qui concernent les maladies qui attaquent les grains et les farines, les moyens pour les prévenir et ceux qui sont propres à leur conservation. .le hrai ensuite les observations que j'ai consignées dans mon travail sur les moulins et les moutures. Les cliapitres qui traitent de ces parties importan- tes étant très étendus, je me bornerai à ne vous com- muni((uer que les articles dont la publication pourra être d'une utilité plus grande. CONSERfATION DES GRAINS DANS LES GlîEIflERS ; MALADIES DES GRAINS , MOYENS POUR LES PRÉrENlR. On sait que les grains et les farines sont sujets à différentes impressions de l'air , qui leur communi- quent des maladies dont une manutention intelli- gente peut prévenir les effets ou réparer le désordre. Lu agent comptable ne doit jamais perdre de vue un approvisionnement, si surtout il est important; il doit savoir que plus les masses sont considérables, plus elles sont susceptibles de s'écbauffer et de fermenter. Si le grain provient d'une année pluvieuse , qu'il ait contracté de l'iiuniidiié , soit par les transports qui peuvent eu avoir été faits, soit par toute autre cause 128 etqne la saison soit chaude, il est certain que les in- sectes ne manqueront pas de laltaquer et qu'il con- tractera, dans peu de lems, une odeur insupportable et telle , peut être , à ne pas en permettre Temploi. Un conipiable soigneux, ne doit pas attendre que le grain soit dans un pareil état, et même qu'en intro- duisant la main dans le tas , elle éprouve de la cha- leur ; car il aurait subi déjà un commencement de fermentation ; il pourrait être assez altéré pour le ren- dre impropre au service. Les grains, quoiqu'en bon état, ne doivent pas être abandonnés à eux-mêmes; l'agent comptable veillera à ce qu'ils conservent toutes les bonnes qualités dont ils étaient pourvus à leur mise en magasin : ainsi , afin d'écarter de ces grains toute espèce de maladie qui pourrait les attaquer , il leur fera subir les manœu- vres qui sont indi([uées ci-après; savoir: En Janvier 1 remuage à la pelle. Février 1 Idem. Mars 1 Idem. Avril \ Idem. Mai 1 Idem. Juin 1 Idem. Juillet ^ Idem. Août ^ Idem. Septembre... 2 Idem. Octobre 1 Idem. INovembre... 1 Idem. Décembre.... 1 Idem. Dans les pays chauds l'on peut donner jusqu'à 4 pello^cs dans le courant du mois de septembre et 2 dans celui d'octobre. 129 Vingt-deux manœuvres sont indispensables dans lannéc pour les cas ordinaires; mais s'ils venaient à péricliter , ils seraient traites comme il est dit dans le courant de ce chapitre. Dans le cas où le grain commencerait à s échauffer et à contracter une mauvaise odeur, il sera rétabli dans son premier état, au moyen de la dessication au four , à Tétuve ou au soleil. Le blé qui a un principe de germe sera exposé au- dessus du four dansdes claies serrées, il sera reiiuié de quart d'heure en quart d'heure avec une pelle. On lais sera une porte ou une fenêtre ouverte pour donner issue à lliumidité; on pourra mettre le blé au four même, si on n'a pas de pièce dessus, quelque temps aprèsque le pain en aura été retiré ; on laissera la porte entr'ouverle pour en laisser dissiper riiumidilé ,oula mauvaise odeur dont il pourrait être attaqué; on re- muera le blé de dix en dix minutes avec de longues pelles ou des râteaux pour faciliter l'évaporation de l'eau; mais on attendra que le blé soit parfaitement sec pour le tirer du four. 11 ne faut pas le laisser trop dessécher. Le blé ainsi éluvé , on le criblera , avec ratleution de ne le mettre en sacs que lorsqu'il sera bien refroidi; si on l'enfermait chaud , il retiendrait un peu d'humidité, qui, adhérantàla superficie du grain, le ferait bientôt moisir. Au reste, le meilleur moyen de remédier aux grains qui s'échauffent ou qui menacent de s'échauf- fer et de germer, c est de les envoyer promptement au moulin pour les convertir en farine. Le feu do la meule détruit ordinairement toutes les maladies des grains dont la qualité peut-être équivoque. Le moyen le plus efficace pour réparer les grains 9 130 moucheiés, c'est le lavage à grande eau et le tlessè- cLeriient au soleil, à l'éiuve ou au four. Si les blés sont chargés de graines charbonnées , le moyen le plus efficace pour les en dégager , c'est de les laver à Teau courante dans des paniers et de les fijire sécher au soleil comme il est dit ci-dessus, mais cette qualité de grains doit être toujours rejetée , à moins de besoins les plus urgents. Dans les climats naturellement humides ou chauds il s'introduit dans les greniers une foule de papillons, qtii , déposant leurs reufs sur les graines , y engen- drent de petits vers , vulgairement connus sous le nom de cossons et qui en dévorent la substance. Il n'y a pas d'autre moyen de détruire ces insectes, que de les tourmenter par le pellage et le criblage des grains alternativement et sans discontinuer , de- puis le mois de mai jusqu'à celui de septembre et plus long-temps, si le besoin l'exige. Indépendamment de la matière farineuse que les insecte^ dévorent, riiumidilé qui résulte de leur transpiration et de leurs excrémens , communique aux grains une odeur fétide qui rend le pain rebut- tant et peut-être dangereux dans l'économie animale. Il convient donc , après avoir séparé par le crible les insectes ou leurs débris , de laver les grains, de les faire sécher et de les travailler, afin d'en dissiper toute odeur et qualité malfaisante. Tous les remèdes proposés jusqu'ici pour anéantir le charançon, comme les fumigations pouvant plu- tôt vicier le grain que le délivrer des insectes qui le dévorent, ont été insuffisants pour arriver à ce but. Le plus simple, et celui que l'on peut employer quand on veut, sans craindre de nuire aux grains, 131 c'est le criblage et le pellagc qui se fait en jetant ni- tlcment le blé contre le nmr , par le moyen iFune pelle de bois. Cette opération bien faite et répétée à propos , loin iVélre préjudiciable à la qualité des grains , les empêche, au contraire , de s'échauffer et de contracier de 1 odeur. Si \c pellagc et le criblage ne suffisaient pas, pour débarrasser les blés des insectes qui s'y trouvent mê- lés en abondance, il faudrait se servir du four; mais après celle opération, le blé doil être refroidi et cri- blé à plusieurs reprises. il en est qui couvrent les grains de branches de fi- guier, de sureau, de feuilles de tabac, sur lesquelles les charançons et les papillons vont déposer leursreufs; en brûlant ensuite ces branches, ils parviennent à dé- truire ces insectes. Ou a la coutume , dans les fermes, de laisser errer la jeune volaille dans les greniers, dès le moment que le blé y est renfermé, ajirès la récolte-, loin de man- ger le grain , elle dévore les charançons, les papillons et les autres insectes qui s'y trouvent. On a vu en Roussillon des ))ropriétaires employer, pour détruire les papillons et les charançons , un moyen qui est infaillible, mais qui demande des soins et de la peine. Après avoir bien ncltoyé le sol de la rue ou y avoir placé des toiles, ce qui vaut mieux, ils transporlaient au plus haut de leur maison, le blé qu'ils jetaient peu à peu par la fenêtre et par un vent du nord, autniit que possible ; celle opération étant termi- née, ils replaçaient le blé dans les greniers qu'ilsavaient préalablement balayés avec soin, soit du bas, soit des murs, soit enfin des planchers et en refermaient aus- sitôt les fenêtres. 132 Cette méthode tlont nous pouvons garantir les ef- fets, parce que nous les avons vus, ne saurait être assez recommandée. Il est aisé de concevoir , que le blé jelé d'une certaine hauteur, le vent chasse au loin tous les insectes qui lui sont si nuisibles, ainsi que la poussière qui y est adhérente ; le cosson même qui est renfermé dans le grain , s'en détache par le propre effet de sa chute. Les insectes se répandant dans ]es rues et dans la campagne, deviennent bientôt la pâture des poules, des hirondelles, des moineaux et d'autres oiseaux qui les recherchent a\ec avidité '. On emploie, avec succès, en Catalogne l'enfouisse- ment des grains, pour les préserver des atteintes des insectes malfaisants. On donne dans cette province de l'Espagne le nom de siijas et en France celui de silos , aux fosses qui les renferment. Comme ce pro- cédé est bon , nous allons indiquer la manière dont se fait cet enfouissement. Chez les particuliers les sitjas ne sont autre chose que des jarres très grandes; celles qui appartiennent aux marchands de grains ou à l'administration muni- cipale , sont en bâtisse*, d'autres, tout simplement pratiquées dans le sein de la terre , sont tapissées de nattes de sparte ou de paille longue de seigle sou- tenue par des chevilles de bois; le fonds est fait de la même manière, mais cependant un peu élevé du sol par des planches. Après s^étre assurés que ce tra- vail est bien fait , ils criblent les grains pour les dé- gager des insectes et de la poussière qui poun-aient y être adhérents et les placent ensuite dans ces fosses qu'ils recouvrent de nattes , de planches et de terre. «C'est presque toujours dans les villages et dans les fermes que de pareilles manœuvres sont mises en pratique. 133 Cet enfouissement a lieu ordinairement en juillet ou août, et le grain n'est retiré qu'en octobre et novem- bre*, après quoi il est criblé de noiiveau pour en sé- parer la terre qui s'y est i\écessairement introduite. Indépendamment de ee que le grain se conserve très bien dans ces fosses, les insectes ne l'endomma- gent point et ceux qui pourraient y être restés péris- sent par la privation de l'air. Il arrive tiès souvent que les grains expédies par le canal, étant mis en rame dans les barques, faute de sacs, s'y imprègnent d'une certaine bumidité qui peut leur être préjudiciable, en les disposant à une fermen- tation prochaine. On prend des moyens pour la pré- venir lorsqu'ils sont arrivés à leur destination. Le garde magasin qui se trouvera dans le cas de re- cevoir des grains par le canal , doit se biUer de les faire étendre à trois ou quatre pouces de hauteur; il les laissera dans cette position plusieurs jours, en ayant soin de les faire remuer et criblera diverses reprises* Enfin nous terminerons ce cbapilre par dire , que, dans les chaleurs excessives et lorsqu'on est menacé d'orages , un agent comptable doit redoubler de soins; il fera souvent remuer le blé à la pelle et au crible , dans la crainte que le grain, recouvert d'humidité, il ne lui arrive ce qu'on voit arriver à certains corps fer- mentescibles qui passent à la putréfaction avec une rapidité étonnante: il s'agit donc dcficiliter l'évapo- lation de cette humidité, en déplaçant le blé, en obli- geant une colonne d'air frais et sec à traverser les cou- ches , en changeant et en renouvelant celui qui se tiouvc interposé entre chaque grain. 134 MANIÈRE DE DÉPOSER LES FARINES EN MAGASIN ; MALADIES DES FARINES ,' MOYENS POUR LES PRÉVENIR ET POVR Y REMÉDIER. Les farines, ainsi que les grains , ont leurs mala- dies : elles s'échauffent , elles se marronneni ; enfin elles contractent un mauvais goût et se gâtent tota- lement. Il est facile de prévenir ce dernier état par une at- tention continuelle aies guérir des premières attein- tes qu'elles reçoivent. Le premier de tous les remèdes, pour des farines qui commencent à s'échauffer, c'est de les mettre en couche dans un grenier carrelé et hien uni , ou sur un plancher dont les joinis soient Lien serres. On les man(euvre ensuite légèrement et on ne les remet en sacs que lorsqu'elles sont entièrement rafraîchies , avec l'alteniion de laisser toujours des cheminées dans les sacs , c'est-à-dire des trous formés par un gros Lalon ferré par le Lout qu'on enfonce jusques au fond du sac. Les sacs alors sont sur cul, séparés les uns des autres et rangés de manière qu'ils ne se touchent point et qu'ils )ie soient pas trop près de la muraille. Si les farines se marronnent, il faut, comme il est dit ci-dessus , les mettre sur couche , en écraser les marrons avec des masses ou un gros houlet que l'on fait courir par dessus. Le Llutage de ces farines, si elles ne sont pas hhitées , ou un second si elles le sont, les refait totalement ; elles peuvent , ainsi ré- parées, se conserver encore quelques mois; mais il serait prudent de les mettre bientôt en consomma- 135 lion. Si on les remel clans des sacs, il faut pratiquer ce qui est dit en Tarlicle précédent, au sujet des fa- rines qui s'échauffent. Il y a plusieurs niclhodes pour placer les farines dans les magasins; nous allons les parcourir et présen- ter les inconvénients et les avantages des unes et des autres. L'air pénètre plus facilement dans la masse des fa- rines en rame et celles-ci laissent exhaler une portion de f humidité qu'elles renferment. Cette dessicaiion insensible fait que la farine se détache mieux de l'é- corce et se blute plus parfaitement. Mais le son qui séjourne ainsi dans les farines leur communique du goût et de la couleur ; la mite s'y met facilement, et si les grains proviennent d'années humides, et qu'il fasse chaud, la farine ne tarde pas à s'altérer; souvent même cela arrive dans deux fois vingt-quatre heures '. Après que la farine a été blutée , on la répand en couches ou en tas sur le carreau ou le plancher du magasin , avec la précaution de la remuer de temps en temps et même tous les jours, quand il fait chaud, afin d'empêcher qu'elle ne contracte de lodeur, de la couleur et qu'elle ne se marronne. Celte méthode est exposée à plus d'inconvénients ([ue celle de laisser les grains en couche , parce que la farine, une fois salie par toutes les ordures et tous 'Beaucoup de personnes croient que le son conserve les farines et les l)onifie ; elles sont dans l'erreur. Le son , au contraire , tend à échiiuffer la farine; lui communique du goût et est cause, comme il est dit ci-dessus , que la mile l'attaque dans peu de jours. On ne doit laisser le son confondu avec la farine que le temps nécessaire pour qu'il s'en détache aisément: c«* temps est à peu près de 8 jours en été et du double en hiver. 136 les insectes qui y ont accès, ne saurait être nettoyée par aucun moyen, tandis que par celui du criblage on rend le grain net et débarrassé de tontes matières étrangères. 11 résulte de celte méthode de mettre la farine en garène , des déchets et des frais de main- d'œuvre, pour empêcher que ces corps étrangers , nuisibles à la santé du consommateur et à la conserva- tion de la denrée, n'augmentent les dispositions na- turelles qu'elle a à s'^échauffer et à fermenter. Au reste, ces deux méthodes occasionnent des dé- chets considérables d'cvaporation. La méthode de placer les farines en sacs empilés est préférable aux deux premières, parce que les dé- chets de manœuvres sont de très peu d^importance ; que la poussière, ne tombant que sur la toile, ne pénètre pas aux farines et que les insectes ne les souillent ni de leurs œufs, ni de leurs ordures. Cependant si les sacs sont trop entassés les uns sur les autres et que les chaleurs soient fortes, il est cer- tain que les farines s'échaufferont ou se marronneront, parce qu'elles n'auront pu être convenablement ma- mcuvrees. De toutes les méthodes de conserveries farines en rame, en couche et en sacs empilés, la meilleure est celle des sacs isolés ; mais il faut que les localités le permettent. La farine ainsi subdivisée ne perd pas de ses qualités, comme lorsqu'elle est amoncelée en grandes masses; elle réunit, au contraire, autant d'a- vantages que les auiresont d'inconvénients : ainsi divi- sée par petites masses, la farine n'est plus exposée à s'é- chauffer, comme quand elle est amoncelée à l'air; elle se sèche et devient moelleuse en vieillissant, et d'un travail plus facile ; elle produit plus de pain. 137 Les farines, quoique renfermées dans des sacs, peu- vent s'échauffer, si ceux-ci sont trop entassésles uns sur les autres ; on s'en assurera , surtout dans les temps chauds ou orageux -, par l'introduction de la main dans les sacs. Si la farine du milieu et du fond est aussi fraîche (pic celle de la superficie, c'est une preu- ve qu'elle ne souffi e point ; mais s'il en est autrement, on déplacera les sacs, on les i^enverseracu/jur gueule, ou bien , après qu'ils auront été déliés, on y enfon- cei'a le manche d'une pelle jusqu'au fond pour y for- mer des cheminées qu'on renouvellera en faisant a côté des trous perpendiculaires, depuis rorlfice jus- qu'au bas du sac qu'on laissera ouvert. Les farines veulent de la fraîcheiu- sans humidité, et la trop grande chaleur pourrait leur nuire j aussi préfère-t-on pour les placer les étages d'un bâtiment à ses greniers; mais si l'on ne peut se procurer des locaux bons et salubres , la surveillance d'un agent comptable zélé et qui connaît ses devoirs, peut parer à bien des inconvénients. On met les farines en rame ou en garène , lorsqu'un magasin n'est pas assez pourvu de sacs , ou que les localités ne permettent point de les disposer différem- ment. Avantde les arranger ainsi, on fera effectuer au magasin destiné !i leccvoir les farines, les réparations convenables; c'est-a-dire qu'on fera réparer le carreau s'il en a besoin , et fermer les irons et crevasses des murs pour les motifs qui ont été déduits plus haut. On lialaycra avec soin le magasin dans toutes ses parties , on ne fera point toucher les farines aux parois ; et l'on pratiquera plusieurs passages ou cor- ridors à la meule des farines ,afin que l'air puisse les pénétrer facilement. Si l'air est humide, on fermera 138 les fenêtres , et si la chaleur est trop forte , la plus grande obscurité doit régner ilans le magasin*, mais le soleil tonil»ant, et par conséquent la chaleur, on rou- vrira les fenêtres ([ui seront toujours fermées pendant la nuit. Si Ton pouvait disposer de toiles ou de vieux sacs, l'on ferait très bien de les mettre par dessus la masse des farines, afin de les garantir de la poussière et des ordures que pourraient y déposer les rats et les insectes. Lorsque les magasins ne sont pas propres à conser- ver les farines en rame ou en garène, ou que Ton peut disposer d'un nombre de sacs nécessaires pour renfer- mer les farines, on les mettra en piles. Ces piles se font ordinairement de dix sacs, qui sont placés en sens opposé les uns siir les autres; c'est-à-dire , que si les deux qui sont à la base font face par la gueule à celui qui les arrange, les autres deux doivent être mis en travers sur les deux premiers et ainsi de suite jusques à l'entière formation de la pile, qui, par cette disposi- tion , présente un carré et est phis accessible à l'air qui la frappe de tous côtés ainsi que dans l'intérieur. On aura soin de ne pas faire toucher les sacs au mur et de les placer sur des soustraits de fagots ou de bois, pour que l'humidité du sol ne les endommage point. DES MOULINS ET DES MOUTURES. Les moulins à eau sont les meilleurs et ceux qui pi'oduisent la plus belle farine, s'ils sont bien conduits. Il faut se méfier d'un moulin qui va fort , et d'un meunier qui expédie beaucoup de grain à la fois. Les meviles doivent être allégées, en ne leur donnant que la quantité de grain relative à leur force et en dimi- nuant la violence du moteur. 139 Les effets de raclion trop vlolenie des meules sur les grains, resseinblenl à ceux que le feu leur fait éprouver; la farine qui en résulte est piquée, rou- geàlre ; elle mollit au travail et donne un pain sans goût. Il est impossible, malgré tous les moyens mis en usage pour refroidir une farine sortie brillante d'entre les meules , de lui rendre sa première qualité. Les moulins sur bateaux, qui suivent la crue ou la baisse des eaux sont, sans contredit, les meilleurs, parce que les meules ont constamment le même mouvement. La farine qui en résulte est plus régu- lière que dans les moulins ordinaires à chute , dont les meules éprouvent une variation selon Tabondance ou la pénurie de Teau , selon les talens du meunier à diriger le mouvement des meules. Les moulins à vent ont l'inconvénient de ne pas aller d'une manière régulière; la farine qu'ils produi- sent nest jamais aussi bien faite que celle qui résulte des moulins à eau, et le déchet qu'ils donnent est très fort. Les moulins mus par des animaux ou par des hom- mes sont les plus défectueux de tous; ils ne sauraient être employés pour le service, à moins de nécessité absolue, parce que, non seulement la farine qu'ils font est mauvaise et doit être presque toujours remou- lue; mais encore ils produisent un déchet immense. Cependant on se sert en Catalogne , où le peu de rivières qu'il y a sont à sec une grande partie de l'an- née, de moulins de cette espèce qu'on appelle tao- nas. La mouture qu'ils font est assez bonne ; il est à supposer que la nécessité a forcé les habitants de cette province à perfectionner ces moulins qui paraissent être assez bien entendus. 140 On a établi depuis peu des moulins a vapeur ; ils peuvent éire avantageusement employés dans les forts et places de guerre, en cas de siège. Les moulins à l'anglaise , par leur simplicité , la multiplicité des tournans placés dans un espace resserré et les hennés farines qu'ils pj-oduisenl, sont à préférer à tous les moulins de quelque nature qu^ils soient. Ils donnent de trois à trois et demi pour cent de farine de plus que les moulins à la française. Par ces moulins on obtient la moulure à la grosse perfectionnée; la meule écure très parfaitement le son sans le briser. On appelle mouture à la grosse , l'action de briser le grain d'un seul coup de meule, sans trop clierclier a écurer le son; mais aussi sans séparer les différentes parties de la farine, chose que l'on obtient dans l'au- tre mouture par une certaine disposition des meules et par un moulage ré|>été quatre ou cinq fois. La mou- ture à la grosse confondra donc un peu de son avec la farine; mais elle laissera dans celle-ci toutes les parties esseniielles du grain dont l'autre procédé fa- vorise la soustraction. Expériences. — 100 tilo. de blé étant mis en mou- ture économique, donnent au l*' coup de meule 40 kilo, de farine dite de blé. 2e 19 Id. de l^"" gruau. 3<^ .. . 10 IcL de Q^ gruau. 4" 4 /^. de farine 3'^. 5e 3 Ici. de farine 4". Total 76 Son 22 Décliei 2 Quantité égale... 100 141 La même quantité de blé étant mise en mouture à la grosse, donne : farine brute... 98 kilo 5 Décbet.. 1 1(1. 5 Total égal 100 La meule économique ne tourne pas plus de- cin- quante fois par minute; La meule à la grosse fait 70 tours; à 80 tours de la meule à la française , toute farine est brûlée. Le grain de la meule est plus gros pour la mouture économique; il est d'autant plus fin pour la moulure à la grosse, qu'on se propose de moins bluter la farine. La mouture à la grosse a été perfectionnée par l'a- doption du procédé des anglais. Parce procédé, la meule tourne cent quinze fois par minute , sans au- cun inconvénient. 142 SUR Ulf ÉTABLISSEMENT MONÉTAIRE EN CATALOGNE ET CONSIDÉRATIONS SUR LA REFONTE DES ESPÈCES DÉCIMALES NON AFFINÉES. Par M. GROSSET, commissaire du roi près l'ancienne monnaie de Perpignan. La Catalogne, par sa position géographique, la ri- chesse de ses produits, l'importance de ses villes, de ses ports et le caractère essentiellement mercantile de ses Labiiants, dont la frontière de terre et de mer facilite les opérations commerciales , a été , de tous les temps, appelée, par l'esprit entreprenant de sa population, à jouer un grand rôle dans les di- | verses phases de la monarchie espagnole. ' L'histoire a consigné la part que cette province a prise dans les guerres dont elle a été le théâtre; des mémoires d'économie politique ont fait apprécier ses ressources '*, mais ce qui, je crois, n'a pas été cons- taté, ce qui n'a pas été peut-être apprécié sous son véritable point de vue, ce sont les essais divers qui ont été faits pour établir dans la Catalogne une fabri- que de monnaie. Depuis 1818, ces essais ont été plu- sieurs fois renouvelés. > Barcelone balance , par ses rapports commerciaux , les princi* pales places de la Méditerranée. 143 Dans un mémoire publié en 1836 ', j'ai indiqué les causes qui nécessitèrent, en 1808, la création de fabriques de monnaies ; j'en ai décrit le nombre , l'im- portance et la durée. Mais ce qui n'a pas été dit et ce que je dois signaler ici, parce que des faits pareils honorent le nom français et celui de la junte indé- pendante qui nous disputait la conquête de la pro- vince de Catalogne , c'est la fidélité avec laquelle les parties belligérantes respeclèrent , dans les pièces d'or et d argent mises alors en circulation parles éta- blissements de Barcelone et de Reus, le titre des monnaies péninsulaires. La paix de 1815, en portant les vues de l'Es- pagne vers les Amériques , ne permit pas de s'occu- per de l'administration intérieure du pays ; toute la pensée du gouvernement éiait de diriger des corps d'armée vers Cadix , la Corogne, etc. , et d'en activer l'embarquement pour ses possessions d'outre mer. Cependant, au milieu de celte préocciq^ation, un homme était appelé à cicatriser, en Catalogne, les plaies d'une invasion désastreuse ; c'est le capitaine général Caslanos. Que l'on consulte la balance de nos exportations pendant l'administration de cet ha- bile gouverneur , que l'on vérifie l'époque de l'ou- verture des établissements industriels dans cette pro- vince, et principalement à Barcelone, et l'on verra si Caslanos ne comprit pas sa haute mission. Ce gouverneur voulut aussi ouvrir une monnaie à Barcelone et y appeler, malgré les préventions qui exisiaienl contre les français, un homme étranger à • Des établissements monétaires de Catalogne et de leur influence sui In guerre de 1808 , par M. Grosset , commissaire du roi près la monnaie de Perpignan, i836. 144 la province et d'une spécialiié reconnvie. Des propo- sitions furent Hùles à un dirccleur de la fabrication dune monnaie du midi ; on offrit de faire lacliat de tout le matériel monétaire et d'accorder un privilège pour vingt ans : le directeur n'accepta point ces of- fres '. Quelque temps après on insista encore , mais ces nouvelles propositions se trouvèrent paralysées par les événements militaires survenus à 1 île de Léon. Cette dernière révolution et la guerre de 1808, virent former, dans une des Iles Balcn/rs , une petite fabrique de monnaie qui frappa des piastres de 30 soui », ainsi que des pièces de 5 pesetas , ( 5. P. ). Il reste à concevoir comment on choisit cette île , isolée de tout rapport commercial et politique, pour ouvrir un établissement que le continent seul pouvait ali- menter, alors surtout que Barcelone, comme point central , réclamait des livraisons journalières d espè- ces monnayées. Il faut l'avouer, l'existence d'une monnaie à Pal- ma, pendant celle période, ne pouvant peut-être se jusiifier, surtout après les pièces dont le litre est connu, est un fait grave dans l'histoire contemporai- ne. A-t-on voulu, pour augmenter les bénéfices de la fabrication , en respectant toutefois les ordonnan- « II est à croire que la perspective de la refonte des écus de 6 liv, , et l'affinage des lingots dorés, qui se faisait déjà par l'acide sulfurique, et que le directeur achetait à des prix très avantageux , contribuè- rent à ce refus. » J'ai une pièce qui a été frappée dans cette île en i8îi ; le nom du souverain est écrit par abi éviation comme aux pièces livrées pen- dant le siège de Girone, en 1809 (I-'R») (VII); la valeur est en toutes lettres , le revers porte au centre les armes de Palnia avec un léger ornement, ainsi que la devise suivante : SALUS POPULI; le gréuetis et le cordon sont réguliers. 145 ces qui fixent le litre de la peseta, créer un multiple égal à la piastre ? Voilà ce qui paraît cliflîcile à expli- quer- cependant je suis d'autant plus porté à le croire, qu'aux îles lîaléares cinq pesetas ( valeur nominale donnée à quelques unes des monnaies qui y furent frappées ), ne représentent ni la piastre majorquinc ni ses divisions. Les événements politiques qui amenèrent la chute du gouvernement de cette époque, virent cesser les fabrications monétaires de Palnia. Telle est la deu- xième période des fabriques de monnaies de Cata- logne. Depuis 1837, un hôtel des monnaies a été de nou- veau ouvert à Barcelone. Le commerce de cette ville, si actifet si entreprenant, ne paraît pas être interve- nu dans sa création^ f[ui appartient à la junte provin- ciale. C'est un fait digue d'ctie signalé que de voir les fabriques de monnaies de Catalogne s'organiser au milieu des diverses commotions poUtiques qui ont déchiré cette province. On conçoit, en effet, que dansées moments de perturbation, où les charges de l'état deviennent si pesantes, la propriété, privée de ses revenus et frappée de contributions nouvelles, se trouvait dans la nécessité de chercher à se défaire des objets d'or et d'argent pour subvenir aux taxes de toute nature qui l'atteignaient \ mais on concevra aussi que ces établissements monétaires obsidionaux , si je puis m'expiimer ainsi, devaient cesser leurs travaux avec les causes qui en avaient fait solliciter la fonda- tion. Voilà pourquoi Lérida, Girone, Reus , Tarra- gone , Barcelone et Palma , en livi'ant des monnaies obsidionales , ont rempli les conditions de leur exis- tence. Voyons maintenant si la monnaie qui vient 10 U6 d'être ouverte à Barcelone porte avec elle un germe de vie qui puisse se développer. On ne peut douter que Barcelone ne renferme , par sa position privilégiée, tous les éléments de succès qui doivent faire prospérer vin établissement moné- taire. Baignée par la mer, ayant des services réguliers depaquebotsà vapeur qui sillonnent la Méditerranée dans tous les sens, cette ville peut lier des affaires, pour le commerce des matières dor et d'argent, sur tous les points. Les frais de déplacement , la perte d'intérêt, les risques qui accompagnent toujours, en Espagne, les envois d'espèces par terre, toutes ces charges disparaissent^ en partie, devant la célérité des moyens de locomotion qui sont déjà en activité. Si à ces puissantes considérations , j'ajonte les besoins incessants de numéraire qu'éprouve l'Espa- gne, et qui, avec un directeur habile , inspirant la confiance, peuvent donner lieu à des opérations combinées avec le commerce, sera-t-il permis d'appré- cier la limite qu'atteindra la fabrication monétaire ? Ainsi Barcelone doit être considérée, dans un ave- nir plus ou moins éloigné , comme un marché rival de celui qui se fait à Marseille sur les matières; mais pour obtenir ce résultat , il faudrait , en mettant l'établisse- ment au niveau de la science , soit sous les rapports de la mécanique et de la métallurgie , ne pas circonscrire le directeur de la monnaie de Barcelone aux seuls frais de manutention des madères qui lui sont livrées '. « La création d'un établissement monétaire , en Catalogne , conçu sur »ine grande échelle, offrirait indépendamment des avantages que j'ai déjà cités, s'il était bien dirigé, pour un p:iys qui a constamment besoin de numéraire, tous les avantages d'une banque de dépôt et de circulation. 147 Malgré toutes mes démarches pour connaître la vie intérieure de la nioanaie de Barcelone, et Tinierven- tion officieuse de plusieurs maisons de commerce , je n'ai pu me procurer qu'un simple tarif ' : le voici comparé à ceux qui ont régi ou qui régissent les éta- blissements monétaires français. ' Le commerce franrnis paraît être intéressé à connaître toutes les conflitions qui rc'yleiit cet établissement ; combien de jours faut-il pour obtenir la contre valeur des matières versées ;iu tluuiye ?Esl-ce dans quinze jours comme cela est arrivé quelquefois à nus négo- cianis , est-ce dans cinq jours comme cela pounait étte? le tarif actuel ne fléchit-il ])as de sa rigueur pour les versements effectués selon l'impoitance des valeurs remises ? La manière dont les essais sont constatés, pour la délivrance des es- pèces mises en circulation, mériterait également d'être connue; il de- vrait en être de même pour le mode d'essai, ainsi que pour quelques autres détails de la fabrication. Ces divers renseignements , qu'un homme spécial pourrait seul se procurer , seraient très importants pour nos transactions commer- ciales , parce qu'ils établiraient le degré de confiance qui doit être accordé à une monuaie dont les opérations ne sont soumises à aucun contrôle central , et dont les bénéfices sont appliqués , tantôt aux frais de la guerre, ainsi que cela paraît être maintenant, tantôt à des charges municipales , comme cela est arrivé pendant l'existence de cette monnaie en 1808. La monnaie de Barcelone , ayantlivré des pièces en or de 80 Iîv,il serait important de connaître si les ordonnances, sur les espèces en or mises en circulation , ont été observées avec autant de (iilélité que le titre des quadruples nouvelles de Charles iv , etc , dont chaque pièce , et ses sous-divisions accusent un titre qui olfre des varia- tions de 0,020 au moins; bien que Bonneville attribue cette variation à de fausses pièces en or jetées dans la circulation , je n'en aersiste pas moins , avec des autorités non moins respectables , dans ce que j'ai dit relativement aux monnriies d'or de l'Espiigne. (Voir Altès , mémoire sur les établissements monétaires de Catalogne, etc., déjà cité.) EnGn il importerait encore de connaître la force des fabiications depuis l'ouverture de la monnaie de Barcelone, ainsi que la nature des pièces livrées. 10* 148 J II o> a o o i* a >o . o f o O a o PS o o •o o o o o s o ^ o rt o" « o s " 3 n .Ë 00 s V o '- f 1, ce -S 2 (A ._ro fi, a « " . u 6.: 3 s t. •^ 3 o J 140 SE H O tu < < il, ù. H 1 ^ ■< q u !- *; p. ■< b: :3 Ht < 00 '5 3 Q o5 C. ) , par once pour chaque grain qu'il y aura en f) maravedis ( soit 5 fr. gi c. ) rabais de leur valeur nominale, tout autant cepen- au change aux mêmes conditions, mais avec une lour leur valeur réelle ( iutrinseco ) , en ue prccomp- > te c .n in □ 1 O 3 in U4 O o « < < > Kn décimales, (i) o La valeur à payer augmentera ou diminuera de 3 maravedis ( soit o. fr. plus ou en moins ( o,oo3 ). Cliafjiie adarme d'or contenu dans une once d'argent se payera 22 Rv. i Les quadruples des province» d'oulre-iuer , seront prises à 1/2 p. cent de dant qu'elles auront le poids légal ainsi que le titre. Les monnaies d'aigeut des mêmes provinces d'outre-mer , seront versées perte de 2 p. cent. Qu.iiit aux monnaies éiiangères , elles seront également reçues au change tant que les faibles droits de fabrication ( pequenos derechos de fabricacioi V) > r. X 3 ^ 1 o> H -3 co a 'o o %> M -3 150 Toutes les opérations monétaires ayant besoin pour se réaliser de la paix intérieure, il serait difficile de rien préjuger sur les travaux de la monnaie de Barce- lone, Cependant si jamais le crédit, ( et les conditions en sont connues), venait à se développer, Barcelone profiterait nécessairement de tous les avantages de la richesse des produits agricoles et des industries nais- santes qui, en prenant plus d'essor, y appellei'aient des capitaux nouveaux. Si à tous ces moyens de prospérité pour un hôtel des monnaies venait se joindre , en Espagne, l'adop- tion du système décimal et de l'essai par la voie hu- mide , alors la moindre variation dans le change , permettrait d'opérer sur les valeurs monétaires de la France: les pièces de cinq francs, antérieures à Taf- finage , pourraient donner lieu â des affaires consi- dérables, dont les frais seraient couverts ; savoir: I^Par le prix de la pièce de 5 francs fixé à 19 R'. ; 2» Par les 0,004 d'argent qui se trouvent hors des tolérances légales de l'essai par la voie humide ; 3» Par le '/ooo d'or environ, contenu dans les es- pèces en circulation antérieures a 1830. Sans doute les monnaies n'étant que le signe repré- sentatif d'autres valeurs, un état ne s'appauvrit pas en raison des envois faits sur les places étrangères ; mais lorsque ces métaux monnayés sont donnés pour une valeur moindre que ce qu'ils valent intrinsèque- ment, et que cette différence n'est pas mise en ba- lance et comptée comme valeur, alors ces états se constituent en une perte réelle. C'est ainsi que la France, secondée par ses éiablissemculs monétaires 151 Pyrénéens', a opéré pendant long-iemps avec bonheur sur la quadruple ei la piastre; c'est ainsi que l'Espagne est appelée, si la France ne se bâte de icfondre les monnaies décimales, à voir toutes les pièces de Fem- pireetde la restauration éire l'objet d'opérations très lucratives qui amèneront leur émigration , et qu'on nous renverra peut-être coulées en lingots, moins lesy.ooo d'argent et le /, ooo d'orquon aura bénéficiés. Enfin je dirai, sans crainte d'être démenti, que le commerce français est intéressé à connaître l'établis- sement monétaire ouvert à lîarcelone, les léglcments et les instructions particulières qui le régissent , la manière dont la fabrication s'y trouve dirigée , tant sous les rapports de la manutention et des opérations de change qui se lient naiurellemenl aux émissions de monnaies nouvelles, (juc sous celui du titre accusé. Dans un moment où le gouvernement s'cncpiicrt de tous les besoins, où des missions scientifiques attes- tent la haute civilisation de la France , il est digne de MjM. les Ministres des finances et du commerce , de connaître dans tous ses détails un établissement mo- nétaire ouvert h nos portes et qui peut être appelé, d'un moment à l'autre , à opérer sur nos espèces dé- cimales non billonnées =. •Voir l'Aunuaiie des Pyrénées-Orientales, anuée i834 , publié par M. Alzine , p. 382. ' Tout le nioiule sait que par suite des divers triages que les chan- geurs font subir, à P-u is, aux espèces dtciiiialesanléi ieures à la refonte des écus de (> liv. et à i'ariinjge , et offrant p.ir conséquent les con- ditions de valeur que i'.ii indiijuées, le faiMage des pièces de 5 fr. est déjà très sensil)Ie dans les sacs soumis à cette o|iération. I^e gou- vernement ne devrait-il peut-être pas s'einpaierde cette différence de valeur , pour la consacrer à la refonte des pièces décimales d'ar» geut non affinées , afin d'obtenir , pour toutes les monnaies en cir- culation , un même poids et un même titre ?... 152 APPENDICE. J'ai cru devoir faire suivre cette note sur un établis' sèment monétaire en Catalogne^ du dessin des diverses pièces de monnaie qui viennent d'être frapjDees à Bar- celone , et conipléier la publication des monnaies ob- sidionales de Catalogne parla reproduction delà pièce indiquée dans la page 144, et qui est encore inédite. J "espère être assez heureux pour compléter un jour ce travail. Planche n" 1 , pièce obsidionale des îles Baléares, 1821. Planche n«'2, pièce de 80 réaux de vellon ou 20 jaci^fïrt.v (or) Barcelone, 1838. Planche n° 3, peseta de Barcelone , 1838. Planche n°4, pièce en cnwvQAeÇ» cuartos , Barce- lone, 1838. Planche n° 5, pièce en cuivre de 3 cuartos , Bar- celone, 1838. ^0mm,i\^:^^ LiLiko^ iJe iJ. iûa'jçnos ô^ CV à Perpi^^nai'v , 153 troisib:me chapitre, kl^ €t î$gti CHARRUE PERFECTIONNEE, Par M. SATURNIN LLANTA. Messieurs, Labourer une teire, c'est la trancher, la diviser, la retourner, en un mot, Tamcublir à des profondeurs qui doivent varier selon les circonstances. Pour attein- dre ce but d'une manière qui ne laisse rien à désirer, on a recours à la bèclie et à la pioche. Ce mode de la- bourage étant trop dispendieux, on y supplée imparfai- tement par la charrue, et c'est pour approcher de la perfection que l'on afalt subir àcette machine de si nom- breux changcmen4s. Les agronomes ont compris l'avan- tage immcnsed'avoir des charrues bien construites, et toute leur attention est tournée vers les améliorations 154 considérables dont cet instrument est susceptible. Ce besoin de perfectionner a fait pioposer, parla Société Boyale d'agriculture de Paris, un programme où sont énoncées les conditions générales d'une bonne charrue 5 savoir : 1 «1° Que le laboureur n'ait pas besoin d'aide, c'est- ■ (( à-dire qu'il conduise en même temps le soc et l'al- «telage ; «2» Que la charrue soit simple et composée des «seulcj pièces nécessaires; «3° Que l'aiielage qui tire soit du plus petit nora- « bre possible*, (( 4-0 Que le soc soit plat et tranchant , tout autre (( figure recevant des résistances vicieuses ; « 5° Que l'oreille soit disposée de manière qu'elle a nettoie parfaiiement le fonds de la raie et qu'elle « range les terres sur le côté ; (( 6° Que le laboin- soit d'une profondeur convena- « ble et le plus étroit qu'il se peut; «7° Que la charrue obéisse avec précision, dans « tous ses mouvements, à celui qui la conduit ; ((8° Quelle ne fiisse que ce qui est nécessaire; car «ce qui ne Test pas, est nuisible.» A ces conditions Thaor ajoule encore: ((Qu'elle n'exige pas une grande adresse delà pari «du laboureur et ne lui occasionne pas un travail «trop pénible. Il faut, dit-il, quelle puisse être ré- «glée sans peine et promptenient , et sur la place « même. » La charrue Dombasle m'a paru jusqu'ici être celle qui renq^ht le mieux les conditioi# voulues. A cet effet, M. de Dombasle a été obligé de construire une charrue simple sans avant-train ; car il est reconnu 155 qvic cette pièce de la charrue composée, a de grands inconvénients, d'où résulte une perte considérable de force; tandis que dans la charrue simple, suivant la théorie de ce savant agronome, le tirage se faU au mi- ni mwn , et il ny a d'autre décomposition de force que celle qui résulte nécessairement de la nature des choses. Celte charrue est h âge court et tirée par des liens fle- xiljles. Lorsqu'elle fonctionne dans un terrain vin peu diflicile, elle sort de la raie, quelle que soit l'adresse du laboureur et quelque peine qu'il se donne pour l'y maintenir. Cet inconvénient a obligé M. de Dom- basle lui-même à revcniràl avant-train dans beaucoup de cas; dès-lors celte charrue simple, lune des mieux perfectionnées que je connaisse, cesse de remplir les conditions imposées. Ces considérations et rira|x>s- sibilité où fou se trouve, en Roussillon , de renon- cer au joug , m'ont fait chercher un perfectionne- ment qui , s'il ne remplit pas complètement les condi- tions rigoureuses du programme, y satisfait en grande partie. La charrue , dont j'ai l'honneur de vous offrir le modèle, peut être traînée par un , deux ou trois at- telages : elle a un timon qui s'appuie siir le joug d'où part la puissance, et qui s'adapte à l'âge au moyen d'un étrier, lequel permet de prendre raie. Lavant- corps est contourné de manière à sunir exactement avec le versoir et le soc; ce dernier a la forme d'un polygone irrégalier; il est plat, tranchant, et a huit pouces et demi de largeur; l'élançon porte avec lui un écrou mobile en cuivre qui reçoit une vis de pression à manivelle placée sur la partie postérieure de l'âge. Le versoir est fixe, cl construit , en partie, d'après les principes posés par Joffcrtson. Toutes ces 156 pièces, excepté Tage, sont en fer de fonte; il y a des socs en fer forgé et acéré pour les terrains difficiles. Cette charrue entre avec facilité dans toutes les terres ; elle remonte et caresse sans interruption la tranche de terre que le soc déplace, et la retourne parfaitement sur un angle de 45 degrés pour peu qu'elle ait de ténacité. Elle forme une raie hien nettoyée et unie depuis trois jusqu'à quinze pouces de profondeur et jusqu'à dix ou onze pouces de lar- geur. Elle ne demande ni adresse, ni application sou- tenue de la part du laboureur, dont les fonctions les plus pénibles se font sentir seulement à l'extrémité du sillon; car une fois dans la raie, cette machine marche , pour ainsi dire , seule , et ti-aîne bien son cep. Une ou deux secondes suffisent pour lui donner Vcntrure voulue, ce qui peut se pratiquer sur place, et même en marchant , sans arrêter latlelage. Toutes ces dispositions sont entièrement indépendantes de la volonté ou du caprice de l'ouvrier. On m'objectera peut-être que l'attelage au joug est défectueux; mais je répondrai que le travail est plus régulier, et que cette régularité peut bien compen- ser la perle de force siq-iposée et non prouvée, sur- tout depuis les récentes modifications qui ont été faites à ce genre d'attelage. 157 SUR XES SÉBORDEMKNTS DES RIVIÈRES DK LA PLAINE DU ROUSSILLON, par M. FORTANER, chanoine titulaire, membre-correspondant. O récolte , ô nioiasons , tout périt sans retour ; L'ouvrage de l'annt'e est détruit dans un jour, ( Sr.-L&MBEEtT , Poème des saisons, ) ^ l'^''. CONSIDERATIONS GENERALES. La plaine du Roussillon est sillonnée par trois ri- vières qui sont, pourelle^ un principe de fertilité et de dévastations. L'une d'elles (l'Agli) prend sa source dans les montagnes des Corbières. Ses eaux claires et limpides ne coulent qvie sur des rochers calcaires et arides, et leurs débordements sont toujours préju- diciables, parce qu'elles ne laissent presque aucun limon sur les terres inondées. Les deux autres (la Tet et le Tecli) prennent leur source dans les gorges du Canigou. Le Tech, commence à Fendroil appelé la coma del Tech, au-dessus des bains de la Preste, au territoire de Prats-de-Mollô , descend par la vallée du Vallespir , baigne les murs de la ville d'Arles, et après avoir passé sous le pont de Céret , débouche dans la plaine et va se jeter à la mer, sur la plage d'Argelès. 158 Notre but, dans ce mémoire, n'est pas de nous occu- per de ces deux rivières; notre intention est de parler exclusivement de celle de la Tet,qui baigne les murs de Perpignan, et de ses inondations, d'autant mieux que ce que nous dirons de celte dernière, pourra s'appliquer également aux deux antres. La rivière delà Tel prend sa sourceau pied des mon- tagnes de Carlit et Puy-Pcyric , au-dessus du Mont- Louis, descend par la vallée du Gonflent, arrose les vallons de Prades, Vinça, Rhodes, débouche au-dessus d'ille et se répand dans la plaine avec d'autant plus de violence qu'elle a été plus comprimée dans les gorges du Gonflent. Le Ganigou , l'une des plus hautes montagnes des Pyrénées, est sillonné de tous côtés par de profondes vallées et des ravins sans nombre dont les sources abondantes, ainsi que les eaux pluviales, viennent se réunir dans les deux grandes vallées du Vallespir et du Gonflent, et donnent naissance aux deux rivières du Tech et delà Tet. Des inondations furieuses, en hiver, dévastent le Roussillon. Elles arrivent même quelquefois dans les mois de juillet et d'aoî'if, pendant que la plaine éprou- ve une sécheresse extrême , il suffit que des orages viennent fondre sur le Ganigou pour que la rivière de la Tet déborde et inonde la campagne. D'après cet exposé, il n'est pas extraordinaire que la plaine du Roussillon soit sujette à des inondations si fréquentes. Si nous remontons à la plus haute an- tiquité , nous trouverons que les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Pomponlus Mêla qui vivait au siècle d'Auguste, nous dit que la Tet et le Tech sont deux petites rivières, mais qu'elles sont terribles 159 dans leurs débordements. Parva fluminaTetiset Tichis ubi accrci'cj'e pe/sœi'a '. L'histoire du pays , nous fait connaître différentes époques, auxquelles se rattache le souvenir des grandes inondations de la rivière de la Tet. La plus ancienne dont il soit fait mention , est celle de 1264 \ f^^e emporta le pont qui existait déjà en 1 11)6. A cette époque, le lit de la rivière était fixé à soixante toises. Un débordement des plus mémora- bles eut lieu le 8 octobre 1421 , et emporta trois ar- ches du pont. Une autre inondation dont les notes du temps ont conservé le souvenir, eut lieu le 13 octo- bre 1 566; ellesecompliquadecellede la Basse, elfut telle (jnc dans la partie inférieure de la ville chacun dut se réfugier aux étages les plus élevés de sa maison. Ceux des Porpignanais qui avaient pu quitter leurs habitations s'étaient enfuis vers le quartier St. -Jac- ques. Plus de trente maisons furent ébranlées, et les désastres du faubourg inappréciables. Une catastrophe semblable eut lieu le 16 octobre 1632; les eaux s'éle- vèrent de six pieds dans les maisons voisines de la porte Notre-Dame. Une autre inondation eut lieu le 7 décendjre 1772, veille de la conception; elle fit crou- ler le pont rouge qui avait été construit en 1688 pour recevoir les eaux vives , et remédier an passage d'un nouveau bras de la rivière. Trois arches du pont de pierre, attenant au faubourg, avaient été emportées en 1421 ; celles qui restaient, le furent en décembre 1553. Les premières , mal construites, furent encore culbutées en novembre 1737, et on ne les rétablit qu'en 1 742 ; on les fonda alors avec de la pouzzolane. La cérémonie de la pose de la première pierre se fît • Poinponiiis Mêla. De situ Orbis, lib. 2 , cap. 17. 160 avec beaucoup de solennité : Monseigneur l'évêque Grammont de Lenta, se reudii piocessionnellement au faubourg avec sou clergé pour la bénir '. 11 serait impossible de compter loulesles inondations de cette rivière^ et une malheureuse expérience nousapprend qu'il ne se passe guère quati-e ou cinq ans , sans que naus ayons à déplorer de pareils désastres. Après avoir fait une énuraération succincte des dif- férentes inondations de la rivière de la Tet, des rava- ges qu'elle a occasionnés, il est juste de parler des avan- ges qu'elle procure, parla répartition et la distribution de ses eaux. INous avons , vers le bord de la mer, une grande ([uantité de terres qu'on appelle salobrcs , où le sel marin forme des efflorescences qui dessèchent , brûlent et font périr le germe du blé qu'on y sème. Lorsqu'il arrive une inondation , cette masse d'eau se trouvant repoussée par les vagues de la mer, se répand et s^étend le long de ses côtes : elle forme une espèce d'étang qui inonde tout le littoral. Comme ces eaux ne peuvent entrer dans la mer que graduellement, elles restent plusieurs jours dans cette position calme et tranquille, alors elles déposent le limon dont elles sont surchargées. Ces terres, ainsi amendées, devien- nent fertiles, et produisent de bonnes récoltes dès le moment que l'eau douce a détrempé et emporté tout le sel dont elles étaient pénétrées. Aussi les habi- tants des villages, de la partie que nous appelons la Salanca^ se plaignent rarement des inondations de la Tet qui leur sont si profitables. Mais les grands avantages que la plaine du Rous- siîlon relire de la rivière de la Tet proviennent des • Histoire du Roussillon par M. Henry , tom. 2 , noies. I ICI irrigations. Celle pariie Je son icrriioire que nous appelons le Riverai , cl qui est le |»lus beau fleuron de sa couronne, sérail d'une grande slérilité sans le secours de la rivière de la Tel. Ue|Miis Corbère jus- qu'au-delà de Perpignan, ses bords présentent une richesse de végcialion qui cause de l'éionnement. La terre n'est jamais oisive, le sol est toujours cou- vert de jiroduils, et tandis que le reste de la plaine voit dépérir ses recolles par la sécheresse et l'ab- sence de la ])luie, qui est si rare en été , les lerres à l'arrosage sont couvertes des plus belles mois- sons; loul y prospère, le blé, le seigle, le mais , les haricols , les pommes de lerre , les fourrascs elc. , enlin lout ce que la lerre a de plus productif : ces biens sonl dus aux irrigations que fournissent les eaux de la Tel. Nos pères, par une sage indus- trie, avaient ouvert des canaux qui, alimentés par les eaux de cette rivière, portent partout la fertilité et l'abondance. Pourquoi faut -il que la ville de Perpignan soit privée, en été, de voir les eaux de la Tct laver ses rues , y répandre la fraîcheur et la santé , tandis qu'elles servent à arroser tant de propriétés qui n'y ont aucun droit? ce qui est d'au- tant plus injuste que la ville fait tous les ans de très fortes dépenses pour entretenir un ruisseau qui a près de six lieues de longueur. Tels sont les bienfaits que procure la rivière de la Tet. Nous avons donc eu raison de dire qu'elle est une source de fer- tilité et de dévastations. 11 162 § 2«. — CAUSES DES INONDATIONS DE LA RIVIÈRE DE LA TET. Les causes des inondations de la rivière de la Tel sont 1res nombreuses j nous allons énuraérer les prin- cipales : i° La pente rapide que parcourt la rivière*, 2° la destruction des bois et forets qui couvraient nos mon- tagnes-, 3° le défrichement de ces montagnes; 4° la mauvaise dircciion du cours de la rivière; 5° la né- gligence des riverains à planter sur ses bords; C° enfin Tindifférence avec laquelle on voit tous les jours la rivière faire des progrès et des conquêtes sur les terres riveraines, sans qu on daigne s'occuper de réparer ses brèches. De toutes ces causes résultent les dévasta- lions occasionnées par les inondations. On voit à cha- que crue d'eau le lit de la rivière s'exaucer, et on se hvre à l'insouciance: les gi-aviers et les sables s'accu- mulent au milieu de son lit, et on ne fait rien pour les détourner. De là vient qu'à la moindre crue, les bords sont entamés; le courant de la rivière se jette sur la partie la plus basse, et par conséquent la plus faible; il se forme des coupures qui affaiblissent les francbords ; on néglige de les réparer immédiatement; on passe des années entières sans s'en occuper, et lorsque la rivière est un peu grossie , le courant prend une direction nouvelle, et des terres qui paraissaient devoir être à l'abri des inondations se trouvent en- vahies. 1 . Nous avons dit qvi'une des causes des ravages 1G3 était la pente rapule que parcourt la Tel. Tous les fleuves qui sortent clircctenicjit du pied des monta- gnes se développent dans la plaine avec une impé- tuosité extraordinaire: voyez le Rhône, la Uurance, etc., etc. La rivière de la Tet, qui se trouve com- primée dans la nioiliédeson cours, acquiert une nou- velle force lorsqu'elle débouche sur la plaine. Elle sort alors d'une étroite prison ; ses eaux, irritées par les nombreux obstacles qu'elles ont à surmonter, se déploient avec fureur, et, trouvant une pente ra- pide^ elles se développent avec violence et entraî- nent, dans leur course accélérée, les hommes, les bestiaux, les édifices, enfin tout ce «pii se trouve sur leur passage. C'est alors que se vérifie cet axiome de physupie, que rien ne peut résister à une masse multipliée par la vitesse. 2. LeCanigou, ainsi que les montagnes attenantes des Pyrénées , étaient originairement couvertes de fo- rets. Elles ont servi d'aliment à Icxploitation des nombreuses mines de fer que possède le Roussillon. Celte exploitation, qui remonte à la plus haute an- tiquité, a détruit peu à peu nos plus belles forets, et on a vu disparaître successivement ce qui faisait lornement de nos montagnes ; c'est un malheur qu'on ne peut assez déplorer. Les feuilles des ar- bres attirent les vapeurs de l'atmosphère, elles di- visent les nuages, et forcent à se résoudre en pluies douces et bienfaisantes, ces agglomérations de nuées qui se seraient transformées en averses épouvantables. Leurs racines retiennent la terre et l'enq^cchent d'ê- tre sillonée par ces orages dont les cimes du Canigou sont toujours couronnées; car c'est à la suite des orages que se forment ces ravins, ces éboulements de terre 11* 164 qui viennent encombrer le lit de nos rivières. Il res- tait encore sur les revers du Canigou quelques ves- ti^rcs de ces antiques forets ; ils ont disparu depuis quelques années. Un maître de forges ambitieux a porté la hache de la destruction sur les forets de Sahorre, de Py, de Mantet, de Cadi, de Sorède, etc.; elles ont été converties en charbon pour alimenter ses usines; et dans tous les revers ou croupes du Cani- gou , où Ion voyait avec satisfaction des bois de pins verdoyants, lœil attristé ne retrouve plus que des rochers nus, une terre aride, des ravins affreux et des éboulements immenses. Cette destruction s'est opérée de nos jours et sous nos yeux. 3. Le défrichement des moniagnes est une suite nécessaire de la destruction des forêls. On s'empare bientôt d'un terrain sans culture, et les communes, ainsi q>ie les particuliers, s'empressent de défricher une terre neuve, qui pendant quelques années, pro- duit de bonnes récoltes. Cette terre, ainsi remuée, cède à la moindre averse; le premier orage qui sur- vient l'entraîne dans le ravin, et de là elle va grossir les eaux bourbeuses des torrents qui inondent nos plaines. 4. Enfin, la mauvaise direction de la rivière, le peu de soin , la négligence des propriétaires riverains, dont nous parlerons dans le paragraphe suivant. C 3e. MOYENS DE PRÉVENIR LES INONDATIONS DE LA TET. Ce serait se faire une grande illusion de crohe qu'on puisse empêcher les inondations de la rivière 1G5 de la Tet. Depuis îles siècles elle esl en possession (Vinoiuler la plaine du Roussillou; ions les efforts ne sauraient arrêter la violence de ses eaux, qui descen- dent de nos montagnes avec la rapidité d'un torrent. Ce serait vouloir vaincre et subjuguer sans armes un géant armé de toutes pièces. Mais si on ne peut em- pêcher ses débordements, on peut cependant dimi- nuer ses ravages, donner à ses eaux une meilleure direction, les contenir dans de justes bornes, et avec des soins et de la persévérance lui opposer des bar- rières qui, à la longue, la forceront de se renformer dans son lit. Les moyens que nous pi oposons consis- tent : 1° à favoriser et à encourager les plantations de bois sur les montagnes; 2'» à régulariser les défri- chements; 3° à donner a la rivière une meilleure direction; 4° enfin, à faire sur ses bords de bonnes plantations de bois taillis. JNous avons dit précédemment que la destruction des forêts esl une des causes des inondations de notre rivière et de cette grande quantité de gravier et de sa- ble qui encombre son lit. Le moyen- de reu>plir celle lacune consiste à accorder des primes ou des récom- penses pécuniaires aux cullivateurs qui dans le cours de l'année auraient fait pins de plantations. Ces pri- mes devraient être accordées publiquement. La So- ciété Philoinnt.hiqnc , par exemple, pourrait être char- gée de distribuer ces récompenses , et pour cela elle ùendrait une séance publique et solennelle ; ce qui ne manquerait pas de produire un grand effet; on fairait imprimer un programme pour in- diquer aux cullivateurs la nécessité de former des ]>épinièi'es autour de leurs habitations , qui servi- laicni a embellir leurs demeures, elles espèces d'ar- 1GG bres qu'on devrait planter ou semer, suivant les ter- rains. Par exemple, sur les montagnes tertiaires et les collines voisines de la plaine, on recommanderait de planter des châtaigniers, dont le produit fait entrer beaucoup d'argent dans le pays et enrichit les proprié- taires qui ont eu le bon esprit de s^occuper de cette culture. Nous ne pouvons ici nous empêcher de ren- dre justice, en passant, aux cultivateurs de la vallée du Vallespir. Cette vallée , qui était avant nue et agreste, s'est couverte de bois, et depuis le pont de Céret, jusqu^au-delà de Piats-de-Molld , on ne voit que de superbes chaiaigncraies sur tous les coteaux de la rivière du Tech, où Ton n'apercevait que des terres incultes et des rochers arides. Sur les montagnes secondaires on recommanderait de planter le chêne vert, arbre robuste et vivace, et sur les parties les plus élevées, le hêire f/agusj ^ qui est l'arbre des montagnes ; il vit , végète fort bien jusqu'à la ligne des neiges permanentes; il se reproduit facilement de ses propres boutiires, ainsi que par ses graines, dont on peut extraire de l'huile, et après que le tronc a été abattu , il pousse encore des branches robustes. C'est l'arbre qui convient essentiellement à nos montagnes les plus élevées ; car c'estdans cette partie que se forment les ravins et les éboulements. Si nos antiques forêts avaient été plantées en essence de hêtre , elles subsisteraient encore. Nous connaissons une des crêtes élevées du Canigou , quon appelle Serra Vcrnet , qui touche à la l'égion des neiges permanentes, où Ton voit encore beaucoup de hêtres qui se perpétuent et prospèrent, quoiqu'on les coupe ei qu'ils fournissent du bois pour l'affouage des habitants de Prats-de-Mollû, tandis que 167 le pin et le sapin, une fois coupés, meurent sans se reproduire; on arrache même leurs racines, qu'on divise en bucheUes, dont les pauvres habitants des montagnes se servent, comme de lumière, pendant les longues veillées de 1 hiver. Nous avons atiril)ué la seconde cause des inonda- tions aux défrichements de nos montagnes. 11 n'y a pas de doute que les terres défrichées et situées sur un penchant rapide descendent facilement dans les ravins et viennent encombrer nos vallées. On ne sau- rait donc assez se prémunir contre ces défrichements , qui deviennent d'autant plus nombreux, que nos fo- rets ont disparu avec plus de promptitude. Mais ici il est juste de faire la part de l'humanité et de prendre la défense des pauvres. Les habitants des parties les plus élevées de nos montagnes ne vivent que des produits obtenus par les défrichements; si vous leur interdisez absolument ce moyen de se procurer leur subsistance, ils mourront de faim, car ces terres ne produisent absolument rien. Il faut voir ces malheu- reux franchir les rochers, affronter les précipes, pour lâcher de trouver un morceau de terre abrité des vents et de la neige, afin de lui confier quelques grains de seigle ou d'avoine ou des pommes de terre, qui seront peut-être dévastés avant leur maturité par la grêle ou l'orage. Pourquoi priver ces mal- heureux de tenter quelques misérables récolles et de gagner leur vie à la sueur de leur front ? iNous voudrions donc qu'on leur permît de défricher ces lambeaux de tcrie d'où ils espèrent tirer leur sub- sistance , mais nous voudrions aussi qu'ils fussent obligés de planter de jeunes arbres et surtout des hêtres. Ordinairement ces lambeaux de terre sont 1G8 exploités pendant trois ou qnatre ans, et les jeunes arbres plantés la première année seraient alors assez forts pour échapper à la dent des troupeaux. 11 serait donc nécessaire que tout individu qui vou- drait faire un défrichement se présentât au maire de sa comnuine, pour lui faire la promesse de plan- ter en même temps de jeunes arbres et de les soi- gner en bon père de famille , et si la commune avait une pépinière^ comme cela devrait être, le maire lui délivrerait les jeunes plans dont il aurait besoin. Si ce projet si simple et si peu coûteux était mis à exécution, le pauvre y trouverait sa subsis- tance, et nos montagnes seraient replantées succes- sivement et sans frais. Le troisième moyen que nous proposons pour re- médier aux inondations de la Tet , consiste à lui donner une meilleure direction. Si nous jetons les yeux sur le lit de cette rivière, nous verrons que la marche en est toujours tortueuse. Son cours ne suit jamais une ligne directe, ses eaux se jettent tantôt a droite, tantôt à gauche, et souvent le milieu de son lit reste à découvert : de là cette abondance de gra- vier et de sable qui s y amoncelle. Cet inconvénient devient encore plus nuisible dans les grandes inon- dations. La résistance qu'il éprouve sur un bord , fait qu'il se rejette sur lautre avec une nouvelle fureur et sa violence augmente à proportion des obstacles qui se présentent. Nous croyons donc qu'il serait nécessaire que les ingénieurs des jx)nts et chaussées traçassent, des deux côtés de la rivière, deux lignes droites^ à commencer du pont de pierre en amont. Ces deux lignes devraient se prolonger environ une lieue. On arracherait impitoyablement tous les bois 1G9 que des riveiains avides ont plantes sur le sol de la rivière. Son lit se trouverait débarrassé, son eours suivrait une ligne droite, et nous sommes persuadé qu'à la première inondation on verrait son lit vmi, nivelé et débarrassé de tous ces atierrissemenls qui l'obligent de se jeter à droite et a gauche; quelle que fut î abondance et la violence de Tinondaution , le torrent suivrait une ligne régulière et ne s'écar- terait jamais du juste milieu. Ce résultat s'opérerait sans frais , attendu que chaque riverain, dont le hoisserait compris entre les deux lignes, serait obligé de le faire arracher à ses frais; et si le moyen que nous proposons venait à réussir, on pourrait en faire autant sur la partie de la rivière qui est en m'ai du pont de pierre. Enfin le dernier moyen que nous proposons, et que nous regardons comme le plus elficace, consiste à planter des bois taillis le long de la rivière et de renforcer ses bords. Avant la révolution , il existait des règlements qui obligeaint les riverains à con- server toujours de vingt-cinq à trente toises de bois taillis sous peine d'amende. Ne pourrait-on pas faire renouveler ces mêmes règlements dans l'iniérct de la chose publique? Pendant la révolution chacun a fait à sa fantaisie; on a affaibli les bords de la rivière; on a arraché des bois taillis pour en faire des champs; on a trouvé que cette terre grasse et limoneuse pro- duisait de bonnes récoltes ; on a cherché à s'agrandir, puis l'inondation est venue, qui a tout emporté. Nous en avons un exemple sous les yeux. Ce qu'on appelle la pépinière iV/7iY777r, le jardin JMantct, et grande par- tie du doniainedcM. .■//W(7/7/7(7/, étaient, avant 1790, plantés en bois taillis; de nouveaux propriétaires 170 les ont arrachés pour les meUre en culture. Pen- dant quelques années les récoltes ont été satisfai- santes; rinondation est venue et la rivière n'a laissé partout que du gravier et des sables. Ce que nous venons de dire , a eu lieu sur tous les bords de la rivière. Les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Afin de remédier à tous ces nialheuis, nous émet- tons le v(eu que ladminisiration s'occupe enfin de la canalisation de la rivière de la Tet, non par des tra- vaux particuliers qui ne conduisent à rien, et pour les- quels on dépense tous les ans beaucoup d'argent inuti- lement, mais par un système fixe dont on ne doit jamais se départir. Savoir : qu'on donne a la rivière une direction fixe et invariable, qu'on fasse disparaî- tre tous les empiétements faits sur son lit, pour qu'elle ne soit pas gênée dans son cours. Qu'on oblige les propriétaires riverains à tenir constamment, aux bords de lu rivière , de vingt-cinq à trente toises de bois taillis bien entretenus, sans clairières, afin de l'empêcher de faire des trouées préjudiciables; qu'on nomme des syndics actifs, désintéressés, qui n'aient en vue que le bien public, lesquels seront obligés de visiter tous les six mois les bords de la ri- vière; enfin qu'on les autorise à infliger des amendes aux riverains qui seraient négligents ou ne voudraient passe conformer aux règlements établis; et alors on aura lieu d'espérer qu'on parviendra à diminuer les ravages et à maintenir les débordements d'une rivière qui nous menace fréquemment de nouvelles dévasta- lions. INous ne pouvons assez déplorer l'indifférence et la coupable insouciance avec laquelle on a vu de nos 171 jours disparaître un des plus forts boulevards pour contenir la rivière de la Tel ; nous voulons parler de la digue d'O/ry , construite par les ordres et sous la direction de Tinlendant de ce nom, en '1G88. Elle a coûté dessomnies considérables pour son établissement et son entretien ; on a négligé pendant la révolution dy faire aucune réparation. On a même eu la témé- rité d'enlever les pierres de taille qui lui servaient de soubassement. Qu'cst-il arrivé? la rivière a gratté Insensiblement 5 il s'est fait des coupures, elles se sont agrandies; enfin, nous avons vu la dernière inon- dation faire disparaître la presque totalité de cette digue , dont il ne reste plus qu'un triste souvenir. La rivière, à laquelle on a laissé prendre celle direc- tion, se jettera bientôt du côté de BonpaSy où elle cau- sera des ravages incalculables, et nos derniers neveux accuseront hautement la négligence de nos contem- porains. Qu'il nous soit permis, avant de finir, de jeter un coup d'œil sur les rapports qui existent entre la rivière de la Tel el le pont de pierre. INous avons déjà dit pré- cédemment que la partie qui esi toute en pierre fut bâ- tie en 1742. Ces arches avaient alors une capacité suf- fisante pour laisser passer les eaux. Mais depuis celle époque les sables et graviers se sont tellement amonce- lés, qu^in tiers de rouvertvuc de ces arches se trouve encombrée; et si cet encombrement va en angmen- tant, le moment viendra où elles ne pourront suffire a recevoir les eaux de la rivière dans un temps d'i- nondation. Désireux de contribuer àce qui peut éirc utile à notre pays, nous soiimellons à la Société un moyen que nous croyons efficace pour les désobs- truer, ISous proposons donc de faire creuser en 172 amont du pont , et devant chacune des arches un fossé ou canal de dix à vingt mètres de longueur sur deux mètres de profondeur. L'inondation arrivant , les eaux se précipiteront dans Je fossé qu'elles trou- veront ouvert ; et par leur impulsion , elles feront l'effet d'une écluse de chasse et repousseront au loin les sahles qui se trouvent entassés sous les arches. Les écluses de chasse sont employées dans différents ports des villes maritimes de la France pour repousser les sables qui s'amoncellent à l'entrée du port. Du reste, on dépense tous les ans tant d'argent pour les répara- tions de la rivière qu'on pourrait Lienfaire cet essai; caril est diffîcilede prévoir les dommages qui peuvent résulter dans la suite de l'encombrement des arches du pont. Le moment arrivei'a peut-être où les eaux ne pouvant loutes passer , se répandront à droite et à gauche et, dans leur débâcle, emporteront le pont et les maisons voisines du faubourg. CONCLUSION. Nous avons exposé les causes de nos inondations qui proviennent de la pente trop rapide du lit de notre rivière , de la destruction de nos forêts , de l'abus des défrichements, delà mauvaise direction de la rivière et de la négligence des propriétaires riverains. Nous avons fait connaître les moyens de prévenir et de diminuer autant que possible les effets sinistres des débordements ; car il est impossi- ble de les empêcher. Quelle est la puissance humaine qui peut résister à la violence des eaux , et compri- mer la fureur d'une rivière débordée ? Nous avons donc cherché uniquement à prévenir, à adoucir les terrildcs cifcls des inondations de la Tet , en propo- 173 sani de replanter successivement nos anciennes forêts, de régulariser les défrichements, de donner une di- rection droite au cours de la rivière , de fortifier ses bords par des bois taillis bien fourrés et bien entrete- nus, afin de la c(mtenir , de rencaisser et de l'em- prisonner pour ainsi dire dans son lit, et la forcer à suivre toujours la même direction. Ces moyens sont faciles, à la portée de tout le monde et peu dispendieux ; il n'est pas ici question de faire de grandes dépenses ; ce n'est que peu-à-peu et suc- cessivement qu'on peut parvenir à toutes ces amélio- rations; nous savons qu'elles seront plus profitables à nos descendants qu'à nous, car on ne pourray parve- nir qu'avec le temps et la persévei'ance ; mais en tra- vaillant pour nous, nous préparerons à^nos successeurs un meilleur avenir. Puissent ces observations, ainsi que les moyens que nous avons proposés, mériter l'approbation d'une so- ciété qui n'a d'autre ambition que de faire connaître et de liàler toutes les améliorations dont notre pays est susceptible ! Ce sera pour nous une bien grande satisfaction et la plus douce des récompenses. Perpignan , janvier 1837. 174 KAFPORT rabr P-i(fl AT. YIMORT, A PERPIGNAIX. Commission : MM. AYMÉracH , Fraisse et Sirven. M. SIRVEN , rapporteur. Messievirs , Ainsi que la société nous en avait chargés, nous nous sommes rendus à la fabrique de M. Yimort , à Teffet de comparer son ouale avec celle de L^'on ; il n'a pas été nécessaire de nous livrer à un long examen, notre conviction a été bientôt arrêtée, et voici le résultat de nos observations. L'ouaie de notre confrère est d'une blancheur éblouissante, moelleuse, parfaitement préparée; elle remplit toutes les conditions exigées, et réunit à tous ces avantages , celui d'être inodore. Sa longueur est de 45 pouces, sa largeur de 25. Nous en avons vu de trois qualités plus ou moins fournies , qui diffèrent par le prix et le poids, d'une once et demie, de deux onces et de quatre onces chacune. 175 Celle fabricaiion a obtenu un tléveloppcment tel que M. Viniort a expédié 400 grosses J ouates pciulant 1 année ijiii vient de finir ( 1 836 ) dans une grande partie des départements du midi et jusquesaux portes de Lyon. La grosse étant de douze douzaines , il en résulte qu'il a fabriqué , dans une année , 57,G00 oua- tes , indépendamment de son autre fabrication, le coton /île, qui n'est pas moins considérable. Lonaie de Lyon, qui a été mise sous nos yeux, est peu fournie, d'une couleur jaunâtre, par-ci par-là tacliée de noir; elle est préparée avec peu de soin et répand une odeur désagréable. Comme elle sert plus particulièrement à ouater les manteaux, les pe- lisses des dames, l'estomac des habits du civil et du militaire, celte odeur doit nécessairement con- tribuer à sa mévente. L'ouate de Lyon n'a pas de lon- gueur et de largeur fixes; elle est de 30, 35, 40 pouces de longueur, la largeur en proportion, selon le goût de celui qui la fait fabriquer; mais, à longueur égale, celle de M.Vimort offre un avantage réel au marcband et au consommateur. Voilà pourquoi elle est préférée et pourquoi Lyon nen expédie presque plus à Perpi- gnan depuis deux ou trois ans. M. Yimort nous a confié le prix de ses différen- tes qualités d'ouates ; mais dans l'inlérêt des mar- chands qui se servent chez lui , nous le passons sous silence. Ainsi, messieurs, prix, qualité , tout est en faveur de l'ouale de notre confrère; nous en avons jugé avec connaissance de cause. Animés du seul désir de faire ressortir aux yeux de nos comjialrioles tout l'avantage que présente celle fabricaiion, dont l'importance par- 176 roi nous ne saurait cire contestée , nous faisons tics vceux bien sincères pour qu'elle obtienne encore un plus grand développement ; et notre avis, à nous, est que M. Vimort a perfectionné Tarticle ouate , au point qu'il peut lopposer sans crainte de rivalité à celui fabriqué ailleurs. Dans ce département , où l'industrie manufactu- rière n'est pas une branche principale de nos reve- nus , félicitons-nous , messieurs , qu'on y trouve quelques hommes, qui, bravant les obstacles qu'ils rencontrent sans cesse sous leurs pas et les prédictions ridicules de la routine, ne craignent pas d'employer leurs capitaux à des entreprises de labrications incon- nues à nos pères. L'industrie jointe à la fécondité de notre sol ne peut qu'augmenter nos richesses et con- tribuer au bien-être de tous. 177 RAPPORT SUR LES ESSAIS DE LA CULTURE EIV LIGIVES, PAR LE SEMOIR-HUGITES, Par MM. BAS8AL et LLANTA. Messieurs , Nous venons vous rendre compte des essais que nous avons laits de l'enscniencemenl en lignes par le Semoir-IIugues. Ce précieux instrument, création du plus ardent génie agricole, est destiné à opérer dans lagriculture une révolution qui doit en liàter considérablement lesprogrès. 11 a fallu que son inventeur possédât une ame de feu , constamment attisée par l'amour du Lien public, pour avoir pu faire labandon d'une des plus brillantes positions sociales, surmonter tous les obs- tacles qu'il a rencontrés, et supporter les sacrifices énormes qu'il a dû s'imposer. Celte nouvelle inven- tion n'a nullement le caractère de ces spéculations industrielles dont l'opinion publique se méfie et qu'on n'accepte qu'avec répugnance. Elle est, au contraire , présentée avec désintéressement et de manière à ne laisser aucun doute dans l'esprit des agriculteurs. M.Hugues nous a écrit: « D'après votre «demande, je vous envoie un Semoir; vous l'essaierez, « et s'il ne vous convient pas vous pouvez me le reu- « voyer. » 178 L'idée de semer les céréales eu lignes n'est pas chose nouvelle ; chez 1rs Chinois celle culture prend la date de leur civilisation, qui remonte aux temps les plus reculés. Parmi les modernes, le peuple espa- gnol en fille premier essai au xvii*^siècle, en présence du chef de lelat. Cepcndanl, malgré les avantages que les agronomes de toutes les nations reconnaissent à celte méthode, elle n'a été jusqu'ici que partielle- ment suivie-, le défaut d'insiruments , qui pussent remplir toutes les conditions qu'elle exige, avait em- pêché que son usage devînt général. Le Semoir-llu- gues paraît y satisfaire de la manière la plus complète et la plus heureuse: en effet, l'instrument est d'une solidité parfaite et la manoeuvre est d'une exécution très facile. 11 trace la raie à une profondeur désirée et égale, y place la semence en lignes plus ou moins rapprochées et en quantité qu'on peut augmenlcrou diminuer à volonté, la recouvre de terre meuble et, au besoin, y répand du fumier à l'état pulvérulent. Tout cela s'obtient en même temps et par une seule opération. Ce mode d'ensemencement procuie une économie d'à-peu-près la moitié de la semence et des quatre cinquièmes du travail , puisqu'a l'aide de deux chevaux on peut semer, dans un jour, envuon trois ayminates de soixante ares avec le semoir à sept socs, et cinq à six ayminates quand on emploie celui de onze socs. Lorsque nous nous sommes livrés à ces essais, nous avons rencontré des contradicteurs, même chez les agriculteurs qui ont le plus de renom; parmi les ob- jections les plus sérieuses qu'ils ont cru nous faire, nous citerons les suivantes : La sécheresse étant l'influence météorologique la 179 plus funeste à Tagrlculluie de ce ilcpartenienl, on a supposé qvic le semoir, n'enlerranl pas la gi aine assez piolondéinent, la plante souffrirait et périrait même dès qu'elle y serait assujettie. Nous répondrons d Sa- bord que le Semoir-IIugues peut enfouir les semences à des profondeurs qui varient depuis un pouce jusqu a cinq pouces. Qu'il nous soit ensuite permis de rap- jîeler^ en passant, quelle est la profondeur la plus convenable à rensemencement du blé pour que la levée de la graine se fasse avec profit. D'après les lois de la pbysiologie végétaie qui régissent la germina- tion, la semence doit ctie en contact avec fair al- mospbérique et riinmldité, et à l'abri de la lumière; par conséquent la graine trop euterrée ne peut rece- voir de lair l'oxigcne qui la vivifie, et si elle est trop à découvert, elle reçoit de la lumière une influence ronlraire. 11 résulte aussi des expériences faites sur la germination du froment que celui qui se trouve trop enterré ne lève point ; M. Barrau a donné sur ret objet le tableau suivant : Sur 150 grains de blé semés à G pouces, lement ont levé. 6 pouces y 5 seu- o 20 h 72 3/, 93 3 125 2/, 130 2 140 1 /. 142 1 137 1^ 64 à la surface, 20 Aces expériences, nous nous permettrons de join- ly 180 dre nos propres observations. Ayant arraché plusieurs taines ilc tipres de blé recouvert avec Taraire et cen dans des sols différents, nous avons constamment reconnu que la levée s'éiait opérée à un pouce et demi, deux pouces et demi, quelquefois à trois pou- ces, dans les terrains aréneux, et presque jamais a quatre pouces, A ce sujet nous citerons un fait d'un propriétaire qui, voulant nous prouver que la se- mence pouvait lever à de fortes profondeurs, nous dit avoir semé de l'avoine à dix et à onze pouces avec la charrue à versoir. Un examen attentif de cette se- maille fournil la preuve que la levée de l'avoine s'é- tait faite en suivant les lois ordinaires. D'après ce qui précède, il est facile d'apprécier la quantité de se- mence jetée en pure perte, à moins d'admettre, toutefois, l'opinion absurde (et cette opinion a des parlisants) que la graine jouit de la faculté locomo- tive. On nous disait encore: «Cette méthode peut être (( bonne dans les terrains souples de la Salanqnc et «dans ceux qui sont arrosables; mais dans les terres «fortes des Aspres, jamais.» Eh bien! c'est dans cette dernière localité qu'on a le mieux apprécié la supé- riorité de cette culture. Nous résumerons le résultat de nos essais dans le tableau suivant : Ensemencement et produit d'une ayminate ou soixante ares, terres aspres de Peyrestortes. UÉTHODES. SEMENCE EMPLOYEE. PRODUIT. Au semoir 0 hect. 44 ht. 11 hect. 95 lit. Au semoir 0 80 14 00 A la volée 1 37 10 55 181 No 2. MÉTHODES. SEMENCE EMPLOYEE.. PRODUIT. Au semoir 0 hect. 44 lit. 9 liect. 2G lit. Au semoir 0 80 10 20 A la volée 1 30 10 10 En comparant le produit des deux méthodes, on voit que Tavantagc est resté au Semoir-IIugucs; il en a été de même pendant le cours de la végétation. La levée de tous les grains s'est faite simultanément, la tige a été plus grosse et les épis étaient plus four- nis. Mais ce qui était digne d'être remarqué , c'est que pendant que les blés à la volée étaient jaunâtres, ceux au semoir présentaient, au contraire, une belle cou- leur verdoyante, que leur procui'ait sans doute la libre circulation de Tair entre les lignes. Si pour le numéro deux, la réussite n'a pas été aussi avanta- geuse, il faut l'attribuer aux pluies continues qui ont empêché que le sarclage et le binage fussent faits en temps opportun. Le tallcmciit ayant empêché les ouvriers de donner au sarcloir une bonne direc- tion, il en est résulté la perte d'une grande quantité de tiges. Cet inconvénient peut être évité en choi- sissant l'instant favorable à cette manœuvre, c'est-à- dire, aussitôt que les lignes des plants seront bien distinctes a Toeil et que les herbes parasites commen- ceront à poindre, comjoie on a pu le pratiquer pour le numéro un. 11 est fâcheux que des circonstances, indépendantes de leur volonté, aient empêché MM. R. Singla neveu et Séverin Bassal, de constater le résultat de leurs essais sur les terres arrosables de Rivesaltes; il en a été de même des essais faits à la Tour-bas-Elne. Mais il était facile de se convaincre, pendant que la ré- 182 coite était encore sur pied, de la supériorité des se- mailles faites au semoir. Pour être exacts, nous devons dire que d'autres essais ont été exécutés à la fin de décembre siir des terrains qui nécessitent d'être semés de bonne heiire, et que ces essais n'ont pas réussi; mais nous aiouterons que ceux qui leur servaient de terme de comparaison et les blés des cbamps voisins, semés le même jour, se trouvaient dans le même état. Quant à la quantité de semence a employer et à respacement à donner aux lignes, c'est aux agricul- teurs possédant la science de localité à agir en pareil cas selon la saison et la nature du sol. D'après les dernières modifications que le méca- nisme de cet instrument vient de subir, il n'est point de champ , serait-il même trop pierreux , qui ne puisse recevoir les bienfaits de cette culture. Un obstacle qui paraissait invincible s'opposait à ce que cette méthode fût adoptée par tous les agri- culteurs en général, lorsque M. Hugues, toujours inspiré par le même amour du bien public, a su , par une louable combinaison , rendre sou semoir ac- cessible à toutes les fortunes. ((11 est même rigoureusement exact de dire que «désormais chaque propriétaire, chaque fermier, « pourra se procurer Tinstrument, sans qu'il lui en « coûte un centime '. » ' Propagateur du progrès en agriculture , page l6. 183 NOTICE QUI RAVAGENT QUELQUES CANTONS SES VIGNOBLES du département des Pyreiu'es-Orienlalrs , par M. COMPANYO, docteur-médecin. Écrire clans ce moment sur les insectes qui rava- gent les vignes, serait chose superflue , si nous n'é- tions guidés par Tinlérélque réclament les meilleurs crus de ce département •, si nous n'avions en vue ' M. Audotiin , professeur-administrateur au jardin des plantes, à Paris , a parcouru depuis trois ans , par ordre de M. le iMinislie du commerce, des travaux publics et de l'agricullure, les cantons qui ont leurs vignes ravagées par les insectes; c'est ainsi qu'il s'est transporté tour à tour dans les départements de Saône-et-Loire, de Seine-et-Oise, de la Charente-Inférieure, de l'Hérault et des Pjiénées-Oiientales. Il a vu toutes les localités, et il a pu recueillir les observations les jilus précises, indiquer tout ce que ses cunnaissances étendues ont pu lui suggérer pour arriver à des résultats avantageux. Déjà deux rap- ports lus à l'Acadénjje , sur des recherches faites à Argenteuil et dans le Maçonnais , laissent peu à désirer ; mais un ouvrage général , où se- ront ti aitées des questions d'une grande importance , est sur le point de s'imprimer. Ce savant voulut bien, pendant son séjour en cette ville, dans une séance publique de la Société Pluloinathiqiie de Perpignan , le fi juin iS38, nous faire part des obseï valions n:ullipHées qu'il avait faites , des dessins qu'il prenait sur place à mesure que les circons- tances lui en fournissaient l'occasion , afin de démontrer avec préci- sion le mal qui existait et indiquer les moyens les plus rationnels pour le détruire ou pour s'opposer à son dévelo|)j)emeut. L'ouvrage qu'il va publier est destiné à remplir une lacune qui existait en histoire naturelle et rendie un service éminent aux pays qui sunt ravages. 184 de faire connaître le besoin urgent où l'on se trouve de mettre eii pratique certains moyens, dontrutilité a étédémonlrée, afin de contribuer à la conservation d'une aussi précieuse récolte, et arrêter la dévastation toujours croissante que ces insectes occasionnent dans nos terrains qu'ils ont envabis. DE LA PYRALE DE LA VIGNE. Deux insectes différents , qui appartiennent à un ordre bien distinct, ravagent les vignes de ce dépar- tement. Le premier est la pyrale de la vigne, Toririx pylleriMin (Unh.), que nos paysans connaissent sous le nom vulgaire de conque ■. Cet insecte attaque les vi- gnes de quelques unes des communes du canton de l'ouest , qui se trouvent situées sur la rive gaucbe de ' L'altise potagère, aWt-î oleracen (Lat ), connue vulgairement sons ]e nom de bnbot, est le second. Celui-ci attaque une partie des vigne» de la division est, qui se trouvent sur la rive droite de la Tet. Son sé- jour d.Tns la même localité n'est pas de longue durée : voyageur intré- pide, sans pouvoir en assigner la cause, cet insecte a envahi tour à tour les vignes des côtes de C/iâtenn-RoiissINori, la Passion-vieille, Cabestany, St.-N.izaire, Saleilles, Elne, Collioure, Bages, Mas-Deii, Thuir, Canolias, Estagell , Maury , etc. En vain lui a-t-on fait ta chasse de diverses ma- nières , on n'est pas encore parvenu à s'en débarrasser. C'est à l'état de larve que cet insecte fait le mal. On est cependant arrivé à diminuer ses ravages en enlevant les feuilles de la vigne sur lesquelles la larve se tient oi dinairement ; c'est pendant les mois de mai et juin que cette opération se fait. Sans cette précaution, cet insecte se multiplierait tellement, que nos vignes seraient détruites; car ses ravages ne se bor- nent pas aux fruiUrs , les jeunes pousses sont rongées, le raisin même est dévasié, tant cette larve est vornce et abondante. Les observations commencées sur les mœurs dp cet insecte et sur les moyens les plus rationnels pour le détruire n'étant jjoint complètes, nuus nous abs- tiendrons d'entrer dans d'aulres détails. Ce sont les seuls insectes à notre connaissance qui fassent du mal aux vignes dans noire contrée. 185 la Tel, entre cette rivière et celle de l'Agly. Ainsi les terroirs du Vernet , de la Poudrière, Pia, la Llava- nère, St.-Eslève sont ceux qui sont ravagés; le mal n'y est pas également répandu. Le canton de Rivesaltes, Salces et toutes les com- munes qui Tavoisinent, sont plus ou moins touchés; toute la plaine de Rivesaltes surtout est très infestée, et le mal s étend dans la plaine de Salces qui y est con- tiguë. Il diminue progressivement à mesure qu'on s'en éloigne pour se rapprocher des montagnes qui hor- dent, au nord, cette immense plaine. Les communes de GarriusetSt.-Ilippolyie, situées près des maréca- ges, ont leurs vignes attenantes à celles de Uivesal- tes ; la pyrale s'y est aussi étahlie; mais, dès qu'on se rapproche des marais , le mal y est moins consi- dérahle. Les vignes d'une grande étendue, qui se trouvent sur la gauche de la route de Perpignan à Narhonne , sont infestées de cet insecte et le mal y est plus vi- sihle. Le mas de la Guarriga, le mas Muxart, \emas Fages, sont ti'cs infestés et les dégâts, dans tonte cette plaine, s'étendent jusquesaux penchants des collines calcaires qui la hordent au nord, et sur lesquelles sont situés le mas Llohet , le mas Madame et autres qui sont moins touchés par la pyrale. Derrière ces collines calcaires qui séparent la plaine de Rivesaltes et de Salces, des propriétés d'Opol et de Vingran, se trouvent des vallons magnifiques plantés de jeu- nes et helles vignes ; la pyrale s'y est propagée ; elle se conduit ici comme ailleurs -, de sorte que les bas-fonds et la plaine sont ravagés ; le mal est moins grand dès qu'on se porte vers les élévations. 18G Baixas , dont le vignoble est considérable, et celui d'Espira-de-l'Agly , situés en grande partie sur des collines calcaires, ne sont presque pas louches, bien qu^ils soient très voisins de celui de Rivesaltes; cela tient-il à la nature du terrain? à la position plus ou moins élevée? c'est ce qui ne nous appartient pas de déterminer ; cependant nous pensons que la pyrale ne se plaît que dans les parties Lasses , à l'abri de l'im- pétuosité des venis; et en examinant les lieux où elle vit de préférence, où elle est stationnaire depuis un temps immémorial ■ , nous pensons que ces localités sont indispensables à sa manière de vivre et à sa re- production. Les observations faites par M. Audouin, sur la nature des terrains envahis par la pyrale dans les divers départements qu'il a parcourus , sont iden- tiques avec les localités où elle sévit dans le nôtre. D'après nos observations faites sur les fluctuations qui s'opèrent presque tous les ans dans la marche dévastatrice de la pyrale , portant tantôt ses ravages I Dans quelques cantons on a voulu établir que la pyrale était sep- tennale , ou que son séjour du moins avait des époques presque fixes; mais les observations multipliées démontrent le contraire; car si elle disparaît quelque temps, on ne sait pas encore à quelles cause» on doit l'attribuer. M. Audouin dit: « C'est ainsi qu'on a cru long-temps, dans « le Maçonnais, que la pyrale était tout au plus septennale, et qu'il a « fallu abandonner cette lueur despérance , lorsqu'en 18Î2 on a vu « que ce terrible fléau , qui datait déjà de 1827 , ne cessait pas encore « ses ravages: ils ont continué jusqu'aujourd'hui , c'esi-à-dire , durant « onze années consécutives ! Enfin , on a constaté à certaines époques « sa disparition instantanée; puis on l'a vue reparaître à des intervalles « plus ou moins éloignés » Les observations constatées dans les lo- calités de ce département prouvent qu'elle est établie dans nos vignes depuis un temps immémorial, et elle sévit presque de la même ma- nière; si parfois on a vu que le mal était moins grand, cela lient à des causes difficiles à déterminer. 187 vers le nord , tantôt vers le midi des terrains infes- tés, nous tait penser que celle cause est duc à une influence atmosphérique. Le centre du foyer est tou- jours (comme nous le ferons remarquer sur la carte qui accompagne celte notice) les terrains de Perpi- gnan, qui se divisent en haut et bas Vernet, Pia, Ri- vesalles, sur les deux côtes de la roule de Perpignan à JNarhonne, et partie de Perpignan à Toulouse; sur celte dernière, aux vignes de Torremila, le mal est fort peu étendu. En prenant une ligne du Vernet à Pia, marchant droit vers la Llavanère, Rivesalies et Salces, rétendue en largeur serait de deux lieues, et en longueur jusques au bas des hauteurs de Salces, Opol et Vingrau. Le Vernet, Pia, la Llavanère, la plaine de Rivesalies, est ce que nous regardons com- me le centre du foyer; les vignes, qui composent cette partie, sont très dévastées, leurs souches sont rabou- gries et les récolles peu productives. La pyrale, dans ces parties basses, paraît s y bien trouver puisqu'elle y est slationnaire '. Toutefois, les propriétaires de ces vignes , qui sont très divisées , échenillcnt en général tous les ans; ils n'opposent que ce moyen à la reproduction de cet insecte ; voilà d'où naît le mal. C'est de ce point que parlent toutes les excursions de la pyrale ; nous pensons que ses voyages sont forcés et faits malgré elle, et voici comment : si au « Les gens les plus âgés de ces communes prétendent qu'ils ont entendu dire par leurs ancélres que, de temps iminémori.il, la conque ravageait les vignes de ces contrées , et (]u'iU ne l'iivaient j;iinais vue flisparaître d'une niauièie complète, quoique réclieniliage s'y pratique tous ies ans ; (pie rci tiiiiies années ses ravages élan nt ni'iiiis «cnsililcs, sans pouvuii eu ulléguci la cause. 188 moment du passage de chrysalide à Tétat d'insccle parfait ou de papillon , époque à laquelle la repro- duction a lieu, les vents du nord soufflent avec vio- lence , le mouvement ondulatoire de la pyrale se porte vers le sud et les vignes de cette partie se trou- vent plus infestées. Si pendant deux ou trois ans de- suite ce même vent règne, à la même époque (ce qui n'est pas rare dans cette contrée) les dégâts aux vignes du sud sont très grands , et les vignes de l'extrémité nord sont respectées. Dans beaucoup de ces vignes, la pyrale ne se voit plus, tandis qu'elle porte ses rava- ges vers les points opposés, si, à la même époque, régnent avec violence les vents du midi. Ainsi les ravages produits coïncident parfaitement avec la véhé- mence des vents du mois de juillet (époque à laquelle la transformation a lieu) et avec les dégâts plus ou moins grands observés à leur suite ^ tantôt vers le nord tantôt vers le midi'. Le centre est toujours frappé de la même manière; voilà pourquoi les vignes de cette partie sont si mal- • Dans quelques rirronstances , qu'bn ne peut bien préciser, on ■voit dans certains endroits la pjrale disparaitre et reparaître quelques années plus lard. Je rapporterai un fait qui pourrait, sinon résoudre complètement ce phénomène, du moins aider à l'expliquer. — H y a quelques années qu'une paitie du vignoble de M. Muxa-rt fut ravagée par une très forte grêle pendant le mois de mai, au point que la vigne dut mettre de nouvelles pousses, tant les premiers sarments avaient été endommagés. Le vigneron ne tarda pas à s'apercevoir que la chenille de la pyrale ne faisait phis de mal dans la partie qui avait été ravagée et croyait qu'on serait délivré de ce flé;iu. Il fut daivs celte sécurité quelque temps, mais les pyrales qui avaient échappé à cette grêle ne. tardèrent pas à se propager , et trois ans plus tard le mal fut le même. Nous ne pouvons expliquer ce fait qu'en admettant qu'il périt beau- coup de pyrales par la grêle, et qu'alors le mal ne fut pas sensible. Les deux ou trois premières années , la reproduction se fit et le mal 189 traitées ; 11 n'y a que les points éloignes ou les deux extrémités de la ligne qui éprouvent quelque soula- gement et se trouvent délivrés du fléau pendant quel- que tenq:)S. JNous avons fait encore la remai'que que la pyrale ne se jette jamais très près des marécages. Ce sont donc les vents violents qui entraînent au loin les papillons el les forcent ainsi d'aller au-delà de leur limite ordinaire, déposant leurs œufs dans des lieux où il n'existait point de pyrales. La chenille ne quitte guère la souche qui l'a vue naître, où elle a passé son hivernation; le papillon ne s'éloignerait pas beaucoup d'un certain rayon , peu étendu , s'il n'y était forcé par quelque cause particulière. Epoque on ta pyrale se reproduit. — Lieu où elle (/rposeses œufs. — Endroit où elle se retire pour y passer son hivernation. La pyrale dans son état parfait, lorsqu'elle peut se reproduire, est sous forme do papillon. C'est vers les premiers jours de juillet qu'elle prend cet état, et la durée de sa vie alors est fort courte ; terme moyen, elle est de 8 à 12 jours. Les papillons s'accouplent, se fécondent et , peu de temps après , font leur ponte. Les femelles choisissent , par prédilection, les parties basses du cep , surtout le milieu , el habituellement beaucoup de femelles pondent sur la même feuille , de sorte qu'en écartant les sarments, augmenta à mesure que les pyrales se propagèrent, et dans peu les ra- vages furent les mêmes qu'avant la grêle. Ainsi, il n'est pas étonnant de voir disparaître la pyrale de certains endroits pendant quelque temps , ce pays étant sujet à des grêles fiéquentes; si elles ont lieu au moment du développement des jeunes chenilles, beaucoup meurent, et il leur faut quelque temps pour se reproduire au point que le mal qu'elles fout soit sensible. 190 il est aisé de voir les plaques dVcufs qui sont presque toujours placées sur le dessus ou la partie lisse des feuilles, rarementau-dessousou à la partie cotonneu- se. Si quelquefois elles déposent leurs œufs sur des arbres ou sur d'autres plantes qui viennent dans les vignes, c'est toujours sur la partie lisse de l'écorce et non sur les parties raboteuses. Les (eufs qui sont sur les feuilles y sont maintenus par une matière glu- tineuse qui sort en même temps qu'eux des ovaires. Les plaques d'œufs ressemblent parfaitement à une tache de cire blanche, on mieux encore de suif, qui serait tombée sur la feuille; il est très essentiel de connaître le lieu où ces plaques sont déposées, ainsi que leur couleur , car elles sont si différentes des autres taches qui se rencontrent accidcnicllement sur les feuilles de la vigne, qu'il ne faut que les avoir observées une seule fois pour ne plus en oublier la forme et la couleur. La teinte de ces plaques d'«cufs est d'abord blan- châtre; elle jaunit légèrement pour passer au vert ; peu de jours après elle devient couleur cannelle , et on remarque au centre de chaque œuf un petit point plus coloré qui grossit à mesure et devient entière- ment noir. Ce point est la tête de la jeune chenille qui, dans toutes les phases de sa vie, reste de la mê- me couleur ; alors la chenille est prèle à sortir de son enveloppe; si on veut hâter son développement, on n'a qu'à insuffler dessus avec l'haleine. Cette chaleur douce et humide fait presque aussitôt éclore les œufs qui restent ordinairement de douze à quatorze jours depuis le moment que la femelle les a déposés. Alorsla place sur laquelle étaient les (eufs, est blanche com- me une tache de chaux et hérissée de petites écailles. 191 Los chenilles qui viennent iréclore se dispersent sur la l'euille, elles se laissent tomber au moyen d'un fil de soie qu'elles sécrètent, et restent ainsi suspen- dues autour delà souche , en attendant qu'un lé- ger zéphyr vienne les agiter et les pousser sur les sar- ments ou le cep, où elles s'accrochent et se nichent dans la moindre lîssure de 1 ecorce raboteuse de la souche'. On avait pensé que la chenille se retirait dans la terre =; sa petitesse enqicchail de pouvoir la I II a fallu, pour bien s'identifier avec le lieu où se relire la chenille de la pyrale pendant les neiif mois de son liivernatlon , que M. Au- douin parcourût lui-même les vignes des environs d'Argenteuil ; la pratique de cette contrée établit des écbalas à chaque souclie pour maintenir les sarments et empêcher que le raisin ne traîne à terre. « Or, j'étais loin de me douter , dit ce savant , que ce mode parlicu- « lier decultureavait une liaison intinie avec la présence du fléau, qu'il « pourrait contribuer puissamment à l'entretenir et à le propager, etc • Dans un autre passage, il dit : « Là où les éclialas étaient de bois neuf, « c'est-à-diie , n'ayant pas encore servi, la vigne qui les embrassait « était dans un état sensiblement meilleur que là où les éclialas ne sa- « tisfaisaient pas à cette condition; et il était facile de coiistater la « nature des tuteurs, les uns ayant la couleur jaune particulière à « l'auhier récemment mis à nu , les autres ayant acquis une teinte plus • ou moins grise que leur donne la longue exposition à l'air. Une fois « notre attention éveillée sur ce point , nous reconnûmes bientôt que « la règle était générale, ou du moins nous n'y pûmes trouver que « de très rares exceptions. » * Il est tellement vrai que les jeunes chenilles de la pyrale ne se re- tirent point dans la terre, qu'il est évidemment démontré qu'elles évi- tent même dese nichera la partie de la souche qui s'y trouve en contact pendant une partie de l'hiver. C'est ainsi que nous avons observé, avec M.AIeron, en examinant une grande quantité de souches dans le» vignes les plus infestées, pour y rechercher la chenille, que cette dernière occupe la partie de la souche qui est au-dessus du sol , à la distance de deux ou trois pouces au moins, jamais plus bas; nous l'avons trouvée (à cette distance) en très grande quantité, dans les diverses fissures que l'écorce raboteuse du cep lui offre. Là elle s'est blottie, et entourée déjà par la soie qu'elle a sécrétée et qui enveloppe son 192 distinguer parmi les nombreuses fissures de Técorce, lorsque M. Audouin s'aperçut que le plus ou moins bon état des vignes coïncidait avec certaines qualités des supports qu'on a Thabitude de placer aux sou- ches*. Des expériences multipliées ayant constaté ce cocon. Qui oblige cette toute petite chenille à prendre ces précau- tions? est-ce pour se préserver de l'humidité du sol pendant les pluies de l'hiver? ou bien pour se soustraire aux attaques de ses ennemis? Cette dernière considération paraîtrait probable; du moins les obser- vations suivantes donneraient lieu à le croire. En visitant les souches pour nous assurer du lieu de la retraite de la chenille, nous avons trouvé un grand nombre de larves d'insectes qui se nourrissaient de petites chenilles qui étaient dans leurs cocons d'hivernalion; ces lar- ves étaient entre la soie qui recouvrait les cocons et paraissaient très avides de ces jeunes chenilles. Ce fait , suivi , observé et constaté sur un très grand nombre de souches jiendant cet hiver et a diverses re- prises , sur plusieurs localités, nous donne la certitude que la che- nille évite de se mettre à la p-artie de la souche qui touche à la terre; d'abord pour éviter l'humidité, et ensuite pour se soustraire aux at- taques des insectes qui cherchent à la détruire. La larve qui attaque ainsi la chenille de la pyrale, que nous avons ramassée, nous a fourni Vélops assimilis , insecte de la classe des hétéromères, que nous avons trouvé abondant au pied des souches de la vigne, dans la partie qui est infestée par la pyrale. ' M. Audouin, en parcourant les vignes des environs d'Argenteuil avec plusieurs propriétaires et faisant ses observations , voulait insi- nuer sa manière de voir, aux personnes qui l'entouraient, sur la ques- tion des échalas. Une fois qu'il fut pleinement convaincu que la jeune chenille s'y retirait, il voulut laisser deviner sa manière de vcir,etdans un moment où l'on parlaitd'une vignequi,si elleétait munie d'échalas, serait plus belle , il se permit de dire: « Oui et non, selon qu'on en « aurait mis de neufs ou de vieux. » Un assistant répondit aussitôt : « Je « crois avoir deviné l'énigme, et voici mon idée. Les jeunes vers qui ■ éclosent au mois d'août, et qui aussitôt après étie sortis de l'œuf « cherchent un abri, nele prennent pas tous, comme on l'a cru, comme « nous le croyions nous mêmes, sous l'écorce du tronc de la vigne; ils « en trouvent un tout aussi assuré et d'un accès souvent plus facile « dans les fissures et les fentes des échalas , et voilà bien ce qui nous « explique comment il se fait que les vignes munies d'un échalas de 193 fait , il ne reste plus de doute que la chenille se re- tire pendant Thiver sur 1 ecorce du cep dans les pays où il n'y a point d'cclialas plantés'. Cet animal a un instinct si parfait que lorsqu'il trou- ve une esquille dont la partie inférieure est relevée et que la supérieure lient à la souche ou à l'échalas, il vient s'y placer et y trouve un abri sur contre les pluies de rhiver\ C'est donc inutile de chercher la chenille de la py- rale dans la terre pour la détruire au moyen de divers procédés qui ont élé conseillés; ce n'est qu'acciden- « bois neuf et n'ayant pas encore servi, sont toujours infiniment moins « attaquées que celles qui sont soutenues par un tuteur qui a été em- » ployé au niéine usage l'année précédente. Lors donc qu'au prin- « temps nous repiquons ceux-ci au pied de nos vignes piétés à végé» « ter, nous venons, bien maladroitement sans doute, leur apporter « une certaine dose d'infection , et peut-éti e ajoutons-nous beaucoup « au mal.» M. Recapé, qui s'exprimait ainsi, avait deviné juste. Tous les cultivateurs présents admirèrent cette explication, et chacun cita des faits qui venaient la corroborer et qui s'étaient mille fois of- ferts à eux dans leur pratique. ' Dans des recherches faites encore tout récemment avec M. Aie» ron , nous avons trouvé une infinité de jeunes chenilles qui avaient hiverné dans les fissures d'une foule de souches, que nous avons pri- ses indistinctement dans plusieurs vignes du Vernet , ce qui nous démontre que la chenille, chez nous , n'a d'autre retraite que les fissures de la souche , puisqu'elle ne trouve point d'échalas pour s'y blottir. » Il est si bien constaté que les jeunes chenilles se blottissent dans les fissures de la souche ou de l'échalas, que M. Audouin a rapporté des environs d'Argenteuil quelques échantillons, pris au hasard , par- mi les tas d'échalas, et qu'il a soumis à l'Académie. « En les exanii- « nant avec soin , dit il, on verra que chaque petite larve , pour éta- « blir son quartier d'hiver, a choisi souvent un petit éclat de bois, « fut-il, étroit comme une épingle, il suffit pour l'abriter; sou- « vent même plusieurs se placent en série sous celte esquille , et lors- « que l'éclat du bois est plus grand , elles se réunissent en plus grand « nombie , à côté les unes des autres. J'en ai compté jusqu'à -ji sur i3 194 lellement quon en trouve qtielqu'une. Les labours répétés jDentlant Thiver, même en projetant sur le sol diverses substances, ne produisent pas le moindre résultat pour sa deslruction. Les saisons plus ou moins pluvieuses, plus ou moins froides n'ont au- cune action sur les cbenilles. La température s'abais- scrait-elle au point de geler la cbcnille, de la rendre glaçon même, qu'elle ne périrait point. La chenille, logée sous l'écorce des souches et dans les fissures, éprouve peu d'action des moyens usités quelquefois pour la détruire , tels que le brossage qui n'est guère praticable, lebadigeonageavec des substan- ces fortes, irritables, moyens qui ne pourraient pas être toujours employéssans danger pour la vigne. Elle y est abritée contre leshumidiiés et les froidsau moyen du réseau soyeux et imperméable dont elle s'enve- loppe, et dans cette position elle reste comme engour- die pendant environ neuf mois. Ces précautions sont prises pendant les plus fortes chaleurs de l'été , fin de juillet et commencement d'août; dans cette contrée le thermomètre de Rhcaumur marque ordinairement de 22 à 2G degrés; elle reste dans cet état sans avoir pris la moindre nourriture jusqu'au printemps prochain. Epoque où la pyrale sort de sa retraite d' Invernation. — Temps où elle fait les dégâts. Loi'sque les premières chaleurs du mois d'avril ont « une surface de moins ti'un centimètre carré. Cet exemple est un ite « ceux que je mets sous les yeux de l'Académie. On peut voir, même « à 1 oeil nu , que cliaque petite chenille, longue de deux millimètres « environ , a eu le soin de filer un jietit cocon soyeux , qui doit la « protéger pendant les neuf mois de son hivernation. » Les membres présents à l'Académie ont vérifié le fait, et plusieurs , en soulevant de nouveaux éclats, ont découvert de nouvelles chenilles. 195 réchauffé l'atmosphère, et donné aux vignes Tinipul- siou végétative, le hourgeon se développe et les jeu- nes pousses se couvrent de feuilles ; c'est aussi alors que la jeu^ne chenille , qui éiaii lestée pendant neuf mois dans sa retraite et dans un élat d'en- gourdissement, se réveille, grimpe sur la planie , se développe , attaque les nouvelles (enillcs et les ronge. Celte chenille a la parlicuîarilé de traîner avec elle, à chaque pas , un réseau soyeux à laide duquel elle se préserve des attaques de ses enne- mis ; souvent elle enveloppe ainsi le raisin, Tétran- gle el en arréle le développement. Chaque fois que la chenille est arrivée au degré de grosseur qui l'ohlige à changer de peau, ce qui a lieu quatre fois avant d'être sur le poinl de se transformer en chrysa- lide, elle est comme malade, elle reste dans un état d'engourdissement et une grande partie des chenilles n'y résistent pas ; elles périssent dans ce moment. C'est pendant la période de la troisième et quatriè- me mue que la chenille a hesoin de prendre une nour- riture abondante, qu'elle fait le phis de dégâts aux vignes : elle détruit alors heaucoup de feuilles et le mal parait alors dans toute sa force. Peu avant d'opérer la quatrième mue, époque à laquelle la chenille doit prendre une nouvelle forme et rester quelques jours en état de nymphe pour de- venir chrysalide, le réseau dans lequel elle s'enve- loppe est plus épais; elle cherche même à en aug- menter la force en rassemblant les feuilles voisines et par un instinct tout particulier, elle en coupe les ner- vures ou le pétiole", les contracte, les roule surelle- > C'est encore par ce même moyen qu'elle coupe aussi la queue du raisin et le fait périr. 196 même cls'en recouvre pour y passer sabrève et léthar- gique existence qui est de quatorze jours; les feuilles ainsi trailées ne lardent pas à se flétrir , à se dessé- cher et à donner aux vignes, un aspect bien triste'. La période de la deuxième mue à la quatrième, dure ordinairement vingt-cinq jours. C'est le temps que le propriétaire choisit pour tacher de se débarrasser de celte chenille; plusieurs moyens ont été mi'scn usa- ge, mais leur exécution n'ayanl pas été adoptée d'une manière générale, on n'a pu en obtenir un résultat bien satisfliisant. Dans ce déparlement, le moyen le plus usilé est l'échenillage; on l'emploie depuis un temps immémorial^ et on n'a pu parvenir, par lui, à arrêter les dégâts qui augmentent de plus en plus ; en outre , il est pratiqué dans le moment de la florai- son, et on fait alors le plus grand mal à la vigne, en faisant tomber les fleurons qTii doivent donner le fruit. Il est d'autant plus dangereux d'écheniller à cet époque , que la pyrale est entourée d'ennemis qui lui font une guerre à outrance. Parmi eux on peut met- tre en piemière ligne la nombreuse tribu des insec- tivores ou oiseaux à bec fin. Les limaces, les perce- oreilles qui attaquent la pyrale en état de nymphe , mais surtout les ichneumons sont les plus ardents auxiliaires de l'homme pour la détruire ; ils la cher- chent, la suivent et déposent, à l'aide de la pointe de • C'est celte particularité de couper le pétiole des feuilles ( qui fait paraîtie alors tant de dégâts aux vignes), à cause du grand nonihre qui se dessèchent , qui /ait dire, avec juste raison , à nos ■vignerone , au il semble que le feu a /xissê dims les vignes Ce dégât a été si sensible en parcourant nos localités, que M. Audouin avait cru qu'il était dû au hasard, il l'a constaté comme un fait particulier et dépendanlde l'instinct de la chenille qui la porte à couper le pétiole des feuilles pour en doubler son enveloppe. leur oviducle, leurs renfs sous la peau de la clienille; ils ont la prévoyance de ne déposer qu'un œuf sur chaque pyrale ei de le placer de manière que le pa- rasite puisse se développer sans empêcher la chenille de manger , de se développer aussi et d'arriver à 1 elat de chrysalide ; c'est ainsi que la larve de richneumon termine sa croissance, et au lieu de voir sortir une pyrale de cette chrysalide , il en sort un ichneumon qui a suivi toutes ses métamorphoses. Les ichneumons, àTétat d'insecte parfait, détrui- sent encore heaucoup de pyrales; on les voit voltiger de cep en cep, cherchant les chenilles et s'en nour- rissant, un peut juger, d'après cela, que l'échenil- lage, tout en détruisant les chenilles de la pyrale, peut détruire aussi heaucoup d'ichneumons, ce que Ton doit surtout chercher a éviter. Moyens qu'on doit mettre en usage pour détruire la pyrale et empi'c/ier sa propagation. Plusieurs moyens rationnels ou empyriques ont été proposés et employés pour la destruction de la pyrale; nous ne signalerons que ceux dont l'expérience a dé- montré reflîcaciié , et afin d'en faire sentir tout le mérite, nous rapporterons textuellement un extrait des ohservations faites par ]M. Audouin et présentées a l'académie des sciences. TNous donnerons à la suite le parallèle de ce que coviie réchenillage comparé avec la recherche des pontes, et nous fairons connaî- tre les avantages qui en résultent. «Un séjour de près d'un mois au milieu de cette in- téressante population des vignohles du Maçonnais et du Beaujolais, a eu pour moi l'avantage de m'iilenti- 198 fier en quelque sorte à leui' position , et de me mettre à même de bien comprendie leurs besoins. De leur coté, ils ont puisé dans ces relations journalières et de tous les moments des connaissances exactes qui manquaient à la plupart; ils ont appris à bien con- naîtie dans toutes ses phases et dans ses habitudes les plus cachées Tennemi auquel ils avaient affaire. Dès lors, ils ont pu juger comment il était possible de l'attaquer avec succès, et lorsque ensuite des expé- riences ont été tentées sous leurs yeux par des pro- priétaires éclairés , ils ont été capables de discuter sur leurs avantages, sur leurs inconvéniens , siu' la possi- bilité de leur mise en pratique, et sur la préférence qu'on devait donner à tel procédé plutôt qu'à tel autre. (( C'est en procédant de la sorte que nous sommes bientôt arrivés à nous entendre ; et un premier moyen sur les avantages duquel nous avons été unanimement d'accord , a été , au moment de l'apparition des pa- pillons, 1 cnqiloi simultané des feux, non pas , comme l'ont entendu et l'enlcndent encore quelques person- nes, des feux clairs et élevés, mais des feux petits, bas, multipliés, c'est-à-dire placés à la distance de 25 pieds au plus l'un de l'autre. «Une illumination de cette espèce ne saurait se faire avec des brins de bois, de la paille ou tout autre ma- tière pinson moins analogue; car pour les alimenter il faudrait un nombre infini de bras, et à cause delà nature du combustible, on devrait user de trop de précautions pour ne pas risquer d'endommager les plans de vignes. On n'aurait à craindre aucun de ces inconvénienis, si on employait une flamme qui s'en- iretuit elle-même, par exemple une mèche entourée 199 de suif, un lampion, une chandelle. Mais, d'un au- tre côté, on ne manquera pasd'oljjecterqu'nneflamme si peu étendue ne détruirait qu'un bien petit nombre de papillons s'il n'y avait d'aiteint que ceux qui vien- nent s"v brûler en toui'noyant autour; or, ce tournoie- ment que viennent exécuter les pyrales à la circonfé- rence de la flamme, cette sorte de spirale ou de cercle qu'elles décrivent , est une circonstance des plus heu- reuses, car elle jiermettra, comme on va le voir, de s'emparer de tous les papillons qui s'en approcheront, même sans la toucher. «En effet, supposons que cette lumière soit un lampion, qu'au lieu de le tenir élevé on le nielle- dans un vase plal cl qu'on pose celui-ci sur le sol, ou conçoit que le papillon, qui tend à décrire un cercle aulour de la flamme, ne pourra plus décrire qu'une portion de cercle, arrêté qu'il sera par la surface plane sur laquelle est posé le lampion et qu'il viendra sans cesse frapper de ses ailes: or, si on couvre mainlenant celle surface avec de l'huile, l'in- secte, en la touchant, sera arrêté et asphyxié aussitôt par ce liquide. Donc l'effet de la flamme ne sera pas tant de brûler le papillon que de l'ail irer dans ce piège. Je reviendrai ailleurs sur l'emploi de ce pro- cédé, qui a d'abord été essayé par un propriétaire animé d'un ardent désir d^êlre utile, M. Bruyère, mais qui a été expérimenté réellement chez M. de La liante; je me bornerai à donner ici les résultais de ces expériences, afin qu'on puisse apprécier à sa juste valeur le degré d'efficacité et d'avantage de ce nouveau moyen. ((Deux cents feux du genre de ceux dont je viens de parler, c'est-à-dire deux cents plais dont le fond 200 était couvert d'une couche tVhuile d'une à deux li- gnes d'épaisseur, avec une petite lumière haute de trois à quatre pouces, placée au centre, furent établis à la chute du jour, le 6 août, dans un clos de vignes de M. de La liante, sur une étendue d'un hectare et demi environ , et à des distances les uns des autres de vingt-cinq pieds. « Ces feux durèrent deux heures environ. A peine avaient-ils été allumés qu'un très grand nombre de pa- pillons volaient autour et ne tardaient pas à se noyer dans l'huile. ((Le lendemain on en fit le compte; chacun des deux cents vases contenait, terme moyen, 150 pa- pillons. Ce chiffre multiplié par le premier donna par conséquent en total 30,000 papillons détruits. «Sur ces 30,000 papillons on compta un cinquiè- me de femelles, ayant toutes l'abdomen plein d'(eufs. Elles n'eussent pas tardé à pondre chacune 1 50 reufs, terme moyen; ce dernier nombre multiplié par le cinquième de 30,000, c'est-à-dire par 6,000, donne- rait donc pour résultat définitif de cette première chasse le chiffre élevé de 900,000 pyrales, dont on aurait arrêté le développement. «Le lundi, 7 août, un nouvel éclairage, fait a la même heure et dans les mêmes lieux, avec 180 feux, a produit, pour chacun d'eux, 80 papillons; c'est-à- dire, en total, 14,A00 pyrales. Sur ces 14,400 on a compté j non plus un sixième, mais les trois quarts de femelles. En admettant qu'il ne s'en fût trouvé que la moitié, c'est-à-dire 7,200, et en multipliant ce nombre par 150, qui est celui des ceufs que chacune d'elles eût pondu, on voit que le résultat de cette expérience est encore plus satisfaisant que celui de 20 i la première, puisqu'il donne un loial de 1,080,000 (cufs détruits. «Deux nouvelles expériences furent établies sur un autre point le 8 et le 10 août, et elles procurè- rent ensemble la destrucîion de 9,2G0 papillons. «Nul doute, par conséquent, que l'usage des feux, employés de la manière qui vient d être indiquée , ne soit un très puissant moyen d'arriver à la diminution du fléau; mais il devrait être répété pendant plu- sieurs jours et mis simultanément en pratique sur toute l'étendue du territoire infesté; car le proprié- taire qui en fera usage aujourd'hui ne garantira pas ses vignes des papillons du voisin qui le lendemain viendront y déposer leius œufs. Pourrait-on ensuite déterminer facilement ou bien obliger une popula- tion entière, pauvres ou riches, à faire la dépense première qui est nécessaire pour opérer? Voilà la seule objection fondée qu'on puisse alléguer contre l'emploi de ce puissant moyen'. «Au contraire, il est un autre procédé qui n'en- traîne aucun frais, aucune mise première de fonds, et qui n'exige que la main-d'œuvre. • Tout en conseillant l'emploi simultané des fetix dans toute l'é- tendue du territoire envahi par la pyrale, nous sentons des difficultés insurmontables à mettre ce ])rocédé en usage , l'impossibilité même d'établir sur une étendue de terrain si vaste une illumination; car les vigues de cette contrée, tjuoiquun grand nonibie .nppartieut à de riches ])ropriétaires , la plus part sont possédées par des gens pau- vres , qui n'auraient ni la faculté ni le temps de s'en occuper , cette opération devant être faite dans un couit espace de temps et léiiélée plusieurs jours de suiie afin qu'elle soit productive. Sans conseiller d'y renoncer, nous engagerons les propriétaires de s'en tenir à la recherche des chrysalides et à la cueillette de> pontes , ce qui conduira aux mêmes avantages , sans donner autant de peine. 202 « Ces papillons , avons-nous dit, pondent 1 50 reufs environ^ ils sont réunis par plaques à la face supé- rieure des feuilles de vigne; chaque plaque en con- tient un plus ou moins gi-and nombre; mais on peut regarder le chiffre 60 comme un terme moyen ; c'est de ces (enfs ainsi groupés que naissent les vers dévas- tateurs. Si donc on parvenait à détruire ces pontes, on arrêterait certainement le fléau dans sa source. ((Jetais préoccupé depuis long -temps de cette idée; mais l'expéiience seule devait ra'apprendre si elle pouvait avoir une utile application. (( M. de La liante se décida sur ma proposition à la tenter. ((Le 7 août, une vingtaine de vignerons, de fem- mes et d'enfants se mirent à Tceuvre sur divers points de son grand vignohle, lopéraiion eut lieu jusqu'au 1] août inclusivement. Voici le résultat qu'on obtint dans cette intervalle de cinq jours. (( 186,900 pontes furent ramassées. Je dirai ailleurs comment on a pu s'assurer exactement de ce nombre. ((Si nuinlenant on multiplie ce chiffre par celui de 60, qui représente la quantité d'(eufs contenus dans clia(|ue plaque, on trouvera que par cette opé- ration on a obtenu la destruction de 1 1 ,21 4,000 ceufs, qui eussent bientôt donné naissance à autant de che- nilles '. ((L'opération continuée du 12 au 18 août inclusi- vement par une trentaine de personnes a donné, pour ces sept journées, un autre total de 482,000 plaques d'reufs ou pontes, qui multiplié également « « Je fais ici abstraction des causes âv: destruction qui font périr quelquefois beaucoup doeufs et de jeunes chenilles; je les ajiprécierai plus tard à leur juste valeur. 203 par le nombre dVeufs existant dans chaque plaque, c est-à-dire par 60, donne 28,920,000. ((Ainsi douze journées de vingt à trente travailleurs ont suffi pour détruire 40,134,000 reufs , lesquels œufs eussent éclos dans Tespace de douze à quinze jours et souvent plutôt, selon Tépoqne plus ou moins ancienne à laquelle ils avaient été déposés. «Ces résultais parurent si satisfaisants que IM. de La liante n'hésita pas à opérer sur une plus cjrande échelle. Il fit rechercher les (t-ufs dans sa belle pro- priété, dite du bois de Loize , et qui n'a pas moins de cent vingt hectares. C'est, je crois, le plus grand des vignobles d'une seule pièce qui existe en France. (( Le travail fut entrepris par la presque totalité des vignerons et avec beaucoup de zèle; il commej)ca le 9 août et fut continué jus([u'au 19 inclusivement. (i()n recueillit dans ce laps de onze jours , qu'il faut réduire à dix à cause d'une journée entière de pluie pendant laquelle on ne put opérer, on recueillit, dis- je, durant ces onze jours 1,134,000 plaques dœufs. Ce chiffre multqjlié par 60 donne en total 68,040,000 œufs détruits. ((Or, il est à remarquer, d'une part, que l'opéra- tion fut commencée un peu tardivement, lorsque déjà bien des ceufs étaient éclos (ces (cufs éclos, qui ne fvirent pas ramassés par les tiavailleurs, ne figu- rent pas dans le chiffre ci-dessus), et que de l'autre on dut, à cause de i'éclosion qui devenait trop gé- nérale, cesser le travail avant que tout le vignoble eût été exploré; en sorte que ce n'est pas trop élever le chiffre que de dire qu'il aurait été quintuplé, sex- tuplé peut-être, si l'opération eût pu se faire en temps opportun et complèlemenl. 204 ■ «Tandis que ces expériences se faisaient sous mes yeux et je puis dire sous ma direction, car M. de La Hante, désireux de donner Tcxemple, les étendait et les variait suivant que je le croyais utile , un autre propriétaire fort instruit et dont j'aurai souvent à rap- peler le nom, M. Desvignes, Taîné, exécutait aussi en grand la recherche des œufs, et il la faisait faire avec un très grand soin. Il l'avait commencée dès le 4 août et la continuait encore le 19 du même mois. (( Les résultats auxquels ce cultivateur est arrivé et que je détaillerai ailleurs, coïncident parfaitement avec ceux dont j'ai fait mention-, il a obtenu la des- truction de 31 ,000,000 œufs dans une propriété infi- niment moins grande que celle de M. de La Hante. Or, il a calculé, et M. Desvis;nes est im habile né- gociant qui s'entend parfaitement en calcul , que la dépense de celte opération, qu'on a lépétée deux fois dans le même vignoble, ne s'élevait pas à plus de 20 francs par hectare; que signifie cette somme comparée au produit que fournit la récolte moyenne sur un sol qui se vend jusqu'à 10 et 14,000 fiancs riiectare. D'ailleurs je ne doute pas que bientôt le propriétaire ne soit, en tout ou en partie, allégé de cette chai'ge, le vignei'on étant toujours disposé à ajouter aux façons qu'il donne à la vigne, lorsqu'il est convaincu du bon effet de son travail. «Des chiffres aussi élevés que ceux que je viens de citer, en même temps qu'ils donnent une idée exacte de la gravité du mal, font voir combien est efficace le procédé qui consiste à détruire les reufs. J'ai montré qu'il était praticable tant à cause de sa simolicité que parce qu'il est dès à présent peu coû- teux. Les avantages qu'on en retirera seront plus 20 0 sensibles encore lorsque les vignerons, plus confiants dans l'opéralion, seront devenus plus habiles à opé- rer, et se décideront à agir en temps opportun. C'est ce que comprennent très bien tous les propriétaires éclairés c[ni ont commencé la recherche des pontes après la réunion du 13 août. Us ne coniplent pas pour l'an prochain sur des résultats comparables à ceux qu'obtiendront MM. Desvignes et de La Hante qui, les premiers, ont marché avec confiance dans cette nouvelle voie; mais ils sont convaincvis que leurs vignes se ressentiront de ce ti avail tardif, et que quel- que faible qu'elle puisse être, ils auront leur dose de récompense. «En résumé, et dans l'élat actuel des choses, je considère la cueillette des œufs comme préférable à tous les moyens cjui jusqu'ici ont élé proposés ou mis en pratique. Faite avec soin, elle gaiantira la récolte de l'année suivante -, pratiquée sur toule l'étendue du territoire infesté^ elle anéantira le fléau ou du moins elle le réduira à tel point, que ses effets deviendront insensibles. Je regarde ce procédé comme de beau- coup supérieur à celui qui a pour objet la recherche des chrysalides, et même à l'opération longue, diffi- cile et toujours très imparfaite de l'échenillage, et cependant je ne proscris pas ce dernier moyen; mais je ne l'admets que comme la ressource de l'impré- voyant vigneron qui ayant vu l'année précédente des pontes sur ses vignes a négligé de les enlever. En ef- fet, je montrerai que les chenilles qui au printemps commencent leurs ravages sur un pied de vigne, proviennent des (eufs déposés précédemment sur les feuilles de ce même pied, en sorte qu^in cep sur le- quel on les aurait tous enlevés serait exactement 206 intact l'année suivante. Celui donc qui agira ainsi aura réellement travaillé })Our son propre compte, il en recueillera tout Tavantage quelle que soit la conduite tenue par son voisin.» Avantages de la recherche des pontes d'ceufs de la pyrale , sur l'éclienillage. Toutes les fois qu'en agriculture on est obligé de s'élever contre un procédé consacré par la pratique de longues années , qu'il faut heurter un préjugé, en admettant un nouveau système , on rencontre de l'opposition et des obstacles qu'il est difficile de surmonter. Cependant les calculs établis par M. Au- douin , sont si faciles à saisir, les procédés qu'il in- dique sont d'une exécution si simple , qu'ils ne réclament ni force ni intelligence , qu'ils peuvent être confiés aux enfants, aux femmes, aux vieillards, et qui mis en pratique l'année dernière , dans ce département, ont déjà prouvé leur supériorité sur tout ce qui avait été fait avant. Qu"avait-on opposé jusqu'ici pour arrêter la marche dévastatrice de cet insecte malfliisant? qu'avait-on mis en pratique pour diminuer le nombre et la multipli- cité de cette chenille qui cause tant de dégâts? qu'a- vait-on fait pour empêcher que la soie qu'elle sé- crète continuellement et qu'elle traîne toujours avec elle, ne couvre le raisin quand il est encore jeune? A tout cela on n^avait opposé que des pratiques qui n'avaient même pas la force d'enrayer le mal, souvent défectueuses, presque toujours ou impossibles à exé- cuterou bien dangereuses pour la vigne. Le seul moyen qui se pratiquait d'une manière générale , était l'é- 207 chenillagc, opération insuffisante, longue, coûteuse en ce qu'elle demandait beaucoup de main-d\EU- vre, difficile à exécuter en ce qu'elle devait être faite au mcmenl de la floraison; et toucher au raisin dans celte circonstance , c'est lui porter le plus grand préjudice. On a cru pendant long-lcnips que la pyrale suivait la même marche que le ver à soie, c'est-à-dire que Tœuf était déposé dans la partie cotonneuse du bour- geon et qu'il ne se développait qu'avec lui'; mais ce fait a été si bien démontré qu'il est inutile d'y reve- nir. Nous fairons remarquer seulement qu'on a pu- ' Les cultivateurs cherchaient tous les moyens possibles pour con- naîtie In retraite de la pyr;ile pendant l'hiver, ou du moins des orufs; car ils étaient dans la [lersiiasiou que la clienille ne sortait de l'œuf qu'au [nintenips, et alois qufl était l'endroit que le papdlon choisis- sait pour y déposer sa graine? La partie cotonneuse du bourgeon avait paru être ce qui convenait la mieux , et le hasard avait donné lieu à COI roborer celte idée. On est dans l 'h ;i blinde de cueillir fies sarments, qu'on met dans l'eau , pour planter plus tard ; quelques paquets ou- bliés végélèreiiî, et dès que leurs jeunes pousses furent venues on s'aperçut qu'elles étaient couvertes de chenilles de la |)yiale ; raison bien évidente pour croire que les œufs étaient déposés sur le bour- geon. Cette expérience, lépétée par plusieuis personnes, avait pro- duit le même résultat ; conviction parfaite dès lors ; lorsque plus tard on s'aperçut que les œufs, déposés dans une conserve par des pyrales, éclosaient peu de jours après , et que la jeune chenille ne faisait pas du mal à la vigne à cette épo(jue; on en avait conclu encore qu'elle se ni- chait dans la pailie cotonneuse du bourgeon. Il est aujourd'hui dé- montré qu'au lieu d'être dans cet endroit, elle se blottit plutôt dans les fissures des sarments; csr ce qui avoisine la souche est ordinairement raboteux et très écailleux; et quoique cette portion soit immergée dans l'eau lorsqu'on met les sarments dans ce liquide pour les conser- ver et les planter plus tard, la chenille ne manque pas de se développer lorsque le i.iouient est venu , et grimpe alors sur les jeunes pousses et s'en nourrit. Voilà donc ce qui aurait donné lieu à celte erreur, que robservatlon a démontrée avec toute l'évidence de la réalité. 208 blié beaucoup de choses pevi exacles sans y porter toute raticntion qu'un pareil sujet exigeait , et en cela on a fait bien du mal en corroborant dans l'es- prit des gens faibles ou peu inielligens des théories fausses, des pratiques nuisibles et difficiles à exécuter. Une autre objection qu'il est essentiel de com- battre : au moment de l'enlèvement des pontes , dit-on , tout le mal est fait à la vigne ; ce raison- nement n'est fait que pour le commun des hom- mes, pour qui l'on sait que le prcsaU est tout. Quoi- qu'on n'ait , dans ce moment , à redouter la che- nille que le printems prochain , on rendra le plus grand service à la vigne en la dépouillant des pla- ques d'œufs, car si on enlève d'une souche une ou plusieurs pontes, on la préserve, ainsi que ses voisi- nes, d'un nombre infini de chenilles qui. Tannée prochaine, la dévasteraient; on aura par là rendu un grand service à la vigne , on conservera par ce moyen la récolte, on ne sera pas obligé d'écheniller au prin- temps prochain , et on épargnera un nombre consi- dérable de journées, puisqu'il sera démontré plus bas que l'enlèvement des pontes, outre l'immense avan- tage qu'il offre pour la destruction de la chenille , coûte beaucoup moins que l'échenillage. Une vigne d'une ayminate qui, comme on sait, contient 2,500 souches-, située au terroir du Ver- net, dans le centre du foyer où la pyrale fait le plus • Ayminate, mesure de surface en Ronssillon , mot du pays qu'oa écrit ordinairement ejminade , tire évidemment son étymologie de mina, mesure ancienne de capacilé, à cause des mesures de grain qui sont nécessaires pour semer la surface de terrain qu'elle détermine. Chez les anciens , mina était une mesure de surface de uo pieds en tout sens , Çranori): dans des temps pins rapprochés, Mine est une me- 200 grand mal, a nécessilé sept joiunces de travail pour renlcvemeni des pontes, en suivant deux t'ois la vignej il faut due que cette opération a été faite avec le plus grand soin, sous les yevix de M. Aleron, qui en con- naissait toute f iniporiance. Afin de pouvoir nous ren- dre raison des résultats obtenus, nous avons fait sé- parer la portion des feuilles que chaque personne a cueillies, leur poids a été de deux kilogianinies par journéej nous avons pris au hasard, sur quatre tas des feuilles cueillies, demi kilogramme à chacun, nous avons partagé, par la Ijalance, chaque demi kilogram- me en quatre portions égales, le terme moyen des quatre pesées a été : 1« 13G feuilles, 2° 132, 3° 127, 4° 121 , ce qui a donné en tout 51 G feuilles par demi kilogramme; deux kilogrammes donnent donc 2,004 feuilles. Examinées avec la plus grande alicntion, nous avons trouvé, sur chacune d'elles, au moins une plaque d"(eufs de pyrale , plusieurs en contenaient deux, et méine quatre ; nous avons compté des feuilles où il y en avait dix et onze , tant il est vrai qu'il est des feuilles qui sont choisies par pré- dilection. [Mais afin d'être plus rigoureux et ne pas en compter de trop, nous n'admellrons qu^une plaque par feuille, ce qui nous donnera le même sure rie terre dont l'étendue a besoin de deux minots de grain noiir être semée, elle revient environ à un demi aipent de P.ii is ^fiuflicre). L'ayiiiinate varie de contonaiice (hius le Iloussillon , seluu les di- verses localités. La grande ayininate a fij ares. La moyenne (io La petite 47 L'ayminate de nos vignes se rapporte à celte dernière. II parait que cette mesure est connue aussi djns le iomC.it t/'.-tfi- gnoii. ï4 210 nombre, cesl-à-dire 2,0G'^ plaques dœufs. Chaque ponte esl ordinairement de 150 à 200 œufs, mais nous prenons pour terme moyen le chiffre de GO. Ainsi, 2,06'i multiplie par 60, nous donne 123,840. Sept journées employées à cueillir les pontes d'une ayminaie de vigne ont donné pour résultat la des- truction de 86G,880 (cufs, qui eussent été tout au- tant de chenilles, qui auraient dévasté celte vigne le piintcmps prochain. Jamais, avec le même nom» hre de journées employées à Téchenillage des mois de mai et juin, on parviendra à détruire autant de chenilles-, car nous mettons en fait, d'après ce que nous avons observé, que chaque personne employée à l'échenillage ne détruit pas 1 ,500 chenilles par jour, et quoique ce chiffre soit déjà exorbitant , nous ad- mettrons même qu'il soit double, ce qui donnera 3,000 chenilles. Eh bien! chaciue personne employée à la cueillette des pontes détruit, d'après Texaciitude de notre calcul, 123,840 œufs. Ces résultats sont im- menses , et cela seul doit faire voir lequel des deux procédés mérite la préférence. Afin d'établir un moyen de comparaison, et faire connaître Vavantage de la cueillette des pontes sur réchenillage , nous allons rapporter ce que coule or- dinairement cette dernière opération. M. Pages est propriétaire de deux vignes qui font ensemble cinq ayminates de surface, l'une au terroir du Vernet, où la pyrale fait beaucoup de mal, Tautre au terroir de la Poudrière, où elle en fait moins. INous pre- nons douze années, pour bien établir la comparaison et prendre une moyenne. Ue1810 à 1830, inclu- sivement, les journées ont été distribuées ainsi, re- levées sur son registre : 211 Année 1819 62 journées. — 1820 66 — 182) 94 — 1822 79 — 1823 33 — 1824 54 — 1825 35 — 1826 42 — 1827 80 — 1828 79 — 1829 70 — 1830 47 Total 741 journées. Le douzième de 741 est 61 , 75 ; ]e cinquième pour le rapporter à Fayminale est 12,35 La journée des femmes employées à celle opéralion se paye, dans le déparlement, 1 fr. ; le terme moyen de l'échenillagc pour une ayminale de terrain suivie deux fois, est donc de 12 f. 35 cent. L'échenillage coûte donc presque la moitié de plusque la cueillette des poules et on est Lien loin d'obienir les mêmes avantages; de sorte que par la cueillette des pontes ou aura économie de temps, meilleur résultat et, tous les ans, diminution dans le nombre des journées. INous ne craignons pas davancer que si , la cueilleiic se fait d'une manière générale , simultanée et pra- tiquée sur toute lelcnduc du territoire, pendant trois années consécutives , les ravages, produits par cet insecte, ne seront presque plus sensibles. Celte notice n'ayant d'autre but que de faire con- naître aux propriétaires du déparlemenl les moyens •4* 212 qu'il conviciU le micuK de niellre en pratique pour arriver aux icsullals les plus avantageux, nous pen- sons ([u i) est bon de leur faire connaître aussi le mo- ment le plusopportunpourselivreranxopérationsqui doivent amener la destruction complète de la pyrale. Les chenilles les plus précoces ne se métamorphosent point avant le 24 juin ; elles sont même très rares à celte époque , et bien qu'il semble qu elles cessent d'exister , elles ne périssent point. Envelopjiées de quelques filaments soyeux et comme emmaillotées dans une feuille de vigne roulée, flétrie etdesséchée , elles passent ainsi leur brève et léthargique existence. Ce moment est un des plus opportuns pour s'en dé- barrasser. Les signes qui accompagnent leur retraite étant très faciles à saisir, il sera fort aisé d'en faire la recherche. Si elle est faite avec soin (ce qui consiste a cueillir toutes les feuilles qu'on verra roulées et mortes dans lesquelles on est sûr de trouver une ou plusieurs chrysalides ) , ce procédé employé de concert avec la cueillette des pontes, qui doit être faite presque en même temps, sontlesseuls moyens qu'on devra mettre en pratique; ils sont très aisés à exécuter, donnent un avantage immense sur les autres procédés et ne sont pas bien dispendieux'. Userait donc essentiel de faire deux cueillettes de chrysalides et trois cueillettes de pontes. La première recherche des chrysalides sera faite du 24 juin au G juillet -, la première cueillette des pontes aura lieu immédiatement et durera jusqu^au 12 juillet-, la deuxième recherche des chrysalides aura lieu du 12 I Le procédé de faire la recherche des chrysalides est due à M.Sam- bin, docteur en médecine. 2!3 juillel au 20 , ei pciulant qu'on se livrera à celte opé- ration , on fera la cucilicltc tics pontes (jui sera la deuxième, ce qui ne demandera pas plus d'attention. La troisième cueillette des pontes aura lien du 2G juillet au 8 août. Exécutées avec les précautions qu'exige un pareil travail , peu échappcroni à ces recherches; on détruira, par ces moyens , une infinité de chrysalides et une quantité dœufs consi- dérahle. A Rivesalles , on a fiii la ciieilleilc des pontes, et M. Bassal en a donné l'exemple , en mettant en prati- que ce procédé, le premier. 11 a fait cffeciner celte opération avec toute la régularité possihle, et il pré- tend que lorsque les personnes employées àcela seront hien au fait, il ne faudra que quatre journées par aymi- nale. Plusieurs propriétaires de Rivesalies ont imité l'exemple donné par M lîassal. Espérons donc que celle année celte méthode sera adoptée dune manière gé- nérale et que dans peu de temps nous verrons nos vi- gnes délivrées de ce lerrihle fléau, et que l'abondance des récoltes sei'a la récompense des soins que se seront donnés les propriétaires pour extirper la pyrale. Nos vignes cesseront ainsi d'clre rabougries et re- prendront la belle végétation que le sol dune si belle conlréene peut manquer de leur donner. Le tableau suivant présente d'une manière plus précise les résultats immenses qu'offre la cueillette des pontes sur l'échenillage. Cucillrttc ilis pontrs. Éiliiiiiilas<". Nombre des journées (jni Nombtf». des jourin es qui oui été nécessaires à fiÉire la oui élé tiéccss, tires jxMir érhe- rcckerchc des pontes [)oiir une iiiller une vij;nc de la même 214 vigne d'une ayminate qui a été passée deux fois à huit jours d'intervalle , 7 jours. Bénéfices en faveur de la recherclie des pontes sur l'é- chenillage, 5 jours et '/î. Chaque personne employée à lacuelUetlc des pontes a ra- massé 2,064 plaques d'œufs qui, multipliées par 60 œufs queconlient chaque plaque, terme moyen , ont donné 123,840 œufs qui auraient été tout autant de chenilles. Sept journées ayant été né- cessaires pour suivre une vi- gne d'une ayminate , on a eu pour résultat 866,880 che- nilles détruites. Or pour faire la recherche des pontes nous avons em- ployé 7 jours. Bénéfices en main-d'œu- vre, 5 jor.rs et y'2. Sept journées ont détruit 866,880 œufs. 37,500 829,580. Le résultat à l'avantage de la cueillette des pontes est donc de 82g,58o œufs qui bientôt eussent été tout au- tant de chenilles, et de plus nous avons épargné 5 jour- nées et /j de travail. étendue de terrain , à laquelle on a passé aussi deux fois à 8 jours d'intervalle, 12 j.et '/a. Chaque personneemployée à l'échenillage fait périr, en le portant même au double de ce qui est réel , 3, 000 che- nilles par jour. Les avantages en faveur de la cueillette des pontes seront donc de 120,840. Douze journées ayant été nécessaires pour suivre une ayminate, on a en pour résul- tat 37,500 chenilles détruites. Pour la recherche des che- nilles, nous avons employé 12 jours et /a. Douze jonrnées et demie ont détruit 37,500 chenilles. 0| r. Propriétaires des vignobles envahis par la pyrale , vous sentirez, actnellemenl que cela vient délre dé- montré d'une manière si claire, que réehcnillage vous entraîne à des frais considérables sans le moindre ré- sultat en bien, puisque vons voyez tous les ans aug- menter le nombre des chenilles qui vous font tant de dégâts ; et vous échenillez depuis un temps immémo- rial sans le moindre succès! Renoncez à une pratique qui ne vous occasionne que des pertes; faites abnéga- tion de la récolte de cette année; renoncez à sauver la partie que vous croyez mettre à l'abri en échcnillant. Conservez l'argent qui était employé à cette opération si précaire, pour Taffecier aux moyens rationnels qui vous sont proposés et que l'observation pratique jus- tifie ; faites-les exécuter avec toute l'attention que mérite un paieil sujet et soyez bien persuadés que vous serez satisfaits du bien qui en résultera. Par conséquent, trois chosesprincipales sont néces- saires pour parvenir à la destruction complète de la pyrale; elles marcheront en même temps. Pour les exécuter, il ne faut ni force ni beaucoup d'intelli- gence ; aussitôt que la marche en sera tracée , comme il s'agit de moyens mécaniques f|ui tombent facile- ment sous le sens dos personnes les pins obtuses , on parviendra à bien faire ces opérations. Ainsi donc, nous le répétons , on fera exécuter la première recherche des chrysalides du 24 juin au G juillet. La première cneillclte des pontes aura lieu immé- diatement et continuera jusqu'au 12 juillet. Une deu- xième recherche des chrysalides aura lieu du 1 2 juillet au 20; luêiaie, pendant qu'on fera cette opération, on 21 G pent, avec un peu d'altenlion, ramasser les pontes, ce qui formera la deuxième cueillciic. La troisième cueillelle des pontes aura lieu du 26 juillet au 8 août. Loin d'exclure lesfeuxsimulianés, tels qu'ilsont été proposés par M. Audouin, et f[ui ont procuré d'aussi grands avantages aux vignobles du Maçonnais, nous les recommandons aux propriétaires zélés, a. ceux qui au- ront le temps et la faculté de le faire , car dans un pays éminemment agricole , et cette opération devant se faire dans un moment où tout le monde est occupé aux travaux indispensables des récoltes, nous croyons qu'il sera difficile detrouverassezdc bras pourTexécu- ter. Mais comme aux deux premiers moyens que nous signalons on peut employer des enfants, des femmes et des vieillards, il est très aisé de trouver assez de gens pour les mettre en pratique. Si, malgré les sages avis qui sont donnés, on mettait de l'obstination à faire exécuter des moyens aussiutiles, etquelancccs- sité de remédier aux désastreux effets occasionnés parla pyrale exigent , Tautorité n'aui-ail-elle pas le droit d'intervenir? Nous ne doutons nullement qu'un arrêté du magistrat éclairé qui est à la télé de ladmi- nisiration départementale , s'appuyant sur la loi du 26 ventôse an iv, 16 mars 1796, ne prescrive aux mai- res des communes envahies par la pyrale, de veiller h. ce que les moyens proposés et que la pratique jus- tifie, soient mis à exécution d'une manière générale et simultanée ; car tant que ces opérations ne seront faites que partiellement, ou ne doit pas espérer de bons résultats des moyens mêmes les plus efficaces. Le mal est trop grand ; il envahit des pays dont la vigne est la seule ressource, et les plaintes les plus 217 fondées sont arrivées île loutes parts aux aulorilés lo- cales, qui se sont empressées de les transmettre au gou- vernement qui, dans ses sages prévoyances, a l)ien voulu de suite satisfaire aux besoins des agriculteurs en désignant un naturaliste. M. Audouin a été chargé de cette tâche difficile. Espérons «pie le rapport de ce savant signalera au gouvernement les moyens les plus efficaces pour atteindre ce but tant désiré, et qu'une législation sage, mais sévère , sanclionnée par les chambres , prescrira lexécution des mesures qui auront été jugées les plus capables d'arriver aux ré- sultais que les hommes de science auront signalés. Qui mieux que le gouvernement peut avoir la faci- lité d'agir dans de pareilles circonstances. Si Tapathie des particuliers ou Tiiitérél du moment les force à lais- ser pcidie des récoltes dontlc fruit doit faire la prospé- rité du pays, Tautorité peut employer divers moyens pour atteindre un biit aussi éminemment utile. Outre les moyens mécaniques et directs qui ont été proposés, il y en aurait un, ce nous semble, qui ferait arriver à des avantages signalés ; nous voulons parler des primes que le gouvernement accorderait aux particuliers qui seraient parvenus à délivrer uu vignoble des attaquesdes insectesqui le dévasteraient. Ces primes pourraient être honorifiques pour les uns, pécuniaires pour les autres ; ce stimulant serait peut- être aussi utile cprune loi , et quand le gouvernement ferait (pielquc sacrifice à ce sujet, ne rctirc-l-il ]ioint une large part des bénéfices du propriétaire? n a-t-il pas un droit fixe sur chaque hectolitre de vin qui se récolte? n'est-il donc pas intéressé aussi à ce que la vigne en donne le plus possible ? Or , on évalue de 12 à 10 mille hectolitres de 218 vin, année commune, que la pyrale fait perdre dans noire contrée ; en prenant une moyenne , nous aurons 14 mille hectolitres , par année , qui seront perdus. La régie perçoit pour le gouvernement 1 f. 65 c. par hectolitre; si nous en perdons 14 mille, le gou- vernement perdra donc 23,100 f. Ce calcul établi, et formant un tableau qui comprendrait tous les pays vignicoles de la France^ les pertes qui en résuliei aient seraient immenses; force est donc au gouvernement d'accéder à la nécessité du moment, et l'établissement des primes que nous conseillons , serait peut-être le plus sur moyen de détruire les insectes qui nuisent aux vignes. XXFI.ICATION DE X.A FI.ÂNCHE représentant ta portion du territoire envalii par la pyrale de la vigne, dans le déparl.emeut des Pyrénées- Orientales. 1 , 2, 3, 4 : Ruisseau de Pia, prenant sa source à la Tel. 5 : La Llabancre, torrent qui vient des montagnes de Baixas, traverse une très grande partie du terroir du Vernet et du crest de Pia. 6, 7, 8, 9 : Iloute de Perpignan à Toulouse. 10, 11 , 12 : Vignes de Torremila. 13, 14 : Ligne de démarcation du terrain de Tor- remila infeslé. Sur ce plateau , il n'y a que ce qui avoi- sinc la roule de Toulouse qui soit allaqué; le mal n'est 219 presque pas sensible sur la gauche de cette route , et chose bien étrange , des propriétés ont une partie in- festée, tandis que l'autre partie est saine, quoique ni sentier ni haie ne les sépare. 15, 1G, 17, 18 : Plateau des vignes du Vernet, de la Poudrière et de Pia, attenantes à la Llabanère , traversé par la route de Perpignan à Narbonne, dé- signée par les n°* 19 et 20 , centre du foyer d'infec- tion du canton de Perpignan ; le mal dans cette partie est très grand. 21 , 22 : Plateau des vignes du mas Bémn, séparé par le ruisseau de Pia des vignes du Vernet. La py- rale, très abondante sur la rive gauche du ruisseau de Pia, ne l'a pas franchi et a respecté les vignes de la rive droite, ou du mas Bcani. 23, 24 : Plateau des vignes de Peyreslories, très voisin des vignes de Rivesalies. Ce terrain se trouve situé sur une éminencej la pyrale ne s'y est point propagée. 25, 26, 27 : Plateau des vignes de Baixas situées sur une colline calcaire, très voisin des vignes de Ri- vesaltes-, la pyrale n'a pas touché ces vignes. 23 Lis, 24 bis : Vignes d'Espira-de-l'Agly. La pyrale ne s'y est point propagée , quoiqvi'elles soient très voisines du territoire de Rivesaltes. 28, 29, 30, 31 : Plateau des vignes de Rivesaltes, appelé la plaine. Cette contrée est très ravagée par la pyrale ; elle y est stationnaire depuis un temps immémorial, conune a>ix envii'ons de la Llabanère, le mal diminue d'intensité à mesure qu'on se rappro- che des élévations qui bornent cette immense plaine au nord, désignées par les n°' 30, 31. 32, 33 : Route de Rivesaltes à Vingrau. 220 34 : Plalcau tic belles vignes, à gauche de la roule de Vingrau , où se trouve siluée la propriéié de M. jMuxari. Celle pailie est très infestée, surtout vers la plaine ; le mal est moins sensible dès qu'on se porte "vers les coteaux. 35, 36 : Continuation de la roule de Perpignan à Narbonne , qui traverse la plaine de Rivesaltes à Salccs. 37, 38 : Ligne décrivant une courbe^ qui indique la partie des vignes infestées; tout ce qui avoisine la route est touché; le mal diminue d'intensité en se portant vers la ligne tracée et se rapprochant des marécages; ici même pbénomène qu'aux vignes de Torremila ; des propriétés sont ravagées en partie, tandis que le reste est sain. 39, 40, 4J : Vignes de Garrius et de Sainl-IIippo- lyte, attenantes a des marécages; la pyrale paraît les avoir respectées. 42, 43, 44 : Route départementale de St.-Laurent- de-la Salanque. 45 : riatcau de belles vignes séparées par cette dernière route, cl traversées par un petit ruisseau; la pyrale ne s y est jamais établie, bien queles vignes de la gauche de la roule soient très dévastées. 'l *l^l' I,, hirr'lliwjti. 221 QUATRIEME CHAPITRE. &"^ RAPPORT ADRESSÉ A MM. LES MEMBRES DO COMITE d'iNSTRUCTION PRIMAIRE Dr PREMIER ARRONDISSEMENT ( PYRÉNÉES-ORIENTALES ) , AU NOM DU COMITÉ LOCAL DE SURVEILLANCE DE PERPIGNAN, Par M. SIRVEN , rapporteur. Messieurs, Dans le courant de ce mois nous avons visilé les écoles primaires de Perpignan, cl conformément a l'invitation de M. le Préfet, exprimée dans sa circu- laire du 18 février dernier, ces visites se répéteront deux fois le mois. Lorsque le cas l'exigera, nous vous ferons des rapports constatant les progrès des élèves 222 et les besoins que nous aurons remarqués dans les éco- les; nos invesligations s^élendront aussi sur les maî- tres. jNos rapports seront toujours rédigés avec pru- dence ; mais, a^anl la conscience de notre mission, nous saurons fliirc notre devoir comme par le passé, car de lui dépend peut-être l'avenir d'une grande partie de notre population. Nous nous sommes convaincus par Texpérience qu^il ne sutfit pas de porter un œil scrutateur sur Vin s traction qu'on donne aux enfants , sur les diverses méthodes, plus ou moins bonnes, mises en usage; il faut encore porter une attention scrupuleuse sur IV- diication, dont la morale et la religion sont la base : en cherchant à orner l'esprit de nos jeunes conci- toyens, pourrait-on négliger leur C{cur ? Sans cela ce serait bâtir sur le sable et courir après des chi- mères. Or, les instituteurs doivent donner l'exemple de l'ordre, de l'urbanité, de la décence, et inspirer à leurs élèves des sentiments honorables. Nous se- rions sans pitié pour ceux qui s'écarteraient de cette ligne de conduite, cl nous nous empresserions de les signaler à votre sévérité. L'hygiène ne nous intéresse pas moins; nous re- commandons toujours la propreté; nous exigeons que les locaux soient, autant que possible, aérés, spa- cieux, tenus convenablement, conditions favorables à la santé des élèves et des instituteurs eux-mcnies. Nous surveillons les livres élémentaires et autres qu'on met entre les mains des enfints. La routine est tenace, mais elle cède tous les jours aux efforts de la raison. Ainsi, elle avait propagé mal à propos la lecture du Télcnmque ; les hautes pensées contenues dans l'œuvre immortelle de Fénélon, son style sou- 223 tenu et relevé, la ficlion allégorique qui y règne d'un bout à l'aiUre, il autres causes eulin la niellent an-des- sus de la portée des élèves des écoles primaires. Nous avons désigné aux instituteurs des ouvrages moraux mieux appropriés aux besoins de Tenfance. Nous leur avons désigné également deux seules et mêmes gram- maires : Lboniond , pour les commençants , Noël et Cbapsal , pour les plus avancés. Cette régularité est avantageuse aux pères de famille, en ceci_, que lors- que les enfants passent d^ine école à uneautre, ce qui nariive (|ue trop souvent, la même grammaire peut servir et épaigne des dépenses inutiles , et puis ces derniers ne sont pas déroutés par les difficultés qu'of- frent des méthodes différentes, source, pour eux, de dégoût et de relards préjiuliciables. Noël et Cliapsal nous ont paru préférables à d'autres grammairiens ; les enfants les conçoivent facilement, leur méthode est claire et précise, et d'ailleurs les succès qu'ils ob- tiennent justifient suffisamment notre choix. Grâce à nos recommandations réitérées, presque tous les instiiuteurs enseignent le dessin linéaire et même la figure. Nous avons aussi propagé le calcul de tclc , que nous avons cru utile à côté du calcul écrit. Cette innovation produira, nous le pensons, d'heu- reux résultats parmi les jeunes gens qui se destinent à des professions où le calcul est nécessaire. En général, nous sommes assez satisfaits des mé- thodes suivies, des succès obtenus jusqu'ici ; cepen- dant quelques instituteurs doivent êire stimulés, ils marchent lentement et à tâtons dans la voie ouverte aux améliorations intellectuelles. Noire opinion est, que si les instituteurs, qui aiment réellement leur état et ne veulent pas rester sialionnaires, savaient 224 s'entendre et former, avec l'autorisation de M. le Préfet, des conférences et des cours de pédagogie, bien certainement linstruciion primaiic progresse- rait davantage dans notre département. C'est du choc des opinions que jaillit la lumière". La prononciation est encore négligée par la plupart d'entr'cux. « Ce {( qu'aucune méthode imprimée ne peut apprendre «aux élèves, c'est à peu près ce qu'il y a de plus (( important dans la lecture , la prononciation pure et «nette de chaque élément de la syllabe et du mot. «Cette partie est malheureusement négligée dans «beaucoup de localités, et cette négligence est «la cause de tous ces vices d'éloculion qui sont si «choquants dans la langue du peuple. » (Matter, inspecteur général des études, voyez son Manuel, etc.) — «Une prononciation pure et correcte, sans affec- «lation doit être exigée de l'enfant -, beaucoup de « fautes d'orthographe viennent souvent d'un man- «que de soin à cet égard. » (Gdizot.) Vccolc primaire supérieure est établie depuis trop peu de temps pour que nous puissions en parler en- core avec connaissance de cause; nous vous donne- rons sur son compte des renseignements qui vous feront juger de son importance et de son utilité, lorsque nous nous serons assurés que la méthode du directeur est favorable au développement de rintelli- gcnce de ses élèves. L'école communale ou publique a vu augmenter, dans vm an, d'une manière assez sensible le nombre de ses élèves-, en 1836, elle en comptait 143; au- I Ces cours sont établis clans les départements voisins du nôtre, et chaque chef-lieu d'arrondissement a le sien. 225 jourd'hui elle en compte 204, et nous avons lassu- rance que celte angaientalioa ne s'arrêtera pas là. Conformément à la circulaire de M. le Préfet, déjà citée, nous devrions dresser un élat des enfanls de la ville qui ne reçoivent aucune instruction. Sans doute ce travail est très imporlant et est digne de toute votre sollicitude; mais nous sommes dans Tim- possibilité de le faire nous-mêmes, il offre trop de difficultés. L'autorité municipale, aidée des com- missaires de quartier, est seule capable de remplir cette tache au gré de vos désirs. Le relevé fait par le rapporteur de notre commission, en 1830, porte le nombre des enfants illétrés, de cinq à quinze ans, à 314. Les élèves des écoles privées sont moins nombreux que l'année dernière; en 1836, ils s^élevaient à 552; en 1837, ils s'élèvent à 524, bien que nous comp- tions deux instituteurs de plus ^ Cette diminution est due au grand nombie d'élèves qui sont entrés, cette année, dans notre collège communal, dont la prospérité va croissant. En terminant^ nous vous dirons que, par suite de nos observations, nous nous sommes assurés que la classe nombreuse et iniércssante des jardiniers de cette ville ne prend presque aucune part aux bien- faits de l'instruction gratuite; cette insouciance est vraiment déplorable et mérite d'être connue, afin I On compte à Perpignan treize écoles privées, une école supé- rieure et une école communale publique. Le nombre des élèves qui fiéqueiitent les premières est de 524, y compris ceux de l'école supérieiue. L'école communale en compte 204; total: 728 enfants qui jouissent des bienfaits de l'instruction primaire à Perpignan. i5 226 que rautorhé la fasse cesser, s'il est possible, en em- ployant tous les moyens de persuasion qui sont en son pouvoir. Vous ne devez pas douter, messieurs, de noire zèle à seconder vos généreux efforts pour propager Vinstruction et Vcducation , deux besoins qui se font impérieusement sentir parmi nous. Nos visites au- près des insiitu leurs n'ont pas été sans fruit -, il nous sera doux de pouvoir obtenir encore des résultais avantageux au bien-être de notre population, et veuillez croire que nous n'épargnerons ni peines ni soins pour atteindre ce but patriotique, la seule ré- compense que nous ambitionnions de nos travaux. Perpignan, le 25 avril 1837. 227 DE L'UTILITE DFS SALLES D'ASILE A PERPIGNAN, Par M. JOSEPH SIRVEN. J UJU. LES MEMBRES DU CONSEIL MUNICIPAL DE LA VILLE DE PERPIGNAlf. « Consacrer sa rie à secourir !ps maux des hommes est «le premier des bienfaits; le .'econd» est de les éilaircr.w (Chateaubriand, Génie du christianisme.) Messieurs, Le l'^'" mars 1836, j'ai adressé au comité du pre- mier arrondissement pour l'inslruction primaire un rapport sur Técole pnl)lique cl 1rs écoles privées de celle ville, accompagné d'un état statistique, faisant connaître lenonihic d'cnfanisqui jouissaient, h celle époque, des bienfaits de rinslruclion et de ceux, qui en étaient privés". Dans ce rapport j'émettais le vœu qu'une ou deux salles d'anle pour l'enfance des deux sexes fussent créées à Perpignan. Depuisla présentation de mon travail, trois ans se seront bientôt écoiilés , et , tandis que des salles d'asile s'établissent dans presque tontes les villes du nord et du midi, nous seuls, nous semblons voir avec indif- férence une institution qui a déjà produit, parmi les populations qui en sont dotées, des résulals si avantageux sons le rapport moral et intelleciucl. ' Voyez, le ii* vol. des travaux de la Société, page if) \ et suivantes. 228 Je (lois lilrc pouvlanl à la louange des auloriiés chargées de diriger rinstruclion primaire, qu'elles n'ont négligé ni peines ni soins pour qu'elle fît de rapides progrès dans nos murs. IXos inslilu leurs pri- vés ont aussi senti qu'il élaii temps de soitir de l'or- nière de la routine; ils se sont appuyés sur des mé- thodes nouvelles que l'expérience leur a indiquées et qui ont rendu leur profession moins pénihle : la méthode individuelle a été sagement abandonnée, elle a fait place aux mcihodes simultanée et mu- tuelle. Mais, par contre, l'instruction graluile n'a pas avance, elle s'est hornée jusqu'à ce jour aux simples éléments; elle ne les a dépassés que pour «n très petit nombre d'élèves; non pas f|ue la mé- thode mutuelle ne soit progressive en elle-même, lorsqu'elle est bien comprise et habilement ensei- gnée ; mais parce que le caractère des enfajits de la classe pauvre, n'étant pas soumis de bonne heure au frein d'une discipline sévère, ne peut se plier plus tard aux devoirs que cette méthode impose, et sans lesquels tout progrès et toute subordination sont impossibles. L'enfant de l'homme aisé, de Tariisan, reçoit chez lui une éducation de famille, la première, la plus précieuse de toutes, qui réagit sur le reste de la vie; celuidu manœuvre, du porte-faix, eic, parla position précaire de ses parents, que l'ardeur seule de gagner le pain delà journée anime, est en général abandonné à lui-même, et son jeune cteur reçoit des impressions dont le germe, se développant avec Tàge, donne à son caractère cette rusticité que nos voisins , plus polis, nous reprochent avec raison. Cet enfant, sans guide, que quelquefois le foyer paternel repousse, qui reçoit 220 plus souvent tles coups f[ue des caresses, de perni- cieux exemples que de bonnes leçons, eh i»ien! cet enfant contracte des habitudes de vagaliondage, des vices même, et lorscju'il a atteint ses sept ans et qu'il entre dans Técole communale, peut-il jauriis devenir élève docile: ei smdieux?... qu'il soit sous ladircclian des frères de la doctrine chrétienne ou sous celle de tout autre instituteiu-, il n'en conservera j3as moins son caractère |)rlmitif ; les punitions corporelles étant défendues, il se rira des punitions morales; il por- tera, avec ses penchants au mal, le désordre dans l'école; il arrivera à l'âge où Ion doit choisir un étal, sans avoir rien appi is; sou cceur et sa léie seront vides, et comme je le disais dans mon iaj>port : d alors la (( pensée philanthropifpie du conseil nuinicipal, d'être (( utile à la classe la plus nombreuse et la plus pauvre, « n'atteindra pas son but. C'est aux citoyens réellement amis du pauvre et de son bien-être qu'il ap|3artient de guérir cette plaie qui le dégrade, en établissant le plutôt possible des salles d'asile. La salle d'asile ,n\çss\enYs^ peut être considéiéecom- me le berceau de l'éducation de rbonime; à Fàge de deux ans il y entre; à six ans ou à sept il ea sort; alors l'école communale le reçoit ; il est déjà formé aux pre- miers éléments, il connaît l alphabet, un pou de gram- maire, les chiffres, sa prière, etc ; il a Thubitude delà langue française, ce (jui est un grand avantage dans notre pays; il est discipliné, et n'apporte pas dans l'é- cole cet esprit de rudesse et d indépendance que rien ne peut donq^ter; alors la tâche de l'instiiuicur com- munal est plus douce, ses soins à l'égard de ses élèves, qu'il liiçonne à son gré, sont plus efficaces; il obtient. 230 enfin, pour prix de ses pénibles travaux, des résultais nombreux et satisfaisants. La salle d'asile est dirigée par une femme, et vous concevrez facilement l'influence qu^elle peut avoir sur Fespril de ces petits enfants confiés à ses soins. ' ((Qui sait mieux qu'elle la manière de parler à leur (( jeune cœur? qui sait mieux développer leur inlelli- « gence et diriger leurs premiers pencbants? Il existe «à cet égard, dans le cœur d'une bonne mère, un «instinct de nature, une sûreté de tact qu'aucune (( métliode ne pourrait apprendre, qu aucune instruc- <(tion ne pourrait suppléer. Or, ces diverses condi- (( tions d'une éducation toute maternelle ne seront (i jamais plus convenablement accomplies que par des ((femmes vertueuses et éclairées. » (Cochin, manuel des salles d'asile.^ Ainsi;, messieurs, l'établissement d'une ou deux salles d'asile serait pour Perpignan une innovation utile, dont plus tard vous recueilleriez les fruits; elle arracherait à l'abandon et à l'oubli une partie intéressante de notre population, en la moralisant et la plaçant au rang qu'elle doit occuper chez un peuple civiUsé; et, n'en doutez pas, votre généreux exemple trouverait des imitateurs dans notre dépar- lement. Persuadé que ma voix sera écoutée parmi vous', je me suis permis de vous signaler cette lacune dans le complément de l'éducation et de l'instruction du pauvre; je m'estimerais heureux si je pouvais con- tribuer à la combler Perpignan, le 15 janvier 1839. « Le conseil municipal, (3ans sa séance du 4 février iSBg, a ac- cueilli à l'unaiiimiié la (Heruande de M. Sirven , de créer des salles iTusile pour l'eufance a Perpignan. 231 CINQUIÈME CHAPITRE. m-& su» L ANCIEKKE COKSTITUTIOM MILITAIRE de Perpignan., résultante de son droit de guerre ou privilège de la main-armée, par M. HENRY » membre-correspondant. J^ai dit, dans la noie litiltième du tome ii de mon Histoire de Boussillun , que la ville de Perpignan jouis- sait du droit de guerre, que ee droit appartenait à toute la population de celte ville , qu'elle qu'en fût la condition ; lobligaiion imposée à l'offensé qui pro- voquait une réparation, de ne pouvoir susciter la prise d'armes que sous rantorité des consuls , du bailli et du viguicr, devenant la garantie qne ces guerres ne 232 se feraient jamais légèrement ou injvislemenl : c'est ce point si iniéreasani dvi droit municipal de cette ville , que je veux exposer ici avec quelques dévelop- pcmenls. Ce djoil de guerre attribué à la ville de Perpignan, résultant d'un privilège jamais contesté, corroboré au contraire par la confirmation dont le revêtirent successivement tous les souverains, était inliérent a Tétat d'affranchissement des communes, suivant Fo- pinion de Mably, que j'ai invoquée à Tappui de mon opinion. En recotivrantdelamain des Goths ou desFranks les armes dont les avaient dépouillés les Romains, les naturels des pays subjugués par ces deux premiers peuples, dans les Gaules et en Espagne , avaient reçu, de ce fait même, le pouvoir de venger Icius propres injures, aussi bien que l'obligation de défendre leur territoire et ce souverain qui les rendait ainsi à la con- dition d'hommes libres. A partir de là, les populations réarmées, au lieu d'en être réduites, comme les y avaient forcés les romains, à tendre humblement leur cou ail jong dont un nouveau conquérant voulait le charger, s'élevaient, au contraire, rugissantes, contre l'ennemi qui menaçait leur pays et leur liberté. Mais le droit de guerre accordé à une population entière devait nécessairement être assujetti à quelques règles et être renfermé dans quelques limites par le souve- rain, pour la garantie de la société et la sécurité des populations |>lus faibles; et c'est pour cela que Pè- dre Ti^ en réglant l'exercice de ce droit pour la ville de Perpignan , exigea que dans toutes les questions où il s'agirait de faire la guerre , les deux officiers qui le représentaient l'un dans la contrée , l'autre dans la 233 ville, le vignier et le hallli, auraient à inlervenir avec les chefs naturels de la population , les consuls (prelle avait mis à sa tète. Eu cela , le prince régularisa le droit de guerre mais ne Tenlrava pas. Si quelques communes de France avaient , à ces époques recu- lées, conquis par la révolte une indépendance com- plète de Taulorité souveraine pour l'exercice de leur droit de guerre , Tapplicalion du sentiment de Ma- bly aux communes qiii, au lieu d'obtenir ce même droit par la violence , Favaienl reçu du souverain lui- même avec les règles qui devaient le régir, n'esi pas moins légitime ; la révolte constitue une usurpation et jamais un droit; Tusurpalion finit par disparaître, le droit au contraire reste toujours; aussi, Perpignan conserva t-il son privilège jusqu'au dix-huitième siè- cle. Il est, du reste, bien évident que le droit de guerre pour lesbabitants d\ine ville était bien diffé- rent de celui attribué aux seignevirs justiciers. Ceux- ci pouvaient faire une guerre juste, comme les hom- mes libres des villes, pour venger les offenses reçues; ils pouvaient aussi en i'aire une d'injuste pourlagran- disscmcnt ou l'augmentation de leur domaine ou de leur autorité, ce que les limites, dans lesquelles était renfermé le droit de guerre pour les villes, ne per- mettait jamais. Faire respecter des droits méconnus ou violés , venger son honneur otitragé , défendre ses propriétés insultées, tel était le droit de guerre qu'avait collectivement tout habitant de Perpignan , droit qui est celui de la justice et de la raison , le seul véritable droit de la guerre, en principe, et le seul aussi que l'équité reconnaisse aux princes et aux sei- gneurs. Ce droit de guerre acquis ù la population en gêné- 234 rai, n était pas au reste le seul que possédai la bour- geoisie des villes de Catalogne. 11 est bien constant , au contraire, que les principaux habitants des cités, la première condition des habitants, lantique classe de la bourgeoisie honorée , jouissait du même droit de guerre privée, et aux mêmes termes que les barons, les chevaliers et tout le corps de la noblesse, quoi qu'en aient pu dire les jurisconsultes et les commentateurs qui leur refusent cette prérogative. Ce point si im- portant de l'ancien droit municipal est mis dans toute son évidence par un édit d'un prince qui devait se connaître en droits et prérogatives des différentes classes, par Pèdre iv, qui, dans le cours de son rè- gne , rendit dix ordonnances sur ce privilège de la niain-arniée de Perpignan. Pendant la guerre qu'il avait à soutenir contre le roi de Castille, ce prince , dans la session des coris de Cervéra, de l'année 1359, ordonna que, à partir de ce moment jusqu'à deux ans qui ne finiraient qu'au mois de mai , aucun baron , chevalier, homme de parage, citoyen ou homme de ville honoré , ne pourrait se livrer à des guerres privées' : Voilà un fait bien précis et qui donne un formel dé- menti à tous les commentaires contraires. Cette dé- fense de guerres privées, pendant la guère de Castille, est exactement la même que celle que Philippe -le- Bel fit, en 1296 et 1314, à ses vassaux , de se livrer à des guerres privées tant que durerait la guerre qu'il avait à soutenir contre les flamands. •Voici ce chapitre de ces corIs : >■ E oncara mes ordenam que de aci " entro el primer mes fie maig, é de arjui avant n dos anys pus prop « lavors esveiiidors , algii baio, cavalier, liome de paratge , tiiitada • 6 home de ùlla honrat , no puxa aigu giierejar 6 arramir ù junctes de « lallo fer. u Cuiist. de Catcd. , tom. 3 , tit. 7. 235 Les lois qui régissaient le droil de guerre des liabi- tanls de Perpignan ne sont pas celles des constiiulions de Catalogne, et ce droit n'a rien de commun avec les opinions et les sentiments des jurisconsultes ou des commentateurs de ces lois. Les constitutions de Catalogne, reçues à Perpignan seulement pour ce qui n'était pas contraire à ses propres coutumes' et à ses privilèges, se trouvaient sans aucune valeur devant ces lois particulières. La législation du droit de guerre départi à la population de Perpignan, que tout habi- tant sans exception pouvait invoquer, existe tout en- tière dans les livres des lois municipales de cette ville. Parallèlement à l'organisation civile et municipale dePerpignan, marchait une organisation militaire qui se fondait sur ce privilège de pouvoir venger ses in- jures par les armes, ce qui ne faisant de tous les ha- bitants de cette ville qu'un seul faisceau, les rendait respectables, tant en masse qu'isolément, aux yeux des autres populations. Ce droit de guerre , que j'ai montré, par deux exemples, encore en pleine vi- gueur au dix-septième siècle, époque où la faculté des guerres privées était anéantie par-tout, se trouve constanmient et exclusivement désigné dans les actes publics par le titre de Prwilegiuni inanus armatœ. Le n'était pas seulement contre quebiues petits bourgs ou villages hors d'état d'opposer une vigoureuse ré- sistance à l'agression que s'exerça ce droit de guerre; ' A ce sujet , je dois faire observer que l'édit de Pèdre iv , du 1 1 des calendes d'août l344» '"^ supprima pas les coutumes de Perpi- gnan, qu'il ne révoqua que le seul article des coutumes qui disait que les usages de Barcelone ne pouvaient point être admis à Perpignan ; tout te reste fut maintenu sans exception , et Charles v , lui-même, en con- lîriiia encore le code ea i5iy. t'osez Uosch, Titols de honor, pag. 5i8- 236 la prise cVarmes eut souventlieu^ au contraire, contre des villes ou contre des personnages qui pouvaient repousser la force par la force et combattre avec avan- tage rarméc de Perpignan: tels sont le comté de Pallas, le comté d'Ampurias et son comte personnellement, qui la subirent deux fois chacun ; au nombre des lieux que mes recherches m'ont montré comme ayant attiré sur eux les armes perpignanaises, je trouve encore la Cerdagne, la ville de Thuir qui eut plusieurs fois des démêlés avecPerpignan, celle deFiguière, le Boulon, Quérol qui vit trois fois les perpignanais ravager son territoire, Viilefranche et Barcelone , quoique Tin- tervention lojale ait terminé à l'amiable les différents de cette dernière ville avec celle de Perpignan. Plusieurs fois des tentatives avaient été faites pour abolir ou suspendre ce droit de guerre de la popula- tion de Perpignan , mais chaque fois, le privilège qui le constituait sortit victorieux de la lutte. Ainsi, un homme de Perpignan ayant, en ) 329 , reçu d'un hom- me de Thuir une offense que les juges de la main- armée ^ c"est-à dire les consuls de Perpignan avec le bailli et le viguier de Roussillon, regardaient comme une raison suffisante pour marcher en armes contre cette ville, les consuls de Thuir, en l'absence de Jayme ii qui se trouvait alors à Majorque, obtinrent de son chancelier des lettres de surséance à la prise d'armes. Les consuls de Perpignan, ainsi arrêtés dans l'exercice du premier des privilèges de la ville, expé- dièrent a l'instant des messagers au roi, qui, par ses lettres du 8 des ides d'août, annula les lettres de la chancellerie en confirmant lui-même le privilège". • Lil/ro inridi min. , fo!. l 3o. 237 Pédie IV confirma à diverses reprises ce même privi- lège , que confirmèrent encore , après lui , les rois Martin, Ferdinand i, Alphonse v, Marie, sa femme, Juan II, Ferdinand II, Jean ne-la- folle , et Cliarles- Quint L'esprit de corps et de cité, le génie belliqueux de la population rendaient les perpignanais très suscep- tibles à l'égard de leurs privilèges, et les plaintes du moindre des habitants retentissaient assez dans la ville pour qu'à l'instant même le cri de guerre se fit enten- dre dans tous les quartiers. En pareille circonslance, ils n'attendaient pas toujours que les juges de ]a.i>iaiii- anncc eussent constaté , ainsi qu'il leur appartenait , la légitimité de la plainte et provoqué préalablement des réparations volontaires de la part de l'offenseur ; la troupe guerrière se mettait en marche d'elle-même et sans l'autorisation des consuls. Les plaintes de ces magisiiats provoquèrent une ordonnance royale qui. défendait très expressément la sortie en armes de la ville sans la décision des juges du privilège , et Pè- dre IV renouvela lui-même ces défenses le 29 avril 1384; pour mieux assurer l'exécution de son ordon- nance, ce prince prescrivit que quiconque marche- rait hostilement contre quelque lieu que ce fût sans la participation des magistrats, serait tenu de réparer lesdommages qui auraient été la suite de cette guerre, et qu'il payerait en outre une amende de dixsous ap- plicables à l'œuvre des fortifications. Une autre ordon- nance de ce prince régla que toutes les fois que l'ost de Perpignan sortirait en vertu de son privilège, celui qui aurait donné lieu à cette exécution serait con- damné à payer mille morabotins d'or par chaque jour que l'armée de la ville resterait en campagne ; les 238 juges de la main-armèc étaient autorisés à retenir les lieux envahis par larmée , jusqu'à parfait payement de ces sommes. Celle mesure était d'autant plus juste et raisonnable, que la faculté de réparer le tort amia- lilement étant donnée à Toffenseur avant louie prise d'armes, il n'y avait que ceux qui s'obstinaient à re- fuser celle réparation volontaire , et qui aidés de leurs amis, de leurs compatriotes et de ceux qui prenaient parti pour eux, se croyaient assez forts pour affronter les chances d'un conflit, qui s'y exposaient. Il ViVv'wvCiX. fréquemment que l'offense faite à un per- pignanais venait d'un baron ou d'une personne noble ou ecclésiastique , qui après avoir donné lieu à une prise d'armes attendait , pour faire la réparation qu'on lui avait demandée vainement avant le commence- ment des hostilités, que l'armée municipale fût près des lieux menacés , ce qui la forçait de rétrograder sans aucune indemnité pour son déplacement. Ce malin calcul , qui faisait tourner le privilège contre la ville, força Pèdre ivà ordonner^ par une pragma- tique signée à Barcelone le 3 des calendes de novem- bre 1344, que toutes les fois que \3i main-armée sorti- rait de Perpignan pour une exécution , celui qui chercherait à en éluder ainsi l'effet, serait condamné à payer , par chaque jour que l'armée aurait passé hors la ville , cette même somme de mille morabotins d'or, applicables, moitié au trésor royal, moitié à la caisse de la communauté'. • ■ Cum alicui liabitatori dictae vills pro aliquo dampDum infertur < seu injuiia — et qiiod sœpè cov\x\ng\\. quod p.ersonnx ecclesiasticae , « baiones , milites et aliic personna; per quas dicta danipna et injuria , — Cum exercitu supradicto proceditur contra ipsos seu hona ipso- « rum , et postniodùm , anlequ.im dictus exercitus ad ioca seu castra 239 A mesure que des limites étaient apportées par l'au- torité royale au droit de guerre privée de la noblesse, des gouverneurs de Roussillon essayaient d'en mettre aussi à celui que possédait la ville; mais leurs ordon- nances à cet égard furent toujours annulées, et nous voyons même ce privilège augmenter encore d'exten- sion avec le temps. Ainsi, Ferdinand i*^""^ \^ ]a demande de Bérenger d'Oms, qualifié de procureur royal fiscal et d'huissier des armes du roi, ayant voulu , en 1415, mettre opposition à une exécution de la main-armée contre le château de Montesquiu dont ce d'Oms était seigneur, sur le motif que les consuls de Perpignan avaient passé outre quoique d'Oms se fût présenté pour leur offrir ses réparations qu^ils n'avaient pas voulu accepter; sur les réclamations de ces consuls, le roi , par lettres du 1 0 juillet, révoqua ses lettres in- hibitoires, et confirmant lui-même le privilège, or- donna qu'il serait exécuté selon sa forme et teneur'. Ce qu'il y a de plus remarquable dans celte décision royale, c'estqu'elle autorise les hostilités malgré l'offre de réparations, ce qui n'avait jamais eu lieu et ce qui était une dérogation aux conditions du privilège ; c'est, encore, que treize ans auparavant, la ville avait été condamnée à réparer les dommages causés à ce • diclorum injuriantium — pervenerit — dicti injuriantes — firmant « jus pro praedictis in posse vicarii , bajuli et consulum prxdiclorura, « quamvis praedictain firmam antequàm dictus exercitus villani exierit « praedictam et cum minori danipno facere pofuissent — ducimusper» • petuô ordinaiidmn quod ille seu illi qui in casu prœdicto, ad elu- « denda et cessenda executione — pnsiquàm exercitus- — exiveiit, et « eliam si posleà jus firmaverint, solvant pro pœna , pro die qualibet « quà exercitus dicta ratione erit extra villam , mille niorabutiuos « auri , eC cetera. • lAb. virid. min., fol. igS. » Lib. viriJ. min., fol, 87 1 . 240 même d'Oms, clans une affaire toute semblable. En effet, en Tannée 1402, rainiée perpignanaise ayant envalii le château cVOnis et incendié diverses métai- ries tant du seigneur que de ses vassaux, malgré les réparations qu'avaient offert de faire ces mêmes vas- saux à Tarmée déjà en marche , Bérenger d^Onis, qui en ce moment se trouvait de service près de la per- sonne du roi Martin, à qui il était alors attaché en qualité de conseiller, fit considérer Taitaque de son domaine comme une insulte à la majesté royale', et la ville fut condamnée à payer 00,000 florins d'or , tant en indemnités qu'en amende au roi. Pour ac- quitter cette condamnation, la ville dut vendre pour vingt-cinq mille livies de renies constituées, ainsi qu'il conste de l'acte de celte aliénation^. Le même jour qu'il ordonnait ainsi la restitution des dommages non seulement à Bérenger d'Oms, mais encore à ses vassaux, Martin signait une déclaration portant que le privilège de la main-armce ne pouvait recevoir ni préjudice ni diminution du fait de celle condamna- lion^. Une nouvelle déclaration du même roi, du 4 novembre suivant, par laquelle il révoque un ordre obtenu par le même Bérenger d'Oms pour suspendre l'exécution d^une seconde prise d^armes centime lui , prouve que l'offense contre la ville avait été récidivée par ce seigneur, qui comptait encore sur un brevet t — « Tam prœtextu desonoris per eosdem ( perpinianenses ) eidem « domino régi irrogati, eo quia lionorabili Berengario de Hulniis ini- «liii, consiliaiio et armaruin uxerio ipsius domiiii régis , in ipsius « curia et servitio personaliter existente. » — ArcJdves particulières. a Ibidem. 3 Llb. l'irid, min,, fol. 338. 241 crimpunité comme celui qu'il avait obtenu quelques mois auparavant. Ce droit des armes était tellement dans l'esprit et dans les mœurs des habitants de Perpignan, et ils en étaient si jaloux , qu'une ordonnance des consuls , rendue le 17 mai 1419 , privait de la jouissance de toutes les prérogatives altachées à la qualité d'homme de Perpignan, tout individu, quoiqu'il fùl, légiste, bourgeois ou autre, qui aurait lenlé de porter quelque préjudice à ce droit. Dix-neuf ans auparavant, le 30 juin 1 400 , le roi Martin avait rr;ndu une ordonnance perlant défense aux juges ordinaires de prêter un mi- nistère d'avocat aux causes concernant les droits du privilège de la mnin-anuce. La puissance que le litre d'homme de Perpignan donnait à ceux qui en étaient en possession, était telle encore au quatorzième siècle, que chacun d'eux pouvait, individuellement, dc'di- vrer un sauf-conduit à tel étranger qu'il lui plaisait, et garantir ainsi sa personne et ses biens quaml cet étranger venait dans Perpignan ou qu'il y séjournait. Pendant toute la durée de ce sauf-conduii ^ les offi- ciers royaux , forcés de le respecter , ne pouvaient intenter contre cet étranger aucune action civile. Les abus auxquels ne pouvait que donner lieu un privilège si exorbitant, surtout en matière de délies , portèrent les consuls à en provoquer eux-mêmes la révocation, ce que Pèdre iv fit le 3 des calendes de novembre 1344'. Si les hommes de Perpignan avaient le droit de guerroyer contre ceux, quels qu'ils fussent, de qui ils recevaient tort ou injure, ils pouvaient aussi eue • Lib. virid. min, ,fol. l^S. 1(J 2k2 appelés au combat par ceux qui s'en trouvaient lésés : il nous reste un exemple bien remarquable des con- flits de celle dernière espèce. En 1530, Jean, dilJeannol deBéarn, petit neveu de ce seigneur de Foix et de Caudale, qui s'était éta- bli en Roussillon sous le règne de Louis xr , ayant voulu épouser Marguerite Traginer, fille d'un bour- geois qui s'élait fort enrichi dans le commerce du Le- vant , laquelle , après la mort de son père , était restée sous la tutelle de sa mère , se lia avec elle par un contrai de fiançailles au moment où ilétaii obligé de partir pour la guerre d'Italie. Deux oncles paternels de Marguerite, mécontents de cette alliance, eurent après le départ de Jeannot, assez de crédit pour ob- tenir des consuls l'ordre d'enlever leur nièce à sa mère afin de la placer sous leur autorité, quelque opposi- tion que missent a cette violence le frère de Jeannot et ses amis. A son retour d'Italie, Jeannot provoqua les deux oncles de sa fiancée par un cartel de défi dont voici la traduction. ((Antoine Traginer et Barthélemi Traginer, si l'igno- «rance vous avait fait commettre les actes de folie et (cde méchanceté que vous vous êtes permis contre la ((personne de monsieur mon frère et ses amis, et de ((madame ma belle-mère , vous n'auriez pas persévéré ((si long- temps dans vos malignes et perverses inten- «tions; mais, puisque méchamment vous avez fait et ((faites encore ce que vous ne deviez point faire , et ((que vous avez entaché mon honneur et celui de ma (idame au moyen de témoins séduits et subornés, qui «mentent en affirmant qu^elle n'est pas ma femme; «et comme il n'y a pas de raison pour que, après de «pareils méfaits et après les outrages que vous teniez 243 «encore contre moi ^ vous échappiez au châilnient «que ces outrages méritent ; je vous déclare par le «présent cartel que je romps avec vous , vos biens , «vos amis et ceux qui pendront parti pour vous, et «je vous préviens quà dix jours de la date du présent, «quelque mal que je vous fasse, je ne vous en serai «plus responsable; et afin de vous faire souvenir que «j'ai à vous voir, je vous envoie le présent cartel par «le trompette, Antoine Belloc , dont j'attendrai le «rapport. «Signé de ma main cl scellé de mes armes, dans «ma maison de Pia, le 21 mai 1530.» Signé: Jean de Béarn'. A la réception de ce défi, les oncles Tragincr s^a- dressèrenl aux consuls de Perpignan pour avoir Tap- pui de la main - année , s'il y avait lieu, et dans le même temps ils déférèrent le cartel au viguier, aux fins d'être maintenus eux, leurs biens et leurs amis et partisants dans la paix et trêve du Seigneur. Sur «oAnthoni Traginer y Bartliolomeu Traginer , si ignoiancia vos « feïa fer los desativos y malvestats haveu temptades contra la perso- « na del senyor mon germa y amiclis seus, y de la senyora ma sogia, « no haguereu tan persévérât en vostra mala y perversa intencio; y » pus nialiciosament haveu fet y feu lo ([ue fora mol; escusat, ab in- « duccio y subornacions de testimonis haveu intaqueada la hoiira iiiia a y de ma senyora, afirmant, nientint , no esser elia ma sposa ; y per- « que de semblants maldals y ullranes que temptau me haveu de fer , » no es raho que resten sens lo castic que mereixen , ab lo présent me « desilg de vos altres, y hens vostres y de vostres amichs y valedors , « que passats deu dias de la data del présent, de dauy qu'eus fire, ■ tingut no'us sia. Y per recort del ver vos, n'émet lo présent car- « tell per Anlhoni Belloc, trompetta , d la relacio del quai slaré. Sig- « nat de ma mia y sagellat de mas armas. » Fet en la mia casa de Pia , â 31 de maig de i53o. Jo\N DP. Bkariv. 244 cela , le juge de la viguerie assigna Jean de Béarn à comparaître à son iribunal clans quinzaine , sous peine d'être mis lui-même hors de la paix et trêve du Sei- gneur. Dans Tintervalle , des négociateurs s'interpo- sèrent entre les partis et un arrangement fut ménagé : les frères Traginer levèrent leur opposition au ma- riage de Marguerite , et Jean de Béarn retira son défi le 4 juin". Les hommes composant la main-armée formaient la milice de la ville qui, sous le nom de somcten, devait marcher au secours du prince en vertu de l'usage Prlnccps jiainque, dont la promulgation appelait aux armes, dans le royaume d'Aragon, tout ce qu'en France on appelait le ban et l'arrière-ban. Plusieurs fois cette main-armée fut aussi appelée par les rois d'Aragon , et même, en 1 G74, sous le régime français, elle fit la cam- pagne de St.-Jean-Pla-de-Corts contre le duc de San- German, sous les ordres de Schornberg. • Voici le retrait de on défi , qui jette, dans la première ligne , un re- proche de lâcheté sur les frères Traginer , et qui est rédigé avec beau- coup de fierté. «Vincere, prfrliari et repngnare nolentem, nulla vel modica laus est. « Admittens igitur Johannolus de Béarn, domicellus, ex noiissima mi- « litum familia , sui honoris certus , firmam dictoiuin Aiithonii et a BartholoniJei Traginer , si taicen et quatenùs admittere obstrictus « sit , et non alias, tenore prsesentis , citrà tamen juriuni suoruin prœ- « iudiciuin , revocat et pro revocato lialieri vult diffidamenlum , ab ■ antiquis amidamentum* nominatuni, à se contra dictos Tragiiiers l'ac- < tum, de quo in lilteris et apud acta curise fit mentio , requiiens re- o vocalionem pr.-csentein ad onininiodam sui utilitatein et cominodum « continuari,proul de jure elstjlo et alias fieri débet et solet, etprout > consultius , utiliusve fieri potest. Archives particulières. *Lc mot amidamentum, qui ne se trouve ui dans le glossaire de Ducange, ni dans son supplément, vient du mot catalan midamenl , l'actioa de mesurer: c'«st celle, par conséqueut, de se /««iirer l'épée àlamaia. 245 Dans les premiers temps, tout Labitani en état âe porter les armes , devait marcher quand le drapeau de la main-arinéc était déployé. Les inconvénients que pouvait entraîner Fabsence de toute la partie vigou- reuse de la population portèrent Juan i*^'' à ordonner que dans ces circonstances de guerre, le gouverneur s'entendrait avec les consuls pour laisser dans la ville un nombre d'hommes suffisant pour la garder: cette ordonnance prouve qu'une pragmatique de Pèdre iv, du 16 juillet 1351 , par laquelle ce prince déclarait que nui ne pouvait être forcé de prendre les armes pour la main-armée, était restée sans effet. Un règle- ment des consuls, du 15 novembre 1356, fixa l'ordre dans lequel devraient marcher les lianniers des corps de métiers pour composer la bande de la inain-armce. Jusqu'au seixième siècle, il n'y eut pas d autre or- ganisation militaire pour l'infanterie que celle de ces bandes^ ainsi nommées parce qu'on les convoquait TÇ)diT ban , bando ^ ou publication. Celte organisation ayant changé sous Charles-Quint, elles bondes ayant été remplacées par des conqiagnies régulières , cet empereur étendit son ordonnance sur l'armée muni- cipale de Perpignan, qui fut partagée alors en quatre compagnies. Ce fut cette même organisation que Fran- çois 1" introduisit dans les armées françaises, à son retour de Madrid, en 1 527. Divers règlements fixèrent le nombre d'hommes que chaque corps de métiers de- vait fournir à ces compagnies. Sous le régime français, les quatre compagnies de la main-aniiéc , dont le pei'- sonnel était considérable , suivant l'organisation de Charles-Quint , furent fondues en vingt comjiagnics de cinquante hommes chacune, à la demande du duc de Noaillcs qui, le 25 mai 1691 , adressa aux consuls 246 un mémoire instructif sur la manière de composer ces compagnies , lesquelles furent réunies en deux ba- taillons: cette organisation, que maintint Tordonnan- ce de 1733, conférait le commandement de ce corps de troupes municipales au premier consul , qui en était le colonel né. La charge de lieutenant-colonel était donnée à un citoyen de la main majeure , et les places de capitaine appartenaient , par alternation , aux corps de la noblesse et des bourgeois-honorés. Quant aux places de lieutenants, elles étaient rem- plies par les mercaders et les notaires. C'est à raison de cette constitution militaire qui donnait à la ville de Perpignan un corps de milices toujours prêtes à entrer en campagne , que le roi d'A- ragon, Alphonse v, ordonna, en 1448, que les clefs de la ville restassent en la garde dn premier consul, et que Ferdinand ii institua, le 20 novembre 1 503 , ce même magistrat capitaine de la ville et de tout son territoire-. Philippe ii ordonna, plus tard, à ses gé- néraux en Roussillon de prendre l'avis des consuls, dans toutes les affaires de guerre, non pas seulement comme à gens connaissant les passages du pays, mais comme à personnes qui , outre quelles étaient expertes en affaires de guerre , connaissaient aussi parfaitement tous les passages. Le même roi veut encore qu'on leur 1 «Nos Ferdinandus — de ex])erta igitur et comprobata fidelitate • et legalitate consalum , •viciiioiuni et incolarum prsefatse villa- Per- • pinianl — tenore prresentis — tam in pisesenti atque durante liujus « modi belloquàiP iiohis injuste francorum s ex movit, quàni de csetero . quocumque belli teinpore , consulem primum in ordine qui nunc est « aut è cetera fuerit , prpefntBe villa; capitaneum nostrum et ex inde « successoruin noslroiuiii perijetuô, ad gueiram iu dicta villa et loto « ejus territorio , cuni plena jui isdictione, preheminentia et potestate . prœficimus, constituiinus et creamus. » — Lib. virid. min. 247 communique tous les plans et dispositions de guerre , et exige qu'on reçoive leurs conseils; el en rendant celle ordonnance, Philippe déclare que c'esl comme une conséquence de Tédil rendu par Ferdinand , dans les corts de 1510'. Les archives de Ihôiel de ville ne té- moignent pas seulement de Texercice de ces fonctions de capitaine de la ville par le premier consul , elles attestent encore qu'une exécution capitale fut ordon- née, en 1574, par ce magistrat contre quelques in- dividus qui avaient refusé d'obéir à ses ordres en cette qualité de chef militaire de la ville''. Les consuls se démirent de la garde des clefs en 1542 , pendant le blocus de la place par l'armée du Dauphin de France, à cause de la multiplicité de soins qu'exigeait d'eux cette garde des portes, et c'est sur leur renonciation volontaii'e à cette pénible prérogative , que Charles- Quint consentit, c'est le mol dont se sert le roi, à nommer un alcaïde ou capitaine de la ville, à qui en furent confiées les clefs. » • Nos Philippus — conformando nos con el capitulo que convenia « cou los reyes de Arago , atorgado por el sereiiissimo principe don « Fernando , en las cortes que celebrô el aiîo i5io. — Ilem , per lo « que la cxperiencia ha mostrat en la jornada de la invasio de Alfonso « Corso, que bayent lo lloclitinent de capila gênerai de las fionteias « de Rossellô y Cerdania , las cosas sen consulta de persones expertes « y practicas en la guerra , y en particular sens consulta dels consols Je « la "villa de Ptrphiya , que aines que son pratichs en cosns de guerra , son 1 prntichs en la terra y passas Je nquella se cuyda siicceyr un inconve- « nient irréparable, per so, supplican à V. M. le |)lacia concedii-les en « privilegi , que ledit lloclitinent de capita gênerai aya y dega, de asi « al devant , consultar y comunicar los ncgocxoi y a/ers de la guerra ab « los consols de dila vila , com à persones expertes y practicas en los « pasços de la teria, y prenent los conseils Je aqiiells— et cetera. PlaSE a • S. SI. » — Lib. virij. irinj. , fol. 34^. ' J.l>cr proi'is. I. 248 J'ai dit ailleurs qu'un règlement du bailli et des consuls, du 1 5 novembre 1 35G, avait réglé Tordre dans lequel devaient marcher les bannières des différents corps de métier quand larmée de Perpignan pren- drait les armes'. Un état du nombre d'hommes fourni aux compa- gnies de la niain-armce , devenue régiment de Perpi- gnan ^ par les différents corps de métiers, dressé de- puis l'ordoimance de 1733, fait connaître, avec la force comparative de ces corps de métiers à cette épo- que , quelles étaient les industries qui existaient alors dans cette ville". J'ai dit, en commençant celle notice, que toute la législation dudroit dcguerre delà ville de Perpignan existait dans les registres des archives delà commune; je terminerai par une table analytique et chronologi- que des pièces qui constituent cette législation. 1 1 9G, 7 des calendes de mars. Privilège de la main- armée concédé parPèdrc ii. • Voici quel était cet ordre : les tailleurs, les pelletiers, les tisserands, les menuisiers, les marcliauds, les coi doiiniers , les épiciers , les mer- ciers , les chamoiseurs , les corroyeurs , les liôtelliers , les bouchers , les jardiniers. Il est remarquable que les tisseurs eu drap très nom- breux dans Perpignan à ces époques, ne font pas partie de cette troupe. I Corroyeurs , i homme ; bàtiers et bourreliers , 7; tanneurs , 18 ; boulangers, 18; boutonniers, 8;cabaretiers et aubergistes, 2; chapeliers et garnisseurs, 7; charpentiers, ag; cordiers,7; cordonniers, 48; hommes de place ou portefaix , \f\; lotes , i3 ; habitants du faubourg, 49; jardiniers de la Real , 18; jardiniers de Saint-Matthieu, 35; jar- diniers de Saint-Jacques, 80; maçons, ao , mangonniers et revendeurs, 4; maréchaux, 21; marchands dioguistes, 3a; marchands drapiers, 5o; mercaders, i4; musiciens et maîtres d'école, 7; orfèvres, 16; pareurs, 6; peintres, doreurs et sculpleuis, fi; peiruquiers , a3 ; poisson- niers, 9; potiers déterre et espartiers, C; pelletiers , 3; rôtisseurs, 3 ; roqiiers, 5(); scelliers, où je me trouve , local servant jadis de Bourse, pins tard de salle de spectacle cl aujour- d'hui de modeste remise, tant les grandeurs de ce monde sont fragiles et passagères ! l'autre, commis voya- geur de ma connaissance, à la clarté douteuse de l'uni- que lanierne qui nous éclaire, consulte son carnet, où sont inscrits, par ordre alphabétique, les noms des bonnes maisons de Céret et Arles qu'il va visiter; ce- lui-ci fredonne le refrain d'une chanson catalane et boit le petit-verre chez la marchande du coin; celui- là , gros joufflu , à panse rebondie, dit à tous ceux qui veulent bien perdre quelques instants à l'écou- ter, qu'il fuit la plaine et les chaleurs étouffantes de la canicule , pour aller chercher une retraite agréable sous les ombrages frais de nos montagnes... ' Construite dans le xiv^ siècle. 1 257 Vingt personnes, grand Dieu ! doivent s'entasser dans cette caisse que l'on appelle diligence. J'avais heureu- sement choisi le coupé et arrêté ma place à l'avance de crainte d'être supplanté. Les porte-faix arrangeaient sur l'impériale les malles, les effets; le conducteur d'un air grave et magistral, indiquait du doigt à cha- que voyageur sa place respective; le postillon, fouet en main, était déjà sur son siège; les chevaux piaf- faient d'impatience; on allait partir... Tout-à-coup, les éclats d'une voix criarde se font entendre: — arrêtez!... arrêtez !... ma fdle!... on Tenlève!... — A ces cris capahles de réveiller un mort, un fashionahle s'élance d'une portière de l'intérieur et disparaît; sa tendre compagne veut le suivre... mais, ô fatalité! sa rohe s'accroche je ne sais où, et la gentille fillette tondje éplorée aux pieds de sa mère : c'était un etilé- vcmcntl ... Celte scène singulière attire l'attention des voya- geurs, elle est le sujet de mille commentaires; on est curieux de connaître l'intéressante Hélène; la mère et la fille sont exposées un moment au feu roulant des quoliheis : il se trouve de mauvais plaisants partout, qui se divertissent des choses même les plus sérieuses. Un petit bossu , à figure de singe, que j'ai pour voisin au coupé prend avec chaleur la défense de ces da- mes et menace les railleurs de toute sa colère... Eh bien! des éclats de rire sont les seules réponses qu'on daigne lui faire... allez, ensuite, prendre la défense des opprimés!... La quasi-enlevée et sa mère , après avoir payé la place qui restera vide, gagnent furtivement la pre- mière rue qui se présente devant elles : elles sont déjà loin. J'ignore si l'amant désappointé paiera la *7 258 sienne. Le conducievir donne enfin le signal du dé- part ; nous voilà en roule. Celte mère est arrivée fort à propos, quelques mi- nutes plus tard, et ma foi... Rlères, veillez sur ce trésor Que la nature vous confie: La vertu, préférable à l'or, Est le plus beau lot de la vie. 11 faut que le lecteur fasse connaissance avec mes deux compagnons de voyage. Le coupé ne peut con- tenir raisonnablement que trois personnes ; j'occupe la place du milieu qui n'est pas la meilleure. J'ai à ma droite une dame assez jolie, autant que je puis en juger, car il n'est pas encore bien jour; elle se dit hydropique; en effet, elle a l'air malade. A ma gauche , se trouve le bossu dont je vous ai parlé. Figurez-vous un homme de petite taille, âgé de trente ans environ, portant des besicles, habillé de la ma- nière la plus grotesque, disant force riens en beau- coup de paroles, et gesticulant comme un télégra- phe : voilà M. Duprat. Je me permets de lui de- mander s'il est myope, et si les énormes lunettes qui reposent sur son nez aquilin lui .«îont absolument né- cessaires.—J'y vois très clair, monsieur; mais la mode, celle superbe suzeraine, exige aujourd'hui le sacrifice de la vue, et je me soumets : vivent les innovations! M. Duprat me met bientôt au fait de son histoire; ilestdeBrive-la-Gaillarde, pays de M. Duchalumaux; il se rend à Arles pour s'emparer légalement de la succession d'un oncle qui ne l'aimait pas du lout, mais qui s'est avisé de mourir intestat; ce qui a causé 259 un grand chagrin à la vieille gouvernante de cet oncle chéri : ces bonnes prétendent toujours aux successions des vieux garçons; elles ont leurs raisons pour cela. La dame hydropique, qui se fait appeler la femme d'un lieutenant-colonel de cuirassiers et qui pourtant voyage seule, m'annonce^ en minaudant, qu'elle va faire usage des eaux de La Preste, que son médecin lui a ordonnées. — Parhleu, madame, je suis hien aise de la rencontre ! nous ferons route ensemble. — Et de suite j'offre mes services à la femme du lieu- tenant-colonel de cuirassiers; elle les accepte. Or, voyez ma situation : je suis entre un bossu et une hydropique... M. Diqirai se pique d'être un bel esprit; il est ré- dacteur de deux recueils scientifiques , et membre des académies de Pézénas et de Quimper-Coreniin ; il est fort aussi pour la déclamation; il me menace de me lire tout au long les Nuits d'Young.... Et la dame hydropique qui veut à toule force me faire la généalogie de la famille du carlin qu'elle a sur ses genoux... Ouf! la place n'est pas lenable, comment m'en tirer?... ô bonheur! nous arrivons dans ce mo- ment même «î la Cumc de Banyuls , le postillon a ou- blié d'enrayer., une descente assez rapide se présente devant nous; la diligence est emportée par son pro- pre poids, un cheval s'abat, et nous l'oulons dans un ravin de douze pieds de profondeur au moins! Qu'on juge de la position des voyageurs , surtout de ceux qui, par esprit d'économie , ont choisi l'im- périale! Le choc me renverse sur la dame hydropi- que, le petit bossu tombe forcément sur moi... quel désordre! .. quel tableau !... La femme du lieute- nant-colonel de cuirassiers cl son carlin , servant de 17* 2G0 base à la pile que nos corps forment dans ce moment, sont sous le poids d'un cauchemar, dont novis les dé- barrassons le plutôt possible... Nous en sommes quil- les pour quelques légères contusions, et une fois le danger passé , chacun rii aux éclats de la mésaven- ture : Après les fureurs de l'orage, Ainsi le marin oublieux , Sous un beau ciel , danse aux refrains ioyeux, Il louche au port , il brave le naufrage ! 11 n'y a pas loin du lieu où nous nous trouvons au premier relais ; nous nous décidons à y arriver pé- deslrement. Le postillon, le conducteur et quelques passants relèvent la diligence; un petit quart d'heure suffit pour changer de chevaux. Je suis décidé à faire les frais de la conversation; la menace de M. Duprat, de me lire les Nuits d' Young, est toujours présente à mon esprit. Au bout de dix minutes , je vois à ma droite , lo mas de la palla^ lieu célèbre dans le Roussillon par un crime dont il rappelle le souvenir. — Tenez , dis-je à mes compagnons de voyage, remarquez, à quelques pas de la roule, celte maison, dont l'aspect inspire je ne sais quoi de triste, car pas un seul arbre n'est là pour prouver que la main de l'homme prodigue ses soins a cette terre inhospitalière. Eh bien! c'est là, que le 9 juin 1816, vers les onze heures du soir, par une nuit orageuse, quatre brigands espagnols commirent un assassinat horrible, à la lueur blafarde des éclairs. Le couple qui habitait cette maison de malheur fut égorgé impitoyablement; un enfant seul fut sauvé comme par miracle. Trois des assassins por- 2G1 tèrcnt leur léie sur l'échafaud , le quairlème, par une prompte fuite, sut se soustraire à la vengeance des lois. Depuis ce moment, cette chaumière est aban- donnée et sert de refuge à Toiseau plaintif des nuits... — 0 mon Dieu! s'écrie la dame hydropique, mes nerfs!... mes nerfs!... — Elle tombe évanouie dans mes bras... que faire?... Je n'ai point de sels... Heu- reusement M. Dnprat est un homme à précautions, il ne voyage jamais sans être muni de flacons de tontes les essences... et vite, il prodigue avec grâce ses soins à la dame. Peu à peu elle reprend ses sens... — Je suis désespéré, madame, que cette petite histoire ait porté le trouble dans vos esprits, désormais... — Que voulez-vous, monsieur? les contes qvi'on se plaît à débiter sur les voleurs, les revenants font toujours cet effet sur moi; ils me donnent des vapeurs... — Après ces mots, M. Dnprat, qui cherchait une occasion favorablepour s'emparerdc laconversation , médit: — Le village qui se dessine dans le lointain, à notre gauche, n'cst-il pas le Volo? — C'est bien lui. — En 1G74 il se passa une singulière affùre entre le Volo et Saint-Jean-Pla-de-Corts. — Quelle affaire , je vous prie? — L'armée française, sous les ordres du maréchal de Schomberg, étant campée dans la plaine que vous voyez là-bas, fut surprise, pendant la nuit, par l'armée espagnole, commandée par le duc de San- German; officiers et soldats n'eurent le temps ni de s'armer ni de s'habiller; quelques-uns d'enlr'eux ar- rivèrent en chemise devant les portes de Perpignan, tant leur fuite avait été précipitée. — Vous avez lu c-ette historiette dans le Foyage pittorcsffuc du Bous- sillon , par Carrère. Cet auteur aurait été bien em- barrassé, de son vivant, si on l'avait obligé à admi- 262 insirer les preuves qui ont servi de fondement à son dire : Les Français fuir!., cela n'est pas!.. Clio, de nos vaillunts soldats , Grave les noms au Capitole: Leur sang pur ne coula-t-il pas Au milieu des foudres d'Arcole, Comme au milieu de cent combats?.. Au reste, ici bas tout se compense, demandez plutôt à M. Azaïs; cent vingt années plus tard, dans les mê- mes lieux, les Français vengèrent cette prétendue fuite d'une manière éclatante. Le 30 avril 1794, le bi-ave général Dugommier, à la tête de 35,000 com- battants, attaqua larmée espagnole, forte de 50,000 hommes, la mit dans une déroiite complète, fit une quantité considérable de prisonniers et s'empara d'un matériel immense". « De quel éclat brillaient dans la bataille f Ces habits bleus par la victoire usés! « La liberté mêlait à la mitraille « Des fers rompus et des sceptres brisés; « Les nations, reines par nos conquêtes. • Ceignaient de fleurs le front de nos soldats. « Heureux celui qui mourut dans ces fêtes! a Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas! » (BÉRAKGER. ) Nous arrivons au Volo. M. Duprat demande au conducteur la permission de descendre; il doit re- mettre , dit-il , une lettre à un habitant de ce village. On lui fait observer qu'il n'a que trois minutes de « Celte bataille est immortalisée sur l'arc de triomphe de Y Etoile, où elle est citée. 263 temps; passé ce court délai, la diligence ne l'atten- dra pas. Le petit bossu promet d'éire exact. Les trois minutes sont déjà passées, et il ne paraît pas encore. J'ai beau m'intéresser en sa faveur auprès du pos- tillon, peine inutile! Qu'on juge de la colère de M. Diiprat, lorsqu'à son retour sur la route, il voit la diligence roulant au loin, enveloppée d'un nuage de poussière! il crie de toutes ses forces: — arrête, postillon! arrête!., c^est moi!.. — Le bruit des roues couvre sa voix; il court, il court autant que Fagilité de ses jambes peut le lui permettre. Heureusement un petit accident survenu à l'une des roues de la voiture Toblige à sarrêler. M. Duprat arrive enfin tout essoufflé, couvert de sueur , violet de colère, et «'adressant au postillon: — Maraud! tu seras peut- être la cause que^ par cette course forcée , je ga- gnerai une attaque d'apoplexie foudroyante ! Je me vengerai de ton incartade en ne le donnant point d'é- trennes! — Je n'y comptais pas, lui répond froide- ment celui-ci; en avez-vous donné à mon confrère? c'est pour vous punir de ce manque d'égards envers les gens de ma profession que je ne vous ai point at- tendu. — M. Duprat s'encaisse de nouveau, et les voyageurs de rire de sa plaisante aventure. llarement le niallieur inspire Sincère pitié : La moitié du monde aime à rire De l'antre inoilié. La rapidité de la course et les tribulations du pau- vre bossu m'ont fait oublier de mentionner, en pas- sant, le Château du Bcait, fortification en ruine, élevée par la féodalité, qu'on voit, à gauche, sur une colline, non loin du torrent dont il a onipiiintc' 2G4 le nom, et le fort de BcUegarde, pose sur un roc de l'Albcra , par Louis XIV , comme une senlinelle avancée, entre la France et l'Espagne, où Faimable chevalier de Boufflers, étant aux arrêts pour expier une fredaine de jeunesse , composa plusieurs pièces de vers pétillantes d'esprit et de malice. Nous voici au pont de Céret et au second relais. La diligence se rend dans cette dernière ville, située aune petite distance du lieu où nous nous trouvons; presque tous les voyagetirs descendent pour attendre son rel<)ur. Céref, chef-lieu du deuxième arrondissement des Pyrénées-Orieniales, servit, en avril 16G0, de point de réunion aux conmiissaires chargés par Louis XIV de régler définitivement les limites des deux royau- mes, d'après le traité des Pyrénées. Il a donné le jour à Guillaume II, trente-deuxième évêque d'Elne, et au savant Anglada, auteur du traité des eaux miné- rales du département. Son église possède des ouvrages d'art de notre sculpteur Boher, de cet artiste esti- mable qui m'honora de son amitié, et dont la mort prématurée fut si sensible à ses compatriotes. C'est à lui que je disais, en 1823 : A Ion ciseau savant, Canova rend hommage. L'aimable dieu des arts t'anime et te conduit, Les Grâces à l'envi te donnent leur suffrage, Le bon goût te couronne et la France applaudit! Je fais remarquer, devant nous, à mes compagnons de voyage , la montagne de l'Albèra , tapissée de forets de châtaigniers, et au pied de laquelle Céret est bâti. I Cette ville, d'après Marca, commence à être connue yers la fia du IX* siècle. 265 C'est sur cette montagne que Pompée fît ériger des trophées et César un auiel, dont il ne reste plus au- cun vestige, et que se trouve le Col de la IMassana, par où passa, en 1285, Plxilippe-le-Hardi , à la tête d'une armée considérable, lorsqu'il allait détrôner Pierre 111, roi d'Aragon, excommunié par le pape Martin IV. L'histoire a dit les revers qu'éprouva le roi de France dans cette croisade et sa mort qui en fut la suite '. Je leur fais remarquer encore, à notre gauche, la plaine dont l'horizon s'étend jusqu'à la mer, et que le Tech parcourt et fertilise; à notre droite, l'ermi- tage de Saint-Ferréol, qui, tous les ans, au mois de septembre, attire un concours si prodigieux de pèle- rins et de pèlerines... Et puis, le beau pont de Céret, avec sa seule arche, de soixante-quinze pieds d'éléva- tion et de cent trente-six pieds d'ouverture, appuyée sur deux rochers. 11 fut bâti, dit-on, dans le xiv^ siè- cle; le vulgaire croit qu'il a une autre origine, tant le merveilleux a d'attraits pour lui; consultez-le, 11 vous dira comment, dans une nuit d'orage, Le diable construisit ce gigantes<[ue ouvrage. Nous remontons en diligence, et fouette cocher! C'est ici, en quelque sorte l'entrée du Vallespir*, T^allis aspcra on pyria, car il y a dovdjle élymologie, si j'en crois les érudits. Les habitants de cette contrée sont en général spirituels; leur caractère est vif et • Philippe-Ie-Hardi mourut à Perpignan et fut enterré à Narbonne, "Le Valle«pir compte, parmi ses plus illustres familles historiques, celles de Corsavi , de Sarralloiiga , de Rocabeili , de Centena , etc., et CoHiourea vu naître, en 1779, le lieutenaut-général d'aitillerie, baroa Berge , mort à Paris , en i83a. 266 généreux. Us apportent, dans leurs relations avec leurs voisins, cette franchise qui distingue les Rous- sillonnais des autres liabitanls du Midi. Attachés au pays qui les a vu naître, sous le plus beau ciel de la France, ils le quittent rarement; où pourraient-ils être mieux? et bien qu'ils aient des rapports directs et continuels avec les Espagnols, leur caractère est toujours le même; ils sont Français avant tout: ils sont braves, courageux, hospitaliers. Les courses de taureaux, la danse, sont pour eux des amusements indispensables dans les fêtes patronales : ils aiment les plaisirs bruyants. Au bout d'un quart de lieue de chemin, les che- vaux s'arrêtent tout court; ni les houra, ni les coups de fouet du postillon ne peuvent les faire avancer d'un pas; ils restent plantés comme des termes sur la route. Le petit bossu s'emporte, il joint ses cris à ceu^x du postillon, du conducteur; le tout en vain. Le relais de Céret est détestable ; les chevaux qui le composent n'ont que la peau et les os, et pourraient servir de lanternes au besoin, tant ils sont diaphanes'. Pour en finir, nous sommes dans la rigoui'cuse né- cessité, nous voyageurs, de traîner la diligence pen- dant une bonne demi-lieue; mais à la guerre comme à la guerre! tant bien que mal nous arrivons à las ambançadas Quelle n'est pas notre surprise de voir, tlans ce passage étroit et autrefois dangereux, une vingtaine d'employés de la douane aux prises avec une bande de contrebandiers!... ils échangent entr'eux quelques coups de fusil, car assaillants et > Depuis i835 , le service de la diligence de Céret à Arles ne laisse presque plus rieu à désirer. 2C7 assaillis sont armés jusqu'aux dents. Une balle vient siffler aux oreilles de M. Duprat, qui tombe en syn- cope; la femme du lieutenant-colonel de cuirassiers est comme morte à mes côtés. Le trouble est dans la diligence; les habitants de l'impériale se couchent à plat ventre, la peur s'empare de tous les esprits*, c'est une véritable confusion. Cependant les combattants, à notre vue, se divisent, se dispersent et nous lais- sent le passage libie •, les agiles contrebandiers sauvent une partie de leurs paquets et fuyent dans les mon- tagnes. Les douaniers ramassent un blessé, cest un des leurs. Tout semble fini là, erreur! Le chef de la brigade, homme aux manières accortes, au langage flûte, s'approche de nous et demande poliment à par- ler à un certain Donille... A ce nom, notre bossu re- prend ses sens, met la tête à la portière, et à Taspect de l'uniforme vert, s'écrie imprudemment: Je suis trahi!... Les douaniers entourent la diligence et for- cent notre bossu à en descendre*, on fouille sa malle, ses poches, on le menace, ni plusni moins, de le faire mettre en chemise... et ces messieurs, qui sont au fait de toutes les finesses du métier, découvrent, à noire grand éionnement, que la bosse du prétendu M. Du- prat est formée de dentelles anglaises Il est pris comme un rat dans le piège; on s'empare de sa per- sonne, des pièces de conviction, et le membre cor- respondant des académies de Pézénas et de Quimper- Corentin est amené sous bonne escorte, et peut s'atten- dre à trouver un gîte dans l'étroite prison de Céret. Le conducteur, que ce long retard a contrarié, après avoir prouvé au chef de la douane qu'il n'est pour rien dans la contrebande de M. Dorville, donne le signal du départ. Les chevaux, cette fois, stimulés 268 par de vigoureux coups de fouet, prennent enfin le galop; il était temps: • Oui, nos coursiers, qu'un postillon criard « Presse du fouet et de sa voix altière, • Couverts d'écume et de poussière « Font presque voler notre char... » (de LABOrïSSE-RoCHEFORT.) Je déplore avec la dame hydropique le sort du dé- linquant, à qui elle paraît s'intéresser beaucoup; nous faisons ensemble des \œux pour qu'il se tire d'affaire, ce qui est difficile. Tout bien considéré, nous pen- sons qu'on devrait lui faire grâce en faveur de l'in- vention, car le loiir est neuf et piquant. Sur la route de Céret à Arles on trouve les Bains- d'Arles, lieux renommés par les bonnes qualités de leurs eaux, qu'Anglada, dans son excellent traité, appelle avec raison la source gcoiitc des Pyrénées; le Forl-les-Bains, position militaire qui domine la vallée et fut construite en 1670; Palalda, village bâti en amphithéâtre sur la rive gauche du Tech. JNous arrivons à Arles à midi. La petite ville d'Arles, située au milieu des mon- tagnes, dans un vallon fort agréable, a acquis de la célébrité par les deux reliques qu'elle ]X)ssède des martyrs Abdon et Senncn. Le tombeau de ces saints, de marbre gris brut, qui se trouve à quelques pas et en dehors de l'église, est de forme antique et mérite de fixer l'attention des archéologues. Le monastère d'Arles, fondé vers la fin du vtn^ siè- cle, fut saccagé et brûlé Fan 850 par les Normands; sur ses ruines fut élevée l'église actuelle, consacrée en 11 57 par Béranger , archevêque de Naibonne : elle est sous l'invocation de la Vierge. On y remarque une 2G9 Bésurrection, morceau de statuaire tVun grand mérite, dont Boher est l'auteur. Dès mon arrivée, pressé par Fappétlt, j'entre, avec ma compagne de voyage, dans la première auberge qui se présente devant moi. La table est bientôt mise, un repas frugal nous est offert; il se compose d'une soupe à l'oignon, de quatre reufs au miroir, d'un pou- let étique et d'une salade. Ce n'est pas trop pour deux personnes; j'y fais honneur, faute de mieux; la fem- me du lieutenant-colonel de cuirassiers n'attaque pas avec autant d'ardeur les plats qui sont devant nous. Cependant tout disparaît : € Le meilleur cuisinier est un bon appétit. » Le quart d'heure de Rabelais arrive, etleJVlignot au petit pied ne craint pas de nous compter dix francs pour noti'e maigre repas!... Je paie: c Le bruit est pour le fat, la plainte est pour le sot; c L'honnéle homme trompé, s'éloigne et ne dit mot. « ( La Coquette corrigée, comédie. ) Se fie désormais qui voudra aux enseignes, aux belles apparences! on ne m'y attrapera plus. Voyez pourtant : v^a Grand Turc! entrez, l'aubergiste vous salue lesyeux baissés, avec un air de modestie... re- marquez comme son épine dorsale est flexible... mais comptez là dessus et vous m'en direz des nouvelles. Mon intention n'est pas de faire un long séjour à Arles. Je propose à la dame hydropique de profiter de l'occasion de deux muletiers qui partent à deux heures du soir pour Prats-de-Mollô; mais clic dit qu'elle éprouve un certain malaise et qu'elle a be- soin de prendre un peu de repos. Je me rends vo- lontiers à ses raisons , bonnes ou mauvaises ; eu 270 attendant je fais tout préparer pour notre départ. Au moment où je me disposais à une promenade en ville, des plaintes se font entendre dans l'auberge. Je m'informe, et l'on m'apprend que la femme du lieutenant-colonel de cuirassiers appelle le secours d'un médecin. On court le chercher, il arrive et déclare à la dame hydropique, après examen, que les douleurs cuisantes qu'elle éprouve doivent la conduire... à mettre un enfant au jour... qu'on juge de l'effet de ces paroles prophétiques!... j'ai été pris pour dupe deux fois en un jour !. Ah! M. Dorville et vous, la prétendue femme d'un lieutenant-colonel de cuirassiers, vous me l'avez donné belle!... tout n'était que contrebande dans vous!... En effet, la dame hydropique met heureusement au monde une petite fille". L'aventure est bientôt connue dans Ar- les, on y rit beaucoup de la singulière hydropisie. Lecteur qu'auriez-vous fait à ma place? Je recom- mande ma compagne de voyage à la femme de l'au- bergiste , au médecin ; mon mulet est prêt ; il y a quatre bonnes lieues d'Arles à Prats-de-Mollôj ma foi, dans l'impossibilité où je me trouve d'être d'une gran- de utilité à la pauvre affhgée, et présumant d'ailleurs que ma présence ne lui serait pas fort agréable , après ce qui vient de se passer, je charge quelqu'un de lui faire mes adieux. Je franchis lo via ferrer, torrent impétueux pendant les pluies d'hiver et la fonte des neiges du Canigou et quelquefois à sec une partie de l'été : Son onde, avec grand bruit Du mont géant tombe en cascade, » Historique. 271 S'engouffre, reparaît et fuit A travers les bosquets que sa fureur dégrade. Le voyage commence à devenir pénible; la route que je parcours n'a qu'un mètre de large et n^offre par- conçëquent aucun accès aux voitures; elle est prati- quée sur le flanc des montagnes , à la gauche du Tecli et reste parallèle à celte rivière qni prend sa source non loin de La Preste , au pied de Costabona; parfois elle disparaît sous les sables, les débris entraînés par une pluie d'orage, et alors vous devez aller au giéde votre monture qui, guidée parson instinct, voiis con- duit toujours à bon port. Dansées gorges sinueuses, le soleil brûlant du mois de juillet ne contribue pas peu à presser ma marche, un ciel de plomb semble peser sur moi.ftlon œil esisouvent frappé par l'aspect inopiné de points de vues pittoresques: ici la route s'élève en zig-zag jusqu'au pic des montagnes, plus loin, par une pente rapide, elle descend jusqu'aux bords du Tech. La nature se présente, lour-à-tour , riante, produc- tive, aride et sauvage; de loin en loin on trouve des cabanes de bergers, des bouquets d'arbres, des prai- ries émaillées de fleurs et par fois le rOc nu qui menace d'écraser le voyageur intrépide qui ose pas- ser à ses pieds. L'eau ruisselle en abondance à travers les déchirures des montagnes, et forme, dans quel- ques endroits , de petites cascades dont la chute vous couvre d'une pluie fine et dorée aux rayons du soleil. Ajoutez à ce tableau, le murmure continuel des eaux du Tech, se brisant contre les rochers pour se frayer un passage , murmure qui dispose à la rêve- rie et fait éprouver à l'âme une douce sensation A ma gauche, se présentent majestueuses les trois 272 tours (le Cahrcnys; à ma droite, Monlferrer avec sa tour de Cos au sommet de laquelle l'aigle des Py- rénées construit son aire. Ce village, qui fut la re- traite du savant Roclieblave et dont on n'aperçoit, de la route, qu'une partie du clocher, est très connu des gourmands , grâce aux truffes excellentes que son terroir produit en abondance ; mais aussi , en quittant Arles, on doit dire adieu à la vigne et à Tolivier, le climat froid de ces vallons les repousse : La truffe!... lecteur chapeau bas 1 Respect à ce noir tubercule! Quelle influence n'a-t-il pas Sur le gourmand faible et crédule? A table, il imposa des lois Au bon vivant comme au tartufe: Que d'honneurs, que de beaux emplois Sont nés parmi nous de la truffe! Le muletier qui me sert de guide est un monta- gnard franc et jovial ; il cherche à égayer les ennuis de la route , en me racontant des anecdotes plus ou moins piquantes. Il est plein d'égards, de prévenan- ces pour moi; Tony (c'est son nom) paraît avoir toutes les qualités qui conviennent à sa profession sans en avoir les défauts, car, en général, les muletiers sont grossiers et malhonnêtes. Puis-je parler de mon fidèle compagnon , sans dire un mot des mulets monta- gnards? l'un ne va jamais sans l'autre, comme le fas- hionable et son binocle , la vieille fille et son car- lin, etc. Les mulets connaissent si bien les chemins , les sentiers les plus diificiles à gravir, que le cavalier le moins expérimenté ne doit pas craindre les chutes ; 273 ils fiancliisseiit avec uae adresse surprenanie les as- pérités qui se préscnlcnt sans cesse sons iciirs pas ; ils placent les pieds où il faut et bronchent rarement. Cependant il estLon qu'on sache que l'an tipalliie qui existe entr'eux et les chevaux peut de\enir dange- reuse aux voyageurs, si ces derniers nont pas la pru- dence de mettre pied à terre à Tapproche d'un cheval; caralorsle mulet se place en travers de la roule, lance des ritades et dispute fièrement le pasà son adN ersaire. Dans cette occurrence, le pauvre voyageur est comme suspendu sur un abîme; un rien peut le jeter, lui et sa monture, dans des précipices affreux. De pareils événements sont heureusement fort rares Mais des nuages noirs s'amoncellent et semblent s'at- tacher aux pics élevés qui m'environnent ; l'hiron- delle , effrayée , rase la terre et la surface des eaux agitées du Tech; le tonnerre se fait entendre au loin; les troupeaux quittent leurs pâturages; des gouttes d'eau rares, mais larges tombent déjà... Le rossignol sous le feuillage Cherche un asile protecteur; El la cloche de l'ermilage Semble annoncer quelque malheur... Tout s'attriste dans la nature : Les vents avec i\n sourd murmure S'échappent des antres du nord ; Le vieux nautonnier, loiii du p^irt, Pourra-t-il braver leur injure?... Le ciel s'obscurcit, et soudain Du soleil la clarté féconde A nos yeux pâlit et s'éteint ; L'éclair brille, la i'oudre gronde... Il est temps de chercher un abri contre l'orage. 18 274 Mon guide m'annonce que nous ne sommes pas loin du Tech, hameau qui voit couler à ses pieds la Co- malnda, rivière descendant du Canigou et prenantsa source tout près de rermilage de san Gidlhcm. Nous pressons nos montures , et nous ne tardons pas d'ar- river à notre destination. Nous ne sommes pas plus tôt à couvert' que l'orage éclate avec violence; la pluie tombe par torrents; le tonnerre, à quelques pas de nous, asphyxie plusieurs moulons; la grêle hache les récolles.... niais le soleil perce la nue, Une main puissante, inconnue, Des vents enchaîne la fureur; Le zépliir règne, el la terreur Fait enfin place à lespérance; Le chant des oiseaux lecommence. .. Une douce fraîcheur succède à une chaleur élouf- fante. Je remonte sur mon mulet, et, après unebonne lieue de marche, j'arrive à Prats-de-Molld. A mesure qu'on approche de cette ville, le vallon qui, depuis Arles, avait été resserré, accidenté, agreste, s'élargit, se développe et présente une na- ture riante et animée. Prats-de-Mollû, dont l'aspect inopiné réjouit le voyageur, est entouré de vertes prairies qu'arrosent continuellement des eaux fraî- iLa maison où nous nous sommes mis à l'abri de l'orage ressemble- rait à une auberge, si une auberge était possible au Tecii. En fidèle historien, je dois dire que c'est tout bonnement un cabaret. La dame qui en fait les honneurs et qui vend aux passants le porro de vin de la plaine, la miche de pain blanc , et la portion de fromage d'Orri, est proprette et complaisante. Lesvoyageurss'obstinentà l'appeler la viuda, bien qu'elle se soit remariée : je n'ai pas pu me rendre compte de cette singularité... 275 ches et crislallines, et peut être comparé sans exa- gération à un Oasis dans ce désert de montagnes. Je suis amplement dédommagé de mes faiigues. M. Xalart, natnralisie aussi modeste que distingué , m'offre lliospitalilé avec celte amabilité f[ui lui est familière, avec cetond'urbanilé qui fait le fonds duca- raclère des haliilants de cette partie reculée de notre département. Je me rends à son invitation damijCt je reçois de sa famille laccueil le plus cordial et le plus gracieux. « Oui , sons son toit , comme en leur sanctuaire , a J'ai retrouvé la tendre piété, a L'antique bonne foi, la louchante bonté, «Et l'dmilié IVanclie et sincère. » ( Carbonell. ) Cest précisément aujourd'hui la veille de la fête patronale de Prats-de-MolIû. M. Xatart veut que je lui donne la journée de demain; mais il mVst impos- sible de satisfaire ses désirs, demain je dois être à La Preste, ma maladie et mes souffrances mV obligent : Ce mal affreux que l'enfer en colère Un jour jeta sur le bon Désangiers, En m'alleignant , a renversé mon verre, El m'a banni du rang des chansonniers, etc. Prats-de-Mollô', bâti sur la rive gauche du Tech, • o Si l'on ne considérait que l'étymologie de son nom , l'origine de » celte petite ville ne renionternit pas à une bien hauti^ aniicjiiité Prals- « de-Mollô signifie littéralement en idiome catalan l'iès de la frontière « ou de ta /imite. Mais loin de moi la pensée de représenter celte colo- » nisation , remontant à peine , d'après sa dénomination romane an « neuvième siècle , comme la première qu'ait reçue l'exti èmilé la pins « occidentale de la vallée du Tech. Une pareille assertion sérail aisé- « nient démentie par des monuments dont le témoignage est incontci- 18* 276 se divise en ville haute ci ville Lasse ; il est entouré de murailles. C'est une place de guerre assez impor- tante par sa position lopograplilque. LeForl-Lagarde, ouvrage du temps de Louis XIV, est au nord, presque en face du col d'Ares et du col Prcgon, et empêche, de ce côté, en cas de guerre, Tentrée des Espagnols dans le département. La promenade ou Firal est à voir ; ou y remarque des micocouliers de la plus grande beauté; sous leur ombrage bienfaisant on brave les feux de la canicule ; on y voit encore , dans un coin, une borne que quelques personnes qualifient pompeusement de colonne. L'église, située à la partie la plus élevée, fut consa- crée le 23 avril 1 245 par Bernard-Berga , évcque d'El- ue, sous l'invocation de Sainte Juste et Sainte Ruffine; elle est grande ei assez belle. 11 est fâcheux que pres- que tous les tableaux qu'elle renferme rappellent les temps de l'enfance de l'art ou delà barbarie; cela ne devrait pas être au dix-neuvième siècle. Les objets exposés à la vénération des peuples, perdent de leur valeur du moment que le ridicule s'y attache : c'est le ver qui les ronge. La tour du Mir s'élève au sud-ouest; l'ermitage de la vierge du Coral se trouve dans les environs, au mi- lieu d'un site enchanteur. On remarque sur la roule d'Arles à Prats-de-Mollô les l'estes du pont dcl Pas dcl Lloup , à une bonne lieue de cette première ville ; les fragments qui n'ont « tabie. On tiouve , en effet , sur le territoire tle Prafs-de-Mollô de « nombreux souvenirs celtiques, des médailles celtihérièues et einpo- « rilaines, attestant les relations que les indigènes entretenaient avec a les habitants du revers méridional des Pyrénées. » De Syint-Malo, PubUcateur , journal littéraire de Perpignan , n" 46 , i'''' année. 27T pas été emportes par les eaux du Tech, semblent in- diquer une conslriiction romaine. On remarque en- core lo Roc dcls Coriuits , fos Baits de l' Asc , la Coll d'eu Bloiirès , du haut duquel on apcreoil la mer, etc. '. t On foule avec orgueil ces trônes de l'orage ; «D'un superbe regard on mesure, on parcourt • La hauteur effrayante et l'eff» ayant contour, «On admire, muet, leur majesté sauvage... « Roi du peuple des airs, à l'œil ardent du jour, « De ces dpres sommets l'aigle puissant s'élance... « Celte paix du désert, cet auguste silence, < Des profondes forêts la ténébreuse horreur, « Tout élève l'esprit, tout élève le cœur... 0 De ces lieux au séjour où siège son auteur, 0 Le génie embrasé plonge d'un vol immense. » (A.-J. Carbonell, pocme des Pyrénées , inédit.) La veille de la fêle patronale, a lieu, à Prais-de- Mollû, une cérémonie inconnue dans la plaine. Les P abordes ou commissaires, musiciens en télé, par- courent la ville vers les neuf heures du soir, à la clarié de plusieurs flambeaux que portent des jeu^nes gens choisis, à cet effet, par M. le Maire, et lancent, de bas en haut, dans les rues où ils passent, des car- rntUlas ou fusées; tant pis pour ceux qui sont atteints! car alors les bravos, les ris de la foule frappent les airs. Je ne sais comment cela s'est fait, mais une de ces fusées s'élève en serpentant du centre de la place et s'introduit par la fenêtre enlr'ouverle dans la cham- bre où je me trouve; à rinslanl le feu prend aux ri- ' On trouve à une demi lieue d'Ai les, du côté de Corsavi, dans un lieu désert et sauvnge , la Fo , abîme où l'œil ne plonge qu'avec effroi. Cette cuiiuïité naturelle mérite d'êtie signalée à l'attention des ama- teori*. 278 tlcaux d'un lit et à ma capote '. On court vite éteindre le feu, qui menace d'embraser la maison, et moi, j'en suis quitte pour la perte d'une partie de mon vête- ment. J'étais prêt à me mettre au lit , lorsque le com- missionnaire des malades de La Preste, ayant appris mon arrivée , entre dans ma chambre et m'offre ses services pour le lendemain. Je lui donne quelques ordres qu'il exécutera, j'en suis certain, avec une ponctualité scrupuleuse. Il me souhaite le bonsoir et disparaît. Je ne puis m'empêchcr de faire connaître au lec- teur ce type des commissionnaires ; c'est un être vrai- ment précieux , et bien qu'âgé de trente ans environ , Mancl peut être pris pour un grand enfant, il en a le ton, les manières. Son physique est remarquable et sa taille avantageuse. 11 est muni d'un goîire, maladie assez commune dans ces montagnes; ses cheveux chà- tain-foncé ombragent une partie de sa figure intéres- sante, où brillent deux petits yeux regardant un peu de travers. Son costume est le rriême que celui de la classe paysanne de ce vallon : bonnet rouge, cravate nouée négligemment sur le devant du gilet, veste et pantalon de drap bleu-clair , fabriqué à Prats-de- Mollô", gilet de couleur foncée, des espardilles pour • Historique. a La fabrication des draps est une industrie très anciennement con- nue à Friits-de-MolI6 et dans ses environs ; mais l'art d'ouvrer la laine a dû V déchoir depuis qu'on n'a plus de débouchés dans le Languedoc, le Levant, les côtes d'Italie , etc Malgré celle décadence, la fabrica- tion des diaps , îles bayettes et des bonnets écarlate offient encore quelques avantages dont les habitants de cette contrée savent profiler et plusieurs de leurs productions ont figuré honorablement aux ex- positions du Louvre. Y. ï 279 cliaussiiie.il est plein d'obligeance pour les personnes qui lemploieni; il est doué d'une mémoire extraor- dinaire, car il est capable de faire trente commissions à la fois pour trente personnes différentes, sans jamais errer. Ses mœurs sont pures et sa probité proverbiale. Il travaille du matin au soir ; il est accoutumé à porter des fardeaux très lourds; tout ce qu'il gagne il l'em- ploie à Tent retien de sa mère qui est vieille et pauvre. Aussi tous les malades qui se rendent annuellement aux bains de La Preste font grand cas de Mancl , lui donnent de bonnes étrennes et lui témoignent une estime toute particulière. Je me lève à quatre heures du matin, et après avoir fait mes adieux à M. Xatart , à son aimable famille, je monte sur mon mulel et je paris, bien entendu que Tony est encore mon guide dans les deux peti- tes lieues de chemin qu'il me reste à faire pour arri- ver à ma destination. (( Le hameau de La Preste est à l'orient des bains, «à une demi-lieue de distance, sur le versant opposé «d'une montagne qui les sépare. Le chemin que l'on « parcourt depuis Prats-de-Moll6 et qui a succcssive- (( ment reçu d'imporlanles améliorations, a été tracé «sur la rive gauche du Tech. Il traverse une série «de sites agréables qu'animent quelques habitations «éparses, et où s'assortissent, pour en rehausser l'ef- «fet pittoresque, de fertiles prairies, d'élégants bou- «quets de peupliers, de noyers on de frêne, etc., « des coteaux en pleine culture ou couronnés de bois, « et le sauvage aspect des montagnes. « Les Bains de La Preste, situés vers la partie str- «périeure de la gorge que parcourt le Tech, se pré- 280 «senlent au milieu d'un paysage , d'une auslérilé «remarquable. Leur isolement de toute autre liabi- (( lation , rélévation et lâprelé des montagnes qui les (( entourent , la configuration même du terrain envi- ci ronnani, tout semble leur imprimer le caractère (( d'une véritable chartreuse. On serait tenté, au pre- «mier aspect, d'envisager ce lieu comme éiant bien (( plus propice aux silencieuses habitudes de quelques (( pieux cénobites, qu'aux joyeux passe-temps d'indi- « vidus qui n'abordent souvent les eaux thermales (( qu'avec la légitime espérance de faire concourir au (( bon effet du remède les distractions de la société et (( les agréments du pays. « Quelle que soit làprelé du site dont ces termes ((font partie, leurs alentours ne laissent pas d'être «agréables et d'offrir d'utiles ressources aux prome- t( ncurs. C'est la conséquence de leur position au con- (( fluent de deux courants d'eau et à l'embranchement « de deux petites vallées. De hautes montagnes, d'u- ((ne inclinaison presque perpendiculaire au terrain, (( s'élèvent, sur ce point, des deux côtés de l'étroite (( vallée du Tech et circonscrivent une sorte de bassin « elliptique au fond duqttel coule la rivière , et qui «n'a d'autre horizon que le rideau de rochers qui (( forme l'enceinte. Situé vers la partie supérieure de (( ce bassin et perpendiculairement à son axe, l'éta- (( blissement thermal occupe un plateau de beaucoup «plus élevé que le fonds de la vallée. Ainsi, placé (( entre le Tech , situé au sud , et le torrent de la Lla- ((bana qui longe sa face septentrionale, il s'avance « comme un promontoire coupé à pic, au milieu de (( la gorge du Tech , dont il domine le cours de très % haut. » Angl^^da , Trailc des Eaux min. de ce Départ. 281 Il est bon dp vous dire, ami lecteur, qu'en partant de Prals-de-Mollô , j'ai du quitter mes habits d'été pour endosser ceux d'hiver. Si jamais vous venez vi- siter ces heux pendant les mois les phis chauds de l'année, n'oubliez pas de vous munir d'habits propres à vous garantir de lair vif qui y règne le matin et le soir; ou bien , gare les rhumes et par suite , peut-être, les flttxions de poitrine !.. On m'a assiué que les bains de La Preste sont élevés de l ,000 mètres au-dessus du niveau de la méditcrranée. A six heures du matin, je vois enfin le terme de mon voyage. Le propriétaire des bains me reçoit au pied de l'escalier, taillé dans le roc, qui conduit au salon de compagnie de rétablissement. Je paie mon guide et nous nous disons adieu. J'atteins le but de mon voyage, Et me voilà dans l'ermitage Où Ton trouve nn apéritif, Vn répulsif, un digestif, Un sulfureux et chaud breuvage, Qui, si j'en crois le témoignage De maint docteur démonstratif. Doit être pour moi curatif. . Trois saisons j'en ai fait usage. Et ie suis encore maladif... Résignons- nous ! J'ai revu l'if. Au tronc noueux , au noir feuillage, Et dont l'aspect triste, sauvage. Serait digne du château d'If, Aiiquel LelVanc', dans son langage Tour-à-tour joyeux, descriptif. Rendit un singulier honuuage. Sur un roc il brave l'orage. 'Lefranc de Pompiguan, voyez son voyage en Laiif^iiodoc, etc. 282 L'oiseau des nuits, au cri plaintif. Trouve un abri sous son ombrage, Et le temps, ce vieillard hàtif. Semble respecter son grand âge. Cet if a pris naissance au nord et à cent pieds envi- ron au-dessus de l'établissement thermal. Sous ses ra- cines, un pauvre diable de fabricant de sabots, s^est construit une cabane qui est le type de la misère: on dirait un nid d'oiseau suspendu à des rochers. Pour y parvenir, on doit suivre un sentier étroit et raboteux. Ce sabotier dit qu'il vit seul dans son trou, loin des joies et des misères de ce monde , content et satisfait ; il rit des gens du fisc qui n'ont encore pu l'atteindre , bien que les porteurs de contraintes soient agiles et disposés à monter, même au ciel, pourvu qu'on puisse leur en indiquer le chemin. Il se croit heureux, c'est assez pour lui. Mais ne pourrait-il pas s'écrier comme ce paveur?... J*ai suivi la route commune... A l'hiver des ans arrivé, Grâce à l'inconstante fortune, Me voilà donc sur le pavé. Moins heureux que ces bons apôtres Qui ne marchèrent pas en vain, En faisant le cliemin des autres, Je n'ai pu faire mon chemin. Les malades sont nombreux celte année; je suis accueilli par eux avec des démonstrations d'une joie sincère. Les habitués de nos thermes revoient tou- jours avec un nouveau plaisir les lieux où ils ont trouvé un prompt soulagement à leurs maux, les sites pittoresques qu'ils ont tant admirés, les sentiers sinueux qu'ils ont parcourus en rêvant peut-être un 283 brillant avcnii\ Ils aiment encore à se retrouver sons le n)éme toit, avec les amis à qui ils dirent acheii 1 année d'avant, alors que les neiges les forcèrent à la retraite; car là les amitiés qu'on y forme sont dura- Lies : on a souffert ensemble, on s'est mutuellement plaint, on s'est connu. Les douces émotions qu'on éprouve dans ces aimables réunions ne s'effacent ja- mais du souvenir. C'est surtout aux Bains de La Preste que ces réunions sont plus intimes, puisqu'un seul local et souvent une seule table reçoivent tous les malades; on peut dire qu'ils ne forment la qu'une même famille. Cependant je dois avouer avec francbise que cette vie finit par devenir monotone pour moi, car je suis forcé d'avaler liuit grands verres d'eau cbaude au moins et de prendre un bain tous les matins, pendant quinze jours : Je passe ici la matinée Plongé dans l'eau comme un canard : Pour un disciple de Panard , Dieu ! quelle triste destinée ! Mon premier soin, en arrivant, a été de prendre possession de ma cliambre de prédilection, le ]N° 18, que j'babite depuis ([ue je suis obligé de visiter ces thermes une fois l'an. Elle n'est pas très élégante, mais l'essentiel s'y trouve, je veux dire un bon lit; puis, située au nord de l'établissement et au second étage, le malade qui l'occupe ne craint pas d'être importuné par celui de l'étage supérieur, puisfpi'il n'en existe pas. Or, à La Preste, se loge qui voudra au rez-de-chaussée ou avi premier, je tiens h y être logé sous le loil. Après avoir fait un bout de toilette^ 284 ] ai dû satisfaire la pressante, curiosité des malades qui m'ont demandé des nouvelles de la politique; car ils sont ici étrangers aux journaux qui chaque jour sillonnent la Fiance en tout sens , la poste royale n'arrivant que jusqu'à Prats-de-Molld, et je les en fé- licite, car Nos journalistes sont en guerre , Depuis que la France est en paix; Cliacun, contre son adversaire, Se promet un brillant succès. Martin approuve, Orgon critique; L'un rit, l'autre a deux pieds de nez, Et dans leur guerre politique Les battus sont leurs abonnés. Je les mets ensuite au courant des incidents sur- venus dans mon voyage, je ne leur fais grâce d'au- cune circonstance. J'excite quelquefois leur hilarité; tous conviennent que le petit bossu méritait un meil- leur sort. Parmi les personnes qui m'entourent, dans ce mo- ment , se distingue un soi-disant antiquaire , qui est malade parce qu'un de ses confrères lui a volé une date, deux dents de Cléopâtre , l'arme dont se servit Alexandre lorsqud assassina son ami Clitus, etc. Sans autre préliminaire, il entame gravement avec moi la question surannée des Grecs et des Piomains. Dieu! comme il pérore!.., « Qui me délivrera des Grecs et des Romains? « Du sein de leurs tombeaux ces peuples inhumains » Feront assurément le malheur de ma vie... » ( DERciiors. } 11 esl conduit par son raisonnement à me dire que 285 ]a construdion primilivG de rétablissement de La Preste, est due à Césaiv, lorsqu'il fit la conquête des Gaules. 11 tiouve partout des voûtes, des pavés du peuple-roi, et la source principale, que quelque mauvais plaisant s'est plu à décorer du nom ambi- tieux de Source cVyJpollon, lui sert de point de dé- part; mais il lui est impossible de me donner une date précise; cette difficulté est pour lui insurmon- table. Cependant, comme la plupart de ses confrères, il veut que son opinion soit la meilleure, et voyant mon visage sillonné par le sourire du doute , il se met en colère , il me menace sérieusement de tout le poids de son érudition... — Eh! là! là! monsieur! du calme, du calme! il est nécessaire à notre situa- tion. Je conviens avec vous que la construction pri- mitive de ces Bains, se perd dans la nuit des temps, je vous accorde même qu'ils sont connus depuis que le premier malade a paru dans le monde; mais jus- qu'ici, pour ce qui les concerne, nous savons seule- ment qu'ils étaient appelés jadis Las ylyadas , qu'ils doivent leur nouveau nom à vxne dame dont le ma- noir féodal était tout proche ', et que M. de Saint- Sauveur, ancien intendant de la province, qui a laissé parmi nous des souvenirs ineffiicablcs, touché de leur triste état d'abandon , ne négligea rien pour les rendre à peu près tels que vous les voyez aujourd'hui ; le pro- priétaire actuel a fait le reste. Autrefois l'on y prenait le bain en commun, ce qui n'était ni commode ni décent; de nos jours^ chaque malade prend son bain dans une baignoire particulière, en marbre blanc. En- core ([uelques embellissements indispensables, et cet établissement, recommandable d'ailleurs par la qua- • i\ a PresCa. 286 Jilé supérieure de ses eaux, dont la source principale s élève, à son bouillon, jusqu'à 44° 00 G., rivalisera avec ceux qui sont le plus en réputation dans les Pyrénées ■. Tenez, monsieur lantiquaire, ce que je vais vous apprendre est plus intéressant que des dates, des vieilleries perdues; c'est dans le vallon de La Preste que fut semée, pour la première fois, en 1733, la pomme de terre Hanche, par une compagnie d'Alle- mands, qui s'y était établie, en 1732, pour exploiter des mines de cuivre qui se trouvent dans les envi- rons. De La Preste, ce bienfaisant tubercule se ré- • Si les malades sont curieux , s'ils ont de bonnes jambes , le vallon de La Preste leur offre à voir les grottes den Ereschot et de sainte Marie, les anciennes mines d'argent et de cuivre , la fontaine délicieuse de Plananella , véritable castalie dans le ravin romantique d'où elle s'é- chappe, en murmurant, à travers le myosotis, les fraisieis et les pen- sées sauvages, et s'ils tiennent à s'élever à laSo toises au dessus du ni- veau de la méditerranée , et à jouir d'un spectacle enciianteur, par une belle matinée du mois de juillet , qu'ils montent sur le sommet de Costabona. Les environs de La Preste sont une mine féconde pour l'his- toire naturelle ; des plantes, des coquilles fluviaiiles et terrestres, inconnues, y ont élé trouvées. Ils ont clé parcourus par les hom- mes les plus distingués dans cette science , tant français qu'étrangers, tels que MM. le comte Déjean, Gay , Bastard, Leclerc-Tliouin , En- drez , Bentham , Arnoth , le comte de Génisson , Requien , Petit , Du- frenoy , Elie de Beaumont , etc. Qu'il me soit encore permis de signalera l'attention des malades physiologistes, ;Wei, ce crétin gardeur de pourceaux, dont la cabane est adossée à l'établissement thermal : sa taille est de 4 pieds environ et il compte 28 ans d'âge au moins; son corps est assez bien propor- tionné dans foules ses parties ; sa physionomie est celle de la stupidité; sa voix est glapissanle ; il est incapable rie lier deux idées ensemble'. Pendant les longues soirées de La Preste, lorsque le mauvais temps re. tient les malades dans le salon , Met ne manque pas de visiter ces der* iiiers , et chacun verse, dans le bonnet écailate du crétin , l'aumône que réclame le malheur. 287 pandit bientôt clans tout le tlc'parlement, et de nos jours^ glace à lui, le peuple ne craint plus la famine. Or, convenez avec moi qu'une pomme de terre est plus utile à l'humanité qu'un vase étrusque?... Mais notre conversation est heureusement inter- rompue par le tintement dé la clochette annonçant l'heure du déjeuner. Comment résister à ce doux bruit? chacun prend sa place à table et se dispose à faire un bon repas; car, en général, les malades qui fréquentent ces thermes sont doués d'un bon appétit. Nous allions terminer le dessert, lorsqu'un indi- vidu se présente à la porte de la salle à manger, et fixant sur moi ses regards, s'écrie: — Monsieur, j'ai écbappé aux douaniers! — Jugez de ma surprise et de celle des autres malades!., c'est M. Dorville qui, avant d'entrer en Espagne, a voulu me dire bon- jour en passant. Le propriétaire de l'établissement l'engage ainsi que nous à se nietti'e à table. — Je vous remercie, messieurs, de l'accueil cordial que vous me faites, mais je n'ai pas beaucoup de temps devant moi; j'ai cherché à dépister les employés de la douane en prenant ce cosiume. (M. Dorville est habillé en montagnard roussillonnais. ) Cependant, sur l'invitation pressante que nous lui faisons de nous raconter son aventure, l'assurant qu'il n'a rien à craindre dans ce lieu retiré, il s'y prête de bonne grâce. Aloi's, s'adressant à moi: — J'ai d'abord un aveu à vous faire; la dame prétendue hydropique est ma raaîtiesse, mais elle sera bientôt ma femme. Ma chère Elisa appartient à une famille riche du département de la Gironde. Ses parents , fiers île leurs écus, s'étant refusés à nous unir, parce que je suis pauvre, l'amour plus accommodant nous a prêté 288 SCS ailes. Un soir, j'ai enlevé ma maîtresse, cl nous avons forme le projet de nous marier en Espagne, si c'est possible. Cela vous explique^ monsieur, les stratagèmes que nous avons employés, ma maîtresse et moi, pour ne pas réveiller des soupçons; mais le diable, qui se fourre partout, a dérangé une partie de notre plan. J^ai au Volo un correspondant, Espagnol de nais- sance, et j'ai lieu de croire que c'est lui qui m'a vendvi à la douane*, car je dois vous dire que je suis colporteur de mon état, et que mon père, riche autrefois , était très connu dans ces envii^ons. La pa- cotille de dentelles que j'avais faite avec une partie des fonds de mon Élisa, et que je croyais ])ien ven- dre à Barcelone , est tombée entre les mains des douaniers, et je dois à un miracle d'avoir échappé à leurs griffes. Les mêmes contrebandiers qui avaient paru sur la route au moment du passage de la dili- gence , se sont montrés de nouveau , lors de mon retour à Céret; une bataille s'est engagée enir'eux et mes conducteurs, et comme les employés de la douane devaient plutôt penser à se défendre qu'à me garder, j'ai profité du moment; dans la confusion qui a suivi cette mêlée, j'ai pris la clef des champs. Je suis arrivé à Arles en toute hâte; là, j'ai appris par hasard l'accouchement de mon Elisa. J'ai pleuré d'attendrissement. Avec quel plaisir ne m'a-i-elle pas embrassé! elle me croyait perdu pour toujours. 11 a été convenu qu'après son rétablissement, elle se ren- drait en Espagne où je l'attendrai. Un bon paysan a bien voulu me servir de guide et me prêter le costume dont je suis affublé. J'ai, Dieu merci , ma bourse bien garnie , et une lettre de crédit sur une des 280 meilleures maisons de i>arce]onc, grâce a des amis de mou père qui se sont inléressés à ma posiiion. J'aurais pu prendre nue autre route pour entrer eu Espagne; mais, sachant que vous êtes ici, j'ai voulu vous voir avant de quitter la France. Les malades applaudissent à la délivrance de M. Dorville; en mou particulier, je le remercie des confidences qu'il vient de nous faire , et lui garnis- sant le Lissac de provisions de bouche, nous lui sou- haitons un bon voyage et Taccom plissement de tous ses souhaits. Adien séjour de La Preste, Val agreste Où j'ai Ironvé la santé! De ton eau jamais perfide, Si limpide , Puis je oublier la bonté ? Non ; sans elle la satire, Le fou- rire N'inspirant plus mes refrains, Je verrais, hélas! ma vie Poursuivie Par les douleurs, les chagrins. Aussi que ma joie est vive!... Sur la rive Où s'écoula mon printemps. 290 Du zéphyr la douce haleine. Rie ramène... Mais sera-ce pour long-temps?.. Si Désaugiers' l'eût goûtée, Eau vantée, Vieux, peut-être, il serait mort, Et le malin vaudeville Qu'on exile, Chez nous régnerait encor ; Et le dramaturge sombre. Qui dans l'ombre Distille son noir poison, N'oserait point reparaître, Car, le traître , Tomberait... sous la chanson! Qu'un autre oppose Bagnères, Spa , Plombières A La l'restc!... c'est en vain! Son eau , mon goiit la signale Sans rivale. Préférable au meilleur vin''! 1 Désaugiers est mort de la maliidie de la pierre. 3 Pour les malades bien entendu. 291 LA VENGEANCE DE L'HONNETE HOMME, par A. J. CouiLé SOUS le poids d'iin fagot de branches, pres- que engourdi de froid , le vieux pécheur Semnon revenait de la forêt , se traînant péniblement sur le sentier de neige qui conduisait vers sa pauvre chau- mière. 11 passe en chancelant devant la maison du chasseur Ithamar , et il allait traverser le fleuve sur le pont de bois, lorsqu'une voix terrible se fait en- tendre. « Arrête, vieillard ! » s^écrie le chasseur, en s'élan- çant furieux de sa demeure, « arréie ! Doù as-iu « tiré ce bois? il ne t'appartient pas ! tu me las volé !» — «Chasseur, je ne Tai pas volé! » balbutie Sem- non saisi d'effroi. — « Ne ments pas, vieillard ! J'ai abattu hier du bois « de ce côté de la forêt : c'est de là que tu l'as pris ! « donne-le donc ! » — «Non, chasseur! je l'ai ramassé, scion à scion , «dans la neige, à mesure que je l'ai trouvé épars «sous les arbres. » — « Tu ments , vieille tête grise ! donne donc ! » «Tu l'as volé ! qu'ai- je à faire de les mensonges?» Et , en disant ces mots, il arrache brusquement le fagot du dos du vieux pêcheur et le jette dans le torrent, comme un jouet aux flots: «Voilà mainle- '9* 292 « liant la dispute terminée! » ajoute-l-il d'un air mo- queur, et il rentre farouche dans sa maison. Semnon affligé le suit du regard et s'éloigne en chancelant, les yeux humides. Quelques jours après l'air s'adoucit et le dégel ar- riva : les glaçons du fleuve se détachèrent peu-à-peu en craquant, et, charriés par les eaux, se réunirent et s'entassèrent. Les vagues arrêtées s'enflent , inon- dent le lit et frappent contre le pont qui ne leur livre qu'un étroit passage, menaçant à tout moment de le renverser. Alors le fils d'Ithamar revenait de la ville. Il s'a- vance vers le pont, mais il s'arrête irrésolu et recule intimidé, en voyant cette scène d'horreur. Semnon lui-même , qui réparait son canot sur la rive , essaya de le détourner d'exposer ainsi sa vie au danger ; lors- que Ilhamar, qui sortait de chez lui, l'ayant aperçu: «Accours vite» lui cria-t-il fièrement «le pont ne «croulera pas! autrement. Dieu sait à quoi t'engage- « rait encore ce vieux radoteur! viens promplement!» L'enfant accourut : Le pont hatiu par les eaux va- cillait comme un chêne qu'attaque l'ouragan. Les sourds craquements qui s'en échappaient, se mêlaient au fracas des glaces et au choc des ondes qui frap- paient les poutres éhranlées : encore un choc et le pont va crouler. Encore un choc, le pont s'affaisse, tombe dans le torrent, entraînant dans ses débris le iils du chasseur. Oh ! conmie le père était furieux de voir ainsi renfant au milieu du torrent et de se trou- ver de l'autre côté! comme s'affligeait du côté opposé le vieux Semnon, tandis que le petit poussait d'hor- ribles hurlements, en appelant au secours. Il setait iiccroché à une poutre que Teau minait à vue d'œil, 293 il élail à moitié enseveli sons la glace et le courant allait renlraîner. llLaïuar courait le long du bord , trépignant, poussant des cris et se tordant les mains de désespoir 5 car 11 ne pouvait donner aucun secours à son fils^ à son fils qui se noyait, et comment eùi-ll pu espérer que le pêcheur offensé voudrait sauvei" le petit infortuné ! MaisSemnon, aux cheveux argentés, n'écoutant que son cœur, s'élance courageusement dans son ca- not, le pousse sans crainte à travers les glaçons et les poutres de sapin du pont que les eaux charriaient j le courant va l'entraîner: le vieillard déploie le peu de forces que l'âge lui a laissées ; il lutte long-temps en vain contre la violence des eaux j mais enfin, re- doublant d'efforts, il atteint l'enfant qui se débattait violemment contre Tonde , l'arrache au gouflie et , achevant Je traverser le fleuve , Tapporie heureuse- ment au père sur la rive, ce Voici ton fils que je te rends» hii dit-il d'un ton de douceur qui aurait ap- privoisé i\n tigre, «vois, il est sain et sauf-, seulement il est un peu effrayé.» Ithamar n'osait lever les yeux ; il resta long-temps muet et confus : « Pardonne-moi , honnête vieillard» s'écria-t-il enfin avec émotion et les yeux pleins de larmes qui coulaient malgré lui le long de ses joues basanées «pardonne-moi mon injuste proiédé î » — «Que dois-je te pardonner» répondit Semnon d'un air affable? « ne me suis-je donc pas assez vengé?» — «Ainsi donc, vieillard que j'ai offensé, ta ven- « geance a été de me faire du bien ! Dieu ! ainsi donc « se venge l'honnête homme ! » 294 POLYCARPE L'ACTEUR, ESQUISSE DRAMATIQUE j Par M. F. MÉRIC. « Il n'y a ni classique ni romantique €€ eu littérature; il y a du vrai et du "faux, du bon et du mauvais. » (Nodier.) Ce n'est point pour m'ériger en biographe, ni em- piéter sur les altribulions de l'historien, que j'entre- prends aujourd'hui d'écrire la vie d'un cire complè- tement ignoré. Polycarpe Séverin fut loin d'cire une de ces étoiles lumineuses qui composent la pléiade dramatique de la capitale. Ce n'est pas qu'il manquât précisément du talent nécessaire pour paraître sur un vaste ho- rizon; mais parce qu'ayant son public à lui, qui le choyait, le fêtait, il n'aurait pas couru, de prime abord, à une gloire incertaine, lorsqu'il était à l'a- pogée de sa célébrité provinciale. 295 L Polycarpe Séverin florissail vers rannée 1828. Son père, qui exerçait à '^'^'^ la niotlcsie profession de po- tier d'étain, lui avait fait donner une éducation pro- portionnée à sa fortune; à 1 âge de douze aus il lavait envoyé chez un pédagogue, pour apprendre, comme il le disait lui-même, à lire et à écrire. Les premiers fondemenis de l'éducation ainsi jelés, le père de Polycarpe, qui ne pouvait faire de son fils ni un agent de change, ni un avoué, se détern>ina, après trois ans de mûres réflexions, à le retirer de l'école pour lui mettre le tahlier de cuir à la ceinture et le marteau en main. Quelque pénible que fût un état pour lequel il ne s'était jamais senti de vocation décidée, Polycarpe ne resta pas moins de six années derrière l'éiabli. Dans ses loisirs, el profitant quelquefois de l'absence de son père, il se délectait à lire les chefs-d'ceuvie de Corneille et les inimitables comédies de Molière, qu'un voisin très officieux, lui prêtait avec un véri. table plaisir. Certes, il faisait beau entendre le jeune Polycarpe déclamer le rôle de Rodrigue, du Ciel! Avec quelle expression et quelle mâle énergie il prononçait le fumeux qu il Diouriit ! des Huraccs ; puis, par une fan- tasque transilioii, changeant de ton et de manières, il vous débitait imperturbablement vine tirade du Misanthrope^ et comprenait Ibrl bien tout le satirique (|ue JMolicrc avait déversé sur lesjvinincs savantes. 29G Ainsi s'écoulèrent, sans secousse, comme sans embarras, les premières années de la vie de Polycarpe Séverin. 31ais le sort, cet artificieux Proiée qui revêt toutes les formes pour fasciner les faibles humains, ne permit pas qu'il restât plus long-temps ignoré. L'incendie couve paisiblement sous la cendre et souvent une étincelle suffit pour l'allumer. Une occa- sion opportune ne tarda pas à se présenter, et nous allons voir de quelle manière le génie, ou plutôt le démon tentateur de l'art, vint souffler ses flammes sur le héros de notre histoire. II. Le 13 mars 1820 fut un jour de fêle pour la ville de ***. Il n'était bruit, dès la veille, que d'une troupe d'acteurs ambulants qui venait donner quel- ques représentations. La joie des bons habitants était à son comble; chacun abordait ses proches, ses amis, ses voisins, le sourire sur les lèvres, et leur deman- dait, d'un air pleinement satisfait : allez-vous au spec- tacle ce soir? Quelque part que Ion se rencontrât, cette question était comme la phrase obligée de toute conversation. Polycarpe Séverin ne fut pas, non plus, des der- niers à payer à l'art un tribut que d'autres payaient à la curiosité. C'était le Misanthrope qui faisait les Irais de la première soirée. Molière ! le dieu de Poly- carpe, son auteur de prédilection, allait être repré- senté par des artistes indignes de le comprendre, de l'apprécier !!!... I 297 En narrateur fidèle, nous devons dire, dans Tln- térêt de l'art, que le public sut justement châtier les histrions qui s'étaient arrogé le droit d'estropier les alexandrins de l'inimitable poète comique. Quant à Polycarpe, il fut tellement élcctrisé de voir repré- senter une des productions de son auteur favori, qu'il n^en bâtit pas moins des utopies de succès pour son propre coiupte, bien que la pièce eût été mal rendue. Par un hasard des plus inexplicables, le di- recteur de la caravane dramatique avait pris son lo- gement chez le père de noire héros. Le lendemain, Polycarpe fut le trouver; un colloque s'établit entre eux Et, trois mois après, Séverin jouait les premiers amoureux, dans la comédie, à Chàlons-sur- Saône. III. Plusieurs années se sont déjà écoulées depuis que Polycarpe a déserté le toit paternel. Ce n'est plus le jeune homme inexpérimenté, craignant d'affronter les dangers de la scène, ou qui éprouve une vive émotion lorsque les bravos et les applaudissements frénétiques de l'auditoire viennent saluer un couplet satirique de vaudeville, une tirade de comédie net- tement débitée. Désormais, il a ajouté un nouveau fleuron à sa couronne, car, avec le rôle si poétique de premier amoureux , il cumule l'emploi honorable et non moins important de régisseur de la troupe — Eh ! qui ne connaît les tribulations innombrables auxquelles est journellement en butte le régisseur 298 d'un théâtre de province? Quel est celui qui conju- rera la tcnipcte, lorsque le parterre houleux s'indi- gne contre la longueur démesurée des entr'actes, ou qu'il proteste vivement contre l'admission d'un sujet qu'on croit devoir lui imposer? N'est-ce point encore une pénible fonction que de savoir concilier les in- térêts d'une administration théâtrale avec les plaisirs d'un public toujours exigeant? Tel est le partage du régisseur dans le monde d'au-delà la rampe! telle est la mission de Séverin ! Mais c'était peu, pour lui, que d'avoir à lutter contre de pareils obstacles! 11 comprenait trop ce qu'il y avait de vague et d'artistique dans la profes- sion qu'il avait embrassée pour démentir^ un seul instant, le zèle qu'il devait apporter dans ses hautes fonctions. L'emploi de régisseur ne nuisit jamais à l'élude de ses rôles et lui laissa même assez de loisir pour revenir à Molière et à Corneille, qu'il chérissait comme des souvenirs d'enfance et qu'il emporta tou- jours dans ses excursions dramatiques, ainsi qu'A- lexandre emportait les œuvres du divin lîomère, lorsqu'il allait combattre les peuples et les réduire sous sa donrination. Quelque part que la troupe nomade plantât sa tente, le public était disposé à la recevoir favora- blement. La réputation de Séverin, comme régisseur et principalement comme acteur, contribua beaucoup à sa prospérité. Plusieurs directions, et notamment celles de Lyon et de Strasbourg, firent au premier amoureux des offres très avantageuses auxquelles il ne répondit point.. Aurait-il consenti à délaisser cette réunion d'artistes dont il était lame et le pivot, et 299 son public d'élile qui ne lui avait jamais fait souffrir une seule avanie?... Hélas! tout n'est pas ovation et bonheur dans celte triste vie! et cette pauvre ame était destinée à rece- voir bien des atteintes! En 1 829 , lorsque le mauvais goût commença d'en- vahir la scène et que la littérature facile nous dota de ses monstrueuses créations, Polycarpe Séverin fut un de ceux qui crièrent haro sur la troupe indisciplinée des modernes écrivains; il refusa de sacrifier au ca- price du siècle qui, selon l'esprit do quelques-uns, marchait à pas de géant vers le progrès, en aban- donnant les vieilles traditions et la littéraiure décré- pite , ainsi que des haillons usés dont le mendiant même ne vomirait plus. Polycarpe résolut de ne point prêter son concours au drame qui se levait odieux et terrible; comme si les sombres et hurlantes tirades eussent été une tache de sang sur sa ■s ie passée ! comme si Finceste et Tadul- tère, dont les dramaturges semblaient se proclamer les apologistes fervents, eussent fait tressaillir d'hor- reur, dans leur tombe, nos deux plus illustres génies classiques: Corneille et Molière!!!... Il renonça ainsi à une carrière qui aurait été la joie et le contentement de sa vie. Le directeur d'un théâtre de la banlieue de Paris lui avait fait récemment proposer de le compter au nombre de ses sujets-, ce fut peine inutile — Fietiré dans sa ville natale, il se livra à la culture des lettres et mourut le 15 juin 1830. Quelques-uns de ses anciens collègues prétendent 300 qu^il laissa trois comédies inédites; mais comme il possédait un grand fonds de modestie et qu'il pensait que les palmes littéraires étaient Lien difficiles à ob- tenir, même après la mort, il avait recommandé de livrer aux flammes des productions qu'il savait être très imparfaites, car il fut toujours imbu de cette maxime de Jean-Jacques : « Il y a bien de la diffé- « rence entre se plaire à un travail et y être propre.» 301 A MON AMI J. M. « Savants , le sage a dit que tout est vanité. mXjH science de l'honime est son humilité.» (GrsTAVB de Lanoue. ) Oh! que ne suis-je un aigle! et, déployant mes aîles. Que ne puis-je, avec toi. des voûtes éternelles Affronter les hasards ; Voir rouler à mes pieds les globes dans l'espace, Et de l'astre fécond dont l'éclat les efface Soutenir les regards ! Que ne puis-je, au-delà des sources de l'aurore. Précipitant mon vol , monter, monter encore , Comme en un char de feu ; Et, dans ce vaste azur, dans ces flots de lumière, N'arrêter mon essor, ne baisser ma paupière Qu'à l'aspect de mon Dieu ! Mais je ne suis point fait pour ces routes sublimes. Pour fouler des soleils , et , sondant les abîmes Du doute et de la foi , Pour guider vers le jour les yeux de l'incrédule, ■ — D'Hugo, de Lamartine harmonieux émule, Fier aiglon comme loi! — 302 Timide oiseau des bois, la paix de mon asile, Le printemps i|ui m'appelle ou l'hiver qui m'exile . L'air embaumé des champs, Mes tapis de gazon, mes dômes de verdure. Mon duvet, ma couvée et mon filet d'eau pure: Ce sont là tous mes chants. Et tandis que, l'ouvrant des roules inconnues, Tu vas, loin de nos yeux , le perdre dans les nues. Plonger dans l'infini , Mon aîle voltigeante eflleure le rivage, Et ne peut s'élever qu'au niveau du feuillage Où je suspends mon nid. Soumettons-nous ; restons dans les sombres vallées Où Dieu voulut cacher mes timides volées Et mon chant ignoré. Elançant la pensée aux sources de son être. Tu sauras l'expliquer, tu le feras connaître ; Moi, je le bénirai. Mais, pour la regretter, celte sublime gloire De tout approfondir , tout, avant de rien croire, N'a-t-elle aucun danger? Aux yeux de l'Elernel , que notre orgueil irrite , Elle nous fait, au moins, perdre, hélas! le mérite D'avoir cru sans juger. Et que d'hommes par elle égarés dans leur roule!. Lin esprit, dans sa foi, conçoit un premier doute Et, rêveur, le poursuit; C'en est fait... Le voilà roulant dans la matière. Et l'imprudent, parti d'un foyer de lumière. S'est jeté dans la nuiU 303 C'est qu'on ne doit jamais dépasser la limite Sans regarder, souvent, et le point que l'on quille» Et le but devant soi ; Il faut , dans ces chemins que l'homme se confie Aussi bien qu'au flambeau de la philosophie Au flambeau de la foi. Le premier seul n'aurait que des clartés funestes. Il égara Byron, des extases célestes Ange deshérité , Byron qui, pour les Grecs, s'armant contre leurs maîtres, Ne voua point son glaive au Dieu de ses ancêtres, Mais à la liberté. La liberté! pour elle il brave la tempête. Pour elle , dédaignant les lauriers du poète , Il en rêve un plus beau. Celui de la victoire... il combat, le moissonne; Mais ô regrets ! bientôt cette vaine couronne Sèche sur son tombeau. On dit que le poète , à son heure suprême , L'œil tourné vers le ciel, semblait contre lui-même "Y chercher un appui ; Et frémissait , plongé dans un sombre délire, Comme si le néant, qu'avait ciianlé sa lyre, N'était plus devant lui : Tant d'efforts , de travaux , de rêveuse harmonie , Tant de climats lointains que son ardent génie Mouilla de ses sueurs ; Et le voilà qui tremble , à son heure dernière , D'avoir, o vérité! pourîa pure lumière Pris de vaines lueurs! 304 Ah! puisque des tourments et des incertiîudes Sont les seuls fiuils que l'homme, au sein de ces études, A.it jamais pu goûter ; Puisque, en voulant sonder les divines merveilles, Pour prix de tant de soins , de fatigues , de veilles 11 n'apprend qu'à douter; Eloignons des pensers qui , troublant cette vie, Peut-être pèseront sur l'âme poursuivie, Quand l'autre brillera; Jouissons du soleil , marchons à sa lumière , Sans chercher où commence où finit sa carrière, Si le temps l'éleindra; Et, dans la paix du cœur coulant des Jours prospères. Laissons-nous tous aller à la foi de nos pères , Héritage vivant , Comme l'oreille aux sons d'une lyre facile , Comme aux vagues du fleuve une barque docile, Comme la feuille au vent. P. Batlle. 305 AîLlilEîIl* « » Alors s'offrit à leurs y«ux tout ce qu'oa » peut imaginer de plus agréable et déplus » surprenant. •• Le Tasse. Jérusalem di/wne. (Chant XVI.) Avez-vous quelquefois, dans la verte prairie, Promené soucieux par une belle nuit, Et vos pas indécis el votre rêverie? Avezvous vu, sans bruit, A la faible clarté des étoiles sans nombre , Gomme un esprit follet, sous le saule tremblant, Briller, puis disparaître et s'éteindre dans l'ombre j Un tombeau morne et blanc? Avez-vous vu, le soir, d'une fidèle amante, Sur un marbre pieux, recueillie, à genoux, Flotter au gré du vent la robe éblouissante, Au lieu du rendez-vous ? ao 306 Puis quand l'heure a frappé, quiHant le mausolée, La vîlLS-vons, crainlive et d'un pas chancelant, Seule avec sa douleur, errer dans la vallée, Coaîme un fantôme blanc? Avez-vous aperçu, pendant un long voyage, Du pont de ce vaisseau, passagère prison, Une voile, bien loin, se fondant au nuage, Blanchir à l'horizon ? Avezvous admiré les effets de lumière Produits par le soleil, quand au soir de beaux jours, Il dore ou rembrunit, d'une vaste carrière, Les grotesques contours? Ou , du haut des coteaux de la belle Helvétie, Vîles-voas, sous vos pieds, s'élendrc du Léman, Au milieu de la nuit, l'eau dormanle, éclaircie Comme un manteau d'argent? Et quelquefois encor des tentes d'une armée, Aux derniers feux du jour, les dômes culminants Auraient-ils révélé à voire ame charmée Des (lois tourbillonnants? Avez-vous, en marin , au cœur plein de courage. Au lever d'une brise, admiré sous le vent. Ces llols au loin neigeux, qui devancent l'orage Sur le vaste Océan ? 307 Ou de l'astre ar2;eiité l'indécise lumière Ëcl.iirant les déijiis de monsirueux repas, Montra-t-eile à vos yeux ees os presque poussière. Parsemés sous vos pas? Votre ame fantastique, à l'heure du silence, Sut-elle se nourrir de ces illusions? Voire cœur céda-t-il à la douce influence De telles visions ? Alors , vous avez vu la ville du pirate! Ses pâles minarets el son ciel étranger, Ses maisons aux loils blancs n'ont plus rien qui vous flatte- Vous connaissez Alger ! Léon Jeaknin. 20 308 Qtll VIENT DE NAÎTRE. Mon trésor , ma richesse et mon culte et ma loi. Mon univers c'est toi , toujours toi , rien que toi! ( VicTOE Hugo. ) D'où venez-vous, ô ma colombe. Messagère que l'éternel Dont la faveur sur moi retombe , Pour guider mou pas qui succombe Découvre à mon œil paternel? D'où venez-vous, ô blanche voile Dont l'aspect agite mon cœur? D'où venez-vous , ô pure étoile Qui sur ma route se dévoile , Comme un flambeau consolateur? ■**» 309 D'où venez-vous , jeune innocente Qu'un Dieu, louclié de mes souhaits, A mon amour enfin présente, Vous (|uc je regrettais absente , Comme si je vous connaissais? Venez-vous du pays des anges, De cet éden délicieux Vibrant sans cesse des louanges Que les immortelles phalanges Adressent au maître des cieux? Venez-vous des champs de l'aurore, De ces espaces éloignés Où le nuage se colore Des feux du jour qui vient d'éclore? Est-ce de là que vous venez ? Est-ce des sphères infinies Qui nagent dans le firmament? Du beau royaume des génies Oii tout n'est qu'accords, harmonies. Amour, plaisirs, enchantement? Est-ce des grottes fantasticiuea Que le luth d'Ossian rêva? Est-ce des sommets prophétiques Où la voix des cèdres antiques Kedit ton nom ô Jéhova? 310 Oh ! que ta viennes ries demeures Où, sur les aîlcs de lii Foi . Les àincs retournent tneilleiires , Où les arehanges rme In phares Tendent encor leurs bras vers toi ; Que tu viennes de l'Empyrée Dont en rêve je me souviens , De la montagne consacrée , Du haut de la voûte élîiérée, Quel que soit le lieu d'où tu viens; Oh! sois pour moi la bienvenue, Sois toujours Torguei! de mon cœur, L'astre argenté qui de la nue Vient entourer mon àme nue D'une auréole de bonheur ! Que ton sourire me caresse Comme une haleine de zéphyr! Maispour({iioi, lorsque je le presse Dans un saint transport de tendresse, Me réponds-tu par un soupir? Soupires-tu vers ta patrie? Vers les rives où naît le jour? llegrettes-tu , fdle chérie , Ta céleste mère Marie Qui t'allaitait de sou amour? 3H Ou bien plulùt, si d'iiiie larme Ton œil se mouille quelquefois, Si ton sourire plein de charme S'c'fr,ice sous la prompte alarme Qui mêle des pleurs dans ta voix , Oh ! n'est ce pas (fue lu devines Que, dans ce vallon de douleurs, Tout bonheur s'écroule en ruines , Que chaque fleur a ses épines, Que chaque sourire a ses pleurs. Aussi, lorsque je considère Conj!)ien dans ce rude chenun Il le reste de pas à faire , Combien de peines, de misère Llnit la veille au lendemain , Combien de fois ton innocence Peut être exposée au danger. Alors je Iremble et puis je pense Si je devrais de la naissance Me réjouir ou m'allliger. A. J. 312 mm Aimm POUR L'ALBUM DE M"^» D. P. (Mal 1838.) « Ange aux yeux bleus protégez-moi toujours! » (BÉRAMGER.) I Allez, enfaots, mais n'éveillez personue; Mon médecin m'ordonne le repos. ( BÉr&kgek.) Dans cet album où l'esprit, le génie Ont toiir-à-tour déposé leur tribut, Rinieur joyeux qu'anime la folie. Que clianlerai-je? un ange ou Belzébutli ? Mieux vaut du bien célébrer la louange, Laissons le 7nal aux méchants, aux pervers: Ahl mes amis, quoi de plus doux qu'un ange? Rien l'est-il moins qu'un suppôt des enfers? 313 Voyez cet ange ; il descend sur la terre , Et se cachant sous un berceau de fleurs, Il prend les traits d'une aimable bergère,.. Elle se montre, elle charme les cœurs. Dieu! qu'elle est belle! à son aspect tout change: Plus de chagrins! plus de tristes hivers! Ah! mes amis, quoi de plus doux qu'un ange? Rieu l'est-il moins qu'un suppôt des enfers? Elle est seulette... oii! que son sein palpite! Mais un berger se présente à ses yeux; A le choisir le tendre amour l'excite : — «Aimez, sur terre, ainsi qu'on aime aux cieux!» Son cœur est pris. D'un bonheur sans mélange Qu'elle jouisse à l'abri des revers! Ah! mes amis, quoi de plus doux qu'un ange? Rien l'est-il moins qu'un suppôt des enfers? Lors, les oiseaux, se disant mille choses, Par leur ramage enchantent le vallon, Et le printemps, ceint de myrte et de roses, De ses parfums enivre Coridon... Mais Beizébuth de mon refrain se venge. En maudissant et ma lyre et mes vers: Ah! mes amis, quoi de plus doux qu'un ange? Rien l'est-il moins qu'un suppôt des enfers? Je ris des coups de cet ange rebelle Aux volontés de l'auteur de tout bien; Eh ! que me fait sa haine ? que peut-elle Contre la foi de mon ange gardien? Quand la vertu sous mon drapeau se range, Du vice allier dois-je craindre les fers? Ah ! mes amis, (|uoi de plus doux qu'un ange? Rien l'est-il moins qu'un suppôt des enfers? 314 L'astre des nuits, à travers le feuillage, Glisse en silence, el sa pâle clarté Teinl, par degrés, les monts, le vert bocage, D'un demi-jour cher à la volupté,.. Le dieu du mal a fui... nul bruit étrange Ne vient troubler les célestes concerls: Ah! mes amis, quoi de plus doux qu'un ange? Rien l'esl-il moins qu'un suppôt des enfers? Joseph SiRVEN. 315 ^ , -f jc|a w^îrtje f.a iimviiliucr le fait j;ràci- • Dr,^ jo;(r« fjtif tu flrvais cotiler, ( KEROirL, j Déjà niorle! O douleur ! Elle emporte Toiil mon cœur; Pure éîoile Qui se voile A ma voile.... Pauvre Heur! A riialeine Du zépliyr Prête à peine A s'ouvrir, De rosée Irisée... Et brisée! Et mourir! 316 En ce monde C'est le sorl; Rose et blonde On s'endort ; Front d'élite, Lui h qu'on cite , Vont plus vite A la mort; Jeune fille , Pur flambeau Qui nous brille Saint et beau» La première. Est poussière Sous la pierre Du tombeau. Mais peut-être L'homme, hélas! De sou être Bienlûl las , Trouve l'heure Qui le pleure La meilleure D'ici-ba&. Car ce monde Oh! qu'est-il? Un immonde Lieu d'exil. Faux et lâche. Sa main tache , Et nous cache Du péril. 317 L'âme austère , Sans lieu Sur la terre. N'en veut rien, Tendant , toute, A la voûte , Seule route Du vrai bien. Là, pour elle , Plus de fiel Qui se mêle A son miel ; Plus d'alarmes. Plus de larmes; Tout est charmes Dans le ciel. Dieu t'y change, Maintenant, En jeune ange Rayonnant , Créature Sans souillure, Là, si pure Revenant! Prie, oh! prie Le Seigneur, O chérie De mon cœur! Pour que , vite, Je mérite Oue m'abrite Ton bonheur; 318 Car je pleure, Plein de foi , Après riieure Où je doi , Oint du prêtre, Cesser d'être , Pour renaître Près de toi. P. Batlle. 319 ODE Cessons d'être éblouis par celle fausse gloire Dont brille à nos yeux la mémoire Des tyrans fléaux des mortels ; De nos dédains vengeurs environnons leurs trônes, Sur leurs fronts détestés eireiiillons leurs couronnes, Et de tous ces faux dieux renversons les autels. Mais, venez, suivez-moi ; déposons nos offrandes. Décorons de fleurs, de guirlandes , Des autels plus dignes de nous ; Les grands homme»- (|ui font le bonheur de la terre. Et non ces conquérants (jui lancent le loin. erre, Voilà, voilà nos dieux: peuples proslernez-vous ! Un grand homme!... il peut tout. Sa volonté puissante A la nature obéissante En (les|)ote dicte des luis; Il comble les vallons, aplanit les montagnes. Dirige les torrents au travers des campagnes, Et tous les éléments sont soumis à sa voix. 320 Belle Seplimanie , aux riants paysages. Sous ton ciel pur et sans nuages Où règne un éternel printemps, Tu vis, avec orgueil , s'accomplir ces merveilles , Et le génie, un jour, après de nobles veilles, Malgré ses détracteurs , en enrichit tes champs les deux mers , dont les eaux sans cesse bouillonnantes , Viennent , en vagues écumantes, De la France baigner les bords, Depuis que Dieu leur dit: «Entre d'immenses rives, « Dans des gouffres sans fond vous resterez captives, » Pour réunir leurs ûots faisaient de vains efforts. Un dieu mortel paraît: c'est RIQUET... Place! place! Peuples secondez son audace ; A ces flots il ouvre un chemin ; Ils avancent... courage!... ils avancent encore... C'en est fait , sous nos yeux , le couchant et l'aurore , Le nord et le midi vont se donner la main ! Quel changement, ô Ciel!... Dans ces plaines superbes Où, jadis, s'entassaient les gerbes. Maintenant serpentent les eaux ; Sur ces monts , où des bois la cîme séculaire De la foudre et des vents défiaient la colère, On voit flotter la voile et voguer les vaisseaux. Là, des rocs entassés par un nouvel Alcide, Enchaînent l'élément liijuide Dans un bassin miraculeux; Pressant de tout son poids une voûte profonde , D'être vaincu par l'art dans sa prison il gronde Tout prêt à s'échapper à flots tumultueux. 321 Entrons sous celle voûlc, aux gigantesques formes, Ouvrons ces trois Uil)es énormes, En bronze éternel ciselés : Ciel! quel bruit !... quel fracas!. ., quelle (erreur soudaine! Sous nos pieds le sol tremble; une mer souterraine Tombe, et de toutes parts frappe à coups redoublés. Au loin suivons son cours... une baute batrière Arrête une barque légère Dans la loule qu'elle poursuit ; Mais, lout-à-coup, se ferme une cloison mobile, L'onde tombe , s'élève et la barque docile Avec elle s'élève et lentement s'enfuit. Tu ne vis point la fin de ton œuvre admirable^ lUQUEl, la parque iiiex'>rable Te piiva d'un destin si beau; Près d'atteindre le but, objet de ion envie, Tu sentis dénouer la trame de ta vie El, sur toi, se ferma la dalle du tombeau. Qui le croirait? depuis que Dieu l'y fit descendre, Nuls honneurs rendus à la ctndre Ne l'ont réjoui chez les morts. Dans les siècles passés, dans le siècle où nous sommes, Hélas! tel fut toujours le destin des grands hommes. Et par l'ingralilude on paya, leurs efforts. Mais, aujourd'hui, pourquoi celle foule s'empresse? Pourquoi ces accents d'allégresse Retentissent de toutes parts ? D'un monarque puissant céièbre-t-on la fêle? D'un autre Constanline a-l-on fail la coM(|uétc? A-lon d'un autre Alger foudroyé les remparts? > 21 322 Non, non, c'est une fête et plus douce, et plus chère, Une fêle plus populaire , Qui ne coûte ni sang, ni pleurs ; RIQUET est son héros ; jusqu'à la fin des ûges , Elle perpétûra nos respects, nos hommages, Et d'un reproche injuste elle absoudra nos cœurs. Du ciseau de l'artiste, ô puissance infinie! Guidé par la main du génie , Il crée aussi bien que les dieux. Le bronze devient chair, il s'anime, il respire; Je reconnais ces traits, ce regard, ce sourire : Vive! vive RIQUET! il renaît à nos yeux. Belles, dont le printemps vient raviver les grâces, Des fleurs qui naissent sur vos traces, Formez des bouquets odorants; Pour ce iront glorieux tressez une couronne : Rien ne peut la flétrir quand la beauté la donne, Ni les hivers glacés, ni les étés brûlants. Muses, qu'à le chanter la gloire vous excite! De savants, une noble élite, Vous offre l'immortalité ; Prenez vos lyres d'or; la renommée écoute; Elle va s'envoler vers la céleste voûte , Et redira vos chants à la postérité ! Magloire Navrai. Mciubre-coiTcsponilanl. 323 LE PÉCHEUR DU LIDO. f-'ertasz mich mchi , Cou ,m fh'mmel .' _ ffein , du mllsl :,iir nuiiien, Karl i„',lii cntrciszni ! Ne m'abamlonnc pas, Di, „ ,1„ Ciel! _ Nun , tu ne (lois pas iii'cnlever mon Cliarirs. SCHILLEB, Mon bien aimé m'appelle, Ne me retenez pas; En vain l'esquif chancelle, Je veux suivre ses pas! Voyez comme intrépide Il dirige rapide La barque (|iii le guide Sur les gouffres amers; Sa voile blanchissante S'éloigne frémissante Et disparaît glissante Dans le brouillard des mers. Point de peur, point d'alarmes! Allons, cesse les larmes; An retour, que de charmes! M'a-t-il dit en partant. 21* 324 O Dieu, Dieu que j'implore I Daigne conduire encore Le mortel que j'adore Sur ce cœur qui l'attend. Mais quoi ! le vent se lève, L'onde qui se soulève Se brise sur la grève Avec un grand fracas; La barque menacée Par la mer courroucée Vers les rochers poussée S'ouvre et vole en éclats. Soudain vers le rivage S'élance avec courage Luttant contre l'orage Un mortel: au secours! Au secours! .. quoi! personnel En vain sa voix résonne, L'onde qui tourbillonne L'engloutit pour toujours. Mon bien aimé m'appelle, îSe me retenez pas; En vain l'esquif cliancelle, 3e veux suivre ses pas ! A. J. 325 LE CHANT DU REIS. En mon cœur plein de confiance, J'allais depuis un jour entier, Errant sur les flots en démence. Comme aux champs bondit un coursier; Et pour monter à l'abordage. Je n'avais à bord qu'un canon ! Un canon, mon bras, mon courage, Allah! Allah! gloire à Ion nom!! Lorsque se détachant des nues, iM'apparut le sommet iiaulala D'un navire, aux voiles tendues. Vers lui je m'élançai soudain; Et pour monter à laijordagc, Je n'avais à bord qu'un canon ! Un canon, mon bras, mon courage, Allah! Allah! gloire à ton nom!! , I 32G La ruse est utile à la guerre ; Aussi, l'éteiulard ennemi Couvrit ma tartane légère; Puis ma voix répondit : ami! Et pour monter à l'abordage, Je n'avais à bord qu'un canon Un canon, uion bras, mon courage, Allah! Allah! gloire à ton nom!! A peine à dix pas de distance , Quand je pus entamer son flanc, Mon cœur joyeux, voyait d'avance, Le Chrétien nager dans son sang! Et pour monter à l'abordage. Je n'avais à bord qu'un canon! Un canon, mon bras», mon courage, Allah! Allah ! gloire à ton nom!! Quand de ma faiblesse il se moque, J'arrive; et d'un bal infernal, Mon vieux canon, de sa voix rauque, A donné le sombre signal ! Et pour monter à l'abordage , Je n'avais à bord qu'on canon ! Un canon, mon bras, mon courage, Allah! Allah! gloire à ton nom!! Pour obéir au saint prophète. Nous devons , dans le sang chrétien. Laver nos bras! en cette fête. Jusqu'au coude y trempa le mien! Et pour monter à l'abordage, Je n'avais à bord qu'un canon ! Un canon , mon bras, mon courage, Allah! Allah! gloire à ton nom!! 327 Les richesses de l'infidèle Formeront la part des élus; Mahomet, pour prix de leur zèle, Pouvait-il rien faire de plus? Hlaiy, pour montera l'abordage, Je n'avais à bord qu'un canon ! Un canon, mon bras, mon courage, Allah! Allah! gloire à ton nom!! Salut, salul, Alger! j'arrive: Sur moi ZuUma tremble encor; Pour calmer son ame craintive, A ses pieds j'a[»porle de i'or! Et pour monter à l'abordage, Je n'avais à bord qu'un canon! Vn canon, mon bras, mon courage, Allah! Allah! gloire ù ton nom!! Léon JEA^KI^^ 328 AU BAL.— UOKS LE BAL. « Vaste rnceinte où les jours de splendide assemblée, « Qujtiil la nature et l'art y versent leurs trésors , « On croit voir , en entrant , une riche vallée « Toute pleine de fleurs , de parfums et d'accords. » (Joseph âutba.». } « Nos fautes , mon pauvre ange , ont causé nos souffrances, « Pcui cire ([u'en restant bien lotig-temps à genoux, u Quand il aura béni toutes les innocences, « Puis , tous les repentirs , Dieu finira par nous, >» ( VicToa Hugo, ) I. Ils m'ont dit: « "Viens, le bal aujourd'hui nous appelle; « Veux-tu, pauvre insensé! te désoler toujours , « Et, jeune encore, au sein d'une douleur mortelle € Perdre ce qu'il te reste à compter de beaux jours ? « Vois le ruisseau troublé sous des torrents de pluie; I Vois l'arbusio odorant (|ue la yrêle meurtrit; « Des airs paciliés que l'oraj^e s'enfuye , «L'un redevient limpide et l'autre refleurit. 329 tt Et parce que le Ciel , aussi , troubla ton oude , a Que ta couronne, aussi, joncha le sol natal, a Tu voudrais que ta vie agitée, inféconde , « Arbre , n'eût plus de fleurs , ruisseau , plus de cristal ! a Viens! ainsi que l'aurore éclaircit un ciel sombre, 0 Ainsi que le soleil de la nuit est vainqueur, a Le bal éblouissant dissipera cette ombre t Où tu laisses languir ta pensée et ton cœur. » Et je leur répondais : «i Vos instances sont vaines ! « Que vous connaissez mal mes secrets déplaisirs, (1 Amis! si vous croyez que mon cœur de ses peines «Puisse être, un seul instant, détruit par vos plaisirs. «J'ai si long-temps vécu sous la nuit des tempêtes, «Sans (ju'une aube sereine illuminât mes cieux, «Que je ne saurais plus du soleil de vos fêtes « Soutenir les clartés trop vives pour mes yeux. s Non ! partez seuls ; chacun doit marcher dans la voie «Que Dieu sema pour lui de ronces ou de fleurs. « A vous les voluptés, les festins et la joie; « A moi l'isolement, la souffrance, les pleurs. «Laissez-moi!» — mais l'un d'eux, alors: vi coupe ou cah'ce, • Tu videras le vase à les lèvres offert , «Tu viendras.!) — Et son bras qui, sous le mien, se glisse, Me subjugue, m'entraîne, et le bal m'est ouvert. 330 Un bal ! me voilà donc dans un bal ! quel dictame A ma saignante plaie, est-il ici versé? Quel doux rêve y prend-il , sur ses ailes , mon ame , La berçant dans l'oubli d'un douloureux passé? Pas une illusion dont je goûte les charmes! Entouré de regards froids , distraits ou railleurs , J'y sens mon cœur encor noyé de plus de larmes, Plus triste, plus souffrant, plus isolé qu'ailleurs. Le ruisseau, devenu torrent quand le ciel gronde, S'il se jette, troublé, dans un lac calme et pur Y coule encor long-temps sans que sa vague immonde Se mêlant à ces flots en altère l'azur. Ainsi de moi ; je fends celle mer , je coudoie Ces élus du bonheur, tout rayonnants d'orgueil; Sans que mon air si triste ôte rien à leur joie , Sans que leur gaîté folle ôte rien à mon deuil. Je l'avoûrai pourtant, mon regard se promène. Avec quelque plaisir, sur ces rangs gracieux De vierges, frais boulons, dont la vivante chaîne Se rompt, se noue , au gré du bal capricieux. Ah! quelle est, devant moi, cette jeune inconnue, Enfant toute bàlie et de gaze et de fleurs. Qui semble, aux pas légers de sa danse ingénue, Ainsi que tous les yeux attacher tous les cœurs? 331 Que de beauté , de grâce el de fraîcheur en elle! Et quel chagrin sur l'àme élen'ki sans retour. Quelle profonde nuit, aux feux de sa prunelle, Ne se dissiperait pour faire place au jour? Moi-même, quel que soit le mal qui me déchire, Qu'un doux regard nie luise à travers ces cils d'or, Que ces lèvres en fleurs me jettent un sourire, Je sentirai mon cœur, sous ses deuils, battre encor. El que serait-ce donc si celle vierge pure Pouvait, un jour, me dire, en me tendant la main : t Viens! tu trouves la route et diiricile et dure , «Prends mon bras; nous ferons ensemble le chemin, b Alors, toujours des fleurs embaumant les vallées. Toujours, sur les rameaux , des rossignols chantants; Alors , des jours sereins et des nuits étoilécs , Un ciel tout inondé d'amour et de printemps. Enfant, oui , que par loi mon âme enfin renaisse; Donne , épanche sur moi ce sourire adoré , Ce regard virginal , ce rayon de jeunesse Par qui mon avenir sera tout redoré. Donne! Et je t'aimerai comme on aime les anges, Et je te bâtirai, dans mon âme , un aulel Où vibreront pour toi d'éternelles louanges , Se mêlant aux flots purs d'un encens immortel; 332 Et ton moindre désir sera ma loi suprême , Et je ne vivrai plus que pour trouver en toi Mon univers , mon ciel , tout jusqu'à mon dieu même , Tout... mais quels sons lointains arrivent jusqu'à moi? Une chanson qui meurt d'une plainte suivie! Des sanglots se mêlant à de grossiers accords'. Un pauvre enfant qui souffre ! oh! voilà bien la vie! Ici , la folle joie, et les pleurs au-dehors. u. Celait lui, rassemblant un reste de courage: « Oh ! par pitié — dit-il — un coin de voire feu ! « Voyez, je suis encor tout petit; à mon âge « On tient si peu de place, et l'on vit de si peu ! < Voulez-vous me laisser mourir sur cette pierre? oOh! grâce, et, chaque jour, aux pieds de l'Eternel, « Pour vous, pour vos enfants, vous aurez la prière a De moi, sur cette terre, et de ma mère, au Ciel. a Mais nul ne me répond ; j'appelle en vain ; personne «Qui, louché de mon sort, daigne me secourir, a Dieu , qu'on dit juste et bon, lui-même m'abandonne; a Moi qui l'aime et le prie, il me laisse mourir. » 333 — Et dans les pleurs s'éteint sa faible voix lassée. — Pauvre enfant! presque nu, sans secours, sans appui, Et le vent tourbillonne, et la terre est glacée. Et ces dalles encor sont moins froides que lui! Enfant! mais que viens-tu, par une nuit si sombre, Seul, à travers la neige, et soufflant dans les doigts, Au pied de ce balcon qui rayonne dans l'ombre. Répandre ainsi des pleurs et des chants à la fois? Là, le bal délirant, charme, enivre, transporte; Et qui songe, égaré dans ces vains tourbillons, Que peut-être, un enfant meurt de faim, à la porte, N'ayant, pour se couvrir, pas même des haillons? — Tu gémis, lu te plains, — mais ces cris que tu pousses, Là-bas sont absorbés par mille cris joyeux. Ta vielle , humble clavier qui chante par secousses, Couvrira-t-elle aussi l'orchestre harmonieux? Viens! suis mes pas; je sais un asile, où, j'espère, A la paix, au bonheur bientôt tu renaîtras. Dieu te (\l orphelin ; je puis le rendre un père : Dieu me fit malheureux; tu me consoleras. Car, vois-tu, dans ce monde inexplicable, étrange, Dont la feinte pitié cache un rire moqueur, Seule, une voix d'enfant peut , comme une voix d'ange, Endormir saintement les tristesses du cœur. 334 Viens! lu t'efforceras de jeter quelques charmes Sur mes pénibles jours voilés de tant d'ennui; Et de ton pur regard tu sécheras mes larmes; Et tu me tiendras lieu du bonheur qui ni'u fui. Et moi, j'enseignerai, le soir, à mon jeune hôte Comme il doit en Dieu seul placer tout son bonheur, Car la science est vaine . et l'ame la plus haute Est-celle qui, le mieux, suit la loi du Seigneur. Loi sublime! disant, par la voix de l'apôtre. Au riche, au pauvre, unis par un étroit lien : « Aimez-vous; l'un se doit aux misères de l'autre, f L'aumône est le trésor de celui qui n'a rien. • Et, sans celte parole en mon ame jetée, De ma raison si faible ayant le seul appui, Sais-je, hélas! créature au mal toujours portée. Si je pourrais au bien marcher comme aujourd'hui? Sais-je, aux accents plaintifs d'une voix inconnue, Si je serais venu, pauvre enfant! en ce lieu. Couvrir de mon manteau ta froide épaule nue? Non, non, ce que j'ai fait tu ne le dois qu'à Dieu. A Dieu qui , pour sauver ta jeune vie en sève, De mes débiles mains a voulu se servir; A Dieu qui nous éprouve, et, d'un soufïle , relève, Quand il lui plaît, l'arbuste hélas! prêt à périr. 335 Mais, vers mon doux foyer marchons , viens, suis ma trace, Tous deux, parle Seigneur, à cette lieure, éprouvés, Là, nous le hénirons, la, nous lui rendrons grâce De nous avoir ainsi, l'un par l'autre, sauvés. Viens! laissons à leur danse, à leurs vaines chimères. Ces jeunes insensés, dans leur orgueil fatal, Ignorant (jue l'on goûte à secourir ses frères Un plaisir bien plus doux qu'à briller dans un bal- Et bien plus insensés tous deux, tof , dont la plainte. Pauvre enfant, quand le froid ici t'allait saisir, En s'élevant si pure, hélas! vers cette enceinte, Crut réveiller l'aumône où règne le plaisir; Et moi surtout, chrétien sans vertu, vain poète, Moi qui, déjà souillé de plus d'un fol écart, Bravant encor le Ciel au uulieii de leur fête, Mendiais un sourire et quêtais un regard! Pierre Baille. 336 ai (a:liîa®g J^escio qun natale sofunt àulcedine eanctos Ducit f et immemores non sitiit esse sut, Ovide. D'où parlent ces accents qui réveillent mon ame? D'où vient que je tressaille à ces mâles accords? Je disais, quand soudain paraît en traits de flamme Le Dieu protecteur de ces bords. Un voile transparent presse sa taille nue, Sa chevelure d'or scintille dans les airs, Ses ailes sont d'azur, son front touche la nue. Son pied repose sur les mers. La lyre est dans ses mains: sur ses cordes magiques Il prélude, la noie, en bondissants échos , S'élance, et, s'unissant à ces sons énergiques, Sa voix laisse tomber ces mois: € Peuple Roussillonnais, que font donc tes poètes? c Pourquoi languissent-ils dans un repos fatal? « Vos lyres trop long-temps demeurèrent muettes, « Entants, chantez le sol natal. 337 « Chantez de ses vallons les ombreuses reirailes, « Où l'on vient s'abriter des ardeurs de l'été, a Où jaillissent ces eaux dont les vertus secrètes c Rendent la force et la santé. « Peignez ses verts coteaux où les grappes mûrissent, « Et ses bois couroniiiés de verdure en tout temps, « Et ses riants jardins où les roses fleurissent, * Durant l'hiver comme au printemps. « De vos braves aïeux rappelez la mémoire, « Les vertus, les exploits et la fidélité : « Vos écrits s'illustrant d'un reflet de leur gloire , 0 Iront à l'immortalité. « Sans cesse dans vos vers célébrez la patrie; « Chantez , sou souvenir inspirera vos chants, uSon nom seul tirera de la lyre altendrie « Des airs sublimes et touchants. «La France approuvera ces sons patriotiques, « Et l'écho de Pyrène à l'écho du vallon «Redira jour et nuit sur ces rochers antiques : 0 Honneur, honneur au Roussillou ! » Le Génie à ces mois s'abîme sous les ondes, En traçant sur la vague un lumineux sillon. Et le flot expirant sur ces plages fécondes Murmure : Honneur au Roussillon ! A. L 2 2 338 SONNET A MON AMI J. S. Quand ou sème des fleurs il faut se résigner à lu grêle et aux iusectes. Emile SouvESTRB. Ami! dois-tu venir à moi, les yeux en pleurs, Parce que, sans pitié, sur ta guirlande aimée, La critique porta sa dent envenimée , Et que de ses poisons elle souilla tes fleurs? Es-tu donc à ce point ignorant de nos mœurs. Enfant! ne sais-tu pas (|ue loule renommée Voit se dresser contre elle une meule enflammée De jaloux, l'entourant d'aboyantes clameurs? Le poëte, abreuvé de fiel durant sa via, Ne parvient qu'en mourant à désarmer l'envie; C'est alors que son nom resplendit glorieux ; Flambeaux tardifs, ses vers ressemblent aux étoiles Qui ne brillent, du soir diamantant les voiles, Qu'après que le soleil a disparu des cieux. Pierre Batlle. 339 LA MORT DE LA JEUNE FILLE. Pallida mors tri^uo O nuit !... redouble de silence, Crains de lui ravir son sommeil !... — Son sommeil !... pauvre père I... il n'est plus d'espérance; Son sommeil est muet... il sera sans réveil. C'est ainsi, qu'à genoux, près du lit d'une vierge , Vu père infortuné cherche à tromper ses maux; Des rideaux abaissés il écarte la serge, Et l'image du Christ, qu'éclaire un dernier cierge, Semble , à son cœur brisé, rendre quelque repos... Mais, un miroir s'offre à sa vue ; La main tremblante et l'âme émue, 11 veut interroger le poli du cristal; Il hésite... il avance... il est près de la couche.... Il a tenté l'essai fatal, Et trois fois vainement la bouche De la jeime vierge la touche, La glace brille encor. .. d'un éclat... sépulcral! De la douleur affreux empire! Avant d'être mort, il expire, 22* 340 Par sa faiblesse il est vaincu ; Sur sa fille sa main retombe ; De nouveau, le froid de la tombe Lui dit que sa fille a vécu!... Il lui survit... il revoit la lumière; Mais, désormais, de sa tiiste carrière Un voile sombre entoure l'horizon, Et lorsqu'assis au seuil de sa chaumière, Il se croit seul dans la nature entière. Il ne dit que ces mots, son unique oraison : 0 mon Dieu, reçois-la dans ta gloire éternelle , .Tamais ange plus pur, vers toi n'a pris son cours!... Dix-huit printems, à peine , avaient brillé pour elle, El promis à son cœur le parfum des beaux jours; Elle osait espérer une saison nouvelle ; La mort parle et l'espoir vient de fuir pour toujours... Dès son jeune âge, échappée à l'enfance, En souriant , elle voyait les jeux De compagnes, dont IMnnoccncc Savait borner les plaisirs et les vœux; A leurs ébats , doux fruit de la folie. Elle assistait , mais sans y prendre part ; Lhie sourde mélancolie L'avait conduite, et guidait son départ. Elle semblait une tige légère , Enfant choyé delà terre étrangère Qu'un ciel moins beau voit dépérir, Mais (|ui , Rèrc de la parure Que lui départit la nature. Veut charmer avant de mourir... 341 Elle charma , mais la courle durée De sa présence est pour tous un secret; Elle charma, mais mon àme ulcérée, Paie un beau jour d'un élernel regret!... Las du tourbillon de la ville, Désireux d'un champêtre asile, Fixé dans ce séjour tranquille, J'attendais tout de son beau ciel; Mais, ô désolante chimère!... Du b(iiiheur, qui n'est qu'éphémère, La coupe bicnlôt lut amère , Le fond n'était que lie et fiel !... De même qu'on voit la charmille Disparaître sous la faucille, J'ai vu ma nombreuse famille Victime des coups du trépas ; Mais un seul , un unique gage , Débris échappé du naufrage, Semblait devoir, après l'orage, Guider encor mes faibles pas... Non , elle s'éteint jeune et belle Quand j'avais rassemblé sur elle L'^jmour d'une àme paternelle Et les trésors de l'amitié ; 11 me faut cheminer sans guide; La mort, sur son aîle rapide, La dérobe à mou cœur avide: Pour mes pleurs, elle est sans pitié!. Mort!... j'excitai donc ton envie? Car, c'est toi (jui me l'as ravie 342 CeKe fille qui de ma vie Devait rendre l'hiver moins vieux; J'ai vu le (ravail de la bêche , Je vois la terre encor fraîche .. Oui, mort, c'est ta main (jui l'empêche De venir me fermer les yeux... Oh ! oui , voilà de ces traits dont lu frappes L'humanilé !... de ces coups dont tu sapes Ses rêves décevants!... Comme l'éclair, qui fend la nue , Tu crains, tantôt, d'annoncer ta venue Plus prompte que les vents!... Tantôt , semblable à l'onde riveraine, Qui, pas à pas, mine, dévore, entraîne Un rivaga enchanteur. Tu sais , sans bruit, assurer tes conquêtes, Et près du but, seulement tu t'apprêtes A montrer ta laideur. O mon unique bien! ô ma fille chérie!... Ton père à ton départ survivra de bien peu. De ses sanglots , la source, en ce jour est tarie , Sa voix est expirante et son regard sans feu! Oui , je vais te rejoindre où tout bonheur abonde... Toi, qui d'un père étais l'orgueil, Toi qui mourus n'emportant de ce monde Qu'un linceul pour parure et pour dot qu'un cercueill Alph. Salin. merabrr-correspondnnt. 343 IL^iiailillA^JlLCOWIâg» Vfoisp qui . j>arfiUf à la Vi5inn anliris, Je tliutcs, de ruines! Joseph AuTftàN. Adieu! mol cruel qui résume, A lui seul, toutes nos douleurs, Toutes les lieures d'amertume Dont le souvenir nous coiisiiiiie, Toutes les perles île nos cœurs! Mot déchirant, dès le jeune âge. Hélas! tant de fois prononcé Par riionnne, en son pèlerinage! Mot qu'on retrouve à chaque page Lorsqu'on leuilletle son passé! Car, dans ce monde, où nous accueille Un bonheur de si peu d'instants, Où chaque plaisir que l'on cueille S'en va si vite, leuilie à feuille, S'ajouter aux débris du temps, 3n5 Dans ce vain monde, où la tempête Sitôt obscurcit un ciel bleu, Ni rayon d'or sur notre tête. Ni fleur sous nos pas, qui n'apprête A l'ame un douloureux adieu. Adieu! faut-il dire aux ivresses D'un printemps qui fuit sans refour, A la muse, aux enchanteresses Qui nous brûlaient de leurs caresses, A la gloire comme à l'amour. Adieu' l'ame, ainsi ravagée, Espère que, prenant pilié Des maux dont elle est surcliargée. Dieu, près d'elle, pauvre afiligéel Va, du moins, laisser l'amitié; L'amitié même est infidèle : Les amis, au moindre revers. S'envolent comme, à-tire-d'aile. S'enfuit la frileuse hirondelle, Au prenuer souffle des hivers; El si, malgré notre ciel sombre. Malgré notre horizon tout noir, De cœurs choisis un petit nombre Nous reste encore, et dans notre ombre Vient glisser un rayon d'espoir, 23* 356 Où sont-ils bienlûl?... l'un, voyage; L'autre, au loin, mûrit sa raison; 1/autre, s'oublie en son village; Celui-ci , fend l'onde ; avant l'âge , Celui-là dort sous le gazon. Chacun d'eux a suivi sa pente. Tous ont pris des chemins divers, Filets séparés d'eau courante, Par une route différente, Roulant, tous , au gouffre des mers. Et l'ame, en deuil, qui se désole De voir comme bientôt, hélas! Tout la délaisse, tout l'isole , Comme rapidement s'envole Tout bonheur qui naît ici-bas, L'ame, alors, dans sa nuit profonde, Attend que le regard de Dieu D'un jour sans voile enfin l'inonde, Impatiente, en ce vain monde, D'exhaler son dernier adieu! Pierre Batile. is. TABLEAU 1837. 1838. MOIS. MOTEUTNE des IJiDICiTIONS du Thermomètre cenïigrnde. MO-TEMNE des INDICATIOMS du Baromètre. MOVENNE Jes INDICATIONS tîe riiygromèlre de Saussure. INDICATIONS du PLUVIOMÈTRE. VENT DOMINANT. MOIS. raOTENNE des 1MDIC4TIONS du Thermomètre centigrades. MO'rEN;'TS des INDICATIOMS du Baroraélre. MOTENNE des INDICATIONS de l'hygromètre de Saussure. INDICATIONS du PLUVIOMÈTaE. VENT DOMINANT. Janvier ■4», 741 8 763 755770 8|o^790 0,°007 N.O. N.O. N.O. N. N. N. N. N.O. N. N. N. N.O. Janvier 50,766 753°45 86», 41 9 0 073 N. N.O. N. 0. N. N. N. N. N.O. N.O. N. N.O. N. Février 760, 22 75 732 0, 0035 Février 7, 330 751 , 19 83, 928 0,067 3Iars 6 572 753,45 753, 45 75 467 0, 081 Mars. 12 322 757, 96 77, 774 0, 024 Avril 1 0 083 79 300 . 0, 045 Avril 12, 183 753, 45 75, 966 0, 062 Mai 14 871 . 757, 96 74 467 0, 0045 Mai 17, 218 755, 70 77, 500 •.. 86, 650 0, 091 Juin Juillet 23, 280 24, 334 25 41 1 757, 96 77 100 0, 0005 21 , 608 760, 22 0, 012 760 22 70 596 0 054 Juillet 23, 806 762, 47 77, 360 0, 020 \oùt 760 22 83, 693 82 j 033 0 025.. Août 24, 600 762, 47 760, 22 77, 740 » 0, 007 Septembre Octobre 19 1 20 757 96.... 0 098 Septembre Octobre 18, 875 16, 290 79, 333 15 1 09 764 73 85 870 0 002. 760, 22 79, 742 » 0, 031 Novembre Décembre 10 70S 760 22 85 750 0 080 Novembre Décembre 12, 875 6, 580 753, 45 90, 033 9, 342 760, 22 91 645 0 089 760, 22 85, 436 0, 061 / 14°, 3C1 7^« ^9^ 81° 037 0,"'4895 Rfsumé 14°, 954 757°; 585 81", 490 o7W8 1 Le venl du nord a soufilé pendant 117 jours : celui du N. 0. pendant 1 10 jours. L'axe des vents paraît être toujours la Le vent du nord a soufflé pendant 101 jours : celui du N. 0. pendant 88 jours, ligne qui va du N. N. 0. au S. S. E. 357 LISTE DES MEMBRES composant SCIENCES, BELLES-LETTRES, ARTS IjVDUSTRIELS ET AGRICOLES. FnssiosrjT honoraire. 1833. M. F. AUAGO, 0 i^, secrétaire perpciuel tle Vydcadénne des sciences , député du premier arrondissement des Pyrénées-Orienlales. nSEmRRES HONORAIRES. 1835. M. Mathieu, 0^, membre de rinstilut , etc. 1836. M. Gdizot, g i^, membre de racadémic fran- çaise, etc. 1838. M. Victor AuDOUiN, ^, membre de Tlnslilut, professeur - administrateur du Muséum d'histoire naturelle, etc. 358 KESSBRES RÉSISENTS. 1838. W. AiGUES-VivFs, pharmacien, à Collioure. 1833. M. Alzine, imprimeur- libraire. (Fy 1838. M. AcGÉ, ;^, capitaine du génie en retraite. 1833. M. Aymar, pharmacien, à Ille. 1835. M. Aymérich, agent d'affoires. 1836. M. Bach, ^, capii. d'artillerie, à Besançon. 1835. M. Bassal, pharmacien, à Rivesalles. 1835. M. Basterot, architecte du déparlement. 1833. M. BATLr.E, négociant, à Marseille. (F) 1833. JM. Béguin, directeur de lecole normale. (F) 1838. M. Berlam, docteur-médecin, à Céret. 1833. 31. BoAÇA (de) propriétaire, à Prades. 1835, M. Bouts, pharmacien, professeur de chimie. 1830. M. Bresson, propriétaire. 1833. M. Caffe, arehit. de la ville de Perpignan.(F) 1835. M. Cavfl, avocat. 18.i3, M. Cayrol, chimiste, à Carcassonne. 1835. M. G(!Dr.R, pharmacien, à Prades. 1835. M. CuM,, méd., à Si.-Laureni-de-Cerdans. 1835. M. Companyo, docteur-médecin. 1835. M. Coste, chef de hureau à la préfecture. 1833. M. Crova, professeur de mathématiques spé- ciales et de physique. (F) 1837. JM. CouDFRC, ^, capitaine en retraite, aux bains de Vernet. 1836. M. Dalbiès, pharmacien, à Villefranche. *Les fondateurs de la sociélé sont désignés par la lettre F qui est à la «uite de leur nom. 359 1836. M. Delocre, jj^, chirurgien en chef de l'hôpi- tal militaire de Perpignan. 1836. M DuFFOURC, ^, capitaine du génie. 1835. M. Durand (Engène) propriétaire. 1838. M. DuROSOY, inspecteur des mines. 1836. M. DuvERNEV (Adolphe) homme de lettres, à Espira. 1836. M. Fabre, maître sondeur, mécanicien. 1838. M. Famp, géomètre de 1»'-' classe. 1833. M. Farines, pharmacien. (F) 1833. Al. Fauvelle, agent-voyer. (/'") 1835. M. Ferrand, médecin, à Marquixanes. 1833. M. Fraisse, négociant. (F) 1833. M. Gaffard (de) propi-iétalre. 1834. M. Grando, médecin, à Néfiach. 1 833. M. Grosset, ancien commissaire du roi près la monnaie de Perpignan. (F) 1833. M. GuiRAUD, peintre, professeur de dessin. 1835. M. GuiTER, notaire. 1834. M. Jacomet, propiiélaire. 1837. M. Jeasïnin , agent comptable de la société des mines des Pyrénées-Orientales. 1835. M. Julien, ancien contrôleur de la monnaie de Perpignan. 1836. M. LacombeSaint-Michel, propriétaire, mem- bre du conseil général. ' 1836. M. Lacroix, ^, président du tribunal de pre- mière insiance, memb. du conseil général. 1836. M. Llanta , propriétaire. 1834. JM. Lloubes, aîné, négociant. 1838. M. Mai.art, instituteur, a Villefranche. 1837. M. Mas, directeur de l'école supérieure pri- maire de \ Inca. 360 1835. M. Massot (Paul) docleur-médecin. 1836. M. Méric (François) propriétaire. ^S35. M. MouCHOus (Théodore) pharmacien. 1835. M. Meunier, médecin, à Cahestany. 1836. M. Paillette, ingénieur civil des mines, di- recteur de la société des mines des Pyré- nées-Orientales. 1835. M. Parer, médecin, à lUe. 183'4. M. Parés, ^, propriétaire, membre du conseil général, à Rivesaltes. 1835. M. Passama, docteur-médecin. 1836. M. Pastre-Verdier, 0 ^, lieutenant-colonel en retraite. 1836. M. Paul, ^, médecin en chef de l'hôpital mi- litaire de Perpignan. 1835. M. Picas, aîné, avocat. 1836. M. QuÈs, ^, entrepreneur de travaux publics. 1833. M. Ribell, docteur-médecin. 1836. M. RouFFiA(Côme) directeur de l'école com- munale. 1836. M. Salvatori, profesi-eur de langues. 1833. M. Serwy, professeur de rhétorique au collé- ge- (F) 1833. M. Sîrven, négociant. (F) 1835. M. Ta.ayrach, docteur-médecin. 1835. M. Tai.ayrach. conduct. des ponts ei cliauss. 1834. M. Tastu-Jaubert , avocat. 1836. M. Vimort-Maux, négociant. MEMBRES COnnESFONDANTS. 1839. Mad. Amable Tastu , à Paris. 1839. Mad. Céleste View, à Paris. 361 1833. M. Charles Des Moulins, memL. de plusieurs sociétés savantes, à Lanquais. — M. Vène, ingénieur des mines, à Carcassonne. — M. Tournai., géologue, à INarbonne. — M. Marcel de Serres, professeur de géologie à Montpellier. — M. Xatart, père, bolanisie, membre du con- seil général, à Prats-de-Molld. — M. Christol, Jnl, (de) professeur d'histoire naturelle, à Montpellier. — M. Labouïsse-Rochefort (de) homme de let- tres, à Caste! naudary. — M. ViGAROSY, ^, membre de plusieurs socié- tés savantes, à M ire poix. — M. Th. AiîADiE, hom. de lettres, à Toulouse. — M. Magloire-Nayral, membre de plusieurs sociétés savantes, à Castres. — M. Armon VILLE, secrétaire du Conservatoire des Arts et Métiers , à Paris. — M. SiAU, de Perpignan, ingénieur des ponts et chaussées, à Bordeaux. — M. CiiAPSAL, curé, à Trullas, Pyrén-Oricu. — M. BouBÉE, géologue, à Paris. — M. Bastard, docteur-médecin, à Chalonnes. — M. DiAs DE Morales, ancien député aux Cer- tes à Marseille. — M. Arvers, pharm.-milit. , à Baslia, (Corse). — M. Denis DE Saint-Antoine, président des re- lations intérieures de la Société de Civilisa- tion, h. Paris. — M. Ivan (Michel) docteur-médecin, à Digne. — M. Ferrus, ancien principal du collège de Perpignan. (F) 362 1833. M. GouGET, ij^, chirurgien-major avi 47*= rég. de ligne. — M. JuLiA, professeur de langues, à Béziers. 1 834. M. Poulain , chirurgien en chef de la division des Basses-Pyrénées, à Rayonne. — M. Xatart, fils, pharm., à Prals-de-Mollo. — M. Gros, avocat, à Carcassonne. — M PuJADE, ^, doct.niéd., à Arles, Pyr.-Or. — M. BoiSGiRAUD, prof, de chimie, à Toulouse. — M. DupUY, 0 ^, colonel d'état-major en retrai- te, à Toulouse. — M. GoDDE DE LiANCouRT (le comte) présid. de la Société luns'crscllc de Civilisation , à Paris. — M. JuLiA-FoNTE?»ELLE, Secrétaire de]^ Société des Sciences physiques et chimiques , à Paris. — M. Thorent, visiteur des douanes, à Bayonne. — M. JzERN, de Perpignan, membre de plusieurs sociétés savantes, à Paris. — M. César iVloREAU, ^, directeur-fondateur de la Société Française de Statistique unis'crsellc^ à Paris. — M. Ai.phOinse-Sali^, contrôleur de la monnaie des médailles, à Paris. — M. Delestre, prés, de TAthénée royal, à Paris. — J\J. DlIoRBOURG, directeur de Técole primaire supérieure, à JMonlpellier. 1835. M. GuYOT de-Fère, secrétaire perpétuel de la Société d' Encouragement , à Paris. — M. DuBiN, *, capit. du génie, à Orléans. — M. Galia-Cazaiat , professeur de physique, à Versailles. — M. Gallay, de Per|3ignan , professeur de cor à Técolc royale de musique, à Paris. M. M. 3G3 1835. M. MAuRiN(Anioine) de Perpignan, lithogra- phe, à Paris. — M. Maurin (Nicole) de Perpignan, lithogra- phe, à Paris, Mauriis (Laurent) de Perpignan, lithogra- phe , à Paris. Arago ( Etienne ) de Perpignan , directeur du théâtre du Vaudeville, à Paris. — M. Arago (Jacques) de Perpignan , homme de lettres, à Paris. — M. Tastu (Joseph) de Perpignan, homme de lettres, à Paris. — M. Lecoq, professeur de hotanique, à Cler- monl-Ferrand. — M. Sarrus, professeur de mathématiques spé- ciales, à Strashonrg-. — M. Rigaud (Esprit) de Perpignan, avocat à Paris. — M. RiBEs, de Perpignan, professeur à la faculté de médecine de lyontpellier. — M. Ensei.y, doct.-mcd., à Castelnaudary. — M. GuiNARD, aîné, pharmacien, à Bor- deaux. — M. lÎENRY, hihhothécaire, à Perpignan. — M. Leucotte, capil. d'élat-major, à Paris. — M. Chenu , chirurgien aide - major au 12e chasseurs. — M. Combes, docteur-médecin, à Toulouse. — M. IxiER, naturaliste, inspect. des douanes. — M. RIicHEr,, capitaine au 17^ rég. de li'nie. 1836. M. Beautés, instituteur, homme de lettres à nie, Pyrénées-Orientales. — M. TuRBERT, ingénieur des mines. 364 1 836. M. JuLîA (Emile) de Pei'pignan, off. d'artiller. — M. Aleron, naturaliste, à Pei'pignan. — M. Breghot du Lut , conseill. à la cour royale de Lyon , membre de Y Académie Royale de la même ville. — M. Péricaud , hibliothéc. de la ville de Lyon , membre de VAcad. R. de la même ville. — M. Lr.ANTA, de Perpignan, lithog., à Paris. — M. Fortaner, chan. titul., à Perpignan. — M. Chevrolat (Auguste) membre de la iSoaeZe Entomologiquc de France , à Paris. — M. Merch , trésorier de la Société Liimééne de Lyon. — M. MuLZANT, prof, d'entomologie au lycée de Lyon et à la faculté des sciences de la mê- me ville. — M. Calmettes, de Perpignan, conseiller à la cour royale de Montpellier. — M. Denisart-Hurtrel, propriétaire, à Lille. — M. Walter , ingénieur civil , professeur à l'é- cole des Arts et manufactures, à Paris. — M. Ravigné, off. de FAcadcmie^ à Limoux. — M. CoRNUO, :^ , cbirur. -major au 10'= léger. — M. GouRDON, docteur-médecin, à Paris. — M. Cachelièvre, ingénieur des mines. ' — M. Neppel, industriel, à Paris. — M. Pares (Théod'"'') i)^, de Perpignan, proc- gén. à la cour royale de Colmar, député du 3*= arrondissement des Pyr. Orient. 1837. W. PiKBOUL, liomme de lettres, à jNîmes. — M. Jasmin, bomme de lettres, à Agen. — M. Barrau (J.J.)bomme de lett., a Toulouse. — M. Mercadier, aine, lithog., à Toulouse. 365 1837. M. RoLUix, de Perpignan, enseigne de vaisseau. 1838. M. DuviONAU, homme de lettres, à Agen. ■ — M. Vaillant, dessinateur attaché au muséum d'histoire naturelle de Paris. — M. Grenier, doct.-méd., professeur d'histoire naturelle, à Besançon. — M. BoNAFOS (Julien) doct.-méd., à Sigean. 1839. M. Cadilhac (Désiré) homme de lettres, à Puisserguier , près Bézieis. — M. Bousquet (Georges) de Perpignan, du con- servatoire royal de musique, couronné par rinstiiut. — M. Terrevert, naturaliste, à Lyon. — M. Celles (de) de Perpignan, homme de let- tres, à Marseille. — M. MiCHAUD, capitaine au 10<^ régiment d'in- fanterie de ligne, naturaliste. — M. Brochier, capitaine du génie, ù Paris. CORRESPONDANTS ÉTRANGEBSi 1833. M. Andrew-Covert-Spring, memhre de plu- sieurs sociétés savantes, k Barcelone. (iF") — M. Llobet, géologue, à Barcelone. — M. Ladron de Guerrera, chanoine et curé du Retiro , à Madrid. 1835. M. Lorenzo de Bédecilla, homme de lettres, à Madrid. — M. Francisco Vera, hom. de lelt., à Madrid. — M. Acevedo, homme de lettres, à Madrid. — M. Lorenzo Abad, hom. de lett., à Madrid. — M. Mariano de Sans, natural., a Barcelone. — M. RouRA, prof, de chimie, à Barcelone. 366 1835. M. Garnier, memb. de l'universilé, a Madrid. — M. Rauix, avocat, à Barcelone. — M. Bastuc, censeur royal, à Barcelone. 1836. M. Gauthier d'AuCj consul général de France, à Barcelone. MEMBRES RESXSEKTS BECESES. Cayrol, graveur. (^F) Jaubert de PiÉART, propriétaire. Capdebos, peintre, fond, du musée de Perpignan. (F) 3Gr OE LA SOCIÉTÉ BES PT-RÉNÉES-ORIErffTAI.ES , SCrENCE.S, BELLES-LETTRES, ARTS INDUSTRIELS ET AGRICOLES. STATUTS CONSTITUTIFS. CHAfITRi: FRERÎIER. Article Premier. La Socict.c des Pyrciiées- Orientales s'occnjie de tout ce ((iii est relatif aux sciences, belles-leltres, arts induslriels et agricoles. Art. 2. Elle s'interdit , expressément , toute discussion étrangère aux sciences, Lclles-lelires , arts indus- triels et agricoles. 368 Art. 3. La Société se compose d'un président honoraire , de membres résidents, de membres correspondants et de membres honoraires. Art. 4. Le nombre de ses membres est iHimité. Art. 5. Les fonctionnaires de la Société, sont: Un président honoraire, Un président, Un vice-président, Un secrétaire. Un secrétaire-adjoint , Un archiviste. Un trésorier. Un comité de rédaction composé de trois membres, savoir: le secrétaire , et deux membres pris en dehors du bureau. Art. 6. Ces diverses fonctions, excepté celles de secrétaire, ne sont conférées que pour un an. Le secrétaire peut être nommé pour cinq ans. Il peut être réélu. Art. 7. Les élections ont lieu sur un bulletin individuel 369 pour les trois premiers fonctionnaires, et sur un seul bulletin pour les autres. Les nominations ont lieu à la majorité absolue des suffrages des membres présents : s'il y a égalité de voix, le plus âgé Temporie : si un deuxième tour de scrutin devient nécessaire et qu'il soit sans résultat définitif, il est procédé à un scrutin de ballotage entre les deux membres qui ont réuni le plus de voix pour chaque fonction. Art. 8. Excepté le secrétaire, les membres sortant ne peu- vent pas être réélus aux mêmes fonctions. Art. 9. Le président honoraire est élu à vie; il peut être choisi hors du sein de la Société; son élection doit réunir les suffrages des deux tiers des membres pré- sents; il n'est pas tenu de remplir les obligations im- posées par l'art. 13. Art. 10. Tout candidat au titre de membre résident ou cor- respondant doit présenter un travail relatif aux scien- ces , belles-lettres, ans industriels et agricoles. Un rapport est fait dans la séance suivante, et on pi^ocède ensuite à l'élection par scrutin secret. L'admission est prononcée à la majorité des voix des deux tiers des membres présents. Un travail écrit n'est pas exigé lorsque le candidat à l'admission se rcconunande par 24 370 de grands services rendus à l'agriculture, à l'indus- trie, aux sciences; ou bien lorsqu'il fait don à la So- ciété d'objets d'art, d'archéologie, d'histoire natu- relle. Toutefois^ dans ces cas particuliers, la proposition pour l'admission doit être faite à l'unanimité par les membres du bureau. Art. 11. Le compte-rendu des séances de la Société, et les travaux dont elle ordonne l'impression, sont publiés dans les journaux du département, par les soins du comité de rédaction. Art. 12. AucuLo publication ne peut être faite au nom de la Société, si, au préalable, elle n'est approuvée par le comité de rédaction. Art. 13. Les membres résidents sont soumis à une cotisa- tion annuelle de six francs, payable d'avance, dans le courant de janvier, et tout membre reçu est tenu de payer deux francs pour le diplôme. 371 STATUTS RÉGLEMEiNTAlRES. chapitre ix. Art. 14. La Société se réunit le l*^'" et le 3"»« mercredi de chaque mois-, les séances s'ouvrent à huit heures du soir. Art. 15. Chaque séance est ouverte par la lecture du pro- cès-verbal de la séance précédente; elle est faite par le secrétaire ou le secrétaire-adjoint, et à leur défaut par un membre résident au choix du président. Art. 1(j. Le président et à son défaut le vice-président oc- cupe le fauteuil ; en leur absence , le doyen d âge des membres présents préside la séance. Art. 17. Lorsque le président honoraire est présent , il est invité à occuper le fauteuil. Art. 18. Le président de la Société fait observer la police in- 24* 372 térieuic des séances; il veille au mainlien el à l'exécu- tion des réglenicnis. 11 rappelle à Tordre; néanmoins ce rappel ne peut être mentionné au procès -verbal qu'après que la personne inculpée a été entendue, si elle demande à Fclre. Le président peut même, si le cas Texige, suspendre ou lever la séance. Art. 19. Les étrangers a la Société peuvent assister à ses séances, pourvu qu^ils soient présentés par un mem- bre résident. Art. 20. Le renouvellement du bureau a lieu le troisième mercredi de décembre de chaque année, afin que les nouveaux élus puissent entrer en fonctions le premier mercredi de janvier. Art. 21. Le renouvellement du comité de rédaction a lieu le premier mercredi de janvier. Art. 22. Les membres correspondants ont leur entrée aux séances, et y ont voix délibérative, à moins qu'il ne soit question d'administration intérieure et d'emploi de fonds. Ils ne peuvent pas faire partie des fonction- naires de la Société. l 373 Art. 23. Un tableau placé en évidence dans la salie des séances contient la liste de tous les membres de la Société. Celte liste est publiée tous les ans. SÉANCES PUBLIQUES. chapitre iii. Art. 24. La Société pourra se réunir en séance publique et extraordinaire j l'époque de ces solennités et leur opportunité sera réglée ultérieurement et annuelle- ment. ADMINISTRATION. chapitre iv. Art. 25. Le Secrétaire est cbargé spécialement de la rédac- tion du procès-verbal de chaque séance et de la cor- respondance couranle. il lient un registre des procès- verbaux adoptés par la Société* il donne Tordre du jour, après s'être entendu sur ce point avecles autres membres du bureau , dont il doit également prendre l'avis pour sa correspondance officielle. ;î74 Art. 26. Dans la séance de décembre, avant les cleclions, le Secrétaire présente le résumé des travaux de la Société pour l'année expirée. Art. 27. Toute lettre répondue officiellement est renvoyée a l'Arcliivisie avec la minute de la réponse. Celte correspondance est conservée dans les archives de la Société , ainsi que les notes, mémoires qui y sont lus; mais, au préalable, ces pièces sont revêtues du timbre de la Société. Art. 28. L'Archiviste est chargé de la conservation de toutes ces pièces; il en tient un registre, où est inscrite la date de leur présentation, et qui sert de répertoire; il tient un registre à part pour y noter les objets d'histoire naturelle, livres ou autres qui sont donnés à la Société, avec le nom du donataire et la date. Art. 29. Les membres de la Société ont le droit de prendre lecture des pièces déposées aux archives; ils ne peu- vent les emporter qu'en fournissant un récépissé à TArchiviste. Art. 30. Le Trésorier est chargé de la rentrée des cotisa- tions; il est tenu de prévenir par écrit, au moins deux 375 fois, les membres qui négligeraient de s'acquitter. Il tient un livre-journal où sont inscrites les recettes et les dépenses, avec leur nature; il propose le budget de Tannée suivante à la séance du mois de décembre, après le compte-rendu du Secrétaire. Art. 31. Aucune dépense ne peut être faite sans avoir été votée par la Société. Art. 32. Les membres correspondants peuvent devenir ré- sidents, en se conformant à lart. 13. Art. 33. Tout membre résident qui à la fin de l'année n'a pas acquitté sa cotisation est censé démissionnaire et, comme tel, rayé de la liste des membres de la Société, après, toutefois, qu'il a été invité par les membres du bureau à se conformer au règlement. Art. 34. Aucun membre démissionnaire ne peut réclamer le remboursement de sa cotisation versée. Art. 35. Les membres résidents et cotrespondanis reçoivent un diplôme signé j>ar deux membres ifu liureau , et portant le sceau dr !;i Société. 376 Art. 36. En cas de décès d'un membre de la Société , une dépulaiion est envoyée au convoi funèbre et auprès de la famille. Art. 37. En cas de dissolution de la société , les fonds en caisse sont distribués aux pauvres, le mobilier et les autres objets qu'elle possède, lépartis entre les mem- bres résidents. 377 APPENDICE. Voyez le mémoire sur un local dit Moli d'aram. page 47. Depuis la rédaction de cet article , la compagnie des mines des Pyrénées- Orientales a mis à décou- vert, par ses recherches, sur un des filons de plomb de La Manère, une série de vieux travaux ne portant absolument que des traces de coups de pics, et cela à trente mètres de profondeur. A. Paillette. 379 ERRATA. Noie sur un élablisseineiit monélairc en Catalogne, elc. , page 142, ligne 16, au lieu de 1818, lisez: 1808. Page 144? ligne 9, au lieu de 1808, lisez : iSaS. Page 149, au lieu de 5 francs, plus 19 U", lisez, 5 francs Voyage aux Bains de La Presle: Page 268, au lieu de : Le Fort-les-Bains, posilion militaire qui domine la vallée et fut coiii-lriu'le en 1670, lisez : Le Fort-les-Boiiis , poxilion militaire qui domine la vallée, cons- truit en 1670. Page 275, au lieu de : Dans celte occurrence, le pauvre voyageur, elc., lisez : Dans cette occurrence , le voyageur , etc. Page 375 , au lieu de : près de la frontière , lisez : prcs ( prala ) de la frontière. Page 279, au lieu de : Aussi tous les malades, lisez : Juisi, tes malades, elc. Page 281 , au lieu de : Et je suis encore maladif: elc. , li- sez : El Je suis encor maladif, etc. Page 006 , Alger, slrophe 8°, vers ."»" , au lieu de : à voire âme charmée , lisez : pourvoira âme charmée. I Table des Matières. Compte-Rendu des travaux de 1857, par M. Sîrven. Page 1. Discours de M. Lacombe St. -Michel , président il. Discours de M. Ribell, vice-président , j5. Discours de M. Bach, secrétaire 16. Compte-Rendu des travaux de i838, par M. Com- panyo, secrétaire ig. PREMIER CHAPITRE. Sciences Physiques et Naturelles. Notice sur un local dit Moli-d'aram, près Pra(s-de- M0U6; conséquences qu'on peut en tirer pour l'histoire des mines dans le Roussillon, par M. Paillette, ingénieur civil .. 47. Catalogue des oiseaux qui ont été trouvés dans le département des Pyrénées-Orientales, soit sé- dentaires, soit de passage, par M. Companyo.... 54- Minerai de manganèse de La PousFangue et Mis- ségre, départ, de l'Aude. — Rapport de SI. Bouis. 108. 382 Rapport de MM. Paul et Talayrach, doct.-médec, pages sur une observation de mérycisme, présentée par iM. Pujacle, docteur-médecin. — M. Paul, rapporteur 112. Alcoolicité de plusieurs vins du déparlement des Pyrénées-Orientales, par M. Bouts ii5. Tableau comparatif de l'alcoolicilé des» vins du dé- partement, par le même. DEUXIEME CHAPITRE. Economie Politique, Rapport sur les travaux d'art à faire à Port-Ven- dres, par M. Lacombe St.-Michel 117. Sur la conservation des grains et des farines, par M. Côme Rou/Jia ia6. Note sur un établissement monétaire en Catalogne et considérations sur la refonte des espèces dé- cimales non affinées, par M, Grossel 142. TROISIÈME CHAPITRE. Arts Industriels et Agricoles. Charrue perfectionnée, par M. Saturnin Llania.... i53. Mémoire sur les débordements des rivières de la plaine du Uoussillon, par M. Forlaner, membre- correspondant 157. Rapport sur l'ouate en coton, fabriquée par M. f^i- mort. — ^\.S'mfn, rapporteur 174. Rapport sur les essais de la culture en lignes par le Semoir-Hugues, par MM. Bassal et Ltanta 177. Notice sur les insectes qui ravagent quelques can- tons des vignobles du déparlement des Pyrénées- Orientales, par M. Companyo i83. 383 QUATRIÈME CHAPITRE. Instruction Primaire. Rapport adressé à iMM. les membres du comité d'instruction primaire du premier arrondisse- ment (Pyrénées-Orientales), au nom du comité local de surveillance de Perpignan, par M. Sir- ven , rapporteur..... 221. De l'utilité des salles d'asile à Perpignan , par le même 227, CINQUIÈME CHAPITRE. Histoire. Sur l'ancienne constitution militaire de Perpignan, résultante de son droit de guerre ou privilège de la main-armée, par M. Henry, memb.-corresp. 25i. SIXIÈME CHAPITRE. Belles-Lettres. Voyage aux Bains de La Preste, deuxième arron- dissement des Pyrén. -Orientales (16 jiiill. i855}, par M. Joseph Sirven 255. La vengeance de l'honnête homme, par A. J 291. Polycarpe l'acteur, esquisse dramatique, par M. François Merle 294. Humilité dans la foi, à mon ami J. I\l., par M. Pierre Batlle 5oi . Alger, par il. Léon Jeannin 3o5. k nta fille Marie, qui vient de naître, par A. J ... 5o8. Du Ange, par iM. Joseph Sirven 5i2, Déjà morte! par M. Pierre Batlle 3i5. 384 Ode à Paul Riquet, par M. Maglolre Nayral Sig. Le Pêcheur du Lido, par J. J 523. Le Chant du P»eis, par M. Léon Jeannin 525. Au Bal —Hors le Bal, par M. Pierre Batlle 528. Le Génie, par y4. J 556. Sonnet à mon ami J. S. , par M. Pierre Baille 558, La mort de la jeune fille, par M. Alphonse Salin, membre-correspondant 53g. L'Adriatique, par ^. J 545. Portrait, par M. Pierre Baille 346. LeCéraoun,par M. Léon Jeannin 35i. Adieu! par M. Pierre Batlle SSy. Tableau des observations météorologiques faites en 1857 et i838, par M. Béguin , directeur de l'école normale. Liste des membres de la Société 557. Règlement de la Société 567. Appendice, par M. Paillette 577. Errata 379. FIN. r .^i-^-^:^'^ 'A!, I-X i 5^. ■MK^^Êt ^ ^ M** ^ ■^ »ii ^5 M' :^- '^" ■î m m. ^^èm ^w r :^^ i*- ^^é^