wmm m^'. f M ,' ( ( :.■ - i k^JT^. :'■^\i V. l^ ■ ■j^/t ■ '■ '• ■ .' •Kv - -r' ,' ■ i' ' ^1 ;a'; C. ' < C yu 'ii OllifJ ^,^^^^f.J^ fTAT SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLLMATATION. ORGANISATION POUR l'aNNEE 1857. S. M. L'EMPEREIR, protecleiir. BUREAU DE LA SOCI^Tl MM. Isidore GEOFFI\OY SAIM'-IJILAIUE, president. Le prince Marc de BEAUVAU, , DROUYN DE LHUYS. | Antolne PASSY, vice-prhidents. RICHARD ((In Cantal), ' Le comle d'l^:iM*«t.VIESNIL, secretaire giniral. Auguste DUMERilv, secretaire, des seances. E. DUPIN, secretaire pour la correspondence a I'intirieur, GAIMAKD, secrMaire pour la correspondance a I'etranger. GUfiRIN-MfiNEVILLE, secretaire duConseil. Paul BLACQUE, tresorier. COSSON, archiviste. CONSEIL D'ADHINISTRATION. liES Membiies DC Blreau et mm. Jules DELON, POMME, SAULNIER, E. TASTET, De OUATREFAGES, RUFFIER, Le baron SfiGUIE!'., Le comle de SIM^TY. Con<>i4*iIlcrN lihres. FrM. JACQUEMAI'iT, AIOQUIN-TANDON, Le marquis de SELVE, Jacques VALSERRES. MM. le marquis AMELOT, le comle de COUESSIN, le baron de PONTALBA. DELEGUES DU CONSEIL EN FRANCE. A Bordeaux, MM. BAZIN. A \ancy. MM. MONNIER. A Caen, LE PRESIRE. A Poitiers, HOLLARD. A Cernay, A. ZURCHER. A Rouen, POUCHET. A Lyon, LECOQ. A Toulon, AGUILLON A Marseille, Ant. HESSE. A Toulouse, JOLY. A Mulhouse, Fr^d. ZCBER. A Wesserlinij, SACC. DELEGDES DU CONSEIL A L'ETRANGER. MM. A Alexandrie (^gjpte), SABATIER. A Calcutta, PIDDINGTON. A Florence, le priace A. de DfiMIDOFF. A Geneve, GOSSE. A Lausanne^ CHAVANNES. A iMndres, Mil C 11 ELL. A Madrid, GUAKLLS. A Milan, Ch. BROT. T. IV, — F^vrier 1857. MM. A Neuchatel, CARBONMER. A Philadelphie, Th. WILSON. A Rio-Janeiro, De CAPANEMA. A St-Petersbourff , BRANDT. A Sidney {k\K\a\:<:], MAC ATiTUUR. A Turin, Ic ch«.ilicr BARUFFl. A Vienne, AREN.STEIN, VI SOCIETE IMPEUIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. SECTIONS. 1" Section. — iMAMMiriiREs. MM. RICHARD (duCantal), d^legue du Conseil et president. Fr. DAVIN, vice-president. DARE6TE, secretaire. A. GEOFFROY S-^-mhAlRE.v.-.sec. 2* Section. — Oiskaux. (Aiiculture.) Le Cte d'EPREM ESN IL , deleg. du Cons. BERlUEIi-FONTAIN'E , president. Le comte de SINETY, vice-presid. DAVELOUIS, secretaire. BVBERT-BRIERRE, vice-secretaire. 3* Section. — Poissons, Crustaces, Ann^lides, Molldsques. MM. (Pisciculture.) P ASSY, deleg. du Cons, et president. MILLET, vice-president. LOBLIGKOIS, secretaire. Ch. WALLUT, vice-secretaire. W Section. — Insectes. (S^ncicullure el Apiculture.) Le Pcede BEAUVAU, deleg. duCons. GUERIN-M Ei\ E V 1 LLE , president. BIGOT, vice-president. L. SOU BE IRAN, secretaire. J. PEUROT, vice-secretaire. &• Section. — Vegetaux. MM. DROUYN DE LHUYS, deleg. du Cons. MOQUIN-TANDON, president. J. VALSERRES, vice-president. MM. Le Baion LE GUAY, secretaire. J. MICHON, vice-secretaire. COMMISSION F£RMAN£NT£ D£ L'ALGERIE. MM. RICHARD (du Cantal), president; le g^n^rai DAUMAS, president honoraire; BAUDENS, le prince Marc de BEALVAU, BIGOT, CARLIER, CHATIN , COSSON , DARKSTE, DAVIN, DELON , DUVAL, FOCILLON, le barou GARBfi , GUERIN -MfiNEViLLE, le comte de JONQUl^RES, LOBLIGEOIS, J. MICIION, MILLET, de NABAT, PAYER, PEUT, de QUATREPAGES, UEYNOSO, TASTET, VALSERRES, de VILLENEUVE- FLAYOSC, el A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, secretaire. COMMISSION PERMAN£NT£ D£S COLONIES ET DE L'ETRANGER. MM. A. PASSY, president: de QUATREFAGES, vice-president ; le marquis AMELOT, AUBUY-LIXOMTE , DEBRAUZ, J. CLOQUET, le comte DESBASSAYNS DE RlCllHMONT, DROUYN DE LHUYS, FAUG^RE, GAIMARD, JOMARD, LifiNARD p^re, MALAVOIS, MENNET-POsSOZ, MESTRO, PAYER, PECOUL, Famiral PENAUD, POEY, RAMON DE LA SAGRA, TASTET, TAUNAY, de TCHIHATCHEF, YVAN, et MONET, secritaire. ~ Les deh'gu^s coloniaux , et los ministros, charges d'afiiiires el consuls strangers, qui residonl a Paris, ct qui .sonl meuibres de la Socit^le, foul (Je droit parlie de la Commission des Colonics et deTElranger. LISTE DEvS SOCIETES AFJ ILIEES I:T AGREGEES A LA iSOCI^Ti; I9fPi:RIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION ET DR SBS COMITES REGIUNAUX (1). SOCIETES AFFIUEES ET COMITES Ri::G|ONAUX FRANgAlS. La Sociiri ZOOLOGIQUE d'acclimatation poor la region DES ALPES ' (Soci^t^ zoologique des Alpes), a Grenoble. La SOCI^Ti R^GIONALE D'ACCLIMATATION POUR LA ZONE DU NORD-EST, h Nancy. La Socii^T^ DU Jardin zoologique de Marseille. LE COMIT^ regional de LA SOCI^T^ IMP^RIALE D'ACCLIMATATION A Bordeaux. •^ '' SOCIETES AFFILI^ES ET COMITES REGION AUX ETR ANGERS. Le Comit^ d'acclimatation pour L'ficYPTE, h Alexandrie (2). La Soci^te d'acphmatation pquR le poy^ume de Pr^sse [Acclimati- satio7is Verein fUr die Koniglich Preussischen Staaten), a Berlin. SOCIETES AGREGEES FUANCAISES. (Suile.) Le CoMiCE agricole de Toulon. La Soci^te dY.mulation, d'agriculture, sciences, lettres et arts DU D^PARTEMENT DE l'AIN, k Bourg. (1) Le litre de SocifeXES affiliees est specialement reserv6 aux Soci6tes fon- dles dans le but d'appliquer a une region detenninee les principes poses par la Sociotc impcriale d'acclimatation. Le litre de SocifeTfes AGRKCtES est donn6 a des Soci^tes scienlifiques, agricoles, induslrielles ou de bien public , qui font entrer dans le cercle de le^^s travaux I'application des principes poses par la Sociele. (Pour les Socieles a(lili6es et agregees, voyez le Reglement (revise par le Conseil d'Etal), chapilre II {HuUetin, t. II, p. xetxi). Le litre de Cohit^ i>f. la Suciete inp^riale d'acclimatation est accord^ a des reunions locales de membres de la Society, di-sireux de concourir plus activement, et par des efforts communs, au but de la Sociele. Les Comites d'acclimatation jouissenl de lous les avanlages attribu^s par le Reglement aux Socieles affiliees. (2) Deux aulres Comites egypliens sent projeles, I'un au Caire, I'autre a Kar- Ihoum, dans le Soudan. Huit Comiles coloniaux ont ete inslitu6s dans les diverses Colonies francaises, par les ordres de S. Exc. le Ministre de la marine, et par les soins de M. Mestro, directeurdes Colonies. Vin SOCIETE 1MP^RI\LE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. La Societe d'agriculture de Verdun (\leuse). La Societe d'agricultuke, belles-lettres, sciences et arts de Poitiers (Vienne). La Socii'TE protectrice des animaux, c» Lyon (Rhdne). La SociiSt^ d'agriculture du departement des Bouches-dd-Rh6ne , a Marseille (Bouchcs-du Rh6ne). Le Comice agricole d'Aubigny-sur-Nerre (Cher). La Societe d'agriculture, arts et commerce du di5partement de la Charente, h Angoulfime (Charenle). La Society d'agriculture d' Alger. La Societil d'agriculture et de statistique de Roanne (Loire). La Socii^TE d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l'Eure, a Evreux. La Societe d'agriculture du Puy-de-D6me, a Clermont-Ferrand. La Society des sciences naturelles et archeologiques de la Credse, k Gu^ret. La SocifiTE d'horticulture de la Gironde, a Bordeaux. La Societe d'agriculture, sciences, arts et commerce de la Hacte- LoiRE, au Puy. SOCIETES AGREGEES ETRANGERES. La Society d'ctilit^ publiqde de Ladsanne (Suisse). La Societe agricole d'expertise mdtuelle de Lausanne (Suisse). L'AssociATiON AGRAiRE DES fiiATS Sardes (Associazioue agraria degli Stati Sardi), h Turin. La Soci^t^ D'lficoNOMiE RDRALE DE LA CdTE (cantou de Vaud) (Suisse). L'AcAD^MiE ROTALE D'AGRICULTURE DE TURIN {Reale Accademiu d'agricol- tura di Torino). La Societe du Cercle litteraire de Lausanne (Suisse). La Classe d'agriculture di^: la Society des arts de Geneve (Suisse), La Section d'industrie et d'agriculture de l'Isstitut genevois (Suisse). La SOCIEli IMPERIALS ET ROYALE d'aGRICULTURE DE ViENNE (JHe kai- serliehe konigliche Landwirthschafts-Gesellschaft in Wien), UKIXIEMR LISTE SUPPLEMENTAIRE DES MEMBRES UK LA SOCIETE IMPKRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Membres admisdu 4 avril 1856 au 6 mars 1857 (1). AMERIQUE. Br«8il. S. M. i/£mp£Reur don Pedro II. EUROPE. France. S. A. 1. le prince NAPOLff.orf. Angleterre. S. A. R. le prince Albert. Prusse, S. A. R. le prince Frederic <;uillaume. S. A. le prince Charles-Antoine de Hohenzollern-Sigmaringen, h Dus- seidorf. S. A. S. le prince Alfred de Salm Uefferscheid-Dyck, au chateau de Dyck, pr^s Neuss. Wurtciuberg. S. A K. le due Paul-Guillaume de Wuhtemberg, k iMergentlieim. ORIENT. S. A. le prince Abdcl-Halim-Pacha. S. A. AllMED-l'ACHA. S. A. le prince Ismail-Pacha, a Alexandrie. Slam. S. M. LE PREMIER Itol DE SlAM, S. M. LE deuxiI:me Roi de Siah. (I) Pour les membres antdrieurcment admis, voyez la Lisle g^nerale des menU)i-es, t. II, p. xxiii a xlvii, et la Premiere lisle supplementaire , t. Ill, p. xna xix. X SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. MM. Abdouhou-Scleyman-Pacha (S. E. ), general de division de rarm^e d'figypte, grand officier de la Legion d'honneur, grand officier de I'ordre du Medjidi^, h Alexandrie (figyple). Abria , doyen de la Faculty des Sciences de Bordeaux, a Bordeaux. Ai.BiGNAG (le vicomte Gaston d'), propri(5taire, a Sorgiies (Vaucluse). Albufera le due d'), membre du Corps l^gislalif, h I'aris. Allard (Jules), propri^iaire, h Paris. Archinto (S. E. le comte Joseph), conseiller intlme de S. M. T. R. Ap., h Milan (Lombardie). Arene, proprielaire, a Paris. Arenstein (ledocleur), professeur, h Vienne (Autriche). Artin, bey de 1" classe (S. E.), ex-ministre des affaires dtrangferesd'^gypte, commandeur de I'ordre imperial de la Legion d'honneur et des ordresde Grugoire le Grand, de I'Aigle rouge de Prusse et de Sainte-Anne de Kussie, grand cordon de Naples , iftikar, membre de la Soci^t^ de geographic et de la Society asiatique de France, h Alexandrie. AssiER DE Muntferrier, propri^taire, a Bordeaux (Gironde). Adbe (le docteur), membre des Soci^l^s eniomologiques de Paris, Londres et Stettin, et de la Society impdriale et centrale d'horticnlture, a Paris. Adbry-Lecomte (Charles-Eugfene),aide-commissaire de la marine, ex-charg^ du service administratif au Gabon, charge du classement des produits h I'Exposition permanente des colonies, a Paris. Audubon (V. G.), naturaliste, -Klplieg<'), ingeiiieiir des ponts el chauss^es, k ['aris. Beaude (le docieur). membre du Conseil de salubrite publique de la Seine, k I'aris. Bellier-Montrose, propri^taire, h Pile de la Reunion et h Paris. LISTE 8UPPLEMENTA1HE DES MEMBRES. XI Benoit-Champy (Gabriel), licenci^ fcs letlres , attach^ au miDisl^re des affaires ^trang(>re8, h Paris. Bertiiier-Bizt (le comte de), membre du Conseil g^n^ral de la Ni^vre, h Paris. Beurges (ie comte Gaston de), propridtalre, k Paris. Bezier fAdolphe), ing(?nieur civil, h Pontoise (Seine-el-Oise). BiAN (Louis), manufaciurier, h SeiUheim (Uaul-Rhin). Blanco Encalada (I'amiral) , envoy<5 extraordinaire et ministre pl^nipo- tentiaire du Chili, ci Paris. BONDY (le comte de), ancien pr^fet, ancien pair de France, & Paris. BoNNEFis (le docleur), k Bordeaux (Gironde). BoRDERiEDX (P. C. de), h Paris. BORROMEO (le comte FrM^ric), h Milan (Lombardle). Bosquet (le mar^chal), s«5nateur, ct Paris. BoucHfi DE ViTRAY (Ic docteur), h Bordeaux (Gironde). BoucuEREAO (H.-G.),c» Bordeaux (Gironde). BouGAREL, propri^taire au chateau du Pare, k Moulins (Allier). BODLET (Henri), propri^taire, h Paris. BouREUiLLE (de), inspecteur g^n^ral des mines, secretaire g^n^ral da minisl^re de I'agriculture , du commerce et des travaux publics , k Paris. BouRLiER (Charles), pharmacien aide-major k I'hdpital militaire du Gros- Caillou, k Paris. BouRSiER DE LA RivifeRE, cousul de France en Californie {Honoraire.) BouRViLLE (Henri de), agent des Messageries imp^riales et de la Compagnie de I'isihme de Suez, au Caire (figypte). Bower, (John Jacques), a Baltimore (£tats-Unis). Brambilla (Jean-Baptiste), banquier, a Milan (Lombardie). Brakdt fS. E.), conseiller d'f.tat actuel, membre de TAcad^mie imp^riale des sciences et directeur du Mus^^e d'histoire naturelle de Saint-P^ters- bourg iRussie). Brierre, receveur particulier des douanes, k Notre-Dame-de-Riez , par Saint-"7. '' XVIII SOCIIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. RicHEBOURG, ing^riieur-opticien, successeur de I'ing^nieur Chevalier, pho- tographe, h Paris. RiCHEMONT (le baron Edgar de), k Paris. ' RoccAGiOviNE (le marquis de), h Paris. Roger - Duval , propri^taire au chateau de la Rochelle, prfes Caen (Calvados). Roget (Louis), banquier, ci Genfeve (Suisse). Rothschild (le baron Gustave de), h Paris. Rothschild (le baron Salomon de) id. Rouen des Mallets (le baron), ancien pr^fet, propri^taire, k Taverny- Saint-Leu (Seine-et-Oise). RODGEMONT (de), ing^nieur des ponts et chaussdes, h Alger. RouGiER (ledocteur Charles), h Bordeaux (Gironde). O'Ryan DE AcuNA (Daniel), proprit^taiie, h Madrid (Espagne). Sabatikr ( R^mond) , consul g^n^ral, charge d'affaires de France, commandeur de la Legion d'honneur, president du Comity d'acclimatation d'Alexandrie, h Alexandrie (Egypte). 8ABL0N (de), membre du Conseil g^n^ral de la Loire, h Bourg-Argental (Loire). Sabrand, manufaclurier, ci Paris. Sacc (Henri), k Colombier, canton de NeuchStel (Suisse). Saillet (Edmond), k Paris. Sainte-Annk (de), k Paris. 8aiht-Remy (le comte de), propridtaire, k Caen (Calvados). Saint-Victor (Gabriel de), propri^taire d'une ferme modfele en Alg^rie, au chateau de Ronno, pr^s Amplepuis (Rhdne). Sakakini (£mile), au Caire (Egypte). Sakakini (Joseph), id. Sakakini (Maximos), id. Salicis (Eiigfene), officier comptable k rh6pital militaire, k Toulon (Var). San Giacomo (le prince), Ji Paris. I Sanseverino (le comte Faitstino), a Milan (Lombardie). 't Sardou (lean-Jacques), propri^taire au Cannet, prfes Cannes (Var). ' Sarramea (le docteur), k Bordeaux (Gironde). Saulty (de), au chateau de Baville, par Saint-Ch^ron (Seine-et-Oise). Satjnier (Charles-Edouard), propri^taire k Lagny (Seine-et-Manie). SCHAEUFFELE, pharmacicn, docteur fes sciences, agr^ge a Ncole siip^rieure de pharmacie de Strasbourg, a Paris. SCHEURER (Auguste) manufactuHer, k Thann (Haut-Rhin). Schlossberger (Edmond), nc^gociant, a New -York (Etats-Unis). SiCHEL, dpcteur en m<5decine et en philosophie, a Paris. Siebold (le docteur Von), a Bonn (Prusse rh(5nane) {Honoraire). SiNETY (le comle Alphonse de), membre du Conseil general du Var, k Esparron (Var) et a Paris. yr,: LISTE ^LPPLKMENTAIRE DES MEHBRES. >|'>r);> 101 SouBEiRAN (le docteur L^on), licenci^ hs sciences naturelles, professeur m/irigi de I'^cple de pharipacie de Paris. gf^pf^AN-^EY \S. £.), minuilie des affaires (^trang^res d'Egypte, au Caire, (^gypte). §:^fY^l< (S- E. 0>r^U^n de), conseUler d'lillat actuel, ^ Saint - P^tert- bpi^rg {lionoraire). Stourdza (S. a. le prince de), ancien hospodar de la iMoldavie, ^ Pacuj. SuQUET, directeuf--|;^vant 4^ }^^ ^^ '^ SQfi^t^ ^oologique de Mj^rsitiUp (Bouches-du-Rh6ne). Tascher (Maurice de), propri«5taire, h Tiiauvenay (Cher). Taverna (le comte Joseph), propri(5taire, a Milan (Lombardie). Teyssier DES Faroes, propri^taire au chAteau de Beaulieu, prfes Jouy-le- Chdtel (Seine-et-Marne) et a I'aris. Thenard (le baron), merabre de I'lnstitut, ancien pair de France et vice- president du Conseil sup^rieur de I'instruction publique, <» Paris. TissoN (Eugene), i I'aris. Trenqualye [\e baron de), consul honoraire, ciiancelier de la legation im- p^rialede France en Chine, k Macao (Chine). Tricoche, ancien pr»5fet, h Paris. TuRATi (Hercule), propri^taire, a Milan (Lombardie). Uhrlaub (Edw.), consul de S. M. le roi de Hanovre, ci Baltimore (fitats- Unis). Ulcoq (le docteur), propri^taire, membre de la Soci^l^ d'agriculture de File Maurice, a Port-Louis (ile Maurice). Ulrich (Guillaurae), banquier, h Alilan (Lorabardk). Uruguay (S. E. le vicomte de T), ancien envoys extraordinaire etministre pl^nipotentiaire de S. M. I'Empereur du Br^sil en France, a llio-de- Janeiro. Van den Steen (le baron) au chateau de Vadestein et Ommeren, pr^sGor- cum (Pays-Bas). Vare.nnes (des), ancien maitre dcs requites, propridtaire, a Paris. V^rette (Jean-Baptisie-Edouard), principal du college de Chateau-Thierry (Aisne). Veykr ((Justave), propri^iaire, i Blidah (Alg^rie). ViLLENEUVE (Junius), citoyen bresilien, propri^taire des chateaux de Wir- temberga Neuilly etde Bezons (Seine-et-Oiso), a Paris. ViscONTi (le marquis de), 5 Milan (Lombardie). et h Paris. ViscoisTiNi (Hercule), propri^taire, h Milan (Lombardie). VouGY (le vic(4mte de), direcleur g^n^ral des lignes i^l^graphiques, a Paris. Vroil (Jules de), propri^taire, au chateau de Roquincourt (Marne),eta Paris. •■ Wilson (le docteur Th.-B.), membre de TAcad^mie des sciences de Phlla- dolphie (£tats-Unis). XX SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE D /VCCLIMATATION. WiNANS (Thomas), proprielaire, Ji Baltimore (iltats-Unis). Z^ki-Bey, attache an secretariat des commandements de S. A. le Vice-roi d'fi^ypte, chevalier del'ordre imperial de S. M. Frangois-Joseph, ^ Alexan- drie (£gyple). Zdlfikar-Pacha (S. E.), intendant g^ndral des finances, bey leyrbey, commandeur du Midjidid et de TOrdre imperial de S. M. FranQOis- Joseph. Zdrcher (GharJes), manufacturier, h Gernay (Haut-Rhin). PREMIERE SMCB MUm AS5iUEllE SOCIETfi IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. PROGES-VERBAL. Cette seance a ete tenue a I'HOtel do ville, le 10 fevrier 1857, troisieme anniversaire de la fondation de la Societe. S. A.I. Mgr le prince Napoleon, que la Societe a I'honneur de compter au nombredeses membres, etLL.Exc. M.Rouber, Ministre de I'agriculture. du commerce et des travaux publics, et M. Rouland, Ministre de I'instruction publique et descultes, assistaient a la seance, et avaient bien voulu prendre place au bureau ou siegeaient aussi, avec M. Is. Geoffrey Saint-Hilaire, president, MM. le prince de Beauvau et A. Passy, vice-pre- sidents, le comte d'Epremesnil, secretaire general, Aug. Du- meril, Dupin et Guerin-Meneville, secretaires, de Quatrefages et le baron Soguier, membres du Conseil. S. Ex. le marechal Vaillant, Ministre de la guerre, qui assistait aussi a la seance, et pour lequel un fauteuil avait ete reserve au bureau , avait voulu prendre place sur I'estrade parmi les membres de la Societe dont il fait partie presque depuis son origine. Sur I'estrade, se trouvaient aussi places le Conseil, les Presi- dents, Vice-Presidents et Secretaires des sections, la Commission des recompenses, un grand nombre de membres de la Societe, et plusieurs etrangcrs parmi lesquels on distinguait LL. AA. SS. les princes de Reuss et le prince de Croie. La disposition de la salle avait ete conliee aux soins de MM. E. Dupin et Frederic Jacquemart, membres du Conseil, et un autre conseiller, M. Ic marquis de Selve, avait bien voulu se cbarger d'en faire les bonneurs avec Taidc de plusieurs conmiissaires qu'il avait desigues a cet eilet. XXII SOClfiTl^. IMP^RIALE ZOOLOGIQUK D ACCLIMATATION. — La Seance d. ete butferte par uh discoiirs de M. GeolTroy Saint-Hilaire, president. — M. Aug. Dumeril, secretaire des seances, a presente un Rapport sur les travaux de la Societe pendant Fannee 1856. — Itt. de Quatrefages, m'embre du Cohseil, a lu une Notice sur les Yaks et les Chevres d'Angora importes en Prance depuis la fondation de la Societe. — M. Passy, vice-president, a donne lecture d'une Notice relative aux encouragements que la Societe a resolu d'accorder aux tentatives d'acclimatation, en proposant des prix pour des SiljetS sp^ciaux, dont suit la liste : lu PRIX EXTRAORDINAffiES PROPOSES PAR LA SOCIETE (i). I; Introduction dans les montagnes de TEurope on de I'Alg^rie d'utt. troiipeau d'Alpacas {Auchenia paco) de race pure. Ce troupeau devra so composer au minimum de 3 males et de 9 feraelles. lyj , Prix. — Une medaillede 2000 francs. '> H. Domestication complete, application a Pagriciilture, ou emploi dans lesi villes,de rHt^mione {Equus hemionus) ou du Dauw (E. Burchellii). Prix. — Une raedaille de i 000 francs. III. Domestication et multiplication d'une grande espfece deKangurou (Ma- cropus (jiganteus,M. fuliginosus, ou autre esp^ce de meme taille.) Prix. — Une m^daille de 1000 francs. IV. Introduction et domestication du Drom^e (Casoar de la Nouvelle- Hollande, Dromaius Novce Hollandice), ou du Nandou (Autruchc d'Am^rique, Rhea americana). Prix. — Une medaille de i 500 francs. V. Domestication de la grande Outarde {Otis tarda). < Prix. — Une medaille de 1000 francs. Xi) Pour les concours annuels de la Societe, voyez le Chapitre X de son Regle- ment [Bullelin, t. Ill, p. v), reglement dont Tarticle 97 est ainsi congu : Art. 97. - Les resultats que la Societe prend en consideration et qu'elle recompense, s'il y a lieu, sont de trois ordres : 1" Introduction d'especes, races ou varietes utiles, soit d'animaux, soit de vegetaux. 2° Acclimatation, domestication, propagation, amelioration d'especes, races ou varii'tes animates ou vegetales, soit susceptibles d'empiois utiles, soit meme ■' «implement .icci ssoires ou d'ai;rement. 3" Emploi agricole, imJuslriel, medicinal ou autre, d'animaux ou vegetaux recemmeril iiitroiluits, acclimiiles ou propages, ou de leurs prodiiits. (Le reglement des concours annuels est dislribue au siege de la Societe, a toules les personnes qui en foal la demande a M. I'agenl general de la Societe.) .w.PROC£:S-VERBAL DE LA STANCE PUBLIQUS. XXIII VL Introrliiclion et acclimatation d'un nouveau gibier pris dans la clasM dcs Oiseaux. Sont cxceplces let ospeces qui pourraient ravager Im cultures. Prix. — line inedaille de 500 francs. VII. Introduction d'un Poisson alimentaire dans les eaux douces ou sau" Qicktres de I'Algtfrie. -^ Pnix. — Une medaille de 500 frants. YIII. AcciimatatioD accomplie d'une Qouvelle esp^ce de Ver k soie, produi- sant de la soie bonne i filer. Prix. — Une medaille de 1000 francs. IX. Acclimatation en Europe ou en Algeria d'uo Insecte producteur de cfre, autre que TAbeille. Prix. — Une inedaille de 500 francs. X. Creation de nouvelles vari«5t^s d'Ignames de la Chine (JHoscorea h i ?.„,,,,, Prix. — Une medaille de 500 francs. XI. introduction, culture et acclimatation du Quinquina dan.'i le midida U-. I'Europe oU dans une des Colonies europdennes. Prix. — Une medaille de 1 500 francs. N, B. Ln Soci^t< se reserve, s'il y a lieu, de d<5cerner des seconds prixoo d'accorder des encouragements. — M. le comte d'Epremesnil, secretaire general, presente le Rapport sur les travaux de la Commission des recompenses (1 ^ ; puis il a et^ precede h la distribution des m6dailles, menlions honorables et recomper.ies pecuniaires. La Societe a decide, en premier lieu, qu'une adresse serait envoyee a S. M. la Reine d'Espagne, comme t'MTioignago de la reconnaissance de la Societe pour la haute protection accordee par Sa Majesle aux diflerenls essais d'acciimatation entrepris dans ses Etats. , Les recompenses docernees cette annee sont : 1' Ouat'"e til res de membres honoraires. 2" Deux grandes m^dailies d'or, recompenses hors classe. (1) Cette Commission ^UAi compos^e : Metnbres de droit. Le President et le SecrAtnire j»eneral. Membrex ^ ux par leConseil. — MM. Augusta Dumeril, Frederic Jacquemart, Passy et Jacques Valserres. Men^nes el'is par ic'^ ci'-q wclinnx. — MM. Bi^ot, le docteur Citouippe, Dareste, le baron Le Guay, el Polel-Lecouteux. XXIV SOCIETY IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 3° Vingt-quatre mMailles d'argent, m^dailles de premifere classe. U° Vingt-sept mMailles de bronze, m^dailles de seconde classe. 5° Vingt-trois mentions honorables. 6° Trois recompenses pecuniaires. Les litres de membres honoraires out ete conteres a : MM. BouRsiER DE LA RiviKRE, Consul de France en Californie. Le due de Gramont, minislre pl^nipotentiaire de France ci Turin. Le docieur Von Siebold, h Bonn (Prusse). S. Exc. Chretien de Steven, a Saint-Pc^tersbourg. La premiere grande medaille d'or, hors classe, a ete decernee auMiNisTEREDE laGlei{RE. Cette medaille devait^tre remise au Minislre le lendemain de la seance, au nom de la Sociele, par M. le Prt'sident el deux aulres membres du Bureau; mais S.Exc. le marechal Vaillanl, Minislre de la guerre, a voulu re- cevoir, a la seance m6me, des mains de M. le President, la premiere grande medaille d'or attribuee au deparlement place sous sa baute direction. La seconde grande medaille d'or a ete decernee a M. Aubry- Lecomte, ancien aide-commissaire de la marine au Gabon, qui aeu riionneur de la recevoir des mains de S. A. L le prince Napoleon. (Pour les aulres recompenses accordees par la Sociele, voyez ci-apres le Rapport de M. le comle d'Epremesnil.) ; Parmi les laureats, presque tons ceux qui babitent Paris ou ses environs, el plusieurs habitants des departements eloignes, sont venus recevoir les recompenses qui leuravaient ete attri- buees, el qui ont ele remises par S. Exc. le Minislre de Tin-* slruclion publique aux fonctionnaires ressortissant a son deparlement, par S. Exc. le Minislre de I'agriculture et du commerce aux industriels el aux agriculteurs, el par M. le President aux aulres laureats. Le Secretaire des stances, Aug. Dumeril. Le Conseil a arrcite que loules les pieces lues dans la seance publique du 10 seraienl irnprimees in extenso dans le Bulleti?i, el placees en t6te du volume en cours d'impression. .i ' ' ' DISCOUKS DUUVEMTURE. * ^.> XXV DISCOURS D'OUVERTURE Par in. b. GEOFFROY SAIKT-HILAIBE, PnfelDBNT DB LA SOCIBTE, Monseigneur, Messieurs, La Societe imperiale zoologique d'AccIinmtation entre au- jourd'hui dans la quatrieme annee de son existence. Le 10 fe- vrier 1854, ses membres fondateurs s'etaient reunis dans une modeste enceinte et comme en famille, pour se constituer et commencer leurs travaux ; elle vient, pour la premiere fois, en apporter les resultats au public ami des sciences et du progres. Pour la premiere fois aussi, elle va distribuer ses recompenses aux savants, aux agriculteurs, aux praticiens qui, en Europe et hors de I'Europe, ont repondu a son appel par d'utiles expe- riences et plusieurs deja par d'incontestables succ^s. Tel est le double but de cette reunion, dans laquelle mes coUegues ont voulu que je prisse le premier la parole, pour retracer Forigine et le but de notre Societe. D'ou sommes-nous venus? Oil ten- dons-nous ? Quelle oeuvre voulons-nous accomplir ? J'essaierai de le dire en peu de mots. Chaque climat a ses productions •, chaque region ses especes animalei et vegetales. Mais la nature les y a-t-elle invincible- ment attachees ? A-t-elle pose des lois qui leur interdisent de franchir les limites de leur patrie originelle ? Sont-elles com- parables a ces Hots de la nier condamnes a venir briser eter- nellement, au pied des monies rochers, leur force brute, leur violence inutile ? Dieu leur a-t-il dit, a elles aussi : Vous vien- drez jusqu'ici •, vous n'irez pas plus loin ! Jetons les yeux autour de nous, et nous lirons partout la m6me reponse. Parmi les Vegetaux, le Ble, la Vigne, la Pomme de terre et une foule d'autres sont-ils des presents de notre sol? Non, le Ble et la Vigne nous sont venus de TOrient, la Pomme de terra XIT! SOClfiTfi IMP^RIALE 7W)L0GIQUE tf'ACCLlM AT AXIOM. d'Amerique ; plantes acclimatees en Europe, les deux premieres de temps immemorial, Tautre au xvi* si^cle, et maintenant plus multipliees chez nous, [jarce qu'elles y sont plus utiles, qu'aucune d% <^\\^ qiie lA nAtlli^e y av^it ^la^ees. Immenses Lienfaits, ettels, au jugenientdes anciens, qu'ils ne pouvaient venir que de mains divines ! Ceres , Triptoleme, Bacchus , avaient leurs places dans rOlympe : dieux de la paix a cote des dieux de la guerre, et les plus cbers, sinon les plus craints. Pieux enthousiasme, ardente reconnaissance delajeune huma- nite, avec lesquels contraste tristement la froide et oublieQse indiff<^rence des generations modernes. Qu'un conquerant ait ajoute une province a son empire il y a vingt siecles, et nous sa- vons tous son nom : savons-nous aussi bien que Hawkins et Drake ont fait la pacifique conqu^te de la plante que Parmen- tier a depuis cultivee et repandue ? Pourtant, si ce conquerant est un heros, Hawkins, Drake, Parmenlier, sont les bienfaiteurs du genre humain. j^ INos animaux les plus utiles ne sont pas plus que nos vege- taux alimentaires, originaires du sol dont ils forment aujour- d'hui U principale richesse. Le Cheval et I'Ane, le Boeuf, le Mouton et la Chevre, le Chien et le Chat, la Poule, le Faisan, le Paon, la Pintade, et n'oublions pas le plus petit, niais non le moins important de nos animaux domestiques, ie Ver a sole, sont des dons de I'Asie ou de I'Afrique : les uns, et les plus precieux, obtenus dans la haute antiquite; les autres acquis aux temps des guerres grecques ou de la domination romaine. Dans les tewps modernes, pons avons du a FAmerique le Co- baie, le Dindon et deux Oiseaux d'eau. Tellement que des quatre grandes parties du monde, celle qui a le moins enrichi I'Kurope, c'est I'Europe elle-meme. Nos animaux domesliques sont ndtres, non par droit de naissance, maispar droit de con- qu6te. L'homme a commande et la nature a obei. Mais l'homme avait-il assez commande ? la nature avait- elle assez obei? On a semble le croire, et j\ii du autrefois repondre, et m6me a plusieurs reprises, a ceux qui disaient : Nos especes domesliques suffisent a tous nos besoins : le Gbevai etle Bowif nous donnent leur force; le Boiuf, le Pore, DISC0UR8 D OUVEKTURK. VXVU le Moutori et la volaille leur chair; la Vache et la Ch6vre leur lait ; la Poule ses oeufs ^ la Brebis sa laine ; le Ver tlu mOrier sa soie : pour([uoi done de nouvelles conqu6tes? Nous soiDHieg assez riches : reposons-nous sur iios richesses ! J'ai fait Tinventaire de ces pretendues richesseSi el voici ce quej'ai trouve : dans la nature, cent quarante miile espies animates au moins; etsur ces innomhrabies especes, quaranle- trois seulement au pouvoir de Thonime ! Et encore, sur ces quarante-trois, dix manquent a la France! On cite de ieli chiflres, on ne les conimente pas. Disons-le done hardi- ment : il ne nous reste pas seulement a glaner sur les pas des generations anterieures ; de riches moissons sont eneor« debout. L'objectron que je viens de rappeler n'est-elle que fausse ? Je ne craindrai pas de lui faire un autre reproche : j'oserai la dire egoiste, presque inipie. N'avons-nous pas u tenir compte des besoins loujours nouveaux que cree I'accroisse- nient conlinu de la population, qu'amene le flot toujours mon- tant de la civilisation ? Et celte parole : Reposons-nous sur nos richesses ! ne se ramene-t-elle pas en derniere analyse a eell^ ci : Nos peres ont beaucoup fait pour nous> nefaisons rien pour nos fds. Dieu a fait Thomme roi des trois R^gnes ; des trois grands royaumes de la nature, disaient nos peres. Pensee aussi juste que feconde, mais si elle est bien comprise. L'homnie ne regne sur la nature qu'a la condition de se l'6tre asservie par le tra- vail, de Tavoir vaincue, de la vaincre sans cesse. L'homme n'est le maitre que decequ'il a conquis, dece quMl conquiert chaque jour; tellement qu'il ne saurait s'arr^ter sans reculer; et s'il etait jamais possible qu'il voulut se reposer sur ce tr^Qie d'ou il domine la creation tout entiere, il n'y demeurerait pas 5 le second jour de son repos si'rait le premier de sa decbeance. a Tu tra- yailleras^ et ton labeur sera grand » : divine parole qui n'est pas seulement applicable a chacun de nous, mais aux peuples coMime aux hoiiinies, a la Societe. a rhumaiiite tout entiere. Ne nous arrfiloiis done pas plus dau> la possession de la na- ture vivante, qu'a cote de nous, les geologues, les physicien^ XXVIH S0ClfiT6 IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les chimistes, les industriels, dans celle, si ardemment pour- suivie, de la nature inanimee. L'industrie aussi est riche •, son empire est immense deja : la voyons-nous moins empressee a en reculer les li mites? a explorer le globe sur toute sa surface et jusque dansses plus secretes profondeurs? Non, plus elle en a obtenu, plus elle lui deraande, et plus elle en obtient; car elle a maintenant contre lui toutes les ressources dont Tont armee ses victoires anterieures : tous ces metaux, toutes ces roches, tous ces combustibles, qu'elle s'est successivement ap- propries •, toutes ces forces qu'elle a su faire jaillir de la combi- naison de ces elements et du jeu reciproque de ces corps; toutes ces merveilles par lesquelles le genie des Watt, des Volta, des (Ersted, des Ampere etde leurs successeurs, semble avoir pris a tache de realiser tous les r^ves de nos peres, toutes les fictions de I'Orient ! Hien n'est impossible a la nature, disait Pline. Rien n'est impossible a la science, mot d'Arago, il y a vingt ans, et de nous tous, depuis que nous voyons tous ce que I'illustre physician' commen^ait a voir ou ce qu'il pressentait: la nature partout vaincue; la vapeur entrainant des popula- tions enlieres, avec la rapidite de Tancien telegraphe, sur notre sol nivele, sur nos fleuves, et jusque sur TOcean qui ne separe plus les peuples, mais bien plutot les reunit j lalumiere devenue pour nous peintre et graveur, le plus delicat, le plus fidele des peintres, le plus prompt, le plus exact des graveurs-, I'electricite esclave plus soumise encore, Proteeauxmille formes, et m6me, est-ceassez dire? Elle grave, sculpte, et dore; compose et de- compose les corps-, elle meut nos machines; elle eclaire nos nuits de la seule lumiere que n'efface pas celle du soleil; elle porte notre pensee le long de ses fils mysterieux, avec cette vitesse de la foudre, qu'on peut bien calculer, mais qu on ne saurait ni exprimer ni m6me concevoir. Qu'est-ce, pres d'elle, que le vol de I'aigle, I'elan du boulet a la sortie du canon, la course elle-m6me de la terre dans son orbite? le repos, I'im- mobilite ! Nous n'avons sans doute a atlendre de telles merveilles ni de Tagriculture ni de I'acclimatation : mais il n'est pas neces- saire qu'un progres soit un prodige pour 6tre un bienfait. Je le DISCOURS D OUVERTURE. XXIX disais recemment (1), et je rappellerai ici cette veriteque nul n'a conteslee : A chaque science, a chaque art, sa mission, et pour ainsi dire sa fonction sociale 5 et celle de Thistoire naturelle et de ses applications n'est pas la moins irnportante. Ce n'est pas sans motifs que, dans la Genese, Abel et Cain, p^res de I'agriculture, sont antcrieurs a Tubalcain. pere des arts mecaniques, comme dans rOlynipe mytliologique, Ceres, deesse des nioissons, precede Vulcain et Mercure, dieux des arts et du commerce. Avant les arts mecaniques, physiques, chimiques, aux(juels se rapportent la construction, Tarrange- ment de nos demeures, et nos voies de transport et de com- munication, avaient dOi venir les arts agricoles auxquels il appartient essentiellement de nous alimenter et de nousv6tir: ceux de tons par consequent dont Taction sur nous est la plus immediate et la plus intime, comme la plus continue ou la plus souvent repetee. Les progres des autres arts entretiennent le mouvement social et pour ainsi dire la vie des peuples; mais, avant tout, de ceux des arts agricoles dependent la sante et la vie des hommes. Et c'est pourquoi en agriculture il n'y a pas de petit progres. « Celui, dit Voltaire, qui fait croitre deux brins d'herbe ou il n'en croissait qu'un, rend service al'Etat.» Comment ce qui estvrai de I'agriculture. ne le serait-il pas de sa branche la plus nouvelle, et peut-6tre la plus feconde, Tacclimatation? Et ici, m6me, serait-ce assez de rej)eter le mot de Voltaire? L'acclimatation, la domestication d'une espece animale ou vegetale utile, ne profite-t-elle qu'au pays qui I'a re^ue le premier des mains de la science? et au temps ou I'ac- climatation a ete obtenue ? Est-ce un progres local et tempo- raire? ou destine a etendre au loin son heureuse influence, et a se perpetuer dans Tavenir? C'est demander si le premier qui a dompte le Cheval, nourri le Ver a soie, seme le Ble, a bien merite d'un peuple et d'un siecle, ou de tous les peuples et de tous les si^cles ? si la Pomme de terre cultivee d'abord en Vir- ginie, vers 1580, est sortie de ce pays ; si son acclimatation a ete un bienfait pour quelqugs hommes ou envers Thumanite ? (1) Lettres sur les substances alimentaires^ et particuli^rement sur la viande de Cheval. Paris, ln-12, 1856. IXX SOCIETlS IMPERIALE ZOOLOGIQL'E d'aCCLIMATATION. Et puisque de Parmenlier a M. IMontigny la transition est oaturelle, si naturelleque votre pensee s'est deja portee sur lui et sur les dons quMls nous a fails, voyezcequi arrive deja pour rigname et le Sorgho : tout recemment importees en France, a peine sorties des cultures de MM. Decaisne, Pepin, Paillet, Vilmorin, Robert et Hardy, la nouvelle Pomme de terre, la nouvelle Canne a Sucre ont de toute part franchi nos fronticres : la Chine les avait donnees a la France^ la France les a donnees a I'Europe ; elle va les donner a I'Am^rique. Introduire, multiplier une plante utile; domestiquer, accli- Hiater un nouvel animal auxiliaire, alimentaire, industriel, e'est done bien meriter, non des siens, mais de tous ; et apres le present, de Tavenir, puisqu'il s'agitici de richesses destinees a 86 reproduire sans cesse, et par la m^me, non pas seulement a se conserver , mais a s'accroitre de si^cle en si^cle. i Yoila ce qu'ont compris, messieurs, eclaires par les preceptes de Buflbn, par I'exemple de Daubenton, les premiers fonda- teurs de la Societe d'acclimatation : M. le comte d'Epremesnil, M. Richard (du Cantal), et plusieurs autres de nos devoues confreres ; et voila ce qui , dans la premiere et humble reunion d'oii la Societe est sortie, leur donnait deja, en leur fBUvre future, une confiance que le suce^s n'a pas seulement justifiee; il Va depassee. Nous voulons fonder, disions-nous, une association , non-seulement de savants, de naturalistes, d'agriculteurs, mais d'hommes eclaires et d'amis du bien pu- blic, en France et dans tous les pays civilises ; association jus- qu'a ce jour sans exemple, comme I'cEuvre qu elle est destinee a accomplir, etquin^estrien moinsquel'echange, entre toutesles parties du globe, de leurs productions utiles, de leurs richesses naturelles, par le concours de tous, et a Tavantage de tous. Tel fut, il y a trois ans, et tel est encore notre programme 5 telles furent les premieres paroles prononcees dans la Societe naissanle. Ai-je besoin de dire qu'elles ont ele entendues? Tout ce que nous avions espere s'est reaUse, et aussi ce que nous n'osions prevoir. INous avions vc^lu fonder, en m^me temps qu'une association de science et de pratique scienlifiquc, une oeuvre de devouement et de bien public ; nous avons dii noqs DISCOUnS B OUVERtiiP,* ■«?! " (I «w xnxi feliciter, mais non nous elonner de voir bientdt sur notre liste, k cote (les plus beaux noms de la science fran(;ai9e, ceux de ees hommes genereux qu'on trouve partout on il y a du bien a jfcire : les De Metz , les Rainneville, les Saiidoz, les Delessert, les La Rochefoucauld ; noms veneres qui n'honorent pas seule- ment, qui semblent consacrer les institutions qui ont le droit de s'en parer. fK Nous devions aussi compter sur le concours des chefs de Vt- gricuUure et de I'industrie fran^aise; il ne nous a pas fait de- faut, et la Societe a pu bientdt etendre ses essais de culture a la plupart de nos departements, et confier ses laines et ses soies auxplus habiles manufacturiers de Paris, de I'Alsace, de toute la France. Mais, a ces adhesions esperees et prevues, il s'en est ajoute un grand nombre d'autres sur lesquelles nous n'avions nul droit de compter. Parcourez les longues listes de la Societe, et vous verrez que la poesie et les arts y associent leurs plus hautes illustrations a celles de la science. Et ce n'est plus seu- lement a I'lnstitut que des naturalistes ont I'honneur d'avoir pour collogues, avec des chimistes tels que MM. Thenard , Dumas, Pelouze, et des geologues tels que M. Elie de Beau- iBont-, avec des agricuUeurs tels que M. de Gasparin, et des medecins tels que MM. Rayer et Cloquet: avec des savants diversement illustres tels que MM. Chasles, Jomard, Seguier, le mareehal Vaillant , des orateurs comme MM. Odilon Barrot et Dupin, des litterateurs comme MM. Saint-Marc Girardin et liCgouve, des peintres comme Horace Vernet, des composi- teurs coninie Halevy, des poetes comme Lamartine. Est-il necessaire d'ajouter que le Gouvernement a donne a la Societe son appui le plus bionveillant? Non ; mais si je me bor- nais a ces mots, je ne serais pas seulement par trop incomplet, je manquerais a la reconnaissance que ressent la Societe, et je tiens au moins a en deposer Thommage sur des tombes recem- ment fei-mees. Je puis ne pas dire iri, je ne dirai pas tout ce qu'onl fait pour nous, et presque des Torigine de la Societe M. Drouyn de Lhuys au minist^re des affaires etrangeres et ^ la guerre M. le mareehal Vaillant : notre reconnaissance saura XXXII SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. d'ailleurs se temoigner sous d'autres formes, et plus eloquem- mentque je ne saurais rexprimer ici (1). Je me tais done sur tous les services rendus a la Societe par ces deux Ministres, comme sur tout ce qu'ont fait pour elle, en France aussi, M. le general Daumas et M. Mestro, et dans cette Afrique qu'il rend chaque jour plus fran^aise, un autre membre illustre de la Societe, le marechal Randon. Mais comment ne pas rappeler que M. Ducos, Ministre de la marine, mettait a la disposition de la Societe, des la premiere semaine de son existence, un batiment a vapeur de I'Etat pour achever le transport du trou- peau d'Yaks de M. de Montigny, arr6te aux Acores par le naufrage du bfitiment qui I'avait amene de Chine ? Et comment ne pas ajouter qu'a Varrivee de ce precieux troupeau, la Societe en recevait la moitie de M. Fortoul, Ministre de I'instruction publique, et pouvait, grace a lui, commencer sa premifere grande experience d'acclimatation, celle dont un de nos plus eminents confreres vous fera bientotl'interessante bistoire? Tous cesfaits, messieurs, se rapportent a la premiere annee de la Societe ; et elle entrait a peine dans la seconde, qu^elle recevait encore de plus hauls temoignages, les plus hauts dont puisse 6tre honoree une Societe scientifique francaisc. Sur le rapport du Ministre eclaire qui preside aux progres de notre agriculture, et dont la haute bienveillance envers notre associa- tion se temoigne trop bien en ce moment m6me pour que j'aie besoin de vous la dire (2), le Conseil d'Etat declarait etablisse- ment d'utilite publique la Societe presque naissante encore •, et, dans la m^me semaine, I'Empereur, en relevant au rang de Societe imperiale, voulait bien se faire inscrire lui-m6me, en t6te de sa liste, comme membre protecteur. (1) Dans la m6me stance, la premifere grande m^daille (ror (hors classe) a €l& d^cern^e au Minist^rede la guerre, et remise par le President a S. Exc. le marechal Vaillant, au milieu des tt^moignages de la plus vive sympathie de I'assembl^e tout eniiere (voyez le Proc^s-verbal, page xxiv). Et peu de jours apres, le 20 f^vrier, M. Drouyn de Lhuys a et^ ^lu vice-prdsident de la Society ii la presque unanimity des suffrages (299 sur 30Zj). Des membres de presque tous les fitats de TEurope, usant du droit que leur conf^re le Mglement, avaient envoys leurs votes sous pli cachet<5, et ont concouru h cette Election. (2) Voy. p. XXI. 1^ XXXIII La Societe ii'a pas formuler les resolutions arr^tees au sein de la Commission. Depuis plus d'un mois, celle a qui vous avez confie le soin d'examiner les pieces de ce concours tout nou- RIPPORT SUR LES TRAVAUX DE Li SOCll^.Tifc. \XXl% veau, si propre a favoriser les essais serieux et utiles, s'est fre- quemment reunie. Ses propositions, adoptees par le Conseil, vous seront, dans un moment, exposees par M. le Secretaire general. Une autre Commission, chargee par vous d'etudier, a notre point de vue, divers produits de I'Exposition universelle de 1855, vous a presente une serie de rapports oii se trouve un vaste catalogue des principaux objets dontl'acclimatation et la propagation ont paru devoir 6tre plus specialement designees a vos efforts (1). A la suite de cette admirable lutte des industries de toutes les parties du monde, de nombreux dons ont ete re^us de MM. le» Commissaires des gouvernements etrangers. M. Guerin- Meneville, en vous faisant, dans un rapport, une enumeration methodique de ces presents, a surtout insiste sur leur im- portance comme materiaux de la collection d'histoire natureU^ appliquee deja fort riche que nous possedons, et dont une petite partie est renfermee dans les vitrines de la salle de nos reyir jjions habituelles (Bulletin, t. Ill, p. 12). .^', , ^\ ^n pcint de vue plus special, M. Dareste vous a entrctenu, k I'occasion des dons de I'exposition australienne (Bulleiin, t. Ill, p. 57), des ressources que ce riche pays peut fournir pour des tentatives d'acclimatation en Europe, a cause de I'analogie des climals de certaines regions de TAustralie comparees a ritalie, a I'Espagne et au midi de la France. C'est surtout de la terre de Van-Diemen et des parties les plus meridionales de la Nouvelle-Zelande qu'on peut recevoir des productions vege- tales et animales tres precieuses pour nous, et dont il est per- mis d'esperer la facile propagation sur notre propre territoire. Sous ce rapport, nous avons deja plus que des esperances, c^r les soins les plus attentifs apportes par MM. Chatin, Mo- quin-Tandon, Paillet et Lhomme a la culture du remarquable Igname de la Nouvelle-Zelande, que la Societe a regu de (4) Introflactiou k ces rapports par M. Lobligeois, secretaire de la Com- missioa gdiii^rale, t. (II, p. 100. — Rapport de la Sous-Coir mission charg^'* de Texaiuen des mieis et descires (M. |5igot, rapporieur), t. Ill, p. 101. — Rapport sur les iiuiles et les vjas (M. Dareste, rapporteur), t. Ill, p. 235. XL S0C1]^T]6 IMPlfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. Pidtlington et qui etait completement inconnu en Europe, demontrenL qu'il sem digne de prendre un rang eleve parmi les utiles produits alimenlaires fournis par les Dioscorees. Cette source de richesses pour notre agriculture semble, au reste, devoir s'accroitre prochainement et de la fagon la plus heureuse, grace aux nouveaux temoignages du zele infatigable deM. de Montigny et de savive sollicitudepour lesinter6ts de la Societe. Charge par le gouvernement, comme on le sait, d'une mis- sion extraordinaire dans le royaume de Siam et en Cochin- chine, notre ardent et habile confrere a deja fourni d'eclatantes preuves de son desir de faire servir d'une fa^on efficace a Tavancement de nos travaux la haute position qu'il doit a la confiance du Souverain. Nousavons dejaregu de lui deux dou- zaines environ de differents tubercules feculeux qui, nous dit-il, sont la providence des Siamois et doivent devenir pour nous une ressource assureecontre la famine. II est inutile, messieurs, de vous dire avec quelles precautions minutieuses la culture de ces plantes sera entreprise a Alger sous Tintelligente direction de M. Hardy, et plus pres de nous par ceux de nos confreres dont I'experience est un siir garant des efforts qu'ils feront pour ne rien negliger en vue d'un succes que nous devons ap- peler de tons nos voeux. Comment, en presence de la maladie qui atteint avec tant de violence le tubercule dont I'usage populaire est du a notre illustre Parmentier, ne souhaiterions-nous pas ardemment la multiplication sur notre sol de vegetaux destines a en devenir les utiles succedanes ! La plus connue jusqu'a ce jour parmi ces plantes a fecule, rigname de la Chine {Dioscorea batatas)^ commence, grace a la perseverance d'un grand nombre de nos confreres, et parti- culierement de M. Paillet, a prendre place parmi les vegetaux dont la culture, etablie des maintenant sur de vastes propor- tions par M. Remont dans les departements de Seine-et-Oise, delaDr6meetdesLandes(5M//e^, t. Ill, p. 577), deviendra sans doute usuelle dans un temps peu eloigne. On peut consi- derer comme devant contribuer a hater ce resultat la possession RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA S0C1£t£. XLI toute recente des graines que M. Hardy vient d'obtenir k Al- ger, et qui, jusqu'a ce jour, nous etaient inconnues. Elles per- mettront, ainsi que le fait observer noire confrere, de modifier par des semis repetes la facheuse tendance de cette racine a pivoter profondement, ce qui en rendra plus facile Temploi agricole. A la suite de ces Dioscorees, il faut citer diverges plantes dont on vous a rappele les proprietes alimentaires. Tels sont le Cerfeuil bulbeux (Chcerophyllum bulbosum), le Zetout d'Algerie {Iris juncea), et TEpinard de Goree, sur lesquels votre attention a ete fixee par MM. Sacc, de Ces-Caupenne et Sicard {Bulletins, t. Ill, p. 352, A56 et 265). Mais, parmi les vegetaux dont la conqu6te est entreprise, c'est de la pre- cieuse Canne a sucre, ou Sorgho du nord de la Chine {Holcus saccharatus)^ qu'on vous a le plus souvent entretenus. Utilisee non-seulement pour la production du sucre et de I'alcool, elle I'a ete par M. d'lvernois, puis par d'autres, comme plante four- rag6reexcellente,dont les bestiaux se nourrissent avec avidite. De plus, les recherches de M.le docteur Sicard lui ont demontre la possibilite defabriquer avec cette gigantesque graminee un papier fort resistant et d'en obtenir un grand nombre de ma- ti^res colorantes tres varices. Les essais de culture ont eu lieu non-seulement en Algerie et en Provence, mais m6me aux en- virons de Paris, ou les resultats n'ont pas ete moins satisfai- sants. Des documents nombreux sur ce sujet sont consignes dans le troisieme volume de nos Bulletins^ et seront lus avec inter^t par ceux qui voudront connaitre, d'apr^s leurs propres tentatives, les avantages que le Sorgho pent ofl'rir aux cultiva- teurs. On saura bient6t quels sont ceux qu'il faut attendre du Riz sec des provinces septentrionales de la Chine. Par les soins de M. Tastet, qui a deja mis un grand zele a faire parvenir en France d'autres plantes de ce pays, la Societe va en recevoir de notables quantites, qui completeront la provision recemment envoyee par M. de Monligny. Outre les vegetaux d'origine chinoise, la Societe a ete mise en possession, par les soins obligeants de M. Mestro, I'un do ses membres et directeur des Colonies au ministere de la ma- XLII SOCIHSTlfe IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATITION. fine, de nombreuses semences et racines des Antilles, qui out ete placees dans les conditions les plus favorables pour qu'on pilten obtenir la reproduction [Bulletin^ t. Ill, p. hhQ>). M. Koenig-bey, membre tres actif de notre Comite d'Alexaa- drie, a fait present de plantes d'Afrique et de graines de Jav*. On en a regu de Tile Maurice par MM. Lienard pere et fils,,;c Tousles details qui precedent, etquelques autres que le de- feat de temps me force a passer sous silence, vous montrent, wessleurs, la multiplicite de nps travaux relatifs a I'introduotion des vegetaux etrangers. Vous ne devez done pas 6tre sqrpris que le Conseil, comprenant toute I'importance de ces travaux, m6me au point de vue de I'acclimatation des races animalea^ ait decide que la Commission permanente des vegetaux devien- drait, ainsi que les autres subdivisions de la Societe, une sec- tion particuliere. II n'en maintient pas moins, et avec le plus grand soin, les elements de son programme, primitivementre- dige pour Tetude speciale de questions dfi zoologie. Ces questions ont ete, pendant cette derniere annee, varices fit nombreuses. Relativement a Teducation des Insectes producteurs de la soie, les etudes se sont poursuivies avec zele sur un grand nombre de points. Si, pour les Vers a soie sauvages du ChiSpp {Bombyx on Saturnia Pernyi et Mylitta), tres exactem-ept observes dans leur developpement comme dans leurs m^ta^oof^ phases par M. Chavannes {Bullet. ^ t. Ill, p. 1A5), et dont de nouveaux envois nous sioot promis, le succes, presque assure, i\ est vrai, n'est cependant pas encore completement obtenu, il li'efl est pas de m6me du Ver k soie du Ricin {Bombyx Cyn- thia). Aux beureuses educations poursuivies a Alger, aipsi qu'i Valence, en Espagne, par MM. Hardy et Robiliard penda|:*t Tannic 1855, il faut aJQut^er aujourd'hui celles qui sont entre- prises en Sicile et en Portugal par les soins de M. le barop Ancaet de M. le chevalier Plantier du Pombal. Rientot, grace aux nombreuses reproductions obtenues dans les salles de la menagerie des Reptiles au Museum d'histoire naturelle de Paris par M. Vallee, des envois de graines ont pu 6tre faits en Prusse a notre Societe affiliee, et en Egypte, ou notre Comite pie HAPFURT SVK LB8 TRAVAUX HE LA SOCIKTfc. XLIIi negligera rien pour mettre le mieux possible a profit les heiir reuses coiuiitions climateriques de cette contree. Je ne dois pas omettre de rappeier n1'e'M»r Relativement aux travaux qui concernent les Mammiferes, la XLVIII SOClfiTfi IMPfiRULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Societe a lieu dese feliciter plus que jamais des succes qu'elle obtient avec les esp^ces dont elle a deja tenteracclimatation. Je dois cependant 6tre bref sur ce sujet, car il appartient a notre savant confrere, M. de Quatrefages, de vous entretenir specialement des Yaks et des Chevres d'Angora, nos conqu6tes lea plus precieuses. II en est une autre de la plus haute importance que compte entreprendre S. M. I'Empereur du Bresil, qui a daigne nous autoriser a placer son nom en t^te de la liste de nos membres. II s'agit du Dromadaire, dont la structure est si admirablement appropriee aux exigences et aux difficultes de la vie du desert. Ce robuste et sobre animal rendrait d'immenses services dans les regions sablonneuses de ce vaste empire, si, comme on Fespere, il pouvait y 6tre acclimate. Notre Societe, consultee par le gouvernement de S. M. Don Pedro, et desireuse de justi- fier cette haute marque de confiance, puisera en grande partie les elements de sa reponse dans le rapport dont MM. Richard (du Cantal) et Albert Geoffroy-Saint-Hilaire doivent recueillir les materiaux en Algerie, avec le concours eclaire de M. le ge- neral Jusuf et de M, Bernis, veterinaire principal de nos armees. Differentes questions relatives a I'amelioration du betail de cette colonic ont ete soulevees devant vous cette annee, Mes- sieurs, et vous ont une fois de plus montre I'ardente solHcitude de S. Exc. M. le Ministre de la guerre pour ceriche pays, oil la charrue doit, apr^s I'epee, selon les expressions du marechal Bugeaud, assurer a jamais notre puissance. Or, comme les pro- gr^s de I'agriculture sont etroitement lies a ceux de I'eleve des bestiaux, vous ne serez point surpris que I'administration de la guerre ait genereusement mis a notre disposition les fondsne- cessaires pour favoriser introduction sur le sol africain d'une racedeboeufs d'Egypte, dite race beMdi^ qui, suivantles obser- vations de M. de Montigny, parait offrir, pour le succes de cette tentative, les plus heureuses conditions. La remarquable race bovine de Bazas, dans le departement dela Gironde, conservee pure de temps immemorial dans cette localite, et connue sous le nom de race bazadaise^ semble ega- lement promettre a V Algerie, comme M. de Lacoste a cherche RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCII^.T^. XLIX a vousle demontrer dans une iiitcressante Notice, un excellent auxiliaire pour les travaux agrirolcs [Bullet., t. Ill, p. 329). Le BcDuf bazadais est en effet, d'apres M. Dupont, qui I'a de son C(He etiidie avec le plus grand soin, un bocuf de travail robuste ot infatiguble. * L'Egypte, qui nous a deja fourni une Cbevre exceliente lai- ti^re, pourra sans doute donner a nos colons d'autres Rumi- nants, dont la chair abondante et de bonne qualite apportora de nouvelles ressources a Valimentation. C'est ce desir de voir s'accroitre les quanlites encore insuffisantes de viande de bou- cberiesur notre territoire algerien, quia motive les recherches pleines d'enseignements utiles sur la race ovine indigene que M. Bernis vous a soumises, afin de vous demontrer I'utilite des ameliorations que cette race peut recevoir par suite de croise- ments sagement combines [Bullet., t. II, p. 597, et t. Ill, p. 65 et 103). Ce m6me membre, mettant utilement a profit ses vastes con- naissances dans son art, vous a montre tout ce quil est possible de faire pour deter la colonie de chevaux propres aux divers usages auxquels est destine ce noble animal , que rend plus precieux encore, dans cette con tree, le melange du sang arabe [Bullet., t. HI, p. 321, 369 et /i65). Tel est, Messieurs, le resume des principales questions agi- tees devant vous pendant Vannee 1856. En voyant ainsi mar- cher de front des travaux si divers en apparence, mais qui tendent tous vers le plus noble but, I'amelioration du sort de I'homme, vous ne devez point 6tre etonnes de Tessor qu'elle prend cliaque jour. Au milieu de tant de travailleurs devoues qui marchent ensemble, en s'eclairant mutuellement les uns les autres, la mort a malheureusement fait cette atmee quel- ques vides. Nous avons perdu M. Marcel Atger, avocat, M. le marquis du Bouchet et M. Alfred du 3Ieril, ancien magistral. Sorti jeune du parquet, ou il tenait un rang distingue, il s'oc- cupait depuis longtemps de travaux agricoles avec un succes qui lui merita, pendant plusieurs annees, les honneurs de la presidence de la Societe d'horticulturc de Caen (1). A ces (1) Le tome I de nos Bulletins (page 345) renferme I'extrait d'une Notice T. IV. — F6vrier 1857. rf L SOCIlfeTE IMPIJIRIALE ZOOLOGIQUE D*ACCLIMATATION. noms il faut joindre ceux de M. Philemon Fouquet, de M. le baron Friddani, de M. Jules Haime, jeune et savant natura*? liste, qu'une longue et cruelle nialadie a tenu eloigne pendant pr^s d'une annee de nos travaux, auxquels ses connaissances etendues et varices lui permettaient de prendre une part active et toujours utile (1). Citons encore un habile cultivateur, M. Lanchere, M. Henri de Leautaud, M. Adrien Leve et M. Nell de Breaute, inembre correspondant de TAcademie des sciences de Paris. Enfin , la mort a atteint dans les contrees les plus lointaines, au milieu de ses perilleuses fonctions, un de nos piembres honoraires, Monseigneur Maresca, eveque de Solen, vicaire apostolique du Kiang-nam , Tun des chefs de ces har- dis et genereux missionnaires qui meurent heureux si leur foi triomphe, et qui aiment, au milieu de leurs rudes travaux et de leurs penibles epreuves, a servir les inter^ts de la patrie absente (2). ilc M. du Meril, qui offre cet int^rfit particulier qu'elle exposait dfes iShli quelques-unes des id^es expiim^es dix ans plus tard dans le programme de nos travaux. (1) Un remarquable rapport de M. Haime, sur la proposition si favora- blement accueillie, d'ouvrir une souscriplion au sein de uotre Soci^t^ en /aveur de la famille du p^cheur, est ins^r^ dans nos Bulletins, t. II, p. lOZi, et Ton trouve dans le tome I, page 2i5, une Note savante sur I'^tat de la culture chez les anciens Romains. (2) Nos Bulletins contiennent de nombreuses preuves des services que nous rendent MM. les Missionnaires en Chine, et de notre vive reconnais- sance pour leurs dons. 9tflTr NOTICE SUR LKS YAKS El LES CHfeVRES d'aNGORA. II Jfl NOTICE il» ■J SUR LES YAKS ET h¥.S CHEVRES D' ANGORA u» IMPORTfiS EN FRANCE DEPDIS LA FONDATION DE LA SOCI^lfi Par n. A. de QUATREFA«ES. .J.; Messieurs, Itorsqu'un homme a entrepris une tache difficile et longue, jl est boil qu'aux divers points de sa carriere il jette de temps a nutre nn regard en arricre et se resume pour ainsi dire a lui- m^me le resultat de ses efforts. Dans cette revue retrospective il puise des enseignements de tout genre, des lemons, deg encouragements. Mais, si cette espece de revision est utile a i'homme isole, elle est bien plus necessaire encore a une 60- ciete, 6tre coUectil', occupee de mille travaux, ou ne saurait exjster la iii6me unite de pensees, et ou cliaque jour une serie d'idees est interrompue ou croisee par quelque chose de nou- yeau ! Cette reflexion m'est venue quaiid mes confreres ont bien voulu m'engager a prendre la parole aujourd'hui. II m'a gemble que vous seriez bien aises dc mesurer I'etendue de quelques-unes des voies nouvelles ouvertes par vous : j'ai pense que peut-6tre je rapprendrais a plusieurs ce qu'ils ont con - tribue a faire. Voila pourquoi je viens vous dire quelques mots des Yaks et des Chevres d'Angora. ^ „ ... Au moment ou la Societe d'acclimatation se formait, il y a trois ans a peine, les naturalistes parlaient, par oui-dire seu- lement, d'un animal fort curieux, entrevu des le xiii« si^cle par le grand voyageur du moyen age, Marco Polo ; retrouve, pour ainsi dire, il n'y a pas cent ans, par Gmelin et par Pallas, et mentionne depuis par les rares Europeens qui ont franchi les flancs de THimalaya. A en croire ces divers temoignages, le Yak etait ponr les habitants du Thibet, pour les plateaux LII S0C11&T6 IMPERULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. glaces de la haute Asie, ce que le chameau est pour I'Arabe et les deserts brulants de I'Afrique. II donnait a la fois du lait, de la laine et de la chair •, il servait de monture, de b6te de trait et de h6te de somme ; enfin, sa queue, ornee de polls longs et soyeux, devenait tantot un objet de luxe, tantot le signe du conimandement. Voila, messieurs, ce que Ton trouvait raconte dans tous les livres d'histoire naturelle; mais Vanimal objet de ces recits n'en restait pas moins en quelque sorte a I'etat de mythe. II manquait dans toutes les collections, et le Museum de Paris lui-m6me n'en possedait qu'une queue et un crane en fort mau- vais etat. Vous jugerez combien etait grande la penurie de no- tions precises sur le Yak, quand je vous aurai dit que notre honorable President, M. Isidore GeoflVoy, depuis si longtemps preoccupe de la grande pensee de I'acclimatation , ecrivant I'ouvrage ou il a developpe ses vues a cet egard, croyait devoir garder a son sujet la plus grande reserve, et renvoyait a une epoque ou on le connaitrait mieux I'acquisition d'un animal d'une utilite si evidente. Tel etait I'etat de la question, lorsqu^un homme dont vous avez tous apprecie I'ardente initiative, M. de Montigny, alors consul de France a Chang- Hai, entendit parler du Yak et des services rendus par lui aux Thibet,ains. Aussitot, et sans s'ar- T^ter aux difficultes de I'entreprise, il prit des mesures pour s'en procurer. Ces difficultes etaient reelies. Du haul Thibet aux cotes orientales de la Chine, la route est longue, les differences de climat considerables. Les fatigues du voyage, le change- ment de milieu etaient d'autant plus a redouter que, jusque- la, le Yak semblait ne pouvoir s'acclimater hors de ses monta- gnes natales. II ne pent m6me, assure M. dc 3lontigny, prosperer et vivre sur les versants indiens de THimalaya ; ce qui explique comment notre intrepide et malheureux Jacquemont n'en a pas rencontre un seul pendant tout son voyage. Etpour- tant les Yaks demandes par notre confrere arriverent a bon port, le dos toutpele, il estvrai, parce qu'ilsavaient transporte a travers la Chine entiere les conducteurs et les bagages, mais d'ailleurs en pleine sante. Pendant quatre annees ils vecurent NOTICE SUR LES YAKS ET LES CBEVRES D ANGORA. LIII a Chang-Hal et se reproduisirent. lis avaient eu realite subi une premiere acclimatalion. Restait a les conduire en France, car iM. de Montigny n'a- vait pas travaille en vue de son inter6t personnel. Ce qu'il vou- lait, c'etait doter son pays d'une especedomestirjuenouvelle et utile. Or, pour atteindre ce but, les Yaks avaient a faire une traversee par mer dont vous connaissez Tetendue 5 ils devaient supporter pendant des rnois entiers les clialeurs du tropique, et couper deux fois Tequateur. L'epreuve etait rude. Elle fut subie victorieusement. iMulgre des retards imprevus el un relache force aux Agores, le troupeau embanjue en Cliine parvint heureuseiuent en France, et plus tard au Jardin des Plantes, au mois d'avril 185/1. Je vieus de proijon<'er le mot de troupeau : c'est qu'en effet M. de Won igiiy av;iit opere siu* une echelle exceptionnelle. II ameiiait en France douzo Yaks taut males que femelles el de divers ages. Les principales races et varietes de I'espece etaient en outre representees dans ce choix d'individus, car on en coniptait trois blancs et pourvus de cornes, cinq egalement blancs, mais sans cornes, enfin quatre noirs egalement sans cornes. Pour tirer de ces richesses le meilleur parti possible, il fal- lait les diviser et tenter Tacclimatation sur plusieurs points a la fois. Le Ministre de Tinstruction publique, M. Fortoul, voulut bien suivre dans cette repartition les indications serieusement niotivees que lui transmit le Conseil de la Societe. En conse- quence, les trois Yaks de race blanche et cornue furent places au Museum, dans la menagerie fondee par Geoffroy Saint- Hilaire pere, etque dirigeaujourd'hui M. Geoll'roy Saint-Hilaire Ills. Les cinq individus de race blanche et sans cornes furent attribues a la Societe d' acclimatalion 5 les quatre individus de race noire furent envoyes directement a notre confrere, M. le comte de Morny, dans TAllier, et au Cornice agricole de Bar- celonnette, dans le departement des Basses-Alpes. Geux dont la Societe pouvait disposer furent confies, au nombrede trois, a M. Cuenot de la Malecote, proprietaire dans le departement du Doubs. M. Jobez, proprietaire dans le Jura, se chargea des LiV SOCIETE IMPI&RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. deux autres. Une partie de ces animaux a ete remise depuis fdrs/avec rassentiment de la Societe et par les soins de la So- ciete d'acclimatation de Grenoble, aiix religieux de la Grande- Chartreuse, qui ont accepte avec empressement la taclie d'ac- climater ces animaux utiles. Vous comprenez, messieurs, avec quelle soUicitudela Societe asuivi les resultats de cette (juintuple experience. Hatons-nous de dire qu'ils ont depasse toutes nos esperances. Les douze Yaks amenes par M. de Montigny sont tous vivants et en bonne sante. Deja ils ont donne dix jeunes veaux ou genisses, dont un seul estmort. Le troupeau entier compte done aujourd'hui vingt et une t6tes : il s'est presque double en moins de troi3 dns. II a fait plus, si Von tient compte de I'age des individuS primitifs, parmi lesquels sept seulement avaient depasse dix- huit mois, et par consequent etaient aptes a se reproduire. Je ne puis, messieurs, entrer ici dans le detail de ces divers essais. Je vous dirai seulement quelques mots de ce qui s'est passe au Jardin des Plantes. La, de m6me qu'a Chang-Hai, les Yaks, ces enfants du Thibet, se sont trouves comtne chez eux. Les changements de regime et de climat n'ont en rien affecte leur sante. Leur multiplication, favorisee sans doute par des soins exceptionnellement eclaires, s'est effectuee de la maniere la plus rapide. Nous avons vu que Tetablissement avait re^u un taureau et deux vaches, trois individus en tout. Aujour- d'hui, il en possede huit. Ainsi cinq jeunes Yaks sont nes a la menagerie; et, chose bien remarquable, nous en sommes ici k ^ la seconde generation indigene. Le 13 septembre dernier, uri jeune male est ne d'une femelle qui elle-m6me avait vu le jour au Jardin des Plantes, le lA mars 1855, et par consequent n'avait pas encore atteintses dix-huitmois. En presence de ces faits, messieurs, on cesse de se deman- der si I'acclimatation du Yak est possible. On peut des a pre- sent la cohsiderer comme effectuee. II ne nous reste plus qu'a multipher cet animal. Mais alors surgissent d'autres problemes. Quel r6le ce nouveau venu prendra-t-il dans notre economic domestique? J'ai vu quelques agronomes sourire h cette ques- tion. De nos jours I'agriculture proscrit de plus en plus, et avec NOTICE SLR LES YAKS ET LKS CH^VRKS d' ANGORA. LV raison, les l>6tes a deux fins. Elle en est arrivee a comprendre, comme I'a fait depuis longtemps I'industrie, que la division du travail est, dans le monde materiel comme dans le mondo phy- siologique, la grande loi du perfeclionnement. Aussi quelques personnes semblent ne pouvoir croire a I'utilite d'un animal qui, chez lui, est a la fois Bocuf, Cheval et Mouton. A ces douteurs, nous repondrons : Oui, a c6te de vos races perfectionnees et dans vos grandes exploitations, on ne voit pas encore oh serait la place du Yak. Mais ces races n'ont pas toujours existe •, vous avez fagonne le Cheval, le Boeuf, le Mou- ton, a raison m6me de vos besoins. Pourquoi n^en serait-il pas de m6me du Yak? Le journ'est pas loin peut-6tre oil il comp- tera, lui aussi, ses races a laine, ses races a lait, ses races de boucherie. A c(He de vos vastes fermes se trouvent des pro- prietes bien restreintes. Peut-6tre le Yak est-il destine a deve- nir le Boeuf des petites fortunes, comme TAne est dejale Cheval du pauvre. Sa rusticite native, le peu de nourriture qu'il con- somme, semblent d^s a present lui assigner ce r6le. Peut-6tre n'habitera-t-il jamais les prairies de la Normandie ou les champs de la Limagne, mais sur les ballons des Vosges, sur nos hautes Cevennes, dans les Alpes, dans les Pyrenees, il ira brouter I'herbe courte qui pousse jusque sous la neige, comme il le fait dans son pays natal. Peut-^tre, enfin, n'est-ce pas a la France qu'il estappele a rendreles plus grands services. Peut-6treses plus nombreux troupeaux emigreront-ils versleNord. — S'ilen est ainsi, qu'importe? Ce ne serait pas la premiere fois que la Prance aurait fait a ses depens des experiences utiles a d'au- tres, et plCit au ciel que son initiative ne lui eilt jamais coClte plus cher que Tacclimataticn des Yaks! Je viens, messieurs, de vous parler d'une espece jusqu'a ce jour etrangere a la France et a I'Europe : j'ai maintenant a vous dire quelques mots d'une race qui comptait deja sur notre sol de nombreuses socurs, et des essais commences par la So-r ciele pour acclimater la Chevre d'Angora. '^'t^.q Des notre premiere seance, le 40 fevrier iSbh, un de nos confreres, M. Sacc, prol'esseur a la Faculte des sciences de Neuchalel, appelait Tattention de la Societe sur rimportance LVI SOClJilTjfi IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. extreme de cette race. Le 24 mars de la m^me annee, M. Ramon de la Sagra faisait au nom de la commission, nominee pour etudier celte qucslion, un rapport detaille et fort remar- quable (1). De ce travail il resultait que, des le dernier siecle, de nombreuses tentatives avaient ete faites pour acclimater cette Chevre-mouton, si Ton peut s'exprimer ainsi, non-seule- ment en France, mais encore en Espagne, en Italic et en Suede. Partout les resultats avaient ete ou completement negatifs ou tres douteux. Cependant M. dela Tour d'Aigues, president de laSociete royale d'agriculture, declarait en 1787 que les Che- vres d'Angora, plusrustiques et plus sobres meme quenos races indigenes, s^etaient parfaitement accommodees du climat et des paturages de notre chaine du Leberon. En presence d'une indication aussi precise, la Societe d'ac- climatation ne pouvait besiter. Elle devait loutfaire pour doter la France d'un animal qui fournit une matiere textile jouant un role considerable sur les grands marches, et qui par sa nature semblait propre a prendre place dans cette industrie et cette culture du pauvre, auxqueiles songent trop rarementpeut- ■ 6tre les apotres et les disciples des methodes perfectionnees. Elle devait agir en grand et sur plusieurs points, afin que I'epreuve fiit cette fois decisive. Mais surtout elle ne devait s'avancer qu'avec prudence et apres s'^tre entouree de tons les renseignements les plus propres a assurer le succes. Nous pouvons le dire en toute assurance, sur aucun de ces points la Societe n'a failli a sa mission. Une veritable enqu6te s'ouvrit sur la Chevre d'Angora. Aux travaux de MM. Sacc et Ramon de la Sagra vinrent se joindre bientot ceux de MM. Rartbelemy-Lapommeraye, Bourgeois, Amanton, Pierre de TchihatcheiT, etc. M. le baron Rousseau, consul de France a Brousse, recueillit sur place des documents qui, coordonnes par M. le general Daumas, ont pris dans notre Bulletin une place des plus lionorables. Ainsi eclairee, la Societe decida I'acquisition a ses frais d'un troupeau de ZiO t6tes. 37 autres (1) La Commission etait compos^e de MM. Ganeau, Lefour, Piicherau, Richard (duCanlal), Sacc, Valsenes et Ramon de la Sagra, rapporleur. NOTICE SUR LES YAKS ET LES CHl^VRES d'aNGORA. LVII furent demundees par diverses Societes correspondantes ou affi- liees de lanotre, et par MM. Le Prestre, Sacc ct le marquis de Selve, qui voulurent, ti leurs risques et perils personnels, 6tre pour quelque chose dans cette grande experience. .| Cette decision etait a peine prise, lorsque la Societe apprit qu'un auxiliaire bien inattendu lui venait en aide. Retire a Brousse au sortir de sa captivite, le redou table agitateur de I'Algerie, aujourd'hui notre confrere, Abd-el-Kader, se rappe- lait sans iiaine des ennemis qui I'avaient combattu loyalement; il gardait un souvenir reconnaissant a ceux qui avaient rendu hommage en sa personne au courage malheureux. Parmi ces derniers il devait mettre au premier rang le Ministre de la guerre, M. le marechal Vaillant, que la Societe s'est bien des fois felicitee de compter parmi ses membres. Voulant lui en- voyer un souvenir, Vemir tombe n'offrait au marechal de France ni riches etoffes, ni armes deprix; avec un tact remarquable, il lui adressait des animaux a la fois rares et utiles, et lui faisait cadeau d'un petit troupeau de Ch^vres d' Angora. Le Ministre eClt pu en disposer directement : il prefera s'en remettre a la Societe, qui se vit ainsi d'emblee, et sans frais, proprietaire de quatre boucs et de onze chevres (1). EUe ne renon^a pas pour cela a ses premiers projets. Grace au puissant concours denos confreres, MM.le marechal Vaillant, Ducos, Ministre de la marine, et Drouyn de Lhuys , ministre des affaires etrangeres, concours qui ne nous a jamais fait de- faut, les achats s'effectuaient en Asie Mineure sous la surveil- lance de nos consuls ; le troupeau, arrive a Constantinople, y recevait tous les soins necessaires, montait gratuitement dans un des navires de I'Etat, et arrivait enfin a Marseille le h juillet 1855, n'ayant perdu dans la Iraversee qu'urie seule Chevre, morte par accident. Ainsi, a partir de cette epoque, et par les soins de la Societe, il a ete reparti sur divers points de la France 91 Chevres d' Angora dont 15 males et 76 femelles. L'Algerie, vous le comprenez d'avance, na pas ete oubliee dans cette distribution de nos richesses. Aujourd'hui presque toutes (1) Ce petit troupeau arriva h Marseille, le 10 Janvier 1855, LVIII SOCIl^T^ IMPI^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. hos grahdes chaines des montagnes, TAtlas, les Alpes, le Jura, les Vosges, le Cantal, ont regu quelques-uns de ces nouveaux botes. D'autres essais se poursuivent aux environs de Paris et dans !e Museum, a Caen, a Nancy, a Toulon, a Marseille. Enfin, la ville de Toulouse a re^u directement de la princesse Belgiojoso deux individus ramenes par elle de ces lointains voyages qu'clle sail faire et raconter. Je voudrais, messieurs, pouvoir vous dire des Chevres d' An- gora ce que je vous ai dit des Yaks; mais d'lme part les der- niers rapports, qui doivent 6tre transmis a la Societe en vertu de nos reglements, ne sont pas encore tous arrives •, et d'autre part Texperience, commencee il y a vingt mois a peine, ne se pr6te encore a aucune conclusion definitive. Toutefois elle nous afourni dejades enseignements, e^tnous permetdes esperanceS. Depuis la distribution, il nous est mort en tout dix-sept b^tes. Cette mortaiite serait effrayante si elle s'etait montree sous I'empire des conditions ordinaires ; mais dans ce nombre figu- rent deux jeunes chevreaux niorts presque en naissant, et Ufi jiutre qui a ete mange par les loups. Deux boucs adultes oflt peri par suite de precautions exagerees prises pour assurer leur sante (1). Enfin une epizootic qui, frappant les Chevres indi- genes, ne pouvait epargner cette race etrangere, entre pour pr^s de moitie dans le chifFre de nos pertes. L'annee derniere presque toutes les Chevres ont peri dans le Cantal ; et, chez M. Garrouste seul, nous avons eu sept b6tes de mortes sur buit qui avaient ete confiees a ses soins, sans qu'il y ait le moindre reproche a adresser a notre honorable confrere. Peut-^tre eus- sions-nous eu adeplorer une perte aussi grande dans les Vosges, OiLl s^vissait une affection analogue a celle qui a desole le Cantal; mais en presence du danger la Societe d'acclimalation de Nancy a retire nos Cbevres de ce foyer d'infection, et conserve ainsi presque intacte cette partde notre troupeau. Nos confreres ont fn^me cru remarquer dans cette circonstance que la Ch^vre (1) Us avaient (51(5 tenus h ratable et nourris d'herbes vertes. Les Chevres qu'on laissait aller au paturage, qui respiraient le grand air et faisaient de Texercice, se portent bien. NUTICK SUR LES YAKS ET LES CHtlVRES D^ANGOKA. LIX (I'Angora resistait mieux que la Chivre commune a I'influence epid^mique, circonstance qui tient peut-6tre aux soins spe- ciaux dontelle estl'objet, peut-6tre aussi a sa nature propre. Jusqu'ici, en effet, tout senible annoncer (|ue M. de la Tour d'Aigues etait dans le vrai quand il signalait cette race comme plus robuste et plus rustique que les nCtres. Ce fait ressort d6 plusieurs des rapports qui nous sont parvenus, surtoUt de celui que nous devons d M. Hardy, I'habile et zele directeur de la pepiniere d'Alger. Apr^s avoir lu ce rapport, M. le marechal Randon, gouverneur general de I'Algerie, n'a pas hesitea de* clarer, par une lettre itiseree dans nos Bulletins, que la Ch^vre d'Angora serait, pour cette terre dejd si ricbe, unfe richesse d6 plus. Au reste, si nous avons fait des pertes, elles ont ^te plus qU6 compensees. Deja il nous est ne vingt-six chevreaux ou cb6- vrettes actuelleitient bien portants. En outre, lin grand nombro de Chevres sont pres de mettre bas. Ces enfants de notre sol auront-ils des descendants? Nous pouvons hardiment affirmer que oui. Mais a la troisieme, a la quatrieme generation, ces Angoras indigenes auront-ils conserve cette laine soyeuse et brillante que nous voudrions voir se produire cbez nous ? La est la veritable questioh. A celle-la I'avenir seul peut repondre. Toutefois nous poc^vons deja constater que les individus im- portes, ainsi que leurs enfants, ne presentent encore auCUti symptdme de degenerescence, tandis que dans certains essuis d'acclirnatation tentes en Turquie, cette degenerescence ^tait deja tres prononcee au bout de quebjUes mois. Voici d'ailleurs un fait plus encourageant peut-(^lre. Dans les descendants cent fois metis des Chevres de M. de la Tour d'Aigues, on reconnMt encore les traces du sang d' Angora, malgre un abandon com- plet et les croiseuients les plus propres a effacer jusqu'auxddr- nitres traces de leur origine. Notre sol, notre climat, ne sont done pas essentiellement contraires a la race d' Angora. Ayons done bon espoir. Si I'ennemi se montre, si nous voyons la laine denos Chevres perdre tant soit peu de ses qualites, combaltons avec toutes les armes que la science moderne met a notre dispo- sition. Ayons recours tantot a la multiplication de la race pure. LX SOCl^TlS IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tantot au croisement; various le regime alimentaireet I'liabitat ; faisons passer nos b6tes de I'etable au grand air ; utilisons jus- qu'aux rigueurs de Thiver et aux chaleurs de Fete, et certaine- ment, plus heureux que Colbert, nous ne serons pas condamnes aattendre qu'un autre Daubenton viennedansun siecle accli- mater cette Chevre-merinos. Vous le voyez, messieurs, aujourd'hui comme naguere, je ne crains pas de vous parler de difficultes, et par consequent de perseverance. Acclimater une espece, ce n'est rien moins que changer un ordre de choses etabli des Torigine du monde. Accli- mater une race, cen^est rien moins quMmiter ou contiimer dans un certain milieu Taction d'un milieu tout different. Dans les deux cas, il faut combattre des forces naturelles, des agents souventinconnus encore, etdont Taction iiicessante nese revele que par ses efl'ets. Dans les deux cas, par consequent, les diffi- cultes sontd'autantplus grandes que, d'ordinaire, ilest impos- sible de les prevoir a Tavance. II m'est d'autant plus doux, messieurs, d'avoira constater quo nos courages peuvent des a present s'appuyer sur autre chose quesur des donnees qui, pour 6tre rationnelles, n^en etaient pas moins theoriques. L' experience, cette pierre de touche infail- lible> a commence a parler, et elle se prononce en notre faveur. Voila deja une espece et une race nouvelles, a demi conquises par vous, et cela dans le court espace de trois annees. II y a la legage assure de nouveauxetserieux succes. Perseverons done: si des obstacles imprevus se dressent sous nos pas, attaquons- les avec tenacite ^ si quelques insucces nous attendent, n'en soyons point abattus. Perseverons toujours, et nous serons vain- queurs dans la lutte que nous avons entreprise centre la nature elle-m^me^ U;^... i..» , NOTICE RELATIVE AUX ENCOURAGEMENTS. Ua SUR LES ''* PRIX EXTRAORDINAIRES PROPOSES PAR LA SOCIETY Par M. PASST, Vice-President de )a Soci^t^. Messieurs, La Socicte d'acclimatation a ete fondee pour animer et cen- traliser des travaux qui etaient poursuivis isolement et aux- fjuels mantiuaient des encouragements et une direction scien- tifique. Par ses importations , ses recherches, ses correspondances, par les efforts individuels de ses membres , notre Societe a donne des exemples feconds, bientCt imites dans toutes les parties du monde. En m6me temps elle a compris, par I'empressement que Ton metlait a venir a elle, qu'elle devait manifester sa reconnais- sance a ceux qui Tavaient secondee le plus efficacement. Les medailles, les encouragements que vous decernez au* jourdMiui devaient 6tre le prelude des primes que nous avons resolu d'offrir desormais d de nouvelles entreprises d'acclima- tation d'animaux et de vegetaux utiles. Vous allez entendre Texpose des actes que nous avons pu connaitre et juger, et vous allez applaudir aux efforts genereux et aux succes pratiques des hommes associes a la haute mis- sion que nous nous sommes donnee, et dont Vextension et le retentissement sont dus au zele de tous les membres de cette Societe, et a Vimpulsion active et eclairee de notre illustre Pre- sident. Plus forls et plus liardis par le concours qui nous est pr^te, par le cbaleureux assentiment dont Texpression et la preuve ITS LXIl S0CI6t:^ IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. nous arrivent de toutes parts, nous avons done etendu nos vues et notre action. L'etat de nos finances nous permettant de provoquer de nou- velles et plus energiques tentatives, de chercher des resultats plus certains, plus positifs et plus fructueux, nous avons de- cide qu'il serait propose des primes elevees pour racclima- tation sur une plus grande echelle, et nous declarons en ni6me temps vers quels buts definis 11 convient de diriger le zele et I'intelligence de ceux qui nous comprennent et nous suivent. Nous sommes certains que notre appel sera entendu, et que des points les plus eloignes du globe on y repondra. II faut beaucoup de persistance, de soinsintelligents et jour- naliers, de resolution et de courage, pour doter un pays de productions exotiques. Ce sont de tels efforls que nous de*- mandons, que nous rencontrerons et que nous voulons recom- penser. Vous remarquerez que ce n'est pas pour la France seule que pous provoquons de telles entreprises. jVNous desirous que chaque pays echange les productions pri- vilegiees que la nature lui a departies contre celles des pays les plus eloignes. Nous nous estimerons done tres heureux, si des Tannee pro- chaine nous pouvons declarer devant vous que plusieurs des prix extraordinaires que nous offrons out ete obtenus. L'approbation que vous donnerez alors a ces travaux bien- faisants sera une autre et plus eclatante recompense pour ceux qui les auront accomplis, et deviendra la fonction reelle de DOtre oeuvre. Et notre patrie sera fiere d'etre le mobile du bien qui sera fait en son nom dans toutes les patries. (Pour les prix extraordinaires proposes par la Societe, voyez le proces-verbal, p. vi et vii.) * RAPPORT DE LA COMMISSIOJS DES Rl^COMPENSES. LXIIl . RAPPORT T ' AU NOM DE LA COMMISSION DRS Rl'COMPENSES .^ P*r M. le comte d'llPRillllESIVIL, '^h ^i *i \^'.^^'^> Secretaire g^n^ral de la Soci^t^. Messieurs, Au bout de trois ans ecoules clepuis la fondation de la So- ci^te, nous venons vous dire les noms de ceux qui ont le mieux contrihue k son oeuvre et merite sa reconnaissance. Vous trouverez une variete bien remarquable dans les posi- tions sociales, les professions et les nationalites des laureats ; vous serez aussi touches de cette belle application de nos sta- tuts, qui nous prescrivent de recompenser non-seulement lei services rendus a notre pays, mais encore les services rendus aux pays etrangers par leurs nationaux, Quelques mots doivent vous rnettre au courant des opera- tions de la Commission instituee des recompenses, dont la tache etait plus difficile cette annee qu'elle ne le sera plus tard ; en effet, outre qu'elle devait statuer sur un espace de trois annees, elle devait aussi etablir les precedents pour les travaux des Commissions futures, et quelquefois le defaut de renseigne- ments precis I'a privee de proclamer certains noms qui eussent figure sur la liste avec honneur. La Societe decerne six esp^ces de recompenses : 1° Le titre de membre honoraire •, 2° La grande medailie d'or, medaille hors classe 5 3° Les medailles d'argent, medailles de 1" classe; h° Les medailles de bronze, medailles de 2* classe j '" 6° Les mentions honorables ; 6' Les recompenses pecuniaires. Ces divers lemoignages de notre reconnaissance ont et^ affectes aux litres suivants dans chaque section : Premierp. categoric. — Introduction. LXIV SOCI6t6 IMPlfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Deuxieme categoric. — Acclimatation et propagation. Troisieme categoric. — Emploi agricole ou indiistrid. Trois bases principales ont ete adoptees par la Commission : 1° L'objet du concours ne devait pas 6tre anterieur au 10 fe- vrier 185/i. 2° La Societe devait avoir ete saisie par un travail, une lettre, une note, directement ou indirectement, avant le l"de- cembre 1856 (terme fixe par le Reglement). 3° Un sentiment de deference pour notre premier corps sa- vant a fait placer en dehors et au-dessus du concours MM. les membres et les correspondants de I'lnstitut ; cette mesure ne s'etend pas toutefois aux medailles hors classe. Un sentiment de m6me nature a provoque la m6me decision a I'egard de nos membres bonoraires. Voici, messieurs, les noms dont notre liste de recompenses se trouve ainsi privee : Membres et Correspondants de I'lnstitut. Membres bonoraires de la Socie'te. MM. CosTE, MM. le cbevalier Baruffi, Decaisne, le general Daumas, Le Prince A. de Demidoff, De Montigny, "" Milne Edwards, Piddington. POUCHET. Enfin la Commission a pense que, la Societe ne croyant pas devoir accepter des medailles ou d'autres distinctions pour elle- mCme, ne devait admettre au concours que les membres des autres Societes etnon les Societes elles-m6mes. Nous n'avons done pu inscrire sur la liste de nos recompenses, malgre les services qu'elles ont rendus, les Societes dont les noms suivent : Les Societes d'acclimatalion de Grenoble et de Nancy ; La Societe allemande pour I'eleve des Gallinaces [Huhnero^ logischer Verein) a Goerlitz, dont les titres nous avaient ete signales par notre Societe affiliee de Berlin ; Et le Cornice agricole de Toulon. Avant de proceder a la proclamation des recompenses, nous devons, messieurs, vous faire connaitre une decision de la Commission, a laquelle le Conseil s'est unanimement associe. S. M. la Reine d'Espagne, suivant les tradi lions de sa Cou- RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXV ronne , a tente de nombreuses acclimatations dans son royaume : les Kangurous, les. Gazelles, dilTerentes varietes d'Antilopes, lesDromadaires, lesCasoars, et beaucoup d'autres especes animalesetvege tales, ont ete introduits ou acclimates par ses ordres, et hi plupart de ces essais ont ete lieureux. Sa Majeste est done sans contredit la personne qui a rendu le plus de services en Espagne, peut-6tre en Europe, al'acclima- tation. La Societe ne pouvait faire de sa medaille d'or hors classe un emploi plus juste et plus desirable qu'en cette occa- sion, mais elle a pense qu'une adresse exprimerait mieux les sentiments de profond respect et de reconnaissance dont elle est animee pour S. M. la Reine d'Espagne. TITRES DE MEMBRES HONORAIRES. La Societe a decerne quatretitres de membres honoraires. 1** A M. le due DE Gramont, ministre plenipotentiaire de France pres la cour de Turin. Constamment anime des meilleurs sentiments a I'egard de notre association, M. le due de Gramont, alors due de Guiche, s'est empresse de faire parvenir en Prance et en Algerie des graines et des cocons vivants du Bombyx Cynthia. Aussitdt apres les belles et decisives experiences de MM. Baruffi, Savi et Griseri, il a accompagne cet envoi de notes detaillees sur les avantages du nouveau Ver a sole, et doit 6tre regarde comme ayanteu une part considerable a son acclimatation. Sans lui, en efi'et, le Bombyx Cynthia, conserve en France par les soins de la Societe, et en Algerie par les ordres de S. Exc. M. le ma- rechal Vaillant, ministre de la guerre, et sous I'habile direction de M. Hardy, eCit ete perdu. M. le due de Gramont nous a rendu encore de nombreux et utiles services pour les vegetaux. La Societe a voulu lui exprimer sa gratitude par sa plus honou- rable distinction. 2' A S. Ex. Chretien de Steven, conseiller d'Etatactuel en Russie. Les titres deM.de Steven ont ^te I'objet de Vattention se- rieusede la Commission, d'autant plus qu'ils etaientenvoyesel T. IV. — Fevrier 1857. 9 LXVI SOCI^Tl-: IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. appuyespar I'Academie imperiale des sciences de Saint-Pelers- bourg. Nous n'avons pas hesite a recompenser, par le titre de membre honoraire, les iiombreux et importants services ren- dus par M. de Steven a son pays, dans I'ordre d'idees qui nous occupe. La Societe, liee par ses reglements, n'a pu avoir egard aux introductions anterieures a 185A; son attention s'est done portee sur la propagation et racclimatation. La Crimee doit a M. de Steven, outre I'Indigotier, un grand nombre de nouvelles Vignes et d'arbustes d'ornement, rap- portes de ses nombreux voyages. La Societe a ete heureuse d'appliquer ici ses statuts, qui lui commandent de recom- penser le bien partout oii il est fait. 3° A M. le docteur Von Siebold, a Bonn (Prusse rhenane). Les litres de M. de Siebold, appuyes par M. Nees d'Esen- beck, I'illustre president de la Societe allemande des Curieux de la nature, etaient de ceux qui n'ont pas besoin d'etre signales. Envoye pour reconnaitre le Japon , cette terre promise des naturalistes , si rigoureusement interdite jus- que-la aux recherches des savants, M. de Siebold sut, par une beureuse et bienfaisante adresse, ouvrir ces portes fer- raees et gardees par le fanatisme religieux. II crea dans le domaine de Dezima une Ecole de medecine et de chirurgie oh les Japonais desireux de se vouer a Tart de guerir etaient ad- mis. Ainsi mis en rapport par ses disciples avec Vinterieur du pays, M. de Siebold put, grace a ses nombreux travaux pen- dant sept annees de sejour a Dezima, fournir les elements im- portants d'une Faune et d'une Flore de ce pays. L'Europe lui doit I'introduction de nombreux vegetaux : les Palates douces, diverses especes de Riz et une quantite consi- derable de plan les d'ornements , parmi lesquelles la Pceonia arborea et le Lilium lancifolium, Des litres si nombreux et si importants justifient, mes- sieurs, la distinction dont M. de Siebold est I'objet. h° A M. BouRSUiu DE LA Riviere, vice-consul de France en Californie. ftAPPORt'DE L.\ COMMISSION DES RECOMPENSES. LXVl'l Vovageur inialigable, M. Boursier de la Riviere a toujours servi avec ardeur les intertMs de la science en ee qui louche I'introduction d'espk'os nouvelles. ll a enrichi la sylviculture et rhorliculture d\m grand nonibro de vegetaux, dout plu- sieurs out une veritable valeiir • des Conif^res nombreux, parmi lesquels le Pinus Sabinianaei le Seqitoiagigantea;des arbres utiles pour Tindustrie. des arbustes d'ornement, ont ete iiitro- duits par lui, et la Societe doit a sa generosite un grand nombre degraines. Pr^t a partir de nouveau pour la Californie, M. Boursier a demande de nouvelles instructions a notre honorable Presi- dent-, un z61e si perseverant, des services rendus si reels, devaient 6lre dignement recompenses. Telles sont, messieurs, les ([uatre personnes qui nous ont paru meriter le titre de membre honoraire, reserve expresse- ment par nos staluts aux voyngeurs et aux residents a 1'^ tranger. MKDAILLES d'oR MORS CLASSE. La Societe a cru devoir decerner cette annee, pour des ser* vices exceptionnels, deux medailles d'or bors classe. Une de ces medailles nous a ete ofl'erle par S. Exc. M. le Mi-^ njstre de I'agriculture, qui a bien voulu, par ce nouveau temoi- gnage de sa bienveillance, rehausser le prix de nos recompenses. Les membres fondateurs de la Societe ont deinftnde au Oon- seil I'autorisation de donner la seconde. ;>i;, !-.:>,• Premiere medaille (Tor hors classe, au MiNisiiiRE de la Guerre. Nous sommes heureux d'avoir pu decerner notre premiere tnedaille d'or hors classe au Ministere de la Guerre. Ses droits a notre reconnaissance en France et en Algerie sont de ceux qu'il suffit d'enoncer pour les faire valoir. En France, S. Exc. M. le marechal Vaillant, ministre de la guerre, que nous sommes hers de compter parmi les membres de cette Societe, nous a enrichis du premier troupeau de Cbevres d'Angora, et son nom restera attache a cette importante aeclimatation. En Algerie, nous devons aux soins incessants de son admi- LXVm SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION nistration, rintroductiori de plusieurs especes d'animaux, des Chevres d' Angora entre autres, ainsi que la creation et I'en- tretien de la magnifique Pepiniere centrale d' Alger. Le Jardin d'essai , confie a la direction si intelligente de M. Hardy, nous interesse particulierement, et nous y trouvons de nombreuses et utiles fonqu6tes : le Tabac^ le Coton, le Mic- rier, le Manioc, les Ignames de la Chine et de la Nouvelle- Zelande, plantes alimentaires du plus grand avenir; le Figuier de Barbaric, V Eupatorium tinctorium , donnant , dit-on , une teinture plus belle que I'lndigo •, le Bambou noir, employe en Chine pour la fabrication des meubles legers, et qui com- mence a se repandre dans le midi et le centre de la France, etc. > Les details ne nous sont pas permis dans ce resume rapide ; mais, nousle repetons, la Societe a ete heureuse de decerner sa plus haute recompense a des titres si considerables, pro- duits par une administration si haut placee et si eclairee. La Societe a decern^ sa deuxieme medaille d'or hors classe aM. Aubry-Lecomte. De nombreuses considerations et de I'ordre le plus eleve de- signaient M. Aubry-Lecomte aux suffrages de la Societe. En efl'et, notre honorable confrere a enrichi, par d'incessants tra- vaux, au risque de sa sante et de sa vie, unpays desherite, n'of- frant jadis a ses habitants et aux voyageurs que le sort ou le devoir amenaient a sa cote qu'une retraite inhospitaliere et privee des choses les plus necessaires a la vie ; je veux parler du Gabon. Ce pays doit a M. Aubry-Lecomte de nombreuses introductions et acclimatations : la creation d'un troupeau de Boeufs, qu'il s'est procure dans le Royaume de Benin, et un grand nombre de plantes alimentaires. Les services rendus au Gabon par M. Aubry-Lecomte peu- vent se diviser en deux classes. Dans la premiere, nous range- rons les cultures destinees au bien-6tre propre de la Colonic : telles sont celles du Cafe, du Cacao, de la Vanille, de la Cannelle, de I'Arbre a pain et de beaucoup d'autres vegetaux. Dans la seconde, nous parlerons des cultures afl'ectees pour RAPPORT DE LA COMMISSION DES Rl^:COMPENSES. LX\X ainsi dire aiix etrangers : je veux parler des Legumes d'Eu- ropeciuiont tousreussi, hormis la Poninie de terre. Dans les deux classes, une egale reconnaissance est ac(|uise de la part des indigenes et de la part des voyageurs a M. Aubry-Lecomte, au bienfaiteur de cette contree, jadis si pauvre, et maintenant, grace a lui, riche et hospitaliere. , '• Notre jeune Societe ne pouvait 6tre la premiere a recom- penser de si importants travaux, tant de devouement aux inte- r6ts del'liumanite. M. Aubry-Lecomte a re?u deja la decora- tion de la Legion d'honneur et la medaille de I" classe a I'Ex- posilion universeile. Notre medaille d'or hors classe doit 6tre pour lui une preuve eclatante de la reconnaissance et de Fes- time de la Societe. PREMIERE SECTION. — MAMMIFERES. INTRODUCTION ET ACCLIMATATION. MMaiiles de premiere classe. Premiere. — AM. le professeur Sacc, delegue de la Societe a Vesserling (Haut-Rhin). Anime du zele le plus ardent pour nos travaux , M. le pro- fesseur Sacc n'a cesse de nous rendre les plus importants ser- vices de tous les genres. On doit a son intelligente et chaleu- reuse initiative Tachat du premier troupeau de Chevres d'An- gora. Depuis il a prodigue ses soins, et aux Chevres d'Angora qui lui avaient ete conPiees, et aux Chevres de Nubie. Ses ser- vices ne sont pas moindres dans la section des vegetaux : nous lui devons la propagation du Chervi et du Cerfeuil bulbeux. Deuxieme. — AM. Florent Prevost, a Paris. Devoue depuis de longues annees a la cause de Tacclima- tation, M. Florent Prevost lui a rendu de grands services dans la theorie et dans la pratique. Sa part considerable dans les heureuses experiences sur THemione et le Lama, faites par notre honorable President au Museum, les essais qui lui sont propres sur Tacclimalalion du Casoar, lerecommandaientpar- ticulieremenl a I'altention de la Societe. LXX SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Troisieme. — A M. Le Presthe, dcMegue de la Societe a Caen. Un jardin consacre aux etudes sur raceliiuatation et ou sc poursuivent avec succes de nombreuses experiences, un zele infatigable pour les questions qui nous interessent, tels sont les titres de M. Le Prestre, que la Societe a voulu recornpenser, Quatrieme. — A M. le baron de Pontalba, a Paris. Place dans les plus belles conditions pour reussir, M. de Pon- talba a bien merite de la Societe par ses essais beureux de metissage d'Hemiones et par ses essais en pisciculture. lUMallles de deaxl^me classe. Premiere. — A MM. Cuenot, a Besan^on ; Jobez, a Syam (Jura) ; et Bouteille, a Grenoble. Pour les soins zeles et intelligents donnes par ces messieurs aux Yaks et aux Chevres d' Angora confies a leur direction. Deuxieme. — A M. de Liron d'Airoles, a la Civeliere, pres Nantes. Pour I'introduction de nouvelles especes porcines et de nou- veaux Gallinaces. Troisieme. — A M. le marquis de Selve, a Paris. Pour ses essais utiles sur les Chevres d' Angora. Mentions honorables. Premiere. — A M. Montaurin, sous-prefet a Barceionnette, maintenant a Altkirch. Deuxieme. — A M. Marozeau, a Wesserling (Haut-Rhin). Pour les soins donnes par ces messieurs a Tacclimatation, Tun des Yaks, I'autre de la Chevre d' Angora. APPLICATION INDUSTRIELLE. MMaille de premiere classe. A M. Fred. Davin, de Paris, qui , en traitant par \epeigne- carde, de son invention, les laines des Merinos Graux de KAFPOKT DE LA GUMMiSSlON DES H^COMPEMSES. LXXf iMauchamp, a donnu une grande place dans Tindustrie a la laine soyeuse de la precieuse race creee par notre confrere M. Graux de Mauchamp. Mentions taonorablec. Premiere. — AM. Albin Gros, a Wesserling (Haut-Rhin). Deuxieme. — A M. le docteur Millot, a Mello (Oise). Pour des essais utiles de filature. DEUXIEME SECTION. — OISEAUX. INTRODUCTION ET ACCLIMATATION. MMallles de premiere classe. Premiere. — AM. Saulnier, a Paris. . . ' . , A tente de nombreuses acclimatations d'Oiseaux utiles et d'ornement. Occupe de son oeuvre depuis de longues annees, il a poursuivi le succes avec une volonte perseverante et I'a presque toujours obtenu. Les Cygnes noirs, I'Oie d'Egypte, le Canard mandarin , le Canard tadorne, les Colins de Californie, ont ete les objets de ses etudes et ont produit dansses volieres plusieurs generations. C'est a ses soins indiistrieux que nous devons la reproduction et la multiplication vraiment remar- quable de la charmante Perruche ondulee. Deuxieme. — A M. Coepfier, a Versailles. A consacre de nombreuses annees a des essais sur les Oiseaux les plus varies. Rappelons d'abord qu'il a obtenu le premier en France la reproduction du beau Canard de la Caroline. Les Tinamous, les Rhynchotes, les Colins, nouvelles especes de gibier, ont reussi chez lui de maniere a faire bien augurer de I'avenir. .^hi«««o' Troisieme. — AM. Thompson, a Londres. M. Thompson a obtenu au Jardin zoologique de Londres de tres beaux resultats d'acclimatation, et principalement a pro- LXXII SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCL1MA.TATI0N. pos des Gouras, dont il regarde I'acquisition a nos contrees comme certaine. Quatrieme. — AM. Pomme, a Paris. Les essais importants de notre honorable confrere sur les Hoccos et les Marails, couronnes pour ces derniers d'un plein sueces, recommandaient ses travaux a la Societe. Beaucoup d^autres especes d'Oiseaux ont ete I'objet de ses etudes •, t6t ou tard nous lui devrons quelque nouyelle conqu6te. Cinquieme. — AM. Delon, a Paris. Voue plus particulierementaux Oiseaux d'ornement, M. De- lon a vu presque toujours ses efforts recompenses par le sueces. Les Cardinaux, les Paroares, les Bengalis, les Cordons bleus et autres especes de petite taille ont ete Tobjet de ses soins et lui ontdonne plusieurs generations. II a obtenu le premier la re- production d'une jolie Perruche, la Perruche Edwards. On se souvient encore de sa note pleine de details interessants sur la Perruche ondulee. La Societe lui doit aussi des remerciments pour son utile cooperation a I'education du Ver a sole du ch6ne. Medallles de denxlAme classe. Premiere. — A M. Bouvenot, a Versailles. Pour Televe de differentes especes de Gallinaces de chasse et de basse-cour. Deuxieme. — AM. Ruffier, a Paris. Pour la reproduction de plusieurs especes d'Oiseaux d'eau. Troisieme. — A Nouh-Bey-Effendi. Pour Televe de Gallinaces en Turquie et I'envoi en France de deux especes de Poules. Mention honorable. M. I'abbe Allary, cure de Bosny-sur-Seine. Pour un tres interessant travail sur Televe des Perdrix et des Cailles en domeslicito. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXTII TROISIEME SECTION. -POISSONS. 1° PISCICULTURE. HMallle de premiere elas»e. A M. Millet, a Paris. Voue depuis iongtemps a la question du repeuplement des cours d'eau de la France, M. Millet n'a cesse de conlribuer a son avancement soit parde belles experiences de pisciculture, suivies avec un zele infatigable dans toutes les parties de la France, soit par des ecrits theoriques destines a eclairer le public sur la pauvrete toujours croissante de nos cours d'eau et sur les moyens d'y remedier par la conservation et le repeu- plement. La Societe devait a ses nombreux succ^s la medaille de 1" classe. MMallles de denxl«me classe. Premiere. — AM. le marquis de Vibraye, a Paris. Pour ses belles experiences de pisciculture Deuxieme. — AM. Malischeff, a Nijne-Taguilsk (Russie). A fait dans son pays, en Siberie, de tres interessants tra- vaux et dans des conditions d'une difficulte exceptionnelle. Troisieme. — A M. le baron de Tocqueville, a Paris. Quatrieme. — AM. Wallut, a Paris. Pour leurs experiences de pisciculture. Mentions lionorables. Premiere. — AM. Garnier-Savatier, a Marans (Charente- Inferieure). Pour ses essais sur la pisciculture marine. Deuxieme. — A M. Caillaud, a Saint-Sornain (Vendee). Pour ses travaux importants de pisciculture. LXXIV SOCiBTE IMFERIALE Z00U>G1Q11K U ACCLIMATAl'ION. 2" HIRUDICULTURE. . Mention honorable. A MM. Saint-Li^on, a Paris, et Brauwers, a Alger. Pour leurs etudes sur les Sailgsues, en France et en Algerie. too .V8 fK)8 f QUATRIEME SECTION. — INSECTES. 1° INTRODUCTION ET AGCLIMATATION. '' M^dallles de premiere classe. <) - premiere. — A M. Guerin-Meneville, a Paris. La Societe n'a pu recompenser tous les travaux de M. Gue- rin-MeneYillc,le chef de nossericieulteurs. Laplupart, portant sur des especesanciennes, echappaient a notre action; ellen'a pu avoir egard qu'aux essais tentes avec tant de zele sur des especes nouvelles, essais qui nous pertnettront sans doute plus tard de donner a notre honorable confrere un plus haut temoi- gnage de notfe reconnaissance. Deuxieme. — AM. Chavannes, a Lausanne (Suisse). Grace a des soins multiplies et les mieux entendus, M. Cha- vannes a obtenu Tacclimatation maintenant tres avancee d'une espece de Ver a soie du chfene. Troisieme. — AM. Ghiseri, a Turin. A puissamnientcontribue a la reussite des belles experiences faites a Turin sur le Bombyx Cynthia, dont I'Academie royale d'agriculture de Turin lui avait specialement confie la direction. Quatrieme, — A M, le barOn Francois Anca, a Palerme (Sicile). La Sicile doit a M. le baron Anca de nombreuses introduc- tions et acclimatations de Vers a soie et aussi de vegetaux. Cinquieme. — AM. Vallee, a Paris. A bien merite de la Societe en soignant avec un z^le et une HAPPOKT DE LA COMMISSION DES RiOOIIiitEllSES. LXXY Industrie au-dessus de tout eloge I'acclimatation du Bombyx Cynthia etde plusieurs autres esp^ces de Vers a sole. On lui doit d' avoir decouvert la possibilite de nourrir le Bombyx Cyn- thia avec les feuilles>de Chardon a foulon. Ses educations ainsi faites sont arrivees Alaoin(fui6me generation. M«dallles de denxlime claste. A Premiere. — AM. Robillvrd, a Valence (Espagne). Pour I'introduction et Tacclimatation du Ver a soie du ricin, en Espagne, a Taide des oeufs que la Societe lui avait confies. Deuxieme. — AM. Blanch ard, k Paris. M. Blanchard, dont le nom est attache a d'importants tra- vaux anatomiques, nous a signale trois insectes de TAmerique du Nord producteurs de la soie, et meritant a ce titre d'etre introduits en Europe. Grace aux. ordres de notre honorable confrere M. Drouyn de Lhuys et aux soins de M. Roger, con- sul a laNouvelle-Orleans, la Societe a pu soumettre ces insectes a d'interessantes experiences. Troisieme. — AM. TAi«TfiT, a Paris. A puissamment contribue a I'introduction du Ver a soie du nord de la Chine- II a aussi rendu d'importants services pour les vegetaux, notamment pour I'introduction du Rizsec. Quatrieme. — AM. Le Long, a Paris. A procure a la Societe une espece remarquable de Vers k soie du Bresil. On lui doit aussi plusieurs vegetaux. Cinquieme. — AM. Roger, consul a la Nouvelle-Orleans. Nous a fait parvenir de nombreuses graines de trois especes de Vers a soie de I'Amerique du Nord, signalees par M. Blan- chard, avec un zele dont la Societe a voulu le remercier ici. 2" APPLICATION INDUSTRIELLE. M^dallle de premiere classe. A M. Henri Schlumbergek, a Guebviller (Haut-Rhin). II a bien voulu employer, en faveur des travaux de la Societe, LXXVI SOCIl^TE IMPl^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. son habile experience et ses belles machines en filant ies soies de differentes especes de Vers a soie noiiveaux, et aussi des poils de Ch^vres d' Angora et dTaks. Mentions taonorables. A MM. Bashford, a Surdah (Bengale) ; le docteur Peyxoto, a Rio-de-Janeiro (Bresil); I'abbe Salvaire, missionnaire apostolique en Chine ; Verani, a Nice (Piemont) ; Baron Angelo Anca, a Palerme (Sicile) ; Daniel KoECHLiN, a Mulhouse (Haut-Rhin); -;; M"" de SusiNi, a Sartene (Corse). Pour d'interessants Iravaux sur differentes especes de Vers a soie. CINQUIEME SECTION. — VEGETAUX. 1° INTRODUCTION ET ACCLIMATATION. M^dallles de premttre elasse. La Societe a decerne sa premiere medaille de 1" classe a M. Hardy, directeur de la Pepiniere centrale d' Alger. Place par le Ministre de la guerre a la I6te de ce magnifique etablissement et du precieux Jartlin d'essai, M. Hardy a su Ies faire prosperer tons deux par son intelligente administration. II a contribue au succes de beaucoup de nouvelles acclimata- tions vegetales en Algerie, et nous ne devons pas oublier de mentionner, parmi ses titres, la conservation due a ses soins du Bombyx Cynthia. Deuxieme. — A M. de Hartwis, conseiller de College, en Russie. La Crimee doit a M. de Hartwis, digne continuateur de M. de Steven, et signale comme lui a la Societe par TAcademie impe- riale de Saint-Petersbourg, de nombreuses introductions cu acclimatations de vegetaux utiles et d'ornement, parmi lesquels RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXVH un grand nombre d'arbres fruitiers et I'lndigotier, dont il a beaucoup encourage la culture. Troisieme. — AM. Paillet, a Paris. S'est consacre avec succes, le premier apres MM. Decaisne et Pepin, a la propagation de I'lgname de la Chine et de la Nouvelle-Zelande •, il a compris Tavenir de ces plantes alimen- taires, et la Societe a voulu lui donner un temoignage de son estime. MMallles de denxieme classe. Premiere. — A M. le docteur Chatin, a Paris. Pourses experiences surles Ignames de la Nouvelle-Zelande, qu'il a beureusement multiplies. Deuxieme. — A S. Exc. Koenig-Bey, Secretaire des comman- dements de Son Altesse le vice-roi d'Egypte. Pour diverses cultures en Egypte, et I'envoi a la Societe de plantes de Tinterieur de I'Afrique et de Riz de Java. Troisieme. — A M. le docteur Liautaud. Pour I'introduction de diverses varietes de The en Algerie. Qiiatrieme. — AM. Lienard, a Tile Maurice. Pour diverses cultures a Tile Maurice, et I'envoi de graines precieuses a la Societe. Cinquieme. — AM. Henri Lhomme, a Paris. Pour la culture de Tlgname de la Nouvelle-Zelande, sods la direction de M. Moquin-Tandon. 2° application agricole. Mtdallles de premiere classe. Premiere. — AM. Remont, a Versailles. M. Remont a le premier propage Vlgname sur une vaste ecbelle. C'est pjar hectares qu'il faut mesurer ses cultures a LXXVIII SOCI^Ti IMPlfeRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Versailles, dans la Drome, dans les Landes, pour lesquelles rigname deviendra, nous I'esperons, une veritable richesse. Deuxieme. — A M. le marquis Ridolfi, a Florence. f>; M. le marquis Ridolfi a rendu de nombreux et veritables services a son pays, en y introduisant un grand nombre de ve- gc^taux utiles , plusieurs especes remarquables de Coniferes, une espece de Patale douce, et surtout le Trette, maintenant tres repandu en Toscane, et le Sorgho, dont M. Ridolfi tire d' excellent alcool. Troisieme. — A M. Ivoy, a Geneste, prfes Bordeaux (Gironde). Pour I'introduction dans les Landes, sur une vaste echelle, d'arbres exotiques et de Conif^res nouveaux. M£dallles de deaxlAme classe. 'i Premiere. — AM. SALVAGNOLt, a Florence. Pour rintroduclion en Toscane de differentes cultures ini- portantes, parmi lesquelles le Sulla deMalte,plante fourragere, le Sorgho, et nombre d'especes de Vignes et d'arbres fruitiers. Deuxieme. —AM. Simoni, k Florence. M. Simoni a opere en Toscane, dans de vastes proportions, la culture de Coniferes, regardes jusqu'alors dans ce pays comme arbres d'ornement, tels que les Laricios, maintenant tres nom- breux dans certaines for6ts de Toscane ; sesessais se sont aussi portes sur diverses especes de Ch6nes, de Legumes et d'herbes potageres. Troisieme. — AM. d'lvERNOis, a Hyeres (Var). Pour ses belles cultures du Sorgho, dans le departement du Var, et Temploi de cette plante comme recolte fourragere. Quatrieme. — AM. Flatow, a Berlin. Pour la propagation de la culture du Houblon en Posnanie. 3° APPLICATION INDUSTRIKLLE. M^dallle de premiere classe. ^ A M. le docteur Sicard, a Marseille. RAPPORT DE LA COMMISSION DlW RI^fiOMPEHSRS. LXXfX Pour Ips diflerentes matieres tinctoriales et alcooliques qu'il aobtenues du Sorgho, et pour ses essais de fabrication de papier tentes avec cette plante. ...'HUmi MMaille de deiultaie claue* A M. Fremy, a Paris. Ce celebre chimiste, aucjuel on devait dej4 une analyse im- portante de I'lgname de la Chine et la constatation d'une sub- stance azotee dans cette racine, a bien voulu se charger d'ana- lyser plusieurs huiles animales et vegetales nouvelles dont il a fait connaitre les proprietes et les (jualites au point de vue industriel. •J . . , ' Mentions lionorables. MM. Parlatore, a Florence. — Pourde nombreuses introduc- tions et acclimatations de vegetaux dans son pays. FuNKE, a Dyck (Prusse rhenane). — Pour la culture de rigname en AUemagne, daris les propriete de S. A. S. le prince de Salni-Dyck. Denis, a Hyeres (Var). — Acclimatation de plusieurs arbres exotiques a Hyeres. Victor Chatel. — Pour la propagation d'une variete inte- ressante de Ponime de terre, dite de Siberie. Brierre, a Notre-Dame-de-Riez (Vendee). — Pour la propagation de Tlgname de Chine dans le departement de la Vendee. Aguillon, a Toulon (Var). — Pour la culture de diverses plantes nouvelles dans le Midi. G. de Lausanne, au chateau de Porzantrez (Finistere). — Pour de semblables services rendus en Bretagne. Recompenses p«cnnlalres. PREMIERE SECTION. — MAMMIFERES. M. BiRRON, recompense pecuniaire de 100 francs pour les LXXX SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. soins excellents qu'il donne, depuis de longues annees, a divers Manmiiferes, et en particulier aux Lamas du Museum d'histoire naturelle. TROISIEME SECTION, — PISCICULTURE. M. Baudier, garde de la gare de Choisy, recompense de 100 francs. M. Baudier etant decede, la recompense qu'il a meritee sera remise a sa veuve, qui a continue ses travaux. CINQUIEME SECTION. — V^Gl^TAUX. M. Choplin, contre-maitre de M. Bemont, a Versailles, recompense de 100 francs pour les soins intelligents donnes a la culture de I'lgname de Chine. BULLETIN MENSUEL DE LA SOGZETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondle le 10 F^vrier i8a4. I. TRAVAUX DES MEHBRES DE LA SOGIETl NOTE SUR LE TAPIR MAIPOURI DE LA GUYANE Par M. Victor BATAILLE, Proprietairc , negociant et naturaliste, a Cayenne. (Stance du 26 d^cembre 1856.) Buffon donne sur le Tapir, dans son Histoire naturelle, d'a- pres divers voyageurs, des renseignements que rautorite du grand naturaliste a fait generalemenl accepter et reproduire, niais qui ne sont pas tous exacts, et j'ai pense que la Societe imperiale d'Acclimatation en accueillerait volontiers la rectifi- cation, d'apres ies faits que j'ai ele mis a in6me do constater par un sejour de vingt ans a Cayenne et par mes voyagt>s dans Ies diverses parties de la Guyane, Plusieurs des voyageurs cites par Buflbn disent qu'on se procure le Tapir par Ies Indiens, mais qu'on ne pent tirer que pen de parti de cet animal, parce que sa chair n'est pas de bonne qualite : « Sa viande est grossi^re et d'un goiU des- agreable », dit entre autres Barere dans son Histoire naturelle de la France equinoxiale. Cette assertion serait de nature a detourner Ies voyageurs ou Ies personnes (|ui resident en Amerique d'envoyer en Europe cet animal, dont cependant I'introduction a ete a plusieurs T. IV. —Janvier 1857. 1 2 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. reprises indiquee comme utile, notaminent, des le xviii' siecie, parDaubenton, et, de nos jours, par M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Je puis^ paf tna propre experience , rflssurer contrfe ces craintes.'J'ai souvent mange de la chair de cet animal. Sans 6tre delicate et de premiere finesse, elle est bonne et n'a rien de desagreable au gout. Aussi a-t-elle pris, depuis 1848, une place assez importante dans I'alimcntation de la colonic, par- ticulierement de la classe ouvri^re. Avant 1848, on le chassait peu •, les Indiens seuls se livraient a cette chasse, parce que les Europeens et les esclaves etaient occupes a d'autres travaux. Depuis I'emancipation, la chasse se fait au contraire tres acti- vement, avec succes, et non pas seulement chez les Indiens, mais a proximite de la ville, dans les environs de laquelle I'a- nimal n'est nuUement rare. J'en ai vu tuer, et ni6nie tres fre- queminent, a une et deux heues de la ville. II n'y a pas de semaine oii Ton n'enapporte deux ou trois qui sont depeces et vendus au detail, comme la viande de boucherie. Le prix est de 4 fr. l\0 le kilog. (^ette consommation ofl're un veritable avantage pour la colonic, (.ivi-nife ; Un faitremarquable des habitudes de ces animaux est quele jeune, du sexe masculin, suit sa mere et ne la quitte que lors- quMl est parvenu a Fetat adulte et a pu la saillir. Cette circon- stance fait que les chasseurs, lorsqu'ils tuent la mere, obtien- nent facilement le jeune male. Les jeunes femelles, au contraire, se separent de leurs meres des qu'elles n'ont plus besoin de leurs soins. De Laborde dit que le Tapir de I'Amerique meridionale pese jusqu'a 500 livres. II y a dans ce nombre un peu d'exagera- tion ; mais le Tapir n'en est pas moins, comme le dit de La- borde, le plus volumineux des quadrupedes de la Guyane. Ces details, que je completerai ulterieurement, m'ont paru avoir quelque opportunite au moment oij, par mes soins, un Tapir va arriver en France, ou deja j'ai envoye un assez grand nombre d'animaux propres a Tacclimatation, et particuliere- ment des Hoccos et des Penelopes (1). (1) Les animaux que j'ai envoyes, et qui malheureusement ne sont pas tous arrives vivants, sont les suivants : 10 agoutis ; 1 paca ; 1 p^cari ; 3 hoccos ; h p^n^lopes ; 1 canard. CHEVRES. ESSAl SUR LES CHfiVftli!S Par M. SACC, Profesieur i la Faculte des sciences de Neuchfttel (Suitta), Velegu6 de la Society a Wesserling'. SUITE (I). f CHilVRES DOMESTIQUES. . Comme toUS les animaux attaches a rhomme, la Oh^vl'e domestique presente une foule de varietes, parini lesquellts on distingue quatre types assei bien marques pour quMl soil facile de led separer d'avee cette multitude de varietes nees sous Tinlluence des croisements, des climats, de ralimenta- tion ou d'autres cotiditions aussi puissantes que variees. Le premier type comprend la Chevre commune; le second, la Chevre d'Angora; le troisieme, la Chevre de Nubie, et le quatrieme, la Chevre de Cachenure ou du Thibet. Autour de chacun de ces types se groupent une foule de varietes ne6s sails doute, essenliellement, des croisements, et qu'il imports d'eti separer en tenant bien comple des caracteres speciaux a cha- cun d'eux, et que nous allons exposer. La Chevre commune a le nez aplati, les mamelles accbii- plees et longues ^ le scrotum du bouc est entier. Le poil, plus ou moins long, est assez raide, et couvre, en hiver seulement, une laine courte et line-, les cornes sent arquees en arriere, et jamais lordues sur elles-m6mes. Le bouc a, pendant toute I'annee, une odeur aussi desagreable que forte. La Chevre dC Any or a difl'ere de la Chevre commune en ce que ses mamelles sont hemispheriques, que la laine depasse beaucoup le poil primaire, qu'elle couvre et cache totalemeni, (1) Pout' la premi^f^ partie de ce travail, voyez les ouni^ros de novvJinbi';, pages 513 5 b2k, et d<^cembre, pages 561 h b%U. ll SOCIETE IMPEUIALE ZOOLOGIQI E d'aCCLIMATATION. et que ses comes sont plus ou inoins arquees sar les cotes de lat6te, aplaties et tordues sur elles-m^mes. L'odeur du bouc ue se developpe qu'a Tepoque du rut, en automne ; elle n'est jamais aussi fetideque celle du bouc commun. La Chevre de Juida , encore mal connue , se rapproche beaucoup de celle d'Angora , donl elle pourrait bien n'^tre qu'une variete naine. La Chevre de Nubie diftere totalement de ses congeneres par son chanfrein fortement brusque, sa machoire inferieure proeminente, ses niamelles et son scrotum profondement divi- ses en deux lobes. Le bouc n'a jamais d'odeur. La Chevre de Cachemire differe de la Chevre commune par ses mamelles bemispheriques, ses cornes toutes droites ou divergentes, et plus ou moins tordues sur elles-memes. Le poil primaire, fort allonge, porte en hiver, a sa base, une laine plus fine, plus longue et plus abondante que celle de la Chevre commune •, c'est avec elle qu'on fabrique les precieux cache- mires, si justement recberches par les dames. Reprenant en detail Tbistoire de cbacun de ces types, occu- pons-nous d'abord des sous-varietes de la Chevre commune ^ elles ont trait a la taille, au pelage, aux cornes et aux ma- melles. Les plus grandes Chfevres habitent les montagnes fer- tiles de I'Aragon, des Alpes et de la presqulle scandinave; c^est dans le haut Valais, autour du glacier d'Aletsch , qu'on ren- contre les plus beaux exemplaires de ces races de forte taille. Cette Chevre du Valais est de moitie environ plus grande que la Chevre commune ; tout le corps est convert de longs polls blancs qui descendent jusques a terre •, ceux du poignet s'al- longent m^me sur le sabot, de maniere a le derober totale- ment a la vue. La t6te et le cou seulement sont du plus beau noir de jais, ce qui permet aux bergers de les retrouver sans peine au milieu des neiges qui entourent leurs paturages d'ete, et les y surprennent souvent a la fm de cette saison. Les petits naissent converts d'un poil frise qui, s'allongeant avec I'age, devient bientot ondoyant comme celui des adultes. Les Chevres naines, qu'on expedie frequemment d'Egypte, ne sont gu6re plus grandes que de forts chats ; la taille des CHt:VKKS. 5 boucs, beaucoup plus graiide que celle ties Chevres, se rup- proclie (leja do celle des Chevres communes. Le pelage est plus ou moins long, quehjuefois tres court, ce qui est le cas chez les belles Chevres d'Appenzell, dont la repu- tation d'excellentes laitieres est devenue, avec raison , euro- peenne. Quoique la teinte du pelage olTre toutes les nuances possibles de noir, de blanc et de brun, cependant le fauve y domine en general, plus ou moins m6le de brun fonce. Les Chevres des petits cantons, celles du Tyrol, sont fauve fonce, avec la t6te noire et une raie de ni6me couleur qui s'etend depuis la nuque jusqu'a la queue, tout le long du dos. La forme des cornes des Chevres ne varie pas ; mais elles man(|uent a beaucoup de sous-varietes, tandis (jue chez d'au- tres, elles semultiplient. Dansle troupeau communal du village de Gorgier, pres de Neuchatel , en Suisse , on trouvc beau- coup de Chevres a quatre cornes, que leurs proprietaires as- surent 6tre meilleures laitieres que les individus adeux cornes. La paire de cornes supplementaires est placee en arriere des cornes ordinaires; elle est generalement plus courte et plus grt^.le que Tautre. Les mamelles, enlin, sont plus ou moins allongees, plus ou moins velues, plus ou moins cbarnues ; elles ne presentent jamais que deux trayons developpes. Chose etrange, et qui prouve combien les facultes lactiferes sont developpees cliez la Chevre domeslique, il arrive que des boucs fournissent du lait. Nous avons vu, il y a quelques an- nees, uii de ces boucs laitiers dans le grand-duche de Hesse- Darmstadt, pres de Giessen ; le pis, place au-devant du scrotum, fournissait un lait aussi bon qu'abondant, et dont I'analyse chimique a demontre que la composition etait identique avec celui des Chevres. Ce bouc, age de quatre ans, avail d'ailleurs autour de lui une nombreuse progeniture, a laquelle il avait en partie aussi servi de nourrice. Le lait des Chevres communes possede un gout de bouc d'autant plus prononce qu'elles sont tenues moins proprement; avec des soins, on Tevite d'autant plus facilcment que le pelage est plus court. 6 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION . Comme nous indiquerons, aux generalites sue les soins, les caract^res des Chevres bonnes laiti^res, nous passerons main- tenant a I'etude des autres Chevres domestiques. La Chdvre cC Angora est de grandeur moyenne \ ses oreilles sont droites ou pendantes. Les cornes, aplaties chez le male, sont tordues sur elles-m^mes et divergentes ; celles de la fe- melle sont courtes, rugueuses, arrondies et fortement recour- bees en crochet en arriere ; elles portent aulant de noeuds horizontaux que ranimal a d'annees. Le poll primaire est court, couche sur la peau, blanc ou jaune clair; le poil secondaire, ou laine qui le depasse, s'allonge en boucles ondoyantes qui atteignent jusqu'a 80 centimetres de long, et sont toujours du plus beau blanc. Celle admirable race n'existe pure qu'a An- gora, oil on lui donne les plus grands soins, parce qu'elle est la source d'enormes gains. Tournefort, qui le premier a parle avec detail de la Chevre d'Angora, dans son Voyage en Orient, le fait dans les termes suivants : « On nourrit les plus belles » Chevres du monde danslacampagne d'Angora. Elles eblouis- » sent par leur blancheur, et leur poil, qui est aussi fin que de » la soie, frise naturellement par tresses de 8 ou 9 pouces de » long, est la nuUiere de plusieurs belles etoffes, et surtout » du camelot (1), maisonne permetguere de transporter cetle .» toison sans la filer, parce que les gens du pays y gagnent » leur vie. II semble que Strabon ait parle de ces belles Che- '> vres : « Aux environs de la riviere Halys, dit-il, on nourrit » des Moutons dont la laine est fort epaisse et fort douce, et, » de plus, il y a des Chevres qui ne se trouvent nulle part » aiileurs. » Quoi qu'il en soit, ces belles Chevres ne se trou- - v^nt aujourd'hui qu'a quatre ou cinq journees d'Angora et 5D de Beibazar; leurs portees degenerent quand on les trans- » porte plus loin. Le fil de Chevre se vend depuis h livres jus- v> qu'a 12 et 15 Toque (2) ; il y en a meme de 20 et 25 ecus ; y tnais ce dernier ne sert qu'a fabriquer le camelot destine au (1) Le camelot ^tait tin tissu l^ger semblable aux dloffes dites depo«7 de chevre^ avec lesqiielles on fait les gilets d'^l^ ; il etait ct^lebre par son eclat aulant que par sa dur(5e. (2) L'oque vaut un kilogramme. GHtVRES. 7 » serail du grand seigneur. Les ouvriers d'Angora emploient » le fil do Ch^vre pur dans leurs camelots, tandis qu'a Bruxelles, » et je ne sais pour quelle raison, on est oblige d'y m6ler de » la laine Toutce quartier est secet pele; les Chfevresn'y » broutont que des brins d'herbes, et c'est peut-6tre, comme » le remarque Busb^que, ee qui contribue a conserver la beaute » de leur toison, qui se perd quand elles changent de climat et » de paturage. Les bergers de Beibazar et d'Angora les pei- » gnent souvent etles lavent dans les ruisseaux. » Avec Tournefort, tous les auteurs qui I'ont copie s'accor- dent a declarer que la Ch^vre d'Angora s'abatardit lorsqu'on la transporte hors de son pays natal, ce qui est facile a croire quand on tient compte des soins dont on I'y entoure, et qu'elle pent fort bien ne pas trouver ailleurs. Ne voyons-nous pas, tout pr^s de nous, les vaches de Schwytz deperir dans les etabies de la France centrale, ou elles ne retrouvent pas la nourriture succulente qu'elles rencontraicnt dans les gras pa- turages des Alpes ; elles s'habituent fort bien cependant au climat alsacien , parce qu'on leur donne en abondance des fourrages cboisis. La Chevre d'Angora ne sera pas plus difficile a naturaliser que ne Tont ete les autres animaux domestiques ; il faut seu- lement, pour y reussir, du bon sens et de la patience. M. de Tchihatchefl' a expose, dans le Bulletin de la Societe d'Accli- matation pour 1855, I'bistoire de la Chevre d'Angora, etiidiee sur place ^ on y trouvera unefoule de details instructifs. Les descriptions des voyageurs, I'enorme consommation des poils d'Angora, appelerent sur ces beaux animaux I'atlention des agriculteurs philanthropes, qui en firent venir de pelits troupeaux, dans le courant du siecle passe. La plus celebre de ces importations est due au president de la Tour d'Aigues, qui publia sur elle, en 1787, un memoire dont nous allotis re- produire les passages les plus interessants : a La tonte se fait a la fin de mars- si le ciseau n'enlevait » pas la toison, elle toniberait bientpt d'elle m6me ; celle du ^ dos i^e detache la premiere ; puis vient, peu a peu , celle des » autres parties du corps. 8 SOCIETli IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » La chair des Chevres d'Aiigora vaut mieux que celle des » Moiitons, et on la prefere a toute autre dans les ports de la » Mediterranee. » Une tradition constante affirme que les Chevres d'Angora » ne sont pas originaires de eette ville ; mais qu'elles y ont ete » amenees du centre de I'Asie. » Je nourrissais mes Chevres dans la chaine du Leberon, » au pied des Alpes, et quoiqu'elles n'y re^ussent aucun soin » special , elles s'y sont constamment soutenues en bonne » sante, et s'accommodaient aussi bien du climat que du patu- » rage. Je n'ai point remarque qu'elles fussent sujettes a au- » cune maladie; ces animaux ont cependant un moment a » redouter, celui de leur arrivee, a cause du changement de » climat. Je perdis de ces b6tes a I'entree du premier hiver, » lorsque, en sortant de la bergerie pour les conduire aux » champs, elles furent surprises par le vent appele mistral, qui » amene un froid vif et penetrant. Dans ce cas, elles tombent et » meurent sur-le-champ, si on ne se hate de les rechauffer. Les » boucs, les chevreaux nes dans le pays, et les Chevres accli- » matees, ne sont plus sujettes a cet accident. Cette espece de » Chevres est constante^ et, quoiqu'elles procreent avec les » notres, Ton ne doit pas esperer pouvoir jamais les multiplier » par le croisement des races, parce que le vice de la mere ne » s'efface jamais. Si quelques individus approchent plus ou » moins de la race du pere, leur poil sera toujours plus court » et trop grossier pour pouvoir 6lre travaille (1). » Le poil des Chevres d'Angora, celui du moins qu'on uti- » lise, est constamment blanc*, quelquefois, et surtoutchez les » femelles, le poil court qui recouvre immediatement la peau B en tons temps est de couleur ventre de biche ^ il ne varie ni (1) INous avons vainement essays d'ope^rer avec un Bouc Angora, et des Brebis, le croisement qui r^ussit si facilement quand on y emploie le Bouc commun. Six Brebis communes, d'ages diffdrents, couvertes ci plusieuis re- prises, par un Bouc Angora, n'ont rien produit. Le meme Bouc allid aux Chevres communes du troupeau de Vesserling adonn^, par centre, de superbes metis a longs poils ondoyanls, mais grossiers comme ceux de leurs mferes, et tous de sexe raasculin. CHEVRES. 9 » en ete ni en hiver ; inais la toison qui le recouvre, et qui de- » vient si longue dans le courant de I'annee, est toujours du B plus beau blanc. » Les Idiflerenles parties de la toison donnent differentes » qualites de poil, conmie dans les Moutons^ aussi en fait-on » un triage exact avant de la travailler. • .. » Les tils valent depuis 40 ecus Toque, dont le poids est » d'un peu plus de 2 livres, jusqu'a 8 livres Toque (i). » Comme la toison enticre renferme deux qualites de poil, il » faut les separer. Le premier est beau et soyeux : c'est celui » que Ton recherche ; tandis que Tautre, court et terne, n'est » bon a rien. C'est avec les peignes qu'on separe ces deux sortes » de poils. II y a deux de ces instruments qu'on emploie suc- » cessivement, Tun etant plus fin (jue Tautre. On jette d'abord » le poil sur le premier peigne compose de deux rangs de dents » coniques; chaque dent a h 1/2 pouces de haut sur 1 1/2 ligne » de diam^tre a sa base; Tespace qui separe les dents est d'en- » viron 1 1/2 ligne; Tintervalle entre les deux rangees de » dents est de 8 lignes, et comme il y en a 36 par rangee, le J) peigne est long d'environ 7 1/2 pouces. Oe peigne est fixe » par deux ecrous, sur un banc inchne; la peigneuse, assise, » le place devant elle en jetant, par un mouvement circuiaire » des deux mains, le poil de Chevre qu'elle enfonce jusqu'au » has dn peigne, et saisissant par les deux c6tes les exlremites » de la poignee qu'elle tient, elle en separe les poils longs et » utiles, recommen^ant cette operation jusqu'a ce qu'elle voie » que toute la bourre est restee dans le peigne. De ce peigne, » la matiere passe au second, ou elle revolt le dernier degre de » perfection. Les proportions de celui-ci sont aussi de 7 1/2 » pouces de longueur; Tecartement des deux rangees de dents » est de 8 1/2 lignes ; Teloignement des dents n'est que d'une » ligne, et leur hauteur de 3 pouces 7 lignes, ce qui acheve de » retenir tous les poils trop courts pour pouvoir 6tre files. » Chaque poignee de poils etant peignee, on les aplatit, les (1) Actuellement, les fil^s d'Angora que les Anglais fournissent aux tis- sages franQais valent de 10 h 21 fr. le kilog., suivanl leur finesse, et la toi- son brute se paye 6 fr. ci 6 fr. 50 le kilog. a Londres. 10 SOCIETE IMPl^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. » pose les unes sur les autres dans des boites, apres en avoir » ramasse et serre les bouts, pour qu'elles restent toujours » separees, jusqu'a ee qu'on en charge les quenouilles. Les » quenouilles sont montees sur des pieds que la lileuse, assise, » place devant elle ; leur forme superieure est celle d'une » cloche renversee, afin de procurer le plus de surface possible » et d'assurer ainsi Tunion constanle du nombre de poils que » la fileuse doit employer selon leur qualite, ce qui donne re- ft galite du fil. > Alors on prend assez de ces plaques sorties des mains des » peigneuses pour en entourer la quenouille d'une epaisseur » de 2 ou 3 lignes ; on serre et on arrtHe le tout avec une » bande tres souple de maroquin, garnie a son extremite d'un » cordon de soie auquel on suspend une piece de monnaie, ce » qui suffit pour rassujettir. » Ce poil, quand on Temploie, doit 6tre mouille non avec de » I'eau, mais avec de la salive, (pii seule (1) est propre a cet » usage , parce qu'elle I'assouplit ; aussi la fileuse humecte » dans sa bouche la partie qu'elle veut filer et commence a gar- » nir son fuseau ; une courte aiguillee de fil lui fournit le » moyen de saisir le premier poil. » Le fuseau doit 6tre parfaitement rond, et, par consequent, » tourne avec attention. On a eu soin d'y faire, a la pointe su- » perieure, un pas de vis allonge et creuse dans le bois, ou Ton » place le fil pourl'arrSter et le rapprocher du centre. Quand » on commence a filer, on ajoute a Textremite inferieure, » comme a tout autre fuseau, une petite bouie que Ton ote » lorsque le fuseau, suffisamment charge de fil, est assez lourd » pour conserver son mouvement. » Si Ton veut former des echeveaux, on devide le fil sur une » planche longue de 22 pouces et munie d'une ouverture qui » permette de la saisir avec la main, A ses deux extremites, on » ne conserve que trois angles saillants, et on abat le quatrieme » afin de pouvoir retirer facilement I'echeveau des qu'il est fixe (1) II parait qu'en Anglclerre c'est avec du petit lait ou de I'eaii faible- nient sucr^e qu'on humecte les poils d'Angora avant de les soumettre au filage m^canique. CHEVRES. 11 » et propane. Pojir rela, etavant de r6ter de dessus le devidoir, » il iaut I'assouplir et en 6ter le tors; on sait que cette ma- » tiere conserve tonjoiirs beaucoup de roideur et perd diffici- » lenient les plis qa'elle a une fois contractes, surtout lors- » (ju'elle est convertie en etoffe. C'est cela qui oblige les fileuses » a ne tordre le fil que le moins possible; mais, comme il est » necessaire qu'il le soit assez pour supporter le fuseau, on ne » peut diminuer le tors qu'apr^s I'avoir mis sur le devidoir, ce » qui s'opere par un allongement force el qui en separe les » contours. Pour y parvenir, on commence par mettre le de- B vidoir et son fil dans I'eau ; celle des rivieres est la meilleure. » Quand le fil est bien imbibe, on dresse entre Fecheveau et » le devidoir quatre petites planches qui tiennent le fil eleve » et tr^s tendu ; on le laisse secher en cet etat au soleil, oi\ il » devient aussi moelleux que soyeux. Pour 6ter I'echeveau du » devidoir, on abaisse les quatre planchettes et on le retire du » c6te de Tangle obtus ; on le plie sur sa longueur et on en » forme des mateaux circulaires que Ton noue avec des cor- » dons rouges ; c'est en cet etat qu'on les livre aux marchands » et aux manufacturiers. » J'ai observe que la bourre de la toison est tr^s sujette aux » insectes ; aussi ne peut-on la conserver, dans les pays » chauds, que dans des sacs de maroquin d'Angora. Je crois » qu'a cet egard le cuir de Russie est preferable : I'huile de » bouleau qu'on emploie a sa fabrication ayant une odeur en- » core plus forte que celle avec laquelle on prepare ce maro- » quin. elle doit Hre plus nuisible aux insectes. » Quant a la quantite de poll que peuvent fournir ces ani- » maux, Pun portant I'autre on peut Pevaluer a quatre livres » de fil. La toison des boucsentiers en a donne beaucoup plus, » mais elle est plus grossiere; la Chevre en donne moins, mais B elle est tres fine ; celle du bouc coupe reunit la finesse a I'a- » bondance. Ainsi, en ne fabriquant que du fil assez commun, » c'est-a-dire a 4 francs la livre, chaque b^te rapportera an- » nuollement , en maliere premiere ou en main-d'ocuvre , » 12 francs, somme assez considerable, surtout quand on la » compare au produit des Chevres d'Europe, evalue annuelle- ■j", i'2 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLJMATATION. » ment a h livres, en comptant, outre le poll, le produit du » chevreau, le lait et le fumier, ce qui se trouve egalement dans » la race d'Angora. Celte Chevre a veritablement les mamelles » plus petites, mais elle donne autant de lait (|ue celles du » pays quand elle est rassemblee en troupeaux et tenue sur les » montagnes, » Si ces animaux etaient assez abondants pour qu'on pClt en » vendre les vieux males coupes, le produit en serait conside- » rable, puisque j'en ai vendu deux vieux 69 livres, ce qui » donne, pour cbaque animal, 34 livres 10 sols; il est vrai » qu'ils etaient tres gras. » On a vu a Paris, il y a quelques annees, beaucoup de » manchons faits avec les peaux entieres des Chevres d'An- » gopa. » Les Chevres d'Angora se repandent en France ; il y a deja » plusieurs annees que M. de 3Ieslay, president de la Chambre » des Comptes de Paris, en eleva avec succes dans sa terre de » Meslay, au pays chartrain. » Lorsque le Roi etablit sa ferme de Rambouillet et qu'il la » peupla de bestiaux precieux, il ordonna qu'on y eClt une cer- » taine quantite de Chevres d'Angora. Ces animaux , depuis » plus do six ans, s'y multiplient et donnent des produits qui » passent entre les mains des amateurs, Je puis attester que » rien n'est plus facile que d'elever et de nourrir cette espece B de betail; on les conduit aux champs avec les beliers, et on » les nourrit comnie eux en hiver. On a soin de leur eviter les » grands froids. Les Chevres Angora de Rambouillet parquent » en ete avec les b6tes a laine, dans la m6me enceinte. Elles » sont pour la plupart blanches; il y en a quebjues-unes seule- » ment dont le poil est gris-violct. Jusqu'ici les manufacturiers » n'ont pas paru faire usage du poil d'Angora cru de la France; » mais dans la suite ils le rechercheront, comme on voit les » fabricanls de drap rechercher la laine de nos troupeaux de » race espagnole, depuis qu'ils ont moins de facilite pour en » tirer de I'Espagne. » La notice precedente donne sur la certitude de la reussite de I'acclimatation des Angoras, ainsi que sur le travail de leurs CR^VRKS. 13 toisons, des details si intoressants et si complets, qu'il n'y a pas grand'chose a ajouter, sauf, pour ce qui concerne la na- ture iTK>rne de la laine et ses usages, dont nous allons cher- cher a donner une idee aussi nelte que possible. L'Angora a Taspecl, le toucher et Teclat de la soie dont il ne poss^de pas la souplesse •, on Temploie a confectionner les tissus legers dits en poll de chevre^ et surtout les beaux ve- lours d' Utrecht, qui en consomment pour 6 millions de francs chaque annee. Moins chaud que la laine, I'Angora a sur elle Tavantage de ne pas se feutrer, en sorte que les etolTes qu'on en tisse sont inusables et toujours brillantes ; elles ne prennent pas la poussi^re, non plus que les taches, ce qui en rend I'u- sage bien precieux pour les ameublements. L'Angora se teint avec la plus grande facilite; il est la seule fibre textile qui prenne egalement bien les couleurs destinees a tous les tissus. La roideur de TAngora ne permet gu^re de I'employer seul dans la confection des habillements ; mais quand on I'associe pour cela a la laine ou a la soie, il en prend la souplesse, tout en leur communiquant son nerf et son eclat, ce qui en fait des tissus excellents sous tous les rapports. Les tapis de pieds en peaux d'Angoras valent mieux que tous les autres, parce qu'ils ne se feutrent jamais et qu'ils ont un moelleux, une elasticite et un eclat qui n'appartiennent a aucune autre toison. C'est essentiellement le travail de M. de la Tour d'Aigues qui a engage la Societe d'Acclimatation a tirer d'Angora quel- ques-unes de ces precieuses Chevres, sur lesquelles on a fait les remarques suivantes : La taille de ces animaux varie beaucoup, puisque les uns sont (Kun tiers, et davantage m(>ine, plus grands que les au- tres ; une Chevre de petite race pesait 27 kilog., tandis qu'une autre, de grande race, atteignait 36 kilog. Les or 'illes, assez longues, sont droites ou pendanles, et le poil soyeux, plus ou moins fin •, il est d'autant plus fin, que le poil est plus frise et moins ondoyant. Les Chevres a laine tres fine ont aussi les jambes et le front couverts d'une laine courte et frisee, ce qui n'arrive jamais aux Chevres dont la laine est ondoyante, moins Ill SOCIETK IMP^RIALE ZOOLOGIQliE D ACCLlMATATlOiN. fine et si longue que les brins en atteignent souvent, sur les flancs, 66 centimetres de long. Les Chevres d'Angora sont de pauvres laitieres ; elles four- nissent rarement un demi-litre de lait par jour, et encore n'est-ce que pendant trois ou quatre mois au plus apres le part; mais ce lait est excellent; il est sans gout prononce et excessivement gras. Le rut commence au mois d'octobre, et les petits naissent de mars en avril, en sorte que la gestation ne doit dater quo du commencement de novembre, puisqu'elle est de cinq mois. Les Chevres ne font qu'un seul petit a la fois. La toison commence a se detacher en mai ; elle repousse deja vers la fin de juin^ on la coupe en avril. Les Chevres donnent environ 2 kilog. de laine, et les hours 3 ou A. Apres la tonte, les Angoras redoutent beaucoup le iVoid; aussi fait-on bien d^ les tenir chaudement, jusqu'a ce que leur toison commence a repousser. Les Chevres d'Angora sont plus faciles a nourrir que celles d'Europe; elles ont bon appetit et mangent la paille et les bran* chages de sapin aussi volontiers que le loin ^ elles s'engrais- sent aussi facilement que les Moutons, ce qu'indique sulfisam' ment leur peau mince, mobile et souple. Les Chevres pesentde 30a 40 kilog., tandis que les bones atteignent un poids double, et m6me triple •, leur ration de production est de 1 1/2 a 2 kilog. de bon foin, en moyenne. Deux chevreaux de sept mois, nes en mai 1856, pesaient au 1" d^cembre, le bouc 20 kilog., et la chevrette 15 kilog., a jeun, ce qui prouve a la fois combien leur developpement est rapide et leur force assimilatrice grande. Les laines d' Angoras sont si recherchees actuellement pour la confection des eloffes legeres, et surtout des veloufs, qu'il est urgent de les multiplier en Europe; mais on ne pourra le faire avec avantage que dans les pays ou les terres sont a un assez has prix pour que Televe de Moutons y soil avantageuse. ]La laine d'Angora vaut brute 6 fr. le kilog., et comme chaque Chevre en donne 2 kilog., son produit annuel est de 12 fr., c6 qui est loin de payer sa nourriture dans les pays froids, oii CHEVHES. 15 cette Chevre doit 6tie tenue a I'etable pendant presque toute Taiinee. Les essais que nous poursuivons depuis trois ans nous ayant coiivaincu que les Chevres d'Angora pouvaient devenir bonnes laitieres, la question de leur rapport pent changer beaucoup de face, et il est a esperer que le jour n'est pas loin ou le produit essentiel des Angoras sera le lait , et oil leur laine sera un revenu accessoire d'autant plus lucratif qu'il constituera un benefice presque net. Des que TEurope posse- dera des troupeaux d' Angoras assez nombreux pour alimenter des manul'actures, on verra s'elever des filatures qui feront a celles d'Angleterre une concurrence d'autant plus avantageuse qu'elles auront la niatiere premiere d'une fa^on plus reguliere, et sans doute aussi d'une bien meilleure qualite. L'industrie entiere de la filature du poil Angora est a creer sur le conti- nent; aussi ne pouvons-nous point appeler assez vivement sur elle Tattention des industriels, puisqu'il s'agit de nous procu- rer de nouvelles ressources et d'echapper au ruineux monopole que les Anglais exercent depuis si longtemps aux depens des tissages frau^'ais et hoUandais. Les Chevres d'Angora sont plus robustes que celles d'Europe; elles craignent moins le froid sec , mais plus encore qu'elles rhumidite. Les palurages humides leur donnent la pourriture; aussi ne doit-on jamais les sorlir par la pluie, ni les fourrager avec des herbes humides. Lorsqu'elles auront ete mouillees, on les essuiera soigneusement avec un bouchon de paille, et on leur evitera les courants d'air en les enfermant a la bergerie^ afin de les garantir des refroidissements, qui sont excessive-- ment dangereux pour ces superbes animaux. Leur caractere est doux, mais mou et paresseux; elles sont plus faciles a conduire que les Chevres communes; elles n'ont aucune odeur, et celle du bouc n'est sensible que pendant les trois mois du rut, sans jamais etre bien forte. Quand on considere tons les avantages presentes par la Chevre d'Angora, on s'etonne et s'effraye avec raison de I'in* succes constant de ses diverses importations. En examinant de pres les conditions dans lesquelles ces essais de naturalisa- tion out eu lieu, il est facile de decouvrir la cause de leur non- 16 SOCIETY IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. reussite. C'est la rudesse et rhumidite du climat de la Suede qui adetruitle troupeau d'Alstroemer ; c'est la Revolution qui a aneanti celui de la Tour d'Aigues ; c'est enfin la concurrence des Merinos qui a fait oublier et abandonner celui de Ram- bouillet. C'est a tort que les Merinos ont fait negliger les An- goras, dont la laine, encore plus abondante que la leur, pos- sede la longueur, le nerf etTeclat qui lui manquent ; les tissus dont la chaine serait en Angora, et la trame en Merinos, ne laisseraient rien a desirer sous aucun rapport. Les Angoras va- lent mieux aussi que les Moutons anglais a laine longue, parce que leur laine est plus fine, plus abondante, et surtout plus brillante •, puis aussi parce qu'elles sont beaucoup plusro- bustes, quoique tout aussi aptes a prendre la graisse ; enfin, et bien que peu abondant, le lait des Angoras doit aussi entrer en ligne de compte, surtout si, comme quelques essais le font penser, on parvient a en augmenter la quantite. Comme la Chevre d'Angora est le type des Chevres a laine, celle de Nubie est le type des Chevres a lait. Cette espece, connue aussi sous le nom de Chevre d'Egypte ou de la Haute- Egypte, presente beaucoup de varietes dues a son croisement avec le3 Chevres commune, naine et membrine •, nous en avons donne plus haut tons les caracteres zoologiques, auxquels il n'y a plus a ajouter que quelques details. Quand elle est de race bien pure, la Chevre de Nubie est de moitie plus grande que la Chevre commune ; son chanfrein busque se releve au-dessous du front pour former une emi- nence conique, puis s'enfonce vers le museau de maniere a laisser les narines dans une expece d'excavalion, au-dessus de laquelle s' eleven t les dents de la machoire inferieure, qui depasse beaucoup la machoire superieure. Les oreilles sont longues, plates, assez larges et pendantes, ou bien courtes, droites et coupees en biseau ^ la barbe est nulle. La femelle n'a pas de comes ; celles du male sont plates, courtes, couchees sur le derrierede la t6te, tordues sur elles-memes, une seule fois de dedans en dehors. Les mamelles et le scrotum sont profon- dement fendus, de maniere a former deux lobes bien distincts ; les mamelons ne sont pas places, comme chez toutes les autres CHEVRES. 17 especes, a la pointe de la mamelle, maissur le cAte exterieur, en bas et au niveau du sol, ce (|ui a necessite sans doute I'al- longement de la machoire inferieyre chez cette espece, dont les jeunes n'auraient pas pu le saisir, dans le cas ou les deux machoires eussent ete d'egale longueur. La Chevre de Nubie n'a jamais d'odeur, m6me a Tepoque du rut, qui se presente durant toute I'annee ; elle est maigre, efflanquee et batie si legerement que beaucoup de personnes la prennent, au premier coup d'oeil, pour un petit cheval ; les yeux sont tres gros et places a fleur de t6te. Le pelage est presque toujours forme de poils brun fonce ou noirs, tres longs etassez fins. Cette espece est , apr^s le Lapin et le Pore, celui des ani- maux domestiques dont la multiplication est la plus rapide. Nous avons vu une de ces Chevres mettre bas onze petits en im an, savoir : deux fois 4 et une fois 3 5 une seule des portees elait a terme. En general, les Chevres de Nubie mettent bas deux fois par an etfont 3 petits chaque fois. Les enormes mamelles coniques de cetle precieuse espece remplissent totalement Tespace compris entre les jambes de derri^re, trainent jusqn'a terre et emp6chent I'animal de mar- cher quand elles sont pleines. Chaque Chevre donne 10 a 12 litres de lait par jour, rarement moins de h ^ le lait est ex- cellent sous tous les rapports, et plus gras que celui des Chevres indigenes. Les Chevres de Nubie sont les plus douces et les plus tran- •l^uilles de I'espece: elles ne sont pas coureuses et n'exigent pas une nourriture delicate. II est a regretter qu'elles soient telle- ment frileuses qu'elles ne supportent pas le moindre froid; nous les avons cependant conservees sans peine dans des eta- bles bien chaudes, avec la precaution de les couvrir avec un tapis de laine grossiere et de ne les abreuver qu'avec de Teau tiede. Le moindre refroidissement provoque chez la Chevre de Nubie un avorlement presque immediat. II est bieti essentiel de tenir ces animaux pendant toute Tannee au foin, parce que rherbe verle leur cause une diarrhee qui est presque toujours mortelle. T. IV. — Janvier 1857. 2 18 SOCIETE IMPfiRlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Comme producteur de lait, la Chevre de Nubie, beaucoup plus economique que la Vache, merite d'6tre substituee par- tout a la Chevre commune, et peut-6tre m6me a la Vache, dans les pays chauds, ainsi que dans les terrains arides et sees. Cette espece sera, pour I'alimentation humaine, une conqu^te aussi heureuse que Vest celle de la Chevre d'Angora pour I'in- dustrie. En terminant, nous nous empressons d'annoncer a nos lec- teurs que M. Noel Suquet, I'habile et zele directeur du Jardin zoologique de Marseille, a fait venir de Nubie quatre Boucs et huit Chevres de race pure, dont les descendants lui permettront de repandre promptement cette precieuse race partout oij on la desirera. La Chevre du Thibet presente deux varietes appelees tant6t Chevre du Thibet, tan tot Chevre de Cachemire, et qui ne sont evidemment qu'une variete de la race pure qui, repandue dans toute TAsie centrale, doit s'y presenter sans doute avec une multitude de varietes. La face pure du Thibet est grande •, elle mesure 66 centi- metres de hauteur au garrot; son nez est un peu arque, ses cornes aplaties sont droites, noires, un peu divergentes a I'ex- trenlite, surtout chez les boucs. Les oreilles sont larges, pla- tes et pendantes. Le poil primaire est tr^s long, soyeux, bril- lant, generalement blanc, quelquefois brun clair ; il se divise sur le dos pour retomber sur les flancs en larges nappes on- doyantes; au-dessous de lui ^t developpe, en automne, une laine tres serree, assez abondante, d'une finesse et d'un moel- leux vraiment admirables. Le pis est hemispherique, conmie celui de la Brebis ; cette espece n'a pas d'odeur, m6me a I'e- poque du rut. C'est avec la laine de ces Chevres qu'on fabrique les fameux chales appeles cachemires et qui , au commencement de ce siecle , etohnerent I'Europe par leur eclat, leur souplesse et Surtout leur delicieux toucher- ils valaient alors jusqu'a 10 et 12000 fr., et comme leur preparation est aussi longue que dis- pendieuse, le prix n'a pas change ; aussi la consommation a-t-elle tellement diminue, qu'on a renonce a les fabriquer en .rt" CHEVRES. ■^r.ir^H-y 1© Kurope, ce qui explique Tabandon des Chevres du Thibet, si cliaudement accueillies en France en 18J9. Importees en nombre considerable sous le patronage de Charles X, ies Chevres du Thibet I'urent distribuees a beaucoup de personnes, ({u'elles eblouirent, fascinerent d'abord par leur aspect vraiment inajestueux. Plus tard on s'aper^ut (ju'elles ne donnaient qu'un demi-litt'e de lait, et jamais plus de 180 grammes de duvet, assez difficile a extraire, ce qui ne couvrait pas Ies Irais d'entretien, et ce qui en tit abandonner la multiplication, au point (ju'on ne Ies ren- contre plus guere a I'etat de purete que dans le beau et riche domaine prive de S. M. le Koi de Wurtemberg, qui s'est plu a y reunir presque toutes Ies races d'animaux domestiques. Le lait des Chevres du Thibet est plus riche en principeK nutritils que celui des Chevres communes, ainsi que le prou- -vent Ies analyses suivantes : ' Chiyre du Thibet. Chevre d'Europe. Beurre . 9 6 Fromage 35 'i'd ifn^ >;'*i» Sucre de lait ZlO 27 Extrait gommeux et salin. 11 6 Eaa 905 928 , ' J. ^f*?J 1000 1000 II seraitdonc utile de reprendre reducation de cette Gheyre, uniquement pour developper ses iacultes lactiferes. La laine commence a pousser au mois d'octobre et continue a croitre jusqu'au printemps, oil elle se detache d'elle-m^me dans le courant d'avril ; il est rare que ces animaux la conser- vent plus longtemps dans notre climat. On enleve la laine au moyen de peignes dont Ies dents, suttisamment ecartees vont chercher le duvet, au travers despoils, jusque sur la peau. Les peignes sont fixes a un nianche de 10 a 12 centimetres de long, qui en facilite beaucoup I'usage. La recolte dure de six a huit jours au plus. II n'y a pas d'autre moyen de separer les polls d'avec la laine, que de les enlever des dents du peigne, et de trier cnsuite, a la main, lous ceux ([ui lui ont eebappe d'abord. 50 SOCIETK IMPEUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. La grande perte qu'on eprouve sur la laine avant de la filer provient du dechet au peignage. On execute le peignage en etirant la laine a travers les dents de peignes, prealablement chauffes, pour en separer la poussiere , ainsi que les corps etrangers : on perd alors de 70 a 78 pour 100 du poids initial de la laine, qui se reduit a '24 et m6me 22 pour 100 par le tis- sage. II taut A20 grammes de duvet bien nettoye pour tisser 1 metre 120 millimetres ; soit une aune de cachemire de SAO millimetres, ou 3/4 d'aune de large, pesant 195 grammes. Lors m6me que ce produit serait encore plus faible, il merite- rait cependant d'etre pris en consideration, parce qu'il ne fait concurrence a aucun autre, et que si on arrive jamais a faire donner du lait en abondance a ces Chevres, elles fourniront une nouvelle source de richesse aux industriels , en m6me temps qu'aux agriculteurs. Ces Chevres donnent en moyenne 90 a 120 grammes de du- vet brut quand elles sont blanches; les Chevres brunes en fournissent jusqu'a 180 grammes, mais il est moins fin. La laine des boucs est plus frisee, plus elastique, mais moins fine que celle des Chevres. En general, la finesse de la laine diminue a mesure que I'animal avance en age. Les Chevres dont la tete est petite, les cornes droites et croi- seesaleur extremite, les oreilles largeset pendantes, sont celles qui donnent la laine la plus abondante, la plus longue, la plus brillante, la plus fine etla plus elastique. Comme elles se pren- nent facilement par leurs longues cornes dans les barreaux des rateliers, on lait bien de les scier, et on devra s'attacher a en propager les individus sans cornes. Les Chevres du Thibet sont plus robustes et plus faciles a nourrir que celles d'Europe; elles craignent seulement beau- coup les bourgeons et les glands du ch6ne, qui leur causent une inflammation d'estomac, a laquelle la Chevre commune est aussi sujette, et qui devient facilement mortelle. Cette espece fait en general deux petits a la fois ; elle est douce, quoique vive et fort gaie. II faut un bouc pour 30 Chevres. (La suite prochainement.) AUTRUCHE d'aFRIQUE. T "TI •■'• 2t DES M(EURS ET DES HABITUDES DE L'ADTRUCllE. EXTRAIT DUN MEMOIRE SUR L'AUTRUCHE D'AFRIQUE LU A LA SOClfeTfi DANS LES SEANCES DES 1" ET 15 F^VRIER, ET 14 MARS 1856, Par n. le docteur L.-A. GOSSE, D^egiie de la Soci^t^, a Gendve. L'Autruche est un oiseau doiix, pacifique, et plutot timide; aussi n'attaque-t-elle jamais les autres animaux. Cependant, a I'epoque du rut, le male a des acces de violence qui sont a redouter de ceux qui s^en approchent sans precautions. Si le bee n'est pas a craindre, non plus que les tuberosites des os des ailes, les coups de pied lances soil en avant, soit de c6te, ne sont pas egalement innocents. M. Edouard Verreaux a vu un negre tue d'un coup de pied dans la poi trine •, et, ce qu'il y ade remarquable, c'est que les Autruches qu'il elevait paraissaienl avoir plus d'antipalhie pour les negres que pour les blancs. La violence de ces coups de pied, et Tadresse avec laquelle les males les appliquent, leur permettent de s'en servir comnie de defense contre les b6tes sauvages. Aussi sont-ce les Autruches males qui font la garde de nuit aupres de la nichee et qui la defendent avec courage et devouement ^ les femelles, plus timides, plus inoffensives, se contentent de prendre la fuite. Get oiseau ne brille pas par I'intelligence, ce qui est en har- monie avec la pelitesse et la conformation de son cerveau ; mais il selaisse guider par ses sens et ses instincts, ne manque pas de prevoyance dans certains cas, et est particulierement tres vigilant. Le sens de la vue est surtout developpe et lui ^onne I'avan- 22 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. tage de faire bonne sentinelle dans le desert ; il nous permettra plus tard de diriger I'education de ranimal dans un but utilitaire. II paraitrait m6me que Vorganisation de Toeil facilite a cet oiseau la chasse des insectes crepusculaires (1). Tons les auteurs s'accordent a dire que sa vue, treslongue, s'etend m^me a la distance de pres de deux lieues, de maniere que I'Autrucbe aper^oit rennemi longtemps avant qu'il puisse se doutei' de sa presence. L'ouie est egalement tr^s fine, et elle distingue tr^s facile- ment les appels qu'on peul lui faire a distance. Le gout et fodorat sont les plus faibles de ses sens. L'instinct qui predomine cliez I'Autrucbe est celui de I'ali- nientation et nous fournit un excellent moyen de la dompter et de la dornestiquer. La voracite qu'on lui I'eprocbe est en partie la consequence de la vie quelle mene dans le desert. Appelee a vivre, tantot dans I'abondance, pendant lasaison des pluies, tantot dans lapenlirie. a I'epoque de la secheresse, et pouvant s'engraisser rapidement, elle en profite pour faire des provi- sions de graisse qui lui serviront a supporter des jeunes pro- longes ; et, d'autre part, elle parvient a se nourrir de substances que rejeltent tous les autres animaux. ' Elle est classee parmi les frugivores; et, en effet, les vege- tftux font la base de sa nourriture ^ mais elle est aussi omni- vore, et la disposition de ses estomacs prouvequ'elle est capable 'de dig^rerles substances les plus dures, les plus coriaces, les plus inattaquables par les sues gastriques ordinaires. L'berbe ' est sa nourriture favorite, et elle en trouve une pature abon- dante apres la pluie, dans quelques parties du desert; les fruits (1) Lesorbites occupent les 2/3 du volume de la tfite, entie le bee d'un c6te, et de Tautre le cerveau ou les organes de ronie. Le globe de Tceil n'est pas spli^rique, mais la corn^e opaque est aplatie d'avant en arrifrejetla cornee transparente fait seule une saillie cont'id^rable. Le diamfelre transversal de la cornee opaque est de hi millim. Son diamMre antero-poslc^rieur de 23 — Le diamfetre transverse de la corn(5e transparente de 17 La saillie de la cornee transparente de 8 — Le diam^tre du nerf optique a pr^s de 3 1/2 a A — -;. , AlITRUCHE d'aFKIQUE. 2$ sucres, les dattes, les graines de cereales el de legumineuses ont pour elle beaucoup d'attrait; mais les fruits sees et durs, les I'euilles et les bourgeons d'arbustes amers et epineux, frai§ ou sees, des portions d'ecorce ou de bois, ne lui repugnent pas. Richardson a vu un troupeau d'Autruches se nourrir de la gomme du Mimosa (1). Elle mange aussi toute espece d'insectes, de larves, des lezards, des serpents, des grenouilles, des coquillages terres- tres, des debris de viande et m6me des os. Lichtenstein men- tionnequ'une des raisons qui altachent les Autruches aux Quag- gas, e'est qu'elles reeueillent, dans les excrements de ces derniers, de gros coleopteres (de la famille des bousiers) dont elles sont tres friandes (0. C, t. II, p. 341). Dans I'etat de cap- tivite, on les voit reeueillir jusqu'a leurs crottins desseches. Et pour faciliter la trituration des aliments, ou pour apaiser la sensation penible de la faim (2) , elles avalent des pierres et des metaux quand elles en trouvent. Des anecdotes relatives a ce genre de gloutonnerie sont citees par tons les auteurs (3). ^.;,^ vW.f'te ^ ♦' i Chez les fermiers du Cap, on les a vues avaler de petits pou- lets tout entiers (4), et MM. Verreaux m'ont raconte qu'une de leurs Autruches avait ingurgite en m^me temps un gros raorceau de savon et un bougeoir en cuivre. Le bougeoir fut rejete quelque temps apres ; mais deja il etait completement tordu et aplati. On se rappelle aussi la mesaventure recente d'un habitant de Saint-Quentin , dans une exhibition d'Autruches , et qui , quoique averti de I'habitude qu'a cet oiseau de happer les obr (1) Narrative of a mission to central Africa, t. I, p. 149. (3) G'est par la raSine raison que certaines tribus de PAm^rique mangent de I'argile dans les temps de diseile. (3) Warren, Philosophical transactions, n<» 39Zi; Ramby, id., n° 381 ; Wallisnieri (0. C), Memoires de Vancienne AcadSmie des sciences de Paris pour servir a I'histoire des animaux, part. 2, p. 120 ; Lac^pMe et Ciivier, Menagerie nationale, p. 2 ; Daumas, Chevaux du Sahara, p. 276, etc. {!\) British Cyclopedia of natural history, by Charles Partington, t. Ill, p. 366, 3 vol. in-8'. London, 1837. ^^ 2/l SOCIETE IMPEKULE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. jets brillants, s'etait approche impruclemment de I'une d'elles, en etalant sur sa poitrine une belle chaine en or. En un din d'oeil, il vit disparaitre et chaine et montre dans I'oesophage de Taniinal glouton, et paya bien cher son etourderie, malgre ses reclamations devant les tribunaux. La nourriture des jeunes Autruches, qui, au moment de I'e- closion, sont de lagrosseiir d'unepoule ordinaire, est presque enlierement animale. Ainsi que je Tai fait observer precedem- ment, les oeufs conserves en debors du nid pourraient en faire partie; mais ce sont surtout des insectes et de petils reptiles qui leur conviennent •, aussi leur font-elles la cbasse aussitot apres leur naissance. Elevees dans la captivite, elles sont faciles a nourrir, avec du pain, de la viande hacbee, des graines, des legumes, etc, et s'accommodent de presque tout. La glouton- nerie est leur defaut, aussi bien qu'a un age plus avance, et il faut se garder d'y ceder imprudemment , en leur donnant a manger trop a la fois (Notre). Au reste, il ne faut pas croire que les Autrucbes apprivoisees ou captives aient besoin d'autant de nourriture qu'on s'ima- gine, et surtout elies sont des plus economiques a nourrir quand elles peuvent paturer. Du temps de M. Cuvier, la ration des Autruches du Jardin des Planles de Paris etait par jour de 4 livres d'orge, 1 livre de pain et environ 10 t^tes de laitue ; actuellement on ne leur donnejournalierement,lorsqu'elles sont renfermees, que 1 litre d'orge et 500 grammes de pain •, les curieux completent ce regime dans les beaux jours, ou elles sortent de Tenclos. Lorsque I'berbe pousse, on en fauche pour la leur donner, et, malgre ce petit ordinaire, elles engraissent si promptement qu'il en est resulte quelquefois un etat maladif. Dans le Jardin zoologique d'Anvers, on leur donne 1 1/2 ki- logr. de nourriture par jour, et ete et hiver de la verdure ^ ce regime leur va parfaitement. MM. Verreaux, au Cap, ne donnaienta leurs Autruches que 1 1/2 litre d'orge, independamment des feuilles et des glands qu'elles ramassaient sous des chines, et de I'berbe rare qu'elles broutaient dans I'enceinte. ACTRUCHK u'aFRIQUK. 26 D'autre part, elles peuvent supporter des jeClnes plus pro- longes qu'aucun autre animal. line Autruche du Jaidin des Plantes, fjui avait avale 500 gram, do clous, resta parlaitement bien portanle et vigoureuse pen- dant trente-quatre jours, quoiqu'elle n'eCltpris dans cetinter- valle aucune espece de nourriture quelconque, et elle n'a pas succombe a Tinanition, puisqu'elle etait encore grasse a sa mort, mais bien a la presence dans Vestomac de cette masse enorme de corps etrangers, qui, cependant, avaient ete corro- des et appointes sous Taction des secretions gastriques (1). Quant a la boisson, on est aussi pen d'accord sur la quantite qui leur est necessaire. D'anciens auteurs avaient m6meavance qu'elles nebuvdient pas, mais le fait a ete controverse par la plupart des ecrivains modernes. '* ' * -^ Licbtenstein (0. C.) nous apprend que dans les deserts du Cap, on voit aboutir aux sources des sentiers battus, traces en ligne droite par les Autruches qui y vont boire. M. Edouard Verreaux a vu lui-m6me des Autruches venir s'abreuver dans la Riviere des Elephants. M. Jules Verreaux pense que, lorsque les Autruches resi- dent dans les paturages, dies peuvent se passer plus facile- ment de boire, vu que les herbes sont penetrees chaque nuit d'une humidite excessive, par suite de la rosee. Dans les deserts sablonneux, au nord de I'equateur, ou les conditions locales sont un pen differentes , elles ne boiraient que tons les cinq jours, lorsqu'il y a de I'eau {Chevaux du Sa- hara), et quelquefois elles seraient obligees de faire plusieurs journees de marche a la rencontre de I'eau. Aussi eprouvent- elles une sorte de joie folle, d'agitation febrile, a I'approche d'un orage, et elles s'elancent du c6te oil brillent les eclairs. \}n^ observation analogue avait ete faite au Cap, lors deschan- gements de temps. Dans ces moments, les Autruches captives devenaient si etourdies, et couraient avec tant de violence, (1) Voyezla Notice de M. Emmanuel Uousseau. dans le Recueildes tra- vaux de la Societe medicale du departement d'Indre-et-Loire, *i* el 3* tri- mesire de IS/iS. 1 broch. ia-8, Tours, p. 65. 2(3 SOGIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. qu'ellesne s'apercevaient pas des obstacles qui se presentaient sur leur passage, et m6me allaient se buter coiitre les murs blanchis de I'enceinte, au risque de se casser la t6te ou les jambes. Cuvier est dispose a croire, d'apres certains indices, qu'elles aiment parfois a se baigner. Les Autruches du Jardin des Plantes de Paris boivent sou- vent en ete pres de 2 litres d'eau par jour, en hiver elles boi- vent un peu moins ; mais la captivite, ou le elimat, peuvent avoir influe sur cette habitude (1). La saison des amours, avons-nous dit, occupe une place im- portante dans la vie de I'Autrucbe. Le male, a cetfe epoque, eprouve une veritable fi^vre; sa circulation est activee, et la peau de son cou et des cuisses prend une teinte rosee tres vive. II est tres lascif et coche souvent sa femelle plusieurs fois dans la journe^e. C'est vraisemblablement cette raison qui avait engage les anciens Grecs a le comparer au Moineau , bien connu par sa lascivite, et ce qui leur faisait donner le nom de Grands Moineaux. La femelle est moins ardente ; aussi le general Daumas rap- porte (|ue « la femelle se fait beaucoup prier ; le male, furieux de passion , la poursuit quelquefois pendant quatre ou cinq jours; il ne boit pas, ne mange pas, et pousse sans cesse des gemissements (2). Enfin, quand la femelle est a bout de resis- 1 (I) Arlstote, parlant des animaux qui s^journent dans les deserts de la Libye, fait au contraire robservation « qu'en hiver ce besoin se fait phis sentir chez enx qu'en ^t^ », el il ajoule : « Comme dans le pays qu'ils ha- bitent, il ne tombe pas de pluie en ^te, ils. sont accoutumes ^ ne pas boire dans cette saison. » [Histoire des animaux, traduct. franc, par M. Camus, t. I, p. 525 ; k vol. in-Zi. Paris, 1783.) (2) Dans le rut, le mSle pousse des rugissements et non des gemisse- ments. Ce cri rauque et guttural, qui s'acconipagne d'une dilatation considerable du haut du cou, est tellement semblable ci celui du Lion, quoique plus faible, que M. Renier, du .lardin des Plantes, y a etetrompe plusieurs fois de nuit. Backhouse affirme aussi qu'il n'y a que des oreilles habituees qui puissent facilement I'en distinguer, et meme les Hottentots qui Taccompagnaient en etaient parfois la dupe (0. C, p. 452). .mtfArf AUTRUCHU UAFRIQUU. 27 tance, elle se place dcins la m6me position que quand elle couve, et le male moiite dessus. » {Chevaux du Sahara, p. 276.) Dans I'etat de captivite, la lemelle, lie pouvant fuir au loin, est obligee de ceder promptement ; de la des inconveiiients que nous signalerons plus tard, et peut-^tre una raison de la non- fecondation des oeufs. J'ai fait mention ailleurs de quelques-unes des habitudes de I'Autruche a I'epoque de la ponte et de Tincubation, je ii'y re- vieiidrai pas, et ferai seulement observer que si, dans Tetatde captivite, elles peuvent s'accoupler et pondre des ojufs, tout aussi bien que dans I'etat sauvage, elles n'y ont jamais fait de nid jusqu'a present et n'ont jamais couve. Peut-6tre en sera- t-il autrement si elles doivent se doinestiquer ; car cette apti- tude a couver est un des principaux c^racteres qui distingi^ent Toiseau domestique de I'oiseau simpleinent apprivoise. , i\ Nous avons dit que les oeufs pondus en captivite cbez M. Gr^- ual, a Montpeliier. ont ete reconnus feconds par M. Moquin- Tandon, et il est vraisemblable qu'il en serait de m^me de ceux pondus en Algerie. II paraitrait (|ue les choses ne se passent pas ainsi dans des latitudes plus septentrionales ; du moins les ceufs pondus sous le climat de Paris ou d'Anvers ne doivent pas avoir ete fecondes, si Ton en juge par les observations de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. La force de TAutruche parait 6lre Ires grande, surtoutcelle du male, du moins d'apr^s les quelques essais qu'on en a fails. La vitesse de sa course est non moins proverbiale que sa vora- cite et ses facuUes digestives. Adanson, dont le temoignage ne pent 6tre suspect, raconte, au su jet de sa force, Tanecdote suivante (1) : « Le nu^me jour deux Autruches, qu'on elevait depuis pres de deux ans dans ce comptoir (a Podor), me donnerent un spectacle qui est trop rare poqr ne pas meriter d'etre rapporte. Cesoiseaux gigantesques, que je n'avais aper^usqu'en passant dans los canipagnes brulees et sablonneuses de la gauche ,^u (1) Voyage au Senegal de 1749 k 1753, Ilistoire naturelle du Senegal (Coquillages), p. 48; 1 vol. in-4. Paris, 1757,^ ,-i4.^^i w; -•.' r^ i « 28 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Niger, je les vis la tout a mon aise. Quoique jeunes encore, ces Autruches egalaienl a peu pr^s la taille des plus grosses. Elles etaient si privees, que deux pelits noirs monterent ensemble la plus grande des deux ; celle-ci n'eut pas plutot senti ce poids, qu'elle se mit a courir de toutes ses forces et leur fit faire plusieurs fois le tour du village, sans qu'il fut possible de Farr^ter autrement qu'en lui barrant le passage. Cet exercice me plut tant que je voulus le faire repeter-, et, pour essayer leurs forces, je fis monter un negre de taille sur la plus petite et deux autres sur la plus grosse. Cette charge ne parut pas dis- proportionnee a leur vigueur ; d'abord elles trotterent a un petit galop des plus serres; ensuite iorsqu'on les eut excitees, elles etendirent leurs ailes, comme pour prendre le vent, et s'aban- donnerent a une telle vitesse qu' elles semblaient perdre terre. II n'est sans doute personne qui n'ait vu courir une perdrix et qui ne sache qu'il n'est pas d'homme capable de la suivre a la course, et on pense bien que si elle avait le pas plus grand, sa vitesse seraitconsiderablement augmentee. L'Autruche marche comme les perdrix, a ces deux avantages, et je suis persuade que celles-ci eussent laisse bien loin derriere elles les plus fiers chevaux anglais qu'on eilt mis a leurs trousses. II est vrai qu'elles ne fourniraient pas une course aussi longue qu'eux ; mais, a coup sur, elles pourraient Texecuter plus prompte- ment. J'ai ete plusieurs fois temoin de ce spectacle, qui doit donner une idee de la force prodigieuse de I'Autruche, eL faire connaitre de quel usage elle pourrait 6tre, si Ton trouvaitle moyen de la maitriser et de Tinstruire comme on dresse un cheval. » La plus grande de ces Autruches aurait done porte 120 kiiog. au moins, sans que sa course en fut g^nee. Le m6me auleur revient sur ce fait dans son Cours d'histoire naturelle, tome 11, page 367, lorsqu'il dit : « Cet oiseau est extr6mement fort ; » on peut en juger par Texperience dont j'ai rendu compte ,» dans les relations de mon Voyage au Senegal^ p. 48, et qui » nous apprend qu'une jeune Autruche de deux ans et domes- » tique, c'est-a-dire qui n'a point pris toute la force que donne » I'age et la liberie, peut devancer le cheval le plus prompt. AUTRUCHE d'aFRIQUE. 2# » quoi(jue cliargee du poids de deux homnies de taille, c'est-a- » dire de 300 livres au inoiiis. » Elle a done plus de force a proportion que le cheval, qui » passe pour un des plus forts animaux parmi les quadru- » pedes. » M. Notre, qui habite a Paris, rue du Caire, m'apprend de son c6te que lorsqu'il demeurait, en 1819, a Marseille, ayant vingt ans et pesant environ 60 kilog., il avait monte une Au- truche male d'Egypte, de grande taille, dans la campagne d'un negoriant, et qu'elle lui avait fait faire une course si etourdissante , qu'il s'en souvient encore aujourd'hui avec effroi ; heureusement qu'il avait embrasse etroitement le cou de I'aniinal et qu'il finit par s'arr6ter dans des broussailles. On defendit a Tavenir de nionter cette Autruche, de crainte d'accident. ^ Cette faculte qu'a TAutruche de porter des poids aussi dis- proportionnes avec le volume de son corps, tient sans doute a un pbenomene physiologique qui lui est commun avec les oiseaux qui s'elevent dans Tair, savoir : que non-seuleraent la plupart des os sont vides et en communication directe avec les poumons, mais que I'oiseau peut aussi, a volonte, remplir d'air chaud plusieurs reservoirs membraneux qui se trouvent places aupr^s des ailes, sous le ventre et autour des cuisses, veri- tables aerostats qui allegent le poids supporte par les jambes (1). Quand elle n'est pas a la course ou qu'elle n'est pas excitee, ces sacs ne se gonflent pas, et par consequent 1' Autruche ne peut pas supporter un poids si considerable. C'est ce qui expli- que les contradictions dans lesquelles sont tombes certains observateurs. M. Edouard Verreaux , quoique ayant monte une forte Autruche captive dans son hangar, me disait « quelle avait peine a le porter. » Et I'Arabe du general Daumas, en lui rapportant « qu'il n'est pas rare de voir, a quel([ue distance du douar, mettre un enfant fatigue sur le dos d'une Autruche, qui se dirige avec son fardeau droit sur la (1) Voyez Claude Perrault.O. C, p. 1Z|5. Voyez aussi Sappey, i?ec/ierc/ie« sur I'appareil respiratoire des oiseaux, p. 28, US et Z|9, 1 broch. in-Zi. Pa- ris, 1W7. ' '"- ' " ' " ■ 30 SOCIETE IMPISRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tente, » ajoutait : « Mais elle ne porterait pas uii poids plus lourd, un homme pas exemple : elle Ic jetterait a terre d'lm coup d'aile. » [Chevaux du Sahara, p. 278.) Quant a la vitesse, tous les narrateurs s'accordent a dire que I'Autruche n^est surpassee par aucun autre animal, et qu'on ne parvient a la forcer qil'en usant de stratagfemes et en profitant des circuits et des crochets qu'elle fait, surtout dans la saison oil elle niche; car cette saison etant la plus chaude, les chas- seurs ont remarque qu'elle etait alors moins agile et plus vite iFatiguee. Xenophon en avaitdeja fait I'experience dans son expedition avec Cyrus. Voici ce qu'il dit (1) : • a II passa dela en Arabic, ayant TEuphrate h. sa droite, et fit en cinq jours trente-cinq parasanges dans un pays desert uni comme la men. et convert d'absinthe: sMl y croit d'autres plantes en cannes, elles softt toutes odoriferantes et afoma- tiques •, mais il n'y a point d'arbres. On y trouve toutes sortes d'animaux, grand nombre d'Anes sauvages, beaucoup d'Au- truches (Moineaux de la grande espece), des Outardes et des Gazelles. Les cavaliers donnaient quelquefois la chasse ^ ces animaux. Les Anes, lorsqu'on les poursuivait, prenaient les devants a la course et s'arr^taient : car ils courent beaucoup plus vite que le cheval', et derechef, quand s'approchaient les chevaux, ils faisaient la m6me chose. Et il n'y avait pas moyen de les prendre, a moins que les cavaliers, en s'espacant, neles chassassent avec des relais de chevaux. La chair de ceux que Ton prit ressemblait a celle du cerf, mais elle ^tait plus deli- cate. Pour I'Autruche, personne n'en prit ; car les cavaliers qui en poursuivirent y renoncerent bienlot. En effet, elles s'e- loignaient beaucoup en fuyant a la course, a Taide de leurs pieds, et se soulevent avec leurs ailes, dont elles se servaient en guise de voiles. » Jannequin tient le m6me langage. « Etalons done ses pro- prietes, dit-il, puis nous verrons de quelle fa^on les Negres, (1) Cyropedie, liv. 1, chap. V, § 2, 3, et iMuvres completes de Xeno- 'pfton, traduites en franqals par J.-B. Gail, p. 438, t. III. Paris, fructidof . an VII. AUTRUCHE d'aFRIQL'E. 'S4 les Maures. Turcs et Barbares proc^dent a la cljasse de cet oyseau , qui, (juoicju'il aye des ailes, ne saiirait s'en servir pour voler, a causo de la trop grande pesanleur, mais bien pour courir avec tant de vitesse, que ne pouvant y mettre le vent dedans, il n'y a point de cerf, pour si vite qu'il soit, qui puisse I'egaler a la course. » (0. C, chap, xxiv, p. 167.) On se rend facilement compte de cette agilite, en conside- rant la disposition de ses jambes, dont chacun des pas mesurfe au moins un metre, et sur lesquelles TetTort de toutes les puis- sances musculaires vient se concentrer. Lorsque TAutruche est en pleine course, son cou est obli- quement tendu en avant, et ses ailes s'agitent en m^me temps que les sacs aeriens se gonflent, de mani^re qu'elant suspen- due pour ainsi dire entre I'air et la terre, T^quilibre est paf- faitement maintenu, et qu'il ne se manifeste point de balance- ment d'un cote a I'autre, quoique sa marclie soit une espece d'amble. L'impulsion de Tune ou de I'autre des ailes facilite aussi les conversions brusques et frequentes qu'opere I'Au- Iruche a droileou a gauche, pour echapper a ceux qui la pour- suivent. J'ai cherche a apprecier numeriquement la vitesse de sa course, en la comparant a celle du cheval arabe mont6, et M. Prisse-d'Avennes m'eri a fourni les moyens (1). II dit que dans une course qui eut lieu a Alger, en 185A, et 06 fut adjuge un prix imperial, un des chevaux parcourut Tespace de 28 ki- lometres en 69 minutes 16 secondes. Or, on pent admettre sans exageration qu'une Autruche n'eiit pas mis tout a fait le m6me temps pour arriver au but 5 nous comptons pour elle 59 minutes 10 secondes. Elle aurait done parcouru, en une heure, 28 kilometres 394 metres, et comme, suivant certains auteurs (2), ce n'est qu'au bout de 8 a 10 heures d'une course pareille qu'elle sue- (1) Des diverses races chevalines de VOrient, extrait de la Bevue ron- temporaine. Tirage h part, 1 broch. in-8, p. Ii3. Paris 186Z|. (2) IXctionnaire universel d'histoire naturelle, par Charles d'Orbigny et de Lafresnaye, t, II, p. 366 ; 2 vol. Paris, 1843. Article Autruche. 82 SOCIETE IMP^RULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. combe sous la fatigue, elle franchirait dans ce court espace de temps de 227 a 281 kilometres. D'autre part, le general Daumas nous informe (1) que, pour forcer une Autruche, cinq chasseurs s'associent et disposent leurs chevaux a la distance d'une lieue (4 kilometres) les uns des autres, de maniere a etablir cinq relais, et que ce n'est ce- pendant que le cinquieme cavalier qui parvient a la joindre. Or, un cheval arabe de race parcourant h kilometres en 8 a 10 minutes, les quatre premiers chevaux auraient done par- couru 16 kilometres en 32 minutes environ, et T Autruche dans un espace de temps encore moindre. :. On conQoit qu'avec une pareille vitesse, celui qui les monte, sans avoir pris peu a peu Thabitude, soit comme suffoque, faute de pouvoir reprendre haleine et qu'il eprouve la sen- sation de ne pas toucher terre ; c'est ce qui arrivait a M. Notre. La plupart des auteurs soutiennent que les Autruches sont indisciplinables, et qu'on trouvera difficilement le moyen de les guider. Buffon, en particulier, est de cette opinion (2). « Toutcela prouve, dit-il, que ces animaux, sans 6tre absolument farou- ches, sont neanmoins d'une nature retive, et que si on peutles apprivoiser jusqu'a se laisser mener en troupeaux, revenir au bercail et m^me a soufirir qu'on les monte, il est difficile et peut-6tre impossible de les reduire a la main du cavalier, a sentir ses demandes, compr^ndre ses volontes et s'y soumettre. L'Arabe qui a dompte le cheval et subjugue le chameau, n'a pu encore maitriser entierement TAutruche : cependant , jus- que-la on ne pourra tirer parti de sa vitesse etde sa force, car la force d'un domestique indocile se tourne presque toujours contre son mailre. » Le jugement porte par ce naturaliste distingue, vrai pent 6tre lorsqu'il s'agit des Autruches adultes simplement appri- voisees, pourrait, ce me semble, 6tre modifie a la suite d'une "4'- (1) Moeurset coutumes de I'Algerie, p. 6Zi, 1 vol. in-8. Paris, 1853. (2) Hist. not. des oiseaux, t. I, p. Z|Zi6. AUTRUCHK d'aFRIQUE. 33 domestication plus avancee et d'une education reguliere des jeunes Autruches. Parnii les preuves en faveur de ce resultat , I'episode sui- vant du voyage de Richardson me paralt devoir 6tre signale. « line Autruche, raconte-t-il, prise a Seenawan, fut amenee ici et presentee au Rais. Son Excellence promit de me la donner, si je revenais du Soudan par la voie de Ghadames. C'etait un jeune oiseau qui nous amusait beaucoup; il parcourait les rues et ramassait toutes choses, comme un chiffonnier. Les gens du peuple cherchaient a le faire coucher au commande- nient, I'un criait : Kaed (couche-toi ! ) 5 1'autre repetait kaed, et a la fin I'oiseau, etourdi et stupefait, se coucha.» {Travels in the great desert of Sahara, t. I, p. 360.) D'autres voyageurs anglais dans I'Afrique meridionale recon- naissent quo les Autruches sont dociles a la voix de leur maitre et d'une agreable familiarite. Quant aux moyens materiels deparvenir a les guider, j'a- vais pense de suite que les organes de la vue chez I'Autruche devaient nous offrir le plus de ressources, parce qu'ils etaient la boussole de toute son existence. L'idee me parut assez ra- tionnelle, mais elle etait loin d'etre neuve^ car on m'appritplus tard qu'elle avait deja germe dans I'imagination de I'auteur (Fun roman populaire, le Robinson Suisse. Cela ne m'a pas emp^che de rechercher si la pratique repon- dait a la theorie. Deja, lorsque nous pesames I'Autruche femelle du Jardin des Plantes, nous n'avions reussi a I'arr^ter qu'en lui bouchant les deux yeux ; il s'agissait maintenant de savoir si, en bou- chant I'un ou I'autre des yeux, Tanimal se dirigerait dans un sens oppose. Grace a Vaide de M. Perrot (Edmond), membre de notre Societe, de M. Auguste Lantz, preparateur de zoolo- gie au Museum, et de M. Renier, je parvins a fixer alternati- vement sur les yeux un opercule de caoutchouc. Le resultat ropondit completement a mon attente, autant du moins que le permetlaient I'elroitesse et la forme de I'enclos, et Toiseau n'eut pas Vair d'etre incommode de cette espece d'oeill^re. T. IV. — Janvier 1857. 3 3A SOCIETE IMPEUIALE ZOOLOGIQUE u'.VCCLlMATATION. II me parait done proiivoqu'on possede un moyen simple et facile de guider rAutruche. Au reste I'emploi des Autruches comme monture ti'est pas une invention nouvelle. Les indigenes de FAfrique en ont souvent profite* Moore rapporte (1) que^ le 12 novembre 1731, il passa par Joar une Autruche chargee d'un liomme qui I'emmenait a Fatatenda, d'oii Connor, chef du Comptoir, Tenvoyait au gouverneur de Jatnesfort, sur la Gambie. La collection de Pinkerton represente aussi une Autruche montee par un negre adulte (2). L'histolre nous fait connaitre qud les empereurs remains faisaient figurer des Autruches montees dans les courses du Cirque pour amuser le peuple. Vopiscus nous dit qu'un certain tyran d'Egypte , nomme Firmin, les employait a son usage (3). Vallisnieri en cite un exemple qui se passait a Venise (0. c). Et de nos jours les directeurs d'hippodrotnes ont attire la foule par des exhibitions de ce genre. Mais ce qui distingue surtout I'Autruche, c'est son caractere eminemment sociable. A I'etat sauvage, elle vit ordinairement en famille ou en troupes ; les jeunes n'abandonnent pas leurs parents et restent avec eux jusqu'a I'age adulte. II paraitrait m6me que les rapports des sexes ne relachent pas les liens de famille. Si Ton doit en croire les Arabes : « Aussit6t I'union consommee, la femelle ne veut plus se separer du male ; ellfe nele quitte pas jusqu'a I'epoque oil les petits sont eleves. Les chevaux se battent pour les juments, les chameaux pour les chamelles-, jamais les Autruches males ne se livrent de com- (1) Histoire generale des voyages de i'abb^ Prevost, t. Ill, p. 8i. (2) Voyage to Senegal, cap. XVI, p. 619. ^3) Flavii Vopisci Syracusii, in Firmum proconsul. Egyptiae, dans les Scriptores Historice romance latini veteres, t. II, p. Zi21 : « Firmum eumdem, inter crocodilos, unctum crocodilorum adipibus » natasse^ et elephantum rexisse, et hippopotamos edisse, et sedentem in- » gentibus struthionibus vectum esse et quasi volitasse, » ALTRLCHE h'aFRIQUE. 35 bats a propos de leurs IVmelles. Les amours de chofjue couple sout respectes detous. » [Chevaux du Sahara^ p. 277.) Get instinct de sociabilite explique la communaute des nids, ainsi que la rencontre dans le desert de troupeaux composes quelquefois de 2 a 300 t6tes. Plusieurs relations de voyages dans I'intelrieur de I'Afrique font mention de troupes d'Autruches paissant famiiierertient au milieu des Girafes, des Gouaggas, des Zebt'es et des Anti- lopes (Richardson, Lichtenstein, Burchell). Gelles qui sont apprivoisees par les Arabes , non-seulertlent vivent sous la tente en compagnie des chiens et des cheyaux, maism^me les accompagnent a la chasse; « EUes sont fort gaies et folatrent arec les caraliers^ les chiens, etc. Passet-il un li^vre, tons leshommess'elancentasa jioursuite, TAutruehe s^emeut, se precipite du e6te ou se dirige la course et prend part a la chasse. » (C^ewawitrfw^aAaro) ps 878 1) La facilite avec laquelle les Autruches, jeunes et aduUes, •'attaehent a Thomme &st un autre trait saillant de ieur carac- •ikT^i et^ de tous temps, les habitants de I'AfricJue en ont pro- file pour accaparer ce bel oiseau. Claude Jannequin tioils •n donne une peittture animee dans son style naXf de I'^pflque ^0. 6.{ chap, sxiv, pi 167) : « Parlant done; de sefe proprietee, ^ue j'en ai ^u reconnoistre^ je diray que ce non volatil oySeau est extr^mement domestique, et si priye^ qu'etant eleve jeune hers defe forests et nourri parray (Juelque famille^ il fera aU|)res de ceux parmy lesquels il sera eleve^ ne plus ne moins qu'un petit chien barbet, autant de tours que voUs en vDudres faire a la promenade et m^me se rendra si familier, que lorsque roUs prendrez yostre repas (si yous luy donnez la liberie de vous approcher), il vous ostera la viande que vous porterez k vostre bouche sans vous faire aucun mal, se jouant autour de yous comme de jeunes singes^ faisanl mille tours et caval- cades, lournant dans sa course plus court que ne pourrait faire uncheval instruit dans le manege toute sa vie. » « 11 y a beaucoup d'Autruches dans le pays de Sennaar », dit Lapanouse (0< c.j t. IV, p. 103)^ « on en eleve dans les mai- sons comme on el^ve ailleurs U yolaille. * 36 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Bruc s'etait procure, en mai 1714, deux Autruches a Serin- pate ^ il fut tres surpris de les trouver apprivoisees en arrivant au fort Saint-Louis (1). Les fermiers des environs du Cap en elevent aussi, et les laissent paturer en liberie dans le voisinage, sans qu'elles essaient jamais de fuir dans le desert (2). Adanson soutient « qu'elles s'apprivoisent m6me sans soins, -par la seule habitude de voir les hommes, d'en recevoir de la bonne nourriture et de bons traitements (3). » Denos jours, on rencontre les Autruches sous les tentes des chefs arabes. Ce sont principalement les jeunes qui s'affec- tionnent a leurs maitres et a leur domicile. « Ces petites Au- truches s'apprivoisent aisement ^ elles jouent avec les enfants et dorment sous la tente^ dans les demenagements, elles sui- vent les chameaux •, il est sans exemple qu'une d'elle, ainsi elevee^ ait pris la fuite. » « Quand elle rencontre dans le douar un enfant ayant a sa main quelque chose a manger, elle le met doucement par -terre et cherche a lui enlever ce qu'il porte. » ( Chevaiix du Sahara^ p. 277.) M. Prisse-d'Avannes m'a dit avoir vu, en 1837, les Autruches privees de Khalil-Bey, gouverneur a Esne, se promener libre- ment dans la ville et les environs, visiter les marches et ren- trer chaque soir au palais. M. Le Picard, attache en 1809 au cabinet topographique im- perial et qui avait reside plusieurs annees au Senegal , avail ete temdin d'un fait semblable. El cet attachement de I'Autruche pour le lieu de sa naissance, ou plutot pour son domicile adoptif, s'accompagne d'un instinct bien remarquable, qui nous rappelle celui des pigeons voya- geurs. C'est-ii-dire qu'a travers les deserts sans bornes, et sans avoir besoin de boussole, elle retourne en ligne droite a son domicile, lorsqu'on Ten a eloignee. Cette circonstance curieuse (1) Histoire generals des voyages, t. II f, p. 608. (2) British Cyclopedia of natural History, t. Ill, p. 365. (3) Cours d'hist. nat,, 1. 1, p. 376. AtTRUciiK d'afrique. 37* nous est signalee par des voyageurs inoderiies (|ui out peneLre dans rinterieur de TAfrique et qui en ont ete temoins. L'instinct de la paternite n'est pas moins prononce. La plu- part des voyageurs nous racontent des traits qui indiquent une prevoyance remarquable, un attaclieinent tres grand des pa- rents, et surtout des males, pour leur progeniture. Si, pendant rincubation, ils sont surpris paries chasseurs, ils neeberchent pas a s'eloigner du nid, a fuir au loin en ligne directe pour se souslraire au danger, mais se bornent ii courir en cercle dans les environs, et cette circonstance permet aux cavaliers de s'emparer par la ruse des malheureux oiseaux. C'est le male qui, apr^s avoir couve toutes les nuits pour proteger efficace- ment les oeufs contre les animaux sauvages, s'occupe de leur eclosion, de la premiere nourriture. Les petits, aussitot seclies par le soleil, suivent leurs parents au paturage, et dans le nid viennent toujours se placer sous leurs ailes. « Les Arabes chas- sent les petits de rAutruche ; la methode est tres simple : une fois sur les traces et a peu de distance des Autruches, ils pous- sent des cris •, les petits epouvantes se refugient aupr^s de leur pfere etde leur mere, qui s'arr6tent, etles chasseurs viennent, en depit du male, les prendre sous leurs yeux. Le male (delim) est alors agite a I'exces, il manifeste la plus vive douleur. » {Chevaux du Sahara^ p. 277.) II ne craint pas quelquefois d'affronter les ravisseurs eux-m6mes en s'elangant sur eux au risque de sa vie, et si Ton parvient a s'en eraparer « et qu'on le saigne, surtout devant ses petits, il pousse des gemissements lamentables. » Enfin Texces de timidite qu'on leur a attribue pourrait bien n'^tre que la consequence de la chasse incessante qu'on leur a faite dans certaines contrees et de la frayeur qu'on inspire aux jeunes Autruches; car Richardson nous apprend qu'etant ar- rive, avec une caravane, sur le plateau d'Hamala, ou on ne les inquietait point, ils eurent, lei*' Janvier 1851, « le beau spec- tacle d'un troupeau de onze Autruches paissant tranquillement aupres d'eux, comme autant de brebis, et ne montrant aucune disposition a s'enfuir. » 38 SOCIETE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR LA MALADIE DES VERS A SOIE, Par m. GUilRIN-IWilNEVILLG. DES V^RITABLES CAUSES DE L'EPIZOOTIP ACTUELLE DES VERS A SOi:^ ET MOYENS PRATIQUES D'EN ABR6tER OU D'EN ATTENUBR LES DANGEREUX EFFETS. Re^qnue 5ommaire dii Jourr)al d'observations faites dans la grande pulturet, en France et en Italie, des annees 1846 a 18S6. [Notice lite a la Soci^te imp&iale zoologique d'acclimatation le 26, el a I'Academie des sciences le 29 decembre 1856.) II est admis par tous les praticiens instruits que T^pizootie qui sevit sur nos Vers a soie et produit une si grande emotion dans tous les pays sericicoles, est le r^sultat de causes tr6s diverses dont Tensemble a amen^ une veritable degeneres-^ cence de ces precieux insectes domestiques, c'est-a-dire une plus grande aptitude de nos races a contractor des maladies ^pidemiques sous I'influence d'un climat derange depuis quel-j ques annees. Ces causes principales sont: 1" Le grand developpement de la culture des Vers a soie dans certaines contrees 5 2" Le soi-disant perfectionnement de cetle culture dans bien des cas, au moyen d'educations hatees artificiellement par une sorte de culture forcee^ 8° L'babitude de plus en plus repandue de nourrir ces insectes avec des feuilles de muriers greffes, plantes dans des terrains d' alluvion et trop riches, tailles trop souvent et donnant par consequent des feuilles grasses, aqueuses et moins nutri- tives ^ h" Celle de faire de grandes educations dans des locaux res- treints, mal aeres et insuffisants pour une bonne hygiene de ces VERS A SOIE. M animaux que Ton reunit en trop grand nombre dans les m6mes lieux ; b" Celle enfm de prendre pour reproducteurs des sujets pro- venant de ces educations, (jue I'on doit appeler rfi< i_ JVotre confrere, M. Leo d'Ounous, proprietaire a Saver- dun (Ariege)j lit une Note ayant pour but de faire connaitre les travaux entrepris depuis quelques annees dans ce departe- ment, et tendant vers le but que se propose notre Societe, dont initiative parait avoir contribu^ a soutenir le zele des diverses Societes de I'Ariege. — Notre confrere, M. Flury-Herard , banquier, informe qu'ayant ete choisi comme leur agent par les rois de Siam, il est pr6t a recevoii" et a leur transmettre leurs diplomes Le Secretaire des seances, *^"' Aug. Dumeril. FAITS DIVERS. 55 lY. FAITS DIVERS £T EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lettre de S. E. M. le Ministre des Affaires etrangeres du Bresil. La Soci^t^ avail ^1^ d^jS inform^e, par une lettre de son honorable d^]^gu^ h Rio-JaneIro, M. de Capanema, que S. M. I'Empereur du Bresil ^tait dis- pos^e h donncr h la Soci^t^ la plus haute niarqne de sa bienveillance et de son int^rftt, en honorant de son nom la liste des membres de la Soci^t^. La lettre officielle qui suit, est parvenue a M. le President de la Soci^t^ le 8 d^cembre 1856, et a ^t^ lue en assembl^e g^n^rale dans la stance qui a suivi (stance du 12). Le Conseil a pens^ que cette lettre devait fitre repro- duite intt^gralement dans le Bulletin, quoi qu'elle ait ^t^ d^jct analys^e dans le proces-verbal de la s&ince (t. Ill, p. 595). « Rio-Janeiro (minitt^ro des AfTaire* ^angdres), le 7 octobre 1856. » Monsieur, » J'ai riionneur de vous faire part que Sa iWajestd PEnapereur, mon auguste iSouverain, ayant reQU voire lettre du 20 juin dernier, adaign^ me charger d'y r^pondre en vous annonqant que, sensible au tdmolgnage de respect et tie haute consideration que, par voire illustre organe, lui offre la Soci^t^ ibiptJriale zoologique d'acclimalation, elle verra avecplaisir son nom impe- rial inscrit en tfile de la lisle d'une Society fondle sous de si heureux aus- J)ices, et dont rutilitt? est commune h loules les nations. » En vous faisant, Monsieur, cette agr^able communication de la part de Sa Maje&te I'Empereur, qui croit ainsi correspondre aux d^sirs manifestos par les membres de la Society d'acclimatation, je saisis avec empressement cette occasion pour vousoffrir les assurances de ma consideration trts distinguOe. » Jose-Maria da Silva Paranhos. » Cette lettre a eie entendue par la Societe tout enti^re avec une recon- naissance que le Conseil a eu I'honorable mission d'exprimer ci S. M. I'Em- pereur du Bresil , dans une adresse qui a ete signee de tons les membres du bureau et du Conseil. Cette adresse a eie Iransmise par M. I'envoye du Bresil k i*aris h S. E. J.-M. da Silva Paranhos, pour etre mise sous les yeux de Sa Majeste. On a vu plus haul (p. 53) que la Societe vient d'etre saisie, par ordre du gouvernement bresilien , d'une question qui interesse k un haul degre le Bresil : Tintroduction du Chameau dans les provinces seplentrionales decet empire. Celte importante question a ete aussii6t mise k i'etude en Algerie el en France. Lettre de M. de Montigny, envoye plenipotentifiire de France a Siam, membre honoraire de la SociSt4. [-a lettre suivanie ecrile de Siam, par M. de Montigny, envoye pienipo- tentiairedc France 5 Siam, et membre honoraire de la Societe, n'etail pas deslinde h ia publiciie, commc il sera facile de le voir: il etail seulement dans la pensee de M. de Montigny que M. le President communiquckt k la 50 socii<:te impefualk zoologique d'acclimatation. Soci('t6 les fails importants que sa lettre fait connaltre : renlree des deux rots de Siam dans la Soci^t^ ; I'envol d'animatix et de veg(;taux pr^cieux de ce pays ; et rinserlion dans le traite,n^goci^ par M. de Montigny, de clauses trfes favorables aux sciences, et jusqu'i ce jour sans pr^cMenls. Mais plusieurs membres ont exprim^ le voeu que cette lettre fut lue tout enti^re ci la Soci^t6 ; et M. le President ayant cru pouvoir d^f^rer h ce vceu, un autre a ^t^ dmis. On a demand^ qu'elle fut ins^r^e dans le Bulletin, comme pouvani int^resser ses lecteurs, et comme <5tant de nature h ajouter a reslime eli la reconnaissance que portent a M. de Montigny tons les amis des sciences, de I'agriculture et du bien public. Conformdment 5 ce voeu d'un grand nombre de nos confreres, nous la reproduisons, en supprimant sculement quelques paragraphes relatifs Ji des mesures purement administratives qu'indique notre «5minent et d(5vou^ confrere : « Bangkok, ce 25 aout 1856. 1) Monsieur le President et bien digne ami , » Me voici venir de nouveau, mais cette fois du fond de la capitale de Siam ; vous voyez que je n'oublie pas notre belle Soci^t^. Je vous adresse par le trois-mats siamois le Cruizer, capitaine James Walker, une caisse contenant six especes de tubercules et de palates que je crois toutes inconnues ; je n'en sais pas tous les noms, mais en voici lonjours trois. La Patate griffe de tigre : ^elle affecte parfaitement la patie de cet animal, devient ^norme, et du che- velu, qui part du gros tubercule, s'^tendent dans toutes les directions d'au- tres tubercules rondsqui ressemblent, k s'y m^prendre, h nos pommes de terre jaunes ; son goiit est cehii de mon Dioscorea; sa feuille lui ressemble aussi un pen, mais sa tige, qui est grimpante, est plus forte et un peu t5pi- neuse. La Patate dent d'elephant : sa forme est celle de mon Dioscorea, mais sa tige et ses feuilles sonl beaucoup plus fortes et pas grimpanles. La Patate colonne : son nom vous en indique la forme. » Ces tubercules n'dtaient pas malheureusement, ii s'en faut de beaucoup, arrives a leur ^tat de maturity, et par consequent de d^veloppement, lors- que j'ai du les faire recueillir ; ils ont done besoin des soins les phis intelli- gents et ne pourront etre jug^s qu'apr^s une ou deux r^colles on France. Les forfits du Laos renferment encore une riche collection de tubercules f^culeux , qui servent de nourriture aux Laosiens. Un entre autres appel^ man-sao-pa, Patate a colonne des bois: il atteint une brasse et demie de longueur; sa forme est plate, d'environ quatre pouces de largeur sur un d'^paisseur. Un autre appel^ comme celui de Siam, man-nga-xang, Patate dent d'elephant: cciui-ci parait etre de la famille des arums; il alteini de tres grandes proportions, et offre une particularity assez singulifere : c'est de permettre aux indigfines d'en coupcr des branches suivant leurs besoins, sans I'arracherde terre et sansqu'il paraisseen souffrir. » Je n'ai pu me procurer encore des tubercules de ces differentes espfeces, les hommcs que j'ai envoyes au Laos, eloign^ de cinq jours d'ici, etant re- venus sans en rapporter, aprf-s dix-huit jours d'absence ; j'ai seulement quelques jeunes liges que j'ai plant^es avec soin dans les douze serres rem- .. ■■; •> FAITS DIVERS. 57 plies d'aibrcs et de plantes dc toule esptce, que j'expMie par le Cruizer au mardclial comte liandon, goiiverneiir gt^nc^ral de rAlg(5rie ; vous voudrez bien vous adrcsser iminMiaieinent h monsieur le mar«5chal Vaillant, pour le prier de faire partlciper la Soci«5t(; h ceux de ces v($g^taux qui ont chance d'acclimatation en France, tels que bamboos, herbac(5es, etc. » Ayant termini ici mes n^gociations.et signc? ie 15 dece mois, jour de la f^te de S. M. PEinpereur, un trait«5 en vingt-quatre articles aussi utile qn'lionorable pour le pays, jc compte partir sous peu de jours pour le Cam- bOge et la Cochinchine ; suivez-moi de tous vos voeux dans ces missions, dont la derni^re n'est ni sans difficull^s, nimftme sans dangers. » J'ai cherch^ J» ne rien oublier dans men traits avec les souverains sla- mois ; le corps des savants que vous illustrez, mon clier Prdsldent, y a ses immunit^s. Tout savant, tel que naturaliste ou autre, voyageant pour le pro- gr^s des sciences, pourra aller partout dansle royaume de Siam, au Laos el au Cambdge, et les autorit^s siamoises lui devront tous les soins et bons offices de nature h. Taider dans Taccomplissement de sa mission. Si je ne me trompe, c'est la premiere fois, a molns de declaration de blocus dans une guerre maritime, que Ton stipule pour les savants; les nOtres peuvent d^s u present parcourir les vastes regions qui composent les royaumes de Slam, du Laos et du Gamboge, les plus riches en produits naturels et peut-6tre les moins connus du globe. » En parlant de produits naturels, je vous dirai, Monsieur le President, que leur recherche n'ost pas toujours sans perils, et qu'en vous aitrapant des Hydrophis et exp^rimentant ces dangereux reptiles, j'ai courule plus grand danger, puisque j'ai eu la maladresse de me faire mordre par un de ces re- doutables serpents, qui venait de tuer une poule par une seule morsure h la t^te. Le mercredi 2 juillet, h six heures du matin, sur le vapeur de guerre le Marceau, voulant m'assurer si Pammoniaque dtait un antidote contre le subtil venin des Hydrophis, j'en administrai a une poule que je venals de faire mordre, qui mourutn^anmoins immMiatement aprfcs; et pendant que j'exarainais, a Paide d'une loupe les dents de cet animal, que je tenais entre le pouce et Pindex de la main gauche, un voyageur s'^tant approchd pour regarder aussi avec ma loupe, la crainie qu'il ne filt mordu me fit quitter une seconde des yeux la t6te du serpent, et je me sentis mordre h la dernifere phalange de Pindex. » 11 n'y avait pas la sujei k plaisanterie, mon cher President : deux pauvrea poules venaient d'etre foudroydes par cette affreuse b6te. Je ne perdis ce- pendant nullement mon sang-froid, et,apr6s m'6tre ddbarrass^du serpent, je pressai vivement mon doigt et je comptai distinctement Irois filets san- guins qui, en se rejoignant, m'empechferent de constater le nombre des autres; je plongeai mon doigt dansde Pammoniaque pure, et j'absorbaf une quantit(5 «5norme dc ce liquidc coup6 avec de Peau, et pris beaucoup de caf^ noir tres fort; les chirurgiens s'emparerent ensuite de mon doigt et y lireut deux incisions profondes qu'ils briUtjreul avec du nitrate d'argent. » Quelques jours avant mon depart de Singapour, un malheureux Malais avait ete mordu par un Hydrophis, et, n'ayant <*te secouru qu'enviroa deux 58 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOK. heures apres, il 6tait mort h Thftpital, an boul de vingt-qualre hemes : il avait ete mordu pr^cis^ment a la main gauche, mais entre le pouce et Tin- dex. J'avais done une chance pour moi et pouvais compter au moins sur vingl-quatre heures. J'avais exp^rimente quelquefois les sensations de la veilled'un combat, de la veille d'un duel, mais jamais cellesd'un condamn^ h mort : elles sont peu agreables, je puis vous I'assurer, snrtout dans la po- sition ou je me trouvais, devant me preoccuper de mes devoirs, faire appe- ler le commandant en chef, qui naviguait avec nous sur la Capricieuse, et le designer pour me reniplacer en cas de malheur, en lui confiant les pieins pouvoirs de Sa Majesty, afin qu'il put n^gocier a ma place; je songeais aussi h ma famille, que je laissais abandonn^e au milieu des mers indiennes, sur mi navire de guerre. » Pendant toute cette journ^e,qui fut excessivement p^pible pour moi, j'ai eu le courage de marcher constamment sur le pont du' navire et de com- battre ainsi les symptdmes ^tranges que j'^prouvais : des chaleurs, des sueurs froides, des tremblemenls nerveux, des naus^es, des douleurs aux extr^mit^s, etune propension h im engourdissement gdn^ral. Je continual h prendre du cafd etdu th6 trfes forts pendant toute cette journ^e, en consul- tant ma montre d'heure en heure ; mais le plus d^sagr^able effet que j'aie ^prouv6 fut.sans contredit de voir une centaine de personnes ^tudier con- stamment ma physionomie. » Enfin je n'en suis pas mort, puisque je vous (5cris encore, et je vous ai meme pr^par^ une tr^s belle collection de serpents, dont beaucoup ci classer, selon toute probability. Depuis mon arriv^e ici, la leQon que j'ai reque ne m'a pas empech^ de vous en prendre un tr^s grand nombre de terrestres et des plus dangereux, de me faire piquer par un scorpion etdesouffrir cruellement^ » J'ai tenu toutes mes promesses, et j'ai d^jci , pour S. M. I'Empereur, quatre magnifiques fil^phants du plus bel ardoise , trf!S jeunes (ils ont six ans), d'environ six pieds de haut, dont trois mSles, avec d'assez jolis bouts d'ivoire, et une feraelle ; un ^norme Tapir, un Taureau et une belle Vache ci bosse ; une espfece de Taureau sauvage avec des cornes immenses et d'une force extraordinaire ; quatre Chevres blanches du Thibet, dont un Bouc ma- gnifique; deux enormes Orangs-Outangs; un superbe Casoar noir, de I'in- tdrieur de Borneo : il a au-dessous du bee deux membranes rouges et bleues de pres d'un pied de long ; sa tele est bleue et ses pattes me semblent deux fois plus grosses que celles de I'Autruche; plus yne foule d'autres animaux plus petits. Et Ton chasse en ce moment pour moi des Tigres royaux et une espece de Bceuf monstrueux (Jes foreisdu Laos. Get animal me paralt entifere- ment inconnu, et se rgpproche, dit-on, pour la grosseur, de I'Elephant. » Les quatre Elephants auront pris tout leur developpement dans sept ans; j'en ai vu ici de l/i et 15 pieds de hauteur, et dont chaque defense p6se 60 livres. Yoilij, je I'espere, un bel envoi, et qui fera renaitre les plus beaux jours de vos menageries; mais il faut le faire arriver en France. )) Quant ci moi, vous me rendrez cette justice de voir que j'ai tenu mes promesses. » Ce n'estpas tout. En couvrant nos explorateurs naturalistes et nos aulres i? FAITS DIVEHS.. ■ - - • - 59 voyageurs savants d'une protection par droit de traits, j'ai voulu acqu^rir u notre Soci(U(5 des inoyens d'aclion plus directs sur des pays aussi riches et aussi iiiconnus que Je Siam, Ic I-.aos et le GambAge, et j'ai en consequence, au noin du Conseil, propose le titre de membres de la Soci^t^ imp(^riale d'acclimatation, que vouspr^sidez si dignement, ci S. M. le premier !\oi de Siam,cl a S. M. le second \\o\ de Slam, dont vous trouveroz ci-joint leslon- gues lisles de noms. lis ont acceplc avcc plaisir, et je vous prle de leur en- voyer, par la plus prochaine occasion et par Tentremise du consul de France h Singapour, leurs brevets sur parcheinia et loul ce qui a paru de nos Bul- letins, etc. » C. DF, MONTIGNY. » I' P. S. — J'arrive de Ayudia et de Louvo, les deux anciennes capitales de ce royaume. Je voulais pousser k fond ma recherche de tubercules f^culeux, et je vous jelte, cher President, un long cri de victoire; car je vous exp^die, par le batiment qui porte ma premifere caisse, une nouvelle caisse contenant douze tubercules f^culeux et glutineux tout ct fail nouveaux : ils sont la pro- vidence des habitants de ces contr^es, et doivent devenir pour nous une ressourco assur^e contre la famine. » Adieu, cher el bien digne ami, je reviens tr^s fatigu^ de mon voyage, et n'ai que le temps de vous adresser ci-joint une note que j'ai r^dig^c sur la culture de ces pr^cieux v«5geiaux, et vous prie de ne pa? perdre une minute pour r^clamer ces deux caisses h Tagenl principal des paquebots des Messa- geries imp^riales a Marseille. » Les caisses annonc^es par M. de Montigny sont arriv^es dans le cours 4e d^cembre. Une Commission, pr^sid^e par M. Passy, et choisie parmi les membres du Conseil et parmi ceux de la cinqui^me Section, a ^t^ charg^e de prendre les mesures n^cessaires pour que tous les v^g^laux envoy^s par M. de Montigny reqoivent les meilleurs soins. — La Soci^te a recu presque au mfime moment de Chang-hai (Chine), par les soins de M. de Montigny, uu envoi considerable de graines de Sor^ glio, de Pois oleagineux et de Riz sec. Conformement aux intentions expri- m^es par M. de Montigny, le Conseil a decide : 1* Qu'une par lie du Riz sec serait adress^e h MM. lesMinistres de I'Agri- culture et de la Guerre ; 2" Qu'une autre partie serait mise h la disposition de MM. les Pr^fets des quaire-vingt-six depariements ; 3" Que le reste du Kiz, les graines de Sorgho et les Pois oldagineux seraient disiribues, moyennant le simple remboursement d'une partie des frais de port (1 fr. par litre), aux membres de la Society et aux Soci^t^s aflaii^es et agr^g^es qui d^sireraient essayer la culture de ces plantes et en feraient la demaude avant le 20 f^vrier. Passe celte epoque, ce qui resterait serait distribu^ aux personnes etran- geres k iaSociete qui lui out adress^ ou lui adresseraient des demandes pour enlrer en participation de cet envoi. Get envoi est independanl de la commande de Uiz sec qui a ete faite dans I'inde el I'archipel Indien par M. Tastei, au nom de plusieurs membres qui se sont eniendus k cet effet. Ce Kiz est prochainement attendu. CO SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQL'E d'aCCLIWATaTION Comite regional de la Societe imperiale zoologique d'acclimatation a Bordeaux. Siir la proposition de MM. les memlires de la Soci^l^ r^sidant i Bordeaux, transmis par le d(!l^giie de celtc ville, M. le professoiir Bazin, et siirle rap- port fait par M. le Prdsidenl au nom du Conseil, la Soci(!t<5, en asseniblee gt5n(5rale, a autoris^, dans la stance du 26 d^cembre 1856, r^tablissement ?i Bordeaux d'un Comil(5 regional analogue a celui qui a deji el^ crd(5 i Alexandrie. Les cinq articles rdgleinentaires qui suivent , proposes par nos confreres de Bordeaux, ont Hi approuv^s a runanimltc?. 1° Les membres de la Soci^le imperiale zoologique d'acclimatation r^si- dant a Bordeaux ou dans la banlieue sont autoris^s Ji prendre le litre de Comild regional de la Societe imp(?riale zoologique d'acclimatation a Bor- deaux. 'J° Ce comil(5 est preside par le d^legu^ du Conseil de la Soci6l(5 zoologique d'acclimatation 5 Bordeaux. Les auires membres du bureau sont nomm^s par le Comity regional. 3« Le Comity regional de la Societe imperiale zoologique d'acclimatation \ Bordeaux est autorise a accorder le litre d'Associ(5 dudit Comite r(5gional aux personnes qui voudront concourir a I'accomplisseiDent des vues utiles et pratiques de la Sociele imperiale zoologique d'acclimatation. h" Le Comitd regional de Bordeaux est autoris(5 a proposer au Conseil de la Soci^t^ imperiale zoologique d'acclimatation d'accorder des recompenses aux marins, capilaines, ou aux personnes qui se seronl disiingu(5es par leur zfele ci r^pondre aux vues de la Soci^l(5. 5° La valeur de ces recompenses sera prelev^e sur le produil des colisa- lions rcQues par le Comity regional de Bordeaux. En execution de ce rfeglemeni, le Comity regional de Bordeaux vient de se constituer, et il est d^jJi compose de plus de vingl membres. Dans sa pre- miere stance, lenue a la Prefecture, il a ^lu son Bureau, qui est ainsi compost pour 1857 : President d'honneur : S. Em. Mgr le Cardinal Archevfique de Bordeaux. President honoraire : M. le Prdfel de la Gironde. President : M. Bazin, d^l^guc du Conseil de la Soci^l6 imperiale zoolo- gique d'acclimatation a Bordeaux. Vice-Presidents : MM. Dussumicr et Duffour-Dubergier. Secretaires : MM. Douillard de la Maliaudiere, et le docleur Cuigneau. Tr^sorier : M. Chaudruc. — La Socidtd tiendra sa premifere seance publique annuelle a I'hOlel de ville, le 10 f^vrier 1857, troisi^me anniversaire de sa fondation. Pour les extraits de correspondance et les fails divers, Le Secretaire du Conseil, Gui^;ri;<-Meneville. DROMADAIKE. 61 I. TRAYAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT FAIT A LA SOClfiTfi IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCUMATATION AC NOM DE LA PREHIJSRE SECTION SUR r/lNTRODUCTION PROJETEE DU DROMADAIRE AU BRESIL Par M. DARESTE, rapporteur. (Stance du 6 mars 1857.) Messieurs, Le gouvernementbresilien a forme, dans ces derniers temps, le projet d'inlrodiiiro le Dromadaire dans plusieurs de ses pro- vinces, el il a, dans ce hut, adresse a notre Societe une serie de questions par rentreinise de M. de Capanema, notre delegue u Uio-Janeiro. Une semblable experience, tentee par un gou- vernement avec loules les ressources dont il pent disposer, reunit, si elle est bien conduite, toutes les chances de succes. La premiere section ne pouvait done ne pas voir sans un vif in- ter6t cette tentative du gouvernement bresiiien, et elle a pens6 quMI y avait lieu den entretenirla Societe, de lui indiquer la possibilite de I'experience et les avantagesqui devront en re- sulter poj^r les provinces qui feront cette acquisition. On sait qu'il existe deux ispeces de Chameaux : le Ghameau a deux bosses et le Chauieau a une bosse, ou, coinme Aristote les appelait deja, le Ghameau de Bactriane et le Ghameau d'Arabie^ (pie le premier occupe le centre de I'Asie, entre la mer d'Aral, la Siberie, le Tliibet et laGhine •, quele second se trouve T. IV. — Mars 1857. 5 62 SOCIETY IMPEHIALE ZOOLOGlQUE d'aCCLIMATATION. en Perse, en Syrie , en Arable, en Egyple, dans VAfrique septentrionale et au Senegal. Or si Ton examine avec soin les conditions topographiques et cliniatologiques dans lesquelles vivent actuellement ces deux especes, on volt que, malgre de grandes differences de latitude et par suite de teuiperature, les pays qu'elles occupent presentent a certains egards une remarquable uniformite. En eifet , les cartes si curieuses de M. Berghaus, dans lesquelles ce savant geographe represente graphiquement les principaux faits de la distribution des pbe- nomenes meteorologiques et des 6tres organises a la surface du globe, nous apprennent que Thabitation actuelle de ces deux especes coincide d'une maniere tres exacte avec deux grandes regions qui occupent le centre de I'ancien monde, et qui sont caracterisees, au point de vue de la rneteorologie, par le manque presque absolu de pluie. Le sol en est forme de sables ou de rocbes appartenant aux formations tertiaires, et il est toujours d'une aridite extreme, sauf dans les rares localites ou les eaux souterraines, et tres exceptionnellement les rivieres, favorisent ledeveloppement d'une ricbe vegetation et permettent la cul- ture. La premiere de ces deux regions, comprenant le Sabara, les deserts de I'Egypte, de I'Arabie, de la Syrie et du plateau 'de la Perse, est occupee par le Chameau a une bosse; la se- conde, comprenant les deserts de Gobi et de Shanio, est occupee parle Chameau a deux bosses. Une coincidence si remarquable enlre les habitations des deux especes de Chameaux et les regions sans pluie de Tancien Tnonde doit avoir sa raison d'etre. C'est qu'il n'est peut-6tre point, dans toute la classe des mammiferes, une seule espece dont I'organisation soit mieux en harnionie que celle du Cha- meau avec la secheresse etla sterilite du desert. Portant sur sa colonne verlebrale des magasins de nourri- ture, et dans son estomac des reservoirs ou I'eau se conserve pure et ou clle se produit peut-6tre, le Chameau est d'une sobriete que rien n'egale. Les recits des voyageurs sont una- nimes ace sujet; mais, quelque etranges qu'ils nous parais- sent, ils sont cependant bien au-dessous de la realite. — « J'ai presente au general Marey-Monge, dit le general Carbuccia, MOMADAIUE. 63 (les Dromadaires qui n'avaient |)as mange depuis trois jours ni bu depuis trois mois, et qui ne paraissaient pas souffrir de cetle abstinence Aucun voyageur n'a ose affirmer que le Dromadaire ne bolt jamais pendant les deux derniers mois de I'aulomne, pendant I'liiver et pendant tout le prinlemps, et cependant tel est le fait extraordinaire dont cheque jour nous apporte une nouvellepreuve(i) Au commencement de Tele le Dromadaire boit ^ puis il reste quinze jours sans boire, puis treize, puis douze et enfin sept, en diminuant d'une unite suc- cessivement le nombre des jours d'abstinence; ensuite il boit tous les sept jours et rien que tons les sept jours, quelles que soient la chaleur et la fatigue de la marche. » ( Carbuccia. Du Dromodaire, p. 11.) On assure que plus loin, dans le Sud, il pent rester jusqu'a quinze jours sans boire; et il y a lieu de croire la-dessus les Arabes, car leurs dires sont unanimes sur ce point {ibid. p. 89). Capable de supporter pendant longtemps Tabstinence, le Chameau est egalement Tun des animaux les moins difficiles sur la nature de I'alimentation (2). Les vegetaux les plus li- (1) Les reservoirs stomacaux du Dromadaire ont ^t^ ddcrils par Daubenton au siecle dernier ; mais lours fonclions ne sont point encore parfaitement connues. Daubenlon ne les consid«5rait que comme des reservoirs ; tandis que, d'aprfes Cuvier, ce seraient aussi des organes de secretion. Quoi qu'il en soit, le fait d'eau se conservant pure dans I'esiomac d'an animal est tr^s curieux corame fait physiologique. Le general Carbuccia nous a donne h ce sujel d'inl(5ressants details, dans le curieux et remarquable ouvrage qu'il a public en 185J, sous ce titre : Du Dromadaire comme bete de somme et comme animal de guerre, p. 12. « Un Dromadaire etant mort par accident, le 10 decembre, dans la Mitidja, Fouverture en a ete faite en presence fte plusieurs officiers de Bordj el Arach : le reservoir d'eau pr^- sentail I'aspecl d'un melon, et en offrait loute la contexture. Jl contenait plus de quinze litres d'eau verditre, mais sans mauvais goiit. Les Arabes presents ayant affirrad qu'aprfes avoir d^pos^ trois jours cetle eau devenalt limpide et restait potable, rexp^rience en fut faite, et elle r^assit. » 11 est nrbuccia en a raconteriiistoire dans deux rapports pleiiis d'inter^t qu'i! avail adresses au gouverneur ge- neral de I'Algerie, et qu'll publia quel([ue temps avanl sa mort (1). II y demontre, par tine masse considerable de fails, qu'en Algerie le service des Dromadaires comme b6tes de somme, pour approvisionner les places tMoignees et pour suivre les expeditions, estbien preferable a celui des mulcts, qui ce- pendant aujourd'hui font presque tousles transports. Le mulet boit tous les jours et ne pent se passer d'orge- il s'epuise faci- lement, et quelques jours de marcbe diminuent considerable- mentsa force et sa vigueur. Aussi, la mortalite des mulcts est grande en Algerie; il s'y est fait en cinq aiis, de 1839 a 18/13, une consommalion de onze mille de ces animaux. La lecture attentive de ces rapports nous fait vivement regrelter que le Gouvernement n'ait point jusqu'a present donne suite au projet, couQu parle general Carbuccia, d'etablir definitivenient, dans le train des equipages mililaires, des compagnies auxi- liaires de chameliers. Nous devons esperer qu'il serarepris un jour, au grand profit de la France et de TAIgerie. Le transport des bagages a dos de Chameau conduisait naturellement a I'idee du transport de rarlillerie a Taide du m6me animal. Les motifs qui restreignent I'emploi du Cbeval dans les re- gions du desert, s'y retrouvent egalement pour son emploi dans I'artillerie. Les essais que Ton a fails a diverses reprises, et parti- culierement sous le regne de Fetb-Ali-Scbab et sous Tinspira- tion d'officiers fi-ancais envoyes par Napoleon, pour etablir en Perse une artillerie legere trainee par des chevaux et ayant une organisation comparable a la noire, ont toujours donne des resultats imparfaits dans des pays oil il faut emporler la nour- riture et I'eau necessaires pour les chevaux, et ou il n'existe point de routes. Aussi depuis I'invention de Fartillerie, des bords de Tlndus jusqu'aux cotes de la Mediterranee, le service de cette arme s'esl-il fait en grande partie au moins avec des Chameaux. C'etait a dos de Cliameaux (2) que Ton trans- (1) Voyez Touvrage d^ja cile du g^n(fral Carbuccia, passim. (2) OueJqucfois a''ssi, comme dans certaines parties de I'lnde, on em- DROMADAIRE. 69 porlait rartillerie de campagne et m6me aussi rartillerie de siege. On con^oit du reste que cet etat de rartillerie de siege, bien (ju'imposo par les conditions m^mes des localites, ait eu de tout temps un obstacle a son emploi. Le voyageur Pietro della Valle, qui a sejourne en Orient, raconte un entretien curieux, auquel il assista, entre le scbah Abbas I" et le resident anglais a Ispahan. Le schah, montrant a ce dernier un enorme canon portugais pris a Ormuz, lui disait qu'il ne pouvait se servir d'une pareille artiJlerio , qui g^nerait considerablement la marcbe de son arnieo; que la superiorito des troupes persanes sur les troupes turques consistait principalement dans leur rapidile, etquo, pour assieger une villo, il preferait transpor- ter le metal a dos de Chanieau et fondre devant la ville assiegee les pieces dont il avait besoin. Cet usage singulier s'est con- serve jusqu'a nos jours. En 1838, les Persans ont fondu devant Herat les pieces dont ils avaient besoin pour ouvrir la brecbe. Quant a I'artillerie de campagne, elle efait constituee par de petites pieces transportees a dos de Cbameau, et que Ton as- sujettissait ensuite sur des atfuts de bois places a terre. Or, nous voyons que, partout ou le Dromadaire existe, cet usage s'est repaudu, et nous le voyons s'etendrc depuis Alger jusque dans rinde, ou il est vrai, dans certaines parties, I'elephant r^mpla^ait le Cbameau. Lorsque les Anglais ont fait la guerre dans le Caboul, sous les ordres du general Nott, ils ont trans- porte I'artillerie a dos de Cbameau, en plagant le canon sur un animal et laffutsur un autre-, et cette experience, conduite par le major Pew, a donne des resultats tres satisfaisants, Mais la manoeuvre de ces pieces a toujours presentedes len- teurs assez grandes; et, depuis le siecle dernier, les Afgbans ont resolu le probleme de I'artillerie a Dromadaire par une creation assez singuliere, mais qui, parfaitement adaptee aux localites, a toujours eu depuis celte epoque une place impor- lante dans I'armee persane. En 1722, les Afghans, commandes par leur roiMabmoud, etant en guerre avec les Persans, ima- ployait .'i ce service les Elephants et les biifllcs. Dans les troupes de la Compa- gnie anglaise des Indos, il y a encore actuellement uiie artillerie trainee par des boeufs, bullock artillery. 70 sociETE imp6riale zoologique d'acclimatation. ginerent de fixer, au moyen d'un pivot moy)ile, sur la selle des Dromadaires, des fauconneaux assez analogues aux fusils a meche du xvi" siecle, et dont le calibre pouvait porter une poignee de balles, ou un houlet d'un petit volume. Chacune de ces pieces formait, avec son canonnier, la charge d'un Droma- daire. Pour faire une decharge, on faisait agenouiller I'animal et Ton mettait le feu. Les Afghans durent a cette innovation le gain de la bataille de Goul-Nabat (8 mars 1722). Elle ne tarda pas a ^tre adoptee par le celebre Tahmasb Kouli-Khan, qui apres avoir chasse les Afghans s'empara du tr6ne de Perse. Le corps des artilleurs a Dromadaire, ou comme on les ap- pelle, des Zemboureckchis ou Gu6pes, parce qu'ayant une tr^s grande rapidite do mouvement, ils sont charges d'inquieter et de harceler de mille cotes a la fois les armees ennemies, a depuis lors toujours existe en Perse, ou, par sa convenance avec la nature des localites, il a parfaitement remplace notre artillerielegere.il convenait d'autant mieux, quel'artillerie du Zembonreck ne necessite point, comme la notre, des etudes speciales, et.n'exige pour son service que les simples con- naissances du fusilier ordinaire. Elle etait d'ailleurs gene- ralement suffisante pour le siege de villes qui sont pour la plupart depourvues de fortifications regulieres, et dont on se contente de faire le blocus. Aussi cette artillerie a-t-elle tou* jours joue un grand role dans Thisloire militaire de la Perse et contribue puissamment aux succes de cette nation dans ses guerres avec les Afghans et avec les Turcs, quoique ces derniers aient possede une armee mieux organisee et des offi- ciers plus instruits. Le colonel Colombari, attache comme officier du genie au service militaire de la Perse et qui a public sur I'artillerie a Dromadaires un travail plein d'inte- r6t (1), lui altribue en grande partie la superiorite de la Perse sur la Turquie pendant les dernieres guerres : « Ces resultats, dit-il, etaient obtenus par des troupes mal armees et inferieures en nomhre a leurs ennemis, mais qui avaient I'avantage inap- preciable d'une extreme mobilite et d'un transport facile. La (1) Colombari. Les Zembourecks, artillerie de canipagne a Dromadaires, employee dans Varmee persane, Paris, 1853. DROMADAIRK. 71 pi ij part de ces guerres etaient des surprises ou rarmee per- sane tombait inopinenient siir I'ennemi, alors que celui-ci etait accahle par la longueur des inarches, la chaleur ou le froid, dans un pays ou la chaleur du sol occasionne les transitions de temperature les plus completes. Aussi le Zembourecke%i-'\\ ap- pele a jouer chez eux un rcMe cssentiel •, c'est une institution purcment asiatique, speciale et propre a quelques regions de TAsie. C'est pour cela que nous la voyons se maintenir malgre ses defauts. qui du reste sont en grande partie reparables. » Aussi, si le corps des Zemboureckchis fut abandoune pendant quel([ue temps, au commencement de ce siecle, pour I'artillerie a cheval, organisee d'apr^s les conseils des officiers fran^ais, on n'a pas tarde a comprendre la necessite de le retablir ; et cette reorganisation a ete faite par Mirza-Abassi, grand visir du shah Mehemed, pere du shah qui regne aujourd'hui en Perse. L'emploi si utile du Chameau comme b6tc de somme a en- gage a chercher si TonYie pourrait Temployer egalement comme b^te de trait. Les essais qu'on a tentes dans cette voie ont ete beaucoup moins nombreux et n'ont donne que des resultats incomplets. Toutefois Texanien des faits nous donne lieu de croire que ce nouvel emploi meriterait d'etre essaye de nou- veau et que Ton pourrait tres probablement er» tirer parti. Su^tone et Lampride nous apprennent que Neron, et plus tard Heliogabale, montrerent aux Romainsdes voitures trainees par des Chameaux. Des essais faits sur une ires petite echelle, il est vrai, dans Tlnde anglaise il y a une vingtaine d'annees ne laissenl point de doute sur I'avantage de ce mode de trans- port. Nous voyons m6me, dans un travail public par la Societe asiatique du Bengale, que la Compagnie anglaise des bateaux a vapeur (jui font le service des transports maritimes de Suez a Calcutta, avait fait etudier rotablissement d'un service de voitures trainees par des Dromadaires pour transporter les voyageurs d'Alexandrie a Suez (1). II est vrai que ce projet fut abandonne ; mais tres probablement par suite du projet (1) Documents relative to the application of Camel draught to carriages by Grenlau, esq. secretary to the Bengal steam committee, dans Je JournoU if the Society of Bengal, 1839, avril. 72 SOCIETK IMPERIALK ZOOLOIIQIJE d'aCCLIMATATION. d'etal)lissemeTit du cliemin de fer d'Alexandrie au Caire, et du Caire a Suez, projet qui a vequ deja un commencement d'exe- cution. Tout recemment le general Jusuf a donne a la popula- tion d'Alger le spectacle d'une caleche trainee par des Dro- madaires. Le grand visir Mirza-Abassi, dont nous avons deja parle, avant de reorganiser le corps des Zemboureckchis^ avait en- trepris d'atteler le Chameau aux pieces d'artillerie legere. Cette tentative n'a donne que des resultats insuffisants. Les Chameaux allaient bien pendant la marche en avant, mais ils nVffectuaient (ju'avec peine les conversions sur place neces- saires pour mettre les pieces en batterie. Toutefois cette expe- rience n'a pas ete cntierement inutile. Dans une expedition des Persans en Caramanie, les Chameaux ont pu trainer les pieces, et Ton n'a employe les chevaux que lorsqu'il a fallu nianceu- vrer en presence de Tennemi (1). Enfin le Chameau a ete aussi attele a la charrue. Cet emploi ne s'est jamais generalise, par la raison bien simple que les populations qui emploient le Chameau sont nomades et pas- torales, et non sedentaires et agricoles. Toutefois divers exemples nous prouvent que dans I'Arabie, sur les rives de rindus, en Espagne et aux Canaries, on a employe les Cha- meaux pour le labour. Seraient-ils, dans ce service, superieurs ou inferieurs aux boeufs ou aux chevaux ? C'est une question que nous ne pouvons resoudre actuellement, faute de docu- ments. II n'est pas Ires probable d'ailleurs que cet emploi des Dromadaires prenne jamais une tres grande importance. Enfin le Dromadaire a souvent servi de monture. Nous sa- vons, par les recits des voyageurs, qu'il existe dans I'espece de Chameau a deux bosses des races tres distinctes (2), dont les (1) Un projet analogue, mais qui ne ful pas mis a ex(5cution, avait ^t^, conQU par Conl(5 pendant I'expediiion d'figyple. Ce savant avait imaging d'augmenier la largeur des jantes des roues des canons, pour les emp^cher de s'enfoncer dans le sable. (*2) Malheureusement ces races n'ont jamais ^t(5 decrites par les natura- listes, et les notions que nous donnent les voyageurs sont trop incompletes pour que nous puissions decrire ces races avec quclque exactitude. 'J'out ce que nous avons pu voir dans ces documents, c'est que I'espfece de Chameau DROMADAinK. 73 lines ont une conformation ({ui les rend plus particulierement aptes an service dos transports, tandis que les autres ont une conformation qui en fait des animaux coureurs par excellence. Gette diversite de races, races trapues et races sveltes, existait deja dans Tantiquite. Diodore parle deja d'une race de Cha- meaux plus sveltes et plus vites qu'il designe sous le nom de Chameaux coureurs {Dromas ou Dromadaire, Diod., xix, 37). Ces Droniadaires, dontla course rapide et infatigable (i) a fait depuis longtemps Tadmiration des hommes et donne lieu a des vitesses que la vapeur seule a surpassees pour le transport des hommes, se retrouvent sous divers noms dans loutes les re- gions qu'liabite aujourd'hui le Chameau a une bosse. On les appelle Dclul en Arable ; Jeldevesi en Turcjuie ; Schutturba ou Rewahich en Perse \ Heguin en Egypte ; Mehari dans le desert algerien. Nous igiiorons si ces animaux de course forment une m6me race, ou s'ils appartiennent a des races differentes ; ils sont encore tres pen connus. Les Mebaris du Sahara algerien, bien qu'ils aient etc decrits anciennement par Leon I'Africain, et dans le siecle dernier par le voyageur anglais Shaw, sont Testes inconnus, mdme depuis la conqu6te d'Alger jusqu'en \^lxh ; aussi les considerait-on comme des animaux fabuleux. Ce fut seulement rexpodilion du general Marey-Monge a La- ghouat qui fit connaitre les Mebaris du Sahara algerien, dont elle en ramena trois individus en Algeria. ' La grande vitesse de ces animaux, vitesse qu'ils peuvertt . soutenir pendant plusieurs jours de suite, les a fait employer de- .puis longtemps pour les voyages et m6me aussi pour la guerre. K MAUCHAMI*. 77 tons iii jjirres (jamais je n'y ai troiive le moindre jarre), et cela sans (jiril soil nocessaire de faire epincer le riiban sortant des cardes. Et, en etTet, cettelainese compose surtoutde fdaments longs, lisses comnie des polls, et la partie duveteuse qui forme hlousse ne se roule pas an travail comnie la partie coiirte des laines merinos ordinaires, et par consequent ne pent donner lieu a des boutons. II y a done economic et avantage a carder seulement cette maliere. Les Ills (jue j'ai obtenus ainsi sa?is le moindre epincage, je le repete, elaient d'une grande finesse. J'ai pu faire un carde pur : de la cliaine n" 90 au kil. de la trame 190 — et de la demi-chaine 1 AO — Ces Ills etaient de bonne qualite sous tous les rapports. Un de nos confreres, M. Heusey-Deneirouse, s'en est servi pour i'abri([uer de fort beaux cliales qui ont etc Ires admires a la derniere exposition pour leur regularile et leur douceur. MM. Lavalard freres ont fait el font encore avec ces m6mes ills de fort belles bonneteries, d'une vente courante et rempla- (;ant les bonneteries de Cachemire. Moi-m6me, enfin, j'ai fait iabriquer et j'ai expose des tissus divers : merinos, mousse- lines, cachemires d'Ecosse, satins de Cbine, etc., et loutes ces etoffes etaient d'une regularite irreprocbable. Je joins ici, Mon- sieur le President, un echantillon de ce satin dit de Chine: c'est, de tous les tissus que je viens de nommer, celui (jui exige dans sa fabrication le fil le plus propre et le plus rogulier. Vous pou- vez juger, sur ce simple echantillon, de la douceur et de la nellete du fil. La laine soyeuse, on le voil, peut 6tre employee partout ou s'emploie le Cachemire, et le remplacer avantageusement. C'est cette ressendjlance qui m'avail porte k designer cette laine sous le nom de Cachemire indigene, denomination qui revele d'emblee les qualiles et les usages de cette matiere. Enfin pour conlirmer encore cette assertion a I'heure ou j'ecris, M. de Montagnac emploie la recolte de cette annee des troupeaux de T. IV. — Mars 1857. 6 78 SOCllilTE IMPfiUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Mauchamp et de Gevrolles a la fabricalioii de ces magnifiques tissiis a longs polls connus sous les noms d'Ourson, de Zibeline, de Chinchilla, etc., qui servent a faire les manteaux d'hiver des dames ^ la encore la laine soyeuse vient remplacer le Ca- chemire. Je crois avoir ainsi repondu amplement a la derniere ques- tion posee par M. Millot dans son menioire. Je regrette beaucoup en terminant qu'un savant rapport, qui vient d'etre adresse a Son Excellence Monsieur le Ministre de I'agriculture et du couimerce par M. Yvart n'ait pas encore ete livre a la publicite. M. Yvart, qui a encourage le develop- pement de la laine soyeuse depuis son origine, qui a introduit les animaux de cette race dans les Bergerics imperiales, et qui a suivi avec beaucoup de soin le travail de ces laines dans mes ateliers, etait plus capable que personne de trailer cette ques- tion, et son rapport viendrait confirmer avec autorile tous les fails que j'avance. Veuillez agreer, M. le President, etc. Frederic Davin. CONSERVATION DE8 E8PECE8 UTILES. ^ NOTE SUR LA DESTRUCTION PAR L'HOMME '^' ' ■/ijii DE QllELQUES ESPtCES ANIMALES QDI LUI SONT UTILES. Par ra. H. OE JONQUlllRES-AIWTONELLE. (Stance du 6 f^vrier 1857.) Multiplier jusqu'aux derni^res lifnites dii possible les condi* ' tions de bien-6tre de notre domaine terrestre, forcer m6me paf une ingenieuse initiative, par une experimentation raisonnee, en un mot, par une genereuselulte de chaque jour, ces limites de reculer devant nous, c'est la, sans conlredit, le plus grand bienfait de la science pratique. En distinguant cetle mission entfe toutes, en se I'appro- priant, la Societe d'acclimatation en a compris la haute por- tee; et deja nous pouvons dire avec bonheur que ses impor- lants succes dans cette voie sont une garantie contre toute deiaillance. Ce que veut faire la Societe, c'est d^enrlchir nos climats d'especes animates ou vegetales relativement exoti- ques, lorsque celles-ci peuvent, en y prosperant, y apportei* uiie prosperite nouvelle ; c'est, done de gagner scientifiquement a riuimanile desauxiliaires jusqu'ici inconnus par elle. Corre- lalivement, et d'une inaniere rigoureusement correspondante, ce que la Societe doit iaire, c'est de prevenir rappauvrissement de nos climats d'especes indigenes ou acclimatees, de conser- ver ces especes utiles lorsque leur destruction doit etre une cause de ruine-, done, de garder ces bons auxiliaires de tout temps, lors(iue ceux-ci sont miserablement meconnus par ceux- la mCmes qui ne peuvent s'en passer. ' A ces causes done, il est temps, il est bien temps, de jeter un 80 SOCIKTi: IMPEUIALE ZOOLOGlQUE d'aCCLIMATaTION. cri d'alarme; du reste, je ne veux point faire du sentiment et n'ai point ;i faire de la discussion dans un sujet ou un sim- ple compte rendu parle plus haut, plus peremptoirement que tout. Oil vont en ce moment toutes les chances de I'agricul- ture, certaines chances de I'industrie? Oil allons-nous nous- m6mes? Et, s'il nous est prouve que nous sommes sur une pentefatale, oii, quand et comment nous arreterons-nous? D^abord, I'histoire des precedentes annees nous montre des epidemics terribles, etranges, venant attaquer, a tour de role ou simultanement, presque toutes les cultures des champs et desjardins : leur cause est inconnue, peut-6tre n'a-t-elle pas ete envisagee sous son vrai jour; mais pen importe, pour le moment, la discussion des causes, les effets connus ont ete desastreux : ils peuvent se reproduire. Vient se joindre a celte histoire celle de Tannee derniere : seule, elle suffirait encore pour attrister profondement •, car c'est pour toute la France, ou pen s'en faut, la calami te des inondalions. Permettez-moi un mot sur un voyage d'oii j'arrive, le voyage le plus banal du monde, en dehors de nos grands centres d'in- dustrie et bien loin des pays d'enchantements, une simple tournee dans certaines contrees agricoles du Midi. La terre a bu une partie des eaux de I'inondation : le soleil a pompe le reste; comme dliabitude, les semailles d'biver sont ou vont 6tre faites partout oil seuleinent la recolte de I'annee prece- dente a ete enlevee, sans que d'ailleurs la terre ait a garder de mauvaises conditions nouvelles pour plusieurs annees en- core : il ne court jusqu'ici aucun bruit facheux au sujet des anciennes epidemics; lentement, mais efficacement peut-6tre, des precautions sont prises contre les inondations futures : du malheur passe, entin, il ne doit plus 6tre question; et cepen- dant, ragricuUeur. proprietaire ou paysan, qu'importe? est triste, decourage, non pour hier, mais pour demain. Or, c'est une chose grave lorsque la melancolie s'empare de Thomme de la terre. Mais puisque, je le veux bien, il ne doit plus pen- ser aux pertes sans remission du passe, ni meme au retour de pareils sinislres, quelles done peuvent 6tre ces chances de I'a- venir auxquelles il pense? C'est le malheur infaillible, celui CONSERVATION DES KSPECES LTILESi 81 qui vient sourdement, mais a coup sCir ^ c'cst rennemi dMiier, decuple en nombre aujourd'hui, (jui sera centuple demain; c'est Tarniee innombrable, insaisissable qui fait sou travail de des- truction parallele au travail de production, travail plus opi- iiiatre, plus persistant, plus multiple que celui de rhomme. Encore, s'il ne s'agissait que d'une plaie locale, eL par con- sequent restreinte, que d'un fleau imprevu, mais contre lef|uel une dure experience, une fois faite, tieridrait en garde, il suf- firaitde signaler le fait, el ce serail abuser que d'insister sur une exception-, s'il ne s'agissait, aussi, que de renouveler, de cbanger certaines cultures cheres a la routine, les impor- tations heureuses de la Societe d'acclimatation viendraient precisement comme palliaLif pour le present, comme succes pour I'avenir. Mais non, malheureusement non; tout lei pays de France et non point une seule de ses parties, tout le conti- nent et non point le seul pays de France, est tributaire de la hideuse invasion de barbares dont je viens dire aujourd'hui quelques mots. Ces considerations, du reste, ont ete dejci de ma part Tobjet d'une lettre que j'ai eu I'bonneur d'adresser a M. le President de la Societe, pendant mon sejour dans le Midi. Je sens que j'ai a m'excuser, ici m6me, de mon propre man- que de science, de mon experience bien peu approfondie ; et, plus justement je demeurerais au seul rang qui me revienne, si je ne savais avant tout que la bonne volonte est la meilleure remission d'une hasardeuse initiative. Et, du reste, je ne suis point I'interprete de mon opinion isolee, je ne suis point I'e- cho de nies impressions et de mes apprehensions personnelles en parlant aujourd'hui des apparences menacantes qui nous environnent detoutes parts. Les ennemis, nosennemis a tous, sont cbez nous; ils y ont pris demeure-, ils pullulent, et si nous n'y prenons garde, si nous n'organisons une defense vi- goureuse, immediate, efficace, ils seront plus forts que nous: c'est une guerre a entreprendre, une guerre raisonnee et im- placable : le nombre est contre nous. Les especes animales, vous le savez, sont beaucoup plus nombreuses que les vegetales, et la classe des insectes com- 82 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. prend, a elle seule, un plus grand nombre d'especes que les autres sections du genre animal. Par instinct, ces insectes, tous tant qu'ils sont, et deja, d'apres Latreille et les clas- siques enumerations des ouvrages d'entomologie, on compte una multitude de families d'insectes; tous, par instinct, de- posentleurs oeufs, lesgermes de leur progeniture, dans le lieu qui presentera a leurs pareils, encore a naitre, une nourri- ture plus facile, plus a portee^ chaque produit de la terre a une espece particuliere et correspondante d'insecte, et sou- vent m6me un grand nombre de ces especes vivant de sa des- truction ^ parmi ces animaux microscopiques, on peut voir des individus plusieurs milliers de fois moindres que les moisissures, les byssus, qui sont, comme on sait, les plus pe- tites plantes connues. Et, ceci soit dit en parenthese, ne se- rait-ce pas la peut-6tre une induction nouvelle a appliquer a I'etude des epidemics recentes du regne vegetal (1)? Quoi qu'il en soit, ces especes, qui vivent uniquement de ce qui fait vivre I'homme, qui attaquent les produits de la terre en germe aussi bien qu'en fruit, ces destructeurs par excellence, sont-ils destructibles? L'homme, qui vit de leurs restes, est absolument incapable de lutter contre eux. On a beau passer certaines semences a la cbaux, tant pour en activer la ger- mination que pour les premunir contre Tatteinte des insectes, ce procede, si tant est qu'il ne soit dangereux en rien, est-il applicable a cbaque age des grains qui nourrissent I'homme? (1) Comme renseignemerils dignes de remarque, void deux fails d'expe- rience pratique : dans le Beaujolais, il y a une quinzaine d'annees, les vignes d(5p^rissaient rong^es par des clienilles de Pyrale ; le meilleur moyen de s'en d^faire fut de lacher des Poules dans les vignes. Dans ceUe conti^e vinicole et dans qiielques autres du Midi, les agriculleurs remarquaient jadis, a la belle saison, des Iroupes d'oiseaux envahissant les vignes et fai- sant sur les ceps un travail analogue ci celui du Pivert sur les chines : « G'^tait un bruit incessant r^pete et comparable a celui des Cigales , » dit un pralicien du Midi, qui se souvient d'avoir fait celte observation au temps ou les diverses maladies de la vigne ne se produisaieni pas. Et, d^plorant le depart, ind^fini peut-etre de ces oiseaux utiles, la m6me personne a con- statd douloureusement celui d'un fort grand nombre d'aulres varidl^s insectivores. CONSERVATION DES ESPfeCES UTILES. 83 Est-il possible pour lous les prodiiits veg^taux? Non. Done, I'homme est sans defense conlre les insectes s'il est sans auxi- liaires : ils sont nos ennemis, eux, et lis ne nous craignent gu^re ; ils ne peuvent rendre compte qu'a leurs ennemis naturels, et ils en ont lieureusement. Car, si dans le systeme de la nature chaque produit vegetal a pour ennemies une ou plusieurs especes d'insectes, ces derniers ont affaire a une force equi- valente a la leur. celle des especes insectivores, et plus parti- culi^rement des oiseaux. Voila done les allies ou, comme on I'a dit fort judicieusement, les ouvriers de rhornme. Mais, avantde voir comment riiomme traiteses allies, voyons comment ses ennemis le traitent lui-m6me. Les jardins, les vergers, les champs, les pres, les for6ts, les edifices, les meu- bles, c'est la le domaine, la concpi^te des especes nuisibles, de ces mdcheurs ou broyeurs, de ces suceurs doiit les organes sont si parfaits, si energiques, dont Taction est si constante, dont le nombre si enorme devient de jour en jour plus anor- mal. Aussi presque toutes les ressources de Thomnie sont atta- quees par eux victorieusement : dans nos departements alpes- tres, la graine des epinards a ete, cette annee, completement et absolument detruite ; en plusieurs points de la France, les semences des cereales se trouvent infestees par les Vers; les vegetations, hors de terre, sont la proie des Hannetons, des Scarabees; dans la seule province de Prusse, — ecrit a notre illustre President le savant professeur Gloger, de Breslau, — pendant les derniers trois ou quatre ans, plus de 80,000 hec- tares de for6ts ont ete devastes par le Bombyx monacha ; les digues de la Hollande, les charpentes, les constructions navales de tons les pays sont interieurement minees par le Taret : on a fait, on fait encore, — et notamment au port de Toulon, — inille essais d'inventions nouvelles pour garantir les bois de ce Ver parasite : la meilleure solution etait deja dans les excel- lenls conseils de M. de Quatrefages •, le Termite (vulgaire- ment Fournii blanche) nous est arrive de I'lnde et de la Guyane, et maintenant il perce et devore le bois sec, les meubles, les papiers, les etofles. Ce sont la des exemples emouvanls, mais en bien petit Sll SOCIETI- IMPEIll.VLK, ZOOLOGIQUr: 1»'aCCLIM\TATI0N. ii()nil)re encore, eu egard aux iiicalculables ravages exerces par ces especes niiisililes siir tout, al)soUiment tout, ce (pii ap- partient a riiomme, sur les ohjets qui servent a sa iiourriture, a sa securite, a scs besoins jourualiers-, tout enfin ce qui con- stitue sa vie. Et Thomme, i'homme seul bien entendu, aban- donne a so.s propres moyens bumains, a ceux que lui doniient ses propres forces, m6me secondees de I'aide de Tart et de hi science, est inbabile a resister, incapable d'y suffire : il faut qu'il abandonne tout, qu'il devienne, — qui sait? — la proie vivante, lui, s'il continue a repudier les aides que la nature lui avait prodigues. C'est une verite naive et qui, pour naive qu'elle est, n'en est que plus incontestable ; la veritable armee de rhonime aux prises avec les insectes devorants et envabisseurs, c'est Tarmec des mangeurs d'insectes. Ces insectivores sont d'abord, parini les mammiferes, ces potits carnassiers aux dents lines conimc leHerisson, la Musaraigne, par exempie, el, d'autre part, les oiseaux, et surtout parmi eux les especes les plus legeres, les plus gracieuses, et, — disons-le avec regret, avec esperance aussi, — les plus repandues jadis dans nos climats. II semble que, pour se faire pardonner I'lionorabilite de leurs bons ser- vices, I'activite de leur collaboration avec rbomme, ces ani- maux insectivores aient voulu, h^s iins ne pas importuner le maitre par I'indiscretion de leur presence, les autres, au con- traire, le distraire par leur entrairi. Ainsi, considerons les pe- tits carnassiers destructeurs d'insectes : le Herisson, qui ne dispose (jue de moyens de defense passive et d'aucun nioyeri d'attaque francbe, vit loin du jour, loin du bruit , sous les pierres et dans les troncs d'arbres ; il attend la protection de la nuit : alors, c'est a I'abri de Tombre et sous la sauvegarde des accidents du terrain qu'il s'en va cbercbant lentement et silencieusement les insectes qui composent sa nourriture, les Mollusques a coquille et m6me les Souris, double tleau des jardins ; la Musaraigne, timide et rnyope, vivant soli- taire dans les troncs des vieux niurs ; especo de Souris cette fois, mais espece utile au in6mc titre (|ue le precedent. Eh bien! ces deux animaux, absolument dedaignes par I'homme, ./.Ol, CONSERVATION DKS ItSPKCES UTILES. 85 sont oontinuellomont, de la part des enfanls, I'ohjet d'amuse- iritMits barljares ou leur sensibiliu'; norveiise excossivement (hie, misc brutalement a Vepreuvo, fait a la fois leur douleur et la joie de leiirs jeunes bourreaux. Kt, parmi les oiseaux, quelles sont les especes plus specia- lement insectivores? Ce ne sont point, on le sait, les especes niixtes et informes des pays extremes •, co ne sont point les rapaces ou oiseaux de proie : non, elle n'est point triste a voir ou dangereuse arecevoir, cette population que ses habitudes ou ses migrations annuelles, bisannuelles ou irregulieres repan- daient si genereusenient dans nos cliuuils-, nos oiseaux insec- tivores, ce sont les travailleurs, les artistes, les bons et char- mantsenfantsdu soleil,comme on I'adit : THirondelle, contiante en la protection de riiomme, qui prend domicile, qui cherche abri dans ses demeures ; elle chasse les mille insectes de Tair, en detruil, cliaque ete, une quantite innombrable; le Rossignol, qui chante jour et nuit dans les bois pendant toute la belle saison ; le Rouge-gorge, familier au point de venir reclamer au foyer d'liiver une place ({ui lui serait due; le Merle, aux tribus nombreuses, remarquables par leur chant ou la variete de leur plumage ; toutes emigrant ou non I'hiver, toutes se nourrissant de Vers et d^nsecfes; la Bergeronnette, qui vient au printemps tenir compagnie aux travailleurs des champs, et par sa chasse aux parasites, fait une bonne part du travail ; la Queue-rousse, le Grasset, tons ces Bees-Fins qui nous viennent comme agrement, comme secours a Theure oii le pays semble renaitre et ou de mt^me Tarmee des destructeurs y pullule ; c'est encore le Vanneau qui seul pent venir a bout de decouvrir et de detruire le Taret et de remplir aisement cette mission de sauvegarde, comiiie I'Hirondelle sait le faire pour le Termite ; la Corneille, seculaire ennemie du Hanneton ^ le Pic, ou Pivert au chaperon rouge, qui, cramponne a I'ar- bre, Tausculte, pour aiiisi dire, alin de savoir s'il est malade d'une morsure interieure, fait sortir le Ver qui la produit et sauve la for6t. II serait oiseux de multiplier les citations, car ce serait a rinfini qu'il faudrait le faire si Ton voulait dire, tout au long, riiistoire des services (|ue rend tout naturellement a 86 SOCIETE IMPEKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Fhomme I'oiseau qui le protege, qui seul le delivre et seul peut le delivrer des insectes et des Mollusques malfaisants : Fourmis, Vers, Chenilles, Scarabees, Limagons, peuple terrible forme de cent peuples, et vivant uniquement aux depens du peuple de nos sembfables. Ces 6tres d'election, ces amis naturels, ces chasseurs d'en- nemis, a qui nous devons la tutelle de ce qui fait I'essence m6me de notre vie materielle, comment les traitons-nous? Toutes ces especes que je viens d'enumerer ont ete, sont en- core stupidement decimees par Thomme, Les sedentaires, on les pourchasse, on les traque de pays en pays jusqu'aux hmites d'une terre plus hospitahere, mieux inteUigente, sMl y en a-, quant a tous les autres, lors des migrations, lorsque, apres I'hiver, quittant les regions africaines, par exemple, pour venir nicher en France, leurs bandes s'abattent dans les departe- ments voisins de I'Espagne, presque toutes sont deja terrible- mentdiminuees, avant le temps m6me ouleur chasse pourrait, a la rigueur, procurer un accroissement ou un agrement de nourriture : dans les Pyrenees-Orientales, notamment en mars, avril, et jusqu'a la mi-mai, au moment de la remonte, la chasse au filet, autorisee, donne a chaque chasseur, dans une demi- journee, de quinze a vingt douzaines de petits oiseaux : triste r6ti, parce qu'alors ils sontmaigres-, triste produit, parce que chaque douzaine se vend trenteou quarante centimes toutau plus sur les marches. Si de ces oiseaux quelques-uns, plus heureux tout d'abord, parviennent a aller plus loin pour nicher, ils ont affaire aux enfants pillards et maraudeurs qui s'attaquent aux nids monies, auxnids pleins d'oeufs, et les aneantissent. On voit, dans la haute et basse Provence, de ces enfants rapporter ou briser soixante ou quatre-vingtsoeufs apres une seule journee de ce vagabondage. Etpuis le terrible moment, c'est septembre : c'est I'heureou commence partout la chasse au fusil, la chasse au tilet, la chasse au mircir, sans compter la chasse au piege 5 et cela dure quatre, cinqmois, quand cela ne dure pas toute Tan- nee. Enfin, a la saison des froids et de la neige, quand les re- col tes sont an grenier et que les insectes les y ont naturelle- ment suivies, voici ce qui arrive pour les oiseaux qui demeu- CONSERVATION DES ESPfeCES UTILES. 87 rent : certains industriels font bouillir des graines avec de la noix. voniique, ou tout autre ingredient venimeux, repandent dans les champs Tappat ainsi prepare, et les petits oiseaux re- tardataires ou sedentaires viennent s'y enipoisonner eux- ni6mes. C'est par ce syst^me, on le comprend du reste, que cer- taines especes ont ete, ou paraissent 6tre coinpletement detruites ; que certaines aulres ne s'arr6tent plus dans un pays meurlrier, ingrat, imprudent surlout et inintelligent, si Ton veut : car chasse-t-on ainsi par utilite, par defense legitime, pour eviter dommage et pillage? Non : par celte chasse, dom- mage et pillage augmentent, comme nous venons de le voir, etprennent d'effrayantes proportions. Que deviendra I'agrictd- ture, et que deviendrons-nous alors? Si Ton fait cette chasse aux especes utiles, c'pst pourtant par pure apparence de plaisir, par mode. Nous sommes en France, le mot dit tout. He bien! cette mode changera, elle se perdra : il le faut, sous peinede ruine. On le sait deja, etfortbien : on I'a compris, et par raisonnement et, ce qui vaut mieux par experience. Faudra-l-il done longtemps pour en venir de la conviction a I'application , et si longtemps qu'il pourra bien 6tre trop tard? A rhonneur de plusieurs natioris nos voisines, diverses mesures generales ont deja ete prises chez elles pour certains faits particuliers : en Hongrie, on a rappele le Moineau, le Moineau lui-m6me, ce bouc emissaire de la statistique, pour un grain qu'il ne voluit plus, tant d'autres etaient piques! en Boh^me, on respecte le Pic, I'inspecteur, Tepurateur des for6ts ; on ne tue plus le Vanneau, on ne detruit plus ses oeufs, en Hollande ou le Taret minait les digues-, la Suisse abandonne le tir a I'oiseau ; I'Amerique du Nord protege le Sansonnet, I'Etourneau, « defenseur du mais; » pareillement, il est vrai et disons-le bien vite, dans les colonies frangaises de la nier des Indes, on n'attend que des oiseaux seuls la destruction des Sauterelles ; en Normandie, on laisse au Corbeau, au Martinet, le soin de purger les prairies des Scarabees et des Hannetons, rongeurs de racines; dans le departement des Basses-Alpes, le Conseil general a refuse de tout temps d'autoriser la chasse S8 SOCIETE IMP^RIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. au filet, exemplo imprutlemment meconnu par les deparle- meiits liinitroplies. Voila bien, en s'abstenant meme d\in point devue pluseleve, des exemples de raison pratique : ces exemples sont des excep- tions : doit-on mollement s'en tenir a ces proverbiales confir- mations d'une regie dangereuse et absurde? Ici, je dirai de tout coeur , comme le professeur Gloger dans sa lettre deja citee : « Tous les efforts tendant a enip6cher les enormes j> degats commis parlesinsectes doivent 6tre internationaux... » Toute I'Europe doit y prendre part, et la Zoologie pratique » a aussi bien le droit (jue le devoir de combattre sans relache » pour que la protection des oiseaux utiles (car ceux-ci se » repandent sur un continent entier) devienne un article du » droit des peuples. » Comme savant, comme remontant Iqgiquement de I'effetaux causes naturelles, le professeur Gloger soutient, depuis six ou sept ans, dans les publications scientifiques de la Prusse, cette these de protection a offrir aux insectivores; ses efforts ont obtenu, du reste, du Ministre de Tinstruction publique de Prusse rinterdiction aux ecoles de faire des collections d'oeufs d'oiseaux. Au m6me litre que M. Gloger, notre honorable col- legue, M. le professeur Sacc, de Wesserling, qu'on est toujours stir de rencontrer a la t6te de toute inspiration genereuse et utile, M. le professeur Sacc ecrivait, dans le courant du mois dernier, pour appclerl'attention dela Societe sur la desastreuse chasse aux petits oiseaux, faite dans le midi de la France sur- tout, et par extension, pour recommander a la protection de la Societe d'acclimatationlesespeces utiles de tout temps etablies dans nos climals; et en m6me temps, il felicite la Societe de son entente necessaire et parfaite, du reste, avec la Societe jjrotectrice des animaux^ sur un sujet qui presente un inter6t commun aux deux Societes sous un point de vue particulier pour chacune. M. Sacc, comme M. Gloger, insiste sur la neces- site de prendre les mesures de protection sur Techelle la plus etendue possible; M. Daniel Koechlin, un de nos respectables coUegues, s'occupe aussi depuis longtemps de iravaux sur le m6me sujet; la Societe lui devra de nombreuses notes CONSERVATION DES ESPECES UTILES. 89 interessantes par la riouveaute el le cliarme parliculier de ses appreciations. Et tie plus, dans une question absolument humanitaire. ils sont bienvenus pour la science pure, les excellents allies qui savent ajouter a des idees pratiques et utilitaires au fond la magie de la forme, la majeste de la rnise en scene, I'eclat ou rinter7. 7 04 SOCIETE IMPEUIALE ZOOLOClQL'E D ACCLIMATaTIOiN. ti plication, et que par trop d'empressement j'eiisse perdu mes premieres boutures), tant chez M. Remont qu'a I'Ecole de phar- macie, soixante-douze tubercules d*un volume peu conside- rable, il est vrai, relativement aux tubercules meres regus de Calcutta, mais d'une organisation solide et qui semble assez parfaite pour que leur conservation jusqu'au printemps paraisse assuree. La plante mere, que j'ai dit avoir coupee vers le milieu de sa longueur, fut abandonnee a elle-m^me dans Fespoir qu'elle donnerait des tteurs sur lesquelles pourrait etre faite, avec plus de certitude que par les feuilles seules, la determination speci- fique de la plante (qui est d'ailleurs bien certainensent un Dios- corea). De I'aisselle de la feuille superieure partit une pousse qui, atteignant a une longueur de plus do 6 metres, produisit deux petiles bulbilles, mais ne fournit aucun rudiment de fleurs. Peut-6tre serons-nous plus heureux I'annee prochaine en laissant se developper regulierement quelques plantcs sans ies arreter par des bouturages. Ilserait sans doute encore premature de cbercher a connaitre I'avenir reserve a I'lgname de la Nouvelle-Zelando, dont la culture a du etre cette annee, et peut-6tre au moins une annee encore, pour assurer la multiplication sur une grande echelle, continee dans les serres. Prosperera-t-il en Afri(jue, en Corse et en Provence? S'avancera- t-il vers le centre de la France et de TEurope? C'est ce que nous saurons bientot. Ce qu'on pent dire aujourd'hui, c'est que sa richesse en principes alimen- taires, la forme arrondie de ses tubercules et leur formation pres la surface du sol, la possibilite de produire, comme cela a ete observe a la base de notre plante mere, un groupe de plu* sieurs tubercules et le poids de plusieurs livres auquel ces derniers peuvent atteindre indi(iuent ici une de ces especes pre- cieuses que nous devons vouloir faire entrer dans nos especes alimentaires. Les serres, nos provinces meridionales et les jar- dins prepareront la voie a la grande culture. Les lignes suivantes, que me transmet M. le professeur Mo- quin-Tandon, exposent les faits de culture se rapportant au tubercule qui lui a ete remis par la Societe. IGNAJJE Dt LA NOUVELLL-ZifcLANDE. i )l M»^ 05 M Ce tubercule se Irouvait le plus gros ties trois. II presen- » lait line cliair ferme, line peaii presque lisse, roussatre et » sans laches. II elait parfaitement sain. » M. Lhonime, jardinier en clief de la Faculte de medecine, » mil en lorre ce lubercide sans le diviser. II le pla^a dans un » vase rernpli d'un melange de terre de bruyere, de terreau et » de terre IVanche. ■^'Hu\h Ui:Mn',< •» /it. I *tii: » Le tubercule ne presenta rien de I'fimarquable jusqu'a la » fin du mois d'octobre. A cette cpoijue, sept bourgeons com- » menc^rent a se developper. Lorsque ces bourgeons eurent » produit des jets de 15 centimetres environ, on en detacha » cinq. » Le tubercule, rcduit a deux jets, fut mis en pleine terra » (cette operation fut faite dans les premiers jours de juillet de » Tannee suivante). Les deux tiges se developpcrent vigoureu- » semenl. L'unc d'clles atleignit une longueur de 2 metres, et » I'autre celle de 2 metres 1/2 ; autour de la plante se lor- » merent cinq tubercules, un pen inegaux, dont le plus gros » offrait le volume d'un ODuf de poule. » Vers la fin d'octobre, on voulut arracher ces tubercules. » On les trouva torn ponrris. Le resullat cut sans doute ete » different dans un terrain plus sec et plus saljjonneux. » Les cinq pieds resultant du bouturage atteignirent la hau- B leurde 1 metre a 1 \J1 metre. lis sont restes en pot et pa- » raissent bien portants. J'essaverai, I'annee prochaine, deles » mellre en pleine terre, avec des conditions ditterentes de » celles qui n'ont pas produit un bon resultat Tannee pre- » sente. » Du mode de culture suivi a I'Ecole de medecine, mode qui avait evidemuient pour base moins la multiplication do la plante (jue Tappreciation immediate de sesproduils sous le climat de Paris, ressorlent ces trois fails importauts : 1" L'Igname de la Nouvelle-Zelande vegete avec vigueur en pleine terre ; 2° Les tubercules naissent par groupe au pied de la plante mere (fait deja observe sur I'lgname qui m'a ete confie) ; 3° (les tubercules ont alleiul en pleine terre un volume 96 SOCIETY IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATION. notable, bien que la plante se soit mise tardivement a ve- geter. Quant a la pourriture qui a atteint les cinq tubercules de la plante exposee en pleine terre, elle parait 6tre uniquement due a I'etat presque continuellement pluvieux, cette annee, des mois de septembre etd'octobre, et a la maturation imparfaite de ces tubercules. Elle ne saurait done pas inspirer trop de craintes pour I'avenir; inais elle nous avertit que I'lgname de la Nou- velle-Zelande devra etre mis a vegeter des le premier prin- temps, pour qu'il ait le temps de murir ses tubercules ; elle indique aussi que les expositions cbaudes et, comme le pense M. Moquin-Tandon , les terrains sees et sablonneux devront 6tre preferes. En somme , les observations auxquelles a donne lieu le tubercule confie a notre savant confrere me paraissent les plus instructives qui aient encore ete faites. .KOIT PROCES-VEHBAUX.JH^JIKI Ai'\r' 97 II. EXTRAIT DES PROCfesVERBAUX DES SfiANCES GfiNfiRALES DE LA SOClfiTfi. SEANCE DU '23 JANVIER 1857. Pr^sidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : S. A. R. Ms*^ le prince Albert (d'Angleterre) . MM. Bellier-Montrose, proprietaire a I'tle de la Reunion et a Paris. '''''. CuMENGE (Hugues-Anacharsis), proprietaire a Castres (Tarn). Jamet (Eugene) , proprietaire, ancien Direeteur des Archi- ves de la Couronne, au chateau de (louzieres, a Veigne, par Montbazon (Indre-et-Loire). Laperlier (Laurent), officier principal d'administration de la guerre, proprietaire en Algerie, a Paris. Saillet (Edmond), a Paris. Vroil (Jules de), proprietaire, au chateau de Roquincourt (Marne) et a Paris. — Nos nouveaux confreres, MM. le docteur Desmaisons, Jamin etMall, adressent des remerciments pour leur admission dans la Societe. — M. Kaufmann annonce la recente agregation de six So- cietes allemandes a notre Societe affiliee de Berlin, et fait con- naitre Tinter^t que le Direeteur general des haras royaux de Prusse porte aux travaux de la Commission pern\anente de TAIgerie, et en particulier a ceux de nos confreres qui vien- nent de partir pour notre colonic. — M. le docteur Sicard fait hommage, i" d'une collection composee de 160 bocaux renfermaijt les produits qu'il a retires 'W SOClilTlE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. du Sorgho a sucre-, 2° d'un album contenant 90 des couleurs quMl en a extraites, et 3° des echantillons de paille et de papier du m^mevegetal. — M. d'Andreis, consul general de Sardaigne a Lyon et membre de la Societe, lui fait parvenir quelques graines de Katram {Crambe tartarica ou pannonica) recueillies dans les steppes de la Russie meridionale. Les pousses de cette cruci- fere, coupees au printenips, a la premiere apparition des bou- tons de fleurs, se vendent reunies en bottes sur les marches comme plantes alimentaires, analogues pour la saveur aux cboux-fleurs et aux brocolis. La lettre de M. d'Andreis, qui renferme differents details sur ce vegetal, est renvoyee a la cinquieme section, et des remerciments seront adresses a M. d'Andreis. — M. Gustave de Lauzanne transmet un rapport sur la cul- ture de diverses plantes qui lui avaient ele envoyees. 11 temoi- gne, en son nom et au nom de notre confrere M. Mege, le desir que des animaux soient confies a leurssoins. — Une note relative aux observations faites par M. le doc- leur Behr sur un ver a sole de Californie {Saturnia ceanothi Behr), dont des cocons ont ete expedies en Allemagne, est transmise par M. Kaufmann. — M. Baruffi, membre honoraire, annonce de Turin que M. Massa de Voghera, pres d'Alexandrie en Piemont, vient de fairedon a la Societe de 64 grammes d'excellente graine d'une belle variete de cocons deja connus de la Societe par un pre- sent de notre confrere, qui fait observer que les graines dont il s'agit ont une valeur pecuniaire assez 6levee (100 fr. environ). A cette occasion, M. Guerin-Meneville insiste sur Timpor- tance decet envoi; car, en raison de la penurie actuelle des graines venant de bonnes localites, on paye maintenant 3Q fr. ce qui en valait seulement 5 il y a quelques annees. ^iWwtt — Le m6me membre presente, de la part de M. Boutin, teinturier a Paris, des echantillons de sole Tussah (vers a sole du ch6ne, Bombyx mylitta et Pernyi) qu'il teint de toutes les couleurs pour des passeinentiers de Paris, ainsi que des bou- tons de gilet fabriques avec cette soie. Ces boutons ofl'rent /oir/T/r PROOFS- VERBAUX. 99 un lustre tout a fait semblable a celui des boutons pour les- quels oil einploic la sole du Bombyx mori; inais ils sont d'un prix beaucoup moiris eleve, puis(|ue la sole Tussah se vend de 12 a 15 francs ie kilogramme, tandis que la soie ordinaire a une valeur de 60 a 80 francs. — M. le prince A. de DemidolV transmct, au nom de S. A. imperialo le prince Pierre d'Oldenbourg, president de la So- ciele imperiale libre econoniique de Saint-Petersbourg, des remerciments pour I'envoi de la collection de substances ani- males et vegetales fait a cette Sociele, (jui se propose d'ex- pedier, en ecbange, des produits de la Russie, et qui souhaite vivement, ainsi que Texprime son honorable president, entre- tenir avec nous des relations frequentes, dans le but de con- s'' courir d'un commun accord au progres des etudes que pour- suivent les deux associations. — Dans une seconde lettre, M. le prince de Demidoff re- mercie de I'attention accordee par la Societe, sur sa demande, aux travaux de pisciculture de M. Pierre Maliscbeff*. i — Notre confrere, M. Millet, presente, dans une communi- cation orale, un resume de ses propres experiences et de celles d'un certain nombre de pisciculteurs, ainsi que des resultats obtcnus jus(|u'ace jour dans diverseslentalivesderepeuplenient de nos cours d'eau. — La deuxieme section est cliargee de Texamen des faits contenus dans une lettre de M. Paul Tourette, d'Angoul6me, qui possede depuis une douzaine dannees des canards sauvages dont la reproduction a eu lieu chez lui, sans que les caracteres propres a ces oiseaux se soient alteres. — M. le marecbal Randon, gouverneur general deTAlgerie, ecrit pour tenioigner du vif inter6t qu'il prend a la mission contieopar la Societe a nos confreres MM. Richard (du Cantal) et Albert Geofl'roy Saint-Hilaire, et dont il augure, dit-il, le meilleur effet. Il donne en rn6me temps ['assurance que de vives recoiumandalions seront adressees a messieurs les com- mandants des territoires queles voyageurs desireront explorer, afin qu'il leur soit procure toutes les facilites necessaires pour Biener a bien leurs utiles recherches. 100 SOCIETE IMPEIMALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM.VTATION. -« — Une lettre de ces deux confreres, datee d'Alger le 1 5 Jan- vier, informe de leur intention d'apporter tons leurs soins a I'etude qu'ils feront, avec MM. le general Jnsuf et Bernis, de la question importante snr lacjuelle le gouvernement hresilien a consulte la Societe, et qui est relative an desir manifeste par ce gouvernement de tenter, au Bresil, I'introduction du Droma- daire. Les avantages qui pourraient resulter de cette acclima- tation sont exposes par M. Ferdinand Denis, conservateur a la bibliotheque Sainte-Genevieve, avec de longs details aux- quels ses vastes connaissances sur Thistoire et la geographie de ce pays donnent une incontestable valeur. La note redigee par M. Denis, et dont I'original a ete adresse a nos confreres, est lue devant I'Assemblee. — Nos confreres, MM. J. Dausse, Lambot de Miraval , le professeur Sacc, le nriiirquis de Selve, Fernand de la Sizeranne, Cb. de Souance et Fr. Zuber adressent cliacun un re(;u des animaux qui leur ont ete confies par la Societe. Ces re^us sont faits sur des feuilles imprimees expediees par les soins du Con- seil et dont le verso porte les diverses dispositions reglemen- taires relatives au placement et a la surveillance des animaux qui sont la propriete de la Societe. A ces re^us, les depositaires ont joint leurs reponses a une serie de treize questions posees par le Conseil et inscrites en marge d'une feuille imprimee ayant pour titre : Programme d observations siir les animaux confies par la Societe. Ces reponses formeront plus tard, par leur reunion, un ensemble de documents tres propres a eclairer sur le cboix a faire des localites convenahles aux tentatives d'acclimatation. A ces pieces il est annexe deux rapports : Tun de M.F.de la Sizeranne, sur les moutons a grosse queue de Caramanie; I'autre de M. Sacc, sur les chevres d'Angora, et particuliere- ment sur les ressources precieuses que ces animaux peuvent fournirpar leur toison et par leur abondante production delait. — M. Lambot de Miraval adresse, pour le procbain tableau d'ecbanges qui doit 6tre insere au Bulletin, une liste des ani- maux qu'il demande et de ceux quMl pent offrir (p. 12/j). — Notre confrere, M. le docteur Menville de Ponsan, met PROCES-VKRBAUX. 101 SOUS les yeux de I'Assemblee dos fragments d'ossements fossi- los, ainsi que des dents de Uinotherium. Ces objets de collec- tiou seront, avec Tassentiment du donateur, offerts par la So- ciete au Museum d'histoire naturelle.'l i; .t^ti ' .uiu. — II est donne lecture d'une Note sur la race bovine nor- mande sans cornes presentee par M. Dutrone, qui fait don a la Societe d'une vache de cette race. Des remerciments seront adresses a notre confrere. STANCE DU 6 FEVRIER 1857. Pr^sidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire, puis de M. Passv. M. le President proclame les noms des membres nouvellement aduiis : S. Em. M*^ le cardinal Donnet, archev^que de Bordeaux. MM. Barchausen, negociant a Bordeaux. Benoit-Champy (Gabriel) , licencie es lettres, attache au ministere des afltures etrang^res, a Paris. BoRDERiEUX (P.-C. de), proprietaire au chateau de Fro- menville et a Paris. BoucHE DE ViTRAY (lo doctcur), a Bordeaux. CHiPiLLY(de), ancien niaire d' Amiens, aChipilly par Bray (Somme). CouTUN, negociant, a Bordeaux. Delchet (Auguste), a Paris. Desjardiiss (Camille), membre fondateur de la Societe d'histoire naturelle de Tile Maurice, a Paris. Dlffour-Dlbergier, proprietaire, a Bordeaux. LabruguiIire (Ivan de), proprietaire, a Uzes (Gard). Lainel, ancien membre du Conseil general des manufac- tures, a Paris. La Roche-Aymon (le comte de), proprietaire, a Paris. Lautour-Mezeray, prefet du departementd'Alger, a Alger. Laville, proprietaire, a Paris. 102 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Lecaros (Don Juan), proprietaire, a Madrid. LiiQUESNE (Saint-Amand), proprietaire, a Paris. Mahtin-Joly (Louis), horticulteur-pepinieriste, a Nice. MoNDEViLLE (de), a Paris. O'Ryan de Acuna (Daniel), a Madrid. PiEP.ELAS (le comte de), proprietaire, a Nice (Piemont). J Prim, comte deREUs (le general), a Madrid. Rothschild (le baron Gustave de), a Paris, Rothschild (le baron Salomon de), a Paris. RouGEMONT (de), ingenieur des ponts et chaussees, a Alger. Sarramea (le docteur), a Bordeaux. SiNETY (le comte Alphonse de), membre du Conseil gene- ral du Var, a Esparron (Var) et a Paris. Van den Steen (le baron Jacques-Didier-Gerard), au cha- teau de Wadestein et Ommeren pres Gorcum (Pays- Bas). — M. le professeur Bazin, delegue a Bordeaux, fait con- naitre, ainsi qu'il suit, la composition du bureau du Comite regional qui vient de se former dans cette ville ; President d'honiieur, S. Em. M^'". le cardinal-archev6que de Bordeaux; President honoraire, M. le Prefet de la Gironde; President, M. le professeur Bazin; Vice-presidents, MM. Dussumier et DufFour-Dubergier-, Secretaires, MM. Doullard de la Mahau- diere et le docteur Cuigneau; Tresorier, M. Chaudruc. — En reponse a une lettre de M. le President a M. le Prefet de la Gironde, par laquelle il lui exprimait la satisfaction de la Societe relativement a Thonneur qu'il a fait a notre Comite regional, en en acceptant la presidence honoraire, ce haut fonctionnaire annonce que tout son concours est acquis a notre oeuvre. — Nos nouveaux confreres, MM. Belliet-Montrose, Paul Gaimard, le general Morris, remercient de leur admission. — M. Ch. Calemard de Lafayette, President de la Societe d'agriculture, sciences, arts et commerce du Puy (Haute- Loiro), exprime le desir, au nom de cette Societe, qu'elle soit agregee a la notre. La lettre renfermant cette demande contient PROCi;S-VERBAUX. 103 de longs details sur les avantages (jue le departement peut olVrir pour des tentatives d'acclimatalion, en raison de ses conditions climateriques. Elle est renvoyee au Conseil. — M. Kaufmann, delegue de la Societe d'acclimatation de Berlin, informe que quatre Societes agricoles allemandes viennent do lui 6tre agregees. Gette leltre sera renvoyee a la (lenxieme section, k cause d'une communication qu'elle reri- ferme et qui est relative a une Poule sauvage des Moluques. — • M. le prince A. de DeniidoH' adresse un tableau des mammiferes et des oiseaux qu'il desire et de ceux qu'il peut olTrir en echange. Ce tableau sera insere au prochain Bulletin. A cette occasion, le Secretaire rappelle que la proposition de faire connaitre ainsi les animaux a echanger avait ete faite, des le 15 juin 1855, par la deuxieme section, comme le constate une lettre ecrite a cette epoque, au nora de cette section , par son secretaire M. Davelouis. M. le President fixe I'attention sur Lb desir exprime par M. le prince de Demidoff que les posses- seursd'animaux, dans lebut de faciliter les echanges, en indi- quent, autant qu'ils le peuvent, la valeur approximative. — M. Fred. Jacquemart, rapporteur de la Commission de comptabilite, lit, au nom de cette Commission, un rapport sur I'etat des recettes et des depenses de la Societe pendant I'annee 1856. Sur les conclusions de ce rapport, I'Assemblee approuve les comptes de M. le Tresorier, a qui elle vote, ai I'unanimite, des remerciments. (Ce Rapport sera insere dans le Bulletin.) — Notre confrere, M. Paillart, envoie, au nom de M. le general de brigade Levaillant, des graines de cereales de la campagne de Rome, dont la culture lui semble 6tre appelee a fournir d'heureux resultats, en raison de la belle qualite de la paille fournie par ces Graminees. — M. Pepin fait parvenir a la Societe une Notice relative a la culture des plantes etrangeres entreprise par notre Vice- President M. A. Passy, dans sa propriete de Gisors (Eure). — M. Braguier, en adressant a la Societe un rapport sur les vegelaux qu'elle lui a confies, fait une nouvelle demande de plantes etd'animaux. :; ., , ; (;.,:•;!•■ ; '; .ji u 104 SOCIETE lMI>l';itl.U,E ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. Kaufmann ofl're, an iiom de la Sociele (Facclimala- tion de Berlin, les premiers ceufs de Bombijx cynthia fournis par les papillons provenant de I'envoi de graines fait par notre Societe a celle de Prusse, au mois d'octobre dernier. — Notre confrere, M. des Nouhes, annonce Teclosion dans leseaux de sa propriete dela Cacaudiere, canton de Pouzangue (Vendee), de 1850 oeufs de Saumon sur 2000 que Fetablisse- ment deHuningue lui avait envoyes. — S. Exc. le Ministre de la guerre, pour faire suite a son precedent envoi, adresse les reponses au Questionnaire sur I'Autruche recueillies par les soins de I'Administration dans le cercle de Tebessa (province de Constantine, en Algerie). — M. de Lacoste transniet de Bordeaux des details sur I'oi- sellerie de notre nouveau confrere M. le docteur Desmaisons. — M. le comte de Jonquieres lit un travail sur I'importance des oiseaux insectivores au point de vue des recoltes agricoles, et sur la necessite d'en empeclier la destruction (V. ci-dessus). — M. Alexandre, maire d'Arleuf pres Chateau-Chinon (Ni^vre), qui avait re^u en depot deux chevres de la Haute- Egypte, afin que leur acclimatation sur les montagnes du Morvan piit 6tre tentee, annonce la mort de ces deux animaux, par suite des derniers froids. lis avaient donne naissance a un male et a une femelle, qui ont bien resiste a I'abaissement de la temperature. Cette race, dit notre confrere, est fort appre- ciee des habitants du Morvan, pour qui la Chevre, ajoute-t-il, est presque un membre de la famille. Plusieurs femelles du pays ont ete couvertes par le bouc egyptien, et il tiendra la Societe au courant des resultats de ces essais de metissage. — M. le baron H. Aucapitaine adresse de Blidah un travail imprime ayant pour titre : Notice sur Radames {renseigne- ments indigenes)^ dans laquelle il est question d'un ruminant (le Begueur-el-Ouacb des Arabes) qui est, en raison des qua- lites excellentes de sa chair, Tobjet'd'un grand commerce dans les Oasis et los Kissours. II appelle Tattention de la Societe sur cet animal, dont il serait interessant, dit-il, de ten- ter rintroduction dans nos pays montagneux du centre de la France ou sur les Pyrenees, ou vit son congenere le Bouquetin. PROCi:S-VERBAUX. 105 II cominuniquera, d^s qu il lo pourra, de plus amples rensei- gnements sur cette race. — M. Sacc, en faisant parvenii* des ecliantillons de laine de Chevrc d'Angoia, insiste sur les qualites excelleutes de la chair de cette Chevre, et sur les importantes introductions d'ani- maux du Senegal et du Gabon que le Gomite regional de Bordeaux pourra faciliter. II appclle en mOme temps I'attention de la Societe sur rinter6t qu'il y aurait a faire, en Algerie, quelques tentatives de culture de Tarbre qui produit la goniine adragante {Astra- gains cretica). — M. le docteur Ch. Aube lit une Note sur les inconvenients qui peuvent resulter du defaut de croisement dans la propaga- tion des especes animales. — II est donne lecture d'un travail sur le Cerfeuil bulbeux anieliore, par M. Laffiley, secretaire du Cornice agricole de Melun etde Foutainebleau. — M. Millet, en presentant a la Societe de la part de M. le comte de Kercado deux oeufs d'hybrides d'Oie de Chine, eleves au chateau de Lestonac, lit une Note sur ce sujet. STANCE DU 20 FEVRIER 1857. Pr^sidence de M. Geofvroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les nonis des membres nouvellement admis ; MM. Agron DE Germigny, proprietaire a Auzoux, pres Saint- Germain-du-Plan (Sa6ne-et-Loire). Arenstein (le docteur), Commissaire general de TAu- triche a TExposition universelle agricole de 1856, a Vienne (Autriche). AzAM (le docteur), a Bordeaux (Gironde). Beaude (le docteur), membre du Conseil de salubrite de la Seine, a Paris. BoNNEFiN (le docteur), a Bordeaux. 106 SOClETt: IMPERIALE ZOULoOIQUE d'aGCLIMaTaTION. BoKuoMEO (leconitc Frederic), a Milan (Lonibardie). BoucHEREAU (H.-X.), a Bordeaux. Brambilla ( Jean-Bap tiste), banquier, a Milan. Calenge, a Paris. Daban, rapitaine au long cours, a Bordeaux. Paur^, pharmacien, a Bordeaux. Gallard (le comte de), a Paris. I GuESHER (Daniel), a Bordeaux. ^ Heryouet, agent de change, a Bordeaux. Johnston (Nathaniel), a Bordeaux. LAMBiiEcHT (F.), ti Paris. ■" Lareinty (le baron de), a Paris. Laruey (le baron), chirurgien ordinaire de S. M. I'Em- pereur, medecin en chef et professeur de clinique au y, Val-de-Grace. 'Ai fi niembre de I'Academie imperiale de medecine, a Paris. LiAZARD (Alphonse), proprietaire agriculteur, au chateau de Trequet, pres Guenienee (Loire-Inferieure). MoNuoLFO (Sebastien), proprietaire, a Milan. Mora (le chevalier J. de), a Moulins (Allier). Oldecop (Ivan), a Bordeaux. PoRRO (le marquis Louis), proprietaire, a Milan. PuYSEGUR (le cpnite de), a Paris. Uougier (le docteur Charles), a Bordeaux. Scheurer (Aug.), manufacturier, a Thann (Haut-Khin). / SiCHEL, docteur en medecine et en philosophic, a Paris. Ulrich (Guillaurae), banquier, a Milan. -, — Apres la proclamation des noms de nos nouveaux con- freres, M. le President annonce a la Societe qu elle vient de faire une perte Ires regrettable, celle d'un de ses meinbres les plus devoues, M. ie baron de Montgaudry, Secretaire de la Societe pour I'etranger et President de la cinquieme section. M. de Montgaudry est decede, il y a deux jours, dans le depar- tement de la Moselle; la nouvelle de sa mort est survenue ce matin m6me. — II est donne lecture de deux lettres, I'une de S, Exc. le Ministre de I'instruction publique el des cultes, annon^ant l6 projetqiril a depuis realise d'assisler a la seance publique du iO, et I'autrede S. Exc. le mareehal Vaillant, Ministre de la guerre, a Foccasion dc la medaille hors classe decernee a son minis- lere. « J'apprecie, comme je dois le faire, dit M. le Mareehal, la haute i'aveur dont le departement de la guerre est I'objet, et j'en suis profondement reconnaissant. C'est, ajoute-t-il, une grande et douce recompense de Tinter^t que nous avons mis k seconder vos nobles pensees et vos constants efforts dont le but est la richesse de notre pays et le bien-6tre de nos com- patriotes. » — Des lettres de remerciments, pour les recompenses qui leur out ete accordees, sont adressees de Grenoble par M. Bou- teille, de Wcsserling par MM. Albin Gros ot Sacc, de Londres par M. Thompson, et de Paris par MM. Pomme et F. Prevost. 'J — MM. Agron de Germigny, le docleur baron Larrey, Louis Porro, E. de Rougemont, ingenieur des ponts etchaussees, et le docteur Sarramea, remercient de leur admission. — Notre confrere, M. Kaufmann, adresse la piece officielle relative a la delegation aupres de la Societe, dont I'a charge notre Societe affiliee des Etats royaux de Prusse. — M. le general Jusuf annonce qu'il facililera autant que possible I'accomplissement de la mission de MM. Richard (du Cantal) et Albert Geoffroy Saint-Hilaire, et la formation d'une Societe aftiliee dans la province d'Alger, dont il a le comman- dement militaire. — M. le docteur Karl Scherzer, membre de la Commission scientifique de Texpedition autour du monde que va entre- prendre la fregate autrichienne Novarra, demande des instruc- tions, dont la redaction est confine k MM. Dareste et J. Michon. — Des remercJments pour des envois de Riz sec sont adres- ses par S. Exc. le Ministre de I'agriculture, qui a pris des dispositions pour faire essayer la culture de cette plante dans (juelques-uns de nos departements meridionaux. — M. le prefet du Gers, en reclamant les deux litres de Riz sec destines, conformement au desir de M. de Montigny, a chacune des quatre-vingt-six prefectures de France, informe 108 SOCIETE IMPERIVLE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. qu'il a deja fait dans son departement des tehtalives de cul- ture pour celLe plante, ainsi que pour le Sorgho, et qu'il y a fait planter pres de qualre cent niille pieds de muriers, qui, presque tons, ont bien reussi. — Des demandes de Riz sec, de Sorgho sucre et de Pois oleagineux sont adressees par M. Bellier-Montrose, ([ui destine ces semences a Tile de la Reunion, ainsi que par M. le comte deKercado, qui, ayant cultive il y a quehjues annees avec suc- ces, dans ses landes de Bordeaux, le Chanvre de Piemont, mais dont il a perdu les graines par des circonstances inde- pendantes de sa volonte, appelle I'attention de la Societe sur I'utilite de cette culture. D'autres demandes de graines de Chine sont faites par MM. de Caumont, Constantin, Laurence fils, Th. Mauduyt, E.-J. Thayer, par la classe d'agriculture de la Societe des arts de Geneve, par M. de Boigue, qui manifeste en m6me temps le desir de recevoir dans sa ferme de la Nievre des Chevres d'Angora , et par M. Meillien. Ce dernier donne des details sur les succ^s obtenus par lui avec Tlgname de Chine, dont on pent esperer Tacclimatation en Lombardie, oii, sur la demande de notre delegue M. Brot, des quantites assez considerables ont ete envoyees et dislribuees aux vingt-cinq membres que nous avons maintenant dans ce pays. — Des essais de culture du Sorgho dans le departement d'Eure-et-Loir n'ayant pas completement reussi entre les mains de M. Poulain de Bossay, notre confrere soUicite un nouvel envoi de graines de celte plante, et il demande, en outre, des graines d'arbres verts. — M. Aguillon envoie de Toulon une liste de graines et d'oignons qu'il pent offrir a ceux de nos collegues qui expri- meraient le desir d'en recevoir. — M. Adalbert Pollak (de Prague) adresse a la Societe : un modele d'une balle de Houblon de Boh6nie provenant de Saaz, des echantillons de cette m6me plante cultivee a Posdelherg, egalement en Boh6me, ainsi que de Trelles rouges et blancs, de Bles, de Seigle et d'Orge de la meme provenance. — M. Flury-Herard annonce I'arrivee d'une caisse envoyee par M. de Montigny contenantd'enormes tubercules feculeux, -^ _ .,. IMIOCES-VERBAUX.^ ,, 109 originaires des for^ts de Siam et du Laos. A cette letlre il est joint iin catalogue descriptif de ces douzc especes de Diosco- rees, coiiteiiant des details sur le mode de culture a em- ployer. — Notre confrere, M. Cliatin, a la demaiide de M. Ic Presi- dent, adresse unc liste d'especes oflicinales de vegetaux don- nant des produits imporlants et originaires de pays etrangers sur lesquels il pourrait 6tre fait des essais d'acclimatation ou de culture dans les Landes, en Corse, en Algerie ou dans nos diverses colonies. — M. Gustave de Lauzanne, en faisant parvenir Tannee 1856-57 de la Flore des serres, appelle Tattention sur un ar- ticle contenu dans le numero de juillet de ce recueil, et ou il a consigne les resullats actuels de tentatives d'acclimatation d'arbres etrangers dans le departement du Finistere sur ses proprietes, entreprises en 1772 par son bisaieul. — II est donne lecture d'une Note sur TOIivier de Crimea redigee par M. 0. Tuyssuzian, d'apres ses propres observations. — M. de Luca depose sur le bureau un echantillon de Thuile de Pois oleagineux, dont il a obtenu pres de 15 pour 100, resultat (jui , comme le fait remarquer notre confrere, n'est pas sans importance. — M. de Beauvoys adresse a la Societe un Catalogue manu- scrit des ouvrages (jui traitent des Abeilles ; ce catalogue, qu'il a fait aussi complet que possible, comprend 281 numeros, dont 144 se rapportent a des ecrits qu'il a pu analyser. — Notre confrere, iM. Saulnier, informe la Societe qu'il pos- sede un Coq et une Poule Sonnerat ou Poule primitive, et qu'il la tiendra au courant des resultats que cette race pourra lui founiir. — M. Harle, possesseur d'une collection tres complete de races varices de Poules, temoigne le desir d'obtenir les Poules coc\\mc\\n\o\ses noire-mailiee, doree eibrune. ,, — M. Daelen, referendaire de Roldue, pres d'Aix-la-Cba- pelle, annonce a la Societe son projet de lui faire bommagede la race de Pigeons dits Pigeons claqueurs. (Renvoye a la se- conde section.) T. IV. — Mars 1857. 8 110 SOCIETE IMl'EUI^LE ZOULOGIQUE DACCLIMATATION. — Des lettres de MM. Ch. do Buryat, Kientzy etGustave de Lauzanne relatives a des demandes et a des ot!'res d'oeufs et d'oiseaux sont renvoyees, ainsi que d'autres lettres ayant le meme objet, a une Commission composee do MM. le comte d'Epremesnil, president; Berrier-Fontaine, Chouippe, le comte de Sinety et Davelouis, secretaire. — M. V. Chatel lit un travail sur le role important que les Oiseaux remplissent relativement a I'agriculture, les uns comme destructeurs d'insfectes qui causent souvent de grands ravages, et les autres comme destructeurs de graines de plantes nuisi- bles aux recoltes. — A la suite de cette lecture, M.BIaiichardpresente des obser- vations sur les Chenilles qui atlaquentles Pommiers, et qui, pa- raissant en meme temps que les i'euilles, forment, aux mois de juillet et d'aout, des cocons en nombre immense qu'il est plus facile de detruire qu'il ne Test de debarrasser les arbres de ces chenilles, (;n raison de la multitude de ces dernieres. Confir- mant ainsi I'opinion emise par M. Chatel, comme par le Bureau d' agriculture d'Angers, il ajoute que Talternance dans les de- gats causes par certains insectes, dont les vegetaux n'otit pas a souffrir toutes les annees, peut s'expli(juer par I'etat de ma- ladie de ces insectes. Comme exemple, il cite les chenilles du Chou [Pierisbrassico'),(\\\\ quelquefois perissentpresque toutes (197 sur 200), parce (ju'elles sont attaquees par un Ichneumon, le Microgaster conglomeratus, loge dans I'interieur du corps de ces larves. — A cette occasion, M. Guerin-Meneville, appuyantles obser- vations deM.Blancliard,rappelle qu'il a depuis longlemps deja fixe I'attention des zoologistes sur ces alternances eh expli^ quant Finterruption, dans certaines annees, des efl'ets desas- treux dont il s'agit, et particulierement pour les Oliviers, qui sont presque tout a fait exempts des attaques de la Mouche {Ddcus olece) I'ann^e qui suit une forte invasion de ce dipl^re. Get arret, dit-il, est du a ce que les insectes dont on a d'ordi- naire a redouterles ravages, sont alors attaques par des para- sites, qui en ont eux-m6mes d'autres destines a limiter leur nombre. PhOCfeS-VEUBAUX. '^*'""' ;''*' ill De cette fa^on, les premiers parasites no delniisent pas com- pletenientles insectes dans les(jiielsilsvivenl,etdontles ravages peuvent de nouveau se produire. Cette sorte de loi agricole concemaut les alternances dans I'apparition des insectes nui- sibles, entrevue par Linnc, niais bicn demontree par les obser- vations qui precedent, est aujourd'hui universellement admise. — II est donne communication de la r^ponse faite par le cercte de Tcbessa (province de Constantine) au Questionnaire relatif a TAulrucbe. Apr^s cette lecture, M. Jules Duval rappelle une assertion iniporlante de M. Raffenel, qui dit que dans le haut pays voi- sin des sources du Senegal, ou il a ete prisonnier, les Autruches sont tout a fait domestiques. — M. le vicomte de La Hochefoucauld fait parvenir le tequ de deux Pores anglais et de deux Pores anglo-cliinois males et femelles, ijui lui ont ete confies, ainsi que ses reponses aux questions contenues dans le Programme d'observations remis a tous les membres qui ont, dans leurs proprietes, des animaux appartenant a la Societe. — i\I. F. de la Sizeramie annoncela naissance d'uh Agneau de la race ovine de Caramanie. — On re^oit de M.Sacc des echantillons de laines de Lama, filees avec succes par M. H. Schlumberger, el qui, d'apres Tavis de MM. dros p^re et tils, conviennent surtout a la bonneterie et aux etofl'es de Roubaix, en raison de leur moelleux, de leur souplesse et de leur force. II demande que la laine d' Alpaca qui sera recueillie au Museum cette annee soil adressee a ce fila^ teur, dans la prevision qu'elle pourra tres bien se pr(>ter au melange avec la laine de Clievre angora. — Une leitre de M. le baron H. Aucapitaine, qui appelle Tattenlion de la Societe sur I'etat d' abandon et de delabrement ou se trouve le tombeau du voyageur Victor Jacquemont, a Bombay, est renvoyeeau Conseil, qui examinera ce qui pour- ruit LHre fait a cet egard. — M. Alexandre Vattemare, direcleur-fondateur de I'Agence cenlrale des echanges internationaux, fait bommage d'une serie d'ouvrages publics aux Etats-Unis, et dont un certain nombre 112 SOCI^T^ IMl'ERlALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATaTION. traitent de sujets qui se rapportent a Tobjet de nos etudes. — On precede a Felectiondu Bureau et du tiers du Conseil. Les bulletins de vote sont remis a une Commission clioisie par le Conseil pour operer le depouillement immediat du scrutin. Le nombre des votants etait de 30A. (118 membres etaient presents, et 186 votes avaient ete envoyes sous pli cachele et contre-signe, ou dans des lettres adressees soit a M. le Presi- dent, soit a M. le Secretaire general, savoir : 65 de Paris, 88 des departements et de I'Algerie, et 33 de I'Etranger.) Void comment les votes ont ete repartis : 1<» Pour la presidence : M. Isidore Geoffroy Saint*Hilaire, 301; M. Richard (du Cantal), 3. 2° Pour les quatre vice-presidences : MM. A. Passy, 303 ; le prince Marc de Beauvau, 300; Drouyn de Lhuys, 299 ; Richard (du Cantal), 297. 3» Pour les fonctions de Secretaire general : M. le comte d'Epremesnil, 301. h" Pour les fonctions de Secretaires : MM. E. Dupin, 303 5 Guerin-Meneville, 299 ; Aug. Dumeril, 298 5 le baron de Mont- gaudry, 206 5 Paul Gaimard, 89. 50 Pour les fonctions de Tresorier : M. Paul Blacque, 303. 6° Pour les fonctions d'Archiviste, 31. Cosson, 301. 7° Pour le Conseil : MM. Frederic Jacquemart, 303; le mar- quis de Selve, 301 ; Jacques Valserres, 297; Moquin-Tandon, 295. En outre, un grand nombre de membres ont obtenu un moindre nombre de voix pour diverses fonctions. En consequence, sont elus pour Tannee 1857 : President : M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Vice-presidents : MM. le prince Marc de Beauvau, Drouyn de Lhuys, A. Passy et Richard (du Cantal). Secretaire general : M. le comte d'Epremesnil. Secretaires : MM. Guerin-Meneville pour le Conseil, Aug. Dumeril pour les seances, Dupin pour I'interieur, et Paul Gai- mard pour I'exterieur. Cette derniere election est declaree a Tunanimite valable par TAssemblee, les suffrages donnes a M. le baron de Montgaudry etant annules en raison du deces PROClfcS-VEHBAUX. H^^ (le notre confrere, survenu deux jours avant I'election, et an- nonco par M. le President au commencement de la seance. Tresorier : M. Paul Blacque. Archivist e : M. le docteur Cosson. Membres du Conseil : MM. Fred. Jacquemart , Moquin- Tandon, le marquis de Selve et Jacques Valserres. SEANCE DU 6 MARS 1857. Pr^sidence de M. Geoffrov Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Albuf]6ra (le due d'), membre du Corps legislatif, a Paris. Allard (Jules), proprietaire, a Paris. AssiER DE MoNTFERRiER, proprlctairc, a Bordeaux. Beurges (le comte Gaston de), proprietaire, a Paris. BoNDY (le comte de), ancien prefet, ancienpair de France, a Paris. Gnecchi (Joseph), Ingenieur, a Milan. Greffulhe (le comte de), proprietaire, a Paris. Jamoni^res (le baron de), au chateau des Jamonieres, pres Saint-Philibert de Grand-Lieu (Loire-Inferieure). MrAiLHE (Jean-Baptiste), capitaineenretraite,a Bordeaux. MoNTDRAGON (Ic comte de), a Paris. Plaisance (le comte de), a Paris. Preaux (le comte de), a Paris. Prillieux (Edouard), a Paris. San-Giacomo (le prince), a Paris. TissoN (Eugene), a Paris. Veyer (Gustave), proprietaire, a Blidah (Algerie). — A I'occasion du proces-verbal de la seance precedente, ou est mentionne le travail de M. V. Chatel, relatif aux oiseaux IIA socie:t#. imperiale zoologique d'acclimatation. insectivores, et dans lequel ce membre tlit qu'il partage Topi- nion de ceux qui considerent I'ecoconage comme utile pour debarrasser les arbres desinsectes nuisibles, M. le docteur Aubo objecte que cette operation est sans utilite, puisque lorsqu'ou la pratique les chenilles ont deja exerce leurs ravages. M. Chatel repond que ,si elle est inutile pour les chenilles coconees, elle ne Test pas pour prevenir les pertes de Tannee suivante, la ponte des oeufs se trouvant ainsi emp6chee. — L'admission de \nSociete d' agriculture , sciences, arts et commerce du Puy (Haute-Loire) et de la Societe imperiale et royale d' agriculture, a Vienne (Autriche), comme Societes agregees de la notre, est mise aux voix et votee a Tunanimite. — Une deniande d'agregation adressee par la Societe d' agri- culture de D6le du Jura est renvoyee a I'examen du Conseil. — M. Kaufmann, delegue de notre Societe aftiliee de Berlin, annonce I'agregation a cette Societe de trois Societes alle- mandes. — Le Tresorier de S. A. R. le prince Albert informe la So- ciete qu'il a reQU du Prince des ordres pour qu'une somme de mille francs soit payee pour I'entree de S. A. R. dans la Societe. — M. le general Daumas informe qu'il s'est occupe de faire parvenir le plus promplement possible a MM. Hardy et Brauwers la medaille et la mention honorable que la Societe leur a de- cernees. — M. le due de Gramont (ci-devant due de Guiche), ministre plenipotentiaire de France en Sardaigne, adresse ses remerci- ments pour sa nomination de membre honoraire, et temoigne de son dcsir de faire servir encore aux inter^ts de la Societe les longues absences de France que ses fonctions commandent. — M. le prince A. de Demidoff annonce qu'il fera tenir, par les mains de M. le professeur Brandt, delegue de la Societe, a Saint-Petersbourg, le diplome destine a M. de Steven et la medaille de M. Hartwis. Quant a celle de M. Malischefl', il dit que cette transmission est pour lui une grande joie, et que cette recompense sera un evenement heureux, aussi bien qu'un immense mobile d'emulation dans ses proprietesde Russie. II se fera egaleraent, et avec empressement, Tintermediaire de la I ,,, PROCfeS-VERBAUX. 116 Societe aupres de MM. Ridolfi, Salvagnoli, Simoni et Parla- tore, nos laureats toscans. Enfiii, apres avoir rappele les ra- pides progres de la Societe, M. le prince de Demidofl' ajoute (|u'il ne faut pas trop se plaindre d'une epoque ou, sur Tappel d'une illustre renoinmee, lous les efforts se groupent avec un si louable empressement pour concourir a un but d'utilite scientilujue et pratique. — MM. Douche du Vitray et Jean de Mora remercient de leur admission. — M. le President annonce Tinstitution de nouveaux Dele- gues du Conseil dans des villes ou Ja Societe n'en possedait pas encore. Ce sont : MM. A. Zurclier a Cernay (Haut-Rhin), Car- bonnier a Neufchatel (Suisse), Piddington a Calcutta, ledoc- (eur Arenstein a Vienne, le prince de Demidoff a Florence. Les Delegues precedemment nomines ont ete maintenus pour ('annee 1857. — M. le President annonce, en outre, que MM. Aubry-Le- comte, J. Cloquet, Debrauz, Drouyn de Lbuys et Gaimard ont ete nonimes par le Conseil nnembres de la Commission per- manente des colonies et de Fetranger, pour Tannee 1857. — M. Albert Geoffroy Saint-Hilaire, secretaire adjoint de la Commission permanente de TAlgerie, a ete nomme, dans la m6me seance du Conseil, Secretaire titulaire, en remplacement defeu M. le baron de Montgaudry. , — MM. Brot, Delegue de la Societe a Milan, Lambot-Mira- val, Monet et Sacc remercient des grairjesde Chine qu'ils ont regucs. — M. le President renvoie a la section des vegetaux des de- mandes de plantes adress^.es par M. le general Daumas et M. Vincent de Gourgas, ainsi (ju'une lettre de M. Van Mee- verde de Zwoll (Hollande), relative a des essais a faire de culture de the en Europe, et par laquelle il demande a 6tre charge de la direction de ces essais, en raison des connaissances prati- ques sur cette matiere qu'il a acquises, dit-il, pendant un long sejour a Java, ou cette plante est cultivee avec succes. — Un envoi (Tlgnames violets de Tile Maurice, ou lis sont connus sous le nom de Cambares Creoles, ainsi que d'oignons 116 sociETi': iMi'j-iu.vLi-: zoologiqik d'acclimatation. et de graines de plantes utiles de l;i meine locality, est fail par MM. Lienard, qui raccompagnent d'une lettre contenaut des details relatifs a la culture de I'lgname. Des remerciments se- ront adresses h nos confreres. — II en sera egalenient adresse a i\I. Armange aine, capi- taine au long cours, qui expedie de Nantes 350 grammes de trois especes de Palmiste et d'un arbuste dit Bois-savon. — M. le prince Marc de Beauvau, en faisant parvenir de sa terredeSainte-Assise(Seine-et-Marne)destuberculesd'Ignames et des echantillons delafecule qui en a etc extraite, transmct une note de son jardinier, M. Fouchez, sur les resultats de la culture de cette plante. — M. Fred. Jacquemart fait deposer sur le bureau une caisse d'Ignames obtenus des bulbilles que la Societe lui avait confies. — On en regoit egalenient de la part de M. Cbevet, et, a la suite de quelques observations sur la provenance de ces rhi- zomes, M. le docteur Aube dit que I'lgnamc plante sert a nour- rir celui qui doit lui succeder, et qu'il doit, pour ce motif, 6tre laisse dans le sol. — M. Sacc envoie un rapport detaille sur la culture des graines remises a notre confrere, M. Marozeau. Ce rapport est suivi de propositions relatives aux travaux agricoles de la So- ciete, et qui sont renvoyees a I'examen du Conseil. — M. le docteur Turrel, secretaire du Comice agricole de Toulon, adresse une Note sur la Cerosie produite par le Sor- gho du nord de la Cliine, et dont M. Hardy a parle comme d'un produit imporiant. Tout en protestant de son respect et de sa sympalhie pour M. le Directeur du jardin d'essai d' Alger, dont il admire, dit-il, les perseverants travaux, M. Turrel in- siste sur ce point qu'il n'est pas demontre, suivant lui, que la Cerosie puisse, dans Tetat actuel de I'exploitation du Sorgho et en France, en etrc extraite economiquement. En raison des difficultes de la recolte de cette substance dans le court espace de temps (deux mois : octobre et novembre) qui, en France, doit^tre consacre aux manipulations necessaires pour obtenir I'alcool, il croit, jusqu'a demonstration du contraire, que c'est PROCES-VERBAUX. H7 aux. depens do ce dernier produit, le plus important de tons, (|ne la Cerosie poiirra 6tre recueillie. — M. le doeteiir Sicar.I, dans une communication verbale, passe rapidement en revue toutes les questions qui se ratta- chent a Temploi des produits fournis par le Sorgho. II fixe snc- cessivement I'attention de TAssemblee sur le sucre qu'on en obtient, sur I'usage des jeunes tiges comme fourrage excellent, sur les diverses matieres colorantes qu'on peut en extraire et particulierement sur la farine de tres bonne qualite que donne le grain. Le but de noire confrere, ainsi qu'il le fait remar- quer, est de signaler , comme praticien livre avee ardeur a la recbercbedes avantagesque promet celle plante, Timportance extreme de son acclimatation sur notre sol. 11 repond ensuite a diverses questions faites par plusieurs de nos confreres. A M. Millet, qui demande si, dans Tetat actuel des choses, les frais de manipuhition ne sont pas trop considerables compara- tivenient a la valeur reelle des produits , il fait observer que cet inconvenient, a ce qu'il esp^re, disparaitra bient6t, car il s'occupe avee des constructeurs habiles de Tetablissement de machines propres a facililer efa simpbfier ces manipulations. A M. Cloquet, dont les tentatives de culture de Sorgho ont tres bien reussi aux environs de Toulon, niais qui se plaint des desastres que le mistral peut causer dans les plantations, M. Sicard repond que le m^me accident lui est arrive, mais que les suites n'en ont pas ete facheuses, attendu que les tiges n'ont pas tarde a se relever. — M. le comte de Galbert ne partage pas completement I'opinion de notre confrere sur Tutilite de I'emploi comme fourrage, la coupe, dit-il, ne permetlant pas a la tige de de- venir aussi belle qu'elle Test d'ordinaire, quand cette operation n'a pas ete praliquee. Relativement aux boissons que le Sorgho peut fournir, et dont M. Sicard a dil qiielques mots a propos du cidre qu'il a obtenu, M. de Galbert informe que, dans le departement de risere, il a tire six hectolitres de vin de bonne (jualite de la culture de deux ares. II a aussi fabrique du vin cuil et une sorte de conlitnre (jui sont Tun et I'autre d'une saveur agreable. 118 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. Bourgeois lit une Note siir les truffes d'Etampes, dans le but de provoquer, de la part de la Societe, des re- cherches destinees a fournir des renseignements positifs sur ce sujet. — M. Guerin-Meueville presente, de la part de M. Lamiral, associe de M. Payerne pour la propagation de procedes de navigation sous-marine de leur invention, une serie de pieces relatives a I'utilisation de ces procedes pour la p6che reglee du Corail, pour racclimatation sur nos cotes de I'Algerie des Eponges, et m6me pour la culture et la p6che des huitres ali- mentaires eiperlieres. Ces documents sont renvoyes par M. le President a la troisieme section. — Sur le desir qui en est exprime par M. Antoine, apicul- teur a Reims, les membres de la Societe residant dans cette ville ou dans les environs seront informes que, le 15 mars, 11 retirera ses ruclies des silos oii elles sont enfouies depuis qua- tre mois. lis seront, en m6me temps, invites a vouloir bien as- sister a cette operation, afm qu'ils puissent adresser un rapport sur la pratique dont il s'agit, la seule, dit M. de Beauvoys dans une lettre ecrite a cette occasion, qui puisse sauver les petits ruchers de la douceur de nos hivers, laquelle est, depuis quel- ques annees, la grande cause de la destruction toujours crois- sante des Abeilles. — M. le comte de Galbert met sous les yeux de TAssemblee le plan d'un etablissement de pisciculture qu'il a fonde dans ses proprietes, a La Buisse, pres Grenoble, en 18/19, mais oii il n'a conunence a obtenir de veritables succes qu'en 185il. Les eaux fournies par des sources abondantes alimentent plu- sieurs bassins communicjuantlibrement ensemble, a volonte, et oil des retraites abriteesontetemenagees^ ils presentent, dans leur totalite, une contenance d'un hectare. lis sont destines, I'un aux poissons d'un an, un autre aux poissons de la deuxieme annee, et enfin, le troisieme devient la demeure definitive de ceux qui ont sejourne pendant un an dans ce deuxieme bassin. Une frayere artificielle est disposee dans un des reservoirs, mais c'est surtout au moyen de la fecondation artificielle que notre confrere obtient le plus grand nombre d'animaux. Ce .. ., ■ . PROCtlS-VERBAUX. 119 sont les Iruites, en particulier, qu'il propage dansses eaux,et dontil obtient environ cent inille individus chaque annee. — II est donne lecture d'une Note adressee de Blidah par M. le baron H. Aucapitaine, et renfermant une description du nid d'Autruches dans le Sahara algerien. Elle est accompa- gnoe d'un dessin representant ce nid. — On renvoie a la deuxi^me section une lettre de M. Des Nouhes, qui demande des renseignemcnls sur les Colins. — Au noni de cette section, M. Davelouis, son Secretaire, ^crit une lettre dans le but d' engager les membres qui la com- posent a vouloir hien apporter, avee le plus d'assiduite qu'il leur sera possible, leur concours, si necessaire dans la discus- sion des questions varices soumises a I'examen de la section. — M. Chagot, membre de la Societe, ecrit pour faire con- naltre la resolution qu'il a prise de fonder un prix de deux mille francs, pour la domestication de I'Autruche. La lettre de M. Chagot est renvoyee a la deuxienie section et au Conseil. — M. Dareste, au nom de la premiere section, lit un Rapport sur la question de I'introduction du Dromadaire au Bresil , portee devant la Societe par notre Delegue a Rio-de- Janeiro, M. de Capanema, au nom du gouvernement de S. M. I. Don Pedro II. A la suite de ce rapport, M. le docteur A. Thierry insiste sur un fait qui y est signale, mais dont I'importance, dit-il, merite heaucoup d'attention. II s'agit de la difference a etablir entre les Dromadaires porteurs et les coureurs. Ceux-ci, comme on le cite a I'occasion d'une excursion de Mehemet-Ali, peu- vent franchir en huit heures une distance de 180 kilometres sans boire et sans prendre de nourriture; mais c'est la un re- sultat dii surtout a I'education. D'apr^s les observations de ce m^me membre, le Rapport mentionnera les dangers que pre- sente, pour la sante et m6me pour la vie de ces animaux, I'epoque du rut, afin qu'on evite ce moment de I'annee pour operer leur transport au Bresil. Le Secretaire des seances ^ Aug. Dumeril. 120 SOCIKTK IMI'KIU\Lr, ZOOLOGIQIE d'aCCLIMATATION. Seance du 23 Janvier 1857. Voyage en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg et aux F^roe, pendant les ann^es 18c8, 1839 el 18'iO, par M. Paul Gaimard (26 vol. in-S). Atlas du Voyage de M. P, Gaimard (73 livraisons in-folio). Offert par I'auteur. Le Nil Blanc et le Soudan, fiiudes sur I'Afrique centrale, nioeurs et coutumes des sauvages, par M. Brun-Rollet. Carte de la Colonisation de l'Algerie, par M. J. Duval (2 exera- plaires). Offerts par rauteur. CONGRES sciENTiFiQUE DE FRANCE, 22* session, tcnue au Puy, en sep- , tembre 1855 (2 vol.)- UECUEIL des TRAVAUX DE LA SOCIETl': LIBRE D'AGRICULTURE, SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE l'Eure (3* serie, t. Ill, 185/l). L'IsTMO Di Suez, la Stazione telegrafico-elettrica di Cagliari, Ragionamento del T. G. Alberto della Marmora, senatore del Regno. Offert par M. Baruffi. CATALOGUli RAISONNfi SUR LA PLANTATION DES ARBRES FRUITIERS, par M. Jamin (2 brochures). Offert par I'auteur. Seance du 6 fevrier 1857. Cat^chisme D'AGRICULTURE, par M. A. Jourdier. Offert par I'auteur. Rapport annuel de la Societe industrielle de Mulhouse, fait a rAssembi^e g^n^rale du 26 d^cembre 1856, par M. Daniel Dolifus fils, secretaire. Bulletin de la Societe industrielle de Mulhouse, n° 135. Journal d'agriculture de la COte-d'Or (n"' 9 ei 10, 1856). Memorie della Societa agraria della provincia di Bologna (8* et 9' volumes). De l'£migration edrop^enne, Institution de bienfaisance en Alg^rie, par M. J. Duval. Offert par I'auteur. De L'ASSIMILATION DOUANli:RE ENTRE L'ALG^RIE ET LA FRANCE, par le mfime. Offert par I'auteur. Bulletin du Comice agricole de l'arrondissement de Saint-Quen- TlN (Aisne). (T. V, annee 1856.) Bulletin de la Socikt^ d'horticulture de l'Aube (1856, W trim.). liltablissement d'horticulture. — Catalogue g^ni^ral et prix courant des V(?getaux disponibles dans les cultures de Louis Martin-Joly, horiiculteur p^pinieriste h Nice-Maritime (fitats-Sardes). BULLETliN BIBLiUGUAl'HIQLC. 121 Catalogle dcs Vc5^(5taiix et dailies i livrer pendant la saison 1856-1857, dans les pc'piiiit'res de I'^tat en Algdrie. Catalogue des V^g^^taiix cultiv^s h la p^pinifere centrale du Gouverne- ment ci Alger. MeHORIAS ok la real ACADEMIA DE CIENCIAS U£ MADRID (t. ill et IV). Anndncio del eclipse anular y central que tendra iugar el 15 de marzo 1858, par don Antonio Aguilar. Instructions pour le voyage a la recherche des sources du Nil Blanc, sous le coinmandement de M. d'Escayrac de Lauture. Offerl par M. le professeur Cloquet. Industrie des Soies (classe21), par M. Gu^rin-M^neville. Journal de la Socii£te d'horticulture du Bas-Rhin (t. II, n"' 9 et 10). Soci]£t£ philomatique de Paris (ann^e 1856). Extraiis des proc^s-ver- baux des stances pendant Taiin^e 1856. Flore des serres et des jardiivs de l'Europe, Journal g^ndral d'hor- ticulture (12 livraisons). Du SUCRE DE Jayre ou DE Palmier, par M. J.-L. Soubeiran. OtTertpar Pauteur. Une course aux iles d'Houat et d'HOedic (Morbihan), par le ni^me. OITerl par Tauteur. Seance du 20 fivrier 1857. Questions financi^res et d'^conomie politique, par H. Barault- Uoullon (du Loiret). Revue horticole oes BoucHES-ou-RndNE, Journal des travaux de la Soci^t^ d'horticulture de Marseille (Janvier 1857). Des BoissoNS fkrmentees kconomiques, par M. le docteur Gosse. Compagnie g^n^rale des Travaux agricoles par la Vapeur. — Notice sur LA PiocHEUSE A VAPEUR, et sur SOU application aux d^frichements, labours ei autres travaux agricoles. OITerte par M. Valserres. Article sur l'acclimatation des animaux, Iu devant la Soci^t^ impd- riale d'agriculturc de Moscou. Offert par M. Anatole BadanofT, de Moscou. The Journal of the New-York State Agricultural Society (Albai- ny, January 1857). Report of the Commissiokner of patents for 185/1 (Agriculture). Report of the Commission \er of patents for 185i (Arts and Manu- factures), (2' volume). Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia (de Janvier 1855 a mai 1856). NOUVELLES ANNALES DES VOYAGES, DE LA GeOGRAPHIE, DE l'HiSTOIRE ET DE l'Archeologie, par M. V.-A. Malte-Rrun (annde 1856). Offert par M. de la Roquelte. ...I-^ /a.;.::,: 122 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Situation. Maladies et Amelioration des races de Vers i oie, par M. Guerin-M^neville. Offort par I'auteur. BCLLETm DE LA SOCI^TJ^ DES SCI! IVCES NATURELLES ET ARCHI^OLOGIQUES DE LA CrEUSE (t. II). La Kabvlie, par M. le g^n^ral Daumas. Ollert par I'auteur. Troghilinarum endmeratio ex affinitate naturali reciproca pri- MUM DCCTA provisoria, aiictore Ludovico Reichenbach, Musei regii zoolo- gici el Horti botanici Dresdensis directore. Etablissements hippiqdes DE L'ALGfiRiE (Instructions). Alimentalioii publique. — De l'usage de la viande de Cheval dans la NODRRiTURE DE l'Uomme, par M. Ic doctcur Borie. Offert parraiiteur. Annales de la Societe d'agriculture, sciences, arts ET commerce DL Pdy (t. XIX, 18oZi). ANNALES de la SoCIETt^ d'EMULATION DU D^PARTEMfeNT DES VOSGES (t. IX, 1" oahler, 1855). Memoires DE l'AcadI^mie IMPERIALE DE Metz (ann^e 1855-1856). Society d'accli.matation du royadme de Prdsse, ci Berlin (les 3 pre- mieres publications). Offerles par M. L. Kaufmann. RecHerches scientifiques en Orient, entreprises par les ordres du Gouvernement, pendant les annees 1853-185/i, et publi^es sons les auspices du iVlinisl^re de TAgriculture, du Commerce et des Travaux publics, par M. Albert (laudry (parlie agricole). Offertes par I'auteur. COMITE regional DE LA SOCIETE IMPIvRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATA- TiON A Bordeaux, compte rendu de la premiere seance. Note sur la culture et la propagation du Dioscorea japonica (Igname du Japon), par M. Pepin, chef des cultures au Museum d'hlstoire naturelle. Ofl'erte par Pauteur. iNouvELLEs OBSKRVATiOMs sur I'utilitc^ dc la conservation desoiseaux dans I'int^ret de Tagriculture, par M. V. Ghatcl. (Offert par I'auteur.) CoMPTE RENDU prescutc k la Socii^te Linneenne de Bordeaux, dans son assemblee gme sif-cle de I'^re clir^n'enne. Les Commentaires de Cesar {De hello Africano, cap. 68) parieiil de 22 Chameaux ironv^sdans le camp do roi de Maiirilmie .liiha. Moiis ne poiivons pas (5vid.i,:^»i;/^;iii . .-v ^>.-.>i >•---; j^ DROMAUAIUE. 133 veiiir la premiere pour les peiiples qui font cette accjuisition. Maiscela lie veut pas ilire (jue remploi du Cliameau soil neoes- sairement borne aux regions on nous le voyons aujourd'hui. Trop d'exemples nous montrent comhieri rorganisation des aniinaux superieurs est flexible, combien elle est susceptible de se pr6ter aux conditions de climal les plus diverses, pour que nous devious regarder comme impossible I'acclimatation du Chameau en debors des regions avec lesquelles son organisa- tion presente une si remarquable barmonie. Toutefois il est evident que Tadaptation du Cbameau a des climats nouveaux doit presenter des difficulles plus ou moins nombreuses et plus ou moins grandes, difticultes que nous pouvons apprecier, dans une certaine mesure, par Tetude des circonstances pby- siologiques de la vie du Cbameau et par les essais d'acclimata- tion auxquels il a ete soumis a plusieurs reprises. I.e Cbameau s'accommode assez bien des temperatures les plus diverses. Nous ne dirons pas ici que le Cbameau a une bosse supporte en Afrique les temperatures les plus elevees, tandis que le Cbameau a deux bosses vit, en Siberie, dans le voisinage des neiges polaires, et traverse le lac Baikal sur la glace, parce que cela peut dependre de leurs diversites spe- cifiques. Mais des documents positifs nous apprennent, contrai- rement a ce que Ton pourrait croire, que le Cbameau a une bosse supporte impunement dans les montagnes de grandes variations de temperature. Je citerai, entre autres, le fait sui- vant rapporte par le colonel Colombari : « On voit d'immenses caravanes traverser les bautes montagnes de la Medie par les bivers les plus rigoureux, alors que le tbermometre centigrade marque 26° au-dessous de zero. La nuitilsse couchent sur la neige, et moyennant la precaution qu'on a de leur couvrir la t6te d'un capucbon de feutre, ils supportent tresbien Tenorme transition qui a lieu de vallons cbaulTes par le soleil aux mon- tagnes glacees qu'ils parcourent alternativement. » {Ouvr. dejd cite, p. 65.) Mais si le Chameau est peu sensible aux inttuences de la temperature, il est beaucoup plus sensible aux variations de I'bumidite atmospberique •, et, a ce point de vue, il nous pre- 134 SOCI^T^ IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sente des particularites curieuses. Indifferent a la grande cha- leur, lorsqu'elle s'accompagne d'une grande secheresse, la chaleur humide exerce sur lui une influence nuisible et sou- vent meurtriere. On pouvait le supposer d'abord, en voyant que les conquerants arabes el le Chameau, qui a ete le pre- mier auxiliaire de leurs conqu6tes, n'ont gu^re depasse les limites meridionales du desert, et qu'au dela de ces limites ils ne se sont point etablis d'une maniere durable. La, en efPet, dans le voisinage du tropique, le climat change completement, et la continuite des pluies pendant la moitie la plus chaude de I'an- nee, en chargeant Tatmosphere d'une quantite exceptionnelle d'humidite, produit pour le Cbameau des conditions d'existence tout a fait contraires a celles qu'il trouve dans le desert. Si toutefois Ton croyait devoir attribuer la limite meridionale de I'habitation du Chameau en Afrique a I'etat sauvage des popu-- lations negres qui occupent le centre de cette region, cette m6me explication ne saurait 6lre admise pour la peninsule indienne, ou le Chameau a ete souvent introduit par les conque- rants arabes, et plus tard par les conquerants mongols. Or, tandis qu'il existe, de temps immemorial, dans toute la region nord-ouest de I'lnde, region qui par sa secheresse rappelle I'Arabie et la Perse, il n'a jamais pu s'acclimater parfaitement ni dans la vallee du Gange, ni sur le plateau du Dekkan , oii cependant de nombreuses tentalives ont ete faites, et il n'a pas tarde a y degenerer. II n'existe point dans les parties orien- tates de rinde. Les Chameaux que Ton a essaye d'introduire a Java y ont peri sous I'influence des maladies de foie, si meurtrieres dans les regions intertropicales pour les animaux comme pour I'homme, surtout pendant la saison des pluies. Au contraire, le Chameau a pu s'acclimater dans les contrees situees au norddu desert, bien qu'il s'y trouve dans des con- ditions assez differentes de celles de son pays natal. Mais la quantite moyenne d'eau qui tombe annuellement dans ces re- gions est bien moindre que dans les regions intertropicales ; et, d'une autre part, les saisons ne s'y partagent point en une saison de secheresse et une saison de pluies continuelles. Aussi I'humidite de ces regions, tout en etant une condition defavo- DROMADAIRE. 135 rable, n'est point un obstacle absolu a racclimalalion du Cha- meaii. On sail d'ailleiirs depuis longtemps que, d^une mani6re generale, les animaux el riioinnie lai-m6me s'acdiinatent plus facilement en allant du Midi au Nord que du Nord au Midi. Le Chameau nous fournit un exemple dece fait physiologique, d'au- tant plus HMTiarquablequ'on aThabitude do considerer cet ani- mal conime un animal des pays chauds : nous voyons qu'il n'a pu jusqu'a present 6tre acclimate dans les regions equato- Iriales, tandis qu'il s'babitue assez facilement aux climats tem- peres. Aussi des tentatives d'acclimatation, souvent suivies de succes, ont-elles ete faites dans la plupart des regions qui entourent la Mediterranee, et leur bistoire a, dans la question qui nous occupe, une trop grande importance, pour que nous ne devions pas les rapporter ici, d'autant plus que nous entendons souvent encore contester lapossibilite et I'utilite de Tacclimala- tion des animaux, et que nous pouvons repondre par des faits aux objections que Ton oppose encore aux experiences ten tees dans ce but. L'opinion de Buffon est ici d'une grande autorite. Apres avoir dit d'abord, dans son admirable bistoire du Cha- meau : a Cette nature de l animal ne se modi fie point ail- leurs^ et ne se prdte point a T influence du climat, etc., » il disait plus tard, dans ses Supplements, apres avoir modifie ses idees par des etudes incessantes : « Je suis persuade quo?i viendrait a bout d'etablir chez nous cette espece, que je regarde comme le plus utile des animaux. » L'examen des faits justifie completement cette seconde opinion de Buffon. Ainsi, un fait tres remarquable, mais sur lequel nous ne pouvons donner actueilement que des indications incompletes, c'est qu'il est, a plusieurs reprises, fait mention des Chameaux dans les livres qui nous racontent Tinvasionde Tempire romain par les Barbares, dans les v* et vi* siecles de notre ere. Les Wisigoths qui francbirent le Danube en 376, et qui defirent et tuerenl Tempereur Valens, deux ans apres, a la bataille d'An- drinople, avaient avec eux des Chameaux. Nous en avons la preuve par les figures d'une colonne elevee par Arcadius en Vhonneur de Theodose,qui representent des Chameaux por- 136 SOCIKTE IMPEIVIALK ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. tant les idoles de ces peuples (1). D'aiilre part, des passages tres explicites de Gregcirc de Tours et de Fredegaire (2) nous attestent I'existence de Chameaux en France pendant Tepoque merovingienne, etnous expliquent pent- 6tre comment Temploi de v^tements fails de polls de Chameau etait frequent a cette epoque, surtout dans les monasteres, et comment le nom de camelut fut applique a certaines etotTes grossieres tres usitees pendant le moyen age. Mais d'ou venaient ces animaux? Avaient-ils suivi les Barbares durant leurslongues migrations? Ou bien avaient-ils ete introduits par les Romains eux-m6mes? Nous soumettons cette question curieuse aux recherches des savants qui s'occupent de cette par tie de notre histoire. * (1) 11 est lies probable que ces Chameaux n'appartenaient point aux Wisigoths, qui elaient alors chreiiens, mais i des peuples tartaves qui les avaient accompagii<5s dans leurs migrations. Ce qui peut le faire penser, c'est que nous retrouvons, d'apres Pallas, chez les Calmouks I'usage de porter les idoles et les objets sacr^s sur des Chameaux blancs qui n'ont pas d'autre emploi. (2) Gr(5goire de Tours. Histoire ecclesiastique des Francs, dans la col- lection des Mc'moires relatifs a I'histoire de France, de M. Guizot i « Les g^n^raux du roi Gontran avaient entendu dire que Gondowald «5tait arr^t6 sur les bords de la Garonne, avec une grande multitude de troupes, et qu'ils retenaient les tresors de Rigonthe. Alors prdcipitant leur poursuite, ils traversferent la Garonne 5 la nage avec leurs clievaux, mais perdirent quelques soldais qui se noy^rent dans le fleuve. Arrives h. I'autre bord, ils cherchferent Gondowald, et trouvfcrent des Chameaux charges d'or et d'ar- gent, et deschevaux fatigues qu'on avail laiss^s dans les champs. » (Lib. vii, cap. 35.) Fredegaire. Chroniques : « Brunehaul ayant die amen(^-e en presence de Clotaire, enflammd de haine conlre elle, il lui imputa la mort de dix rois francs L'ayant ensuite tourmentde pendant irois jours par divers sup- plices, il la fit conduire k travers toute Tarmee, assise sur un Chameau... » [La suite au prochain num^ro.) CilEVRUS. 13' ESSAI SUR LES CHftVRES Par M. S.%CC, Profcucur a la Facultt- dcs sciences de Ncuchitel (Suiiie), Di\6gu6 de la Society k Wesserling. SUITE (1). SOINS. Un bon Bouc doit avoir les membres bien proportionnes, le cou court et gros, la t6te legere, les comes longues et fortes, ou mieux nuUes, les yeux gros et vifs, le poil doiix , luisant, les jambes lines et nerveuses, la demarche bardie quoifjue legere. Le Bouc doit 6tre ardent, gai, alerte, petulant, tres doux envers ses Cbevres, et toujours pr6t a les defendre. II ne doit pas commencer son service avant douze mois, ni le conti- nuer apres douze ans, parce qu'alors il devient lourd, et que son odeur oblige a le reformer; pour cela, on le coupe et I'en- graisse ensuite. La Chevre ne recevra pas le bouc avant un an, ni apr^s douze, parce qu'ellene donnerait que des descendants cbetifs. II faut, aulant que possible, avoir des Cbevres sans cornes, parce qu'ellessont plus douces, piusfacilesasoigner, etqu'elles ne se blessent pas entre ellcs. La t6te doit 6tre mince et allon- gee, ainsi que le cou ; les yeux gros, doux et vifs, les jambes fortes el legeres, le pis gros, allonge et flasque. Quand le pis estcbarnu et resistant, onpeut 6tre assure que la Chevre n'est pas unebonnelaiti^re. Lecaracteredoit6trealafoisgai etdoux. Le poil lin, doux et de couleur foncee, appartient generalement aux bonnes laitieres, de m^me aussi qu'une peau line, souple et bien detacbee des os. Les poiis allonges sont dil'iiciles a tenir propres', ils serventde retraite a lavermine, mais en echange ils preserventranimaldesrefroidissements : aussi fera-l-on bien d' avoir des Chevres a longs polls dans les pays froids, ainsi que dans ceux ou elles ne passent pas toule Tannee a I't'lable. (1) Voyez les r.um^ros de noir-Mnbre, d^cembrc et Janvier dernfer. 138 S0CI^.T]6 IMPJ^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. II faut eviter avec soin d'engraisser les Boucs et les Chevres destines a la reproduction, parce qu'on les rend steriles, et qu'en remplissant les niamelles de graisseon y tarit la secretion du lait. En general, on donne le Bouc aux Chevres depuis le mois de septembre jusqu'a celui de decembre : ce qui est une facheuse habitude, parce qu'on en diminue le lait durant presque tout rhiver. Comme les Chevres sonten chaleur pendant toute I'an- nee, il vaudrait infiniment mieux les faire sailiir de trois mois en trois mois, de maniere a en avoir constamment de fraiches, et ne conserver pour I'eleve que les Chevreaux nes au prin- temps. Quand les Chevres sont en rut, elles sont fort agitees, cessent de manger, b^lent constamment d'une voix enrouee, et agitent sans cesse la queue-, il s'ecoule de la vulve, qui est tres rouge, un fluide glaireux. La Chevre est pleine quand, lous ces indices ayant entierement disparu, elle repousse le Bouc. II est important que le Bouc descende d'une excellente Chevre laitiere, parce qu'il en transmetles qualites a ses descen- dants. Un Bouc suffit a cent Chevres et plus encore, s'il esl vigoureux; il faut eviter de lui laisser boire de I'eau froide, immediatement apres le saut , ce qui pourrait lui causer un grave refroidissement. Comme pendant le temps de la monte le Bouc ne mange guere que durant la nuit, il faut garnir son ratelier d'une nourriture abondante et choisie, lui donner de I'avoine salee, et tenir a sa portee de Teau tiede blanchie avec quelques poignees de farine. La Chevre porte cinq mois et met bas, au commencement du sixieme, un, deux, trois, et quelquefois aussi quatre petits, qu'elle soigne avec la plus tendre sollicitude. Pendant la gesta- tion, on traite les Chevres avec plus de douceur encore que d'habitude ; on leur donne des aliments plus faciles a digerer, et de I'eau en abondance. L'eau trop froide provoque facile- ment I'avortement des Chevres ; il sera alors prudent de la tiedir en y ajoutant un peu d'eau chaude. On cesse peu a peu de traire les Chevres, dans le courant du quatrieme mois, de maniere a les faire tarir au commencement du cinquieme. En Suisse, on trouve des Chevres qui ne tarissent point lorsqu'elles sont bien nourries, et donnent encore da lait la veille du part ; .,, i«i,n:u' CHKVRES. it^ nous en avons eu une qui, a cette epoque, fournissait encore iin bon demi-litre de lait par jour. Lorsqu'on s'aper(;oit, au gonflenient de la vulve, a la descente du ventre vers la partie inferieure du corps, et k rallluence du lait dans les mamelles, que la Chevre va mettre bas, on lui donne une litiere plus abondante, et on la surveille avec soin, afin de pouvoir I'aider en temps opportun si cela devient absolunient necessaire; car il vaut infiniment mieux, dans ce cas comme dans tant d'autres, laisser la nature agir seule, que de lui porter un secours maladroit ou intempestif. Si le part se prolonge et que la Chevre soit faible, on lui fait avaler un verre de vin cbaud ; si elle est forte, on lui donne de I'eau tiede blanchie avec de la farine, et au besoin, on la baigne pendant dix minutes dans un grand baquet plein d'eau tiede, apres quoi on I'essuie et la couvre avec un tapis de laine. Dans le cas ou le part se prolonge d^une maniere inquietante, cela vient d'une mauvaise position du foetus, et il faut avoir recours a un berger exerce ou, mieux encore, au veterinaire, Quelques heures ordinairement apr^s la naissance du petit, la mere se debarrasse des membranes qui Fenveloppaient et qu'on appelle delivre. Si, au bout de vingt-quatre heures, la Chevre ne s'est pas debarrassee du delivre, on cherche a le faire sortir en le tirant doucement en dehors. Comme toutes les femelles des animaux domestiques, la Chevre avale son delivre, ce qui est utilea sasante, bien que les paysans croient en general le contraire. Des que le Chevreau est ne, sa m^re le l^che et le debarrasse ainsi de la matiere glaireuse dont il est couvert; lorsqu'elle a fini, on lui donne de I'eau blanche tiede et salee, a laquelle on ajoute un verre de vin, quand elle est faible et tres fatiguee. A peine sur ses pieds, le nouveau-ne cherche le pis de sa mere, qu'il faut lui mettre dans labouche si, comme cela arrive sou* vent, il ne pent le saisir seul, ce qui est presque toujours le cas, (juand les mamelles sont tres rempliesde lait. Quand le pis est enloure de laine, comme celui des Angoras, on la coupe avec soin afind^emp6cher le petit d'en avaler des flocons et de lui faciliter la recherche de sa nourriture. Comme les Chevreaux sont pas- 1/10 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sablement sonsibles au froid, on les garantit soigneusement des courants d'air, et on ne les fait sortir que par les beaux jours, apres le lever de la rosee, qui leur cause facilement la diarrhee. Rien ne fortiliant autant les Cbevreaux que le grand air, on fera bien de les eonduire dehors, toutesles fois que le temps le permettra, dans un enclosbien garni d'herbes tendres et abon- dantes. Des que le Chevreau commence a manger de Fherbe, c'est-a-dire a deux semaines, on lui retire peu a peu le lait du niatin, auquel on subslitue de I'eau blanche, et lesevre comple- tement au bout d'un mois, ou six semaines seulement, s'il est faible. Aussi longtemps que dure le sevrage, on donne aux Cbe- vreaux des herbages choisis, avec un peu de son sale et d'avoine ou d'orge concassees. Si pendant le cours de I'allaitement le Chevreau prend le devoiement , on Tarr^tera d'ordinaire en lui i'aisant prendre a jeun, soir et matin, une cuilleree a cafe d'extrait de rhubarbe obtenu enfaisantdigerer, pendant vingt- quatre hemes, a une douce chaleur, 30 grammes de rhubarbe pilee dans 250 grammes, soit 1/4 de litre de bon vin rouge. Si le mal persiste, on I'arr^te aussitot en ajoutant a une cuilleree d'extrait de rhubarbe deux goutles d'extrait d'opium ; on donne ce remede a jeun, et ne laisse teter le petit que deux heures apres. Quand les Cbevreaux se developpent mal, sont faibles et chetifs, on fait bien de leur faire avaler, chaque semaine, un oeuf frais, sans la coquille, jusqu'a ce qu'ils soient retablis. A six mois, on separe les Boucs d'avec les Chevrettes, et Ton coupe ceux qu'on ne conserve pas pour la reproduction. Les Chevres exigent une litiere douce, abondante et tres propre^ on I'evalue a 100 kilog. de bonne paille par t6te et par an; on la secoue chaque soir afin de la netloyer et de lui donner plus d'elasticite. Des que la litiere est sale, on la renou- velle, en ayant soin de ne pas I'enlever chaque fois, parco qu'elle ne serait pas suffisamment imbibee d'urine pour faire du bon fumier. En cte on enleve le fumier toutes les semaines, et en hiver tous les mois seulement. Au moins une fois la semaine, on peignera les Chevres a longs polls, et Ton nettoieraavec unebrosse rudecelles apoils ras; on lavera enm6me leinps leur pisetlein* nez avec de I'eau w m cHtvitEs. ihi licde, eton coiipera la corne des sabots si elle s'allongeait, ce ((iii arrive quelciuefois. En ete, et par un jour Ires cliaud, on baigne les Chevres, ou les lave completement avec de I'eau tiede; puis on les netloieavec unbouchonde paillc eties iaisse se seclier a I'etable liors des couranls d'air, cl sur une bonne liliere de paille fraicbe ct propre. Commc les mourbes tourmentent beaucoup les Chevres, et que les taons leur font de larges plaies au piSj il est bon deles enduire de temps en temps avec de Tbuiie de colza, addition- nee de quelques gouttes d'huile de laurier, au moins sur les parties nues, ce qui force ces insectes a s'en eloigner. II faut eviter tout ce qui pent effrayer les Chevres et les traiter avec la plus grande douceur, les gratter souvent derriere les orcilles, ce qu'elles aiment beaucoup, et les caresser toutes les fois qu'on les approche. Grace a ces petils soins, on se les attache bien vite et Ton augmente considerabiement leurs pro- duits : ChSvreprivee, Chevre doubiee, est une verite dont il est facile de se convaincre. Du reste,il y a peu de sentiment plus doux que celui (ju'on eprouve en voyant un pauvre animal aussi innocent que la Chevre se presser doucement contre son maitre et lui lecher les mains, comme pour le remercier de la protection qu'il lui accorde. On trait les Chevres deux fois par jour, soir et matin, a six heures en general, pendant qu'elles prennent leur premier et leur dernier repas •, cctle operation doit se faire avec la plus grande douceur, pour ne pas blesser le pis, qui est trcs sensible. II estessentiel de bien vider le pis a chaque traite, afin d'eviter que le lail, y sejournant, n'y cause des obstructions toujours difficiles a guerir, et dont le moindre inconvenient est de dimi- nuer la quantite de lait. En Suisse, les Chevres donnent de un a cinq litres de lait par jour ; leur rapport est, en moyenne, de deux litres pendant toulerannee,quandellessont bien nourries. Les Chevres consomment de 8 a 12 kilogrammes de vert, «* equivalanta 2 ou 3 kilogrammes de bonfoin par jour, et sont alors en plein rapport-, qunnd elles ne regoivent (|ue 0 kilo- grammes de vert ou 1 1/2 kilogramme de foin, elles se sou- tiennent, mais ne produisent plus; cest leur ration d'en- T. lY. — Avril 1857. 10 i!l2 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tretien , tandis que la precedente esl la ration de production. Les Chevreaux ne se developpent bien que lorsqu'ils reqoi- vent autant a manger que les Chevres laitieres; economiser sur leur nourriture, c'est s'exposer a avoir des animaux chetifs et debiles pour touteleur vie, et par consequent aussi de mau- vaises laitieres. ^ La nourriture des Chevres ne devra jamais 6tre absolument seche, m6me en hiver, ou on y ajoute des racines coupees en tranches minces, et surtout du son sale et detrempe avec de I'eau chaude. On donne trois repas chaque jour, a six heures du matin, midi et six heures du soir, etl'on donneaboireseule- ment a midi et le soir : les Chevres n'ont jamais soif le matin; I'eau ne devra jamais 6tre glacee, afin d'eviter tout refroidisse- ment, qui occasionne facilement I'avortement et empeche d'ail- leurs beaucoup de Chevres de boire aussi abondamment qu'elles le feraient si I'eau etait moins froide. Les meilleures Chevres laitieres sont aussi celles qui boivent le plus. II est essentiel d' observer scrupuleusement les heures des repas, afin d'emp^cher les Chevres de bder et de s'agiter, ce qui diminue considerablement leur lait. La Chevre etant essentiellement un animal de montagne, il est surprenant qu'elle s' habitue aussi facilement a la vie de Tetable, qui lui convient sous tous les rapports, et ou elle ne contracte d' autre maladie que Tallongement des sabots, facile a prevenir, en lui donnant unelitiere toujours fraiche et seche. Nourries a Tetable, les Chevres donnent beaucoup plus de lait que lorsqu'on les conduit au palurage, ou elles s'agitent et se fatiguent sans trouver une nourriture aussi abondante; aussi fait-on bien de ne laisser paitre en liberte que les jeunes eleves, afin de les fortifier. Quant aux adultes, qui ont aussi besoin de grand air, on les laisse vaguer dans une enceinte close et bien seche, ou bien on les fait paturer pendant quelques semaines en automne, ce qui suffit pour leur rendre toute la vigueur que le sejour des etables tend a diminuer, d'autant plus qu'il est plus absoluetplus prolonge. Les aliments seront de la plus grandeproprete, parce que les Chevres rebutenttout ce qui est sali, gate ou moisi ; il est bon de les varier qnelque- CHKVRES. ikt fois, afinde souteiiir leur appelit etde leur ajouter du sel doni les Chevres sont demesureinent iriandes; il leur en faut 500 grammes par mois , soil 6 kilogrammes par an, ([u'on leur adiiiinistre dans du son mouille ou bien repandu sur le fourrage a mesure qu'on le serre dans le lend. On ne passe point brusquement dela nourriture verte a la nourriture seche Glvice versa ; la transition se fait aussi insen- siblement que possible, afin de nienager la sante de I'animal; le mieux est, en ete, de melanger constamment le vert avec moitie de son poids de sec, ou bien, quand les Chevres vont au paturage, deleur donnerdu foin a Tetable. Les Chevres recher- chent les herbes delicates et succulentes ; elles aiment passion- nement les premieres branches de tous les arbres, m6me celles du ch6ne, qu'on doit cependant leur refuser, parco qu'elles leur causent une inflammation d'entrailles, dangereuse surtout pour les Chevres du Thibet, qui y succombent presque infailli- blement. Comme les Chevres preferent le feuillage des arbres a I'herbe, il est dangereux de les lachcr dans les jeunes for6ts ainsi que dans les vergers plantesde jeunes arbres, parce que, apres en avoir broute les feuilles, elles en rongent Tecorce, ce qui les fait perir. Les Chevres mangent volontiers les fanes de pommes de terre ^ mais elles leur causent la paralysie du train de derriere, qui dure aussi longtemps qu'on nedebarrasse pas leurs intestins de ce poison, en leur administrant un purgatif. Cet eflel ne se produit, du reste, que lorsque les fanes ont ete mangees en quantite considerable, et il n'est pas accompagne par d'autres accidents. Les feuilles et les bourgeons superllus de la vigne sont un des meilleurs aliments ([u'on puisse donner aux Chevres; aussi les voit-on pulluler dans les vignobles, oil la vigne fait presque tous les frais de la nourriture. Comme les Chevres craignent les herbes dures, on evitera de leur donner les foins coriaces recoltes dans des prairies humides; le meilleur est celui de trefle et de sainfoin, ainsi que le foin de graminees melangeavec un tiers environ de bon regain ; on pent leur donner aussi de temps en temps de la paille d'avoine avec du regain ^ pour yarier leur nourriture. j.^i.p -ii;; «; > - ? En hiver, on donne a chaque ChfeVfe line bonne poignee de illli SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. son mcuille et sale, a laquelle on peut substituer aussi des tourteaux de noix,de pavots ou dc colza moulus tres fins-, on evite de leur en donner davanlage, dans la crainte de les engraisser, ce qui diminue leur lait et les rend steriles. Les fourrages-racines devront 6tre donnes coupes en tranches minces etsaupoudrees de sel ; les meilleurs sont les carottes et les topinambours ; on ne donne les pommes de terre que cuites, et on evite les betteraves parce qu'elles devoient facilement. . Lesb6les aTengrais, les jeunes eleves, les Boucs pendant la monte et les Chevres pleines resolvent, au moins une fois la semaine, quelquespoignees d'avoine enhiver, et d'orge en ete, ce qui les fortifie et contribue beaucoup a exciter leur appetit. II est essenliel de n'abreuver les Chevres qu'avec de I'eau propre et pure, qu'il faut laisser reposer avant de la leur donner pour qu'elle ne soitpas crue: nous avons deja vu qu'en hiver on la rechauffe. L'etable des Chevres doit 6tre seche, eclairee et bien aeree ; il faut cependant qu'en hiver on puisse la fermer hermetique- ment, de maniere que la gelee n'y penetre pas. La meil- leure exposition est celle du sud-est, et la plus mauvaise celle deVouest parce qu'elle est plus exposee a la pluie et au soleil couchant, qui rend Tair des etables etouffant pendant les nuits d'ete, et y appelle les mouches en si grande quantile que le betail en soulTre beaucoup. Chaque b6te adulte a besoin de li metres carres de surface pour 6tre a I'aise, il n'en fautguere moins pour les eleves qui ont besoin de plus de mouvement; la hauteur de l'etable sera de 3 a 4 metres 5 il faut que les ouvertures des portes et des fen6tres soient placees autant que possible vis-a-vis les unes des autres, afm qu'on puisse etablir des courants d'air, pour purifier Tatmosphere de l'etable loutes les fois ([ue cela sera necessaire. On peut recouvrir le sol avec des dalles; mais il vaut mieux legarnir de planches qui sont faciles a tenir propres et seches et qui donnent plus de chaleur aux b^tes couchees sur elles. II est indispensable d'adjoindre a l'etable une cour fermee ou mieux un hangar couvert, ou les Chevres puissent prendre I'air et s'ebattre quand le temps le permet. II vaut mieux laisser errer les Chevres dans l'etable que les attacher niais cette precaution est indispensable pour les plus turbu- lentes d'entre elles, qui blessont souvent leurs compngnes, de maniere a nietlre leur vie ou leurs produits en danger. Quand on acbete des Chevres, il y a quelques precautions generales a prendre : Tune des plus importantes est de ne pas perdre de vue les caracteres qui en font la perfection, et qu'on a deja dccrits. Vient ensuite I'age, qu'on ne connait avee cer- titude que par I'inspection des dents. LesChevreaux font assez connaitre a la simple vue, par leur developpement, leur age approximatif. Dedeuxmois a un an, les incisives sont plus ou moins decbaussees, surtout les deux medianes, qui souvent branlent deja. De douzeadix-huitmois, les incisives medianes tombent, et sont remplacees par deux larges dents d'adultes. De deux ans a deux ans et demi, les incisives niitoyennes tombent a leur tour, et sont remplacees par des dents larges; celles de lait sonttellement usees, qu'elles semblent appartenir a un autre animal. De trois ans a trois ans et demi, cbute des secondes mitoyennes, remplacees par deux larges dents. Quelquefois les canines tombent aussi ; les incisives medianes commencent as'user. De quatreansa quatre ans et demi, les canines d'adulte se montrent, les incisives medianes et les premieres niitoyennes sont fortement usees •, mais les secondes sont encore intactes. De cinq ans a cinq et demi, tcutes les dents sont plus ou moins fortement usees, sauf les canines, qui ne commencent a se deteriorer que pr^s de sept ans, oil elles se decbaussent et branlent, ce que font aussi un pen plus tard les incisives mitoyennes. Apressept ans,ildevient impossible de connaitre Tage des Chevres autrement que d'une maniere approximative, par I'usure plus ou moins forte de. toutes les dents et le nombre quMl en reste 5 mais cette connaissance est presque inutile, parce qu'a cet age les pro- duits des Chevres baissent deja et qu'il faut absolument les reformer a douze ans au plus tard. Enfm, il imporle de bien connaitre le regime auquel etaient soumises les Chevres, afin de ne pas le changer brusquement, ce qui exerce infailliblement une facheuse action sur leur sante. {La fin prochainetnent.) 146 SOCIl&TE IMPEKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Hi: SUR LES MO YENS PE ^, R£G£NMER LES POMMES DE TERRE Par M. D'lVERIVOIIK. (Seance du 20 mars 1857.) g. Messieurs, :,, J'ai ete frappe, depuis plusieurs annees, de I'etat de dege- nerescence auqiiel parait 6tre arrivee la Pomme de terre dans les environs de Hyeres, departement du Var, oij je la cullive en grand. Cette plante n'y a pas ete atteinte par la maladie proprement dite; elle y a heureusement echappe jusqu'ici, grace, sans doute, a la precocite du climat, qui permet de faire la recolte des le mois de juin, epoque ou la maladie ne s'est pas encore m on tree. Neanmoins la Pomme de terre recoltee aux environs de Hyeres ne pent pas ^Ire regardee comme saine et vigoureuse. En eft'et, malgre tons les soins de la culture la mieux suivie, c'est a peine si, sur plusieurs hectares d'un sol favorable, Ton peut trouver un ou deux pieds portant une fleur chetive et qui ne produit pas toujours de la graine. Je crois que ce fait tres grave n'est pas particulier alaloca- lite, etqu'il semanifeste depuis plusieurs annees sous des lati- tudes tres differentes ; de telle sorte qu'on ne peut pas I'attri- buer a Vinfluence du climat de Hyeres, et qu'il faut bien lui reconnaitre un caractere general, ou qui, du moins, menace de le devenir. . D'ailleurs, en dehors m^me du fait particulier de perdre la aculte de produire de la graine, la Pomme de terre, tout le POMMES DE TEKKE. 147 moiide le sail, n'est iiialheureusement plus ce quelle etait autrefois. Elle ira plus les quajites qui la rendaient si pre- cieuse , elle ne peut plus se conserver ; elle est, en un mot, considerablement degeneree. Or, lorsque nous voyons degenerer une plante qui se cultive sur plus d'un million d'hectares en France et fournit, ou du moins fournissait, lesixieme de la nourriture de ses habitants, il est du plus haul inter6t d'essayer d'y porter remede, et de chercher activement les nioyens de renouveler I'espece. Si j'osais exprimer ici une opinion sur les causes du mal, je les chercherais dans Thabitude tres anciennement prise qui existe depuis I'inlroduction de la Pomme de terre en Europe, de la reproduire par ses tubercules a Texclusion presque com- plete de ses graines. Cette mani^re tres facheuse d^agir a, jusqu'a un certain point, sa raison d'etre dans la pratique. En effet, la reproduction par la graine est lente et presque improductive la premiere annee ; car, chose bien importante a remarquer, la plante venue de graine, c'est-a-dire forte et vigoureuse, ne donne que peu de tubercules, qui sont petits, durs et d'un gout mediocre. Ces tubercules, mis en terre, en produisent de plus nombreux et meilleurs; mais ce n'est qu'a la Iroisieme annee qu'on peut compter sur une recolte normale pour Tabondance, la grosseur et le goiit des Pommes de terre. On comprend que les cultivateurs, toujours presses de pro- duire et de recolter, aient neglige ce moyen et se soient bornes a reproduire rapidement la plante par ses tubercules. Or, il ne faut pas oublier que les tubercules ne sont ni un fruit, ni une graine, ni une racine, mais simplement une agglo- meration de bourgeons avortes, dont le developpement m6me indique jusqu'a un certain point la faiblesse de Tindividu qui les produit. Aussi, en s'en servant comme uniques reproduc- teurs pendant quatre-vingts ans de suite, ne s'exposait-on pas d'une maniere presque certaine a voir diminuer peu a peu la force et la sante des plantes? Quoi qu'il en soit de cette expHcation, j'ai d'abord cherche, Messieurs, a regenerer la Pomme de terre par deux moyens : l/l8 SOCIETK IMl'I-IUALK ZOUI.OGIQL'E d'aCCLIMATATION. Le premier consisluit ;'i la reproduire par ses graines; niais je doisavouer que ce nioyen, Qn apparence si aise, ne m'a pas encore reussi. La difliculle de se procurer de bonne graine, de la faire lever et de cultiver pendant deux ans les tubercules obtenus, avant de pouvoir les jiiger, ne me permet pas encore de rendre compte de mes essais et de savoir meme si je puis en attendre de bons resultats. Mon second, nioyen a consiste a introduire cbez moi les especes de Pommes de terre reputees les meilleures. Ici encore, Messieurs, je dois dire que je n'ai pas reussi selon nies espe- rances; mais je n'entrerai a ce sujet dans aucun detail, car les difticultesquej'ai rencontrees tiennent surtout, je crois, al'ar- deur extreme du climat de Hyeres. tres peu favorable aux tubercules que je tirais du Nord ; et ces experiences n'ont des lors aucun inter^t general. Fatigue de ces insucces constants, j'ai enfin pense. Mes- sieurs, quele meilleur essai a tenter serait de me procurer des Pommes do terre venues du pays m6me ou elles croissent spontanement, et de m'en servir comme semences. Grace a Tobligeance d'un negociantde Marseille, j'ai pu mettre a exe- cution cette idee et faire venir de Sainte-Marthe d'Amerique (dans la Nouvelle-Grenade) un assez grand nombre de Pommes de terre qui sont arrivees chez moi en tres bon etat. Ces tubercules out ete mis en terre au mois de mars dernier. Je dois dire tout de suite que le printcmps qui a suivi cette plantation a ete, a Hyeres, deplorable pour la vegetation, et a presente une succession si constante de variations brusques de temperature, que toutes les plantes en out soufl'ert. Les Pommes de terre, enlre autres, ont ete fortement eprouvees, et leur pro- duit a ete plus que mediocre dans lout le pays. Eh bien, malgre ces circonstances exceptionnellement defa- vorables, mes Pommes de terre d'Amerique ont produit des plantes superbes , incomparablement plus vigoureuses que toutes celles que j'avais obtenues jusqu'alors, etleur rendement en tubercules a ete de plus de 12 pour 1, produit enorme dans une aussi mauvaise annee. • I'oMMKS d:-: terrk. 149 Les tuberculos otaieiit tl'une grossetir au-dessus de la inoyenne, de Ires l)ello apparence et de bonne qualite. Je le repele, si Ton tientcompte descirconslancos atmosphe- riqucs qui ont etc excessivement det'avorable?, les Pommes de terre d'Amerique m'ont donne un resultat prodigieux. Les plantes auxqiielles ils ont donne naissance etaient, pour ainsi dire, regenerees et presentaient, dans un contraste des plus frappants, tous les caracteres de la force et dela sante a cote des plantes maigres et chetives produites par la semence recoltee dans le pays. J'ai conserve toutesles Ponimes de terre provenues de celles d'Amerique pour les semer^ elles sont en terre, etj'ai une extreme impatience de voir les resultats que donnera cette dcuxieme generation. Toutefois, je n'ai pas cru devoir les attendre pour porter ces faits a votre connaissance, Messieurs, et pour vous soumettre I'idee de continuer vous-m6mes ces essais d'une maniere plus generale et mieux entendue. Personne, je crois, ne peut contester Timmense utilite qu'il y aurait a regenerer la Pomme de terre. L'acclimatation de ce precieux tubercule avait ete une immense conqu6te. Cette con- qu6te est aujourd'hui menacee jusqu'a un certain point. La culture de la Pomme de terre a considerablement diminue parce que son produit ii'est plus certain ; aussi cette denree alimentaire, qui ctait autrefois la meilleur marche, a partout double et je pourrais dire triple de prix. N'est-il pas digne de I'attention de votre Societe, Messieurs, de chercber un remede a ce mal en provoquant, si j'ose me servir de cette expression, ]a. reacclimatation de la Pomme de terre. Pcut-(Hre en tirant de nouveau cette precieuse plante des pays d'ou elle est originaire, et particulierement des hauts plateaux de la Cordillere des Andes, aux environs de Santa- Fe-de-Bogota, parviendra-t-on a lui redonner en Europe sa premiere force de production. Si la Societe jugeait ce but digne de ses preoccupations, elle serait, par ses nombreux corres- pondants qui la representent aujourd'bui sur tant de points differenls du globe, bien mieux placee pour reussir, que ne 150 SOCIETE IMPJ&RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. I'etaient les voyageurs et les savants illustres mais isoles qui ont accompli les premiers racclimatation de la Pomme de terre. Peut-6tre m6me aujourd'hui que les lieux ou elle croit naturellement sont mieux connus, obtiendrait-on des varietes nouvelles, dignes d'6tre cuUivees en Europe. Enfin, permettez-moi d'ajouter, Messieurs, que ces expe- riences seraient peu coiiteuses. En effet, a Sainte-Marlhe d'Amerique, ou le climat trop briilant ne permet pas la culture de la Pomme de terre, on en trouve en abondance qui pro- viennent precisement des plateaux des Cordiileres, ou elles se produisent naturellement, et d'ou elles sontamenees a peu de frais en descendant la riviere la Magdeleine. Or, Sainte- Marthe a des relations commerciales frequentes avec le Havre et Bordeaux. Cette ville est d'ailleurs la residence d'un consul fran^ais. II serait done facile d'y faire faire un achat de Pommes de terre bien choisies, et de les faire transporter en France au prix ordinaire du fret (1). (1) Plusieurs membres ayanl donn6 leur approbation aux vues de M. d'lvernois, son travail a ^t^ renvoy^ au Conseii eta la Section des v^g^- taux. MM. Droiiyn de Liiiiys, d^l^gu^ comme vice-president de la ?oci^t^ prfes de la Section des v^getaux, Moquin-Tandon, president de la menie Section, et Cosson, membre du Conseii, ont el^ charges de preparer un ensemble de mesures en vue de r^aliser, sur une echelle suiiisamment grande, ['importation demand^e par M. dl^ernois. R. C0MPTABILITI6 DK LA SOClfiTlfe. 154 RAPPORT FAIT AU NOH DE LA COMMISSION DE COMPTABILIT^ DE LA SOClfiTE ZOOLOGIQUE D' ACCOM AT ATION. Membres de la Commission : MM. Dupin, Ruffier, Tastbt, et Fr«d«rlc JACTQUEMART, rapportenr. (Stance du 6 fevrier 1857.) Messieurs, Votre Commission de comptabilite vient vous rendre compto des recettes et des depenses faites pendant I'annee 1856, et vous faire connaitre la situation financi^re de la Societe au 1" Janvier 1857. Eile vous presentera en m6me temps un aper^u des recettes et des depenses probables pour I'annee 1857, afin que vous connaissiez a Tavance les ressources dont vous pourrez dispo- ser dans I'inter^t de votre oeuvre. • Votre Commission, apres avoir examine avec soin toutes les pieces de la comptabilite, a Irouve partout une regularite par- faite ; elle apprecie chaque annee davantage la marche suivie par M. le Tresorier, Celte marcho vous permet, en effet, de connaitre I'importance de cbaque espece de depenses, et les sommes employees pour chaque tentative d'acclimatation. Aussi votre Commission se plait-elle a vous proposer de vo- ter des remerciments a M. le Tresorier. Afin de rendre plus facile a saisir Tensemble de notre expose, nous vous indiqueronsd'abord les resultats principaux, et nous transcrirons, a la suite de ce Rapport, la copie detaillee des ecritures. 11 y avail en caisse, au 31 d^cembre 1855 9,587 14 Les recettes pendant I'annee 1856 ont m, conform^ment au tableau n» 1, de 32,730 88 Au total, les sommes disponibles pendant Tannic 1856 ont donc^tdde ^2,318 20 152 SOCIETE IMPKRIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIM.VTATION. Les dt'pcnsos de la Socielc! pendant colic m6mc annee se sont ^lev^es, d'aprcs les dcriliues et le tableau n" 2, a. 20,5^8 21 A celle somme il faul ajouter 5,4^2 58 qui restent dus a divers, pour ddpenses faites pen- dant I'annee 1856 (tableau n" 3). Les d^penses, pendant 1856, se sont done ele- vees a un total de 25,990 79 25,990 79 D'ou il reste en caisse, au 1" Janvier 1857 16,327 23 Mais en outre il est dil a la Soci^te, d'apres le tableau a" h, une somme de 7,575 » pour int^rels echus et pour cotisations arri^r(5es, dont les Zi/5" appartiennent a Tannine 1856. Ces retards sont diis, pour une partie, ci Teloignement des membres, et par suite a la difficult^ de la perception. Si nous ne devons pas compter sur le recouvrement complet de cette somme, I'experience nous permet cependant d'^valuer, sans crainte d'erreur serieuse, les rentr^es probables h un mi- nimum de /!i,000 » Ce qui porte a 20,327 23 net, la somme dont la Socl^te peut disposer au 1" Janvier 1857, touies ses d^penses^tant payees. Un tel resultat, apres troisannees d'existence, est une preuve certaine de la vilalite de noire Societe, surtout si Ton tient compte de toutes les charges qui ont pese sur elle pendant cette premiere periode, des depenses importantes qui ont greve le present au profit de Favenir, et des sommes deja consacrees a des tentatives d'acclimatation. Aussi, pendant ces trois annees, vous avez depense : Pour votre Bulletin 20,710 » Pour voire installation dans Thdtel de la rue de Lille. . . . 6,/|23 50 Pour la gravure de votre m<5daille 1,163 78 Pour plusieurs tentatives d'acclimatations 8,000 » Savoir : Pour les Vers h soie de la Chine 811 60 Et pour ceux d'Am^rique 113 90 Pour les Yacks, dont vous poss^dez aujourd'hui 8 individus 1,567 90 Pour los Chevres d' Angora, les Ch(>vres d'fi- gypte et les Moutons karamanlis, representant aujourd'hui un ensemble de 87 tStes de b^tail . . 5,50i ZjO Pour graines, etc. • i C0MPTAB1LIT6 DE LA SOCI^IJ^:. 153 Enfin la Soci«Md, avec le concours d'un grand nombre de ses membres, a eu la satisfaciion de ponvoir odrir i la famille mal- licuroiisc du c«5K!brc pOcbciir lleini im secoiiis de 2,G7G UZ et do donner aiasi un noble exemplc, en faisant une bonne action. Nous devons rappeler ici que le Conseil a pris des mcsures, au commencement de J856, pourrendre rimpiession du Bul- letin moins coQteuse, les publications et les distributions plus regulieres. Si cette derniere condition n'etait pas remplie, nous prions instamment Messieurs les membres qui auraient lieu do se plaindre, de vouloir bien faire connailre leurs griefs au Conseil. L'annee qui commence se presente sous des auspices plus favorables encore que celle qui finit 5 car vos recettes s'accroi- tront avec le nombre de vos membres, qui s'augmente chaque jour, et vous n'aurez pas a supporter, comme en 185(5, des frais considerables d'installation. Permettez nous, Messieurs, pour vous faire partager les esperances de votre Commission, de vous presenter en quel- ques cbiffres les recettes et les depenses probables de 1 857. AperQU des recettes. En caisse au 1" Janvier 1857 et recouvremenls a faire . . . 50,327 » 1,000 souscriptions renoiivoldcy wir 1,160 25,000 » 100 souscriptions nouvelles 3,500 » Allocation du Ministre de Tagriculture 1,800 » Total des recettes probables pour 1857 50,627 » AperQU des defenses. Loyer 3,000 » Bulletin 6,500 » Appoinlcmcnis 3,500 » Impiessions, limbics, combustibles et divers, 10 pour 100 de plus qu'en 1856. . . 3,327 » Total des depenses pour 1857 16,327 » 16,327 » D'ou la difleionce eiitre les recettes (y compris Tencaisie acluel) et les depenses de rann(5e 1857 sera environ de . . . . 3/j,3J0 » A cette somme il faut ajouter les intertHs ii produire par votre reserve. 15/i SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. C'est-a-dire, Messieurs, que vous pourriez, dans Tannee 1857, consacrer 35,000 francs a des ceuvres utiles, si la pru- dence ne vous faisait pas un devoir de conserver dans votre caisse un fonds de reserve. Les ressources financieres de votre Societe ont done acquis deja une importance reelle, qui vous permettra de faire beau- coup de choses utiles, et surtout d'en provoquer bien davan- tage encore par des encouragements judicieux. Maisces ressources, Messieurs, ne sont ni les seules, ni les plus grandes qui soient a la disposition de la Societe. Pour les connaitre toutes, pour se faire une juste idee de I'avenir reserve a notre entreprise, il faut jeter les yeux sur la liste des membres de la Societe, dont le nombre s'est accru et s'accroit chaque jour avec une rapidite peu commune, par des adhesions venues de toutes les parties du monde. Nous y voyons representes la science par ce qu'elle a de plus eleve et la pratique de plus eclaire, les arts et les lettres par ce qu'ils ont de plus illustre, Tindustrie et la propriete par les noms les plus respectables, Tadministration par ses fonctionnaires emi- nents ; la marine et la guerre par leurs dignitaires les plus honores. Tous pr6tent un concours si devoue a notre oeuvre, qu'il est permis de croire au triomphe de la belle pensee qui a donne naissance a notre Societe. A toutes ces chances favorables, Messieurs , nous devons ajouter le bienveillant appui de plusieurs princes souverains, qui n'ont pas dedaigne de se faire inscrire au nombre des membres de la Societe zoologique d'acdimatation. r VERS A SOIE. 155 II. TRAYAUX ADRESS^S ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIETY. REx\IARQUES SUR LBS EXPfiRIENCES FAITES POUR AMfiLIORER L'ESPfeCE ACTUELLE DE YER A SOIE DU BENGALE Par M. J. BAHSFOBD, Esq., de Surdah (6eii);ale). Jj I (Stance du 12 d^cembre 1856.) Depuis pr^s de vingt ans j'ai consacre toute mon attention au devidage de la soie dans le Bengale, et j'ai cherche a pro- iduire un tilaussi fin, aussi parlait dans labobine et aussi bien *dapte aux usages de Findustrie europeenne que la soie fran- ^ise ou italienne. Mes heureux succes m'ont merite la medaille de la Societe des arts, pour ma qualite comparativement supe- rieure sur les autres soies du Bengale, puisque aucune d'elles pendant plusieurs annees n'a approcbe la soie Surdah de plusieurs shellings la livre. Ma bobino a de beaucoup surpasse la Chine, etelle est arrivee trespres, dans les numeros les plus (ins, des moyennes d'ltalie et pour sa valeur et pour ses diffe- rents usages, comme on pourrait s'en convaincre dans les fabriques de Lyon ou d'Angleterre. Cependant je trouve que je suis encore tres loin des plus belles qualiles de France et d'ltalie^ et dans I'intention d'en approcher de plus pres, j'ai fait venir des oeufs des plus beaux cocons obtenus dans ces deux pays, afin de les greffer sur les differentes especes de Vers indigenes ou communs aujourd'bui au Bengale; je me suis 156 SOCIETE IMPlb.IALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. aussi procure, dans le in6me hut une grande quanlite des meil- leures grairies de Chine, car les cocons chinois sont egalement superieurs a tout ce que nous avons au Bengale ; cependant la soie en est inferieure. Je desire faire connaitre le resuUat de mes efforts, dans I'espoir que d'autres pourront en profiler, et si je mepresente avec cette introduction, peut-6tre trop flatteuse pour moi, c'est pour montrer que les experiences ont ete faites par un homme pratique, qui a la direction de quarante filatures em- ployant quatre mille cinq cents hassins, et qui est ainsi le pre- mier interesse au succes de telles experiences et aux avantages qui peuvent resulter de la puhlicite de cesremarques. Pour mettre mes lecteurs a ni6me de comprendre parfaite- ment le sujet, je commencei'ai par dire que toutes nos races pro- duisant la soie a filer, dansle Bengale, nous donnent plusieurs recoltes de cocons pendant Tannee, excepte unc seule espece annuelle, d'origine iriconnueet quis'eteint rapidement. La principale espece est celle qu on a^^eWeDcssie, etcomme ce mot signifie/*«y/5, j'en conclus que cette espece est indigene. EUe fournit presque tous les cocons de la grande recolte de novemhre, ou la recolte qui se fait pendant la saison froide dansle Bengale, et donne la plus helle soie. Les cocons de cette espece sont petits et on Tappelle quelquefois Chota Poloo, Petit Ver. Dans quelques districts, on peut estimer le produit de la meilleure qualite a 10,500 cocons a pen pres, pour une livre de soie. Ce Ver reussit mieux dans les temps froids, et les cocons sont meilleurs que ceux de la recolte suivante-, mais il continue plus ou moins, dans les differentes regions, pendant toutel'annee. L'intervalle entre I'eclosion del'ceuf et I'acheve- ment du cocon est de trente-six jours environ, dans le temps froid;maisildiminuesensihlement, quandlachaleuraugmente. L'espece suivante, par ordre d'importance, est \q Madrassie ; comme ce mot signifie ne de la mer, dans lalangue du pays, j'en conclus que c'est une espece importce. On I'appelle quel- quefois Nyst7'a. EUe se reproduit toute Tannce, mais elle vit mieux dans la helle saison, depuis mais jusqu'a septemhre. Elle est tres rohuste el on I'eleve facilement et economique- vi:rs a soie. 167 mcnt. Nous obtenons de celte espece une grancJo qiiantite de cocons (le la (jualile designee sous le iiom de March et Rainy Bunds. Lc produiten csl comparalivement meilleur que celui du Bessie, puisquc 10,000 environ des meilleurscocons donnent • une livre de soie. La fibre est moins forte et nioins brillante, cependant elle produit un tres beau fil, si on la devide avec soin. Cos Vers passent si rapidenient par leurs diflerents etats, que vingt-cinq jours sufiisentde I'eclosion de la graine au com- plet developpement du cocon. Nous avons done deux especes din'orentes de Vers a soie disposees par les soins de la Provi- dence pour nos diflerentes saisons. Celle (|ui vienl ensuile est le Bo?'o Poioo, ou en frangais Grand Ver. Elle est annuelle. Je n'en puis indiquer Torigine. Elle exislait, quand la Compagnie des Indes fit veiiir des oeufs italiens, qui bientcH perirent tous. Le Boro Poioo se trouve prin-^ cipalement aujourd'bui dans le district de Radnagore, et il produit boaucoup de soie March Bunds; mais il disparait rapi- demenl. 11 se trouvait autrefois dans d'autres districts; la soie qu'on en obtenait etait tres belle et d'un produit presque double des autres cocons. Mais apres de frequentes absencesde recoltes, des eclosions irregulieres et des frais d'education trop considerables, outre que cette espece n'est qu'annuelle, les habitants du pays I'ont prise en aversion, et je crains qu'elle ne soit bientOt aussi rare, en Radnagore, qu'elle Test aujour- d'bui dans les autres provinces. Le Radnagore cultive encore une autre espece appelee China : j'ignore d'ou lui vient ce nom, puis({u'en Chine les Vers sont annuels et que celui ci ne Test pas. La forme du cocon est tout a fait diflerente, et il est tres inferieur a celui de la Chine, et m^me au Bessie et au Madrassie. Je viens d'indiquer les meilleures especes de nos Vers a soie du Bengale : j'ai montre qu'il faut 10,000 do nos meilleurs cocons pour produire une livre de bonne soie ; en France, 2,500 cocons produisent la m6me quanlite de soie. Cetle dispropor- tion enlre le produit des cocons du Bengale et ceux de I'Europe doit frapper tous nos lecteurs, et I'idee qui se presentera natu- rellement sera que, si lc Bengale pouvail produire des cocons T.IV. — Avril 1857. M 158 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d\\CCLIMATATION. egaux a ceux de France ou d'ltalie, la quanlite de Vers qu'il eleve maintenant pourrait presque suffire a Tapprovisionne- ment en soie de toute TEurope. Anime du desir d'ameliorer nos cocons, et ne pouvantdouter de la possibilite d'y parvenir, dans un pays si abondammenl fourni de muriers et de toute espece de facilites pcur I'educa- tion des Vers a soie, j'ai fait venir une grande quantite des meilleurs oeufs fran(jais, italiens et chinois, pour les grefPer sur nos races chetives du Bengale, qui naissent tous les mois. Je n'ai pas cherche a introduire une espece annuelle : car cette espece est destinee par la nature aux climats froids, qui ne font qu'une recolte de muriers dans Tannee, tandis que nos meilleurs milriers repoussent aussitot apres avoir ete tallies et nous donnent en cinq ou six semaines une recolte tres abon- dante. Dans un pays done qui est si richementet si continuiel- lement fourni de muriers, un Ver a soie annuel (qui, dans les meilleures circonstances , est toujours irregulier) n'est pas recherche et ne serait pas encourage par les habitants. J'ai done fait venir des oeufs annuels pour obtenir une recolte de cocons seulement, afm d'avoir les papillons pour les accoupler et les croiser avecnotre race mensuelle du Bengale et lui don- ner une nouvelle vigueur. Je vais maintenant expliquer Ift nature de mes experiences et leur resultat. Dans le mois de fevrier 1854, ]e regus par voie de terre une grande quantite d' oeufs des meilleurs Vers a soie fran^ais. lis avaient ete mal emballess, et cinq a six mille seulement furent bons ; quelques-uns commencerent a eclore quinze jours apres que la caisse fut ouvertepar 60 ou 70degres Fahrenheit, lis Continuerent a eclore tres irreguli^rement pendant trois mois environ par une temperature interieure de 100 degresa midi. Je traitai ces petits exactement comme ceux du pays, les nourrissant d'abord avec des feuilles de murier tendres et cou- pees tres fines, et leur donnant des feuilles plus grandes et plus vieilles, a mesurequ'ils augmentaient en grosseur et en force, lis mangerent et vinrent tr^s bien, montrant un temperament m meilleur et une nature plus robuste que nos Vers du pays. VERS A SOIE. 159 Leiirs mues se firent a des intervalles de six a liuit jours pen- dant la saison froide ; mais elles devinrent plus rapprochees, avec I'elevation de la temperature. lis les supporterent tres bien, et il en perit peu jusqu'au moment de fder. La maladie qui attaque toujours nos Vers dupays, a cette epoque, en attei- gnit quelques-uns qui moururent. II est tres rare de les sau- ver de cette maladie, car nous n'avons aucun remede ; les fumi- gations dont on a fait ordinairement usage furent essayees, mais avec peu de succ^s. Le petit nombre de Vers bien portants des premieres eclo- sions, tres grands et tres forts comparativement a la race du pays, furent places poUr filer dans des cadres en nattes dont se servent les habitants dans leurs magnaneries ; car je desirais les habituer, d^s le commencement, aux coutumes les plus commodes de ce pays. lis donnercntdfe tresbons cocons, dont quelques-uns etaient tout d fait egaux en forme, en grandeur et en solidite aux echantillons que j'avais regus avec les oeufs. lis semblaient filer aussi facilement dans nos cadres en nattes que sur les balais de bruyeres en France, et ces cadres tien- nent tres peu de place et sont beaucoup plus commodes. J'ai ete tr^s content des cocons, et les habitants furent vrai- ment etonnes^ ils n'en avaient jamais vu de pareils. Les der- niers Vers, ayant a supporter une temperature tres elevee, ne reussirent pas aussi bien : I'irr^gularite de leurs eclosions fut tr(?s incommode. En consultant les rapports de la Compagnie des Indes sur ses experiences, j'ai trouve des observations semblables sur ses oeufs italiens (mais on ri'avait jamais essaye de les croiser et de les naturaliser comme je le fais). ApreS avoir reussi jusqu'a ce point avec les cocons, je laissai les pa- pillons sortir naturellement. Ayant oblenii des papillons males et des femelles de nos races Bessie et Madrassie, j'accouplai les males fran^ais avec les femelles du pays, et le^ males du pays avec les femelles fran(;aises. La disproportion dans leur grandeur etait immense ; neanmoins les oeufs furent pondus, et les deux accouplements donnerent egalement des oeufs d'une couleur jaumitre au moment de la ponte; mais, (rois jours apres, ceux de la femelle fran^aise et du male du Bengale pri- 160 SOCIKTE IMPEIUALR ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATaTION. rent une couleiir foncee et resterent sans eclore jusqu'a Van* nee suivante, passant par notre saison la plus ehaude, avec une temperature qui s'elevait souvent a 105 degres. Ce fut mon premier desappointement. Les oeufs du male fran(;ais et de la femelle du pays resterent jaunes jusqu'au septieme jour. J'y remarquai alors une tache foncee qui se ehangea rapide- ment en couleur d'ardoise, et ils furent tons eclos le dixieme jour. Les jeunes Vers etaieiit forts et bien porlants, ils man- geaient bien •, mais leurs mues furent plus rapides, et cct effet est dCi peut-6tre autant a I'elevation de la temperature qu'au changement opere dans leur nature. Ils furent attaques, quel- ques jours avant la montee, par la m6me maladie qui avait ele si fatale a quelques-uns des Vers de la premiere eclosion. lis filerent plus lentement dans le commencement ; les cocons etaient plus laches et moins fermes que les echantillons origi- naux. lis elaient tout aussi grands, mais changes de forme, etant tres ronds d'un bout et pointus de Tautre, sans la moindre contraclion au centre, et montrant beaucoup de ressemblance avec les cocons frangais, quoique la fibre fut plus grosse et plus forte. tVetait une grande amelioration sur la race du Bengale. L'intervalle de Teclosion de ces Vers jusqu'a la montee fut de trente-quatre jours. Je gardai tous les cocons pour en accoupler presque tons les papillons entre eux, pensant qu'un premier croisement sufii- rait et realiserait mon desir d'ameliorer notre race sans chan- o-er la nature de ses eclosions. Je fus ce))endant encore bien desappointe, car le troisieme jour tous les oeufs noircirent, et ils resterent ainsi jusqu'a I'annee suivante. Le petit nombre des papillons obtenus du premier croise- ment que je n'avais pas accouples enlre eux furent accouples avec les papillons indigenes, ce qui faisait un second croise- ment pour les males franqais. Les femelles du premier pro- duit croisees avec les males du pays donnerent les m6mes resullals que la premiere fois. J'obtinsreclosion des oeufs pro- venant de raccouplement des males du premier croisement avec les femelles du pays 5 mais les mauvais temps ne me per- mirent pas d'en perpetuer la famille, car je n'en obtins pas de VKUS A son:. fCf roc'ons, et lei tut lu lesultat de ines etlbrls duns cette premiere experience pour rannee 185Zi. i Je devidai (pielques-uns des cocons purs et des cocons croi- ses que j'avais eleves ; la soie en etait tout a fait egale a la meilleure soie fran^aise. Le meilleur cocon croise, quoique change de forme, donne un produit presque aussi bon et d'une fibre aussi solide que le cocon pur. Ce changement dans la forme n'dta rien a la qualite du pro- duit ni de la bobine, malgre I'opinion contraire que Ton a dans ce cas sur le continent. Comme je Tai deja fait observer, j'eus des oeufs chinois et italiens, et le resultat fut precisement le m6me qn'avec les ceufs fran^ais. On pourrase demander pour- quoi je fis venir des oeufs chinois, quand la soie de Chine est inferieure a la n6tre. Je repondrai que les cocons chinois, quoique petits, sontinfiniment superieurs a ceux de nosespeces Dessie et Madrassie, et qu'ils sont, dans mon opinion, capables de faire, lorsqu'ils sont bien soignes, une soie aussi fine et d'un aussi grand prix que la soie italienne. Ce qui rend la bo- bine chinoise inferieure en qualite, c'est ledefautde bons soins dans la filature. .,>.:, < Je recommen^ai en 1855 avec le premier croisement fran- ?ais-italien el femelles chi noises sur nos races Madrassie et Dessie, et le second croisement male francais-ilalien et chinois sur nos femelles, qui etaient redevenues annuelles; et lorsque les ocufs commencjaient a eclore, dans le mois de Janvier 1855, je re^us encore une autre grande quantite d'oeufs frangais, qui eclosaient lorsqu'iis arriv^rent. lis etaienl en tres bon eta t, elant sorlis sur du drap et emballes a Taise. J'avais alors une si grande quanlite d'ceufs de dilYcrentes especes, qu'il elait tres difficile de les tenir a part les uns des aulres. Cependant on leur donna tons les soins possibles. L'eclosion de tons les croi- semenls continuait aussi irregulierement qu'avec la premiere importation •, et plusieurs mois s'ecoulerent avant qu'une seule serie eOt fini d'eclore. Les experiences de celte annee furent interrompues par une maladie que je fis, et qui m'obligea a aller passer quelques mois en Angleterre ; mais on obtiut beaucoup de cocons des 162 SOGIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. differents croisements, dont les papillons s'accoiiplerent d'eux- mt>nies et dorinerent des oeufs qui devinrent noirs et resterent sans eclore jusqu'a I'annee suivante. Quelques-uns des fran- gais purs se conserverent purs, mais quelques autres fureiit croises sur les croisements de I'annee precedente, et le resul- tat fut inconnu jusqu'a Teclosion de I'annee suivante. II y eut tn^s peu de difference entre les cocons de ceux-ci et ceux de I'annee precedente. Le produit de la femelle de Chine gardait toujours sa couleur premiere blanche. Mais la forme se changea en pointe des deux bouts. Le cocon etait peut-6lre plus grand et la fibre paraissait aussi forte que celle du cocon producteur primitif. II en fut de m6me de la fibre de tous les autres croi- sements. L'annee 1855 fut tres defavorable aux experiences, et des milliers de Vers perirent. A mon retour de FEurope, je trouvai une assez grande quan- tite d' oeufs des differentes especes qui paraissaient bien por- tants, et j'ai continue mes experiences cette annee (1856) avec une nouvelle perseverance. Les oeufs commenc^rent a eclore dans les premiers jours de Janvier, mais aussi irregulierement qu'auparavant. II en naissait tous les jours une petite quantite, et Teclosion ne cessa pas avant le mois de mai. Les jeunes Vers furent tous bons ; ils mangerent et vinrent aussi bien que je pouvais le desirer, et les cocons que j'en obtins furent tres beaux. J'eus done encore I'occasion de les comparer avec les cocons frangais purs eleves par moi en m6me temps que les differents croisements. La difference etait en faveur des cocons purs ; mais les cocons croises etaient tres superieurs a ceux du Bengale, et ceux que je devidai dans la filature donnerent une tr^s belle soie et en quantite plus que double des cocons ordinaires du pays que nous devidions alors dans nos ateliers. Je supposai que j'avais telleraent reduit la nature originale par les croisements frequents que les Vers s'assimileraient maintenant dans leurs habitudes aux Vers du pays, et je ne les reduisis plus par de nouveaux croisements, mais je laissai les papillons s'accoupler entre eux. Mon etonnement fut done grand, lorsque je trouvai que la plupart des oeufs, trois jours apres avoir ete deposes, noircissaient deja, indiquant qu'ils VERS A SOIK. 163 contenaieiit encore trop d'elemeiit IVangais. Quel(|ues-uns res-» tereiit uoirs et ils eclosaieiit dix jours apres. Je ne coiuprends pas comment on peut explicjuer ce caprice de la nature, par rapport au reste ; niais je ius encore plus surpris dans la suite. II faut natureilement attendre jusqu'a I'annce prochaine pour voir le resultat des oeufs nojrs ; mais ceux qui s'ouvrirent me donnerent Lien assez a faire pour le moment, et je les veillai et les soignai avec le plus granj interOt. Les jeunes Vers paraissaient bien portants, mangeaient et venaient bien ; le moment arrive, ils donnerent des cocons. Leur couleur blanche sulfit pour faire reconnaitre Telement chinois ; mais la qualite superieure de la fibre et la nuance plus claire de quelques-uns d'entre eux, avec moinsde filoselle que dans nos cocons ordinaires, denotait le croisement frann t;ais et italien. Je fus assez satisfait de cette recolte, et j'esperai que mes travaux avaient reussi •, je fus done bien surpris lorsque, apres I'accouplement, je vis plus de la moitie des nouveaux ceufs redevenir annuels, quoiqu'il y eiit eu nn changement complet dans leur nature ^ ay ant eclos en Janvier, ayant donne des co-t cons en fevrier, etant sortis al'epoque ordinaire, s'etant accou^ pies et ayant depose des oeufs qui elaient eclos dix jours apres, ils retombaient maintenant dans Jeur nature primitive pour n'eclore qu'au mois de Janvier procbain (1857). Ce fait me semble bien extraordinaire. J'oblins de ceux qui etaient eclos une autre recolte de bons cocons, et je distribuai leurs ceufs dans differentes parties de i'lnde. Chose etrange ! un grand nombre de ceux-ci reprirent le caractere de Vers annuels. Le petit nombre qui m'en resla fut , a cause du mauvais temps qu'il fit au moment de la montee, tres reduit en force et en qualite. lis me serviront a continuer mes experiences. Nous sommes maintenant au milieu des pluies : c'est la plus mau^ vaise saison pour les cocons ; cependant je les conserve tou-r jours, et je leur donne le plus grand soin. Ce qui en.resultera definitivement sera Tobjet d'une seconde communication. J'ai plusieursUvr^sd' ceufs de» tlJLfl'ereuls CToi semen Is ^ccmsej-r I6il S0Clf:7E I.MPKUIALE ZOOLOGIOIK !)' ACCLIMAT VTION. vant toLijours le caraclere dcs Vers annuels. Comme j'ai passe trois ans a essayer, mais iniililement, de greffer sur notreraco un element superieur pour la fortifier, je me sens decoiirage, et je serais bien heureux d'avoir Fopinion dcs naturalistes sur la possibilite d'atteindre le hut que j'ai en vue et Ics moyens a employer pour y parvenir. Je suis bien persuade qu'il est possible d'ameliorer nos Vers a soie du Bengale par un meilleur traitement, et je ne doute pas que ceux de I'Europe ne soient arrives a leur etat de per- fection actuelle par les soins et les educations. Les superbes cocons que j'ai vus a I'Exposition fran(:aise prouvent ce que I'art et une education soignee peuvent produire. On dit que les Vers a soie ont ete primitivementimportes de la Chine. J'ai vu dernierement des specimens des meilleurs cocons domestiques qu'on eleve maintenantdans ce pays, et les cocons ordinaires de TEurope sont plus que doubles en grosseur et pour le poids de la soie. Cela prouve clairement que le Ver a degenere dans son pays natal, ou bien que c'est rhabilite des Europeens qui a opere cet immense progres dans sa nature et dans sa consti- tution, et e'est ici, je crois, qu'est la veritable cause de perfec- tion. La difference essentielle du cocon est dans sa grosseur. La forme est a peu pres la m6me 5 je ne parle toutefois que des cocons de Chine blancs. * En Syrie, les cocons sont presque egaux aux cocons fran- ^•ais pour la grosseur et la qualite, et comme le climat de la Syrie ne differe pas beaucoup de celui du Bengale, dans notre saison seche, je ne vois pas de raison pour que nous ne puis- sions produire d'aussi beaux cocons. Des croisements lents et repetes peuvent etre necessaires pour accompUr ce change- ment-, mais peu importe le travail que cela demanderait; I'im- mense amelioration dans la qualite et dans le produit, qui en resulterait sans aucun doute, dedommagerait amplement de la peine et de la depense, et comme cet avantage serait un bien public, le gouvernement et le public devraient encourager I'entreprise. Je suis pr6t a olfrir des oeufs a quiconque serait dispose a marcher dans cette voie : car plus les experiences seront dis- VKSS A SOIK 165 persofs, phi? il y aura de clumces de succes. Jc lie suis pas cer- tain (jue les races de Vers a sole doniestiqiies actuellcs n'ont pas ete d'abord sauvages et nourries de loute autre feuille que celle du niiirier. Les for6ts de I'liide abondent en difierentes especes de Vers a soie se nourrissant de toutes sortes de feuilles. C'est le hasard peut-(>tre qui a conduit au choix du niLirier, et c'est certainement la nourriture la plus propre a donner une soie douce et facile a devider. Je n'ai pu faire d'experiences sur aucune esp6ce de Vers a soie sauvages, excepte sur le Bombyx Huttoni ; mais je crois (juMI est possible de domestiquer un grand iiombre d'especes sauvages, en cbangeant leur nourriture, pour leur faire pro- diiire une soie moins dure et moins crue que celle quMIs don- nent actuellement, et des cocons dont on obtienne le fil plus facilement sans Taide d'alcali ou d'autrcs substances cliimiques, exactenient comnie le fait le Ver domestique. La Societe zoolo- gique d'acclimatation opere des changements surprenants ; pounjuoi ne ferions-nous pasdem^me a I'egarddu Vera soie? Je ne vois pas de raison pour le contraire. Coinme ce travail pent tomber entre les mains de personnes pratiques en Europe, qui pourraient 6lre disposees a aider une bonne cause, j'ajouterai quelques jemarques sur la maniere d'elever les Vers a soie, pratiquee ordinairement par les natu- rels du Bengale. Je ne sais si, en remediant h leur mauvais sys- teme, on ne pourrait pas peut-6tre ameliorer tellenient notre race actuelle de Vers, que Timportation des races etrangeres devint completement inutile. Ces remarques mettront nos lec- leurs a m^me de se former une opinion sur ce sujet : mais je dois dire que les natuTels sont d'une indilference opiniatre pour tout ce qui regarde des ameliorations qui entraiiient de la depense et deinandentdu travail ; ils sont presque aussi inebranlables dans leurs prejuges que les Pyramides. Si les cliangements avantageux ne peuvent s'effectuer de la maniere la plus simple et la moins couteuse, j'ai peu d'espoir qu'ils les tentent ou qu'ils y persistent. D abord j'essayerai de decrire le milrier etla maniere de le cultiver. L'espece qu'on cullive principalement ici eslj'espece 166 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. noire sauvage, a feuille dentelee ou non dentelee. Plantees sans distinction, quelques boutures des deux varietes forment un buisson ; et ces buissons, disposes en lignes a un pied de distance environ, couvrent de grandes etendues de pays. Les naturels s'inquietent fort pen de cboisir I'espece et d'essayer celle qui convient le mieux au:3^ Vers. lis se contentent de dire qu'ils suivent les coutumes de leurs peres, et cela leur suffit. lis donnent beaucoup de soins a la culture des muriers, et les terres bien preparees leur fournissent, pendant Tannee, plu- sieurs recoltes de feuilles extraordinairement abondantes. On taille chaque fois les muriers a fleur de terre, et, apres qu'on a laboure un peu tout aulour, ils repoussent tres rapidement. Oq hache les feuilles tres menues poqr les jeunes Vers ^ on leur donne ensuite les tiges telles qu'on les apporte des 9Jh?^i[nps. : Autant que je puis juger du miirier, celui-ci est aussi bon pour la nourriture des Vers et la production de la sole que le grand murier d'Europe. Les Vers frauQais et italiens que je nourris avec ses feuilles donnerent des cocons tout aussi bons et m6me meilleqrs que les specimens qui accompagnaient les CBufs. Le murier coute tres cher, etles naturels sont portes a ne iiourrir qu'a moitie et a rationner leurs Vers en consequence, ce qui fait naturellement beaucoup de tort aux cocons. La quantiteleur suffit; ils regardent peu a la qualite. II y a un grand choix a faire dans les Vers a Tepoque de I'incu- bation, mais les cocons sont presque les m6mes partout. Quant a la qualite, il y a peu de difference dans une partie oul'autre du Bangale, Les Vers fdent presque tous les jours de I'annee •, mais, pendant la saison pluvieuse, on en el6ve moins dans les terrains bas que pendant toute autre epoque, parce que les miiriers sont souvent exposes aux inondations, et aussi parce que la recolte du Riz, dans cette saison, demande plus d'atten- tion. En ce moment, 15 septembre 1856, la plupart des mii- riers dans le Bengale et beaucoup de filatures sont a quelques pieds sous Teau •, Tinondation commence a cesser depuis le mois de septembre jusqu'a la fin d'octobre. Le murier est alors taille et jete, et les terres sont bientCt dans un etat avance de VERS A SOIE. 167 culture. Au commencement tie novembre,' la plupart des ele- veurs se procurent des cocons dont ils obtiennent la graine pour la recolte de novembre, la plus importante de I'annee. On ne vend pas les oeufs ici comme en Europe. On vend les cocons au lieu de graines, les eleveurs accouplent les papillons et les trailent comme ils I'entendent. Ils n'ont pas de systeme fixe. Quand les cocons a graines sont cbers, les bons et les mauvais sont tous egaux pour eux. Ils ne les cboisissent jamais et les payent tres cher ; ils ne sont pas assez riches pour en perdre, d'apres leur raisonnement. Les maisons ou on el6ve les Vers k sole, au Bengale, ont des murs en terre ou en natte et sont couvertes en paille. Elles sont ordinairement tres petites, et malgre Texcessive chaleur, elles n'ont ni fen^tres, ni ventila- teurs, ni rien autre chose pour eclairer I'interieur qu'un gril- lage tres fin servant de porte. Ils sont indifferents a la lumiere et a la temperature, surtout a la lumiere, et il y a une raison pour cel?i ; car sans ce paravent de Ireillage, les mouches en- treraient g\ detruiraient tous les Vers en deux ou trois jours ; et meme, avec cette precaution, les mouches entrent par mil- lions tous les ans en penetrant dans la chambre a Fheure oil on leur donne a manger. Plus d'une collection de cocons, bons en apparence le soir, ont ete trouves detruits le matin par des vers qui en sortaient, provenant d' oeufs deposes sur les Vers a soie pendant la montee. Dans les temps les plus froids, j'ai quelquefois vu faire du feu a la porte de ces maisons, niais tres rarement, et il est douteux que cela soit utile dans des bati- ments si mal aeres. Les variations de la temperature au Bengale sont tr^s consi- derables dans le cours de I'annee, et souvent m^me dans les vingt-qualreheures. Elles sont frequemment de 20degres tout d'un coup. On n'essaye pas d'egaliser la temperature dans les maisons remplies de Vers, sans air necessairement et donnant une odeur pernicieuse. La faculte qu'ont nos Vers a soie de pouvoir survivre a tant de conditions defavorables prouve faci- lement la rusticite de leur nature. Les Vers etant ainsi mal nourris, eleves en masse dans des maisons mal aerees et malsaines, ne peuvent gu6re nous faire 1(58 SOCIETli IMl'EUIALE ZOOLOGIQLK DACCLIMATATION. esperer de nieilleurs cocons, et cependant quelques eleveurs independants et soigneux nous donnent parfois une assez bonne qualite; car 15 livres de leurs cocons, on 9,500 cocons environ, peuvenl produire unelivre de tres bonne soie devidee ; mais cbaque lol de cocons varie tellement en qualite, qu'il est impossible de fixer une moyenne. Les eleveurs sont generale- inent des gens tres pauvres, et la plupart produisent rarement plus de 100 livres de cocons chacun. Beaucoup niOime en font moins, et trop souvent ils depassent leurs moyens et affament leurs Vers pour arriver a ce chifl're. Le traitement qu'on fait subir aux cocons avant de les devi- der est extr^mement mauvais : on les expose ordinairement au soleil jusqu'a ce qu'ils soient durs. On les met alors dans un four, puis on les expose encore au soleil, et la gomme subit ainsi des cbangements funestes. La couleur se fane, la fibre perd de sa force, I'elasticite en est detruite, et les cbrysaiides sent tellement dessechees, qu'elles ne sont plus assez lourdes pour tenir le cocon lorsqu'on le devide. II en resulte que le fil se detacbe moins proprement, et quant a trier les cocons ou a en enlever la filoselle, on ne s'en occupe nullement, celaredui- rait le produit. Cette coutume passe d'une generation a une autre, et j'ai eu la plus grande difficuUe a la modifier dans la filature de Surdah ^ je suppose que les autres Europeens ont eprouve les memes diificultes dans leurs etablissemenls. Les Europeens n'elevent jamais de Vers a soie dans le Ben- gale, ce travail est enlierement abandonne aux naturels, et nous sommes obliges de les faire acheter par des intermediaires qui vont pour cela de maison en niaison. Je demanderai la permission de terminer par une petite digression sur la nature pbysiologique de la soie. La soie est entierement une gomme ou une substance gluti- neuse. Je I'ai extraite de plusieurs centaines de Vers, a leur dernier age. Elle est deposee des deux cotes du Ver, dans deux cylindres formes de trois couches ou replis epais vers le milieu et effiles aux deux extremites, mais beaucoup plus a Textre- mite posterieure, ce qui expli(|ue que la fin du cocon donne un fil d'une couleur beaucoup plus belle et plus claire. Cette I VERS V SOIK. 169 gomme, aussitot qu'elle est extraile du Ver, peut ^Ire pressee et moulee dans toutes les formes ; elle est tres elastique, mais Ires fragile; Toxposilion a Tair lui donne de la force et fixe le lil dans la proportion du cylindre, large an centre et effile aux deux bouts. Si vousTexposez aux rayons du soleil, la matiere gommeuse molle et transparente devient friable et peut 6tre enlevee ou divisee, laissant la gomme lixe sous la forme d'un fil epais, fort (s'il n'est pas trop expose au soleil) et legerernent elastique. Au moment ou I'insecte va filer, les deux cylindres s'unissent en une seule ouverture, et la matiere gommeuse est degorgee par le Ver en un fil continu. La partie la plus gluante de la substance soluble fixe le fil aux rameaux d'abord, puis sonde les fils les uns aux autres ^ dans la formation du cocon, les mouvements de la t6te du Ver obligent cette substance a sorlir des cylindres. La nature particuliere de la secretion du Ver et les mouvements de sa t6te lui permettent d'etirer la gomme soyeuse a mesure qu'il Textrait de son corps dans un etat de douce cbaleur, en un fil d'une longueur considerable ; le contact del'air le rend dur et le fixe immediatement ; mais cet effet ne peut 6tre produit que par la gomme plus soluble. Ces deux gommes presentent deux matieres essentiellement dilTerentes : Tune peut 6tre dissoute si on la fait bouillir dans une solution d'alcali avant que Tautre prenne une teinte par- faite, mais cette solution n'attaque pas la gomme fixe, ou le fil de sole ; il faut, pour le rendre soluble, un agent chimique plus puissant. Cette matiere est soluble, et Tart pourrait faire que les vieilles robes de sole fussent un jour employees pour tisser et produire de nouvelles etoffes, comme nos amis du Yorksbire le font avec les vieilles laines et les cbiffons de drap. 170 SOCIETY. IMPERIALS ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOTE SUR LA CULTURE DU CERFEUIL BULBEUX AMELIORE , Par M. LAFFILET, Secretaire du Cornice agricole de Melun et de Fontainebleau. PRESENTEE A LA SOClJET^ PAR M. DROUVji DE LHUYS. Stance du 6 f6vrier 1857. *', , . Messieurs, Votre attention a deja ete appelee sur »jn nouveau legume, le Cerfeuil bulbeux 5 je viens neanmoins aujourd'luii vous prier de vouloir bien recevoir ma communication : elle confirmera quelques-unes des indications deja fournies et vous permettra de rendre justice a Un horticulteur qui, silencieusement et sans courir apres un succes precipite, a ameliore ce legume et lui a assure une place distinguee dans nos potagers. Le Cerfeuil bulbeux {Chcerophyllum bulbosum de Linne) est repandu dans differentes contrees de I'Europe; M. de CandoUe le signale dans sa Flore fran^aise, et Touvrage si estimable du bon Dubois, d'Orleans, refondu par M. Boitard (3* edition de 18A0), rindique egalement comme plante propre a I'Alsace. Nous n'avions done pas a nous preoccuper de son acclima- tation •, il suffisait de I'ameliorer, et c'est vers ce nut qu'ont ete diriges les efforts de M. Vivet. En Hongrie et dans certaines parties de I'Allemagne, le Cerfeuil bulbeux est , depuis longtemps deja , utilise comme plante alimentaire. En France, nous ne sommes pas aussi avances, etd'assez vives repugnances se sont meme manifes- tees des son apparition, en 18/i2. Jugez-en plutot, Messieurs, par ce qu'en disait M. Vilmorin dans le Bon Jardinier de 18Zi3. Je cite textuellement : « M. Lissa a presente en 18/|2, a la Societe d'horticulture, j> des bulbes etdesgraines de Cerfeuil bulbeux, cultive, a-t-il CEUFEL'IL BLLBELX. '• 174 » (lit, en Allemagne comme legume. II en avail precetlemment » repandu des graines dans le commerce de Paris. Nous eh » avons fait I'essai et avons reconnu que la plante produisait » a son pied un petit nombre de tubercules, de la grosseur » d'une noix et au-dessous. C'est jusqu'a present tout ce que » nous pouvons en dire de certain. Nous pensons, avec M. le » redacteur des Annales ({''horticulture^ qu'attendu la quality » veneneuse d'un assez grand nombre d'ombelliferes, il sera » prudent, jusqu'a plus ample information, de ne faire usage » de celle-ci, comme aliment, qu'avec circonspection. * II est evident pour ceux d'entre vous. Messieurs, qui ont goOte le Cerfeuil bulbeux, que les apprehensions de M. Vilmo- rin, en 1843, etaient un peu exagerees; et je crois pouvoir aflirmer qu'il n'est pas dans nos potagers Un seul legume dont le goOt soit plus fin, plus sucre, ni plus agreable ; je puis m6me dire qu'il n'en est pas d'une digestion plus facile. En effet, une de mes clientes, madame la comtesse de L..., atteinte d'une bronchite chronique tres grave, a pu pendant six mois se nourrir exclusivement de legers potages et de Cerfeuil bul- beux, alors que tout autre legume, et m6me tout autre ali- ment, n'etait pas digere. Quant au developpement qu'atteignaient en 1842 les bulbes de notre Cerfeuil, il est egalement bien modifie. M. Vivet en a recolte, en 1856, variant de poidsde 195 a 215 grammes. Celles que j'ai I'honneur de mettre sous vos yeux aujourd'hui doivent 6tre rangees parmi les tubercules moyens ; les echantillons les plus remarquables ont etc exposes a la Societe imperiale d'bor- ticulture et n'ont pas ete rendus, Comment ont ete obtenus ces produits amelior^s? Par la patience et la culture intelligente de M. Vivet, qui, depuis 1849, epoqueouM. Jacques, ancien jardinier-chef du domaine de Neuilly, lui donna de la graine, a soumis cette plante a des soins tout particuliers. Ainsi, cliaque annee, les plus grosses bulbes ont ete choisies pour porte-graines, et M. Vivet a recolte sur chaque pied les graines des ombelles terminales, qui mOris- sent toujours les premieres et qui sont generalement mieux conformees. De 10 grammes, le poids moyen est arrive a 172 SOCIETY. JMPKRIALE ZOOLOGIQLIE d'aCCLIMATATION. /iO grammes, puis a 100 grammes, et, en 1856, a 130 gramm. Ces bulbes ressemblent exactement, pour la forme, a nos ca- roltes courtes halives. Messieurs, les fails que j'ai Thonneur de vous signaler se sont produits sous mes yeux: comme Secretaire du Comice agricole de Seine-et-Marne, j'ai suivi depuis huit ans les expe- riences de M. Vivet, etje puis en temoigner. Apres avoir con- state que les recoUes successives, loin de se dementir, ne fai- saient que s'ameliorer, je crus devoir signaler les avantages du Cerfeuil hulbeux a quelques personnes , entre autres a des membres de la Societe imperiale et centraled'agriculture, qui en gouterent, et on me demanda, sur la culture de ce nouveau legume, une Note quifutpubliee dansle Journal d' Agriculture pratique de mai 1856. Si vous daignez me le permettre. Messieurs, je vais vous donner lecture des passages de cet article qui n'ont pas trouve place dans cette communication ; je completerai ainsi les ren- seignements qui me paraissent utiles a connaitre sur la culture de cette plante. Tous les sols se pr6tent a la culture du Cerfeuil bulbeux •, il suffitque la terre soil bien preparee et grasse d'une fumure non recente. Les terrains un peu bumides sont cependant plus favo- rables au developpement de ce legume. On seme a la fin d'aout ou dans le courant de septembre, aussilot aprcs la maturite des graines. L'observation a prouve que les semis faits au printemps ne donnaient aucun resultat dans la memo annee, et que tout retard dansl'ensemencem^nt, apres la maturite des graines, etait prejudiciable a la levee et a la vegetation. Le Cerfeuil bulbeux est seme en rayons ou en plancbes, et la graine est repandue a la main dans chaque rayon ou jetee a la volee; il faut lierser et marcher. On la recouvre aussitot de terreau, mais tres legerement toutefois. Les rayons sont se- pares de 0"',20, et Ton doit avoir soin de ne pas semer dru. II n'y a pas de precautions a prendre contre les rigueurs de riiiver. La levee n'a lieu qu'a la iin de fevrier ou dans la pre- miere quinzaine de mars. Toute la culture, a partir de ceUe 1 <:EnFKUrL BULBEIX. 173 epofjue, n'cst autre que celle tie la carotte. Dans le courant de jiiin. on peut coinnicncer a arracher pour le besoin de la taille; mais ce n'est qu'a la mi-juillet que la recolte complete doit 6tre faile, et mi^me plus tard, si acette epoque les feuilles iie sont pas tout a fait uiortes. Les bulbes sont mises en cave ou en silos, comme les carottes •, elles se conservent ires bien d'une annee a Taulre. Les porte-graines ne sont mis en terre que Tannee suivante, dans les premiers jours de mars, line seule bulbe donne assez de graines pour ensemencer dix ares, t/f^y .; - , Dans Tassolement, une precaution est a prendre : e'est de ne point faire succeder le Cerfeuil bulbeux au Celeri. Notre nouveau legume leve bien , il est vrai ; mais bientdt il fond, pour ainsi dire, et disparait completement. On doit surveiller les jeunes plants, a Tepoque de la levee, pour les garantir dcs atteintes des locbes , des colimaQons et des araignees. Les jours d'humidite, si frequents en mars et en avril, font apparaitre les premiers ennemis ; c'est surtout par les journees de grand hale que I'araignee est a redouter. II n est pas de legume que Ton cuise plus facilement : quel- ques minutes sufiisent. On peut lui faire subir toutes les pre- parations que Tart culinaire a preconisees pour la Pomme de terre. L'analysechimique a demontre que le Cerfeuil bulbeux con- tient plus de 20 pour 100 de fecule, tandis que la meilleure yariele de Pomme de terre donne de 14 a 16 pour 100 au plus. Enfin, en tenant comple des autres substances alimentaires existant dans la bulbe de notre nouveau legume, on peut affir- mer qu'il est, a poids egal, beaucoup plus nourrissant que la Pomme de terre, dans le rapport de 3 a 2. M. Vivet a eu I'idee de faire cuire dans de Teau bouillante quelques tubercules qu'il a reduits en forme de pates ; il en a prepare une sorte de vermicelle qui est tres bon employe pour potage ou puree. Le rendement obtenu par M. Vivet a ete en moyenne de deux litres par metre carre, soil en poids de i^ybO, ce qui, pour riiectare, donnerait a la mesure 200 hectolitres, ou en T. IV. — Avril 1857. 12 ffif SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM\TATION poids 15,000 kilos. Si ce resultat etait un jour acquis a la grande culture, on aurait resolu un important probleme 5 M. Vivet veut tenter cette solution et semer le Cerfeuil bul- beux en grand dans un sol bien fume et prepare comme pour la culture des Pommes de terre. D'apres cette lecture, j'espere que vous reconnaitrez, Mes- sieurs, que M. Vivet a rendu un veritable service a I'horti- culture : 1° En ameliorant une plante potagere dedaignee a tort jus- qu'ici, et en I'amenant a un poids moyen de 130 grammes, avec des echantillons pesant jusqu'a 215 grammes; 2° En repandant a profusion, avec desinteressement, des graines et des bulbes porte-graines ; 3" En indiquant le premier tout le parti que Ton peut tirer d'une plante riche en fecule, pour obtenir des pates analogues a celles deja repandues dans le commerce. Les efforts de M. Vivet ont deja ete apprecies par plusieurs Societe^, et je crois devoir vous signaler les medailles que lui ont decern^es les Societes d'horticulture de Pontoise, de Meaux, de Melun et de Fontainebleau, et enfin la Societe imperiale d'horliculture de Paris. Est-ce trop vous demander, Messieurs, que de vous prier d'ajouter vos encouragements a ceux que ce raodeste jardinier a deja re^us, et de vouloir bien, en recompense des succes qu'il a obtenus dans la culture du Cerfeuil bulbeux , le nommer membre correspondant de votre association? Ce serait poui* M. Vivet le plus grand bonneur auquel il ait aspire, et pour moi ce serait une douce satisfaction, puisque je pourrais me leliciter interieurement d' avoir fait une bonne action en vous signalant un jardinier modeste et intelligent. lull. '- ,'fi A rROCfci-VKRlUUk'. * ' I9» UI. EXTRAIT DES PROCESYERBAUX DES SfiiNCES G£N£RALtS DK LA SOClfilE. STANCE DU 20 MARS 1857. wl Pr^sidence de M. Geoffroi Saint-Hilaire. M. le President proclanie les nonis des membres nouvelle- nienl admis : S. A. le prince d'OLDENBOURO, president de la Societe eco- nomique de Saint-Petersbourg. MM. Armaill£ (le comte Louis d'), k Paris. BiEARN (le comte Henry de), a Paris. BoNFORT (Charles), colon a Oran, fondateur et proprie- taire des bergeries de Ten-Salmet (Algerie), a Paris. BouRCiER (Jules), ancien negociant en soies, ancien Consul de France a Qmto, a Paris. Carini (le prince de), envoye extraordinaire et niinistre plenipotentiaire de S. M. le Roi des Deux-Siciles pres la cour de Londres. " Chaperon (Charles), negociant, a Bordeaux. CiSTERNE (le prince de la), a Paris. CoRTESi (Jean-Baptiste), proprietaire, a Chiari, province de Brescia (Lombardie). Delisse (Thomas), proprietaire, a Bordeaux. DuPERREY, membre de Tlnstitut, ancien commandant de I'Expedition autour du monde de la Coquiiie, a Paris. EsTOiLLE (le comte Max. de L'), proprietaire, president de la Societe d' emulation de I'Ailier, a Moulins. Favard (Eugene) , proprietaire, a Paris. Galbert (le comte de), a La Buisse, par Voiron (Is^re). GASCHET(Aug.), proprietaire, a Martillac, pres Bordeaux. Geoffroy (Fran^ois-Auguste) , proprietaire, a Belcour, pres Saint-Denis-en-Val (Loiret), eta Paris. 176 soci6te imperiale zoologique d'acclimatation. GiOT, proprietaire et fermier, a Chovry (Seine-et-Marne). Gramont d'Aste (le comte de), a Paris. Halt (Marc de), president du Cornice agricole de I'arron- dissement de Provins (Seine-et-Marne), et a Paris. HiRiGOYEN (le docteur), a Bordeaux. IvoY (Jules), proprietaire, a Bordeaux. Kheredine (S. Exc. le g-eneral), Ministre de la marine de S. A. le bey de Tunis. Las Cases (le comte de), membre du Conseil general de Maine-et-Loire, ancien officier de la marine, a Cha- lonnes (Maine-et-Loire) et a Paris. Lewshine, conseiller prive, adjoint du Ministre dePinte- rieur, vice-president de la Societe economique, a Saint- Petersbourg. Lespinasse (Gustave), proprietaire, a Bordeaux. L^viEiix(le docteur Charles), secretaire general du Conseil d'hygiene et de salubrite de la Gironde, a Bordeaux. Manzoni (Alexandre), proprietaire, litterateur, a Milan. Manzoni (Pierre-Louis), proprietaire, a Milan. Marchant (le docteur Leon), a Bordeaux. t Marco del Pont, a Paris. y. Martin-Moreau (Jean-Baptiste), proprietaire, ancien de- pute, notaire honoraire, a Paris. MiLLON, pharmacien principal a Thopital du Jardin du Dey, a Alger. Pajol (le baron), lieutenant-colonel au 1" de carabiniers, a Paris. Passy (Felix), conseiller maitre a la Cour des comples, a Paris. Pelon (Hippolyte), a Paris. -^ RocHussEN (S. Exc. Mgr), Ministre d'Etat, ancien gouver- neur de Java, a La Haye (Pays-Bas). RossEY (Henry), avocat, a Paris. Rlfz de Lavison (Etienne), ancien maire de Saint-Pierre et president dn Conseil general de la Martinique, professeur agrege de la Faculle de medecine de Paris, membre correspondant de TAcademie de medecine, a Paris. pnOCfeS-VERBAl'X. 177 SvBAirKR (rahlx!), professeiir a la Faculte de theologie de Bordeaux. Sch(«:nefeld, secretaire dela Societe de botanique, a Saint- Germain-en-Laye et a Paris. -i?> ' Sevrkt (Rene de), ancien magistrat, a Saint-lGeorges-de- la-Garde, pres Chemille (i\Iaine-et-Loire), et a Paris. Teissier-Ducros, proprietaire, a Paris. Tessier (Hippolyte), a Bordeaux. Verneuil (Edouard de) , membra de l' Academic des sciences, a Paris. ViALARD (le baron de), proprietaire, a Alger. Weddell (le docteur Hugues), aide-naturaliste de bota- nique au Museum d'hisloire naturelle, a Paris. — Sur la proposition du Conseil , Tadmission de la Societe d* agriculture de I arrondissement de D6le du Jura, celle de la Societe d' agriculture du departement de la Haute-Garonne ^ et celle de la Societe sericicole pour la Pologne, siegeant a Varsovie, sont mises aux voix et prononcees a I'unanimite. — M. le President informe la Societe de la mort d'un de ses membres, M. le baron L.-A. d'Hombres-Firmas, membre cor- respondant de la Section d' Economic rurale de I'Academie des sciences, et qui a succombe a Alais, dans sa quatre-vingt- uni^ine annee. — M. Paul Gaimard remercie la Society de sa nomination aux fonctions de Secretaire pour la correspondance a Texterieur. — Des remercimenls sont adresses par M. Schlumberger pour la recompense qui lui a ete decernee , et par MM. de Besson des Blains, le comte de Bondy, le prince de Carini, le general Kheredine, Alph. Liazard, pour leur admission. — M. Drouyn de Lhuys communique une lettre de M. Ro- cbussen, Ministre d'Elat des Pays-Bas et ancien gouverneur des Indes neerlandaises, qui propose de conferer le litre de membre et les fonctions de Delegue a M. G. Wassink, colonel, cbef du service sanilaire dans les possessions neerlandaises a Batavia. La Societe adhere a cette proposition, et ses remer- cimenls seront transmis a M. Rochussen pour le zele bienvcil- lant dont sa letlre porle le temoignage. ^78 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — Des lettres relalives a Fenvoi du Riz sec et a dE|s de- irandes de divers vegetaiix sont ecrites par la Societe cf Agri^ culture et des Arts de Seine-et-Oise, ainsi que par MM. J. -J. Bardoux, Billy-Noiset, Dupuis, le comte de Fontenay, Grabeuil et Mennet-Possoz. Ces demandes sont renvoyees a I'ex^men de.ia o'Section. — Une petite caisse contenant des graines et echantillons de cotoTi de Siam, expediee par 31. de Montigny, est annoncee par M. FIury-Herard , qui intoriue de la part de notre confrere que les tubercules d'Ignames offerts par lui ne sont murs a Siam qu'a la fin de decembre ; qu'en consequence, ceux qu'il a fijjvoyes et qui ont ete arracbes dans les for^ts, ou ne sont pas arrives a leur developpement, ou sont des tubercules de I'an- iiee precedente. M. de Montigny invite done a ne pas formuler de jugement sur ces tubercules, mais a les multiplier avec le plus grand soin. '— M. le President renvoie a I'examen de la 5* Section des liapports sur la culture de I'Igname et des diverses plantes de la Chine, et qui emanent de MM. de Jolivette (de IVIoulins), Jply (de Toulouse, d'apres M. Cloz ), de Lacoste (de Bor- deaux), le vicomte de Saint- Julien Muiron (de Lausanne) et Turrel (de Toulouse). — M. le vicomte de Saint-Julien Muiron appelle I'attention de I'Assemblee : 1° sur I'utilite, comme plante alimentaire, du Souci des Marais {Caltha, vel Populago palustris), dont on mange, en Suisse, dit-il , les jeunes pousses crues ou cuites ; 2° sur la possibilite signalee par certains eleveurs d'obtenir a volonte de jeunes animaux, males ou femelles, suivant que la Vaclie est presentee au Taureau completement traite, ou, au cpotraire, avec les pis pleins de lait. ^\__ M. Piddington adresse de Calcutta, dans une caisse fer- mee, dite a la Ward^ un certain nombre de pieds de la plante nommee Gynocardia odorata, Rob. Brown ( Chaulmoogra odorata, Roxburgh), de la famille des Pangaciees, voisine des Bixacees, et dont les fruits contiennent des pepins qui four- nissent une huile tres rechercbee dans I'lnde pour le traite- ment de la lepre. Des pepins sont joints a cet envoi. IMIOCKS-VEHBAUX. 179 — M. Sacc li'ansinel ties details sur les heureux resultats qu'il a obtenus, cette annee, dans la culture du Chervis, qui convieiit surtout, dit-il, a nos terres legeres et humides (voir Bulletin, t. II, p. 561). — M. Belhomme, chef du Jardin de culture a Metz, fpit par- venir des ecliantillons des couleurs que lui ont fournies des substances tinctoriales qu'il aextraitcs des plantes suivantes : Monarda didytna^ Ribes nigrum, Atropa belladotm^ Coreop- sis tinctoria (var. purpurea)^ Escholtzia crocea. Ces echantil- lons et la lettre qui les acconipagne sont renvoyes a Texamen de la 5« Section. — M. Sileoni soumet a TAssemblee des tubercules des Arum italicum et maculatum, ainsi qu'un echantillon de Ta-s niidon qu'il en obtient. Ce produitestsoumis a I'examen d'une Comnussion composee de MM. Chatin, deLucaetL. Soubeiran. — M. Chatin lit une Note sur la Peche de Tullins (Isere), aussi nommee P6che Michal, P6clie Barral, P6che d'Egypte el P6che de Syrie. — Un ouvrage sur la Culture des peckers^ public et presente par M. Lacliaume, est remis a M. Drouyn de Lhuys, afin que notre confrere en prenne connaissance, et, s'il y a lieu, fasse un Rapport. Quelques observations sont presentees par M. La- chaume sur les avantages que semble devoir offrir, pour la cuU ture du Sorgho, le repicjuage tel qu'il le pratique pour le 3Iais. — M. H. Laure, agrononie a Toulon, qui se livre a la cul- ture du Riz sec depuis 1854, annonce qu'il en met gratuitet ment une certaine quantite a la disposition de la Societe. — M. d'lvernois fait connaitre, dans une Note, les resultats heureux auxquels il est parvenu dans ses tentatives pour la regeneration des Pommes de terre. — M. A. Perrot met sous les yeux de I'Assemblee un mou^^ choir tisse avec des Ills de Bananier philippien. Des echan- tillons de ce tissu avaient ete deja presentes precedemment par M. Ramon de la Sagra. ', , j^ ,,, — M. Borne, eleveur de sangsues a Claire-Fontaine (Seine- et-Oise), envoie une reponse au Questionnaire dresse par les soins de M. de Quatrefages. M. L. Soubeiran fait hommage de 486 SOCIETE IMl'finiALK ZOOLOCIQUE D'aCCLIMAT.vTION. deux pul)licalions dues a son pere, M. le professeur Soubeiran, et relatives I'une aux travaux de M. Borne, et Tautre a ceux de M. Rollet, publications ([ui contiennent des renseignements nombreux sur VHirndiculture. — M. Prillieux lit une Note ayant pour litre : De I'emploi des galles du Pistachicr terebinthe comme matiere tinctoriale. II rappelle I'opinion emise par Reaumur sur I'utilitc de ce pro- duit, et emet le voeu qu'on vienne a en faire usage en raison de son extreme abondance dans toute la Provence. — M. le vicomte de Valmer appelle Tattention de VAssem- blee sur les avantages qu'offrirait pour I'etude la creation d'un Aquarium au siege ni6me de la Societe et sur le choix a faire, pour designer les bassins dont il s'agit, entre le mot aquarium, qui n'est pas encore completement passe en usage, et le mot aqua- vivarium^ que les auteurs de TEncyclopedie anglaise adoptent comme preferable par des motifs qui sont enumeres par noire confrere, dont la double proposition est renvoyee a I'examen du Conseil. — M. Millet fait connaitre les points principaux sur lesquels il compte appeler I'attention des Pisciculteurs dans un Ques- tionnaire qu'il doit rediger au nom de la 3* Section. — Ce m6me membre presente egalement, au nom de cette Section, un Rapport verbal sur Tetablissement de pisciculture fonde a La Suisse, pres Grenoble, par noire confrere M. le comle de Galbert (voir le proces-verbal de la seance du 6 mars 4857, p. 118, pour des details sur eel elablissement). — S. Exc. le Minislre de la guerre, pour faire suite a des en- vois precedents, adresse le travail etabli dans la province d' Alger, a LagbouatetaBoghar,sur le Questionnaire relatif a TAutruche. — Conformement au voeu emis par la 2" Section, dont le Rapport est presente par M. Davelouis et sanctionne par le Con- seil, M. Chagot prolonge jusqu'au 31 decembre 1861 le con- cours ouvert pour le prix de 2,000 francs, que notre confrere charge la Societe de decerner a celui qui, etant parvenu a do- mestiquer TAutrucbe en France ou en Algerie, pourra mettre sous les yeux de la Commission nommee a cet efl'et , et avec les preuves a I'appui, des plumes provenant de la depouille .'.K,UX»1 PROCfeS-VKRBAUX. ^^^^^ ^ »TAiiH}:i f|| (le six Aiilruclips an moins, (jui soient le prodiiit d'une seconde generation. l)es remercimenls seront adresses a M. Chagot (voir an Bulletin, p. 119). — La Commission choisie par la 2* Section pour aviser a la regularisation des ofTres et des demandes d'oiseaux ou d'oeufs, etcomposeede MM. lecomte d'Kpremesnil, president, Berrier- Fonlaine, Chouippe et le comte de Sinety, presente son travail par Porgane de son rapporteur, M. Davelouis, qui en fait con- naitre lesprincipales conclusions. — Une autre Commission, egalement nommee par cette Sec- tion et composee de MM. le comte d'Epremesnil, president, Berrier-Fontaine, Bouvenot, Luce, J. Michon, le comte de Si- nety et Davelouis, rapporteur, faitconnaitre laliste des oiseaux qu'elle juge convenable de demander par avance pour I'oisel- lerie modele de la Societe. — Sur la demande de M. Dutr6ne, M. le President charge une Commission, composee de MM. Leblanc, le marquis de Selve el Jaccjues Valserres , d' examiner le Bceuf de race colentine sans comes, appartenant a notre confrere, et qui a figure dans les promenades du Bceuf gras de cette annee. — M. Davelouis, au nom dela 1" Section, appelle I'attention de la Societe sur les manoeuvres frauduleuses employees, dans les marches de Seine-et-Marne, par les proprietaires des bestiaux avendre, dans le hutde dissimuler aux acheteurs les caracleres physiques tires de la disposition des poils a la region fessi^re, et signales par M. Guenoncommeetant de nature a fairedistin- guer les Vaches bonnes laitieres de celles qui ne le sont point. — Un Traite de I'espece bovine, oflert par M. Jamet, sera sounds a I'examen particulier de M. Richard {(\v\ Cantal). — M. le professeur Sacc annonce un fait qui pent donner I'esperance (jue, selon les previsions de notre confrere, la Chevre d' Angora viendra a avoir deux portees par an, car Tune de ses femelles a mis has, cette annee, deux mois plus tot que I'annee passee et quatre mois plus t6t qu'il y a deux ans. Sa leltre contient des details sur le poids de la toison d'in- dividus jeunes et adultes de cette race. 182 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. STANCE DL 3 AVRIL 1857. Pr^sidence de M. Passy et de M. Geoffroy Saint-Hilaibe. M. le President proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Bejot (Edmond), a Paris. CAZENAVETTE,directeur del'Ecole comncmnale, a Bordeaux. \^r Chasseval (le comte de), proprietaire, a Paris. Chezelles (Arthur de), a Paris. Desvaux (G.), proprietaire a Mondoubleau (Loir-et-Clier). y, DuLUG (Hippolyte), medecin-veterinaire, a Bordeaux. Laurent (Joseph- Vic tor), proprietaire, a Paris. LouviGNY (le comte de), proprietaire, a Paris. Marchand, Conseiller d'Etat, a Paris. Racotta, proprietaire en Hongrie, a Paris. ^y Saint-Aignan (le comte de) , a Paris. Samazeuilh (Henri), banquier, a Bordeaux. SciACCA (le baron), a Patti, province de Messine (Sicile). u^ ViGiER (le vicomte), a Paris. Wassink (le colonel G.) ,chefdu service sanitaire dans les pos- sessions neerlandaises aux Indes-Orientales, a Batavia. Pifi-t— Deux demandes d'affilialion sont adressees , Tune par le Comite d' acclimatation des plantes a Moscou, etl'autre par le Comite zoologique d' acclimatation^ fondes au sein de la Societe imperiale d' agriculture de la m6me ville. Ces demandes sont renvoyees a I'examen du Conseil, ainsi qu'une demande d'agre- gation emanant du Cornice agricole d'Epinal, preside par M. le comte de Bourcier de Villers, depute des Yosges. — Des remerciments sont transmis par M. le baron Angelo Anca, par M. Ivoy et parM'^'^CarolinedeSusini, pour les recom- penses quileur ontete accordees dans la seance du 10 fevrier; puis par M. le prince A. de Demidoff' et par M. Alph. Zurcher a Foccasion des ibnctions de Delegues a Florence et a Cernay (Haut-Rhin), pour lesquelles ils ont ete choisis par le Conseil. — MM. H. de Chasseval, le docteur Duffour-Dubergier, le PKOCES-VEKBAUX. 183 comte de Galbert, Marco del Pont, H. Rosset et le docteur Uiilz de Lcivison rcmercient de leur admission dans la Societe. — Le Secretaire, a roccasion de Tadmissiou de M. Ruiz, rappelle quece medecin, dans un travail publie a Saint-Pierre (Martinique), et ayant pour titre : Enquete sur le Serpent, a, des 18A3, insiste sur les avantages que peuvent offrir les ten- tatives d'acclimatation. Apres avoir mentionne Tutilite de Tin- troduction dans la colonic d'oiseaux. deslructeurs de la vipere dite Ferdelance {Bothrops Icmceolatus), tels que le Secretaire [Falco se7'pentarius)y et une espece particuliere de Corbeau de Tile de la Trinidad, notre confrere s'exprime ainsi : « C'est une des belles parties de notre bistoire que cet ecbange geogra- phique des resspurces de la terre, ces colonisations de plantes, d'arbres ou d'animaux : cela agranditTexistence humaine. Que de belles branches de commerce pourraient en sortir I » — M. Peter Barrow, niembre de la Societe et agent consulaire de S. M. Britannique, annonce son prochain depart pour Rabat, dans le Maroc, et son desir de servir les inter6ts de la Societe dans sa nouvelle residence. — M. le President renvoie a Texamen de la 6" Section des rapports sur la culture de Tlgname adresses par le Cornice agricole de Metz, avec une lettre de M. le Prefet de la Moselle relative a ce sujet, par MM. les docteursChavanne de Lausanne et Le Prestre de Caen, et par MM. le vicomte de Saint-Julien, Muiron et Vandercolme. Ce dernier fait parvenir un travail qu'il a publie et concernant quelques ameliorations agricole^ proposees par lui dans le departement du Nord. — Le m6me renvoi a lieu pour des demandes de vegetaux adressees par MM. d'lvernois et La Corbiere, et pour une lettre de M. Teyssier des Farges qui, en faisant un don d'Orge de rHimulaya, demande et donne en m6me temps quelques ren- seignements sur cette cereale. Des remerciments lui seront adresses, ainsi qu'a notre autre confrere M. Aguillon, qui fait deposer sur le bureau, pour 6tre distribues, des Goings du Ja- pon, des Oranges triples provenant d'arbres en pleine terre hauls de AO pieds, des tubercules d'lgnames, des ognons de. Tub^reu^gs doybies, des grai^es d(^ Magnolias varies, ^etc. , 184 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM VTaTION. — La Societe remerciera egalement M. lo docteur Eug. Ro- bert pour un envoi qiril a fait, sans 6tre memljre de la Societe, de graines de Myrica cerifera, atin qu'elles puissent 6tre dis- tribuees aux personnes qui desirent en obtenir, — M. de la Roquette transmet le compte rendu de I'Expo- sition horticole d'Orleans, insere dans le journal la Patrie par ies soins de M. Dupuis. Son but est d'appeler I'attention de la Societe sur une Pcmme de terre nouvelle vue a cette exposition et dite la Coquette. (Renvoi a la 5* Section.) ■ — M. Al. Perrot, president du Cornice agricole d'Orleans, demande dcs renseignements sur la culture du Riz sec, et insiste sur la necessite des moulins a decortiquer employes en Chine, et dont I'usage, parmi nous, est indispensable. ■'^- '— M. V. Chatel met sous Ies yeux de I'Assemblee quelques rbizomes d'Ignames peu volumineux , mais offrant diverses monstruosites par division, lesquelles, si elles se perpetuaient, pourraient devenir favorabies a la culture de cette plante. M. Vilmorin,acette occasion, dit qu'ila lui-m6meobtenu des tubercules divises et qu'il s'est inutilement efforce de fixer ces varietes. Ce ne sont, dit-il, que des caracteres accidentels, et Ies semis seuls peuvent faire esperer d'obtenir des varietes persistantes, dont la forme moins allongee se pr6tera mieux a I'arrachage. Revenant sur Ies fails qu'il a observes en cultivant ce vege- tal, M. Chatel dit que, malgre Ies resultats peu favorabies ob- tenus jusqu'a ce jour en Normandie, il ne doute pas que, par suite de la persistance des agriculteurs, on ne parvienne a voir Ies Ignames s'ameliorer, comme cela a eu lieu pour certaines varietes de Pommes de terre nouvellement introduites dans cette m6me contree. — M. Leon Soubeiran , charge de Texamen d'une lettre adressee de Zwoll en Holiande, par M. van Meeverde, et relative a des essais de culture de The en Europe (seance du 6 mars, p. 115), conclut a la fin de son Rapport, dont il fait lecture, qu'cn ne peut, avec chances de succes, donner suite aux pro- positions du signataire de la lettre. M. Millet, rappelant Ies differences climateriques offertes par PROCftS-VERBAUX. 189^ les (liverses regions de la France, croit qu'on poiirrait, en proccdant par voie progressive, arriver a y rencontrer des con- dilions de sol et de climat favorables. ;vi;';"!r«l M. Leon Soubeiran estde I'avis du preopinant, d'autant plusr que des essais lieureu.v ont ete deja fails, et a Angers, en par- ticuiier, par notre confrere M. Andre Leroy. A Java et au Bresil,; d'ailleurs, cette culture reussit. Ce n'est done pas precisement a ee point de vue qu'une entreprise de culture de The en Eu- rope lui parait defavorable. Si elle ne doit pas Olre faite, selon lui, c'est que le commerce n'en retirerait pas le profit qu'on croirail pouvoir en atlendre, car les Thes du Bresil et de Java ne sont pas estimes comme marchandise. M. Tastet insiste sur I'importance de faire des essais dans des localites varices, en raison du prix eleve que coiite en An? gleterre et dans les autres pays le meilleur The qui, en Chine, ne vaut qu'un franc. II ne rejetle pas la possibilite du succes de la culture hors de celte derniere contree, oil Ton s'y livre sous des latitudes Ires differentes : niais il dit que la cause principale de celui qu'elle y obtient se trouve dans les soins minulieux et les plus attentifs mis conslamment en usage dans les prepara- tions des diverses sortes, preparations qu'il decrit rapidement d'apres ses propres observations faites sur les lieux memes. M. le baron Seguier fait observer que ces details confirment pleinement ceux qui se trouvent dans X Encyclopedie japo" liaise et que lui a signales M. Stanislas Julien, dont I'opinion est qu'il faudrait pour reussir savoir, sous ce rapport, imiter en tout point la maniere de faire des Chinois. II ajoute que M. St. Julien se met a la disposition de la Societe pour traduire tout ce que renferment sur ce sujet les traites chinois. Revenant aux Thes du Bresil, M. John Le Long attribue I'in- succes non aux conditions climateriques des regions de la prO" vince de Rio-de-Janeiro, au dela des Andes, oil la culture est pratiquee, mais a un defaut trop general de soins intelligents apportes a cette Industrie qui, selon notre confrere, ade I'aveT nir si on lui fait subir d'utiles modifications. Relalivement a I'itiferiorite relative des Thes javanais , M. Chatin, d'apres I'examen qu'il en a fait, di,t qiie pour ces 18d SOCIliT^ IMPl^RlALE ZOOLOGIQUE "d'aCCLIMATATION. Thes pris en masse elle est incontestable. Neanmoins, il v a trouve des sortes vraiment marcliandes, qui peuvent se subsli- tuer avec avantage aux sortes chinoises de deuxieme qualite. Ce serait peut-6tre trop engager I'avenir, ajoute-t-il, que de dire qu'on ne trouvera pas de climats convenables sur les mon^ tagnes du Midi de la France. M. le baron Leguay a la raeme opinion, et fait observer que c'est surtout I'art de la preparation des feuilles qu'il faudrait encourager. « Bien que cette culture n'ait pas encore reussi en Algerie, M. le docteur Cosson croit qu'il n' en sera plusde m6me quand on I'en- treprendra dans les parties abritees de la region montagneuse. 8nA la suite de cette discussion, M. le President renvoie le Happort a I'examen de la 5'' Section. — Le m6me renvoi a lieu pour une Notice de M, Pepin, dont le Secretaire lit un extrait, et qui est relative a des essais de culture faits a Gisors (Eure) sur la propriete de M. A. Passy. — M. le comte de Galbert fait parvenir une analyse du vin de Sorgbo qu'il a fabrique a La Buisse (Isere). M, Breton , pharmacien a Grenoble, a qui cette analyse est due, s'exprime ainsi en terminant : « On voit que ce vin contient a peu pres les m6mes elements que le cidre et le vin de raisins. II doit done 6tre egalement propre a servir de boisson, et poss^de les proprietes de ces autres liqueurs, ce qui, dans le cas ou la disette de vin continuerait longlemps encore, pourrait avoir une im- portance considerable. » La lettre de notre confrere contient des details, 1° sur la confiture economique, comparable au raisin^ de village, qu'il a faite avec le jus de Sorgho et le jus de Bet- terave ; 2" sur I'emploi de cette graminee comme fourrage. — Une autre lettre du m^me membre, relative a I'education des Vers a sole du Liban (Syrie), et un article du journal le Sud-Est, sur ce sujet, sont renvoyes a la 4" Section. — M. le President y renvoie egalement un Bapport sur Tedu- cation des Bombyx cynthia^ que M. le baron Anca transmet , au nom de son frere, M. le baron Angelo Anca, et dans lequel sont discutees les questions qui se rapportent a la temperature necessaire aux larves. — M. le docteur Chavannes expose verbalemeiit les fails principaux observes par liii durant Teducation de diilerents Vers a sole, et entre aiitres du Bombyx Cynthia^ qu'il a eleve avec succes sur des Ricins en pleine terre. 11 appelle rattention sur rimportance que lui semble devoir offrir rintroduction en Algerie du Bombyx aurata^ tres abondant ^ Rio-de-Janeiro, et qui vit egalement sur le Ricin. II annonce, d'ailleurs, le pro- chain envoi d'un Rapport detaille. — Le m^rne membre exprime I'opinion que ie Secretaire ne parail pas appele, suivant lui, a rendre dans les colonies les ser*' vices qu'on en espere comme destructeur des serpents Fer-de- lance, attendu que dans les champs de Cannes a sucre, habita- tion la plus ordinaire de ce reptile dangereux, qui y est attir^ par les ralsdont lenombre est considerable, lefouillis que forme la vegetation de la Canne doit 6tre un obstacle tr^s grand pour que Toiseau puisse y chercher et y poursuivre sa proie avec facilile. Le HSrisson, qui ne peut pas 6tre blesse par la viperej' en raison de son armure, et dont les attaques seraient redou- tables et pour les rats et pour la vipere, lui semblerait devoir (>tre prefere au Secretaire, et il considererait comme utile son introduction aux Antilles. — M. Chatei lit un passage d'une lettre quMl a re^ue de M. Sacc, et dans lequel notre confrere de Wesserling insiste sur la necessite non-seulement de la conservation des oiseaux insectivores, maisde la propagation d'especes etrang^res, telles que les Cardinaux des regions temperees de TAmerique du Sud. (Renvoi a la 2' Section.) ' — Notre confrere, M. le baron de Muller, ecrit de Oaxaca (Mexique) pour annoncer qu'il a recueilli unVer a sole poly- phage, dont le produit abondant tient le milieu entre la soie et le coton, et qu'il s'efforcera de se procurer, dans le Yucatan, le magnifique Dindon connu sous le nom de Meleagris ocellata» — 11 est donne lecture, par extraits, de la reponse adressee par M. le general Jusuf au Questionnaire sur TAutruche. . '•'i — M. le President annonce que le Conseil a approuve les conditions du prix fonde par la genercsite de notre confrere, M. Chagot alne, pour la domestication de I'Autruche, et les • ir.c^' 188 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLULVTATION. termes par lesquels ces conditions sont enoncees dansle proces- verbal de la seance du 20 mars (p. 180). — M, Dareste lit une Note sur Temploi industriel du poil de Chameau. — 31. Davin complete ce sujet par la lecture d'une Notice industrielle sur ce m6me poil, et dans laquelle il mentionne les resultats des essais qu'ila faits en peignes, fils et tissus divers, et dont il met des echantillons sous les yeux de I'Assemblee. Une carte d'echantillons de ces produits sera envoyee, ainsi que les deux Notices qui viennent d'etre indiquees, au gouver- iiement bresilien, comme complement des renseignements de- mandes par ce gouvernement. k" — M. le baron d'Hombres fait parvenir un exemplaire du Biscours prononce sur la tombe de son pere, M. le baron d'Hom- bres-Firmas, notre confrere, par M. le comte E. de Retz. — S. A. I. le prince Napoleon fait adresser un exemplaire des Rapports du Jury international sur l' Exposition univer^ seiie de 1855. Le Secretaire des seances, Aug. Dumeril. OL'VRAGES OFFERTS A LA KOCIETE. * Seance du 20 mars 1857. Notice sur le marais a Sangsues de Monsalut (Landes), par M. L. Soubeiran (1857). Notice sur le Mahais a Sangsues de Clairk-Fontaine, par le mSme. Note sur la MATifeRE sucree dequelques algues, par M. L. Soubeiran. Offert par Tauieur. SociETE IMPERIALE ET CENTRALE d'horticulture. Exposition dcs pro- duits et objets d'art et d'induslrie hoiticoles du '20 mai au 5 juin 1857. SOCIETE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION POUR LA REGION DES ALPES ; assembide generale du 9 mars 1856. Notes POUR sERviR A l'histoire desinsectesnuisibles a l'agriculture DANS LE d^partement de LA MosELLE, par J.-B. Gehin. OHert par I'auteur. bullktin de la societe industrielle de mulhouse, n" 137. Socii:;te d'Agkiculture, des Belles-lettres, Sciences et Arts dk ROCHEFORT, aiintV 1855-56. ANNUAIRE de L'InsTITUT des provinces ET des CONGRES SCIENTIFIQUES, 1857. r.APPORT SUR LES PRINCIPALES PLANTES CULTIVEES DANS LE JaRDIN DE L'AcADEiirE ROYALE DE 'I'lrin, en 1856, par M. G.-B. rX'Iponte. DeGLI StUDI E DELLE ViCENDE DELLA BeALE ACADEMIA DEI Georgofjli NEL PRIMO SECOLO Di SUA ESISTENZA, par M. Ic iiiaiquis Uidolfi. DROMADAIIIE. 189 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETB. RAPPORT FAIT A LA S0CI£TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION AD HOM DE LA PREMIERE SECTION L'INTRODllCTION PROJETEE DU DROMADAIRE AU RRESIL Par HI. DARESTE, rapporteur. (Stance du 6 mars 1857.) SUITE ET FIN {\). Les Maures d'Espagne ne pouvaient pas ne pas cbercher a in- troduireen Espagneun animal quirendait de si grands services a leurs freres d'Afrique; aussi, pendant la domination musul- mane, les Chameaux furent Ires communs en Espagne ; et il y en avait encore, au dire de M. de Huniboldt, un grand nombre dans le sud de ce pays, longtemps apres la prise de Grenade. Nous voyons, par le temoignage de Marmol, que, apres I'ex- pulsion des Maures, les gouverneurs des places fronlieres firent souvent venir des Cbameaux d'Afrique ; essais qui, depuis celte epoque, ont ete souvent repris. lis ont ele pour la plupart infruelueux, non comme le dit Marmo\ {Africa, lib. I, cap. 23), par reflet du climal, mais par le mantjue de soins bien enten- dus. Tout nous fait croire que le climat de TEspagne, qui est prcsque paitout Tun des plus sees des climats europeens, con- vient parfaitement a Torganisation du Cbameau. Nous savons d'ailleurs, par une Lettre tres inloressante de notre delegue a (I) Voyez les numt'ios de mars et d'avrll. T. IV. — Mai 18ri7. 13 190 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Madrid , M. Graells (1), que la couronne d'Espagne possede a Aranjuez un haras de Chameaux provenant des iles Cana- ries, et qu'on emploie ces animaux au Prado et au Retiro pour le service des transports. La date de I'etablissement de ce haras nous est inconnue; mais elle est deja ancienne, car le voyageur anglais Dillon, dans son voyage en 1786 {Travels^ p. A28), en fait mention comme d'un etablissement existant depuis un certain temps. Nous savons egalement que dans la province de Huelva, en Andalousie, pres de Tembou- chure du Guadalquivir, et par les soins de M. de la Barrera, les Chameaux sont deja nombreux, et qu'on les emploie pour le labour, le train des voitures etle service des maneges dans les moulins a huile. La France, qui possedait des Chameaux sous les rois mero- vingiens, a fait pen de tentatives pour une introduction nou- velle de cet animal. Un premier essai, fait ily a une vingtaine d'annees dans les Landes de Gascogne, a ete abandonne. Un nouvel essai a ete tente plus recemment sur un autre point de la France rneridionale, ou Ton a, dans certaines salines, remplace avec avantage, par des Dromadaires, les Mulcts autre- fois charges du transport du sel et des fardeaux de tout genre. « On doit vivement desirer, dit M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, a qui nous empruntons les details precedents, que cette tentative reussisse completement, que son succes engage les directeurs de nos etablissements agricoles et industriels a Timiter sur d'autres points, et que le Dromadaire prenne definitivement rang parmi nos animaux domestiques. M6me avec Tutilite limitee que je lui attribue, ce serait un beau present fait par TAlgerie k la mere patrie (2). » En Italic, Tacclimatation du Dromadaire est depuis long-, temps un fait accompli. La Toscane possede, depuis le regne du grand-due Frederic II de Medicis (3), vers le miUeu du (1) Voir la leUre de M. Graells : De V Acclimatation des animaux en Espagne, dans notre Bulletin, t. II, p. 110. (2) Js. Geoffroy Saint-llilairc. Domestication et Naturalisation des ani- maux utiles, 3' ^dit., 185/i, p. 27. (i5) Et peut-6tre depuis plus longtemps encore. Une tradition, dent I'au- nUOMAUAlRE. 191 xvir siecle, un troupeau (leDioiiiadaires dansledomaine ducal de Saii-Uossore, pres de Piso. Le haras, ayant ete neglige, ne possedaiL plus en 1739 que six femclles. A celte epoque, on (it venir de Tunis treize males et sept fenielles. Ces animaux ne tarderent pas a se multiplier, et en 1789 il existait, a San- Rossore, cent quatre-vingt-seize animaux de cette race. On ies eniploie a faire tous les transports dans le domaine du grand- due (1). lis ne se sent point repandus en dehors de la ferme de Sau-Rossore. Enfin en Grece, des Chauieaux enleves aux Turcs pendant la guerre de Tindependauce ont ete conserves et se sont multiplies (2). 11 est assez etrange que les Turcs, qui possedent de nom- breux Chameaux dans I'Asie Mineure, et qui en ont fait souvent venir en Europe pour le service de leurs armees , n'aient jamais pense a les accliniater. Nous voyons seulement que la ville de Salonique, centre d^un commerce de terre tres actif avec I'Autriche, qui s'opere a Taide de caravanes a travers la Rulgarie et la Bosnie, emploie concurremment a ce service les Chevaux et les Chameaux. ., Tous ces i'aits demontrent, de la maniere la plus evidente, que si I'emploi du Chameau n'a pas pris dans I'Europe meridionale un developpement considerable, on doit en chercher la cause ailleurs que dans le climat : c'est que dans nos pays d'Europe, ou une population tres dense est presque cntierement vou^e aux travaux agricoles, ou I'existence de grandes rivieres navi- gables et de nombreux canaux, oil le nombre et la bonne con- struction des routes presentent de si grandes facililes pour les communications, oil I'emploi des chemins de fer et des ba- iheulicit^ n'est point certaine, fait reraonter I'origine de ce troupeau a I'd- poquc des croisades; il aurait 6l6 introduit eu Kurope par un grand prieur des clievaliers de Saint-Jeaii de Jerusalem. (1) Santi. Memoire sur les chameatix de Pise, dans les Annates du Museuiiij 1811, t. XVII, p. 320. — P. Savi. Sulla cosi della vesica che i Dromedari emettono della bocca, dans Touvrage Memorie scientifiche, I. I, p. 1Z|7. — Husicurs auteurs ont egalement donn^ des indications curieuses sur ces animaux. ('2) Is. tieollroy Saint-Hilaire. Zoologie de I'Expedilion scienti/ique de Moree, p. 17. 19'2 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMaTATION. teaux a vapeur met a la disposition do rhomme des moyens de transport d'une vitesse bien su])erieure a celle des moteurs animes que la nature nous presente, le Chameau perd en grande partie son utilite. Aussi n'est-il point probable que cet animal vienne jamais a se multiplier en Europe, bien que nous ne de- vions pas croire qu'il y soil entierement inutile, et qu'il ne puisse y rendre quelques services, mais seulement dans des conditions restreintes. II ne faudrait pas croire cependant que dans ces pays oij rl a ete transporte, et dqnt le climat ditTere plus ou moins du climat du desert, le Chameau se trouve dans des conditions d'existence aussi favorables que dans son pays natal. L'etude des diverses tentatives d'acclimatation que nous venons de rap- pelernous signaleun fait tres important et que nous ne dcvons point omettre : c'est que, lorsque le Chameau s'est acclimate dans des conditions un peu differentes de celles que nous avons indiquees comme lui convenantessentiellement, il y a eu sou- vent une diminution notable dans la duree de la vie de cet ani- mal et dans le nombrc d'annees pendant lequelil est propre au travail (1), quoiqu'il ne paraisse pas que sa sante ait nota- blement souffert. D'apres Aristote et Pline, la duree de la vie du Chameau est de cinquante ans 5 dans certaines circonstances elle pent aller jusqu'a cent. Dans un autre passage, Aristote dit qu'un grand nombre de Chameaux ne depassent pas trente' ans (2). Or, dans beaucoup de pays ou le Chameau a ete intro- duit, la vie nioyenne de cet animal n'est que de vingt ou trente (1) Ce fait est-il general? Je ne puis le savoir, car les documents que j'ai pu recueillir sur les tentatives faites pour accliniater le Ciiameau sont tri;s incomplets ; mais tons les auteurs qui ont paile de la vie du Chameau sont unanimes. C'est un lait ties curieux a verifier. (2) M. Flourens, qui, dans son livre De la longevite humaine (p. 88), a essayd de determiner le rapport qui existe entre la durde de la vie des ani- maux et la duree de leur accroissement,assigneau Chameau une vie moyenne ; de UO ans ; ii semble qu'il ail pris une moyenne entre les deux chifFres de 50 ans et de 30 ans, donties par Aristote {Hist, des animaux , 1. vi, chap. XXVI, el 1. viii, chap. IX). D'apres ce que nous venons de dire, il serait tr^s possible que la dilKrence des chillies donnds par Aristote d<5pen- dit des diflercnces de climat. DROMADAIRK. 198 aiis. Ainsi dans Tlnde, le Clianieau no dtipasso (loint vinglr- (|iiatre ou vingt-cinq uiis (Forbes, Oriental memoirs, t. II, |). 59). La duree nioyeniie dela vie des Clianieaux toscans est de vingt ans (Santi, Mem. cite). En Algcrie, ils ne depassent pas trente ans, et ne peuvent travailler (jue jusqu'a quinze ou seize (Carbuccia, Du Dromad.) (1) ; tandis qu'en Syrie et en Egypte, ils travaillent jusqu'a vingt-cinq ou trente ans. Si ces jails sont exacts, et nous n'avons guere lieu d'en douter, la vie moyenne du Cbameau diminuerait par Taction d'un climat qui ne lui est pas aussi favorable que celui du desert. Ce n'est la qu'une bypotbese : nous lasoumettonsarexamendespersonnes qui auraient I'occasion d'etudier les Cbameaux. Quoi qu'il en soil, il y a la un fait a verifier •, et s'il se verifie, il y a la un tres curieux probleme a resoudre, au milieu des niille questions pbysiologiijues quesoul^ve la tbeorie deracclimatation. 11 ra'a paru nieriler de ne pas 6lre oublic dans ce travail. IJien (jue les documents que j'ai pu recueillir soient fort in- complets, cependant leur examen comparatif nous conduit a des conclusions d'une certaiue valeur. II resulle evidemment, de tous les faits precedents, que la condition climalologique qui convient le mieux a Torganisation du Cbameau est la grande secberesse de I'atmospbere, et que, par consequent, les tenta- tives faites pour acclimater eel animal auront d'autant plus de (1) La comparalson des faits ^nonc^s par le g^n^ral Carbuccia dans ses rapports, avcc ceux que nous devons h d'autres anteurs, semble indiquer une inferiority remarquable des Dromadaires algi^riens compares aux autres races. Ces animaux formeraient-ils une race d^g^neree, par suite de I'ac- tion du climat d' Alger, beaucoup moins sec que le cliraat du desert, ou par suite d'une bygifcne mal enlendue ? Ou bien I'administration franqaise n'au- rait-elle pu se procurer que des animaux de rebut, comme le suppose le coloni'l Colombari [Ouvr. cite, p. 65). II y a Va une importante question 'd ri'soudre ; mais il est fort remarquable que les fails rapport^s par le g^n^ral Carbuccia soient entifcrement au desa vantage des Cbameaux alg(5riens, compares a ceux des autres contrees. Ainsi les Dromadaires du g(5n(5ral Car- buccia ne porlaient que 200 a 400 kilog.; les Dromadaires de Perse portent jusqu'a 500 kilog.; ceux de Toscanc, jusqu'a 700 kilog. D'aprfesle colonel Colombari, ces dilfiJrences de vigueur entre les races d^pendraient do I'epoque du sevrage ; je n'ai pu me procurer des documcDts prdcis ^ ce sujct. l9/l SOCIltlTE IMP^RULE ZOOLOGIQIIE d'aCCLIMATATION. chances de reussir qu'oii les entrcprendra dans des regions plus seches. Nous voyons egalement que les conlrees chaudes et humides des regions equatoriales sont contraires a son exis- tence, tandis qu'il se plie assez bien aux climats de la zone temperee, quoiqu'il semble y perdre quelque chose de sa vigueur originelle. Ces considerations doiventnous servir de guide dans I'examen de I'entreprise tentee par I'Empereur du Bresil. Mais en ce point, comme dans toutes les questions d'histoire natu- relle appliquee, il faut avant tout consulter les faits. *' S'il existe en Amerique des regions oil comme dans I'ancien monde il ne pleuve point, ou du moins il ne pleuve que tr^s exceptionnellement, nous devons croire que ces contrees con- viendraient parfaitement a Vorganisation du Chameau. Or, de telles regions existent en Amerique, bien que sur une etendue beaucoup moindre que dans I'ancien monde : tels sont, dans I'Amerique du Nord , les plateaux deserts qui separent le Mexique de la Californie-, et dans TAmerique du Sud ceux qui forment le plateau du haut Perou, et qui separent cette region du Chili. Mais ce n'est pas tout : il existe dans la partie sep- tentrionale del' Amerique du Sud, au nord du fleuve des Ama- zones, de vastes contrees qui ne sont pas, il est vrai, caracte- risees par I'absence presque complete des pluies, mais dans lesquelles les pluies ne se produisent pas regulierement, et oii leur aibsence peut, dans certaines circonstances, determiner d'effroyables secheresses qui durent quelquefois pendant plu- sieurs annees. Ici encore nous devons considerer racclimata- tion du Chameau comme possible. Nous devons croire egale- ment, d'apres ce que nous avons vu dans I'ancien monde, que des services du Chameau y seraient tout aussi utiles et y acquer- raient promptement une importance aussi grande: car la simi- litude des localites et des climats produit fatalement. pour les populations qui les habitent, des besoins tout semblables. Ne nous etonnons done point si ces considerations se sont presen- tees a I'esprit de I'un des premiers savants de notre epoque. Notre illustre confrere M. de Humboldt, qui connait si bien I'Amerique espagnole, a tres nettement indique les services que ces animaux pourraient rendre a cette partie du monde. DROMADAIRE. i9h Son aiitorilo on pareille mjitiere, conime savant etcomme voya* geiir, est Iwaucoup trop grande pour que nous puissions passer sous silence ce qu'il dit a ce sujet. Voici comment il s'exprime : « Partout oil il y a d'inimenses distances a parcourir dans des terrains inhabites, partout oil la construction des canaux devient inutile, parce qu'ils exigent un trop grand nombre d'ecluses (1), comme a I'isthme de Panama, sur le plateau du Mexique, dans les deserts qui separent le royaume de Quito du Perou et le Perou du Chili, les Chameaux seraientde la plus haute importance pour faciliter le commerce exterieur... L'in- troduction devrait Otre tentee en grand par le gouvernement lui-m6me. Quelques centaines de ces animaux repandus sur la vaste surface de I'Amerique, dans des lieuxchauds et arides, auraient, dans peu d'annees, une influence marquee sur la prosperite publique. Des provinces separees par des steppes, paraitraient plus rapprochees les unes des autres : plusieurs denrees de I'interieur baisseraient de prix sur les cdtes, et en multipliant les Chameaux on donnerait une nouvelle vie a Tin- dustrie et au commerce du Nouveau-Monde (2). » Dans un pas- sage d'un autre de ses ouvrages, M. de Humboldt insiste plus specialement sur I'isthme de Panama \ et il montre qu'en atten- dant la construction d'un canal entre les deux mers, le meil- leur moyen de faciliter les transports serait Tetablissement d'un service de Chameaux, comme plusieurs annees apres, les Anglais etablirent un service analogue dans I'isthme de Suez (3) La construction d'un chemin de fer, necessite par la decouverte des mines d'or de la Californie, a, dans ces derniers temps, rendu inutile le projet de M. de Humboldt, qui n'avait pas encore re^u de commencement d'execution. Ces besoins, si nettement exprimes par M. de Humboldt, avaient ete compris par les Espagnols des les premieres annees (1) Gela €tait ^crit pr^s de Tit)gt ans ayant 1^ QOostrucUoi) des cheiiuii9 (2) IJumboldt et Bonpland. Voyage dans I'AmMque espagnole. Retatif . Guerin-Meneville, a, dans une Note substantielle, resume les principales questions de zoologie pratique qui, dans les idees des inventeurs, se rattachent a la niise en ceuvre des bateaux sous-marins. Dans le present Rapport, nous croyona devoir mettre chacun des membres de notre Societe a m6me d'apprecier la valeur de ces applications. . II rcsulte des details et des certificatsfournis par MM. Payerne et Lamiral, des renseignements que nous avons pris aupres des savants qui a divers titres ont eu a s'occuper de cette invention, etdos travaux m6mes que ces fnessieurs ont executes dans les ports de Brest , de Cherbourg, dans la Seine, a Paris, que MM. Payerne et Lamiral ont invente un bateau a I'aide duquel on peut descendre sous I'eau a toutes les prolondeurs oil I'ex- ces de la pression ne g6ne pas I'organisme humain ; y rester ^^08 SOCI^TE DfPERULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. cinq, six et sept heures sans inconv^nients et sans disconti- nuite avec un equipage de six personnes et plus ; y ouvrir le fond du bateau de maniere a entrer en libre communication avec le fond des eaux et a y travailler comme a la surface du sol-, se deplacer a telle distance qu'on voudra; enfin, dans cette longue immersion , n'avoir a redoutcr aucune agitation de la mer, puisque le bateau ne conserve pas de relations avec I'at- mosphere et se trouve tout entier dans les couches immobiles que recouvre la surface agitee de Tocean. Tels sont les resul- tats que parait realiser un appareil sur lequel nous n'avons d'ailleurs a fournir aucun detail. Nous devions seulement nous enquerir avant tout de ce qu'il rend possible et de la confiance qu'il merite; les fails que nous venons d'enoncer nous parais- sent au-dessus de toute contestation. Ce moyen de naviguer sous I'eau assure sans contredit de precieuses et nouvelles ressources , et les inventeurs etaient plus que tout autres interesses a en faire connaitre la variete et I'etendue. Les travaux de construction sous Veau ; tons ceux du m6me genre qui concernent le genie maritime et le corps des ponts et cbaussees, ont d'abord fixe I'attention ; des experiences favorables paraissent avoir con- firme les pre^'isions des auteurs. Mais en m6me temps ils se sont preoccupes des secours qu'ils pouvaient apporter a I'ex- ploitation des eaux et de leurs bas-fonds. Aux dragues et a tous les instruments de m6me genre, aux travaux penibles et insalubres des plongeurs, ils ont pense qu'ils pouvaient sub- stituer une recolte directe, metbodique et facile des productions sous-marines. Puis, etendant leurs applications, MM. Payerne et Lamiral ont songe a la production m6me des especes aqua- tiques utiles, a leur naturalisation sur de nouvelles cotes. A tous ces points de vue leur invention peut exciter I'inter^t de la Societe imperiale d'acclimatation. Parmi les applications que Ton peut faire du bateau sous- marin a une sorte de culture du fond des eaux, MM. Payerne et Lamiral ont successivement signale \di piscicultwe en gene- ral dans les eaux douces et sur les rivagesmaritimes-, la p6che des huitres alimentaires et leur production rationnelle au ANIMAUX AQUATIQUEJ. 209 point (le vuc de ralimentation publique; la p6che et racclima- tatioii des epunges usuelles; la pOclie des huitres j^erlieres pour la recolte de la nacre et des perles fines ; la p6che du corail et son exploitation methodique. Parmi ces diverses questions, deux surtoul, celles qui con- cement les eponges et le corail, meritent la plus serieuse attention ; les autres sont encore tres dignes d'inter6t, et nous en dirons d'abord quelques mots. Les operations nombreuses et varices qu'exige I'elevage des poissons dans les etangs, dans les petits cours d'eau et les viviers d'eau douce ou d'eau salee, reclarnent frequemment une connaissance precise, un amenagement rationnel du fond des eaux. La nature des plantes, la disposition des abris dont le poisson peut avoir besoin, ont une grande influence sur lesuc- ces des entreprises de pisciculture. On doit penser qu'un appareil qui permet de descendre sous I'eau, d'y travailler librement et de s'y deplacer comme on le veut, rendra dans ces diverses operations des services reels, surtout lorsqu'il s'agira d'empoissonnements un peu conside- rables et dont les produits pourront facilement compenser les depenses de Tentreprise. :■.'. Uien de plus imparfait que les procedes suivis actuellement dans la p6che des huitres comestibles. La drague devaste aveu- glement les bancs dont la nature a peuple nos cOtes. Aucun choix n'est possible entre les jeunes et les adultes-, enfin bon nombre de ces precieux mollusques sont brises et perdus. La p6cbe d'ailleurs est d'un produit incertain ; en tons cason peut la considerer comme beaucoup moins productive que ne le serai t une recolte a la main, faite par un equipage submerge dans le bateau plongeur, suivant a son gre le banc d'huitres au fond de la mer, epargnant les jeunes pour I'avenir et ne perdant, s'il le veut, pas un seul animal. Un autre point de vue merite d'etre envisage. Des fails nombreux ont prouvelapos- sibilite d'ensemencer d'huitres les rivages ou ces animaux n'existent pas, et les procedes grossiers employes avec succes, en Angleterre, par exemple, demontrent avec quelles facilites on peuplerait nos cotes de cette espece si utile. Le bateau sous- $10 SOClfiTl^ IMP^RIALE ZOOLOGIQUE D' ACCLIMATATION. marin semble propre a elablir sans peine, et dans des lieux choisis d'avance, des bancs d'huitres qui en peu d'annees se- raient d'un bon rapport et enrichiraient nos pays marilimes. On pent m^me parfaitement applaudir a Tidee mise en avant par MM. Payerne et Lamiral, de transporter sur nos cotes, pour les y naturaliser, certaines especes etrangeres convenablement choisies, et particulierement I'huilre de Virginie, si appreciee aux Etats-Unis, et dont les grandes dimensions n'alterent en rien la delicatesse. * La p6che des perles et de la nacre appartient a des contrees lointaines, mais elle y a jadis produit de grandes richesses. Aujourd'hui I'imperfection des moyens ne pent plus lutter contre I'etat d'epuisementdes bancs de Ceylan et du golfe Per- siqiie en particulier. L'emploi des plongeurs fait de cette Industrie une entreprisebarbare et peulucrative.il semble que le bateau sous-marin deMM. Payerne et Lamiral pourrait, par la perfection qu'il permet d'introduire dans le mode d'exploita- tion, regenerer cette p6che et conjurer Tepuisement des bancs en offrant les moyens de les reproduire par ensemenccment. La m^me mothode s'appliquerait aussi bien aux bullres periieres qu'aux huitres comestibles, et tout autorise a en esperer d'aussi heureux resultats. Nous arrivons enfin aux deux questions qui actuellement me paraissent avoir une plus grande importance. II s'agit en effet des c6tes de I'Algerie ; il s'agit d'y introduire une Industrie liouvelle, et d'y reiidre a la France une industrie qui lui a ^chappe. '- Les eponges usuelles ont des usages bien connus ; mais elles resolvent chaque jour quelque nouvel emploi, et Ton peut dir6 que cette extension serait bien plus rapide -si leur prix etait moiris eleve. Dans les circonslances actuelles, la consommation est, en France, d'environ 135,000 kilogr. par annee, repre- sentant une valeur de 5,000,000 de francs environ. Toutes les eponges que nous employons nous viennent de I'etranger, et principalement de la cftte de Syrie, oi!i les Syriens et les Grecs pratiquent cette p6cbe cba(jue annee du mois de mai jusqu'a ceux d'aout et de septembre. Les procedes employes par les " "' ANIMAUX AQUATIQUES. ' ' '*''-. ||t pc'iclieurs sont peu perfectionnes : les uns se servent de plon- geurs, les autres d'une sorte de filet arme d'un trident a lames recourhees et trancliantes. Ce dernier procede est nuisible aux Lanes deponges, qui sont decliires et ravages a cha(|uesaison^ quanta oelui des plongeurs, il indique I'utilite des bateaui sous-marinsdanscette industrie, puisqu'il est, cliez les nationi encore peu induslrieuses, I'equivalent de tous les appareils plongeurs imagines dans rKuropeoccidentale; mais il est a la fois malsain pour les homnnes employes a ce travail et moins pro- ductif que ne le serait un appareil eonime celui qui nous occupe. Ce n'est cependant pas la p6che des eponges que los inven-' teurs proposent surtout d'entreprendre : e'est une naturalisa-^ tion de ces zoophytes sur nos c6tes d'Algerie. Tout ici sembid promettre le succes. MM. Payerne et Lamiral, comptant suf ridentile probable des eaux de la Medilerranee en ses diverses parties, et sur I'analogie des climats, veulent transporter deS eponges syriennes sur les cotes de noire colonie et ils indiquent un moyen aussi simple que rationnel, Leurs bateaux sous-ma* rins iraient sous les eaux de Tripoli, de Beyrouth ou de Seyda/ choisir, parmi les eponges vivantes, celles qui paraltraient pre- ferables pour ces essais ; on ferait eclater etTon enleverait les parties de rochers (|ui les portent, et cette recolte vivante serait placee dans descaisses permeables a Teau, qn'on pourrait faire Hotter a telle profondeur qu'il serait necessaire. Ces caisses seraient remorquees vers FAIgerie et deposees au fond de la mer, ou les eponges seraient disposees par I'equipage du bateau sous-marin dans des circonstances aussi semblables que pos- sible a celles de leurs contrees natales. II nous semble qu'en tenant compte de la fecondite et de la vitalite energique des zoophytes, on peut legitimement esperer qu'en peu d'annees on aurait a recolter sur nos c6tes africaines un nouveau pro- duit, que Temploi des bateaux sous-marins permettrait d'ex- ploiter avec methode et discernement. Pour des tentatives de ce genre, I'impossibilite du travail sous-marin etait Tobstacle a peu pres unique; les animaux inferieurs croissent et se re- produisent en general avec une sorte de rusticite qui ne semble laisser a craindre aucune dilficulte serieuse. . : 212 SOCl^Tll: IMPfilUALE ZOOLOGIUUE d'aCCLIMATATION. La derniere question que soulevent MM. Payerne et Lamiral a (leja occupe la Societe a un autre point de vue, et j'ai eu rhonneur d'en parler devant elle au nom de la commission d'Algerie. Personne de nous n'a oublie sans doute qu'en fe- vrier 1855, M. le Marechal Ministre de la guerre voulut bien nous adresser une lettre riche en details instructifs et formu- lant une serie de questions relatives a la peche clu corail en Algerie. En mars 1856, je dus rediger un rapport qui a paru dans le mois de mai de la m6me annee, et ou je m'efforQai de repondre aux questions posees par M. le Ministre, en tant qu'elles concernaient les travaux de la Societe imperiale d'acclimatation. Nous avions ete conduits a conclure que, outre quelques mesures administratives, les moyens les plus efficaces pour ramener dans des mains fran^aises la p6che et I'industrie du corail algerien, seraient tous ceux qui rendraient la p6che plus lucrative, et je signalai particulierement : 1" I'exploitation methodique des bancs naturels ; 2° la creation de bancs ar- tificiels dans des conditions favorables a leur exploitation ulterieure. Les bateaux sous-marins nous semblent devoir resoudre mieux qu'aucun autre procede ce double probleme. Leurs avantages paraitront considerables si Ton songe qu'ils nous permettenta nous, possesseurs de ces cotes, de faire la p6che silrement, avec une superiorite evidente et sans ravage.r nos bancs coralliens. A Femploi de la drague qui brise, arrache ; et ramene tres incompletement les debris qu'elle a faits, les^ bateaux sous-marins subslitueront une cueillette a la main, oii^ chaque morceau pourra 6tre choisi, ou I'etat des bancs sera-j constate chaque saison, ou les jeunes pousses des coraux pourront 6tre epargnees, tandis qu'on enlevera, sans prejudice pour les bancs, et avec un grand profit industriel, les vieux*! troncs que la drague abandonne trop souvent. La p6che sera aussi productive qu'une recolte a la surface du sol, et nous serous en mesure d'offrir le corail p6che aux etrangers, qui nous I'enlevent aujourd'hui sans que la France en retire aucun benefice. Bien tot, grace a un procede qui semble devoir 6lre si parfait, on pourrait combiner Tensemencement du corail ANJMAUX AQU4TIQtJES. $|J avec sa p6che melhodique ; ce zoophyte croit partout ou on le pose, dans Ics eaux qu'il habite naturellenient, et la production de nouveaux bancs, Textension, I'entrelien rationnel des bancs existants, paraissent ressortir tout naturellenient deTemploi de la navigation sous-marine. Tous les faits derhistoirenatureile et industrielle de ce precieux polype se reveleraient sans peine, lorsque la main de riiomme recolterait directement ce que la drague devaste aujourd'bui, et Ton peut dire qu'aucun essai ne semble plus desirable que celui des bateaux sous-marins, appliques a la p^che du corail algerien. II est fort probable que M. le Ministre de la guerre trouvera dans ce procede les moyens les plus efficaces de rapatrier cette p6che, jadis toute frangaise •, et Ton ne peut gu^re prevoir comment les moyens grossiers des p6cheurs actuels pourraient soutenir la concur- rence avec une compagnie qui, recoltant aussi completement le corail propre a I'industrie, leur livrerait sans peine sur nos marches algeriens une marchandise abondante et raieux choisie, au ni6me prix qu'ils fixent aujourd'bui pour le corail p6che et vendu sur place. En ce qui concerne la p6che du corail, I'emploi des bateaux sous-marins semble done devoir nous rendre, par la superiorite des procedes, le monopole d'une exploitation qui nous a echappe et nous appartient legitimement ; il parait en outre nous assurer les moyens de menager et d'accroitre ces gise- ments coralliens de I'Algerie qui ne connaissent pas de rivaux et devraient etre une des richesses de notre colonic. Par ces motifs, il est a desirer que des experiences soient tentees dans le plus bref delai pour contr61er ces vues speculatives et pour realiser, s'il se peut, le bien qu'on est en droit d'en attendre. En resume, nous pouvons proposer a la Societe les conclu- sions suivantes : 1° S'il est demontre, comme il parait indubitable, que le bateau plongeur de MM. Pay erne et Lamiral leur permet de pratiquer une navigation sous-marine, cette navigation est propre a rendre d'importants services dans la culture et I'ex- ploilation des productions de la mer et des eaux douces.' 2° On peut des d present signaler, entre autres, I'usage des 214 sociisTiE imperiale zoologique d'acclimatation. bateaux soiis-marins pour la p6che des huitres comestibles et Ja production de bancs d'huitres artificiels. r 3° La naturalisation des eponges du Levant sur les cotes de FAlgerie, a Taide des bateaux sous-marins, paralt offrir les plus grandes chances de succes, et interesse sans contredit I'avenir et la prosperite de la colonic. fh" L'application de la navigation sous-marine a la p^che du 6orail, a Tamenagement des bancs natnrels, a leur extension et a la creation de bancs artificiels, parait offrir des moyens efficaces de regenerersur les c6tes d'Algerie cetle exploitation abandonnee, et d'en augmenter a la fois et les ressources et les produits. 5° La Societe imperiale d'acclimatation verrait done aveo un grand inter^t des experiences dirigees dans ce sens, et elle signale leur opportunile a Tattention du public et de Tadmi- nistration. r La Societe, apres avoir entendu la lecture de ce rapport, (faite par le rapporteur, par M. Lobligeois, secretaire de la troisieme section), a decide que des exemplaires en seraient adresses a LL. EE. les Ministres de la marine et de la guerre. 'a:. tf. VfG^TAUX CHINOIS. 218 DE QUELQUES YEGETAUX CHmOIS. INSTRUCTIONS SDR LES M0YEN8 D'ENVOYER EN FRANCE LES PLANTES VIVANTES ET LES,GRAINES R^digdes an nom d'ane Commission compos^e dc MM. Chatik, Daheste, Tastet, ct Joseph MICHON) rapporteur* K (Seance du 12 d6cembre 4856.) *' Plusieurs voyageurs ont temoigne le desir derecevoir lalistQ des animaux et des vegetaux utiles dont racclimatalion pour- rait reussir en France et en Algerie. A la (in de rannee der* niere, notre confrere)!. Malavois, armateur, voulant freter un navire pour ies mers de la dhine, a offert ses services a la So* ciete. Une commission composee de MM. Cliatin, Dareste, Tastet etJ.Michon, rapporteur, aete nommeepour rediger un^ note sur Ies vegelaux que nous pouvons demander a la Chine, et des instructions sur Ies moyens de lesfaire parvenirvivant? jusquecheznous. Aujourd'hui, M. I'amiral Uigaud deGenouilly, partant sur le vaisseau la Nemesis pour Ies mers de Chine oh il va commander la station navale, n'a pas voulu quitter la France, sans se mettre a la disposition de la Societe.Il a charge M. Tahbe deMontf errand, qui doit raccompagner,de cette mis- sion, si imporlante pour nous. M. Rigaud de Genouilly trou- vera en Chine M. Tamiral Guerin, membre de la Societe, qui, nous n'en doutons pas, voudra bien se charger de ramener en France tout ce qui interesse Tacclimatation. De tout temps, Ies peuples europeens, non-seulement ont demande a TOrient, leur mere patrie, une grande partie de leurs richesses commerciales, mais c' est encore de laqu'ils ont tire un grand nombre d'animaux et de vegetaux acchmates 216 SOCIETE IMPfilUALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. aujourd'hui chez eux, ne serait-ce queleFaisan, venu des rives du Phase, et leCerisier, qui, patronnepar Lucullus,serepandit en soixante ans de I'Asie Mineure jusqu'en Bretagne. Dans ces dernieres annees, c'est a TOrient, mais a cet Orient tout nouveau pour nous, je veux dire la Chine, que nous avons demande I'lgnamepourservir d'auxiliaire a la Pommedeterre, en ce moment en danger. La Chine, couverte d'une innom- brable population, civilisee depuis une si longue periode de siecles, a dil rechepcher avec le soin le plus actif toutes les plantes, tous les animaux utiles a Tagriculture. Fermee pour nous jusqu'ace jour, elle s'ouvre a la fois par lezele courageux des missionnaires et par le commerce. Elle va done etaler a nos yeux une foule de produits , d'instruments et peut-6tre d'exemples. Nousne connaissons pas encore I'inventairede ces richesses: beaucoupnous seront inutiles-, quelques-unes, nous Tesperons, viendront accroitre les ressources denotrepays. L'empire Chinois, dans sa partie centrale, n'est pas situe sous la m6me latitude que I'Europe 5 mais par une bizarrerie des climats, il se trouve a peu pres sous les m6mes lignes iso- thermes, et sa temperature moyenne correspond a celle du midi de la France. Les provinces meridionales ont le climat de notre Algerie. Ainsi Pekin, situe par 39" 54' lat. N., a une temperature moyenne de + 12%7 cent., et Lyon, situe par hb° AO' lat. N., a une temperature moyenne de + 13°, 2 cent.; Kanton, par 23'> 8' lat. N., une temperature moyenne de + 22", 9 cent., et Alger, par 36' 58' lat. N., une temperature moyenne de+ 21°, 1. II estvrai que le climat oriental, pour une m6me temperature moyenne , est plus excessif que le ndlre ; aussi devons-nous nous attendre aquelquesinsucces pour les sujets les plus deli- cats, mais pour un grand nombre nous devons reussir, et un premier echec ne doit pas nous emp6cher d'esperer encore. Malheureusement la Chine est encore fort peu connue, et tout en sachant qu'elle peut nous fournir heaucoup de ressources, nous ne savons pas encore ce que nous pouvons lui demander. Les seuls ouvrages que votre Commission aitpu consulter sont : le Voyage agricole et horticole en Chi?ie, de M. R. Fortune ; v6gi5;taux chinois. 217 V Enumeratio plantanim qiias in China boreali collegit Biinge {Mem. Academ. Saint-Petersbourg) ; lelivre sur la Chine de M. d'Hervey Saint-Denis. Dans le choix si difficile qu'elle a dii faire, la Commission a ete eclairee et guidoe par une note que notre confrere M. Cosson abien voulu rediger surces malieres, qu'il connait mieux que personne ; elle s'est aussi beaucoup appuyee sur les renseignements pratiques que lui a fournis M. Tastet. — II est bonde noter qu'un assez grand nombredes vegetaux dontil va 6tre question sont deja introduits dans les jardins de TEurope-, il n'en serait pas moins interessant de se procurer de nouveaux et nombreux individus, pour tenter une acclimatation en grand. Aussi nous recommandons a MM. les voyageurs de se procurer m6me les esp^ces qui existent deja en Europe; car ces especes pourraient fournir des varietes im- portantes et dont la naturalisation, serait d'autant plus facile qu'elles appartiennent a des types dont la culture est deja bien connue : telles sont, par exemple, les diverses especes de ce- reales, quelques plantes potageres et fourrag^res, et un grand nombre d'arbres fruiliers I. — ArBRES FRUITIERS. !• Le Li-Tchi (genre Nephelium, famille des Sapindacees). Get arbre produit un fruit excellent que Ton trouve en grande quantite sur les marches de Kan ton. II crolt dans les environs de cette ville. On en distingue deux especes : le Long-Yen et \q Li-Tchi proprement dit. La region de I'empire ou ces arbres abondent indique assez qu'ils conviendraient exclusivement a I'Algerie. Ilsy remplaceraient nos fruits, tels que la Prune et la Poire, qui peut-^tre sous ce climat degenereront comme aux Antilles. II serait bon de se procurer des jeunes pieds en serre portative, et des graines pour experimenter a la fois par plantation et par semis. 2o V Yang-Mae. C'est une espece de Myrica dont la baie est tres recherchee par les Chinois. Elle se vend Ires bon march^ dans le sud de Fempire. Elle pent servir a la fabrication de certaines boissons. C'est, du reste, une plnnte d'utilite secon- daire, que nous signalons parce qu'elle est fort estimee des 218 SOCIETE IMPERULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. voyageurs qui en ont goute. Cette plante ne conviendrait ega- lement qu'a I'Algerie. 3o Les Vignes. L'empiro chinois renferme un grand nombre de Vignes. Les habitants ne font pas de vin^ les raisins sont done exclusivement reserves pour la table. Ce serait une riche acquisition pour leluxe mensairede notrepays^ maisce serait peut-6treaussi une source derichcsse pour notreAlgerie, dont I'avenir vinicole est grand. Comme on ne pent meconnaitre I'influence du plant sur la qualite du vin,peut-6tre ces especes toutes nouvelles creeraient des vins nouveaux. La Vigne est une plante robuste : il faudrait done en envoyer beaucoup de pieds emballes grossierenient , et seulement pour quelques especes, reputees les meilleures, recourir a un emballage plus difficile et pluscouteux. On planterait ces Vignes en Algerie et dans lemidi de la France ; les especes les plus rustiques pour- raient 6tre essayees en Bordelais et en Bourgogne. La Vigne pousse rapidement : dans quelques annees on pourrait savoir si Ton doit donner suite et extension a ces experiences ou y renoncer completement. A" Les diverses especes d'Orangers et de Citronniers. Entre autresnous signalerons le Citronyiier a fruits digites{fingerred Citron)^ qu'on sert sur les tables a Chang-Hai; \q Knm-Quat {Citrus japonica), espece de Citronnier nain se couvrant de fruits de la grosseur dune Groseille a maquereau qui servent k la fabrication de conserves estimees : un pied de cette variete a ete rapporteen 4846 par M. Fortune; le Citronnier dpetits fruits {Citrus microcarpa, Bunge), peut-6tre le m^tne que le precedent. Un des caracteres de ces deux families est de ne vivre que sous une latitude assez cbaude. On sait que ces ve- getaux ne portent pas de fruits en France, si ce n'est dans le midi. II parait qu'il y a en Chine des especes qui supportent mieux le froid, et particulierenient celle que nous venons de citer. On comprend quel serait pour nous le prix d'une telle acquisition ; aussi invitons-nous MM. les voyageurs a nous en- voyer des fruits, des graines et des boutures en serre portative. 5° Les diverses especes de Figuiers (forestieres ou comes- tibles). Ces especes auraient, comme les Citronniers de Chine, VKGETALX CHINOIS. ' ' '• 'i ' !Rl© une plus gi'tinde ruslicite que cellos du continent europeen (graines et boutures). ffnr>o hyj-' jn/ii' .-;: /i-r 1 6° Lc Cognassier commun de Chine (Cydonia chinensis, Thou in). 7" Les Grenadiers (diverses varietes) (fruits, graines et bou- tures). 8° Les diverses especes de Chataigniers (fruits). 9° he Pecker de Chang-Hai. Cette variete a ete apportee par M. Fortune. Les fruits peuvent presenter jusqu'a 28 cen- timetres de circonference (noyaux et boutures). 10" Le Long-an, qui donne un fruit tres recherche. Ce ve- getal nous aetesignale parM.Chatel. 11° Le Vampi. IT Uarbre a The. Get arbre a deja ete mis au Jardin d'essai d' Alger, il n ya pas reussi ; mais des tentatives faites a Angers semblent 6tre plus heureuses, Tarbre, vient en pleine terre. II faudrait done envoyer un assez grand nombre de pieds pour faire des experiences serieuses. L'arbre a The exige de la neige et des gelees, comme le disent formellement les livres d'agriculture chinoise. Dans les pays de montagnes, sous un climat excessif ou a un froid vif succedent de grandes chaleurs, il nous semble que Ton reussirait mieux que dans les plaines ou sur les coteaux de I'Anjou. - ' ' ii''-. '"'' - 13o Les especes et varietes de Pruniers, Pommiers et Poi- tiers (graines et boutures). II. — Arbres forestiers. La richesse des essences forestieres de T Europe ne nous laisse que peu de chose a envier au continent asiatique. Hifais pour notre Algerie, nous avons tout a lui demander. Le manque de bois de construction est un des obstacles les plus serieux aux progres de la colonisation. Nous signalerons comme es- peces les plus utiles : 1° L'Erable a feuilles tronquees {Acer truncatum, Bunge). II y en a de grands bois aux environs de Pekin. 2° L'Orme nain, assez generalement repandu en Chine. 3° LeSaule pleureur {SalixBabylomca}, ires generalement 220 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. cultive. II faudrait se procurer des boiitures deTindividu male, rindividu femelle etant seul connu en Europe. li" Le Saule soupirant {sighing Willow). 5° Le Ch^ne de Chine [Qimxus sinensis ^ Bunge). Get arbre a le port et les feuilles du Chataignier. 6° Le Chene a feuilles obovales {Quercus obovata, Bunge). Pour envoyer en France ces deux esp^ces et toutes les autres que Ton pourra se procurer, il faut semer en serre portative les glands recoltes a parfaite maturite. 7" Le Siraga des Japonais (Pinus Massoniana). 8° Le Pin de Chine (Pinus sinensis) . 9° Le Cephalotaxus Fortunii. '^ 10° Le Cypres funeraire. 11* Le Pin aquatique, repandu sur lebord des cours d'eau. Pour toutes ces Coniferes, il faudra recolter les fruits quelque temps avant la chute de? graines et les laisser murir et secher avant Temballage. 12° Le Nan-Mou : c'est une sorte de Cedre, a bois tres dur et tres solide ; il atteint une grande hauteur. Les Chinois le preferent pour les constructions aux essences europeennes, ,qui, du reste, se trouvent aussi chez eux. a«; L'on ne saurait non plus assez recommander d'envoyer une liste exacte des plantes expediees, et de marquer chacune de facon qu'on la reconnaisse facilement avec I'aide du cata- logue. Autrement on serait oblige d'agir au hasard et en aveugle dans les experiences d'acclimatation auxquelles ces vegetaux seront soumis. CHilVRES. 227 ESSAI SUR LES CHfiVRES Pnr M. S.4CC, ProfesMur h la Faculto des sciences do Ncuchatel (Suiite), D6\egu6 de la Socidt^ k Wesserlinj;. SUITE ET FIN (1), MALADIES. Maladies externes. Maladies des pieds. Les sabots des Chevres nourries a I'etable s'allongent quelquefois de maniere a g6ner leur marche ; il faut alors les couper de maniere a leur rendre leur forme primitive. Lorsqu'un corps pointu ayant penetredans le sabot, Tani- mal boite, il faut I'enlever, elargir la plaie de maniere a faci- liter I'ecoulementdu pus, et envelopper le pied dans deslinges grossiers jusqu'a ce que la plaie soit guerie. Quelquefois le sabot se detache et tombe sous Tinfluence de diverses causes dont I'humidite des etables est la plus habi- tuelle ; on mettra les Chevres au sec et on trempera leurs pieds dans une solution faite avec 30 grammes de sulfate ferreux pour un litre d'eau froide. Quand le mal est grave, on enveloppe les pieds d'etoupes trempees dans ce remede, en ayant soin de les renouveler des qu'elles sont seches. La gale. Celte affection, qui atteint toutes les parties du corps, en couvre quelquefois la surface entiere ; elle debute sous forme de petits boutons qui font place a des escbares qui s'etalenten faisant tomber le poll, de maniere a laisser quel- quefois les animaux tout a fait nus. Comme cette maladie est contagieuse, on sequestre immediatement les animaux qui en (1) Voyez les num^ros denoveinbre, d^cembre, jaQvier et avril dernier. 22S SOCIETl!: IMl'K'.llALF, /aCLGilQUIi !)\u;CI.!M\T.vTION. sont altciiits clou leur donne unc nourritiire clioisie. A jeun, on cleiid sur la langue de cliaijue malade, cliaquojour et pen- dant une semaine, 7 grammes du melange suivant : fleurs de soufre, 30 grammes, baies de genievre et racine de gcntiane jaune, de chaque 1 5 grammes ; reduire en poudre tine et broyer avec assez de miel pour donner au tout la consistanco d'une pate epaisse. On ne donne au Chevreau que 3 grammes du melange. Quand les malades auront suivi ce traitement pen- dant huit jours, on coupera soigneusement tons les polls res- tants et on oindra les places galeuses avcc Fonguentdont nous allons indiquer la composition, en ayant soin de n'en Hen lais- ser aller dans les oreilles, lesyeux ou la bouclie, oiison exces- sive acrete pourrait causer de graves accidents. On broie soi- gneusement 2 kilogrammes de saindoux avec 500 grammes de fleur de soufre et 30 grammes de cantharides en poudre fine. Quand la gale est assez violente pour couvrir tout le corps, on porte la dose de cantbarides a 60 grammes. Cette dose est calculee pour trente Cbevres. II est rare qu'il faille frictionner les Cbevres plus de deux fois avec cette pommade avant que la gale cesse et se detacbe en larges plaques. Chute des polls. On I'arr^te bien vite, en donnant aux malades des aliments choisis et en oignant tout le corps avec un melange fait a parties egales d'eau de cbaux et d'buile de liu crue. Cette preparation, qu'on secoue fortement avant de I'employer , guerit aussi les ecorcbures aussi bien que les crevasses. Maladies des yeux. Ces affections ont des causes externes telles que les coups, les exbalaisons acres des etables, et des causes internes telles qu'une mauvaise digestion, ou desrefroi- dissements. Quand les yeuxsont enfleset qu'il en sort beaucoup de larmes, sans qu'on puisse apercevoir de lesion externe, le mal a une cause interne. On donne au malade peu a man- ger et beaucoup d'eau blancbe a boire, puis on lui adminislre a jeun 50 grammes de sulfate sodique dissous dans un verre d'eau, et on enduit I'ceil avec de I'onguent blanc campbre. Huit jours aprcs, on rcpete la purgation et on continue I'usage de I'onguent jusqu'a ce que la guerison soit complete. Quand ciJi:v:ii:s. 229 la cause du inal est externe, on se contente de has^jner I'geil avec de Teau fralche. , < .,•,;) ,; , Les Poux atteignentsurtout les Chevres a longs poils; celles de Thibet et d'Angora en sont queiquefois toutes couvertes. On les tue en oignant tout le corps avec de Thuile de colza qu'on y fait penetrer sur tons les points ; il en faut de 1/2 a 1 litre par b6te; deux jours plus tard, on peigne les malades, et on les brosse ; tons les parasites ont alors disparu. Maladies internes. ' i Coliques. Les malades ne mangent pas, ont les oreilles froides, sont inquiets et angoisses; on leur administre, de trois heures en trois heures, 30 grammes de sulfate sodique dissous dans un verredVau, jusqu'a ce qu'il y ait purgation; puis des lavements d'eau tiede avec de I'huile et un peu de sel, de demi- heure en demi-heure, jusqu'a ce que le mal disparaisse. Refroidissements. Les Chevres atteintes dece mal tremblent de tout leur corps; il faut se hater de les envelopper dans des couvertures chauffees, et de leur faire boire une infusion chaude de camomille dans laquelle on verse un verre de vin ou un quart de verre d' eau-de-vie. Vhydropisie est caracterisee par la maigreur excessive de tout le corps, sauf du ventre qui est gontle et habituellement garni d'abces plus ou moins gros. Comme cette maladie est causee par le pacage des pres humides, il est plus facile de la prevenir que de la guerir. Quand elle est declaree, on donne trois fois par jour a chaque malade 15 grammes du reniede suivant : Prenez 50 grammes de racine de gentiane jaune, autant de bales de genievre et de graines de pbellandre aqua- tique, reduisez le tout en poudre fine, ajoutez-y 10 grammes de terebenthine de Venise et assez de miel pour faire du tout une pate fcrme. Les pissements de sang et les vertiges se guerissent comme les coliques, aceci pres que, dans le second cas, on enveloppe la t6te avec des linges imbibes d'eau froide. sur lesquels on fait arriver constamment et jusqu'a ce que lemieux se mani- 230 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. feste, un filet d'eau aussi froide que possible. Dans les deux cas, on tire l/A de litre desang de la jugulaire. La toux est facile a guerir, en evitant les refroidissements, tenant les malades a I'eau tiede et au regime 5 quand elle per- siste, il faut s'adresser a un veterinaire ; car elle peut 6tre i'indice d'une grave maladie des poumons. Les fourrages mal- propres et couverts de poussiere sont la cause la plus habi- tuelle de la toux. w Vatrophie ou maigreur est generalement le resultat d'une mauvaise alimentation ; on la guerit en donnant des aliments choisis auxquels on ajoute quelques poignees d'avoine saupou- dree chaque fois avec 30 grammes de poudre de bales de genievre et 10 grammes de poudre de racine de gentiane jaune. PRODUITS. Comme on a deja enumere ailleurs les produits speciaux aux Chevres d'Angora etdu Thibet, on n'enparlera plus ici 011 nous ne nous occuperons que des produits de la Chevre d'Europe, qui sont communs aux autresespeces. C'est essentiellement pour leur lait qu'on garde les Chevres, et c'est lui aussi qui va servir de base au calcul du benefice que procure leur education comparee a celle des vaches. Les Chevres donnent chaque jour de 1 a A litres de lait ; celles qui errent en liberie dans les montagnes n'en fournissent guere plus de 1 Utre ; cette quantite s'eleve a 1 1/2 ou 2 litres chez les Chevres tenues au paturage oii elles s'agitent moins, et monte a Zi et m6me 6 litres chez celles qui passent toute Tan- n^e a Tetable ; le produit de ces dernieres nourries avec 2 kilo- grammes de foin est, en moyenne, de 520 litres par an. Comme una vache de moyenne taille, pesant 300 kilogrammes, mange 20 kilogrammes de foin et ne donne que 1,575 litres de lait par an, il s'ensuitqu'en lui substituant cinq Chevres, onobtien- dra pour la m6me quantite de fourrages 2,600 litres de lait, soit moitie en sus, ce qui est cnorme. Le lait des Chevres domestiques, quoique variant autant que CH^VHES. 23 t celui (les Vaches dans sa constitution, est generalement coniT pose de : •''" Beurre 4,70 Fromage Zi,85 /; a Sucre . 3,10 Sels 0.35 Eau 87,00 /<-, ,. 100,00 II s'ensuit qu'il est moins gras que celui de vaches, mais beaucoup plus riche en fromage, ce qui le rend plus aise a digerer et plus nutritif. On croit generalement en Suisse, qu'il est impossible de tirer du beurre de la creme des Ch^vres avant de Tavoir cuite ; ayant retrouve cette curieuse erreur en France et en AUe- magne, nous avons voulu approfondir le fait; dans ce but, on a partage en deux portions egales le lait de la m6me Chevre; la creme de Tune de ces portions fut barattee telle quelle, et I'autre apres avoir ete bouillie, puis refroidie. Toutes les deux donnerentle m6me poids de beurre ; mais celui de la premiere portion etait jaune, dur et fort appetissant, tandis que celui de la seconde etait blanc, mou et avait le goOt, ainsi que I'odeur du suif. 100 litres de lait fournissent 3 a A kilogrammes de beurre, et 10 a 20 kilogrammes d' excellent fromage. Le lait des Ch^vres nourries a I'etable est generalement exempt du goCit de bouc si desagreable, que presente celui des Chevres nourries au paturage et surtout dans lesfor6ts. Lsi chair des Chevres adultes, lorsqu'elles sont grasses, est bonne quoiqu'un peu coriace ; celle des Chevreaux est excel- lente et tres recherchee. Chaque Chevre grasse fournit de 6 a 8 kilogrammes de suif plus dur que celui de tous les autres animaux domestiques, ce qui le fait rechercher par les fabricants de chandelles et surtout de bougies steariques. Dans les provinces danubiennes, on abat chaque annee des milliers de Chevres, uniquement pour en avoir la graisse et la peau, qui sert a la confection des maro- quins et des cuirs legers. C'est avec la peau des Chevreaux 23^ SOClfiT^ IM1'ERI\LE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMVTATION. qu'on fabrique les gants giaccs ^ inais il faut pour cela qu'ils soient encore a la mameile : des qu'ils ont mange de I'herbe, leur peau s'incruste de sels calcaires qui la rendent impropre a cet usage. ■' — Cha([ue Chevre tenue a I'etable fournit annuellement 9 a 10 quintaux melriques de fumier consomme, aussi bon que celui de brebis. De ces chiffres, il est aise de conclure que la Chevre est un des animaux domestiques les plus utiles, et que e'est bien reellement elle qui donne le plus de lait pour une certaine quantite de fourrage. En consequence, il est avantageux de substituer les €hevres aux Vaclies, toutes les fois que le lait est le produit essentiel qu'on en exige. La Chevre merite done toute I'attention des agriculteurs, et nous serions heureux si notre travail, tout imparfait qu'il soit, pouvait leur 6tre de quelque utilite en les engageant a etudier cette nouvelle source de richesses. iz 33 ^Mv. PACKER DE TL'LLINS. 233 NOTE SUR LE PfiCHER DE TULLINS a) Par 91. CHATIN. Stance du 20 Mars 1857. L'excellente P6che sur laquelle je viens appeler Tinter^t et I'influence vulgarisatrice tie la Sociele d'acclimatation, fut apporlee a Tullins, dans le departenient de I'lsere, par le com- mandant Barral, qui revenait de la merveilleuse campagne d'Egypte, charge deslauriers du mont Thabor et des Pyramides, plus d'un petit sac de noyaux deP6chesquMl preferait, disait-il, a un sac plein de pieces d'or. L'histoire de I'introduction de la P6che d'Egypte est assez incompletementconnue pour que je doive la rectifier et la com- pleter sur quelques points. M. Paganon, president de la Societe d'agriculture de Gre- noble, ecrivait, en 1850, a M. ^ain\m{yo\r]a Revue horticole^ p. hh7, annee 1850) : « Le nom de P6cher-Michal rappelle peut-6tre celui de son introducteur dans le pays. » Or, voici la veritable origine du nom. Lorsque le commandant Barral vint, apres la campagne d'Egypte, se reposer quelque temps a Tullins aupres de sa famille, il distribua a ses compatriotes, en les assurant qu'ils produiraient des arbres toujours francs de graines, robustesen plein vent, eta fruits infinimentsuperieurs aux pelites et mauvaises P^ches vertes ou jaunes qui crois- saient dans leurs vignes, les noyaux qu'il avait precieusement recueillis. C'est ainsi quele nouveau P6cher s'oleva a pou pres en m6me temps dans les bons vignobles de MM. de Bressieux, de Glasson, Ganigard, Lacombe, Rabichon, des notaires Char- (1) Nomm^ aussi Pficlicr Michal, Pfidier Barral, Pficher d'tgypte, Pficher tie Syric. 23/i SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCL1M\TATI0N. meil et Sillan, du medecin Miclial, etc. M. Miclial, qui avait habilementdirige sa plantation, gouta le premier a la P6che rap- portee d'Egypte (ou pour parler plus exactenfient, parait-il,des cotes de Syria). Ce fruit, beau, a la fois succulent et charnu, a noyau facilement separable et facile a distinguer de ceux des autres P6ches, a sa forme finement mucronee au sommel et attenuee, deprimee vers sa base, laissait loin derriere lui ceux des races jusque-la repandues dans les vignobles. Aussi M. 3Ii- chal, appreciateur intelligent, devint-il le partisan cnthousiaste du nouveau P6cher, dont il se montra si bien, en toute occa- sion, le defenseur et le propagateur, que bien tot celui-ci ne fut plus connu que sous le nom de P6cher Michal. Retire a Tullinsapres ses campagnes, le commandant Barral put jouir du service qu'il avait rendu a son pays natal en le dotant d'un fruit precieux, qui a aujourd'hui chasse de toutes les bonnes expositions les petites P6ches sauvages. II aimait alors a plaisanter le docteur Michal, qui s'etait, disait-il, pare de ses habits en donnant a la nouvelle P6che son propre faom ; reproche auquel M. Michal repondait, sur le m6me ton, qu'on lui avait passe I'habit sans son consentement et qu'il ne s'opposait pas a ce que son ami essayat de le reprendre. Mais, bien que M. Michal tint lu t6te entre tous pour I'eloge et la propagation du nouveau P6cher, chaque habitant deTul- lins prit sa part dans Tacclimatation du nouveau venu, qui, de 1815 a 1820, etait represente dans les vignobles du Mas de Boulan, de Grateloup, de Moiit, de la Pique, etc., par des arbres vigoureux, quoi(|ue deja parvenus a Fage ou les bons P^chers, livres a eux-m6mes, sont vieux. On savait des lors aussi que les gros pieds, dont le tronc etait brise par le vent, tue par la gomme ou recepe des la base pour un motif quel- conque, produisaient du collet des pousses qui renouvelaient Tindividu en le rajeunissant. C'est la part generale prise a I'acclimatation et a la culture du P6cher apporte par le com- mandant Barral, qui me fait preferer, si le nom de I'introduc- teur ne prevaut pas, le nom de PMier de Tullins a celui de P6cher Michal. Quoique si precieux par la qualite qu'il possede deseperpe- P£CHEI\ DE Tl'LLINS. 235 tuer par graines sans aucunement degenerer ; par sa rusticite qui en fait un arbrc de plein vent: par sa vitalile qui lui pennet de se reproduire proniptement du pied quand sa tige a ete detruite par accident, par maladie ou ni6me par vieillesse; par sa precocite qui fait mettre a fruit les arbres de noyaux a trois atis et les repousses a deux ans ; par la beaute et la suavite de ses fruits, qu'on a compares a la P6che Teton de Venus, mais que j'estime superieurs, le P6cher de Tullins est encore a peine connu hors de lavallee de Tlsere. Aussi M. Fo- rest, de la Societe d'horticulture de la Seine, put-il croire avoir fait une decouverte enrencontrant,enl8Zi9,dansrYonne(chez I'un des fr^res de Bressieux, qui I'avait apporte de Tullins) notre P6cher, qui lui parut 6tre a plusieurs egards remarquable, et que, deja, par une petite alteration de son histoire, on lui pre- senta comme un arbre apporte au Dauphine, vers 1802, par un chirurgien militaire qui avait fait partie de I'expedition frangaise en Egypte {Revue horticole, anneel850, p. khQ). Le fait est, comrae je Tai dit, que le mililaire qui a rapporte le P6cher n'etait pas chirurgien, et que le chirurgien qui a pris une grande part a son acclimatation n'etait pas militaire. Le P^cher Miclial a fait son apparition sur quelques points encore. Par les soins de notre vieil ami, M. de Glasson, et par les miens, il prit place depuis il y a bientot sept ans, a Meudon, chez le general Jacqueminot 5 en Normandie dans les jardins deM. le marquis de Pomereu etdans ceux de M. Mosselmann, oil la culture en espalier, la seule peut-^trequi convienne dans le Nord, aproduit des fruits savoureux et infmiment plus beaux que ceux fournis par Tarbre en plein vent dans la vallee de risere. Le P6cher de Tullins a ete porte aussi a Pont, chez M. Casimir Perier, mais j'ignore quels ont ete les resultats. Quelques noyaux que j'avais places, il ya dix-sept ans aussi, en plein vent, dans un jardin de Paris, d'ailleurs trop couvert d'arbres, sont restes chetifs, ayant ete pris de la gomme. D'autres individus, ages de deux ans, et mis encore en plein vent, mais dans de meilleures conditions d'aeration et d'insolation (jueles premiers, se portent tres bien. J'ajouterai qu'il y a deux ans, je remis a notre regrette confrere, M. le 236 SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. baron de Montgaudry, vingt-cinq noyaux qu'il partagea a pliisieurs de nos collegues. II semble qu'il soit reserve a la Societe d'acclimatation de vulgariser le P^cher de Tullins, qui bientot, gnke a elle, aura pris, sur tous les points de la France, et on pent dire, sur tous les points du monde (proprea sa cul- ture) que les membres couvrent aujourd'hui comme d'un reseau, la place a laquelleil a de legitimes droits. II serait en particulier, suivant la pensee de notre confrere, M. Cosson, auteur de savants voyages botaniques dans FAlgerie, un bien- fait pour les contrees mcntagneuses de nos possessions afri- caines dont Blidah et Medeah formetit le centre. Pour faciliter et hater Taction de la Societe, je mels aujour- (I'hui a sa disposition, de la part de M. Julien Bertrand, de Tullins, membre de notre fille ainee la Societe d'acclimatation des Alpes, une centaine de noyaux et quelques jeunes arbres. L'annee prochaine, c'est par niille que mes amis de Tullins, savoir, M. Bertrand, M. le docteur Barral, fils de I'introduc- teur, le docteur Michal, fils du propagateur principal, MM. de BressieuXjCharmeil, Masson et Rouen, pharmaciens,le docteur Viallet, etc., enverront. pour la Societe d'acclimatation, des noyaux et des jeunes arbres qu'elle repartira alors entre ses membres avec plus de liberalite qu'elle ne pent le faire aujourd'hui. ly. PROCES-VEllBAUX. 237 II. EXTRAIT DES PROCfeSVERBADX DES S£ANCES G£n£RALES DE LA S0CI£T£. STANCE DU 17 AVRIL 1857. Pr^sidence de M. Geoffroi; Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres admis depuis la derniere seance : MM. Aguado (le comte Olympe), a Paris. Albon (le marquis d'), membre du Conseil general dii R|j6ne, a Paris. Alexandre, pbarmacien, a Bordeaux. Barillet-Deschamps, architecte paysagiste, jardinier en chef du bois de Boulogne, a Paris. Baye (le baron de), proprielaire a Pciris. Cagnola (Jean-Bdptiste de), proprielaire, a Jlilan. Chabuol (le baron de), a Paris. Chardon, receveur du domaine de Ferrieres, a Ferri^res, pres Lagny (Seine-et-Marne). Chasteigner (le comte Alexis de), ancien officier des haras imperiaux, a Bordeaux. Civiale (le docleur), membre de I'lnstitut et de I'Acade- mie imperiale de medecine, a Paris. Dalgleish (John James), a Edimbourg (Ecosse). EsTANCELiN, ancieu representant, aEu (Seine-Inferieure), et a Paris. FoucHE (Victor), conseillcr a la Gourde Cassation, a Paris. FoussAT (Justin), negociant, a Bordeaux. Gastu (le general de brigade) , commandant la subdivision de Medeah, a Medeah (Algerie). Greco (Pierre), proprietaire et receveur du district, a Patli, province de Messine (Sicile). Greco (Gaetano), proprietaire, a Palti, province de Mes- / sine (Sicile). T. IV. — Mai 1857. 16 23f? soci^T^ imp^riaLe zoologique d'acclimatation. HoRSON, proprielaire, a Versailles. Lapaine (Benoit), secretaire general du gouvernement de TAlgerie, a Alger. Le Marois (le comte), senateur, a Paris. Ney, dug d'Elchingen (Michel), sous-lieutenant au 1" regi- ment de chasseurs d'Afrique, a Alger. Pavy (S. G. M^'""), ev6que du diocese d'Alger, comman- deur de I'ordre imperial de la Legion d'honneur, a Alger. Peluso (Francois de), proprietaire, a Milan. Prom, proprietaire, agriculteur, aSaint-Caprais(Gironde). Renolx (le lieutenant-colonel), directeur de I'arsenal du J" genie, a Alger. Rothschild (le baron James de), consul general d'Autriche, a Paris. Saint-Simon (Alfred de), a Toulouse. Sourdeval (Alfred de), a Paris. Sue (Joseph), a Paris. ToKftfes DE RoBLEDO (Gilberto), capitaine du genie dans Tarmee mexicaine, a Oaxaca (Mexique). TouhANGlN, senateur, a Paris. Vandermvrq, proprietaire, a Paris. VlLLE (Georges), professeur de physique vegetale au Mu- seum d'histoire naturelle, a Paris. ' — -L'admission du Comite zoologique d'acclimatation et du Comite d'acclimatation des plantes formes I'un et I'autre au sein de la Society imp^riale d' agriculture de Moscou comme Societes affiliees de la notre, est mise aux voix et adoptee a I'linanimite. L'assemblee admet egalement, a I'unanimite, comme Sociele a^regee, la Cornice agricole dTpinal. — Des deitiandes d'agregation adress^es au nom de la Societe d" agriculture de I'arrondissement de Melun, de\a Societe des sciences , agriculture et arts du Bas-JRhin, eXdeln Societe cen- trale de I'Yonne pour I'encouf'ageinent de I' agriculture, par leurs presidents 31M. Drouyn de Lhuys, le professeur Lere- boullet etChalles, sont renvoyees a I'examen du Conseil. PROCES-VERBAui; ' : * -^ 239 — XASocieted'horticulhirede I' arrbhdissement de Beaune manifosle le dosir d'hnlrer en relations avec noire Sdciete. — M. Kaufinann ihforme que le ComiU zoologigiie d'accli- inatation de Moscdu^ d^sireux d'eteiidre ses relations, s'est mis en rapport avec notre Sbciete affiliee de Berlin. A cette Occasion, notre confrere fait cette observation, que la propa- gation des idecs qui ont preside a la formation de la Societe de Paris va devenir un des liens les plus puissants des relations internationalcs. — Des lettres de remerclrtients soiit adressees par M. Saul- nier pour la recompense qui lui a etc accordee et par AIM. J. A. Lecaroz, le cornte Max. de rKstoile, O'Ryan de Acuna et le comte de Saint-Aignan pour leur admission dans la Societe. — M. le professeur Bazin, notre delegue a Bordeaux, ecrit k Toccasion des felicitations qu'il a revues du Cohseil pbUf' le z61e qu'il apporte a Textension de notre oeuvre. De plus, il manifeste le desir de creer, dans cette ville, un jdrdih d'acclJ- rriatation. • r . '•• ' ,'"-, ' ' — II est donne l^dliife, par extraits, d'lifffe' Ibttt^ afe'ri'dtf^ delegue a Madrid, M. le profess. Graells, qui insiste silt- Tim- portance des applications dela botanique, ainsi que de la zoo- logie, et par suite sur Tutilite de nbs travaux et sur les heti- reux resultats qu'ils doivent produire. — M. Anat. Bagdanoff, secretaire des Comites d'dcclimata- tibn de Moscou, adresse des graines de pldhtes de Siberie (Pehi' lodendron amtirense, arbfealiege des bords du fleuve Amour; et Argyrophjllum arenarium^ dohnant une Ituile bonne pour I'usage de la table, etc.). II fait connaitre le sujet de travatii entrepris en Russie pour la domestication de I'olseau nommS Combattant {Machetes pugnax) et de la grande outarde [Otii tarda). II promet des communications ulterieures sur tes rfechercbes, ainsi que sur d'autres qui lui sent propres. — 11 fait parvenir, en m6me temps, le proc^s-verbal de la seance d'ouverture du Comite d'acclimatation deS plantes, proc^Si- verbal dont il est donne lecture par extraits. — Des offrcsde service pour Tile de la Reunion, Madagascar et les lies environnantes, sont adressees par M. Sachet, capi- SAO SOCltTfi IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. taine d'infanterie de la marine, fiui va partir pour Mayotte, dont il est nomme le commandant en second. De semblables oflres sont faites par cet officier au ncm de M. Adrien Bia- rotte, chef du comptoir fran^ais a la baie de Saint-Augustin (Madagascar) et qui y reside depuis trente ans. — MM. Aug. Geofl'roy et Foacier demandent des Ignames, et des rapports sur la culture de cette Dioscoree sont transmis par nos confreres M. Muteau, premier President de la Gourde Dijon, et M. le conite d'Ussel. Renvoye a la 5« section. — Noire confrere, M. J. Michon, met sous les yeux de Fas- semblee des rhizomes dlgnames, qui, au lieu de s'6lre eten- dus en longueur, se sont divises et elargis. lis proviennent d'une culture en grand entreprise dans la Nievre paries soins de Fun des membres de la Societe, M. Alexandre, et sur laquelle M. Michon donne quelques details. — Des documents divers sur les travaux de M. le chevalier Plantier du Pombal, relatifs a la culture de la Pomme de tcrre en Portugal- envoyes par M. Ferdinand Denis, a la demande de la Commission des recompenses pour 1857, sont reserves pour Ja Commission de 1858. — M. Mirleau d'llliers, d'Orleans, place sous les yeux de Tassemblee des graines enveloppees d'un engrais qui y est fixe par I'intermediaire d'un liquide agglutinant resultant de la dis- solution de dechets de cornes au moyen de la potasse caus- tique, dont TelTet dissolvant est ensuite neutralise par une addition suffisanle d'acide chlorhydrique. Quant a I'engrais avec lequel ce pralinage est elTectue, il pent varier suivant les circonstances. L'auteur de ce procede, pour lequel il a pris un brevet d'invenlion, depose sur le bureau unplan de la machine a I'aide de laquelle il opere, et il donne verbalement des expli- cations sur ce sujet, puis repond d quelques observations qui lui sont faites par MM. Fred. Jacquemart, le docteur Aube, V. Chatel et de Uainneville. L'examen de ce procede est ren- voye a une Commission composee de MM. Fred. Jacquemart, John Le Long, Moquin-Tandon, de Hainneville, le baron Se- guier et Jacques Valserres. Do plus, sur la demande de M, Mir- leau d'llliers, nos confreres residant a Orleans seront invites pnocfes-VEiiBAUX. 2H a visiter ses cultures ensemencces avec des graines traitecs parle procede dont il s'agit. — M. Moquin-Tandon annonce que pUisieurs des tiibercules re^u dernierement de Chine, ot (|iii ettiimU presque entiere- ment avaries, ont leve an jardin dc la Fa?iilte de medccine. Lestuhercules a chair jaunatre ontdonne un Caladium, etceux a chair rouge un Dinscorea, du moins autant qu'on peut en juger d'apres ies premieres feuilles; cotte derniere espece res- sendile beaucoup a Valata. Un tubercule a chair ferme a produit une convolvuiacee. M. Moquin-Tandon presente un eclianlillon de chacune de ces planles; ces echanlilions ont environ 0"',75 de hauteur. C'est a M. Lhomme, jardinier en chef de la Faculte dc medecine, qu'est due hireussite de ces diverses cultures. Notre confrere rappelle qu'un rhizome volu- mineux, adresse de Rio-Janeiro I'annee derniere, et qui fut divise par tron^onsconfiesaux divers etablissements publics de la capitale et a plusieurs horliculteurs, a donne des pieds d'un autre Caladium Ires semblable au C. giganteum^ si ce n'est le m(^me. — M. Constant Salles, capitaine au long cours, annonce qu'il va faire hommage a la Societe de vegetaux utiles d'Halti, tels que diverses varietes d'Ignames, des pieds deBananicrs et des bulbes d'une piante alimentaire dont il ne donne que le nom de pays, le Tayo. La lettre de M. Salles sera plus tard ren- voyee a Texamen de la Commission des recompenses a decer- ner en 1858, a cause des details qu'elle renferme sur des tentatives d'acclimatation qu'il a faites des 1S52. — Notre confrere, M. Ferdinand Gervais, presente, au nom de M. Denis Graindorge, cultivateura Bagnolet pres Paris, une fraise nouvelle sous le nom de Fraise prince imperial, obtenue de semis de fraises anglaises, et qui est tellement precoce, qu'on peut I'obtenir, en serre ordinaire, parfaitement mClre dans la premiere quinzaine de mars. — W. C. Aguillon, de Toulon, fait un nouveau present : il envoie, pour 6tre dislribuees a ses confreres, des graines de quatre especes de Melons blancs. — Notre confrere et delegue a Marseille, M. Hesse, annonce 2^3 SOCIETE IMPEHIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. rarrivee de deux caisses expediees par Tun de nos membres honoraires, Monseigneur VerroUes, de Moukden, province du Liao-toung, le 20 decembre 1856. line de ces caisses, coiiUent des graines de So?'gho, de Millet^ de Sou (semences olea- gineuses d'une espece de menlhe), avec des details sur les precedes dp culture. L'autre cajsse renferme iSOcocons en- yjron de Vprs a soie querciens, recueiljis siir les rives du Saro- Mandchourie, au sud du Liao-toung. Ces cocons ont ete confies aux soins de M. Vallee, a la menagerie des reptiles au Museum d'Jiistoire naturelle. — S. Exc. William Reid, membre honoraire, gouverneur de ft|aUe, qui a expedie en France le Bombyx Cynthia, informe quece Ver a soie manque maintenant a Malte et demande qu'on lui erivoie de la graine ot} 4es cocons. II fait sayqir que par ses soins, ce papillon producteur de soie a ete introduit aux An- tilles, a Tile de Grenade, d'oii on I'a transporte a Tile de Tabago. — M- l^aqfrnann ecrit que pour chercber a pbtenir Tintrq- duction d'une bonne graine de Vers a soie du murier, il a fait un appel aux sericiculteurs et aux Societessericicoles de I'Ajle- magne pt de la Siiede. Get appel a ete entendu, car il est arrive de ces contrees a Paris 60 grammes de graines destinees a 6tre mises a la disposition de la Societe. Get envoi a ete fait par les soins de notre confrere, M. le baron Manteuffel, mi- nistre des affaires etrangeres en Prusse, qui demande a con- naitre ulterieurement les resultats des educations qui seront faites avec cette graine. Des remerciments seront adresses a M. le baron de Manteuffel et a M. Kaufmann. — M. Bourgeois, membre de la Societe, adresse des graines de Vers a soie qu'il espere devoir dpnner de bons resultats, comme il I'explique dans jine Note dont il est ffiit lecture, et dans laquelle notre confrere exprime Topjnion qu'il peut y avoir moyen de regenerer les Vers a soie en recueillant la graine par parlies divisees et en evitant de grandes agglome- rations. II suppose qu'il convient mieux de les elever dans Vetat de nature que de les environiier de soins trop mi- nutieux. .. .. „ PROCES-VERBAUX. 2hZ — M. Guerin-Meneville, qui s'est Iransporte a Reims, le 15 mars dernier, a(in d'assisler, comine delegue do la Societe, a la sortie des ruches de M. Antoine hors des silos ou elles etaient placecs depuis le mois de novembre, presente un Rapport stir fenfouissement des ruches pour I' hiver nation des Abeilles^ ^t pratique depuis plusieurs annees par cet agri- culteur remois. Les conclusions du Rapport sur I'emploi de ce procede sont adoptees par I'assemblee. — S. A. I. le prince Napoleon, sur la demandequi lui en a etefaite par M. le President, ct desirant saisip cette nouvelle occasion, ainsi qu'il I'ecrit, de donner un temoignage de tout |'inter(^t qu'il prend a la Societe, met a sa disposition, pour t^tre places dans sa collection, plusieurs oiseaux qu'il a recueillis pendant son voyage dans les mers du Nord, et parmi lesquels on reniarque un Eider {Somateria mollissima) et un Gerfaut {Hierofalc.o candicans). Des remercimentsseront transmis, au nom de la Societe, a S. A. I., pour ce present. — Notre confrere, M. Paul Molinos, appelle I'atlention sur les causes de la disparition presque generale des Perdrix en France par suite de diverses causes, et sur la necessite d'introduire dans notre pays le Colin d'Amerique. — M. Chagot annonce I'intentionde verser immediatemcnt la prime de2000 fr. promise par lui, si dans une ferme-modele on etait deja arrive a acclimater des Autruches, et s'il s'y trouvait maintenant de ces oiseaux provenant d'une seconde generation. — M. F. de la Sizeranne fait connaitre la naissance d'un nouvel Agneau femelle de la race a grosse queue de Caramanie. SEANCE DU 1" MAI 1857. Pr^sideace de M. Geoffroy Saint-Hilaire. AI. le President proclame les noms des merabres ftflnii^ ,4^"ii la derniere seance ; .- • ,, MiJJ. Baradere , consul general de France, a Barcelone (Espagne). Bardy, avocat general a la Gour ipiperiale de Poitiers. 2ii sociI^,Ti': iMPi'iUALE zooLOJiQLi: u'acclimatation. IIeauuy (Camille), negociant, a Barcclone (Espagne). BiZAT (Henri), armateur, {I Bordeaux. Bur.E (fie), adjoint au maire dc Moulins (Allier). Chenelettk (de), au cluiteau de Chenelette par les Ecliar- meaux (Rli6ne), el a Paris. CoMME (J,), employe au jardin des Plantes, a Bordeaux. Crespel-Lecreux, proprietaire, a Lille (Nord). DuBiED (Constant), proprietaire, a Couvet, canton de Neu- cluilel (Suisse). DuPRE DE Saint-Maur (Edouard), proprietaire, a Paris. EscHERNY (le comte Gustaved\), proprietaire, a Paris. Ferre des Ferris (de), proprietaire, inembre du Conseil general de la Manche, a Paris. Geres (H. de), negociant, a Bordeaux. Ghirlanua Silva (Charles de) , proprietaire, a Milan. Graindorge (Denis), cuUivateur, a Bagnolet (Seine). V Gregory (W. B.), ingenieur-directeur de la Compagnio du gaz, a Bordeaux. Lafokd (Narcisse), ancien pair de France, a Paris. MiRLEAU d'Illiers, proprietaire, a Orleans. MoMCAL'LT (A. de), ancien prefet de Seine-et-Marne, a Paris. MuRAT (le marquis de), au chateau de Moidieres pres la Verpilliere (Isere), el a Paris. Pagueree (A.), proprietaire, a Castillon-sur-Dordogne (Gironde). UiTTER (le capitaine), chef du bureau arabe de Medeah (Algerie). ViGiER (le comte), ancien pair do France, a Paris. — L'assemblee, par trois votes succcssifs, admet a I'unani- mite, au nombre de nos Societes agregees : la Societe des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin, a Strasbourg, la Societe centrale de I'Yonne pour l' encouragement de ['agri- culture^ et la Societe d^ agriculture de l arrondissement de Melun (Seine-et-iVlarne). — S. Exc. le Ministre de I'agriculture, du commerce et des pnocfes-vERDAjjx. 245 Iravaiix publics, informe, par line leltre en date thi ih avril, qu'il accorde a noire Societc une somme de 1500 francs pour contribuer a nos travaux en 1857. — II est donne lecture d'line Icttre deS. Exc. leMinislredes affaires elrangercs au Bresil, M. Jose Maria da Silva Pararibos, ecrite de Uio-de-Janoiro, le 9 mars, et par laquelle ce haut fonclionnaire annnonce que S. M. TEmpereur du Bresil agree avec plaisir I'expression des sentiments de reconnaissance que notre Societe a manifestes pour le baut temoignaLie de bien- veillant encouragement qu'elle a daigne accorder a nos travaux en acceptant le litre de membre de la Societe. — M. levicomtede Panat, vice-president dc la Societe d'a- griculture du departemcnt de la Haute-Garonne, ecrit pour remercier de I'admissicn de cetle Societe parmi nos Societes agregees. — S. A. le prince A. de DemidoPF, recemment nomme de- legue de la Societe a Florence, informe qu'il a recueilli de M. le President les details concernant Taction et les fonclions des delegues de la Societe. Ce programme, dit-il, sera son guide, et il ajoute qu'il s'emploiera de grand cocur a donner a la Societe toute Textension possible en Toscane. II fait con- naitrc les mesures (ju'il a prises pour que les graines qui lui ont ete envoyees soient cullivees dans diverses localites. — Des lettres de remerciments sont adressees par MM. Brierre et par M. G. de Lauzanne pour les mentions honorables qui leur ont ete accordees dans la seance du 10 fevrier, ainsi que par MM. Coeffier, Delisse, le comte de Louvignez et par M. Al. Manzoni, a Toccasion de leur admission dans la Societe. Ce dernier, dontle nom comme poete, est si populaire, exprime des sentiments de vive sympalhie pour noire oeuvre : « J'ai loujours eu, il est vrai, beaucoup d'inclination pour Tagricul- ture, dit-il, et m6me pour racclimatalion, mais sans en faire I'objet d'une elude approfondie, ni m6me d'une pratique sui- vie et palienle ; mais j'ai cm qu'il serait toujours bon de faire nombre dans une entreprise deslinee a 6lre si utile au monde entier, et qui le sera d'une maniere particuliere a I'llalie, oil il y a encore tant de soleil a exploiter. » 2llQ SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. Brot fait parvenir ses remerciments, a Toccasion des felicitations qpi lui ont ete transmises par le Conseil pour le zele qu'il apporte, comme noire delegue a iMilan, a Textension de notre cercle d'activite. — 31. Kaufmann. vice-presidpnt de notre Societe affiliee de Berlin, informe que celte Societe qui avail fait entrer, Tan- nee passeCj dans son Conseil perjnanent honor^ire S. A. S. le prince de Salm-Dyck et M. (GeoiTroy Saint-Hilaire, vient de nommer membres de ce in6me Conseil, S. A. le prince Charles Bonaparte, S. A. le prince A. de DemidofT, M. Drouyn de Lhuys et M. Kette, conseillpr superieqr du gpuvernenient royal, Ce ni6me membre annonce, en outre, I'agregation de six Societes agricojes de Prusse a la Societe centrale de Berlin, dont le cercle d'action tend copstammept a s'accroitre. — S. Exc. le Ministre de Fagriculture, du commerce et des travaux publics accuse reception et remercie de Tenvoi qui lui a ete fait de tubercules et de graines provenant de I'ile Mau- rice, de Siam et de Chine. , >- — M. le professeur Decaisne remercie la Societe, au nom du Museum d'histoire naturelle, pour les tubercules et les graines de plantes de Tile Maurice et de la Chine qu'elle a adresses a cet etablissement, et il donne les determinations scientifiques de ces divers vegetaux. En outre, M. Decaisne offre des graines de deux arbres conifcres de I'Asie Mineure, interessants, Tun par son bois, Tautre par son fruit : Abies cilicica et Juniperus drupacea. — M. d'lvernois adresse des remerciments pour I'envoi qui lui a ete fait, su^ sa demande, de noyaux et d'un jeune plant de p6cber de Tullins. Ce m6me membre transmet, au sujet des pays de I'Amerique du Sud, d'ou il pourrait etre con- venable de tirer des Pommes de terre, des informations qui sont renvoyees a la cinquieme section. A la suite de la lecture de la lettre de notre confrere, M. Ramon de la Sagra propose de faire inserer dans les jour- naux de I'Amerique meridionale, et en langueespagnole, cette lettre, ainsi que le memoire auquel elle se rapporte. Cette ofTre est acceptee. PROCES-VEHBAUX. 247 rrr M. Teyssier des Farges fait papvenir des graines de Tarbre iiomme Caroubier{Ceratonia siliqua, Lin.), de la famille des Legumineuses, et dont la gousse, qui contient une pulpe sucree , lournit en Espagne une abondante et succideiit§ nourrilure pour le betail. M. le professeur J. Cloquet et M. de Luca font observer qu'en Provence et en Sicile on utilise deja pour cet usage les siliques dont il s'agit. — M. Poucbet transn»et un paquet de goqsses d'Acacia d'Egypte, A\i Acacia Lebbeck, DC, ou A. speciosa, Jacquin. — Les plus beureux resultats, ainsi que I'annonce M. Sacc, ont ete obtenfjs par notre confrere, M. David liicbard, avec la culture de rigname dans les sables de Stepbansfeld pres Bru- malh (Bas-Rhin). — M. Remont, de Versailles, envoie, pour 6tre distribues entre les membres de la Sociele qui sont dans de bonnes con- ditions pour cette culture, 500 racings et 3500 bulbilles d'Ignames de laCbine. Aumois de novembre procbain, il fera parvenir des quantites plus considerables de cetle Dioscoree. — M. V. Cbatel presentedevolumineux Ignames cultives par Jif. Masson. Ce m^me membre, apres avoir rappele les avantages qu'il a tires pour la connajssance de la maladie des Pommes de terre, dp Questionnaires dresses par lui, donne lecture de deux Ques- tionnaires qu'il a rediges , afin d'arriver , au moyen des reponses qui y seront faites, a recueillir les renseignements propres ft guider dans remploi de la culture la plus convenable pour rigname de la Chine et pour le J.\iz sec. — M. C. Aguillon adresse des graines d'une Courge venant de Naples, et qui reussit parfaitement dans ses jardins. De plus, il offre des vegetaux rares pt nouveau^f: qu'il cultive a Toulon. — Notre confrere M. de Luca lit un memoire ayant pour objet des Rechcrches sur le Cyclamen (C. eiiropceum, Artha- nita of/icinqlis, vulgairement connu sous le nom depain-de- pourceau). Ce travail comprend : 1° I'extraction d'une matiere parliculiere que Tauteur nomme Cyclamine et I'etude de ses principales proprietes ; 2° la preparation de I'alcool et de la mannite au moyen du jus des tubercules de ce vegetal. 2/18 SOCIETE IMPlilUALE ZOOLOGIQUE i/aCCLIMATATION. — M. Ramon de la Sagra informe qu'on a decouvert la pre- sence de masses considerables de guano dans les lies situees au sud de I'ile de Cuba, qifon appelle, depuis Cbristopbe Colomb qui les a nommeesainsi, les Jardins. line exploration a etefaite par les ordres du Gouvernement, qui permetlra I'ex- portation moyennant un droit de 5 piastres (26 francs) par tonne. Une compagnie pour Texploitalion s'organise en ce moment a la Havane, au capital de 1 million de piastres (5 mil- lions de francs). — Des demandes de graine des Vers a soie du ch^ne et du ricin sont adressees par M. Rocher et M. Dieterich. — Madame DettenhofTer, premiere Pi esidente de la Societe principale des dames pour la propagation de la sericiculture en Baviere, ecrit pour faire connaitre les experiences qu'elle a faites sur Feducalion des Vers a soie, et qui out ete bien accueil- lies dans la villede Trente en Tyrol. Suivantelle, on a tort de croire que ce sont toujours les mauvaises graines qui sont la cause des maladies des vers. II ne faut pas, dit-elle, donnera nrianger immediatement apres le reveil de la mue, et il faut tou- jours s'eflbrcer, non de hater, mais au contraire de retarder le developpement des larves. Sa lettre contient Toffre de pres de 60 onces de graine excellente, au prix de 6 francs Tonce. A cette occasion, M. Guerin-Meneville fail observer que la saiFon est trop avancee, pour qu'on puisse faire venir mainte- nant de la graine pour entreprendre des educations. — M. Bigot, secretaire-rapporteur de la Commission per- manente de sericiculture^ lit un rapport sur les resolutions prises par cette Commission, qui propose a la Societe d'adrcsser aux sericiculteurs des avis propres a les guider dans les educa- tions pour graine, qu'il conviendrait de faire cette annee dans le but de combattre les desastreux efl'ets de I'epidemie (voir au Bulletin, p. 202) . — M. Kaufmann annonce que conformement au vceu ex- prime par la !x' section deposseder quelques reines A'Abeilles liguriennes, il sera [)rochainement en mesure d'en procurer, un envoi etant fait de Piemont, sur la demande de notre con- frere, a notre Societe affiliee de Berlin PROCfeS-VERBAUX. 2A9 — M. Bagtlanoff, secretaire du Comite zoologique (Taccli- matation de Moscou, informo que ce Comile s'occupe actuelle- ment de racclimatalion et de la propagation des Abeilles de race italienne,qui sont deja assez acclimatees dans le gouvernement de Grodno, chez le directeur du Gymnase Kalinsky. La pisciculture eU'eleve des sangsues, ajoute M. Bagdanofl*, sont des questions qui ont, ence moment, leplus grand inler6t pour le Comite. Grace a Tobligeance du directeur de XInstitut agronomique de Moscou, le Comite aura les etablissements necessaires pour ces deux branches de Tcconomie agricole. — M. Ramon de la Sagra entretient Tassemblee des travaux poursuivis en Espagne par MM. 0. Ryan de Acuna et Lecaroz, pour y introduire les procedes de la pisciculture. — Le Conseil royal d'agriculture, industrie et commerce a Madrid, vient d'approuver a Tunanimite la proposition faite par une Commission choisie dans son sein, d'accorder une duree de qualre-vingt-dix-neufans au brevet pris par nos deux confreres, pour leur permettre d'introduire el d'exploiter en Espagne et dans les iles adjacentes, I'industrie qu'ils veulent s'elTorcer de fonder dans ces contrees. Sur la demande de M. Ramon de la Sagra, des extraits du rapport de la Com- mission espagnole seronl insercs dans notre Bulletin. — Des renscignements sont demandes sur le Colin Hou'i^ par M. Verdun, en son nom et au nom de plusieurs proprie- taires du departement de la Sarthe, qui voudraient y intro- duire ce gallinace. Une reponse a deja ete faite par notre confrere M. Florent Prevost. — M. Meslro, directeur des Colonies au ministere de la marine etmembre dela Societe,meta la disposition du Conseil un Belier et une Brebis Moroan de race pure et sans laine, un Belier et une Brebis cruises, plus sept Pintades grises et blanches. Ces animaux, provenant du hautGalam, avaient ete envoyes au Ministere par la colonic du Senegal, pour I'expo- sition agricole de 1857 qui, par un decret recent, vient d'etre remise a I'annee prochaine. — M. Geolfroy Saint-Hilaire, en sa qualite de Professeur au Museum d'histoire nalurelle charge de la direction de la me- /^5b SOCI^Tf. IMP^RIALE ZOOLOGIQlIfe d'aCCLIMATATION. nngerie de cet etablissement, fait connailre que I'administra- tion du Museum, desirant la prosperite de notre Societe et voulant lui 6tre utile, inet a sa disposition plusieurs animaux interessants dont elle peut se defaire, savoir : une Brebis blanche, race Siebenburg , et plusieurs chevres etrangeres. — Des details satisfaisants sur la reproduction des animaux tonfies au Cornice agricole de Toulon sont transmis par M. le docteur Turrel, secretaire de ce Cornice. Le couple de cochons Essex-chinois appartenant a la Societe a 7 petits vivants, et le nombre des Chevres et des Boucs d' Angora est maintenant porte de 5 a 11, savoir : Ix boucs et 7 chevres. — Une lettre de M. Sacc fait connaitre, d'apres ses propres observations et d'apres celles de MM. Deneux et Lelievre d' Amiens, I'impartance des produits laineux fournis par les Chevres d'Angora elevees a Wesserling, observations qui semi- blent monlrer qu'il n'y a pas eu degenerescence de la race. — M. le President annonce I'arrivee toute recente au Mu- seum d'histoire naturelle de la depouille du ruminant noinme par Buffon Bison musque, ou Bceiif musque par d'autres zoo- logistes, et qui, vivant dans les contrees les plus froides du globe, est encore tres peu connu. Cette depouille vient d'etre donnee par M. le Ueutenant de vaisseau de Bray, qui a fait partie de Tune des expeditions a la recherche de John Fran- kUn dans les regions polaires. L'animal a ete tue par cet officier sur Tune des terres les plus septentrionales, Tile Melville, si- tuee au dela du 70*= degre de latitude boreale, et d'ou un ca- pitaine anglais avait deja rapporte un de ces ruminants pour le Musee Britannique. Le navire que montait M. de Bray dut 6tre abandonne dans les glaces. Deux ans plus tard, ce bail- ment fut retrouve intact, ainsi que son chargement, et c'est ainsi que la peau dont il s'agit a pu 6tre conservee et dirigee sur le Musee de Paris. Une photographic mise sous lesyeux de TAssemblee montre la disposition singuliere des cornes qui, assez rapprociiees sur le front pour se toucher, forment une armure avec laquelle l'animal, en fouillant la neige, met a nu les lichens dont il se nourrit. On juge egalement, d'apres cette photographic, des PROCES-VERBAUX. $5l remarqiiables dimensions de la fourrure, dont les j^oils, longs de O^jfiO a 0'",/!i5, recotivreriti dufjint I'hiver, une lalHe d'Une extreme finesse. Cette toison a ete, dans le xvni* siecie, Tobjet d'essais de lissage, qui ont permis d'en fabriquer des cas. — M. d'Arcliiac, mehibf-e de rinstitut, fait bdrnitiagc a la So(?ie'ie d'un exemplaire d'une Notice sur la vie el les travaux de feu notre confrere Jules Haime. — Parrni les pieces imprimees, on remarque le dernief cahier de 1856 du Bulletin de la Society r^gionah d'acdi- matation poiir la zoiie du N.-E. de la Fratice, siegeant h Nancy. II conlient une longue table alpbabelique ou sont con- signes les sujets d'etude varies, qui ont occupe la Societe re- gionale depuis sa fondalion, pendant les annees 1855 et 1856. On voit, par la lecture de ce Bulletin, que notrc labot-ieuse Societe affiliee ne neglige aucune occasion de faire penelrer dans sa zone d'activito les notions les plus propres a demontrer Vimportance de Tintroduction dans ces contrees d'animaux et deplantes utiles. Elle donne ainsi la preuve des utiles secours qiie hotre oeuvre a deja regus et pent esperer encore de son zMe et de son activite. Le Secretaire des stances, Aug. Dumi^rIl. 252 SOCIIilT^ IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Le Gonseil vient de recevoir presque simultan^ment (le 2!i el le 25 mai) deux communications que nous nous empressons de porter 5 la connaissance de tons nos collogues. S. M. le Roi dcs Beiges et S. M. le Roi dos I'ays-Bas ont bien voulu donner 5 la Soci^td le plus haut idmoignage de bienveillance dont ils pussent Thonorer, en aulorisant I'inscnplion deleurs noms sur la lisle des membies de la Socidld. Ces decisions royales, que la Socieie lout enliere apprendra avcc autanl de reconnaissance que de salisfaciion, onl i[i transmises, de Bruxeiles, h M. ie Prdsidenl de la Socield, par S. Exc. le Minisire de la TMaisondu Roi, et de La Haye, 5 M. Drouyn de lihuys, Vice- President , par S. Exc. M. le baron d'Andrd, envoys extraordinaire et minisire pldnipotcniiaire de France, qui en avail 6A6 officiellement inform^ par S. Exc. le lieutenant g(5neral, baron Forslerer Van Dumbenoy, minisire de la guerre et directeur de la Bibliolhfeque particulifere de S. M. le Roi dcs Pays-Has. r — La creation a Moscou de deux comilds d'acclimatalion, Pun pour les vdgtUaux, I'aulre pour les animaux, a ele dt^ja annonct'e dans le Bulletin. Les deux Comities se sonl empressi^s de sc mellrc eii rapport avec la Socidte impdriale et de demander leur affiliation. La letire adrossee i M. le Presi- dent, au nom du Comite cVacclimatation des plantes, par son Dijrecteur M. N. Armenkow, et son Secretaire M. A. Bagda-ioff, est ainsi concue : « Monsieur le President, w Voire heureuse et feconde idee touchant racclimatation a deja fait le tour du monde, et les re^ullats de celle idee constituent un litre flalleiir pour la So- cieie imperiale d'acclimatation de Paris. Pour liansplaiiter en Rnssie cette feconde id^e, une association s'est forniee pres de la Socieie imperiale d'agiicul- lure de Moscou, el son Comile s'adiesse a vous, illustre fondateur de la Socieie d'acclimatalion en France, pour vous ^er de voiiloir bien recevoir le ComH6 d'acclwialation des plantes a Moscou, comme une fllle cadelie el devouee qui ose se flatter, en grandifsanl, de se rendre digne de voire adoption En vous priant. Monsieur le President, d'accepter pour \oUe Socieie quelques semences de plantes inleressanles, nous vous prions aussi de vouloir bien agreer, etc. » La letire adressde par le Directeur du Comite zoologique d'acclima- tation, M. le professeur Cli. Roniller, est concue dans des termes analogues, el fail conniilire que le Comiie, vou!ant se rallucher a double litre a la Societd imperiale, a voulu placer sur sa liste, des sa seance d'ouvcrtnre, tonne le 30 Janvier, les noms de plusieurs membres du Conned de la Socieie mfere, L'affilia.ion a ete pronoucee le 17 avril 1857. Le Secretaire du Conseil, Gui':rin-Meneville. POIL DE CHAMEAU. 25S I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. NOTICE INDUSTRIELLE SUR LE FOIL DE CHAMEAU adressfie a m. le president de la societfi imperule zoologiqde d'acclimatation Par M. FrM«rlc DAVIN, Manufacturier u Pari*. (Stance du 3 avril 1856.) Je viens, Monsieur le President, soumettre a I'examen de notre Societe les resultats des essais que j'ai faits en peigne, filsettissus divers avec le poil duChameau. Je suis heureux de prouver que cet animal si utile, et qui rend de si grands ser- vices dans les plaines arides, peut encore en rendre d'autres, pour la confection de nos v6tements d'hommes et de fenimes. Le poil deChameau, qui est delaisseou plutot n'existe pas dans nos produits manufactures, a certainement le droit d'etre classe entre le cachemire et lalaine. Cetteraatiere, malheureu- sement trop rare,*puisqu'elle ne se recolte que sur une faihle partie du corps de I'animal, a, par sa finesse et par sa douceur, m6me dans les parties communes, un toucher ressemblant au' cachemire^ elle a aussi le double avantage de procurer beau- coup de chaleur, et d'etre presque impermeable dans ses tissus. J'ai remarque que le podl ou duvei le plus fin et le plus long se trouve sur la bosse, oju il existe en assez grande quantite, et mt^lo de longs jarres que Ton peut aisement enlever. Les par- ties plus longues se trouvent aussi au garrot et descendent T. IV. — Juin 1857. 17 25A S0CIET]6 IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. jusqu'au coude; le poil, plus rude a la partie la plus elevee, s'af- line a mesure que Ton descend le long de I'epaule. Le poitrail et la gorge sont egalement couverls de longs poils, mais ce sont les moins fins et les moins duveteux. Ces observations faites sur les toisons que j'ai travaillees, j'ai pu les controler dans une visite au jardin du Museum. La j'ai etudie la toison du seul vieux dromadaire que nous possedons ; notre vieux celibataire me re^ut avec bonhomie, et me laissa toucher et examiner sa toison, voire m6me en arracher quelques meches sans se deranger; quoique son poil soit degenere et rempli de jarres blancs dus a la vieillesse, je lui trouvai encore un fond assez fin et assez doux. En quittant cet excellent animal, je regrettai pour nos etudes industrielles, de ne pas le voir en compagnie d'un camarade et de trois ou quatre femelles. Je me rendis aussitot dans les galeries du Museum, oii sont con- servees les peaux de trois de ces animaux differents de taille et de couleur, et surtout differents pour la finesse du pelage. Le premier est un Dromadaire blanc des bords du Nil, dontlepoil est assez dur-, les longs poils manquent presque entierement. Le second est un Chameau du nord de I'Asie, couleur fauve clair, presque entierement convert d'un poil long aussi fin que celui de la Chevre du Thibet, et pouvant donner une toison an- nuelle d'environ 3 kilogrammes. Le troisieme est un Mahari, chameau de course, de couleur marron clair, beaucoup plus elegant et plus fin de formes que les precedents. Son poil est dispose comme celui du Dromadaire porteur, mais il est frise, plus court, moins lisse et moins fin. En revanche, les jarres ou parties duresy sont plus rares. Cet animal, qui etaitle Chameau de course du general Pehssier, fut ramene par lui en France. Le poil de Chameau, comme celui de Cachemire, se compose de duvets et de jarres ; il faut, pour obtenir un resultat avan- tageux, separer (comme cela se fait pour le Cachemire) lapar- tie douce, fine, courte, qui s'appelle duvet, d'avec la partie longue, plus grosse et plus dure, qui se nomme jarre. La toison du Chameau composee des parties a longs poils p6se de 500 a 1200 grammes, suivant I'age et la force del'ani- mal ; toutefois il s'en trouve dans le nord de I'Asie qui ont de ."7"-- poiL DE CHAMEAU. ^56 longs duvets, non-seulement sur les parties que j'indique plus haul, mais encore sur les c6tes jusqu'au-dessous du ventre, sur lescuisses, et jusqu'au basdesgenoux; ceux-la peuventdonner unc toison beaucoup plus forte-, leur poil est, en outre, d'une grande finesse et conlient peu de jarres. Cette mati^re etant privee de suintetnaturellement tres s^che, perd peu au travail du degraissnge •, son rendement est d'environ 80 pour dOO, et s'il n'existait pas dans la toison une forte poussiere sablon- neuse, lapertene depasserait pas 10 pour 100. D'apr^s ce rendement extraordinaire et le peu depcrte trou- v6e aprfes le d^graissage, cette mati^re peut 6tre comparee a nos laines du meilleur lavage a dos. — Chez le jeune Chameau, et surtout chez la jeune Cbamelle, le duvet est excessivement fin et doux, et ressemble davantage au poil de Cachemire ; aussi, si son poids est de beaucoup inferieur a celui du Cha- meau adulte, le prix et sa valeur doivent-ils en 6tre presque doubles. Apres un examen serieux des diverses toisons que Ton m'a envoyees, j'ai reconnu qu'il devait en ^tre du Chameau comme il en est du mouton, e'est-a-dire que la qualite et la finesse du poil varient suivant les sujetset les climats qu'ils habitent ; les uns ontplus ou moins de finesse, denature et de douceur que les autres : aussi j'ai la conviction que si dans les croisements de ces animaux, on avait soin de faire un choix severe de ceux qui presentent les plus beaux types sous le rapport des formes et de la qualite du poil, on obtiendraitdemagnitiquesresultats, tant en force qu'en agilite, qu'en beaute et en nature du pelage. Ce poil de Chameau peut 6tre employe pour draperies do diff^rentes finesses, tissus pour robes defemmes, bonneterie et couvertures ^ il se marie parfaitement avec la soie, la laine et le coton-, toutefois son principal emploi doit tMre le drap, et surtout le drap d'hiver. Mon confrere I'habile manufacturierde Sedan, M. E. de Montagnac, Vinventeur du velours de laine, a fait voir quel parti on pouvait tirer de ce poil : avec les biousses et dechets provenant de mon peignage et de ma filature, il a fait un tissu ne le cedant en rien a ceux qu'il fait avec le Cachemire-, sa couleur naturelle est d'un mngnifique efiet, et 256 SOCI^T^ IMPI&RULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. son eclat ondoyant lui donne une richesse de ton qui le fait preferer a celui de la teinlure. Les divers echantillons tissus sous ma direction, et composes de poil de Chameau pur, poll de Chameau avec la bourre de soie et de coton, presentent un aspect plus fm et plus net que le tissu de M. de Montagnac, mais ils ont moins de douceur au toucher que ce drap a long poil 5 et cela n'est pas etonnant, puisque ce drap de velours a ete fabrique avec les blousses et dechets qui sont ordinairement les parties les plus courtes et les plus fines. Permettez-moi, Monsieur le President, de vous donner tres succinctement quelques details interessants sur I'application industrielle decettematiere. L'an dernier, apres un faible essai que je fis de ce poil de Chameau, Son Excellence M. le Ministre de la guerre me fit remettre une cinquantaine de toisons provenant de I'Exposi- tion de nos possessions d'Afrique. Je promis d'en tirer le meil- leur parti, et d^en faire du fil et des tissus pour FExposition permanente des produits algeriens. Ces toisons, dans leur en- semble, me donnerent un poids brut de 36 kilogrammes que je fis trier en trois qualites, comme suit : ^^^ La premiere qualite etait composee de toisons de jeunes Cha- meaux, ainsi que des parties les plus fines des autres. La deuxieme provenait des parties inferieures de ces jeunes Chameaux, etdes meilleures toisons de ceux adultes. La troisieme et derniere se composait des toisons les plus communes, des debris et jarres provenant des n°» 1 et 2. Je fis degraisser les deux premieres qualites, et apres le peignage, qui me renditenviron trois quarts de coeur et unquart de blousse, je trouvai, comme je vous Tindique plus haut, un rendement de 80 pour 100. Mon etablissement, destine specialement au peignage et au filage des laines, n'etant pas organise pour le travail du poil de Cachemire, ni pour celui du Chameau, j'ai eprouve une grande difficulte pour peigner et filer cette matiere; toutefois je suis parvenu a surmonter les obstacles, et les resultats que j'ai ob- tenus sont satisfaisants. POIL DE CHAMEAU. 257 Le n" 1 du fil donno unechaine n* 52 et une Iramo 72 au K". Quant au n" 2, dans loquel il restait pas mal de jarres, j'ai pre- ferc faire un plus gros numero, afin de lui donner plus de douceur : j'ai obtenu n° 32 au K\ Je ferai remarquer que cette deuxiemequalite, quoique contenant encore de ces jarres, con- serve toujours beaucoup de douceur, et peutparlaitemenlser- vir a divers tissus, ainsi qu'a labonneterie. Quant a la troisi^me qualite, composee de parties trop com- munes et trop courtespour que j'en puisse tirer parti dans mes machines, je joins seulement un ecbantillon de ce poll passe sur la carde. Je vous ferai observer, Monsieur le President, que cette der- niere qualite, quoique composee de debris ainsi quedes toisons les plus grossieres de vieux Chameaux, pent encore avoir son* emploi, tant pour la draperie du midi de la France, que pour la fabrication descouvertures. Independammentdes echantillons divers que je vous envoie, et que j'oflre a notre Societe, j'ai Thonneur de vous adresser, Monsieur le President, une carte d'echantillons de ce poil de Chameau, avec pri^re de la faire parvenir au gouvernement Bresilien, lequel a demande a notre Societe de zoologie des renseignements sur Tacclimatation de cet interessant animal. II pourra se convaincre, par la vue de ces tissus, de tout le parti que Ton peut tirer du Chameau (1). (1) Les Echantillons deslinds par M. Davin au gouvernement du Br^sil ont Hi remis b S. Exc. M. Marques Lisboa, envoys du Br^sil en Fiance, qui a bien vouluse charger de les faire parvenir a Kio-de-Janeiroavecle rapport de M. Daresle, pr^c^demmenl insEr^ dans le Bulletin, et plusieurs autres documents relalifs au Chameau. R. 258 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR LA RACE BOVINE NORMANDE SANS GORNES. LETTRE ADRESS^E A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Par n. DUTRONE, Conseiller honoraire a la Cour imperiale d'Amiens. (Seance du 13 fevrier 1857.) * Monsieur le President, Lorsqu'au raois de juillet dernier, je partais pour conduire, au concours international de Chelmsford, une vache et une genisse appartenant a la race normonde sans comes que, depuis dix-huit ans, je donne mes soins a constituer dans le Calvados, vous me fites I'honneur de m'inlroduire aupres de MM. les Directeurs de ce concours, lord Portman et sir Evelyn Denison. Dans voire gracieuse lettre^ vous voulutes bien signaler la persistance de mes eflbrts, et vous terminates en disant queje trouverais a Chelmsford le texte de quelques communications utiles a faire a notre Societe. y; ,^^^ Par la premiere de ces enonciations, qui etait probablement fondee sur le souvenir du Taureau et de la Vache que j'ai oflFerts au Museum d'histoire naturelle eti 1847 et en J8Zi9, vous avez acquis, Monsieur le President, de nouveaux droits a ma gralilude, et par la seconde, vous m'avez mis en demeure d'appeler Tattention de nos coUegues sur les Vaches anglaises sans comes. C'est ce que j'aurais fait deja, si j'avais ete moins penetre que je ne le suis de Tetendue et de I'importance d'une sem- blable tache. Mais, comme jeme suis borne jusqu'a present a reunir des renseignements, et a constater des fails pour un RACE BOVINE SANS CORNES. 259 travail que, depuis longtenips, je destine a la Societe, Ten- semble de ce que j'ai recueilli au concours de Chelmsford pourra trouver plus tard sa place in extenso dans ce travail. Toutefois, Monsieur le President, voulant repondre des aujourd'hui, autant que je le puis, a votre honorable appel, je dirai sommaireinent qu'outre les deux aniniaux que j'ai conduits a Chelmsford et dont un a ele prime, il se trouvait a ce concours plusieurs Taureaux, Vaches et Genisses egalement sans comes. Tous etaient fort beaux et appartenaient a la race de Suffolk reconnue en Angleterre, et nolamment a Londres, comme etant au premier rang parmi les meilleures laitieres. Trousseauville, Vache normaiide sans comes (race Sarlabot). N6eet elevde chez M. Dutrone, a Dives (Calvados). Primee au Concours international de Chelmsford (Angleterre), (Nous devons celle gravuro a M. le Direclcur de Ylllmlralion.) Celte race est repandue en nombre dominant dans les comtes d'Essex, Suffolk, Cambridge et Norfolk Durantles six semaines que j'y ai consacrees a Tetudier, je Tai trouvee chez le pauvre, pour qui elle est une espece de richesse, et sur les domaines des classes les plus eclairees, les plus elevees et les plus riches, qui en {oniX ornement utile deleurs immenses et magniliques pares ou elle vit en compagnie des Daims et des autres ani* • 260 SOCIETE IMPEHIALK ZOOLGGIQlJl!: d'acCLIMATATION. maux de luxe, tout en donnant abondamment de tres bon lait, qui est consomme en nature, ou employe a I'aire d'excel- lent beurre ou du fromage exquis. Parmi les possesseurs de ces precieux animaux, on remarque en premiere ligne : lady Cullum, le marquis de Bristol, lord Stradbrock, lord Sondes, le colonel Tomlyn, le colonel Mason, MM. Ed. Kerrisson, Ed. Goocb, Mosly, Ashburst Magendie, H. Berkbeck, Morton Pito, Bavin, etc., etc. Au point de vue de Vorneme7it, il faut dire cependant que cette race ne brille pas en general par la beaute des formes, sauf le splendide developpement des mamelles. J'ai trouve aussi le Taureau et la Vache de Suffolk chez les agriculteurs les plusdistingues, tels que MM. Badham, Hawkins, J.-M. Hudson, Manage, Crasbe. Ce sont pour la plupart de nobles rivaux a qui cette race a valu de nonibreux prix dans les concours. De plus, j'ai vu cbez MM. J.-H. Gurney, Mosly et J.-M. Hudson, plusieurs Boeufs de Suffolk que Ton preparait pour le concours de Smitbfields, pendant que leurs camarades plus jeunes etaient au labourage. Leur belle construction et I'etat d'engraissement auquel ils etaient parvenus des le moisd'aout donnent lieu de penser qu'ils figureront parmi les laureats. Mais s'il en etait autrement, il ne faudrait pas oublier que ces animaux appartiennent a une race qui se distingue eminem- ment par ses qualites laitieres. Ce qui me conduit a dire qu'il devrait y avoir, dans les concours, des prix speciaux pour les races qui sont elevees, celles-ci en vue surtout des produits laitiers, celles-la en vue surtout de la boucberie ou du travail. J'ai fortement engage les eleveurs cbez qui j'ai trouve les plus beaux types de Suffolk a en envoyer a nos procbaines expositions, et j'ai la certitude que cette race y sera represen- tee des cette annee. Je m'estimerai beureux si la prime que j'ai fondee au sein de la Society protectrice des animaitx, en faveur des gens de service etrangers ayant donne des soins aux Taureaux ou Vacbes sans comes presentes a nos concours universels, con- tribue a ce resultat. Je suis porte a lecroire, qu'il me soit per- RACE KOVINE SANS CORNES. 2IM{. '^'* 266 SOCIETY IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION NOTE SUR LE COQ DE BRUYfiRE Par M. €. miLLET. (Stance du IS mai 1837,) ft ,^^ f— ^/. Les forestiers des Vosges s'occupent, depuis longtemps deja, avec un zele et un devouement qu'on ne saurait trop louer, des moyens de favoriser la reproduction et la multiplication des bonnes especes de poissons. Encourages par les succes qu'ils ontobtenus en pisciculture, lis ont etendu leurs efforts sur la multiplication du gibier, et notamment sur la reproduction et la domestication du Coq de bruyere. sj Grace aux soins intelligents eteclaires queM. le conservateur de la Begassiere et M. Tinspecteur Galmiche donnent a toutes les parties de leur service forestier des Vosges, des oeufs de ce precieux gibier ont ete reeueiliis en assez grand nombre pour 6tre couves sur place, ou pour 6tre distribues dans des loca- litesconvenables; I'an dernier, M. Galmiche aobtenu, sous une poule de basse-cour, plusieurs poussins qui ont vecu et pros- pere dans son jardin. D'un autre cote, les tentatives que j'ai faites dans les Ardennes me portent a penser qu'avec des soins bien entendus et de la perseverance, on arrivera a favoriser la multiplication du Coq de bruyere, et m6me a introduire ce gibier dans les localites ouil n'existe pas. Je suis arrive aussi a quelques bons resultats dans mes tentatives d'introduction de la Gelinotte. Je ferai, des a present, quelques observations : 1° Le transport des ceufs parait offrir certaines difficultes, ou du moins exige des precautions que Ton ne saurait trop mul- •>• COQ DE BRUYfeRE. 207 tiplier. J'ai obtenu de bons resultats en enveloppant chaque CEuf dans un papier leger, et en doposant les oeufs dans des boites garnies de sciure de bois, ou mieux de son. II faut, autant que possible, relourner les boites de temps a autre pen- dant la duree du transport. 2° Les jeunes poussins conservent pendant longtemps tous les caracteres de I'etat sauvage, au point de rendre leur edu- cation tr6s difficile. lis sont, d'ailleurs, sujets Alapepie, mala- die qui en fait toujours perir un gr.ind nombre. Je crois que les personnes qui voudraient s'occaper de ces interessantes experiences feraient bien de se niettre en rap- port avec MM. de la Begassi^re et Galmiebe, soit pour la recolte des oeufs, soit pour les essais d'eclosion etd'elevage. 268r SOCI^Tfi IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR L EDUCATION DES SATURNIES MYLITTA ET CYNTHIA «ili FAITE A LAUSANNE, EN 1856, Par ML. le docteur A. CHAVANNES. ^'y aii (Stance du 15 mai 1857.) Saturnia Mylitta. Messieurs, J'ai eu rhonneur devous adresser, il y a un an, un rapport sur Teducation de la premiere generation dinSat. Mylitta obte- nue a Lausanne ; vous avez bien voulu accorder a ce resume une place dansle5w//e/m, t. Ill, p. l/i5. Aujourd'hui, je viens rendre compte a la Societe de Televage de la seconde genera- tion de ce precieux insecte. Ma reussile n'a pas et6 aussi complete que je pouvais I'esperer. J'entrerai neanmoins dans les details de cette education , parce que j'estime que la Societe a un grand inter6t a connaitre non-seulement les victoires, mais aussi les defaites, les insucces, puisque c'est en recherchant, en etudiant avec soin et perseverance les causes de ces insucces que nous arriverons a surmonter les difficultes. Au printemps passe, j'avais 30 cocons bien vivants, 12 males et i8 femelles faciles a distinguer a leurpoids. Le 8 mai, les cocons males ne pesaient plus que 7 a 9 grammes par cocon, ils avaient en moyenne perdu 21 centigrammes de leur poids primitif; les cocons femelles, dont quelques-uns pesaient encore lA grammes, avaient perdu 50 centigrammes pendant i'hiver. A la fin de mai, voyant que rien ne faisait presumer une eclosion prochaine, je me decidai a placer mes cocons sur de la mousse bumide, dans une magnanerie chauffee a 20 de- VER A SOIE DU CH^NE. 260 gres Reaumur; j'agis ainsi, soit parco que le pays d'ou pro- viennent les Mylitta estbien plus chaud que le nOtre, soit dans I'espoir d'obtenir I'education future dans le moment le plus chaud de I'ete. Cela paraissait raisonnable, et cependant je crois que e'etait une faute. Les premieres eclosions, un male et una femelle, eurent lieu le 23 juin ; des lors elles se suivirent presque chaque jour sans interruption jusqu'au 7juillet. Deux chrysalides perirent. Les eclosions ont lieu pour la plupart des papillons a des heures fixes; celles du Mylitta se sont toujours effectuees dans la soiree, entre sept et dix heures. Le point capital etait d'obtenir des accouplements ; je savais d'avance qu'ils ne s'effectueraient pas en chambre close, je resolus d'employer le procede indique et suivi par notre con- frere M. Guerin-Meneville. Je pla^ai les papillons dans une sorte de cage de gaze entouree de branches vertes ; je la suspendis d'abord dans la magnanerie, craignant que I'air exterieur de la nuit ne fiit trop froid. Je n'obtins point d'accou- plement. Je repetai 1' experience avec de nouveaux papillons en suspendant la cage en plein air, aux branches d'un arbre ; je ne fus pas plus heureux. J'etais fort desappointe; il fallait reussir a tout prix, mais comment s'y prendre? Je me decidai a beaucoup risquer pour tout obtenir : je laissai les males s'en- volerlibrement dans la campagne,les femelles demeurant seules attachees sur une pi^cede bois. Ce procede est celui des Indes, celui que j^ai toujours employe avec succ^s au Bresil pour obte- nir I'accouplement de diverses especes de Saturnies. Dans les pays ou I'espece est indigene, ou elle existe en quantite, les femelles ainsi exposees attirent facilement des males 5 mais pour nos Mylitta, le cas etait bien different, puisqu'on pouvait 6tre certain qu'il ne se trouvait pas, dans la nature, d'autres males que ceux qui etaient relaches. Sauraient-ils revenir pr^s des femelles, ou s'enfuiraient-ils au loin? L'evenementa justifie la hardiesse du procede : j'ai relache successivement neuf males ^ six d'entre eux sont revenus s'accoupler, trois se sont perdus, emportes par les vents, ou ont ete devores par les oiseaux noc- turnes. Je dois done recommander cette methodepour tous les papillons qui ne s'accouplent pas en caplivite, lors ni^me qu'il T. IV.— Juin 1857. 18 270 SOCI^TJE IMPJERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. s'agirait d'une esp^ce qui n'existerait pas encore dansle pays ou on la pratique. Je crois que si M. Blancliard I'eut adoptee pour le Polyphenie, il aurait obtenu des oeufs fecondes. J'eni- ploie du reste depuis longtemps I'exposition des femelles, pour les Lepidopteres du pays dont je veux avoir des eleves, pour les Bombyx en general, \es pyri, les carpini, pour les Sphinx ligustri, pinastri, etc. Voici comment je precede pour fixer la femelle d'unie maniere sure, et toutefois sans la blesser. Je prends une piece de bois brut, qui n'ait pas d'odeur forte ; I'ecorce doit 6tre assez rugueuse pour que le male voltigeant autour puisse s'y accrocher facilement. La longueur pent etre de 2 a 3 decimetres, le diametre d'un decimetre. A ce bois jo fixe une tige de fil de fer recaurbee a I'extremite, afin de pou- voir le suspendre a une branche d'arbre. Vers le haut de la piece de bois je perce, a lam6me hauteur, deux Irousplus ou nioihs ecartes Fun de I'autre suivant la largeur du corps du papillon quil s'agit de fixer. Pour le Myiitta, ils doivent etre ecartes de 2 centimetres environ. Ces trous sont assez pro- fonds pour que de fortes epingles puissents'y enfoncer jusqu'a la t6te. Pour completer I'appareil, on prend un bout de ficelle termine par un noeud, dans lequel on enfonce un epingle que Ton fixe dans un des trous sus-mentionnes ; on calcule ensuite ce qu'il faut de ficelle pour former une anse par-dessus le cor- selet du papillon qui sera place entre les deux trous; on fait un noeud a la distance voulue, 3 a A centimetres pour le Myiitta, et Ton y engage a I'avance une epingle jusqu'a la t6te. Pour fixer le papillon femelle on le saisit entre le pouce et I'index de la main gauche, vers le milieu de la cote des deux ailes superieures que Ton releve •, on le place entre les deux trous, qui doivent repondre a la moitie du corselet \ puis, pendant qu'il est maintenu en place, on saisit avec la main droite le petit bout de ficelle deja fixe dans un des trous, on le fait passer par-dessus le corselet, entre les ailes superieures et les infe- rieures, et Ton enfonce dans le trou reste vacant la seconde epingle du bout de ficelle qui forme ainsi une anse exacte au- dessus du corselet. La femelle est fixee d'une maniere sure, sans 6lre genee ou blessee. .. , ./:„ ,| VER A SOIE DU GH^E. 271 On choisit pour I'exposition la lisiere d'un bois abrite, ou a delaut un arbre quelconquo d'un abord facile pour le mule. Celui-ci ou ceux-ci sont disposes sans les effiayer sur le mor- ceau de bois ou dans le voisinage. Si la nuit est chaude, le male s'envole dans la soiree ; raccouplement ne s'effectue ordi- nairement qu'au crepuscule du matin j il dure tout le jour, si les papillons ne sont pas deranges. Les six femelles de Mylitta accouplees m'ont donne environ un millier d'a)ufs-, la moitie a ete expediee a la Societe. Tout faisait esperer que ces ojufs ecloraient reguli6rement au bout de dix jours. II n'en fut rien ; une vingtaine seulement parmi ceux qui avaient ete expedies a Paris, et aulant a Lausanne, donn^rent leurs petites clienilles. Cependant j'avais encore quelques cocons non eclos, et le l" aoCit, j'obtins un nouvel accouplement et 236 ceufs qui donnerent leurs chenilles dix ou onze jours apreslaponte,sauf les quarante derniers pondus dont les petites chenilles nepurent rongersuffisammentla coquepour en sortir. Je facilitai cette sortie en enlevant une partie de cette coque au niveau de la t6te; les chenilles sortirent alors d'elles- m6mes, mais elles etaient chetives, mangeant et seraouvant a peine, de vraies gattines qui, apres vingt jours d'existence, n'avaient point encore opere leur premiere mue; elles perirent avant d' avoir atteint le troisieme age. L'abdomen du papillon femelle, d'ou provient cette derniere ponte, prcsentait d'ail- leurs une forme ditferente de celle des premieres femelles: celles-ci avaient l'abdomen ovoide, tandis que chez la derniere, le diametre transversal de Tabdomen, la ou il touche le corse- let, elait beaucoup plus grand, ce qui donnait a l'abdomen une forme presque triangulaire. Ainsi done, des 1,000 oeufs pondus par les premiers papillons eclos, j'obtins a peine AO chenilles, tandis qu'un mois plus tard une ponte presque entiere se trouva bonne. Ne serait-il pas permis de conclure de ces fails que les premiers papillons avaient ete trop presses dans leur developpement par la chaleur de la magnanerie, et que leurs oeufs n'avaient pas encore acquis le degre d'elaboration voulu pour 6treconvenablementfecondes-, leur hile n'etait peut-6tre pas permeable pour les sperinatozoaircs, tandis qu un mois 272 SOCI^Tfi IMPlfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMITATION. plus tard presque tous les oeufs mieux prepares pouvaient 6tre fecondes. Diverses observations reeueillies dans des essais sur le Bombyx mori, que je ne puis exposer ici, me portent a croire que e'est dans le developpement trop rapide imprime a la chenille, et m^me a la chrysalide, qu'il faut chercher la cause de la gattine, qui reduit d'une maniere si funeste les produits de la sericiculture. ^' N'ayant pas eu cette annee de chines a ma disposition en lieuxsurs et rapproches, pour y placer en plein air mes jeunes chenilles, je les elevai, comme celles de I'annee precedente, sur des pousses de ch6ne trempees dans I'eau et frequemment renouvelees. Elles se comport^rent parfaitement, et jusqu'a I'entree du cinquieme age je n'en perdis que deux ou trois ; mais des lors, pendant et apres la mue, elles perirent toutesen se fondant en eau, a tel point que les simples efforts de la mue les faisaient souventeclater. A quoi attribuer cemecompte, si ce n'esta une faiblesse originelle jointed une nourriture trop aqueuse? J'ai la conviction que ces chenilles seraient venues a bien, si j'avais pu les placer en plein air sur des buissons de jeunes ch6nes, et en les protegeant par un manchon de tissu metallique. Cette annee, j'ai tout dispose de fa^on a pouvoir les trailer dela sorte. Les 20 premiers oeufs eclos anterieurement a la derni^re ponte m'ont donne Ih cocons •, 9 seulement ont eu de bonnes chrysalides encore bien vivantes aujourd'hui; la forme des cocons est parfaitement reguliere, et bien superieure a celle de la premiere generation. Reussirai-je avec un aussi petit nombre a avoir des eclosions a peu pres simultanees de males et de femelles, et a obtenir des oeufs feconds? C'est fort dou- teux. Mais lors meme que la troisieme generation europeenne du Mylitta devrait nous manquer, il resulte des fails observes jusqu'ici que Tacclimatation de cette precieuse espece peut reussir et reussira certainement, si la Societe peut obtenir de Pondichery ou de Calcutta I'envoi de 200 cocons bien expe- dites et bien vivants. lis nous permettront, instruits comme nous le sommes par une premiere experience, de recommen- cer cette acclimatation avec un nombre de petites chenilles VER A SOIE DU RICIN, 273 assez considerable pour la voir reussir definitivement. Comme cela est arrive a Paris, un de mes cocons a livre son papiilon d^s les premiers jours de novembre; d'autre part, un des cocons de la premiere generation elevee en 1855 n'est point eclos en 1856 ; il vient de passer son second hiver comme cela est de r^gle pour le Sat. pyri, Lachrysalideestparfaitement vivante aujourd'hui. Ces oscillations dans le temps necessaire au developpement sont sans doute dues a I'acclimatation encore incomplete. Saturnia Cynthia, J'ai dua I'obligeance de notre confrere M.Guerin-Meneville renvoi d'une petite quantited'oeufs du Cynthia qui me sontpar- venus en aodt 1856. L'introduction decette espece, tres inte- ressanteau point de vue scientifique, m*a toujours paru de peu de valeur sous le rapport industriel, parce que ce cocon fournit peu de soie, et que le ricin nourrit d'ailleurs une autre espece, I'Aurota du Bresil, qui donne sixou huitfois plus de soie d'une qualile bien superieure. Ce n'etait done point pour faire une education industrielle que j'avais desire ces oeufs, mais seule- ment dans le but de constater si, comme je croyais pouvoir le deduire des ecrits du missionnaire d'Incarville, le Cyn- thia mangeait le fr6ne ordinaire; puis aussi pour Velever en plein air, et Famener a demeurer pendant I'hiver en chry- salide sans eclore, ce que divers educateurs n'ont point obtenu jusqu'ici, puisqu'a Paris les papillonsse sont toujours montres en automne, et qu'il a fallu faire avec difficuUe une education en hiver pour ne pas perdreTespece. Quant au premier point, j'ai pu me convaincre que la chenille du Cynthia ne mange pas le fr6ne, comme le croyait d'Incarville, qui reconnait s'6tre trompe en prenant X^Hiaug-tchun des Chinois pourun fr^ne; dans une notice posterieure a son premier Memoire (voir Manuel de lasoierie,^aY Al.»Devilliers, 1. 1, p. 258), il annonce que ce n'est point le fr6ne d'Europe, mais un tout autre arbre. Pour ce qui concernel' adaptation des metamorphoses du Cyn- thia a nos climals, je crois avoir reussi ; mes chenilles ont 2*74 SOCIl^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. vecu en plein air sur des ricins protegees par une gaze legere, jusque dans le mois de noverabre. Elles ont file leurs cocons dans les plis de la gaze. Ces cocons ont ete, pendant tout I'hi- ver, sur de la mousse humide, dans une chambre chauffee entre 8 et 12 degres Reaumur ; la chenille est demeuree vivante a I'interieur sans se transformer en chrysalide, jusqu'a la fin d'avril. Aujourd'hui, li mai, la plupart des cocons renferment des chrysalides de fort bonne apparence. II y a quelques especes de Lepidopteres de nos climats, entre autres des Botys, dont la chenille demeure aussi fort longtemps dans son cocon avant de se transformer. Si mes chrysalides donnent leur papillon, il est probable qu'on pourra, dans nos latitudes, les elever chaque annee deux fois, savoir, une generation complete au printemps et une seconde en automne, dont les cocons ne livreront leurs papillons qu'au printemps suivant. Conclusions. L'acclimatation du Saturnia Mylitta, un des vers a sole du ch6ne, pent fortbien s'executer- il est a desirer que la Societe d'acclimatation prenne, des a present, les mesures necessaires pour obtenir de Pondichery ou de Calcutta un nouvel envoi de cocons vivants de cette espece. Cet envoi devrait se faire dans une corbeille laissant tout accesal'air, et parvenir en Europe en avril ou mai 1858. Le Cynthia pent 6tre amene, par des educations d'automne en plein air , a passer Thiver en cocons , sans que ceux-ci eclosent avant le printemps. II serait d'un grand avantage, en particulierpour I'Algerie, que la Societe se fit expedier 100 a 300 cocons vivants du Saturnia aurota, connu aux environs de la ville de Rio-de- Janeiro. Ces cocons devraient provenir de la generation d'au- tomne du Bresil, avril et mai, et arriver en Europe en juin ou juillet. . - CULTURE DE l'iGNAME. 376 RAPPORT FAIT A LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION AU NOH DE LA CINQUI^ME SBCTION SUR LA CULTURE DE L'IGNAME DE CHINE Par M. CHEUBT, rapportear. (S6ance du 15 mai 4857.) Monsieur le President, La Societe imperiale d'acclimatation voulant se rendre compte du resultat de la culture de I'lgname de Chine dans les differentes parties de la France, a provoque a ce sujet une sorte d'enqu6te, en demandant a tous ceux de nos confreres qui avaient re^u en 1855 les bulbilles envoy es par M. de Montigny des renseignements surleur mode de culture et sur les produits qu'ils avaient obtenus. Un certain nombre de reponses ou de rapports plus ou moins etendus ont ete adres- ses a la Societe et renvoyes a I'examen de la 5* Section, qui m'a fait I'honneur de me charger de vous en rendre compte. Apr^s avoir lu avec soin ces divers documents, j'ai cru devoir consultei' encore quelques personnes plus speciales, afin de m'entourer de tous les renseignements possibles. La culture de Tlgnamede Chine a, selon ma conviction, un avenir assure comme culture maraichere, tant pour I'abon- dancede ses produits, que pour sesqualites culinaires. La culture de I'lgname est facile, elle exige peu de soins. Sa rusticite s'accouiniode facilement des diverses natures de ter- rains ; ne craignant pas les gelees, il se conserve parfaitement en terre, et jusqu'au mois d'avril en cave ou dans les celliers. L'Igname de Chine se multiplie ais^ment par semis, bul- billes, boutures, troncjons du rhizome ou du collet qui, coupe a 276 SOCllETE IMPJERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Sou 10 centimetres de long et replante aussitot apres la recolte, donnera la m6me annee un ou deux rhizomes beau- coup plus forts que celui que Ton avait recolte. L'Igname doit 6tre plante en lignes espacees de AOa 50 cen- timetres, atin d'en faciliterla recolte, qui peut se faire aTaide du fer dela charruefonctionnantentreles deux lignes ou d'un crochet a dents longues et courhes. Si cette recolte offre quelques difficultes, I'abondance de la recolte sera un dedom- magenfienthien suffisant, etnous avonslieu d'esperer que cette precieuse racine pourra entrer un jour dans le domaine de la grande culture ; Tindustrie pourra la convertir alors en mille substances alimentaires. Les essais culinaires que j'ai faits sur I'lgname de Chine, a differentes epoques, m'ont demon tre ses precieuses qualites. Employe sous formes de pates pour potages deluxe, ou pour differentes esp^ces d' entremets sucres, ou enfin dans la cuisine economique, il n'exige aucune preparation difficile. La cuisson del'Igname s'obtienten quelques minutes a I'eau de sel, au four ou sous la cendre chaude. Les pauvres pourront en profiter aussi bien que les riches, et c'est ce qui m'encourage, Monsieur le President, en ren- dant hommage au zele si devoue de M. de Montigny, a venir solliciter de la Societe imperiale d'acclimatation un vote de remerciment pour nos collegues des departements qui ont donne leurs soins a la culture de cette plante precieuse : ce sera le juste complement des recompenses que la Societe a deja decernees a ce titre. Les essais infructueux constates par Tenquetepour certaines localites n'ont toujours pour causes connues que la tardive distribution des bulbilles, faite en juin 1855, leur etat de fer- mentation et la grande secheresse qui s'est fait generalement sentira cette epoque. Malgre ces contre-temps, I'lgname a donne une preuve de sa rusticite par les beaux rhizomes qu'il a produits chez plu- sieurs de nos confreres. i^LEVAGB DteS SANGSUES. 277 II. TRAVAUX ADRESSES ET COMMUNfCATIONS FAITRS A LA SOCIETft. REPONSES AU QUESTIONNAIRE RELATIF A L'ELEVAGE DES SANGSUES REDIGE PAR M. DE QUATRBFAGES; Par m. BORNE. (Voir au Bulletin, annde 1855, tome II, pages 84 et 524.) § 1. — Dispositions ci&NifeRALES du marais. 1. — Pour convenir aux Sangsues, il faut que le terrain reunisse les trois conditions suivantes: qu'il soit tourbeux, glaiseux et sablonneux. Un terrain qui n'aurait que Tune de ces trois conditions ne conviendrait pas, car j'ai remarque que les Sangsues choisissent toujours un fond de sable noir m^le de tourbe et de glaise. 2. — L'exposition la plus convenable pour un marais est celle du sud et du soleil levant. 3. — Le marais sera divise en bassins de la forme et de la grandeur que Ton jugera convenables; pourtant je les pref^re longs et etroits, parce qu'ainsi la surveillance en est plus facile. 4. — Les berges doivent exceder de toute leur hauteur lo niveau de I'eau qui doit 6tre a la superficie du terrain. 5. — Le marais de 40 a 50 centimetres de profondeur. 6. — Cette profondeur est partout la m6me. 7. — La Sangsue se tenant habituellement dans la vase, il est difficile de remarquer quelle est la profondeur d'eau qu'elle pref^re, puisqu'elle n'y vient que lorsqu'un appat de nourriture 278 SOClfiT^ IMPIERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Fy attire, pourtant mon avis est qu'une trop grande profondeur ne lui convient pas; m\ autre motif m'engage a penser ainsi, c'est qu'avec beaucoup d'eau les ennemis des Sangsues qui se tiennent au fond sont plus difficiles a detruire. 8. — Le fond du marais doit 6tre vaseux : en creusant un bassin, il est bon de remuer et de petrir les terres pour former une grande quantite de vase, afin que les Sangsues puissentplus facilement y penetrer. Les herbes aquatiques sont indispen- sables dans un marais k Sangsues. 9. — Les berges sont en talus unis. II faut eviter I'encom- brement d'une trop grande vegetation, qui recelerait une mul- titude d'insectes destructeurs des Sangsues et des coccns. 10. — Les berges peuvent 6tre formees par les terres que Ton retire pour creuser les bassins. 11. — Des ilots ont ete menages dans le milieu des bassins : ils doivent s'elever de 25 a 30 centimetres au-dessus du niveau de I'eau, et doivent 6trefaits d'un terrain raouvant sur un fond ferme, afin que les Sangsues puissenty penetrer aussi facilement que dans les berges ; quant a la forme, elle pent 6tre variee. 12. — Les ilots doivent 6tre nus, non pas que les Sangsues le preferent (au contraire) ^ mais les grandes herbes et roseaux qui sont au-dessus du niveau de I'eau servent habituellement de repaire aux Musaraignes et autres ennemis des Sangsues, § 2. — Nature des eaux du marais. 13. — Les eaux sont ferrugineuses. 14-15. — Dans mon marais, j'ai des bassins ou I'eau ^st liquide; dans d'autres elle est vaseuse : les Sangsues paraissent se plaire egalement dans I'unecomme dans Tautre ; mais I'eau doit toujours 6tre stagnante. 16. — Tout me faitsupposer qu'une temperature douce est la plus favorable aux Sangsues ; les grands froids et les trop grandes chaleurs leur sont nuisibles. 17, — Par le froid, les Sangsues s'enfoncent dans la vase et n'en sortent que difticilement ; par la chaleur, au contraire, elles sortent de Teau, qui egt tipd^, pour 9herpher 4fi ioWJi^f? tLEVkCE DBS SANG8UKS. 279 SOUS les plantes nquatiques; j'ai m6mc remarque que par les nuits d'ote elles aiment a se reposer sur les herbes. §8. — Emm^nagement des eaux du marais. 18-10. — Le niveau de Teau de mon marais est constant; pourtant un peu de secheresse au moment de la ponte ne pent qu'6tre favorable, tandis qu'une crue d'eau, surlout a ce mqri ment, seraittr^s nuisible. 20-21 — Lorsque les cocons sont faits, ils sont deposes sur ia terre, et les jeunes Sangsues ne vont en pleine eau que lorsqu'elles s'en sentent la force : ainsi Ton pourrait dire que Velevage se fait moitie ^sec et moitie en pleine eau, sans pour- tant qu'il y ait dans mon marais des alternatives de mise en eau ou de mise a sec. § A. — Alimentation des sangsues. 22-23-24. — Les Sangsues de mon marais sont nourries par mes soins. 25-26-27. — Le sang des abattoirs est celui que j'emploie pour Talimentation de mes sangsues. 28. — Le sang doit 6tre completement defibrine par le bat- tage avec la main; aucune autre preparation n'est necessaire. 29. — Au moyen de petits sacs de flanelle, toile de coton ou mousseline pour les jeunes Sangsues sortant des cocons jus- qu'a ce qu'elles aient atteint un an, et de toile claire pour loutes celles qui ont depasse cet age. Les sacs sont plonges dans le sang immediatement apres qu'il est sorti de la veine, et de- fibrine ainsi qu'il est ditci-dessus.Les jeunes Sangsues jusqu'a unan doivent yrester pendant 12 minutes, celles de deux ans pendant 10 minutes, celles de trois ans ou petites moyennes pendant 8 minutes, et les grosses de 4 a 6 minutes ainsi que les moyennes. 30. — Les Sangsues de reproduction sont nourries depuis le commencement de mars jusqu'A la fin d'avril, et du 15 aoilt jusqu'en octobre ; les autres le sont pendant tout le cours de I ete, maii la nourriture est reglee selon ia temperature. 280 SOCI^Tfi IMPEUIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. 31. — Les Sangsues de reproduction ne sont nourries que de mars en fin d'avril, parce qu'a cette epoque commence I'ae- couplement, ensuite vient la gestation, et pendant ces diverses phases la nourriture serait nuisible. La ponte etant finie au mois d'aoilt, cette nourriture devient necessaire. Les autres Sangsues sont nourries pendant le cours derete,excepte pour- tant par des temps lourds et orageux, car j'ai remarque que la nourriture prise par ces dernieres au printemps leur est plus favorable que celle prise pendant les grandes chaleurs de I'ete. 32. Les circonstances qui pourraient influer en mal sur la sante des Sangsues pendant la digestion sont celles-ci : si les sangsues etaient gorgees etant malades, si la nutrition avait lieu pendant un orage, ou si, en les sortant du sang tiMe, on les plongeait pour les laver dans de Peau trop froide. 33. — La duree moyenne de la digestion pour uneSangsue gorgee d' aliments est d' environ deux mois. Hk §5. — Reproduction et accroissement des sangsues. 34. — Trop ou trop peu de nourriture serait nuisible a la multiplication comme a I'accroissement des Sangsues. 35. — Je n'ai jamais remarque que la temperature eutinflue en bien ou en mal sur la multiplication ou I'accroissement des Sangsues. 36. — Les pontes ont lieu de la fin de juin au 15 aout. 37. — Beaucoup de secheresse ou beaucoup d'humidite pent detruire les cocons ; la secheresse en dess^che le contenu et rhumidite le pourrit. 38. — Les cocons ne contiennent pas d'oeufs, mais une albu- mine ou germe qui forme les jeunes Sangsues. J'ai trouve des cocons qui en contenaient 26, mais c'est chose bien rare; on pent evaluer la moyenne a 12 ou lA. 39. — La grande quantite d'insectes qui detruisent les co- cons fait que de grands soins sont absolument necessaires. 40. — Aussitot les cocons faits, ils sont ramasses avec soin pour 6tre places dans des boites sans fond, disposees a cet effet, et placees sur les bords d'un bassin special •, de petites gale- iSlevage des sangsues. 281 ries ou couloirs sonl pratiques sur la terre de mani^re que les cocons poses au bout I'un de I'aulre forment une esp^ce de cha- pelet; ces boites, hermetiquement fermees, sont frequemment visitees pour donner aux cocons les soins qu'ils reclament. 41. — Les Sangsues deposent habituellement leurs cocons dans les berges du sud et du levant des bassins. 42. — Les Sangsues sont assez fortes pour sorlir des cocons aubout de 40 jours-, pourtant, lorsque rien ne lesforce asortir, olles y restent plus longtemps; beaucoup y passent Thiver, et n'en sortent qu'au printemps : ces dernieres sont presque tou- jours les plus belles. 43. — La grande chaleur accel^re I'eclosion, le grand froid la retarde •, Tune ou Tautre circonslance est defavorable, car I'eclo- sion naturelle est la meilleure. 4/1. — Aussit6tque les jeunes Sangsues paraissent,elles sont p6chees pour prendre leur premier repas, puis sont remises dans des bassins separes, nedevant pas 6tre melees avec celles d'un autre age. 45. — Les jeunes Sangsues peuvent servir lorsqu'elles ont atteint quatre ans. 46. — 1000 Sangsues a jeun, d'un an, p^sent 60 grammes-, dc deux ans, 200 grammes •, de trois ans, 460 grammes ; de quatre ans, 1220 grammes. § 6. — Ennemiset maladies des sangsues. 47. — Les cocons ont pour ennemis plusieurs sortes de petits vers et les Musaraignes, qui les percent et les mangent. Les Sangsues, quel que soit leur age, sont devorees par les Musaraignes d'eau, les Hydrophiles, les Dytiques, les Courtil- lieres, les Canards sauvages, etc., etc. 48. — Les cocons sont mis a Tabri des attaques de leurs ennemis par le moyen des caisses dont il est parle a la reponse n° 40. line surveillance active pent seule debarrasser les Sangsues des leurs ; aussi est-cc pour ce motif que, commeje le disais a la reponse n» 3, je prefere de petits bassins. 49. — N'ayant jamais eu de mortalite remarquable dans 282 SOCI^T^ IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. mon marais, je ne sais quelles sont les maladies auxquelles les Sangsues peavent 6tre sujettes. 50. — Je n'ai jamais observe d' epidemics chez les Sangsues. 53. — Comme on ne pent jamais prober completement un marais, il est impossible desavoir le cbiffre de la mortalite. § 7. — PjElCHE, TRANSPORT ET CONSERVATION DES SANGSUES. 54-55. — La peche des Sangsues ne peut se faire que pen- dantl'ete, puisqu'a I'hiver, elles entrent enterre pour n'en sortir qu'au printemps; d'ailleurs cette saison est plus favorable pour les nourrir, ou les faire voyager, si elles sont livrees au commerce. 56. — Pour faire la p6che, on remue etl'on batl'eau au moyen d'un baton; les Sangsues, que Vespoir d'une proie fait imm^- diatement sortir, sont prises vite et facilement avcc des pochettes en filet adaptees au bout d'un manche. 57. — Chaque espece de Sangsues etant mise dans des bassins separes, le triage devient inutile apres lap^che. 58. — La p6che des Sangsues etant impossible en hiver, j'ai trouve moyen de les conserver parfaitement en creusant dans la terre des caisses qui se rapprochent autant que possible de leuretat dans le marais. J) 59. — Le transport des Sangsues peut avoir lieu pendarit toute I'annee, en ayant soin pourtant de les emballer de maniere qu'elles soient a Tabri des grands froids ou des grandes chaleurs. 60. — J'ai fait, pour le transport des Sangsues et descocons, des caisses a compartiments qui figureront a la prochaine Exposition. 61. — Avec mon procede d'emballage, je ne perds jamais de Sangsues : j'en ai envoye 4000 a deux cents lieues ; en arrivant, une seule etait morte. § 8. — ReSULTATS de l'iNDUSTRIE. *:'! Les prix varient selon les annees. PROCfeS-VERBAUX. 283 UI. EXTRAIT DES PROCfeS-VERBAUX ' - ' DES SfiANCES GENERALES DE LA SOClfiTfi. STANCE DU 15 MAI 1867. Prisidence de M. GEOFFROif Saint-HiLaire. M. le President proclame les [noms des membres admis depuis la derniere seance : MM. Chalvi^ue (Alexandre), horliculteur, a Pantin (Seine). CociiET (Scipion), pepinieriste, a Suine par Brie-Gomte- Robert (Seine-et-Marne) . Darblay, proprietaire, a Chevilly (Loirel). J)aull]6, chirurgien de la Marine imperiale, membrq de la Societe zoologique de la Reunion, a Mayotte. Feruch-Khan (S. Exc.), Ambassadeur du Schah de Perse, en France. ? Graffenried-Villars (le baron), proprietaire, a Paris. . Grillot (Edouard-Jean-Marie), docteur medecin, a Lagny (Seine-et-Marne) -. . : ; _ Bureau de Villeneuve fils (Abel), a Paris. La PlaigiNE (le docteur comte de), proprietaire, a Jouenna, pres Bassusseron (Basses-Pyrenees). Lecoq, professeur d'Histoire naturelle, a la Faculte des sciences. President de la Cbambre de commerce, a Clermont-Ferrand (Puy-de-D6me). Marcotte, directeur des douanes, a Marseille (Boucbes- du-Rbone). UssEL (le comte Alfred d') membre du Conseil general de la Creuse, directeur de la Ferme-ecole de ce departe- ment, a Neuvic (Correze). Valdan (de), lieutenant-colonel d'Etat-major, chef d'Etat- major de Constantine (Algerie) . Villeneuve (Ludovic de), a Autcrive pres Castres (Tarn). 284 SOCIET]^ IMPJ&RULE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — L'agregation de la Societe d' agriculture et de r Industrie (le Tonnerre (Yonne), presidee par M. le marquis de Tanlay, est raise aux voix et votee a I'unanimite. — Des lettresde remerciment de MM. le professeurPh. Par- latore, le marquis Cosiiio-Ridolfi et Antoine Salvagnoli, pour les recompenses qui leur ont ete decernees dans la seance du 10 fevrier dernier, sont transmises par notre delegue a Flo- rence, S. A. le prince A. de Demidoff, qui fail connaitre en m6me temps ropinion exprimee par M. le marquis de Ridolfi sur I'utilite qu'il y aurait a tenter, en Toscane, Tintroduction du Bambou dont M. de Montigny a fait des envois en France. ii» De plus, notre zele confrere revient sur la question de Fap- preciation de la valeur des animaux d'echange, offerts et demandes par la voie du Bulletin. Le Conseil, frappe de la necessite de faciliter Tetablissement d'une base pour I'estima- tion de cette valeur, a deja, depuis quelque temps, d'apr^s les observations presentees precedemment par M. le prince A. de Demidoff, saisi de cette affaire les 1'" et 2* Sections. — Nos nouveaux confreres, MM. le comte de Chasteigner, Foussat, A. Lewchine, de Saint-Petersbourg et le docteur Marchand, de Bordeaux, ecriventpour remercierde leur admis- sion dans la Societe. — Une lettre de remerciment pour I'agregation de la Societe des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin, est ecrite par le president de cette Societe, M. le professeur LeReboullet. — M. le secretaire de la Legation imperiale du Bresil, en France, annonce que les pieces et rapports envoyes par la Societe, et relatifs a I'etude des moyens d'importation et d'ac- climatation du Chameau, ont ete expedies au gouvernement bresilien, ainsi que divers echantillons des produits bruts et manufactures dupoil de ce mammif^re. — Notre confrere, M. Aubry-Lecomte, charge du classement desmateriauxdel'expositionpermanente des Colonies, adresse, de la part de M. Mestro, directeur des Colonies au ministfere de la marine etmembre de la Societe, une collection des Hari- cots, Riz, Mais, etc., cultives a File de la Reunion, ainsi qu'un gingembre geant, dit Gingembre marron. PROCES-VERBALX. 285 — M. Ic President informe qu'un nouvel envoi de plantes uliies du a M. de Montigny vient d'tHre re^u, '^' — Mgr. Verrolies fail parvenir quelques echantillons de la graine d'une Canne a sucre de Mantchourie, qui se seme et se recolle eommele mais ou le millet. II accompagne cet envoi de la recommandalion de ne pas attendre la parfaite maturite de la canne pour en extraire le sucre. ' — M. (ill. Raymond fait present degraines ([eOuillay, arbre du Chili, qui est le dernier de haute futaie qu'on rencontre dans les (^ordill^res, et dont Tecorce, qui est savonneuse, est employee comme savon et comme febrifuge. — Un certaine quantite de plants d'Igname de la Chine est mise a la disposition de la Societe par notre confrere, M. Les6ble (de Rochefuret pres Tours). — M. Bourgeois met sous les yeux de I'assemblee deux pieds d'une plante a racine tuberculeuse, dont la culture faite dans de bonnes conditions de sol et d'engrais lui semblerait importante, en raison de la saveur agreable de ces tubercules qui se mangent crus ou cuits sous la cendre, dans plusieurs contrces de la France, et particulierement en Bretagne, aux environs de Saint-Brieuc. II considere cette plante comme e\.anl\o Btmmm biilbocastanum, vulgairement nomme Terre- noix ou Chataigne de terre. M. Cosson fait observer que le vegetal presente par M. Bourgeois, bien qu'il appartienne comme le Biinium a la famille des Ombelliferes, en est cependant different, car c'est le Conopodium denudatum, Koch ( Cariim denudatum, Wildenow ?j ; mais il ajoute que des essais d'introduction, dans certaines localites, comme M. Bourgeois le propose, auraient plus d'utilite pour le Bunium que pour le Conopodium. M. Passy, a I'occasion des observations qui precedent, dit que ces planles sont tres communes dans les terres forte- ment calcaires, et qu'on les mange dans differents pays. Ainsi, au marche de Langres, en particulier, on les vend comme legumes. ^ — M. le Sous-Prefet deSenlis transmetune Note sur la cul- ture de rigname due a un cultivateur des environs de la ville. T, IV. — Juin 1857. 19 286 soci^Tfi impi!;ri.\le zoologique d'acclimatation. — II est donne lecture d'lm Rapport de M. Chevet, au nom d'une Commission d'enqu^te chargee par !a 5* Section de I'exa- men des documents fournis sur les resultats de la culture de cette plante par les membres, qui se sont conformes a la demande qui leur avait ete faite de se procurer sur ce sujet tous les renseignements qu'il leur serait possible de recueillir. (Voir ce Rapport au Bulletin, p. 275.) — M. le Prefet du departement du Nord fait parvenir un travail sur la culture du Riz sec, destine aexposer les procedes de cette culture, et du a M. Lefebvre, President du Cornice agricole de I'arrondissement de Lille. Cette piece sera transmise a la 5'' Section. — M. le President y renvoie egaiement un Compte rendu, dont il est donne lecture, et qui est relatif a des experiences faites par notre confrere M. Marozeau, de Wesserling, sur des graines envoyees par la Societe. — Cette Section est, en outre, chargee de I'examen d'echan- tillons de plantes textiles de la Chine et des Philippines, adresses par notre confrere, M. Ed. Renard, qui pense qu'il y aurait inter^t a les cultiver en Algerie. — Notre confrere, M. leprofesseur Piorry, lit une Note rela- tive a r utilisation du sol des for6ts pour la culture des vege- taux alimentaires. A la suite de cette lecture, M. Millet fait observer que les forestiers cherchent generalement a exploiter les clairieres, et qu'on y cullive en ^articulier les Pommes de terre, mais qu'il ne peut en etre ainsi que dans les parties degradees. La ou les for6ts sont bien entretenues, il n'est pas possible, dit-il, d'uti- liser le solde cette faQon, car les cultures qu'on y essaieraitne pourraient point y reussir. Les animaux, d'ailleurs, causeraient de grands degats dans ces plantations. M. Piorry repond que Tevidence est cependant pour lui; car, si des plantes nuisibles ou inutiles a Thomme se developpent si bien sur le sol des forets, on ne peut croire, ace qu'il lui senj- ble, que la vegetation d'autres plantes dans ces m6mes lieux. soit impossible. Quant aux ravages a craindre de la part des animaux, il pense que par des clotures il serait facile de les prevenir., ; PROCfeS-VERBACX. 287 Le Memoire de M. Piorry est renvoye a la 5" Section. — Des details tres satisfaisants sur le succes de la secoiide education de Bombyx Cynthia, entreprise a Palerme par M. le baron Angelo Anca, sont communiques par son frere, M. le baron Anca. .Par les soins de ces messieurs, de la graine a ete exp^di^e a Malte, a Sir W. Held, gouverneur de cette lie, et membre de la Societe, qui en avail demande. — Notre confrere, M. Chavannes, fait parvcnir un Rapport sur I'education do ce papillon faite a Lausanne en 1856, rap- port dont il avait presente un resume verbal dans la seance du 3 avril dernier. Ce m6me membre, dans sa lettre d'envoi, signale la necessite qu'il y aurait a ce que les membres qui ont rcQU des graines de diflerentes especes de Vers a soie se con- ibrmassent a Tarticle 60 du r^glement qui demande des Rap-, ports. Cette lettre est renvoyee a I'examen duConseil pourquMl avise aux moyens d'assurer la mise a execution du reglement. A cette occasion, M. Kaufmann rappelle qu'il a transmis un Rapport emanant de notre Societe affdiee de Rerlin. M. le President signale les rapports qu'on a recus de MM. le baron Anca, Gasparin, Hesse et de quelqucs autrcs membres; mais il ajoute que le nombre de ces communications, de la part de detenteurs de graine, a etc beaucoup moins considerable qu'il n'aurait dCl I'^tre. — M. Kaufmann fait connaltre les resultats de quelques essais de devidage des cocons du Bombyx Cynthia auxquels il s'est livre, et qui lui ont permis d'obtenir des fds doubles dans toute leur etendue, et de plus de 15 metres de long. Ce fait vient a I'appui de I'opinion precedemment emise par M. Gue- rin-Meneville, d'apres ses propres tentatives, que Ic fil n'est pas rompu. — M. Guerin-Meneville lit un Rapport sur les experiences d'acclimatation de Vers a soie ordinaires provenant dela Chine, faites par la Societe on 1855 et 1856, et sur celles qu'il serait utile de faire en 1857. Pour ces derni^res, notre confrere pro- pose d'entreprendre a la magnaneric experimentale de Sainte- Tulle des experiences avec des graines provenant soit directe- mentde Chine, soitde localiles ou la gatline et la muscardine 288 S0C16TE IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. n'ontpas encore sevi. Cette proposition, deja approuvee par le Conseil, est accueillie avec reconnaissance par Fassemblee, — Notre confrere, M. Dussard, administrateur delegue de la Caisse i'ranco-suisse du Cheptel et de I'agriculture, ecrit pour informer que cette Compagnie, ayant appris par M. Guerin- Meneville, I'un de ses administrateurs, le voeu de la Societe relativement a la necessite de recueillir de la semence de Vers a soie dans des localites oi^i la maladie des Muriers et des Vers est inconnue, a decide qu^elle viendrait efficacenient, et sans retard, en aide a nos efforts. En consequence, la Com- pagnie, consacrant a cet objet les fonds necessaires, a charge M. Guerin-Meneville de se rendre en Suisse et dans les autres localites epargnees par I'epidemie, afm d'y recolter des ceufs dont la provenance se trouvera ainsi garantie, et d'y organi- ser des educations pour graine sur le plan adopte par le Con- seil de notre Societe, conformement aux conclusions du Rapport de la Commission de Sericiculture. La graine sera egalement recueillie en Prusse, en Baviere et en Pologne, par les soins et sous la garantie de la Caisse franco-suisse du Cheptel, a laquelle I'assemblee vote des remerciments, sur la proposition de M. le President. — M. Lobligeois, au nom de M. Focillon, lit un Rapport quece dernier a presente a la 3« Section sur I'application des bateaux plongeurs de MM. Payerne et Lamiral al'exploitation, a la culture et a I'acclimatation des animaux aquatiques- Les conclusions sont favorables a Temploi de ce mode special de navigation, qui semble, suivant le rapporteur, appelea rendre d'importants services pour la p6che des Huitres comestibles, la production de bancs d'Huitres artificiels, la naturalisation des eponges du Levant sur les cotes de TAIgerie et la peche du Corail. Ce Rapport est renvoye au Conseil pour Texamen de la question relative a I'opportunite qu il pourrait y avoir de signa- ler a TAdministration Tutilite d'experiences a tenter avec ces bateaux plongeurs. (Voir au Bulletin, n° de mai.) A la suite deca Rapport, il est donne connais sance, par extraits, d'une reponse favorable que S. Exc. le Ministre de la guerre a faitea M. Lamiral, qui avait sollicite du Gouverne- pnocfes-vEHBAUX. 289 ment I'autorisation cl'entreprendre une exploration des bancs de coraux sur les c6tes de I'Algerie. — M. Millet lit une Note destinee a faire connaltre lessiicc^s oblenuspar les forestiers des Vosges, sous la direction de M. de la Begassiere, conservateur, et de M. Tinspecteur Galmiche, pour la multiplication du gibier, et notamment pour la repro- duction et la domestication du Coq de bruyere. Notre confrere fait observer que le transport des oeufs destines a 6tre mis en incubation , et I'education des jeunes poussins exigent de grands soins. (Voir au Bulletin^ p. 266.) — M. le docteur Girou de Buzareingues, membre de la Societe, appelle Tattention de I'assemblee, dans une commu- nication orale, sur une des causes de la facheuse disparition des Oiseaux insectivores, si necessaires pour combattre les ravages des insectes. II a observe que dans le departement de I'Aveyron, la diminution des Bees-fins a coincide avec I'accrois- sement de celui des Pies, qui sont tres avides d'oeufs et de jeunes oiseaux. Pour arr6ter cette destruction, M. Girou a .promis aux enfants, dans sa commune, une prime de 5 cen- times par oeufde Pie qui luiseraitapporte. La premiere annee, il a ete detruit 34 ocufs, la deuxieme annee 512 et 850 pendant la troisieme. Cette chasse se continue, et notre confrere espere qu'elle pourra ^treentreprise dans les communes environnantes, car il a saisi de cette question les Comices agricoles de son depar- tement. Maintenant les Bees-fins commencent a reparaitre, ainsi que les Cailles et les Perdrix. (Voir au Bulletin^ p. 263.) M. Girou est adjoint a la Commission qui, concurremment avec celle que la Societe protectrice des animaux a designee, doit etudier dans leur ensemble les moyens a employer pour la conservation des Oiseaux insectivores. A cette occasion, M. le docteur Aube signale comme un excellent moyen de destruction des Pies Temploi de fragments d'intestins unis a une tres faible quantite de noix vomique. Le laboureur doit les jeter dans le sillon a mesure qu'il le trace. Ces oiseaux profitent de cet instant pour cbercher les vers ou les insectes que le soc vient de mettre a decouvert, et Ton en erapoisonne beaucoup avec cet appat, surtout dans 290 SOCIl^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les champs ou la charrue doit parcourir un long trajet avaiit de revenir, en sens inverse, recouvrir le sillon qu'elle avail creuse.' — S. Exc. le Ministre de ragriculture, du commerce et des travaux publics informe que, sur sa demande, il sera mis a la disposition de la Societe, par les soins de S. Exc. le Ministre de la marine qui les lui avail offerts, des animaux de I'ile de la Reunion, envoyes en vue du concours agricole universel, remis a I'annee procliainc. — Des details satisfaisanls sur les qualites dela Chevre d'An- gora, comme bonne lailiere, sont communiques par M. Sacc : une de ses chevres, ayant mis bas fournil depuis un mois, 6 litres de lait par jour. — II est donne lecture d'une lellre de MM. les membres du Syndicat de la boucherie, qui conlient des renseignements iavorables sur le rendement el sur les qualites de la chair du bceuf de race cotentine sans cornes, nomme Sarlabot^ appar- tenant a noire confrere M. Dutrone, et qui a ete presenle au dernier concours de Poissy, apres avoir figure, celte annee, dans la promenade du bceuf gras, a Paris. SEANCE DU 29 MAI 1857. Pr(5sidence de M. Geoffhoy Saint-Hilaire. M. le President, conformemenl a I'ordre du jour special indique sur les leltres de convocation pour la seance de ce jour, informe que S. M. le Roi des Beiges et S. M. le Roi des Pays-Bas ontdaigneconsentira ceque leurs nomssoientinscrits en I6te de la lisle de nos membres. Des lettres de remerci- ment seront adressees a ces Souverains au nom de la Societe. — M. le President prodame les noms des nouveaux membres : S. A. D\TU, Tummong-Gong de Singapour et des lies envi- ronnantes, Daing Ibraiiim Sri Maharajah, de Johore et de ses dependances. PROCKS-VERBAUX. 291 S. A. Tu\NviN, Wan Ahoobakar, Bin-Datii, Tummong-Gong Ibrahim Sri Maharajah. S. A. TiiANViN, Wan Abdulrahman, Bin-Datu, Tummong- Oong Ibrahim Sri Maharajah. MM. AsHWORTH (Thomas), h Poynton en Stockport (Angle- terre). BowRiNG (S. E. Sir John), Ministre plenipotenliaire de S. M. B., en Chine, Intendant general du commerce anglais en Chine, gouverneur de Hong-Kong. Connolly (Andrew), negociant, a Chang-Hai. Gannkron, ingenieur civil, a Paris. Gantes (le vicomte de), sous-profet de I'arrondissement de Bone, province de Constantine. Guercheville (le comte Leonce-Marie-Gaston de), a Caen. Low Hugh (Sir), membre du Conseil legislatif, doyen des magistrals et tresorier colonial deriledeLabuan(Indes). Maissiat (le general de division), commandant la province de Conslantine. Marone (Allezio), a Naples. Trottier, proprietaire, agriculteur etmaire, ala Rassanta pres Alger. — Une demande d'agregation pour la Societe d' agriculture de Provins adressee par M. Marc de Haut, son president et potre confrere, est transmise par M. Drouyn de Lhuys. — Des lettres de remerciment sont ecrites: 1° par M. Alex, de Kurtz, president de \si Societe sericicoiede Pologne, siegeant a Varsovie, pour Tagregation de cette Societe a la notre^ 2° par M. John-J. Daigleish, Estancelin, Marcotte, directeur desDouanes et des contributions indirectes, a Marseille, et le capitaineRitter, pour leur recente admission. — S. E. Koenig-Bey ecrit d'Alexandrie pour remercier de la mcdaille qui lui a ete decernee dans la seance generale du 10 fevrier dernier. Ce confrere annonce, en m6me temps, le prochain envoi d'unpetittroupeaudu Soudan (jueS. A. lo prince Abdul-IIalim-Pacha se propose d'otlVir a notre Societe dont il est membre. Ce troupeau se composerait dedeuxTaureauxet 292 socii^TE impi5ri\le zoologique d'acclimatation. de deux Vaches a bosse du Kordofan, ainsi quede deux Beliers et de deux Brebis du Sennar. M. le President fait observer que cet envoi offrira deTinteret a plusieurs points de vue. De plus, S. E. Kojnig-Bey accuse reception des graines et tubercules qui hii ont ete expedies, et dont, par ses soins, comme par ceux de notre confrere, M. le docteur Figari, la culture va 6tre entreprise a Alexandrie et au Caire. — M. Ch. Siemoni adresse de Pratoveccbio des remerci- ments a I'occasion de la medaille qui luia ete decernee. S. A. le prince A. deDemidoff, en transmettant cette lettre, annonce de nouveaux documents sur les travaux de culture de M. Siemoni, qui offre I'hospitalite a ceux de nos confreres desireux de visiter ses plantations de Toscane. « Outre le spectacle, peut-6tre unique en Europe, dit S. A. le prince A. de Demidoff, d'une for6t vierge ou Ton trouve des arbres do huit cents ans, on peut admirer dans le Casentino le plus bel exemple de reboisement de montagnes. Grace a la volonte et a la perseverance d'un Souverain eclaire, Mgr. le Grand-Due de Toscane, lessommets les plus apres du Casentino sont aujour- d'hui regeneres par 50 millions d'arbres a diverses phases de vegetation. C'est une noble etmagnifique entreprise qui, selon I'expression de M. Siemoni, bonorera la memoire du Grand-Due Leopold II plus que ne pourraient le faire les plus splendides statues de raarbre ou de bronze. » — La Societe d'acclimatation des Etats royaux de Prusse affiliee de la notre, devant celebrer , le 31 juillet procbain, I'anniversaire de sa fondation, M. Kaufmann, I'un de ses vice- presidents, adresse verbalement al'assemblee une pressante et cordiale invitation d'envoyer une deputation a cette solennite. M. le President informe que M. Guerin-Meneville, devant se trouver a Berlin a cette epoque, pourra assister a cette reunion. — M. le docteur A. Thierry ayant appele I'attention sur la possibibte d'utiUser pour la Societe le depart procbain de la mission extraordinaire de France en Chine, dirigee par M. le baronGros, des instructions, sur la demandedeM.le President, ont ete redigees par une Commission dont M. J. Michon a ete le rapporteur. On les a adresseesa M. le baron Gros, qui ecrit .>»'^' PROCES-VERBAUX. 295 de Toulon pour donner I'assurance qu'il fera avec plaisir, durant son voyage, tout ce qui pourra contribuer, par Tenvoi de productions naturellesdela Chine, a la realisation des pro- jets de la Societe. — Deux lettres datees de Singapour ont ete revues de notre confrere, M. de Montigny. Dans I'une, il annonce qu'il vient d'interesser a notre oeuvre non-seulement de hauts person- nages du gouvernement anglais en residence dans I'lnde, mais encore le prince souverain de I'lle de Singapour, Sultan de Johore et ses deux fds. « A I'aide de ces princes, dit M. de Montigny, la Societe peut fouiller dans les for^ts les moins connues et les plus riches du globe oil se trouvent encore, en nombre considerable, les plus grands quadruples de la crea- tion : les grands Boeufs sauvages Sah-pee et Saladang y four- raillent en troupeaux. » La seconde lettre renferme des details sur lafecule deSagou dont il adresse un echantillon ; sur le Bananier produisant le chanvre habaka de Manille, lequel constitue, dit-il, un des principaux commerces de cette ile, et lui vaut plusieurs mil- lions de piastres par an. Ce Bananier et d'autres palmiers, ainsi que quatre douzaines d'arbres a gutta-percha, ont ete expedies par ses soins en Algerie. M. de Montigny insiste de nouveau sur I'importance de la culture dans le sol de nos for^ts, des tubercules originaires de celles de Siam et du Laos. Sa lettre enfin conlient Tannonce de I'envoi en Europe de di- vers animfiux rares. — MM. le professeur Bazin, secretaire du Comite regional de Bordeaux; Challes, President de la Societe centrale d' agri- culture de I'Yonne; le docteur Guisard, President de la Societe des sciences naturelles et archeologiques de la Greuse ; Mau- duyt, Secretaire de la Societe d' agriculture, belles-lettres, sciences et arts de Poitiers, accusent reception et remercient de renvoi d'Ignames fait a ces diverses Societes. Des lettres ayant le m6me but, mais pour des remerciments personnels, sont ecrites par MM. Barthelemy-Lapommeraye, Et. de Can- son, le comte de Galbert, Aug. Geoffroy et le baron Le Couteux. — Des graines de Myrica cerifera ayant ete envoyees a 29/l SOCIETY IMPKRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. Piccioni, habitant de I'lle-Rousse (Corse), il informe qu'il les a regues et exprime sa reconnaissance pour cet envoi qui lui permettra d'entreprendre un essai de culture qu'il consi- dere comme pouvant avoir peut-etre une grande importance pour I'assainissement des regions malsaines de I'ile. — S. E. le Ministre de la marine et des Colonies adresse, en communication, quatre Catalogues manuscrits des vegetaux cultives au Senegal, a Taiti etdans deux de nos comptoirs des cotes occiden tales d'Afrique (Sedbion et Assinie). Ces Cata- logues, suivant le desir exprime par M. le Ministre, ont ete communiques au Museum d'histoire naturelle, oii il en sera pris copie; de plus, ils Tout ete a M. Moquin-Tandon, President de la 5" Section et a d'autres membres. — Une lettre de M. Brierre, membre de la Societe, relative a la culture des Pommes de terre, est renvoyee a I'examen de la 5* Section. — Un sac debulbes de Zettout [Iris juncea) est mis a la dis- p sition de la Societe par notre confrere M, Ces-Caupenne, qui fait parvenir en m6me temps une Note sur la preparation culi- naire de ce vegetal. — M. Braguier adresse de Saint-Genest (Vendee) un Rap- port sur la culture des vegetaux exotiques qui lui ont ete confies. Ge Rapport sera soumis a la 5° Section. — M. le President lui renvoie egalement une lettre de M. Kaufmann, relative a une variete de Pommes de terre intro- duite en Alleniagne depuis plusieurs annees par le Conseiller d'economie Ockel, et connue sous le nom de Pomme de terre Bio-Frio d'Ockel, et dont notre confrere met quelques speci- mens a la disposition de la Societe. II offre egalement un petit lot de semences de Navets de FeltoWy legume tres estime en Prusse, ou on le cuUive dans les terrains sablonneux. M. Kaufmann desirerait qu'on en essayat la culture dans les Landes. j»|v,— M. deLucafaitconnaitrelesproduitsqu'ilaobtenusdu sue abondant et sucre des gousses du Caroubier (Ceratonia siliqua) sur I'ulilite desquelles M. Teyssier des Farges avail appele ^'attention dans une des precedentes seances, comme pouvant PROCES-VKRBAUX. 295 servir a ralimentation des bestiaux. M. de Liica en a extrait de I'alcool et un sirop, substances dont il place des echantil- lons sous les yeux de I'Assemblee. II annonce que, par suite d'cxperiences maintenant en voie d'execution, il espere obte- nir du sucre cristallise. — M. le docteur Sicard fait parvenir un travail que M. ie President renvoie a Texamende la 5* Section. II a pour litre : Esquisse sur quelques vegetaux de la Chine qu'-il serait utile d'introduire en France. — M. Ramon dela Sagrafait don d\m exemplaire des pieces officielles publiees par ordre du gouvernenient espagnol sur le concours des produits de I'agriculture de la Peninsule et des colonies, qui doit avoir lieu a Madrid du 2A septembre au h octobre prochain. — M. Stanislas Julien fait bonimage a laSociete, pour ses collections, de deux echantillons de toile fabriquee avec les fils fournis par I'Orlie blancbe {Urtica nivea), Tun de premiere, Taulre de seconde qualite. II fait deposer en ra6me temps sur le bureau un travail qu'il vient de publier sous le titre suivant : Renseignements sur la. cire vegetale de la Chine et sur les insectes qui la produisent (traduit du Chinois), et qu'il serait utile de faire connaltre a la Societe, puisque parmi les prix extraordinaires qu'elle a proposes, il s'en trouve un pour V acclimatation en Europe ou enAlgeried'un insecte producteur de cire autre que I'Abeille (medaillede 500 francs). Dans la lettre d'envoi, qui accompagne cette brochure, M. St. Julien informe qu'il vient de I'adresser a M. de Montigny et a Mgr. Delaplace, vicaire apostolique de Tche-Kiang, en leur indiquant les moyens d'expedier les oeufs de I'insecte a cire, comme on le fait pour ceux du Ver a soie. S'ils arrivent en France, avant I'epoque ou Ton peut en suspendre aux Trpenes, dans un rouleau de feuilles, il serait possible d'en arr^ter I'eclosion en les plaQantdansune glaciere, exactement comme font les Chinois pour s'opposcr a celle des graines de Vers a soie avant I'apparition des feuilles de milrier. — M. Dupuis informe que des larves de Bombyx Cynthia^ a defaut de Uicin, ont ete elevees avec des feuilles du Vernis du 296 SOCIIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Japon {Ailantus glandulosa). M. Aug. Dumeril rappelle, a ce sujet, les essais faits I'an passe pour ce Ver a soie avec les feuilles du Chardon a foulon, et qui ont contribue a fixer Fat- tention de la Societe sur M. Vallee, dont les efforts ont ete recompenses par unemedailled'argent. Ces essais secontinuent avec succes cette annee. — M. le docteur Aug. Mallet, ancien chirurgien de la marine, sur le point de se rendre a Andrinople et a Brousse, au pied du mont Olympe, pour y observer les deux races de Vers a soie qui offrentleplus de chances de reussite pour la regeneration de nos races frangaises atteintes de maladie, demande des instructions. Sa lettre ay ant ete adressee, aussitot apres sa reception, a la Commission de sericicullure, unereponse a ete faite par les soins de M. Guerin-Meneville. — Notre confrere, M. le professeur Emile Cornalia, adresse un exeraplaire d'un Rapport qu'il a presente a I'lnstitut Lom- bard, au nom d'une Commission nommee parce corps savant pour etudierla maladie des Vers a soie. Dans une lettre d'en- voi, il annonce une Note sur ce sujet pour notre Bulletin. — II est joint a ce Rapport, paries soins de M. Brot, notre delegue a Milan, un Questionnaire que la Societe d' encoura- gement de cette ville a remis aux principaux educateurs de Vers a soie de Lombardie, afin qu'ils le remplissent avec soin, le depouillement et la comparaison des reponses qui y seront faites devant permettre peut-6tre de decouvrir les vrais carac- teres de la maladie de ces insectes, laquelle ne semblepas 6tre absolument la m6me dans tous les pays. — M. Lobligeois lit, au nom de M. le comte A. deChastei- gner, ancien officier des haras imperiaux, un travail que ce nouveau confrere avait deja presente au Comite regional de Bordeaux. Le Memoire a pour titre : Etudes sommaires sur V introduction aux Antilles de diverses especes d'animaux destructeurs des serpents. A la suite de cette lecture, M. le docteur Rufz dit que des remerciments doivent 6tre adresses a Fauteur, car il appelle Fattention de la Societe sur Fune des questions qui preoccupent le plus vivement les habitants des Antilles, et de la Martinique en particulier, ou le serpent dit PROCES-VERBAUX. 297 Fer-(lc-lance {Bothrops lanceolatus) se rencontre encore en tr^s grand nombre.C'est un ennemi tellementredoutable, qu'onne saurait employer contre lui trop de moyens d'attaque. Le tra- vail de M. lecomle de Chasteigner est renvoyea Texamen d'une Commission composee de MM. Passy, president dela Commis- sion des Colonies, Dareste, Dumeril, Lobligeois, Pecoul, Flo- rent Prevost et Rufz. — M. le prince Berthier, due de Wagram, informe que les Oies Bernaches sont completement acclimatees dans sa pro- priete de Grosbois et s'y reproduisent en ce moment ou quatre de ces oiseaux convent. II en a perdu, qui se sont envolees, niais il en possede encore douze. — Dans unelettre, qui a principalement pour but de repondre a des questions que lui avait adressees M. Chagot sur les Autruches de I'Afrique du Sud, M. le comte de Castelnau, con- sul de France au Cap de Bonne-Esperance, dit que, pendant toute la duree d'un voyage par terre de 125 lieues, de Algoa- Bay a la ville du Cap, il n'a rencontre qu'une seule Autruche. Ces oiseaux, ajoute notre confrere, n'ont jamais ete domesti- ques, mais quelques colons hollandais (Boers), les voyant dimi- nuer rapidement autour de leurs fermes, ne les tuent plus ; ils les harassent a la course et lesplument. II croit qu'il serait tres facile de les domestiquer, quoique cependant on assure que dans cet etat, elles se refusent a couver. II resterait d'ailleurs a savoir s'il en serait de m6me pour des oiseaux pris tr6s jeunes. A I'occasion de cette lettre, M. Richard (du Cantal) dit qu'on voit a Laghouat (Algerie) bon nombre d'Autruches apprivoi- sees, et que dans les regions meridionales de nos possessions, on pense qu'il serait tr^s facile d'arriver a les domestiquer. M. Dupuis rappelle que, pendant dix-huitans, un couple d'Au- truches venues d' Algerie a ete conserve cliez M. Granal, a M6ze, pres de Montpellier, ou des ceufs furent pondus. Ce fait est con- firmepar M. Moquin-Tandon, qui ajoute que la presence d'un germe dans plusieurs deces oeufs non eclos, mftis qui avaient ete places dans lacouveuse artificielle de Delpech, temoigne que la lecondation pent avoir lieu en France. 298 SOCIl^TE IMPJERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — Une lettre de M. David Richard donne des details satis- faisants sur Teducation a Slephansfeld pr^s Brumath (Bas- Rhin) des Pores chinois et des Chevres de la haute Egypte, qui lui ont ete confies. II fait connaitre, en outre, les succes qu'il a obtenus dans la culture du Cerfeuil tubereux et du Chervis — M. Gabriel Benoit de Champy, membre de la Societe, demande des Lapins deSiberie, etappelle I'attention sur lefait du croisementdu Lieivre et du Lapin, donton lui assure qu'il existe des produits chez M. Roux, president de la Societe d'agriculture d'Angoul6me. II se propose, dans un prochain voyage qu'il eoniptefaire dans celteville, de chercher a se pro- curer des renseignements plus positifs a cet egard, et demande si le fait est possible. A cette occasion, M. le President dit qu'on a souvent montre des animaux comme metis de Lievre et de Lapin, et offrant, a quelques egards, des caract6res mixtes, mais que le fait n'a jamais ete bien eclairci, et qu'il peut 6tre irvteressant de le soumettre de nouveau a Fepreuve de I'expe- rience. .La question dont il s'agit est Tobjet d'observations de la part de differents membres. Ainsi, M. Bouchard dit que quatre Lievres introduits dans une lapiniere contenant vingt-cinq Lapins y. furent bientot trouves morts. M. Moquin-Tandon citeun essai repete deuxfois par un de ses parents, et dont le resultat a constamment ete le m6me, c'est-a-dire que les Lievres ont toujours ete trouves morts dans la lapiniere, tues sans doute par les Lapins. Selon M. Aube, il y a, entre ces deux especes, impossibilite d'habitation en commun, en raison des differences dans les habitudes. — S. Exc. le Ministre de la marine et des Colonies met a la disposition de la Societe un certain nombre d'animaux de la Guyane et de I'ile de la Reunion originaires de ces colonies, et qui etaient destines au concours agricole. Des remerciments seront adresses a M. le Ministre. — M. le President informe de la naissance recente d'uri Lama male au Museum d'histoire naturelle (16 mai 1857). II est le produitd'une troisieme generation d'individus, tous nes en France depuis 18/i6. Ainsi se trouve demon tree, ajoute PROCi;S-VERBAUX. 299 M. le President, la possibilite deracclimatationde cesprecieux animaux dans notre pays. II tient (Fautant plus a le faire remarquer dans ce moment, que le Museum vient do perdre, cette semaine m6me, I'excellent et habile employe M.Bibron, specialement charge du soin de ces animaux, et auquel, en rai- sonmSme des succes (ju'il avait obtenus, la Societe a decerne, dans sa seance generale du 1 0 fevrier dernier, une recom- pense pecuniaire devenue une veritable recompense honori- fique par les termes qui en ont accompagne la remise entre ses mains. Si Tacclimatalion du Lama ne se poursuivait pas plus loin, ce qui ne semble pas probable, il resterait du moins a Al. Bibron le merite de I'avoir conduite jusqu'au point ou elle est arriv«')e aujourd'hui. — Des echantillons du poil du Boeuf musque dont il a 6te question dans une des prec^dentes seances sont mis sous les yeux de I'assemblee, et M. Davifl, apres avoir examine cette laine avec soin, fait observer qu'elle offre une assez grande analogic avecle poil du Chameau. — II est donne communication d'une lettre de M. le baron Thenard, membre de la Societe, accompagnant Tenvoi d'un registre de souscription a la Societe de secours des amis des sciences qu'il a recemment fondee dans le but de venir en aide aux hommes livres aux travaux scientifiques, et dont la position de fortune pent rendre necessaire cet appui soit pour eux-m6mes, soit pour leurs families apres leur mort. M. le President ajoute que le plan de cette association genereuse- ment dotec, d^ son debut, par son fondateur et par le fils du fondateur, M. Paul Thenard, qui ont fait des dons, le premier de 20,000 francs, et le second de 5,000 francs, a ete accueilli avec sympathie par le monde savant. Le capital verse s'el^ve dejaa 100,000 francs. Le registre restera depose entre les mains de M. TAgent, qui recevra les souscriptions, dont le montant est lixe a 10 francs. M. Davin s'inscrit pour un don annuel de 100 francs. Le Secretaire des stances, Aug. Dumeril. 300 SOCI^Tfi IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPOND ANCE. Nous ins^rons textuellement la lettre adress^e ^ M. le President de la Soci^t^ par'S. Exc. le Ministre de la maison du Roi des Beiges, et relative 5 rinscriplion de ce Souverain sur la llste des membres de la Socidt^. Bruxelles, le 22 mai 1857. « Monsieur le President, » En r^ponse h la lettre que vous avez adressde au Roi, le !•' de ce raois, » j'ai riionneur de vous informer, d'aprfes les ordres de Sa Majesty, qu'Elle » vena avec la plus vive satisfaction son nom inscrit sur la liste des )) membres de la Soci^t^ imp^riale zoologique d'acclimatation. » Agr^ez, je vous prie, Monsieur le President, Tassurance de ma consid^- » ration trfes distingude, n Le Ministre de la maison du Roi, » Van Praet. » En rdponse & cette lettre, une adresse, sign^e de tons les membres du Conseil, a m ^crite h S. M. le Roi des Beiges, pour lui exprimer la recon- naissance de la Soci^t^, — Nous apprenons en ce moment la mort profond^ment regrettable de M. le baron Thenard, enlev6 aux sciences, le 21 juin, h la suite d'une trSs courte maladie. Avant de connaitre ce douloureux ^v^nement, nous nous ^tjons d^jci fait un devoir de reproduire le passage principal de la lettre que notre v^n^rable et illustre confrere adressait tout rdcemment h la Soci^t^, comme Pr^sident-fondateur de la Societe de secours des amis des sciences (voy. p. 299); lettre aussi touchante qu'honorable pour la Socii^t^ : « Les meilleures associations n'ont de succfes durable qu'autant qu'on les » soulient sans cesse. Moi, je n'ai plus que quelques ann^es a vivre tout au » plus, peut-6ire quelques mois, peut-fitre mfirae quelques jours ; il faut » qu'une volont^ puissante seconde mes faibles efforts. C'est dans tous les » membres du Conseil (de la Soci^t^ de secours) que je la cherche et snrtout » parmi ceux qui ont donn^ des preuves ^clatantes du z&le le plus par jument, on arrive a la production enorme de 300 a » 350000 chevaux(l). » Suivant les evaluations de M. le general Daumas, evalua- tions que je ne crois point exagerees d'apres ce que j'ai vu sur les lieux, les ressources offertes par la multiplication du Cheval de troupe en Aigerieala cavalerie franqaise, en cas de guerre en Europe, seraient considerables. Au lieu d'acheter de mauvais Chevaux a TEtranger comme nous I'avons toujours fait quand la paix a ete menacee, nous trouverons en Afrique, aux portes de la France, une reserve que nepeut avoir aucuiie des puissances de TEurope. Si nous le voulons, notr6 cavalerie sera un jour la mieux montee du monde. On a dit que les Chevaux d'Afrique manquaient de taille et qu'ils n'avaient pas assez d'eloll'e, on cessera de leur faire ce reproche quand onvoudra. Ce n'estqu'une question d'alimen- tation. M. le general Maissiat, commandant la division de donstantine, me montrait un jour ses Chevaux. Je remarquai parmi eux des sujets propres a remonter Tarme des carabi- niers, par leur force de constitution autant que par le deve- loppement de leur laille. Le general, repondant aux observa- tions que je lui Us a ce sujet, me dit : « 11 n'est pas bien difficile > de s'en procurer de semblables; voici mon secret, il est fort » simple •, j'achete mes Chevaux jeunes et je les nourris bien. » M. le general Jusuf me montra aussi ses Chevaux qui elaient d'un beau developpement : je vis chez lui, a Blidah, une Jument noire remarquable par sa distinction. Sa laille etait au moins celle de Tarme des dragons. (1) Le Cheval de guerre, p. AS et suiv., par le g^adral U. Daumas. 322 SOCIETE IMPERIALS ZOOLOGIQLB p'aCCLIMATATION. Ainsi (lone, que Ton nourrisse bien les Chevaux d'Afrique, ce qui arrivera d'ailleurs lorsque les eleveurs de ce pavs auront une agriculture plus avancee, et les Chevaux barbes ne man- queront ni de taille ni d'etoffe. C'est avec la nourriture que I'Angleterre donne le developpement a ses Chevaux ; nous ferons comme e!le quand nous voudrons en Algerie. Si les Anglais avaient a leur disposition et a leur portee une colonie comme la notre, on verrait si les Chevaux qu'ils y eleveraient pecheraient par le defaut de developpe- ment! Le fait que j'ai observe chez M. le general Maissiat, a Cons- tantine, et chez M. le general Jusuf, a Blidah, ne se repro- duit-il pas partout? Prenons en France, dans la Camargue, par exemple, oii les Chevaux sont de petite taille, des pou- lains, et nourrissons-les bien jusqu'a leur complet developpe- ment. Au lieu de rester petits el rabougris comme leurs parents, ils prendront la taille de cavalerie legered'abord, et leurs descendante parviendront plus tard, par I'ernploi du m^me moyen, a la taille de Chevaux de dragons et peut-6trede cui- rassiers. Je n'avance pas cette opinion sans raison, j'ai pu me convaincre qu'elle est fondee sur les lieux m6mes, par des etudes que j'ai faites de cette race, il y a quelques annees, et par quelques types ameliores observes chez de riches pro- prietaires du pays. Quelques personnes d'ailleurs peu verseesdans I'etude appro- fondiedu Cheval barbe, dans celle des conditions anatomiques et physiologiques de ce precieux animal, verront sans doute un sujet de critique dans le choix de quelques reproducteurs entretenus dans les dep6ts d'etalons d'Afrique. Sans se rendre compte de leur nature, des qualit6s iiiherentes a leur orga- nisme, de la texture des tissus dont ils sont composes, ils trou- veront, ici une coupe trop peu horizontale ^ la une queue dont le port n'est pas assez elegant ; ailleurs une t6te qui n'aurapas assez de cachet oriental. J'ai etudie avec soinles elalons de la province d'Alger et de Constantine, et j'en ai trouve le choix generalement bien fait. Sans doute, j'y ai vu des sujets plus fins, plus distingues les uns que les autres; j'ai remarqu^ au ESPECli: A8INU ET MULASSIEKE. |(2| (lep6t (I'etalons deBlitlali surtout, si bien lenu, des types nes et eleves dans les hauts plateaux du sud de I'Atlas, qui no le ccdaient en rien aux types arabes les plus estimes que j'ai eu occasion de voir, soit dans les etablissements des haras de Franco que j'ai specialement etudies, soit en AUe- magne : ces superbes anjmaux peuvent faire ressortir leur superiorite incontestable sur d'autres sujets d'un ni6me etablissenient ; mais pour le connaisseur serieux qui a creus6 la matiere, ces petites critiques de detail ne sont pas fon- dees; la generalite des elalons entretenus dans les depots d'etalons d'Afrique n'en sont pas moins des types capables d'ameliorer la race du pays. Que I'administration de la guerre continue Toeuvre qu'elle a commencee avec autant de discerr nement-, elle arrivera, j'en ai la certitude, au but qu'elle se propose. ESPECQ ASINE ET MULASSIERE. «(. L'espece asine de I'Algerie offre deux types bien distincts : J'un, le plus nombreux, le plus repandu partout, est petit, chetif, rabougri •, son pelage est gris-souris ou noir mal teint; on le trouve dans toute la colonic, notamment dans les villeg o(i il est employe aux transports de toute nature. L'autre type est plus fort, plus developpe (|ue le premier ; il se rapproche, par sa taille, de notre ane de Gascogne. Son pelage est aussi gris ou noir , on en voit cependant quelques rares sujets, cafe au lait clair, presque blancs. C'est surtout dans la prvince de Conslantine que j'ai observe ce type; aux marches de Guelma, on voit un assez grand nonibre de bau- dets de taille employes a la monte, pour faire des Mulcts avec des Juments arabes; mais ces animaux sont loin d'etre irre- prochables au point de vue de leur conformation etdeleurs qualiles comme reproducteurs; jen ai vu de tares et d'une assez mauvaise structure ^ mais les Arabes ne m'ont pas paru 6tre bien difficiles sur leur choix, sans doute parce qu'il ne s'agissait que d'obteuir des Mulcts. Je viens de dire quo le premier des deux types d'Anes que 324 SOClETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. j'ai observes en Afrique est le plus pelit, le plus nombreux et le plus repcandu. On concoit difficilement comment ces petits animaux peuvent resister aux travaux qu'on exige d'eux. Les Arabesles conduisent par bandes. On les voittoujours la charge sur le dos : leur corps amaigri manque rarement de porter les traces du traitement que leur font subir leurs conducteurs, et la loi Grammont aurait bien de la peine a les en preserver, Chaque anier chasse devant lui trois ou quatre anes charges. Les blesses, les boiteux, sont obliges de marcher comme les autres. Ceux qui ralentissent leurs allures par suite de souf- france ou de toute autre cause, resolvent quelques coups de baton de plus pour les obliger a regagner les distances ; voila tout le remede a leur mal; point de pitie pour eux. L'Arabe n'en a pas. II faut qu'ils portent le fardeau; qu'ils marchent, ou qu'ils meurent. Dans les villes, ces petits Anes transportent tous les menus materiaux de construction, tels que les pierres a batir, les briques, les tuiles, lachaux, le sable, lesdeblais, les remblais, les ordures, etc. Ce sont eux, qui, avant I'arrivee des Euro- peens, alors qu'il n'y avait pas de chemincarrossable, trans- portaient tous les materiaux qui ont servi a batir les villes de I'Algerie. Dans les campagnes, ces animaux portent les produits divers que les Arabes vendent dans les marches, des grains, des fruits, quelques legumes, du charbon, du bois a brCiler, de la volaille, des fourrages verts, de la paille, des broussailles, des fagots; ils servent de monture; ils transportent des ba- gages ; ils vont chercher I'eau dans des outres, souvent a de grandes distances, parce que les puits ou les sources sont quel- quefois tres eloignes des tribus. On pent dire enfin, qu'il n'est pas en Afrique d'animal qui travaille plus et soit moins bien traite, que les petits Anes qu'on y observe. Ce sont souvent des negres qui les conduisent, et la douceur pas plus que la pitie, ne sont ce qu'il y a de plus saillant dans les moeurs et dans le caractere de ces hommesde couleur. On ne songe pas a I'amelioration des petits Anes d'Afrique: ils sont generalement entre les mains des Arabes, ESPECB MULAssiiiRE. 3:25 et les Arabes n'ameiiorent pas. D'ailleurs, tels qu'ils sant, ils repondent au service qu'on exige d'eux. Voila tout ce qu'on demande, pour le moment du moins ; du reste leur ameliora- tion ne sera pas difficile quand on voudra y songer. Une bonne nourriture, un peu moins de travail et de mauvais traitements, et un choix convenable de reproducteurs, produiraient, a coup sClr, I'amelioration que Ton pourrait desirer. MULETS. Les Mulcts sont tres communs en Afrique. Les Arabes en font un grand usage pour le transport de leurs produits dans les marches, pour celui de leurs bagages dans les tribus no- mades ; ils s'en servent aussi comme monture, et une bonne Mule d' Afrique est precieuse sous ce rapport, dans les pays de montagnes, dans les sentiers difficiles et escarpes sur- tout. Les Mulcts ont comme les Chevaux et les Anes du pays, des qualites remarquables ; ils sont sobres, robustes, tres estimes comme b^tes de somme surtout, mais ils sont gene- ralement trop faibles pour le trait. Dans la province de Constantine, on trouve des Mulcts plus grands que datis la province dWlger, ce qui est dil sans doute aux Baudets em- ployes a les faire, et a une nourriture plus abondante pen- dant leur elevage. L'administration frangaise cherche a favo- riser le perfectionnement de la production mulassiere, en m6me temps qu'elle s'occupe du Cheval. Elle a dans ses depdts d'etalons des Baudets du Poitou et espagnols d'un bon choix; ces animaux ont fait 1585 saillies pendant la monte de 1856, et les Arabes les recherchent volontiers pour les Juments qu'ils destinent a la mulasse. Les Baudets qu'ils emploient a cet eifet sont loin de valoir les n6tres. Je crois qu'il serait important d'etudier par quel moyen il serait pos- sible d'ameliorer Tespece asine mulassiere dont se servent les indigenes. Je n'ai pas eu le temps d'etudier cette question de maniere a emettre une opinion formelle a ce sujet; mais I'e- norme quanlite de Mulcts produits en Algerie, merite que Ton s'occupe serieusenient de faciliter dans ce pays les moyens de 326 SOCIETE IMPERIALE ZUOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. les faire les meilleurs possibles, par les producteurs males purtout. Ces derniers animaux ne m'ont pas paru reunir les conditions propres a ranielioralion de I'espece mulassiere, si j'en juge par ceux que j'ai eu occasion de voir au marche de Guelma. Leur type etait generalement mediocre, surtout si pous le comparons a celui du Poitou. Avantla conqu6te deVAlgerie, Jorsqu'il n'y avail pas derou- lage etabli, tons les transports se faisaient par les b6tes de somme, par les Mulcts et les Anes dans les montagnes surtout; dans les plaines, le Chameau etait utilise avec plus d'avantage. La production du Mulct de somme pouvait alors suffire aux hesoins du pays. Mais aujourd'hui le roulage tend a se multi- plier dans toute la colonic, et le Mulct propre au trait devient ji'autant plus necessaire que, dans les pays chauds, il supporte inieux la fatigue que le Cheval. Les juments arabes ne sont pas propres a faire le Mulct de JLrait comme Texigeraient les travaux de I'agriculture alge- fienne et Tindustrie de ce pays. Les forts Mulcts de trait sont achetes en France, Leur prix de rcvient en Afrique est tres ^leve, et je suis persuade qu'un Agriculteur qui se livrerait a la production du Mulet avec des Mulassieres frangaises, ferait une tres bonne speculation, en ni6me temps qu'il rendrait ser- vice a la colonic. Les Mulassieres pourraient 6tre employees, meme pendant leur gestation, a des travaux agricoles legers 5 ^Ues gagneraient ainsi leur nourriture, et leurs muletons ne geraient pas vendus moins de 250 a 300 francs vers I'age de 6 a 8 mois. Toutefois, cette Industrie ne devrait pas 6tre faite tout a coup sur une trop grande ecbellc; il faudrait d'abord operer avec prudence, faiie des etudes experimentales preli- minaires et bien dirigees, afin d'etre bien eclaire sur la ques- tion. Un praticien qui raisonne toutes ses operations fera tou- jours ce que je recommande ici, dans les cas meme ou il aurait la certitude morale du succes. En agriculture, il nefaut jamais marcher sur des probabilitcs ; malheurcusement cette science, qui doit toujours 6tre experimentale, est trop souvent puisee dans des livres, et I'imagination des theoriciens produit des ideeg qui, adoptees quelquefois, egavent les praticiens peu ESPJiCE MULASSIERE. 327 eclaires et font bien du mal. L'experience doit toujours 6tre pour le cultivateur ce H b' AUTRUCHE d'aFRIQUE. 35l RAPPORT SUR LES DOCUMENTS ADRESSES D'ALGERIE k,.EN KEPONSE AU QUESTIONNAIRE SCR L'AUTRUCHE Par HI. le doctear L. A. GOSSE, -ailJn T)il4ga6 de la Soci^le imperiale d'acclimatation a Geneve. vi; (Stance da 26 jain 1857.) Messieurs, Depuis la publication du Memoire de M. Aucapitaine, et gr^ce a Tintervention bienveillante de M. le Minislre de la guerre, huit nouveaux rapports de I'Algerie sont parvenus a la Societe imperiale d'acclimatation, en reponse au question- naire sur les Autruches, dont quatre de la province d'Oran, deux de celle d'Alger et un de celle de Constantine. Des quatre rapports d'Oran, I'un est date du Tiaret et re- dige par le capitaine J. Cerez, alors chef du bureau arabe; le second vient de Sebdou, en date du 2 octobre 1856 ; un troi- si^me a ete fourni au bureau arabe de TIemsen par le caid des caids des Hamyanes-Djeniba, qui babitent au sud du Dabra ; le quatri^me, transmis par M. le lieutenant Burin, chef du bu- reau arabe a Geryville, contient des documents que lui ont communiques Si Djelloul Ben Sidi Hamza, caid des Oulad Sidi Chikh;Cadda Ben Embarek, caid des Said Atba de I'Aghalik d'OuargIa, et le cbasseur d'Autruches Mohammed Ben Khaled, de la tribu des Oulad Sidi Cheikh. Des deux rapports d'Alger, le premier est date de Boghar, 29 Janvier 1857, redacteur M. Hip. Thouverey, chef du bu- reau arabe ; le second provient de Laghouat, en date du 5 fe- vrierl857 (i). (1) 11 nous est parvenu depuis un trolsi^me rapport, adressd de Blidah, le 20 Kvrier, par notre confrfere M. ie g^n^ral Jiisuf. l\. 332 SOCIETK IMPEIllALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Le seul rapport de la province de Constantine a ete envoye de Tebessa par M. E. Hiriart, chef du bureau arabe. Or ces documents, recueillis chez diverses tribus arabes du sud de I'Algerie, offrent un assez grand inter6t pour que nous croyions devoir en presenter ici le resume, malgre les diver- gences qu'ils presentent sur certains points, et les repetitions inevitables en pareille maliere. lis nous initient d'abord a la vie nomade que m^nent les Autruches du Sahara algerien, vers les frontieres septentrio- nales de ce vaste desert sablonneux. Au dire des rapports de Tlemsen et de Tiaret, celles qui hantent la zone septentrionale, au sud de la province d'Oran, emigrent au commencement de I'hiver, a I'epoque ou les pluies favorisent la vegetation du Grand-Sahara dans le Djebel Amour, sur la ligne des lacs connus sous le nom de Chotts; cependant elles commencent a y devenir rares : on en rencotitre m6me dans le Dahra, qui est au nord de cette region. Si la saison est tres froide ou dans le temps de la ponte, elles regagnent les lieux plus chauds et plus sablonneux du Sud et du Sud-Ouest. Suivant le rapport de Geryville,, I'Autruche du Nord (Naam mieta el Dahara) reste pendant la saison chaude (ete et au- tomne) sur les hauts plateaux qui deversent leurs eaux dans les deux Chotts, Chergui et Gharbi, sans jamais depasser au Nord le pays ou croit I'Alfa, c'est-a-dire a 60 ou 70 lieues du littoral. Dans la saison froide, lorsque les neiges etles vents froids ont force les populations sahariennes a quitter le voisi- nage des Chotts, pour aller chercher des abris derriere les montagnes du Sud et du Sud-Ouest, I'Autruche du Nord se rapproche des Chotts et vient habiter sur la ligne des eaux qui courent sur les deux rives. Elle y reste jusqu'aux premieres chaleurs de I'ete. Les migrations de I'Autruche du Sud (Naam mata el Sahara) se font aux m6mes epoques, et ont les m6mes causes determinantes. Pendant les chaleurs, elle habite aupres des bassins fournis par la chaine du Djebel-Guebli, et ceux des montagnes qui s'etendent de TEst a I'Ouest, bien au dela des frontieres marocaines. Ces chaines, qui sent le dernier grand soulevement que Ton rencontre en marchant vers le Sud, avant AUTUUCHR o'AFntQUE. 333 d'arriver dnns les plaines ariiJes du Grarul-Saliara, offrent sur leurs conlretorls les paturagcs el I'eau norossaires. AussilAtque le froid commence a se faire senlir, I'Auliuclie se im t a Tabri derriere les montagnes el les gorges largos el profondes des nombreiix affluents de I'Oued-Zeggeur el de I'Oued-Zeugoum (pays de Laglioual, du Ksel et des Oulad Sidi Chikh) , el au Sud- Ouesl vers I'Oued el Garhi el I'Oued el Namour (pays des Ha- myan Charaga et Gharaha). La elle allend la saison des pluies. A cette epoque, TAutruche du Sud se refugie dans les immenses et chaudes steppes sahariennes, qui s'elendent de la Chebka de Mezel aux oasis d'OuargIa, de Mittili et de Galea. L'emigration est arr^tee au Sud par les Arg^ immenses dunes de sable, aux pieds desquelles vont se perdre les eaux des rivi6res du Sahara. Suivanl le rapport de Laghouat, les Aulruches du Nord liabi- tent indistinctemenl loules les parlies du Sahara algerien, ainsi que les pays parcourus par les Touaregs. Apres 6tre venues pendant Tele chercher de I'eau el des paturages dans le Nord, jusqu'a la region des Ksours et m6me en de^a, elles retournent en hiver vers le Sud, on elles sont allirees par une tempera- ture plus douce et par les ressources qu'clTre le pays pendant cette saison, soil en vegetation, soil en eau . Elles ne sont qu'en passant dans les lieux arides, el ne quitlent qu'accidentellement ou pour couver, ceux oii elles peuvent Irouver de la palure. D'apres le rapport de Boghar, on rencontre TAulruclie jus- que dans les plaines sablonneuses au sud de cette ville, c'est- a-dire vers le :^5* degre de latitude Nord. Toutes ces Aulruches sahariennes appartiennent a la m6me race. Leur taille est plutol petite, car elles ne depassent jamais en hauteur 1*",30 a I^.TO de la plantedes pieds au sommetdu dos; le col a de O^.GO a 1"',70; la largeur moyenne du corps est de 0"»,70, et sa longueur de 0"*,80 a 1", A h^ur naissance, elles sont aussi grosses que des perdrix ordiiiaires , et a Tage de dix-huit mois, elles alteignent deja une hauteur d'environ 1 metre. Les varieles toutes noires d'Aulruche sont Ires rares en Algerie. liCs Arabes du sud de la province d'Oran serappellent en avoir rencontre (Sebdou). T. IV. — Juill«t 1857. 22 334 soci6t6 imperiale zoologique d'acclimatatiom. Quoifjue jiisqu'a ce jour on n'en ait pas vu d'entierement blanches, cependant les rapports de Geiyville et de Laghouat menlionnent comme une exception ['existence d'Autruches males panachees sur le dos de noir et de blanc ( Zergaf ), dont ils possedent des echantillons (1). La duree presumable de ia vie de I'Autruche sauvage donne lieu a des appreciations tres diverses. Les uns ne la portent qu'a sept ou huit ans ou tout au plus dix (Tebossa), a douze ou quinze (Tiaret), a quinze ans et plus (Laghouat); d'autres vent jusqu'a soixante-dix ans (Sebdou) et m^me a cent ans (Tlemsen). Une moyenue plus rationnelle de vingt-cinq a trente ans est signalee a Boghar, et de trente a trente-cinq ans aGeryville. La proportion des sexes est egalement un sujet de contro- verse. Chez les uns, le nombre des males surpasse celui des femelles (Laghouat). Dans une couvee, il y aurait deux tiers de males et un tiers de femelles (Sebdou). Suivant les autres, le nombre des femelles predominerait. Dans un troupeau d'Autruches i! y a un tiers de males et deux tiers de femelles (Geryville Boghar). Sans pouvoir fixer exactement la propor- tion entre les males et les femelles, car cela depend des ren- contres, on pent affirmer que le nombre des femelles depasse celui des males (Tlemsen). La proportion des males dans un troupeau est de trois sur dix femelles environ (Tebessa). On conQoit, d'apres cela, que la question de monogamie et de polygamic soit egalement controversee. Un seul rapport, celui de Sebdou, admet la monogamie a Tetat sauvage : tout en reconnaissant que les Aulruches privees sont polygames, les autres sont plutot favorables alapluralite des femelles dans la (1) C'est a CPtte vari^t^ d'Autruches males qu'il faut rapporter les plumes d6sign(5('s dans le commerce sons le nom de Bayogues, it que noiisavons vu provenir stirloul de i'Afrlque australe. Il me parait probable qu'^Taidede la domestication et d'un croisemenl jiidicienx de cette vnri^ld panach^e, on pourrait oblenir plus tard la various entierement blancbe ; c'esl du moins la meiliodii que Ton a suivie pour cr^er des vari(5ti5s blanches de nos poules domesiiqms. Lu individu panache existe dans la collecliou du Mus6um. AUTRLXHE DAFHIQUE. 335 iamiile ; mais ils onl soin d^ajouler que, lors de la ponte, ce nombre, pour chaf|ue nid ou cha([ue male, no depasse pas deux, Irois ou quatre femelles. La saison des amours commence en general, au nord de I'equateur, vers la fin do Tautomne el dure jiisqu'au prinlenips (Laglioual). Lorsque les aiinces r\e sont pas fcrtilcs, elle ne commence qu'a la (in de I'hiver el dure un mois (Bogluir). Kile commence en automne el dure deux mois (Sebdoii). Dans le Sahara, les Arabes n'onl pas remarque une saison du rut bien dislincte ; elle se prolonge pendant uiie grande parlie de Tan- nee, pourvu que la nourrilure soil abondanie (TIemsen). En general, on n'observe pas que le male, dans ce moment, soil plus violent (ju'a Tordinaire, lorsqu'on ne le contrarie pas 5 cependantlerapporldeTebessafaitremarquerqu'alorsivraisem- blablement lors(ju'il est c aplif) il eprouve (|uelquefois des acc^s de rage, qui forcent les indigenes a se servir de picrres, de batons et m6me de fusils pour se defendre. Dans Telal sau- vage, les males se livrent parfois des combats (Sebdou). La ponle, comme le rut, est singulierement influencee par les conditions d'alimentation ; aussi la voit-on preroce ou Ires precoce ou tardive, abonclante ou faible, multiple ou unique, suivanl la fertilite des saisons, I'abondance ou la penurie des vivres et m6me suivanl la qnalile des aliments. « On ne sail, dit le rapport de Boghar, « quelle est la planle la plus favorable a la ponle; mais on remarque que c'esl dans les aimees les plus fertiles que I'Autruche pond le plus. » t A Tenlree de Tbiver, s'exprime le rapport de Geryville, trente a(|uaranle individus des deux sexes, reunis jusiju^alors en Iroupeau, se separenl; clia(|ue male choisit d'une a Irois femelles et s'eloigne avec ellcs. La famille, ainsi constituee, ne se quitte plus do tout I'hiver-, elle choisit pour elablir son nid un pays sablonneux plat, quelquefois un bas-fond, jamais une hauteur. Le nid creuse dans le sable est purge de cailloux, qui pourraienl rasser les oeufs ou bltsser les pelils a leur nais- sance : il a la forme d'un ovale plus ou moins parfail; un fosse excenlri(|ue, donl le deblai est jete en dehors, protege le nid des eaux pluviales Le nid ainsi prepare, le male se met a la 836 SOCll^.Tfe IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIAIATATION. poursuite d'une femelle et la force a s'accroupir pour recevoir ses caresses. Quand raccouplemenl a eu lieu, la femelle se dirige en courant vers le nid et y resle jusqu'au soir, elle pond un oeuf dont la coquille est dure a sa sortie. Le lendemain, le male poursuit la seconde femelle qui, apres avoir ete cocliee, va deposer un nouvel oeuf a cole du premier. La troisieuie fe- melle est cochee a son tour, puis la premiere revolt de nouveau les caresses du male, de sorte que les femelles pondenl et cou- vent alternativement, en suivant le m6me ordre. Tous les soirs la couveuse est remplacee par le male, qui est le gardien de toutesles nuits. Le nombre des oeufs deposes par chaque femelle varie de 14 a 20- on pretend que chaque femelle a soin de reunir ses oeufs d'un cote du nid. Quand le nid est plein, les oeufs qui ne peuvent y tenir sont deposes symetriquement a cdleTun del'aulredans le fosse excentrique; ils ne sont jamais superposes, ni dans le nid, ni dans le fosse. Au sujetdes oeufs deposes en dehors du nid, voici ce que les chasseurs des Oulad Sidi Cliikh racontent. Si I'Autruche vient a casser un des oeufs du nid, elle le remplace par ceux du fosse, et pour chaque petit sortant de la coquille, la couveuse perce un des oeufs surnumeraires, (|ui sert de nourrilure premiere. C'estde cette fagonque les choses se passent, quand lafamille n'est pas derangee; mais si, au commencement de la ponte, les chas- seurs parviennent a s'emparer des o^ufs, la famille abandonne son nid et va en creuser un second sur un autre point. Si les ceufs sont cnleves vers la fin de la ponte, I'Autruche non-seule- ment abandonne lenid, mais nepond plus jusqu'a lasaison sui- vante (1). Le rapport de Brghar, tout en harmonisant avec le prece- dent, pour la position et la construction du nid, pour le nombre (1) M. Boveleyn Gordon Gumming, auteur d'nn ouvrage intilul^ : Five yaars of a sumtars life, in the far interior of south Africa, 2 vol. in-S, London, 1850, dit, vol. I, p. 113 et 149 : « Que lorsqu'iine pfrsonne troiive unnid d'Autruch(',el qu'elle n'enl6ve pasde suite tous les ceufs, ilest vrai- semblable qu'elle les retrouvera mis en pitices k son retour. Les vieux oiseaux ex(5cuient invariablement cette destruction, m6me lorsque le visileur n'a pas louche les oeufs, et ne s'est approche du nid qii'ci la distance de cinq pas.» AUTRUCHE d'aFRIQUE. 337 dcs couvees, a moins tie derangement, la disposition des oeufs couveset la destination des oeufs surnnnieraires, admet que la femeile pond regulierement tous les deux jours, et qu'elle peut pondre de 11 si 20 oeufs pendant quinze a vingt annees. II croit que les oeufs non couves se gatent aussi vile que les autres. Le rapport de Laghouat, en parlant du nid, affirme, en revanche, que rAulruche clioisitpourle faire unendroitecarte, un terrain «in peu eleve et nu, afin de pouvoir surveiller les alentours. Ce nid est destine a la ponte d'une, de deux, trois ou (jualre feinelles; on n'y trouve jamais plus dun male. II est d'une forme ronde, creuse a une profondeur de 0'",20, la terre provenantdu milieu sert a garnir les bords, et une ouverture d'environ-0™,30 y est menagee sur un des cotes, afin de pou- voir y penetrer. Les (cufs sont couches a cote les uns des autres sur un seul rang, et concenlriquement tout autour du nid, de maniere a laisser le milieu vide, aiin d'y poser le corps. Elles convent les oeufs avec leurs ailes. Le nombre des CBufs varie de 10 a 40. II nie la ponte d'oeufs surnumeraires pour servir de nourriture aux petits. Les quelques-uns qu'on ren- contre par hiisard loin du nid , y ont ete laisses par des femelles pressees par le hesoin de pondre et ne sont pas cou- ves; ils restent a la surface du sol et ne sont pas enfouis. Ces oeufs non couves peuvent se conserver huit moissans se gater. Le rapport de Sebdou, favorable a la monogamie, avance que le nid n'est destine qu'a un seul couple et a la ponte d'une seule femeile. Les oeufs a couver, au nombre de 20 en moyenne, sont, suivant lui, disposes en pyramide a base carree et cou- ches. DiiS oeufs surnumeraires servent a la nourriture des petits, et ils se conservent Ires longlemps. Le rapport de Tebessasoutient aussi que le nid n'est destine qu'a une seule femeile, qui y pond de 10 a 12 oeufs places cote a cote, mais assis sur le gros bout, (dependant il reconnait que les femelles peuvent pondre de 20 a 24 a^ufs par annee, et cela pendant huit ans. 11 constate la presence d'oeufs surnume- raires, comine aliment des petits, a mesnre de leur eclosion successive. Ceux de ces oeufs qui ne sont pas casses, peuvent se conserver un mois et demi, deux mois au plus. 338 SOCIETE IMPEIUALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. La ponte commence en Janvier et finit en avril. Les femelles ne font ordinairement qu'une couvee. Enfin, dans le rapport de TIemsen, il est ditque, pour eta- blirson nid, I'Autruche choisit de preference les lieux bas ou en pente et les endroits entourcs d'Alfa, ou elle pent 6tre a I'ahri du vent. La ponte est roguliere en ce sens que chaque jour la femelle pond un oeuf ; elle commence au printemps et finit en automne, II y a done plus d'une couvee, mais cela de- pend des ressources alimentaires. La femelle, apres avoir conslruit un premi r nid et y avoir pondu un certain nombre d'oeufs quidoivent^tre couves.enconstruit un second de forme ovale, a quelque distance du premier, ou elle depose (les oeufs surnumeraiies qui ne servent qu'a Talimentation des pelits et jamais a completer le nombre voulu des oeufs couves. lis peu- vent se conserver tres longtemps, surtout a une temperature basse ; ce sont au resle ces oeufs qui entrent dans le commerce. Les ceufs sont couches dans le sens de leur longueur et suivant une circonference. Une femelle peut couver de 25 a 30 oeufs. Lorsque le m6menid serl a deux femelles, il peut contenir jus- qu'a 60 oeufs, rai'ement plus. Tons li's rappDrts conviennent que les femelles peuvertt pondre a Page d'un an, et qu'a deux ans, les oeufs, quoiqueplus petits, sont feconds. Le male est apte a reproduire son esp^ce au l)Oul dedeux a trois ans. Tous reconnaissenl aussi (lue I'incuhafion a lieu jour et nuit, quelle que soit la saison. Si He se fail par couple, le male et la femelle convent de suite alternativement, et s'il y a plu- sieurs femelles, ou bien elles convent ensemble, ou bien elles allernent enlre elles pendant le jour. Le male les remplace la nuit, ou ne vient ordinairement en aide que lorsque ledixieme ou le douzieme oeuf est pondu. Dans tous les cas, I'incubation commence d^s le premier jour de la ponte (1), et comme les (1) M. Gumming (ouvrage cil^, t. I, p. ISti) cite un fait qui vient h i'appui des rapports alg^riens : u En traversanl une vasle plaine, dit-il, je tonibai sur uu nid d' ulruclies qui contenait deux oeufs ; le mSie ^tait cou- ch6 sur le nid, et, pensant que je passerais sans le voir, il nous permit d'ap- procher h 60 yards, avant de prendre la fulte. » AUTRUCHE d'aFRIQUB. 8S0 OBiifs ne sont pondus que successivement, k iin, deux ou trois jours d'intervalle, Teclosion des petits n'a (''galement lieu que successivement, et m6me a huit ou dix jours d'intervalle, sui- vant le rapport de Bogliar, tandis qu'elle ne dure que quatre jours pour 20 oeufs, d'apres celui de Sebdou. Au moment de Teclosion, les petits resteraienl attaches, pendant unejournee, a la coquille par le cordon ombilical, ils absorberaient ainsi le jaune qui reste adherent a la coquille, tout en becquetant les herbes qui se trouvent aux environs du nid. Oix-septa dix-huit jours apr^s leur naissance les petils sortiraienl du nid et man- geraient duCAiW, conduits constamment par Icurs pnrent>*,qui ne lesquittent quelorsqu'ils ont atteint Tage d'un an (Sebdou). La duree moyenne de Tiilcubation n'est pas bien determi- nee. Elle ne scrait (jue de vingl jours suivant les uns (Sebdou); d'autres la portent a trente jours (Geryville, Laghouat), k quarante jours (Tlems('n) et jusqu'a cinq ou sept mois! (vrai- semblablement cinq a sept semaines) (Boghar). Aucun des rapports n'a pu mentionner la temperature pro- bable n^cessaire a I'incubation, seulement, d'aprfes le rapport de Sebdou, les indigenes assurent que les oeufs et le sable qui les enloure, sont ties chauds. II est assez remurquable que quelques-uns des documents que nous avons sous les yeux semblent douter de la possibilite de faire procreer les Autruches dansTetat de domesticite ou elles se trouvent chez les Arabes, tandis que les faits qui se sont passes ailleurs en Europe chez les Autruches recluses prouvent le contraire. Le rapport de Tiemsen, en particulier, affirme posltivement que les Autruches domestiquees en AtVique ne pondent jamais. Celui de Geryville soutient la m6me opinion, se basant sur les observations faites dans les ksours des Oulad Sidi Chikh, ou Ton eleve un grand nombre d'individus des deux sexes. Toutelois, il ajoute que : « Si Djellout Ban Hamza, le caid des Oulad Sidi Chikh, assure avoir vu a Marakac (capitale du Maroc), dans un pare attenant au palais de Mouley Abder- Rahman, de nombreuses Autruches (jui s'accouplaicnt et cou- vaient comme a I'elat de liberie. » Ji est done a presumer que des circonstances accessoires, souvent locales, influent »ur ce SAO SOCIETE IMI'ERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. resultat. Quelques-uns attribuent les causes de cette infecon- dile a Telroitesse de Tenelos ou on les reiiferme, ce qui ne per- mel pas aux feirielles de s'isoler suffisamment (Tlemsen), d'autres a la nature des aliments qu'on leur adminislre (1). Les divers rapports sontd'acrord sur lafacilite avec laquelle on pent iiourrir rAulruche. A I'elat sauvage, elle pature un grand nonibre de vegetaux que d'autres animaux meprisent. « Les plantes les plus remarquables dont se nourrit FAu- truche, dit le rapport de Geryville, et que Ton trouve en abondance sur les imnienses surfaces qu'elles parcourent, sont au ^ord dans la saison d'ete, el Alfa iStipa tenacissima), el Seiizd [Ligeum sparium) , el Chikh^ el Skish ou Chiei {Arte- misia odoratissima), el Souid [Zygophyllum album? Desf.), el Foiissera {Salsola huxi folia), el Metnam {Passerina hir- suta? Linn.) et une innomhrable quantite de graminees et d'herbes menues. AuSud, dans la saison d'hiver, ellestrouvent des plantes ligneuses salees (2) tres nourrissantes, telles que \el Drin {Stipa harhata)^ el Alenda [Ephedra fragilist Desf.), el Retem, Sjiartium ou Retama Durieit Spachj qui abondentdans tons les ravins et les daya duSud. (1) Nous avons vu pr^c^demment, dans la relation de M. Aucapitaine, que les Arabes de IMidah (ilaient disposes ^ admeUre celte dernifere opinion pour les Autruches transpoi't(^es dans le nord de TAlg^rie, et Ton ne pent gtre ^loign(5 de croire a i'influence de cette cause dans ctrtains cas, lors- qu'on voit les Autriiches recluses, forci^es pour Tordinaire de se contcnter d'line nourritnre fade et purement vdgdtale, tandis que, dans le desert, elles troiivenlen abondance des plantes Irfes aromatiques et salves, et de plus des inseclps, des uiollusqnes et des reptiles. Or I'exp^rience faile a qtielques lieues de Paris, par M. de Sura, semble prou\er Taction puissanle qu'cxerce sur la production des cents le genre de nourriture que Ton donne aux oiseaux et surtotil anx femclles. (ii) Celte prddilection des Autruches pourlo sel, qu'elles ont de cnmmun avec les ruminants, avail dt'jd i\^ obsprv«5e par Gumming (onvr. cil(5, vol. I, p. 136. Arriv(5 dans nil de cfs bassins salants, ou salines, qu'on rencontre frdqiiemmontdans TAfriqueauslrale, Tauteur s'apercut que « les Autruches, ainsi qut les dinour ainsi dire une valse, et qu'elles ont une tendance a se diriger du cote des eclairs. Aussi les chasseurs d'Aulruche parviennent-ils quclque'bisa les alti- rer en alluuiant, sur un endroit eleve, un feu qu'ils cachentet laissent npparaitre a divers intervalles. » Quoi qu'il en soil, elles ne craignent pas I'eau, etprerment plaisir a se biigner, ou plutot a se coucher dans les redirs quand elles en trouvent I'occasion. Elles choisissent pour cela des mares piu profondes, de maniere, en se couchant, a avoir toujours la t^tehors de I'eau (Laglioual), et elles y jouent abso- lumentcomme des canards ou des oies (Sebdou). Si elles ren- contrent desflaques d'eau, avant d'y entrer, elles ontsoin d'en sender la profondeur et n'y entrent pas si I'eau leur vient jus- qu'aux jarrets(Geryville). Mais elles ne savent pas nager, et ne travel sent que celles des rivieres dont les eaux sont tres basses etou elles ne peuvent perdre pied (Boghar). \{La tuite prochainement.) 844 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION, QUESTIONNAIRE PISCICULTURE PRATIQUE Par n. C. MILLET. CHAPITRE I". — Renseignements sur les cours d'eau, les canaux, les lacs, les lagunes^ les etangs, les sources, et, en general, sur les eaux douces, salees on saumatres du littoral et de I'interieur (1). Nomenclature dans chaqiie departement, province ou region (indiquer, autant que possihio, la source, les affluents et le confliieni)? Longueur, lar- geur et profondeur approximatives? Flauleur de I'eau daus les points les plus profonds et les moins profoiids? Hauteur moyenne ? £lat ordinaire du courant (eaux tres rapides ou peu rapides)? Eauxstag- nantes ou dormantes ? Quels sonl les cours dVau ou les nappes d'eau qui viennent a sec? A quelle ^poque et pendant combien de temps? Snr quelle longueur ou sur- face? La rni^'e a sec est-elle complete ou particlle? Eiilraine i-elle ordinai- remenl la destruction du poisson (de quelles esptces en parliculier)? L'eau gfele-t-elle chaqiie annee ? A quelle profondeur ? A quelles ^poques et pendant combien de temps? L'eau est-elle habiluellement froide ou fraiche ? S'^chaufTe-t-elle en ^te de mani^re qu'on puisse s'y baigner? Temperature par les plus grands froiils; temperature par les plus grandes chaleurs (indiijuer, s'il est possi- ble : 1" les temperatures extremes el moyennes pendant les divers mois de I'annee; 2" la temperature a la surface, au milieu, au fond ou S une pro- fondeur determinee)? La temperature est-elle conslanle? Est-elle sujetle i de brusques ou S de fortes variations? Lps cruesd'eau et les debordements sonl-ils frequents ou considerables? Quelles en .sont les causes principales? Ges crues ou debordements entrai- nent-ils le poisson? Sonl-ils nuisibles au frai ou aux oeufs deposes, k Tale- vlnou iiu fretin, au poisson adulie? (1) Dans un grand nombrc dc cas, on pourra se borncr, a defaut d'autresren- •eignemenls, a indiquer les eaux et les poissons qui y vivent. QLKSTIO.NNAIIti; I)F, PISCICLLTLI'.i: I'lJATIQUK. 345 Le it?gimc ordinniie des eaiix cst-il favorable on defavoiable : 1" i la reprodiiclion naliirelle du poissoti, c'e>l-i-dirc i la pontrt on an IVai el a r^closiou des ceufs; 2° an d^veloppement el «'» i'engraissement de ceilaines espfeces ? Cliaque ann peuvent elles y aiieindre? Quelles sonl leursqualil^s? i'rix du kiio^^ramme? Quaniil^s p^cliees anuuellement par hectare, par lieue ou par kilometre, ou dans la localite? Gonsommaiiou sur place? Dans des localii^s voisines? Exportation dans des rtigioiis eioigii^es ? Donner des renseignements, 1° sur les modes et instruments de pfiche ; 2° sur linduslrie de la peche dans lu locality, nolamment en ce qui con- cerne les huitres ei les moules (bancs, pares, bouchots, etc.); et 3" sur les moyens de destruciion ou de. conservation. Quels sonl les modes de reproduction ou de ponle des diverses esp^ces marines et d'eau douce ? Quelles sont les ^poques ordinaires du frai ou ponle de cbaque espece? Qiielles sont les circonstances qui paraissent influer sur ces epoques? i'rendre et indiquer, autant que possible, la tem- perature de I'eau au moment de la (raie? Indiquer les r^sultais oblenus, I'par I'acclimatation ou par la naturalisa- tion d'esp^ces etrangeres ; 2" par rinlroduclion de certaines especes dans des eaux oii elles n'existaieni pas ; 3 par I'emploi soitde la fecondation ar- tilicielle, soil des frayi'res ariilicielles ; et/i" par I'applicalion de bonnes me- sures de police et de conservation. CHAPITRE III. — Questions speciales aux Anguilles. Au commencement de chaque ann^e, du mois de fdvrier au mois de mai, selon les localites, on volt ajjparailre, a Tepoque des liaules marges, vers I'embourhure des lleuveset des rivieres qui sejeiieut dans I'Ocean, la iVJ«5di^ (i) Donner les denominations vulgaires ou locales, et, autant que possible, les bouues Uenomiualious adiuises dans la science ou dans les auleurs d'histoire natu- «elle. QUESTIONNAIRE DE PlSCiCULTUIlE PRATIQUE. 3A7 terran^e et autres mers, des myriades {Vanguiltettfis qui ressemblent h de petits vers iruiispurenls ou glaiieiix (Icur lutigdcur est de 70 u 80 niillim^li-es environ, soit 3 puiices; et letir lurg<-iir de 3 1/2 u U millimetres environ, soit t ligne \/2), et qni, {^roiip^es urdinairemenl k la sm-race de Teau, en colonnes ou cordons plus ou moins h<'rr»5s, nagent avec agiiil^ pour re- monter le courant et gainer les parties lesplus^loign^es de rcmboucliure, d'uil elles se diss^minent ensuite dans les divers adlueiits du cuurs d'eau principal ; elles quiiteni ainsi les eaux salves ou saumfttres, elles emigrent pour ajler peupler len eaux douces; sur d'aulres poiiiis, elles p^neirenl dans les canaux, les iagunes et les dian;;s d'eau salee oil elles si^jOurnent et se di- veloppent. Ces ani^uilleiles ou poiiies anguillcs sont di^sign^es sous les noms de mQMce, cioeUes, bouirons, etc., la riicolie ou la p^clie en est (MMiiiaire- ment tr^t facile el tr^s aboiidante, soit a Paide de lamis <»u sacs tixi^s k Tex- tr^mitti d'uue perclic, soit k Taide de bottcs dejoncsoude fascines. A Caen, ]EKIAL[-: ZOOLOGlQLK DACCLIMATATION. La temperature de I'eaii, les ernes fl'eaii, la force da courant. les pluies froides ou chaudes. IVtat plus on moins trouble de Teau, exerceiit-ils une influence sensible sur la monltJe ? Quels soiit les vents favorables ou nuisibles? Les vents du sud et de Touest sont ils meillenrs que ceux du nord ou dePesl? La monlee est-elle indiireremmeat repandue sur toute la longueur du cours d'eau? l''orme-t-elle un ou plusieurs cordons ou colonnes? Longe-t- elle Tune des rives de preference a I'autre ? Quelle est sa position dans I'eau a la surface, ou a une certaine profon- deur? Quelle est a peu pn'is la rapidity de sa course? Quellessont les longueur, largeur, ^paisseur approximatives des colonnes ou cordons? Quelle est la temperature de Pair et celle de Teau, 1° quand la mont^e parait et marche; 2^ quaiid elie disparaft. Modes et lieux de peclie ou de r^colte ? Produits presumes de la pfiche en litres ou en kilogrammes. Prix de revient par litre ou par kilogramme. l^esignaiion, emploi et usages dans la locality. QuelU'S sont les notions acqnises, les observations faitesou les croyances locales relaiivement 5 \a reproduction des anguilles? Pour leseaux qui se irouvente/o/giiees de la mer (faire connaitre la dis- tance), indiquer si Ton y Irouve i I'eial naturel, c'est-a-dire sans y avoir 6l6 import^es ou introduites par la main de Thomme, l"de pelites anguilles fili- formes, semblables a celles qu'on nomme montee ou civelles; '2' des an- guilles ayant la grosseur du doigt; 3" de grosses anguilles ou anguilles adultes. Indiquer noiamment les lacs, les etangs isoles qui ne sont pas en com- munication avec les fleuves et riviferes, dans lesquels on trouverait, a I'^tat naturel, soit de peiites anguilles ou anguilletles, soit des anguilles moyennes, soil de grosses anguilles. Nota. L'on est instamment prie de r^pondre, le plus t6t possible, aux questions posees dans ce Questionnaire, en utilisant les renseignements que Ton a actneiiement sous la main, sauf a les completer plus tard a I'aide des observations que i'on pourrait faire et des renseignements que Ton pourrait prendre. Les r^ponses doivent etre adress^es h M. le president de la Socidte imp^- riale d'acclimatation, rue de Lille, 19. QUtLLAY. 849 II. TRAYADX ADRESSES ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOClfexfi. NOTICE SUR LE QUILLAY ARBRE DE L'AMERIQUE DU SUD Par M. Charles RAYMOIVD. (Stance du 12 juin 1857.) Le Quillay est un arbre originaire du Chili, Amerique du sud; on ne le trouve que dans les parties montagneuses de ce pays, sol sec et rocheux, ou il ne pleut que dix a douze jours par an ; c'estle dernier arbre dehautefutaie que Ton rencontre dans les regions elevees de la chaine des Cordillieres, qui restent une partie de I'annee couvertes de neige. II ne perd pas ses feuilles enhiver-, elles sont d'une grandeur moyenne, assez epaisses etlisses, d'un assez beau vert; je ne connaispas la couleur ni la conformation de ses fleurs, n'ayant jamais eu I'occasion de voir cet arbre a I'epoque de sa floraison ; ses graines sont renfermees dans des cellules formant une espece de rosace, dont on peut se faire une idee par les parcelles existantes dans les graines remises, que j'ai cueillies le 3 juin 1856, epoque ou commencent les neiges dans ces contrees. Le liber de cet arbre, depouille de la partie rugueuse de I'ecorce, est au Chili un article de commerce, qui existe dans tous les magasins d'objets de consommation ; il s'en exporte m6me de Valparaiso une" assez forte quantite, pour la cote occi- dentale de I'Ameriquedu sud. On emploie cette ecorce pour laver toutes les eloffes de soie et de laine dont on veut conserver les couleurs, mais principa- lement pour se nettoyer la t6te une ou deux fois par semaine; on atlribue a cet usage chez les hommes, mais principalement T. IV. Jnillet 1857. 23 350 SOCIETE IMPKRIALE ZOOLOGIftUE d'aCCLIMATATION. chez les femmes de tous les rangs de la societe, la beaute et la conservation de leur chevelure. Pour employer cette ecorce, on la broie entre deux pierres, eton lalaisse maeerer pendant quelques heures dans I'eau exposee au soleil ^ on exprime les debris humectes, et on lave Vobjet avec cette eau. Comme agent therapeutique, j'ai entendu parler de son usage comme febrifuge. On I'emploie aussi dans lesrbumes de cerveau, affections tres frequentes au Chili, par Finsolation prolongee-, on aspire la poussiere qui se degage en agitant avec les mains les debris de ce liber broy6 - cette poudre fait eternuer et moucher beaucoup. J'ai subi ce traitement une seule fois 5 mais les efforts qu'il occasionne me paraissent aussi penibles que la maladie qu'on veut guerir. La principale substance contenue dans ce liber est la sapo- nine. II y a de longues annees, il en a ete dirige de Valparaiso en France, une partie comme article de retour 5 on n'a pas donne suite acet essai, je n'en connais pas la cause 5 au Chili et sur toute la cote occidentale de I'Amerique du sud, c'estun article admis dans la consommation journali^re. Le bois de cet arbre est blanc mais dur ; il est employe dans la construction des maisons, et sa bonne qualite est appreciee 5 on s'en sert aussi comme bois de chauffage et pour la fabrica- tion du charbon. 7i".«i itiirni *i * I>R0CKS-VER?4L'X. 3^^ III. EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES SEANCES GfiNfiRALES DE LA SOCIfiTK. SEANCE DU 12 JUIN 1857. Pr^sidence de M. Geoffkoy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres admis depuis la derni^re seance : MM. Angles (le comte), anden representant, proprietaire au ^*' "' chateau de Mably pres Roanne (Loire). , Bertrand (Joseph), membrede I'lnstitut, a Paris. Blanche, ancien juge au tribunal de Nevers, d Saint- Fargeau (Yonne). ' '''^' Brivazac (Leon de), a Bordeaux. Delcour, proprietaire, a Bordeaux. DoNON, consul general de Turquie, a Paris. DuvERGiEu (Paul), a Bordeaux. GiLLET (Leonce), proprietaire, a Castillon-sur-Dordogne (Gironde). HarliS, ancien conseiller general et depute, a Aizecourt- le-Haut, pr^s Peronne (Somme). Haentjens, au chateau de la Perrine, a Savigne-rEv6que pres le Mans (Sarthe). Leroy, n)embre de plusieurs Societes savantes, a Cany (Seine-Inferieure). MiALHE, pharmacien de S. M. I'Empereur, a Paris. MiCHAELSEN, cousul dc Prussc, aBordeaux. RoLAND-GossELiN, aChatenay pres Sceaux (Seine) eta Paris. Saint-Marc, proprietaire, a La Rochfelle (Charente-Inl'er.). Talaman (Fehx), proprietaire, a Saint-Priest (Haute- Vienne) et a Paris. Waqram (Berthier, prince de), au chateau de Grosbois (Seine-et-Marne) et a Paris. — L' admission de la Societe d' agriculture de Provi^is, au nonibre de nos Societes agregi'jes, est misc aux voix, et adoptee 4 runanimite. 852 sociETi^: imperiale zoologique d'acclimatation. " — Sur la proposition du Bureau, et conformemont a la demande qui en avail ete faite par notre Comite regional de Bordeaux, le titre de Membre honoraire est decerne par un vote unanime a M. Durieu de Maisonneuve. — Le Comite d' acclimatation des plantes, forme dansle sein (\e\a Societe imperiale d' economic^ siegeant aMoscou adresse des remercimcrits pour son affiliation a notre Societe et annonce le prochain envoi de quinze echantillons de semences nouvel- lement apportees de Mantchourie, par M. Maak. — MM. le marquis d'Albon, le general Gastu et Alfred de Saint-Simon ecrivent pour remercier de leur admission. — Des remerciments sont transmis au nom du comite cen- tral de la Societe imperiale et royale d' agriculture, a Vienne (Autriche), par son vice-president, M. le comte Fr. de Berol- dingen, et par M. le docteur Meran, secretaire-general de la Societe d' horticulture de Bordeaux, pour des envois de graines etrangeres, et specialement de la Chine. — A I'occasion d'une demande d'instructions detaillees sur la culture de I'lgname, faite par M. le comte deFontenay, M. le President fait observer qu'ii faut recourir aux documents qui ont ete donnes, a plusieurs reprises, dans nos Bulletins. La Societe d'acclimatation^ ne fonctionnant pas en qualite de Societe d'agriculture proprement dite, niais etant essentielle- ment une Societe d'experiences et d'essais, ellenesaurait, sans engager outre mesure sa responsabilite, publier des instructions sur la culture, encore imparfaitement connue, des vegetaux nouveaux dont elle cberche a favoriser Tintroduction dans des pays autres que ceux ou ils croissent spontanement. Nean- moins, cette demande est renvoyee al'examen de la 5« Section. — Un envoi de tubercules de la Martinique [Dioscorea alata. Convolvulus batatas, deux varietes : Patate-six-Semaines, et Patate-Madame-rouge, Caladium sagittatum ouChou caraibe, Caladium nympha^ifolium ou Chou Malanga et de tiges de Manioc {latropha manihot) sont envoyes par noire confrere, M. Aubry-Lecomte, de la part de M- Mestro, directeur des Colonies au Ministere de la marine et membre de la Societe. Un lot de palates donees [Batatas edulis) adresse de Tou- PROCES-YERBAU:^. 355 Ion par M. Aguillon, est partage entre divers membres do la Societe. Des remercimenls seront transmis a notre confrere. — Un cchantillon de tresse, faite avec de la paille de Sorgho par les soins de M. Sicard, est mis sous les yeux de I'Assemblee, notre confrere ayant desire que la Societe eClt connaissance de ce produit avant qu'il fCit mis en vente. — Un rapport sur la culture des Haricots de Chine et du Sorgho, accompagne de dessins a Taquarelle representant les divers degres de developpement de ces plantes, est transmis par M. Brierre de Riez (Vendee). — M. Graindorge> cultivaleur a Bagnolet pres Paris, qui avait presente, dans la seance du 17 avril, des echantillons d'une fraise nouvelle qu'il a designee sous le nom de Fraise du prince imperial et dont la maturite pent 6tre obtenue en serre ordinaire dans la premiere quinzaine do mars (p. 241), depose aujourd'hui sur le bureau des fruits de cette m6me variele. Ceux.-ci, aulieu d'Otre venus en serre, comme les pre- cedents, ont pousse a I'air libre ou ils ont conserve, dit notre confrere, le triple avantage de leur hativete, de leur parfum et de leur saveur. De plus, M. Graindorge a obtenu dans la culture du pied d'alouette vivace {Delphinium elatum) une modification deja connue d'ailleurs, par suite delaquelle les fleurs de cette plante, ordinairement inodores, sont devenues odorantes. — M. le President renvoie a la S^ Section une Note sur le Quillay^ que i\I. Ch. Raymond, d'apres la demande qui lui en avait ete faite par le Conseil, a redigee dans le but de fournir des renseignements sur cet arbre des Cordillieres, dont il avait precedemment envoye des graines. (Voyez au Bulletin ^ page 349.) ,,-. — Le m6me renvoi a lieu pour une Note de M. Adalbert Pollak, de Prague, negociant importateur, a Paris ^ elle a pour titre : Quelques details sur la culture du Houblon de Boheme^ traduction par extraits d'un ouvrage allemand du docteur Stamm. Cette Note et lalettre quiraccoinpagneontpourbut de niontrer la necessite dVncourager en France la culture des bonnes varietes de Houblon, et en particulier de cello du pays 35/4 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de Saar en Boli6me, qui se payait en France, il y a deux ans, 500 francs les 50 kilogrammes, et qui y vaut encore actuelle- ment la moitie de ce prix. ^' — Paries soins de M. le prince A. Demidoff, la Societe f^^oit, ainsi que cela lui avait ete annonce, des Notes de M. C. Siemoni, inspecteur-administrateur, sur ses Cultures et pra- tiques agricoles, a Pratovecchio (Casentino) en Toscane, dans leS proprietes privees de S. A. I. et R. le Grand Due Leopold 11, Il est joint a ce travail deux pieces imprimees : 1° Rapport sur ces cultures par M. P. Rossini a I'Academie des Georgophiles, et, ^° Recherches statistiques sur t etat passe et present de laforet de Sainte-Marie-des-Fleurs . — M. Chatel, en presentant un exemplaire de son Projet d'enquHe sur la culture de I'lgname de Chine et du Riz sec, doilne quelques details satisfaisants sur les resultats obtenus jusqu'a present avec ces deux plantes en Normandie. Deplus,notre confrere appelle I'attention de I'Assemblee sur I'utilite qu'il pourrait y avoir a etendre la culture de 1' Agave americaine {Agave americana) dent il rappelle les principales et importantes proprietes. M. Moquin-Tandon fait observer que cette plante est tres abondante en Algerie ^ elle Se trouve aussi en Corse et dans le Midi de la France, particuliferement aux environs de Perpi- gnan ou Ton en fait des haies. II serait bon, dit-il, d'examiner si, dans les individus de 1' Algerie, le sue renferme du sucre en assez grande quantite pour fournir une liqueur semblable ou analogue a celle qu'on obtient au Mexique et dans quelques cantons du Perou, et qui est connue sous les noms de Vin de Manguey ou Pulque. — On lit une lettre de Mgr. Verrolles, ev^.que et vicaife apostolique de Mantchourie, datee de cette province (Vallee de Notre-Dame-des-Neiges, 21 decembt-e 1856), et qui n'estarri- vee que le 30 mai, plusieurs semaines apres les collections annoncees par ce membre honoraire de notre Societe qui, dit-il, « du fond de cet extreme, tres extreme en Orient, ou il est alle planter sa tente, a lu avec leplus vif inter6tnos Bulletins, et ces bonnes nouvelles de la patrie ont rejoui son coeur. » PROCbS-VEIlBAUX. 866 Ces collections qui ont ete revues se coniposaient de diverses graines de Cannes a sucre, tie Sorgho, de Millet et de Sou (espece deMenlhe) d'oii Ton extrait I'huile employee a I'eclai- rage et u la cuisine, en guise de graisse, dans toute la Tartaric. II y avait, en outre, una caisse remplie de cocons de Vers 4 soie du ch^ne (jui ne sont pas encore eclos. — M. le President renvoie a rexameti de la h* Section un certain nombre d'insectes envoy es de Toulon, par M, Aguillon, etqui attaquent les Haricots et les arbres fruitiers. — Une lettrede M. ledocteurTurrel, secretaire du Cornice agricole de Toulon^ parlaquelle notre confrere demande a 6tre eclaire sur la valeur marchande des toisohs de Ch6vres d' An- gora, est transmise a M. Davin avee priere de foui'nir les ren- seignenients desires. Cette lettre conticnt un Rapport sur les Chevres d' Angora et sur la race de cochons Essex-Chinois. — M. Des Nouhes fait connattre les resultats de ses essais de pisciculture dans les eaux de son chateau de la Cacaudiere pres Pouzanges (Vendee), et qui peuvent se resunier ainsi : 2,000 oeufs de Saumon envoyes en Janvier 1857 de Huningue, sont tous eclos le 24 et le 25 du m6me mois 5 les jeunes pois- sons, places dans un bassin dont les eaux alimentees par une source voisine sont a 8 degres, ont ete nourris avec du bcEuf cuit et hache; le 30 mai, quelques-uns avaient iine longueur de O^.OS; d'autres la depassaient. — M. Sacc transmet les details les plus satisfaisants sur I'etat de prosperite du petit troupeau de Chevres d'Egypte, confie aux soins de M. David Richard, et dont la direction est particuliere- ment soumise a la surveillance eclairee de Madame Richard. — 11 est donne lecture par M. J. Michon, au nom de M. Richard (duCantal), de la premiere partie de son Rapport relatif au perfectionnement et a la multiplication du chcval en Afrique. Ce rapport sera public integralement dans tc Rulletin de la Societe, — Le Secretaire-general de la Societe protectrice des ani~ manx ecrit pour informer que cette Societe doit tenir sa seance publique annuelle, le 14 juin. S£6 SOCIl&TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SEANCE DU 26 JUIN 1857. Pr^sidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President proclame les noms des membres admis depuis la derniere seance : MM. BoREL (Charles), inspecteur general de la cavalerie des omnibus, a Paris. Cast^a, membre du Conseil general, a Bordeaux. Castillon (Armand), armateur, a Bordeaux. Chagot (Jules), directeur des mines de Blanzy, a Paris. Crookenden (Henri), proprietaire a Montfleury, pres Cannes (Var). David (F.), membre du conseil municipal, a Bordeaux. Faraguet (Henri), ancien eleve de I'Ecole poly technique, ancien officier de marine del'Astrolabe, en Algeria. GoBLEY, professeur agrege arEcoledepharmacie,aParis. Gout-Desmartres, membre du Conseil general, a Bor- deaux. Guillemot (Antoine), membre delaSociete entomologique de France, proprietaire, a Thiers (Puy-de-Dome). JoBERT DE Lamballe, membrc de Tlnstitut, professeur a la Faculte de medecine, chirurgien de S. M. TEni- pereur, a Paris. Lamotte (Martial), pharmacien, membre de la Societe botanique de France, a Biom (Puy-de-D6me). Lelievre (Auguste), ancien eleve de rEcole polytech- nique, ancien banquier, a Paris. MoNTAUD (Alfred), conseiller d'Etat, a Paris. Roche des Escures (le docteur), proprietaire, a Versailles et a Paris. TontAC (le docteur), de Saint- Domingue, a Paris. Vernon (lord), a Sudbury Pai'k Derby (Angleterre). Vry (le docteur de), inspecteur pour les recherches chi- miques aux Indes Neerlandaises, a Java. — M. le President fait connaitre, a Toccasion de la fin de la session, dont cette seance est lu derniere, que le uombre Ues rUOCES-VEKBAUX. 357 membres admis depuis la reprise de nos assemblees (de- cembre 185(5) est de 289, et qu'il s'eleve en totalite a lAOl, parmi lesqiiels la Societe a eu Phonneur d'inscrire, dans le cours de la session qui se termine, LL. MM. les Rois des Beiges et des Pays-Bas, I'Empereur du Bresil, LL. AA. HU. les Princes Albert d'Angleterre et Frederic-Guiilaume de Prusse. Quatre Comites d'acclimatation ont ete, pendant cette n)6me periode, crees et affilies a notre Societe a laquelle les liens de I'agrega- tion ont rattaclie en outre treize societes (deux etrangeres et onze fran^aises) . — Des remerciments sont adresses par M. Durieu de Maison- neuve a I'oceasion desa nomination comnie membre honoraire, et par MM. Baradere, consul general de France en Catalogue, Gaetan Bua Greco, Pierre Greco, le marquis de Murat, F. Peluco et le baron Siacca, pour leur admission dans la Societe. — S. E, le Ministre de la marine annonce que, conformement aux instructions qu'il avait transmises aux administrations de nos colonies pour les engager a organiser des Comites locaux d'acclimatation, M.le gouverneur de la Guyane fran^aise s'est occupe de realiser cette pensee. II a institue a Cayenne un Comz7c qui, par I'entremise de son president, a ecrit a la Societe pour entrer avec elleen relations directes(voy. p. 362). — Notre confrere, M. Jomard, transmet une demande de graines qui lui a ete adressee par le docteur Figari, du Caire, et une lettre de S. E. Koenig-Bey relative a un envoi (ju'il fait k la Societe de beurre vegetal, de diverses plantes du Soudan egyptien et de noix-muscades de Java. La copie d'une note sur ces noix envoyee par le gouverneur general des Indes neer- landaises est jointe a cette lettre. — M. Brierre, de Riez (Vendee), fait parvenir un nouveau dessin a Thuile representant les vegetaux quMl a obtenus de graines de Chine, de Siam et do Maurice, et accompagne d'un Rapport. Des remerciments seront adresses a notre confrere. — M. Demond, directeur de I'Ecole municipale superieure d'Orleans, ecrit dans le but d'appeler I'attention sur les efforts que fait cette Ecole, depuis cinq ans, pour repondre aux vues du Gouvernement touchant Tenseignement agricole; efforts qui lui 358 SOCIETE IMPERIALS ZOOLOGIQUE k'aCCLIMATATION. ont valu deja d'honorables recompenses a I' exposition univer- selle, puis a divers concours regionaux d'Orleans, de Tours et de Chateauroux. M. Demond fait parvenir, en outre, un plan d'instruction agricole qu'il lui semblerait convenable d'intro- duire dans les ecoles communales etqui lui a ete demande par M, rinspecteur de I'Academie. Cette piece, avecdeux rapports qui Taccompagnent, sont f envoy es arexariien du Conseil. "'■' — Des fragments d'une nouvelle espece d'Igname sont offerts par M. Aubry-Lecomte a qui des i-emerclments seront adresses. — -Des renseignements sur un mode de culture du Pgicber qui ItJi estpropre,. sont transmis par notre confrere M. Graindorge. — M. Richard (du Carital), dans le but de parer aux incon- venients tres reels qui resultent pour notre colonie d' Alger de la petiurie du bois de construction, soumet a la Societe la pro- position Suivarite : « Etudier I'especede Bambou qii'il convient \b mieux d'adopter en Algerie, d^apres les besoins actuels de ce pays : rechercher les moyens les plus economiques et les pltiS prompts de I'y multiplier, ainsi que les procedes les plus capables d'en encourager la culture sur le sol africain. Com- muniquer le resultat de toutes ces recherches a M. le Ministre de la guerre, qui leur donnera la suite qu'il jugera cohve- riable. » Cette proposition, d^ja developpee devant la Com- mission perma?2e?ile de I' Algerie, qui lui a donne sOh appro- bation, est renvoyee a I'examen du Conseil. "* — M. Dupuis depose stir le bureau uli Extrait du journal VIndicateur de rtierault^ ou se tfouvent des details Sur les bons effets qu'on parait avoir obtenus de I'emploi de la fleur de soufre contre la maladie des vers a sOie. — M. Davelouis, au nom de la 2' Section, dont il est le secre- taire, informe qu'une Commission permanente choisie dans son seiri et composee de MM. le docteUr Berrier-Fontaine, Bou- Venot, le docteur Chouippe, le Secretaire et le Vice-secfetaire de la Section (MM. Davelouis et Hubert Brierre), se reunira dans I'intervalle de la session qui linit et de celle de 1857-58, le pre- mier mardi de chaquemois a trois heures, comme cela s'est deja fait Fan dernier. M, le President, aunom de la Societe, adresse a la 2* Section des remercimeuts pour le zele dont elle fait I'ROCfeS-VKRBAUX. JMJ^ preuve. Le Conseil avisera aux moyens de donner a Tannonce de ces reunions la publicitc la plus convonable. — M. le docteur Gosse envoie, de Genfeve, un Rapport sur les documents re^*us d'Algrrie en reponse au Questionnaire sur I'Autruche. L'assemblee approuve les conclusions de ce Rap- port : « Remercier les personnel qui orit fourni les renseigne- nients dont il s'agit, et transihettre ^ S. E. le Ministre de la guerre Texpression de la reconnaissance de la Societe pour rempressement qu'il a mis h nous les procurer. » — M. le docteur Rufz, nu nom d'une Commission prec^- demrnent nommee (p. 297), donrte lecture d'un /?rt;j^or? sur un memoire de M. le comte de Chasteigtier relatif a I'introduc- tion aux Antilles de divers animdux destructeurs du Serpetit Fer-de-lance [Bothrops lanceolatus) . M. le Rapporteur discute les avantages ou les inconvenients que peuvent presenter les diverses tentatives de ce genre. — A la suite de cette lecture, M. Millet emet le vocu que I'introduction du Secretaire (F«/co scrpentarius) soit I'objet de I'un des prix extraordinaires pro- poses par la Societe. M. le President fait observer que cette question, deja discutee dans le sein de la Commission des re- compenses pour 1857, a ete reservee pour une autre annee. — M. Fr. Zuber, notre delegue a Mulhouse, annonce lebon etat de sante du petit troupeau de chfevres d' Angora confie k ses soins, et son accroissement par la naissance de deux chevreaux . — M. J. Michon lit, aunom de M. Richard (du Cantal), la fin du Rapport de notre confrere sur les races chevalines et asines de I'Algerie (voir au Bulletin, p. 303). — M. Albert Geoffroy Saint-Hilaire lit \m Rapport sur les b^tes ovines de I'Algerie. A la suite dfe ces deux lectures, Tassemblee vote, par accla- mation, des remerciments {I MM. Richard (du Cantal) et Albert Geoffroy Saint-Hilaire, pour le soin extreme qu'ils ont apporte a Taccomplissement de leur mission et a I'etude des questions relatives aux ressources que peuvent fournir les animaux de FAlgerie. — M. Dareste lit une Note additionnelle au travail sur le poll du Chameau nu'il avait lu dans la derniorc seance. S60 SOCIETE IMPliHULE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. — M. Davelouis resume verbalement un travail qu'il depose surle Bureau, et qui a pour litre : Etude sur le Bu^le,ei\\[iede son introduction dans les contrees oii elle pourrait elre tentee avee des chances de succes. Le memoire est renvoye auConseil. — M. le baron de Miiller, recemment revenu du Mexique, lit des extraits de son journal de voyage. II appelle successive- ment 1' attention sur differents vegetaux et animaux. Tels sont, par exemple, parmi les premiers : 1" le Pochote {Bombaa pen- tandrum Lin.), arbre qu'on pourrait tenter d'acclimater en Algerie, et qui donne une soie vegetale fine et brillante, dont des echantillons sont mis sous les yeux de Fassemblee; 2° une plante fournissant un the analogue a celui des meilleures qua- lites de Chine; 3° une nouvelle espece de cafe, croissant a I'etat sauvage sur les bords del'ocean Pacifique; le Comotillo [Aristolochia antisyphilitica^ deMull.), espece nouvelle dont la designation indique les usages. Les animaux qui ont ete plus particulierement etudies par notre confrere sont la Coche- nille, dont la culture estl'industrie principale des environs de Oaxaca, le Capullo madroTw, espece de ver a soie du Mexique, le pyrophorus clarius Desj. (animal phosphorescent que les dames emploient comme ornement pourleur toilette). En outre, il a presente des considerations sur les betes ovines de ce pays et sur les avantages que pent olirir, dans le Texas, Tin- troduction du Dromadaire entreprise par le gouvernement des Etats-Unis. Divers autres sujets, enfin, ont ete I'objet d'inves- tigations attentives de la part de M. le baron de Miiller. — M. Kaufmann donne de nouveaux details sur la seance generale que notre Societe affiliee de Berlin doit tenir en juillet pour f6ter I'anniversaire de sa fondation. II fait observer que cetle reunion ne sera pas un congres pour I'acclimatation, mais pourra en tenir lieu. M. le President rappelle alors qu'on a emis, dans notre Societe, la pensee qu'il y aurait de grands avantages a ce qu'un semblable congres put 6tre organise ; mais la Societe ne peut mettre a execution que successivement et peu a peu les pro- jets qu'elle a formes. II y a lieu de penser que celui-ci pourra 6tre realise dans un len)ps rapprochc. i'uo(;f:s-vi:RnArx. 361 — M. Jomard, secretaire tie la Commission dii monument a eleven a Et. Geoffrey Saint-Hilaire dans la ville d'Etampes ou est ne cet illustre savant, ayant ecrit a notre Societe pour Fengager a prendre part a celte souscription nationale', un Rapport est presenle par M. Moquin-Tandon, au nom d'une Commission dont il faisait partie avee MM. Aug. Dumeril, Paul Gaimard et Richard (du Cantal), et qui avait ete choisie dans le seiii du Conseil pour examiner cette proposition. La Societe approuve, a I'unanimite, les conclusions du Rapport, qui sont : 1° de prendre part a celte souscription par une somme de 200 francs versee au nom de la Societe en corps ; 2" d^ouvrir, au siege de la Societe, une liste pour MM. les raembres qui vondront souscrire individuellement. (Voir ce Rapport, p. 301). M. le Rapporteur ajoute alors que le Con- seil, en faisant un appel auxsouscriptions particulieres, desire beaucoup moins elever le chiffre de notre souscription collec- tive, que d'en augmenter Teffet moral par des adhesions nom- breuses. Dans cette pensee, les membres du Conseil se sont ious inscrits pour une tres faible somme. — M. le President informe la Societe du deces de notre illustre confrere, M. le baron Thenard, fondateur de \si Societe de secours des amis des sciences (voir p. 299). II etait, ajoute M. le President, un des membres qui avaient le mieux com- pris le but de notre Societe, dont o tons les proprietaires , disait-il, devraient faire partie. » La lettre parlaquelle il soUi- citait notre adhesion pour I'association qu'il a creee se termi- nait par le temoignage de la plus vive sympathie pour nos tra- vaux auxquels prend part M. Thenard fils, que nous comptons au nombre de nos confreres (voir au Bulletin, n° de juin, p. 300). Le Secretaire des stances j Aug. DuMi^RiL. 362 SOCIETE IMP^RFALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESFONDANCE. Constitution ii la Guyane fran^aise d'nn Comity zoologiqne d'acclimatation . M. Tamiral Ministiede la marine vient d'adresser a M. le President de la Soci^t(5 une lettre annoncant la constitution h Cayenne d'nn Comity zoo- logiqne d'acclimatation, cre6 en ex(5cution d'une decision ant^rieurement prise par M. le Minislre (Voy. le Bulletin, t. Ill, p. IZiZi). Nous reproduisons textuelleriient cette lettre et I'arrfete constilutif du Comite colonial d'accli- matation. A M. le President de la Society imperiaie zoologique d'acclimatation. « Paris, le 23 juin 1857. )> Monsieur, » Ainsi que vous I'a fait connaitre ma communication du 14 mars dernier, j'ai transmis aux administrations de nos diverses colonies des instructions pour les in- viter a organiser des comites locaux charges de fournir a votre Societe les rensei- gnements et les elements d'echanges qu'elle pourrait desirer. 1) M. le gouverneur de la Guyane frang-aise m'informe qu'il s'est occupe de realiser cette pensee, et qu'il a rendu, le 24 decembre 1856, un arrete dont je joins ici copie. » L'arrete institue a la Guyane un Comite zoologique. Ce Comite s'est constitue et a fait choix de plusieurs membres correspondants capables, par leur position, de lui apporter un utile concours, et jl a signe la lettre ci-jointe qui vous est adressee. ■ » J'ai re^u aussiune communication de M. le gouverneur du Senegal, et, mal- gre les difficultes que parait devoir eprouver, dans cette colonic, la formation d'un Comite zoologique, M. Faidherbe ne renonce pas a I'espoir d'y voir prochai- nement etablir cette utile institution. I) Je compte d'ailleurs, par continuation, vous tenir au courant de tout ce qui sera fait par les administrations de nos colonies, en vue d'arriver au but que vous vous proposez d'atteindre. « Recevez, Monsieur, I'assurance de ma consideration tres distinguee. )) L'amiral minislre secretaire d'£tat de la marine et des colonies, » Hamelin. » L'arrfitd qui a conslitii^ le Comity colonial d'acclimatation est ainsi concu : « Le contre-amiral, gouverneur de la Guyane fran^aise, » Vu la depeche ministerielle sous la date dul5 mars 1836, numerotee 189, faisant connaitre le voeu exprimo par la Societe imperiaie zoologique pour qu'il soit cree dans les colonies des centres de correspondance et d'echanges. » Attendu que la Guyane fran?aise, si riche en animaux de toutes especes, ne saurait que trouver des avantages serieux dans une institution de cette nature ; ,,.,.. FAITS DIVERS. 3(i?> >• Sur la proposition du Dircctcur (1« Tint^rieur , » Arr6te : » Art. 1". II estcrdfi prfis de la direction de I'int^rieur un Comite zoologique charg6 de faire les etudes ct les recherclies propres a duvclopper la connaissance des diverscs espcces d'animaux exiatants a la Guyane fran^^aisc. » Art. 2. Sent nommes membres du Comitezoologique de la Guyane fran^aise: « MM. le Medecin en chef, president; » le Directeur des ponts et chausst'es ; » I'Agent de culture et de colonisation ; » Le Guillou, chirurgien de premiere classe de la marine ; » H^KARD, mudecin v6terinaire du gouvernement ; ,, . » QuiNTON-DiipiN et VoisiN (Phiiibert), habitants proprietaires. '""^ AUT. 3. Aussitdt sa constitution, le Comity zoologique de la Guyane devrg $9 mettre en communication avec la Societe imperiale zoologique de Paris, a I'elfet de fournir a cette Soci6t6 tous les renseignements utiles au developpement de la science. M Art. 4. Le Coiqaite zoologique de la Guyane est autorise a s'adjoindre des membres correspondants pour concourir aux dtudes et recherches qui forment le but de son institution. » Art. 5. Le directeur de I'interieur est charge de I'execution du present arrete, qui sera enregistre au contiolc et insert; au Bulletin officiel de la colonic. ■ Cayenne, le S4 decembre 1856. A. Baudin. w Par le Gouverneur : » Le Directeur de I'interieur, » M. Fa YARD. » M. Tamlral mmistre de la marine a transmis h la Soci^t«5, avec I'arrei^ qui pr^c^de, une lettre adress^e ^ M. le Pr«5sident par le bureau du nou- veau Comity ; ce bureau est compost de M. le docteur A. Daniel, medecin en chef, pr^sideul, el de M. Melinon, agent general de culture, bienconn^ pour les nombreux services qu'il a rendus a la botanique et h la culture. La lettre adressde h M. le President fait connaitre que le Comity colonial a tenu sa premitre stance, le 9 avrill857,ets'est occup«5 i m mediate men t de crder des membres correspondants dans les diff^rents quartiers de la co- lonie, pour concourir aux Etudes et aux recherches qui forment le but de la Soci6t4. Le bureau de la Soci^t^ imperiale d'acclimatation s'est empress^ de se mettre en rapport avec le Comity colonial de la Guyane, et de lui ^resser les documents qui peuvent lui £lre utile. Lettre de 9. Ex. le Ministre dn Br^sil, transmettant & la Soet6t6 iin nouveau tcmoignage de la bienveillaace de S. in. TEni- pereur don Pedro. S. Exc. M. Marques-Lisb6a,minislredaBr^silen France, vient d'informer M. le President que S. IM. TEmpereur du Br^sil a bien voulu donner i plu- sieurs membres de la Soci^t^, ou, pour mieux dire, h la Soci^t6 tout emigre. 36/| SOCIETE IMPERIALR ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. dans la personne de cinq de ses membres, im noiiveau t^moignage de sa haute bienveillance, et de Pinler^t avec lequel ce souverain daigne suivre nos travaux. La lettre de M. le iMinistre est ainsi conQue : « Lc H juillet 1857. » Monsieur le President, » L'Empereur, mon auguste Souverain, s'est plu a donner a la Societe impe- riale d'acclimatation un nouveau temoignage de sa bienveillance et de I'interfit tout particulier que Sa Majestc imperiale lui porte, en associant a son ordre impe- rial de la Rose, en qualite do chevaliers, les membres de la Societe dont les noms suivent : MM. Dumeril, le comte d'Epremesnil, Guerin-Meneville, A. de Quatre- fages et Richard (du Cantal). » Je me fais un devoir et un plaisir. Monsieur le President, de remettre entre vos mains les diplfimes et les decorations que je viens de recevoir a I'adresse des susdits membres de voire savante Societe ; I'intervention de leur illustre President qui, a de si justes litres, occupe deja lui-meme un rang eleve dans I'ordre, ne pent que rehausser a leurs yeux la valeur de cette marque d'estime dont I'Empe- reur a daigne les honorer. » Je m'estime heureux. Monsieur le President, d'etre I'organe de ces sentiments de bienveillance de Sa Majeste imperiale, et d'avoir cette occasion de vous renou- veler I'expression de ma haute consideration. » L'envoye du Br^sil, » Marqces-Lisb6a. » M. le President de la Socidtd et M. P. Gaimard, secretaire pour I'^tranger, ont M charges d'adresser h S. Exc. le Minislre du Br^sil , avec pri^re de la faire parvenir h S. M. TEmpereur, Texpression des sentiments du Conseil, et de sa respectneuse gratitude pour ce nouvel encouragement , deslin^ & consacrcr une fois de plus le caractfere d'utilitd publique et universelle qui s'altache aux travaux de la Societe , dans la pensde de S. M. Don Pedro. Les membres de la Society sesouviennent, eneffet, avec reconnaissance que S. M. I'Empereur du Br^sil est le premier souverain Stranger qui ait fait h la Soci(5ie impdriale d'acclimalalion I'honneur d'inscrire sou auguste nom sur la liste des membres d'une Soci^t^ <(dontrutiiiie est commune i loutes les nations, » ainsi que I'^crivait h. M. le President, en annongant ce haut tdmoignage de bienveillance, S. Exc. M. J. M. da Silva Paranhos, ministre desalTaires ^trangferes du Bresil (Lettre en datedu 7 octobre 1856, Bulletin^ t. IV, p. 55). Pour les fails divers et extraits de correspondance, S> Le secretaire du Conseil, "" Gu£rin-M£neville. ESPECE BOVINE. ."^Cb I. TRAVAUX DES HEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT ADRESSK A LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION sun LE< ESPECES ClIEVAUNE, ASIXE, BOVINE ET POnChXE DE L'ALGfiRIE, Par n. RICHARD (dn Can(nl) . ( Stances des 12 et 26 juia 1857. ) ESPfeCE BOVINE (1). La multiplication et le perfectionnement de I'espece bovine en Afrique sontd'une grande importance pour Tagricullure de ce pays et poursa colonisation. Le role que doivent jouer les B6tes a cornes, non-seulement dans Texploilation du sol de TAlgerie, mais dans la multiplication de ses subsistances, demande un examen serieux de ces animaux. L'Algerie n'a pas assez de substances animales pour sa consommation : elle n'a ni assez de viande de Bocuf, et de Veau surtout, ni assez de lait, de beurre et de fromage •, il importc done d'etudier avec soin les moyens de remedier a cc deficit, non-seulemerit pour TAfrique, mais pour la France 5 au lieu de recourir a I'Etranger, elle recevrait I'excedant desproduits animaux que notre colonic africaine pourrait elever si facilement et en grande abondance. Nous avons vu que la production et I'amelioration du Cheval barbe etaient dans une bonne voie ; nous avons dit que I'admi- nistralion fran^aise s'en occupait avec d'autant plus de succes, qu'elle raisonne judicieusement ses operations, d'une part, et que, de I'autre, elle est secondee dans ses vues par les bonnes (l)Pour les espfeces Porcine et Asine, voyez le niimero de juiilet, p. 303. T. IV. Aofit 1857. 5(1 366 SOCIETE liMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. dispositions des Arabes, qui aimeiit le Cheval de guerre par gout et par devoir religieux, bien que ce devoir soil loin d'etre tou- jours bien observe 5 mais il n'en est pas de m6me du Boeuf, lant s'en faut. En Afrique, Tespece bovine, loin d'offrir des races diverses distinctes suivant les lieux, loin d'elever de bons types comme le font, en France, la Normandie, la Flandre, le Cha- rolais, la Bretagne, I'Auvergne, le Limousin, le Rouergue, rAgenais,la Franche-Comte, le Bazadais, etc., nous ne voyons dans ce pays qu'un melange confus d'animaux trapus, rela- tivement assez fortement charpentes, mais petits, rabougris, manquant generalement de finesse et des qualites qui distin- guent nos bonnes races fran(;aises. Dans un memo troupeau et dans un m6me pays, on voit des sujets de toule nuance de robe, de nature, de conformation et de taille differentes. C'est la ce que j'ai observe, non-seulement dans la campagne des provinces d'Alger et de Constantine, mais aux marches d'Alger, de Boufarik, de I'Abiot (au sud de TAtlas), dans ceux de Ber- ragouya, de Constantine, de Kroubs, de Guelma, I'un des plus considerables et des plus renommes de toute TAIgerie. On pent dire, enfin, que 1' Afrique a des Boeufs, mais sans races bien distinctes, comme nous les avons en France, suivant chaque pays. C'est la ce que j'ai vu moi-m6me. Ce fait est d'ailleurs facile a eixpliciuer et a comprendre ; je vais le prouver. En examinant cet biver I'espece bovine de I'Algerie, je I'ai Irouvee telle que je I'ai vue au commencement de la conquete; du reste, il ne saurait en 6tre autrement. Les Arabes Tont traitee depuis notre arrivee en Afrique comme avant, et la m6me cause a naturellement produit les m^mes effels. Notre confrere M. Bernis a dit avec raison, dans le Bulletin des travaux de la Societe d. agriculture d'Alger, dont il est pre- sident: « L'hygiene, ralimentation, la reproduction, sont aban- » donnees aux soins de la nature. On doit done considerer > I'espece bovine de TAlgerie comme le produit des divers » modificateurs deVorganisme, au milieu desquels ellenuit et » elle vit; la main et Tintelligence de I'bomme ne lui ont pas 3> imprime le plus leger caractere : partout e!le est plus ou 9 moins forte, ou plus ou moins chetive, selon le plus ou KSP^CR BOVINE. 367 » moinsderessoiirces alimeritaires fournies par la nature (1). j L'elude que j'ai faite tie la queslion, dans le pays mOme, m'aulorise a ailer encore plus loin que M . B'.'rnis; elle m'aulorise a dire que rintervenlion des Arabes a concouru, bien plus qu'on ne pense, a degrader la race bovine qu'ils elevent, par les me- langes mal combines qu'ils en ont fails. Si, en efFet, les Boeufs de I'Algerie avaienl ete abandonnes a un elat sauvage absolu, ces aniinaux auraient pris, comme loulesles especcs sauvages, des caracteres zoologiques speciaux, propres aux lieux qu'ils auraient babites, el dans lesquels ils se seraient librement reproduits : developpes partout ou la nourrilure aurait ete abondanle, ils auraienletecbelifsla oil ils en auraient manque; mais, enfin, ils auraient forme des races dislinctes avee leurs vices et leurs qualiles purliculieres : j'ai pu me convaincre de ce fait dans plusieurs endroils, notamment en nous rendant par la traverse de Constanline a Guelma. J'ai rencontre sur ce trajet quelques troupeaux, dont la majorile des sujets elaient sous poil gris-blaireau, et avaient une tendance a former un type distinct, si ou ne le melangeait pas avec des types elrangers a la localile. Les Arabes ont opere bien aulrement que ne le fait la nature; ils ont transporte les sujets d'un pays dans un autre. I'artout o£i j'ai vu des troupeaux, je les ai trouves formes de types de toute provenance. Les producteurs des deux sexes, bons ou mauvais, jeunes ou vieux, bien ou mal conformcs, grands ou petits, chelifs, rabougris ou convenablement developpes, ont ete livres les uns aux autres au hasard, sans soins, sans dis- cernement; ils se sonl croises ensemble ; ils se sont melanges de loute fagon, elil en est resulte une anarcbie de races telle, que, comme je I'ai deja dit, j'ai Irouve dans lous les marclics de I'Algerie ou j'ai assiste, dans loules les Iribus que j'ai visi- t^es, des sujets metisses de loute nature, de toule couleur, de developpement el de taille varies. Du reste, les conditions peu favorables dans lesquelles se trouve I'espece bovine, cbez les Arabes, est facile a expliquer » (1) Bulletin des travaux de la Sociele d'ayriculture d'Alger, n* 1", l«t urimesire 1857, p. 16. 368 SOCIETE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sans soins clans leur multipUcalion comme dans leiirentretien, sans abris cVaucune sorte pendant les chaleurs excessives des etes comme pendant les pluies de I'hiver, les sujets qui la com- posenl sontsoumis de plus a des intermittences d'alimentation et de famine, de secheresse et d'humidite, de froid et de chaleur, qui expliquent parfaitement leur abatardissement,les mauvaises conditions sous lesquelles ils se presentent. Au printemps, riierbe, qui pousse en abondanee partout, leur offre un surcroit de nourriture qui les engraisse; mais bientot les secberesses excessives les reduisent a la famine, jusqu'a ce que les pluies d'autoinne fassent pousser I'berbe de nouveau : les animaux trouvent encore a s'alimenter suffisamment alors dans la cam- pagne, mais les miseres de I'hiver, les pluies froides pendant les longues nuits de la mauvaise saison, et une nouvelle privation de nourriture jusqu'au printemps (les Arabes ne font jamais de provisions de fourrage pour les Boeufs), leur font subir de nou- velles epreuves. Les pluies sontquelquefois si abondantes pen- dant I'hiver, que les bestiaux qui se trouvent dans des lieux has sont inondes etperissent par defaut d'alimentation et par I'in- temperie de la saison reunis : aussi les pertes de Thiver passe (1856-1857) ont elles ete enormes dans les tribus comme chez les colons imprevoyants qui n'ont eu, pour leurs animaux, ni abris pour les mettre a couvert, ni fourrages pour les nourrir: ces pertes ont ete telles, que I'administration supe- rieure a ete obligee d'intervenir pour tacher d'en attenuer plus tard les tristes resultats. M. le gouverneur general a pris des mesures afin que les Arabes fassent des provisions de fourrage pour nourrir leurs bestiaux quand ils ne trouvent plus d'herbe dans les jaturages, et des abris pour les soustraire aux in- fluences atmospheriques nuisibles (1). (1) M. le gouverneur g^n^ral de TAlg^rie est tout dispose & user de son Influence et de son pouvoir pour pr^venir le retour des pertes <5normes que la colonie a faites en bestiaux Thiver pass^, faule d'approvisionnements de fourrages, pour les alimenter, et d'abris pour les mettre h couvert du mauvais temps. II sera possible de remedieraud»!fantdefourrages : on en fera des pro- visions, on conslruira aussi des abris parlout oi il y aura du bois pour en faire la charpente ; mais ce ne sera pas facile 1^ ou le bois manquera, et i| man- ESPECK BOVINE. 360 On conqoitfacilemeiit, d'apres ce que je viens de dire, Vetat peu salisfaisant, en general, de Tespece bovine de 1' Algeria. Les mauvais melanges des reproducteurs qui la composenl, I'intermittence de niisere et d'abondance dont elle subit les consequences; les chaleurs excessives, Taction directe d'un soleilbrQlant, les piqilres des insectes pendant Tele ; les pluies, les refroidissements des longues nuits d'hiver : toutes ces causes reunies, agissant alternativement ou ensemble, sont un ob- stacle non-seulement au perfectionnement du Boeuf comme espece, mais a son developpement comme individu. Un jeune animal, en eflet, soumis a de pareilles influences, ne peut crollre regulierement et d'une manierenormale; s'il ne meurt pas, il souffre, il serabougrit; il n'acquiert pas enfin les qua- lites que comporterait d'ailleurs son type, s'il etait bien soigne, convenablement nourri, dirige avec discernement dans son perfectionnement et dans sa multiplication. Toutefois, si les Bceufs d'Afrique sont degrades par le mau- vais regime d'elevage et d'entretien auquel ils sont soumis, on leur reconnait des qualites qu'on ne saurait nier : s'ils sont petits, rabougris, sMls manquent de finesse de tissus, ils sont rustiques, tr^s sobres, resistants aux fatigues ; ils sont bons travailleurs, leur force musculaire est m6me relalivement con- siderable. On voit de ces petits animaux, alleles, trainer de lourdes charges ; ce sont eux qui jusqu'ici ont fait les travaux quera dans beaucoup de lieux. II y aurait, a mon avis, un moyen de rem^dier le plus idt possible k ce deficit. Ce moyen le void : La culture du Bambou r^ussitbien dansle climatderAlg^rie. r,a pratique I'a prouve dans les jardins d'essai, notamment h ceiui d'Alger. Cette gigan- lesque gramin^e, si pr^cieuse pour les Chinois, devrail fitre muUipli^e dans les plus grandes proportions possibles en ATrique. Les relations que notre Socit^t^ entreiicnt avec tout le Levant, notamment avec I'empire Chinois el le royaume de Siam, nous faciliteraient les moyens d'en oblenir de grandes quantiies pour les mettre h la disposition du Ministtre de la guerre. M. le g^n^ral Maissiat cherche h faire multiplier le Bambou dans la province de Constantine, qu'il commande, et il me disait, un jour, que la multiplication de cette plante prc^cieuse serait Tun des bienfaits les plus imporlants que Ton pQt rendre ck la colonisation de I'Algi^rie. Ses tiges, si l^geres pour le trans- port et d'une si grande soliditlusieiirs dVnIre eux, mais il a completemenl roussi sur une race qu'il a impor- tee du Pieinonl, el sur notre petile raco bretonne (1) Ce fait d'accliiiiatation date de iSlih- Associe a M. Lellieule, M. Trot- tier n'a pas inoins de 130 t6tes environ d'une belle race pie- montaise qu'il a arclimatee pour la production du lait et pour le travail. II vend le lait de sa vacherie, entretenue avec intel- ligence a jMustaplia-Superieur (pres Alger) par iM. Letheule, a raison de 50 centimes le litre. Voici (|uel est le mode d'elevage et de speculation de MM. Troltier etLetbeule. M. Trotlier possedea la Uassaula, dans laMitidja, a 16 kilo- metres environ d'Alger(pres dela mer), presque a son niveau, et par conse(juent dans un lieu peu favorable a Tacclimatation d'anirnaux des monlagnes, une propricte ou il fait son elevage. J'ai vu chez lui des animaux nes et eleves en Afrique, dans les meilleures conditions d'acclinialation, conime types de lait et de boucherie; j'ai pu examiner dans celte propriete environ 80 t6tes de tout age. M. Lelheule dirige avec beaucoup d'in- telligence I'etablissement de la laiterie entretenue a Muslapha. Cette laiterie est composee de 50 Vaebes, et j'y ai remarque. avec satisfaction, des types aussi remarquables par la regula- rite de leur conformalion que par leur nature et leur bon etat de lactation et d'aeelimatation. Or, voici comment operentces deux agriculteurseclaires, pour entrelenir leur laiterie en bon etat permanent de production. Les Vaches en etat de gestation avancee, donnant par con- sequent mollis de lait a mesure que Tepocjue du part approche, restent a la Hassauta jusqu'au vdage. Apres la naissance du Veau, au moment oii les Vaches donnent le plus de lait, elles sont conduites a la laiterie, oii elles restent tant qu'elles sont (1) La race piiSmonlaise acclimat^e par MM. Trotlier et Letheule se Iroiivedans les Alpes, aux environs de Marseille, et sans doute aiissi dans d'aiiires lienx. Sa robe est froment ;elle a souvent des polls r.oirs qui bor- dent le cornet de sesoreilles; nne aurt'ole fnnc^e ent' ure qiielquefois ses yeiix, el le tour du innfle est moins fonce que le fond de la robe. La Vache dece type peut dunner environ 25U kilo^rumuies de viaude ueite. 376 SOCIETY IMPEKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. dans de bonnes conditions de lactation. Quand ces conditions cessent, elles sont ramenees a la Rassauta, et elles sont rem- placees par d'autres laitieres : il s'etablit ainsi une rotation bien combinee, qui permet d'entretenir toujours a la laiterie d' Al- ger un nond)re a pen pres egal de laitieres pendant leur temps le plus favorable au genre d'industrie auquel elles sont des- tinees. La vente du lait, a raison de 50 centimes le litre, est une tres bonne speculation. M. Trottier m'a dit que ses Vaches lui donnaient en moyenne, pour toute Tannee, six litres de lait par jour. Chaque Vache rapporte done 3 francs par jour durant toute Tannee^ or, une vacherie de 50 t6tes produisant en Afrique 150 francs par jour est essentiellement I'element d'une bonne speculation, quels que soient d'ailleurs les frais d'entretien qu'elle peut occasionner , et qu'il faut defal- quer. MM. Trottier et Letbeule ont aussi quelques types bretons acclimates avec leur race piemontaise, maisils preferent cette derniere pour plusieurs raisons. L'une des plus serieuses, sui- vant M. Trottier, c'est quMl fait labourer ses Vaches piemon- taises, qui sont fortes, bien developpees et robustes. Elles' lui font les travaux agricoles de la Rassauta, ce qu'il ne peut pas attendre du petit type breton, qui ne peut pas ^tre attele avec avantage. D'un autre cote, M. Letbeule m'a dit que les Vaches pie- montaises, plus fortes, et donnant plus de lait que les petites bretonnes, n'exigeaient guere plus de depenses d'entretien. Un bomme, ajoutait-il, soigne aussi bien dix Vaches piemon- taises que dix bretonnes. Tout compte fait, il prefere les pie- montaises, qui lui donnent plus de benefices sans doute, parce qu'elles sont tres bien nourries. M. Bernard, nourrisseur dans la commune de la Bouzaria, pres Alger, entretient aussi sur une beaucoup plus petite echelle une vacherie de laitieres; mais cette vacherie est com- posee de divers types qui m'ont paru d'ailleurs en bon etat d'acclimatation. J'y ai vu des types bretons, desfrancs-corntois, des piemontais et un individu que Ton m'a dit 6tre d'origine irlandaise. Tous ces animaux acclimates etaient en bonne ESPfeCE BOVINR. 377 sante, et ce proprietaire en retire journellement un bon pro- duiten lait qu'il vend a Alger. i L'acclimatation de bons types laitiers n'est done pas impos- sible en AlVique, comme peuvent le croire quelques esprits d'ailleurs tres devoues aux progres ; nous avons pour garantio les fails que je viens de rapporter : MM. Trottier, Lelheule et Bernard out forme des vacheries laitieres de types exotiques parfaitement acclimates a Alger, et le lait qu'elles fournissent dans des proportions raisonnables concourt utilement a I'ali- mentation de cette ville, qui n'est pas loin d'une population de 80,000 ames aujourd'hui. Les autres villes de I'Algerie manquent de ces vacberies d'animaux europeens, et ralimenlation publique ensoufl're.La population indigene surtout consommerait beaucoup plus de lait, si elle en avait a un prix raisonnable •, mais a 50 centimes le litre, le lait devient presque un aliment de luxe, quand il devrait^tre si populaire, si repandu surtout pour les jeunes en- fants des pauvres families trop souvent mal nourris. On cherche aremedier au deficit des Vaches laitieres par des Chevres, sur- tout par des Chevres inaltaises qu'on a importees et acclima- tees ; mais leur lait se vend aussi tr^s clier : ceux qui les elevent, profitent del'occasion pour faire le plus de benefice possible. La rarete du lait entraine un autre inconvenient que celui de manquer aux populations; sa cherte excite I'avidite des vendeurs, et Teau joue un grand rOle dans leur commerce. Tout bien examine, le lait pur, dans de bonnes conditions de nutrition, revient peut-6tre bien plus cher qu'il n'est vendu. On le melange, et ses elements nutritifs diminuent en raison de la quantiled'eau ou autre liquidequi en augmenlele volume aux depens de la qualite, quand ce n'est pas aux depens de la salubrite publique. II est done important deremedier au mal que je signale ici, et cela nous parait possible par des etudes expe- rimentales dirigees avec prudence el savoir. Nous avons eu occasion de nous convaincre, M. Albert GeofProy Saint-Hilaire et moi, de la difference qu'il y a pour la production du lait, entre la vacberie europeenne, acclimatee par MM. Trottier et Letheule, et une vacberie indigene bien 378 soci6t6 imperiale zoologique d'acclimatation. entretenue a TOrphelinat de jeuiies filles de Bone. M. le sous- prefetde cebel arrondissemetit voulut bien nous conduiredans cet elablissement de rharite et d'agricullure, dirige avec beau- coup d'ordre et d'intelligpnce par la soeur suporieure de la com- munaule religieusp,cbargeederinstruclion desjeunes filles re- cueillies par elle. M. le direcleur de la pepinierede Bone, qui visile souvenirOrphelinatet suit avecinlerCt ses plantations et ses cultures, au succes desquelles les conseils de ce pepinieriste distingue ne sont pas etrangers, voulut bien nous accompagner et nous donner des details tresinteressants, non-seulement sur I'etaLlissement utile que nous allions visiter, mais sur le mode cultural adopte generalemcnt dans le pays. Nous n'avons trouve nuUe part en Afrique, pas mSme chez les Europeens les plus eclaires desbestiauK mieuxentretenus, en meilleurelat, mieux loges et mieux soignes qu'a cet Orphelinat. L'etable est vaste, bien aeree, bien disposee et bien tenue. Les provisions de fourrage ne leur manquent pas pour les temps de disette. Le troupeau de bStes bovines est compose de 60 t6tes environ, et la socur superieure qui Ta forme e!le-m6me avec des ani- maux indigenes, d'ailleurs bien cboisis, se plaignait de ce que ses Vacbes lui donnaient a peine de 2 litres a 2 litres 1/2 de lait par jour, Elle en avu quelqucfois, par rare exception, eri donner jusqu'a 5 litres, apres lev6lage; mais ce n'etait que pour un temps tres court. Ces Vaches indigenes, d'ailleurs, ne donnent pas le lait aussi longtemps que les europeennes; elles tarissent de bonne heure, des qu'elles sont en etat de gestation. La SGBur superieure nous manifesta le desir pressant demodi- fier la race de ses Vaclies : « Leur entretien est ruineux pour nous », disait-elle Elle elail absolument resolue a se procurer* de meilleurs animaux ; mais elle n'avait pas sans doute, en science du betaii, loutes les cormaissances speciales quMl lui aurait fallu pour operer avec certitude de succes. Elle nous dit qu'elle avait songe a se procurer un taureau Suisse. Le choix d'un taureau Suisse pour croiser la race bovine arabe nenous a pasparubeureux, surtout pour le butqu'ellese proposait, et nous lui avons fait part de notre o[)inion a ce sujet. Jedois dire que nul etablissement ne nous a plus interesses que rOrpheli* .YtuT/.lLU ESI'tCE HOVINF. 379 nat de BAne par sa bonne lenue, par I'inlelligence, ractivite et le pieux dovouement qui president a sa marche genorale, a la directidn speciale de rexploitalion du sol qui iui procure des aliments. On eleve la, et Ton instruit sur toutes les operations de I'agrioulture et du menage inlerieur rural, environ cent et quelqiies jeunes filles qui feront plus tard de bonnes femmes de menage pour les colons. Je ne puis pas entrer ici dans tous les details de la question relative a la tenue de cet Orphelinat^ mals je dois dire qu'il a provoque notre plus vive sympalhie, et que nous aurions voulu pouvoir Iui 6tre utiles autrenient que par des avis. Mais il ne saurait 6lre douleux que, quand Fadministration superieure aura connarssance de la mani^re dont cet elablissement estdirige sous tout rapport, elle Iui faci- litera. comme elle I'a deja fait, les moyens de remplir sa mis- sion avec tous les elements de prosperite que merile sa destination. La soeur superieure de VOrphelinat de Bone changera cer- tainement sa vacherie indigene, et elle fera bien, puisque I'experience Iui a prouve que son entretien est ruineux pour I'elablissement qu'elle dirige si bien. Elle aura plus tard una vacherie qui Iui payera plus convenablement les frais qu'elle occasionne; mais je ne voudrais pas la voir tatonner indefini- ment, faire en experiences infructueuses des frais inutiles, comme on en a vu tant d'exemples ailleurs. Pour cet etablis- sement, je ne voudrais pas des croisements toujours cbanceux (je vais revenir sur cette idee), surtout en mati^re de produc- tion du lait, etc' est le casdans lequel se trouve TOrphelinat de Bdne; il en a un besoin pressant pour alimenter ses jeunes en- fants. Je voudrais voir la soeur qui le dirige se meltre en rap- port avec MM. Trotlier et Letheule, etces messieurs pourraient peut-6tre Iui envoyer a Bone quelques bons sujets lailiers de leur race acclimalee, soit du lype brelon, soit du type piemon- tais. Si, comme chez MM. Trottier, Lelheule et Bernard, 1 Or- phelinat qui m'occupe pouvait avoir un jour une vacherie de 25 Vaches seulement, qui donneiaient pendant toute Tannee une moyenne de 6 litres de lait par t6te, quelle ressource ne serait>ce pas pour alimenter les pauvres petites orphelines de 880 SOCI^TJfe IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tout age , indigenes et europeennes, que nous avons vues si proprement tenues dans leur maison de refuge. On dira peut-6tre que Tentretien d'une vacherie telle que ]e la desire pour I'Orphelinat de Bone serait plus dispendieux que celui de la vacherie indigene actuelle. Si cette objection nous est faite, nous reconnaissons volontiers sa justesse. Les animaux indigenes sont Ires sobres et tres rustiques, et il n'esl pas douteux pour moi qu'une vacherie de bonnes laitieres europeennes couteraitpluscher a nourrir quelavacheriearabe; mais 25 ou 30 bonnes Vaches laitieres europeennes donne- raienl autant et mtime plus de lait peut-etre que 100 Vaches arabes : la difference du produit couvrirait done largement la difference de depense qui serait occasionnee. Quelques personnes ont pense aux croisements. On a cru, avec raison d'ailleurs, que le croisement du type breton par exemple, petit et sobre comme le typearabe, pourrait donner. de bons resultats. Je ne conteste pas que ce metissage produi- n rait sans doute des sujets meilleurs lailiers que le type indigene pur, qui est si mauvais pour la production du lait. Mais je I'ai dejadit, je n'ai pas confiance dans le croisement pour former, une espece laitiere, surtout quand je vois qu'il est possible d' avoir une race pure. La nature ne perd jamais ses droits d'une maniere absolue, et les metis rappellent souvent les vices comme les qualites de leurs ascendants, m^me a des genera- tions eloignees de Tepoque des premiers croisements qui ont forme la souche d'une race nouvelle. La pratique nous fournit chaque jour des exemples de ce fait incontestable. L'histoire rapporte que, lorsque les Anglais ont voulu creer leur race Durham, fixee aujourd'hui chez eux comme animal de graisse, plusieurs types ont ete utilises pour concourir au but propose. Le type hoUandais, a-t-on affirme, y a concouru pour une large part, ce dont je ne suis pas etonne, d'apres I'analogie de finesse et de conformation que je trouve entre ce type et le Durham. Eh bien, dans la race Durham, qui n'est pas laitiere, on trouve quelquefois des Vaches qui donnent une assez bonne quantite de lait a cote d'autres qui n'en donnent que tres peu. C'est la ce qui a fait dire, a quelques personnes qui ne connais- I'SI>KCE BOVINK. fiiffx' i ' ; > 381 sent pas nssez praliquement celte I'aco, qu'elle est tres mau>»' vaise lailiere, landis que d'autres ont affinne qu'elle est tres bonne. Les quel(|ues Vaches DiiHiam qui sont l)onnes laitieres rappellent sans doute la race hollandaise (jui a concouru a la formation du type, et la race hollandaise est peut-6tre la meilleure laiti^re du monde ; les mauvaises laitieres courtes- cornes, au contraire, rappellent les mauvais types laitiers qui ont aussi concouru, dans le principe, a former leurrace. ' En Afrique, il ne s'agit pas de faire comme ont fait les Anglais pour les Durham. II ne s'agit pas d'un modelc do graisse, pour le moment du moins : c'est un modele de Vaches laitieres qu'il est urgent d'avoir d'abord , nous verrons ensuite ce que Ton pourra faire dans un autre ordre d'idees. Eh bien, jen'ai pas plus de confiance pour le present que pourTavenir dans le nietissage des animaux arabes avec d'autres^ quels qu'ils soient, pour faire et fixer un type lailier. D'ailleurs, combien d'annees faudra-t-il pour obtenir cette race laitiere par croise- ment? Si j'en juge d'apres ce que je vois en France, une gene- ration enti^re y suffira-t-elle ? II y a vingt-cinq ans deja que nous cherchons a utiliser des Taureaux Durham pour faire en France une race de graisse, et nous n'avons obtenu encore que quelques metis dont la descendance a ete assez mediocre, sinon mauvaise, pour donner I'idee de renoncer a ce metissage dans le but de creer une race nouvelle. Si quelques personnes veulent avoir la race Durham, qu'elles la mulliplient par elle-m6me, sans melange •, et si elles trouvent avantage a son elevage, qu'elles Tadoptent, mais qu'elles ne la croisent pas. En France, nous n'avons pas assez appris la science qui enseigne a Televeur a petrir la mati^re pour avoir les resuUats que nous attendons par le metissage avec les Durham. Nous en avons tous les jours des exemples sous les yeux : si nous voyons quelques sujets tres beaux, ils sont sortis d'un premier croisement bien fait j mais nous ne connaissons pas les mauvais ; les produits defectueux ne sont pas presentes dans les concours, et Ion ne nous appelle pas pour aller les voir dans les etables •, on ne nous montre pas surtout le chifl're de leur prix de revient, tout compris. Du reste, qu'on aille consulter, non les hommes de theorie, mais les praticfens T. lY. — Aoftt 1857. 25 3S2 SOCIKTE IMPERIALE ZOOLOfilQUR d'aCCLIMATATIOIV'. Ijcibiles qui out fait, a leiirs depens ces experi(»nces. Que Ton demande a Tun de ces cleveuis le plus justement renouinies, M. deBehague, dontle nom a ete celebre dans les concoursde hestiaux, et ron verra ce que i'on doit penser des croisements Durham: ilpartagera Fopinion queje developpe succinctement ici, et qu'il a soutenue avec succes, preuves en main, dans le sein de la Societe centrale d'agriculture de France. Du reste, laissons passer la mode et son engouement ; la verite se fera jour par les praticiens qui, comme M. de Behague, auront paye de leur bourse les experiences qu'ils auront tente de faire d'apres I'opinion si chaudement soutenue par des bommes de tbeorie, dont je suis loin d'ailleurs de contester les bonnes intentions. ■! Ainsi done, dans I'etat actuel de la science du perfectionne- ment des races en France comme en Algerie, n'essayons pas de creer, ce serait une deception ; j'en ai la certitude d'apres tout ce que je vois depuis trente ans, et aujourd'hui plus que jamais. Nefaisons pas surtout en Afrique.pour I'espece bovine, ce que nous avons fait en France pour Tespece chevaline de guerre. Nous passerions des siecles a discuter inutilement, et sans doute aussi adetruirele Bceuf arabede maniere a lui faire perdre m^meles qualites qu'il a en dehors du type laitier. J'ai signale deux types europeens assez bons laitiers acclimates en Afrique : le type hreton fran^ais et un type piemontais. Des etudes experimen tales serieuses procureront peut-etre les moyens d'en acclimater de meilleurs encore. Pourquoi, des lors, entrainer les eleveurs dans une voie de hasard, dans des chances de pertes. Les Arabes, je le sais, n'accepteront pas nos races, ils les accepteraient qu'ils les feraient perir ; il ne faut done pas songer a eux sous ce rapport. Mais les eleveurs europeens ne sont pas encore tellementnombreux en Afrique, qu'ils ne puis- sent pas se procurer quelques types acclimates par MM. Trot- tier et Letheule. Une grande partie de leurs jeunes produits, qui ne leur sont pas necessaires pour Tentretien de leur vache- rie, sontvendus auxbouchers, au lieu d'etre repandus dans la colonie avec toute la prudence d'ailleurs qu'exigerait cette operation,, ESPECE BOVINE. 3S3 Pendant que ces deux types se niulliplieraient purs el sans melange, je serais heureux de voir des lionmies de savoir et de devouement I'aire quelques essais bien conduits sur d'autres types iailiers europeens. Toutes ces experiences, no reussiraient pas sans doute ; mais toutes ne seraient pas infructueuses non plus, et un type laitier acquis a notre belle colonie d'Alrique est une source de ricbesse el de bien-i^tre populaire dont on n'apprecie pas assez Felendue ; je serais beureux surtout de voir la Societe d'acclimalalion, s'associant a cette pensee, olTrir le concours de ses lumieres a ceux qui voudraient faire des eludes experimentales pour concourir fructueuseraent a la solution de cette question si grave pour I'econoniie rurale algerienne. L'acclimatation et Televage de races bovines laitieres impor- tees d'Europe en Afrique offrent deux difflcultes principalcs qu'il iniporle d'etudier serieusemonl pour les vaincre : la pre- miere de ces dii'ficulles est le climat, dont la temperature est tr6s elevee pendant quelques mois de I'ete : la seconde est la secheresse, (jui en est la consequence : elle dessecbe les planles. et pendant qu'elle dure, lesbestiaux sont prives de nourriture verte dont les Vaches laitieres surtout ont besoin pour tHro entretemies dans un etat convenable de lactation. La nourriture secbe convient peu aux animaux ruminants en general. Leurs estomacs fonclionnent mieux avec un fourrage qui conlient son eau de vegetation. II ii'esl pas rare de voir Testomac qu'on nomme le feuillet^ embarrasse de matieres alimentaires dessecbees entre les lames formees parallelement dans son interieur par la membrane muqueuse el par I'appareil musculaire special qui leur fait execuler les mouvements dont elles sontsusceptibles. Ces mouvements aclivent la marcbe des aliments vers le qualrieme eslomac, nomme \sLcaillette, el sans doute aussi ces aliments subissent dan^ le feuillet une opera- tion pbysique ou chimique, utile a une bonne digestion. Lorsque les matieres alimentaires dessecbees sejournent entre les lames du feuillet dont je viens de parler, elles agissent comme corps etranger ; elles irritent sourdement, d'une ina- ni^re latente d'abord, les muqueuses contre lesquelles elles 386 SOCIKTE IMPEUIALE ZOOLOGIQL'K d'aCCLIM.VTATION. rosLent aplaties comme des galets , et il en resulto pour la digestion iin trouble qui, quoique lent et obscur, n'en cause pas moins le deperissement graduel des sujets, sinon nne nialadie aigue et ostensible. C'est surtout chez les animaux nourris avec des aliments sees pendant les longs bivers, dans les pays de montagnes elevees ou Ton ne cultive pas les racines fourrageres, que j'ai observe le fait que je signale ici. Aussi les animaux de ces pays cbangent-ils a vue d'oeil en quelques jours au printemps, quand ils peuvent aller paturer I'herbe verte et tendre qui commence a pousser dans les prairies-, la quantite du lait donne par les laitieres augmente aussi alors dans des proportions considtjrables. Pendant les violentes cbaleurs de Fete, les animaux sont obliges de se nourrir, en Algerie, do quelques plantes seches, dures, brulees par le soleil, et cette cause a peut-6tre contri- bue plus qu'on ne pense a faire perir des animaux importes d'Europe. Non babitu«?s a cette dure condition climaterique et alimentaire, on n'a pas su I'adoucir par des moyens raisonnes. Pour tacher de remedier a I'lnconvenient de la nourriture secbe, notre savant confrere, le docteur Millon, pbarmacien principal de I'bopital du Dey, a Alger, a fait une experience dont je dois dire un mot dans ce Rapport, parce qu'elle a pleinement reussi, et qu'il me parait utile de la faire connaitre. Lorsque, faisant partie de I'armee, j'etais en Algerie au com- mencement de la conqu^te, j'avais deja entendu dire qu il serait possible d'alimenter des herbivores, notamment des ruminants, avec les raquettes du Cactus opuntia (famille des Cactees), vul- gairement nomme Figuier de Barbarie par les colons. J'etais du reste d'autant plus convaincu de cette possibilite, quej'avais trouve dans le parencbyme de ces raquettes tres succulentes, tr^s aqueuses, une saveur qui avait de Tanalogie avec celle de la moelle d'une tige de Lailue montee, tige que les bestiaux sont loinde repousser. Le Cactus opuntia est tres rustique ; il supporte la secheresse et I'aridite du sol avec une grande faci- lite, et il conserve toujours sa fraicbeur et son eau de vegeta- tion a peu pres dans les m6mes proportions. Cette plante, qui prend un grand developpement, est aussi succulente pendant ESI'ECE BOVINK. 385 les chaleurs excessives de I'ete , siir les rochers et dans les sables arides, que pendant la saison la plus liumide de Tannee ; il y avail done a examiner quel parti la pratique pourrait tirer de ce vegetal comme aliment pour les bestiaux : e'est ce qu'a fait M. Millon. Les etudes de M. Millon sur les qualites alimentaires du Cactus opuntia, comme fourrage vert, meritent done d'attirer I'at- tention des eleveurs de bestiaux. Pendant Tespace de dix-huit mois, il a entrelenu dans sa propriete, en bonne condition de lactation et en tr^s bon etat de sante, une Vache bretonne dans I'alimentation de laquelle entrait une proportion conve- nable de raquettes de Cactus opuntia, coupees par tranches minces. Si quelques animaux refusent cette nourriture au debut de I'experience, on y melange un peu de son, et bient6t ils y sont habitues : ce moyen a reussi a M. Millon, qui Ta employe. Du reste, il parait que la grande majorite des bes- tiaux mangent le Cactus sans epines, lorsqu'on leur en pre- sente les raquettes coupees par morceaux. J'ai examine moi- m^me la Vache bretonne qui a fait le sujet de Texperience dont je parle, et I'un de ses produits de deux ans •, I'un et I'autre de ces animaux m'ont prouve que le regime alimentaire auquel ils avaient ete soumis leur convenait tres bien. M. Millon ni'a affirme que d'autres eleveurs de bestiaux avaient fait la ^ni^me experience que lui, et qu'ils avaient obtenu le m^me succes. Le Cactus opuntia inermis pourrait done 6tre utilise , avec succes pour la nourriture des bestiaux, notamment quand le fourrage vert manque aux eleveurs ; c'est aux praticiens eclaires a repeter les experiences qui ont tendu a confirmer ce fait et a fixer I'opinion sur ce sujet. 11 me parait elre d'une H J haute importance en Algerie, dans les conditions de culture ou ce pays se trouve encore aujourd'hui. En France, le climat, comme les assolenienls raisonnes d'une agriculture bien comprise et bien executee, facilite les moyens d'avoir toujours une nourriture aqueuse pour les Vaches laitieres. Nous venons de voir qu'il n en est pas de m6me en Africjue; il importe done d'etudier tous les procedes 386 SOCIETE IMPEI'.IALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. qui peuvent oflrir aux eleveurs algerieiis les avantages qui leur inanquent sous ce rapport. Quant al'influence climaterique deTAfrique, on peut en mo- difier les eft'ets par une stabulation combinee avec un regime pastoral bien compris et bien execute. Pendant les fortes cha- leurs de I'ete, on peut preserver les animaux de Taction di- recte du soleil et les soustraire aux piqures sanglantes des Insectes qu'ils craignent tant, dans des etables bien disposees, dont les ouvertures sont convenablement menagees. On doit permettre de renouveler Fair au besoin, et de donner la quan- tite de lumiere jugee necessaire pour que les animaux puissent bien se reposer. Ceux qui elevent des bestiaux dans la cam- pagne n\auront sans doute pas manque d'observer combien les animaux paraissent tranquilles, lorsqu'en plein midi, pen- dant que le soleil est si ardent, ils sont enfermes dans une bonne etable, dont quelques ouvertures au nord .ne laissent penelrer qu'une rare lumiere formant demi-jour. C'est ainsi que les ruminants devraient 6lre traites en Afrique, dans les temps de la canicule surtout •, si Ton veutles acclimater, si Ton veut conserver les Vaches laitieres importees, il faut notamment les soustraire aux ardeurs du soleil. Dans une etable bien aeree et a I'ombre, elles ne souffriraient pas. D'ailleurs, les Vaches laitieres craignent moins la chaleur qu'on ne pense, si elles sont a convert 5 on Sait que les nourrisseurs des grandes villes les entretiennent dans des etables dont la temperature est assez elevee, m^me pendant Thiver. Dans les montagnes de I'Auvergne et du Rouergue oii je les ai etudiees, j'ai vu des vacheries laitieres qui vivent pendant I'ete a I'etat demi- sauvage, exposees nuit et jour en plein air ; elles n'ont pas d'abris ; on les enferme dans un pare quand elles ne paturent pas; en juilletet en aout, elles supportent des chaleurs souvent excessives, causees par Taction directe d'un soleil briilant, et je n'ai pas vu qu'elles soient plus malades pendant ce temps qu'aux autres epoques de Tannee. Si, pendant le fort de la chaleur du jour,Tair en Afrique est tres chaud dehors comme dans les etables, il se rafraichit dans la soiree , et sa fraicheur dure jusqu'au lendemain i:si»Er,E I'OiiciNE. 387 maliii ; pendant ce temps, on pourrait laire jouir les vaches d'nn air IVais (jiii leiir serait salntaire. .I'ai enfin la per- suasion quo par iles soins hygieniques bien entendns, par une alimentation J)i('n appi'opriee aux races laitieres qu'on voudrait ncclimaler, on iinirait par avoir en Afrique, comme nous les avons en Kurope, de bons types laitiers qui fourniraient des produils suflisants pour la consommation de la colonic : c'est la ma convietioii intime, et elle m'a paru legitimee par les I'aits particuliers que j'ai observes en Afrique, autant (jue par les etudes generales que j'ai I'aites sur la question. Telles sont, Messieurs, les retlexions qui m'ontete suggerees par I'examen que j'ai fait de Tespece bovine dans les provinces d'Alger et de Constantine. J'ignore si elles sont applirables a la province d'Oran. La mauvaise saison de I'biver ct le manque de temps au printemps ne m'ont pas permis de visiter cette province cette annee. Toutefois je pense que le mode d'ele- vage des Arabes est dans ce pays comme dans les autres, et (]ue I'opinion que j'ai developpee ici trouverait son application dans I'ouest de la colonic comme dans les autres lieux que j'ai parcourus. Quand ce me sera possible, j'irai etudier cette contree, et si je dois moditier mes idees d'apres les fails pratiques que j'y observerai, je ne man(|uerai pas d'en donner conuaissance a la Societe d'acclimatation. ESPECE PORCINE. L'elevage du Pore en Afrique est loin d'etre aussi repandu que celui des autres animaux domestiques ^ il est relegue cbez quelques colons, et cette industrie est encore loin d'avoir acquis lout le doveloppementqu'elle prendra plus lard avec les progresde Tagriculture. Le nombre des sujets de cette espece est tres limile ; la statistique n'en declare que de sept a buit mille environ, eleves par des Europeens*' 'y^' >*'»-; •:> > /^ju-:iu:» Avant Tarrivee des Fran^ais en Algerie, l'elevage du Pore y etait inconnu. On sail que la religion nuisulmane defend I'usage de sa viande ; les Arabes ont une telle aversion pour cet animal, que son nom seul {Allouf) est loujours pour eux 388 SOClETli IMI>6!UALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ['expression la plus caracleristiqiie du mepris le plus profond. Toutefois les sujets qu'on y eleve reussissent bien. lis out ete importes d'Europe, notamment d'Espagne et des iles de laMe- diterranee qui avoisinent TAfrique. Du reste, ils sont de tous les animauxdomestiques ceux qui rapportent le plus de bene- fices et qui coutent le moins de depenses d'entretien : je vais donner les raisons de ce fait. Avant la conqu6te, on voyait en Algerie des quantites con- siderables de Sangliers. Je me souviens que, dans les expedi- tions, on les rencontrait souvent par bandes, et Ton voyait, a leurs pietinements dans les sentiers qu'ils parcouraient, qu'ils devaient 6tre tres nombreux. Les Arabes, d'ailleurs, ne les detruisaient pas; ils ne les chassaient quelquefois que pour s'amuser ou pour,se debarrasser de ceux qui venaientau voi- sinagedestribus saccager lesrecoltes. Cesanimaux se nourris- saient facilement avec des berbes ou des racines qu'ils Irouvaient dans le sol, dans les bois, et avec les fruits des arbres. Les glands de diverses especes de Cb6nes qui sont dans les for6ts d'Afrique leur fournissaient aussi une nourrilure abondante. Quelques colons penserent d'abord que, puisque les Sangliers trouvaient a s'alimenter si facilement dans le pays, il serait possible d'elever a Tetat demi-sauvage des Pores qui, comme les Sangliers, se nourriraient en pacageant dans les sols incultes eten les fouillant pour en extraire des racines. Cette idee fut mise a execution par quelques colons, qui eleverent des Iroupeaux de Pores en liberie. On m'a alfirme que ce genre d'elevage avait parfaitement prospere, J'ai vu, du reste, moi- m6me, des Pores qui, abandonnes dans les champs incultes, fouillaient la terre, mangeaient ce qu'ils trouvaient etne rece- vaient pas d'autre nourriture. Un proprietaire qui liabite Bli- dah eleve ainsi une assez grande quantite de Cocbons. Quand I'epoque de la maturite des glands est arrivee, il envoie ces animaux a la glandee dans les bois, et dans Fespace d'un mois environ ils sont gras, pr6ts a 6tre livres au commerce de la charcuterie; leur enlretien n'a done coute que les frais de garde jusqu'au moment oi^i ils ontete livres a la consommation. J'ai aper(;u, dans le troupeau de Pores de ce proprietaire, des ESPECE POHCINE. 389 sujetsqui provenaient du croisement de Laies fecondees dans les bois par des Sangliers. II parait d'ailleurs que ces cas sont frequents, et les jeunes sujets qui en resuUent et qui ressem- blent beaucoup aux Sangliers, sont tres rustiques ; iis se nour- rissent facilenient en liberte, et leur elevage reussit parfaite- ment. Du reste, ces metis ne sont pas plus sauvages que les aulres animaux du troupeau,cequi ne surprend personne. On sait, en Afrique, que les jeunes Marcassins s'apprivoisent tres facilement. J'ai pu me convaincre moi-m6me de ce fait par experience. Au commencement de la conqu^te, j'ai eu occa- sion d'elever de jeunes Marcassins qui m'etonnaient aulant par lafacilite avec laquelle ils se familiarisaient, que par leur intel- ligence et leur attachement a ceux qui en avaient soin. Quant a Vacclimatation des Cochons qu'on a importes de differents pays pour en propager les races diverses, il parait qu'elle s'est operee sans la moindre difticulte. Je n'ai pas entendu citer un seul cas de non-reussite, ce qui prouverait que le Pore est Tun de nos animaux domestiques le plus facile a naturaliser dans les latitudes auxquelles on le soumet. Ce fait s'explique sansdoute par son origine. Issu du Sanglier, qui est repandu sur presque toute la surface du globe, il vit partout, parce qu'il est Tun des animaux les plus rustiques et les plus pobustesde la creation. On conqoit que le Cochon a pu lieriter deces qualites, ets'acclimater avec facilite partout oiiThomme I'a introduit. L'elevage du Pore est appele a prendre une grande exten- sion en Afrique. Les benefices qu'il donnera a ceux qui s'y livreront seront d'autant plus avantageux, que cet elevage pourra 6lre fait d'abord tres economiquement, et (jue les ani- maux pourraient 6tre livres au commerce en bon etat de graisse, a Tage d'un an et m6me avant. Le capital employe a les produire renouvellera souvent son revenu. Je ne crois pas qu'un colon puisse se livrer a une speculation agricole plus lucrative, quand il lui est possible de la faire sur une ecbelle assez etendue. Tels sont, messieurs, les faits que j'ai pu observer sur les esp^ces cbevaline, asine, mulassiere, bovine et porcine de S90 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. TAIgerie. Toutes ces especes oHVent un avenir et ties ressources considerables par ies elements que la terre (FAiVique olfre a cetelevage. Vous avez pu voir que I'espece cbevaline, la plus etudieecletoules,estaussi celle qui est dans la meilleure voie de perfeclionnement etde multiplication. L'administration supe- rieure n'a qu^a conlinuer I'ceuvre qu'elle a si judicieusement commencee ; elle arrivera, a coup sur, au but qu'elle s'est propose. Quant auxautres especes, j'ai la persuasion que Ies progres del'agriculture algerienne, provoquee par Tapplication serieuse des sciences speciales et Ies bons procedes d'elevage des types indigenes, produiront une grande amelioration •, d'autre part, Tetude approfondie de I'acclimatation des races exotiques dont la colonie est encore privee ne manquera pas de concourir a la prosperite de la colonisation d'une maniere digne des immenses ressources qu'elle offre a ceux qui voudront s'en occuper serieusement. En terminantce travail, qui, pour 6tre plus complet, aurait demande des etudes de detail que le temps et la mauvaise sai- son de I'hiver ne m'ont pas permis de faire comme nous I'au- rions desire, je ne dois pas oublier de vous dire avec quelle bienveillance et quel empressement nous avons ete accueillis dans la colonie. Nous ne saurions assez en temoigner notre gratitude a M. le Ministre de la guerre, a l'administration cen- trale, aM. le Gouverneur general de TAlgerie, a MM. Ies fonc- tionnaires de tons Ies grades civils ou militaires qui servent sous ses ordres et avec lesquels nous avons eu des rapports. Partout nous avons trouve le m6me zele, le m6me devouement pour nous seconder dans nos recherches, beureux si nous avons pu prouver que nous avons fait tout notre possible pour remplir le but que vous vous 6tes propose en nous confiant la mission dont nous venons vous rendre compte. ALTHLCHK d'aFHIQI K. . 391 HAPPOHT StJk LES DOCUMENTS ADRESSfiS d'ALGEKIE EN llliPONSE AU QIESTIONNAIUE SUU L'ACTRIJCUE Par M. le doctear L. A. UOSSE, Duleguo dc la Sociclu imperiale d'acclimatatioii u Geneve. (Stance du 26 juin 1857.) SUITE H). Les rapporteurs insistent tous sur la tinesse de (juelques-uns des sens de l' Autruche, et en particulier de celui de la vue. « Son ouie, ditle rapport de Tebessa, est d'une dclicatesse extreme, et sa vue est d'une portee si extraordinaire, qu'elie distingue parfaitement Thomme a une distance d' environ lOlieues! » (Vraisemblablement 10 kilometres.) Ellc pent m6me voir, au moment oule soleil se couche, a des distances incroyables (Sebdou, Laghouat) ; mais elle perd cet avantage dans les tenebres (Boghar). On est loin de lui refuser loute espece d'intelligence, ei» par- ticulier celle que developpe la tendresse maternelle (2). II est des personnes neanmoins qui lui attribuent un instinct de sau- vagerie entachee d'une tine bypocrisie (Sebdou). Le courage ne manque pas non plus au male, lorsqu'il s'agit de proteger sa famille ; c'est ce que prouve Tanecdote suivante : « Si Djelloul Ben Hamza et son fr^re Si Mobammed Ben Si Hamza, chassant un jour I'Autrucbe, rencontrerent les traces de toute une jeune famille conduite par un male et deux femelles. Arrive le premier en vue des Autruches, Si (1) Voyez le num^ro de juillet, page 331. (2) M. Gumming (ouvr, cil^, t. I, p. 100) a ^i^ t^moin d'un fait de ce genre, qui m^rite d'etre related. « Jc tombai, dit-il, dans nne troupe de douze Autruclies, qui n'dlaient pas plus grosses que des Pintades. La rafere clierclia a nous iromper h I'instar du Canard sauvage ; elle parlit, elendit ses ailes, puis se laissa lomber par lerre, comme si elle eilt 6l€ bless^e, tandis que le mdle s'cloignait sournoisement avec les petits, dans uoe direction oppos^e. ») 392 SOCIETJfi IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. Mohammed lira iin coup de feu et blessa une des femelles. Le male se precipita alors sur lui et frappa a coups de pied le poi- trail de son cheval, qui, effraye, renversa son cavalier et pritla fuite. L'Autruclie tourna alors ses coups contre Si Mohammed et ne Tabandonna que prive de connaissance, en voyant venir Si Djelloul au secours de son frere. » (Geryville.) Quant a la timidite naturelle a I'Autruche, surtout aux femelles, on n'a presque rien fait pour la diminuer. Cependant cette timidite est ce qui I'a fait retourner a Tetat sauvage, lors- qu'elle a ete effrayee par quelque chose d'extraordinaire, et m^me alors on peutla reprendre facilement dans les premiers jours, car elle se laisse approcher sans cruhite (Boghar). En has age, elles sont peu timides, elles ne le deviennent qu'en gran- dissant, et les indigenes ne connaissentaucun moyen pour cor- riger ce defaut predominant (Sebdou). La seule methode a suivre, c'estde les caresser souvent lorsqu' elles sontjeunes et de leur donner a manger a la main (Laghouat). En reponse a la question qui concerne Tinstinct qu'auraient les Autruches de retourner a leur domicile atravers des routes lointaines et inconnues, le rapport de Tlemcen aftirme qu'elles retrouvent la route de leur nid a de tres grandes distances, telles que 10, 15 ou 20 lieues. Celui de Boghar s'exprime non moins positivement : « L'Autruche, dit-il, se fClt-elle ecarlee de son nid a une distance de 60 kilometres, y retourne toujours par une autre route que celle qu'elle a prise pour s'en eloi- gner. » A Sebdou, on a verifie le fait, sans pouvoir citer d'exemple. M. Burin, de Geryville, de son cote, cite le cas d'une jeune Autruche elevee au ksar Fahtani, et qui. donnee a un habitant d'El Ahid Sidi Chikh, s'enfuit et revint chez son premier maitre a El Arba. Le seul rapport de Laghouat, loin de leur accorder cet instinct, soutient qu'a la distance d'une lieue elles sont incapables de retrouver leur nid. Tousles documents conviennent que les Autruches sont tres facilesa apprivoiser, lorsqu'on a soin de les elever des le has age; mais passe dix-huitmois a deux ans, la domestication est impossible (Tiaret, Sebdou). Le rapport de Tlemcen nous dit que « les Autruches s'apprivoisent d'une facon complete et ALTRL'CHE d'aFRIQUE. :\9'i (lonnent alors lesm6mes signes d'altachementetd'intelligence que Ton peutatteridre tie toutes les autres races privees. Ellcs sont toutefois par moments d'un caractere diflicile et irri- table. » Ce m6me rapport nous apprendaussi qu'il est de noto- riete publiqiie que, dans le Sahara, cet apprivoisement a lieu en bandes nombreuses. « On voit, dit-il, cliez les Abiades (Ou- ladSidi Chikh), des troupeaux de 20 a 30 Autruches qui suivent parfaitement le betail aux paturages, surtout les Chevaux, et qui rentrent cbaque soir avec eux. En 18/i9, on a presente au lieutenant-colonel Bazaine, chef du bureau arahe a TIemcen, un troupeau de21 Autruches domestiquees., Les Autruches privees sont ires libres et vaguent tous les jours avec les troupeaux ; il est tres rare de voir des Autruches domesticjues s'echapper et reprendre leur liberte, surtout si elles ont ete prises jeunes. Elles s'habituent tres bien a leur maitre, et souvent le suivent a Cheval. » II est vrai que cet apprivoisement n'est pas partout aussi complet, et que, dans certaines localites, les indigenes jugent necessaire de mettre des entraves aux jambes des Autruches adultes, pour les emp^cher de s'eloigner (Tebessa, Boghar), et m6me, a Laghouat, on pose en principe que, si les Arabes sont parvenus a les apprivoiser, jamais ils ne les ontcompletement domestiquees ; mais tout parait dependre de la maniere dont on traite cesanimaux, et surtout de I'education qu'on donne aux jeunes Autruches. En general, il faut traiter ces Oiseaux avec beaucoup de dou- ceur, et ne point employer les coups, ni les violences brutales; on est sCir d'obtenir d'eux attachement et obeissance. Le seul moyenqu'emploient les Arabes pour apprivoiser les Autruches est de l6ur donner fidelement chaque jour leur nourriture, lorsqu'elles entrent au logis; mais, en general, il faut les prendre fort jeunes et ne point les brusquer. Aussi, lorsque les Arabes les ram^nent des champs, se contentent-ils de les chasser devant eux en agitant leurs burnous, sans jamais les frapper (Tebessa). Les Arabes n'emploient aucun moyen de contrainte ou de pression envers les Autruches (un Arabe qui ne veut pas que son Autruche le suive, jette son burnou a terre ot la pose dossus). Ils n'usent paf^ davanlage de recompenses. 394 SOCIKTli: IMPERIALE ZOOLOGlQUE d'aCCLIMATATION. Le tout est une afi'aire d'habitude ■, c'est Fhabitude ou I'instinct qui conduit naturellemeut FAutruche a la tente ou elle a ete elevee. Ainsi on les habitue a venir au commandement, qui est un cri guttural et prolonge, ou a manger deux, fois par jour, matin et soir (Tlemcen). Les Arabes qui veulent elever des Autruches commencent par decouvrir un nid, et observent ensuite avec soin I'opera- tion de la couvee. Au fur et a mesure de I'eclosion, ils s'eni- parent aussitot des petits et les elevent, comme le feraitabso- lument la mere, avec des herbes, ou, a defaut, de Forge. Quelquefois ils cassent des anifs ctles leur font manger. Plus lard ils donnent aussi a ces jeunes captifs du vert, de la farine d'orge, des dattes et des os (Tlemcen). Les jeunes Autruches prises vivantes sont amenees dans les douars ou donnees aux Zaouaias de Sidi Chikh (les Zaouaias sont des etablissements religieux). Ellespeuvent etre envoyees auxpaturages avec les troupeaux, grandissent ainsi et prennent Fhabitude de sortir le matin de leur demeure et de rentrerle soir. Si FAutruche, prise jeune, a ete elevee dans un enclos, ilne fautpas la lais- ser sortir, car n'en ayant pas Fhabitude, elle s'enfuirait cer- tainement; mais il faut la renfermer dans une cour spacieuse et lui donner a manger de Fherbe et de Forge, Avec le temps, elle reconnait celui qui lui donne a manger et ne cherche plus a fuir (Geryville). La nourriture donnee aux jeunes Autruches est la m6me que celle destinee aux adultes ; on a cependant remarque que la farine d'orge leur convenait mieux. Elles mangent n'importe a quelle heure, et lorsque les indigenes veulent les appeler, ils se servent de leur monosyllabe Toe plusieurs fois repele, et qu'ils executent avec la langue (Te- bessa). On nourrit les petites Autruches captives avec du pain, de la farine d'orge et du son. On les habitue a manger a des heures fixes 5 on a soin, lorsqu'elles mangent, de rester aupres d'elles jusqu'a ce qu'elles aient termine et de les caresser doucement de temps en temps. II faut les tenir eloignees des animaux qui pourraient les elfrayer (Laghouat). Les petites Autruches sont nourries avec de Fherbe hachee et de la mie de pain (Boghar). {J^a fin prochainement.) VERS A SOIK. S95 SllR L'fiDUCATION DU «OMBYX CYNTHIA EN SICILE. lettre adrrss^e \ m. le president de la soci^te imperials zoologiqdk d'acclimatation Par M. le baron ANCA. (Stance du 3 avril 1857.) Monsieur le President, J'ai riionneur de transmettre a la Soeiete imperiale zoologique d'acclimatation les renseignements que j'avais annonces dans mon dernier memoire, a la suite de mon voyage en Sicile, rela- tivement a I'education du Bombyx cynthia. Mon frere, le baron Angelo Anca, a requ de la Soeiete, par mon entremise, en m6me temps que des graines de diffe- rentes especes de vegetaux, des cocons du Bo^nbyx cynthia\ je me bornerai pour le moment aux experiences faites sur ce Ver 4 soie. La Soeiete et les savants qui sont occupes avec tant de zele de I'introduction de ce nouveau Bombyx serigene, pourront peut-6tre, par la comparaison des resultats isoles, reconnaitre si le Bombyx cynthia acclimate en quelque endroit de I'Eu- rope pent offrir des avantages serieux a Tagriculture et a rindustrie. Mais avant de transmettre a votre appreciation le cours des experiences faites en Sicile par mon fr^re, qu'il me soit permis de m'acquitter d'un devoir, dont il nVa charge, et d'offrir a la Soeiete tout enti^re I'expression de sa profonde reconnais- sance et de ses sinceres remercimenls pour Thonneur qu'elle a bien voulu lui faire en lui decernant une mention honorable pour les modestes essais qu'il a tentes jusqu'a present; recom- pense d'autant plus agreable qu'elle etait inattendue, et qui lui iait un devoir de continuer avec un nouveau zele les expe- riences qu'il a commencees, afin de se montrer digne d'une 39^ SOCll^T^ IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMaTATION. distinction si honorable, en Idchant de concourir par ses faibles nioyens au but que la Societe se propose. Le journal tres detaille que j'ai recju de mon frere montre que ce premier essai a ete dirige dans le sens purement indus- triel, afin de savoir si I'agriculture pent retirer quelque profit de Teducation du Bombyx cynthia pendant Thiver. Le 3 octobre 1856, mon frere reeevait vingt cocons de Bom- byx cynthia que la Societe m'avait confies, et qui provenaient des educations faites au Museum d'histoire naturelle. II les deposa dans une piece de sa maison de campagne a TOlivressa, exposee a Test : la temperature etaitde 23 degres centigrades. Le 5 du m6me mois, la temperature etant toujours la m6me, un premier papillon sortit du cocon a neuf heures du matin, un second sortit le m6me jour a six heures du soir ; heureu- sement ces deux papillons etaient de sexe different-, sans difficultes, le jour suivant, ils s'accouplerent. Le 6 octobre, la temperature s'eleva a 25 degres ; il naquit deux autres papillons qui s^accouplerent le mt^me jour, Du 7 au 9, la temperature etait descendue a 22 degres 5 treize papillons sortirent dans ces deux jours, et il y eut six accou- plements ; Fimpair etait un male. Ainsi, de vingt cocons, trois seulement ne sont pas eclos, et un seul papillon est reste inutile. II y eut done en tout huit couples. Les premiers com- niencerent a pondrele 10 octobre, les autres continuerent jus- qu'au 18 5 le 19 la ponte etait finie. Les oeufs obtenus ont ete partages en trois lots : le premier a ete confie a M. Insinga, directeur del'Institut agronomique de Palerme ; le deuxieme, a M. Pavin, amateur qui s'occupe beaucoup de la culture du Bombyx Mori et de ses produits a YAlbergo dei Poveri de Palerme; mon frere conserva pour lui le troisieme lot. Nous nous occuperons actuellement de ce dernier, nous reservant defaire connaitre les resultats des deux autres expe- riences aussitot qu'on aura eu Tobligeance de nous les com- muniquer. Le 20 octobre, ces oeufs, qui provenaient en grande parlie YKllS A soil'. 'M)7 (les premiers accouplcMiients, commencerent a colore, c'elaildix jours apres la poiilo, redosion conlinua les jours suivants, mais plus dun tiers demeurerent infeconds; la temperalure (Hait de 20 degres. Quelfjues heures apr6s leur naissance, les jeunes chenilles furent placees sur des feuilles de Uicin nouveiles et tendres dont les petioles plongeaient dans un vase plein d'eau. Avant de suivre cette education, nous dirons que le 22 et Ic 24 octqhre, cinquante de ces petites chenilles furenl placees sur des plants de Ricin en plein air, que mon frere avail semes expres en 1855, dans un enclos enloure de murs de plus de 3 metres de haul. Les conditions etaient ainsi tres favorahles pour un essai en plein air, les plants de Uicin de 4 a 0 liges chacun elant tres vigoureux et d'une hauteur de 2 ji 4 metres se trouvaient a I'abri des vents de Dord-nord-ouest. La temperature etait presque toujours la m6me, le Ihermo- metre marquait 20 degres, le temps changea subitement, des pluies torrentielles survinrent, accompagnees de vents violents du nord, la temperature descendit brusquement a 12 degres; ces variations prolongees devirirent funestes anx malheitreux insectes qui disparurent complelement. N'ayant plus a nous occuper de cette premiere tentative d'education, qu'on pent appeler naturelle, et que des circon- stances exceptionnelles firent echouer enlierement, nous sui- vrons le cours des experiences faites dans une chambre d'essai, a Tabri des inlemperies atmospheriques : mais nous ne trou- vonsplus la temperature aussi eleveequ'elleravait cte jusqu'au 24 octobre; depuis ce jour jusqu'au 5 novembre, le thermo- metre etait descendu a 17 degres, puis a 15 jusqu'au I" de- cembre et ensuite a 13 dansle cours dedecembre et Janvier. Je parle de la temperature du jour, parce qu'on a malheureuse- ment neglige de reconnailre celle de la nuit, quel'onpeut, selon toute probabilite, fixer en moyenne a 8 degres; car on a observe que le thermometre etait descendu certaines nuits a 5 degres. Le defaut de la chaleur necessaire a la nature du Bombyx cynthia devait avoir a la longue de facheuses consequences, T. IV. — AoAl !857. 26 398 SOCI^.TE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATaTION'. coinme nous allonsle voir plus loin, quoique dans les premiers jours (le deccmbre les vers parussent en parfait etat ct tres vigoureux. lis avaient alors beaiicoup grandi et les feuilles flechissaient sous leur poids. On les mit sur des plateaux en leur donnant la feuille entiere et la changeant tous les jours, tandis qu'on ne changeait que tous les deux jours la feuille dont le petiole plongeait dans I'eau. Ce ne fut que le 6 Janvier que les premiers vers commen- c^rent a filer, quatreseulement semirent a I'oeuvre ce jour-la, ils furent suivis par d'autres, mais avec telle lenteur, qu'au 17 fevrier, quelques-uns n'avaient pas encore complete leur travail. Le 21 Janvier, on recolta quatre-vingts cocons dont une partie laissait voir a travers la soie les vers engourdis ou trans- formes en chrysalides. Ainsi , les Bombyx cynthia, depuis la premiere eclosion (20 octobre), jusqu'au moment de filer leurs premiers cocons (6 Janvier), employerent soixante-seize jours; periode bien longue, due au temps exceptionnel qui regna alors en Sicile et aux neiges abondantes tombees en decembre et en Janvier. La temperature dans laquelle a vecu le Bombyx cynthia est en moyenne de 10 c\ 15 degres. Nous avons : 20 octobre, ^poque de I'dclosion des ceufs 21 Du 26 au 30. . 12 Moyenne 16 1/2 De novembre au 1" decembre 16 De decembre et Janvier 13 La moyenne de ces quatre mois est done de 14 1/2, etc^est, comme nous I'avons dit, celle du jour; si nous voulons la moyenne du jour et de la nuit, nous pouvons, sans crainte d'erreur, la fixer de 10 a 11 degres. Or, d'apr^s la lettrede M. Piddington de Calcutta a M. Heid, gouverneur de Malte, du 17 mars 1854, nous savons que la temperature moyenne de I'Assam, pays originairedu Bombyx cynthia, est de 20° centigrades. VERS A SOIE. SfilO Nous savons d'lin autre c6te que les chenilles des Irois tyuoalionsfaites en 185/i, a Turin, par M. Barufli, ont ete sou- mises a une temperature diflerente, mais jamais inferieure a 15 degres, et que la duree de la vie a ete en rapport direct aver le degre de la chaleur : 1" Education... temp^ralure 20 degres... diir^e 32 jours. 2« — -_ 30 — — 20 — y — _ 15 __ _ 40 — On comprend apres cela que le Bombyx cynthia ayant ete eleve en Sicile a la temperature de 10 a 11 degres, il n'y a rien d'etonnant qu'il ait employe dans toutes ses evolutions une periode plus longue, etce ne serait pas un grand mallieur ; mais ce qu'il y a de faclieux, c'est qu'un grand nombre de vers sont morts depuis le troisi^me age jus(|u'au dernier. Mon frere avait obtenu a I'eclosion 300 petites chenilles 5 voici les resultats de ses essais : Vers mis dans Tenclos en plein air eld^tniits. . 50 Cocons r«;coll vant de vous envoyer plus lard un anlre Roeuf et deux Vaches du Soudan. J'ai » pris a ma charge les frais de transport et de nourrilure de ces animaux jusqu'a » Marseille, laissant a la Societe le soin de decider de leur destination ulterieure. J) Je serai heureux d'apprendre que ce premier envoi est arrive en bonne con- « dilion, et qu'il a ete agreable a la Societe. » Agreez, etc. » Signe : Haum. » Ces animaux dont Pexp(5dition avait (51^ annoncf^e par S. E. Koenig-Bey, eta etd faite par ses soins, sont arrive's & Marseille le 29 juillet, par le bateau Ji vapcur Le Borijsthene. La Socic^te en a M immediatement inform^e par des letlres de M. Hesse, deic^gu^ du Gonseil a Marseille, et de M. Noel Suquet, qui a bien voulu recevoir ces animaux dans le Jardin zoologique dont il est directeur. Le don de S. 1. le prince Ilalim a dtc? accueilli par tout le Gonseil avec une vive reconnaissance dont le Bureau s'est empress^ de se faire I'organe, Pour les falls divers et extraits de correspondance, Le secretaire du Conseil, Guerii\-Mi5a"EVIi,le. RACES OVINKS. f-V!rf '•^^••' ■ MH I. TRAVAUX DBS MEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT AORESS^ A LA SOCIETE IMP^RIALE ZOOLOGIQU£ O'ACCLIMATATIOX . sun LES RACES OYINES ET CAPRINES DE L'ALGERIE H), pM'I Pq, jm, Albert GEOFFROY !«AI\T-HILAIRE. iiil (Stance du 26 juin 1857.) RACES OVIMES. ' Les races ovines do I'Algerie ont cte divisees par M. Bernis, veterinaire principal de rarmec d'Afrique, en trois categories :• i° Le Moiiton Touareg, qui n'est autre que ce que les natu-I ralistes appellentle Mouton Morvan. Je n'ai pas eu occasion det voir ces animaux. en Algerie : aussi je ne les mentionne que; pour memoire ;•' Jiiion- ([-ia-^Hui ■■'m-.'/a ; .; , > v li iip lif-iq o» it 2° Les Moutons a grosse queue de la province de Conslan-> tine. Ces Moutons se trouvent repandus sur une grande partie; de la pravince, et ne presentent d'autre singularite que celle. bien connue de la queue, qui acquiert souvent un developpe- ment considerable, surtout chez les males; 3' Le Mouton a laine et a queue ordinaire, qui se rencontre et dans I'ouest de la province de Constantine et dans celles d'Alger et d'Oran. Ces deux dernieres races de Moutons seules se sont prc-j sentees a nous. Pour rencontrer le Mouton Touareg, il fau- drait s'avancer dans Tinterieur, a des distances considerables. Ces Moutons n'ont pns de laine, ils sont revc>tus de polls ras; (1) l»our los races clicvalines, asines, bovines et porcincs (llapport de M. I\icliard, du Giinlal), voy. les numeros de jnillct el d'aoAt, p. 303 et 365. T. IV. — Sepleinbiv 1857. 27 Hll SOCUiTt IMP^niALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMaTaTION. chacLin pout en (Hiidier la conformation a la Afenagerie du Museum d'histoirenaturelle, qui enpossede en ee moment pki- sieurs exemplaires. et surles animaux de cette race provenant du Senegal que M. le Ministre de la marine a donnes tout der- nierement a notre Societe (1) . La conformation generale des deux races de Moutons dont nous devons nous occuper ici uniquement est assez semblable pour que nous puissions ne plus faire la distinction de Moutons a queue ordinaire et de Moutons a grosse queue. Ajoutons cependant que la queue des Moutons en Algerie , comme dans les autres contrees oil se trouvent des animaux munis de ces appendices, offre un mets recherche et dont les indigenes se montrent tresfriands. II estsuperflu de parler ici de I'emploi de la graisse de ces queues dont deja la Societe a ete entretenue a plusieurs reprises a propos des Moutons de Caramanie qui lui ont ete offerts par M. le marechal Vaillant. On a souvent dit que les laines de TAIgerie pouvaient 6tre divisecs en deux grands groupes : les laines courtes etpropres a la carde, et les laines longues, propres au peigne. Nous avons vu des laines longues et des laines courtes, relativement courtes, mais point de ce qu'on appelle de vraies laines types de carde; il se pent qu'il y en ait, mais nous n'en avons pas rencontre, et n'en trouvons pas non plus d'echantillons dans le lainier general del'Algerie que nous avons sous les yeux, et que nous devons a I'obligeance de notre honorable confrere M. Bernis. Si Ton peut admettre que certaines laines arabes aient une tendance a se rapprocher des laines courtes propres a la carde, on ne peut mettre en doute que la grande majorite des toisons appartiennent aux types des laines longues les plus caracteri- sees. Ce sont des brins d'une longueur considerable 5 la meche estpointue au bout; enfin, le plus souvent, ce n'est plus m6me ce qu'on emploie le plus volontiers comme laine de peigne : il (I) Dans les iroiipeaux du desert, on rencontre des IMoiilons a lainc; mais ce sont, ^n general, des prodnilscroisi's des races ordinnires avec ie Moulon Morvan. Ccl animal est Telemcnt conslituant des tioupeaux de I'Afiiqne cenlrulc et des pcuplades qui avoisinenl I'oxlrenie snd de nos posscbsions. ■" ' ' ' "' ' ' ' ^ HVCES UVLNEK. 416 y a beaucoup de rapport enire fcs laiiies et cerlaiues laines longues anglaises qui Irouveiit ccpeiidaiil leur cinploi, et sont m6me recherchees dans certaines fal)ri(|ues a cause de leur lon- gueur m6me. On pent dire des laines de TAIgerie, d'une maniere presque generale, que si elles ne manquent pas coniplelement de suint, elles n'en sont paspourvues egalcment dans toute la hauteur de la nieclie ; nous aurons plus loin occasion de citer des exemples de ce fait et d'en signaler les graves inconvenients. Celte absence du suint dans les laines a sa raison d'6tre ; car les animaux etant exposes continuellement soit au soleil, soit a la pluie, le suint etant lave ou seche, ils Unissent par porter des loisons coinpletement seclies. C'est ce que comprennent parfaitement quelques rares eleveurs de I'Algerie, qui non- seulement garanlissent leurs animaux de la pluie, mais aussi de la grande chaleur du jour. Ce que nous cherchons a expliquer ici pour les laines peu longues est encore bien plus vrai pour les laines longues; car alors, en general, le tasse des toisons disparait, et soleil eteau, tout penelre facilement. La laine n'elant plus droite sur ledos de I'animal, il y acomme une raie qui suit I'echine. Le manque de suint dans les laines est un grave inconve- nient; aussi doit-on,par tousles moyens possibles, chercher ay remedier. Le moyen le plus simple est de preserver les animaux dela trop grande chaleur comme de la trop grande pluie-, pour cela il faut des abris, et les Arabes, qui sont pres<|ue les seuls eleveurs, n'ont pas encore compris Timportance de celte ques- tion. Chez eux, le troupeau est constamment expose a Tair la nuit comme le jour, I'ete comme Thiver. Cbaque matin le trou- peau quitte le douar pour aller paitre, et le soir il revient se ranger dans I'inlerieur du cercle forme par les tentes ou au- tour d' elles, et repose ainsi au dehors, defendu par les nom- breux chiens qui le gardent contre les b^tes fauves. Parmi celles-ci les principaux ennemis des troupeaux sont les chacals et les hyenes; quant aux lions et pantheres,cesontla des dangers exceptionnels ou loraux qui ne peuvcnt bien heureusement pas compter dans les perils journaliers, landis que les deux premieres especes dont nous venons de citer les noms sont la /jlC SOCI^TE IMPF.niALE ZOOLOCIQL'E 1)*A( CLiMATATION. nuit entiere occupt'es a surveillerle troupeau. Aussi est-cemer- veille de voir comment les b^tes se placenl le plus pres possible des lentes. Les tribus qui s'adonnent le plus a Teducation des betes a laine sont toutes noinades, sans exception, je crois-, I'liiver se passe dans le sud ; au printemps, vers les mois d'avril ou mai, toutes les tentes s'acheminent au nord et viennent se poser sur les plateaux du Tell. On evite ainsi les chaleurs excessives du Sud en ete et les neiges du Tell en biver. Mais cependant si I'on pent fuir la neige, la pluie n'atteint pas moms les trou- peaux et les fatigue d'une bien facheuse maniere. Ce dernier biver, entre autres, a ete desastreux pour tous les possesseurs de troupeaux ; les pluies ont fait perir un nombre enorme de b^tes ovines. Nous n'osons m6me pas communirjuer les cbiffres qui nous ont ete donnes, craignant d'etre taxes d'exageration. Ces pertes de b^tes ovines auront peut-6tre pour resultat la construction d'un grand nombre de gourbis ou hangars en feuillage ; car I'autorite s'est activement preoccupee d'engager et m6me parfois de forcer les Arabes a conslruire des abris pour leurs Moutons. A cette precaution s'en rattache une autre non moins importante : c'est d'amasser pour le mauvais temps de la nourriture pour le troupeau, prevoyance qui est tout a fait en desaccord avec les babitudes et les traditions arabes. Ces precautions, les Arabes sedentaires seuls peuvent les prendre. Comment, en eflet, transporter dansle Sud le fourrage fait au printemps dans le Tell ? La tonte se fait en Algerie, sur un grand nombre de poinis encore, au moyen de couteaux ou de faucilles a moissonner ; nous avons nous-ni6me assiste a cette operation, dont il est superflu, croyons-nous, de retracer tous les inconvenients. Sans parler de la souifrance que fait eprouver a Tanimal la traction necessaire pour roidir la laine et permettre a I'instru- ment de couper, il ne faut pas oublier que la laine tiree se ronipt ou s'etire, et perd par consequent de ses qualites. S. Exc.M, le Gouverneur general, sur un rapport deM. Bernis, a fait venir de France une grande quantite de cisailles a loiidrc les Moutons, et les fait rcpandrc clicz les Arabes, qui com^ HACKS OVINKS. A 17 niencent a savoir so servir do cet instriimoMt el a en com- prendre tous Ics avanlages. Dans un pays aussi vaste quo notre colonic, on doit s'at- tendre a trouvcr un grand nombre de races de b(^tes ovines, a voir, soil dans la conformation, soit dans la laine, des difle- rences importantes. On trouve en effet des differences, mais rien de bien tranche. Ici la laine prendra tel ou tel caractere^ ailleurs les Moutons seront plus ou nioins bicn conformes ; mais nous ne croyons pas possible d'affirmer d'avance que Ton trouvera dans un cercle des Moutons d'une nature fixe. On doit se borner a des a peu pres, a des indications moyennes, si jo puis m'exprimer ainsi. Cependant nous pouvons avancer que, dans la province do Ccnslantine, on trouve les Moutons les mieux fails el les laines les moins degenerees ; que la province d'Alger el cello d'Oran n'ont pas do typo Ires fixe ; que les animaux varient beaucoup suivantles lieux qui les ont vus naitre. Mais CO qu'il y a de general comme caract^re, c'est une coloration presque conslante de la t6te et des membres, qui quelquefois, souvent m6me, s'empare aussi du cou et des epaules. Les Moutons pies ne sontpas fares, non plus que les b6tes tachees ou beiges. II y a cerlaines contrees qui produisent en abondance des laines noires qui servent a confectionner les burnous de cette couleur ; nous n'avons pas eu occasion dans nos voyages d'ob- server ces troupeaux. Un caractere qui est general pour les Beliers, c'est la come lournee en une spirale dont I'axe est horizon lal,un peu comme cheznos Merinos ^ cescornes sont le plus souvent grosses et ne denotent que trop le peu do distinction de fanimal qui les porte. II n'est pas rare aussi de voir des Beliers a quatre comes ; dans ce cas, la pairo normale conserve sa place et sa direction, mais ces prolongements frontauxn'acquierent jamais le volume qu'on leur voil quand cette pairo est seule. La paire anormale s'elevc verlicalcment sur la t^lo de fanimal et atteinl parlois une hauteur do 30 a hO centimetres. Tels sont lesseuls caracleres quo Ton puisse donnor comin6 MS SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. generaux pourles b^tes ovinesde TAlgerie. Elles sont gouver- neesdans toutela colonle delam6memaniere, si ce n'est cliez letres petit nombre d'Europeens qui s'est adonne a I'eleve de ce betail ; et si je ne parle ni de la castration des Beliers, ni de la production du iait des Brebis cbez les indigenes, c'est parce que M. Bernis, dans Texcellent travail qui se trouve dans votre Bulletin, a traite ces questions beaucoup mieux et beaucoup plus completement que je nesaurais le faire. Nous allons maintenant donner un aper^u des b6tes a laine que nous avons pu voir dans les trois provinces, et desprinci- paux etablissements fondes dans le but de perfectionner les races ovines en Algerie. Province de Constantine. La bri^vete de notre sejour dans la province de Constan- tine ne nous a pas permis de penetrer dans le Sud; aussi n'avons-nous pu voir que peu de Moutons : nous Tavons regrette, cette province etant la plus renommee pour ses betes ovines. Certaines tribus de la frontiere tunisienne sont, en effet, celebres par les b^tes qu'elles produisent ; les Harectas et les Nemenchas, entre aulres, passent pour elever un nombre considerable de Moutons de bonne qualite. Nous n'avons pas visite ces tribus, et le desir que nous avions de voir les laines de ce pays tenait surtout au grand elcge qu'en a faitM. Emile Baudement dans le tres interessant travail qu'il a public en 1855, sur les laines de I'Algerie. Les marches que nous avons pu observer nous ont montre des animaux de beaucoup preferables a ce que nous avions rencontre auparavant. Au marcheduKroubs, situe a quatre lieues de Constantine, sur la route qui conduit a Bathna, nous avons trouve des Mou- tons d'une conformation generalement bonne-, les memT)res sont courts, les reins larges ainsi que la poitrine, la peau souple et fine; enfin, ces animaux ont tous les caracteres propres aux b6tes robustes et de bonne nature. Un detail qu'il est assez interessant de signaler, croyons-nous, est Texistence, chez un grand nombre de ces animaux, des plis de la peap au-dessus ^KCm OVINEg. MO (luncz.qiie Ton observe souventchez les Merinos; cetLe parti- cularite correspond, en general, a une extension notable de la laine sur les menibres et la t6te. ni.l.'rfc J ^u \ La t^le et les membres des animaux d6nt nous nous occu- pons ici sont presque invariablement colores en noir ou en brun-, la proportion des Moutons tout blancs dans les trou- peaux est extr^mement I'aible. Au inarche du Kroubs, lu grosse queue se rencontre cbez la pUipart des b^tes ovineg, elle atteint souvenl un tres gros volume; la aussi j'ai vu un grand nonibre de Beliers a quaire comes, plus peut-Ctre (jue partout ailleurs, et cependant cette anomalie se trouve repan- due tres generalenient dans I'Algcrie. Si maintenant nous nous occupons des laines que nous iivons pu observer, nous signalerons une inegalite tres grande enlre les diflerents lots amenes sur ce marcbe. A cole de b6tes a laine de la qualite la plus niauvaise, a ciHe de loisons jarreuses degenerees, inegales de brin, sans finesse, sans suint, on rencontre des lots entiers composes d'animaux possedant des quaiites lainieres a un tres baut degre. Ces laines sont tines, souvent courtes (pour le pays), bien en suint, ondulees, elas- tiques. Le jarre n'y manque pas toujours; il est m^nie bien rare de rencontrer une toison qui ne soit pas un peu jarreuse sur la cuisse ; mais entin ce sont des laines qui out de la nature et de bonnes quaiites. Joignons a cela des quaiites de tasse reelles, une laine abondante, et nous pourrons admeltre que les toisons que nous avons vues au marcbe du Kroubs presen- tent un ensemble superieur a ce (jue nous avions pu observer dans le reste de la province. Tout a cote du Kroubs se trouve une exploitation agricole importante, appartenant a M. ***, et dans Inquelle sont eleves des moutons de Bougada. Bougada est un point du sud de la provincedeConstanline,voisin desfrontieresdecelle d'Alger, ou se trouvent des Moutons de grande taille, tres bien conformes, tres vigoureux, dont la laine est certainement une des meil- leures de I'Algerie. C'est une laine un peu longue, mais rem- plie de bonnes quaiites^ elle est ondulee , souple, de brins egaux, forte et resistante ; nous le repetons, cest une d^{> /120 socifeTE impiSriale zoologiql'H u'acclim.vtation. meilleures laines de TAlgerie, et il iie lui maru^ue qu'iin peu de finesse, pour 6tre une excellentc laine de peigne. Le marche de Constantine est beaucoiip inoins important que le marche du Kroubs ; il se tient chaque jour, et Ton n'y amene que des b^-tes destineos a I'approvisionnement de la ville. J'y ai observe la m6me nature d'animaux et de laines qu'au Kroubs, et cela n'a rien de surprenant ; ear e'est le Kroubs qui alimente le plus particulierement Constantine. Sur le marche dont nous nous occupons en ce moment, j'ai vu des Beliefs d'une tres grande taille en m6me temps que d'une excellente conformation ; la laine de ces animaux etait le plus souvent longue, parlant mecheuse ct depourvue de suint. L'administration militaire vient de fonder, il y apeud'annees, un etablissement qui pourra prendre par la suite del'importance, s'il reste entre les mains des hommes intelligents qui le dirigent aujourd'hui : c'est le penitencier d'Ain-el-Bey, situe a quelques lieues de Constantine. On veut s'y occuper de culture et de Moutons; M. le commandant Gresley, directeur divisionnaire des affaires arabes a Constantine, s'est deja procure des eta- Ions Merinos dont il a obtenu des produils tres satisfaisants. C'est ayec un veritable plaisir que Ton compare la laine de la Brebis arabe, degeneree, grossiere et demesurement longue, avec les croisements obtenus ; ces produits ne sont bien re- marquables ni par leur finesse, ni par leur nature, et presen- tent cependant une superiorite deja tres grande sur ceux du pays environnant ^ car ici la meche devient carree du bout, les brins sont ondules, la laine est souple et tassee sur le dos de Tanimal. Et ce ne sont la que des essais faits pendant les premieres annees d'etablissement si occupees par les construc- tions, les plantations et le forage des puits. Le marche de Guelma. Tun des plus importanls de I'Algerie, ne nous a pas presente, pour les Moutons, un ensemble aussi satisfaisant que le marche du Kroubs. Si les Moutons sont encore la bien conformos, les laines sont le plus souvent me- diocres et d'une assez mauvaise nature-. Les loisons que nous avons observees peuvent ne pas manquer de finesse, majs la RACES OVINES. 421 laineestseclieetjnrreuse,etgeneralenieiit(lequalite mediocre. Dons la plaiiic do Hone, les botes ovincs sont moins l)ien conlonnees (|iio dans la moiitagne; la cause en est simple: rinlliience de la localilc se Iraduil ici par un allongement des -membres, par le retrecissement de la poitrine. Cependant la plaine de B6ne produit encore de meilleures betes que cer- taines plaines de I'Algerie; car, an lieu de vivre constamment dans des lieux humides et souvent marecageux , ces animaux babitent tant6t una pbiine sablonneuse, tanl6t les collinos environnantes. - Autour de Pliilippeville nous n'avons pas vu de tres bons Moutons, et cependant ici les montagnes ne sont pas eloignees. Les laines que nous avons vues sont longues et jarreuses, ayant de la finesse, mais pas de nature. En somme, ce ne sont pas de bonnes laines; elles sont communes. Telles sont les quelques observations que j'ai pu recueillir sur les laines et les botes ovines de celte province; il y resle befiucoup a faire, mais moins peut-Otre que dans le reste do I'AIgerie , la nature des laines de certaines contrees etant vraiment bonne. Un de nos grands regrets, en quittant Constantine, fut tie partir sans avoir pu visiter Setif et surtout Soucharas, isitue k pen de distance de la frontiere de Tunis ; la se trouve un important marche de bestiaux, et surtout de Mou- tons, ou je pouvais esperer rencontrer les animaux des Harectas et des Nemencbas, sans parler des botes tunisiennes, dont j'aurais ete beureux de connaltre la nature. Province d' Alger. Dans la province d'Alger, il faut distinguer deux natures de botes ovines differentes : la bote de la plaine, et celle de la mon- tagne ou du Tell mjontagneux ; nous aurons, d'une part, des Moutons mauvais et comme conformation et comme laine ; de I'autre, des animaux bien conformes et dont la laine sera par- fois d'assez bonne qualile. La race ovine des erjvirons d'Alger est certainement une des moins bonnes de TAIgerie. Elle est mal etolTee, elevee sur /i22 SOCIETY IMPJ&UIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. jambes, etroite de poitrine et de reins. Quant a la laine, elle repond a cette organisation commune et de mauvaise nature : elle est le plus souvent longuo et grossiere, jarreuse etseche; quelquefois on trouve des toisons plus fines et courtes, mais alors la laine est completement degeneree et extr^menient jarreuse. Le marche de Bouiariek, le plus important de la province, est couvert chaque lundi des Moutons dont nous venons de par- ler ; parmi les troupeaux que Ton y rencontre, on voit quelques lots venus des montagnes, mais ce n'est pas la le cas general. Au marche d'Alger, c'est absolument comme a Boufarick : ce marche est du reste de pen d"importance-, il se tient quotidien- nement et ne fournit guere qua la consommation de la ville. Sur les hauls plateaux du Tell, on trouve des Moutons de bonne nature et bien construits. Des tribus qui habitent ces montagnes, les unes vont passer Tliiver dans le Sud, les autres se contentent de descendre dans la vallee ou la plaine voisine ; les troupeaux non transhumants sont les moins nombreux , car les veritables eleveurs de Moutons sont sur le versant sud et tons nomades. C'est chez eux que Ton trouve les meilleures b^tes ; aussiest-ce parmi ces troupeaux que M. Bernis, qui avait ete charge, il y a plusieurs annees, de choisir pour le Gouver- nement un troupeau de Behers et de Brebis, a pris des ani- maux. De ce choix resulta le troupeau de perfeclionnement fonde en Algerie, et qui a donne de bons resultats. On a fait le choix des b6tes parmi les troupeaux de Laghouat, et grace aux ordres de I'autorite superieure, on a pu prendre parmi les b6tes arabes ce qu'il y avait de meilleur.Nous devons insister sur cette facilite du choix des animaux-, car c'est la, pour tous ceux qui se livrent au perfectionnement de I'espece ovine, une des plus grandes difticultes. L'Arabe sait tres bien apprecier la valeur des animaux qu'il possede, etnous aurons encore occasion de signaler ce I'ait tout a I'heure. Aussi les indigenes nese laissent-ils jamais depouiller de leurs meilleures b^tes a laine que sur I'invitation de Tautorite ; dans ces circon stances, ils se pr6tent a tons les marches possibles. • Grace a cesfaciliies !e troupeau de Laghouat apu etre forme IIACES 0 VINES. /|23 d'anirimux de bonne nature: les animauxdu Sud ont en gene- ral line laine fine, un peu creuse il est vrai, mais qui ne manque pas de (jualites; on y trouve de la souplesse et de rclaslicite. Par raccouplement desanimaux indigenes de choix, M.Ber- nis, charge de la direction de ces precieuses experiences, a obtenu un troupeau d'une bomogeneite tres satisfaisante; la conformation des Brebis est bonne et denote a la fois des animaux riistiques et de bonne qualite. Quant a la laine de ce troupeau, elle est deja loin des laines arabes des troupeaux indigenes, par son tasse, son ondulalion, sa souplesse, je vou- drais pouvoir dire sa resistance^ mais nialheureusement la resistance n'est pas la m6me d'un bout a I'autre du brin. Ces laines etant unpeu longues, le suint de Textremite de lameche a ete seche par le soleil ou lave par Feau. Aussi toute la partie superieure de la toison est-elle cassante et lout a fait defec- tueuse. Quand nous avons eu occasion de voir le troupeau du Gou- vernement, nous avions Thonneur d'accompagner M. Bernis, qui se rendait dans le Sud pour faire operer sous ses yeux un triage destine a faire sortir du troupeau tout animal jarreux ou tache. A notre arrivee, le troupeau se composait de neuf cents a mille b6tes; cinq cents a peu pres furent eliminees. Parmi ces animaux, il se trouvait encore des Brebis fort belles commc conformation et comme laine, mais on ne pouvait les conserver a cause de la coloration intense de leur t(^te et de leurs membres : si quelques-unes de ces Brebis colorees sont resteesdans le troupeau de choix, c'est qu'elles rachetaient leur defaut par des qualites superieures. Le grand inconvenient de ces b6tes marquees est de donner naissance, m6me avec des Beliers tout blancs, a des Agneaux pies ou tachtis qui portent des toisons beiges que les acheteurs evitent le plus qu'ils peuvent. Le troupeau bien epure devait 6tre offert aux Beliers meri- nos. En effet, lorsqu'on a trouve le sang indigene assez per- fectionne par iui-m(>me, on a voulu ameliorer aussi par le croi- sement. Deja, a deux reprises, on s'est procure a Rambouillet des Beliers merinos •, mais ceux-ci, transportes un peu brusque- h^h SOClfiTE IMl'EHIALli: ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. rnent peut-6lre dans leSud, a Laghouat, ou etait alors fixe le troLipeaudu Gouverncment, out peri pour la plupart apres avoir monte uii petit nom!)re de Hrebis. 11 roiivicnt d'ajoiiter que ces deux premiers envois ne montaient pas a plus de trenle t^les, et qu'aux effets du climat se sont joints ceux de mala- dies centre lesquelles M. Durand, veterinaire militaire, atta- che aux troupeaux du Gouvernement, a cependant energique- ment et liabilementlutte. Cette annee m6me, une troisieme importation de Beliers me- rinos aetefaite; trente-cinq de ces animauxont ete debarques au commencement de Janvier (1857) a Alger, oil ils ont ete retenus longtemps par le mauvais temps ; puis ils ont gagne leur station definitive, etablie a Barragouia, smala de spahis fondee et commandee par M. le capitainede Pons et situee a une petite journee de Medeah, dans la direction sud-sud-est (9 ou 10 lieues). La les Beliers sont traites tout a fait a I'eu- ropeenne, gardes par un berger frangais, par des chiens fran- (;ais; tandis queVautre troupeau continue a rester dans le Sud pendant Tbiver, vivant tout a fait a Tarabe, garde par des bergers indigenes. Les Brebis ont quitte definitivement Laghouat ; elles vont 6trG placees a El Birin, ou I'on doit batir une bergerie qui devra contenir non-seulement les b6tes arabes, mais encore les croi- sements obtenus. Barragouia, situe au milieu des montagnes et entoure de for6ls, contiendra les Beliers pendant toute la niauvaise saison (I'hiver et I'ete); les Brebis, pendant ce temps, seront a El Birin, situe dans le Sud, a 30 ou /|0 lieues de la smala de spahis. Le moment de la lutte venu, Beliers et Brebis viendront a la rencontre les uns des autres en un lieu convenable, oil se trouvent de I'eau et quelques paturages. Cette annee, la lutte doit avoir lieu a Ain bou Sif (fontaine du Sabre), point situe a peu pres a moitic chemin des deux localites dont je viens de parler. M. Bernis, dans le remarquable travail qu'il a public dans le Bulletin de la Societe imperialezoologique d'acclimatation, ma- nifestait le dcsir de voir creer en Algerie un Iroiipeau de Hre- nxCES oviNEs. 425 bis merinos pour faiie nailre en Afrique m6me des Beliers rege- nerateurs de la race et habilues des le jeune age a laclialeur du ciiniat. Cedesir est aiijourd'hui salisfait, grace a son initia- tive. II a fait venir, ave« le troupeau de Beliers dont nous avons parle plus haut, un troupeau de Brebis merinos de la Crau,r botes rustiques et bien conlorniees, portant une laine belle, quoique un peu creuse peut-6tre, et qui reussiront dans le pays, il faut I'esperer. Elles sejournent a Barragouia, ou ies Beliers merinos Ies monteront, et fourniront ainsi Ies reproduc- teurs (|ue le Gouvernement cedera ou donnera en prime aux Arabes ayant construit des abris pour leurs botes a laine et forme un troupeau de Brebisde choix. II y aurait encore avousparler ici, Messieurs, de I'effet qu'a produit ce troupeau de Beliers et de Brebis merinos sur Ies Arabes rassembles pour le voir ; mais je pense avoir communi- que a la Societe Ies renseignements Ies plus importants sur le troupeau de perfectionnement du Gouvernement. Aupres d'Alger,a Staouely,les peres trappisles se sontoccu-: pes aussi, et depuis plusieurs annees, de I'amelioration des botes a laine parle croisement merinos. Le resultat obtenu est satisfaisant, et Ton ne pent que souhaiter la continuation des efforts ameliorateurs de cette importante communaute. En resume, la province d'Alger produit done dans la plaine des toisons mauvaises, tandis que dans la montagne et le Sud on trouve plus de qualites dans la laine et pluspeut-Otre encore dans la conformation des animaux. Province d'Oran. Les botes ovines quej'aieu occasion d' observer dans la pro- vince d'Oran m'ont semble manquer de quelques-unes des qualites que je signalais plus haut chez les animaux des autres provinces. En effet, ici, d'une maniere generale, les Moutons sont moins bien batis, moins larges des reins, plus longs de membres, moins bons en un mot-, le type de la laine s'allongo considerablement ^ on ne trouve plus ces laines courtes que nous signalions a Gonstantine et au Kroubs •, le type long pre- domine de beaucoup. . \ h'2C) SOCIKTlt IMPEKIALE ZOOLOCIQL'E d'aCCLIMaTATION. A Tlemcen, par exemple, les laines sont d'une longueur con- siderable: j'airapporte des echanlillons qui ont plus de20 cen- timetres. Ces laines si longues sont tout a fait privees de suint, si ce n'est a la base ; du reste, nous le repetons, comment pourrait-il en 6tre autrementde laines constamment exposees au soleil (1) ? Je n'ai pas penetre dans le sud de la province d'Oran, aussi ai-je le regret de n'avoir pu observer les b^tes ovines de cette region. Mais dans toutelapartie de la province que j'ai pu par- courir, et qui est tres voisine et du Sud et du Maroc, j'ai tou- jours observe lem6me type : laines longues, secbes, mais ayant un certain hrillant et de la resistance. II est un etablissement, rUnion du Sig, qui s'occupe de I'amelioration des laines par I'accouplement des b6tes indigenes de choix entre clles. Les resultats obtenus jusqu'ici pourraient etre plusbeureux, cepen- dant on peut trouver une certaine superiorite a ces produits ; mais il faudrait etre bien severe sur le choix des Beliers pour arriver plus vite a des resultats meilleurs. Nous arrivons maintenant li la partie vraiment interessante de I'histoire de I'amelioration des betes a laine en Algerie. Car, si Ton retranche les essais du Gouvernement, d'abord , et ceux de quelques particuliers dans la province d'Alger, les entreprises de MM. "Dupre de Saint-Maur et Charles Bonfort sont les seules qui aient des aujourd'hui une impor- tance reelle et soient en plein rapport. En 1849, MM. Dupre de Saint-Maur et Charles Bonfort ont forme de compte a demi, a Arbal, dans la concession de M. de Saint-Maur, un troupeau de Brebis arabes destine au perfectionnement de la race ovine indigene par le croisement merinos. Ces messieurs firent venir de France des Beliers de Perpignan, et obtinrent des resultats assez satisfaisants pour les engager a augmenter chaque annee (1) Ces laines de Tlemcen, si longues et si mauvaises en g^n^ral, ont cependant une quality : c'est du brillant. Aussi un de nos confreres les plus habiles aapprecier les laines, en voyant lesdclianlillons que jeluipri^sentais, eut-il rid(5e que pcut-fitre un des meilleurs r^generatours de cette race serait r^lalon Graux de Mauchanip, donl la laine est a la fois si line et si bril- laDte. .WO!T#T#J«l.l nACES OVINES. l/IW'iJ /j27 le nomhrc de Iciirs anlinaux (1). Je no sais quel fut le point do depart dii tronpeau, ni conihien de Urebis arabes, ni combien de Beliers merinos furent employes; mais aujourd'luii le nombre des b6tes croisees et de pur sang merinos qui se trouvent sur le territoire d'Arbal, ne s'el^ve pas d moins de mille cinq cents t6tes. M. de Saint-Maur, devenu depuis quelques mois seul pos- sesseiir des Iroupeaux d'Arbal, par suite de la fin de sa societe avecM. Bonfort, conserve encore un lot de Brebis arabes qui, chaque annce, dirainue k mesure que le troupeau de b^tes croisees augmente. .s En voyant les laines des Brebis arabes qui ont servi a pro- duire les animaux dont nous alions parler, on se demandera peut-6tre s'il n'etait pas possible de Irouver des Brebis de meilleure qualite. Nous avons deja dit quelques mots de la difficulte de ce cboix; qu'ilnous suffise de rappeler ici que ces messieurs n'avaient pas. pour choisir dans les troupeaux des Arabes, cet ordre de Tautorite superieure qui permet de pren- dre ce qui convient le mieux. Au reste, les b6tes dont nous parlous ici sont peut-6lre superieures, quant a leur laine, a la moyenne des Brebis du pays. Les b6tes ovines deM.de Saint-Maur sont divisees en trois troupeaux : 1" Les Brebis arabes, dont nous venons de dire quelques itiot«. (1) Nous avons dit que MM. de Saint-Maur et Bonfort, quand ils avaient cr^^ le troupeau d'Arbal, s'^taient procure des B^lieis merinos de Perpi- gnan, animaux petits, rusliques, et qui convenaient ct beaucoupd'(^gard.sau but auquel ces messieurs les deslinaient. Aujourd'hui M. de Saint-Maur a pris une direction un peu dilT^rente. Les Boilers de Pcrpignan ont produit des animaux de leur laille h pen pri's, et qui ne fournissent pour ia bou- Cherie qu'une quantity de viande assoz faible ; aussi les fi^liors dont nous venons de parler sont-ils aujourd'liui remplac^s k Arbal par des Beliers de Chaiillon-sur-Seine, provenanl des troupeaux de M. Godiu. Ces animaux sont pins grands, plus gros que leurs pred(5cesseurs ; mais rOussiront-ils aussi bien ? C'est ce que Texp^ricnce raontrera. Ces Bdliers sont peut-etre moins robusles que ceu\ de Perpignan, et moins babilutSs au soleil. i\e prtS- jugcoas rien cepeudani, et atteudous le rt^sullat. /|28 SOCIETK IMPERIAI.K ZOOLOGIQl'R irACCLIMATATIOPC. 2^ Un IroLipeau de Heliers ot de Moulous merinos et croises qui se trouvent en general dans de bonnes conditions. Les b6tes merinos pures (jui s\ trouvent proviennent de Brebis qui avaient etc importees de France, il y a quelques annees, et de Beliers de meme race qui servaient a faire la monle du troupeau tout entier. Parmi ces animaux, nous avons trouve des metis de tons les degres , des premiers , des seconds , des troisiemes croi- sements (1). II y a parmi eux d'excellents types, de magni- fiques produits-, les laines sont de bonne qualite en general; nous avons a peine remarque , dans ce troupeau , quel- ques animaux mediocres. II est sans doute inutile d'ajouter que tous les males qui ne presentent pas des qualites dignes d'etre recherchees ont ete chatres, tandis que les animaux de choix seuls ont ete conserves Beliers, qu'ils fussent croises ou pur sang. On eleve, en efFet, a Arbal un certain nombre de males metis, destines a 6tre cedes aux Arabes et aux colons des environs, qui les achetent avec assez d'empressement. On voit, en ettet, dans la plaine de Tlelate, des animaux qui se ressentent evi- demment du voisinage des troupeaux de MM. de Saint-Maur et Bonfort. 30 Un troupeau de Brebis et d'Antenaises, forme comme celui des males de quelques bfites de pur sang (mais en petit nombre) et d'animaux croises. Si nous avons cru devoir faire remarquer que le troupeau des males contenait quelques ani- maux niediocres, nous sommes heureux de pouvoir dire qu'ici riiomogeneite estremarquable; elle surprend quand on songe aux elements si divers dont est compose ce troupeau : car les animaux qui le forment sont aussi les produits des premiers, deuxiemes et troisiemes croisements des Brebis arabes avec les Beliers merinos. Ces Brebis ont toutes ete cboisies avec soin : ce sont des b6tes bien conformees, basses sur pattes, larges de poitrine et de reins, ayant la t6te legere. la laine (I) L'aniinnl dii premier croiscment provient d'line Brebis indigene avec un elalon mdrinos; celui du dcuxieme croisement, de la Mte obtenue du premier croisement, accoupl^e avec un etalon merinos, etc. HACKS OVINES. A20 fine et bien tassee. On poiirrait presque dire de ces btiles, Innt ellcs se resseinhlent, que qui a vii Tune a vu I'aulre, et ce serait vrai , s'il n'y avail pas dans ce Iroupeau quelques Brebis merinos pures. Je n'y ai pas vu une seule iKHe tacliee, ce qui, pour le pays, est un fait Ires digne de remarque; toutes les t6tes sent blanches, les membres blancs aussi. En somme, ce troupeau m'a semble 6lre beau- coup au-dessus de tout ce que j'avais vu jusque-la, comnio conformation, comme finesse et nature de laine, et surtout par son homogeneile. Nous regrettons de ne pouvoir parler ici que des animaux de race ovine de la belle exploitation d'Arbal, et de ne pouvoir faire entrer dans le cadre de ce Rapport quelques details inte- ressants au sujet de Tamenagemont des bergeries, et quelques remar(|ues sur les cultures diflerenles qui se font sur la con- cession de M. de Saint-Maur. . -i " ' ,f Mais au moins, avant de passer outre, n'omettons pas de mentionner ici que la ferme d'Arbal est certes, par son impor- tance, une des plus belles el des plus completes exploitations de TAfrique franqaise, en m6me temps que celle qui a rendu le plus de services a la colonie par les efforts qui y ont ete fails en vue du perfectionnement des races ovines. On ne saurait trop louer Tinitiative deMM. Dupre de Saint-Maur et Charles Bonfort qui, les premiers dans noire Algerie, se sont occupes de I'amelioration des b6les a laine ; des aujourd'hui le succes a couronne leurs efforts, el la regeneration de la race ovine indigene par nos animaux perfectionnes de France est demon- tree possible. En 1851, M. Charles Bonfort, convaincu, par les resultats qu'il obtenait a Arbal avec M. de Saint-Maur, de Fimportance el de I'avenir d'une entreprise faite dans le but de perfec- tionner les races ovines indigenes, fonda des Iroupeaux ame- liorateurs dans ses belles concessions de Temsalmet et de Bredia. II commenQa, ainsi qu'il Tavait fait quelques annees auparavant avec M. de Saint-Maur, par se procurer des Brebis arabes qui! chuisit aussi bien qu'il le put, et les donna a des Beliers merinos importes de F'rance a eel ell'et. i T. IV. — Septembre 1857. 28 /l30 SOCH^Tli IMPEIIIALE ZOOLOGIQUK d'aCCI.IMAT.VTION. Apres avoir ainsi obteiiu un premier croisement, il accoupla sesproduits males aiix beles indigenes, reservant ses Merinos pour les Brebis deja croisees. Continuant a ne donner I'etalon merinos qu'aux b6tes ayant deja du sang, et a faire couvrir les b6tes arabes par les produits de croisement, il obtint nn nombre considerable d'animaux metis. Aussi M. Ch. Bonfort compte-t-il des aujourd'hui dans ses troupeaux jusqu'a dix- huit cents betes croisees. Si Ton ne remarque pas, dans les croisements dont nous parlons en ce moment, le fmi et rhomogeneite que je signalais tout a Fbeure dans les trou- peaux de M. de Saint-Maur, si ses Brebis croisees ne sont pas toutes choisies avec le m6me soin, on ne pent pas nier qu'il n'y ait un grand nombre de sujets remarquables parmi les ani- maux que nous avons pu observer. M. Bonfort, qui pent disposer de 3000 hectares de terrain, plaines et montagnes, et qui a consacre sa propriete unique- ment a I'eleve du betail (races bovines, ovines et porcines), a pu former un grand nombre de troupeaux. Les uns, ce sont les plus nombreux, se composent de Brebis arabes et de metis merinos de second choix (premiers croisemenls et deuxiemes mediocres); ce ne sont pas eux qui doivent nous arr6ter, quoi- que dans ces lots on puisse observer un grand nombre de betes qui sont loin de manquer de qualites. Nous parlerons surtout des troupeaux de Brebis de choix et de Beliers et Moutons croises. Le premier, de cinq cents tetes environ, est compose de b6tes assez belles ; mais nous sommes oblige de recon- naitre qu'il est loin du troupeau de Brebis d'Arbal, dont nous entretenions tout al'heure la Societe. Le second, le troupeau des males, est a nosyeux ce qu'il v a de raieux chez M. Bonfort. Nous signalerons plus parli- culierement quelques Beliers de troisieme croisement, destines a servir d'etalons aux Brebis arabes et croisees de second choix, comme possedant a un haut degre les qualites ([uo Ton recherche pour un reproducteur. Ces aniinaux ne sont pas ti'os forts, mais bien elahlis, tri's kirgt's de reins, has sur palles; ils ont la laiiie bien tassee, les oreiiles et les cornes fines, les membres sers ( t nervcux. \ UACES OVINKS. /llil Ces Iroupeaux conlienneiil eiuon^ mi {iiaud nombro tie b^tes a face et a mernbres colon's: ici I'amclioration de la race est moins avancw; que dans la forme d'Arbal ^ les biites sontplus inegales, la laine n'est pas toujours do qualite uni- forme. Ce fait a deux causes peut-6lre : la premiere, c'est Tepoque de la fondation des bergeries de Temsalmet, qui est poslerieure de plusieurs annees a la creation d'Arbal -, la se- conde est que M. Bonfort n'a pas voulu, dans les premieres annees, pousser les croisements trop loin : il a prefere, aTori- gine, le nombre a la qualite (1) . II n'en est pas moins vrai que Temsalmet est des aujour- d'hui, avec Arbal, ce qu'il y a de plus interessant et de plus avance au point de vue du perfectionnement de la race ovine en Algerie. Si nous voulons tirer les conclusions de ce Rapport, nous dirons, en parlant d'une mani^re generale de la conformation des b6tes a laine, qu'elle est plutot bonne et parfois excellente; que les laines que nous avons vues sont le plus generalement mediocres, mais ont souvent des qualites, les unes de finesse, les autresde resistance, et que la regeneration de ces animaux, conliee a d'babiles mains, ne peut manquer de rendre enorme- ment, non-seulement a ceux qui entreprennent cette oeuvre d'utilite generale, mais encore au pays, qui s'enrichira en donnant des produits de meilleure qualite. Ce serait peut-etre ici le lieu d'emettre quelques opinions sur la marche a suivre dans le perfectionnement des b6tesa laine, mais je laisse a d'autresplus experiment.es et plus competents cette tache delicate, Je me suis contente de dire ce que j'ai (1) II ne faudrait pas croire cependant que les laines produites chez M. Ch. Bonfort soient de maavaise qualit»5, j'ai ienconti..., r. ,.;..:. ..- Le pelage des Chevres de Maltd. comitie celui de tons l^s anf- maux domesliques depuis longtemps et profondement modifies, est tr^s varie ; cependant il est des robes que Ton re- cherche plus particulierement , le noir, le fauve (cafe au lait) et le blanc. Ces animaux vivent en troupeaux assez consi- derables sur les collines qui environnent les villes, y passent la journee entiere, et le matin viennent dans la ville ou se distri- bue leur lait. Ces animaux ont a Alger une valeur considerable: une bonne Chevre mallaise se paye 100 francs et souvent plus. Nous disions plus haul, en parlant des Chevres bedouines, fju'il serait difficile de substituer une race meilleure laitiere a la robuste Chevre des Arabes-, comment, en etfet, se compor- (1) De la meution de ces ressemblances h aflirmer que la Chfevre mal- taise a ^t^ importde d'Kgypte dans i'ile de Maltc, il y a loin ; mais nous avouerons cependant qu'il est bien tentant de faire cette deduction, siirtout quand on songe aux relations qui ont exists entre ces contr^cs, relations tantdt de paix et de commerce, tantdt de guerre, mais qui n'en sont pas moins propres les unes et les antres h amcner entre les deux pays des (^changes de toute nature. Nous ajouterons qu'il serait int^ressant de voir si celtc supposition pent avoir quclqiie fondement ; car la Chfevre maltaise ^tant sans aucun doule une des bonnes Chtvres laiti{'res que Ton puisse souhaiter, son histoire nous inl^resse. '• ' ' A3(5 SO.IKTE IMl'ERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. tennent des Clievres inaltaises, obligees de mener la vie du Slid, si pleine de privations? On est force de reconnaitre que, lassees par la fatigue, n'ayant plus qu'une nourriture inegale- ment abondante, si elles resislaient, elles ne tarderaient pas a perdre leurs qualites laitieres-, ajoutons que I'absence dessoins de leurs bergers ordinaires pourrait encore leur nuire (1) : ces bergers sont le plus souvent du m6me pays que leurs Chevres; si quelques Espagnols s'adonnent a I'industrie du lait, ils sont en petit nombre. Les Maltais ont presque seals le monopole du lait de Chevre dans les deux provinces de Test et du centre. II serait interessant de menlionner ici vers quelle epoque fut introduite la Chevre maltaise en Algerie-, niais, malgre les renseignements que j'ai prisacet egard, je n'ai pu savoirrien de precis. Tout ported croire cependantque cette introduction en Algerie est anterieure a la conqu6te des Frangais, et que, deja du temps des beys, la Chevre dont nous nous occupons ici se trouvait au moins a Alger, et peut-6tre a Constantino. Pour la Chevre espagnole, que nous avons dit avoir ren- contree a Oran, nous n' en dironsque quelques mots. Beaucoup plus grande que la Chevre maltaise et que la Chevre bedouine, elle se recommande par ses qualites laitieres, qui cependant ne valent pas celles de la Chevre de Malte. Son pelage est le plus souvent noir ou brun fonce; ses membres sont forts; les comes se rencontrent chez les Boucs comme chez les Chevres. La vie que menent ces animaux est en tout semblable a celle des Chevres maltaises dont nous venons de nous occuper, et leur importation est, croyons-nous, posterieure a la conqu6te de I'Algerie par nos troupes. Tels sont les quelques details que nous avons pu recueillir sur les races caprines que Ton eleve en Algerie; toutes trois sontbien appropriees au genre de service qu'onleur demande, (1) Les Chevres maltaises, aux environs des villes des provinces d'Algcr el de Constantine, sont gardees et soign^es paries Maltais; a plusieurs re- prises j'ai entendu faire le plus grand dloge des soins qtic donnaient ces gens aux animaux qui leur sont confKls ( aux Chevaux surtout). , OlSEAUX DE BASSE-COLR. 437 et jouent, ainsiqu'oti I'a vu, un role important dans Talimcn- tation publiquc. NOTE SUK LES OISEALX DE BASSE-COUR. Les oiseaux de basse-cour, en Algerie, n'ont qu'une impor- tance tres secondaire, au moins chez les Arabes; ceux-ci, en ellet, n'ont pas de palmipedes et ne cultivent absolunient que Tespece galline. Cette race de Poules que Ton appelle Poulo bedouine, presente peu de qualites ; elle est petite et mau- vaise pondeuse, sa chair n'a pas non plus grande saveur. Les Arabes riches en font une grande consonimation , car la Poule est la base d'un grand nombre de mets. Les Europeens ont importe deux races. L'une, que j'ai vue tres repandue dans la province de Constantine, est la Poule sarde. Get animal est de grande taille et pond frequemment des oeufs assez volumineux ; il est tres recherche dans le pays et s'y vend tres chei*. Dans la province d'Oran, j'ai ren- contre dans plusieurs exploitations la Poule espagnole, mais elle est moins repandue que la Poule sarde dans la province de Constantine; cette Poule est de bonne nature, mais je lui prefererais la Poule sarde, plus grosse et, a mon gre, d'une conformation meilleure (1). Quant aux palmipedes, je les ai rencontres partout chez les Europeens; j'ai vu le Canard ordinaire etTOie dans toutes les habitations, et souvent le Canard musque ou de Barbaric, avec lequel on fait uu grand nombre de ces metis si eslimes dans le midi de la France. (I) Nous ne mentionnons ici ni le Dindon ni la Pintade, que nous avons cependant irouv^s chez qiielques propri^taires ; mais nous n'avons pas a nous occuper ici des animaux qui nc sont ^lev^s qu'exccptionnellement. Nous n'avons rien vu dans la province d'Alger,touchant I'esp^ce galline, qui m^iite d'etre signal^. , fi38 SOCIETY I.MPERIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMVTATION. INTUODUiynON DE LA PISCICULTURE EN ESPAGNE. EXTRAIT D'DN KAPPORT AD CONSEIL ROYAL D'AGRICOLTDRE , D'INDUSTRIE ET DE COMMERCE DE MADRID, Par une Commission composee de MM. N. CASSAS, Aug. PASCUAL, e« RAMOIV DE LAl SAGRA, rapporteur. (Stance du l" mai 1857.) La Commission chargee d' examiner le memoire presente a S. M. la Reine par MM. Daniel O'Ryan de Acuna et Juan-An- Lonio Lecaroz, a I'efTet d'obtenir la prorogation du brevet qu'ils ont pris pour I'introduction en Espagne de I'art nouveau de la pisciculture^ a procede a cet examen avec toute I'attention que merite une affaire de cette importance et de cette gravite. II ne s'agit en elTet de rien nioins que de transformer une indus- trie jusqu'alors irreguliere et peu productive en une exploita- tion vaste et feconde ; de peupler les lacs doux ou sales ; les ruisseaux, les etangs, les canaux, les rivieres, les marais, de milliards de poissons indigenes ou exotiques ; d'utiliser dans ce butla prodigieuse faculte reproductive dont ces 6tres ont ete doues par la Providence, d'eviter les causes innombrables de destruction auxquelles ils sont exposes dans Tetat actuel et ordinaire ; d'occuper des milliers de families a I'eleve et a I'education des poissons.^ ainsi qu'a la surveillance des etablis- sements ou cette Industrie sera pratiquee ; de produire enfin une enorme quantite de matiere nutritive, saine et agreable a la nation espagnole, si cruellement alfectee comme le reste de TEurope par la rarete et le prix exorbitant de la viande, et par la diminution progressive de rendement de la p6clie. Tousces avantages etd'autres encore, qu'il serait trop long d'enumerer, seront les resultats certains de Tintroduction de la pisciculture, c'est-a-dire de I'eleve et de I'education artifi- INTRODUCTION DE LA PISCICL'LTUHE EN ESPAGNE. /|3J) ciello des poissons; art dans lequel, comme dans tons les autres, riiommc, eclaire par I'intelligence supreme a la(|uolle il osl redevahle de toutes ses inspirations et do toutes ses conqut^tes, utilise a son profit et au benefice de I'humanite tout entiere, une loi simple, prodigue et feconde. La pisciculture, ou Tart d'elever les poissons, commence veritablement a la periode qui suit la fecondalion artificielle, laquelle n'est qu'un preliminaire indispensable. Elever ce fre- tin, le preserver des accidents et des agents destructeurs, lui donner pendant les premieres periodes de son existence les soins, les aliments qui lui sont propres, I'entourer enfin de toutes les conditions aptes a produire le developpement, ce sont la autant d'autres parties de I'art difficile de la piscicuU ture auxquelles peuvent se joindre et s'ajoutent eftectivement, dans la pratique, la production des especes hybrides, la cas- tration de certaines autres, la multiplication des mollusques savoureiix, Talimentation d'un grand nombre de races exo- tiques qui se pr6tent a des changements de ctimats qu'elles ne peuvent cependant effectuer par elles-m6mes. Tel est Tetat ou se trouve aujourd'hui, chez les nations civilisees de TEurope, Tart de la pisciculture pratique depuis des si^cles dans les rivieres, au point de vue de I'elevage, enrichi depuis le siecle dernier par la decouverte de la fecon- dation artificielle, mais mis en pratique sur cette grande echelle depuis quelques annees a peine. II en est de la pisciculture comme d'un grand nombre d'autres decouvertes utiles a I'humanite, qui restent a I'etat de germe et comme inaper^ues jusqu'a ce que la necessite sociale vienne en reveler Timportance et en decider I'application. La pisciculture est encouragee par les gouvernements eclaires, par les societes savantes et par les hommes intelligents, a Tepoque que nous traversons, epoque critique par la raret^ des denrees alimentaires. Aujourd'hui que I'element nutrilif fourni par les poissons tend a diminuer par suite de I'abusqui a ete fait de la p6che, et que les marches deviennent chaque jour plus nombreux, le nouvel art de la pisciculture doit 6tre accueilli comme nn don de la Providence. hdO SOCIETE IMPEIUALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. La generalisation de la pratique de cet art a etc due dans certains pays au zeie et a Tactivite des entreprises particu- lieres, conune en Angleterre; dans d'autres a la protection et a rinfluence du gouvernement, comme en Prance. Dans le premier de ces Etats, il y a de nombreux etablissements en voie de prosperite; dans le second, Tetablissement modele d'Huningue, celui du College de France et bientot celui de la Societe d'acclimatation, servent de centre aux experiences et aux essais. ;.,.y 5IM. O'Ryan et Lecaroz, qui ont parcouru et visite la plu- part des etablissements piscicoles de tous les pays ont eu Theureuse idee d'introduire cette industrie dans leur patrie. La Societe generale d'acclimatation a voulu encourager leurs efforts et les a rcQus au nombre de ses membres. La reine, de son cote, leur a concede un privilege, garantie necessaire a leur entreprise. La pisciculture va entrer dans la Peninsule avec les ele- ments de succes que I'experience, le zcle, une protection puissante et des capitaux considerables peuvent donner. EUe va se developper en grand sur plusieurs points a la fois da territoire. EUe va peupler nos lacs, nos rivieres, nos etangs, nos cotes d'une foule d'especes varices de poissons et de coquil- lages. EUe arracbera a la misere la classe inleressante des p6cheurs ; elle va faire d'une industrie mesquine, irreguliere et precaire, une source de ricbesse et de prosperite pour le present etpour Tavenir; enfm, elle va faire baisser le prix du poisson etpar suite celui de toutes les denrees alimentaires. Sans nul doute la pisciculture pent 6tre consideree, de nos jours, comme le vrai principe regenerateur de la p6cbe et createur d'une ricbesse negUgee et pourtant immense. L'ele- ment naturel de la prodigieuse fecondite des poissons secon- dee par I'art qui conserve, dotera incontestablement les gene- rations presentes et ceUes a venir de I'incalculable quantite d'aliments que peuvent creer les lacs, les lagunes et les mers eUes-m6mes. Ces resultats, on les obtiendra en favorisant par tous les moyens possibles I'introduction en Espagne de I'arl nouveau de INTHODICTION DR LA IMSCICL'LTUnE EN ESPAGNE. A4 1 la pisciculture. Nous iie doutons point que les entrepreneurs ne possedent I'lnstruction, le zele, Taclivite et les capitaux que laisse supposer une si grande entreprise. Mais sa nature est telle que, basee sur Texistence d'6tres determines, elle exige relement indispensable a cette existence m6me-, element entierementindepeiidant de ces dons et de ces ressources per- sonnelles, element que Thomme ne peut ni creer ni accelerer, et auquel sont imperieusement soumis tous les phenomenes de Tordre naturel et de Tordre industriel. Get clement, e'est le temps, et sa duree pour Tentreprise en projet depend de la duree de I'existence des diverses esp^ces de poissons que Ton desire multiplier. Cette reflexion oblige a considererl'inlroduction de la pisci- culture dans un pays, nonpas comme celled'une invention ou d'un perfectionnement industriel dont on obtient les resultals dans un petit nombre d'annees, mais bien comme une vaste entreprise qui, a la reunion des conditions compliquees qu'exigent loutes les cntreprises, en ajoute une autre qui resulte de I'existence des 6tres qui la constituent. De combien de temps sera I'experience, pour6tre menee a bonne (in, dansles esp^ces les plus communes et les plus utiles? Ou, pour mieux dire, apres combien de temps parviendront- elles a un resultat positif et assez important pour permettre des operations avantageuses ? Pour Jeter la lumiere sur cette question, il nous faut citer des exemples que nous pouvons prendre soit dans les nom- breux ouvrages publics sur Thistoire naturelle des poissons, soit dans les manuels recents de pisciculture en particulier qui ont paru dans ces dernieres annees. Laissant de cote le temps necessaire pour obtenir les con- cessions locales des fleuves et lagunes, pour y fonder les eta- blissements piscicoles, les doler de families d'etrangers instruits deja dans cet art nouveau; independamment du temps indispensable pour se procurer du frai des diverses esp^ces indigenes et exotiques, frai qui ne se depose pas dans la mt^me saison, mais bien dans des mois difFerents, suivant les cspeces et les pays; independamment encore de toutes ces /l/jS SOCIETE IMPERIALK ZOOLOGiQUE d'aCCLIMATATION. graves causes de lenleur, le plienomeno seul de rineiibation et de la croissance est soumis a des periodes de developpemenl lent et successif qu'il n'est point donne ariiomme de hater. Parrai les especes si riches de Saumons et de Truites qu'il convient et que Ton doit multiplier de preference, le Saumon du Danube, dont la chair est blanche et delicate et dont le poids parvient jusqu'a 8 arrobes, parait etre celui dont la croissance se fait le plus rapidement; et neanmoins, a I'cige d'un an, il a 270 millimetres ou 12 pouces de longueur seule- ment, et a vingt-huit mois 600 millimetres ou 26 pouces. A ce dernier agele Saumon commun a une longueur del3 pouces seulement; celle de la magnifique Truite du lac de Geneve est de 15 pouces, celle de la Truite saumonee est de 14 pouces, et de 10 celle de la Truite commune. La difficulte de la nouvelle introduction sur une grande echelle, la longue periode qu'exigent les poissons eleves arti-* ficiellement pour parvenir a un volume qui permette d'en faire un objet de vente; et la justice qu'il y a a conceder aux entre- preneurs le benefice de quelques generations de poissons pour les indemniser de leurs travaux et de leurs grands sacrifices d'argent, ce sont les principales raisons qui militent en leur faveur et qui demandent, comme garantie, une concession d'une duree suffisamment longue. Par tous ces motifs, la Commission pense qu'il y a lieu d'accorder aux entrepreneurs O'fiyan de Acuna et Lecaroz une prorogation de delai qui en portera la duree a quatre-vingt- dix-neuf ans, afm qu'ils puissent introduire, organiser et exploiter dans laPeninsule etses iles,l'art nouveau de la pisci- culture, a la condition de I'abandonner ensuite en toute pro- priete a. I'Etat, qui continuera de I'administrer au profit des generations futures (1). (1) Les conclusions de ce Happort ont f.ti adoptees & I'unanimild par le Conseil royal d'agriculturc, d'industrie et de commerce de Madrid. ■ - ' OLIVIKU I)K CUIMKK. hit KOTE SUR L'OLIVIER DE CRIMfiE Par M. O. TUYSSLZIAN. (S6ance du 20 fevrier 1857.) A la suite d'uiie note que j'ai eu I'lionneur d'envoyer a la Soeiete sur TOlivier de Crimee, et (jui a ete inseree dans le Bulletin du uiois de juin dernier, M. Dupin, notre tres zele secretaire, s'est empresse de m'ecrire une lettre ilatteuse, en date du 12 du m6me mois, pour me faire part de I'accueil bienveillant et du vit" inter^t qu'on a bien voulu y accorder, a cause sans doute de la grande importance de la question, une des plus vitales de Tagriculture meridionale. La Soeiete etSon Excellence le ministre de la guerre desiraient en ni^me temps de plus grands details. C'est avec bonheur que je viens m'ac- quitter de Thonorable mission qu'on a eu la bonte de me con- fier, car nous tous, nous ne savons qu'obeir a un pareil appel. Quiconque a visite le midi de la France et les contrees me- ridionales de TEurope, ou I'arbre de Minerve repand ses doux bienfaits, s'est senti le coeur navre a la vue de ces magniliques Oliviers ravages par les hivers rigoureux, dates a jamais nefastes dans les annales agricoles des pays places sous la zone des Oliviers. En effet, deja apres Thiver desastreux de 1829, le plusfuneste, sans contredit, qui ait aftlige les cultivateurs du Midi, et dont le souvenir seul reveille en eux des sentiments d'une epouvante indicible et d'un noir desespoir; apres cet evenement lugubre, dis-je, le cel^bre et sagace Oscar Leclerc, si prematurement enleve a la science et dont le nom est si cher a I'agriculture, ayant eu mission de se livrer a une investiga- tion sur les elVets du IVoid sur les vegetaux, a constate que YOlivier briin, dans le departcment du Var, avait beaucoup mieux resiste que les autres varietes cullivees dans le depar- tement •, et, d'autre pari, (|ue le Palmaon Aguai\^'s Pyrenees- Orienlales avait a peine perdu les soinmites de ses rameaux, llllh SOCIKTE IMPERIALE ZDOLOGIQUE u'aCCLIM.\TATION. tandisque ses congcneres, dans les ni6mes conditions, avaient ele atteints dans leurs branches et m6me dans leur tronc. A la m6me epoque, M. Arlwichs, directeur du jardin imperial de Nikita, pres Sympheropol (Crimee), publiait que VOlivier de Crimee avail supporte, pendant Thiver de 1829, sans autre dommage que la perte de quelques ramilles insignifiantes, 13 degres Reaumur, tandis que les varietes qu'il avait tirees d'ltalie avaient perdu branches et tronc. Gette nouvelle a fait tant de bruit et produit une si vive sensation, que M. Oscar Leclerc, dans Finteret de I'OHvier Palma qu'il pronait, disait dans un rapport : « On cite TOiivier Palma comme Tespece la plus robuste de toutes. Au dire de certains auteurs, il supporte des froids si intenses, qu'il pour- rait eclipser les merveilles qu'on nous promet de Crimee. » Quoi qu'il ensoit, voila done trois varietes signalees pour leur rusticite par deux autorites irrecusables. Pour en revenir a I'espece de Crimee, j'ai eu deja I'honneur de communiquer a la Societe des renseignements pris chez M. Reynier-Toulouse, directeur de la pepiniere departementale de Vaucluse, qui I'a etudiee d'une maniere tres attentive comparativement aux autres varietes, parmi lesquelles nous trouvons I'excellente variete de Palma. Dans une note extr6mement interessante que rhonorable membrede la Societe d'agriculture de Vaucluse vient de publier, il est dit que, « pendant I'hiver rigoureux de » 185A-55, les Oliviers de Crimee et de Palma ont repondu a » ce qu'on pouvait en attendre sur la foi des auteurs qui les » ont prones, c'est-a-dire que, tandis que le Blanquetier, le » Villedieu, la grosse Seville, le grand Seigneur, et m6me » rOlivier brun, perdront au moins leur t6te (moins toutefois j> ce dernier, qui probablement n'exigera qu'un ravalement » a mi-bois) , les deux varietes, dans les memes conditions » d'exposition et de culture, n'ont rien presente autre chose » qu'un feuillage un peu rougi, mais ayant leur bois parfaite- » ment sain et leur ecorce tres lisse. » Ce qui a eu lieu chez M. Heynier s'est reproduit d'une ma- niere identique chez M. Francois Poulin, cullivateur a Thabor pres de Uedarrides (pres d' Avignon). Cet agriculteur emerile, OLIVIER UB (:rimi::r. hhb qui a experiinciile des longlemps I'Olivier de Crimoe, apprecio oncorc plus I\'xcellcnce de son IVuit fjuo sa nislifito, (jui esl cepeiidaul incontcstal)le; ce qui ressorl de deux letlres (ju'ii m'a fait riionneur de lu'adresser, et dont. je m'enipresse de donner ici un extrait : « Veuillez m'excuser du retard que j'ai mis a vous repondre, car j'etais Lien aise de m'assurer en niOme temps si I'Olivier de (Irimee resistait a Tinondalion; or il s'est trouve jusqu'c^ 2'", 50 dans Teau, et il a bien resiste a plusieurs inondations. En outre, depuis 1837 que je cul- tive cette precieuse variete, elle a supporte sans danger bien pour sallsfaire aux deniamles (|ui liii onteUi adressoes. Le pre- mier couple sera coiilie a la Socit'te (racclimalaliou pour la ' region des Alpes ; le deuxieine, au Cornice agricole de Toulon, el les deux autres au Cornice agricole d'Alais. — M. Auhry-Lecomte adresse a la Societe, de la part de r M. Mestro, directeur des colonies au Ministere de la marine, des fragments de tubercule d'Ignames d'especes diflerentes, dw, laGuyane, de la Guadeloupe et de la Reunion. Le Conseil de- cide que ces tubercules serontconfies aux soins de M. Lucy, a. Marseille. — S. Exc. le Ministre de la marine transmet en communica- tion, a la Societe, un rapport de la Chanrsbre d'agiiculture des dependances de la Guadeloupe, indiquant une nomenclature d'animaux et de plantes dont il pourrait 6tie interessant de- tenter racclimatation en France ou en Algerie. Des renier- ciments seront adresses a M. le Ministre. — S. Exc. le Ministre de la guerre adresse la copie d'une note qu'il a recue de M. Hardy, directeur de la Pepiniere cen- trale du gouvernement a Alger, sur la culture du Dattier el les conditions dans lesquelles elle doit t^tre faite pour devenir productive. Des remerciments seront adresses a M. le Ministre. M. le docteur Cosson sera prie d'examinerce travail. — Des remerciments seront egalement adresses a S. Exc. le Ministre de Tagriculture, qui a bien voulu faire parvenir a la Societe, sur sa demande, un exemplaire de Touvrage de M. Coste, ay ant pour titre : Voyage d' exploration sur le lit- toral de la France et de I'ltalie au point de vue de la pisci- culture. — II est donne lecture d'une seconde leltre de M. le Ministre de I'agriculture, en date du 5 aout, annon(;ant que S. Exc. veut bien offrir a la Societe un nouveau temoignage de I'inter^t: qu'il ported ses travaux, en mettant a sa disposition une me- daille d'or grand module, pour la distribution des recompenses que fera la Societe, dans sa seance publique annuelle du 10 fevrier. Le Conseil invite M. le President a vouloir bien transmettre a M. le Ministre de I'agriculture Texpressiqu de. la gratitude de la Societe. > n ^ ' 458 SOCIKTft IMPEUIALE ZOOLOCIQlIR iVaCCLIMATATION, — M. Daveloiiis adresse le rapport quil a redige au nom de la Commission chargee d'etudier les animaux provenant de la Reunion, et recemment otTerts a la Societe par S. Exc. le Ministre de la marine. Le Conseil decide qii'une copie de oe rapport sera adressee a M. le Ministre. — Le Conseil voteensuite I'adoption du projet de reglement qui lui avait ete soumis par le Comite regional de Bordeaux. — Siir la proposition deM. Drouyn de Lhuys, vice-president de la Societe, transmise par M. le President^ le Conseil decide a I'unanimite que la Societe fera venir d'Amerique des graines et des tubercules de Pommes de terre, jusqu'a concurrence d'une somme de 2,000 francs, pour repondre au voeu gene- ralement exprime de tenter la regeneration de ce precieux vegetal alimentaire. — M. le comte de Fontenay adresse diverses planted qu'il a rapportees du Liban-, M. le Secretaire est charge delui trans- mettre les remerclments de la Societe. — M. le docteur Sacc ecrit pour demander la rectification d'uneerreur commise dans I'impression du Bulletin du proces- verbal de la seance du 15 mai dernier (voir le n'G, juin 1857, page 290), ou il est ditqu'une Clievre d'Angora donne 6 litres de lait par jour. C'est d'une Chevre d'Egypte qu'il s'agissait dans la lettre de M. Sacc. — M. Aubry-Lecomte transmet a la Societe, de la part de M. Balguerie, magistrat a la Guadeloupe, un bocal contenant un melange des principales varietes de Haricots cultives dans cette colonic, et annonce le prochain envoi de six bouteilles de Vin de la m6me provenance. Des remerclments seront adresses a M. Aubry-Lecomte et a M. Balguerie. — M. le comte de Montalembert d'Esse ecrit pour deman- der des noyaux de la P6che dite de TuUins. M. le Secretaire du Conseil s'est adresse a M. Chatin, qui voudra bien satis- faire a cette demande. — Madame la baronne Ballyet, qui s'occupe avec beaucoup de soin d'essais d'amelioration des races de Mammif^res et d'Oiseaux, a Lentilly (Nievre), adresse une demande d'oeufs de Hoccos. PROCEIS-VERBACX. Uh9 — M, le prince A. de Deniidol! accuse reception du projet d'en([U(ite sur la culture de rigiiaine de Chine et du Riz sec, redige par M. Victor Chatel, dont il approuve Tidee comme etant un moyen tres pratique d'obtenir d'lieureux resuUats. — M. le Prelet de I'Isere informe M. le President qu'il souscrit au Bulletin, a partir de Tannee 1857, conformement au voeu exprime par le Conseil general de son departement dans sa derniere session. — M. le prince A. de Demidoff adresse une note sur un essai de domestication du Faisan argente, a la Menagerie d'ac- climatation de San-Donato, qui a parfaitement reussi; il annonce quMl se propose de faire les m6mes essais sur les Faisans ordinaires de la race de Boh^me, qu'on assure 6tre plus rebelles a la domestication que les Faisans d'especes re- cherchees. — M. Fouquier, inspecteur des domaines et for6ts delaCou- ronne, membre de la Soci^te, fait egalement connaltre les heureux succes qu'il a obtenus cette annee dans I'elevage de la Perdrix rouge d'Afrique, dont il lui restait, a la date du 15 juillet, plus de 1400 jeunes dges d'un mois a six semaines, sur 3192 oeufs dont les deux tiers environ sont eclos. — Dans une lettre adressee a M. le President, M. Auguste GeofFroy, de Lagny (Seine-et-Marne), appelle de nouveau I'at- tention de la Societe sur les resuUats remarquables, constates cette ann^e, du mode d'ensemencement du ble en lignes, pro- pose par M. Lesseur et applique a la grande culture. — M. Haidinger, President de la Societe imperialeetroyale de Geographic de Vienne, adresse le premier cahier des Memoires de cette Societe, pour Tannee 1857, redige par M. Foerterle. — M. le docteur La Corbiere demande a ^tre inscrit sur la liste de souscription, ouverte au siege de la Societe, pour la statue qui va 6tre elevee a Elienne Geoffroy Saint-Hilaire, dans sa ville natale. Le Secritaire du Conseil ^ Gui^lRIN-MfiNEVILLE. /iCO socif;Ti!: imi'[^;riale zoologioi'k d'acclimatation, IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPOND ANCE. Par line lettre adressee en oclobre 1854 a S. Exc. M. le Ministre dos affaires ^trangeres, M. le President lui avait demands son concours pour lever h Lima les difiicultes qui s'opposaient a I'exportation d'un troupeau de Lamas et d' Alpacas demande au P(5iou par la Society. Notre honorable vice-pr(5sident, M. Drouynde Lhuys, alors ministre dcs affaires ^trangeres, s'^tait empresse d'accueillir cette demande, et, dfes le mois de novembrc, il avait bien voulu inviter M. le Consul g^n^ral et charg<^ d'affaires de France au P(!rou, k faire aupres du gouvernement p(5ruvien les demarches d^sir^es par la Society (voy., dans le tome I" du Bulletin, p. bSh, la r^ponse de M. le Ministre a M. le President). Ces d-marches, qui ne furent pas sui vies d'un resultat immMiat, ont ^te r^cemment reprises par le Consul g^n^ral actuel de France, M. Huel, et ceite fois avec succfts. Le Conseil vicnt d'en ("ire informe par la lettre sui- vante, adressee a M. le President, au nom de S. Exc. le Ministre des affaires ^trangferes, par M. le directeur comte de Lesseps : , ■.'>.i)\ oh^} J « Paris, le 18 aoiit 1857. » Monsieur, le 29 mars 1835 j'ai eu I'honneur de vous faire connaitre que Ic » gouvernement du Perou, se fondant sur I'exislence d'une loi de I'Etat qui prohi- M bait I'exportation des Alpacas, avait cru devoir opposer un refus a la demande » qui lui avait ete adressee par le g6rant du consulat general de France a Lima, » a I'effet d'obtenir pour la Societe zoologique I'autorisation d'exporter un certain » nombre de ces animaux. )) Je m'empresse de vous transmettre ci-joint copie d'une lettre sur le menie » sujet que je viens de regevoirdu Consul general et charge d'affaires de I'Empe- w reur. Vous apprendrez avec satisfaction. Monsieur, que M. Huet, ayant renon- » vel6 les demarches faites par son predecesseur, le gouvernement peruvien, » voulant donner une preuve de sa deference envers celui de Sa Majeste, et pre- » nant en consideration I'objet que se propose la Societe zoologique d'acclimatation, » a conscnti a revenir sur sa decision anlerieure, et qu'il a autorisc I'expor- » tation, pour le compte de cetle Societe, desixpaires de Lamas et de six paires » d' Alpacas. )• Recevez, Monsieur, les assurances de ma consideration la plusdistinguee. » Pour le Ministre et par autorisation, )) Le Directeur, ministre plenipotentiaire de premiere classe, » Comte DE Lesseps.)) — Le Ver a sole du Ricin, Bombyx Cynthia, a eie tellement muliiplie par les soins de M. Valine, charge par le Conseil de I'^ducation de cet insecte, qu'il est devenu possible de faire une distribution trfes ctendue de graines, Conformement h une decision prise par le Conseil dans sa derni^re stance, MM. les membres de la Soci^t^, et mfinie toutes les personnes recom- manddes par des membres, et ayant h leur disposition du lUcin ou du Chardon h foulon, peuvent obtenir immediatement ct gratuilement de la graine du Bombyx Cynthia. Lei:r demande doit ctrc adress(!e ci M. le Secr«^- laire g^n(^ral, Le Secretaire du Conseil, Gvin\K-MAjii:\u.hT.. trUDE SUR LE IIUFFLE. 461 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. FRAGMENTS D'UNE fiTUDE SUR LE RUFFLE ai Par M. «. DAl'ELOUIS. (S^aDce du 26 juin 1857.) L — Considerations gien^rales sur le genre Buffle, ET REMARQUES SLR QUELQUES ESPECES. '• Dans I'ordre des Ruminants, el a la suite des Antilopides, viennentlesdifferentesespeces qu'on a quelquefois reunies sous le nom de famille des Bovides, en prenant leur nom du genre Bos, le plus ancien de tous. On a assez varie sur la maniere dont on a considere ces especes, et Ton peut expliquer facilement les diflerenees que presenlent les auteurs, lorsqu'on voit que le plus grand nombre des faits qui concernent ces animaux, a commencer par les faits anatomiques, sont encore tres incompletement connus. Les difiicultes que presente I'etude de ces animaux reagissent necessairenient sur la classification qu'on doit adopter. Aussi est-il assez difficile de ranger les genres dans un ordre qui soil a I'abri de toute objection. Je n'entreprendrai done pas ici dassigner la place du genre Buffle, ni celle des diflerentes especes qui le composent,de ma- niere a en former une classification naturelle,ou tout au moins la plus exacte possible. (1) On n'a pas reproduit dans le Bulletin les questions qui se rapportent aux caraci^res exl^iieurs el a I'tUude anatomique du Buffle. Ces details, sur lesquels quelques cxplicalions onl <5tc donni'es de vive voix dans la stance g^n«5rale, sont plus essentiellement scientifiquesqu'applicablesaux questions qui se rattaclient a la pratique, et out drt ^tre pass<5s sous silence, lis seront reproduiis dans un autre recueil. T. IV. — Octobre 1857. 30 kO'2 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQL'E u'aCCLIMATATION. Une telle tache necessilerait prealablement Fexposition et Fexamen des caracteres que presente toute la seconde division des Ruminants a cornes creuses, distingues par M. Geoffroy Saint-HilairCj d'apres la massivite du corps de tous les animaux. Je me bornerai simplement a faire I'examen du genre Buffle, independamment de toute relation avec les genres voisins, et en restant toujours sur le terrain des considerations generates, puisque ce travail a un but essentiellement pratique et n'est pas un memoire scientitique. On a assigne a tous les animaux du genre Buffle, pour caractere distinctif, des cornes anguleuses et non arron- dies, comme dans les autres genres. Cette caracteristique a etc faite principalement sur deux espfeces asiatiques. Mais il cxiste des especes. signalees dans le centre de TAfriquepar des voyageurs, dont la simple reconnaissance n'a pas ete faite, et pour lesquelles on ignore jusqu'a quel point ces caracteres pourraient s'appliquer. Un second caractere, que Ton pourrait peut-6tre assigner au genre Buffle, serait I'existence d'anne- lures plus ou moins apparentes, sinon sur toute la corne, au moins a la base. Mais la difficulte precedemment signalee se reproduisant pour les especes africaines, onne peutrien preju- ger a cet egard. .< Un troisieme caractere serait tire do la position des cornes, qui sontdirigees en arriere a divers degres suivant les especes, et independamment des contournements que les cornes presen- tent suivant leur axe. Ce caractere parait general, d'apres les especes les mieux. connues, parce qu'il depend d'une particula- rite anatomique relative a I'insertion des protuberances osseuses, qui sont inserees chez les especes du genre Buffle beaucoup plus baut que chez celles du genre Ba3uf. Cette parti- cularitese Iraduitexterieurement par ce fait, queles premieres especes ont le front beaucoup plus haut que large, ce qui est le contraire chez les Boeufs. Comme tous les caracteres tires de I'organisation, I'insertion de la corne parait avoir plus de valeur que la forme de cet organe, qui pent se modifier ou disparaitre. On na done pasaujoiird'hui de bons caracteres pour distin- ISTUDE SUR LE BUFFLE. ' "'' '' |^ guer les esp^ces du genro Buffle; car on peut ^tendre le vague des caracleres precedents h ce qui a oto dit de la couleur,con- sideree generalement comme etant brune ou noire. II y a des esp^ces rougeatres dans I'etat adulte, d'autres qui lesont dans le jeune age, d'autres dont on ignore jusqu'A la couleur. Par consequent, rien de fixe ne peut 6tre etabli. Quant a la taille, elle varie considerablement, car on trouve des esp^ces petites, d'autres grandes, et au moins une gigantesque. '' ' Le nombre des especes qui forment le genre Buflle n'est pas connu. Les caracteres des especes ne sont pas etablis, je ne dirai pas d'une maniere parfaitement satisfaisantc pour la plu- part, mais m^me pour deux seulement. 11 y a des indecisions pour certains faits qui se rapportent au Buffle domestique, sur la duree de la gestation. Tout revele dans ce qui concerne le genre Buffle une incertitude qui est remarquable et qui est de nature a frapper les moins clairvoyants et les plus inattentifs, lorsqu'on parcourt les renseignements qui concernent ces ani- maux. Une telle ignorance estd'autant plus remarquable, qu'il y a plusieurs especes que I'homme a rapprochees de lui, et dont il utilise les produits. On peut affirmer qu'on est mieux instruit sur certains faits qui concernent I'Aurochs qu'on ne Test pour plusieurs especes indiennes du genre Buffle. J'en citerai un exemple remarquable. IJn auteur qui a public une monographic des Bovides (1), laquelle renfcrmedes details tres remarquables, G. Vasey, n'apaspu savoir si certains indi- vidus formaient une variety ou une espece diflerente ; pourtant il s'agissait d'individus habitant I'lnde, et sur lesquels on devait avoir des details et des fails. Le genre Buffle appartient a I'ancien continent. L'Asie et rAfri(jue sont les seuls pays dans lesquels on trouve les especes qui lui apparliennent. En Afrique, on n'cn connait passable- ment qu'une espece, le Buffle du Cap de Sparmann {Bos Cafer) , qui, apr^ss'6tre tr^s vraisemblablement etendujusqu'a I'extre- mite sud de I'Afrique, a disparu peu a peu, et n'existe plus (ju'assez haut dans I'interieur du continent. D'autres especes (1) Monogr. hist, of the genus Bos. Londres, 1855, in-8*. i>i) hQll SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIM.VTATION. ont etesignalees par lesvoyageurs. Bruce en a vu dans lesbois d'Abyssinie. Mais, pour ces individus, il y a une difficulte que j'aurai occasion d'examiner, pour savoir s'ils constituent reel- lament une especeafricaine.Denham et Clappertonontvu aussi des individus qu'iis rapportent a ce genre, dans le royaume de Bournou, sur les bords du lac Tchad, et dans les regions qui s'etendent de la jusqu'a I'Atlantique. Le capitaine Lyon a aussi signale trois especes dans le Fezzan. Mais tons ces renseigne- ments sont tres vagues; et quoique Cuvier ait considere toutes les especes du genre Buffle qui habitent au sud de I'Atlas comme etant africaines, il s'en taut de beaucoup qu'on soit eclaire sur ce qu'elles sont ; car il est bien certain que le Buffle qu'on trouve en Egypte est I'espece indienne. On connait un peu mieux, quoique bien imparfaitement, les especes asiatiques. Si Von fait usage des renseignements qui ont etc reunis et places en ordre par M. Vasey, on voit que les especes qui pa- raissent se rapporter au genre BufUe seraient les suivantes : 1° Le Gyall {Bos frontalis de Lambert) ; 2° Le Gayal {Bos gavceus de Colebrooke) ; 3°Le Buffle domestique {Bos bubulus des auteurs); h° Le Buffle de Manille {Bos bubidis, Vasey ?) ; 5° L'Arni {Bos Ami de Cuvier); 6° Peut-6tre le Gour, quoique cet animal paraisse ne tenir que tres indirectementau genre, si m6nie ily rentre. Je reunis ces especes, plutot pour me conformer a ce qui a eledit paries auteurs, que d'apres les caracteres que Ton pos- sede. Si Ton en juge d'apres I'imperfection des connaissances acquises, les especes citees plus baut ne paraissent pas pre- senter unegrandehomogeneiteentreelles. Jesuis m6meportea croire que si plus tard elles sont reconnues appartenir au m6me groupe generique, il faudra creer un sous-genre pour quelques- unes d'entre elles. Je ne puis entrerici dans I'examen complet de cette question qui est surtout zoologique , je me borne a la mentionner. Toutefois il est un point sur lequel je dois attirer I'atten- tion, parce qu'il a a la fois pour la zoologie et la zootechnie ^TUDE SUR LE BUFFLE. /i65 DTic certaine importance et ([u'il trouve son appllcalion dans les remarques que je viens de laire. De HIainville a fait remanjuer avec raison que dans la m6me famille, si elle est reellement nalurelle, on doit trouver des resseinblances qui s'etendent jusqu'aux mocurs. D'unc nianiere generate, il doit en 6tre, a plus forte raison, de m6me dans le genre. En partant de cette indication, on voit que les especes indiennes qui ont ete citees plus haut pourraient se ranger en deux groupes sous le rapport de leur maniere d'etre et de leurs moeurs. Le premier groupe comprendrait le Buffle ordinaire et le Bufile de Manille : ces animaux vivent dans les marecages,ha- bitent par consequent les plaines, sont presque semi-aqua- tiques dans leur maniere d'etre. Ce sont les seuis dtres que Ton puisse ranger dans une premiere division. Le second groupe comprendrait, au contraire, des animaux a genre de vie entierement oppose, vivantdans des for^ts, mais habitant les montagnes. Dans cette seconde division, il fau- drait ranger : I'Arni, le Gyall, le Gayal, et le Gour. Parmi ces especes, je n'ai pas signale un animal qui a ete designesous le nom de Buffle de Poule-Condore (Bos bubalus? Vasey), qui, malgre une certaine ressemblance avec FArni, n'est pas, a proprement parler, une cspece asiatique. Ses moeurs etant inconnues, je n'en parlerai pas. Cette difference dans le mode general d'existence a sa va- leur,et dans des questions d'acclimatation, si Ton jetait lesyeux sur les animaux de la seconde division, il parait certain qu'ils pourraient rendre des services dans plusieurs climats,precise- ment parceque, habitant des for^ts, ils ontun mode particulier de nourriture. Je ne parlerai pas des animaux du premier groupe, parce que le Buffle domeslique fera I'objet d'une etude speciale, et que le Buffle de Manille est peu connu. Je me bornerai a dire que ce dernier est plus gr6le que I'autre et parait avoir des formes plus fines. II est, quant a present, impossible d'assurer s'il constitue une esp^ce differente du Bufile domestique ou une simple variete, car il n'est pas probable que cet animal soil une race perfectionnee par la domesticile. 466 SOCIETE IMPtlUALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Pour les animaux du second ordre, je passerai aussi i apide- ment sur le Gour. Get animal est sauvage dans I'lndecontrale, ou il liabite le plateau de Myne-Pat ou (Mine-Puat), dans la province de Sergojab. Les Indous en parlent comme d'un ani- mal de grande taille, robuste et feroce. Selon eux, le tigre nose jamais attaquer le Gour. Dans I'lnde centrale, cet ani- mal n'a jamais ete apprivoise, carles babitants des pays voisins pretendent qu'il n'abandonne pas Thomme qui ose I'altaquer, et qu'il attend plusieurs jours au pied de I'arbre ou i'assaillant s'est refugie. On a pretendu, cependant, que dans les contrees * montagneuses de la haute Inde, cette espece avait ete appri- voisee. Ilpar&it que lacbair est bonne a manger. Cet animal serait plutot pbytophage qu'herbivore : sa nour- riture consisterait en feuilles d'arbres. II parait qu'il ne se vautre jamais dans les marais, et qu'il vit dans les cavernes formees par les blocs entasses qui se trouvent sur les terres du plateau de Myne-Pat. «( Sous le rapport des services, cet animal n'offre done rien a considerer. II peut se placer en t6te de la serie, parce qu'il pa- rait se rapprocher par ses formes du Gyall. Le Gyall, sous le rapport du caractere, parait 6tre I'oppose du Gour, quoiqu'il se rapprocbe beaucoup de lui par sa ma- miere de vivre dans I'etat sauvage. II habite les forets, se nourrit de feuilles d'arbres et de celles des buissons. II a ete souvent designe sous le nom de Buffle des jongles. On le trouve sauvage dans plusieurs provinces de I'lnde, et c'est sans doute par erreur que David Low a pense que sa patrie originaire etait les montagnes du Brahma-Poutra. Le Gyall s'apprivoise tr^s facilement^ les peuplades in- diennes connues sous le nom de Kookis emploient un moyen ires simple pour I'attirer et le faire venir dans leurs villages. Lorsqu'ils decouvrent des troupeaux de ces animaux, ils dirigent vers eux quelques individus de m6me espece appri- voises, qui se m6lent aux individus sauvages ^ ils recommencent le m6me manege pendant plusieurs jours : les Gyalls sauvages viennent peu a pea avec leurs compagnons au milieu des huttes. La on a prepare des boules formees d'un melange de ETUDE SUR LE BUFFLE. 46T sel et d'argile dont on augmente la compacite en y introduisant une certaine quanlite de colon. Les Gyalls sauvages lechent ces boules comine leurs compagnons, et la saveur du sel, qui leur est tr6s agreable, les lait revenir cliarjue soir. Qua? d il ne reste plus rien de cet appat, les animaux sont apprivoises, et ils ont pris Ihabitude de revenir. lis se laissent alors traird sans difliculte. Le Gyall tient beaucoup aux lieux oii il a I'habitude de se rendre. Cet instinct est tellement fort, que quand les Kookis changent de residence, ils sont obliges de detruire leurs huttes ; car les Gyalls, apres avoir ete emmenes, revien- draientdans le village qu'ils viennentde quitter. Cet animal est bien plus docile que leBuffle-, ilestd'assez grande taille, et donne un lait excessivement epais, qui ressenible 'X la creme que four nit celui de la vache. La femelle re(;oit le male a trois ans, sa gestation dur-e onze mois ; ellenourrit son petit pendant deux ans, epoque a laquelle celui-ci se nourrit seul. Elle peut concevoir par consequent tous les trois ans. Le Gyall peut vivre jusqu'a vingt ans. Dans les derni^res annees de son existence, il devient presque toujours aveugle. La vieillesse determine cbez lui une maladie du sabot, qui amene la fin de son existence. Cette m6me maladie peut se manifesterdans lejeune age, et elle est presque toujours fatale. Quand elle se declare, elle ne parait pas nuire a la qualite de la cbair, car les Kookis mettent alors I'animal a mort pour s'en nourrir. Le Gyall est toujours laisse en liber^^ ; toutefois la captivite ne parait pas lui 6tre nuisible. Un individu fut transporte a Londres en 1802 ; il etait bien portant, et son caractere etait excessivement doux. Cet animal se plait sur les montagnes, au milieu desbois, et paratt recbercher Tombre. On le voit cependant descendre sur le bord des fleuves pour brouterTherbe des rives. D'apres les details que Ton poss^de , on voit que cet animal n'a pas subi a proprement parler I'influence de la domestication. On aurait pu. Ires vraisemblablement, augmenter la secretion du lait, qui est peu considerable, et multiplier le nombre des portees : A68 SOCIETY IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. c'est done plutot un animal apprivoise que reellement do- niestique. Get apprivoisement du Gyall doit 6tre tres ancien. On en a une preuve dans ce fait tres remarquable, que chez certaiiies peuplades indiennes on place cet animal au m6me rang que le Zebu. Mais, chez d'autres aussi, on mange sa chair, et on le sacrifie dans certaines ceremonies publiques, ce qui n'a jamais lieu chez les populations oil regne le culte de Brahma. Le Gayal ne parait pas 6tre une espece differente du Gyall. Au moins, lorsqu'on lit les fails qu'on attribue a ce dernier animal, on trouve des differences qui peuvent tenir simple- ment aux personnes qui les ont transmises. Comme le Gyall, le Gayal habite des coteaux sees. II se trouve dansl'lnde, et parait aussi habiter Ceylan. II serait un peu plus petit que le Gyall, et sa taille se rapprocherait de celle du Buffle. On se nourrit de sa chair j sa peau sert a faire des boucliers. Le Gayal a ete apprivoise. La femelle recevrait le male dans la cinquieme annee de son existence. Ces details, comme on le voit, ne peuvent servir a caracteriser une espece ni a la distinguer d'une autre. L'Arni est la derniere espece dont il reste a parler. Cet ani- mal, considere par Cuvier comme une sous-race du Buffle, en est totalement distincte 5 cette erreur de Cuvier venait de ce que manquant de renseignements precis, et ayant compare surtout les tetes des deux especes, il n'avait trouve de diffe- rence que dans les cornes (1). Aujourd'hui on sait que TArni est un animal gigantesque, dont la taille aurait pr6s de trois fois la hauteur de celle du Buffle, si les renseignements que Ton possede sont exacts. L'Arni ne fut pas observe avant 1792. Ce n'est que beau- coup plus tard qu'on a eu des renseignements sur lui, comme on peut le reconnaitre, sans recherche speciale, d'apres Ter- reur commisepar Cuvier. Je ferai remarquer cependant, car ce fait est au moins curieux, qu'il y a dans le VIII" livre dePline (1) Voyez Recherches sur les ossements fossiles, tome IV, page 128. Paris, 1823, in-li". ETUDE SUR LE BUFFLE. 469 une phrase tres reniarquable, qui parait s'appliquer a TArni : « Bubus indicus, (lit Pline, Camelorum altitudo traditur, cor- » ?itia in latitudinem quaternorum pedum (1). » Pendant longtemps on n'a connu TArni que par les peinturcs indiennes; aujourd'luii on possede des fragments de squelette qui ont fait connaitre quelques details. Sur certaines t^tes, on a mesure des comes qui avaient 6 piedsde longueur; maisd'apres d'autres recits, il en existerait qui auraient jusqu'a 10 pieds. La hauteur de Tanimal est considerable, elle s'eleverait jusqu'a 12 et ra^me 14 pieds. Comme ces chifTres sont pris en mesures anglaises, elles se reduiraient en mesures fran^aises. Toute- fois ces dimensions sont enormes, et le poids de I'animal est par consequent considerable. Un individu tue sur les rives du Gauge, puis depece, donna quatre quartiers pesant chacun 360 livres (anglaises) ; ce qui ferait 1440 livres pour les quatre quartiers, qui ne comprenaient pas la t6te, les jambes et les visceres abdominaux et pectoraux. L'Arni habite I'lnde superieure et les for6ts qui se trouvent au pied de THimalaya. Get animal parait 6tre doux et semble s^apprivoiser facilement, si Ton en juge par les peintures in- diennes qui le representent figurant au milieu de ceremonies bruyantes. On le dirige comme le Buflle, au moyen d'une corde qui traverse lacloison des narines (2). Le genre Buffle presenterait done au moins trois especes ser- vant aux besoins de Thomme, si on le juge compose comme on Ta vu. L'espece qui apr^s le Buffle domestique occuperait le second rang, serait le Gyall. L'Arni, malgre ses tres singu- liers caracteres, viendrait au Iroisieme. Aujourd'hui qu'on est generalement porte a croire que le Buffle domestique est un animal dont I'eleve ne presente pas d'avantages, il est impossible de dire si le Gyall, et a plus forte raison TArni, sont appeles a jouer un certain role dans I'ave- (1) Collect. Nlsard, QBuures de Pline, trad, par Littr^, tome I, page 347. Cuvier s'est born(5 h mentionner un passage d'filien. (2) Phisieurs details que j'ai dil passer sous silence dans cettc tite rapide exposition se trouvent dans I'ouvrage de M. Vasey. 470 SOCIETE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nir. Je me hornerai done a etudier speeialement ce qui con- cerne le Buftle domestique. II. — BUFFLEDANS l'eTAT SAUVAGE. — ReMARQUES PHYSIOLOGIQUES ET QUESTIONS QUI s'y RATTACHENT. Dans cette partie de mon travail, je me suis trouveen pre- sence de deux difficuUes : Tune etait la nature m6me des ele- ments dont je devais faire usage; I'autre, la division que je devais adopter dans le classement des matieres. Je dois dire quelques mots sur ces deux sujets pour I'intelligence de ce qui va suivre. Dans les elements dont je devais faire usage, il s'en trouvait quelques-uns qui se rapportaient incontestablement a la phy- siologie : tout ce qui a trait au regime alimentaire est dans ce cas. Mais il y a aussi d'autres elements qui ne tiennent a la physiologic que d'une maniere beaucoup plus eloignee et sont ranges particulierement dans Thygiene, au moins en acceptant la division actuelle de cette derniere science : tels sont les fails qui se rapportent au milieu dans lequel vit le Buffle, dans i'etat naturel. Presque toujours on a confondu ces fails et beau- coup d'autres, en les reunissant dans les considerations gene- rales. Mais alors on les cite presque constammentsans s' clever jusqu'aleur explication, en les signalant commede simples faits Tjui peuvent devenir le sujet d'une etude, et dont on ignore la raison d'etre, et qui sont alors curieux ou remarquables. Tel ne pouvait pas 6tre le but que je me proposals dans cette etude, parce que, destines essentiellement a conduire al'obtention de resultats utiles pour la pratique, je ne devais jamais perdre de vuelaliaisonquiexisteentrelazoologieetlazootechnie.Comme en definitive les faits dont je parle se rattachent a la physiologic, je me suis borne a leur faire occuper le dernier rang. Mais la seconde difficulte etait plus grande, parce que les faits qui la presentaient sortaient de Fetat naturel. II ne s'agis- sait plus du Buffle libre, mais du Buffle reduit plus ou moins en domesticite, et place, par consequent, dans des conditions tres differentes de celles que lui offre la nature. Comme I'animal, ETUDE SUR LE BL'FFLE. fiVi nialgre la possibilite des modifications qu'il peut subir, ne peut pas Ctre indefiniment modifie, et que sa nature conserve tou- jours une grande par tie des caracteres qu'elle presente dans ie premier etat, on aurait pu placer les fails a examiner avec ceux dopt j'ai deja parle. Mais, deja, on entre dans des consi- derations qui sont importantes pour la pathologic, et qui appartiennent essentiellement a I'hygiene. Puis, ces fails s'appliijuanl a un animal domesli([ue sont en relation neces- saire avec tout ce qui a trait aux usages auxquels il sert et aux services qu'on peut en retirer. Or, ces deux derniers sujels appartiennent a la zoolechnie, et comme ils sont inti- mement lies avec le regime et Tetat de domesticite de I'ani- mal, ils ont presque toujours ete reunis a ceux-ci d'une ma- niere plus ou moins complete par les zootechnistes. C'est ce qui m'a engage a faire de m6me, et a renvoyer a une autre parlie de ce travail des fails qui auraient pu cependant trouver leur place ici. Je ne traiterai done maintenant que de ce qui se rapportea I'aniraal dans I'etat naturel. Le regime alimentaire du Bullle se trouve necessairement en rapport avec les lieux qu'il habile. Dans I'etat naturel, il se compose essentiellement des plantes qui croissent dans les marais. « Dans les marais, dilM. P. Lalanne, surlout dans ceux qui sont situes au bord de la raer, on voit se deployer un luxe de vegetation incroyable, ce qui leur donne l' aspect des plus riches paturages ] mais ils sont si vastes et souvent si profonds, qu'on court toujours le plus grand risque d'y voir perir les Vaches et les Juments qu'on y fait entrer. II n' en est pas de m6me du Buffle ; il penetre avec hardiesse dans ces marais qu'il ne connait pas, il s'y enfonce, se retire, y disparait presque tout entier, s'y dirige en tous sens, au gre de son caprice, con- stamment occupe a pailre les plus belles herbes, et toujours menace du plus grand danger sans paraitre s'en soucier (1). » II n'est done pas etonnant que plusieurs voyageurs aient rap- porte qu'en traversant des rivieres, les Duffies plongent pour deraciner avec leurs cornes les plantes dont ils veulent se (1) Maison rustiqxie du xiv* siec/e, tome II, pag«'. 660. 472 SOCIETE IMPjgRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. repaitrc. La predilection de ces animaux pour ce genre de nourritureestremarquable. EUe se manifeste d'une autre ma- niere, en ce qu'ils abandonnent I'herbe fine, quand ils ont la premiere nourriture a leur disposition. Ici il y a une manifes- tation instinctive que Ton reconnait facilement. Le regime alimentai \j du Buffle, compare a celui de I'espece bovine, estremarquab e en ce qu'ilmontre qu'il existe d'assez grandes differences Sv.us ce rapport entre I'une et Fautre. Le Buffle est un animal plus sobre que le Boeuf . On salt quelle est la flore des marais et quelles sont les plantes qui la com- posent. Le caractere dominant de celles-ci est de renfermer tres pen de vegetaux propres a I'alimentation. Ceux qui sont dans ce cas forment des exceptions, et ils sont encore pen nom- breux. Les parties vegetales qui servent a la nourriture des animaux presentent aussi ce m6me caractere; elles sont peu nutritives, formees par un tissu cellulaire a mailles laches et ires considerables, et en outre gorgees de liquides. II resulte de ce fait, que, non-seulement a egalitede poids, mais m6me a poids superieur, le Buffle introduit dans son canal alimentaire une quantite de nourriture beaucoup moinsriche en matieres alibiles que celle qui est avalee par le Boeuf, car cette derniere se compose de matieres solides en beaucoup plus grande quantite. On verra aussi que le Buffle resiste beaucoup mieux aux effels de I'abstinence que le Bceuf , ce qui prouve encore d'une autre maniere qu'il a besoin d'une moindre quantite de nour- riture que les animaux de Fautre espece, Les renseignements qui viennent d'6tre rappeles sont les seuls que Ton connaisse sur le Buffle en etatde liberie. Quant aux conclusions qui en ont ete tirees , nous aurons lieu d'y revenir. On ne sait rien des autres fonctions qui dependent de la nutrition , c'est-a-dire de la respiration , de la circulation et de la secretion urinaire. Ces fonctions ne peuvent 6tre que tres incompletement etablies et parhasard, dans Fetal naturel. Des chasseurs seuls pourraient donner quelques indications, toujours assez vagues, et e ngeneral de peu d'importance lors- qu'elles sont isolees. feTL'DE SLR LE BUFFLE. 473 L'action du systeme musculaire esl mieux connue. Toutefois il no laiit pas s'y Iromper, c'est le resultat general, qu'on a ete aintMne d'apprecier dans son expression la plus complete, qu'on designe inditleremment sous le nom de force ou de vigueur dans les aniniaux sauvages, malgre la distinction qu'il faut faire enlre ccs termes pour les animaux domestiques. Ce resul- tat» s'il depend surtout de Taction des muscles, n' est pas pro- duit uniquement par elle , car il a egalement besoin des parties solides et de I'influence nerveuse. Faute de pouvoir isoler ces differenls elemenls, j'ai dCl me contenter d'eii signaler le resultat. Le Bulfle est doue d'une force prodigieuse. Avec I'elephant, et sans doute le rhinoceros, il parait appartenir aux animaux qui ne craignent pas le tigre. On salt depuis longtemps que les princes indiens out I'habi- tude de faire combattre le tigre par le Buffle et relephant ; et Ton a pretendu que des que le tigre apercevaitle Buftle, il s'en- fuyait en chercbant a eviter le combat , tandis que son adver- saire marcbait resolument sur lui en lui presentantles cornes, et le poursuivait a outrance sans paraitre s'inquieter des nom- breuses blessures qu'il recevait. Ce fait ne serait peut-6tre pas aussi probant qu'on le supposerait , au moins dans beaucoup de cas, parce qu'on a pretendu aussi que les Indiens coupaient les griffes aux tigres qu'ils faisaient combattre, et il serait possible que le tigre, se sentant en partie desarme, perdit la plus grande partie de son courage. Mais on verra que co manque de terreur en presence du tigre existe reellement chez le Buifle, et (jue sa grande force pour combattre cet animal est bien reelle, car on la trouve chez le Buffle domesli([ue, ou elle doit 6tre cependant a un moindre degre que dans I'etat naturel. La maniere dont le Buffle combat montre sa grande force. II chercbe toujours a enlever son adversaire avec ses cornes, et a le jeter en I'air pour I'etourdir par TeO'et de la chute lors- qu'il retombe a terre , et le fouler alors avec ses genoux. La vigueur et le poids considerable du Buffle lui rendent cette tache facile, et Tanimal ou I'homme auquel il s'attaque ne tarde pas a fttro prive de vie et mutile. Ii7h sociiETi^ imp£riale zoologique d'acclimatation. Les fails qui se rapportent aux manifestations des organes des sens presenteraient , sans nul doute , mati^re a quelques remarques interessantes, s'ils etaient mieux connus. Chez le Buftle , le tact semble devoir 6tre beaucoup plus obtus que chez le Bceuf, a cause de I'epaisseur considerable de la peau , qui se rapproche de celle de certains pachydermes , I'hippopotame , I'elephant etle rhinoceros. 3Iais il y a des differences notables, car le Buffle ne presente pas ces plis au fond desquels les couches epidermiques et dermiques deviennent excessivement minces, et si chez lui il y a quelque chose de semblable , la ressemblance est tres eloignee. Par I'effet d'une station plus ou moins prolongee dans I'eau, la peau doit se ramoUir et deve- nir plus sensible aux impressions, et il semble ra6me qu'elle est assez sensible aux piqures desinsectes, comme on le verra. Toutefois la sensibilite doit exister aux levres etaux mamelles, comme elle existe chez le Boeuf, ainsi qu'atix environs des aulres ouvertures naturelles. La gustation parait aussi 6tre moins d^veloppee que chez le Boeuf, si Ton en juge par les substances dont leBuffle se nourrit. Mais , encore ici , on juge peut-6tre faussement, par analogic, car il n'est pas prouve que tel animal est plus delicat qu'un autre parce qu'il refuse une nourriture qui est recherchee par une espece difTerente. Cette question n'est pas susceptible de solution dans I'etat actuel de la science, peut-6tre ne sera-t-elle jamais resolue. II est certain seulement que les herbes des ma- recages, rev6tues de leur enduit visqueux pourlaplupart, sont une nourriture qui repugne profondement aux animaux de I'espece bovine, de m^me que I'herbe des prairies parait moins agreable aux Buffles dans I'etat naturel que cette nourriture refusee par les Boeufs. Chez les Buffles, « I'odorat , dit David Low, est tres fin ». Mais cet auteur ne rapportc aucun fait qui justifie son opinion. II est cependant probable que Tanimal doit sentir I'eau a une bien plus grande distance que le Boeuf, car cette faculte se trouve en rapport avec sa nature. Toutefois il doit exister pour I'odorat , comme pour la vue et Fouic , ce qu'on Irouve chez lous les animaux sauvages : c'est quo ces organes ^TUDE 8UR LE BUFFLE. A76 sont parfaitement disposes pour le genre de vie de I'esp^ce, a(in qu'elle puisse conserver son existence. Les manifestations instinctives se rapportent , commc on le sail, a trois chefs principaux : I'individu, sa maniere d'6tre avec ceux de son esp^ce, et la perpetuite de I'espece. C'est sur ces differents points qu'il est necessaire d' examiner le Bufile. La maniere dont il vit, et que Ton connait par les details qui precMent , est la consequence des manifestations instinc- tives , car rinstinct le presse a choisir les aliments qui lui con- viennent. L'instinct de defense est plus remarquable. On a souvent parl^ de la fureiir que le Buffle manifestait lorsqu'il etait attaque par Thomme. Mais il est vraisemblable qu'on pourrait appliquer au Buffle sauvage ce que David Low a dit du Buffle du Cap : « II nous semble qu'on n'a pas suffisamment deter- mine lequel est le plus cruel, du voyageur elranger qui cherche Tanimal dans sa retraite solitaire pour le plaisir de repandre son sang, ou de la victime qui fait usage des forces que la nature lui a donnees pour se proteger contre ce car- nage. Malgre toute leur pretendue ferocite , ces animaux ne cherchent certainement pas les occasions d'attaquer, nieme riiomme, leur plus feroce ennemi ! » La grande ferocite du BulHe ne se manifesto en realite que lorsqu'il est attacjue et apr^s 6tre entre en fureur. ^fon-seulement il est infatigable pour poursuivre son ennemi, mais il ne parait pas connaitre le sentiment de la peur. II n'est done pas etonnant que I'^tre^ qui se trouveaux prises avecunsemblableadversairen'ecbappe que tres rarement a sa fureur. La mort de son ennemi ne calme pas le Bufile, car il revient a plusieurs reprises se precipiter sur le cadavre pour le mutiler de plus en plus. 11 semble que la vue du sang produise cet effet ; car de m^me que le Boeuf, la couleur rouge met le Bulfle en fureur. La femelle dime tendrement ses petits. Cet amour persiste dans la domesticite , comme on le verra. Ce sentiment, au reste, parait ^tre caracteristique dans toutes les especes du m6me genre. - " "ir" '^^^ Si Ton considere le Bufile sous le rapport de sa maniere A76 SOCIETE IMP^RIALK ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. d'etre avec les individus de son ospece, on voit qu'il vit en societe. Les troupes formees par la reunion des deux sexes sont souvent considerables , et les animaux paissent et se defendent en commun. Je n'aipu trouver aucun renseignement qui indi- quat quel pouvait 6tre le nombre relalif des males et des femelles. Ces animaux sont polygames, mais on ne pent pas juger, par induction , du rapport qui doit exister entre les deux sexes par les faits qui se passent dans Tetat domestique, attendu que les conditions se trouvent changees dans plusieurs esp^ces. II est certain que dans I'espece bovine, les males font un nombre de montes auxquels ne peuvent pas s'elever les accouplements dans I'etat naturel (1). C'est une conse- quence de Tetat dans lequel se trouvent les animaux et de la regularite avec laquelle ils sont nourris. Get etat d'agglomeration dans lequel vit I'espece buffaline doit 6tre note comme un des exemples de la loi posee par Fred. Cuvier pour les animaux susceptibles de domestication ; car, comme on le verra, le Buffle se plie tres bien a la volonte de rbomme, et execute les travaux qu'on lui faitfaire. Je placerai au dernier rang, parmi les sujets qui se rap- portent aux manifestations instinctives , une remarque qui parait se rattacher, a certains egards, a la ferocite de I'animal, mais qui pent avoir une tout autre cause. Pour le Buffle sau- vage comme pour le Buffle du Cap, il est probable qu'a Vepoque du rapprochement des sexes, les males les plus forts et les plus vigoureux chassent les plus jeunes et les plus faibles, ou les tiennent eloignes des troupeaux. C'est probablement dans ces moments que ces animaux deviennent dangereux et peuvent se Jeter sur I'homme. Ils presenteraient ce qui existe pour beaucoup d'autres animaux; mais ce fait, qui s'explique natu- rellement, ne prouverait pas que I'animal fut naturellement dangereux et qu'il attaquat spontanement I'homme. (1) Ce fait a (5t(i parfaitement appr^cie par Buffon, qui a le premier re- marqu6 que les animaux r(?duiis en domesticite ont une plusgrande f^con- dit6 que dans l\Uat nalurel. Ce qui est vrai des femelles Test ^galement des male?. feTUDK SL'R LE BL'FFLK. 477 J'ai (lit que le BuiHe ne paraissait pas connaitre la terreur, lors({u'il s'agit pour lui de conihattre un ennemi, mais cet ani- mal paraltredouter heaucoup le leu ; c' est la seule chose devant laquelle on a dit qu'il rccule. La reproduction, dont Tetudedoit venirapres celle des mani- festations instinctives, puisqu'elle se rattache a Vexistence m6me de Tespece , la reproduction ofl're sans doute quelques faits curieux chez le Buttle, mais ils sont inconnus , au moins en ce qui a trait aux rapprochements des sexes , aux faits de la mise has, etc. II y a m6me eu , jusqu'a ces derniers temps , indecision sur la duree de la gestation. Ce fait est remarquable, car cette duree n'est pas susceptible de varier dans I'etat sauvage et dans I'etat domestique. Les differences presentees par les femelles s'elevent a quelques jours , et Ton aurait facilement toutes les lumieres possibles. Griffith, en parlant du Buftle, n'a fait que repeter les paroles de Cuvier, qui assurait qu'on ne savait pas si les femelles portaient dix ou treize mois, ce qui montre combien les deux auteurs etaient dans Tigno- rance sur la verite. Depuis, M. Vasey a donne la duree de dix mois et dix jours , comme etant celle de la gestation du Buffle de I'lnde. Je reviendrai sur cette question dans la partie zootechnique de cette etude, parce qu'elle offre matiere a une remarque importante pour le Buffle reduit en domesticite. Je signalerai maintenant les questions qui se rattachent aux sujets precedents. Elles sont de plusieurs ordres, mais peuvent toutes se reunir pour former deux sujets, qui sont : I'examen des conditions offertes par les regions dans lesquelles habite le Buffle sauvage, et la determination de sa patrie primitive. Les auteurs ont regarde THindouslan comme la patrie origi- naire du Buffle, et ils ont remarque que dans ce pays on trou- vait a la fois le Buffle a I'etat sauvage et a I'etat domestique. Toute importante que parait la base de cette opinion, en realite elle se reduit a tres pen de chose. En premier lieu, cette indication est excessivement vague. L'Hindoustan est un pays considerable, mais il ne forme cependant, lorsqu'on consid^re ses limites politiques , qu'une T. IV, — Oclobrc 18ri7. 31 /l78 SOCIKTK IMl'KIUALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. partied'une region plus vaste encore, eu egard aux delimita- tions naturelles, car cette region s'etendrait a I'ouest et au nord-ouest, jusqu'aux montagnes qui , dans leur partie meri- dionale, torment les monts Salomons-Brakouiks, puis, apres s'^tre eleves presque perpendiculairement jusqu'a Kaboul, se courbent a angle droit pour rejoindre la chaine de I'Himalaya, nutant qu'on peut en juger par les faits que Ton possede. A Test, cette m6me region se trouve moins bien delimitee, car les montagnes da nord-est se trouvent interrompues dans leur partie meridionale ; la limite orientale presente des solu- tions de continuite qui etablissent des communications avec rinde transgangetique. Ce fait est capital relativement a la delimitation geographique du Buffle , car rien ne prouve que I'animal ne se soit pas etendu primitivement jusqu'aux mon- tagnes qui bordent la rive gauche de I'lrawaddi , e'est-a-dire dans une partie de la grande presqu'ile indienne. Cependant, m6me avec cette indecision, la patrie originaire du Buffle serait encore suffisamment connue, s'il etait bien demontre que c'est dans ces regions qu'habitait I'animal. Or rien n'est moins prouve , lorsqu'on envisage la question d'une autre maniere. Lorsqu'il s^agit d'un animal sauvage, on ne peut affirmer que sa patrie soit le lieu oii on le trouve a un moment donne, c^r il y a des faits qui prouvent de la maniere la plus evidente qu'en pronongant ainsi, on commettrait les erreurs les plus graves. Je ne citerai qu'un seul fait pour FEurope, fait au reste bien connu, c'est celui de I'Aurocbs. Get animal n'existe plus aujourd'hui que sur un seul point, et s'il s'y conserve, c'est par la protection qu'on a etendue sur lui. Or, il n'est pas douteux qu'a I'epoque ou la Germanie etait couverte de for6ts, I'Aurocbs ne fut tres repandu 5 mais il aete chasse, tra- que et detruit sur beaucoup de points ; puis les forets ont dis- paru, et (i mesure que les arbres tombaient, I'animal reculait de plus en plus, jusqu'au moment ou il n'a plus existe qu'en Franconie, ou se trouvent les derniers individus. Je ne parte ici que de la Germanie, quoique certains temoignages con- duisent a croire que I'espece s'etendait plus loin, vers Touest. Get exemple existe pour d'autres especes. Le Buffle du Cap r JTrrff J&TUDE SUR LE BUFFLE. 47% s'est retire peu a peu dans I'interieur du continent, attaque; par les Europoens et par les Caires. II en a ete de m6me du; Bison en Anierique. Pour le Buille dont respecc a ete domes- tif|uce el qui est le sujet de ce travail, le refoulement semble-' rait avoir ete moins facile, parce que Taninial, habitant des niarais, etait plus difficile a poursuivre. Par consequent, on serait porle a croire qu'il a existe de tout temps dans les endroits 4e THindoustan ou on le retrouve sauvage. Cette conclusion, qui confirmerait I'opinion des auleurs, est elle- niiime tres vulnerable. Pour qu'elle fut mise hors de doute, il faudrait qu'elle resistat a une epreuve qu'on ne parait pas avoir jamais songe a lui faire subir; c'etait de voir si Ton arrivait a uno consequence semblable en suivant une autre marche. Lorsqu'il s'agit d'aniraaux. dont Tespece a ete domestiquee, on nc pent pas dire que leur patrie originaire se trouve dans les endroits oii existent des individus a I'etat sauvage. II n'y a qu'un cas dans lequel on puisse Taffirnier. C'est lorsqu'on voit la m6me espece dans deux continents prives de communica- tions. II faut alors admettre que les animaux ont ete amenes par rhomme de Tun a I'autre. C'est ce qui se presente pour les animaux de Tancien continent, qui existent aussi aujourd'iuji en Amerique, ou en Oceanic, dans Tetat de liberte. Mais , quand des regions communiquent, quand le passage d'une espece peut avoir lieu d'un endroit a I'autre, la question est diffcrente; car il devient tres difficile, souvent m6rae impos- sible, de dire si des especes se sont etendues spontanement, si elles ont habite une region plus ou moins vaste que celles oii Ton place leur premiere origine, ou bien si elles ont etc repandues par rhomme ou domestiquees. ^,f,' ; Cette difficulte existe pour le Buflle : on le trouve sauvage et domestique dans I'lnde \ mais, comme on le verra quand je par- lerai du Buffle domestique etdes regions qu'il habite, cet ani- mal s'eleve beaucoup plus haut que I'lnde au nord, et s'il n'existe pas sauvage dans ces regions, on ne peut pas affirmer qu'il ne se soit pas trouve dans cet etat, a une epoque tres reculee. Quand j'examinerai les conditions des miliftux dans /j|80 SOCIETE IMPERIALR ZOOLOGIUUr: d'aCCLIMATaTION. lesquels vit le Buffle, je reviendrai sur cette question, pour faire voir que les auteurs n'en onlpas compris l' importance,^ relativenient a la distribution geographique de cet animal. Afm de ne pas anticiper, je me borne, quant a present, a faire remarquer que rien ne prouve que le Buffle ne se soit pas etendu autrefois beaucoup plus au nord que THindoustan. La m6me difficulte se reproduit pour des regions qui sont situees beaucoup plus au sud que ce pays. Cuvier, en parlant du Buffle, a rapporle des temoignages qui montrent que cet ani- mal existe dans toutes les iles de Tarcbipel Indien (1), dans les deux etats ou on le trouve dans THindoustan. Mais Cuvier admettait que tons ces individus appartenaient a I'espece indienne; car il n'a pas souleve la question de la possibilite d'existence d'especes ditferentes, ni celle de races qui auraient pu se former dans les ditferentes iles. Aujourd'hui qu'on a quelques renseignements sur le Buffle de Manille, et qu'on salt qu'il differe par certains points du Buffle ordinaire, on doit se demander si les Buffles qu'on trouve dans I'archipel Indien, et qui seraient reconnus appartenir a I'espece indienne, n'ont pas ete amenes du continent par les Hindous et les Malais, et si une partie des individus n'est pas revenue a I'etat primitif. Ce fait serait encore bien plus digne d'examen, s'il etait etabli que le Buffle de Manille est une espece distincte de celle de I'Inde. Je pourrais pousser beaucoup plus loin la mention des doutes qui existent sur la question que j'examine. Dans des regions eloignees de celles dont j'ai parle, on retrouve encore I'animal a I'etat libre et a Tetat domestique, non plus a la verite dans le m6me pays, mais dans des contrees oii il a pu 6tre amene de Tune dans I'autre : je citerai comme exemples I'Egypte et I'Abyssinie. Bruce a pretendu que les Buffles qu'il a rencontres en Abyssinie etaient de m6me espece que ceux d'Egypte. Or, ceux d'Egypte paraissent appartenir a Tespece indienne. D'autre part, le Buffle n'etait pas connu anciennement en Egypte ; son emploi, comme animal domestique, estposterieur de beaucoup a I'epoque des Pharaons. Mais quoiqu'il soit probable que cet (1) Voyez Recherches sur les ossements fossiles, tome IV, p. 12Z» et 125. ETUDE SUR LE BUFFLE, hSi animal ait cle ainene par risthme de Suez, on ne pent pas dire, dans I'etat actuel de la science, que ces Buftles d'Abyssinie ne soient pas les restes de I'espece dont une partie des individus ont ete domestiques, puis amenes en Egypte. Je ne veuxpas m'etendre sur cette question, dont on trou- vera les preuves confirmatives dans ce qui a trait au Bulfle reduit a Tetat de domesticite. Mon but a ete de prouver com- bien la region assignee au Bulfle comme etant sa patrie sou- I6ve de questions secondaires qu'on n'a pas songe a examiner. Cuvier paraissait confirmedans son opinion, par un fail d'un tout autre ordre, car il dit, en parlant de la patrie originaire du Buffle : « Son pelage rare et court annonce un animal des pays chauds (1). » L'examen de cette question, qui se lie a la propagation du Buffle domestique dans des climats difFerents, nepeut 6tre faite ici, parce quMl faut prealablement examiner quelles sont les conditions de milieu dans lesquelles se trouve Tanimal ii I'etat sauvage. C'est cette question que je vais maintenant etudier, parce qu'elle se lie d'une mani^re tres etroite a la distribution geographique. (1) Recherches sur les ossements fossiles, tome V, page 124. (La fin prochainemenl.) fl82 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. RAPPORT S( R LES DOCUMENTS ADRESSES D^ALGERIE Ei\ HEPONSE AU QUESTIONNAIRE SUR L'ACTRUCHE Par in. le docteur L. A. CiOSSE, Delegue de la Societe imperiale d'acclimatation a Geneve. (Seance du 26 juin 1857.) SUITE ET FIN (1). Les rapports ne fournissent que peu dUnformations sur les maladies des Autruches. Dans la vieillesse, I'oiseau maigrit, ses plumes deviennent cassantes, et les pieds ainsi que la t6te grossissent (Geryville). A Sebdou, on a fait la remarque que plusieurs des Autruches captives sont mortes tout d'un coup, sans avoir donne au prealable de signes d'une maladie quel- conque. Elles s'arr^taient de manger et mouraient presque aussitot, Plusieurs personnes qui ont fait Vautopsie de quel- ques-unes d'entre elles croient que leur mort doit 6tre attri- buee aux corps brillants, tels que cuivre, verre, etc., qu'elles avalent avidement, et qui, a la longue, ne sont pas digeres. Le rapport de Tebessa nous apprend aussiqu'en hiver et pendant la mue, les Autruches sont atteintes d'une espece de gale, dont elles se guerissent facilement elles-m^mes. On n'a pas observe, dans le petit nombre d'endroits ou Tarrachement des plumes se pratique, qu'il determinat de maladie chezToiseau, etm^me nulle part, a Vexception de Sebdou et de Tlemcen, on n'a remarque que cette operation ait nui a la poussee suivante des plumes. II fallait toutefois avoir la precaution de ne pas arra- cher les plumes a la fois , mais bien I'une apres I'autre, et tout au plus cinq ou six par jour, a mesure qu'elles avaient pris tout leur developpement (Laghouat). Enfin, on n'a (1) Voyez les numeros de juillet, page 331, et d'aoiit, page 391. ALTRUCHE d'aFRIQUE. A83 pas cVexemple d'epizootie parmi les Autruclies (Boghar, Tlemcen). Les habitants dii Sahara chassent I'Autruche sauvago liour exploiter sa viande, sa graisse, ses oeufs, sa peau et ses plumes. lis n'en elevont point de privees dans un but de speculation, et pours'en servir de montures on debates de somme-, I'idee de ce dernier emploi leur paralt m^me tres bizarre. lis recherchent la viande et la graisse (Zem) pour leur usage partieulier, sans en faire de comnnerce. Chaque grande tente tient a en avoir de bonnes provisions, car e'est pour elles un objet de luxe. La chair a un goiU partieulier assez agreable, que les Arabes comparenta celui dela chair du Chameau (Geryville). On mange la viande fraiche ou sechee ausoleil (Laghouat). Cette viande se vend jusqu'a 5 francs le kilogramme (Sebdou). L'epoque de Tengraissement de rAutruche parait varier sui- vant les saisons et I'abondance de la nourriture ; cependant on convient en general que c'est au printemps qu'elle est le plus grasse. line Autruche sauvage fournit alors autant de graisse que deux moutons gras (TIemcen), de 3500 grammes a 4000 grammes (Tebessa), de A a, 5 kilogrammes (Geryville, Laghouat), de 6 a 10 kilogrammes (Boghar). Son prix varie de 1 fr. 50 c. a 2 francs le kilogramme dans le desert, ou de 25 centimes les 32 grammes (Tebessa) jusqu'a 20 francs le kilogramme (Sebdou). Les Arabes se servent de la graisse d'Autruche fraiche ou salee en guise de beurre dans leur cui- sine, lis I'emploient aussicomme remede dans toutes les bles- sures, contre certaines morsures venimeuses, et en frictions dans les maladies rhumatiques ; ils I'administrent a I'interieur, lorsqu'elle est fondue etsal^e, dans quelques maladies du foie ; les uns soutiennent qu'elle agit alors comme purgatif, d'autres le nient. La moelle des os est reservee pour les acces de goutte et pour les maladies nerveuses. . La cervelle passe, chez les Arabes, pour jouir d'une propriety des plus malfaisantes : ils pretendent que cette cervelle, man- gee par rhomme, le rend fou furieux et lui donne des acces d'hy- drophobie incurables ; aussi ont-ils soinde I'enterrerlorsqu'ils liSh SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tuent une Autruche, a moins qu'ils ne veiiillent s'en servir pour se venger d'un ennenii mortel (Tebessa). Les CBufs, les peaux et les plumes soiit devenus uri objet lucratif de commerce dansle Sahara algerien, depuis I'arrivee des Frangais. Les Ouled Sidi Chikh et leurs serviteurs religieux du cercle de Geryville vontvendre lesoeufs, ainsi que les plumes des ailes et de la queue, dans les villes du Mezab. Les indigenes du Sahara algerien portent leurs oeufs et leurs plumes a Tafilet, oiise trouvent des representantsde plusieurs negociants anglais (Sebdou). Les Israelites en sont presque partout les acquereurs, ce qui tientace qu'ils s'aventurent au loin, visitant les mar- ches les plus eloignes ou les tribusles plus ecartees des centres europeens, et que d'ailleurs ils connaissent mieux que per- sonne les habitudes , la langue et les moyens d'echange appropries au gout des Arabes (Tlemcen, Sebdou). Les Mo- zabites seuls leur font concurrence dans le sud de I'Algerie (Boghar). L'oeuf d'Autruche du Sahara a en moyenne les proportions suivantes : longueur, 1(5 centimetres-, largeur, 13 centi- metres ; son cube est de l'^'^"'°-,188 ; son poids brut, de 1375 grammes •, poids de la coquille, 314 grammes ; poids net du jaune et du blanc, 1061 grammes (Laghouat). Cependanton en avu de 2Zi centimetres de long sur 18 centimetres de large (Boghar), et m6me de 30 centimetres de long sur 20 centimetres de large (Sebdou). Son prix est, dans le desert, de 75 centimes a 1 franc la piece :, de 1 a 2 francs a Sebdou et a Boghar, de 4 a 3 francs sur la limite du Tell, et de 3 francs dans le Tell (Tlemcen, Tebessa). Les Arabes ne tannent ordinairement que la peau du cou, des cuisses et du ventre ; ils emploient a cet effet du sel de cui- sine, de I'alun et de Tecorce de grenade pilee. Quant a celle du dos, qui est recouverte de plumes, ils se contentent de la frotter avec du sable et du sel et de la laisser secher au soleil (Laghouat, Tebessa, Boghar). La peau tannee du cou, des cuisses et du ventre, de la valeur d'environ 2 fr. 50 c., leur sert a fabriquer des bourses et des lanieres qui, une fois tres- ALTRUCHE o'aFRIQUE. 585 sees.sont employees a faire des etriviercs et des rftnes (Laghouat). Les plumes sont vendues ou avec la peau (depouilles), ou se- parement celles des ailes et de la queue. Les premieres sont obtenues d'Autruches tuees a la chasse; les secondes sont ordinairement recueillies dans le desert, et proviennent de la mue, aussi sont-elles avarices. L'agedeVanimal, ou uneannee plus ou moins abondante, influent aussi sur la qualite des plumes. Lorsque les Arabes ne vendent pas leurs plumes, ils s'en servent pour fabriquer des chapeaux dont ils se parent dans les grandes solennites.'^Ces cbapeaux ont les dimensions etla forme des bonnets a poil des sapeurs; a la hauteur du front se trouve un rebord flexible, d'un pouce environ de lar- geur, en plumes comme le reste, et formant visiere (Tebessa). Les plumes noires du dos restent en grande partie dans le pays ; reunies en paquets, elles servent aux Ouled Sidi Chikh, Cheraga et Gharaba, a distinguer leurs tentes de celles de leurs serviteurs religieux. Un Arabe qui n'appartientpas a cette grande famille ne pent se permettre cette distinction (Gery- ville). Le prix d'une depouille est de 60 francs a Sebdou. A Gery- ville, il est difficile de se procurer ime dej)ouille enti^.re a moins de 80 a 100 francs. A Tebessa, une peau d'Autruche male va jusqu'a 200 francs, celle de la femelle ne vaut guere que AO a 50 francs au plus. A Boghar, les indigenes vendent aux juifs, pour 60 a 90 francs, la depouille enliere du male et pour 15 a 20 francs celle dela femelle. A Laghouat, une belle peau de male vaut actuellement de 125 a 150 francs. Deux depouilles de femelles valent tout au plus une depouille de male. Enfin, a Tlemcen, on fait la remarque que la depouille d'une Autruche qui vaut 10 francs au Sahara, coiite de 40 a 60 francs sur la limile du Tell, et que les juifs la revendent de 100 a 150 francs. Je passe sous silence ce qui concerne les chasses de I'Au- Iruche a courre et a VaffiH, sur lesquelles les divers rapporls, en particulier ceux de Geryville, de Tebessa et de Tlemcen, nous fournissent des details Ires piquants, mais en partie deja 486 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. connus. II me suffira de dire que la premiere de ces chasses est presque exclusivement I'apanage de la classe riche parmi les Arabes, vu les preparatifs couteux qu'elle necessite et les pertes en rhevaux, parfois considerables, qu'elle occasionne-, et que la seconde, celle a TaffCit, lorsqu'on la pratique dans la saison de la ponte et aupres des nids, est la plus destructive et souvent la plus profitable, parce que les chasseurs font en m6me temps la recolte des oeufs et des plumes. '«} Messieurs, L'analyse que je viens d'avoir I'honneur de vous faire des documents sur FAutruche qui vous ont ele transmis d' Algeria, doit vous avoir prouve, ce me semble, qu'ils contiennent una foule d'informations preeieuses et nouvelles sur le sujet qui nous occupe, quoique laissant encore indecises quelques-unes des questions. En consequence, votre delegue vous propose d'en adresser des remerciments a leurs auteurs, et d'exprirner a M.leMare- chal Vaillant notre sincere reconnaissance pour I'empresse- ment qu'il a mis a nous les procurer. •iK^J OfKIUte^ -'H) 'nfUj^i ii'i riwtw CULTURE DES BAMBOUS EN ALG6RIE. 487 SUR L'INTRODUCTION ET LA CULTURE DES BAMBOUS DE CHINE EN ALGfiRlE V Par M. HARDY, Diractcur de la Ptpiniore centrale du gouvernemant. Le Conseil m'a fait I'lionneur de m'informer de I'inter^t que prenait la Societeala multiplication du Bambou en Algerie, et m'a demande si la Pepiniere centrale etait sufGsamment pour- vue de moyens de reproduction de cette espece, pour ne pas 6tre dans I'obligation de faire venir des plants de la Chine. Je m'empresse d'adresser a la Societe les renseignements que j'ai pu reunir sur cette question. La Pepiniere possede en ce moment douze especes de Bam- bous. Le nombre des esp^ces qui y sont cultivees s'est rapide- ment accru dans ces derniers temps, grace aux envois de 31. de Montigny, qui a expedie de Chang-hai deux especes de la Chine, etderni^rementquatreespeces, etpeut-6tre plus, duCambodge et de Siam. Les plants provenant de ce dernier envoi ne sont pas encore developpes et n'ont pas encore rev^tu tous leurs caract^res distinctifs. Depuis longtemps, nous cultivons le Bam- busa arundinacea de Tlnde, le Bambusa Thouarsii de Mada- gascar et des lies d'Afrique, et le Bambusa spinosa de Blume, ou agrestis ^QVoiT^i, originairedel'Indo-Chine. Le Bambusa arundinacea et le B. Thouarsii appartiennent aux grandes especes de Bourbon. Nous possedons des touffes de ces deux especes qui donnent chaque annee des chaumes de 15 a 18 metres de hauteur, et qui n'ont pas moins de 10 a 12 centimetres de diam^tre a la base. On pent en voir des echantiilonsal'Expositionpermanentedes prod uits del' Algerie, que S. Exc. M. leMinistre de la guerre a etablie a Paris. De nouvelles plantations ont ete faitesa Tetablissementdans des conditions plus favorables que pour les anciennes, et j'es- pereen obtenirdes jets beaucoup plus volumineux. Mais les jets d^s aujourd'hui obtenus pourraient deja rendre de nombreux A88 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. services dans les constructions rurales, pour les hangars, les bergeries, les sechoirs a tabac, les magnaneries a Vinslar de TAsie Mineure-, pour fornnerdes pieux et des lattes de cloture, des perches et des rames pour les Houblons, les Ignames et autres plantesgrimpantes quiontbesoin de supports, Le B. spinosa ne donne pas des jets d'un diametre aussi considerable que les deux especes precedentes •, mais au lieu d'etre fistuleux comme ceux-ci, ils sont presque pleinsetd'une durete tres grande lorsqu'ils sont bienmurs. Dans cette espece, les rameauxlateraux sont garnis d'epines : ce qui la rend tres propre a former des haies defensives, en ni6me temps qu'a abriter les cultures contre les vents rasants. Cette espece fructifie au bout d'un certain nombre d'annees, lorsque les jets ont pris tout leur developpement. Cefait s'est produit une fois a la Pepiniere centrale. Sept ou huit touffes ont donne, il y a sept a huit ans, une grande quantite de graines, qui m'ont permis de faire des semis considerables. La graine a la forme et I'aspect de grains de seigle. II est a remarquer que les touffes sontmortes en totalite apres avoir fructifie. Ces trois especes sont multipliees sur une large echelle dans I'etablissement , et elles figurent dans les distributions de vegetaux qui se font annuellement aux cuUivateurs. Malgre toutes les facilites qui sont offertes, fai le regret dedire que les plantations de Bambou sont loin d' avoir toute la faveur qu' elles meriteraient dans I' agriculture algerienne. Les especes dont il me reste a parler n'atteignent pas, a beaucoup pres, les m6mes dimensions que les precedentes. Parmi les deux especes envoyees de Chang-hai par M. de Montigny, il s'en trouve une qui est indiquee comme comes- tible. Les Chinois en mangent les pousses, lorsqu'elles viennent de sortir de terre et qu' elles sont encore tendres. Ce Bambou fournitsous terre de nombreux stolons qui s'etenSent dans tous les sens a travers la terre la plus dure et donnent naissance a de nouvelles tiges. Ses tiges atteignent a peine le volume du poignet dans leur plus grand developpement, du moins dans celles que j'ai etc a m6me d'observer jusqu'a ce jour, Leur elevation est de 5 a 6 metres ; elles sont tres iistuleuses et ne CL'LTL'RE DES BAMBOUS EN ALG|::RIE. 489 paraissent pas avoir une grande solidite. Ce Hambou ne parait pas di^licat, au rapport de M. de Montigny, il vienl en Chine siir les terrains en pente ot dans les endroits assez arides. Ses proprietes tra^antes pourraient le rendre propre a soutenir les terres. L'autreesp^ce, ayantla inOmeorigine, donne en toufl'es sor- rees de nomhreuses tiges du volume du doigt. Leur hauteur ne depasse pas A metres. ' ;» II me resle a mentionner trois autres especes dont Vetat de developpement permet d'apprecier ce qu'il est possible d'en attendre. En premiere ligne, se presente le Bambusa nigra^ qui est tres tra(;ant. Ses tiges ne s'elevent gu^re qu'a 2 metres 50 centimetres, ont les nreuds reguliers et a pen pres egale- ment distances, et donnent ces charmantes Cannes avec les- quelles on fait des manches de parapluie. II faut esperer qu'un jour le commerce pourra tirer del'Algerie ces Cannes quMl va demander aux contreesasiatiques. La seconde est le Bambusa scriptoria ou Beesha Rheedii, dont les tiges, hautes de 2 metres au plus et minces comme des luyaux de plume a ecrire, servent afaire les calames des ecri- vains asiatiques. Cette espece ne parait devoir obtenir qu'un emploi assez limitc dans nos usages. Enfm, celle qui me reste a indiquer comme acquise a I'Alge- rie, est une espece ou peut-6tre une variete a tiges d'un beau jaune,lignees de vert et d'un fort joli eft'et. Son developpement est mediocre ^ c'est plutot une espece d'agrementque d'utilite. Quant aux Bambous qui composaient les divers envois de M. de Montigny, du Cambodge et de Siam, leur introduction est trop recente et les plants n'ont pas encore assez pris de developpement pour deployer tous leurs caracteres, et faire prejuger le parti que Von pourra en tirer ici. Je dirai seule- ment que dans le nombre il se trouve quelques sujets dont les souches sont enorraes, et dont les tiges, coupees presque au ras du sol, n'avaient pas moins de 30 centimetres a la base. Quoiquele genre Bambou ait des representants jusque sous des latitudes relativement fort elevees, il n'en esfe pas moins vrai que la dimension de ses especes est en raison directe de 490 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. la somine de chaleur qu'elles re^oivent annuellementdans leurs pays originaires, et que ces dimensions vonl en s'amoindris- sant a mesure que les especes montent vers le Nord ou s'elevent sur les montagnes. On avait annonce la decouverte d'une grande espece de Bam- bou sur le mont Himalaya, croissant parmi les coniferes et dans le voisinage des neiges. Verification faite, il s'esL trouve que ce Bambou avait des tiges de la grosseur du petit doigt, et hautes de i'",50. Dans le nord de la Cbine, les Bambous sont de petite taille. C'est dans la partie nieridionale de ce vaste empire, dans I'Hindoustan et toute la region equatoriale, que les grandes especes se rencontrent al'etatspontane. Les Bambous se multiplient par Teclat des souches et par les rejets souterrains pour les especes trac^antes. Mais le moyen le pluseconomique et d'une application plus generale, estceluipar boutures. Au printemps, on prend des jets qui se sont develop- pes pendant I'annee precedente et dontles bourgeons lateraux ne sont pas encore sortis. On sectionne cette tige en autant de fragments qu'il y a de nceuds, la section occupant le milieu du meritballe ou espace compris entre deux noeuds. Chaque frag- ment est pourvu d'un ceil au milieu de sa longueur. Telle est la bouture du Bambou. Pour la planter, on creuse dans dela terre bien meuble et preparee a I'avance par des labours pro- fonds et de I'engrais, de petites fosses de 15 centimetres de profondeur environ ; on y couclie horizontalement la bouture, I'cEil en dessus; on recomble la petite fosse de maniere que I'oeil de la bouture soit reconvert de 10 centimetres de terre. Les Bambous en general, mais surtout les grandes especes, veulent une terre riche et profonde. Les bonnes terres a ble qui ont de la profondeur, et qui contiennent beaucoup de principes azotes, leur conviennent parfaitement. Pour etablir convena- blement une plantation de Bambous, il faut defoncer la terre par trancbees de l^^jSO de largeur sur On',70 a 0'n,80 de pro- fondeur, et relenir la meilleure terre en dessus, de fagon que la bouture ne soit pas niise immediatement en contact avec do la terre ramenee du sous-sol. Le Bambou aime beaucoup fbumidite quand la temperature CULTURE DES BAMBOUS £N ALG^RIB., .r^i i. ^^i est elevee ; mais le contact prolonge de I'eau abondante lui serait prejudiciable pendant Thiver. II faudraitque les planta- tions qui en seraient faites fussent soumises a un systeme d^irrigation tel qu'on pCit y introduire ou en retircr I'eau a volonte. Avcc des precautions cependant, le Bambou pourrait Ctirc plante en bordure, le long des principales rigoles d'arro- sage et des fosses d'assainissement, en plantant les boutures a une certaine distance de la berge, afin que Teau d'infil- tration ne vtnt pas les baigner d'abord d'une maniere perma- nente, ce qui les ferait infailliblement perir. On leur distri- buerait de Teau a bras selon leurs besoins. Lorsquelestouffes auront pris un certain developpement, les jets gagneront du terrain de proche en proche du cote des rigoles ou fosses, sans courir alors le risque d'etre incommodes par i'eau qui y coule. Je dois ajouter, en terminant, que Ton se tromperait beau- coup si Ton pensait que les Bambous peuvent venir indistinc- tement partout en Algerie. Les grandes especes ne donneront de resultats satisfaisants que dans les lieux bas et les plaines basses, ou la temperature se maintient toujours assez elevee, et ne pourraient reussir sur les hauls plateaux, tels que ceux de Setif, Bathna, Gonstantine, Djella, Tlemcen, etc. Dans ces localites et autres analogues , les especes tragantes auraient seules des chances de reussite. Ainsi que j'ai eu I'honneur de le dire en commengant, la Pepiniere centrale est abondamment pourvue de Bambous. Elle est en mesure de distribuer annuellement des niilliers de plants et boutures des meilleures especes, et j'estime qu'il n'est pas necessaire quelaSociete se mettre en fraispour faire venir expresdes plants de Bambou de la Chine, en vue des planta- tions a executer en Algerie. /i92 SOClETli IMPERIALE ZOOLOGIQUP: d'aCCLIMATATION. II. TRAVAUX ADRESSES ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIETfi. RAPPORT DEUX EDUCATIONS DU BOMBYX CYNTHIA Par m. GAZAIV, Colonel d'artillerie en retraite, raembre du Conseil general du Var, Comraandeur de la Legion d'honneur. (Seance du Conseil du 10 juillet 1857.) J'ai recju de la Societe d'acelimatation deux envois de graine du Bombyx Cynthia qui ont donne lieu a deux educations suc- cessives. L'eclosion des graines du premier envoi a ete tres reguli^re; mais, malheureusement, je n'avais pas eu le temps de planter des Ricins, et je fus oblige de recourir aux proprietaires qui en avaient quelques pieds, les plantations de Nice etant aban- donnees. Ges ressources me suffirent pour conduire la totalite des Vers jusqu'au troisiemeage. Dans la conviction que la feuille de Ricin allait me manquer, je pris un parti extreme, et j'exposai la moitie de mes Vers sur un miirier blanc, mais ils furent emportes lanuit suivante par une pluie torrentielle, et je n'en trouvai plus de trace. L'autre moitie, divisee egalement en deux parties, fut sou- mise a deux regimes. Al'une, je reservaile reste demes Ricins ; l'autre fut nourrie avec de la laitue, de la feuille de saule et de la feuille de murier. Les Vers. ne toucherent pas la feuille de saule; quant a la lai- tue, ils la mangent volontiers, mais elle leur donne la dyssen- terie. La feuille de murier m'a paru de beaucoup preferable; cependant cette portion de Vers n'a pas reussi, parce qu'elle a probablement souflert de la vai iete des aliments qu'elle a re^us. Toutefois, bien que la feuille de Ricin ait ete insuffisante pour le reste de mes Vers et que j'aie ete force de recourir . VER A SOIE DL' RICIN. &93 encore a la feuille de murier, j'ai obtenu une centaine de cocons fdes, soitcontre les parois de la grande boite qui conte- nait les Vers, soil sous les feuilles qu'onleur donnait, soil dans les cornels de papier ou j'avais enfernie quelques coureurs. Je dois dire ici que, dans tout ce qui precede, comme dans ce qui va suivre, les prescriptions de M. V. Griseri ont etc scrupuleusement et exactement suivies. Oblige de m'absenter pour la session du Conseil general et pour des affaires qui me retinrent a Toulon plus longtemps que je ne le croyais, je confiai les boites ou j'avais range mes cocons a une personne qui leur donna les soins que j'aurais pu donner moi-m6me. La sortie des papillons et leur accouplement eurent lieu pen- dant mon absence, et a mon retour je trouvai sur les feuilles de papier bleu une assez grande quantite de graines, mais I'e- closion avait eu lieu, et les pelits Vers etaient morts a c6te de leur enveloppe. Plus tard, je re^usde M. Guerin-Meneville, en tournee dans les Basses-Alpes, un second envoi de graines, dont tous les Vers etaient eclos. Je n'avais, dans ce moment, que sept pieds de Ricin dans mon jardin, une plantation faite a la campagne ayant completement manque par la mauvaise qua- lite de la graine qui m'avait ete vendue. Je mis cinqpetits Vers sur chaque Ricin, et malgre plusieurs pluies ()ui en firent tomber un certain nombre,j'obtins decette education en plein air quatorze beaux cocons, dont douze n'ont rien produit, et deux ont donne des papillons males. II est difficile, je crois, d'elever des Vers dans des conditions plus defavorables. Cependant il resulte evidemment pour moi que, dans les circonstances ordinaires, avecles approvisionne- ments de nourriture necessaires, I'education du Bombyx Cyn- thia doit reussir dans nos climats, fut-elle en plein air aban- donnee a elle-m6me. T. IV.- Oclobre isri7. 3'i ZlWj SOC.IKTE IMF'KIUALF, ZOOLOGIQIK d'aCCLIMATATION. lU. EXTRAIT DES PROCES-VERBADX DES STANCES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA SOClfiTfi. SEANCE DU iU AOUT 1857. Presidence de M. GEOFFROTf Saint-Hilaire. Le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : M. Camus, proprietaire , au chateau de la Couarde, a ■ '* Laqueue (Seine-et-Oise) et a Paris. r— M. Balsamo Crivelli adresse des, remercitnents pour son admission parmi les membres de la Societe. — M. le President presenteau Conseil les deux volumes de I'aneee 1856 des Menaoires de la Societe royale d'agricultuire de Londres, qui exprime le desir transrais par notre honorable conlirere, M. Dutrone, de recevoir en echange le Bulletin de la Societe. Cette proposition est acceptee par le Conseil. — M,. le President depose egalcraent sur le bureau le pre- njier Bulletin du Comite botanique d'acclimatationde Moscou, qui lui a ete remis par M. A. Bogdanoff', secretaire de ce Comite. Des remerciments seront adresses aM. BogdanofP. — La Societe revolt aussi un certain nombre d'ouvrages adresses de New-York par I'Institution Smithsonienne. Les re- merciments du Conseil seront transmis a cette utile Institution. — M. Braguier, membre de la Societe, ecrit pour annoncer qu'il a cultive avec succes, cette annee, la variete de Sorgho vulgairement appelee Sorgho a pain, et il demande des ren- seignements sur les proprietes propres a cette variete. 7— Notre confrere, M. DauUe, chirurgien de la marine im- periale, informe M. le President qu'il est sur le point de se rendre a Madagascar, et offre ses services a la Societe. Des remerciments lui seront adresses au nom du Conseil. — M. le President depose sur le bureau.^ pour les collections de la Societe, un echantillon de glands et de feuilles de chenes d'Algerie, qui lui a ete remis par M. Lestiboudois, et plusieurs plantes dessechees du Midi, qu'il a revues de M. Pages, ancien attache de France en Chine. PROC^S-VERBAUX. Add — M. Guorin-Meneville depose ensuite trois melons d'Aii- gora, provenant des graines offertes, en 185G, par madame la princesse Trivulce Belgiojoso, et dont M. Anoee fait hommage a la Societe. Des remerciments serorrt adresses, au nom du Conseil, a iMM. Lestiboudois, Pages et Ann6e. »• — M. le baron de Dumast, secretaire de la Societe regionale d'acclimatation de Nancy, ecrit pour demander des Pintades a jottes b'leues. — M. Guerin-Meneville fait connaitre les beureux resultats qii'il a obtenus cette annee dans la confection de graines de Vers a soie des races du midi de la France, en la surveillant hii-m^me avee soin, pour repondre au voeu exprime par la tCominission speciale des soies et par la Societe tout entiere, et avec I'intervention de la caisse Franco-Suisse qui en a fait les frais. M. Guerin-Meneville propose de faire au siege de la Societe une exhibition publique de ces graines qu'il a rappor- tees avec des echantillons des cocons qui les ont fournies. Le Conseil, tout en approuvant en principe la proposition do M. Guerin-Meneville, est d' avis que cette exposition perdrait de son inter^t et n'atteindrait pas son but, si elle avait lieu a cette epoque des vacances, et, en consequence, il est decide qu'elle sera ajournee jusqu'a ce que le moment soitjuge plus opportun. — M. le President appelle ensuite Tattention du Conseil sur I'etat actueldes educations de Vers a soie du Riein suivies avec tant de soin et de succes par M. Vallee, au Museum d'histoire naturelle. Le nonibre de cocons etant de 528, la Societe va se trouver en possession d'une quantite considerable de graines. Le Conseil, apres s^6tre assure qu'il a ete satisfait a toutes les demandes d'oeufs de Bombyx Cynthia adressees par des membres de la Societe, decide qu'une distribution sera faite aux personnes qui voudraient faire quelques experiences com- paratives sur I'education de cette esp^ce et sur le devidage industriel des cocons, dansl'espoir d'arriver plus promptement a la solution de cette importante question. Cette decision sera portee a la connaissance du public par la voic des journaux. 496 SOGIKTfi IMPERIALE ZOOLOGIQUE d\\CCLIM\TAT10N. SEANCE DU 25 SEPTEMBRE 1857. •0^ Pr^sidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le President annonce qu'il vient de recevoir presque simul- tanement de S. Exc. M. le baron de Paiva, Ministre de Portugal a Paris, et de M. Graells, delegue du Conseil a Madrid, deux lettres qui sont de nouveaux temoignages de la hienveillance dont les Souverains de tous les pays civilises honorent la Societe, et dont elle a regu deja tant d'eclatantes preuves. Ces deux lettres sont lues par M. le President, et entendues par le Conseil avec autant de gratitude que de satisfaction. Par la premiere, M . le baron de Paiva informe la Societe que S. M. le Roi DE Portugal et S. A. R. Mgr. le Due de Porto, ont daigne accepter le titre de membres et de protecteurs de la Societe. Par laseconde, notre bonorable delegue annonce que S.M. la Reine d'Espagne veut bien donner a la Societe le m6me temoignage de sa royale bienveillance. A la lettre de M. Graells est jointe une expedition de la lettre qu'il a eu I'bonneur de recevoir, comme notre delegue a Madrid, de M. le Ministre du Progres ; leltre par laquelle S. Exc. a confirme officiellement, au nom de Sa Majeste, I'autorisation deja donnee verbalement par elle, dans une audience accordee par LL. MM. la Reine et le Roi, a une commission chargee de representer la Societe, etde remettre en son nom, a la Reine, I'adresse votee par la Societe, sur la proposition de la Commis- sion des recompenses (voy. le numero de fevrier). Cette Com- mission se composait, avec notre honorable delegue a Madrid, denos confreres don Charles de Calderon, depute aux Cortes, et M, le general Zarco del Valle, commandant superieur du genie en Espagne, et president de l' Academic des sciences de Madrid. — Apres avoir entendu ces lettres, le Conseil decide que des adresses de remerciments temoigneront a Madrid et a Lisbonne de la respectueuse gratitude de la Societe, et il charge le Bureau d'exposer aussi a S. Exc. M. le Ministre de Portugal eta MM. Calderon, Graells et Zarco del Valle, I'expression de PROcfes-vEnnAix. 497 sa reconnaissance pour leur heureuse intervention aupres de leurs Souverains. — Le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : MM. Arnacd-Jeanti, raffmeur de sucres, a Paris. Bamberg (Albert), docteur es lettres de I'Universite de Goetlingue, a Paris. Bayvkt, membre du Conseil municipal de Paris, censeur a la Banque de France, a Paris. Bertrand, ancien membre du Corps legislatif, a Antony (Seine) . Dalimier, directeur de TEcole normale primaire du depar- tement du Bas-Rhin, a Strasbourg. Heeckeren (le baron de), senateur, vice-president du Con- seil general du Haut-Rhin, a Paris. Kets, directeur du Jardin zoologique d'Anvers (Belgique). Latolche (le baron de), membre du Conseil general du Bas-Rhin, maire de Saverne (Bas-Rhin). Meloizes (le vicomte des), ministrede France a Weimar, membre du Conseil general du Loir-et-Cher, a Weimar^ Nouh-Bey-Effendi, a Constantinople. Pourtales-Gorgier (le comte de), a Paris. Saint-Quentin (de), receveur general des finances, a Chartres (Eure-et-Loir). — M. le President annonce au Conseil la mort recente de notre savant confrere M. le docteur Gustave Richard, fils et petit-fils des celebres botanistes de ce nom. Naturaliste et mede- cinde I'expedition a la recherche des sources du Nil, M. Richurd est revenu gravement malade, et a succombe peu de temps apr^s son retour. — II est donne lecture d'une lettre par laquelle la Societe d'acclimatation des Etats royaux de Prusse fait connaitre la composition actuelle de son Bureau, arr^tee dans la seance gene- rale du 1" aoiU.M. E. Kaufmann, Tun de ses vice-presidents, a ete de nouveau nomme son delegue pres la Societe imperiale. — Dans la lettre dont il vient d'etre question, M. Graells annonce que le projet d'un nouveau plan d'organisation du 498 SOCIlfiTfi IMPJ^RIALE ZOOLOGIOCE d'aCCLIMATATION. Musee royal des sciences naturelles de Madrid vient d'etre pre- sente au Gouverneinent espagnol. Dans ce projet, qui est en grande partie I'oeuvre de M. Graells, se trouve compris I'eta- blisseinent, au Jardin botanique, d'un pare de domestication et d'acclimatation des animaux utiles. La Reine a donne, le 13 juin, son approbation au projet de cette utile institution, dont le budget a ete arr6te, etqu'on s'occupe de realiser surdes bases dignes d'un grand Etat. — S. Exc. le Ministre de la marine, par une lettre du 25 aout, annonce que M. d'Ubraye, gouverneur des etablisse- ments frangais dans I'lnde, a. par decision du 27 juin dernier, institue a Pondichery un Coraite corre&pondant de la Societe imperiale d'acclimatation, compose desept membres, et quece Comite a ete charge par M.le Gouverneur de proceder a Torga- nisation d'un Musee public d'histoire naturelle . Les remerciraents de la Societe seront adresses a M. le Ministre de la marine et a M. le Gouverneur des etablissements fran^ais dans I'lnde. — II est donne lecture d'une seconde lettre de S. Exc. le Ministre de la marine, qui fait connaitre I'arrivee a Brest, par le transport I'Adour^ des animaux suivants envoyes de Cayenne a la Societe imperiale d'acclimatation, par notre zele confrere M. Bataille, savoir : 2 Butors, 2 Honores rayes, 1 Ibis rouge, 1 grande Aigrette elevee en liberte et parfaitement privee. Get important envoi comprenait en outre 4 Agoutis, 1 Acouchi et 3 Gymnotes (Anguilles tremblantes) qui, malheureusement, out peri pendant la traversee. Le Conseil decide que les remerciments de la Societe seront transmis a M. Bataille pour le precieux concours qu'il veut bien lui accorder avec une si genereuse perseverance, et que ces animaux resteront deposes au Museum d'histoire naturelle ou ils ontete places au moment de leur arrivee. — M. le President rappelle les demarches faites , il y a trois ans environ, aupres du Gouvernement peruvien, sous les auspices de M. Diouyn de Lhuys, alors Ministre des afl'aires etrangeres, dans le but d'obtenir, pour le compte de la Societe, Tautorisation d'exporter une certaine quantitc de Lamas et d'Alpacas; et il annonce que cette autorisation vient enfin PROCfeS-VERBAL'X. 490 d'etre accordee a la Societe par le Gouvernement du Perou» ainsi qu'il en a cte informe par une lettre de S. Exc. le Ministre des afl'aires etrang^res en date du 18 juin (voy. Faits divers^ p. /i60). M. le President donne ensuite lecture de la lettre de M. le Ministrequi, en lui transineltanl rette heureusc nouvelle, lui envoic copie d'une lettre de M. Huet, consul general de Franco au Perou, d qui la Societe devra cet important succes : « Pro- fitant dcs excellentes relations que j'entretiens aujourd'hui ave^ le Gouvernement de Lima, dit M. Iluet, j\ai cru opportun de renouveler lademandelaite parmonpredecesseur, M. Levraud, et je suis heureux de pouvoir annoncer a Votre Excellence qu'elle a etc gracieusement accueillie, et (pie la Societe zoolo* giquede Paris est autorisee a exporter \ 2 Alpacas et 12 Lamas. » L'examen de cetle affaire sera prochainement renvoye a une Commission speciale, afin que la Societe puisse se mettre en mesure de profiter le plus tot possible de I'autorisation qui lui est accordee. Le Conseil , se faisant Torgane de la reconnaissance de laSociete, s'empresse de decider que des remerciments seront adresses en son nom a M. le Ministre des affaires etrangeres, ainsi qu'a M. le Consul general. — • M. A. Bogdanoff, delegue des Comites d'acclimatation de Moscou pr^s notre Societe, transmet, au nom des deux comites, etavec leur autorisation, une note sur les travaux deplusieurs membres de ces Comites. — S. Exc. Koenig-Bey, secretaire des commandements de S. A. le vice-roi d'Egypte, ecrit d'Alexandrie, le 24 aout, pour annoncer qu'il expedie a la Societe trois Zebus du Soudan (un Taureau, une Vache et un Veau), constituant le complement du don que S. A. le prince Halim-rPacha a bien voulu faire a la Societe (voir au Bulletin, n" 8, aoClt 1857, page 412). Notre confrere M. Noel Suquet, directeur du Jardin zoologique de Marseille, par une lettre du 2 septembre,informeM.le President de I'arrivee de ces animaux qu'il a reunis a ceux du premier envoi, jusqu'a ce qu'une decision ait ete prise sur leur desti- nation ulterieure. Le Conseil decide que le Taureau recemment arrive sera 500 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. amene a Paris avec les Moutons du Soudan, et que le Zebu male du premier envoi, ainsi que la Vache et son Veau, seront con- fies, sous les conditions ordinaires du Reglement, au Jardin zoologique de Marseille, pour repondre au desir exprinie par M. Suquet. De nouveaux remerciments seront adresses a S. A. le prince Halim. — M. Nouh - Bey - Effendi ecrit de Constantinople le 18 aout 1857 pour offrir ses remerciments a la Societe, au sujet de la medaille qui lui a ete decernee, et, apres avoir de- mande a etre admis au nombre des membres de la Societe, il annonce le prochain envoi quil se propose de faire de Dindes de varietes blanches et de Moutons karamanlis. — Notre confrere M. Bouteille, en sa qualite de secretaire general dela Societe zoologique des Alpes, transmetunextrait d'un rapport qu'il a presente au Conseil de cette Societe, con- cernant le nouveau placement des Yaks qui lui ont ete confies et qui avaient ete installes provisoirement a la Grande-Char- treuse. — Le petit troupeau a ete divise en trois lots. Le pre- mier, compose d'un Taureau noir et blanc, sans cornes, ne chez M. Jobez, a Syam (Jura), le 27 octobre 1854, d'une Vache ega- lement sans cornes et agee de quatre ans, et d'une petite ge- nisse nee a la Grande-Chartreuse le 3 juillet dernier, a ete confie aux soins de M. Basset, proprietaire cultivateur aVau- jany, dans les montagnes de FOisans. — Le deuxieme I'a ete a M. Faresse, proprietaire cultivateur a Saint-Martin en Vercors (Drome). Ce second lot se compose d'un jeune Taureau blanc sans cornes, ne a Grenoble le 10 septembre 1856, et d'une Genisse blanche, egalement sans cornes, nee chez M. Cuenot, a la Malcote (Doubs), le 1*' juillet 1856. — La Societe s'occupe activement du placement du troisieme lot reste a sa charge et comprenant le Taureau blanc a cornes age de quatre ans et une Vache sans cornes agee d'environ six ans. — M. le Secretaire fait remarquer dans une lettre adressee par le tresorier de la Societe des Alpes le passage suivant : « Nous apprenons que les jeunes Yaks places a Saint-Martin en Vercors se laissentdeja monterparles enfantsdu depositairc.» PUOCES-VERBALX, 501 Ce reiiseignenieiU vient confirmer ce ROCfeS-VEKBAUX. 505 (voir au Bulletin, juillet 1857, page 3ZiA). Ce travail est ren- voyo a la 3" section. J — M. le (locteur Sacc accuse reception, en date du 15 aout, des graines qui lui ontete envoyees. — M. E. des Nouhes, par une lettre du 15 septembre, exprimc son regret de ne pouvoir donner de nouvelles obser- vations sur ses experiences de pisciculture-, une crue d'eau a permis a une grande partie de ses Saumons de se repandre dans un ruisseau voisin. — Notre honorable confrere, i>f. Jomard, renouvelle la demande de graines de plantes officinales des Indes occiden- tales. et d'arbres pour plantations forestieres, qu'il a deja adressee, au noin de notre confrere le docteur Figari-Bey, professeur d'histoire naturelle a I'Ecole de medecine du Caire et directeur du Jardin d'acclimatation de cette ville. Cette demande sera rappelee a I'attention de la Commission de distribution des vegetaux. — M. Demond, d'Orleans, fait parvenir un numero du Journal du Loiret qui contient, dans un compte rendu de la distribution des prix de I'Ecole municipale superieure d'Orleans, des appreciations sur ses cultures-. — M. Guerin-Meneville met sous les yeux du Conseil la liste des personnes qui ont regu des graines de B. CyntMa prove- nant des educations de M. Vallee, au Museum d'histoire na- turelle. Non-seulement la Societe a pu en distribuer dans un grand nombre de localites en France et en Algerie, mais elle en a envoye auxiles Canaries, en Egypte, au Bresil, en Portu- gal, en Espagne, a Prague, en Suisse, et a Berlin. A cetle occasion, M. le Secretaire donne lecture d'une lettre par laquelle S. Exc. le Ministre de Vagriculture, du commerce et des travaux publics adresse ses remerciments a la Societe pour les graines et les cocons qui lui avaient ete offerts. Surla proposition de M. le President, le Conseil decide qu'on cherchera un emplacement pour entretenir un nombre suffisant de pieds de Ricin pendant Thiver, afin de permettre a M. Vallee de continuer ses educations. — M. Albert Geoffrov Sainl-Hilaire adresse un Rapport 506 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. presente au nom de la Commission chargee d'examiner les ani- maux ofFerts a la Societe par S. Exc. le Ministre de la [marine et par I'administration du Museum. Le Conseil decide qu'un extrait de ce rapport, qui a specialement pour objet les Mam- miferes reguspar la Societe, et du rapport deja fait par M. Dave- louissurles Oiseaux, seraadressea M. le Ministre de la marine. — M. le Maire d'Etampes annonce que I'inauguration dela statue d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire aura lieu a Etampes le 11 octobre prochain, etil invite la Societe, au nom du Conseil municipal de cette ville,*a vouloir bien se faire representer a cette solennite. Le Conseil accepte avec empressement cette invitation, et il delegue M. Drouyn de Lhuys, vice-president de la Societe, pour la representer dans la solennite qui se pre- pare a Etampes. — Notre confrere M. Tourreil, chancelier dela legation de France a Venezuela, envoie une collection de graines et de bois d'ebenisterie et de construction qu'il y a recueillis pen- dant son sejour. Des remerciments lui seront adresses. — M. le President presente un exemplaire de la gravure des Yaks, d'apres le dessin de mademoiselle RosaBonheur, que M. Huet, dessinateur attache au Museum d'liisloire naturelle, a bien voulu retoucher pour rendre exactement la longueur actuelle de la toison du Taureau, qui lui donne un aspect tout different. . — M. le President, rendant compte de quelques remarques qu'il a faites dans un voyage recent, rappelle les services que rendent ala Societe plusieurs de ses membres, parmi lesquelsil cite MM. Sacc, Jobez, Dausse, Zuber, en France, etChavannes, en Suisse; et appelle I'attention de la Societe sur les cultures d'un autre membre de la Societe, M. Agron de Germigny, qui .a propage dans le Chalonnais differentes varietes d'Ignames, de Palates et de plantes d'ornement, et qui reussit m6me a cultiver plusieurs vegetaux des colonies. Le Secretaire du Conseil, Gliehin-iMeneville. BULLETIN BIBLIOGRAPIilQUE. 507 OH VR AGES OFFERTK A LA SOCltflTi:. Siance du 26 juin 1857. Projet d'enqd£te sor la coltore de l'Igname de Chine et du Hiz SEC, pr^sent^ i la stance du 1" mai 1857 de la Soci^td impi^riale d*accli- inatation, par M. Victor Chatel. M^moires de la Soci^te d'agricultdre, des sciences, arts et belles- lettres DE l'Aobe, t. VIII, 2« serie (n" il et U^, 1857). Nouveau Journal des connaissances utiles, offert par M. Joseph Gamier (5* annde, n"' 1 et 2, 1857), AcETROPiE, ou Gattiwe DES VERS A soiE, nouveaux et importants details sur cette maladie, etc. , par M. J. Charrel. Notice necrologique sdr M. Constant ^Rl^vosT, membre de 1' Acade- mic des sciences, etc., par M. dela Roquette. Offerte par I'auteiir. Notice sdr la production et le commerce desSangsdes en Algj5- RiE, par iM. Milton. Guide de l'eleveur de Podles et Poulets, par M. J. Alliberf. Offert par rauteur. Rapporto dell' Ingegnere Pietro Rossini, deputato a verificare i miglioramenli agrari introdotti del signer Ispettore C. Siemoni nelP agri- coltura deir Apennino Casentinese (7 maggio 1854). RiCERCHK statistiche sullo stato passato e presente della foresta Di S. Maria del Fiore, par F. Mariotii. Seance du 10 juillet 1857. Journal de la Society royale d'Agriculture de Londres (annde 1856 ; 2 vol. in-8). Transactions of the Michigan state Agricultural Society (anndes 1853,1854,1855; 3 volumes in-8). Transactions of the Wisconsin state Agricultural Society (anodes 1851 et 1852; 2 volumes in-8). Transactions of the New-York state Agricultural Society (aont^e 185/»; 1 volume in-8). Ninth annual IiI.port of the Board of Agriculture of the state of Ohio to the CJovernor, for the year 1854 (1 volume in-8). Report of the Commissioner of patents FOa the year 1865. — Agri- culture 1 volume in-8). Tenth annual Heport of the Board of regents of the Smithsonian Institution (mars 1856; 1 volume in-8). Researches upon the Cyprinoid Fishes, etc., par Charles Girard. Notice upon thf. Species op the Genus Salmo, par le m£me. 508 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Proceedings of the National Academy of Sciences of Philadelphia (8* vol., de mai a aoilt 1856). Investigations , chemical and physiological , uelative to certain American Vertebrata, par Joseph Jones (1 volume in-i, Washington, i856). Publications of learned Societies and periodicals in the Library of THE Smithsonian Institution (l"et 2« partie). (Ces onze derniers ouvrages ont ^le envoy^s par rinstitution Smilhso- nienne). Report of the Commissioners of Fisheries, Ireland, for 1856 (en- voy6 par la Commission des pficheries irlandaises). Seance du Ik aout 1857. Voyage d'exploration sur le littoral de la France et de l'Italie. Rapport a M. le Ministre de ragriculture, du commerce et des travaux publics, sur les industries de Commachio, du lac Fusaro, de Marennes et de I'anse de I'Aiguillon, par M. Coste, membre de I'lnstitut, professeur au college de France (1 vol. in-Zi, Paris, 1857). Offerl par M. le Ministre de ragriculture. Nodvelle monographie des Sangsues m^dicinales , par le docteur Ebrard (1 vol. grand in-8, Paris, 1857). Offert par Tauteur. Rapport fait au nom du Comite d'agriculture et de credit foncier, sur le projet de dt^cret relatif a Torganisation de I'enseignement professionnel de ragriculture en France, par le citoyen A. Richard (du Oantal), repr^- sentant du peuple (stance du 21 aofli 18/i8). Offert par I'auleur. QUELQUES ID^,ES SUR LA COLONISATION ALGERIENNE , par M. Chai'lCS Bonfort (d'Oran). Offert par Tauteur. Industrie des soies et des soieries a l'Exposition universelle de 1855. Rapports de MM. Arl{;s-Dufour, de Saint-Jean et Eugfene Robert. Catalogue des v^g^taux cultives au jardin du gouvernement , h Tile de la Reunion. QUELQUES mots SUR LA PROTECTION DES ANIMAUX UTILES, par M. le dOCtCUr Gloger, de BerUn. Offert par I'auteur. EXTRAIT DU PROGRAMME DE LA SOCl^Tfi HOLLANDAISE DES SCIENCES, a Harlem, pour I'annee 1857. Observations sur les moyens de reverdir les montagnes et de PRfiVENiR les inondations, par M. Lambot-Miraval. Offert par Tauteur. PiNCEMENT CONTINUEL APPLIQU^ AU p£cHER , par M. Charles Baltet (extrait du Bulletin de la Societe d' horticulture de I'Aube). Offert par I'auteur. Journal de l'archipel Indien et de l'Asie orientale, public h Singa- pore (I"' volume, nouvelles series). CUOISEMF.NT DES F.SPfeCKS ANIMALFS. 509 I. TRAYAUX DES MEHBRES DE LA SOGIETE. NOTE SUR LES INCONVENIENTS QUI PEUVENT RESULTER DU DI^FAUT DE GROISEMENT DANS LA PROPAGATION DF.S ESPEGES ANIMALES Par M. le docteur Ch. AL^Bil. I (S6ance du 6 f6vrier 1857.) Dans une des precedentes reunions de la Societe, M. Gue- rin-Meneville I'a entretenue des maladies qui accablent le Ver a sole, et des moyens qu'on pourrait meltre en pratique pour parer a un mal si prejudiciable a notre induslrie. M. Gue- rin insiste avec beaucoup de raison sur les moyens preventifs, qui ont une bien autre valeur que ceux qu^on peut considerer comme curatifs. Prevenir est plus rationel que guerir. Je regrette cependant que notre babile collegue, qui a etudie avec tant de soin les questions qui se rattachent a toutes les branches de la sericicullure, ait neglige de signaler un precede quej'ai indique il y a plus de deux ans, et qui a ete, d'un autre cOte, spontanement, je crois, mis en pratique par des eleveurs italiens, je veux parler du croisement des races (1) ; non que je veuille reventliquer le merite d'en avoir eu la pre- miere idee, puisque si j'ai parle le premier, d'autres ont pre- bablement agi avant la publication de ma note (2). Je ne pense (1) M. Gu(^rin, vers la On de Tann^e derni^re, a donn(5 k la Soci^t^ qiiel- qucs d(5tails, en promettant doles compldicr, sur niie melliode pour obtenir do bonnes gralnes employee en Italic par deux s^riciculteurs r^unis, dftnt un, en disaccord avec son associe, voulait venir en France, prendre un brevet el Texploiter a son profit. Celte melbode coiisiste i ne jamais accoupler les paj)illons provenant d'une mdme souche , c'esl-a-dire fr^res et sceurs. (2) Note sur les moyens d'am^liorer les races de vers i sole, Annates de la Societe entomologique de France, 185/|, p. 367. T. IV. — Novembre 1857. 33 510 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. pas non plus voir tlans ce moyen un remede infaillible contre toutes les affections qui peuvent atteindre le Ver a soie ; mais je crois formenient qu'en en faisant une application judicieuse, Ton devra rendre cet insecte plus vigoureux et plus apte a re- sister aux influences facheuses. En indiquant ie croisennent comme pouvant contribuer a soustraire les Vers a soie a la destruction qui parait les mena- cer, ce n'est pas une application restreinte que je propose-, c'est un grand principe que je defends 5 ct a ce sujet, je demande la permission d'entrer plus avant dans la question, de Texaminer d'une nianiere generale, el de signaler les de- sastres resultant des infractions aux lois immuables de la na- ture, qui defendent imperieiisement les alliances successives entre parents, sous menace de destruction complete. Le butde cette note n'est pas de donner un traite de la matierc, je n'ai pas eludie, j'ai regarde; je n'ai pas cherche les fails, je les ai rencontres; je viens naivementraconter ce que j'ai vu. Lorsque les animaux, I'liomme compris, abandonnes a eux- m6mes dans des conditions de sequestration restreinte, sont obliges, pour repondre au butde la nature, des'unir entre pa- rents, il en resulte toujours pour les produits des alterations plus ou moins profondes : chez les mammi feres, disposition a la cachexie ganglionnaire et tuberculeuse, aux hydalides du foie, etc.; chez les autres animaux, diminution dans la laille, alteration dans les formes, etal maladif et souvent slerilite complete, Mais ce qui est digne de lixer notre attention, c'est la tendance bien marquee a la degenerescence albine (ju'on observe dans ce cas, et surtout chez les animaux a sang chaud. Gel te alteration, frequente dans cerlaines especes, ne se produit que difficilement chez d' autres 5 quelques-unes enfm semblent y echapper tout a fait, si Ton ne veut voir d'albinos que la ou toute couleur a disparu, et on meme la matiere colo- rante del'ceil fait defaut. Quant a moi, j'envisage la question sous un point de vue plus large, et je tiens pour albines, ou au moins en voie d'albinisalion, une grande partie de nos races blanches dont les types, dans la nature, sont toujours colores. Ce qui donne quelque force a ma rnaniere de voir, c'est que CROISEMENT DES ESPECES ANIMALES. 511 toutes ces races sunt plus petites, plus chetives et d'une edu- cation plus (Jinicile. Nos volailles bliuiclies, i'oules, Dindons et Canards, n'arrivenl jamais a Tetat adulte dans les m«inies pro- portions nunieri([ues que nos volailles aux brillantes couleurs. J'ai vu beaucoup de ces sujets albins, et tous provenaient d'unions successives entre proches parents. J'ai m^meproduit a ma volonte des albinos, et cola a la (piatrieme ou cimjuieme generation, chez le Lapin domestique, cette pauvre victime qui se pr6te si docilement ji toutes nos experiences d'bistoire natu- relle, de medecine et de physiologic. L'liomme nous olTre des exemples encore assez fre(juents d'albinisme, et cette alteration se rencontre surtout chez les peuplades peu nombreuses et a demi sauvages, oii les unions entre parents doivent 6tre irequentes. Nous Tobservons egale- ment dans les pays civilises, et principalement dans les petits centres de population ou certaines families cherchent volon- liers des alliances dans leur propre sein. J'ai ete a mOnie de voir trois albinos huniains, deux nes de la m6me mere, mais dont I'origine paternelle est restee couverte d'un voile (ju'il n'a pas ete possible de soulever. Le troisieme provenait d'un ma- riage entre cousins gerniains qui habitent une commune du departement de TOise ; comme ses semblables, il etait d'une bien chetive constitution, et traina sa triste existence jusque vers sa treizieme annee, epoque a laquelle il mourut. Chez les animaux, nous Irouvons des sujets albins dans nos pares trop restreints et dans nos basses-cours , lorsque la reproduction, entierement abandonnee a elle-m^me, ne regoit aucune direction. En 18/i8, j'ai vu, a la montre d'un restaura- teur de Paris, exposes derriere les vitres, deux daims albinos, provenant de la destruction du gibier faite a cette epoque dans le pare du Uaincy. Je ne crains pas d'attribuer I'etat de ces animaux a la cause que je signale. Les Lapins dans leurs cabanes, les Furets dans leurs ton- neaux, oii nous les tenons ordinairement renfermes, passent tres vite a I'albinisme. Le dernier deces animaux se presente mOme plus frequemment sous ce dernier etat que sous celui qu'il nous olfre dans la nature, a tel point que Linne et apres 512 SOClETli: IMPIERIALE Z0OLOG[QUE d'aCCLIMATATION. liii Cuvier, en le decrivant , le premier, dans son Systema naturce, et le second, dans le Regne animal^ lui donnent pour caracteres un pelage d'un blanc jaunatre et des yeux roses ; tandis que tout nous porte a croire que notre Furet n'est en realite qu'un Putois (Mustela putorius) depuis longtemps domestique. Les Paons, Faisans et Piutades, que nous avons seulement pour I'ornement de nos maisons de campagne et que nous ne possedons qu'en petit nombre, s^albinent aussi tresrapidement. Jepossede actuellement chez moi des Pintades a plumage me- lange de blanc provenant d'une troisieme generation seule- ment, et il est probable que si je n'apporte aucun remede a ce commencement d^alteration en changeant les males, cet ete ou le suivant m'offrira des albinos complets. Les Souris et les Rats blancs, que nous montrent sur les places publiques les jongleurs et les charlatans, proviennent d'educations claustrales, et ont tons le m6me genre primitif d'origine; ]q A\s, primitif ^ parce qu'ainsi que les Lapins et quelques autrcs animaux arrives a cet etat, ils conservent encore la force de se reproduire. Comme je I'ai dit precedemment, le Lapin est un des ani- maux mammiferes qui se modifie avec le plus de rapidite; mais ce qu'on ne remarque pas sans etonnement, ce sont les changements de couleurs qui s'operent successivement dans son pelage avant qu'il ne soit arrive a les perdre toutes. Ainsi, lorsqu'on fait couvrir une femelle par un male de la m6me por- tee, les petits sont ou gris macules de blanc, ou plus frequem- ment encore d'un roux pale avec ou sans maculature ; si Ton accouple deux individus provenant de cette union, Ton obtient des Lapins noirs on noirs et blancs ; I'experience poursuivie, la quatrierne generation offre des sujels d'un gris ardoise bleuatre, resultant du melange de poils noirs et de poils blancs ; si enfm Von reunit encore deuxeleves de cette derniere portee, il est a peu pres certain qu'il naitra des albinos par- faits, c'est-a-dire entierement blancs avec les yeux roux. La singularity du passage au blanc par Fintermediaire du noir est un phenomene bien digne de remarque etqui se pre- CROISEMENT DES ESPECES ANIMALES. 513 sente d'une nianiere peut-6tre plus curieuse chez noire Mou- ton. Lorsque par negligence ou economic mal entendue, les Beliersd'un troupeau, n'ayant ptis etc changes, ont servi a la saillie de Brebis issues d'eux-ni6mes, ou qu'un jeune male con- serve intentionnellement a dCi couvrir ses sceurs, il nalt sou- vent de ces alliances des Agneaux d'un brunnoir. Nousvoyons ici le noir servir de passage du blanc naturel au blanc albin, car, touten paraissant en contradiction avec moi-m6m(3, je ne puis voir dans nos belles races de Moutons que des varietes fixees de I'espece primitive et que je pense 6tre le Mouflon d'Europe. La degradation albine n'est pas renfermee dans le cercle de nos educations particulieres ; ellese rencontre cgalement dans la nature, ou sans 6tre frequente, elle n'est cependant pas tres rare. A ce sujet, je crois avoir remarque qu'elle aflecte princi- palement les oiseaux et surtout les especes qui se cantonncnt et quittent peu les lieux qui les ont vus naltre : les Perdrix dans nos champs cultives, les Choucas qui etablissent leurs habitations dans les clochers des eglises, et les Moineaux dans les villes et villages qu'ils abandonnent peu. En eflet, j'ai eu I'occasion de voir trois Perdrix, un Choucas et deux Moineaux entierement blancs. Recherchons maintenant quelles sont les alterations que peuvent presenter les animaux a sang froid, non soumis au renouvellementdu sang. Mes observations, quoique peu nom- breuses, peuvent avoir cependant quelques resullats econo- miques. J'ai ete a m6me, en ma quaUte de proprietaire d'etangs et de pisciculteur praticien depuis plus de quinze ans, d'obser- ver des faits qui demontrent jusqu'a Tevidence que la loi des croisements est universelle, et que toujours, et partout, elle doit 6tre respectee, chaque fois que rhomme veut intervenir pour se procurer certains produits particuliers ou des produils en plus grand nombre que les conditions naturelles ne le per- meltent. Si dans un etang d'une etendue determinee et propre a la reproduction des Carpes, prenons deux hectares, Ton veut oblenir un grand nombre d'alevins, acceptons ici le chill're de 514 SOCIKTE IMPERIALS ZOOLOGIQUE d'aCCL1M\TATI0N. quinze mille, un male seul et deux femelles, s'il ne leiir arrive pas d'accident, suffiront amplement. Les Carpillons qui en nai- tiont, lie pouvant rester plus de deux ou trois ans dans un aussi petit volume d'eau, devront, auboutde ce laps de temps, 6lre retires, places ailleurs ou vendus ; ils sontalors superbes, d'une forme bien allongee et d'Un beau jaune brun dore. Supposons encore que I'etang deveUu libre, Ton veuille I'utili- ser a la production de nouvel alevin, et qu'on suive les m^mcs errements, en n'y mettant encore que trois de ces Carpeaux de trois ans (c'est a cet age qu'ils sont preferables), les produits seront plus courts, plus plats et moins colores. Si enfin, pour- suivant le m6me principe, Ton continue de prendre sur soi la reproduction dans les conditions numeriques indiquees prece- demment, les Carpes deviennent blafardes, plates, raccoUrcies et steriles avec les ovaires et les testicules presque entierement atrophies. Lesmarchands de poissons lesdisentbr6mees, enrai- son de I'analogie de forme qu'elles offrent avec la Br6me ; dans le departementde I'Oise, ellessont considerees comme apparte- nant a une espece distincte, portant le nom de Carouges, nom qui ne doit s'appliquer qu'au Cyprinns carassius L., av6c lequel, il est vrai, ces Carpes ont quclques points de ressemblance. EUes sont generalement rejetees comme poissons inferieurs. Si, dans ces conditions, la forme et la couleur ont subi des modifications facheuses, la chair n'a pas etc plus epargnee : elle est molle, fade, et n'offre janiais, chez les individus de (juelques kilogrammes, cette belle teinte rose-saumonne, etle goiit tin qui font le merite des Carpes de ce volume et de bonne nature. L'on a done, par ce moyen, et en quelques annees, completement annihile ses produits, et Ton se trouve contraint de chercher ailleurs d'autres types dontrorigine est souvent inconnue, et qui peuvent deja porter en eux un com- mencement d'alteration. Si les alterations que je viens de signaler chez les Carpes se rapprochent beaucoup de la degenerescence albine, que fau- dra-t-il penser de celles que presentent ces magnifiques Cy- prinsde la Chine, aux couleurssi vives et si brillantes, etqui, renfermees dans nos bassins, leur reproduction livree a toutes CROISEMENT DKS ESPfeCES ANIMALES. 515 les chances du hasard, deviennent entierement blancs? Sont-ce la de veritables albinos? Je ne conserve aiicun doute a cet egard. Je dois, pour completer la serie de mes observations, vous signaler encore ce qui se passe dans I'elevage des insectes (ju'en raison dc mon goiU pour I'histoire naturelle entomolo- gique, j'ai dCi pratiquer assez souvent. Si, apros avoir trouve une femelle fecondee d'un lepidoptere consider*!; comme rare, Ton veut elever les chenilles nees desoeufs qu'elleaura pondus, les produits, si tous les soins qu'ils reclament leur ont ete donnes, sont aussi beaux que ceux qu'on rencontre dans la nature. El^ve-t-on les Vers provenant de cette premiere eda- cation, Ton e^prouve plus de difficulte pour en amener un cer- tain nonibre jusqu'au nnoment de leur transformation en chry- salides, et les papillons sont generalement plus petits et moins vivement colores queleurs ascetidants-, si enfin Ton obtientde ces derniersdes accouplements etdes oeufsfecondes, I'elevage des chenilles est impossible, ces Vers meurent tous dans la crise des niues et des transformations. Ces faits ont ete obser- ves par tous les lepidopterologistes parmi lesquels je citerai M. Boisduval, si competent en cette matiere, et M. Belier de la Chavignerie, president actuel de la Societe entomologique de France, et qui chaque annee eleve un nombre considerable de chenilles. Quoique I'albinisme doive 6tre generalement repousse de nos educations, il est cependant des cas exceptionnels ou Thomme peut en tirer un grand parti, pour obtenir un produit plus recherche ou d'un prix plus eleve; mais, dans le cas on les sujets doivent6tre conserves, ilfaut qu'il ledirige avecsagesse et sache I'arrSter a temps. Qui se refuserait a voir un albinos irtiparfait dans cette belle race de Chevres d'Angora, telle que nous Ta si bien depeinte M. Bourlier, dans notre precedente seance? Ce pauvre et chelif animal nous ofl'rant dans sa degra- dation une toison si fine et si soyeuse, merite bien de fixer notre attention, comme e]le a su fixer celle des peuples (|ui le possedent. Ces peuples comprennent parfaitement qu'ils ont alVaire a un animal en voie de degenerescence, et que si Ton 51(5 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. veut ne pas le perdre tout a fait, il faut pour ainsi dire le re- tremper de temps a autre, en I'aisant couvrir par des Boucs Angoras des Chevresa poils rudes et colores et prises en dehors du troupeau. Nous trouvons encore un exempledu parti qu'on peut tirer des animaux degeneres dans ces t;ducations de volailles blanches pratiquees en grand par certains cultivateurs de la Brie, dans le but presque exclusif de les plumer deux fois, et souvent trois, dans le cours d'une annee ct d'en vendre les depouilles a des prix qui depassent souvent celui de Tanimal vendu comnie ali- ment; il peut m6me 6tre quelquefois necessaire de provoquer Talbinisme, lorsque pour se procurer un produit tout special, le sacrifice de I'animal est indispensable; dans I'emploi, par exemple, de la peau du Lapin blanc, soit comme fourrure, soit en en feutrant le poil pour la chapellerie. La degenerescence albine n'est pas la seule alteration qui puisse deriver du defaut de croisement chez les animaux dont quelques-uns sont pour ainsi dire refractaires a cette affection, du moins dans sa manifestation la plus complete 5 ce qui pour- rait trouver son explication dans le defaut de temps accorde aux generations qui se succedent et dont les dernieres, deve- nues steriles, ne permettentpas de continuer Tobservation. Je n'ai jamais vu de Moutons avec les yeux roux; peut-6tre faut-il I'attribuer a Tetat de debilite qui doit chez eux preceder I'albi- nisme et qui les fait livrer preventivement a la boucherie. Echappent-ils a cette cause de destruction, ils sont atteints de diverses affections qui les font rentrer dans la loi commune, telles que la phthisic pulmonaire, et I'alteration qui porte le nom de pourriture, caracterisee surtout par la presence d'hy- datides dans les lobes du foie. Les Chevres d'Angora, en Asie Mineure, oii elles sont cependant I'objet de soins tout parti- culiers, sont souvent affectees de pleuro-pneumonie qui les fait perir et qui est due tres probablement a la presence detuber- cuies dans les poumons. J'ai ete temoin, il y a quelques'annees, d^un fait relatif a la race canine, qui doit ici trouver sa place, et prouve une fois de plus I'importance du croisement. Un cuUivateur avait re^u CROISEMENT DES ESPfeCES ANIMALES. 5i7 en cadeau une paire de magnifiques Chiens couchants, Griffons blarics, de tres haute taille et a poils Ires rudes ; ces Chiens, male et femelle, provenant d'une m6me portee, etaient par- faits pour trouver, arr^ter et rapporter le gibier; ils joignaient a ces qualites une force de resistance telle qu'ils etaient tou- jours pr6ls a suivre le maitre. L'on comprend que possesseur d'une race de Chiens aussi precieuse, ce cultivateur ait voulu la reproduire et la repandre 5 il fit done couvrir la soeur par le frere; les produits furent de suite modifies : perte de taille, t6te et train de derriere relativement plus forts que chez d'autres chiens de leur taille; colonne vertebrale en arc de cercle a convexite inferieure, forme dite ensellee : telles etaient deja les alterations produites chez ces animaux ; ils avaient conserve leurs principales qualites, mais perdu leur aptitude a resister a la fatigue. A la troisieme generation, soit qu'on eM allie le pere a la fille, ou un frere a une sceur, je ne puis le dire, la race etait perdue; les produits moururent jeunes. Je ne crains pas d'affirmer qu'au moyen de croisements bien entendus et successifs. Ton eOt pu fixer cette belle race comme ontete fixees beaucoup d'autres, le Carlin par exemple, qui lui aussi a disparu, et peut-^tre par la mt^me cause, a une epoque oil les besoins si imperieux de la mode, poussant a la reproduc- tion rapide, fircnt negliger les conditions de conservation. Ce n'est pas du reste que cette race soit en quoi que ce soit re- grettable. Que conclure de ce qui precede, si ce n'est que, sans croise- ment, aucun animal ne peut resister •, il faut qu'il disparaisse; que de I'alliance successive entre proches parents decoule Talbi- nisme, qui peut-6tre m6me n'a pas d'autre cause (1)-, que nous devons eviter avec grand soin ce dernier degre de la degrada- tion physique de I'animal, et qu'enfin, nous pouvons toujours leviter dans nos educations, puisque notre seule volonte suflit, et que les moyens sont toujours a notre disposition. Nous trouvons encore dans I'examen des faits un enseigne- ment qui peut avoir son application immediate ; je veux parler (1) Cette cause de Talbinisme n'a ^t^ indiqu^e nulle part, que je sache. 518 SOCIETE IMPERIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. des soins que doivent recevoir les animaux appartenant a notre Societe de la part des personnes auxquelles ils sont conties, soins qui, negliges, devront amener des insucces complels qu'on ne manquerait pas d'attribuer a des causes climate- riques, tandis que notre negligence seule les aurait provoques. Je conseilledonc, pour assurer I'acclimatation de nos Yaks^ de deplacer les produits obtenus dans un de nos depots et de les diriger vers unsautre, pour les unir aux produits de ce der- nier, et, par ce moyen, eviter les alliances entre ascendants et descendants et entre freres et soeurs. Je demande en outre, si la chose estpraticable, que la Societe fasse tous ses efforts pour obtenir un ou deux autres males nes au Thibet et pris dans deUx localites ditferentes (toutes conditions egales d'ailleurs, les fonces en couleur devront ^tre preferes). Ces males pour- raient servir a de nouveaux croisements avec nos femelles pri- mitives ou celles nees en France. C'est avec toutes ces precau- tions et des soins bien diriges que nous pourrons obtenir un jour assez de branches collaterales eloignees pour que tout rap- prochement cesse d'etre a craindre. C'est alors et seulement alors que I'acclimatation sera complete, si d'autres causes ne viennent I'entraver. Ce que je dis ici doit necessairement s'appliquer a tous les animaux dont la Societe poursuit avec tant de zele I'introduc- tion et racclimatalion. ^TUDE SUR LE BLFFLE. 519 FRAGMENTS DUNE 1^:TUDE SUR LE RUFFLE Par n. G. DAVELOUIS. (Stance du 26 juin 1837.) SUITE ET FIN (1). J'ai deja dit precedemmcnt plusieursfois, que le Bul'tle etait un animal qui habitait les inarecages et les details donnes a Toccasiori de son regime alimentaire, sur la maniere dont il recherche ses aliments, prouvent sufflsammentqueles marais sont reellement son habitat naturel. Je ne reviendrai pas sur tous ces details, mais je parlerai maintenant des conditions de cet habitat. Les marais et les endroits marecageux presen tent des carac- teresqui les distinguent des autres parties dela region, dans laquelle ils se trouvent. C'est la conse([uence necessaire de Texistence des amas d'eaux produits par le sol dans le premier cas, et par le sous-sol dans le second. Quand il existe des ma- rais, et des marais decouverts, la temperature de I'eau s'eleve moins que celle du sol voisin. C'est la consequence necessaire de lagrande capacite calorifique de Teau, Mais quand le marais estcouvert, ou, en d'aulres termes, lorsqu'il est ombrage par des arbres, surtout lorsqu'ils sont touffus, la temperature de la masse d'eau s'eleve encore moins. Cet elVet est dCi, non-seule- ment a ce que les rayons solaires n'arrivent pas directement a I'eau; mais aussi, parce que I'eau accumulee sur la surface du sol repand dans Tatmosphere une grande quantite de vapeur, qui abaisse la temperature de I'air, en absorbant une partie de son calorique. II y a done, dans ce cas, un poids superieur a celui qu'on trouve deja pour les sols boises, dO a I'existence de I'eau qui vientajouter ses effets a ceux des arbres reunis en masses. (1) Voyez pour la premifere panic le num^ro d'octobre, p. 661. 520 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. La consequence de ces faits est que, aux epoques de grandes chaleurs, les endroits ou il existe des marecages ont toujours une temperature beaucoup plus basse que celle des endroits decouverls. La nc se borne pas la consequence de cet etat de cboses. Non-seulement pendant la saison des pluies, sous les tropiques, la temperature s'abaisse, dans les endroits dont il s'agit, mais pendant la nuit la temperature presente un abais- sement notable sur celle du jour; il n'en peut etre autrement, car une rosee tres abondante se depose sur la surface des vege- taux, et celle-ci, de m6me que les vegetaux, tend de plus en plus a refroidir Fair; ce qui est rendu sensible par Faugmenta- tion constante de I'eau qui se depose. Ces faits sont parfaitement connus ; mais, ce qu'on n'a pas songe generalement a faire, c'est leur application dans ce qui se rapporte aux animaux vivant dans les localites qui les pre- sentcnt. Ici quelques details deviennent necessaires, car la constitution de ceux-ci est notablement differente de celle des animaux qui vivent dans la plainc et sur les montagnes. On a etabli une loi qui est vraie pour ces derniers, c'est que : la quantite des poils augmente d'autant plus que I' ani- mal est destine a vivre dans des climats plus froids. Cette consequence est evidemment en rapport avec les effets qui se produisent par Taction du vent et celle de la neige, actions qui, dans les deux cas, tendent a augmenter I'influence d'un air froid. Le premier, en renouvelantsans cesse les coucbes d'air^ la seconde, en produisant a la surface du corps une coucbe d'eau ; tous deux , en abaissant la temperature de la peau. L'augmentation de la quantite de poils est done un fait d'har- monie naturelle, en rapport avec les conditions d'existence. La contre-partie de ce fait se rencontre chez les mammiferes aquatiques qui vivent dans les regions froides. Chez eux, le poil n'existe plus en quantite notable, la peau est nue. La masse des poils aurait ete pour Tanimal une difficulte rela- tivement a son genre de vie, les mouvements auraient ete g^nes, etc.; il a fallu des modifications profondes pour con- server le type des mammiferes et Tamener neanmoins a pouvoir vivre constamment ou lemporairement dans un milieu J&TUDE SUR LE BUFFLE. 521 aqueux. C'est, en augmenlant I'epaisseur de la peau, et le volume de la graisse qui se trouve au-dessous d'clle, que le hut a ele atteint. Ici, c'est encore un fait d'harmonie naturelle en rapport avec les conditions d^ existence. Dans Tun et Tautre cas, le m6me but se trouve atteint. C'est toujonrs une enveloppe peu permeable au froid, sous laquelle les appareils respiratoire et digestif developpent la clialeur necessaire pour le fonctionnement des organes, et in- dispensable a Tentrelien de la vie. Neanmoins, il faut remar- quer que ces deux modes constituent les moyens extremes et opposes que la nature a employes. Dans certains cas, elle a fait usage de dispositions mixtes, se servant particulierement de I'un ou I'autre des deux moyens. C'est ce qu'on pent recon- naitre chez les mammiferes auxquels on a donne parfois la denomination d'amphibies, car ces animaux ne peuvent pas vivre indifferemment et aleur volonte, dans I'eau ou sur terre. lis vont dans un milieu aqueux chercher leur nourriture, ou s'y plongent pour satisfaire a certaines conditions de leur consti- tution, s'ils sont particulierement aeriens; de m6me que ceux qui sont plus particulierement aquatiques, viennent a Fair pour satisfaire certaines fonctions. II y a ici, comme dans toute la creation des nuances de details qu'on distingue sur des fonds bien tranches, Ces remarques faites, voyons cequ'elles permettent de dire relativement au Buffle. La peau presentant des polls rares, semble, au premier abord, donner raison a Cuvier et a tons ceux qui ont considere le Bufde comme un animal des pays chauds. Les poils sont m6me plus rares que dans certaines races bovines qui se trouvent sur le sol ou Ton rencontre le Buffle a Tetat sauvage, et il sufiit de citer leZehu, car le plus simple examen met ce fait hors de doute. Mais, un premier doute doit naitre lorsqu'on examine les milieux dans lesquels vit I'animal et ses moeurs. J'ai deja fait remarquer que les marecages sont loin d'avoir la temperature qu'on leur accorderait, sans examen. Non-seulement, le Buffle vit dans les endroits ou se trouvent des masses d'eau, mais il reste plonge pendant des heures enli^res dans ces masses li- 522 SOClETlfe IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. quides, n'ayant (|ue la [('ie dans Fair. C'est apres elrc resto couclie (le cette maniere, (|iril sort dc Teau, pour eritrer sous des arbres, dans un air frais et cliarge d'liuniidite. Cette tem- perature, basse pendant ie jour, s'abaisse encore pendant la niiit^ car la serenite des nuits est remarquable, et , comme on le salt, assez grande pour qu'au Bengale, par I'effet du rayonnement, on puisse produire de la glace en plein air. Or, les bois presentent toujours une temperature plus basse que les espaces decouverts ; quand le Buftle se trouve dans des con- ditions pareilles, il est certainement loin de se trouver dans une temperature elevee. Cuvier n'a pas songe a faire cette remarque qui, au reste, ne se ratlachait pas directement au sujet quMl examinait, mais qui devenait cependaut un comple- ment necessaire des fails qu^il avait juge a propos de citer, et sur lesquels j'aurai, occasion de revenir dans la seconde partie de ce travail. Dans ce moment, je m'attache simplement aux faits qui sont presentes par les organismes du Buflle, et aux lumieres qu'ils peuvent fournir pour faire connaitre ou expli- quer son genre de vie. Nul doute que Tepaisseur de la peau de cet animal et la graisse sous-jacente, ne soient destinees a le preserver du froid. On voit se reproduire chez le Buffle ce qui existe chez plusieqrs Pachydermes qui habitent des mare- cages et passent un temps tres long dans I'eau. A cet egard, le Buffle se rapproche de THippopotame et du Babiroussa; plus cependant du dernier que du premier de ces animaux. BufTon avait peut-6tre senti en partie cette ressemblance lorsque, dans un passage que j'aurai occasion de citer, il a compare le Buffle au Pore. Comme celui-ci, le Buffle a besoin d'humidite et de fraicheur, et on sait que pour le Pore, la grande chaleur est loin delui 6tre favorable. En terminant, et pour clore ce sujet, je signalerai une objec- tion qu'on pourrait adresser a Topinion que j'ai soutenue, et dont la valeur est plus apparente que reelle. J'ai rapproche le Buffle de I'Hippopotame et duBabiroussa,quanta sa maniere de vivre ; mais on pourrait augmenter la listedes Pachydermes a peau nue dont on pourrait le rapprocher. Tons sont des ani- maux de pays chauds, et en concedant que ces animaux vivent I^TUDE SUR LG BUFFLE. 5^3 dans des endroits frais, on pounait dire qu'ils appartiennent cepciidant a des climats a temperature elevee, de telle sorte (|ue ropiuioii de Cuvier conserverait toule sa valeur. En realite, formuler celte objection, c'est reproduire sous une forme un pen dilTerente la conclusion (jue Ton tire par un examen superficiel des regions (lu'habitent le Buffle et les animaux qu'on rapproche de lui. C'est confondre les pays etles conditions particulieres de I'habitat, et c'est aussi passer sous silence les faits que le Buflle et tous les animaux qu'on rap- proche de lui nous presentent dans leur organisme. Repondre acette objection, ce serait reprendre I'exposition quej'aifaite, ce (|ue je ne puis faire. J'ajouterai ([u'il y a un second moyen d'eprouver Texac- titude de I'opinion ([ue j'ai avancee. C'est d'examiner quelles sont les conditions climateriques des regions danslesquelles le Buffle a ete introduit. Comme les faits sont exclusivenient fournis par le Buflle domesti([ue, je ne puis lesexaminermain- tenant, et je renverrai ce sujet, quoiqu'il soit le complement de la derni^re (juestion que j'ai examinee ici, a la seconde partie de ce travail. En terminant, je dois rappeler que, contrairement a I'opi- nion de Cuvier, M. I. Geoffroy Saint-Hilaire a considere le Buttle comme issu de laHaute-Asie, de m6me que le Bajuf (1). J'ignoresur quelles raisons cet eminent naturaliste a fonde son opinion. A en juger par un passage de son ouvrage (2), il sem- blerait que ce sont les faits presentes par le Buflle domestique, faits, par consequent, sur lesquels je n'ai pas a m'etendre ici. (1) Voy. Animaux utiles. Domestication et naturalisation, III^ ^dit., Paris, 1854, p. 21. (2)Voy. i6t(i.,p. 22. 52/i SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATFON. SUR UN FAIT D'INGUBATIOiN DE L'AUTaUCHE A ALGER. LETTRE ADRESS^E A M. LE PRESIDENT DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQDE d'ACCLIMATATION Par M. HARDY, Directeur de la pepiniere centrale du gouvernement en Alg^rie. Harama (pres Alger), le 19 aoiit 1857. Monsieur le President, J'ai le plaisir de vous faire part d'un fait nouveau dans la domestication des Autruches. J'ai reussi a faire couver ces oiseaux (1). Au bout de soixante jours environ, il est ne uti petit, qui s'est mis a courir autour du nid. becquetant I'herbe et mangeant de bon appetit. II est Ires vigoureux et promet de venir a bien. J'esperais d'autres eclosions, mais les parents etaient tres inquiets de leur nouveau-ne. lis quittaient souvent lenid pour le promener et le proteger. Au bout dequatre jours, ils aban- donnerent completement les oeufs. (1) On sail que rien n'est plus comraun que la ponte d'ceufs par des AuU'uchesen captivity. II en est pondu piesque chaque ann^e a la menagerie du Mus(5um, en loiite saison, sans excepter m6me, quoique ce fait soit beaucoup plus rare, les mois les plus froids de riiiver Mais ces oeufs, poiuUis en capUvite, sont ordinairement clairs, c'est-i- dire non fecond^s , et la femelle les abandonne aussitdt apres la ponte. « Les Autruches n'ont jamais fait de nid jusqu'a present et n'ont jamais couv^, » dit notre honorable confrere M. Gosse, dans un des travaux sur I'Autruche qu'il a publics dans le Bulletin (voy. plus haut p. 27), et dans I'ouvrage qu'il fail paraitre en ce moment mfime sur I'Autruche, et qui comprend, outre les articles publics dans le Bulletin, plusieurs cha- pitres in^dits. R. ^, INCUBATION DE l'aUTRUCHK. 525 Lorsque je vis que Tabandon etait complet, et que les oeufs etaient refroidis depuis quelcjues jours, je les retirai du iiid et les cassai. Quel ne I'ut pas iiion regret, lorsijue je reconnus que trois de ces oeufs etaient dans un etat d'incubation tres avance. Les foetus etaient morts depuis plusieurs jours, et il ne leur fallait plus que quelques jours pour atteindre le develop- pement necessaire poursortir de lacoquille. La couvee se coniposait de neuf cauh ; sur ee nombre, un est eclos; trois foetus sont morts asphyxies par defaut de chaleur; deux oeufs elaient clairs, sans putrefaction ; les deux autres etaient entierement pourris et repandaient une odeur insup- portable. Le couple d'Autruches etait seul dans un enclos. Le male et la femelle ont couve alternalivement. Le male couvait de pre- ference la nuit et la femelle le jour. Ce que j'ai observe me donne la certitude de voir mult^plier ces oiseaux a Tetat de domeslicite. L'annee prochaine je pren- drai des precautions pour prevenir I'accident qui s'est prcduit cette annee et que j'etais loin de prevoir, ne presumant pas (ju'ils abandonneraient leur nid alors qu'il renfermait encore des oeufs en bon etat. Agreez, etc. Hardy T. IV. — Novembre 1857. 3U 526 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR QUELQUES RESULTATS RECEMMENT OBTENUS A L'feGARD gaiJ iioiJiKl; , DU VER A SOIE DU RICIN Par MM. E. Kacfmann, John Le Long, Sacc et H. Schlumberger, membres de la Societe, et par M. Brunei, professeur d'histoire naturelle a Fernambouc. COMPTE RENDU FAIT AU CONSEIL d'aDMINISTRATION DE LA SOCIETE • I Par m. Is. GEOEFROY SAINT-UIIiAIRE (1). ' ^ (Stance du 16 octobre 1837.) Je me felicite d'avoir a mettre aujourd'hui sous les yeux du Conseil plusieurs cocons et echantillons de sole qui m'ont ete remisou adressespar noshonorables confreres MM. Kaufmann, Le Long, Sacc et Henri Schlumberger, et qui temoignentheu- reusement du z^le eclaire avec lequel on s'occupe en divers lieux, soit de Tintroduction et de racclimatation du Ver a soie du Ricin, soit de Temploi industriel de sa scie. J'ai cru devoir resumer, dans un compte rendu commun, les renseignements que nos confreres ont bien voulu me donner verbalement ou dans leurs lettres d'envoi , et qui , se com- pletant les uns les autres, m'ont paru pouvoir emprunter de leur rapprochement un nouveau degre d'inler6t. lis s'ajoute- rontutilement a tons les documents que renferment deja sur le Ver a soie du Ricin les quatre volumes du Bulletin de la Societe, etqui sont dus, pour laplupart, a nos honorables con- freres MM. le baron Anca, Baruffi, Chavannes, Cornalia, Milne Edwards et sir William Reid, a MM. le colonel Gazan, Griseri et Montague, et surtout a notre savant secretaire, M. Guerin- (1) Sur le d^sir qu'en a exprim^ le Conseil, je me suis fait un devoir de presenter aussi a I'Acad^mie des sciences, dans sa stance du 19 octobre, les divers objets que j'avais mis sous les yeux du Conseil. L' Academic a nomm^ a cette occasion, sur la proposition de M. le mar^- chal Vaillant, une commission charg^e de r^diger des instructions sur la culture du Ver ci soie du Ricin, soit en France, soit en Alg^rie. .zoita ver a soie du ricin. 527 Meneville, dont on a toujours a rappeler le nom quand il s'agit de sericiculture(l), et a M.Hardy, (jui acullive lenouveau Ver a soie a Hamnia, pres d'Alger, sur une echelle qui surpasse de beaucoup lout ce qu'on a fait partout ailleurs en Afrique et en Europe. Le Conseil sail que, depuis une annee environ, notre confrere M. Kaufmann, vice-president et delegue de la Societe d'acclima- tation de Prusse, s'est occupe tout a la fois de I'introduction du Bombyx Cynthia en Allemagne, et de la solution d'une question d'un inter^t plus general, mais nialheureusement d'une bien plus grande difficulte, le devidage du cocon de ce Ver a soie. M. Kaufmann est parvenu a pousser le devidage plus loin qu'on ne Tavait fait avant lui, et depuis plusieurs mois deja, il a reussi a devider des cocons a moitie, aux deux tiers. M. Kaufmann vient, a Berlin, d'aller plus loin encore, sans cependant 6tre parvenu a la solution complete du probleme, c'est-a-dire au devidage entier et facile du cocon. Ses essais, de m6me que ceux que M. Guerin-Menevilie a fails avec MM. Alcan et Maillard des le mois d'octobre 1854 (2), sont doncJoili de conduire a une application industriellcj mais ils sont, des a present, d'un veritable inter^t scientifique, en cequ'ils font connaitre beau- coup plus exactement la structure, si longtemps discutee, du cocon. 11 est maintenant hors de doute que I'insecte ne rompt pas son 111, comme on Tavait affirme, chaque fois qu'il arrive a I'ouverture menagee pour sa sortie du cocon; mais qu'il replie, au moins le plus souvent, sa soie sur elle-m6me. Seulement, il parait le faire sous un angle tres aigu, et par suite , dans des conditions qui rendent la rupture tres facile (1). (1) M. Gu^rin-Mdneville avail depuis plusieurs annees appeld i'attenUon siir le Bombyx Cxjnthia comme sur plusieurs autres insectes produc- teurs de soie, et insisl«5 sur ruiilit^ de tintatives suivies d'acclimatalicn. Aussi le Conseil s'est-il empresse, des que M. Baruffi, et, un peu plus tard, M. le due de Grammont, ont procure h la Soci^l^ de la graine du Bombyx Cynthia, de coiifier a M. Gu^rin-M^neville la direction des Edu- cations, ainsi que le soiii des distributions d'oeufs et de cocons qui ont 6l€ taites depuis k plusieurs reprises, et qui se poursulvent encore en ce mo* ment. (2) Voyez le Bulletin de la SocUte d'acclimatationi 1. 1, p* 3(iA. 528 SOCIETli IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. j^L'emploi industriel de la soie du Ver du Ricin n'est heu- reusementpas subordonne, d'une maniere necessaire, a la pos- sibilile de resoudre completement le difficile probleme du devidage. Les conditions et le mode de cet emploi, an moyen de la carde, sont devenus, dans notre industrieuse Alsace, les sujets d'etudes et d'essais , poursuivis par des hommes aussi competents qu'amis du progres. J'ai rhonneur de mettre sous les yeux du Conseil des echan- tillons de files faits avec la soie cardee du Ver du Ricin. Ces files ont ete fabriques, les uns, par notre honorable confrere et delegue, M. Sacc ; les autres, plus recemment, par M. Henri Scblumberger, auquel la Societe devait deja desessais d'un grand inter6t sur differentes soies et sur les polls de Chevre d'Angora etd'Yak (2). La soie employee par le premier de ces habiles industriels est le produit des educations que lui-m6me avail faites en Alsace ; (1) Je crois devoir citer ici textiiellement un passage de la lettre de M. Kaufinaiin (lettre qui m'a dte adi'essee de Berlin, le 6 octobre dernier) : <( Le dt^vidage du cocou du Bombyx Cynthia est une ceuvre de patience, et je crois bien que les filaleurs ne peuvent se donner la peine de s'occnper de ces recherches. Comme je Vous I'ai d^ji dit, je crains m6me que I'irrd- gularit^ du tissu ne mette un grand obstacle ci I'exploitation avantageuse. Pour uu cocon qu'on a reussi, comrae moi, i divider, on en trouve malheureusement une quantity d'autres dont le fil casse au beau milieu du travail. » Toulefois mes essais me d^montrent h I'^vidence que le fil casse a cause des efforts qu'il faut faire pour d^brouiller le tissu, mais n'est pas rompu par la sortie du papillon. » M. Kaufmann entre ensuite, sur la structure du cocon, dans des details int(5ressanls, mais qui seraient ininlelligibles sans le secours des figures qu'il a trac^es dans sa lettre. (2) Ces essais, mentionnes a plusieurs reprises dans le Bulletin, ont vive- raent int^resse la Soci^t^, qui a voulu t(5moigner sa reconnaissance I'l leur auteur en lui d^cernant, dans sa seance solennelle du 10 fevrier dernier, la seule mddaille de premiere classe qui ait 6li accord^e, dans la quatrieme section, aux applications industrielles. M. Saccet M. Scblumberger sont de ces hommes qui ne s'arr^tent jamais dans la voie du progres, et ils le prouvent encore en ce moment par leurs efforts si pers^v^rants et si bien dirig^s pour introduire dans Tindustrie de r Alsace la soie du Ver du Hicin. ^ -+-..v>^ „: /„ .,,.v. ~.i j,-.. VK.R A SOIK DU RICIN. 529 elle a ete seulement filee a la main, et ce procede a suffi pour donner des resultats qu'cn pouvait deja dire satisfaisants. La matiere premiere employee par M. H. Schlumberger lui avail ete envoyee de Paris et provenait des educations faites au Museum d'histoire naturelle, pour la Societe d'acelimatation, par M. Vallee. Tous les cocons dont M. Schlumberger a pu disposer etaient des cocons eclos, c'est-a-dire ayant donne leurs papillons. En les traitant avec son habilete ordinaire, a {'aide de ses belles machines, notre confrere n'en a pas moins obteuu de tres beaux echeveaux de sole, ainsi qu'on peut en juger par rechantillon depose sur le bureau, et qui sera place dans la collection de la Societe. Voici, d'ailleurs, sur le resuUatde Toperation, le jugement porte par les habiles industriels de I'Alsace qui ont suivi les essais de M. Schlumberger, et parliculierement par M. Sacc, bien plus competent que moi en pareille matiere, et dont je me fais un devoir de reproduire les propres expressions : « M. Henri Schlumberger a trouve les cocons tres faciles a » carder et a filer. Le fil obtenu est lisse, blanc, brillant, fort » et souple; il n'a laisse aucwi dechet^ pas plus au peignage » qu'au filage. C'est une excellente matiere premiere qui a un J) grand avenir pour toutes les industries qui se servent de la » bourrede soie. Les cocons sont faciles a nettoyer, ablanchir, * et leur soie pourra sans doute supporter avec succes toutes » les operations de la teinture... Cette culture, faile sur une » tres grande echelle, pourra fournir en abondance une bourre » de soie plus forte et plus belle que celle du B. mori. » M. Schlumberger n'avaitre^u pour ses premiers essais f|ue 200 cocons. « Avec une plus forte quantite, dit-il dans sa letlre » d'envoi a M. Sacc, on aurait pu faire plus fin et plus beau » encore •, » promesse que Fhabile industriel sera bien tot en mesure de justifier; car les educations faites cet automne a Paris lui permettront de traiter a la fois, dans quelques semaines, plusieurs milliers de cocons du B. Cynthia. Les resultatsde ces essais ont paru assez decisifs pour ([u'on croie pouvoir attendre de Teducation de cet insecte, sur une grande echelle, de tres grands avantages pour I'industrie seri- 630 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. cicole de I'Alsace.Par une demande dont M. Sacc estle premier auteur, la Societe industrielle de Mulhouse a ete. invitee a hater ce progres par la fondation d'unprix s\^ec'\'d\ poitr la culture en grand du Ver a sole du Ricmen Algerie; et cette Societe, si justement renommee, s'esl empressee d'accueillir cette de- mande, ets'occupe en ce moment dela redaction du programme du prix etd'une proposition definitive (1). En attendant qu'elle soit officiellement adoptee, je me plais a aller au-devant des intentions de M. Sacc et de la Societe industrielle, et a les leli- citer ici de leur genereuse initiative. Ces esperances seront-elles jusliliees ? La sole du Ver du Ricin est-elle destineea prendre une grande place dans Tindustrie des nations occidentales, comme dans cellc des peuples orientaux? L'experience seule pent ici prononcer, et plusieurs anneees s'ecouleront sans doute encore avantque la question soit jugee en dernier ressort. Mais il en est une autre que Ton pent tenir pour definitivement tranchee : la facilite de umltiplier le Ver a sole du Ricin dans tons les pays chauds, ou meme temperes, ou on voudra I'obtenir en grand nombre. II se plie a des regimes comme a des climats varies, et sa fecondite est extreme. Notre savant confrere M. Milne Edwards, resumant,d'apres divers do- cuments, les faits constates dans Tlnde a I'egard du ^. Cynthia, disait, dans une interessante communication faite a I'Academie des sciences en 185A (2) sur cet insecte, dont il commen^ait alors I'education : « CeVerasoieesttresproductif ^ sacroissance » est tres rapide, et les generations sesuccMenta des epoques » si rapprochees qu'on obtient d'ordinaire six a sept recoltes par » an. » Le Ver a sole du Ricin n'a rien perdu en Europe de cette (1) Lettre de M. Kmile DoJlfuss, president de la Societ<; industrielle de Mulhouse, h M. le piofesseur Sacc, en dale du 7 octobre : « Parfaitement d'accord avec vous , monsieur, sur Tutilite d'un pareil » encouragement, la Socidi^, dit M. Dollfuss, a renvoy^ voire communica- » lion hi son Comii^ d'histoire naturelle , en le chargeant de formuler le » programme qui pourrait filre offeri par elle. « (2) St^ance du 28 aout, Comptes rendus de I'Academie, t. XXXIX, p. 389. Un extrait de la meme communication se trouve aussi dans le Bulletiii de la Societe, t. I, p. 340, sous la forme d'une lettre que I'auteur a l)ien voulu m'adresser. n f.hnin-Q ?Mi 'ib ^Mhn'm: 'mnm .■MrirAUl) VER A SOIE DU RICIN. 5W merveilleuse fecondite. A Paris rn^me, uussi bien quo dans le Midi, nous avons eu chaque annce un grand nonibrede gene- rations, el pour cliacune un Ires grand nombre d'opuls. Aussi, la richesse de la production est-elle ici presque inepuisable. La principale des colonies que possede en ce moment a Paris la Societe d'acclimalation, celle qui est contiee aux soins de M. Vallee, employe tr6s devoue et tres intelligent du Museum d'histoire naturelle(l), a fourni, a une distribution de graines, faite avec la plus grande liberalite (2) ; 25000 mufs au moins ont et6, depuis un mois, envoyes en France «thors de France •, et il reste encore disponibles deux mille cocons et a peu pre? autant de Chenilles, tres avancees dans leur developpement : ensemble, quatre mille insectes qui , sous peu de semaines, seront en etat de se reproduire ; et tous, issus depuis le mois de Janvier de la presente annee, de trois paires seulenient! Apres une telle experience, et apres les innombrables et heu- reux essaisqui ontete fails parallelement sur une multitude de points de i'^urope meridionale, centrale et m6me aussi seplen- trionale, il est permis d'affirmer que le Ver a sole du Ricin a pris definitivement pied dans cette partie du niondo/. II y suh- sistera, du moins, tant qu'on jugera a propos de I'y conserver. II en estdem^mede TAfrique. Desle mois denovembre 1854, notre illustre confrere, M. le marechal Vaillant, d4sait dans une lettre a TAcademie des sciences (3) : « Le Ver a soie du Ricin » reussitadmirablement en Algerie, etil estvraisemblablement » appele a accroitre les elements dejanombreux de la prpduc- (1) G'est h M. Valine qu'on doit d'avoir reconnu dans le Cbardon ci foulon un irfes bon sncc^dan^, et le meilleur jusqu'i present connn, du Uicin. Avant les observations de M. Valine, on avail indiqii^, en Ilalie, corame propres h nourrir aussi le Ver i soie du Uicin, les. fcuilles de Laitue, de Saule, etsuitout de Cliicorde sauvage (pour cette derni^re plante, voyez une note Irfes inl^ressante de M. Moniagne,dans le Bulletin, 1. 1, p. bO'i). (2) Eb aodt ct septembie, elle a M t'tendue.des membres de la Soci^l^ d'accUmatation, h loiiles les personnes desireiises de prendre part aux essais d' Education de Ver a soie du tticin, el de filage de sa soie. v^. , (3) Comptes rendus de I' Academic des sciences, t. XXXIX, p. 1079. Cette lettre a ^t^ »5crite par M. le marechal Vaillant, coniuie minislrc de U guerre, a I'occasion dun memoire trfes inl^ressant de notre confrere 532 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. » tion agricole coloniale : » esperance qui semble aujourd'hui , comme on I'a vu, bien pres de se realiser. Le nouveau Ver a soie a depuis continue a reussir dans ce pays, si riche en Ricins, et oil il retrouve des conditions climatologiques comme des plantes, tres analogues a celles de sa region natale. II parait devoir reussir aussi en Egypte, ou il a ete envoye par M. Jomard, et oil il est cultive au Caire, sous la surveillance de notre hono- rable confrere, le docteur Figari-Bey . Le Ver a soie du Ricin vient m6me, apres la Mediterranee, de franchir I'Allantique^ il existe aussi aujourd'hui en Amerique. La Societe d'acclimatation avait envoye, a plusieurs reprises, des cocons au Bresil : im de ces envois, transmis par M. Le Long (1), avec toutes les precautions convenables, a M. Brunei, professeur d'histoire naturelle a Fernambouc, a pleinement reussi. M. Le Long a bien voulu me remettre, et j'ai Thonneur M. Hardy, que M. le ministre transmettaitS PAcad^mie, et que M. le g^n^ral Dauraas a bien voulu adresser aussi a la Society (voy. Bulletin, t. 1, p. li'Il). Je ne saurais parler ici de la multiplication et de la culture du Ver k soie du Ricin en Afrique, et des esp^rances qu'on fonde sur elles en favenr de rindustrie s^ricicole, sans rappeler que I'introduction de cet insecle en Alg(5rie est due k M. le mar^chal Vaillant et a M. le due de Grammont, et que sa culture est surtout I'oeuvre de M. Hardy. Quelques Educations venaient h peine d'etre faites en Toscane par M. Savi, eten Pi^mont parMM. Baruffict Griseri,que M. lemar^chal Vaillant s'adressait pour obtenir de la graine du nouveau Ver k soie h M. le due dc Grammont (alors due de Guiche), ministre de France k Turin, et qu'un pre- mier envoi, en r^ponse k cetie demande, Etait fait avec toutes les precau- tions necessairesct avec des instructions soigneusementr^dig^es. Ces graines, confines aux soins habiles de M. Hardy, ont bientdt donnE naissance ci une sErie de generations dont I'histoire a ete faite en partie dans le Bulletin par M. Hardy lui-m6me. (1) M. LeLong, ancien consul general de la Republique orientale de rUruguay, et pour lequel I'Amerique est comme une seconde patrie, a tout a la fois ci coeur d'enrichir celte partie du monde des productions utiles de I'ancien continent , et I'Europe de celles de I'Amerique. C'est dans cettc pensee doublement genereuseque M. LeLong a envoye au Bresil le Bombyx Cynthia, presque au moment meme ou.il venait d'en rapporter en France un autre insecte qui vit aussi, au moins en partie, sur le Ricin, le Bombyx aurota. Le nombre des individus que nous avons recus de M. Le Long n'a malheureusement permis jusqu'a ce jour que d'obtenir quelques edosions ' VEK A SOIE DU RICIN. 533 de presenter au Conseil des cocons provenant d'une cinquieme generation. II est remar(|uable, et ce fait alteste bien la riisli- cite de ces insectes, que les Vers de la premiere et de la cin- quieme de ces generations ont ete en partie eleves a cheval^ pendant des voyages a grandes distance qu'avait du faire M. Brunet, et durant lesquels il n'avait pas voulu coniier ses eleves a des mains etrangeres (1). Voici done une esp^ce animale, qui, sortie de Flnde depuis quelques annees a peine, est devenue, presque au m6me moment, europeenne et africaine, et trois ans apres, americaine. La na- ture I'avait faite exclusivement asiatique •, la culture Ta faite cosmopolite. Si cette acclimatation, pour ainsi dire universelle, n'est pas encore un resultat pratiquement utile ; si m6me, il n'est pas entierement demontre qu'elle doive jamais le de- venir, elle n'en est pas moins tres remarquable et tres signi- ficative comme un exemple , comme une preuve de plus de ce que peuvent la nature pour I'homme et I'homme sur la nature. et de faire quelques Educations isolEes. Mais M. Le Long , qui vient de retourner en Am(5rique, se propose de faire procliainement un envoi plus considerable. Ce Ver a soie , dont le cocon est d'un tris grand volume en mftme temps que d'une tr^s belle soie, est une des esp^ces donl Tacclima- tation doit 6tre le plus 'd^sirde; peut-6tre mfime plus que celle d'aucun autre insecte producteur de soie, au jugemcnt d'un des hommes les plus comp«5lents en pareille raatifere, notre savant confrere M. Chavannes, delE- guE de la Soci^iE 5 Lausanne. (1) « Bien que j'aie EtE oblige de les Clever en voyage a dos de chevaux, » dit M. Brunet dans une lettre a M. Le Long, ils se sont constamment » maintenus robustes. Aussitdt arrive au terme de mon voyage, je les ai » confiEs c» une famille de Tint^rieur qui a deji obtenu quatre g^n^ra- tt tions. Dans la crainte de laisser perdre une si pr^cieuse semence, je I'ai » rapport^e avec moi S Fernambouc, et mes Vers ont de nouveau parfaite- » ment r^sistE h ce second voyage. » (Extrait d'une lettre Ecrite & M. Le Long, de Fernambouc, le 19 mai 1857.) 555 SOCJETE IMPERIAL^ ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Le comple rendu qui pr^ci^de ^lait d^jS sons presse lorsque j'ai rcQU de noire honorable confrere M. Hardy, une tr^s inl^ressanle letlre relative au Bombyx cynthia. Je mo felicite d'etre encore a temps de la placer h la suite de mon article, et de Ic completer aussi en mentionnant une commu- nication recemment faite ci TAcaddmie des sciences par M. le mardchal Vaillant, a I'occasion d'une autre lettre de M. Hardy dont je crois devoir donner aussi un fragment. Voici la letlre que M. Hardy m'a fait I'honneur de m'adresser : « Hamma, pres Alger, le 2 novembre 1857. » Monsieur le President et clier confrere,' , » J'ai lu avec inter^t, dans le compte rendu' des seances de I'Acad^mie des sciences, la communiqation que vous avez faite, dans la seance du 19 octobre, sur remploi industriel du cocon du Bdmbyx Cynthia par M. le docteur Sacc et M. Schlumberger. C'est avec deux cents cocons seulement que ces messieurs (jnttente leurs experiences. Vous esperez, dansquelques semaines, avoir quelques milliers de cocons a mettre a leur disposition. » Les educations de ce ver, que je poursuis, ainsi que vous lesavez, depuis trois ans, m'ont produit une certaine quanlite de cocons que j'ai reserves avec le plus grand soin. La quantite que j'ai en ce moment disponible est de cent vingt-sept miile et plus, depourvus de leur chrysalide et reduits a leur seule enveloppe soyeuse ; ils pesent ensemble 28 kilogrammes. lis sont arrives certainement a leur plus haut degre de siccite. » Je nevois rien de mieux a faire pour ces cocons que de les mettre a la dispo- sition de ces habiles manufacluriers, pour leur permettre de donner une impor- tance decisive a leurs experiences ou plutot a leurs resultats. Je ne suis pas outille ici pour garder ces produits, et je n'ai pas I'habilete consommee de ces industriels pour surveiller le traitement de cette matiere et sa conversion en files et en tissus. » J'ai done fait une balle de ces cent vingt-sept niille cocons, que jefaisadresser a S. Exc. M. le marechal Vaillant, ministre de la guerre, aftn que, par votre in- termediaire, il puisse les mettre a la disposition de M. Sacc, qiii m'a deja ecrit, il y a quelque temps, pour savoir si I'Alg^rie pourrait lui fournir de grandes quan- tites de ces cocons et a quel prix. » J'estime que, d'un autre cote, j'ai employe une dizaine de mills deces cocons pour les expositions induslrielles et agricoles et pour les experiences auxquelles je les ai soumis et fait soumettre directement. C'est done cent trente-sept mille co- cons du Bombyx Cynthia que j'ai recoltes; il est probable que, jusqu'a present, j'ai 6te le plus grand producteur de ces cocons. » J'en aurais, a I'heure qu'il est, obtenu une plus grande quantity sans le f^cheux accident qui est arrive a mes graines I'hiver dernier. Pendant une courte absence que j'ai faite, I'agent que j'avais charge de ce service s'est imagine de mettr§, ces graines dans un endroit a basse teniperature, avec les ceufsdu Bombyx mori, dans I'intention tres louable d'en retarder I'eclosion. Mais la nature ien avait dis- pose autrement. Ces ceufs ne peuvent supporter I'hivernage, ni aycun retard ap- porte au delai normal de I'eclosion par un abaissement de temperature. J'ai perdu ainsi trente onces de graines. Cette perte-m'a beaucoup afflige ; car la ques- tion serait aujourd'hui beaucoup plus avancee et nous saurions notamment a quoi nous en tenir sur la possibilite des educations en plein champ sur les Ricins, pen- dant I'ele, en Algerie. » Grace a votre sollicitude, j'ai pu, en partie, rdparer ces pertcs, par I'envoi .-/i-T/T/r VER A 80IE Dll RICIN. 885 de grainesqu'aeul'obligeancedeme faire M. Albert Geoffroy Saint-Hilaire, etce- lui de cocons vivants que vous avex bien vou'.u m'adresser par M. I'agenl g^n^ral de la Societe. Ces deux envois ont pleinemcnt r6ussi (1). J'ai cu deux generations depuis, et, en ce moment, j'ai de trcs beaux cocons qui vontme donner prochai- nement des papillons, desquels j'atlends cinq k six onces de graine. M Je vais arriver au prititcmps prochain. an d^but de la campagne, avec une bonne provision de graine, qui me permeltra d'entrcprendre des Educations in- dustrielles sur une belle plantation de Ricin de un demi -hectare que j'ai pr6par6 a cet effet, et qui est en plein rapport. Hardy. » Les i27 000 cocons annonc^s danscelte leltre sont d6\h parvenus S M. le minlslre de la guerre, et M. le g^n^ral Daumas vient d'en faire faire la remise h la Soci^t^. lis voni eire imm(5dialement envoydsen Alsace, ci notre honorable d^l^gu^, M. Sacc, qui va recevoir en m^me temps, afin que des experiences comparatives puissent 6tre faites sur les cocons ^clos et non ^clos, un mlliler de cocons dont les chrysalides ont ^t^ ^louff^es. Ces derniers cocons pro- viennent des <5ducatlons faites au IVIusdum par M. Vall(5e. M, Hardy avail accompagnd son envoi. ^ iM. le mardchal, ministrc de la guerre, d'une lettre renfermant des details intdressants sur les «5ducations de Bombyx Cynthia, faites a IJamma sous la direction et par lessoinsde notre savant confrisre. M. le mar^chal Vaillant a communique cette lettre a J'Acaddmie des sciences dans sa stance du Qnovembre, et elle a M insi- rie dans les Comptes rendus, t. XLV, p. 759 et suiv. Jecrois devoir repro- duire ici la partie de cette lettre dans laquelle M. Hardy rappelle quelques- uns de ses iravaux antdrieurs et les essais de filature de la sole du Ver du Bicin, fails dfes 1855, par un honorable industriel de Roubaix : a Monsieur le Ministre, » Je viens de voir dans les Comptes rendus de I'Academie des sciences, n* 16, stance du 1 9 octobre 1 857 , que vous avez provoque la formation d'une Conimission academique, dont vous avez et6 elu membre, pour rddiger des instructions sur la culture du Ver a soie du Ricin soil en France soit en Alg6rie. » Le dernier travail sur cet insecte dont vous avez bien voulu vous occuper, portant la date du 12 Juin 1855, est intitule : Memoiresur la valeur tndustrielle du Bombyx Cynthia. Vous avez charge M. Isidore Geoffroy Saint-Uilaire de le pre- senter en votre nom a I'Academie des sciences dans sa seance du 2 juillet 1855. Le Bulletin de cette s6ance 'page 19, tome XLI) n'a insure de mon memoire que ce qui est relalif au prix de revient, que je n'ai d'ailleurs pu etablir que sous forme conjecturale et dubilative. Mais ce document renferme en outre des obser- (1) Depuis renvoi des graines que mon fits, Albert Geoffroy Saint-Hilaire, a fait parvcnir en Algerie, et des cocons qu'y a portes M. Hebert, agent general de la Societe, un troisieme envoi a 616 fait par M. le ministre de la guerre, a la dis- position duquel le Conseil d'administration de la Societe s'etait empresse de mettre les produits des derni^res educations de M. Valine. Cet envoi, composS de neuf cents cocons, n'etait pas encore arrive en Alg6rie au moment ou M. Hardy a ecrit les lettres qui precedent. A renvoi de ces neuf cents cocons, M. le ministre de la guerre a joint I'invita- tion de les reparlir entre les principaux colons, afin que des essais puissent Stre fails parallclement sur des points divers de I'Algcrie (lettre en date du 28 octobre, adrcssee a M. Guerin-Meneville, secretaire du Conseil). 636 SOC!6t6 IMPJERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. vations sur les liabitudes et la pratique de I'education de cet insecte, qui pour- raient probablement n'etre pas sans interet pour la Commission chargee de la redaction des instructions pour I'education de ce Ver. » Dans mes diverses communications au sujet du Bombyx Cynthia, j'ai toujours emis I'opinion que son cocon ne pourrait etre employe industriellement qu'a I'etat de bourre. Dans cette pensee, j'ai envoye, des le i fevrier 1855, deux mille cocons de ce Ver a M. Lepoutre-Parent, manufacturier a Roubaix, qui s'occupe specialement de convertir en bourre les debris de lilature des cocons ordinaires, et qui avait fait I'acquisition des debris de filature de soie de la Pepiniere cen- trale. Sur ma demande expresse, M. Lepoutre-Parent a bien voulu s'employer pour carder les cocons du Bombyx cynlhia et les convertir en produits manufac- tures. Apres avoir etabli que ces cocons ne sent pas devidables en soie grege, il en aobtenu, apresla carde, des files en bobinesde diverses grosseurs etde diverses nuances, et il en a meme fait un echanlillon de tissus. Ces divers echantillons ont figure a I'Exposition universelle de 1855, etdoivent se trouver en ce moment a votre exposition permanente des produits de I'Algerie, rue de Crenelle. » M. Lepoutre-Parent peut etre considere comme etant le premier qui se soit occupe du filage du cocon du Bombyx cynthia apres sa reduction en bourre par la carde. Une notice sur cette experience, redigee sur les notes de M. Lepoutre- Parent, a ete inseree dans le dernier numero du Compte rendu des ^tablissements franQais en Alg6rie, publie par vos ordres. » En communiquant cette lettre h I'Acad^mie des sciences, M. le mar^chal Vaiilant a pr^sentd quelques remarques sur les avantages que peut offrir la culture du Ver h soie dn Ricin en Alg^rie, et notamment sur la possibility d'employer ulilement dans I'artillerie la soie de cet insecte. Je me fais un devoir de reproduire ici les paroles elies-m^mes de M. le marechal : « II est a esp^rer que la soie tir^e des cocons du Bombyx Cynthia pourra «) fitre ulilis^e avantageusement dans la confection des sachets pour muni- » tions d'artillerie; les sachets en bourre de soie ^tant de tous points pr6- » f^rables a ceux en serge pr^cMemmenl employes, altendu qu'ils sont plus » r^sistants, moins attaquables aux vers, et que le rdsidu de leur combustion » offie moins de chances d'accidents dans le tir. » On avait d^jci pens^ 5 utiliser de diverses raaniferes pour la marine la soie du Ver du Ricin. Voici maintenant pour la guerre, un autre usage qui, lui aussi, pourrait devenir un d^bouch^ pour des quanlit^s considerables de cette soie. Cette indication nouvelle sera un encouragement de plus pour les s^riciculteurs et les industriels qui s'occupent, en tanl de lieux divers, de I'education du Ver dw Ricin et du filage de sa soie. ,ou« GOMME ADR AG ANTE. 6S7' DE LA GOMME ADRAGANTE ET DE L'UTILITE QU'IL Y AURAIT A LA PRODUIRE EN ALGERIE, Par M. SACC, Membre et delegu6 de la SocidUS ^ Wesserlin^;, La Gomme adraganle se gonfle dans Feau sans s'y dissoudre ; c'est de tous les epaississants le plus puissant, puisqu'il n'en faut que 25 grammes pour donner a un litre d'eau la con- sistance d'un empois epais, qu'on n'obtiendrait qu'avec 460 grammes d'amidon blanc , ou avec i kilogramme de gomme. Comme en se dessechant, la pate de Gomme adra- ganle reste souple, transparente et elastique, elle constitue Tagent le plus indispensable pour I'appr^t de tous les tissus auxquels il faut donner du corps sans en alterer I'eclat; aussi sa consommation va-t-elle en augmentant sans cesse a mesure qu'on emploie davantage les tissus de luxe; elle a presque double depuis trois ans, et s'eleve annuellement a 30000 kilo- grammes pour toute TEurope. La recolte brute de la Gomme adragante se parlage en quatre qualites, faisant en centiemes : La gomme adragante en feuilles blanches. . . 65 ] — en feuilles jaunes. ... ^0 ( .-- — vermicell^e 12 I — en grains 23 ) La valeur de ces Gommes decrott, de baut en bas, dans I'ordre oii nous les indiquons, et cela si rapidement, que, tan- dis que celle en feuilles blanches vaut, en general, 10 francs le kilogramme, on ne paye celle en vermicelles que 3 a 4 francs. La Gomme adragante brute valant, en moyeime 5 francs le kilogramme, il s'ensuit que I'Asie Mineure preleve chaque annee sur I'Europe un tribut de 150000 francs, uniquement pour la Gomme adragante necessaire a Tapprfil de ses tissus. La Gomme adragante provientde differentes especes d'Astra- gales qu'on rencontre, sans culture, partout, sur les collines seches et calcaires de I'archipel grec, ainsi que de I'Asie Mi- neure, specialement dans le voisinage d'Angora, de Caissar, de Yalavatz et de Bourdur. II paralt que les especes qui four- 538 SOCIETE IMPl^RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nissent la plus belle Gomme sont les A. verus et creticus. La Gomme suinte au travers de I'ecorce, lorsque les ardeurs de I'ete venant a la dessecher, elle comprime la seve epaisse placee au-dessous d'elle, et qui s'echappe alors par toutes ses fissures, au-devant desquelles elle se desseche en conservant la forme de I'ouverture qa'elle vient de traverser. Pendant longtemps on s'est contente de recueillir la Gomme adragante qui s'etait formee spontanement; mais, a present qu'on tient celle qui est en plaques blanches a des prix tres eleves, on la prepare artificiellement. De juillet a aout, on dechausse les buissons d'Astragale et on fait autour des troncs, avec un couteau acere, des entailles longitudinales, d'ou la Gomme suinte aussitot •, bientot elle se desseche, et trois ou quatre jours plus tard on en fait la recolte. Si pendant la des- siccation survient la pluie, ou que le vent chasse de la poussi^re sur la Gomme encore hutnide, elle perd sa blancheur et passe au second choix ; aussi a-t-on soin de ne pas saigner tous les arbres a la fois, afin de ne pas exposer toute la recolte. La Gomme adragante brute est assortie au moyen de tamis a mailles de plus en plus grosses ; sur ces dernieres, il ne reste que I'adragante en plaques qu'on trie a la main, pour separer la jaune d'avec la blanche; cette derniere, qui est la plus pre- cieuse, est achetee, en lotalite, par la France. Gomme les Astragales sont des arbrisseaux rustiques et qui viennent tres bien dans les sols les plus arides, pourvu quele climat soit assez chaud , il est probable qu'ils reussiraient bien en Algerie, oii leur introduction permettrait d'utiliser des terres trop seches pour 6tre mises en culture, et procurerait aux indigenes un benefice presque net de 150000 francs an- nuellement, qui ne pent qu-augmenter avec le temps. En consequence, nous proposons a la Societe de tirer d' An- gora, et par Tintermediaire de M. le consul de France a Brousse, des graines et des pieds vivants des meilleuresespeces d'Astragales a gomme, et de lesfaire transporter a la pepiniere imperiale d'Hamma, d'ou notre actif et savant confrere^ M. Hardy, pourra les repandre sur tous les points de T Algerie qu'il jugera le plus favorables a la culture. , j^ .vjii//>lu/ ,qI> III. EXTRAIT DES PROCES- VERBA UX DES SfiANCES DU GONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA S0CI£T£. STANCE DU 16 OGTOBRE 1857. Prdsidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Conseil admet au nombre des membres do la Societe : MM. Armet-Delille, procureur imperial pres le tribunal de de Melun (Seine-et-Marne). Balzon (Eugene), negociant, a la Chapelle-Saint-Denis. GuiLLOUX, ancjen negociant, a Paris. KcKCHLiN (Napoleon), manufacturier, a Massevaux (Haut« Rhin). Krelter (Franlz) , ingenieur en cbef pour I'agriculture, attache au ministere de I'inlerieur, a Vienne (Autriche). LeblanC (Louis-Camille), veterinaire, a Paris. Lenoir (Benjamin), a Nantoco, presCopiapo (Chili). Magne (le docteur Alexandre), a Paris. Pommeret Des Varennes, maire d'Etampes (Seine-et-Oise). RiCHARu (Jean-Baptiste) , ancien banquier, a Tournon (Ardeche) et a Paris. Rodrigues-Henriques (Edouard), proprietaire au chateau de Boispreau, a Rueil (Seine-et-Oise) et a Paris. Schlumberger (Oscar), negociant, a Bale (Suisse). SiNA (le baron Simon), a Vienne (Autriche). Torino (le docteur), a Salta (confederation argentine). Walsh (le comte de), au chateau de Chaumont (Loir-el- Cher). — M. de Sainl-Quentin , receveur general a Ciiartres. M. Dalimier, directeur de I'Ecole norniale de Strasbourg, et M. Lazerme, de Perpignan , adressent leurs remerciments pour leur recente admission au nombre des membres de la Societe. — M. le baron J. de Rothschild, en transmettant a M. le President la presentation de MM. le baron Sina et Kreuterj SAO SOCI^Tfi IMPfiRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. admis dans cette seance, lui renouvelle I'assurance du vif in- ter^t qu'il porte aux travaux de la Societe. — M. Ch. Dauban adresse, de Campnac (Aveyron), en date du 25 septembre, le reqii regulier du troupeau de Ch^vres d' Angora qui lui a ete confie par la Societe, et qui se compose de quatorze t^tes, savoir : un Bouc de deux ans, trois Che- vreaux et quatre Chevrettes de Tannee, et six Chevres adultes. — M. Noel Suquet, directeur-gerant de la Societe zoolo- gique de Marseille, ecrit, au nom de cet etablissement, pour offrir ses remerciments a la Societe au sujet des trois Zebus du Soudan qui lui ont ete confies. — A cette occasion, M. le President annonceque le Zebu male, faisant partie du second envoi expedie par ordre de S. A. le prince Halim-Pacha, est recemment arrive dans de ires bonnes conditions au Museum d'histoire naturelle, et qu'il a ete immediatement reuni a la femelle que la Menagerie pos- sedait deja. — M. le President ajoute que les Chevres d'Egypte et les Gh^vres d' Angora confiees, par decision du Conseii, a M. le baron Anca, pour un essai d'acclimatation en Sicile, lui ont ete remises tantpar radministration du Museum que par la Societe zoologique des Alpes. — M. Turrel, secretaire du Cornice agricole de Toulon, ecrit, en date du 9 octobre, pour annoncer qu'il a re^u le couple de Moutons Karamanlis qui a ete confie au Comice et qui est destine a M. le comte David de Beauregard. — II est ensuite donne lecture d'une seconde lettre de M. Suquet relative a I'arrangement qu'il propose pour la reception et le sejour au Jardin zoologique de Marseille, des animaux qui pourraient 6tre adresses a la Societe par cette voie. — Le Conseii vote I'adoption de ce projet, et decide que des remerciments seront adresses a M. Noel Suquet en le priant de les transmetlre a la Societe zoologique de Marseille. — Sur la proposition de M. le President, le Conseii nomme une Commission pour etudier lesmoyens deprofiter del'aulori- sation accordee a la Societe par le gouvernement peruvien de PROCftS-VRRBAUX. 541 fairovenir des Lamas el des Alpacas. Cette Commission fjui sera invitee a s'oceuper iininediatement de cetle question, se compose de MM. Richard (du Cantal), president, le marquis Amelot, le comte d'Epremesnil, le baron de Pontalba, le mar- quis de Selve el le baron dc Tocqueville. — M. le docteur Le Prestre ecrit de Caen, le 30 septembre, pour demander a 6lre inscrit des premiers pour obtenir un couple d'Alpacas, aussit6t que la Sociote aura pu s'en procurer. — Dans une seconde lettre du 8 octobre, M. Le Prestre, repondant a la circulaire qui lui a ete adressee en m6me temps qu'a tous les directeurs de jardins zoologiques et aux princi- paux proprietairesd'animaux, envoielalistedeceux qu'il pent ceder ou ecbanger, avec Vindication desprix aux(|uels ilestime cbacun d'eux. — M. I'abbe Dufour transmet la demande d'un prince alle- mand, ({ui habite I'Autriche et la Hongrie ou il possede de magniliques domaines,et qui desirerait y introduire des Alpa- cas noirs et d'autres animaux de la Societe. — Sur la proposition de M. Frederic Jacquemart, qui rap- pelle le desir exprime par les membresdepositaires de Clievres d'Angora, de connaitre la valeur commcrciale de la toison de ces Chevres, le Conseil decide que M. Davin sera prie d' exa- miner cette question et de faire vend re pour le compte de la Societe toutes les toisons qu'elle a recues deja. — M. le President rend compte de divers resultats qui viennent d'etre obtenus a I'egard du Ver a soie du Ricin, au point de vue, soit de son acclimatation et divers lieux, soil de I'emploi industriel de la soie, et il met sous les yeux du Con- seil plusieurs lettres en plusieurs echantillons qu'il a recem- ment re^us de nos confreres, MM. Kaut'mann, Le Long, Sacc et Henri Schlumberger. Les lettres communi(|uees par M. le President, sont les qualre suivanles : M. le docteur Sacc, dans une leltre adressee le 12 octobre a M. le President, rend compte dune education qu'il a faite du Bombyx Cy/i/Aia, aWesserling (Haut-Rhin). « J'avais re^u, (lit M. Sacc, cent quarante-cinq petiles Chenilles, qui m'ont T. IV, — Novembrfl 1857, 35 5A2 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. donne cent quar ante-cinq cocons; Teducation a dure vingt- quatre jours J'ai rcmis a M. Henri Schlumberger, de Guebwiller, deux cents cocons vides qui m'avaient ete envoyes en m6me temps. M. Schlumberger les a trouves tres faciles a carder et a filer. II en a fait un fil lisse, blanc, brillant, fort souple , sans dechet ni au peignage ni au filage (voy. plus haut, p. 529). » — A cette lettre etaient joints des echantillons des files obte- nuspar M. Henri Schlumberger. M. lePresidentles met sous les yeux du Conseil avec d'autres echantillons de files prepares par M. Weber-Blech, de Guebwil- ler, et qui ont ete aussi envoyes par M. Sacc. Ceux-ci ont ete fails avec les cocons du Ver a soie sauvage du ch6ne, tols qu'on les trouve dans le commerce, et qui ont ete achetes en Angle- terre. Ces derniers files sont particulierement remarquables par leur tenacite 5 mais on a reproche a cette matiere le peu de facilile avec laquelle elle se pr^te au blanchissage et a la teinture. M. Guerin-Meneville fait alors observer que ces deux difficul- tes n'existent plus et qu'elles ont ete completement resolues, des 1850, par MM. Broutin et Lahore, teinturiers a Paris. — A la lettre de M. Sacc, qui vient d'etre analysee, etait jointe une autre lettre de M. DoUfuss, president de la Societe industrielie de Mulhouse, annon^ant que la proposition de fon- der un prix pour Teducation du Bombyx Cynthia sur une grande echelle en Algerie, faite par M. Sacc, a ete transmise a la Societe, et prise en consideration. — Un passage de la m6me lettre de M. Sacc est relalif au succes qu'il a obtenu dans la culture du Dioscorea Batatas en terre legere, et a Tavantage qu'il a reconnu a le laisser vegeter pendant deux ans sans Tarracher. — M. J. Le Long, par une lettre du 1" octobre, informe • M. le President de son prochain depart pour le Bresil et le Rio de la Plata, et off re ses services a la Societe, en deman- dant des instructions. Notre honorable confrere se propose de nous adresser, dans quelques mois, des cocons ou des graines de deux especes nouvelles de Vers a soie, dont I'introduction 'OfTiT'¥»m/*! PROCftS-VERBAUX. 54S lui paratt devoir oftVir de grands avantnges, surtout pour I'AIgeric. II iijouto cjiie les Bombyx Cynthia qu'il a envoyes au Bresil, ail iiom do la SociiHe, y ont pariaitement reussi, ainsi que I'indiquent les cocons qu'il a re^us de Fernambouc et que M. ie President met sous les yeux du Conseil, aussi bien que les passages qu'il cite d'une lettre de M. Brunei, professeur d'histoire iiaturelle au Gymnase de Fernambouc. Le succes de ces educations est d'autant plus interessant qu'elles ont eu lieu dans ces circonstances peu ordinaires : les Vers ont ete en partieeleves en voyage, adosdechevaux(voy.plusliaut,p.533). — A la suite de ces diverses communications de M. le doc- teur Sacc et de M. Le Long, qui temoignent de la grande rusti- cite de cette espece de vers a sole, dont les educations pro- mettent des resultats serieux dans Tavenir, surtout quand des experiences multipliees auront fait connaitre un bon emploi industriel de leurs produits , M. le President donne lecture d'une lettre, datee de Berlin le 6 de ce mois, dans laquelle M. E. Kaulmann rend compte de ses nouveaux essais de devi- dage du cocon du Bombyx Cynthia. Notre honorable et zele confrere, apres une etude patiente et approfondie de la struc- ture de ce cocon, dont il a fait une sorte d'anatomie tres detail- lee, a acquis la certitude que le Ver a soiedu Ricin ne rompt point son (il pour se menager une issue, coninie on I'avait annonce: mais, conformement aux observations faites ante- rieurement par MM. Guerin-Meneville et Cornalia, il se con- lente de le replier brusquement, sans suivre une marclie regu- liere, et le plussouvent sous un angle tres aigu, ce qui en rend la rupture plus facile au devidage. Ce fait est demontre non- seulement par la structure ni^me du cocon, etudiee parM.Kanf- mann sur »m grand nond)re de cocons, mais par la longueur des Ills obtenus par lui. La principale dilliculte du devidage du li. Cynthia semble 6tro dans la dissolution comple.e de la gonime qui unit entre eux les replis du fil dans le cocon et dans la disposition tres irreguliere desfils. — M. A . Dumeril annonce qu'un envoi de vingt cocons vivants (hi B. Cynthia vient d'etre fait au Comite zoologique d'necit- '5fiZi SOCIETE IMPKRIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. matalion de la Societe imperiale d'agricuUiire de Moscou, par les soins de M. A. Bogdanoff, et que M. Vallee possede en ce moment une tres grande quantite de cocons et de Chenilles de differents ages qui permettrontde faire encore une abondante distribution de graines dans quelques jours. — M. le Secretaire mentionne alors de nouvelles deniandes de graines de ce Ver a soie qui out ete adressees par M. le comte deGalbert, a la Buisse (Isere), M. Viiispecteur primaire de Tarrondissement de Tournon (Isere), et madame Blandi- gnere, de Toulouse. — M. Fr. Jacquemart rappelle la decision prise anterieure- ment par le Conseil relativement a une nouvelle demande de Vers a soie sauvages du cliene a adresser u MM. les mission- naires en Chine. M. Jacquemart est charge avec M. Guerin- Meneville de rediger des instructions tres precises sur le mode d'emballage a employer pour assurer le. succes de ces precieux envois en Fance. — - M. Aubry-Lecomte fait parvenir a la Societe, au nom de M. Mestro, directeur des colonies, deux fragments avec tiges de Dioscorea alata de la Martini(]uej un fragment, avec lige egalement, d'Igname rouge de la Guadeloupe, des troiiQons d'igname Cambare de la Reunion, des racines de Curcuma loiiga de la Guyaneet d'arrow-root (i)f«r«nZ(2 arundinacea) du Gabon. Des remerciments seront adresses a MM. Mestro et Aubrv- Lecomle. M. le President annonce que ces differents vegetaux ont ete confies a M. Uarblay jeune, sur I'avis de la Commission de distribution des vegetaux. — M. le President rappelle les demandes reiterees, avec les plus vives instances, que M. Jomard a transmises a la Societe, de la part de M. le docteur Figari, du Caire, membre de la Societe, qui desire recevoir une collection de graines de vege- taux economiques et d'essences forestieres, pour en tenter I'in- troduetion en Egypte, et celle que lui a aussi recemment adressee noire confrere M. Daulle, chirurgien de la marine inriperiale, pour les etoblissements francais de Madagascar. I'ROCES-VEKKADX. 5A5 M. le President ajoute que notre lionorable confrere M. L. Vil- niorin, ayant ete prie de faire preparer deux collections des graines qu'il jugerait les plus propres a 6tre introduites avec succes en Egypte et a Madagascar, s'est empresse de les offrir gratuitement a la Societe. Le Conseil acceple avec reconnais- sance cette otlre genereuseet charge M. le Secretaire de trans- meltre ses remerciments a M. L. Vilmorin, au nom de la Societe. — Notre confrere M. Denis Graindorge, horticulteur pepi- nieriste a Bagnolet, envoie cinquante plants du Fraisier lialif, dont il a mis un specimen sous les yeux de la Societe, dans ses seances du 17 avril et du 12 juin, et qu'il a nomme Fraise Prince Imperial. Des remerciments seront adresses a M. Denis Graindorge. Le Conseil s'occupeimmediatementde la distribution deces fraisiers, qu'il est necessaire de replanter sans retard. — M. Goby, de Koleah, pres Blidah (Algerie), ecrit pour demander quelques eehantillons des tubercules feculeux en- voyes par M. de 3Iontigny, ainsi que des graines de toutes les autres especes de vegetaux dont I'acclimatation pent 6tre ten tee en Algerie, et dont la Societe pourra disposer. — M. Ch. Meny de Wesserling adresse egalement une demande de diverses especes de vegetaux et en particulier de Pomme de terre d'Amerique et de P6ches de Tullins. u — Des demandes de P6ches de Tullins sont encore adres- sees par MM. Debourge, Denis Graindorge, le baron Kirgener, Laperlier, Hampin et Taunay, etdevront 6tre ajoutees a celles qui sont deja parvenues en tres grand nombre. M. le Secretaire est charge par le Conseil d'ecrire a liotre honorable et savant confrere, M. Chatin, qui prend un grand inter^t a la propagation de cette utile variete de p6cher, et de le prier de reserver a la Societe une certaine quantite de noyaux, ainsi qu'il a bien voulu le promettre, afm de iui per- mettre de satisfaire aux nombreuses demanded deja faiies. — M. le President presente une petite collection de graines, adressee par le Comite botanique d'acclimatalion de Moscou ct qui Iui out ete remises parM. Bogdanoll". bll6 SOCIETE IMPEIUALE ZOOLOGIQL'E d'aCCXIMATATION. — M. J. Le Long, par une seconcle lellre tin 6 oclobre, annonce qu'il fait parvenir a la Societe divers bois, plantes et racines originaires da Bresil et des Etats de Rio de la Plata, dont il indique les principales proprietes dans une note annexee a sa lettre. M. Le Long pense que plusieurs de ces vegetaux pourraient s'acclimater dans le midi de la Prance et surtout en Algerie, et que les autres sont destines a devenir i'objet d'un commerce important. Des remerciments seront adresses, au nom de la Societe, a M. J. Le Long, pour ces interessants produits qui seront clas- ses dans les collections de la Societe, et pour Fofire qu'il a bien voulu faire d'envoyer d'Amerique des semences de ces divers vegetaux utiles, pour des essais de culture. 'r" — A la lettre de M. Le Long est jointe une note de M. Gen- tler, horticulteur a Montrouge , faisant connaitre les bons resultals qu'il a obtenus de quelques-unes des graines qui lui ont ete remises par notre honorable confrere, et en particulier des Ananas qu'il a regus de M. Le Long, et parnii lesquels sont trois varietes nouvelles. — M. le docteur Dareste, dans une lettre du 12 octobre, apres avoir rappele que la Societe s'est occupee, il y a deux ans, dans une de ses seances, de la question fort importante, pour elle, de la conservation des oeufs propres a Tincubation et dont on veut retarder le developpement, annonce que des experiences, qu'il apoursuivies avec beaucoup de soin pendant le cours del'ete dernier, I'ont conduit a reconnaitre que lemeil- leur moyen consiste a enduire d'huile la coquille des oeufs. {( Ce procede n'est pas nouveau, ajoute M, Dareste, car j'en ai trouve I'indication dans Reaumur •, mais les etudes pbysio- logiques que je viens de faire m'ont convaincu que I'huileetait superieure aux vernis que Reaumur avait egalement indiques. » M. Dareste pense que ce procede pourrait parfaitement s'appliquer a la conservation des oeufs du Bombyx Cynthia et de ceux des Saturnies, dont la trop prompte eclosion est le principal obstacle aleur acclimatation ; et il demande des ceufs de Vers a sole du Ricin pour de nouvelles experiences, dont il s'empressera de faire connaitre les lesultats a la Societe. ^ ,. ^ PROCfeS-VEHBAUX. 547 M. Oiicrin-M^neville est invite a faire remettrea M. Dareste autaiit d'a^ufs du Bombyx Cynthia qu'il en desirera pour ses experiences. — M. le major Taunay adresse les n"* 76 et 77 du journal la Science, ou se trouve constatee redicacite du bain d'azo- tage qu'il a conseille eontre roidium de la Vigne. — En I'absence de M. Drouyn de Lhuys, delegue par laSo- ciete pour assister a la cerernonie qui a eu lieu a Etampes, a Toccasion de I'inauguration de la statue d'Etienne Geoft'roy Saint-Hilaire, M. Moquin-Tandon fait un rapport verbal sur cette inauguration (voyez au Bulletin^ p. 553). — M. Achille Berg, chirurgien de la marine imperiale a Saint-Louis (Senegal), ecrit de cette ville, le 19 septembre, pour annoncer le prochain envoi qu'il se propose de faire d'un travail en reponse au Questionnaire de M. (losse sur TAu- trucbe, et offrir ses services a la Societe. Des remerciments lui seront adresses. — La Societe imperiale economique de Saint-Petersbourg, adresse les annees 1854, 1855, 1856 et les trois premieres livraisons de Tannee 1857 de ses Memoires. — M. le President depose une note sur les services rendus a TaccUmatation en Autriche par MM. le prince de Scbwar- zemberg, le baron Sina et M. Kreuter. STANCE DU 30 OCTOBRE 1857. Pr^ideace de M. Is. Geofprot Saint-Hilaire. Le Conseil admet au nombre des membres de la Societe : ^IM. Ballot (Felix-Alplionse) , proprietaire a Taissy , pres Reims (Marne). Breteuil (le comte de), au chateau de Breteuil pres Clie- vreuse (Seine-et-Oise) et a Paris. Dalger (le baron), a Caen. Edward Levvien (Jacobsen), a Rotterdam (Pays-Bas). Geoffroy (Charles), conservateur des hypotheques, a Verdun (Meuse). 548 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. MM. Gevaudan (le comte de), proprietaire agriculteur, au cha- teau de Conclaye, pres La Roche Mi Hay (Nievre). Grotkowski (Ferdinand de), proprietaire, au chateau de Surwiliski (Pologne). LoBEL (Henri de), negociant, administrateur de laBanque, a Amiens. Lopez (le general Jose-Hilario), senateur, ex-president de la republique de la Nouvelle-Grenade, a Santa-Fe-de- Bogota. Luard (le marquis du), a Paris. Macedo-Pimeintel (Raimundo de), ancien el^ve de I'EcoIe imperiale de Grignon , a Crato, province du Ceara (Bresil). VivES (Anatole de), general d'artillerie, commandant I'ar- tillerie d'Afrique, a Alger. YvER, notaire, a Paris. — M.AndrewConnoUyecritdeChang-Hai (Chine) pourremer- cier de son admission au nombre des membres de la Societe. M. Benjamin Lenoir, de Copiapo (Chili), recemment admis, adresse egalement ses remerciments. — M. de Capanema, delegue du Conseil, a Rio de Janeiro, ecrit de cette ville, le lA septembre, pour transmettre la de- p6che qui lui a ete adressee corame representant de la Societe, par le ministre de I'interieur de S. M. I'empereur don Pedro, au sujet de Tintroduction du Chameauau Bresil. Le gouverne- ment bresilien. dit notre honorable coilegue, compte sur la cooperation efticace dela Societe imperiale d'acclimatation, et I'invite a prendre toutesles mesures qu'elle jugera convenable pour le choix et Tacquisition de quatoize individus , eL le transport, sur deux points de la province du Ceara, de ces ani- maux etd'Arabes qui seront engages pour les soigner pendant quelques annees. M. le ministre du Bresil a Paris a ete invite a agir selon les indications qui lui seront fournies par la Societe, et il est charge d'acquitter toutes les depenses. Le Conseil accepte I'importante mission qui est confiee a la Societe par le gouvernement de S. M. Fempereurdu Bresil, el nomme une Commission pour etudier les moyens de la remplir .rmm, proces-verbalx. 5'49 le plus promptement possible, en prenanl toiites les mesures propres a assurer lesucces de cette grande tentative d'acclimata- tion. La Commission se compose de MM. Richard (du Cantal), president; le general Daumas, Dareste, Davin, Albert Geotrroy Saint-Hilaire et A. Hesse, delegue du Conseil a Marseille. — S. Exc. le charge d'affaires de Wurtemberg, ecrit le 28 octobre, pour annoncer que son souverain a accepte le petit troupeau de Chevres d'Angora (jui lui a ete offert. Sa Majestea charge M. le baron de Mauclerc de transmettre a la Societe ses remerclments, de recevoir les animaux, et de les faire transporter a Stuttgardt. — S. Exc. le ministre de la guerre, par dep^che du 28 oc- tobre, adresse d«s remerclments pour les cocons de Vers a soie du Ricin qui lui ont ete offferts par la Societe, et quMl s'est empresse d' accepter. Les neuf cents cocons vivants quUl a re- ^us de M. Guerin-Menevilie et qui provenaient des educations de M. Vallee, ont ete envoyes a M. le gouverneur general de TAIge- rie, avec invitation de lesdistribuerenlre les principaux colons. M. le President annonce que deux cent soixante et dix autres cocons ont ete distribues le 30 octobre; (ju'il en a etc envoye a Naples, a Moscou, a Java et a la Nouvelle-Grenade, et que M. Vallee a encore environ plusieurs centaines de chenilles prates a filer. — Surla proposition deM. le President, le Conseil decide que quatorze cents cocons non eclos, reserves par M. Vallee a cette intention, seront envoyes a notre confrere M. H. Schlumberger, aGuebwiller, pour servir a de nouvelles experiences de filage. — Les cocons destines a la Nouvelle-Grenade ont ete remis, avec une instruction speciale de M. Guerin-Menevilie, a M. le general Lopez, admis dans cette seance au nombre des membres de la Societe. M. le general Lopez, ancien president de la republique de la Nouvelle-Grenade, se propose d'envoyer a la Societe des animaux et des vegetaux provenant des regions elevees, froides ou temperees de ce pays, et entre autres des Pommes de terre exemptes de la maladie. 11 a donnedes ordres pour qu'un pied de TAratcatcha, dont les tubercules forment le principal aliment des habitants de la Nouvelle-Grenade, soit 550 SOCIliTE IMPERIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. oPTert en son nom a la Societc, par un savant botaniste colom- bien (jui en a apporte un echantillon a Paris. Sur la proposition deM. Guerin-Meneville, le Conseil decide que M. le rninistre dos alTaires etrangeres sera prie, an nom de la Societe, d'engager nos agents diploniatiques a la Nouvelle- Grenade a favoriser les envois que le general Lopez se propose de I'aire a la Societe. — M. de Vriese, membredela Societe, cbarge del'inspection generale des cultures du gouvernement neerlandais aux Indes orientates, a re^u egalement une certaine quantite de cocons du Bombyx Cynthia^ qu'il espere introduire a Java en faisant faire une station a Ceylan pour premiere education. M. Guerin- Meneville a remis a M. de Vriese une instruction detaillee pour cette interessante tentative, ainsi qu'une liste des objets qui pourraient nous 6tre envoyes de Java, pour I'Algerie et pour nos colonies. — M. Benjamin Lenoir transmet une demande de Vers a soie du Ch6ne au noin de M. Radisson, proprietaire, a Tarare. — M. le Secretaire presente au Conseil les listes des deux collections de graines que M. L. Vilmorin abienvoulu mettre a la disposition de la Societe (voy. j). 5A5), et annonce quel'une a ete envoyee aM. le docteurFigari, au Caire, et I'autre remise a M.Daulle pour des essais d'acclimatation, a Madagascar. — M. le docteur Ghatin adresse une certaine quantite de noyaux de P6ches de Tullins, que M. Julien Bertrand a re- cueillis et qu'il veutbien offrir a la Societe. Des remerciments seront adresses a MM. Chatin et Bertrand, pour cet envoi, qui permettra de satisfaire aux nombreuses demandes que la Societe arcQues, et auxquelles M. le Secretaire est prie dejoindre celies plus recemment arrivees de plusieurs menibres, de la Section d'industrie et d'agriculture de I'lnslitut national de Geneve, et de M. le President de la Cliamhre d'agriculture de Marseille. M. Drouyn de Lhuys transmet la copie d'une lettre qui lui a ete adressee de Sainte-Marthe, le 22 septembre dernier, par M. Acbille de Courthial, au sujet des Pomnies de terre que la Societe desire fair.e venir d'Amerique pour en regenerer la race en France. L'expedition en a ete relardce par un acci- I'KOCES-VEHBALX. 551 dent arrive au mcssagcr envoye expres dans la Sierra do Sainle- Marthe, et qui a disparu. On craint qu'il n'ait pori. La Societe recevra communication des nouvelles qu'on aura ulterieure- mcnt de cette expedition. — M. le President an nonce que M. Rohault de Fleury, ar- chitecte du gouvernement, a bien voulu mettre a la disposition de la Societe une serre destinee a entretenir des Ricins pour les educations de Bombyx Cynthia (jue M. Vailee va faire pendant riiiver. DesremercimentsserontadressesaM.UoliaultdeFleury. — M. Agron de Gerniigny adresse une note sur la lloraison de rignamede Chine, dontilannonceavoiroblenu des grainesdans son jardin situe a Saint-Germain-du-Plain (Sa6ne-et-Loire). — iM. Guerin-Meneville annonce (jue M. Annee a oblenu ega- lement des graines d'Igname de la Chine, dans son jardin de Passy, et que notre zele confrere s'emprcssera de les presenter a la Societe aussitot (ju^il les aura recoUees. Cesfaits demon- trent que la fructification de I'lgname, sous le climat de Paris, n'est pas impossible, comme on I'avait avance. Du reste M. Annee n'a cesse de consacrer les soins les plus eclaires aux essais d'acclimatation des vegetaux introduits par la So» ciete. Les cinq graines d'lgnames qu'il a regues lui ont donne cinq sujets dont il espere obtenir quelques varietes par une culture suivie. M. Annee meta la disposition de la Societe des graines des cucurbitacees suivantes qui ont parfaitement reussi dans son jardin : Courge pleine ou Giraumont de la Floride, Courge ronde ou Poliron d'Espagne, Courge-Poire, Courge allongee d'ltalie, petite Courge Aubergine, et Cucurbita ver- rucosa. . I — M. Brierre fait parvenir egalement une note sur leresul- tat de la culture des diverscs esp«?ces de vegetaux qu'il a deja re^us de la Societe. Plusieurs dessins sont joints a sa lettre. — M. de Baye, apres avoir rendu comple de I'heureuse eclosion des oeufs de Poule de Cochincbine, qui lui ont ete remisparla Societe, annonce que les Poulets quMl en a obte- nus viennent d'etre primes au cornice agricole de Vertus (Marne), et qu'il se felicite de posseder cette race dans de tres belles conditions. 652 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. I'abbd Allary adresse un travail sur les volieres, dont i! faithommage a la Societe. — M. Turrel, dans iine leltre du 21 octobre, propose la creation au siege de la Societe d'une agence speciale pour le placement des produits des animaux nouvellement introduits, comme moyen d'arriver plus siirement et plus promptement a en connaitre la valeur exacte. M. Turrel rappelle ensuite la demandequ'il a faite deja d'un couple d'Hemiones pour le Jar- din zoologique de Marseille. — Apres avoir rappele que M. Aubry-Lecom te a commu- nique un cocon gigantesque de Madagascar, appartenant a I'Exposition des produits coloniaux etablie au ministere de la marine, M. Guerin-Meneville annonce que ce cocon appartient an Bombyx Radama, public par M. Coquerel, chirurgien de la marine impcriale, dans le Bulletin de la Societe (voy. p. 28 dut. II, anneel855). ' «' « — M. Guerin-Meneville offre a la Societe, au nom de M. Salle, naturaliste voyageur, un exemplaire d'un memoire de ce zoologiste Sur la sole sauvage du Mexique, avec la description du Bombyx qui la produit, II rappelle que la Societe doit deja a la generosite de M. le Commissaire du Mexique pres TExposition universelle, et aux soins de notre honorable confrere, M. Ramon de la Sagra, le Papillon et la Chenille de Tun de ces Vers a soie, et que M. Virlet d'Aoust, ingenieur des mines et geologue distingue, lui a fait hommage d'un bel echanlillon de cette soie sauvage pour ses collections. — Le Conseil fixe au Ix decembre prochain I'ouverture de la session de 1857-1858. Les seances generales auront lieu, comme les annees prece- dente de quinze en quinze jours, les vendredis a trois heures precises. Les jours et heures des reunions particulieres des cinq sec- tions seront ulterieurement fixees. Le Secretaire du Conseil., Guerin-Meneville. rrv.r.riMii FAITS DIVRRS. bbZ III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. La Commission pour I'^reclion de la slatue d'£tienne Geoffrey Saint- Hilaire, h Etampes, a corapris, parmi les corps invite's a Tinauguration de Id statue, laSoci^t«5 impt'rialed'acclimalation,qu'elleaconsid^r^e comme se ratlachant par son origiue aux iravaux de riliustrc naturaliste, et particu- li^rcment i la creation de la Menagerie qui fut sonceuvrecn novembre 1793. LeConseild'administralion de la Soci^t^s'est empress^ d'accepterceite hono- rable invitation, ct il a specialementdesignt5, pour repr(^senler la Soci^t^, le 11 octobre k I'inauguration, M. Drpuyn de Lhuys, vice-president de la Soci(5tt5 (seance du 25 septembre ; Bulletin, p. 506). Notre honorable collogue a bien voulu accepter et remplir cette mission ; mais il n'a pu en rendre compte au Conseil, ayant ^te cmp^cli^ de se rendre a la stance suivante. M. MoquinTandon qui avail assistd k Pinauguration, a la fois comme mcmbre de I'lnstitut, du Conseil de la Soci^Ki et de la Commission pour r^rection du monument (1), a bien voulu faire, i la demande de plusieurs membres, le rapport verbal suivant dont Tinsertion dans le Bulletin a ^t^ aussildt vot^e p:ir le Conseil : « La Soci^tc" d'acclimatation ^tait representee par son vice-prdsident M. Orouyn de Lhuys, specialement deidgud par le Conseil pour reprdsenter la Societd; par MM. Richard (du Cantal), le comte d'Eprdmesnil, Auguste Dumeril, P. Gaimard, Guerin-Meneville et le marquis de Selve, membres du conseil ; Hollard, ddldgue de la Society & Poitiers ; Bogdanow, secretaire des Comiies d'acclimatation de Moscou et leur deiegue pr^s de la Societe ; et par plusieurs autres membres distingues. Get empressement sinaturel de nos confreres avait une double orij^ine : ils voulaient h la fois participer a un acte solennel de justice naiionale et partager les joies d'une famille almee, a laquelle notre Societe doit, en tr^s grande partie, et son existence et sa prosperite ! » Les deputations des corps savants ont ete recues, au debarcadere du chemin de fer, par M. le maire de la ville d'fetampes el par une commission du conseil municipal. » La ceremonie a ete presidee par M. le comte de Saint-Marsault, prefet de Seine-et-Oise. » La statue, de marbre blanc, reproduit avec bonheur la regulariie et la beauie des trails du module; elle est due au ciseau habile de M. £lias Ro- bert, compatriote de notre illustre naturalisie. Geoffroy est en costume de professeur et dans Pattitude de la meditation. 11 semble, comme on Ta dit, (1) Voy. dansle BulleHn, p. 301, un premier rapport de M. Moquin-Tandon faitau sein de la Commission du Conseil, sur une proposition de M. Jomard, rela- tive auiuonuQient de Geoffrey Saint-Hilaire. MA SOCI^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATlOiN. au moment d'une de ses plus (Miergiques inspirations, au moment ou une dt^couvci'leinatlendiie vient de se rdvtiler a son esprit » L'image de Geoffroy Saint-Hilaire a (5t6 saluee par les plus vives accla- mations. » L'inauguration a ^l^ suivie d'un banquet, d'un feu d'artifice, d'un bai 'et d'une illumination g^n^rale. Cette ftte publlque, somptueusement orga- nis^e , a ^t6 c^lebr^e avec un veritable enthousiasme ! » Dans une courte mais chaleureuse allocution, Thonorable vice-pr<5sidenl et d^l^gu^ de la Soci^t^, M. Drouyn de Lhuys, a remerci^ M. le niaire et MM. les conseillers municipauxde leur bienveillante et gracieuse bospitalit^, aprfes avoir Klicite la ville d'fitampes de I'hommage ^clatant qu'elle vient de rendre a la m^moire d'un de ses fils les plus illustres. » On a beaucoup applaudi noire confrere ^ lorsqu'il a prononc^ les paroles suivantes: « Vous avez compris, messieurs, ou plutdt vous avez senti (car ces pen- to sees-li viennent du coeur), que c'est en les honorant qu'on suscile les » grands liommes, et que, par un juste retour, le reflet de leur aureole doil » illuminer leur berceau. » Chaque cit^ pr6te, pendant leur vie, ses illustres enfants h la France et )) au monde ; mais aprfes leur mort, elle les revendique, et inscrit, avec un » l(5gitime orgueil, leurs noms dans ses annales ! » Le Conseil entendra aussi avec satisfaction ce passage d'une autre allo- cution de M. Darblay jeune, ddputd de I'arrondissement d'filampes au Corps l^gislatif, et membre de la Societ(5 : « L'alliance de la Science et de I'lndustrie, c'est le progrfes, c'est la richesse » du pays. » Nous en avons d^ji et nous en aurons de plus en plus la preuve par » I'extension que prendra la Soci^t^ imperiale d'acclimatation dont nous » poss^dons ici les trois honorables presidents, MM. Isidore Geofi"roy Saint » Ililaire, Drouyn de Lhuys et Richard. » Celte Society, en allant chercher dans toutes les parties du monde les » animaux et les plantes les plus utiles, en les acclimatant chez nous, doublera n nos richesses vt^getales et animales, pour le plus grand bien de la France. » — Le Comil6 de zoologie de la Guyane, constitu^ a Cayenne par ordre de S. Exc. le ministre de la marine comme Comit^ regional d'acclimatation, vient de faire a la Soci^t^ un premier envoi d'animaux vivants, par le Vautour, entr^, 11 y a quelques jours, dans le port de Cherbourg. ' La Society, entre autres dons, a requ aussi de M. le mardchal ministre de la guerre les 127,000 cocons de Ver h sole du Ricin, ciivoyes d'Alg^rie par M. Hardy, pour etre fiWs (voy. p. 535). Ces cocons ont ^te imm^dlate- menl envoy^s en Alsace, a notre dei(5gue M. Sacc. Le Secretaire du Conseil, GuiRIN-M^NEVILLE. mim BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUR. 55ft OUVRAUEN OFFERTS A LA SOCltf^ITi). Seance du 25 sepfembre 1857. Etudes pratiquks sur l'art de dessecher, et diverses impressions DE VOYAGES, par le marquis Ch. de Biyas (1 volume ia-12, 3' (^diliOD. Paris, 1857). Bulletin des seances du Comitj5 zoologique d'agclimatation de Moscou, 1857. Bulletin des stances du Gomite botanique d'agclimatation de Moscou, 1857. SOCl^TE D'AGRIGULTURE, COMMERCE, SCIENCES ET ARTS DU D^PARTEMENT DE LA Marne. Uapport sur les travaux du Congr^s des Soci^tt^ssavantesde France eu 1857. Annales de la Societe d' AGRICULTURE DE l'Allier (3* et W trimestres 1856, et !«' trimestre 1857). Bulletin de la Societe d'agriculture d'Alger {a" 2, 2'"trim. 1857). Society imp^riale et centrale d'horticulture. Procfes- verba lu des stances du Jury pour r£xposition universelle de 1855. Journal de la Soci£t£ d'horticulture du Bas-Uhin (tome HI, n- 1 et 2, 1857). Bulletin de la Soci^t^ d'horticdlture de l'arrondissement de Beaune n" I, 1857). Revde des Soci^tes savantes (tome II, 1" livraison, 1857). Soci£t6 d'encouragement poor l'industrie nationals, stance gene- rate du 3 juin 1857. Note sur la recolte de 1857, et sur les maladies des vers a soie, par L. Duscigneur. Notice sur l'essai des gommes employi^es pour ^paissir les cou- LEHRS, par M. le docteur Sacc. Extrait des Bulletins de la Soci^t^ indus- triellede Mulhouse, stance du 25 iiovembre 1856. OtTert par Tauteur. De l'introduction, si besoin est, mais surtout de la conservation, pro- tection et propagation de certains animaux qui sont nos auxiiiaires naturels, parM. le baron P.-G. Dumast. Extrait du Bulletin de la Soci^t^ r^gionale d'acclimatation de Nancy. Etudes sur le Bambou, par L. Verdier-Latour, chancelier de la ItJgalion de France en Chine (Alger, 185/i). Offert par M. le baron Aucapilaiiie. NOTA SULLA struttura della fibra sericea di alcuni insetti allevati come bachi da seta, c di altri Lcpidotleri e imenotleri salvatici, letta alia It. Accademia dei Georgofill del socio ordinario professore Adolfo Targioni- Tozzetti neir adunanza del 1° Giugno 1856. Offert par I'auteur. SOLLE BRANCHE TRANSITORIE DEI FETI PLAGIOSTOMI RECORDI DI NIZZA (estate 1856) memoria dell dotlore Emilio Ctornalia. Offert par Tauteur, 556 SOCIETE IMPKRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Seance du 30 octobre 1857. Rapport sur l'Exposition universelle de 1857, pr^sent^ a TEmpe- reur par S. A. I. le prince Napoleon, president de la Commission (1 vol. in-Zi. OflertparS. A. I. le prince Napoleon. Bulletin de la Society r^gionale d'acclimatation, fondle h Nancy, pour la zone du nord-est (3* trimestre 1857). Bulletin de la Society d'acclimatation, pour les fitats royaux de Prusse (1857). Soci^T^ ZOOLOGIQUE DE MARSEILLE ; assemblies g^u^ralcsdes 26 octobre, 18 d^cembre 1855 et 15 Janvier 1857. Jardin ZOOLOGIQUE de MARSEILLE; Rapport duConseil de surveillance (1857). Catalogue de la cinquieme exposition publique d'horticulture, ouverte par la Soci^t^ d'horticulture du departement de I'Aube, a Troyes, le 2/1 septembre 1857. • Catalogue et prix courants de I'^tablissement d'horticulture et p^pi- ni^res de Claude Sabut, h Montpellier (Heraull), 1857-1858. Etudes entomologiques r^dig^es par M. Mctor de Molschulsky, lieute- nant-coloiiel d'etat-major, en relraite, etc. (Zi* et 5" ann^e 1855, 1856). Offert par I'auteur. MittheilungenderKaiserlichenfreien okonomischen Gesellschaft zu St.-P^tersbourg (ann^es 185i h 1857). Mittheilungen der Kaiserlich-Koniglichen Geographischen Ge- sellschaft (1857. Heft 1.) Vienne, 1857. The Journal of New -York state agricultural Society (juillet ci septembre 1857). Seance du 13 novembre 1857. M^MOIRES de L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES DEMADRID (t. IV 3* S^rie, 2* parlie, 1857). Bulletin DE la Society d'horticulture de l'Aube (3* trimestre,1857). Annales de la Soci^te d'emulation du departement des Vosges (t. IX, 2" cahier, 1856;. Traite theorique et pratique de la fermentation, consid^r^e dans ses rapports g^n^raux avec les sciences naturelles et I'industrie, par M. Basset (1 vol. in-8, Paris, 1857). Offert par I'auteur. Rapport sur la situation g^n^rale de l'agriculture dans le depar- tement de Vaucluse, et de la culture de la Garance en particuiier, par A. Picard. Offert par I'auteur. The journal of the Indian Archipelago and easten Asia (2* vol., n" 1, 1857). naiio .GiiinvioOoMimal-;. i CHi:VRE d' ANGORA. 557 I. TRAYAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. SUR LA CHfiVRE D'ANGORA <<) Par IM. BOURLIER, Phai*macien aide-major. (Seance du 23 Janvier 1857.) Parmi les animaux utiles dont on a recherche dans ces der- niers temps Tacchmatation en France el en Algerie, la Chevre d' Angora pent 6tre mise au premier rang. Nous avons pu recueiUir (juelques renseignements sur la repartition, ie mode de reproduction et les maladies de ces ani- maux precieux 5 qu'il nous soil permis de les faire connaitre ici. Deux races principales de Clievres sont repandues en Asie Mineure : Tune hahite a toutes les altitudes sur les sols et dans les circonstances los plus diflerentes, son domaine est partout, c'esl la race noire ou Chevre kurde ; I'autre habite un cercle restreint dont le centre est la ville d'Angora, e'est la race blanche, plus connue sous le nom de la ville autour de la(juelle elle rayonne. L'une et Tautre sont a tongues toisons, les formes generales ne presentent point de dissemblance-, la Chevre noire est seulement d'une taille plus elevee d'un cinquieme environ que la Chevre blanche. Le poids des toi- sons de la race noire varie entre 3 et Zi oques (3'''', 750 a 5 kilogrammes), les poils noirs, droits, sans ondulations, atteignent jusqu'a 0"\27 de longueur. La toison de la Chevre d'Angora est d'un hlanc nacre, dime grando purete^ les poils (1) Exlrait du Compte rendu d'une mission en Asie Mineure, prdsent^ h S. Exc. Al. le mar^chal ministrc de la guerre. T. IV. — Decembre 1837. 36 558 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sont rassembles en longues meches ondulees sur toutes les parties du corps, a 1' exception des tarses et des metatarses, et d'une partie de la face oii le poil est court et rude, et descen- dent, dans la race pure, de chaque cote d'une ligne qui suit tout letrajet de la colonne vertebrale. La longueur des meches atteint On',25, et le poids des belles toisons 2 oques (2'''i,500). Le melange, dans les localites qu'habite presque exclusivement la race blanche, de Chevres noires, soit par negligence, soit par calcul, comme nous le verrons plus loin, amene des croise- ments qui alterent la purete des caracteres indiques plus haut. Voici les signes qui permettent de reconnaitre le me- tissage. '**'?*h «>*■ En admettant chez les parents des rapports a peu pres iden- tiques de taille, d'age, de sante, pendant les generations suc- cessives, on constatera les faits suivants : 1° Le metis d'une Chevre noire avec un Bouc blanc presen- tera une toison marbree de couleur fauve ou ardoisee, sur un fond blanc impur 5 les flancs, les epaules, la t6te garderont plus particuli^rement les indices de la couleur de la m^re, la finesse de la toison sera amelioree d'une raaniere sensible; 2° Le croisement de ce premier produit avec un Bouc blanc fera disparaitre toutes les teintes foncees, la toison deviendra blanche, les epaules, les flancs seront reconverts de meches ondulees ; mais toute la ligne du dos, le toupet, resteront garnis de polls droits et rudes 5 3" En faisant saillir le nouveau metis toujours par un Bouc blanc de race pure, on obtiendra une plus grande finesse dans les longues meches des llancs et des epaules ; la portion dorso- lombaire de la colonne vertebrale ne renfermera plus les polls rudes, qui subsisteront encore a la partie superieure du cou et du toupet ; li° Un quatrieme croisement, opere avec les m6mes precau- tions que precedemment , donnera le cachet de purete au produit ; les polls rudes auront disparu dans le toupet et sur le trajet des vertebres cervicales ; 5" Les croisements consecutifs rendront plus stables les mo- ditications imprimees. Et deja m6me, apres la cinquieme gene^ .i'.OJTAT CHEVRE I)'AiN(;0RA. 569 ration, les iiulividuspourront reproduire comme s'ils etaient dc pur sang. II est facile de voir par ces faits compares a la description qu'a donneeM. Barthelemy-Lapommeraye (de Marseille) desCh^vres aliments et les autres conditions inherentes a la region cen- j> trale d'Espagne. » AHuelva, il existe un autre troupeau de Chevres d'Angora, » compose de cent t6tes, et d' apres les renseignements que j'ai » obtenus, il prospere tres bien dans la region montagneuse » decette province. » On a paru attacher une importance si exclusive a la consti- tution geologique de la contree que nous nous arr^terons un instant sur ce point. Si Ton pent admettre qu'en general le sol de la patrie de la Chevre blanche est formee de roches feldspathiques, faut-il en conclure pour cela quelle vivra avec tous ses caracteres sur de pareils terrains seulement?... Nous ne pouvons I'admettre ; car aux environs d'Angora, des terrains calcaires, gypseux se voient sur plusieurs points. Sur ces terrains, le rapport des families et des especes de plantes n'est plus le mOme que sur les sols granitiques, trachytiques, argileux •, oncomptequelques especes nouvelles, quelques-unes rencontrees jusque-la ont 562 SOCIETE IMPJRRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. (lisparu. La nature, des eaux, auxquelles on a pense aussi devoir attribuer une influence, varie en m^me temps que la nature des terrains d'oi^i elles sortent. Quels que soientles elements quiforment la base du terrain sur lequel nous avons vu des Chevres blancbes, jamais, ni dans la taille, ni dans la finesse des toisons, nous n'avons aper^ule moindre signe de degenerescence ou de devieloppement parti- culier. Notre attention etait d'autant plus attiree sur ce point, que nous connaissions et que nous avions entre les mains le savant memoire de M. de Tchihatchef. Nous pouvons citer comme preuve a I'appui de nos asser- tions les campagnes a I'ouest de Beybazar et le plateau sur lequel est construit le village de Ghel-Ara, au sud de cette ville. Le sol est en ces lieux enti^rement gypseux, Le plateau de Ghel-Ara est forme d'unecouche de sulfate do chaux de 10 a 20 metres de puissance. Au nord de Sivri-Hissar, au bameaude Tcbifflick-Bitcber, le sol des coteaux est calcaire, le sol seul de la vallee est d'al^ luvion, melange d'argile etde calcaire. Les Chevres blanches de ces localites, qui paissent unique- ment sur des sols dont la base est lachaux, sont aussi belles que toutes celles du voisinage, L'altitude, la constitution trachytique des environs d'An- gora, regardees comme les conditions les plus importantes u retrouver dans la patrie nouvelle ou Ton voudrait acclimater la Chevre d' Angora, firent indiquer le plateau d'Auvergne.Par une induction malheureuse, les montagnes des Alpes, des Vosges, du Jura, des Pyrenees furent successivement regar- dees et designees comme les lieux les plus propres a I'intro- duotion de la race precieuse, Ces localites, on Ton rencontrera facilement la structure geologique si necessaire, selon M. y> 576 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. la iiuit, elle le recouvre durant son sommeil ; I'oiseau n'ottVe plus alors a la vue qu'uii amas de iieige sous lecjuel il est cntierement enseveli. .T'ai plusieurs fois vu, sur le dos des Casoars, une couche de neige congelee, sejourner plusieurs jours sans qu'ils semblassent s'en apercevoir. Le male, a Vepoque des amours, poursuil la femelle avec beaucoup d'ar- deur et I'oblige a se coucher pour raccouplement. - Laponte est ordinairement deseptahuit oeufs. C'est aussi le male qui se cbarge seul de la confection du nid et du soin de I'incubation. II reunitles oeufs a mesure quHlssontpondus, les recouvre avec du sable ou de la paille, et ne commence a couver que lorsque la ponte est entierement terminee. Le temps de I'incubation est de soixante et deux jours. Pendant ce long temps, lemale, dont la chaleur incubatrice s'elevede 38 a 45 de- gres centigrades, ne prend aucune espece de nourriture, et vit aux depens de la graisse accumulee dans son abdomen, autour des visceres de la digestion (1). On savait deja que les Autru- ches, pendant leur emigration au desert , qui dure tout le temps de la ponte et de I'incubation , ne mangent point. M. Gosse, qui a public un travail tres interessant sur leur uti- lite etleur acclimatation, a trouve, cbez des individus morts a la Menagerie du Museum, une masse de graisse enveloppant les visceres, dont le poids s'elevait jusqu'a 2il'''',552. Les jeunes Casoars, au sortir de I'oeuf, peuvent, ainsi que les Poulets, courir et chercher leur nourriture. lis sont tres vifs, ont un air intelligent, et suivent familierement les personnes qui en prennent soin. Leur voix est un petit cri douxet plaintif. C'est encore le male qui les eleve et les dirige avec autant de soin et d'attention que pourrait le faire la meilleure m^re. La femelle ne s'occupe nullement de Teducation des petits. A I'etat sauvage, les Casoars vivent en troupes nombreuses dans les vastes plaines et sur les rivages sablonneux de TAustralie. C'est un animal farouclie et tres agile a la course. On le chasse avec des chiens courants, mais sa rapidite est (1) La graisse du Drom^e est tres fine et bonne a tons les usages ; elle peul se coQserver pendant un grand nombre d'annees sans rancir. CASOAR I)E LA NOUVKLLE-HOLLANDE. 577 tolle que les levriers monies ont heaucoup de peine a Tal- teindre. Place sur nos terres sans culture, dans les Landes, sur la lisiere des for^ts, sur de vastes bruyeres, le Casoar trouverait facilement sa nourriture, qui consiste en herbages, en racines et surtout en insectes. A I'etat domestique, on le nourrit de legumes, de grains et principalement de pain. Vous voyez. Messieurs, qu'un oiseau qui n'exige aucun soin et qu'il est si facile de conserver dans notre climat, nous de- vient vraiment indispensable. II me reste a vous engager a chercher les moyens de vous procurer des Casoars, qu'il vous suffira de laisser libres dans vos pares, pour les voir promptement se multiplier, et vous donner le plaisir d'une chasse tout a fait nouvelle (1). (1) II y a lieu de rappeler h cette occcasion qu'un des onze prix exlraor- dinaires proposes par la Soci^t^ dans sa stance publique annuelle du 10 Kvrier, est destine h encourager le progrfes que notre confrere, M. Flo- rent Provost, appelle de ses voeux dans rintdressante notice qui pr^cfede. Le programme de ce prix est le suivant (voy, plus haul, p. xxii) : « Introduction et domestication du Drom^e (Casoar de la Nouvelle - » HoUande, Dromaius Novce-Hollandice) o\\ du Nandou (Autruched'Am^- )) rique, Rhea americana). n Prix. — Une m^daille de 1500 francs. U. 578 soci]et6 imperiale zoologique d'acclimatation. ENTOMOLOGIE APPLIQUEE. MEMOIRE SUR TROIS ESPECES D'INSECTES HEMIPTERES nU GROCPE DES PUNAISES AQDATIQUES, DONT LES OEUFS SERVENT A FAIRE UNE SORTE DE PAIN NOMMB HA1JTI.E, AU MEXIQUE. Par M. F.-E. GlJlgRIN-!lli:i\EVILLE. (Extrait par I'auteur.) (Stance du i d6cembre 1857.) S'il ne s'agissait dans ce memoire que de la description d'Insectes nouveaux enrichissant le catalogue deselres vivants, comme celle d'un alcali ou d'un sel enrichit la chimie, je me serais abstenu d'en lire I'extrait devant cette illustre Societe; mais j'ai sollicite cet honneur parce que les humbles Insectes que je viens signaler sont du domaine de I'entomologie appliquee, et du petit groupe des cspeces utiles, Ilsproduisent un aliment pour Thomme, en pondant une prodigieuse quantite d'oeufs que Ton recolte par une sorte de culture reglee ; ces oeufs constituent une farine dont on fait des especes de pains ou de gateaux, qui sont consommes par le peuple, et lout cela est, encore aujourd'hui, I'objet d'un petit commerce sur les marches de Mexico. C'est en 1846 que j'ai eu connaissance, pour la premiere fois, de ces fails curieux. J'en ai pris note dans une des nom- hreuses lettres adressees a 1' Academic par M. Vallot (de Dijon), et j'en ai consigne la vague et courte indication dans ma Revue zoologique, 18/16, p. 338. J'attendais des renseigne- ments plus precis sur ce sujet remarquable, lorsque me Irou- vanl a Turin, en J851, pour mes etudes sur les Vers a soie, je fus agreablement surpris, en recevanl d'un enlomologisle INSECTES ALIMENTAIRES. 67ft voyageur, M. Ghiliani, une petite quantity de farine mexicaine ot riuel([iies echantillons des Insectes qui la prodiiisent. Tout cela avail etc envoye aM. Tabbo Craveri, parson frfere, preparateur de chimie et de pliysique a TEcole de medecine de Mexico, et celui-ci avail joint a ret envoi les renseigne- ments dont voiri Vanalyse. Snivanl M. Craveri, res Insectes et lenrs ceufs, sont tres communs dans les eaux douces des la- gunes qui avoisinent Mexico, et datis d'anlres encore. II dit que e'est dans la lagune de Chalco que Ton va chercher une sorte de jonc, nomme touM par les Mexicains, sur les feuilles duquel ces Insectes aiment a pondre. On fait de nombreux faisceaux de ces plantes et on les porte dans une autre hagune, celle de Tescuco^ ou on les aligne en grand nombre dans I'eau. Les Insectes ne tardent pas a ve- nir deposer leurs oeufs sur ces joncs, et, au bout d'un mois a peu pr^s, on retire ces faisceaux, on les fait secber et on les bat sur de grands draps pour en delacber les myriades d'ooufs dont les Insectes les ont converts. Ces ocufs sont ensuite mondes et lamises, mis en sacs comme de la farine el vendus ail peuple pour en faire des gateaux ou des sortes de gaieties nommees hautle, qui sont assez bonnes a manger, mais qui ont un goiit de poisson assez prononce et legerement acidule. Quant aux faisceaux de joncs, on va les replacer dans la lagune, ils donnent une autre recolte, et cela se continue indefini- ment. De plus, ajoute M. Craveri, les Mexicains prennent des quantites de ces Insectes, en faucbant, pour ainsi dire, dans Teau au moyen d'une truble ; on les sfeche et Ton s'en sert pour la nourriture des oiseaux. A Mexico, on vend cette marcbandise dans les rues et au marche, en criant : moschitos, moschitos^ comme on le fait en Europe, en vendant du mouron pour les petits oisenux. Du reste, ces Insectes semblent avoir ete exploites de tout temps, car Thomas Gage, religieux qui voyageait an Mcxique en 1.()25, dit, en parlantdes objets qui se vendaient au marcbe, quUI y avail des gateaux fails avec une sorte d'ecume recueil- lie dans les lacs du Mexique, et qui se d^bitaient aussi dans 680 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. d'autres villes. Brantz Mayer en (lit autant dans un ouvrage sur Mexico, public a New-York sous le litre de Mexico as it rvasarid as it is{\.^lxh, p. 218) ; « Sur le lac de Tescuco, dit- il, je vis des hoinmes occupes a ramasser des oculs de mouches au haut des herbes et des drapeaux qui sont plantes en longues files comnie repaires pour les Insectes. Ces oeufs, nommes agayacatl, etaient un element favori des Indiens longtemps avant la conqu6te, et, quand ils sont cuits en pates, ne sont pas diOerenls des oeufs de poissons, ayant la m^me saveur et la iTi6me apparence. Apres les grenouilles en France et les nids d'oiseaux en Chine, je pense qu'ils peuvent 6tre estimes lout a fait delicats, et je trouve qu'ils ne sont pas dedaignes sur les tables fashionables de la capitale. » Bornanl la ces citations (1), qui suffisentpourmontrerrespece d'importance de ce produit d'un faiblo Insecte, j'ajouterai seu- lementque les principaux de ces faits out ete observes recem- ment par divers voyageurs , tels que MM. de Saussure, Salle, etc., et par un savant geologue, M. Virlet d'Aoust, qui a rapporte aussi des faisceaux de joncs converts d'ocufs, et un peu de cette farine, tout a fait semblable a celle que j'avais re^ueen 1851, de M. Ghiliani, avec les Insectes qui la produi- sent et que M. Virlet n'a pas rapportes. De plus, dans une savante note qu'on lira avec un vif inter6t, il etablit que les immenses couches d'oolithe que Ton trouve dans ces localites semblent ^tre composees de myriades de ces oeufs deposes la depuis des sickles. Les principaux fabricantsde cette farine animale duMexique sont deux especes du genre Corise, de Geoffroy, hemipteres de la tribu des Notonectides, dans la famille des Hydrocorises ou punaises d'eau, genre qui compte plus de soixante et dix especes tres difficiles a distinguer entre elles par des caracteres exterieurs. La premiere forme une esp^ce nouvelle, bien dis- tincte par les cuisses anterieures des males qui sont tres (1) Nous trouvons dans les Etudes entomologiques de M. V. Molschoulsky (1856, page 77) la mention suivante : « Corixa esculata, les oeufs de cet Insecte, ayant I'apparence de la manne, servent de nourrlture en £gypte ainsi qu'au Mexique.o (Communication de M. De Llchtenslein, a Berlin.) INSECTES ALIMENTAIRES. 681 epaisses, ainsi que par d'autres caracteres mentionnes dans la description detaillee que j'en donne, et dans les figures qui accompagnent nion memoire. Je lui ai donne le noin de Corixa femorata . La seconde a ete decrite d'aprfes des individus achetes au marehe de Mexico, et publiee, en 1831, par Thomas Say, en- tomologiste americain, sous le nom de Corixa mercenaria. Les oeufs de ces deux especes sont fixes en quantites innom- brables centre les feuilles triangulaires du jonc dont sont for- mes les faisceaux que Von depose dans Teau. lis sont de forme ovalaire, avec un petit bouton au bout et un pedicule a I'autre extremite, au moyen duquel ils sont fixes sur un petit disque arrondi que la mere colle a la feuille. Parmi ces oeufs, qui sont tres rapproches et quelquefois fixes I'un sur Tautre, comme on le voit dans une des figures de mes dessins, on en observe d'autres considerablement plus grands, allonges et de forme cylindrique, coUes sur le flanc contre les m6mes feuilles de carex, etqui appartiennentaun autre Insecte plus grand, a une veritable Notonccte, tres voisine des Nolo- necta americana de Fabricius et variabilis de Fieber. Cepen- dant, comme elle offre des caracteres qui la distinguent de ces especes, je la decris et represente comme une espece nouvelle ([ue j'appellerai Notonecta unifasciatd , a cause de la large bande transversale blanche du milieu de son corps en dessus. Tous ces Insectes, leurs caracteres distinctifs et leurs oeufs, compares a ceux que Ton connalt des especes analogues qui vivent en Europe, seront representes dans la planche qui ac- compagnera le memoire que je vaisinserer dans ma Revue et Magasin de zoologie pure et appiiquee, 21* annee, 1858. 582 SOCIIETIS IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. I NOUVELLES EXPERIENCES « STIR L'INCISION ANNULAIRE DE l.A VIGNE Par n. BOURGEOIS *^' < Stance du 4- d^cembre 1857.) '' L'an passe, a pareille epoquo, j'eiis Thonneiir de fairedis- Iribuer a MM. les membres de la Soci(5te imperiale d'aeclima- tation une Notice que j'ai publiee, sous Tegide de la Societe centrale d'horticulture, sur Vincision annulaire de la vigne comme moyen de faire avancer de quinze jours la maturation du raisin, tout en augmentant la grosseur des grains qui pren- nent alors plus de couleur etqui acqui^rent, par consequent, une meilleure qualite. '-•**'\<^^' Cette annee, je me suis livre a de nouvelles experiences ten- dan t a confirm er les bons resultatsquej'avais obtenusen 1856, et apreciser la methode la plus si^re et la plus avantageuse. Une Commission, qui lui fera incessamment son rapport, a ^te nommee par la Societe centrale d'horticulture pour proc^- der a I'examen de ces nouvelles experiences dans mon jardin, au Ferray, prfes Rambouillet, et ou elles ont ete pratiquees. J'ai I'honneur dedeposer sur le bureau de M. le President les specimens les plus remarquables des principalux resultats : 1° Un rameau de deux grappes de raisin chasselas dans son etat normal; 2"- Un rameau du m6me raisin surlequel I'incision annulaire a ete pratiquee dans les meilleures conditions 5 3i° Un rameau sur lequel il a ete fait, avec moins de succes, une ligature au lieu de I'incision ; 4° Une grappe provenantd'un desrameaux d'uii cep ou I'in- cision annulaire a ete faite sur le vieux bois ; dans ce cas, I'ef- fet est lemftme, comme influence, pour I'amelioration du rai- ./OfTM /INCISION ANNULiIRR DR LA VIGNE. 68S sin, et une seule operation suffit a tous les rameaux qui lui sont superieurs, an lieu d'oporcr sur chaqun rameau ; il est m6me probable que la vigne n'en souf!rira pas plus dans un cas que dans I'autre, pourvu (jue Tincision soil toujours faite tres etroite, un demi-centimetre au pins, afin qu'elle puisse prompternentse recouvrir. J'ai repute, cette annee, I'experience de presenter les difle- rents ell'ets dc rincision annulaire de la vigne sur un rameau portant trois grappes;. les nifimes fails se sont exactement reproduits : la grappe au-dessous de la premiere incision est restee dans son etat normal, la grappe au-dessus de lasecoride incision est deviBnue fort belle, le raisin tres gros et beaucoup plus avance, et la grappe qui s'est trouvee entre les deux inci- sions, privee a la fois de la seve ascendante et de la seve des- cendante, a produit des grains qui ne sont parvenus qu'a la moitie de leur grosseur et qui n'ontpas mtiri. En resume, on comprendra de suite combien il est important que Ton puisse obtenir en tout pays, surtout dans des climats DILI le raisin ne mrtrit que bien rarement, du raisin de table de premiere qualite et comparable au beau cbasselas de Fontaine- bleau. Tel est le but qu6 j'ai completemeht atteint et qu'obtien- dront certainement, aussi bien que moi, tous ceux qui voudront tenter de pratiquer Tincision annulaire de la vigne sur les treilles en espalier et m^me sur toutes les autres treillesj. 584 SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION, II. EXTRAIT DES PROCESVERBAUX DKS STANCES GENERALES DE LA SOCIEtE. SEANCE DU U DECEMBRE 1857. Prcsidence de M, Is. Geoffbo-v Saint-Hiiaire. M. le President, apres avoir declare ouverte la session de 1857-1858, proclame les noms des membres nouvellement admis : MM. Almeida (Joaquim d'), consul general de Portugal, a Sin- gapore. Bargoin, pharmacien, a Clermont-Ferrand(Puy-de-D6me) . Beale (T.-C), chef de la maison .inglaise Dent Beale, consul de Portugal et vice-consul de Hollande, cheva- lier de la Legion d'honneur, a Chang-Hai (Chine). Carreras y Ferrer, professeur a I'Universite de Barce- lone (Espagne). CoTTA DE Cottendorf (Icbaron), chambellan, proprietaire de la Gazette universelle d'Augshourg, a Stuttgart. Cunningham (Edwards), associe de la maison americaine Rosselt etC% a Chang-Hai. Davila (le docteur), medecin inspecteur en chef de la mi- lice valaque, a Bucharest (Valachie). DissE, proprietaire, a Moissac (Tarn-et-Garonne). DuMERiL, ingenieur en chef des ponts et chaussees, a AlenQon (Orne), Edan (B.), chancelier du consulat de France, chevalier de la Legion d'honneur et de I'ordre de Pie IX, a Chang-Hai. Forbes (Paul), consul general de Suede et de Norwege, chef de la maison americaine Rosselt et C% chevalier de la Legion d'honneur, a Chang-Hai. Galimart (Eugene), a Chang-Hai. GossiN, professeur d' agriculture, a Beauvais (Oise). Hesse (Ernest), a Marseille. PROCES-VERBAUX. 585 Lewis, resident anglais de Pinang, a Singapore. LocRART (le docteur), directeur de TliOpital cliinois de Cliang-Hai , membre de la Sociele de geographie et Fellow surgeon school, de Londres, a Ning-Po. LouREiRO (P.), vice-consul d'Espagne, a Chang-Hai. Macgowan (ledocteur Daniel), directeur de rh(5pital clii- nois de Ning-Po, membre correspondant de la Societe mcdicale et chirurgicale de New- York, a Ning-Po. Macpherson-Grant (Thomas), Esq., a Craigo-House, pres Montrose, et a Edimbourg (Ecosse). Millet, agent de change, a Paris. Mylius (Frederic de), general de brigade, a Paris. Paraskevaides (Photius), proprietaire, a Aivali (Asie Mi- lieu re). Pelletan de KiNKELiN (Jules), fils, professeur de chimie, a Paris. pRAMPERO (Anloninde), proprietaire, a Udine (Frioul). Read, consul de Suede et de NoiAvege, a Singapore. Kemi (Dominique) , chef de la maison francaise Renii- SchmidtetC', vice-consul de France, a Hamoi, a Chang- Hai. Robertson (D.-B.), consul d'Angleterre, a Chang-Hai. Rose (le docteur), chef du service medical des possessions anglaises dans les detroits, a Singapore. Schmidt (Edouard), associe de la maison francaise Remi- Schmidt et C", a Chang-Hai. Tassy, proprietaire agriculteur, a Saint-Flour (Cantal). Tibirica-Piratininga (Joao), de Itei, province de Saint- Paul (Bresil), a Paris. , , Vasquez-Qieipo (Don Vincent), senateur, a Madrid. — Conformement a I'ordre du jour special indi(|ue pour cette seance, M. le President donne communication a I'assemblee des pieces relatives aTentree recente dans la sociele de : S. M. LA Reine d'Espagne, S. M. LE Roi DE Portugal, S. M. le Roi de Wurtemberg, Et de S. A. R. Mgr. le dug de Porto. 586 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — Sur la proposition de M. le President, faite au nom du bureau, et conformement aux dispositions de I'artidie 3 des statuts constitutifs,la Societe adinet, aTunanimite, au nombre de ses membres honoraires : M. I'abbe Lemaitre, superieur des missionnaires de la Com- pagnie de Jesus, a Chang-Hai (Chine). — Sur la demande de notre confrere, M. Charles Brot, de- legue de la Societe a Milan, la Societe agronomique du Frioul aUdine(Etats Venitiens), dite Associazione agraria Friulana, est admise au nombre de nos Societes agregees. La meme admission a lieu pour la Chambre d' agriculture de Port-Louis (ile Maurice), sur la demande de M.Cume, presi- dent de cette chambre. — M. le President invite MM. Ics membres qui desirent faire partie d'une ou de plusieurs des sections de la Societe, a s'inscrire sur les listes preparees a cet effet, comme le porte la lettre de convocation pour cette seance. — Nos nouveauxconfreres, MM. Disse, L. Gossin, le gene- ral F. de Mylius, le baron Simon Sina et don Vincent Vasquez Queipo ecrivent pour remercier de leur admission dans la Societe. -" M. de Montigny, dans une lettre ecrite de Chang-Hai le 12 septembre dernier, presente seize nouveaiix membres resi- dant a Singapore, a Chang-Hai et a Ning-P6, et qui pourront, dit-il, nous 6tre tres utiles par leur zele dans ces contrees loin- taines. De nouveaux echantillons des tubercules que notre con- frere a deja expedies des royaumes du Laos el de Camboge, ainsi que des graines de ces plantes alimentaires, nous seront pro- chainementadresses. Acette lettre, M. de Montighy a joint une liste d'animaux vivants de Borneo, qu'il destinait a la Societe, mais qui sont morts en route. lis devaient arriver avec un Ours, un Paradoxure et deux grands Serpents {Pythons reticules) ^ destines a la menagerie du Museum d'histoire naturelle- Ladep6chedeM.de Montigny contient, en outre, un pro- jet qui devra etre sounds a I'examen du conseil, et dont voici Tenonce : « Envoi d'une commission composee de savants et d'horames speciaux pour rexploration et racclimatation en ,rj pnocES-VERBAUi. 587 Frjiiict; lies richesses anitnalcs et vegelales ties royaumes de Siam, du Laos, tlu Cainboge oL de la Cocbiiicljine. » — M. le President mot sous les yeux de Tasseinblee deux Perruches Edwards, montees, dont M. J)eloii I'ait hommage a la.Societe pour ses collections. Notre habile confrere est par- venu a i'aire multiplier cette cbarmante espece, et les iudividus presentes, njes chez lui, sont le produit d'une quatrienie gene- ration. — M. Salomon, recemment nomnie inspecteur de colonisa- tion a la residence de Tlemcen (province d'Oran), adresse des oflres de service a la Societe, dont les remerciments lui seront transmis. — Notre confrere, M. Delmas, administrateur de la Societe agricole de Leysselle, annonce que cette Societe veut bien nicltre a la disposition de la notre, pour des essais d'acclima- lation, undomaine de 2600 hectares (ju'elle vient d'acquerir, et qui semble devoir 6tre tres favorable pour de semblables ten tatives. Cette vaste propriete, en eflet, etant situee dans la partie la plus meridionale de la France, pres d' Aries, pourrait ^tre utilisee pour y faire faire un sejour transiloirc aux auimaux originaires des contre^s les plus chaudes du globe. Les remer- ciments de la Society, pour cette ofl're genereuse , seront transmis a M. Delmas. — ilestdonne lecture d'une lettre de M. le general Daumas, qui reclame des renseignements sur deux vegetaux, le Cheri- molia {Anona chefimolia\\jVi,m.] et le Corossol ou Pomme can- nelle {Anona inuricata^ Linn.), plan tes du Perou et des Antilles, a fruits delicieux, dont il voudrait tenter Tinlroduction en Algerie. Le general demandant, en m6me temps, ou fadminis* tration de la guerre pourrait se procurer ces fruits, notre con- frere, M. Mo([uin-Tandon, a foiirni les elements dune reponsc a ces diverses questions. T- M. Aubry-Lecomte, membre de la Societe, lui fait par- venir, de la part de notre confrere, M. Mestro, directeur des colonics au ministere de la marine, une grande poclie ou cocon de vers a sole envoye Ue Tile de la Reunion, mais provenant sans doute de Madagascar, et demande qu un rapport soil 588 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. adresse aS. Exc. le ministre de la marine sur les avantages que pourraient presenter des tentatives d'introduction dans le midi de la France des insectes qui produisent ces cocons.Cettc lettre est renvoyee a Texamen de la quatrieme section, et, de plus, elle devra 6tre soumise a celui de la section des vegetaux, a cause d'un autre envoi qui accompagne le precedent et con- siste en un echantillon de pois mascate ou pois noirs, sur les- quels M. Aubry donne des renseignements. Ce meme menibre fait parvenir deux caisses venant de la Guadeloupe et conte- nant des graines de plantes legumineuses de cette colonic, expediees par M. Grellet-Balguerie, juge a Marie-Galande. — On prononce le renvoi a la cinquieme section de divers rapports sur les resultats obtenus dans la culture des vegetaux confies par la Societe a plusieurs de ses membres. Ces rapports sont adresses, de Metz, par M. Belliomme, jardinier en cbef du Jardin botanique de la ville, charge des essais a faire par notre confrere, M. de Saulcy •, de Saint-Genest (Vienne), par M. B. Braguier ; de Saint-Vallier-sur-Rhone (Drome), par M. le comte H. de Calanjan ^ de la terre de notre vice-presi- dent, M. le prince Marc de Beauvau, a Sainte-Assise, (Seine- et-Marne,par M. Foucher, jardinier en chef, et du chateau de Busigny, pres Pontoise, par M. le vicomte de Leautaud. — Le m6me renvoi a lieu pour une note de M. G. Duval, relative aux resultats obtenus par des semis de cotonniers fails aux environs de Paris. — MM. Baltetfreres, horticuUeurs a Troyes, fonthommage a la Societe de quelques-uns des produits de leur culture ex- perimentale, avec une note relative a ces vegetaux. Des remer- clmentsleur seront adresses. — M. le comte Joseph Taverna ecrit de Milan pour appeler I'attention surl'importance que pourraient avoir, selon lui, des essais d'introduction en Europe du Quinoa {Chenopodium Quinoa) du Perou et du Chili, qui, croissant sur des lieux tres eleves, fournit une abondante nourriture aux habitants des regions montagneuses. II croit qu'il serait possible de cultiver cette plante avec succes sur les plateaux arides et froids ou, particulierement en Lombardie, le Sarrasin {Polygonum fago- PROCKS-VERBAUX. 589 pyrum) constitue la principale ressource alimentaire. La letire (le M. Taverna sera renvoyee a Texamen de la cin([uienie section. — Notre confrere, M. John Le Long, a son retour du Bresil, il y a deux ans et deini environ, avait laisse a Madere, en les confiant aux soins de M. Davies, des plantes provenant des provinces de Rio de Janeiro, de Bahia et de Fernambouc, avec Tespoir ({irelles seraient plus iacilement soumises en Europe a des tentatives d'acclimatation, apres qu'elles auraient sejourne sous le climat de cette lie, situee entre les 32« et 33" degres de latitude sud. Rotournant actuellement au Bresil, il ecrit de Madere pour annoncer I'envoi que M. Davies se propose de faire a la Societe d'un certain nombre de ces plantes, dont la liste est jointe a la lettre. II fait connaitre le succes complet de la culture, dans cette ile, de Tlgname bresilien, beaucoup plus farineux , dit-il, ({ue Tespece chinoise, et qui y remplace par- i'aitemenl la pomme de terre. M. Le Long, qui emporte aveclui des cocons du Bombyx Cynthia^ espere pouvoir les ("aire parve- nir plus tard jusqu'au Rio de la Plata. Sa lettre se termine par I'assurance que, dans ces coutrees, il pr6tera le concours le plus devoue a notre a'uvre. — M. le docteur Daulle, chirurgien de la marine et niembre de la Societe, reniercie, au moment de son depart pour notre colonie de Mayotte, de I'envoi qui lui a ete fait par la Societe, d'une collection de graines propres a 6tre cullivees dans cette tie. Des remerciments sont egalement adresses par M. Jomard pour un semblable don fait en iaveur du docteur Figari Bey, et consistant en graines specialement cboisies pour le climat du Caire. Ces deux collections avaient ete preparees et genereu- sement ofVertesa la Societe par notre confrere, M. L. Vilmorin. — Notre confrere, M. le docteur Gosse, fait parvenir de Geneve un echanlillon de Haricots de Buenos-Ayres , qui tendent a se multiplier en Suisse. Des details surle rendement considerable de cette ospeceetsur ses qualites comme aliment sont contenues dans cette lettre, qui est renvoyee a la section desvegetaux. — De nouveaux details sur le Tayo, plante alimentaire de T. IV. — Decembre 18S7. 38 690 SOCII^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Haiti, dont il a dej^ ete question devant Tasseinblee (voy.plus haiit, p. 241), sont transmis par M. Constant Salles, capitaine au long cours, qui I'a rapportee en France, et par notre confrere, M. Lucy, receveur general, a Marseille. — M. Bourgeois met sous les yeux de I'assemblee des echantillons de Raisins provenant de vignes sur les tiges des- quelles il a pratique Tincision annulaire, procede particuliere- ment etudie par notre confrere, qui a redige sur ce sujet une note dont ildonne lecture. (Voy. au Bulletinia. 582.) — M, An.Bogdanow, auquel M. le President s'etait adresse comme delegue et secretaire des comites d'acclimatation de Moscou, ecrit pour repondre qu'il va transmettre au comite de botanique des questions qui ont ete posees parM. le President. II s'agit de savoir si Ton connait en Kussie des vegetaux qu'on pourrait cultiver a de grandes hj^uteurs sur les Alpes, et dans des localiles ou il y a, de temps en temps, des gelees, m6me pendant Fete. — Une collection de fruits , provenant des cultures de M. Aguillon, est offertepar notre confrere aux membres de la Societe aquiils seront distribues paries soins de la cinqui^me section — M. Guerin-Meneville preseute, de la part de notre con- Ifrere, M . Annee, des semepces de vegetaux que la Societe lui a confies et.qu'il a multiplies avec succes dans ses jardins. Ces gV?iines appartiennent : T aune espece deCourge, dont la pulpe fariueuse, tres abondante, est semblable a celle de la Cba- taigne ; 2° a uu Ricin nouveau du Senegal {Ricinus viridis)^ d'une facile vegetatioi> sous le climat des environs de Paris ;. 3* au Ricin, dit Ricinus sanguineus. De ces trois plantes,. le& deux premieres ont ete donnees a la Societe par M. Guerin- Meneville, qui fait observer que Ton doit considerer comme une conquete precieuse les deux Ricins, dont les feuilles sont pour le Bombyx Cynthia une excellente nourriture, qui leur a ete abondaniment fournie a la menagerie des reptiles du Mu- seum grace aux soins de M. Annee, dont les frequents envois ont ete tres utiles pour les nombreuses educations poursuivies pendant Vete dern.iev dans cet etablissement par M. Vallee. PROCES-VRUBAUX. ft9l — Un« uole SUV I'esseiice d'Oranges dilesMandariiiei), que vient d'obteuir uotre coiilVore, M.S. de Luca, est deposce par lui sur lo bureau avcc un ecbantillon de cette huile essen- tielle. — M. le general Daumas ayant mis a la disposition de la Societe 25 kilogrammes de cocons vides de Bumbyx Cynthia recoUes u la pepiuiere centrale d'Algerie, ainsi qu'il I'annonce par une lettre en date du 18 uovembre, le ballot (jui les con- tenait aete iumiediatement expedie a notre delegue, M. Sacc. Ce dernier informe de I'envoi immediat de ces cocons a notre confrere, M. H. Scblumberger, alin qu'il puisse continuer se» essais de devidage deja couronnes de succes. — Un rapport sur les resultats peu satisfaisants qu'il a ob- tenus avec les Bombyx Cynthiay que la Societe lui avail fait parvenir, est ti'ansmis par M» Fournier, inspecleur de I'in- struction primaire a Tournon (Ariege). — £n repons* au questionnaire sur la pisciculture dresse par les soins de M. Millet, M. Brierre, membre de la Societe a Uiez (V^endee), a redige une serie de reponses relatives aux rivieres et aux canaux de ce departement, ainsi qu'a la portion des cotes de I'Ofean comprise dans son territoire. Un rapport sur ce travail, presenle au conseil par M. Aug. Dumeril, con- chit a Venvoi de remerciments a M. Brierre^ a qui Ton aunon- cera qu'il sera fait U5age plus tard de son memoire pour un travail general, quand les documents de meme nature seront suffisaninient nombreux. s — S. fixe, le roinistre de la marine et des colonies ayant inJbrme de Texpedition d'aniraaux vivauLs faite par M. le gou- verneur de la Guyane fran^ise sui" le batiment a vapeur de TEiat le VautottTy entre dans le p^rt de Cherbourg, des soins ont ete donnes par M. Jardin a Fenvoi de ces aniraaux a Paris, mais la plupart ont peri pendant la Iraversee. On n'a re^u que deux oiseaux de proie, qui apparlieunent a une tres beUe es- pece, la BiLse nielanaptere. lis ont ete offerts au Museum d'his- toire uaturelle, dont le bureau a remercie la Societe par une lettre en date du 16 navembre. f -r*- i\l, Fk)r«nL Prevoat donne lecture d'un travail relatif aux 692 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE k'aOCHMATATION. heureuses tentatives qu'il u laites pour obtenir raccliniatutioii et la reproduction du Casoar de la Nonvelle-Hollande . L'in- sertion immediate de ce memoire dans le Bulletin est deman- dee par plusieurs membres , et rAssemblee. le renvoie a la commission de publication. — M. Gustave de Lauzanne, en annongant des offres de service pour la Societe que lui a fait parvenir un de ses amis en residence a Madras, transinet une note de ce dernier, re- lative a une race de Boeufs indiens, dite Boeufs de voiture, et dont on tire de tres utiles secours. De plus, notre confrere deraande quelques renseignements sur le Colin Houi et sur d'autres sujets, qui devront 6tre soumis a I'examen du conseil d'administration. — Les Chevres d' Angora, confiees aux soins de M. Sacc, et dont notre confrere a juge le deplacement necessaire, en rai- son des conditions peu favorables oii elles se trouvaient a Wesserling, ont ete adressees a S. M. le Roi de Wurtemberg, qui, ainsi que nous I'apprend notre confrere, etait alle les at- tendre a Ludwigsburg, afin de les faire installer, sous ses yeux, dans un pare specialemerit destine pour elles. L'assem- blee, qui avait appris, au commencement de la seance , Fhon- neur que vient de lui faire ce souverain en autorisant Tinscriptioij de son nom parmi ceux de nos membres , acquiert ainsi la preuve de FinterSt que S. M. le Roi de Wurtemberg prend a la realisation des tentatives entreprises et poursuivies par notre association. Ces Chevres, transportees actuellement a Ludwigsburg, ne sont pas les seals animaux que la Societe dirige sur d'autres pays apres les avoir importees en France ; car elle vient d'ex- pedier pour la Sicile, oij elles sont confiees a notre confere, M. le baron Anca, des Chevres d'Egypte, ainsi que d' Angora nees sur notre sol. — Une lettre de M. Sacc, contenant des propositions rela- tives a des mesures a prendre pour assurer a notre pays la pos- session pleine et entiere de la race caprine d' Angora, est ren- voyee a I'examen de la premiere section. — Le m6me renvoi a lieu pour une lettre de M. Le Prestre, PROCES-VERBALX. 59S lie Caen, dans laquelle notie confrere fait connaitre les resul- tals heureux qu'il a obtenus dans la reproduction des Kangu- rous, des Lamas, des Cerfs axis, des Ch^vres d' Angora et de ?iubie, ainsi que des Colins de Californie et de Virginie. — M. de Souance adresse un rapport sur les animaux que la Societe lui a coniies, et il y joint une liste des prix quil a payes pourceux dont il a fait I'acquisition , ponsant que ces indications pourront fournir un element utile pour fixer la valeur deceux que nos confreres desireraient eclianger. : — Une liste d'animaux, que M. le prince de Demidoff desi- rerait se procurer par vole d'acquisition ou d'echange, est envoyee de San-Donato et sera inseree au Bulletin. . — Un rapport favorable sur les moutons de Caranianie, donnes en dep6t au Cornice agricole deTarrondissementd'Alais (Gard), est transmis par M. de Lachadenede, president de ce comice, au nom duquel il demande des pores anglais. — M. de Quatrefages informe que madame la princesse de Belgiojoso oflre de mellre a la disposition de MM. les membres de la Societe de tr^s jeunes Levriers de Syrie, de race pure. et qui devraient 6tre places sous des chiennes ayant recem- ment mis bas. Cette offre est acceptee. — M. Igino Cocchi (de Florence) faisant des offres de ser- vice pour fournir des renseignements precis sur Tetat actuel des Dromadaires introduits en Toscane, une note sur ce sujet lui sera demandee. — De nouveaux details sont donnes sur le projet forme par legouvernementde S. M. I'Empereur du Bresil d'introduire le Dromadaire sur les points de cet empire, oii la nature du climat et du sol senible devoir permettre d'utiliser avec de grands avantages ce precieux animal. Consultee par le gouvernemenl bresilien au commencement de cette annee (voy. les proces- verbaux, page 53), la Societe a renvoye Tetude de cetle ques- tion a la premiere section, au nom de laquelle M. Dareste a fait un rapport insere au Bulletin, pages 61, 125 et 189. Ulterieurement , une commission speciale et composee de MM. Richard (du Cantal), president, le general Daumas, Da- reste, Davin, Albert GeolTroy Saint-Hilaire, et A. Hesse, dele- 6ftA SOCIETE IMP^RULE ZOOLOGIOt'E iVaCCLIMATATION. gue a Marseille , (jlii a pris part aux deliberations , a ete charg^e de fournir tous les renseigncments necessaires sur le ineilleur mode d'execution pour cetle affaire. Les fonds attribues a I'acquisition des Dromadaires sent mis a la disposition de M. Tenvoyo du Bresil, M. Marqiies-Lisboa, dont la Societe a recu une lettre faisant connaitre cette circon- stance. De plus, notre delegue a Rio de Janeiro, M. de Capa- nema, a transmis la traduction frangaise d'une depi^ohe qui lui aeteadressee par M. le marquis d'Olinda, ministre des re- lations exterieures, et oil est nettementpreciseela marcheque compte suivre le gouvernement bresilien pour mener a bien cette enlreprise. — II est donne lecture de la liste des dons faitiJ tl la Societe depuis rouverturede la session 1S56-1857. SEANCE DV 18 DJ^CEMBRB 1857. Pr^sideace de M» Richard (du Cantal), vice-pr^siddnl. M. le President proclame les noras des membres nouvelle- ment admis : MM. AvY (Maurice), proprietaire agriculteur, au chateau de Clau, pres la Bastide-Saint-Pierre, canton de Grisolles (Tarn-et-Garonne). BoNAMY (Aime), borticuUeur, a Toulouse (Haute-Garonne). Hrcht (Eugene), consul de S. M. le roi de AVurtemberg, a Strasbourg (BaS'Rhin). — MM. Caraille Leblanc et H. de Macedo-Pimeiitel ecrlvent pour remercier de leur recente admission dans la Societe. — 11 est donne lecture de deux leltres du President de la Societe d'acdimatatiou des 1^'tats royaUji de Prusse, M. Dietfi- rici, conseiller intiine sUperieur dii gouvernement. La pre- miere fait connaitre la composition du conseil actif de cette Societe pour 1858; la secoude renferme une liste de personneS dont elle expose les titresaux recompenses de la Societe. Cette lisle sera rcnvoyee a la future commission des recompenses. PROCES-VERBAUX. 595 — M. de Molins, en annon^ant son prochain depart pour Batavia, adresse a la Societe, parrentremisedenotre confrere, M. le docleiir Leon Souheiran, des oflVes de service. Des remerclmenls lui seront transniis, ainsi que des instructions qui seront demandees a la commission permanenle de I'etran- ger et des colonies. — M. Guerin-Meneville met sous les yeux de rassembUe une lettre imprimee dans la Revue zoologique et qui est rela- tive a une souscription ouverte par les amis des sciences natu- relles, dans le but de faire frapper une medaille a I'effigie du prince Charles Bonaparte. Un exemplaire de cette lettre est remis a chaque niembre. — Notre confrere, M. Muteau, premier president a la cour imperiale de Dijon, dans une note destineea montrer I'impor- tance de tentatives privces aussi nombreuses que possible, ayant pour but Tacclimatation d'esp^ces utiles, emet le voeu que pour les faci liter, le Bulletin indique dans chacun de ses numeros, a litre d'annonce^ les personnes qui sont dans I'in- tention de disposer d'animaux, de plantes ou de graines. Les listes d'echanges deja publiees a plusieurs reprises par la So- ciete, peuvent satisfaire, comme le fait remarquer M. le Presi- dent, au voeu exprime par M. Muteau. Le m6me membre fait parvenir un rapport sur sa culture d'Ignames. — Des demandes de vegetaux sont adressees par M. Disse, a Moissac, et par M. Laborde (de Bayonne). — M. Drouyn de Lhuys transmet une lettre qu'il a re^ue de Sainte-Marthe et dans laquelle, M. Ducourthial. agent consulaire, qui, sur la demande de notre honorable vice- president, s'est charge avec beaucoup d'empressement et d'obligeance d'expedier en France des Pommes de terre de ce pays, annonce qu'il a fait partir une caisse de ces tubercules provenant de la Sierra-Nevada de Sainte-Marthe. D autres se- ront prochainement envoyes par ses soins, ainsi que des Pommes de terre d'Dcana et de Bogota et un echantillon de produits obtenus de semis fran^ais, et dont on pent esperer que la reproduction sur notre sol sera exempte dela maladie. A celte occasion, M. Guerin-Meneville Irappelle que M. le 596 SOCIKTE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. general Lopez doit faire parvenir des tubercules provenant des plateaux eleves de Sainte-Marthe. — M. Ramon de la Sagra offre de faire connaitre dansles trois journaux espagnols, qui sontrepandus dans toute TAme- rique du Sud, et qu'il a deja mis d'autres fois a la disposition de la Societe, Timportance qu'il y aurait pour la regeneration de cet utile vegetal alimentaire que des envois fussent fails en France. M. le President remercie, an nom de I'assemblee, notre con- frere, auquel il sera remis une note a ce sujet, et M. Lenoir qui, etant present a la seance, annonce I'intention de ne rien negli- ger, des qu il sera de retour au Chili, pour procurer prompte- ment des tubercules de cette contree. — M. Bourgeois exprime la crainte que la culture des especes americaines ne donne pas les resultats que Ton en espere, car ayant eu des Pommes de terre des Cordilleres, il n'en a obtenu que tres difficilement la maturite, et il a m6me fini par perdreTespece. — M. V. Chatel promet I'envoi dequelques tubercules d'une Pomme de terre d'Australie. Depuis trois ans, cetle variete dont il n'avait requ que trois tubercules, n'en a pas donne de malades, bien que les feuilles et les tiges I'aient ete chaque annee, mais beaucoup moins et plus tardivement que dans les autres varietes cultiveescomparativement. Le m6me membre donne lecture d'une lettre que lui a adressee M. Beraud, conseiller a la cour imperiale d'Angers, secretaire general de la Societe academique de Maine-et-Loire et de laquelle il resulte que, il y a douze ans environ, un essai de culture de Riz sec fut fait avec un plein succes a Fougeres (lUe-et-Vilaine). Cette culture ne fut abandonnee que par suite de I'ignorance ou de I'absence des moyens de decortication du grain. M. Cbatel avait distribue, cette annee, du Riz sec a un grand nombre de personnes dans sa contree. Le tallement s'est tres bien fait, mais la vegetation s'est arr6tce vers la fin d'aoiit et nuUe part, iln'y a eu d^veloppement de tiges. Enfin, notre confrere depose sur le bureau un echantillon de Sorgho sucre provenant des cultures de M. Planchenaud, 1 PROCES-VERBAUX. 697 president du tribunal civil d'Angers et directeur de la Societe academique de Maine-et-Loire. Ce Sorgho n'avait ete seme que vers la fin de mai. Neanmoins, les tiges ont atteint une hau- teur de 3 metres etla graine a niQri. — M. Agron de Germigny, membre de la Societe, adresse un rapport sur les resultats qu'il a obtenus dans ses essais de culture de Tlgname de Chine. Ce rapport sera soumis a la 5* section. — M. Pepin, conformement a une lettre d'avis qu'il avail ecrite le 20 novembre, faitparvenir un memoire surl'acclima- tation d'arbrisseaux exotiques provenant du Chili, de la Cali- fornie, du Mexique, de la Chine, du Japon et des monts Hima- laya. Ce travail est renvoye a I'examen de la 5" section. — M. Sacc, en transmettant des details sur les succes obte- nus a Vitry-sur-Seine, par M. Lachaume, dans la culture des pois oleagineux, emet le voeu que des essais soient entrepris en grand dans nos possessions algeriennes. — Notre confrere, M. le docteur Aube, depose sur le bureau, pour 6tre distribues entre les membreg qui pourraient en desi- rer, des noyaux d'une P^che dite Cardinale et qui est cultivee enplein vent. Ce fruit, raoins agreable a manger au couteau qu'en compote ou en conserve, a cause de la quantite assez considerable de tannin contenue dans la pulpe, se presente, sous cette derniere forme, ainsi qu'on en pent juger par un echantillon place sous les yeux de Tassemblee, avec une belle couleur rouge. — La Societe revolt de M. B. Nicollet, secretaire de la Societe d'agriculture de Farrondissement de Grenoble, une circulaire faisantconnaitre les efforts decesericiculteur, ayant pour but de regenerer nos races de Vers a sole et de loyaliser^ selon I'expression de notre correspondant, le commerce des ueufs du Bombyx du miirier. — Notre confrere, M. Aime Laurence adresse de la Fleche une note sur les resultats qu'il a obtenus dans Teducation de certains oiseaux d'agrement, tels que le Colin de la Californie, le Canard de la Caroline et la Sarcelle de Chine uu Canard Mandarin . hV)% SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. DaveloLiis, secretaire de la 2« section, transmet un rapport de M. ledocteiir Chouippe, relatif au Coq et a la Poule de Yi\i^ de la Reunion, que lui aVait contiies la Soci^te. La Poule, nialgre les soins qui lui onl el6 donnes, a succombe a une maladie de Penveloppe peritont^ale ties intestins, dont elle etait deja atteinte au moment de sort arriveeeti Frahce. — M. Sacc, en atitlon^ant que la demattde d'une paire d'Yaks sera procbainement faite par un des membres de la Sodele, M. Bubied, envoieun rapport que ce dernier s'est fait presenter par un de ses employes qii'il av&il etlVoye ohez M. Cuf^not, etudier ces animaux aVant leur depart pour la Grande-Cbartreuse. — Notre delegue a Wesserling fait en outre (*dntiaitre ses nouvelles demarches, jusqu'ici infructuetises, pour se procurer Irt graiid6 Chevre noire de Nubie qu'il desire viveraent {iccH- itiater. M. Suquet, frere de notre confrere de Marseille, va aller explorer la contree et les boMs de la mei" Rouge, et cbercbera a decouvrir cette precieuse liaitiere. — M. Leblanc, au nom d'une commission dont il faisait p^rtie avec MM. Rarral, Magne, le marquis de Selves et J. Valserres, lit un rapport sur le Roeuf nortimt^ Sarlabot, et appartenant a la race cotentine sans cornes, instituee a Trous- seauville-Dives (Calvados), par notre confrere, M. Dutr6ne. Les conclusions favorables de ce rapport sont adoptees pdr I'assemblee. — 31. de Quatrefages donne lecture d'une hole sur la Cb^vre d' Angora adressee par madamelaprincesse C. Trivulce deRelgiojoso. Ala suite de cette communication, M. Bourlier, qui a lu, dans la precedente session, un travail sur cette race, appelle I'attention de I'assemblee sur les conditions climati^- riques toutes speciales des localites ou vivent les Cbevres d' Angora. (Voy. son memoireau Bulletin^ p. 557.) Le vaste plateau central de I'Asie qu'elles occupent, est forme par un terrain argileux sans aucUne vegetation arbores- cente ou sous-frutescente, ecbauffe par un soleil tres ardent. D'avrii k decembre, il ne tombe pas de pluie, et pendant les quatre autres mois, il y a des neiges. C'est la que les ani- von T, PROCfes-VEUBAUX. 599 mnux restent constamnient. On ne les mene que quaiiJ ils sont jeuries, et lorsque leuf tois6n n'a ettcoferieti ii craindre, dans des lieux voisins d'Angora ou croissont des ch6nes rabon- gris. Or, suivant notro confrere, c'est a lort que I'on a com- pare le climat de ces plateaux eleves a ceux de I'Auvergne et des Cevennes, qui sont loin de presenter les m6mes conditions. La contree, dit-il, exercant certainement une inttuonce tres marquee, ii pense que l'Alg6rie seule pent oti'rir des localites convenables pour des essais d'acclirnatation. II conseillerail done de placer les Chevres dans ler, grandes plaines elevees da notre colonic, abritees contre les vents oii manque la vegeta- tion, ou il y a le plus dO secheresse liabituelle et le moins do rosees. Sur le plateau central de I'Espagne on a pu, il est vrai, conserver des Cbevres d'Angora pendant dix-liuit ans, mais la reproduction ne s'estpas bien faite, etM. Bourlier pense qn'il faudra imiler Ce qui se pratique en Asie, c'est-a-dire regenerer frequemment la race en fournissant aux Bones tres purs deS Cbevres a longs polls bien cboisies. — M. A. Bogdanow, secretaire des comites d'acclimatation pres la Societe imperiale agronomique de Moscou, donne quelques details sur les travaux de ce comite, et fait hommagO du premier numero de son Bulletin. — Parmi les pieces imprimees, on remarque I'ouvrage d'Audubon, ayant pour titre : Scenes de la nature dam Us Etats-Unis et le nord de I'Amerique , dont M. le docteur Leinercier fait bommage, au nom du traducteur, M. Bazin. Le Secretaire des seances, A. Dl'm^ril. \ i-'j.f. 600 SOCIIETE IMP^RIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. ETATS DES ANIMAUX VIVANTS, l-LANTS, GRAINES ET SEMENCES DE VEGETAUX, OBJETS DE COLLECTION, PRODL'ITS INPySTRlELS, ET OBJETS D'ART, BONNES A LA SOCl^Tfi IMPERTALE ZOOLOGIQl'E D'ACCLIMATATION Du 1" Janvier au 31 d^cembre 1857 (1), 1 NOMS DES RONATEURS. OBJETS DONNES. 4 RENVOI au bulletin. r ANIMAUX VIVANTS. S. Exc. le ministre LA MARINE. DE Un Belier etuneBREBis Morvan, de race pure ; un Belier et uno Brf- Bis croises , et sept Pintades grises et blanches, envoyes par la colonic frangaise du S6n6gal pour I'Exposi- tion universelle qui devait avoir lieu en 1857. 249 Le mfemo ministre. Quatre Brebis , deux Chevres et quinze Oiseadx de basse-cour, en- voyes de I'ile de la Reunion , pour le m6me concours agricole. 298,408 S. A. le prince Halim Pacha , gouverneur du Soudan , membre de la Society. Quatre ZiE:Btjs et six Mootons du Soudan , expedi6s par les soins de S. Exc. Koenig-Bev, secretaire des commandements de S. A. le Vice- Roi d'figypte, membre de la Society. 412,455, 499 Le ComTE zoologique de la Guyane. Un ToDYODYOU, un Cuyori, trois grandes Aigrettes et deux Sarigues- PIANS. 554,591 MM. Le baron Anca, mem- bre de la Soci6t6. Graines de Vers a soie ordinaires provenant de I'Ecole d'agriculture de Santiago, du Chili. 406 (i) Pour let livres, voyez les pages IJO, 188, 410, 507, 555. DONS FA ITS A LA SOCIETY. 6U1 NOMS DES DONATEURS. MM. BvTAiLLK, inembre de la Soci6t6, a Cayenne. DuTRONE, conSeiller ho- noraire a la cour imp^ riale d'Amiens, inembre |de la Soci^t^. E . Kavfm ANN , vice- president de la Soci^te d'acclimatation de Berlin, membre de la Society. OBJETS DONNAS. Deux BoTUBs, deux HoNOBKsray^s, un Ibis rouge, une grande Aigrettb, quatre Aconiis, un Acouchi et trois Gtmnotks ou Angcilles tremblantes Une G^nisse de la race cotenline sans cornes. Graines de Vers a soie du Ricin [Bombyx Cynthia], provenant d'une education faile en Prusse. Massa , de Voghera , Soixante - quatre grammes de presAlexandrie(Pi6mont)lgraines de Vers a soie du miirier , envoy6s par les soins de M . le che- valier Baruffi, d^legue de la Society a Turin. RENVOI IIU BULLETIN. 498 104 104 De Modtignv , envoye plenipotentiaire pres le roi de Siam, membre hono- raire de la Societe et son d^legu^ en Chine. MgrVERROLLEs, ev6que de Mandchourie, membre honoraire de la Society. Le CoMITE BOTANIQUE d'acclimatation dk Mos- COD. Le mdme Comite. Un Argus mdle, deu.\ Coqs et six PouLEs de Cochinchine, deux gros Pigeons, quatre autres Pigeons verts a collarettes etdeux Perruches. Cent cinquante cocons de Vers A soiE sauvage du ch6ne. 2° VfiGfeTAUX. PLAHTES, GRAINES ET SEMENCES. Graines de Phellodendron amu- RENSE etd'ARGYROPHYLLUM ARENARIUM, deSiberie, remises par M . A. Bogda- noff , secretaire du comit^ et membr de la Societe. Une petite collection de graines de divers v6getaux provenant de la meme contr6e. 98 586 242 239 545 602 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUB D'ACCLIMATATION. N0M8 DE8 DONATELKS, OB JETS DONNRS- RENVOI au BULLETIN. MM. C. AcuiLLONiinembredu Cornice agricole de Tou- lon , membre de la Societe Btson del6gue a Toulon. Le meme. Le m^noe. Le m^ne. Le m6me. D'Andrew, consul ge- neral deSaPdaigiiea Lyon, bembr«i de la Societe. AnNiE , inembre de te Societe. Le m^iifie. Armanoc atne , capi- taine au long cours , a Nantes. Le m6r»e. D'" AuBij, oieiubre de la feocietp Prince Marc de Beauvau, Deux caisses de Fruits, de TcBtR- cuLjis , d'OcNONs et de graines de diverses especes de vegetaus exo- tiques, qu'il a acclinaates a Toulon. Graines de quatre espeees de Melons blanos. Graines dune espece de Courge ftR Napws. Un panier de Patatk* bouces. Une caisse de fruits exotiques et de Pat AXES oouces. Graines de Katram (Crambe tar- tarica on Pn«s prove- nant de laGuyane. [ Graines de trois especes de Pal- iMisTE et de Bois-sAvoN. Noyaux de PiSche cardinale. Tubercules et fecule d'lcKAME de ivice-presid. de la Sociote. I'Chine. 183 U7 590 98 551,590 31 t16 597 ♦ t6 r.fiun^ PONS FA1T6 A IK SQCIIIT*. aoa MM. Baf-tet fr^res, horticul- teurs, aTroyes (Auhe). De CksCaupbnne, meoEH bre de la Soci^c , it La Safla , province de Cons- tanline (Algerie). D' Chatin , direcleur du Jardin botanique de rficole de pharm., mem- bre de la Soei^e. Decajsne , professeur adininistral. au Museum d'histoire naturelie. I), (trainuorge, horlicul- teur, a Bagnotet (Seine), meuibre de la Society. D*" GossE, menabre de la Soci^tc et son del^gu^ it Geneve (Suisse). Grellet R^lguirie , ma- gistral a la Guadeloupe Le mdme. Frederic Jacquehart , membrede la Soct^t6. E. Kaufmakh, vice-pre- sident de la Sooi^ dac- climakatiop de Berlin , membre dp la Societo. l^chanlillon de SoiaHO nwMi , dUpHv, de SiDA arutilon, etgraines de ces vegelaux , de Ckrfki il bi l- BEux et d'EuANTHbs d'ospeces trto remarquables. Un sac de bulbes de Zetouii [Iriayjunceay, Quatre cent vingt-cinq noyaux de Peches de Tullins, recueillUpar M. Julien Bertrand. Grainesd' Abies oilicica et de Ju- NIPERUS DRUPACEA. Cinqiiante plants de Kbaisikk ua- IIP (Pbincu Ihpurial). / - ■< '. Graines de Haricots de Buenos-< Aures. £chant)lloBS melanges de diver i ses especes de HABicora cultives a la Guadeloupe. Deux caissee de diverses especea deVEGiTAux de la Guadeloupe. Une caisse de tubercules d'lcNA^ HKa de Gbine. / Tubercules de la Pomme de terre Rio-^riad'Ockel9t graine de Navets de Fellow. &&iS 294 530 246 U^ 589 458 588 116 i94 60 ll SOCIETE IMPfeUIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. NOMS DES DONA'fEURS. MM. S. Exc. Kcumc-BEY, secretaire des commande- ments de S. A. le vice roi d'figypte, membre de la Society. Le m^me. Leseble, de la Roche- furet, pr^s Touis, mem bre de la Society. LiENARD , de rile de la Reunion, membre de la Societe. Mestro, direcleur des colonies au ministere de la marine , membre de la Society. Le meme. Le m6me. Le m6me. Le m6me. OBJETS D0!Nn6s. Graines de diverges plantes du Soudan egyptien et de Noix musca- desdeJava. Collection de graines de I'lnde et de quinze especes de Riz sec de Java. Une caisse de plants d'lcNAME de Chine. Tubercules d'lcNAMEs violets ou Cambares Creoles, ognons et graines de divers vegetaux de 1 tie Maurice. Collection de Haricots, Riz, Mai's, Gingembre-Marron et autres vege- taux cultiv^s a rile de la Reunion , envoyes par les soins de M. Aubry- Lecomte. Tubercules de Patates, d'loNAMEs et tiges de Manioc de la Martini- que. Fragments de tubercules dune nouvelle espece d'lcNAME des An- tilles. Tubercules d'iGNAMES de differen- tes especes, des Antilles. Tubercules de Dioscorea alata de la Martinique, d'loNAME rouge de la Guadeloupe, dTcNAME cambare de la Reunion , racines de Curcuma LONGA de la Guyane et d' Arrowroot, du Gabon. RENVOI 357 4S6, 502 285 415 284 352 457 544 DONS FAITS A LA SOCI^Tlfe. 606 NOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNES. RENVOI au BULLETIN. MM. Le mfime. Graines de Pois mascate ou pois M0IR8. 588 De Montigny, envoye pl^nipolentiaird pres le roi de Siam, membrc ho- noraire de la Society et son del6gu6 en Chine. Plusieurs caisses d'lr.NAMEs sau- vages , de Patates el de graines de diverses especes de vegelaux des fordts du Laos et du royaumo de Siam. 56, 108 Le mSme. Huit balles de Riz sec, une balle de Sorgho sucre et une caisse de Pois ol^agineux du nord de la Ciiine. 59 Le m^me. Une balle de graines de Coton de Siam. 178 Le mSme. Trois caisses de diverses especes de Graines du royaume de Siam. 586 PiDDiNGTON, de Calcutta , niemb. honor, de laSoc. Graines de Gvnocardia odorata ou Chaulmoogra odobata. 178 Adalbert Pollack , de Prague. fichantillons de Houbloss , de Trkfles, de Bles . de Seigle et d'OflGE cultives en BohSme. 108 PoucHET, del6gue de la Societ6 a Rouen. Gousses d'AcAciA d'figypte (Aca- cia Lebbeckoa speciosa). 247 Charles Raymond. Graine de Qdillat ou arbre a savon du Chili. 285 Remont , horticulteur, k Versailles, membre de la Societe. Cinq cents racines et trois niille cinq cents bulbilles d'lGHAME de Chine. 247 D' Eugeno Robeut, de Bellevue (Seine-et-Oise). Graines de Myrica cerifera. 184 SlLEONI. Tubercules des Aaoii italicim et MACULATUM. 179 T. IV. — Decembre 1857. 39 606 SOCIETE IMP6RIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOMS DES DONATEURS- MM. Major Taunay, mem- bre de la Societe. Teissier des Faroes, tnembre de la Soci6le, Le mfime. Mgr Vebrolles, 6v6que de Mandchourie, membre honoraire de la Sociele. Louis ViLMOBiN , mem- bre de la Societe. OB JETS D0NNE8. RENVOI Vingl-cinq litres environ de pi- gnons d'ARAucARiA brasiliensis. 502 fichantillon d'OnoE de I'Hyma- laya. 183 Graines de Caboobier ( Ceratonia siliqua). 247 S. A. I. le prince Na- poleon Bonaparte , mem- bre de la Societe. Dk Bray, lieutenant de vaisseau. Colin , proprietaire a Alger. Une caisse de graines de Sor GHo, de Millet et de Sod du Liao- Toung (Mandchourie). Deux collections de graines de vegetaux economiques et d'essences forest, deslinees, I'une a I'figypte, I'autreanos colonies de Madagascar. 3» OB JETS DE COLLECTION. PRODUITS INDUSTRIELS, ET OBJETS d'arT. Plusieurs Oiseaux recueillis pen- dant le voyage de S. A. I. dans les mers du Nord. Un echantillon de poil de Boeuf musque de I'Ue de Melville. Une bolle de cocons de Vers a soiE elev6s a Alger, provenant de croisements qui lui ont donne une variete nouvelle. 242,285 544 Delon, membre de la Sociel6. Hardy, dicrecteur de la pepiniere centrale du gou- vernement a Alger, mem- bre de la Societe. Deux Perruches Edwards , nees chez lui et provenant d'une qua- trieme generation. Vingt-cinq kilogrammes deCocoNs viDEs de Bombyx cinthia. 243 250,299 409 586 591 DON* FAITS A LA SOCI^Tt. 6d7 F ISOMS DES bONATEURS. OBJETS DONNAS. RENVOI BULLETIN . MM. HcET, priparateur au Museum d'hisloire iialu- relle. Stanislas Juliem, inem- bre de I'lnstitut. S. Exc. Koenig-Bev , secretaire d©s commande- ments de S. A. le vice- roi d'figypte, membre de |la Sociele. (j. de Lausanne, mem- bre de la Society. Gravure d'YAK,de mademoisellel Kosa Boiiheur , retouch^e pour re-! presenter ie d6veloppement actual ; de la toison du Taurbau yak dc la' menagerie du Museum dhistoirel naturelle. J807 Deux 6chantillons de loile fabri-' quee avec les fils de I'Ortie blanchk' [Urtica nivm). *l>5 Echantillon de Ueuhre vegetal, et divers objets d histoire naturelle provenant du Soudan. 357 TigeS d'A»OKDlNA»lAFOLIATA, CUl- tivea Porzantrez (Finislere^ j804 J. Le Lo«f. , niembre Cocons de Vers a soib du Kiciw! de la Soci6l§. '(fiombj/ajCynt/nVi), provenant d edu- cations faites a Fernambouc (Bresil), I I par M. le professeur Brunei. 343 Le m^mo. I Collection de Bois , Plantes et| .Racines originaires du Bresil eldest Utats du Rio de La Plata. 1 346 Lbstibodwms, conseillerj ' fechantillon de glanda et leuillesj d'fital. 'de CafeNE d'Algerie. '494 I De LucA, professeur dej ■ fechantillon d'huile exlrailc des| jehimie, a Pise, membre;Pois oleagineux de Chine. !de la Sociel6. I Le D' Sacc, membre i Divers echantillons de [wiU de pe la Soci6te el son del6- CafevRE d' Angora. 'gu6 a Wesserling (Haut- 'Rhin). 109 105 608 SOCIETE IMFERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ^OMS DES DONATEUUS. MM. Henri Schlumberger , manufacturier a Gueb- winer(Haut-Rhin), mem- bre de la Societe. Le D' SicARD , de Mar- seille, membre de la So- ciete. Le m6me. SiLEONl. De Tourrkil , chance lier de la leg. de France au Venezuela, membre de ia Soci6t6. Weber-Blech ; manu- facturier , a Guebwiller (Haut-Rhin). OBJETS DONINES. Echantillons de tiles obtenus de cocons du BoMBYx Cynthia, envoyes par les soins de M. ledocteur Sacc. Collection de cent quarante-neuf produits ex traits du Sorgho sucre. fichantillon de tresse faite avec le Sorgho sucr£. fichantillon d'amidon extrait des Ardh iTALieuH et maculattjm. Collection de Graines et de Bois d'ebenisterie et de construction ori- ginaires du Venezuela. Echantillon de files obtenus des cocons du Ver a soie salvage du Ch]6ne de la Chine, envoyes par les soins de M. le docteur Sacc. RENVOI bulletin 542 97 353 179 506 542 0A.( INDEX ALPHABl^lTrQlJR DRS ANIMAUX. 009 INDEX ALPHABF.TIQUE DES ANIMAUX MENTIONN^S DANS CE VOLliME. Abeilles, XXIII, 109, 118, 243, 295. — liguriennes, 248, 249. Agouchi, 498. Agouti, 2, 498. Aigrette, 498. Aloge, 345. Alpaca, Mil, 111, 460, 498. 499, 541. Ane, XXVI, lv, 30, 323-325, 330, 359, 389. Anguilles, 346-348. Anguille Iremblante. Voy. Gymnote. Antilope, i.xv, 35. Autruche, xlvi, 21-37, 52, 104, 111, 119, 180, 187, 243, 297, 331-343, 369, 391-394, 482- 486, 503, 524-525,547. Babiroussa, 522. Bec-6ns, 85, 289. Begueur-el-ouach, 104. Bengali, lxxii. Bergeronnelte, 85. Bison, 479. — musqu6, 250, 299. Boeaf, XXVI, xxvii, lv, lxviii, 53, 72, 131, 178, 181, 196, 231, 232, 318, 365-387, 389, 434, 462, 471, 472, 474,523, 570 571. Bceuf Aurochs, 478. — Bazadais, xlviii. — tgyptien, xlviii. — Indien, 592. — musque, 250, 450-452. — Sah-Pee, 293. — Saladang, 293. — sanscornes, 101, 181, 258- 262, 290, 598. Boeuf-zfebu. Voy. Zebu. Bombyces. Voy. Vers a soie, 270. Bombijx Aurota, 187. 273, 274, 632. Bombyx Cynthia, xlii, lxv, lxxiv. Lxxv, Lxxvi, 52, 104, 186, 187, 242, 248, 273-274, 287, 295, 395-399, 405, 407, 455, 460, 492-493, 495, 503, 505. 526- 536, 541, 542, 543,544, 546, 547, 549, 550, 552, 554, 589, 590, 591. Bombyx Carpini, 270. — Hutloni, 1 65. Bombyx sauvage du Mexique, 552. Bombyx Monacha, 83. — Mori. Yoy. Vers a soie de la Chine, 99, 272, 396, 407, 529. Bombyx MyliUo, xliii, 98, 268^273, 274. Bombyx Pernyi. Voy. Vers a soie sauvagesdu chfinedelaChine, 98. Bombyx Polypheme, 270. — Pyri, 270, 273. — Badama, 552. BothropsLanceolalus. Voy. Serpent fer de lance. Bouquetin, 104. Br6me, 514. Buffle, 53, 360, 461-481 , 619-523. — arni, 464, 470. — de Manille, 464, 470, 480. — de Poule Condore, 465. Bifse m^Ianoptere, 591 , Butor, 498, Caille, lxxii, 289. Canards, 2, 243, 408, 437. 611. — de la Caroline, lxxi, 124. 597. — eider, 243. — mandarin, lxxi, 124, 597. — sauvages, 99, 281. — siffleur, 124. — tadorne, lxxi. Capulla Madrono, 360. Cardinal, lxxii. CIO SOCIKTK IMPI^.RIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMATATION. I Colins, Lxxi, 119. Carouges, 514. Carpe, 513, 514. Casoar, lxv, lxix, 58. Casoar de la Nouvelle-Hollande, 571,577,592. Cerfaxis, 593. Chacal, 415. i:hameau,53, 55, 61-73, 12c-136, 188, 189-201, 253-257, 284, 299, 32fi, 342. 359, 483, 548, £49, Chat, XXVI. Chenille, 86, 110. Cheval, xxvi, xxix, lv, 30. 32, 72, 122, 126, 129, 196, 303-323, 325, 330, 365, 389, 390, 471. Chevaux algoriens, 303-323, 355, 359. Chevaux anglais, 304-309. Chevres, XXVI, xxvu, 3, 20, 137- 145, 227-232, 250, 318, 377, 409, 432-437, 501. Chevres d'Angora, xxu, xi.vm, uv-lx, LXVII, LXIX, LXX, LXXVI, 3,4, 6-16, 53, 100, 105, 108, 111, 139, ^52, 181, 229, 230, 250, 355, 359, 405, 408, 409, 456, 458, 501, 502, 515, 516, 528, 540, 541, 549, 557, 570, 592, 593, 598, 599. Cbfevre de Cachemire, 3-4, 18-20, Chevre d'figypte, xux, lxix, 3-4, 16-18.104,124, 152,290,298. 335, 435, 438, 501, 340. 593. Chevre noire de Nubie, 598. " Chevre du Liban, 124. — mallaise, 434-436. — de La Reunion, 408. . — du Thibet, 3,58, 143, 229, 230, 254. Clievre kurde, 567. Chien, XXVI, 415, 424, 517, ■•)76. Chouca, 513. Cigale, 82. Cobaie, xxvi. Coccus, 223. — ■ laqua, 222, Cochenille, 360, Cochon Essexchinois, 250, 353,435. — d'Amerique, 243. — deCalifornie,LXxi, 893,597. — Houi, 249, 592. '— de Virginie, 593-. Combaitant, 239. Coqs, 358. — de bruyere, 266-267, 289. Coquiliages, 345, 346. Corail, xliv, 118, 209,212, 'i\i, 288, 287. Corbeau, 87, 183. Cordon bleu, lxxh. Corise, 580. CorixaeHciilenta, 580. — femorata, 581 . , — mercenaria, 381, Corneille, 85. Couagga. 33, 329. Courtilliere, 281 . Crevettes, 345, 346. Crustaces, xlv, 346. Cygne noir, ixxi. Cyprins, 307, 31 4. Cyprintis carassins, .'114. Dacus olecB, 110. Daim, 259, 51 I. Daw, 329. Dindon xxvi, 437, 500, '31' I, 371, — . ocelle, 187. Dromadaire, xlvhi, lxv, 53, 61-73, i.OO, 119, 125-136, 189. 301, 254, 360, 455, 393, 594. Dromeo, xxn. Yoy, Casoar de la Nouvelle-Hollande. Dytiques, 281 . Ecievisses, 346-348. Eider. Voy. Canards, ii3. Elephant, .58, 473. Eponges, 1 1 8, 209, 21 0, 21 1 . 2 1 i. 288. Elourneau, 87. Faisans, xxvi, 216, 439, 5i2. — argenle, 124, 459. — dore, 12*. Falco serpentarius. Voy. Secrel^ir«. Fourmi, 86. Furet, 311, 512. ^Gayll, 464,. 470. • ' INDRX ALlMUBl^.TIOUE DES ANIMAUX. 611 Gazelle, lxv, 30. (ielinolte, 266. Girafe, 95. Gerboise, 341. Gerfaull, 243. Gour, 464, 465. Goura, wxii. Gouranii, xlvi. Grasset, 85. Grenouilles, 580. Gyall, 464, 470. Gymnole, 498. Hannetons, 49, 83, 87. Hemione, xon, lxix, lxx, 328, 329, 552.r H^mippe, 329. Herisson, 84, 187. Hippopotame, 522. Hirondelle, 85. Hocco, Lxxu, 2, 458. Homard, 346. Honoro raye, 498. Hultres, XLV, 118, 209, 214, 288, 346. Huttres do Virginie, 210. Hydrocorises, 580. Hydrophiles, 281 . Hyena, 415. Ibis rouge, 498. Ichneumon, 110. Insectes. Voy. Abeilles, Bombyces, Vers a soie, Saturnies. Insectes h^mipteres, 578, 582. Kangurou, lxv, 124, 593. Lama. Lxix, lxxx. Ill, 124, 298, 299, 460, 498, 499, 503, 541, 593. Langoustes, 346. Lapin, 17, 298, 318, 511, 512, 516. Lapin de Siberie, 298. L6zard, 341. Li6vre, 298. I.imace, 341. LimaQons, 86. Lion, 415. Machetes pugnax. 239. Mangousles, 407. Marail. lxxii. Martinet, 87. M^haris. Voy. Dromadaire. Merle, 85. Moineau, 26, 87, 513. Mollusques, xlv, 84, 86, 345. Mouflon, 513. Monies, xlv, 346. Moulons, XXVI, xxvn, i.v, 6, 14, 75, 131, 232. 318, 359, 360, 413- 432, 433, 434, 513, 516, 560, 570. Mouton ^ grosse queue karamanli, 100, 111. 124, 152, 214, 456, 500, 803, ?)40, 593. Moutons merinos, 374, 419, 420, 424, 426, 427, 428, 429, 566. Moutons merinos-Mauchamp, lxx, 74-78, 409. Moutons morvans, 413, 416. — morvans du Senegal. 249. — de La Reunion, 408. — Siebenburg, 250. — duSoudan. 292, 412,455,800. — Touareg, 413. Mulets, 190, 311, 323, 32.5-330, 369, 389. Musareigne, 34, 278, 281. Musielaputorius, 512. Nandou, xxii, xlvi. Notonecta americana, 581 . — unifascinta, 681 . — variabilis, 581 . Notonectides, 580. Oie, 150, 343, 437, 511. Oie bernache, 297. — de Chine, 105. — d'Egypte, lxxi. Oiseaux, xxiii, xxvi, i,xxii, 79-90, 110, 113, 181. Oiseaux de basse-cour, 437, 504. Oiseaux inseclivores, 263, 265. Ours, 386. Outardes, xxii, 30. t Outarde(grande), 239. Paca, 2. Panlh^re, 413. Paon, XXVI, 512. Paradoxure, ■)86. Paroare, i.xxii. " f 612 SOCIETE IMPEKIALE 700L0GIQUE D ACCLIMATATION. Pecari, ^Z. Penelope, 2. Perdrix, xlvii.lxxii, 243. 289, 54 3. Perdrix rouge, xlvii, 459. Perruche Edwards, lxxii, 586. Perruche ondulee, lxxi, lxxii. Pie, 263-265, 289. Pigeon, 408. Pigeon claqueur, 4 09. Pintade, xxvi, 249, 437, 512. Pintade a joues bleues, 53, 495. — de la Reunion, 408. Pivert, 82, 85, 87. Poissons, XXIII, XLiv, lxxiu, 118, 344, 348, 438-442. Pores, XXVII, 17, -318, 387-398, 522, 571 . Pore anglais, 111, 593. — anglo-chinois. 111, 406. — de Chine, 298. Poule, XXVI, XXVII, LXXII, 82, 343, 437. 507, 511, 571, 676. Poule Bantam, 124. — Brahmapoutra, 124. . — de Buigarie, xlvm, 124. — de Cochinchine, 109, 124, 151. Poule coucou , 1 2 4 . — de Crevecoeur, 124. — d'Inde, 574. — de la Reunion, 408; 598. — eauvage des Moluques, 103. — sonneraf, 1 09. — de Varna, xlvii, 124. Putois, 51 2. Pyrale, 82. Pyrophorus-clarius, 360. Pythons reticules, 586. Queue-rousse, 85. Rat, 187, 341, 512. Rhyncole, kxxi. Rossignol, 85. Rouge-gorge, 85. Sanglier, 388, 389. Sangsues, lxxiv, 179, 188. 249, 277-282, 507, 508. Sansonnet, 87. Sarcelle de Chine. Voy. Canard mandarin. Saturnies, 546. Saturnia ceanolhi, 98. Saumon, 104. 345, 355, 507. Sauterelles, 87, 341. Scarabees, 83, 86, 87. Serpent, 341, 407. Serpent fer de lance, 187, 297, 359. Serpentaireou Secretaire, XLVII, 183, 187, 359; 407. Souris, 84, 512. Sphinx ligustri, 270. — pinastri, 270. Tapir, 58. I Tapir maipouri, 1-2. Taret, 85, 87. Termite, 83, 85. Tigre, 473. Truites, 442. Vanneau, 85, 87. Vers, 83, 85, 86. Vers a sole, xxiii, xxvi, xxvii, xxix, Lxxvi, Lxxvi, 38-42, 122. 155, 169,202-206, 248, 287, 288. 295, 296, 406, 409, 495, 507, 509, 510, 515, 555, 578, 597. Vers a soie de lAmerique du nord, Lxxv, 152, 187. Vers a soie du Bengale, 155-169. — du Bresil, lxxvi, 542. — du Liban, 186. — de la Louisiane, XLiii. — de Madagascar, 587. — du Murier. Voy. Ver a soie, XLiv, 242. Ver a soie du Ricin. Voy. Bombyx cynthid. Ver a soie sauvage du Gh6ne [Bom- byx Pernyi) de la Chine, xlii, lxii, Lxxiv, LXXV, 152, 242, 248, 409, 542, 544, 550. Vipere, 187. Yaks, XXII, XXXII, xlviii, li-lv, lxx, LXXVI, 53, 152, 500, 502, 506, 518, 528, 598. Zebre, 35, 329. Zebu. Voy.Boeuf, 42, 58, 521. Zebu du Soudan, 292, 412, 455, 499, 540 INDEX ALPHABKTIQUE DES Vl^l^TAUX. 618 INDEX ALPHABfiTIQUE DES VfiGI^:TAUX MENTIONN^S DANS CE VOLUME, Abies cilicica, 264. — nigra, 403. — pendula, 403. — pyramidalis, 403. — tenuifolia, 403. Acacia, 64. Acacia lebbeck, 247. Acer negundo, 401, 402. — pseudo-platanus, 402. — rubrum, 402. Adjezam, 341. iEsculus hippocaslanum, 400. Agave americana, 354. Ailanlhus glandulosa. Voy. Vernis du Japon, 401, 482. Alenda, 340. Alfa, 340, 341. Algues, 188. Amorpha emarginata, 402. — fruticosa, 402. — glabra. 402. ' — lewisii, 402. Ampelopsis quinquefolia. Ananas, 546. Anona cherimolia, 587. — muricata, 587. Aratcatcha, 549. Araucaria brasiliensis, 502. Arbre a cire, i23. — a pain, lxvui. — a suif. 405. Arfedja, 341. Argyrophyllum arenarium, 239. Aristolochia antisyphilitica, 360. Armoise, 341 . Arrow-root, 544. Artemisia odoratissima. Voy. Chiei. Arum ilalicum, 179. — maculatum, 179. Arundinaria foliata, 504. Asphodele, 341, 342. Astragales, 537-538. Astragalas cretica, 4 05, 538. — verus, 538. Atropa belladona, 179. Aurone, 341 . Avoine, 140, 144. Bambou, 284, 358, 369, 408, 453, 487-491, 555. Bambou du nord de la Chine, 222. — sacre, 223. Bambusa arundinacea, 487. Bambusa nigra, lxvmi, 489. Bambusa scriptoria ou beesha rhee- dii, 489. Bambusa spinosa ou agrestis, 487, 488. Bambusa thouarsii, 487. Bananier, 179, 241, 293. Batoum, 3i1. Bendiga, 341. Berberis canadensis, 402. Betterave, 144, 146. Beyr, 222. Bignonia radicans, 403. Biota orientalis, 403. BI6, XXV, XXIX, 108, 342, 459. Bois savon, 116. Bombaa pentandrum, 360. Brussonelia papyrifera, 403. Buhr, 222. Bunium buibocaslaneum, 285. Buxus sempervirens, 402. Cacao, Lxvni. Cactus opuntia, 384, 385. Cafe, Lxviii, 360. Caladium, 51. 241. Caladium giganteura, 241. — nymphaeifolium, 352. — sagittatum, 352. Canne a sucre, 187, 285, 355. Cannelle, lxviii. Cannellier de la Chine, 221 . Caragana arborescens, 400. 61 A SOCIETE IMPliniALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Caragna frutescens, 402. — pygmaRa, 402. Carex, 581. Garottes, 144, 173. Caroubier, 247, 294. Carum denudatum, 285. Catalpa bignonioidfes, 402. Celeri, 173. Celtis australis, 402. — cordate, 402. — occidentalis, 402. — orientalis, 402. Cephalotaxiis fortunii, 220. C.erasus avium, 402. (leratonia siliqua. Voy. Caroubier. Cercis siiiquaslrum, 403. (ierfeuil bulbeux, xi.i , lxix. 105, 170-174, 298. r.erisier, 216. (Ihanvre, 108. Chardon, 64, 3 41. (>liardon a foulon, xi.:n, lxxv, 296, 531. Chataigne, 590, .' • "' Chftlaigne d'eau, 221 . — de terre, 285. Chataignier, 219. Cheil, 341. Chfiue, Lxxvin, 20, 272, 388, 599. Ch6ne a feuilles obovales, 200. — d'Algerie, 494. — de Chine, 220. Chenopodium quinoa, 588. Cherimolia, 587. Chervis, lxix, 179, 298. Chicor^e sauvage, 531 . Chiei, 339, 340, 341. Chou, 110. (;hou caraibe, 352. — malanga, 3.H2. Cilronniers, 218. Citrouille, 221. Cognassier, 219. Cognassier du Japon, 183. (^oloquinte, 3 42. Colutea cruenta, 402. — . media, 402. Colza, 141, 144. Comotillo, 360. Concombre, 47. Coniferes, lxxviii. Conopodium denudatum, 285. Convolvulus batatas, 352. Coreopsis tinctoria, 178. Coriaria myrtifolia, 403. Cornus alba, 403. — alrocissima, 403. — florida, 403. Coronilla emerus, 402. Coronille, 222. Corossol, 587. Corylus glomerata, 403. Coton, Lxviii, 588. Coton de Siam, 178. Coloneaster tomentosa, 402. — vulgaris, 402. Courge, 221, 247, 551, 590. Crataegus flava, 403. — pyrifolia, 403. Croton lacciferum, 222. Cucurbita verrucosa, 551. Curcuma loiiga, 544. Cyclamen, 247. Cydonia vulgaris, 402. Cypres funeraire, 220. Cylisus aipinus, 403. — candicans, 402. — capitatus, 402. — elongatus, 402. — falcatus, 402. ■ — laburnum, 402. — latifolius, 402. leucanthus, 402. — nigricans, 402. — purpureus, 402. — sessifolius, 402. Daphne altaica, 403. — eneorum, 403. Dattier, 64, 341, 457. Delphinium elalum, 353. Deutzia gracilis, 403. — scabra, 403. Dioscorees, 109. Dioscorea alata , 352, 544. — batatas. Voy. Igname. — japonica, 122. Djefna, 341. Drin, 340. Elma, 342. Epeautre, 275, INDEX AI.PHARKTIQUR DES V^Gl^TAlX. 615 Epiireda fragili?. Voy. Alenda. Epinard de Gor6e, xli. Krable a feuilles Ironquces, 219. Errguigud, 342. Escholtzia crocea, 179. Eiipalorium linclorium. lxviii. Fagus sylvatica, 403. Feves, 47, 342. Figuiers, 218, 222. Figuier de Barbarie, lkvmi, 384. Figuier elastique, 2 2 '2. Fortunea sinensis, 222. Foussera, 340. FVaisier prince imperial, 241. 3')3. 54:;. Fraxinus americana, 402. — alrovirens. — aurea, 402. — cinerea, 402. — juglandifoiia, 402. — lenliscifolia, 402. — monophylla, 402. — pendnia, 402. — sambucifolia, 402. Frtne, 273. Geblera suffructicosa, 402. (Jenevrier, 228, 229. 230. Genista anglica, 403. fientiane, 228, 230. Gingembre marron, 284. Girauniont de la Floride, ."i')l . Gleditscliia inermis, 402. — sinensis, 402. — triacanthos, 402. Grenadiers, 219. Gymnocprpnm decandrum, 341. Gymnocladus canadensis, 402. Gynocardia odorata, 178. Haricots, 284, 355. Haricots da Buenos-Ayres, 589. — deChine, 221, 353. — de la Guadeloupe, 45H. Hibi.scus palustris, 403. Hortensia, 222. Houblon, Lxxvm, 108, 353. Tgnamesdes Antilles, 106, 456,;)i4. Igname de Chine, xxni, xxx, xl, LXVIII, LXXVll, L.\XIX, LXXX, 43-45, 51, 52. 91, 108, 116, 178, 183, 1S4, 216, «24, 240, 247, 275- 276. 285, 352. 354. 406, 459, 506, 542, 551. 595, 596. Ignames dii Br^sil, 589. — de la Guadeloupe, 94 . — d' Haiti, 241 . Igname ovale de Chang->H8i, 220. Ignaroe de la Nouvelle-Zelande, LXVIII, Lxxvii, nxix, 45, 52. 91- 96, 406. Igname violet de Maurice, 115. Ignames de Siam, 178. Ilex aquifoliuin, 403. Indigolier, lxxvii. Iris juncea. Voy. Zetoutl. Jatropha manihot, 3") 2. i(9^c., 579, 581. Juglans nigra, 402. — regia, 402. Jujubier sauvage, 341 . •luniperus drupacea, 246. — virginiana, 403. Katram, 98. Khasso, 341. Kcelreuteria paniculala, 403. Kwei-wha, 222. Lablab vulgaris, 221 . Laitue. 384, 492, 531. Laricios, lxxviii. Ligeum spartuni, 340. Ligustruin lucidum, 323. — vulgare, 402. Lilium lancifolium, i.xvi. Li-tchi, 217. . Long -an, 219. Long-yen, 217. Lonicera caerulea, 402. — periclymenum, 402.. — sempervirens, 402. — villosa, 402. Lycium barbatum, 402. Ma, 221. Maboa, 335. Magnolia, 183. Mais, 47, 87, 284, 285. Mais blanc, 342. Manioc, LXVIII, 352. Maranta arundinacea, 544. Melon, 221, 355. Melon d'Angora, 495. — blanc, 241. 616 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Metnam, 340. Millet, 242, 285, 355. Monarda didyma, 179. Morea, 341. Morus alba, 400. — nigra, 400. Murier, lxviii, 38, 108, 158, 165, 166, 288, 295, 492. 493. Muscadier de Java, 357. Myrica, 217. Myrica cerifera, 184, 293. Nan-mou, 220. Navet de Feltow, 294. Nebec, 341 . Neci, 341. Olea fragrans, 222. Olivier, 110, 443-449. Olivier brun, 443, 444, — de Crimee, 109, 443-449. — palma, 443, 444. Orange mandarine, 591 . Orge, 108, 140, 144, 315, 341. 342. Orge de I'Himalaya, 183. Orme nain, 219. Orties, 221. Orlies blanches, 220, 295. Pseonia arborea, lxvi. Paliurus aculeatus, 403. Palmier, 1 21 . Palmisle, 116. Panicum, 47. Passerina hirsuta, 340. Pasteque, 221 . Palates, lxvi, 56, 506. Palates donees, lxxviii, 352. Palate madame rouge, 352. — six semaines, 352. Pavot, 144. Prober, 179, 358, 508. Pftcher cardinal, 596. — de Chang-Hai, 219. — de Tuliins, 179, 233-236, 246, 458, 545, 550, 589. Phellandre aquatique, 229. Phellodendron amiirense, 239. Philadelplms grandif, 403. — inodorus. 403. Picea americana, 403. Pin aqualique, 220. Pin de Chine, 220. Pinus balsamea, 403. — cicrulea, 400. — nigra, 403. — strobus, 400. Pipal, 222. Pislachier terebinthe, 180, 3 41. Pivoine arborescente, 222. Platanus occidentalis, 403, Pochotte, 360. Pois mascate, 588. — noirs, 588. — oleagineux de Chine, 1 08, 1 09, 504, 597. Poiriers, 219. Polygonum fagopyrum, 588. Ponime canelle, 587. Pomme de terre, xxv, xxix, lxix, 144, 146-150, 173, 184, 216, 240, 247, 286. 294, 406, 458, 545, 550. Pomme de terre d'Amerique, 595, 596. Pomme de terre d'Australie, 596. — coquette, 184. — RioFriod'Ockel,294. — de Siberie, lxxix. Pommiers, 110, 219. Populus angulata, 403. — canescens, 403. — cordata, 403. — laurifolia, 403. Potentilla sallesowii, 403. Potiron d'Espagne, 551 . Po-t.sai, 220. Praso, 222. Pruniers, 219. Prunus laurocerasus, 403, — mahaleb, 403. — spinosa, 403. — virginiana, 403. Ptelea trifoliata, 402. Pyrus ovalis, 400. — spectabilis, 403. Quillay, 285, 349-350, 353. Quinoa, 588. Quinquina, xxiii. Rantherium, 341 . Rega, 341. Reine marguerite, 222. INDEX ALPHXBETIQUK DES V^G^TAUX. 617 Reliiiiia (iuriei ou retem, 340. Khdnuius ulaternus, 403. — jujuba, 222. Rhubarbe, 140, 222. Rhus cotinus, 403. — elegans, 403. — radicans, 403. — lyphina, 403. Ribes aureiim, 403. — palmaluin, 403. Ricin, XLiii, 295. 397, 492, 493, 505, 531. Ricinus sanguineus, 590. — viridis, 590. Riz, -Jee, 284. Riz sec, xLi, Lxvi, lxxv, 107, 108, 178, 179, 184, 247, 286, 354, 405. 459, 504, 696. Riz de Java, lxxvii, 46-49, 52, 456, 502. Robinia hybrida, 403. — pseudo-acacia, 401 , 402. — viscosa, 401 . Sagou, 293. Salian, 341. Salix babylonica, 403. Salsola buxi folia, 340. — ligneux, 341 . Sambucus canadenis, 403. — ebulus, 403. — laciniala, 403. — persicifolia, 403. Sarrasin, 588. Saule, 492, 531. Saule pleureur, 219. — soupirant, 220. Seigle, 108. Sequoia gigantea, 67. Seuza, 340. Siraga des Japonais, 220. Sorbus americana, 403. Sorgho, XXX, XLI, Lxxvni, lxxix, 98, 108, 116, 117, 186, 242, 342, 363, 355,584, 596, 597. Sorgho a pain, 494. Sou, 242, 355. Souci des marais, 178. Souid, 340. Sparlium junceuin, 403. Spinua beluijefolia, 403. — japonica, 403. — lobata, 403. _ — tomentosa. 403. < Stipa barbata, 340. — fenacissima, 340. Sulla de Malte, lxxviii. Syringa perrica, 400. — jozikei, 400. — vulgaris, 400, Tabac, lxviii, 47. Tamarix, 64. Tamarix gallica, 403. Taxus americana, 403. Tavo, 241, 590. Temchok, 223. Terre-noix, 285. Th6. LXXVII, 115,1 84,1 85, 1 86,21 9. Thuja occidentalis, 400. Thuya, 220. Tie-Iy-mou, 220. Topinainbour, 144. Toule, 579. Trefle, lxxviii, 108, 222. Troene, 295. Truffes, 118. Tse-tan, 220. Tubereuses, 183. Ulex europaeus, 403. • Urlica nivea. Voy. Orlie blanche. — utilis, 221. Vampi, 219. Vaniile, lxvh. Vernis de Chine, 223. — du Japon, 295. Viburnum lentago, 403. — prunifolium, 403. Vigne, XXV, nviii, 82, 122, 218, 224, 547, 582, 583, 590. Vinca major, 403. Vitis catavvba, 403. — vinifera, 403. Yang-mae, 217. Zeleowa crenata, 403. Zeloutl, XLI, 294. Ziziphus, 341. Zygophyllum album, 340. , , 618 SOCIETK IMPERIALE ZOOLOGIQIE d'aCCLIMATATION. TABLE DES MATIERES. SfiANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 10 F^.VRIER. Proces-verbal de la premiere seance publique annuelle. tenue le 4 0 fevrier a I'hotel-de-ville. 21 Is. Geoffroy Saint-Hilaire. — Discours d'ouverture 25 Aug. DuMERiL. — Rapport sur les travaux de la Sociele pendant I'annee 1 856 35 A. Passy. — Sur les prix exlraordinaires proposes par la Societe. 61 Comle d'fipREMESNiL. — Rapport au nom de la Commission des recompenses 63 Recompenses hors classe 65 Medailles et mentions honorables 69 Recompenses pecuniaires 79 GtoERALlTES. Moquin-Tandon. — Rapport sur une proposition de M. Jomard , pour la souscription nationale relative au monument a elever a la memoire d'Etienne Geoffroy Sainl-HilHire 301 Le docteur Aube, — Note sur les inconvenients qui peuvent resul- ler du defaut de croisement dans la propagation des especes animales 509 MAMMIFtlRES. Bataille. — Note sur le Tapir maipouri de la Guyane. .... 4 Sacc. — Essai sur les Chevres (suite) 3, 137. 227 De Quatrefages. — Notice sur les Yaks et Chevres d'Angora, impor- t's en France depuis la fondalion de la Societe 41 Darestk. — '■ Rapport sur lintroduclion projet6e du Dromadaire au Bresil (1" partie) 61, 125. 18d Davin. — Sur les laines de la race merinos soyeuse de Mauchamp. 74 Le m6me. — Notice induslrielle sur le poilde Chameau. . . 253 DuTRONE. — Sur la race bovine normande sans cornes. . . 258 Richard (du Cantal). — Rapport sur les races animales domestiques de i'Alg'rie. Race chevaline et asine 303, 363 Lemfime. — Suite et fin. 365 Albert Geoffrov Saint-Hilaire. — Rapport sur les races ovines et caprines de I'Algerie 44 3 De Bray, — Note sur le Boeuf musque. 450 Davelouis. — Fragments d'une etude sur le Buftle. . 461 ^ 54 9 BocRLiER. — Sur la Chevre d'Angora ... 557 OISEAUX. GossE. — Des inouurs et des habitudes de I'Autruche, . . ; . 24 De JoNQuifeREs-ANTONELLE. — Notc sur la destruction par Ihomnie de quelques especes qui lui sont utiles ^ 79 TABLE DES MATI^.RES. 619 GiRou de BczAKRiMGUEs. — Note sur la conservation des oiseaux inseclivores 263 MiLLRT. — Note sur le Coq de bruydre 86ft Le docteur Gosse. — Rapport sur les documents adress^s d'Alge- rie, en reponse au Questionnaire sur I'Autruche. . 334, 391,482 Hardy. — Sur un fait d'incubation de rAulruche, a Alger. . 524 Florent Pkevost. — De I'acclimatation el de la reproduction du Casoar de la Nouvelle-Hollande 571 POISSONS, CRUST ACES, ANNELIDES ET ZOOPHYTES. FociLLON. — Rapport sur I'applicalion des bateaux-plongeurs de MM. Payerne et Lamiral, a rexploitation, a la culture et h racclimatalion des aniinaux aqualiques 207 Borne. — R6ponse au Questionnaire relaiif ^ lelevage des Sang- sues, rcdig6 par M. de Qualrefages 277 Millet. — Questionnaire de pisciculture pratique 334 Ramon de la Sagra. — Rapport au Conseil royal d'agricullure de Madrid, sur I'introduction de la pisciculture en Espagne. . . 438 INSECTES. Gobrin-Meneville. — Sur la maladie des Vers a sole 38 J. Bausvord. — Remarques sur les experiences pour am^Iiorer I'esp^ce actuelle de Vers a sole du Bengale 1 06 Bigot. — Rapport sur la nialadie des Vers a soie 202 Chavannes. — Sur I'&lucation des Versa soie du clidne et du ricin. 268 Le baron Anca. — Sur 1 education du Bombyx cynlhia en Sicile. . 49.j Lo colonel Gazan. — Rapport sur deux educations de Bombyx Cynthia 492 Is. Geoffroy Saint-Hilaire. — Sur quelques resultats recemment obtenus k I'egard du Ver & soie du Ricin 526 Guerin-Meneville. — M^moiro sur trois esp^ces d'insecles h6mi- pteres, dont les oeufs servent a faire une sorte de pain nommd Hautle, au Mexique 378 VfiGfiTAUX. Paillet. — Sur la culture de I'lgname de Chine et de la Nouvello' Zelande ..." 4.1 Teysman. — Sur la culture du Riz a Java 46 D'Ivernois. — Sur les moyensder6gen6rer les Pommesdolerre. . H6 L'Apfilky. — Note sur la culture du Cerfeuil bulbeux am^liore. . 170 J. MiCHON. — De quelques vegelaux chinois 215 Chatin. — Note sur le pficher de Tullins 233 Chevet. — Sur la culture de I'lgname de Chine 275 Ch. Raymond. — Notice sur le Quillay, arbre de TAmerique du Sud. 349 Nicolas Annemicovv . — Eseais d'acclimatalion de plantes a Moscou. 400 Tdyssuzian. — Note sur rOlivier de Crimee 443 Hardy. — Sur I'inlroduclion des Bambous de Chine en Algerie. 487 620 SOCl^TE IMPERIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Sacc. — De la Gomme adragante et de I'utilite qu'il y aurait a la produire en Algerie 537 Bourgeois. — Experiences sur I'incision annulaire de la vigne. S82 EXTRAITS DES PROCfeS-VERBAUX. Proces-verbaux des sdances generates de la Societe. Seance du 9 Janvier 1857, pag. 50. — Seance du 23 Janvier, 97. — Seance du 6 fevrier, \0\ . — Seance du 20 fevrier, 1 05. — Seance du 6 mars, 413. — Seance du 17 avril, 105. — Seance du 1" mai, 113. — Seance du 15 mai, 283. — Seance du 29 mai, 290. — Seance du 12juin, 351. — Seance du 26 juin, 356. — Seance du 4 d^cembre, 584. — Seance du 18 decembre, 394. Extrait des procds-verbaux des seances du Conseil. Seance du 19 juillet 1857, pag. 404. — Seance du 7 aout, 453. — Seance du 14 aout, 494. — Seance du 23 seplembre, 496. — Seance du 16 octobre, 539. — Seance du 30 octobre, 347. DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIETfi IMPfiRIALE D'ACCLIMATATION. Organisation de la Societe pour I'annee 1857 . v Liste des Soci^tes afSli^es et agreg^es et des Comites regionaux. , vii Deuxieme liste supplementaire des membres de la Societe. . . ix Fr. Jacquemart. — Rapport au nom de la Commission decomptabilite. 1 51 FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Inscription sur la liste des membres de la Societe, deS.M. don Pedro et des deux Rois de Siam. — Distribution de graines de Sorgho, de Pois oleagineux etdeRiz de la Chine. — filablissement d'un Comite regional d'acclimatation a Bordeaux 55 Inscription sur la liste des membres de la Society deS. M. leRoi des Beiges et de S. M. le Roi des Pays-Bas. — Creation de deux Comites d'acclimatation a Moscou. . 252 Letlre de S. Exc. le Ministre de la maison du Roi des Beiges. — Lettre de feu M. le baron Thenard 300 Constitution a la Guyane frangaised'un Comite zoologigue d'acclima- tation.— Lettre de S. Exc. le Ministre du Br6sil 362 Inscription de S. M. le Roi de Wurtemberg sur la liste des mem- bres de la Societe. — Lettre de S. A. le prince Halim. . . 412 Levee, en favour de la Societe, de la prohibition de sortie d'un trou- peau de Lamas et d'Alpacas. — Distribution faite par la Societe de graines du Ver a sole du Ricin 460 Inauguration de la statue d'Etienne Geoffroy Saint-Hiiaire, a liltampes. Allocutions de M. Drouyn de Lhuys, delegu6 de la Society, etde M. Darblay jeune. — Envoi d'animaux par le comit6 zoologique de laGuyane. — Envoi de 1 27,000 cocons de Vers a soie du Ricin . 553 Paris. — Inipriiueriu de L. Martinet, rue Mignon, 2. >■» :»> >^ ^^^^.^> ^^ ■> % ^1. ^-^^^ _ ^l*^-^ ^rV.^*" J^ __ _^^ c^ * J^n >»' > > > , > •> > » ». ^ > ■>r,<;,.