■ IMP. E LANIER, 1 * 3. RUE GUILLAUME - CAEN 707 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ LIMÉENNE DE NORMANDIE FONDÉE EN 1823 Et reconnue d'utilité publique par décret du 22 avril 1803 5e série. — 2e volume AIVIVEE 1898 CAEN E. LANIER, Imprimeur Rue Guillaume-le-Conquérant, 1 8f 3 1898 Les opinions émises dans les publications de la Société sont exclusivement propres à leurs ailleurs ; la Société n'entend nullement en assumer la responsabilité ( art. 23 du règlement intérieur ). La Société Linnéenne de Normandie ayant été reconnue éto- blissement d'utilité publique, par décrel en date du 22 avril 1863, a qualité pour accepter les dons et legs dont elle serait gratifiée. COMPOSITION DU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ Pour l'aimée 18i>8 Président MM. Demelle. Vice -Président. . . Dr Moutier. Secrétaire Bigot Vice-Secrétaire. . . Dr F. Gidon. Trésorier honoraire S. Beau jour. Trésorier Drouet. Bibliothécaire . . . Gatois (Dr). Vice-Bibliothécaire. Vaullegeard. Archiviste Huet (Dr L.). Sont Membres de la Commission d'impression pour l'année 1898 : MM. les Membres du Bureau ; Fayel (Dr), de Formigny de la Londe, Léger, sortant en 1899. LlGNIER, CHEVREL, DUFOUR DE LA THUILLE- rie, sortant en 1900 ; 34^7^- "? Liste générale des Membres de la Société AU 15 AOUT 1898 MEMBRES HONORAIRES (1) Date de la nomination. MM. Barrois (Ch.), professeur à la Faculté des Sciences de Lille (Nord) • . . 1892 Boreux , ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, rue des Écoles, 42, à Paris 1875 Capelli.m, professeur de géologie à l'Université de Bologne (Italie) 1878 Dewalque (Gustave), professeur de minéralogie, géologie et paléontologie à l'Université de Liège (Belgique) 1857 5 Douvillé , professeur de paléontologie à l'École des Mines, boulevard Saint-Germain, 207, à Paris . . 1883 Guillouard , professeur à la Faculté de Droit de Caen • . 1890 Hébert ( l'abbé ) , ancien curé de Chausey , à Fécamp ". 1889 Le Jolis , président de la Société des Sciences natu- relles de Cherbourg 1860 Len.mer , président de la Société Géologique de Normandie, au Havre 1860 (1) Les Sociétaires dont le nom est précédé d'un * sont ceux qui ont demandé à recevoir le Bulletin par fascicules trimestriels ; les Membres correspondants dont le nom est précédé d'une m sont ceux qui ont demandé à recevoir les Mémoires. — VI — Date de la nomination 10 NM. Liais (Emmanuel) , ancien directeur de l'Obser- vatoire de Rio-de-Janeiro (Brésil), maire de Cher- bourg 1874 Marsh (Profr), Yale Collège New-Haven, Corn. Etats- Unis 1897 Mceller (de) , professeur de paléontologie à l'Ins- titut des mines à Saint-Pétersbourg (Russie). . . 1878 Nylandek, naturaliste, passage des Thermopyles, 31, à Paris-Plaisance 1861 15 OEhlert (D.-P.), directeur du Musée de Laval. . . 1897 * Sauvage (Dr), directeur du Musée d'Histoire naturelle, à Boulogne-sur-Mer 1883 Toutain, maire de Caen 1898 Vatin, préfet du Calvados 1898 *Villers (Georges de), secrétaire de la Société Acadé- mique de Bayeux 1845 MEMBRES RESIDANTS MM. Adel (Auguste), préparateur de géologie à la Faculté des Sciences, rue des Carmes 1888 Barette (Dr), professeur à l'Ecole de Médecine, place de la République 1890 Beaujolr (Sophronyme), notaire honoraire, trésorier honoraire, rue des Chanoines, 10 1872 Bioot (A.)-, professeur à la Faculté des Sciences, secrétaire, rue de Geôle, 28 1881 5 Blamu.n . répétiteur au Lycée 1897 Bourien.ni: tils, rue de Geôle, 76 ÎX'.U Brasil (Louis), préparateur à la Faculté des Sciences, rue Gémare, 4 1893 Camena d'Almeida, professeur à la Faculté des Lettres, rive gauche du Canal 1892 *Catois (Dr), licencié es sciences, professeur à l'Ecole de Médecine, bibliothécaire, rue Écuyère, 14 . . 1879 — VII — Date de la nomination 10 MM. Chevrei. , docteur es sciences naturelles, chef des travaux de zoologie à la Faculté des Sciences , professeur à l'École de Médecine, rue du Tour- de-Terre, 2 1892 Deimelle, pharmacien de lre classe, président pour 1898, boulevard du Théâtre 1880 Drouet, propriétaire, trésorier, rue Jean-Piomain. 23 1891 * Dufour de la Thuillerie, avenue de Courseullcs. . 1895 Duval (Ach.), propriétaire, rue de Bretagne . . . 1898 15 Fauvel (Albert), avocat, rue d'Auge, 14 1859 Fayel (Dr) , professeur à l'École de Médecine, bou- levard du Théâtre , 6 1859 Frémond (Dr), professeur à l'Ecole de Médecine, rue Guilbert 1898 Gino.\, licencié es sciences naturelles, vice-secré- taire, rue Saint-Pierre, 118 1895 Gosselin (Dr), professeur à l'École de Médecine, rue des Carmes, 10 1878 20 Guillet (Dr), professeur à l'École de Médecine, rue des Carmélites, 28 1891 Hamon (D*) père, rue des Chanoines, 17 1891 Huet (Dr Lucien), professeur adjoint à la Faculté des Sciences, archiviste, rue Grusse 1885 Isoard, place des Petites-Boucheries 1894 *Joyeux-Laffuie (Dr). professeur de zoologie à la Faculté des Sciences, rue Saint-Jean, 135. . . . 1887 25 Mm* Joyeux-Laffuie, rue Saint-Jean, 135 1891 Lanier, imprimeur, rue Guillaume-le-Conquérant, 1 . 1892 Leboeuf , pharmacien de lr° classe , rue Saint- Pierre, 27 1879 Ledard (Baoul), rue de Lisieux 1895 * Léger (L. -Jules) , docteur es sciences naturelles ; chargé de conférences à la Faculté des Sciences, place Saint-Martin, 18 1887 30 Levillain, étudiant à la Faculté des Sciences . . 1898 'Lignier (Octave) , professeur de botanique à la Faculté des Sciences, rue Basse, 70 1-887 — VIII — Date de la nomination MM. Marie (Almyre), ancien pharmacien, rue de Bre- tagne, 98 . 1882 Matte, répétiteur au Lycée 1898 Moutier (Dr), professeur à l'École de Médecine, vice- président pour 1898, rue Jean-Romain .... 1870 35 Mullois, pharmacien, rue Saint-Pierre, 41. . . . 1882 Netreneuf, professeur à la Faculté des Sciences, rue Saint-Martin ,82 1870 Noury (Dr), professeur à l'Ecole de Médecine, rue de l'Arquette 1896 Osmont (Dr) , professeur à l'École de Médecine, rue Jean-Romain, 40 1896 Pbtit-Jeak , rue de l'Arquette, 70 1897 40 Ravenel (Jules), propriétaire, rue des Carmé- lites, 18 1875 Renémesnil P. de), chef de division à la Mairie, rue de l'Église-Saint-Julien, 12 1870 Sauvage, préparateur à la Faculté des Sciences . . 1898 Sohier, préparateur à l'Ecole de Médecine .... 1898 Tison, préparateur de botanique à la Faculté des Sciences, vice-bibliothécaire, place Saint-Sauveur, 32 1895 45 Vaullegeakd (Ach.) , licencié es sciences physiques et naturelles, rue aux Juifs 1891 MEMBRES CORRESPONDANTS MM. Ankraï abbé , curé de Saint-Cyr, près Montehourg (Manche 1895 n,*ArrEitT ; .Iules ) . membre de plusieurs Sociétés savantes, à Fiers Orne) 1887 "Balle Emile), place Saint-Thomas, 11. a Vire (Calvados) 1891 Bansard des Unis, député, maire de Bellême (Orne). 1888 5 Barbé (Charles), médecin à Alençon 1888 — IX — Date de la nomination MM. Barré (Edmond), docteur-médecin, rue de Saint- Pétersbourg:, 45, Paris 1877 Beaumont (Félix-Elie de), ancien procureur de la République, 11 bis, rue Jean Migault , Niort (Deux-Sèvres) 1877 Bizet, conducteur principal des Ponts et Chaussées, à Bellème (Orne) 1885 Blier (Paul), professeur, au Lycée de Coutances (Manche) 1880 10 m Bonnechose ( de ) , rue Franche, 13, à Bayeux (Calvados) 1891 Boudiek (Emile), pharmacien, rue de Grétry, 20, à Montmorency (Seine-et-Oise) 1876 Bougon, docteur-médecin , 45 , rue du faubourg- Montmartre, à Paris 1872 Boutillier, géologue, à Ronchçroljes, par Darnétal (Seine-Inférieure) 1866 m Brongniart (Charles) , assistant d'Entomologie au Muséum d'Histoire naturelle, rue Linné, 9, à Paris. 1869 15 * Bureau (Ed.), professeur au Muséum, quai de Béthune, 24, à Paris 1858 Butel, pharmacien, conseiller général, à Honfleur (Calvados) 1892 Canivet, conseiller général de l'Orne, maire de Chambois, 11, boulevard Magenta, Paris. . . . 1872 Cardine, pharmacien à Courseulles . . . . . . 1875 Chedeau, avoué à Mayenne 1894 20 Chédeville, ingénieur de la Compagnie de l'Ouest à Gisors 1896 Chevalier, attaché au laboratoire du Muséum. . . 1894 "Contades (comte de), au château de Saint-Maurice, par La Ferté-Macé (Orne) 1892 m * Corbière, professeur au Lycée, rue Dujardin, 30, à Cherbourg (Manche) 1887 Cousin, propriétaire, à Domfront 1897 25 Créances (J.-B.), principal du Collège Paul-Bert, à Auxerre (Yonne) 1886 30 — X — Date de la nomination MM. *I)vMiK.vi(i), professeur a la Faculté des Sciences de Poitiers ( Vienne) -1883 Delaunay (Ernest), conseiller général de la Séine- Inférieure, à Fécamp (Seine-Inférieure) .... 1890 Delà vigne, pharmacien de 1" classe, au Mans. . . 1894 DEHAONT, négociant, maire d'Isigny (Calvados) . . 1882 •Diavet (l'abbé Félix), curé d'Urou el Grennes, par Argi n ta h (Orne) 1879 Dollpus (Gustave), ancien présidenl de la Société géologique de France, nie de Chabrol, 45, à Paris. 1873 »*Duboscq (Dr), chef de travaux à la Faculté des Sciences de Grenoble 1894 Duquesne, pharmacien h Saint-Philbert, par Mentfort- sur-Risle (Eure) 1873 Duket, professeur ;i la Faculté libre de Médecine de Lille (Nord) 1870 35 °> Dutot, greffier du Tribunal de Commerce à Cher- bourg (Manche) 1883 Faovel , notaire à Lessay (Manche) 1896 m*F.\uvEL (P.), docteur es 'sciences naturelles, chef des travaux à l'Université, 15, rue Gutenberg, Angers. 1894 Fleuwot (Dr), conseiller général du Calvados, a Lisieux (Calvados) 1873 Fontaine, naturaliste, a la Chapelle-Gauthier, par Broglie (Eure). : 1881 40 >» Fortin (Raoul), rue du Pré, 24, à Rouen (Seine- Inférieure) 1874 FOUCHER, rue de la Véga, 17 et 19, à Paris. . . . 1871 Frébet (l'abbé), professeur au Petit-Séminaire de la Ferté-Macé (Orne) 1881 'Gadeai de Kerville, homme de sciences, rue Dupont, 7, à Rouen (Seine-Inférieure) .... 1888 Gahéry, receveur municipal à Lisieux (Calvados). . 1864 45 Gervais . secrétaire de l'Inspection académique ù Evreux i Eure 1875 Gossard (Emile), professeur a la Faculté îles Sciences •de Bordeaux 1887 — XI — Date de lu nomination MM. Gugrin, agent-voycr, â Sées (Orne) 1889 m*Gi;ÉKiN (Charles), propriétaire, à Mesnil-Thébault, par Isigny-le-Buat (Manche) 1890 Guerpel (de), au château de IMainville, par Mézidon (Calvados) 1894 50 Gutti.n (l'abbé) curé de Saint-Didier-des-Bois, par La Haye-Malherbe (Eure) 1892 m * Hauville (Emile), ingénieur civil, 1" adjoint au maire de Condé-sur-Noireau (Calvados) .... 1893 Hommey, médecin, conseiller général, à Sées (Orne). 1858 Hommey (Joseph), docteur-médecin, à Sées (Orne). . 1881 Hoschedé, â Giverny, par Vernon (Eure) 1896 55 Holel, ingénieur des Arts et Manufactures, à Condé- sur-Noireau, (Calvados). 1890 Hue (l'abbé), 104, rue de Cormeilles, à Levallois- Perret (Seine) 1894 Huet (Dr), rue Jacob, 21, à Paris 1879 "Husnot, botaniste, à Cahan, par Athis (Orne). . . 1864 Jouan, capitaine de vaisseau en retraite, 18, rue Bondor, à Cherbourg (Manche) 1874 60 Jouvin, pharmacien, à Condé-sur-Noireau (Calva- dos) 1875 Lacaille, naturaliste, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Bolbec (Seine-Inférieure) 1869 Langlais, professeur départemental d'Agriculture, à Alençon (Orne) 1883 Leboucher, pharmacien, 91, Grande-Rue, â Alençon (Orne) 1886 m Le Canu, pharmacien, à Carentan (Manche) . . 1889 65 Leclerc (Dr), rue du Château, 1, â Saint-Lo . . . 1883 'Lecoeur, pharmacien à Vimoutiers (Orne) .... 1880 Mm° Lecoeur, à Vimoutiers 1891 MM. Lecointe, professeur â l'Ecole normale d'Evreux. . 1892 Le Covec, directeur des postes et télégraphes, â Rennes (llle-et-Vilaine) 1873 70 Lemarchand (Augustin), négociant, rue des Chartreux, â Petit-Quevilly (Seine-Inférieure) 1888 — XII — Date de la nomination MM. Lemarchano, médecin principal de l'armée, en retraite, à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales). 1866 Le Meulais, professeur au collège de Sillé-le-Guil- laume (Sarthe) 1892 Lemée, bibliothécaire de la Société d'horticulture à Alençou 1896 Lepetit (Jules), pharmacien à Carentan 1893 75 Leroy (Ovide), négociant, conseiller d'arrondisse- ment, à Bellème (Orne) 1888 m * Letaco (abbé Arthur), aumônier des Petites Sœurs des Pauvres, rue du Mans, 105 bis, à Alençou (Orne) 1871 Leva vasseur, ancien pharmacien, à Bures (Calvados). 1875 Lodin, professeur à l'Ecole des Mines, avenue du Trocadéro, 4, à Paris 1875 m Loriol (de), géologue, à Frontenex, près Genève (Suisse) 1869 80 Loutreuil, Prentchintska, 17, Moscou 1897 Macé (Adrien), négociant, rue de la Duchée, 28, à Cherbourg (Manche) 1884 Hahec , vice-président de la conférence Ampère, avenue du Maine, à Paris 1896 Malinvaud (E.), secrétaire général de la Société botanique de France 1864 Marchand (Léon), professeur à l'Ecole supérieure de pharmacie, docteur en médecine et es sciences na- relles, à Thiais, par Choisj Seine) 1868 85 Marlé, propriétaire, rue Blomet, 166, à Paris . . . 1881 Martel, directeur de l'École primaire supérieure et professionnelle, rue Saint-LÔ, 22, à Rouen (Seine- Inférieure) 1891 'Martin (Auguste), commis principal des services administratifs de la marine, lî, rue Notre-Dame, à Cherbourg 1895 "Maiiuit. pharmacien, à Valognes Manche) . . 1891 Min \., ii; Raphaël . industriel. ;'i IJeaufai, par Aube (Orne) 1889 — XIII — Date de la nomination 90 MM. 'Michel, agent-voyer, à Evrécy (Calvados) . . . . 1887 Milne-Edwards (Alph.), membre de l'Institut, direc- teur du Muséum d'histoire naturelle, rue Guvier, 57, à Paris 18C4 Moisy, ancien notaire, boulevard de Pont-1'Evêque, à Lisieux 1896 Mouton, pharmacien, à May-sur-Orne (Calvados) . . 1896 Niel, botaniste, rue Herbière, 23, à Rouen. 95 Pellerin (Albert), ancien magistrat, à Cintheaux, par Bretteville-sur-Laize (Calvados) 1887 Pelvet, docteur-médecin, à Vire. ...... 1883 Perrier (Henri), propriétaire, à Champosoult (Orne). 1879 Pierre (Dr), à Briouze (Orne) 1892 'Pillet, professeur au Collège de Bayeux (Calvados). 1887 100 *Piquot (Alphonse), propriétaire, à Vimoutiers (Orne). 1883 Pontus, négociant, rue Louis XVI, Cherbourg . . . 1889 Porquet (Dr), à Vire 1897 Potier de Lavarde (Robert), au château de Lez- Eaux, par Saint-Pair (Manche) 1895 Renault (Bernard), aide-naturaliste au Muséum, pro- fesseur de Paléontologie végétale, rue de la Collé- giale, 1, à Paris . ■ 1885 105 Renault, professeur de Sciences physiques et natu- relles au Collège de France 1881 Renémesnil (G. de), professeur au Collège Stanislas, rue Notre-Dame-des-Champs, 66, à Paris. . . . 1882 Retout, professeur au Collège de Domfront (Orne) . 1871 Richer (l'abbé), curé de la Rouge, par le Theil (Orne) 1881 Sausse (Georges), enseigne de vaisseau, rue Crusse, 4, à Caen . 1890 110 Tavigny, propriétaire, à Bayeux (Calvados). . . . 1879 Tétrel, inspecteur de l'enregistrement en retraite, à Louviers 1896 Thériot, directeur de l'Ecole primaire supérieure, rue Dicquemare, au Havre (Seine-Inférieure) . . 1890 Tiiiré (Ath.), ingénieur des mines, Capella nova do Betim, Minas Génies (Brésil) 1877 y *•«. - — XIV — Date de la nomination MM. Toussaint (l'abbé), curé de Bois-Jérôme , pai Vernon (Eure) 1890 115 "Tranchant), professeur au Collège de Lisieux (Calvados) 1887 TOROIS (Dr), sénateur, conseiller généial, à Falaise (Calvados) 1886 Vauclin (Dr), conseiller général, au Chalange, par Courtomer (Orne) 1891 Vaullegeakd (Dr), à Condé-sur-Noireau (Calvados). 1893 Zlrcher, ingénieur des Ponts et Chaussées, boulevard Sainte-Hélèner 85, au Mourillon , à Toulon (Var) . 1893 Nota. — Prière à MM. les correspondants de rectifier, s'il y a lieu, la date de leur nomination et leur adresse. LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES ET ÉTABLISSEMENTS AVEC LESQUELS LA SOCIÉTÉ FAIT DES ÉCHANGES DE PUBLICATIONS =xx>§§oo<= France 1. Alpes-Maritimes. Marseille. — Musée colonial. 2. Aube. Troyes. — Société académique d'Agricul- ture, Sciences et Arts de l'Aube. 3. Calvados. Caen. — Année Médicale de Gaen. 4. id. Caen. — Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres. 5. id. Caen. — Société d'Horticulture. 6. Côte-d'Or. Dijon. — Académie des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Dijon. 7. id. Se/nur. — Société des Sciences histo- riques et naturelles de Semur. 8. Creuse. Guéret. — Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse. 9. Deux-Sèvres. Pamproux. — Société Botanique des Deux-Sèvres. 10. Eure. Evreux. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts de l'Eure. 11. Gard. Nîmes. — Société d'étude des Sciences natu- relles de Nîmes. 12. Garonne (Haute-). Toulouse. — Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse. — XVI — 13. Garonne ( Haute- ). Toulouse. — Société des Sciences physiques et naturelles de Toulouse. 14. id. Toulouse. — Société française de bota- nique. 15. Gironde. Bordeaux. — Société Linnéenne de Bor- deaux. 16. id. Bordeaux. — Société des Sciences phy- siques et naturelles de Bordeaux. 17. Hérault. Béziers. — Société d'étude des Sciences naturelles de Béziers. 18. id. Montpellier. — Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier. 19. Ille-et-Vilaine. Rennes. — Société scientifique et médicale de l'Ouest. 20. Isère. Grenoble. — Société de Statistique des Sciences naturelles et des Arts de l'Isère. 21. Loire-Inférieure, Nantes. — Société des Sciences naturelles de l'Ouest de la France. 22. Maine-et-Loire. Angers. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers. 23. id. Angers. — Société d'Etudes scientifiques d'Angers. 24. id. Angers. — Société Industrielle d'Angers. 25. Manche. Cherbourg. — Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg. 26. Marne. Vitry-le-François. — Société des Sciences et Arts de Vitry-le-François . 27. Meurthe-et-Moselle. Nancy. — Société des Sciences de Nancy (Ancienne Société des Sciences naturelles de Strasbourg). — XVII — 28. Meuse. Verdun4 — Sociélé Philomatique de Ver- dun. 29. Nohd. Lille. — Sociélé Géologique du Nord. 30. id. Lille. — Revue biologique du Nord de la France, rue Nicolas Leblanc, 25. 31. Orne. Alençon. — Société Historique et Archéolo- gique de l'Orne. 32. Pyrénées ( Hautes- ). Bagnères-de-Bigorre. — So- ciété Raniond. 33. Pyrénées-Ohientales. Perpignan. — Société Agri- cole , Scientifique et. Littéraire des Pyrénées-Orientales. 34. Rhône. Lyon. — Société d'Agriculture , Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon. 35. id. Lyon. — Académie des Sciences, Arts et Relies-Lettres de Lyon. 36. id. Lyon. — Comité des Annales de l'Uni- versité de Lyon (Bibliothèque Univer- sitaire, quai Claude Bernard). 37. id. Lyon. — Société Linnéenne de Lyon. 38. Saône-et-Loike. Mdcon. — Académie de Mâcon. 39. id. Autun. — Société d'Histoire naturelle d'Autun. 40. Sarthe. Le Mans. — ■ Société d'Agriculture, Scien- ces et Arts de la Sarthe. 41. Seine. Paris. — Société Zoologique de France (7, rue des Grands-Augustins). 42. id. Paris. — Sociélé Mycologique de France (84, rue de Grenelle). 43. id. Paris. — Société Rotanique de France (84, rue de Grenelle). R 45. id. 46. id. 47. id. 48. id. 49. id. — XVIII — 44. Seine. Paris. — Société Géologique de France (7, rue des Grands-Augustins). Paris. — Ecole Polytechnique. Paris. — Ecole des Mines. Paris. — Société Pliilomalique de Paris (7, rue des Grands-Augustins). Paris. — La Feuille des Jeunes Natura- listes (35, rue Pierre-Charron). Paris. — Revue des Sciences naturelles de l'Ouest (14 , boulevard Saint -Ger- main). 50. id. Paris, — Muséum d'histoire naturelle. 51. id. Paris. — Ministère de l'Instruction pu- blique. — Revue des travaux scienti- fiques. 52. id. Paris. — Ministère de 1 Instruction pu- blique. — Bulletin des Bibliothèques et des Archives. 53. id. Paris. — Bulletin Scientifique de France et de Belgique (14, rue Stanislas). 54. Seixe-Inféhieuke. Le Hctvre. — Société Géolo- gique de Normandie. 55. id. Rouen. — Académie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen. 5(>. id. Rouen. — Société centrale d'Agriculture de la Seine-Inférieure. 57. id. Rouen. — Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen. 58. id. Elbeuf. — Société d'études des Sciences naturelles d Elbeuf. 50. Somme. Amiens. — Société Linnéenne du Nord de la France. — XIX — 60. Vienne (Haute-). Limoges. — Revue scientifique du Limousin (dir. M. Le Gendre). 61. Vosges, Saint-Dié. — Société Philomatique Vos- gienne. 62. Yonne. Auxerre. — Société des Sciences histo- riques et naturelles de l'Yonne. Tunisie 63. Tunis. Institut de Carthage. Alsace-Lorraine 64. Strasbourg. Botanische Zeitung (Dir. Dr Solms Laubach). 65. Metz. Académie de Metz. 66. id. Société d'Histoire naturelle de Metz (25, rue de l'Évêché). Allemagne 67. Berlin. Berliner entomologische Zeitschrift. 68. id. Neues Jahrbuch fur Géologie und Miné- ralogie, Johachimsthalerstrasse, 11, Ber- lin W. (Dir. M. W. Dames). 69. id. K. Preussische Akademie der Wissen- schaften. 70. id. Deutsche Geologische Gesellschaft, Invali- denstrasse, 44. 71. id. Musée de Zoologie. 72. Brème. NaturwissenschaftlicherVerein zuBremen. 73. Breslau. Beitrage zur Biologie der Pflanzen (Dr Cohn, 26, Schweidnitzer Sladtgraben). — XX — 74. CASSEL.BotanischesCentralblatl(Dir.Drd'Uhhvorm). 75. Francfobt-sur-Mein, Senckenbergische Naturfor- schende Gesellschaft. 76. Francfort-s-Oder. Naturwissenschaftlicher Verein fur den Regierungsbezirk Francfurt a. Oder. 77. Fribourg-en-Brisgau (G. D. de Bade). Naturfor- schende Gesellschaft. 78. Friednau (bei Berlin). Just's botanische Jahrcsbe- riehte, Saarstrasse (DrE. Koehne, dir.). 79. Giessex. Oberhessische Gesellschaft fur Natur-und Heilkunde. 80. Hambourg. Naturwissenschaftlicher Verein zu Hamburg. 81. Ibna. Ienaische Zeitschrift fur Naturwissenschaft. 82. Kœnigsberg. K. physikalisch -okonomische Ge- sellschaft zu Kônigsberg. 83. Leipzig. Zoologische Anzeiger (Dir. Dr Garus). 84. Munich. K. Bayerische Akademie der Wissen- schaften zu Mûnchen. 85. id. Bayerische botanische Gesellschaft. 86. Munster. Westfâlischer Provinzialverein furWis- senschaft und Kunst. 87. Stuttgart. Verein fur vaterlandische Naturkunde in Wurtemberg. Australie . id. Manchester Geological Society. Indes Anglaises 147. Calcutta. Geological Survey of India. 148. id. Asiatic Society of Bengal. Italie 149. Bologne. R. Academia délie Scienze dell' Istituto di Bologna. 150. Florence. Societa Entomologica Italiana. 151. id. Societa Botanica Italiana. 152. id. Bibliolheca nazionale centrale di Firenze (Bolletino délie publicazioni italiani). 153. GÊNES. Museo civico di Storia nalurale di Ge- nova. L54. id. Malpighia (0. Penzig, à l'Université). 155. Parme. Nuova Notarisia (de Toni, au Jardin bota- nique de l'Université). 15G. Rome. B. Instituto botanico di Roma. 157. id. Societa romana per gli Studi Zoologici. 158. id. B. Comitato Geologico d'Italia. 159. id. Beale Académie dei Lincei. XXV — Luxembourg 160. Luxembourg. Institut Grand-Ducal de Luxem- bourg. 161. id. Société de Botanique du Grand-Duché de Luxembourg. Mexique 162. Mexico. Sociedad cientifioa Antonio Alzate. 163. id. Observatorio meteorologico central. 164. id. Instituto geologico. Portugal 165. Coïmbre. SociedaJa Brotenaria. 166. Lisbonne. Commisào dos trabalhos geologicos de Portugal. 167. Porto. Annaes de Sciencias naturaes (dir. M. Aug. Nobre). Russie 168. Helsingfors. Société des Sciences de Finlande (Finska Vetenskaps Societeten). 169. id. Societas pro Fauna et Flora fennicae. 170. Kiew. Société des Naturalistes de Kiew. 171. Moscou. Société impériale des Naturalistes de Moscou. 172. Odessa. Société des Naturalistes de la Nouvelle- Russie. — XXVI — 173. Saint - Pétersbourg. Académie impériale des Sciences. 174. id. Comité géologique. 175. id. Société entomologique russe. Suède et Norwège 176. Christiania. Université. 177. Lund. Universitas Lundensis. 178. id. Botaniska Notiser (Dr Nordstedt). 179. Stockolm. Kœngliga Svenska Akademien. 180. id. Entomologiska Fôreningen (94 , Drott ninggatan). 181. Upsal. Societas Scientiarum Upsalensis ( K. Wetenskaps Societel). 182. id. Université. Suisse 183. Berne. Schweiz. Naturlorschende Gesellsehalt. 184. id. Naturlorschende Gesellschaft in Bern. 185. id. Société entomologique Suisse. 180. Chambézy. (près Genève). Herbier Boissier (M. Autran, conservateur). 1S7. Genève. Société de Physique et d'Histoire natu- relle. 188. Lausaxk. Société vaudoise des Sciences naturelles. 189. Neufchatel. Société des Sciences naturelles de Neufchâtel. Urugay 190. Montevideo. Museo nacional (l)ir. Arechavaleta). PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES SÉANCE DU 10 JANVIER 1898 Présidence de M. Drouet, puis de M. Demelle La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Adel, S. Beaujour, Bigot, Blandin, Brasil, Dr Catois, Chevalier, Demelle, Drouet, Dr Fayel, Dr Gidon, Léger, Lignier, Dr Moutier, Dr Noury, Bavenel, de Benémesnil, Tison, Vaulle- geard. Le procès-verbal de la séance de décembre est lu et adopté. Le Président fait part du décès de MM. Labbey et Monod, membres correspondants. Les regrets de la Société seront consignés au procès-verbal. Le Président annonce la démission de MM. Gou- verneur et Le Blanc-Hardel. Le Secrétaire communique une lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique demandant à la Société de lui faire connaître les noms des délégués de la Société au prochain Congrès de la Sorbonne et les titres des communications que ces délégués doivent présenter. Se font inscrire : MM. Lignier pour une commu- nication sur l'anatomie du Platr/lcpis ; Chevalier, pour exposer ses recherches sur le Myrica, et Bigot pour répondre à la 5° question du programme de la — XXX — sections des Sciences (Age du creusement des val- lées). Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont passés en revue. M. Bigot attire l'attention sur les travaux suivants dans le 17lh Ann. Rep1 of U. S. G. Survey, partie II: G.-K. Gilbert. — The underground waters of the Arkansas Valley in East Colorado. N.-H. Darlton. — Prcliminary report on Artesian wells of portion of the Dakotas. Fr. Leverett. — The water resources of Illinois. M. Drouet fait remarquer l'importance qu'attachent les Américains à ces questions d'hydrologie. M. le D' Gidon offre à la Société un exemplaire de sa thèse de doctorat en médecine. Le Secrétaire annonce que la Ville ayant eu hesoin pour agrandir l'Ecole de la rue de GecMe de la salle qu'elle avait concédée à la Société pour y placer sa Bibliothèque, la Commission d'impression a pensé que, pour éviter des déménagements aussi fréquents, il serait hon de nous installer dans un local loué par nous, et pour faire face au surcroit de dépenses causé par cette location de demandera la Ville une subvention de 300 fr. Cette subvention nous a été accordée et nous cherchons maintenant un local. La Société ratifie ces décisions et donne pouvoir à la Commission d'impression pour faire les démarches nécessaires. M. Bigot communique les comptes du Trésorier, dont il a fait l'intérim depuis le r> mars 1897. Ces comptes sont examinés et approuvés par MM. Soph. Beaujour et Dr Fayel. — XXXI — Le Secrétaire fait connaître la composition de la Société au 10 janvier 1898. Les membres honoraires sont au nombre de 16, les résidants au nombre de 45, les correspondants au nombre de 127, en tout 183, au lieu de 188 en 1897. Sont présentés comme membres honoraires par la Commission d'impression : MM. Vatin, préfet du Calvados ; Toutain, maire de Caen. Comme membre résidant : M. Achille Duval, propriétaire, rue de Bretagne, à Caen, par MM. Dr Catois et Bigot. Est élu comme membre honoraire : M. le P1' Marsh, Yale Collège, New-Haven, Con- necticut. Il est procédé aux élections pour le renouvellement du bureau et le remplacement de trois membres de la Commission d'impression sortant en 1898 (Voir le résultat du scrutin, page 3). M. Demelle remercie la Société de l'honneur qu'elle lui a fait en l'appelant à la présidence. M. le Dr Moutier présente des Silex Chelléens re- cueillis par son fils dans les carrières de Chelles. M. Bigot fait une communication préliminaire sur les dépôts pléistocèmes de la vallée de l'Orne à Feu- guerolles et Bully, et montre qu'on peut reconnaître entre Maltot et Amayé plusieurs anciens cirques de l'Orne à plus de 15'» au-dessus du niveau actuel de — XXXII — la rivière. Ces cirques aujourd'hui en partie comblés par des limons et des graviers correspondent à une ancienne phase de creusement. Au sommet de ces limons , M. Bigot a recueilli quatre instruments chelléens de petite taille parfaitement typiques, iden- tiques à ceux que M. Michel, d'Evrecy, a recueillis à la surface du sol, près de la Groixdes Filandriers, sur Esquay-Notre-Dame. Les limons des environs de Caen qui ont fourni déjà une faune contemporaine de lElcphas primigcnius renferment l'industrie carac- téristique de cette époque. M. Bigot, en présentant ces Silex Chelléens, montre également une hache néolithique trouvéeàCormelles par M. Pagny fils. M. le D1' Moutier cite quelques localités, Saint- Sylvain, Cesny-aux- Vignes, Percy, le Marais des Ter- riers où on a trouvé des pièces préhistoriques et désirerait qu'on dressât la statistique de ces trou- vailles. M. Chevalier fait une communication Sur la cas- tration des plantes par le froid et sur la Cleistogamie hivernale (Voir 2e partie du Bulletin). M. Drouet continue la lecture de ses Impressions de voyage en Russie. A 10 heures 1/2, la séance est levée. SÉANCE DU 7 FÉVRIER Présidence de M. Demelle, président La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Bigot, Dr Gatois, Chevrel, Demelle, Drouet, D1' Gidon, Marie, Dr Moutier, Dr Noury, de Renémesnil, de la Thuillerie, Tison, Vaullegeard. Le procès-verbal de la séance de janvier est lu et adopté. Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont passés en revue. Le Secrétaire attire l'attention sur un important envoi du Geological Survey des Etats- Unis qui, sur la demande de M. Bigot, nous adresse maintenant, en plus de ces Rapports annuels, son Bulletin et ses Monographies. Le Secrétaire annonce que la Ville ayant accordé une subvention de 300 fr. à la Société, la Commis- sion d'impression s'est mise en quête d'un local pour y installer notre Bibliothèque et pouvant, le cas échéant, servir de lieu de réunion. Le local proposé ne semblant pas réunir les conditions dési- rables on décide d'en chercher un autre et le Secré- taire ayant fait observer qu'il y a urgence à sortir du désarroi actuel, la Commission d'impression reçoit pleins pouvoirs pour terminer cette affaire. C — XXXIV — Sont élus à la suite des présentations faites dans la dernière séance. Membres honoraires : MM. Vatin, préfet du Cal- vados, Toutain, maire de Gaen. Membre résidant : M. Achille Duval, propriétaire à Gaen. M. Bigot annonce que M. Marsh vient de faire don au Muséum de Yale Collège de ses collections scien- tifiques. M. Drouet termine la lecture de ses impressions de voyage en Russie. M. le D1 F. Gidon présente des frandes de Scolo- pendrium vulgare bipartites. A 9 heures 1/2 la séance est levée. SÉANCE DU 7 MARS Présidence de M. Demelle, président La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Adel, Bigot, Blandin, Dr Catois, Ghevrel, Duval, Drouet, Demelle, Dr F. Gidon, D1' Noury, Ravenel, de !a Thuillerie, Vaullegeard. Le procès-verbal de la séance de février est lu et adopté. MM. Vatin, préfet du Calvados, et Toutain, maire de Caen, remercient la Société du titre de membre honoraire qu'elle leur a conféré. M. le Dr Catois offre une note sur la Névroglie de V encéphale des Poissons. Le Secrétaire fait connaître qu'à la suite des pou- voirs conférés à la Commission d'impression, celle-ci a arrêté la location d'un appartement situé impasse de la Fontaine, 7, au prix annuel de 400 fr., avec bail de 9 ans, pour y installer la Bibliothèque. Une des pièces pourrait être utilisée pour les réunions. Il est convenu que si le local est prêt pour le com- mencement d'avril, la prochaine séance y sera tenue à titre d'essai. — XXXVI — Sont présentés comme membres résidants : MM. Levillain, étudiant à la Faculté des Sciences, par MM. Vaullegeard et Gidon, Matte, répétiteurau Lycée, par MM. Blandin et Gidon, Sauvage, prépa- rateur de chimie à l'Université, par MM. Tison et Vaullegeard. M. le Dr Catois fait une communication sur l'En- céphale des poissons. Accessoirement il signale l'abondance, 75 fois sur 100, des distomes enkystés dans la cavité crânienne de l'anguille. M. le D'Gidon présente de nouvelles Scolopendres bipartites. M. Bigot présente un squelette de Sphenodon punctatum nouvellement acquis par la collection paléontologique de la Faculté et donne quelques détails sur l'ostéologie des Rbynchocéphales, leurs représentants fossiles et l'importance de ce groupe pour la phylogénie des Reptiles. A 9 heures 1/2, la séance est levée. SEANCE DU 4 AVRIL Présidence de M. Drouet, puis de M. Demelle La séance est ouverte à 8 heures 1/2. Sont présents : MM. Bigot, Blandin, Dr Gatois, Demelle, Drouet, Duval, Lignier, Dr Gidon, DrNoury, Dr Osmont, Bavenel. Le procès-verbal de la séance de mars est lu et adopté. Communication est donnée de la correspondance qui comprend : Une lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique avisant la Société qu'il lui accorde une subvention de 400 fr. à titre d'encoura- gement à ses travaux. — Le comité des Assises de Caumont meta la disposition de la Société Linnéenne 10 exemplaires des Comptes rendus du Congrès de Bouen et des Bapports publiés à cette occasion. — La Société scientifique et médicale de l'Ouest, à Bennes, le Musée de zoologie de Berlin demandent l'échange de leurs publications avec la Société Linnéenne, — propositions renvoyéesà la Commission d'impression. L Intermédiaire des biologistes demande qu'il lui soit adressé un sommaire des communications faites à notre Société ; accordé. M. le Dr Catois offre à la Société de la part de l'auteur, l'ouvrage suivant : Dr Porquet, La Peste en Normandie du XIVe au XVIIe siècle. — XXXVIII — Le Secrétaire annonce que deux fascicules des Mémoires sont prêts à distribuer. La Société s'occupe du choix de la ville où doit être tenue la réunion annuelle. Elle admet en prin- cipe une réunion dans la Manche, soit dans la région de Portbail soit à Cherbourg. La résolution définitive sera prise à la séance de mai. A la suite des présentations faites dans la séance de mars sont élus membres résidants : MM. Levillain, étudiant à la Faculté des Sciences ; Matte, répétiteur au Lycée de Caen ; Sauvage, préparateur de chimie à la Faculté des Sciences. Est présenté comme membre résidant : M. le Dr Frémond, professeur suppléant à l'Ecole de Médecine, par MM. Bigot et Mullois. M. Lignier analyse un mémoire de M. Charles Guérin, intitulé « Observations biologiques sur le Gui » et en demande l'impression dans le Bulletin. (Voir 2e partie du Bulletin.) M. le Dr Noury signale les propriétés abortives du gui. On tire au sort les exemplaires adressés par le Comité des Assises de Caumont. A 10 heures la séance est levée. SEANCE DU 2 Présidence de M. Demelle, président La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Bigot, Blandin, Demelle, Drouet, Dr Fayel, Dr F. Gidon, Léger, Sauvage, Matte, Vaullegeard. Le procès-verbal de la séance de mars est lu et adopté. Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont déposés sur le bureau. Ils comprennent, offerts par leurs auteurs : Abbé Hue, Lichens (extrait du catalogue raisonné des plantes cellulaires de la Tunisie). — Quelques lichens nouveaux (extrait du Bull. Société botanique de France, XLIV). — Les Ramalina à Richardmesnil (Meurthe-et- Moselle) (extrait du Journal de botanique, t. XII). Gadeau de Kerville, Faune de la Normandie, fascicule IV. L'Institut colonial de Marseille adresse le tome XII de ses Annales et demande l'échange. — Benvoyéàla Commission d'impression. L'Université de Toulouse en adressant son Bulle- tin demande également l'échange. Le Secrétaire fait observer que ce Bulletin, continuation de celui publié par la Société franco-hispano-portugaise, ne — XL — contient que des actes administratifs de l'Université et propose de refuser l'échange. Adopté. La Commission d'impression est d'avis d'accorder l'échange demandé par le Muséum d'histoire natu- relle de Berlin et la Société d'études scientifiques et médicales de l'Ouest. Adopté. Le Secrétaire fait part des difficultés d'organiser de Saint-Lo une excursion botanique à Lessay et l'impossibilité d'organiser une excursion géologique intéressante autour de Saint-Lo. Le vote sur la pro- position de la Commission d'impression de tenir la réunion annuelle à Saint-Lo n'ayant pas donné de résultats, le projet est remisa l'étude. M. le Dr Frémond, professeur à l'Ecole de Méde- cine, présenté dans la dernière séance est élu membre résidant. M. Léger indique à la Société qu'il a récemment rencontré dans une prairie humide, à Trois-Monts (Calvados) le Primula vulgaris Ruis,var. caulescens Koch. Il a rencontré la même variété l'année dernière dans la forêt de Grimboscq. M. le DrF. Gidonaobservéà Rocreux, près Thaon, plusieurs pieds à la fois cauloscens et purpurasccns de Primula grandiflora dans un bois qui ne ren- ferme, ces pieds exceptés, que des Primula offici- nalis, d'ailleurs abondants. La question d'hybridité peut dès lors se poser assez naturellement. A Fon- taine-Henry, les Primula grandiflora très nombreux sont en grande majorité purpurascens. — XLI — M. Bigot présente à la Société des moulages récem- ment acquis pour les collections paléontologiques de la Faculté : Bothriolepis Canadensis, poisson placoderme du Dévonien du Canada, face inférieure et supérieure, montrant bien la disposition des plaques de la région antérieure du corps et les organes rameurs. Lariosaurus Balsami, Sauroptérygien primitif du Trias du Lac de Gôme. Geikia Elginensis et Gordonia Traqnairi, dicyno- dontes des grès triasiques d'Elgin. Elginia mirabilis, curieux Pareiasaurien multi- corne du même gisement. Cyamodùs latiçeps , placodonte du Trias de Bayreuth et Meiolonia platiceps, grande tortue pleistocène de l'Australie, au crâne cornu et à la queue enfermée dans un étui comme celle des tatous. M. Léger signale à la Société l'existence dans le cimetière de Grisy d'un vieil If dont le tronc creux et demi cylindrique a 3n40 de tour à environ 1™ du sol; ce tronc aurait donc, s'il était complet, une circonférence d'environ 7m. M. Drouet donne lecture de la traduction d'un travail de M. Fraser sur le caractère archéen de l'axe de la chaîne des Antilles. A 9 heures 1/2 la séance est levée. SÉANCE DU 6 Présidence de M, Moutier, vice-président, puis de M. Demelle, président La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Bigot, Blandin . Brasil, Dr Çatois, Chevrel, Demelle, Dr F. Gidon, Léger, Lignier, Matte, D1' Moutier. Dr Noury, Dr Ostnont, Bavenel, Tison, Vaullegeard. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président fait part à la Société du décès de M. Maurice Hovelacque, membre correspondant, décédé dans la force de 1 âge et du talent. Notre regretté confrère, bien connu par ses travaux d'ana- tomie botanique et de paléontologie végétale, avait inauguré la nouvelle série de nos Mémoires par un important travail sur l'anatomie du Lepidodendron selaginoides ; il avait promis tout récemment au Secrétaire de lui donner la suite prochaine de ce travail qui aurait comme la première partie l'ai! grand honneur à nos publications. La Société s'as- socie aux regrets que cause au monde savant la morl — XLIII — prématurée de Maurice Hovelacque et décide que ces regrets seront consignés au procès-verbal. M. Carez en adressant le tome XIV de son Annuaire géologique annonce qu'il suspend cette publication. Il est regiettable qu'elle n'ait pas rencontré une col- laboration qui eut permis de continuer une oeuvre éminemment utile, on pourrait dire indispensable. La Société scientifique et médicale de l'Ouest, à Rennes, adresse la collection de ses Bulletins parus, en échange de la 4e série de la collection de notre Bulletin, accordée dans la dernière séance. Doréna- vant la Linnéenne échangera ses publications avec la Société de Rennes. La Commission d'impression est d'avis d'accorder l'échange avec le Musée colonial de Marseille, Adopté. Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont passés en revue. Ils comprennent, offerts par l'au- teur : R. Fortin, Extrait des procès-verbaux du Comité de Géologie de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen. — Compte rendu de la réunion de la Société Normande d'études préhistoriques à Rouen, 3 octobre 1897. Le Secrétaire donne connaissance du programme de la réunion de la Société à Cherbourg les 15, 16, — XLIV — 17 juillet. — Sur la proposition du Président, des remerciements sont adressés à M. le Directeur de la Gie de l'Ouest qui veut bien, comme les années pré- cédentes, accorder une réduction de 50 % aux membres de la Société. Est présenté pour faire partie de la Société comme membre résidant : M. Sohier, préparateur à l'Ecole de Médecine et de Pbarmacie, par MM. Léger et Gidon. M. Bigot offre au nom de M. D. P. Œhlert et au sien une note sur le massif silurien d'fiesloup et donne connaissance de ce travail à la Société. M. Lignier fait une communication sur VAnatomie du Platylepis micromyela. Sap., Gycadée du Cbar- mouthien de Tournay-sur-Odon; ce travail est destiné aux Mémoires. M. Lignier fait remarquer que le nom générique de Platylepis, donné par de Saporta à l'ancien Cycadeoidéa micromyela répond à une par- ticularité que l'anatomie qu'il a faite montre inexacte et par suite ce nom générique devrait être cbangé. M. Bigot est d'avis que, bien que ne répondant pas à un caractère exact, le nom de Platylepis ne sau- rait être modifié et qu'il y aurait lieu pour éviter des complications de nomenclature de se conformer à la règle qu'un nom générique ou spécifique ne pourra plus, une fois publié, être rejeté pour cause d'impro- priété même par son auteur. — XLV — M. Brasil attire l'attention de la Société sur les dangers que peut causer aux fruits le récent traité de commerce avec l'Amérique; les fruits américains pouvant être contaminés parYAspiUiotus prodigiosus. A 9 heures 1/2 la séance est levée. SÉANCE DU 4 JUILLET Présidence de M. De m elle La se nce est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Bigot, Huet, Lignier, Marie, Ravenel, Vaullegeard. Le Président annonce que depuis sa dernière séance la Société, a eu la douleur de perdre un de ses an- ciens présidents, M. de Formigny de la Londe ; il rappelle quel intérêt M. de Formigny de la Londe portait à la société, à laquelle il a fait don du mé- daillon de la couverture de nos publications. La Société décide que ses regrets seront consignés au procès- verbal. Les ouvrages reçus depuis le dernière séance sont passés en revue. M. Huet présente à la Société la Chrysalide d'un papillon de la famille des Bombycides, le Zeuzera- /Esculi trouvée dans une branche de pommier. Ce papillon est d'un blanc pur, mais constellé de taches d'un beau bleu métallique. — XLVII — Sa chenille à peine éclose traverse l'écorce des ar- bres sur lesquels elle est née, puis, pénètre dans le bois dont elle se nourrit, en y creusant une galerie de dix centimères environ de long sur un peu plus d'un centimètre de diamètre. Elle est jaune et couverte de points noirs. Après un délai inconnu, elle se transforme en une nymphe, dont l'extrémité céphalique est dirigée en bas du côté de l'ouverture de la galerie. Sa couleur est brune, son extrémité antérieure qui est plus foncée, se termine par une rostre ou un bec recourbé en bas. Le bord postérieur de ses anneaux abdomi- naux est épineux. La Chenille et la Chrysalide de la Zeuzera-Msculi ont été vues dans toute l'Europe centrale, sur le Maronnier, l'Orme, le Tilleul, le Bouleau, le Chêne, le Poirier, le Pommier, le Lilas, le Chèvrefeuille, etc. Si la branche attaquée est de faible dimension, on comprend qu'elle ne tarde pas à se dessécher, puis à mourir. M. Chevrel annonce la présence du Monotropa hy- popytis, dans le bois de Grimbosq et du Melampyrum cristatum dans le marais de Plainville. M. Lignier, signale que le Saxifraga tridactylites n'a pas paru cette année sur les murs de Caen, mais que le Centranthus calcitrapa à foisonné. Le même membre, présente une branche d'un Fa- gas laciniata asplenifolia retournant au type pri- mitif sylvatica. Tandis que chez les Eucalyptus, ce, sont les feuilles des branches inférieures qui repren- — xlvhi — nent la forme primitive, dans le hêtre d'où provient l'échantillon, la variation se trouve à deux places, l'une voisine du sommet, l'autre à hauteur d'homme M. Vaullegeard présente des feuilles de Saxi fraya d'un aspect particulier, soit en forme de cornet, soit munies de crêtes sur la nervure médiane. A 9 heures 1/2, la séance est levée. RÉUNION ANNUELLE A CHERBOURG LES 17 ET 18 JUILLET 1898 Vingt membres de la Linnéenne ont pris part à cette réunion : MM. Demelle, président ; Bigot, secrétaire; Drouet, trésorier; Adel, abbé Anfray, Balle, Corbière, Dutot, Léon Fauvel, Pierre Fauvel, abbé Guttin, Hoschedé, Jouan, Le Jolis, Marie, Martin, Moisy, D1' Pierre, Bavenel, Sausse. En somme, par suite de diverses circonstances, le contingent de Linnéens a été plus restreint qu'on ne pouvait le prévoir, et l'intérêt de la réunion aurait été quelconque si un certain nombre de membres des Sociétés savantes de Cherbourg ne s'étaient joints à nous. A cet égard, la réunion de Cherbourg n'a pas été vaine, puisqu'elle nous a permis de constater une fois de plus les sympathies dont bénéficie la Société Linnéenne. Quant aux absents, ils ont eu tort, et tel qui a depuis parcouru la Hague sous la pluie battante, chassée par le vent, ou dans un brouillard quasi- Londonien, peut regretter de n'avoir pas profité du D temps clair et du beau soleil qui n'a cessé, le 15 juillet, de nous prodiguer ses bonnes grâces. Comme l'an dernier à Domfront, le Secrétaire a corsé le programme habituel des réunions d'une conférence publique. Cette conférence, pour laquelle M. Emmanuel Liais, maire de Cherbourg et membre honoraire de la Société, avait bien voulu accorder la salle de l'Ancien Théâtre, a été faite le vendredi 16, à 8 heures 1/2 du soir. En choisissant comme sujet ['Histoire des eaux .souterraines, le Secrétaire se proposait surtout d'attirer l'attention sur l'impor- tance que présentent au point de vue de l'hygiène les conditions de formation et de circulation des nappes aquifères ou des sources, de montrer que ces condi- tions sont déterminées par des facteurs géologiques, que par suite l'hydrologie ne saurait être conçue en dehors de la géologie. La journée du samedi 17 juillet a été consacrée à une excursion dans la Hague, qui réunissait les bota- nistes et les géologues. On trouvera plus loin lecomple-rendu de l'excur- sion botanique que dirigeait M. Corbière. L'étendue de la région parcourue et le peu de temps dont nous disposions ne permettait pas de faire de la Hague une étude approfondie. Tout au moins, le Secrétaire s'est-il efforcé de faire com- prendre la structure de la région et d'appeler l'atlen- tion sur les phénomènes de métamorphisme par les roches éruptives et de dynamométamorphisme. On trouvera d'ailleurs dans le prochain Bulletin une note relative à la géologie de la Hague qui dispense — Ll — de donner ici un compte-rendu des observations géologiques faites entre Landemer et Omonville et entre le sémaphore de Jobourg et Auderville. A 9 heures, le dimanche matin, M. E. Liais nous faisait les honneurs de ses serres et de son jardin ; nous ne renouvellerons pas la description qui en a été donnée en 1884, lors de la précédente réunion de la Société à Cherbourg: l'admiration de ceux qui revoyaient ces merveilles ne le cédait pas à l'enthou- siasme de ceux qui les contemplaient pour la pre- mière fois. Deux heures s'étaient rapidement écou- lées quand il nous a fallu, en prenant congé de notre savant et aimable guide, lui témoigner toute notre gratitude et les regrets que les obligations du maire de Cherbourg nous privent de la présence de M. E. Liais à notre banquet. Ce banquet, dans lequel un grand nombre de membres des Sociétés savantes de Cherbourg s'étaient réunis aux Linnéens, a eu lieu à l'Hôtel de France. Tous les ans, sous la plume du Secrétaire, revient la même expression, toujours aussi vraie que banale; à ce banquet, la plus franche cordialité n'a cessé de régner; nous ajouterons cette fois le plus robuste appétit, rapporté de la course de la veille, et que le dîner d'Auderville n'était pas fait pour calmer. Au dessert, M. Demelle, président, porte le toast traditionnel à la mémoire de Linné. Le Secrétaire remercie d'abord M. Corbière du concours qu'il a prêté à l'organisation de la réunion. Il demande ensuite à la Société de s'associer aux vœux qu'il forme pour la santé de notre confrère — LU — M. Le Jolis, l'un des plus anciens membres de la Société ; ils témoigneront ainsi lapart qu'ils prennent à l'admiration inspirée par l'œuvre de M. Le Jolis, soit par ses travaux de botanique, soit par la Société savante qu'il a fondée à Cberbourg et qui possède l'une des plus riches bibliothèques qui existent. En sortant du banquet, les membres de la Société vont visiter cette bibliothèque de la Société des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbouiuf, qui reçoit les publications de presque toutes les Sociétés scientifiques du monde et possède notam- ment des séries uniques en France. De là on se rend au Musée d'histoire naturelle, à la conservation et à l'accroissement duquel s'est attaché notre confrère M. le commandant Jouan, et on en sort pour se rendre à la séance publique, lixée à 3 heures. SEANCE PUBLIQUE M. Demelle, président, prononce une allocution dans laquelle, après avoir remercié M. le Maire de Cherbourg et les organisateurs de la réunion , il montre de quels progrès la science a fait proiiter l'art pharmaceutique. M. le commandant Jouan, avec la bonne humeur qu'on lui connaît, donne quelques détails sur le Musée d'histoire naturelle que la Société vient de visiter. — lui — M. Pierre Fauvel expose que d'après ses observa- tions les Annélides polychètes décrites sous les noms génériques de Clymenides et Branchiomaldane ne sont pas des genres autonomes, mai? seulement des stades port-larvaires des différentes espèces du genre Arenicola. Par conséquent, ces deux genres doivent disparaître, ainsi que la famille des Clymé- nidiens créée pour les renfermer. M. le Dr Gollignon fait une communication sur l'anthropologie du département de la Manche. Notre nouveau confrère nous a fait espérer pour notre Bulletin un résumé de ses recherches si documentées sur les éléments ethniques de la Manche. M. Bigot présente un résumé des observations géo- logiques qu'il a récemment faites dans la Hague. A 4 heures 1/2, la séance est levée. Compte-rendu des Excursions botaniques DES 15, 16, 17, 18 ET 19 JUILLET 1898 Par l'Abbé Joseph GUTTIN Curé de Montaure Membre correspondant de la Société La Société Linnéenne de Normandie, dont la réu- nion dernière avait eu lieu à Louviers, avait, cette année, convoqué ses membres à Cherbourg, pour l'exploration de la pittoresque région de la Hague. Vendredi 15 Juillet Une arrivée matinale, le 15 juillet, me permit de faire, avec notre excellent maître M. Corbière, une rapide excursion aux rochers du Tronquet. Pendant le trajet, nous recueillons : Anchusa sempervirens L., le long du mur bordant la voie terrée, Umbi- licus pendulinus 1)C, très commun dans les in- terstices des murs et des talus schisteux; X Stachys ambigua Sm., assez abondant; sur les bords de la Divette: GEnanthe crocata L.. remplaçant GE. Phel- landrium des ruisseaux de la Haute-Normandie ; plus loin, quelques échantillons très velus à'Oxalis cor- niculata L. ; Epilobium lanceolatum Seb. et Maur. — LV — et E. montanum L., Androsemwn officinale Ail. ; Scrophularia Scorodonia L., CC. ; Sisymbrium officinale var. leiocarpum DC ; les Rubus Sprengelii W. etN., plieatus W.et N., prolongatus Boul. et L.. multifidus B. et M., Lejolisii Corb. Sur les talus boisés encaissant le sentier : Rosa littoralù Gorb., donnant l'impressisn d'un Rosa to- mentosa à fleurs d'an rose foncé : c'est le Rosa mollissima Fries in Flore de l'Ouest (teste Crépin). « Cette plante que plusieurs auteurs, Koch et Boreau notamment, rapportent au R. tomentosa, me semble constituer une espèce bien distincte. C'est la plus gracieuse des roses de la presqu'île ; son odeur de térébenthine est suave et forte. E. L. ». Annotation du Dr Lebel dans l'herbier Brébisson, conservé à la Faculté des sciences de Gaen ; les échantillons ont été récoltés à Négreville, près de Valognes, sur un coteau boisé, juin 1852. Au pied des rochers du Tronquet, dans les endroits herbeux: Wahlenbergia hederacea Bchb., en com- pagnie de Anagallis tenella L. et Limosella aqua- tica L. ; Yaccinium myrtilliis L. Dans le creux des rochers, le très rare Hymenophyllum tunbrid- gense Sm. L'après-midi, après une longue et intéressante visite à l'arsenal et au port de guerre, M. Guillemot, mon guide bienveillant, me faisait récolter sur les tas de sable de mer : Coronopus didymus Smith, et Agrostis verticillata Vill., espèce méridionale qui paraît bien naturalisée. LVI Samedi 16 Juillet Le lendemain matin, botanistes, zoologistes et géologues, partaient pour l'excursion dans la Hague. Bon nombre de Linuéens étaient présents : M. et Mme Bigot, MM. Adel, Balle, Corbière, Demelle, Drouet, Dutot, Léon Fauvel (de Lessay), Pierre Fauvel, Hoschedé, le commandant Jouan, Marie, Moisy, Dr Pierre, Bavenel, Sausse, abbés Anfray et Guttin, auxquels s'étaient joints : Mlle Beaussieu, M. et Mme Lagarde, MM. Alterner, le commandant de Baissé, Besnier,Besnard, D'Gollignon, LeGarpentier, Lefauconnier, Lhomme, Mesnard, Miette et Nicollet, membres de diverses Sociétés scientifiques de Cher- bourg. Nous partions à 6 heures 1/2 et les breaks nous laissaient au bas du joli petit village de Landemer. Dirigés par notre savant collègue M. Corbière, les botanistes prennent, sur la falaise, le chemin cô- toyant la mer. Dans le compte-rendu de la dernière excursion à Cherbourg en 1884, M. Corbière a donné le « Coup d'œil sur la végétation de la Hague »; je n'ai nullement l'intention de refaire ou de compléter ce magistral travail; mon désir est de donner javec quelques courts détails la liste des plantes que j'ai récoltées moi-môme ou vu récolter par mes collègues. Dans les trous des murs, quelques derniers pieds encore en fleurs deCoe/t/rdria danica L., Umbilicus pendulinus DC. Dans les herbes ou sur les rochers herbeux : Scrophularia Scorodonia L. (CC), Cir- cœa lutetiana L., Fumaria Borœi Jord., une forme — LVII — de Picris hieracioïdes L.,Armeria maritima Willd., Lappa pubens Bor., Silène maritima With., Wah- lenbergia hederacea Ilchb., Sagina subu'lata Presl., Crithmitm maritimum L., Spergularia rupestris Lebel, S. marginata Bor. et 5. rubra Pei^s., Genista tinctoria var. littoralis Gorb., Serratula tinctoria L., Anthémis nobilis DC, Euphrasia gracilis Fr. et E. tetraquetra Arrond., Thnncia arenaria DC. Près de la cabane des douaniers : Lavatera arbo- rea L. et Tamarix anglica Webb. subspontanés ; Carlina vulgaris L. et nombre d'espèces de nos bois calcaires et siliceux. Dans les anfractuosités des rochers rongés par les vagues: A.splenium marinum L. et Daucus gummi- fer Lam. Sur les bords des ruisseaux, tombant à la mer en minces filets ou en petites cascades, nous ré- coltons : Helosciadium ochreatum DC. , Cicendia filiformis Delarb., avec sa petite fleur jaune de crucifère bien ouverte, n' « épanouissant, dit Bu- reau, qu'au milieu du jour et sous un ciel se- rein » (Flor. du cent, de ta France, II, 351, édit. 2); Blechnum spicant Sm., Eqimetum Telmateya Ehrh. Plus loi a : Bêla maritima L., Hydrocotyle vulgaris L., Apium graveolens L., Anagallis tenella L., Scirpus Savii Seb. et M., Daucus gummifer L. et de nombreuses formes de D. intermedius Corb. Ces dernières formes se rapprochent beaucoup de Dau- cus Carota L. annuel, c'est-à-dire des échantillons qui, semés en mars, fleurissent en août, sans donner de racines charnues : il n'y a guère de différence que dans les lobules des feuilles un peu plus larges dans — LVIII — le J). Carota ; le port et le faciès sont les mêmes. Une expérience à faire serait de semer, loin du litto- ral, les graines de Daucus gummifer et de suivre leurs différentes transformations. Partout dans la Hague fleurit en vastes tapis roses la grande rareté de la France, Erythrœa scilloïdes Chaub. Corb. (1), extrêmement abondante ; et nom- breuses furent les boutonnières fleuries de cette charmante Gentianée, l'Edelweiss de la Hague, la plus belle Erythrée de notre flore normande. Nous arrivons sur les falaises de Gréville, tout près de Gruchy, patrie du peintre de VAngehes, Millet, dont la maison est habitée par Mrae Durand (en littérature Henry Gréville). Les voitures, sur la route, reprennent les excursionnistes, pendant que les plus intrépides, M. le commandant Jouan avec eux, continuent à pied à longer les falaises dentelées (50 à 60 mètres de haut), qui s'abaissent çà et là en plis très accusés, formant des courbes gracieuses. Force est, tout en herborisant, d'escalader les petits murs de pierre disposés comme clôture en guise de haies, et cela jusqu'à Onionville-la-Rogue. A mesure qu'on avance, la végétation change : plus d'arbres, peu d'arbustes, moins de plantes inté- ressantes; ce sont de vastes landes parsemées de touffes rabougries d'U/ex Gallii Planch., à peine en fleurs. Instinctivement on cherche des menhirs dans cette lande désolée où le chant du biniou des pâtres est remplacé par le bruit des vagues de la mer qui (1) Aire géographique : La Hague, Ouest de la Manche, Cotes du Portugal, Ile Madère. — LIX — monte. La flore ressemble assez à celle de nos bois. Avec quelques-unes des plantes déjà citées, nous récoltons : Radiola linoïdes Gmel., Sagina mari- tima Don., Grimmia maritima Turn.(rare); Raniin- culus tomophyllus Jord. ,Matricaria Chamomilla L.; Roua dumalis Bechst. et dans les endroits herbeux et humides Eufragia viscosa Beuth. Dans Je sable de la mer, en arrivant à Omonville : Atrïplex Tornabeni Tin., Gh/ceria distans VVahlb. et G. Borreri Bab. ; Agrostis maritima Lam. et l'épineux Salsola Kali L.; dans les fentes des murs de schistes, Asplenium lanceolatum Huds. En route, nous avions cueilli quelques branches de l'odorant Popuhis bahamifera L.; mais Cineraria spathulœfolia Lam. échappe à nos recherches;, trop tardives peut-être. A midi, nous arrivions à l'hôtel Delamer, où nous attendait un cordial accueil. Par une délicate atten- tion, chaque couvert était garni de fleurs et le déjeu- ner, dressé sous une tente, près d'un clair ruisseau, fut empreint de la plus franche bonne humeur et non dénué d'un certain charme poétique. Vers deux heures, les voitures étaient prêtes pour l'excursion à Auderville, en poussant une pointe sur le Nez-de-Jobourg. Les plus hardis, cela va sans dire, montèrent à pied la longue côte, devancés en cela par un des chevaux de l'attelage qui avait trouvé bon de s'échapper et de faire ce trajet au grand galop, malgré la chaleur. Il lui fallut revenir et refaire le même chemin, avec ses compagnons de timon, mais à une allure plus modérée. Laissant la Hague-Dick, sur la droite, les voitures — LX nous amènent à Jobourg. On met pied à terre et en avant la cueillette : Papaver hybridum L. et P. Ar- gemone L., Lamium hybridum Vill., Lepidium heterophyllum Benth.; au pied des murs, non loin de l'église, Erodium maritimum Sm. et E. moscha- tum Lhérit., Lotus hispidus Desf., Ornithopas per- pusillus L ; en allant au Nez-de-Jobourg (3 kilom.) : Galium erectum Huds. et X Galium Guillemotii Gorb. avec les parents, Silène nutans L., Avena orientalis Schrb., Digitalis purpurea L., Orclii* maculataL. , Melandrium silvestre Rœhl., Dianthus prolifer L,, Jasione montana L., Rhinanlhus ylaber Lam. et Orobanche minot Sutt. En avant du sémaphore, à pic sur la mer, les pe- louses rases nous donnent Ononis maritimq var. spinigera Corb., Thymus Chamœdrys Fr., Sagina subulata Presl., Filago canescens Jord., et dans les carrés où le gazon a été enlevé au printemps, les Trifolium subterraneum L., striatum L., scabrum L. Nous descendons, en longeant la falaise, tout en récoltant Marrubium vu/gare L., Polggala dubia Bellynck, Chrysanthemum segetvm L., jusque dans l'Anse du Guleron, station riche. Dans les rochers escarpés, suintant par leurs fissures rougeàtres l'eau des petits ruisseaux : Inula critlnnoides L., Eu- phorbia portlandica L. à coques du fruit fortement chagrinées, Euphorbia Paralias L., Anthyltis ma- ri lima var. scricea Bréb., le rare Rumex rupestris Le Gall, Triglochin maritimum L., Samolus \ a- lerandi L. à feuilles assez épaisses. En général j'ai remarqué que certaines espèces du littoral étaient beaucoup plus « crassifolia » que leurs congénères — LXI — de l'intérieur, non seulement, par exemple, Beta maritima, mais aussi Samolus Vaferandi, Silène maritima et même Bellis perenriis. Sur les rochers lavés par récume des vagues : Daucus gummifer Lam., tout à fait nain et trapu, couvert de paillettes de chlorure de sodium brillantes comme du mica. Les nombreuses et belles plantes à recueillir et aussi, il faut le dire, une petite promenade à trois dans l'eau de mer nous avaient séparés de nos compa- gnons ; sur l'indication d'un douanier, nous remon- tons par le plus court chemin à Auderville, récoltant en passant Erythrœa Centaurium var. subcapitata Corb. ; au bord des haies, Gnaphaliwn luteo-album L. etAnchusa sempervirens L. D'autres excursionnistes contournent le cap de la Hague, récoltant dans les vases salées Sueeda ma- ritima L. et l'articulé Salicornia herbacea L., tous deux naissants. Ce parcours leur permet de jouir de la vue sauvage de ce nouveau Finistère, avec son dangereux Raz-Blanchard, si fécond en naufrages. Dans toute cette excursion, nous n'avons trouvé aucun Statice, mais en revanche le Digitalis pur- purea foisonne; les murs et les toits sont couverts de larges touffes rougeâtres de Sedum anglicum Huds. bien en fleurs, plus commun que notre Sedum album; YUmbilicus pendulimis devient une ob- session. La longueur de cette charmante excursion, sous un soleil torride, avait fortement ouvert la soif et l'appétit. Par malheur, nous étions un peu trop nom- breux ou du moins la salle était trop petite pour y être — LXII — à l'aise. Sans hésiter, on décide un branle-bas, et un mouvement de va-et-vient bien établi descend rapi- dement du premier au rez-de-chaussée la moitié des couverts, au grand mécontentement de l'hôtesse; ce double service, à un étage de différence, donne lieu à de petits incidents comiques qui eurent le don d'égayer sincèrement les excursionnistes et ceux du haut et ceux du bas !! Au coucher du soleil, nous reprenions gaiement la route de Cherbourg. Sur la hauteur, en quittant Auderville, nous aperçûmes très distinctement, sen- tinelle avancée, l'île d'Aurigny, où flotte le drapeau anglais. La vue de cet ilôt, presque à deux portées de canon de nos côtes, et non aperçu pendant la journée, à cause du rayonnement de la chaleur, nous causait je ne sais quelle impression pleine de tris- tesse. Et le jour finissant, le regret de voir se ter- miner une si agréable journée, les choses indécises vaguement aperçues dans l'obscurité grandissante, la rencontre nocturne de l'infanterie de marine, en manœuvre, rasant les murs, se dissimulant dans les fossés, dirigée par les stridents appels du clairon, tout se réunissait, dans un involontaire rapproche- ment, pour assombrir les idées et rendre silen- cieux; et, revivant une seconde fois, fout pensifs, les agréables heures de la journée, nous arrivions à Cherbourg. Dimanche 17 Juillet Le dimanche, repos; visite extrêmement intéres- sante des serres de M. Liais, maire de Cherbourg, qui nous en fait lui-même les honneurs; là, dans — LXIII — un harmonieux groupement, poussent avec vigueur d'immenses lianes, de nombreux Palmiers, de cu- rieuses Orchidées, de sensitifs Mimosa, d'étranges Nepenthès, etc., de superbes plantes tropicales, dont l'air plein de santé donne l'illusion d'autres cieux. Les vastes jardins voient prospérer en pleine terre myrtes, oliviers, phormiums, cactées, bambous, conifères exotiques, géraniums en arbre, et dans les bassins une riche collection de rares Nymphœa : c'était presque une excursion en plein Brésil. Le soir, après la séance publique, M. Guillemot, notre zélé collègue, nous apportait une superbe Orobanche, de près de 80 cent, de hauteur, récoltée par lui dans son jardin sur un pied &Wngelica Archangelica. Si elle n'était qu'un 0. minor, elle mériterait bien le nom de variété major ! Ne serait-ce pas plutôt 0. angelifixa Péteaux et Saint-Lager? Faute de temps et de documents, la détermination n'est pas faite sur le champ. Cette espèce, nouvelle- ment créée, « diffère de 0. epithymum DC. par une inflorescence en épi serré et conique et par des filets staminaux velus dans la moitié inférieure « (Ann. Sociét. Bot. Lyon, 1892, 17e vol.). Nous laissons le soin de sa détermination à notre maître M. Corbière, possesseur de cette Orobanche géante. Lundi 18 Juillet Le lendemain lundi, sur la demande de plusieurs fervents botanistes, M. Corbière, aussi dévoué qu'in- fatigable, s'était gracieusement offert pour conduire l'excursion à Gatteville et Barfleur;et dès G heures 1/2 nous partions. Au relais, nous apercevons quelques — LXIV - — Lamium album, espèce rare dans la contrée ; plus près de Gatteville, Linum augustifolium Huds. abonde sur le talus de la route. La plante caracté- ristique de cette localité, en abondance partout, c'est Artemisia Absinthium L. Nous arrivons : ce ne sont plus les rochers, les falaises et les anses caillouteuses de l'avant- veille, l'herborisation est nouvelle : ce sont les sables, la grande mare saumâtre et les prairies maritimes. Rapidement nous gagnons le bord de la mer, cueillant en courant Leonurus Cardiaca L. : « G'te plante-là, nous crie une brave Gattevillaise, c'est bon pour », et nous courons encore plus vite, sans avoir entendu la suite : peu nous chaud la pharmacopée ! Dans le sable, nous cueillons le rare Linaria arenaria DC., Glaticium fLavum Crantz, Cakile maritima DC, Crambe maritima Scop. bien en fleurs, Hojikenya peplo'ides Ehrh., Spergularia vubra Pers., le molletoneux Diotis candidissima Desf. pas encore fleuri, Polycarpon alsinifoliun DC. , Eryngium maritimum L., « le chardon bleu des sables », Corrigiola littoralis L., Atriplex Torna- beni Tin., Calystegia Soldanella R. Br., Psamma arenaria R. et Sch., Beta maritima L., Crithmum maritimum L., Agrostis maritima Lam. et un pied de Trilicum sativum Lam. bien maigre. Entre le rivage et la mare de Gatteville, Catapo- dium loliaceum Link, Orchis incarnata L., Gai in m ercctum var. dunense Corb., curieuse variété, naine ; Jasione montana var. littoralis Fr. ; Erythrœa pul- chella var. coarctata Wittr., et var. Swartziana Wittr., et quelques types intermédiaires entre ces deux petites variétés, Euphrasia tetrâquetra Arrond., — LXV — Aira multiculmis Du m., et des débris desséchés de Trigonella ornithopoïdes DC., Trifolium arvense var. littorale Bréb. Sur les bords de la mare, dont il nous est impos- sible, vu l'heure avancée, de faire le tour, nous cueillons Alisma ranunculoïdes L., Littorella lacus- tre L. bien en fleurs, Glyceria Borreri Bab. et G. distans W.ahl., Garex extensa Good.; Juncus compressas Jacq. Dans l'eau, Potamogeton fiabel- latus Bah., Scirpus Tabememontani Gmel. et S cirpus Savii Seb. et Maur. Après un déjeuner rapide et excellent (ce qui ne gâte en rien l'excursion), nous nous dirigeons vers le superbe phare tournant de Gatteville, récoltant, chemin faisant, le rare Polygonum Raii Bah., espèce voisine du P. maritimum L., Polygonum littorale Link, Agropyrum junceum PB. Nous grimpons les 365 marches de la haute tour de granité, bien récom- pensés de notre ascension par le spectacle grandiose dont nous jouissons. Devant nous, nous apercevons Barfleur : c'est là qu'il faut nous rendre. Dans la prairie maritime, nous récoltons de très belles es- pèces : Plantago maritima L. et P. graminea Lam., Carex extensa Good. et sa jolie variété tenuifolia DC., Phalaris minor Betz (BB.), le beau Polypogon rponspeliensis Desf. et Polypogon littoralis Sm., à faciès de Baldingera; Agropyrum pungens PB. et sa var. aristata Corb. ; Lepturus Jiliformis Trin. bien en fleurs ; comme les jours précédents, nous n'avons pas trouvé de Staticc. Nous arrivons à Barfleur. Avant le souper, nous avons le temps de jeter un rapide coup d'œil à la E — LXVI — coquette église, et de prendre, à deux du moins, un réconfortant bain de mer. La fatigue envolée, la ri- chesse et l'abondance de la cueillette avaient mis les excursionnistes en joyeuse humeur. Le repas fut d'une gaîté intense et rapidement communicative, qui se prolongea pendant le retour : le voyage parut presque trop court. C'étaient les adieux des botanistes à Cherbourg, aux toits blancs, où nous rentrions sur le tard, désolés de nous quitter si tôt et nous promettant bien de nous retrouver l'année prochaine, dans une aussi belle excursion. Mardi 19 Juillet Le mardi, pendant que nous allions remerciernotre aimable collègue M. Drouet, de sa haute courtoisie à notre égard, M. Hoschedé excursionnait seul à Tourlaville et au fort des Flamands. Il nous rap- portait, entre autres bonnes espèces: Matricaria discoïdea DC, espèce californienne qui s'étend rapi- dement, Carex extensa Good., X Melandrium i/iler- medium Schur., Apium graveolens L. fortement teinté de rouge, le très rare Phalaris minor Retz, Agropyrum pungens var. aristata Corb. et Scirpus Taberneemontani Gmel. Il nous fallait pourtant nous décider à partir, ce que nous fîmes à regret, non sans avoir chaleureu- sement remercié notre excellent guide et maître M Corbière, à qui nous devions les plus heureux instants de ces jours d'excursion et, personnelle- ment, le charme de la plus cordiale hospitalité. Montaure, 25 Juillet 1898. SEANCE DU 7 NOVEMBRE 1898 Présidence de M. Demelle La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Adel, Bigot, Chevrel, De- melle, Duval, D1' Fayel, D1' Gidon, Léger, Marie, Matte, Dr Moutier, D1 Noury, Ravenel, de Renémes- nil, Tison, Vaullegeard. Le procès-verbal de la séance de juillet est lu et adopté. Communication est donnée de la correspon- dance qui comprend : Le programme du prochain Congrès des Sociétés savantes qui se tiendra à Tou- louse pendant les vacances de Pâques ; — des de- mandes d'échanges renvoyées à la Commisssion d'impression ; — une lettre de M. Drouet à qui ses occupations ne permettent pas de s'occuper aussi activement qu'il le voudrait de ses fonctions de Tré- sorier et qui prie de pourvoir à son remplacement pour l'année prochaine. Le Président fait part du décès de M. Sausse, en- seigne de vaisseau et de M. Piquot, de Vimoutiers, l'un et l'autre membres correspondants. De nombreux ouvrages reçus depuis la dernière séance sont déposés sur le bureau. Est offert par l'auteur : A. Bigot, La vallée de l'Orne aux environs de Caen . — LXVIII — Sont présentés pour faire partie de la Société : Gomme membres résidants : MM. le Dr Paul Léger, par MM. le Dr Catois et Vaullegeard; François Moutier, par MM. le Dr Moutier et Bigot. Comme membres correspondants : MM. le Dr Gollignon, médecin-major au 5e ré- giment d'infanterie, à Cherbourg, par MM. Corbière et Bigot ; Emile Jardin, pharmacien, 9, rue Grevier. à Bouen, par les mêmes. Le Secrétaire fait connaître à la Société que, dans sa dernière séance, la Commission d'impression a décidé la publication dans ses Mémoires du travail de M. Vaullegeard sur YAnatomie et les migrations des Tétrarhynques . M. Lignierdemande que la Société propose l'échange de ses publications avec le Journal of the Collèges of science of the University de Tokio (Japon). Cette proposition sera examinée par la Commission d'im- pression. M. Vaullegeard montre de nouvelles feuilles anor- males de Saxifraga. M. le ï> F. Gidon signale la présence du Daphne Mezereum L.etde YAndrosemum officinale AH. dans jes bois de Saint-Aubin-d'Arquenay. — LXiX — M. Bigot fait une communication sur des Echino- dermes recueillis dans le Bradfprdiftn de Lion-sur- Mer (voir 2e partie du Bulletin . M. Bigot présente des fragments de cornes de cerf avec incisions et raclures intentionnelles, trouvés à May, dans le découvert de l'exploitation du minerai de fer de la mine Chollet. Hans Molisch. — Le gel des* plante* «Y des température»* supérieure» à, zéro ( Sitzungsberichte der k. k. Akademie der Wisscnschaften. in Wien, Bd cv, p. 82, 1806). On sait que la roussissure des plantes gelées tient moins à la solidification de l'eau à l'intérieur des tissus qu'à un déplacement de cette eau, expulsée des cellules au moment du gel, et imparfaitement reprise lors d'un dégel trop brusque. Le fait, de prime abord un peu paradoxal, étudié par l'auteur, peut donc n'être pas très différent du gel ordinaire. Il importe tout d'abord de ne pas le confondre avec le phénomène suivant, signalé par Sachs : La mort des pieds de tabac, de courge, etc., exposés en tota- lité, tiges et racines, à une température tout juste supérieure à zéro, et qui se tlétrissent très rapide- ment, jaunis et' comme gelés. Dans ce cas, on ne peut pas dire qu'il y ait gel, la plante meurt plutôt de sécheresse. Car l'abaissement de la température, — LXX — qui n'interrompt pas l'émission de vapeur d'eau par les feuilles, paralyse le fonctionnement des racines. L'eau évaporée n'est pas remplacée, la plante jaunit. La roussissure étudiée par M. Molisch ne peut pas s'expliquer ainsi, car, pendant toute la durée des expériences, les plantes ont été tenues sous cloche, en milieu saturé d'humidité. On s'est assuré d'autre part que le rayonnement n'était pour rien dans l'effet constaté. Le gel dont il s'agit se produisit chez des plantes très diverses. Les Episcia bicolor et San- chezia nobilis s'y montrèrent particulièrement sen- sibles. Les Episcia, après 24 heures et parfois seu- lement 12 heures de séjour dans une serre où la température variait de 5° à 2° au-dessus de zéro, portaient sur leurs feuilles d'innombrables taches brunes qui, par la suite, gagnèrent les pétioles. L'examen microscopique montra que les nervures étaient encore vivantes, mais que le parenchyme était mort. C'est le tissu palissadique qui meurt le premier, les poils capités meurent aussi de bonne heure, mais les poils simples et les cellules stoma- tiques résistent longtemps. Dans l'hydrogène, les feuilles des Episcia meurent aussi, mais sans brunir; elles ne brunissent que quand on les replace dans l'air. Sous l'influence du froid, les cystolithes des Sanchezia émettent un colorant bleu. — La mort provient évidemment d'un trouble dans la vie cel- lulaire. Dr F. Gidox. LXXT - J.-H. Burrage M. A. Junior. — Sur les disques adhésifs d'Ercilla volubi- lis (Phytolaccacéo) (The Journal of the Linnean Society, XXXIII, Bot., m> 228, 1897). La plante dont il s'agit est une liane assez répandue dans les jardins botaniques. Les petits appareils décrits par l'auteur se trouvent dans l'aisselle des feuilles ; ils ont la forme d'un écusson à sommet supérieur et ne se développent que sous l'action du frottement ou seulement du contact d'un corps dur. Leur surface est d'abord lisse. Plus tard, quand l'organe fonctionne comme appareil adhésif, cette surface est velue. Les poils sécrètent un mucilage : ils fixent la plante, pénètrent le support et paraissent le corroder et le digérer. Par la suite, les poils se subérifient et s'épaississent sans lâcher prise. En milieu humide, il se développe des racines sur les écussons, mais elles restent petites et ne servent pas à la fixation. L'organe devenu vieux finit par s'ex- folier. Ces organes se forment par recloisonnement des cellules corticales, sans point de végétation défini, comme ce serait le cas pour une racine. Un petit cordon vasculaire parcourt l'organe, relié vers le bas aux faisceaux de la tige. Les poils fixateurs sont, non pas épidermiques, mais exodermiques, comme ceux que M. Van Tieghem a signalés dans la fleur des Santalacées. Juste au-dessous d'eux apparaît une — LXXII — zone subéreuse qui les tue de très bonne heure. Ils demeurent fixateurs, mais cessent d'être un organe d'absorption. Les racines elles-mêmes, lorsqu'elles se forment, ne peuvent pas non plus absorber l'eau, car les cellules de la coiffe et toutes les assises corti- cales sont épaissies et subérisées. En somme, de l'avis même de l'auteur, ces appa- reils, dont la nature reste indéfinissable, sont égale- ment mal disposés pour la suspension, à cause de leur situation dans l'aisselle des feuilles et pour l'ab- sorption. Leur siège à la base du pétiole, qui est creusé en gouttière, pouvait cependant faire penser qu'ils avaient pour mission de recueillir l'eau tombée sur les feuilles. Dr F. Gidon. Johm M. Goult«r (de la Botanical Society of America). — L'origine des Gymnos- permes et l'apparition rie la g-i*aiiie (Theoringin of Gymnosperms and the seed habit. — Botanical Gazette, vol. XXVI, pp. 153-168). L'auteur rappelle d'abord quelques règles de mé- thode dont l'oubli a rendu vain plus d'un essai phylogénique. Il faut avoir égard, dans l'étude com- parative des divers groupes d'êtres intéressés, à la totalité des faits analysables, et ne pas baser toute une phylogénie sur les variations d'un seul système organique. Il faut aussi éviter de prendre pour des — LXXIII — indices de parenté des analogies qui dépendent seu- lement d'adaptations de même ordre, survenues chez des êtres en réalité étrangers les uns aux autres. C'est ainsi, en particulier, que Thétérosporangie est certainement apparue à diverses époques dans des groupes différents, et qu'il en a probablement été de môme de son aboutissant naturel, la formation de la graine. Ces principes posés, l'auteur examine quels ont pu être les ancêtres des Gymnospermes, les seules Gnétacées, trop mal connues, demeurant exclues de toute cette discussion. Sans s'arrêter, (on va voir pourquoi), auxptérydophyteshétérosporées vivantes, l'auteur prend le groupe des Cordai tes pour premier terme de comparaison. Quelle que soit la nature exacte des cellules renfer- mées dans la microspore, les Cordaïtes sont, par leur microspore, plus proches des ptérydophytes qu'au- cune Gymnosperme actuelle. Le gamétophyte mâle des ptérydophytes hétérosporées actuelles est beau- coup plus réduit, par conséquent plus loin de 1 état primitif; il l'est même plus que celui de certaines Cycadées et Conifères vivantes. LesCordaïdes, comme le Ginkgo, avaient sans doute des anthérozoïdes. Mais, d'autre part, le bec nucellaire, et, fait plus signifi- catif, la présence d'une chambre pollinique, indice d'une siphonogamie débutante, rapprochent étroite- ment les Cordaïtes des Conifères. Remontons plus loin. Quels ont été les ancêtres des Cordaïtes ? Ce ne sont pas des ptérydophytes hétérosporées analogues aux formes vivantes, car celles-ci ont un gamétophyte mâle plus réduit, ne — LXXIV — sont pas siphonogames, et ne retiennent pas la ma- crospore. Ce ne sont sans doute pas non plus les Lycopodes carbonifères, ou alors lesCordaïtes en au- raient dérivé de très bonne heure, bien avant que les Lycopodes ne fussent devenues Tétérosporées, ce qui paraît être d'ailleurs pour elles une acquisition récente. Plus vraisemblablement les Cordaïdes ont dû naître des Marattia paléozoïques si riches de formes, et ces mêmes Marattia ont pu elles-mêmes donner naissance, d'autre part, aux Cycadées, dont l'anthé- rozoïde est multicilié comme le leur. On sait que les Lycopodes ont au contraire l'anthérozoïde bicilié, ce qui, de même que la morphologie, tend à les faire exclure de la phylogénie des Cycadées. Des iMarattia auraient donc dérivé d'un côté les Cycadées, et de l'autre les Cordai tes, celles-ci ayant ensuite donné naissance aux Conifères. Mais, dit l'auteur, la morphologie seule nous per- met actuellement de distinguer les Cordai tes des Marattia, et on sait par l'exemple des Cycadées com- bien longtemps peut persister le port filicéen. Il y a donc bien certainement, parmi ce qu'on appelle les Marattia paléozoïques, des formes qui ne sont plus filicéennes que par le port, qui sont en réalité de vraies Cordait es. Aussi l'auteur, prenant ce mot dans une acceptation plus large désigne-t-il désor- mais par là « un ensemble de formes dérivées des filicinées homosporées ensporangiates, et (/ai, à son /o///\ a donné naissance à deux séries divergentes, les Conifères et les Cycadées ». Les Cycadées arrivées à leur apogée plus tôt, ont, mieux que les Conifères, conservé le port filicéen. — LXXV — Le Ginkgo, par l'époque de son apparition comme par d'autres caractères, se rattache aux Gycadées. Parmi les Conifères, les plus anciens des genres ac- tuellement vivants sont les Araucaria et les Abies, et ce sont précisément ceux dont le gamétophyte mâle est le moins réduit. Il n'y a pas lieu de se préoccuper au point de vue phylogénique du suspenseur, c'est un organe d'ori- gine variable, sa présence chez les Lycopodes et chez les Conifères ne prouve rien. Dans une seconde partie de son travail, l'auteur examine comment s'est établie chez les plantes vas- culaires l'habitude de former des graines. La dioïcité qui n'est plus, après l'établissement de l'hétérosporangie, qu'un cas de division du travail devint à un moment donné une habitude du pro- thalle. La différenciation physiologique de la spore se trouva ainsi réalisée et, de par les lois les plus simples de l'évolution, la différenciation morpholo- gique suivit. Quant à la rétention de la méyaspore elle sup- pose une réduction du gamétophyte qui, à la fin, devient endosporique , ne sort plus de la spore. Et elle résulte de ce que les mégaspores, devenues de plus en plus grosses, (en même temps que de moins en moins nombreuses), ont dû, pour arriver à leur complet développement, prolonger leur séjour dans le sporange, au voisinage des autres spores stérilisées et du tissu nourricier. Finalement, elles ne l'ont plus quitté. LXXVI Les premières mégaspores retenues étaient à dé- couvert et la fécondation par anthérozoïdes persistait. Puis, à mesure qu'elles ont cessé d'être à découvert la siphonogamie s'est établie. Plus tard, la fertilisation des tissus sporangiaux, c'est-à-dire leur domestication par l'œuf, aboutit à la constitution de la graine et le développement de l'embryon, s'accélérant , commença sur la plante mère A cela s'ajouta, chez les Angiospermes, la ten- dance du sporophyte à envelopper de plus en plus le mégasporange, et cette tendance est déjà si marquée chez les Isoétes et Marsilea que les Angiospermes ont fort bien pu dériver directement des ptérydophyles, sans passer par les Gymnospermes. D'autre part, au développement endosporique du gamétophyte femelle se rattache la disparition de l'archégone, à sa rétention le développement de plus plus en plus tardif des tissus nourriciers par rap- port à celui des tissus reproducteurs. Quant aux Angiospermes, l'organisation si cons- tante du sac embryonnaire semble indiquer qu'elles dérivent toutes d'une souche unique. D1. F. Gidon. A 9 heures 1/2, la séance est levée. SEANCE DU 5 DECEMBRE 1898 Présidence de M. Demelle, Président La séance est ouverte à 8 heures. Sont présents : MM. Adel, Bigot, Dr Catois, De- melle, Durai, D'Gidon, L.-J. Léger, Matte, D'Moutier, Dr Noury, Ravene), de La Thuillerie, Tison, Vaulle- geard. Le procès-verbal de la séance de novembre est lu et adopté. Communication est donnée de la correspondance qui comprend : une lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique demandant, en vue de l'Expo- sition de 1900, des renseignements que le Secrétaire est chargé de transmettre ; — une circulaire de la classe 42 de l'Exposition de 1900 (insectes nuisibles et utiles, végétaux parasitaires), communiquée aux membres intéressés ; — des demandes d'échange de la Société Grayloise cV émulation et du Jardin bota- nique de Genève, renvoyées à la Commission d'im- pression. Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont déposés sur le bureau . Ils comprennent, offerts par l'auteur : A.-L. Letacq, 1° les Mammifères du département de l'Orne ; — 2e les Oiseaux du département de l'Orne ; — 3° les Reptiles du département de l'Orne (catalogues analytiques et descriptifs). — LXXVIII — La Société ratifie les décisions suivantes de la Commission d'impression : Echange du Bulletin ac- cordé à la Society of natdral sciences of I>u/fulo,a.u Muséum de Rio- de- Janeiro ; — du Bulletin et des Mémoires accordé à l'Université de Christiania, et demandé avec les publications scientifiques de l'Uni- versité de Tokio. Sont présentés pour faire partie de la Société, comme membres résidants : MM. G. Bellet, pharmacien, rue Ecuyère, par MM. les Drs Gatois et Noury ; Caillot, pharmacien des hôpitaux, par MM. le Dr Gidon et Tison. Sont élus, à la suite des présentations faites dans la dernière séance : Membres résidants : MM. le Dr Paul Léger et François Moutier ; Membres correspondants : MM. le Dr Collignon et Emile Jardin. Le Secrétaire communique le compte-rendu, ré- digé par M. l'abbé Guttin, des excursions botaniques de la Société aux environs de Cherbourg, les 17 et 19 juillet 1898. M. P. Fauvel adresse une note sur VArenicola ecaudata Johnston / imprimée dans lu 2e parti/- de ce Bulletin). M. le Dr Catois fait une communication sur la structure intime des cellules nerveuses de Vencéphale — LXXIX — chez les Poissons (imprimée dans la 2e partie de ce Bulletin). M le Dp Mou tier présente des Dreissensia, trouvées sur les bords du canal de Caen à la mer, à Bénouville, en face du Maresquet ; cette espèce, non signalée jusqu'à présent dans le Calvados, se rapproche de la forme à laquelle Locard a donné le nom de D. occi- dental is. M. le Dr Moutier présente encore une Hélix aspersa qui, à la suite d'une cassure de sa coquille, a refait un second labre, placé en dedans du premier et sans épiderme. M. de La Thuillerie signale les plantes suivantes, rares ou nouvelles, qu'il a eu Foccasion de recueillir dans ses herborisations : Cephalantera pallens , Galanthes nivalis L. , Setaria viridis P. Beauv., Gentiana amarella L., Arabis sagittata DC, Lnzula albida DC, Phalaris minor Pietz. Il rappelle qu'il a signalé à Portrieux (Côtes-du- Nord) une station de Cotula coronopifolia, plante américaine qu'il a retrouvée cette année parfaitement acclimatée sur le même point. Enfin, M. de La Thuillerie communique des obser- vations relatives aux Daucus carota L. et I). gum mi fer Lamk. (imprimées dans la .2e partie de ce Bulletin). M. le Dr Moutier signale une implantation de Gui sur un orme à Brocottes, sur le bord d'une route — LXXX — allant de Troarn à la Croix des Authieux, par Jan- ville. L'orme n'est pas signalé dans la liste des arbres porte-gui donnée par M. Guérin dans le travail inséré dans ce Bulletin. M. Bigot fait une communication sur le projet d 'alimentation d'Aryentan en eaux potables [im- primer dans la 2e partie de ce Bulletin . A 9 heures 3/4, la séance est levée. TRAVAUX ORIGINAUX — :î — Ch. Guéri n. — Observations I>iolo- $'if|iics sut* le Oui (Viscum album). - 1893-1898 (*). Propriétés germinatives §1 Les baies de Gui avant leur complète maturité Les graines de Gui, débarrassées de leur enve- loppe et exposées à la lumière, sont aptes à germer bien avant leur complète maturité, c'est-à-dire à une époque où les baies de ce parasite ont encore une teinte verdâtre et sont d'une forme ovale. Elles pourraient peut-être donner lieu à des implantations curieuses à observer au point de vue des variations des appareils végétatifs. (*) Travail présenté ;'i la séance du i avril 1898 — Manuscrit remis le même jour. § II Graines couvertes de moisissures Pendant les hivers très humides, les graines de Gui exposées à l'extérieur se recouvrent de moi- sissures noirâtres. J'ai constaté, contrairement à mes prévisions, que ces graines germaient presque toutes régulièrement au printemps suivant. §HI Semis de décembre, janvier et février « Je me suis assuré, dit Gaspard, dans son Mémoire Physiologique sur le Gui (Viscum album) (1), qu'il n'y a que les semences rendues en mars et avril à germer au printemps, et que celles des mois de décembre, janvier et février, se desséchaient et s'altéraient avant l'époque de leur germination (§ LX) ». Dans l'arrondissement de Mortaiii, c'est précisément en décembre, janvier et février, que la grosse grive, la grive à Gui, (Turdus viscivorus) se rencontre plus fréquemment sur les pommiers, et (1) Cet important travail a été publié en 1821 dans le Journal de Physiologie expérimentale et pratique, tome VII, pages 227- 333. "h j trouve nombre d'observations intéressantes, aujourd'hui encore peu connues. Gaspard a notamment constaté, au mois de février 1823, sur < 1 i x - s < ■ | » t porte-Gui naturels de diverses espèces, que la Qoraison "J<- ce parasite n'est ni avancée, ni retardée par Bon rapport. § XI. — 5 — j'ai constaté nombre de fois que les graines contenues dans leurs déjections possédaient presque toutes les propriétés germinatives. § iv Semis de juin et juillet Pendant l'hiver exceptionnellement doux de 1895- 1896, la grive à Gui n'a pas fait son apparition au Mesnil-Thébault, où j'habite. Au mois de juin 1896, plusieurs touffes de Gui portaient encore de nom- breuses baies. Il est à remarquer que ces baies n'étaient pas encore racornies. Les radicules émises dans leur intérieur venaient s'appliquer par leur extrémité sur la surface transparente de l'enveloppe et y déterminaient une petite proéminence. Ges baies tombèrent spontanément dans le courant de juillet. Leurs graines posées sur des branches d'arbres se desséchèrent promptement, ce que j'avais prévu. Pour réussir dans les semis artificiels, il importe de choisir des graines sur lesquelles les radicules ne soient pas encore visibles. J'ajoute que les mois les plus favorables aux semis me semblent être janvier, février, mars et avril. Passé cette époque, les chances de réussite sont fort incertaines. — 6 Dissémination des graines 8 v Effet de l'hiver très humide de 1896-1897 sur LES BAIES DE Gui Gaspard, dans son Mémoire Physiologique sur le Gui, (§ LXI), a parlé de « baies molles ou diffluentes qui, tombées par hasard sur quelques branches inférieures, y germent et peuvent s'y implanter ». Pendant une longue période de pluie de l'hiver 1896- 1897, j'ai bien remarqué quelques baies dont l'enve- loppe était entrouverte. Les unes moisissaient; d'autres tombaient spontanément; mais je ne crois pas que ces dernières aient pu se fixer sur les bran- ches de leur support. Si le fait s'est produit, (l'expé- rience semble me prouver le contraire), il doit être considéré, du moins dans la contrée que j'habite, comme une véritable exception. Je reste convaincu qu'il est exact de dire avec M. Jean Chalon, profes- seur de botanique à Namur (Belgique), que a les baies de Gui qui tombent spontanément sont perdues pour la reproduction (1) ». (1) l//i mot sur la Germination du Gui, p. 1. — 7 — Germination et Héliotropisme § VI Graines posées intérieurement sur des vitres de fenêtres en partie peintes en noir Les graines qui se trouvent sur les parties trans- parentes germent seules. Sur les vitres simplement enduites d'une légère couche de peinture brune, laissant passer une certaine quantité de lumière, on remarque quelques cas de germination, mais celle-ci est toujours retardée, parfois de plusieurs semaines. Ces expériences souvent répétées m'ont toujours donné les mêmes résultats. Elles soulèvent, une ques- tion qui a son intérêt : déterminer la quantité et la nature de la lumière la plus favorable à la germination du Gui. § VII Germination sur des corps inertes de teinte brune placés en plein air et en pleine lumière Mes expériences ont particulièrement porté sur des graines posées de chaque côté de planchettes en bois grisâtre, non varlope, de 35 c. sur 20 c, fixées verticalement sur un établi. Une des faces des plan- chettes était exposée au midi. Trente graines étaient posées de chaque côté. Toutes, ou presque toutes, germèrent, et, des deux côtés, .es suçoirs de la germination s'appliquèrent normalement sur leur support. — 8 — Des graines posées sur des bouteilles en terre cuite non vernissée, de teinte bleuâtre, donnèrent lieu à de semblables observations. § VIII Germination sur des corps inertes réfléchissant LA LUMIÈRE. — EXTRAIT DE MON CAHIER D'EX- PÉRIENCE. N» 280. — Sur une spbère creuse en verre incolore, transparent, de 7 centimètres de diamètre, argentée à L'intérieur, suspendue derrière une vitre de fenêtre exposée au midi. 1893 31 mars.— PoséSOgraines dans diverses positions. 6 mai. — Toutes les graines germées. Presque toutes les radicules se dirigent vers l'intérieur de l'appartement. Du côté opposé, quelques-unes s'ap- pliquent sur leur support sans y adhérer par le suçoir de la germination, fait que j'ai précédemment constaté sur des miroirs plans. 9 septembre. — Quelques radicules encore vertes, mais elles ne vont pas tarder à se dessécher complè- tement. §IX Germination en plein air et en pleine lumière sur des tlaques de verre incolore transparent Trois cas sont particulièrement à considérer : I" cas. Plaques dont une des faces est exposée au midi. — 9 — Du côté «lu midi, les radicules s'appliquent nor- malement sur leur support ; du cùlé opposé elles s'en éloignent, mais elles n'ont pas toutes exactement la même direction. 2° cas. Plaques dont une des laces est exposée au levant. Presque toutes les radicules s'appliquent sur leur support, sans y adhérer par le suçoir de la germi- nation. Plusieurs de ces radicules ont une tendance marquée à se diriger vers le nord. 3e cas. Plaques placées horizontalement à 1 mètre environ du soi. Les radicules se fixent du côté où elles reçoivent directement la lumière et s'en éloignent de l'autre. §X Germination des graines dépourvues de chlorophylle ( i ) Les radicules de ces graines sont chétives et ont une teinte jaune-serin-clair; elles s'implantent difficilement. Dans mon mémoire Expériences sur la germina- tion cl l'implantation du Gui, JS90, j'assure qu'entre les radicules et leur support, il y a une attraction véritable. Actuellement je ne serais pas aussi franchement affirinatif. Toutefois un fait est certain : la radicule ,1) Ces graines ont été mentionnées dans le Bulletin de juillet à décembre 1893 de la Société Linnéenne de Normandie, p. 334. — 10 — des graines de teinte verte normale se recourbe tou- jours plus ou moins, ce qui permet au suçoir de la germination de se fixer sur les écorces à la façon d'une ventouse. C'est ce qui a très rarement lieu pour les graines dépourvues de chlorophylle dont la radicule s'applique sur leur support sans y adhérer par l'extrémité libre. Pour obtenir des implantations de graines dépour- vues de chlorophylle, il convient de faire les semis sur des branches qui se trouvent dans une position un peu ombragée. Il serait intéressant d'étudier comparativement, au point de vue de leur héliotropisme, les graines normalement vertes et celles qui sont dépourvues de chlorophylle. Une graine dépourvue de chlorophylle m'a donné sur pommier une implantation, actuellement âgée de trois ans, dont les feuilles courtes et étroites ont une teinte jaunâtre particulière. Sur un peuplier de Virginie, j'ai obtenu deux implantations, dont les feuilles sont à leur extrémité d'une teinte jaune- verdâtre-claire, qui ne peut être confondue avec la panachure proprement dite. 11 ne s'agit pas, en effet, de taches ou de bandes tranchant sur la teinte verte des feuilles; la partie jaune-verdâtre-claire se fond insensiblement avec le reste. — 11 — Implantation §XI Semis sur diverses essences d'arbres. Extrait du Mémoire Physiologique sur lé Gui ( Viscum album), par Gaspard, § hXi : « Les semis de Gui réussissent bien différemment selon qu'ils sont faits sur telle ou telle espèce d'arbres. Dans mes expériences, à peine s'il a manqué une graine sur dix ou douze semées sur le poirier ou le pommier. Au contraire, en les semant par centaines sur le chêne, la charmille, le cognassier, la vigne, etc., je n'ai pu obtenir un seul individu ». Dans mon mémoire Expériences sur la germi- nation et l'implantation du Gui, je fais remarquer que sur cent graines posées en hiver, dix à peine se retrouvent au printemps; que les autres sont dévo- rées par certains petits oiseaux grimpeurs, notam- ment par les mésanges. Ce fait, particulier peut-être aux pays très boisé que j'habite, explique, j'en suis persuadé, plusieurs de mes insuccès. Dans certaines années, j'ai dû renouveler mes semis, deux et même quatre fois. Tous mes semis sur le poirier sont restés sans résultat. §XII Porte-Gui naturels des arrondissements d'Avranches et de Mortain Dans ces arrondissements, les bois de tonture sont coupés à l'âge de 7 à 8 ans, c'est-à-dire à un âge où — 12 — ils ne sont encore qu'à l'état de gaules, sur lesquelles les oiseaux viscivores se perchent très rarement. Le nombre des porte-Gui naturels de la contrée aug- menterait certainement si les bois de tontures étaient coupés à l'âge de 12 à 15 ans. Ici l'érable champêtre (Acer campestre), est pres- que toujours cultivé comme bois de tonture. Un érable porte-Gui de cette espèce existe au Mesnil- Thébault ; il provient d'une branche qui, oubliée sur une touffe, a pris, avec le temps, les proportions d'un arbre véritable. Deux touffes de Gui ont été trouvées en 1895 aux Biards, commune limitrophe du Mesnil-Thèbault, sur un coudrier âgé d'environ 15 ans. La liste des porte-Gui donnée par M. Emile Lau- rent, professeur à l'Institut agricole de Gembloux (Belgique), dans sa brochure Influence . (Mémoire Physiologique sur le Gui, l LXI). Je n'ai que rarement observé la première année le gonflement ou enflure dont parle Gaspard. Lorsque ce gonflement se produit, c'est toujours sur des arbres où le Gui se rencontre fréquemment et sur du jeune bois vigoureux et placé en pleine lumière. Quand les semis ont été faits sur du jeune bois dont l'écorce vient à se durcir par suite de causes accidentelles, le gonflement reste parfois quatre et même cinq ans sans se produire. C'est notamment ce que j'ai observé sur le Tilleul. § XIV Implantation sur le Robinier eaux Acacia (Robi- nia pseudo-Acacia) Sur cet arbre l'implantation artificielle réussit aussi facilement et aussi sûrement que sur le poni- — 15 — mier. Dans les arrondissements d'Avranches et de Mortain tous, ou presque tous les Robiniers âgés de quarante à cinquante ans, portent des touffes de Gui. Pendant l'hiver rigoureux de 1894-1895, des implantations artificielles sur Robinier, âgés de trois ans, se sont desséchées et ont donné lieu à une sorte de nécrose d'une partie de l'écorce et des tissus sous-jacents. § XV Implantation sur le Cognassier du Japon (Chœ- nomeles Japonica I et le Laurier-Rose (Neriiim D'après mes expériences, l'implantation artificielle du Gui sur le Cognassier du Japon et le Laurier-Rose est presque aussi facile que sur le Pommier. C'est ce que nos classifications botaniques, ne pouvaient nous taire prévoir. A ce point de vue, ces deux arbrisseaux ont un rapport commun qui n'a pas encore été étudié. L'implantation sur le Laurier-Rose, précédemment obtenue par Gaspard, a cela de particulièrement intéressant qu'elle prouve, contrairement à l'assertion de quelques botanistes, que le Gui peut s'implanter sur des arbrisseaux à sucs toxiques. §XVI Implantation sur le Pêcher Mes observations ont particulièrement porté sur un Pêcher en espalier exposé au midi. Gaspard croit avoir bien constaté que « les feuilles de Gui sont d'un vert excessivement fort ou foncé — 16 — sur le pêcher et qu'elles présentent des granu- lations rougeâtres ». (Mémoire Physiologique sur le Gui, § VI). La touffe de Gui sur Pêcher par moi obser- vée, était de fait d'un vert beaucoup plus foncé que sur le Pommier, le Peuplier de Virginie, l'Aubépine et le Robinier faux Acacia, ce qui me semblait d'autant plus remarquable que l'individu était mâle et placé en pleine lumière. J'ai en effet constaté bien des fois que le Gui mâle a presque toujours une teinte plus jaunâtre que le GuPfemelle, et que pour trouver sur le Pommier des Guis mâles ou femelles de teinte vert-foncé, il faut aller les chercher dans des endroits ombragés. Quant aux granulations rougeàtre-, je n'en ai pas trouvé trace ; il est possible qu'elles exis- tent sur les individus femelles. Je crois à l'exactitude des observations de Gaspard; mais il est possible que les appareils végétatifs du Gui subissent des variations suivant les contrées et les conditions climatériques. § XVII Implantation sur le Groseiller a grappes a fruits rouges et sur le cassis ou groseiller a fruits NOIRS. Au mois d'avril 1891, je posai 70 graines sur des Groseillers â grappes à fruits rouges. La plus grande partie l'ut dévorée par des mésanges, oiseaux qui ont certainement la vue liés perçante. Au mois de décem- bre suivant, sur les quelques graines restées intactes, quatre plumules s'étaient redressées, je veux dire — 17 — avaient cessé d'être adhérentes à l'écorce, ce que je considère comme un signe certain de possibilité de l'implantation ; mais je ne pusconslater aucun gonfle- ment appréciable de l'écorce-support. Ce gonflement se produisit, sur trois implantations, au mois d'août 1894. Les deux premières feuilles commencèrent alors à se dégager de leurs téguments. L'hiver rigoureux de 1894-1895 fit périr ces implan- tations, qui auraient pu devenir définitives. Le Groseiller à grappes doit être classé parmi les arbrisseaux dont les couches corticales superficielles sesubérifient promptement,et, par suite, sur lesquels l'implantation du Gui est difficile. Le Ribes grossularia figure sur la liste des porte- Gui naturels donnée par M. Emile Laurent, dans sa brochure Influence de la nature du sol sur la dispersion du Gui. L'écorce du Cassis ou Groseiller à fruits noirs, se subérifie moins promptement que celle du Groseiller. à grappes à fruits rouges ; j'ai obtenu sur cet arbris- seau une implantation que je considérais comme définitive ; elle a été détruite accidentellement. § XVIII Implantation sur les égorges cicatrisées « Ayant soupçonné, dit Gaspard, que 1'épiderme tendu et trop dur du cerisier empêchait l'implan- tation de se produire, je me suis avisé d'en semer sur un griolter après l'avoir dénudé d'une partie de son épidémie, et j'ai eu la satisfaction d'en obtenir 2 — 18 — un individu d'assez belle végétation ». (M ('moire Physiologique sur le Gui, § LXI). Pendant les années 1894, 1895 et 1896, -j'ai fait de nombreux semis de Gui sur des écorces cicatrisées de cerisier, mais sans résultat; toutes les graines, au nombre de plus de 200, ayant été mangées par les mésanges. A la même époque, j'ai été plus heureux sur les écorces cicatrisées du Pommier. Tout d'abord les implantations obtenues ne me parurent présenter aucun caractère particulier; mais plus tard, j'ai constaté que tout autour du suçoir de la germination, des bourgeons adventifs se produisaient avec une étonnante facilité. J'ai des motifs de croire, qu'en opérant sur des écorces cicatrisées, on parviendrait à implanter le Gui sur des essences où il ne se rencontre que très rarement. § XIX Chêne porte-Gui du Mesnil-Tiiébault, lieu du Champ- Rimbaud C'est un arbre peu vigoureux, Agé seulement de 40 à 50 ans, à glands pédoncules, comme « le véné- rable et rarissime chêne porte-Gui de la ferme du Bois, à Isigny-le-Buat (Manche) », dont M. Sosthène Mauduit a bien voulu offrir, en 1895, une héliogra- vure aux membres de la Société d'Archéologie, de littérature, sciences et arts d'Avrançhes et de M or- tain. Il ne porte qu'une seule touffe, un individu — 19 - femelle, mais dont les dimensions sortent complète- ment de l'ordinaire. Un rameau que j'ai sous les yeux mesure 1 mètre 45 cent, de longueur. Le jeune Chêne porte -Gui du Champ-Rimbaud n'est pas seulement une curiosité botanique ; il sou- lève une question de physiologie végétale qui a son importance. Les semis de Gui sur Chêne ont été essayés sans résultat au Muséum d'histoire naturelle de Paris et par un certain nombre de botanistes-expérimenta- teurs. Pourquoi ces insuccès ? Il ne faut certainement pas les attribuer à la composition de la sève. On voit que sur le Chêne le Gui peut prendre des proportions étonnantes ; j'ai des motifs de croire qu'il faut en rechercher la cause dans la texture des couches cor- ticales superficielles. Si les observations micros- copiques venaient à l'appui de cette hypothèse, l'écorce du Chêne pourrait être comparée à un sol très fertile recouvert d'une mince couche de terre de mauvaise nature. Sur un tel sol les radicules de bien des graines s'implanteraient très difficilement ; mais, lorsqu'elles auraient atteint la bonne terre, la végé- tation deviendrait normale et parfois luxuriante. On peut aussi supposer, avec une certaine vraisem- blance, que certaines variétés de Chênes, actuellement devenues fort rares, étaient particulièrement aptes à la multiplication du Giii-sacré, et que ces arbres, pour les Gaulois, étaient les arbres mystiques, les arbres saints par excellence. — 20 — § XX Implantation df. Gui sur Gui Le 8 mars 1894, en passant en revue des touffes de Gui abattues dans un verger, j'eus la chance de trouver, pour la première fois, une implantation na- turelle deGui parasite sur lui-même.Elle a cela de par- ticulier qu'elle est formée de douze petites pousses, longues de •'* centimètres environ, formant une sorte de rosette. Cette implantation est mâle; le support l'est aussi, ce qui prouve que les oiseaux viscivores se perchent parfois sur les touffes de Gui sans y être attirés par les baies de ce parasite. Au mois de février 1898, un rideau de vingt-cinq ma- gnifiques Peupliers de Virginie (Populus Virgi- niana !, portant en moyenne une quarantaine de touffes de Gui, fut abattu au Mesnil-Thébault, lieu du Plant. Cet abattage me permit de recueillir, en moins d'une heure, plus de quatre-vingt implantations de Gui sur Gui. Les plus beaux échantillons furent en- voyés à la Société Linnéenne de Normandie qui en a fait l'objet d'une note insérée dans le Bulletin de janvier-juin 1896, page XXX Vil. § XXI Classement des arbres et arbrisseaux d'après la facilité de l'implantation du grui sur leur ÉCORCE. Ce classement est encore à faire; il nous réserve plus d'une surprise. — 21 — Il serait intéressant de rechercher pour quelles causes l'implantation artificielle du Gui sur lui-même est facile. Sur ses rameaux, comme le remarque M. Jean Chalon, « il ne se forme jamais de lissu subéreux, ni profond, ni superficiel... L'épidémie persiste pendant toute la durée de la plante (1) ». Sous ce rapport, une telle écorce est très propre à l'implantation d'un parasite qui ne prend racine que sur le jeune bois ; mais il ne faut pas en conclure que tous les arbres et arbrisseaux dont l'écorce se maintient lisse et verte pendant plusieurs années, sont également aptes à la multiplication du Gui. L'Aucuba du Japon (Aucuba Japonica), qui pos- sède une écorce de ce genre, m'a paru complètement rebelle à l'implantation du Gui. Sur le Houx (Ilex), dont les baies sont recherchées par les grives, et dont l'écorce se subérifie très lente- ment, le Gui est rarissime, ce qui est difficile à expliquer. J'avais d'abord supposé que l'extrême rareté du Gui sur le Peuplier d'Italie ( Popuhis pyramidalis) tenait uniquement à la disposition particulière de ses branches, sur lesquelles les oiseaux viscivores ne se perchent que très rarement L'expérience n'est pas venue confirmer cette supposition, trouvée cepen- dant fort vraisemblable par un botaniste auquel je l'ai soumise en 1892. Ces questions pourraient probablement être réso- lues par l'étude anatomique des écorces des arbres (1) Revue des Lovanthucées, Mons 1870, page ■<- — 22 — et arbrisseaux sur lesquels le Gui est commun et de celles où il ne se rencontre que rarement ou point. Dépendance du Gui et de son rapport § XXII Sur la question de la nocuité du Gui M. Gaston Bonniera pris au Congrès de Botanique tenu à Paris du 20 au 25 août 1889, la défense de la plante jadis sacrée, actuellement proscrite. « Au point de vue, dit-il, des maliôres échangées, le Gui n'est pas nuisible au pommier Le seul incon- vénient de l'envahissemenl des pommiers par le Gui, pourrait être le développement exagéré de la plante associée, qui ne laissera pas toutes les branches fleurir et la place nécessaire pour se développer ». Gomme il était facile de le prévoir, les journaux de science vulgarisée ont adopté cette opinion. La Science Modème du 15 juillet 1893 va même jusqu'à dire que « le Gui, loin d'être nuisible aux arbres sur lesquels il vit, leur fournit, en échange d'un peu d'eau qu'il puise dans leurs vaisseaux, l'excès de carbone qu'il fixe et que point n'est besoin de menacer des foudres administratives les cultivateurs à qui il plairait de conserver du Gui sur leurs pom- miers ». Les observations biologiques de M. San é. membre de la Société des Agriculteurs de France, qui a résolument entrepris une campagne contre le Gui, — 23 — et les miennes, conduisent à des conclusions toutes contraires. En implantant, par exemple, le Gui sur le tronc d'un jeune Pommier vigoureux, je n'ai pas tardé à arrêter sa croissance. A.u bout de quelques années, le tronc a pris la forme d'une massue. J'ai des motifs de croire que « l'excès de carbone fixé par le Gui » est surtout employé à lui former une embase ou empattement qui le met à l'épreuve des vents les plus violents. Les jeunes greffes sont souvent enlevées par les bourrasques; les plus petites touffes de Gui leur résistent parfaitement. Gaspard a fait remarquer que la radicule du Gui, en s'implan- tant sur les écorces, y détermine « un afflux de sucs » (Mémoire Physiologique sur le Gui, § LXI). Tous les pomologistes savent d'ailleurs que le Gui donne très souvent lieu sur le Pommier à d'énormes nodosités qui sont un obstacle à la circulation de la sève, et qui en absorbent pour elles-mêmes une no- table quantité. Dans sa brochure, Un mot sur la germination du Gui, M. Jean Chalon compare ce parasite à « une plante terrestre qui finit toujours par épuiser le sol où elle croit. » § XXIII Notes sur la réglementation de l'enlèvement du Gui Le 3 avril 1883, M. Hippolyte Morel proposa au Conseil général de la Manche de rendre obligatoire l'enlèvement du Gui dans les vergers. Il ne fut pas immédiatement donné suite à cette — 24 — proposition que je rappelai dans mon Mémoire Expériences sur la Gerjnination et l'Implantation du (ini, paru dans le Un 11 cl in >- mologique de /'Ours/, Lomé V, Concours et Congrès de 1887. Actuellement la destruction du Gui est devenue obligatoire dans la Manche et, le Calvados. En 1893 et 1894 M. Sarcé poussa, comme il le dit lui-même, son cri de « guerre ait (îui », et non sans résultat. Le Gui a disparu dans la Sarlhe, son dépar- tement. On assure qu'il en sera prochainement de même dans l'Ille-et-Vilaine. § XXIV Transplantation des arbres et arbrisseaux porte -Gui Si la reprise est difficile, les implantations de Gui se dessèchent presque toujours complètement, ce qui prouve que le parasite demanda beaucoup à son support, qu'il serait probablement plus exact d'appe- ler son nourricier. Mes expériences ont porté sur le Pommier | Pyrus malus), l'Aubépine (Crsetogus oxycantha), et le Lilas commun ( Syringa vulgaris . § xxv Bouturage des branches porte-Gui du Peuplier de Virginie (Populus Virginiana En traitant comme boutures trois branches porte- Gui de ce Peuplier, je n'ai rien remarqué de bien — 25 — particulier pendant les deux premières années ; mais [tendant la troisième, les loutres de (lui les plus rapprochés du sol se desséchèrent toutes. Ce t'ait tient à ce qu'elles se trouvaient dans une position défavorable pour absorber au passage la sève qui se portait surtout sur les parties les plus élevées qui de- venaient ainsi les plus vigoureuses. § XXVI Touffes de Gui implantées a l'extrémité de branches inclinant vers le sol Ces branches sont nombreuses sur certaines va- riétés de Pommier. Dans les années pluvieuses, les graines déposées sur ces branches glissent presque toujours jusqu'à leur extrémité. Le plus souvent elles tombent à terre ; mais, s'il survient quelques jours de sécheresse, elles se fixent et s'implantent. Les toud'es ainsi produites peuvent prendre un dévelop- pement considérable, ce qui a pour effet de donner à la branche support une position presque verti- cale. Pendant bien des années, j'ai eu l'occasion d'ob- server fréquemment, sur un Pommier dont la tête, avec le temps, avait pris la forme d'un parasol, une branche ainsi terminée , longue de près de deux mètres ; elle formait une sorte de pendule naturel, oscillant au moindre vent. La touffe de Gui avait donné lieu à une forte nodosité qui ne pouvait être que nuisible à son support. — 26 § XXVII Expériences sur la quantité d'eau que le Gui peut absorber par succion Dans mes notes Notes sur quelques particularités de l'histoire naturelle du Gui, je tais mention d'une expérience qui semble prouver que le Gui prend surtout de l'eau à son support, et qu'il est assez exi- geant, même en hiver. Mais le pouvoir absorbant de ce parasite séparé de son support est très faible. Pour le constater, il suffît, dans la fin de mai. ou le commencement de juin, d'enlever deux ou trois rameaux de Gui sur une touffe vigoureuse, de plon- ger leur extrémité inférieure dans un vase rempli d'eau et de placer à côté, comme terme de comparai- son, quelques rameaux de lilas, de charme, de hêtre, etc. Au bout de quatre à cinq heures, les rameaux de Gui commenceront à se flétrir; les ra- meaux de lilas, de charme, de hêtre, resteront sans changement appréciable. Les rameaux de Gui, dont la partie inférieure plonge dans l'eau, éprouvent, au bout d'un certain temps, une sorte de reviliealion dont la cause m'est inconnue; l'écorce, qui était ridée, redevient lisse ; certaines ramifications qui s'étaient affaissées se redressent. J'ai constaté le l'ait, pour la première fois, au moisd'aoûl 1886; mais il me sembla tellement sortir de l'ordinaire, que je crus avoir mal observé. Depuis cette époque, j'ai répété cette expérience en - 27 — juillet 1893 et en mai 1897. Une chose est certaine: c'est que le pouvoir d'absorption de l'eau par succion des rameaux de Gui séparés de leur support, pouvoir presque nul au commencement des expériences, s'accroît visiblement après un temps plus ou moins long, mais qui généralement n'est que de sept à huit jours. En employant, comme récipient de l'eau, un flacon en verre transparent à col étroit, on le cons- tate avec la plus grande facilité. Quand le Gui absorbe l'eau par l'intermédiaire de son support, il se maintient frais et vert pendant plusieurs jours, mais aucune revification ne se produit. Une branche de Pommier portant une touffe de Gui d'environ 1 mètre de diamètre, plongeant par sa partie inférieure dans une bonbonne en verre rem- plie d'eau, du 3 mai 1893 au 24 du même mois, absorba 1 kil. 963 gr. d'eau. Les petites ramifications de Pommier qui dépassaient la touffe avaient été supprimées. Les rameaux de Gui ne commencèrent à se flétrir qu'au bout d'une quinzaine de jours. L'absorption par le support ne cessa complètement que dans les premiers jours de juin. § XXVIII Effet des basses températures sur les feuilles de Gui et l'écorce des rameaux Pendant l'hiver de 1894-1895, le thermomètre est parfois descendu à — 10° et — 12". J'ai alors cons- taté que les feuilles et l'écorce du Gui étaient ridées -- 28 — d'une façon appréciable. Dans la fin de février, la gelée persistait encore, mais le thermomètre ne descendait pas au-dessous de — 4". Cette tempéra- ture, relativement douce, jointe à un temps bru- meux, fut suffisante pour rendre au Gui ton aspect ordinaire. Anomalies § XXIX GUI MALE PANACHÉ HÉTÉROPHYLLE Je l'ai obtenu sur pommier d'un semis de graines d'une sorte de Gui nain, mentionné dans mes Notes sur quelques particularités de l'histoire naturelle du Gui. Il est âgé de six ans. Sur les quatre individus qui proviennent de ce semis, trois reproduisent le type. Cette expérience me donne la certitude que le Gui peut-être modifié par la sélection des graines; elle laisse même entrevoir la possibilité de le trans- former en une plante ornementale. § XXX Bourgeons déterminés par la destruction de la PLUMULE A la suite de celle destruction, des bourgeons naissent souvent à la base du suçoir de la germi- — 29 — nalion ; mais ils peuvent aussi se produire à trois ou quatre millimètres au-dessus, sur la partie qui doit former le premier nœud du Gui Les feuilles des bourgeons ainsi produits sont presque toujours de forme anormale. Sur certains individus, elles sont petites, cordiformes et bizarrement contournées; sur d'autres, par leurs dimensions et leur forme bombée, elles rappellent les pétales d'une tulipe. § XXXI Bourgeons déterminés par le pincement des jeunes pousses Sur les sujets vigoureux et placés enpleinelumière, les rameaux terminés par sept et même huit pousses ne sont pas très rares. Quand l'extrémité de ces bourgeons est pincée, leur accroissement s'arrête ; mais, au printemps suivant, des bourgeons naissent souvent à leur base. C'est ainsi que j'ai pu obtenir sur pommier un verticille de vingt-huit rameaux. § XXXII Feuilles anormalement pehsistantes Ces feuilles peuvent parfois, sur les sujets vigou- reux et placés en pleine lumière, prendre des dimen- sions remarquables. J'en conserve qui ont treize centimètres de longueur sur six de largeur. Elles n'ont pas échappé aux observations de Gaspard. Il parle en effet dans son Mémoire Physiologique sur — 30 — le Gui, § LXVIII, de « feuilles très étoffées, très foncées en couleur, larges, épaisses, succulentes » ; mais il ne paraît pas s'être rendu compte de leur persistance anormale. § XXXIII Rameaux soudés Le cas de deux rameaux soudés n'est pas rare. Sur une de mes implantations artificielles de Gui sur Gui, j'ai dernièrement remarqué une branche plate, longue seulement de trois centimètres, composée de quatre rameaux soudés, cas que je considère comme très rare. — 31 Aug. Chevalier. Observations «m* la Castration tics Plantes par le froid et sur la Cléistogamie hivernale (*). La température exceptionnellement élevée des trois derniers mois de l'année 1897 a eu pour effet de favoriser la végétation et même la floraison d'un certain nombre de plantes qui sont ordinairement à leur période de repos à cette époque de l'année. Chez un assez grand nombre d'espèces, les vieilles tiges ont continué à produire des fleurs, la plupart réduites et frappées de stérilité; quelques autres espèces ont avancé l'époque de leur floraison nor- male. J'ai donné précédemment à ces deux phéno- mènes bien distincts en eux-mêmes les noms de floraison retardée et de floraison anticipée (1). Ces floraisons hivernales anormales sont d'ailleurs assez * Présenté à la séance du 10 janvier 1898. — Manuscrit remis le même jour. — Epreuves corrigées par le Secrétaire. (1) Aug. Chevalier. Catalogue des Plan/es vasculaires de l'arrondissement de Domf'ronl avec notes antiques et observa- tions biologiques in Bull. Soc. Linn. Norni., i° sér., 7° vol. (1893), p. 166. - • 32 — fréquentes dans la plaine sous noire climat pendant les hivers tempérés. On en trouverait de nombreuses indications en consultant divers bulletins botaniques et météorologiques se rapportant aux années qui ont eu des hivers peu rigoureux. La période relativement chaude de décembre 18!)7 a été interrompue par une série de jours de gelée du 20 au 27 décembre 1897 pendant lesquels le thermo- mètre est même descendu à — 5° cent, pour remon- ter ensuite à partir du 28 décembre et même atteindre lO à 15° cent, au milieu des jours qui ont suivi. Ces variations brusques de température ont été très nuisibles aux floraisons anormales; j'ai eu l'occasion de le constater dans l'Ecole botanique du Muséum, dans le Jardin botanique de Caen et dans quelques herborisations faites à cette époque aux environs de Domfront. Dans cette localité, j'ai relevé le 31 décembre la floraison en plein air des vingt plantes qui composent la liste suivante : Paa ainnui I. , Stellaria média Vill., Capsella bwsa-pastoris L., La mi a m purpureum L., Senecio vulgaris L., Ces cinq espèces sont en fleurs toute l'année. Taraxacum dens leonis L. p. p. ( '/'. officinale Web.), Bellis perennis L., Dans les pelouses exposées au sud. un grand nombre d'individus de ces deux espèces ont déjà leurs capitules épanouis. — 33 — Stachys arvensis L., Veronica agreslis L., V. polita Fr., V. arvensis L., La plupart des pieds de l'été dernier sont encore en floraison. Les fleurs de Stachys sont moitié plus petites qu'en saison normale. Les Véroniques ont leurs Heurs fermées (même au soleil) par suite de l'enrou- lement des lobes de la corolle en cornet renversé. Hedera hélix L. — Quelques repousses portent encore des fleurs. Les pédicelles de l'ombelle florale se détachent d'eux-mêmes après la floraison. Mercurialis annua L. — Beaucoup d'individus en fleurs, mais je n'ai pu découvrir partout que des pieds mâles. Tous les pieds femelles que j'ai vus étaient morts. Potentilla fragariastrum Ehrh.— Quelques touffes développées clans un jardin sur un terrain riche en humus présentent une végétation exubérante et sont couvertes de fleurs. Ulex européens L. — Cet arbuste, l'un des plus abondants et des plus caractéristiques des landes du Massif Breton, est déjà couvert de fleurs et de bou- tons prêts à s'épanouir. Tous les Ulex furent gelés dans l'Orne pendant L'hiver 1894-95; la partie souter- raine seule survécut et produisit de nombreuses repousses au printemps. Les buissons sont à peine reconstitués aujourd'hui. 3 — 34 — Nardosmia fragrans Rchb. — C'est l'époque habi- tuelle de la floraison de cette plante. Les hampes florales ont été très endommagées par le froid. Quoi- qu'elle soit abondamment naturalisée en Normandie où elle se propage par ses rhizomes elle est insuffi- samment adaptée au climat car elle ne parait pas arrivera mûrir ses graines. Lamium album L. — Quelques pieds accidentel- lement fleuris. Lamium amplexicaule L. — Tous les pieds hiver- nants de cette espèce sont pendant l'automne, l'hiver et une grande partie du printemps couverts de fleurs cléistogatnes dans l'Ouest, le Centre et le Nord de la France. Dans le département du Nord j'ai observé la môme particularité chez, sa congénère Lamium hybridum(\) Vill. Enfin j'ai noté dans plusieurs jardins à Dom front la floraison générale de Viburnum timis L et la floraison accidentelle de quelques touffes de Viola odorata L. Au Jardin botanique de Caen, les écailles qui enveloppent le bouton floral de Cornus mas L. étaient écartées et laissaient apparaître les fleurs qui ne tarderont pas à s'ouvrir. A Paris, au Jardin du Muséum, j'ai noté la floraison de deux plantes indigènes Calendula arvensis L. et Lamium maculatum L. et d'un assez, grand nombre 1 M. John Briquel signale aussi la cléistogamie comme rare dans Lamium purpureum L. (.1. Briquet. Les Labiées des Alpes- Maritimes, part, il ,lv»:; , p. 304. — 35 — de plantes exotiques, notamment des Corylus voisins de C. avellana L. (1), une belle série d'hellébores : Helleàorus purpuràscens W. et R., H. brevicaulis Jord., H. caucasiens G. Koch., H. nigerL., H. fœti- dus L., Eranthis hiemalis Salish. L'appareil végétatif des plantes des listes précé- dentes a peu ou point souffert de la gelée dont nous avons parlé (2), mais il en a été autrement des organes sexuels dans les fleurs épanouies. A part un petit nombre d'espèces qui fleurissent normalement à cette époque de l'année et dont les fleurs sont par conséquent adaptées aux basses tem- pératuresi presque toutes ont été frappées de stéri- lité par le froid. Les étamines paraissent les plus atteintes. Dans Viburnum Tinits L., par exemple, les anthères des fleurs épanouies au moment du froid sont demeurées indéhiscentes. Les filets sont actuellement flétris et commencent à noircir. Le gynécée ne paraît pas toujours endommagé. Les fleurs demeurées en bou- tons pendant le froid et qui se sont épanouies après le dégel n'ont pas souffert. Les loges des anthères ouvertes répandent des grains de pollen en bon état. Si les fleurs hivernales ne donnent pas de graines, il (i) Le véritable C. avellana L. n'était pas encore en fleurs. (2) Consult. sur ce sujet : Pkillieux. Des effets de la gelée sur les fiantes in Bull. Soc Bot. île France, t. XVI, 18.69. Ed. Grirfon. De l'influence de la gelée prinlaniere de 1891 sur la végétation de quelques essences forestières, Comptes-rendus V.nl. Se, il oct. 1897, el Revue générale de Mot., t. IX (1897), p. i!7. — 36 — ne faudra donc pas attribuer cette stérilité à la gelée (1). Chez quelques espèces les organes sexuels n'ont pas souffert, protégés par une disposition spéciale de leur corolle qui leur a offert un abri suffisant : Dans Ulex curopseus L. les deux lobes de la carène appliqués bord à bord par la partie libre enveloppent les étamines et les styles dans une sorte de porte- feuille. Dans les Véroniques, les quatre lobes de la corolle sont enroulés en cône et ces fleurs s'épanouissent très rarement pendant l'hiver. C'est une tendance très inarquée vers la cléistogamie vraie (2). Dans le Jardin du Muséum un Ruta cultivé sous le nom de R. macrophylla Kev. présentait quelques fleurs cléistogames (3) qui n'ont pas souffert. Le développement assez avancé des fruits fait même espérer qu'elles seront fertiles. A Domfront, les fleurs complètement cléistogames de Lamium amplexicaule L. ont aussi résisté au (1) D'après' Bennett (Nature, novb. 181>9, p. 11), quelques Meurs qui s'épanouirent en Angleterre pendant un mois de janvier doux « ue donnèrent point tiare de pollen et pas une graine ne fut formée. » Sous le climat de Domfront, la stérilité des (leurs épa- nouies en hiver est la règle, mais elles donnent des grains de pollen m bon étal quoique en moins grande quantité que dans la belle saison. 2) Rappelons que Imiin a nommé en l so7 cléistogames des (leurs a corolles fermées, 1res petites (ordinairement incluses dans le calice el marcessentes . à étamines souvent réduites, en nombre et eu grandeur. (3) La cléistogamie n'avait pas encore été signalée dans ce genre - 37 — froid (1). Ajoutons qu'elles donnent beaucoup de graines, même pendant l'hiver. Ces constatations me portent à croire que la cléisto- gamie hivernale loin d'être défavorable en empêchant toute fécondation croisée (à une époque où d'ailleurs celle-ci est bien difficile, les apides, lépidoptères, et antres insectes ailés faisant presque complètement défaut en hiver) (2) est au contraire très utile à la plante en garantissant les organes essentiels à la reproduction contre les intempéries de la saison. Gh. Darwin voyait dans la cléistogamie un phéno- mène physiologique ayant pour but d'assurer à la plante, parfois affaiblie par des circonstances défavo- rables, une abondante production de semences sans grande dépense de matières nutritives et par suite de force vitale (3). Pour sir Lubbock l'état cléistogame serait le résul- tat du mauvais temps; il aurait pour but d'épargner à la plante des dépenses inutiles, les corolles voyantes jouant le rôle d'enseignes n'ayant point de fonction à (1) Dans les plates-bandes du Jardin du Muséum les organes sexuels des fleurs cléistoirames de Lamium amplexicaule L. ont pourtant été gelés, mais je dois ajouter que les boutons floraux de L. maciilalurn L. ont eux-mêmes été détruits. (2) Les expériences de MEEHAN et de Mm* Ida Keller montrent d'ailleurs que l'utilité des insectes dans la fécondation est bien moins grande que l'avait crû Darwin. Cf. Ida Keller. Nots ou the study of tlie cross fertilisation of flowers by insects, in Proc. Acad. N.Se. Philadelphie, ann. 1896, p. 555. (3) Gh. Darwin (trad. E, Heckel). Des différentes formes de Fleurs dans les piaules de Ut même espèce. Paris, 1878, p. 345. - 38 - remplir aux époques où les insectes font défaut (1). Les récentes recherches de M. Plateau semblent au contraire prouver que la couleur et la forme des fleurs n'attirent guère les insectes (2). L'opinion que Delpino émettait dès 1867 sur la fonction des fleurs cléistogames parait bien plus acceptable ;3) D'après ce botaniste, les fleurs cléisto- games se développent en vue d'assurer lu production des semences au milieu des conditions climatériques ou sous les autres influences hiiHHl<'nii4'* Imtlioiiieiis du Calvados (*) § 1. Note préliminaire sur une station d'Echinodermes dans le Bradfordien de Lion -sur-Mer. — S 2. Sur la disposition dicyclique du calyce des Pentacrines. — § 3. Index bibliographique des publi- cations sur les Grinoïdes de Normandie et liste des espèces du Bradfordien du Calvados. §1 Note préliminaire sur une station d'Echinoder- mes dans le Bradfordien de Lion-sur-Mer Ue nombreuses trouvailles d'Echinodermes ont été faites à plusieurs reprises dans les couches bradfor- diennes des environs de Gaen (1). Les falaises entre Langrune et Lion-sur-Mer ont notamment fourni à Morière et Eugène Deslongchamps, de belles lentilles formées par l'accumulation d'individus presque entiers d'isocrinus Nicoleti Desor, sp. (2) et de véri- (') Travail présenté à la séance du 7 novembre 1898 ; manuscrit remis le même jour. (1) Voir § 3. (2) Nous adoptons les conclusions du travail très documenté et très convaincant publié par M. l'.ather : « Peniacrinus, a ucune and ils history (Natural Science, vol. Xll, u" 74, avril 1898, pp. 245-256) ». Il résulte de ce travail que le type du genre Pentacrinus — 40 — tables grappes rT 'Hemicidaris Langrunensis Cotteau ayant conservé leurs radiales en rapport avec le test et leur appareil masticateur en place. L'éboulement d'une portion de falaise à Lion-sur- Mer m'a permis au mois de septembre dernier, d'explorer une nouvelle lentille. Tout d'abord il taut signaler que les trois lentilles dont la position est connue occupent le même niveau dans la série des couches qui forment les falaises entre Saint-Aubin et Lion-sur-Mer. Le banc d'argile et de calcaire marneux avec nombreux Bracbiopodes que l'on voit s'amorcer dans la falaise de Langrune et que l'on suit sur la plage jusqu'à Lion-sur-Mer est recouvert par un massif de calcaires blancs à stratification entrecroisée, dont le sommet durci, raviné et perforé, supporte les argiles du Gornbrash. C'est vers la base de ce massif calcaire, à lm50 ou 2IM au-dessus des coucbes argileuses à Zeilleria digona Lanik., que se trouvent les lentilles à Echino- dermes {Hemicidaris de Langrune, Pentacrines de Luc et Lion). La lentille de Lion que nous venons d'explorer est visible par sa tranche dans la falaise sur une longueur d'environ 8in. Elle est formée par des plaquettes, épaisses au maximum de 0'"08, d'un véritable cal- BlumeDbacb 1804 est Le P. fossilis Blum. (= britannicus Schloth. = briareus Miller), donl A.usten en 1 s 17 ,i t'ait le type du Genre Ex- fracrinus. Les P. pendulus II. V. Meyer, a mblyscalaris Thurmann, Nicoleti Desor, Lenthardi de Loriol et lapluparl des formes fossiles décrites comme Pentacrines, rentrenf dans le genre Isocrivus, II. S . Meyer, L837. — 41 — caire à entroques, dont les faces supérieure et inférieure, séparées des bancs voisins par un délit argileux, laissent apercevoir à leur surface de nom- breux individus d'Isocrinus Nicoleti Desor, sp., dont 1rs tiges souvent entières et avec leurs verlicilles de cirrhes sont en rapport avec les calyces. surmontés de leurs bras garnis de pinnules. D'autres individus, moins nombreux et moins bien conservés, s'obser- vent à la face intérieure du banc qui surmonte la lentille et à la face supérieure de celui sur lequel eile repose. Pour donner une idée du nombre des individus, nous dirons que sur une plaque de 0m60X0m25 nous comptons sur une seule face une soixantaine d'individus. Associés à ces Pentacrines, nous avons recueilli de nombreux échantillons d'Antedon Schlumbergeri de Loriol. Cette espèce a été établie par M. de Loriol sur un échantillon recueilli par M. Schlumbergcr dans le Bathonien d'Hérouvillette (Calvados), et réduit à sa pièce centrodorsale et aux premières radiales. Nous avions depuis retrouvé sur les plaques de la lentille de Luc-su r-Mer, recueillies par Eug. Deslongchamps, des échantillons de cette espèce montrant une purtion de leurs bras en rapport avec la pièce centrodorsale et le calyce, mais ces échan- tillons présentaient avec le type d'Hérouvillette des dissemblances qui nous faisaient croire à une espèce différente. Les échantillons, au nombre d'une centaine que nous avons recueillis à Lion-sur-Mer, nous font revenir sur cette opinion. Il se trouve en effet que le type d'Aniedon Schlumbergeri repré- sente un type extrême par sa pièce centrodorsale — 42 — très basse, à face inférieure aplatie. Sur les nom- breux échantillons qui nous sont passés par les mains, deux seulement peuvent être rigoureusement identifiés au type ; les autres, tout en présentant les mêmes caractères des pièces du calyce et la même disposition des impressions musculaires et ligamen- taires, diffèrent entre eux et du type par la forme de leur pièce centrodorsale plus ou moins conique. Cet Antedon Schlumbergeri de Loriol devait avoir les bras peu divisés ; on compte en effet sur un échan- tillon 33 articles primibrachiaux (Distichales depuis la radiale axillaire, sans bifurcation. Nous devons signaler sur les jeunes individus la persistance d'une ou deux infrabasales. La population d'Echinodermes de cette station était complétée par une Astérie du genre Goniaster, voisine, si elle ne lui est identique, de celle des Couches à Spongiaires de Saint-Aubin, que Eug. Deslongchamps a désignée, sans la décrire, sous le nom d1 'Astropecten spongiarum (1). Enfin il s'est aussi trouvé quelques échantillons d'Hemicidaris Langrunensis Cotteau, avec leurs radioles et ieur Lanterne d'Aristote. Il n'est pas douteux qu'ici comme à Luc nous ne nous trouvions en présence d'une véritable colonie d'animaux ayant vécu sur l'emplacement même de leur station actuelle, couchés sur le fond et ensablés avant que leurs pièces se soient disloquées. Le bel état de conservation et l'abondance des échantillons nous ont permis d'étudier ces formes (lj B. .S. !.. .Y, 3" s., t. X. p. 29. — 43 — en détail et nous fournissent l'occasion de faire connaître d'une façon très satisfaisante VAntedon Schlumbergeri de Loriol et d'ajouter quelques détails à la belle description d'Isocrinus Nicoleti Desor sp. donnée par M. de Loriol dans la Paléon- tologie française. Nous nous bornons à signaler dans cette note un fait d'intérêt général relatif à la disposition dicyclique de la base du calyce des Pentacrines. Sur la disposition dicyclique du calyce des Pentacrines Wachsmutb et Springer ont établi une règle qui permet de reconnaître si une base de calyce de Grinoïde est dicyclique ou monocyclique. La démonstration de cette règle peut être formulée de la manière suivante : 1 Les pièces de cbaque série d'un même cycle se superposent; 2° Chaque série d'un même cycle alterne avec celle des cycles voisins. 3° La tige constitue un cycle ; — chacun de ses articles est formé par la réunion de secteurs fusion- nés suivant des lignes de suture, situées entre les angles de la lige quand elle est anguleuse ; 4° Les cirrhes s'insèrent suivant les lignes de suture par conséquent entre les angles saillants de la tige). 5° a. Dans le type monocyclique, les cirrhes sont 44 interradiaux; inversement, si les cirrhes sont inter- radiaux, le calyce est monocyclique ; b. Dans h- type dicy clique les cirrhes sont radiaux; inversement si 1rs cirrhes sont radiaux, le calyce est dicy clique. L'orientation de la tige, par rapport aux radiales, étant déterminée par l'insertion des cirrhes, si l'on distingue les cycles successifs en partant de la tige par les chiffres I, II, III, IV, 1rs cycles d'ordre pair seront sur une même ligne, les cycles d'ordre impair sur une antre même ligne. On peut représenter cette disposition de la manière suivante : (a I Monocycliques III Radiales II Basales I Tige i b) Dicy cliques IV Radiales III Parabasales II Infrabasales I Tige Ces deux types sont irréductibles l'un à l'autre; car en supposant que l'une des rangées de basales du type (b) vienne à disparaître, l'on aura une des dispositions : II IV I (c) (d) Radiales IV Radiales \arabasales II Infrabasales Tige 1 Tige dans lesquelles le cycle persistant de basales ne correspond pas aux basales des monocycliques. La disposition (c) s'observe souvent quand on n'étudie que les pièces du calyce assemblé, mais — 45 — d'après la règle elle est anormale et ne peut s'expli- quer qu'en supposant ou bien: (I) que ce cycle a disparu, le calyce demeurant fondamentalement dicyclique (Calyce ochétodicy clique > — ou bien : (II) que le cycle d'infrabasales est caché (67/ /y ce cryp- todicy clique . I. Chez Antedon adulte, les cirrhes sont radiaux, le calyce par suite dicyclique et il n'existe qu'un cycle de basales (formant la rosette); ces basales alternant avec les cirrhes, sont par suite sur la même rangée que les pièces de la tige et appartiennent au cycle parabasal. A l'origine il existe un cycle d'infra- basales qui plus tard se résorbent et disparaissent ; le calyce devient ochétodicy clique. Chez les Pentacrines vivantes, dont le calyce est décrit comme monocyclique, parce qu'il n'existe qu'un rang de basales (les parabasales) les pièces sont disposées suivant le type(c), c'est-à-dire que le calyce est encore ochétodicy clique. II. Chez d'autres formes l'application de la règle de Wachsmuth et Springer a amené à constater l'exis- tence d'un cycle d'infrabasales cachées. Wachsmuth et Springer ont reconnu sa présence dans les genres Glyptocrinus et Heterocrinus ; M. D P. Œhlert l'a également trouvé dans Diamenocrinus Jouani . Pentacrinus Blumenbach (= Extracrinus Austin) a également un calyce cryptodicy clique. M. de Loriol a montré que Millericrinus et Isocrinus Lent hardi de Loriol sp. (1) ont leur calyce disposé de la même manière. (1) P. de Lokiol, Notes sur les Ecliinodermes, n° A (Revue Suisse de Zoologie, vol. II, 1894). — 46 — Chez Isocrinua Nicoleti Desor, les infrabasales très petites n'apparaissant pas à l'extérieur, ramènent le calyce au type cryptodicy clique. Ainsi il y a une différence assez importante entre les Pentacrines Bathoniennes et les Pentacrines actuel- les. Raisonnant d'après ce que l'on sait pour Anledon, on peut supposer que les infrabasables existent tem- porairement au cours du développement chez les formes vivantes, dont le calyce d'abord cryptodi- cyclique devient ochétodicy clique, tandis qu'il reste cryplodicyclique chez les formes fossiles. A cet égard les Pentacrines actuelles présenteraient phylogénétiquement par rapport à leurs ancêtres géologiques des relations comparables à celles qu'ontogéniquement YAntêdon adulte présente avec sa phase pentacrinoïde. On pourrait admettre que les différences entre les Pentacrines cryptodicycliques actuelles et les Penta- crines ochétodicycliques fossiles sont assez impor- tantes pour justifier leur séparation générique; mais nous nous rangeons à ce sujet à l'opinion qu'à bien voulu nous exprimer M. Bather. Chez les Pentacrines fossiles « les infrabasales, même quand elles sont présentes sont petites et invisibles à l'extérieur; elles sont déjà en voie d'atrophie. Il est presque certain qu'il a existé beaucoup d'espèces (dans les périodes jurassique et crétacée) chez lesquelles les infrabasales étaient présentes dans le jeune âge, mais non chez l'adulte. Nous pouvons découvrir quelles sont ces espèces, mais il est plus probable que nous resterons pendanl des siècles ignorants de leur vraie structure. Par suite, l'application de la division générique — 47 — proposée serait tellement difficile, que sa valeur pratique serait très faible ». Quoi qu'il en soit, les autres caractères des espèces Nicole/ i Desoret Lenthardi de Loriol les rapprochent des Isocrinus et non des formes vivantes, et si un nom générique devait être proposé, ce serait pour ces dernières : c'est aux zoologistes à étudier la question. Il convient de faire remarquer qu'on ne saurait donner comme caractère distinctif d'hocrinus et de Pentacrinus (= Extracrinus)\& présence chez celui- ci d'infrabasales cachées; les deux genres ont en effet un calyce cryptodicy clique , mais les caractères tirés du mode de division des bras, et de la disposi- tion des facettes articulaires des articles de la tige suffisent à les distinguer. §111 Index bibliographique des publications sub les Crinoïdes de Normandie et liste des espèces du Bbadfordien du Calvados. A 1850. Eudes-Deslongchamps. — Crinoïdes de diver- ses forma lions (M. S. L. N., I. IX, 1853, pp. XLIII-L). 1879. Morière. — Note sur les Crinoïdesdes terrains jurassiques du Calvados (B. S. L. N., 3e s., t. 111, 1879, pp. 323-331). — 48 — 1880. Morière. — Crinoïdes des terrains jurassiques du Calvados ; r noie (id., t. IV, pp. 329-348, pi. I-II). 1881. Id. — Deux nôtres 240, pi. 32 à 34, pi. ■">'>. I'kj. I >'< 6. 3. Millericrinus Ranvillensis V. do Loriol 188:;. Voy. de Loriol, loc. cit., i. XI. 1™ />.. />. 331, pi. 58, fig. i à 7 . \. Millericrinus Pepini P. do Loriol 1883. Voy. de Loriol, Inc. ri/, i. XL 1n p.,-p. 334, pi. 59, fig. 1-2. — 49 — 5. Millericrinus Garabeufi P. de Loriol 1883. Voy. de Loriol, loc. cit., t. XI, 1™p., p. 337, pi. 59, fig. 3-10. 6. Millericrinus exilis P. de Loriol 1884. Voy. de Loriol, loc. cit., t. XI, I™ p.,p. 340 pi. 59, fig. 11-14. 7. Millericrinus Morierei P. de Loriol 1884. Voy. de Loriol, loc. cit.. t. XI, 1te p., p. 324, pi. 60, fig. 1-3. 8. Gyclocrinus ? precatorius d'Orb. 1850. Voy. de Loriol, loc. cit., t. XI, 2e p., p. 31 , pi. 123, fig. 13-17. 9. Isocrinus Nicoleti (Desor sp. 1845) = Buvi- gnieri (d'Orb. sp. 1850). Voy. de Loriol, loc. cit., t. XI, 2° p., p. 165, pi. 154 à 161. 10. Isocrinus Deslongchampsi (de Loriol sp. 1887). Voy. de Loriol, loc. cit., t. XI, 2e p., p. 195, pi. 165 et 166, fig. 1 . 11. Isocrinus Ghangarnieri (de Loriol sp. 1887). Voy. de Loriol, loc cit., t. XI, 2e p., p. 199, pi. 166, fig. 1-2. 12. Pentacrinus Dargniesi Terquein et Jourdy 1869. Voy. de Loriol, loc. cit., t. XI, 2° p., p. 412, pi. 201-21 1 . 13. Antldon Schlumrergehi de Loriol 1888. Voy. de Loriol, loc. cit., t. XI, 2e p., p- 148, pi. ?/.;. fig. 3. 14. Actinometha PiANVillknsis de Loriol 1888. Voy. de Loriol, loc. cit., t. XI, 2ti p., p. 534, pi. 2 27 , fig. I . 4 50 — A. Bigot — Sur le projet d'alimenta- tion «le la ville d'Argentan en eaux potables (*)• A. Le projet de la municipalité d'Argentan (Caplation des sources de Belle-Eau. § 1. Emplacement. — §2. Diminution du débit de la Baise, de l'amont vers l'aval au sud des sources.— § 3. A quoi est due cette disparition ? — § 4. Les sources de Belle-Eau sont en partie alimen- tées par les eaux de la Baise. — § 5. Elles sont en outre alimentées par l'eau du plateau de la rive droite. — § 6. Conditions dans les- quelles les eaux arrivent aux sources. — § 7. Débit. — S 8. Restric- tions relatives à la protection du bassin d'alimentation des sources contre les contaminations. — § 9. Insuffisance du débit. — § 10. Ob- jections pratiques. B. Examen d'autres projets. § 11. [>uit-.— § 12. Collines au nord d'Argentan. — § 13. Avan- tages de la cap ta Mon de ces sources. — g I i- Débit. C. S l-î. Conclusions. J'ai eu l'occasion de faire connaître il y a peu de temps les conditions d'alimentation et d'émergence des sources captées à Tournebu, Moulines, Saint- Germain-le-Vasson, pour l'adduction àCaendes eaux potables nécessaires à l'alimentation de la ville (I ). • Travail présenté à la séance de 5 décembre 1898, manuscrit remis le même jour; épreuves corrigées le 20 décembre. (1) B. S. !.. .Y, 5* sér., t. I, 1897, p. xi.iv. - 51 - Cette étude aurait dû logiquement précéder le travail de captation, et aurait coupé court dès l'origine aux polémiques qui aboutissaient à jeter un discrédit sur l'abondance et la salubrité des eaux dont est dotée aujourd'hui la ville de Gaen. En tous cas, l'expérience faite ici devrait servir aux villes voisines; malheureusement il semble n'en être rien ; la ville d'Argentan se prépare à adopter un projet d'adduction d'eaux qui est incomplètement étudié, et sur lequel, dans l'état actuel des études, on ne peut que faire de sérieuses réserves. J'examinerai d'abord le projet qui semble être en faveur, puis ensuite s'il n'est point possible de cher- cher mieux. A. LE PROJET DE LA MUNICIPALITE DAR- GENTAN — CAPTATION DES SOURCES DE BELLE-EAU. Ce projet comporte la captation des sources dites de « Belle-Eau » à 7 kilom. au sud d'Argentan, dans la vallée de la Baise. L'altitude de ces sources (167m) étant inférieure à celle du réservoir de la gare d'Ar- gentan (172m73) que l'on se propose d'alimenter, le projet nécessitera l'établissement d'une machine élévatoire et la construction d'un réservoir. Aban- donnât-on le projet, séduisant au point de vue financier, de fournir à la Compagnie de l'Ouest 5001"3 par jour, que-la machine élévatoire et le réser- voir n'en resteraient pas moins nécessaires pour distribuer l'eau dans les hauts quartiers d'Argentan. — 52 — § t. — Emplacement. — Les sources dont on pro- jette la captation forment deux groupes. L'un que l'on paraît abandonner est silué dans un pré (Pré Léger), sur la rive gauche de la Baise; L'autre, beau- coupplus important, est dans le lit même du ruisseau de Baise , à peu près à mi-chemin de la ferme de Belle -Eau et du château de Saint-Christophe-du- Jajolet, au droit d'un petit vallon asséché, entamant le plateau qui borde la vallée sur la rive droite. C'est de ce groupe seul que je m'occuperai. § 2. — Diminution du débit de la Baise de l'amont vers l'aval, au sud des sources. — Le 12 novembre 1898, le lit de la Baise, depuis les sources de Belle-Eau jusqu'au village de La Grande- Rivière était complètement à sec. Le village de La Grande-Bivière est au confluent de deux petits ruisseaux, dont l'un vient de l'étang de Vrigny ; l'autre descend également de la forêt et passe au village de Baise. A la même date, le bras de Baise ne débitait, à La Grande-Bivière, qu'un petit filet d'eau arrêté par un petit barrage artificiel qui n'en laissait passer aucune goutte; le débit allait augmentant peu à peu en remontant le ruisseau dans la direction de Baise. L'eau du bras de Vrigny disparaissait encore plus vite, et son lit était déjà asséché à li(X)1» au sud de La Grande-Bivière. !< :>. — A QUOI EST DUE CETTE DISPARITION? — Il suffit, de jeter un coup d'u'il sur la carte géolo- gique de la région (feuille f>2, Alençon, du service de la carte géologique détaillée de la France), pour — 53 — constater que l'abaissement du débit des deux bras de la Baise coïncide avec leur entrée dans la région des calcaires bathoniens, qui boivent peu à peu l'eau des ruisseaux, par un mécanisme que nous aurons à rechercher (§6 et 8). L'eau des ruisseaux s'y comporte comme l'eau des précipitations atmosphériques, tombant à la surface de ces calcaires, et qui est absorbée avec assez de rapidité pour qu'elle ne puisse former des rigoles d'écoulement temporaires ou per- manentes. L'assèchement du lit de la Baise entre la Grande- Rivière et les sources de Belle-Eau n'est pas perma- nent. En effet, si à la suite des pluies la quantité d'eau amenée de la zone de la Forêt, est supérieure à celle que les calcaires peuvent absorber, l'excès s'en écoule dans le lit du ruisseau ; en outre, la satu- ration de la nappe profonde, alimentée par les eaux d'infiltration a pour conséquence d'en relever le niveau supérieur qui peut coïncider avec le fond du lit de la Baise. § 4. — Les sources de Belle-Eau sont en partie alimentées par les eaux dela baise. — L'exactitude de cette proposition n'est pas douteuse, car il faut que ces eaux reparaissent quelque part. Peut-être leur réapparition est-elle duc à un barrage souterrain. En effet, les calcaires bathoniens dans lesquels se font les pertes, reposent sur une plate- forme de schistes anciens (tels que ceux Tanques et Fleuré), assez argileux pour donner le niveau imper- méable sur lequel s'arrêtent les eaux el d'une dureté assez égale pour qu'ils aient été uniformément — 54 — arasés. Mais il s'y trouve aussi des bandes plus dures, verticales, susceptibles de former des reliefs alignés E. 0. jouant le rôle de barrages, et s'opposant à l'écoulement des eaux profondes vers le N. suivant la pente de la surface des schistes. Quoi qu'il en soit de cette conception théorique, l'alimentation partielle des Sources de Belle-Eau par les eaux de la Baise n'est pas douteuse (1). § 5. — Elles sont en outre alimentées par une nappe au-dessous du plateau de la rive droite de la Baise. — Les calcaires oolithiques plus ou moins sableux du plateau de la rive droite de la Baise, absorbent les eaux qui tombent à la surface et donnent naissance à une nappe aquifère souter- raine, dont la surface reproduit en les atténuant les ondulations de la surface du sol. Le ravin qui aboutit sur la rive droite de la Baise au droit des sources de Belle-Eau, correspond à une ligne de points bas de la nappe, dont le plus inférieur coïncide avec les sources de Belle-Eau. Celles-ci s'accroissent donc d'une portion des eaux tombées sur le plateau. § 6. — Conditions dans lesquelles les eaux arrivent a la nappe des sources. — Lorsqu'il s'agit de roches calcaires comme celles qui con- t il j ,i là mu' disposition comparable à celle des rivières de l'Avre, qui, naissant par des étangs, sont absorbées dans la zone des bétoires el reparaissent de nouveau par des sources abondantes captées par la ville de Paris. Dans leur parcours souterrain, ces eaux ne circulent pas dans des fissures comme une véritable rivière souterraine, mais Forment une nappe dans des sables qui les filtrent, et leur rendent toute leur pureté. — 55 — tiennent la nappe de Belle-Eau, les eaux peuvent y pénétrer, ou par imbibition en empruntant les espaces qui séparent les éléments meubles du sol , ou par des cavités plus ou moins larges et plus ou moins régulières qui divisent la roche. Ce dernier cas est celui des eaux qui, descendues de la Forêt d'Ecouves, disparaissent dans les gouffres de Vmgt-Hanaps , en quittant comme celles des ruisseaux de Baise et de Vrigny la région des terrains anciens, pour entrer dans celle des calcaires batho- niens. Actuellement, l'examen de la région des nappes de Belle-Eau est favorable à l'idée d'une absorption par une roche sableuse et perméable plutôt que par une roche fissurée, mais il est impossible de rien affirmer d'une façon certaine. §7. — Débit. — On a fait plusieurs jaugeages des sources de Belle-Eau. Pour évaluer le débit des sources , M. Gravet a déterminé les 18 et 19 août 1893, le débit de la Baise à 85m en amont des sources et à 37m en aval ; la différence donne le débit de la source. 11 a obtenu les chiffres suivants par seconde : Débit de la Baise en amont des sources . 24*,02 en aval . 47 ',52 Différence donnant le débit des sources . 23',50 Ce qui donnerait un débit journalier de 2030"1'. Le 10 septembre 1898, M. Jean trouvait un débit journalier de 10 litres à la seconde, soit 864m3 par jour; d'après lui ce chiffre représente le débit pen- — 56 — dant le mois d'août et la première semaine de septembre. Le 12 septembre 1898. après une forte pluie d'o- rage survenue dans la nuit, M. Jean fait un nouveau jaugeage et trouve 12 litres à la seconde, soit 1036"'3 par jour. C'est après une pluie d'orage, encore plus abon- dante paraît-il, que M. Leurson fait le 19 septembre de la môme année un jaugeage officiel qui donne un débit de 25 litres à la seconde, soit 2160™13 par jour. Enfin, le 6 décembre 1897. le promoteur du projet, M. Vidière, trouvait un débit de 53',68 à la seconde, correspondant à un débit journalier de près de 4638< Admettantes divers chiffres donnés comme exacts, on voit que le débit est très différent à la lin de la saison des pluies (Gravet), ou après la saison sèche (1er jaugeage Jean) et, dans la même saison, avant (lfir jaugeage Jean) ou après une forte pluie(Leurson, 2e jaugeage Jean). En tous cas, il faut retenir que le débit peut s'abaisser à 864m8 par jour. Ces quelques jaugeages si intéressants qu'ils soient sont trop peu nombreux pour 'qu'on [misse en déduire le régime des sources. Nous avons exposé jusqu'ici les faits connus; nous allons maintenant nous attacher à montrer les raisons qui ne permettent pas d'adopter le projet tel qu'il est présenté. — 57 - § 8. — Restrictions relatives a la protection du rassin d'alimentation des sources contre les contaminations. — Eh premier lieu, nous ne sommes nullement édifiés sur les garanties que pré- sente le sol contre les contaminations. Nous ne savons rien de précis sur la façon dont les eaux parviennent à la nappe ; les probabilités sont pour qu'elles filtrent à travers les sables calcaires du Bathonien, mais ce ne sont que des probabilités. On conçoit combien il serait i in portant de savoir si ce n'est point par des fissures que l'eau est absorbée. En effet, les fissures laissent passer toutes les impu- retés, tandis que les sables peuvent jouer l'office de filtre. Et il ne faut pas oublier que le bassin d'alimen- tation des sources de Belle-Eau est à proximité d'une grande agglomération, que la région est une région de culture réclamant des engrais, que l'épandage de l'engrais humain fourni par l'agglomération urbaine est toujours à craindre, qu'en tous cas il suffit d'un foyer de fièvre typhoïde dans un des villages répartis sur le bassin d'alimentation pour contaminer la nappe, qui transportera dans la canalisation le germe de l'épidémie. Il ne faut pas songer à établir un périmètre de protection; outre qu'il seraittrès difficile à délimiter, l'établissement de ce périmètre entraînerait des dé- penses considérables, que de grandes villes comme le Havre peuvent se permettre, mais qui ne sont pas en rapport avec les ressources des petites localités. Il est nécessaire de faire remarquer que si les analyses bactériologiques ne décèlent pas la présence dans ces eaux du bacille de la fièvre typhoïde, cette — 58 — absence ne nous garantit pas qu'il ne puisse y péné- trer plus tard. Si en revanche, on y constatait l'exis- tence du Bacillus coït, ce serait la démonstration que le filtrage n'est pas suffisant, et on pourrait prévoir à coup sûr la possibilité de l'introduction d'autres bacilles. § 3. — Insuffisance du débit. — En tenant pour exacts les jaugeages effectués, on a vu que le débit des sources peut descendre à 864n>3 par jour. Encore l'année 1898 n'est-elle pas une année sèche, et le chiffre de 8641"3 ne peut-être considéré comme un minimum. L'acceptant cependant comme tel, c'est lui qu'on doit prendre comme base, pour éva- luer si le débit des sources de Belle-Eau est suffisant pour assurer les besoins de la ville d Argentan. L'hygiéniste anglais Parker estime à 130 litres par jour l'eau nécessaire à la consommation d'un homme. En tenant ce chiffre pour un peu exagéré, et en le ramenant à 100 litres, c'est un total de 630'"3 par jour qu'il faudrait amener à Argentan pour la consom- mation particulière de ses 6,309 habitants. Mais, il faut ajouter l'eau nécessaire aux besoins de l'indus- trie, aux services publics (propreté des rues, chasses dans les égoùts, incendies). Or, c'est précisément dans la saison sèche, au moment où le débit des sources est au minimum, que la consommation d eau augmente, et l'on peut prévoir l'emploi par la ville seule de la totalité de 864m' fournis par les sources de Belle-Eau. Des lors il deviendrait impossible de fournir les 500'"' par jour, dont le projet prévoit la cession à la compagnie de l'Ouest. Si, par impossible — 59 — on prélevait d'abord ces 500m*, il resterait à la ville d'Argentan seulement 57 litres par habitant, pour sa consommation personnelle, les industries et les services publics. Si l'on songe qu'avant l'adduction des eaux de PAvre. Paris disposait déjà de 200 litres par habitant, que l'adduction des eaux de l'Avre a élevé de 140,000 à 240,000m3 la provision journalière de Paris en eaux de source, et que chaque année s'y pose cependant de nouveau le problème de l'insuf- fisance d'eau, on conçoit que l'on ne puisse se conten- ter à Argentan de 57 litres par habitant. Nous croyons avoir établi que si la ville d'Argentan cède à la Compagnie de l'Ouest 500"'3 par jour, elle n'aura pour sa consommation qu'une quantité d'eau insuffisante. D'autre part, les conditions du bassin d'alimen- tation ne nous inspirent aucune confiance pour l'ave- nir de la nappe qui pourra être contaminée tôt ou tard, si elle ne l'est déjà. § 10. — Objection f-hatique. — Enfin, l'exécution du projet de captation des sources de Belle-Eau sera coûteuse, puisqu'en plus des dépenses de canalisa- tion, il entraine l'établissement et l'entretien d'une machine élévatoire, et la construction d'un réser- voir. Pour toutes ces raisons, je crois qu'il faut aban- donner le projet de Belle-Eau. Peut-être est-il possible de le remplacer par un autre. — 60 B. EXAMEN D'AUTRES PROJETS §11. — Puits. — Un des premiers projets auquel on songe quand il s'agit de se procurer de l'eau, est le forage d'un puits, d'un puits artésien ajoute- t-on la plupart du temps. 11 ne saurai! être question à Argentan d'un puits débitant l'eau au-dessus de la surface du sol, parce que les couches aquifères n'y présentent pas la disposition en cuvette, sans laquelle l'eau ne peut remonter. L'idée d'un puits ordinaire doit-être également abandonnée. En effet, la nappe qui pourrait-être ainsi atteinte serait celle des calcaires bathoniens dont les conditions de protection nous sont suspectes au sud d'Argentan. En outre, le puits devant être foré dans la ville ou dans son voisinage, les chances de contamination se trouvent augmentées par les infiltrations qui se font dans le sol de la ville. § 12. — Collines au sud d'Argentan. — Au nord d'Argentan se trouvent les buttes de la forêt de Gouffern, dont la constitution géologique est fort simple (Feuille 45, Falaise, de la carte géologique délailléede la France). Elles reposent sur les calcaires bathoniens de la plaine d'Argentan, et sonl formées à leur base par une assise argileuse, entremêlée de bancs de calcaires argileux (Callovien) ; au-dessus vient une argile sableuse, noire quand elle est mouillée, vert foncé quand elle est sèche | Glauconie), formant la hase du terrain crétacé. Cette glaucanie supporte une craie sableuse, jaunâtre, avec silex, — 61 — dont le sommet décalcifié forme une argile à silex, recouverte de place en place par des limons jaunâ- tres, exploités pour briqueteries. Le régime hydrologique de ces buttes est com- mandé par leur constitution géologique. Les eaux qui tombent sur le sommet des buttes s'infiltrent jusqu'au niveau de la glauconie dans laquelle elles sont retenues par les argiles callo- viennes, qui les empêchent de s'écouler plus profon- dément. Elles forment ainsi dans la glauconie une nappe aquifère qui s'écoule par des sources plus ou moins abondantes, dont l'une donne naissance au ruisseau qui faisait mouvoir les moulins à tan de Silli-en-Gouffern. Les altitudes de quatre de ces sources seraient respectivement, d'après M. Gravet, 182™, 197'"50, 190'", 209ra. § 13. — Avantages de la captation de ces sources. — Ces avantages seraient les suivants : 1° La présence d'une forêt sur le bassin d'alimen- tation, en divisant les précipitations atmosphériques favorise la régularité du débit de la nappe. 2° L'existence de cette forêt est une garantie contre les dangers de contamination; il n'y a pas deculture, pas d'épandage à craindre, très peu d'habitations, et l'établissement d'un périmètre de protection devient inutile. 3° Les sources sont situées à une altitude plus que suffisante pour que l'eau puisse être amenée sans le secours d'une machine élévatoire, avec une pression suffisante pour les besoins d'Argentan. — 62 — § 14. — Débit. — Ici comme à Belle-Eau et plus encore qu'à I3elle-Eau, nous n'avons que des ren- seignements insuffisants sur le régime des sources et leur débit. Un seul jaugeage a été fait en décembre 1896 par M. Gravet; il a donné pour chacune des quatre sources un débit de 3 litres à la seconde, soit 12 litres pour l'ensemble, correspondante un débit journalier de 1036m3, soit 165 litres par habitant. Si on prélevait sur ces 1036m' les 5001"3 de la Com- pagnie de l'Ouest, le volume disponible pour la ville serait réduit à 563mK soit 87 litres par habitant, quantité insuffisante. L'expérience montre toutefois que dans le cas de nappes comme celles de Goufïern, des captations bien faites peuvent doubler le volume des sources. Cependant nous ne pouvons tabler sur ce seul jaugeage pour assurer que le débit des sources de Gouffern sera toujours suffisant ; il peut en effet ne pas représenter un minimum et il est indispensable que des jaugeages fréquents, rapprochés des obser- vations pluviométriques,nous fournissent des rensei- gnements précis sur le débit et le régime de cette nappe. C. CONCLUSIONS § 15. -- Nous nous trouvons en présence de deux projets : L'un qui est le projet officiel nous parait devoir être rejeté, parce qu'il ne fournirait qu'une quantité d'eau insuffisante, qu'il ne présente pas au point de vue de l'hygiène de garanties de sécurité, qu'enfin il est coûteux ; — 63 - Le second, incomplètement étudié, aurait l'avan- tage d'être moins dispendieux, de se présenter dans de bonnes conditions au point de vue de la salu- brité de l'eau, et fournirait probablement le volume nécessaire aux besoins de la ville d'Argentan. Nous avons exposé longuement les raisons pour et contre ; la municipalité et les conseils d'hygiène ont sous les yeux les éléments d'appréciation qui leur permettront de décider en toute connaissance de cause. Est-il besoin d'ajouter que nous sommes complè- tement désintéressés dans la question, que nous n'avons à Argentan d'intérêts quelconques, que nous n'y connaissons même personne. Si nous avons été conduits à nous occuper des projets delà municipalité d'Argentan, c'est que nous estimons que notre devoir est d'empêcher qu'on ne se lance à la légère dans une entreprise coûteuse, qui peut causer des déboires irrémédiables. — 64 — Pierre Fauvel. — Observations sur l'Arenlçola ecandav — 74 — Cet animal secrète en outre comme les autres arénicoles, sauf VA. Vincenti, un pigment jaune, qui teint les mains d'une façon tenace. La sécrétion de ce lipochrome, très soluble dans l'alcool, se produit surtout sous l'action d'une irritation mécanique ou chimique. § iv Téguments La cuticule assez épaisse est anhiste comme celle de VA. marina. Je n'ai pu y reconnaître de striation nette aux plus forts grossissements et après l'action de réactifs colorants ou de dissociateurs. L'hématoxy- line la colore en bleu pâle. Cette structure anhiste est assez rare chez les Polychètes et parmi les sédentaires ; je crois qu'elle n'a été signalée que chez Eumenia, Siphonostoma vaginiferum et A. infirma. L'épiderme, assez épais, présente la structure alvéolaire typique et se rapproche fort de celui de VA. marina tel que l'ont décrit Wiren (87) et Gamble et Asiiwortu (98). Il se compose de cellules cylindriques ou pris- matiques alternant avec de grosses cellules à mucus, à extrémité cuticulaire renflée, claviforme. Ces cellules à mucus s'ouvrent à l'extérieur par de tins canalicules traversant la cuticule, très nets sur les coupes fortement colorées à l'hématoxyline. Wiren (87) n'a pu réussir à voir ces pores dans la cuticule de VA. marina. - 75 — Les cellules prismatiques possèdent un noyau situé dans leur tiers inférieur et renferment de nombreuses et fines granulations noires pigmentaires, réparties surtout dans le tiers supérieur. Il en résulte l'ap- parence d'une zone grise dans les coupes de l'épidémie. Ces granulations pigmentaires étant régulièrement localisées à Vintérieur des cellules, il est probable qu'elles s'y forment et je ne pense pas qu'elles soient apportées dansl'épiderme par des cellules migratrices car non seulement je n'ai jamais rencontré ce pigment en dehors des cellules épithéliales, mais encore il fait défaut dans la partie profonde de l'épiderme. L'épiderme du milieu de la face dorsale est moins différencié surtout aux stades Branchiomahlane et Clymctiides ; il est alors formé de cellules cubiques semblables. C'est surtout au stade Branchiomahlane que ce pigment noir commence àapparaître dans l'épiderme. Chez l'adulte il est plus ou moins abondant suivant l'âge et aussi suivant l'habitat. Il ne faut pas confondre ce pigment formé de granulations noires, avec le lipochrome jaune sécrété par l'animal, entièrement soluble dans l'eau et dans l'alcool. Ce dernier est une sécrétion colorée, ne renfermant pas d'éléments figurés. C'est lui qui donne leur belle couleur jaune aux formes post lar- vaires. La musculature, semblable à celle l'A. marina, ne présente rien de spécial. Elle comprend la couche des muscles circulaires, des faisceaux de muscles — 76 — longitudinaux, les protracteurs et les rétracteurs des parapodes, les muscles obliques et un ensemble de puissants rétracteurs de la trompe disposés en cou- ronne, qui avait été pris par Wiren (87) pour un 4e diaphragme. § V GCELOME La cavité générale, très spacieuse, est divisée en un certain nombre de compartiments par des dia- phragmes transversaux. Le premier diaphragme s'insère en avant du 1er uncinigère à la base des rétracteurs de la trompe et il enserre étroitement l'œsophage. Il est formé d'une épaisse lame musculaire recouverte sur ses deux faces par l'endolhélium. De chaque côté de l'œso- phage, il envoie en arrière un diverticule. Ces deux sacs diaphragmatiques, analogues au sac impair de Melinna, forment deux boyaux aveugles, à parois musculaires, bosselées, très vasculaires. Ils s'éten- dent de chaque coté de l'œsophage jusqu'au 2e diaphragme qu'ils traversent même quelquefois. Sur l'animal vivant leur couleur est rougeâtre. A l'intérieur ils renferment des amas de corpuscules cœlomiques. Chez VA. marina où ils existent aussi mais moins développés, ils ont été pris parfois pour des glandes sali va ires. Ils n'ont aucune communication avec l'œsophage et servent peut-être d'organes injeeteurs. — 77 — Le 2e diaphragme s'insère en arrière du 2° para- pode et le 3e en arrière du 3e. Ce dernier se prolonge en arrière en forme de cône. Il n'est pas traversé par le pavillon vibratile de la l1'' néphridie comme chez VA. marina. Dans le reste de la région thoracique il n'existe pas d'autres diaphragmes. Ceux-ci reparaissent de nou- veau vers le 16e uncinigère, sous forme de brides triangulaires mais ce n'est qu'à partir du 18e setigère qu'ils forment des cloisons transversales complètes, insérées sur le tube digestif auquel ils donnent un aspect moniliforme, car à partir de ce point il en existe un par segment jusqu'à l'extrémité postérieure. Chez l'A. Grubii, les diaphragmes reparaissent dès le 15e uncinigère et chez VA. marina au 19e c'est-à- dire seulement dans la région caudale achète. Le cœlome renferme des cellules fusiformes, des cellules amiboïdes et au moment de la reproduction, les produitssexuels. Il est tapissé par un endothelium. Il renferme souvent en outre une grégarine qui est particulièrement abondante aux stades jeunes (PL I, fig. 9). § VI Appareil digestif Le tube digestif commence par une trompe extro- versible, globuleuse, ressemblant fort à celle de l'^4. Grubii et garnie de nombreuses papilles dont la taille diminue de la base vers le sommet. Ces papilles ne sont pas chitineuses. Leur cuticule est épaisse et leur — 78 — épiderme fortement pigmenté, renferme des cellules à mucus. Elle est retractée au moyen d'une série de muscles formant un cùne, dont la base s'insère sur les muscles longitudinaux près du 1er diaphragme. A la trompe fait suite l'œsophage plus étroit, s'étendant jusqu'au 6e uncinigère environ. Ses parois épaisses sont fortement musclées, l'épithélium vibra- tile y forme des bourrelets longitudinaux et renferme de nombreuses cellules à mucus. A peu près à la hauteur du 6e parapode il porte à sa face dorsale deux gros diverticules coniques, s'étendant en avant jusqu'au 4e pied. Ces diverticules, souvent très distendus par un liquide verdâtre, ont les parois plus minces que chez VA. marina, mais présentant néanmoins de nom- breux replis longitudinaux de l'épithélium fortement glandulaire. Leur couleur verdâtre contraste avec la teinte rougeàtre de l'œsophage. Ce dernier se dilate parfois en poche ovoïde en ce point. L'estomac glandulaire fait suite à l'œsophage, ses parois jaunâtres sont comme gaufrées. Sa longueur étant plus grande que celle de la région thoracique il a une tendance à former une anse. Ses parois se composent d'un épithélium plissé à cellules prisma- tiques ou cubiques, d'une basale et d'une mince couche de fibres musculaires. Entre la basale et la couche musculaire, sont creusées de nombreuses lacunes sanguines, simulant un réseau de vaisseaux. A la face ventrale il présente une gouttière longitudi- nale ciliée, analogue à celle des A ni pharétiens. L'exis- tence de celle gouttière ciliée semble d'ailleurs assez générale chez les Sédentaires. — 79 — Vers le 15e uncinigère, l'estomac passe insensible- ment à l'intestin, dont la surface externe est beaucoup plus lisse. Les dilalationset rétrécissements successifs dus aux diaphragmes transversaux lui donnent un aspect moniliforme. En somme, l'appareil digestif diffère fort peu de celui de VA. marina tel que l'ont décrit VViren (87) et Gamble (98). VII Circulation L'appareil circulatoire comprend principalement un vaisseau dorsal suivant la face supérieure de l'in- testin, et un vaisseau ventral situé entre celui-ci et la chaîne nerveuse. Le vaisseau dorsal, très contractile, fait circuler le sang d'arrière en avant. Dans toute la région posté- rieure, jusqu'aul6''uncinigèreinclusivement, il donne dans chaque segment une paire de vaisseaux latéraux, les dorsopédieux, allant aux branchies et aux para- podes et de nombreuses anastomoses avec le sinus périintestinal. En avant de l'estomac il passe entre les deux ven- tricules avec lesquels il n 'a aucune communication directe, puis après avoir donné une branche à chaque diverticule œsophagien, il suit l'œsophage et va se ramifier sur la trompe et dans le lobe céphalique. Le vaisseau dorsal et les dorsopédieux qui en partent sont très contractiles et comme leurs parois sont minces, dépourvues de cellules chloragogônes et — 80 — transparentes, ils sont peu visibles lorsqu'ils sont contractés et vides. L'estomac et l'intestin ont leurs parois creusées d'un grand nombre de lacunes anastomosées simu- lant un plexus sanguin. Ce sinus a été découvert et décrit par Wiren (87) chez VA. marina. Gamble et Ashworth (98) en contestent l'existence et revien- nent à l'ancienne théorie du plexus. Chez VA. ecaudata adulte, l'existence du sinus me semble excessivement nette. On voit très clairement sur des coupes transversales de l'intestin, le sang coagulé, remplir le fond de tous les replis formés par l'épithélium entre sa basale et la couche musculaire. Seulement tandis que chez les Ampharétiens le sinus stomacal ne forme qu'une nappe continue en- gainant le tube digestif, ici on n'a qu'une série de lacunes anastomosées et sur le sommet des plis la couche musculaire est intimement accolée à la basale. Aux stades Glymenides, ces lacunes sont beau- coup moins développées, l'épithélium étant moins plissé et on peut les confondre avec des vaisseaux propres. Le vaisseau dorsal communique avec le sinus par de nombreuses anastomoses, mais entre ces anasto- moses il est complètement isolé du tube digestif. Les deux pseudo-vaisseaux latéraux de l'estomac si développés chez VA. marina et aboutissant aux oreillettes, manquent complètement chez 1\4. ecau- data et VA Gritbii. En avant du 15e uncinigère, les dorso:pédieux au lieu de partir du vaisseau dorsal naissent de la face inférieure du sinus péristomacal. Us sont, comme les — 81 — dorsopédieux postérieurs, Contractiles et dépourvus de chloragogène. Le sinus s'arrête à la jonction de l'œsophage et de l'estomac ; en ce point il naît de chaque côté du tube digestif un vaisseau qui communique d'abord avec l'oreillette puis s'étend en avant sur le côté de l'œsophage après avoir donné une branche au cœcum de son côté. L'oreillette à parois minces sert d'atrium au ven- tricule qui n'en est que le prolongement en cul de sac à parois plus épaisses. Celui-ci donne une courte branche inférieure qui va se jeter dans le vaisseau ventral. Les deux cœurs latéraux enserrent l'œso- phage comme 2 demi anneaux, mais ils ne communi- quent pas entre eux par un ventricule médian. Quand les 2 ventricules sont gonflés, leurs parois viennent se toucher au-dessus du vaisseau dorsal donnant ainsi l'illusion d'une communication qui n'existe pas. C'est cette apparence qui a déterminé l'erreur des anciens auteurs , erreur rectifiée déjà par Jacquet (85) et par Gamble et Ashworth (98) en ce qui concerne VA. marina (PL I, fig. 4). Le vaisseau ventral s'étend dans toute la longueur du cerps. Il donne dans chaque segment une paire de ventro-pédieux d'assez gros calibre et comme lui peu contractiles et abondamment revêtus de cellules chloragogènes. Le sang s'y massant sur les animaux iixés ils sont toujours très visibles. Le sang y circule d'avant en arrière sous l'impul- sion des cœurs qui y versent le sang venant du sinus intestinal. Il existe en outre deux autres vaisseaux longitudi- 6 — 82 - naux appliqués de chaque côté de la chaîne nerveuse; ces vaisseaux nerviens, contractiles, à parois minces sont dépourvus de chloragogène. Le sang y circule d'avant en arrière. Ces vaisseaux nerviens donnent latéralement de nombreuses ramifications capillaires aux téguments. Dans les premiers segments (jus- qu'au 4e uncinigère) ils communiquent avec le vais- seau ventral par des anastomoses. Il ne semble pas exister de corps cardiaque à l'intérieur des cœurs. Du moins, je n'en ai trouvé aucune trace aux stades Clymenides etBranchio- maldane et sur les spécimens que j'ai examinés. En somme si on compare cette description avec celle que Gamble et Ashworth (98) ont donnée de la circulation de VA. marina et à leurs belles figures (pi. 2, fig. 5) on constate qu'elle n'en diffère que : 1° par l'absence des gros vaisseaux latéro-intestinaux ; 2° par la mutation dudorsopédieux au 16e uncinigère au lieu du l'Se ; 3° par la présence de vaisseaux bran- chiaux à tous les segments postérieurs, tandis qus dans la région caudale de VA. marina, il n'existe que des anses latérales entourant l'intestin en demi- cercle ; 4° par l'absence de corps cardiaque (?). J'ai déjà dit plus haut comment les branchies ap- paraissent au stade Branchiomaldane . Elles sent constituées par une évagination du tégument com- prenant par conséquent un épidémie, une couche musculaire et un revêtement endothéliai tapissant leur cavité qui n'est qu'une extension du ce -lome. Dans cette cavité vient se loger u:.c anse sanguine. Sur la coupe d'une branchie on trouve don. 2 vais- seaux situés aux deux extrémités d'un mêmediamètre. — 83 — Le tubercule primitif s'allonge puis se bifurque et finalement se ramifie dans un plan perpendiculaire au grand axe du corps. Les branchies sont contrac- tiles. Elles reçoivent toutes un dorsopédieux venant du vaisseau dorsal tandis que chez VA. marina les 7 dernières seules sont dans ce cas, les 6 premières recevant leur dorsopédieux de la face inférieure du sinus intestinal. § VIII Système nerveux Le système nerveux comprend deux ganglions cérébroïdes étroitement unis, un collier œsophagien, des ganglions sous-œsophagiens et une chaîne ven- trale dépourvue de ganglions mais donnant des nerfs latéraux. Le cerveau est relativement développé pour une Arénicole. On peut y reconnaître les 3 parties fon- damentales : cerveau antérieur, cerveau moyen, cerveau postérieur. Le cerveau moyen est représenté par deux gan- glions assez volumineux intimement soudés et recou- verts par l'épithélium du lobe céphalique. Ils ren- ferment chacun un groupe d'yeux simples, bien visibles extérieurement au stade Clymenides. Au stade Branchiomaldane on ne les aperçoit plus que difficilement par transparence, et chez l'adulte on ne les retrouve plus que sur les coupes. Ces yeux très analogues à ceux que j'ai décrits — 84 — chez VAmphicteis Gunneri sont formés chacun d'une cellule unique, entourée de granulations pigmentaires, noyée dans la masse des cellules gan- glionnaires. Le cerveau antérieur est représenté seulement par une aire palpaire dépourvue de ganglions spé- ciaux. Dans cette aire palpaire on remarque une vingtaine de nerfs dirigés en avant et qui vont converger à l'extrémité du lohe céphalique (PI. I, fig. 8). Celui-ci représente donc bien un véritable palpode analogue à celui de Cl y mené lumbricoïdes. Le cerveau postérieur se relie sans transition au cerveau moyen. Il est surtout caractérisé par les organes nucaux formés de deux fossettes vibratiles fusionnés sur le milieu de la face dorsale de manière à simuler un organe impair. Ces fossettes s'en- foncent obliquement d'avant en arrière sous le bord antérieur du segment buccal. Ces organes présentent la structure typique c'est-à-dire que les cellules sensitives et les cellules vibratiles y dominent, mé- langées de cellules de soutien et de rares cellules à mucus. Ils sont du type 4 de Racovitza (96). Les connectifs œsophagiens partant de la face inférieure du cerveau moyen se réunissent à la face ventrale en formant un léger renflement triangulaire qui représente les ganglions sous-œsophagiens. La chaîne ventrale, très saillante dans la cavité générale, a une section presque carrée. Elle est formée de deux cordons intimement accolés, revêtue d'une couche de cellules ganglionnaires sur sa face inférieure et ses deux faces latérales. Ce revêtement s'étend d'une façon uniforme sur toute sa longueur — 85 — sans produire de renflements ganglionnaires. Les fibres géantes au nombre de 2 à 5 occupent le milieu de la face supérieure. Elles ne sont pas continues dans toute son étendue et ne commencent à apparaître qu'au stade Branchiomaldane, encore y sont elles peu différenciées. La chaîne nerveuse est flanquée des vaisseaux ner- viens aux deux angles supérieurs. Les otocystes sont semblables à ceux de VA. Grubii qui ont été décrits par Glaparède (68), Jourdan (92) et Ehlers (92). Il sont situés au-dessous et en arrière des organes nucaux et innervés par le collier œsophagien. Ce sont des vésicules closes, dépourvues de cils vibratiles, renfermant un liquide albumineux dans lequel nagent de nombreux otolithes de tailles très diverses. Ces derniers diffèrent de ceux de VA. Grubii. Tandis que dans cette espèce les otolithes sont des sphères claires ou foncées, mais homogènes, se colorant en violet par l'hématoxyline, ceux de VA. ecaudata ne se laissent pas colorer par ce réactif. Sur des individus fixés au liquide de Perenyi, ils affectent la forme de sphères régulières, réfringentes, translucides, présentant au centre un amas de fines granulations arrondies, très foncées. Examinées avec un objectif à immersion, ces granulations montrent chacune un cercle noir avec centre clair (PL I, tîg. H et 13). Sur le matériel fixé au bichlorure de mercure, les otolithes présentent un cercle clair entourant une masse centrale jaunâtre qui se colore légèrement en rose par la safranine. La structure de ce centre plus foncé est très finement granuleuse mais n'a pas l'as- — 86 — pect que l'on remarque sur le matériel fixé par un réactif acide (PI. I, fig. 10). Ces granulations noires du matériel traité par le liquide de Perenyi ont l'aspect des libelles des inclusions du quartz. Ce sont probablement de fines bulles gazeuses produites par l'action des acides sur du carbonate de chaux au sein d'une masse solide ou pâteuse qui s'oppose à leur fusionnement en une seule grosse bulle. Les otolithes de VA. Grubii traités par le liquide de Perenyi ne donnent pas ce résultat et Ehlers (92) a d'ailleurs déjà constaté que les acides sont sans aucune action sur eux. Chez VA. ecaudata, le contour des otolithes ne présente aucune trace de corrosion et c'est seulement dans leur partie centrale que se produisent les bulles gazeuses. Les réactions des otolitbes avec les colorants indiquent qu'ils sont probablement de nature chiti- neuse au moins dans leur partie périphérique. Aux stades post-larvaires, les otolithes sont moins nombreux et de plus petite taille mais ils présentent la même structure que chez l'adulte. §IX NÉPHRiniES — Reproduction Les néphridies sont au nombre de 12 paires, parfois de 13. La première est située dans le 5° unci- nigère. Son néphridiopore débouche à l'extérieur au voisinage du parapode de ce segment, tandis que son pavillon vibratile s'ouvre dans la cavité générale, -87- dans le 4e uncinigère. Il en est de même chez VA. grubii. Ces deux espèces diffèrent à ce point de vue de VA. marina dont la première néphridie, appartenant au 4'' uncinigère, a son pavillon vibratile s'ouvrant dans !e 3e à travers le 3e diaphragme, tandis qu'ici le pavillon de la lre néphridie s'ouvre en arrière de ce diaphragme. La 12e paire est située dans le 16e uncinigère et la 13e, quand elle existe, dans le 17e. Chezl'vl. Grubii il n'y a que 5 paires de néphridies. Chez VA. ecaudata, la première paire ne porte pas de gonades à l'époque de la reproduction, tandis que toutes les autres en sont abondamment chargées. La structure des néphridies est à peu près sem- blable dans les deux espèces (PL I, fîg. 2-3). Le pavillon vibratile est formé de deux lèvres trans- parentes, inégales, appliquées l'une contre l'autre. La plus grande en forme de croissant renversé, présentant une dépression centrale, est bordée en ourlet par un gros vaisseau sanguin portant de nombreuses digitations en cœcum, simples ou rami- fiées, qui lui forment une belle frange rouge. L'autre lèvre, plus courte, est formée de deux lobes arrondis en demi cercle ; elle ne porte pas de vaisseau à digitations mais seulement un fin réseau capillaire à sa surface. Les deux lèvres sont garnies de cils vibratiles ainsi que l'entonnoir dont elles limitent l'ouverture en forme de fente triangulaire. A cet entonnoir fait suite le tube néphridien, sorte de sac allongé, à contour sinueux, à parois minces, qui vient aboutira une vésicule arrondie, réniforme, à parois épaisses, musculeuses, colorées en brun — 88 — foncéet qui s'ouvre à l'extérieur parle néphridiopore au voisinage du parapode. Au stade Glymenides les 12 néphridies sont déjà constituées, et au stade Branchiomaldane elles sont pourvues de leur pavillon. La néphridie reçoit vers la base de l'entonnoir un tronc vasculaire, branche du dorsopédieux, qui se divise en deux branches dont l'une va former le vaisseau qui borde la grande lèvre, tandis que l'autre suit le sac néphridien et va se ramifier dans sa poche terminale. Sur son trajet, cette branche donne de nombreuses digitations en cœcum fortement colorées en brun par des amas de cellules chloragogènes. C'est sur ces digitations que se développent les produits génitaux par prolifération de l'endothélium. Les gonades mâles forment de grosses masses grisâtres aplaties, réniformes, contournées sur elles mêmes, recouvrant complètement la néphridie (PL I, fig. 3). Les gonades femelles sont composées d'un grand nombre de follicules en formes de digitations cylin- driques ou ovoïdes, réunis en houppes volumineuses qui remplissent la cavité thoracique. Chaque follicule a pour axe un des diverticules du rameau sanguin génital (PL I, fig. 2). La première paire de néphridies ne porte jamais de gonades. Plus tard les éléments sexuels, œufs ou amas muriformes de spermatozoïdes, se détachent et flottent dans la cavité générale, aussi bien dans la région branchiale que dans la région thoracique. A maturité ils sont expulsés par les néphridies. J'ai vu plusieurs fois le sperme ou les œufs sortir à — 89 — la fois par les 12 paires de pores néphridiens en nuages blanchâtres, ce qui me permettait de recon- naître immédiatement les spécimens d'A. ecaudata de ceux d'A. Grubîi&vec lesquels ils étaientmélangés et dont les produits sexuels sortaient seulement en 5 jets de chaque côté. Les œufs ainsi rejetés ne sont pas agglomérés en pontes, mais tombent isolément au fond de l'eau. Ils ne sont donc pas pélagiques, du moins au moment de la ponte. A la fin de septembre et au commencement d'oc- tobre, j'ai rencontré des individus en pleine ponte, d'autres ayant récemment évacué leurs produits génitaux, leur corps ne contenant plus que quelques œufs ou des spermatozoïdes restés dans les néphri- dies, d'autres enfin dont les gonades ne faisaient que commencer à se développer. A cette époque je trouvais à la fois des stades Clymenides, Branchiomaldane, et de jeunes A. ecaudata de quelques centimètres de long. En avril j'en avais déjà trouvé au stade Bran- chiomaldane et les adultes de petite taille recueillis en septembre devaient provenir de ceux-ci. L'époque de la ponte s'étendrait donc de mars à octobre d'une façon continue ; à moins qu'il n'y ait deux variétés comme Gamble et Ashworth (98) en ont décrit chez VA. marina dont l'une, variété de la zone des laminaires, pond de janvier à mai, tandis que l'autre, variété de rivage, se reproduit de juillet en août. Chez VA. ecaudata je crois plutôt à une période continue vu le nombre de spécimens à tous les états de développement, que l'on rencontre en automne. — 90 — Je n'ai pu suivre les premières phases du dévelop- pement et je ne le connais qu'à partir des formes post-larvaires. Un stade post-larvaire, avait été décrit sous le nom de Clymenides ecaudatus Mes. par Mesnil (97), qui le rangeait dans la famille des Clyménidiens intermédiaire suivant lui entre les Maldaniens et les Arénicoliens. A ce stade l'animal est abranche, son lobe céphalique très développé porte des groupes latéraux d'yeux simples bien visibles, son pygidium est nettement quadrilobé, le nombre de ses segments sétigères varie de Î38 à 52 environ, sa couleur est jaune vif, le pigment noir ne faisant que commencer à apparaître dans l'épithélium. Sur les très jeunes on peut voir par transparence les organes internes et constater déjà l'existencede 12 paires de néphridies. J'ai déjà décrit plus haut la forme des soies à ce stade et les modifications qu'elles subissent. L'animal ne vit pas aloi's dans le sable mais dans les anfractuo- sités des Lithothamnion on dans les crampons des algues qui tapissent les mares où poussent ceux-ci. Il habite alors un tuba muqueux, transparent. Au stade Branchiomaldane sa coloration sobs- curcit, les yeux deviennent peu à peu invisibles, les branchies se développent suivant le mode que j'ai indiqué ; quand ses branchies sont bien ramifiées, l'animal quitte son habitat primitif et vient s'établir dans le sable vaseux où il se creuse des galeries et commence à mener la vie de l'adulte. Il adopte son régime alimentaire qui consiste à avaler de la vase en grande quaulih''. tandis qu'auparavant il vivait sur- tout de diatomées, de protozoaires et de spores — 91 — d'algues. A partir de ce moment il ne diffère plus de l'adulte que par la taille, fl se pigmente de plus en plus et se tronque souvent par autotomie en sorte que le nombre des segments qui était généralement de 58 à 64 au stade Branchiomaldane n'atteint qu'assez rarement ce chiffre et oscille le plus souvent entre 45 et 55. J'ai obtenu en aquarium la transformation complète du stade Clymenides à VA. ecaudata de plus de 4 centimètres de longueur en l'espace d'un mois environ. Un de ces individus encore vivant mesure actuellement plus de 10 cent. Angers, 2 décembre 1898. Index bibliographique 94 1894 0. Bidknkap. SystemaliskoversigtoverNorgesAnnu- lata Polychasta (Christiania Videnskabs-Selskabs Forhg's). N° 10. 68 1868 Claparède. Annélides chœtopodes du (\olfe de Naples. 53 1853 Dalyell. The Powers of the Creator. 92 1892 Ehlers. Die getiororgane der Arenïcolen (Zeitschft. fur Wiss. Zoologie lui suppl., p. 217-285, pi. xi-xiv). 98 1898 Gamble and Ashwortii. The Habits and Structure of Arenicola marina (Quart. Journ. of Mier. Science N. S. N° 161, vol. 41, fas i, p 1-42, .:i pi.). 86 1886 Gibson. First Report on Fauna of Liverpool Fiay Verrues. (Proceed. of Litt. et Pli il. 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Beitrage zur Anatomie und Histolof/ie der limivoren Anneliden. 16.Svenska Vetensk.Akad. Handlgr. T. xxu, n° 1, Stockholm, 1887). Docteur Catois, professeur à l'École de médecine de l'Université de Gaen. — i\ote sur l'Aiia- i on lie Microscopique «le l'Encé- phale chez les Poissons (Téléos- téens et Sélaciens) « Structure des Cellules Nerveuses. » Dans un travail étendu, destiné à paraître prochai- nement, nous étudions l'Anatomie microscopique de l'Kncéphale chez les Poissons en envisageant ce sujet difficile sous un jour encore peu connu ; les cher- cheurs qui nous ont précédé dans cette voie ont eu, en effet, pour ohjet l'anatomie descriptive, la mor- phologie, ou les homologies des diverses parties constituant l'Encéphale chez ces Vertébrés inférieurs. Nos recherches portent surtout sur les éléments histologiques et sur l'anatomie microscopique de cet organe. Notre travail se trouve donc divisé ainsi en deux parties distinctes. Dans la première partie nous étu- dions successivement les cellules nerveuses, les fibres nerveuses, La névroglie, les cellules épithéliales... — 95 — etc.. avec le concours des méthodes techniques nou- velles ; dans la seconde partie, nous considérons la texture complexe de la masse encéphalique au moyen de coupes microscopiques sériées, pratiquées en différents sens (coupes frontales, horizontales, sagit- tales) soigneusement repérées et intéressant succes- sivement le prosencéphale, le diencéphale, le mésen- céphale, le métencéphale et le myélencéphale. La présente note, consacrée à l'étude de lastructure des cellules nerveuses de l'Encéphale, n'est donc qu'un résumé d'un des chapitres de la première partie de notre travail. Pour être aussi complète que possible, l'étude de la Cellule nerveuse doit aujourd'hui comprendre deux paragraphes : 1er § morphologie de la cellule. 2e § structure fine fcytologie) de cette cellule. Les méthodes classiques de Golgi-Cajal, de Cox, (imprégnations métalliques) de Ehrlich-Bethe (bleu de méthylène) sont excellentes pour établir et démon- trer le trajet des fibres et des prolongements des Cellules nerveuses, ainsi que pour dessiner la forme extérieure de ces éléments ; ces méthodes qui per- mettent de faire l'étude morphologique des cellules sont insuffisantes pour révéler les détails délicats de la structure intime de la Cellule nerveuse et ne peuvent, par conséquent, nous renseigner sur son organisation interne. Nos connaissances concer- nant l'anatomie fine de ces cellules nerveuses datent à peine de quelques années ; elles sont dues, en grande partie, à l'introduction dans la technique microscopique de la méthode au bleu de méthylène - 96 — connue sous le nom de Méthode de Nissl (15) et aux recherches de Flemming (8, a, 10 , de Lenhossék (il, 12, 13 , de Ramon y Gajal (1. 2, 3, j. 5)... etc.. Ces découvertes récentes sont devenues le point de départ d'une ère nouvelle pour l'étude physiologique et pathologique de la Cellule nerveuse en général (Travaux de Lévi, Lugaro, Man, Magini, Marinesco, etc..) et on peut dire qu'à l'heure actuelle l'étude cytologique de ces cellules est à l'ordre du jour dans presque tous les laboratoires. Ces considérations nous engagent à publier dès maintenant le résultat de nos observations. Laissant de côté, pour l'instant, ce qui a rapporta la morphologie des cellules nerveuses (partie traitée dans un autre paragraphe) nous n'avons à envisager ici que leur structure fine. Dans cet ordre de recherches, l'attention des travailleurs semble, jusqu'à présent, s'être reportée surtout sur l'étude cytologique des cellules des gan- glions spinaux, sur les cellules radiculaires de la moelle épinière, de la moelle allongée ou sur les cellules constitutives des noyaux d'origine de quel- ques nerfs crâniens (IIIe paire, VIIe paire, XIIe paire), enfin, sur les cellules de Purkinje du cervelet et sur celles de la Corne d'Ammon. En raison de l'intérêt que ce champ d'observation présentait, au double point de vue physiologique et pathologique, les sujets choisis pour cette étude ont été, principale- ment, les Vertébrés supérieurs et l'Homme. La struc- ture intime des cellules nerveuses des Poissons n'a donc été encore que tort peu étudiée ; à notre connaissance on peut citer surtout, sur ce sujet, les — 07 — travaux de Max Schultze (48), de Ranvier (il), de Lenhossék (H, 12, 13), de Flemming (9, 10), de Ca;'a/ (1, 2, 3, 4, 5), de Ler/ (14 et de Giovanni Paladino (iO) ; enfin, au moment de la rédaction de notre travail, nous avons eu communication d'une note deMlle W. Szczawinska (19). Bien que la Technique suivie par nous, dans le courant de ces recherches, ait été, dans ses grandes lignes, conforme aux indications classiques modernes, nous croyons utile d'indiquer rapidement les métho- des de choix, celles, du moins, qui nous ont donné les meilleurs résultats définitifs. Fixation: c'est ici, surtout, le cas de se rappeler le conseil de M. V. Lenhossék (12) « Frische des Materials ist erste Bedingung », d'où la nécessité formelle de ne fixer que les tissus nerveux fraîchement prélevés sur des animaux sacrifiés dans ce but. Nous avons employé, comme fixateurs, falcool à 95°, la solution saturée de sublimé (à 5 pour 100 environ) la solution de Formol à 10 pour 100 (Formol du com- merce) et le mélange chromo-acéto-osmique de Flemming ; le mélange picro-nitrique de Mayer nous a semblé un réactif fixateur moins fidèle que le liquide chromo-nitrique de Perenyi ; ce dernier mélange qui n'avait pas encore été employé dans l'étude cytologique de la Cellule nerveuse (à notre connaissance du moins) nous a donné d'excellents résultats. Coloration : comme colorants, nous avons fait usage de l'Hématoxyline de Delafield, de l'Héma- 7 — 98 — toxyline glycérinée acide d'Ehrlich ; nous avons employé l'éosine, la safran ine, la fuchsine, le bleu de méthylène B et enfin la thionine ; nous recomman- dons particulièrement ce dernier colorant déjà utilisé d'ailleurs, et avec avantage, par M. V. Lenhossék et par R. Cajal. Enrobage simple à la cello'idine ou inclusions à la paraffine à 45° (pénétration) et à 55" (inclusion). Coupes effectuées aux microtomes Reichert, Minot, ou au a Rocking microtome » de Cambridge. Comme sujets d'étude nous avons choisi les genres Raja, Acanthias, Scyllium, Mustelus parmi les Sélaciens ; les genres Platessa, Gadus, Anguilla, Scomber, Trachinus, Merlangns et Laàrus, parmi les Téléostéens. Nos travaux, commencés dès 1896, ont été continués depuis cette époque aux laboratoires maritimes de Tatihou ( Saint -Yaast- la -Hougue), dépendance du Muséum; de Luc-sur-Mer(Facultédes Sciences de l'Université de Caen) et au Laboratoire d'Histologie de l'Ecole de Médecine de Caen. Aussi nous est-il agréable d'adresser nos sincères remerciements et l'hommage de notre gratitude à M. le professeur Perrier, membre de l'Institut, à M. Malard, sous-directeur du Laboratoire de Tatihou, ainsi qu'à M. le professeur Joyeux-Laffuie, directeur du Laboratoire de Luc-sur-mer. Chez les Poissons, comme chez lesautresCràniotes, la méthode de Nissl permet de constater, dans les diverses parties du système nerveux central, deux espèces de Cellules nerveuses différentes l'une de l'autre par la façon dont leur protoplasma cellulaire — 99 — se comporte vis-à-vis du bleu de méthylène. Certaines cellules colorées à la fois et dans leur protoplasma et dans leur noyau constituent les Cellules somato- chromes de Nissl (15) ; d'autres cellules ne fixent le bleu de méthylène que dans leur noyau, tout leur corps cellulaire ne renfermant pas de substance colo- rable par ce réactif : ce sont les Cellules caryo- chromes de Nissl, cellules chez lesquelles le noyau seul est visible tandis que le corps cellulaire est invisible. Gomme types de Cellules somatochromes dans l'Encéphale des Poissons, nous avons étudié suc- cessivement : lu les Cellules nerveuses motrices de la moelle allongée (cellules de la corne grise antérieure) ; 2° les Cellules radiculaires du nerf de la IIP paire (oculo-moteur commun) ; 3° les Cellules du toit des Lobes optiques ; 4° les Cellules de Purkinje du Cervelet ; 5U les Cellules du Prosencéphale(stammganglion) ; 6° les Cellules mitrales du Bulbe olfactif. Comme type de Cellules caryochromes, nous décri- rons les grains du Cervelet. Nous dirons, enfin, quelques mots des noyaux des cellules de Névroglie que nos observations nous ont permis de mettre en évidence, au cours de nos recherches. — 100 — Cellules Somatochromes 1° Cellules nerveuses de la eolomie g-rise anté- rieure «le la moelle allongée t a eliez les Sélaciens Ce sont des cellules de forme et de dimension variées, tantôt triangulaires, tantôt fusiformes, grandes ou moyennes ; elles peuvent être multipo- laires ou affecter une forme allongée (surtout au voisinage du raphé); leurs dimensions, d'une façon générale, varient entre 60 \j. et 120 \x. Leur corps cel- lulaire se continue avec les prolongements protoplas- matiques sans démarcation bien tranchée. Traitées par la méthode de Nissl elles se montrent constituées par une substance achromatique et par une substance chromatique. La substance achroma- tique est formée de fins trabécules disposés en reticulum et c'est sur les mailles ou entre les mailles de ce reticulum que se trouve la substance chroma- tique. Cette dernière substance s'observe surtout dans la partie centrale et dans les couches périphé- riques du corps cellulaire, ainsi que dans les grosses expansions protoplasmatiques ; elle est rare dans les prolongements protoplasmatiques de petite taille et manque entièrement dans le prolongement cylindre- axile ; les fibrilles que l'on constate sur ce cylindre- axe et sur les prolongements protoplasmatiques eux-mêmes sont la continuation du reticulum achro- matique. La substance chromatique se présente dans — 101 — le corps cellulaire sous forme de bâtonnets (g.Sci/l- lium \, de petits fuseaux allongés ou de petits blocs irréguliers et mal délimités. Il n'est pas rare de trouver des vacuoles à l'intérieur du cytoplasme. Le noyau relativement volumineux et à contours nets est arrondi ou ovalaire suivant la forme des cellules; il renferme un nucléole assez gros et parfois un ou deux autres plus petits. La linine forme dans l'intérieur de ce noyau un réseau assez rare sur lequel se déposent des microsomes chromophiles très fins. b eliez les Téléostéens A propos de la structure intime des cellules de la moelle épinière chez les Téléostéens (Cyprinus Carpio) R. Cajal (3) a constaté, dans le corps cellu- laire de ces cellules, un réseau sur les nœuds duquel se dépose la substance chromophile sans former de grosses masses bien distinctes, comme celles que l'on peut observer chez les Vertébrés supérieurs ; chez Cyprinus Carpio les corps de Nissl seraient donc plus petits et plus irréguliers qu'ils ne le sont chez les Vertébrés supérieurs et ne constitueraient jamais de gros fuseaux. Contrairement à l'assertion de Ramon y Cajal, MHe W. Szczawinska (19) figure dans la planche qui accompagne son travail (planche xxn, fig. 12) une cellule motrice de la moelle allongée de Cyprinus Carpio dans laquelle les corps de Nissl auraient une conformation rappelant beaucoup les corps de Nissl des Mammifères. Les recherches que nous avons faites sur les cellules motrices de la moelle allongée des genres — 102 — Trachmus, Platessa et Gadits semblent confirmer l'opinion de Ramon y Cajal et peuvent se résumer ainsi : — Corps cellulaire plus nettement séparé des pro- longements protoplasmatiques. — Corps de Nissl formant des masses irrégulières, cependant mieux délimitées que chez les Sélaciens, disséminées dans les mailles du cytoplasma mais en tous cas beaucoup moins volumineuses que chez les Mammifères. — Cylindre-axe pâle avec des fibrilles filamenteuses fines. — Présence de substance chromophile dans les prolongements protoplasmatiques. — Noyau à membrane nucléaire nette — réseau délicat de linine — le plus souvent un seul nucléole. 3 Cellules «In noyau d'origine x environ) elles sont plus petites chez, le liale «les Sélaciens (Corpus sti*iatiim) Les Cellules nerveuses de cette région de l'Encé- phale sont le plus souvent ovalaires ou arrondies ; leurs petites dimensions (12 à 15 ;jl) rendent leur étude cytologique fort difficile, d'autant plus que chez elles l'influence (ies réactifs iixateurs se fait particulièrement sentir et se traduit par une rétrac- tion marquée du protoplasma cellulaire et des prolongements protoplasmatiques d'où formation d'un espace clair péri-cellulaire, «la cour » de la cellule, « Hof » des auteurs allemands. Ajoutons de plus et signalons comme cause d'erreurs possibles, laprésence de nombreux noyaux de névroglie à côté des cellules nerveuses (nous nous réservons de décrire plus loin, les caractères différentiels de ces noyaux.) En définitive, et malgré ces diverses conditions peu favorables à une bonne analyse cytologique, nous pouvons distinguer dans le protoplasma de ces cel- lules, en nous aidant de très bons objectifs : 1° Un réseau peu serré de substance achromatique disposée sous forme de petites granulations reliées entre elles par de fins trabécules. 2° Une substance chromatique peu développée, fort peu abondante, placée surtout sur les nœuds ou entrecroisements du reticulum achromatique et affectant la forme de petits amas ou de fines granula- tions. — 107 — Dans le noyau, volumineux par rapport aux dimen- sions totales des cellules (n'oublions pas que celles-ci sont fortement rétractées) et le plus souvent arrondi, on observe un très fin réseau de linine et deux ou trois nucléoles. Nous ajouterons, en outre, que ces noyaux, riches en chromatine éparse sous forme de granulations plus ou moins épaisses, rentrent dans la catégorie des noyaux du Type 3 de Ramon Cajal (3) (Estructura del protoplasma nervioso) (Rev. Trim. micrografica. Tomo 1, 1896, page 27.) G° Cellules mil raies fin Bull>e olfaetif eliez les Téléostéen» (;/ . Blatessa, Gadus, Merlangus) Ce sont des Cellules fusiformes ou triangulaires de dimensions variables (16 à 48 \t..) Leur corps cellulaire nous offre à considérer un réseau achromatique assez serré et une substance chromatique interposée irrégulièrement entre les mailles de ce réseau sous forme de blocs épars et assez gros ou de petites masses amorphes. Leur noyau est arrondi ou ovalaire et constitué par un réseau de linine irrégulier, sans grains cbromo- philes sur les nœuds ; il ne possède qu'un seul nucléole (ces noyaux se rapprochent par leurs carac- tères du Type 4 de Cajal (3), loc. cit., page 27 ) Nous ajouterons, à propos de ces cellules mitrales du bulbe olfactif, que nous avons pu vérifier et confirmer la particularité intéressante signalée par Van Gehuchten (20) (page 244) c'est-à-dire que les prolongements protoplasmatiques descendant des cellules mitrales vers les glomérules (à conductibilité — 108 — nerveuse cellulipète) sont dépourvus de substance chromatique. Cellules Caryochromes Avec Nissl, nous désignons sous ce nom des Cel- lules qui ne fixent le bleu de méthylène que dans le noyau ; celui-ci est donc seul coloré, le corps cellu- laire ne renfermant pas de substance colorable avec sa méthode reste par conséquent invisible. Gomme type de Cellule caryochrome nous décrirons un grain du Cervelet de l'Encéphale de Raja. Ces grains sont les éléments nerveux cellulaires dont le volume est le moins considérable (4 à 5 p.). Autrefois désignés sous le nom de myélocytes ou de noyaux libres, on sait aujourd'hui que les grains sont de véritables Cellules nerveuses dans lesquelles le noyau relativement très gros n'est enveloppé que par une couche très mince de protoplasma. La méthode de Golgi nous en a montré les prolongements den- dri tiques au nombre de trois ou de quatre ; la méthode de Nissl nous permet de constater que ces grains du Cervelet des Poissons sont constitués sur le même type que les grains du Cervelet des autres Vertébrés. C'est ainsi que nous trouvons dans ces éléments ner- veux un réseau nucléinien serré, à mailles épaisses, avec des amas granuleux de chromatine disposés en forme de nodosités au niveau des entrecroisement des mailles. Parfois, 2 ou 3 masses de chromatines plus volumineuses que les autres et plus ou moins centrales, prennent l'aspect de nucléoles. — 109 — Considérations sur la Névroglie dans l'Encéphale des Poissons L'étude complète des éléments de soutènement (Stùtzzellen) dans l'Encéphale des Poissons, au moyen des méthodes Golgi-Cajal et Ehrlich, fait spécialement l'objet d'un autre chapitre de notre travail. Nous divisons ces éléments de soutènement en : a Cellules Ependymaires (Epithelzellen, Epen- dymzellen) et en b Cellules névrotiques proprement dites (Cellules en araignée, Cellules de Deiters, astrocyten, spinnenzellen) et nous rappelons à ce sujet une de nos précédentes notes (Catois (7)) dans laquelle nous avons démontré l'existence de ces Cellules en araignée dans la substance blanche de l'Encéphale de Raja, de Platessa, de Gadus et de Scomber. Depuis la publication de cette note nous avons constaté la présence de ces mêmes éléments, non seulement chez Scyllium, Labrus et Angtiiilla, mais encore dans la substance grise du prosencéphale de Raja. Nous n'avons ici qu'à indiquer rapidement ce que nous avons pu observer relativement à la structure intime des Cellules de névroglie proprement dite. Disons de suite que malgré des efforts multipliés et des recherches nombreuses nous n'avons pu mettre suffisamment en relief ces cellules de névroglie par la méthode spéciale et compliquée de Weigert et par ses procédés de coloration au «chromogen » (Weigert (22)). Ce résultat négatif est d'ailleurs moins fait pour — 110 — surprendre, si l'on se souvient que Weigert lui- même (loc. cit., page 109) et Cajal (Cajal (5. ) ont constaté l'impossibilité d'obtenir par cette méthode la coloration de certaines cellules de névroglie de la substance grise chez les Vertébrés supérieurs. En revanche, la méthode de Nissl colore bien les noyaux de ces cellules tandis que leur cytoplasma ne conte- nant pas de chromatine reste pâle, décoloré et indécis. C'est donc à cette dernière méthode que nous avons eu recours. Dans le prosencéphale (stammganglion) de liaja et dans le Cervelet de Gadus (couches moléculaire et granuleuse) nous avons réussi émettre en évidence les noyaux de névroglie. D'une façon générale ces noyaux sont manifeste- ment visibles : 1° soit entre les neurones dont ils semblent être les satellites ; 2° soit entre les. fibres nerveuses centrales (rôle d'isolement, d'interposition entre les connexions intercellulaires) ; 3° soit enfin au voisinage des vaisseaux. Les observations de Cajal relatives aux caractères de la névroglie du Cervelet chez les Poissons (Cajal (i)) et le travail du même savant (Cajal (4)) viennent apporter un appui consi- dérable à la valeur de nos recherches. Dans nos préparations, ces noyaux offrent à considérer : une membrane nucléaire, sorte de cuti- cule hyaline se confondant vers sa partie extérieure ou périphérique avec les fines ébauches de la trame protoplasmatique, tandis que vers sa partie interne ou centrale elle sert d'insertion au réseau nucléinien. Ce réseau nucléinien sert de charpente à une subs- tance chromatique localisée surtout à la périphérie de la cavité nucléaire, sous sa membrane, mais for- — 111 — mant en plus, rà et là, de gros grains nodaux.Ce sont bien là les caractères de la névroglie tels qu'ils sont indiqués, par la méthode de Nissl, dans l'excellent et important ouvrage de Ramon Gajal (Cajal (5J, page 188). Nous sommes heureux, pour notre modeste part, d'avoir pu confirmer, par cette méthode histo- logique nouvelle, nos précédentes observations effec- tuées par la méthode des imprégnations métalliques (Gatois (7).) Conclusions. — Si nous cherchons maintenant à résumer rapidement ce présent travail, nous pou- vons conclure ainsi : 1° Les Cellules nerveuses centrales des Poissons (osseux et cartilagineux) peuvent affecter les deux types classiques de Nissl que 1 on rencontre chez les autres Vertébrés : Cellules somatochromes et Cellules caryochromes. 2° Il existe dans le cytoplasma des Cellules somato- chromes un réseau fibrillaire de substance achroma- tique et une substance chromatique (éléments chro- mophiles, corps de Nissl) affectant surtout la forme de bâtonnets, de petits fuseaux ou de petits amas granuleux et irréguliers. (Nous ajouterons que cette substance chromatique n'existe pas dans toutes les cellules ou du moins qu'elle n'y est pas visible ; cette même particularité s'observe d'ailleurs chez les autres Vertébrés). 3° L'Encéphale des Poissons renferme des Cellules nerveuses variées et différentes comme aspect non seulement au point de vue essentiellement tnorpho- — 112 — logique (formes extérieures) mais encore au point de vue de leur organisation intime, de leur structure fine. Ces différences s'observent aussi bien dans les diverses parties constituant l'Encéphale que dans les segments variés de ces mêmes parties. (Nous verrons, en effet, en étudiant l'Anatomie microscopique de l'Encéphale et en faisant la topographie histologique de cet organe, que les neurones du prosencéphale, par exemple, ne ressemblent pas aux neurones du mésencéphale et que dans le cerveau antérieur lui- même nous avons pu délimiter des zones parfaitement caractérisées par des groupes de neurones à forme et probablement à fonctions distinctes). 4° Le noyau des Cellules nerveuses est nettement séparé du cytoplasma environnant par une membrane nucléaire. Les travées du caryo-plasma sont plus ou moins irrégulières, plus ou moins épaisses ; quant à la chromatine nucléaire, elle peut être plus ou moins condensée ou éparse. 5° D'une façon générale, les Cellules somatochromes de l'Encéphale des Poissons, bien que rappelant dans leur ensemble et dans leurs grandes lignes les carac- tères de ces mêmes cellules chez les Vertébrés supérieurs, présentent, en définitive, une différen- ciation morphologique et cytologique moins élevée ; c'est ainsi que les gros blocs de substance chroma- tique si apparents chez les Vertébrés supérieurs font presque complètement défaut dans les Cellules ner- veuses des Poissons ; lorsque les éléments chroino- philes ont une tendance à devenir volumineux, on les voit se localiser surtout soit aux pôles du noyau — 113 — (capuchons nucléaires) soit à la périphérie du corps cellulaire (plaças ô laminas corticales, de Gajal) ; nous n'avons jamais pu mettre en évidence les Canes de bifurcation de Nissl, aux points de bifurca- tion des troncs protoplasmatiques. 6° Quant à savoir si ces différenciations mor- phologiques et cytologiques sont plus hautes chez les Téléostéens que chez les Sélaciens, le problème est assez difficile à résoudre ? MIle W. Szczawinska (19) dans son récent mémoire ne décrit, comme type de Téléostéen, que les Cellules motrices de la moelle allongée et les Cellules de Purkinje du seul genre « Cyprinns Carpio » tout en admettant, dans ses conclusions que les Cellules Centrales des Poissons osseux présentent une différenciation morphologique et cytologique plus haute que les mêmes Cellules des Sélaciens. Bien que nos recherches aient porté sur un plus grand nombre de Cellules et sur des groupes plus variés de Poissons (Téléostéens et Elasmo- branches) nous sommes cependant moins affirmatif et nous pensons devoir, pour l'instant, réserver notre opinion sur ce sujet. Du reste, et à propos de l'étude de la structure des Cellules nerveuses, sans montrer un scepticisme exagéré qui semblerait vouloir mettre en doute, à tort, les acquisitions modernes de la Cytologie, nous devons avouer que la plus grande prudence s'impose lorsqu'il s'agit d'élucider des questions aussi délicates que celles qui font l'objet de la présente note, lors- qu'il s'agit surtout d'interpréter, au point de vue physiologique et fonctionnel les images diverses qui viennent s'offrir à nos yeux ! 8 — 114 — Que M. le Professeur d'Histologie de l'Université de Madrid nous permette de citer textuellement le passage suivant de son excellent traité : « Preciso es confesar que en lo concerniente à la « fina anatomia de la célula, pisamos un terreno « menos firme que el de la morfologia exterior. En a este dificil dominio nadie puede estai* seguro de « no haber tomado una disposiciôn post-mortem « creada por los reactivos fijadores por una estruc- « tura preexistente, alribuyendo asi al mecanismo « normal de la vida lo que no es sino la obra de la « muerte. » (Ramon Gajal (5), page 141 et 142). « Il est nécessaire de confesser que pour ce qui a « trait à l'anatomie fine de la Cellule (nerveuse) nous « foulons un terrain moins solide que celui de la « morphologie extérieure. Dans ce domaine difficile « (étude de la structure intime de la Cellule nerveuse), « personne ne peut être sûr de ne pas avoir pris une « disposition post-mortem, créée par les réactifs « histologiques fixateurs, pour une structure préexis- « tante, attribuant ainsi au mécanisme normal de la « vie ce qui n'est seulement que l'œuvre de la mort. » Traduction de l'auteur . On admet aujourd'hui que ce qui caractérise et affirme, avant tout, le progrès d'une Cellule nerveuse dans la série phylogénique, que ce qui marque, en un mot, les étapes de son perfectionnement, ce sont : le nombre et la disposition des corpuscules nerveux, l'apparition et la formation de nouvelles expansions — 115 — protoplasmatiques groupées et distribuées de façon à établir de nouvelles associations intercellulaires (Ramon y Cajal (2), Revue scientifique 1895). On commence, d'autre part, à entrevoir les parti- cularités de détails de l'organisation des neurones et les modifications qui peuvent se manifester dans leur structure intime sous l'influence des différents états fonctionnels, traumatiques ou pathologiques ; ces problèmes excessivement complexes viennent à peine d'être posés et on ne fait encore que soulever le voile qui cache à nos yeux les phénomènes étroitement liés à la vie de la cellule nerveuse ! Dans l'état actuel de la science on considère que la substance achromatique représente le véritable pro- toplasma cellulaire, l'élément constituant principal de la cellule nerveuse auquel est dévolue la fonction de conduction; la substance chromatique au contraire ne serait qu'une substance de réserve, manquant dans certaines cellules nerveuses, abondante dans les autres, non indispensable à la vie du neurone, mais dont les variations quantitatives (et ajouterons- nous, peut-être qualitatives ?) sont liées aux diverses modalités fonctionnelles de la cellule. D'après ces quelques données de la science moderne, certains neurones des Vertébrés inférieurs possédant une quantité de substance chromatique moindre et en fous cas moins bien organisée que les neurones similaires des Vertébrés supérieurs, il nous parait logique d'admettre que ces éléments nerveux doivent être doués d'une « énergie poten- tielle » également moindre et s'épuisant plus rapide- ment ? — 116 — Quelque soit le sort réservé à cette hypothèse nous pouvons conclure ainsi : Neurones relativement moins nombreux . peu riches en prolongements ramifiés, partant, en asso- ciations intercellulaires, à chromatine peu abondante, tels sont, rapidement résumés, les caractères histo- logiques principaux par lesquels se distinguent les Cellules nerveuses de l'Encéphale chez les Poissons et par lesquels s'affirme l'infériorité marquée de ces animaux dans la série des Vertébrés. Indications Bibliographiques 1. Cajal (R). Motus preventivas sobre la /''structura del Encephalo de los Telcosteos (Anal, de la Soc Esp. de Hist. na*.,TomoXX!II, 1894). 2. Id. Morphologie de la Cellule nerveuse (Revue Scientifique, n° 23, 7 décembre L8!i.">). 3. Id. Estructura del protoplasma nervioso (Revista trimestral Micrografica, Tomo I, Fasc. I, 1896). 4 In. Sobre tus relaciones n remarque notammenl dans cette ligure les capuchons nucléaires el les vacuoles du cytoplasma îles cellules de Purkinje). Fig. G. Deux cellules oerveuses (G) et imis cellules de Névroglie (N) du Prosencéphale (Stammganglion) de Raja bâtis ( L.). (Méthode de Nissl) \ J' '" (chambre claire) / ocul. .'! (Le Irait pointillé autour des cellules nerveuses indique la limite de ces cellules avant la rétraction du protoplasma cellulaire). MOZ.Jbo. LùimMrm : SSJerùi T. Il, Fl.II N DT Cato.s dol. /". HhAr*** Se. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE NORMANDIE FONDEE EN 1823 Et reconnue d'utilité publique par décret du 22 avril 1863 5e série. — 3e volume AIVMEE 1899 CAEN E. LANIER, Imprimeur HUE GuiLLAUME-LE-CONQCÉRANT, 1 u '■'> 1809