^•f ' c. ^ 30. BULLETIN D£ LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Troiiiieiiie Scrie. TOME VI. UUREAU Dl- LA SOCI^Tfi. (ELECTIONS DU 22 MAI 1846.) President. I' ice- Preside nts. Scnitateiirs. Secretaire. M. le baron Walckewaer, secretaire perpelui-l dc lAca- demie rovale drs Inscriptions et Belles-lettres, I M. Letrohne, inembre de 1 Inslitiit. ) M. GuiGNiACT, meinbre de rinstitiit. M. ALDERT-McmXEMOKT. M. Gabriel Lafomd. M. Ph. Lebas , inembre de I'lnstilnt. Lists des Presidents honornires de la Societe , deptiis son origine. MM. Le marquis de Laplace. Le marquis de Pastoret. Le vicomtede Chateaubriand. Le comie Chabroi. de Voi.vic. Becquey. Le baron Ai.ex. de Humdoldt. Le comie Cbabrol de Crousol. Le baron Cuvier. Le baron Hyde de NEtivii.iE. Le due de Doudeauvii.le. J-B. Eyries. Le comte de Richt. DrMONT d'Urville. MM. Le due Deca7.es. Le cotnle de Montalivet. Le baron de Rarante. Le lieutenant-general Pclet. GuiZOT. De Salt ANDY. Le baron Tdpinier. Le comte de Las Cases. "VlLLESIAIN. Cumin Gridaine. L'aniiral l)aiou Roussiw. Le vire-amiiitl baron de Mack^u. Le vice-amiral Halgan. Correspondants etrangers dans Vordre de lew nomination. MM. Le dorteur J. Mease, a Philadeljilii<\ H. S. Tanker, a Pbiladi^lpliie. W. "VVooDBRiDGE, ii P.oslun. Le It-rol. Edward .Sabine, a LonJres. Le colonel Poinsett, a \Vashinj;toM. Le col. d'Abrahamsow, a Copcuhague. Le professeur Schushcher, a Altona. Le docteur Reinganum, a I'.criin. Le capit. sir J. Fkanklin, a I.oudres. Le docleiir Richardson, a l.oiidres. Le prolesseiir Rafn, a Copenliague. I.e capitaine Gra/.s, .t Coponliagne. AiNSwoRTH, a Edimboiir^'. Leconseiller Adr.en BALBi,aVieniie. LetoniteGRABKRaDEHEMs6,aFlorence. MM. Le colonel Long, a Philadelphie. Sir Jiilin PiARROw, a Londres. Le capitaine Maconochie , a Sydney. Le capitaine sir John Ross, a Londres. Le conseillcr de Macedo, a Lisbonne. Le professeur Karl Ritter, a Berlin. Le capitaine G. Back. F. Dubois DEMoNTrEREUx, a NeucliStel. Le cap. John AVasuington, a Londres. Le col. Ferdinand Visconti, a Naples. P. DE Angelis , h Buenos-Ayrcs. Le docteur Kriegk, a Francfort. Adolplic F.RMAN, a Berlin. Le docteur Waitaus , a Goettingue. Le colonel Jackson , a Londres. I'AKIS. — IMPISIMb/tllv nii HOUHGOnNE ET MilillNKT, me J:\ooIi , 30 BULLETIN DE L/V r r SOCIETE DE GEOGRAPfflE. Troisienie Serie< ^omc siiicmc. sy; PARtS, CHEZ ARTIIUSBRRTRANP, L 1 B n A 1 R E D E LA S O C I E T Ji U E G ]i O G R A P H I RUE H MITEFEUILI.E, «" S 1 . 184(5 COMMISSION CENTRALE. COMPOSITION Dl) BUREAU. (Election dii 9 Janvier 1846.) President. M. Dadsst. f ice- Presidents. MM. le vicomte de Sartarem , Houx de Rochelm. Secretaire-general. M. Vivieh dc Saiwt-Martin. Section de Cones pondance. MM. MM. Hajot. MM. C. Moreaii. Cailier. Noel-Desv«'rger«. Corhelet. D'Orbisiiy. Cuii;iiiaut. Baron Roger. Jaubert. Tcxier. 1, a fund. Thomasel-Di'sverj,'efs Cocludt't De la Roiiiictte. Corlamberl. Kon\ de Roclielle. Daussy. ' "Vicomte de Santarcnt, Oui"niaiil. Vivien. M. Cliapillier, notaire, trcsoricr de la Soriele, rue .Saint-Hoiiore , 870. M. Tsoinil, agent-general el bibliotliecaire de la Soriete, rue de I'lJnivcr- site, a3. BULLETIN l»li LA SOCIETE DE GEOGUAPHIE. JUILLET 1846. PREMIERE SECTIOl^i. MliMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAI>PORTS. ESSAI HISTORIQUE SUR L'lLE DE CUBA A l'epOQUE DE LA DECOUVERTE ET I'ENDANT LES FREMIEKES ANtiEES DH I,A COLONISATION, SUIVI DE l'anALVSE DK l'oUVRAGE DE M. RAMON DE LA SAGRA (l) , Par S. BERTHELOT, Mcmbre de la Commission ceiitrale de la Socie'te de geographic. PREMlfiRE PARTIE. Etat du pays a I'epoque de la drcouverte, documents et souvenirs liistoii(]ues , details sur les cvc'neinents de la conquete, lenseigne- ments sur la race indieniie , premier progres de la colonisation. C'est parmi les precieux documents des ecrivains cspagnols qui ont traite de ce qui est relatif a la decou- verte ol a la conquete do rAnierique que nous pui- (i) Histoitv physi'(]ue^^ politique et nalwelle de I' tie de Cuba, ( 6) serons nos renseignemenls pour une esquisse histo- rique de Cuba. Cette ile I'dunissant la double clrcon- stance d'avoir (Uo une dos premieres, et sans contredit la plus imporlanle de ceLles qui furent d'abord visitdes par le plus celebre des navigalcurs , son hisloire se trouve lice naturellemcnt a celle d'un epoque fameuse et rappelle les souvenirs des grandes gloires de I'Espa- gno. Christophe Colomb, Diego Velasquez, Barthe- Icniy de Las Casas, Hernand Cortez, Bernal Diaz, Jean de la Cosa , Sdbastian O'Campo ; tous ces noms ont rctenti sur les plages de Cuba, lous ces illus- tres navigateurs, ces intrepides capitaines, ces bom- mes d6voues a la gloirc et aux basards des entreprises avontureuses, cboisirent la rcine des Antilles pour Ic quartier-g6n6ral de leurs expeditions; car c'est a Cuba qu'ils semblaient tous s'etre donne rendez- vous. Lorsqu'on embi-asse par la pensee ces annales des premiers temps de la decouverte, I'bistoire prend a cliaque page un caractcre merveilleux qui ferait pres- que douter de la r^alitd des fails , si la concordance des cbroniques conteniporaines et la naive simplicity des narraleurs ne vcnaient les accreditcr. — Vers la fin du XV* siecle , le genie de Colomb se revela au mondc comme un pbare luniineux, etl'Amerique, ce continent jusqu'alors ignore, se d^voila a ses yeux. licoutons le r^cit de Vaviiral de la nicr Oceane , titrc glorieux et digne de I'liomme qui I'a porlc : « Le 18 oc- tobre de I'an l/i02, quelques jours apres avoir visits les Lucayes, Colomb decouvrel'ilede Cuba, et abordc sur la cote du N.-E., au port de Nipe, a remboucluire de la riviere qu'il nomme religieuseraent de San Sal- vador. Mors, a la vue de ces rivages nouvcaux , tout ( 7 ) liixurianls d'une v^g(^tation inconnue, au parfum eni- vrant d'une nature vierge , a I'aspect de cette race d'hommes qui se prosternent a ses pieds , son imagi- nation poetique s'exalte , et , les yeux remplis de lar- mes de joie et de reconnaissance , il rend graces au Dieu protecteur qui a soutenu son espoir a travers Timmensit^ de I'Oc^an et couronnt^ ses courageux efforts. )) Jamais spectacle plus beau , dit la narration , ne s'^tait montre aux hommes. La riviere 6taitbordee d'arbres verts, magnifiques et differents des notres , tous varies de fleurs et de fruits. On entendait le doux gazouillernent d'une multitude d'oiseaux; d'innombra- bles palmiers , aux feuilles larges et ondulees , mais d'une autre espece que ceux de Guinee et de notre Espagne , s'«^levaient de toutes parts. L'amiral sauta dans la barque pour prendre terre. L'herbe aux alcn- tours etait aussi haute qu'en Andalousie au mois d'a- vriletde mai. Colomb fit avanccr ses caravelles vers lo haut de la riviere , et ce fut pour lui une joie nouvelle en voyant cette verdure si fraiche , ces masses de grands arbres, ces jolis oiseaux qui charmaient ses regards. « Rien n'ost beau corame cette ile , ecrivait-il ; ses cotes offrent une infinite d'excellents ports et de ri- vieres profondes; la nier qui les enloure doit etre lou- jours tranquille , puisque l'herbe des plages croit jusqu'au bord de I'eau. Une partie de I'lle est couverte de collines de moyenne grandeur ; dans I'autre partie dominent des montagnes hautes et abruptes commc celles de la Sicile. De fraiches brises embaument I'air toute la nuit, et Ton jouit dans cet heui^euxclimat de la plus douce temperature » «Voslangues ne suffi- ront pas pour raconter, dlsait-il a ses compagnons, ni ma main pour ecrire toutes les merveillos de ce ( S) pajs... .. )) « Jc ne parlerai pas ;'i Vos Altesses , ocri- vait-11 a Ferdinand et a Isabclic, dos inimenses avanta- gcs qu'elles en retiroronl un jour ; uiic pareille conlree dolt oflrir bien des ressources. Je nc saurais ni'arreter ilans lous los ports qui sc prescnlent sur ma route, luaisje veux les voir tous en passant pour pouvoir vous en faire la relation a mon rotour. Cos Indiens Ignorant notrelangue, et je ne comprends pas la leur. Jc crois bien entendre parfois quclque chose de ce qu'lis me disent, mais je m'apercois bientot que j'ai mal compris. Enfin je lacherai de m'instrulre, et j'lrai acquerant petit a petit de nouvelles notions. Pour Ic moment, j'ose assurer qu'il n'existe pas sous le soleil un plus beau climat, une tcrre plus fertile , plus abon- dante en rivieres aux eaux limpidcs et salncs. Ce ne sont plus ces fleuves pestllentlcls de la Guinee , et Dleu soil loue, car, parmi tous mes equipages, iln'y a pas jusqu'a ce jour un seul honmie qui ait eprouve une douleur de tote.... Toute la clireliente sc rejouira de cettc decouvcrte, et I'Espagne la premiere, pulsque rcnliere possession du pays lui est assurce.... )> Tout Icrecil de Colomb est empreint de cettc noble et naive simpllcite de langage, et nous regrettons que les bornes de cet article ne puissent nous permctlre de n'en prt^sentcr que quelques fragments. Cbrislophc Colomb donna lo nom iVJlpha et d'O- inega (le commencement et la lin ) au cap Maisy de nos cartes, L'amiral , loujours dans la pensee que les terres qu'il venalt de d(^couvrir se ratlachaient aux contrecs asiatlqucs, vouiut indiquer par la dt'nomina- lion qu'il appliqua a la partie la ])lus orientale de lilc, rexhemlle de TAsie. Ce fut sur une eminence, depcu- plce d'arbrcs, pr6s du beau portde ^neintas del Priri- ( 9 ) cipe, quil plaiila, dans rcntliousiasme de son succes, la croix du Christ pour temoigner aux yeux du monde de sa foi fcrvenle et de sa prise de possession. Caonao, village indien situe a 9 milles environ du port de Miio- vitas, recut les emissaires de Coiomb avecles presents qu'ii envoyaitau cacique de Camaguei, et qui lui avaient et6 remispar les rois catlioliques. Tromp6parla rapide prononciation dcs noms de lieux qu'indiquaient les iridigencs dans un langage quil ignorait , I'amiral , loujours dans la persuasion qu'il venait d'aborder sur la cote de la Chine, s'imagina , d'apres les descrip- tions de Marco-Polo , que hi nom Cao/inn etait unc corruption de celui de Cainlmlu ou de Pekin , resi- dence du grand empereur du Cathay, comme il Tavait dit lui-meme a Ferdinand et a Isabelle lorsqu'il soute- nait avec tant d'assurance devant la cour ses opinions sur le probleine geographique qu'il se proposait de resoudfe. C'est ainsi qu'ayant pris d'aLord File de Cuba pour la famcusc Cipango de Marco-Polo, et celte ilegrandissanl encore a ses yeux a raesure qu'il en ex- plorait la longue etendue de cotes , eelle cessa pour lui d'etre uneterreisolee. Revenantensuite sur son premier jugement , tout ce littoral, qui se prolongeait au loin, apj^arut a ses yeux comme la Chersonese dOr; alors il ne vitplus que le Cathay, I'empire du grand kan, lepays des parfums et des pierres precieuses. Cette erreur, donlil fut bientot disabuse, ne fut pas ])artag6e, du reste, par tous les pilotes de son temps, puisque Jean de la Cosa , sur la carte manuscrite qu'il dressa au port de Sainte-Marie en 1500, au rctour de son expe- dition avec Alonzo de Ilojeda et Amoric Vespuce , ligu- rait Cuba comme um; ile. Toutofois , des doules exis- taienl oncoi e a ret egard en 1 508 . el Barlhelcmy de ( 10 ) Las Casas, ecrivaiil an commandant Ovcndo , s'expri- mait en ccs tormes : « On ne snit pas encore si c'csl line He on lien la terre-ferme. » Ce tut sans doute pour decider la question qu'Ovando chargea Sebastian de O'Campo d'cn faire le tour. L'ile deCuba a cbange plusieurs fois dc nom depuis sa decouverte; Cliristophc Colomb la nomma d'nbord l'ile Jiiana en I'bonncur du prince don Juan d'Espa- gne ; le roi Ferdinand, par un caprice de souve- rain , voulut ensuito qu'elle s'appeiat Fernanelina ; quelqucs historicns et cartograplics Font designee sous le nom d'is/a de Santiago et d'isla del yJi>e Ma- ria; mais sa denomination indicnne de Cid/a a fmi par prevaloir. A la plupart des noms dc lieux de l'ile de Cuba , villes ou villages, I'ivieres, golfes ou caps, se rattacbent des souvenirs hisloriques. L'entrec de la riviere de Jatibonico nous rappelle I'endroit ou Colomb fit dire la premiere messe lors de son second voyage. Les Jardins de la Rcine ou JardinUlos sont, comme on sail, des re- cifs a flcur d'eau qui baiTcnt une partie de la cote meridionale do Cuba : Colomb leur imposa cc nom uu mois de mai Ih^h , quand il eut a lutler pendant cinquante-huit jours contrc les courants et les vents contraires , entre l'ile de Pinos et le cap de Cruz. 11 a depeint lui-meme ces ilots lorsque ses caravelles lou- voyaient dans la passe de San Cbristoval an milieu de ces bosquets maritimes , el que cette belle verdure , sortant de I'onde toute couverte de fleui's, lui inspirait les plus sublimes pens^es. Ce ful sur ces memes bas- fonds des Jardinillos qu'ecboua, en 1518, la JSave Ca- pitana, que montait Hernan Cortcz en pax'tantde Cuba pour en\abir b; Moxiquc. In an |)lus tard , il lassom- ( 11 ) blait toute sa flottille vis-a-vis I'ile de Pinos , dans I'en- droit qui poite toujours le nom d'EnsenafIn de Cortez (anse de Cortez). C'est de cette plage solitaire que, pour se soustraire aux embuches de I'ambilieuxVelas- quez, jaloux de la gloire qu'il allait acquerir, il s'6- lanca avec audace a la conquote de I'empire de Mon- tezuma. Le Caye O'Canipo est le petit ilot du port de Jagua oil Diego Velasquez rassembla ses lieutenants pour te- nirconseil sur la repartition du territoire conquis et sur les juridictionsa etablirdans I'ile. — Le cap Saint- Antoine , applique a I'extreinite occidentale de Cuba , ou niieux cap San Anton , comme on le trouve ecrit dans les vieilles chroniques , fut un liomuiage rendu a la memoire du fameux pilote Anton de Alanilnos, qui guidait I'expedition d'llernandez de Cardoba en 1517, bien que cctle gloire dut elre acquise a Sebastien de O'Canipo qui, neuf ans auparavant, avait le pre- mier d6pass6 le cap. Le port de Carenas est celui ou ce meme navigateur fit <^rim/<'/- ses vaisseaux en 1508. Ce lut aussi au portde Carenas que s'organisa la premiere et desastreuse expedition du Yucatan, commandeepar Hernandez de Cordoba, et a laquelle s'associa Bernal Diaz del Castillo. Ce fut dans cc meme port que le chef de cctte malheureuse entreprise expira des suites de ses blessures, dix jours apices son retour. Au port de Carenas se reunit encore, en 1518, I'expedition de Jean de Grijalva , qui fut plus heureux que son de- vancier, A I'epoque de la d^couvertc , Cuba etait divisde en 29 provinces, dont 5 a I'occident, Guanahacabibes , Guaniguanico , Marion, Ilabaua , ot Hanabana ; 7 au centre, Sabanetjuc , Cubanacan . -lagua . Gua- ( 12 ) nuiliaya , Magon , Ornofay el Cauiaguei; 17 i rorient, Ca\agua\o, Guymaros, Cuciba,Bo\aca, Cuacanavabo, Macaca, Bayamo, Maniabon, Maguanos, Maiyc, Guay- maya, Bani, Barajagua, Bayaquitiii , Sagua , Baracoa ct Maisy. Toutes ces provinces avaient un village prin- cipal, cbef-lieu de residence du cacique; on conside- rait comme la capitale celui de I'ile de Cuba , dans la province deCiBANACAN, riche en mines d'or. Laplupart de ces villages indiens n'avaient pas une grande eten- due, inais ils etaient Ires nombreux. Las Casas et Ber- nal Diaz en citent plusieurs, entre aulres celui de Chi- pionn , qui a conserve son ancien nom ; celui de Cara- liate, bati sur pilotis, et occupe par une population dc p(iclieurs; Yagnaiamtis , oi'i Las Casas exerra les fonc- tions de cure; Manicnnao, oil Ilernan Cortez oblint une comnianderie (encomcenda) ; Guanabncoa, un des plus considerables et des plus populeux; enfin Caonao, Ca- iiareo ct Igiiaiii, donl nous aui'ons occasion de parler. D'apres les renseignements consignes dans le jour- nal de Colouib , les anciens babitants de I'ile de Cuba se livraient a I'agricullure et a la pecbe; ils cultivaient le manioc (}7/tYi),le bananier, lemais, la patatc douce et diverses plantes alinientaires de la famille des Icgumi- neuses et des cucur])ilacees. Ils mangeaient rarenicnl la cbair des animaux, si ce n'est celle de I'iguana etde quelques autres reptiles; leur principale nourriture consistaiten pain de cassave, enmais r6ti,'en fruits et en legumes, lis ignoraicnt les exigences de riiabillcment etie luxede la parure: seulement, quelques cbefspor- taient pour ornement des touffes de plumes sur la tfite , et les fcmmes mariees des especes de bauts-de- cbausses en toils dc coton. Leurs armes consislaienten javolnts donl la pointc t'tait durclc au fou. L'amiral . ( ^:M dans sa relation, depeint les Indiensdc Cuba de la ma- niere suivante : « lis ne sont ni noirs ni bruns, mais )) de la couleur des Canariens, etles femmesplusblan- » ches encore ; bien fails de corps et de jambes , pen )) venti'us,la physionomie agreable.le front etle visage » larges , les yeux grands et beaux, les cheveux lisses, » longs et forts. lis se peignent la figure et le corps de » differentes couleurs. » II en vit qui portaient de pc- lites plaques d'or suspendues aux narines, et d'autres avec des colliers de grains. lis savaient filer le coton pour tisser les etoffes ; ils fabriquaient des ouvrages devannerie,deshamacsqu'ilsornaient avec des plumes et des coquiliages, des poteries , des engins de peclie et des ustensiles a leur usage, Leui's maisons etaient propres, spacieuses et commodes, disposees en foi'me de ruche, avec deux portes , et couvertes de palmes. Colomb parle de petites statuettes avec figures de fcmine et de masques fort bien travaijles, qu'il trouva dans une habitation abandonnee ; ce qui supposerait chez ce peuple certaines connaissances d'art assez avancees. Ils excellaient surtout dans la construction des pii'o- gues, et en possedaient d'assez grandes pour contenir 150 hommes. Ces pirogues etaient, en gen(^ral , tres ornees , et firent plusieurs fois I'admiration de I'ami- ral, qui en cite de 95 palmes de long, et d'autres en forme de fustes ou petites galeres a dix-huit bancs. Les Indiens les manceuvraien t a la pagaye avec beau- coup de doxterite, et les tiraient a terre pour les re- miser sous des hangars ou calles couvertes de feuilles de palmiers, Le chien , ce compagnon fidele de I'homme, etqui le suit partoutou il s'etablit, est desi- gne par Colomb comme un des animauxfamiliers qu'il trouva a son arrivee dans I'ile; mais il est question, en ( 14 ) uutre, d'oics domestiques et do diverses aulres sortes d'oiseaux apprivoises qu'on dlevait dans les maisons comnie nous avons coutume de le faire dans nos basses- cours. Ce pcuple, quoique retenu dans les limites de son ile parlacrainte que lui inspiraient les Caraibes, ses voisins et ses enncmis , n'etait pas cependant sans relations avee la terre ferme : les Indiens du Yucatan frequentaicnt la cote meridionale de Cuba , et vc- naient eclianger de la cire et d'autrcs objets. Les mceurs que Colomb observa cliez les babitants de Cuba, et le peu que Ton connait de leur langage, denolent une origine commune avcc unc des grandcs races du continent americain. Voici quclques frag- ments de la relation que I'amiral adressa a don Rapliat'l Sanchez , tresorier des rois catholiques. « Les armes ofTensives, cellos do for surtout, s'ils » connaissaient cc metal, leur seraient inutiles, el » lis ne sauraient s'en servir, car ils sont en general » d'un naturel trop timido. Cost a peine s'ils savont )) se defendre avec les longs batons ou javolots dent ils )) font usage. Quand deux ou trois do mes gens se )) pr^sentaient devant leurs villages , ils sorlaient en » troupes nombreuses et desordonn6es ; mais des que » les nolres s'avancaiont vers eux , toute cotte cobuc » prenait la fuite, le pere abandonnant ses enfants, et » les enfants s'inquietant peu de leur p^re. La peur et )) la faiblesse formcnt I'essonce de leur caractdrc. » Toutefois , lorsquc rien no les elTraie, on appr^cio » leur simplicite et leur douceur. Ils sont tous gens de » bonne foi et trfes g(^n6reux, car ils donnont tout ce » quils possedent : demandoz-leur , ils ne vous refu- )) seront rien et iront meme au-devant de vos desirs. y> Ils no sont pas idolalros, ot croient ;ui contraire (15) » avec foi que le ciel est la source de toute force, » de toute puissance et de tout bien. C'est du ciel que » je suis descendu , selon eux, pour aborder sur leurs )) plages. Leur intelligence est loin d'etre bornee ; ils » ra'ont paru meme doues d'une grande perspicacite )) et d'un esprit observateur. Aussi m'ont-ils fourni des » renseignements tres circonstanci^s sur tout ce qu'ils » ont vu dans leurs voyages , car ils traversent souvent » avec leurs grandes pirogues les bras de mer qui se- » parent tous ces groupes d'innombrablcs lies et tra- » fiquent entre eux. Les caracteres de leur pbysionomie )) presentent, dans tout ce vaste arcbipel,le meme type; » ce sont partout les memes coutumes, le meme lan- » gage Leurs chefs, princes ou I'ois, peuvent avoir » jusqu'a vingt femmes, mais j'ai cru m'apercevoir que » les sujets n'en avaient qu'une seule. Les femmes tra- » vaillent autant que leshommes Je n'ai jamais vu » parmi eux des gens cruels et sanguinaires; ils sont » tous en general tr^s avenants et pleins de bonte... » Ce fut en traversant le grand golfe de Batabano , sur cette mer parsemee de cayes et de bas-fonds, que I'amiral put juger de I'habilete des Indiens de la cote meridionale de I'ile dans I'art de la peche. Une mul- titude de pirogues sillonnaient les eaux tranquilles de ce vaste bassin , et les hommes qui les montaient se livraient a la peche des tortues. Les indigenes de Cuba se servaient, a cet efTet, d'un petit poisson du genre des echeneis assez semblable au remora , et qu'ils ap- pelaient guaican. Une longue corde etait attachee a la queue du poisson pficheur, qui , aumoyen du disque aplati, garni de sucoirs, qu'il portc sur la tete, se fixait sous le ventre des tortues qu'on rencontre encore si frequemmentdansles passes des Jardinillos. « Le guai- ( 'IG ) )) can , ecrivail I'amiral, sc laisseiiiil plulut luclln' cii » places quo do lucher involontairement le corps au- » quel il adliere, et par la mfemc corde les Indions rc- )) liraient Ic poisson pt'clieur et la tortuc. » Tel etait a pen pros I'etat de civilisation de rile de Cuba lorsque Cliristoplie Colomb en fit la d<^couverlc, ct que Velasquez entrcprit de la soumettre a la domi- nation espagnole. D'apres la relation de Barlho- leuiy de Las Casas , temoin oculaire do cette con- quele , I'amiral don Diego Colomb, fils de I'illustre decouvreur etgouverneur de I'Espagnola (Haiti), a\ ant rosolu de coloniser I'ile de Cuba, fit choix pour cetlc entreprise du capitaine Diego Velasquez. Celui-ci par- lit, vers la fin de novembre 1511, du port deSalvatiorra de la Sabane, avec quatre caravellos ct 300 liommcs. II opera son dobarquement par le port de Palmas de la province de Maisy, oil s'etait 6tabli le cacique Ha- tuey, lugitif d'llaili. Ilatuey essaya d'abord de rc^sister a I'invasion ; mais ayant i[e tu(i dans un combat, Ve- lasquez resta maitre du pays, qui fut pacific au bout de deux mois. Les populations des districts conquis fu- rent r^parties entre les nouveaux colons, comrne on avait commence de le fairc dans I'ile voisine , cl le 15 aout 1512 , la ville de /n Jscuncion, premiere colo- nic cspagnole de Cuba , fut fondle dans la province de Baracoa , sur remplacement du village indien du mcme nom. Tandis qu'on travaillait a la construction do la nouvellfi cite , Velasquez envoyait un de ses lieu- tenants avec 30 hommos dans la province de Bavamo, ou s'etaient relranclios les Indiens lugitils de Maisy, qui, Ijaltus do nouveau, so retirerent dans la ])rovince dt! Camaguci, a 63 lieucs de Bayamo. Un detachement rle 100 Ijonnnes, onvoyespar Velasquez , envabit aussi- ( 17 ) lot ce terrltoire, et Las Casas lit partle de I'expedition. Les Espagnols battirent encore une fois los Indiens a Caonao, et les populations, frappi^es de terreur, aban- donnerent leurs villages pour aller chercber un I'efuge dans les slots ou cayes des Jardinillos; mals les mesu- res bumaines et conciliatrices de Las Casas les enga- gerent bientot a retourner dans Icurs foyers. L'exp^- dition se dirigea de la vers le nord , sur la province de Habana, tantot par la voie de terre , tanlot par la voie de mer, en coloyant les rivages de I'ile dans des pirogues indiennes. Apres la soumission des Habanais et Tenvabissement successif de plusieurs aulres points du littoral et de I'interieur, le gouverneur Velasquo?, , qui (litait venu activer les operations , partit pour aller ^tablir son quartier-general dans la partie nieridionale de I'ile, au port de Jagua, oil il convoqua ses lieute- nants en conseil , et ordonna la fondation des villes suivantes : Trinidad, qui lut situ^e a 10 lleues environ a I'o- rient du port de Jagua ; Santo Espiritit , presque au centre de Cuba , entre les deux cotes ; San Snh'ador, dans la province de Bayaino ; Santiago , qui devint plus tard la capitale, et Satila Maria de Puerto-Principe ^ pres du port de Nuevitas. Ces cinq ^tablissemenls, avec celui de Baracoa, qui les avait precedes, et celui de Carcnas (depuis port do la Havane), (urent les sept villes, las sieteciudades, fon- dles par Velasquez. Las Casas et son ami Fray Pedro de la Renteria , moine biscayen , se fixerent dans le village indien de Canareo , situe pros du port de Jagua. Les indigenes furent repartispar jurldictions et rommanderies , d'a- VI. JUM.i.r.T. 2. 2 ( 18 ) pr^s les nouvcUes divisions territorialcs , et Ic conquis- tador envoya son lieutenant Narvaez vers I'extrdmit^ occidenlalc de I'ile, pour terminer la campagnc par la soiimission dc la province de Gnaniguanico. La ville de la Ascuncion, comme chef -lieu et re- sidence du gouvcrncur, fut la capilalc cle Cuba jusqu'cn 1522, deux ans avant la mort de Velasquez, que Santiago obtint la suprematie. La fondation de la As- cuncion fut suivie de celle de Santo Espiritu et de San Salvador (en 1513 ct 1514). Un an apr6s, les commis- saircs royaux,/>roc«rrt«/ore*des rois catholiques, etablis dans cette derni^re ville, expcdiaicnt d^ji a la cour d'Espagne 10,000 pesos d'or fin ct 2,437 d'or bas. — La fondation de Santiago date de la meme 6poque, ct cello de la Trmic/afnapreceda d'unc ann6e. La ville de Santa Maria de PuertO'Principe , dont Velasquez avait d'abord commenced la construction en 1515, prds du port de Nuevitas , fut bientot abandonnee, a cause des attaques reit6rees de plusieurs tribus indiennes rest6es independanles et de la multitude d'insectes qui fourmillaient sur son territoire et en rendaient le s^jour insupportable aux colons. L'emplacement de I'ancien village de Caonaolui fntprefdre pendant quel- que temps ; mais vers la fin de 1 510 on opera sa trans- lation a Gamaguei , chef-lieu de la province du meme nom , situe presque au centre de I'ile. Toutefois, en 1534 , cette ville , dont la position avait chang6 trois fois , et qu'on d^signe encore aujourd'hui sous le nom de Puerto-Principe , bien qu'elle soit eloignde de plus dc 14 lieues de la mer, ne rd'unissait pas encore vingt families espagnoles. En general , les cites de Velasquez ne se peupl6rcnt que Icnlcmenl. Les colons, partis d'Espagne, ne se 'f 19 ) fixaicnt que pcu de temps a Cuba : arrives clans I'es- poir de fairc une fortune rapide, celtc ile , dcja con- quise, et dont les moilleurs terrains venaient d'etre repartis, ne pouvait satisfaire leur ambition , et, se- duits par les succes obtenus dans les contrees conti- nentales du Nouveau-Monde , ils abandonnaient Cuba pour aller augmenter le nombre des aventuriers. Ainsi la ville de Santiago , ou Ton avail d'abord rassemble deux cents families pour commencer sa fondation , n'en comptaitplus que quatre-vingts en 15i9, par les nombreuses emigations au Mexique et au Pdsrou. En 153Zi, vingt-cinq families formaient toute la population de Santo Espiritu. L'ile de Cuba etait devenue I'cntre- pot de la cote ferme d'Am^rique ; elle lui fournissait ses colons , et lui expediait une partie des chevaux et des mulets qu'on elevait dans la pi'ovince de Bayamo. La fondation de San Christoval de la Hahana eut lieu enl515. Les premieres constructions commenc^rentle jour de Saint-Christophe pourhonoror la memoire de Colomb, Cctle ville prit d'abord naissance sur la cote m^ridionale de Cuba, dans le district dc Guines , et fut transfer(!!e qualre ans apres au port de Carenas, sur la cote opposee. D'auti'es villes s'elevdrent ensuite dans differentes parties de l'ile , et rivaliserent avec les sept cites du conquerant. Nous citerons Matanzas , situee dans le fond de la bale de San Carlos, et dont le nom rappelle le massacre d'une troupe d'Espagnols qui, a I'epoque de la conquete, traversaient d'un bord a I'autre de la baie dans des pirogues indiennes , et perirent victimes de la vengeance des indigenes, a la nouvelle des succes de Caonao. II parait qu'on designa d'abord sous le nom de Matanzas le village indien sur les ruines duqucl on conslruisit , en IGOO , la ville ( 20 ) nioderne. Les trente families canariennes, qui forme- rent le premier noyau dc sa population , recurent cha- cune 50 piastres pour frais d'installalion , et furent liberies de toute charge et tribut pendant vingl ans. L'ile de Cuba avait dil paraitre trespeuplee a Chris- topho Colorab a la vue dc ces grands rassemblements que I'apparition de ses vaisseaux faisait naitre sur plusieurs points de la cote. Quelques historiens ont avance qu'a I'epoque de sa decouverte , Cuba conte- nait un million d'habitants , el que ce nombre ( sans doute tres exagere s'il faut en croire Fray Luis Ber- tran , qui ne I'estimait qu'a 200,000 ames) se Irou- vait reduit a IZi.OOO en 1517. Gomara assure que, trente-six ans apr^s, il n'exislait plus dans l'ile un seul jndivldu de race indigene. Toulefois los assertions de Fray Luis et de Gomara ne sont guere admissibles en presence des renseignement fournis par Las Casas, contemporain de la conquete et temoin des evene- ments qui se passerent a cette epoque. Cet blstorien evaluait a 200,000 ames la population de la seulc pro- vince do Bai'acoa. Les intoressantes recherches faitcs r^cemmont dans les archives des municipalites de Cuba, par don Jose Maria de la Torre , prauvent qu'en 1530. rindien Guama, a la tete d'un parti d'indigenes, r(^sis- tait encore aux Espagnols, rt^pandant la terreur dans les environs de Santiago et forcanl les aulorit^s de cette ville a demander du secours en Espagne. II r^sulte en outre des memes recherches qu'en 1533 , le village in- dien de Guanabacoa se composait de 300 hommes en (''tal de porter les armes , sans compter les vioillards , les femmes et les enfants. Valdes , dans son histoire de Cuba , alTirme qu'il y avait encore a cette 6poque beaucoup d'Indiens insouniis dans los environs de ce ( 21 ) village , et qu'un inoine franciscain fut clmrgi de les doctriner. L'administration stupide et brutale d'un gouverne- ment tyrannique , les j>6nibles travaux auxquels (ut assujettie line nation digne d'un meilleur sort, le tl^au de la petite-verole et ces suicides si frequents , ct qu'on est presque forc6 d'excuser cliez un peuple reduit au d^sespoir, accel'^irerent sa decadence, Les Indiens, in- nocents et faibles , ne pouvaient lutter longtemps contre le despotisme barbare qui les livrait au caprice et a la rapacite des enconiendadores ( cliefs de com- manderies). Ces tristes causes de la rapide diminution de la race indigene eurent bien plus d'influenoe que la guerre; car les populations de Cuba se montrerent en general fort peu liostiles, et la seule resistance se- rieuse qu'opposerent les peuplades de la partie orien- tal© de Tile ne fut pas de longue dur^e. II esl juste de convenir cepcndant que sous les deux premiers gou- verneurs Diego Velasquez et Pedro deBarba, les con- querants furent moins tyranniques ; mais a I'arrivt^e de Diego de Soto, en 1538, I'oppression des Indiens commenra, et ceux qui echapperent aux mauvais trai- tements et aux vexations de tout genre , se sauv^rent , dit-on , aux P'lorides dans leurs grandes pirogues , croyant, d'apres d'anciennes traditions, retourner aux pays de leurs ancetres. Quoi qu'il en soit, il est certain que I'influence do- minatrice des conqu^rants ne fut pas avantageuse a la race indigene, dont la disparition du sol cubaneen est un des faits les plus deplorables de son bistoire. Ce triste rc^sultat est peu lionorable pour les bommes qui foulerenl aux pieds les droits sacres de I'liumanit^ , cl morontiurcrit les elements de prosperite qu'aiuail pu ( 22 ) leur offrir la population indienne dans I'intdrfit dc la colonisation et do I'avenir du pays. Telle est aussi I'o- pinion du savant espagnol qui a su le micux apprecier la situation de cette belie ile de Cuba dans un ouvrage remarquable , ecrit avec autant do conscience que de talent. ((Quoiqu'un bon systeme de colonisation et de )) civilisation , dit M. Ramon de la Sagra , eiit pu tirer » un parti avantageux de la race indigene, I'histoire et » les documents in^dits, que nous avons consult6s,ne » nous ont offert que le temoignage de sa diminution » progressive et de sa rapide decadence, Nos ancicns » historiens different sur le nombrc d'habitants que » possedait I'ile de Cuba au temps de la conquete. » On voit dans leurs rticits, quoique d'une maniere » extriJmement vague , que la population indigene )) pouvait alors s'6lever de 200,000 a 300,000 araes. » Les anciens documents , comme nous I'avons dc^ja ob- serve, ne jettent done qu'un jour douteuxsur ce point obscur de I'histoire de Cuba, et M. Ramon de la Sagra pense que la diversite de mieurs et d'habitudes qu'on vou- lutviolcmment introduirc cliez le pcupic indicn,les ru- descorveesqu'onluiimposa.neledecimerentpasmoins que la peste et les epidemics. A la repartition vicieuse des indigenes de Cuba entre les premiers colons, mal- gre les intentions philanthropiques et chretiennes du gouvernement supreme, vint s'unir, pour accelerer la ruine de tout un pouple, I'interet individuel qui, seconds par la faveur ou la faiblesse des chefs , t!;ludait toutes les mesures , abusait de toutes les lois. Les cncomenda- dores, non contents de soumettre a leur joug les paci- fiques habitants de Cuba , allerent chorcher d'autres victimes dans les contrecs voisines , et oserent recla- mer I'approbation du monarque. Les documents que (23) M. delaSiigra cite a la fin de son ouvrage diiic imtKirHr Acs iles Cannrift rthnogrnphic , I. I p. f)6 eJ 260, ( 55 ) qu'on dirigea sur le Ptirou , clut coutribuer a la ra- pide decadence de la population indigene, mais ne put occasionner sa perte totale ; car les t'emnies res- t^rent dans le pays , et ne furent pas plus dedaign^es par les conqueranls de Cuba que les femmes guanclics ne I'avaient et6 par ceux des Canaries. Un document curieux, d'une tresgrande importance danscette ques- tion , est venu heureusement confirmer par des faits notre premiere induction. On trouve dans les Lettx'es des bommes illustres de Seville ( Cartas de va rones de Sc\'iUn), ecrites de 1551 a 1556, un rapport adresse a la cour par don Fray Diego Sarmiento , eveque de Cuba, et dans lequel ce pr^Iat s'expi'ime en ces termes • « Les hidiens dinunuent et disparaissent suns se pro- » pager, parce que les Espagnols et les metis, inanqiianf )) de jemmes , se marient m'ec les Indiennes , etCIndien y> qui , aujonrdlnd , pent s'en procurer une de qitatre- » vingts ans est encore fort henrenx, Je crois que pour » consen'er et restaurer la population de cetle ile , il con- y>i>iendrait de faire venir des Indiennes de la Floride , » afin de les itnir m'ec les Ind'ens de ce pays — » Ainsi, il reste prouve par ce document que les soldats de Velasquez, qui furent les premiers colons de Cuba , s'alli^rent a des femmes du pays comme cela avaif eu lieu aux Canaries enlre les conqueranls et les femmes indigenes. Mais il y a plus : quarante-cinq ans apres retablissement de la domination espagnole dans I'ile de Cuba, les Indiennes etaient encore tres recber- cbees, et un prelat proposait au roi d'Espagne les me- suresnecessaires pour conserver cettc race qui pouvait s'6teindre, si on ne la laissait pas se renouveler par la propagation. I>'auh<: [)ait, IcsrenseignementsrecueiUis (26) par de La Torre rivMent I'existencc d'individus de race indigene dans les environs d'Iguani , en 1701 , et nous apprcnnent que, m6me dans ces derniers temps, plu- sieurs habitants de ce village, qui sepr^tendent issus de rancienne race, etaient en instance, pr6s de I'audience royale de Santiago de Cuba, pour r^clamer contre la violation dcs privileges conc6d6s a leur caste. On peut done admcttre , avec de grandes probabilit^s , que les caracteres distinctifs de la race indienne ont dil se reproduire par les alliances contraclecs entre les pre- miers colons espagnols et les indigenes do Cuba. Ces caracteres , qui se montrent i:)9rfois alt^rt^s et fondus dans le melange de deux races, peuvent tout-a-coup, par un de ces retours inexplicables de la nature, re- paraltre avec tous les signos de leur originc dans cer- tains individus. « Les principaux caracteres physiques » d'un pcuple peuvent done se conserver i travers une » longue suite de siecles, malgre le melange des races )) et le progr^s de la civilisation , et nous devons nous » attendre a retrouver chcz les nations modernes, a » quelques nuances pr6s et dans une proportion plus » ou moins grande , les traits qui les distinguent k V&- » poque que I'histoire nous apprend a les connal- » tre (1). » Ces principes de la science ethnologique, « (i) Si I'accession de nouveaux puuples inuliiplie les types, ellc » ne les confonJ pas; leur notnbre saccroit, et par ceuv que ces I) peuples apportent, et par ceux <|u'ils creent en se melant, mais ils » laissent suhsister Ics anriens, toutcfois en les restreijjnant a raison » lie I'extension que prcnnent les races interinediaires. Aiiisi, les types » primitifs ct ceux de nouvelle formation subsislent ensemble sans » s'exclure chez les peuples plusou moios civilises. Le croisement pro- » duit taniot la fusion, tantot la separation des types. " E. Edwards : Dvs caracteres physiolo/jujues des races Immaines, consitlcrces dans leurs Tupports avec I'histoire. ( 27 ) formulas par feu E. Edwards, dans un dent remarqua- ble , doivent trouver encore aujoiud'hui lour ajDpHca- tion parmi les populations de I'ile de Cuba. Les premiers colons de Cuba s'adonn^rent tous a I'exploitation des mines. L'or avail excite la cupidity des conquerants des leur arrivee dans le Nouveau- Monde; ils avaient vu les Indiens porter des plaques de ce pr^cieux metal comme objets d'ornement , ils le trouverent diss^mine sur les rochers et I'dpandu en sable binllant sur les rives des fleuves ; Christophe Co- lomb en parle frequcmnient , et les liistoriens con- temporains se sont bien plus attaches a d^tailler pro- lixement les differentes decouvertes de cet or si cnvie , qu'a decrire les ev^nements plus importants de I'liis- toire. Diego Velasquez, dans une lettre qu'il adressait a la couren 1514, faisant mention de sa tourn^e dans I'ile de Cuba, dit avoir examine des echantillons d'or qu'on lirait de la province de Guamahaya, et qu'il en avail aussi obtenu de celui que les Indiens rencontraient dans certaines rivieres , particulierement dans le voisinage du port de Jagua. D'apr^s les notes extraites d'anciens manuscrits ct les documents inddits de Jean-Baptiste Munos, que M. de la Sagra mentionne dans I'ajjpendice de son ou- vrage , la fonte de l'or de Cuba et les envois en Espa- gne depuis 1515 jusqu'cn 1534, Torment un total de 260,000 pesos d'or; mais comme tousles bordereaux n'ont pas etc conserves , ce cliiffre ne represente que le minimum des remises. Les mines de cuivre furent aussi exploiteespar les premiers colons. On lit dans unc lettre adressee a Charles-Quint en 1530, par Gonzalo de Gusman, un passage ainsi con(;u : « Pour ce qui con- )> cei'ne les monlagnes du cuivre (/c( Sierra del Cobre), ( '^8 ) » ilfaudralt nous eiivoNor des niaitres ouvriers , avcc » loiis Ics ustensiles n^cessaires et eii usage dans les » mines d'AIIemagne , et autoriser I'exploitation en » payant la dime a Voire Majestd. » Eln mai 1532 , les employes du roi ecrivaient encore, attendant toujours le maitrc ouNrler avec los soufdets de forge et les in- struments pour I'exploitation du cuivre , « car tousles » colons, disalcnt-ils, dcsiraient se ln>rer ace travail. »» Enfin une ordonnance royale I'ut rendue, et I'exploila- tion accordec pour dix ans et plus, selon la volonle. Les mines de cuivre du district de Santiago furent done ouvertes pour le compte de I'Etat, jusqu'a ce qu'on en fit cession parcontrata des particuliers. Les travaux d'exploitation miniere n'occuperent pas cependant toutes les populations de I'ile, et , dans les districts agricoles, les colons se livri-rent a I'^l^ve des bestiaux , a la culture du tabac et a la multiplication des abeilles apportees des Florldes. La clre et le tabac, devenus bientot des objets d'echange plus imporlants que les cuirs et les produits des mines , donl I'exploi- tation dtail fort coiltouse , cederent le pas a Icur tour a la canne a sucre , et plus tard au cafier. Mais nous observerons a cetegard que, pendant les deux premiers Slides de la colonisation europeenne , la culture des plantes dont les produits font aujourd'hui la base du commerce colonial, ne fit pas de grands progr^s; quelques rares espaces etaient reserves dans les pro- prietes rurales pour I'lndigo, le coton , le tabac et la canne, dont les plantations ne se montraient qu'i- soli^ment et de loin en loin. Les vegetaux alimentaires, tels que le bananier , la yuca, le mais, occupaient de preference tons les soins des colons. C'6taient ceux qu'ils avaient trouv^s dans le pavs el qui servaicnt ( 59 ) a la nourriture des indigenes; ils les acceplerent done comme una ressource sur laquelle ils pouvaient comp- ter, et y ajouterent celle qu'ils devaient retirer des nombreux troupeaux de betes a cornes dont ils peu- plerent les vastes savanes de Cuba. Ils s'empresserent peu d'abord de verser dans le commerce ces precieuses productions, connues depuis dans le monde sous le nom de denrees coloniales , et n'export^rent guere, jus- qu'au xvin' siecle, que des cuirs, de la cire et du tabac. La fondation des villes principales et les premieres exploitations ralnieres et agricoles furent suivies de I'organisation du gouvernement, de I'administration et des institutions civiles, dont les conqu^rants avaienl jete les bases. Ce fut la seconde epoque de I'existence coloniale de Cuba, qui embrasse tout le laps de temps compris depuis le milieu du xvi" siecle jusque vers la fin du xviii". Les progresde la population, de I'agricul- ture et du commerce ne repondirent pas, durant cette longue periode, a ce qu'on aurait du attendre d'une contree aussi favoris^e par la nature. Les produits peu importants de Cuba ne pouvaient offrir assez de res- source au commerce exterieur, contrarie du reste dans son principe par le sjsteme vicieux du monopole. Celte ile ne fut d'abord qu'un point militaire, un poste avance ou s'organiserent les expeditions destinies a de nouvelles conquStes. Toute la solllcitude de la m6- tropole se lourna vers ses immenses possessions con- tinentales ; elle oublia une colonie qui devait un jour remplacer toutes les autres : aussi la s^curit^ des habi- tants fut-elle souvent compromise par les excursions des flibustiers qui r^pandirent la terreur et la dt^sola- tion sur les roles de I'ile et jusque dans les districts ( 30) de I'intericur. Deja, en 1530, la Havane avail 616 sac- cag6e pardes corsaires frangais. En 1556, Fray Dicgo Sarmicnto, cet 6veque de Cuba qui prenait tant d'in- t6r6t a I'avenir du pays, rendait compte au roi des diffdrcntes altaques ct invasions de cos audacicux for- bans de la raer des Antilles; il cilait, cntre autrcs, la prise de Santiago, en 1554, par 250 Basques du du- che dc Guionne , qui avaient mis rangon sur la ville pour la somme de 50,000 ducats, apr6s I'avoir occup6e pendant trente-six jours; il parlait du pillage de la ville de Bayamo, de la prise dc la Havane en 1555 , et dc I'incendie ct du sac de cette ville. « Rien n'a iti » respecte, disait-il; les Turcs n'auraicnt pas fait pire. » Les malhcurs qu'a eprouvcs cette colonic, dans ces » dcrniers temps, I'entraineront a sa ruinc. Lc manque » absolu dc vin a empScbe de celebrcr la saintc messc. » L'ile est tcllcmcnt appauvrie , qu'a I'arrivee de la » flotte une vare de grosse toile a valu un castellano , » une feuille de papier un rdal. En general, les mar- )) chandiscs d'Espagne et mcmc les dcnrdcs du pays » sont a des prix exorbitants. Personne ne vcut plus » rester ici , ct le petit nombrc d'Espagnols qui y sont » encore aurait suivil'emigration, s'ils avaient pu ven- )) dre seulement ce qu'ils poss6dcnt aux deux tiers de » sa valcur. » Get abandon, dans lequel la melropolc laissait l'ile de Guba, dura pres de deux sieclcs. Nous n'examinc- rons pas maintcnant qucllcs furent les causes qui ame- nferent des temps plus prospcres; nous avons voulu, par cette esquissc dc I'dlat du pays a Tcpoque de sa decouvcrte , et pendant la premiere periode dc la co- lonisation, comblcr une lacune qui nous avait souvcrit frappc a la lecture des dilfcrcnts ouvrages publics sur ( 31 ) une lie bien connue du reste sous tons les autres rap- ports. Nous serons satisfait si les rcnseignements que nous venonsde donncr, sur I'histoire primitive de Cuba, donnent lieu a des recherches plus 6tendues. DEUXIEME PARTIE. Kevue statistique, uiouyement commercial , intlustrie agricole, c'co- nomie rurale et vice du systeme adopte ; examen comparatif de raccioisscment de la population dans les (rois classes qui la dis- tinguent ; consideration sur les esclaves , situation du pays, pros- perite coloniale. Cependant une colonie qui reunissait lous les 616- ments capables de developper d'immenses richesses ne pouvaitmanquerd'attirer I'attention et d'exciter meme I'envie des nations europeennes. L'Angleterre, surtout, dans son ambition dominatrice, attachait un grand prix a la possession de la Ilavane, qui, par sa position sur la cote la plus rapprochee de la Floride , com- mando I'entree du golfe du Mexique. C'est au debou- qucment du vieux canal de Bahama , comme I'a fait remarquer M. de Humboldt , que se croisent plusieurs gx'andes routes du commerce des peuples : c'est la qu'est situe un des plus beaux ports du raonde , forti- fie a la fois par la nature et par I'art ; les flottes qui en sortent peuvent defendre I'entree de la Mediterranee mexicaine et menacer les deux cotes opposees. Aussi les pretentions dc la Grande-Bretagnc se montr^rent- clles ouverlement, lorsqu'en 1762, olio vint brusque- mont attaquer I'ile de Cuba , et s'elablir dans la ville qu'elle convoitait. Cette invasion inattcnduc , qui mit la Ilavanc pendant doux ans an pouvoir des Anglais , { 32 ; eut pour ri^sultat de fixer les regards dii gouvernemeut espagnol sur une colonie jusqu'alors delaissee. Ce lut a partir de celte (ipoque que se inanifesta un grand mouvement de progres. La conslruclion de nouvelles fortifications mit tout-a-coup en circulation une quan- tity ^norme de numeraire ; plus de 14 millions de piastres furent d^penses pour un des premiers points de del'ense. L'accroissement de la production , la n^cessite de la favoriser comrae base de la richesse , dicterenl a une administration, devenue meilleure et plus prevoyante , toules les mesures que r^clamaient les besoins du pays. La liberte du commerce avec tous les ports peninsulaires et la protection accord(ie aux cultures , furent les r^formes qui signalerent la fin de cette grande p^rlode, Mais a ces ameliorations , qui intluerent notablement sur la prosperite de Cuba, vinrent s'unir d'aulres circonstances favorables. Nous citerons d'abord la libre introduction des negres , qui fournit aux planteurs un secours de bras necessaire , ensuite I'arrivee des refugies de Saint-Domingue , qui imprima un grand developpement aux plantations de cafe et a I'induslrie sucriere ; enfin la bausse de prix des denrees coloniales pendant les longues gucri'es de la r^publique et de I'empire. « Ainsi , dit M. de la Sagra , se prepara la grande reaction qui devait d^voiler au monde les forces pro- ductives du sol cubanien. Les efforts des inlerels prives, les progrts des lumi6res, le contre-coup des ^venements exterieurs, qui tournerent a I'avantage du pays, furent des elements d'cxcitalion qui ouvrirent toutes les sources de la prosperite publique et I't'Ievt'- rent auplus haut degre de fortune. » La Iroisi^me epoque de 1 'existence colonialo de Cuba ( 3:^ j a done commence d^s I'instant oii ic pays, entrant fran chement dans la vole dcs progrc's, a marclie avcc le siecle pour retirer les grands resultats de ses amelio- rations. Cette p^riode appartient, comme on le voit , au present at a I'avenir. Les riches productions deCuba ferment aujourd'hui la base de ce commerce ext(5rieur qu'une politique mesquine chercha en vain , pendant prfes de trois slides , a arreter dans son developpe- ment par d'absurdes restrictions. Mais I'abondance de ces produits rompit les digues du monopolc , et les denr^es coloniales de Cuba se repandirent sur tous les marches du monde commercant, et donn^rent lieu ii un echange d'articles necessaires a la consommation int^rieure et profitables aux revenus publics. Ce deve- loppementde la production du sol, et de sa consomma- tion par I'Europe, aaccelerela revolution economique qui s'est operee , en motivant de nouvelles reformes administratives et differentes concessions commer- ciales, a mesure que la metropole cedait a I'empire des necessites. A partir du jour, en effet, ou la liberte du commerce fut proclam^e a Cuba, tous les elements de larichesse et de la prosperity ont suivi uno progres- sion ascendante des plus rapides. D'apres les resul- tats statistiqucs sihabilement exposesparM. Ramon de la Sagra,rile possede aujourd'hui un capital agricole de 3,190,000,000 de fr.,qui donne annuellement 525 mil- lions de produits. Les importations du commerce ma- ritime s'elevent, en general, a 25, 941, 784 piastres fortes, etsesexportationsa2ii, 700,190, ce qui suppose un mou- vement commercial de 265,870,363 fr. Cet echange mutuel donne au tresorplus de 35 millions de fr., qui constituent la partic principale d'une somme de 25 mil- lions de recette generale , avec lesquels une administr.?- VI. JUILLET. 3. 3 ( 34 ) tion l)ion enlendue fail face non seulemenl a toutes Jes d^penses locales, mais peut encore metlre tie cot^ 20 millions destines a couvrir les exigences qui lui sent imposees, et les frequentes demandesdela m^tropole. Malheureusement, I'examen attentif des moyens qui ont amen6 cet etat prospere, d^voile des vices radicaux que les preoccupations et les erreurs de I'epoque ont d^velopp^s avec les germes monies du progres, Ainsi, le svsleme d'economic rurale suivi dans I'ile de Cuba porte avec lui, de meme que dans les aulres Antilles, de funestes consequences. Les enormes benefices qu'on a retires, a diverses epoques, de la culture des plantes dont les produits sont exportes, ont fait negliger celle des v^getaux aliuienlaires. On a mullipli^ les sucreries et les cafetcries, commc si la colonic devait seule fournir au monde tout le sucre et le cafe qu'il consomme. L'ileposs^de aujourd'hui plus de 1,200 su- creries; les cafeteries , qui n'etaient qu'au nombre deGOau commencement de ce siecle, dans les districts ■occidentaux, ont pris un tol accroissemcnt, qu'en 1817 on en comptait dcja 779; maintenant il en existe plus de 1,800 dans les trois grands departements qui for- menl la division territoriale. La metropolc des An- •tilles semble avoir oublie que c'est par le commerce int^rieur et la consommation locale que I'industrie agricole , base de la richesse du sol , peut ^tendre ses progres , et cette grande terre , que la nature a si lar- gement dot^eetqui pourraitnourrir plusieurs millions d'habitants , s'est vue forcee de tirer du dehors la ma- jeure partic de la subsistance de ses colons. La consom- mation des classes aisees en vins , liqueurs et fa- rines , s'est 6lev(ie a une depense annuelle de plus de IS millions de francs; la valeur des introductions en ( 35 ) >iantle salee . en rh et legumes sees, alleint aujour- d'hui un chifTre a pen pres t^gal ; celle du lard, du beurre et du fromage, est estiraee a pres de 2 millions de fr., et la morue, qui compose, avec le tasaj'o ou viande sal6e, la nourriture habituelle des esclaves, entre pour la valeur de plus de 5 millions de francs dans le ta- bleau de cette 6norme consommation. On estime a 16,000 barriques et a 17,000 barils les vins introduits par le seul port de la Havana; les eaux-de-vie d'Espa- gne et de HoUande s'elevent a 6,000 barils , les farines des fitats-Unis a plus de llZi,000 , le riz de la Caro- line a 350,000 arobes de 25 livres chacune , et la viande sal6e des provinces de la Plata et du Bresil d6- passe 465,000 ^arobes. On peut, par eel aper^u des importations en comestibles et en boissons, se faire une idee des conditions de I'economie rurale dans une des principales colonies a suere et a esclaves. Sur le sol le plus fecond que la nature pulsse offrir a la nourri- ture de I'homme , les populations manqueraient de subsistanee, si la liberie et raetivlte du commerce ex- t^rieur ne leur venaient en aide. Mais les temps ne sont pas bien ^loignes peut-etre ou une revolution agri- cole doit s'op^rer pour changer cesmauvaises conditions dans la balance des produits du sol. Les destinees fu- tures de I'ile de Cuba dependent des mesures de pre- voyance qui seront adoptees. Deja les capitaux, que le commerce verse entre les mains des cultivaleurs, et les progres de I'industrie coloniale, preparent les chan- gemenls qui doivent faire pr^valoir un meilleur .sys- t^me. Avec raceroissement de la population et I'extension des relations commerciales la production de la canne a Sucre s'est ^levee , dans ces derniers temps, it phis ( 36 ) dc 14,563,860 arobes, doni 12 ;i 13 millions sont ex- portes , et le reste consomme dans I'ile , sans compter /lO,500 arobes de raspadum ou sucre de depot. Cuba cxporte en outre pres de 4,400,000 arobes dc m6- lasse, et de 10 a 11,000 pipes de tafia de 500 litres la piece. La production en caf6 est evalu6e a 2,800,000 arobes, dont plus de 2 millions s'6coule au dehors. Depuis que la culture du tabac a etd renduc libre , Cuba a vu s'accroilre pour elle unc des branches de commerce des plus lucralives. L'exportation du tabac en feuilles est de plus de 4,300,000 arobes; celle du tabac en cigares, si renommn dans toute I'Europe , et dont la consommation est poussec a I'exces par les ha- bitants de Cuba, pent elre 6valuee a 900,000 arobes. En 1827, la recoltc de la cire fut de 63,000 arobes, dont on exporta 22,400. Le produit du mais d^passa 1,600,000 fanogucs, qui representaient unevaleur dc 3,200,000 piastres fortes, et pourtant , malgre cette dnorme production, sur une supcrficie de 3,407 lieues carrees de 20 au degre , il n'y en a encore que 288 en culture ; le reste se compose de 74 lieues carrees de paturages naturels et de forets vierges, et de 3,135 de terres incultes, dans lesquelles il faut comprendre les grandes fermes d'eleves d'animaux, I'espace occupe par les montagnes, les lacs, les rivieres, les mard- cages, les chemins et I'emplacement des villes et des villages. Les conditions dans lesquelles se trouve le pays sous le rapport de la population, consideriie dans les pro- portions de chillrc que pr^sentent les trois classes qui le distinguenl, donnentlieu aussi a dc graves reflexions. i 37 ) et meltent a jour un des plus grands vices de I'organi- sation sociale de I'ile de Cuba. On peut aujourd'hui, d'apr^s divers recensements officiels , jugor de la marche ascendante de la popula- tion et des proportions d'accroissement qu'elle a oflerts progressivemcnt, depuis 1774, dans ses trois catego- ries, savoir, la classe blanche , celle de couleur libre , et la classe esclave. Cette derni^re s'est plus accrue proportlonnellement a la classe blanche , malgr^ la sup6riorit(!! relative de celle-ci. Celle de couleur a aussi presente une augmentation notable, dans les memes rapports comparatifs, depuis 4792. Dans les cinquante- trois amines qui se sont dicoulees.a parlir de la premiere 6poque jusqu'en 1827, la population gdnt^srale s'est accrue de 523,867 individus, et le terme racy en de I'augmentation annuelle a 6tti de 5,8 p. 100 sur Ic mouvement progressif, a partir de 1774. Le recensement de 1841 porte la population gen^- rale a 1,045,624 habitants, en comprenant dans ce total 38,000 ames de population flottante. 418,2 1 in- dividus de race blanche, 152,838 de race libre de cou- leur (mulatres ou negros), et 436,495 esclaves (nugros ou mulatres), Torment la population permanente. En comparant ces chiffres avec ceux du denombrement de 1827, on trouve que dans les quatorze ann6es ecou- lees depuis cette derniere 6poque , il y a eu une aug- mentation annuelle de 3 p. 100 sur I'ensemble de la population. La proportion dans laquelle chaque race a augmenle a 6te de 34,5 dans les quatorze annees , ou de 2,5 p. 100 par an pour la race blanche, de 43,5 ou 3,1 p. 100 pour les gens libres de couleur, et de 52,0 ou 3,5 p. 100 pour les esclaves. Cette population, (jui a deja depassi^ le chillrc d«' f 58 ) celle des plus grands htalsde TAinerique du Sud, le Bre- sil excepto, se trouverepartie dans22 villes.lOS villages, 96 hameaux, ou disst^min^e sur les propridt^s rurales des trois grands d^partements de Torient, de I'occi- dent et du centre. 360,170 ames forment la popula- tion urbaine, et 647,454 la population ruralc. Les villes les plus populeuses sont laHavane, capitale de I'ile , qui compte aujourd'hui 137,496 habitants; Santiago de Cuba et Puerto-Principe, qui r^unissent chacune une population de plus de 24,000 ames; Ma- tanzas, Bavanio, Ilorcon, Regla, Guanabacoa et Villa Clara sont de petites villes du troisieine ordre. D'apr^s les donnees fournies par le dernier recen- sement, on Irouve que la proportion des jeunes gens au-dessous de quinze ans, fruit de la generation mo- derne, a presente un chiffre peu satisfaisant dans la classe des esclaves depuis 1827 , tandis que le nombre des adultes s'est accru d'une maniere extraordinaire. M. Ramon de la Sagra a deduit de divers calculs que, sur le total de 436,495 esclaves, il devait s'en trou- ver 479,957 au-dessus, et 256,538 au-dessous de I'age de quinze ans, si, dans cette classe, la proportion, par categorie d'age , avait suivi la meme loi que dans celle des blancs ; et pourtant le recensement de 1841 ne donne que 98,998 esclaves au-dessous de quinze .->ns , et 337,497 au-dessus. Ainsi , raugmentalion de 80,959 individus adulles, dans I'espace dequatorze an- n<^es , nc pent provenir que de I'introduction clan- destine qui a continue d'avoir lieu aux depons de la s^curite du pays, introduction funeste qui trouble, par r^norme disproportion entre les sexes, les lois conser- vatrices du genre humain. En effet, les conditions dif- ferentes dans Icsquelles la legislation coloniale n place ( 3« ) deux races que tlent 6loign(5es une in^galitd de droits nionstrueuse, exercent sur la population servile une contrainte dont les resuUats se montrent clairement. II a fallu cor.tinuer un commerce odieux et reprouv6 par toutes les nations civilisees, pour remplacer le deficit des produits d« la g^n^ration; car, dans les conditions ouvivent aux Antilles ces pauvres ndsgresses qu'on abrulit par le travail forc6, leur fecondit6 est moindre que celle des femmes blanches , et ce fait peut expliquer la diminution successive observee chez la population esclave des colonies, sans avoir recours m6me a la disproportion qui existe dans cetle classe entre les deux sexes. La mortality relative qu'offrent les naissances, qui ne sont pas en nombre suffisant pour maintenir I'equilibre , et beaucoup moins encore pour produire un acroissement par la g^n^ration, est cause de cette influence fatale de I'esclavage sur 1 'exis- tence d'une race qui semblait devoir trouver sous le ciel des tropiques et au sein d'une society amelioree par la civilisation, toutes les conditions desirables pour se multiplier d'une maniere progressive; et cependanl, sans la traite, cette race aurait deja disparu du sol cu- baneen. Des ameliorations dans la condition des es- claves pourront seules determiner le renouvellement naturel et constant de cette classe malheureuse et balancer la diminution occasionnee par la suppression de la traite. 11 est curieux d'etudier la marche qu'a suivie I'ac- croissement de la population d'origine africaine depuis son introduction dans I'ile de Cuba. La diminution des Indians , la nature des travaux qu'on entreprit dans les mines apres la conquete , et I'opposition des rois d'Espague a peimettre qu'on fit des esclaves dans ( lio ) lc3 torres nouvelleuient dccouvertcs, obligerent a re- courira i'introcluction dea noirs, qui, par leur force et leur vigueur, (Jtaient rcconnus tres suptirieurs aux in- digenes. Deja, en 1532, la population alVicaine s'ele- vait a 500 individus. Les premiers noirs qu'on debar- qua ne venaient pas d'Afriquc, mais d'Espagne, et arrivaient instruits dans la religion chretienne , du moins est-il question de celte circonstauce dans les anciennes cedules royales. Ges esclaves etaient tous du sexe masculin, et pour ces pauvres negres, qu'on considerait alors comine des creatures inferieures , les negresses etaient du fruit defendu. Ln prejuge lond6 sur des scrupules religieux, et qui dura jusque vers la fin du xvni' siecle, s'opposait a ['introduction des n6- gresses, dontle prix 6tait gen^ralement d'un tiers au- dessus du prix des noirs. On forcait ces malUeureux au cclibatsouspretextc d'eviter le d^sordre des mceurs. Les jesuites, qui ont toujours tr^s bien compris leurs inlerets, et les moines betbleinitos, a leur exemple, furent les premiers qui souffrirent des negresses sur leurs plantations. Plus lard, I'aduiinistration de I'ile, vouiant rendre la population servile plus independante des variations de la traite , foi'^a les proprietaires qui n'avaicnl pas un tiers de negresses parmi leurs escla- ves a payer une taxe (1). Toutefois, aujourd'hui en- core , le rapport numerique des negres aux negresses ne peut etre lvalue a plus de 4 a 1 dans bcaucoup de districts de I'ile. On a estirae a 300,000 le minimum des esclaves importes a Cuba depuis la premiere in- troduction jusqu'en 1817. Le trafic des noirs fut enlie- rement proliibe en 1820 par le traite passe entre I'An- gleterre et le roi d'Espagne , qui cxigea une sonnne de /i00,000 livres sterling , comme compensation des (l) Voy. IlmiilioliU , Essai polUi'juc m> I'llc ik Culm. ( Al ) dommages qui devaient resulter a ses colonies do la cessation de ce commerce barbare. Mais la traite aug- menta en raison des enormes b(5:n(^fices qu'offrait la ventedes esclaves, dent le prixs'6lait considerablement accru par I'en'et de la pi'ohibition , et I'introduclion clandestine s'est ^levee an moins a 12,000 negres par an depuis cette epoque, ce qui donne un r^sultat total de 1,000,000 d'individus transportes d'Afrique a Cuba, depuis la cnnqufite jusqu'a nos jours. « Des deux populations exotiques qui babitent ac- luellemont I'ile de Cuba, la race noire (observe M. de la Sagra) I'epresente tous les attributs de mat^- rialite qui constituent Ics macbines , et la race blanclie le capital etl'intelligence qui tirent parti decet element. La premiere , par les renforts successifs qu'elle a con- tinu(^ de recevoir du dehors , s'est plus augmcnlee que la seconde , et pourrait aujourd'hui commander par la force comme elle domine j^ar les produits de son ti'avail. » Cette consideration du savant economiste expose a nu les circonstances critiques dans lesquelles s'est place un pays dont la population libre se trouverait terrible- ment compromise , si la population esclave , seconde^e par la masse qui a cesse de I'etre , et dont I'esprit est malbeureusement bien connu , se levait tout-a-coup pour secouer le joug et reclamer ses droits. Les 16,000 hommes de force militairc permanente, dans lesquels se trouvent compris six bataillons de gens de couleur, sufliraient-ilspour I'arreter ? Nous nous abstiendrons a cet egard de toute reflexion; I'hisloire de Saint-Do- minguc est la pour repondre et scrvir de Iccon. Espe- rons, avecM. de Humboldt, que «lacrainle du danger, qui arracbe cliaque jour des concessions reclamees par les ]n'in(i|)es eternels de la justice et de I'luima- ( A2 ) iiitc , eiie;agera les lioiiimes bien pensants ^ se tenir en f^arde centre celtc funesle securite qui s'oppose avec d(^dain a toute amelioration dansTetat de la classe ser- vile , et qu'on cherchera lous les inoyens conciliateurs |)our arriver progressivernent an grand acte de I'e- mancipation (I). » D'apres I'cxpose que nous avons fait plus haul des produits et des ressources de I'ile de Cuba, on a pu appi'ecier I'etat florissant de cette importante colonic. La prophetic de I'abbe Raynal s'est completement \^- rifiee : « Cuba poitrrn iinloir a elle settle tin fnyaume. » Depuis que ces mots ont 6tc (Merits , i'Espagne a perdu ses vastes possessions de I'Amerique continentalc , et Cuba, quelle a conscrvec, lui rapporte autant aujour- d'hui qu'une de ses anciennes vice-royaut6s. L'ilc que Christophe Colomb avail prise pour la richc Cipango , ce beau fleuron de la couronnc de Caslille qui remplace en partie les tr^sors du Mexique et du Perou, la reine des Antilles, en un mol, apres avoir soulfert avec la m^rc-palrie toules les vicissitudes du temps, I'avoir aidee et secourue dans ses disgraces, se glorifie tou- jours de s'appeler la Siempie fiel is/a de Ctibn. Devenue un des grands centres du nionde commergant , ses re - lations se sont elendues dans lous les marches du globe; les produits des manufactures d'Europe, qu'elle regoit maintenanl en echange de ses denrees, depas- sent ses propres besoins, et le surplus est export^ et revendu a la Vcra-Cruz, a Porto-Rico, a la Guayra et a Carthagenc. Tous les pavilions flottent dans ses ports; chaque annee pres de 2,000 batimenls etrangers y abordent ; les Etats-Lnis lui en expedient au inoiiis (l) Essai politique sitr l'ilc de Cuhn . ( 43-) 1,100 ; I'Espagne, a peu pres 300; I'Angleterre, pr6s de 200 , et la France environ 80. Une foislanc^e dans la voie du progres, Cuba a porte ses ameliorations au niveau de sa fortune, et de grandes entreprises ont et6 executees. Le chemin de fer qui a ete construit de la Havana a la ville de los Guines va se rattacher mainte- nant a plusieurs autres qui facilitent les communica- tions entre la capitale et les villages agricoles de San Antonio, d'Artemisa, de Puerto de la Guira, a I'occi- dent, Nueva Paz et Sabanilla, a I'orienl, puis avec Ma- rie! , sur la cote septentrionale , et les mouillages de Guanimar et de Batabano, sur celle du sud. Lne autre voie , ex^cutee aux frais de la compagnie de Matanzas, relie ce port avec les chemms precedents, et continue les communications jusqu'au port de Cardenas. Villa- Clara , le port de Saga la Grande , sur le littoral du nord, et celui de Saga, qui lui est oppose, auront aussi leur ligne. La construction d'un chemin de fer, qui part de la ville de Puerto-Principe et va aboutir au vaste port de Nuevitas, devait s'achever cette annee. D'autres voies ou embranchements moins clendus se projettent et s'executent , de Trinidad au port de Casilda, et de Santiago de Cuba aux mines de cuivre , etc. L'exem- ple et le voisinage des Etats-Unis a ete profitable , ot I'activite industrielle , secondee par les ressources du commerce, n'a pas tarde a se mettre a I'ceuvre. Des lignes de bateaux a vapeur se sont ^tablies pour la communication reguliere de la Havane aux autres ports de la cote septentrionale, et de Batabano a Cuba, en touchantaux ports intermediaires de la cote meri- dionale. La Havane, comme capitale, reunil dans ses murs I'elite des commercants , des Ciipilalistes, des specula- ( lx!x ) tours tie la classc industriollo, etdos homines qui appli- ([uent leur intelligence aux iirogres des luuiieres et de la civilisation. Cette ville possede des institutions que le patriotismc de ses habitants a su niettre en harmo- nic avec I'esprit dusi^cle et les besoins de la socidte. Ce sent des hopitaux bienadministres et des elablisse- ments de bieni'aisance , une societe d'encouragement dite Societe pntriotique des amis da pays, desdcolos gra- tuites de dessin et de peinture, d'aulres de mathemati- ques ct de nautique, une universite avec chaires de theologie , de jurisprudence , de medecine et de phar- macie, des cours publics de haut cnsoignemcnt , tels que ceux d'anatomie compar^e et de botaniquc agri- cole. Le nouveau jardin botanique que Ton projette , devant servir a la fois de pepinierc et de ferme d'accli- raatation, sera une des creations les plus utiles. On trouve a la Havane tout le luxe et I'urbanitci des villes curopeennes du premier ordre ; les habitudes et les aisances de la vie y sonl les memos qu'a Cadix. La Ha- vane est aujourd'hui un port de transit pour la cote ferme, le Mexiquo et rAmorique centralc. Porto-Rico, los Lucayes, rHo de Pinos et plusicurs autres potites lies dependantes de Cuba y viennent deposer lours produits, et c'est a la Ilavane aussi qu'elles accourent pour se pourvoir de ce qui leur manque. — Parmi les edilicc-s publics qui ornent la capitale de Cuba, il on est deux qui r«^voillent de grands souvenirs : la catho- drale d'abord, ou furent deposes, en 1790, los cen- drcs de Christophe Coh)nib , apros leur translation de Santo Domingo d'Haili ; cnsuite une petite pyramide bien modeste , que don Francisco Cagigal , capitaine- genoral de I'ile en 175Z|, fit elcver a la place qu'occu- pait jadis reuormc cciba(Eriodendrum anfractuosum), (45 ) ou Diego Velasquez avait fait dire la premiere messe. Trois jeunes ceibas furent apportes de I'interieur , en 1828, pour 6tre plant^s autour de oe monu- ment. On construisit une petite chapelle aupr^s de la pyraraide , et I'eveque de Cuba inaugura en ces termes le nouvel Edifice que la cite reconnaissante consacrait a la memoire de son fondateur : <(Ii y a trois » cent neuf ans, dit le prelat, que nos ancetres 6lev6- » rent dans ce meme endroit un autel rustique dedi6 » a un Dieu de paix. Un arbre majestueux le protegeait )> de son ombre. Sur un rivage inbabite et convert » d'une vegetation vigoureuse, ils jeterent les premiers » fondements d'une ville aujourd'hui riche et floris- )) sante. Aux actions de graces du pretre ne repondirent )) alors que les acclamations d'une poign^e de guer- )) riers et lescrisdesbordessauvages.On n'apercevaitde )) toutes parts que desbois epais remplis d'arbres et de )) plantes inconnues ; mais apr^s trois siecles, les nom- » breux descendants de ces beros chretiens se rcunis- )) sent autour de I'arbre regenere pour se prosterner » devant le meme autel et c6lebrerle meme sacrifice. » Notice snr In Bibliotheque royale de Copenhague ; Par M. Roux dk Kocuelle. Lue a la Societc de geographic dans sa seance du 3juillet 1846. La description faite par M. Abrahams des manu- scrits francais du moyen-age, appartenant a la Biblio- thtjque royale de Copenhague est propre a nous in- l^resser, en nous faisant connaitrc quclques uns des ( 46 ) niomimcnts litleraires cle cette epoque qui pourraienl nianqiier a nos collections, ct en nous permettant de comparer a nos propres catalogues anahtiques celui que nous avons sous les yeux. L'auteur la fait pr^ce- der d'une notice historique sur la formalion de cet etablissement , (|ul honore les souverains et les per- sonnages 6claires auxquels le Danemark en est rede- vable. La fondation de la bibliotheque et I'organisation de I'univorsite de Copenbague sont dues a Cbristian III , (jui monta sur le trone en J 533. Frederic II, lils et successeur de ce prince, prot«^gea les lettres comme lui ; ii augnienta la bibiiolb^que, et sous le regnede Cbris- tian IV, elle s'enricbit de quelques nouveaux ouvrages. Mais elle fut beaucoup plus agrandie parFredt^ric III, dont le regno commencja en IQliS. Ce prince fit acbe- ter trois grandes bibliotbeques ; il fit venir d'ltalie, de France et d'AUemagne les meilleurs ouvrages, recueillit beaucoup de livres ct de manuscrits en langue islan- daise , et construisit pour la Bibliotbeque royale un plus grand edifice. Cette collection se composait alors de dix inille volumes, et en 1701 elle s'dlevait a qua- rante mille , quoique les regnes de Chi'istian VI et de Frederic IV fussent moins favorables aux lettres, et qu'on eilt neglige plusieurs fois I'occasion d'accroitre davantage ce pr6cioux d^pot. Le goQt des lettres, generalement repandu en Eu- rope vers Ic milieu du xviii' sifecle, avait accru en Da- nemark, comme dans les autres Etats, le nombre des bibliotbeques parliculidres , et quelques unes de ces collections etaient ensuite acquises par le gouverne- inent. Ainsi celles du due de Gottorp, celles de Gram, celle de Foss , et plusieurs autres fumnl successive- ( A7 ) ment reunies a la Bibllothfeque royale. €elle-ci nc jouissait J'abord que d'une faible dotation qui fut portee en 178A a une somme annuellc de 13,000 fr. : elle fit alors de plus nombreuses acquisitions; mais elle fut surlout enrichie par la generosite du comte de Thott , qui lui l6gua cent vingt mille volumes. On doit particulierement remarquer au notnbre de res richesses scientifiques et litt^raires tous les ou- vrages relalifs a I'histoire des peuples du Nord, a leurs antiquit^s , a leurs langues , a toutes les traditions re- ligieuses. Les esprits se sont naturellement tourn6s vers I'etude de ces temps heroiques , et ils ont trouv6 dans ces anciens monuments une nouvelle source de c6lebrite pour leur patrie. Le merite et le z^le des conservateurs qui se sont succdide dans cet etabllssement en ont singuli^rement accru I'importance et I'ulilite : plusieurs d'entre eux I'ont enrichi de leurs collections particulieres , et ils conlinuent de favoriser par leur complaisance les re- cherches que Ton vienl faire a la Bibliotheque royale. Ce riche tr^sor, qui s'elevait deja en 1820 a trois cent mille volumes, a recu de nouveaux accroissements de- puis : il est regulierement ouvert au public ; il altire un grand nombre de lecteurs qui viennent y puiser de I'instruction , et il ne pent que prosperer sous le r^gne d'un monarque qui continue de proteger et d'encou- ragcr dans ses tlats la culture des lettres , des scien- ces et des arts. La Society de geographic n'oubliera jamais que cet auguste prince, longtemps avant son avenement au trone , daigna inscrii-e son nom a la tete des membres qui la composent. Ln si haut patronage ^tait un titre d'honneur pour elle, et nous continiions de r^v^rer (lis ) le nom d'un prolecleur si eclair^ et si dignc dc nos hommages. En parcourant le catalogue des manuscrits francais de la hibliotheque de Copenliague , nous avons cher- che ceux qui pouvaient interesser la geographic , et nous nous soramcs arretes a un ouvrage publie par Pierre de Dace , ne a Visby dans I'ile de Gothland. II avait et6 attii'e en France par I'amour des leltrcs ; il y devint, en 1326 , recteur dc I'universite de Paris, et il publia plusieurs ouvrages sur I'aslronomie , sur le comput du noinbro d'or, sur celui dc la Icltre domi- nicale, sur d'autres calculs du calcndrier, et sur la correspondance des signes du zodiaque avec les dilTe- rentcs parties du corps humain. On voit par cet 6nonce que de pr^tenducs connais- sances en astrologie sc melaient a des etudes plus scien- tifjques et plus positives, et que Ton croyait alors a I'influcnce des corps celestes sur nos actions et nos destinees. De tels ouvrages peuventetre utiles a consul- tcr, conunc monuments historiques, et lorsqu'on veut suivre la marche des progres ou des erreurs de I'es- j)rit Immain ; mais on y trouvc peu de ressources pour avancer son instruction. Et cependant c'est vers ce dernier but qu'il faut loujours tcndre. La science n'est verital)lement digne de cc nom que lorsqu'elle est en etat progressil". Les autres manuscrits francais de la Bibliothequc royale de Copcnhaguc ont sans doule un grand interet bibliographique ; mais ils nous ont paru trop etran- gers a la geographic , pour que nous ayons ou a les comprendre dans la notice qui vienl d'etre misc sous les voux de la Societe. ( ^49 ) DE t'oRTIIOGRAPIIE OliOGRAPniQUE , l*iir M. E. CoiiTAHinKnT. Heureux les g^ographcs appelds a explorer Ics di^ verses parties de noire planetc ! lis en exaininent avec une active et fructueuse curiosity les formes , les po- sitions , les richesses , les ressources , et rapportcnt , surles differents aspects de la nature, sur les travaux de I'homme, des idees justes , des impressions vives et durables. A ceux que des devoirs retiennent dans Icur patrie,reste la taclie un peu ingrate do coordonner les d^couvertesdes autres,et demettre del'harmonieparmi tant de materiaux que les voyageurs fournissent. Un soin asscz. important aussi , c'est d'etablir de la regu- larity et de Texactitude dans un si grand nombre de noms proprcs. Une bonne orthographe geograpliique, unifox'me , basee sur une sainc etymologic, est une chose bicn pr6cieuse; et cependant que de noms bi- zarrcs el incorrects substilues de toules parts aux de- nominations exactes! Sans parler des pays etrangers a TEurope, ou I'emploi de caracteres dilTercnts des notices, la prononciation plus eloignee de nos habi- tudes, et des noms dictes souvent par des populations grossieres , donnent lieu a tantde variations etde me- prises , combien d'orlhographes lautivcs ne trou- vons-nous pas dans notre partic du monde , dans notre France memc ! On ecrit trop souvent encore , par exemple, Uheims et Rhodez, quoique les anciens Reini , dont la premiere de ces villcs a pris son nom , et les Rideni , dont la sccondc tire le sien , deman- dcnt Reims el Rodcz. On devrail dire Tiiry-lc - Fran- VI. JUILLET. ll. li ( 50 ) (■(lis et n(in f'llry-Ie-Francai.i, car coltc ville tloil son surnom a Fran(;ois I", qui la fit batir pour recevoir les habitants de \ itry-le-Brule , detruit par Charles- Quint. Cluheaubnaiif , cclte petite et interessante ville de Bretagne, qui a donn*^ son nom a I'une de nos plus hrillantos gloires litleraircs, ne doit pas se terminer par un d, mais par un t ; car c'^tait d'abord Ic chateau de Prient , seigneur du xi* si^cle. Chalon-sur-Saone s'ecrit micux sans ^ et sans accent, commc Tetymo- logie, Cabillonum, I'indique: tandis f\v\c Chnlons-sur- Marne , la cit6 des anciens Catalaunes , veut a la fois raccent et le s. On appelle trop souvent cap de la Hague I'extr^mite N.-O. du departement de la Manche , c'est-a-dire le cap de la Hague , tandis que le veritable capdelaHogue oude la Hougue, fameuxpar la bataille navale de 1692, est sur la cote orientale de ce depar- tement. Pourquoi a - 1 - on introduit I'usage etrange d'^crire le departement du Finis'eie par un seul /•, au mipris de la plus simple des etymologies? Nous ^crirons done, en depit des habitudes prises, le de- partement du Fifiistrrrr, comme le cap Fiitisterre d'Es- pagne, comme le Finisterre ou Land's end du Cor- nouailles. On applique frequemment et a tort au mont Dnre d'Auvergne une orthographe qui ferait allusion a I'or : le mont d'Or, pr^s de Lyon, porte au contraire le nom du riche metal. II est diflicile de changer au- jourd'hul le nom de Celfe , qui cependant s'ecrirait beaucoup mieux Sefe, suivant son originc, 'fioris Se- fiiis. \J llciauli , commc I'a fait remarquer M. Tho- massy , serait preferablement orlhographie Plrau , mot beaucoup plus voisin de IMtow/ya- des Latins, et de V Araur ou Arnoii des chartes du moy en-age. Le golfo do Lion est Irop souvent ecrit comme la \ille ( 51 ) de Lyon , quoiquil porlo le iiom dc ranimal rcdou- table a la fiirenr duquel on a compare ragitallon de ses eaux ; Guillaume de Nangis , dans la vie de saint Louis, le dit positivement : (( Mate Leonis , ideo sic )) niincupntur ijitod est semper asperiiin , flticluosum et » cnulele. » A rorthographe Guyenne , il nous paralt convenable de preft^rer celle de Giiieime; car ce nom n'est qu'une corruption de celuide Vyiqiutaine,jiar une assez etrange fusion de I'initiale dans I'article, comme nous en voyons encore un exemple dans VJpulie , de- venue la Pouille , et comme on le fait quelquefois pour V Jnatolie, transformee en Natolie. C'est par une meta- morphose de mfime natui^e que File d'Je«, I'an- cienne Ogia , est devenue pour le vulgaire I'ile Dieu. — Brive , cette petite ville du Limousin, qui a re^u Je plus gai des surnoms, ne doit pas s'ecrire Brives par un^, c'est-a-dire avec le signe dupluriel, qu'on lui donne gen^ralement, car son nom ancien esi Briva (le pont) ,sous la forme du singulier. On a supprim^ avec raison le s dans les mots Niines , Bale , Macon , etc. , et on Fa remplace par un accent circonflexe; il est utile de faire une reforme du meme genre pour Avenes, VJine , Cone , etc. , que , suivant un orthographe surannee, on ^crit encore gen^ralement Auesnes, V Jisrie , Cosne. L'accentuation est souvent un signe etymologique important : I'accent circonflexe indi- que une contraction, ordinairement un s retran- che, etne doit pas etre place indifferemment , au lieu d'un accent grave, sur les e ouverts : ainsi Genes, qui est I'ancienne Genua; Breme, en allemand Bremen', la Boheme, qui est le Bcchmen des Allemands, le Boio- hemiini des Latins, ne doivent pas avoir I'accent cir- conflexe , parce qu'ii n'y a ici aucune contraction. ( 52 ) Pour oonserver a Eclmhoiiii^ son vrai caiactero or- lliograpliique, il pe faul pas remplaccr lo ri par un /// : la capilale de I'Ecosse doil son nom a Edivin , roi de Northunibric, et celte oiiginc esl denaturce par I'or- tlioairaphc Edimbourg , generalcment adojJleo parmt nous. Des raisons scmblablcs doivcnt faire conscrvcr Mecklcnboiirg , an lion dc AJcc/iiemboiirg; O/dcribniirg , au lieu iV Ohlctiiboiirg ; Orenbonrg, au lieu (TOicm- boiirg. Pourquoi (icril-on ordinaircnicnt Glnscmv on (Van- gais, tandis cpie Ic veritaljJe nom du ccltc villc est Glasgow? Pourquoi introduit-on frequcniment et ridi- culoment un c dcvanl \v k du luol }V)/X? Beaucoup d'ecrivains font une addition scmblahlc au mot Da- nciiiarh; et la inerac prodit;;alito d^placec a fait intcr- calor un h dans le mot lio/n/r, donl lo nom sn^dois, Bollen, indique asscz quelle orthograplie nousdo\ons admcttre en francais. On ajoute aussi quelquefois, non nioins inexactement, un c au nom des ilcs Shellaiul [Sclietland) . C'est, dit-on , une faute d'impression qui a change les lies 77 fA«'^/('.v en Hebrides, denomination, du roste, que les Anglais n'cmploient prosque jamais ; le vrai nom actuol de ces lies c^VWestcrn Islands (les lies occidenlales). Jc suis Irop (Stranger aux langues scandinaves pour rae pcrmcitro de proposer des reformes dans les noms dlinciles dc cctle region de I'Europe. Je crois niian- moins devoir rccnmmander aux geographes de ne pas oublier le jietit " sur Vn des mots Tornch , Lnlca , Pitch, etc., pour que Ion conserve a cet « Ic son de Vo brcf. Jc mc permettrai aussi de faire rcmar- ({uer que la Norvege ne doil pas prendre de ir, mais un .simple v, car c'esl un mot luul franrais, el ni le ( 53 ) nom norv<^gien iVori^c , ni le iio.ii su^dois Norrigc , ji'autoiisent a emplojcv celte lelln; elrangere a noire languo. Faut-ll ecrire les ilos Lofoten , avcc M. tic La Pioquclte , oil Lofodden , avcc M. Eyries? On flottc ineeilain cntre ces deux autorilcs egalcment respec- lablos. 11 scralt mieux sans doutc d'ecrire Hc/si/igar C[\\ Elsenenr , Kioebenhai'ti que Copenhagne , Ga-leborg que Gothcitiboufg , Fccnvcr (nom pluiiel) que jPtroe (qui n'est qu'un singulier); niaiscesnorns Francises ont acquis, ainsi que beaucoup d'aulrcs, un droit de bour- geoisie qu'il est bien dilTicilc de Icur enlever mainte- nant. Lc Simd signifiant seulement detroit, il scrait juste d'accorder a ce passage son nom propre, OEre- Sund, au lieu du nom commun que I'usage lui applique tres incompletement. La Russie est un des pays ou nos cartes et nos livres sement les orthographes les pluscontradictoires, etce- pendant c'est le pays d'Europe peut-etre ou il nous serait le plus facile d'admettre une orthograpbe parfaitement imiforme ; car, les caracteres russes etant differenls des notres, il ne s'agit que de les rendre en frangais de la maniere la plus simple possible. Pourquoi done ces ir, ces doubles //j dont on berisse les noms russes? Pour- quoi ces /' et ces c employes tour-a-tour I'un pour I'autre dans le meme nom ? Ainsi Azov, devient clic/. les uns Azojf, chez les autres Azof, cbez quelques uns Azow; Kiev, se transformc en Kieff, Kien' ou Kio^\'; la Dvina en Divina: la 3Iosf;t'a en Moskowa, etc. Mais la lettre russe B (viedi) est le v IVanrais; noire leltrc/ est representee ])ar le >? ( I'ei I ) rubse, et dans [es mots Azov , Rostov, Inroslctv, kluirkov , hicv , il n'y a pas de *, il y a un B. Lc B russe a la fin des mots sc rapproclie , dira-t-on, aulant de la prononcialion du /'(jne de cellc du c; je conviens (juc cesdeux labiales { 5A ) tlllT^rent peu de prononciation ; inais quand on tra- (luit les caraclercs etrangers, il faut les rendre de telle sorte qu'on puissc reproduire le nom par les caract^res originaux dans toute sa puret6. Or, si I'on ecrit Azof, par cxem])le , on sera lente de reproduire en russe a30* , ce qui est lout-a-1'ait contraire a I'exac- titude. Dniepr, Dniestr, sont pi'6f(5rables dvidemmcnt a Dnieper, Dniester, car ces derni^res formes sont alle- mandes, tandis que lesRusses, chez qui coulent ces fleuves, empioient les premieres. Les Ilusses disent Novgorod et non Noi>ogorod, Ke/a el non Cdffa , Pol- tava et non Pn/taa'n. Leur Sivach'More (mer Piitride), qui est la partie occidentale de la mer Azov, a et6 ridi- culeraent transformde en mer de Zabachc , denomina- tion qu'on a appliquee a lout I'ancien Palus Mceotis. Faut-11 6crire Ekaterinoslav ou Ickaterinoslav , Elisavet- grndoxi lelisauetgrad, elcPLa prononciation n'est fran- chement ni I'un ni I'aulre, mais entre les deux ; nous croyons qu'Lkaterinoslav, Elisavetgrad , sont pr^f^ra- bles , parce qu'en les rcproduisant dans la langue originale on relrouve au moins la forme de Ve fran- cais , dans I'E russe (iest^, tandis que I'autre ortho- graphe tcndroit a faire commencer ces mots par une autre lettre russe, le'£ (iat), qui se prononce plus nct- tement ie LeX (khier) russe, qui correspond au X des Grecs , doit se rendre par kh, et non par ch, afm que la prononciation ne presente aucune anihiguitc ; Kharkov, Kherson, Astrakhan, se prononcent sans he- sitation , tandis qu'il pourrait y avoir quelque incerti- tude devant les mots Charkoi', Cherson , Astrachan , adopt(is par plusieurs. II est tris regrettable qu'on ait francise le nom de la Novaia Zeinlia ( c'est-a- ^WC noiiycllc tcrre), et qu'on Tail change en Aoiwr//e \ ( 5-^ ) Zemhle : cela doune la I'ausse idee d'une ancienne Zenible. Si nous enlrons dans lAutiiclic, nous trouvons aussi quelquesfautes a signaler : la Galicie ne doit pas s'ecrire avec deux /, car elle tire son nom de la ville de Halicz; S/aponie, le pays des Slaves , est le vrai nom de V Escla- vonie ; nous changeons en Tokay la petite ville de To- kaj , fameuse par ses vins. Si nous nous avangons au coeur de I'Allemagne , nous rencontrons le Main , que les Fran(;:ais ont le tort d'ecrire presque toujours Mein , le fViirtemberg, que plusieurs orthographient JFirtem- berg ; Stuttgart, qu'on change souvent erxStuttgard ; les villes kutiseatiques (et non anseatiques) , qui sont liees par une antique /i««^eou union coinmerciale ; Potsilam, qu'on trouve presque toujours 6crit Postdam dans nos ouvrages francais, entre autres dans le charmant mor- ceau consacre par Andrieux au uieunier Sans-Souci. Appeloiis Whnal, einon IFahal , ce bras puissant du Rhin qui se rend dans la Meuse. Zaandam , illustr^e par le sejour de Pierre - le-Grand , a ete defiguree en Sardain ; la Zeeland (pays de la mer) , en Zelande; Flissingen I'a ^te en F/essingac par les Frangais, en Flashing par les Anglais. Les Pays- Bas et TAUemagne sont remplis de transformations semblables , dont un grand nombre sont d'ailleurs tellement consacrees par I'usage qu'il ne faut pas es- p6rer les rectifier. Passons en Suisse : nous y trouvons le FaUais, qui, repondant a I'ancienne FallisPennina, doit rappeler cette origine par les deux / de son ortho- graphe : les Allemands I'ont compris , et ils le nom- ment Wallis. Ce lr6ma qui, place sur I'ii alleniand, lui donne la valeur de \.a francais , doit etre conserve avec soin ( 50 ) dans les iioms proprcs, pour rapj)eler que le son do cette Jettre n'ost pas cclui de ok : Wiirtcmherg , Zli- rich, etc. Mais Vo luai-que de ce signe parait devoir fitre avantageusement rcmplace pai' la diphthongue cr, qu'empioient souvent les Allemands eux-memes ; on donne ainsi aux lecteurs fran^ais unc id6e plus claire de la prononciation : nous ecrirons done K ocnigsherg Yi\u[d\.(iuQ Kbnigsber^ , A'a?//ie// plutot que A'o//ie«, etc. Cette observation pourrait s'appliquer aux nonis da- nois , suedois, norv^giens : Ringkiorbing , Iccnkorping , Norr/ccrpi/ig , etc. Dans I'Espagnc , Ic Portugal, I'ltalic, pays aux langucsdouces et sonores, nous trouvons peu de nouis denatures : on s'est lrouv6 peu entraine a changer des mots d'une prononciation facile et agreable. Cepen- danl trop souvent encore le nom de Sarago.sse est 6cril par deux /•, au mcipris de I'itymologie , Ccesar- Augusta; VEstremadure , cette partie des Ltals Chre- tiens qui etait la plus eloignee duDouro {extrema Dttrii) ne doit pas s'appeler Estramadiae ; \ Alem-Tejo (en- deca du Tagc) est pi'csque toujours corrompu parnii nous en Alcntejo. Vitoria, capitale de I'Alava , devient trop souvent Victoria. UAragon, par unc orthographe que nous respectons desorniais, n'cst 6crit par les Espagnols que par un /•,• niais il a cle longtemps ap- peici Arragon, et c'etait avec raison , car cc nom n'cst qu'une derivation de celui de la Tarraconaise. Pour- quoi la Gcrona des Espagnols, la Gerunda des anciens, a-t-elle et6 transrorm<^e en Girone par les Francais ? En Grece, nous signalerons Missolonghi, qui devrait s'apj)cler Mcsolonghi , car c'est la pierrc marine da milieu, Mf'ooXoyywv ; les deux Napoli, qu'il faut nommer Naiiplie ; Pnros , Aiili-Paros , Argon, V Aspropolair,os, ( 57 ) auxquels les Grecs modernos ne donneiil pas uno tcr- minaison en os, mais en o: Pare, Antt-Paro , etc. iJn melange assez bizarre dc mots italiens el j^rccs a contri- bue a corrompre beaucoup dc noms dc la Grece. I serait diflicile, au premier abord , de reconnaitre Sainte-Irene , "Ayea Ipvivy), dans Santorin (Sant-Irini) ; par I'ortbograplie italienne, I'ile de Khio a etti ebangee en Scio ; Euripos, Egiipos , est devcnne ISegrepont, laniiia parait etre micux que Jaiiina; Boukharcst c&i cerlainement preferable a Bucharest. L'empire Otbo' man s'ecrit micux par un h que par deux t , car il lire son nom de rcmpereur Otbman, son fondateur. Le grand fleuve forme par la reunion du Tigre el de I'Eupbrate s'appelle plus cxactement, sans doute, Chot-el-Arab (le fleuve arabe) c[ue Chat-el-Arab. Ai-je besoin de rappeler que Torlbographe Tatares, Tata- rle, est plus juste que celle de Tartarcs, Tartar/e? que la Sibcrie aurait dii etx'e nommee Sibirie , de I'une de scs anciennes villes, SibirP que V Ob est pi'eferable a VObi? (\vl\\ [aui dire Ras-el-Had , et non Rasalgate ^ El-Haca , plutot que Lahsa ? Combicn de noms de rinde, ou })lutot de X Hindoustan, dt^natures, rcmani^s cent ibis, par les nombrcux conquerants qui se sont empares decette riche region ! Aujourd'hui, c'est I'or- ihograpbe anglaise qui y domine ; mais nous ne dc- vons pas I'admcttre en IVancais : il faut traduire ces noms suivanllc g«^nie de notre langue. Ainsi nous aji- pellerons Ma'issonr ce qui est le iJ7;vyf>/-e des Anglais ; Icur Nepaid est pour nous le NeypdI. Leur Kuttack esl noive Ketek , \c\.\v Jiiniua notre Djeinnn , leur Goojcrat notre Goudjerate , \qx\y Bejapoor notre Bejdjaponr, leur Oogcii notre Oudjcin , etc. La Chine, on chaque syllabc a un sens proprc , est { 68 ) peut-etre le pays du nionde ou tine orlliographu cor- recte et uniforine j)()uiTait etre le plus facilenient ob- serv6e. Cependant plusieurs noms y soiit defigurd'S par nous, ct, sans parler de Pe/iin pour Pe-king , de Nankin pour Nnn-king , de Canton pour Koiian<^-toung ou plutut pour Konang-tcheou, nous vovons employer IVampua pour Hoiiang-phou, Emouy ou Amoy pour Hia-men , Chusan pour Tchou-san, etc. On orne souvent ]e Tibet (ou plutol le 7"^^'/)'^'^'^ /< tout-a-fait inutile; Nagasaki est k tort d^sign^e vulgairement sous le nom de Nangasaki, et Yedo est chang^e en Jedo. J'ose a peine aborder celte mysterieuse Afrique, ou, pour rei'oriner tant de noms barbarcs, il faut la saga- city et le savoir des maltres les plus liabiles dans la geographie africaine, les Jomard , les d'Avezac. En y penetrant par I'ile de Madagascar, dont le vrai nom est Ma/gache , nous trouvons les Ho\'as ( mieux que les Ovas) ; les Malates ou Maratis, c'est-a-dire tout simplcment les Muldtres, car ce nom est derive du mot anglais Mi/fl^^o^y, donn6 a des descendants de for- bans europeens, fixes, au commencement du xviu' siecle, aux environs de la baie d'Antongil : les Sakka- lavas (mieux queles Seclaves) , les Antnhtes, qui sont r^ellement les ^«^/-^//i>//^A7 (gens d'outre-mer). En- trons sur le continent africain par I'extremite orien- tale, et nous rencontrons le cap Djerd-Hafoiin , qui est le Guardafui de I'usage ; nous \\?,\{.on?,\s nnli- quites americaines de la Societe des antiquaires : 1° de ])lusieurs objets provcnanl des Islandais et des Scandinaves du Greenland, entrc autrcs le fragment d'une grande clocbc trouv^e sur le golfe de Fiskefiord ; 2" d'anliquites esquiniaues, parmi lesquelles unc^ lu- nette a ncige , espece de garde-vuc fterkiak), faite d'os de morse el d'un tres beau travail ; 3° (\v divers objets d'antiquite, entre autres une ccinture en tuyaux de bron/c, d^couveris pres du Fall-River, au Massachusetts, et qui viendraient a I'appui de I'opi- nion eniise par M. Rafn , dans ses Aittiijiiitatt's ameri- caiia- , que colle parlie des Htots-l nls correspond au ( 67 ) Viiilaiid ties anclens Sciintliiuives et a lour Lei/sbudit (oil etablissenient de Leil Ericson ) ; h^ d'aiiliquites mexlcaines , dont les plus importantes ont et6 deter- lees dans les caveaux da palais de Mitla , partlcull6i'e- incnt line idole en nephrite reprtisentant le dieu lluiziiipotzli, et un fragment d'une lete en terre cuite portant en parure une plume qui rappelle lesdessins du Typlion t^gyptien ; 5° d'antiquites peruviennes , trou- v6es pr^s de Truxillo , sp(!:cialement des vases d'argile de formes tres curieuses, iinitant des tetes d'homme, des grenouilles , etc. ; 6° de quelques antiquit6s br^- siliennes, et d'ossements fossiles d'animaux et d'hom- mes decouverls dans une caverne voisine de Lagoa do Suraidouro. Ce dernier envoi est du a M. Lund, qui a d6ja beaucoup contribue a repandre un nouveau jour sur I'ethnographie de I'Amerique du sud. ( 68 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. RXTRAIT DHS PROCKS-VEKI'.AUX 1)ES SEANCES. PniiSIDENCli DE M. DaUSSY. Seance dii Z jnillet 18/i6. Le procis-vcrbal de la derniere seance est In ot adopl«^. M. le comte de Montaiivet , intendant general de la liste civile, 6crit a M. le President pour lui annoncer que le Roi, sur sa proposition, a bien voulu allouer a la Societe une somnie de 1,000 fr. a litre d'encoura- gement pour I'annee 1846, MM. les niembres de la commission du monument que la ville de Montbard se propose d'^lever a la me- moirc ([(^ BulTon, ecrivent e» la Soci^t6 pour faire un appel a ses membres , et les prier de s'associer a cette ceuvre nationale. La Societe orientalc adresse le rapporl d'une com- mission prise dans son soin pour I'examcn de la ques- tion tendanta provoquer I'linion des Socieles savanlcs , arlisliquos et litteraires ; elle invite la Societe de g^o- grapbie a cboisir paruii ses membres un delegue qui se reunisse aux delegu^s des aulres Societes , et fasse parlie , a ce litre, dune commission chargee de com- ( (^^ ) biiier et arreter les termes de runioii tlont iJ s'a^'it. M. le vicomte de Santarem pr^sente, de la part des auteurs, Mi\l. Carette et Warnier, iine carte de I'Alge- rie , divis^e partribus, et gravec par M. Bouflard ; il appelle I 'attention de la Soci^te sur cette utile publi- cation. M. Cortambert fait lionimage a la Societ\'(>in- ( 77 ) velle donnee a la question particuli^re dc la desccnte de B6thencourt sur le continent d'yVfrique , en octo- bre l/i05 , que je ni'attacherai specialemenl. II iniporte d'abord de poser nettement la question. J'ai comniis ;3. ll Ihiileui , < li.ip. I \V1 . (1 l-i.\. ( 79 ) cette dernifere observation, de pcurqu'on ne s'iinagine ( oomme j'ai quelque motif de I'appr^hender ) que la baie elle-meme adisparu de toutes ces cartes en meme temps que le nom qui servait a la designer. De ces cartes plus recentes , quelques ones en effet ne marquent plus la baie en question ; et je dois aver- tir, puisque mon docte adversaire a oublie d'en faire la remarque, que ce sont uniquement les cartes a petit point. Par exemple , dans son examen comparatif des cartes I et XII de la Geogmfia ilelT /Ifrica de Livio Sanuto , publiee a Venise en 1588, il a fait cette cu- rieuse observation, que la baie se trouve en effet mar- quee , meme avec le nom de Buzedorn , sur la carte I , tandis que le nom ni la baie ne se retrouvent plus sur la carte XII , sansdoute, ajoute le critique , parce que dans I'intervalle de la preparation respective des deux cartes, Sanuto aura reconnu I'erreur , et I'aura evit^e dans sa derniere redaction. II est une remarque beau- coup plus simple a faire a cet 6gard : c'est que la carte premiere est une carte de detail a I'echelle de dix-huit millimetres pour un degr6 equatorial, tandis que la derniere est la carte gen^rale d'ensemble, a I'eclielle de six millimetres seulement pour un degre , tt Ton con- ?oit que les petites decoupures de la cote disparaissent dans de pareilles reductions. Jusqu'ici , I'existence de la baie n'est point encore s^i'ieusement attaquee ; mais nous arrivons a I'argu- ment presente comme decisif pour demontrer qu'cn r^alite cette baie n'existe pas, au moins au sud du cap. Tout le monde sait qu'en 1817 et 1818 , une ex- pedition commandee par M. le capitaine de vaisseau Roussln , aujourd'hui amiral de France, ayant a son bord M. de (livry, ingenieur-bvdrograpbe , explora la f 80 ) cote d'Alriquti a piirlir clii cap Bojador jusqu'aux ilea de Los, et qu'il enresulta la publication, par ie D6p6t general de la Marine, d'un Memoiresnf la navigation aii.v cotes occidentules hahitaulj de la Tartaiie. ( 83 ) minatlon de cap Bojador. Ce sont les cI)oses, et non les mots , dont il faut se preoccuper; les discussions alors se simplifient, et la vc^rile , que Ton cberche de part et d'autre avec une egale bonne (oi , se manifestc plus ais^ment dans toute sa naivete. Paris, 1 5 niais i 846. De l'Oregon et de i.\ C\lifounie, d'apres les plus recentes publications siir ces contrees ,- I'ai M. ALBERT-MONTEMOKT, inemljie (le la Coimiassioii Le territoirede I'Oregon et la CaliCorniepreoccupent depuis quelque temps I'opinion publique. De graves debats diplomatiques s'etaient eleves naguere entre la Grande-Bretagne et les I^tats-Unis, au sujet de la pos- session de I'Oregon ; le different s'est naguere terniine a I'amiable par un traite entre les deux puissances in- t^ressees. Mais en Europe on ne semble pas moins desireux d'avoir encore quelqucs notions plus precises sur cette contree situee au nord-ouest de I'Amerique , et non sulfisammcnt connue. II en est de meme de la Californie , surtout dopuis qu'une lutte menacante , commencee au Texas et a la Vera-Cruz , parait devoir s'etendre jusqu'a cette region sud-ouest, entre deux republiques (!!galement puissantes. Ces motifs nous out engagd a oITrir ici , d'apres le vceu de la Societe de geograpbie , la substance des observations qui ont etc recueillies recemment sur ces pays lointains . soit jiar tin voyageur francais, M. Duflot dcMolVas^l), qui (1] Ex|iloialii)n ilu Ici rilDiri' dc I'Orrjjon , des C.alitni tiip> rt ilc la mer Veimeillc , pxt'ciilt'-c en i8(o, iS{i pi iS.j'. \ vol. iii-S Pari-., ,841- ( 84 ) avail eu tie noire gouvcrnemenl mission de Ics parcou- rir, soil par un voyageur americain, M. Kobert Green- lioAv, qui a publie a ce siijet un ouvrage sons le litre d'HiAtoire (le I' Oregon et de la Cnlifornie (1). Occupons-nous d'abord de I'Oregon. OR^fiON, L e territuire de r Oregon s '6 tend du siid au no id entre les h'l^-hh" iO' lat. nord, c'est-a-dire se dtiveloppe du nord au sud le long de I'ocean Pacifiquc, et de Test a I'ouest en Ire les montagncs Rocheuses et le rnSine Ocean. Ce territoire a deux parlies presque egales; I'unequi })art du Zi2''degr6 ct finitauAO", c'cst-u-dire qui va dela C.alifornie au detroit de Juan de Fuca; I'autrepartie se prolonge depuis ce point jusqu'a rAmeriquc russe. En allant de I'ouesl al'est.le paysoffre Irois grandes valines s des taureaux et des ouis. Les mules et les anes sont aussi d'une race excellente. A I'exemple des Arabes,. ''n parlie leurs aieux, les colons espagnols font jeiines (100) nil clie\itl avant de s'en servir pour uue course longue et lapide. L'espece des raoutons est fort belle, iiiais leur laine n'est I'objet d'aucun soin. Les bois de con- struction abondcnt en Califoriiie; les plus precleui appartiennent a la famille des conif^rcs. U y a des pins d line bauteur prodigieuse, jusqu'a 230 pieds ; on on trouve souvent de 100 metres de baut et de 20 pieds de circonference. Les vallees et les bois sonl peiiples de cerl's , de dainis, de chevreuils, d'ours, d'onces, de castors, d'e- cureuils, de lapins et d'antilopes. On y remarque aussi des perdrix huppees, des outardes el des oiseaux- mouches; les bords de la mer olTrent des alcyons, des goelands , de superbes vautours ct de grands aigles bruns a tete blancbe. Le seul reptile dangereux est le serpent a sonnettes, dont la taille est petite et qui I'uit riionime au lieu de Tattaquer. La mer et les ports sont romplis de poissons, de baleines, de raarsouins, d'elephants niarins et de bancs de sardines. La (lalilornie ne possedant aucune espece d'indus- trie, I'exportation ne se compose que des produits na- turels du pays. Les cuirs de boeul" sont I'article prin- cipal. Les cuirs de cheval ont peu de cours. Les peaux de castors sevendent a la livre. Apres les cuirs viennent, comme article de valeur, les suifs de boeuf, de cerf, et autres animaux. Les bois de Californie ne sont en- voyesqu'aux iles Sandwicli. Parmi les objels importes, les Californiens rcclier- cbent les articles iVangais, tels que iudiennes de Mul- liouse, vins de Bordeaux, eaux-de-vie de Cognac, etc. Les mocurs des Californiens, el il ne s'agil point ici des Iribus indiennes qui errenl duns les parlies non liabilees paries descendants des Europeens, sont celles ( 101 ) do Icurs anc6tres, les colons espagnols; ils out de plus qiielqiic'S unes des habitudes de luxe des Europecns, et un penchant pour rivrognerle etle jeu. In Callfornien porte toujours dans les I'ontes de la selle, a cole de ses armes , une bouteilh; d'eau de-vie. Ces hommes de tres belle race ne vont jamais a pied. Leur premier soin en se levant est de seller un cheval, qui reste at- tache a la porte de leur maison, et dont ils se servent meme pour des distances nioindres de 50 pas. Leur vie s'ecoule dans I'oisivete ; jamais ils ne travaillent la terre. Si Ton penetre dans un rancho, on trouve les hommes couches, fumant le cigare et buvant I'eau- de-vle, tandis que les femmes, qui par le fait rempla- cent les hommes dans les Iravaux ailleurs devolus a ceux-ci, s'occupent un pea d'agricullure et de jardi- nage; elles louent quelques Indiens qui les aident a faire de petites semailles. Ces femmes sont en g(^neral grandes, fortes, belles, et tres fecondes, ayant jusqu'a 12 et 15 enfants; elles manient les chevaux etle lazo avec autant d'adresse que leurs maris , auxquels en- core elles sont superieures par I'intelligence et les qua- lit^s morales. Les Californiens, cavaliers intrepides qui naissent et meurentpourainsidireacheval.aiment passionnenient les courses, et s'y defient par de gros et ruineux paris. Ilsjouent aux cartes, aiment les combats de corps, de taureaux et d'ours. lis se reunissent lors des fetes des missions, et dansent chaque fois au moins deux jours etdeuxnuits sans autre interruption que pour I'heure des repas. lis vous engagent souvent a les accompagner a 2 on 300 lieues, uniquement pour danser quelques jours a une reunion de famille. Ils ont pour la mu- siquc im gout tout aussi prouoiice , et presque tous ( 102 ) posseJent line guitare pour s'accompagner dans leiirs airs. Enlin, leur liospitalit^ est sans llmile; on ne trouvo point d'auberge on d'liotcllerle, ot cliacun vous accueillo ct vous heberge sans la moindre riilribution. Leur premier soin en vous voyant est de vous tendre la main, de vous offrir de I'eau-de-vie , el de vous demander votre nom, votre 6tat et le but de votre voyage; et d'avance a leur tour ils respondent a toutes les questions qu'ils supposent que vous leur ferez a ce sujet. Le costume liabituel des bommes est un large pan- talon eT\ drap, ouvert a partir du genou et laissant voir un cale^on en toile ; plus une chemise en toile blanche, une cravatc noire, une ceinture, une vestc ronde en indienne , et des bouffantes aux manches; enfm des souliers en peau de daira el un chapeau noir a larges bords, avec un Foulard. Les femmes ont une robe en indienne ou en soie, dont la coupe suitde loin les modes fran^aises, et une 6charpe en colon ou en soie, pour se couvrir la tele an besoin. Les bas de soie et les souliers sont reserves pour les grandes ietes. Lorsqu'elles vont tele nue, elles laissent pendre leurs nalles, ou meme toniber leurs cheveux sans les tres- ser. Leur chapeau, dont la dimension est enormo, ne sert que pour monter a cheval, oil dies courent avee des selles d'hommes, en se formant seulement un Airier plus long pour le pied gauche. Si un homme et une fomme vont ensemble a cheval, celle-ci est devant et le cavalier derriere. Les Californiens sont d'un commerce agreable et facile; ils sympalhisent particuli^rernenl avec les Fran- ^ais, qui recjoivent surlout des femmes I'accueil le plus prevenant et le plus gracicux. Ce sont elles i'galomcnt ( 103 ) (jiii so iiioUont Ic plus cii Irais d'liospllalite. Mais si I'oii fiitreprend avec cics Caliloiniens unc course loinlaine, il faut, comme eux, savoir manier, soil le lazo pour changer de monture , soil la liaclie pour couper le bois, I'aviron pour traverser les lacs et les rivieres, et enfin la carabine pour tuer le gibier ou defendre sa vie contre les betes fauves ou les Indiens errants qui peuvent vous attaquer : sans toutes ccs precautions, gardez-vous d'accepter, du moins, quant a present, les excursions californiennes dans rintc'-rienr, et bor- nez-vous au littoral. SUR L'ETAT PRESENT DU JAPON. Ohservatlon preliininnire. Comme j'^tais a Vollenhoven , pres d'Ltrecht, il y a cinqans, chezM. le baron Vander Capellen, cet ancien gouverneur des Indes n^erlandaises voulut bien me faire voir la correspondance annuelle du gouverne- ment japonais avec le gouvernement des Pays-Bas, pour la partie relative aux acquisitions de iivres d'instruments de mathematiques et d'objets d'arts. et il me lit remai'quer qu'elle etait toujours ecrite en langue hollandaise. Les employes japonais, me dit-il , apprennent cette langue tres soigneusement; jamais ils n'ecrivent en Europe dans leur propre idiome. Cette r^gle de conduite tient a I'ancienne politique du pays , qui s'efforce d'empecher les Europ^ens de se lamiliariser avec la langue japonaise. A mon retourde ( iO/i j la Hollaiide, je rendis comple dc ces faits a la Societe de geogrnpliic, , ot j'appelai son attention sur les tra- vaux scientifiqucs des Japonais, sur leur bureau de traduction et sur leurs progrc-s dans les arts. Aujour- d'hui, je me propose do I'entretenir de I'etat pr(^sent du pays , d'aprcs un t^moignage recent et digne de foi , celui d'un voyageur americain , homme eclair^ et bon observateur. On y verra la confirmation des faits ciirieux (\\\q. je viens de rappeler. Le voyage de M. Aaron H. Palmer (I) , en Orient, vient de procurer entre autrcs rdssullats, des notions nouvelles sur Ic Japon , qui ne sont pas denuees d'in- t^ret , et qui m'ont paru dignes d'attention, d'autant plus qu'elles me somblent annoncer une ^renouvelle, et I'ouverture dc relations suivies entre I'Europc et cette contree, la plus reculee de I'Asie orientale. Apr6s avoir commence par consulter les journaux et les rap- ports des residents hollandais a Nangasaki et d'aulres relations authentiques, il a rocueilli ensuite par lui- meme , 6tant en Chine, des particularity's et des faits nouveaux sur I'intelligence, le rafTinement et la civili- sation des Japonais , qui prouvent la sup6riorite de ce peuple remarquable sur toutes les nations asiatiques qui I'environnent (2). Le Japon est un empire feodal : la r(!'sidence impe- (i) Ciinseillcr de la roiir supreme des ll^tats-Unis d'Amf'Tifiup, membre (le la Socicle hisloiique de New-York, etc. ( Letter to tlie honour. (Charles J. Inffersoll, chairman of the committee on Foreign affairs uf the house of representatives, etc. — Mars 1846.) [■>) Cc qui suit est prcsijuc en lotaiili' cxtrait du Rapport di.' M. Pa hue. . ( 105 ) rialc est fix^e a Miyako. C'cst la que tlomeure le mi- kado, le souverain ; le ziogoun , son lieutenant, licnt sa cour a leddo, residence vice-royale. II est assisle dans radniinistration des all'aires publiques par un grand Conseil d'Etat , compost de cinq princes du sang imperial, et de liuit princes du plus haul rang. Le prc^sident du conseil prend le litre de gouverneur deTempire, et cxerce les fonctions de ministre de I'intdrieur. Le ziogoun (teenpaou) actuel est repr^sente comma un prince habile , energique , 6claire. Le gouverne- ment prend un vif int(^ret aux progres des sciences cliez les nations de I'Occident, ainsi qu'aux mouve- ments politiques ; il entretient a Nangasaki un bureau de linguistes capables, parfaitement verses dans les principales langues de I'Europe , charges de traduire en japonais, pour leurs propres Encyclop^dies et pour leurs publications periodiques , dcstinees a I'enseigne- mcnt du peuple, la description des decouvertes les plus recentes dans les sciences et des perfectionne - ments dans les arts, ainsi que le recit des evenements politiques , tires des journaux hollandais ou obtenus des residents hollandais de Nangasaki. On compte parmi leurs traductions en japonais des ouvrages des plus cilebres savants de I'Europe , quelques unes des ceuvres de La Place. Lalangue a un alphabet de 48 signes; ellc est poly- syllabique , douce, harmonieuse ; c'est la plus polie et la plus parfaite de toutes celles de I'Asie orientale ; elle n'a aucune affinile avec le chinois ni avec aucun dialecte asiatiquc, a I'exception du seul coreen. Leur syllabaire dale du vui'' sieclc ; il s'ecrit avec qualrc series de caract^res, savoir : le kntakana a I'usage des VI. AOL'T. 3. 8 ( 106 ) homines ; le kirahtrui a I'usage des t'euimes ; le nianyo- kann el\e yeninlokaiia. On ne sail pas bien la clllTi^- rence qui existe entre ces deux dcrniers. On 6crit du haul en bas par colonnes, comnie en chinois , et de droitc a gauche. Les caract6res ideographiques cliinois leurserventpourcertainsdeleurs ouvrages modules (1) qu'ils ont tir^s originairement de la langue chinoise , ce qui fait que Ton regarde comine indispensable la connaissance prdalable de cette langue pour avancer dans la litlerature japonaise. Lne de leurs Encyclop^dies consisteen 630 volumes; ils possedent en outre de nombreux ouvragesd'histoire nationale et elrang^re, de g6ographie , de voyages, de sciences, d'arts, depoisieetde litlerature, Le president ie I'Academie imp^riale, a leddo, passe pour 6tre vers6 dans les plus hautes branches des niathemati- ques et de rastronomie. La litlerature est cultiv6e avec une grande ardeur a Mivako , residence imperlale : on compte parnii les litterateurs des deux sexes , des poeles , des hisloriens et des philosophes moralistes, qui font leur jouissance et leur unique affaire des etudes el des tra\aux litte- raires. Les Hollandais trouvcnl tres profitable leur coxn- merce avec le Japon. Pour assurer a leur factorerie de I'ile Deziina, au port de Nangasaki, le monopole exclu- sif du commerce , ils ont pris pour regie constante de leur politique, I'habitude d'^carter loulesles aulres na- tions , et de s'opposer a loute tentctivc de leur part ... Mais depuisquelque temps, et chaque jour davantage , les Japonais manifestenl le d^sir d"a\oir des relations plus etendues avec les etrangers, et le gouvernement mfeme s'eslrelach^deses mesures severes et arbitraires (,i) Slaiiil:ii-\v()iks , Livrt'S cl.issiqiH's ? ( 107 ) an wcjml, i.ii cliiiiuis Sou-vi"ii , ijiii (Idiiiic iiii Ipciu i.ni>;c ciniruiisi ; c'csl |i' <'a:S(tlfii)iia Snjuin. ( 110 ) port do leddo , pour rendre a leur pays natal 32 riia- rins japonais sauv^s du naufrage, et recueillis sur iine lie d^serto. La I'dception a 6t6 tr^s obligeante ot hos- pitaliere , et le navire roiirni libL^alemeiit de lafral- cliissements et de provisions au nom du gouverno- nient supreme, et de plus, declare libre de loute charge. Quand il a dtk mettre a la voile , le calme etait venu ; le navire a 6t6 remorqu6 jusqu'a la mer par des barques japonaises; maison a dit au capitaine de ne pas revenir , attendu qu'il n'est pas pcrmis aux vaisseaux Strangers d'entror dansce port. En conclusion , je crois pouvoir conjecturer , sans 6tre tax(^ de temcrite , que /a Chine oin'erte aura ete le prelude de I'ouverturc du puissant empire japonais au comnierce et a Tinfluence des Europ^ens , et que le moment n'est pas tres eloigne oii cet dv^nement doit s'accomplir; il int^resse les geographes au plus haut degrii (1). J— D. Juillet 1846. (1) L'exposition Sino-Japonaise qu'on a faite ci Paris , il y a troi* ans , et meme Texpositiun actuelle des ol)jets rappoi tes par les delegue's OTA jDsqii'i re point la base de la nioii- tajne est leiouveite par un talus de Ut- lain detliliqtiP proveiianl de lit desayi f - gution dej panics supec K/ \^ ^ V V ^J9 V' ^ ■' 111 \JL J m • % * ' »■■« 13 numinuiiles 21 Gres calcaire Ires cumpacle.j analogue au gres ileFon-t taineblcau 117 A RErORTKR 292 ( 112 ,. NATURD HES DAJtCS. OBSLRVATIOiVS. Calcaire marneux coinpacle parraiicment blanc . . . . Cham carbonat6e saccha- roide ( iiiarbre jaundtre niimmiililique} Breche amygilalo'idc Calcaire marneux nummu- lilique Gris calcaire Ires compacte. Gres calcaire tres blanc , a points rouges Gres calcaire compacle con- chylifere Gres calcaire conchylifere. Grcsspalhiqucconrhylifere. Gres calcaire nummuli- tique, lenliculaire Gres siliceux nummuli lique Rkport. Analogue au gres rneulier dc: enviruns do I'aris Recouvrant sup6rieurement la montagne Total approximatif de la hauteur de la chaine de Gebel-Kolail au-dessus de la vallee ( picds francals). . 292 100 G 18 CO 10 1( 50 111 40 46 10 722 Vers les dcrni^res couches de la montagne, on ren- contre de pctits filons de cliaux fluatee, de pyritc de ler, decarbonate du meme radial (Limonite). La chaine du Korail se projolle du S.-O. vers ie N,-N.-K. sur un espace de dix heures de inarche dc dievaiix environ. 25 muix. Nous (]uillons co nialui noire canipomoiit pour nous dirigor \cislc S.-E. dc Oua Leobordia Loioidea Del , Trigonella arajjica Del., Astrafjalus (especes diverses), Tamarix africana, Tamarix {tallica, Cucumis colocynlhis , Gymnocarpos fruticosum I'ers. , Polycarpaea fragilis Del., Reauiiiuiia venniculaia L. , Nitraria Irideiitala L , F^ubon lor- tuosum, Guaph. ilium (deux especes), Inula undvilala L, Inula crispa L , Catula cinerea, Artemisia judaica L.,Santolina fragrantis- sima L, , Arthemis arabica , Buphtalinuni arabicum Del., Cen- taurea (trois especes), Cartliamns (une petite espece supposee nou- velle), OEcbinops spha-rocephalus. Proenaiitlies spinosa L,, Bac- khausia tingitana L., Crepis (deux especes), Pergularia tomeDtosaL., Cressa cretica I>. , Ileliotropium (deux especes ), Anchusa trois es- peces), Arnebla linctoiia Forsk., Lilbospermuin?, Bora[;o africana L., Hyoscyamus datura, Lycium.. .?, Linaria....? , Scropbularia deserti Del.,Oroban(be (lava?, Salvia....?, Teucrium.... ?, Lavandula stricta., Plantago (deux [letites especes), OErua tomenlosa L , lllecebrum paronychia, Atriplex (diverses especes), Salicornia (diverses especes), Salsola (diverses especes), Sua-da (diverses especes), Rumex roseusL.. Calligonum comosum L. , Euphorbia (deux especes , Forskalea te- nacissima L., Ephedra....?, I'lioMiix dartylil'era, .lunciis acntns, Gra- niinees (f|uplqiie» especes). ( 115 ) Tdutes ces plantos ^laient en ce moment en fleursct en fruits. Les Arabes mahaji condulsent dans celle vallee leurs troupeaux et leurs chameaux pour les faire paitre troisou quatre mois de I'annee. lis ne se retirent qu'en niai. On ne retrouve plus dans cctte vallee dc cailloux siliceux jaspes, qui paraissent n'appartenir qu'au sol des valleos qui ont leur versant vers le Nil , et a la base de la grande formation cretacee. Nous employames toute cette journ^e a traverser la partie superieure de Ouadi-Arabah, Nous arrivames vers le soir, et nous nous arretamcs pour passer la nuit , dans une sinuosite de Gcbel-Gelal-el-Geblyeh , oil debouclie le premier grand vallon qui s'ouvre sur Ouadi-A'rabah. Ce vallon, nomm6 Ouadi-Erkas, des- cend du S.-S.-E. vers le N.-N.-O. 26 ninrs. Nous nous engageons d^s le matin dans le vallon ( Ouadi-Erkas ) qui est assez tortueux , et dont la direction est, comme nous I'avons dit, du S.-S.-E. vers le N.-N.-O. II est cotoye par de hautes niontagnes a couches horizontales, quoiqu'on y remarque souvent des irregularit^s; mais qui ne sont dues qu'a FalTai- blissement partiel de quelques parties du sol. Ainsi , les couches sont toutes inclinees vers le N.-O. ; tantot cette inclinaison a lieu dans un sens tout-a-fait op- pose; mais en general , la stratification est parallele a lliorizon, Souvent les deux chaines laterales sont partagees par des sillons et des ravins profonds , dont la taille verti- cale facihte I'^tude de la stratification. De grander masses d^tach^es de leur gisement encombrent le ver- sant du vallon. Ces masses appartiennent aux diver- ges rouches des momes monlnpnes qui Jproloiont, ( 116 ) ct prescntent Ics diverscs vari^tds de marbre sacclia- roidc, do inarbrc hreche , dc gr6s I'oiigc a grains dc Icldspatli l)lanc, do quartz do chaux carbonat6e , et dont tous ces eloments sonl cinient6s par une niarno lorrugincusc. Parini los masses erratiquos on remar- que des marbrcs concbylifores, avec madrepores et coquilles au nombro desquellcs on distingue siirtout une grosse espece de cypra'a. II nous reste a reconnai- tre la position respective de ces divers materiaux. Les couches inl'erieures sent formees d'un marbre blanc cendr6 , compacte , qu'on peat rapportcr au jui'assique; cclui-ci est surmonte par de legers bancs d'un schiste argileux ceudr6 , passant au rouge dans lour parlie suporieure , et apres lesquels on voit re- paraitre de nouvellcs couches de marbre blanc, a vcines et tachos de feldspath rose et veine egalement de ver- datre. Vient ensuite un gros banc d'un marbre con- chyiifere, qui est surmonte par une roclie granulaire rouge, faisant un peu d'ofTervescence avec les acides , et qui, en sc continuant sup6rieurement, prendmoins de compacite et passe au blanc sale. Parmi ce banc on remarque des fdons de spath d'Islande a beaux cristaux rhomboidaux demi-opaqucs. La montagnc est terminee par des couches d'un calcaire peu com- pacte, a pelites nummulites, et qui se rapporte au tertiaire. Les marbres broches de Gebel-Rolail olTrenl des va- rietos que Ton ne rencontre pas parmi cellos des mon- tagncs Celal-Geblieh. Les premieres ont generale- ment un onipatement iilanc ccndre ou jaunatre qui agglomerc de potlts cailloux do marbre blanc rose , et conslituanl la rocbi' amvgdaloulo ;» fond blanc. Ce- pondanl los Colal-Goblioh prosonlenl aussi do hollos ( 117 ) varitH^s (Ic marbres , pariiii lesquolles on remarquc le marbre broclic a lord rouge ct a cailloux do marbrc blanc. 11 ne constitue pas une forinalion g^n^rale , mais il se trouve en gros rognons ou nids dans le mar- bre conchylifere. PariTiiles cailloux de marbre roul^s et repandus dans le vallon, nous trouvames I'empreinte de feuillesd'une osp^ce de fougere. L'6levation des montagnes, a partir du niveau du vallon, varie de 600 a 800 pieds. Cette elevation est toujours a peu pres &ga\e ct unirorme jusqu'aux deux tiers de la pente du vallon, que nous mimes deux heures a gravir, nous elevant d'un metre environ par chaque cent pas. Arrives a la moitie de I'autre tiers , nous ne pouvions plus avancer qu'en escaladant, a Taide des mains ct dcs pieds. Les deux montagnes fmissent alors par se reunir , et no forment plus qu'une seule clialne continue, dirig^e du S. vers le N.-N.-O. La nuit approchait du reste ; nous cessames noire ascension , et rcdcscendimcs camper a I'cndjou- cbure du vallon dans Ouadi-Arabali. Les plantos de Ouadi-Erkas sont assez remarqua- bles : nous ne citerons que les suivantes , les autrcs etant communes a Ouadi-Arabah , et ayant deja etc citees pendant la traversee de cette vallee. Ficus....? (pspcce pa rliculiire et jieut-elie nouvelle). Cnjiparis.... ':' nil Ca])j)nris a'gyptiaca P anjjiislilolin. Pnpavcr... .? (tspece tres rare <|ue nous cioyons nouvelle'. Seiiecio....? (deux especes particulu-res) . ((Miilo c(tunne gis^-mnnl ( 127 ) mineral. La presence de cette substance doit fetre plu- tot consider^e ici comme accidentelle. Toutes les au- tres formations sablonneuses que nous exaniinames dans les environs conticnnent beaucoup de fer carbo- nate, et rarement une teinte verte qui accuse la pre- sence d'un peu de cuivre. Pendant toute la journt^e que nous employames a parcourir les ravins et les sillons creus^s par les eaux , nous vimes toujours le meme syst^me que nous venons de d(§crire , et qui nous semble g^n^ral dans cette vasle vallde que nous parcourons depuis plusieurs jours, mais que nous allons quitter demain pour re- joindre le convent de Saint-Paul. Nous vimes dans notre course d'aujourd'hui deux gros sauriens appartenant au genre Stellion , et une esp6ce de rongeur qui (^tablit passage entre les rats et les gerboises. Cette esp^ce, toute particuli6re , est de la couleur du sable , c'est-a-dire d'un blanc jauna- tre; elle est plus petite que la gerboise des environs d'Alexandrie et du desert libyque ; sa queue, qui a deux fois la longueur du corps , est couverte de polls ras ; la tete est presque ronde , les oreilles assez lon- gues , les yeux grands et noirs. Nous n'avions ni fusil ni autre instrument pour lui donner la chasse ; nous la poursuivimes bien quilques instants a la course , mais nous finlmes par la perdre de vue. Parmi les plantes, nous remarquames encore leCap- j)aris /Egyptiaca p angustifolia, une seconde espece de Polygala frutescente et les espfeces communes au restc de lavallee et que nous avons deja cities. II 6taitpres- (]U0 nuit quand nous retournames au convent. ( La snilr mi prochain nmncro. ) ( 128 ) DEliXIKiVIE SE(/riO]\. Actes de la Soclete. liXTHAIT DKS PROCfeS-VERliArX DES SEANCES. PRhiSIDENCE DE M. DaUSSY. Sea /ice du 1 (tout 18/i6. Le proccs-verbal de la derni6re seance est lu et atlopl*^. iM. Kii[)rfer, directeur des observatoires inati;neti- ques des mines de Russie, reniercie la Socid'td de I'en- voi du Bulletin et lui annonce le complement de I'Annuaire des mines public sous sa direction. M. Vandermaelen 6crit a la Soci^t6 pour lui ollVir cinq nouvelles cartes en plusieurs feuilles, publiees dans son etablissement g^ograpliique. La Societ(i vote des remerclments a M. Vandermaelen pour le gene- reux cmpressement qu'il met a enricbir sa biblio- thi(jue. i\l. P. do Tchihatchel", chambcllan de S. M. Tenipe- reur do Uussie , membre de la Societi^, ecrit de Saint- PcHersbourg, et annonce son procbain depart pour I'Asie-Mineure. li prie la Soci6t6 de le seconder dans ses recbercbes et dans I'cxploralion scienlidquo dc celle C()nlr(^(;. I\l. le vicomle dc Santarem lil ht premiere parlie d un Memuirt' sur la condilion des personncs el des ( 129 j pro|)hetc'S au Mcxique , et dans tl'aulres parlies de rAm^rique espagnole , avant et apres la conquete des Espagnols. M. Joniard communique une Nolo sur la Iraversee i\u desert de Nubie depuis Korosko jusqu'a Abou- Ahmed, d'aprfes le r^cit de la dernitjre expedition or- donnee par le viee-roi d'tgypte ; il y joint un croquis indiquant le cours du Nil , et I'emplacement des puits (■reuses dans le desert entre ces deux points. — Renvoi de ces communications au comity du Bulletin. Seance du 21 aout 18Zi6. Le proces-verbal de la derniere seance est lu el adopte. M, Jomard met sous les yeux de la Societe le /ac- siinile de la carte de Juan de la Cosa, execute et colo- rie d'apres I'original appartenant aM. le baron Walc- kenaer; cette carte fait partie de la 1" livraison des monuments de la geographic. Le meme membre communique deux lettres d'E- gypte, relatives I'une a I'^tat d'avancement du barrage du Nil, I'autre au travail entrepris par M. d'Arnaud pour la redaction des observations de son voyage vers les sources du Nil, travail retards par des de- voirs imp^rieux. Enfin , il donne lecture d'une lettre du general de la Marmora et d'une autre de M. Vin- cenzo Ricci, secretaire de la commission du mo- nument de Christophc Colomb. Ces lettres font con- nailre le plan qui a et6 adoptd par la commission, d'apres le dessin du professeur Canzio. Le pi^destal est accompagne de quatrc statues allcgoriqucs , el fiupporle lu statue colossale de Oluislophc Colomb, ipii est dims raclion (\q soulcvor ie voile qui cache f 130 ) enpartiela figuredel'Amt^rique, Les quatre bas-reliefs repr^sentent : 1° Ic conseildc Salamanque ; 2" I'arri- v6e de Colomb en Amc^rique ; 3" la presentation faite a la reine Isabelle par Colomb des Indiens et des pro- ductions de I'Ainerique; h" Colomb dans les fers. M. Mallat, membrc de la Society, de retour de son second voyage dans les mers de I'lnde et de la Chine, oil il avait etd charge d'une mission speciale du gou- vernement, olTre un exemplaire de son ouvrage sur les lies Philippines. La Commission centralo accueille cette publication avec int6r(il, et prie M. Lafond de lui en rendre compte. M. Noel des Vergers olTre les trois premiers nume- ros de la Nouvellc revue encyclopedique , publiiie par MM. Firmin Didot, et la suite des livraisons de sa des- cription de I'Arabie. M. Albcrt-Mont6mont lit une analyse des comptes- rendus de la situation des dtablissements frangais en Algc^'ie , publi(^s par le minisl^re de la guerre en 18/12 . 1843 et 1844. MEMBRES A.DM1S DANS l.A SOCIl-T^. Seance du 21 aoiit 1846. M. Gustave Gastebois, chef des bureaux do la mai- rie du XI"" arrondissement. M. Frederick Hesse, D' en philosophic, bibliotliti- cairc ik Rudolstadt. OUVHAGES OFFBllTS A l.A SOCUiTj':. Seance du b juin 1846. i'nr Ic Minislere de la marine : Tableaux de popula- tion , de culturf , dc commerce ct de navigation , for- inanl, pour I'anncc 1842, la suite des tableaux insert's ( 131 ) dans les notices statistiques sur les colonies frangai- ses.l vol. in-8. Paris, iShQ. Par M. E. Renoii : Exploration scientifique de I'Al- g^rie pendant les ann^es 18/iO , 18/il , 18/i2, publide par ordre du gouvernement ct avec le concours d'une commission academique ; sciences historiques et g^o- grapliiques , tome VIII , contenant la description g6o- graphiquc du Maroc, par E. Renou, membre de la commission scientifique d'AIgerie. Paris, 1846, 1vol. grand in-8. Par M. Jd. Balbi : Dellc primarie altitudini del globo saggio d'ipsometria generale del nobile Adriano Balbi. Milan , 1845 , 1 vol. in-8. Par M. J. Calvin Smith : Map of the United Stales of America , including Canada and a large portion of Texas ; showing the base meridian and township lines of the U. S. surveys, the lands allotted to the Indian Tribes west of the Mississipi , the various internal improvements, etc. , compiled from Surveys at the Lnited Stales Land'OITice, and various other authentic sources , by J. Calvin Smith , 18/iG , 6 feuilles collies sur toile. - Par M. Coulier : Atlas g^n^ral des phares et fanaux a I'usage dos navigateurs. 10* livraison, comprenant le Br^sil. Paris, 1846, in-fol.— Nouveau code de signaux de jour etde nuit, ou de communication d'unlieu i un autre, au moyen d'un syst6me pyrotechnique, i I'u- sage de la marine , de la guerre et des chemins de fer; par MM. Coulier et Ruggieri. Paris, 1846, broch , in-8. Par M. Michotte: Carte du d(!;partement des Arden- nes , dressee d'apies les documents les plus recents , par une sociclc d'ingeuicurs cl do g<'Himolres de ce de- ( 132 ) parteuient. clediec a M. Delon, prolel, iSl\b, 1 grandc feuille. Par sir John Ross : Observations on a\vork, entitled : \ovages of discovery and research within the arctic regions, by sir John Barrow , Bart, aitat. 82 ; Being a refutation of the numerous misrepresentations con- tained in that volume; by sir John Ross, C B. , etc., captain in the I'oyal navy. Edinburgh and London, 18/10 , broch. in-8. Par M. John Pukering : Memoir on the language and inhabitants of Lord North's Island. — A vocabu- lary of the soahili language. 2 brochures in-li, ex- traites des Memoires de I'Acad^mie americaine. Cam- bridge, 1845. Par les autenrs et editeurs : Nouvelles annales dcs voyages, mars 1846. — Revue de I'Orient, mai, 1846. — Boletin enciclopodico de la Sociedad economica de Amigos del pais, fevrier 1846, Valencia. — Journal asiatique, avril 1846. — Journal des .Missions evange- liques mai, 1846. — Recueil de la Societe polytechni- que, fevrier 1846. Seance du li) juui 1846. Par le Ministere du commerce : Documents sur le commerce exterieur. N" 309 a 319. Le n° 319 forme un volume , intitule: Pieces et documents relalifs au connnerce avec la Chine el I'lndc. Paris, 1846. Par la Liste civde : Galeries historiques du Palais do Versailles, tome VIIL Paris, 1846, in-8. ParM. A. /^ew/i'A;//'; Voyage dans la Russie meridio- tialo et la Crimee , par la Ilongrie , hi N'alachie o( la M.ildavic , execute en 1S37. 1 1' livraison , iii-lol I'nr In Socic-fc irfio/noiquc :Mi:nnnrc?.'.\Q la Socicle geo- ( m ) logique de France. 2« s^rie , tome I". 2' partie. Paris. 1846, in-li. Par les auieurs et editenrs : Annales uiaritimes et co- lonlales, mai I8/16. — Annaes maritlmos e coloniaes, 5* s^rie, n" 7 et 8. — Nouvelles annales des voyages, avrll 18Zi6. — L'Investigateur , journal de I'lnstitut historique , juin 1846. — Recueil de la Soclete poly- technique mars, I8/16. — Journal des Missions 6van- geliques, juin 1846. Seance clii 3 jidllet 1846. Par V Association britaiinique pour V avanceinent des sciences : Report of the fifteenth meeting of theBritisch Association, held at Cambridge in June 1845. London, 1846. 1 vol. ln-8. Par MM. Carette et Warmer: Carte de I'Algerie di- vis^e par tribus. Paris, 1846. line grande feuille. Par M. Cortambert : Cours de geographle conipre- nant la description physique et politique, et la geogra- phic historique des diverses contrees du globe. Paris , 1846, 1 vol. in-12. — Petit cours de geographic mo- derne , ouvrage autorlse par le Conseil royal de rinstruclion publiquG, 2'= edit., Paris, 1846. 1 vol. in-12. Par les anteiirs et cditeurs : Boletln de la Socicdad economica de aniigos del pais, de Valencia , avril el mai 1846. — Revue de I'Oricnt, juin 1846. — Bulletin de la Soclete geologique de France, tome III (feuilles 16 a 22). — Journal aslatique, mnl 1846. — Journal d'educatlnn populairc , mai 1846. Seance du 17 /iiil/cf 1846. Par la Socicte roycdc asiat/i/ac de la (Jraride-Brefa^iie (134 ) et d'lrlnnde : The journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland. N° 17, part. I. London, 1846, 1 vol. in 8. Par M. Poinsignon : Deux theses intitul6es : Essai sur le norabre et I'origine des provinces romaines creees depuis Auguste jusqu'a Dioci^tien. Paris, 1846. Jn-S. — Quid pnccipue apud Romanes adusqueDiocle- tiani tempora lllyricum fuerit breviter disseritur. Paris, 1846. In-8. ParM. C.-A. de Challaye : Quelques idees sur les veritables inter6ts aclucls d'Annonay et dc scs envi- rons. Annonay, 1846. Broch. in-8. Par M. Firlet-d' Joust : Notice biographique sur M. Em. le Puillon de Boblaye. (Extrait dc la Biographic universclle.) Broch. in-8. Par les niitmrs et editeurs : NouvoUes Annalcs des voyages, mai 1846. — Annalcs maritimes et coloniales juin 1846. — L'Abolitloniste francais, 2<' livraison , 1846. — L'Investigateur, journal de I'lnstitut hislorique, juin 1846. — Recueil de la Soci^te polytechnique , avril 1846. — Annales de la propagation de la foi. Seance du 7 aoiit 1846. Par M. Ph. randerinne/en : Les quairc pi'emieres feuilles de la Belgique topographirpie a rcchollc de — i^, en 250 feuilles, Bruxelles , Tervuercn , Vil- vordc et Assche, avec deux tableaux d'assemblage. — Carte des voies et communications de la Belgique, aug- nientee d'un tableau statistique fait de concert avec M. d'Euschling, chef de bureau a la statistique gen6- rale du ministere de I'interieur. — Carle itineraire , historique et statistique des chemins de fer et des autres Noies dc cominunicalion a vapour do I'Europo cenlralc. (135 ) dressee par G. Potenti de Pisloia. Bruxelles, 184(5, avec broch. in-8. — Carte des routes existant avant 1795 , cx^cutees depuis, sous les i-c^gimes fran^ais et neerlandais et par le gouvernement beige jusqu'ci 1846. — Carte de tous les projels de cheinins de fer en Belgique , augment^e d'un tableau statistique. Pen- les auteurs et editeiirs : Nouvelles annalos des voyages, juin 1846. — Revue de I'Orient, juillet 1846. — L'lnvestigateur, journal de I'lnstitutbistorique, juillet 1846. — Journal asiatlque, juin 1846. — Bulletin de la Society geologique de France, juillet 1846. — Journal d'(^ducation populaire , juin 1846. — Journal des Missions evang^liques , juillet 1846. Seance da 21 aout 1846. Par la Societe geographique de Londres : The Journal of the Royal Ceographical Society of London. Vo- lume XVI. 1846, part 1. In-8. Par la Societe geographique de Bombay : Transac- tions of the Bombay Geographical Society. From may 1844 to February 1846. Edited by the Secretary. 1846. In-8. Par M. Coulicr : Atlas general des phares et fanaux a I'usage des navigateurs , 11' livraison. Amerique equatoriale, colonies europ^ennes (1" section). Pa- ris , 1846. In-fol. Par M. J. Mal/at : Lgs Philippines, histoire , geo- graphic , mcBurs , agriculture , industrie et commerce des colonies espagnoles dans I'Oceanie. 2 vol. in-8 avec atlas. Paris , 1846 (1). (ll Clio/ rnn(1;\mi' Aillin'^ Hi rtranil , lilii.uip. — I'lix, 3ii f i . i 136 ) Par MM. Firinin DiJot : NouvcWc rcvuo cncyclopo- dique ( N"' 1 , 2, 3). Paris 1846. In-8. Par M . Noel des Vergers : L'Lnivers pittoresque : Arable, li livraisons in-8. Par les auteurs ct editeurs : Boletin de la Sociedad economica del pals de Valencia, Junio et Julio 1846. — Journal aslatique , juillet 1'46. — Annalcs mariti- mes et coloniales, juillet 1846. — L'Investigateur , journal de I'lnstltut historique, aout 1846. — Recueil de la Societo pol\ technique, rnai et juin 1846. BULLIiTIN 1)1-; L* S(3C1ETE DK GECHUiAlMin:. SEPTEMBRE 1 8/16. PHEMIERE SECTIOI^ MEMOIRKS, KXTRAITS, ANALYSES KT liAPPORTS. Notice ticcrolngiqiic sur M. Eyries, president hoitoroiif (le la Socii'te de geographic , etc. , j)ar M. dr La ROQIJETTE. La Commission cenlrale cle la Societe de geogra- pliie ayant bien voulu nie charger de lui presenter une osqiiisse de la vie et dcs travaux de M. Eyries , ce ve- nerable el savant collegue que nous venons de perdre, je viens m'acquitter de ce devoir. Eyries ( Jean-Baptiste-Benoit) , president honoraire de la Soci(^te de geographic, membre libre de I'Aca- demie de.-i inscriptions et belles-lettres, etc. , etc. , ne a Marseille le 25 juin 1767, etait fils de Jacques-Jo- sephEyries.olTicier de la marine royale(l) , ctde Jeanne- (i) J. J. Eyries, npics avnir vU: en I 770 licutciiiiit tie viilsscnu rl do port au Havre, soiiinit nil iiiini-ilei e en 1777 iin pl.iii |>otir dc'- iniire Ic coiiinicrcf' anjjl^iis sur Ifs < otcs tlAtiiipu'. Ce pi. 111 Ciil adople , rt il 011 rrsulla, cii 1 77c) , la hiiiiaiitc (xpi illlioii dii iiiarijiiis de Vaiidieiiil et la rc[)ri>e ; el cli- (ili.Tilc^ III (ri'",-i|i.ij;iic. I 1 3V) ) fill rcinjilace pour hi suite de cette ncgocialion , qui n'amcna aucun resullat, par Ic chevalier Cuerin de Saint - Tropez , coiilidoiil inliiiie du dirccteur. On assure qu'cn ISQh et 1805 une nouvelle mission ]ui fut confiee dans les principautes au-dehi du Rhin , a la suite de laquclle le chef du gouvernement lui aurait fait onVir le litre de conseiller d'litat, qu'il re- fusa pour coiiservcr sa complete independance. Nous ne connaissoiis ni I'olijet ni la duree de cette mission. A son retour (1805) , Eyries se fixa definitivement a Paris , oil il suivit assidument les cours de nos ecoles savantes, et se livra tout cntier a son goiit pour les sciences, et plus particulii;rement pour la geographic et la holanique. Le premier ouvrage par lequel il se fit connaltre fut la traduction du f^'^oyage de decoin'crtcs dans la partie scptenlrionale de V ocean Pocifiqiie du capitaine anglais lirougliton, imprim^e en 1806. Eyries avait (ite charge de ce travail par le ministre de la marine Decrcs , au- quol il le dedia. L'annee suivante, il Iraduisit de I'al- lemand le voyage d'un Livonien en Pologne etenAlle- magne dans lequel on trouvo de ciirieux renseigne- ments sur les revolutions qui eurent lieu dans le premier de ces pays pendai)t les annees 1793 et 1794; et en 1808, il fit [laraitre une traduction de I'ouvrage de M. le haron de IlumhokU , intitule : Ta- hlennx de la nature, ou Considerations snr les deserts , sar la [diysiononiie des vegetau.x , etc. Une nou- velle edition allemandc de cet ouvrage ayant paru en 1826, avec plusieurs changements et des ad- ditions importantcs qu'exigeaient les progrt's des sciences nalurelles et de la geographic, Eyries, sur riii\il;ilioii (111 sav.iiil aiiteiii', rerouunenrn sa Iraduc- ( UO) lion. M. do I!iinil)olclt, qui a\uit ii'vii lui-inoinc ce tro- vail , on liit ti'llcincnl satisfait, rju'il crut devoir atlri- bucr publiqueniont (I) an lalont d'Eyrios la plus srande partio do I'interi't dontlo public I'avalt honoro. Cettc traduction ct cclle du l-'oyage en Norvt'^^a rt rti Lnponie de Leopold do Buch passenl pour les mciliourt'S que Ton doive a la plume d'Eyrios. M. lo baron Alex, do Humboldt a fait precedcr cctlc derni6rc d'unc in- troduction dans laqnelle il rend tomoigna^e a la fido- lite scrupuleuse ol a la justosse d'cxpression avec los- quelles le traducteur a rendu loul cc qui a rapport a la g^ologie et aux sciences pbysiquos, Devant donner a la suite de celte notice la lisle des ouvragos composes ou traduits par Eyri6s , nous ne crovons pas necessairc de passer ici en revue tons ceux que CO laborieux savant a publics pendant le coursde sa longue vie, ct dont la plupart sont consacres aux voyages el a la geographic. Nous nous bornerons a oiler, outre ceux dont nous avons doja parle , lo Voyage en Perse , en Armonie , en Asie-Mineuro et a Con- slantinoplo de Jacques Morier; les voyages de Potlin- ger dans lo Boloucbistan et le Sindiiy; celui du prince Maximilicn de Wicd-Neuwied au Br6sil; celui de Bur- ckliardt en Arabic, el celui d'Alexandre Burnes, do Tembouchure de I'lndus a Labor, Caboul , Balk et Boukara. Evrios a joint a une parlie de ces ouvra- gos des prefaces et quelquefois des introduclions bistorico - geograpbiques , qui denolent en lui un vasle savoir. Quelques articles Inseros jiar Eyries dans les -Iii- nnles des Fayoges , journal geograpbique, quo Mallc- (l) liiiioduclion rri liMr Ac \.\ rr.uliii licni i!ii V()yiifl[p rii N .ivr^c, lie Lrc>|inlil a i844') l'>rnie 20 volumes in-8"; el la ciiiquii-n-.e, cnui- iiieneec en i8'j.'>,esl dii i;;('e par .M. Vivien de Saint-M.nlin. ( i/r2 ) tinua do cooperer jusqu'a s;i inoit a cotto vaste eii- treprise littdraire , commences en 1811, ct ter- mineo en 1828, ainsi qu'aii supplement, non en- core aclieve , qiioique |>aivonu au vingt- cinqnieme volume. C'cst a lui quon dolt la plupart des notices consacrees aux vovageurs ot aux geograplics', comme h un grand nombre de souveiains du Noi-d. EUes se font reraarquer , en gc^neral , par beaucoup d'cxacti- ludc et de lucidlte. Lorsque, en 1821 , I'idi^e de cr6er a Pai'is une Society de geograpbie lul conoue, Eyritjs, a celte epoque I'un des redacteurs des ISouvelles Aimales des voyages et de la Biograjjhie nniverselle, et connu par plusieurs ouvrages geograpbiques estimes des savants, en devint I'un des membres fondatcurs. I.ors de la premiere reunion, il fut appele a laire partie de la commission cenlrale, a laquelle il n'a pas cess6 d'ap- parlenir jusqu'a sa mort, et donl il a et6 plusieurs fois president. En 1831 et 1832, nous I'avons vu pr6- sider Ics asscniblees generales en qualite de vice- president , et quelquos annees avant que la mort nous I'nit enleve, il a\ait ele uomme j)rcsi(lcnt lioiio- niire , tilre (pii le flattait singuliercment , parcc qu'il placait son nom a cote de ccux des Laplace , des Pas- toret, des Cuvier, des Ibuuboldt, des Cbalcaubriand et d'aulros jx'rsonnages iliublres, bien qu'il n'eut ja- mais etc comme eux president do la Socioto. Malgre ]a mulli])licilo de ses travaux, Ejrios etail un des mem- bres les plus zel6s de la Sociele de geograpbie ; il a en- ricbi notro Uullotui d uno inilnite de bonnes analvses critiques et de rapports. Toujours assidu aux stances do la conunission cenlrale, il prenait part a toutes les discussions ct nous luisail admirer sa inen)oire prodi- gicuso , sa sagacile el sim '''iiidirKin. L'-Vcadomi'' des inscrij>lioiib riKlmll lo 13 (lijcrinbiu lS?»i) ati luniibic de SOS mciubros libros , et il jiistifia le cholx qu'avait fait de lui ce corps savant, en nc nianqnant a aucune de ses Si^ances, et en coopcraiit a sos divers travaux. Malgre tons ses litres a ratlenlion du gouvernement, le docte et venerable Eyries n'etait ce()endanl point encore decore. Ce ne fut qu'au mois d'avril ISIili qne nous eumes enfin la satisfaction de voir briller le- toile do la Lt^gion-d'Honneur sur la poitrine du plus laborieux et de I'un des geographes modernes les plus drudits ; il allait entrer dans sa soixante-dix-builieme ann^e. Peu de mois s'etaient ecoul6s depuis qu'on lui avait rendu cette justice tardive, lorsqu'Eyries, que la maladie a laquelle il succoniba a pu seule conlraindre de renoncer au travail qui avait renipli sa vie , pre- sentait , comme I'a si bien dit M. Dacier du celtjbre d'Anville , raflligeant spectacle d'un homme de me- rite qui se survit a lui-meme. Retire cliez son frere Alexandre Eyries, a Graville I'Eure , pres le Havre, il y est inort au milieu de sa famille le 13 juin IShQ , emportant les regrets detouscoux qui I'avaient connu , etlais?ant dans la science et dans notre Society un vide dillicile a combler. Plusicurs discours furent pronon- ces sur sa tombe , placee d;ins le cimetiere de I'an- cienne abbaye de Sainte-Honorinc. Possedant a fond , outre le grec et le latin , pres- que tous les idiomes du Nord, et comprenant bien ceux du Midi, Eyrids parlait , dit-on , neuf langues vivantes. I.os facilites que lui donnail cette con- naissance pour les Etudes auxquelles il se livrait , et pour entretenir une correspondance suivie avec les savants dos difl'erentes parties du monde qu'il avait vus dans ses voyages, ou dont il avait cidlive les relu- ( Wj ] lions j)Oiidanl liur sejour a Paris, jointos a uno im- mense lecture , a une memoire extraordinaire et a une grande aclivlte d'esprit, en avaient fait un honimc pro- fondement erudit. On doit roconnaitre que , commc crili(]ue, il rondait toujours hommagc an merite des autres, fussent-ils ses rivaux; qu'il etait un appr(^cia- teur judicieux de leurs travaux, ct chercliait a Ics faire valoir autantque cela dependait de lui. Eniule, colla- borateur et ami du bibliophile Boulard , il a consacre , commece dernier, pendant plus d'un demi-siecle, tous Ics instants donl ses autres occupations lui permettaient de disposer a la recherche et a ['acquisition de livres rares et anciens, pour losquels il avait une veritable pas- sion d'enfant. C'etait encore un point de ressemblancc cntre eux ; ils dilTeraient neanmoins en ce que Boulard ne bornait pas ses investigations a un seul genre , tandis qu'Eyri^s s'attachait plus specialement aux ouvrages relatifs a la geogi'aphie et aux voyages. Des d^couvertes pr^cieuses, souvcnt inattendues , et qui Ic rendaient fier ct lieureux pendant pluslours mois, ont ele le fruit de ses recherches chez les bouquinistos de la capitale , qui tous le connaissaient personnellenicnt et avaient pour lui de I'alTection et de I'estime. Aussi laissc-t-il une bibliolheque riche et bleu composee , dont le catalogue vient d'etre public. Membre d'un grand noinbre de Societds savantes de I'Europe et memo des autres parties du monde, qui avaient cru s'honorer en lui envoyant leurs brevets, il justifia.tces distinctions llattcuses, qu'il nesollicita jamais. > if, petulant ctquel- (juefois brusque. Eyries, qui 6tait au fond un excellent liomme, a su conscrver tous ses amis jusqu'au lerme de sa carriere. On Irouvcra ci-apros la lisle cbronologi({ue dc? ou- \ragOb publi'-s nu ie\us par Kxrics: ( 1/|5 ) 1 . Foyoge dc decoiweiies daits Itt jxiiiie scptentrionale de r ocean Pacifiqiie pendant los anncos 1795, 1796, 1797, 1798, etc., par le capitaine Hob. Broii^hton , trad, de I'anglais, avec une preface da traducteur (Eyries), dans laquelle il a la modoslie de reconnaitre que sa traduction a 6le revue par M. de Rossol, etc. Paris, 1807, 2 vol. in-8'>. 2. Forage en Pnlogne ct en Alleniagne , fallen 1793, jnu- un Livonien, etc.; trad, de I'allemand. Paris, 1807, 2 vol. in-8o. 3. Tableaux de la nature , ou Considerations sur Ics deserts , snr la physionotnie des vegetaux , etc., parM. A. dellumboldl; trad, de rallemand. Paris, 1808, 2 vol. in-12; et 1828, 2 vol. in^". h. Aplintes elcctlvcs , par Goethe, roman trad, do I'allemand. Paris, 1810, 3 vol. in-12. 5. Aline de Riesenstein ,^^x Aug. Lafontainc, roraan Irad. de rallernand. Paris, h vol. in-12. 6. Mehaled et Sedli ou Histoire d''uiie famille druse, l)ar le baron de Dalberg, trad, de Tallemand. Paris, 1812, 2 vol. in-12. 7. Barneck et Saldorf, ou le Trioniphe de Vaniitic , par Aug, Lafontaine; trad, de Talleniand. Paris, 1812, 2 vol. in-12. 8. Fantasuiagoriaua; trad, de I'allemand. Paris, 1812, 2 vol. in 12. 9. Noiweau recueil dc contes , j)ar Fischer, Aug. La- fontaine et Kotzebue ; trad, de I'allemand, Paris, 1813, 3 vol. in-12. 10. Foyage en Perse, en ylrnu'iiie, en Asie-Mineure et il Coustautinople , fait dans les annees 1808 et 1809 par Jacques Morier; trad, de I'anglais. Paris, 1813, 3 \o\. iu-8" el In-/i". \.o ?," volume, rpii roiilient le ( 146 ) voyage de Scot- Waring a Cliiras, n'a pas ele traiUiil par Eyri6s, niais par M. M... 11. Poyage en Non>cge et en Laponie pendant les an- nees 1806, 1807 et 1808, par Lt'opold de Buch , trad, de rallemand. Paris, 1816, 2 vol. in-8°. 12. Voyage dans V intevieur da Bresil en 1809 et 1810, vontenant aassi un V^oyage an Rio de la Plata et nn Essai historujue sur la re^'olation de Bnenos - Ayies , par J. Mawe; trad, de I'anglais. Paris, 1816, 2 vol. in-8". Oil trouve en tete un discours preliminaire qui paiait etre du traducteur, et, a la fiii dos voyages, la Des- cription des lies Acores , imprimee a Stockliolni en 1802; traduite du su^dois et abrdgde par Eyries. 13. Annales da regne de George 11/ , par Aikin ; trad, de I'anglais. Paris. 1817, 3 vol. in-8>^. III. f^oyage de Golo^vnin , capitaine rasse, contenant le recit de sa captii>itc chez les Japonnis en 1811 , 1812 et 1813 , cVc. , et ses obsen'alioiis sar r empire da Japan , snii'i de la Relation de Ricord ., capitaine rnsse , aiijc cotes fin Japan en 1812 et 1813 ; trad, sur la version alle- uiande. Paris, 1818, 2 vol. in-8o, avec lig. et cartes. 15. f^oyagcs dans le Belanchistnn et le Sindhy, sidvis de la Description '^eographi(pie et hislori(pie de ces deux pays, par H. Poltingcr; trad, do I'anglais. Paris, 1818, 2 vol. in-8o, avec une carle. 16. Hisloire dcs nan/rages , etc., par J.-L.-H.-S. De- perlhes. Get ouvrage avail paru pour la premiere lois en 3 parties in-8o, Reims, 1781; Eyries en a public deux nouvelles editions. Paris, 1815, 3 \ol. in-8'', el 1819, 3 vol. in- 12. 17. Caranianie on courte description de la cote nieri- dionale de V Jsie-Miueure , par V\\ Beaufort; trad, dc I'anglais. Paris, 1820, 1 vol. iii-8^'. ( 1A7 ) 18. Mcjuoire siir /cs ilecain'crles ile M. Mo! lien cl a en 1819 el 1820, par N. Mouraview; trad, du russe par M. G, Le- cointe de Laveau , revu par Eyries et Klaproth, Paris, 1823, IV, in-8». 2/|. Abrege des voyages n/odenies , dej^uis 17S0 /'us- (ju'a uos jours , etc. , etc. Paris, 1822-24, \h vol. in-8", avec un alias. Cet ouvrage Jul destine a completer la nouvelle edition de V Abrege de r Histoire generale des i'oyages, par La llarpe, qu'Eyries avaitpublieeen 1820, en 24 vol. in 8". 25. Cin(i auiu'es de sr/'our au Canuda , par Ed. Allen- Talbot , suivies d'un f..itnul du ro) ai^c de ./.-.I/. Duncan ( us ) en Canada en 1818 et 1815); Iratl. do I'anglals. Paris, 1825 , 3 vol. in-8". Eyries n'a traduit que I'extrait du voyage de Duncan, fornianl Ic 3"= volume. 26. Costumes, niceurs et usages de tons les peuples , suite de gravures colori(ies, avec un tcxtc explicatif. Paris, 1821, 11vol., grand. in-8o, et Paris, 18*23, 25 vol. in-18. 27. f^oynge au Chili, an Peron, an Mexique , par Basil Mali; trad, do ('anglais. Paris, 1825. 2 vol in-8°. 28. Foyage dans h: Tinianni , le Kouranko et Ic. Sou- limana , etc., fait en 1822 par le major Gordon-Laing; trad, de I'anglais avec M. do La Renaudiere. h'Essai sur les progres de la geographic de I'interienr de I'^fii- (/«e,etc.,quipr(^cedccette traduction, est deM. de La Re- naudiere. Paris, 182(5,1 vol. in-8", avec carte et planch. 29. Fofages et decouvertes dans le nord et les parties centrales de r AJn'qne ^ etc., par le major Dixon Dcnham et le capitaine Hugh Clappcrton; trad, de I'anglais avec le mdmc. Paris, 182(5, 3 vol. in -8", avec un atlas in-/i". 30. Abrege de geo'j^raphie moderne de Pinkerton; trad, de I'anglais avec M. Walckenaer. Paris, 1827, 2 vol. in 8". 31. Foyage a Peking a trat'ers la Mongol ie en 1820 et\^2\, par }l. Ti/nkoivski; trafl. du russe.par Lecointe de Laveau, rovu par Eyries, puhlic avec dcs correc- tions et des notes par Klaproth. Paris, 1827, 2 vol. in-8o, avec 1 atlas in-/io. 32. Second voyage dans Pinlcrienr tic V Jjriq\ie , depnis le golfe de Benin /usqn'a Sackaton , pendant los annees 1825, 182(5, 1827, par le capitaine CUip- porton , suivi du voyage de Richard Lander do Kano M la folo niariliino : trad, de lan'^hiis avec M. ilo La ( J^i>) Renautliorc. Paris, 18*29, 2 vol. in-8° avec cartes et portrait. 33. P'oyage arcJuoln'j^ique dans l\mcie}ine h.tnirie , ]iar le docleur Dorrow ; trad, do Talleinand. Paris, 1829, 1 vol. In-Zi" avec planches. "ih. Voyages en Arable , conteiiant la description des parties dii Hedjaz, regardees comme sacrcics par les Musuhnans , suivis de Notes sur les Bedouins et d'un Essai sur I'histoire des Waldiabites, par Burck- hardt (J.-L.) ; trad, de I'anglais. Paris, 1835, 3 vol. in -8" avec unc carte et des plans. En tete du 1" vo- lume, Eyries a mis une ISotlce des dijferents voyages en Arable , car la niort ayant empeclie Burckliardt de suivre jusqu'a la fin I'liisloire des Wahliabites, son traducteur a cru devoir faire connailre dans un sup- plement le sort ulterieur de ces sectaires jusqu'au der- nier moment de leur puissance. 35. Voyages de V etnboacJiure de V Indus a Lahor , Caboid , Dalkh et Boiikliara et retori)- par la Perse , pen- dant les annees 1831, 1832 et 1833, par Alex. Burncs ; trad, de I'anglais. Paris 1835, 3 vol. in-S" avec un atlas. De concert avec Burnes, Eyries, ainsi qu'il le dit dans sa preface, a lait divers changemenls dans I'or- dre et la disposition des volumes et de quelques clia- pilres. Burnes les lui avail lui-meme indiques sur un exemplairc de sa relation. 36. Voyage sur Ic Danube de Pest a RoutcJiniik , pur navlre a I'upeur , et ISotices de la Hongrle , dc la Vala- cpuc , de la Sen'le, de la 7'urfju/e et de la Grece , par Mi- chel Ouin ; trad, de I'anglais. Paris, 1836, 2 vol. in-8o ornes de planches et d'une carte. 37. Voyage piltoresque en Asle et en Afrupie , resume general des voyages aneieus et ntodernes , clc, accoin- ( '-^o ) pa|i;no tlo carles ct de noinbreuscs gravurcs. Paris , 1839, 1 vol. grand in-8". On doit aussi a M. Eyrius la Clironologie /ustorujKe (les eivpercurs de Utissie, des rois d'yJni;/eter/e, de Dane- r/iark et de Suede, de \11Q jiisqu^a nos jours , dans la derniere edition dc VArt de verifier les dates, etla Des- criptioH historiqne du Dnneuiark dans V Lniuers pit- toresque , qu'il n'a pas eu Ic temps de terminer, et qui a et«i conlinude apres sa mort par M. Cliopin. II a revu la partie geographique des temps luodernea dans le Livre-Carti's do M. Bailleul , ainsi que la relation du iiaufra^iv du brick francais la Josephine , publiee en 1821 par M. Cli. Cochelet. Eyries a ete enlin Tun des principaux rcdacleurs du Uictionmiire geogrnpkique universel , connu sous les noms des editeurs Picquet et Rilian , commence en 1823 et termine en 1833, ainsi que de V Encyclopedic moderne dans laquelle il a insure les Notices consacr»ies a I'Afrique , ei I'Angle- terre, :'i la Chine , et presque toutes publides ensuile a part ; ainsi qucdu Voyage pitloresqne dans les ports et siir les cafes de France, dans lequel il a insere, entre aulres articles, cclui qui est consacre a la Scine-Inie- rieure. II a fait lirer a part des lieclwrches sur la popula- tion du globe terrcstre. Paris, 1823, 1 vol. in-S" , deja publiees dans im recueil periodiquc. Parmi les traductions revues par M. Eyries, nous citerons encore : 1. Recherches sur le systeme nerveux en general , et sur eel ui dit cen'cau eu particulier, par Gall et Spurz- hcini. Paris, 1809, 1 \()1. in-folio. 2. Des dispositions iunees de I'cinie et de V esprit , par Gall ct Spurzheim. Paris, 1 vol. in-8% 1811. 3. Obscrvdlions sur la phrenologie , \^nv Spnr/licini. Paris, 1810, 1 vol. in S. ( -isi ) h. Vties ef pajsngi's des regions cquinojinlcs . olc. , }>ar L. Clioris. Paris, 1826, 1 vol. in-folio. II laisse , cii outre, en manuscrit une traduction rle I'alleinand du Koyage a Jlger,Timis et Tripo , d'He- benstreit , en 1 vol. in-8". LES PIIILIIMMXES, M. M.\F,[,\T, ni(>iiil)re dc la Socirte tie grograiihie. ( 2 voliuiu'S in-8 j>ec iiu utlas. ) Rapport /r/// s jambes, est une inaladie fort commune dans la Polynesie, ou clle ne passe pas pour contagieuse. J'ai vu des families dont le chef en elait attaque , el dont Ics enfanls n'en avaient aucune trace; c'est pourquoi I't^lepbantiasis est peut-elre une lepre, mais une 16pre non conta- gieuse ; c'est ce dont j'ai pu me convaincre aux iles Mariannes ou j'ai observe avec soin I'hopital des le- preux. On y reunit tous les lepreux contagieux ; mais les habitants, appeles Cascaos , et les elciphanli- ques, vivent au milieu des populations. II n'est done pas ^tonnant que M. Mallat ail constate le fait dont il parle, qui n'etait point une exception, mais la rc'gle. Apres avoir decril la geogra|)hie genc^rale des Philip- pines et de la capitale , M. Mallat entre dans des de- tails plus circonstancies sur chacune des provinces en jiarticulier. Dans le premier ouvrage que j'ai publie sur les iles Philippines , j'ai donrni en appendicc une description (( |)eu pres semblabic sur t'Mitcs Its provinces de cette ( l«>5 ) iniporlanlc colonic ; ccpeiidanl Ics observations noin- breuses de M. Mallat soront certainemenl fort utiles aux sciences geograpbiquos et aiix voyagpurs. Nous differons quant an nombre des habitants qui habitent ces lies. M. Mallat multiplie les tributs par 5 pour avoir la population, et moi j'ai pris les recense- nnents ofTiciels de 1833 dans mon premier ouvrage , et de 18/12 dans le deuxieme. Cependant, pour ne pas troinper son lecteur, I'autcur de I'ouvrage fait I'obser- vation suivante : « On a vu precedeuiment que relevation de la po- h pulation par le nioven du Iribut ne saurait etre re- » gardee comme exacte , a cause des diverses classes » de personnes qui en sont exemptes ; nous r^p^tons )) cette observation, parce que le cbiffre ci-dessus ne » manquerapas de parailre trop faible, app]iqu6 a une )) province (Tondo), que nous avons dit etre une des » plus florissanies et I'es plus populeuses de tout I'ar- )) chipel. )) La methode employee par M. Mallat laisse certaine- mcnt a desirer; niais les documents ofTiciels reposcnl sur des donnees si incertaines aux Philippines , qu'il est fort difficile d'obtenir un recensement exact. Pour ledification deslec.eurs, je rappollerai les chiffres at- tribud's aux principales provinces. 'Jaliriel Lafoiid , r'ociinipnl* oHii .■-uiv^inl M. Sliili.il. de 1833. rtrcttm-meiit I*rt)viiice » l!uiilar;)n 1 7(),oo8 .87,735 165,078 )) r>.i t .1 a n Ki7,»i 1 <> o8,q20 3(),oo! » i\iiii|)aii{;.i '7:.<'i'' 182,360 l52,>32 )} Ziimlialf s .<;, .in 3f),TO() 44,225 n l';tnj;a/,iiriii 2i> i,S()r) 2 ir),fi35 200,348 » l'loi!llS, Suil a(i9,4"3 208, 85(1 .79,3.5 " ll(0.s, iNoril t '((),33ti i()i),46o ■ 32,. 67 ~ ,l'2(),27fi I 346,540 .,i45/,-?<) ( l(it> ) Aiiiji M. Gab. Lafuiiil eii i83.i i,348,54<> Documents ofHciels en 1842 1,145,429 en inoius 2()3,iii Mallacen i845 ijaae.'i-d en plus 80,847 Population g<^neralc payant le tribut et recensablo. Documents ot'ficiels en i833 3,353, 290 •' en 1842 3,103,445 en moins 249,845 D'apres M. Mallil en i845 3,700,000 en plus ,196,55 Je ci'ois qu'il y a une grande exageration en portanl les Igor rotes a un million d'ames ; 200,000 me parals- sent representei' toute la population dcs Indicns sau- vages 200,000 Pour la population musulinane de Mindanao 100,000 300,000. La population totale des Philippines doit done d6- passer tout au plus 4,300,000 ames. M. Mallat a un style correct, 6l6gant memc , et son ouvragc est fort agreable a lire ; il ne parle pas des liomnies, mais des choses ; on dirait qu'il a pcur de loucr ou de critiquer ses conteniporains. Pour que le lecteur se fasseune idee de ses descrip- tions , je vais transcrire le passage suivant : « La surface du lac de Bay est parsemee de plu- » sieurs pelites iles parmi lesquelles nous citerons » celle de Talem et non Tatin » (ce qui (1) veut dire cou- pant, parce qu'elle divise presque le lac de Bay en deux parties ) ; « cette ile a 8 milles de long du nord » au sud et 4 de large de Test a I'ouest ; elle est silud'e » presque au milieu du lac et au S.-E do remboutburc » du Pasig. EIlc forme au nord ledetroitde Quinabu- )) tasan, qui veut dire trou par loquel on passe pour » se rendre a I'habitation de Jalajala , qui ap|)arti(iil (i) JVote (III li^dnrU'ur. ( 1(^7 ) » aujourd'hui a MM. Vidio qui I'ont achetec a M. de » ia Gironniere , Fran^ais comme eux. La colonie doit » une gi'ande reconnaissance a ces messieurs pour )) I'iuipulsion qu'ils ont donnee a la culture des habila- » tions, etc. » Les environs du lac sont tres riches en gibiers de » toute esp^ce , et le lac lui-meme est couvert de ca- » nards sauvages. La propriete de M. Vidie , que Ton )) peut regarder en quclque facon comme une ferme » modele, renferme des bois ou Ton chassc le cerf et » le sanglier ; on y rencontre de tous cotes des che- » vaux et des bceufs que les proprietaires vendent aux » marchands de Manille. » Le lac est tres poissonneux et approvisionne » journellement de poissons le marclie de Manille ; » les bords sont habites par des crocodiles, au nombre » desquels il s'en trouve de monstrueux , temoin celui » que prit et tua un jour M. de la Gironniere , I'intre- » pide habitant de Jalajala , etc. (1). » On sail que la colonie est divisee en deux grandes parties, Lucon et les Cisayas, qui sont toutes les ilcs au sud de cette grande terre jusqu'a I'archipel de Sou- long, Soulou ou Holo des Espagnols. Je suis lout a fail de I'opinion de M. de Cortambert qui demande , dans le dernier article qu'il a public dans votre Bulletin de juillet dernier, de conserver I'orthographe etyraologi- que de tous les noms geographiques. Ainsi pourquoi trois noms si dilTerents pour un meme archipel , et que M. Mallat appelle ni^me Solou , ce qui fait quatre ? M. Mallat consacre cinquante-cinq pages aux Bi- (l) Voir la Uescriplion de cellc ilinssp (s autour ilu iiiniulc. sayas ot trois seiilemont aiix lies Mariannes. Je coniicoii qiir ll■^ n.ihnrl-; ile In I.ncoiiif. ( 169 ) espagnol a perinis aux etrangers de s'etablir a Manillo. dans la capitale dela colonie, il leui' intertUt non scu- lement le sejnur, mais encore de voyager dans Jes pro- vinces ; et, quoi qu'on en dise, jecrols terrnement qu'il a raison ; car les elrangers , a quelque nation qu'ils appartiennent , ne se contentent pas do voir, ils criti- quent, veulent donner des conseils , et ces peuples etant fort heureux sous la domination espagnole , gouvern^s par leurs moines , pourquoi vouloir leur procurer un autre bonheur qu'ils ne sauraient appre- cier ? Je dis done que la politique restrictive de I'Es- pagne est sage et qu'elle doit tout I'aire pour la conti- nuer, si elie veut conserver cette belle colonie dans son int^ret et pour le repos et la tranquillite de ses sujets d'Asie. Je ne puis pourtant pas laisser passer sous silence deux erreurs que j'ai remarqu^es dans la description maritime de deux provinces : 1° Province de Mindoro , p. 286, 2' g. L'auteur, en parlant de Calapan , chef-lieu de la province dit : « N'ayant point de port, c'est a Piinla-Galera , a six )) lieues plus au nord, que Ton debarque; mais les )) cliemins qui y conduisent sont Ires dil'iiciles; aussi )) la ville ne communiquc-t-elle avec son port que par )) le moyen de clialoupes. » Cecl est unc erreur qui pourrait tromper les navi- gateurs. II y a un port tres sur a Calapan et un tres bon niouillage cntre des recifs et la cote , et Ton peut y d^barquer presque en tout temps, car la mer dans ces delrcits, a moins de bourrasque ou de tres grands vents, y est aussi calme que dans une riviere. Deplus, a Test de la pointe de la Galera , sur laquelle pointe VI. SEPTEiMRRli. 3. 12 ( 170 ) se troiive le j)<)i t inilitairo clu inome nom , ii y a iin ex- ccllejit aiicrago. Jc I'ai signalu le premier, et notre savant collegue M. Daiissy devrait le I'airo iiuliquer sur Ics carles clu dOlrolt ilo San Bernardino , j)arce que cet ancrage peut souvent 6tre d'une utilite inapprii- ciablepour Icsnaviresqui, en sortant des dclroils, ren- conlrent de forts vents d'ouest, ce qui arrive presque toujours, desirant attendre une accalmic (1) pourcon- tinuer leur voyage. \ oici , au reste , ce que j'cn ai dil dans la descrip- tion geographlque que j'ai donnee desilcs Philippines. Au besoin, on peut mouiller par 12 ou ill brasses dans nn coude que fait la cote a Test de la Pimtn- Galera, pres d'un ruisseau donl I'eau est toujours abondanlc el linipido. Le bois s'y fait avec faci- lil. a' V, p. 337. (i) Qiiiu/.c aiis , sur les caractfires distinctils dcs IihIhmis purs , iii (|iril a a])|)()rle a recriro ; cai- si dt-s laules geograj)lii(jiii's sont regrettables, cellos d'orthograplia pour des dia- lectes , en cliangeaiU Ics mots ct leur signification, induisentceux qui sen servenl, onsuite, dans dc graves erreurs. L'auteur remercie les deux dessinaleurs MM. Juan Serapio Transfiguracion Nepomuceno et son fds pour les services que, coninie artistes, lis ont bicn voulu lui rendre. Je suis, pour ma part, vraiment peine do voir que M. Mallat, ou son editeur, M. Arthus Ber- trand, n'aient pas donni!; les dessins d'un plus grand nombi'e de sites, d'usines, de mecaniques, de monu- ments, au lieu de copier dc vieilles cartes espagnoles toutes connues. Je dlrai meme quo la copie de celle de la bale de Manille , ties reduile , ne vaut pas celle de D'Apr^s de Manevllette qui se trouve dans le Nep- tune oriental ; car celle de D'Apres n'oublle pas le banc qui prolonge la cote de Mariveles sur lequel je suis reste pros de quinze jours en 1820 ( voir Quinze ans de voyages autour du monde , vol. II, p. 75) ; niais j'aime son Comlngtangqui nous fait appr^cier la mu- sique et la poesie de ces peuples. Le chapitre de I'agricullure est fort interessant ; 11 fait connaitre la constitution de la propriete , le mode de fermage , des diverses cultures et leurs prodults. Les champs se cultlvent presque toujours par des colons, c'est-a-dlre que le proprietaire ou celui qui les tient en ferme d'un convent , etc. , fait un contrat avec un ou plusicurs laboureurs qui se cliargent do cultlver le champ avec leurs propres bullies ct leurs charrues, moyennant la moitlc de la recolte qu'ils pn^- levent; laulre moilie reste au proprietaire ou au fei- ( l"'l ) ni'iLT principal , qui acquitte unsiiilc Ic piix do la lerino. Par los molirs que nous avons tail connailre, (lit M. Mallal, la nielhode dc cul liver les terres par le nioyen dc colons metayers est la seule qui puisse elre employee aux Philippines; car celui qui voudrait faire valoir pour son compte en payant des journaliers ne serait jamais sur d'un jour a I'autre du nombre d'bom- mes qu'il aurail a son service, et, au moment d^cisif, il n'y auraitplus personne; tout Ic monde serait parti, soil pour aller a un combat de coqs , soil pour se ca- cher, afm de forcer le maitre a payer davantagc. Ce que dit M. Mallat est tr6s vrai , et c'est le motif principal du peu de succ6s des grandes cultures ; ce- {)cndant il y a des exceptions, et M. Paul Proust de la Ciironniere, noti-e ami, qui a cree la belle propri^te de Ilala-hala, elait parvenu a peupler son habitation en attirant des cultivateurs et des journaliers qu'il elait toujours siir de trouver sous la main. II serait encore facile, avcc I'appui seulcment moral du gouvernement et de ses aulorit^s ecclesiastiqucs, de faire ce qu'avait fait M. dc la Gironniere , qui n'a jamais manqu^ de bras dans Ic moment des scmailles ou des recoltes. L'industrie et Ic commerce ne sont point oublies dans cet ouvrage, L'auteur donne d'inleressants details sur latannerie, la carrosserie , la bijouterie, la con- fection des nattes , la sculpture , la ceramique , I'ar- chitecture navale, qui, quoique confiee a de simples Indiens, a non seulcment produit de superbes et bons navires pour le commerce, mais aussi d(>s fregates pour I'armec navale. Ce qui manque aux Piiilippines. cc soiit dc bons ingenicurs civils , des architeclcs el des niecajiiciens, (,'l i|ui'iqM(\s bons ouM'ii'rs ciiiuprcns ( 175 ) ])Oiir giiidcr et enseigner les Iiicliens, peuple iudus- Irieux el iinitateur, qui feraient de tr^s grands et dc ties rapldes progres en toutes choses , sous de boiis maltres. M. Mallat, quoique medccin, s'est occupe avec soin du commerce, et il s'est procure de bons docu- ments sur celui des Philippines. Les renseignements qu'il donne sont noiribreux et foi-t instructil's (1) ; il fait voir notre inferiority commerciale dans ces mers , et comment en serait-il autrement? Nos tarifs et le pen d'essor imprim^ a notre com- merce maritime empeche les capitalistes francais de se lancer dans des entreprises, qui ne seront ni pro- tegees ni soutenues par la mere patrie. Esperons ce- pendant un meilleur avenir. Les idees du libre echange qui germent dans toutes les tetes qui s'occupent du progres materiel de notre mere -patrie, produiront dans un temps donne quelque amelioration dans notre sysleme douanier; alors,nos navires trouveront des frets avantageux aux Philippines , et nos negociants pourront, a I'exemple des Am^ricains, des Anglais et des HoUandais , compter dans ces archipels sur des cargaisons de retour. M. Mallat, comme tous les Francais qui ont par- couru ces contrees, les plus belles du monde, dans lesquelles nos commercants pourraient s'etablir cnn- curremment avec les Anglais, les Espagnols et les Ilollandais, s'ecrie : « II n'cst pas dans ces archipels un scul j)Ouit qui , (i) Jamais pii mVtenilrc ilavaiitago sui' le coiiimeicc de SouIumj; lnin<'^ ilc M M.illat siii lr> l'lnliji|iiiies. ( 1"« ) II appartenant a la France, ne lui lournit, ontre autres » avantages, celul de pouvoir se procurer, sur les lieux )) merues , des batimonts sur Icsquels on chargerait, » non seulement dcs dcnrecs du pays, mais encore » des bois de construction ou madriers. » Le teck, avec lequel on construit des navires qui » durent un si^cle, y serait pour elle d'une valeur )) au moins ^gale a celle des Ijois de campeche , par » exemple, que I'Europe tire journcllement do ces )) latitudes. )) Cependant il importerait dc so hater, si elle vou- » lait s'y creer un abri, un point politique militaire , » un port niarilimo pour le ravitaillcmont de ses vais- » seaux dans ccs niers, qui maintcnant sont pour tous )) leurs besoins a la merci de I'otranger; c'est de ce )) point qu'elle pourrait encore, en cas de guerre , in- )) quieter vivement I'ennemi en meme temps qu'elle » protegerait nos navires de commei'ce. » Outre les ressources qu'offre une vegetation aussi » puissante que coile des regions interlropicales , lu » France y trouverait le travail des mains libres , le » placement de ses toiles peintes et de ses rouenneries » pour des echanges avanlagoux en riz, en tabac , en » epices et en autres produits coloniaux que nous ti- » rons a grands IVais dc I'etranger; elle traliquerail )) avec la Cliine de ces produits maritimes si aboii- » dants qui iorment les principaux articles du com- » raerce de cet empire avec ses voisins. » Mais tandis que nousparlons, les Anglais agissont; ainsi le Journal des Dehats du 10 aoiit avance, d'apres le Morning-Chronicle, que le gouvernemcnt anglais a donne I'ordre dc prendre possession de I'ile de Pulo- l.;il)iKiii. ;i riMnbcKicliuro (le l;i livirrodo RonuWi. ••! d'v ( ^7/ ) ^tablirune station navale, siirla route ties navircs qui vont en Chine a Contre-Mousson , on qui viennent de la Nouvelle-Hollande par les detroits. Aujourd'hui meuie, nous connaissons le desir offi- ciel de I'Angleterre de prendre possession delabaie de Diego-Suarez, la plus belle et la plus importante de toutes celles de Madagascar, cette lerre toute francaise qui a ete si souvent arrosee du sang de nosfr^res. Cela est-il bien exact? Ce serait un malheur pour la France qui a des droits a revendiquer. a Mais ou nous enlraine )) cette digression? dirai-je avec I'auteur, le temps nous » presse, et nous voila d'ailleurs rendu aux limites de » notre tache. » En me resumant, je dirai que I'ouvrage de M. le U" Mallat est un bon livre , utile a lous les voyageurs, qui y puiseront des donnees preciouses sur les niceurs des aborigenes de cet archipel, sur les deux idiomes, bases fondamentales de tous les dialectes qui se parient dans leurs provinces, necessaire aux negociants et aux in- dustriels qui desirent s'etablir eux-memes dans ces lies, ou bien seulemont y creer des relations commer- ciales; enfin les gens du monde liront avec plaisir des pages bien ecrites sur les dillerentes conditions de la Societe philippinoise et sur les coutunies si diverscs de celles dos habitants de notre Eui'ope. Note lite a la Societe de geographie par M. le vicomte DE Santarem sur la veritable date des instruct ions donnees a un des premiers capitaines rpii sont cdles dans VInde , aprei Cabral , pnblices dans les Jnnalcs niaritimes de Lisbonne. Caliier n" 7 de 1855. Les documents des expeditions maritimcs du granil sieclc dos (lec'()u\ cries sont si preeieux pour riiistoir(' ( 178 ) de la geographic el du commerce , et meme pour cello du globe , que c'est rendre un grand service a la science que de les publier. En effet , ce sont les documents qu'on d^couvre tous les jours dans les archives qui viennent les uns nous reveler des fails nouveaux , et les aulrcs consla- ter et eclaircr ceux qui ont 6te alteres par les his- toricns qui, cerles, n'ont pas le privilege d'etre in- faillibles. On doit done savoir grc a I'Association maritime et coloniale de Lisbonne d'avoir deju mis au jour un gi'and nombre de pieces relatives aux navigations des Portugais pendant les xv' et xvi' siecles. Les documents deja publics sont, en general, tous dates; mais il n'en est pas ainsi de celui qui Tail I'ob- jet de cette Note , lequel ne porte aucune dale. Comme on y fait mention d'une lie da Cruz, V6d[- teur croit pouvoir assurer qu'il a du etre redige pour quelque capitaine se rendant dans I'lnde im- mediatement aprds le premier voyage de Pedro Alva- res Cabral, cITectud en 1500, el prenant I'ile <:/a Crnz, dont il est question dans le document, pour le Bi'csil , decouvert par Cabral , et qui fut appele premi6- rement f^era - Cruz. De cette supposition , il a etc amene a conclure que ce document elait anterieur aux explorations de N'cspuce , et que le commandant a qui ces instructions etaient adrcssees ne pouvait etre que Jean de Nova, Vasco da Gama ou Alphonse d'Al- bu(|uerquc (1). En examinant Ic document en question , il me scm- (l) Voytv. Ami.ics iii.ii ili.tiuA , (j.iliici ii" 7, juiii i8(5, [i. 27;). aYoIc (If I'vililcttr ( 17«) ) ble qu'aucune cles suppositions dc leditcur iic; sau- ralt etie admise. Jc discuterai d'abord la question de savoir quelle est la veritable date du document ; je monlrcrai en- suitc que i'ile da Cruz n'est pasle Bresil , uiais bien I'ile da Cruz , autrement nomniee O Penndo das Fontes , situee au-dela du Cap de Bonne-Esperance ; qu'enfin, en admettant meme les explorations de Ves- pucc au-dela du 34" degre austral, ce que je suis loin d'adniettrc (1) , I'Am^rique meridionale, aussi bien que le Bresil , a ete consideree comnie uiie ilc long- temps apres les voyages dc Vespuce. Quant a la date, ce sera I'analyse du tcxtc meme qui la iixera. La simple lecture de ce texte nous montre que les instructions dontil s'agit n'ont pu etre destinees a un des capitaines qui allerent dans I'lnde immediatement apres le voyage de Gabral, effectue en 1500, puisqu'il y est dit au sujet de Melinde , que I'Amiral ( c'est Vasco da Gama ) n'y avait relacbe ni en allant ni en revenant de I'lnde, pavticularite qui nous autoriserait a soutenir que le document en question est posterieur a I'annee 152/1 , epoque du dernier voyage de I'Amiral. D'autres donnees histoi-iques viennent aussi confirmer ({ue ces circonstances sont posterieures a I'epoque supposee par I'editeur, puisquc Vasco da Gama, dans son premier voyage dans I'lnde, toucha a Melinde en allant et en venant , et negocia meme avec Ic chef arabe qui y gouvernait , et qu'il n'a reru le titre d'A- niiral des hides qu'en 1502 , deux ans apres le voyage (i ) Voyezmes Ilecherches historicjues , r-iitKines ci bii)Iio{;rai)liii[ucs -in Aiiuiic V<'S|)Ui;e et scs voynges. I'aris , 18(2. liullclin dv la So ■ ri,"li' ilr ;;i'i>['i aiiliic lie m-]iI ciiiln i- i[c 1 8o('< et IVvrirr lS3i-. ( 180 ) de Cabral , et qu'il est positivenaent dit dans les in- structions que i'Aniiral n'y rclacha iii en allaiit ni en revenant de I'Inde. Au surplus, il est question dans le meme document de Pierre Alphonse d'Aguiar (I) , qui conimandait un des vaisseaux de la llotte a larjuelle ces instructions etaient destinees. Cette particularite nous montre aussi que le docu- inent est post6rieur a la date quel'editcur lui suppose, en se fondant sur ce que eel olTicier coininandait un vaisseau de la flotte qui partit de Lisbonne en 1502 , sous les ordros de Vasco da Gama , ce qui indiquerait la date precise du document ; mais Aguiar est aile dans rinde une soconde fois en 150^, commandant un vaisseau sous les ordres de Lopo Soares (Capilao Mor) (2). Que la date dcs instructions en question soit post(i- rieure a I'annee 1502, c'est ce qui est demontre par ce qu'il y est dit au sujet do la I'actorerie de Coulam , lactorerie qui no lul fondle qu'en 1503. Nous voyons aussi page 28o que le roi ordonnait au commandant de cette flotte de faire la guerre au roi de Calecut {que the faca todo o dainno), particularite qui prouverait que ce document pourrait 6trc posterieur a I'anncie 1508, puisque dans I'annee suivante de 1509, la llotte commandee p:ir le marechal D. Ferdinand Coutinho est allee saccager Calecut. Ainsi done, d'apres ce passage, on pourrait fixer la (i) Voye/. les Aiinal. cit. , p. 28-j. (2) Gelte flotte se c'liiposiit de xW iiavii-oj, et partit de Lis- liDiine It; 22 nviil. Voir le Mss. 10,02 5 de la liil)li()tl)eqiie du Hoi, iiiditpie dans tio'r« i^Jolice s , p. 82 ct suiv. ( I«-2 J la hihliollioqiic du grand-due do ^^ eimar (153/i) risllinic dc Panama est represented perce par un d6- Iroit. II est vrai que Pedro V az Caminha, dans sa famcuse leltre, dcrite au roi Ennmanuel le 1" mai 1500 , lors de I'attdrage a Porto-Seguro et de la decouvcrtc de ce point de la cole du Bresil, croyait , d'apres les idoes syslematiques doiil nous avons d6ja parle, que Cabral avait decouvert, dans la terre de Porto-Seguro, une ile a laquelle on avait donne le nom de Vera-Crnz , ct non pas dn Cruz (1) . A la rigueur , on pourrait meme soutenir, d'apres le texte de Vaz Caminha , que les ddcouvreurs n'ont con- sidf^re comme une ile qu'une partie du port, et non pas le continent, c'est-a-dire I'ilotou ils ont fait cele- lirer un messe avec grande solennito , ayanl dcployti I'etendard de I'ordre du Christ; car il y est dit en tcrmos precis que Cabral donna a la terre le nom de terre de f^era-Cruz. Au surplus, le roi Emmanuel, dans sa lettrc ecrile au roi do Castillo, dalee du 29 juillot dc Tannec sui- vante 1501 , rappoUc Terra de Sniitn-Cniz , et non pas \\q da Cruz, disant quo cc fut lo nom que Cabral lui avait impose 2) , nom sous lequel on voit le Hrosil (1) « Deste Porto Sejjuio da Vossa Illia d.i rera-Cniz, n Lome ilo Cniiiinha dans les Me'inoires (loiii' I'liisloire di-s nnlions d'oiUrr-iiKM-, dans les collectimis tic I'Aidai-mii; royali; des sciences de I.is- Lonne. (2) Voyc/. notrc Quadra Klemcntar , t. II , p. 3c)8. Dans une antic leltic dn roi Kmniatmel dc i.')o4, publice par M. \Varnlia(;cii a la siiiic du JdmiiimI dc i'edro I.(]j)i/. ilc Sou/i , |). 71 , le lloi, en (larlaiil du ilresil, (lit : « Da noisa teira de Santa Cm: , " (I ii'Ui Ills .. /'(/ iio'i'ia illia dii Cnc » Eui|iiili , dans la rcia- •( 18:5 ) designe clans diff^rcntes cartes des Ptolemies, publiees dans les pi'emleres anneesdu xvi' siecle (1). Ainsi done , I'ile da Cruz dontil est question dans le document que nous analysonsn'est pas le Bresil, niais bien I'lle da Cruz ou Pcnedo das Fontes , situee au- dela du cap de Boiine-Esperance, limite de la pre- miere navigation du fameux Barthelemy Dias en 1486 (2). En clTet, les instructions ordonnent au capitaine de la flolte de fairs de I'eau ( aiguade ) au port de Bcse- guiche, qui est situe sur la cote occidentale d'Al'rique, vers le 14* degr^ el deini nord de I'equateur, ct dans le cas oil il ne pourrait sen pourvoir dans ce port, ou n'en prendre qu'une faible portion , elles I'autorisent a aller faire aiguade a I'lle da Cruz , si toutefois en fai- sant route il vient a passer pres d'elle. On lui recom- mande prealablenaent ( p. 280 ) d'abreger autant qu'il le pouiTa son chcmin , « par onde iiiais poderdes ganhar par dnbrar o cahu da Boa Espcranca , » recom- mandation qu'on lui renouvelle, on lui prescrivant tion (le son voynjjo en iSnl ( d.nis nnmiisio ) , di' miis-^i : « La teire a|)[)elee da Vera-Cru-z en jinilant dn Hn'-sd , el mm pis ilha da Cruz. (i) Voyez a ce sujet nos Reclierdies hisloriques et cririfiucs sur Americ Vespuce et ses voyages, a la p. i63 el siiiv. (a) Gamoens dans le Cliaiit V. Est. LXV s'exprime en vq!^ ternies: « Ja aqui tinliamos dado urn grao rodeio » A rosia negra d'Africa, e tornava " Aproa a deniandar o ardenle nieio » Do Geo, e o polo Antartico hcava. >i Aqvielle illieo deixanios , onde veio )> Oiilra armada priineira , (jue l)iisoava )i O lortnenlorio Galxi, e descoherto , » Naqnellc illiro fez sen lin.ile crrli). u ( 184 ) dc s'arreler le moins possible au port de Beseguiche : ( //)• Tos (lelereis o nienos que poderdes ) , ct qu'on lui reitc^re ( p. 282) cii lui ordonnant de fairc route de CO port directemcnt vers I'lnde. D'apres ces diflcronts passagos, il est evident que I'ilc da Cruz dont il est ici question, est bicn celle qui se trouvc situee sur la cote orientalc d'Afriquc , dans le chemin que la tlotte devait suivre vers I'lnde, et non pas la Terra de la Vera-Cruz ou de Santa-Cruz (le Br6- sil), qui se Irouvail tout-a-fail eloign^e a une immense distance , et qu'il fallait aller chercher a dessein , tan- dis que I'ile da Cruz , pourvue d'eaux excellentes et abondantes se trouvait sur le chemin de la flolte. La distance ou se trouve le Penedo das Fonles ou ilot da Cruz du port de Beseguiche n'est pas une objection; car, dans d'autres instructions, conune dans celles donn^es par le meme roi Emmanuel a Diego Lopes de Sequiora, le 13 fevrier 1508 , nous voyons que ce mo- narque lui prcscrivait d'atterir seulement a Jngra da Roca , premit're tcrre qu'il devait toucher au-dela du cap de Bonne-Esp^rance , et ou il devait se pourvoir d'eau et de bois a l;ruler : (( Oude se deinaprouerd'agua e- lenhn (1). » Dans cette mfime ann^e de 1508, Duarte de Lemos Tut aussi faire aiguade au Rio do Infante (2). Le celebre Diiarle Pacheco, dans son curieux ou- vrage inedlt intitule : De Situ Orbis , traite longuc- ment de I'ilc da Cruz dans la dedicace au roi Emma- nuel (3). II y dit que I'lle da Cruz portait aussi le nom de Rocher dcs Fontaines ( Penedo das Fontes). Plu- (i) \o\ei Aiinai's iii;iiitiiii , I. Ill, p. .'(83. (a) Ibid. , p. 528. (3) Le Routier ilo Vasco da Gairia fait aussi meniiuii de I'ile da Cruz, siluee pri*s de la rfttc orieiitale d'Africjue. (185 ) sieurs cartes IVanCcvises modernesmarquentaussi Tilt! en question avcc le nom portugais cle Pencdo das Fontcs. II nous semble done : 1° qi;e ccs instructions sont indubitablemenl postcrieures a i'annee 1503 , et par- tant aux voyages oil Ton a pretendu que Vespuce s'e- tait trouv^; 2° qu'elles etaient destinies a laflottecom- mandee , en 1504 , par Lopo Soares d'Alvarcnga , Capitao Mor (1) , ' et non pas par Jean da Nova (2) , ni par Vasco da Gania (3), ni par Albuquerque (4) ; 3° enfin , que I'ile dn Cruz dont il est question dans ladile instruction est , selon nous, celle qui se trouve situ6e sur la cote occidentale d'Afrique, et non pas le Br^sil. ;i) Je conserverai en jiorlujjais le noin ile re jjiade militaire , paree que I'aynnt traduit dans un autre travail, par le mot iraneais Amirnl^ le seul qui me paraissait pouvoir eire re(|uivaleiit, puisque le Capitao Mor coinmandait toujours une flotle, cointiie pourrait le faire un Amiral, un etramjer est venu dire dans les Noituellcs Annales ilea Fojfl(/es, cahier d'octoljii- i845, p. 5u , que j'avais proinu aihitrai- reiiient au poste d'Aniiial un Capitao Mor qui etnil an-dessous de I'Amiral! et le meme etraiiijer, tout on citant dcs passa;;es de I'ou- vrage de D. Francisco Manuel de Mello qui lui convenaient , s'est hien garde de citer ce que ce meme autiur dit dans ri';j)ana- phora Amurosa en parlant du yrade de Capitao Mor. " Capitao Mor do mar era o maior litulo que )fo«ov Heis ilavao a as cofeos de seus exercitos no mar ou no campo, ( l'".pauapli. cit. p. 3i6. ) Si done le {jrade de Capitao Mor do mar c'tnit le plus clove que les souve- rains du Portufjal accordasscnt aux ol'liciers dc leurs armees de mer, comment puis-je etre accuse d'avoir arbitraireuiont promu au poste d'Amiral un Capitao Mor? (i) La Hottc de Jcau dc Nova n'est pas aliee a Pese^uiclic, s<|ou ce qui etait ordonnc dans ccs instrurlions, ni non plus au Brrsil ni a rile da Cruz Au contraire, ce capilaine tit aijjuaiie dans I'de de Sainte-IIelene, qu'il decouvrit. Ce voyage eut lieu en iMvf. (3) .497- '5".. (/() Voyajp: de i So.'i VI. si;pTr;vii!i\i:. /|, 13 . 180 ) Apr^s avoir lermine cettc nolc , jo vit'iis ilr voir confirmie ma siipposilion, rclativemenl a la vraicdale till documoiil on question ; c'ost a savoir, que cos in- structions furent pass^es a Lopo Soarcs d'Alvarenga , capilaine dc la flotte , qui mit a la voile pour I'lnde en 150/i , coinmc on Ic voit dans un document lire des archives rovalcs da Terra do Tombo , et publiti par M. Albano da Silvcira sous Ic N° 7 dans Ic cahier des Annales do ['association maritime dc Lisbonne du mois de juillet 18/|3. Ainsi , le document qui a el6 public dernierement dans le mfime recueil de TAssccialion maritime, et qui fait le sujet de cette note , n'osl que la minute des instructions qui furent passeos a Lopo Soares d'Alva- renga, puisque dans cette minute le nom du com- mandant de la flotte a qui elles 6taient destinies so trouvc en blanc , landis que dans le memc document , public en 18Z|3 par M. Albano da Silveira, Ic nom de Lopo Soracs d'Alvarenga so trouve au commencement de la maniere suivante : I\os El Rei fazeinos saber a vos Lopo Soares (C Al- vareitga, { Nous le Roi , faisons savoir a vous Lopo Soares , etc. ) (1) Pnris, cf 3 juillet 184^. (r) M. le vicornlc ilc S.inlnreiii ayant reprte plusieurs fois dans la note ijiii precede qu'on doit la dccouverte du Bi-rsil a Alvart?. (tibial, il m'a spmlilii ncccssaire de donner ici (]Ufl«jiiPS cxiilira- tions. Suivant les ecrivains espAgnols et entic autres Ileirera ( De- rad. I, lib. IV, cap. vi, p. 107, Vicente Yaiiez Pinzon fit la dccou- verte, et prit possession le 36 Janvier i5oo du pays nomine depuis Hresil , oil I'.-A. Cabial ne toucba , nieuie d'apres les auti'urs por- iiigais, fiue du ai au a/j. avril dc la iiicnie annce i5oo. « Dt'scubiio , Jit llerrcra en parlant de (^inzon , tierra bien Icxos, i tsto fuc el iiilin , (jne aoru llaman tie Sa7i Ayustin , el (jtial llamo f'icentr Yuiiez, Ciitio (le eoiisolucioii , t /ov /'oiYiyiicsfS dniii In 'I'lui. \ in- ( 187 ) TRAVERSfeE DU D^SKRT DK NUIMK. Toutes les cartes de Nubie representent avec plus ou moins d'exactitude le contour que fait le Nil entre Korosko et Abou-Ahmed , arc immense dont I'inte- rieur est ce qu'on appelle vulgairement le Grand Desert, et dont la corde est une ligne suivie par les Bi- charis et par tous les voyageurs qui ne sont pas obli_ ges de suivre le Nil. C'est dans ce vaste espace que Bruce eprouva les violents effets du khamsin, dont son livre presente une description dramatique. 11 faut savoir que I'arc decritparle Nil entre Abou- Ahme det Korosko a un developpement qui est quadru- ple de la corde, et que, de plus, il y a dans cet intervalle jusqu'a troiscataractes. De touttempsMohammed-Aly, vice-roi d'Egypte, a mis a profit la ligne de jonction par terre de ces deux points ; mais il I'a fait surtout a I'epoque de la grande ^pizootie de 1842 , qui cnleva jusqu'a 200,000 teles de bceufs , et niit ainsi en peril I'irrigation n^cessaire a I'Egypte pendant les basses eaux , attendu que cette irrigation se pratique alors partout , except^! sur les bords du fleuve, a I'aide des norias ou roues a pots , mues par des bceufs. Le vicc- Sakta Cbuz , i aora del Biasil. « Southey ( Hist, of Brasil , t. I, p. 3 ^ partage I'opinion de Ileiiera, opinion fpii n'est niillement ei» coiitrailiLtion avec cclle tie Barros. Ce cjuon pent dire de plus Favo- rable a I'opinion elevee en faveur de Cabial, c'est que le point du Bresil qu'il a vu le premier n'est pas absolunient le menie ipie celiii oil Pinzon aborda. Voir, an surplus, ma tiaduclion des navioaiions de Christoplie Colomb, t 1 , p. 3i2 , note. Dk La Ho()rE-nB. ( 188 j roi fit vcnir en rcmplacemcnt tl(>s bd-ul's do ii< liaulc Nubio , partie par eaii , jiarlio par tcrro ; beaucoup perirent, les uns a cause tie la longueur du Irajet, les autrcs laute d'eau en quantite sufiisante. C'est pour- quoi,des Tannic 1843, le vice-roi ordonna qu'on pratiquat de distance en distance dos puits sur toute la liirne de tcrrc entrcKorosko et Aboii-Aliuied , et non pas qu'on creusat un canal , commo on I'a dit dans quolques journaux (1). M. d'Arnaud fut charge de faire une premiere re- connaissance des lieux ; il incntionna un certain nom- bre (le puits existanls. Sur son rapport , un ollicier de I'armee ^gyptienne fut envoye pour I'aire les travaux necessaires sur loute la ligne. Le nouveau rapport du colonel egyplicn fut n^gatif ; il declara le tra\ail impossible ; mais le prince ordonna qu'il re- tourncrait sur les lieux avec M. d'Arnaud , pour faire toutes les operations necessaires , et oreuser ou mcttre en 6tat une douzaine do puits. En meme temps , Ic vice-roi fit connaltre publiquenient les motifs qui le faisaient persister dans sa resolution : le succfes vient de couronncr son entreprise. J'ai trouv6 dans ravant-dcrnier n° du Journal turc- arabc d'Egypte, n° 16, du mois de Djemady-el-Akhar 1262, lei'ecitde laderni6rc expedition. J'aij)cnsi'; qu'on verrait avec inleret I'ilinoraire suivi en dernier lieu par les ofFiciers du vice-roi , el le tableau de I'etat acluel des puits et citernes etablis sur loute la ligne. On verra cjuc plusieurs dc ccs ouvrages remontent a ime cpoaue ancienne ; il cvkt ete bien extraordinaire , en cflet , qu'cn des temps oii il existait tanl de com- fit r,Mii;il lie loo licues ile loiijjueiir ( f|iiatre-viiif;ls Ikmmcs (\r clii'iniii ) (-11 p.irlif a liavei > le {;r^init. ( 189 ) mnnlcalions entrc I'Ej^yple , les deux Nubies et 11^- thiopie , on n'eut pas cherchd a rapproche Jces ciivers tcrritoires en evitant le contour immense que fait le Nil a Touest de Korosko ; onlin qu'entre des princes aussi puissants que les rois Elhiopiens et les Pha- raons , il ne s'en fut pas trouve un seul qui cut ou I'idde de faire creuser des puits dans eel intervalle. La distance en ligne droite, a peu pr^s nord et sud, en Ire Korosko et Abou -Ahmed , ^quivaut a un arc du meridien de 3° 34' (1). En marchant quatorze heurcs par jour, on peut francliir I'espace en six jours : c'cst ce que font )es Bicharis. La capacite de chaque sahrig ou hodd ( puits et ci- terne ou reservoir) est exprimee en outres d'eau : c'est la charge des Saqqah ou porteurs d'eau ; une outre est a peu pres d'un pied cube et quart ( environ 52 kilogrammes d'eau) . Je donnerai sous forme de tableau les renseigne-* ments relatifs aux puits , a leurs distances et a leurs capacites. DK KOROSKO A : Nosoud. . . . BaliiUclftma. El Kliiiihat) . Kh(irsfour Hull (Ouiafl). Mouiiil. . . . Xhsh Oumdredah . Abou-Ahmed. INTERVAL- LES. '2^ Ch.dech.' s 9 1/2 7 1/2 G 1/2 1 3 1/2 1:5 6 16 CAPACITES EN OUTRES. EPOQUE. 2,000 2,00 » 2,600 4,000 3,000 2,01)0 Otivr. nouv. id. id. id. ul. O. anc. O. nouv. O. anc. OBSERVATIONS. 2,000 id. Sahrig. ((/. vl. id. id. Uodd. id., 2 cilernes source sau- malrc. Hiidd, .source coulaiil lou- jour.s. Sahrig. (1) ({(HUL's do iliemin. (a) Le Journal du Caire pxprimc en metrKS ccttc distance, et lui <1onni! 4"7i7-'" "K'lrcs : c'csl l)cau('(ai|i trap. ( iy^> ) 11 y a en outre , sur cette ligne , des rdservoirs iiatu- rels dits anciens (c'est-a-dire, sans doule, parce qu'ils ont servi anciennement) ou se rassemblcnt les caux pluviales , et assez grands pour garder de I'eau pendant trois annees de suile. J'ai cherch(i a comparer ces positions avec celles qui sont marquees sur diverses cartes. Dans la carte de M. Cailliaud , je n'ai lrouv6 que deux noms a peu pr6s concordants , Mourhad et Abseah , pour Mourat et A'bssii ; mais les positions ne s'accordent pas. Si I'on compare ces stations avec cellos qui sont marquees sur la carte la plus recente , celle de M. J''. Russogger, on n'y trouve presquc aucune espece de rapport, ni pour les noms, ni pour les distances. Or, Ton doit n^cessairement admettre , ou que les inge- nieurs de la nouvelle expedition se sont arrfiles a des points tout-a-fait differents, ou bien il faut que le voya- geur allemand ait trac6 son itineraire d'apr^s de va- gues renseignements. On peut admettre aussi que les noa:)s des licux ont varie plus d'une fois d'une ma- niere arbitraire. Quelle que soit celle de ces supposi- tions a laquelle on s'arretcra , il n'est pas permis de douter, d'apres le tableau ci-dcssus, que les puits et citernes ( ou reservoirs ) ou ont observe les derniers voyagcurs , et oil ils ont fait leurs operations , sont ceux qui ont une reelle importance (1). JoMARD. (i) M. Cailliaud sur sa carte a mar(|iK' ilenx slatimis Oin-Ricli et Medine , doiil les noms coiicordent bieii avec les ntinis correspoii- dants dans la carte de M. J. RussefjfjiT. Nota. En attendant que M. d'Arnaud roininunique le resultat et le trace de ses opi'rations dans le desert de Nubie. nous avons cru devoir extraire du Journal e{»yptien quclques unes des circonstanees les pins iiilcressanf^s de ses excursions, M. I.inant lui-uieme a fait autrefois une reeoniiais>ancp el une etude toute parliculii'ic de cetle lij|ne lors de sou voyajje au pay-, iles Hicliaris , et d est a desirer ipie Vf travail suit liut' au |)ul)!ir. ( 101 ) OnSlUWATlONS .S77 ) de mOme si Ics noms de lieu dont on a a pai^ler sont peu repandus , on si Ton varie sur lour orthograplie. Les lies dont il est ici question , vu(!S pour la premiere fois par dcs moines venus dcs lies d'Ecosse, qui y fonderent des ennitagcs , etaient visitoes a peu pros a la inenie epoque par des pirates norv^giens. II parait que le premier qui y fonda un etablisseuientfut Griniur ou Grimr Kamban, I'un des Norvegiens qui s'exilerent de leur pays au temps de Ilarald Hhrfagnr ou aux henux cheveiix (x® siecle) . Ces lies, qui dans les an- ciens temps 6taient appelees Faerey/ar pt Fcerayjar [1) sont nommees par tous les geograplies danois et nor- vegiens Faeroer ou avec I'articie Faeroerne (et non pas Fcerceer'). II en est meme qui ecrivent, ainsi que nous pensons qu'on peut le faire en francais, sans s'ecar- ter de I'etymologie , Faero , Faeroe, Faro , Fero ou Feroe (2). Leur nom est forni(!! des mots faer owjcer, brebis , parce qu'on y en aurait trouve de sauvages lorsqu'on la decouvi'it, et de ey, O ou Oe, lie. Puisque M, Cortainbert veut bien me citer et se de- mander si Ion doit ecrire avec moi Lofoten, ou Lofod- den avecM. Eyries, le noin des iles siluees vers la partie N.-O. des cotes du Nordland , je dirai d'abord que ces lies sont aussi appelees par d'aulres ^crivains Loffo- (i) Fwreyinija Saya ellerFceroboernes Historie^ etc , etc., trail, de I'islandais , par le piofesseur G. C. Rafn. Copenliaffiie , i83i. — Scripta Hxstorica Islantlorum, I. XII. Copeiiliague, i84(J- (■2; Dans son Coins cle geograpliie (jeiicrule , pulilie ;'i Copciihague en 17495 Julian liiibner s'exprime ainsi, t, II, p. 34 ■' luieroc^bestaa- endc (if a(hkUii(je Oer i Nonl-Suen mellcin Island og England, etc. Les Fucioe ^ ou le {;ioupe di s faeriie , coiii|)os(' de plusieurs iles dan.s la nier du Noid, eiitre I'lslande et rAngleterie , etc., etc. J.-L. \V(jltl ecrivait ainsi, en i6.5l, le titrc d nn iliapitrc de sa Norrigiu illustnitci : (),n Fcriiif DiiliopP>\ c'eUa-diie De^ eveiiues de Feioe. ( 198 1 den et Lojoden; mais que je ne connais aucun Danois ou Norvtigieu qui les noinme lAtfodden coinrae M. Ey- ries (1). Dans le tcxte de la traduction des saga des rois de Nor- vege {Snorre Stitr/essons rior.ske Kongers Sngner) , de Jacob Aall , Norveglen fort instruit, ot dont les sciences ont a deplorer la pertc recente ( t. 1, p. 2/i ) , et sur la carte qui raccompagne, composce par MM. Gerhard etMunthe, officiers fort distingu6s, imprimde en 1838, et publi6e en 1840, sous le titre de ; Noregr. Det gamle Norge for Jnr 1500, c'est-a-dire Noregr, oul'ancienne Norv^ge anterieurement a I'an 1500 , les lies dont nous nous occupons sont appelees Lofoti dont le g(S- nitif est Lofota. En 1801 , M. Krogh (M. B.) , dans un memoire insf^rci au Journal topographique de Nor- vege (2); en 1832, I'Amtmand ou prcfet G. P. Blom, dans ses Obsen^ntions pendant un voyage dans les ISord- lands (3) ; en 1835, le Sorenskriver Jens Kraft, dans sa Description topographique et statislique da royaume de Norvege (4) ; quatre ans plus tard , les ingenieurs hy- drographes, charges par le gouvernement norvdgien de dresser les cartes des cotes septentrionales de cette (l) Dans la traduction Faite par Eyries, en 1816, du Voyage en Norveqe , etc., de Leopold de Buch , ccs iles sont appelees LoffoJe , nom qui se rapproche davantage de rorthographe de Pontoppidan. (a) Oekotiomiske Eftenetninijci om Vesteraalcn oroci's-verbal fie la dorniere seanco est lu et dople. M. Constant-Dufeu , architecte du monument de feu M. le contre-amiral Dumont d'Lrville , ecrit a la Societe pour lui demander I'aulorisation d'employcr les i'onds qui restenl de la souscription a couvrir le moiunnent do couches a la cire , qui en rendront les peinturcs ires durables. II dcmande en outre I'autori- sation de fairc un tirage dcs deux planches reprcsen- tant le tombeau el les bas-reliefs. Cc tirage doit etro joint a une Revue d 'architecture publiec en Espagne , par M. de Zabaleta , professeur a I'Academie dc Ma- drid. La Commission centrale renvoie les demandes ih' M. Constant-Dufeu a la Commission du monument. IHusicurs ouvrages sont deposes sur 1(> hui<;m ; la ( 12.) ) Commission conliLilu on oidoimo lo cU''|jol ;'i sa biljlio- tliequc , et voto des remcrciemcnts aiix aulcnrs. M. Jomard annoncc la pi^senco dc M. Schubert , prol'essour a I'universit^ de Konigsberg, et auleur dc |jlusiouis ouvrages importanls siir la gbograpliic et la statistique. M. ie President lui adresse les felicitations de la Societe. M. Jomard entretient I'asscmblee au sujet de I'ex- position qui vient d'avolr lieu a Paris , des objets raj)- portes par les delegu^s du commerce, adjoinls a la mission francaise en Cdiine. Pen d'objets ont un rap- port direct avec les sciences g«i<)graphiques; on y re- marque cependant ; 1" plusieurs cartes lopographi- ques el de detail qui ne manquent pas d'int^ret , et qu'il faut distinguer de cartes plus vulgaires et bien connues , telles que les cartes gent^rales de la Cbine et les plans de villes; 2° diderents etalons des mesures 11 - neaires les plus usit^es , qui ont de I'interet comnie element des mesures itineraires ; 3° quelcfuos bous- soles cliinoiscs, qui ne prdsentent d'ailieurs rien de particulier, comparees aux boussoles connues. Le m6me membre fait remarquer que les produits de I'industrie japonaise raj)portes par les delegutis sont d'un fini et d'un travail tr6s superieurs aceux des Chinois , superiority analogue a celle qui caract(irise les Japonais dans les sciences, nntainment les mallie- maliques, rastronomie et la geograpbie. On distingue aussi dans la collection les desslns et pelntures des indigenes des lies Philippines , pour la correction , le style et lo coloris, Enlin , les bronzes antiques, rapportes par la mission, sont fort au-dos- sus , pour le gout el pour le travail , des ouvrages de f 20/1 ) la meme nature qui s'executent dc nos jours : d'ou Ton peut conclure que les arts en Chine ont dc^gc^ndrd plutot que fait des pro5:,res. Quant aux livres ct gra- vures , aux instruments de musique , aux outils, aux miHiers a tissor, aux vases, aux arines et armures, enfin aux tissus de differentcs especes et aux costumes, la collection n'est pas denuee d'inleret pour ceux qui s'occupont de I'industrie comparee des Orientaux et des Europ6ens. M. Vivien de Saint-Martin appelle I'altention de la Societe sur Ic voyage que vient d'ex^cuter M. Lottin de Laval , charg6 par le gouvernement d'une mission scienliliquc. Cc voyageur a visite la Perse occidentale, la Babvlonie , I'Armenie et Ics provinces meridionalcs de I'Asie-Mineure; il rapporto des documents du plus haut interet sur la geographic , I'hisloire et les anti- quities de ces contrees. S fiance du 18 septeinbre 184(3. Le proces-verhal de la dernierc seance est In et adoptc. L'Academio de Reims adresse un exemplairc des y et 4' volumes des Comptes-rendus de ses stances ct elle exprime le desir de reccvoir le Bulletin de la So- cjete en echange de ses publications. M. le vicomte de Santarcm annonce qu'il a recu de M. Ilonunaire de Hell une lottre ecrite de Constanti- nople conlcnant quclqucs details sur son voyage. Plusieurs ouvrages sont offerts a la Societe ; la Com- mission ccnlrale en ordonnc le depot asa bihliothcque rUolc des remcrciomenls au.\ iiuleurs. ( 205 ) M. de La Roquetle annonce que la Commission du monument de feu M. le contre-amiral Dumont d'Ur- ville s'est reunie avant la s(^ance pour examiner les di- verses propositions contenues dans la lettre adress^e a la Soci^te par M. Constant-Dufeu, Apres avoir pris connaissance de ces propositions , la Commission a autorise : l°le paiement d'une somrae de 155 fr. due a M. Cugnot, praticien, employ^ par M. Dantan a la mise au point de la sculpture du monument ; 2° I'em- ploi d'une somme de 300 fr. pour couvrir le monu- ment de couches a la cire qui en rendront les pein- tures tr^s durables , et pour solde de toutes les de- penses qui peuvent rester a faire ; 3» le tirage des deux planches represenlant le tombeau et les bas- reliefs , pour etre jointes a la Revue d' architecture es- pagnole publiee a Madrid parM. de Zabaleta. La Com- mission autorise egalement I'achatde deuxexemplaires de la m^daille du monument , gi-av^e par M. Oudin6. M. Jomard annonce que M. Hellert est sur le point de retourner dans I'isthme de Darien, et que son projet est de faire des fouilles dans les lieux ou se trouvent des ruines d'ancicns monuments ant^rieurs a I'arriv^e des Europeens. M. Hellert desire recevoir les instruc- tions de la Sociele. Le meme membi-e annonce que M. le D"' Perron a continue au Caire les observations m^teorologiques dontil avail deja envoy e les annees 1843 ell 8/i4. II vient de completer I'annt^e 1^45 et I'annee 1846 jusqu'au mois de juiii. Les observations sont quotidiennes et comprennent I'heure du lever du soleil, et quatre au- tres heures de la journ^e. Plusieurs tremblements de tcrrc ont cu lieu au Caire pendant co laps de ( -20(5 ) temps; un entre autres qui a dure plus fie /jO se- condes, et un autre du 28 mars qui a dur6 environ 3 minutes en deux secousses. M. Jomard ajoute que le nombre des jours de pluie au Caire a ile de dix-liuit dans le cours de douze mois (dejuin 1845 a join 1846), M. Vivien de Saint-Martin lit unMi^moire sur les anti- quites ethnographiques et geographiques du Caucase. M. Gal)riel Lafond rend compte de I'ouvrage de M. Mallat sur les iles Phlllp{)lnes. — Renvoi de ce rap- port au comite du Bulletin. CUVRACES OFFERTS A LV SOCllvTE. Seance da h septcmhre 1846. Par le Ministere dii commerce : Documents sur le commerce ext^rieur. N°' 320 a 326. Vol. in-8, 1846. Par M. Conlier: Atlas g^ndsral des phares et fanaux a I'usage des navigateurs, 12' liv. , contenant I'Am^ri- que cquatoriale et continentale (2° section). In-fol. Par M. Grnberg de Heinso : Ultimi progress! della Geografia sunlo letto alia sezione di Archeologia e Geografia della seltinia italiana riunione degli scien- ziati ch' ebbe sede in Napoli nei mesi di Settembre ed Ottobre del 1845. Milano , 1846, in-8. ParM. Tito Omhoni : \ iaggi nell' Africa occidentale di Tito Omboni gia' medico di consigllo nel regno d'Angola c sue dipendenze, etc. 3", 4' et 5< cabiers , in-8. Milan , 1846. Par les auteurs et editeurs : Journal des Missions evangcliques, aoilt. — Annaes maritimos e coloniacs de Lisbomic , n" 10. ( -207 ) Seance thi 18 sejiteinbrc. 18/iO. Par les auteurs et editenrs : Nouvelle revue encyclo- pedique , n° h. — Annales marltimes et coloniales, aout. — Nouvelles annales des voyages et des scien- ces geographiques, juillet. — L'Aholitionistc francaJs. 3' liv. — Revue de I'Orient, aout. — Boletin enciclo- pedico de la Socledad economica de Ainigos del pais de Valencia , aout. — Annales de la propagation de la foi. — Bulletin de la Societe geographique de Franc- fort , n° 9 — Catalogue des livres et cartes dela biblio- theque de la Societe geographique de Francfort , broch. in- 8. JUJLLETIX OK LA * r SOCIETE DE GEOGHAPHIE. OCTOBRE iSllQ. PREMIEIir: SECTIOr^- MEMOIHES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS, La DicouvERTE du Nouveau-Moncle donne un nniwel essor a la Litterature descriptive (1). ( Extrait du Cosmos de M. Alex, ue Himboldt, t. II , p. 53-63. ) En vain dans les nombreuses bergeries, ou s'^gai-a iongtemps la poesie italienne a I'^poque de la re- naissance , en vain meme dans le roman pastoral , CLiltive dans le meme temps en Espagne avec tant d'e- mulation, vous chercheriez un tableau de la nature trace avec une entifere verity. NuUe part on n'entrevoit moins la nature , on n'en sent moins I'inspiration , (i ) Le tome second daCosmos, dont nous donnons les premiers cet exirait texluel , traduicpar M. Cli. Benoit, ancien eleve de I'Ecole iiormale , professeur de I'Universite , d'apies les cojnmunicntions bienveillaiUes de I'illustie auteur, paraiira en fraiicais chezGide, li- braire-editeur , aussil6t apres la pulilicalion |)rochaiiu' de I'oripinal en allemancl. ( Nute du H^dacteur ) VI. OCTOBRE. 1. 15 ( 210 ) quo dans loutes ces pastorales. Dans leur aveugle en- gouement pour I'antiquite renaissantc, malsuial com- prise et cienaturtie , les poctos ne pcnsaicnl j)ouvoir se passer en leurs paysagcs de toute celte troupe niytho- logique de dicux clianipfitrcs , dont la rianle imagi- nation de la Crecc avail pcuple la solitude des bois : ou plutot, il s'etait forme des debris du genie grec , maure et ilalien une sorte de poesie descriptive ba- tardc , d'oii toute verite etait bannie. Le pavsage n'y etait pas moins chimerique que la mythologic : on avail en effet compose, a I'usage de ces bcrgcrit s , une sprte de decoration d'opera , une nature classi- que de convention, uniformement embellie de boca- ges d'orangers, de berceaux de jasmins, de buissons de roses, et toute peupl^e d'un inevitable cortege d'a- mours , de zephyrs, de faunes, menant avec les drya- des leurs danses <^ternelles. Le reste de la scene etait rcmpli par les plaintes amoureuses de bergers plus faux encore que tout le resle. L'Arcadie de Sannasar avail commence ce genre detestable en Italic : en Es- pagne , la Diane de Montemayor I'avail dcsormais consacrd. La nature de fantaisie avail entiirement usurpe la place de i'autre: aussi , n'est-ce point dans la pastorale qu'il faut chercher a celte epoque un vrai sentiment de la nature. On le Irouverait bien plutot dans quelques sonnets melancoliqucs do Pitrarque , d^crivanl par exemple avec lanl de charme et d'emo- tion veritable la ravissante valine de Vaucluse, ou en- core dans les petites poesies de Boiardo, I'ami d'ller- cule d'Este , ou , plus tard , dans quelques stances de- licieuses de ^'ic1.oria Colonna; mais ce ne sont la que quelques pieces fugitives, perdues au milieu dece grand mouvcraent de la renaissance classique et de la litle- rature p^danlesque en Italie. ( 211 ) C.'osl snrloiit clans quekiiics |n'osateurs dc cetto ^po- que , qu'on sera cliarini(jii(' jxu- M. GriGNViiT. ) ^'j. ocToiir.i' 1<> ( 2*2rt ) |)i''.(:(iivi:uTi » rrff/itfs Mir /rs /loriis dii .'^luilu (Ij. Nous avons soiivent entrelenu la Soci(!'t^ ile j^eogra- phie an sujet des decoiivertes arclidologiqucs qui so succedcnt sans interruption dans Ics diverses regions de I'Amerique , fruit, en grande parlie, de I'impulsion donn^e, il y a plus do vingt-qualre ans , a cos reclier- ches importantes, par les instructions de la Socict*^ , et par ses encouragements olTerts aux voyageurs. Au- jourd'hui, nous devons lui laiie part des resuhals d'nne longue et scientifique investigation que M. E.G. Squior vient d'accomplir dans la vallee de Scioto. « II a •^ludic d'nne mani^re approfondie les anciens ler- tres ou niontitules de cette vallee , qu'il a visites an iiomhre de pres de quatre-vingts, et a rapporte une multitude d'objels antiques, curieux el de toute es- peco , trouves par lui dans ces buttes. 11 a mesurii ces ouvrages, determine leur position et execute des exca- .alions prolondes et dispendieuses , avec i ne admi- rable persciverance. Jusqu'a ce jour, les esprits elaient lest^s dans une incertitude p6nible sur I'origine, la na- ture el la destination de ces buttes ; les idees qu'on s'cn 'itaitformees etaient souvent contradicloires, et meme des observateurs intelligents allaient jusqu'a penscr que ces monticules etaient des depots diluviens et non i'ouvrage de rbomnie; mais le doute n'est plus pcrniis. ^I. Squier a recueilli, dans ces buttes, quantile d'or- nements, d'outils, d'inslrumenls et d'autres objets interessanls , mais d'un usage diflicile a connaitre. Les ouvrages observes dans la vallee de Scioto, par M. Squier, outre les terlres et les tumulus, sont des (i^ Voy. Bulletin, t. V, p. Spl, tt Rcctieil ilc mJmoiret, etc., I. II, iT>-4°. V'oyez aussi Arner. philos. Tiaiisjic-. . t. V. VI, r\ Airli,r()lo(ji,i :iin( riiiina, y!n< ortuljie 1846, oil lit que In- le-ites des corps se Jroiivciit nil milieu des di^bri^ pres<]ue iin|inlpal)!es de yiossiers sarc(jpliin;es en In)!-;, ou dins des en- veloppes dec'orce, ou des n.itles coinninnes. 11 y .i iles tinleh ic- jjUlicrs (ou symetricjues) ili'. leire euile iineliuet-ois lpt;ereinent endiiite de moitier, et de Grande dimension. On en ;i decouvert en deinier lieu de f\0 pieds sur \ \ -^ ande-sus snnl divers olijels , ids que des mslrumeiits, des ornemenis en [lierre, en mi'lni el en poleries qui • ml ete ex|)Oses a I'ai lion du leu. Les lertres contenani de ces aii- tels ( ou Ij.issins (•)) out eU' noninif's bultes de saeiitjee; ils oOrent line narliculariic caracterisliqne , <• esl d'etre r onslaninieiil disposes par couches en lieaii salde, posi'es par inlervalles seinn l.i eonve\lie de la surface; ce cainctere in.Tiii|ue aux terties de sejiuiture, ce qui peiinet ile disllnj'uer posiiiveiiienf les lesles nppaitenani aux con- slrueteiirs de Ions les aulres restes : e'est un point Ires iiiipoilaiK ;i cause de la jjrande eoiiliision qui residtait de la difHriille de discei- iier les djFt'erents depots, les restes des ) Mottles. ( 2-29 ) cliez les Asialiques , dans les tcrtros do la ])laino dc Marathon comnie en AlVique, en Patagonie , etc. , oii Ion en fabriqiie encore, on no pent rien inferer do cette circonstance. Les tonibes out ete trouvces couvertes, quelquerols , de grandes plaques du talc le plus beau ; M. Squier en a rapportti des niorceaux qui ont dil exiger un grand travail. II a fallu les transporter de Ires loin , c'est-a- dire des roches primitives tr^s ^loignees du lieu. Parmi les plus curieux articles de ces tombes, il ne faut pas oublier des haclies de cuivre, ni des especes de bu- rins (1), ni des grains de chapelet en ivoire; les pre- mieres paraissent avoir ete durcies par le proced^ attri- bu6 aux Mexicains. Quelques pieces sont couvertes d'un plaque d'argent pur , encore parfaitement bril- lant et nullement attaque par I'oxidation. Tous ces objetsvont etre analyses par M. Silliman. En creusant les bultes s^pulcrales , on a remarque des couches de sable blanc qui ont attire I'attention ; il parait que les ouvriers qui les construisaient s'ar- retaient de temps en temps pour regulariser la forme conique.et qu'ils repandaient alors , sur la surface , une couche mince de sable , et cela avec un soin lout- a-fait surprcnant; qu'ensuite ils continuaient comme avant, en ajoutant de la terre en grande quantite. On a trouve quelquefois deux ou trois de ces couches si- tu^es a une grande distance I'une de I'autre, dispo- s^es en zones concentriques et pour ainsi dire sphe- riques. Plusieui's pcrsonnos dc New-IIaven et de Boston out temoigne , comme la Societc etiniologiqne et M. \1- I ) (Jl.lVCI s. [ 230 ) bert Gallatin, le \teu que les observalions el lous les dcssins cle M, Squier lassent la matieie dune publica- tion complete , dont rensenible fonnera un ouM-age tojisiderabie. » I>a rclalion suivanle conlinne lirnportance de celle qui precede, el elle en dillere en quelques points qu"il m'a paru curieux de faire lessoinir. Je I'extrais d'une lettre ecrile par le prolesscur B. Sillinian, de Mew Haven, a u D' G.-A. Mantcll de Londres (Silliman's Journal of arts and sciences), ct fort exacte, au juge- nient de M. Squier. «A une reunion sp^ciale de I'Acad^niie dcs arts et des sciences de Connecticut, tenuc le 7 juillet 18/|6, M. Squier a entretenu Tassemblee au sujet des tcrtres de rObio et du Scioto : de concert avec le D' Davis de Chillicothe , il a ouvert 80 de ces monticules. Les re- sultats qu'a decou\erls I'observateur sont frappants (wonderful), et il s'est convaincu , 1° que beaucoup de ces buttos sont sepu/cra/es ; 2° que d'autres etaient destinies aux sacrifices ; 3" que les autres (itaient des postes pour signaux. Dans les premieres sont des ossements liumains, qu'on trouve rarement bien conserves , tant ils sont anciens. Souvent les butles sont couvertes d'arbres gi- gantesques,ou,dans un cas , on a compte jusqu'a six cents cercles annuels. Los butles des sacrifices recou- vrent des autels quelquefois de grande dimension , construits ordinairement do tcrro cuite au four , flur- rcs les ordres de la haute conr , par John G. Palfrey , secre- taire d'Etat (1). l) Uijjhm , I >'• jt). ( 235 ) Nous avons deja donn^ en ISZil , d'apres le rappoil qui avail 6t6 fait a la Socidtd pliilosopliique am^ri- caine, une Notice sur les operations qui out servi de base a cette carle, et nous y avons joint un tableau des positions d^terininees sistronomiquement par M. Paine. Le petit volume qui vient d'etre public contient : 1° une preface dans laquelle M. Palfrey donne les details de I'execution dc cette carte ; 2° uu« Notice explicative des metliodes a suivre pour obtenir au moyen des tables que contient ce volume la dis- tance ou le giseraent de deux points quelconques de 1 Ltat , alnsi que les formules qui ont ete employees pour calculer les latitudes et longitudes de tous les points; 3" enfin une suite de tableaux donnant pour tous les points de stations , les gisements et les dis- tances reciproques , ainsi que les latitudes, les longi- tudes et les distances (en pieds) a la m^i-idienne et a la perpendiculaire par rapport a quatre points pris suc- cessivement pour depart ; et pour beaucoup de points secondaires , principalement des eglises, les distances a la meridienne et a la perpendiculaire, les latitudes et les longitudes. Le but qu'on s'est propose en publianl ces donnees a ele de fournir aux ing^nieurs et autre* personnes qui pourraient en avoir besoin le moyen de se procurer des bases exactes pour des leves de de- tails. Le tableau des positions determinees astronomi- quement par M. Paine, avec leur comparaison avec les r^sultats deduits de la triangulation , a deja ete donne en ISZil ; nous ajouterons seulement ici les po- sitions de tousles pbares du Massachusetts qui sont dounes dans cct ouvrage. I •-iS'i ) TABLEAU UKS PlIARES SITUESSL'R LKS COIES DU MASSACIIIVSEI' I S Kl IJLI <)M ElE ntriRMlNES PAI\ LA TRIA>0ULAT10f». 1 NOMS. LIELS. LATITIDE. LOKGITtUE. PACKS. Baker's Ul. Tall Li^ht. . . Salem barbuur. . o . .. J2 r>-i ti.oi 70 47 28.43 34 Billiiimitels .(WcllleeP. . — f4\ -il .-SS.T'J 70 4 32. 2S 72 Itlt.l Isl. I. 3iittertnilk bay. ■ 41 40 9.67 70 43 2l.2t 54 Kostuii lloi'liiiiir 1 — 42 19 41.1". 70 .33 43,73 34 — l.ongW. L. . — 12 19 i» :,l 70 37 4l.^.•i 56 Brain point L Nanliiket i\ 17 24.4.) 70 3 .31.67 71 (;;i|)i' (M):;e 1. K'Uariowii. . . . 41 2i 1X7^ 7ll 27 19.7 4 71 Clialaiii sdiilli L Chalaiii 4i 40 IG.Itl (19 .37 I2.>;9 71 t'.l.irk's i>(>liil L New Hi-iiforil. . . 41 3.) 34 3. 70 34 2|,4>; 54 CiiHv liiliik L Ciiltvlmnk Isl. . 41 24 32.39 70 37 17.89 33 Kaskr pouil L (il. 'needier Cape Aim 42 34 49.61 70 40 10.K3 53 Eastham Nausett N. Liglii — 41 ;il 40.07 69 .37 21.00 73 — S. I,lglil. — 41 31 .37.211 61) .37 20.66 73 Kll^arl()^vn harbour L. . Eilgarlown. . . . 4! 23 27.02 70 .30 29.46 71 (Jay-Ill- 1(1 1 Manilas Viiiejar 4' 20 aii.n; 70 30 26.73 55 (i-eat point L. va iti.ki;t 4) 23 24.33 70 3 172 71 (iUI'Il I L Uuxbuiy Truro 4-2 0 l.!.33 42 • 2 23..-G 70 36 21.17 70 3 53.33 53 53 Ili^lilaiid t l|i>\M(:li Diitwafil L. . . . Ipswuli 42 41 8. Oil 70 4C 17.09 56 Kimbskey I I'aiiuoulh 41 30 .57.31 70 .Mt 37.23 56 Loiii; isl.iml L Boston harl). . . • 42 19 48.i(> 70 37 41.83 56 Mdiioinoy L - ill Chataui 41 33 3.-i.00 69 ,39 36.23 36 — 41 33 ,30.8 70 0 5. 4 Obs. asl. Newbnrv port 1 Plum l>laii(l. . . 42 48 29.. VJ 70 49 3. 79 36 Point (l.iiiiiiioii L Yarnioiilii .... 41 30 .■.•>. 00 70 16 16.37 71 Kacc piiiiit I — 42 3 44.60 70 14 53.04 72 Roiuil hill L Darinoulli .... 41 32 17.96 70 33 36.71 37 sciiiiate L •Sciiuale 42 12 17.64 70 43 13.84 37 Scpiain L (jloucesler cape Anil 42 39 4j.3.-i 70 41 12,.33 58 Tarp.iuliii cove 1 Naii-hawn Islam] Cliilink 41 28 7.94 70 43 46.01 58 Tatcher's Isl. North I... . (iloiicester cape Ann 42 38 21.76 70 ,34 48.06 58 — Soiilh. L. . 42 38 13.2 70 34 48. 1 58 Triiro-C.apeCuil L High land. . . . ii 2 23..-,t 70 .3 ,33. ,33 53 i.l — 1 42 2 22 2 70 4 8.7 Obs. ast. West-Chop 1 Ti-^lmrv , Mar - Iha's Vineyard. 41 28 37.69 70 36 27.71 S8 [ Coramc il arrive quelqucfois que cos phares sont tlesignes par Ic nom dii lieu ou ils sont places, nous ( 237 ) croyons devoir donner ici la synoiiymie de ces diver- ses designations pour facililer Ics recherclies. Piilter milk bay. . Voy. Binl Islanil. I Martha's Vineyard. Voy. Oav-Hcafl. CJ|ie Ann — Easleiii point. I — — West Cli()|). — — .Sqiiain. iNautukel — Brant pDiiit. Capp Cod — Tiuro. | — — Great puiril. Chatani — Monomoy. iNausitt — Eiisiliani. Dannoiitli — Uoiind liill. 'Nansli.iwn Island. — Tarpaulin covp. Diix'iiiry — Gurnet. i>i'\v Bedfort. . . . — ('.larks point. Edgartown — Cape poge. Plumli Island. . . — .Mewlinry port. Flainiijiitli — Knot>^ki y. I'oge — Ca|ie po!;e. Gammon — I'oint Gammon Salem Harbour. . — Bakers I«l. Gloucester — Eastern point. Tisbnry — West Chop. — — Sijuatn. iWclfleel — Billiiigate. — — Talclier's Isl. | Les phares dont le nom est le meme que cehii du lieu oil ils se trouvent n'ont point ete portes ici. Lr.TTRE de M. Maci.ear a M. Schumacher relativement a la inesure cVun arc du mcridien au cap de Bonne-Es- perance. { Extrait (III IS" 57 { (les AUronomisclte IVii<)() » ()bser\at.iire roy.il , — :',; )) Ville (lu Cap (slalimi dp Lnraillc) >5 .. Klyn-l*"oiilein (station dr I.acaille) , 45o « Heer(logemeiits-l!ei{;, 7200 » Ramies- Berg , o/ioo ' Zwart-Kop est a environ 8 milles au N. de la poinle duCap;ila ete adoj)le pour I'exlremite sud de Tare, de preference a la pointe meme , paiceque celle-ci se Irouve terminer une chatne de montagnes qui forme la ( no ) presqu'ileilu Cap, sans qu'aucune masse soliclesctrouvc an Slid au-tlessus de I'eau. II peut done y avoir des in- convenients a en faire I'exlremild d'un arc de meri- dien , quoiquo justement par cette raison elle puisse donner lieu a des observations tr6s interessantcs. Les irois stations Zuart-Kop , Heerelogements - Berg et Kamies-lierg ont 6t6 placees , autantque possible , au centre de gravile des masses qui les environnent. On a observe dans chaque station de 38 a 43 etoiles, et gen^ralemcnt huit fois avec la face de I'instru- ment tournee a I'estet autant de foistournde a I'ouest. L'instrument a ete retourn6 tous les jours a moins quo Ic mauvais tomps n'ait interrompu les observations , ou bien vers la fm des series lorsqu'on voulait obtcnir des observations qui avaient ete perdues. Mais a I'ob- servatoire royal, toutes les etoiles ont ete observees quinze fois dans chaque position. Les calculs pour la r(^duction de cette masse d'ob- servations sont Ires avances. Mais je n'ai pas eu Ic temps de linir jusqu'a ce jour les calculs de plus de 5 etoiles. Les resultats ne pcuvent done etre regardes que comme approximatifs pour les portions d'arc aux- qucls ils se rapportent , mais ils doivent etre tr6s pres de la v6rit6. Pour comparer la base de Lacaille avec la nouvelle base, j'ai joint cette derniere avec les triangles de Lacaille au moyen du c6t6 comnuin Chateau de Rie- bek— Capoc-Berg; pour cc dernier point, la roche a pcu pr^s cylindrique de Lacaille a et6 retrouvee , ol pour lo promier, lo pilior on plerro exisle encore. ( '2h\ i;OMi'\iiAisoN iiKs <:() 1 1 s iiKs ri;iAX<;i.i:s. I.oiiguiriii- (]nn(U-f- p^i- l.-M'dWlft. Longueur rakulce aVKC (;i base nuu- .,.^. veil." ft Irs llidll- ' " ■ LoiigMPur cMciilrf avec til iionvelle |j.i?e et lis Iriai'^Ir* uiudei lle^, (jic'ds. 1 3j8ii),j piede. 135765,5 44.« pit dp.. 135766,0 1 83 1 48,8 183089,2 59,6 1 H3o86,o 243283,6 243204,0 79.6 243199,3 261000,4 260914,7 85,7 263654,8 263568,7 86,1 chateau tie Riebeck — Capoc-Berg A'ille d u Ca|) — Capoc- Be.;; Ville clu Cap — Cha- teau lie Riebeck Chateau ct i7()875. GOMI'\IUIS0:« DES DKGRKS ('.ALOl'l KS AVKC nKI.VI nil PKROt'. Aiuj>li'iide longueur lon,:;ii'-ur Rllijili- ,1 , ,, .... rp de r.iic df l',.!C. Jul" rin-. Ville clu Cap ctKljp-l'oii- lein (lesullat donne „ ' " mUti. pinis. par r-araille) 1 i3 17 33 69669,1 36^728,8 1/168 \'ille dii Capet K!ip-Fon- leii) { tiiaiijjle de La- pied... caille et base nouvelle.j 1 i3 17 33 445i6i,o 364.607,5 1/181 Ville duCap etKlip-Foii- tein { iriesnie uouvelie astr. 01 geod.). . . . r i3 f\ 5i 44-^'>'-^7»-'' ' 364.568,3 i/i85 (Ibservatoire royal el Klip Foiitein 1 14 2 02 4497^7>'55 36.f.5 10,64 '/'M' Ol)seival(jiie royal et H(erelo;;einents -Rerf;, 1 57 57 3; 71 5293, ()8 363.843,8 1 i/.i(>6 Observatoirc royal et Kainies-lieij; 3 3| 34 "J '} 13019,9.) 364. 059, 8 I S j3 VI, ocTOBni;. .'5. 17 ( 242 ) Cello (umiKiraisoii est reinarqiuible el IjiI m>u ties (lidf^rences auxquellcs on pouvait s'atteiuhe ^i priori. II n'cst pas n^cessaire d'examincr ici pourquoi le de" gre mesur6 par Lacaille entre la ville du Cap et Klip- Fontein se trouve excedcr la mesure moderne de J 60 pieds. Cette recherche devra avoir lieu lorsquc la me- sure actuelle sera rigoureusement calculee. La principale cause de I'erreur dc la mesure de 1752 reside dans les circonslanccs locales des deur ex- tremites de Tare. La montagnc de la Table est elev^e d'environ 3600 pieds; elle forme le commencement d'unechaineirreguii^re de hauteurs qui s'^tendcntjus- qu'a la pointe du Cap. La station de la ville du Cap se trouve directement au nerd de la partie septentrio- nale de cette montagne , qui est ^ pic de ce c6t6 , et n'est eloign^e que d'environ 3 milles. La station de Rlip-Fontein est situee a Tangle S.-O. des grandes montagnes qui bornent vers le N. Timmense plaine de Zwartland. Par cons(^quent, I'etendue de Tare ce- leste a dii etre diminu^e de la somme des devia- tions eprouv^es par le fil a plomb dans ces deux points extremes, L'observaloirc royal est a environ 3 milles 1/2 a Test de Tobservatoire de Lacaille. Le meridien de I'in- strumeni de passage passe tout pres de la station de Klip-Fontein. Le centre de la montagne de la Table reste a peu pr6s au S.-O. a 5 milles de robscrvatoire ro\al ; son oiTet sur le fd a plomb doil done etre moindre. Les resultats changcnt des qu'on cesse d'employor Rlip-Fonlein et qu'on prend unc station moins sujottc a objections. La masse la plus prochc du Piquet-Berg est eloign<^e do 35 milles au sud du Heerelogements- ( 24S ) Berg, el le uiilicu tics iiionts Cedar on est a li6 inilles au S.-E. : cependant la stalion de Heerelogemunts- Berg n'e?t pas encore exeinpte d'objections ; niais elles sunt moindres pour ce poinl que pour tout autre aux environs. La station de Kaniios-Berg olFre bien aussi quelqucs inconv^nients. La valine qui se trouve au sud est beaucoup plus etendue que celle qui est au nord ; mais il est inutile de s'dstendre maintenant sur ces dif- ferentes circonstances. J'ajouterai seulement ici, qu'il est impossible de faire usage de la mesure de I'arc donnee par Lacaille pour determiner la figure de la terre; niais on peut esp6rer obtenir un resultat satis- faisant en combinant les sections comprises enlre Zwart-Kop , Heerelogements Berg, Kamies-Berg , et le plateau dc Bushman pres la riviere Rouge. Sig/ir TnoMAS Macm-.ah. Kmigratioin kt Colonisation allemande, public et augmente de Notes , par 1.- D' WAPPAUS, eir. Le petit volume que j'ai eu I'bonneur de presento' a la Society de geographic consiste en trois parties : l" un Memoire intitule : r Emigration et la Colonisation allemande, p. l-5() ; 2° des Notes que j'ai ajoul^es a ce Memoire, p. 59-112, et 3» un Appendice. Le Me- moire , ouvrage d'un jeune AUemand , qui a prf^sont se trouve dans I'Amerique meridionale, pour y etu- dier sur les lieux memes les localites qu'il croit aptes I '2U ) ])otir relaljlissomont do culouios allemamlL'S , ma oii romis par un lioinme qui, depuis longtcnips , a Ic- nioigne un vif interSt pour I'organisation de I'eiuigra- tion allemande , avec la deniande de I'introduire dans la httdrature par une preface et par quelques notes. Les reflexions qui m'ont fait juger utile la publication de ce Mdmoire , qui , a mon avis, contient mieux que la plupart des publications qui ont paru en Allenia- gne sur le nieme sujet , une revqe des pays divers convenables pour y diriger le cours de I'eniigration allemande, sonlles suivantes. L'accroissement progres- sif de notre Emigration, par laquelle rAlhnnagne perd a present a peu pr^s 50,000 individus annuelle- nient, forcera bientot lesgouvernemenlsa prendre des mesures pour organiser cetle emigration d'une ma- niere a la fois protectrice pour les interets des Emi- grants ot pour le pays qu'ils quiltent. La maniere dont I'emigration se fait a present est aussi desavan- tageuse quo possible pour les Emigrants comme pour rAllcmagne. Les premiers ne sachant presque rien du tout ni des conditions gEographiques et statisti- ques des pays recommandes pour la colonisation , ni de la maniEre d'y parvenir , sont obliges pour la plu- jjarl de sc confier a des agents d'emigration , qui ne sont tres souvcnt que des speculateurs avides et sans conscience. La consequence de cet etat de choses est qu'une partie considerable des Emigrants pEi'it avant de parvenir dans le pays de leur destina- tion , et que parmi ceux qui ont le bonheur d'y par- venir, la plupart trouvent des jjays dont les conditions pbysiques et iudustrielles les empechent de develop-- per leur aclivitE , de soitc que presque tous ceux (jui u'onl pas des capitaux considErables y perissent a lour ( 245 ) tour peu ii pen. D'un autre cote, la perto que I'Alle- magne soud're par eetic emigration dirig^e vers des pays avec lesquels la patrie des emigrants n'a que peu de relations commerciales ou polltiques, est d'autant plus considerable, qu'a present ce sont uniquement les personnes qui ont encore quelques capitaux et qui veulent travailler, qui sont en 6tat d'entreprendre I'expatriation. Les pauvres , les proletaires , qui , dans les colonies nouvelles bien organis^es, pourraient de- veuir une classe d'ouvriers tres utile, restent dans leur patrie , parce qu'il faut a present des moyens assez considerables pour executor vers des pays loin- tains un voyage qui se i'ait aux propres I'rais des emi- grants. Aussi t'aut-il avouerqu'en Allemagne, les gou- vernements et des homines devoues a leur patrie ont commence, depuis quelque temps, a sentir la neces- sity de prendre des mesures centre ces maux de I'e- migration allemande actuelle. On a , par excmple , forme des associations patrioliques pour la protection des emigrants allemands, et une des plus distingu^es de ces associations est celle pour la protection des emigrants au Texas , qui compte plusieurs princes parmi ses membres. Mais , en reconnaissant parfaite- ment les bonnes intentions de ces entreprises , c'est cependant la maniere meme dont elles ont 6te con- duites, qui donne la preuve evidente , qu'en Allema- gne ne sont encore que peu repandues ces connais- sances generales, qui sont indispensables pour fonder avec succes une organisation de I'^migration alle- mande. Les Allemands ont eu trop peu tie relations directes avec les pays qui ont ele colonises par les pouplcs de I'Europe occidentale, des le commenco- iiiciil voyage (;eologique ti Gebel- Zeyt, et dti/is le r/esert coinpris eiitre le Nil et la nier Rnuge, par MM. A. Figarj et A. II. IIvsson (1). 31 mars. Nous quittoiib rErmitage avant lo lever du solell , et nous nous dii'igeons vers le N.-N.-E., en continuant a cotoyer le pied de la niontagne , et en Iraversant de profonds ravins qui en descendent a notre droile. Apres deux lieures de clieniin , nous entranies dans une grande sinuositt!" qui forme la base ou etiiboucliurc dun vallon nouini6 Ouadi-Oum-Far- ragh , et au lieu de continuer a descendre la vall(ie dans la direction de la mer, nous monlamcs le vallon qui conduit aussi au couvent de Saint-Paul, en abre- geant meme la route de quelques heures. Ce vallon , coninie tous les autres, descend plus ou moins tor- tueusement du S.-S.-E. vers le N.-IN.-O. cntre deux cbaines de monlagnes, t'ormees de craie entierement privee de fossiles. Le cbomin est tres accidcnte , reni- pli d'cscarpements et difficile a gravir; ca ct la , cntre les fissures du roc , on apercoit de grands arbres du Ficus parliculier a celtc cbalne, des Capparis et quelques autres plantes menlionnees les jours prece- dents. A deux beures apr6s midi, apres un court re- pos que la fatigue nous avail forces de prendre, nous continuamcs a monter dans la meme direction du S.-S.-E. , et enlrames dans la portion superieure du vallon qui est moins large , et change son nom de Ouadi-Oum-Farragh, conlrc celui de Ouadi-Rigbeh. A son debut, le ravin so retrccit, comme nous I'avons dil, ct ronfcrmc une riclic vegetation , comme dans k*. (l) N'oiili:. iN'.iii > pi (■( (ilciils. ( 2/i9 ) localitt^ analogue de Ouadi-Eikas. Nous euiiies encore le bonheui' de Irouver ici plusieurs belles especes , entre autres : Le Meiiispertmiin leceb;) Del. , plaiito dio'ujue, stolmiifiire r:im- pante , et formant des toiit'Fes ties I'ljaiiscs enracinecs dans les fis- sures (111 IOC. Pistacia terebinlh'is L. , doiit nous lemarquames plusieurs ar- bustes fjarnis de pelites grappes de petites tleiirs , a fenilles rompo ■ sees d'lin veil liair, aroinaliijues , jecrelant une huiiieur visqueuse , riL De Gebel Gliareb nous nous acheminames sur Gebel-Zejt, dans la direction du S.-E., sur un pla- teau reconvert d'alluvions provenant des terrains pri- niitifs. En dessous des alluvions on trouve les terrains modernes, qui, un peu plus vers I'Est, se montrent entierement a decouvert, et fornient de petites coUines stratifiees, dont les couches renfcrment quelques co- quilles fossiles. La vulpine se generalise, recouvre toute la formation moderne, et s'etend jusqu'a la mer. Nous observames aussi que la formation moderne de cette localitt!; est recouvcrte de cailloux siliccux . jasp(?;s comme ceux de la valleo du Nil^ Nous avan^ons , ajant toujours a notre ilrolle, c'esl- a-dire i I'O et au S. , les montagnes [>riniiti\es qui •■e replient vers i'E. A six lieures de niarclie de Gcbel- vj. oc.Toiini:. ly. 18 ( 258 ) (lluiifl). lions t-nlrauies dans line vallt5«'qui descend dc (iehcl-Darn , el qii'on nomine par consequent Ouadi- Dara. Ce Uuadi est tres vaste , et se prolonge de I'O. a I'E. , forniant, comme c'est Tordinaire pour toutes les grandes vallees de ce desert oriental, une esp^ce de concavite parsemie de mamelons ou monticules de craie stratifiee, qui repose sur I'argile kcuprique , et qui est surmontee quelquefois de bancs assez epais d'une psammite moderne. Ouadl-Dara merite d'etre sondd sur differents points sous le rapport du charbon fossile. Le long des bords de la mer, on remarque dcs pro- ductions ignees, volcaniques, do peu d'6tendue, mais qui se rcpresentent a des distances peu considera- bles. Tels sont le soufre, le gres empate de soufre, le gvpse, etc. A la base de Ouadi-Dara , nous vlmes pour la pre- miere fois le Salvadora persica Del. formant de tres vasles touffes, dont les tiges sarmenteuses s'etendent sur le sol. Les rameaux ligneux de la seconde annee servent de brosses dentifrices, dont I'usage est recom- mande par le Goran a tout fidcle musulman , qui doit plusieurs fois par jour se ncttoyer les dents avec les libres ligneuses de cette plante. A qualre heures de I'apr^s-midi , nous arrivamos a la source d'Abou-Char. On remarque dans ce lieu cinq daltiers fort ch^tifs a c6t6 d'une eau Ires am^re, salee et fetide, dont les cbamcaux seuls peuvent boire. Cette eau, qui ne tarit jamais, est stagnante , sur un sol seleniteux et salin qui appartient aux marnes iri- s^es de I'^tage superieur du terrain keuprique. Plu- sieurs buissons de tamarix gallica entourentla source, el le sol envlronnant est recouvcrl dune efflorescence ( 250 ) saline. L'arundo a'gypljaca, le sacchariim cjlinclricuin Lam. et quelques autres plantes des lieux salsugincux, abondent dans cril. Avant le jour nous reprlmes notre route , en passant a quelque distance de la mer, et du pied des collines de formation moderne qui se trouvent au N. de Gebel-Zevt. Sur toute cette cote , on sent I'odeur bitumineuse du petrole. Le sol sur lequel nous marchons est un terrain arenace , peu coherent, avec gj'pse, qui forme souvent de petites elevations dans lesquellcs on reconnait la presence du soufre. Avant de nous rend re a I'habitation de M. Ayme-Bey, et sur le point ou il a 6tabli son lieu d'exploitation , donl nous ne sommes eloignes que d'une lieue et de- mie , nous voulumes examiner tous les environs qui constituent cette partie nord de la p6ninsule. Nous observames d'abord une colline de craie dirigee du S. au N., et dont les bancs ont la meme inclinaison et la meme composition que toute la formation analogue examinee jusqu'a present. Cette inclinaison a lieu , comme nous I'avons deja dit , du S.-E. au N.-O. L'extremit^ S.-E. repose immediatement sur le terrain keuprique , qui, lui-meme , s appuie sur le primltif. Au centre de la presqu'ile , une profonde sinuosite separe la formation keuprique d'une autre montagne composee de feldspalh rouge a filons montants de feldspath blanc. Au pied de la montagne feldspa- thique, plus vers la mer, on voit s'olendre desmame • Ions de poudingues, do breclie forrugineuso, qui sem- ( 200 ) We avoir eprouve uno domi-fiision, d'argiles ocracees, dp psammile recente conchylifore ot ferru^ineuse , avec fBtites assez volumineuses , et donl rcxploitation sorait assez productive, si on ne manquait de com- bustible, ou si on pouvalt se le procurer a bas prix. Des tufs gris, pulv^rolents, des gres silico-ferrugi- neux et la vulpine, ferment aussi autant d'autres ma- melons adosses les uns contra les autres, et qui s'ap- puient sur la craie jusqu'a la hauteur de 200 pieds audessus du niveau de la mer , et a une distance des rives de d.OOO pieds environ. Tous ces mamelons, de formation r6cente , s'^lendent sur une ligne qui se prolonge de I'E. a I'O. A une distance assez grande du littoral, nous remarquames aussi des bancs de madre- pores ; nous en avions deju observe dans la journee d'bier a 2 licues vers 10. de Gebel-Zeyt, s'elevant a une hauteur de 15 a 20 metres au-dcssus du niveau actuel de la mer Rouge , dans laquelle on retrouve k r^tat vivant la plupart des espies qui constituent ces depots. Le inadrepora fasciculata est I'espece predomi- nante. Le primitif, qui s'^tend plus vers le S. , est repre- sent^ par une masse feldspathique rougeatre , avec amphibole noir, peu de quartz et absence absolue de mica ; cette masse cunstitue une petite montagne por- phvrique de 180 metres environ au-dessus de la mer. Ayant passe derriere cette montagne en suivant les sinuosites d'un ravin qui la contourne, nous trouva- ines une autre colline , blanche , non stratifi^e , for- mes d'un feldspath blanc , I'ccouvert d'une incrusta- tion efflorescente de caolin a base de potasse. Cette colline sert de transition eatre le calcairesecondaire et le primitil. A\ant iiiu'ii ^isitr pendnnt cottr jminu'r toutc la par- ( 2451 ) Tie nord de la presqu'lle , nous campaines pour passer la null a une heure de distance de I'liabitation de M. Aynie-Bey. 6 Ji>ril. hiipatient de voir M. Ayme-Bey et son er- jnilage, nous partimes avant le lever du soleil, en con- tinuant a suivre le pied de la montagne primitive. Chemin faisant , nous remarquaines a peu de distance de la mer de legeres elevations volcaniques inferieures aux bancs de madrepores. Ceux-ci atteignent une hau- teur de cent et quelques pieds au-dessus du niveau «les eaux , dont ils ne sont distants que de 50 pas en- viron. Quand la mer couvrait ces bancs de madre- pores, GebelZejt devait etre enti^rement isole; main- tenant ce n'est plus qu'une presqu'ile , reunie au continent par la formation psammilique et les terrains modernes qui la recouvrent. Une grande partie du desert qui est a I'O., et qui forme la plaine d'Abou- ckar el de Ouadi-Darah, devait etre aussi inond^e par la mer, comme le font supposer les nombreux bancs de madrepores que Ton observe jusqu'a deux lieues de distance du lit actuel. Apr^s deux heures de marche , nous arrivames sur la partie centrale de la presqu'ile de Gebel-Zeyt , on est situ6e rhabitation de M. Ayme-Bey, au milieu de quelques cabanes qui servent de logement a ses ou- vriers. Aussitot qu'il entendit les detonations de nos armes a feu , que nous avions decliarg^es en guise de signal, nous le vimes sortir de sa maison , et se pr^ci- piter a notre rencontre, comme un homme hors de lui. Les visites sont si rares dans une pareille solitude !... Nous avions a peine mis pied a terre qu'il se jcta dans nos bras, et nous conduisit dans son reduit, oil il nous Jit de suite servir de quoi nous I'estaurer; puis, apres nous a\()ir depouilles do nos vetements on lambcaux, ( -l&l ) 11 nous lit prendre un bain reparateiir dans I'eau tiede de la nier. Quelque miseraljle que soit cette habita- tion de M. Auiie-Bey, au milieu d'un desert aride, il y a cepen'Jant reuni les choses de premiere n6cessit(^. Oulre la salle de bain, un four est annexe a la maison, et pendant que nous nous delassions, notre iiote fai- saitlui-meme du bon pain a Teuropeenne. Ln mouton avait et(i egorp;c ; nous fiiues un repas vraiment gastro- nomiquc, arrose de bon vin et de porter. Nous passames le rcste de la journee en causeries, en nouvelles du Cairo et d'Europe.dont Ayme-Bey ^lait priv6 depuis longtemps, et en longs discours sur ses travaux et son exploitation, que nous avions a peine en- trevue en arrivant. Enlin, vers dix heures du soir, apres un repas aussi somptueux que celui dumatin, nous trou- vames un lit delicieux pour nous reposer. Nous nous retiratnes encbantes de la reception de notre bote . dont nous ne saurions trop reconnailre les soins rai- nutieux et empresses, doubles de valeur par la situa- tion. 7 JuriJ. 11 n'etait pas encore jour quand nous nous levames pour aller visiter I'exploitationdeM. Ayme-Bey. Nous filmes tout d'abord peu satisfaits de la localite , 01*1 la presence du bitume liquide (huile de petrole et napbte) I'abusa au j)oint de lui faire entreprendre un travail colossal , blen execute, a la verity, dans toutes les regies de I'art, mais avecpeu de connaissance d'un s(»l sur lequel, pendant vingt mois , fatigues et priva- tions ont ete prodiguecs en pure perte. A plusieurscpoques, Gebel-Zeyta d6ja ct^ examine au point de vue de la recbercbe du charbon fossile. M. Seves (depuis Soliman-Pacba) y fit un sejour de quelques mois, a I'epoquc do son aitivoe on Egyplo ; il \ I'ul ronjplace par unc compagnie anglaiso. !\ous ( 263 ) ne concevous pas comment la piesence d'uii pen (h; bitume a pii laire supposer i'existence du combustibh; minthal sur ce point. Pom- nous, nous conslderons la presence de ce meme bitume comme un signe en- tierement n^gatif. D'ailleurs le p^trole que Ton re- iiiarque a Gebel-Zeyt n'y a pas son origine. II ne descend pas de depots superieuis et ne s'eleve pas non plus de bas en liaut , mais semble simplement infillre dans une couclie de sables dalluvions qui se Irouve a un pied environ, au-dessous du niveau de la mer , et comme cette substance s'eleve sur I'eau qui s'infiltre en nierae temps qu'elle, les couches interieures du sable n'en sont nieme pas souillees. La formation du bilume se remarque seulement le long de la rive, sur une etendue de 150 metres environ, et sur une pareille surface du cote de la montagne. C'est dans cette loca- lity bornee qu'a plusieurs epoques on a creuse des puils qui maintenant servent de reservoir au bitume. Horsdu demi-cercle qui circonscrlt ce bassin, on n'en remarque plus sur aucun point de la cote, quoiqu'on en sente I'odeur, qui vient probablement de la mer. Les quatre fosses les plus anciennes sont situdes au S. , a 15 metres des bords de la mer; elles ont 4 a 5 pieds de profondeur et 3 a i de diametre ; elles ren- ferment environ 2 pieds d'cau sur laquelle nagent 3 ct ll lignes de bitume noir , assez dense, d'une forte odeur de petrole. L'eau est un peu plus salee que celle de la mer, et sa temperature est relative a celie de I'atmosphere. De temps en temps, on voit s'^lever a la surface des bulles d'un gaz sulfureux qui ne noircit pas I'argent. C'est sans aucun doute de ces fosses que les anciens Egyptiens I'etiraient une grande partie du bitume qu'ils cmployaicnt dans Icurs embaumcments. ( 2b7i ) in pen plus ail i\. , on remarcjue deux autres fosses creus^es en 1820 par Soliman-Paclia, et enfm entre les fosses anciennes et cellos de Soliman-Pacha existe une septi^me fosse, en forme de galerie, de 10 metres de longueur sur 1 metre 30 centimetres de profondeur et autant de largeur , creus6e en 1823 par la compa- guie Barton. Ces fosses recentes contiennent , comme les anciennes, de I'eau de mer surmontee d'ime couche de petrole , epaisse de 3 ligncs environ, EUes avaienl ete ouvertes pour des etudes sur le sol sous-jacent; car le petrole de celte c6!e n'est pas exploit^. I'lusieurs autres fosses ont t^te pratiqui^^es a Gebel- Zeyt, sur dilTerents points et a des profondeurs varia- bles; niais ces fosses, indiquees par Brocclii, dans son voyage a cette locality , ont 6l^ presque toutes com- bines par le temps. INous mimes le feu a la couche bitumineuse qui sur- nageait dans la fosse Barton, qui brilla avec une grande flainnic rouge et une fumec tres dense pendant quatre heures environ. I/eau s'etait echauffee jusquc pres du point de I'ebullition et avait diminu6 de moiti6. Ce (jui restait 6tait parfaitement limpide, sans aueune trace de bitume ; inais nous ne tardauies pas a la voir se recouvrir d'une legere pellicule irisee eld'une quantity de petrole analogue a celle que nous avions brulee. Nous avons du reste recueilli a plusieurs reprises le pe- trole de ces fosses pour I'expedier a la pharmacie cen- trale du Caire , et nous avons toujours vu cette sub- stance se ronouveler dans les monies proportions dans I'espace de vingt-quatre heures. II paralt que le bitume de Gcbel-Zeyl est apport*^ par la mei'. On reconnait sa presence a la surface des eaux du golfe sur uno lign(> (pil descend du N.-E. au S.-O. etdansunectcnduededixadouzclieucs.M. Ayme- ( 265 ) Bey, qui traversa la mer Rouge pour se rendre de Gc- Bel-Zeyt a Thor , dlt avoir reconnu pendant ce trajet, et sur cinq points diff^rents , la presence du pditrole accus^e par son odeur el la teinte irist^e , liuileuse, qu'ii communique a la surface de I'eau quand la mer eslcalme. II assure aussi I'avoir remarqu^e sur le litto- ral de Gebel-Thor dans des conditions analogues a celles (le Gebel-Zeyt. II parait par cons(^quent Ir^s probable que cette formation a une origine tres 6loi- gn^e et qu'elle n'est peut-etre qu'une continuation de I'asphalte de la mer Morte , onfin que le bitume qui s'infiltre a Gebel-Zeyt y est transport^ ou jete par les vagues. Nous savons encore que toute cetle portion du sol qui de Thor s'etend jusque vers la Palestine est parsem(5e de productions ignees , volcaniques, analo- gues a celles que nous remarquons sur la cote occi- dentale du golfe de Suez que nous parcourons. Lepuits creuse parM. Ayme-Bey est distant de la mer de AOO metres et de 800 metres du pied de la mon- lagne piimitive. II se trouve par consequent sur un plan incline entre la montagne et la mer , et a une hauteur d'environ 22 metres au-dessus du niveau des eaux de cette derniere. La surface du plan incline est occupee par des alluvions , resultats de la destruction des collines primitives et des formations adjacentes. Ces alluvions recouvrent un depot de sables marins , renfermant, comme elles , des fragments el de gros cailloux de granil, de porphyre, de griinstein , etc.; en dessous vient une espfece de psammite moderne , blanche, siliceuse, assez compacte et renfermant dans son empatement une grande quantite de coquilles dcmi-fossiles, qui, en grande partie, ont conserve leur coulour naturelle et leur forme^ ainsi que des fi'agments isoles de coraux et de madrepores de plusieurs esp^ces. ( 266 j Au premier coup d'ceil il nous seuibla que tous ces ileini-fossiles apparleuaient aux luemes especes vivant actuellement dans le golfe de Suez, et la comparaison nous convainquit plus lard de celte identity. Sur pr^s de deux cents especes recueillies dans ce gisenient, il n'y a guere que la cloisonnaire et la pholadumie que nous n'ayons pas retrouv6es dans les eaux du golfe. Ces divers depots que nous venons de signaler represen- tent une (Elevation de 17 metres 33 centimetres. lis sont traverses par le puits qui s'arrfete a cette prol'on- deur. Ce puits est carre , de 3 metres 33 centimetres de cote, et ses quatre faces regardent les quatre points cardinaux. A I'O., un escalier de 52 marches, taillees dans le terrain mC>me, conduit du fond de I'excavation ausommet du plan incline ; a I'E., une tranch^e coupe perpendiculairement le puits ct se prolonge sur une ^tendue de 300 metres environ j usque vers la mer ; cette tranchee est encaissee entre deux parois bien coupdes et parfaitcmciit d'aplomb , qui s'abaissent h. proportion de I'inclinaison du plateau; elle sert d'e- coulement aux eaux qui encombrent les travaux et que la pompe fait sortir, Au fond du puits, c'est-a-dire a 17 metres 33 cen- timetres en dessous du sol, M. Ajmc avait 6tabli un appareil de sonde qui penetra dans des sables niarins, renfermant , comme ceux de la partie superieure, des masses etdes cailloux granitiques, qui a chaque instant faisaient courlr risque de briser la sonde. Lne fois cet accident arriva , et Ton fut quarante jours avant de pouvoir retirer le morccau Lrise et recommencer le travail. Cet obstacle n'etait pas le seul ; bientot les eaux aflluerent tellement, qu'unc grande pompe an- gluisc, montoc sur-lc-champ, no pouvait parvenir a en ( 267 ) debarrasser completement les travailleurs : enfin les sables coulants ofTraient, par leurs eboulements con- tlnuels , autant de difficult^s 5 vaincre. Cependant M, Ayme parvint, en luUant avcc la tenacity et la vo- lonte energique qui lui est propre, a penetrcr jusqu'a une profondeur de 47 m6lres en dessous du niveau de la mer, sans traverser d'autre forinatlon que celle du sable, dont nous avons parle ; ne pouvant plus en der- nier lieu se rendre maitre des eaux, il avait renonc6 au travail qui etait suspendu d'hier. Apr^s quelques discussions, il fut decide que dans deux ou trois jours nous partirions en caravane, avec les ouvriers , les outils et instruments, et que nous nous dirigerions sur Ouadi-Genneh. Dans son inte- rieur, M. Ayme 6tait enchante de quitter celte localite maudite, et nous sommes surs qu'il b^nissait notre arriv(^e; car son depart devenait le resultat d'une sorte d'examen ofliciel et consultatif de la locality, et il n'au- rait pas I'alr, aux yeux de Son Altesse, d'avoir cede a la crainte et au decouragement. Nous devons, du reste, faire ici I'eloge deM. Ayme, dont nousne saurions trop vanter le courage, la perseverance etla sobri^te. C'est un bomnie fait pour vivre dans les deserts les plus sau- vages et les plus arides , ne buvant d'aucune espece de liqueur spiritueuse , ni de cafe, ne fumant pas, chose extraordinaire en Orient, enfin sachant se con- lenler du peu qu'il est possible de se procurer a une si grande distance du Nil. Cependant la niaison de M. Ayme est pourvuede tout ce qui peut procurer une reception confortable aux amis qui se d^cident a I'al- ler visiter , et il y en a bien peu qui se hasardent c», une pareillc promenade. ( 268 ) DELXIEME SECTION. Actes de la Societe. KXTHAIT PES PROCES-VKHBAIX DES STANCES. Pri5sidence de M. Daussy. Seance eln 2 octobre 1846. Le proces-verbal de la derni^re seance est lu ot adopts. M. le baron de Uerfelden de Hinderstein adresse une ^'ote rectlficalive au sujet de la feuille 8 de sa grande carte de I'archlpel des Indes orientales , et il prie la Society de donner de la publicite a cette Note. — Renvoi au comite du Bulletin. ftl. de La Roquette olTre , au nom de la Societe royale des antiquaires du Nord , le 12' volume de ses Scripta historica Islandoruin , ainsi que deux ouvrages de M. Vedel Simonsen sur la ville d'Odcnsde et sur Je cbateau de Kongeborg. iM. de La Roquette est prii!; de rendre compte du premier de ces ouvrages. Le meme membre lit une Notice necrologique sur feu M. J.-B. Eyries, ancicn jncsident lionoraire de la Societe. — Renvoi au comite du Bulletin. M. le vicomte de Santarem lit la suite do sou Me- ( 269 ) moire sur la condition des personnes et des proprie- t^s au Mexique a I'epoque de la conquete des Espa- gnols. — Renvoi au comite du Bulletin, Seance du 16 octobre 1846. Le proces-verbal de la derni^re st^ance est hi et adopte. L'Academic royale des sciences de Berlin adresse a la Soci^te la suite de ses M^moires et des Comptes- rendus de ses stances. La Societe royale des antiquaires du Nord adresse la suite de ses Menioires et de ses Bulletins. M. Rafn , son secretaire , joint a cet envoi deux ouvrages qu'il vient de publier sur le Nord de I'Amerique. M. Jomard communique des renseignements sur la c^remonie qui vient d'avoir lieu a Genes , pour la pose de la premiere pierre du monument 6leve a la memoire de Christophe Colomb. Le meme membre presente un apercu des explora- tions et des fouilles faites par le D"^ Squier dans les monticules de I'Ohio. — II est pri^ de remettre une Note ace sujet au comite du Bulletin. M. le vicomte de Santarem depose sur le bureau la 3* livraison de son atlas , compose de mappemondes , de portulans et de monuments de la geographie de- puis le vT siecle jusqu'au xvn" siecle , pour servir de preuves a I'histoire de la geographie du moy en-age et a celle des d^couvertes des Portugais. M. de Santarem lit a ce sujet une Note , qui sera inseree au Bulletin. M. le D"^ Wappaus , present a la seance , fait hom- niage de son Traits sur les migrations allemandes, en- visagees sous le point de vuc geograpbique ; il est prie fTen remettre une analyse an comite du Bulletin. ( 270 ; M. de La Roquette olVre, au nom de raulour , M. Munch, une carte gen^rale de laNorviige, a I'usage des ecolcs. M. Roux de Rochelle presente uii volume de ses oeu- vres draraatiques, M. Vivien de Saint-Martin depose sur le bureau plusieurs exemplaires du catalogue de la biblioth^que de feu M. Eyries. M. Albert-Mont^mont annonce qu'il va publier une collection des nouveaux voyages effectues par terre et par mer de 1837 a 1847, dans les diverses par- ties du monde. Cette publication, qui se composera de 6 volumes , est deslinee a completer son histoire universelle des voyages en 46 volumes , qui s'etait ar- rfit^e a 1837, M. Albert-Monleniont prie ses collegucs de le seconder par leurs utiles communications. M. Daussy communique une lettre de M. Maclcar a M, le professeur Schumacher , relativement a la me- sure d'un arc du m^ridien au cap de Bonne-Espe- rance ; il communique egalement une Note sur une nouvelle carte de I'Etat de Massachusetts. — Renvoi de ces documents au coniite du Bulletin. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCltfE. Seance du 2 octobre\%Ix^. Par rAcaclemie de Reims : Seances et travaux de Cettc Academic, t. III et IV (1845-18/16). 2 vol. in-8. Par M. Vedel Simonsen .Bidrag til den fyenske Konge- borg Rugaards, dens Lcens og dens Loensmocnds his- toric, 184/i , 3 vol. in-8. — Bidrag til Odense Byes ccldre historic i chronologist orden,184/i, 1 vol, in-8. Par M. Paul Huot : Rapport sur les monuments an- ciens d'Orleans, broch. in-8. Orleans, 1846. — Notice ( 271 ) smNotro Dam('-(le-la-Roche,brocli. in- 1 2. Caen, 1846. Seance du 16 octobre 1845, Par M. le vicomte de Santarem : Atlas compose dc mappemondes , de portulans et de monuments de la geographie , depuis le VI* jusqu'au xvn' slecle , pour servir de preuves a I'histoii'e de la geographie du moyen-age et a celle des decouvertes des Portugais , 3* liv. , contenant les documents suivants : 1° Mappe-- monde de Cosmas Indicopleustes, du vi* siecle, qui se trouve dans un Ms. du ix° siecle; 2° Planisphere du m." ou du commencement du x" siecle , trouve par M. Mil- ler dans un Ms. de Madrid , qui a appartenu a la bi- bliolheque de la Roda en Aragon (1) ; 3" Planisphere du x' siecle qui se trouve dans la biblioth^que de Florence (2) ; h' Mappemonde du xn* siecle qui se trouve dans un Ms. de Salluste de la bihliotheque laurentienne a Florence; 5" Planisphere qu'on voit dans un Ms, de Salluste a la bihliotheque des M^dicis a Florence, du xiv* siecle; 6° Planisphere qui se trouve dans un Ms. du xni" siecle a la bihliotheque des Medicis a Florence ; 7° Mappemonde du xiv* siecle dans un Ms. de la bihliotheque laurentienne a Florence; 8° Globe terrestre qui se trouve dans un Ms. de Marco Polo de la bihliotheque de Stockholm, ecrit vers Ian 1350(3) (i) On reinarque cliins cette mappemonde comme dans presque tons les monuments cartogiaphiques du moyen-age , I'Asie beaucoup plus grande que TEurope et I'Afrique ensemble, ce qui vient a I'ap- pui de la demonstration que j'ai faite , qu'avant les derouveites dts Portu;>ais , les cosmof;ia|ibes de I'Europe ne c^onnaissaient pas Ic prolonyement et les vrais contouisde I'Afrique'. (2) On y remarque les memes particularitts que dans la inappe- iiionde pretedente, (3) Ce globe est entoiue d une le'fjendc Ires curieuse. On v voi» ( '-^72 ) 9° PJanisphere qui se Irouve dans un Ms. cl'un poeme g^ograpliique du xv* siecle; 10" Mappeiuonde d'Andrea Bianco, dross^e en 1436; 11° Mappcmonde de la fin du XV* siecle qui sc trouve dans I'ouvrage tres rare dc La Salle, du xv° siecle; 12° Planisphere du xn" siecle place entfite d'un Ms. latin delaBibliotheque royale de Paris (I). — Portulan du xiv° et du xV siecles (1384 a 1434) donn6 en fac-simile d'apres I'original qui a ap- partenu a la bibliotiieque Pinelli, maintenant dans celle de M. le baron \ alckenaer (2). egalement I'Asie plus grande que I'Europe et I'Africjue ensemble, Ce dernier continent y est encore plus petit que dans les autres monu- ments de ce genre. Le cosmograplie qui a qui I'avaient precede dans la carriere des grandes decouvertes g^ographiques ? c'etait de completer la de couverte de I'ancien monde; c'etait de penelrer dans le centre de I'Afrique, d'y deconvrir les noeuds de ses grandes chaines de rnontagnes, les sources de ses grands fleuves, la direction de ses grandes pentes , et de rendre ainsi possibles les explorations de cette par- tie du monde; c'etait de cueillir en As';e la meme palme geographique, sur ce plateau du Tibet el de la Tatarie oii sont les pins liautes rnontagnes du globe , ou se caclient pent-etre les plus antitjnes annalrs du genre humain. Les ambitieux projets de la Societe de geograpbie, et la maniere dont elle interpretait son programme , se manlfestent par les premiers prix qu'elle proposa et par ses premieres publications. Elle a reuni les voyages et les ouvrages fails dans le moyen-age qui pouvaient jeler le plus de lumi^res sur le centre de I'Asie et de I'AtVique. Ce fut d'abord le voyage de Marc-Paul en langue romane , public pour a premiere fois sur un Ms. de la i)il)li()tlie([ue rovale. ( 276 ) lin savant Itolien prtMiva (jne i-'t-lait li'i lOi iiiinal nys inconnii.i , Jors- qu'elle proposa iin prix pour la descrijition des inon- tagnes de I'Europe. (le sujet lui parut assez important pour Faire im|)rimer a ses IVais I'ouvrage qui a\ait remport6 le prix. Voila le conlcnii des sept volumes in-A" que la Societe a publiiis. Faute de fonds, elle a el6 obligee de suspendre , el meme d'interrompre cotte im- portante collection , mais elle n'a pas interrompu I'impression de son Bulletin, qui forme auj(>urd'luji /i() volumes in-8" , ou se trouvcnt les mat^riaux de sa vaste correspondance , un grand nombre de relations originales, et unefoulede documents pre* ieux pour la geograpbic et pour I'liisloire. la Societi^ s'est-elle contont^e de laire im[)rimer des livres? Quels onl cte les resultats de ses publi- cations ? Les voici , messieiu-s ; la Socidte a distribu^ plus (U- cinquante prix ou m^dailles d'encouragement poiu des voyages de decouvertcs. ou des travaux el des re- ; 277 ) elicrchos geoj^rtipliiciuos. Panni cos voyaj^es, coux de Rcjie Caillu a Toiiiboiiclou et de Pacho dans la Cyre- naique , doivenl etre nommes en prcnniere ligne , [)arce qu'ils ont 6t6 executes sous les auspices el par les inspirations de la Societe. Puis , pour ne pas quitter I'AFrique , viennent les voyages de MM. Ferret et Ga- linier , Beke et Lefebvre en Abyssinie. Les autres voyages auxquels la Societe a accorde le prix pour la decouverte la plus importante en g^ographie sont ceux du capitaine d'Lrville au pole sud , du capitaine Back aux regions arcliques, des cupitaines Jobn et James Iioss , et de Francklin aux mers polaires; de Graab au Greenland ; de M. d'Orbigny dans I'Auierique nie- ridionale ; de Gay au Ciiili; enlin le voyage si com- plet et si savant de M. Dubois de Montpereux au Cau- case, et celui de M. Hommaire de Hell a la mer Noire et a la mer Gaspieinie. Apres cette simple enumeration des travaux de la Societe , qui pourra dire qu'elle n'a pas bien rempli son mandat , qu'elle n'est pas restee fidele a son pro- gramme ? Mais alors pourquoi n'obtient-elle pas , je ne dirai pas autant , inais plus d'encouragements que dans le commencement de son existence , puis- ([u'elle offre des preuves de son habilete , et presente , comme garantie, de longs services rendus a la science? Ge sont la des titres legitimes a la faveur publique qu'elle no poss^dait pas alors. — Pourquoi ? Messieurs , la raison de cette anomalie est facile a dcviner. C'est precisement parcc que la Societe a constamment adhere au programine (jui I'ul la cause de s(>s premiers succes , qu'elle s'y est de lout point conlonuee; (|ue, dans rinl(^rel de la sciiMire (pii sctde { '27S ) la piL'OLCupL' , L'ile so garilL' l)ic;ii dc reiioncer a la liauto mission qu'elle s'^tait tlonnde , (jue cciix qui ile- \aient etre ses principaux appuis la ilt^laissenl, uu ne- gligent (Je iui porter socours. La Societe de geographic n'a point cliang^ , nials tout a change autour d'ellc. Nul doLite , messieurs, que si en se conformant au temps present , la Soci^le s'etail occup^e des ques- tions de geograpliie sous le point de vue industriel et ujatericl ; qu'elle eul employe son ti'inps a rechercher les moyens de boire du the et do I'umer des ci- garres a bon march6 , elle n'eilt obtenu plus de sym- pathie; et peut-etre qu'alors concevant unc haute idee de son savoir et de sa grande utility, on Iui auralt fail ( 2S2 ) iV Aiis'ralie , que sous sun ancieii nom, r^elleinent assez impropre, de Noiivelle-Hollniule. L'Asie, les deux Aiueiiques, I'Europe elle-ineme dans quelquos unes de ses parlies, out, et en ti'^s grand nombre, des contr^es imparfaiteincnt connues ; bien des pays, rapidenient apergus par un petit nombre de voyageurs, attendent que de nouvelles et plus s^rieuses explora- tions lournissent au g^ographe des donn^es moins in- completes pour le trace , au moins approximatil", de Icurs grands traits physiques, et pour la determination des lignes itineraires : lAfrique et I'Australie ont seules de vastes espaces oil nul Europeen n'a jamais penetre. Pour I'Afrique , I'anne 1846 n'aura combie , que nous sacluons au moins jusqu'a present, aucun de ces vides que nos cartes y presentent encore ; I'Australie, mieux partagee , en aura vu disparaitre quelquesuns, el des decouvertes encore plus importantes y serablent r6ser- vees a un avenlr prochain. Lc continent auslralien est maintenant une tcrre exclusiveihent britannique ; et raclivite du oaractere anglais, doublementincitec par la passion des decouvertes et par I'interet colonisatcur , lutte avec une patiente Anergic contre les obstacles qui jusqu'a pr6sent ont lerme I'interieur de I'ile aux plus hardis voyageurs. Les dernieres entreprises geographiques dont I'Aus- tralie a 6te I'objet remontent pour la pluparl a plu- sieurs ann^es ; mais elles n'ont nt quiin grand avenir oe;ricolo L't commercial est ieser\e aiix pa\s qui cntourent ce ufoH'e immonse. A peino repose de sa peiiible excursion , le D' Lei- chardl s'est prepare a en ontreprendre una nouvelle , plus longue encore et plus perilleuse. Cette fois , il ne s'agit de rien moins que de traverser le continent dans toute son etendue de I'esl a I'ouest, et de marcher ainsi de front a la solution des probl6mes qui ont ete soule- ves dans ces derniers temps sur la nature des parties centrales de I'Australie. La Iheorie , appu)6e sur des raisons specieuses, annonce un immense Sahara, ana- logue aux mers de sable de I'Afrique et de I'Arabie ; les traditions concordantes recueiliies parmi les tribus (lu sud et du nord indiquent au contraire un lacd'une vaste etendue, une v<^rilable Caspienne aussi grande peut-etre que celle de I'ancien monde. Le temps ap- proche silrement oii I'observation directe montrera ce qu'il y a de vrai ou de faux dans ces suppositions con- fradictoires. Tandis que Ic capitaine Stokes poursuivait-sa gigan- losque reconnaissance nautique du pourtourde I'Aus- iralie , une expedition particuli(!;re , conduite par le capitaine Blackwood, executait la reconnaissance du ddtroit de Torres , entre I'Australie et la Nouvelle-Gui- nee. La tache du capitaine Blackuood ^tait d'etudier un a un les innombrables rochers de corail qu'on a nnmmes la Barriere des Recifs, muraille immense ele- vee des profondeurs de 1 abhiie par le travail myste- rirux des zoophytes, et qui font de ces mers I'effroi du navigatcur. Dirig6s d^sormais par des cartes dignes de toute confiancc , nos vaisseaux pourront enfin voguer avec securile au milieu de ces ^cueils marques par tant ( 287 ) tie sinistres. L'Ane,let('ire altaclie, et avec raison, line extreme importance a ces |:;ran(ls travaux hyrlrogra- phiques , qui ont pour r^siiltat , en eclairant la naviga- tion de parages peu fi'eqiientt"'s, d'ouvrir une communi- cation beaucoup plus direcle entre scs etablissements de I'Australieorientale et lesmers de I'lnde. Les nouveaux etablissements anglais de la cole septentrionale, et ceux qui ne peuvent manquer dc s'elever bientot au pourtour du golfe de Carpentarie, donnent d'ailleurs une importance toute particuliere a cette route dude- troit de Torres. Sans se presenter sur une aussi vaste eclielle , nos propres ditablissemcnts de I'Oceanie , et les flottilles dont ils y exigent la presence, n'auront pas laisse de nous valoir aussi de notables perfectionnoments dans I'bydrographie des arcbipels polyn^siens. N'oublions pas de saluer d'un regard de reconnaissance les hum- bles et pieux missionnaires que d'autres interets am6- nenl au milieu de ces iles , parmi des hommes livres encore pour la plupart aux pratiques les plus barbares de la vie sauvage, et dont ils savent se concilier, a I'orce de douceur, de vertus et de patience , le respect et I'affection. On ne peut lire sans en etrc profonde- ment emu les relations, si touchantesa force de sim- [)licite, ou nos missionnaires francais racontent leurs tentatives persev^rantes pour ouvrir a ces miserables insulaires I'hoi'izon dune vie nouvelle, L'homme de la nature, quoi ([u'en aient dit autrefois les romanciers de la philosophie, est en realite un etre aussi peu so- ciable que peu attrayanl ; et Ton ne saurait assur(^ment entourer de trop de v6n^ralion ce d^vouement reii- gieux , qui, pour alier deposer dans un sol rt belle les premiers germes de notre civilisation , fait alTronler ( 288 ) volontairenient tonics los latij^ues el Ions l^s degoilts • tonics les privations et tons les perils, sans espoir dc recompense humaine , sans cette incitation de la gloire qui pour nous est un si puissant aiguillon , sans autre mobile que le sentiment profond d'un grand devoira rera- plir. C'est la uneoeuvre de vraie pliilanlhropie , — dela philanlhropie eclairee du double flambeau de la science et de la foi ; car ces hommes , consacr^s a la carri^re des missions , ne se sont pas seulement formes aux humbles vertus de leur minislere ; beaucoup d'entre eux, inities aux connaissances physiques et philolo- giques, sont mieux prepares que bien des voyageurs de profession a eludier d'une maniere fructueuse les pays et les peuples au milieu desquels ils se trouvent conduits. Et cet hommage que nous rendonsa de pau- vres prfitres qui servent ainsi obscurement la science ct I'humanite , ces paroles de louange qui n'olTenscronl point leur humilite, car sans doute elles n'arriveront pas jusqu'a eux, ce n'est de noire part qu'un juste iri- butde gratitude. Ce n'est pas a vous, messieurs , qu'il est necessaire de rappeler quels immenses services les missionnaires catholiques ont depuis trois si^cles rendus aux sciences gdographiques dans loutes les parlies du globe. Aujourd'hui , les Annates de la pro- pagation fie In foi, qui ont succed6 au precieux Recueil des Lettres edifiantes , renferment comme cellcs-ci una nmllitude de rcnseignements instructifs el d 'utiles documents. On trouve aussi de temps a aulres des ujorceaux de meme nature dans le Journal des iMis- sioiis evano^eliqnes et dans les aulres publications des communions proteslantes. ( 28<) ) AMEUIOUE. Liee a lous les iiiterets et atonies les transactions, 11 n'en est pas ou la geographic nc Irouve a s'enrichir. Ici ce sont les Int^rets cominerciaux quT obligent de mieux otudier certaines parties du globf; la , ccux de la propagation religicase ; allleurs, ceux de la guerre et de la politique. Cost ainsi, que dans I'Anieriquc du nord , de recents detneles entre les Etals-L'nis et Ic Mexique sont devenus roccasion de plusieurs publica- tions interessantes sur les provinces si peu connues de la Californie , do meme que pr^cederainent les Ion - gues negociations entre I'Angleterre et les Ltats-Lnis au sujet du vaste territoire de TOregon , nous avaient valu I'excellent livre de M. Greenongh sur les lorri- toiresdelacoteNord-Oucst. Parnii cesouvrages relatifs a la Cialifornie , le premier rang apparlient jusqu'ici a la relation en quelque sorte ofTicielle du capitaine Fremont, commissaire du gouvernement ani^ricain. D'autres recherches et d'autres publicalions qui se rapportent aux l^tats-Llnis , sans avoir un caract^re precisement geographique, merltent cependanl d'ar- reter notre attention par les lumieres qu'elles peu vent Jeter quelque jour sur la question si confuse encore des origines aniericaines : ce sont les travaux relatifs aux curieux monuments d'antiquite qui avolsinent les bords de I'Obio , monuments analogues, par leur ap- perence et leur destination, aux tertres tumulaires qui se rencontrent en diverses parlies de I'ancien mondo. Les tumulus de I'Oblo, seuls vestiges qui sub- sistenl aujourd'bui des anciennes populations indi- genes , sont certainemcnt anterieurs au sieclo de VI. NOVRMB. F.T Dr'xiMB. 2. 20 ( 290 ) (idloinb. Boaucoup de ceiix que Ton a I'xcavt^s jiisqua jiresont renferment, outro de nombreiix squelettes hu- mains, des armes et des ustensiles de toute nature propres a nous fairc connaitre non seulement le des;re d'industrie, et cons5quemuient de civilisation relative oil etait arrive Ic peuple auquel ces restcs apparlien- nent, maisaussi, jusqu'a un certain point, les rapports que ce peuple pouvait avoir avec d'autres nations plus eloigni^es. On n'a trouve jusqu'ici dans ces fouilles qu'une seule pierre que les caracteres dont elle est couvei-te puissent faiie regarder coinmc une inscrip- tion; mais cette inscription, que divorsescirconstances accessoires feraient remontera une ^poque beaucoup plus ancienne que la dtcouverle de I'Ani^rique, are- vele unfait singuli^rement curieux. Lndes membresde votre Commission Centrale, M. Jomard, qui en a fait I'objet d'un examen partlculier , n'a pas (^te peu sur- prls , comme on peut croire, d'y retrouver une suite de signes tout-a-fait semblables aux caracteres em- ployes par les Touiiriks du nord-ouestde I'Afriquc, ca- racteres qui ne nous sont euxmemcs conniis que depuis peu de temps , et dans lesquels sc conserve ires probablement un antique alphabet de la race Berbere. II serait plus que t^meraire de tirer, quant a present, aucune consequence precise de ce fait lsol6 ; mais c'est un indice qu'il faut recueilllr |)r6cieuse- meiit, et qui plus tard , joint a d'autres faits analo- gues que les fouilles qui se poursuivent plus active- ment que jamais pcrmettentd'esp6ror, pourra fournir des documents pour rhistoirc aborigene de I'Ame- rique. Un Amerlcain , M. Sqiiier , a fait depuis deux ans dans ces localites de I'Ohio des excavations tr^s considerables; on a lieu de croire quo I'ouvragc ( 291 ) oil les resultats en sout consignes sera puhlie pro- chainement sous les auspices de la Society Etlinolo- gique tie New-York. Ces rechcrclies et ces travaux sont d'autant plus dignes de votre iiiteret , que vous pouvez vous applaudir, messieurs, d'avoir grandement con- tribue a rimpulsion toute nouvelle qu'ils ont regue par vos propres publications de 1825 , dans le second volume de vos Memoires , et par le prix que vous fon- dates en 1826 pour I'etude approfondie des monu- ments indigenes de I'isthme mexicain. La Societe des Antiquaires du Nord qui siegea Co - penhague, poursuit, de son cote, le cours de ses belles publications sur les anciens voyages des Danois et des Norv^giens dans les parages septcntrlonaux du conti- nent aui^ricain anterieuremoat au xv'' siecle ; elle a termine celte ann^ii la longue serie des Monmnenta historica Islandorniii, par un 12* volume on Ton trouve, sous la forme d'une table alpliabetique de I'ouvrage entier, un veritable Dictionnaire de la vieille geogra- phic septentrionale des Sagas. La Sociele de Copen- haguc a aussi public le 3* volume des Groenldivrs hislnriske iiiiiidesiiicerker , ou Monuments hisloriques du Greenland ; ce volume complete egalement la serie a laquelle il appartient. Le l"" volume el le 2° avaient et^ publies en 1838. Ces hautes regions de I'Amerique baignees par la mer Polaire ont et6 aussi I'objet d'une autre publica- tion historique ; mais celle-ci se rap|)orte exclusive- ment a la periode contemporainc. M. John Bnnnw , dans un livre intitule Voynires of DismvevY nnA Ad- venture within the Arctic Regions, from 1818 to present time, s'est propose de reunir en un seul tableau la longue succession d'entreprises el de rcclicrclies exe- ( 292 ) cut6es depuis vinp;t-sept ans sous rinspiralion ile 1 u- luiraiite britannique pour la solulion de ce piobleino clu passage Nord-Ouest dont une nouvelle expedition cherche en ce moment meme le dernier mot. La sont r6sum6es succinctement, mais d'une mani^re nette et substantielle , les vokimineusos relations des Parry, des Franklin , des Lyon , dcs Ross, des Richardson , des Back, des Simpson et de beaucoup d'autres, acces- sibles seulement, sous leur forme originelle, a uu petit nombre de lecteurs sp^ciaux. Ce nouvel ou\rage de M. John Barrou forme la suite nalurelle de son His- toire chioiiologiqite des f^oyages ftn.v regions arcliques publi^e en 1818 , et dont )1 existe une traduction fran- ^aise. LesRusses, si bien pl^c^s pour completer la con- naissance des extr^mites nord-ouest de I'Amerique, publient peu de chose sur cctte region. II a cte fait mention dans I'Acad^mic iinperiale de' Saint-Peters- bourg des courses d'un naturaliste , M. foznessensky, au pourtour de la mer de Bebring et dans les iles Almontes; mais il ne paraSt pas que le voyageur ait un autre objet que des recoltes bolaniques etzoologiques, ot, dans tous les cas , il n'a jusqu'a present 6te rien public de ses observations. Celles que diff^rents explorateurs ont pu recueillir r^cemmenl dans I'Amerique du Sud ne sauraient etre encore suffisamment appr^ci^es. Nous ne connaissons que par son titre la Relation que le Rev. Daniel Kidder a publi^e cette ann6e a Londres de son s^jour etde ses courses dans le Br^sil. Quoique frdquomment visite par des voyageurs de premier ordre , entrc les- quels la France est fiere dc compter les noms des U'Orhigny et des Jngnsle Snint-Hilnire , ce royaume est ( 293 ) assez vaste pour ofTrir a leurs successeurs un inepuisa- ble champ d'investigalions. Les etudes qn'un aulre de nos cotnpatrioles , M. le comte de Castehtuu , a 6te ;'i meme d'y poursuivre depuis trois ans , comme natu- ralisle, comme antiquaire , comme ethnologue et comme geograplie , seront digues , nous en avons I'es- poir, de la confiance que ses travaux anterieurs dans I'Amerique du Nord etaient faits pour inspirer, et qui lui ont valu la mission scientifique qu'il remplit en ce moment; mais qu'il nous soil permis d'exprimer , en meme temps que cet espoir, le regret qu'une publicity plus prompte et plus complete ne soit pas donnee aux communications successives du voyageur par le minis- tere auquel ces communications sont adress^es. Ce systeme de concentration est cliez nous , il I'aut bien le dire, une habitude de bureaux profond^mentenraci- nee : c'est une consequence — dirons-nous inevitable ? — du mecanisme de notre centralisation administrative , admirable sous tantd'autres rapports, mais qui aaussi, comme toutes choses de ce monde, ses abus et ses in- conv6nients. La pensee dirigeante est grande et lib6- rale ; mais combien de fois n'ai'rive-t-il pas que cette pensee g^nereuse s'enerve et se denature dans I'inter- minable filiere qu'il lui faut traverser pour arriver a I'application ! Ah ! si le Roi le savait ! disaicnt nos an- cefres; aujourd'iiui ilnous I'aut dire : Ah ! si leministre le savait ! Et cependant, messieurs, les habitudes d'une na- tion voisine tourniraient anotrepropre administration un exemple excellent a suivre. Une partie notable des riches materiaux (|ue renl'erme la suite du Journal de la Socit'fe googiapliique i\o Londres provient dos com- munications quo les chefs d'administration s'empres- ( 29/1 ) sent tl(i laire a la Societe, des que qiielque docuiiient propre a liiteresser la science leur a el^ Iransinis par leurs agents respeclifs. On no saurail trop legretter qu'il n'en soil pas ainsicliez nous. L ne piompti; pu- blication doublcrait Ic prix de beaucoup de ces docu- ments; les d6lais exag^r«^s qu'on apporte irop souvent a leur raise au jour, quand ils ne restent pas comple- tenientcnsevelisdans les cartons oil les aura relegues un coniinis indillerent, leur cnlevent presque toujours, en nieme temps qu'une portion de leur utilite, la prio- rite qui fait une partie considerable de leur valeur. Que d'exemples ne pourrais-je pas citer a I'appui de ces observations ! Celte inertie deplorable a d'autant plus lieu de surprendre, que, de toutes les nations de I'Europe, la notre est depuis longtemps incontesta- blement celle qui a fait executer le plus grand nonibre de voyages et d'expeditions scientili(jues dans toutes les parties du monde. Pleins de leu des qu'il s'agit d'entreprendre une de ces expeditions qui promeltent a la science une abondante moisson de fails nouveaux, pourquoi cc zele et cette activity nous abandonnenl- ils quand il s'agit de coordonner et de publier les fails recueillis? La France, cependant, qui dt!^fraie magnifiquement ces peregrinations savantes , aurait bien quelque droit de r^clamer, dans I'int^ret de la science, la connaissance immediate des resultats ob- tenus ; et Ton se demande pouiquoi ces voyages en- trepris aux frais de I'Ltat sont ceux dont la publicity se fait le plus longtemps attendre. Nous pourrions ajouler que ce sonl les seuls dont la publicile resle toujours singulierement restreinle , par suite du mode de publication que Ton \ adoptc generalement , el du luxe exagere qui en iiilcrdil I'acquisition a ceux-la ( -295 ) meiiies a ([ui ilsseraieiil lu plus utiles; mais nous tou- cherions la a uii autre abus que nous ne voulons pas al)order, au moins quant a present. Aussi n'a-t-on pas manque de dire, en certains cas, ({ue, dans plus d'une de ces missions pompeusement annoncees, I'a- vancementde la science n'a ^te qu'un pr^texte, ou tout au moins un motil" tr6s secondaire , et que I'objet principal a ete la satisfaction de quelques convenances personnelles. Nous voulons croire ces imputations tr^s exagerees ; mais il est facheux qu'un sysleme mal en- tendu de reserve et de myst^rc y ait pu donner lieu. Craindrait-on que la publicite immediate des commu- nications ou des rapports des voyageursnedeflorat en quelque sorte leurs publications ulterieures? Mais d'abord , nous le repetons , il est un inleret, c'est ce- lui de la science, qui doit primer les convenances purement individuelles ; et d'ailleurs un tel calcul d'a- mour-propre serait assortment fort mal entendu. Ce qu'un voyageur doit d^sii'er avant tout, c'est que les decouvertes qu'il a pu faire ne soient pas rejetees au second plan , comme il est souvent arrive, par les pu- blications moins tardives de quelque exploi'ateur etran- ger. II y a alors dommage reel, et pour le voyageur lui-meme qui se voit ainsi priv6 en partie de I'hon- neur qu'il devait retirer de ses travaux, et aussi pour le pays , sur qui cet bonneur devait rejaillir. Pense- t-on , pour ne citer qu'un exemple entre mille, que Ja future relation des cours^^s de M Antoine d'Abbadie dans la baute region du Nil soit moins impatiemment attendue, et quelle sera re(;;ue avec un intfiret moins avide, parce que d'innombrablescommunications , des lettres, des meinoires , ont depuis cinq ans term I'Eu- ropepresque jour par jour au courant des etudes et des decouvertes de Icxplorateur ? ( 296 ) Lik; deriucre consitU'iiition. ,\i' s;iis que bcaucoup de voyageurs, de ceux que Ion range dans la classe des vovageurs savants, ne regardent les notes Rentes sous I'inspiration inini^diato des lieux que comme autant de mat^riaux qu'ils ne croirontdignes d'eux que lors- qu'ils les auront remanies , elabores, modifies, el sur- toul longuemcnt amplifies. Ln des moindres inconv6- nienls de ce syslenie de redaction maintenant trop iiniversel , c'est d'elTacer de la plupart des livres de voyages modernesce charme commiinicatitde la spon- taiieite qui donne tanl d'atlrait a quclques unes de nos vieilles relations. Ce qu'on attend d'un voyagcur , ce sont des observations et non des dissertations ; sauf, bien entendu , les exceptions necessities par certains genres de reclierches. Mais ce qui ne devrait etre que I'exception est devenu la r(^gle , el cette regie est pleine d'inconvinients. Les nouns illiislres dont sans doute on invoque mentaleinent I'exemple ne sauraient jusli- iier ce qui est mal en soi. Ce qu'il lanl imiler des mai- tres , ce sont les qualiles, non les defauts , et il faut prendre garde aussi que cequi devait elre un pliare ne devienne un dcueil. Ainsi done, car c'est a cela qu'il nous faut revenir, il est fort a regrelter dans Tintir^t du prompt avancenient des sciences giograpiiiques , dans I'interet moral du pays, dans rinl6r6t mfime des voyageurs defrayes par I'Klat , que Ton croie ne pas devoir donner a leurs communications successives, en tant qu'elles touclienl a la partie purement scienti • fique de leur mission , une publicite prompte et com- plete. Nous esperons qu'on no verra dans nos observations aucune intention , mime eloignee , d'application per- sonnellc. Nous n'avon.s voulu que nous clever contre ( 297 ) un abiis crauhmt plus pernicieux qii'il devient de plus en plus g^ndral. Protester au nom de la science etait pour nous un devoir; ce devoir, nous avons diile rera- plir, meme en esperant niediocreinent quenos paroles Solent entendues. Sans doute, en ce moment, M. de Castelnau louche au terme de son voyage, qu'il doit terminer en des- cendant le cours de I'Amazone. Peut-etre s'y rencon- trera-t-il avec un des officiers de notre marine, M. de Mnnfrauef , qui vient de recevoir des instructions spe- ciales pour remonter et etudier sur un batiment a va- peur toute la partie navigable de cette grande artere de I'Amerlque merldlonale et de ses princlpaux af- fluents. D'autres voyageurs francais explorent en ce moment ou se disposent a explorer diflferentes par- ties du continent. M. tiellert , qui a faitil y a trois ans, comme ingenieur et comme geographe, un premier voyage a I'isthme de Darien , retourne dans la mfime region avec une mission parliculiere ; et M. Morelet est sur le point d'aller etudier I'histoire naturelle du Guatemala. Cest aussi en naturaliste et en ethnologue que M. cV Arcet , fds du celebre academicien , et qui d6ja s'est fait connaitre par une excursion savanle en Lgypte, va parcourir I'inltirieur du Br^sil ; tandis que M. de Marcej a quitte r^cemment la region du Para- guay pour descendre vers les Pampas et s'enfoncer dans les solitudes moins connues qu'arrose le rio Negro. M. Gar , a qui vous avez decern^ en .845 votre grande medaille pour ses longues et belles explora- tions au Cliili , a public cette annee le 1" volume do I't^dition cspagnolo desa Relation, que doit suivrc une edition franraise. ( 298 ) AFRIQUE. Ell Afiw()L£> iiuus avuns a signaler aussi uu assez grand lunnbre de tails geographiques , sans qu'aucun soil dune importance capitale. La Coiiiinission sciei.ti- fique de I'AJg^rie poursuit la publication des docu- ments qu'elle a reunis, materiaux precieux dune fu- ture Description de notre colonie; elle a, je crois , donne cette annee deux ou trois nouveaux volumes. I n jeune medecin qui porte un grand nom, IM. Ca- siniir Brounnais , a aussi public un travail court, raais substantiel et fort remartjuable , sur la constitution physique et la topographic medicale du pays qui avoi- sinc Alger. Sur la cote occidenlale, un batiment de la marine angbiise, rJvon, commande par le capitaine Z^e«/<«w , a dii executer dans la derniere campagne le rel^ve- ment lijdrographique de la partie du littoral com- prise cntre le c;

e//es rJruia/c.s des ^o/<7^'V'A' ( d^cembre 18/|5 ), Mentionnons encore une relation du Fouta-Diallon publiee dans le premier demi-volume du journal de la Societe de geographic de Londres pour 184(5 , d'apres les papiers laisses par leu M. Thompson qui y a sejourne de ISZiZi a 18/i5 , comme agent special du gouvernement anglais de Sierra-Leone. Sans doute en ce moment le jeune et courageux Haff'enel, qui s'est si bien pr^par^, par son expedition de 1843 sur la Haute-Sendigambie, a la perilleuse ex- |)Ioration de I'Afrique interieure, a francbi les limites orientales de notre colonie du Senegal et s avance re- solument vers le cceur du Soudan. Puisse le gtinie de la Science prot^ger les pas de I'inlrepide voyageur, et le conduire lieureusement au but oii Taccompagnoronl f 300 ) iius vcL'iixI 1/iliiieraiie qu^; M. llallt'iit'l s est trace pro- meltrail a la geograpliio de magniliques rcisultals. On a parl6 de quatre religieux italiens qui se pr6paraient aiissi, il y a quelques mois , a entreprendre sur une ties vaste (^chclle , et par des lignes differentes, I'exploratioii simultan^e des parties centrales du continent africain , dans I'espace immense compris entre le Sahara et le Congo, le S6n6gal et I'Abys- sinie. Ce grand voyage etait, dit-on , un projet favori du dernier pape, et le successeur de Gregoire XVI s'est euipresse den faciliter I'execution. Notre epoque senible destinee a voir se d(^chirer dans un avenir peut- 6tre prochain , en AfriqueetdansI'Oc^an , sousrivpia- teur et vei's les Poles , les derniers voiles qui d^robenl encore a I'Europe laconnaissance complete de la sur- face du globe. J'ai nomme M. (.V Abbadic; je dois ajouler que ses amis, completement prives de ses nouvelles depuis les premiers mois de 1845 , attcndent avec anxiety quel- que lettre qui leur explique ce long retard et ce long silence. On pense neanmoius que I'infatigable atiiiele s'est enfonc6 de nouveau dans les terres, ou les com- munications avec la cote sont rates et incertaines , ei nous esperons que bientot il se remontrera'charge de nouvelles richesses. En attendant , la geographic des provinces abyssines s'augmente chaque jour de quelque fait nouveau par la publication des resultats qu'y ont simultanement oblenus, depuis 1838, les nombreux ex])loraleurs dont vous ont cntretenns nos precedents rapports. M. lioc/ie/ (f H('ncoiiit,re\enu enFrancel'un des derniers , a d6ja public il y a quelques mois sa Re/o- lion (III loyanmede Choa. Indepondamment de i'interet scieiitifiquc du xoyage, que les communications do ( 301 ) M. Rochet clans plusiours lie vos sceances particuliercs vous ont mis a ineme en, qui s'y trouvait en meme temps que M. Rochet d'lle- ricourt, M. Beke, M. Lefebvre et d'autres de nos com- patriotes, de 1840 a 1842, Mais M. Even n'a rien pnblie jusqu'a present, quoiqu'il ait fait dessiner avec boaucoup (le soin une fort belle carte ou ses ligncs de route sont tracees depuis Massouah jusqu'aux bords orientaux du lac Dcmbea et dons rinterieur du Choa. ( 302 ) r.es ligiies paraissent avoir cle linlerel, vi meine en certaines parties nn interet de nouvoaut^ ; uiais comme la Soci^le n'a pas etd niisc a meme d'en apprecier les bases , je ne puis ni asseoir ni porter aiicun juge- ment. Les inquietudes que j'cxprimais dans men dernier rapport sur le sort de M. A /v//;/, le zele niissionnairo qui apr6s avoir, lui aussi , p;>rcouru une grandc partie de lAbyssinie , avail form6 le projet de peiietrer de nouveau dans cette contr^e en remontant une des grandes rivieres qui debouchcnl sur la cole oricntale d'Afrique.eten penetrant ainsi au cceur nieme des pays Galla, ces inquietudes n'ont iait que s'accroitre de- puis un an. Aucune nouvelle n'a ete re^ue du voyageur, el il est bien a craindre qu'il ne faille ajouter son nom a la lisle dcja si longue des Europcens qui sont lom- bes sur cette terre ennemie, vicliiues des inlluences du climal ou de la ferocite des habitants. Un autre mar- tyr, sur le son duquel on n'a plus niallieureusemenl a conserver de doutes, est M. Maizon^ un dos jeunes ofliciers de noire marine, qui avail, de uieme que M. Krapf , mais dans un but plus excluslvement g6o- grapliique , concu la pensce de penelrer direclemenl dans I'intericur des pays qui bordenl la cole de Zan- zibar. II y a la, vous le savez , messieurs, des d^cou- verles a faire non moins importanles que celles du Soudan oriental; carles pays qui avoisincnt la contree des Maravi, el qui s'f^lendenl de la d'un cote jusqu'a la frontiere du Congo , de I'autre jusqu'aux Alpes abyssines, ces pays vers lesquels, il y a vingl ans , vous appeliez par un programme special rallenlion des voyageurs, n'ont ete vus jusqu'a piesenlpar aucun Eu- ropecn, non plus que la contree qui des fronti^res oc- ( S03 ) ciclentales du Dar-Fours'etend jiisqu'au lac Tchad, la Caspienne du Soudan. M. Maizan elait deja parvenu a uneassez grande distance de la cole lorsqu'il est toinb6 sous les coups d'un assassin. Les circonstances de ce crime abominable ne nous sont que vaguement con- nues; nous voulons croire que la rapacity de quelque miserable en aura ite le seul mobile. Sans doute I'ex- pedition commerciale parlie recemment (ie nos ports pour les parages oricntaux de I'Afrique pourra recuell- lir sur les lieux des informations precises, et provo- ({uera pres de notre allie le sultan de Zanzibar le cha- timent exemplaire des coupables. Notre position nouvcllesur cettecote, et les facilites que cette position nous doit donner dans un temps pro- chain pour y agrandir le domaine de nos connaissances positives, avaient sans doute ^vellle I'emulation de nos voisins d'Outre-Manche ; un projet avait ete forme a Londres il \ a quelques mois pour organiser un voyage d'exploration vers ces regions inconnues ou a peri I'in- fortune Maizan. II nc parait pas que ce projet ait eu jusqu'a present aucune suite, du moins n'en a-t-il plus ete question. Mais un document du plus haut inleret, sinon pour la geographic, du moins j)Our I'etlniologie de I'Afi'ique australe , nous a ele transmis il y a quel- ques jours a peine. Ce document est de M. t/e Frober- ville, un des membres les plus zeles de notre Societe , et qui, muni de vos instructions, met a profit, dans I'interet de la science, le voyage qu'il fait en ce mo- ment vers les Indes orientales. Depuis longtemps les eludes de M. de Froberville sont specialement dirig^es sur I'Afrique ; aussi a-t-il saisi avec empressement I'oc- casion que sa relachc a Bourbon et a I'ile Maurice lui a donn^e d'interroger bcaucoup de n6gres csclavcs ap- [ 3()A ) l)artenaiit a clilleriMites nations ile I'Africiuo auslralo , ct (le recueillir fie leur bouclie uii grand nuinbre de mots de leurs idiomes respeclifs. Les resultats auxquels la comparaison dc ces am pies vocabulaires I'a con- duit ont ete aussi nouv^aux qu'inattendus; je vais vous les exposer en pen de mots. Ce que Ton savait jusqu'ici sur la langue parlee |)ar les Sou/iai'/i, naturels de la cote de Zanzibar et des iles Comores, se reduisait a quelques notions bien incom- pletes. Le nom de Souluiili est d'origine arabe; il signi- fie habitant du littoral. M. de Froberville avait re- cucilli a Paris un vocabulaire de cette langue d'environ 600 mots, qui lui avaient ete communiques en grande partie par M. Noel, ex-agent consulaire de France a Zanzibar, dont la science rcgrette la perte r^cente. Ce vocabulaire, quoique d^ja de beaucoup le plus etendu et le plus correct que Ton eut de cette langue , s'est considerablement accru a I'ile Bourbon , ou notre col- logue a pu intcrroger deux Soubaili, I'un nO a Zanzi- bar, I'autre a Quiloa. Le premier soin de M. de Fro- berville fut ensuite de comparer le soubaili avec les idiomes des principaux peuples de I'Afrique m^ridio- nale, etd'abord avec I'arabe que I'on signalait comme le fond de ce pretendu jargon. A la grande surprise du patient collecteur, il se trouva qu'entre I'arabe et le soubaili il n'y a aucune connexite , bien que cette derniere langue renferme un grand nombre de mots arabes. .Mais ces mots ne se trouvcnt, si Ton peul dire, qu'a la surface; ce sont de simples einprunts rendus necessaires par la conformite d'usages et de religion qui existe depuis sept cents ans entre les indigenes du Zanguebar et les Arabes souverains de la cote. La langue des Galla et celle des Somali , qui habitont au ( 305 ) nord des Souhaili, no jjr^sentent non plus auciino res- semblance avec I'idiome de ces derniers. Des negix'S en grand nombre, appartenanl, selon leur proprc declaration, aux Moiighiti'do , aux Ma- tbnnibi, aux Maklnin, aux Mndjiaoiin, aux Mnravi, aux MuseiKji^n, aux Makoixte , aux 3J(>it/ii/ia , aux Aidinbaiie , aux Mukbssi , furent longueaient inlerroges ; lous ces peuples, habitants de la region tropicale daiits dans Icuis rapports iiitinies , a pre- sente des vues nouvelles, et souvent ingeniouscs, sur la correlation des diverses parties du globe et sur los methodes descriptives dc la g^ograpbie g^nerale. Notre collogue M. Albert - h'ontemont a donne rcceunment un nouveau volume d'abr^ges ct d'extraits de Voyages, qui lait suite a la nombreuse serie qu'il en a pr^c^- demment pul)li^e. V.'yltlns des phares et des fanain de M. Coidier s'est augmento aussi de plusieurs nou- velles livraisons. Citons encore avec bonneur parmi ces travaux gen^raux , enlre plusieurs ecrits r^cents de M. Adrien Balbi publies en Italic , un Memoire sur les hauteurs principales du globe ( Dclle Priinoiie Altitu- dini del globo , Saggi'o d'lpsonietjia Generale. Miluno , 1845, in-Zj") , rempli, comme tous les travaux de son laborieux auleur, de recberchcs inleressantes et do curieux raprocbements. Si le spectacle aninie des progros actuels de la con- naissance du globe olTre aux bomnieseclair^s un puis- sant attrait , Tespril no Irouve pas un moindro cbanno A se reporter par I'dtude ou la reflexion vers les lemps ( S19 j ecoiiles , et ii siiivre dans leiir marche , autrefois si Iciile, les <^vt^neinents, les reclierclies et les travaux qui out procluit leprodigieux^lan dcs temps niodernes. La geographic du moyen-age , soit dans le monde ro- inain , soit en Orient, cette geographic de transition qui 6tait a poine connue il y a nioins d'un siccle , a pris de nos jours an rang considc^trable dans leshautes Etudes geographiques. En France, en Anglelcrre , en Allcxnagnc , d'importants travaux sont deja sortis de ce monvcment, tant an point de viic historiqiic dans sa g^nerahte qu'au point dc vue plus special des discus- sions denoinenclalure. L'attentions'est surtout portee, et avec raison , vers la publication des monuments originaux et leur ^claircissement critique. C/est la en effet une base qu'il importe d'(^tablir solidement, avant de songer a un travail historique d^finitif. L'epoque des Ortelius et dcs Cellarius a precede celle des d'An- ville et des iMannert. Nous pouvons placer dans cette catc^gorie de publications celle que M. Beinninl , de rinstitut, a faite r^cemment du texte arabe d'un voyage dans les mers orientales et a la Chine au ix" sircle de noire ere, avec une version francaise , dcs notes deve- loppees et une longue introduction, line premiere tra- duction dece voyage avail ete publi^ecn 1718 par I'abbe Renaudot; maisce qui donne une bien plus haute va- leur a I'editiondeM. Reinaud, indepcndamment de ses notes excellentes , c'est d'abord le texte original , puis I'introduction ou I'auleur a r6suni6 les points princi_ paux des longues Eludes de gc^ograpliic orientalc qu'il poursuit depuis vingt ans pour sa grande edition d'A- boull'eda.On sail que M. Reinaud a fail imprimer, dc 1837al8/|0, le texte cornplet de ce dernier geographc ; la traduction qu'il en avail promise ,ainsi que Ic travail ( 320 ) critique (jiii 1 nccompagne , sont mainlenant tcrmi- nes el vont etre mis au jdui- d'ici a quclquos semaines. L'^tal de I'Inde ant^rieurement au xi' siecle, d'apr^s les sources arabes et persanes , a aussi beaucoup oc- cupe Ic docte profosseur; c'est rol)jet d'un travail que M. Reinaud a lu cette ann^c au sein de I'Acade- mie dcs inscriptions, et qui paraitra dansl(>s memoircs de cette conipagnic savanto. Ajoulons que la publica- tion dii voyage arabe dans les niers de I'Inde a donne lieu doja a plusieurs Iravaux .'ubsidiaires dignes d'at- tention. VExninen critique de In route que suivaient , nu IX' siecle de notre ere. les Arabes et les Persnris pour alleren Chine, m^moire que vous a lu iM. Alfred Maury dans une de vos seances, sera consulte avec fruit sur plusieurs points particuliers; et les Etudes que M. Du- Inuricr, professeur de langue malaise au college de France, a publices plus recemment sur Ic memo sujot dans \e Journal Jsifififjne , renfernicnt uiie cxcellentc exposition de I'blstoire des anciennes relations com- merciales entre I'Inde, I'Arabie cl I'l^lgypte. Mais j'ai hate, messieurs, d'arriveraux publications capitales de notre epoque sur la geographic du moyen- age, a cellcs qu'ont deja lailes ou que preparent activement deux dc nos collogues, M. le viconite de Santarcni et M. Joniard. L' Atlas de M. de Santarem , compose de IJappeniondeset de Cartes hydrngraphiques et historiques , depuis le XI' jusqn'au Xf^Il' siecle , pour la plupart inedites et tirees dc plusieurs bihiiotlieques de P Eu- rope, cet Atlas de format grand-monde , dont la pre- miere parlie parut en 1842 et qui vient de s'augmenter d'une deuxieme livraison , n'avait d'abord d'autrc ob- jet que de servir de preuves et d'illustration aux Re- cherclies du savant auteur sur la priorite des d(^cou- ( :52i ! verles portugaises an long de la cote occitlenlulc d'Alriquc ; inais les investigations auxquelles M. de Santarem fut conduit, et les rares monuments qu'il eut a sa disposition, lul firent blen vite comprendre de quel prix sorait pour les etudes generates la publica- tion complete de ces documents priJjcieux , a peine connus pour la plupart et dissemines dans des collec- tions a peu pr6s inabordables. D^s lors son plan s'est agrandi, et ce qui n'^tait qu'un ouvrage d'un int^ret limite a pris tout-a-coup les proportions d'un grand monument bistorique. Les morceaux publics jusqu'a present dans les deux livraisons parues sont au nombre de cinquante-liult, mappemondes, planispheres, frag- ments divers et portulans ; tous sont des facsimile ou la beaute non moins que la fidelity minutieuse de I'execution r^pondent a la haute valeur des documents. Plusieurs livraisons d'une importance egale , sinon su- perieure, sont encore necessaires pour completer cette publication splendlde. Nous croyons savoir que la livraison prochaine reproduira, en huit feuilles de la plus grande dimension , I'admirable mappemonde ve- niticnne de Fra Mauro , que des gravures partielles tout-a-fait inexactes n'ontpu jusqu'a present permeltre d'apprecier. Non moins splendide ct non moins grandiose sera la publication de M. Jomanl; vous avez pu en juger, messieurs , par le specimen qui en a ete mis sous vos yeux dans une de nos s(^ances particulieres. Voici le titre de cette grande publication , qui suffira seul a en faire connaitre le but et les proportions : Monuments de In Geugraphie. Choix de Mappemondes ou Planispheres , Atlas et Cartes du Moyen-Age, Eitropeennes et Orien- tal es, Tablcfi cosmograpJiifjues , Spheres terrest res et ce- VI. NOVKMlt. I;T DKCKMIt. k. 22 ( 322 ) testes , ylstrolnbes el autres instnwients (V observation , depuis les temps les plus rcculcs jusipie vers la moitie dn XVl^ siecle, avunt la reforme d'Ortelius, publics en fac- simile de In grandeur des oricjinnu.r. Rtcueil accompagne d' Explications et de licc/ierc/ies , et pouvant sen>ir n eclairer r/iistoire des decoui'erfes et celles des progres des sciences geographiques. L'ouvrage entier ne doit pas comprendre moins de vingt livraisons , chacune de huit planches format d'atlas, ou de quatre planches doubles format grand-aigle d'fegypte. Le travail prealablo de celte gigantesque entreprisc continue avec activite , et sans doute une premiere li- vraison aurait pu etre deposee aujourd'hui meme sur voire bureau si I'auteur n'etait pas distrait ctpresque absorbs par les devoirs de sa charge comme conscrva- teur de la collection giographique de la Bibliotheque du roi. Nous savons qu'une des pieces capitales, dont le coloriage est maintenant termine , la Mappemonde de Juan de la Cosa, pilote de Christophe Golomb , a 6t6 communiquee a la commission chargee du monu- ment qui vient d'etre inaugur^ a Genes, le 27 septembrc dernier. Ces deux admirables suites de monuments origi- naux, ccUe de M. de Santarem etcellede M. Jomard, formeront une ere capitale dans I'histoire des Etudes giiographiques ; du jour oil ces monuments seront cn- tres dans la circulation du monde savant, de ce jour-la seulemenl il sera possible de suivre d'une maniere fructueuse et complete la marche des connaissances et des idees gi^ograpliiques pendant la periode obscure du moyen age occidental. Graces soient renducs aux sa- vants z^les qui noiit rccule ni devant les fatigues, ni dcvant les recherches i-t les tribulations, ni dovaiit les ( 323 ) sacrifices de toute nature que leur imposail une pa- reillc taclie, — nous alliens presque dire une pareille mission! Loinde nous aussi lapcnst^e quele plusfaible sentiment de rivalite puissc se glisser dans des travaux d'un ordre si eleve ! En associant deux noms eminents qui auront si bien merited de la science, nous n'avons fait que devancer la justice collective que leur rendra I'histoire ; el sans doute la publication simultan^e de deux collections analogues, loin de s'entraver par de doubles emplois , n'aura servi qu'a les hater et a les faciliter I'une et I'autre en partageant entre elles un travail enorme et des soins dispendieux. TRAVAUX INTliRIEURS DE LA SOClfeTI^.. II me resterait, messieurs, :'i retracer votre histoire int^rieure pendant I'annec qui va se terminer ; mais si I'histoire de I'hommedelettrcsn'est que I'histoire de ses travaux, celle d'une association lilleraire ouscientifique est surtoul dans les travaux de ses membres. Les titres de chacun dcviennent en quelque sorte Ic titre de tous, et I'honneur des travaux individuels se reilete sur 1 'as- sociation tout entieie. Les pages qui precedent ne me laissent done que peu de mots a ajouter. Votre DuUelin est la d'ailleurs pour enregistrer les incidents particu- liers de nos stances semi-mensuelles; 11 me sufTira de rappeler les plus importantes. Cette annee comme toujours, la vaste correspondance personnellede M. Jo- niard a ete pour nous la source d'une foule de com- munications interessanles que le Bulletin a reproduites ou en substance, ou texluellement ; c'est par noire collegue que nous avons regu la relation d'un voyage dans le desert compris entre le Nil et la mer Rouge, par i\ey\\ naluralisles europeens attaches au service du ( 32A ) vice-roi d'l^gyple, M. Figan de Genes ot Husson do Nancy. M. de Snntarem , outre una int(iressanle com- munication sur la carte de Fra Mauro et plusieurs rap- ports sur (lilTerents morceaux g^oj^raphiques contenus dans les Annales maritimes de Llsbonne, nous alu un memoire sur Tetat dos pcrsonnes et des propriit^s au Mexique dans Ics premiers temps de la conquete euro- pdennc, memoire qui a pour objet essentiel dediscul- per les Espagnols d'une partie au moins des imputa- tions de cruaut^ dont I'hisloire les a fletris. J'ai d^ja mentionn^ le mc^moire de M. Alfred Maury sur plu- sieurs points de la gdographie arabe des mers orien- tales de I'Asie a r(ipoque du kbalifat; je dois noler encore une lecture de M. d'Juezac sur la vraie situa- tion du mouillage que toutes les cartes nautiques de la cote africainc marquent au sud du cap Bugeder, discussion particuli^re qui so rattache a tout un en- semble de rorberches que notre precedent Rapport a mentionnees. Un tr^s int^ressant travail sur I'elat de Cuba lors do la premiere arrivee des Europeens vous a m lu , entre plusieurs autres , par notre collegue M. Berthelot; et moi-m6me, messieurs, j'ai a vous re- mercier de la bienveillante attention que vous avez bion voulu accordcr a plusieurs memoires sur les desiderntn de la geograpbie actuelle de I'Asie-Mineure , et sur dillerenls points des anliquitds etbnologiques ot g^ograpbiqucs du Caucase.' Plusieurs des voyageurs dont je vous ai retract les travaux ou les projets futurs sent venus au milieu de vous raconter leurs courses r^centes ou r^clamer vos directions pour des courses projetees; vous n'avez pas oublie les interessantes com- munications do M. Ilcllcrt sur son voyage au Darien , iii cellos de noire collegue M Thnmassy sur los obser- ( ot>5 ) valions d'histoire naturelle tt d'economic dont unc- course dans le nord de I'ltalie lui avait fourni I'occa- sion. Vous avez aussi appris avec int^ret la formation d'une nouvelle Soci^te de geographic a Darmstadt, et accepte avec empressement I'ofTre de rapports mu- tuels. Une autre Society geographique s'est aussi for- m6e a Saint-Petersbourg, dans le but special d'encou- rager et de diriger I'exploration des parties les moins connues du monde russe ; mais il ne nous est parvenu jusqu'a present aucun des actes de cette Soci6t(i. N^CROLOGIIi. Parmi ces hommes, 6crivains ou voyageurs, qui se sent devoues a I'avancement des connaissances geo- graphiques , il n'est pas d'ann^e que la mort ne fasse de nouveaux vides. J'en ai nomme deux, M. iMnizan et M. Brockman , qui sont tomb^s au champ d'honneur de la science ; d'autres noms encore, diversement c6- l^bres, se pressent sur cette liste funeraire. M. Bnn- pland, le compagnon des courses de M. Alexandre de Humboldt dans I'Amerique tropicale , il y a pres d'un demi-si^cle , est mort au commencement de cette annee a Corrientes , sur le Parana , ou le voyageur plus que septuagenaire s'etait fixe apres la longue cap- tivitc^ qui I'avait enchalne au Paraguay. M. Krusens- tem , dont le nom vivra a un double titre , par ses profonds travaux sur I'hydrographie du Grand-0c6an , et par son voyage de circumnavigation de 1803 a 180(5; M. de Minutoli , qui visita en 1820 I'antique Oasis d'Ammon , I'fegypte et la Nubie , et dont le gout eclair^ avait form6 a Berlin, sa ville natale, un veritable musee royal ; M. Ochoa , orientaliste et voyageur, qui, jeune encore , apris avoir visite I'lnde . meditait de ( 326 ) nouvelles courses et do iiouveaux travaux ; M. / V«- ccnt I\'ocl , ancien agent consulairo de France a Zanzibar, profondemenl vers6 dans I'arabo vulpaire et integral, et qui a enrichi notre Bulletin dc plusieurs inorceaux prt^cieux sur la geographic et I'histoire de Madagascar; enfin, M. Da Ciinha de Burboza, secretaire perpdituel de I'lnstitut historique et gt^ograpliique du Br(5sil, et I'un de nos correspondants elrangers. Tels sent les savants dont la Society a depuis un an a de- plorer la perte. La plupart nous appartenaient au moins a litre de cori'espondants. II en est un encore que la Society complait au nombre de sesfondateurs, et qui depuis vingt-quatreansn'avait pas cess6 unseul jour de s'y montrer I'un des membrcs les plus actifs et les plus assidus : celui-la , vous I'avei tous nomine , c'est M. Eyries. M. Eyri6s ^taitdu petit nombre d'hom- mes qu'une association litt(^raire a toujours peine a remplaccr; ai-je besoin de vous rappeler cette instruc- tion si vaste, si sure et sivariee, et cette memoire presque phenomenale qui faisail de lui un livre vivant toujours ouvert a la page voulue , et ce z6le a toute ^preuve que les armies n'avaient pas refroidi_? A c6t6 des rares genies dont les travaux originaux eclairent toute une ^poque et laissent apr^s eux un long sillon de lumi6re , il est des savants dont Ic patient labour, pour occuper une ligne plus modeste , n'en rend pas moins a leurs contemporains des services tout aussi r6els et peut-ctre plus immediats : ce sont des services de cet ordre que M. Eyri6s , comme traducteur et commc critique , a rendus depuis quarantc ans a la geographie. Son nom est de ceux qui ne s'eteindront pas. C'est a nous, messieurs, soldals encore debout sur la br^che ou sont tombes tant dc nobles athlelos , ( 3-27 ) c'est a nous dc serrer nus raiigs et do supplier par un redoubleiiient de zele aux secours que nous n'avons plus a attcndre d'eux. APPENDIGE AU RAPPORT DU SECRETAIRE GliNIiRAL DE LA SOCl^T^ DE G^OGRAPHIE. Acquisitions de la Bibliotheque roya/e [Collection geogra- phique) pendant Vannee 18/i6. 8« Rapport. L'annee 1846, sans pouvoii" etre consid^ree comnnie tout a fait infructueuse pour la Collection geographique , n'a pas 6t6tout a fait aussi profitable que plusieurs de celles qui I'onl preced^e : la cause n'en est pas seu- letnent le defaut d'occasions favorables pour d'impor- tantes acquisitions ; elle reside encore dans le de- faut de ressources suffisantes. Le modique fonds alloue par les Chanibres s'est 6puis6 , comme on devait s'y attendre, en huit annees. La Collection s'est accrue , pendant ce temps , d'environ cinquante mille arti- cles; mais elle est menac6e de s'arreter, si un nou- veau credit special n'etait pas consacre a cette bran- che scientifique. Une autre source de prosperity pourrait s'ouvrir, il est vrai , pour la Collection : c'est celle des dons et homnaages faits par les amis de la geographic, par les savants , par les Academies et les autres corps litlerai- res et par tous ceux qui d^sirent qu'il existc, quelque part en Europe , un depot complel dos productions geographiques, un centre d'instruclion pour toutcs les ( 328 ) branches do cette science, cloiil lutilite n'esl si urii- veisellemeni reconnue (jue parce qu'elle s'applique a presqiie tous les besoins de la civilisation moderne. L'espoir de voir tous cesdons s'augmenter nous engage a faire ici connaltre, avant lout, les nonis des dona- teurs et bienl'aiteurs de la Collection. Lady Rcnnell- Rodd.fille du c6l6bre major Rennell ( surnommd le d'Anville anglais), figure encore cette ann^e au nom- bre des donateurs , ainsi que le gouvernement de la Grande-Bretagne, I'amiraute britannique et la Soci la ijrnndo dorouvcrlo , collo qui a chang*^ de ( 339 ) face foute Ja geographic. La liibliotliuqiie royale , on le voit , s'est done encore enrichie d'une copie fiddle d'un monument de premier ordre. La derniere branche de ses acquisitions couiprend des dictionnaires de geographic , des catalogues des cartes, des recueils periodiques de geographic, accom- pagnes des cartes les plus nouvelles,et divers objets ma- teriels tels queglobes et reliefs. Voici quelques uns de ces articles : 1° Le dictionnaire de Hoffmann pour la geo- graphic deRitter; la suite dudictionnaire g^ographique de la Brctagne jusqu'a la 1(5' livraison; dictionnaire topographique de I'AUemagne, ])ar le D' Eug^neHuhn; le dictionnaire geograpliique de feu Guibert (la suite); le dictionnaire geographiquc do la Toscanc , par Re- petti, cinq volumes et un supplement; dictionnaire geographiquc de I'Ohio et de la Virginie, etc.: la suite du dictionnaire geograpliique universe! des Etats autri- chicns, par Raffelsberg; dictionnaire geographiquc de Mac-Cullocli, deux volumes, 18^6; dictionnaire geo- grapliique de lacouti. 2° Journal de la Societe royale geograpliique de Londrcs , avec un volume de table pour les dix premieres annees ; bulletin de la So- ciete de geographic de Paris, le recueil publie par M. Liidde , Zeitxchrift fiir Erdkwule , etc. ; 3° Plu- sieurs memoires sur la geographic de la Chine , offerts en don par M. Edouard Biot ; V^Jnnuurio geografico italiano d'Annibal Ranuzzi , Bologne 1845; les voyages des Arabes au ix* siede de I'^re chre- tienne, publies et donnes par M. Reinaud ; la 1" edi- tion de I'ouvragc de M. Angelo Pezzana (le savant bibliothecaire de Parme ) sur Formaleoni , Parme 1846; los portraits de Christophe Colomb et de Fer- nand Cortez, d'apres les originaux existant a Vicence el a Cuba, etc. h" Le globe terrestrc d'Arnold Floren- ( 340 ) tins a Langron , compost vers 1595 , convert de noiii- brcuses legendes ol do fignres fori cnrleuscs. 5° Le relief du mont Etna el celni du mont Vesnve , par MM. Elie de Beauinont et Dufr^noy , ofTerts par leurs auteurs ; le grand relief de I'lle deTenerilTe.par M. Ber- tlie'ot, le savant geographe, ancien directeurde I'ela- bliisement botanique d'Orotava, construit a I'^chelle de 1™ , 10 pour un degr6 (environ un 10,000') , convert de tons les details relatifs a I'aspect pbysique, a la v6- gitation , a la culture , anx habitations, aux accidents de terrain , aux productions volcaniques , etc., qui peuvent faire ccnnaitre, presque aussi coniplelement que le meillenr livre , le site c^l^bre de Teneriffe, d'autant plus que le coloriage est execute avec nn soin scrupuleux ; on pent assurer qu'aucune carte ne sau- rait supplier ce magnifique onvrage; citons , pour terminer, un ancien astrolabe alletnand provenant du cabinet de M. Marcel, dale de 1526. En r6sum6, Ic lecteur ami de la g<^ograpbie recon- naitra peut-etre que I'annee 1846 n'a pas 6lQ absolu- ment sterile pour la nouvelle collection (1) ; mais les suivantes lui seront beaucoup plus fructueuses, si la haute administration, 6clairee par 1 'opinion des hommes comp6tonts, vent bien porter sa sollicilude sur les moyens d'elever I'etablissement a son degre d'utilil6, dc le doter, de le constiluer d'une mani^re permanente, etd'en faire jouir enfin le public, en dis- posant les localites actuelles d'une maniere digne el convenable, et sans attendre I'execution de travaux ([ui demanderont pent-etre donze ann6es. (i) l.p iioiiiliie lie-; iiierps rennirs cette anni'e a I'te 'rpiiviioii /{if'oo. ESSAI HlSTOFiigLE SLR L'lLE DE CLBA, (Suite) ParS. Bkrthelot , nietnbre clela Coiniiiission centrales TROISIEME I'AIiTIE. Description {jeographique ; coup il'oeil general sur I'hisloire naturelle de I'ile; apercu {jeologique , natiue et aspect du sol, productions inincrales , climat , regne vegetal, forets vierges, iravaux bota- niqut's des D'* Ridiaid et Montagne; legne animal ; travaux zoologiques de MM. d'Orbigny et Gocteau , collal)orateurs de M. de la Sagra. L'ile de Cuba , la plus grande des Antilles , est si- tu6e a I'entree du golfe du Mexique , sur I'extr^inite boreale de la zone torride, entre les 23° \'l' et 19° AS' de latitude N. , et les 78° ZiO' et 67° 51' de longitude occidentale du ni(^ridien de Cadix. Les pointes de l'ile les plus saillantes, qui repondent a ces limites, sont le cap Saint-Antoine a I'ouest, la pointe de Maisy a Test, la pointe d'Hicaco au nord, et au sud la pointe del Ingles, voisine du cap Cruz. — Du point de la cote septen- trionale de Cuba le plus rapproche de la Floride orientale , on no compte que 32 lieues , et le bras de mer qui separe le cap Catoclie ( Yucatan ) du cap Saint-Antoine ( Cuba ) en mesure environ 38. Tels sont les deux grands passages qui s'ouvrent aux navigateurspour p^netrer dans le golfe du Mexique. L'ile a au moins 220 lieues marines de long; sa par- tie la plus large en mesure 37, la plus 6troite.9 par le meridien de la Havane et 7 par celui de Mariel. La peripheric des cotes, en coupant par les embouchures des baics et des golfes, est de 572 lieues , dont 272 (• 3V2 ) correspondent au littoral soplentrional ct 300 a la cole nieridionale. La superficie tie I'ile est de 3497 lieues earrees; celle des ilols , cayes et ecueils princi- paiix qui bordenl on avoisinrnl los cotes, est de 113 lieues. A partir ducap Saint-Anloine, on trouve succcssive- ment sur la cote du nord un grand nombre de baies et de ports dont les plus importants sont Bahia Honda, les ports de Maricl, de la llavane et de Matanzas, la baie de los Romedios, et , en s'avangant vers I'orient, le port de las Nuevitas del Principe , ceux de Janes et de Cabonico dans la grande baie de Nipe , et enfui Baracoa pres de la pointe de Maisy. Le littoral sep- tentrional est barre d'(icueils dangereux depuis les abords ducap Saint-Antoine jusque vers Baliia Honda ; niais a partir de la jusqu'a la pointe d'Hicaco, la cote est saine sur une ^tendue de plus de deux degres. La longue cbaine de bas-fonds et d'^cucils , qui borde Ic vieux canal de Bahama , va s'unir a la cote de Cuba vers la pointe de Maternillos, d'oii part une autre ligne de brisants qui se prolonge jusqu'a la l)aie de los Re- medios. Toutefois ces ecueils, de meme que les cayes qui s'y raltacbent, laissent entre eux des passages connus des caboteurs. La cote est saine, sur les deux bandes, versl'exlr^mit^ orientale de I'lle. La belle baie de Guantamano , une des meilleures de Cuba , est si- luec sur le litloral meridional qui presenle aussi , apr^s avoir d6pass6 le cap Cruz, des plages inondees par des lagunes et harries au large par une cbaine d'i- lots , de bancs de sable et de cayes, connus sous le nom de Jardins de la rcinc ou Jardinillos. Ces r^cifs ou bas-londs s'etendenl jiisqucvers I'ilede Pinos. Ensuilc ( m } la cole redevieul stiiiie \ors roccident ju-scjuau caj) Saint-Antoine. La Cordill6re qui s'eleve dans la partie orientale do Tile projetle des rameatix vers le nord el s'appuie sur des contreforts qui descendenl a la mer par le versant oppose. Cette chaine principale , que les habitanls de Cuba appellent Sierra-Mae^tra , prend naissance au cap Cruz,et prolonge la cole mdridionale sur une eten- due de plus de liO lieues. Les monlagncs de ce groupe sont les plus haules de I'ile, el lancenl plusieurs pics culminants, lels que ceux du Cuivre et de Tar- quin ( Pico del Cabre el P. de Tarqnin ) , qui ont envi- ron 800 moires d'allilude. Le plus eleve est celui de I'oeil du Taureau ( P. del ojo del Toro ), qui domino a I'exlremite orienlale de la chaine el mesure 1200 me- tres.— Plusieurs rivieres sortent des gorges de la Sierra- Maestra; les unes se perdont dans la grande bale de Manzallino, et les autres vont accroilre le Cauto , qui prend ses sources sur les versants occidenlaux de la Cordillere , el va deboucher dans la meme baie. Un autre groupe de montagnes, la Sierra de Nipe , apparait a I'occidenl des sources du Caulo, d'ou sur- gissent plusieurs torrents qui vont se perdre sur la cote septentrionale. La Sierra de Cubitas donne naissance aux rivieres de Figuey et de Maximo, sur le littoral me- ridional, et, non loin de Trinidad , domine un autre groupe qui cerne la vallee ou coule I'Agabama. Les montagnes qui entourenl la baie de San-Carlos de- pendent d'un autre systfeme qui se ramifie jusqu'a Bejucal. Enfin , vers la partie occidentale , la haute cordillere des Organos , qui se rattache au groupe an- terieur, envoic des rameaux sur la cole du nord pour ( 354 ) former les differeiites baies de ee litlorul , el se pro- longe jusqu'aux environs do Guanes. La parlie septentrionale de la juridictlon de Bayamo comprend deux espaces megaux, I'un couvert de ve- getation, oil se trouvent concenlrees les populations et ieurs richesses agricolcs, I'autre presque entierenient desert, ou dominentles montagnesqui Torment Ic ver- sant du nord de la Sierra-Mnextra. Dans la juridiction de Cuba, la parlie montagneuse est inculte et ddpeu- pl^e ; mais, vers le Riiicon de Sevilla, on trouve des dis- tricts fertiles , des plantations de coton et de grandes fermes qui avoisinent la cote et oil Ton el^ve des bes- tiaux. De la, jusq^'a I'orient de la capitate , le pays est bien arrose et tout pai-sem6 de sucreries , de caleteries ct d'liabitations champetres. Presque tout Tare de cercle que decrit la cordillere offre cettc vegetation I'iche etvariee que favorise le climat ; mais, en depas- sant ces limites, des con fins d'Holguin vers la mer, de meme qu'a I'orienl et a roccidcnt du c6t6 d'Iguani et de Baracoa, ce ne sont plus que des deserts incultes, des forfits iuipenetrables, de vastes savanes et des mon- tagnes d'un difficile acc^s. Presque toute la partie meridionale , depuis le cap Cruz jusqu'a celui de Spint-Antoine , est fornn^e par des terres basses et mar^cageuses. De la baie de Cortez a la riviere de Mayabequc , le sol , d'abord en plaine , est sillonne par un grandnombre de coursd'eau qui descen- denldesversantsmcridionauxdela cbaine dcsOrganos, et sur les bords desquels on cultive le fameux tabac de la Viieltade Ahajo. En s'avangant vers I'orient, la for- mation calcaire , base geognoslique de la plus grande partie de I'ile , se montre a d^couvert sur de larges es- paces degarnis de bois , mais rultives et arroses par ( 3/1 5 ) plusieurs torrents qui se submergenl dans clos anlVac- tiiosites souterrainespour ressorlir sur lacotede Cagio. La riche vallee de los Guines se troiive comprise dans ce territoire et constituc un des grands centres de cul- ture de la canne. Plus a Test, versles immenses mare- cages de Zapata, qui occupent une superfieic d^pres de 50 lieues carrees, I'isolement des districts agricoles a preserve les forets vierges des ravages qu'elles ont soufferls dans les autres quartiers de I'ile. Dans la parlie septentrionale , les montagnes de Sierra-M arena s'etendent au sud-est jusqu'a Sagua la grande, tandis que celles de Jatibonico, en se prolon- geant au nord-ouest, projeltent le rameau de Mata- hambre , qui court a I'ouest pour produire un plateau d'environ 600 metres delevation. Les groupes de mon- tagnes qui occupent le centre de Tile forment un sys- t^me sans liaison apparenle et dont les sommets do- minent les districts de Trinidad, Cienfuego, Villa-Clara et Santo-Espiritu. La partie centrale du territoire de Trinidad est pen peuplee et ofTre unsol aride et mon- tagneux, mais la partie orientale, qui s'etend jusqu'a Santo-Espiritu, est au contraire d'une admirable fer- tility, et les rivieres qui I'arrosent presentent, le long de leur cours, une suite non interrompue d'agr^ables vallees, de ricbes hatos ou Ton el^ve des cbevaux, et de pittoresques habitations. L'ile de Pinos , qui avoisine la cote meridionalc de Cuba , a acquis de I'importance depuis sa recente co- lonisation. Sa Peripherie est d'environ 68 lieues ter- restres, et sa surface carree en occupe i 17. Ses cotes, en grande partie couvertes de mangliers qui croissent dans les marecages, presentent, par intervalle, des plages de sable blanc. C'est siir la cote de Pitios, vers ( .V,0 ) le golli; de Siguanoa, que se I'ait la pticlie dcs graiides tortucs dont on retire I'^caille, Le soiniiiot le plus eleve de I'ilc inesure 550 metres. Plusieurs rlvi6res, assez considerables, arrosent cette terre isolee ou apris nais- sance, en 1826, la ville appeleo Aoiwe/Ze-Gerone. Elle est situiie sur la bande occidentale de la riviere de Sierra de Casas, a trois quarts de lieue de son embou- chure. Les monlagnes de I'lle de Pinos abondcnt en excellent bois de construction ; la plupart des terres sent propres a la culture et d'une ires grande fertilite. Nous ne saurions mieux completer cot apercu geo- graphique de File de Cuba et de ses d^pcndanccs qu'en citant un passage de I'ouvrage de M. Ramon de la Sagra, auquel nous avons emprunte les renseignements que nous venons de donner. u Le sol de Cuba est couvert d'une vegetation luxu- riante dont les produits s^culaires ont forra6 des de- pots successifs, en accumulant sur la roche une 6norme couche de terre v^getale. La constitution g(!!ologique n'est r6ellement apparente que dans les montagnes debois^es et sur les escarpements, dans les endroits ou le terrain ne se trouve pas cach6 par la masse des plantes dont la clialeur et I'liumidite atrnospb^rique combinees viennent favoriser le rapide d(^veloppement. La puissance de la v6g6tation est telle , dans ce limat , qu'elle envabit et domine tout. Le voyageur qui par- court le pays n'aper^oit qu'un immense tapis de feuil- lage. On dirait , au premier abord , que la nature n'a produit que des plantes; la terre ne laisse deviner ses formes exterieures que par les ondula lions des massifs de verdure qui la recouvrent, et le regne animal ne se manifeste a la vu'e que par les oiseaux qui planent dans Fair. Tout le rcsle est cache et enscveli au milieu d'uu ( V^l ) ■ anias de troncs et de branches , impenetrable laby- rinthe dont on ne saurait , en Europe , se faire uno idee. » On conceit, d'apres ce tableau, que les explorations geologlques ont dii rencontrer de noinbreux obstacles sur un terrain que la vegetation cache presque de toutc part. Lessavantes obsei'vations de M. de Humboldt nous ont appris que les formations secondaires et tertiaires dominent surde vastesespacesd'ouressortent quelques roches de granit gneiss, de si^nite et d'eupbotide. Les cimes de la Sierra del Cobre , de la cordillere du cap Cruz, d^passentles plus bauts somniels de la Jamaique et d'llaiti , et constituent le point culminant de la chahie desgrandes Antilles, dontles ramificalions sous- marines s'etendent a I'orient et au midi. Cette direc- tion , que doit avoir suivie la force volcanique , reagit encore aujourd'hui et se manifeste par de frequents tremblements de terre dans la partie orientale de Cuba, mais son action se fait rarementsentir sur la bande oc- cidentale de File. Le calcaire moderne, qui a recu dans le pays le nora de Sebotuco , se trouve le long de la cote, (^est a cette formation recente que Ton d(.it les cayes , les r^cifs ct tons les bas-fonds de coraux dont les parlies sup6- rieures s'elevent parfois d'une profondcur do 20 h 30 brasses. « La continuation sous-marine de la for- mation calcaire caverneuse , dit M. de la Sagra , parait etre confirmee par I'existence des eaux douces dans les petiles cayes du sud et par le phenomene observ6 d'une source abondante, au centre de la baie de Jagua, ou viennont s'abreuver les lamentins ou vaches ma- rines. Ces fails ne pcuvent s'expliquor que par la pres- sion hydraulique du fluide renlcrme dans les cuvcrnes ( .-5/18 ) de I'ilo de Cuba. Les torrents, qui se submergent et disparaissentdans la profondour desgoufTros, semblent en ellct devoir nccasionncr Tapparllion subite de ccs sources d'eau vive qui se manilestent dans la mer ou sur les rochers qui avoisinent le rivagc. » On rencontre difl'^rentes substances metalliques dans les niontagnes dont les versants font partie de la for- mation du calcaire moderne. Les mines de cuivre du district de Santiago, dont I'ttat concdda I'exploitation a des particulicrs vers la fin du xvi"si6cle, ont rapporld d'assez fortes soinmes, mais la mauvaise administra- tion des contraclants les fit nietlrc sous le sequcstre pendant une longue pdriode, et Ion ne reprit les Ira- vaux qu'au commencement de ce siecle, lorsqu'une compagnie anglo-espagnole entreprit de les continuer en extrayant simplement le minerai el en I'exportant en Angleterre pour y etre fondu et alfine. l.a mine la plus riche est celle de las Lichuzas; elle occupe un morne de liO metres de longueur, traverse par une galerie de 13 metres de liaut sur 5 environ de large. Le minerai est un oxyde rouge de cuivre natif, avec carbonates bleus et verts, qui constituo une des plus riches vari6- I6s, car elle a I'cndu jusqu'a 75 pour 100 de metal, Les carbonates agr^g(5s au minerai sont exploites par la population pauvre du district de Santiago , qui cmploie des instruments grossiers et n'a pour elle que sa rou- tine. La galerie de las Lechuzas et une autre plus an- cienne qui I'avoisine, sont les seules qui ont r^siste au grand tremblcment de terre de 1766. Le terrltoire d'Holguin, un des ancicns centres d'ex- ploitalion, fut renomme pour ses mines d'or. On ren- contre toujours des parcellcs de ce metal dans les ruis- seauxqui descendenl des montagnes. II est surprcnant ( U9 ) que, depuis deux sitjcles, on ait perdu la traco des mines qui existerent indubitabJement dans les envi- rons , puisque Tor qu'on exploitait au commencement du xvi' sieclc ne provenait pas de simples lavages, mais de gisements bien reconnus , d'oii il etait extrait et fondu avant de I'expedier en Espagne. Le bitume mineral ou I'aspbalte est tr6s abondant dans diff^rents endroits del'ile, ou on le connait sous le nom de Chapopote. En se dirigeant au nord-ouest , vers le centre de File, les forets que Ton rencontre em- pecbent de reconnaitre la nature du sol. De la ville de Puerto-Principe a celle de Santo-Espirilu , on traverse une immense plaine remplie de grands bois ; mais les veines de granit qu'on decouvre de distance en dis- tance, et surtout dans les environs de Santo-Espiritu , revelent la formation primitive qui reparait sur le lil- toral. Le cuivre domine aussi aux environs de la Cata- lina, Au-dessus de Villa-Clara, les rocbes granitiques se montrent encore. Les coteaux d'Escambray, ricbes en mines de fer et de cuivre, font egalement partie d'une formation primitive qui paralt dominer dans le centre de Cuba. La formation du calcaire moderne se monlre a de- couvert sur la cote du nord , et renferme dans sa masse de vastes cavernes remplies de stalactites et d'un grand nombrede petrifications. La formation primitive reparait de nouveau a Guanabo , et s'etend jusqu'au port de la Havane. Le fond meridional de la baie , de meme que la partie septentrionale , est de formation calcaire secondaire ; mais vers la cote orientale du golfe de Regie et de Guanabacoa, tout le sol est de transition. En se dirigeant du nord au sud, on voita de- couverl la si^nilc mcl^e a rampliil)olc , alternant par- ( 350 ) lois avec la serpentine , et Ibrmant cles collines de (50 a 80 m6ti'es d'el^vation. Dans les clifTercntes localil^s que nous venons dc nientionner, on observe des formations de substances combustibles et de grandes masses de bilume mineral. Des terrains houillers existent pr6s du bourg de Gua- nabo ; et a 2 lieues de Guanabacoa, village situ6 sur la parlie culminante de la lormation magndsienne, on trouve une riclie veine de cliarbon bilumineux. Des sources de bitume liquide ou en masse concr^t^e se d^couvrent en suivant les cotes du nord , a Torient (hi port de la llavane. L'ile de Pinos presente, dans sa constitution phy- sique , une grande analogic avec celle de Cuba. Ce sont des noyaux primitil's de gi-anit et de calcaire , et des bases a couches superpos<^cs de formation neplu- nienne tr^s r^cente. Toutes ces notions sur la geologic et la mineralogie de Cuba, dont nous ne donnons ici qu'un simple ex- trait, sont exposees avec beaucoup de developpements dans le grand ouvrage de M. de la Sagra. Nous r6su- merons aussi dans unecourte analyse les observations de ce savant sur le climat de I'lle. « Une temperature 6lev6e, modd'rec cepcndant par une Evaporation considerable , qui verse dans I'almo- sph^re un torrent continuel de vapeurs aqueuses , pr^sente les conditions les plus heureuses pour le de- veloppement de la vegetation, qui, de son cotE, cou- tiibiie a entretenir I'humidite de I'air , base de sa \igoureuse existence. Aussi resulte-t-il que , durant toute I'annee , la verdure couvre les ciiamps et les fo- r6ts ; mais le commencement de I'etE ou de la saison des pluies seinble etre le moment ou la nature tout ( -^51 ) entiere se Iransfoi'me en lleurs. Une temperature qui. a I'air libre , est constamment entre 24 et liO" , une humidite atmosplierique qui n'est pas moindre de 85" de I'hygrometre , et qui frequemment atteint le maxi- mum , accelerent I'ascension de la seve et facilitent I'absorption et le developpement desplantes d'une ma- niere extraordinaire. » Les r^sultats de toutes les lois du climat , deduits des observations de M. de la Sagra , donnent pour temperature moyenne annuelle 25°, 55 du thermom^tre centigrade. La temperature du mois le ])]us cliaud est de 27°, 54, et celle du mois le plus frold de 25°, 87. Les extremes deduits etant 81°, 09 et 14°, 07. — Le point le plus bas de lecbeile qu'ait atteint le mercure dans I'interieur de File, en un lieu peu eleve sur le niveau de la mer, a ^t6 le point de congelation. — Le nombi'e total moyen des jours de pluie , a la IJavane, est de 102; le mois le plus pluvieux a ofTert 22 jours de pluie et le moins pluvieux 2. Dans le courant d'une annee, on peut compter, comme terme moyen, 285 jours clairs ou par moments nuageux, et seulement 80 jours nuageux. Les cas d'un ciel entierement couvert pendant vingt-quatre lieures de suite sontextremement rares. Ainsi , sous ce climat, la chaleur et I'bumidite coo- perent ensemble au progres de la v^g^tation. Les esp6- ces d'arbres qui peuplent les forets sont tres variees, et les dimensions qu'atteignent plusieurs de ces grands v^g^taux tdmolgnent de I'^nergie vitale que la nature a repandue dans ces belles contrees. Le sol , dans les ondroils incultes , est couvert de plantes qui etalent a I'envi leur magnifique leuillage ; a cbaque pas , ce sont (le supcrbes palmiers aux feuilles ondulees , des ( 352 ) caclicrs aiix llfurs ticlatanles, clcs oicliicleos paiasiles qui enlrelacent leiirs vertes guirlandcs aux raineaux des arbres voisins. Ici se confondent et se prcssenl ies orangors, Ies ebeniers, Ies sapotiers , Ics cadres d'A- meriquo et Ies rol)ustcs acajoux. Cette ricliessc et cetteahondancede vegetation n'etonnent pas nioins que le desordrc apparent qu'elle airecte. Des champs ta- pisses de fleiirs et couverts de hautes herbes , des fo- r6ts vierges et impeni^trables, des lagunes envahies par les mangllers, tel est I'aspect de cette terre ([ui con- serve sa vigueur premiere coinme au jour do sa di- couverte. Les conquetes qui restent a faire sur la nature sau- vage , dans I'lle de Cuba , sont immenses , si on con- sid6re les cspaces limites ou I'industrie europ^enne a pu se developper depuis trois siecles. Lc pays , en general , a 6te fori peu etudie sous les rapports bota- niques. Si Ton excepte les bois des environs de Bara- coa, toule la partie orientale de I'ile est presque in- connue. Les districts des environs de la Uavane onl ete jusqu'ici les seuls bien explores, et ce n'est qu'en s'eJoignant de la capitale qu'on rencontre ces belles forels vierges , ornements naturels des regions tropi- cales. iNous indiquerons succinctement quelques unes (les localites qui ont fourni les principaux elements do la florc cubaneenne , dont M. de la Sagra a confie )a redaction au savant professeur Ricliard : sur la cote du nord , les cantons de Guanabo et de Jaruco om- l)rages par des bois qui bordcnt Ics rivieres; les en\i- rons de Balabano, sur la cote du sud, et les lerres bas- ses couvertes de forets marecageuses ; tout I'espace compris entre le nieridien de Mariel et celui de San- tiago, coTitree fertile, oil uno vegetation ricbe et variee ( ^53 ) couvre des colliuos do 0 a 700 moires d'elevalion ; les forets vierges qui ontourent la magnifique baie de Sa- gua , et enlin quelques points du littoral de I'ile de Pinos. La partie de la flore cubaneeune qui comprend les plantes cellulaires a et6 I'objet de I'etude sp^ciale de M. le docteur Montagne, qui a enliereraent teiniine ce grand travail. Les plantes decrites parce z6l6 botaniste ne se font pas remarquer par la beaut6 des fleurs , la majesty du port et I'aspect du feuillage ; mais un grand nonibre d'entre elles m^rilent de fixer notre attention pour leur utilite dans les arts et I'^conomie domesti- 9 ) ujouterait en tavour dt; la tli^or'ie <{ui consid^re ces iles comme appartenant a un seul continent. Je ne nierai point qu'en outre des Eruptions volca- iiiqucs , le travail s^culaire des polypes ait pu contri- buer a former les Antilles , a en modifier, a en 6ten- dre la superficie ; qu'une partie des vallees ait ^t6 creu- s6e par les eaux , au moment de violentes secousses qui auraient en meme temps precipite des montagnes ces masses enormes de roclies , gisant a leur pied dans un d^sordre surprenant, Voici d'ailleurs comme on peut se rendre compte , darts ce cas , des premiers temps de la vegetation. Gette theorie est tres generate. La superficie du banc de roche calcaire , modifi^e par I'aclion constante et combinee des eaux pluviales, de ralmosphere et des rayons solaires, se couvvit de craie et de tuf, qui pos- sedent dilTerentes qualites plus ou moins propres a la vegetation. Oii la craie etait moins humide et plus fria- ble, elle forma une couche susceptible de servir de support aux plantes primitives, et de conserver I'hu- midite. Le tuf, selon son etat, est egalenicnt cloue de proprietes vegetatives; la oil il etait moins dur, moins compacte et plus poreux , il se r^duisit en fragments d'une grande tenuile , qui se lierent entre eux et con- serverent une fraicheur utile. Gette poussiere et ces fragments se mel^rent ensuite aux feuilles et aux de- tritus des plantes et formerent la premiere terrc ve- gelale , qui s'est augmentee avec les si^cles et s'est modifi(^e selon la nature et la position des lieux : ainsi , sur les versants des montagnes et sur les terrains en pente la st^rilite est revenue lorsqu'ils ont etc priv^s de leurs terres par quelques causes nalurelles, en meme VI. NOVEMlt. KT DliCKMIl. 7. 25 ( 370) temps que los terrains has ot ios valines continuaienl u s'aineliorer. Nous terminerons cette dissertation g^ologique en donnant la liste des inineraux des Antilles qui onl la plus grandeanalogie avec ceux du continent ainericain. Or, argent, cuivre, fer et aimant; le platine, le mer- cure, le ploinb , le spalt ; de belles et nombreuses calc6doines, de I'outre-mer , de I'antimoine, du man- ganese , de I'arsenic , du soufre ; divers chromes , ocre et craie ; couperose et alun , quartz et feldspath ; ardoise et schiste ; de I'ainiante , le jaspe , le cristal de roche , le p6trole et la tourbe ; serpentine , mar- bres , poudingucs et breches. Quand les premiers Europ^ens aborderent aux An- tilles, lis les trouverent couvertes de forets. Les arbres f^taient de toute part enveloppes , enlaces par de fortes iianes appel^es bejucns , innombrables parasites dont les inextricables liens nnissaient troncs et branches , et rendaicnt tres diffirilo Faeces des fordts secon- d a ires. L'hisloire d'une de ces Iianes n'cst pas sansinteret. Son noin technique est ficus ind'ica et rndula ; les Es- pagnols I'appellent jagney, les Fran^ais^^HfVr ntaiulit , sans doute a cause de son Fruit qui ressemble beaucoup alafigue; elle existe partout, et se developpe d'une maniere toute particulifere. Ses graines , transportees par les vents , se logent sur les aisselles des hautes branches des arbres oil d6ja v6g6tent diverses plantes parasites de la famille des asphodeles qui leur servent de berceau, et entrctiennent la fraicheur n6cessaire a leur germination et les nourrissent. Bientot de colle graine sorlentde pctits filaments flexibles qui grandissent, s'al- lungent et entourent I'arbre de cordos pendantes. Cos { :i7i ) Jianes, qui ne re^oivent d'abord leiir nourriture que de I'arbre, croissent de haul en bas, et ne tardent pas a atteindre le sol. Alors des racines se d^veloppent bientot, se fixent a la tene, s'y enfoncent , et laplante vit egalement aux depens du sol. Elle grossit rapide- ment, et ses nombreuses tiges se raidissant, se liant et se raariant, forinentainsi des cables et de larges bandes ligneuses Ir^s variees et fixees par de nombreuses et fortes agrafes en sucoir. L'arbre s'en trouve a la fin envelopp^ dans toute son ^tendue ; le jngney le presse, le suce , I'etouffe et finit par en occuper la place. Alors l'arbre est detruit et remplace par cet ennemi redoutablo, tres feuill6 , tres vivace , a forte tige, qui n'est plus cette liane frele et parasite a son origine , inais bien un arbre veritable. Peu d'arbres r^sistent a celte attaque morlolle;je n'ai vu que lerobustelatanier qui en Iriompbat. La faniille nombreusedes palmlers, a cause de sa structure speciale , est gen^ralement aussi a I'abri de ce formidable ennemi des forets. Cette liane, par une loi naturelle , respecte g^neralement les plantes alimenlaires. Le Copei ( clusia alba), autre plante parasite et destructive, a beaucoup de rapports avec le jaguey, mais il est moins redoutable. Ces forets , aussi anciennes que le monde , se trou- vaient formees de plusieurs generations d'arbres, qui, par une predilection de la nature, ^taient tres bauts , tres droits, sans excr oissances ni defauts. La chutedes feuilles, leur decomposition et la destruction des troncs morts , fournissaient constammenta laterre un engrais excellent , qui , apr^s I'essartement , procurait une vegetation prodigieuse aux plantos qui croissaient en- suite. ( 37-2 ) Les racines atleignaient tout au plus 2 pieds de pro- fondeur, et souvcnl moins ; inais elles s'^tendaient en supeiTicie proportionnellcmcnt au poids qn'ellcs de- vaienl soulenir. La seclieresse des couches profondjes du sol que Ics pluies atteifjuaient rarement , cxplique celte direction liorizontale des racines, ordinairemcnt plus ou nioins rapprochees de la perpendlculaire dans nos climats d'Europe. Les arbres des montagncs et des licux cscarp^s 6taient d'un bois tres dur ; a peine se laissait-il enta- mer par la liaclie. Tels etaient I'eb^nier {flios/jfros), Ic gavacan ou gayac [gayncurn officinale^, le sabicu (Mim ) ( mimosa odorantissima ) , le quiebra-hacha (sivantia), le jequi [bumelia //^^ta, I'agracejo [bru- nelia inerniis) , la yaba [andira incrmis) et tant d'au- tres dont les habitants ne tirent encore aucun parti, mais que les i^nglais exportent avec avantage depuis quelques ann^es pour les usages de leur marine. Les vallees, fertilis^es aux d^pens des montagncs, elaient couvertes de bois plus tendrcs ou d'un travail plus facile, tcl que le cedre [cedrela oUorata), le da- game [calycophillnrn cundidissiinum) , la guaciniaba- ria [ pterospernnan) , le guama [lonchocarpus pixida- riiis), la gigantesque ceiba [ criodendron anfvnctno- sutn) pour les pirogues, la jocuma [bumelin salic/folia) , la Icvisa [laiirits), la macagua (?), quatre csp6ces de robles ou chenes , etc. , etc. Sous ces arbres v^g^taient indistinctenient les plantes qu'un sol genereux pro- duisait pour la subsistance des indigenes. Les princi- pales Etaient I'igname , le manioc, la patate douce , le mais , le haricot violet fonc6 et le choux caraibe. On remarqua aussi uiie esp^cc de nicotiane que les In- diens eniployaiont en Ceuilics roulees, qu'ils appo- ( 373 ) laienl tabak. La naluio avail done plac6 aux Antilles dos plantes alimentaires, qui , craignant les chaleurs d'un soleil ardent , croissaient et se maintenaient dans Tint^rieur du sol , n'exigeant aucune culture , et se reproduisant deux ou Irois fois I'an. Simple spectateur de ce travail , le primitif insulaire laissait a la terre tout le soin de la production. Recueillant au liasard les legumes et les fruits murs, susceptibles de satis- faire ses premiers besoins , les localit6s , les saisons , la culture enfin, etaient pour lui des choses indifferen- tes ; car il avait reconnu que la decomposition des plantes inutiles pour lui, etait necessaire et suffi- sante pour la reproduction des plantes alimentaires. Quoique leurs racines ne fussent jamais malsaines , cependant I'insipidit^ de quelques unes exigeait cer- tains assaisonnements; aussi le piment 6tait-il d'un frequent usage L'une d'elles, mel^e au gingembi'e ou au fruit acidule d'une esp^ce d'oseille , et le tout ex- pos6 dans de I'eau aux rayons d'un soleil ardent, for- mait ainsi une liqueur fermentee, qui 6tait I'unique boisson forte connue des Indiens. En outre , les iles fournissaient a leurs habitants une grande variete de fruits, mais tri^s diCferenls des notres ; le plus utile sans doute etait la banane , dont les nom- breuses variet^s ne different que par la forme , la gros. seur et le gout. D'abord substance alimentaire , saine comme la pomme de terre, elle devient un fruit agr^able a son epoque de maturite, et se pr^te a cent preparations culinaires. Le pourpier et le cresson Etaient les seules herbes bonnes a manger. Rarement delicat , cumme aujourd'hui , le poisson etait ti'^s abundant. 11 n'y avait que cinq petites espe- ces dc quadrupcdes ; la plus graudo otail a peine de la ( 374 ) grosseur dun liuvre. Les oiseaux, uioins varices qu'en Europe , mais plus brillanls, n'avuieiit gucre d'autre qualite que la beautti de leur plumage ; la volatile do- raestique etait inconnue. On ne connalt point encore d'animaux reelloment dangereux aux Antilles; Ics serpents mSnoe n'y sont point venimeux, quoiqu'il faille en excepter ceux de la Martinique et do Saiute-Lucie ; mais on assure qu'ils ne sont pas indigenes. Les plantes medicinales sont nombreuses dans les Antilles, et elles etaicnt [)lusque sullisautes aux indi- genes rarement malades. Le colon y existait a I'^tat sauvage, ainsi qu'une autre planto dont on ignore jusqu'a present les propri^tes, mais dont la nature offre un genre de developpement tres remarquable : elle s'appelle vulgairement a Cuba inmortal ; ellft est de la famille des plantes grasses, qui sont abondantes aux Antilles. Si Ton en d^taclie une feuille, et qu'on la suspende par un fil dans un appartemcnt , elle donne naissance, apres quelques jours, a plusieurs rejetons qui se developpent sur les bonis, et devien- nent bientot de petits arbres parfaits, d'un centimetre environ, avec racines , tiges et feuilles. D6tacbanl ces rejetons et les plantant , on obtient aulant d'irunorta/s. II est notable que la plante sur pied ne se propage pas ainsi , et suit la r^gle general e. J'en ai rencontr^ en abondance aux Bermudes , et il en existe, je crois , dans toutes ces iles. Tout rappelle au voyagcur le s^jour des Indiens dans ces iles, et une foule de mots de la langue des Lucaies d^signent encore les raontagnes , les ri- vieres, les ruisseaux, des bourgs, des villages, ot une foule de lieux remartjuables de ces contrees; tradition ( 375 ) respectable et seul souvenir d'line race inotleusive, qui aurait du etre respect^e. Mais que pouvait-on attendre, dans ces temps d'ignorance , du tanatisme uni a I'ava- rice Jes conquerants ! Ces Indiens ^taienl d'une couleur de cuivre rouge , due sans doute en partie a I'ocre dont ils se frottaient; leurs cheveux d'un noir mat 6taient longs, gros et plats; leur corps , dote de grandes et belles propor- tions , 6tait effemin^ ; leurs traits 6taient r^guliers et leurs sens exquis. Les femmes , generalement d'une couleur moins foncee , quelquefois quasi blanches , n'avaient ni graces ni beaute. Leur unique vele- ment consistait en une espece de mante de coton qui leur couvrait les (^paules , et descendait jus- qu'aux genoux; souvent ils etaient nus. Ils se pei- gnaient le visage, portaient des colliers d'osde poisson, et des plumes sur la tete. Bons , quoique peu affa- bles , simples et timides , tres peu vindicalifs , ils vi- vaient en famille. Leurs cabanes, de figure ronde ou elliptique, Etaient en bois et couvertes en leuilles de palmier ; leurs meu- bles et ustensilesde manage 6taient presque nuls. C'e- taient quelques sieges grossierement sculples imitant un animal grotesque , des haraacs , des lits en treil- lis , quelques corbcilles et quelques sacs en feuilles de latanier , des calebasses diverses de tonnes et de grandeurs, plus ou moins soigneusement travaill6es ou sculpt^es , et qui leur servaient de vases ; enfin , quelques plats de bois. Leurs filets et leurs hamacs Etaient bien confectionnes. Ils se reposaienl accroupis ou couches , dansaient en mesuie , au son de divers in- struments tres peu harmonieux et en s'accompagnant de leurs chants. On remarque encore de nos jours dans ( 376 ) les caiupaf-iies un restc frappant do ces danses el do ces chants. La tradition nous apprend que les Indiens avaient une mani^re toute particuli6re d'user le tabac , ou la plante qui en tenait lieu. Us jetaient sur des charbons enibrastis des feuilles dessechees d'une esp^ce de jusquiame, el en rece- \aient la fumee dans les narines a I'aide d'un tube a deux branches, dent une des extremilis dtait placee au-dessus du foyer et I'autre dans le nez. Respiror quclques instants ce narcotique amenait un enivre- mcnt coinplet. Ce tube, d'un frequent usage, 6tait parfois tres bien faconn6 ; souvent il etait siniplement rcmplac6 par deux joncs perc6s de la grosscur d'une plume. Pour travailler le bois , et surtout pour la construc- tion de leurs pirogues, ils se servaient de pierres tranchantes , d'os , el du feu qu'ils obtenaient par le frotlement rapide de deux morceaux de bois, dont I'un etait creus6 en forme d'^tui. Les fleches leur ^taient inconnues; la lance et le casse-tele etaiont leurs seules amies. Les peuplades ^taienl peu nombrcuses , el les ha- meaux se composaient le plus communement de six a douze maisons ou families, raremenl de cinquante ou soixanle. Chaquepeuplade a\intsonba/ef, ou enceinte, ou les Indiens sereunissaient acerlains jours pour leurs jeux , leurs danses et pour leurs ciriraonies religieu- ses. Des pretrcs appeles behiques dlaient les minislres Ires respectes d'un culte sans temples , sans idoles et sans sacrifices. Ces peuplades 6taient gouvern^es par des caciques independanls, donl los lois sonl inconnues. ( 377 ) Nous regi'eltons de ne pouvoir nous etendie davan- tage sur les raceurs et les usages des Indiens , habi- tants primitiis des Antilles : tout ce qui les rogarde est digne sans doute du plus vit interot ; mais pour cela meme on ne saurait etre trop reserve et trop circonspect quand il faut lire dans I'obscurite de ccs temps recules, et discerner le vrai du fabuleux. NOTE SUR LES BOTECUDOS , accoinpagnce (Vun Vocahulaire de lettr lain^iie et de qiielqites remarques. La Society de geographie, ayant charge des coni- missaires de se rendre pros de deux jeunes Botecudos qu'avait ainenc^ss a Paris M, Marcus Porte, a entendu un rapport verbal au sujet des habitudes des deux jeunes Indiens, de leur maniere de se nourrir, de leur physio- nomie et des particularites qui caracterisent cctte tribu . On sait qu'elle habite principalement lo long du Rio- Doce et du Rio-Belmonte , ot qu'elle s'etend jusqu'aux sources du Rio-Doce et jusqu'a la province de Minas- Geracs. L'usage qu'ils ont d'introduire dans le lobe de I'oreille un court et^pais morceau dc bois cylindrique , toujours plus gros a mesure que s'elargit I'ouverture , etcelui de cnuper la levre inlerieure pour aider a for- mer des appendices qui se prolongent en forme de crocs, rappellent et expliquent des ornements qu'on voit frequemmentparmi les antiquitc^s americaines, no- tamment Icslarges rosaces qu'on remarque auxoi'cilles de certaines figures , d'autant mieux quo les Botocu- ( 378 ) (Jos onl ooulume de sculpter ct onier Textr^mite du bois (lont nous avons parl^j ils appellent cet orneraeiit i^ncmetok : romement que les leniines portent a la l^vre inlerieure s'appelle^«/wo»(7. Les Botecudos portent aussi le noin de Ayinores et de BatacUoas; uiais on pretend que le nom sous lequel ils se designent eux-mcmes est celui de Eugereemoung : il se pourrait que ce noiu designat specialement une de leurs tribus errantes], le inot moung ou moung-oun signifiant dans leur langue , marcher, se promener. Selon le prince Maximilien de Nemvied, la langue des Botecudos ne distingue point les genres ni les temps du verbe , lequel est loujours a I'inlinitif et se con- fond avec le substantif ; la d^ciinaison n'a que deux cas ; le nombre pluriel est distingue par I'addition du mot rouhoii ou muoii, qui veut dii'e beaucoup; les voyelles abondent et les articulations sont difficiles a saisir et a distinguer , ce qui tient sans doute a ce que le son na- sal est tres frequent ; on a remarqu^ en revanche qu'ils n'avaient point d'autres sons gulturaux que le c dur ou k. Suivant le m6me prince de Neuwied le soleil est d^sign6 par un mot compose : Taro dipo ou Tarouti-po, c'est-a-dire courrier dans le ciel. Po veut dire pied, inais le vocabulaire que m'a communique M. Marcus Porte, comme on va le voir tout-a-l'heure, pr^sente une autre image ; soleil, selon lui , se dit lorou-chom- pek , c'est - a - dire feu du jour. Malhcureusemenl , M. Porte n'a point recueilli les noms de nombres , ni ordinaux ni cardinaux; //// se dit mocenam; il est diffi- cile de croire qu'ils n'ont pas de mots pour exprimer les nombres deux, trois , etc. , ct que le mot rouou, (pii veut dire beaucoup, signifie indistinctcment tous les nombres au-dessus de I'unite. II n'cst peut-elre pas ( 379 ) de questions plus importantes a laire aux intllg^nes touchant leur langage que celles qui regardent la nu- meration ; les voyageurs doivent bien so p^iiL'trer de la necessity qu'il y a non seulement de les interrogor sur ce point, mais de revenir a la cliargc ties souveut pour ne pas se m^prendre sur la nature de la reponse. Le moyen n'est pas tres difficile , c'est de presenter successivement une menie quantity d'objets, dilTerents entre eux, mais semblablcs a cliaque intei rogation ; le mot commun a toutes les reponses sera le nombre. II faut aussi observer la composition des mots, qui com- mence quelquefois des le nombre quatre. II I'aut enfin recueillir \es,signes de toutCjespece, autres que les sons, par lesquels les naturels expriment les quantil^s nu- meriques et les grandeurs. Ce n'est pas le lieu de s'6- tendre davantage sur ce curieux sujet , et nous ter- minerons cette note par le vocabulaire de M. Marcus Porte. ^VOCABULAIRE DES BOTECLDOS, d'aPRES M. MARCUS I'ORTE, A Achirenei t " Acnoii Pou. Akifjnim Elernuer. Amboiirou Froid. Ampkouin . ; . . . .Nuit. Anclienn Rester. Aoiiin Pleurer. Aoum Tousser. Apougniou Tumeur. c Champann AHit, s'en nllcr Chitnljiaii Ventre. Chingouraii Travaillii. Chompaik Chaleiu C.hompek Feu. Chompekouan. . .Feu eteint. Clionaiiton Tapir Clioiifjouin Cochon fl'liidc. Clionkouen Boi.s a brulfr. Chonra Detestci-. Clioroun Femme. Coudji(^.Koudji).Jeu lie, petit. Coupeiin Sac en tilet que les homilies portent. Coupran Tapir. (a)U1()U Tete? Coiilou Coii|(er. I) Djakie Mentoii. Djakieke Barbe. Diakniadiinii Piepousspr , se batlie. ( 380 ) Dj.ikiiKiuii lialtrL'. Dj;ikiiei o«T;ikijei.Pol de terre. Djaiiikiiik Ouistili (singf). Djeketiin Davaiitajje. Djik Flechf. Djioke Queufid'oiseau. Djiopou .Mere, Djiotaii oua Puer. Djioukran Feuille du pal- mier. Djipakiou Beaucoup, ffraiid. Djounn Toucan ( oi- seau). E Eipipnkaret Laid. Kin(;ran Abeille. Kmp.niiii Laissei'. Knip^kaiiii (]annrd. Enipok Poisson. Enrhak Frere. Kiikoii OEuf. Gnakgnik Fesse. Gnekmen Restt-r. Gnemetok Ornement qi las homines portent aux oreilles. Gnimoua Ornement que les femraes a la infe- I liiipoki i Cerf Ini'iiopok Bras, Ingre, Iniai corps. portent levre rienre. .Nombril. Gnikgnakgnik. (jniokgiiian Heins. Gnioiin Pen. Gniok ou Kgnok . . Homme. Gnoknioukiiioua. .Douleur. Gnongon Oreille. Gnorou Beaucoup. Grak nipokioum.Boa (serpent). Grak niporaiii. . . .Crotale ( ser- pent). Grinn Chanter. Gueran guera. . . . Perioquet. II lla ha ha Goq, poulf. Han Hire. Ingnoun, inhoun.Bras ( dessou;^ du). Avant-bras. ndrai Macaque ( sin- lokonmet Joue. lokonke . Poils des joues. K Katarati Ara. Ke I'etites plumes , poils. Kein Poils du Kekrek ....... .Tousser. Ki'krok Bandiou. Keton, iikelon.. . .OEil. Ketonke Gil. Kichok Langue. Kicliou Non. Kidjak Sceur. Kidjikaun Pere. Kiiijin Nez. Kidjin courou. ..Grand nex. Kidjin nia Narines. Kidioiinii Dent. Kiscri|ilion ou .i riinpression. jVo , qui inp parait nne ahieviation de i)one» otnnt fiii.il, :i mie valeiii' douhit; = I o. So »>sl uiic rinidacMon de knave. ( 387 ) gnificence dii liavre de San-Francisco, il taut y arriver par raer : de la on joiiit de la vue entiere des rivages, formes, par intervalles, de pics 6lev6s entour^s a leur base de lorets primitives de cadres et de pins toujours verts, entremel^s de chenes , de Irenes , de platanes. Le pays est partie bois6, partie d^couvert, partie en riches prairies couvertes de troupeaux divers apparte- nantaux missions, et que parcourent aussi des 6lans, daims et autres betes fauves. (FaRiNHAMj f^oyages en Californie.) Chemin rle J'er AllanUco-Vacifiqne. La grande etendue et la hardiesse du plan congu par M. A. Whitney pour etablir une communication du lac Michigan jusqu'a la raer Pacifique, semble, a la premiere vue, devoir detourner d'y porter une atten- tion serieuse. Cependant le Senat des Etats-Unis a charge un comite de lui en rendre compte ; ce comit6, apres un mur examen, en a delibere, et a fait un rap- port tr^s favorable a la derniere session ; il a propose un bill tendant a metlre le projet a execution. La clo- ture de la session n'a pas permis de le discuter. Ala session precedente, un rapport sur le m^me su- jet a ete fait a la Chambre des representants. Ainsi , quelque etonnant que le projet paraisse de prime abord , on voit qu'il a ete gout6 dans le congres. II n'y a aucun doute que ce chemin soil praticable dans toute I'etendue du pays qu'il traverse , toutcs les diffi- cult^s ayant etc appreciees. On pent assurer que du lac Michigan an Tlissourl , la conformation du sol ad- met un rail-rood (chemin de for) , ou aucune rampe ( 388 ) n aura plus dc h a 5 pieds de penlo par mille. l)u Mis- souri au South-pass, la montee est presque insensi- ble, etdesRocky-Mountains a la Pacifique, une rampe de 7 pieds par mille conapletera la ligne. Ces donnees resultent des observations baroinetriques du colonel Fremont faites sur la route actuellement parcourue. Or, il est certain qu'en dtudiant celle-ci dans la vue d'un I'ail-rood , on obtiendrait des rampes moins in- clinees. Quant aux moyens d'execution , c'est aux fonds publics incontestablement qu'il faut les em- prunler, puisqu'ils sont reserves pour les grandes ameliorations interieures. Cette doctrine est celle que soutenait en 1808 , dans un rapport au S6nat, M. Al- bert Gallatin, alors secretaire de la Tresorerie On ajoute qu'un cheniin de fer est n^cessaire pour eel oi)- jet, la communication ne pouvant s'etablir par eau. Les rivieres de Platte, Kansas et les autres descendant des Rocky-Mountains ne sont point navigables, ni sus- ceptiblesde ledevenir Cequi precede est tir(^ du rap- port fait par un comitd de la Chambre de commerce de New-York le 2 d^cembre dernier, ot a la suite du- quel il a 6t6 resolu que le plan de M. AYIiitney, bien que gigantesque et dispendieux , sera recommand^ a I'atlenlion du congr^s comme etant d'un int(iret natio- nal et relevant du domaine public. Une lettre de M. John Henderson, ancien senateur, adressee au senateur Breese d'lllinois , du 19 sep- tembre 18/i(i, expose en detail les avantages de toute esp^ce qui resulteraient de la prouiple execution du pro- jet aux frais du Tr^sor, lequel serait rombourse de ses avances en vingt ans selon lui ; un cheniin qui mel- trait en communication la valine de Missouri avec la l)aie de San-Francisco changeiail d«^ face tout le pays ( 389 ) et terait une revolution dans le commerce du mondo. Le commerce national en serait double en tr^s peu d'annees; les manufactures de Vest, Ics cullivateurs de Voucst, les planteurs du sud gagneraient tous 6ga- lement a cette entreprise. J — D. Isthme (le Panama. M, Wheelright, Americain, directeur de la compa- gnie de la navigation a vapeur sur la Pacifique , vient de publier d'apresses observations personnelles de nou- velles vues sur la traversee de I'isthme de Panama. II a le projet d'exdcuter un cliemin partant de Cbagres, sur lequel il pourra transj^orter les passagers du paque- botjusqu'a la Pacifique en six heures. Les navires a vapeur remonteront la riviere de Chagres , navigable pour des batiments de 700 tonneaux. II croit que tout ce qui a 6t6 tente jusqu'a pr(^sent n'a pas fait avancer la question d'un seul pas. ( 390 ) CoMPTE-liiiNDU (U's lieceltes el dcs Deijenses de In Sucicte pendant Vexevcive 18Zi5-18/|6. RjiCETTKS. Reliquatdu compte de 18A4-18/j5; int^rets des fonds placets ; souscription du Roi ; renouvellement des souscrip- tions annuelles et produit dos diplo- mcs dilivr^s aux nouveaux inembres ; venle du Recucil des Memoires et du Bulletin 9,198" 20' Depekses. FVais d'administration , d'agencc, de lojer; impression des Mimoires et du Bulletin ; m^dailles d^cern^es en 4844 8,857 30 Encaisse le 19 decembrc 1845. 340" 90^ Plus , une inscription de 600 fr. de rente 5 p. 100. Certifie par le Tresorier de hi Societe et appronvc par V Assemblee generate. Sign6 CuAPELLlEtt. i'aris , le l8 cleceiiibre 1846. ( -"91 ) DEUXIEME SEC/IIOI^. Actes de ia Societe. EXTKAIT DES PROCES-VEHBAUX DES SEANCES. PriiSIDEnck dk M. Daussy, Seaiica da 6 noi'enibre 18ZiO. Le proc^s-verbal do la derniere seance est lu oi adopte. -' La Societe philosophique am^ricalne de Philadel- phie reinercie la Commission centrale de I'envoi du Bulletin et lui adresse la suite de ses publications. M. le D"^ Wapplius ecrit ii la Societe que , pour r6- pondre a son d^sir, il lui transmet I'analyse succincte de I'ouvrage qu'il vient de publier sur les Emigrations des colons allemands. Cette analyse, dont il est donn6 lecture a la Commission centrale, est renvoyee au comite du Bulletin. M. Francis Lavallee, membre de la Societe a la lla- vane, adresse une Notice geologique sur I'origine du grand archipel des Antilles, et sur les habitants et les v(!!getaux de ces iles a r6po(|ue de la decouverte. La Comniission centrale ocoute avec int(ir(}l la lecline { 392 ) cie cette Notice, (ju'elle renvoie au coinile clu Bulletin, M. Roux de Rochelle olTre , tie la part de M. I'abbc Jolibois, une Dissertation sur I'Atlantide, suivio d'nu Essai sur I'liistoire de I'arrondisseinont de Tri^voux aux temps des Celtes , des Remains et des Bourguignons; il est prie de rendre conipte de cet ouvrage. M. Guigniaut signale, a cette occasion , les Iravaux de M Henri Martin sur le mdme sujet, et il veut bien se charger d'eq donner une analyse. M. Coulier adresse les 13* et l/i' livraisous de son atlas general des phares et fanaux. M. le viconite de Santarem dej)o.se sur le bureau un nouveaocahier des Annales marilimes et colonialesde Lisbonnc. Parmi les documents contenus dans ce cabier, il signale a I'attenlion de la Sociite le rap- port du commandant de la corvette Isabel Maria sur rexploration bydrograpbique qu'il a faite , en 1839 et IS'jO , des possessions portugaises silu6es sur les cotes occidentales d'AlVique , au sud d'Angola. Ce rapport contient des details curieux sur le Porto Piittn (Port Alexander des carJes anglaisesj), situe a 8 milles au sud du cap Negro ( par 15° hi' de latitude S. ), ct sur les peuples qui babitent cette par- tie de la cote ; il decrit ensuite la Baliia des Tigres qui a 6 milles de largeur. Le commandant portugais a retrouve au cap Negro le Padrao , colonne 6levee en ISiSG par le oapitaine portugais Diego Cam pour con- slater la ddcouverte. On trouve dans le meme cabier la continuation des documents relatifs i\y\\ explora- tions portugaises dans I'interieur de I'Afrique m6ri- dionale. M. Vivien de Sainl-Marlin, secrctaiic-general, ollVe ( 303 ) lie la pail Jo M. Rochet d'Hericoiiil uii oxcniplaire de son second voyage sur les deux rives de la nier Rouge, dans le pays des Adels et le royaume de Clioa. La Societe a pu deja apprecier I'interet scienli- Gque de cot ouvrage , d'apres les communications qui lui ont ete faites par ce voyageur. Le meme membre termine la lecture de son Me- moire sur les plus anciennes populations du Caucase. Seance du 20 novembve 1846. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le professeur Rafn annonce a la Societe que M. le D" Hornbeck vient de lui adresser par les soins de la legation fran^aise a Copenliague, une carte topogra- pbique de rile de Saint-Thomas (Antilles danoises). Toutes les hauteurs de I'ile mesurees avec le barome- tre sont indiqu^es sur la rarte ; on y remarque egale- ment deux roches , le Fugleklippen et le Brigantinen, connues aussi sous les noms de Frenchman Rock et French Sailor , qui servent a indiquer I'entree de Tile aux batin)ents. M. Jomard annonce que M, de Castelnau vient d'en- voyer au ministre de I'instruction publique une col- lection elendue de dessins d'antiquit^s peruviennes , faits d'apres les collections des musses de Lima et de la Paz , comme pouvant servir ;'i I'histoire de I'art chez les Incas. La phipart des objets sont des vases en terre cuite ou en or et en argent; ils sont tir^s de Truxillo, de Tiaguanaco, etc. , et orn(^s de figures d'animaux tr^s varices. Lc meme membre continue la lecture d'unr ana- ( 394 J l}sc des (li'-cuuvertos recentes do Al. George Squier sur Jes bords du Scioto. — Renvoi au comity du Bul- letin. I\I. le vicoinlc de Santarem communique une lettre de M. de Froberville, datt^se de File Maurice , dans la- quelle il lui annonce qu'il s'occupe d'un Memoire othncgra|)hiquo sur les habitants de cette tic. M. Mallat lit une Note en rt^ponse a quclques ones des observations contenucs dans Ic rapport que M. Lafond a fait a la Society sur son ouvrage relatil aux iles Philippines. La stance generale est lixoe au vondredi 18 de- cembre. Seance du h decembre 18/i6, Le proces-verbal do la dcrnierc stance est lu et adopt(5. M. le secretaire general donnc communication de plusieurs passages d'une lettre qu'il a regue de M Boke , de Londres. M. Beke I'egarde maintenant commc cer- tain que M. Antoine d'Abbadie est dans I'erreur en prenant le Godjeb pour la parlie sup^rieure de la principale branche du Bahr-el-Abiad , remonte par M, d'Arnaud , ct les montagnes de Gnniru comme les moutagnes de la Lune. M. Beke croit pouvoir etablir que le Godjeb n'est autre que le cours principal du Sobat , en partie remonte par M. d'Arnaud , le cours inforieur de cette riviere 6tant idonliquo avec colui du Baio. Quant a I'origine de la denomination moutagnes de la Lane, voici la conjecture qu'^mel M. Beke. M. Werne, qui accompagnait iM, d'Arnaud, dit que le Bahr-el-Abiad continue do oouler directement au sud pendant I'espacc dim rnois de marcho , et qua colic ( 395 ) distance II soil du pajs d'yVnyan ; on se Iroiivo aiiisi porte vers la region ou se place le royaume de Muezr ou Moitointiczi, Or, le mot inuezi, ddin?, la langue saoua- hili et dans d'autres Idlomes uatifs de celte partie de TAlVique, signifie /««(?,- d'oii I'on serait porte aconclure que le Selencs Oros AGVlol^in^e et les Djehel-al Qamar des Arabes , ne seraient que de simples traductions en langues differentes de I'expression indigene : « les montagnes du Muezi. » M. Jomard oflre a la Soci^le , de la part de M. le colonel d'Abrahamson , le second volume du Recueil de la Soci^te litteraire de Fionie, coutenant des do- cuments en partie inedits jusqu'a ce jour, |)our servir a I'histoire civile du Danemark dans les temps anciens. — M. de La Roquette est prie de rendre compte de cet ouvragc. M. Jomard communique une lettre de M de Fro- berville , datee de Maurice, dans laqucllc il Tinforrae de ses travaux ethnograpbiques sur TAfritjue oricntalc; et il offre, en son nom, Vanalyse d'ltn Meinoirc sur les langues et les races de I'Afrique oriental e au sud de I'equateur. Le meme membre donne communication d'unc lettre de M. Morse, citoyen des Etats-Unis. Cctte lettre con- tient des renseigneinents sur les essais de gravure et les efforts faits par M. Morse, pour repandre le gout des etudes geograpbiques. M. Jomard met ensuite sous les yeux de I'asscmblee un atlas de M. Morse de plusde 50 cartes, a 1 usage des ecoles , et un specimen de 13 cartes c^rograpliiqucs des Etats-Unis, imprimees par des precedes nouveaux qui permettent do tirer jusqu'a cent mille excm- plaires. ( 396 ) M. Daussy aiuionce , d'aprt's une lettre de Londres , la prochaine publication du dernier voyage du capi- taine James Ross an pole austral , ainsi que 1 'envoi d'une expedition hydrograpUique aux cotes septen- trionales de I'Ainerique. yissemblee smerule du 18 decembre 1846. La Soci^tc degeographie a tenu sa deuxi^ine assem- bl6e gentirale de 1846, le vendredi 18 decembre, a I'Hotel de-Ville , sous la presidence de M. le baron Walckenaer, secretaire perpetuel dc I'Acad^mic royale des inscriptions et belles-lettres. M. le President rappelle , dans son discours , les succ^s que la Societe a obtenus des son debut, en 1821, et I'appui bienveillant qu'elle trouva a cette 6poque aupres du gouvernement et des savants de toutes les nations. II signale ensuite ses travaux , ses publications et les nombreux encouragements qu'elle a accordes aux voyageurs dans I'interfit des d^cou- vertes geographiques. M. le President termine son dis- cours en exprimant leregretde voir aujourd'hui la So- ciete , inalgre ses constants efforts pour les progres de la science, privee de la protection du gouvernement , et des ressources qui lui seraienl si necessaires pour continuer avec succes ses travaux el ses interessantes publications. M. Philippe Lebas, membre de I'lnstitut , secre- taire de la Societe, lit le proces-verbal de la derni^rc stance gen^rale , et communique la liste des cartes et des ouvrages deposes sur le bureau. M. de La Koquette oll're , au nom du gouvcrnomcnt norv^gicn, les quatre premieres ieuilles de la carlo li\- ( 397 ) drogi'aphique des cotes de Norv^ge , avec les descrip- tions nauliques qui les accoinpagnenl. M. le President rappelle les noms de membres ad- inis dans la Society depuis la derni^re seance g6- n6rale. M. Vivien de Saint-Martin, secretaire-general de la Commission centrale, lit la Notice annuelle des travaux de la Societe et du progres des sciences gdographiques pendant I'annde 18^6. Dans cette Notice, il passe en re- vue les principaux voyages executt^s r^oemment dans les differentes contr^es du globe , presente une analyse des ouvragos geographiques les plus importanls, et ap- pelle I'attenlion sur les travaux de la Societo et surles nombreuses communiciitions qu'elle recoil de ses meuibres et de ses correspondants. M. Jomard communique un caique de la carte du Nil Blanc, tracee par M. d'Arnaud a I'echelle de 1 pour 600,000 , de la dimension de 2" 50 , depuis Khartoum jusqu'au terme de I'expedition. Cette carte est cou- verte de notes et de legendes relatives aux populations jjui habilent les bords du fleuve, aux productions eta I'etat physique du pays , au regime du Nil et aux cir- constances du voyage. Le meme membre met sous les yeux de I'assemblee plusieurs des anciennes cartes qui doivent paraitre dans les premieres livraisonsdes Monuments dela geographie, la plupart de grand format, loutcs fhc-simi/e , parmi les- quelles se trouvent la spliere celeste arabe du v' si^cle de I'hegire, la carte desPizigani de I'an 1367, en trois par- ties; la carte d'Halzdingham du xni' siecle, en six par- ties ; la carte de Juan de la Cosa (le pilole de Christophe Colomb) de la fin du xV siecle, en trois parties ; I'itin^- raire de Londres a Jerusalem tire dun inanuscrit de la ( 398 ) ^rande clironiquo cle Mathieu Piiris, en trois parlies ; line gi'ande carle lVan(^aise du temps de Henri II , faite pour le Dauphin, en six parties; une carle ita- iicnn<' du Bosphore el du Danube, du milieu du xiii" sieclc ; un globe terrostre du xvi" siecle; I'atlas de P. Vesconte de Fan 1318 , el la 2;randc mappemonde form^e des 70 carles de la geographie d'Kdrisi du xii* siecle, etc. M. lo tresorier presenle le Compte-rendu des Re- cettes et des D^penses de la Soci(ite pendant I'exercice La stance est levee a dix heures. OUVRAGES OFFERTS A LA SOClfeTE. Seance (hi 2 octohreX^h^. Par Ips aittciirs el editeiirs : L'Investigateur , journal de rinstitut bistorique, septembre 18/iO. — Bidlctin de la Soci^te geologique de France , mai et juin 48i!i6. — Recueil de la Societe polytochnique , juillet 18/|6. — Journal des missions evangeliques, septembre 1846. Seance du Itt octobre 18/l6. /V/7- r Jcademie de Berlin : Abbandlungen der Koni- glicben Akademie der Wissenscbaften zu Berlin, iSlih. I. 1 vol. in-/i. — Bericbt iiber die zur Bekanntinachung geeigneten Verbanglungen der Konigl. Preuss. Akade- mie der Wissenschatten zu Berlin , juilltit 18Zi5 a juin iSlxQ, in-8. J^ar la Soci etc royal e des anticjuaires dn Aord: Bulle- tin de la Soclete royalc des antiquaires du Nord. Co- penbaguo, 18/|5, brocb. in-8, — Memoircs de la ( 399 ) Societe royale des antiqiiaires du Nonl. ( I.IOS, carte reduite de la cote septentrionale du Bresil , par- lie comprise entre les atterrages de Maranham el le cap Mord. N" 1,10/i, carte reduite du cours dc- I'Amazone depuis son embouchure jusqu'a Obidus. N" 1,105, carte pertieulic^re tlu cours de I'Amazone depuis le cap Magoari jusqu'a Macapa , au Nord , et depuis I'entree du Para jusqu'a Breves , au sud de I'ile Marajo ; plan particulier du cours de la riviere Guama, depuis Santo-Domingo jusqu'a Para. N» 1,106, carte particuliAre du cours de I'Amazone depuis Ma- capa jusqu'a Villa-Prainha et des Fouros dos Breves; plan du mouillage de Macapa. N" 1,107, carte parti- culiire du cours de I'Amazone depuis I'ile Acaraassu jusqu'a Obidos, comprenant le cours du Tapajoz de- puis Curi jusqu'a son embouchure; plan du mouillage de Santarem ( au confluent du Tapajoz et de I'Ama- zone ). N" 1,108, carle d(! la riviere du Para et de ses atterrages; plan particulier de la iiaie-du-Sol. N" 1,109 ( 404 ) carte particulit^re ilu inouillage d des abords de la ville dii Para. N" '1,110, plan du port de \ igia ( ri- \'itir(i du Para. N° 1,112 , carle du haiic situii au sud- ouest des lies Feroe. N" 1,113 , carte parliculiere du detroit de la Sonde. N" 1,114, plan de la baie de San- Marcos ou de Maranham. N" 1,115, plan de la rade el du port de Maranham N" 1,116, plan du mouillage des lies San-Joao. — Description des coles d'Espagne. — Guide pour la navigation le long des cotes de la Chine ( extraits des Annales marltiuies et coloniales ). — Annuaire des niarees des cotes de France pour I'annee 1847. Par I' Academic iinpi-riale des sciences de Saint-Pe- ten/jGiirg : Memoiresde cette Academic, touie V et tome VI ( I" li\raiscn). — Sciences matheniatiques, phj- siques et naturelles , tome \ II {'2" partie). — Sciences naturelles, tome V (3* et 4° livraisons). —Sciences ma- th^matiques et physiques, tome IV (2° livraison). — Recueil des actes des stances publiques de I'Acade- mie tenues en 1841, 1842 ct 1843. Parle Goitverneinent nori'egien :L,es quatre premieres I'euilles de la Carle hydrographique des cotes de la Norv«^ge , a\ec quatre cahiers contenant les descrip- tions nautiques. Par M. kivien de Saint-Martin : Histoire universelle des d6couverles geographiques , tome III, 2" parlie. Description de I'Asie-Mineure moderne. Par M. Coulier : Atlas general des phares et fa- naux a I'usage des navigateurs , 15* livraison ( mer Ballique ). Paris, 1846. Par M. .llhert-Monleniont : Voyages nouveaux par mer et par lerre do 1837 a 18'|7, tome II (Voyages en Ai'rique ). ( A05 ) Par M. Desjardins : Statislique de la monarchic autrichienne pour I'ann^e 1842 ; Vienne , 1846 , 1 vol. in-fol. Par les Anteurs et Editeurs : INouvelles annales des voyaj^es , octobro 1846. — L'Investigateur, journal de rinstitut historique, decembre 1846. — Journal dY'ducation populaire , juillet , aoiit et septembre 1846. — Bulletin de la Societe ethnologique de Paris, seances de Janvier a septembre 1846. — Bulletin spe- cial de rinstitulrice , octobre , novembre et decem- bre 1846. ERRATA pour le Bulletin de novembre et decembre 1846. Pagi! 327, ligne 12 , tout a fjit; supprimez ces mots. 329 , ligne 14 5 Anglo , lisez Angelo 335 , ligrie 22 , scientitifiques , lisez scientitiques. 338 , ligne 3i , Pison , lisez Pinzoii. tabli:desma^tieres CONTEM'BS D.\NS LI-: VP VOLUME 1)E L.\ 3' Si: HIE. N°' 25 a 30. ( Juillet a Uecembre 1846.) PREMIERE SECTION. MEMOIKES, EXTRAITS, ANALYSES ET KAPPOllTS. Essai historique sur I'ile de Cuba a repoque de la decouverle el jieiidant les premieres anuces de la colonisation , suivi de laiialyse de I'ouvrage de M. Ramon tie la Sagra , par S. Berthklot •> Notice sur la I'.ibliolheque royale de Copenhague , par M. Hocx DE ROCBELLE ^^ De rorthogra[>lif; geographique, par M. E. CoRTAMHRUT. 49 Monuments hisloriques liu Greenland et autres antiquites ame- ricaines , d'apres M. Charles-Chiistian Rafn b2 Note sur la veritable situation du niouillage marque au sud ilu cap Bugeder dans toutesles cartes nautiques,par M. u'Avezac. 73 De rOrcgon et de la Californie, d'apres les plus recentes publi- cations bUr ces contrces , par M. AtBERT-MONriMOM . . 83 Sur rttat present du Japon, par M. Jomard io3 Suite du Journal d'un Voyage geologique a Gebel-Zeyt, et dans le desert compris eiitre ie Nil et la mer Roujje, par MM. A, FiGARi et A. IIussoN. (4*^ article. ; ill Notice necrologique sur M. Eyrtes, president honoraire d« la Socieie de geograpliie, etc. , par M. DK LA RoQUETrE 37 Les Pliilippiiies , par M. Mallat , nieuibre de la Soi iete de geo- grapbie. ( ■.). vol. avert un atlas. ) — Rapport fait a la Societe de geographic le 18 septcmbre 1846, par le capilaine Gabriel Lafi>[«I) de LlRCv ' •'> t ( 407 ) Noli: liie a lu Socii'te dc j>eoyi:iphif tj;\r M. le viuomle UE Sas- ■lAiiRM sur la veritable date des instructions donnees a im des preniiers caj)itaines qui soiit alles dans I'lrule, apres Cabial, niibliees dans les Annalcs inaiuiuics de Lisboinit;. Cahier n° 7 de 1845 :j7 Tiaveisee du desert de Nubie , par M. Jomahd 187 Observations sur une INotice de M. Corlamberl insere'e dans le Uullctin de la Societe de geoyraphie, sous le titre de I'Or- thognip/ie Geojrapliujua^ jjar M. ue La Roquette. . . . igi Nole de M. 1^ baron i>E DerfilLden dk Hindehstein, pour servir de reciitiealion ii sa carte ile rarcliipel des Indes orieutales. 200 La de'eouverle du Nouveau-Monde donne un nouvel essor a la littcralure descriptive. ( Exlruit du Cosmos de M. yllex. de Humboldt ^ comiuunique par M. GriGNiAiiT. ) 209 Decouverles recentes de AI. Sijuier sur les bords du Scioto. (Aiticle cummunicjue par TVl. Jomakd.) 226 Sur la carte du Massachusetts. ( P — D. )........ 234 Letlre deM. Afaclear a M. Schnmaclter relativenient a la nie- sure d'un arc du meridien an cap de Bonne-Esperarice. ( Comniuni(juec par M. Daussy. ) 2^7 Liinigration et Colonisation allemande; public et au{;ineiite de Notes, par le D' VYappals. ... 243 Suite du Journal d'un voyage geoloyique a Gebel-Zeyt tt dans le desert coinpris entre le Nil et la naer Rouge, par MM. A. FiOARi et A.-H. HossoN 248 Parole;, prononceesa la Societe de geograpbie, par M. le baron Walckenaer pour louveriuie de la seance generale du 18 de- cetnbre 1846, a I'Hotel-de Ville 273 INotice annuelle des travau.v de la Societe de. geographic et du progres des sciences geographiques pendant I'anne'e 1846, par M. Vivien de Saist-Mabtin, secretaire-general de la Commission centraie 281 Appendice au rapport du secretaire-general de la Commission cenlrale. — 8^ lUipport sur les acquisitions de la Hiblio- theque royale (collection geojjraphique ) pendant I'airne'e 84(i 3 2- Kssai hislorif[uc sur I'ile de Cuba ( suite ) , par S. Beiithelot , mernbie de la Commission centraie 34 1 (Questions geologiques sur i'ori<;ine des Antilles. Vegi'tauN et 11 ( 40S ) hnbit^xits (le ces lies a repoque di; leiir ilccouvcrtL' Commu- nique par M. Francis Lwallek , Menibre de la SorirtP . chancelier ilu consulat general de France a la Havane. , . 366 Note sur les Bolecudos, accompagnee d'un Voralmlaire Ei.Lii-R, Iresorier. 390 deijXieme section. ACTES DE LA SOCIETE. Proces-verbaux des seances de la Commission ceatrale ( de juillet a decembre 1846.). ... 68, 128, 202, 268, Sgi Procfes-verbal de la seance generale du 18 decembre 1846. 396 Membres admis dans la Societe i3o Ouvrages offerts a la Societe. . . . 72, i3o, ao6, 270, 398 FIN DE LA lADLE Di; 6' VOLUME.