^.gsg. A.s(. BULLETIN D£ LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Trulsienie Serie. TOME VII BLTRRAl DH 1,A S0C115:TI^. (elections du 22 MAI 184G. ) Prisidrrit. y ice- Preside nC Siriitiitrlir!. Sfcretnire. M. le baron Wai.ckenaer, secretaire perpelael de I'Aca- demie rovale d*. I'/.RIS - IMPIII.Mi.RIl-; DE L Mil;il\i;i '111 J.M'ub M BULLETIIN nv. LA r r SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Trnisiente ^erie. Some scplicme. PARIS, CHEZ ARTHUS-BERTRAND, 1. 1 n n A I n i: d e la s o c i )•; t ^ b u c ^ o r, n A p ii i k , RUE HAliTEFEniLLE, N" '23. 1847. COMMISSION CEKTHALIi. COMPOSITION DLi BUREAU (Election du 8 Janvier 1847. Prisident. M. Jomard. f ice-Presidents. MM. le vicomie ue Santarem , Roux di Rochei.m. Secretaire-General. M. Vivien de Saint-Martiw. Section de Correspondance. MM. Bajot. MM. C. Moreaii. Callier. Noel-Desvergers. Cochclet. D'Orbigiiy. Guigiiiaut. Poulaiii de Rossay, Lafoiul BaiDu Roger. Lebas Texier. Section de Publication. MM. All)erl-Montemont. MM. Gay. D'Avezar. Irahert des Motlelelles. Berlhelot. Baron de Ladoucelte. Cortarabert. Letronne. Daussy. Ternaux-Compaiis. De Fiobeiville. Le baron Walckenaer. Section de Comptabdite. MM. Ansart. MM. Isambcrt. Le colonel Coraboeuf. De la RoqiieUe. Couthaud. Thomassy. Comite charge de la publication du Bulletin. MM. Albert-Monlemont. MM. Giiigniaut. D'Avezac. Jomard. Berlhelot. De la Roquette. Cochelet Roux de Roclielle. Cortamberl. Vicomte de Sanlarem. Daussy. Vivien. M. Cliapiillier, notaire, Ircsorier de la Soriele, rue Saint-Honore , 370. M. Noirol, agent-general et bihliothiraire de la .Socic-te, rue de I'Univcr- liite, a3. BULLETIN DB LA » * SOCIETE 1)E GEOGRAPHIE. JANVIER 1847. PREMIER K SECTI01>i. M^MOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORT.S. Mjimoire de M. Paul Chaix, de Geneve, sur les Progres iniprimes a la Geographie ancienne par les travaux rccents de quelques voyageurs. Les regions septentrionales de I'Afrique et les pays compris autrefois dans les iimites de I'empire des Perses empruntent de I'histoire ancienne un int^ret que n'ont pas ^galement des pays plus nouveaux. Aussi est-il peu surprenant que , apr^s les voyages brillants entrepris par les Espagnols et les Portugais, lors du reveil de la geographie , les antiquaires aient prec^d^ les disciples des sciences naturelles dans la carriere qui venait de s'ouvrir pour eux. II faut puiser a deux sources difterentes pour recon- struii'e la geographie ancienne. D'une part se trouvent les monuments Merits, les auteurs de I'antiquiteet ceux ( 6 ) liysique, elle renferme une erreur que Fhistoire seule iiidique, et que les reclierchos de M. Pacho, en 1824, ot le voyage du capitaine Beechey nous ont mis en etat de relever. Une chaine de montagnes calcaires et peu t^levdes s't^tend depuis les Lords du Nil et du lac Mceris jus- qu'aux environs de la Grandr-Syrte ; sa longueur est de deux cent quarante lieues. Les anciens en d^si- gnaicnt plusieurs portions sous les noms d'Anagom- hri .Montcs , de Bu!colicus Mons et de Mons Ater. Elle presente au midi des es^arpements qui dominant les oasis d'Ammon et d'Audjclah, elle desert de Libye , qui n'est qu'une portion du Sahara. Au revers septen- trional des montagnes, viennent s'appuyer deux chal- nons, le Bascisus et la chaine cyr6n6enne, qui se pro- longent au nord jusqu'au bord de la mer. lis soutien- nent iin plateau 6lev6 de 15 a 1800 pieds, et qui abonde en cavernes, comme toutcsles montagnes cal- caires. C'est I'ancienne Gyrc^naique, et le nom de de- sort lui convienl si |ieu quo les Arabes le d(^signont par colui do Djcbel Vkhdar , qui signifie montngne fcr- ( 13 ) doyante. Son aspect est riant ; les pentes des vallees sont couvertes de bois t^spais de cypres, de pins, d'oli- viers, de lauriers et de palmiers. Les sources sont nom- breuses ; le chevre-feuille et le jasmin forment des bosquets parfumes; les myrtes, les arbousiers, les ro- uiarins, les eglantiers, leslauriers-thym, bordentcon- slamment le sentier raboteux que suit le voyageur. Les ruines donl le pays est couvert attestent I'exis- tence d'une population qui fut considerable. On y voit des monuments d'arcbitecture grecque et romaine , confondus avec des chateaux de construction arabe. A 1800 pieds anglais au-dessus de la mer, les ruines de Cyr^ne olTrent des rues, des temples, des aqueducs, des theatres et des catacombes, le tout dune grande etendue; les inscriptions s'y melent a des peintures assez bien conservees, et a de belles sculptures, line vaste necropolis excavee dans le roc se trouve au nord de la ville, et ses cryptes sont egalement ornees de sculptures et de peintures. On trouve beaucoup de ruines a Gherta Boulous, peut-etre I'ancienne Darnis. On en trouve egalement dans la valiee profonde de Ben-Egbden, a Ben-Ghazi, I'ancienne Berenice, a Barghetnavi, a Kasr Adoukni et a KasrBograta. Les principales villes de la Pentapole hique n'offre lien de bien neiif. ( 15 i copendant tent^ les anciens, avant que la i'erveur tics Chretiens du troisieme siecle peuplat cettc solitude de renobites. Des scones, des debris de poterie, des liuttes de mineurs, at des galeries percees avec art aupres do piusieurs mines de cuivre , serablent prouver I'anti- ([uite de ces exploitations du d^sei't. Les })lus importantes etaient les carrieres do por- phyre rouge, reconnues, en 1822, par M. J. Burton, et visitees I'annee suivante par le memo voyageur , accompagne de M. Wilkinson (I). Elles avaient ete d^crltes par Pline , qui n'indique gu^re leur position que par ces mots : Ruhet porphjrites in eadern yE^ypto \ il atteste leur etendue par ceux-ci : Quantislibet mod- bug ccedendis sufficiimt iapidicince (2). Ce porphyre est d'un grain fin et serre, de la plus grande boaute; Pline I'appelle leucosticos; lapides porphyretici tenuibus astris distiticti, candidis inten'enientibiis punctis. Cette pierre etait par sa durete peu propre au tra- vail du statuaire ; aussi les anciens Egyjitiens en fai- saient-ils rarement usage pour cela , et ce ne fut que dans la decadence de I'art que les Romains I'y ein- ployerent; cependant il nous reste un assez grand nombre de statues de niarbre blanc avec des draperies de porphyre. Jamais I'exploitation des carridres de porphyre de la Haute-Egypte ne fut plus active que sous les empe- reurs romains. Aristide nous apprend que Ton v employait des malfaiteurs condamn^s aux travaux publics. II paraitrait , d'apres une inscription trouvec a Gartassy, dans la Nubie , que les ouvriers tiraient de (i) Notes on a pait of the Eastern desert of T^'jjper E,ny{;pt , In. Wilkinson. Journal )re dans les montagnes des Ababdeh , au siid de la route de Kosseir. On en atrouve recemment dansle FazoqI. M. Linant en decouvrit une , en 1832 , et porta au Gaire neuf caisses de minerai , v:'ont on tira un cin- quieme de metal pur. Les mines les plus productives du Perou ne donnent pas davantage. Mais les mon- tagnes ou se trouvent colles de I'Egypte ne contenant ni eau potable ni bois a bruler, leur exploitation de- vient tr^s difficile. Les mines d't^meraudes ont 6te abandonnees pour la meme raison. La grande route commercialo de Goptos a Mvos- Hormos passait a quelque distance au midi du Diebel- Dokhan. Large en plusieurs endroilsde hS a 50 pieds, et marquee par des tas de pierres et par des stations fournies de citernes et de magasins, elle traversait des montagnes dont les torrents I'exposaient a de grandes vn. JANvir.R. 2. 2 ( 18 ) cl^t^rioralions. Lcui acliou it-petee depuis iiu giaml noiubre de siecles a fait disparaltre uiie bonne partiu (le cette route. M. Burton a ^galement decouvert renjplaccment dc Myos-IIormos. (^elte station , si fameuse comme d6- pot des marchandises de llndc el de l'Aral)ie, n'a actuellement d'autres habitants que les aniniaux dont elle emprunlait Je nom. Son port , autrefois tres silr, est un bassin ferme, mainlenant conible par les sables, au point qu'un vaisseau ne pourrait y penetror a la liaule niaree. Pline mentionne plusieurs bons ports autrefois existants sur celte cote de la raer Rouge ; ils ont disparu, et celui dc Kosseir, le seul qui reste, aura peut-elre le m6me sort. Les ruines de Myos-Hormos , entourees de murailles et de tours, n'attestent cepen- dant pas une grande opulence , et M.Wilkinson ne suppose pas que ce port celebre ait jamais en plus d'importance que les autres stations de la route du desert. II en partait regulierement 120 vaisseaux desti- nes au conunerce de I'lnde et de la mer Erylhrec. II n'est guure possible de se ra^prendre sur I'emplace- ment de cot ancien emporium; c'est apr^s avoir par- couru 100 lieues des cotes de la mer Rouge que MM. Burton et Wilkinson onl conclu en faveur de ce point , situe par 27° 20' 20" lat. N. et 33" 28' 15" long, de Greenwich. Les environs immediats sont maintc- nant d'un aspect aussi desole que le dit Pline. L'ceil, ( herchant au nord le muns Eos de cet auteur, on le Oros d'Agatharchide et de Slrabon, s'arrt^te sur le Dje- bel-ez-zeit ou Montague tie riuiile (1). Strabon decrit , (Ml face du port, un groupe de trois lies dont une parlie etail couverte d'oliviers ot une autre de meleagridos. (l) Lliiiili- iiiiiu''r:\li' ^ Ir ji< ti'dli'. (19) Pline n'en meutionne qu'une seule nominee Lambe. Trois lies se trouvent en eflet situ^es en iace de I'en- droit examine par M. Wilkinson : Shadwan , la plus grande , parait etre I'lnsiila-Lambe de Pline. L'olivier ne croit, il est vrai, dans aiiciine des iles de la inor Rouge ; mais celles-ci sent couvertes de I'arbre saf-saf, qui offre la plus grande i^essemblance avec l'olivier, et dont les petites baies vertes peuvent donner beaucoup d'liuile. La nature du terrain bas et bumide sur lequel est batie la ville de Myos-IIornios dut en faire un se- jour des plus malsains ; il est encore impossible de visiter impunement ses ruines entre le mois de mai et celui d'octobre. L'atmospliere y est cbargee de vapeurs si abondantes et si cliaudes, que Ton se croirail dans une etuve. Au temps de la prosperite de Myos Hormos , rinsalubrit(!! de I'air dut y faire bien des victimes. Le port de Berenice, non moins important dans I'antiquite , a et6 I'objet des memes recherches. II n'v aguere qu'une vingtaine d'annees que M. Cailliaud an- nonga qu'il venait de retrouver les ruines de cette cite au sud de Kosseir : Belzoni s'y rendit plus tard , et trouva quelques inasures a I'endroit decrit par M. Cail- liaud. C'est plus au sud, a peu pr^s au point marque par d'Anville , que MM. Belzoni et Wilkinson ont re- trouv6 les veritables ruines de I'ancienne Berenice- Troglodytica (1) , fondee par Ptolemee-Pliiladelphe. Le lieutenant Wellsted les a visiteesdepuis et afixeleur latitude a 23° 55', position qui ne dilTere que de cinq milles de la latitude indiqu^e par Ptol6m6e et coincide avec la distance de 258 milles remains qui s^pnrait Berenice de Coptos, selon Pline et Tilineraire d'Anto- (i) iNotice on the ruins of Beienirr , liy lieiUeiiaiit II. VA ills ltd. ( 20 ) nil). Les ruines de Berenice couvrent im espace d'un niille de tour; elles sont sur le bord septentrional dime lagune qui servit autrefois de port i cette ville , niais dont rcnlree est maintenant ferm(5e ; cette lagune est a 13 niilies a I'ouest du Ras-liernass ou cap Nez. M. Wellsted estime a 1,000 ou 1,500 le nombre des maisons dont se compose Berenice. Elles sont baties de madrepores, abondamment recouvertes de frag- ments de poterie et de verre de couleur, et plus petites que dans aucune des villes de la mer Rouge. Des mor- ceaux de fer oxyde furent retires des decombres, ainsi que des m»^dailles malheureusement indechiffrablcs. Les rues sont etroiles; nulle part M. AVellsted ne put d^couvrir de traces de puits , de citernes et do sepul- tures; mais au centre de la ville il trouva un petit temple egyptien, compose de plusieurs compartimenls ensevelis sous le sable ; a force de travail il en fit ou- vrir uM dont les parois sont couvertes d'liitii'ogly plies d'une belle conservation. On trouva les debris d'unc statue , des piedestaux el des inscriptions grecques , qui semblent mettre bors de doule I'identite de ces ruines avec remplacement de I'ancienne Berenice , puisqu'on n"a jamais mentionne I'existence d'aucune autre ville grecfjue sur cette cole , eritre Myos-Hormos au nord el Ptolemais-Theron. Plolemee-Philadelphe batit cette derni^re ville 138 lieues plus au midi , sur les cotes de la Nubie , |)our faciliter la cliasse des 616- pbants qui abondent dans les monlagnes du voisinage. Lord Valentia pense avoir retrouv6 I'emplacement de cette colonic gr^co-egyplienne, sur une peninsule ap- polee Ras-Assyz, par 18" 2V de lal. N. et 38" 18' de long, a IK. de Greonwicb. ( 21 ) KTHIOPIE. Le coiu's clu Nil au-dessus des limiles de I'tgypte parait avoir et6 mioux connu dans I'antiquite qu'ii ne I'a 6te longtemps dos modernes. Le grand coude que le fleuve decrit au N.-E. , indique par le geographe d'Alexandrie , ne Test sur nos cartes que depuis le voyage de Burkhardt. L'6tendue des connaissances des anciens sur les re- gions centrales de I'Afrique est encore un point dt^battu entre los geographes d'Angleterre et de France. Cette discussion les a conduits a des resultats tout opposes. Tandisque Gossellin place les limites du monde connu des anciens aux pays situes au nord du desert de Sahara, et fait du cap Bojador le terme des p^riples carthaginois, le major liennell , ses compatriotes et les Allemands le portent au fond du golfe de Guinee, ce qui ajoute 1,500 lieues de cotes aux evaluations de Gossellin. Malte-Brun adopte un point intermediaire, qui est le cap Blanc , et met les grands fleuves du Soudan en dedans de la limitOo Ce sujet a ete repris et discute de nouveau par M. W. Martin Leake , dans un niemoire insere au journal de la Soci^te de geograpliie de Londres (1), memoire qui a pour objet de decider si la Quorra represente le fleuve connu des anciens sous le nom de Niger. Non seulement I'auteur conclut pour raffirmative, mais il admct encore que le lac Tchad, le fleuve Shary , et meme quelques autres fleuves et lacs dont I'existence est encore problema- (l) Is tlie Quorra llie same river as the Niyir of the Ain:ienis. By. W. Martin Leake. II of the Roy. Geng. See. of [iondoii. Vol. II, p. 1. ( 22 ) liquo pour nous, elaient coniuis de PluloinL't' atissi Lien que la Quorra. M. Leake trouve dans Ptol6meo deux surtes de preuves en faveur de son opinion ; la premiere est dans la description vague, mais decisive, que ce g6o- graphe donne des rivieres de I'Afrique interieure; elles ont , dit-il , en 6t6 , des debordements r^gullers et con- siderables ; elles nourrisscnt beaucoup de crocodiles et d'hippopolames, et le papyrus croit sur leurs bords. Cest en vain que Ton voudrait, avec Gossellin, apj)li- quer celte description aux cours d'eau peu conside- rables qui desccndent du revers meridional de I'Ailas et se perdent dans les inar^cages et dans les sables du Beled-el-Djerid. Les preuves que lire M. Leake des positions astro- noniiques indiquees par Ptoldmee me paraissent plus I6gferes que les premieres. Si , pour 6lablir leur sys- t^mc , les g6ograplics francais sont obliges de I'ejeter entierement les expeditions lointaines et vagues de Septimius Flaccus et de Julius Maternus, leurs adver- saires se trouvent d'autre part exposes a defigurer souvent les tcxtes dont ils s'elaient. M. Leake donne toute sa confiance aux tables de Ptol(!;mee, parce que, en y introduisant quelques corrections, il s'en trouve plusieurs dont la longitude est assez exacte. Quant aux latitudes , qu'il cut etc plus facile de determiner, il faut les torturer pour pouvoir attribuer une apparence d'exactitude aux positions qu'elles indiquent ; car, tandis que Plolcm^e |)lace de plusieurs degres trop au midi les villes de la Barbaric , qu'il eilt du le mieux connaltre , il fausse , en sens inverse , la position des villes rivcraines de son lleu\e Niger, dc maniere a reduire de moitie la largour du desert de Sahara. ( -^3 ) Comment decider eiitre deux systemes aussi impar- faitement appuyes I'un que I'autrePPeut-etre puurrait- on les resumer dans le cadre des qualre proposilions suivantes : 1° Corn. Balbus obtint le triomphe, en I'annee 19 de notre 6re , pour avoir soumis les Garamanles , habitants de Pbasania , de Cjdamus et de Garania , districts dont la position est facile a reconnaitre dans le pays de Fezzan et dans le midi de la r^gence de Tripoli. 2"* En I'annee 41, Suetonius Paulinus, parti des cotes de la Mauritanie , francliit , apres dix jours de marche , la chaine de I'^Vtlas, dont les cimes 6taient encore neigeuses en 6t6. Puis , apr^s avoir traverse un desert de sable et de roclies noires , il atteignit les bords du Geir, I'une des rivieres peu considerables qui coulent vers I'interieur du Beled-el-Djerid , au sud d'Alger ou d'Oran. 3° Septimius Flaccus et Julius Maternus firent , au sud du pays des Garamantes , deux expeditions dont la duree est trop grande pour croire qu'iis n'aient pas depasse la limite raeridionalo du Sahara, et p^n^tre dans le Soudan , tandis qu'il restera toujours sur leurs d^couvertes un vague aussi grand que sur le voyage des cinq jeunes Nasamons , mentionne par Herodote, ll" Les details g^neraux donnes par Ptol^mee sur les fleuves de I'interieur prouvent qu'il en avait una connaissance aussi vague que celle que nous en avons eue nous-memes lorsque nous avons du nous conlenter des rapports des naturels du pays. II serait imprudent de vouloir etablir I'identit^ du Geir et du Nigeir do Ptol^mee avec I'un des fleuves du Soudan plulot qu'a- vec un autre , et cela d'autant plus que les noms de ( 24 ) Dj\i' el (Je .Ml beniljlcnl avoir i;te ties uoius genei iques emplojes pour designer toules les rivieres d'AtVique, ainsi que de nos jours les iiiols ba et bahr. Le mot iiidjyr, qui n'apparleiiait pas a la langue latine, |iour- rait bien n'avoir signifid autre chose que rix'icre-riviere. II nous reste a exaniincr quelle est la valeur des positions indiqucies en degres par Ptoleinee. Que , dans I'enfance de la science , il alt essaye de donner une table des latitudes observecs le long des bords de la Moditerranee et sur le Nil, cela n'etait pas im- possible, puisque I'usage du gnomon etait conuu et que firathost^ne s'en etait servi avant Ptol^mee. Ce- pendant cctle portion la plus facile de son travail four- mille d'erreurs. Quant aux longitudes, comment sup- poser que Ptolem6e en ait eu une connaissance plus exacte? Le calcul des longitudes est une d^couverte moderne. Les geographes du moyen-age I'entendaient trc'S peu : nous lisons dans M. de Humboldt (1), que le bacbelier Rodrigo Faleiro , ami de Vasco de Gama , ne passa pour un grand cosraographe que parce qu'il avail un demon familier qui lui eiiseignait le calcul des longitudes. Les connaissances de quelques autres cos- mographes les cxposerent aux memes soupgons, et cependant les crreurs qu'ils commettaient auraient dii les en afTranchir. Le calcul des longitudes ful en- tidrement iuconnu des anciens ; rien ne le prouve raieux que 'erreur qu'ils commellaient en plagant I'lle de Rhodes , Alexandrie et Syene sous le meme meridien. S'ils ne purcnt decouvrir cette erreur, com- ment auraient-ils indiqu(^ exactement la position du cap Vert et celle des sources de la Quorra ? (l) Expose I iitiqiiu ilc I'liislolic ili- la c,f'0('ia|)liii; ilii Nouvimu- MoikIc. Toiiii: I, p ijti. ( 25 ) La seule chose que dous puissions conclurc de cette lable de Ptol^mee est que, pour safisfaire a ce d^sir commun de substltuei- une assertion positive a un doute philosophique, il revetit des donnees extreine- ment vagues de la forme positive des cliiffres; il com- men^a precisemenl par ce qui est la fin et le but de la geographic. Dans I'etude de cette science , il ne taut jamais atlribuer aux paroles des auteurs anciens plus d'im- porlance qu'ils n'ont pu y en mettre. Personne ne I'a mieux compris que M. Leake lui-meme, ainsi qu'on le voitdans le Memoire plein d'erudition (1) qu'il a pu- blie sur le stade des anciens. D'Anville , Gossellin , Rome de I'lsle , Freret , Delabarre , de la Nauze et Malte-Brun , out tous admis que les Grecs et les Ro- niains s'etaient servis de stades de diverses longueurs dans revaluation des distances. Le desaccord des au- teurs pouvait conduire a cette supposition. Plusieurs geographes de I'antiquite avaient donne des evaluations dilTerentes sur les dimensions du globe terrestre, son perimetre etail de ZiOO,000 stades, suivant Anaxi- niandre et Thales ; de 300,000, suivant Archimede; firatoslhene adoptait 250,000; Hipparque , 277,000, et Posidonius 2ZiO,000. Les geographes Irangais par- tirent de la supposition que ces evahiations ctaient base^es sur des mesures rigoureuses , loutes exactes , mais expriniees en stades differenls ; de sorte (pi'ils ont admis, outre le stade olympique, qui est de (300 au degre, un stade pylhiquo ou delphique, un stade naulique, et un autre phileterien , puis un stade de 700 au degre et un de 833. (i) On the st.iile , as a Linear Mciisurp ; liy. M. I-fakc. lomiial ot llif n. G. So.. Vol. l\ , fi. I. ( 26 ) Ce sysl^ine a et6 combattu par Lkert et par Montu- cla. M. Leake fait reinarquer que, d^pourvus de moyens d'observer rigoureusemont, les anciens, tout en n'em- ployant qu'un seul stade , ont pu se tromper dans I'emploi qu'ils en faisaiont et dans ['evaluation des dimensions de la terre. II observe encore que ces erreurs dans le nombre des stades devenaient d'autant moins grandes que la science faisait plus de progres , et que, pour la mesure des distances faciles A con- naltre , I'exactitude des anciens est telle qu'il est im- possible d'admettre que ces distances aient et6 6valuees on stados autres que le stade olym|)i(jue , long de 600 pieds alliques ou de 625 pieds romains. P. Chaix. Ce Menioire ne se rapporte qu'a I'Afrlquc, eL il ne forme que la premiere partie d'un travail de M. Chaix : il est a desirer que I'auleur nous fasse jouir de la suite de son int^ressant ouvrage. ExTKAiTS (ruiu- leltre , lS43. Hongrie Gallicie Roliemc F-oiiilinrdie MoravicetSilesieantiirhiennes Province de Venisc 'I"ran.sylv.ini(> Basse Autriclic ConHiis inililaires. Siyrie Ilaute Aulrirlie Tyrol . . . , [(^arintliip rt ('iiniolp. . , . , Tiicsic, Goiilz, Isti'ie ( Kiisseti' land) Dalinatip En 1834. I i,4o4,35o 4,33o, i53 3,9 1 8,83 1 2,4-21,735 2,066,269 2,043,240 1,963,435 i,3o-,956 1,101,281 906,643 830,072 8.4,673 732,464 438,0.8 358,883 34,658,oo3 En 1840. l2,o5o,528 4 7'8,99' 4,1 i2,o85 2,516,420 2,127,279 2,137,608 2,071,163 1,375,400 i,ao3,6o5 956,863 844.916 83o,948 749,284 473,279 381,57 35,552,90 En 1843. 12,273,717 4'S9' 5-^79 4,247,669 2,558,526 2,196,56^ 2,2". 7,938 2,099,555 1,415,695 1,237,238 976,263 85i,^q8 843,355 766,517 484,455 397,05 1 37,491,120 ( 38 ) Le tableau d'aulre part donne a la popul.ition tU> I'Adtrirhe un mouvemont de 312 a 315,000 liabitants d'atigmeiilation par an , ce qui niettrait la population de cat empire pour 1846 a environ 38,000,000. Deux mois plus tanl. T.e present rapport a eprouve un retard considerable par le desir que j'avais de vous envoyer trois ouvrages qui meritent toute votre attention. J'ai eu le bonbeur d'obtenir du conseiller Czcernig, directeur du departomenl de slalistique dela cbanibre aulique , le premier rapport de ce genre , autorise et meine public par le gouverneraent. Quoiqu'il neporte que lesdonn(5cs de 1842, ilvientseulementde parailre, et en 1847 on en aura le complement. J'attendais aussi , monsieur le president, une s^rie d'unesuperbe carted 'Europe envingt-clnqfeuilles, pu- blieeparM. Scbeda, chef de I'atelier litbograpliiquedu ministere de la guerre. Cette carte est faite en plusieurs couleurs, dans la maniere de la carte muetlc de I'Europe que j'avais executt^e en 1830 a Munich, et que je por- tal en 1833 a Paris. Mais I'eau est graveo en spirales, et les montagnes sont admirablemont dessinees au crayon et imprimees couleur s6pia. Cette carte est ce qui s'est fait de plus beau jusqu'a ce jour. Je I'avais sollicitee pour la Societe de geographic ; mais comuie I'auteur en offre un exemplaire a Sa Majeste Louis- Philippe , il ne veut pas encore vous I'adresser. Je no la perds pas de vue pour iiotre bibliotheque. J'attends aussi les premieres epreuves d'un grand ouvrage sous prase du capitalae Streflleui', qui a pris pour devise: « Non ncpiunisley in plutonisle, mais rota- tioniste , » c'est-a-dire qu'il atlribue la plupart dcs VII. .TA.^vI)iR. 3. 3 ( n ) ph6nom^nes de notre globe aii moiivement do lo- lalion. 11 a adresse un oxtrait dc son systenie a I'lnsli- lut de France et a la Societd de g^olopio. Men s6jour paraissant devoir se prolonger en Alle- magne, j'aurai soin de tenir la Socic^tci dc geographie ail courant dc tout ce qui paraitra d'int^ressant pour la science dont nous nous occupons, el je ne rentrerai en France qu'avec de precieux mat6riaux pour sa hi- l)liotlieque, et qui puissent 6tre d'une ulillle gen^rale. On a beau voyager, on ne pent oublier la France , quclques vicissitudes qu'on y ait (^prouv6es. Je prie tous mes chers collegucs de disposer dc moi. Je in'estimerai en tous temps et en tous lieux lieureux de leur rendre quelque service. J'ai I'lionneur, etc. C. DliSJARDINS. Vieniie , le i di-rembre i84*>- Notice sin- un nm>rage public par M. Jolibois, xous Ic litre (le : Dissertation sur r Jtlantifle. L'existencede I'Atlantide , sa situation et sa dispari- lion, ont exerc6,depuis un grand nombrede si^cles, la curiosit6 et la critique des homines occup^s de geo- graphic ancicnne. Deux dialogues publies par Plalon, sous le nom de Timee et sous celui de Critias , ont donn6 lieu a cette discussion, et Ton est encore aujour- d'hui a la recherche de I'lle myst^rieuse, qui peut avoir disparu longtemps avant I'epoque oii la Grece com- men<;ait a recueillir la tradition des anciens ^v^nc- ments de son hisloire. ( 35 ) Un arcbeologiie et un geographedistingut^, M. l'abb«> -lolibois , euro de Ti(^voiix ct uiembre de plusieurs academies, vlenl de publier un ouvrage uu il a pour l)ut de prouver I'existence de I'Atlantide , de fixer sa situation , de relrouver quelques parties de Tbistoire de ses babitants , d'indiquer I'epoque de sa destruc- tion et de retracer les cbangements que sa disparition a pu opdjrerdans d'autres contr^es. Les deux dialogues de Platon sont le tcxte sur lequel M. Jolibois s'appuie pour etablir son opinion. II re- garde cette region ancienne comme composee de la cbaine dumont Atlas, de I'Espagne, en tout ou on par- tie, ct d'une terre siluee dans I'Ocdan , entre les iles du cap Vert , des Canaries , de Madere et des Acores. L'Atlantide lui parait avoir etc peuplee par des colo- nies d'Ethiopiens, dont la posterite devint assez nom~ breuse et assez pui^.sante pour vouloir envabir I'Europe et I'Asie. C'est a la rupture des colognes d'ltercule et au bouleversement cause par ce grand pbenomene qu'il attribue raffaissement et la disparition de toute la region occidentalc ile I'Atlantide. L'examen des cbangements que put causer ce grand cataclysme lui donne occasion de discuter plusieurs questions bypo- thetiques auxquelles nous n'avons pas, en ce moment, a nous arreler. Nous nous bornerons a examiner si lo sentiment de M. Jolibois sur I'existence de I'Atlantide et sur sa destruction peut s'accorder avec dilTerenles traditions bistoriques , ct avec des temoignages et des autorit^s qui nous paraissent irrecusables. Pour entrevoir la verit6 a travers des temps si (d)S- curs et si eloignes de nous, on manque de monuments posilifs et certains; aucun no remonle a une si IkuiIc ant quite , et Ton sc trouvc egar6 dans Tempire du ( 36 ) nierveilleux et dans oeliii des tallies. Mais celles-ci ne furont pas toiijours creees pni- iiiio capricicuse imagi- nalion : des Veritas hist()ii(|ues ou j)liilosopl)iqiies s'v trouvent souvent confondues. Plusleurs savanls nous on ont oxplique une grandc partie , ot leurs observa- tions iuslructivos eclaircissenl les allegories , les ima- ges, les 6venenients reels qui se trouvent m6l6s a cette nivthologie. En appliquant ces remarques a la ques- tion qui nous occupe , essayons de la degager de ses voiles el de fixer les doutes quipeuvenls'6lcver encore sur une sigrande revolution. Si nous comparons les r^cits de Tirade et ceux de Critias avcc les relations que nous ont laiss6es les plus ancicns ecrlvains de la Grece, los unset lesaulres nous parai?sent inconciliables. Leshistoriens nous ont cite les noms dos fondateurs qui crecrent les diff6rents fitats de cette contree : ils nous ont appris que le royaurae de Sicyone, le plus ancien de tons, I'emonte a Tannic "2080 avant I'ere chr^tienne; qu'Inachus , venu de I'henicie en 1856, fonda le premier royaume d'Argos , et que ses successeurs furent remplaces par Danaiis , qui avait abandonne I'Egypte. Le royaume d'Athenes fut fond6 en 1556 par Cecrops, qui arrivait egalement d'Egypte; celui de Thebes le fut en lZi93 par Cadmus, qui amenait de Plienlcie en Jieotie une colonle considerable. Le deluge de No6 avait cu lieu Ian 2349 avant J6- sus-Clirist; celui d'Ogyges ravagea I'Attique et la Beo- tie en 17/i/j, et celui de Deucalion couvrit en 1503 les plaines de la Thessalie. Aucun autre deluge n'a ^ti cite par les plus anciens historiens , et le souvenir d<' celui qui submcrgea , dit-on , rAtlantide , et (|ue les dialogues de Plalon font romonter a plus de liuil niillc ( 'M ) aiis, lie se retrouve (|ue ilaiis la Ixuiclie de C.iitias, iin de ses interlocuteurs. Comment pouvolr concilier avec les epoques ou [)a- rurent les premiers l^gislateurs de la Gr^ce I'ancien- net^ beaiicoup plus grande que ces dialogues attri- buent a la puissance d'Atlienes? Toutes les histoires grecques nous representent I'etat sauvage ou se Irou- vaient I'Attique et les autres contrees des Hellenes avant I'arrivee des colonies qu'elles recurent de Phe- nicie et d'Egypte, oil les arts et les lettres etaient flo- rissants, Les Pheniciens leur porterent recriture et les premiers elements de la navigation ; les figyptiens leur firent connaitre les principes des sciences, les ba- ses de I'ordre social , et ce ne tut qu'apres avoir recu ces premiers enseignements que les difTerentes par- ties de Ja Grece purent s'elever graduellement a cet etat de prosp6i'it6, de force et de gloire oil ses grands bommes , ses ecrivains , ses artistes la firent parvenir dans ses plus beaux siecles. Si Atbenes avait eu , buit mille ans auparavant , la puissance qu'on lui attribue dans les dialogues de Pla- fon, comment celte puissance lui aurait-elle ensuiteete ravie, sans que les generations suivantes en eussent con- servele moindresouvenir? et comment s'i/.ootie , a rexceptioii tie doiix pelits ; i:l la romnie d'iii\ Voukaguire les nourril tie son lait. Pendant I'liiver que les voyageurs pass^rent a Nijnd- Kolimsk, ils observferent plnsieurs aurores boreales , qui eclairaient leurs longues luiits. Le thermonietre niarquait, du 3 au !i Janvier 1821 , 39 degres de froid. Enfin on se mil en route le 19 fevrier pour gagner les rives de la mer glaciale et le cap Chelagsk Le pays que Ton traversait est celui des Tchouk- Ichas, nation nomade et independante. Elle occupe un vaste territoire qui s'elend jusqu'au detroit de Bering , et souvent ses bateaux le traversent , pour aller cher- cber en Ainerique des pelleteries et des dents de morses , que Ton va vendre ensulte a la folre d'Os- trovnoye. Cette foire se tient au mois de fevrier , et il s'y rend des marcliands dc toute la Siberie orien- tale. Les Tchouktchas ont des cbamans ou magiciens qui exercenl sur eux un grand empire , et qui les portent souvent a des actes barbares pourflecbir la colere des esjjrits. Ces ](euples ont de nombreux troupeaux de I'ennes, qu'ils emmeiient avec eux lorsqu'ils cliangent do campements. Les qualre voyages de M. de Wrangell a la mer glaciale, et ceux de ses savants collaborateurs, sont successivement decrils. INijn^-Kolismk etait toujours le point de depart et de relour : on y passa les liivers de 1820, 21 et 22; on partait au printemps , et Ton prolitait de la courte duree des ^tes , pour suivre les extremes limites du continent , et tenter sur la mer quelques decouvertes, soil en traineau lorsqu'elle etait glacee etqu'on n'etait pas arrete par des montagnesde glacesimpraticahles.soit dans de leg^resembarcations, ( !Hi ) ])arloiit oil la mer otait accessible ol luuigahle. Les iles aux ours lurent visitoos. On troiiva sur queltjiies points de la c6te d'innorubrables defenses dc mam- u]oiiths, et des ossements fosslles, apparlenant, soit a celle espece, soil a d'autres animaux antediluviens , plienomepe digne sans doute d'attirer toule rattenlion des geologues. Nous croyons 6tre entr^s dans un assez grand nom- bre de details pour inspiror aux amateurs de voya- ges le desir de connaltre celui de M. de Wrangell. lis y trouveront une instruction solide et variee , de pi- quantes observations sur les mccurs , des peintures souvent afiligeantcs sur la sterility du sol et sur la mi- sere des habitants; mais a c6t6 de ces tristes tableaux on voit aussi que la nature a arcorde aux bommes quelques compensations, que la creation a mis a leur port^e quelques inoyensde nourriture ; que I'babitude a rendu leur sort moins amer ; que peut-6tre meme ils ne d^sirent pas changer de destinee , car ils n'ont pas ete a port(^e de jouird'un moilleur sort : ils vivent conime ont vccu leurs peres ; ils faconnent leurs en- lanls aux memes privations , et de nombreux liens les attachent a leur patrie. SEPT ANNfiES EN CHINE, et nouvelles observations sur cet empire, etc., etc, par Pierre Dobel, an- cien consul de Russie aux iles Phili|)pines. Traduit (lu russc par le prince Emmanuel Galitzin. M. Dobel , n6 en Irlande , fut conduit j)ar ses pa- rents aux Elats-l nis d'Amerique ; il fit £cs Eludes a Pbiladelpbie , servil dans I'armee lederale, entreprit ( hi ) cnsuite plusieiirs voyages de navigation, visita I'arclii- pol indien et Ics cotes dc la Chine , fit a Canton un sejour de sept ans , et rdsida ensuite a Manille, en qualite de consul de Russie. Son ouvrage renfermatoutes ses opinions sur les mceurs des Cliinois , leur caractere , leur commerce , lour induslrie , leur mani^re de vivre. 11 expose leur syst^uie I'eligieux, leurs principes de gouvernement , I'etatde leurs connaissances. L'iclee qu'il nous donne de celte nation ne lui est pas toujours favorable , et d'autres (!!crivains I'avaient jugee plus avantageuse- ment. II reste a comparer leurs t^moignages ; et I'ou- vrage de M. Dohel sera utile a consulter pour tons les voyageurs qui se rendront dans cette contr^e. Les Chinois sont manufacturiers et commercants : ils etendent leur navigation dans tous les archipels des Indes, sur les cotes du continent voisin et dans les principaux parages de I'Oc^anle. D'interessantes observations sur I'archipel des Phi- lippines completent et terminent I'ouvrage de M. Do- hel. Ces lies sont une precieuse possession pour I'Es- pagne, qui en a neglige trop longtemps la prosperity. L'auteur loue la bonne administration du marquis d'Aguilar , lorsqu'il en ^tait capitaine general. Mais, apres lui , la tranquillity de la colonic a 6te trouhlee plusieurs fois. L'esprit d'insuhordination eclata dans I'ile de Lugon en 1820. L'emeute fut particuliere- ment dirigee centre les etrangers : on les proscrivit , et il en p^rit un grand nombre. Le consul de Dane- mark fut au nombre des victimes. Le feu de la sedition vint encore se ranimer quelque temps apres , et le ca- pitaine general , qui voidait s'opposer aux revokes, loml)a lui-meme sous leurs coups. ( 48) KTLDESsurla relation des voyages fails par les Arahes ot les Pcrsans clans I'lnde et a la Chine, clans Ic ix* siecle do Vkre chr^tionne. M. Dulaurier a publie sous ce litre une savanle dis- sertation dans laquelle il rappellc d'abord les rela- tions (le commerce que les Assyriens, les Egypliens , les Plieniciens, et d'autres anciens peuples entrete- naient avec les Indes. Les Arabcs pratiquaient de temps immemorial cette navigation ; d'abord en sui- vanl les cotes, et dans la suite en prolitant du ,mou- vement alternatif des moussons, qui leur permettaient de gagner la haute mer.de se rendre directement sur la cote occidentale dc I'lnde , et d'effectuer leur retour de la meme maniere. Le but de I'auteur est d'examiner quel etait dans le IX* siecle la situation de ce commerce : il rend compte des recherchos faites sur une si interessante question par M. Reinaud , mombre de I'lnslitut : il s'attache comme lui aux recits d'un marchand arabe, nomm^ Soleyman, qui vivait dans ce siecle, et qui avail navigue plusieurs fois dans les parages des Indes el de la Chine ; et pour completer ccs informations , il a egalement recours aux relations publiees par Abou- Zeyd et par le geographe Massoudy,cjui vivaient I'un et I'autre dans le x° sic'cle. On parlageait alors en plusiers mers les difT^rents j)arages de I'Ocdan oriental. L ne de ces regions mari- times s'^tendail le long des cotes d'Arabie; une autre s'avan^ait vers I'lndus et le golfe de Cambaye ; la troi- sifemo eiait situee entrc le Malabar, Tile de Ceylan et Tarchipel dos Maldives ; la quatrieme suivait los (4«) cotes de Coromandel et de Bengale ; la cinquieme (^tait situ6e entre la prosquilo de Malacca et Ics arcliipels d'Andainan et de NIcobar. On entrait dans la sixlenie mer par le detroit de Malacca , ou par celui qui se- pare la grande etla petite Java; etla septieme mer s'6- tendait entre la Chine et les Philippines. Le principal entrepot du commerce , entre les deux extr^mites de cette longue ligne de navigation, etait place dans I'ile de Ceylan ; les Arabes venaient y de- poser leurs marchandises , et les n^gociants des regions situ^es plus a I'orient y apportaient aussi les produc- tions et les richesses de leur pays , les epiceries , les perles, les pierres precieuses, les riches ctoffes , les parfums , et tout ce que le commerce peut oflrir de plus brillant et de plus recherche. En parcourant la plupart des rivages de cette grande mer qui baigne les rivages de I'Asie m^ridionale et de ses nombreux arcliipels, I'auteur appuie ses obsei'va- tions, non seulement sur les voyageurs que nous avons d6ja cit^s, mais sur les temoignages d'Edrisi , de Ben-Batoutah , d'Abulft^jda. II partage I'opinion de M. Reinaud sur la position assignee a differents lieux ; il a souvent recours a I'autorite dc Marco Polo, et donne de nouvelles preuves de la sincerite de ce grand voya- ge ur. RAPPORT adress6 a M. le ministre de rinstruclion pulilique, par M. dh Maskatme , charge d'une mis- sion en Chypre. M. de Moslatrie , ocriipe dun grand travail sur I'liistoire des Croisades , s'csl rendu dans Tile de vu. JANV1KH. h. h ( 50 ) ('liypre , pour y laiie cles recljerclios siir r«''tat oi'i ollc se troiivail lorsqu'ollc nppartenait a Guy do I.usignaii I't a ses successcuis , qui y regn6rent paisiblement pendant deux suNoles, dcpuis Tannic 1102 jusqu'a r^poquc oil les Genois s'en cmpar6rent. Cette ile fut cnsuite dispulee entrc ses nouveaux possesseurset dif- Icronts princes de Moree, de Portugal, dc Savoye, qui avalenl 6pous6 les herilieres de ceite couronne; et en- fin elle appartint tout entiere aux V^nitiens. Le roi Jacques II la leur avait remise en 1489, et ils la gar- dt^rent jusqu'^ I'anneo 1571 , oii clle fut conquise par les Ottomans. Dans cette periode do pres de quatrc siecles , d'assez nombrenses lortercsses furent baties sur difl'ercnts points pour en assurer la defense : les principales etaient celles do Famagouste a Torienl , de Limassol au midi , de C(^rines au nord , deJNicosie vers Ic centre de I'ile. D'autres villes, d'autres chateaux furent 6gale- ment 6rig6s sur les antiques ruines de Paphos et d'A- mathonte : la place do Larnaca devint ensuite un vaste entrepot commercial ; et d'autres forts s'^levorent sur les sommets de cette cluiine de montagncs, qui s'e- lend parallolcment aux coles du nord , depuis lo cap (.ormacliilti jusqu'au cap Saint-Andre. M. de Maslatrie examine dans son Memoire quelles sont les principales constructions militaires dont I'ori- gine remonte aux princes francais , et il rend compte , avec moins dc d(^tails , dc celles qui furent 6lev6es par les Genois, longtemps 6tablis a Famagouste , et do celles qui furent I'ouvrage des Voniticns. L'auteur se propose de decrire dans d'aulreS Me- moires les monuments roligieux qui furent fondes . . dans lo moAoii-iigo . par la dvnaslie des I.usignaii , et ( 51 ) ceux qu'on pent attribucr aux Templiers , momenta- nement 6tablis dans I'ilc de Chypre , avant I'av^ne- mcnt de cette illustre maison. On peut juger, par cet apercu , de I'inleret que doit oflrir le travail de M. de Maslatrie aux savants qui s'occupenl de celte int^ressante partie de I'histoire du inoy en-age. VOYAGE BOTANIQLjE le long dos cotes septentrio- nalesde la Noiwege, depuis Drontheiin jusqu'au cap Nord, par Cn. Martins. La corvette la Recherche , qui avait appareill^ du Havre le 10 juin 1838 , arriva a Di^ontheim le 28 du m6me mois. C'etait dans les plus longs jours; le soleil passait a peine deux heures sous I'horizon. Le prin- leraps avait ete tros beau , et M. Martins fut a port^e de voir, dans son etat le plus favorable, la vegetation. II reconnut qu'a une latitude egale le climat etait moins rigoureux sur cette jjartie des cotes del'Ocean que sur les bordg du golfe de Botbnie , et il en attribua les principales causes a I'influence du Gut/stream sur la temperature des eaux de la uier et a la hauteur des Alpes norvegiennes, qui preservent cette cote des vents froids qui soufHent de Test et du nord- est. L'auteur entre dans beaucoup de details sur les ar- bres et les arbrisseauxcultives a Drontheim et sur ceux d'L'mea, dont la latitude est la raeme. II compare 6ga- lemcnt ceux d'Upsal et de Stockliolm. II fait une lier- borisation dans les environs de Drontheim; et , pour- suivant son voyage vers le nord, il s'arretc successive- ( 52 ) ment a IJildringen, a Bodoe , ou il recucille d'autres plantcs , a Sandlorv, siliie dans I'ile la plus oricntale des Loffodcn. La il rend conipte dc la riche herborisa- tion que M. Lessing avail faite dans ces parages en 1830, en s'attachant surtout aux plantes vasculaires. M. Martins poursuit son voyage a Tromsoe. II p6ne- tre ensuite dans le district d'Alten , qui fait partie de la province du Finmark, et il est frapp6 de la beauts des rives de rAllenfiord et de la ricbesse de leur flo- raison, compar^e a la st6rilit6 des plateaux de la La- ponie. II fait un grand nombre d'observations sur les differents degres de temperature, mesures a Alten, soil par lui , soil par d'autres observateurs. II compare aussi la temperature de Tinlei-ieur de quelques plantes avec celle de I'air qui les environne , experience deli- cate, qui montre que cettc temperature est a peu pres en 6gale proportion dans i'air et dans la plante. L'au- tcur rappcUc aussi I'influence que la lumiere exerce sur la vegetation. Ln grand nombre de remarques met^orologiques se retrouvent dans cet ouvrage ; elles portent speciale- inent sur le climat , sur le nom])re des jours de pluie, sur les pb^nomenes atmospbdriques qui nursent a la vegetation ou qui lafavorisent. Apr^s avoir donn6 la liste des vegctaux qui croissent autour de I'Altenfiord , I'auteur fait un travail sem- blable sur ceux des environs de Hammerfest , el son voyage va se terminer au cap Nord, ou il retrouve une partie de la vegetation et de la flore qu'il avail reraar- quees, dans d'autres temps, au piod des Alpes de la Suisse. L'ouvrage dc M. Martins est sans doule un des plus interessants a consulter sur la gcograpbic botanique des regions qui! a parcourues. ( 53 ) liiillftin de hi Sociele geulogique dc France. Novembre i84*^^'- De nombreuses Eludes sur les ph^nom^nes errati- ques de la Scandinavie ont et(i faites par M. Durocher. II place vers Stockholm le centre de ces phenomenes , et il les suit en Russie, en Pologne, au midi de la Bal- lique , jusqu'aux montagnes de Sil^sie , de Saxe , de Hanovre et dans les plaines des Pays-Bas. Les blocs erratiques disperses dans ces diff^rentes regions doivent d'abord etre attribu^s aux 6boule- ments qui ont eu lieu sur les flancs des montagnes, et au transport de ces fragments de rochers et de ces de- pots vers les plaines et les regions inf^rieures ou nous les trouvons aujourd'hui. Ces transports se sont faits sans doute pendant la periode diluvienne ; mais de quelle maniere se sont-ils operas? Plusieurs savants les ont altribues a des radeaux de glaces flottantes sur lesquels les blocs de rochers voisins s'^taient ^croules, et que la violence des courants avait portt^s sur diff^rents bords. D'autres savants ne croient point a cetle vio- lence des courants diluviens, dont ils nepeuvent aper- cevoir la cause , et ils expliquent d'une autre raani^re la marche des glaciei's. II faudrait, pour donner une theorie exacte de ces phenomenes erratiques, avoir fait un plus grand nom- bre d'observations, soit dans le nord de I'Europe, soil dans les dilTerentcs contrees ou ils se rencontrent. Aniiales de la propagation de la Jot, t. XIX', 1"^ livrais., Janvier 18/17. Le nombre des conversions laitcs dans les ilcs ( o!i ) San(J\vich s'^levait, I'ann^e dernit^ie , a IZi.OOO; mais les chefs indigenes no lour ^taient pas favorables : aii- cune charge publique n'etait confute aux cathoHques. Lcs missionnairos protestanls, qui sont aussi ropandus dans ces iles, y jduissont de phis do ressources que les catholiques, et Ton voit qu'ils sont souvent en rivalite. La foi a aussi commence a fairo des proselytes dans I'archipel de Gambler et dans les lies Marquises. II s'est etabli au Havre une soci6t6 maritime dont lo but est de favoriser les missionnairos dans leur lEuvre de foi et de civilisation. Le vaisseau rArche-cV AUimice, arm6 aux frais de cette soci(^t6 , partit du Havre le 15 novembro 18^5, ayant a bord, outre les officiers et 1'^- quipage, huit missionnairos, cinq fr6res catochistos et d'auli'espassagcrs, prenantparta la momoccuvre. Cette expedition nous a ddja valu une trfes inl^ressante lettre du P. Meriais sur tous ks incidents de la traversee jus- qu'a la sortie du detroit de Magellan, d'ou Ton devait se rendre dans difi' ) llgioii de\ieimeiil aussi ceux tie la morale: ils inspi- rent ave(^ les sentiments de la piele ceux cle la iliaril*' chretienne ; ils s'attaclient en meme temps a dt;velo|>- per les facultes inteliictuellcs , a perfectionncr I'elal social , a faiic aimer le travail , a mettrc en relation avec les peuples civilises de nombreuses tribus arra- chees au malheur de lour condition. D'autres missions evangeliqiies appartenant aux dii- ferentes brandies du protestantisme s'appliquent aussi a propager avec leurs dognies religieux les principes de la civilisation. Journal des missions ei>angeUqaes, 22° ann(^e, l"livrais. L'Afrique meridionale est un des principaux points vers lesquels se dirige le zele des missionnaires 6van- g^liques. Ceux qui sont stalionnes a Mekuatling tra- vaillent avec succ^s a la conversion des paiens; ils cherclient a aft'aiblir, a eteindre leurs superstitions et a leur faire aimer la morale de I'Kvangile. Les babitants eux-memes ont aide les missionnaires a batir un temple; et le jour ou il a ete inaugure, onze adultes et quinze enfanls du pays ont recu le bapteme. Le Kalagari, vaste region situee au nord du pays des Hottentots elde celui des Becbuanas, est devenu b; su- jet dun important Memoire de M. Lemue. Ce savant missionnaire s'attacbe d'abord a peindre la situation du pays, vaste desert ou Ton pent a peine p^netrer a travers les forels dont il est couvert, tant la v^g^tation y est puissante, confuse, entrelacee. Les animaux, les oiseaux y abondent; mais Ton y manque d'eau , et Ton y Irouve a peine quelques bassins qui so rcm|)lis- ( 56 ) senl ilans le temps dcs pliiies, et ou lea homines et les betes sauvages vont se dt^salt^rer. Les lial)itants du Kalagari paraissenl sorlir de la ineme tige que les Bechuanas ; ils en 6taient la classe la plus pauvre, ot ils s'en sont st^parcis pour ecliapper a la servitude. Mais le voisinage do lours anciens mai- tres les expose encore a des incursions et a des vexa- tions. Ils sont hospilaliers. La chasse est leur occu- pation liabituelle; ils attaquent avec autant d'adresse que d'audace les animaux les plus feroces. Les saute- relles, qui sont le fl^au de plusieurs regions d'Afrique, dont eiles dcivastent les champs, sont pour les habi- tants du Kalagari une nourriture rechcrch(ie. Cos peu- ples sont malheureux , exposes a la famine , en guerre avec les animaux les plus redoutables , et cepcndant ils ne murmurcnt jamais contre lour sort. Le journal que nous analysons i-enferme un autre article sur I'ile de Born(5o , la plus considerable des lies de la Sonde. Sa population se compose de trois na- tions: celle des Dayaks , qui sont aborigines, et dont le nombre n'est pas connu; celle des Malais , qu'on peut ^valuer k 1,000,000 d'ames, et celle des Chinois, qui peuvent etre au nombre de 300,000. Quelquos missionnaires sont otablis sur la cote m6- ridionale de i'ile; leur principalc station est a Banjer- inassing, D'autres se sont places a Pontlanac et a Ka- rangan , sur la cote occidontalc. Lours doctrines so ripandent autour d'eux. lis out form6 un seminairo oil de jeunes gens vont s'instruire avant d'aller porter de proche en proclic In morale de I'Kvangile ; et les persecutions auxquelles ils sont souvcnt exposes no ra- lentissent pas lour zelo. ( 57 ) Annales inaritimcs ct cohmiales , publides par M. Bajot et M. PoiRBi. N" de decembro \%\ij, Ce recueil instructif continue de fixer I'altention do tous ses lecteurs. II se compose de ti'ois series: la pre- miere est la partie olTicielle , qui comprend tous les actes du gouverneinent ; la seconde partie est relative aux sciences et aux arts qui tiennent a la marine el a la navigation , ct la troisi^me partie renferme une re- vue colonialo. Le plus important des articles de cette derniere sec- tion est le Code des lois de Taiti, public en 18Z|5 par M. le gouverneur Bruat, commissaire du roi des Fran- gais pres la reine des lies de la Soci6t^, Une revision des lois prec^dentes avait et6 d^lib^ree par Ics cbel's ta'itiens. Ce travail a el6 fait en conseil de gouverne- ment, et il a 6te soumis de nouveau a I'approbation des chefs, qui I'ont adopts a I'unanimite. D'autrcs articles pleins d'interet sont renferm6s dans le meme numero de la Revue coloniale: I'un sur la ville de Loanda, capitale des possessions portugaises siluees sur la cote occidentale d'Afrique ; I'autre sur les mesures prises par I'Angleterre , de 1839 a 18Zi5 , pour la repression de la traite des noirs et pour Tai- franchissement des esclaves. Le journal public sous le nom A' Abolitioiiistejrcincais renferme dans la cinqui^me livi^aison une p^lilitm adress(^e a la chambre des pairs et a la cbambre des deputes sur I'abolition de I'esclavage dans les colonies fran(;aises. Les pelitionnaires font valoir tous les nii>- tifs de morale, de justice, d'hunianite qui condamncut ( 58 ) et tlelrisserit la traito des esclaves. IJs regardeiil cuuiuif illusoires les tentatives que Ton a faites pour amelio- rer leur sorl , et ils prient les deux chainbres legisla- tives de determiner unc epoque precise et prochaiin' pour rabolilion absoluo de I'esclavage dans les ct) Ionics. JNoin>eUes funnies des i>OYat-Marti>. Le dernier cahier des Annates vGwierme I'extrail d'un voyage en Abyssinie par M. Bell, qui fit en 18Zil une excursion a la source de I'Abaii ou Nil-Bleu. Cette source, qu'il atteignit le 1" mai , est situee pr^s de la montagne de Gliisb. Les liabitants , qui boivont de cette eau , la regardent comme un preservatif contre les maladies, et les soldats qui s'en arrosent la tele se croient assures du succes de leurs entreprises. Une (^glise est batic dans le voisinage ; on y celebre une Tele annuelle, dans laquelle i)lusieurs bojul's sont sacrifies. Apres avoir explore cette contree , M. Bell revint a Corala , situe pres des rives du lac Donibea. 11 y re- trouva un fidele ami qui I'avait accueilli precedem- ment dans sa maison , et qui lui avait donne tons les soins de I'bospitalite , lorsqu'il avait 6t(^ attaque et blesse par des brigands. Ges sortes d'attaques son I frequentes ; elles aug- mentenl les perils des voyageurs qui se rendcnt en Abyssinie. Et cepcndant le zele de ccs missionnaires de la science ne se ralentit pas; ils esperent altachcr leur noai a quelque decouverle, apprcndrc a connaiiro ( 59 ) . les productions d'unpajs, et ouvrir enlre les peuples de nouvelles relations dc commerce. Nous remarquons, a la suite de cet article, quelques pages d'une Histoire du Mexique , par don Alvaro Te- zozomoc. Elle appartient a la bibliotli^que de M. Ter- naux-Compans, qui a rassemble, pendant ses voyages en Am^rique , un grand nombre d'ouvrages sur Ics annaies de ce pays, anterieures a la conquete. Le fragment renfermu dans Ic numero que nous avons sous les yeux se rapporte aux derniers evene- menls du rcgne de Auitzotl et aux premiers jours du regne dc Montezuma 11. On y raconte les expeditions des Mexicains contre differentes villes qui s'etaient re- voltecs, etles travaux entrepris pour amener a Mexico une plus grande abondance d'eaux douces. EUes jailli- rent avec tant d'impetuosite et sous un si grand volume de la source d'ou on les derivait, que les terres voisl- nes du lac de Mexico, et la capitale meme , en furent inond^es. 11 fallut construire de nouvelles digues pour les contenir, et pratiquer d'autres issues pour les de- tourner. Nous retrouvons dans le meme fragment historiquc; limage des sacrifices humains qui furent olferts aux dieux lorsque I'inondation eiit cesse , barbaie usage qui se renouvela aux funerailles du roi el a I'aveno- ment de son successeur. Una interessante notice sur la siacessio/i des I'trcs iv- uants, par M. d'Omalius d'Halloy, termine ce numero des Jnnales des i'oyages. L'auleur examine si, au milieu des revolutions qui ont cbange plusieurs fois la face dc notre globe, d'ancienncs cspeces d'ctros vivants n'oiif- pas pu sc conservcr on se modifiant , ou s'il faul ad { 60 ) ineltrc une crealiDU nouvolle a chacune iles cpoques geologiques qui se sont succ(^dt^. La solution de ce problc'ine a deja occupti plu- sicurs grands geologucs; elle a donne Jieu a diflc- rcntes hyp()lh(!;ses, et cetto question est sans doulo une des plus dilliciles a dclaircir. Bulleliii special de I'iitst/tutrice. Janvier l 847- La deinierc livraison dc ce journal mensuel ren- ferme le programme des questions sur lesquelles out m examinees rdccmment les personnes qui se desti- nent aux fonctions d'institutricc. On peut romarquer, au nombre de ces questions, celles qui leur ont el6 proposees sur la cosmographie et sur la g^ographie , et I'on y trouve une nouvelle preuve de rimportance et de I'inttJjret que Ton attache aujourd'hui a ce genre d'instruclion : il entre dans les principes d'une bonne Education , et il se lie naturellcmcnt a I'elude de I'his- toire. Le mfime nuraero renferme une notice biographi- que sur Tonvaldsen , c^l^bre sculpteur dont le Danc- marck peut s'enorgucillir. II serait elranger a notre mission de reudre compte de ses beaux ouvrages ; mais un nomtclquele sien ne peut pas etre passe sous silence. Jh la jjopuUition da Purlugal, depuis Tepoque romaiiic jusiju'^ nos jours, par M. Adrien Balhi. 11 olait Ires dillicilo jus([u'ii laiinee 18"20 dc rocueil- ( 61 ) lir ties documents exacts sur la population du Portu- gal ; le gouverneracnt n'en publiait jamais ; et comme on n'avait aucune notion positive sur ce point , les auteurs de statistiques ne s'accordaient pas entre eux. M. Adrion Balbi, qui a reside huit ans en Portugal, a fait de nombreuses recherches pour eclaircir cettc question et pour la resoudre. Le r^sultat de ses obser- vations est qu'a I'^poque du 1" Janvier 1822 la po- pulation des possessions continentales du Portugal etait de 3,173,000 habitants auxquels il fallait joindre celle de I'archipeldes Agores. La population en 18/|1 ^tait de 3,460,000 ames pour le Portugal , et de 214,300 pour les Acores, ce qui forme en tout 3,676,000 ames. Cette population duPortugal n'estpasegalementrepartie entre toutes les provinces : celle du Minho est la plus considerable , proportionnellement a I'^tendue territoriale , et celle de I'Alent^jo est la plus faible. L'auteur a clierche a leconnaitre si le Portugal avail eu, en quelque autre temps, une population supdrieure a celle d'aujourd'hui; il a parcouru differentes epo- ques depuis le temps d'Auguste jusqu'a I'annee 1842, et ses recherches Font conduit a conclure que , dans la premiere annee de I'ere chriitlenne, la population duPortugal avail ete de 2,841,000 habitants; qu'elle avait (^te en declinant jusqu'au milieu du xvii* siecle , et qu'elle s'etait relevee progressivement, sans jamais depasser les evaluations faites en 1822. Le Portugal pourrait nourrlr une population beaucoup plus nombi-euse;maisdHr(!;rentes causes en ontempSche I'accroissement pendant les dix-hult siecles qui ont suivi les premiei'es evaluations. La population ne s'etait pas accrue sous le despotisnic mllitaire des Romains; ( 62 ) ce pays fut ensuite mine par los invasions ties Bar- bares : il ne se I'elcva pas sous la domination des Ara- bes; il fut d^peuplo pendant les guerres des Portu- gais contre Ics Maurcs ; il Ic fut ensuile par Ic bannis- sement des Maures et par celui des Israelites. La pcste noire enleva en i'HiS la nioitie des habitants; un tremblement de terre detruisit Lisbonne en 1344 ; plu- sieurs annees de famine diminuerent a plusieurs re- prises la population ; et lorsqu'enfin on fut arrive au regne glorieux d 'Emmanuel et au temps des grandes decouvertes faitcs par les Portugais , les nombreuses colonies qu'ils envoyerent dans differentes parties du monde reduisirent a un plus petit nombre d'habi- tants la population de la m^tropole. Les fleaux de la peste , des discttes , des tremblements de terre se re- nouvelerent encore a plusieurs reprises dans le cours du xvi' si^cle, et les pertes qu'ils firent eprouver a la population ne purent etre que lentement r^par^es. Dei etudes '^eographiqnes en general et des Societes de geographic , par M. Adrien Balbi. II appartenait a un geographe si distingud par ses lumici'cs et par I'importance de ses ouvrages, de parler dignement d'une science a laquelle il doit sa renora- mee : il en a entretenu lecongr^s scientifique, rassera- ble a Genes , au mois de septembre de I'ann^e der- nidre. M. Balbi remonte aux premiers temps des connaissan- ces g^ographiques, dont il trouve quelques 6l6menls dansles Merits de Moise et dans ceux d'Homdre ; il suit les progriis de la science dans les oeuvres d'Herodotc, dans ( «3 ) cellcs d'Aristoto, qui croyail a la sj)l)6ricit6 de laterre, dans celles do Strabon , de PtoleiiK^e et de plusieurs er^rivains arabes. 11 cite les services rondiis par les pe- lerins et les missionnaires , les connaissances que Ton acquit pendant les croisades , le m^rite de plusieurs illustres voyageurs , a la tete desquels il place Marco Polo; et il arrive enfin aux navigations entreprises sur les plages occidentales d'AlVique, a I'expedition de Vasco de Gama , qui se rendit dans les Indes en dou- blant le cap de Bonne-Esperance , a la d^couverte de lAmerique par Christophe Colomb, aux navigations de Magellan , qui cntreprit le premier voyage autour du monde. D'autres grands voyageurs se sont succede depuis : les uns , comme le capitaine Cook , ont explore le Grand-Ocean; les autres , comme M. de Humboldt , nous ont mieux fait connaitre les continents qu'ils ont parcourus, et ontetendu les bornes des sciences geo~ grapbiques, en les considerantsous tousleurs aspects: ils ont compris dansleurs ("^tudes la pbysique du globe, ses pbenomenes terrcstres , maritimes , aeriens , sa geologie , son magnetismc , I'influence meme que les corps celestes peuvent exerccr sur ses revolutions. La geograpliie s'esl agrandie de toutes les sciences na- turelles qu'on pouvait y joindre. Ce developpementde la science a fait plus de progres depuis que des Societes parliculieres s'en sont occu- pies specialement. Coronclli avait forme a Venise , dans les premieres annees du xvin"" si^cle , une Societe des vVrgonaules , et ce nom indique les encourage- ments qu'cUe donnait a la navigation. Mais la premiere Societe de geograpbie a etc fondee a Paris en 1822 ; elle etait d'abord la seule ; elle fixa I'attention gene- ( 64 ) rale , et atlira et re<;ut dans son sein des voyageurs et dcs savants de tons les pays. A son exeniple , d'aii- tres Socields de geographie rurent siicccssivement crepes , a Berlin , a Londres, a Bombay, a Francfort, a Rio-Janciro , a Mexico, au Caire , a Darmstadt, a Lisbonne, aux fitats-Unis, en Russia. M. Balbi, aprc>s avoir rappeld les nombreuses et utiles publications faitcs par les Societt^s de Paris , de Londres , et des autres villes oii elles se sont Stabiles , exprime le d^sir qu'il se forme en Italic une Soci6l6 gdographique, specialement consacree a I'etude de ce beau pays , qu'elle soit placee a Florence , et que cha- cune des autres grandes villes d'ltalie puisse former une section particuliere qui s'occupe de la geographic lo- cale, el quicorresponde avec la Soci6te de Florence. U Investigateur , journal de Vlnstitut historique. Janvier i847- Un rapport de M. I'abbe Auger, sur le congres scientifique de Genes , nous indique la varidle et I'im- portance des travaux dont cetle nombreuse reunion s'est occup6e; elle s'citait divis^e en neuf sections, celles de physique et mathomatiques , de chimie, de geologie, d'agronomie , de bolanique, de zoologie, de medecine , de chirurgie , d'archeologie. On a remarque, dans la section de physique, I'envoi fait par M. Bonafous d'un livre imprime a Rome en 1686 et intitule : Description d'un noiweaii mode de transporter unefigure quelconque , dessinee sur le papier,au innyen des rayons solaires : niais Ic rapport que nous ( 65 ) avons sous les yeux nc donne aucun d^^tail sur les precedes dont I'auteur a fait usage. Nous citerons , au nombre des plus interossantes lectures , un Memoire do M. Passini , sur la possibi- lity d'obtenir a Venise une grande abondance d'eaux douces et jaillissantes , en creusant au milieu meme de la mer un puits aiHesien. M. Julien de Paris a lu un Memoire sur les etablis- sements de bienfaisance, et un autre Memoire sur I'u- tiiite d'un georama. La question de la peste et des quarantaines a donne lieu a de longues discussions. On a exprime le voeu d'obtenir en Italie I'uniformit^ des poids et mesures. MM. Griffa etSolimene ont d^velopp6 leurs vues sur les moyens de rendre plus profitables les congrfes. 11 a 6te propose de leur presenter, chaque ann^e , un tableau des progres de I'arcbeologie, et un tableau des progres de la geographic. Une longue discussion s'est engagee sur les lignes de chemins de fer qui pourraient s'etabliren Italie, el chaque membre a developp^ et d6fendu la ligne qui pouvait int^resser son pays. La section d'archeologie a public un programme de plusieurs questions a examiner dans le cours de I'an- nee , et le premier article de ce pi'ogramme int6ress<' particulierement la geographic ; il recommande d»^ taire un examen plus exact de la mappemonde de Fra Mauro , deposee a la bibliolh^que de Venise. L'inauguration du monument de Cristophe Colomh a ile consacree par des fetes magnifiques. Ce congres reunissait pour la premiere fois les savants de toute ritalie , et il s'y trouvait aussi un grand nombre d'e- trangers. Tous les beaux iMabJissemciils publics de VI. J^NVIKR. 5. 5 { 6« ) marine, d 'instruction etdebienfaisance, lesmus6es, les palais, les biblioth^ques, ont 6t6 ouvorts aux mern- bres de rilhistre assembl^e, que pr^sidait M. le mar- quis de Brignole, et que les magistrals de Genes ont accueillie de la mani^re la plus honorable. Im Societe economiquc ties Amis Jit pays a J^alence s'occupe , comme son nom I'indique , des diff^rentes questions qui peuvent intdresser cette belle partie de I'Espagne. Des remarques g^ographiques font partie de ses Iravaux, et le dernier numero du journal qu'elle publie renfernie un premier article sur le cours du Xucar. De telles observations ont de I'importance ; elles tiennent a d'autres vues sur le sysi^me d'irriga- tion, si bien pratiquee dans cette province , et sur Jes plans dc navigation int^rieure , qui aujourd'hui resol- vent partout quelques developpements. On doit vivement d^sirer, pour les progr^s de la g^o- graphie , que les habitants de chaque pays ^tudient avec soin les formes et les accidents du sol qu'ils ont sous les yeux. C'est en rassemblant ces connaissanccs de localites que Ton perfectionne aussi les cartes plus g^neraies qui doivent en offrir I'ensemble. Nous ne pouvons qu'encourager ces recherches particuliferes ; elles ont toutes quelque utilite , et ce sont autant de materiaux dont la science peut faire usage. M. Bauerkeller poursuit avec succes la publication d'un atlas, qui doll se composer de 80 cartes et d'un texte explicatif auquol sonl joints un grand nombre de tableaux. ( 67 ) Chacune de ces cartes est coloriee , el Ton y volt ressortir, de la maniere la plus dislincte , les con- tinents et les lies, les lacs et le cours des fleuves. D'autres nuances indiquent les diff^rents aspects sous lesquels on a considere les diverses contrees. Les chaines de montagnes qui s^parent le versant des eaux , et dont les enibi-anchemenls partagent un pays en plusieurs bassins fluvialiles, ont des couleurs qui leur sont propres; quelques unes de ces carles sont hy- drographiques, d'autres sont g^ologiques, d'autres se lient davantage a I'etude de la statistique et de I'his- toire ; elles aident a faciliter I'^tude des dilT^rents ta- bleaux qui font partie de cet atlas, compose avec beau- coup de soins par M. Ewald. La livraison que nous avons sous les yeux se compose d'une carte d'Europe ou les bassins des mers et des fleuves sont Indiques , d'une carte des provinces meridionales de la Suede et de la Norv^ge, d'une carle d'Espagne et de Portugal , d'un plan de Paris, d'un plan de Londres, et de deux tableaux statistiques et geographiques, sur I'Espagne et le Portugal. Avant d'entreprendrc la publication de cet atlas, M. Bauerkeller avail d^ja fait paraitre plusieurs carles en relief , celle d'Europe, celie de France, celle do Suisse, un relief du Mont-Blanc, et un panorama du cours du Rliin, depuis Mayence jusqu'j Cologne. Cos differents travaux sont justement estimes , et ils repan dent un nouveau jour siir I'etude de la terrc , en faisanl mieux connaitre les inegaliles de sa surface. D'autres publications periodiques sont adress(^es a la Societe de geogra])hie ; mais j'ai dA mo borner a rendre compto , dans des notices plus on inoins deve- ( «8 ) loppees, dcs ouvrages ([u'elle avalt recus dans le con- rant du mois do Janvier. La Socitite est reconnaissante ties envois qui lui sont faits , et elle altachera toujours un trfes grand prix a des communications si utiles aux progres dc la science. Si elle a eu I'avantage de pri^ceder ies autres asso- ciations du meme genre, elle aime a se parer aujour- d'hui dc ce droit d'ainesse, et a se f^liciter d'avoir donne un exem|)le , suivi avec tant de zele, et d6ja si fecond en resultats. L'elude de la geographie se pro- page avec rapidity ; elle fait partie de lenseigneaient public , et entre dans tous Ies syst^mes d'educalion. Notre siecle est celui des vojages ; Ies communications se multiplient , se facilitent ; I'industrie, le commerce, le d^sir de s'instruire sont devenusla cause de ce grand raouvement, et Ton eprouve dans chaque pays le be- soin dc mieux connaltre tous Ies autres. ROUX DE ROCIIELLE. Reinnrqiies sur un voyage de M. Brandin a Tunis, ct sur Ies sages rejormes commencees par S. A. Ahmet-Bey. Un voyage fait a Tunis Tannic derniere par M. le docteur Brandin nous a valu d'importantcs observa- tions sur cette contrt^e , sur son ancicnne dependance j)olitiquc, scs nouvelles institutions, ct Ics am6lio- rations qu'clle doit a son gouverneraent actuel. S. A. Ahmed Bey occupe un rang elcve parmi Ies rcforma- teurs. II veut introduire dans scs Etats los arts et Ies sciences , ct sa nation se pretc a un si noble projct. Elle 6tait autrefois la portion de I'Afrique la plus avancoc vers la civilisalioii. Carthago, I tiqne , Bi- f w ) scilci , TlijbdrLis ot j)liibieiirs aulrcs villcs j avaiciil elo ilorissantes ; dies le furent sous la donunation lo- maine, et si les Vandales y porterent le fer et la flainmc , si Ics premiers conqu^ranls arabes y coinrni- rent ensuile de semblables devastations , cependant ces memes Arabes y rnllunierent le flambeau des sciences , et pendant plusieurs siecles ils eclair^rent les peuples qu'ils avaient subjugnes. L'Afrique perdit ensuite cette instruction , et les lettres y relomberent dans la decadence ; mais lorsqu'clles deg^nererent , ce ne fut point par un effet du climat : il faut en chercher la cause dans la servitude et dans les tyranni- ques institutions auxquelles ces peuples furent assu- jettis. Aujourd'bui qu'un gouvernement plus cclaire s'attacbe acr^er des etablissements plus favorables aux progrfes de I'esprit humain , les jours de la prosperiti' doivent reparaitre ; et les princes qui ont entrepris cette grande regeneration ont des droits a la recon- naissance de tous les siecles. Abmed-Bey, en civilisant son peuple , a voulii aussi protegor son ouvrage ; il a une armee de vingt-cinq millehommes, oil Ton a inlroduit la discipline euro- peenne. De grandes casernes , des bains a vapeur, des hopitaux ont ct^ etablis ; douze jeunes Tunissiens doi- vent recevoir leur education en France; les uns pour y suivre les cours de I'Ecole polytecbnique , d'autres pour etudier la medecine , les languos ouropecnnes , lachimie, les science's natnrelles, Ces differents ele- ves , apres avoir termine leur instruction , viendront organiser dans leur pays des etablissements analo- gues. L'esprit du siecle favorise de tels progriss. JAi- gyptc , Tonipire ottoman , la Perse s'etaient deja mi^ • •n contact intelleclui'l avec la France ; et reiitc (If ( '0 ) leui' jeunebbe sludieuse vioiit preiuiie pail aiix bieuluils tie notre enseignement , pour en faire jouir ensuite leur palrie. La mesure })rise par Ahmed-Bey , au inois de Jan- vier de I'annee dcrniere , d'abolir rescla\ age dans ses Etats, et de declarer immediatenient libre tout esclave qui arrivera dans ses domaines , soil par terre , soil par uier, est un eclatant temoignage de ses vues phi- lantropi([uos et bicnfaisautes. Ahnicd-Bey les a uiani- fi'stc'cs depuis son avenenient au pouvoir. II tient a regenercr toutes les parlies de I'adininistration , a or- ganiser un nieilleur sysleme d'inipots , a favoriser I'a- griculture, a encourager Ic commerce et ses relations avec I'etranger. Le territoire de Tunis est gcneraleraent fertile. Rome y avait puise la moitie de ses subsistances : le h\i , I'orgc , I'olivier y abondent encore ; le mais y a bien riussi. On compte parmi ses nombreuses pro- ductions, les dalles , les grenades , les melons d'eau , les oranges, les citrons : on pourrait y cultiver aise- ment le milrier et le cactus ou sattache la coche- nille. Les troupeaux de bceufs, de moutons, de chevres sont la principalc richesse des Arabes-Bedouins : ils unl aussi un grand nombre de chevaux , ile mules, de cliameaux; et cette derniere esp6ce, sobre et infati- gable , Icur olTre des moyens de transport a travers les deserts qui les s^parent de I'Afvique interieure. Ce ])ays est convert d'imposantrs mines, et I'etran- ger va visiter surtout cellcs de Tbysdrus ou s'eleve encore un vaslc ainpliitbealre, celles de Carthage, les fiqueducs qui y condiiisaient leurs caux, et les debris lies paUiis ft f'.f; tons lr.s uioiuiuiciils |uiniquos, couclies ( '» ) clans la poussiore. Pros ;les ruines de Carthage , seleve la chapelle de Saint-Louis, situee dans Templacenient oil ce lieros fut inhume. Un college frangais qui porle le meme nom a et6 fond^ a Tunis, par M. I'ahbe Bour- gade, et il est place sous sa direction. On y enseigne le francjais, I'italien et I'arabe , les mathematiques , la religion et la morale , le dessin et quelques arts d'agrement; les enfants , a quelque religion qu'ils appartiennent, peuvent y suivre les lecons de leurs maitres. D'autres ecoles sont ouvertes pr6s des mos- quees, et les jeunes gens y apprennent a lire et a transcrire le Koran : quant aux Maures et aux Arahes- Bedouins , ils n'ont aucun etahlisseinent d'instruction publique. On dit que les Maures ont conserve un ouvrage de Hadji-IIamoudaAhd-el-Azir, et que ce livre renferme une histoire de Tunis, depuis I'expedition de saint Louis jusqu'au temps d'Ali-Bcy : on doit, si cct ouvrage existe, y retrouver de precieuses notions sur toutes les vicissitudes que ce pays a eprouv^es sous ses rols , et sous la domination ottomane : on doit y remarquer I'activit^ de ses armements maritimes , si longtemps diriges contre les nations chretiennes , et surlout contre I'ordre de Malte. Ce fut dans le xvi" si^cle un grand spectacle , que celui de ces chevaliers religieux et militaires , places sur un rocher entre I'Afrique etlaSicile, faisant le vceu de secourir tous les pavilions Chretiens contre les pirateries des Barbaresques , et s'exposant , par he- roisme et par humanite, a subir eux-memes un dur es- clavage , lorsqu'ils tombaient entre les mains des cor- saires. Leurs devoirs sont accomplis ; et tous les pavil- ions peuvent aiijourd'hui flotter avec s6curitc dans th's ( 72 ) parages qui lureiit autrefois si redoulables. lluiiiieui aux puissance cliretiennes qui pr^parerent el assure- rent ce grantl rcsullat I honncur a I'esprit gen^reux d'un sieclc qui clicrclie a taire p6iielrer les princlpes de la civilisation , partout ou ils ne sont pas encore ri^pandus I La geographic historiquc , qui cmbrasse toutcs les parties du globe et qui s'attache a peindre les houi- mes. de meme que le sol qu'ils liabitent , n'a eu trop souvent que des malheurs a d^crire; nous somraes heureux d'avoir quelquefois a oITrir do moins tristes tableaux, et d'avoir pu arrfiler nos regards et nos pen- sees sur un prince musulman qui , arrive au gouver- nement avec un pouvoir absolu, a voulu en sacrifier une partie pour le rendre plus paternel , plus legi- time , mieux assur6 , pour r^pandre I'instruction dans ses fitats , et y faire fleurir les arts et les sciences , dont il est venu admirer les progr^s et les monuments dans noire melropole. ROUX DE ROCIIELLE. ( 7;^ ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. KXTKAIT DES PROCES-VERBAUX DES SfiANCE«. PRliSIDENCE DE M. DaUSSY. Seance du % Janvier 1847. Le proci^s-verbal de la derniere seance est lu el adople. M. le secretaire donne ensuite communication du proces-verbal de la seance generale. M. Vivien de Saint-Martin communique quelques extraits d'une nouvelle lettre qu'il a recue de M. Bekc. Ce voyageur ajoute deux preuves nouvelles a celles qu'il avait deja enoncees dans une lettre precedente , touchant la veritable identification de I'appellation do inuntagnes de la Fmnc , au sud des pays du Nil. ■ — Celte communication est rcnvoyee au comite du Bul- letin. Le meme membre olTrc , de la part de M. le prince de Galitzin, deux ouvrages , I'un sur Ic nord de la Si- l)erie et Tautre sur la Chine ; sur sa proposition , 1;< (loujuiission centralo decide que le nom de M. U- prince do Galitzin sera insciil sur la lisle des candidal'^ ( '4 ) pour les premieres places cle correspondanl etranger. M. Desjarclins, membre de la Society , adresse de Vienna una lettre conlenant des renseignements cu- rieux sur les villes d'AlIemagne qu'il a visitees dans !e cours de son voyage. Ln extrait de cette lettre est reu- voye au couiite du Bulletin. M. Jomard annonce qu'il a paru I'annee dernlere a Leipzig une nouvello edition des Voyages de Marco Polo en alleraand. par M. Burk, avec une introduction de I'editeur et un comrnentaire de M. Fried Neumann. II signale , a cette occasion, un manuscrit francais de laBibliotlieque royale dc Paris, autre que ceiui edited par la Sociele , et qui paut contenir des variantes im- portantes, propres a eclarcir les passages difiicilcs du texta. U propose de charger plusieurs conmiissaires de pi'endre connaissance de ca manuscrit, el d'en rendre compte a la Societd. La Commission centrale designe MM. Jomard , Roux de Rochelle et Walckenaer. M. Jomard presenle , au nom de M. de Maslatrie , charge d'une mission scientifique en Cliypre , la carte de cette ile, dassinee par ce voyageur, et assu- jetlie aux travaux hydrographiques du capilaine Gaut- tier. M. de Maslatrie, present a la seance, donne quel- ques renseignements sur la construction de cette carle, et il se propose de ramettre aussi a la Sociele la Notice statislique el geograpliique dont il s'occupe , comma annexe indispensable a la caile. M. Gabriel Lafond adresse a la Soci6t6 , pour son musi^e, une pi^cede lapa, qu'il arapporlee de I'archi- pel des Samoas. M. Roux de Rochelle fail un rapport sur une disser- tation dc M. I'abbi Jolibois sur rAtlantide. — Ce rap- port est renvoye au comilc du Bulletin. ( 75 ) M. le baron Walckenaer appelle 1 'attention de la Soci^t^ sur I'int^ret que presente le voyage g6ologique de MM. Spratt et Forbes dans rAsie-Mineure. La Commission centrale, conform^ment a son re- glement, procede au renouvellement de son bureau , de ses sections , et du comite du Bulletin pour I'anneo 1847. Composition du Bureau. President. — M. Jomard. Vice-Presidents. — MM. le vicomte de Santareiu et Roux de Rochelle. Secretaire general. — M. Vivien de Saint-Martin. Section de Correspondance. MM. Bajot, Callier, Cochelet , Guigniaut, Lafond, Lebas, C. Moreau , Noel des Vergers, d'Orbigny , Poulain de Bossay, baron Roger, Cb. Texier. Section de Publication. MM. Albert-Montemont , d'Avezac , Bertbelot, Cor- tambert, Daussy , de Froberville , Gay, Imbert des Mollelettes, baron de Ladoucette, Letronne, Tornaux- Compans, baron Walckenaer. Section de Coniptabilite. MM. Ansart , Corabceuf, Coutbaud , Isamberl , de La Roquette , Tbomassy. Comite du Bulletin. MM. Albert-Montemont, d'Avezac, Bertbelot, Gor- tambert, Daussy, Guigniaut, Jomard, de La Roquette^ Roux de Rochelle , vicomte de Sanlarem , Vivien dc Saint-Martin, ( 7(> ) Seance du 22 Janvier 18Zi7. Le proc^s-verbal de la demiiire s6ance est lu cl adopts. M. Le baron de Haminer-Piirgstall , membrc dc la Socl6t6 de g^ographie a Vienne , ecrit a la Commis- sion centrale qu'il s'est occupe , comme ses collogues MM. CortambertetdeLaRoquelte, del'ortliographe des noms propres de lieux , et il lui adresse une Notice sur la ville de Gralz, capitale de la Styrie , notice oix ilaprouve.a raided'ancicnsdocumentsetymologiqucs, que la veritable orthograplie dc ce nom est Gratz et non Graz et encore moins Graelz. II joint a sa leltrc une medaille frappee a Gratz , a I'occasion du dernier congres tenu dans cette ville par les 6conomistes de I'Allemagne , ainsi qu'un extrait des voyages de Roz- mital, au xv° si^cle, oii cc nom est toujours ecrit Gratium. L'envoi de M. de Hammer a 6t6 transmis a la Societe par M. Dutlot de Mofras. — Renvoye au co- mite du Bulletin. M. de Maslatrie ecrit a la Societii, pour lui olTrir une Notice sur les constructions militaires de I'ile de Chypre ; il cspere pouvoir lui soumettre prochaine- ment un second Memoire sur les edifices et les monu- ments religieux du meme pays , ou Ton disait qu'il n'existait que des antiquites grecques , et ou il a re- trouve partout la trace, les souvenirs et les fondations de nos anciens princes frangais. M. le baron ^^ alckenaer communique Irois Icttrcs qu'il a recues de MM. les minislrcs de I'interieur, des finances et de la guerre, en reponse a l'envoi qu'il leur a fait de son Discours d'ouverlure de la dcr- nierc assomblee generale. M. le ministre de la guerre ( 77 ) lui annonce , a cette occasion, qu'il n'cst pas moins dispose que ses devanciers a seconder les utiles tra- vaux de la Society. MM. les secretaires du congres scientlfique de France annoncent que la quinzienie session aura lieu cette annee , a Tours , le 1" seplembre prochain , ct ils sollicitent le concours de la Soci6t6 en faveur de leurs travaux. M. le secretaire general communique la liste des ouvrages ofTerts a la Socidte , cl la Commission cen- trale vote des remerciements aux donateurs. M. Jomardmet sous les yeuxde I'assembleeune carte cliinoise, repr6sentant la Chine et une partie des con- trees adjacentes, sur la dimension d'environ 2 metres Carres; cette carte, qui est post^xneure au r^gne de Kang-hi , est gradu^e en latitude et en longitude; elle sei'a I'objet d'une description sp^ciale. Le meme membre ofifre au mus6e de la Soci^td; une portion d'ecorce tres blanche de I'lle de Cuba, dont on a fait un tissu propre a la fabrication des chapeaux; une Note descriptive tracee par M. Francis Lavallee est jointe a ce fragment. Enfin, il depose sur le bureau une re- lation de I'expiiditiori americaine qui s'est rendue a Santa-Fe, sous le commandement du general Kearney, relation qui renferme d'interessants details g^ogra- phiques. M. Vivien de Saint-Martin annonce a la Soci^te le retour a Paris de M. Gabet , missionnaire lazariste , qui a longlemps reside dans la Mongolie orientale , et qui , lors de son retour, a deux fois traverse le Tibet dans toute son 6tendue, et dans deux directions difl"^- rentes, pour gagner Canton. M. le President annonce que lo romile rlu Bidloliu ( 78 ) s'est reuni avanl la seance, pour s'occuper des amelio- rations que Ton pourrait apporter a la redaction de ce Recueil. Parmi les ameliorations proposees , le co- mite a decide que le dirccteur de chaque caliier du Bulletin pr6senterait unc analyse ou une notice suc- oincte de tous les ouvrages olTerts a la Society dans les deux seances du mois, et qu'en consequence, tous ces ouvrages seraienl mis exclusivcment a sa disposi- tion , et ne pourraient 6lrc preles a d'autres membres (ju'apres qu'il en aurait fait usage. La Commission centrale accueille avec empressement la decision du comite. M. le secrditaire general demande si la nouvelle du depart de M. Raffenel , de Bakel pour I'intericur de I'Afriquc, est parvenue au ministtljre de la marine. Dans ce cas, il proposerait , conformement A la decision de la Commission centrale , I'insertion au Bulletin des instructions remises a ce voyageur par la Societ6 dc geographic. M. Berthelot lit la suite de son Essai historique sur I'ile de Cuba. Cette partie comprend la description geographique, un coup d'oeil general sur I'histoire na- turelle, un apercu geologique du sol , des productions minerales, du r^gne vegetal et animal, etc. Cette communication est renvoy^e au comite du Bulletin. OUVRAGES OFFERTS A I,A SOCIKTE. Seance du 7 jiuwier 1847. Par le Ministere de I'agricidture et du commerce . Do- cuments sur le commerce exterieur ( n" Zlxli a 353 ). Par M. le prince de Galitzin : Le Nord de la Sibdrie, voyage parmi les peuplades de la Russie asiatiquc et ( 79 ) dans la rner glaciale ; entrepris par ortlre du gouvcrne- ment russe , etexecuteparMM.de Wrangell (aujour- d'hui amiral), Matiouchkine et Kozmine , oflJciers de la marine imperiale russe ; traduit du russe par le prince Euamanuel Galitzin , accompagn^ d'une carte , donnant le r^sultat geographique de I'exp^dition, et orne de deux dessins. 2 vol. in-8, 1843. — Sept ann^es en Chine ; nouvelles observations sur cet empire ; rarchipel indo-chinois,les Philippines etlesiles Sand- wich, par Pierre Dobel , ancien consul de Russie aux lies Philippines; egalement traduit du russe par le piince Emm. de Galitzin, nouvelle edition. Paris, lSli'2. Par les auteurs et editeurs : Recueilde la Soci^te po- Ivtechnique , novembre 18Zi6. — Journal des missions ^vang^liques , decembre 18Zi6. Seance da 11 Janvier 1847. Par M. Anatole de Demidof'f : \ oyage dans la Russie meridionale et hi Caimee. 12" livraison in-fol. — Ob- servations meteorologiques laites a Nijene-Taguilsk (monts Ourals) , gouvernement de Perm, annee 18ZI5. Paris, 1846, in-8. Par M. Ed. Dalanrier: Etudes sur I'ouvrage intitule : Relation des voyages fails par les Arabes et lesPersans dans rinde et a la Chine , dans le ix* siecle de I'ere chr^tienne. Broch. in-8. Paris, 1846. ParM. Balbi: Delia popolazione del Portogallo, dall' epoca romana ai tempi nostri, Saggio di stalistica cri- lica. Milano, 1 46, in-8. — Degli Studj geografici in generalee deile Sociela geografiche, in occasione della proposta di una Societa geografico italiana. Milano , 18!|6, in-8. ( 80 ) Par M. C/i. Martins : Voyage ))Otanique le long des cotes septentrionales de laNorv^ge, depuis Drontheiin jusqa'au cap Nord. (Exlrait des Voyages en Scandina- vie et au Spitzborg de la corvette /« Reclierche.) 1 vol- in-8. Par M. de Maslatrie : Rapport adress6 a M. le minis - tre de I'instruction publique sur sa mission en Chypre, 18/i6,in-8. Par les aideurs et editeurs : Annales maritiraes et co- loniales, d^cembre 1846. — Nouvelles annales des voyages, novembre 1846. — Bulletin do la Society g^o- logique de France, Janvier 1847. — L'Investigateur , journal de I'lnstitut bistorique , Janvier 1847. — Bole- tin de la Sociedad economica de Amigos del pais de Valencia, septembre 1846. — L'Abolitioniste fran- <;ais, 5' livraison , 1846. — Journal d'education popu- laire , octobre et novembre 1846. — Bulletin special de I'institutrice , 4'' liv. , Janvier 1847. — .Journal des missions ^vangeliques, Janvier 1847. — Annales de la propagation de la foi , Janvier 1847. ERIUTl M DES CAHIERS DE NOVEMBRE ET DI%CEMBRr.. Pa^easc, derniire lignc de la note : au lieu de No, lisez : Ne. BDLLIiTlN 1)K LA SOCIETE DE GEOGllAPHIE, FivniER 1847. P SI EM I ERR SE(;rioi>j. MitiVIOlFiKS, EXTIUrrS, ANALYSES ET RAPPORTS. Notice sur In situation acluelle de Vile de Ckypre , par M. Mas Latrie. Monsieur le President, Vous avez bien voulu me deraander quelques ren- seignements sur la situation actuelle del'tle de Chypre, comme suite et complement de la communication que j'ai eu I'honneur de faire a la Soci^te de geographie , en lui soumettant ma carte de I'ile ; je m'empresse de vous adresser un aperQu succinct des observations et des notions que j'ai recueillies sur le gouvernement , les finances, I'agriculture, I'industrie et la geographic de cepays, si digne de nous interesser et cependant si peu visite par les voyageui's europ^ens. Jusqu'a ces derniers temps, le gouvernement de I'lle de Chypre a ete ce qu'il etait clans tous les autres VII. FI^VRIER. 1. 6 ( 82 ) pachaliks do lenipire Ottoman , abandonno au s^s- t^rae ineple et spoliatciir des baux a ferine. I)6s la con- quete de Cbypre , en 1571 , les grands vizirs, a qui les sultans alTrcl^ient unc parlie des revenus de celle riche province, eurentle clioix do ses gouverneurs. Ce fut d'abord un pacba.ayant rang de beglieri)ey,auquei ils sous-afform6rent les revenus de rile;]nais vers la (in du dernier siecle les Chypriotcs ayant adressd de vivos reclamations a la Porte sur les exactions de ces fonc- tionnaires, les pachas furent reinplaces par de sim- ples mutzelims ou muhassils , a qui I'ile fut bailleo a ferme pour deux millions cinq cent mille piastres , ou 625,000 fr. Ces intendants, moins forts que leurs predecesseurs, oioins surs de I'appui du divan, laissercnt prendre toule I'autorito aux eveques grecs , qui parvinrent a leur enlever m6me la perception de I'impot, ct a regler les comptes financiers directement avec la Porte. Cot otat de choses a dure jusqu'eri 1823, oil un sanglaiit coup d'etat de Koutchouk Mehemet remit et consolida le pouvoir aux mains des pachas turcs. A toutos los epoquos , du reste , au tomps de la predominance do.s primats grecs, sous les muhassils ou sous los pachas . I'ile vdgeta et s'appauvrit d'annee en annee jusqu'aux innovations du dernier sullan. Au milieu des diiricultes que la politique et la reli- gion opposaient a ses essais de reform e , au moment meine oil la dc^claration d'independance du vice-roi d'fegypte venait aggraver ses prt^occupalions, Wahmoud etondit a I'ile de Chypre le nouveau mode de gouverne- inent qu'il chorchail a otablir successivomcnt dans tous SOS pachaliks. Vers la hu de 1 annee 1838, uii ( S3 ) lirman abolit le ferniage del'ile, etdecr^ta que Clijpie serait a I'avenir gouvernee par nn fonctionnaire a appointemenls fixes qui devrait couipte an tresor im- perial de la lotalite des impots pergus , et ne pourrait rien exiger au-dela, de ses adrninistres. Le nouveau regime fut inaugure dans I'lle par Os- man-Pacha , homme de guerre habile et devout au sultan , dont la presence en Chypre parut necessaire pour surveiller M^heuiet-Ali, alors maitre de la Syrie. Le firman de Mahmoud , application d'un syst^mc de reformegenerale qu'Abdul Medjid a complete en 1839, par le hatti scheriff de Gulhant^, a commence une ^re nouvellepourrilede Chypre et pour laTurquie entiere. II reste sans doute encore d'immenses amt^liorations a op^rer dans le detail et dans I'application; mais ces ameliorations peuvent s'obleniret decouleront parune volonte pors6v(^rante des principes d'equite publique , acceptes et proclames par le gouvernement ottoman ; car dans un pays ou I'aiitorite souveraine conserve en- core son prestige sacr6 , tout ce que vout le prince et son gouvernement devient possible. Depuis la nouvelle organisation , le gouverneur de Chypre porte le titre de ka'imakan , lieutenant du sul- tan, et regoit par raois un traitement de 40,000 pias- tres, ou 120,000 fr. par an. (La Turquie, qu'on dit si pauvre, est le pays des gros appointements ). II est pris indistinrtement dans rarmio, dans les services civils, ouparmi les employes superieurs des ministeres A Constantinople, et quel que soit son rang , pacha, effendi,ou aga,lesChypriotes ont I'habitudede luidon- nerlenona de Pacha. Toute Tautorite civile, I'adminis- tration financi^rf et le pouvoir ex<^cutif sont concen- ( 84 ) tr6s on ses mains. II a au-dessoiis tlo ini ot :i sa no- mination douze zabits on lieiitenanls atlminislranl chacun I'un des douze districts de I'lle , de concert avec un demogerontcon khodjn-hachi, choisi par lesGrecs dcia circonscription. L'n conseil, que Ton appelle divan on choiim, assisle Ic pacha a Nicosie dans I'expc^dition des affaires et la repartition des impots; ce conseil tient a lafois, dans la limite et le rapport des choses , do notre conseil d'Ktat, de la cour des comptes et de la cour de cassation. Leshuit membrcs qui Ic composeiit sont, le mufti, chef de la religion et interprete de la loi musulmane, le mollah qui est le cadi on juge de Nicosie, le commandant des forces militaires lors- qu'il y a par occasion des troupes dans I'ile, les principaux agas turcs de la capitale , I'archeveque grec et I'un des trois d^mogerontes elus par les Grecs, dont ils sont les represenlants vis-a-vis de I'autorit^ sup^rieure. Un delegu6 des Armeniens est admis au choura quand on traite du reglement des impots, pour df^fendre les interets de ses coreligionnaires ; les Maroniles attendent encore cetle faveur qu'on leui- promet. Les contributions vers^es annuellement au lr6- sor du Grand -Seigneur par I'ile de Chypre s'6- levent environ a la somme de quatre millions de pias- tres on un million de francs, provenant du khnrach , impot personnel , a la charge exclusive des raias , Grecs, Maroniteset Armeniens; — du w//7,iinp6tpr(^lpv6 sur I'aisance presumee des contribuables iurcs on raias. — Ceux-ci en paienl injustement les qualre cinquii'mes, depuis les ev^nements de 1823, bien que leur nombre, double de coluidcs Turcs, ne dilt leur en ( So ) faiie alliibuer que les 2/;5;du bail a Itrnio desdouanoa de Kile; du fermage des salines de Larnaca el de Li- massol ; d'une dime pergue sur la recoltc de la soie et du fermage de differents fiefs on tencs domaniales reservees au Grand-Seigneur des la conquete de Tile. La justice est rendue dans chaque district aux Turcs et aux Grecs par un cadi turc; niais cerlaines causes sont soumises au mufti de la capitale , et decidees par :ies fetwas ou interpr<^talions. Les Grecs dependent en- core des tribunauxdeleurseveques pour toutes les ques- tions de foi , de morale et de I'etat civil , comme les mariages et les cas de divorce tres frequents dans I'lle. Les cadis n'admettent pasle temoignage desraias, des qu'un musulman est implique dans le proces , quel qu'en soit Tobjet. Cette procedure, commune a tout I'empire , et qui a son analogue du reste dans la le- gislation des Crois6s, finira par etre reformee , taut elle est rigoureuse. On appelle du jugement des cadis a la decision du clioura, et dans les questions rdser- v6esaux6veques, les Grecs peuvent recourir en second ressort a la sentence de I'arclieveque. Sous le rapport ecolesiastique , I'ile de Chypre est divisee en quatre dioceses ; ceux de Nicosie , ou mieux Lcvkosia , comme I'appellent les Grecs, capitale de I'ile , Larnaca , R^rinia ou Ctirines , Baffo , I'ancien Paphos , et Limassol ou Limisso. Le diocese de Nicosie, d'une etendue double des autres, est administre par I'archev^cpie , donl les re- vonus annuels s'elevenl a la sommi3 de 2^0,000 pias- ( 86 ) tres turques ou 60,000 fr. , soininc d'un tiers sup6- rieureautraitenient du premier archev§que de France. Le diocese qui rend ce magnifique casiiel comprond la ville de Mcosie , les districts du Karpas, de la Mes- s6r6e, de Kythrea et d'Orini. Los rentes archidpisco- pales y proviennent de Ces elements divers : de la con- tribution prelev6e sur toutes les eglises du diocese , pi-oportionneilement a leurs revonus particuliers; des redevances dues par ses vingt-sept couvents ou b6n6- fjces ; de la dime payee par les paysans; du Iribul pay6 en outre par chaque village en communaule (de 25 a 500 francs suivanl la fortune du lieu) pour le prix d'une messe pontificale que rarchevfeque y va ce- l6brer chaque annee ; de la perception d'un talari (5 francs environ), a I'occasion de chaque mariage beni dans le diocese; enfin , du droit de dispenses si sou- vent necessaires dans I'eglise grecque pour causes de parentti ou de divorce. Chaque eveque prdl^ve des droits analogues dans les limites de son ressort ; mais r^lendue des districts assignes a I'archev^que lui donne un revcnu double au moins de celui de ses suITragants, Ces rentes, peu variables, ne comprennent ni les re- devances en nature qu'apportent les Grecs quand ils viennent a Nicosie , oii I'archeveche est leur caravan- s6rail , ni los sommes assez fortes que paient les papas pour recevoir I'ordination , car la simonie la plus de- plorable regne toujoui's dans I'eglise grecque. Des prerogatives honorifiques , presque aussi 6le- v6es que celles des patriarches sont en outre attachees au si^ge m^li'opolitain de Chypre. Le prelat est ind6- pendant de tout patriarche et de celui meme de Con- stantinople, chef de r«^glise d'Oriont; il eslconime lui ( 87 ) vetu de pourpie , et qiiami il olUcie, il est accuiiipa- gne d'un levite portant le chandelier a deux branches, privilege que I'archeveque de Bosnie partageait pres- que seul autrefois avee lui; au lieu de crosse il a une canne a pomme d'or, comme les anciens empereiirs grecs; il signe toujours a I'encre rouge, et conserve pour sceau I'aigle imperiale a deux teles. Ces privileges furent la plupart accordt^s a I'eglise de Chypre par I'einpereur Zf^non , qui la.detaclia en meme temps du patriarcat d'Antioche, a I'occasion de la decouverte du corps de saint Barnabe dans les ruines de la ville de Salamine , ou I'apotre chypriote avail souffert le marlyre. Les souverains ponlifes en Iransferant le si^ge archiepiscopal de Fainagouste a Nicosie , sous Gui de Lusignan , ajoutercnt aux honneurs, donl le prelat jouissail depuis le iv' siecle , les dignit^s de pri- mal el de l6gat-ne du Sainl-Si6ge. L'archeveque est noinme directement par la Porte , qui consulte raremenl dans ses choix le chapilre de Nicosie ; mais les chapilres diocesaius out le droit de nommer leurs eveques respeclil's , sous la sanction de ^'archeveque. Leur election une fois agreeo par le gouvernement lure, ils sent sacres par l'archeveque, et enlrent alors dans I'exercicede leurs fonctions ; chaque evcque a comme le metropolilain trois grands vicairc-^, un exarque , charge du recouvremenl des dimes et des autres revenus de I'eveche , un archimandrile, chef dos prelres, et un archidiaorc, chef des diacres, preposes lous les deux & I'adminislralion du diocese. Les cha- pilres des Irois eveches reunis out ensemble 50 mom- hres environ , chanoines , vicaires , diacres ou au- tres dignilaires ; le chapilre dc Nicosie a lui seul vsl ( 88 ) aussi nombreux. Pres de AOO caloiers, inoines, bend- ficiaircs ou servants , ob^issant a 83 b^goum^iies, chefs de monastercs , et 1,200 papas ou pr^lres s^cu- liers , r^partis dans I'lle, formcnt avec les chapitres un clerge de plus de 1,700 membrcs pour une popu- lation grecque d'environ 75,000 ames ; — excedant facheux qui contribue a la mis^re des paysans en aug- menlant leurs charges; car les eccltisiastiques grecs ont 6l6 jusqu'a ces derniers temps ( 1864 ou 18/i5 ) exempts de I'impot. Les caloiers font vcdu de c^libat , et c'est prosqiie toujours parmi eux que Ton prend les hauts digni- taires du clerg6 seculier, necessairement celibatair<'s ou veufs. Les papas, la ])lupart niarl^s et uiiserables , sont obliges de cultiver la terrc ou de se livrer a qucl- ques petits metiers pour entretenir leurs enfants. J'en ai trouv^ souvent dans les villages gardant les pour- ceaux, tissant leur coton , ou faisant des souliers. Le peuple les respecte ndanmoins ; mais quelle influence morale veut-on qu'aient ces pauvres prelres sur leurs ouailles ? Leur instruction est entlerement nulle , car tout homme est apte a devenir papas , pourvu qu'il sache lire couramment dans un br^viaire. Le plus jeune ^leve de nos la/aristes de Smyrne ou d'Antoura serait un docteur au milieu d'cux. Tout est languissant et n^glig^ en Cbypre , I'agri- culture, I'industrie, comme I'instruction publique. Sur une superficie d'un million d'hectares de lerres, presque toutes cultivables , qu'ils ont a leur disposi- tion, los Chypriotes en cullivent a peine 65.000 hec- tares ou le 15*. lis exploitent les terrains les plus rapproches de leurs \illages, ft 'Innt la ffrtilite peut ( sy } le plus faciloinent lus declomiuager di; leiirs Iravaux; quanta ceux qui sont oloignes , ou qui clemamlo- raient des labeurs et des engrais , ils Ics abaii - donnent, J'indiquerai sommairement les principaux produits qu'ils retirent de ce sol si fertile que les aii- eiens le nommaient une terre opime (I). Ble et orgs. C'est une des grandes recoltes de I'llc . dont I'exct^dant s'exporte pour la Syrie. Les districts les plus abondants en ble sont ceux de la Messoree , de Morpho, du Karpas, de Larnaca, de Baffo et des envi- rons de iNicosie. Tahacs. Omodos et Avdimou produisent une excel- lente qualitt^. Cette culture, deja considerable dans I'jle, tend a s'augmenter. Colons, On pent dire que le coton est aujourd'hui ia premiere et la plus importante production de I'tle de Chypre. Tous les districts le cultivent; mais les mcil- leures qualit(^s sont celles de Rolossi , Piscopi , Lel'kn, Lapithos, Lefkara, Dali , Nisso , Kythrea et Morplio. Dans quelques localites , particulierement a Lapithos et a Timbo , on cullive le coton arbuste. Marseille d'a- bord et puis Livourne recoivent la majeure partie des exporlations de cet article. La garance ou les alizaris de Chypre sont, apr^s ceux de Smyrne, les meilleurs que Ton recolte au Levant et les plus rechercli^s en Europe. On les cultive dans les terrains bas et humides dits Livadin, pres des bords de la mer, dans les environs de Morpho , de Famagouste , de S. Serge, de Paralimni, de Derignia, de Spathariko, de Liopetri, de larnaca, de Kiti et de Piscopi. La cul- ture de la garance augmente annuellenient en Chypre (i) Opiina ('ypius, itlnei'l. ( 90 ) Soies. Elles soul excelit'iiles a BalTo , Mudonlla , Hodoulla , Kvrikou ot Catli'idala ; elles soiit Ires aboii- (lautes, niais j)lus blanches et moins estimees dans les environs de \ aroschia el dans le Karpas qui en pro- duit de grandcs quantitcs. Les soies de Chypie au- raienl bien plus de debouches sur les inarches de Lyon el de Liverpool , si les paysans dc I'lle ne s'ob- slinaicnl a employer loujourspour ledevidatii;e les roues enormes donl ils se servenl depuis un lemps inune- morial. Carroubes. L'abolilion des monopoles et les r^for- mes nouvelles del'administralion lurque, enauginen- lanl la securite des raias , conlribueronl aclivenient a aineliorer I'agriculturo, si arrieree jusqu'ici en Chyj)re. De vastes taillis de carroubiei's sauvages et abandon- nes onl ele depuis deux ou trols ans mis en culture par les paysans qui en relirent deja des benefices con- siderables. Les carroubes de Chypre , d'excellenle qualite . s'cxporlent la plupart a Odessa pour les paysans Uusses qui en font une grande consommalion pendant leurs longs caremes. Sel. II y a deux salines en Chypre : I'une a Larnaca , c'esl la plus considerable; I'aulre aLimassol. Les pro- duits qu'on rotirait surtout de celle de Larnaca i^taicnt autrefois si importants , que les princes Lusignan , ct aprcs cux le senal de Venise , avaient propose des olli- ciers royaux a leur exploitation , et la consideraienl comme une des sources les plus precieuses de leur rc- venu. (I'est encore aujourd'iiui une dos richesscs de I'ile. y/ns. Si ce n'est le plus riche , c'esl au moins le plus reuomme des produits de I'ile de Chyjne. On en dis- ( 01 ) tingue de cinq qualites : 1" les vins uoiis ordinaires , (lout les meilleurs se recoltent sur les collines occi- dentales duMachera, a Gouvri, a Paloeokhori, a Chry- soroghiatissa , Omodos el aux environs de Limassol ; 2° les vins ordinaires roussatres , qui se trouvent a pen pres dans les memes localit^s que les premiers. Les uns et les autres sent capiteux , et ont une forte odeur de goudron , par suite de I'usage ou sont les paysans de les conserver dans des outres ou des barils gou- dronn^s. Ces vins communs se brulent ou s'exporteiit a Alexandrie, jamais en Europe; 3" parmi les vins de luxe, le plus eslime est le fameux via de Comrnanderic, ainsi nomnie des vignobles ou on le recolte , dans le district de Limassol , au nord du village de Kolossi , siege de I'ancienne Commanderie des chevaliers de L'Hopital en Chypre. Roux, quand 11 sort du pressoir, le vin de Commanderie se clarifie et prend une cou- leur topaze , qui devient toujours plus limpide jusqu'a la 8* ou 9° ann^e ; ensuite il se lonce successive - ment ; sa teinte d'abord grenat comme cells du Malaga passe presque au noir apres la /|0° ann6e. Le vin est alors visqueux , epais et plein de force ; c'est un excellent stomacbique; Zi° le Muscat est plus doux que la Conjmanderie et moins i-echercbe, (juoiquu de trfes bonne qualite ; 5° le Morocanella , moins doux que le muscat , est aussi un tr^s bon vin , mais assez rare , parce qu'on en recolte en petite quantite. Hidle. C'est un excellent produit du pays. Bie:i que d'immenses taillis d'oliviers soieni abandonnes , la recolte d'une bonne annee suffit pour approvl- sionner I'ile pendant ti'ois ans et fournir a roipor- tation. Mais la culture des arbres et la fabiicaliuu de ( 92 ) riiuile dcmanderaient de grandes ameliorations (1). Si de I'agricullure nous passons a I'industrio, nous Irouverons la meme incuric , la menie langucur el plus de pauviet6 avec aulant d'elements de prospe- rite. Nicosie, Larnaca , Limassol et Rllani, les villes de fabrication de Tile, ne possedent aucun dlablisseinent qui puisse Stre compare aux plus petites fabriques (i) D'anies les documents qui m'onl ete communiques aui ronsulats do France el de Sardaigne , on peul ttablir ainsi la quotite annuelle dcs divers produits de Pile de Cliypre. KATURE nES I'BODUITS. (jUANTITES. EVAI.UAIION E> MESL'nE KB FHANCE. ESTIMATIOM APPROXIMATIVE. (Ble Cereale9< Orge.. • . . . . (Vesce et avoine. Vin . 600,000 kafis. i,35o,oo« )) 3no,ooo » i,4oo,ooo8""'« l5(>,ooo litres, 70,000 quint. II > ioo,noo okes. 6,000,000 )) 1 20,1100 « 10,000 » 1,600 quintaux. 5oo » )) I 30,000 okes. M U l5o,ooo hectol. 337,500 • 75,000 • 140,000 • 4,687 - 4,5oo,ooo kilog s » ■ 125,000 » 7,5oo,ooo » l5o,ooo » 25,000 » 3io,ooo » II2,5oo - t5o,ooo » 1 l,5oo,oOo fr. i,35o,ooo 3oo,ooo 1,400,000 375,000 a5o,ooo 5oo,ooo 800,000 5oo,ooo 75,000 I 00,000 75,000 go,i)oo 475,000 280,000 75,000 1 5o,ooo 1 20,001) i5o,oon JO0,OOO. Huile (^arroubps. . . ■ • . . • • [Fruits et legumes Animaux exportes et leurs depouilles Lait , beurre, fromage. . • Poisson et gibier Sel (jOton • ■ • • Gamncps ..•••■•• Lin, chanvre, graine de lin et sesame jPanacs • • Bois et rhailion Miel, cirf, (^oloquinle, poix etc Tola! 8, "65, 000 ( 93 ) efka el du Marethasse , valltJ-e verdoyante , qui merite bien son autre nom de Myrianthousa , le canton aux cent mille fleurs, distillont de I'eau de rose , de I'eau de fleurs d'oranger, de I'eau de lavande , de I'luiile de myrte et du laudanum. Tout cela ne constituo qu'une Industrie fort restreinte. U n'y a rien d'c^tonnant sans doute a ce que I'ile de Chypre ne soit pas un pays manufacturier ; peut-dtre memo serait-il facheux qu'avec une population aussi clair-semd-e et un sol dune rare fertilite, I'industrie vint enlever a I'agriculture les bras qui deja lui font faute. (Vest en efTet I'agriculture seule qui, tout ar- rieree qu'elle est , pent fournir au commerce d'ex])or- talion une masse de produits sufTisants pour mettre i'ile en etat de satisfaire aux impots qui lui sont de- mandes de Constantinople. Le commerce de I'llc consiste aussi et presquo uni- quemenl dans I'exportalion de ses produits naturels. Pendant une p^riode de quatre ann^es , de 18A0 k 1843, les seules pour lesquelles des renseignements journaliers et aussi exacts que possible aient permis de faire des releves dignes de confiance , la movenne annuelle des exportations s'est elevee a 2,200,000 IV. , et la moyenne des importations d'aiticles Strangers, servant a la consommation des babitants, a pres de la moiti^ de cette somme (1). Je vous disais pr^cedemment , monsieur, que I'lle de Cbypre etait divis^e en douze districts ou arrondis- semenls >\c perception . non compris INicosie , la capi- (i) Doiuinrnis ilu rcjiisiilal ilc- I'raiire. ( 96 , tale, regie par un zabit particiilier ; j'ajouterai qud- ([ues mots sur chacun de ces departeinents. Le district de Larnaca a pour chel-lieu Larnaca , I'ancien Citium , viile qui, avec son annexe maritime de la Scala, ou la Marine , renfermc 6,000 habitants. Les consuls curopeens ot la [)liipart dcs n^gociants francs y ont fix6 leur residence. Les autres licux re- marquables du district sent Lef'knra , gros village ha- bitt^ par 200 families grecques et unc cinquantaine de families turques ; Kiti, dit Chiti , ou les rois Lusi- gnan avalenl un chateau et une maison de plaisance dont il reste encore des ruines ; ^/v7^//)y>o, village assez industrieux ; Chierokhitin , ou le roi Janus de Lusi- gnan fut fait prisonnier par les mameloucs , on 1426, et le Stavro-P^ouni ou Monte-Croce des Euro- peens. Limassol est une petite ville assez propre et pav6e. Eski-Limassol ou Palcva-Limassol , a deux lieues est do la ville , ou sont les ruines d'Amathonte ; Ko/ossi, qui possede encore le chateau-loit de la Commanderie des Hospitallers ; Piscopi ou Episcopi , pres de I'ancien Kourion , qui fut une seigneurie de la famille de Catherine Cornaro ; Kivides , ancien fief frangais ; ^gro, Pelentria , Ephtagonia et Kellaki , gros villages fertiles en vins, sont les principaux lieux du dis- trict. Le Kilani , chef-lieu Kilani , dont j ai deja parle, est tr5s montueux; il produit beaucoup de carroubes, de la soic , du labac et des vins. Ornodos , village grcc, qui donne le meilleur tabac de I'ile; Avdimou, gros village entierement hablt^ par des Turcs, non moins fertile; Pissoitri , probablement I'ancienne Boosura de Stra- boii el I'ancien fief franc de Pisur; Anoghiia , petite f i)7 ) coininaii'loi'u' iK' La .\u\fri', .si»us Ics Lusi^iuui.s, ap- partiennent a ce districf. Le district de BafTo , I'ancienne Paplios des Grecs et des Kornains , ou la Paphos nova et la Paffons des Lusignans, a pour chef-lieu Ktima , bourg principale- raent hal)ite par des Turcs. Ses localites remarquables, soit par leurs souvenirs historiques, soit par leur im- portance actuelle, sont Kouklia, ou se trouvent des ruines ayant appartenu certainenient a la premiere et antique Paphos des Pli6niciens, que Ton appelait, des le temps de Strabon , Pnlcea- Paphos. Y^eioskipos, petit village pres de remplacement encore reconnaissable du Jardin sacr6 de V6nus ; Chn'sorogliiatissa , rlche et beau convent , ou I'evfique de Baffo reside pendant I'ele ; AchcUn , que je crois etre le lieu de XEchelle , «)u existaient , du temps des Fran^ais , des usines a I'abriquer et a rafliner le sucre appartenant au domaine des rois Lusignans. J'ai remarque des ruines d'aque- ducs et de moulins qui out du servir aussi a la fabri- cation du Sucre , pres de I'embouchure du Dioriso , entre Achelia et Rouklia. Le district de Cihrysochou (1) doit probablement son nom aux mines d'or que les anciens avaient reconnues ab- baye de religieiisos grecques-calboliques , dont j'ai \ii les ruines a une demi-lieue an nord du village ; /V/y.s- (eronari , autre locality du district , est le fief dc Pres- teron de la Mountain , dont il est parle dans I'liistoire des Lusignans. Lcika , bourg turc, est le chef-lieu du riche et fertile district de I.efka, auquol appartieiinent Ka- lapanaiod^ et jVorlnl/n , m'l sont des eaux mine- rales , Hedoullo , Kaniinaria ot Prodionio , villages les plus rapproches de la ciuie du Troodos , que Ton ronsidere conime Tancion Ohnipe ; /-.V/vAw/, ou Ton a Irouve des indices de liouille ; Cnlliiilata , peut- elre I'ancienne Sola ou Soli ; les belles et riches vallees de Marathassa et de Solea ; enfin le couvent dc la Ma- done de Cliicco , Paunin ton Kikkou , couvent le plus venerd et le plus riche de Chypre , que visitent avec une egale piele les pelerins grccs et russes, et qui pos- sede de riches prieures hors de I'ile , en Thessali<' surtout. Le district dc Morpho a pour chef- lieu Morplio , ap- pele par les Francais du moyen age Ae Moii\ village situedans une grande plaine fertile en ble, colon, iiu et se^same. Ha'ios-Pantele'imon , joli couvent, residence de 1 eveque de Kerinia, est renferin^ dans ce district, ainsi que Ihuos-l/ias , couvent maronite , sous la pro- lection de la France; Ilain-Mnrina et Assoniatos , vil- lages maronites; Peristerona , le Prestemn don Plnin des Lusignans; Syiianoklioii , aujourd'hui turc et ijrec , habite par des Syriens du temps de ces princes. Le district d'Orini el Tillyrgha, chef-lieu l.iirndondn, hoiu'g de I/iO families, presque loules grecfpies , doit sun noui I'l s.i sidiation an milieu (|(>s monlatiiios ; il ( 00 ) prtiduil sui'toiit (le i'liiiilo, tin \in ot dc la sole. iJcjlera, Lncndamia et Hain-Vnn'ava , qui ont chacun une soixantaine de families grecques, sont , apr^s Lilro- donda, le^ localites prinoipales. Ce district de per- ception s'^tend jusqu'aux portes de Nicosie , et com- prond meme, d'apres les etats du pacha, Omoloitados, village a un quart d'heure de la ville. Le district de Cliitrea , Kft/irea ou Kytri , que les paysans grecs appellant CItirgn , a pour chef-lieu un grand village ou canton d'un millier d'habitants grecs, forme deshameaux de Haios-Andronikos, Haia-Marina, Syrkagna, Khordachiotissa , Anochrysida et Ratochry- sida, ou Ton r^colte beaucoup de soie. Ce district renferme unc localite du plus grand int^ret : c'est le village de Da/i , qui repond a I'ancienne Idalie , et dont le sol recele les restcs nombreux d'anciennes idoles de stvlc ph^nicien et assyrien appartenant an culte de V^nus. J'ai rapporte en France et offert au cabinet des antiques dc la bibliotheque royale plu- sieurs statuettes trouvees dans ce lieu. Entre Polilicon, autre village du district , et le convent d'Haios-Eracliti, sont des ruines que je crois etre celles de I'ancien Tttiudsstis. Psiuiilofon etait un fief de Charles de Lu- signan , richc seigneur qui fut depossddd de ses trente fiefs par le roi Jacques le-Batard au xv' si^cle. Non loin du Monte-Groce , dont il a 6te question prec6- demment, se trouve un village indistinctement appel6 Liinbia et Olympia. Pourrait on voir dans ce noni un argument pour placer I'Olympe de Strabon au Monte-Croce ? Le district de Kerinia ou Cerigna , I'ancienne A'e- nninin , est reuni a celui de LapUho , le Lnpetho.i de Strabon. Kerinia, quoique la residence du zabit, n'est ( 100 ) qu'mi uiiserablo >illap,o qui consorxe ccpeiulant encorr line belle foileiesse conslruito par les Lusignans; La- pitlios est iin bean bourg lure el giec, oinbrag^ d'oran- gors et fie paluiicrs, avant uii bazar el assez d'indus- trie. 11 iif compte pas inoins de /|00 families grecqucs et passe porn le plus grand village deChypre. Ce can- ton renferme plusieurs localites historiques : Cazn- phani , oi'i existent encore les mines magnifiques tie I'abbaye fondee par Ilugues IV de Lusignan au xiv' si^cle; le cbaleau de Saint-Hilarinn , construit par les rois fran^ais au sommel de la montagne de ce nom ; le chateau do biij'fai'cnl on de la l\eine , qui lui repond de I'aulre cote de la gorge de Kerinia , mais qui est plulot dans les dependances du district de Kylhrea ; le village turc de Ternpros qui appartint d'abord al'ordre du Temple et passa ensuile aux Hospitaliers. La plus grande partie des niaronites de Chypre habitent ce canton , oi'i ils occupent de|)uis des temps tr^^s eloignes les villages de Koniincliiti , Knrpncha et Myrfaii. Leur eveque leside a Bocfeveh, au niont Liban , et delegue ses pouvoirs an proto-papas de Kormachiti. La situa- tion des maronites, dont on n'a pas exag^re le pen- chant pour la France, s'am^liore peu k peu en Chypre, grace aux en'ortsdenos consuls. Ilssontdejadelivresdes impots et des exactions que les prelats grecs exigeaienl injustement d'eux ; on espere qu'ils auront ])ienl6l le droit d'envoyer un representant au divan de Nicosie. Vatili , peut-elre alteration de Vassili , est le chef- lieu du district de la Messoree, vasteplaine qui s'etend entre Nicosie et Famagouste. Cest le principal grenier de i'ile; niais il n'y a pas un quart de ses terres qui soient rultivecs , laute de bras. .-Ithienon . village de 900 umes, residence des keradjis (ui inulclni.s rpii lonl ( 101 ) la correspoiKlaiice ct Ks liaiispoits dans tonics li'S. jjrovinces de I'ile; Kalopsif/d , oii Ton trouve loujours une grande quanlite de soude , que I'on employait au- trefois a la fabrication du savon ; Lef'koniko , qui a 150 families grecques; Acuiuhon oil Jgatkon, autre gros village ou Ton el^ve beaucoup de troupeaux , el qui fabrique des fromages cstiiiK^s ; Maiatho-VoHna et ^.*M/W,probablement I'ancien fief fran^aisd'/V^^««>', sont les lieux les plus consid(^rables du district. Le Karpas est le canton oriental de I'ile. il s'^tend de la Messoree au cap Saint- Andrt^ ; c'est le pays des troupeaux et de la soie. P'aniagouste , autrefois riche et florissanle , qui n'a conserve des temps de sa pros- pfiriteque sacath^dralegothiqueelses beaux reinparls, est le cbef-lieu du district. Les Turcs seuls peuvent habiter cette ville ; les Grecs ri^sident an village voisin de Varoscbia. A deux lieues est de Farnagouste , pres du village dC Hai-Sergui , sont les mines de Salnmis , fondee par Teucer en souvenir de la Salamine ilc Grece , sa patrie. Le village de Yalonssn a de riclies plantations demuriers; IVlamoudi , Hains-Aiidronicos, Biso-Corpnsso , et en se rapprocliant de la Messorcie. I.imnin, Trikonio, Derignia et Paralunnl, sont les plus gros villages du district. Pres de Salamis et de Sainl- Serge se trouve le couvent celebre de Saint-i>ar- nabe, oil les Grecs venerent le corps de I'ami de saint Paul; plus a Test, sur la cote, on reconnait Templacement de Gastrin, autrefois cbateau des Teni- pliers; au nord de cette position sont les ruines dn cbateau de Kantara, construit par les Lusignans , ot (lemantele par ordre de la republique de Venisc. Cbypre , qui, a la fin dc la domination venitionne, jenlerniail encore S(iO villages, n'cn coni|)le pbis au- ( 102 ) jiiiud'liiii (|ue 6l0, et tlaiis cu iimnbre il \ i-ii a plus de la inoitie au-dessous de 30 feux. Le noiiibre des villatfes entiercment peuph^s de Grecs ou habites par dcs Grecs et des Turcs est de 515 ; il n'y a (|ue 89 vU- lages completeiiient turcs ei 6 villages entiercment Maronites. La depopulation generale dont I empire oltoman soulTre depuis la fin du xvi" siecle s'esl fait resseiitir en Cliypre comme ailleurs; les massacres qui ont eu lieu dans I'lle a la suite de la revolution hcUeniquc , et les emigrations qu'ils ont occasionn6es , ont diminue as- sur^ment la population do I'ile. Sous I'impression de ces fails et en I'absence de renseignemenls certains, qui ont manque jusqu'ici sur toutes choses en Orient, on comprend que des gf^iographes et des voyageurs m6me attentifs aicnt pense que I'lle deClivpro ne pou- vait renfermor plus de 60,000 ou meme de 30,000 ames, mais des calculs plus exacts, bases sur un commence- ment de statislique due a Talaat-EfTendi, gouverneur de I'lle en 1841 , permettent d'assurer aujourd'hui qu'on sera plutot en dessous qu'au-dessus de la rdalite en portant la population du pays a 108 ou 110 mille habitants ainsi divis^s : 75 a 76 mille Grecs , 32 a 33 mille Turcs, 12 a 13 cents Maronites, 500 catlio- liques romains , la plupart Europ^ens, et 150 a 160 Armeniens. Nicosie seule a une population de 12,000 habitants, dont 8,000 Turcs, 3,700 Grecs environ, 150 Armeniens et une centaine de Maronites. Je repartis dans le tableau suivant la population parliculiere a chacun des districts ; j'y joins le cliiffre total des impositions qu'il payait sous I'administration de Talaat , le nombrc approximatif de ses villages et a peu pres I'etendue do sa supcrlicio. ( 103 ) NOMBRE D'HABITANTS. <& \ QUOTITl". o ^ DISTRICTS. CIIEKS-LIEIIX. ^ "^ ^ — -"^ — *^ — ^.-^ TOTAL. DF. fe " ?a LIMPOT. fc.Si TURCS. GRECS. DIVERS. §■' r. _ 1 I 1 Piatti . tniq I.ariiaca Lainara. . 5,000 9,r,oo 500 '.itho. liqncs qq Marniiiles. 15,000 42 09,271 '.,>< Limassol Limusso!. 2,000 e.'ioo » 8,500 .Sfi 55,171 55 K.ilani ft Avdinloit. Kilani, 800 5,000 „ 5.800 50 47,517 56 ; Biillo Pl Kimklia . Ktinia. 4,000 7,000 „ 1 1 ,000 70 5 '1, 902 50 ChiYSoclioii. . Chrysocliou. . 1,500 5,.')0II „ 5,000 55 21,472 4.5 I.elka Weflia. . . . 2,400 4,000 „ 7,000 59 59, 257 42 Moriili". ... Miirpho. . . 1 ,000 4,500 180 a 200 Miiroiiin*^ 5,600 44 55,616 -28 f.iipitb(j et Kcriiiia.. Kerinia. . 5,000 5,000 1 ,000 9,000 45 25,823 45 Oiini el Tillyiglia.. Lilrodonda. . 6 a 700 3,400 0.000 51 40,999 44 Kythlea Kythrea. . 2,000 y,.5oo ,. 7,500 40 .52 636 30 Messorce on Mes- saiga Valili. . . . 2,000 8,000 „ 10,000 64 78,578 52 Karpas. . - . . Fianiugoiiste. 5,000 8.000 8,000 51 58,955 100 Grecs dc Nicosie. 23,096 Total de limpol. 5,084,020 Total de la superficie. . . . . 515 Vous le voyez, monsieur, sur Line supeiTicic de 520 lieues carrees ou d'lin inillion d'hectares, I'ile de (lliypre ne conipte que 600 villages ct un pen plus de 100,000 habitants. En France, sur une superficie egale, on trouverait plusieurs milliers de villes ou de villages et plus d'un demi- million d'habitants ! Voila les effets des deux syst^mes qui regissent les deux pays. Mais il ne faut pas descsperer de voir de nouveau I'ile de Chypre prosperer quand les reformes dccrcteos en principe par Mahmoud el son fils seront, par la ferniete des ministres de la Porte , dcscendues dans la pratique de I'administration. Ln lait incontestable, c'est qu'ily a dans tout I'empirc, depuis 1839, dale dii lialli-scheriffde Gulhane , dans radminislration civile, dans la discipline des corps niililaires , dans la police ui'baine , dans radininlslralion de la juslice , ilaiis la ,' 104 ) perception des linpots, dans la condition dt'S sujct.s Chretiens du Giand-Seigrieur, un mieux general si veri- table, si bien roconnu, qu'on vicnt de voir dcs paysans du rojaume de Grece passer la frontiere ct deniarider des terres an pacha de Trikala. Pour I'ilc do Cljypre en particulier, j'ai trouv6 tous les Europeens connaissant bien le pays, quelles que fussent du reste leurs id^es sur I'avcnir de I'enapire oUoinan , unanimes a recon- naltre que les r^sullats des derni^res reformes pres- criles par Abdul-Medjid sont tr^s sensibles dans I'ile et doivent puissamiucnt encourager le gouverncment du jeune sullan dans ses projets. Le raia a repris partout confiance ; ii est siir de conserver son chamj) ; il n'est plus a la merci du premier Turc qu'il rencontre ; sa liberty personnelle est garantle , sa libei-te religieuse est intacte , et si des actes arbitraires de la part de quelque gouverneur partisan des anciens abus don- nent encore souvent des d(^menlis aux maxiines adop- tees par I'administration sup^rieure, il est rare que ces vexations restent impunies. En se rcportant a la situation de I'Ue sous les janissaires et les pachas de 1823 , on pourra mieux apprecier les ameliorations d6ja rt^ialisees; encoi'e un quart de si6cle de perseve- rance dans la meme voie , et la lace du pays , comme du reste de I'empire ottoman , pent 6tre changee. J'aurai I'honneur de vous faire connailre dans ma prochaine lettre, les moyens que j'ai employes pour la constrnclion de ma carte de Chypre , objel principal de mon voyage et de mon sejour dans Tile. SIR I.A CONFIGURATION DE l'iLE DE TJ^>jinil FE , p.ii M. Dai-ssy, Cost du choc des opinions que jaillit la lumicre; ( i05 ) cesl aussi par hi illscussloii dos observations cjiii no s'accprclenl pas que Ton parvienl a connaitre la v6rite qui est le but que nous devons tous nous proposer ; si quelquefois dcs erreurs sont avancc^es de bonne foi par des porsonnes auxquelles nous serions portes a accorder toute notrc confiance , nous ne devons pas craindre de les combaltre , bien persuades que, tout en defendant leurs opinions, elles ne nous sauronl pas inauvais gre de chercber a justifier les nolres , afin d'arriver a ce que nous cherchons les uns et les autres, la verit(^. Nous ne craignons done pas d'offenser notre bonora - ble collogue M. Bertbelot en revenant avec de nouvelles donnees sur la discussion qui a deja eu lieu relative- menl a la carte qu'il a donnee de I'ile de TenerifTe , et en cbercbant a d^montrer que les observations de Borda , qui ont servi de fondemenl a la carte publiee par M. de Buch ont ^te faites avec une precision qu' nepeut laisser aucun doutesurleur exactitude. Dans la discussion qui a eu lieu a ce sujet, on avait dit que le inanuscril du voyage de Borda aux Canaries pendant lequel il avait determine la position et la conliguration de ces lies ne se trouvait pas au D^pot de la marine ; de nouvelles recbercbes en ont fait decouvrir une co- pie, dont nous croyons devoir extraire ici ce qui re- garde I'ile de Ten^riffe, ce qui nelaisseraplus,j*espere, aucun doute sur la forme de cetle ile. litant oblige de dessiner I'ile de T^nerifle sur une carte des cotes d'Afriquc, que nous construisons , et trouvant deux traces tres dilTerents I'un de I'autre , puisque, pour ne parler que des points principaux sur lesquols il a ete fait des observations, la distance de Santa-Cruz au Pic etait sur Tunc de 2Z| millcs el sur ( 10(5 ) laulre dc '11 , cl du port do I'Orolava . suv I'uik,' dv et sur lautrc de nous a\oiis du cherchei a nous eclairer sur la conliance a accorder a I'un ou a i'autre. Apres quelquos rcclierchos, lo journal dc Borda esl vcnu lever toute inccrtilude dans noire es- prit; il nous a paru alors utile de i'aire connailre ccs donn^es.afin d'evitcr aux g^ographes qui auront a s'occuper de cclte lie de nouvelles rcclierches, ou tout an nioiiis ])our leur fournir un document important. ExTRAiT (lit journal du voyage de BonD.\ aux Canaries en 1776 pour determiner la position ct la confii;uratioii de ces it as. Nous conlinuames nos observations de la marclic des liorloges marines , et nous en limes quclques aulres dc difforenls genres que nous allons rapporter. Une de ces observations est relative ei la position du pic de Tenerif/e, que nous nous proposions de rappor- ter a celle de Sainte- Croix. Le sommct dc cettc mon- tagne se voyant dc la pointc du mole ou notre tentc etait ^tablie , nous y observames avec un quart dc cercle sa bauteur apparente sur I'horizon , que nous Irouvamcs de li" 37'. Ensuite faisant usage du moyeii exact dont nous nous etions servi a Cascai, et que nous appeilerons desormais Helei'etnents astrotioniiqucs, pour le distinguor des rclcvemonts laits a la boussole , nous trouvames que le Pic ctait a I'ouest 28° 55' sud du mole de Sainte- Croir. Pour laire entendre mainlenanl la manidrc (btnl nous avons tire parti dc ccs inte Teno, apres laquelle nous devious rrtrouver Irs vcnlsgcn^raux de N.-E. ; inais nous reslames en calnio plat pendant touts la nult, et nous ne douhlumes celle pointe que le lendemain matin; encore ne pumes- nous y parvenir qua I'aide des couranls qui nous por- l^rent insensiblemenl dans le vent et nous firentsortir des calmes. Le 10, a sept heures et demie du matin , nous com- men^ames a sentir les vents de la pointe Tenn, Cello [)ointo est fort renomniee dans le pays par les briscs qu'on y eprouve : nous les trouvames en effet tr6s fortes, niais non pas autant que notrc pilote nous I'avait annonce ; elles ont, sans doute , des varietes, ainsi que les vents generaux dont elles dependent. En doublant la pointe Teno , nous observances un gise- nient avec la pointe sud de Gninere , et avec lo Pic , et ensuite ceux de la pointe Buennvista par les parties N. et S. de Gomere. A buit heures nous tJnmes le plus pr^s tribord amures faisant route sur I'ile de Palma. Nous croyons devoir encore ajouter quelques autres extrails du ineme journal, qui sont relatifs a la deter- mination de I'ile de Teneriffe. « Le \h aoiit au soir, rEspiegle parut au nord de la pointe Gorda ; mais les calmes ne liii permirent de nous joindre que le lendemain a deux heures apr<^s niidi. Voici les details de sa navigation depuis iiotie separation. » La brise 6tait si forte le jour du depart que M. de Chastenet ne put, ce jour-la , s'elever jusqu'au nord de I'ile; mais le lendemain , 10 aout , il parvint a dou- bler les deux roches de la pointe JSIaga , dont il ran- gea de fort pres celle qui est au large. Ces roches so voient de fort loin ; I'lmo , ([ui est la plus voisine de la ( 112 ) cote ol qui la touclie presque , est lurt grosse fl en- forme [)rosqm,' pyrainidale; la scconde sc parlagc en (Ifiix poliilcs qui, a une certaine distance, paraisscnt tleux roches separees , mais qui tiennont a une nieme base ; aupres de celle-ci on en veil encore une troisienie fort petite , qui est a I'ouest de la seconde. Nos pra- tiques nous dirent qu'il y a tr^s bon passage pour Ics vaisseaux entre la grosse rocho pyramidale et la roche a doux soinmels ; et nous nous en sommes assures depuis, M. de Cliastenet et inoi , dans un petit voyage que nous avons I'ait dans un bateau du pays pour nous rendre de S(iinte-Croi.i: au port de VOrotnva. » Avant d'arriver a la pointe Naga (en venant de Sainte-Croix), on voit sur la cote , qui, dans cet en- droit , est exlreuiement 6levee et presque coupee a i)ir, une grande tache blancliatre qui descend jusqu'a la mer, et au pied de laquelle il y a des dangers qui s'e- tendent jusqu'a un demi-quart de lieue au large ; ou I'appelle la Manckn. » Apr6s la pointe Nngn, en allant a I'ouest, vicnt celle de Los Ombres , dont les terres sont fort hacliees et presentent un aspect alTreux. Tout le rivage est cou- vert de grosses roches qui paraissent tombees des par- tics superieures ; et la cote, qui est extreinement ^le- vee, parait dans un 6tat continuel de destruction. » M. de Chastenet , en doublant les deux roches Naga, prit leur gisement entre elles et par rapport a la pointe de Los Ombres; ensuite , aidiJ par la brisc (pu fraichissait, il commenr^a a prolonger la partie oc- cidentale de I'ile. 11 rcconnul d'abord la pointe ///- ilnlgo , qui est trfes basse, ot ensuite celle tirl Vienta , ou les vents de N.-E. se font senfir quclquefois avec . beaurotqi de violence. Aiqires tie celte derni^re, on ( '113 ) voit (iaiis Ics lenc^s la petite ville cle Tacoroiite , siliiec dans unc plaine riche , fertile et d'un aspect ap;r(^able, et ensuite plusieurs villages assez voisins de la nier. Plus loin est le petit port dc I'Orotava , iorme ])av quelques roches, au milieu desquelles de petits bati- ments trouvent un abri, mais oil ils sont continuelle- mcnt tourmentes par le ressac dc la mer. La ville de Port-de-r Orotava, dont nous aurons occasion de parler dans la suite . est batie au bord de la mer el presque sur les rocbes. On voit a Irois quarts de lieue , dans les terres, une autre ville plus considerable qui s'ap- pelle aussi VOrotava , et dont la premiere, nouvelle- mcnt fondee , a tire son nom. » M. de Cliastenet avait observe la latitude pres la pointe del Fiento; ensuite il avait determine les posi- tions des diff^rentes pointes , soit par des relevements et I'estime des routes , soit en les rapportant au pic dc TeneriiTe, dont il prenait des relevements en meme temps qu'il observaitsa bauteur apparente. II continua ses operations jusqu'a la pointe Teno , et reconnut en passant le port de Garacbico, autrefois le meilleur de I'ile , mais qu'un tremblement de terre et I'explosion d'un volcan ont bouleverse en 1706, ))Dela pointe Teno, il fit route sur I'ile de /*«//««, etc. » Nous fimes aussi des observations par les horloges marines, et nous trouvames, pour la pointe de T^no, une longitude qui s'accorde tres bien avec celle que Ton conclutde nos observations du 10 aout. Vers cinq heures et demie , nous relevAmes le pic par le petit port de San-} ago, de File de TeneriiTe. » On trouve plus loin le recit de son voyage au Pic, les observations barometriques qu'il y fit, et enfin le detail des operations trigonometriques executives au- vn. FJ^VRIER. 3, 8 ( u/i ) pres <1»; I'Orotava, et au moyen tlcsqiiollcs il detormiiia Ja Iiauteur du Pic cle 1,905 loiscs. II o!)tint aussi par les mfimes operations la dislance du Pic a une maisori de la ville d'Orotova de 54,4*21 pieds ou 9,070 toiscs 9', 32''. Enfin il termine ainsi : « II nous reste a parler de quelques observations que nous avons failes au Port-de-T Orotava. L'endroil d'ou nous obscrvions 6lait une terrasse d'une maison voisine de celle de M. Chologan , laquelle 6tait 6lev6e d'environ 60 pieds au-dessus du niveau de la mer; nous y avons raesure la hauteur apparente du Pic, que nous avons trouvee de 11° 29' 35'' ; nous avons trouve aussi, en nous servant du moyen que nous avions em- ploye a Sainte-Groix, qu'il nous restait au S. 29° hh' O. II r^sulte de ces deux observations que la distance du Pic a la terrasse dont nous avons parle est de 9' 45", et que la difference de latitude entre cos deux points est de 8' 27"; or, nous avons trouve ci-devant que la lati- tude du Pic est de 28° 17'; d'oii il suit que celle duPort- de -I'Orotava sera de 28" 25' 27". » Ce resultat s'accorde a tr6s peu pres avec deux ob- servations faites par M. de Granchain au Port-de- I'Orntai'a, I'une de detix (itoiles prises au nord et au sud , qui donnerent 28° 25' 2/i", et I'autre d'une hau- teur du soleil qui donnail 28° 26' 0". linlin nous donnerons ici on Icrmluanl le tableau dcs positions de I'ile de TeneriOo, que Ton trouve a la lin du manuscrit de Borda. 115 ) ll-K riijNKKIFI-li. .NOMS iiES LlEux. L^itiluJe Auti.nte. I.i.iij;itu.l.-. Aul.iiii.-. Vllle de Santa-Cruz , an mole 28" 2B' 3o" * i,S"3r,' o" * Le Pic de Teneriffe ou de Teide 28" 1 7 o A * 19" o <• A * Caiidelaiia 28" 19 3o 18" 42 3o I'unta Aljona, pointe meri- dionale du port de <:e nom iS' 8 o AI'X 18" 4? ' -i -^P X Las Galetas 28" 1 3o id. 18" 57 ^v id- I'unta Roja ou Roxa (pointe rouge) poiiile S.-E. de Ide 28° •'. o id. 1 8" 54 3o id. I'unta Rasca, la plus meri- dionale de I'ile '. 28" o 3o id. ig" 2 ^o id. RaVa de los Cristianos, a sa pointe N 28" 3 o A'X 19" 4 4" '-' X Playa y Puerle de Adese, a la pointe 28" 6 ^5 id. 19" 7 4-5 id. Alcala (Pueito de Alcala suivant Lopez) 28" 10 o 1-9" 11 o Puerto de San-Yago a sa pointe S 28" 1 4 SF) APx '9" 12 48 APx I'unta Teno, la plus orci- ( AP dentale de I'ile 28" 20 12 id. '9" 16 4-'' ( 0 X Puma de Ruenavista 28° 22 o A' X 19" i5 48 il X Pueito de Garachico a sa pointe N 28" 21 48 id. 19" 7 15 it|. San Juan de la Rainbla ... 28" 24 o id. lo" a 25 id. Pueito de I'Oiotava (mi- lieu) 28" 25 o id. 18" 54 3o id. Puma del Viento (poinle du Vent) 28" 32 o id. 18" 4/ 20 id. Punta del Hidalgo, pointe N,-0. de I'ile 28" 35 45 id. 18" 40 3o id. Los Ombres 28" 3(i 45 id. 18" 34 56 id. Roches de Nafja ou Anajja, pointe N. de I'ile, grande rochepyramidale, la plus proche de I'ile 28" 37 o if: 18" 28 <> La Mancha (roquela de Anada suivant Lopez). . 28" 34 5o 18" 27 o Antequerra 28" 3 1 36 1 8" 28 3(i EXI'LICATION DES SIONES. * Latitude ou longitude dcterminec par les ob.servations astrono • miques. (^•) Longitude de'terminee a la mer par des liorlo.jis in.irincs dans le nii'ridicn du point dont on voulait fixer la lom-itude. f no ) A I,;ililiiilf oil l(iii(;iluJe i-.Tpportiie par clos operalions Irigonoim- iiiiiues a la pusition e Te'neriffp. ^ oa O A'. Latitiiile oil li)ii{;iliiile lappmU'-o par cent. ). Sur les einbouchures de la riviere Jatuoor , cote occulen- tale (V Afriqne. ( Extrait d'unc lettre clu Rev. Jolm Clarke au Reiv. Joseph Angas , 16 juillel 1846. ) La riviere Jamoor, dont rembouchure seiilcment avail 6t6 reconnue dans le vaste estuaire que forme la riviere Cameroons en se jetant dans la mer au fond du golfe dcBiafra avail 6td jusqu'a present rcgardee comme une des bouchcs de cette derniere. D'apres de nou- velles observations , on doit conclure que c'est unc riviere distincte qui coule a Test des niontagnes de Ca- meroons , el se jelte a la mer par quatre embouchures cntre les criques Bimbia et Cameroons. M. Clarke re- monta cette riviere pendant quelques milles , et dit que, d'apres le recit des naturels, son cours serait plus long que celui du Cameroons (1). Route de Ghat a Tawat , directement a Vouest , a tracers la partie centrale du Grand-Desert on Sahara. (Com- munique par M. James Richardson.) Cette route a travers le Grand-Desert n'a jamais ete suivie par un Europeen ; elle est de 30 journees de marche rapide ou de 40 journees de caravane. M. Ri- chardson en doit la connaissance avec la description des puils, des stations qu'on y rencontre , de Icurs dis- tances respcctives, et des principaux caractdres geolo- giqucs a un Maure Tawat avec lequel il se trouva en relation a Ghat, et qui fait regulieremcnl ce trajet. (i) Je ne conriais .luiun voyayeur qui ait remonle le Cameroons ni nieine (|ui en ait iiulirjtic la direction; on n'a de renseignernents <|ue sur cat esluaire noinnit' Itiv. Cameroons , et danslonuel plusieurs rivieres se jetlont. p. D. ( 127 ) La nolc lie M. Richardson doniie la description de 19 stations qui se trouvent entre le.s deux points ex- tremes avec leurs distances; mais non pas leur posi- tion respective. On y trouve cette observation qui ine- rile d'etre remarquee. Les caracteres geologiques de cette route olTrent une contradiction rcmarquable avec I'erreur vulgaire qui fait que Ton considere le Grand-D6sert , comme un oc6an de sable, souleve comme des vagues par tous les vents qui soufflent sur sa surface aride ; on voit par la description donnee par ce Maure , que des masses de rochers couvrent presque toute cette route , et que des chalnes de montagnes la bordent dans loutcs les directions ; il n'y a qu'un seul point ou Ion trouve des dunes de sable. L'eau y est abondante et generale- ment bonne; les puita ne sont pas a de grandes dis- tances les uns des autres , et le plus grand intervalle entre deux peut 6tre franchi en moins de li petites journees de caravane. Deterniinatioii des hauteurs de plusieurs points de FAme- rique septenlrionale au uioyen d'observcitions hnrome- triques et thennometriques , par le capitaine d'artille- rie J. Lefroy , directeur de I'observatoire magni- tique de Toronto. Les observations qui sont rapportees dans ce Me- moire ont ete faites pendant un voyage ayant pour but de faire des observations magnetiques dans uno partie de I'int^rieur de I'Amerique sejDtentrionale. Des observations corrcspondantes ont ete faites a I'obser- vatoire de Toronto ; pendant la premiere partie du voyage, ces observations ont ete faites au moyen de deux baroraelrcs; on a parcouiu dans cet intervalle, c'est-;"(-(lirc (l('j)ui?* le "1 nitii juscpi'au 15 jiiiii lS/j3 , ( 12S ) depuis Toronto jusqu'au lac de la Pluic , en suivant lo lac Huron et Ic lac Supovicur. Dans la secondc par- tie , qui dura depuis le 25 juillet 18/j3 jusqu'au 17 oc- tobrc IShli , Ics observations furent laites au moyen de trois tlicrmometres ; en d(iterminant le point d'ebulli- tion , on visita dans cet intervalle le lac Athabasca , le grand lac del'Esclave, le fort Simpson sur la riviere Mackenzie , le petit lac de I'Esclave , etc. Ccs observa- tions presentent entre ellesdcs diffdrences assez fortes; la discussion en est donnt^e dans ce Memoirc , dont nous rapportei'oiis ici les conclusions. « Si onreunitdans unseul tableau leresultatdc toutes ces observations , et que Ion combine toutes les sta- tions qui peuvcnt sc controler I'une I'autre, au moyen des relations qui sont indiquees par le cours des ri- vieres , on pourra deduire de toutes ces donnees les hauteurs suivantes pour les principaux points embras- ses par cette s6rie d'observations. Hautrur llatitnir oSservec deiluite dp _ ^OMS DES LIEIX. inime.liale- rombinmsoii ?" iiicnt en pieds on piet's mflrl-s, anglais. an^jlaij. Toilagc lie Sav.innali ou hautes teries entre les lacs Sii()eiieur et Winnipef; 1259I""'' \l^^oP"'^'■ 442"' Lac la Pluie 1 160 i 160 353 Lac Wimiipcj; 773 853 260 Porta{je frog. 1057 1 100 335 Lac de I'ile .i la Crosse 1 273 1 3oo 396 ISxtremiteS.duportagetlela Locjje. 1702 i5.1(> 47" Extremite N 1 790 545 Le pied des montagnes au ineine porta{;e 808 84o 256 Lac Athabasca 37 1 600 i83 Grand lac de I'Ksdave 3i5 5oo i52 Petit lac de I'Msclave i838 1 800 548 Le pays dans les environs d'Kd- monton sur le Saskatcliawan . . . l834 1800 548 Le pays dans les environs du fort Assiniboine 2009 2000 610 Le pays dans les environs de Dun- vegan ou riviere Peace ^l^l€> iRoo 488 Le liidela rivii'rePeacea Dunvegaii. 778 yoo 274 I ( 1-29 ) Si (in ne dediiisait pas ilc la t>,6neialile des observa- tions des nombres ronds comme nous I'axons fait ci- dessiis , il serait impossible de tirer un bon parti d'uno s^rie de hauteurs observees , dont chocune est suscep- tible d'erreur assez considerable : et on ne peut pas les combiner entre elles si on n'a pas acquis une con- naissance speciale de toutes les localiles, afin de pou- voir juger de la valeur relative des observations qui v ont 6te faites. Sous ce point de vue les resultats aux- quels nous sommes parvenus ne peuvent etre regard^s que comme provisoires ; on doit tsperer qu'ils seront examines de nouveau ])ar d'autres voyagours, ou par les employes de la compagnie de la baie d'lludson , lorsqu'ils seront pourvus des instruments necessaires. Notes sur la cote I\.-0. de Borneo de/Jiiis Pdlo-Labnrtn jiisquh r entree de hi baie Mnlonlou, par W. -S, Harwey, esq. Notes sur une partie de la cote O, de Borneo depiiis 100" de longitude a CE. de Greenwich jusqu^ a 1.17° /:. , par le capitaine C.-D. Bethune. Ces deux M6moires tlonnent la description de la cote 0. de Borneo , le premier depuis Palo-Laboan , nouvelle possession des Anglais jusqu'a la polnte N. de I'ile : on \ enum^re toutes les rivii res , baies et ^tablissements que Ton trouve sur cette partie do Borneo; le second donne une description semblable pour la partie comprise entre la pointe nominee Tan- jong-Datu jusqu'a Borneo Proper ou Brune. Outre la nomenclature et la description des rivieres, M, Be- thune donne aussi les divisions politiques de ce terri- toire , les peuples qui I'habilent , le genre de commerce qui s'y fait, la temperature quoii y epmiivc aver un VII. FKVRlJiR. /i. T> ( i:^o ) tal)lr'au tlos temperatures moveiines ile cliaque mois obsorveos a Sarawak , oii I'on sait que M. Brooke est installe comme rajah. Ce tableau fait vou" que dans ce point les movennes mensuclles ne varient que de 73°7 a 76o0 Fabr. ( 23° a 2/1° cenligrades), et lesmaxima de 85»1 a 90°8 Fabr, ^ 29"6 a 32°6 centigrades). Enfin , un vocabulaire de 59 mots dayak. Journal (Vttue excursion de Singapur a Malacca et a Pinnrig , par 3.-^. Lagan, esq. Ces notes ont ete t'crites pendanl une visite faite a Malacca el a Plnang en mars 18Z|5. Elles etaient desti- nees a des amis, et n'ont aucune pretention; cepen- dant elles donnenl une id^e qui parait ilevoir etre exacte des environs de Malacca etde la province de AVellesley, qui fait partie de retablisscment anglais de Poulo-Pi- nang. Nous avons romarqu^ dans ce r(^cit une nouvelle qui ne peul manf[uer d'intoresser les geograpbcs. M. Lagan rencontra sur le biitiment qui le transpor- tait uu oHicier de la marine bollandaise, le baron Melville de C.arabee, qui avait il& occup6 depuis dix ans a la reconnaissance scientifique des iles bollan- daises , el qui revenait (mars 1845) en Europe pour publier une grande carle qu'il a dressee des possessions n^lberlandaisesde Test, avec la description des volcan.s et (les monlagnes qu'elles conliennent, et dont il n determine les bauteurs jkh des observations barome- iriques ou Irigonomelriques. J'ai appris de lui , dit M. Lagan, que toutelacotede Sumatra depuis Padang, enallanlvers leM., a ele levee avec soin , et qu'un de leurs medecins a derni^remenl passe nne ann^e en- liere dans le pays des Dallas , el doil publier les obser- vations qu'il a failespormi eux. Lestaientsde I'observa- tcur sont un snr garanl de rimportance de re lra\ail. ( >31 ) Snj' reniijlareviciit d' Anliinroth , jinr Ic oa[)itaiiK' New bold. Mezarib, chateau et petit village, siting a troisjour- nees de marche au S. \ S. -0. de Danias , est luarqiie sur les cartes modernos, comme ^taiit londe sur I'ein- placemeiit d'Ashtaroth, capilale de Og , roi de Bashan. Dansle cours d'une excursion dans le Ilauran pcndaiif I'hiver de 18Zi5-/i6, M. Newbold passa une nuitau cha- teau de Mezarib, etilfut agreablement surpris d'enten- dre prononcer le noni de Tel-el-Ashlereh (la montagne d'Ashiereh ) dans I'cnuineration des ruines qui se Irou- vent dans les environs de Mezarib ; il resolut de les visiter, et c'est ce qu'il fit en juin 1846. C'est cette excursion qui fait le sujet dc ce inemoire qui dunne une courte description dcs ruines el I'itineraire suiw depuis Danias jusqu'a ce point avec les distances et les j^isenients. f^olcan de rile de la Selle. (lixtrait du journal du ba-" teau a vapeur de la cumpagnie des Indes, Victorin , comniande par le lieutenant W.-C. Barker). Le vendredi 14 aout 18,46, la lictoria passant pres de I'ile de la SeJle, situee dans Ja u»er Rouge par 15° 7' de latitude N. et 42" 12' de longitude E. de Greenwich, aper^ut de lafumee qui sortaitdu somrnet de cette Sle. On savail bien qu'elle etall d'origine vol- canique, mais on n'avait aucun souvenir que ce volcan eiU ^le vu en activite. Pour completer I'anahsede ce volume du journal de la Soci^te de geographic de Londres , nous ajouterons qu'on y trouve trois cartes , savoir : 1" Une de la cote S.-E. d'Arabie depuis Ras-el- ( '.^2 ) Ifadd jusqii'a Ras-A^lirllj , pour sor\ir a rintelligencf du meinoire du capilaine Saiintleis. 2" I'ne petite carte de la Noiivelle-Hollande , sur la- qiiolle est trac^o la route du docteur Leichart , de la bait' Moreton au port Essington. 3" Une carte des lacs do Benzert (Bizerte), par Ic coinmander T. Graves. 4° Lne esquisse des embouchures de la riviere Ja- moor, au fond du golfe de Biafra. 5° Enfin , irois tableaux donnant la coniparaison de la marche du barometre a Sarawak (lie Borneo), et :'i Singapore, en oclobre et novembre 18i2. VOYAGES NOXTVXAUX par mer et parterre efTectu^s ou pu- blics de 1837 k 1847 -, analys(^s ou Iradiiiis par M. Alberl-Monle- rnunt. ( Tome III , Voyages en Asie. Co volume contient I'analyse des voyages sulvants i Dubois de Montpereux, autour du Caucase (en 1838); Bell, en Circassie ( 1837-S8-39); Felix Fonlon , an Caucase (l8/i0); Fontanier, dans I'liule et dans If golfe Persique (1838-1842); llarkness, aux Neilghe- rios (1832); Victor Jacquemont, dans I'lnde (1828- 1832); Conolly, au nord de I'lnde, a travers la Perse et I'Afglianistan (1838); Eugene Bore, en Orient (1837-18A0); Palmer, au Japon (18/|5); Hyacinte (le raoine),cnMongolic ( 1833); Dobel , en Chine (1842); Wrangell , en Siberie ; Wellsled , en Arabic (1838): George Robinson, en Syrie et en Palestine (1838); Charles Texior, on Asie niineure (1839-1843); Ha- milton, en Asie mineure (1842); Solcyman, voyages des Arabes et des Persans dans llnde et en Chine tlans Ic IX' sieclo. ( 133 ) >lOUnNAI. ASIATIQUJE. { Oiialrieme stirie. Tome VIII, ih.'^'i, novembie et d^cernhii' l8iG. 1 Ce mnii^ro contient relativenient a la j^^ograplile . la suite des notices sur les pays et les peuples stran- gers, tiroes des geographies eJ des annales historiques chinoises, par M. Stanislas Julien. La conlree dont il est question ici est celle nommee Hi, situec a 182 lieues de Pekin vers I'ouest. TABX.EAUX HYSROMETniQUBS dei baisins de la Saoue et du Rhone. Ces tableaux, publies par la Commission hydrouie- trique de Lyon, sont au nombre de quulre, donnant les rSsultats des observations laites pendant les niois de mars, avril, mai et juin I8/46. La Soci(!!te avail d^ja re^u des tableaux semblables pour les huit premiers mois de I'annee 18/15 , nous espSrons qu'elle pourra combler la lacune qui separe ces deux envois, et qu'elle pourra completer cette collection qui devien- dra chaque jour plus inleressante. Ces tableaux donnonl jour par jour, premieremenl les hauteurs de I'eau tombec journellement , sous les Formes de pluie ou de noige , en dilFerents points du bassin de la Saone; les hauteurs des rivieres et les di- rections des vents : deuxiemement les hauteurs sem- blables en ditlerents points du bassin du Rhone. Les quantites d'eau tombac et la direction des vents sont donnees pour Bourbonne, Vesoul, Gray et Dijon dans le bassin de la Saone superieure ; pour le fort de Joux, Montbeliard, Besangon et Dole dans le bassin du Doubs ; pour Chalons, Lons-le-Saulnier, Bourg , MonI merle el Lvnu dans le bassin de la Saone infe rieure. ( 134 ) f^es (lautcurs ilfs ii\leros sonl doiiueei) pour la Saorie au\ eclu'lies de Saint-Jean-de-Losne , Verdun, Clia- lons , Trevoux el Lyon ; pour le Drujou a V esoul el par la Lantcrno a Faverncv. Les quanlitcs d'eau tombecsdaiis le hassiu du lUioiu; sont donnees pourle grand Si-Bernard, Geneve, Cliain- ben,Plerre-Cliale!, Syam, Sl-Claude, V arainbon, Mo- restel , tori Lainotte , Saint-Etionne, Valence , Privas . Sainl-IIippoKtQ pr^s Alais, Saint-Jean-dc-Maurienne, (Irenoblo, La Mure , Die , Brlan^on , Gap el Marseille, r.a direction des venls pour le Sainl-Bernard, Geneve, Moreslel, fori LanioUe, Grenoble, Valence, Saint-Hippo- lyle et Briancon. La simple inspection dc ce tableau hufTit pourfaire voircombien ce dernier gcnred'obser- vations est incertain j)uisqu'on voit le meme joiu' les, venls marques au N.-E., S.-O., S. -E., i\., i\.-0. et S. Les hauteurs du fleuve sont donnees au lac de Gen«\e, a Seyssel, Sault, Lyon, \alence, Pouzin, Aries, Gre- noble, Die et la Saulce. Une note a la fin de chaque tableau indique les prin - cipaux phenomenes atmospberiquesaulresque la pluic et les venls, qui ont t^te observes dans les bassins de la Saone et du Bhone , tols que les jours de tonnerre, de grele . etc. Ces tableaux, fort interessanls d'ailleurs , nous j)a- raitraient encore plus complets si on pouvait y joindre des observations baromelriques el tberniometriques dans quelques uns des points principaux , tels que Vesoul , Lyon, Geneve el Marseille. Lorsque Ton en aura un plus grand nombro on poinra dtHluire quel- ques moyenncs. ( 135 ) BUIiIiETIN' de la Soci^te iiiduttrielle d'Aiiger» et du J^parte- nient de Illaine-et.Iioire. ( 17" anil6e , 1840. Quoique cette Societe s'occiipe sp»^ci;ileineul tl'a- griculture et d'industrie, nous remarquons cependant, dans Ic Bulletin de 18^6 , deux rapports relalifs a la geographie ; le premier est un rapport de M. Marche- gay sur la carte du canton de Thouarce , dressee par M. L. Rainibault. Thouarce est un bourg situe a envi- ron 5 lieues au sud d'Angers. Nous reinarquerons qu'on Irouve dansle nieme Bulletin une serie d'obser- vations nieteorologiques faites a Thouarce pendant I'annee 1846 par le rneme M. Rainibault. Le second est un rapport de M. Janin , sur la carte geonietrique de i\laine-ct-Loire par M. Priston. ANSTAIiES maritiines et coloniales de Xiisbonne. (Sixieriie !>6rip, 11" 2.) Cenuniero contientla description lopographique de la bale de Lobilo, par Antonio Lopes da Costa Al- meida : cette baie , situeo sur la cote occidentale d'A- Irique , par 12' 19' 10'' do latitude .sud et 11" 5' de longitude a I'O. de Paris, est a 23 milles a rE.-N.-E. deBenguela; clle est une dos |)lus sures de cette cote. Son entree n'a guere plus d'un demi-mille d'ouver- lure. On y trouve dans I'endrolt le plus profond de IS a 20 pieds d'cau. La baie elle-meme a 1 mille 1/2 de profondeur sur 1 mille de largeur. Un plan est joint a cette description. II a ete leve en 1842 par la corvette portugaise Oito de Jul ho , commandee par •Tacquim ioiA d'Andrada Pinto. Un second Memoire contenu dans ce num^ro est I'expose des maladies de la cote orientalc d'Afrique par le D' Jacques tie Salis dit Celerina, qui doune la to- pograpliie medicaid de la province de Mozaiubiquc. ANNALES maritimes et coloniales ( Janvier ISiT. ) Par M. BAJor. Ce numeio contient, en fait do docuinenls geogra- pliiques, des instructions nautiques sur la mer Uuuge, par les capitaines Mox'esJ)y et Elvon , traduites de I'anglais par M. Darondeau , ing^nieur-hydrographe. (iCS instructions, qiioique principaleinentdestineesaux niarins qui frequentent cette iner, contiennent cepen- dant un grand nombre de renseignements dont un geo- graphe peut tirc^r un grand parti. aXOUVBLIiES annates des voyages. U^c. tf^iS. ) Ce cahier contient, en outre de la Revue geograplii- que dedecembre, par iM. Vivien de Saint-Martin, unMe- moirodumemeauleursurles acquisitions que la geogra- phic doit aux derniers evdnements de I'Afglianistan.et une analyse faite par M. de Fremery de la relation des voyages faits par les Arabcs et les Persans dansl'inde et a la Cliine , dans le ix' siecle de I'ere chr^tienne, pu- blics elaccompagnes d'une traduction par iVl. Reinaud; quelques notes, sur la derni^re campagne du contre- aruiral C^cille dans les mers de Cliine , sur un voyage en Espagne par M. Cuvillier Fleury , et sur le relour en France de M. Gabet, jnissionnairc lazariste, qui a traverse le J ibet. BUIaXiETZN dp I'Acad^mie imperiale des sciences de Saint- Petersbourg. ( N'^ 1 13-1 IS. ) N" 113. Bitl/etin des sennro.s. — Le prt^sident an- Douoe que lo tninistie do la guerre a cliarge le lieule- { 137 j nanl-g^n^ial Tenner de communiqiiei' au directeur de I'observatoire central tons les niat^riaux relatifs a la continuation de la niesure des degr^s vers le sud , a I'effet de rediger ces inat^riaux d'apres un plan con- venu d'avance enli'e eux , et de les presenter ensuite a I'Acad^mie. M. le prince Tchernychev avail, en nieme temps, ordonne une reconnaissance prealable de la Bessarabie , devant servir de base a la levee Iri- gonomt^trique de celte province et a la confection du devis decette operation. (letle x'econnaissance a eu lieu en 1845, et , d'apres les donnees rocncillies sur les lieux, on a dresse le plan et le devis de la triangula- tion de la Bessarabie et du prolongement de Tare du in(iridien a mesurer jusqu'au Danube ; lesquels plans el devis ont obtenu la sanction supreme, avec ordrede commencer les operations des le printemps de 1846. IS"' 114 , 115 , 116. Menioires. — Observations geo- gnostiques sur les Steppes comprises entre les fleuves Samara , Volga, Ural et Manytsch , faites pendant un voyage execute en 1843, par A. Noeschel, discut^eset publi^es par M. G. V. Ilehnersen ( en allemand ). Sur la direction des vents sur les cotes septentrio- nales de I'aucien continent, par M. L. F. Raemtz , professeur a Dorpat (en allemand). Annonces hiblio graph! qaes. — Memoires pour la con- naissance de I'empiro russe. Tome VII. — ISouvelles de la Sib^rie et des Steppes des Rirgis , recueillies et publiees par M, K. v. Baer. Tome IX et XI. N"* 117 et lis. Memoires. — Esquisse geologique des pays transcaucasiens , par M. le professeur Abicb ( en allemand ) . ( iss ) MEMOXRE »ur let b&tiinent* k vapeurs et »ur tjuelques propoii- tionc pour rendre plus sure et plus Facile la navigation du Tibre par le canal du Fiumicino, par lecomniaiideur Alexandre Cialdi, co- lonel de la marine inilitaire pontificalc, etc., etc. Rome, IS4.'>, in-.s.) L'6nonc6 des chapitres dont se compose cet ouvrage I'era suflisaminent connaltre son but. Chap. I". Du remorquage des balimenls sur le Tlbi'L- au moyen des pyroscaplies. Art. 1". Des pyroscaphes. Art. 2. Des barques de transport qui scr- vent au commerce interieur. Chap. 11. Travaux a taire dans le lit du Tibre et de la pyrodrague ( drague a vapeur ). Art. 1". Etatdu Tibre. Art. 2. Sur la profondeur du Tibre et sur la drague a vapeur. Art. 3. Sur les moyeus qu'on pourrait employer pour r(!!unir toutes les eaux du Tibre. Art. h. Sur la partie du Tibre qui enlourc Rome. Chap. III. De la I'osse de Fiumicino. Art. 1". Nouvelle direction a donner a cetle fosse :moyens pourdefendre ses rives, proposes par le profes- seur Brighenti : discussion a ce sujet. Art. 2. N^cessite de degager la fosse Fiu- micino des matiferes qui I'cn- conibrcntaumoy en de machines. Art. 3. Batiinents a vapeur en station a Fiumicino pour remorquer les batimenls. ( 139 ) Art. /|. l)es brise-lauies tlotlants (1). Art. 5. Feu flottant. Cliap. IV. Double syst^nie d'ex6cution des tiavaux clu Tibre , et proposition d'etablir une taxe pour coinpenser la depense de ces ira- vaux. Art. 1'"^. Double svsteuie d'ex6cution des travaux du Tibre. Art. 2. Sur retablissement d'une taxe pour supporter les IVais de ces travaux. Art. 3. Sur la diir^rence que Ton devrait etablir par rapport a cette taxe pour encourager la navigation nationale. Cel ouvragc est termini par des planches , savoir : V\. I. Tableau grapliique de la liauteur des eaux du Tibre observee jour par jour a Ripetta pendant les anneesl843 el IShh. PI. n el III. Plan , coupes et details de la pyrodrague , ou drague a vapeur. PI. IV. Projet d'un port de refuge a etablir devant I'einbouchure du Tibre nonnne Fiu- micino. Plan lev^ en avrii 18Zi3. Nota. Cet ouvragc, aiiisi que le Bulleliii de rAcadeiiiie de Saint- Pelersliomj; , ne font pas partie des ouvragts olYeils a la Socie'tc , iii.iis il nous a paui iitde de faire connaitre cc qii'ils c:oiiiienneiit. P. Dadw^. (i) M. (Jialdi propose det,i!>lir dov.iiit I'cDiljoiicliuie du Tilji c tor- mee par la fosse de Fiumiciuo un ()oi( de refuge au uioyen rruiic suite de hiise-l, lines tlolliuits. ( uo ) DEIIXIEME SE<;noi^. Actes de la Societe. EXTRAIT I)ES PROCES-VEUB.UX DES St.ANCV^S. Pl\liSIDKACE Dl' M. .loMAUU. Seance (In 5 fei'vier \%!\1 . Le proc^s-verbal de la (IcrnR-re souncc osl hi ct adopts. M. le President annonce a la Sociel6 la perte sensi- ble qu'elle vient de falre dans la pcrsonne de M. Am6- d6e Jaubert, un de ses membres londateurs. La Com- mission centrale arrete que ses profonds regrets seront exprimes au proces-verbal. Le meme communique une Note sur les antiquites amc^ricaincs, d'apres un Memoire lu a la Society eth- nologique de New-York, presid^e par M. Albert Gal- latin. M. le D"^ Dickinson vient de visiter et de fouiller un trcs grand nombre d'anciens tertres dans le sud et I'ouest, particulierement dans le Mississipi etla Loui- siane : ces tertres varient de 12 pieds a 1^00 de dia- uietre. On y a trouv6 des squelettes humains de 6 pieds, des briques de 15 a 18 pouces de long; Tune des buttes est cslimal. Toinc,' I, p. 5. ( U9 ) conviendrait de suivre le systeme des Jesuites , base principalemcnt sur la propagation du christianisme, ou bien s'il fallait en adopter un autre. h° Si I'introduction des esclaves dans le Bresil etait une entrave a ces ameliorations desirables , etc. Les rapports annuels de notre savant confrere , sur les travaux de la couipagnie , a I'occasion de la stance publique de I'lnstitut, attestent les grands services qu'il rendail a la science, et montrent les progr^s rapides de cette belle institution. Dans celui de la s«^ance publique de 18Zi2 , il nianifesta le grand interet qu'offrait a la science la collection de nos Memoires , et celle du Bulletin de notre Soci^ti^ (1). C'est a ses efforts et a son z^le qu'on doit en grande partie la publication de plus de 60 Memoires, lettres , itindiraires et relations inedites sur la plupart des pro- vinces et fleuves du Bresil, depuis la d^couverte de ce pays jusqu'a nos jours, recueil pricieux qui forme un tri^sor de notions pour I'histoire et pour la geographic de ce vaste empire (2). Par ses soins , les archives de rinstilut s'enrichirent en peu de temps d'une belle col- lection de cartes geographiques de TAm^rique , parmi lesquelles la plus ancienne portc la date de 1730 (3). Son zele infatigable pour I'acquisition de tous les documents qui pouvaient interesser I'histoire et la geo- graphic de son pays lui fit d^sirer d'obtenir, du gouver- nement imperial, que les attaches aux missions br^si- liennes, dans les cours de I'Europe , fussent charges de copier tous les documents concernantle Bresil. (i) Voyez tome IV, p. i8 de la Revista Trimeiisal de I'lnstiliil du Diesil. (i) Viijiv, la lisle dc ces dorimienls a la Hii ilr celle notice, I <) Vi.yez Ilevisla Sii|H)!eni. Tome IV, ji. 9.3. ( 150 ) Pendant qu'il cherchail, par tuus los mojens en son pouvoir, a I'aire prosp^rer rinstitiition qu'il avait t'on- tUe, eta repandre la reputation de I'lnstitut dans les pays dtrangers , pendant, dis-je , qu'il s'occupait sans relachc de cetle noble lache , il laisait insurer lui- nieme, dans les volumes des Transactions de la compa- gnie , un grand nombre de biograpbies des Bresiliens illustres, et unefoule d'articles de critique etd'analyses d'ouvrages et de cartes geograpbiques relalifs au Bresil. iM, Barbosa ne cessait de prendre le plus grand inte- rest a notre Societe de geograpbic. Dans une lettre qu'il ui'iicrivit le 9 mai 1842 , il me cbargea de vous expri- mer son d^vouement, et pour vous en donner une preuve positive, il obtint du gouvernement imperial un exemplaire, pour votre bibliotbeque , de la belle collection de la Flora JIuininensis. L'empressement qu'il mettait a accueillir les savants europeens qu'on lui recommandait , et notamment les mcmbrcs de notre Societe , 6tait le plus cordial et le plus bienveillant, Vous connaissez tout ce qu'il a fait pour M. de Cas- telnau, et pour M. le vicomte d'Osery, que nous lui avions recomniandes. Je vous demanderai la permission de transcrire quelques pbrases d'une lettre qu'il m'ccrivit, dat6e du 18 aoul 18Z|3, ou il me raconta I'entrevue qu'il eut avec les deux savants voyageurs francais. <( J'ai accueilli ( disait-il) , ccs deux aimables voya- » gcurs avec les plus grands ugards. Je les ai lail )) nommcr membres de I'lnstitut, et je leur ai com- )) muniquo toulos les cartes geograpbiques que nous )) avons dans nos arcbives; j'ai egaleinent mis a Icui » disposition tout cc que la J)ibliotlicque publiquc ren- ( 151 ) » Iciiiie tie travaux geographiques , et qu'ils oiil ele » trds satisfailsde consulter. Ces messieurs ont asslst(^ a » Ja stance tlu 17 : on les a invites a I'aire partie de la de- » putalion de I'lnslitut, qui devail leliciter S. M. I'Ein- » pereur du Brosil a I'occasion de son manage ; et Ton » a decide qu'il soit fait mention, dans le pi'oces-verbal, » de la Commission scientifique dont ils sont charges.)) « L'Institut ( ajoutait-il ) a voulu ainsi prouver a la )> Soci^tt^ de geographic de Paris son dcvouement pour )» tout ce qui I'interesse. » Ces bienveillantes et honorables demonstrations p6- nt^tr^rent M. de Castelnau de la plus vive reconnais- sance, et les relations les plus cordiales s'^tablirent, entre notre confrere etM. da Cunha Barbosa qui m'e- crlvait, le 17 juillet IS li l\ , ravi de la correspondance que le naturaliste francais avait entamee avec lui du- I'ant son long et perilleux voyage. Ce savant (me disait-il ) , m'^crivit de Goyaz , le 18 mars, enchant^ de la maniere dont on I'a accuoilli dans la province de Minus Geraes, d'apr^s mcs recom- mandations. U m'a annonce qui lallait faire un voyage « de 600 lieues par le fleuve Toccnitins , et qu'il re- )) tournerait a Goyaz par V Jrnguya. » M. Barbosa s'empressa de faire mention decc voyage dans un rapport a I'lnstitut, partageant I'enthou- siasnie du voyageur frangais a la vue de cet admirable pays. II ne se borna pas seulemcnt a en rendre compte a la compagnie ; maisilconsacra en outre dans le Jour- nal du commerce de Rio-Janeiro, feuille tres r<^pan- due , un article sur le voyage des savants francais, dans le but de recommander M. Castelnau avant sou passage dans plusieurs villes, ou il a etc accucilli eu- suito avec la plus grande distinction. ( 152 ) Notre Society lui ayant recoaiuiandu j)lus laid , par mon intercQ^diaire , M. le D' Dumor^ay, charg6 par le gouvernement IVan^ais d'une autre mission scienti- fiqiie dans rAiniirique meridionale, M. Barbosa le re^ut avcc le nicinc empresscnient, et m'ecrivit, le !l mars 1845, qu'ayant In ma Ictlre a rinstitut, la compagnie avait ele charmee de trouver unc nou- velle occasion de montrer a noire Soci^te tout I'interot qu'elle lui portait. Tout fut mis a la dis])osition du voyageur fran^ais ; archives et bibliotlieques, rien ne fut epargne pour faciliter a M. Dumergay les moyens de r(iussir dans sa mission. Dans tout et toujours, notre estimable confrere don- nait des prcuves de la profonde connaissance qu'il avait de I'etat de son pays ; nous en trouvons un temoi- gnago dans le fait suivant : la Cliambre des deputes du Bresill'ayant nomm6 derniereraent membre do la Commission del'instruction publique, il se proposa de trailer, a cette occasion, une question tres importanle. cellc de la fondalion d'une ou de plusieurs univer- sit6s brdsiliennes. II avait deja donnd au gouverne- ment un projet a cet egard , dans Icquel il adoptail en partie I'organisation francaisc et proposait I'ela- biissement de plusieurs Academies dans divcrses pro- \inces de I'emplre , plan Gontrc Icquel il rencontrait une grandc oj)posltion de la part do ccux qui \(ui- laient, me disait-il, rcproduire au Bresil, dans mv scul edifice, I'universile de Coimbrc. Sa modeslic le porta a mc demander mon avis dans une longue leltro <[u"il m'ecrivit le 2 mars 18^5, malgre mon in- competence. Los preoccupations nalionak's ne I'axeuglercnl ja- mais, I't jc suis heunnix de pmnnii en I'ournir l;t ( 153 ) preuve. Mon savant ami et confrere a I'Acad^mie do Munich, M. le D' Marlins, ayant envoyt^ a I'lnstitut un Memoire int^ressant sur le meilleur systeme d'ecrire I'liistoire du Bresil, M. Barbosa m'^crivit a ce sujet ces paroles remarquables. « J'avoue que c'est un ouvrage digne des lumi^res » de son auteur ; mais il est si philosophique et si )) superieur a nos connaissances, si peu en rapport )) avec des temps encore si agitds par la politique , que » j'ai cru devoir ecrii'e a notre savant confrere , qu'il )) me semblait que lui seul pourrait bien reussir dans » une si difficile et si glorieuse entreprise. Ses voyages )) et ses belles observations, faites dans I'interieur » meme du Bresil, lui ofTriront des donnees et des » renseignemcnts du plus liaut int^ret, et lui ren- » dront plus facile une i»uvre qui lui fera tant d'bon- )) neur. Je vous assure que I'lnstitut fera tout ce qui » est en son pouvoir pour la publication d'une si inte- )) ressante histoire. » Malgre les grands encouragements que S. M. I'Empe- rcur et les priucipales notabilites br^siliennes pre- lerent a I'lnstitut, desle moment desa fondation, notre savant confrere eut a lutter avec des diflicultes de plus d'un genre pour faire prosperer son ceuvre. Dans une leltre du 29 mars l8/i3 , il se plaignait que la plupart des esprils se livraient de preference a la politique, et il ajoutait : « Je m'occupc a employer les forces qui me » restent au profit de la gloire litl6raire de mon pays. » Cette gloire s'agrandira lorsque lessemenccsjolees a » la terre , encore si peu cultiv^c, ne scronl pas per- » dues par les agitations et par les folies de ceux qui » ne foul consisttr la vraie lil)orlc que dans les boulc- " versemenls. » ( 15/i J Malgr^ ces expressions milancoliques, il no se do- couragcait pas. A la menie t^poque , il travaillalt a ob- tenir des Cliambres une augiuentalion de dotation poui rinslilut. II se proposait , lorsque Tasseinbl^e au- rait ameliore la situation financidre de cet ^lablisse- ment scionlifique , do publier une collection du plus haut interfit, savoir : une serie de loutiers ot d'ilinii- raires marilimes et tcircslres du Bresil , tous in(^dits , dont I'lnstitut possedail dtija un grand nonibre, ainsi ([u'une vasle collection de divers dictionnaires des langues indiennes des dillerentes nations qui habitenl ce vaste empire , avec les catechismes , composes dans les mfimes langues, les vocabulaires, les dialogues et autres docimients historiques que son zele 6clair6 avait ])u recueillir , et qui olTraient le plus grand inleret pour I'histoiie et la philologie compar^e, et surtout pour I'ethnologie. Toujours infaligable , le temps ne lui manquail jamais pour se livrcr avcc la plus grande ardeur a tout ee qui concernait la gloire de sa patrie et le progres de la science. Les Bresiliens qui venaient cu Europe pour (itudier les m^thodes perfectionn^es des arts et des sciences , connaissant les nobles qualites de notre confrere , s'empressaient de se nieltre en rapport avec lour savant compatriote qui lionorait a un si liaut degre leur pays, et il nc raanquait jamais de les recomman- der a ses nombrcux amis do la maniero la plus fran- che et la plus cordiale. Cet homme sibon, si utile a son pays el a la scienci", qui avait joue un role distingue dans retablissemonl de I'indepcndance de rompirc , a aussi eto viclime des ignobles jalousies ct iles cabales des temps Tunes- I ( 155 ) les de transition et de bouleversements politiques. 11 a siibi aussi le supplice de la deportation sur la terre 6trang^re , ou il lutta avec la mis^re. De retour dans sa patrie , aprds que son innocence eut 6t6 recon- nue, il rencontra au milieu de I'Ocean celui qui avait signe I'arrel de sa deportation , 6gaiemcnt deport^ a son tour. A I'exemple des hommes superieurs et comme un vrai palriote, noire confrere ne connut d'autre ven- geance que celle de doter son pays des plus beaux mo- numents litteraires ; car il ne se borna point seule- ment a la fondation de I'lnstituf , mais il ne cessu aussi de preter le plus grand appui a la Society pour la propagation de I'lndustrie (Sociedade promotora). Les volumes des Transactions de celte derniere Societe, intitules O Auxiliador, sont un temoignage irrecusable de son zele ardent et eclair^. Le gouvernement imperial le nomma bibliothecaire de la belle bibliotheque publiquede Rio-Janeiro. Deux fois les suffrages de ses concitoyens I'envoyerent a la Cliambre des deputes. Dix-liuit Academies et Societ^s savantes s'empresserent d'associer a leurs travaux cet esprit distingue, qui avait joue un si grand role dans I'elablissoment de I'lnstitut : recompense bien m^rit^e et digne de celui auquel le plus vaste empire du IN ouveau -Monde doit ses raports litteraires el scienlifi- ques avec les plus illustres academics de I'Ancien et les hommes dont le savoir fait I'oi'gueil de notre siecle. Plusieurs souverains lui envoyercnt les decorations de leurs ordres pour lionorer son noble dovouenicnt a la science et ses constants efforts pour la propager ; oar aujourd'hui les princes ont compris que les plus grands bienfaiteurs de I'humanite sonl ccux qui ( 156 ) consacrent lour existence et les forces do leur inlelli- gence a amoliorer la condition intellectuelle des peu- plcs. Honneur done aux souverains qui ont reconnu cetle v6rit6 ^lernelle que , sans la science et sans les savants, il n'y a pas d'ani^lioration possible dans 1*6- tat social, et que le pays oil los sciences el coux qui les cultivent ne jouent pas un grand role est loin d'etre un pays veritablement civilise. Domine par la force brutale, et parvenu a I'dtat de la plus grande decadence par la corruption des moeurs, ce pays devra subir toules les consequences de son avilisseraent. Notre respectable confrere a succomb6 le 26 fe- vrier de I'annee derniere , 18i6 , apres quelques jours d'unefiiivreinterniittente, jouissantpresque jusqu'a ses derniers moments de toutes ses forces physiques et mo- rales. M. d'Araujo Portalegre a prononce sur sa tombe uo discours toucliant au nom de I'lnstitut. La Societe pour la propagation de I'induslrie a d6cid«i , dans sa seance du 3 seplembre de I'annee derniere, qu'un buste en marbrc de rillustre liarbosa serait placci dans la salle des seances, et que son inauguration aurait lieu dans une assemblee extraordinaire de la Compa- gnie, afindc rendreplus eclatant, dans cette solennit6, ce t6moignagc de regrets unanimes. Aux grandes quali- tes que je viens d'6nuniercr, et qui disllnguaienlnotre confrere , j'ajouterai quelques mots pour terminer cette esquisse biographique : Barbosa avait beaucoup de cliarmes dans la physionomie ; ses gestes etaicnt nobles et aniines, sa voix Iiarmonicusc ; douo d'une grande \ivacite (["imagination , son erudition ctait vaslo el jirofondo , nolannncnt sur les nialicreb (pii con- ceraaienl I'liibtoiro do sou paxs. { 157 ) Tel etait riiomme que nous venons de perdre. I'ln- stitut du Bresil a vu perir en lui un de ses plus forts soutiens ; mais I'avenir de cette belle institution est assure par la protection que lui prcte le souverain qui a la noble passion des sciences, qui les cultive lui- meme avec une ardeur digne des plus gi-ands eloges; il est assure enfin par le concours des homines les plus instruits de cette magnifique contree. LiSTE (les principaux Memoires, Itineraires , Relations de voyages et autres documents qiion troiwe dans les six premiers volumes des Transactions de llnstitut histo- rique et geographique du BresU , intitule : Revista Triraensal. 1. Memoire sur I'^clipse de soleil obscrvee le 15 mars 1839, par M. Leite , professeur de mathematiques a lAcademic de Rio-Janeiro. 2. Journal du voyage au Rio-Negro , par Ribeiro de S. Payo en 167/i el 1775 (Ms. inedit). 3. Memoire sur la d^couverte du Rio-Janeiro ctde la fondation de la ville de Saint-Sebaslieii , compose par Nunes en 1779 (tire d'un Ms. inedit). h. Memoire sur I'importance de la navigation du Rio-Doce (Ms. inedit). 5. Relation du voyage fait surle grand flouve Para- na, parOliveira Bueno en 1810 (tire d'un Ms. inedit). 6. Memoire sur les inscriptions trouvccs dans une ancienne ville de I'interieur du Bresil abandonnec de- puis longtemps. 7. Description geographique du Bresil ( liroo dun ( 158 ) Ms. dc la bibliothcque iinp<^riale , et qui parail rc- monter a I'annee 1587). 8. Mimoire sur la colonie du Sacrcment ; Ms. de la biblioth^que de feu da Cunha Barbosa. Ce Memoire tres important pour I'liistoire des diff^rentes contro- verses sur celte colonic entre les cours de Portugal et d'Espagne. 9. Memoire sur un voyage fait i\ la province du Espirito-Snnto , par M. de Silva Pontes. 10. Rapport fait au gouvernement portugais en 1800 sur la province de 3Iato Grosso , par M. Pereira , officier du corps dc genie ( Ms. inedit ). 11. Memoire sur la maniere dont s'effeclue actuel- Icment la navigation du Para a Malo Grosso, et sur les avantages qui pourront resulter de cette navigation pour le commerce et pour I'Ltat. 12. Description du fleuve Parana , par M. Campos da Silva. 13. Voyage fait par M. da Silva en 1817 pour decou- vrir la nouvelle navigation entre la province de Goyaz ct dc Saint-Paul par le Rio dos Bois jusqu'au Rio- (nande (tire d'un Ms. int'-dit). 14. Le celebre ouvrage du jesuitc Joan Daniel sur I'Amazone ( tire d'un Ms. de la l)ibliotli6que d'Evora en Portugal ). 15. Lettre de Diego Nuncs a Jean 111 , roi de Portu- gal sur les ddcouvertes qu'il ed'ectua dans I'intcriour duBresil en 1533 ( tlrcc des archives du royaume a Lisbonne. 16. Lcttrc sur le Bresil, datde du 10 juin 1562 , au sujet de la province du Espirito-Santo. 17. Mtinioire sur I'liistoire dc Rio-Janoiro pendant le gouvernement de Srdvador Conva de So (lir^d'un Ms.) I ( 159 ) 18. Journal de la decouverte des contrees situees sur les Cordili^ies du Rio-Pardo , 1796 ( tli(^ d'un Ms.) 19. Memoire sur la decouverte dc la colonic de Guarapuavn en 1809 ( tire d'un Ms. ). 20. M«5nioire pour I'histoire de la province de Saint- Vincent. 21. Notice sur les mines de Cidaba et Malo G rosso , par M. Cabral en 1827 ( tire d'un Ms. ). 22. Memoire sur les sept populations du terriloire des missions de I'Amerique appartenant a la cou- ronne de Portugal , compost en 1806 par Gabriel Ri- beiro d 'Almeida. 23. Notices sur la province de Saint-Paul (1792), par M. d'Oliveira Barbosa. 2!\. Rapport adress6 au vice-roi Vasco Fernandes C^sar , par M. Pereira , officier du corps de genie sur le pays et les mines du Rio das Contas. Ce rapport est date du 15 f^vrier 1721 et tire d'un Ms. 25. Notices sur la province de Goyaz , novembre 1809. Ce document est tri^s precieux, et est accompagne de plusieurs pieces officielles. 26. Memoire sur Goyaz. 27. \^ go iTrois notices sur le memo sujet (1). 29. Memoires clironologiques sur la province (i) On y ri'marrjue une lisle de carles iiiedites, savoir : 1° niie carte topo{]ra|)liiqae des ports de la cole de Haliia, Olinda et Per- nanibuio, dressee en 177(1 par M. dos Santos Aiaiijo ; 2° carte to- po[)rapliiquc de Hio-Janeiro, dresse'e par Capassi, Jesiiile en ijSo ; 3" caile de I'ile de Ferdinand de Noronha , levce ])ar Nicolas Mar- liiilio en 174'i; 4' Description fje'of;ra|il)i(pie dn cours du Rio Tit'le dcpnis la villc de Saint-Paul jnsipi'a la conlluence avec le (leiive I'arauJl ; plus, 19 carles des flcuvcs Ticle , I'arana et V^jatcany. ( 160 ) lie Mnto Grossu depuis sa d6couvertc jusqu'a 1780. 30. Meraoire historique sur le grand domaine de Santa-Cruz, continue depuis I'cxpulsion des Jesuilcs (lire d'un Ms. de la biblioth6que du Rio-Janeiro ). 31. Lettre tr6s curieuse ecrite de Rio-Janeiro en 1557, sur r^tal du Br(^sil ( tiree des registres dos lettres Mss. des jesuites qu'on trouve a la biblioth^que publique de cette villa ). 32. Autre lettre datee de 1677 sur le meme sujct. 33. Autres lettres ecrites en 102A , 1625, sur les af- faires du Bresil. Ces lettres, des Jesuites, sont toules hisloriqucs. 'ih. Lettre du jesuite da Nobrega, ecrite de Saint-Vin- cent au Bresil sur les affaii'es de cette province , datee du 1" juin 1500. 35. Lettre du m^decin du roi Emmanoel, datee de f^era-Cfuz le 1" mars , et adressee a ce grand monar- que sur la d6couverte que Pierre Alvar^s Cabral ve- nait de fairc du Bresil. Cette lettre, tr^s curieuse, nous apprend qu'll avait deja (!!crit au roi , ainsi qu'Ayres Correa, en lui annon<^ant que le 27 aout, ils avaient debarque avec les pilotes du vaisseau amiral et avec celui de Sancho de Tovar, et qu'ayant pris la hauteur du soleil, ils jug^rent se trouver vers le 17* de- gr6 austral. II ajoutc qu'il verificra mieux si ce point etait exact en le rapprochant de la carte. Selon les pilotes , ils etaicnt de 150° plus au sud. II reconimande au Roi , au sujet de la position geographique de cette contree , de faire examiner la mappemonde qui 6tait au pou- voir de Pedro Vas Bissagudo , et que dans cette map- pemonde , le Roi pourrait reconnaitre la vraie posi- tion de cottc lerre ; mais quo la memo moppemondo ( 161 ) ne constatait pas que la meme terre fiit habilee ; que cette mappemonde n'etait pas ancienne , et qu'il ( le roi ) y verrait signal^e la Mine ( chateau de la Mine en Afrique). Ces cosmographes avaient pense que la lei're de Fera-Cruz qu'ils d^couvrirent se composait de quatre iles en tout. Ces particularit^s nous font croire que ces naviga- teurs avaient deja a cette epoque une carte a pou pr^s semblable a la mappemonde de Juan de la Cosa , carte dressee apres les decouvertes de Colomb (1). 36. Annales de la province de Rio-Janeiro ( tiroes d'un Ms. de la bibliotheque publique de la memo ville. 37. Lettre du jesuite da Nobrega , dat^e de Bahia en 1549. Ce document contient des particularites cu- rieuses pour I'histoire de cette partle du Bresil a cette epoque. II n'y avait alors a Bahia que ZiO ou 50 habi- tants europeens. On commengait alors a batir la ville , et on se faisait servir par des esclaves negres. On y voyait deja un Portugais qui y residait depuisplusieurs annees, qui savait le guarani. Les J«^suites y ensei- gnaient a lire aux Indiens. Pernambuco etait deja au contraire tres peupl^e a la mfime Epoque. 38. line autre lettre du meme missionnaire de la mOme date. 39. L'ne autre lettre du memo missionnaire , datt^e (i) Voypz cette carte donnee en facsimile par M. de la Sagra rn 18^7 , d'apres l'ori{',irial que possede M. le baron Waickenaer, ei donru'e aiissi par M. de Ilmnbuldl a la suite du tume V do son Isxanien rritique de I'lvistoire de la {jeographie du Nouveau-Conii- iieiit. vii. MAns. 2. ^ IJ { 162 ) dc Bahia de la m(ime aniKie tit's intt^rcssante par la description des niceurs dcs habitants el la prodigieuse vegetation de ce pays. AO. Lettre de Pierre de Goes au roi de Portugal , dat6e de la villa da Rainha, le 27 avril 1559 (tiree des archives royales de Lisbonne ). Ce document est tres important pour I'histoire de la colonisation et pour celledu commerce clandestin que lesFranQais faisaient deja avec ce pays. L'auteur avail parcouru plusieurs ports de la cote du Bresil. Z|l. Itinurairc d'lm voyage a la Serrn dos Monies ylltos en 1758. 42. Letlre du jesuite da Nobrega, datee de 1551 , oil il traite de I'extcnsion des cotes du Brcisil. II y raconte en detail les mceurs et les usages des pcuplades indiennes. 43. Une autre lettre du meme missionnaire sur le meme objet. hh. Une autre lettre du meme missionnaire, dat6«^ du 2 aoiit 1557 sur le memo sujet. 45. Description geographiqiie de la province de Alalo Grosso , par Almeida Serra ( tire d'un Ms. in6- dit). 46. Leltre ecritc du Bresil par Diego Lcite le 30 aout 1528 , oil il est question du gouverneur Chris- tophe Jacques. 47. M^moire accompagne de documents relatils au Saknra. 48. Momoire sur la ville de Pilanguy (1). 49. Ln autre Momoire sur M lalitnilc ono^t. ( 163 ) moeurs , les usages , el sur la languo ties Appiachs. 50. Dcsci'iption hydrographique tie la cote tie Per- narabuco jusqu'aux has fonds dc Saint-Rocli , et jiis- qu'au Ceara. 51. Description des forets de la province de la Pn- rnhiba du nord. 52. Description dc I'exploration faite sur Ic fleuve ties Amazoncs, par le lieutenant Nogueira , comman- dant du bateau a vapeur imperial Gaiapassh en 18/i3. NB, Gelte description est accompagnee d'observatioiis interes- santes. 53. Mt^moire rempli de details sur I'etat du Br6sil en 1584 envoys au gouvernement portugais. Ce document est du plus haut interet pour I'his- toire de ce vaste continent, quatre-vingt-quatre ans apres sa ddcouverte. 54. Une longue leltre ecrite du Brdisil en 1551 sur la province du Espirilo Santo. 55. Memoire sur la navigation tlu Rio Snii-Frnn- cisco , par le colonel Moreno en 1843. 56. Memoire geologique sur la province do Sainte- Catherine (1). Obseivatiun. Ne poss^dant pas la collection complete des cahiers du journal de I'lnstitut , je me suis borne a indiqucr simplement les documents qui m'ont paru devoir in- spirer plus tl'interet a ceux qui se consacrent a la geographic et a I'hisioire du nouveau continent. Le nombre dc documents publies dans ce pr^cieux recueil est done beaucoup plus considerable. Le vicomte de Santareu. Paris, le ig feviier 1847- (l) G;! iMtiliu pour ic'clanirr sa ilirectioii et ses conseils dans la nouvelle cxploialion t|u'il va entreprnndre , nous reproduisons i«i lextuellement les instiuclions redij'f'cs par \1. Joniai'd, rapporti'iir de !a Commis-ion cliarivV ilf ippondrr nnx d(>siis du vnynfjfui. ( 1^5 ) scriplioiis en caracttires appeles aujourd'hui iihjquos ou Jibyens. » Deja la coiiimissioii scienliiique d'Algeriu a re- cueilJi iin nombro considerable d'inscriptions ro- maines, lalines pour la phipait, sur tous les points occup^s ou visiles par I'arm^e francaise , jusqu'a une certaine distance des limites naturelles de I'Alg^rie. II est peu probable que le voyagour, qui ne lera que traverser cette premiere portion du pays, en passant dans le Sahara ou en en revenant, puisse faire autre chose que glaner quelques inscriptions echappees aux meui- bres de la commission scientilique , ou aux ofliciers de I'armee qui sont zelds pour ce genre de recher- ches. Mais on ne saurait Irop lui recommander de re- cueillir et de copier soigneusement, ou bien de relever a I'aide d'empreintes, les inscriptions qu'il rencon- tiera sur des points plus recules, et sur les limites de I'Alg^rie. L'onsait, en effet , que des voies romaines se dirigeaient vers le sud de la Maurilanie C<5sarienne, jusqu'aux approches du desert, la ou s'est fait de tout temps I'echange des produils de I'interieur avec les grains de la fertile province d'Afrique. Les anciens itin^raires sont trop succincts pour qu'on suppose que les lieux situt^s sur ces voies antiques y sont tous de- nomm^s; d'ailleurs, on est loin d'avoirvisite et reconnu tous les points marques dans les itineraires, II est done possible de trouver et il est probable qu'on trouvera dans I'Algerie mtiridionale et aux confins du pays, sur les voles romaines, la ou nul voyageur europeen n'a p^netre, des pierres chargees d'inscriptions, soil a r«itat de fragments dans les monuments ruin^s, soil servant de bornes milliaires , soit meme de simples pierres tumulaires qui ne nianquent pas toujours d'in- ( l<5<^ ) tcr(it. Sans entrer dans beaucouj) tie details, nous ci- terons sculoment la j)aiiie sud de ranciennc route , qui, partant de Clrta , se rendait dc Tlicbcstc ou The- vcsle a Thaljudis. Or, ce lieu est presume pouvoir cor- rospondre a Tougourt, bien que ce dernier point soil plus au sud que le lieu de Thabudis que la geographie de Ptolemee place assez bien par rapport a Lambcesa; au reste, I'inccrtitude qui r^gne encore sur la verita- ble position de Tbabudis , qui parait avoir cu unc grando importance, est une raison de plus pour que le vojagcur visite I'oasis de Tougourt, sorte d'entre- pot ou se fait encore aujourd'bui un tres grand com- merce avec la cote d'Afriquo. Or, deux ou trois voies romaincs aboutissaientjadis a Tbabudis; il y avail cinq stations de Tbebesle a ce lieu , et neuf depuis Lam- bcesa; elles n'ont pas et6 visitt^es , il est tres vraisem- blable qu'on y trouvera des inscriptions. » II est meme possible qu'il subsiste encore , dans ces endroits ecartcset presque deserts, des vestiges de batimcnts ou de constructions antiques , tels que des ponts pour la travcrsee des torrents qui s'C'COulent dans le bassin appcle lac Melgbigh ( le Libya paliis de I'an liquite), ou bien quelquos puils ou clternos d'aii- ciennes enceintes, ou dos restes de colonnes antiques. M. Daumas cite en effet, sur I'Oued-Djeddi, un ancien pont romain au lieu dit El-Kanlara ; les ruines qui sont aEntila, et quatorzc autres ruines romaines sur un espacc Ires circonscrit, n'ont pas 6t6 visit^es (1). » Dans le cas ou le voyageur s'arreterait a Tougourt , (u'l Ton assure qu'il existe des ouvrages remains de (pulque importance (2) , il devra dessinor et me- (i) Voy. Ii; Siilttiiii alijeiioi ^ |>. i/j4, i j8. (a) IViipirs le in|>|ioii (nil ,tu lirnl('iiaiil-i'(il«)iirl IKniiiia^', mi \ lii)UV( (If licllcs jiicirci ill' (iiillrilr Inline ciiiirfi. ( Jfi7 ) surer ces restes avoc un soin particulier, et surtout relever ct copier toutes les inscriptions, ce qui serail le nieilleur moyen de dissiper rincertitud<^ sur I'em- placement de Thabudis. Si au contraire il ne trouvail a Tougourt que peu de vestiges d'anliqultes , il s'infor- niera exaclement si Ton a connaissance de quelque %ille ancienne , situee dans un rayon de dix a douze lieues, et, daus ce cas, il s'y fera conduire, s'ii est pos- sible , afin de la reconnaitre et d'en etudier les ruines, » Outre cette position de Thabudis, la meme pro- bablement que celle de Thubudis de Ptolomee , on trouve dans la geographic de ce dernier un certain nombre de villes et de localites dont la situation n'est rien moins que detenninee, surtout en ce qui regax'de le sud de la Mauritanie Cesarienne et de la province d'Afrique ; exemple : Silici Colonia, qu'il ne faut pas confondre avec Sitifi ( ou Setif) , Azama au nord de Buzara mons , Buthuris sur le Bagradas , Gelanus , Durga, lieu au sud de Zuchambari (1) mons. On pour- rait citer encore d'autreslieux habites jadis, dans la re- gion voisine du desert de Libye, qu'il serait int6ressant de retrouver, et il en est de meme des montagnes d'oi'i descendent , selon le geographe d'Alexandrie , les ri- vieres principales aboutissant a la M^dilerranee : tels lemons Lsargala, tr^s recule dans le sud, d'oii sort le Bagradas fluvius , le Durdus mons d'ou sort le Chy- lemath fluvius, le Madethubadus mons d'oii sort le Savus , le Garas mons d'ou I'Audus et le Gulus , le Thambes mons d'ou le Rubricalus fluvius , le Buzara mons d'ou I'Ampsaga ; plus loin a Test, I'Acabe mons cliez les Maca;i~Syrtita?, source dun alllucnt du Cyni- phus , (|ui lui-meme dosceiul du Girglris mons. On n a f I ) On (M|II('.,UI|Im1I. ( 168 ) ) encore qu'une idee iinparfaile des inoulagnes aux- quelles s'appllquent les nonis de Garaplii monies , Cinnaba inons, Pln-uraesus mons.et encore les nionta- | gnes dt^signies sous les noiiis de Valua (I), Mainpsa- rus, I'saletus, Zuchambari ; a la v6rite, ces montagnes sent trop reculees au sad dans la carte de Ptolemee ; mais les denominations actuelles , recueillies sur les lieux , soigneusenient et exactemcnt transcrites en arabc , pourraient pent etrc eclairer sur ce sujet de geographic coinpart^c. Enfln , Ptol(imee denomme de nombreuses pcuplades, en partie repr^sentant les an- ciens Getules aii-dela de I'Atlas . et qu'on voudrait pouvoir identifier avec les Iribus existantes a I'aide des noms aujourd'hui connus. )) Comme la determination exacte des positions geo- graphiques est la base la plus certaine de la compa- raison des licux anclens et modernes, il est a desirer que le vojageur soil muni d'instruments propres a opcrer cette determination. Ancien ofllcier de la ma- rine royale , il doit posseder I'usage de la montre ma- rine, du cercle entier portatif et du sextant, sans par- ler de la boussole de voyage. II est tres difficile , il est vrai , de transporter des instruments dans I'inlerieur du pays et jusquc dans le desert; aussi doil-il, en tous cas , prdferer le sextant de poche et se munir de I'instrument appelc odom6tre (2). A I'aidc de ces di- vers moyens , le voyageur sera en etat de rediger une bonne reconnaissance des pays (ju'il aura explores , si- non de dresser une carte exacte. » Avant de passer a la seconde partie de ces instruc- (l) Oux).ova. (a) Des voy;n;c'Ui s ainjl.»i> out tail Us:i;;t' du ret iiisli unii-iil .ivt-c ln-.uicoiip (I'a vantages. ( 169 ) tions, nous devons resumer les observations qu'aura a faire le voyageur (si rien ne s'y oppose) dans la par- lie sud de I'Algerie et la regence de Tunis , quel que soil son point de depart. La position antique de Lam- bcesa au nord du mons Audus est bien determin^e a Tezzout ( ou Tehouda ), grande ville ruinee , non loin du lieu dit El-a'skar, au pied des monts Aures. La denomination actuelle d'El-a'skar (les soldats) convient d'autant mieux que Lambuesa etait la residence d'unt! Idgion romaine , d'apr^s Ptol6m(''e , et que ce lieu est un bon poste militaire; d'ailleurs, les distances que donnent les deux ilin^raires y conviennent bien. On pent done faire avec surete la recherche des neuf stations allant de ce point jusqu'a Thabudis (1) , et necessairement vers le sud; la distance totale est mar- quee de lZi6 milles d'apres la table theodosienne. C'est au midi de Biskara qu'il faudrait reconnaitre la voie romaine , et la suivre jusqu'au bout, s'ii est pos- sible, en copiant a mesure les inscriptions et dessinant les antiquites qu'on y rencontrera. Comme il est probable que les constructions antiques sont en grande partie ruinees, et que les successeurs des Remains ont bati sur les anciens fondements , il faudra exami- ner avec attention les constructions arabos a la partie inf^rieure. » La voie romaine entre Tlieveste (Tebcssa) el Tha- budis passe par cinq ou six stations ; la distance totale exprim^e sur la table est de 1(56 milles; il dolt etre possible d'en reconnaitre plusieurs , le point de depart Tebessa ( ou Tibsa) etant certainement le meme que Theveste, (i) Voy. l"<(|)|nn(lKi' A >i la liii fie ors iii^lnu liuiij. ( 170 ) 1) Lo vaste bassin en laguno qui portc Ic nom do MelgUigh demande a fttre reconnu dans son entier, ainsi que les points culminants qui y formenl poui- ainsi dire autant d'iles pendant le temps des grandes pluies; il doit y avoir sur ses bords, a El-Kriz , a Nel't et ailleurs des inscriptions , des m(^ se servent, les inoiinaics d«ni ils loiil iisajjc ( 176 ) nient si les journ6es de marche comptt^es par les hom- mes du desert se rapportent a dcscaravanes legeres on pesamment charg6es ( car la mesure peut varier du simple au double et meme au triple), et distinguer les epoques de I'annce oil les voyages sont accoinplis. Le voyageur Irouvera dans les Reclierches sur VJfriqiie sep- tentrionale de M. Walckenaer, et aussi dans I'oiivrage de iM. Carelte sur les routes suwies par les Arabes et ailleurs, d'excellcnts conseils sur I'appreciation des marches dcscaravanes. Sans doute il n'y a pas lieu de confondre les journees du mehari ou dromadaire ( ce chameau rapidc qui peut faire de deux a trois lieues a I'heure sans s'arreter.entre le lever du soleil et son cou- cher ) (1), avec le chameau des caravanes ordinaires ; mais ces derni^res journies offrent de tr^s grandes differences a I'egard desquellcs il faut se tcnir en garde. » On est assez hien au courant de ce qui rcgarde les routes suivies dans le Sahara algerien , depuis la pu- blication de M. Renou , ct depuis celle du lieutenant- colonel Daumas, ouvrage tout entier compose d'iti- n6raires, rodigcs d'apres les rapports de plusieurs centaincs de natifs et controles les uns par les autres; ceslignesconduiscnt l°d'AlgeraOuaregla, a Tougourt, a Ensalah ; 2" de Tougourt a Ghardeia (Beni-Mozab) et a Ouaregla; 3° de Biskra a El-Aghouat. )) M. Prax aura sans doute a suivre lui-meme plu- sieurs de ces routes oil toutes les stations sont mar- quees; toutefois il fera bien , s'il parvient a Agably, de recueillir encore d'aulres itineraires diric;es sur Gha- 'o'- (i) Le mehari est de l.i nierne race quo r<';;uin des deseits d'fi- jjypte ; voyez la relnlion dii j;i-iirrnl Mnrc^y-iMrinfje sm- son expedition a Tifjjuin, elc... ( 1" ) cUunes, sur Ashen. Agades , Rciclma et Rano (c'est- a-(lire Ic Bornou), et a I'oucst sur Tenboktou , sur El-Araouat , sur Oualet et Tlchit , sur Teghaza ot Taoudeni. » II y a surtout une direction tr^s imporlante pour le commerce , sur laquelle il est a desircr que le voya- geur prenne des informations precises , si son excur- sion le porte du cote d'El-Glia't , oasis dont nous avons d6ja parle. II s'agit de la nouvelle route que parait af- fecter depuis quelque temps le commerce entre la Mediterranee et la haute Etliiopie. Jadis le Darfour echangeait ses produits avec ceux de I'Europe par la voie de I'Egypte, et procurait ces derniers au royaunii> voisin deOuaday(ou Bergou); aujourd'hui,c'est leOua- day meme qui communique avec I'Europe par Ben- ghazi, I'ancienne Berenice (de la Pentapole), et qui rccoit les marchandises du Darfour. Ainsi le Cairo rt Alexandrie ne resolvent plus direclement les produils de ces deux riches contrees africaines. C'est dans I'fitat (le Tripoli qu'ils arrivent maintenant. Dne route de cinquante-deux journees a d'abord conduit les ca- ravanes de Ouarah , la capitale du Ouadiiy , jusqu'a Tegherri , lieu voisin du Fezzan , et de la a Tripoli par Sokna ; mais, plus recemment encore , les caravanes ont pris une marche plus directe et plus courte , allant droit au nord , du Ouaday au Tibboo , de la a Audjelah et a Benghazi. Ce changenaent s'est opere de- puis Toccupation du Kordofan et de la haute Nubie par les troupes egyptiennes. Des renseignements pre- cis sur I'itineraire actuel des caravanes entre Benghazi et le Ouaday ne seraient pas moins desirables sous le rapport de la geographic comparcc que noin- les rela- tions comnicrciales ; car toute cclto partie de I'Afri- VM. MAns. 3. 12 ( 178 ) que, hion quo inediocrement iiloignoc du lilloral , esl cnliercmenl inconnuc. II s'agit dc la contree decrile par Herodole, scjour dcs Nasamons, ct dc tout le pays compris entre Ic parallele dcs Cheloiddcc palndes vers le midl ct I'oasis d'Auimon, avec la Cyrenaiquc au nord ; ce pays dcvrait ni6me lairc I'objet d'une explo- ration speciale, d'autant plus quo la Cyrenaiquc elle- mome , quoiquc ayant etc Ic sujet dc plusieurs inte- rcssantcs publications, reserve encore d'iniportantcs decouvertes aux futurs voyageurs (1). » Cette direction n'etant pas celle que doit suivrc M. Prax , nous nous bornons ici a signaler les rensci- gnements a prendre, soit a Tripoli, soil a El-Glia't , sur I'itin^rairc actucl du Ouaday, ct nous revenons aux ilindraires du Sahara tunisien et algerien qu'il se propose d'explorer. Si M. Prax trouvait le moyen de sc transporter d'abord a Ghadames , par la voie de Tripoli ou par colle de Tunis , il y Irouverait une com- munication direcle , quoique assez difiicilc, avec Oua- KCgla, ville qui se pretend laphis ancienne du desert (2) ; d'oii il pourrait cnsuite se rendre a I'oasis de Touat par Goleah, selon I'itin^raire indique jiar M. Daumas, et d'abord visiter I'interessante tribu des Beni-Mezab et etudier leurs moeurs et leur langage, comme nous I'a- vons recommande. II existe d'ailleurs quelque incerti- tude sur la veritable situation de Ghardeia , lieu prin- cipal des Beni-iMezab , que les uns placent au nord de Ouarogla et les aulrcs a I'ouest ; il importe de fixer parlaitement cette position, » Une position plus importante encore est celle de I'oasis de Touat ; on ne connait pas rigoureusemcnt celle d'Agably , le chef-lieu, mais il est pcu eloigno (i) Voir rappentlice B. (a) Voir le S.ilinr.i .iljji'i ion , jinr \r colDncl l);iiiin.is . pofje 7.1. % ( 179 1 d'Ensalali, quo le major Lalag a detormine astrono- miquement lors de son voyage a Tenboktou ; il s'v est arrete et en a observe la latitude et la longitude. Cast le seal Europeen connu qui ait visits Toasis , et Ton a lieu d'etre surpris que I'auteur d'une des cartes recentes du Sahara , ignorant apparemment cette de- termination , ait port6 Ensalah a trois degres dix-sept minutes Irop a I'ouest , d'autant plus que la longitude de ce point a ete publiee il y a tres peu de temps et mise a profit dans le voyage dc Ren6 Caillie (1). )) En resume, nous avons indique les divers sujets qui doivent fixer I'attention du voyageur , savoir : les inscriptions, les antiquites , la geographic compar^e , les dialectes et les itineraires. II ne nous appartient pas de fixer d'une raaniere absolue leslignes ou I'ordre de la marche que doit suivre M. Prax ; le choix doit dependre des circonstances plus ou moins favorables qui se pr^senteront a lui , soit a Tunis, soil a Tripoli, soit en tout autre point de depart. G'est surtout I'epo- que des caravanes qui doit le decider. » D'un autre cote, il a d^ja rexp6rience des voyages et il connait I'Afrique ; il trouvera d'ailleurs a Tunis et en Algerie des officiers francais tres au courant des recentes decouvertes , familier avec la languc du pays et munis des connaissances locales qui peuvent prepa- rer le succes de son exploration. » Appendices A, B. ( C4ommuniques par M. llase. ) A. Alger. — (( 11 est difficile d'indiquer a M. Prax les localites qu'il convient d'explorer dans I'Afrique (l) Voyez Remarqties et Rcchercltcs geographiqxic^ sui le Voyoqe dc Caillie dans I'Afrique centrale (Journal d'uii voyajje a Tenboktou, etc. , I. Ill, l>. tii ]. Laiilour dc la Carte d'une jxtrttc de I'Afrique %,?/>■ Ifiitnuinde , M. Ili-mui , ii'.i jia') < iiiiiiiii-. ii- •;! ivc ili'-|i!.Uiiiieiil. J 80 ) frangaise , ou ios roulos ijn il pmirra siiivro a liavor.s Jes trlbiis inliospltaliLTOs ot on parlie insouniisos qui hahilent le Sahara algerien ct Ic grand dosert. Nos renseigncmenls nc scront jamais aussi siirs , aussi pr6cis que ceux que lu'i fourniront M. le lieiitenanl- colonel Daunias , directeur central des affaires arabes a Alger, et MM. les officiers d'etal-major charges dos lev6s topographiques. lis savent , mieux que nous a Paris, oil Ton trouve des ruines int<5ressantos, des in- scriptions , des restes de sculpture antique , et quelle contree est accessible pour le moment ; ainsi , pour ne citer qu'un exemple , ils pourront dire a M. Prax si , arrive a Biskra ( Aqutc Herculis ?? ), il lui sera possi- ble de descendre le long de I'Oued-Djeddi ( le fleuve Triton d'llerodotc, IV, 178 ?) jusqu'a son embouchure dans le Sebkah el-Melghigh (Libya palus) , pres d'El- Fidh; nous croyons que I'extremite ouest de ce lac n'a jamais ete explorie en d(^tail ; dans le cas oii Ton poui'rait tenter une pareille excursion, il laudrait sur- tout s'inlormer si dans le bassin de 1 Oued-Djeddi on ne rencontre pas des inscriptions romaines. Sir Gran- ville Temple ( Excursions in the Mediterranean , vol. II , pag. 322 , no' 80 et 81 ) en a recueilli pr- scriptions lulincs et grocqucs. Parmi celles ci,trcs nom ( 182 ) l)reuscs dans la Pentapole,plusieurs offrent un int(!!ret v6el , liltt^raire ou historiquc. Presqiic toutes auraient l)esoin d'6lre examinees et transcrites dc nouveau. Nous signalons surtoul a I'altenlion de M. Prax les peintures trouvees dans rintorieur d'une grotte de la necropole dc Gyrene (Pacho , p. 203 et 375 , plan- ches XLIX el L) ; ce monument, que nous croyons unique dans son genre , parait offrir des representa- tions thdalrales avec de longues explications en grec ecrites au-dessus et au-dessous despersonnages, mais qui, dans la copie que M. Pacho en a donnee , sont indechiflrables. A Tolometa (Ptolemais) , M. Prax ren- drait d'galement service a la science s'il pouvait nous faire connattre, d'une raanic're moins fautive que ne I'a fait le voyagour que nous vonons de nommer, le long rcscrit de I'empereur Anastase ( entre les annees /i9l et 518 de noire ere), qui semble etre un docu- ment historique des pluscurieux, et qui existe encore grave sur la facade d'une caserne romaine, a quelque distance des bords de la mer (Pacho, p. 178 et 397, pi. LXXIII). )) NOTICK SUR LHS PRINCIPAUX OUVRAGLIS OU ME- iMOIRESOFFERTS A LA SOCIETE DK GEOGRAPHIE. ( $ea>°cr:s nEs 5 kt ip maps i847- ) ANNAIiES dc la Propagation de la foi. (Mars , n" HI.) Nous retrouvons, a chaque num^ro de cette publica- tion , I'inleret g^ographique que nous avons eu deja ( i8r> ) ()«ciision dc signaler. Les missions tie Guiinie nous lour- nissent , clans le cahier de mars, plusieurs renselgne- mcnts siir les etablisscments europeens de la cote occi- dentale d'Afrique. Quelqiies avant-postes des graudes nations coni- niercantcs dc I'Europe se trouvent echelonnes sur Ic littoral do cette vasle I'egion , qui s'etend de la Sene- gambie au Congo, ct des Lords de I'Atlanlique au Soudan. Les Anglais occupent la Sierra-Leone ; au cap Palmas et a Liberia sont venues s'installer des colonies americaines; Assinie , Grand-Bassan et le Gabbon out re^u des comptoirs francais. Ces possessions sont en- clavees dans le territoire d'une multitude de pctits Ltats converts de tribus indigenes, miserables popula- tions vou6es a une commune ignorance , et doiit les moeurs incultes et depravecs teudent a se corrom- prc davantage p;ar le contact curop^en. Livrees a loutes les superstitions d'un felicliisme slupide, elles vdnerent tous les oVijets dont elles rossentent I'in- fluence fatale ou saiutaire. Au sein de cette idolatrie generale , I'islamisme a trouve moyen de faire quel- ques conquetes. De rAlVique septentrionale , oii il domine en maitrc , ilest descendu dans la Guinee ; les Mandingues de la Sdsn^gambie I'ont inlroduit a Sierra- Leone , et si la masse de la population du Dagoumba est encore fetichiste , le roi et les principaux cliel's ob(^issent anx pi'eceptes du Koran, Lc christianisme a aussi tenle de s'inq)lanler dans cette parlie da continent africain ; il a du passer par de cruelles epreuvcs. Ce ful en 1500 qu'il I'ut pour l;i premiere fois annonce au Gongopar uii preire portu gaie. En iLVMi, (juclquos capucins IVanrais s'j^labli ( l«i ) iiiit dans la Guinee, cloii ils fureiil blentot chassis par les llollaiulais. Quarante ans plus lard , un relij^ieux doininicaiii \int cultiver dans cetle conlree les premiers germes des vertus evang^liques , ct dfis I6/16, la Sierra-Leone \it aussi accourir trois moines de I'ordre de saint Francois, qui perirent a I'ceuvre sur la terre qui les a\ait accueillis. II en fut dc ineine de plusieurs autres missions successivement envoy^es sur divers points de la cote et de I'int^rieur. Celles des I'oyaumes d'Overo, dc Benin et d'Adra , qui d'abord obtinrent quelques succ'is , ne tarderent pas a augmenter le nojnbre des martyrs de la loi sans accoitre beaucoup celui des neophj les. Dans ces derniers temps, les missions catlioliques n'ont gu6re mieux r^ussi. Sept pretres el trois freres iurent envoyes au cap de Palmas, et y arriverent dans la plus mauvaise saison. M. de Reynier paya de sa vie son courageux devouement , et ses compagnons, d^ja bien eprouv6s par le climat , se virent forces d'aban- donner un pays dont les populations etaient peu dispo- sdes a ecouter des paroles de paix. Des discordes avaient cu lieu dans la colonic, et les negres ne voyaienl plus les blancsqu'avec defiance. Parmi les missionnai- res qui s'eloignereut du cap de Palmas, deux aborde- rent au Grand-Bassan et y Irouvercnt la mort. Deux autres, qui allerent s'etablir a Assinie, ne survccurenl que quelques seraainesaux maladies qu'ils avaient deja contractces au cap de Palmas. M. Bessieu , resteseul en Guinee, s'etait iix6 au Gabbon. II a donne de ses nou- velles I'annee passee , et , d'apres son experience , i] nc pense pas qu'on puisse racilcincnl moraliser les po- pulations dc la cole. « La supcrslilion , dil-il , nc sera ( 185) p.as ie seul obstacle au progres de I'Evaiigile. Sur lous k's points oil les iiidigc'iies sont depuis un certain temps en rapport do commerce avec les Europeens , on retrouve tous les vices des peuples civilises; le des- ordre public n'y est plus un ddshonneur, et la plaie generale parail si envenimee , qu'au jugement des ob- servateurs, ce sera un grand miracle si on parvient jamais a la gu(^rir » « Du reste , ajoute-t-il , lo mal n'a fait de tels ra- vages que sur les bords de I'Oc^an. Derriere les tri- bus oisives de la cote , on rencontre une population vigoureuse et entreprenante , nourrie dans les priva- tions , endurcie a la fatigue et renommee par son cou- rage. C'est la surtout que I'Evangile fera des progr^s. Sans doute il y aura des dangers a courir, car ces peu- plades sont feroces ; nousne pourrons penetrer panni elles que par degress mais de I'une a I'autre nous avancerons dans I'interieur. Deja la voie nous est ou- verte. Quelques villages des plus voisins nous connais- senl sous un jour favorable; ils savent qu'il n'y a I'ien de commun entre les pretres catholiques et les trai- lants etrangers » II parait que les missionnaires protestants n'oiit guere fait non plus de proselytes au cap de Palmas et a Lyberia, car M. Bessieu leur a vu faire , aux negres , une distribution de feuilles de quelques exemplaires de la Bible , que les enfanls s'arrachaient pour en faire des cerfs-volanls. On lit dans le meme cahier de mars une description tres interessante de Constantinople et des rives du Bos- jiliore , par M. I'abbe Ilillereau , qui mele a cette gra- cicuse esquisse quelques reflexions sur I'ctat social de l;i Turquio et sur la disposiliuu des osprlls en ce (]ui ( 180 J lienl aux progros dc la civilisalion. Le savant missiun- naire se montre a cet egard aussi prolond observateur que narratoiir habile. « Sur la terre musulmane , dit-11 , la civilisation » ne fait que d'arrivcr, comine une ctrangere dont on » se mefie ; sa marche sera lentc, parce que le Turc )) aime la lenteur, et que reniprcsscment ct I'aclivite » repugncnt a son caractere. )) Jusqu'ici les idees dc rilormc ont ete mal accueil- » lies par le peuple et les employes subalternes. Les » ministres, ainsi que quelques oflicicrs plus instruits, » voudraient faire des ameliorations; mais ils rencon- » Irent dans les vieilles idees dcs masses une opposi- » tion qu'ilsrespectent. Ilfaudrait, pour triompher des » obstacles, qiieplusieursMahmouhavecunc education » soignee, une vie sobre et longue, vinssent s'asseoir » sur le trone des sultans , et braver les prejuges » d'une multitude fanatique qui obeit en aveugle a ses » antiques traditions. » Le peuple, accoulume des I'enfance a suivre aveo )) un sincere attacbement la loi civile, parce qu'elle » est en meme temps la loi rcligieuse, cntendant re- » peter cbaque jour que cette loi vient d'une source )) sacrcc et que le prophete I'a diclee pour preserver 1) les croyanls de bi corruption des infideles ; forme » dc bonne heure au mepris ct a I'aversion la jilus » pi-ofonde pour les chretiens, peu inslruit et peu sou- )) cieux de le devenir, ce peuple est par son education, » par ses habitudes, bien eloign^ encore de se con- )) vertir j la foi chrdtienne, et par consequent de vou- » loir se civiliser promptement. La vie d'un Turc est 5) une vie loulc d'egoisme ; ses alfeclions sont conccn- P trees dans safamilji-. fjuilaime d'ordiuaire avcc ten- • ( 187 ) « dresse. Le flot des affaires humaines passe ct repassc )) aupres de lui sans qu'il s'en apercoive; il le laisst- » expirer au seuil de sa chaumiere ; la, assis , les )) jambes croisees sur son tapis, les yeux fixes commc » un homme plonge dans une profonde meditation, sa- » vourant du matin au soir les douceurs de la fumec )) d'une pipe enorme, il s'etudie a se procurer de » nouvelles jouissances , et parait s'inquieter fort pen » des choses qui sent etrangeres a son bonheur. Com- V ment pourrait-il seresoudrea adopter des croyances » religieuses qui proscrivent sonoisivele et ses plaisirs » coupables? Comment pourrait-il consentir a devenir » frere de ces peuples qu'il a en liorreur , qu'il a tou- » jours regard^s comme des infideles, de miserables » rayas , trop heureux de se cliaufTer au soleil de la )) Turquie, Son fanatisme religieux, continuelleraent )) surexclte par les conqufites des chr^tiens , qui de » plus en plus envabissent ses provinces, par des imans )> superstitieux et par ses pratiques quotidiennes , le )) tient et le retiendra encore etroitement enchalne. » Aussi le peuple turc est-il essentiellement station - )) naire. II ne progressera que par la force, parce qu'il )) n'a aucun d(^sir de le faire. Ce que ses ancetres ont )) pratique , il le pratique ; ce qu'ils ont cru , c'est )) pour lui un principe de le croire sans discussion. )) II faut avouer cependant qu'un certain nombre de )) ricbes musulmans qui ont passe leur jeunesse en )) France ou en Anglelerre ont pris dans leurs etudes » et dans leurs voyages des idees plus justes quelercstc )) de leurs concitoyens; ceux-la ne tiennent plus au- » tant aux anciens usages. Le Korau n'est plus poui )) eux une autorite toute-puissante ; ils sont devenus; » moins exclusifs cl nioiiis inlolerants a nicsuro qu ils ( 18S ) 11 onl mieux coiinu Ics peuples ci\illscs; ils on I ilo- « pose a peu pros leurs prejuges rcligicux el ualio- )) naux ; et c'osl par lu probablcment que Dieu I'era » p^netrer laliimiere dans cct empire \ieilli. ». JOVRN'AIj des missions evangeliques. Nous retrouvons dans les deux derniers nuuieros do cc recueil ( 3* et 4' livraisons de la 22= ann6e) la con- linuation d'un excellent article, intitule: Coup d'ceil sur le Kalasari. L'auteur, qui parait avoir des connaissances assez etenduesenhistoire naturelle, decril I'aspectde la vege- tation, etfournit desrenseignementscurieuxsur les dif- lerenles especes d'animaux de ces contrees. Le Kala- ^■V7/Y,que quelquescartographesontindiquesousle noni deKal/iaan J oi\ Karriliari , est une vaste region d'Afri- que situ^e au nord du fleuve Orange, et qui s'etend du 27*degr^ au 24° de latitude S. aroccidentdu pays des Ji(^cliuanas, Parmi le grand nombre de vegdtaux que la nature a ropandus dans cette contrec, le Mogonono est cit6 comme un des plus beaux et des plus utiles. C'est un arbre de grande dimension , une espece de Protde, aux feuilles longues ct argenlecs , au bois couleur de safran , et Ires estime pour la construction des edifi- ces. Le Mimosa Girajca, dont le feuillage fait la nourri- ture favorite de la Girafe,abondedans toute la contree, ouil forme, sur certains espaces, des foretsimpenetra- blesqui servent de refuge aux 6l6phants. Les chasseurs n'oseraient s'engager dans ces inextricablos fourr6s de branches epineuses ; mais les elephants, cuirasses deleur peau rugucusc, savent s'y frayer des passages et y trouver une rclrailc assurec. Non moins utile que lo (189 ) Mogonoiio , ce Mimosa, que les nalurels appellcnt Mokala , ombroge los habitations ; les tourlerelles d'A- IVique viennent s'ebaltre sous son feuillage; los ol- soaux de proie perchent sur ses rameaux les plus ele- ves; les passereaux Kuerere se reunissent en troupes poui" y construirc leurs nids ; les pics et les tou- cans trouvent, sous son ecorce ecailleuse , les larves donlilsse nourrissent, et une foule d'autres oiseaux an brillant plumage viennent s'y donner rendez-vous ; mais ce qui assombrit ce tableau pittoresque , c'est que le lion fait souvent son gUe dans les buissons qui ci'oissent au pied du Mokala, et que le serpent a cornes, le terrible Ceraste , se glisse quelquefois sur les bran- ches de I'arbi'c pour epier les gazelles et les atteindr(! d'un seul bond. Cinq autres especes de Mimosa, moins importantes, se trouvent dans le Kalagari. Le Blot- lopi , dont le nom signifie ('tcgniit dans la langue des Bakalagaris, est un autre arbuste dont les racines nu- tritives et ratraichissantes sont Ires reclierchees ; ses fruits en grappe ont un peu le gout de nos raisins. Plusieurs autres especes d'arbrisseaux produisent aussi des fruits comestibles : tels sont le Neflier sauvage , le Sophora du Cap ou le Kurehooin des indigenes , ct le Morobe ou raisin des Jackals. Une foule de plantes lu- berculeuses servent a la nourriture des iiommes et des animaux : il en est qui contiennent un jus pur ct transparent comme de Teau qui desaltere le voyageur. Les racines du Tama , appele pain des pauvres , res- semblent beaucoup anosbetteraves , mais elles ont sur celles-ci I'avantage de donner des tiges qui produisent une graine comme la chataigne et d'un gout agreea- ble. Le Mositsann, qu'on trouvc aussi de I'aulre cole du tlouve Orange , vers le sud , pnnsso des tiges sonter- ( li>0 ) raines, chargeos do gousses qui renrenncnt unu I'ovo nourrissanle; le Thoou , qu'on cultive aupres du lac Mokhoro el aux environs de Littakoa et de Mosiga , est une autre legumincuse qui jouit des monies avantages que le.Mositsana. Parmlles plantes rampantes, il parait que ce sont les Cucurbitacoes qui doininent ; aussi forment-elles unc des principales ressources alimcn- taires des habitants. Dans la partie que I'autcur de cettc Notice a consa- cree a la zoologie , il decrit Ics raceurs de I'olophant et ses ruses pour eviter Ics chasseurs. II cite trois es- p^ces de rhinoceros , dont une , Ic Kobaoba , nous semble encore inconnue des naluralistes. Ln petit oi- seau, que les Bcchuanas ont nomrad Kala ea Chou- kourou ou serviteur du rhinoceros, voltige toujours autour du monstrueux animal, so pose sur son dos, sur sa t6te et jusque sur ses narines , pour se nourrir des insectes qu'il y trouve. Au moindre danger, les oris de I'oiseau previennent le rhinoceros de se tenir en de- fense. Lo pays fourmille en outre de sangliers ; on y rencontre le Quagga de la famille des Solipodes, plu- sieurs especes de Gazelles, un grand nombre d'Anti- lopes , parmi lesquelles le Phohou, aux comes droites et longucs , est unc des plus remarquables par sa laillo et des plus connues des chasseurs, dont clle ne pout longlemps oviter Ics poursuites a cause de son embonpoint. Au milieu de cos races paisibles , vivent les chacals, la hy^ne tachetee et la hyene venacica, tcrreur dos troupoaux, et que les Mochouanas ap- pclent Makagnana ou chien sauvage. Tels sont en analyse los rcnseignemcnts qui nous sont lournis sur I'histoiro nalurollc du Kalagari , cl ( l'.>l ) que Tautcur pruinet do completer dans un prochaiii numero. NOTE sur un nouveau fait de coloration des eaux de la mer (par M. C. Moiilagiie, U'-M ,. Ce savant pliycologue nous avail d^ja eclaire , en 18/iZI , sur un phenoraene analogue du a la presenc dune Oscillaree [Trlchodesmiuni erythneuiti) dans les eaux de la mer Rouge. Ils'agit maintenantd'un parage de I'ocean Atlanlique voisin des cotes du Portugal , vers rembouchure du Tage. — Le 3 juin 18il5, les marins de la corvette francaise la Creole oLservorenl lout a coup une coloration insolite des eaux de la mer en un rouge fonce, variant d'intensite et de nuance cntrelerouge de brlque etle rouge de sang, et formanl diflerentes /.ones de h a 500 metres de large, qui oc- cupaienl un espace d'environ 8 kilometres (6 milles). Les corpuscules qui produisaient ce singulier pheno- mena ayant ete conserves dans I'eau de mer, M. le D''Monlagne les a examines au microscope sous unjeu de lentilles donnant 800 diamelres d'amplification. Ces globules, mesures au moyen d'un micrometre, avaient a peine -~ de millimetre de large. M. Montague classe cette petite algue microscopique parmi les vc- getaux elementaires qui ont recu le nom de Protococ- cus , et I'appelle Prutococcus Jt/nnlicns. « Si Ton con- side e, dit-il, que pour couvrir imc surface d'un millimetre carre, il ne faut pas moins de ZiO.OOO indivi- dus de cette algue, mis a cote Tun de I'autre, on rcs- tera pdnclre d'admiration en comparant cntre cu\ rimrnensil6 d'un tel plienomene et I'exiguUe de la planto a laqnollo il doit son origino. » ( l^>2 ) EMSAIOS sobre a stalislica das posseisocs portuguezas uo Ultramar [ |)or J.-S. I.opos (le Lima ). Lc nouvcau volume que M. lo vicomtc cle Sanlarem a presenle a la Socicte au noni dc I'auleur, fait partio de la belle collection de documents onicicls que public M. Lopes dc Lima et qui a pour litre : Essai siir la statistinue des] possessions portttgaises dans P/lfrkpie orientcile et occidentale , FAsie occidentale , la Chine et r Oceanic. Le tome III, que nous avons recu, traite des etablissements d'Angola et de Bcnguela , ainsi que dc Jeurs dependances. L'introduction, dans laquelle I'au- leur fail preuve d'un grande erudition historique et geograpliique , est suivie de dix chapilres sur la geo- graphic , les divisions du tcrritoirc et la population , le clinial, la nature du sol et scs productions, I'indus- Irie ruralc, manufacturicre ct commerciale , les lois et le gouverncment, la force armee, la religion et le re- gime ecclesiastique, I'induslric publique, les recettcs ctd^penses, et enfm I'etat du pays et les moeurs et contumes de ses habitants. L'ne seconde partie con- tient deux pctits chapitres consacres a des descriptions topographiques. Plusieurs tableaux statistiques accom- pagnent ces descriptions : les uns sont relatifs a la po- pulation , aux forces militaires , aux importations et exportations ct aux revenus du fisc. Des cartes inle- ressantcs ornent ce volume. Nous citcrons , 1° la carte geograpliique des royaumes d'Angola et de Bcnguela , avec de nombreux renseignemenls sur les cours d'eau qui arrosent ces conlrees; 2° un plan hydrographiquc de la baie de San Antonio ou das vacas ct du port de Saint-Philippe de Benguela ; 3" un autre plan hydro- graphiquc de la bale de Mossamedes , ct plusieurs vues perspectives des principales villcs dc la cole ( lf^3 ) BUIiIiETIN' de la Societe geulogique de France. Les feullles de novembre et decembre (1846) renfer- ment une description de I'atlas de M. le colonel de Ha u slab , sous le titre de Representation graphique ties rapports entre COrographie , V Hydrographie et J a Geo- logic (In globe terrestre. M. Boue, en rendant compte a la Society de cet important travail , le resume en ces termes : « L'etude a laquelle s'est livr6 M. de Hauslab em- brasse la g^neralite du syst^me des bassins , et a pour but de faire entrer en ligne de compte, dans la theo- rie geologique des formes du terrain , le facteur im- portant des mouvements et dos elTets des eaux des mers. On attribue trop aux soulevements et affaisse- ments; il faut aussi ceder quelque chose a Neptune. Les massifs ou continents souleves ou affaisses pre- sentent certaines formes qui on I ete faconn^es par Taction des eaux, et qui se dislinguent de cclles pro- duites par des mouvements de bascule , de renverse- ment, d'affaissement ou meme de lavage fluviatile. Ainsi , par exemple , les escarpcments de loutes les cimes principales de I'Ecosse et de I'Angleterre font face au N.-E. , sans qu'on entrevoie le rapport de cet accident orographique avec les soulevements eprouves par ces chaines; tandis que, vu la direction du grand courant atlantique , ces Erosions, comme le mouvc- ment de certaines baies profondes , pourraient s'ex- pliquer par Taction des eaux avant Temersion des parties elevees de ce continent. Du cote du N.-E., il y aurait eu t^rosion et (!(boulemcnt ; le versant oppose, au contraire.enaurait ete pri^servc et aurait conserve jionr cela des pentes plus douces ou seulement echancrecs. D'unc autre part , celle action dcvs meis nous est con- vn. MARS, k 13 ( 104 ) lirinee par le ronlraste liappanl ilis clciix rivagos dcossais et anglais, savoir : a I'ost, tic vaslcs pays plats ou dc pelitcs hauteurs, et a I'ouest, des bords mariti- mes escarpes , cc qui est piecisement I'oppose de ce quon observe au soinmet des chaines. Or, I'explica- tion en est aisdsc a trouvcr. Avant le soulevcment des cUaines, le grand courant ne trouvait que pcu d'ob- staclos a son cours dans les parages britanniques , tandis qu'actuelleinent des digues tinormes s'opposenl a son libre passage , et diminuent sa force k Test en Tobligeant a entamer toujours davantage la cote occi- dentale. n Le savant g^ologue pense que des raisonnements analogues peuvent s'appliquer au continent scandi- nave et a I'Oural , aux chaines de montagncs du nord gcrmaniquc . de meme que sur les bords de la M6di- terranee actuelle, et de celle qui a battu , a I'^poquo tertiaire, les deux pieds desAlpes et des Balkans. « 8i les souleveraents et affaissements , ajoute-t-il , ont mo- tive ces contours orographiques et hydrograpliiques , le lavage des eaux , leurs courants et Icurs alhivions les ont modifies et ciseles. » C'est en s'api^uyant sin- ces considerations que M. Bout!; invite les geologues a faire la part des causes qui ont concouru dans ces grandes revolutions du globe. VOTAGES NOUVEAUX par mer et par terre, effectu^s et pu- blics de 1837 k 1847 , par M. Alberl-Monl6mont ' lome IV. ) Les connaissances acquises en geographic, depuis une quinzaine d'annees , sur les deux Amtiriques , se trouvent la plupart consignees dans des livres de luxe, publics sous les auspices du gouvernemont ou par des ( \9h ) paiticuliors assez riches pour supporter les frais de c cs grandes publications. Telle est, par exemple, celle dii prince Maximilien de Wied Neuwied, qui surpasse tout ce qui a ete produit de plus beau en ce genre. Mais ces ou- vragessontoi'dinaireraenlbeaucouptropcherspouretrc acquis comme livres d'etude, et la majorite deslecteurs est obligee d'aller les consulter dans les biblioth^ques publiques. M. Albert-Montemont a done rendu un ser- vice reel aux amis de la geographic enpresentant, sous forme d'analyse , les dilTerents travaux des voyageurs contemporains. Le simple enoncd des matieres conte- nuesdansle4* volume, que notre laborieux collegue a offert a la Societe, sufiira pour faire apprecier I'utilite de cette publication. Exploration de I'Orefron et de la Californie , par M. Du- flot de Maufras. (1840-1842.) Voyage de decouvertes siir la cote septentrional e dc FAmerique dii Nord , par Thomas Simpson. ( 1836- 1839.) Voyages aux regiotis arctiques , par le capitaine Back. ( 183/1-1837. ) Voyages aux Eiats-U nis ou dans Vinterieur de I'Anie- rique du Nord, par le prince Wied Neuwied. (1832- 183/i. ) Public en 1840. Benseignements recueillls par Washington hving sur les explorations des agents de la Compagnie anglaise des pelleteries dans les contrees desertes de V Amerique du ISord , entrepris pour la fondation du comptoir d' As- toria , sur la cote nord- one St. Public en 1839. Voyage des Etats-Unis a la Hai'ane , par M. Isidore Lowenstern. (1837-1838.) Exploration de la republique de Centre- Amerique ou dc Guatemala , par M. Maussion de Cande. (1842.) ( 100 ) / ojdifc (I Diiciios-. -lyres ct clans Ics piofi/ices dn Rid dc la Plata, pariM. Woodbine Parish , (1838.) Voyage dans V Anierique meridionale , par M. Alcide d'Orbigny. (1826-1833.) Voyage au Chili et au Cusco , par M. Gay. (1831-1838. ) Voyage d' exploration h la Guyanc , par Adam elf Bauve. (1837.) Voyage a Pile de Cuba ou Analyse des trai>aux de M. W. de la Sagra sur Thistoire politique , physique ot na- turelle de Cuba, par M. S. Bcrthelot. (18AG). NOTICE Acs decouvcrtes faites au moyen-age dans I'ocean Atlan- tique aoterieurement aux grandes explorations portugaiscs du XV si^cle , par M. d'Avczac t I8i5. NOTE sur la premiere expedition de Bethencourt aux Canaries, et sur le degre d'babilete aautique des Portugais a cette ^poque , par M. d'Avezac ( 1840. ) NOTE sur la veritable situation du capde Bugeder dans toutes les cartes nautiques, par M. d'Avezac ( IS'iG ). Les anciennes traditions dc Tocean Allan liquc avaient occupe les studieuses recherches dc M. d'A- vezac dans un premier travail sur les iles d'Jfrique , formant un des volumes de la grande collection histo- torique, publiee par MM. Didot sous le litre AeVUni- i>ers. Sa Notice des dccouvertes anlcrieurcs aux explo- rations portugaises n'est done qu'un extrait de ccltc premiere publication, augmentc toutefois d'annola- tions et de developpements pour cclairer unc{[uestioti deja traitee en 1833, dans I'articlc Afrique de ri-.n- vyclopedie noiivel/e , ct successivement rcproduite en iSZG dan^V Encyclopedic duxix'' siecle, puis sous le tilro iVEsquisse generale de V Afrique en 1837 et en ISA'l. Du rcste , les communications que notrc savant con- ( 107 ) IV^re a lailes a la Soclele de ce Iravail et des deux notes qui racconipagnent, nous dispensent d'on len- dre coinple. PRECIS ASfAIiYTIQUZ: des travaux de I'Acadeniie royale de '> rriidu Ires ( 203 ) sonsibles des negligences inuppieclables tlans la carte cle Borda ; car Ton cherche alors vainement , sur cc grand d6veloppement de cotes, ce qu'on devrait y ren- contrcr, c'est-a-dire une foule d'accidentsbien connus des pilotes canariens, et dont la plupart ont ete indi- ques sur la carte de Lopez , d'apres les renseignements qu'il avait obtenus (1). Nous ne faisons pas un repro- proche a M. deBuch d'avoir pris I'ile de Teneriffe de la carte particidiere des iles Canaries et des cotes voi- sines d'Jlfriqite, dressee sous le ministere de M. de Sartine, pour modele de celle qu'il a publiee en 1830 ; mais nous nous appuyons sur ce failqu'ila defigur6 lajolie esquisse de Borda, que nous considei'ons conime le trac6 le plus exact qu'on ait donni sur la position geographique et I'aspect general des I'ormes de I'ar- chipel canarien. Toulefois, M. deBuch est excusable. Ne voulant repr(^senter que renseinble du systeme volcanique de Teneriffe, le savant geologue adopta le trace de 1776 , qui rendait son travail plus facile , sans I'obliger a entrer dans des details dont il n'avait pas a s'occuper, Six carte physique, dessinee a grands traits, suffisait a sa demonstration. Le titre de Caj'te topogra- phicjue , que nous avons donne a notre planiin^trie , nous imposait une autre tache ; nous voulions qu'on y retrouvat tousles ravins, les escarpements, lesmornes, (l) i'untu del Socorro, P. cle la Ladera^ P. Laryn^ P. de Te.xiiuu P. de la ^Iquja, P. de la Alada^ P. del Camizo , P. del JSJal pais , Caleta de San-Marcos ■, Puerto de San-Blas, Pueto de la Madera, P. del Rincon, P. del Btieii-Jesus, A ces Poinles , ('liques on Aiiscs i|iii ont ete oniises et qui necklentent le littoral, nous poiirrioiis • i|imlcr, pom CO qui lipiit a roro.|;ia|)]iip, le Vaitlc Salazai,aux bcaucoup plus d'iniportance qu'ils n'en meri- taient. Force nous lul par consequent de faire de la geograpbie sans paraitre nous en occuper , el nous en lenir simplement a des moyens expeditlls. Le leve a \ue fulnotrc ressource. Le beau Memoire du clievalier Mlcul, sur les rcconnaissancrs inilitaires , nous avail { 205 ) appris tout le paili que nous pouvions liror cle ce gonr > de travail; riiabitudedebien volrs'accrut acliaque nou- velle observation , et avec cette pratique , nous pumes nous passer du secours des instruments. Le naturalistc. isole dans le pays qu'il explore, est force d'agir commo I'officier d'etat-major cliarg6 d'une reconnaissance; scs moyens sonl tres bornes; mais les observations faitos de volee peuvent se rectifier ensuitepar des renseigne- ments fond^s sur des operations plus rigoureuses. Voilaprdcisement quelle a ete notre position et la mar- che que nous avons suivie. Les canevas dresses sur le terrain ont ete soumis aux rectifications d'hommos competents , tels qu'Escolar, Mesa et Savifion. Une fois le contour des cotes bien arrete, il nous etait facile de placer dans ce cadre les details du systeme oro~ graphique que nous avions etudie sur place, et toutes CCS montagnes escarpees dont nous connaissions los altitudes et la position respective, par rapport aux points du littoral d'oii partaient les grands ravins qui sillonnaient leurs flancs. S. Berthblot. Paris, 1 4 avnl 18/17. ( 206 ) DEI XIEME SECTION. Actes de la Societe. i:XTHAIT DES PROCES-VERBAUX DES STANCES. Prksidence de M. Jom&rd. Seance du 5 Dinrs 1847. Le proc^s-verbal de la (krniei'e seance est In el adople. M. Adrien Cochelet , mcmbre de la Commission centrale, ecrit a M. le President pour lui annoncer sa nomination au consulat g6n6ral de France a Londres, et il prie la Societe de lui adresser Ics instructions qui pourraient le mettre a meme de lui rendrc quel- ques services pendant sa mission. La Commission centrale qui, dans plusieurs circonslances , et notam- ment pendant le sejour de M. Cochelet en Egypte , a j)u apprecier son zele eclalrc pour les progr^s de la science, accueille ses offres avec empressemcnt. M. le President annoncc a la Societe la perte sen- .sible quelle vient de faire dans la personnc do M. le baron Benjamin Delessert, un do ses inembres fonda- teurs, et il rappellc le gen^reux emploi qu'il faisaitdc sa fortune pour encourager les sciences ct Ics voyages. ( 507 ) La Commission ceiilrale decide que lexprossion do .s("* regrets sera consignee an proces-verl)al. M. le secretaire comrauniqiie la lisle des ouvragos oflerts a la Societe , el la Commission centrale vole des remerciments aux donateuvs. M. d'Avezac depose surle bureau trois Notices dont il aliiplusieursfragmentsala Commission centrale il'sur les ddcouverles faites au moyen-age dans I'ocdian Atlaii- lique antei^ieurement aux grandes explorations portu - gaises du xv^ sifecle ; 2" sur la premiere expedition do B^thencourt aux lies Canaries , et sur le degr6 d'lia- bilet6 nautique des Porlugais a cetle epoque ; 3° sur la veritable situation du niouillage marqu6 au sud da cap Bugeder dans toutcs Ics cartes nautiques. M. Ic vicomte de Santarem fait liommagc, au nom de M. Lopes de Lima, de la 3^ partie de son Essai sur la slatistique des possessions porutgaises d'outre -mcr. Ce volume renferme les Notices sur lesroyaumes d'An- gola, de Benguela et d^pendances, avee des cartes geo- grapbiques et hydrograpbiques et autres documents int^ressants publics pour la premiere fois. — M. de Santarem est prie de rendre compte de cet ouvrage. M. Jomard oITie, au nom de M. le general Visconti, une grande carte de la Meditcrranec en 3 feuilles , publiee par le Depot topograpbique de Naples. — M. Daussy est prie d'en rendre compte. Les sections de correspondance et de publication rdunies pour se constituer definitivement, ontnomme pour president et secretaire : la premiere , M. le baron Roger et M. Pbilippe Lebas, et la deuxieme, M. le baron "NValckenaer ct M. Daussy. M. le baron Roger annonce que la section de cor- respondanco s'est rrunie pour prendre communira- { 208 ) lion (le la leltrc que lui aecritc M. do Tolstoy, an noin de la Sociote geograpliiquc do Sainl-Pcteisbourg , el par laquelle il demandait une instruction generaK; destinee aux voyageurs. La section pense que la redac- tion de ccttc instruction se Irouve en dehors de ses attributions , et elle propose la nomination d'une commission speciale , choisie dans le sein de la Com- mission centrale pour s'occuper de ce travail, dont les elements existent dans les archives de la Societ6. Apr6s diverses observations , la Commission cen- trale adopte la proposition de la section de corres- pondance , el elle nomme au scrutin , membres de la commission speciale, MM. Daussy, d'Avezac, Jomard, le baron Roger ct le baron Walckenaer. M. le vicomte do Santarem lit une Notice sur plu- sieui's monuments geographiques in^dits du moyen- age, qui se trouvent dans quelqucs bibliotheques dc ritalie. — Renvoi au comite du Bulletin. Seance du 19 inats 18/i7. Le proccs-verbal dc la dernierc seance est lu et adoptd. M. Amddee Sedillot, admis recemment dans la So- ciete , lui adresse ses remerciments, et promet de cooperer a ses utiles travaux. M. Toschi , membre de la Societe , communique I'extrait d'une lettre qu'il a regue de M. Gaal do Gyula. colonel du genie autrichien ; cot extrail , contonant lo resultat dcs observations astronomiques et mdtooro- logiques que cet oflicier a faites en Croatie , est ren- voye au comite du Bulletin. .M. do Mas Lalric adresse un siipplomont a sa Notice ( 209 ) sur la situation actuelie de Tile tie (Ihjpre. — Renvoi au comiti^ clu Bulletin. M. Jomard donne de nouvcaux details sur les cartes du moyen-age qu'il a examinees dans les bibliothe- ques d'ltalie , ct sur les descriptions de ces monu- ments geographiques qu'il tient de plusieurs savants italiens , MM. Pezzana, Visconti , Micali, Gazzera , Spotorno, Casliglione , Salvi , San-Quintino , Graber"- deHemso, Nicolini , comte Orti Manara. Bettio et autres; a cette occasion, il cite un exemplairo qu'il a remarque, dans une de ces bibliotb^ques , de I 'atlas de la gc^ograpbie de Bcrlingbieri en vers, avec une d^- dicace manuscrite de I'auleur, datee de Florence , le 31 mai IhSli. On salt qu'il avail dedi6 son ouvrage an due d'Urbin ; ici le noni du due est remplace par celui du sultan Gemma (le prince Dzim ou Djem), et Ber- lingbieri , dans sa dedicace, exprime le v(jeu que ce IVere de Bajazet 11 soit n'tabli sur le trorie des sultans. Cette piece peut contribucr a 6tablir la date encore incertaine de la geograpbie et des cartes de Bcrlin- gbieri. M. le President appelle de nouveau I'attention de la Societe sur le voyage que vient de faire un mission- naire lazariste , M. Gabet, au nord de la Cbino. Parti de la Coree, il a suivi h peu pr6s la grande muraille, a traverse toute la Mongolie, oii il a fail un long sejour. le grand desert, vulgairenient appele Gobi, el enfin le nord du Tibet; il a rapporte de ce dernier pays , outre desmonnaies tibetaines, aujourd'hui deposees ^laBi- bliotbt;que royale , des fragments d'inscriptions gra- vees sur des rocbers. M. le President fail connaltre ensuite, d'apres une lt>ltro que lui a conuiiuniquee M. Acosta (et qui est VII. MAns. 5. 13 ( -^10 ) ticrile par M. \ elo/, a M. Boiissingaiill) , les anlii|uite5 noQvellemcnt \isilces erte In plus important e en !^co0 \\\v\\ 1S47, Comtiiissaire- : MM. W A Lt;K F. N A KK , J(l M \ n I) , 1 )Ar S.ST , II' A V r/,Ao , Unrx nF Fiocheii.e, xipnoilriir. Mkssieurs, Les progres et les conqiielos tie la geographie at- tirent , chaque ann^e , voti e attention et vos encoura- gements. Vous nous demandez comple des services rendus a la science par quelques grands voyageurs ; et pour apprecier avec justice leurs travaux , vous de- sirez connailre les obstacles qu'ils ont rencontres , le but qu ils ont atteint, ct le degr6 de merite de leurs observations. 11 est souvont difficile do fixer les rangs , vn. Avnn.. 1. 14 ( 51^1 ) «K' comparer enlro ellcs des qiialiles Ires cliversos , el lie ne pas dprouver rcmbanas dii choix ; niais nous aliens exposcr les motifs do nos jiigenients et de nos preferences. Cast a lopinion publique , a la renoni- mee , a faire vivre ensuite dans la memoire des lioni- mes les noms et les ouvrages Ics plus dignes d'occu- per I'avenir. La carriere ou les grands voyageurs s'engagont est souvent hiirissee dc difiicult^s ; ils ont a subir de lon- gues fatigues et de nombreuses ])rivations , a braver rintemp6rie des saisons , I'ardeur ou I'aprete du cli- mat ; et lorsqu'ils penetrent dans des contrees sau- vages, encore fermecs a la civilisation, combien les perils se muitiplicnt ! des ravins, des rocbers, des forets impraticables arrelent leur niarcbe; un sol marccageux flechil sous leurs pas ; la vie des bommos est menacee par la rencontre des betes f6roces , par de monstrueux reptiles, par la barbaric des indigenes, par la criniinclle avidite des malfaiteurs, qui altendcnt leur victime pour la depoulllor. Infortiuie d'Hozcry, jcune et inleressant voyageur. qui aviez accompagne M. de Castelnau dans son vovage a travers I'Anierique meridionalc, depuis Uio de Janeiro jusqu'a Lima , ct qui recommenciez , pour revenir vers I'Atlanlique , un long trajet , devenu pour vous si fatal I les savants espcraient jouir du fruit de vos travaux; I'etendue de vos connaissances leur promeltait une abondanle moisson, et ils atten- daient impatiennnent votre rclour, quand vous avez succombe sous les coups des assassins. La science a ses martyrs comme ses beros. Ilonorons la mdmoirc de ceux qui so sont devoues j)our (>lli' ; applaudissons ( 215 ) III merile dos hommos qui ont luMirciisomont accom- j)li lenr mission. Avant quo lAmeriqiie dii Snd s'otivrit dans loule sa largeur anx explorations de M. le couite de Caslol- nau , un voyage siir les plateaux et les Ciordilleres du Mexique a ete execute en 18A3 et iSlih, par M. Albert Gilliam, ancien consul des Etats-ljnis en Californie. 11 partit de Pensylvanie, gagna FOhio, Ic Mississipi et la Nouvelle-Orleans , d'ou il se rendit a V era-Cruz. La il prit la route anciennement suivie par Fernand Cortes jusqu'a Mexico, dont le lac est aujourd'liui moins etendu qu'a Tepoque de la conquete. Aprcs avoir observe el decrit tout ce que cette ca|)i- tale offre de remarquable , le voyageur en partit le 8 Janvier ISZIA , pour la region des mines ; il visita suc- cessiveaient Guanajuato , Zacatecas , Durango, Cane- les, Refugio, el gagnant ensuite le port de Tampico, il y termlna son voyage. L'auleur a fait un grand nombre de remarques sur la geograpbie , la statistique , les productions , les ri- cliesses ininerales , le systeme geologiquc de la Haute- Californie. Quoique ses excursions naient j)as le ca- ractere d'un voyage de decouvertes, leur importance el I'instrucion que Ion y trouve les rcndenttres dignes d'etre mentionnees honorablement. L'opinion de M. Gilliam est que toutes les regions nord-ouest de I'Amerique appartiendront un jour aux ttats-Unis , et qu'ils s'etcndront jusqu'a la presqu'ile d'Alaska , et a cet arcbipel des iles Aleutiennes, qui se prolongent , comme les anneaux d'unc cbaine . enlre les extremites de I'Amerique et de I'Asie. Sans nous arreter aces bypotheses et a ces vues d'a- grandisscment , nous nous bornons a suivre la direc- ( 2»« ) tion qu'elles nous intliquent , pour clierchor ct ron- cotUrer d'autres grands voyagours, dans les regions de la Sib^rio les plus avancees vers rOrieiit. M. Middendorf , dcja si avanlageusenient connu p;M- ses premieres explorations dans la Siberie , dont il a parcouru los contrees septenlrionales, partlt de \,\- koulsk en ISi/i, dans les premiers jours du prin- temps, pour se dirigcr vers le sud-est, Jusqu'aux fronti(!;res des possessions russes , voisines de la mor d'Okliotsk ct de I'empire cliinois. La valine del'Aldan, celle de I'Outscbour I'uront succossivcment parcourufs; pt ce voyageur gravil cnsuite les nionts Stavonoi , (jui se prolongent du nord-csl au sud ouest, dans une ili- rection parallele au rivage de la mer. II avait a travfr- scr une region deserte , h^rissee dc rochers et sillon - nee par des torn nts el des precipices, avant d'arri- »er a Oudskoi , doii il alia visiter les parages voisins. Quoiqu'on out atteint le solstice fl'etc et qu'on ne se flit pas eleve audela du bb" degre dc latitude , la mer etait encore couverte de glaces flottantcs; eel obstacle, et la violence dc plusieurs couranls qui va- riaient quelqueloisdans lour direction, embarrassaient la navigation et la rendaient plus perilleuse. On pene- tra avec peine dans le goll'e de Tongour, oii les voya- geurs s'arreterent , et lorsqu'oi) eul repris la mer, on gagna les iles Scbantar. Malgre les difiiculles du voyage, M. Middendorf et M. Brantb, son digne collaboraleur, avaicnl fail de nombreuses reclierches sur la topograpbie du pays, sur les accidents du sol, sur sa formation geologiquo. M. Brantb fut cbarge de retourner a Yakoutsk avec les collections que Ion avait formees, et M. rubrmaiui devait resler a Oudskoi, pour y continiior des obser- ( 217 ) valioiis de inel^orologie , de physique, d'liisluiic iia- Uiielle; tandis que M. Middendort" poursuivait ses explorations sur les fronti<^res de cette partie dela Si- berie, sui rai-chi])el de Schantar, et sur Jes baics ei lesgolfes de ces parages. II y decouvrit remplacenient d'un port, dont la nature avail dessin6 la forme : pre- cieuse acquisition pour la marine russe , qui n'avait encore sur cette cote aucun 6tablissement de ce genre. Le voyageur, revenu a Tongour, alia ensuite explo- rer les rives inferieures de I'Amour ; il recueillit des renseignements sur les diflerentes tribus qiii habitent les regions voisines , et dont la plupart appartiennent a la nation longouse et a celle des Giloekes. On arrivait. a r^quinoxe d'automne ; la saison etait deja rigou- reuse et il fallait presser son retour : on suivit , de Test a I'ouest, le versant meridional d'une chaine de montagnes que Ton regarde comme la limite naturelle de la Tartaric chinoise et de la Siberie. Le froid devint excessil; le mercure se solidifiait chaque nuit. M. Mid- dendorf parvint, avec une peine extreme, a se rendre a Irkoutsk , situe pres des sources de la Lena. Son ex- pedition nous a fait mieux connaitre quelques regions de cette Asie orientale,qui occupe aujourd'hui, a un si haut degr6 , I'attention des puissances maritimes et commerciales. L'n savant et modesle missionnaire , le Rev(irend pei'e Gabct, lazarite, avaitquitle vers la meme epoquo la prosqu'ile de Coree , et s'avanrait de Test a I'ouest daiis la Mongolie on il fit quelque scjour. II parcourut le nord de la Chine, en suivant la direction de la grandc muraille, traversa le vaslc desert de Tartarie , reoueillil dans le Tibet des cinjireintes d'inscriplions , ( 218 ) gravties aucieiineuient sur dos roclitis, et coiUiiuia tie rassembler, en se rendant en Europe , des docuuicnls pi^cieux sur la geographie et les productions des con- tr6es qu'il visitait. Ce voyage, entrepris dans Tinleret de la religion , connne dans celui des sciences, nous rappelle ccux des pieux missionnaires qui , pendant le moyen-age, iravaillerent a etablir des relations paisibles et sociales entre I'Europe et le fond de la Tartaric. Proteges par la providence, et ne cherchant pour a|)pui que le ba- ton de pelorin, ils visitaient des pays iuconnus, pour ouvrir desconnnunicalions entre rOccidcnt et I'Oricnl, ot pour entreprendre et poursulvrc les coii([uetes dc riivangile et roeuvre sainte de la civilisation. D'autres voyages dans les arcliipcls de I'Asie orien- lale appellent a leur tour notre attention, et iloivenl etro lionorablomont nicntionnes. M. le I)' Mallat a prolile d'un scjour do plusieurs annees aux lies Phili[)- pines, ou il s'elait rendu en 1838, pour les etudicr, It's coiniailrc et les decrlre sous lous les rapports. Les iionibreuscs el inlercssanles observations de I'autour euibrassent lous les details geograpbiques de col ar- cliipel, dont il a parcouru les dillerentes provinces ; il en analyse I'bistoiro nuturcllu, eu s'arretant successi- vement a cbacun des Irois rogues : il peint I'organisa- lion civile et judiciaire des Pbilippines, celle des au- loriles ecclesiatistjues et mililair«^s , I'elatde I'instruc- lion , ei'lui de lauriculture, do I'intlustrie et du coniuierco. Leurs j)re(niers progres avaienl etc parli- culiereinenl dus aux lumieres et au zele des mission- naires ; et lorsque TEspaguo portait encore on Europe la plus belle couroniie coloiiialo , les Pliili|)pinfs cii claient un des flcurons les ])lus precieu.x. Aujourcrimi ( 2ii> ) nit'iiie, ellt's coiiliiiueul d etre line dos plus ricliL's pos- sessions de la inetropole. L'auteur qui les a decrites avciit toutes les connaissauces necessaires |)our faiie nil l)ou ouvrage, et lls'cn estdlgiiemeiU acquitle. Quoi- «pie sa rosidence aux Philippines romonte a des an- nees anterieures au concours acliiel , nous ne devons pas perdre I'occasion de rappoler les services qu'il a rendus a la geographic et aux sciences naturelles. En parcourant les archipels d'Asie , nous devons re- niarcjuer la reconnaissance que le capltaine anglais B^thune a faite de la cote nord-ouest de Borneo , de- puis le 2" degre de latitude jusqu'au 7° : elle comprend toute la region maritime , situee entre Tanjong-Datu et la bale de Malludu. Ce littoral est coupe par de nombreuses rivieres, dont le navigateur a reconnu I 'embouchure , et dont il a quelquefois reraonld le cours. La population malay est generalement rt^pandue sur les rives des principaux fleuves. Les Chinois, attires par le commerce de cette ile, y etaient autrefois numbreux, mais ils se sont ensuite eloignes. Plusieurs nations in- digenes occupent I'interieur de Borneo et une partie de ses rivages. La tribu des Dayaks est une des plus considerables; celle desKayansl'est encore davantage : ils ont conserve leur independance et leur esprit belli- queux; leurs armes sont une epee courte, une pique, une sarbacane, avec laquclle ils peuvcnt lancer jus- qu'a quarante pas un dard empoisonne. On a cherche quelquefois a ouvrir des communica- tions commerciales avec eux, et d'heureux essais en ce genre out cte fails parM. Brooke, lorsqu'il elail etabli a Sarawak. Un schooner, qui luiappartenait, faisait tons les mois un voyage a Singapour, si avantageusement ( 220 ) place pour devenir un vasle dopol de coimiierce , ot pour entretenir d'actives relations, non seuleinont avec Borneo, inais avec la Cliine el avec loutcs les lies dcs iiumeiiscs archipels G ) iloiU ils t'l;ii»Mit lornit's. Va\ parcourtnnl cos inontn- jjnes, oil put en oljsorver tour a tour I uii vi lauln; vcrsant , les conlre-forls , lesvalleos qui s'v ratlarlioiU, cl la region on los rivieres prenncnt k'ur source : cellos- ci devenaient plus faciles a IVanchir, parce qu'ellos n'elalent encore grossics par aucun aflluont; ct |iar- tout oil ellcs cessaicnt d'etre gucables, un radeau raj)i- dement construit aidait a les traverser. Ces hauteurs se terminaient vers le 18° degre ; el en suivant lour penle, on gaguait los plalnos qui s'c- tendent jusqua ('entree de la peninsule d'Vork . doiil la cote occideatale est baiga^e par le golfo df} Car- pcntarie. Les riches productions de cette conlrce Irappercnt I'altention des vo}ageurs : ils remarqu6rcnt plusieurs forets d'arhrcs a th6 ; la vigne se suspendait aux l)r;ui- ches des grands vegelaux ; la terre elail paree de fleurs, do plantes l^gumineuses, de palmiers, de cycas, de pandanus , doiit les fruits cntrent dans la nourrilure des habitants , et pou\ent aussi leur jirocurcr inio li- queur forinenlee. M. Leichardt, conlinuanl scs explorations vers le tiord , avail d'abord penetre dans la prcsqu'ile d'^'ork. Sa caravane y lut altaquee par uno Iribu d'indigenes : M. Gilbert, un de sos coinpagnoris du vo\ago , perdil la vie , et deux autros Curent grievemenl blesses. Mors il revint sur ses pas jusqu'au fond du golfe de Carpon- taric : il en suivit la cote , du sud-est au nord-ouest . traversa les nombrcuses rivieres donl cette region est arrosee, ct continuant sa route dans la memo direc- tion, il arriva cnfin dans le port d'Esslnglon, ou se terminait sa courageuse enlrepriso. Dans la derniero partie do son voyage , il avail ^prouv(^ d'exlrOrnes pri- ( 227 J valions; ses vivres «^laient epuises; tout son betail, unt' partie meme dcs clicvaux avaient ele consommes ; la lerre n'ofTrait plus les monies planles allmentaircs; lo gibier vint heureusement y siippleer : ce fut la clor- niere rcssoiirce ties voyageurs; cllo les soiilint jusqn'a la (in de I'expedition. Vous venez, messieurs, de parcourir avec nous le long itineraire, suivi avec tant dc Constance etd'habi- lete par M. Leicbardt , et vous avez pu reconnaitre les litres qu'il avait h vos suffrages. Son exploration a ele nne veritable decouverte ; elle enricbit la geograpbie d'un grand nombre de notions positives sur les re- gions nord -est dc I'Australie, qui n'avait jamais ele parcourue dans cette direction. Mais, quelle que soit la faveur accordee a des tra- vaux si importants , nous aimons aussi a signaler a votre interet et a vos suffrages de grandos et savantes explorations, faites dans ces regions nord-est de I'A- f'rique , oil il reste encore des decouvertes a taire , el ou plusieurs voyageurs ont deja obtcnu une juste ce- lebrite. Un silence de j)lus d'unc annce nmis avait vivemcnt alarmes sur le sort de M. Antoinc d'Abbadie, nous qui connaissions le merile de ce voyageur, son devoue- ment , son zele eclairc , ct les eminents services qu'il a rendus a la geograpbie; raais I'beureuse nouvellc s'est repandue quil exisle encore; que lui et son frere Arnaud sontau milieu des Gallas, ct que nouspouvons esperer leur retour. Quoique ces informations aient besoin d'etre confirmees, ne nous privonspas dc cclte lueur d'espoir, el puissent-ils un jour retrouverdansles vceux que nous formons pour cux un lemoignagc dcs regrets que nous anrail causes leur pertc ! ( 228 ) I 11 aiilre vovageiir tlans les regions \oisines des G;»l- las nous a etc rfendu . el il nous resle , messieurs . a niettre sous vos yeux ronsemble do ses Iravaux. M. Rocliet d'llericouit lit , en 18:59 et 18/iO. un premier vovage en Ethiopio; et en revenant en Franco il y rapporla d'interessanles notions sur le royaunie dc Choa , qu'il avail parconru en plu§ieurs sens. II avait su se concilier la bienveillancc , je dirai m^me I'ami- lie du sultan Sahle-Sallassi , qui lui remit, avanl son depart, une lettre et quelques presents, adress6s a Sa Majesle Louis Philippe. Ces premieres communica- tions donnerent lieu a un second voyage de M. Rochet d'Hericourt en A.byssinie. II recucillil, avant d'allor s'embarquer a Marseille , toutes les notions propres a rendre plus fructueuses ses nouvellesrecherches. L'A- cademie des sciences lui avait remis ses instructions , et lui avait confix tons les instruments necessairos pour determiner la situation geographique , le relief, la temperature , les phenomenes meteorologiques , physiques, niagnetiques des regions qu'il allait visi- ter. Le voyageur se rendit d'abord a Alexandrie et au Caire : il renionta le Nil jusqu'a Reneh, et pour aller a Cosscir il eut a traverser le desert qui s'etend sur la rive droilt' du (leuvo , el la chaine dc montagnes qui separe Ic bassin du Nil de celui de la mer Rouge. Arrive a Cosseh', oii il fut relenu pendant dix-neuf jours, il mit ce temps a profit pour etudier sous tous les rapports les plages voisines. Deja il avait fait de nombreuses remarqucs sur la ligne qu'il avait parcou- rue ; il continua ses observations, dans la traversee de Cosseir a Djedda, gagna la rade d'llodeida , et ensuite le port dc Moka , devenu le principal entrepot du commerce entre I'lnde el les rives de la mer Rouge. ( '2-19 ) l.ne na\igatioii cie Irois jours I'aineiia cnfin sliv les cotes du pays d'Adel, et le 1" juin lSli'2 il doscendil a Toujourra. La malveillance du sultan d'Adel I'empecha d'abord de poursulvre son voyage ; et deja Ic snajor Harris avail rencontre de semblables difficultes, lorsqu'il avait ete envoye pres du Roi de Choa par la Compagnie an- glaise des Indes orienlales. Trois soldats de sa suite avaient etc assassin^s en traversani le pays d'Adel , ot cette route continuait d'etre perilleuse. II fallait, pour se preserver des pieges ou des attaques des Bedouins, une surveillance habituelle : celle de M. Rochet d'He- ricourtfut infatigable ; et tout en s'occupant de la se- curite du voyage , il ne negligea aucune occasion d'elendre ses observations scientifiques sur la contree qu'il visilail. II reconnut dans les plaines d'Adel le lac- Sale, dont la surface est tres inferieure au niveau de rOcean indien ; il reuiarqua , dans le vaste desert qu'il avait a traverser, une grande quantile de laves et de debris volcaniques. Tout y altesto d aiicionnes erup- tions et le ravage des feux souterrains. r.n cheminant vers I'ouest, on entre enlin dans les valines de I'Aouache, qui forme la limile du royaunie de Choa. L'aspect du pays a enti^rement change : une vegetation brillanle et animee orne I'une el I'autre rive du fleuve, et les difficultes de la route ne sont plus les lufemes. Ici, M. Rochet d'Hericourt commence de nombreuses observations, pour determiner et tracer avec exactitude une partie du cours de I'Aouache, qui parait prendre sa source vers la fronti^re du pays d'E- narea. Notre voyageur suivit, sur dillerents points, la direction et les sinuosit^s de ce fleuve, et il s'aida du lemoignage des hommes les plus dignes de foi , stu' VII. AvniL 2, 15 ( !>30 ) tons les lieiix quil n'eliiil pas a port^e do voir Ini- uic'ine. Ses imporlaiUes rechcrclies nous i'onl ini»'ii.\ connaitre le regime des eaiix de I'Aljyssinie , les coii- rants qui se dirigent vers les lacs du pays d'Adel , ceux qui vont se rdunlr aux eaux du iSil , et quelquos unes des vallees qu'il faut remonler encore , pour ai- river enfin vers les sources mysterieuses du grand ileuve. Le paysdeChoa est plus ^leve que celui d'Adel : on est transporle sur un plateau, snperieur de 1,000 ;\ 1,500 metres au niveau de I'Ocean ; et cetle haute lo- gion est encore doniinee par une cliaine de inonta- gnes dontle point culminant arrive a 3,278 metres. !\1. Rochet d'Hcricourt se rendit a Angolola, et recut de Sahlc Sallassi I'accueil le plus alFectueux : cc prince le traita comme un ancien ami, ot se montra vlvo- ment reconnaissant des presents qui lui etaienl en- voy«^s par S. M. le Roi di?s Franrais. Get envoi com- prenait deux pieces d'artillerie , plus de deux cents tusils, carabines ou pistolets ; cent armes blanches, differcnts produils de notre induslrie et un beau por- traitduRoi : d'autres presents furentoirerts a lasullano son epouse : c'etaient des bijoux, des soieries, des bracelets, d'autres ornements , donl elle s'empressa de se parer. Le Roide Choa preparaitalors une expedition contro lesGallas, et M. Rocliet d'llericourl Tut invite a en faire partie , de nieme que iM. Lefebvre , qui venail d'arriver danslameme ville. L'armee royale dtaitnom- breuse; elle s'eleva jusqu'a quaranle-cinq mille cava- Uers lorsque tous les corps eurent ete reunis. L'in\a- sion dans le pays des Gallas fut rapide ; il y eut ])t'ii d'engagements , et la plupart des habitants prirenl la ( 2;'>i ) fiiile. Los IcMiiincs, los enfants, tons ceux qui n'avaient j)as pu les siiivio , I'liront faits prisonniors. On onleva cent mille tetos dcbotail; la licence, I'indisciplino des troupes ctendiront au loin la desolation , et le pays I'utcha nge en vaste solitude. Quelques acles de barbaric furent heureusement empecbcs par M. Rochet d'Hericourt. II sauva la vie a plusieurs malheureux en exposant la sienne, et, apres avoir marche centre renneml , il s'opposa , autant qu'il le put, aux rapines et aux violences du vain- queur. Le roi de Cboa lui en sut gre ; il le ddcora bientot des armcs et des insignes de ses premiers guer- riers, et lui offrit le gouvcrnement d'une de ses pro- vinces. M. Rochet accepta les arnaes , et refusa les fonctions qui lui elaient offertes. 11 ne cherchait a se prevaloir do la favour du monai'que que pour negocier et concluro un Iraite de commerce entre ce prince et S. M. le Roi des Francais. Aprfes avoir suivi la marche du voyagcur, il nous reste a rappeler les nombreux travaux dont il s'est occupe dans le cours de son expedition , travaux tres di8;nes d'interet pour lous les hommes qui attachent du prix au developpenaent de nos connaissances. Deja les recherches faites par M. Rochet d'Hericourt ont ete honorees des suffrages de i'Acad^mie des scien- ces. Lne commission , choisie parmi ses membres , avait ete charg^e de les examiner dans toules leurs parties , et chacun de ces rapports particuliers a ele iavoral)le a ce voyagcur, et a reconnu les services qu'il a rendus aux sciences physiques et naturelles , ainsi qu'a la geographic. Ce dernier genre de mdrito doil sp^cialemcnt nous attacher. Nous avons consult^ la carte qu'il a dressec d'apres ses propres observations : ( 23-2 ) file nous I'ait connaiire clilTereiUs liftix ou d'autres voyageurs europt^ens n'avaienl pas p^iielr^. Les indi- cations qii'clle reulerme egalonient siir jiliisieurs con- trees voisines sont autant dc julons, utiles aux voya- geurs qui pcuvenl entreprendre de plus lointainps ex- peditions. Le voile :?3 ) lt?s regions ulVicaiues qu'il a visitees. Lcs cciiaalillon.s de mint^raiix dont il a fait la collection iiuliciueiit les diffcreiiles couches du sol, les erii[)tioiis et les soul6- vements que la terre a eprouves , les caulees de lave, les obsidiennes, les basaltes, les breclies, et toutes ccs oombinaisons minc^rales , dues a I'incandesccncc du j^Iobe, et jaillies de ses prolonds arsenaux. L'herbiei- que M. Rochet d'FIericourt a forme alteste ses noudireuses recherches botaniques : il compreiid une soixantaine de genres, dont la nioilie nous elait inconnue; et Ton doit distinguer dans ce nombre le cousso, dont la fleur infusee a la propriete de guerir du ver solitaii'e. L'ouvrage que ce voyageur a publie se terniine par un calen.h-ier abyssin , ou les eres juliennes et ethio- piennes sont compar^es I'une a I'autre; et ce dernier document est precede du texte du traite de commerce, conclu entre la France et le Roi de Choa. La negocia- tion de cet acte etait a ses yeux la plus importanle aftaire dont il eut a s'occuper. Nous lui Savons gre d'avoir etudie des questions utiles a notre patrie. N'est-ce pas toujours a ce dernier resultat qu'on doit faire aboutir ses travaux, ses re- cherches, et cette activity intellectuelle qui devierit encore plus recommandable lorsqu'elle prend une si noble direction ? Ce voyageur a d'ailleurs su moler aux interets de son pays ceux de la science , et il I'a (ail avec assez de succes pour se concilier les suffrages des commissaires , occupes de I'examen de son ouvragt; . et pour avoir, messieurs, des droits a vos recom- penses. Nous avons lermine notre rapport par Tanaiyse des voyages dc M. le D'Leichaidt en Australie, et de M. Ro- ( ^.'^i ) cheld'ilericoiirt dansle royauinede Clhoa. I/uneet I'au- tre expedition se recommandentpardesin«^ntes qui leiir sont propres ; ct apres avoir soigncuseiiient examine , d'un cote riinportancc des decouvertes , de I'autre les savantes observalions failes dans des i-egions pen con- iiues , et les lumiercs qu'elles repandent sur la geo- graphic, I'avis de votre Cotnmissioii est de partager le grand prix annuel entre M. le doclour I-eicliardt rt M. Kocliet (rilericourt. r.APPOilT stir le Cancoitr.s cut I'ri.i D'Oni-iA.NS , jxuir t' iiiii>ortatioii la l>liis utile a ra^nu-iilliire , ulc son ( 235 ) alteiitiuii sur les tails economiqiics lecuoillis ihms Ic cours d'lme mission iniporlanlc , ii clictclie a los ap- pr^cier au point de vue de lavonir tie nolte couimercc oxterieur et des progres de notre Industrie. Des que le traite de Ning-po eut ouvert les cinq ports principaux de la Chine aux marines niarchandes des nations d Occident, M. le niinitre de lagriculture et du commerce , devancant les vcenx du pays , fit partir avec I'anibassade (Van^aise des honimes capahleset experi- luentes, qui, sous le titre de Delegues des villes manu- tacturieres , se rendirent sur les lieux pour etudier les moyens d'elablir des relations avantageuses avec les peuples de I'extreme Orient. Vivement preoccupe des rapports d'echange a ouvrir avec le Celeste Empire, el confiant dans le zele et les connaissances speciales des pcrsonnes que nos principalcs chambrcs de com- merce avaient presentees au choix du gouvernement , le departement de I'agriculture et du commerce leur remit des instructions tres etendues pour aider a leurs investigations , et leur tracer la sphere dans laquelle elles devaient plus particulierement s'exercer. M. de Lagrenee , qui vient de remplir une mission si hono- rable , aura vu avec satisfaction les differentes person- nes dont il etait accompagne, s'occuper avec le zele le plus louable de loutes les I'echerches utiles a I'indus- trie, au commerce et aux autres interets de notre pays. En citant leurs utiles travaux , on se rappellera toujours avec reconnaissance le digne diet" sous les auspices duquel ils les ont accompHs. La delegation commerciale se composait de quatre meinbres : M. Isidore Hcdde jnxu' I'industrie sericolc etlessoieiies; M. Natalis Uondot pour celle des laines; M. Hausscmaiiu pour le^ colons, et M. Reward pour ( 236 ) les articles cle Paris. I.es (juatre d^legues devaieiil en outre appliqiier leur attention sur toules les questions i;»in6i-ales qui interessent notrc commerce maritime, sans negli^^er loutefois celles relatives a certaines bran- ches de rindustric agricole , dont ils se sont occupes en ce qui coirceriie le murier, ie cotonier , le tabac et les plantes oleagineuses, setileres. alcooiiquos et tinctoriales. Ainsi, grace a cette iieureuse com'oinaison de me- sures prises par Icministereauquel sonl conli^s les plus grands interets du pa\s, la mission dij)lomatique, en- >o)ee en Chine, aura dos resultats immediats. Le gou- vernement a compris toul ce quil y avait d'avantages pour la France de lui assurer a la fois d'utiles rela- tions, el de I'eclairer sur la nature des transactions commerciales qui en seront la base. Pour notre part . nous devons le feliciter d'etre entre dans cette voie nouvcllo d'application et de progres. r.a delegation cominerciale partie de France . eii 18/|/i , pour les ports de la (Ihine , avec I'ambassadc du Roi , visita successivement Cadix et Seville, Sainte- Croix de TenerilTe, Gor^e , la ville du cap de Bonne- Fsperance , Saint-Denis de Bourbon, Trincomalee a Ceylan, Pondichery et Madras dans I'lnde, Singapore •lans la presqu'ile de Malakka , Batavia dans la Mahii- sie , Manille aux iles Philippines, Tourannc en Cochin- chine, Macao, Canton, Cliang-Hai , Ning-Po el Emoui sur le littoral de la Chine, liut essentiel de la mission. Le temps a ele laborieusement employe dans ces dillerentes stations, et unc scM'ie non inlerrompuo de travaux, d'obsorvations el d'utiles renseignements a rcpondu a la conliancc que Ic minislre avail accordee .1 la delegation , sur les recommandations des cham- ( 237 J bres de coiuinerce. Paitoiit les produils agricoles ol industiiels ont fixe son altention; des informations eyactes ont 6t6 prises sur los moyens d'existence, les conditions du travail , le luxe, les ressources et les be- soins des populations asiatiques. Desireux d'observer I'industrie chinoise dans un de ses grands centres d'action, M. Hedde n'a pas craint d'oulre-passer ses instructions en penetrant dans I'in- terieur de I'empire , eLi.e voyage qii'il a fait a ses ris- ques et perils est venu accroitre la masse d'interes- santes notions qu'il a rapporlees. Parvenu heureuse- ment dans I'importante cil^ de Sou-Tcheou , il a pu juger du haut degre de pei'lectionnement auquel est parvenue I'industrie s^rig^ne. La Chine, suivant I'expression de M. Hedde , est un immense phalanstere etabli depuis quarante siecles ; sa constitution, a la fois |)alriarcale , monarchiquc et democratique , est digne d'etre etudiee ; mais ce qui doit surtout nous interesser , ce qui est pour nous un probleme a resoudre, dans les circonstances actuelles et au moment ou la grande question des subsistances preoccupe tous nos economistes , c'cst rimmense po- pulation de la Chine, c'est , dis-je ( en admettanl le rhiffre des statistiques qu'on pretend les plus olli- cielles), I'existence de iUi/| millions d'amcs dans ce vasle empire, trouvanl parloul, toujours ot a lion march^, une nourriture assur^e et abondanto. Sou-Tclieou est le chef-lieu du RiangSou , une des ^\(}l\x j)rovinces de la grande juridiction de Nankin. Celte ville, malgre son importance, elail presque iguo- ree des Europeens : omisc ou nial indiquee sur bicn rlcs cartes moderncs, die avait pou riant (^te signalec et decrite en 1G5/|, dans V./t/as Sriicii.u.'i ric V. Martini, cl ( 238 ) plus laul avoo deluil par UuIiuIcIl'. Les reiiseigneineiils de M. Hedcle sunt veniis conlinuer ceux de ces savants j^suites , et completer les descriptions des ditlerents repertoires de geographic on il est fait mention dc Sou- Tcheou. Cetlc \iile parail occuper un rang tr6s dis- tingue parmi les grandes cit^sdu (i^leste Empire : tra- \ersee par Ic grand canal imperial, elle est situ^e au milieu du pays le plus beau , le plus riche et lo plus populeux de la Cliiue.cc qui lui a valulenom de Pnm- (lis tcrreslre. Les etoH'es de soic qu'on fahrique a Sou- Tch^ou et les autres produils dune induslrie perlec- tionn(5e ont fail de cette ville un des raarcU6s les plus riches et les plus frequentes de I'intt^rieur. Mais a sa cpialite de cite commergante et manufacturiere , elle joinlencore d'autres titres qui ne contribuenl pas moins a sa rcnommec. Sou-Tcheou est a la fois le Paris et le Lyon de la Chine, le siege du luxe, des plaisirs , des sciences etdes arts, la ville exceptionnelle quiirnprimc ses gouts et ses caprices au reste de I'empire. Ses rues sont canalisees coinme celles de Venise, cl la circula- tion y est facilitee par une multitude de ponts , dont plusicurs sont en granit. C'est a peine, messieurs, si i'ose vous parler de sa population, que les annales de la geographic chinoise porlaient, en 1725, a plus de 3 millions d'ames! Le plan de cette immense ville el dc ses qualre faubourgs, que M. lleddc nous a rapporle, fut Icve et imprimti par ordre dun gouverneur, sous le regne de Klen-Long, en \llxk, II conlient une le- gende explicative, dont voici la traduction lilteralc , d'apres.M. Young, missionnaire aussizile que savant sinologue : « Quoi«pi il y ail uci aulr<;fois (dit le gouverneur dc » Sou-Toheuudanssa It^gende ) des plans de l.i cilc.dr ( 239 ) » ses lauboui'gs, cle scs inontagnes et de ses rivieres , » on ne peut s'y fier, parce qu'ils sont dresses d'apr^s » les auciennes inethodes , et par consequent erro- » nes et incomplets. Aussilot mon arrivee, j'examinai » ces plans , mais il me fut impossible de m'y recon- )) naitre. La carte que j'ai fait faire indique minu- » tieusement toutes les fortifications, les rivieres et les )) canaux qui parcourent la cite, les temples et les eta- )) blissemenls publics qui en font I'ornement, les )) rues innombrables, les terrasses et les parterres, les » champs et les jardins. » Toutes les fois que les affaires publiques m'en )) laissaient le loisir, j'aimais a examiner tout ce que » celte cite renferme de curieux et a noter soigneuse- » nient mes observations. Ayant done rassemble tous » les materiaux necessaires , j'ai fait faire , par un des )) meilleurs artistes , le plan de cette populeuse et an- )) tique cite , ainsi que celui des environs, ce qui a ^te I) execute de la manierela plus claire. Ainsi , en jetant » les yeux sur ce plan , vous pouvez maintenant saisir » I'ensemble et avoir unc idee exacle de la ville de )) Sou-Tcbeou. » Dans une autre excursion, remontant le fleuve Tcbang, avec MM. Rondot et Renaid ses collegues , M. Hedde fut visiter la ville de Tcliang-Tclieou , une des plus industrieusos du Fo-Kien, ainsi que le grand bourg de Tcbish-Be , on toutes les jonques desti- nies pour I'aicbipel Indien vienne j)rendre Icurscbar- genicnls. Enfin , avant de s'eloigncr des cotes de la (Ibine, la delegation sejourna a Hong-Kong, ou les Anglais ont etabli leur postc a\an{'e de commerce ct d'echange. ('cite loiiiiiic (>xplurali(in , ''ntr('|)rlhi' (I,in> I'inler^t ( no ) tie nos relations avec les marcli(^s los plus iinpurlaiits (le I'Asie orientale et des grands arclupels adjacents. a «lur6 trente inois , pendant lesquels MM. les del^gu^s onl Hiit parvenir an ininistoro divers rapports qui ont (Slv. ro()ri)duits en parlie dans les (Inciuneiits commer- rtaii.r. Mais poiircfiic leurs renseigneinents devlnssenl applicables et Jecontis en l)ons resuUals , pour que les connaissances acquises pusscnt parlcr aux yeiix du pu- i)lic, lis ont rapporte en Fr.mcc des produils naturels et nianul'actures , des niodeles de metiers, et un grand nombre de dessins, collection non moins precicusc qu'instructive, car elle fournit Ja preuve et le fait a cote de I'enseignenjent et do I'application. Je citerai, a cet egard , quelques lignes d'un conipte-rendu dans lequel on a su apprecier toute Timportance de la par- tie iconographique dc celte curieuse collection. — « MM, les Dclegiies out pense que les notes ne sufii- saient pas pour I'apprc^ialion des objets auxquels elles se rapporlaient ; mais cpi'il lallait y ajoutcr la repre- sentation des faits qu'ellcs conslataient. lis out done poursuivi et dirige I'cx^cution de pres de mille dessins et peintures, la plupart traces d'apres nature, et tous speciaux aux arts, aux manufactures et metiers de la r.liine. Nous citerons, coninie tres reniarquables, les series de la distillcrie de S(tin-Tcheous, dela fdature et du tissage du nia el du coton , et coux de la verrerie. M. Rondot a pu obtenir les dessins colories des pro- ccd(^s du feulrage ct de la fabrication des tapis, «|ue completent des eioquis faits devant les metiers de Ning-Po , ct M. lledde n'a recule devant aucun sacrilice pour doter notre induslrie s(^rigenc d'une niagnifique galerie de plus do /|00 dessins exacts el annoles qui linilienMil aux delads minutieuxcle la eid- 1 ( Ul ) lure clii niiirier , de I'education des vors a soie , (Jc I'ouvraison cl dii lissage des diveises etolFes » Oiianl ail merite artistiqiie de ces ouvrages , nipssieurs , cha- ciin a pu admirer la finesse et la surete du trail, I'ex- pression des physionomies , le nalurcl des poses , le soin et I'intelligence avec lesquels sont trait(^es les ma- chines dans toutes les parlies de leur mecanisme. — IJne colleclion variee de feuilles l , rl imporl^es par les nations ffiii nous ont devances d;ins ces riches contrees. Nous citerons une piece de calicoi anglais, de gi'ande largeur, achetee a Ning-Po , par M, Rondot, a 36 centimes le metre! On doit ;'i M. Haussemann une collection d 'indiennes anglaises el hoUandaises, dont les perfectionnements de notrc in- dustrie doivent nous garanlir I'imitation, ct nous assu- rerlc privilege des importations, si nos iabricants, pour soutenir la concurrence avec les nations rivalcs, veu- lent se plier aux exigences des goiits et des habitudes etrangeres. Nous devons aussi esperer des succes de I'introduction dans nos ateliers dea procedes de tein- ture a I'indigo liquide des cotonnades duTche-Kiang , avec des dessins reserves en blanc au niojen de la chaux. Un des resultats les plus utiles au progres de notre manufacture serigene, et d'un haul interel pour I'hisloire de I'industrie chinoise , c'est la decouverte laile simultanement par MM. Iledde et Piondol de la fabrication de curieuses etoffes faconnees a I'espou- lin , et dont les habiles ouvriers de Sou-Tcheou ont seul garde la tradition. C'est essentiellement dans un but pratique et en vue de I'application ou de I'imitation manufacturiere que MM. Piondot et Heddc , cliacun dans I'interet de I'industrie qu'il represcntait , ont dirige leurs rccher- ches. Nous mentionnerons aussi , parmi les substances d'un emploi avantageux dans les arts, el qui ligu- raient a I'exposition chinoise, los cires d'insectes du SS'Ichoen , les suil's d'arbre du Tch^-Kiang, les cires d'abeilles de Timor, le caoutchouc de la presqu'ile de Malakka , le carthamo de la Chine ot le ganibier de Singapore, si utilejans le lannng(> et pour la idu- ( Uli ) [uro , ot (juu M. .1. llier nous avail dt'ja fait coiinailit?. I n vasle champ il'invesligalions^tait rc^servcaM. Ro- iiard , coinme delegue de I'indiistrie parisienne , cl qui a rempli avec iin z6le louable le programme d'instruc- tions que lul avail remis la commission de la chanibre de commerce de Paris. Kn admirant les colleclions rapportees par M. Renard, nos hablles ouvriers auront pu (aire d'intelligents emprunts parmi celte nmltitud(> d'objets (Elegants, \aries el loul ciseles avec une mer- veillousc patience. Ainsi, messieurs, nous ne saurions asse/ le pro- clamer, c'estdans un but eminemment utile , c'est en vue des nouveaux debouches qulvont s'ouvrir, quecclte grande colleclion avail 6te r6unie. La matierc pre- miere y figurait a cote de son emploi ; on pouvait la suivre dans toutes ses transformations , depuis les pre- mier? produils de la culture jusqu'aux derniers rdsul- tats de ia fabrication la plus perfectionn^e. La delega- tion commerciale a voulu nous montrer a la fois oe qui se fait, ce (|ui so vend, ce qui s'ach6le a Canton, a Chang-Hai, a linioui , a Sou-Tch(^ou, aux Philip- pines et dans les autrcs (^chelles de la mer des Indes , afin de renseignor nos fabricants sur les articles d'ex- portation a imitcr, nos agronomes sur les cultures a tenter el a introduire , nos armateurs et nos nego- ciants , sur les marchandises qui devront composer leurs cargaisons , el faire la base de leurs (^changes. Jusqu'ici les Anglais etles Am^ricains des ttats-l nis se sont presque partage le monopole dans les transac- tions commerciales opdrdes par la voie de mer avec la Chine. Les premiers, meltant a profit I'avantage de leur position dans la mer dos Indes et le prestige de leur puissance, ont conquis la suprt^matio des affaires \ ( 2/i5 ) partoul oil ils ont etabli leurs comptoirs. Les seconds, suivant aussi uti systemo politique entiereraent base sur les interels de leur commerce , ont 6tendu leurs relations dans toutes les contrees du globe. « Des Co- lonies nulle part et le paviUon partont. » Telle fut la devise qu'ils adopt^rent des le principe ; et leur marine marchande , deployant une activity extraordinaire , :i pris en moins d'un demi-si^cle des proportions si etonnantes qu'on chercherait en vain dans I'histoire des peuples un exemple d'un pareil accroissement. 171,000 hommes employes a la navigation , un mou- vement maritime qui a depass6 souvent 2 millions de tonneaux sous pavilion national , plus d'un million de navires en construction tous les ans dans les ports de rUnlon , constalent les prodigieux resultats de cette prosperity toujours croissante. Les etablissements ma- ritimes que les Etats - Unis veulent fonder sur les rives de I'Oregon , ceux qu'ils viennent d'occuper sur les cotes de la Californie, les placent sur la route de la Chine la plus directe et la plus courte. Appeles par les d^velopperaents progressifs de leur territoire et I'extension de leurs frontiires occidentales a dominer dans le Grand-Ocean boreal , les Ara^ricains sau- rent, bicn mieux qu'aucune autre nation, tirer avan- tage de lous ces petits archipels perdus dans la mer Pacifique , etqui se trouvent ^chelonn^s sur la ligne qu'ils auront a parcourir% Avant le traite de Ning-Po , ils luttaient deja avantageusement avec I'Angleterre , qui n'avait pas dans les mers de la Chine de concur- rents plus redoutables. Les cinq ports ouverts aujour- d'hui aux nations d'Occident leur livrent de nouveaux marches. Mais les chances d'aveniidu commerce avec la Chine ont fait nailre aussi des esperances chez VII. AVRIL. 3. 16 ( 246 ) lous les pcuples maniirarturiers qui cliorchent des ilo- houch^s a recoulemcnt de leurs produils; et le celeste Empire, cntame au nord par lu politique russe, au Slid par Ics armos anglaises , verra successivenient aborder sur ses fronti6res marlliraes loules ces nations que naguere encore les 6dits imperlaux qualillaient de Barbares , et dont ils redoutaient le contact. — La providence qui veille aux destindcs du nionde se maniteste par les fails accoinplis; I'industrieet le com- merce , ces deux nioyens puissants de civilisation et de richesse , suivronl eur marcbe progressive pour con- courir ensemble au bonbeur de I'bumanite. La France ne sera pas la derniere a se presenter dans ces loin- tains parages ; la sollicitude du gouvernement a pris soin de preparer les succ^s de ces cnlrepriscs ; une station navale, etablie dans les niers de I'lndo-Chine , leur assure protection ; nos inlorfits sont garaiitis par les trait^s , et les renseignements de la delegation IVan- caise \iendronl guider nos sp^culateurs. La superio- rity des produits de notre fabrication nous fait csp^rer de pouvoir soulenir la concurrence avec les nations rivales , malgr6 les avantages que leur donne I'oxp^- rience acquise par la priorite des relations. La popu- lation de la Cbine a ses grands centres d'agglom^ra- tion dans les villes maritimes ouvortes au commerce europeen ou dans les cites populeuses en communica- tion avec clles par le reseau de canaux ol de voles flu- viales qui sillonne ce vaste empire. C'est vers ces masses de consoramateurs que doit se porter naturel- iement le raouvement des affaires. Un simple aper(;u des transactions qui s'operent sur ces marcbes sufTira pour faire appr(icier leur importance. En 18/1.5, les Anglais et les ;\m6ricains on! apporle ! ( m ) a iMnoui pour plus Je 3,700,000 t'r. de marchandises diverses . dont Ics fds de colons et les draps compo- saient la majeure partie. Ning-Po , fr^quent6 par les junques chinoises , siamoises el formosanes, Fou- tcliou.la capitale de Fo-Klen et le centre du commerce des tlies et des sucres, sont des entrepots qui pren- dront un tres grand developpement a mesure que le mouvement des allaires seportera vers eux.Gliang-Hai, qui recolt les productions des provinces voisines , tend a devenir le premier marche de la cote du nord. En 18Zi5 , les Americains ont opi^r^ la majeure partie des echanges qui se sont edectu^s dans ce port, d'oii sont sortis 20 millions do soie grege et plus de 11 millions de the. Canton re^oit annuellement plus de 300 na- vires , dont 180 sous pavilion anglais , 80 a 90 ame- ricains, et le reste appartenant a differentes nations. Les importations et exportations, resultant dece mou- vement commercial, sont evaluees a plus de 180 mil- lions de francs ; les lainages d'Europe figurent dans les echanges pour la valeur de 10 millions, les soies greges pour 12 millions, les tli6s pour 87 millions. En 1845, les Etats-Unis importaient d^ja a Canton pour 17,600,000 francs de marchandises diverses; ils n6- gociaienl pour 30 millions de traites sur des maisons anglaises , et exportaient pour 52 millions de retour ; tandis que la France, il faut bien le dire, n'^chan- geait encore que 600,000 francs de ses produits contre 6/10,000 francs de denr(^es de la Chine. En r^sumci , le mouvement general du commerce maritime entre le Celeste Empire et les differents ports de la Grande- Bretagne et de ses possessions (importations et expor- tations comprises ) , met en circulation 158 millions en marchandises ou en numeraire , ct celul qui a lieu ( 248 ) sous l;i banniere des litats-L nis s'accrolt cliaqiie an- n6e dans one progression lellement rapide, qu'on a tout lieu de croire qu'il atteindra bientot le meme cliiffre. En presence do ces faits , ne faut-il pas considerer conime un bienfait pour la France les iinportanles notions recueillies par la delegation cooimerciale , et auxquelles le gouvernetnent s'est empress^ de donner la plus grande publicite? Notre commerce ext(!;rleur, en se guidant sur ses renseigncmonls , peut esp6- rer une belle part dans le grand mouvemenl d'af- faires dont nous venons de presenter un faible apcrcu. Mais il faut , avant tout, que I'esprit d'associalion lui vienne en aide pour lui fournir les moyens d'action qui lui raanquent: il faut aussi qu'il tache de reduire les frais d'une navigation trop on^reuse , et que , jaloux deconqu^rir, dans un pays nouvoau, ceprecieuxre//ow/ (le probite qui fait la fortune des nations commer- ^antes, il fonde son credit sur la loyaule de sos trans- actions. N'oubllons pas cependaiU d'observer quo cc nest pas seuleinent dans I'interfit de notre commerce extc- rieur , raais encore dans celui de I'induslrie francaise en general qu'un grand nombre de renseignements ont (^te recueillis par la delegation envoy^e en Cblne. Ainsi, notre industrie serig^ne s'eclairera, pour se per- fcctionner, des notions puisnes a sa source. L'intro- duction des belles variations de rauriers que Ton cul- tive en Cliine, cello des nouveaux produits tinctoriaux, la regeneration de nos vers a soie par des semences nouvelles, la multiplication du prccieux insecle qui fournit la mati^re premiere a nos manufactures do soierie , la connaissance de metiers d'un m6canismc simple , peu couleux, et capahlo do facilitor le travail ( '2/i9 ) de cetle population iiidustrieuse , qui s'occupe clans Ic sein du foyer domestique de confectionner les elegan- tes fantaisles que noire luxe s'impose , tous ces pro- gres, tous ces perfeclionnements auront d'heureux r^sultats , d^s que le germe de leurs bienfaits se sera nationalise surnotre sol. Les conquetes de I'industrie ont moins de retentissement que les conquetes guei'- ri^res ; elles s'operent avec plus de lenteur; mais, une fois acquises, elles se propagentet fructifient pour ac- croitre la richesse nationale. Cesconsiderations , messieurs, ont pr^valu sur I'es- prit de votre Commission. Les renseignementsobtenus par les hommes sp^ciaux et pratiques qui onl eu mis- sion de parcourir diff^rents points de I'Asie orientale et les ports principaux du Celeste Empire , les servi- ces qu'ils ont rendus et la nature de leurs travflux, lui. ont paru entrer dans les conditions du programme du Prix que vous avez k d^cerner. Toutefois , votre Commission n'a pas voulu porter un jugement anticip6 sur les avantages qui pourront r^sulter de la masse de faits que je viens d'avoir I'honneur de vous exposer. II en est plusieurs, sans doute, qui ont plus particu- li^rementattir^ son attention, mais elle ne peut rieii pr^juger d'avance , el la Soci^td, donl elle est I'organe, doit attendre, pour mieux s'eclairer, les resultats de I'experience et les rapports officiels que le minist^re ne manquera pas de provoquer. C'estdans ce but que nous vous proposons de pi'oroger encore le concours ouverl pour le Prix fondd par S. A. R. le due d'Orleans, et de r^server les droits de ceux des membres de la delegation commerciale qui auront des litres a faire valoir. Votre Commission fait la meme reserve en fa- veur de M. Lamare Picquot, donl le nom est d^ja bien ( 250 ) connu dans la science , et qui vienl cl'explorer I'Ain^- rique sur una zone cle plus de 50 dogres. Lue Ictlre qui nous a 5S ) rents , et presque autanl de lieues cliireienles. Si I'au- teur d'une relation de voyage ou d'un tralte de g^ogra- phie n'avertit pas, a chaque fois, de la valeur du mille qu'il emploie , on peut errer considerablement, et s'il avertit, il faut, ind6pendaniiuent de fastidieuses repetitions, que le lecleur se r^signe a faire des cal- culs plus ou moins longs, el qu'il coure la chance d'erreurs non moins grandes. (Jeneparle pas des milles de I'antiquite qu'on cite dans les Merits de g^o- graphie ancienne, ) Souvent, en effet , la conversion est coinpliquee , et meme assez difficile. Chaque voya- geur se bornant souvent a rapporter les nombres qu'il a recueillis sans les definir, il en r^sulte pour le lecleur un embarras penible , qui ote au rt^cit son charme et son interel, S'il s'agit d'un m^moire , d'un traile ou d'une description geographique , oii I'auteur ne s'est pas condamne a repeter sans cesse les defini- tions , I'inconvenient n'esl pas moindre, el Ton est ar- rets a chaque inslanl par la nc^cessite de faire un calcul. Enfin il faut avoir sous la main des tables, et de bonnes tables de conversion. Ce n'est pas le lieu de proposer ici un remede a la confusion, un fil qui guide siirement danscelte esptice de labyrinthe inextricable ; il appartiendra a d'autres de rechercher et d'^tablir une langue commune dans I'expression des distances. D'ailleurs, quelque impor- tante que soit cette unite itineraire , elle ne conslituc cependant qu'une faible parlie de la reforme qui est devenue n^cessaire ; c'est un travail d'ensemble que les geographes, el lepubhc europt^sen tout entier, doi- ventdesirer et appeler de tous leurs vceux. La seule enumeration des elements qui reclanienl une reforme suffira pour en demonlrer ['importance et ( 25A ) en deiuontrera en m6ine tcinps la n«icessilc. C'est a ijiioi nous devons en cemomenl nous borner ; (juelles que soiont les ideesque nous nous sommes formees de la solution de ces problemes, nous n'essayeronspasici d'en resoudre un seul (l);nous no ferons que poser les questions, laissant a les resoudre aiix maitres de la science, aux lionunes les plus coaipetents. Nous divi- serons le sujet en deux parties : les questions gdne- rales qui interessent la geographic; ensuite les ques- tions speciales qui se rapportent a la cartographie , autrement I'expression graphique , c'est-a-dire le des- sin et la gravurc des carles (2) . Nous trouvons, d'abord, six questions a resoudre , et toutes du premier ordre. I. Quel sera Ic premier m^ridicn a partir duquel on devra compter les longitudes ? Ne pourrail-on pas s'ac- corder enfin sur le clioix d'un cercle coinmun a tous , de meme qu'il y en a un a partir duquel tout le monde s'est accordc a compter les intervalies dans la direction nord et sud. A cette question s'en rattaclie une autre : faul-il compter les longitudes, en deux sens, a I'Orient et a I'Occident, ou seulement a I'O- rient? II existe en ce moment presquc autant de pre- miers meridiens que de nations savantes ; le plus an- cien , celui de I'ile de For, obligatoire pour la France depuis plus de deux si^cles, est menace dcl'abandon, l"aut-il y revenir? Le plus fameux, celui de Greenwich, est loin d'etre accepte par toute I'Europe. Le grand travail de Mechain et Delambre, joint a celui de Cassini (i) V'oye/. sui la iKil.itioii dcs alliunli's (a) Voye* l<;s IJein nquos sur le meme siijel par M. de La llo- queup, Kullelin de la Societe, I. VII, p. 186, et par M. Koiix d( FUxhfllr, Ftiillrlin dp la Socicie, I. Ill, V srrir, p. lf\S. ( 255 ) du siecle dernier n'a pas siiffi pour fairc predoininer le ineridien de noire Ohservatoire. L'Anierique du Nord a aussi son premier m^ridien a Wasliington , Vene- zuela a Caracas; I'Australie , sans doute, aura un jour le sien. Que dire de celui de T^nerilTe , de celui des Azores, de celui de Tol6de? nous en passons plusieurs autres, ainsi que ceux des geographes anciens , des Arabes, des astronomes modernes qui rapportent les lieux a leur observation particuli^re. Quel fanal por- tera la lumiere dans cette sorte de chaos, si ce n'est I'examen impartial fait en commun par les represen- tants de la science , pourvu qu'ils se soient depouilles a I'avance de tout esprit de localite. II. En second lieu, il importe d'adopter une mesure commune pour les sondes en mer. La brasse varie d'un pays a I'autre. II s'en faut que le metre frangais puisse etre universellement adopts; et d'ailleurs sa longueur est trop courte , et ses multiples seraient trop grands. III. La notation hypsometrique , c'est-a-dire le mode d'expression numerique des hauteurs des lieux, au-dessus du niveau de la mer, a besoin d'etre fixee , pour I'avantage de la geographie physique, de la geo- graphie propremenl dite et de I'enseignement. On a propose plusieurs notations; aucune ne parail avoir prevalu encore. IV. La division des Oceans et leurs denominations, celles des differentes parties du globe, celles de I'O- ceanie, sont aujourd'hui ,et seront encore longlemps io sujet de nombreuses dissidences entre les naviga- teurs et geographes anglais, russes, fran(;ais, amori- cams,hollandais, portugais , espagnols , etc. II serait utile de simplifier ces divisions, surtoul de les denom- mer d'uiie mani^re connnunp. ( 256 ) V. Ln auUe objet important est la determination do la branclie principale du cours dos llcuves et des rivieres, et par consequent de leurs veritables sources. Quels affluents donneront leur nom a la riviere et au fleuve ? Faudra-l-il ne consulter que I'eloignement, ou au contraire n'avoir ^gard qu'a la puissance du courant , sans consid^rer la longueur du cours? Faudra-t-il se decider d'apris la direction generale du fleuve vers la mer ou il se jelte, ou bicn encore d'apr^s I'etendue de la partie navigable? S'en tiendra-t-on , pour les Qeuves depuis longtemps celebres, aux. id^es des anciens, ou prendra-t on pour base I'u- sage actuel des peuples riverains? Conservera-t-on le nom de fleuve a ces golfes profonds, et quelquefois imraenses, oil certains fleuves se dechargent, oil la maree se fait sentir comme en pleine mer, et qui sont tout a fait depourvus d'eau douce ? VI. L'orthographe geograpbique , la nomenclature, la terminologie sont encore des points de baule impor- tance. De savants ecrivains ont traits ces questions avec plus ou moins de developpement, et tous ont d^- plore le vague et I'incertitude qui regnent dans la ma- ti^re ; mais nul n'a fait accepter son systeme ; aucun n'a embrasse lo sujet dans sa gtineralil^. Aujourd'luu que I'Orient et la Hautc-Asie sont en rapport continuel et croissant avec I'Europe , il est grandement a desirer qu'on adopte une 6criture uni- forme pour les noms de lieux orientaux. Les noms generiques donnas aux diff^rentes formes des continents et des mors auraient besoin eux-memes de passer par une revision s6v6re , et d'etre soumis a une exacte definition, surtout leur application actuelle aux ( 257 ) tllvers lieiixde la terre (1). (II n'est pasquestionici cles noms g^neriques donnes par les indigenes des [)ay s loin- tains, aux montagnes , aux cours d'eau , noms qui ont trompe les voyageurs les plus instruits ct nieme de sa- vants ^crivains : cetle matiere toute speciale veut etre trait^e ex professo.) La question est vasle, on le voit ; elle embrasse une foule de points differents : par exemple , les nouvelles terras decouvertes ont re^u , depuis plusieurs siecles , les nonis qu'il a plu aux decouvreurs de leur donner, tantot ceux des princes sous le rfegne desquels ilsnavi- guaienl ou voyageaient, tantot les noms du calendrier relatifs au jour de la decouverte, tantol des noms im- poses par le caprice, tantot les lieux ont recu le nom du descohridor, etc. Le mal est que les voyageurs de differentes nations qui ont aborde les memes parages, successivement, ont pris pour non avenus les noms don- nes par leurs pr^decesseurs, et en ont impost de nou- veaux. Qui peut dire combien de noms divers donn6s au meme point, et, par conlre , combien de noms semblables donnes a des lieux differents, eloignes de tout le diametre du globe ? C'est au point qu'il y aurait matiere a ecrire une synonymic geographique, comme celles qui sont devenues n^cessaires en botanique et en zoologie : ce travail , personne ne I'a encore entre- pris. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que parmi cette multitude de noms, imposes par le hasard ou la fan- taisie, on a neglig^ precisement celui qui ne devait donner lieu a aucun double emploi, a aucune contes- tation, a aucune susceptibilite nalionale, c'est-a-dire, (i) Nous voiilons parler (lis mots de cap , golfe , bale , e«c. ; la- {',mie, maiais , lac; desert, steppe, lande,...; cliaine, moiit, pla- teau,...; el meine de detioit, de presqu'ile , de (ribn , de i-ace, de peiiplc,..., (pu'ltpjefoi? appliques iniproprement. ( 258 ) parloul ou il exisle une popuialion, le nam tn/ligene ; ce n'est que dans les derniers temps qu'on a eu le courage d'efl'acer des noms ourop^ens et de les remplacer par le nom local. D'excellentes remarquos ont iil6 produites sur ces derniers points . et nous n'aurions pas besoin de sortir de cetle enccinlo pour nommer d'liabiles geographos et de savants qui ont traite de la reforme de la momon- clature (1) ; niais il parait evident qu'il faul poser des principes g^neraux, el prendre la question par la base avant de dcscendre aux applications. La desciiption graphique des lieux de la lerre, ou le trac6,le dessin des cartes, n'ont pas moins besoin d'une amelioration, e'est-a-dire de I'adoption de quelijues regies g^nd-rales. II est vrai que le dessin, comme tous les beaux arts, est une languc universclle; mais celui de la g^ograpbie est a part ; il repose presque en totalit(^ sur des conventions. Depuis les projections de toutes sortes jiisqu'aux signcs lopograpbiques , tout est sou- mis a des Conditions pour ainsi dire arlificielles ; aussi le plus grand arbitraire regne - t - il dans le mode d'expression du terrain. L'ingenieur, le dessinaleur, le graveur se servent de procedis tr^s variables ; au- cun de ces modes n'a encore r(^solu le difficile pro- bleme qui consiste a representer exactement le relief et la forme du sol ;j et d'abord il faudrait regler un point qui est reste douteux : le choix entre I'emploi de la lumiere oblique et celui de la lumiere verticale. On produit de specieux arguments on favour de I'un et de I'autre mode. (i) MM. Cortainliert, tie La Roqnelte, le haroii ik- Ilanitner, et<-. ( 259 ) Faut-il s'on tonir, [)our exprimerles inonlagiu's, aux hachuresnorniales , aux lignes de plus grande pente , ou bien adopter Icscourbes horizontales equidistanles (ou lignes de niveau). mode qui eslleplusoxactetle meil- leur peut-etre de tous? Faut-il, au conlraire, employer des teintes progressives? La gravure se preto egaleraent bien a ces trois modes d 'expression. II se peut aussi qu'on en trouve de preferables. Les trails d'epaisseur graduee numeriquement , proposes par plusieurs sa- vants francais et allemands pour exprimer la pente , et produisant des teinles proportionnelles a Tangle d'inclinaison , doivenl-ils etre adoptes de preference? Ilfaudrait aussi distinguer le dessin des cartes, selon qu'il s'applique a la geographic, a la chorographie, a la topographic. Pourrait-on encore revenir a une tr^s ancienne m6- thode , celle de montrer en perspective les elevations du terrain ct autres accidents du sol , pour les cartes tres peu chargees, pour les cartes des pays nouvelle- ment decouverts ? Ce dessin pittoresque ne pourrait-il pas etre, dans certains cas, tol6r6, puisqu'il donne I'aspect vrai , et qu'il est alors sans un grave inconve- nient,landis que pour les pays mieux connus,la projec- tion horizontale est la seule qu'on puisse adopter. On est oblige d'exagerer sur les cartes la largeur des rivieres, et celle des canauxet des routes, la gran- deurdes villes et des lieux d'habitation; quelles limi- tes doit-on imposer au dessinaleur, selon les lieux et les pays, afm de ne donner qu'uneid^e juste de leur importance relative ? Cette question se rattaclie a celle des echelles des cartes. II n'y a pas tr6s long- temps qu'on a senti , meme en France, I'avanlagc d'adopter des rapports simples entre la figure d'un ( 260 ) pays oil (J'une contree ( sur les cartes) et sa grandeur r^elle ; de la les 6chelles en proportions decimales tacileincnt comparables entre elles: un mdlii^me , un dix millieme , un inillioinome , un dix millionieuie et ainsi de suite. Ges proportions n'ont-clles pas , en effet, de grands avanlages sur les ^chelles arbitraires, meme sur les 6chelles qui sent plus ordinaires chet nos voisins , savoir : d'un pouce ou d'une ligne pour lieue, ou pour inille, puisqiie le pied, d'ou derive la ligne ou le pouce, varie selon le pays, puisque la lieue et Ic mille sont ^galcment variables ? A combien d'er- reurs n'expose pas le double ^alcul qu'il faut operer pour connaitre la veritable proportion d'une carte (^trangere. Et quand le second terme de la proportion est une mcsure fixe comme le degre du meridien , n'y a-t-il pas encore a recborcher la valeur exacte du pied , de la ligne ou du pouce qui sont mis en compa- raison aveclui, necessity dont le moindre inconvenient est beaucoup de temps perdu ? A supposer qu'on n'a- doptat pas la progression decimale, pourquoi n'adop- terait-on pas du moins , a I'avenir, la progression de certains multiples i'Kncore une question grave a r6- soudre. La difference dcs 6chelles ne pourrait - elle pas aussi etre ^tablie selon I'etendue du pays ? ainsi, elles seraient multiples I'une de I'autrc, scion qu'il s'agi- rait d'une des parties du monde ou d'une region na- lurelie d'un Ktat, d'une contree , d'une province ou d'un district , ou meme d'une ville capitale et dune ville secondaire. Les ccritures des cartes sont dignes aussi d'attenlion ; c'est la que I'arbilraire regne souverainement. La proportion, la forme et la nature des ceract^res va- ( 261 ) rientau gre desdessinateurs et quelquel'ois desgraveurs, qui ne se pr6occupent pas toujours assez de I'impor- tance deslieux, et dccelle des montagnes, rivieres, lacs et autres accidents du sol. Quant a la place des noms, elle est aussi variable que leur direction et leur gran- deur, Dans les cartes typographiques, on avail eu I'id^e de placer ces noms toujours parall^lement au cadre , dessus ou dessous la position , celle-ci elant invariable- menlauf/ii/ieiida nom. La direction peutcependant dif- f^rer suivant les cas , etnous avons I'exemple des cartes manuscritesde d'Anville, ou les noms sont habilement traces ea sens divers , de facjon a presenter a I'ceil une clart6 parfaite : or, aucune carte moderne ne presente plus de neltete que celles de d'Anville ; apr^s un siecle 6coule,c'est encore un module d'ei^gance. Nouspensons que la proportion relative des mots, leur place et leur direction pourraient etre assujetties a des regies uni- formes , et modifi^es suivant que la topographic serait plus ou moins charg6e, Les signes topographiques sont un objet tout a fait conventionnel; on peut done soumettre facilement les signes de limite des Etats, de; contrees , des districts , des cantons ou circonscriptions diverses, a des regies g^n^rales. Un detail qui parail plus minulieux , mais qui ne doit pas cependant 6tre neglige , regarde les signes qu'on ajoute souveut aux positions pour distin- guer les differentes sortes de lieux ha])it^s. Enfin, Ion doit attacher une importance toule par- ticuli^re aux signes qui indiquent la nature du ter- rain, c'est-a-dire aux teintes par lesquelles les g6o- graphes-geologues caraclerisent les sols de differente formation. Ces couleurs de convention varient encorn plus suivant la diversite des systemes que selon la na- vn. AVRiL. A. 17 ( 262 ) tiire (Ju sol. Coinbieu il est a desirer que les g«iologues s'entendent pour adoplei- ties teintes unil'onnes ! On doil desirer la meine chose pour les indications ethnogra- phiques relatives aux races, auxreligions, aux dialectes ; comme pour r/iaZ»//rtr dos planles et desanimaux, c'est- a-dire pour la geographic botanique et la geographic loologiqne , et enfin pour les cartes 6conomiques , agri- coles et, on gendral, pour toutes los cartes slatlsli(|ues. Les premieres questions que nous avons passees en revue sont nombrcusos , el ccpendant il en existe en- core d'autrcs non moins importantes : par exeniple , la division sjsteniatique de la science elle-nieme. Sans doutc le domaine de la geographic s'est bcau- coup elargi par les conquetes qu'clle a faitcs depuis nn siccle ; ccpendant il faut prendre garde qu'elle n'enipieto sur celui des autres sciences. Ccmnie science exacte, olle doit se renfermcr sagement dans ses linii- tes naturelles, tout en prenant I'extcnsion qui lui ap- partient par I'eiret du developpement des connaissan- ces. Toutes les sciences ont bcsoin d'clle : il n'est donne a personne aujourd'hui de pouvoir se passer des etudes goographiques. L'etude des cartes , aussi bien que des trailes de geographic , est aussi indispen- sable commc fondement de Tinstruclion que Test l'e- tude de la grauimaire pour bien apprendre les langues. Maintenant, nous le demandons, comment un seul homme pourrail-il entreprendre unc reforme pareille a celle que nous venons d'exposer? Ccrtes, I'auloritd scientifique la mieux etablie n'y suflirait pas. Ce n'est qu'aune reunion d'hommesspeciauxqu'il appartientde discnter la matiere, etde r^soudrc lo probl^mc. Seule, elle pourra examiner, sous toutes les laces, les ques- tions que nous avons soulevees : c'est pourquoi il faut se garder d'anticiper ici sur aucune des solutions. C'est avoir atteint noire but, si nous avons ap- pele I'attention publique sur ce sujet qui tout elt^- menlaire ou us6 qu'il pent paraitre n'en est pas moins important, et si nous avons reussi a faire voir a la fois, et qu'une reformc est necessaire , et qu'il n'est pas absoluinent impossible de la rt^aliser (1). II serait digne du baron de Humboldt de la prendre sous son patronage. JoMARD. Supplement a la Notice de M. Mas Latrie sur la situation actiielle de Vile de Cliypre. Monsieur le Pri^sident , A la Notice geographique sur I'lle de Chypre que j'ai eu riionneur de vous adresser, je dois ajouter quelques renseignements particuliers sur les moyens et les materiaux dont je me suis servi pour construire ma carte. Je ne puis que les indiquer ici bien som- inairement; mais je compte les exposer en detail dans (i) Nc pouvant citer ici tous les savants qui out pu exprimer le iiieine vtieu oa un voeu an.ilo;;ue, nous nous hornons a inerwionner le secri'taire de la Sucir'te royale de {jeograpliie de Loiidres, M. Jack- son, qui est pe'netre de la necessiie d'un chanfjement , el qui a sur ce SMJet des vues tres avancees. Dornons-nous a renvoyer anx savants < .rits (le MM. Hitter, Walrkenaer, Ad. Balhi , H. Berjjiians , Malte- !li iin , Ungues Murray , etc. ( 2(i/i ) le Mernoire dont je m'occiipe , et que j'irapriincrai a la suite de la relation dc niou vovage. Voici done, monsieur, quels etaient les el(5mcnts dc la geographic de I'ile que j'avais reunis, el voici coinmcnl je les ai utilises. Le ineilleur trace du perimetre de Chvpre est cclui qua donne le capitaine Gaultier dans sa carle du has- siu oriental de la M6diterranee , publi6e par le Depot de la marine, et bien que celte carte soit sur une Ires petite eclielle , j'ai du la prendre pour base de uies travaux, parce que rien de nieilleur ni de plus nouveau, que je sache , n'a ele public en Europe sur cette ile. Mais comme je me proposals d'exaniincr le pays, ou au moins les diverses parties du pays que je devais tra- verser , dans le plus grand detail, I'eclu'lle adoptee par le capitaine Gautlier me devenait tout a I'ait insuf- fisante.et j'avais besoin dunpei'im^tre bien plus grand. C'est le travail que M. le colonel Lapio, sur 1 autorisa- tion dcM. lclieulenant-g6neralPelet, eutia bonte de laire executor pourmoi, enportant la carte marine a rechelle de Ysiwu- O'l'^s ce dcveloj)pemcnt, jo pouvais indiqucr loutes les particularitcs notables de moii itineraire. Une fois en possession de ce trac6 , et apr^s y avoir porte les positions bien determin^es de Larnaca , Ni- (;osie , Famagouste , Rerinia ou Cerines et Bafo ou Paphos , j'ai preclude ainsi, afm de suppleer. aulant que possible , par un itineraire exact et attentif , aux resultals precis que mon inexperience des meihodes de triangulalion ne me permcltait pas d'obtcnir. J'avais, avant mon depart, ^ludie la vitesse de ma monture et calculi qu'clle parcourait en moyenne un kilometre par quart d'heure dans la plaine (1) : ce ( i) J'jlhiii lif's IpiilciiiPtil , ;i r.iii-ip ilcs lia;;af;fs (|ii> nir suivaicnj. ( 265 ) kilomelie et co quart diieure , qui repondent a pen- pi 6s dans I'echelle actuelle de ma carte a 0,50 mill, ou un demi-centimetre , a ete mon unite ; et c'est d'apres cette base que j'ai calcule toutes les distances, nolant attentivement, la montre a la main , I'lieure et la mi- nute du depart, les moments de halte et le moment oil je me remettais en route ; tenant com pte aussi exac- tement que je le pouvais des accidents qui modifiaient la marche, en I'acc^lerant ou la retardant dans Ks pays de montagne. Tout cela , je le sais, n'est qu'ap- proximatif. J'ai cependant la confiance que mon itine- raire et ma carte, si on veut bien les comparer aux cartes de Venise de 1566, 1570, aux cartes de Mercator, Blaeu, Coronelli, Jauna, Reinbard, Drummond, etc., ajouteront a la connaissance g^ographique de I'ile de Cbypre , et rectifieront de nombreuses erreurs de po- sition et de denomination. Pour les directions, je me suis servi de la boussole construite par le capitaine Burnier, petit instrument d'un transport et d'un emploi tres facile a cbeval. L'ai- guille est fixee a un cercle gradui^, qui tourne sur un pivot suivant les inclinalsons diverses, et dont les chilTres se presentent a I'ceil de I'observateur par une ouverture pratiquee dans I'epaisseur de la boite et munie d'un verre grossissant. Un arc de cei'cle en cuivre se relive audessusdc la boite, et soutient par un mouvement de tension une soie ou un crin de cbe- val, qui marque sur le cercle la graduation precise du lieu que Ton vise. Un petit pied viss6 a la boite permet de tenir facilement la boussole a la main quand on est j chevai. «Ie prenais ainsi Tangle de ma route toutes les lois qu'oUe cbangeait notablciiienl dans sa direction gene- ( 266 ) rale. Du village oii je me trouvais, je visais , qiiand il ^tait possible, le village ou je me rendais; repetant I'observation une fois arriv6 a celui-ci quand le temps et les iieux me le permettaient. En arrivant dans les montagnes, je ne manquais pas de tenir note de I'e- livalion ct de la position relative des villages, de noter a vued'oeil I'elevation, ou les descentes principalos et les hauteurs relatives des villages que je traversais. J'ai pris, aumoyendubarometre Buntcn el quelquefois au raoyen de I'appareil a ebullition de M. Regnault dont je m'^tais muni, la hauteur des points principaux des montagnes de Rantara , de Saint-Hilarion (1), de Sta- (l) Voici, afin de citer uii exeiiiple avec l(iaej details, les ob- servations et les o^ilculs que j'ai faits pour trouver la hauteur ile cette montsgne, d'apres les tables de M. Ollmanns imprimpes dins VAnnuaire du bureau, des longitudes. Obskrvatioh /aite siir la toureUe la plus elevJe du chateau de Snint- Hilarion, le 22 Janvier 1 8/(6, a 3 /i. 1 /a du soir. Beau temp<;, chaud. Thermometre libre , a I'oinbre , 9". Barouieire : haut. , 374i9 — : bas, 327,7 70.2,6. Therm, du baroni.= 10°. Observatiow la plus rapprochee dans les tables que j'ai dressees a Li Marine de Larnaca au bord de la mer, le a Janvier 184O, aZ It. du soir. Beau temps. Therm, libre = l5° Barom. : haut. , 4o5,5 — : bas , 36q,o "765;57 TherrifTdu baroin. = 16°, 5. La Marine, station intVreure, h. = 76.';, 5 et repond dans la pre- miere table de M. Oltmaniis a 6208*" = a. Saint-Hilarion, station superieure, h' = 702,6 et re'pond dans l.i premiere table de M. Oltmanns a SSaS-S™ =^ 1> T , T' reprcsenKiiit Ip~ Irniprratuics ciMilif^radc ^ ile^ tliei inoiiietrrs ( 267 ) vro-Vouni et du Troodos qui sont, avec Ic Machera, on je n'ai pu aller, les pics culminants dusysteme orogra- phique de I'lle. Alin de remedior, en partie au moins, au d^faut de I'observation simultanee au has de la montagne , j'avais, pendant mon s6jour a Larnaca , dress6 une table d'observations a des heures et par des tenips tres varies , de facon a pouvoir v choi- sir pour I'etat du barometre au bord de la mer, des conditions a peu pr^s semblables a celles ou j'etais au haut de la montagne. II y a toujours erreur dans le calcul , mais par ce inoyen , elle est bien moindre. C'est en coordonnant toutes ces observations que j'ai dress6 mon itinei'aire et plac6 toutes les localites que j'ai traverseos ou aper^ues. aJhereuls «ux baiomeies , et t , t' etant les teiiiperatuies des ther- uionietres a air lihre, nous tiouvoiis c|ue T — T' = 16", 5 — 10 = 6",5 etreponddi\ns la seconde table a 9™, 5 = qui seront pour nous c. t-j- t' = '5° -(- 9° = 24". D'apres la formula donnee par M Oltinanns, nous voyons deja que la hauleur approchee du Saint-Hilarion est a - b - c, c"esl-a-diie 6208 — 5523,8 — 9,5, ou 6^4"'i7- II y a maintenant d;;ux coirections a faire sur celte evaluation pour •pprocher davantage de la hauteur vraie. Pour la premiere correction, dependante de la temperature des couches d'air, je trouve qu'il faut ajouter 32'",4 P^i" suite de cc calcul : La hauteur s'eleve done a 707'",!. La deuxienie correction, relative a la latitude ( 35" ), nous fait ajouter encore, d'apres la 3* table 2"',6 , ce qui nous donne pout hauteur totale 7o9™,7. Je trouve done, sauf erreur de ma part, que le S.unf-Hilai ion est eleve de 709 metres ou 2,l2Qpieds au-dessusdu niveau de la mei . (^est a peu pres les deux tier' de la hanteur du Vcsuve et la nioitie du Puy-deDonic. ( 268 ) Je n'ai pas cru devoir me borner a porter ces lieux sur ma carte. J'ai voulu completer, autant que possi- ble, ce premier travail au moyen des renseijjneraents que je demandais aux gens du pays sur les villages des alenlours, au moyen des notes que diverses personnes onl bien voulu me remettre ct des cartes anciennes que j'ai conferees entre elles. Mais coinme avant tout je voulais donner une carte de la situation presente du pays, je ne pouvais admetlrc et placer que les vil- lages dont I'existence actuelle m'etait attestee. J'ai trouve pour cela un inappreciable secours dans la liste des villages grecs de I'ile dressee en 18/1 J par Talaat Effendi, dont j'ai eu I'honneur de vous parler deja (1) dans les notes statistiques que M. Georges Ber- (i) J'extrais et je cile textuellemenl le premier § de ce legistre de Talaal Effendi, coinprenant les villages du district de Larnaca, pour en faire connailre la disposition. II faut se rappeler que les noins de villafjes (qui sont tous de racine grecque) out t-te d'abord ecrils en turc sur le registie du pacha, et copies ensuite dans un document italien que M. Cerruti m'a communique. J'omets les sommes ecrites apres le nombre des habitants. Les noms marques d'un asterisque * figurent tous sur ma carle. * Larnaca contribuenti 5o5. • Soala — 284. * Livadia ^ /^3. • Kellia — 10. • Pyla — 24. ' Voroclini — ^Z. ' Aradippu — iSa. • K'ty — «o9> * Chirokitia — 33. * Dromalacsia (ou Vromoloschia). — 37. A reporter 1 s.^o. ( ^69 ) nard , habitant depuis longtemps I'ile de Chypre , m'a obligeamment comiminiqu^es , dans les itin^raires, les observations et les cartes des voyages au centre de Heport I 240. Vudas contribuenti 3ril 1847. Le proces-verbal de la dernlere seance est lu ot adopts. M. le ministre de ragriculture et du commerce an- nonce a la Societe qu'il vient de lui accorder une allo- cation de mille francs pour subvenlr en partie a ses frais de publication et aux encouragements aux voya- geurs. M. le ministre ajoute qu'il est heureux de pou- voir ainsi donner a la Societe une nouvelle preuve de I'interet que lui inspire la perseverance de ses efforts , et I'encourager a continuer , comme elle le fait depuis vingt-six ans , a propager lesconnaissances g^ographi- ques si utiles aux navigateurs et si f^condes en heureux r^sultats pour notre commerce. — La Commission centrale vote des remerciments a M. le ministre. Les Soci^t^s royales de Londres et d'Edimbourg, la Societe royale asiatique de Londres, et la Societe orientale de Darmstadt adressent la suite de leurs Memoires. M. Duflot de Mofras ecrit a la Soci6t6 pour lui olTrir, au nom de M. Enderby , membre de la Societe royale de Londres , un Memoire relatif aux lies Auckland et VH. AVRU. 5. 18 ( 278 ) ;"i relablissenicnt d'uuc coinpagnie do peche et de cu loiiisation qui, avec un ca|)ital de cinq cent inille livres sterling ct vingt-cinqnavires , doit bienlot coni- tncncer ses operalions dans I'Oceanie. M. Yandermaelen ecril a la Societu pour lui laire hommage de deux carles du mouvement des trans- ports en Belgique en 1834 et iShli , ainsi que d'unc Notice sur ces cartes par M. Bclpaire. M. Bcrtlielot communique une lettre qu'il a re^ue de M. de Angelis, correspondant de la Socicto a Bue- nos-Ayres. M, de Angelis le charge d'olTrir a la Society un recuell de croquis originaux de la partie hydrogra- phique du voyage de Malcspina, dont les travaux, res- tes presque inconnus , torment un desiderata 6An% I'his- toire des voyages d'exploration. M. de Angelis pense que , sous ce rapport , il sera agrdable a la Soci6l6 de poss^der des materiaux qui peuvent en partie combler cette f^cheuse lacune. Apr^'S diverses observations de MM. Walckenaer, Mallat et Hcddc sur le voyage de Malespina et sur I'usage qui a 6te fait des travaux de son expedition, la Commission centrale prie M. Daussy d'examiner I'envoi de M. de Angelis etde lui en rendre compte. M. Taitbout de Marigny , consul a Odessa . adresse a la Soci^te une Notice sur les phares ct Fanaux de la mer Noire et de la raer d'Azov. M. Jomard donne connaissance de I'etat actuci des travaux du barrage du Nil, au Ventre de la Vache, et expose les consequences qu'on en esperc pour I'exten- sion du terrain cullivable. II lit ensuitc une Note sur I'etenduc des terres appartenant au domaine public dans les ttats-Lnis. — Ces deux Notes sont rcn- voyces au comito du Bullelin. Lc meme membre comnuinifjuc la I'.ltre que lui a ( 279 ) ocrile i\l. Pergameni au sujet de la siliialion dii iiioiit Sinai , d'apr^s les recherches du D"^ Lepsius. M. Perga- meni est invite a donner lecture, a la procliaine stance, de la traduction qu'il a faite du Mcnioire du savant voyageur prussien. M. Hedde , un des delegiies de la mission francaise en Chine, lit une Notice sur son voyage, et pr^sente un aper^u stalistique sur le commerce et la popula- tion des parties de la Chine qu'il a visitees. Apres di- versesobservationsportantpriiicipalement sur le chiffre 6lev6 que M. Hedde donne a la population chinoise . la Commission centrale renvoie sa Notice au comit6 du Bulletin. La seance generate est fixee au vendredi , 30 avril. M. le President invite MM. les rapporteurs du con - cours a preparer leurs rapports pour la prochaine seance. Seance du 23 avril 18Z|7. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopts. M. le President ditnne lecture d'unelettre de M. d'Ar- naud , en date du 16 mars dei'nier, annoncant que M. Antoine d'Abbadie el son frere Arnaud d'Abbadie, sont retenus chez le roi des Gallas ; celle nouvelle a 6t6 apport^e a Massaouah au consul de France; elle est confirmee par M. Charles d'Abbadie, qui est alU en Egypte pour avoir des nouvelles de ses freres. M. d'Acosta met a la disposition de la Societe un dictionnaire et une grammaire manuscrits de la langue chibcha ou muyscas ( Nouvelle - Grenade ) . qu'il s'est procurers dans le pays. II rappelle que M. do Humboldt, dans son grand ()u\rage sur les monu- ments de I'Amerique , oil il a Iraile de cette langue a ( 280 ) propos des pierres dites du calendiier muyscas, a ex- priin6 le regret qu'on n'en eQt pas public un diction- naire. M. d'Acosla joint a sa Note le dessin d'une pierre semblable. A ce sujet, M, le President ajoute qu'il pos- s^de six pierres analogues dans sa collection, — Renvoi de cette communicalion a la section de publication. M. Roux de Rocbelle , au nom de la commission speciale du concours au Prix annuel pour la decou- verte la plus importante en geographic , pr^sente ver- balement une analyse succincte des voyages r^cenls qui ont plusspecialement fixe I'attention de la Com- mission , et il conclut au partage du Prix entre M. le D' Leichardt pour son voyage en Auslralie , et M. Ro- chet d'H^ricourt pour son voyage au Choa. M. Berthelot, au nom de la Commission speciale du concours au Prix d'Orleans pour I'importalion la plus utile a I'agriculture , a I'industric ou a I'humanit^ , annonce que la Commission, apres avoir prls con- naissance des divers objets rapportes par les quatre delegues commcrciaux de la mission francaise en Chine , MM. Hedde , Haussmann , Renard ct Rondol , a ete d'avis de leur diicerner des nuiidailles d'encoura- gement. La Commission propose , en outre , de pro- roger le concours tout en r^servant les litres de ces delegues et ceux de M. Lamare Picquot. M. le vicomte de Santarem offre un nouveau cahier des Annales maritimes et coloniales de Lisbonne , el signale un Memoire interessant sur les terres et les cotes situees au sud de Benguela , compose d'apr^s des documents officiels qui existent aux archives de la marine a Lisbonne. M. Pergameni commence la lecture de la traduction qu'il a faitc d'un Memoire de M. Ic professeur Lop- sius, de Berlin , sur Ir mont Siiiiti. Les observations ( 281 J contenucs dans ce M^moire concernent irois points historiques : les anciennes colonies egyptiennes , les inscriptions dites sinaitiques, et enfin la veritable po- sition dii mont Sniai de Moise. La Coinmission cen- trale ecoute cette lecture avec beaucoup d'interet, et elle invite M. Pergameni a la continuer dans la pro- chaine seance. Seance generale du 30 avril 18^7. La Soci6t6 de geographic a tenu sa premiere assem- bleeg6neraledel8^7 le vendredi, 30 avril, a I'llotel-de- Ville, sous la pr^sidence de M. le baron Walckenaer, secretaire perpetuel de TAcademie des inscriptions et belles-lettres. M. Philippe Lebas, niembre de I'lnstitut, secretaire de la Societe, litle proces-verbal dela derniere seance generale , et communique la liste des cartes et des ou- vrages deposes sur le bureau. M. Jomard annonce qu'il est charge par M. le di- recteur general du Depot de la guerre d'oflrir a la Socleie les nouvelles publications de cetetablissement, et il presente un apergu des travaux geodesiques et topographiques executes tant en France qu'en Alge- rie, par les officiers du corps royal d'etat-major. M. le President rappelle les noms des membres ad- mis dans la Societe depuis la derniere seance generale, et il proclame I'admission de plusieurs nouveaux membres. M. Roux de Rochelle , au nom d'une Commission speciale, fait un rapport sur le concours au Prix an nuel pour la decouverte la plus imporlante en geo- graphic. D'aprfes les conclusions dc ce rapport, la Societe partage Ic Prix entre \L le D' Leichardt pour (■ 282 ) son \()yage en Australie , et M. Rochfl dllericouil pour son voyage au Choa. M. Berthelot, au nom d'une seconde Commission . tail un rapport sur le concours au Pri\ d'Orlcians pour rimportation la plus utile a I'industrie, a I'agricul- lure et a I'humanite. La Society adople les conclusions de cc ra{)port , el decerne quatro medailles d'cncou- ragemont a MM. lledde , Ilaussmann , Uenard el Rondot, delegues de commerce, attaches a la mission Irancaise en Chine. L'heure avancee ne permel pas a M. Jomard de lire un Memoire sur I'unirormite a introduire dans les No- tations Geographiques. ( Voyez ci-dessus. ) L'assemhiee procede au renouvellement des mem- bresdu bureau pour I'annee 1847-48, el elle nomnie : President. — M. le comte Mol6 , pair de France. Fice-P residents. —MM. Drouyn de Lhuys et de La Ro- quelte. Scrnlateurs. — MM. Bajot et N auvilllers. Secretaire. — M. Poulain de Bossay. L'assemhit^e nomme ensuite MM. Sedillot et Duflol de Mofras aux deux places vacantes dans la Commis- sion centrale. La stance est lev6e a dix hcures et demie. MKMBRES ADMIS DANS LA SOCIKTli. Seance da 28 avril 1847. M. AdulpheDi;LGORGUE, voyageur fran^aisen Afriquo. M. Pautannikr, secretaire de S. Exc. Soliman Pacha. Seance genernle dii 30 in>ril 18/|7. M. Di; Lagali, consul g»!!neral de l''iaM(e a Tunis. M. DE L4gren/;e , pair do France. ( 283 ) M. Laraiut, membre de la (ihainhre dcs Deputes. M. le Coiiile MitLi^. , pair de France. M. le D^ TiiALLiER. OUVRAGES OFFEUTS A LA SOCliT)'. Seance da 9 fn'ril 1847. Par la Societe rnyale de Londres Philosophical Transactions of the Royal Society fort the year 18(46. Part l,2,3,Zi. Par la Societe royale (C Edimbonrg , Transactions of thePioyal Society. Vol. XVT, pari 2, 1846. Par la Societe royale asiatique da la Grande-Bretaqne : The Journal of the royal asiatic Society. N" XVII. Part 2, 18/(7. Par la Societe orieiitale de Darmstadt : Jahresbe- richt der Deulschen morgenlandischen Gesellschaft fin- das Jahr 18/i5. Leipzig, 1846. In-8. — Zeitschrift der Deutschen morgenlandischen Gesellschaft Herausgege- ben von den Geschid'isfuhren* Heft 1. Leipzig, 1846. In-8. Par M. Ch. is/ic/c/Zi)- ; Proposal for re-establishing the Bristih Soutern Whale Fishery, through the me- dium of a chartered company , and in combination with the colonisation of the Auckland Islands , as the site of the company's whaling station. Second edition. London , 1847. In-8. Par M. Conlier : Atlas general des phares et fanaux a I'usage des navigateurs; 17° livraison. Norvege , 1847. Par M. Albert-Monteinont : Voyages nouveaux par mer et par terre efTectu^s ou publics de 1837 a 1847 dansles diverses parlies du monde. — Tome V. Voyages on Europe. Paris , 1 847 , in-8. ( 28/i ) Par M. Vumlevmaelen Cartes clu niouvement des Iraiisporls en Bclgique , dress^es sur des donn^es ol- (icielles du Deparlement des travaux publics , par M. Alph. Belpaire, ingenieur des ponts et chauss^es (carte N" 1 . annee 183i ; carte N" 2 , annde \ 844 ) . — Notice sur les cartes du mouvement des transports en Belgique par M. Alph. Belpaire. Bruxelles, 1847. Broch. in -8. Par M. Jomard : Deux Diagramnaes ou Tableaux fi- gures de rilltat de Missouri et du territoire de Wis- consin , faisant connaitre I'etendue du domaine public et ayant pour litres: Diagram nj the slate of Missouri , I fcuille ; Sketch of the public surveys in Visconsin Terri- tory , 1 leuillc. Par les auteurs et cditeurs : Annales marilimes et coloniales, fevrier. — Bulletin de la Soci6t6 geologi- que de France , mars. — Bulletin de la Soci^le ethno- logique de Paris , 4' trimestre , 1846. — Bulletin de la Society pour I'instruction elt^raentaire , fevrier. Seance du 23 avril 1847. Par le Ministere de i'agricidture et du commerce : Documents sur Ic commerce exterieur ( N"' 361 a 368). Par M. f^ii'ien de Saint- Martin : Recherches sur les populations primitives et les plus anciennes tradi- tions du Caucase. Paris, 1847. 1 vol. in-8. Par M. Jomard : Carte de I'Arabie et des pays cir- convoisins, dressee d'aprds les documents les plus re- pents, pour I'intelligence de I'histoire de I'Lgypte sous Mohammed- Aly , et des marches des troupes egyptiennes. Paris 1847. 1 feuille. PorM. de /Ingelis Cartes manuscritesderexpedition ( 285 ) de Malespina , levies pendant le voyagfi d'exploralion des corvettes de S. M. C. la Decubiertn y la Atrevidd [la Decouveiie eiT Jiidacieiise) de 1789 a 1792, savoir : 1. Carte de la cote du Perou , depuis Punta Negrd jusqu'au port d'^//(o/i , 1790. 2. Plan du port de Maribeles a I'entr^e de Manille , parlZio24']at. N. etOO'28'long. occ. de Manille, 1792. 3. Plan du port de la Conception du Chili , sitae au- inouillage de Tclcahuano , 1790. h. Carte du goU'e de Panama , depuis la pointe de Garachine jusqu'a celle de Chaine , avec toutes les lies de I'archipel des Pedes , 1790. 5. Plan du port de Coquimbo, 1790. 6. Plan du port de San Carlos, dansl'ile de Chiloe, sur les cotes occidentales de la Patagonie, avec les dif- ferentes rivieres et les torrents qui y debouchent. 7. Plan bydrograpliique du port d'Acapulco , 1791, Celte carte, a tres grands points, donnc les sondes, le plan de la ville et le dessin des montagnes qui I'en- tourent, et projettent les points del Pilar et del Grifo. 8. Plan de la baie et du port de Monterrey, 1791. 9. Plan du port de San Julian sur la cute de Pata- gonie, par 49° 2' de lat. S. et 310" 0" de longit. de Ten^riffe. Ce plan est accompagne d'une instruction nautique pour le mouillage. 10. Plan de Arica. 11. Plan du port de Santa Cruz, sur la cote de la Patagonie, par 50° 12' lat. S. et 309" 22' de longit. de Teneriffe, 1790. 12. Plan de la rade de Saint-Jean-Baptiste , situdt- sur la cote N.-E. de I'ile de Juan Fernandez, avec une table indicative. 13. Plan de la riviere Gallegos, par 51° 38' de lal, S. et 62"^ 51' de longit occ. de Cadix, 1790. ( 286 ) l/l. Plan de la rade de Ilo , situ^e sur la cote du Perou , 1789. 15. Plan du port de Valdivia, situ^ sur la cote de la Patagonie , avec une Icgende et des notes cxplicalives sur la niar^e et les profondeurs du fond , etc. , et ac- fompagnt^ de plusieurs vues prises a distance, 1790. 16. Plan du port de Piealexo , sltuci sur la cote de Guatemala, avec des renseignements pour prendre mouillage , 1790. 17. Plan du port d'Egraon , dans les lies Malvines. J8. Plan du port de Mulgrave , 1791. 19. Plan de I'ile de Nootka , sur la cote N.-O. de I'Amerique septentrionale, 20. Plan hj drographiquo de I'enlree de la rivifere de Guayaquil, avec les affluents et les lies, depuis le Salto de Tumbez jusqu'a la vllle de Daule au-dessus de la lagune de Samboromban. Par les outeurs el editeurs : Annates maritimes et co- loniales, raarsl8Zi7. — Annaesmaritimos e coloniaesde Lisbonne. N° 3 de 18/i6. — Noiivelles aiinales des voya- ges, mars 1847. — Bulletin de la Socictt^ gcologiquo. 1 cabier. — Journal asiatique, fevrier 18/i7. — Bole- tin de la Sociedad economica de Amigos del Pais de Valencia , mars 1847. — Journal des missions ^vange- liques, avril 1847. — Bulletin special de I'lnslitutrice , avril 1847. Seance generale du 30 ai'iil 1847. Parle Ministere de V Instruction puhlique : Peintures de r^glise de Saint Savin , 3' liv. — Collection de docu- ments in^dits sur I'bistoire de France , publics par ordre du Roi. — Captivity du roi Francois I", par M. Aim6 ChampoUion-Figeac, 1 vol. — Papiers d'ftlat ( 287 ) du cardinal de Granvelle. publies sous la directitjii de M. Ch. Weiss, tome VI. Par le Ministere de la marine : Voyage au Pole siid et dans I'Oc^anie, sous le coinmandement de M. Du- mont-d'Urville, Anthropologic, 9"liv. ; Zoologie, SS^'liv. — Voyage autour du monde, sur la corvette la Venus, Histoire naturelle, 19* et derniere liv. — Caries hydro- graphiques publiees au Depot g6n(^ral de la marine, depuis le mois de deceuibre 1846 jusqu'au mois do mai 1847. N" 1092, 1093, 1094 et 1095; Carte ge- n^rale de I'ocean Pacifique, dressee par M. C. A. Vincendon-Dumoulin (expedition au Pole austral et dans rOc^anie du capitaine d'Urville). N" 1096; Plans du havre et du mouillage de Vavao, et Carte du groupe Hafoulou-Hou. No 1097; Carte du detroit de Banca. N" 1098 ; Routes des corvettes I' Astrolabe et la Zelee dans les ^etroits de Durion et de Sinchapour et pr^s des iles Sinkep. N" 1099; Routes des corvettes rJt- trolabe et la Zelee pres des iles Kagayan-Solo ; Cartes d'une partie de la cote occidentale et nord de Borneo et des iles Balambangan et Banguey. N" 1100; Carte de I'archipel Solo; Plans du mouillage de Samboan- gang et de la rade de Soog. N" 1111 ; Carte de la par- tie S.-O. de la Nouvelle-Hollande ; Plans du port Grey , de I'entriie de la riviere des Cygnes , de 1 ile Rot- tenest, du havre Peel etde la baie Warnbro. N°'1117, 1118, 1119, 1120, 1121, 1122, 1123 et 1134; Cartes particuliercsdes cotes de France. N°' 1124, 1125, 1126 et 1127 ; Cartes g^nerales et particulieres de la cote meridionale de I'ile de Sardaigne. N°' 1128, 1129, 1130 et 1131 ; Carte r^duite et cartes particulieres des cotes des Guyanes et Plans particuliers des rivieres de Surinam et Approuague, et de I'entree des rivieres Mahury et Demerary. N" 1132 ; Carte de la partio ( 288 ) S.-O. de I'llo de Timor. N° 1133 ; Carte des d^lroits de Singapore, Durian et Rhio, et des parages environ- nants. N" 1135 ; Plan de la rade de VillelVanche , dii port de Nice et du mouillage de Saint Jean (comt6 de Nice). '■ Par le Depot de In <^iierre : Dix cartes departemen- lales, exlraites de la carte topograpliique de la Franco, savoir : Ain, 6 fouillcs; Aube, A feuil. ; Loir-ct-Cher, 6 feuil. ; Haute Marne, 7 feuil. ; Mourtlie , 6 feuil. ; Meuse , h feuil.; Moselle , 3 feuil. ; Oise , U feuil.; Haut-Rliin , 3 feuil. ; Yonne, 6 feuil. — Carte de I'Al- gerie , 1 feuil. - Province d'AIger ; 2 feuil. — Pro- vince d'Oran, 2 feuil. — Carle g6nerale des triangles fondamentaux et des principaux points secondaires de la carte topograpliique de la France, ou Tableau d'as- semblagc ( colorie ) donnant la situation actuelle des travaux, 1847 ; 1 feuil. Par M. le baron TValckenaer : Carte generalc de la France et des pays limitrophes , dressee sur le plan de la carte des Gaules cisalpine et transalpine , conte- nant Ics lieux modernes les plus importants , 18/17 ; 1 feuil. -Carte physique de la France et des pays voi- sins , indiquant linclinaison et les in(!!galites du sol , les divisions en regions, zones et bassins. Paris, 1847;! feuil. — Gallia turn cisalpina turn transal- pina ejusque in provincias descriptio circa tempora eversi per occidentem Imperii romani , 1844; 1 feuil. KRRiTA nu CAIIIER DB MAK!). I'agf 178, li»j'u' 5, iisez : et Toasis d'Atntnon (.Tver, la Cyrenaicjue), an nord. — 179, — <)• An lipu de : peu de temps, liscz : longtenips' — ibid — 24- Au lieu de : f.iiitllier, liscz : F.imiliers. BULLinm DK L,\ » f SOCIETE DE GEOGRAPHIE. MAI 18Zi7. PREMIERE SECTION. MfiMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAVPORTS. NOTICE snr phisieurs nioniiDients geograpJiiques inediis iuiiiiriit> |iom if xiv' siec If ( 291 ) carles, pour la pltipart inetlites, ooncornanl rAlVique, k partir de celle de Pizzigani (1367) (1), jusqu'a celle de Jean Giierardde Dieppe de 163/i. Nous avons la satis- faction de voir que la collection que nous avons pu- bliee jusqu'a present a deja non seulement obtenu le suffrage des savants les plus comp^tents de I'Europe , mais aussi que notre Atlas a d<^ja profile a plusieurs ecrivains qui ont dote la science d'ouvrages d'un grand int^ret (2), Cessuffragessontvenus nous soulager des tribulations que cette pul)lication nous a fait eprouver, et nous ont encourage a persister dans notre plan decontinuer a recueillir ces monuments de la geographic, et d'en poursuivre la publication. Nous n'avonsrien epargne, (i) Nous possedons line magnifique copie enliiiiiiiiee dune parlie Ae la carle des treres Pi^zijjani , rpie nous nous proposons de pii- blier. (i) iNous sijjnalons ici entre autres M. (lonnuaire de Hell, qui non seulement a mis a contribution les cartes publiees dans noire Atlas pour la partie siientifique de son savant ouvrage sur la nier Cas- pienne, tome III, p. 347 ^* suivantes ; tnais qui aussi a suivi a cet egard le systeme di'monstratif que nous avions elabli dans notre Atlas , de dunner chionologiquement les carles depuis les temps le< plus rerulcs jusqu'aux temps posterieurs aux grandes decouvertes. C'est done d'apres la methode suivie dans nos Rechcrchei el dans notre publication des cartes , qu'il donna dans la partie seien- tifique de son Atlas 33 fragments de cartes do la mer tNoire et de la mer Caspienne sous le litre de « Histoire de la cartographie ilc la mer Noire et de la mer Caspienne. n Uii autre savant, M. Renou membre de la Commission srifnlifi- que d'Algerie, a eg.ileni. ill mis a contribution noirr' Alias pour sa Description /jeogrophiijue de I'empire de Muroc ^ ou il cite souvent les carles publiees dans noire Collection. = Voy. aux p. 8, i3 , 3o, 38, 39, 49 , ■')8, 61 , 81 , 83, 160, 183, 11 1 , Sot, 446 , 449 •. 45o. ( !>92 ) i»i pi'iiio HI iltptMise, pour nous |)i<)i'urt;i soit ilos ren- soignemonts , soil cles rac-s'miile de tons Ics monu- ments carlograj)liiques non encore jiiiblios , qui se trouvent opars dans les differentcs bibliothocjuos do TEurope. Aiissi , lors du depart de iiotre savant confrere. M. llonimaire de Hell, pour son voyage en Asic , nous I'engageiuncs vivement a exaniincr pendant son pas- sage en Italic les nombreux monuments g^ographi- ques du moyen age qu'on rencontre dans les biblio- theques de la Peninsule, et nous I'avons prie de vouloir bien nous communiquer le r^sullat de ses in- vestigations, afin de pouvoir en iaire usage pour nos travaux sur I'hisloire des d^couvertes des Portugais et sur I'itat des sciences g^ographiques avanl ces decou- vertes. M. llonimaire de Hell nous a en cflet cnvovci la notice que nous allons avoir I'honneur de lire a la So- ci^le , et qui renlerme des notions tr6s curicuses siir vingt-sept monuments cartographiques, dont plusieurs n'etaientpas connusjusqu'a present. Nous y avons ajoute un certain nombro d'annota- tions , independammenl de la mention que nous nous proposons d'en faire dans le second volume de nos rechcrchcs , afni de rompleter par I'analysc des mo- imments geograpbiques qui n'etaient pas alors connus la lisle que nous avons donn(^e dans noire premier volume. Voici done la notice sur les monuments gciograplii- ques du moyen age possedes par les arcbives et bi- bliolbeques do Florence iM de Rome , examinee par M. llonimaire de Hell. ( 203 ) Bibliotltcqiie laitieiiticime do Florence. „|\jo jtr_ — La seule carte veritablemcut intc'iessaiilo de cette bibliotheque est un portulan dessine siir unc feuille de parchemin de 88 cenlinietres dc longueur elde 57 de hauleur, ct portant rinsciiplion suivaute : « Petrus Visconle fecit isldnicarlaui anno Doiiuiu\7>11 t) in Veneciis. » » Cette carte comprend tout le bassinde la Mediter- ranee et de la mer Noire, y compris la cote occi- dentale de i'AiVique jusqu'au Mogador (1). » Mallieureusement ce monument a tellement souffert du temps, que les lignes de contours et les nomssont presque partout Invisibles. On y aper^oit nt^anmoins Ires distinctement differcnts pavilions. Ainsi celui des Tatars , que signale la carte catalane de 1375 de la Bibliotheque royale, figure dcja dans ce portulan au- dessus de Mauro-C astro (Acherman, situe a I'embou- obure du Dniester et de Tana). Indications precieuses a cause de I'obscurild! qui enveloppe I'bistoire de ces deux villes, surtout de laseconde, dont les Tatars, les Genois et les Venitiens revendiqucnt tour a lour la possession. » Le portulan de la Laurentienne a encore cela d'in- teressant qu'il exisle du mnme auteur Visconte a la (l) Nous appelons raaenduii stTi|ition qui se trouve dans le portulan de Vienne, dresse par Visconle on i3i8, nc laisse pas, selon nou-;, le inoindre doute que ce cosmogiaplie etait Geuois, et qu'il avail sini|ilL'inerit iliesso le portulan de iSay a Ve- nise. Voici la note qu'on lit sur celui de Vienne de l3i8. II Pctrus V'esscoiitft de Janiia fecit istas » Tabulas Anne Domini MCCCXVIIl. « Ce dernier monument {jeographique a etc nieniioiine par un yrand nombre d'auleurs. Le nonce du Pape a Vipune, monseiffiietn- Garanipi , avail donnc une notice de ce portulan a Tirahosclii , qui en a parle dans le tome VI, part, t", p. i6() et 170 de son Histoire de la litterature italienne. L'alibe Denis, bibliothecaire a Vienne, avait donne aussi une note a I'abbe Andres sur le meme Atlas. ( Voy. Dissertation , dans le tome I" des Memoires de I'Acadeniie royale liercolanense d'arclieologie. ) Potoki dans son Memoirc sur lui nouveau Pcriple du Pont-Euxin a fail {;raver un traj'.iniiit de ce portulan. Nous en avons nous-nieme parle dans nos Recheiches sur In dr- eouverte des pays situes sur la c avons fail aussi un examen dc quel(]ues unes des cartes du meinc por- tidan , dans un Menioire que nous avons lu a la Societe de ficojjra- plne de Paris le 7 ni.ns 184;'), el doiil il a paru une iradiirli.in por- lup,aise avcc des aildilions dans le Diarin do re i84-''- ( 295 } juration de la iner INoiro vl cK" la wvv fry\A()l est exacleinciil la meiiie dans le poitulaii de 1IVI8 p( dans celui do 1327 (1) el, chose plus concluanU- fii- core, dansles deux cartes; les embouchures du Dnie- per presentent un meme trace, trace exceptionncl qui ne se rencontre dans aucun autre portidan. » N" 2, — Carte marine de la Mediterranec et de la mer Noire par Jean Marlines de Messine 1568. » Ce portulan a peu d'importance. II se distingue par des vignettes richementcoloriees, representant la plu- part des souverains qui avoisinent la mer Mediter- ranec (2)^ Bibiiotheque MagliabeccliKina . « N° 3. — Portulan de 1504 sans nom d'auteur ; il (i) II existe uii autre porliilaii on all.is iiHUlii|ue, coniiiosc tic {>liisieurs feuillels-cartes peiuls sur Ijois, el cxt-culcs en i3'ii par Ves~ conle pour le Dofve de Venise. Nous possecloiis uiie Notice Ires de- taiilee de eel Atlas. Nous avoiis fait lirer iiiie copie exactc de le portulan, :ihn ile pu- lilier ce monument dans noire Atlas, compose de cartes » I de man pemondes dresse'es depuis le vi"' juscju'au xvii* siecle, (a) Nous connaissons dejaplusieurs porlulans de ee cosmonraplie Dans nos Recheiches sur la decouverlc des pujs sillies an Sud dc Bojador nous avions fait mention d'un de ces portulnns de 1567, |». 117 el i3i), d'un autre du meiiie <:osinograplie date de 1570 (lilt/., p. 3o6) , dont nous avoiis les caiques. Nous avions encore cite I'aulre poitulan du meme auteui de 1682 it uii autre date de i586, dont Ue Mur fail mention, ( Hist, diplom. de IMartini Be- haim et nos Recherches , cite'es, p. 307.) <"elui que M. Ilorrunaiic a trouve a la Laureniiana de I'lorrnce , dale de i5()8, n'avail pas ete connu ju>i([M'a prcseiil , dti tuoins nnus ne I Hvions jamais vu cite nulle nait. ( !>0(i ) renlorme 5 cartes dislinctcs , (imit : l" luer Noire, luer d'Azof, archipel do la Gvbcc. et la partie orien- tale de la Mcditorran^e ; 2" iner Adriatiquc , Sar- daiij;ne. Corse, Malle , cotes d'Afriquc et lies Ba- i^ares; 3° littoral de la France et de I'Espagne avcc les iles Britanniques; 4° et 5<» coles occidcntales d'A- IVique avec les iles Canaries. Ce portulan parait 6tre genois. L'auteur y a parlout conscrvd avcc un soin religieux le pavilion genois pour toutes les anciennes possessions de la R^publique. C'est alnsi que les ar- mes des Genois floltent encore a Galata , a KalTa et sur les bords du Rouban. Au milieu des Iles Canaries, se voit rile Luncelote portant une Croix rouge sur fond blanc. Cette Croix , ainsi que nous le verrons encore plus loin , ne saurait avoir rien de commun avec les amies des Genois , dont la Croix figure invariable- inent sur un fond d'argent. Cette remarque me pa- rait interessante au moment ou de nouvelles discus- sions se sent elev^es au sujet des decouvertes portu- gaises sur les cotes occidcntales de I'Afrique (1). (i) Nous nous permettroiis du dire ici simplement que les hypo- theses que l'auteur de la Notice des ddcouvertes faites au moyen a(je sttr I'oc^an Jllnntiqiie, p. 48 au sujet de la croix de Saiut- Goorjjes que Ton voit estampillee sur I'ile de Lanrorotc dans un jjrand noinbre de cartes du xiv* et du xv' siecles n'oFfrc pas, selon nous, une preuve aussi de'cisive qu'il le pretend de la priorite de la decou- verte et de la piise de possession de I'lie en question par les Genois avant les autres peuples de I'Europe. Dans les portnlans que nous indiquons dans le second volume de nos RechercFies, on voit la meme croix cstampillt?e sur les possessions an(jlaises. Nous repeteronsceque nous avons dilailleurs, que les I'ortiifinis , fes V«;niliens et meme les (Jeoroicns eurent ljnnse IV. Nousle croirons lorsque I'auteurde la notice nous montrera des cartes anterieures auxdites ex|)edilions, dans lesquelles on irouvera non seulement le veiilahle pai'illon de G^iies, niais les leyendes de Lanci- loto Maroxello. Ku attendant, nous persisterons a soutenir que, cpicl- que habiles que solent les rapprochements qu'il a tails, ils ne soul ni decisits ni concluants. Que nos arguments soicnt enlaclicsde I'cpitlietc t\i' nc'gatils,comme lauteurdela notice a giatdie plusieurs des analyses que nous avons laitcs des pretendiies dceouverles dti rnoyen age; <|u'il vieiine iiieinr due (C que nous navtons jatnah dit , n r()|)o.s dcs objections (jiic nous |ii ont si{jnales dans celte notice, vieimeiit dcuionlrer Ic fait que nous avions <-onstate, el viennent aussi conliimer I'exactilude de I'asserlion dugiand h'lsXonan conteniporain dcs decoiivcrlvs d Aiu- rara, qui dit en ternies formels: « II est constate (pie, pisijiTa Ian de ;;iace de I j j*>, ciiKpiantc- » line lieues » au-dela du cap Bojador, et on y voil toute cette cole, qui s'elend I) vers le sud avec toutcs ses poinlcs, cornme le prince la fit ajouter » sur les cartes marines ; el il est lion ile -avoir qui' i'e que Ton con- » naissait avec cerlilude d(' la cote de la Grande mer (I'ocean Atlan- » lic|ur) se bornait a aoo lieuc.i , ct Ic rcstaiit de letlc cole, ffii'on ( 299 ) plusieurs rivieres clout les ciuboucliures occupont une assez grande place enlre la Mainilaiiie el rKlhiopie int(^rieure. » J'ai vu, ajoLite M. llominaire, cesuiemes rivi«nes, avec le meme trace, figurer sur la carte (i'un Ms. do Ptolemee de IZiOO , appartenant a la blbliotlidque Laurentiana. Au S. de ces rivieres, Ic cosmographe a indique un vaste golfe avec une ile , dont la l^gende, » vnyait sur la Mappemonite, iie presentait aucune exactitude, et elait » Jessind au hasani ; riiais li>s indic.itioiis qu'on trace a picsenl siir » les cartes sont le resultat tie ee qu'on a bien vu ct exaiiiiiH-, comiiifi » je voiis I'ai deja flit. » f Clii<)nii]ue de la conquele de (iiiinee, chap. LXXVIII). La carte qui, selon le dire Jes aiiteurs des Relations de Rellieii- court, inari|iiait Xefleuve d'Or a i5o iieues au sud de Hojador, fournit uneiiouvelle preuvede I'exactitude des assertions anmoins romon- ter d'une mani6re indubitable au milieu du x\' sieclc. C'est ce qui resulte de la ligne do separation par la- quelle lautpur a complelcment isol6 du restant de I'Espagne le royaume de Grenade. wN** 7. — Carte marine de la Mediterranee et de la mer Noire , \)^v Solery- de Maforque, 1385, dessin^e sur une feuille do parchemin et enrichie de nombreuses l^gendes en langue espagnole et en caractores go- ihiques. » La cote d'Afrique ne se prolonge pas au-dela du cap fi//.r«/Y/<'/- (Bojador) (1). On remarque a cote de ce cap (i) La particiilarile qu'on remarque dans ce monument geo{;ra- phique, savoir, que la cote d'Alrique s'arrotK au cap Bojador, vieiit encore augmenter le nombre iles preuves nombreuses que nous avons produiles dans le § X de nos Recherches sur la priorite des decou- vertes Jes l'()rtu{^ais sur la cote (iccidcntnle de I'Afrique, oii nous avons deuionlre que toutes les carles anierieures au passage du cap Bojador par Gil Eannes ne marquaient point la cote au-dela de ceue limite, preuve on ne pcut plus evidente de la priorite des de- couvertes portugaises sur cette cote. (^esl done par I'elude compare'e des cartes anterieures et postc'- rieures aux decouvertes des Portujjais que nous somines venu a demontrer et li ronstnter ce fait ile la priorite porlugaise, fait qui, nous I'esperons, demeurera acquis a la science, car les documents ont plus d'niitnrili' que toutes les objeclions qu'on s'efforce de liur op- poser. ( 303 ) une l^gende dont je doniie ici le dossin exact , n'ayant pu parvenir a en d^couvrir le sens, Celte legende in- leressera peiit-etre la question des decouvertes portu- u,aises. ff }of Lo[ z/uair \cn ft foij ;kV pajfi- 3c ion .- xp )) U manque probablement quelqiies letlres au com- mencement de ces deux lignes. » En face ducap Bouxeder (Bojador), on remarque Kn pffet, si I'ctudp romparee ile ces cartes pent servir a deleiiiiiner (juelques dates iiiiportantps pour I'histoire de la f;eographie, coniiiie le dit trtis bieii M, d'Avezac (Nutice des decouvertes faites au niuyeti age sur I'ocean Atlantique, not. 3, p. l^i). La cornparaison de toules les carles aiilerieures aiix decouvertes portugaises eu Afrique ne marquant pas la cole, ni aucuii iioiri geonraphique europeeii , aii- dela du cap Bojador avaiit !434? epoque du passajje du rnarin por- lugais Gil Eannes; la coinparaison de ces cartes, disons-nous, avec les cartes posterieures, oii Ion voit chronolocjit^uemenl la cote occi- dentale d'Afrique se piolnnfjer et se dessiner successlvernent dnns les cartes, et secouvrir proj^ressivement de iionis portiigais, sert .-i de- terminer dune nianiere inconleslable la date de i es decouvertes. La demoustralioii niatliemalicpie de ce fait est d'aulant plus inipor- lante, que dans ces Portulans el dans ces cartes plates so«f cojisiVyiie! /(?\ re'sultats des relevement<: effectif^, comnie Tohirrve noire li,dii!e confrere (Notice puLliee d'.ilioid djiis les iSouvflli:. Annalisdes (.304 ) los lies Canaries avcc V Insula fMfisaroto Maro.re/o (ra- \orsce par mio croix rouge. » La caru- cle Soieij est illuslree par de nombreuses vignettes represcntant les princi|)alcs villes des con- trees voisines dc la Mcditerranee. On remarque en 1" ligne Avignon ; puis se succedent, par ordre d'impor lance, Babiloida, que I'autcur place a rembouchure du Nil, Cologne, Grenade, Salamanque , etc. Une eglise figure sur rcniplacement de Jerusalem (I). Dans celte carte , de meine que dans celle de Beninesta , on voit le lac Fortune de I'lrlandc. Tana se trouve cette fois-ci sur la rive gaucbe du Don. ,) N" 8. — Carle marine de la McHliterran^e et de la mer Noire , y compris une grande partie de I'Asie occi- Voyages, et puis liiee a part, ct ilont nous devoiis un exemplaire n I'obligeance du savant auteur, note 3. p. 43j- Si (Ic.iic ilans CCS cartes on Irouve consignes les rdevemeuts effcc- lifs^cx ?ic(uxf]ui lestlressaient visaieiitalexactitude, comme I'observe aiissi M. d'Avezac {ihiiL), on ne pouna p-is refuser d'admettie , a moinsdctomber dans une flagrante contradiction, que ce relevement de la lote, au sud du Rojador, ne se trouvant pas dans les cart, s anterieuips au passage du nienie cap par Gd Kannes, et se trouvaiii. au conlrnire , mnnpic , et la role couverte de noms portugais ou ti a- duils de ceKc langne dans les cartes posterieures, on ne pourra pas. disoiis-nous, refuser d'admettre, d'apres la these tneme soutenue par M. d'Av(zac, (pie Whiide compan-e dc ccs carles determine, noii seulement dans I'histoire de la geographie, la date des decouvertes effectuees au-dela du rap Bojador, niais aussi la priorite de res decouverles paries Porlugais. Nous ne torminerons pas cctte note sans declarer ici que nous nous proposons dc publier dans une des livraisons de notre Atlas la cane de Solery, de Mnjorquc, de i385, dont il est question dans le ie\u-. Nous avons cm devoir fairc cette declaration, afin de nous assurer la priorite de la publication de retle carle. (l) On voit la inemc chose dans plusleins inappemondes et earths <|iie nous avons publiees dans nctrc Atlas. ( 305 ) dent.ile ; pdv \e prefre (iioi-ani , rerteur do I'^jiliso cli» Sainte-Marie du port de Genes. » Ce portulan, dessiue sur une feuille de parcheinin de 0," SS'-" de longueur sur 0", 625^ de hauteur, est lo monument le plus curieux des archives diplomatiques. Malheureosementilne s'y trouve aucune date; malsnul doute qu'on ne parvinl a preciser I'epoque de sa composition, soit en ayant recours aux archives eccle- siasliques de Genes, soit en dstudiant avec soin les nombrouses legendes qui enrichissent cette carte. » La cote occidentale d 'Afi ique se termine au roy aume de Gazule [Regmim Gozo/e)ou le cap Noun. Mo^ador so trouve a egale distance de ce royaume et du detroit de Gibraltar (1). Du reste, aucune trace du cap Bojador et des lies Canaries. Toul annonce de la part du cosmo- graphe I'ignorance la plus complete sur I'Afrique occi- dentale, donttoutes les contrees se trouvent exclusive- inent designees sous le nom de Desertum arenosuin (2) . » A I'orient de I'Europe , la Crim^e porte le nom de Gazaria , et Tana se trouve situe sur la rive gauche du Tanais. Au nord de ce fleuve , une legende rappelle la fable des Amazones. » LepretreGiovaniparait au reste fort peu au courant de la geographie ancienne, car il place audacieuse- ment sur les rives du Danube Lacedemonia sive Spnrtia. II etait tout aussi mal renseign6 sur les contrees situees au-dela de la mer Caspienne, et il place Organzis[.\r\e Gange, et fait deverser ce fleuve dans la partie N.-E. (l) Ces pnrlirulai'ite? pr'iuveiit (|ue celte cai(e se teiiniiic en tle^^.i du rap Bojador , et [laitnnt (ju'elle e^t aiiterieure aux dtTOuverlea des Portugal^. (a) On rencontre les nienies paitioulariles ilan< d'autres cartos anterieures aux decouvertes portiigaises. vn. MAI. 2. 20 ( 306 ) do la mor d'Hyrcanio. II allonge copendantle bassin tie cette mer clans la direction da m^ridien , et en cela il est d'accord avec la plupart des cosmographes dii XIV* siecle, qui sent restes etrangers aux Tables de Pto- lem^e. II n'exisle dans cette carte aucune trace de la domination des Tatars. » Ce monument me semble appartenir au com- mencement du XIV'" siecle , peut-6tre m^me esl-il plus ancien (I). » j4rchu>es de la Reformation. Dans ce d6p6t , M. Hommaire a trouv6 les monu- ments suivanls : u N" 9. — Carte marine de la M^diterranee elde la iner Noire, portant I'inscription suivanle : » Gratinsiis Beninrnsn yinconitaniis compnsnil in cii'i- tale Janue in anno Domini, 1/|61 , 20 d^cembre (2). )) Cette carte, admirablenient conscrvee, est dessi- nee sur une feuille de parcliemln de 0", 86^ de lon- gueur sur 0"", 54f de hauteur. » La cote d'Afriquene depasse pas le cap Bojador; en face de ce cap on remarque au milieu des Canaries I'ile de Marogello ( Marachello ?) , traversec par une croix en rouge, ainsi que nous I'avons deja dil. Celte croix ue saurait avoir rien de commun avec los amies de Genes. )) Cette opinion nous parait d'autant plus fond«^e , qu'il n'exisle aucun pavilion sur ce portulan. Ne se- (i) Nous pensons ijiie re monument est anleriein an xiv* siecle , fn raison de rindicalinn qu'il doiiue du pays on il plaic l.s Aiiia- <(>nes. ( Vny. noire note a la fin de cplle Notice. ) (2^ ('.<■ portulan, dile <]c l46l, n'elaif p is enrore ( ounli. II ( 307 ) rait-on pas porle a croire que celte croix indique simpleinenl qiielque etablissement chr^tien? En el- fet , File ile Rhodes se tlistingue 6galement dans cette carte par ime croix , avec cette seule difference qu'elle est blanche et que le fond est rouge , con- formement aux statuts de I'ordre. )) Ainsi que la carte deBeninesta etcelle deSo/ery,ce portulan pr^sente les iles Fortunees sur les cotes de I'lrlande. On y lit aussi Babilmiia a I'enibouchure du Nil , et Tana se trouve sur la rive droite du Tanais. » N° 10. — Carte marine de la Mediterranee et de la mer Noire, sans date ni nom d'auteur ; dessin tres grossier. Ce monument, evidemment genois , parait appartenir au xiv^ siecle , et il se compose d'une seule feuille de parchemin. On reinarque en tete de la carte une vignette colorize representant la Vierge , tenant dans ses bras I'Enfant Jdisus. est le plus ancien qun ce cosmographe ait dresse : ceux que nou« oonnaissions jiisqu'a present etaient les suivants : i463. — Cite par Morelli dans sa Bibliotheca Pinelliana. iCes deuxportulans se trouvent a la Bibliotheque royaie de Paris, departeraent des carles et plans, et cha- cun contient 5 cartes, i^gn. — Portulan du meme cosmographe qui se trouve dans b collection de M. Motelay. \!^■JO. Portulan cite par Murelli dans sa Bibliotheca Pinel- liana. ,/^i — Portulan qui se trouve dans la bibliotheque du Vatican. x^-jZ. — Portulan cite par Zurla , Antiche Mappe , p, 55. ,^8o. — Porlnlan cite p.ir de Murr. Mist, diplom. de Marlin d.' Behairn. Le rouHe Potocki cile aus^i nn portulan de ce cosmographe , d'^ cette date, de la Bibliotheque imperiale de Vienne (voyez Mdtnoirti SU1 un xourenu Periple ai men neveu, le comniandeur perron de Castello nraiico. Cetie carte marine compnnd les rotes ile l.i Mediterranee avec >es lies la mer Noire, oii on voit encore le pavilion {jennis a Kaffa , et in Tana sur la m>r Atlanliqiie; on voit mnrquee Tile de M;iilere el ( 309 ) i> La cote occidenlale cle I'Alriqtie s'arrete au cap B()uitite<(er (Bojador). » Cc monument parait etre geiiois, a en juger par la splenclijde vignette colorlee consacr^e par I'auteur a la ville de Genes (1). )) IV" iJx. — Carte marine de la Mediterranee et de la mer Noire en dialecte frangais sur une feuille de par- chemin , sans date ni nom d'auteur. » Ce monument est enrichi de nombreiises figures en pied representant les diffdrents souverains de I'Eu- rope et de I'Afrique. On remarque aussi en Abyssinie le portrait du c^lebre pretre Jean (2). Je pense que ce portulan appartient a la fin du xv* siecle. )) La cote occidentale de I'Afrique s'y prolonge un peu au-dela du cap Bojador : on \ voit I'embouchure du Hio del Ore (3). » N" 15. — Grande mappemonde de 2'", de long sur 0", 87c de baut avec I'inscription suivante. « Carta Universal en que se contiene toto lo que del )) mondo se sia descubierto fasta agora , hizola Diego Porlo-Sanio, le groupe des Canaries, et la cole occidentale d'Afrinue s'elend jiisqu'au golfe d'Argnim. Le Rio del' Oro y est marque eu eiicre rouge, et le cosmoaraphe la place exactement a So lieues au sud du Bojadoi-. Pres do Mar peqiiciio^ en face de la grande Caimrie, on voit le pavilion portugais estanipilln sur le continent; on voit \f pavilion de la meme nation pres du Rio del' Oro (fleuve d'Or). (1) L'abbe Andres cite, dans sa Dissertation sur la carte de Bar- tholomeo de I'aiello, p. i ',3, une carte de ce cosmographe , d'apre* de Murr, qui a appartenu au musee Borgia, d'une date differente , sous le titre : Jehu Dahenzam d' Alexandria ^ anno \l\^&. (2) On remarque les memes (jartioulariles dans la carte de Juan della Cosa , de i5oo. (3) Celte particularile et c PS mots muntrent que i-ette carte p,>t ei- ( 310 ) » liiberu cus/iio^'/ajj/iu tie Sii Mdjeata (iiino de \'o'19, » Sei>illa. h » Cette carte, de la plus riche execution ,est couverlo de nombreuses legendes ct dun grand uombre de dessins a la plume representant les dilTerents ani- inaux connus (1). » N" 1(5. — Carte marine de la Medilcrran^e avec une partie de la mer Noire, monument duxvi* siecle, sans grande importance ni nom d'au'eur. » N"^ 17. — Carte marine de la Mediterranee ct de la merNoire, surune feuille ds parchemin de 0"", hh^ de long surO", 30^ de haul avec I'inscription suivante : « Georgia Sideri dito (IaLaPOBa (sic) Cretensis fecit me « anno Domini, 1565. » » N° 18. — Carte marine de la Mediterranee et de la mer Noire par Jean .Marlines en Messina, 1586 (2). » La cote occidentale de I'Afrique se prolonge au- dela du Bojador jusqu'au cap Blanc. nagnole ou catalane, et que les legendes sont tres probableiiient en tatalaii, puisque, si elles eiissent ete ecrites en tlialecte f'rancais, on y verrail : Fleuve de I'Or, et non pas Rio del Oio. (i) A la bibliotheque grand-ducale de Weiaiar existe une mappe- monde pareille, dessinee par le nierae cosmo{;raphe. Nous avons doiine I'Afrique de cette riiappenionde dans noire Atlas des monu- ments cartographiques du mi»yen aye pour servir de preuvcs a I'his- toire des decouvertes des Portugais, et Sprengel avail deja fait graver I'Amerique tie la meooe mappemoude. Sur ce celi'hre cosmoyraphe , vojez nos Recheiches sur la decoti- verle des pays silues sur la cole occidentale d'Africjue, au-delu du cap Bojador^ p. XXIII et 1 aS. La carte cilee par M. Horamaire avail deja (ite menlionnee par de Murr. Hist. Dipl. de Beh. , p. ,26 ; elle a ap- parlenu au cardinal Borgia. (2) Voyez le que nous avons dil dans la note 2, p. 290 an sujet des nombreuses rartes dessinecs par re rosniographe. Ce portulan lai«ait aulffois partie du musfp Borgia. ( 311 ) )) N" 19. — Carte marine d'uue partie de la M^dilm- raii^e , y compris rarchipel , niais sans dato ni nom d'auteur, et d'un travail grossier sans importance. » N" 20. — Carte marine de la Mediterranc^e et de la mer Noire, surune feuille de parchemin deO", 9b^ de longueur sur 0", 63^ de hauteur avec I'inscription sui- vante : (( Andreas Benincasa Jnconitanus composuit Jncone, )) anno Domini, 1508 (l). » » La cote d'Afrique ne se trouve indiquee que jus- qu'au cap Buceder (Bojador). Cette carte pour les in- dications geographiques ressenible exactement a celle da Gradoso Benincasa, probablement le p^re ou le parent d'Andreas. » N° 21. — Grande mappemonde ayantl™, A5l de longueur sur 0", 75^ dehautcur.malheureusementsans nom ni date. Cette carle est remarquable par la belle (i)Dans la bibliotheque de Berne existe uii auiie porlulan plus ancien de ce costnograplie. 11 est date de 1476 ; on y lii la note sui- vante : " Andreas Benincasa F. Gracioso Anconitanus compoiuil anno Do mini MCCCCLXXVI. » On y lit, au-dela des Canaries, la note suivante . X In hac regione sunt plaga; areno*;e et desertae valde magnae , ci 'I ideo terra ista scilicet marilima est et pro majoii parte inliabitata, " nisi ab hominibus qui sunt iiigri el semper vadunt nudi, qui semper ■1 dicunt, quod quot miliaria tenditis in mare, tut passus liabetis in » fundo. )• Cette carle se trouvecitee par de Murr, Hist. Dqil. , de Martin dc Behaim, p. 25 et 26. La carte trouvee par M. Hommaire, dn rneme cosniographe, datee de i5o8, mamtenant aux archives de la Propagande , a Home, pro- vient d« musee Borgia, et avail deja ele signalee par de Murr, ouv. rite, p. 26. Ce monument est dccril dans la Catalogue .?ps inarnis- riits de la bibliotheque de Geneve , p. 2H. ( 312 ) ea6cution et le iiombre iulini de scs legendes. La colo occidentale de I'Afrique s'y proioiige au-dela du cap Bojador. L'ilc de Laiicelotto figure dans les Canaries avec le noui de Marogello. Cetle mappemonde paralt au reste avoir 6te coupee au nord et au sud , car par- tout les signes s'y terminent brusquement. Je la sup- pose du comnienceiuent du xvi' siecle. » N' 22. — Portulan fait par : Conle de Octoinano Freduci Anconilano le a facte Milano, 1538 , in Ancona, et renferme 5 cartes {\ ) . » 1° Mer Adriatique, Sicile, Grece, Archipelet cotes d'Afrique; » 2" L'lrlande avec les lies Fortunees, I'licosse el I'Angleterre , cotes occidentales de la France et de I'Espagne; )) 3° Mer Noire et partie occidentale de la M6diler- ran^e ; » 4" Cote occidentale de I'Afrique. Elle se prolonge au-dela du cap Bucedor (Bojador) avec une riche no- menclature ; » 5" Mer de Sardaigne et iles Baleares. (i) Nous avons eite, dans nos Recherches sur les decouvertes des Portufjais, uii autre monument de oe cosmo{yra|)}if", dessine en 1487, pt qui a pour litre : Conies Hoctomoni Fredutijs de Ancona compo- iuit, anno 1487. Voyez nos Recherches deja citees, p. xxiii de I'introduction. L* comte Potocki a donne uu<; partie de la carte de ce cosmojiraphc. tjui se trouve a la bibliotheque de Vienne; mais ii dit que la carte en question est datee de >497- Ainsi M. Hommaire a trouve une autre rarte dessinee par ce meme cosmographe, plus moderne de quarante- iin aiis. La comparaison de ces deux monuments, dresses par le nieme cosmographe a un si grand intervalle, serait tres interessanle pour I'hisloire de la cartoj^raphie. (Je monument a appartenu au musee du cardinal Borgia, et de Murr i'avait deja mentlonne. ( 343 ) » N" 23. — liniiiense mappemonde sur parchemm de la fin du xvi' si6cle. » N" 24. — Grande carle sur parchemin, coiisacree aux cotes occidentales de I'Afrique et de I'Europe , ainsi qu'a une grande partie de I'Amerique ( xvr si^cle ) . BibUotkeqite (In Vatican, » N° 25. — Portulan de la Mediterranee et de la nier Noire avec I'inscription suivante : « Vicentius Demetrius Volcius Rachnseus fecit in ciui- » tate Neapoli die 15 Julii 1 506 (1) . » » La cote d'Afrique n'y descend guere au-dela du Mogador. » N° 26. — Portulan avec I'inscription suivante : « Grntiosus Benincasa Anconitanus composnit , Vene- » tiis, anno Domini , l/i71. » 11 renferme 6 cartes. » 1° Carte de la mer Noire et de la partie orientale de la Mediterranee. Tana , sur la rive droite du Don , comme sur toutes les cartes du meme auteur; » 2" Archipelde la Grece , mer Adriatique, Sicile. cotes d'Afrique ; )) 3" Sardaigne , Corse et detroit de Gibraltar ; » h" Angleterrc , Ecosse , Irlande avec les iles Kor- tunees , coles de France et d'Espagne ; » 5" Cotes occidentales de I'Afrique. On voit deja les iles du cap Verl (2). (i, Nous n'avions vu indique nulle part le noni ile ce rosmofjra phe ni d'aucune carte dressee par lui. (2) Nous avons donne dans noire Atlas des iiionuiinuiis {jeogra- phiques pour servir de preuves a nos Recher<^hes, ces deux cartes d(» la cote orcidenlale dp lAfrirjitp qn'on rpnrontre dan.i re portulan. ( 314 ) » 6' Carle clii ))roloiiji,eiueiit cle la cote d'Alrique. » Au inilitni dune riche nomenclature , M Hoinniaire de Hell cite plusleurs noins que je m'abstiens d'indi- quer , puisque loutes les personnes qui possfedent les livraisons deja parucs de notre Atlas peuvent y puiser des notions completes sur ccs deux cartes si int6res- santcs pour I'histoire des progres des d^couvertes por- tugaises et de I'hydrographie de I'Afriqae. M. llommalre remarque avec raison , qu'on voyait que cettc carte etait beaucoup plus complete que celle du memo auteur qui se trouve dans les ar- chives de la reformation ; elle est post^rieure acelle-ci de dix annies (1). Notre savant confrere fait reraar- quer que Gratiosus Benincasa parait avoir 6t6 le grand cosmographe ambulant du xv^ si^cle. Nous avons effectivement de ses cartes portant la date de Genes, de Venise , de Rome , etc. « N° 27. — Porlulan sans date ni nom d'auleur, renfermant 14 cartes. Ce monument est probablement du XV siecle. » Cette Notice vient nous faire connaitre non seule- ment un grand nombre de monuments de la geogra- phic du moyen age, inconnus jusqu'a present , raais aussi plusieurs cosmographes dont nous ignorions I'existence. C'est par de pareilles recherches que nous pouvons parvenir a agrandir le doraaine d^ja si considerable (i) Dans nos Recherches, p. ii6, § XI, nous avions demonlic le grand progres qui se fail reinarquer d.ins cette carte comparer avec les preceHenles dressees par le meinc cosmographe, meme avpi; relie de 1467 que nous avons pubhee aussi ilans r>olre Atlas. ( 315 ) des monuments de la geographie du moyen age.dont, au commencement de ce sifeclo, on connaissait apeine deux ou trols. Avant de terminer cette Notice, nous devons ajou- ter que, pour ne pasalterer I'ordre desrecherches que M. Hommaire deHell avait faitesdans ses explorations, nous avons cru devoir conserver celui qu'illui a donne par bibliotheques ; neanmoins il nous a sembl^ utile , tant pour les recherches des savants qui se consa- crent a ces travaux que pour le classemenl de ces memes Notices dans notre liste des monuments car- logi-aphiques et hydrographiques du moyen age , de les indiquer chronologiquement par siecles. Les recherches faites par notre savant confrere dans les bibliotheqnes de Rome et de Florence, nous don- nentdonc les r^sultats suivants : XIV* sikcLE : Une carte de \ esconte de 1327. Une carte de Solery de Majorque de 1 385. Une carte marine sans date. Une carte, ^galement sans date. XV" sikcLE : Une mappemonde de 1417. Un portulan de Benincasa (Beninesta ?). Un portulan de Benincasa de 1461. Un du meme cosmographe de 1471. Une carte de Benzara de 1497. Une carte du meme sifecle. Une carte du meme siecle. xvi* sikcLE : Un portulan de 1504. Un portulan de. Demetrius, de 1506. ( 3J6 ) Ln poilulat) d'Aiidi»!!as Benincasa de 1508. Ln autre du cominencemenl de ce si^cle. Ln autre du commencement de ce si^cle , sans date (1). L'ne mappcmonde de Diego Ribero, 1529. Une carte de Fredulii d'Ancone , 1538. Ln portulan de Gregorio Sideri , 1565. Un portulan de Juan Marlines, 1568. Un portulan du meme cosmograplie , 1586. Un portulan de Juan d'Oliva, 159/1. Lne carte de ce siecle sans date. L'n carte de ce siecle sans date. Une grande mappemonde sans date. Une grande mappemonde sans date. Une grande mappemonde sans date. Ces derni^res , quoique sans date , sont de la fin de ce siecle. En terminant cette Notice , nous croyons devoir de- clarer que nous nous proposons de pabllerdans notre Atlas plusicurs des monuments (jui sont indiques dans cette Notice. Nous nous empressons de faire cette de- claration d'avance , afin d'empecher qu'on ne puisse dire , dans le cas oil quelqu'un de ces monuments viendrait a etre publie par d'autres , qu'en fai- sant paraitre le meme monument dans notre Atlas, nous faisons un double emploi. D'apres Ic plan que nous nous sommes trace , notre hut est de. publier tons les rnonuinenls geogniphiqiies qui pourront setvir de preuves et rle pieces jusiificntives de notre texte relatif a I'histoire de la geographic du moi'cn age et des decouvertes des Porlugais. (i) Novis sommps e'lonne que M. Hommaire n'ait \i^< riip l,i carte de i5a8 de Verrasani Aw musep Borjrien. ( 317) Note sur la Carff A" 8. ^Jous avons fait prendre des intoiiiiations a Genes sur la ques- tion de savoir dans quel siecle vecut le preire Giovani^ recteur dt? rpj'.lise de Sainle-Marie du port de Genes, afin de fixer approximati- vemeiit I'epoqiie du monument ffeoyraphiipie dessine par oe cos- mo{»raphe. Pendant I'irapression des pages qui precedent, un savant nous ecrivit de Genes, le 20 juiu , cju'il avait pris des informations a cet egard aupres de deux ecclesiasliques des plus inslruits, et que tout deux lui avaient affirme que IVglise en question , non seulemeiit n'existait pas , mais qu'il n'y a jamais en de paroisse avec le litre de Sainte-Marie-du-Port , et que fVtait a Ravenne c|u il y avait une e{>lise de ce nom. Or, si le cosmofjraphe se di>iait leellement recteur de Sainte-Mai ie dii-Port de Genes, la question deviendrait tres curieuse de savoir si une eglise de ce nom avait ete dctruite on si on en avait change le nom ; car d n est guere iroyable que le pretre Giovani eut pris un pareil titre, sans que cette eglise existat a Genes. D'un autre cote, une iioiivelle lecture de 1 inscription de la carte en question pourrait nifxitrer qu'au lieu de Genes , on doit lire Ravenne. Quoi qu'il en soit , il est curicux de voir ce cosinographe placer le pays des Amazones au nord du Tanais, suivant alVfjard de cette fable les geographes posti rieurs a Strabon , tandis que celiii qui construisit la inappemonde de Turin que nous avoiis donnee dans notre Atlas , place les Amazones au niidi de la Mesopotamie, suivant ainsi , quoi - que modifiee, la fjeographie humerique. II est digne de remarque que ces deux cosmographes , tous les deux du moyen age, n'ont suivi sur ce point ni Ptolemee , ni les auteurs de cette periode, lesqucls repousserent les Amazones jus- qu'en Scandinavie. ( Voyez le geo|;raphe de Ravenne, IV , 4- ) Consultez les auteurs qui out traite des Amazones, savoir: Petit. DeAmazonis; Becani., Amazonia ; /reVet , Memoires de TAcademie des inscriptions et bilks-ieKrcs , tome XXI; Voyage dans les Steppes d'Aslrakhan et du Gaucase; Histoire primitive des peuples qui ont habite anciennemeiit ces contrees, par le couite Potocki , pu- bliee par Klaproth. Paris , 1 829 , tome I , p. 8 i et suiv. , et tome II, p. ;ii4. vV. i.eS.) ( 318 ) MtMOlRE siir la (jiiestion ile snvoir a quelle cpoijue P Amerique meridionule a cesse iVetre representee dans les carles geo'^raphiques coinine line He dUine grande etendue. v\n M. le Vicomte DE SANTARKM. Lu a la SocR'le tie geographie dans la si-aiice du iS jiii" '^47. Plus on 6tudie les cartes ancienncs, plus on est frappe dc rimniense utillte de cette ^tude pour (iclair- cir I'histoire de la g^ograpliie et celle des d6cou- vertes. C'est d^ja par I'^tude des plus anciennes cartes de rAm^rique que je suis parvenu a demonlrer , en pre- mier lieu, que la priority de la d6couverte du Nouveau- Monde par I'amiral Colomb ^tait invariablement con- slat^e dans les cartes geographiques jusqu'a I'annee 1520. C'est par I'etude des anciennes cartes que je suis parvenu a d^montrer aussi que durant la meme p6- riode, la partie rneridionale, et notamment le Bresil , etait ^galement designee dans les cartes geographi- ques par Terra Sanctce Crucis , nom primitivement impost a cette partie du globe par I'amiral portugais Cabral (1). (i) Voyez ines Recherclies historiques, critiques et bibliograplii- qucs sur Americ ^espuce et ses voyages, Paris, 1842, p. i83 et snivantes : Le lemoignsfje de ces cartes, c'est- a -dire de res documents conlernporains de I'epoqiie de la decouverte meme du Bresil , a plus de valenr (jue -I'opinion d'Herrera , qui n'avait pas fait men- tion des fail'i que ce nom dp Terra Sanctce Crucii consialt.' ielativ<'- i ( 319 ) Enlin dans une Note que j'ai lue a la Socielt^ de geographie au mois de septembre de I'annee der- iiicnt a la decouverte de Cabial. Ni Herrera ni ceux qui se soni appuyes de son aiitoiite, n'oiit examine ces <'aites. Je ne dis- c'uterai pas ici la question de savoir si le cap de la Consolation dec'ouvert par Pinson , en Janvier 1 5oo , est le nieme que le cap appele depuis de Saint-Augustin, Je prepare un Menaoire special sur ce sujet. Neanmoins je me permetlrai de dire eu passant que , les auteurs espaynols n'ont jamais produit un seul document qui ail prouve que Pinson ait decouvert tout I'immense pays qui , dans les cartes des vinyt premieres ainiees apres la decouverte, fut designe par la denoniiiiation imposee par Cabral. Mais en suppo- sant merne que Pinson eut reconnu la cote jusqu'au 8' degre de latitude ausirale , c'esl-a-dire jusqu'au cap Snint-Auf;ustin, il n'au- rait vu ainsi qn'uiie petite porlioii de Timniense coiilree qui, sous le num de BEesil, sVtendil plus tard jusqu'au 33*^ de;;re 55 m. de la- titude auslr.ile. On ne peut done pas suiitcnlr que ce lut Pinson qui decouvrit le pays auquel on a doniie plus tard le nom de Bresil. Au surplus, la precieuse lettre de Pedro Vaz Caminha ecrite de Porto Seguro de Vera-Cruz , le i" mai i5oo , rapprochee des legen- des qu'on v<»it dans la fanicuse mappemonde de Juan de La Cosa , compagnon de Pinson, dessinee a la fin de la nieme aniiee, ne laisse pas le moindre doute sur la de'couverte de Cabral. En effet, dans la legende qu'on voit dans la carte de ce cosmogra|)lie contemporain, on lit ce qui suit : 11 Este Cuba se descobrio en anno de ( 1 499 ) por Castilla siendn de^robridor Vicentianes ( Vincent Yanes Pinson ). Le cap marque dans la carte de La Cosa est situe' a 24° beues au nord du cap Saint- Juijuslin ; et presque en face d'un autre cap aussi au nord de celui-ci , le cosmographe espagnol dessina I'ile de Ferdi- nand de Noronha et celle dos Ralos fres grossies avec, cette legende. •1 Ysla descobierta por Ponunal. « ( lie decouverte par Portug >I ou par les Porlugais \ Ainsi, dans la carte tie Juan de La Cosa, dressee precisement a la fin de I'annee de la decouverte du Bresil effectuee par Cabral, on ne voit aucune mention de la decouverte dn cap Saint AiKjuslin j>ar I'insoii; tnais au contraire , on y trouve constate ilija par la le- ( 320 ) ni^re (Ij , j'ai inonlre que malgr^ los explorations de 1501 et de 1503 au Bresil , dans lesquelles on a pr»^- tendu que Vespuce s'est trouv6 , rAm6iique ineridio- nalecontinua encore quelques ann6es i 6tre consid6- r6e comme unc lie, sans que les explorations dont il est question plus liaut aient demontre aux cartogra- phes que cette partie du globe etait un continent. Pour constater ce fait curieux de I'histoire de la geo- graphic , j'ai ajoute que les premieres cartes du Nou- veau -Continent rcprescntaient en elTet I'Am^rique geixle Iranscrile [)liis ham la di-coiiverle rffectuee par les Porlu- gais des lies situees par le 3' degre de latitude australe au nord du cap Saint-Hor/ue, cap (|ui demeure silue par le 5' degrc' 28 m., 1 - de latitude sud, scion les observations de I'amiral Roussin, rapportees par M. Daussy dans les Tabli-s des positions g;co i'editiou d:; Ptolemee, iraprime'e a Rome en i5o8 et dans la Note inserc-e dans la belle carte de Ruyih du meme Pto- lemee. Je me borne, quai.t a present, a faire cescourtcs oljsei valions sur la Note qu'on a publiee a la pa^e 1 S6 du Bulletin de la Societe degeo- f;ra[)liie du mois do scptembre de I'annee 1846, n<> 33, tome VI, y serie , Note (|ui se trouve reproduile dans la page 10 du tirage a part (jue j'ai fait faire de mon Memoire qui est public dans Ic meme Rullctii). (1) Note lue a la Soiiere de geograpbie de Paris, sur la ve'rilable date des Instructions donnees a I'un des premiers capitaines qu' soni alles dans I'lnde apres Cabral , publiees dans les Aunales mari- limes de Lisbonne. ( 321 ) meridionale coniiiie une ile, puree que les cartogra- plies suivaieiit encore Topinion systdmatique de Stra- hon , de Macrobe et d'autres geographes anciens sur ]a communication de loutes les mers. Maintenant, je me propose de fixer ici par I'exa- men chronologique des cartes I'^poquea laquelle cette Iheorie disparut entierement des cartes du Nouveau- Continent. Je citerai d'abord les plus anciennes cartes de I'Amerique , ou la partie meridionale est figur^e comme une ile : 1° Dans une mappemonde de la fin du xv' si^cle qui etait au pouvoir de Pedro Vaz Bisagudo , le Nou- veau -Continent etait figure par quatre iles en tout, d'apr^s la Notice que nous a laissee le ra^decin du roi Emmanuel dans salettre datee de f^era-Cruz^ie Br6sil), le 1*' mars 1500 (1) adress^e a ce souverain. Cette mappemonde 6tait a peu pres semblable, se- lon moi, a celle do Junn de la Cosa, carte dress^e apr^s les d^couvertes de Colomb , dont je pai'lerai ailleurs. J'ai aussi la Notice d'une carte inedite du xv' siecle qui se conserve a Lisbonne , et donl on pr<^tend que V asco de Gama s'est servi pour le cel^bre voyage qui im- mortalisa son nom , et dans laquelle on voit le Nou- veau-Continenl figurer comme une lie. Dans la mappemonde de Juan de la Cosa , dessin^e en 1500, I'Amerique meridionale parait etre repre- sentee comme une grande lie se terminant a peu pr6s par le 14' de latitude australe , quoique le trac6 y soit tout a fait arbitraire, particularite qui nous montre (i) Voyez ina Notice sur la vie et les travaux de M. da Cunha Bar- bosa dans le Bulletin de la Soriete de gfcogiaphie du inois de inara i847 , [>• »6o. VII. MAI. 3. 21 { 322 ) qu'i'i cette epoque celte partie ilii \(iuv»-an ConliiU'ul uY'tait pas enrore exploree. Dans la helle carle deRiiychde 150Squ'nii lioiiviMlans la pr^cieiise edition de Ptolemee, piiMiee a Rome dans la m^me annexe, carte posterieure de plusieurs ann6es au voyage dans lequel on jir^tend que V^espiire s'est troiiv^ , on voit encore I'Ameriquo nieridionale (et non pas le Bresil ) representee cninme une i/r d'une immense etendiie. Nous voyons encore repet^e cette th^orie systema- tique des anciens dans le globedu celebre Jedn Scluener de 1520 , posterieur de dix-sept annees au vovage dans lequel on dit que Vespuce s'est trouve. On y voit en- core en effet le Bresil , c'est-a-dire I'Amerique meri- dionale , represente par deux grandes iles ; Tune au nord , et I'autre au sud , sous le nom de Brasilia in- ferior (1). On voit aussi, sur le globe de la bibliolheque du grand due de Weimar de 153/1, I'isthme de Panama, repre- sente perce par un detroit. Cetle th^orie systomatiquc est representee dans les mappemondesde I5/i6qu'on trouve dans lag^ograpliie- de Vadianus (2), ou on voit encore I'Amerique m^ri- dionale figurer comme une ile. Ainsi , inalgr«'? les voyages et les decouvertes effec- luds par Pinson, Coelho , Cluistovam Jacques, Ma- i>;ellan , Martin Alplionso de Souza (1530), nous (i) Voye/. IJisjerlatioii sur le fjlobe de Behiim ei Schijeiiei, par Gliillany , Nnremberp, 1842. (1) Epitome tiiutn terra- paitium, Asix, Africae, et Europae roni- ueiidiariam lororum dpscriptionprii roiitinens , |ira>('I|)iie auiem Kvanpelistsp el Apostoli mpminere, I'tc. , per .l'i.irliiiiiiiiii Vndianum Cos. Saii^alfiisein , i,14,8. ( 323 ) voyons les cosmogiaphes que je viens tie iionimer prooccupes encore de la tlieoiie dos geographos de I'antiquite. Get engouement pour cette tli^orie estd'autant plus surpr^^nant , que, dans les mappemondes des (Editions de Ptoleni^e de 1513, de 1522 , et dans les autres map- pemondes publices dans les (idllions de VIsolario de Bordoni de 1528 et 1533 TAmeiique m^rldlonale etait figuree comme un continent; Schcener, ainsi que le cosmographe auleur de la carte de Weimar et VaiVtanns, devait i'avoir vu, et on ne comprend pas qu'ils aient continue a la dessiner comrae une ile. Mais a partir de 1548(l),toutes les carles que j'ai exa- minees repr^sentent TAmerique meridionale comme un continent. La partie meridionale du Nouveau- Continent n'est plus figuree comme une ile dans le globe qu'on voit dans la cosmographie d'Appiatms (2) de r^dilion de Paris, de 1551, ni dans celui qu'on trouve dans une autre edition du meme ouvrage public a Anvers en 158A , ni non plus dans les Irois cartes du portulan inedit de Jacques de Vaulx de 1583. Ainsi done, ce ne fut que quarante-huil ansapres la d^couverte du Bresil que les cosmographes, abandon- nant la theorie syst^matique des anciens, ont en gene- " ral figure dans leurs cartes I'Am^rique meridionale comme un continent; et il n'y a gu^re qu'un diplo- mate qui , a coup sur tr^s peu habile en geographie , ait pu consid^rer encore en 1659 le Bresil comme une He (3) ! ! (l) Vojez la Cai le (|u'()ii liouvc- ilaiis le Plolemre de Mattiolo. (a) Voypi Cosmojjnphia Pclii Appiaiii per Gernniatn Frisium, eto . (3) Voye/. nion Ouviajji,- sur les relations diploinatiques du PoifiJ- jj.il , tome IV, spconde partie. , Introduction, p.cxlx. MORIRS ni.S CAFUIS AMAZOII.OIS K I MAKATISSES. La racecalVe, que j'ai eu occasion deroiinaitrc du- rant un sejoiir dc six aiis et denii daus le S.-E. de I'A- IViqiie , s"v prtisente en deux sections Men tranchees , dont rorigine doit 6tre commune. line barriere naturelle separe ces deux sections, el cette barriere n'ost autre qu'une grande chaine de montagnes, ou inlcux une immense falaise courant paralleloment au littoral a une distance qui varie entre 50 et 70 lieues. Chez les Boers, cette chaine a nom Dradkens-Beii^eit. et choz les Cafres. eile porte celui de Qalhlaiiilene. C'est d'elle que decoulent toutes les rivieres qui vont se decharger, soil a I'E. , soit a I'O. Sa partie orien- tale est chaude et I'occidenlale est froide. A I'E., hahitenl les Amazoulous , les Amasouaz.is les Cafres de Natal , les Ama-Pondas et les Amakosas. Ces diverses peuplades rostent a I'^tat naturel, c'esl-a- dire qu'elles ne pratiquent pasla circoncision, et qu'aii contraire , chez ellcs , les hommes se couvrent le pre- puce d'un capuclion. Elles parlent la langue zoulouse. A rO. sont repandus les Makatisses , comprenant les Bazoutous, les Barolongs, les Marotzis, les Baschiapins, les Makaschlas , les Makatous et beaucoup d'autres encore. Chez ces peuples, la circoncision est pratiquee sur les hommes encore enfants, et sur les femines une operation analogue a lieu, de laquelle, cependani, jene puis rien dire, parce que je manque de details. Toutes ces tribus parlent le Sissoutou ou langue des Ba- zoutous. De prime abord , les uns et les autres seinblcnt dif- l'6rer essentiellenient par le langage , puisqu'ils ne se ( 3'25 ) comprennent pas enlrc ciix. Les Makalisses ont uiie langiie rude, tourmillanl d'R pronoiices d imc iju-on outr6e et comme a dessein. Les Amazoulous [)()ssedent au conUaire un idiome dc^pourvu d'R , dont Ics mots se terminent tous par des voyelles qui les rendent tres doux et fort haruionieux. La penulti^me de ces tuols est aussl constamment longue. Malgre ces differences dans la physiononiie des deux langues , makatisse et zoulouse, un rapport, bicii quo faible , exlste cependant entre elles, et peul laire sup- poser que I'origine est commune. 11 n'est peut-6tre pas inutile que je lasse reinarquer, en passant, que la langue dure est parlee dans les pays froids par les Makatisses, et que I'idiome doux appartient aux Amazoulous qui habitent les pays ehauds. Chez tou? les Cafres , quelle que soil leur section ou leurtribu, le mode de gouvernement est partout lo meme ; c'est le systeme patriarchal absolu. Chez les Makatisses , I'application de ce systeme n'a point depasse certaines bornes, parce que leurs tribus n'ont jamais eu une tres grande importance , et qu'ainsi leurs chefs n'ont jamais 6tii de grands rois. Chez les Amazoulous, au contraire, ce mode a de- genere enun despotisme outre. Les rois y sont grands, et prouvent leur grandeur en disposant frequcmmeut de la vie de leurs sujets. L'obeissance la plus passive resulte d'un tel sys- teme. Le peuple tout entier agit et marche comme un seul homme en respectant toujours la volonte du chef, lequel, avec sa (jualite et son litre d'(h/i - Ta^dty Otn-l\oulou , est pour son peuple comme unc divinite toujours tres crainte et , je crois, nullemcnl aimee. Les Makatisses, poul-etre a cause de leur caracterp. ( 3-->6 ) qui leiir fait dtitestcr loul iVeiii out i:oiislaiiiinent en de la tendance a se divisor. II y a chez eux une foule dc l)elits princes, qui, sans se faire uiuluolloniont laguerre, sunt cependant desunis. Comme ils manquaient d'enseiublo, ces peuples, nialgre leur nombre furent inalheureux dans los guerres qu'ils eurent a soutenir , ct comiiie les revers font d^sireret aimer la paix. j'ai trouve que les Maka- tisses 6taient fort pacifiques, malgr6 leur amour du pillage lis out aujourd'hui tous les vices que Ion ne rencontre pas chez les tribus heureuses par les armes. Ainsi, les Makatisses sont poltrons, ruses, fourbes et menteurs. La misere la plus grande a pose sureux, et c'est peut-etre elle encore qui a donne naissance a d'autres defauts, tels que la gloutonnerie et la salete la plus repoussante. Les Amazoulous, heureux des leurs commence- ments, ont toujours procede en ralliant a leur noyau j)rimitif les debris des tribus vaincues. Ils se grou- paient autour de leur chef; la discipline fut par eux lr6s bien comprise et observ^e ; leur lactique de guerre rocutaussi des ameliorations. Djacka qui les forma, et qui les conduisil a \a guerre, dt'lruisit avec leur aidejplusd'un million d'hommes ; il enrichil la tribu dc plus de 800,000 tetes de grand b^tail , et la laissa dans un (itat prospere. C'est peut-etre a cause de ces circonstances, que j'observai que les Amazoulous eiaient braves, gene- reux, hospitaliers, tres polis, et que leurs manieres etaient fort distinguees. Ils sont assez sobres; ils con- naissenl les avantages de la proprete , el leur aspect a quelque chose d'agreable. Du rcste , il eut ote difficdc aux Amazoulous de ne pas devenir mcillcurs ; le systemc dc Djacka etait si ( 327 ) net el la pratique en etail si precise, qu'apres quel - que temps, la Iribu devait elre purgee de tout re qui etait mauvais. Je teial leuiaiquer que les Ainazoulous ne connaissent qu'un seul genre de cliatiment : la moil; el c'estde moil que Djacka punissail la lacliele, la poltronnerie, la desob^issaiice, le \ol, la medisance, le mensonge et I'adullere. LesCafres, quels qu'ils soient, iguorenl Fart decrire. Chez eux , les usages remplacent les lois; il apparlient aux chefs inf^rieuis de proiioucer dans les conlesla- lions ; inais les parlies nun salislailes onl loujours le droil de s'adresser au roi comme en dernier ressort. Les proces sont rares , et ne s'elevent qu'a propos de femmes ou de vaches , les seuls objets constituant la fortune de cespeuples; et jamais pour rexploilatiou des terrains, dontpeut disposer Ic premier venu, a la condition qu'ils ne soient pas encore occupes. Les tribus riches viventdu produit de leurs champs et de celui de leurs troupeaux. ■ La possession de ces troupeaux est loujours la vraie raison pour laquelie se fait la guerre ; car, non seule- luent, les vaches font vivre leiws proprielaires , mais encore elles leur servent de monnaie courante. Line jeune fille donl un Cafre veut faire sa femme coute dix vaches, qu'il paie aux pai'ents de celle-ci ; mais a vrai dire , ce n'est pas une affaire de simple Iroc ; les jeunes filles ne sont pas inises en vente comme de la mar- chandise , et les dix vaches recues par les parents le sont a litre d'indemnile ; il est en outre permis aux jeunes filles de refuser les propositions d'un hoinme , et sans leur cousentemcnt, les parents nc voutlraient ni ne sauraient les conlraindre... Voici comment se pas- senl les choses. lln jeune fdle convicnt non seuiement, parce qu'elU ( 328 ) a de beaux traits, inaib plus eiicoic, parre qu'elh; est fortement constituee, quelle est capable; dun grand travail , et supposee apte de donner a son mari unc famille nonibreuse. Ln jeune bounue desire la posse- der, il sadresse a elle tout d'abord , puis ensuite aux parents, qui jamais ne contrarient les dosirs de Icur fille. S'il n'y a pas d'obstacle , le jour des noces est aussitot fixe. Cost un jourde danses et de gala, oii se reunissent au village du jeune bomme les amis el les voisins des fiances ; c'est celul ou s'executent les pro- messes et oil commence la vie conjugale ; mais il ne fautpas croire que la femme se considere comme li^e a toujours, s'il lui survient des mecontenteinents dont son mari serait la cause. Lorsque ses raisons de sepa- ration sont justes, on lui reconnait le droit de deserter le toit marital , et de retourner chez ses parents; mais alors, ceux-ci sont tenus de restituer au mari I'in- demniie qu'ils en avaient regue. D'un autre c6t6, le mari peut repudier sa femme quand il lui plait de le faire , sans loutefois pouvoii exiger le retour des dix vaches. Ces separations sont, du reste, lort rares. L n Cafre acquiert autant de ferames que ses moj ens le lui permettent. Si la palx continue, il n'a de cbance de fortune que dans raccroissement de ses troupeaux , car les hommes ne Iravaillent pas ; ils ne font que la cbasse et la gueriT. L'agricullure regarde les femmes, et dans ces circonstances, il se passe quelque cliose que nous ne soupconnerions pas , et dont meme nous nous rendons difiicilement compte. Celte premiere femme d'un Cafre travallle loute la journee avec une opiniatrete que rien n'egale; elle a un but fixe qu'elle poursuit avec acbarnemenl; elle vise a faire de grandes economies, afin de rendre son ( 329 ) mari assoz rlche pour qu'il puisse acqu(inr uno seconde feimiie; elle ue seia intime heureuse que quand ce de- sir sera satisfait. Sa compagne devieut alors pour elle beaucoup plus qu'une soeur. Qu'il y alt meme vingl ou Irente femmes dans uiie coinmunaute de ce genre , jamais la jalousie ne se glissera parnii toutes ces Spou- ses d'un seul homme. Blen plus, les enfants de I'une sont ceux de toutes ; et un lils ne consent pas a desi- gner sa mere naturelle, comme s'il craignait de blesser les autres femmes de son pere qu'il appelle ses meres, par une preference qui semble pourtant si juste. Volci qu'il me faut aborder mainlenant un point delicat et tr^s difficile , je veux dire la religion. Sij'eusse obei a mon premier mouvement, j'aurais dit que les Cafres n'en ont pas, parce qu'il n'y a chez les Cafres que j'ai connus aucune trace dun culte , parce qu'ils n'ont rien de sacre , ni F^ticbes ni Grigris, parce que jamais je ne les ai vus elevcr lour cceur vers Dieu , qu ils semblent ignorer. Mais, depuis mon re- tour, j'ai appris qu'il existait un dire 6rige en axiome, dont la formule est a peu pres celle-ci : Tous les peuples de la terre, aussi sauvages (|u'ils puissiiit etie, re- coiinaissent un Dieu et out une religion. Comme mes observations ne se trouvaienl pas d'ac- cord avee cette opinion , je cberchai a m'assurer si je ne m'etais pas trompe. Les clioses exterieures sont, il estvrai, d'une etude plus facile a un observateur naturaliste que les choses interieures. Le cceur de I'homme a aussi raille replis dans lesquels je pouvais avoir fouille maladroitement sans decouvi'ir ce que je cherchais, et j'avoue que je tombai dans le doute. Cependant comme je veux etre d<* bonne foi, parce f 330 ) que ji! ne puis elie utile (lu'tMi as^issaiil ainsi , je vais , messieurs, vous laire part de ce que j'ai recueilli. Les CatVes ne sont d^ja plus asse/. iieul's pour (pie Ion puisse procoder certaiiKMueut ;"i la n-cherthe do leurs idees louclianl un elre su|)ren)e. Dos luissionnai- les se sont repandus chez quelques pouplades assez peu distanllioiidiss parlaienl d'lin dieu qu'eux-meines appellcul l\i>.sl'ezoit. J'ai appris la langue de ces peuples, ct des la pre- miere fois qu'il me ful parle de Kos-Pezou, uion ^ton- nemenl lut grand d'observer que los Amazoulous ne |iossedassent pas dans Icur idiome un mot simple de- signanl Dieu. Kos veut dire maltre, et Pezoii signiiie en haut. Ce mot est doTic de formation recente. Ceci estgrave, et ma persuasion est complete. J'ai meme la presque certitude que celte maniere de designer Dieu, la seuie qu'ils aient , n'existe chez les Ama/.oulous que depuis le passage du lieutenant anglais Farewell , le premier blanc qui les ait visitiis en 182/|. I.es Makatisses et les Amazoulous ont des docteurs qui guerissent les manx du corps et les inquietudes i\v I'esprit. Chez les Amazoulous , ils portent le nom d'/- niangn. Ce sont ces hommesquc los missionnaires pro- testants designenl comme leurs plus redoutahlos on- nerois, et qu'ils qualifient du nom de pr^tres , tan- disqueles Boers, dans Icur simplicite patriarchale, les appellent simplemenl des Toveraers ou sorciers. Or, voici ce que font les docteurs on iniangas chez les Makatisses; on leur reconnait le pouvoir de fairr tomher de la pluie du ciel . de rondre I'ccondes les femmos slcriles, ou ton! au m(»ins de les consoler dans ( 331 ) leur iiicilheur, de detourner des jardius Irs nuages de sauterelles , de guerir los niaux physiques et Ics in- quieliules morales. Chez les Ainazoulous, le role des iiiiangas est moiiulre sous certains rapporls et plus etendu sous da u Ires. Ces homines s'y rendent quelquefois l)ien redouta ble , par les seules indications qu'ils donnent : ainsi , ils designent I'endroit ou a ete tuee une vache volee et I'auteur du vol; ils vouent au Tagaty ( mort infligee par lavindicte publique) tel homme qui porte malheur a ses voisins , tel honnne signale comme un empoison- neur, qui a fait mourir, disent-ils, son ennemi prive en enterrant a son insu du poison dans sa cabane. Tout homme sur qui pesent des malheurs consuite I'inianga, et la sentence de celui-ci est pr^sque inva- riablement la meme , c'est-a-dire qu'une vache doit donner son sang pour apaiser le //e/e »/o;f. ,1'ai bien des fois reitere mes questions a I'egard de ce f'rere inort , et toutes les r^ponses m'ont confirme dans ma premiere opinion. Le J rere mort des Amazoulous ha- bile I'int^rieur de la terre : c'est un genie mallaisant qui se revele de temps a autre par ses exigences. Un malheur quelconque est un avertissement que ce ge- nie a besoindusang soit d'une vache oud'un taureau. Les Makatisses jurent a tout moment par Morrimo, lequel n'est autre non plus qu'un mauvais genie , I'e- quivalent du frere mort des Amazoulous, mais dont , comme par pudeur ou par ignorance , personne ne voulut ou ne put me donner la description. Toujours est-il qu'ils ne lui portent aucun respect; que ja- mais je ne les ai vus faire de sacrifices dans le but d'apaiser sa colere , et que souvcnt ils le traitenl comme ils ne traiteraient pas leur egal. Kn efl'el , ( 332 ) quand iin oiiige iiecessairo a passu sans arroser leurs jardins , les Makatisses accablenl d'iiijures iMorriino auqucl ilsadrossont les epitlielos de iiiecliant el de pa- resseux. Jurcr par Moriitiiu iic dc-iuil*; pas, ce me semble , line idee religieiise , puisque aujoiird'hiii les Amazou- lous ne prononcent [)as uno phrase sans jurer par Djacka, (jui a 6le un de leurs rois, puisque les Cafres de Natal jureiit par Febnna] Farewell , qui elait un ofti- cier anglais. Le Morrimo des Makaiisses et \q frere niort des Ama- zoulous ne sauraient, suivanl mes convictions, Icnir lieu dun etre supreme ni nieme ie representor en au- cune maniere. Je sais que les missionnaires proteslanls qui resi- dent chez les Bazoutous, peuples compris dans la grande lamille raakatisse, emettront des idees oppo- sees aux miennes ; je sais que ces zeles civilisaleurs tendent a faire croire en Europe que les Cafres out leurs divinites , un culte et des prfitres ; quune grande opposition leur est faite par les docteurs cafres ; rpi'ijs ont dabord a detruire ce qu'ils appcllent le paganisme avant de pouvoir asseoir leur edifice. Mais, quoique ces messieurs aient un caractere sacr«^ , je m6 vols pour- tant contraint de dire qu'ainsi ne se passenl pas les choses. Certes, si les missions ne portent pas les fruits que Ton en atlendait , ce n'est point parce que les docteurs cafres detruisent les effets de la parole des mission- naires. Les docteurs cafres ont trop peu de credit : ce n'est pas non plus parce qu'il existe un paganisme a de- truire. On vient de voir ce que c'est (jue ce paganisme compl^tement inventd. Les verilables raisons, jr (uoisles a\<)ir trouvees.Lcs ( 33.", ) CtilVes sonl Ir^s fVoitis en m;itiere tie religion nouvellf- nienl importee. Les affaires spirituellesne lespreoccu pent guere ; leur indifft^rence pour tout ce cpji n'a pas (lirectement trait a leur vieiualerielle est extreme. Leur attachement a la polygamie nc Test pas moins , et comme chez eux la fortune d'un individu depend du grand nombre de ses epouses , que la , de menie que partout aillcurs, personne ne consent a Stre pauvre , il s'ensuit que les missions ne font pas de proselytes ; et je le demande , en ferail-il chez nous , ce sectateur qui viendrait precher I'egalite des fortunes? La ri- ponse est aisee. Eh bien , le role des missionnaires est exactement tel chez les Cafres. Cependant cela n'empeche pas que ces messieurs ne fassent des chr^tiens par le bapteme. Je sais plus d'un Makatisse , plus dun Zoulou qui, dans le but de re - cueillir quelques avantages materiels , ou seulemenl pour plaire a VOphondiss, s'esl soumis au bapteme d'eau ; mais sa mani^re de vivre n'en est pas changee , et quand il peul acquerir plusieurs epouses, la tenla- tion est trop forte pour qui) d^roge plus longtemps aux usages de ses peres. Le respect des Cafres ])our les morts est tout aussi nul que leurs id^es touchant un elre supreme. Quand un homme est mort , ses proches se garden I bien de le toucher ; on lui passe quelques cordes ou des branchages sous le corps , et on le traine a quel- ques centaines de pas du village. Le lendemain , tout ce qu'il rcstall de I'homme a disparu ; les hyenes se sont repues du cadavre. Adulphe Dklegorcuk de Douai. ( :^.Vi ) iVott' snr III carfa iV Arnbie puliliee en 1847. Depuis l;i premiere publication cle la carte d'Arabio jointe au present volume , plusieurs voyages de (i6coii- vertes ont 6te accomplis, lant sur le littoral que clans rinl6rieur de cette vaste peninsule. Quoiqu'il reste en core plusde points a determiner qu'on n'en a reconnu jusqu'a present , I'auteur de la carte a cru ccpendanl ne pouvoir sc dispenser, en la reproduisant apresneul annees, de la porter au niveau des connaissances ac- tuelles, et d'y introduire les changements resultant des nouvelles d^couvertes. IJne douzainc de cartes ge- nerales ont paru en 1839 et depuis ; mais , la plupart. sans ces rectifications; on devait n^gliger les compila- tions et s'en tenir uniquement aux cartes ou aux ob- servations originales. Les \oyages par terre dans rY6men sontceux de MM. le baron de Wr^de, Botta, Sainte-Croix Pajot, Hulton, Cruttenden et Arnaud (lo- quel a pu penetrer jusqu'a Mareb , I'ancienne Saba 1. et, dans la peninsule de Sinai, MM. Delaborde et If D' Lepsius. Aucun voyage nouveau n'a 6t(^ effeclue dans I'Acyr, le Hedjaz. le Nedjd. M. Prax et d'autrcs ont reside a Djeddah, M. Fulgcnce Fresnel y resitle ye7. Joiirniil of the lioyal qeoqraphiral Snriely. BARhAGR DU MI.. F.\liiiit J line Irllie tin Minishf ila trariiu.\ pulilin d Eyrptf A M. JOMARD. Caire.le i8 l)jeinadeli-el-Aiiuel I26ii. \ ous savezsans doute que le vice-rois'occupe do limmense enlreprise du barrage du iMl. Depuisdeux ans on en poursuit avec vigueur Ics travaux, et vous avez peut-etre appris par la voie des journaux que d^ja les fondemcnts de I'^cluse du pont occidental ont et(i jetes. Le 20 Rabi-Akhar 1263 de I'h^gire , Son Altesse . accompagn^e des principaux officiers de I'Etat el du corps d'ulemas et des employes des niinist^res et dif- ferentes administrations, s'est rendu a Batn-el-Bakara, et la, en presence de tous les hauls fonctionnaires de rfigypte , de MiVI. Ics consuls gf^neraux et autres etran- gers de distinction qui se trouvaient alors au Caire , el qui avaient 6te invites officiellement a assister a cette ceremonie, posa la premiere pierre de I'^cluse du pont jolgnant a la rive occldentale du Nil. Cette premi6re pierre recouvrait une cassette ren- ferraantunc collection de nionnaies frapp^es en tgypte sous le rt'gne de S. A. Mohammed-Aly, et quelques m^dailles qui ont ete frapp^es expr^s pour souvenir de I'hisloire de celte immense entreprise , dont le but est I'intf^rgt general. Sur I'un des revers de chaque me- daille est grave le profil du barrage ; sur I'autre est ecrit ce qui suit, en turc pour les uns , et en arabe pour les autres. « Mohammed-Aly est ne a la Cavale I'an 1184 de I'h^gire ; il a r6gne en Lgypte quarante- Irois ans jusqu'a ladite fondation qui a eu lieu parses propros mains, le 23 Rahi-Akh;ir, lo jour de vendredi. » Diverges pi6ces de ces m^dailles out ete dislribuees ( 337 ) aux consuls generaux des puissances europeen'.es pour ^tre envoy^es par eux aux cabinets de leurs Klats res- pectifs Jeproiite de cette occasion pour vousrenouveler.etc. Sigfie : EdhemBf-y. Note sur le bntrage ilu l\iJ, tiansiuise par le D' Clot-Bey. Le barrage est sltue a 5 lieues (nord) du Caire , sur Tend roil dit le Ventre de la Vache , oil le Nil se separe en deux branches. II a pour objet d'dlevor les eaux du Nil a I'eliage, c'est a dire pendant huit mois de I'an- nee, au niveau du sol, de uianiore a |)ouvoir arroser la Basse-Egypte , comme pendant I'inondation. II ne fonctionnera pas pendant les grandes eaux , hors les annees oil la crue periodique serait insuffisante a I'ar- rosement des terres Dans I'etat actuel on ne peul arroser dans laBasse- tgypte que 250,000 feddans au moyen de 50,000 sa- ki6hs. Trois boeufs ^tant affect^s a chnque sakieh , il faut done 150,000 bceufs et au moins 100,000 homnies pour les conduire et lessoigner. Avec le barrage les sa- kieh sont inutilos. Le barrage terming, il deviendra possible, endetour- nant tout le volume des eaux du Nil , d'arroser pendant I'etiage 3,800,000 feddans qu'ofl're la surface des ter- rains cultivables dela Basse-figypte. Maisplusieurs rai- sons, entre autrescelle du manque de bras, s'opposent a ce qu'on en puisse mettre plus d'un tiers environ en culture. Neannioins on gagnera au moins un niillionde feddans, et en fixant le rapport du ferldan a 125 fr. qu'il rend aujo ird'hui en moyenne, la Basse-Egypte rapportera 125, 000,000 de francsde plus qu'a present, vn. MAI l\. 22 ( 33S j Le Nil harre . la poinle dii Delia doviendra nalurel- lt>menl rabonlissant de toute la navigation de I'tgypte . cons^quenimenl . I'entrepot g(ineral du commerce, et ce que disail le general Bonaparte , en jetant un coup d'ceil sur cet endroit : u Ici sera iin jour la capitale do I'Egypte, » sera realisti. Deja nieme dans celte previ- sion , Mougel-Bey a trace sur co terrain lo plan de la grande ville future. Le barrage facilitera aussi le retabllssemenl du canal du Calife Oinar qui unissait le ^il a lu mer Rouge; el le niveau du fleuve 6lanl toujours plus eleve que celui tlu golfe Arabique , ce canal sera constamment ali- menlji d'eau douce; ses rivages , aujourd'bui deserts, deviendront cullivables, ils seront habites , et une na- vigation s'^tablira entre le Nil otSuez, avantage inap- preciable a cause du commerce de I'lnde. Les Iravaux de la construction du barrage consis- tent : 1° A entourer la pointe du Delta d'un quai en ma- Qonnerie semi-circulaire ; 2" A creuser au milieu de cette pointe un canal de 100 metres de largeur et de 8 lieues de longueur, qui portera les eaux du fleuve dans les canaux du Delta deja existants , et dans ceux que Ton creusera encore pour arroser cette partie la plus etendue et la plus fer- tile de la liasse-Egypte; 3° A 6tablir un pont a arche sur chacune des deux branches du Nil ; celui de la branche de Damietle, qui est la plus grande, aura 543 metres de longueur el hb arches; celui de la branche de Rosette li7h metres el 30 arches. Ils scroni construils sur un radier de 30 metres de largeur , de Tamonl a I'aval. ll" II y aura deux canaux aii-dessns du barrage; I'un ( 339 ) sur la live oiientaJe , I'aiilre sur la rive occidentale du Nil , destinies a porter les eaux du tleuve dans ces deux parlies de la Basse-figypte. Le premier aura 100 me- tres de largeur; le second 60, et tous deux de 7 a H lieues de longueur. Pour la construction du barrage , il faut 160,000 metres cubes de beton , 250,000 metres cubes de ma- connerie, et 35,000 pieux de 5 a 12 metres de long. Selon le devls de Mougel-Bey , le barrage devra coiiter de 10 a 15,000,000 de francs. II sera fait en trois ans au moyen de 10 a 12 niille ouvriers , dont la plus grande partie sont des soldats, qui regoivent uii supplement de paie de 20 paras par jour (lucent. ). La ferineture du barrage se fera par des poutrelles on fonte , el la rotenue des eaux aura 6 metres d'ele- vation au maximum. Le remous des eaux , par I'eflel du barrage , se fera senlir a environ 13 lieues en amont,c'est-adire jusqu'a 8 lieues au-dessus du Caire , blen entendu d'une ma - ni^re decroissante dans le meme sens. On pourra ainsi arroser pendant I'etiage one bonne partie de la moy enne Egyple qui ne profile du bienfaitdes eaux que pendant I'inondation , el avoir de I'eau courantedans le Khalidj du Caire loule I'annee , tandis qu'il n'y en a acluelle- raenl que pendant Irois ou quatie mois des grand es eaux. Bien que les lils des ileux brandies de Rosette ei de Damielte ne doivent plus recevoir I'eau qui sera re- versee sur les terres par les trois canaux preciles , ils en auront n^anmoins suflisammenl poiu la naviga- tion a r^tiage. Les grands canaux seioiil navigables toute I'annee. Les barques qui devront iVanchir le barrage passe- [ 3/10 ) rout par les «^cluse.s ^tablies a la lele de chaque ponl. 11 y aura en outre A chacundes deuxponts-barrages. line arche niariniere de 15 moires d'ouverlure, munie d uii pont tournant et d'un bateau-porte. Dans les grandes eaux, on enlevera le bateau-porte, et les bar- ques passeront a pleines voiles par ces arcbes. Observatinn. — En envisageant les barrages du Nil coinine des ponts ordinaires , on coniprendia que leur execution ne pr^sente pas de difTicultes insur- montables. En efTet, ne voil-on pas des pont-. ires so- lides jetes sur des (leuves plus larges et bien plus rapides que le Mil? Des travaux bydrauliques d'une construction bardie ne resistent-ils p;is , meme aux fureurs de la raer ? Et pourquoi ne devrait-on pas at- tendre un succes complet du barrage , dont les fonde- ments sont un radier recouvertde beton, formant un bloc de pierre artificielle qui lui donne une extreme solidile? Pour qu on oblienne du barrage les avantages qu'on est en droit d'en atlendre, de grandes modifications doivent 6tre faites au systeme actuel d'irrigation. II fau- dra relier les canaux existantsaux trois grandes arteres du barrage , creuser de nouveaux canaux et construire desponts a ecluseal'emboucburede tous ceux qui pen- dant I'inondation sont directement alimenles par le tleuve.afin que, lorsqu'i: baisse jusqu'au niveau de leur lit, ils puissent 6tre fennes, recevoir I'eau retenue au barrage, et eviter ainsi quelle ne retourne au fleuve. Ces travaux importants de canalisation coiiteront probablement plus que le barrage lui-meme. ( (oifini unique par M . Jomnrd. ) ( 3A1 ) DEIXIEME SECTION. Actes de la Societe. EXIHAII' [)ES PKOCES-VEl'.K.Al X DIvS SEA.N(;E.S. Pr^sidence ue .M. Jdmard. Seance du 7 wn/ 18^7. Le proces-verbai de la rlerniere seance est lu i-t adople. M. Hedrle , delegue du commerce fraTicais en Chine, adresse ses remerciements a la Societe qui vient de I'admettre an nombre de ses merabres ; il lui annonce qui! s'occupe dune Notice sur une excursion qu'il a t'aite a Soutchou , en Chine, et qu'il s'empressera de lui communiquer ce travail avec les plans qui I'ac- compagnent. M. d'Avezac lit une lettre qu'il vient de recevoir de M. Piaffenel , vovageur en Afrique. Cette lelti'e , datee de Toubabo-Kane , le 8 mars dernier, fait connaitre que le voyageur, apres une excursion nouvelle qu'il vient d'accomplir sur la Faleme , devait partir le I't^n- (lemain pour Sego. II etait plein de sante et de cou- rage. M. levicornlede Santareui annonce, d'apresune letlre oir de parvenir a leur d^chiffrement, ohjetd^ja traite il y deux ans par M. de Lbwenslern dans I'ouvrage qu'il a offert a la Societe. Le mSine mernbre annonce que des ingenieurs dos 6tats-Lnis d'Anierique sont occupes a dos operations topographiques dans risllune dc Tehuaniepec dans la vue de tracer un projet de communication entre les deux Oceans. M. le secretaire continue la lecture du Memoire de M. le D' Lepsius , traduit par i\l. Pergameni , sur la situation du mont Sinai de Moise. M. le President an- nonce que I'auteur met a la disposition de la Soci^to ce Memoire et les deux carles qui 1 accorapagnent. — Rf'uvoi au comite du Bulletin. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCl/cTli. Seduce lilt 9 r/c/vV 18/i7. M. Ch. DK MoKTicN\ , consul de France a Shang-Hai. M. Wkst , administraleur des messageries royales. Seance du 21 niai 1847. M. Jose rloaquini Lopes de Lima, conseiller de S. M. tr^s fidfele , commandeur et chevalier de plusieurs ordres , capitaine de frigate , depute aux Cortes , ex- eouverneur de divers districts, inembre de plusieurs Societ^s savanley. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGIUPHIE. jum iSli7. PREMIERE SECTION. MI^MOinKS, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. VOYAGE l)V: M LE PROFESSEIT. LEPSHS DANS LA PRESQUULE DU SINAI, DU Z| MARS AU ill AVr.IL 1845. ( Traduit de I'allemand par M, Piraamcni.) Thebe.*, K.irnak , le 22 avril l845, Je qiiittai Thebes le h mars, et, par Kene/i, je me dirigeai siir le desert. Je suivis d'abord la route ordi- naire des caravanes qui se rendent a la Mecque etqui fut aussi la plus ancienne ligne de communication entre la Haute-Egypte etla merRouge, de Coptos (Qefl) a Philoteras Portus [Kcsei). A Hainnmcit, situe a dgale distance entre ces deux points extremes, a deux journecs et demie de marche do Karnak , jo m'arrotai pour vi- VH. jri.N 1. 23 ( 3/iO ) siter Ics ancienncs canieres tie cello beJle el preciouso breccia I'erde, exploll(^c dc^jasous la 6' ciyuaslic dcMane- thon (3000 ai)savantJ.-C.) clqulle futjusqii'aux tem|is clesGrecs et des Remains. Je consacrai cinq jours a ex- ploi'er les nombreuses inscriptions hieroglyphiques ct grecques qui couvrent les tlancs des rochcrs. Elles sont en g6n6ral I'cGuvre des directeurs supdrieurs des constructions, prepos^s en meme temps auxcarriercs ot aux mines, qui ne manquaient jamais d'dterniscr de cette facon, a I'egal des dieux et des rois, le sou- venir de leui's visiles ou de leurs travaux. Ces fonclions de directeur general des travaux publics claient une haute charge, conferee souvent a des princes , et lou- jours herdditaire dans les families, au point qu'un di- recteur du temps des Perses a pu, dans une inscrip- tion de Ilamamat , enum^rer une lisle genealogi- que complete et non interrompue de vingt-lrois de ses aieux ( une aieule a leur tele ) qui I'avaient precede dans cetlc liaule dignile, J'y rencontrai des inscriptions , la plupart datcos , de quaranle rois, parmi lesquels il se Irouvc plusieurs noms, comme ceux des roispersos, Cambyse (Kenbut) , Darius ( Driuch ) , Xerc^s ( Kbcblarch ) , Arlaxcr- ces (Arlech Chech) , qu'on ne retrouvc nulle autre part. Cependantj'avaisdepechdun emissaire a Kisfir (Cos- seir), afin d'en faire arriver une barque au Djebel Zeit, a 7 journees environ au nord , pour notre travors6e a Tor, dansla presqu'ile. Nous voulionsauparavant visi- ter les carrieres de granite du Djebel Fatireli ( iMons Claudianus) et les riches mines de porphyre du Djebel Dochnn (Mons Porphyrites). iSouseumesa traverser des monla2;nes dilTicilos, d'unenudile dcisolante, dans les- ( 3/i7 ) quelles nousne trouvjimes, pendant huit jours, d'autrc eau qu'une de ces sources d'eau pluvialc que le- tiennent les depressions d'un sol granitique, et que la saison seche fait tarir. La recherche de cette source donna lieu a un Episode qui faillit avoir un de- nouement tragivfue. Months sur des chameaux , mon compagnon et moi , nous avions devanc^ la caravane, corame d'habitude, a una grande distance; mais, vers le soir , notre guide se fourvoya, et s'egara coniplete- ment dans un terrain coupe de ravins, de gorges de rochers, et nousne pumesrallier notre caravane. Nos provisions , fort legeres d'ailleurs , 6taient ^puisees , et force nous fut de passer la nuit sur le sable , sans eau , sans aliments et sans couverturcs. Le lendemain, notre guide, apres devains detours, ne ])ut parvenir a se reconnaitre , et finit par disparaitrc tout a fait , nous abandonnant seuls au milieu du desert. Notre position n'^tait guere rassurante. Fallait-il attendre, a I'endroit ou nous nous trouvions, le rctour incertain de noire guide , ou risquer de nous enfoncer davan- tage dans I'immense d(^dale du desert? Enfin , nous primes une resolution disesperee. Nous avions remar- qu6 la veille quelques chaumieres arabes, a demi cacheesderri^relescollines, a 6ou8 lieues de distance; c'elaient les seules habitations que nous eussions aper- cues dans cette solitude absolue : il fallaitlesretrouver. Nous nous mimes en route vers midi , alarmes a lafois pour nous et pour la caravane, que nos traces de- vaient avoir detournee de la bonne direction , ct qui n'avait pour la conduirc qu'un Arabe qui avail visile cette contr^e une seule fois, il y avail vingt-trois ans. Un hasard providentiol nous sauva. En deboucliant dans une valice plus large, nous luncs la rencontre dc ( 3/|S ) deux Bedouins que notio cavass turc avail envoyt^s a notre recherche. La joie de nos pens , on nous voyant revenir, etait aussi sincere que touchante. Ln quart d'lu'ure de retard ou d'avance nous aurait fait nian- quer les Arabes, etnous aurions cerlainement eprouve le meme sort que trois soldals turcs qui , abandon- n^s par Icur guide, il y a peu d'annees, avaient trouve la mort dans ces dangereux defiles. Nos chamehers ramen^rent au camp, le soir, notre malheureux guide qu'ils avaient rencontre dans un deplorable etat , eiendu sur les bords de la source qu'il avail enfin de- couverte avec ce incrveilleux iiistuict parliculicr aux enfants du desert. Cette aventure nous avail fail depasser le Djebel Do- chdn , la monlagne de Porphyre, qui avail 6t^ I'objet principal de celle excursion ; cependanl, Ic lendemain, jc fis une nouvelle tentative ; j'envoyai la caravane camper a la source, et, accorapagn^ de mon ami el de notre ancien guide , je relournai sur mes pas. Je finis par trouver la monlagne , los ruincs d'un village , ha- bil6 jadis par les ouvriers des carrieres, avec deux ci- terncs delabrees el a sec, enfin un pclil temple d'or- dre ionique, qui, ainsi que I'indiquait linscripllon de I'archilrave , avail ete conslruil par Adrien cl dedie a Hehos Serapis. J'ai prepare des carles fort delaill(^es de tout notre ilineraire, ainsi que des routes inipor- tanles de Keser, qui n'elaientpas encore sufiisamment connues. Au Djebel Ze'it (la monlagne de I'huile), qui doit son nom aux sources abondantes de naphtc situees a sa base, nous Irouvames le navire de Rcser pret a nous transporter. INousavions hate de parlir, alin de passer Ic diinaiichc de Paquos dans le convent du mont Sinai. ( U9 ) Mais le vent fut contraire pondant noire passage a lof, et nous n'arrivames au convent que le dl- nianche meme, a la cliute du jour. Comnie ce monas- tere appartient au rite grec, nous tombames en plcin careme. Le digne et venerable prieur dont parle Ro- binson etait uiort dans le cours dc la meme annee , au Caire, et sa place etait occupee par un autre prelat qui avail rang d'eveque. L'existence de ces moincs (qualre prclres el vingt et un frores lais) ne nousparut guerc 6difianle : I'ennui, I'indolence et une ignorance labuleuse seml)laicnt cnvelopper leur esprit d'une brume epaisse. La vie leur avail cependant elc faite assez belle; sous un ciel toujours pur, toujours tem- pere, eux seuls dans eel immense desert pomaient se reposer a I'ombre des palmicrs, des cypres et des oliviers ; leurs cellules, petitcs, mais assez conforlables, entourent une jolie eglise, construite dansie style sim- ple des anclennes basiliques , et richement orn^e a I'inlerieur; enfin une bibliotbeque de 1500 volumes environ, ce laTfcVov 4"JX^?, aurait pu Ics aider a com- battre I'ennui, s'ils en avaient eu la volonle. Le lundi de Paques nous montames au Djebel Mojisa , qui fit sur moi, comme jadis sur Robinson , une impression in- ferieure a celie que j'altendais; car, bienque tr6s 6le- vee , cette montagne est toutefois un pic d'un ordrc inf^rieur et presque cache par ses voisins de ce grand massif meridional , donl le centre geograpbiquc n'cst forme ni par le Djebel Mousa, ni par le Dj&iel Katherin, mais par la crete plus eloignee vers le sud, el bien plus 6levee, du Djebel Onm- Choniar. Cette circonstance, qui n'est pas sans valeur pour rintelligence de la construc- tion geograpbiquc de la presqu'ile et pour I'interpre" t.ilion des questions biJ)Iiquos, dul d'aulant plus mo { roo ) flapper, que jiisqii'ici j'avais cru, d'apres toutcs les closcripllons anteiieures, quelc groupe du Djcbel Mousa et du Djebel Ka(/ierinde\ a'lt elre le noyau dc toutle mas- sif. Cependant Robinson i-apporle quelque part que le judicieux Burckhardt regarde VOum-Chomar comme inaccessible et petit-etre coinnie le point culminant de la presqu'ile. II est presquc certain qu'il dcpasse le monl Katherin de 800 a 1000 picds, cl je I'ai j)u voir distinctement, du mont Scrhal, entoure d'autres som- mots d'une elevation superieure a cclle du monl Ka- therin. Apres notre descente du Djebel Moiisa , je gravis on- core le front dc la montagnc qui porle aujour- il'luii Ic nom LVJIn/eb. Robinson le rcgarda comme le vrai Sinai, mais il dut renoncer a le gravir; ce fut pour moi un tour de force que d'y parvcnir, grace a mes exercices gymnastiques. Mes Arabes, a I'exception d'un jeune garcon tres alerte, resterent en arriere, ne pouvant me suivre. Cela seul aurait suQi a me faire douter que Moiseait elc jamais sur le sommet de celle niontagne. ^ous ii'essajamcspas dcmonter au Djebel Katherin, qui n'a par lui-meme aucim interet liistorique, ct que je n'avais aucune raison de prendre, avec M. Ruppell, pour le mont Ilorcb. Je consacrai plutot le temps qui nie restait a I'examen des questions inl(iressantes qui avaient determine mon voyage, ct que chaque pas dans les lieux momorables que nous parcourions de- vait (iclaiier dun jour nouveau. Nous quiltamcs le con- vent le mardi, ct j'eus soin, avant de partir, de ])rcndre copie d'une inscription grecque sur marbre, relative a la construction du convent par I'empereur Justinicn, ainsi que des nonis ct ecussons dc quelques chevaliers r 351 ; crois(^s , et je n'ouhliai pas d'cinporler iiuc boulcillc d'eau de Moise. Trois questions liistoriqucs devaient fairo I'objet principal de mes investigations : 1° los anciennes colo- nies egyptiennes dans les montagnes du nord do la presqu'ilc , dont les traces ( dos inscriptions ou des mines de temples) avaient reveille I'altention des voya- geurs et donn6 lieu a de singulieres hypotheses ; 2° les locnlUesbibliques, menlionnees dans I'histoiredes peregrinations des cnfants d'Israel dans le desert, et enfin 3" les inscriptions dites sinnitiqnes , qui ont long- temps pass6 pour I'ouvrage des Israelites, et que M. Ic professeur Beer, de Leipsick , doit etre parvenu a d6- chilTrer depuis notrc depart d'Europe. Mon opinion relative a la premiere de ces questions se trouva pleinement confirmee a I'inspection des lieux. Ces inscriptions ne sont autre chose que des steles conunemoratives des mines de ciiivre , fort nom- breuses dans la presqu'ilc ; car on trouvait et Ton trouve encore aujourd'hui le mineral de cuivre uni a des oxides ferrugineux en filons tres riclies entre certaines couches des roches arenac^cs, sur toutc la ligne de leur contact avec les roches primitives. Toute cette contree etait designee en langage hieroglyphi- que par le nom de Mafkat, le pays du cuivre; elle etait placee sous la protection speciale de la deesse Hathor, souveraine de Mafkat. C'est a cette deesse qu'etait consacr^ le temple de Sarbat el hhddeni , conslruit sousla dernlere dynastled'v-y/«CT?ewAa-il/ n'avait pas lo gout nausoabond dcs eaux de Ihuidra. C'csl encore de nos jours, corame c'6tait probablement du temps des Israelites, une des princi- pales aiguades ; olle rc^ut le nom de Mara (eau amere) ; et aujourd'bui encore Ics Arabes, pour prdciscr le goiit saunuitre, ou pUitol alcalin , de I'eau, eniploient g^neralement le terme niurr, amer. Moiso , toujours si bien ronseignc, pouvait-il ignorer ces circonstances , ou negliger d'y avoir ^gard, quand il s'agissaitde pour- voir a la subsistance de tout un peuple ? Ou n'aurait- il donne la preference a la inaigre source de llouarn que pour rendre plus apparent le miracle de I'adou- cissement des eaux ? Ce serait une inlerpretalion pue- rile , ])eu conlorme a la dignite de I'histoire, et contre laquelle Robinson proteste dans un autre passage do son livre. La maniere de rendre douces les eaux sau - matres en y plongeant le bois, I'^corce ou les fruits d'arbres ou d'arbustes dont la contree devait abonder, s'est perdue ; mais peut-6tre des essais reputes pour- ront-ils la faire retrouvcr un jour; moi-nieme, j'ai rapporte des ecbanlillons provcnant des bois les plus communs,sans avoir eu jusqu'ici I'occasion d'cn faire I'essai. Les raisons que je viens de rapporter me d^cident done a placer Mara non pres de tloudra, mais dansle Ouadi Ghardndel. Les distances s'adaplent egalement bien a I'un et a I'autro dn ces deux points ; car I'intervalle de 2 licues ou de 2 lieues 1/2 se repartit sur les trois journies de marcbe dont les points de halte ne son t pas particuliereinent designcs ; la nouvelle position s'accorde mieux encore avec les distances des ( 307 ) slalions suivantes, on les repartissaiit dime ui;iiil('in plus luiturelle ; car dans le premier cas , en pla(;ant avec Piubinson el aulres la station la plus rapprocliee , celle d'E/im, dans le Ouadi Gliarandel , la niarche de cette journee n'aurait ete que de 2 lieues 1/2 : ce que Robinson lui-meme hesite a accorder. En examinant bien I'itineraire des Hebreuxd'apr^s !a description i'ort exacte qu'en a donnee Robinson, on peut croire qu'apres etre sortis de la mer, a la pointe du jour, ou nieuie pendant la nuit , et avoir fait pro- vision d'eau a Jhi-Moiisa, a 2 lieues 1/2 plus loin, lis continuerent leur niarclic sans s'arreter, et qu'apres une journee de 6 lieues 3/Zi, ilsvinrent cam per au Oiiadi el A Ida ; car ils n'auralent pu , en une seule niarclie, atteindre la vallee suivante, c'est-a-dire le Oiuuli. Suddiir , qui en est encore eloigne de h lieues. Le len- demain , ils eurent encore 7 lieues a faire jusqu'au Ouadi Oudrdan , ou ils purent mettre a profit le petit filet d'eau douce d^ Ahi-Abou-Suuerci ; car je ne puis admettre que Moise ou ses guides eussent nf^glige la moindre source, dans le voisinage de leur route, ou bien qu'une telle source fut moins connue alors qu'au- jourd'hui , ou qu'enfin la configuration et la nature des montagnes, des vallees el des sources ail cbange depuis. Du Ouadi Ounrdan , 7 lieues de marclic les amen^rent dans le Ouadi Gliarandel , au bord des sources de cette vallee. Les lieues, ou beui'es de marcbc, sont mesur^es d'apres le pas moder^ des caravanes , et Robinson les a evaluees a 2 1/3 millcs anglais ou a 1/2 mille d'Allemagne. Les journces neparaissentpaslrop fortes, surtout si Ton considereque lesHebrcuxetaierit presses de s'oloigner de I'Egjpte, dont le braspuissant se faisait encore sentir jns(juc dans la presqu'ile, el de ( 3GS ; traverser le desert a marches forcd-es , pour aborder cnfln I'asile des bautes montagnes. Exode , XV, 27. « Puis ils \inrciil a l-.lini , oil il y )) avait doiize fonlaines et soixanle-dix palmicrs; et » ils canip6rent aupres des eaux. » La route du Ouadi Ghai-dndel olu Ouadi Taibehleuv ^tait tracee d'avance, aussi rigoureuseuient que la precddenle ; il n'y en avail point d'autrc ])ossible. Mebubr, qui descendit le Ouadi Gbarandel jusqu'a la mer, pour visiter les eaux douces de Hnrnmdm Fercin, dut rencoutrer le vallon voisin d'Oiisct. Le grand cbe- min des caravanes conduit en .sryyUioures par le Ouadi Onset et le Ouadi Thai jusqu'au Ouadi Taibch. Robin- son place le Ouadi Ta'ibeh a droitc de sa route, vers la mer, et le Ouadi Chebckeh a sa gauche; lui-nieme remonta le Ouadi Honn- , en passant entrc ces deux vallees. Ln Arabe que j'interrogeai m'indiqua a moi- meme le Ouadi Ta'ibeh comme deboucbant sur la cote ; mais son assertion fut a I'instant relev6e par mon pru- dent guide en chef, Gouma, et rectifi^e en ce sens que c'est bien le Ouadi Chebekeh , et non le Ouadi Ta'ibeh, qui a son debouch6 a la mer; il affirma que la premiere vallee est la plus considerable , et que le Ouadi Ta'ibeh n'esl qu'un I'ameau qui vient d'en haul et rejoint le Ouadi Chebckeh. II arrive souvent que les Arabes appliquent au meme Ouadi deux denominations diderentes en le ddsignant par le nom de I'une ou I'autrede ses branches supericures. II etait diflicile de leur faire comprendre que toute val- lee n'avait droit qu'a un nom unique, celui de la vallee principale, et quele vallon secondaire pordail son nom parliculier en venanlse conlondre a\ccle premier. Par cclle raison,et j)our elrc moins cxjiosO aux renseigne- ( 369 ) nienls erront^s , je m'informais toujoiiis de piefc^rence des nouis des Ouadis sup^rieurs. Biiickluirdt , ainsi que j'ai pu Je voir , a ele induit dans la meme erreur. Comme le noni de Oundi Honir paralt appartonir a deux vallees distinctes en avant ct en arriere du Djebel Sarbat el Djemel , il est a presumer que la parlie infe- rieure du Ouadi Homr de Robinson est bien reelle- nient le Ouadi Ta'iheh , et que c'est a tort que quel- quefois, scion I'usage du pays, ce nom continue a etre donne a son prolongement jusqu'a la mer, cette sec- tion du Ouadi devant etre sjiecialement designee par le nom de Ouadi Chebekeh. Si done le Ouadi Ghardndel est la station ancienno de Mara, par une consequence logique le Ouadi Che- bekeh , surlout dans sa partie inlerieurc et ferlile, doit etre Elim; ce que confirment au reste le recit de Moise etd'autres circonslances. Ici Ton fait mention, pour la premiere fois, de /jui/s {lesdoiizepuits d'Elini). Ce pas- sage prouve d'abord qu'il n'y avait point de sources , car la ou il y a des sources vives, on ne creuse point de puits (1); ensuite, que ce lieu 6tait un endroit mar- quant, tres fre(]uent6, a qui I'abondance de ses eaux dcvail donner une grande importance. En outre, il y avait soixanle-dix jialmiers, les premiers palmiers reu- nis en groupc que les Israelites aient rencontres, et nous y retrouvons encore ces arbres de nosjours. Nos guides aflirmerent que la partie inferieure du Ouadi Chebekeh avait beaucoup de palmiers, mais point d'eau ; de I'cau (i) M Lepsius coinmel sans doute ici une leyere corifiisioii : rar ! lixoJe iiuinnie dou/e fonlainca et non douzc puits; cl iv.-. foiitaiuo poiiriaient elre aussi Lien des sources '|ue des puits. (li. C.) ( 370 ) sale, cmploy(^ aujourd'hui pour lapartie moyennc, est absolument ignore des Arabes , et n'cst en usage que choz les moines et les gens du couvent. (Le nom de Dj6bel Rharouf, « lamontagne des moutons, » donne a une autre parlie du memc rameau, pourraitbien etre ( 377 ) une alteration du mot Horeb ou mieiix Khoreh. ) Le Djebel iModsa Ini-meine, vers lequcl no T'cmonlent ni valines ni passages, n'est visible ni dc la cotenid'aucini autre point do la peninsule, si ce n'est du haul du Sei-- ha/oude I'une de ses propres assises. Aussi Robinson, ne sachant expliquer comment, de la grande plaine de Rdhak, ou lesHebreux avaient leur camp, ils auraient pu apercevoir le sommet du Sinai , enlourt; de nu6es otd'eclalrs, quand le Seigneur y descendit en feu, pre- t'ere V Horeb de nos jours, c'esl-a-dire le prolonge- ment du Djebel Moiisa. Cependant les objections que nous venons de faire centre tout le raassil' meri- dional repoussent a plus forte raison celte elevation d'un ordre secondaire , qui, a cette epoque , n'aurait pu avoir un interet suffisant pour donnor a toute la contree ou en recevoir son nom propre, comme I'au- rait pu faire le Serbal , qui , pour moi , esl le veritable Sinai. Si le desert de Sin s'etendait jusqu'au Djebei Moilsa, il aurait du embrasser tout le midi de la pres- qu'ile, et avoir par consequent son point central dans V Oum-C/wniar, parce qu'il n'y a aucune limite inter- mediaire indiquee par la nature des lieux. Mais un simple coup d'ceil sur la carte suffit pour demontrer que le Serbal est un point central, et son versant me- ridional, jusqu'au Ouadi Hebrdn peut-etre , une deli- mitation convenable pour donner a la contree une etendue 6gale a celle des autres regions. Ce fut dans le desert de Sin que Dieu envoya la manne etles cailles pour la nourriture de son people. J'ai deja parle plus haut de la quantite extraordi- naire de cos poules du desert, les cailles de la Bible , qui frequentent de pref<^rence les vallees fertiles. Lr. manne aussi ne se trouveque dans les hautes vallees , vu. JiiN. .i. 25 ( 378 ) tl aiijourd'hui L'lle se rencontre priiicipalenieiit tlans le Ouadi birdn el la part'ie continue du Ouadi el Click/i. Lcs Arabescitentoncore un ou tleiixendroilspluseloign^s.ct ilsaffirnicnt que les aulres vallees n'en produisenl ja- mais, l)ien que le tarfa y vienne. Le Ouadi Firdn mfime, pendant les ann^es fort sfeches, voit souvent sa r^colle manquer. Je ne ni'etendrai pas davantage en ce mo- uienl siir col inleiessant miel vegetal , qui est encore de nos jours une iniraculeuse nourriture pour les eii- fants du desert. On la recolte en mai et jnin , vers I'epoque de la maturile des datles, saison oil arri- verenl les Israelites. Pendant lcs anneos humides, les buissons dc tarfa en dislillent une quantite incro^a- ble , qui tombe en goultes dans le sable, ou los lioni- mes et les animaux la recueillent avidement. Celtc ros^e abondanle se renouvellc tons los matins; raais la marine se fond au soleil du niidi, commc le dit Moise, Exode, xvi, 21 : '( Et lorsque la cbaleur ilu so- leil etait venue , elle se fondait. » Jc fus ravi de de- couvrir pour la premiere fois, en exaniinant une bran- clie de tarfa cueillie au pied de la collinc de Hercrdt, quelques goullelcttes brillantes , et les Arabes m'as- surerent que c'otait bien la de la manne , quoiquo la saison ne fiit pas encore venue. En cbeixbant avec soin, je recueillis une certaine quantite de lannes blan- ches et jaunes,reunies en chapelets,dont quelques uns 6taient garnis de ces pctits vers dont parle I'Exode ; de sorte quej'aipu en eniporter des echantillons, avec des branches de tarfa, dans une bouteille fermc^e. Je ne m'explique pas pourquoi le judicicux Robinson a pu m<^connailre un instant celte manne que les Arabes appellenl encore aujourd'huiwr/;, el croirca une autre, iliiTcrenle de celle-ci el envoyce du ciel. Si la quantite J { S79 ) cle ce prodiiit, qui aiijourd'hui ne saurait suiTire sans doute a nourrir une ariii6e , lui paraissait en d(^sac- cord avec la Bible, II aurait du admettre, pai' le meme raisonnement, que les cailles, que les sources d'au- trefois , n'avaient pas et6 les memes que celles d'au- jourd'liul , parce que nos lumi^res ne sufTiscnt pas a expliquer d'une nianiere plausible I'entrctien et I'exis- tence d'une aussi grande population , au milieu des deserts d'Arabie. Mais revenons au r^cit de TExode , Chap, xvii, 1 et suiv : « Et tous les enfants d'Israel, ctant partis du de- » sert de S/ii , el ayant demeure dans les lioux que le » Seigneur leur avait marques, campSrent a RaphiiUin, )) ou il n'y avait point d'eau a boiro pour le peuple. — )) Et Moise crla a rEternel.~Et TEternel luirepondit : » Je me trouverai la moi-meme devant toi, siir im ro- » cheren Horeb, et tu frapperasle roclicr, et il en sortira » del'eau. — Alors /-j^/Ma/ecvintcombaltrelsrael.a Raphi- ») dim. — Et Moisedit a Josue : Jemeliendraidemain au » soinmet de la colline , et la verge de Dieu sera en ma ») main, — Et Josue fit comme Molso lui avait com- » mande, en combattant contre Amalec : mais Moisc , » Aaron et Ilur monterent au sommet de la colline. » Et il arrivait que, lorsque Moise 6levait ses mains , )) Israel etait victorieux. — Josue done defit Amalec et »fit passer son peuple au fd de I'ep^e. — Et I'fitcrnel )) dit a Moise : Ecris ceci dans un livre. — Et Moise » dressa un autel et le nomma : Dieu est ma gloire. — » Jelliro , beau-pere de Moise , vint a Moise , avec sa » lemme et ses enfants, da/is le dexnl oil il elait carnp^, )■> piY'S (tela nioiitagne de Dieu. » II resulte du passage qui precede que les Israelites, en s'^loignant du rivage de la mcr, a F.lini, ne soiiire/it ( 380 ) jjuiiil ilu tlc'scrl do .S7//, inais qu'iJs cofiti/iiu'n'nt a le tra- verser jusqu'an Sina'i. Le lexte till que le deserl tie Sin est entre Eliin ct le Sina'i; les Israelites voulaiont abor- der celui-ci par la route la plus courte; la preposi- tion mil ou num, pas plus que la particule correspon- dante arabe niin , iie signifie point la sortie du desert, c'est-a-dire la traversee accoraplie, niais souvent, coniine dans le cas present , la direction generalc vers le but du voyage. Les deux stations intermediaires que le Livre iv nomme Daplika et Alas, sont ici passees sous silence, coiiinic etant de peu d'iniportance. Que le Serbal ow que le Djcbel Moilsa ait ele le but vers lequel se dirigeait Moise, sa route lui etait tracee d'a- vance par la nature nifime du pays. II est impossible qu'il ait voulu prendre le chemin de Tor, en longeant la plage aride, deserte et souvent entrecoupee de fa- laises ; I'Ecriture, d'ailleurs, aurait cerlalnenient fait mention de la mer. Mais, en supposant cette direction, il aurait du remonter lo Oiiadi Hcbrnn, qui s'ouvre en face de Tor, et IVancblr le defile dcs aprcs rocbers do Nakb-el-Egaoui. II est moins probable encore qu'il cut pu camper dans les sables arides de Qaa, au pied du Serbal, inaccessible de ce cote; car I'unique scnlier dela gorge sauvagedu Ouadi Dakhade, par lequel nous en avons atteint le sommet , n'a ele traci a grands efforts et en taillant le I'oc, que depuis la construction de Tancien couvent de cette vallee. A partir d'filim, il n'avait done le cboix qu'entre trois passages qui conduisaient au coeur des monla- gnes : le plus court et le plus batlu aujourd'liui, des sables de Markka, par le Ouadi Loqam et le col du Nakb-el-Uoitlera , an Ouadi Moknlteb; le second, du menie point de depart, par rtiitreo du Ouadi Sittere, ( 381 ) jusqu'aii Oiiadi Mohdtteb; le dernier eniin , qui ontre clans le Oiiadi F/iri/i et le remonte a partir de son de- bouchd;. Cekii-ci, qui longe d'abord la cote sablon- neuse, et francliit la crete rocheuse des monts Araba, est si peu praticable qu'on ne I'emploie guere actuel- lement; le premier, dont nous avions traverse une partie , celle du Oitadi Chellal , et que notre drogman avait accompli , aurait ete le plus convenable, sans le passage difficile ett^troitdu Nakb-el-Boiitera , quisepare le Oiiadi Chellal du Oiindi Sittere. Je suis done fond^ a croire que Moiso a pris la route moyenne, par le d6- bouche du Oiiadi Sittere, plus propre pour le passage d'une population nombreuse , et encore en usage a present. Du Ouadi Chellal jusqu'a Abon-Zelimc , nous avons mis, en devangant la caravane avec nos montures, en- viron trois heures et demie, ce qui fait a peu pres cinq lieues pour le pas ordinaire des caravanes. En y ajou- tant une demi-lieue de Zelime jusqu'aiix puils du Ouadi Chebekeh, et une demi-lieue pour le detour du Sittere, nous aurons environ une raarcbe de six lieues jusqu'a I'entree du Ouadi Sittere , ce qui donne une journee, a partir d'Flim jusqu'ici; nous y placonsdonc la station de Daphka ; la balte suivante d'^//w peut etre placee a un lieu x\o\n^x\^ Sikke-Tekrou}-i{[ec\\GVQm des pelerins) , a I'entree des haulcs montagnes du Ouadi Firdn, oil dilTorentes vallees ou routes viennent aboutiretse croiscr, au milieu d'une plaine spacieuse. Jusqu'ici les Israelites n'avaient pas encore trouve les sources fraiches du terrain granitique ; el les puits qui se Irouvaient probablemenl aux stations de Daphka et iVAIus n'offraient sans doute qu'une cau insulfisantc et de mauvuis gout, comme les sources du gres et du ( 38-2 ) calcalre. Le Icnderaain le peuple so mil a nuirinuier on demanclant a grands cris do I'eau. Alois Moise les condulslt six lieues plus loin , a Ha- pliidiin y que je crois 6tre FA Hesstte acluol , et los fit boii'e a la source delicieuseetlimpide du Ouadi Firdn, present reoUcmont divin pour les Israelites alleres, et dont le souvenir dut se gruver plus que tout autre 6v6- nement dansleur m^inoire. El Hessue est a unedemi- lieue do distance de la colline de Faran; un intervalle aride et picrreux, de dix a quinze minutes, le soparait encore du paradis de Firdn. L'abondant ruisseau qui arrosc co sol f^cond y disparait dans une crevasse dune maniore tout aussi soudaine et luyslerieuse qu'il avait jailli plus haut. D'ici la valine serpente vers son embouchure sans offrir dor6navant une seule goutte d'eau vive. Les Israelites etaient arrives au seuil de leur refuge; ils pen^trerentsans doute jusqu'a la colline de Hererdt et prirent possession du Ouadi. Jlegdt. Ilsse trouvferent en face des rocbers qui ferment I'entree dcs jardins du Ouadi Firdn. Mais c'est les amies a la main qu'il leur en fallut forcer I'entree , prelude de la longue serie de combats qui devaient leur assurer plus tard la grande conquete de la torre promise. D'autres tribus , long- temps avant leur arriv^e , avaient occupe tons les re- coins fcrtiles de cette region deserte Faran apparte- nait aux Amalecites; ils n'avaient point inquiel6 le peuple d'Israel durant le trajet du desert, mais ils d6- fendirent avec opiniatrete ce joyau de la peninsule contre les nouveaux envahissours. Amalec combattit contre Israel, mais il fut defait. Moise, Aaron et Hui se tcnaienl, pendant la duroe du combat, surle som- met de la colline, et suppliaient rEternel de leur ac- ( 38;^ ) colder la \ictoire qui seule pouvail les sauver de lour perle. Ccltecolllne peut-elle etre autre chose que la col- line tlu couvent,d'ou leslsrae^lites avalent p^netredans la vall(^e des Amalecites ? Aucune localite historique ne saurait etre reconnue avec plus de certitude, ni son identite constatee par des preuves plus evidentes. Place au sommet de la coUine, il me senihlaitque j'assistais a ce grand evencment ; mes regards parcouraient la valine verdoyante de palmiers; a mes pieds, la source de Moise serpentait entre ses berges de gazon et de mousse, emaillees de fleurs et ombragees de touITes de tarfa pretes a distiller leur manne; a ma droite le sentier gravissait la montagne de Dieu , visible jusqua sa base ; derriere moi etait Raphidiin , d'ou les Israeli- tes etaient partis pour livrer bataille. L'Exode dit , en termes precis, qu'une fois a Baj)lii(liin ils se trouvaient deja en Horeb; car Moise fit jaillir I'eau du rocber en Horeb. 11 n'est pas moins clairement exprime qu'en cet endroit etait la montdg/ic de Dieu, en face de la- quelle ils etaient campes; car c'est a Rapbidini , au camp de la montagne de Dieu, que Jetbro, beau-perede Moise, vint le rejoindre. C'est ici que Moise, ens'aidant des lumieres et des conseils de son beau-pere , orga- nisa son peuple , et ^tablit des cbefs de milliers, de centaines, de cinquantaincs et de dizaines. Ces don- nees, a defaut de declarations formcUes , sufliraient pour demontror que les Israelites , arrives au tenne provisoire de leur voyage, se pr^parent a y faire un se- jour prolonge, et a s'assurer la possession de leur con- quete. II fallait meme qu'ils y fussent deja etablis de- puis un certain laps de temps pour que Jetbro eut pu en recevoirla nouvelle el amener a Moise ses enfantsetsa IVmme. L'Exode, apr^s nous avoir donne au cb. xmii ( iSh J Tepisode cle I'arriv^e de Jethro, de sou conscil el de son assislance lors de rorganisation du peuplc , et de son rotour a Madian, continue la narration au ch. xix, 1, 2 etS: « Au prpmier jour du troisiimemois (l^depuis que » les enlants d'Israel furent sortis de I'l^gypte, en ce » rneme jour-la , ils vinrent au desert de Sinn'i. — fitant » done partis de Raphiilin), ils vinront au desert dc » Sinai, et campdrent au desert, vis-a-vis de fa monta- r> gne. — Et Moise monta vers Dieu : car I'Eternel I'a- » vait appele de la niontagne. » II faut I'avouer, le rapport de ce passage avec ce qui precede a quelque chose de vague et d'insolite ; on se scrait altendu a voir commencer le cli. xix par le vcrset 3 : « Et Moise monta vers Dieu, etc.)) Car il avail deja 6t6 question ant^rieureincnt de la monta i^ne de Dieu, et du camp etabli vis-a-vis. L'cx- pression en ce Jour- la nous surprend egalement. L'o- j)inion vulgaire, quisacrifie toujours I'ententegendrale a I'explication des details, croitqu'ence moment seule- ment les Israelites quitt^rent la station de Haphidimpoov atteindre, par unejourn6e demarche, la station suivante ct derniere, celle du desert de Sinai. La revue du liv. iv, qui ne passe aucun campcmont, mais qui en 6numere meme plus que le recit principal , en intercalant des haltes intermediaires, comme par exemple la mer Rouge, ne parle que d'un seul ddspart entre Rapliidini (i) Les traclucteiirs et les commentatenrs de fa Bible ne s'accordent pas ici. Les uiis disent le premier jour du troisienie mois ; daulres , Ik Irohieme jour du troisieme mois. La savaiile tiaduclloii dc .M. C.di< II , (lui a suivi liyourcnienciit le tcMe liclii tui , ii'iiuli(juc pas If jmir , el nolle seulfiiiciil : (iii Oeisi/'iKC mois. (K.C.) ( 385 ) et le Si/ia/. Comme les sept jouriK^os dc inarche, t'l jjar- tlrd'Llham, n'ontpu les conduire, alnsi que nous ve- nons de I'etablir, qu'a El Hessue, ils auraient du falre, pour arriver au Djebel Moi'isa en un jour, seize lleues, ce qui est plus du double des deux journces ordinaires, Aussi Robinson renonee-t-il a determiner d'une ma- ni^re plus precise les stations precedentes, clfinit par placer Rap/iidcm dans la partie haute du OuatUel Cliekli, consequence rigourcuse de rhypolh6se qui prend le Djebel Mousa pour le Sinai. Mais quel endroildu Ouadi el Chekh est dc nature a ofTrir les caracteres d'un lieu (le repos comme le Raphidiin de I'Ecriture ? Oil trouver la source de Moise? Ou est la montagne de Dieu , au pied de laquelle etait camp6 Moise, quand Jelhro viut lui annoncer sa famille? Pour quel motif les Amaleci- les auraient-ils ofTert le combat dans cette position ? D'autre part, les stations de Daphka et d'Alus, que le recit du liv. ii ne juge pas meme dignes d'etre citees, ne faudrait-il pas les placer au milieu des jardins de Firan, que Moise n'aurait fait que traverser a la bate? Le peuple, quiavait retrouve icilesbords ombrages du Nil, aurait-il consenti a le suivre de nouveau, sans murmurer , dans I'aride desert? Comment les Amale- cites auraient-ils cede, sans coup ferir, leur plus ricbe, leur unique tcrritoire , pour lui disputer, I'epee a la main, des sables steriles ? Pour quiconque connait les lieux, et suit atlenlivement le fil de la narration, ce sonl des choses absurdcs. impossibles. Lne autre difficulU'; bien cssentielle , c'est d'expli- quer pourquoi le nom d'Horeb parait deja a Rapbidim. On croit la tranchcr en declarant qu'Hoieb signific lensemble des muntagnes, et Sindi I'un de ses pics. Mais alors V Horeh de I'opinion vulgaire doit ombrasscr y 38l) ) lion soulcniont Raphidiin et le Siiuii, par oonsequoiit les chaines paralleles qui coloient le Oundi cl Cliekh ft Ic Djcbel iMoiisa, ct qui ii'ont aucun rapport g^ogra- phiquc, aiicune liaison nalurelle cnlre dies, inais en- core tout le massif aranitique de la poninsule, avcc VOiiin Chonmr pour centre ; et quel sens donner alors aux divers passages du recit qui ne peuvcnt se rap- portor qu'a une localite delerniinee, exclusivement designee ? (Exode, iii, 1 : « Moise mena le troupeau a la niontagno de Dieu.nommoe Horeb. » — Exode, xxxiii, 6: « Les enfants d'Israci se depouillerent de ieurs or- nements vers la monlagned7/o/Y'^. » — Deutcronome, i, 6 : (( L'Eternel nous parla en Horeb, ot nous dit : Vous avez assez demeure en cette nionlagne. » — Dculiro- nome, i, 19 : « Puis nous parthues d Ilorcb ; » et beau- coup d'autres passages. L'exprcssion la nioiitagne de Dteii , Horeb, seule nous defend de supposer qu'elle put s'appliqucr a un sjsteme enlier; elle designe iie- cessairement une nionlagne particulieic. D'un autre cote, nous aurions tort de Irop restreindre la signifi- cation do SiiKii ; retvniologie du nom , aussi hicn que la manltJjre dcuit TEcriture en parle , ne nous per- met pas do trop specialiser. — En souune , la inon- tagne dc Dion Horeb, a Ixaphidiin (Exode, xvii , 6 , et XVIII, 5) n'etait aiitre que la montagne de Dieu Sinai, au dernier campementdans le desert de Sin(ii{)^\o*\,, wis, 13 et 10 ) ; el c'estla memo que d'autres passages nom- breux designent simplcmenl j>ar u la montagne de Dieu. » Le desert de Sinai etait situe pres de Bap/udini, c'est-a-diro dansle Oiiadi Firdn , ct le mont Sinai est evidcnimont le Scrbal aclucl. Les noms (\' Horeb, nion- tafrne d' Horeb , ninntagne de Dieu en Horeb, sont em- ployes dans un sens identique avec ccux de Sinai , ( 387 ) iitnid Sinn}', i>w/itai;/ie de IJieii Siiuii; u la dillerence pres , qu'en general le livre ii emploie Ic mol Sinai, ct le livre v le mot Iloreb , comme expressions eqiii- valentes. Pour expliqiier I'exislence siinultanee de cette double denomination , nous ne devons pas ou- blier que le nom de Sini est un derive du ddsert dc Sin, et signifie la moiifagnc de la contree de Si/i ; ct rien no s'oppose j ce qu'elle eut en meme temps le nom ama- lecite d'Horeb. Sin, comme denomination g(!!n(^rale , ^tait sans doute plus repandu, et plus connu des Israe- lites dEgj'ple , que le nom purement local tV Horeb. Moise qui , dans sa jeuncsse, y avait conduit les Irou- peaux de Jethro , et qui , avant I'emigralion , y avail eu une entrevue avec Aaron , connaissait parfaitement ce dernier nom; mais, en parlant aux Israelites, il pre- ferait sans doute celui qui leur etait j^lus familier, « la nionfni^ne de Sin. » Dans la suite, apres un plus long sejour , Ic nom d'/Zo/fi prevalut. De la montagne, ils transporterent le nom au territoire fertile situ6 a son pied , et nous avons vu qu'aujourd'liui encore la mon- tagne et la vallec portent un nom commun. Le desert (c'est-a-dire valine , pacagc) de &Vi^// n'etait pas une vaste contree, telle que les deserts d' Etha/n , Snr, Plin- ran, mais le territoire voisin de la montagne, et parli- culierementla valJee des palmiers. Dans ce meme sens, le nom d'Horeb n'^tait pas exclusivement propre a la montagne, mais revcnait aussi a la vallec, et peut-etre, d'une mani6re plus precise, aux habitations qui s'y trouvaient; car aucun passage du liv. v ou des livrcs suivants ne dil dorenavanl « la montagne Horeb, » '( mais en Hvnb , d'Uorcb, t et deja nous voyons dans I'Exode, xvii, 6 : « Je me liendrai la devanl toi , sur un roclier en Iloieb. » Khorcb signifie originaire- ( 388 ) rncnl : lerrc inisc a sec par recouleinent des ectuj, (Ge- nesc, MI, 22, cl xviii , 13; Exode , xiv, 21;Job,xiv, 11 , clc). 11 est sans doutc en rapport avec les puis- sanls depots de tcrres qui couvrent le fond de cet an- cien bassin lacustre ; phenomene qui devait frapper I'esprit observateur des pasteurs errant dans ces vastes deserts. Le noin de Sin lui-mcme a peut-elre pris nais- sance sur ce sol, car ^9/// , dans Ics langucs s('>initi- ques, signilic terre,limon. Toujours est-il certain que dans I'un conime dans I'autre de ces cas, lamon- lagne emprunta son nom de la vall(^e,de sorte que I'u- sage donnait le noin de Sin a toute la region , celui do Sini de preference a la montagne , ct celiii d' Uoreb i\ la ville araalecite assise a son pied. Passons au dernier passage, dont leclaircissement n'offre aucune didiculte. A la fin du cli. xvii de I'Exode, les Amalecites du Ouadi Firan sont defaits et aban- donnent aux vainqucurs la vall6e des palmiers. A cette conclusion se raltache le commencement du chap, xix (en passant le chap, xvni, qui contient I'episode de Jc- thro) : « Au troisieme jour du troisiimc mois, en ce » nicinejouj- (c'est-a-dire au jour de la bataille ) ils vin- » rent au desert de Sinai (c'cst-a-dire dans la vallee des » palmiers). » II n'est point question ici d'une journec nouvelle cntre Raphidiin et le Sinai , dont ils n'etaicnl separds que par une distance d'une demi-lieue. C'esl pourquoi I'autcur, qui avait la localite sous les yeux , commence par ranwee , sans parler , comme il avail riiabilude de le fa ire , du depart , car ce depart eut lieu lorsque les Israelites marcherent au combat, dont il avait dt'ja donne le r^cit. Moise alors revient sur ses pas et com[)lv.'le le narre du voyage, en com- mencant par /»V//;/(/V///« [El Hessitc), etcn retournanl a ( 389 ) la valine du Sina'/'. Arriv6 a ce point , le recit vie I'Exode expose les travaux de Moise pour remplir sa mission de l^gislatenr de son peuple. II monta au mont Sinai , « car rEternel I'avait apjjcl^ de la montagne, » pour lul dire : Tu parleras ainsi a la maison de Ja- I) col), ettu annoncerasc eci aux enfanlsd'Israel. Vous » avez vu ce que j'ai fait aux Egypliens; de quelle ma- » niere je vous ai portes , coiiirae I'aigle porte ses ai- » glons sur ses ailes, et je vous ai amends a moi. » Mainlenant done , si vous ob^issez exactcmenta )) ma voix, ct si vous gardez mon alliance , vous serez » le seul d'entre tous les peuples que je poss^derai » comme mon bien propre ; car toute la terre m'ap- » parlicnt )) Et vous me serez un royaunie de sacrificateurs et y> une nation sainte ; c'est la ce que tu diras aux en- » fants d'Israel. » Telle fut I'alliance que le Seigneur fit avec son peu- ple sur le mont Sinai'. Le caractere sacr6 et la valeiir liistorique de cet evenement ne dependent pas, il est vrai , de la monlagne pr^feree par Dieu pour y fairo entendre sa voix ; mais pouvons-nous etre indiffercnts si nous foulons reellemenl un sol sacr6, en nous livrant aux souvenirs pieux de ces grands ev^nements, et en les faisant en quelque sorte revivre sous nos yeux ? Une erreur en entraine bien d'autres, et le jour qui reta- blit une verity dans ses droits peut eclairer cent auires questions qui s'y rattachent et dont la solution im- porte a 1 'esprit humain. Je terminerai ici mes observations sur la premiere partie du voyage des Israelites et sur nia propre ex- cursion. Je ne discuterai point les opinions des com- mentateurs sur la suitode leur itineraire, susceplibles, 390 ) a uion avis, de hieii des rcctUicalions , surloul si Ion atlmoUail inon hypothuse sur ridontite dii Serbal avec le Sinn'i , hypotlu'se qui changerait Ic point do depart et partant I'ordre dus marches. Jo craindrais, en m'6- loignantd'unsol quo j'ai visitd moi-momo, de perdre la certitude que donnent les observations inimidiales et pcrsonnelles, et d'etre reduit a soumcttre a un cxamen critique los materidux recueillis par d'autres, au zelc et a la sagacito dosquels je me plaiscependant a rcndro justice. Je me bornorai done a ajoulcr quelqucs mots sur io troisieme point que je m'etais propose d'eciair- cir pendant le cours de celte excursion : celui des in- scriptions dites sinnitiques. De lous temps, ces inscriptions ont 6te attributes aux Israelites. A cette opinion vulgaire , onne pourrait guore opposer qu'a cette ^poque les Israt^lites n'a- vaient pas encore uno langue ecrite bien furmee. Dans I'etat de la civilisation cgyptienne, a laquelle les Israelites, dans la riche province de Gcssen , nepou- vaiont pas rester etrangors , ils devaient , selon toulo evidence, possodoi- , aussi bien que leurs maitres, une ^criture perfectionnee ; ils ^laicnt d'ailleurs familia- rises avec les inscriptions lapidaires ot auraient pu los imiter. Mais lecaracl^re des l^gendes qui couvrent les rochers dans cerlaines parties do la peninsule pa- rait relativement modenie , et se rapprccbe assez dos langues s^raitiques connucs. L'ccriture se distingue surtout par une grande tendance au principe de la liaison ot do I'entrelacoment des lettrcs qui carac- torise los langues modcrnes do la souclie somitiquo. M. le professeur Beer lour attribue , et, a mon avis, avec grande raison , une origino cln-etienne. On I'cn- contre froquemment des croix et des monogrammes ( 391 ) clir6tlens : la plupart des inscriptions j^recqucs qui sy Irouvent melees en gi\incl noinbie sont cUreticnnes. Elles sont fort courtes ct ne paraissent contenir que des noms. Toutefois, on en trouve de plus c'tcndues. Celles qui sont en caractei'es grecs sont des inscrip- tions comnieinoratives ; quelqucs legendes arabes commenccnt par Bi^in Allah, « au nom de Dieu. » Tel peut etrc le sens des trois leltres groupees en- semble qui se Irouvent dans touteslcs inscriptions non dechilTrees. L'assertion de quelques voyageurs, que de semblables inscriptions se retrouvaient en tgypte , et particulierenient aux carri6res de Tura pres du Caire , demande a etre confirmee. On jieutfaire la memo ob- servation a ceux qui pretendent que les inscriptions ne se rencontrent qu'au passage des routes d'Lgypte. Jelesai decouvertes dans les endroits les plus recules et sur des rochers en dehors de toute ligne de commu- nication. Elles sont pour la plupart accompagnees de dessins grossiers de chameaux, de chevres et meme de chevaux. J'ai la conviction qu'ellessontl'ouvrage d'une population de pasteurs chretiens, independantset let- tres. Le chef-lieu de cette population etait la villedo Fa.- ran, ou le christianisme avail penelre de bonne heure , au pieddu Serial, dansla valleedu meme nom, et c'est ce qui explique aussi les inscriptions grecques. Deja Burckhardt avait observe , avec sa sagaeite ordinaire, qu'on les rencontrait principalement dans le voisinage du Serbal ; ce qui I'engagea a supposer qu'a une cer- taine 6poque, le Serbal avait passe pour le mont Siiia'i, ct avait ete un lieu sacr6 pour les pelerins (jui y af- fluaient en y laissant leurs vceux ou leurs souvenirs inscrits sur les rochers. Burckhardt cepcndant a la conviction personnelle que c'est au Djchcl Mon.sa ou ( 392 ) au Djehcl Knl/wrin qu'il faut chorchcr lo vrai Sinai. Si CCS inscriplions avaient un rapporl quelconque avec lo Sinai , ce nc ])oiiiiait etre qu'indircclcment , en co qu'cllos seraient provenuesdola population chretienno de/vi/-rtrt,etquelecouventde cette villen'avait et6 con- slriiilqu'cn vue dii Siudi. Cc couv(>iit dovait sa fonda- tion principalement au sol fecond de la vallee des pal- miers, ct si le rc^cit de la Bililc a dl^ une autre cause delerminante dans le choix de cot emplacement, c'est qu'on s'y croyait apparemmcnt dans le voisinage do Kiip/iidiin , en llorch , que Cosrnas et saint Jerome v placenten tennes precis, landis que I'opinion vulgairc et le sens litteral apparent de I'ficriture auraient du reculer le Sinai a une distance d'une journee de marche. A cote de ce remarquable travail de M. le professeur Lepsius, quijette un jour si nouvoau siir la geogra- phic du Sinai, nous croyons devoir donner la descrip- tion de la montagne saintc, telle que la tradition I'a depuis si longtemps consacree. Les lecteurs du Bulle- tin verront sans doute avec quclque interet les deux idees en presence ; du reste , I'auteur du voyage qu'on va lire ne soutient pas une opinion ; il a adopts purc- ment celle des religieux du convent de Sainte-Catho- nne. Son voyage a eu lieu plusieurs annees avant celui du savant professeur allcmand, a lingenieuse liypotlifese duquel il sc serait peut etre rattache s'il etait venu apres lui. ( 303 ) EXTRAITDU VOYAGE DE M. L. CORT A^MBEUT DANS I. A PRESQu'lLE DU SINAI , EN 1837. Je me rcndis dans I'Arabie Petr^e , en traversant le golfc, qui n'a pas plus d'un quart do lieue devant Suez. La marei! est de 6 pleds. A I'lioure des eaux basses, on pent passer a pied un peu plus au nord. Cost peul- etre la que les Hebreux travers^rent la mer Rouge. Ma petite caravano in'altendait sur lo rivage. Quatrc Bedouins m'accoinpagnent. Je nionte un drouiadaire. Get animal ne dilFere du cliamoau que par ses formes plus delicates , son poil plus fin , ses allures plus vi- vos. Au bout de trois heures, nous sommes aux I'on- taines de Moisc , A'iii Modsa. Elles sontau nombre de quatre ou cinq, a ini quart de lieue de la mer; I'cau en est saumatre, mais on est fort content de la trouver. Quelques joncs, quelques groupes epais de palmiers sauvages, completent I'oasis. Je voulus savoir si les Bedouins avaient une tradi- tion relativement aux fontaincs de Moise. lis me re- pondircnt que Moise , apr^s avoir traverse la mer avec son peuple, fit sortir ccs sources de terre. Cette tra- dition n'est pas confirmee par la Bible. Nous cainpons le soir dans la vallee de thihadc. On laclie les chameaux. qui trouvent quelques plantes. On les fait onsuite revenir pour leur donner des feves, lis se couchent aupres de leurs maitres. J'ai eu soin de me mimir d'une provision de cafe; c'est la premiere cliose que mes Bedouins me deuiandent , quoique je ne mo sois nullemenl engage a leur fournir des vivres. On va au loin ramasser quelques brous- vn. JLl^. k. 26 ( m ) sailles, de la liciile scclie de cluimpaii ; on alluiiK' hi t'eii.etfait on Ic cafe*. Puison prepare lo/r>/////-, painsans levain , qu'on mctcuire sous la braise, sans autre r*'*- remonie. La cal'ellt're se vide peu a peu ; quand ello osl tarie, les conversations languissent, et cliacun se roulc dans sa couverture. Le ventdu nord , qui souffle avec force, rond la luiil d'une fralcheur excessive , quoique nous sovons au milieu demai, ot la rosiie abondante oblige a bcaiicoup de precautions. Le lendemain , nous traversames une plaine im- inense , au milieu de laquelle se creuse la vallee d'>/- hoii-Sotteyiah , qui depend des Arabes Tt'irabine. La vegetation v est assez abondante. Apr^s avoir parcouru des collincs rocaillouses , nous trouvons surune bau- teur la source saumutre de Houdra. Est-ce la runtainr de Mara de I'Exode ? De la on descend dans la vallee de Houara, Nous trouvons |)our la premiere fois un patre , avec un troupeau de cbevres et de moutons. II vent nous vendrc 20 piastres un maigre cbevreau. ISouscampons la. Le lendemain , nous atteignons de bonne hcure la vallee de Glinnindel. II y a quebjue verdure. Ln arbuste epineux donneune petite baie rouge, bonne a manger, que lesArabesn()mmer)ti,'//rf/Y/rt. Us la font secber, eten font une espece de pate. On a cru y reconnaltre la manne des Israelites. Mais il y a peu de rapport avec la description de la Bible. Au pied d'une montagne escarpee, au sud-ouest de cette valine, sont dessources thermales, indiqu6es par quelques auteurs sous le nom de Bains de Pbaraon {Haninuiin-Feidn). Les Bedouins me les nommerent Bains do Moise , Ha mniain-AJoii.sri. Je leur demandai positivement si c'etaicnt les bains de Moise ou de Piia- i ( 395 ) ruon. lis ine rdpondiront que c'elaieiit I'lin et I'autre. On arrive bientot par iin mauvais cheinin dans la vallee de Houseyt ( Onset , Leps. ), ou quelques pal- niiers r^jouissent la vue. 11 y a un petit puits d'eau passable, a laquelle je netrouvai aiicungout saumatre, quoique , aiix environs, la terre soil couverte de sel. De la on passe dans le Ouadi Tal, ou se trouvent ])lusieurs sources saumatres. Jusque la nous suivions a pen de distance la cote du golfe de Suez, en nousdi- rigeant au sud^est. En arrivant dans le Ouadi Houtnr [Honir de M. Lepsius), nous laissons a droite la route qui traverse le mont Mokallh [Moknttel) pour altera Tor, et nous prenons la direction de Test, Le Ouadi Iloumr est encaisse dans sa partie inferieure par de bautes falaises calcaires. On y trouve en abondance un arbuste delicat, d'un vert pale, dont le feuillage pari'um<^ est reclierclie par les cbameaux. Mais ils pr^- f^rent une plante epineuse qui croit presque partout dans le desert. Nous remontons pendant quatre beures cette large valine, et nous arrivons pres du Djebel el Tih, qui se presente dans la direction du nord au sud coninie un immense rempart. Ce nom signifie la Montagne de riigarement. Au-dela s'etend le d(^sertdu niemenom. J'interrogeai mon Bedouin en cbefsur I'originede cette denomination. II me raconta que Moise, etant arrive la, se pcrdit dans ces vastes solitudes, et que la meme cbose arriva dans la suite au propbete Mobammed. C'est une cbose incroyable, avec quelle nettete ces bommes, qui n'ontni livres, ni education systeinatique, ont conserve ces antiques traditions. A pres avoir campe dans la partie superieure du Ouadi Hounn', nous reprcnons notre route vers le sud- esl, ot nous arrivons par un pays eleve dans le Ouadi ( 306 ) J\asb, oil le granite coininenco a se montrcr. Lcs mon- tagnes sont d'un gr6s rougeatre. On Iromc ilans cetle vallee quelqiies mimoses rabougris. On fait une denii- lieue vers le sud hors de la ronte, pour se rendre vers im piiits ombrage de quelquos paluiicrs. C'est la pre- miere fois que nous trouvons de bonne eau dcpuis le Cairo. Bir-I\asb est le nom de ce puits, qui a environ trois pieds de large ct six de profondeur. II y a aupres du puits deux petits pares pour les troupeaux. Quel- quos patres sont la avec leurs chameaux, leurs clu;vres et leurs moutons. Une masse de rochers s'(5l6ve dansle nord de la vallee. On y trouve plusieurs inscriptions trfes informes en caracleres qui m'ont paru syriaques. Nous eumes bientot a noire droite dobaiites monta- gnesnoires, dans lesquelles mes guides m'indiquorent les mines d'une ville cbretienne, qu'ils nomment Sa- rabit-el-KJiadini [Sarb(it-el-Klia(leni,h(i\)S.^. Plus loin, verslesud-oucst.s'etcnd le Dutidi P luuan[Fii (111,1 jC^^^s.) , ou sont les mines do Pbaran (Faran). Les arrange- ments que j'avais pris avec mes Bedouins ne me permettaient guere une excursion longuo et dUfieile, pour aller visiter ces restcs , qu'une personne bien instruite in'avait signaR's comme peu remarquables. Apr6s avoir pass6 pres d'un petit cimetiere arabe, indique par des pierrcs levees et deuxj)etites enceintes circulaires, nous descendlmcs dans le OmuUKhaniile. En passant sur uncol peuelev6, ou est un cimetiere, on arrive dans le Onndi el Karnk. Ces vallees sont l^ordecs de masses pyramidales de granite. Inevieille i'crame, suivie d'un petit cbevreau, nous accosla pour nous demander a boirc. C'6lait la premiere Bedouine que jevoyais. Nous diisall^ramcs .iniplemcnl la fenimo el ie chevroau. Plus loin un homnio nous deinaiida lo ( ;507 J nieinc service. J'avais pour inon compte deux peaux «le chevre, donl cliactine , pleine d'eau , pesait pres de cent livres. Mes Bedouins en avaient autant. Nous ne souffi'ions pas de la soif, mais de la mauvaise eau ; cello menie qui est bonne acquiert bienlot dans les outres un gout peu agreable. Comnie les enfants d'Israel , egares dans ces soli- tudes brulantes, je pensais quelquefois aux pastcques et aux concombres de I'Egypte; mais je songeais en- core plus a I'eau delicieuse, a I'eau abondante du Nil. Je cherchai vainement la manne. Mais je trouvai des caillcs qui furent aussi dune si grande ressource aux Israelites. Elles fuyaient a peine devant moi. A mesure que nous avancons, nous faisons de plus nonibreuses rencontres: quelquefois des bergcrs, quel- quefois de petites caravanes, qui vont vendre du cbar- bon a Suez ou au Caii'e. Les arbres peu nombreux qu'on trouve dans le d6,-ert suffisent pour alinienter celte petite Industrie. La plupart des bommes qui pas- sent pres de moi me saluent gracieusement. Dans le Ouadi Barak on Irouve les restes d'un mur en pierrcs secbes , qui barrait la valine dans toute sa largeur. C'etait une fortification clevee lors d'une guerre entre deux tribus. A cette vallec succede le Ouadi Barahh. Dans la partie occidentale , un peu d'eau de pluie se conserve au fond d'une fente etroite entre deux rocbers de granite, quoiqu il n'ait pas plu depuis qualre mois. Cette eau est tres bonne. Dans une vallee contigue, a I'ouest, on voit le grand campement de la tribu des Tora. II y a environ soixante tentes, toutes sur une ligne. Ccpendant, de vallee en vallee, de desert en desert, j'approclie de la niontagnc do Diou. Vers la fiii de la ( 398 ) ciiiquiome journ^e depuis Suez, dii liaut d'un col, oi'i est iin cimetiere, j'aperrois cufin, par une gor{2;e enlre deux montagnes, la cliaine Sinaique , qui s'^l^ve a I'horizon comme un rcmpart imposant. Les Arabes la nomment Djebel el Tor. Nous descendons dans le Ouadi Estninch , ct nous campons dans un onfoncc- menl de la partie occidentale. La on trouve, au niilieu de rochers abruplos, qui en rendont I'abord ties didi- cile , une belle Fontaine naturelle, creuseedans le gra- nite. Cast la plus grande ricbesse liquide depuis le Nil. Nous descendons dans un ravin profond , au pied de la clialne Sinaique, et nous nous engageons dans une gorge ^Iroile ontre deux baules montagnes. On avance au milieu des rocbei'S et dans le lit des torrents. 11 semble que des mulets pourraient a peine gravir par ces sentiei's escarp^s; et ccpendant nos chameaux se tirent asscz facileinent d'alTaire, La scene grandit. De toutcs parts s"elanccnt des niu- , railles colossales de granite, dont les cretcs aigues sen)- I blent soutenir la voute du ciel. C'est la le premier 1 temple deJ^hova. C'estlaquelepatre \Ioise revait lad(5- livrancedesonpeuple etl'institution d'unculteeternel. Les cboses ont pen cbang6 depuis Irente-cinq si^cles dans ce coin ^carte de I'univers. Quelques sources cntretiennent un peu de vegetation au fond des precipices ; des troupeaux de cb6vres apparaissent comme des points noirs sur.les flancs rougeatres des montagnes, et les cbants monotones de quelques ber- "•ers Iroublent seuls le silence de ces solitudes. Nous avancons toujours, et je ne vois pas le Sinai. Je demande incessamraent a mon Bedouin le Djebel Moilsa , la monlagne dc Moise. Mais cllc est cachee derri. Elle n'a pas ete ouverle depuis soixante-quinze ans. L'inlerieur est un d^dale de cours, de corridors, de galcries, d'escaliers, de cellules, de cbapelles. L'ine- galite du terrain ajoute encore a I'irregularite des ba- ilments. La galerie des etrangers est agreable et tenuo avec soin. Elle est mcublee d'antiques I'auteuils, do lormes plus ou moins bizarrcs. Les murssont decores do legendes grocques, tirees des Ecritures. L'etaljlissenienl a ime biblidllieqiK* d'environ ficux ( 400 ) mille volumes , j.armi lesquels se tiouvcnt ui» assez grand n ombre dc manuscrits orienlaux. L'eglise est un petit edifice oblonp;, divisci en trois nefs par deux rangs de colonnes d'un travail mediocre. EUe estcouverte en plomb. L'intericur est d^core avec beaucoup de richesse. Le plafond offre des etoiles do- rees sur un fond vert. Le pave, de marbres varies, est dune rare magnificence. La vue du sanctuaire est de- robd'C par une cloison ridiement ouvragee, peinte ct d^coree, Le siige de I'evcque et la chaire sont d'un travail recherche ot di^licat. Les murs sont orn6s d'une foulo de tableaux a fond dore , ou Ton reconnait loute la naivete , la roideur et la precision de details qui caract^risent I'enfance de I'art. Lne multitude de chapelles , dcdiees a differents saints, sont repandues dans toutes les parties du cou- vent. On appelle aux offices en frappant sur une barre dc bois. Ccpendant il y a deux cloches dans la maison. On est surpris de trouvor une raosqu6e au milieu de tout cela, une mosqudse avec un minaret soigneu- sement blanchi. C'est une tolerance qui parait d'abord deplacee. Mais le couvent est dans un pays arabe ; il faut acheter deference par deference. Du reste, les moines ont pens6 qu'ils pourraient avoir recours a d'autres procedes que ceux de la dou- ceur envers les Bedouins, comme le prouvent qucl- ques putits canons braqu(^s sous les combles. Mais les Arabcs sont plus pillards et mendiants que brigands a force ouverle. On distribue chaque jour du pain a une quarantaine d'cntre eux, du haut de lagrande lucarne. La plupart des provisions sont tiroes du Caire. On fait vcnir les datles dc la \;dlee dc Pharan. Les moines ( /lOl ) en font de I'eau-de-vie. lis fabriquent aussl de I'huile avec Ics olives de leuvs jardins. L'usage de la viande leur est interdit. La plupart d'cntre eux ontdes figures soulFrautes et amaigries. Cependant le climat ne pent etre plus sain. L'eau est excellente. Plusieurs puits sont creuses dans les differentes parties du couvent. On va au jardin par un 6troit corridor souterrain, qu'il est aise de garder. Les murs du jardin sont nioins forts et moins eleves que ceux du couvent. Cependant 11 est trfes rare que les Bedouins y comnieltent des de- predations. II y a de beaux cypres , des vignes et des arbres fruitiers de beaucoup d'esp^ces , tels que poni- miers, poiriers, pruniers, pechers, figuiers, grenadiers et abricotiers. II ne fait pas assez chaud pour les dattes. Les religieux cultivent eux-memes ce jardin , ot par de nombreuses irrigations y entretiennent une admirable fraicbeur. Du fond de cette petite et sainte oasis on contem- ple les pics sublimes qui menaccnt d'ecraser la vallec, et sur lesquels rhumble croix a succede a la uiajeste tonnante de J6hova. Une journee entiere se passe , et je n'ai pas encore vu le Sinai. Je jouis du repos et du silence du cloitre. Enfin , le 2Zi niai, je pars de bonne beure avec un des religieux qui me scrt de cict^rone. Deux Be- douins nous acconipagnent, I'un avec des provisions, I'aulre avec un petit seau de cuivre , pour puiser et porter de l'eau. Puisviennent une douzaine de para- sites. J'etais^tonne de I'enorme volume de provisions ; c'est qu'il y en avail pour tout le monde. Ce cortege mc mettait au supplice ; mais c'est l'usage. On commence a gravir en sortant (Ui couvent. On trouve bientot un escalier grossiercnient conslruit sue ( h(i-2 ) les (lanes de J'lloreb. II lacilite beaucuup la luoiilco , qui serait presquo iinpratlcahle sans cola. A environ 500 j)iecls, on Irouve uno source ; heau- coup plus haul, unc cliapelle de la Vierge . puis deux pptites portes construites en granite, ct on arrive sur une plate-forme , ou s'el6vc un uiai^nifique cypres. li y a un puits qui donne de I'eau excellenlo. Nous lais- sames la la plus grande partie de notre escorte. Cette plate- forme separe la cime de I'lloreb , au N. 0. , de cellc du Sinai , au S.-E. ; on ne \oit pas en- core le sommetdece dernier. Ensercmeltant enrouto, on rencontre une chapelle dedieeau propheteElie, sur une petite grotle qui est , dit-on, celle ou il demeura , quand il fuyait les fureurs de Jdzabel. Un escalier beaucoup plus mauvais que le premier, si Ion peut appeler ccla un escalier , conduit au som- mel du Sinai. Nous avions altcint la plate-forme en lib minutes ; nous francbissons le reste en une demi- bcure. Le Sinai a environ 3,000 pieds au-dessusdu cou- vent, qui est lui-nieme dans une rc^gion fort elevee. Sur la cime sont deux pctits edifices : une chapelle et une mosquee. Les moines eux-m6mes ont fail con- struire celle-ci, a la sollicitation tres pressante des Bedouins, qui ont une grande veneration pourMoise. Je consid6rais avec etonnement des cbillons ct uno loule d'autres objels , tels que des coquillagos, des grains de verre et des paras, suspend us au plancber par une corde : c'etaient des ex-votv des Bedouins. C.cux- ci viennent souvent immoler des animaux en ce lieu. Au-dessous d(! la mosquee est un petit caveau, ou Ton descend par un escalier. Pres de la chapelle, on liiil remarquer une feiile dans le rocbor commc le lieu oil Moise se (;acha quand Oicu lui apparul. ( il03 ) On voit les restes d'une citenie el d'autres oon- slructlons. Le convent avail et^ comnicm (^ ici; mais la difficulte d'y arriver et surtout d'y apporter les choses necessaircs a la vie fit rcnoncer a ce projet. Tout est bati en granite rose, qui vientdes parties moyennes de la montagne. II est beaucoup moins dur que celui du sommel, dont le grain est plus fin et la leinle jau- natre. Les murs et les rochers sont couverts d'inscri])- tions dans toutes les langues. A quelque distance vers I'ouest, dans une gorge pen profonde, est une grande citerne. Du cole du nord, s'ouvrent de vastcs precipices. Le Sinai est dans la parlie centrale d'un groupe dc haules montagnes. II s'elance d'un meiue massif avec I'Horeb, qui est moins eleve. Le mont Sainte-Calhe- rine , a pen de distance au sud-ouesl , le surpasse un peu. On remarque vers I'ouest le mont Dafargeh, ct au loin vers le sud-est, le moni Madsous. Je ne restai que le temps n^cessaire pour voir, mo promeltantbiende revenir seul.Toul noire monde nous attendait a la plate-forme du cypres. De la, nousdes- cendimespar unsentier tres difficile dans la valleeeti'oite qui separe le Sinai du mont Sainte-Catherine. Le\ se trouve une maison qui depend du convent el qu'on nomme le convent des Quarante-Martyrs, Deir-rl-Er- ba'in. II y a un joli jardin , avec des arbrcs fruilicrs , des cypres et de grands peupliers. Jc pnssai avec dd;licos a I'ombre de ces beaux arbres agites par le vent. On asonvent parl6 de I'inulilite materielle des moines. En voila pourtant qui ont fertilise le granite, et repandu la vie dans un desert frappe de st^rilite et de niort. Nous nous rejiosames dans ce cbarmant sejonr. Apres im frugal dojcunor , le rcligioux fit vidcr lui ( hOk ) flacon d'eau-de-vle aux Bedouins en nion lionnoia. Les Bedouins , tout nialiouietans qu'ils sont, se sou- cient assez peu du Goran, que personne ne prend la peine de Icur lire et de leur cxpliquer. Je n'en ai en- core vu aucun faire ses prieres. Quant a ['usage des liqueurs l"ernienl6es , bien peu de musuhnans s'eii font scrupule. II n'en est pas de meme de la chair de pore, pour laquelle ils professent en general la plus grande horreur. En avan^ant dans la vallee, vers le nord-ouesl, on voit un rocherisol6, d'en*viron quinze pieds de liaut, et qui oflre une dizaine de bouclies los unes aii-dessus des autres. Suivant la tradition, c'est le ce rocher que Moise fit jaillir I'eau pour desaltdrer les Israelites. Ln peu plus loin se trouve un petit jardin du couvent. En sortant de la vallee, on voit a gauche une autre dependance du couvent, avec un jardin assez vaste : c'est le couvent de Rubbah, ainsi nomine de la monta- gne au pied de laquelle il est situe. Pros de la sont beaucoup de petlles maisons de pierres, dans lesquel- les les Bedouins serrentles grains qu'ils achetent. Au nord-ouest de I'Horeb est encore une depen- dance du couvent avec un jardin ; c'est ce qu'on nomine le couvent .Jnioustdni. Vvha de la est un rocher creux en terre, oii Ton pensc que le veau d'or lut coule. Plus loin, a I'entree de la vallee du couvent, est un rocher en forme de siege. C'est la, dit-on, que Moise, descendant de la montagne, s'arreta indigne , quand il vit les Is- raelites adorer le veau d'or. Au nord de I'lloreb s'elend une large vallee, par la- quelle jetais arrive'. La tradition place en ce lieu le campement des Israelites , quand la loi fut donnee. Cependant, d'apres les expressions de la Bible, on doil ( A05 ) penser que le peuple voyaitle soininet du Siiuii ; ici la vue en est derob^e par I'Horeb. Je ne rentrai pas sans avoir a'satisfaire a mainte dc- mande de poiulre. C'est le plus agreablecadeau qu'on puisse faire aux Bedouins. lis en sont encore aux fu- sils a mecbe. lis n'adoptent pas les fusils a pierre , parce que, si le mecanisme se derangeait, ils ne sau raient par qui le faire reparer. L'n yabre fixe par dc- vant a la ceinture, en guise de poignard, cbinpl(!ite leiir armement. Le lendemain je partis seul , en annoncant I'inten- tion de passer la nuit sur la montagne Je gravis d'abord le inont Muedja , pen eleve , qui ferme au sud-est la valine du couvent. La on est domine par la cime aigue et sombre du Sinai. Ayant prls la boussole pour m'orientcr , je fus fort etonn^, en la posant a tcrre, de voir la ])ointe bor^ale de I'aiguille sauter au noi-d-est. Quand je relevai la boussole, I'aiguille reprit une position norniale. Je rep^tai vingt fois I'experience au meme endroit. Je posai ensuite la boussole en un autre lieu trfes rappro- cbe, la deviation n'etait que de moitie. A quelque dis- tance de la, en plusieurs endroits, I'aiguille prit la di- rection du nord-nord-ouest. A quoi peut-on attribuer une variation aussi capricieuse ? Me voila encore au sommet du Sinai. Mais cette fois je suis seul. Je porte du pain et de I'eau; je vais me faire crmite pour quinze lieu res Je restai six jours au couvent de Sainte-Ciilberine, retenu par les charmes de la plus douce bospitalite. Le superieur me comblait de toutes les marques d'une amiti6 |)aternelle. Get bomme venerable m'appril que la manne se trouvaitencore au desert, mais seulemcnt f 406 ) peiulaiit 1 ete. II en avail consent de I'ann^e prec6- ileiilo, Elle etait fort dure ; niais, expost^e au soleil, elle se raniollit, el je pus en gouter. C'est une substance jaunatre, qui a a pou pies I'aspect et la saveur du miel; mais elle a quelque chose de grenu qui resiste un peu a la mastication. C'est du reste une nourrilure excellente. Les Arabes Tappellent encore mannc. On la recueille sur une espcce de cypres sauvage , que les Arabes noninicut tarfd. NOTICl' SLR Li:S I'RI.NCIPALX OUVilAGES OU Ml>- WOIIIESOFIEUTS A LA SOCIEIE UE GtOGUAPIlIE. (Seances d'avril , mai ct juin 1847.) HISTOIRE D'lTAllE, par M. r.oux de Rochelle (tome I"). M. Roux de Rochclle commence cctte histoire a la chute de Tempire romain. II depeint d'un style colore clanime I'invasion des Barbares, la faiblesse des empereurs ; Odoacre , chef des H^rules, etablis- sant sa domination dans la peninsule ilalienne ; les \isigoths fixantla leur dans I'Espagne et dans le midi dela Caule; Thcodoric, enfin, etondant en Italic I'em- pire des Ostrogoths, cty faisant regner des lois sages, I'agriculture, les arls. La lutte de Belisaire ct de Nar- stljscontre Mtiges, Totila etd'autres chefs Ostrogoths, la peinture des maux de la guerre, de la peste , de la decadence de la langue latine, I'invasion des Lom- bards, lesregnesremarquables d'Autharis , de Rotha- ris, de Luitprand , les lois lombardes, la naissance du pouvoir temporel des papes , la conqufite de la Loni- bardio par Charlemagne, ocruppiil cnsnito I'historicn, ( Z,U7 ) 1! jotte uncoiipd'cHil sur Jescoiinaissances luimainesa celle epoque, ct montre Ics Arabes surtout deposituires fles sciences. Le vasle empire de Charlemagne se de- compose : ritalie est disputee par de nombreux com- ])etiteurs ; les empereurs d'Allemagne finissenl par y etendre leur domination. Cependant plusieurs villes s'erigent en republiques; les papes veulent secouer le joug des Allemands , et le consul Caescentius tente, inais vainement, de retablir a Rome I'antique liberie. M. Roux deRochelle dccrit la confusion anarcliiquedu pays, decliire par les factions; I'institution de la che- valerie , I'origine des condottieri ; la discussion des in- vestitures, les querelles des Guelfes et des Gibelins; les efforts de la ligue lombarde, la formation rapide de la j)uissance des Normands dans I'llalic meridionale et la creation du royaume de Naples; le pontificat de rillustre Gregoire VII, I'accroissement jjrodigleux de la puissance de Venise , de Genes, de Pise; la fonda- tion des monasteres fameux des Camaldules, de Val- Umbreuse, du Mont-Cassin, desCarmes, des Fran- ciscains. Le trone des Deux-Siciles passe a la maison de Souabe; mais Charles d'Anjou en fait rapidement la conquete ; son gouvernementdespotique amene les Vepres siciliennes. L'auteur expose d'interessantes considerations sur la langue romane, sur la naissance de la langue italienne, dont le Dante, Petrarque , Boc- cace , ont fixe les regies. Les papes avaient porte leur sejour a Avignon; pen- dant ce temps, le tribun Rienzi entreprit de reformer le gouvernement de Rome. Le tableau de I'affreuse peste de 13/|S , des inouvements et des d^sordres qui agitent lltalie dans le xiv* siecle , du schisme d'Occi- dent , de la rivalil6 des maisons d'Anjou el d'Aragon ( 408 ) ^lOtir la possession du royaunie dc Naples , It- hril- laiit rt^gne d'Ainodro VIII, comle dc Savoie, et sa re- Iraile a Ripaillc , onlin I'invaslon dcs Tares en Europe, lerminent ce premier volume , qui fait vivement de- sirer les suivants. XIECHERCH£S sur les populations primitives et les plus auciennes traditions du Caucase , par M. Vi\icil de Saint-Murtin. M. Vivien passe d'abord en revue les notions bibli- ques , et, discutanl la goograpbie du cbapitre X de la Genese, il voit le Corner de Moise dans les Kimmeriens du voisinage du Gaucase, mentionnes par les vieilles traditions belleniques; le Tirdz, dans la tribu de Tre- res , qui appartenait a la nation kinimerienne ; VAs- khenaz et le Tdgarma h (urent successivement les noms de I'Armenie ; le Riphcil correspond aux montagncs du Gaucase : ce mot est identique avec les Rkipcei ou Riphcei des Latins, avec le Chrobat des Slaves, d^signant va- gucment les montagnards en general ; le JMcigog r6- pond a I'appellalion des Scjtbes des ccrivains greco- roinains ; I'adjonction de Gog au Magog de Moise est une notion comparativement r^cente : on la trouve pour la premiere fois dans le prophete Lzd- cbiel , et depuis lors Gog et Magog sont restes insepa- rables dans les li^gendes orientales. he Mada'ideXvL Ge- n6se designe evidemment les Medcs ; le Toubdl est represente par les Tibarenes do la goograpbie bclleni- que , et le Mesckekh , par les Moskbes : Mtsketba , longtemps la metropole georgienne, rappelle ce nora biblique. L'auteur examine ensuite les traditions indi- genes des Armeniens et des GOorgiens ; il y trouve que les Georgiens et les Armi^niens ne sont que deux ( ioo ) iVaclions, dcpuis lonc;-tei«ps si'parees , d'une m6mc race, et cette race appartient a la famile indo-celti- que. Le volume est termine par des considerations tendant a faire voir que la tradition georgienne re- lative a I'ancien etablissemeiit des Rliazars dans les hautes vallees du Caucase se rapporte aux Ases ; que les Ases de ces monta2;ncs sont les ancetres des Ossl actuels (habitants de VOssethi); que le nom de Cau- case a commence a s'appliquer, non au massif situe entre la mer Cas])ienne et la mer Noire, mais a ce qu'on appelle aujourd'hui le Caucase Indien (Hindou- koli) et que la nomenclature sanskrite nomme Khnsn- Ghiri ( monts des Khasas ) : de ce nom, les Persans auralent fait Koh-Khnsa. I>£S CAEVTES agronomiques en France , par M. de Caumotll. M. de Caumont expose Tutilite des cartes agrono- miques, qui permetlent d'embrasser dun coup d'ceil la nature du sol et les pi-oductions dun pays. Son ou- vrage est accompagne des cartes du departement du Calvados et de I'arrondlssement d'Argentan , oii I'au- teur a represente, sur Tune au moyen de couleurs , sur I'autre au moyen de hachures , les terrains grani- feres , herblferes , calcaires , etc. NOlTVEIiIiES ASrSTAIiES des voyages. ( Mars el avril 1S47. ) Le numero de mars conlienl la relation d'une ex- cursion par eau surl'Irtycliet I'Ob, par M. le senatour Karmilofl, tradulte du russe, avec des notes, par M. le prince Em. de Galitzin. Le voyageur admire la beaute des points de vue des bords de FUb , les vasles et pro- fondcs forels qui les avoislnent et ou les bois de con- VII. jri>. 5. 27 l/llO ) stiiK lion les plus piecieux aboiulent ; im tail iloulou- reiix alllige cepeiulaiil ^a ct 16, a I'aspect de cos forels : criinmeiisc's inccndics les onl cl6vasl6es sur des espa- cessouNcnl di' plus do cent vcrsles. On assure que ces ailreux accidents pvoviennent du feu du ciel , et quel- quefoisdn IVotlement des troncs d'arbres les uns con- Ire les aulres, lorsque la tempele les ebranle en les agitant. Suivant M. Wrangell , ces incendies provlen- nent en partie de I'incurle des vojageurs qui, apres avoir passe la nuit dans une Corel, partent sans se donner la peine d'eteindre leurs feux. — Le vojage a la Nouvellc-Caledonie, par M. Pigeard, ollre d'inld'res- santes observations sur les indigenes de cette grande ile, et des reflexions generales sur les races melane- sienne et polynesienne, — Uno lettre adressee a M. Rei- naud par M. le baron de Slane annonce une precieuse moisson de richesses litt^raires recueillie dans les bi- bliotheques de Constantinople. — Une elude sur les an- ciennes races de rfigypteetdel'I^tbiopie, parM. Cour- tet de Lisle, fait voir que les pouples de I'antiquite de- signes sous le nom d'Kgyptiens et d'lilhiopiens ne sauraient etre representes sous un type uniforme : il y avail dans I'lilliiopie et dans I'Egypte de grands me- langes de populations. II devait s'y trouver des negres iniportes comnie esclaves, des nidigenes au teinl scmi- fuligineux, aux traits semi-europ^cns, formant le fond de la population plus ou nioins asservie ; erdln la po- pulalion dominante du sacerdoce etait formeo de races indo-s^mitiques et indo germaniqucs. — Ce rabier est terinint"! par la relation de la traversee du detroil de Magellan, par M. Meriais, missionnaire , ({ui prv- sente d'interessanles observations sur les Patagons el les Feugiens ou P^clierais. { hM ) Le cahier d'avril conlieut I'examen de I'ouvrage de M. Schlcezer, suv les premiers habitants de la Russie : les Finnois, les Slaves, les Scythes et les Grecs. M. Schiojzer regarde les Finnois comme les plus an- ciens habitants de la Russie; ils furent chasses par lei Goths el les Slaves, et se retirerent dans les contrees marecageuses et dans les forets du nord de la Russie, ous'enfuirent vers les naontagnesdel'Oural. — M. Eich- hoff a fait en quelque sorte la continuation de ce tra- vail, en ecrivant I'origine des Slaves. Ce noni ne coni- ntience a paraitre qu'au vi'= si^cle , a la place de celui de Sannates ; son ^tymoiogie est sans doute le verbe s/oi'ii , retentir , qui a produit s/ocu , parole , et s/awi , sloire. Ils se nommerenl done eux -memes Sloi'ine ou S/ai>liie,\espar/anls, les g/o/ieur .—Nous trouvonsdans le meme nuinero un article de M. Aug. de Saint-Hi- laire, sur la decouverte des mines d'or de Goyaz et leur exploitation par des Paulistes audacieux et entrepre- nants,au xvn*siecle; — des notes sur la race noire etla race mulatre, au Br^sil, par M. de Lisboa , qui rap- porte que les n^gres nes au Bresil, c'est a-dire les n^- gres Creoles, sont plus intelligents que ceux qui sont n^s en Afrique ; que les uns et les autres ont des fa- cultes affectives tr^s d^veloppees et sont susceptibles debeaucoup de d^vouement; qu'enfin les mulatres ont de 1 'esprit, de la perspicacite et acqui^rcnt frequem- ment une instruction remarquable; — I'analyse, par M. Defremery , de la description de la province de KViouzislan, par M. Layard : on y trouve d'int^ressants details sur les tribus loures, partagees en Fedi, Hakh- tiari, Kuhgueki, Mamesenni. ( 412 ) BUI Notices sur les ouvrages offerts a la Societe de geographie dans les seances des 8 et 22 Janvier 1847-, par M. Roux nE ROCHELLE 4,'i Notice sur la situation acluelle de I'ile de Cliypre par M. de Mas-Latrie , . 8, .Sur la confi(;nration de Tile de Teneriffe — Extrait du Journal du voyage de Borda aux Canaries, en 1776, pour determi- ner la position et la configuration de ces iles 1,-4 Analyse des ouvrages offerts a la Srx ioic dans les deux seances du mois de fcvrier, par M, Daussy iiO Notice sur la vie et les iravaux de M. Da Cunlia Barbosa , secretaire perpetuel de I'lnstitut hislori-]ue et ge<^glaplliqlle du Hresil et correspondanl etranger de la Societe de ge'ogra- pliie , par M. le viromte nE Santahkm. ....... i4.'> ( A23 ) Ijisic lies piincipaux Mi'moiics, llinc'raiics, RL-lalioiis Ai- voyajjes it autres ilix iniieiits piil)lic-s dans les six pre- miers voInniM des Transarlions de I'lnsfitiit historique Pt jjeographiqiie du Bresil , par M. le vicDnite dk SA^- T*r.EM 137 instruclions pour le voyage de M. Prax dans le Saliara septen- trional , redigees par M. JoMAim 164 Notice siirles principaux ouvrages ou Mt'moires otferts a la So- ciete de geographic dans les seances des 5 el it) niais , par M. S. Berthelot 18.* Qufilijues remarques sur la carte de Teneriffe : j)ai M. S. R^n- THEIOT 'OI Rapport snr le eoncours au Prix annuel, pour la te de g"Oj|r.ipliie dans la seance du 18 juin 1847 .ii8 Mceiirs des Cafres .\niazoulous et Makatisses, p.ir M. Arlulplie Delegorgue de Uouai 3■>/^ Note sm- la carte d'Arabie puhliee en 1847 334 Barrage tlu Nd. — Extrait d'une Irtlrc du Minlsln' des Irax.iiix |iul>lics d'Kgypte a M .Iom villi 3.iK*' ;illff^*/fc, miiimLy s\ ( vnrK m'kciaxt: ..<;j!^ ir- 8r«» FARA.\ diiii.f la I'tiUft' ih's /'(litnu'fv , tin uH'ti (in .U'flmi v^v /four I irlturii,iM-nif/i/ Jf ia inaw sifita/U'/i d'apres M"^ It' Pn*f ".' Lfp.ftiL\' . I lltUf df //•'. -tith Ihiwifiiu ■ ■it'-" ,<.^ IV SUN A! (I'Ethani al llorrb l»V7 - •■V-. ( .• r 1 /'/iAV, rf -Raatr Ji* Iinulilrf ■ Iittrr-if^U'lHi .liimiVljIllM ti" ■■'J ii--,.|, (■\r,'IK SI'VU'IAI-K FAJiA.\ tH piid in Stria/ f,om- I'ttlMPtifiKtnl