^,C/3 g.A.SS. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGKAPHIE. TOMS IJL. Bl'HI'AU l)i: LA SOCIETE (elections Dli 30 AVniL iSlil.) Presitlfiil. yiie-Presidents Scnitcileiirs. Secretaire. M. le coiDli' >!oi.E, pair de France. I M. Drouy.n iJt Lhuts. I M. De La Roquette. i JI. Bajot. I M. Vauvii.liers. M. PoULAin DE BOSSAT. Liste (les Presidents /lonornires de la Socicte , depiiis son origine. MM. Le niar(|uis do Latlace. Lc man|iMS lie Pastorkt. Le Aironilt Je Chateai bhiand. Le cotiite CHAnnoi. dk Toi.vic. I5ecqi:ey. Le liaroii Alex, de Humboldt. Le comic Cdabroi. de Crousol. Le l)aioii C'jviEn. Le liaioii Hyde de Nm-villk. Le due de Doudeaumm.e. J- R. Eyries. Le conile de Rioky. DuwuNT DllnviLr.E. Le due Decazes. Con csponda n ts e ti -a ngei s MM. Le doclenr J. Mease, a l'l)ilaucl| llie. H. S. Tanmer, a I'hiiadrlpliie. W. 'VVoODBRlDGE, h. RoSlvJll. Le ll-ti)l. Edward Sabise, a LonJit-.'^. Lecoloiul ToixsETT, a \Va-liiiii;t()M. Lecol. d'Arrahamson, a (A)peiiliayue. J.e ni^ lesseiii' Schumacher, a Altona. Lc doeti'iir Reingashm ;i Rerliii. Le ca|iil. .sir J. Fkanklcn, a Loiidres. Le diKleiir Riciiarl-m>n, a I oiidiis. Le prolessiiir Rafn, a Copi-iihagiie. Le capitaiuc Gr/a'i, a Copeiihiii^iie. AiN>\vi)iiTH, a Ediiidionr^'. Le eou'ciller Ai>pitK HAi,Di,aVieniie. Le colonel Long, a Pliiladelphie. Le coDiie de Montalivet. Le 1)3101) de 1)Ara>-te. Le lieiilei]aiil-;;eiieial Pelet. Guizor. De .Salvawdy. Le baron 'I'lpisier. Le comle de Las Cases. Vir.i.EMAiN. CuN'N Gridaise. Lamiial haioii Roiissiw. Le viee-amiral liaioii ile Mackau. Le vire-aiiiiiid Hai.gan. Le baron Walckenaer. dans Vordre de I ear nomination. MINI. Sir John r.ARiiOw, a Lnndrcj. Le rapilaine Macokocihe , a Sydney. Le capilaine sir John Ross, a Londres. Le ciiii.seiller de Macedo, a Lisboiine. Le professiur Kari. Ritter, a Berlin. Le capilaine (r. Rack. F. I)LiiOi.si)E MoNTPEREUx.a ^feMeIlateI. Le cap. Jolin AVashington, a Loudres. P. DE ANGEr.is , .1 Riienos-A> res. Le di)eti-iir Kriegk. a Fraiicfoif. Adolpbe Krman. a Berlin. Lc diiCtinr W'APrAUs , a Goellingue. Le colonel Jackskj? . a Loti'lres. Le piince DE G ALII EiN, a St-1'etersbourg. Ferdinand de LiCA,a Naples. TaRI^. - MU'UI.MLltir DE L lIAiniNET, H 1 ra^ DE L\ SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Troi«iente ^^rie. ^omc ncuincme. /,r/>- ^ ^. ,:■ ?:-^ PARIS, CHEZ ARTHUS BERTRANi), LlUnAIRE DE LA SOCIlvTli DE G^OGnAPHIE, nUE lIAUVtFtUlLLE, n" a3. 1848. COMMISSION CElNTRALE. COMPOSITION DU BL'RliAU (Election du 1 janvit'i- 1848. President. M. Roux de RornEr.i.t fice-Presidnnts MM. I'oui.mn de Bossay, Dausst. Secretaire- general. M. Vivit:* uk Saikt-Martim. Section de Cones pondance. MM. Rajot. MM. C. Moieaii. Callier. ISoel-Desvergers. De Caslelnau. D'Orbiyuy. Cochelet. Roger. Giii^niaut. Texier. Liifond. De Sjiilareiii. Lt'bas Section de Publication. MM. Alliert-Montcmont. MM. Jnniaid. D'Avezac. Ladijucflle. Berlhelot. Lctroniie. CortambKit. Sedillot. De Froberville. 'renianx-Coiiiparn. Gay. Walckenaer. Imbertdes Mottelettes. Section de Comptabilite. MM. Ansart. MM. De Loveustern. I,e colonel Coraboeuf. De la Koquelle. Isaniljcrt. Tboiiiassy. Comite charge de la publication du Bulletin. MM. Albert-Monlemont. MM. Joinaid. D'Avezac. Poulain de I5ossay Corlambert. De la Roquetle. Daiissv. Roux de Hoclielle. De rrobiTville. Vicomte de Santarem, Guigniaul. Vivien. M. Chapellier, iiotairu, tipwrier de la Soriete. iiic Saiiil-Hoiioie , 370. M, >ioiii)t. .i};<'iit-i;f.iieral et bibliolhecairc dp la Soi iete, nic ile rUniver. tile, ai. I BULLiniN DE LA SOCIETE DE GEOGllA[iIIIE JANVIER I8Z18. PREMIERE SECTION. MitMOIMKS, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. RAPPORT SUK LE TABLEAU DES ETABLLSSEMENTS FRANCAIS EN ALGfiRIE. Messieurs, Un ouvrage que M. le Ministre de la guerre a bien voulu adresser a la Societe de geographie , nous lait connaitre quelle elail en 'I8/16 la situation des etahlis- sements IVancais en Algerie , et nous offre un precis des expeditions qui ont ele succossivement faites pour soumettre differenles Iribus dans les provinces d'Alger, d'Oran et de Constantino. A celte opoque Abd-el -Rafler se trouvait encore a la lete des insurreclions fornixes contre I'Algerie : il les provoqua, les soutint qiiand il out des forces, et les ( 6 ) abandonna lorsquil fill epuise. Mais bienlol il se por- tait rapideinent sur d'autres points : sa cavalerie pas- salt dun pays a I'autre; il ronconlrait des Iribus no- mades, sur lesquelles il exer^ait d'autantplus d'ascen- danl, qu'il pouvait se prevaloir du caractere religicux dont il elail vcvetu , et s'aidor du i'anatisnie de ses ])artisans pour engager de nouvelles hoslilites. Quel- quea uns de ses auxiliaires ont ele soumis par la force, plusieurs ont perl dans les combats, d'aulres se sonl volontairement rendus; et depuis I'annee 18^6, nous avons vu Abd-el-Kader, presse en nierae lemps par les troupes de I'empereur de Maroc et par celles de I'Al- gerie, mieux aimer se rendre a I'armee francaise qu'a celle d'Abderrabman. Avant cette epoque il etail notre ennemi, et Ton cbercbalt de part et d'autre tousles moyens de se nulre ; aujourd'hui robligatlon du vainqueur est d'etre genereux , et nous ne pouvons oubller que des egards sont toujours dus au malbeur. La reddltlon d'Abd-el-Rader est sans doiite le plus grand evenement de la guerre d'Algerle; elle avait ete preparee par une longue suite de combats. Aucun cbef arabe n'avalt ete plus focond en ressources et plus ob- sline dans sa resistance : son courage, son liablleti avaient longtemps brave la mauvaise fortune ; 11 s'etait souvent roleve avec une inlrepide audace , et ses troupes, qui avaient autrefois inonde le desert, se re- duisaienl a unepolgneed'liovnnieslorsqu'il s'est rendu. Si Ton remarque , en se reportant a I'^poquc ou il combattait encore, I'ensemble et les resultals de cette guerre, on \oll qu'cn iSliQ les territoires occupes par la conqufito s'etaienl considerablement agrandis ; qu'il s'y elalt foiuK' de nouvoaux etablissenients , que I'Alg^rie avait |ris plus de consislance, et que des (7) emigrants europeens on avaienl accru dc jonr en jour la population. Le nombre des troupes francaises employees dans I'Algerie s'elevait a 97 760 homines , et ceUii des troupes indigenes etait dc 7 0/|0 hommes. Des Iravaux de fortification ont ete executes, par le service du genie, dans la place d'Alger, dans les camps da Saliel , a Aumale, a Blidali , a Boufarik, a Koleah, Medea, Boghar, Mlliana, Teniet-el-Ahd , Cherchel , Tenes, Orleansville, Bougie, Dellis, dans les places de Constanline, Batna, Biskra, Setif, Philippeville, Bone, Guelina Djidjeli; dans les places d'Oran, de Neniours (Djema-Ghazaouat) , Arzew, Daia, Mostaganem , Ami- Moussa, Mascara, Tinret, Saida, TIemsen, Lella-Magh- nia , Sebdou. La depense de tons ces travaux s'ost elevee, en lSZi5, a la somme de 7 725 591 francs; et Ton evalue a 70 000 000 les depenses que Ton a encore a faire pour les completer. Plusieurs tableaux ofirent le releve des consomma- tions faites pour la subsistance des troupes en grains et en besllaux , ainsi que la quanlite des fourrages qui onl ete consommes. Dautres articles rendent compte de I'administra- tion de la justice, en matiere civile, commerciale et criminelle, de I'etablissenient des commissaires civiis, do celui des officiers publics et minisleriels dans les chefs-lieux de cliaque arrondissement. Les fonclions de ces officiers et de ces magistrals sont les memes qu'en France, et les memos codes y sont observes. A la fin de 18^6 la population europeenne de i"Al- gerie , dans les viiles du littoral, se composait de 107 168 ames, et dans les vllles de I'inlerieur, elle ( 8 ) ^tail de 18 925. On coinptait sur ce nunihre 59 863 Francais et 33 727 Es|)a;;nols; les Anglo-Maltais, les llalien.s , les Allomands elaient ensuite les plus nom- breiis, ct les aiilres emigianls venalent ile (liUV-reiites parties de I Europe. La population indigene s'6levait a 85 320 habitants, sans \ comprendre une autre j)opidalion iloltante, 6galementcomposee d'indigenes, qui ne se fixenlnulle part, et qui se rendent dans tons les lieux ou ils es- p^rent trouver quelque travail : celle-ci s'est (ilev6e , dans la meme annde, a 24 731 horames. On a forme dans TAlgerie un corjis de milice qui comprend 7 56i) homines dans la province d'Alger, 1878 dans celle de Constanline et 2397 dans celle d'Oran. Des compagnies de sapeurs-pompiers onl 6l6 6galement organisees dans les villus de chaque pro- vince. Ue norabreux hopitaux ont 616 6lablis : le chiffre des dec6s a diminue , grace aux soins donnas aux ma- lades, soil dans les hospices, soit a domicile. Le cours d'arabe litteral , que Ton a cr6e a Alger, n'avait encore en 1845 qu'une vingtaine d'auditeurs; on a etabli ensuite dans cette ville, ainsi qu'a Constan- line et a Oran , une chaire d'arabe vulgaire. II y avail en Algerie 95 6coles primaires, ou 5 250 enlanls recevaienl leur instruction. D'aulros ecoles communales et gratuites etaient elablies; on avail ou- vert des salles d'asile a Alger, Oran, Bone et Philippe- ville. Alger avail deux ecoles israiMites : une ecole maure IVauQaise avail 6l6 fondle pour les jeunes mu- sulmans; mais la population maure pr^ferait ses propres insliluteurs. Lne l)il)liolh6que commenc^e a Alger en 1835 s'est ( y ) accrue prdgressivemenl : elle renferme des imprimis, des manuscrils, des cartes, des plans, des colleclions d'estanipes. Des bibliothequcs nillitaires ont aussi ele dstablies dans les principales villes des trois provinces de I'Algerie. On a forme a Alger un niusee d'hisloire naturelle , d'inscriptions, de m^dailies et d'antiques ; d'autres musees se sent ouverts t^galement a Chercliel et a Phi- lippeville. On s'est rendu compte des principaux articles qui enlrent dans le commerce de I'Alg^rie. Des mines de cuivre et de fer ont ete conced^es, et Ton espere d'heureux resultats de leur exploitation. Les incursions des Aralies ont singulierement nui aux progres de la colonisation ; mais depuis que Ton a 6labli sur difFerenls points de nouveaux centres de population, la culture a pu s'etendre autour d'eux : elle est protegee par leur voisinage, on I'encourage par des concessions, par le bas prix des ventes et par les d^lais accord^s pour les paiements. L'ouvrage que nous avons sous les yeux donne un etat des princi- pales r^colles d^ja faites dans les nouveaux centres agricoles, des plantations que les concessionnaires ont faites, et du materiel agricole qu'ils emploient dans leurs travaux. La colonisation sur lo littoral n'a pas eu a vaincre les memes obstacles que dans Tinterleur, et la population s'y est rapidement accrue : sa position la met a por- tee d'etre plus facllement secourue ; elle offre de plus surs avantages a son commerce. Les pays que traversent de grandes lignes de com- munication atlirent aussi un plus grand nombre d'ha- bitants : les uns s'^tablissent sur la route de Pbilippe- ( '0 ) ville oil de Bono u Conslanline , d'aulros siir collo do Constanline a Setif, d'aulres dans la province d'Oran, ciitro cclto villo ot cellos qui unt etc londecs dans la inSnie contiee. De noiubreux details sur le sysleinc livgionique le plus favorable a la population de I'Algerie et le plus convenable aux colons qui viennent s'y etablir, soul donnes dans I'ouvrage que nous analysons; ct il ren- ferme aussi toules les notions stalistiqics , propres u fairo connallrc les nonibreuses rossources de co vasle tcrritoire, les moyens d'exploitatlon , les Irais des ouvriers a employer, les genres de culture et de veg6- taux qui meritent la preference. De grands defrichenients out cto entropris el elToc- tues par les troupes, et ils ont (biiuii'' de ricbes pro- duits. Get ouvrage indique les principales plantations qui peuvent le mieux reussir en Algerie, et il entro dans de nombreux details sur les soins qu'il faul donner a la culture du tabac, a celle du colonnicr, a celle da murier el a la production de la sole, a la culture du pavot somnilere, a celle de I'opuntia, a la recolte de la coclienille , a rcducation des abcille.s. II doniie dos explications sur I'invasion des sauterelles qui sont un des fl(^aux du pays, sur les ravages qu'elles commet- lent , et sur les moyens ot les procedes a employer pour leur destruction. Le gouvernenionl a cr6d quinze pepinieres en Al- gerie, elles sonl plac6es dans les principaux centres de population , el olTrcnt les moyens de crc^er des plantations foroslieres sur des Icrriloires qui en sont depourvus. Doja olles en oiil luuUipru'- io nombre , el Ton a clioisi pour cos pepinieres les essences d'arbres ( II )■ qui pouvaient le mieux rc-ussir en Algeric : on los na- turalise, on augmente la qiianlitc! -Tsze-K inn". I^e Joiinuil (le la Societe geograp/iuiiie de Lonr/res reiiferme , dans la seconde partie du XV II* volume , une reconnaissance dii cours du fleuve Vang-Tsze- Kiang, dopuis son embouchure jusqu'a iNanking , et depuis cette ville jusqu'au lac de Poyang. La moitie de ce travail fut effectu^e en 1840 et 18^2, I'autre moiti6 I'avait et6 en 181(5, sous la direction do lord Amherst, envoys en Chine comme ambassadeur. Remanjiies sur I'lsfhrne du Mont-y^f/ios. In m^moire public sous ce titre et compris dans le memo journal , confirme la veracite d'llerodote sur un canal que Xerces fit crouser a travers I'istlnno du Monl- Alhos, pour y faire passer sa flotte : co m^moiro est accompagne d'une carte oil les vestiges du canal sont indiqu6s. Exploration dans Vinlerieur de V Australie, M. le capilaine Charles Shirt a fait en 18Z|Zi et 18/i5 un voyage d'cxploration dans cette conlree. II partit le 14 aoilt d'Adelakle, situee pr6s de la rive orientale du golle Saint-Vincent : tous les hommes de I'expedition se r^unirenl a iVIoorundi . et romont^renl onsulte les bords de la liviore Murray, jusqu'a une des branches ( 27 ) (lu Darling, d^ja reconnu clans line exploration pr6- cedente. Jusque la leur direction avait et6 de I'ouest a Test : ils se port^rent ensuite vers le nord avec diff^rentes os- cillations vers le nord-est ou le nord-ouest, deviations occasionnees par les facilit^s ou les obstacles des mon- tagnes et des differents cours d'eau qu'ils rencontr6- rent. A la fin de I'ann^e lSh!l , ils s'etaient avances depiiis le 35^ degre de latitude md^ridionale jusqu'au 30^ : ils continuerent leurs explorations vers le nord-ouest jus- qu'au-dela du 25' degre , et comme ils ne voyageaienl qu'a travers des regions sauvages et sans culture , I'in- suflisance de leui's provisions ne leur permit pas de pi'olonger leurs decouvertes. Le capitaine Sturt dut re- venir sur ses pas avec tons les homnies qui i'accompa- gnaient : il regagna , le 20 decembre 1845, les bords du Darling, et un mois apr^s il etait de retour a Ade- laide : il avait parcouru , du niidi au nord , un tiers du continent d'Australie , et il avait recueilli dans son voyage tous les documents propres a laire bien con- nallre les pays qu'il avait visiters. Deja ce voyageur avait fait de belles decouvertes dans un premier voyage , entre le golfe Spencer et le lac Torrens : ses premiers succ^s font encourage , et ses secondes explorations sont plus importantes et plus etendues. Expedition de M, Ingram sur la cote occidentale d 'Afrique. M. le gouverneur Ingram, parti de iiathurst vers la fin de 18/|3 pour remonler le cours de la Gambie , avait pour objet special de conclure des traites de com- (28) nierce avec les diirercnts chefs du pays ties MancUngs : il a p^notre jiisqii'a '200 milles dans riiitcrieiir de coUe contrec, cl il a ol)scr\t'' los progres (jue les liabilaiils coinmencaienl a I'airo vers hi civilisation, progres qu'il faut aUribiior a lours rolalions avcc qucUjiics etahlisse- rnenls ciirope ns , et avec les noirs libores qui ont ap- porte sur cetU* cole quolquos gernies d'inslruclion. M. Ingram avail avcc lni dos inlerprelcs qui I'aidaient dans sa mission. II a Irouve dcs chefs mandin^s dis- poses a accLieillir sos propositions : il a conclu des traltes avec eux , soil [muu favoriser le commerce , soil pour abolir la Iraile , el apres s'elro avance jusqu'a Medina, il est revcMiu le "25 Janvier 18/|3 an port de Bathurst. Geographic nncicnne. dii (li'-pnrlriiicnt lack- wood, interessent particulierenjcnl les navigateurs qui se rendent de I'Australie orientale dans un port de rinde. Deux routes leur sont traci^es, I'une en dedans des recil's de la barriere, I'aulre plus a Test , enlrc ces recil's et la Nouvelle-Caledonie. L'une et I'aulre I'oute sont pour ainsi jalonnilies par ce capitaine, et il in- dique toules les passes a suivre enire les petiles iles de ces nombreux archipels. Exploration des ilcs ( i(ilap(("os. Cel arcliipel, silue sous ]'''(iual'jur, a 1^,|() Jiiues des IX. •'A>;viEn. ;>. o colos occidenlales tl'Aineriqiie , avail recu des naviga- leurs qui le dccouviirent lo i\om d'lles oncliautees : elles porlent partout des traces dc soulevenient , de coulees de lave, ct d'aulres matieres volcaniqiies. On rcmarijue dans leur nivelicment deux regions essen- tiellement distinctes : les plateaux superieurs sent plus huinides et se couvrent d'unc riclic vdgetation ; les parties basses sent plus chaudes, plus seches, el pen- dant 8 mois la vegelation y est suspendue. La quantite do tortues y etail immense; niais I'ac- tivile de la peche est tellement superieure ;'i leur re- production que cetle espece diminue de jour on jour. Ces lies ont ele longtemps desertcs : la peche y attira ensuite quelques families qui y residaienl lem- poraireraent; et enfin le gouvernement dc I'lvquateur y essaya (juclqucs plans de colonisation ; raais jusqu'a present ces 6lablissements fixes n'ont pas j)rospere. Ces parages sont IVc^qucntes par les baleiniers ame- ricains et par quelques anglais qui viennont y iaire la peche du cachalot : les habitants de%Sles Marquises et Taiti pourraient aussi etrc employes a ce genre d'exploitation. L'n certain nombre d'animaux utiles ont ^te iutro- duits dans les lies Galapagos, ot d'importantes obser- vations ont etc recueillies siu- In vegetation do col archipol, et sur les plantes etrangeres quo I'oii poui- rait V natiiraliser. Nous no terminerons pas nos notices sur quelques uns des articles insores dans le dernier nuniero des Aiinales niarilimes et commerciales, sans rappeler quo M. Bajol, connnissaire honorairo do la inaiino, best occupe pendant 32 ans de la diroclion do ce jj;raH et de Servie , et aux ports de Galatz et d'Ibrail, qui sont les entrepots des deux premieres provinces. On rend compte du commerce des lies loniennes, de celui dc Malle, de celui dcs l^tats barbaresques de Maroc, de Tunis et de Tripoli. ( -ii* ) Les tableaux cominerciaux que nous venous diudi- quer renferinent aussl un grand nombre de details sur les principaux produits nalurels et industriels des pays auxquels ils se rapportent D'autres documents ont 6te recueillis sur la legisla- tion commerciale de la France, de I'Angleterre, de la Belgique , de la Russie, des llllats-lJnis ; mais ces ques- tions sortent du cadre des tableaux donl nous avons a rendre compte. Collection geographique creee a la Bibliotheque. iM. Jomard, conservateur de cette collection, al'ac- croissement de laquelle il consacro tous ses soins , a publie sous ce litre une brochure ou il rappelle I'ob- jet que Ton s'est propose en creant un depot general de geographic , la necessile de lui assigner un local plus etcndu proporlionne a I'agrandlssement des ac- quisitions, et separe du depot des estampes, le hesoin d'attacher a cet etablissement un personnel plus con- siderable, et d'accorder une allocation de I'onds qui permette d'enrichir davantage les precieuses collec- tions d^ja form^es, soit par des achats, soit par des dons parliculiers , soit en rassemblant tous les nuniu- ments geographiques qui avaient ele reunis dans d'au- tres depots. In etablissement si [nopre a favoriser les progres de la geographie est bien digne ert effet de la bien- veillante sollicitude du gouvernement. Atlas general des phares et fanaux a /'usage des navigateiirs. La 21* livraison de cet ouvrage public par M. Cou- ( iO ) lier, lenlerme les phares de toiiles les cutes dii Dane- mark : elle se compose de quelques feuilles de teste cxplicalif, d'une carte g^nerale de ce royaunie, et de 1(3 cartes |)arliculieres et a plus grands points , ou Ton marque avec plus de details les sondagcs, les baliseset tous los signaux jiropres a guider les navigateurs qui visitent ces parages. M. Coulier rappelle dans chacune de ces cartes parll- culieres que ses plans onl 616 dresses d'apres des cartes danoiscs publiees en 1843, ou a peu pr6s vers la meme ej)oque, el il donno d'aulres explications sur lesdift'6- rentes autorit6s qu'il a consultecs ])our conslruire sa carte g^nerale. Ln si grand travail exigeait de noni- breuses recherches, et les services que M. Coulier a desire rendre a I'hydi'ographie et a la navigation des coles de Danemark, doivcnt elre d'autant plus appre- cies que ces cotes sont assez generalement basses , qu'on trouve dans Ic voisinage un grand nombre de bancs sous-niarins , qu'il est Ires important de les in- diquer et den laire reconnaitre les passes par des son- dages, el que les navigateurs ne peuvent y 6lre dirig^s que par l(!S I'anaux, les bouees et les autres indications mlses sons leurs yeux. Le Danemark et les differenles lies qui en font partie ollrent un developpement de cotes tr^s considerable : il est dovcnu necessaire d'y multiplier tous ces inoyens de surveillance et de securile, el le gouvernement veille avec un soin particuller a lenlrelien de tous los si- gnaux destines a lavoriser I'acces de tous les ports de ce rovaume. ( /ii ) Reiiiarques sitr In geographie el stir les principes a srin'rc pntir renseignev clans les ecoles nnrmales , par William Hugues. 11 est difficile d'assigner les limiles oil doit etre ren- fermee la geographie , loisqu'on la consideie dans son ensemble et dans son application aux differentes bran- ches des sciences quelle doil embiasser. La dt'leimination des latitudes el des longitudes exige des connaissances en malhemaliques et en aslrono- mie. II laut d'autres etudes pour a])])rendre I'art de dresser des cartes suivant differentes projections, pour rechercher les lois qui regientles mouvemenls de I'O- cean , et qui op^rent des mouvements analogues dans ratmosphire, pour expliquer les marees, et les cou- rants, les propriel^s de I'air, les vents reguliers , la difference desclimats, la geographic physique du globe, la distribution des aniinaux et des plantes, les inega- lites de la terre , ses montagnes, ses profondes vallees, ses regions terliles ou desertes, ses mers, ses lacs, ses rivieres, et les lignes de limites nalurelles qu'il est utile de consulter dans la demarcation des empires. Apres avoir parcouru les generalites de la science et celles qui s'appliquent au globe entier, on passe a la geographie des principales divisions du monde, a celle de I'Europe, de I'Asie , de I'Alrique , de I'Australie et de I'Amerique. (Ihacune de ces grandes regions de la terre se subdivise en plusieurs contrees quon doit etu- dier separement , et dans chacune de ces etudes locales et particulieres , il faut se rendre compte du degre d'industrie des habitants, de leurs progres dans I'agri- cullure et I'tiducation des Iroupeaux, dans les manu- lacturos , Tinduslrie et le commerce. ( 42 J II est utile de jolndre constaimneiU I'etude des car- tes a la lecture des descriptions : elie fixe mieux dans la memoire la situation dechaqueliou. II faut aussi avoir des cartes qui fassent connaitre un meme pays sous ses difTerents aspects. Les unes representent ses ri- chesses inineralogiques , ses forets , ses principales productions; d'aulres indiquent la variety de ses ma- nufactures, ses entrepots de commerce, ses demar- cations administratives, judiciaires , eccl^siastiques. II est utile d'avoir des cartes nniettes ou de simples lignes soient tracees, et d'apprendre a les remplir de tous les noms qui leur manquent, Les cartes en relief sont egalement n^cessaires a consulter : elles font mieux connaitre la physionomie d'une contr^e : sou- vent elles expliquent le genre de vie de ses habitants, les causes qui les retiennent dans la vie pastorale , celles qui les rendent agriculteurs ou qui les entralnenl vers I'industrie et le commerce. La description de la Terrc-Sainte doit aussi occuper une grande place dans celte branche d'instruction . et enlin il est utile de la faire suivre d'une liistoire de la Geographic, et des pro^res de ses d^couvertes depuis les premiers ages jusqu'a nos jours. On voit par ce resume combien de connaissances se lient a celle de la geographic lorsqu'on veut en em- brasser toute I'^tendue, et combien de lumi^res elle repand sur la physique du globe , sur la slatistique de chaque contree, sur I'histoire, dont elle estdevenue un des flambeaux. Kl!e met en communication tous les peuples, elle tend a resserrer plus ^Iroitement leurs lions, a faire circuler enlre eux les ressources dont chacun possede une partie , et a les enrichir tous par ces ^changes mutuels. ( hZ ) Geoginphie elemenlaire dr la l.oira-lnjerieure. Ln ouvrage public sous ce litre par MM. Le Sant et Verger, renftrme d'aborrl qiiolques nolioris pr6rnni- naircs sur la g^ofjrapliie, sur I'Europe, sur I'adminis- tration do Ja France : il passe h quelques "en^ralit^s sur le d6partement de la Loire-lrdVrieure , sur les ri- vieres qui I'arrosent, sur son clirnat, sa constitution geologique, ses for6ts, ses productions naturelles, son induslrie, ses manufactures, son commerce : il trace ensuite sa topographie, en commeni^ant par la descrip- tion de Nantes. Tous les grands itablissemenls de cette ville sont indiques : on rappelle les principaux 6v6ne- ments qui se tiouvent consignes dans ses Annales , et Ton donne sur les arrondissements , les cantons et les communes de ce d^parternent toutes les notions pro- pres k faire bien connaitre leur situation, jrurs res- sources, lour genre d'industrie. On peut rernarquer que la Loire, qui a donn<^ son nom k ce d^parlement. en arrose vingt-huit autres , qu'elle est le plus grand tleuve de France, que la na- vigation de cette riviere et de ses affluents doit contri- buer a ^tendre d'ann6e en ann^e I'entrepot commer- cial de Nantes, et la valeur de ses exportations. D6ji la population de cette ville s'eleve a prfes de lOOmille ames : celle du departement entier est de 517 mille habitants. C'est a 9 500 metres, a I'ouest de Nantes, qu'est situ^e I'importante usine d'Indret, ou le gouverne- ment fait construire des batiments a vapeur, ainsi que les machines qui leur sont destint'^es. La tourbiere de Monloir, dans I'arrondissement de ( AA ) Savenay, esl une des plus considerables de France, et une dc celles qui onl ete le plus anciennenienl cxploi- tees. 11 serait a desirer que dans chaque departcnient on publialdc somblables ouvrages de geographic elemen- taire, et qu'ils lussent egalement enrichis de notions precises sur ies principaux cvenements qui s'y sont ac- complis. II est pen dc provinces qui n'aienl cu leurs jours de ceicbrite , et qui ne inerltenl d'occupcr quel- que rang dans riiislolie. II est du devoir des genera- tions d'honorer la memoire de leurs ancelres, el cest un cuke filial qu'il esldoux de leur rcndre. Souvent il n'a manque a la renommee de quelques homines qu'un Ih^alre j)lus elenclii ; s'ils n'onl pas encore cu d'histo- riens, c'est a nous de proclanier Icur mcrite el leurs services. ^nnale.s de la Societe d'agricultnre dii dcparternent de la Charente. Les etudes agricoles ne sont pas assez etrangeres a celles de la geographie pour que nous puissions passer sous silence ce rocueil p^riodique. II nous entrelient d'une exposition d'horticulture faile a Angoulfime, of do dilTerents essaissur la naturalisation des plantes et sur le perfectionnemont d<; quelques races d'animaux domesliques. Ces lenlalives sont en "p;eneral favorisees ou repoussees pur la similitude ou la dilTerence des climats et des expositions. Si la geographie des plantes est ulilo a eludier. il on est de memo de cello de tons les etres vivants. CoUo connaissanco est utile aux agronomos : elle tend a les Aclairer surtoulesles experiences d'acclimatalion que ( '1'^ ) Toil j)cut laiif tivec quelque espt'ianct.' de succes . sui- tout lorqn'on a la precaution de les preparer, el de passer avoc lenteur d'une lemperatiire a I'autre. BuUetin special ilc r Insiiliiln'cc. Ce melange des etudes geographiqiies et des autres branches d'enseigneinent sc remarque aujourd'lmi dans toutes les maisons d'educalion. Cliaque nuniero du Bulletin special de V htstilutricc renl'erme un grand nombre de questions, soil historiques, soil geogra- pbiques sur lesquelles les eleves peuvent etrc inlerro- ges. D'liabiles professeurs donnent des lecons de ce genre ; et quoique la plupart d'enlre eux se bornenl a de simples elements, celte instruction premiere met les jeunes personnes qui la recoivent a portee de pro- fiter ensuite dans le mondo, de I'entretien des hom- mes instruils qui ont fait une elude parliculiere de la geograpliie , et des sciences historiques, physiques ou naturelles qui raccompagnenl. Histoire des progres de la geologle de 183/l a 18Z|5, par M. d'Archiac. Les progres que celte science a fails depuis 60 ans, sent dus en grand e partie au perfeclionnemenl des melhodes que Ton a suivies. On a beaucoup mieux connu les differentcs couches de la terre en les exami- nant dans les pays dc plaines et de plateaux, oii ces couches sont horizontales. Le travail de la nature s'y est r^gulierement fait, tandis que dans les pays de monlagnes qui se sont formes par soulevement , par dechircment et par des eruptions , la jiosition des cou- ( 'i6 ) dies a change; ellcs onl vaiie clans leuis inclinaisons; ellcs out rejetci sur los lils do sediment qui s'etaienl successivement formes plusieurs couches de terre , dc roches et d'aulres mindraux tonus en fusion dans I'in- tdrieur do la terre, et dobordant de ses grands arse- naux, ])our couler en lave, et se solidifier a la surface du sol. Les phenomenes geologiques ont pu, d'apres la dilTorencc de leurorigine, se partager en deux classes, puisqu'on a pu remarquer deux modes d'action dans la formation dc I'ecorce du globe : unc parlie des terres et des roches sont sodimcntaires, elles ont etd succes- sivement formees , elrenferment des dopouilles et des debris organiqucs appartcnant aux vegetaux et aux animaux; les autres roches sont ignees, et no renfer- ment pas les memes principes de vie. Dans les chapitrcs que I'auleur a consacres a la cos- mogonic et a la geogenie , il expose les diilerenls sys- lemes qui onl ete successivement proposes, mais ce ne sont que de simples li\polheses dont nous no se- rons sans doute jamais en etat de constater la certi- tude. Apres quelques observations sur la mesure dc la terre et sur les inegalites de sa surface , I'auteur examine la temperature de ses couches intdrioures, et les propor- tions suivant lesquelles elle augmente a mesure que Ton penetre a de plus grandes profondeurs : il s'oc- cupe ensuite dc la temperature due aux rayons du so- leil , de celle de la mcr, de cello de I'almosph^re. il passe au magnetisme terrcslre , puis a la geograj)hie physique du globe , a sa division en terre et en eau , au niveau, a la profondeur des mers et aux dilTereuLs phenomenes qu'i?lles pouvcnl offrir, au relief des con- ( ^^ ) tineuls el jtvincipalemenl a celui tits plus luiutes chai- ncs fie mtsnlagnes , a la tlt?j)rt'H.si()ii fie tjiiclques mors iiUerieuies, a la formation ties glaciers, aiix effetspro- duits par tie i^raiitles alluvions , aux tourbieres, aux lies de coraux et de madrepores, aux bancs (;t aux de- pots coquilliers. Les phenomines donl I'origine est au-dessous du sol sont ensuile examines, tels que les exhalaisons de dit- ft^rents gaz, les coulees de naphte, d'huilede petrolc, les eaux minerales et thormales. Celles-ci sont analy- sees avec plus de details : I'auteur en indique I'origine, la composition variee, et l^s s(d)stances qui entrant dans leur formation : il olTre un tableau des eaux thermales les plus connues, soit en France, soit dans les autres pays : il passe a I'examen des volcans qui sont aujour- d'bui les plus renomraes dans les difl'^rentes parlies du monde; il cite leurs principales eruptions, les con- trees voisines, ensevelies fjucltjuofois sous leur lave, les lies qu'elles ont accidenlellcment formees, el dont plusieurs ont ensuite disparu , tclles que I'ile Julia , entre celle de Pantelleria et la cote meridionale de Sicile. L'auteur observe les tremblements de terre qui ont caus(3 le plus de ravages dans tous les pays; il rend compte des diff^renlcs hypotbeses auxquellcs on a eii recours pour en expliquer I'origine, les oscillations, les secousses soudaines et irregulieres : il examine en- suite les soulevements, les abaissements tie territoire qui se sont opd-res graduellement et d'une maniere presque insensible sur dilferents points du globe, donl la suriace a ettl* plus ou moins modifiee par Taction du temps ct de la nalui'f. Ci't'st ici que se termine Ic premirr noIuuh' de cctlc ( 48 ) hisloire dc la geologie ; les trois autres volumes qui (loivent le suivrc no sont pas encore publies. L'etudfi (Ic la geoloiie touclio par lant de points a celle de la gefjgrapliie , que nous avons cru devoir don ner queique etenduo a cello notice sur le savant ou- vrage que nous venons d'iinaljser. Si nous n'avons pas eu a le laire connailred'une maniere encore plus com- plete, nous avons du moins iiidique Ics principales questions que I'auteur a tiailees ])lusspecialemenl, et qui nous paraissaienl lenir de plus pros aux travaux de noire societe. Le grand nombrede notices ct ilanalyses que ren- ferme aujourd'hui notre Bulletin , attesle de combien d'ouvrajfesnotre bibliotbeque vient de s'enrichir. Tou- tes ces pul)licalions onl leur degre d'interet, et nous nous altachons a le laire ressortir, Cliaque epoque n'cst pas egalement fecondc en decouvertes , mais on peut toujours en lirer qiielque sujet d'insliuction . et en considerant la geographic sous ses dillorenls as- pects, on agrandit son domaine, on le fertilise, ct Ton y trouve conslammenl (juelqucs friiits a rocueillir. Koix UE ROCIIKI.I.E. ( A9) LETTRE DK M. PRICOT DK SAINTE-MAKIK, (^l>l|■Al^F. r> KT*! -M \.inii , kn mission a um.s. luiiis, Ic I ;■> (li'cemliic 1847. Monsieur le President, Je voiis ai promis quelques details siir mes voyas^es, et jc ni'empresse d'etre fidMe a ines engagements. La course que je viens de terminer, pour etre de pe'.ilc duree, ne sera peul-etre pas la moins interessante. J'ai visite loute cette immense ])ointe qui forme co nous appelons le cap Hon , et donl la base s'appuieaux monlagnes qui, partant de Hannueii-el-Knf , vont ex- ])irer a Mamraamat. L'aspect du terrain, la naliae, indiquent que pri- mitivcment celle cliaine formait le bord de la mer. Djebel-Korbeuss , Ojebel-Rass-Addar, le mamelon de Bordj-Kelibia et les monts de la Zaouia , de Sidi Abd- l*]rralnnan-el-Ghra/,i elaient autanl d'iles ; un soule- vement cut lieu et ces points furenl unis; les coquilla- ges , d'epoque recente, qui Torment aujourd'hui les rochers des cretes , ne laissent aucun doute a cot egard. Les peuples les plus anciens dont on retrouve les traces sur cette terre, sontles Troglodytes. Deja dans plusieurs autres parties de la regence de Tunis , notamment a Chouceli . pres de Mezez-el-Bab, IX. TANVIEK. h. h ( so ) j'ai reconnu lours hiiljitations. C'elaioiit des cliarabres au\ proportions etrolles, semblables en pclil aux do- meures de nos paysans dans cerlaincs controes dcs Lords de la Loire; elles n'indiquaient d'aillciirs que de I'aibles agglomerations d'honimcs. Arrive au village de El-Haonnaria , sur Ic versant ouest de Djebel-Rass-Addar, dirigez-vous au nord , montez sur la berge clevee qui limite ia mor. La, de tous cotes, voyez dans le roc ces ou\ertures carrees, perpendiculaires, de 1 metre 40 cent. Avancez ainsi 1,500 metres , et une faiaise a pic de 15 metres d'ele- vation vous separe de la mer. Le terrain parcouru recouvre laville desTroglotlytes. Les ouverlures dOsien^es donncnt la lumiere aux ha- bitations soulerraines. Vous cherchez encore I'entri^e de celte cite singu- liere. Revcnez sur vos pas. Au centre du terrain par- couru , la roclie lait une depression a pic de 4 metres sur 30 metres de diamelre : la , a Test , une vnutc s'en- fonce en penle douce, et vojjs conduit dans une pre- miere chambre. La base forme un carre de 10 metres de cleiii ( iiitri' ('oiKhiisont dans les atilirs, ( oi ) puis vous parcourez uu vrai labjriiilhc, et il I'aut line connaissance pratique des lieux pour en sorlir. Revenu dans la grande depression designee sous le nom de la grande Cour, dirigez-vous a I'oucst, vous traversez un large passage creus6 dans le roc et tlit le Vestibule; la, a gauche, un etroit escalier descend dans un autre quartier de la ville. Tournez a droile, vous etes dansune depression seniblable a la premiere, mais plus petite ct dile la petite Cour. Toujours des habitations identiques. Continuoz jusqu'a la nier et vous aboutissez a un escalier taille dans le roc, et qui descendait au niveau de I'eau. En voyanl cette ville que nul auteur encore n'a de- crile et sa position au bord de la mer qui en fait un re- paire de I'orbans, on se denjande : Elail-ce una emi- gralion des Troglodytes de la Sicile et de la Sardaigne ? Etaient-ce des indigenes qui de la epiaient ies navires forces de rasercelte pointe avancee dans le s flolsl'Mais leurs embarcations, ils devaient done Ies soukver, Ies suspendre au nioyen d'engins , autrcment elles eus- sent ete brisees ? et il est liors de doute que Ies tlols leur etaient familiers. Autrement, pourquoi cet escalier taille dans le roc? On se deiuande aussi : pourquoi plutot ne s'etablirent-ils pas a un mille plus a I'ouesl. La est une petite anse^ une plage sablonneuse avec une source d'eau douce? Quelles etaient leurs niceurs, leurs habitudes? Rien dans leurs habitations ne renseigne a cet egard; point de trous creuses dans Ies parois. Cepentlanl la tradi- tion populaire pretend que chaque chambre etail uui- nie d'une citerne et dun silos. Cette ville porte aujourd'liui le nom de Grai-Mta- Dar-el-Amen. ( 52 ) II eii exisle cinq aulres souiljlal^Jes , iiiais inoins considerables , siir la route dc El-Haouaiia a Sidi- Daoud , jusqu'a Zaouit-Sidi-Abd-el-Radei-. La pre- miere est seule au boid de la iner, les aulres ccpen- dant n'cn sent eloignees au plus que de 3 000 metres. De El Haouaria a Zaouit-Sidi-Abd-el-Kader, il y a 3 000 metres. Ces antiquiles me semblenl dlgnes de I'intcrfit des savanls, et je crois devoir ^veiller sur elles raltention. Leur isolemenl a i'extremile d'un cap hors des lignes parcourues les a fait ecliapper aux explorations scien- tifiques el aux devastations; aussi est-il permis de croire que des fouilles jetteraient pcut-6lre quelquc jour sur les ten^bres qui enveloppcnt ces peuples. En quittantles entrailles de la tcrre et passant a une epoque plus recente, les ruines roniaincs surgissent de toutcs parts , mais la devastation ne les a pas cpar- gnees; peut-elre quand mes travaux seront termines, pourra-t-on, avec le secours des itineraires, retablir quelques cites. Nota. Deux inscriptions lapidaires , qui paraisscnt se rapporter a deux ;i!;(;iennes villes, se trouvaient placees a la suite de ce memoire; mais elles sont trds frustes ; et un certain nombre de lettres en sont si alterees, que la pluparl n'offriraient aucun sens. Quel- ques nouvelles d^couvertes permettront peul-6lre de les vestituer el d'en faciliter rexplicalion. ( 53 ) iNOTlCE SrR U^E inADLT.llO.N ITALIENNR DES VOYAGES I)E MARCO-POLO. Par M. VI!V«;KNT \.X7.\m. Le plus beau monumenl a eriger a la gloire des hom- mes qui ont agrandi par leurs Uecouvertes les progres de la geographic, est de multiplier la connaissance de leurs ouvrages, d'en facililer I'titude dans les diverses contrees du monde, et de les mettre a portee de tt'us les locteurs. La relation des voyages de Marco Polo a obtenu depuis longtemps cet avantage : aucun livre de cette nature n'a ^te plussouvent traduit dans les dilTe- rentes langues de I'Europe, et aucun voyageur ne m6ri tait, en efl'et, plus de renommee; soit que Ton considere les difllcultes qu'eut a sunnonter cet illustre Venitien, soit que Ion apprecie les nombreuses et itnportantes notions qu'il recueillit dans toutes les regions de I'Asie, ou il Cut successiveinent conduit. La m6moire de Marco Polo devait etre particuliere- ment lionoree dans sa patrie , el Ton vient de lui I'endre a Venise un hommage solennel, en faisant im- primer une traduction italienne de ses voyages, faite d'apres le raanuscrlt franrais, publie a Paris, en 182Zi, par la Sociele de geographie. Cette traduction et les precieux eclaircissements qui v sont joints sont I'ou vrage de M. Vincent Lazari ; ils (mt kite piiblirs par les solns de M. Ludovic Pa/.ini , membre et secretaire de rinslitul venitien ; et col ouvraue, donl le succts com- ( 5A ) moncc en Italic, doit utendre sa ceit'briit' dans les autres pays. La preface qui precede la traduction de M. Lazari prepare le lecleur a suivre avec confiance les relations de Marco Polo, a reconnaitre I'importance de ses remarques, la sincerite de ses r^cits , et a rendre un digno hommage au plus c^l^bre voyageur du raoyen age. Venise jouissait, vers le uiiiicu du trcizieme siecle, de toute la prosp6rit6 de son commerce. Son pavilion flottait sur toutes les cotes maritimes qui etaient alors connues. Celte ville cherchait a 6tendre ses relations a travers I'interieur des continents; et un voyageur qui penetrait jusqu'aux frontieres orientales de I'Asie , et qui portait son esprit d'observation sur tous les points propres a int6resser le commerce de sa patrie , rendait a ses concitoyens les plus (^minents services. Si nous avons cherche a faire apprecier, sous ce rapport , les relations de Marco Polo, et I'edition de la Societc de g^ographie , c'est sans doutc par ce motif que notre introduction, placee en tete de ce voyage, a 6t6 juge avec bienveillance par M. Lazari. Nous sommes flatt^s de son sudVage : nous sommes heu- reux de I'avoir precede dans i 'hommage rendu au grand voyageur; et si nous dilTerons dans quelques remarques purement litteraires sur la langue dans laquelle Marco Polo 6crivit ses voyages, cctte discus- sion incidente ne louche point au m^rite de I'lliustre Venitien et a I'interet qu'inspire la lecture de s^s rela- tions. M. Lazari, apres avoir d6vcloppe dans sa preface toutes les notions pr^liminaires qui peuvent nous faire apprecier le merite de Marco Polo et la confiance due ( 55 ) a son caraolere et ii ses ecrils, rommence la relation de ses voyages, qui se dlvisent en trois parties : la pre- miere s'applique a I'Asio centrale; la seconde au Ca- thay et au Mangi ; la troisieme aux contrees uioridio- nales de I'Asie et aux guerres des Tartares dans I'Asic occidentale. Comme I'edition de ces voyages, publiee en italien par Ramusio, renferme un assez grand nombre de pas- sages qui ne se trouvent pas compris dans I'edilion francaise, M. Lazari a cru devoir les rccueillir, et indi- quer les places ou ils doivent etre inlei'cales. II a joint a la suite de son texte un commentaire sur les difl^- rentes parties de cet ouvrage; une notice sur les ma- nuscrils de Marco Polo deposes dans les grandes biblio- theques de I'Europe, et sur les nombrouses editions que Ton a publiees. La traduction que vient de faire paraitre M. Lazari reproduit fidelement le texte frangais; et sans doute elle est plus commode et plus intelligible qu'un idiome encore intorme , qui , sortant a peine de la barbarie, n'avait qu'un petit nombre de regies inde- cises, et appartenait a I'enfance de la litt^rature. L'im- perfeclion de la forme ne pent que nuire au fond d'un ouvrage : les ^rudits en linguistique et en bibliogra- phic peuvent aimer a vaincre dc telles diilicultes ; mais elles fatiguent les lecteurs accoutumes aux beaux mo- numents de noh-e langue. Les commentaires de M. Lazari tendent generale- ment a expliquer differents points d'histoire el de geo- graphic : ils donnent un precis des ^venements de cette (ipoque , et renferment des notes instructivos sur les differents pays que la famille des Polo eut a traver- ser, sur FArmenic, la Turcomanio, Mossul , Bagdad, [ 5ti ) la Perse , Samarcande , Jes clilVerentes contrees tie la Tartaric, Ic Grand Desert , le Tangut, et jusqu'a Kara- coroun ou Kublny-Kan avait fix6 sa residence, Apres avoir rappele qiielques couturaes civiles el rcligieuses des peoples de Tartaric , le counuciitaleur passe aux exploits de Kublay-Kan en Chine : il decrit la splendeur de sa cour, ses voyages, qiu-lques uiies de ses institutions , telles que celles des posies et des courricrs, telles que la creation et I'emploi du papier inonnaye ; il parle de la distillation du ri/. dont on fait une liqueur ferment^e, de la culture et de I'usage du the, des. richesses minerales du pays, ct notam- menl d ; I'exploitalion de ses mines de charbon ; il determiiu- la situation des dilTerenles villes de Chine, dont les noms ont etc asse/. allures dans differentes relations pour rauser des euibarras et des meprises en geographie; et le memo genre d'observations s'ap- plique a la conti'ee du Tibet, qui lul assujeltie commo la Chine a la domination des Mongols. Toutes ces diflicultes geograpbiques ne sonl j)as ^claircies; et Marsd.n , lialdelli , Murray et le com- mentateiir actuel ne sont pas toujours d'accord sur les designations de lieux et sur leur emplacement. Apres avoir decrit le Tibet, le Birman et la plupart des provinces du Mangi, on passe aux expeditions mi- litaires et maritimcs , dirigees par Kublay-Kan vers le nord-esl, et jnsqu'au Japon , qui portait alors le nom de Zipangu. Si Marco Polo se h'ompo sur quelques details dans ses relations, leur ensemble s'accorde neanmoins avec les observations qui ont etc faites apres lui d'unc maniere plus exacte : il a trace la route que d'autrcs voyageurs ont pti suivre . et qu'il lour es( doviMui pins iVscilc do rortifior. ( S7 ) Les missions que Kuhlay-Kan avail confines a Marco Polo dans le vaslc empire ilu Mangi , liii donneroiit occasion d'en visiter les plus grandos cites : il par coiirut, on put connaitrc par des relations et des temoignages authentiques, toules les villes que Ton rencontre entre le fleuve Karamoran et les rivages orientaux du Mangi ; et il s'arrete particulierement a la description de la ville dc Ouinsay , qui surpassait alors toutes les autres en richesses et en magnificence. Dans la troisieme partie de sa relation, Marco Polo comprend tons les rivages de la mer des Indes qu'il cut a cotoyer, en quittant les plages orientales de I'Asie , pour venir en Perse et retourner dans sa palrie. II vi- sita quelques ports de la Cocliincliine, des iles de Java, d'Andaman, de Ceylan : il prit terre sur la cote du Malabar donl il observa les coutumes , se rendit dans le Guzurat , navigua vers I'occident , recueillit pres des marcliands arabes beaucoup de notions sur les coles orientales d'AIVique, depuis le cap Gardafui jusqu'a Quiloa etSolIala, et se dirigeant vers I'entr^e du Golfe persique , il terinina a Ormuz sa navigation. Ici commencent les relations de Marco Polo sur la grandc Turquie et sur les guerres dont elle ful le tbeatre, Cette |)artie de I'ouvrage a el6 publiee pour la premiere t'ois par la Sociele de geographic de Paris. Marco Polo appril sur les lieux menies nne partie de ces ev^nemens militaires; et il ne fut informe qu'apres son relour dans sa patrie de tons les I'aits qui suivirenl la morl de Caicatu, auquel appartenait alors la cou- ronne de Perse : ces dernieres notions etaient faciles a recueillir , et Venise avail de si fr^quenles relations avec celte partie de I'Orienl, quelle pouvait etre I'aci- lement instruito de toutes ses rc^volutions. ( 58 ) D'antres iletails sur les contr6es scptontrionalos, sur les guerres des Tartares du Levant, et sur cellos des Tarlarcs d'Occklent, contribuenl a uclaircir encore le texte de Marco Polo; et la traduclion italienne de ses re- lations se termine par quelques observations qui ne se trouvent pas dans I'edilion de Paris , mais que M. La- zari a empruntees de cellc de la Crusca. Quoiqu'il ait ote fidole dans la traduction du texte, la coupe des chapitres n'est pas constamment la meme; ils sont plus longs ou plus courts, et le tilre n'en est pas toujours indiqu6; mais ce sont la de le- g^res variantes qui n'ont aucune importance , et I'ou- vrago de M. Lazari nous montre que le grand voyageur veniiien a trouv6 un digne interprete dans sa patrie , et dans la langue perfectionneie que Ton y parle au- jourd'hui. ROUX DE RoCHELLE. ( 59 ) DEIJXIEME SECTIOIV. Aetes de la ISocicte. EXTRAIT DES PROCES-VERBAUX DES STANCES. PRfeSIDENCE DE M. RoUX DE RoCHELLE. Seance da 7 Janvier 18^8. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopts. M.Cortambert, membra de la Commission centrale, ^crit a M. le president pour lui faire connaitre les mo- tifs qui I'ont empeche depuis quelques temps d'assis- ter r^guliferement aux seances de la Commission. Parmi les obstacles qui I'ont retenu se trouvent les soins qu'il a du donner a la formation d'une Societe de professeurs , dont il adresse le reglement a la Soci6t6 de geographic. M. Vandermaelen ecrit a la Societe pour lui ofTrir, au nom de I'auteur, M. Van de Cotte, une carte topogra- pbique de la Palestine, accompagnee d'une notice his- torique, geographique et critique sur d'aulres cartes de celte contr^e. La Commission centrale prie M. Pou- lain de Bossay de lui rendre compte dc ce travail. (60 ) l^a (Commission conlrale . conformemenl a son r^- glemeiU , proccde an rcnonvellement de son hnreau , de ses sections oi du comit*'- dn Bulletin pour iannd'e 18 '1 8. Con/position du bnreait. Prdsidenl : M. Roux dc Rochcllc. \ ice-prcsidcnts : MM. Poulaln de Bossay el Daussy. Secretaire : M. \ ivien dc Saint-Martin. Seel i< III lie iorresi>nn2 ) toire, et s'allache a niontrer los secoux's qu'elle prete aux autres sciences exactes et naturelles. M. Poulain de Bossay, secretaire de la Soci6t6 , lit le proccs-verbal de la dernicre seance generale, et com- munique la liste des ouvrages deposes sur Ic bureau. On remarque parmi ces dons plusieurs des grands voyages publics sous les auspices des minisl6res de la marine, de rinstruclion puldique et des affaires ^trang^res , ainsi que la suite des publications des depots de la guerre et de la marine. M. d'Avezac 6crit a M. le president pour le prier de faire hommage a la Societe d'un volume qu'il a con- sacre a la description et a I'histoire des iles de I'A- frique , et d'une notice sur un Atlas manuscrit venitien de la bibliotheque V, alckenaer, ayant principalemenl pour objel la fixation des dates des diverses parlies donl se compose ce curieux monument de la geogra- phic du moyen age. M. le colonel Lapie fait hommage de la dcuxieme edition de sa grande carte de la Turquie d'Eurojie et de la Grecc , en 15 feuilles , et d'une nouvelle carte de la Turquie d'Asie, de la Perse, de I'Afghanistan, du Belouchistan et de la grande Boukharie , en (i feuilles. M. de la Roquottc fait hommage d'une description des colonies hollandaises dans les Indes orientales en 1792, par Ary Huysers. II offre, au nom de I'auleur, M. Frapolli, plusieurs notices extraites du Bulletin de la Societe geologique de France. M. Jomard offre a la Society : 1° de la part de M. Forchhammer, professeur a I'Universite de Kiel , une carte de la Troadc levt^c par IM. Spratt, et destinee a accompagncr I'ouvrage que ce savant va publier sur { 63 ) cette conlreo; 2° do la |iiiit de M. Bluniculhal , uiio carte coraplote des cheinliis di; icr de I'Europe dans leur etat acttiel et avec les voies projetees , ainsi que trois cartes dii Mexique , de I'Egypte et de I'Algeric , jointesala Bei'iie Biitaiinique ; 3° de lapartdeMM. Reni- bielinski etDiguoscyo, un plan geometrique deLyon, indiquant la distinction de toutes les proprietes. Le uieme mcmbre presente en son nom la planclie 58-59 des monuments do la geographic, et il commu- nique le plan du vdlage dc KalV-Azzaiat dans la Basse- Egypte, par M. d'Arnaud , avant et depuis sa recons- truction , ordonnee par Ic vice roi sur un plan general de reconstruction des villages de I'Egypte. M. de Froberville met sous les yeux de 1 Assemblee I'esquisse d'une carte de I'Alrique orientale , qu'il a dress^e d'apres les relations des indigenes, ainsi que plusieurs portraits des nalurels du pays. M. le president rappelle les noms des membres ad- rais dans la Societe depuis la derniere seance generale, et il proclame I'admission de plusieurs nouveaux mem- bres. M. Vivien de Saint-Martin, secretaire general dc; la Commission centrale, lit la notice annuelle des tra- vaux de la Societe et du progres des sciences geogra- phiques pendant I'annee 18Zi7. II passe d'abord en revue les propres travaux de la Societe , et les commu- nications de ses membres el de ses correspondants ; il presente ensuite une analyse des principaux voyages en cours d'execulion sur les divers points du globe , et il signale enfin les ouvrages geographiques les plus im- porlants , el les plus uliles aux progres de la science, publies dans le cours de cetle meme annee. M. le se- cretaire paie aufisi un Iribiit de regrets a la memoire ( 6/1 ) de deux des uieiiibr<;s tondateurs di- la Soci^ti; , MM. le baron Benjamin Dclessert el le chevalier Amedee Jau- bert; il rend le meme hommago a la memoire de deux coriesj)ondants etransers (le la SocicHe . M. le conite Gr.ibcrg de lloinsn, i-l Al. Jc j^eneral >isc<)nti. AI. de la Uoquoltc lit pour M. le comic de Casleluiiu, une notice sur son vovaj^e dans I'Anierique du Sud. Celtc nolico, dans laquelie le voyageur passe rapide- ment en revue les diverses contrees qu'il a parcourues, est ecoulec aver un vif interel par rAssemblee. M. Eugene de Froberville devait lire aussi une no- lice sur les mceurs , coulumes et traditions des Ania- koua, ct sur le commerce etia traite des osclaves dans TAfrique oiienlalc, mais I'heure avancee ne lui per- niet pas de faire cette lecture. Le meme motif empeche M. .lomard dc |)resenter des considerations sur les an- tiquiles americaines, au point de vue des progr^s de la geographic. y\. Roux de Rochelle, en I'absence dc M. le treso- ricr, lit le complc rendu des recettes et des depenses dc la Societe pendant I'exercice 1 8/16-1 8/|7. L'Assemblee avail a ])roceder a I'election de deux niembres de la Commission centrale ; ellc nonnne an scrutin M. le comte de Castelnau et M. Isidore Lowens- lern. La seance est levee j 10 heures et demie. Seance du 21 Janvier 18/18. Le proofs-verbal de la derniere seance est lu ct adople. M. Ic secrelaire donne comniunica liondu proccs- vcrbal de la derniere Asscmblee generale. ( 65 ) M. le niinislre dc la giicrro adrcsso ;"i la Socielt^ »m cxemplaire du labloau dc la situation des otahlisse- monts frangais er) yVlgeiic, |)oiir Tannee 18A5-d8i6. M. le prince de Craon , president, el M. Altaroche, secretaire du comite central de I'teuvre francaise du Mont-Carmel , remcrcient la Societe de I'interetqu'elle porle a cet etablissement, et du don qu'elle veut bien faire de la collection de sesmemoires et de son Bulle- tin a la bibliotlieque du Mont Carmel. M. Pricot de Sainte-Marie, capitaine d'etat-major, en mission dans la r^gence de Tunis , adresse a la So- ciety des details sur I'excursion qu'il vient de faire an cap Bon, et il y joint deux inscriptions qu'il adecou- vertes au milieu de ruines romaint^s. — Renvoi de ce document au comite du Bulletin. M. Daussj communique uneleltre de M. Hommaire de Hell, dalee de Tauris, le 8 decembre 18/17; ce voyageur annonce qu'il a explore le littoral occidental du Pont Euxin , qu'il en a visits les ruines el a recueilli tous les documents propres a eclairer la geographie ancienne etdu moyen age deces contrees. II a examine aussi avec soin la question des courants de la mer Noire el du Bospliore , et il en a fait un nivellement rigou- reux.La lettre de M. Hommaire de Hell, qui renferme, en oulre, des details interessants sur la suite de son voyage jusqu'a Tauris, est renvoyee au comite du Bul- letin. M. Jomard , d'apres une communication qu'il are- cae de iM. B^ke, entreticnt I'Assemblee au sujet dune idole africaine apportee du Congo, et provenant dun pays silu6 dans I'interieur^ une tres longue distance de la cote occidentale. Ce pays est occupe par une nation dite de couleur blanche. IX. JA1NVU;I1. ."), 5 ( ^^<3 ) iVl. do Castelnau pr^sonto a colle occasion quelqiies reinarques siir la coiileur plus ou moins i'onc«ie des Indiens qui so ri^gardont conimc de race noire ou de race blanche, el il penso que Ton ne doit pas y atla- cher beaucoup d'importance. 11 cile pliisieurs fails a I'appui de son opinion. M. Jomard donne lecture d'une lellre de J.-G. Col- lomb , ev6que , vicaire aposlolique acluel de la M6la- nesie et de la Micronesie. Cetle Icltre qui est adresseo a M. I'archev^que de Cliambt^rv, el qui conlienl des renseignements curieux surlesinsulaires, est renvoy^c au comil6 du Bullelin. Le meme membre annonce que M. Carmoly vient de terminer un travail sur Ic voyage de Benjamin de Tud6le; cc savant sc propose d'en donner une nou- velle edition avee un commentaire , et il ofTrirait son ouvrage a la Society si eile consentail ;'i 1 'insurer dans le Recueil de ses memoires La Society ne pourra for- mer son opinion qu'apres avoir pris connaissance du travail de M. Carmoly, auquel elle adresse ses remer- clments. M. Daussy communique une note sur les d^couvertes du docteur Rae, a la cote nord d'Amerique. Cetle note et la carte qui I'accompagne sont renvoy^os au comil^ du Bulletin. MKMKRES AU.MIS DA^S I,A SOCl^Tft. Si'iuircs (If Janvier 18/i8, M. le comle Alfred de Bbossard, secretaire de la Xi'.- gation de France h Santa-Fe de Bogota. \1. Artbur Jauge. M. Isidoro Araujo ni-: [jra , r^dactenr en clief du Din lit I lie In Marina de la Havane. ( 67 ) M. Frapolli. M. A. i)ii Lattrk, voyageiir naluraliste, M. P. F. G. Merruau. M, le cointe Auguste de Saint-Aigivan, pair de France. ODVRAGES OFFERTS A LA SOCIIiTli. Seance da 7 jaiU'ter 18/18. I'ar la societe geo/ogiqne de France : Histoire des piogT^s de la geologie de 183/i a 1845, par le vicomlo d'Archiac, tome 1", Paris 1847, in-8. Par /I/. J. Fan de Cotte : Carle typograpliique de la Palestine, dress^e d'apres la carte lopographique le- v(ie par le savant Jacotin ct autres geograpbes de I'ar- ni6e d'Orient; augraentee par Joan Van de Colte, cur6 a Sonnegbem, pres d'Alost. Bruxelles, 1847. — Coup d'oeil liislurique, geograpliique et critique sur des cartes topographiques de la Palestine , servant d'explication a cotte carte , par Jean Van de Cotte. Broch. in-8 , Bruxelles, 1847. Piir In coninu'ssioii kydroinetrique de Lyon : Tableaux de SOS observations de Janvier a aout 1847. Par les (uiteurs et ediWiirs : Revue de I'Orient et de I'Algorie, novembre 1847. — L'Investigateur, journal de I'institut liistorique , d^cembre , 1847. — Journal des missions evangeliques, decembre, 1847. — An- nales maritimes et coloniales, novembre, 1847. Assemhlee geiierale da 14 Janvier 1848. Par le nunistere de F instruction pnlilifjue : Description de I'Asie-Mineure, par Charles Texier (44" a 48" livrai- son ). — Description de TArmenie, de la Perse et do la Mesopotamie, par Charles Texier (19" a 21' livraison). (68) — Voyages dans lAmtlirique in(iritlioiialL' , par M. A. d'Orbicny ( 88' a 90' llvralson ). P(ir /<' niinisfere de la marine : Voyage au Pole sud et dans I'Oceanie sur les corvettes V Astrolabe ct la Zelee, sous Ic commandement de M. Dumont-d'Crville, alias d'histoire naturelle, zoologic (23° et 24° livraisons). — Voyage aulour du moiulu sur la corvette la Uonite, coinmandee par M. Naillant. Ilistoire naturelle (bota- nique), 12" et 13" livraisons. Par le depot de la marine : Cartes liydrograpliiquos publi(^os depuis le mois de mai 18^7, jusqu'au mois tU\ Janvier 1848. N" 1136, Carte des lies Shetland lev6e en 1833, par M. George Thomas; no 1137, Plans de Hillswick ou Lrie-Firth, de Balta-Sound, de I'entree de Scalloway et de Bressa-Sound ou Lervvick-Ilarbour; n" 1138, Carle generale des sondes d'atterrage des cotes occidentales de France et des cotes septenlrio- nales d'Kspagne, faitcs en 1828 et 1829; n" 1139, Carte de la partie nieridionale de la mer du Nord; n" 1140, Carle de la partie N.-O. des iles Mulgrave, Plan du [)()rt du Rliin (iles Mulgrave); n° 1141, Plan de la grande baie de Poulo-Condore ; n" 1142, Croquis de I'anse de Djemma-el-Gazaouet, Plans du port d'O- r;m , du inouillage de Tenez el du port de Cherchell ; n" 1143, Plan du port d'Alger ; ii" 1144, Plan du niouil- lage de Bougie; n" 1145, Plan du port de Gigelly, Cro- quis du ])ort de Collo, Plans du port de Bone et du port de la Calle; n° 1146, Carte des cotes du Chili el de la Palagonie occidenlale ; n" 1147, Carle |Kuticu- Here des delroits tie Singapore, Durian el Uhio. — In- structions nautiques sur la nier Rouge, parR. Moresby et K. Elvvon , hrocii. in-8", Paris. — Instruction pour na\igucr sur la cmIc seplentrionale du Bresil el dans lo ( 60 ) (k'uvc cics Ainazoiios, par M. L. Tardy de Montravcl , hr. in 8°, Paris. - Des onragans, tornados, typhons et teiiipetos, par M. F.- A.-E. Keller, hroch. in-S", Paris, 18/|7, — Annuaire des uiarees des cotes de France pour I'aii ^848, broch. in 1'2. P(ir le depot de la guerre : Carte lopographique de la France (11" livraison) , composeo des feuilles de Sainl- L6, Angers, Nevers, iled'Yeu , Chateauroux, Issoudun, Saint-Pierre , les Sables et Tour-de-Chassiron. — Cartes d^partenientales de I'Aisne , en 6 feuilles ; de I'Eure, en A feuilles ; d'Eure-et-Loir, en 6 feuilles; du Jura, en h feuilles; de I'Oise , en 4 feuilles; de la Haute-Saone , en li feuilles, de la Somme , en 4 feuilles. J^(ir M. !e colonel L(ij)ie : Carte generale de la Tur- (juie d'Europe et de la Grece, 2" edition en 15 feuilles. — Carte de la Turquie d'Asie , de la Perse , de I'Af- ghanistan, du Belouchistan etde la grande Boukharie, aveo une partie des Etats voisins, etc., en 6 feuilles. Par M. d' Jveznc : L'Univers pitloresque, — lies d'Afrique, 1 vol. in-8°, Paris, 18/i8. ^Fragments d'une notice sur un Atlas manuscrit vtJjnitien de la biblio- tlieque Walckenaer. — Fixation des dates des diverses parties dont il se compose, broch. in- 8°, Paris, 18/|7. Par DJ. de la Roqiiettc : "Beknopte beschryving der oostindische Etablissementen , etc. — Description des colonies hollandaises dans les Indes orienlales en 1792, jnir Ary Huysers, ancien negociant au service de la conipagnie hollandaise des Indes orientales, 2' edi- tion, suivi(> de la vie de Reinier de Klerk, gouverneur de rinde neerlandaise . par le uienie aulcur, Amster- dam, 17i)2, 1 vol. in-8°. l\ir I/. /,. Frapnlli : Ucflcxiiins sur la nature el sur (70) ra|)|)liralioii du caracterc giMtlogiquo , lirocli. iii-8". — Fails qui peuvenl servir a I'liistoire des depots de gypse, de dolomie ot de sel geraine, brocli., iii-8°. — Quclques mots a propos d'une carte geologique des collines suhliercyniennes, et essai d'une topographic geologique de ce pays, liroch. in-8°. Par M. Blufnenthtil : Carte generale deschemins do I'er executes, en construction et projet^s de I'Europe centrale, coiuprenant la navigation interieure , ies routes de Postes, etc., etc. Paris, 18^8, une feuille. — Cahler de d^cembre 18/i7 de la Revue britfuinir/iic, con- Icnant trois cartes du nifime aiiteur: carle du Mexique; carte de I'Algerie ; I'Egypte sous Mohammed-Ali. Par MM, Reinbielinski et Dyiioscyo : Plan lopogra- pliique de la ville de Lyon et de ses environs, Paris, 1847, une feuille. Seance da 21 jatwier. Par le Miiiistere de In guerre : Tableau de la situa- tion des etablissemcnts francais dans I'Algerie. I vol, in-fol. (1845 — 1846). Avril 1847. Par la Societe libre d' emulation de Rouen : Bulletin des tiavaux de cette Socic^te, annde 1846-1847. Par Ies Juteurs et Editeurs : Recuoil de la Societe polylechnique , octobre et novembre 1847, Bulletin special de I'institutrice , Janvier 1848. Parle gouvernement britannique : Observations made at the magnetical and meteorological observatory at St. Helena; pi-inted by order of her Majesty's govern- ment, under the superintendence ol Lieut-Colonel Kdward Sid)ine, of the royal Artillery. Vol. \. — 1840, 1841, 184'2, 1843, with aijstracts of the observations Irom 1840 to 1845 inclusive. London 1847. 1 vol. in-4°. ( 71 ) Par la Societe royatc de Londrcs : Philosopliical tran- sactions of the royal Society of London for the year 18Zi7. Part I et II. London 18Z|7. 1 vol. '\n-!\. — Procee- dings of the royal Society n"' 67 el 68. In-8°. Par la soc/ete royale (i' Edmbitrgh : Transactions of the royal Society of Edinburgh. Vol. XVI , Part III ; vol. XVII, Part II. Edinburgh 1847. \x\-h\ — Procee- dings of the royal Society of Edinburgh, n°' 29 ct 30. Par V Academie royale des sciences, arts el belles-lettres de Caen : Memoires de cette academie pour rann(!'e 1847. 1 vol. in 8°. Par don Jose Marin de la Torre : Mapa historico pintoresca rnoderna de la Isia de Cuba, 1 feuille. Mapa historica-pintoresca antigua de la Isla de Cuba, 1847. 1 feuille. Par M. le chevalier de Parai>ey : L'Amerique , sous le nom de pays de Fou-Sang, a-t-elle ele connue en Asia d^s le v" si^cle de notre ere? — Nouvellcs preuves que le pays de Fou-Sang, mentionnt!! dans les livres chinois , est I'Amerique. '1 brochures in-8'', extraites des annales de philosophic chretienne, 1844 et 1847. Par les aitteitrs et editeurs : Annales de la society d'a- griculture de la Charente , mai et juin 1847. — Revu(> del'Orientet de I'Akerie, decembre 1847. — Journal d'education populaire, novembre 1847. — Journal des missions evangeliques, Janvier 1 848. Par le ministere de V agriculture et du com merer : Do- cuments sur le commerce ext^rieur (n" 386 a 397). Par la Societe royale geographique de Londres : The Journal of the royal geographical Society. Vol. XV III. Part II. In-8". Par M. A'upff'er : Annuaire magnclique et m^teoro- logiquo (lu corps des ingeniours des mines de Russio, ( 72 ) ou recueil d'observallons niagiieli(|iK's et melt'Diolo- giques laites duns relcmliic do reinpire di- Russic, el publiees par ordre de S. M. remporeur Nicolas, sous les auspices de S. E. M. de Wronlchenko . ministre desfinances, par yV. T. IvupQ'or, dircclcur des obser- vatoires niagniliques des mines. iShfi. 2 vol. in-/i°. Par M. Sedillnt : Prol^gom^nes des tables aslrono- miques d'Ouloug-Beg, publics avec notes et variantes, et prec6d6s d'une introduction. Paris 18/i7. In-S". Par iV. le pro/esseiir Zeiaic : I eber Scba;delbildung zur festern Begriindung der Mcnsclienrasson. — Sur la forrac des cranes, comme base de riiistoire naturelle des races huniaincs. Berlin I8/1O. Broch. in-8". Par M. Hughes : Remarks on geograpliy as a branch of popular education , chiefly \vith reference lo the principles upon which it should be tauglit in normal schools, London, 18A7. Broch. in-8''. Par M. Lafond : Etudes sur I'Amerique espagnole, sous le rapport du commerce maritime de France. Broch. in-8°. Pur M. E. TkoDius : Geographic anclciine du di'-par- tement de I'Herault. Broch. m-h". ~ Dissertation liis- torique sur la mer Erythr^e oumer Rouge. Br. in-Zi". Par M. Robert Gityard : Memoire sur I'origine des mines dc Palmyre et de Baibeck. Paris, I8/18. Br. in-Zi". Par M. Lahure : Rapport fait au conscil general du departemcnt de la Seine sur I'amelioratien du cours de la Bievro. Paris, '18/|7. Broch. in 8". BULLETIN 1)K I.\ SOCIETE DE GEOGIIAPHIE. FliVRIKR I8/18. PREIUIERE SECTION. MKMO(ni:S, ['.XTRAITS. ANAI.YSKS ET RAPPORTS NOTES SIR LES ILES DE L'ARCHIPEL DANGEREIX, t;OMMrKtQ(lKES A l.\ SOCIKIK DK OKOOnAPMIK Par M. ARMAND-MACRtC, Cupitnine an Ion;]; cours. M. Mauriic a cnvoj6 a la Societe de geograpliie I'ex- trait du journal d'un voyage dans TOceanie, fait en 18A0, ainsi qu'une carte de Tarchipel Dangeroux, ac compagnee d'un caliier de notes : la Socielti a place dans ses archives los precieux documents qui lui ont ete communiques par M. le capitaine Mauruc ; mais elle a cru devoir inserer dans son Bulletin Ics notes sur les lies de I'archipel Dangereux, parce qu'elles donnent des renseignements qui pourront elre utiles aux navi- galeurs qui frequenteront cet archipel. On a laisse les positions telles qu'elles avaienl (He donnees parM. Mau- IX. f/-:\rikk. 1. tj ( n ) rue, c'est-^-dire se rapportant au mt-ridien de Green- wich ; mais on a mis en note les positions du milieu de ces memes lies prises sur la carte n" 9S5 de I'llydro- grapliie franraise , dont le titre est Carte des archipcis Taili, Poinotou, Aou/ia-Hiva, etc., dressee eii l8!lZ /xii M. Vincendon-Dnmoulin , ingenieur hydrographe. P. D. La latitude et la longitude de chaque ile ne figurant que pour les reconnaitre au premier coup d'ceil, nous nous sommes contentes de la donner approxitnative- ment. Quant a la longitude, elle est a I'ouest de Green- wich. lie Series (Apoucaroua), environ lat. 18" 25' S., long. 140° 10' 0. (1). Elle est tr^s basse ct renl'crme un lagon dans lequel il n'y a pas de nacre. Toute la parlie nord est assez bois6e et aux pointes est et ouest sont deux louflVs d'arbres assez eleves. De loin en loin on apercolt quelques cocoticrs sur la partic du nord : celle du sud est formee par un recil coupe par de pclits ilots epars et peu bois(^s. II n'y a aucune entree pour cominuni- quer dans le lagon, meme pour le plus petit caiiot, et on serait forc6 de le porter a bras par dessus les riiciFs si Ton voulait s'y rendre. Cette lie est habitee par lui peuple doux, mais dont 11 faut neanmoins se mefier quoique le nombre ne s'en cl^ve pas a |)lus de cenl. Nous y avons louche deux fois et nous avons eu occa- sion de rencontrer dans une autre ile un naturel de celle-ci que le vent avait surpris en mer et entrain^ a plus de iO lieues dans Ic S.-O. Nous avons queslionn^ les habitants sur I'existence des iles Minerva el Cler- (i) ile Series, i8" a5' S., iSg" 28' O. dp Paris. ( 75 ) monl-Tonnerre (1), situees iin j)eu plus a Test; deux fois differentes nous avions el6 rcconnaitre ces iles dans le seul but de lever le doute ou Ton est a leur ^gard , et cbaque fois nous n'en avions rencontre qu'une : il nous a et6 repondu qu'on n'en connaissait pas da- vantage. Nous avons su aussi qu'elle est liabitee, mais nous ne I'avons pas cotoyee de Ires pr^s. Son aspect est a peu pres le nieme que celui de Series. He anonyme (2), lat. 17° S., long. 138° 0. EUe est basse. On dit qu'elle est habitue, mais par trfcs peu de monde. Nous tenons ces details de quelques naturels qui ont navigu6 avec nous. He bog ou Doubtful (3), IZjo 50' S., 138° AO' 0. Les memes naturels que nous avons cites a I'article pre- cedent, nous ont dit y avoir toucli6 pour y pecber quelques tortues. C'est un rocber aride. He San-Narcisso [h] (Tatacoto), lat. 17° 20' S,, long. 138° 30' 0. Ti'es basso et renfennant un lagon. La partie nord est boisee; Ics cocoliers y sont abondants; la partie sud n'est presque formee que par un recif. Nous sommes restes deux jours entiers a cotoyer cette terredansl'espoirde communiquer avec les babilants; mais ils nous ont paru trop dangereux. lis avaient d'ailleurs atlaque , il y a environ un an, les embarca- tions d'un capitaine que nous connalssons depuis nombre d'annees. Malgr6 cela, nous croyons qu'avec de la patience et des precautions on fmirait par en- (i) Clermont-Tonnerre, i 8* 35' S., 138° 3;' O. (2) Cetle ile n'existe pas sur la carte de M. Dumoulin; elle ii'a pas ete vue par M. Mauruc; ce n'est qu'un rensei{;iienient tlonne par les naturels, par consequent tres douteux. (3) L'ile Honden, lat. 140 62' S., i4i° n'O. (4) lleNarcisse, 17" ai' S., 140° 45' O. trclenir qiiolqnos relations avoc oux. II nous a etti im- possible lie savoir si lo lagoii lenrorine de la nacre, car iiousn'avons vu auciin ]iassage pour y communiquer, ct il eUt etc imprudent de nous cxposcr a passer I'em- barcation par dessus les recifs, car nous cussions (He inrailliblement altaques. Nous supj)osons que la popu- lation s'elevc a environ 200 ames ; elle parait 6tre guerriere, car nous avons 6te defies souvent au combat. Les femmes cependant paraissent Ires douces. I/e Quern Charlotte (1), lal. 19» 20' S., long. 138» 12' 0. Basse. Elle est babitc^e. He Wethmon (2), lat. 19" 27' S., long. 138° 8' O. Basse el babit6c. He Esmond (3), lat. 19" 23' S., long. 138" 40 O. Basse et renfermc un lagon elendu. On dit que le peuplft en est dangereux. L'ayant apercue tres peu de moments avant le coucbcrdu soleil, nous remimes au lendemain pour la visiter. Mais au point du jour en ayant reconnu une plus oucst qui n'^lait pas portee sur la carte , nous nous sommes diriges dessus. He lies Trois cocotiers [h], lal. 19° 18' S., long. 138» 50' 0. Elle est tr^s basse et tres petite. Elle est sinon loujours peuplee au moins accidentcUement, car lon- geant la partie nord , a un jet de pierre , nous avons vu quelques cases, plusieurs pirogues et memc des lam- beaux de lilets. La vigie a cru apcrcevoir dans le laillis deux ou trois bommes qui se cacbaient. Nous suppo- sons qu'elle ne renfermc pas de lagon. (i) i9» iG'S., i^o- o' O. (a) WliitMin.lay, 19° ^5' S., l4o» r)5' (>. (ii) I-:;;inoiit, 19" ifS., l{l'34' O. (.() Celle ile i-sl iioiivclli'; cllf .1 ('ii- poi li'-i- siir la rstle, \y.w $a laii- tii.lc, H)° 18' S. il li/;< I'O, rl(' I'ili- Kj;riioiit. ( 77 ) lie ilcs (Jnatrc Facardins 1 , hit. IH" /lo' S., long. 139° O. EUe est basse el ronlerine un ]ai>oii. D'apres quolques rapports nous la croyons habilee. He des Landers (2), lal. 18" 35' S., long. ISO" 22' O. Plus elevee que la prdicedenle , inals tres petile , inha- bilee ct ne renlerinant pas dc lagon. Nous I'avons co- toyee de tr^s pres dans la partie ouest. Nous y avons vu quelques toiilTes d'assez beaux arbres niais pas de cocotiers. A rile ilarpe , j'ai rencontre deux indigenes, un honnne et une femme , du petit groupc dont je viens de parler, qui, a des epoques bien differentes, y avaient ete jctes par les vents, en se rendant d'une ile a I'autre. De tous les renseignements que j'ai pu recueillir d'eux, car quoique dislants d'environ 40 lieues de ladite ile Harpe, ils s'entendont a peine, j'ai conclu qu'une partie de celte ile renferme de la nacre, que Ion peul mouiller en surete a I'une d'elles, voisine de celles ou Ton peclie, et que les habitants y sont Ires doux. Le jeune homme qui depuis environ quinze jours seulemenl etait arriv(^, avait err6 deux jours a I'aventure en pleine mcr, sans boire ni manger, sur une pirogue que j'ai vue et dont on ne peutse figurerla petitesse, cherchant a se sauver d'un massacre que quelque peuplade, qu'il dit ne pas connailre , etait venue faire chez lui, etant descendue a la faveur de la nuit. Ile Prince de JoinvUle (Cainga) (3i, lat. 15° 48' S., long. 139° 50' 0. Elle est basse et renferme un lagon oil probablement on trouve de la nacre, car les natu- rcls en portaient pour orncment. Nous n'avons apercu {X) .8. 44'S.,.4i"4'0- (2) i8"3rS., 141° 26' I). (3) P.ed|.iiatie, i5" 56' S., 143" 35' O. ( 78 ) aiiciiii passage pour y couimuiiitjuer meme avec dos embarcations. Elle est a peu pr^s seml)lal)le aux pro- c^dentes; on y voit des cocotiers, inais ils n'y sont pas tres abondants. Cependant n'ayant visits scrupuleusfi- mcnt que la partie nord, nous n'osons nous prononcer aflii maliveuient pour ce qui concerne les auties. Nous decouvrlmes cette ile le 1838. En chfrchant a Her des relations avec ses habitants, il nous aiTiva una aventure quil seraittrop longde rap- porlcr el qui nous fit craindrc un moment pour la vie de quatre de nos hommes, indigenes d'iles deja civili- s^es et qui ^taient embarqu^s a notre bord comme plongeurs. Notn. Possedant plusieurs cartes de I'arcliipel Dan- gereux, mais non celle dress^e par M. Duperrey en 1824 , el ayant recueilli sur ces parages une foule de notes dont aucune ne nous avait apj)ris I'existence de cette lie, nous la considerions comrae decouvcrle par nous; mais environ six mois apres nous fiimes a meme de reconnaitre qu'ellt- etait connue depuis plusieurs annies et au moment m6me ou nous ecrivons, la carte de M. Duperrey en main, que nous ne sommes p;uvenu a nous procurer enfin qu'a cette meme epoque , nous y voyons port^ , a trfes peu pres par cette m§me situa- tion, I'ile Predpriati6 que nous supposons 6tre la mSme que la notre. f/e Desnppomfement (1). N'a pas ^t^ vue, est indiqa6e ici d'apr^s le routicr russe a grand point de M. de Kru- senslcrn. I/e Jrackshe/f [XatSLO ou Nanatao fr. Maroupo) (2). Conforme , au premier aspect , a Cainga. Les natu- (i) Desappointeineni, i4° i5'.S., i43''38'0. (j) Araktcheef, i5' 5a' S., i43° la'O. ( 79 ) rels nous onl dil qii'il y avail de la nacre de perles dans le lagon et qu'ils cultivaient a terre du Tarro, espece de tubercule d'un tres bon gout et ires nour- rissant. Apres deux heures de pourparlers et une infi- nite de cadeaux de notre part, a environ un mille au large, nous fumes attaqu^s a bord par une trentaine de ces insulaires montant sept ou huit freles pirogues et nous eilmes un homme l^gerement bless6 a la main d'un coup de lance. Indign^s, nous flmes feu d'un seul fusil de cliasse charg^ de gros plomb de loup, qui tua un de ces sauvages et en blessa un autre. He Moller on Fnyant ( Amanac) (1), lat. 17" 45' S., long. 140" 40' 0. He Harpe ou Bow (Eaoo) (2), lat. 18» 12' S., long. 140° 45' O. Ces deux iles sont tres basses et renferment un lagon. Dans la premiere il n'y a pas de nacre. Nous en avons pechd- six fois differentes dans la seconde depuis I'annee 1831 jusqu'a ce jour. La premiere est un peu plus boisee que I'autre et les cocos y sont moins rares. La partie Est de la seconde est plus boisee que son opposee. Dans I'O.-S.-O. environ de la premiere, est une petite passe ou des embarcations ne courent aucun danger, et dans le N.-O. de la seconde est aussi une passe Ir^s etroite ou Ton trouve cinq brasses d'eau dans le chenal de pleine mer, par oii I'on pent com- muniquer dans le lagon. Le courant y est parfois si violent qu'il y aurait le plus grand danger a s'y engager de jusant. A moins que la brise ne soit fralche et trfes largue , on doit attendre le flot pour entrer. Faule d'avoir pris ces precautions, nous nous sommes vus (i) Moller, i7°5o'S, 1420 .58' O. (2) Heao (la harpe), i8* o' S., 143° o'O. ( so ) dans la uecessile dc mouiller deux I'ois dans la passe, d'y rester toiile une marec et d'en apparcillcr a une heure de la nuit pour donner dedans. II est vrai que nous avlons fait alluiuer des I'eux sur chaque bord el que nous avions plusieurs des insulaircs a bord. Lcs peuples de ces deux lies sent tr6s doux et lies unis entre eux. lies Cumberland, Gloucester ci Letho (1), de 19° 15 a 19"> 35' de lat. S. et de lAO" a 1Z|0« Zi5' de long. 0. Ces ilcs sonl pelites, basses et renferment un lagon dans lequel il n'y a pas de nacre. II n'y a dc cocoliers dans aucune d'elles. Kllcs sont liabitees. Mous avons conlournc en partie et visile les deux dernieres. Devant Gloucester ol lout au plus a 1/3 dc mille du rivage la I'oudre est lombee a bord. He Prince W. Henrys (2), lat. 10" 15' S., long. 141° 15' 0. Semblable en lout a ses voisiucs, on la dit inhabitee ; cependant nous y avons apercu du leu en la cotoyanl. Peul-etre, au resle, et ce cas est tr^s coniniun , ceux qui s'y trouvaient n'y 6taient-ils que passagercnient. Nous ignorons s'il s'y trouve des co- coliers cl de la nacre, ne I'ayanl cotoyee que de nuit. He Lostanges (3) ( Negon«^go ouTekou), lat. 18° hh' (i, 2, 3) Sur la caitL' dc M. Dttinouliii , il y a i|u(?l(]ues differences sur la position des lies doiit les iioiiis se rapjiorlciit a ceux cite's ici par M. Maurue; ain^,i, au iieti des trois iles Cumberland , Gloucester el Letlio, dont M. Mauruc a vu les deux dernieres, on ne trouve sur la carte que I'ile Gloucester (ly" i' S , et i43° o' ( ) ) qui puisse s"v lap- porter, altundn (jui- I'iii! nonuiiee Cumherlani! (i;)" ii' S. et \.\?i" 3' O.) coiuciile seiisiblenient avec I'ilc W. Ilinrv de M. Mauriic, cl rile de \V. Hem v de la carti- (l8" f\' S. cl i { f " ci iS'S., long. 1Z|:1° A5' 0. Basse et renfermant un lagon. Pas de nacre. Des cocotiers en assez grand nombrc. Passe dans la partie de I'E.-N.-E. et une dans celle dc I'O.-N.-O., mais seulement pour des embarcations. Nous ne I'a- vons pas vue d'assez pres pour en rien dire par nous- niemes. Nous ferons au sujct de notre prelendue d(^couverle de cette ile les memes remarques que nous avons faites sur celle noinmee Cainga. Ile Wolsckenskj (Tacoumi) (3), lat. 15° 45' S., long. 142" 10' 0. Basse et renfermant un lagon. Peuple tres doux et peu nombreux. Pas de passage pour commu- niquer dans le lagon. La nacre y est assez abon- dante. (i) 17" :!()'S., l43" 46'(>, (2) Good-ilojie, ifJn 48' S., 140" 55' O. '}) 1 5" 48' S., i44-'3u'(). ( 82 ) He Barclay ile Tolly (Roroia) (1). Semblahle i sa voisine mais plus 6tondue. Pcu ou point de nacre; quelques cocotiers. Pcuple doux et pen nombreux. L'ne passe (nous ne saurions fixer approximativemenl la partlo oi'i oUe se trouve) dans laquelle peuvent s'en- gager sans dangei- de tr^s grands navires. lieaucoup de requins dans la baie ; mouillage silr. Nous avons coininuniqu(^ sculement avec les insulaires de la pre- miere, Ile Margaret (Niliirou) (2). lat. 16° 40' S., long. 142° (45' 0. Tr^s basse et renfermant un lagon. Pas d'entree, Ln pcu de nacre. Quelques cocotiers. Tres peu de peuple, mais assez doux. Ile Doubtful (T6cocota) (3), lat. 17" 20' S., long. Ii2° 35' 0. Tres basse et renfermant un lagon. Ile ScouSrou (4), lat. l7o 35' S. , long. 1/|2" 45' O. Tres basse et renfermant un lagon ; une tr6s petite passe pour y communiqiier avec une faible embarca- tion ; de la nacre; pas dhabitants qui y soient fixes. Ilex Tivo-Groups (Morocao, Raouwah^re) (5), lat. 18° S., long. 142" 30' 0 Tres basses et renfermant chacune un lagon. On peut communiquer dans le pre- mier avec un canot par un petit passage silu6 dans sa partie E.-S.-E. On y irouvc de la nacre. EUes sont separ^es par un canal qui se r^tr^cit beaucoup dans sa partie ouest, mais ou Ton peut encore louvoyer avec le plus grand navire. Le peuple en esttrfes doux. Nous (i) iG*5'S., i44°4o'0. (i) Neeiou, iC 4o'S., 145° 5' O. (3) i7°ao's., .44°44'o. f4) Melville, 1 7° 37' S., .44° 54' O. (5) Les deux (jroupes : \ Maroukaw, i8' o' S., i44' 3o' O. ( Rouahare, i8-> 16' S., i44° 27' O. ( «s ) avons plusieiirs iols visile ces deux iles , et nous trou- vant un matin au petit jour afl'al^s sous la terre et en danger apr^s avoir double a grand'peine quelques pointes, nous nous vimes forces de donner dans le chenal que nous traversames sans nullc enconibre. He... (1), lat. 20» 0' S., long. 143" 07' 0. Nous ne pouvons en rien dire. Iles Buyers-Groups (Ri^heretouaJ (2), latit. 18° 20' S., long. 1Zi3" 07' O. L'existence de ce groupe est con- testee. Plusieurs navigateurs nous ont assur^ qu'il n'existe pas. Quelques naturels des iles Poniotou, que nous avons interroges a diverses ^poques, nous ont ditne connailre qu'une d'elles, el environ un an apres, passant dans ces parages et voulant nous fixer un peu a cet 6gard, nous mimes le cap sur celle port^e le plus au nord, par 18° 0', et 143° 2' (3), el vers minuit elle nous restail dans le sud, a environ un mille de distance. lie Bird (Reitourou) (4), lat. 17° 45' S., long. 143° 18' 0., pelite et basse. Elle renl'erme une lagon. Y ayant aborde au couclier dii soleil et par un temps menacant, nous n'eumcs que le temps denous assurer que Ton y trouvait de la nacre. Nous n'y vimes aucun habitant, inais des cases et des nattes qui ne nous lais serent aucun doute sur leur presence dans I'ile. II est probable, comme cela arrive fr^quemment, qu'ils ^taient pour le moment sur un autre point de Tile. Retourn^s a bord avec le projet de faire le lendemain une visile plus en detail et de lier connaissimce avec (i) N'est pas marquee sur la carte. (2) N'a pas ete portee sur la carte. (3) Cette ile a ete portee sur la carte par 18" o' el i45" o', c'est-a- dire Zi' a I'O. des deux groupes. (4) 17° 47' s., 145° 26' O. ( 8A ] Jos liisuhiiics , nous rt'rumes dans la unit uu coup de vcnl (|ui no nous Ic pennit pas. He Oueidia (Feraiqui) (1;, lat. 17" 30' S., long. J 43" 25' O. lleFiirnaux (Morotca) (2), lat. 17° 08' S., long. J/iS" 15' O. Tit'S basso et icnfermant un lagon dans lequol il \ a dc la nacre. La paillc noi"d est boisee ; colic du siul nest presque qu'iin plateau de roche formank enceinte. On dit que dans la partie Est est unc passe ou une goeletle au moins peut passer; cependant cela tiemande confinnation. Toujours est-il positil" que Ton peut communiquer dans le lagon. Pas de cocotiers , pas de peuple. Nous n'avons fait que toucher a cetlc lie, ct nous n'avons pu la visiter en detail. He PliUipp (Maquenio) (3), lat. 16'^38'S., longitude 143° 45' 0. Tres basse et renfennant un lagon, mais pas de nacre, ou du nioins tres peu; pas de coco- tiers, ou tres peu; quelques families, peuple tres doux. On peut communiquer dans le lagon avec de tres grands navires, par deux passes situees a peu pres I'une dans le N.-E. , et I'autre dans I'O. Nous avons cotoye loute la partie sud qui, comme dans la precedente ile , n'a ete formee que par une chainc de plateaux de roches. La partie nord est boisee. lie Ycrmoloff [Otaenix ou Taenga) (4), lat. 16o 20' S., long. Ii3° 15' 0. Tres basse et renfermant un lagon dans lequel on peut communiquer par deux passes situees Tunc dans le N.-E., qui est la plus petite, ct I'autre dans I'ouest , oil un navire de 200 tonneaux (l) ('.roker, I7"48'S., l^')" 42' (). (») Manoutea, tr' 6' S., 1^5" 1 1 ' O. (3) Moakiinoa, le" 36' S., i46''o'0. (4) Holt, i6'a3'S., i45''a5'0. ( 85 ) pent farilement passor. Pas dc nacre on du nioins tit'S pen. Quelquos cocollors; ])arl"ois ello esl liaMU'-c |i;ir quelques families. lie San-jMiguel Archmtge (1|, latit. 20° 42' S., long, \hh° 03' O. Nous lie pouvons en rien dire. He San-Pablo (2), latit. 19' Ix^' S. . longit. Wo' O. Tres basse et renfermant un lagon. Pas de nacre; beaucoup de cocotiers; elle est inhabitee. Nous croyons nous rappeler, mais nous ne pouvons trouvor la note qui a un rapport special a ce seul point, que nous avons trouve quelques minutes de difference entre la latitude donnee ci-dessus dans la carte, et celle de- dnite de nos observations. Ne I'ayant vue c|ue de tres loin, nous ignorons s'il est possible a nn navire de communicjuer dans le lagon. lie Burnies (3), lat. 17" 30' S., long. Ihk" 20' 0. J'ai parle de cette lie a plusieurs naturels voisins, ils m'ont dit ne pas la connaitre; ils pensent qu'elle n'existe pas. He Ach-entura (Moutoutoua) [h], latit, 17° 10' S., long. ilih "27' 0. Tres basse et renfermant un lagon. Un petit passage dans le nord pour y communiquer avec une embarcation. Un peu de nacre, quelques cocotiers; accidentellement babitce. Nous avons longe deux fois celle ile sans v toucher. •I lies Eliza (Tepoto), liiport (Touanague), Loitisc [Ofiti] (5), lat. 16° 45' S., long. \h!i 20' 0. Ges Irois lies sonl tres basses, tr^s petites, et inhabitees; clles (1) Peut-elre I'ile Margaret, ao-'sfi' S., i4f)" r,\' O. (2) Saint-Paul, 19" 46' S., 147" 19' O. (3) N'existe pas sur la carte. (4) Matatoua, 17° 5' S., 146° 26' O., est ivpieseiiti'e siir l,< raile (•online lino ile elevee et sans l.ijjon. (:>) Haevskoi, i G" 47' S., 1 4G" [So' (). ( 86 ) ronfermenl un lagon. Nous d^couvrimes la premiere a la fin de I'annee 1830. Nous crovons aussi avoir de- couverl la troisieme le mfime jour. La latitude que nous donnail I'estirue a environ cinq beiires du soir d^duite de midi, et qui pla^ail la terre en vue un peu plus sud que I'ile Riport n'est portee; cependant nous crunies d'abord que cette erreur pouvait provenir des couranls ou de loute autre cause, et que c'elail cette derniere que nous aperccvions. Lcrsque, par le rap- port de plusieurs nalurels, tant de I'ilo Maquemo que de I'ile Cliaine , qui y avaienl louche plusieurs fois, nous fuujos assures qu'il y avait, en effet, Irois lies, et qu'ils nous eurent fait connaltre a tres peu pres leur position respective, nous fumes porles a croire avoir fait cette seconde decouverte. lie Chichoyof (Tan^a) (1), lal. 16° 48' S., long. 144" 53' 0. Tres basse et renfermanl un lagon. On y com- munique par une passe assez large siluee dans le N.-N.-O. Peu de nacre inferieurc ; quolques cocoliers. Accidenlellement habilee. lie Saken (Ration) (2), lat. 16" 30' S., long. 144" 20' 0. Tres basse et renfermant un lagon. Deux passes, une dans le N.-E. propre au passage de grands na- vires ; une dans 10., mais plus petite. De la nacre, peu de perles , quelques cocotiers, pas de peuple stable. He Raraka (3). lalit. 16» 08' S., long. 145° 0. Tres basse et renfermant un lagon. Ln passage dans I'O.- N.-O. pour de grands navires. Tres peu de nacre , tres (i) Fania, i6° 5i'S., 147° 10' O. (2) Atina, i6* 3o' S., 146° 3a' O. (3) Faiti, 16° 5' S., 147" 16' O. — L'ile apprle'e Raraka sur la carl«» e>t celle qui porte ici le nom de CarlsholT. ( 87 ) peu de peuple, inais bon. Pas de cocotiers, au inoins de grands. lleTaiero (1), lat. 15" 35' S., long. 1/14° 30' 0. Tres basse et renfermant un lagon. Nous ne pouvons don- ner d'autres renseignements. Ue RomanzoJJ (2) (Manou), lat. 14° 55' S., long, ihh' 35' 0. Tres basse; un lagon. lie Tiookia (Taroa) (3), lalit. J4" 30' S., longit. Xhh" 50' 0. Tr^s basse et renfermant un lagon. Ue Soiulers Grounds (Tnpoto) [h], lat. 14° 40' S., long. 145° 08' 0. Tres basse et reiifermanl un lagon. lie Arotika (5), lat. 15° 18' S., long. 145° 42' 0. Tres basse et renlei^mant un lagon. He Cnrhhofj (Kaouoi) (6), lat. 15" 45' S., long. 145° 10' O. Tres basse et renfermant un lagon. Une passe pour unnavire, situ6e a peuprusS.-E. ou E.-S.-E. Peu de nacre et petite, tres peu de cocos ; pas d'habitanls. Ayant eu occasion de voir pendant notre relache a Oupoulou (lie des Navigaleurs) le capitaine comman- dant d'un brick de guerre ami'ricain , il nous dit avoir visits I'arcliipel qui nous occupe, et que les ilesRaraka et Kaouei, ne formaient qu'une seule ile tres etendue. II est positivement dans I'erreur, Nous connaissons, depuis nombre d'annees, le capitaine Hunter qui est celui qui a dt^couvert I'ile Piaraka , el I'un des plus grands pratiques de I'archipel, et nous sommes cer- (i) King, i5»44 S., i46»57'0, (a) i4"55'S., i46'"56'0. (3) Taaroa, 14° aS' S., 147° i3' (). (4) Taapouta, 140 35' S., 147° 26' O. (5) KoUebue, 15° 32' S., 147" 44' O. (6) Ilaraka, 1.5° 49' S., 1470 26' O. ( S8 ) tains qii'il n'a pas coimnls d'tMrcur. iNous connaissons ^ aussi divers autros rapitaincs Ires pratiques des memos parages qui out \ u Ics deux iles ; et eiifm d'apresle rap- port de plusieurs natiirols qui \ out louche a diversos reprises et aupres desquels nous avons pris inie foulc de renseignemenls, il nc \)cul plus cxister le moindre doute. Voici, au reste, ce qui a pu donner lieu a cette meprise. D'abord il esl rcconnu que Tile Kaoutii est plus dlendue qu'elle ne Ic parait sur ia carle. En second lieu, le capilainc nous a dit avoir apercu la partie S.-E. de I'ile Ilaraka, vers le coucher du soleil, I'avoir coloyee dans sa partie nord toule la nuil par une faible brise et s'elre trouve au jour par la latitude de la partie nord de I'ile Kaouei, n'apercevant encore qu'une seule ile; et c'est de la qu'il a conjecture qu'il n'y avail, en cflet , qu'une seule ile. Sans entrer dans aucun raisonnement pour prouver qu'il a tres bien pu voir ce qu'il a rapporle sans que cela soil une preuve de sa conclusion, nous repeteronsde nouveau qu'il esl posilivement dans I'erreur. I/e JFittgcnsteiii (Carava) (1), lalil. 16" 20' S., long. Mxh" 35' 0. Tres basse, tres etenduc el renformanl un lagon. Deux passes pour des navires, run(! dans le N.-E. ell'autre dans le S. Peu de nacre, mais perlos abondantes proportionnellement cl d'unc belle eau. Quelques cocotlers ; accidenlellcmcnl babilee ; par consequent peu de peuph;. lie Myloradowitch (Faile) (2), lat. 16» 45' S., long. \hh° 15' 0. Tres basse et renfermanl un lagon. Point (i) F;ir()a, iC." 2u' 8., 147" 5o O. (2) .fr'47'S., .47->3,.'(). ( 8^ ) Oil Ires j)cu tie nacre; une passe clans la parlie du N.-O. , accidentellenient habitue. lie Chaine (Anna) (1), laL IToSO'S., long. US'/iO' O. Tics basse et rent'ermanl un lagon. Pas do nacre, pas d'enlree. Dans la parlie du nord-ouest a pen pres, est un point de debarquement lr6s commode. Le pcuple est Ires nombreux sur celte ile (on le porle a ;5 000 ames), et il a ii\h, de temps immemorial, la ler- rcLir de ses voisins , lant par son grand nombre que par sa bravoure et sa cruaute. II a enlcve plusieurs navires qui avaient ete chercber quelques uns des leurs pour pecber de la nacre, et il a parfois massacre I'equipago. Aujourd'bui ils sont moins cruels que par le passe. Cependant la crainte des baliments de guerre plus encore que I'luimanite les relient. On pent done truiter avec eux etmeme vivre a lexTC sans nul danger. Les cocos sonlsi abondantssur cette ile qu'ils forment sur cbaque ilol des forets , et sont avec les cocbons qui sont aussi tres nombreux et le poisson , la seule nourriture des insulaires. On peut aussi s y procurer des volailles. Nous avons toucbe quatre fois a colic lie pour y faire des vivros, et nous avons failli nous y voir enlever noire navire dans I'annee 1836. He Cveig (Niaou) ('2), latit. 16' 12' S., longit. 1/|6* 23' 0. Tres basse et renfermant un lagon. Pas de passe r>i de nacre, quelques cocotiers ; babitoe. lie Seconde Elizabeth (Toao) (3), lat. 15° 53' S., long. 1/16° 03' 0. Tres basse et rent'ermanl un lagon. Deux passes pour communiquer dans la baie ; I'une est si- (1) Anan, 17" 26' S., l/);" 42' O. (■i) iG" 11' S., 148° 35' O. (;'.) i5T)4' s., 148" i4'(). IX. I'KVIUUR. 2. 7 { yo ) tu^e a pen pies clans lo nord. l)e la nacre, quelquos cocoliers. Accidcntellement habitee. On assure que les nacres et le poisson occasionnenl de furies coliques quand on en mange. lie Third (Aoura) (1), lat. 15" 43' S , long. 1/16 ■ 35' O. Tr6s basse et renfernianl un lagon. Deux passes pour de petits navires ; nacre et perles abondantes. Des cocotiers en assez grand nombre ; un peu de tarro. Habit«ie. On doit se m^fier des insulaires. II \ a peu d'annees que I'equipage d'une petite goeleltc \ fut en partie massacre. lie I'alisser (Opatagut^) (2), latit. 15° 27' S., loniiit. 146'J 18' 0. Tros basse el reni'ermant un lagon. Deux passes ; une Ires large dans le sud-est. Peu de nacre etde cocoliers. Habitue, He Fourth (Naroutoua) (3), latit. 15° 20' S., longil. 146" 45' 0. Tres basse, ires etendue el renfermant un lagon. Une passe pour unnavire, situeo a peu pres dans Test. Nacre el perles abondantes. Beaucoup de cocotiers , quelques tarro et quelques giraumonts. Uabilee. lie JVnU'rlant (Owoua5 ) He Miucn'a A\ lal. SS" h'l> S., long. 1 1^3" 50' O. Dc- couverte p;ir le capilalne AImcI, le 1/| niai 1831. C'esl iin recil" liX'S has sur Icqiiel s'clevc unc Ires pclilc ile ties basse. /ic'ci/[2), lal. 2/j'' hb'S., long. 135" 08' 0. Sur Vuu iles points dc ce r^cil" est line jielitc lie qui s'apercoit d'en- viron quatre mriles. Nous tenons ces details d'un capi- taine americain que nous avons vu aux iles Ganibier vingt-quatrc jours apres qu'il eul decouvert le recif qui nous occupe. I/e Crescent (3), latit. 23» 20' S., long. 13/4° 37' O. Tr^s basse et renicnnant un lagon. Pas de passage pour cominuniquer dans le lagon ; pas de nacre, pas de co- coliers. Dei)uis I'annee 1839, le peuple, cntraine; par les conseils des missionnaires de Gambier, s'esl rendu dans cetle derni^re ile , en sorte que Crescent est inliabite pour le moment; cependant ces insulaires regrettent le sol natal , ct ont temoigne plusieurs fuis le d^sir de s'y fixer de nouveau. Line parlie de la cote est et nord est tres accore ; nous I'avons longee di- verses fois de tres prt;s. Ayant voulu debarqucr dans I'oucst et le sud , nous ne pumes y reussir, la mor brisant avec trop do violence, quoique par un tres beau temps. UcGauibicr (Mangarcva) [h], latit. 23" 10' S., longil. 135° 10' 0. Haute ct renfermee dans un recif. (i) ii" ^1' S., i3G" o' (). — ClIIp (loiiiiee a servi h ti.\cr la iiositiuii (111 banc (le la Miiicrvc, (|ui t'tait inaii|ii(' ((jmiiie (IouIlu.x. (i) Ce n'cif est [loitt' cii ddiois dc la caiti' c t iii(lii|nc cominp Jou- tt'UX, iiVtaiit fm'un icnseifjiieineiU. (3) 23" i8' S., 13;" o' O. (0 23" Id' S., i:'.;" 2o'() ' ' : ( 93 , lie Lord Hooc/s ^Morolea) (1). Ties Jjasse, Ires elciiduo el renrermaiit iin lagon ; pas do passage pour y com- niuniquer, ineme avec la plus petite embarcation. Elle estclivisdie en Slots generalement Ires elenclus ct hoises. Elle est accorc ct nous I'avons souvent cotoyee de tres pres sur tous les points. Pas de cocotiers, pas d'liabi- tants ; de la nacre et beaucoup de requins dans le lu- gon el aux alentours. I/e Marin (2), d^couvcrtc par Ic capitaine , covnmi\n(\dini le Petit Napoleon, a bord duquel M. Moe- renliout se trouvait subr^cargue. Latit. 22" S., longit. 136" 03' 0, Tres basse el tres petite ile renferinant un lagon. Pas dc cocotiers, pas de peuple. N'ayant fait que passer dcvant celte ile, nous ignorons si elle renferme de la nacre. lie Snint-Jean-Buptistc (3), lat. 2/i° 20' S., long. 136° O. La position de cette ile est Ires douleuse, ot aucun des routiers que nous avons consultes ne s'accordent a cet egard. lies Sophie [l\), decouvertcs en 183/i par le capilainc Abrel, lat. 21" 25' S., long. 136° 30' 0. Ces iles sonl tres basses el renfermcnt cliacune un lagon. On dit qu'il n'y a pas de nacre et que les requins y sont nombroux. Des cocotiers ; pas de peuple. lie Hig (5), lat. 20° 27' S., long. 136- iiO' 0. Nous ne saurions en rien dire. lie des Oiscatuv (6), lat. 23-^ 07' S,, long. 137'^ 10' 0. (i) lie Hood, 21" 3o' S., i37" 48' O. (2) lie Moerenliout, 22" o' S., i38" 33' O. (3) N'est pas portee sur la carle, n'exisle probabiemrnt pas. (4; Iles Acteon, 2i"24'S., i38"52'(). (5) West pas portee sm la caile, n'exisle piobabiemeiit pas. (!) ilr' Muraiie, 23" G' S., i 3f)" 3;' O. ( 94 ) Tres basse elrenlermant un logon. Pas de passage, pas de nacre , pas de cocoticrs. Les bords sont boises conime le resie des lies basses. Pas de peuple. Nous d^couvrlnies cctte ile dans le mois de mars 1831 , et nous y avons touchy depuis a diverses ^poquos pour y faire du bois et pour d'autres raisons, lie... (1), latil. 22° 25' S.,' longit. 137» 33' O. Nous croyons que c'est le capilaine Abrel qui I'a decou- verte. He Carisfort (2). latit. 20° hi' S., long. 138" 27' 0. Trfes basse et renfermanl un lagon. La partic sud est accore ; nous I'avons cotoyee de Ires pres, et nous n'avons apergu aucune passe pour y comiuuniquL-r. La partie nord nous a paru plus bois6e que la parlle opposee. Peu ou point de nacre. Elle est accidenlelle- ment habitee. lie Osnahrugh ou Mathilda-Rocks (3) (Malatia). Tres basse et contenant un lagon. line passe situ6e a peu pres dans I'O. -S.-O. On dil qu'il y a de la nacre ; cc- pendant cela raerite confirmation. Accidenlelloinenl habitue. Nous y avons apergu de la funi^e en la co- toy ant. Ile... [h], latit. 22" 15' S.. longit. 138° 38' 0. Tres basse et renfermant un lagon. Pas de cocotiers. Inha- bilee. Nous croyons qu'elle a 616 decouverte par M. Abrel. Bligh-Lagon (5), latit. 21° /jO' S.. long. l/iO» 27' O. Tres basse et renfermant un lagon. Pas do nacre , pas (i) A ete poriee surla carte d'apres ce renseignemeiil. (2) 20" 44' s., 140° 4i' o. (3) He Osnabrugli, ai" 5i' S., \^\" 10' O. (4) He Gockbuin, 22" 14' S., i4i" o' O. (5) Ile Bliyli, 21" 38' S., 142" 58' O. ( 95 ) cle cocotiers. Elle est habilee. Nous I'avons aper^ue de trop loin pour on vien dire par nous-meine. He Saint-Elme (1), lat. 21- 20' S., long. 1420 0. Nous sonimes porte a croire que cette lie est mal pla- c^c sur la carte, parce que nous avons couru directe- nient sur son parall^le pendant quarante lieues sans I'apercevoir. Groupe compris entre les lat. 20" et 21° S., et long. 1/13° 30' 0. (2). Nous n'avons aucune donnee sur ces lies, si ce n'est qu'il faut se mefier des peoples qui habitent une jjartie d'elles. Ue Hig (Raivavai] (3), latit. 23<> 40' S.. long. 148" 0. Haute et entour^e de recifs. Un port tr^s abril^ dans la partie du N.-O. a I'ouest. Le peuple y est trfes doux. On y trouve a faire des vivres. Le courant y est parfois assez fort pour ne poiivoir la doubler par un tr^s petit frais , ce qui nous est arrive dans une occasion pen- dant trois jours que nous sommes rest^s a environ sept ;'i huit lieues de cette ile sans pouvoir en approcher de plus prfes. lie Toobouni (4), latit. 23» 25' S., long. 140" 20' O. Elle est a peu pres comme la pr6c6dente sous tous les rapports. Le port soul est dangereux lorsque le vent bat en cote. Nous y avons fait de grandes avaries et avons 6te au point de nous y perdre. lie OhSleroa (Rouroutoua) ("), lat, 22- 27' S., long. 150° 45. 0. Haute el entouree de recifs sur beaucoup de points ; quelques petits ports pour de faibles navires. (i) N'est pas placee sur la carte. (2) Ce sont probablement les ties Gloucester, 20° 40' S., I ^^° '/o' O. (3) Probablement I'lie Vavitou, 23" 5o' S., 1 5o° 3' O. (4)23°32' S., i5i" 5i'0. (5) Rouroutou, 22" 3o' S., i53" 3a' O. ( 96) Beaucoiip dc jiouple lr6s doux. Memes produits que les precedcntcs. Nous en avons souvent passe assez pres sans jamais y toucher. I/e liimaUun (\), latit. 22' /iO' S., long. 152° 0. Elle est un peu plus basse que ses voisincs, ct n'a pas dc port. On y Irouve les memes vivres el nous Ics avons achetes a mcillcur marche. Nous avons ublcnu unc grandc paiiie des rensci- gnemenls que nous donnons de la manierc suivante : Dans nos voyages a la peclie de la nacre et par suite des perles fines , nous enibarquions chaque fois de vingt a trenteplongeurs indig(^ncs de ces divcrses iles, qui plus ou moins avalenl louche a chacunc d'elles, soil pendant leurs voyages a bord de quelque autre navire ou memc sur Icurs frelcs pirogues dans les- quelles ils s'exposenl a faire jusqu'a 200 lieucs, n'ayant pour lout guide que Taspccldu ciel a I'reil nu. Noire carlo devanl les yeux el des pions en main , aprt's avoir figurd sur une table par un pion I'ile nalale do celui que nous interrogions , et hii avoir indique la partie dans laquelle sc levail le soleil el celle oii il sc couchait relalivcment a celle ile ficlive; nous lui nom- mions la plus voisine et la faisions figurer par lui- nieme par un nouveau pion, cc dont il s'acquitlail g6- noralement avec assez d'exactilude , du moins quanl a leur position respective a I'ceil. Cellc-ci placee , nous passions a unc autre et ainsi de suite. Nous n'admet- lions, a chaque stance, que quatre ou cinq individus, et ce n'titait qu'apres des epreuves el des details r6p6- les mainle et mainte fois, el cpii s'accordaienl a j)eu pr^s cnlrc oux, que nous pr" ) premiers removes, de nouvcaux r<'coiiiiiR'iu;aiL'iil la stance, ct nous fournissaienl , par consequenl, de nouvelles notes. Lorsqiic ccs seances varices et repe- tees a Tinfini, nous avaicnl louriii des donnees qui s'accordaient enlre ellcs, nous les aduicUions; s"il y avail divergence d'opinion ou^ doule, nous Jaisions disculer et admettions les plus prohablcs ou les reje- tions entierement selon ie cas. Chaque vojage nous en avons fait autant, el ce que nous ofTrons aujour- d'liui est le resume de toutes ccs notes parlielles que Ton congolt devoir etre bcaucoup plus etendues qu'il nc nous est permis de les donner dans le cadre etroit auquel nous nous somraes assujelti. On Irouvera joinlc a ce numero unc |)elile carte des iles Pomolou, reduile d'apres cello de M. Vincendon- Dumoulin, et sur laquclle on pourra suivre les details donnas par M. Mauruc. LETTRE DE M. ANTOINE D'ABBADIE ADUKSSICn A JI. DAUSSV (i). Gol'a, A(;'aiiic (Abyssinie), ce lo se])teinbrc 1847- Moil cher monsieur, Mon fr6re Arnauld et moi avons plants le drapeau franrals sur la source du fleuvc Blanc ou vrai Nil. (1) L.i duli'i inii),ilii)ii lie la somci; ilu iNil, on [iliihil dii pi iiiri|i,tl coins d'oiui (|iii LOiuouit a toriiit'r ru celelirc llcnive, csl ilepuis lunj;- ( i>8 ) Avant de vous coinmuniquer les raisoiis qui m'enga- gent a donner co litre a la source du Gil)o d'Inarya, permeltez-moi do vous faire part de la n](^tliode que j'ai suivie pour rclier ce lieu ;'i Gondar et aux autres lieux de rAhyssinie ou moi et d'autres voyageurs avons pii faire des observations astronoraiques soi- gn^es. Les Gallas libres qui ocoupent le grand Damot entrc le Abbay et Inarya avaient dopuis longleinps mis les fusils a I'index. D6ja chez les Somal, quand je polnlais ma grande lunette de Rossin sur la lune pour cbercher des occullalious , j'avais et6 obsed6 par ces barbares qui mc suppliaient naivement de ne pas ^corner notre satellite d'un coup de ce gros fusil. Je dus done laisser mon instrument en Gojam oh I'etat deplorable de ma vue et r^tat du ciel m'avaient empech^ de rien ob- server, et je me bornai a emporter un cercle de reflexion de Gambey, divise sur platine et qui m'a servi, quand ma vue me le permettait, a prendre quelques series de distances lunaires. Maismes ephemerides (Istant suran- n^es, je n'ai pu lout calculer, el le besoin d'esquisser au moins la carte du pays que je visitais m'engagea a employer une combinaison de latitudes et d 'azimuths. En theorie, on prefere des observations absolues, mais comme il est difficile de les multiplier assoz pour satis- faire a tous les besoins , on doit toujours y joindre des temps I'objet de graves discussions, et il a deja etc question dans ce Bulletin des opinions de M. d'Abbadie et de M. le docteur I?eke, i|ui different k ce sujet. Nous avons pense qu'il (-tail ne'cessaire que le Bulletin dc la Soci^te de Gdographie, dent M. d'Abbadie est certaine- ment un des mcmbres les plus zeles, contint coninie piece au pioces la lettre dans laquelle cet^iiitrepide voyayeur expose les laisons sur lesquelles il croit devoir fondei'son opinion. P. D. ( 9y ) observations azimutliales an theodolite. Ces dernieres ont deux grands avantages : d'abord elles forment im systeme lie que les geographes pref^reront toujours a des coordonnees isoleos : ensuite , et c'esl leur plus grand mdirile la oCi Ton n'est pas inaitre de ses mouve- ments, elles permettent de relever un grand nombre d'objets en tres peu de temps ; et bien que deux relevc- ments soient n^cessaires pour fixer un lieu, on est bien heurcux souvent do pouvoir, en ces pays si peu connus, combiner un rel^vement avec une distance prise par renseignements. C'est ainsi qu'on remplit en partie un canevas provisoire en attendant qued'au- Ires voyageurs viennent fairecroiser leurs observations avec celles d'un travail geodosique, grossier ii est vrai, mais qui a du moins le merite de reposer sur des bases mathematiques. Par malheur deuxnecessites pr^sidaient a tout mon travail. La premifere etait Timjiossibilite de parcourir le pays a volonte pour choisir les stations, car depuis cinq annees la guerre desolait le Gojam , peninsule continentalc ou le g^ogi-aplie et le naturalisle auraient tant de beaux travaux a parfaire. A partir de Gondar j'etais le jouet des mouvements de troupes, de la marche si incertaine des caravanes et surtout des re- voltes partielles toujours et incommodes et imprevues. Par exemple, etant en Baso (Gojam) , j'ai du attendre trois mois pour faire une station sur le seul point cul- minant du Coqe afin de r^unir par deux coups de lu- nette la chalne du Rare a Gondar. Chez les Gallas j'ai n6goci(^ pendant six mois et inutilement pour faire une station sur le mont Amara d'oii Ton apergoit et le Gojam et les montagnes d'Inarya. Enfin ces der- nieres sont prosque toutes trop bien boisees pour ( 100 ) (jti'ou b'} L'tal)lissc. Ma clcuxienio ohligalioa clail de nic scrvir dcs signaux iialurels ou tolcs de inonlagncs qui souvcnt rondos ou meino enliurcnienl plates don- naicnt Jieu a dos errcurs dc polntc dont il est lo plus souvcnt impossible d'ostinier Ic sens ct la quantilo. Cost pour cctlc raison que j'ai renonce a baser mon travail sur dcs distances mcsurecs par la vitessc du son, car n'ayant que des fusils a ma disposition, j'ai du me ])orner a Gondar a uiie lignc de deux niilles ct a Yawix (Gojam) a 5 000 metres environ. Ces bases acoustiques ne m'ont scrvi en dernier ressort qu'a relier unc station remarquable avee le lieu habits ou je pouvais seul determiner mes longitudes el latitudes par des metiiodes astronomiques. Restait la ressource des bases dcterminees par deux latitudes el un azimuth. Cellc du grand Damot comprise cnlre les monls Garuqe ct Kunc a pres de 52 millcs de long : cellc du Bagcmid en a plus de 60. J'cn avais prepare une de 100 milles en orienlant, des environs de Gondar, Ic mont Amadamid, qu'il m'a ete ensuite impossible de visiter, et j'ai du rac contenter d'une base dc GO milles environ entre Qwarata et le col de Dabo-Girar, pres Gondar. Cette ville a ensuite ete reliec a Vavvix par plusicurs pclits triangles dont les cotes se croisant les uns les autrcs offrcnt de precieux moycns de controle. L'esquisse d'Inarya et des pays voisins etait achevee, indepen- damment, ct est longlemps restee en portefeuille, avec des latitudes et dcs differences de longitude. Pour donner a celles-ci une valeur absoluc, il aurail fallu stationner sur Tunc des montagnes du Rare; mais un Anglais, M. Plovvdcn, en luant sans provocation un des chels de yimma-llarc , a rendu cette contrce inabor- ( loi ) ilal)le a lout Eurojieon. Co n'esl pas la proinirro fols qii'nn Anglais a entrave nies rccherches. R^duit done a contempler de loin la cliaine du Rare, j'ai pose longlcmps le probl^mo suivant dont il scrait inttiressant de clierchcr la formule mathematique. ( Je ne vous donnerai pas la mienne, cai' ellc est pen ele- gante; mais, comme le cas pent se presenter dans la geodesie expeditivc, on aurait raison pciit-etre de h: discuter.) De trois points A, 13 et C donl on connail les latitudes , on a observe les azimuts de deux points D et E ; trouver les diffeicnces de longitude et do lati- tude. Malheureusemeiit je dus sui\re la grando route en allant a Inarya; et comme elle s'ecarle peu de la lignc droite, ma solution devenait passablement incer- taine. L'une de mes latitudes, d'ailleurs, avait ete observee pres de I'equinoxe, et a cette epoque les pe- titos Tables du solcil sont ordinairemont erronees. Jo serais honteux do vous dire combien je travaillai sur ce probleme do geodesie, que je rcsolus enfin en reve- nant en Gojam par un cas particulier et providcnticl. Plus tard, enfin, etant alle a Elyas (Gojam) pour elu- dier la langue des Qolile, j'eus le bonheur d'oricntcr le mont Balballa de mani^re a confirmer ma construe tion precedente. Cctte montagne, qui est le geant du Rare, a une hauteur de 3 2Z|0 metres, Je ne vous en ai pas dit assez pour vous mctlre a meme de jugcr mon travail; mais vous en comprenez deja les prineipes et surtout les diflieultes. A Gondar, I'otude de la langue giiz avail absorb^ toulc mon allen- tion. Ma seule occultation observee durunt mon pre- mier voyage etait restee inscrite en Europe , ou je n'avais pas eu le loisir de la calculer, el je dus prendre pour longitude do nondai' oolh^ qui re.«ulto do I'drrnl- ( i02 ) talion observe*! par M. Riippel, c'esl-a-dire 35" 11' 42" E. de Paris. A ^a\vix, oii j'observai la latitude, je pris quelques series de distances lunaires, et j'en fis autant a Saka (Inarya). Les voyageurs anglais (avant leur esclandre en Jimma) me pret^rent un Nautical Alma- nac, et je pus calculer I'une de mes distances lunaires de Saka, qui serait ainsi par 34° 42' 15" E. de Paris. Ma longitude g^odcsiquc, calcul^e a partir dc Gondar, estau contraire 34" 37' 51"; mais, d'aprts I'imperfec- tion de mes moyens, je regarde celtc faible difference de 4' comine un resultat de compensations heureuscs. J'ignore d'ailleurs encore si les distances lunaires que j'ai observees en 1846 donneront le meme resultat. La longitude de Saka est celle de la source du fleuve Blanc, qui est, a quolques minutes pres, droit au sud de ce village. Revenons a la discussion de cette source, et, pour aller plus sOrement, procedons par analyse du connu a I'inconnu. Dans la peninsule de Kafa, comme dans celle du Gojam, les pentes occidenlaics, plus longues et plus douces, sont aussi beaucoup mioux boisdcs, et donnent ainsi naissance a de grandes rivieres dont le volume d'eaux semble enornie, vu le peu de longueur du cours. C'est ainsi que Ic Baro, peu apr^s sa nais- sance, a en W alagga plus d'eau que le Abbag (1) au gu(i d'Amura. Ce Baro a un cours fort encaiss6 dans (i) Permettez-moi de corriger ici une erreur qui s'est glissee dans une de nies lettres prccedcntes : Abbawi sigiiifie en awaga paterncl ; et de meme que dans Sarawe ( nom de province tijjray ) on prononre le plus souvent sarae, le w me'dian etant elide, on a Abhay avec deux bb. Abay avec un seul b derive de a6a/a, mentir, el siffnitie en awbarna menlvur, qui refuse^ nom peu convenable a la partie superieure du m\ RIeu. ( 103 ) le haul pays : c'osl lo Saubal cle M. d'Ainaiul, et j'avais besoin de son precieux tumoignage pour ne pas croire que le volume de ses eaux pourrait remporter sur celui du cours d'eau qui se dii'ige au sud. Une fois le Baro ou Saubat ecarte, il ne reste qu'a suivre M. d'Ar- naud jusqu'h Pulunch. La , il nous apprend que le principal affluent viont do Test ct se joint a d'autres branches. En I'absence de renseignements precis sur ces branches, qui sont probableinent au Nil Blanc ce que sont le Didesa et le Yabus au Nil Bleu, on doit insister sur le paralldlisuie qui existe entre les terrains parcourus par ces deux fleuves : chacun forme la fron- tiere en spirale d'une ile au milieu d'un continent, Le bassin d'Inarya, enserre par des montagnes, repr^sen- terait, si celles-ci se joignaient au nord , le bassin dn Tana , et formerait un lac ; de meme les montagnes d'Amhara, qui a Test du Abbay separent le pays Chre- tien des Gallas do Wollo, onl leur representant dans le mont Woxo. Les deux presqu'iles continentales du Gojam et de Rafa ont leurs points de partage plus pres de Test que de I'ouest, cote oh les spirales s'ouvrcnt et ou les fleuves s'alimentent de puissants affluents. C'est ce meme plienomene, si general dans I'Afrique orien- tale, de pentes douces vers I'ouest et abruptes vers Test, qui m'engagea a admettre, avanl d'avoir vu la carte de M. d'Arnaud, que le haul du fleuve Blanc avail peu ou point d'affluents de I'ouest. On pent done appliquer la meme analogic a la parlie sud des deux spirales. Celle du Abbay n'a d'autres affluents notables que le Guder el le Mogor, tous deux inierieui's au Ab- bay lui-meme, et on est ainsi en droit de conclure que les affluents du fleuve Blanc venant par Waykanta , Markallia, Mazc-Rlalea, el plus a Touest par le pays des ( 10./, ) (jtilla, sont iiifL'rieurs on iuiporlancc a la spiralo dont rexlr«!;niile se Irouvo dans la foret dc Babya. A cela sc joint I'asscrtion de M. d'Arnaud, que lo fleiivo n'est pas navigable aii-dessus do Pulunch, tandis que doja, au bac de Gongul, les indigenes ne pouvent passer qu'en baleau. Ce dcruior fait nc tend-il pas a confirnicr Ic renseigncment recueilli par M. d'Arnaud, que la prin- cipale branchc vient de Test, rensoignement confirme par les niessagers de Rullo et de (lobo, que je vis dans Inarya, qui avaionl \isile le pays Doqo, et qui m'allir- maient unilonnenicnl qu'il n'y a pas dc grandes ri- vieres cliez les Doqo ol coulant dans le Lma? Comme j'etais seul pendant unc grande partie de mon voyage, j'ai pu me mekr aux gons du pays jjIus que nc I'a iait M. d'Arnaud, et m'assurer par renseignements, el sans sortir d'Inarya, des positions des Bask et de Gongul, ce dernier j)oint elant silue a plus dc trois dcgres de lati- tude a partir de Saka. In renseignenienl precieux , niulheureusemcnt unique, vient sc joindre a tout ceci : cost colui dc Dibar-Namo, grand erudil en traditions gallas, qui nie dit ce qui suit : « Dc Flic dc Laqu a la residence du roi des Yambo (Bborr ou Tliutui do M. d'Arnaud), six journdes; dc la a Guraca, six jour- nees. » Des boixls du Baqo (Nil Blanc) je vis la lerre de Guraca comnic une ligne lointaine a I'bori/.on : on y parle ilmorma, et les principales eaux du pays ne se rcndent pas au Baqo, mais coulent dans un sons cnn- Iraire. Les habitants de Guraca vont d'ailleurs au pe- lerinage ilmorma , pros le Xawa , en travcrsant les Tufto. Les Guraca font le commerce avec le Cuire, ce qui pcut les faire identifier a\ec les Galla, qui portent des tasses dc porcelaine et autres objcls d 'Europe choz les Surp ou Mace. Enlin , s'il y a aux environs de Pu- 1 105 ) lunch un alHiienl ])lus grand que le Paco . il (l(nr:i C'lencli-e sa source a 1 ou "2° de latitude auslrale pour lemportcr sur le Paco meme. Je dis cecl en admel- lant la longitude de Pulunch d'apres M. d'Arnaud : selon mes rcnseignements, celle longitude serait plus orientale. \ oici deux routes donnees, I'une par le chasseur Haro, messager du roi d'Afillo; I'aulre par un fils de Dihar-Namo. .SKF.ON HARO. (1. (iivo. <>. Saka. 1. JSiilrfii. 1. DidesH, H. a, Bali-Bato. 2. Caia. 3. Boiia-Lojjp. ?>. Qaml)al)p. 4. Qoto-Jijd. 4- Gedda. 5. (Jal)}).!, R. 5. Maison de Haro. 6. Ofa (Ila). G. Gabba, P.. 7. Ambellp (Gamaio). 7. Bure, 1!. 8. Uqa. S. Hajf. 9. Bure. 9- Goninia. 10. Comma idescente). lo. Baro, B. 11. Baro, R. 11. Bonga, R. la. Ransa, R. la. Siri, R. i3. Sir, R. i3. Mi-i, R. 14. Kokor, R. 14. Kotoda, R. 15. Koia. 1 fi. lie de Lakku, daiis ie tleuve 16. Kilinto. Baqo,c'est-a-diri' le tleuve fj. Mitmita, de du Raqo. Blanc. 18. Mont Lofc. Haro ajoute que si deux courriers allaienl a pied de chez lui (n" 5 ci-contre), ils arriveraient en six jour- nees a Lakku, ile assez grande, dit-il , pour qu'on puisso y cultiver des grains. Supposons niaintenanl que les chasseurs d'elephants IX. FfcVRIER. 3. S ( 106 ) dont Haro est le guide, el qui voul cn'cc des cJievaiix de prix, puissent faire tous les jours quinze inilles; sup- posons en outre que I'ile Lakku soit celle oii M. d'Ar- naud inscrit le lieu Pachou, on trouvera que cette lie est trop a I'ouest de 95 milles environ. On aura a peu pres le meme resultat en supposant que les cour- riers puissent faire un peu plus de 2/i milles par jour. De I'autre cote, les dix-sept journees du fils de Dibar, qui, lui aussi, alia avec quinze ou vingl chasseurs et des cbevaux de choix, donneraient 255 milles a J5 milles par jour, ce qui donne un peu moins que le resultat de Haro. II ne me semble pas d'ailleurs qu'un cour- rier qui porte ses provisions avec lui (car c'est dans le desert dit aussi Baqo qui s'etend entre le Mil Blanc el la cole dc Comma) puisse faire plus de 20 a 22 milles par jour. La coincidence de cos deux routes donnees par des t^moins eloignes I'un de I'autre ne me pcrmet pas d'accepter la distance acluelle de 330 milles environ entre Saka et Pachore. D'uii autre cote, une suite d'azimuls et de lalitudos qui relie 'Adwa et Gondar conlirme, a 8 milles pres, les longitudes que j'ai adoptees pour ces deux villes. Je ne puis done pas me supposer une eireur de un degr6 et demi en longitude. Enfin , avant d'avoir vu les observations aslronoiniqnes sur lesquelles s'appuie la longitude de M. d'Arnaud , je ne puis trouver d'autre ressource que de croire que, dans son long et penible voyage, il aura fait. comme tanl d'aulres voyageurs, une erreur croissanle vers I'ouest. Mais avant de rccevoir cette lettre vous aurez sans doule des donnees assez precises pour juger entre M. d'Arnaud el moi. (107) Cest ici le lieu de parler d'une opinion mise en avant par un Anglais qui a visite le Gojam, mais n'a jamais mis les pieds dans le Grand Damot (1). (Voyez Athenceum, 23 Janvier 1847.) Get Anglais donne ce- pendant une carte de ce pays (London, 18Z|3), d'apres D. Goxo qui, n'ayant pas ki^ en Inarya, ne peul pas con- naitre ce pays; et d'apres un marchand, OmarNajal qui connalt bien Inarya, mais n'a pas voulu dire au voyageur que le Gibe a sa source «'««■? Babya, nom de~ foret, et qu'il se dirige de la vers le nord en laissant a droile et lout pr6s Dambi et Saka. De meme il met les Suro au N. des Gimira, tandis qu'il fajlait dire le con- traire. On pourrait citer beaucoup d'autres erreurs; mais je m'en liendrai la pour monlrer qu'il est mal ais6 de raisonner sur la geographic de I'Afrique d'aprfes les renseignemenls d'un seul individu. Get Anglais, partant de ce que nous dit M. d'Arnaud que le Nil Blanc en amont de Jeanker se compose de plusieurs branches, et omettant a ce renseignement concomitant que la branche principale vienl de Test , envoie le Nil Blanc jusqu'au lac n'Yassi , Mai'avi ou Zambezi. II dit ensuite que I'erreur antique des monlagnes de la lune vient du mot Mono-Mo(^zi (Monamwezi des marchands d'esclaves a Zang-bar), parce que le mot Mo6zi signifie /w/e dans lelangagedece pays et dans les languesdetoute (i) Je donne ce nom ancien, et pour plus de comrnodite, aux pays sitn.'s entre I'Abbay el le Gojab. La Vie de Takla-IIaymanot, ouvrage ancien, I'appelle Damot : les Annales abyssines disent grand Damot pour le dislin^juiT du petit Damot au nord du Gojam. Les gens de Kafa disent aujourd'hui Damot. Ce nom est necessaire, car les noms actuels des pays Gallas sont ceux t/es Uihus Ilmorma, qui les occupent et les noms anciens de terre y sout rarement employes. ( 108 ) rAtiique rontrnle. l/uuleiir anglais ajoiile quo ledojah psl idenliqno avec li- 'I'olfi , Sobal (ui Baro , hien que ces deux rivieres pienncnt lour source dans la meme foret et coulont on sons oontraix'es. J'ai du cilor ces singnlieres conclusions pour montior quelle \aleur on doit assignor a I'osprit de critique de cet auteur. Quant a I'identite du mot Mod'/.i dans foiitcs les langues de TAtVique cenlrale, je desirerais qu'clle eiit lieu, car il en resulterait ties ressemblancos notables, sinon une idenlite d'origine enlre loutes ces langues. Malheu • reusement il n'en est pas ainsi. L'Afrique est, couiine rAmerique, pleinc do langues ayant souvent la mSnie construction gramuiaticale , mais totalemcnt dille- rentps par les mots et parlies par des peuples qui oc- cupent si peu d'espacc que de Sawakin aux Doqo, j'ai constats I'exislence d'au moins quatrc-vingls langues differontes. Lnnc se dit : en ilmorma, jia; en kafaco, agane; en lambaro et en kambata , agancu ; en caha, taraga, en dawro (kullo; gobo, etc.), agina; en walayza, zolinta. L'auteur anglais appuie , dit-il , ses opinions sur le temoignagc des anciens; mais avec ces monies anciens en main on a longtemps fait vonirlo ISil Blanc de I'ouest : mais avec ces memes anciens on n'a ricn su avant Richard Lander, de positif sur I'embouchure du Niger, bien qu'une embouchure soit plus facile a constator qu'une source et bien (jue I'elat plus com- mercant de I'Afrique occidentalo oiit dii naturellement amener plus de ronseignements de ce pays. Supposons que Ptolemeo ait domande a un habitant de la Penin- sule de Kafa une estimation de la longueur du fleuve qui tourno autour de oe pays, et qu'il ne se soit pas rt'ndu oonipto i]{^ sa rourso on spiralo ; il aura ott' n^- ( KtVt ) cessairenioul aiuc'ini ;i piacei ha sourer juscjuc sou;, reqiialeuv ou lueiue au-dela. II ii'\ a (railloius rieii de presomptueux a altribuci- line pareille enciii- a Ploleinee ou a tout autre geograplie dc I'antiquite , puisque I'auleur anglais doiil jc parle, quoique \ivant dans un siecle plus eclalre el pourvu de nielliodes plus padaites, a cependant conimis une erreur tout a fail analogue en dc^veloppant le Gibe d'Inarya, presque en lignc droite au lieu de lui donner une forme contour- n«^e, et cela bien qu'il se fut renseigne suv les pays (pii enveloppent ce Gibede tousles coles. En (in, quanl aux plusieurs branches dont parle M. d'Arnaud connne se reunissant dans les environs de Pulunch , on ne pent pas les faire venir toutcs de I'ouest ou du sud : car il faut faire la part des eaux qui traversent les pays des Gimira et des Ixing ; il faut disposer de cette grande riviere dont parlent les Xe (tribu Gimira), sous le noni de Kacare, qu'ils disent ne pas se terminer dans un lac, el qu'ils envoient d'une mani^re assez pro- bable a une grande riviere , qui fait, vers le S.-O., le tour des Suro et des Maxango (Barri de M. d'Arnaud), et cctte srande riviere est evidemment le Paco des Suro et le fleuve ou Nil Blanc des Europeens. Done, et jusqu'a preuve du contraire fournic par un Europ^en intelligent qui ait lui-meme visits les lieux ou par une dizaine de temoignages indigenes in- dependants, je regarderai le I ma des Dawro commc affluent ou branche principale du Mil Blanc, et je crois que mes confreres de la Societe de geographic parta- geront eux-memes cetle opinion, 11 reste.a chcrcher quel est laffluenl principal du Lma, Les sciences humaines se composenl de verites et d'erreurs, et la geographic plus peut-etre que beau- ( 110 ) coup d'autres sciences, car elle rend comple d'^lres et de situations sujets au cliangement. Denouveaux lacs, des montagnes nouvelles apparaissenl a la surface de la terre et les embouchures des plus grands fleuves changent de place dans le cours lent des si^cles. Si done le gt^ographe erre souvent en rapporlant des donnees anciennes comme existant au temps actuel , a plus forte raison doit-il cralndre de se Iromper lors- qu'en etudiant les dimensions relatives de deux rivieres il se fie aux t(^moignages indigenes d'un seul pays. C'est ce qui m'esl arrive en donnant avec les gens de Kafa la preeminence au Gojab sur le Uma, et en 6cri- vanl il y a trois ans au Journal des Debats, je d^signais la source du Gojab comme celle du Nil Blanc. Celte lettre unc fois 6crite, je me rendis a Gondar, oil je m'oc • cupai d ri^diger, avec mes nombrcux rensoignemenls, une esquisse du cours du Uma. Nousreconnumes, mon frere et moi , que le bassin de ce dernier remporlail de beaucoup sur celui du Gojab, et plulot que do vous faire pari de nos doules, nous r^solumes de visiter le Grand Damot en nous partageant de mani^re a bien verifier aux confluents m6ines les grandeurs respec- lives des divers affluents. Nous primes cette rj^solulion avec un grand regret, car nous avions soif de revoir la France. Malheureusementnousne pikmes pasmeltre a execution tout notre projet , car deux Anglais atta- querent, a coups de fusil et de la mani^re la plus insolile, la tribu de Nunnu, qui fait partie de Jimma Rare. Ces voyageurs , devenus guerriers, ne tardurent pas a tuer Galanc Wanta, brave Nunnu qui depuis longteraps convoyait les strangers depuis les fron- lieres de Gudru jusqu'a celle des Tibbe , tribu doiit les p&turages sont arrosds par le Gibe de Leqa. D^s ( 111 ) lors il devint non seulement impossible de niettre le pied dans Jimma Rare, mais encore tous les Euro- peens furent proscrits par la plupart des Gallas inde- pendants. II fallut done nous borner a visiter la source principale et etablir sa preeminence par des rensei- gnements. Arretons-nous un moment sur la mani^re de prendre ces renseignements, car on ne s'est pas appesanli assez sur ce point, et nos regies, bien qu'imparfaites, peut- etre, doivent n^anmoins servir de base a tous ceux qui recueillent oralement des notions sur les portions encore inconnues de I'Afrique. Voici, et selon I'ordre de merite les qualites des personnes qui nous rensei- gnaient : 1° Les cbasseurs d'elf^phants qui disent sans crainte les noms des lieux et les directions des fleuves et ri- vieres, parce que cette connaissance ne mene pas a celle des lieux oii Ton trouve leur gros gibier. 2'^ Les messagers employes par les rois pour leurs relations diplomaliques. 3 ' Les esclaves ages venus depuis peu de leur pays oil ils etaient libres : en d'aulres termes les Strangers ages tomb^s a I'etat d 'esclaves par suite de vols ou de capture a la guerre. h" Les jeunes esclaves, surtout les filles , dont Tin- lelligence est precoce. Mais peu de marchands con- sentent a laisser questionner leurs jeunes esclaves. 5" Les marchands. Leurs renseignements sont rare- ment v^ridiques, parce qu'en indiquant des routes et des marches, ils sentent qu'ils appellent la concur- rence etrangere. Les chefs des divers pays seraient sans doute les meilleurs donneurs de renseignements, mais leur ha- ( 112 ) hilude (Ic ii^j;ucialioiis Ics poile loujuurs a se d^fier des Em-opeens qui les queslionneut. On ne saurait assez s'apposanllr sur lawirt/j/^/edeqiies- tionner les Africains. D'abord si Ton ecrit en leur pre- sence, on provoque loujoursd'abord ladefiancc, cnsuilc le niensongc, soil pour troniper, soil pour sc rcndre phis inlercssants. Parlamenic raison on ncdoiljaraaispaycr nn rcnseigneinent, et dans los cas rares ou I'on donnc quelqiie chose, il faut savoir habilcment attribuer celle generosite a des molils tout a fait etrangers, par exeni- ple, a de petits services qu'on demande dans un autre genre. Les questions geographiques ne doivent jamais etre faites de prime abord, mais encadrees dans d'au- Ires questions sur des sujets qui interessent le rensei- gnateur sur sos terres, ses vaches, ses gages ou pro- fits, etc. , et Ton doit toujours terminer par un sujot etranger a la geographic, de maniere a no pas laisser soupconner le but qu'on a. Enlin , on ne doit jamais se tier aux directions, mais etablir des points par dis- ' tances, c'est-a-dire par des journees de roule en com- binant deux lignes avec une base deja connue, ou a defaut en obtenant trois lignes de parcours qui fur- ment ainsi un triangle. Si, en suivant ces regies on obtient sur le meme point trois renseignements inde- pendants et idenliques, on peut croire avoir atteint la v^rite. J'en exceple le cas ou, deux personnes etanl mises en presence, le voyageur aurait I'adressc de provoquer un pari entre elles sur le renseignement geographique : alors ces deuxparieurs indiquent pour juge une personnc competente et respectable dont le l6moignage sutTit ordinairement. J'exccpte encore de Foldigation (h>s trois renseignements le cas ou uu voyageur indigene intelligent, geographe par position. el l)ieii l»al)ikie .1 appiccier les (liscclious , Mcnl so presenter sponlanenienl pour deciiio uu pujs. C'esl ce qui m'est anive avec llarrali le Somali. (jomme tlans tous les Uavaiix dc ce moiide, ce n'csl pas tout de suite qu'oii acquiert I'liabitude do bicii prendre des renseigneuients, de rotenir la vraie ortho- graphe des mots et d'ecrire de niemoin;. On peut d'a'd- leurs souvent prouver les ineusongcs dun informateur el aussi presumer de sa veracite en le questionnant de rechel'a un intervalle de temps assez grand pour qu'il ait pu oublier ses premieres reponses. G'est ce que j'ai fait avec le chasseur Haro, dont les dires sont aussi confirmes a peu pres par le Cudru-Bayan, qui comple unejournee de plus enlro le Gabba et I'lle Lakku . et qui disait connaitre les Thutui. Enlin, si j'ai le bon- heur de rentrer en France, je publlerai tous mes ren- seignements, memo ceux que j'accuse de faussele, car il ne faut pas se fier entieremcnt ;'i des ideos precon- ^ues; d'ailleurs la \erjte echa]q)e quelquelois meme a un menteur, et les renseignements uniques sont pre- cieux commc pierres d'atlente; par exemple celui qui met chez les liask un grand lac qui ne communique pas avec le Lima. Remontons ce dernier cours d'eau , et cherchons quel est son aOluent principal. Je ne sais si je m'abuse, mais il me semble qu'il n'y a que trois regies pour se guider dans cette recherche. Ce sont : 1° le consente- ment universel; 2° une direction a peu pr^s conforme a I'axe moyen du fleuve dans sa partie inferieure ; et 3" le volume des eaux , qui est nrdinaireinent en raison directe de la longueur du cours. La premiere regie ne peut s'aj)pliquer dans notrr espece, parce que tous les indigenes du grand Damot ( J] /I ) el de lilu do Kala, so disant originaires des environs du Abbay, envolent Ji ce dernier tous leurs grands cours d'eau. J'avais longtcuips regards le Gojab (Go- dafa on Godapa des gens de Rafa) corame affluent principal el parce qu'il sourd cntre deux montagnes du pays dit Gomcr, Garar ou Gimira, ce qui corres- pond exaclemenl aux (. Jabal el-Qarar » des Arabes, traduil mal apropos par « Montagnes de la Lune, » el surlout parce que la plupart des peuples de I'lle de Kafa mettenl le Gojab au-dessus du Omo. Mais dire ici que Dieu juge conime le peuple, c'est tomber dans la ineme erreur qu'on a reproch^e avec lant d'acharne- ment a I'illustre el malbeureux Bruce. La deuxieme regie n'est pas applicable peut-6tre la oil le haut cours de cliaque Nil est interronopu dans sa direction par une vasle spirale : d'ailleurs le Gibe d'Inarya est celui de tous les hauls affluents dont la direction s'accorde le mieux avec celle du bas Nil. J'ai da done m'arreter a la comparaison du volume des eaux, qui est generaleraent aussi un signe certain d'un plus long parcours. Cela pose, j'ai etabli par dix temoignages indepen- danls puises, soil aupr^s des Gallas , soil aupr^s des Omale du Kullo, que le Omo I'emporte sur le Gojab et par la largeur de son lit el par la masse de ses eaux. Get ensemble de renseignemenls s'accorde d'ailleurs avec deux fails que j'ai inoi-mdrne observes : que le cours du Omo Teraporte, a partir de Babya, d'environ ]00 milles sur celui de Godapa, et que cette derni^re riviere, resserr^e sur la rive gauche par la chaine de hautes collines qui la separent du Kusaro, et sur la rive droile par les roides conlre-forts du plateau de Kafa, n'a qu'un tres petit bassin , ce que confirme ( 115 ) d aiiieurs le manque presque total d'affluents en aval du Naso, Une fois le Gojab rejete, il fallait faire un choix entre tous les tributaires du Omo, et d'abord metlre hors de question le Kusaro , dont j'ai vu la source a Mate-Doma, et dont le parcours est rainime, bien qu'il ait un assez large bassin en Kaka et en Badi. J'aurais regret de n'avoir 6labli I'inferiorit^ du Wabe ou Wabi que d'aprcs trois informateurs, si I'un de ceux-ci n'^tait le Gurage-Kaxo, rhomme le plus intelligent que j'aie trouv6 dans le grand Dainot. S'il m'est permis de publier la grande quantity de rensei- gneraenls neufs qu'il m'a donnes, en pcu de jours on sera bien port6 a en croire sa seule parole pour une riviere qu'il regarde comme sienne, puisqu'elle arrose Caba, sa terre natale. D'ailleurs la longueur du Wabi, etablie par d'autres renseignements, n'^gale pas celle du Gibe d'Inarya et du Borora reunis. Huit temoi- gnages s'accordenta donner la pr^t^minence au Gugsa sur le Walga. Reslait enfin a choisir entre les deux Gibe , nom qu'on applique a plusieurs rivieres aux caux blanches. Celui de Leqa a sa source sur le revers occidental d'une montagne relevee de Baso et de plu- sieurs aulres lieux, position qui s'accorde d'ailleurs avec la distance indiquee par les gens de Jimma- Tibbe et de Caw ou Lofe. De cette source jusqu'au confluent des deux Gibe chsz les Halela, la distance est moins grande que de ce confluent a la source du Gibe de Inarya. Quatre ternoins oculaires parlaient dans le meme sens; mais comme ils etaientla plupart d'Inarya, je me defiais d'eux. Je fis des efforts inutilos pour avoir les limites precises du bassin du Gibe de Leqa vers la source du Wama et vers Calliha; mais j'oblins une approximation , et en ddcoupant les bas- I we, sins tlob (li'ux Ciibc .i I'echcllc dr ,,J„^„, el d.iiis la meine leuille dc papier, jc |)iis los peser. Or les cloiix bassins elaienl a 0,003 <;raimiie egaux. II reslail done a jaiigerles eaux dcs iluiix rivieres et a Ijilu (!lal)lir Ic lien (1(1 counueiil. Moil rier(.> sc; cliargea da ce ilcriiici sdiii , el alia visiter le Gugsa au piiid de sa vie; iiiais sou i;uidi' ne lui j)ermil pas d'y rester : une eineulc des Gallas a Micso lui prouva que ce guide n'etail pas trop prudent. Plus tard, et coinine moven de controle, inon frere jaugeale Giiie de Leqa un peu en amont du con- tluenl, et cette mesure lut parfailenicnt confirmee par deux Gallas que j'euvovai jauger les deux rivieres au confluent memo. Enfin je fis moi-m^me les niesures de laigeur, vitesse et profondeur, au Gibe de Leqa, a une journee en amont de Haleia, et, pour I'autre Gibe, a deux journees du iiK'me point. En mullipliant les trois chiU'res, on obtieiil 7,2 pour ce dernier et 2,/i seulement pour le Gibe de Leqa. En supposant, ce qui n'est pas demontre, que les deux bassins soient reel- lement egaux dans le plan borizontal, on s'explique bien rinferiorit(j de celul de Leqa : il est Ires resscrre par le monl Kune, dont la tele est couronnce par une petite t'oret, tandis que le restc de ce bassin se com- pose presquc entierement de plaines basses et pen boisees. Or, on sait qu'en AlVique les plaines basses ont bien moins de pluies que les bauts plateaux et que les pays de montagncs. Inarya, au contraire, est ceint de montagnes couronnees de bois toullus, et possede pour fronliere meridionale la foret de Babya, digne bcrceau du [)lus long fleuve de notre globe. La memc incertitude entre divers aflluents regne jusque dans Tenceintc de cette ioret vierge, oil Ic chelil Gibe sc compose de trois ruisseaux, le Kabanawa, le plus petit ( 117 ) et le plus occidental, le K()r;i, el Ic Finliirc. (',elui-{ i, plus petit en temps ordinaire, leuiporte sur le Uora dans les rares annecs de grande sechcrcsse , car il a sa source dans un marais que nous visitames ovanl d'aller a celle du Bora. Ce dernier ruisseau sort de terre un peu plus liaut, un pen plus has, selon les sai- sons. Je n'ai jamais contemple un plus raodeste fdel d'eau; mais il se grossit bientot de tributaires tout mi- gnons et silencieux, pour s'avancer un peu plus tier et murmurant. Les deux sources sont aux coles opposes d*un rocher a leto chenue, qui se projette vers le nord, ce termc lointain des grandeurs du vicux Nil. Jo vous ai deja donne la longitude. La latitude est de 7° 4^' d'a- pi'es les azimuts de Saka et de Garuqe, confirmes par dos angles pris a la planchette du rocher meme. D'a- pres la temperature de I'eau houillante, la hauteur absolue serait 2 32/i metres seulement; mais le per- fectionnement des formules peut changer le r^sultat d'une observation faite d'ailleurs avec le phis grand soin. Recapitulons, avant de terminer, les divers noms que porte le fleuve Blanc a partir de sa source : ces dix-huit denominations doivent encore s'augmenter des noms donnes par les Xiluk, Danka et Barry ou iMaxango. huia, (Ml amonl du I'iiitiire. Doljbi, en aiiiontdii Mijii. Yntu, en amont du indiris. Golu, en aval du Indiris. (jil>i', dans le lias Inarya. K.ir'i), en aval dn Alaltu. (Jiand Ailio, en aiuonl de ll.delu. Guyaa, en aval ai'tioiil an doinaino ile ja get*- •^raj)luc. \ ous n'iii;norc/ pas qui' dans la geographie phy- sique do la mer Noire, Ton a toujours admis un grand courant se dirigeant vers Ic Bosphore, ot que sa I'or- malion a eti attribuee a la surabondance des eaux que le Danube et les grands fleuves de la Russia me- ridionale d^versent dans le Ponl-Euxin. Je li'ai Irouv^ aucune trace ilo ce courant. La surface de la mer iNoire est, on ellct , trop grando ; la masse d'eau ame- noe par les aCfluents du nord comparativoment trop faiblo , puis los lUictualions resultant des vents dans lui bassin jtresque ferme , Irop considerables pour qu'un courant semblable aussi regulier, auesi constant, j)uisse exister. II peul sans doute se former quelques oouranls accidentels sous I'influence des vents ou du retablissement do I'equilibre des eaux a la suite de t( rnpeios prolong^es : je n'ai, au reste, constats aucun ellet semblable. Cependant j'ai parcouru en b^irquo le littoral de la mer Noire, sur plus de 350 lieues de longueur... J'ai determine sur diilerenls points la salure de la mer Noire, a I'aide du densimetre Collardeau, et a I'aide de la melliodc plus exacte de I'ovaporation. En pesant la cuvette , vide, pleine, el avec le residu, ces resultats ont (^t<^ sensiblement les memes parlout, el ne pr^sentent presque aucune dilTorencc avec ceux du Bosphore. Aussitot aprt'S inon retour a Constantinople , je nie suis occupe de mon nivellemenl du Bosphore. Pour arriver plus rapidemenl ;\ uns solution , j'ai opere sur la partie inlorim'-diairo du canal. Ce travail fait avec ( Hi ) lo p!(!.s grand soin u I'aido criin niveau a i)iill(M!"alr ci a Innelto, ct an nioyon tic quatio coups dc niveau pour cliaque cute, a prouve qu'il n'existo aucuiie difl'6rcncn sensible de niveau cntre la mer Noii"e et la nicr dc Marmara. Dc l\oumeii-Ka\ak a Uacta-Liinan, sur one longueur de 13 000 nielres, la pente vers le sud, pen- dant les vents du nord , ne d^passe pas 33 millime- tres. Pour completer ce travail, j'ai I'ait, et I'ait conti- nuer pendant mes absences, une suite d'observalions .sur les variations diurnes du niveau des eaux du Bos- pbore. Ces observations prolongees pendafit six mois avec lindication des conditions atmospheriques pre- sentcnt ini haut inleret. Elles determinent en nienie temps les variations de pente jour ])ar jour pendant la duree de mes op-erations de nivellement. rjiuiii Ces resultats m'ont etonne ; mais ils s'accordent avec I'absence constatee dc tout courant r^gulier dans la mcr Noire, et puis avec de nombreuses series d'ob- servalions bai'omelriques faites sur le Bospbore et au niveau de la mer Noire. ■'■^m Sont ensuite venues mes observations sur la direction el la vitesse des couranls a diirerenles profond&urs. Celles-ci ont ele aussi irregulieres que possible , va- riant tl'un instant a Tautre , d'un point a un autre au gre du vent, mais indiquant toutel'ois une direction generale vers le sud. Ces irreguiarites surtout signal6es pour la vitesse se comprennent parfailement en son- geanl a la grande masse d'eau que les venls du nord font reiluer vers le Bospbore, a celle moins conside- rable inisc en mouvement dans la Propontide, et aux oscillations qui doiventresulter dalis les eaux du canal a la suite de la cessation on de, la rejirise de I'un on de I'autrc de ces deux venls. IX. ri';viuin. /l. 9 ( 152 ) 11 m'est arrive de voir mi courant sud laibJo a la surface, diininuer peu a peu, sc ruduire a zero a une profondeur d'une quinzaino do inelros, puis repa- railre dans ia lueine diredion avec une vitessc decuple de cede de la surface. Pour expliquer ce pliononiLMU', je suppose qu'il existait d'abord sous rinlluence de forts vents du nord , un courant vers le sud emhrassanl conime a I'ordinaire, a peu pres la lolalile de la liaii- leur du canal. Les vents du sudayanlensuile succede a ceux du nord , le courant aura 616 complelemenl neu- tralise dans ces couches superieures; lUcds avant que celle reaction ait pu descendre dans les r6fj;ions infe- rieures, le vent du nord aura rcpris de la le nouveau courant vers le sud a la surface el jusqu'a une certaiue profondeur. Cetle ex[)lication s'accorde parfail(>ment avec I'observation des pli6nonienes met^orologiques. Ne pouvant entrer dans tons les details de ces etudes , je me borne aux conclusions sui\ antes : 1° La dilTerence de niveau enlre la mer Noire el la uier de Marmara est une quantity insigniHante sans in- fluence dans les questions concernant le niveau relatif des grandes mers. 2° Les divers courants signales dans le Bosphore resullent prcsque exclusivement de Taction des vents. 3 Les vtnts septenlrionaux etanl les vents regnanls, et leur action s'exerq^ant sur une masse d'eau beau- coup plus considerable que celle de la Propontide, il en r^sulle que les courants vers le sud sont les j)lus apparents, les courants regnants. 4° II se produit sur ])lusieurs points des courants trts rapides vers le nord a la suite de forls vents du sud. II est probable, pres(|ue certain, iju'il existe constamnient des courants dans cette direction; mais (123 ) qu'ils sonl Irop leols , trop peu sensiblcs pour elre re- roarques. Ce soul des conlre-courants destiny's ;"i ra- mener F^quilibre entie los deux bassins. 5" II est impossible de determiner I'influence que peut exercer sur la formation des courants vers le sud, la surabondance probablement tr^s faible ( si ellc existe ) des eaux que les fleuves deversenl dans lame'' Noire. Ces etudes lermin^es , il m'importait aussi, dans I'inleret de mes reclierclies sur les revolutions physi- ques du bassin du Pont-Euxin, de constater si, dans le cas de la fera;eture du Bosphore , les eaux de la mer Noire, en s'elevant, pourraient trouver un ^coule- ment dans la mer de Marmara en remontant la vallee du Sakaria (Sangarius), et en penetrant dans le golfe do Nicom^die par la voie du lac de Sabandja. J'aidonc fait un nivellement pour determiner la hauteur des collines qui separent le bassin de Sabandja de la Pro- pontide. J'ai trouve que le point le moins 6leve pre- sentait neanmoins une elevation de 40 metres 99 cent, au-dessus du niveau du golfe de Nicomedie. M. Olivier s'est done compl«^lement lromp6 dans ses conjectures sur la topographie de celte region, 11 n'est pas elon- nant non plus cju'on n'ait jamais donne suite au |)rojel de ce fameux canal de communication enlre le lac de Sabandja et la mer de Marmara, dont les Piomains s'elaient deja eux-memes preoccupes. Ce travail pre- sente , en effet, les plus grandes difficuUes. Le Bospiiore etant ferme , les eaux de la mer Noire pourraient done s'elever, deborder par dessus les plaines de Manitch et se reunir a la mer Caspienne sans trouver aucun ecoulement vers la mer de Mar- mara. Une pareille jonction n'aurait peut-6tre pas lieu ( 124 ) aujourcriuii pnr Fuile dns changemenls qui so sont operes dans lo iHl'pime des llouves -eS rivi(^res. Au rcsto , le.s uiunies ;pliL'nomJ?nos que j'ni remar- ques sur lea cates scptenlnoiiales de lamer Noire, je les ai r«tjouves,,sui' *e lilloraT dc la Bulgaric, de la Rouielie ctido rApalolic; PartoivtiCxistent des traces d'unc plus grandc lilevalion de niveau: darts les caux de la nicr Noire , se coinposanl dc depots moderncs s'elevant parloutra la meme haulcur^ depassant rare- ment 25i« 30 iiHetres, ot iHjnt'erniant inlactes des co- quiUes marines dont loulesdes c^pioes viv«nt encore aujourd'hul daus la nier Noire. Le 2Zi j.uin dernier, jc suis rcntr^ dans la nier iNoiro pour achever man.puriple par I'exploralion do la cote comprise enlrc Ic.Boephore et le Pliase- La geographic de cotte longue ligne de coles encore si pen connues m'a vivement inloi^ess^. Heraclck>,, Amasserah, Sinope, Samsoun , Keresoun, Tr^bisonde , etc. , ffl'ont fourni successivement de boaoi'X sujets d'etude et de precieux documentsisur toutes le«.diverscs colonisations qui se sont snccede dans oes parages. Quant au jjays, il est admirable. 'icb »qiiio-ii Ja;mi')i^u(janj;» ono < En quillanl Ti't^bisondc, je me suis rendu a Diarbe- kir en passant par tguin et Kbarpout, de la, je me suis engage dans la parlie cenlrale du Rordislan , et je suis arrive a Tauris pau la voie do Bitlis et de \ an. J'ai ete charme do nion voyage a travers le Kurdistan, malgre le pen de.conl'ort que j'y ai renconfre. Nulle part je n'avais encore v« des villages aussi miserables que sur la rouleide Bitlls a .Van. Les babitalions sont compl(.Hement,enfouies dans le sol ; ellos nc recoivent !e jour queparunepelilo ouverlurecirculaii'C qui sort en meme temps au ])assagc dr lit lum^e. J;a pitVop ia ( 'J!>5 ) plus conforlablo que I'oi) pouvail inellie a noire dis- position pour la nuitconslslail invariablenient clans un petit carre situe au centre de I'ecurie. Une levee en terrc de quelques ccniimeirestle hautettr nousy met- tait a I'abri de nombreux herbivores de loute nature qui I'aisaient cercle, et en niemd temps un concert tres bruyant autour de nous. J'ai determine la salure du lac de Van. La melhode par evaporation m'a donne 102,029, Vaiu etant 100. Le densimetre Collardeau a indiqu6 lO?.' ' Mes etudes meteorologiques comptent 26/i observa- tions barometriques et thermometriques depuis mon dernier depart de Constantinople, et 115 observations hygrometriques. Elles presentcnt d'aut^nt plus d'in- teret , qu'elles comptent de nombreuses series pour tous les principaux points. Elles pourront donner une id^e aussiexacte que possible derorograpllie d'elaligne que j'ai parcourue. Voici quelques latitudes. Je n'ai avec moi que celles a partir de Trebisonde. : s.-i, i-:;!()i; , i; p :rM ^:i ' Guinuch-IIaiic ••.T*fJT — " • •> ■4o"'2^'^.'2^''j'2i. l:^j;uiii, siir I'Eiiphrate . . . . . , 3g" ii' 37",3i. Kebaii-Maden, iy.".' '.^ '.'""^l '/'/.' . 38" 44' 55",8o. Kl.arpont . .'■['''. V^'P /' :''.' .' -38" V 37'*,98. Diarbokir . . ■■ p'^j>'n:-')h f>! .?':«'•. '>-!t^" 54' /fi^',58. JSitlis. 01)serv('e de nuit, ii'a pu encore etrc calculec [>ar suite (111 inaiinuc de tables neoefeeaireS'. ;■■ ■ V.Ti ;'0*9lfo!' ■ • • 38" 39' 23",4o. Tauiis ' ." . . . . . 38" o4' 47",87. II y aura peut-etre quelqiies legeres corrections a laire a cos cliiffres , vu que dans nies calculs j'ai dii nie servir de la retraction moyenne , les tables de la (\)/i'uiissancc dcs iciiips ne donnant pas les retractions { '26 ) piiur uies elevations dc ni\oa(i aii-dessus de la mor. J'ai ^galement fait toutes les observations necessaires pour la longitude des licux ci-dessus. Mais aucun calcul n'est encore fail. Mon ciironomelre Winnerl marclie parfaitement; son retard diurne, depuis mon arrivee en Orient, varie entre les limites de 3", 53 et 4", 78. Je le r^gle avec le plus grand soin, toutes les fois que je ui'arrele dans une villc dontla position est connuo. Quant au chronometre Motel, celui de la marine, il suhil, conune une montre ordinaire, toutes les va- riations de temp(^rature. II prosente des variations diurnes de hO". Si, a ces resultats, vous ajoulez 474 angles releves a I'aide de la boussole depuis mon depart de Trebisonde , vous pourrez vous faire une id6e du degre d'int6r6tque j'accorde au trace de niun itin^raire. J'ai relev^ avec le mSme soin loute la cote de la mer Noire. En me rendant de Diarbekir a Bitlis, j'ai ete a me me d'explorer tous les affluents du Tigre, et j'ai constate qu'il n'en est aucun, avant quelque analogie avec la description que nous ont laiss^c les auleurs anciens , des sources et du cours sup<^rieur du Tigre. Quant au lac d'Ersen que Danville a pris pour un des deux lacs signales dans Pline, il n'existe nulle part, quoi- qu'il figure encore dans la derni6re carte du colonel Lapie. II existe non loin de la riviere de Bitlis de nom- breuses sources salines exploitees a I'aide de puits et connues sous le nom d'Erzen , ou plutot Gbarsen. C'est probableraent la ce qui a donnv/; r-M-W,/.: ,■;;■ •IfJ'jJDu; SUB LES NOUVELLES I^ECQpVEllTES Dl^ DOCTEUIl l'u\E. En lisanltaltcntivcment etsuivantsur la carle donnee dans le voyage de JMM. Doase et Simpson la relation du docleur John Rae (JSoiwellcs Annales des Voyages) , on voit c]ue le docteur s'ost un peu hate de prononccr que, deflnilivement , la presqu'ile Boothia Felix etail jointe a la cote liord d'Amerique.. En elTet, Dease et Simpson ont navigue dans un ca- nal etroit , qui, en quelques endroits, n'a pas plus de 3 nnilles, ils Font suivi depuis le 96" 10' de longueur 0., jusqu'au 91° /jO', La, ils I'urent obliges de s'arreter ct de retourner sur leurs pas a cause des provisions qui manquaient. Pendant que I'equipage du canot etait occupe a construire une espece de monument comme- moratif de leur visile, MM. Dease et Simpson sepor- tereiit sur une eminence situec a 3 milles plus loin, pour examiner la direction des terrus ; la cote du continent qui elail basse, n'elait visible que jusqu'a o miiles de distance, ou elle paraissail tourner a ( no ) (Iroite. Boaucoup tiu-dela on apercevait plusionrs lies halites, et dans le N.-E, dans un eloignotnent |)lus grand encore, on voyait nne lorre blenatro elevee, qui fut dcsignt^e sous le nom de cap sir John Ross, ot forme probahlernenl lo proniontoire du S.-E. de la terre de Bootliia. i\ous ne pouvions gu^re douter, dit Simpson, que nous nc fussions arrives a cc grand goUe unani- niement design^ par les Esquimaux comme contenant un grand nombre d'iles, de nombreuses decoupurcs, et s'^tendant tres bas vers le sud, jusqu'a ne plus sc trouver doignc^ de la baie Repulse que do hO milles. D'un autre cote, le docteur Rae, apres avoir re- nionte la baie Repulse, puis traverse un espace de terre de hO milles pour venir gagner la raer au nord , suivit une cole faisant face a Test jusque par 68° 17' de latitude; puis voyantla terre toui^ner a Test et les Es- quimaux lui indiquant qu'il aurait plus court de tra- verser cetle pointe que do la contourner pour gagner la mer qui etait de I'autre cote, il arriva le 15 sur les bords escarpos d'une baie que les naturcls appelaient Ak-Ku-li-gu-Ouiak; la surface de celte baie etait se- mee d'un certain nombre de bautes lies, il se dirigea vers la plus elevee ou il s'arreta. '( La journee du 10 fut tellement orageuse , que nous ne pumes meme, dil-il, essayer de traverser la baie. » Je partis de bonne heure le 17 dans la matinee. Nous dirigeames notre course sur la terre la plus eloi- gn6e qui filt visible, portant au N.-O. vrai; le temps 6lait beau, mais fiais, et la glace etant unie, une course rapide de 17 milles nous porta au point vers lequcl nous nous dirigions, a temps [)our oblenir une observation m^ridienne du soleil. Le cap Berens est situe par 69" !i' 12", el 88" 15' de long O. .. ( 131 ) Apres avoir continue sa course vers le iiord et re- connu la bale Lord Mayor de sir John Ross, le doc- teur Rae revient sur ses pas et se retmuve encore dans I'lle deja citee. aElle est elevee, dit-il, de 130 pieds. Du point le plus ^levc, j'eus une belle vue de la bale et m'^pargnai ainsi I'embarras d'en contourner les bords. EUe s'etend au sud I'espace de 16 a 18 milles, et ren- ferme un assez grand nornbre d'iles dont la plus haute est celle sur laquelle nous campions. » Y aurait-il quelque chose d'extraordinaire a suppo- ser que dans cette vaste bale qui a 17 milles d'ouver- ture , et dont le fond pent etre simule par des iles , il pourrait exister un canal de quelques milles de lar- geur, qui serait la prolongation de celui suivi par Dease et Simpson, jusque par 91° 40', et meme jus- qu'a 90° hO', en comprenant les iles vues au loin ; les deux points extremes de Dease et Simpson et du doc- teur Rae, ne sont eloigner's que de 53 milles, en sup- posant les longitudes bonnes. On ne pout s'empecher de reconnaitre dans la cote remontee par le docteur Rae le cote ouest du grand goife de Boothia , que Dease et Simpson crovaient voir a I'extr^mite de leur course; iln'y a done la aucune prouve qu'on ne puissc pas venir du canal suivi par Simpson gagner le dctroit de Fury and Heel a. Quant a I'isthme indique par M. Rae comme limi- tant la terre de Boothia Felix avec le continent d'Ame- rique.. il avait 6te reconnu par sir John Ross; mais au sud des terres regard^es par Ross commo apparte- nant au continent, Dease et Simpson avaient (roiive un canal dont il s'agirait de constater la terminaisun avant son arrivee au golfe de Boothia, pour justifier le dire de sir John Ross et du docteur Rae. ( 13-2 ) En rollsanl lot. A'ain'cl/cs yJnna/cs dcs Koya'^cs , ic vois (jiie M. King a cru tlovoir aussi clever des doules surles conclusions de M. lo docteur Rae , uiaisconimc ces doute^ sont fondes siir d'aulres considerations, j'al ciii |Miu\()if boumeltro a la Societe cellos que jo \iens do jn'escntcr. Dri ti-odvera jointe a ce Bulletin une petite carte sur laqucllc. i'ai trace les Iravauji de sir John Ross, do De'ase ,et Simpson, du capltaine Back ol du doctour Rae.' Je ferai remarquer cjuc Ic point extreme de Dease et Simpson scrait, d'apres los observations do ces voyageurs, par 91° 50' de longitude 0,, landis qu'en adop'tant la position de Tile Montreal, dcterminee par le.caphaihe Back, pe meinc point so trouvorait par 90° Zi3', ce qui montre combion il restc d'incertilude sur la determination des points dans ces haulos latl- ludos. ' P. D. ■.ax ANALYSE DES OUVllAGES'OFFEKTS A LA SOCIETt. HJnivers. -yJiisloireet description de tons les pen pies. lies de I'Jfnque, par M. D'Avezac, avec la collaboration de MM. dci Frobervllle, Frederic Lacroix, Ferdinand Iloefer, Mac-Carthv ot Victor Charlicr. . ..Hi •■ -• ' Ce volume est la reunion dc loutes les livraisorls de V L!nivLi\s i)ittutt'sangeliques , 22* ;inn^e, 12" livraison, Comme nous ne cherchons a faire connailre dans les ouvrages offerts a la Societe que ce qui pent inle- resser la geograpbie, nous ne citerons de ce jourjial que la phrase suivanle , extraite d'un rapport de M. Daumas, date de Mekualling, le 1" aoiit IS/i? : (( Les environs do noire station n'ont pas toujours el6 Cert tranquilles; un parli de Boers a jele plusieurs fois le pays dans une cerlaine agitation; mais grace a I'a- genl que le gouvornemcnl anglais a etabli dans le pays a la lele de quelques troupes, I'ordre a etemaintenu. — Plusieurs fermiers hollandais ont pr^fert^ se retircr dans le pays insalubre de la bale de Lagoa plulot que de sc soumettre aux lois anglaises. » Nous avons d6ja donn6 dans les num^ros de fevrier 1838 et de fevrier 18^0 deux notices sur cetle emigra- ( li^« ) lion cics rcrmiers linllanchiis du cap de Honnc-Espe- raiicc, qui, pour se soustraii'o a la domination anglaiso qui les a Mosses, sc sont lancc'S dano Tinlerieur do rAlVique au milieu dos Iribus sauvages. INous suivons avoc un vil" intertt lout co qui peul donner connais- sance des suiles do ce fait important. Malheureusc- mont il ost bien dillicile d'avoir dcs renseigncmonts certains. I.e rapport de M. Dauuias nous fait voir ([iio les Anglais no sont ])as encore parvenus a fairc renlrer dans les limites dc la colonic les liollandais qui I'a- vaient abandonnee. Le rapport dc M. Daunias se lerminc en aniioncant ([u'il a etc oblige d'allcr a Natal pour se procurer des j)lanchcs, ct qu'il esi)ere envover procbaincment quei- ques details sur ce voyage, accompagnes d'une carte du pays parcouru. Ilt^vno dc I' Orient ct dc V Al aerie. Novembrc 1S'i7. ' ■/■) ' ■ ■;. I. !', Ce nuinero conlient une notice asse/ etenduc sur la Coree, i)ar M. Mac-Carlby. Apres avoir cite ce que Ton sait sur ce pays, M. Mac-Carthy reproduit une des- cription du royaume de Coree, extraite d'un ouvrage liollandais intitule Relation du tiaufrm^e d^un ixdssenu hnllandais sur In cole de Vile de Quclpaert, avec la des- cription du royaume de Coree par Henri llamel, tra- duit du flainand par M. Minuloli , Paris, :U>70, dont 1 'exactitude a etc confirmee par lo Memoire sur la Coree publi(i par W. Callcry, dans la lievne deV Orient, en 18/iZi. ( 137 ) Aiiiialex riiortdmes et coloniales. Novemhre 18^7. Nous donnerons ici la nole cles difTercnts articles de ce numero qui interessont specialement la geographic. Get interessant recueil a cesse de paraitre depuis le 1" Janvier, au grand regret de lous les marins. Nous csp^rons cependanl que cette interruption ne sera que momentanee , et que ces Annales, qui ont servi de modele a des publications analogues a I'elranger, re- paraitronl incessainment et n'auront eprouve que quelques modifications : — Notice sur les vents ot les courants de I'ocean Pacifique occidental, d'apr^s les observations du capi- taine Hunter; — Remarquos au sujet do quelques inexactitudes des Instructions d'Horsburgh sur les mers de Mindorn cl de Sooloo, par le nieme ; — Renseignements sur quelques ports de la Nou- velle-Zelande, exlraits des remarques du capitaine Hayes, commandant le vapeur de S. M. B. le Driver. Commission hydrometrique de Ljon. Hauteurs de I'eau tombee journellement sous les formes de pluie ou de neige, sur differents points des bassins de la Saune et du Rhone, avec la hauteur des rivieres el la direction des vents. Tableaux des mois de Janvier, levrier, mars, avril , mai , join, juillet et aoiit 1847. IX. Ffevnii'.R. 5. 10 ( 138 ) Hei'ue l/ri/(inriiual>ua. 9 300 3 Ciiiiilou. 14-2 000 3 provinces el 8 pai lidos. l^uliacatt. 5 500 4 Cuhiihuila, 8-i IIOO 19 ayulamicniKS. Moncluva. ?2000 5 Duruiigo. 200 000 11 parlidos. Durango. 13 200 6 Glianaxiiulu. WJOOOO 33 paiuisses. Giianaxtialu. 34 000 7 Nouv.-Lc'oii. 113 419 8 pallidus. Monleiey. 15 000 8.S.I.uisP..tosi. 174 9.'.7 4 provinres ct 10 parlidos. San l.uis l'ol(Jsi. 3G900 , 9 Blexico. 1 100 000 8 provinces el 38 parlidos. Mexico. 170 0(iO 10 Oiixiica. GOO 000 8 provinces el 22 parlidos. Oaxaca. 2,^ 000 11 I'uebla. 900 000 7 provinces et 25 partitlos. Puebla. G7 800 12 Quprelaro. 500 000 6 p.irlidos. Querelaro. 30 000 lo Suiiuia. 4G 6ri6 2 piovinces el 6 parlidos. Villa del Kuei le. ?5 000 14 T.iliasc". 78 05G 3 provinces cl 9 parlis. Saitliago. ?3 000 15 'r.ini.iulipas. 1(;G824 3 provinces cl 11 pat lidos. Vicloiia. ?rmtir M. iHbrill D.' ,./,re,/ in. ' /i • o l.,/,:./„mei.r.r I.A-rU., ^^^ f Ctrt-ini'nt-TotuietTf > lE,,n,o„l • IWhif.nn,Ja,, 7/11 Martin 20" I-Bar,;un >. I.Caiy^/orl f • I-^.'ictvon ■^ J^- O.fmihrui/h ^ ^ J / MlH'IC/lhouf 1 I* Mau^a-reva ... •Jtt/D \ 14 0" — 1^ Loup-iUiAe a lOi-riilciit Ju Meriiliiii ilr IWis. p^ ,i" x^o" 1+,." ,4,0" ^ ^ /..Ifci/ /.77.v7rfla ™,.,,,.i„»™^rv 1 .uu-im''Ei. i-oMOTor » <;' 1 I t/itjtres W. Vilici'udoii-Dumoiiliu 1 Lllond^, "-•-< ^ ,:■ Q fn^'iiit'iirfh,-Jf\>i^r.ipfn- , i5" 75 l(U« I 1 t Jf " l.irakl.hf^f 1 0 /> ' ''"■-^■^' <^I . Boi-pliiv A-ToUv / A-AW// '7). ' /■■ '"•"■"" /'_»..,^.« ^ ,.----, //j/.».™'.« /..«./»/.,„„ : ,,._..... ■' I..IU ,// . .feY/?/W.,ft:.« ^-..«..... 1 ♦, [ Behm '■ ^ y r , .y u.b™- /../rtr/wwr.,1/-..- ' _■ ^^ I C/fft'ltVlt-lhtUH-ttf 1 i:I W Hriuy '' f'-'- -f /■'•inir./m.r f / h . • ■ • 1. Queen Chailoth' / ; 0 [ /> <^/ S /. sfpMii lin" an** IMarjOTft j 1 , //tfA.» 1 r.,t.IM,jh ^y /./■:.rfMi.Ml '1)1 I-fBooJ A ,. *■ It ^;^, /. lK\-nithriufll 'j' / .Moerti>li<-ul 1 4 '/• ~ / liciirottttiii I HWhh,a-,. /► ^,_.,^ 1 , *I.Ki ""■"" 0 0 ■<" .\l'll,mi,U 1^'.' „| h.it.i .1 r II .r I ^,„ .m,„.rm„l rr.i"" ,;„/■"'■ (ho 1 1, 1 i/l,:,/lll fly — ' . 10. n^mm la l'rTsi|ullc. E KATA. I" <:i D'AMUIMK r BULLETIN l)H LA SOCIETE D\i GE()(UUI>HJE, MARS 18/i8, PREMIERE SECTION. VreMOIF^ES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS MEMOIRE Jl STIFICATIF EN REHABILITATION DES pliRES PIERRE PAEZ ET JI^ROME LOBO, MISSIONNAIRES EN ABYSSINIIC, EN CE QUI CONCEHNE LEURS VISITES A LA SOURCE DR l'aRAI ( LE NIL ) ET A LA CATA- RACTE d'aLATA; Par CIIXRLES T. BEKE, COBOESPOSnANT HE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE DE PARIJ F.T MEMBRE DK PI.USIEURS AUTRES SOCIETES SAVANTES. La mission des jesuites en Abyssinie, dont I'existence s'est prolong6e depuis le commencement du xvi"" si^cle jusque vers le milieu du xvii', est un des ev^nements les plus remarquables de I'histoire de cette contree. Deux des peres les mieux connus aujourd'hui, parmi ceux qui faisaient parlie de cette mission, sont Pierre Paez et Jerome Lobo. Le premier vint en Abyssinie dans I'annee 1603, el y s^jonrna jusqu'a sa morl, qui IX. MARS. 1. LI ( 14(3 ' eut lieu en 162S. II y laissa une relation tie ce royaiime et ties evencmenls liisloriques qui s'y passtJient pen- dant le cours dcs annecs 1555 cl 16*22. Cette relation, ecrite par lui en porlugais, lut apportee do I'Abyssinie a Rome, quelque temps avant i'ouverture de I'annee 1652, par le p^re Frangois de Carvalho, procurateur des Indes et de I'Llhiopie (1). On croit que ce manu- scrit ne s'y trouve plus (2). L'ouvrage de Paez n'a jamais el6 publie, et le seul fragment que Ton en connaisse est une description de la source et du cours superieur de I'Abai (pris a tort pour le Nil par les Porlugais), donnce en lalin par le p^re Athanase Kircher, dans son OEdipus /Egj'ptiacun. Deux ans apres la mort de Paez, le p^re Jerome Lobo arriva en Abyssinie a la suite du pere Alphonse Mendes, troisieme et dernier patriarche d'Lthiopie. 11 y resla jusques et peu de temps encore apres qu'eut paru, en 1632, I'ordonnance de bannisscment des j6- suites, decrdit^e par Tempereur Susn^os (Socinius, que les raissionnaires portugais avaient surnomme le sultan Segued). Cette epoque est cclle ou lui, le pa- triarche, Carvalho et le resle de la mission, quilterent cette contree pour retourner aux Indes et de la en Europe. M. Lcgrand fit paraitre dans I'annee 1728 une edition en fran^ais du voyage de Lobo (3), qui fut (i) Voir Kircher, OEdipus jEgypliacus (fol. Rotiia, iGSa), Syn- tagma, 1, cap. VII, p. 57; Jellez, Hislorla de Etitiopia a Alta (fol. Coiinbra, 1660), p. i3; Tirabo»clii, « Memoria sulle coyiii/.ioni che ii avevaiio delle soigenti del Nilo prima del viaygio del siguor Gia- copo Bruce, » dans les Memoria delle reale Accademia di sclenza belle lellere ed arti (fol. Mantova, 1795), p. iSa. (a) Voir Halls, Life of Salt ( London, 1 833 ), t. I, p. 436. (3) yoyacje liistoriijue d'Abyssinie, in-4''. Paris et La Uaye. ( ni ) suivie d'une Iraduction en anglais publi^e en 1735 par le docteur Johnson (1). Dans sa relation (2), Lobo donne de la source el du cours superieur de I'Abai une description qui, sous bien des rapports, ressemble a celle prec^denniient ecrite par Paez, el dont il pour- rail certainemcnl s'etre beaucoup aide, vu que le ma- nuscrit de Paez se trouvail dans la possession de (lar- valho, compagnon de Lobo. Toutefois il n'y a aucune raison de supposer que Lobo n'ail pas personnelle- nienl visite et examine les lieux , ayant dil passer par eel endroil ou tr^s pr^s de la en se rendanl h Lidja- Negus (Liginoiis), dans la province de Damot, ou il aurait et6 envoye pour y ^tablir un college de la So- ci»^l6 de J^sus (3). Dans sa route pour atteindre la province de Damot, Lobo alia voir la chute de I'Abai, connue sous le nom de « cataracte d'Alata; » et par la description qu'il donne dans son ouvrage [h) de son passage de la riviere, ce passage se serait effeclue en Iraversant une grotte naturelle IVay^e sous la chute ineme. Nous ne rapporterons pas ici tous les fails et evene- menls fori int^ressanls qui se raltachent a la residence {y) A Foyage to Abyssinia, by Tallies Jerome Lobo, in-8°. London. Dt'ja,<]es I'auiiee 1669, le chevalier Peter Coyche publia A Short Relation of the River Nile (12 mars. London), consistant en plusieui* pieces (jui, conime il est dit dans repitre dedicatoire, « furent reciieil- •> lies a Lisbonne par le chevalier Robert Shoutwell et fburnies par un ^ jesuite (|ui avait passe plusicurs annees dans I'filhiopie el les Indes," c'esl-a-dire par le pere Jerome Lobo lui-uietne. Thevenot donne un abrege de cet ouvrage dans le second vuluuie de ses Relations de Ji- veis voyages curieux ( fol. Paris), 1696. (2) Legrand, pp. 106, 109. (3) Ibid., p. 1 1 3. (4) Ibid., pp. 108, 109. ( iis ) de Paez cl tie Lobo clans I'empire d'AI)>ssinie , r^solu que nous sommes a nous rent'ermer dans les consid6- latlons qui regardent les descriptions qu'ils ont don- nees, le premier de la source de I'Abai, et le second dc la cataracte d'Alata ; descriptions qui ont servi de texte aux critiques les plus sev^res du celebre voyageur James Bruce de Kinnaird. Bruce visita I'Abyssinie dans les ann^es qui s'ecou- lerent entre 1709 et 1772, et ses avenlures dans ce royaume sont consignees dans ses Tia^'els to discover the source of (he Nile, don I la premiere edition parut en 1790 (1). La polemique que cot ouvrage a soulevee est trop connue pour que nous fassions autre chose que la rappeler. A eel egard , les tribulations que James Bruro a souffertes ( et dont aucun voyageur n'a vraisemblablemenl endure de pareilles) ont eu cepen- dant ce double resultat : de servir a ^lablir, en somme, I'authenticite de son voyage en Abyssinie, et de forcer a reconnallre la haute valeur que ppssede un grand nonibre des observations et documents qu'il a re- cueillis pendant son sejour dans eel empire. Co qui a peut-etre le plus indispos6 contre lui, ce sont ses ef- forts perseverants a decr^diter les temoignages des personties qui I'avaient precede en Abyssinie, et qui, avant lui, avaient ecrit I'histoire de cette contree et de ses habitants. Les deux peres jdsuites Paez et Lobo sont precis6- ment ceux que la plume de Bruce a le moins epargn^s. 11 semLlcrait que son idee fixe ait k\.^ de convaincre ses lecteurs que la visite de Paez a la source de I'Abai n'a jamais cu lieu, et que sa description de cette [\\ In-.j*. I.niiiliiii, fii ciinj toni>-3. [ 1/|9 ) souice, cilec par Ivhcher, «'ht cii tdus points apo- cryphe; puis il inveclive Lobo, en le sigiiaJaiit comme « le plus grand menteur de tous les jesuites (1), » el Iraite la relation qu'il a donnee de sa visite h la cata- racte d'Alata comme une pure fiction re|)osant meine sur une impossibilite phjsiqiie. Les represailles des savants conti'C co genre d'argu- inentation ne se firent pas attendre. L'abbe Tiraboschi, dans sa Memoria sidle cognizioni die si ave\'aiM delle sorgenti del Ndo prima del viaggio del signor Giacopo Bruce, publics en 1795 (2), et le professeur Hartmann, dans la preface tie son Edrisii Africa (3), publi^e I'annee suivante, prouverent jusqu'a I'evidenee que Paez avait, bien avant Bruce, decouvert el decrit la source de la riviere Abai. TouleFois, taute de connais- sances locales, ces deux savants ecrivains ne purent qu'iniparfaitement justifier Paez. Quant a la descrip- tion de la cataracte d'Alata par Lobo, il ne parait pas (jue Ton ait jamais essaye de ve^futer les attaques dont elle a ete I'objet. Cependant les descriptions des sources de I'Abai et de la cataracte d'Alata par Bruce ont ete generalemenl regardees comme exactes et onl menie acquis un caractere de verity bistoriquc, tandis que celles de ses predecesseurs sont encore aujour- d'hui mises de cote ot onsevelios dans un oul)li pi'ofond et immerite. Depuis le retour de Bruce de I'Abyssinie jusqu'a mon arrivee dans ce pays [h), aucun voyageur euro- (i ) Travels to discover the source of the Nile (e(]it. pr.}, 1. 1, |). .107. (2) Dans les Mcitwria rlellc reale Accadeniin di scienzc, belle lettcre ed arti, p. 1 Sa et siiiv. (3) ln-4°- Gottingen. 179^. pp- 1 •^. 17- (4) .le vJMiai 1 ,4 souii p iIp I'Aliai Ip 16 111. n « n Ip j S ilfrpmhi 6 I S4 ', { \^0 ) p^oii ii'a jainaib fail acli' il<' pc^sciice a la calaracte d'Alala ni aux sources de I'Aliai, en exceptant toiitelois le docteur Riippell, qui, en 1833, a bien ele dons la proximite de la cataraote, mais non, a ce qu'il parni- trait, sur remplacement meme, el MM. Arnauld d'Ah- hadie et Bell , qui visilerent la source de I'Abai dans les annees 1839 el 1841. On attend encore la relation des voyages de M. d'Abhadie. M. Bell s'est conlente d'^orire quelquos lignes dans les Miscellanea y^gr- ptiaca (1), en forme de description de son excursion rapide a la source. C'est done a raoi qu'il est reserve de pouvolr produire les preuves indispensables pour decider si les objections 6levees par Bruce contre les assertions de ses devanciers sont legitimes ou non ; et bien que par consideration pour ce voyageur distingu^ je puisse regretter une condamnalion contre lui , il m'est conscicncicusement impossible de me recuser dans une cause ou mes depositions pourraient etre utiles aux missionnaires portugais. Cctte cause, je I'ai port^e de preference devant la Soclete de G^ographie de Paris, comme etanl I'organe que j'ai juge le plus propre a donner de la publicitc; a mes preuves et depositions qui ressortent de ce m^- raoire. Je dirai ici ce qui a determine cette preference. D'abord la mani^re flatteuse avec laquelle la Soci^te a et la cnlarnrlc d'ALita le 8 mars 1 843. Voir le Journal of the royal geographical Society of London, t. XIV, pp. I3, 33 fit suiv., 48 ot siiiv. M. Antoiiie cVAl)l)ailie a!l:i voir plus tartl \a source hunc fentem Nili verum una cum imperatore /Ethio- »pia!, quorum uterquo curiositate simul ac veritatis » amore perciliis, magno exercitu socialus, dictum )) fentem lustravit. Verum cum dictus P. Pelrus Pais )) summii diligentia, hoc negotium in ingenti rerum » .'Elhiepicarum manuscript© epore qucecumque ol)- wservavil, perlractaril; hie ejus verba ex lusitanico » in latinum translata apponam , ut Veritas rei lucu- » lentiiis patefiat. Sic itaque ait : » Poslquam tractavimus de fertilitate terrarum sub » deminio presbyteris Joannis (1), eperae pretium mo » facturum existimavi, si hoc loco nonnihil de praeci- » puis numinil)us el Incubus terrarum ejus imperio Ti) r.'csl aiiHJ i|iip Ir- I'oi |ii;;:iis ')i- montis planitie exilum habere, sed in radice mentis: | » profunditatem quoque fontium tentavimus , et in (i) Les passages entrt- parentheses sunt cites par Ludolf ilans sou Cointni.ntarius ad Historiarn .-Ethiopicam , p. 123; et lis sont aussi traduits par Bruce dans ses Travels, t. Ill, pp. 619, 620, a I'exception cependant des parties ecrites dans le present Memnirc en lettres ita- liqnes. qui ont pte omises par lui. ( 154 ) r> primum quidpm lanceam iininisiuius, qiias inlrando )i ad 11 palmos lan2;oro vidchatur quasdain voliiti ra- )) dices vicinaruin arhorum sibi inviccm iiTi|)lexas. ))[Sccundus fons verijit a primo in orientcm ad » jacliim lapidis,] liiijiis profiinditalem explorantes » immissa lancea l!> palmarum, fundiim nullum in- )> venimiis; colligatisque duabus lanceis 20 palmarum, » denuo rem tentavimus, sod nee sic fundum tenere wpotuimus, [dicuntquc incoKne totum monlcm ple- » num aquis , cujus hoc signum dabant, quod tola » circa fonlom planities tromula erat et bullions , ma- « niCeslura lalenlis aqu,-c vestigium, oamdemque ob )) causam non rcdundat aqua ad fontom, sed ad ra- » dices impetu maximo sese egerit; aflirmabanlque »incoIae, ut et ipse imperator, qui pr.-esens erat un^ » cum exercitu suo, eo anno terram parum tremuisse » ob magnam anni siccilatem, aliis vero annis ita Ire- » mere etbullire, ut \ix sine periculo adire liceat. » Circuitus loci instar lacus cujusdam rotundi , cujus » latitudo fundae jactum conslituere possil. Infra api- » cem liujus montis populus degit ad montem, leuca » circiler una a I'onte dissitum versus occidcntem, vo- » caturquo Guix, et videlur hinc (1) fons liombarda » attingl posse;] est hoc loco vicus gentilium, qui sa- » crificanl multas vaccas, etvenientes ad fontem certo n die anni una cum sacriliculo, quern pro sacerdote » tenebant, qui ibi sacrificabat unam vaccam juxta » fontem , caputque vaccae abscissum projiciebat in H fontis abyssum (2), d lago hia prima a quale buo. (ij Ludolf a edit « hie. » (i) Kirclipr, cl CKl endroit, donne I'oripjinal portugais or grande Santo, che davan » questo sato quei'ia. » [Porro campus I'ontis Nil! ab omni parte difTicilis » ascensu est, praeterquam ex parte boreali, ubi facile )) conscenditur (1). Infra montcin ciiciter una leitca in y> profuftflissinm qucideni vnlle e terra' visceribus , alius » fluvins emergit, qui se tamen cum Nilo pauVo post con- y) jungit, credunt eamdein cum Nilo scaturiginem obtinere; )) sed infra terrnm per occultos camiJes deductum hoc loco y) prim am ernmpere. Riinis vera foutis, qui infra mvntcm » erumpif , in orientem spatio jacliis bombards vergit; )) delude snbito declinandn Boreaiu petit, et post quartam » circiler leuca' partem uovus sese offerl rivus e saxis et )^ scopu/is ebulliens , cui paulo post se fungunt duo alii » rivi, e.v orieutis plagn erumpentes, et sic deinde aliis et » aliis identideni collectis rivis notabiliter crescit Nilus. » Post spntium vera dinrnum itineris mngno fluvio, qui » dicitur Jama, conjtmgitur, qui deinde flectit se versiis » occidentem usque ad 25 leucas, Del 35 leucas a prima n sua scaturigiue, postea mutatn cursu orientem repetit , » insinuaudo se in uuuni /arum ingentem ( est hie situs in )) provincid, qua' dicitur Bed, regnoque partim Goyam (i) Tons ces passages en lellres italiqucs soiu autaiit d'otiiissioii> t'aites par Rriue des L-italions de LudolF. y> snl>/accf , pdilnii regno U(iinbir)5 ale o anno de i(i2a, en i|ue n:i niesmri l'".lliiopi:i tuy >n:i s;inl i •1 e dilo^a morte. » — I'lii/oi/o ao I.eytor. IX, MA1\S. 2. \'l ( 162 ) De inline il ne parle pas cle la relation de Jerome Lobo louchant son excursion a la source, et qui se trouve dans son / or age historique (V Abyssinie (1). Bruce poursuit ainsi ses comujentaires sur la des- cription de Paez telle que I'a citee Rircher : « Je m'en » vais, dit-il (2), et dans les propres termes de Kircher, » quej'ai Iraduits en anglais, rapporler la description, )) quil presente comnie celle que Paez a donnee des » sources quil a vuos; je la soumettrai a tout lecteur » intelligent, alin de savoir s'il peut s'en contenter, » comuie 6tant celle d'un tenioin oculaire, si cette » description ne pourrait pas convenir aux sources de )) toute autre riviere comnie a celles du Nil, ou enlin )) si elle est assez explicite , assez precise , jiour laisser )) dans I'esprit une seule id6e claire et nette. » La rivifere nommee aujourd'hui par les Ethiopiens » I'Abaoy prend sa source dans le royaume de Gojam, » dans un district appele Sabala , dont les habitants » sont connus sous Ic nom d'Agours. La source du Nil » est situee dans la partie occidentale de Gojani , a » I'endroil le plus eleve d'une vallee qui ressemble a » une grande plaine environnee de tons cotes de bautes )) montagnes. Le 21 avril 1618, m'y trouvant avec le )) roi et son armec , je me transportai sur son empla- » cement en gravissanl la hauteur, et la j'observai Ires » attentivement tout ce qui s'ollrail e'l mes regards. Je )) decouvris d'abord deux sources ciiculaires dont le )) diamelre de chacune pouvait elre de quatre palmes )) environ, et je vis avec la plus vive satisfaction ce que » Cyrus, roi des Perses, Cambyses, Alexandre le Grand (i) Legrand, p. io4 et suiv.; el Johnson, p. 97 et suiv. (») T. Ill, p. 619 el suiv. ( 163 ) » et le fameux Jules Cesar n'auraient jamais decoiivci t. » Les deux sources n'ont aucune issue dans la plaine, » mais leurs eaux s'ecoulent au pied de la montagne, » sur le sommet de laquelle ces sources sont siluees. » La seconde de ces sources esl separee de la premiere )) par la distance d'un jet de pierre dans la direction » de I'ouest. Les habitants disent que cette montagne » tout entiere est pleine d'eau, et iis ajoulenl que toute » la plaine dans les environs de la source est mou- » vante , signe certain que, dans son interieur, elle » contlent de I'eau, cc qui explique pourquoi I'eau ne » s'6chappe pas de I'ouverture de la source, mais se )) fraie, avee une extreme imp^tuosite, un passage au » pied de la montagne. Les habitants, ainsi que I'em- )) pereur qui campait la a cette epoque avec son armee, » assurent que cette annee le tremblement de la mon- » tagne etait peu sensible, en raison de la secheresse ))de la saison , mais que dans les annees pr6c6dentes » le tremblement et le flux des eaux avaient 6t6 si con- » siderables qu'il etait a peine possible d'en appro- » cher sans danger. On peut evaluer la largeur de sa » circonference au jet d'une fronde environ. Au-des- ») sous du sommet de cette montagne, les habitants » out leurs demeures a une distance d'une lieue a )) I'ouest de la montagne. Get endroit est nomm6 » Geesh, et sa distance a la source semble 6tre celle » d'une port^e de canon. Le champ dans lequel est » situee la source est partout d'un acces diificile. sauf » au nord, oil Ton peut le gravir ais^ment. » « Je ne ferai (dit alors Bruce) que quelques obser- )) vations sur la description ci-dessus, qui demontre- )) ront surtisamment qu'elle ne peut etre attribute a » Paez ni a toute personne qui serait jamais all^e en ( l«ii ) » Abyssinie. II n\ :> , i-n preniioi- lieu . aiicun endroit » coniiii siius \v. noin ile Sabala ; c esl Sacala qu'il » aurait du I'appeler. Dans la langue etliiopienne , » Sacala signifie la parlie la plus elevee d'une contree » ou d'un pays d'ou I'eau tombe egalement des deux » coles, soit de Test et de I'ouest, soil du nord el du » sud. Ainsi les toils a angles dc nos maisons et les » couronnes de nos tenles sont pour cette raison ap- » pel^s sacala, parce qu'en eftel I'eau lonibe egale- » ment des cotes opposes. Cest ce que I'on voit dans )) les terrains les plus eleves de tous les pays, et c'est )» ce qui exisle dans le district de Sacala. D'ici, le Nil )) prend d'un cote son cours vers le nord, tandis que » de Tautre plusieurs courants d'eau, qui lorment plus )) loin les rivieres nomm^es Lac et Temsi (1), se pre- » cipitenl du haul du clilF el se dirigent vers le sud » dans la plaine d'Asboa, a 300 pieds environ au- » dessous du niveau du terrain sur lequel est situe le » mont Geesh. La, pr^cisement au pied de cette raon- » tagne , se Irouve le marais ou soul les sources du )) Nil. » El encore, ni Sacala ni Geesh ne sont situes du » cote occidental de Gojaui ni n'en approchent mSrae, )) attendu qu'il taut d'abord franchir les hautes mon- » tagnes de Litchambara, puis celles, plus elevees en- » core, d'Aniid-Aniid, avanl d'atteindre Gojam de Sa- )) cala; et qu'apres elre descendu des versants de cette » immense barriere on arrive dans la province de )) Damot, dont loutc la largeur vous s^pare encore de » la partie occidentale de Gojani. \oila, cerles , des (l) A la lia{^e iS-j du niriiii! volume, ce noni vembre, ayant a la main cette relation de Paez, j'in- » spectai attentivement ces sources et tous les lieux » adjacents. Muni d'une cliaine de Gunter, je mesurai )) loutes les distances, et les trouvai toutes, les unes » apres les autres, fictives ; et ces relevements et ces » raesurages, ainsi que le journal maintenant soumls » au public , ^taient fails et ecrits au net, et compl^te- » ment, le meme jour et avant la fin de la journee. » On comprend difficilement la nature des rensei- )) gnements que Paez se propose de nous fournir par )) ces observations, savolr : que Teau qui se frayait un )) passage au pied de la montagne ne s'ecliappait pas » de son sommet. 11 eut ete vraiment singulier que n cette eau eut eu son cours sur le haut du mont; et je » crois en verile que ce plienomene d'une montagne )) dont I'eau s'ecliapperait par son sommet lorsqu'elle )) avait toutes les facilites de s'ecouler par sa base, eut » ete pour les deux josuites (1) la cliose la plus mer- (i) Qui est done \p st-roiirf jpsiiite que Bnirc \eut (U-sif^iiPr in, n'riyanl fait ,ilUi-;i()ii (|H .i Paez >enl? C'cst cvideiiinieiit Lobo, hien |iie tinlle yiarf Hriu c n'.iit associe son noiii avec les sources res de cent ans. Ajoutons, en » outre, qu'aucun jesuite ne parait avoir fait d'obser- )) vations sur le culle idolatre ou paien pratique dans » les environs de la source dii Nil , bien que ce sujet » flit tout a fait de leur ressort. )> En designant, par exemple, Dancaz comme leur » point de depart, ils auraient pu de la, et au moyen » d'une boussole, dont I'usage 6tait alors familier aux )) Porlugais, tracer facilement leur route aux sources w et faire connaitre au uionde ontier, avec une certaine )) precision , le cbemin par Icquel ils y etaient arrives. )) A Gorgora, ils n'etaicnt pas eloignes de Geesh d'une )) distance de cinquante milles, et ils se sont trompes )) d'environ soixante, ce qui fait dix milles de plus que )) n'est en ellet la distance entiere, et cela pax'ce qu'ils » ont cherche remplacement des sources dans la pro- )) vince de Gojam, d'oii , a Gorgora, ils se savaient a )) cette distance, mais ou la source du Nil n'a jamais » existe. » En examinant ct discutant la valeur des remarques et observations ci dessus, je ferai d'abord observer que la citation que Bruce pretend avoir extraite de I'ou- vrage de Kircher est si loin d'etre rapportee ai'ec les l)ropres expressions de ce pere, qui; quelques passages tres importants en sont enlierement omis. Ludolf qui, avant Bruce, avait copie cet extrait, s'etait deja pcrmis de graves et considerables omissions ; mais comme ces suppressions ne tiraienl nullement a consequence, il pouvait, jusqu'a un certain point, ne citer de I'ouvrage ( 170 ) que Ics parties doiil ii avait besoin el qui se rappor- taient simplemcnl a la position des sources de I'Abai ( le Nil) el le cours supcrieui- dc cetle riviere; en cela, comnie on I'a vu plus haul, Ludoil' a Cdnipleteinenl alteint son but. Mais Bruce etait-il dans la ineme po- sition 1' En ailirmant qu'il presente, dans les jiropres expressions de Kircbor, traduites en anglais, la des- cription que ce pere a donnee comnie celle de Paez des sources qu'il a visitees, et en se livrant a de longs conimenlaires sur les infuielites qu'il pretend d(^cou- vrir dans celle descrijition , n'etait-il pas tenu de rap- porter entieremcnt et textuellemcnl cette description ? Au lieu de cela, non seuiement il onicl tous les pas- sages retrancbes par LudolC, mais il supprime encore une partie considerable des citations faites par ce der- nier, et qui renferment la relation la plus complete qu'un temoin oculaire put donner du cours superieur dv la riviere depuis I'cndroit ou elle surgit de terre : — la jonction de ses premiers affluents, y compris celui de la Jamnia; — son passage a travers le lac Tsana; — sa cbule a la cataracte d'Alala; — son cours en forme de spirale lout autour de la presqu'lle de God- jam , etc. (I). Ainsi reduite et alTaiblie par de nom- breuses et graves omissions, la relation de Paez devait naturellement paraitre pale et terne. Bruce le savait bien , lui qui avait pratique les plus importantes sup- pressions; aussi demande-t-il bardiment « si une des- » criplion de ce genre pent etre adniise commc celle )) d'un temoin oculaire; » il demande « si elle ne pour- (i) Rccouiir .lu Fr.Tgiiieiil lirr dc roiivi,i,",t' dc Kiirlier, t'l r.ipj)ijrle ri-dessus, oii les omissions de Bruce sont indirjuees en leltres ita- liques. ( 171 ) » rait pas s'adapter aux sources de toute autre riviere » aussi bien qu'a celles du Nil. » A cet egard, Hartmann pense (1) que Bruce n'a ja- mais jete les yeux sur I'ouvrage de Kircher, mais qu'il s'est content^ de lire I'extrait mutil6 de Ludolf. S'il en etait ainsi, ce fait absoudrait en quelque sorte Bruce de rimputalion d'avoir supprime de la description donnee par Paez les passages retranches par Ludolf lui-meme, sans attc^nuer toutefois les reproches aux- quels I'ont expose ses assertions inqualifiablcs, et sans detruire le soupcon d'avoir, dans un but inter ess^, soustrait le passage important oi'i est decrit le cours superieur de I'Abaii (le Nil ) rapporte dans I'extrait de Ludolf. Comme nous I'avons vu , Bruce , en commentant la description de Paez, fait observer d'abord « qu'il )) n'existe pas un endroit du nom de Sabala , et qu'il » eut du le nommer Sacala (2). » Paez, cependanl, ne dit pas SaZiala, mais SaAala. ce qui n'est, apr^s tout, qu'un vice dc prononcialion des habitants du pays, qui, pour designer le meme nom, se scrvent constam- ment el alternativement des letlres gutturales et aspi- rees (3). Mais dans la meme page de I'ouvrage de Kir- (1) " Opeiif preliuiii videliir i'aysii desniplionem , ohhIoiii Kii- >> clinrui iiubiscaitri uomniunic.ivit, coiiferie cum Hruciana, siquideai " llniciiis lion Kiiclnri scd tanniiii (?) Liidolh iianalionem coinpen- " diosaiii ante oculos haliuit. " Eilrisii Africa, p. i3. (2) Ell cela , comnai! llartrnaiin le fait iihserver, Bruie conic puie- ment et simplement liiidolF, (|ui, par ci rem-, a In Satala pour S.i/iala, mais sans cherclicr ?i cet p;;ard a inelire en f). ( 17:5 ) » en consultant ma relation et la carte y annexee, tout » est absolument faux quant au nombre et a Fenipla- )^ cement des sources et aux positions respectivcs de la w montagne et du village de Geesh par rapporl a elles. » Le 5 novembre [1770], ayant dans les mains cetle )» relation de Paez, j'inspectai ces sources et tous les » lieux adjacents. J'en mesurai toutes les distances )> avec une cliaine de Gunter, et les trouvai loutes, les » unes apres les aulres, fictives; et ces relevements et » mesurages , ainsi que le journal maintenant soumis )) au public, elaient I'aits et ecrits au net et complete- » ment le meme jour et avant la fm de la journee. » A regard des assertions que Ton vient de lire , je t'erai observer que, dans ma premiere visite a I'empla- cement des sources, je n'en decouvris , comme Paez, que deux seulement (1), si toutefois on peut ainsi de- signer des ouvertures naturelles formees dans un ter- rain marecageux ou dans des terres delrempees, bien qu'avec I'idee que je m'etais faite de I'exactitude de la relation de Bruce, j'en cberchai soigneusement une troisieme. Toutefois, a ma seconde visite, le pretre de I'eglise de Saint-Micbel ne voulut pas admettre qu'il en exislat plus d'une (2), et M. Antoine d'Abbadie, qui explora les lieux en juin IShh, plus de deux ans apres la date de ma premiere visite, s'6leve meme (i) 11 On me desigiia un pnilioit coinme elant la source tie rAbaV.. 11 Une autre source nie lut inilii|iiKe au N.-N.-O. de la premiere et a 11 une distance de cinq aunes environ de celle-ci. Je deniandai s'il y 11 avail line troisieme source, mais on me repondit que non. » Journal (if the royal Geographical Society, t. XIV, pp. 12 et i3. (2) 11 En questionnant le pretre sur le nouiLre des sources, il me 11 re'pondit : II n'y en a pas il'autrcs; celle-ci est la seule source de 11 rAbai. 11 Ibid., p. 'S5. ( 174 ) contre ina seconde source. II dit (1) : « Au nord-nord- )) ouest et a 2 ou 3 metres du bassin principal est udc » piece d'eau slagnante que nous appellerons la se- )) conde source, si cela plait au voyanour anglais (2); )) niais a ce compte on trouvorall aisement d'autres » sources partout, car, dans un espacc d'un quart de )) niille , I'eau doit sourdre partout pour qu'on s'ex- )) plique le volume considerable d'eau au ponceau jel^ )t sur I'Abai, a environ un demi-mille de la. » Sans attacber a cetie remarque de M. d'Abbadie plus d'iuiportance qu'elle n'en a, il est lacile de comprendre comment cbaque voyagcur, so succedant tour a tour, pent trouver quelque variation dans Ic nombrc, le giseinent et la distance de ces ouvertures pratiquecs naturollement dans des niarais et terrains dctrenipes qui prennent Jes proportions d'un lac pendant les qualre mois que durent les pluies annuelies des Iro- piques. Ce qui est remarquable , c'est la coincidence qui existe entre la description du site ilonnee par Ba- lugani, le compagnon de Bruce (3), parmoi-menie et par M. d'Abbadie et celle rapporlee dans la relation originale de Paez, coincidence qui conlirme entiere- ment cetto relation. Bruce, ensuitc, couvie de ridicule Paez en lui fai- sant dire « que I'eau qui se frayait nn passage au pied (l) Bulletin de la Societe fie G^ographie, 3* sorie, t. Ill, p. 35o. (a) Ce voyaqeur, c'est iiioi-iiieir.e. M. il'Ahliailie parait avoir eii- litrenient perdu ile vue ce que je (lis a I'occasion Je ma secoudc visite, comme aussi les reinanjues suivanles que j'ai faites a eel cgard : « Ou peut Ires Lien dire que le uiarais tout eiilier est reuipli de u sources, alteiidu que Icau tiltre, puur auisi dire, partoul, a travers » lea herbes et les joncs. " Journ. of roy. Geoijy. Soi:., l XIV, p. 35. (3) Murray, LiJ-e of Bruce, p. .'58a el suiv. ( 175 ) » de la montagne ne s'echappait pas do son sommet. » Paez dit siuiplement que I'eau des sources n'a point d 'issue, — « exituni in suprema montis planitie ; » — point de cours surlaplaine superieure (c'esl-a-dire sur la plaine situee sur le sommet) dc la montagne, ce qui est de loute veiile, particulierement a I'epoque de I'ann^e oil il visila cet endroil. Cette epoque, en effel, 6tait le 18 d'avril (1618), peu de temps avant la fin de la saison de secheressc. Bruce, au contraire, s'v trouvait le 5 de novembre (1770), peu de temps apres la fin des pluies. J'ai eu la bonne fortune de visiter les lieux a peu pres vers ces deux 6poques de I'annee, c'est-a-dire le 26 du mois de mars et le 23 de deceinbre (18Zi2), et raon journal indique (1), par une redaction diff^rente, I'c^tat differentiel de ces deux saisons. Ainsi, en mars, je remarque « qu'o« n'a percoit pas iVeau au- n flessus du so/ dans une tlistance considerable, et le » cours de la riviere, aussi loin que ma vue pouvait )) s'etendre, n'etait indique que par la continuation du » marais longeant la vallee. » C'est en substance ce que rapporte aussi Paez; et comme, malgre cet etat de choses, la riviere coule rapidement a quelque distance plus bas, le fait doit etre sans doute tel qu'il le d^crit, c'est-a-dire que I'eau s'icliappe avec force au bas de la montagne. Balugani lui-meme dit, dans le journal original de Bruce (2), que, pendant I'espace de trois quarts de mille, aelle ne pnrait pas cou/er ; aaa'is comme » la superficie du terrain est Ir^s plane , I'eau s'etend » el forme , tout autour, des terrains delrempes et des » eaux stagnantes. De cet endroit, la riviere commence (i) Journ. roY. Geo(jr. Soc., t. XIV, pp. i^ el isuiv.. Hi el suiv. (a) Life of Bruce, p, SSS. ( 176 ) » a prendre son cours vers le nonl, ol devient a une » petite distance trcs rapid^. » Et cette observation de Balugani, il ne laut pas roublier, est faite dans le mois de novonibrc, c'est-a-dire pen de temps apres que les pliiics avaienl ccsse. C'est ainsi quo Lobo dit (1) : « Le » Nil, en sortant de sa source, se tient cache et comnie » enseveli sous des herhes, et coule vers Test environ une » bonne port^e de mousquet; puis se tourne au nord » par I'cspacc d'un quart de lieue ; ensuite il parait 1^ pour la premiere fois entre les pierres. » Et cepen- danl, contrairemenl aux rapports de ces qualre t6- moins oculaires, Paez, Lobo, Balugani et moi-meme, tous d'accord sur les points essentiels, Bruce, dans la description iuiprimee qu'il donne des lieux, pretend qu'au bas de chacun des autels imagines par lui (( se )) voyait un courant d'cau claire et rapido (2) , » pt que, f( le Nil occupant prcsque le milieu du marais, coulail )) a Test I'espace de trente verges sans que son volume » augmcnte beaucoup et sans cesser d'eti'e part'aitement » visible (3). » « Mais de quelle montagnc veut done parler Paez? » demande Bruce. (( II n'en a jamais nomine une seule. )) Ce qu'il a dit, c'est que le Nil etait silue dans la parlie » la plus clev6e d'une plaine. » Rircher fait elleclive- ment dire a Paez : « In summitate unius vallis, » ce qui pent elre ou non une traduction lidele de I'expression originale portugaise, mais que je traduirais pourtant par ces mots : «« /'extremite siiperieurc (ou bien au » lout) d'une valine. » La dilTerence, comme on voil, est iraportanle. D'apres la version de Bruce , la des- (l) Leijrand, p. 107. (1) Travels, t. Ill, p. 638. (3) Ibid., p. 642. ,; 177 ) ciiption fie Paez aurait inconlestablenienl loute I'ap- ))aronce d'uno absurcUtc';. Cependant, expliqueecounne ci-dessus, celte desciiption est parfaitement exacte, el elle prouve non seulenicnt que Paiiz a 6le reellement sur les lieux, niais que, mieux que Bruce, ce mission- naire poss^dait sur les pays circonvoisiiis des connais- sances plus etendues et plus precises. De I'aveu meme de Bruce, il ne se rendit aux sources que par la route du nord (1), qu'il a reprise pour s'en retourner (2), sans pousser son excui'sion au dela. II n'avait done aucune connaissance des pays situ^s au sud, a I'excep- lion de la plaine de Goudera ou Bahrzafa, qu'il d^signe sous le nom de plaine d'Assoa , et qu'il apercevait du liaut du cliff de Geesh. C'est ce meme cliff que je de- cris (3) comme formant « le sommet de I'etage inf^rieur )) du rocher qui s'eleve dans la direction de I'ouest a )) Test entre le mont Lilchema et le mont Geesh , » et sur lequel passe la route lougeant la hauteur qui re- garde la plaine ou la ville de Goudera est situee (4). Cette plaine de Bahrzafa (ou Assoa), situee entre les chainons du mont Litchema a Test et du mont Geesh ■A I'ouest, est done celle qui est si bien depeinte par Paiiz comme etanl « une vallee qui ressemble a une )) grande plaine environnee de tous cotes par des » rangees de montagnes, » et c'est a Vextremiie supe- rieure de cette valine semi-plaine, c'est-a-dire « au » sommet de cet etage inferieur, qui s'eleve entre le (i) T. Ill, pp. 563,585. (2} Ibid., p. 744- (3) Joitrn. roy: Geoijr. .Voc, t. XIV, p. 33. (4) " Le point exlreinc ( Inow ) ili' la moiitajine, tl'iju on a une \ ue ■1 etendue et rnagnifiqtie, vers le sud, du lar de Goudeij et Je la II i-oiUree (]ui I'avoisine " Iliid., p. i3. IX. MAns. 3. 13 (178 ) )) mont Litch^ma et le mont Geesh, » que se trouve reellement la source de I'Abai. Bruce, plus loin, fait un reproche a Paez d'avoirdit que « la montagne est pleine d'eau et qn'el/e tremble. y> Ce que Paez affirnie, en effet, c'est que les habitants assurent que toute la montagne est remplie d'eau , et qu'ils en donnent pour preuve que, « tota circa fontem y> planities tromula erat et bullions; » ce qui veut dire que toute la plaine autour de la source, non la nion- tiigne e/lr-meme, tremble et bouillonne. La relation de Lobo a precis^menl le mfime sens. II dit (1) : « Taut » autour, le fond est toujours humide el si peu ferine » qu'il on sort des bouillons tl'oau d^s que I'on y mar- » che. » M. d'Abbadie afTirmc la ineme chose (2) : « L'un de nos gens s'^lanl mis a snutor on place au » petit bassin, tout le sol trembla comme un plancher » de sapin. » Apres la saison des pluies, ainsi que I'empereur et les gens de sa suite I'apprirent a Paez, cet endroit se trouve dans un 6tat pire encore et par- fois meme dangeroux ; et a ma seconde visite aux sources, le 23 ddcembro, je trouvai en effet le terrain tout enlier « delrempci et dans un ^tat spongieux, de » manifere qu'il ^tait impossible de s'approcher de )) I'emplacement sans enfoncer partout jusqu'a la che- » ville (3). )) Bruce continue alors ses commenlaires comme s'il citait toujours les propres expressions de Paez. « Plus » bas , en descendant du sommet de la montagne, se » trouve un village sitae sur la nionlai>ne elle-menie. » Paez dit, cependant, « infra apiccm bujus monlis po- ll) Legrand, p. 106. (2) Passages ileja cites. (3^ Joiirn. roy. Gtoijr. Soc, l. XIV, jj. ^4 ( -179 ) )) pulus elegit ad moiilem leiica circitej una a lunte » dissitum vei'sus occidentem, vocaturque Guix, » que je traduls ainsi : « Au-dessous du sommet de cette » montagne , les habitants demeurent sur une ( c'est- » a dire iine autre) montagne distante environ d'une » lieue de la source dans la direction de I'ouest, et » cette montagne on la nomme Geesh. » A cet egard, il faut observer (ainsi que cela a deja a 6t6 expliqu^) que Paez semble avoir regarde la source de lAbaii nou comme etant situee au pied du mont Geesh, mais comme placee sur une montagne au bout (c'est-a-dire a I'extremite superieure) de la plaine de Bahrzafa , ce qui, sans aucun doute, s'offrirait a I'idee de tout voyageur qui , comme Paez , gravirait cette montagne en venant de cette plaine : « ascendi locum » sont ses propres expres^ons, et comme moi-meme je la gravis a ma seconde visite (1). II serait peut-etre plus exact de decrire la source comme etant au pied d'une col- line sur laquelle est batie I'eglise de Saint-Michel , plulot qu'a la base du mont Geesh. Dans les notes de mon journal, je trouve en ellet qu'en abordant I'em- placement des sources pour la premiere fois, en venant du sud-ouest , je traversai plusieurs petits courants d'eau qui prennent leur source dans le mont Giesh et qui coulent vers le nord, et qu'alors je m'elevai par une pente douce, ayant a ma droite une valine, au dela de laquelle est le mont Geesh, et a ma gauche une autre valine ou se trouve une collinc sur laquelle est assise I'eglise de Saint-Michel (2); puis j'arrivai a la (1) Jouni. roj, Geocjr. Soc, t. XIV, p. 34- (2) Dans les notes abr^gees de inoa journal, que j'envoyais de teoipii en leinps en Angleterre, et qui ont ete imprimees dans le Juunial of the ruyal ijeocjrapUir.al Society, je (lis tout sinipleineni .. qii'aures r 180 ) source, qui, au rapporl ile Bruce hii-n)^me, est placee a uue distance d'en\irou 200 verges plus has sur le versant de la coUine de Teglise (1). Bruce, cependant, argumente sur I'allusion que fait Paez a un village place au pied du mont Geesh , a une lieue eni'iron a I'oucst de la source, commc si cette allusion avail rap- port a un village situe a Ouasha ( c'cst-a-dire « la wgrolte))), a une pelite distance en descendant le cliir, an Slid de In source. II pent se faire, en effet, que ce village au sud ait reellenient exists du vivant de Bruce, ainsi que je I'y ai trouve moi-mfime lors de ma premiere visile, mais non a ma seconde, ou il avait 6t6 abandonne (2); mais il n'y a aucune preu\e qu'il existiit a I'epoque ou Paez visita les sources, et meme, en supposant que ce village s'y trouvat a cette epoque, Paez parte d'un site tout a fait differenl, et ces reilexions de Bruce sur la distance de la source prise de ce vil- lage, pres la grollc, portent entieremenl a faux. La question, toutefois , n'en reste pas la. Dans le journal original de Bruce ecrit par Balugani, nous trouvons rapporte (3) que les fontalnes sont a I'est- nord-est du somraetdu mont Geesh a une distance de V avoir traiiclii le inoiu Djinnit, le chemin etait assc/. uni, nyant le " mont Geesh a droite, jusqu'a ce <]ue nous altei,ffniines une valli-e it » gauche, au dela ilc laquelle se trouvait I'eglise de S.iiut-Micliel , I placde sur une colline qui s'^leve de pente douce. » T. XIV, p. la. (i) u A deini vetu, eii consequence de la perte que j'avais faile de » ma ceiuture , el sans mes souliers, dont je iti'etais debarrasse , je » cout-us en descendant la coUine \e.rs la petite ile de gazon, qui etait i> a une distance de aco verges environ. » Travels, t. Ill, p. Sgy. (a) Voir Jouni. roj. (jeogr. Soc, t. XIV, pp. i4, 34- (3) "< Sono situate in un piccolo vallonc a basso della niontagna di » Ghesli perE.-N.-E.: dalle fontane al sommo della niontagna vi II >aranno u i/a niiglia vicr.ioo a J. » Life oj Biitve, p. 383. ' I SI 2 niilles el dmni ou appiocliaiil r> milies, ou , comuie il est (lit en d'autres ternics dans ia pai^e siilxante (1), a un pen plus de deux milles et demi. Cette estima- tion , qui confirme precisenient ccile de Paez, et dont je garantis I'exactitude, cette estimation , dis-je, ne se trouve pas dans le texle impiime de I'ouvrage de Bruce; mais on y lit que le mont Geesh n'a qu'une altitude « d'environ 4 870 pieds mesures sur le versant de la montagne (2), » c'est-a-dire un peu moins d'un mille, ou seulement un tiers de sa distance actuelle, ainsi qu'elle a ete determinee et consignee par lui- meme. Et cependaiit Bruce declare explicitement qu'il a (( inesurti toutes les distances de Paez , muni d'une )) chaine de Gunlcr, et qu'il les a trouvees toutes, les ^) unes apr^s les autres, fictives I » Compare a ce que nous venons de lire, le reproclie adressd a Paez de designer la distance par « une lieue » ou la plus longue portee d'une bombe lancee d'un (i) « T.e fontane sono [jer E.-N.-E. a 2 mijijlia 1/2 [loro pin. » Ibid., p. 384. (2) " Je suppnserai que la poiiite dii trianjjle que f(irmeiil I'liYpn- 'I tenuse et la perpeixliculaire soil (lirifjee , I'onitne l'ai{;iiille d'uue " boMssole, vers Sacala , el (jue la iijTiie tie Ihypoieuuse presente le " r(Ste meridional du niarais pres du vil!aji[e de Geesh. Je supposerai " encore que la base ou la liAjUe (|ui lerniine riiy|)otenuse du cote du " couchant, et qui foruie un aiijde droit avec le cote oppose, soil » hornee par le pied de la luontagne de Geesh; ainsi , de celte exlre- >• mite occidentale du luarais comuience a s'l lever cede superlie inon- '> lajijne, tout a Fait detachee des autres, et setiiblahle a la pvrauiide " la plus rt'{»uliere et la plus elejijante. Elle a une elevation d'environ " 4 ^7" pieds mesures sur le versant de la monta;;ne. Sa base est tres "large. Jusqu'a ini-cotc, la nionlce est tresaisee; |iuis elle devieni 1 fort raiJe et presque a pic; mais elle est partoul {jarine de bonne ■> tfrre et couverte dun be.iu fjazon el de luzerue, parseiues de fleurs ■■< iauvages. ■• Travels, vol. 111, p. 636. ( 1»2 ] )) mortier, » parait a peine etre de deux (S). » Les sondages des sources rapportes par Paez sont oinis egalernent et [)ar Ludolf et par Bruce. lis diflfe- sent a quelques egards de la description do Balugani et de la mienne; mais cette difference raeme n'infir- merait nullemenl la certitude de la visile de Paez a reraplaceraent des sources , qu'un laps de temps si considerable a pu sensiblement modifier. (i) !ja lieue |iortug.-iise est de l8 au degre. (2) Une lettre de M. d'Abbatlie, dans les iVoni»e//e« Annalea flf^ Forages, rS^?). 1. 17, p 109, appell ■ rattaniion ainsi insensib/ement. » Ces deux aveux nous suffisenl pour etablir I'exactitude, en general, des faits rapportes par Pae^. [Plus loin, Bruce ajoute qu'aucun jesuite « ne » parait avoir fait d'observalions sur le culte idolatre )) ou paien pratique dans les environs de la source du » INil ( Abai), bien que ce sujet fut tout a fait de leur » ressort]. » Cette assertion merite a peine d'etre r6- futee, car, non seulement Paez fait une mention par- ticuliere des ceremonies paiennes pratiqu^es sur les lieux, mention consignee par Kircher, qui rapporte ses propres expressions dans I'original porlugais (3), mais encore ces ceremonies ont ete egalement I'objet des remarques de Lobo (4). (i) T. !II, p. 6-23. (2) Ibid., p. 593. (3) Voir ci-dessus. (4) Legrand, p. 107 ; Johnson, p. 99. — Les intortnations qup |'ai prises a ce sujet ont produit les resultats suivants : « En interro;i;eanl " mes guides sur les cereinoiiie-i religieuses celebrees dans cet endroit, >' its repousserent avec mepris lidpe de pratiques ou de ceremonies " de cette nature, attendu qu'ils etaient chretiens. Toutefois ils adnii- •1 rent que, dans les mois de hedar ou de tahsas (vers la fin de no- I vembre). apies la cessation des pluies el alois que la se'cheresse II du sol le permet, un boeuf est egorge sur les lieux par le chouw ( ISA ) De plus, It; toil alhrmatit' avec lequcl Bruce pretend que « les hisloriens de la society cle Paez n'ont point » juge convenable cle citcr les voyages cle ce mission- » naire » ne s'accorde nullement avec sa declaration precedente deja citee (1), savoir, que cc Fellez afllrme » que son ouvrage est une compilation des deux vo- )) lumes de Paez. » Fellez , en elTet, ne parle du ma- nuscrit de Paez qu'avec les plus grands elogos , bien que par les raisons allegu^cs plus haul (2) il ne lui fiU pas possible d'y rccourir lui-meme. Mais Kircher, qui I'avait eu a sa libre disposition, lui a accorde, ainsicju'a son auteur, les memes louanges; de maniferc qu'il resulte du tenioignage simultan^ de ces deux histo- riens contemporains que I'existence , I'authenticite et le merite du manuscrit de Paez sont etablis d'une ma- niere irrefragable. A cette assertion de Bruce cjue cc les jesuites n'ont, » en ce qui regarde la longitude ou la latitude des » lieux, fait faire un pas a la science geograpliique , » cette assertion se refute d'elle-meme : 1° par la des- cription complete et exacle qu'a donnee Paez de la riviere de I'Abai depuis sa source jusqu'a son embou- chure, description que Bruce ne cite pas, bien cju'elle soil reproduite par Ludolf et rcipetee en substance, •1 (rliefl, qui demeure dans le voisinagu, et (|n'on fait rouler le sanp, '1 dans la source, et \\ vlande en est niarijjee sur reniplacement ineme. » II ne me fut pas possible ile savoir si quelques ceretnonies particu- " lieres acconipajinaient cette iuiniolation. " Journal of the royal Geo(iraphical Society, I. XIV, p. 1 3. A iiin sccondt- visile a la source. le pr^tre de Icj^rKe de Saint-Michel, volsiiii! du site, ui'apprit ^ qu'on » ne sacrifiait plus d'animal, mais que lorsque cette ceremonie avait ■ lieu on ji'tait la lele et les corner dans la sounc. •• Ibid., p. 3'). (i) Voir ci-dessus. (2) Ibid. ( 1«5 ) sinoii litteralemenl, par liii-meme; et 2" par la carle de I'Abyssinie, qui se trouve clans I'ouvrage de Fellex et dans celui de tous les geographes et historiens venus apres lui. Un fait vrai et certain, c'est que jusqu'au milieu du xvn" siecle les cartes de I'Afrique etaient niateriellement fautives, a tel point que TAbyssinie et le fleuve Bleu etaient places au dela de I'equateur vers le sud (1); et si la geogruphie de cette partie de I'A- frique orientate est sortie de I'obscurite ou elle etait jusqu'alors, ce fut grace aux Etudes el aux travaux des missionnaires portugais en Abyssinie ; et sous ce rap- port, nous qui en avons profile, nousleur devons toute noire reconnaissance. On ne peut cependant pas affirmer que la carte des jesuites donnee par Fellez soil absolument exempte d'erreurs en ce qui regarde la latitude ou la longitude j mais ces inexactitudes tiennent a I'etal d 'imperfection oil etaient alors la science astronomique el les appa- reils d'observation, qui ne permettaient pas de deter- miner avec une precision rigoureuse les positions geo- graphiques; erreurs, cependant, batons -nous de le dire, qui sont fort peu importantes. Leur carte d'A- byssinie , envisagee dans son ensemble, est substan- tiellement exacte par rapport aux positions relatives des provinces de ce royaume, du cours des rivieres et de la situation topographique des villes principales. Ce qui restait a faire aux voyageurs qui leur ont suc- cede dans cette partie du monde , aides de tous les moyens perfectionnes d'observation, a ete de placer les positions des lieux un peu plus a Test, ou a I'ouest, (i) J'ai expliqui'; (Jans moii " Essay on llie Mile and it.-, iributaries " (Journal of the royal tjeoyriiphical Society, t. XVII), I'orijjine et les profiles rie cclte pnt'ui tundinientale dan.> la f,eogiaphie de rAfriqiie. ( '186 ) ou uii peu plus au iiorcl, ou an sud; et au nombre de ces voyageurs, Bruce a le merite incontestable d'avoir el6 le premier a operer ces recliHcations et a d(^ter- miner les positions de plusieurs points el lieux avec une plus grande precision. Malgr6 cela, dans quelques particularit^s, la carte des jesuites est comparative- ment plus exacte que celle de Bruce, counne on peut s'en convaincre en les coniVontant loutes deux avec la mienne inseree dans le qualorzieme volume du Journal of the royal geographical Society of London. [La suite an prochain nnmero.) JOURNAL Di-: VOYAGE DE M. DYKE ArX Missions liTABLlES DANS l'aFRIQI li AUSTBAI.E , JiOTAM- ME>NT DANS LE PAYS DES KORANAS , DES BATLAPIS , DE KURUMAN, ETC. (Analyse par M. \I,BF,UT-M01MTEM0^T, iiiemhie rle la Commission centrale.) Plusieurs extraits du Journal de Foyage de M. Dyke dans le pays des Koranas, dos Batlapis, des Bechuanas et autres peuplades sauvages de I'Afrique australe, ont fite insures dans le Journal des Missions evangeliques (1) . Nous aliens en tirer les faits les plus saillants, qui ont rapport a la g^ograpbie ou aux raceurs et coutunies des indigenes. O fut Ic '1 juillel i8Zi7 que notrc voyageur mission- (1)9*, lo*" et 11" livraisons, 1847. (187 ) iiairc (jiiilla la station de Bethulie, avec iiiie Irenlalne dc Batlapis, desireux de rcvoir le pays de leurs peres, qii'oii allail visitei\ La caravane avail deux wagons alleles de bceuls, qulnze ou seize chevaux, quelqucs hreiifs de charge et un troupeau de moutons destines a etre lues en route pour servir de nourriture. In grand assorliment de chapeaux fabriques au Cap avail ete fail comme moyen d'echange avec les nalurels. Traversanl la partie du pays qui s'etend au nord de Bethulie, on penetra dans le district de PfulipoUs, oc- cupf^ par la tribu des Griquois. Cette conlr^e , d'un aspect agreable, abonde en palurages, mais est peu pourvue de sources d'eau vive; elle est neanmoins re- gardee comme Tune des regions du sud de I'Afrique les plus propres a I'entrelien des bestiaux; aussi esl- elle I'objet de la convoitise des Boers ou fermiers hol- landais qui onl quilte la colonic; quelques uns meme en onl afferrae des Griquois d'assez vasles portions, pour lesqueiles ils paient, dil M. Dyke, un prix tort eleve. D^s que la caravane eul depasse ce qu'on peul ap- peler les posies avances de Bethulie, elle vit le paysage s'animer d'une foule de Iroupeaux d'elans ou spring- bocks, lesquels, a I'approche des wagons, s'enfuyaienl en franchissant d'un seul bond chacun des sentiers qu'ils Irouvaient sur leur passage, comme s'ils se fus- sent, dil M. Dyke, defies meme du terrain qu'avail foule le pied de I'horame. De temps en temps aussi un nuage de poussiere s'elevanl au loin annoncait le voisinage de troupes dc gnous, qui, a la vue de nos voyageurs , suspendaienl brusquement leur marche rapide, en jelant des regards defiants sur les inlrus qui osaient ainsi parcourir leurs domaines ; puis, I'instanl ( 1^8 : d'apres, ils secouaient la tetc en signc de deli, bat- taient leurs llancs de lour longue queue blanche, et poussanl un eclatant liennissement, reprcnaieiit leur course en soulevant de leurs pieds une poussiere qui les derobait pi-omptement aux regards indiscrets de riiomme, tout en lui indiquant la direction qu'ils prenaient et la prodigieuse rapidity avec laquelle ils franchissaient les collines et les vallees. Le 6 juillet on arrivail a la station de Bethanie, qui offrait encore une jolie chapelle et les batiments de la Mission. Mais les Koranas ou Kornnnas, qui s'y trou- vaient nagucre, en ^taient disparus pour allor s'etablir sur les bords du Fal, a la suite d'une querelle ou d'un differend avec les Griquois. Les Koranas ont encore, suivant M. Dyke, leurs ha- bitudes nonchalantes et effeminees, qui les placent an dernier rang parmi les natifs du sud de I'Afrique. Us sont toujours voleurs et il n'y a rien en eux de I'esprit du guerrier. Ils sont egalement restes tres bas places sin- r^chelle de la civilisation, et, sauf quelques rares exceptions, ils no font aucune espece d'elTort pour sortir de leur inferiorite. Quelques voyageurs ont a la v^rite reraarque, ajoute M. Dyke, que ce peuple elait souvent vetu a I'Europeenne et avail un grand nombre de wagons ; mais ces dernicrs articles sont neccssaires a une tribu qui change si frequemment de demeure et dont les cliasses se prolongent souvent pendant des mois, et d'un autre cote I'usage du cheval force presque les hommes a celui des pantalons. Quant a sa maniere de vivre, le Rorana, dil M. Dyke, reste bien au-dessous de tons les Africains du sud, en exceptant toutefois les Buscbismans. 11 n'a aucune idee de d^cence ; sa ca- bane de nattes est la plus miserable qui se puisse con- ( 189 ) cevoir; file est presque toujours sale, laissanl souvpiit p^netrer a I'inlerieur le soleil ou la phiie, el aussi pen favorable a la sante qu'au cleveloppenient de la mo- ralite. On lie saurait, dit encore M. Dyke, avoir visile uu village de Koranas sans etre enclin a adopler cette opi- nion expriinee par plusieurs voyageurs, que la plupart des maladies dont meurent ces gens proviennent de leur maniere de vivre. La paresse est un de leurs vices dominanls. II est fort rare de voir un Rorana conduire ses troupeaux au paturage ou tirer au retour le lait de ses vaches ; celte tache est celle des femmes. II ne fait non plus aucun enclos pour preserver d'accidents son betail. Cultiver un jardin ou quelque champ de ble est au-dessus de ses Ibrces; c'est tout au plus s'il se donne la peine de soigner quelques plants de tabac dont il fait ses d^lices, Ricn ne le porte guere a quitter sa demem'e que la chasse aux antilopes, qui, au moins, lui fait prendre de Texercice. Du reste, quand il se tient a la maison, toutes les heures qu'il ne peut ac- corder au sommeil, il les consacre, soil a se faire une pipe avec un os ou un morceau de pierre argileuse , soit, lorsque la necessite I'y force, a fabriquer noncha- lamment un vase de bois pour recevoir le lait de ses vaches. II ne faut pas omettre de compter parmi les traits distinctifs des Koranas I'orgueil ct I'esprit d'insubor- dination. Cela ne les empeche pas, a ce qu'il paralt, d'etre les plus elFrontes raendiants que I'on puisse voir. Mais en realilds, iis exigent plus encore qu ils ne mendient; car tout ce qui flatle leur vue , que ce soit un mouchoir, une chemise, un couteau, des pantalons ou quelques feuilles de leur tabac bien-aime, iis le ( 190 ) tleinandenl aussltol , et d'un ton d'autoril6 qui fall sentir encore le bandit d'autrefois sous le mendianl d'aujourd'liui. Le 7 juillet, la caravans partit de Betbanie pour se dinger de nouveau vers le Fal , en cotoyant le Riet, riviere qui, apres s'fitre reunie au Modder, va , a cinq journ^es de marcbe de sa source, qui est aux environs de Betbanie, se jeler dans le Fal. On passa, le long du cbemin, dcvant plusiours fernies de Boers, et, le lA, on atleignit le Fal, que Ton traversa inimediatenient. Cette Iraversee op^ree faillit elre funesle a M. Dyke el aux siens. lis ne s'etaienl pas aporcus qu'ils avaient passe dans un village de Koranas, et le capitaine. ort"ens6 de ce qu'il considerait comuio un manque de politesse de la part des Strangers, en ne s'etant pas arreles cbez lui, voulait les en punir. Mais I'affaire s'ar- rangea des que ce cbef cut appris qn'i! avail ;'i trailer avec un inissionnairc. On se remit en route, et, apres sept beures de marcbe, on gagna Likaf/ong, station de la Soci^te des Missions de Londres, fondee il y a qualre ans pour ime portion de la tribu des Batlapis. Le 1(3 juiilct, on parlil a cbeval pour liorgelong, I'une des principales villes babitees par les Batlapis. La distance a francbir n'etait que de quarante uiilles. et cependant Ton ne put y arriver que dans la soiree du second jour. On estime que Borgelong rent'erme de 6 a 7 000 babitants, dont environ une centaine de Chretiens. Uu reste, ce lieu n'est qu'une annexe de la grande station de /\uriu/ian, qui en est eloignee de .six journiies de marcbe en wagon. M. Dyke ne se rendit pas tout d'abord a ce dernier lieu , niais a Tanng, naguere encore la ville la plus ( 191 ) considerable qu'habitassent les Ballapis, et dont la population ne s'elevait pas k nioins de 12 000 ames. 11 la trouva, a son passage, tout a fait d^serte ; elle avail 6t6 abandonn^e entierement sous I'influence d'un cbef ambilieux, qui s'etait figure qu'en s'enfon^ant plus avant dans I'interieur, il parviendrait a elablir sa do- mination sur une plus vasle 6tendue de terrain. En parcouranl cet immense village, M. Dyke eut a remar- quer le soin qui avail preside a la construction des maisons, oeuvres d'architectes feminins, car chez les Ballapis et les Barolongs ce sont les femmes seules qui pr^parenl les maleriaux et batissent les maisons, et chacune de ces constructions leur coute , avant d'etre achevee, bien des mois d'une intatigable activity, Notre voyageur trouva ces maisons en bon dilat et les clo- tures envli'onnanles presque toutes debout, ce qui put lui faire oublier un instant que les habitants n'etaient plus la. II y chercha du regard, vainement, dil-il, les hommes activemenl occupes a coudre ou a preparer leurs barnais, les fetnmes allant faire leur provision d'eau, les enfants se livrant a leurs jeux : tout avail disparu ; pas un mouvement, pas le moindre son ne vint troubler la solennelle et silencieuse tranquillile du lieu; il put se croire alors seul vivant au milieu des morls; les byenes et aulres animaux sauvages devaient seuls, le soir, prendre possession de la cite deserte. II la quitta bien vile pour gagner Motito, a travers des cbemins rocailleux, et il y arriva le 23 juillet. Ce- tait, poui' celte region sud-africaine, le moment ou I'biver venait de faire place au printemps. La vallt^e qu'arrosaient des sources argenlines rafraicbissait de sa ricbe verdure I'oeil du voyageur fatigue du desert et des effels sautillants et trompeurs du mirage; le saule ( 192 ) gracieux avail mis au jour ses f'euilles il'un verl lendre, et quelques arbres a fruits ^taienl ornc-s ilijja de leurs I'iches boutons. M. Dyke trouva cbez ses coreligion- naires un fraternel accueil dans leurs habitations spacieuses, comme il faut qu'ellos le soionl pour la conservation de la sant«^ dans ces regions presque Iropicalcs. Les jardins de ces raissionnaires , entoui'ds de fortes enceintes en pierre , (itaient abondamnient pourvus il'arbrcs fruitiers , et les seringas des hides balancaient leurs tetes elevees, pour servir l)ient6t a des constructions differentes. Apres quelques jours de repos a la station de Motilo, M. Dyke prit son chemin vers celle de Knnunan, re- nomniee pour sa belle Fontaine, ses jardins, ses vergers en plein rapport , ses batisses , son eglise spacieuse et d'un bel aspect. II y gouta les douceurs Inellables de 1 hospitalite , el y trouva en plelne aclivite uno imprl- merie qui reproduisait des catechismes pour les neo- phytes. Mais a cote de riantes images , il ajiercevait celles qui provenaient de la barbarie des indigenes, comme, par exemple, des vieillards, que leurs propres families ou tribus avaicnt abandonnes , ainsi que le font encore les Bechuanas, dont M. Dyke rapporte une des coutumes , toujours en vigueur, pour punir le vol , et qui consisle a lier ensemble les poignets du cou- pable, puis a les lenir sur un feu lent jusqu'a ce que les chairs aient ete mises a nu. En cas de rccidive, on attache de nouveau et de la meme maniere les poignets pour les bruler ainsi jusqu'a ce que la chair soit en- lieremenl consum^e. II n'est pas rare de rencontrer parrai les Bechuanas dos individus qui ont de la sorte perdu conipletemenl I'usage de leurs mains pour avoir en leur enfance commis des vols dans la contr^e. ( 193 ) M, Djkt' rend uri coiuple assez d^lailie de ses travaux evang^liques avec ses confreres, puis il va explorer Ic pays situe a la jonction du Fal el du Tikoue; ensuile il voit la ville de Mahura, dent les habitants possedent une iiuuiense qiiantite de belaii, ce qui empeclie leurs migrations d'etre aussi frequentes qu'elles I'elaient autrefois. Cette ville renferme des gens appartenant a loules les tribus voisines. Cela lient a la politique ani- bilieuse et tyrannique du chef, qui oblige quiconque a recours a sa protection de se placer sous sa surveil- lance immediate, en venant habiler la merne residence que lui. Cel exemple est du reste donne par bien d'au- tres chefs de ces contrees, el de la sorte, s'il prenait fantaisie au protege de se detacher de son protecteur, ou sil se montrait insoumis, ses Iroupeaux et tout ce qu'il peut poss^der seraient saisis en un instant. Le 5 septembre, M. Dyke repassait le Fal et retour- nait a Motito. La s'arrfitcnt les extraits de son journal de voyage. CAVERNE DE CANNTBAEES. Nous lisons dans le Journal des Missions evangeliques (1" livraison, 18/i8 ) le recit de la visile d'un mission- nalre a une caverne qui servait naguere encore a des festins de cannibales indigenes. Elle est situee a une demi-lieue de la slation de Cana, pr^s des monts Ma- luutis Cette caverne, en rocs de pierres de gres. est d'une tresgrande hauteur, comme aussi d'une grande profondeur. Le sol en esl uni , de sorte que les canni IX. \j\hs. I\. \!x ( 19/1 ) bales onl pu ) conslruire un village de quarante a cin- quante maisons, dont on d^couvre encore les traces. Plusieurs portes de ces maisons 6taient construites avec des ossements humains ; on y a trouv6 en outre une grande quantity de pots cassis, de pierres a moudre, d'ocre , et enfin quelques debris d'ustensiles cannibales, tels que cruches d'eau , (^cuelles, plats, tous faits avec des cranes. Sur le c6t6 de la caverne, on voit un large banc de pierre et une enorme taclie de sang : e'etait la que les sauvages t'gorgeaient leurs victimes. Au sorlir de ce lieu lugubre, on voit un joli bosquet parsem^ d'ossements que les cannibales ont ecras6s, afm de n'en pas perdre la inoelle. Quelques cranes oflVent encore des lannbeaux de chair s^ch^e. Ces cannibales apparlenaient a la tribu des Bas- soulos, et Ton pretend qu'il en reste encore avec toute la violence de leurs gouts anthropophagiques. ANALYSE DES OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETfc Revue de I'Orient et de VAlgerie. N° de f^vrier 1848. Ce num^ro conlient notamrnent deux articles Fort remarquables, I'un de M, Charles LavoUee sur Vlnde anslaise, et lautre de M. O. Mac-Carlhv sur le f^^omse dans le grand desert de Sahara, en 18/15 et 18^6, par M. James Richardson. L'article sur I'lnde angloise oll're d'abord I'liistoiique des etablissemenis britanniques dans la p^ninsule du ( 195 ) Bengale depuis 1599 jusqu'a nos jours. Cel abrege sonimaire des fails de Ja conqiiete assuree par la Com- pagnie des Indes orientales, pari de la premiere charle de privileges accordee par le Parlement en 1600, re- nouvelee en 1G61, et consommee en 1708, (ipoque ou le terriloire de Calcutta fut d^finitivemenl concdide 6 la Compagnie, pendant que la France avail fond6 ses riches comptoirs sur la cote de Coroinandel. On lit ensuile la seric des luttes sanglantes qui eurent lieu entre I'Angleterre et la France, et qui se terminerent en 1757 par la bataille de Plassey, qui assura la pre- ponderance britannique dans I'lndostan. Cetle pre- ponderance s'etendit depuis le cap Comorin jusqu'a Delhy, puis se developpa sur la cote de la presqu'ile transgangetique, vers le detroit de Malacca, qui devait ouvrir a Albion les portes de la Chine. Ainsi I'empire britannique, plus tard encore et de nos jours, recule a I'ouest jusque vers I'Al'ganislan et le Lahore, s'6tait successiveraent iorrae ot consolide. Aujourd'hui il n'est plus un seul peuple dans I'interieur de I'lnde qui ne reconnaisse de fait I'aulorite de I'Angleterre. Aprtjs avoir trace I'historique de la Compagnie des Indes anglaises et rappele les transformations succes- sives que celte Compagnie a subies dans sa constitu- tion et dans ses droits, I'auteur fait connaltre son orga- nisation acluelle et le nouveau mode d'administration consacre par le bill fondamenlal de 178Z|. On sail que trois pouvoirs diflerents concourent a ce gouverne- ment de I'lnde : la Cour des Directeurs, le Comite de Controle, et le Gouvernement local. Nous ne suivrons pas I'auteur dans I'exjjosilion de ces pouvoirs, d'ail- leurs assez conims de nos jours, el nous dirons de pre- ference un mot du Voyage au Sahara, de M.Richardson. ( lOti ) Ce vovage, qui comprenJ deux volumes, coininence a Alger on 1845. L'auteur se rend d'altord a Tunis, puis a Djerbah et a Tripoli, d'oii il part, Ic 2 aoOt, avec une caravane pour G/tradames, ou il arrive le 26. Glira- dames est situee par 39» 9' latil. N., 9° iS' longil. de GreenAvich, 6° 50' de Paris. U 111 un sejour de trois mois dans cette cite des marcliands et des marabouts, comme on I'appelle dans toutes les regions voisines, et il se dirigea ensuite vers Ghrcit , au coeur mtime du desert. 11 s'y Irouvait au bout de dix-neuf jours , et il y en passa cinquanle, avec I'intcntion de chercher de la les plaines des Touaricks et du Soudan. iM, Richardson a consacre cent soixante-quinze pages a t'aire le r6cit de son sejour de trois mois a Ghra- dames; il parle de ses entreliens avec les Arabes, des prejug^s du peuple, des fetes du Ramadan, du Sahara, de ses bois et de ses animaux. II coniptait realiser son projct d'oxplorer le Soudan, mais une foule de laisons rdiligerent a revenir sur ses pas. 11 gagna le Fezzan, resta quelques jours a Mourzouk et a Sockna ; puis, traversant de nouveau les massils des monts Ghrariane, il renlra a Tripoli par Misratah, le 8 mai 18/10. Son absence avait dure huit mois el demi. La relation de ce voyageur meriterait une ana- lyse speciale et ^tendue; il est a desirer que les limites du Bulletin i)crmeltent de I'ins^rer plus tard. Dk la collection cnitii a la BiBLioriiLQUii nationali; ; examen de ce qu'on a fait et de ce qui reste a faire pour completer cette creation el la rendre digne de la France. Co iiuiuuiir. ([Ill ( oiilifiil plus ile cent pages d'im- piession, reiul cumplc iles t'llcrLs (jiii nnl cti' fails pour consolider le depot ii,eof^raphiqiie de la Bibliothetiue nationale. 11 se divlse en ])luslenrs cliapitres dont voici la substance. 1, Olijet qu'on s'ost propose en crt^ant un depot general de gfiographie a la Bibliotheque na- tionale. Ordonnance de creation, II. Ce qui a ^te fall quant a rexecution de Tordonnance de creation. III. N^cessite dc separer Ic depot de geographie de celui des eslampes. Difference radicole entre ces deux col- lections. IV. Ce qui reste a Faire. Besoins de I'institu- tion. Allocation speciale accordee par la Chambre en 1839. Service do la division geographlque. V. Klal et progres de la science. Avenir de rinstitution. Insuffi- sance du local acluel, Indigne d'un etabllssemcut tel que la Blbllotbeque nationale. VI. Relour a I'ordon- nance de creation. Conditions Indispensables pour le service public. VII, Conclusion et resume. Ce m^moire est de M. Jomard, aiembre de I'ln- slitut, conservateur de la collection geographlque de la Bibliotheque nationale, et I'un des plus dignes ve- terans de la science; c'est assez dire I'interet qui s'at- tache a cetle publication. Instructions nautiques sur la mkr Rouge, par R. Mo- resby el T. Elvon, commandants de la marine in- dienne; Iradultes par B. Darondeau, ingenieur-hy- drograjihe de la marine. Ce travail est ox,tralt des .huuiles imin'tiuu's et colo- niales publlees par MM. Bajol et Poirre, cahiers de jan- Mt^r et ievrier 18A7. : 198 ) IkSTRLCTIONS POIK ISAVIGDER SLK LA COTE SEPTENTRIOIS ALE Du Bresil et dans le fleuve des Amazones, par M. L. Tardy de Montravel, capitaine de corvelte, Bro- cliure extraite des Annnles maritimes el coloniales, avril 18Z|7. Des ouragans, tornados, typhons et tempetes; par M. F.-A.-E. Keller, ancien deve de Tficole Poly- technique, ingenieur-hydrograplie de la marine. Ce memoire a ete exfrait par I'auteur de son grand travail, encore in^dit, sur les courants de mar6es. Bulletin de la SociiTi industrielle d'Angers el du departement de Maine-et-Loire, 1847. Ce Bulletin, compose de cinq cent quarante pages in -8°, conlient plusieurs rapports intdressants , tels que : 1° celui de M. Guillery sur le congres de vigne- rons frangais de Lyon et sur les congres scienlifiques de France et d'ltalie; 2" celui de M. Trouessart sur la telegraphic 6lectrique; 3° celui de M. AUard-Gontard sur le Traite de culture maraichere de MM. Moreau nt Davenne; h.° celui de M. Trouessart sur le Traits de la science de I'univers de M. Lamennais et sur le Cosmos de M. de Humboldt; 5° celui de M. Guillory sur les Ira- vaux du Comite d'agriculture ; etc., etc. ( 199 ) Tableaux de population, de culture, de commerci. et DE navigation, lormanl la suite cles tableaux inserts dans les notices statisliques sur les colonies Cran- gaises. Ces deux brochures s'appliquent aux annees 1843 et 184/1. PfiiciS ANALYTIQUE DES TRAVAUX DE L'AcAofeMlE DE RoUEN pour Tannic 1847. Ce volume, de quatre cent quarante pages, contienl plusieurs memoires sur I'electricite aphosph^rique , par M. Boutan ; sur le telegraphe electrique , par M. Preisser; sur la gratiole, par M. Marchand; sur la pompe de terre, par M. Philippar; etc., etc. GlORNALE DI CarOVANA, O ViAGGIO NELl' ArMENIA, PeRSIA ED Arabia, fallo negll anni 1841-1842, da Felice de \ eccbi e G. Osculati ; descrilto da Felice de Vec- chi, etc. Journal de Caiavarie, ou Voyage dans V Ar- nienie, la Perse et V Arable, execute duranlles annees 1841 et 1842 par Felix de Vecclii et G. Osculati. decrit par Felix de Vecclii. 4 livraisons in-4°; Milan, 1847. Cot ouvrage ilalien , dont I'auteur a deja public les qualre premieres livraisons, se divise en autaiit do chapities, qui Iraitent des matieres ci-apres, savoir : Chapitre I". Le Danube, avec le s^jour a Vienne et ( 200 •) la navigalioii sui co lleuvc, dojiuls Ja ca[)itale cU' lAu- Jriche jusqu'a la raer Noire et a Conslanlinople , y compris les divers incidents a bord du bateau h vapeur et dans les halles de la route. CnAPiTRE II. Constantinople et ses environs. D^-tails sur P(^ra ; monuments de Stamboul ; danses des der- viches ; marche aux Esclaves ; cafes de Constantinople ; cortege du sultan; champ des morts a Scutari; ile des Princes; Brousse et le mont Olympe ; interprete per- san ; vialiques pour le desert; un barbier. CiiAPiTRK III. Ccke rryinatolie. Armi'nie. Depart de Conslanlinople. In peintre gascon ; Sinope ; Sam- soun; deux Italiens; un Ture altelnt de la peste a bord ; Tr^bisonde; monuments genois , grecs, turcs ; un mari patient; unGhevislik; foret vierge. Baibonrt; bains d'Elisee; Erzeroum. Chapitre IV. Armenie. Peste d'Erzeroum ; un ker- vandan; depart; un santon ; Hassan-Kaleb ; I'Araxe; le festin des vaulours ; Palankioli et sa caravane ; le galeun ; le pilau; I'Euplirate ; fourberies des Kurdes; Eccmiazin ; son pape ct ses moines; Bayazyd ; I'Ararat; Kharaklissa; une quaranlaine sur la fronti^re de la Perse; chasse du I'aucon. JoiBNAh d'education popuhire. Bulletin de la Societe de I'inslruction 6l6menlaire. Cahier de novembre et d^cembre IS'iS. Le prcniier de ces deux cahiers contienl nolamnient roxamen de la question (\.(i la gratuile de I'enseigne- niiiul priinairc, par M. Meunier; et le second, la solu- ( 201 ) tlon d'une autre question sui* les professeurs speciaux, par M. Lourmand. PUBLICATION NOUVELLE ET PROCHAINE. GioGRAPHiK d'Aboulfkda , iraduite de I'arahe en Fran- 9ais et accompagnee de notes et d'eclaircissements par M. Reinadd, membre de I'lnstitut, professeur d'arabe, etc. 2 vol. \n-li". (Sous presse.) Nous devons a I'obligeance de M. Reinaud la com- aiunication de ce grand travail, qui est sous presse et va parailre en deux volumes in-quarto, accompagnt^s de cartes et planches. L'auteur a I'iiitention d'ofTrir son ouvrage a la Soci6t(^ de geographic, et nous allons par anticipation en indiquer les inatieres principales. Le premier volume ee compose d'une introduction ou preface divis^e en quatre sections qui traitent des objets ci-apres, savoir : I. Notice d'Abnulfeda ; sa mort; son fds et successeur; ses gouts; extinction de sa fa- raille; ses ouvrages. II. Geographes arabes et persans anterieurs a Aboulfeda. Naissance de la geographic chez les Aralies; travaux executes sous le khalifat d'Al- mamoun; influence des doctrines persanes, indiennes et grecques. Relation du marchand Soleyman. Traite d'Ibd-Khordadbeh. Ecritsgeographiques de Massoudy. Relation d'Abou-Zejd. Voyages de Sindebad. Relation d'Alestakhry et d'lbn-Ilaucal. Travaux geographiques d'Albyrouny. Certains traites geographiques particu- liers aux Arabes. Travaux d'Edrisi. Itineraires propre- ment dits rediges par los Arabes. Traites hydrogra- phiques, etc. III. Doctrines geographiques des Arabes ( 202 J el (les Orienlaux cii gencM^al. Traditions giecques , in diennes et persanes conservees dans I'Alcoran. Man sions lunaires el anouas. Orientations chez les Arabes. Rase (les vents. Deux syst(^mes diff^rents. Origine de la boussole. Orientations des cartes chez les Arabes. Quart habile du monde. Systeme indien. Division de la terre en sept climals. Longitude el latitude. Pre- mier meridien, Meridien central et coupole d'Aryn en Orient el en Occident. Liraites assignees au raonde a Test el a I'ouesl. Mo\ens employes pour fixer la lati- tude et la longitude. Graduation des carles. Mesures lineaires. Valeur d'un dcgre terrestre. Tableau general de la geographic, extrail des Tables d'Albateny. Precis de nos connaissances sur ITnde dans I'antiquile et au moyen age. Navigation des niers orienlales dans I'an- liquite et au moyen age. Premiere introduction du chrislianisrae en Cliine. Sysl^me des sept mers orien- lales, Moussons. Hydrographie des mers orienlales. IV. Trait6 special d'Aboulfeda et plan suivi dans celle traduction. Le second volume contient la premiere nioili^ de la traduction du texle arabe, c'esl-a-dire les prol(^go- menes d'Aboulfeda, des notions sur la tcrrc en general el (les notions g('m6rales sur les sept climals, sur les mers, lacs, fleuves , monlagnes. Viennent ensuite le plan de I'ouvrage et sept chapilres sur I'Arabie, I'E- gypte, I'Afrique (magreb), I'Afrique (zone torride), I'Espagne, les iles des mers occidenlales, les regions scptentrionales. La seule indication des mali^res conlenues dans ces deux volumes montre assez I'importance du travail de noire savant professeur, el doil faire desirer vivemenl I'apiJarilion de cet ouvrage. ( 203 ) M. Reinaud caracterise comme il suit la g^ographie d'AbouIfecla. Ce n'est pas un oiivrage simplement des- criplif; I'autciir, qui ctait au courant des doctrines de sa nation, y a fait connaltre ou du moins indique les fails principaux de la science de la geographie. Mal- heureusement ces indications sont bien souvent insuf- fisantes, et I'auteur a suppose son lecteur plus instruit qu'il n'etait; aussi M. Pieinaud a-t-il dii accornpagner sa traduction de nombreuses notes, qui portent prin- cipalement sur les details. La preface dessine a mer- veille les traits d'Aboulfeda et I'etat dc la science au moyen age, ou celui-ci a redig^ son traite; elle offro aussi avec lucidite le systeme des doctrines geographi ques des peuples de I'Orient a cette 6poque, Voici un fragment de I'ouvrage, en ce qui touche la vie d'Aboulfeda. (( L'Oronte, qui coule en Syrie, voit s'elever sur ses bords, entre autres cites, la ville de Haniat. Cette ville remonte a la plus liaute antiquite : elle existait deja au moment ou les enfants d 'Israel s'appretaient a quitter I'Hgypte pour occuper la terre de Clianaan, et il en est parle dans le Pentateuque. Plus tard , les rois seleu- cides lui donnerent, avec le nom d'l^piphanie, un nouvel eclat. Lorsque les Arabes, peu de temps apres la inort dc Mahomet, envahirent la Syrie, Hamat, ainsi que les villes dc la contree qui avaient recu une nou- velle denomination, reprit son ancien nom; elle I'a conserve, avec une partie de son importance, jusqu'a nos jours. » Le grand Saladin, vers I'an 57A de I'hegire (1178 de notre ere) , joignit la Syrie a ses autres conqu^tes , et y forma un certain nombre d'autres principaut^s qu'il distribua aux membres de sa famille el aux plus f 50A ; braves tie ses euiirs. Tel elail clepui^ mi sit-cle I'elalrlo la Syrie, de In Mesopolaniie el cles regions voisines : I'esprit de la f^odalit^ \ dominail corame en Occident, el Ton entendait partout parlor de feudalaires el de suzerains. )) Hamat et quelques autres villes voisines furenl concedees par Saladin a Teky-eddin Omar, fils de son Frere Schahinscliah. La famille Teky-eddin, a iaquelle appartenait Aboidf<^da, se maintint dans cetle princi- paute , meme apres quo les sullans d'Kgypte et de Syrie, de la faniiile Saladin, eurent etc depossedes par leurs anciens esclaves. LorsqirAhoulfeda vint au monde, Hamat olait la seiile principaut^ de Syrie qui eilt ele respectee par les sultans maraelouks. » Aboulfeda naquit a Oamas I'an 672 (1273 de noire kve). Line irruption des Tartai-es avail forc6 ses parents de chercher un refuge dans celte ville. Son p^re se nommait Aly, et porlait les surnoms de Al-Malek- Alafdlial, ou le prince excellent, et de Nour-eddin. ou la lumiere de la religion. Celui qui rc^gnait alors sur Hamat etail un frere d'Aly, appele Mohammed, et surnomrae Almalek-Almansour, ou lo prince invin- cible ; on lui donnait de plus les litres de Nasser-eddin, ou le protecleur de la religion, el de Amoulmealy, ou le pere des belles qualities. Mohammed reconnaissait la suzerainele de Relaoun , ancien mamelouk, origi- naire des bords du V olga, et qui etail devcnu le mallre de I'Kgypte et de la Syrie. Mohammed (^fanl morl en 683 (1284), son fds Mahmoud rocut Tinvestiture du sultan Relaoun. Mahmoud, cousin d'Aboulf^da, prit a cetle occasion le surnoni de Almalek-AlmodhafTer, ou le prince victorieux, ainsi que le litre de Tekv- eddin, ou Celui dunt la religion est pure. ( 205 ) » Voici quelle ^tait en ce moment la situation de la Syrie ; les sultans mamelouks, devenus les heritiers de la puissance des Saladins et de Malek-Adel , re- gnaient a la Cois sur I'bgyptc et la Syrie; niais un cer- tain nombre de places importantes, debris du royaume fonde par Godefroy, etaient reslees entre les mains des Chretiens d'Occident : les Francs elaient maltres de Sainl-Jean d'Acre, de Tripoly, de Tyr et de quel- ques autres villes situees sur les bords de la M^diter- ran6e. lis s'etaient unis d'inleret avec les Chretiens ar- m^niens, alors en possession de la Silicie, et, comme le zele des croisades n'tUait pas encore tout a fait eteint, ils pr^sentaient un aspect redoutable... » Aboulf^da, ainsi que la plupart des princes mu- sulmans de cetle epoque, regut une (Education reli- gieuse el litteraire : on lui fit apprendre par coeur I'Alcoran et certains trait^s didactiques; il se livra k une 6tude approfondie des principes de I'islamisme , de la langue arabe , de la jurisprudence , de I'liistoire , des belles-lettres, etc. » Al-BERT-MoNT^MONT. [ 206 ) DEIXIEME SECTIOIM. Aete« (le la $«ociete. EXTKAIT liKS PHOCKS-VKHRAl X DtS StANCES. PfifeSIDKNCK DE M. RoiX DE RoCHl-LLK. Seance dn 3 w<7;vv 1848. Le proc^s-verbal de la derniero S(§ance est lu et adopts. iM. le sccrolaire communique la liste des ouvrages offerls a la Soci^le; des reuiorciemenls seronl adresses aux donaleurs. M. Jomard oflre de la pari de M. lo general Zarco del Valle une Relation de la bataille de Lepanle, r6- dig^e par le colonel des ingenieurs, Jose Aparici, d'a- pres les documents inedils trouves dans les ai'chives de Simancas. M. Roux de Rochelle lit I'analyse qu'il a I'aite de la plupart des ouvrages offerts a la Sociele dans ses seances du Ix el du 18 r^vrier. Ces notices, qui vont etrc ler- minecs, parailronl dans le Rullctin du meme mois. M. de Caslelnau rend comple verbalemeni de deux brochures de M. Paravey sur le pays de Fou-Sang. ( 207 ) Seance dii 17 mars 1848. Le proc^s-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le secretaire communique la lisle des ouvrages ofFerts a la Soci6t6, et la Commission vote des remer- ciemenls aux auteurs. M. Jomard lit I'extrail d'une lettre de M. Jules Vcr- reaux a M. Geoffroy Saint-Hiiaire sur quelques ani- raaux de la Tasinanie et de I'Australie, qu'il serait pos- sible et utile de naluraliser en France. M. Roux de Koclielle lit la suite de son analyse des ouvrages ollerts a la Soci^te dans ses seances du mois de f^vrier. M. Cherrier est admis dans la Society sur la propo- sition de MM. Walckenaer el Joraard. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCII^TE. Seance du 3 mars 1848. Par la /isle civile : Galeries historiques du palais de Versailles, t. IX. Paris, 1848, in-8°. Par M. Felice de Vecchi : Giornale di Carovana o Viggio neir Armenia, Persia ed Arabia fatto negli anni 1841-1842, da Felice de Vecchi e G. Osculati. Milano, 1447, 4 livr. in-8°. Var M. Ferdinand JVilstenfeld : Zakarija Ben Mu- hammeil Ben Mahmud el - Cazwine's Rosmographie. Gottingen, 1847, broch. in-8°. Par la Societe orienlale (F Atleniagne : Jabresbericbt ( 208 ) der Deulschon inorgenlandischen Gesellscliafl fur das Jahr, 18/i7. — Zeitschril't der Deutschen morgenlan- disclien Gesellscliafl herausgegebcn von den Geschalts luhrern ( n" 3 ct 4). Leipzig, 18/i7. broch. in-S". The Journal ol the Indian Archipelago and Eastern Asia. N"' IV et V, octobre et novembre 1847. Singa- pore, in-8° Par M. le general Zarco del I alle : Coleccion de ilo- cumentos ineditos relatives a la celebre balalla de Le- panto, sacados del Archivo general de Simancas por el coronel de Ingenieros don Jos6 Aparici. Madrid , 1847; broch. in-8°. Par les aiiteitrs et cditeurs : I'lnvestigateur, journal de rinstitut hislorique; fevrier. — Bolelin de la So- ciedad econoniica de amigos del pais. \ alencia ; un cahier. — Journal d'^ducation populaire ; d^- cembre 18/|7. — Journal des Missions thang^liqucs ; fevrier. Seance du 17 mars 1848. Par rjcademie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen : Precis analytique des travaux de cetle Aca- d6mie pendant I'annee 1847. 1 vol. in-8». Par la Societe industrielle d" Angers : Bulletin de cette Soci^te, annee 1847. 1 vol. in-8°. Par les auteitrs et editenrs : Annales de la propaga- tion de la Foi; mars 1848. — Journal d 'education po- pulaire; novembre J 847. W- ,^ de ses Environs. 1845. he7/e i/c .Ui7/t'^ tie tto ilii Deip'i' Et/t. tie S'MJrhel Simi/ah 'Ne^xOf^ BULLETI at. LA SOGIETE DE GEOGUAI'HJE. 4.VRII, i:t im,\i \8liS. PREMIERK SECTIO]^. VlfeMOIRES, EXTRAITS, \^ALYSI<:S ET RAPPOHT- MliMOIRE JLSTIFICATIF KN REHABILITATION DES PiiUKS PIERRE PAEZ ET JEROME LOBO, MISSIONNAIRES EN ABYSSINIE, EN CE QUI CONCEUNE LEURS VISITES A LA SOIIUCK DF, l'aRAI ( LE Nil.) ET A LA CAT4- RACTE d'alata : Par CIIAIILLS T. UEKE, COIlllESPOMl.\^T DE H SOCIF.lk: DE OEOGl'.APMIK DE i'AiJb ET IMEMBRE BF 1>I,1!.SIEUR.S AWTHES SOCIETES SAVANTES. * (suite.) (1). Les recriminations de Bruce a co sujet out ru cept-n- dant pour consequence immediate de faire croire ge- neralement que les missionnaires portugais tic posse- daieiit que des connaissances confuses sur le site et la source de rAlniL Par exemple , Ic savant docteur Murray ecrit dans les notes de sa seconde edition des Foyages de Bruce (2) : « Ou pent certes affiriner qu'a (i) Voyez !e Bulleiiii de mars 184^. (r>) Triwrh... In-H". London, 180^, 1. A', p. 4.tS. IX. AvniL i:t \i\i. 1. \\ ( 210 ) >i celte epoque aiicmi Eiuoptien, ot uioins uii prelre que )> tout autre, n'ajaiil poini d'ariiiee a sa disposition , » aurait eu la liarcliessf ;l'cnlrcr dans Sacala , ou que, n s'il eilt eu cette hardiessc, il n'on serait certainement » pas sorli; » et plus loin, en parlant des etablisse- inents des jesuites dans ies provinces de Godjam et Damot, il ajoute (1) : « Cos etablissements existaient » principalement dans la partie orientale ou au centre )) do la presqu'ile rcrnite par le Nil ( Abai), et Ies mis- » sionnaires n'avaient ni I'occasion . ni ne jouissaienl » d'une protection suffisante pour s'avancer dans I'ouest » a una si grande distance que Sacala. » Pour mettre un ternie a toutes ces opinions t/rro- n^ps, je crois indispensable d'entrcr ici dans (]iiolques details sur la topographic de la peninsulc de Godjaui et sur Ies positions respectives des etablissements des jesuites dans cette province. Et d'abord, je dois dire avant tout que, dans le texte de son ouvragc , aussi bien quo dans sa carle, Bruce s'est completeuient eloigne de la verit6 par rapport a la position et aux frontieres de la province de Damot. N'oici ses propres i'xpre.<*sions (2) : « Au sud-est du » rojaume de Godjam se Irouve Damot. Cotlo province » est bornee a lest par le Temci, a I'ouest par le Gult, » au sud par le Nil (Abai), et au nord par Ies liautes )) montagnes d'Auiid-Amid. Elle a, du nord au sod. )) une longueur de hO mil Ies et une largeur d'un peu » |)lus de 20 de Test a Toucst; » et conformement a cette description il place, dans sa carle, la province de Damot a Tangle sud-est de la peninsule de Godjam. (i) In-8". Loiitlxii. i8i)5, I. V, p. 4^7- (a)T 111, p. 257. ( ^\\ ) Or le teiritoire cic la presqu'lle oil Bnice place ainsl Dainot est pr^cisement celui (juc Ics hahilants recon- naissent pour 6tro Gorljam pn promenf rlit (I), bortie au sud et a Test par r.Vhai, au iiord par le Tehee (2), et a rouest parDamot, dent il est separe par les deux fleuvps , le Godiel) et le Wulerin, qui se trouvent, le premier au nord, et le second au sud 3); tandis que* Datnot, au conlraire, a pour limites : a Test, Godjani (proprement dit); et a I'ouest, Agaumider et Wam- bera (Zi). Damot, en outre, est separe d'Agaumider par la riviere de Zinguini (5), et il s'etend vers VVani- b6ra, a I'ouest, bien au-delh 'le cette riviere et dans la direction du Bahr el-Azrek (6). L'espace que j'ai par- eouru dans la province de Damot, entre le \^ ulerin et le bord de la vallee de Zinguini, est de 50 inilles au moins en ligne droile de Test a I'ouest, et j'etais encore loin d'avoir alteinl le point extreme occidental de la province. Au sud, Damot est borne par I'Abai , et au nord il s'etend jusqu'a la chaine des monls Talba- Walia , par laquelle il est, ainsi que Godjam propre- ment dit, separ6 de Mietcha (Maitsha ou Mecha). Amid-Amid et Lidjand)6ra sont la continuation d^ (i) Jnuinul o/ tlie royal geographical Society, I. XIV, p. ">c). (2) Ibid., \i. 26. f3) Journal of the royal geographical Society, r. XIV, pp. J, 1 5, 24- 4'' 4'-'- Dans cetif- direction, i|uekjUKS ilistiicts se trouvent ca et la -Otis le gouvernement de ctiefs di^tincts, et je ne poiirrais aftirmer positivement que ces districts soient compris dans les Hmiteu di Godjani oil dp Dainot; niais ce que je crois, cost que le Wuterin, qui plus bas s'unit au Tchamoga, forme la limile entre les deux pro- vinces vers I'Abai. (4) Ibid., p. 9. (5) Ibid., p. 7. (6) Ibid., p. 38 > 212 ) celte chatne vers I'ouest, jusqu'au cours sup^rieur de I'Abai, et Agauraidcr, situe u I'ouest de ce fleuve . forme la lisiere de la province de Damot, au nord- nord-oucst. On coinprendra beaucoup inieux Its posllions et los liinitcs dc loules ces piovinces en recourant a ma carle. Quant aux rivieres « Tcmci » et « Gult, » que Bruce indiquo rormollemenl comme les limites a Test et a I'ouest dc Damol, il est certain que, pendant un sejour de quinze mois dans la peninsulc de Godjam, oii nie* excursions se sont efleciuees dans tons les sens, je n'ai jamais d envers leurs seignrurs ou proprietaires, qu'elle sufHt pour leiir garantir la joiiis- sanci' (I'nn « puiii l(i j clans 111 provincti • iK inilles seulement tie « la inonla(|ne tie Temhua, " lorsqu'il n'l'tail plus qu'a une petite distance de la source de I'Abai. (3) P. 5oo. Voir aussi la carte d'Abyssinie de eel auteur, et .Ir- i-hwologia, t. XXXII, p. 4; f' suiv. (4) C.)rvailio est le pere a (pii etait confit? le manuscrit de Paez, et qui le porta ii Rome. \ tn'r \i- l!idlp|iii lii- mar.s. p. i ."i i . ( ^17 ) Ainsi ces trois residences de Lidja-Negus , Temhua et Nefassa, etant siluees au-del;'i , niais dans la proxi- inite de Sakkala, comment supposei- que les Jesuites eussent pu eprouver la moindre difticulte a visiter ce district toutes les fols qu'ils le desirerent? Parmi ces missionnaires, le peie Paez fut sans aucun doute celui qui visila le premier et decrivit la source de I'Abai. Tl y etait, comme il le dlt lui-meme, dans I'annee 1618. A cette epoque, le patriarche Mendes et les percs Ma- nuel d'Almeyda et Jerome Lobo, dont la visite a cette source est rapportee par Telle/,, n'etaient pas encore arrives en Abyssinic. On sait que ces peres v furent envoyes par suite et en consequence de la conversion a la foi catholique de I'emjjereur Susn^os et de I'a- doptlon comme religion de I'Etat de cette nouvelle croyance. Ce double evenement, dii aux efl'orts de Paez, eut lieu en 1620. Ce fut done dans Tintervalle des huit annees qui s'ecoul^rcnt entre I'arriv^e dans le royaume d'Abyssinie du patriarcbe et de ses com- pagnons, en 162^, et le decret qui retablit I'ancien culte du pays et expulsa les Jesuites en 1G32, que s'6- leverent leurs etablissements dans I'interieur de la presqu'ile de Godjam, et ce fut dans ce laps de temps que ces missionnaires, et bien d'autres sans doule, visilerent Sakkala et la source de I'Abai. Un examen serieux et consciencieux des fails qui precedent conduit infailliblement aux conclusions sui- vantes, savoir : 1° que la dc^couverte faile par Paez de la source de I'Abai, que ce pere a, et les autres mis- sionnaires avec lui, confondu avec le Nil (1), est un ( I J Dans mon « Essay on the iNile and its tributaries » j'ai demontre non seiilenieni que le Bahr el-Azrek, o« fleuvt; Blt>H, n'est point le 218 . fait positif; 2" que la description qu'il en a donnee est complete, reniplie de details interessants, et ro- niarquablenient exacte dans tons les sen , mt^rite qui, sous ce dernier rapport, place cetle relation du Jej^uite bien au-dessus de celle de Bruce; 3° qu'attendu que la relation de Paez a etc non-seuleinent rapport^e tex- tuellement par Kirclier en Italie, niais encore repro- duite substantiellenienl par Tellcz en Portugal, par Ludolfon Allemagne, par Legrand en France et par Johnson en Angleterre (sans parlcr des autres ecri vains qui en font mention), il est evident que cette d^couverle a ete suffisainnient portee a la connais- sance du public et communiquee an nionde cnlier bien longtemps avant quo Bruce entr(^prit son voyage en Abyssinie. Ainsi, et par les raisons ailegu^es ci- dessus, tombent toules ces imputations malveillantes, tous ces reproches injusles et immerites de Bruce conlre I'illustre missionnaire. li nous resto maintenant a examiner la description de la cataracte d'Alala, mieux nommee Tis-Esdt, ou « la fumee du feu (1), » donnee par le pere Jtirome Lobo (2) et les objections 6levecs par Bruce contre cetle description. Voici ce que dil Lobo : « Le Nil est alors ires gros. » A cinq lieues de la, en traversant la terre d'Alata, il )) tombe du haul dun roclier en bas, et fait la plus )) belle el la plus agr^able nappe d'eau que Ton puisse (•ours supe'iieiiv dii Nil, itiais aussi que c'est le Detllit'sa et iion rAhai, qui floit elie t-onsidere coimne 1<: cours supeiienr direct ilu Rahr el- Aznk. (l) Voii Journal of the royal f/eof/'nphiral Society, I. XIV, p. Jp (a) Le{»ran(l, pp. ii)8. 109. ( 219 ) voir. G'est la premiere cataracte (1). J'ai passe des- ) sous sans ine inouiller; et m'y reposant pour jouir ) rill fiais que donne cellc eau , j'y admiral Jes belles ) ct vivcs couleurs do mille arcs-en-ciel que formenl ) les rayons du solcii. Conime cette riviere tombe de . fort haut, elle fait un si grand bruit qu'on I'entend 0 de tres loin; unais je ne me suis pas aper^u que les peuples des environs soient sourds. J'ai parle a plu- sieurs; ils m'entendaient comme je les entendais; et Ton voit meme bien plutot el de hien plus loin 1'^- 0 cume et la fumee que fait cette eau en tombant que i'on n'en entend le bruit. Apres cette cataracte, le I) Nil se resserre tellement entre les rochers , qu'il semble qu'ils ne se soienl ouverls que pour lui don- ner passage. Ils sont si procbes que, de mon temps, on y fit un pont avec des poutres, sur lequel touts I'arm^e imperiale passa. II s'est trouv<^ meme des ) bommcs assez bardis, assez sou pies, assez forts, pour I) sauler d'un rocber sur I'autre. Depuis , I'empereur >■> sultan Segued a fait faire un pont d'une seule arche ) par des macons qu'il avait envoye chercber aux ) Indes, afin que ces peuples puissent avoir plus de ) commerce et passer plus ais^ment d'une province ) dans I'autre. Ce pont est le premier que les Abyssins ) ont vu sur le Nil (2). » (i) » Le pure Altoiise MendL-/, ilit que c'est l.i sfcor)(le. Voyez \i (|iiil reiifeinic dans s.i circonti'ieiice uii rdyaiiiiie .innelij Goiaina , " aiissi i;r.iiui inic Ic ii Son poids dans un abime immense et profond. ]ji; bruit en est cii- " tendu a trois lieues a la ronde, el le rejaillissement. qui s epanouit ea )i utomes d'une extreme tenuiie et en une fumee vaporeusc, est apercu II a la meme distance. Ce qui est difjne d'admiraiion, c'est que Teau II en est lancee avec une si {jrande force, qu'elle tombe a (pielque dis- » tance et forme une arclie sous laquelle on passe par un laijje che- n min sans le moindre danger et sans se mousiler. L'on trouve la des '■ sieges commodes tailles dans le roc pour les voyagi-urs qui desirent .1 se ri'poser et jouir du plus magnifique coup d'oeil que Ton puissc » imaoiner et di'i a la reflexion des rayons solaires rpii tombent sur • I'eau et produisenl de si bc?lles et de si charmanles conleurs, qu'clles " resseniblent a cellos de I'arc-en-iiel; et a cetle distance si rappro- » chee de I'eau, elles recrcent et enchanlent les regards. » Le Nil n'a jamais loale ses eaux sous aucun punt avant >.otr<; « arrivee en Ktliio|)ie. Le premier a etc construit dans le royaump » d'Amara , oil, entre deus rocs eleves, se trouve no passage etroil et » dangereiis. T>e Nil, profond dans cet endroit. roul*" ronimp nn tor- ( ^^1 ) trouve placd* iors (ic sa propre visile it cette cataraele. U dit (I) qu'etant. le 20 mai 1770, a Dara, village situe sur le c6t6 oriental du lac Tsana, a une courto distance du point oil I'Abai laisse ce lac apres I'avoir traverse, et se trouvant a qualorze milles environ de la gi-ando cataracte, il resolut de la visiter a Ja hate ; puis il rap- porte (2) I'entretien qu'il out avec son hole, le Nega- deras (3) Mohammed, sur I'excursion qu'il se proposait de faire le lendemain ; et enlin il nous apprend {!i) que, dans la matinee du jour suivant (le 21 du mois de mai) , il partit pour se rendre a la cataracte, accompagne de cinq domesiiques a cheval , et fut rejoint par cinq au- tres personncs tout equipecs et montees. Vient ensuite la description de leur excursion, etil continue ainsi(5): « Apres avoir franchi la plaine, nous atleignlmes un » courant d'eau rapide qui prend sa source dans le » Begemder, passe par Alala , et se jette dans le Nil » au-dessous de la cataracte. On me dit que ce ruisseau 11 rent iinpetueux. Tout le inondi' rourait de fjrands danffcrs en vou- " lant le iraverser, et plusieui-s peisonnes y perdirent la vie. Pendant » rhiver, les difticultes s'augmentaient encore. Feu versi's dans la ■1 science des ponts et chanssces, et prive's des ouvriers experts dans » ce* sortes dc Iravaux, les Abyssins elaienl incapables de lemedier 11 eux-niemes au mai. Ce tut alors que Tempeieur, instruit de I'avan- 11 tage qu'offrirait rereetion dun pont, et de la facilite qu il v aiirait 11 de I'elever dans un passajje si elioit, en confia la coiistiiirlion a I'n'.i " des deux ouvriers qiii etaient venus des Indes avee nous a la suite 11 du patriarche pour balir des efjlises en lithiopie. Le pont qn il I'leva 11 fut a la fois ele{^ant et d'line [jrande commodite' pour le< passanii. 11 Ainsi tut imposee au Nil nne puissance erranjjere. >• I'apjes r5-i8. (i) Travels, t. Ill, p. 4'7- (a) Ibid., pp. 418-420. (3) Negaderns, litre donne an elief de< eoinmercants. (4) Ibid., p. 4a2. (5) Ibid. . •22-2 ) « elail appeJe Maiiam-Ohlist . et iiii peu plus loin, sur » le \ersant dune colline verdojantc, d'ou apparall 9a » et la le roc, s'eleve Alata , villajje cunsidt-rable , au- » pr^s duquel sent sillies au sud et a I'ouosl plusieurs » aulres villages dune moindre ini porta nee. » Apres avoir pris quclque repos a Alata, « je n'ai j)as voulu )) my arretor plus longlemps , » poursuil Bruce (I), It e-l je inoiitai a cijeval , pensant que cliaquc minute )) de retard a Alata pouvait etre luieux employee a la » cataracte. La pr<^ mi^re chose qu'on nous lit observer » i'ul le pont, qui consiste en une arclii' d'une largeur » de 25 pieds environ et dont les deux exlren)ites sunt w rortement maqonn^es el fixeos dans le roc nieme. II » \ reste encore quelques debris des j)arapels, et le » pont parait avoir recu bien des reparations, et in- )) dique de IVequentes tenlatives de demolilion. Du » reste, dans sa construction, tout scmble avoir ^te » calcule pour la plusgrande commoditt^ des passants. » Le Nil est ici resserre et conlenu entre deux rocs, et » roule ses eaux avec fracas et impetuosite sur un lit n prol'ond. On nous apprit (pi'aucun crocodile n'ap- )) paraissait a cette hauleur, et nous fumes obliges de » remonter le fleuve plus d'un demi-millc avant d'at- » leindre la cataracte et en cheminant a iravers des » arbres et des buissons d"un aussi bel aspect que ceux » que nous avions aj)ercus pies de Dara. La cataracte » presentail le plus magnififjue coup d'ceil qui; j'eusse )) jamais contcmple. La liauteur de la chute, toutefois, /) a el6 un peu exageree. Les missionnaires la portent » a seize aunes ou cinquanle pieds environ. II est Ires » diflicile, sans doute, d'en estimer Taltitude; mais au (i) T. Ill, i7»i) rentes. Uans sa cluile, nne [)artie de la ri\iere jiarais- 1) sail reruler avec imp»Huosite vers le rocher, tandis ') que I'aiitre s'elancait en avant, en forniant des va- » goes bouillonnantes qui se henrtaient les unes contre )i les autres. » Tel est a pen pres le recit de la visile que Bruce dit avoir faite a la cataracte; puis il dresse ainsi son acte d'accusalion contre Lob. i (1) : ((Jerome Lobo pretend >i qu'il s'est assis sous I'arche tormee par I'eau tonibanl » du haul du precipice. li dit qu'il a siege tranquille- » ment au bas de la chute, et (ju'en regardant a travers )) cette arche d'eau, il y a vu une multitude d'arcs. u- (i) T. Ill, p. 4^6 et suiv ( 'in ) )) ciei lie la plus j;raiiile beautt;, scintiliant dans c*r » prisme exlraordinaire. Celle assertion , je I'affirme 1) sans hesiler, n'est qu'une belle et bonne imposture. » Ln gouffro profond et rompli d'eau, conime je I'ai » deja dlt, se trouvu a la base menie du rocher, et I'eau » en est constan}ment agilee et bouillonnanle. Or, en )) admettant qu'un si6ge quelconque soil |)lac6 ( ce » qui n'est pas vrai) au milieu de cet abime, je main- » tiensqu'il eul ete absolument impossible d'y arriver » par quelque effort humain que ce soil. Bien que » dans la force de I'agc et que je sois de plus un homme )) robuste el un expert et bardi n;igeur, jai la lerme )» conviction qu il m'eul ele impossible d'approcber de » ce siege en nageant dans les eaux les moins agitees » de ce gouffro. D'un autre cote, j'accorderai au mis- » sionnaire qu'il se soil place sur son banc imaginaire » sous cette immense arclie liquide, toujours est-il )) qu'il faut qu'il ait ete doue d'une force d'esprit et » de caractere plus qu'ordinaire a la generalite des » bommes , el si peu compatible avec la vie monas- )) tique, pour avoir pu disserter dans unc telle position )) sur les lois de I'optique el au milieu des distractions » que devaieiit lui causer tout ce niouvement, toute J) cette agitation , tous ces pbenomenes qui I'entou- » raient el I'cblouissaienl, et alors que le bruit du tor- wrent, retentissant a ebranler le I'oc jusque dans ses » fondements, menagail de ronipre ses nerfs et de le )) priver de lous ses sens outre celui de louic : spec- » tacle incon)parable qui ne s'effacera jamais de ma » memoire tant que je vivrai, dilt ma vie se prolonger MJusqu'a I'eternite ! spectacle qui me frappa d'une )i sorte de stupeur el me fit enti^rcmenl oublier les w lieux ou i'etais et tout autre inleret ici-bas! crtn/t i 1'}.b ) ); firi/tn an cle.t ]>lii.< nuignifiqnes, dcs plus prodii^iett.i, cU-i- n p/iis surprenniits tcihleaux (jii'ail offevts la creation, bien » qn'd ait ete tevni, degrade par les mensonge.s d'lin faiiu- » tiqne et dUm i>il nianant. » Et pourqiioi loiil co clebordeinent d'iiivectives? Siin- plement parce quo Lobo rapporte qn'il a passe sous la calaraclf Certes, tous les voyageurs qui savont com- bien de tcls accidents se rencontrent IVequemuient dans la nature n'eleveront aucune objection contre le fait rapporle par le pero jesuite. En Abyssinie surtout, (111 toules los rivieres |)rincipales tombent l)rnsque- ment du plateau qui formi' cet empire et descendenl dans les vallees profondes par une succession de chutes etdei'apidcsdedeux ou Irois inillepieds de haul et dans une distance de quelques milles, une grolte conirae celle dont parle Lobo n'est pas rare, el, dans mou journal (1), j'en ai derrit de la maniere suivante une semblable sous laquelle je passai moi-meme le 10 Jan- vier 18/13 : « Ce malin, en route pour retourner a )) Tausb, je cotoyai la rive du Yeda, en le descendant. )) pour aller voir une caverne formee sous la chute de )) cettc riviere, el qui pendant la saison des pluies sert » de passage d'une rive a I'autre. La chute a 80 pieds » environ d'elevation, et un pen au-dessusde la nioitie » de celle hauleurse trouve le passage qui traverse la )i riviere. II esL forme par les couches inferieures du »roc, uegradees par linfiltration des eaux, et olili>. w uno grotte presque en voutc de 50 verges de longueur )) environ sur une profondeur, en arriere de la chule. » de 10 verges ou quelqne chose de plus. » Personne lie niera que, dans une telle grotle , dont Tacc^s dea I JoH) ii.il i}l llir )0) III ,iljliiciil Si'ciit) , I. \IV, |», |". JX. AVniL IT VIAf. 2. iO ( 226 ; deux cotes est facile a tout venanl, et qui ne pr^sente aucun danger, lindividu lo plus i ralnlir puisse s'v re- poser et jouir du spectacle de la chule sans avoir a les » nerfs rompus » ou sans craindrc d'elre « prive de » tous ses sens, outre celui de I'ouic. » II est presquc superflu d'ajouler que ce passage sous la chute du Y6da, connu par ie nom de Jfiircgrig, esl IVequonte par les liomnies, les remmes et les eni'ants, comnie le chemin ordinaire qui conduit de la ville de Yaush a Vejubbi et au rnarche de Baso, pendant la saison des pluies et alors que Is oi\\.\\ de la riviere sonl trop hautes pour permcllre de la traverser a gue. Quant a la chute de I'Abai telle que la ddcrit Lobo. je ne peux garanlir personnellenient I'existence du passage sous cetle chute; car, comme je I'ai expliqu^ dans uion journal [\), ce n'est qu'apr^s avoir sur- monle dcs obstacles de toute pature qu'il m'a ete possible de visiter cette partie de I'Abai. En eflet, j'avais quitle la riviere el j'etais relourne an village de Zamotcha, en route pour regagner Mahhdcra-Mariam, sans avoir vu la cataracte, lorsque, sin* de nouvelles informations, je retournai au fleuve pour jouir de ce magnifique spectacle, et encore jo ne pus satisfaire ma I'uriosile que des bords du ravin profond qui recoir les eaux de I'Abai. Pour 6lre vrai , je dois ajouler que la lecture de I'ouvrage de Bruce avant mon depart de lAnglelcrre. m'avait tellement dispose a regardev le pauvrc Lobo comme un reveur et un romancier, que i'idee d'un passage sous la cataracte ne m'lMail ])as menie venue a I'esprit: et me figurant ainsi <[iie celte chute ne possedait en elle-m^me rien qui la distin- I) Voir \f Journal of tlif yojal ijeogrupliiiol Soiirly, I. XIV, p. 49- ( 227 ) guat de toutes ceilfS ijue j';i\ai.s doja rcticonliees d.iii.s mos nombreuses ooiirses dans rAhyssinio, jo no poii- sai nullement. en snpposant memo que le lenips me I'eiit ]>errais, a en falre I'objel d'uii exaiuen altenlil. Le docteur Rup[)oll, qui, en 1833, visila le ponl conslruit presque au bas de la chute, ne parait pas §'etre rendu de ce poini a la calaracle, et ancun voy?- gpur. que je sacbe, n'y a ete. On se trouve done ainsi place dans cette alternative, ou do croire a I'existence de la grotte ou caverne frayee sous la chule do TAbai donl parle en lermes positifs le pere Jerome I.obo, grotle semblable a celle du Y^da, sous laquolle je suis passe moi-meme, ou bien de considerer cette asser- tion comme « une belle et bonne imposture. » Dans cet otal de cboses, je n'besile pas on momotit a ajoutor loi au fait rapporlti par Lobo. Mais la question n'en reste pas la; att ndu que Bruce affiimant avoir, comme Lobo, visile les lieux, et niant I'ormellement I'exaclitude de la relation du missionnairc, il ( onvieul maintenanl de soumetire a un examen serieux celle du voyageur ecossais. Dans le passage deja cite de ses Foyages, IJruco dil : « La riviere avail considerablemont grossi par les » piui(\s et retombait, sans qu'aucun accident do tcr- » rain en inlerrompit la chute, en une nappe d'eau H d'unc largeur de jilus d'un demi-mille anglais. » Cependant, dans une region Iropicale comme I'Abys- sinie, les saisons onl leur jieriode fixe et reguliere. ot Ton sait bion que les pluies n'y tombent que vers le milieu du mois de juin (1). A I'^poque done oii Bruce (i) Voir le Journal of the royal (jf-oyraphica! Society, I. Wll. y . jC, ixutv. ( 228 ) (ill avoir visits la ri\i^re, lo 21 mai 1770, c'^lait prosque a la fin de la saison de jt^cheressc, el alors les eaus du fleuvc devaient avoir allcint le degrt^ Ic pins bas el son 111 elre le plus elroit (1). Mais admeltanl que, par des causes (.'xccplioniiclles, I'yVbal eiil, precis«^niciit ;'i colto t^poquc, « considerablomcnl grossi par Ics pluies,» ooiinnent concilier cette circonstance anormalc avec le (lire de Bruce que « la riviere, quoique enflee par » les pluies, conservait sn fran.j)porlt' elre toiiibee a Goiidar cnlif le i*' el le 21 de mai 1770 etnit d'nn police •J li{iiies. Voir la table nie'te'orologiipie ( u Ilegister of the Weallicr") dans ses Voyages, t. Ill, p. ySi. Voir aussi ma table dans le Joutnal of the royal geographical Society, t. XIV, p. 67. (2) M. Englisli, uii voya{»eur ameiicain, dit {Narrative of an expe- dition to Dongola and Sennaar, in-8'; I.oiidoii, 1826, p. l65) nu'en iHil le Ualir el-^\/.rrand, p. i(>5. ( 229 ) )( e passai le Nil pour la preinicic fois. .le iraversai c« » fleiive a deux journ^es cle sa source, pres d'une belle » et grant'.e plaine qu'il inondo toule des qu'il coni- » mence a deborder ; son canal esl deja si largo qu'un » fusil pent a peine porler d'tin box'd a I'autre; » el M. Anloine d'Abbadie, qui a recemmenl traverse la rivi^ie cntre le lac Tsana et la cataracte, s'exprime ainsi (1) : « A la sortie dii lac Tsana . pr6s Babr Dar )) Saint-George , I'Abaii s'^panouit on uno vaste nappe » d'eao, a laquelle noire mesure, un peu bative, il est » vrai, nous perinel d'assigner inie largeur d'environ » 200 metres. Plus loin, le lit se resserre tellemenl » qu'au |)onl bali pres de rembouclmrc dn Ton! » |Tsoul| un guerricr anno de tontes pieces a pu tran- )i chir le Nil bleu d'uu seul bond. » Oi-, 200 metres font 656 pieds, ou precisemenl un furlong anglais. (jui ii'est qu'un quart cle lu mesure de Bruce ou « plus » d'un demi-mille anglais; » el cctle plus faible me- sure est encore plus grande, selon moi, que la largeur du fleuve a I'endroit de la cbute. Toutefois, quelle que puisse elre cetle largeur au-dessus ou a I'endroit meme de la cliulc, il ne faul pas oublier ce fait, corrobore par les It^moignages oculaires de Paez , de Lobo, de Riippell, et de moi meme, savoir, qu'entre la cataracte ct le pont loute la masse d'eau de la riviere se fraie un passage a travers une crevasse du rocber si etroile qu'on peut la francbir d'un seul bond (2). Mais si Bruce s'est trompe si grossit^rement sur la (\) Btilletiu (le hi So'icteilff niioipaphit;, .>' soric, I. IIF, i>. 347 ' /i) Voir Bulleliii de iiiais, p;if>o i '^'j el la ]>aye 2 8 ci-de.-sus ; lUip- peli, lieUe in Jbysstnion, t. II, p :! i 2 , " Jo diiais (ju't;il(? ne pent etie « plus ()e deux vtrfjes en largeur. •■ Journal of the mynl i;eogrophical Siuiety, t. MV. p ^S. ^ 230 ) laif^cui dc la cataractc , il iia pas coiiniiis line enour inoins grave sur sa hauteur. \ oici si s oxpressions : « [.a hauteur do la chute a etc un pi ii exageree. Les >) missionnaires la porl( nt a 16 aunes ou 50 pieds en- )) \iron. II est trt!;s diflicile sans doute di- la inesurer; » uiais au moyen de perches et de hatoiis de d'nerses » longueurs places sur Ic rochtn- de distance en dis- >> lance a parlir > cette elevation est plus pr^s de 40 pieds qu'aucune » autre mesure. » Et cependant les J^suites n'onl nullemcnt fait I'es timatlon que Bruce leur attrihue. Ce qui est rapporle sur la cataracte dans Ic passage do I'extrait de Kircher emprunl^ au manuscrit de Paez et copie par Liidolf mtiis nnt/'s par Bruce, se home simj)lement a cos mots : « per rupes rjudtiiort/ecirn bracliionini ultcts praecij)ita- » tus. » Ici Ludolf, en s'arrfilant sur ces mots, dit (I) : « brassies, uhins, ut videtur, intelliget; » et si nous ^valuons Viilna (aune) a trois pieds, celte estimation donnera rdpllement (pinmnle-deax pie-Is a rallilude fie Iia chute. II sembleralt done de la que Bruce, coniptant sur I'exactitude de revaluation de Pacz , croyait pou- Voir en toule stkretd afiirnier que I'^l^vation de la ca- taracte etait « plus pr6s de quaranle pieds qu'aucune » autre mesuie; » et qu'en naeme temps qu'il repro- chait aux Jesuites rcstlmation « exacer^e » de seize aunes ou cinquante pieds, il s'est empare , lul, tout uniment et simplcmenl, de ce qu'il crojait ctre la mesure exacte et reello de Paoz , c'est-a-dire celle de (( quatuordoclui hmcliid. » Mais Bruce semhio ne pas avoir reflechi que Paez ptrint I'ortngdis et ecn\'nnt (Inns ,1) ComnienlariHf nrl Hi^lnnnm {el/iinptca'n, p i**? ( 23'j ) s(i propre langue (1), il devail nalurellernenl faire usage des mesures employees clans son pays, en sorte que, quels que soient les mots latins dont Kircher se soit servi pour ligurer les mesui^es inenlionnees par Paez, il faut, pour avoir une evaluation jusle et fidele de ces mesuves, recourir de toute necessile a la langue por- tugaisi'. [1 est liors de doute que les mots « |)almus » et « brachium, » dans la traduction latlne de Kircher, ne soient ecrits « palmo » et « braca » dans le manuscrit original de Paez. Or, la longueur da pa /mo des Portu- gais etanl de 8,63 pouces anglais et celle de la braca de 7,2 pieds anglais, les aquatuordecim brachia » (bra^as) >) de Kirclier, au lieu d'etre a plus pres de qnarante )) pieds qu'aucune autre mesure, » sent r^ellenient egaux a cent pieds anglais. Et celte estimation de Paez est confirmee par d'Almeyda, qui dit (2) : « La chute .) de la premiere cataracle (3) esl d'environ cinquante » palmes; la chute de la seconde [e'est-a-dire celle de » 7 isJ'Jsat ou Alata, maintenant en question] est rleux t) oa tniis fois anssi elevee : le bruit des eaux tumul- » tueusis doit done en etre double aussi. » Mais, deux ou trois lois 50 palmes ou 5 bracas equivalent a 10 ou \b bra(,'as, dont le terniL' moyen est 12 1/2 bracas ou 90 pieds anglais. Les « qiuirante pieds » de Bruce, au contraire, bien que trfes rapproches de 14 nhins on aunes , n'6quivalent cependant qu'a cinq bragas et (1) Kircher, eii rappoilaiii lu passaye exiiait par !ui du nianu»crii de Pae^, dit formellenieiil : •• Hic ejus vciba ex titsitanico in latinuin » traiislata appoiiaiii. •> (2) Telle/., |). 17. (3) ("psi-a-dire celle de Depeghan, jituee a neut on dix liem-s .ni- di ssus dc iVndroit on I'AbaV i?e jette dans le lar Tsana. V 232 ; rleinie porlugaises, cc qui nest qu'un peu plus que lo tiers do la mesure actuelle. J'ai si souvenl 6t6 a luonie do verifier la veracile dus rapports et assertions des missionnaires porlugais en tout ce qui concerne Icurs observations, ijue je* ne forme aucun doule sur I'exactilude de leur calcul dans cette occasion, et la note suivaute, que j'extrais de men journal (1), lorlifio encore davantage mon opi- nion a eel egard : « En inlerrogeant les habitanls sur » la hauteur de la calaracle, I'un d'cux me dil qu'elle » avalt cent coudees (2), un autre cinquant-^; mais, » apres avoir debattu quelques minutes cc point, ils )) s'accorderenl tons a lui donner de 60 a 70 coudees )) au moins, lesquclles, a raison de 18 pouces de lon- » gueur chacune , mesurees du coude jusqu'a I'extrii- » mile du doigt du milieu, font 100 pieds environ, » c'est-a-dire pivciseincnt iiiuitoizc bracas jjortiigaises ! Dans la m6me note, j'ajoute : « On entend le bruit do » la chute a uni- distance d'un quart demille au moins. » Or. ce bruit pourrait bion etre celui que ferait uue nappe d'eau large de cent verges environ et lombant perpendiculairemcnt d'une hauteur de cent pieds; uiais en serait-il de memo d'une calaracle donl la chute n'aurait que quaranle pieds? Bruce, cependanl. croyail, a ce que je suppose, ne pouvoir oulrepasser Teslimation de « qualorze amies » touchant I'eltivalion de la chute, et, 6gar6 par les expressions vagues de Lobo : « Le Nil est alors trh gros (3), » il aurait, pixu' (1) Journal of the royut ijcoyrapltical Socielj , t. XJV, |». 49- (2) L'expression du pays pour coudee est « Ki-ixl , » c|ui vimiI n Hiiiiiii limi ( 23S ; aiTiver a justifier le fracas de la cluile , augments sa largeur. A tout ce qui precede, si on ajouto la description de la vapeur aqueusc qui s'eleve de la calaracte, cette description de Bruce est blen loin de rcsseinhler a celle d'un temola oculaire. « Lne ^paisse fumee on » brume, « dit-il, « voilail la cataracte et reslait sus- )) pendue sur la riviere ^galemenl en haul comme en )) bas, en indiquant toujours son cours, bien que I'eau » en fut derobee aux regards. » Paez se borne simple- nient a ces mots : « Fuiniis aqueus qui eminus nebula » niihi videbatur; » et Lobo a ceux-ci : « L'on voit » meme bien jdus tot, et de bien plus loin, I'ecunie et » la fumee que fait ceite eau en tombant que l'on n'cn » entend le bruit (1). » Voici I'impression que fit siu" moi la meme scene vue des bords du ravin dans lequel lombe la riviere au-dessous de la catarac'e, ct que je consignai sur Ics iicux memes : « La riviere coule a » travers une belle jdaine liorbagec, entre des arbres (p. io) esi beaiuiiup plus lurl : " Here hej',iijs llie grenlness of- tlir " Nile; >> et, dans le meme passage, il paile ile u llie tall of this miijhlv "Otream, « epilliete qui ue se lio«\c pas dan? le lexle tiancai* d;' M. Legrand. (i) Dans Tedition anylaise Je l66g, Lubo s'exprime aiusi ; » Le ■■ bruit s'enlend a tnii> lieiu-s a la roride, et le rej.iillissement , qui >ie » repand en atomes d'liiie extreme tenuite et en vapeur aqueuse, sVn » voit a la meme distance. » Ma visite a la cataracte eut lieu le 8 du mois de mars i843, vers la fin de la saison de seclicresse, et alors que les eaux de la riviere eiaient basses et peu considerables. Jje bruit en devaitdone etre taible et iiisij^nifiant. Mais dans la saison des pliiie.s, la masse d'eau s'accruit dans une si grande proportion, el, avcc die, le bruit ([u'elle fail en lombani, qu'il u'est ludlemi tit invi;ii.5emblable qv\e ce bruit puis.-e ^tre euleiidu a la di>tanee rapjiortee pai le pet r? jeKuite. ( 2S4 ) » el aibusles an leuillage soinl)iL' (|iii la hoidcnl de» » deux colt'S, el sa surface n'est ridoc i|ue par qu(>l- » ques ondulalioiis ^cumeusos caiis^os par do faildes » rapides que Ton apercoit dans le lointaiii. Tout a » roup pile tomhe perpendiculairement d'uii seul jet » du bord du rocher, qui la traverse dans toute sa lai- » geur, el on la perd de vue; mais a sa place s'^16vent » des images vaporeux qui ressemblcnt precise. iienl h » de la fum(V, d'ou Ic nom si expressil" et si |>oetique » do ris-J\s(it oil « la liini^e du leu » donne a la ca ■ )) laiacle par les indigenes (I). Je ii'aperrus puinl » d'epaisse luniee ou bruine voilant la cataracte el )) restant suspendue sur la riviere egalement ctt lutni » comnie en has et indiquant lonjours son coins, bien » (\ue l^enn en fut devoheo rmr rci^dnis. » Bien loin de la, la riviere, (iit-(le,s>,iis de la calaracte, se voit tri^s distinctenient jusqu'au bord meme du rocher d'ou elie s'elance, sans qu'aucnne vapeur aqueuse ne s'eUive, si ce n'osl celle que doil naturelleraenl soulever I'cau en tombant avec force de haul en has. A I'opoque oil I.oho Iraversa I'Ahai a eel endroil . aucun pout n'avait 6l6 jete sur la riviere. Mais peu de lemps apres, comine il nous I'apprend, on en eon- struisit un a inie petite distance au-dessous de la cala- racte, et qui C(3nsistail eri une seule arche. Dans mon journal (2), je dis que ce pont saillit « d'une seule •) voilte des rochers situ^s du cote de Bi^gainider ; » uiais, du c6t6 de Mi^lcha, il a sept ou huit petits ar- » ceaux d'approche. » Dans le fait, le pont n'est pas d'une seule arche, mais de liiiit ou neuf arches et ar- (l) Jbwnol of the royal geographical Society, I. XIV, p. 4S. a) Ibid. ( 235 ) eeaux en tout (1), tlont la plus large traverse la fissiiro profonde dans Ic roc qui forme le lit nalurel du fleuve. Or, il sus [)aj;i- 2ul. (2) Voir // Statement nf Facl-i icLnive to the 'rrnnsaclioiis betutvii the writer and the Br'tthh Political Mission to the Court of Shoa IriS"- Luiuloii, 1845, p. i3. ( 238 ) ■ urce ilu lleuve iju'il regardail coimne son Nil, certi- tude qui, l)ien g^n^ralomenl aclinise aujoiirrl'liiii . rn- poiivait cependanl etrc sanctionneo qu'aiitant qu'iiu aiilro voyagcur Irai'.sporte sur los incMiies lioiix cut v(^n(ie lexaclitude dc la rclalion qu'il en a donn6c. Conil)ien j'c^tais eloign^ alors de me croire sitol forc^ d'abandonner le rang de ses apologisles ! Dans ma position nouvelle . je croirais pourlant nianquer a cet esprit de loyautd qui ni'a dirige dans eel expose, si je no ine halais dc declarer que, sous bion des rapports, la rt'ialion du voyageur ^cossais est exacte dans cc (jui se ratlaclie a la description de la source de I'Abai et des lieux adjacents, et que la oil Bruce est restc dans ces liniites, sans chercber a les oulrepasser, il fait preu\e d'une precision qui va souvent jusqu'a la mi- nutie, et je citerai cctmnie des preuvos de son exac- titude le clifl" de Giesb , la grotte dans ce clilT, la col- line de I'oglise, la vue de la plaine d'Assoa, etc. Ses observations pour determiner la latitude de la source sont j)areillemenl confirmees par les micnnes^ll. Pour etre \rai, j'ajouterai que, men rapportant cnliere- ment a sa rchilion, je n'avais, jusque dans ces derniera temps, pris qu'une connaissance trds superficielle des ouvrages de Tellez et fie Kircber, salisfait que j'elais jusqu'alors de ceux de Ludolf et des 6crivains poslii- rieurs, el quune grande parlie de ce mt^moire elai ^i) « J'estime la latitude de la soiiife de I'Alj.ii a to" Hj' N. et peut- 1 etre avet- urn; Fractiuii, latitude que, dans li (■oiifection de nia carte, .> j'ai adojitee |)reft'raLlctiieiil a celle d<; Bruce, i|ui la place dans Ir " ici" .jg' 25' , ou deux milles plus an nord, nials sans j)retendre jiour- •' lant a une parfnite exactitude di' ma part •• Journal of the royal qeogrnpliicnl Sni-ictv, t. XIV, p. 36. cl^j.i ecrite axuiit ([un ics uljst'i'vations tl reinaiqites da Tirabosclii et de Hartm.inn lussenl par\ennps a ma connaissance. Cii. Bkk Loinlrps. If Q(i III. II i847. RAPPORT A LA SOCII'-TI^: DE GfiOGlUPHIE 5i;U LA CARTli UK LA NOUVELLK - GKF.N ADE I)K M. LK COLON HI. Al.OSTA. La carle soumise a voire exaiiien par le colonel d'ar- tillerie Arosta, oflicier aii service de \i\ repnbliqne de la ^'oin'ellc-Grenade, merito a plusieurs egards I'atlen- tion de la Soci^te de geograpliie. C'est la premiere t'ois que le terriloire de la Nouvelle Grenade est I'objet d'une carte sjieclale ; it'nt expirtM" la double Coidilliere de.-t Andes, cliiiine que divisent on deux grands l)assins le Rio-Magdalona el le Rio-Cauca. Des villes comnio C.ar- Ihagene, Popayan, Neyva, Panama, Pamplona, Santa- Marllia , Rio-do-Hacha el \irigl aulros, el la capitalc Santa-F»i-de-Bogola surtout, sont remarquables a plus d'un litre. Sllu(^s sur la mor des Antilles ct sur Toc^an Pacifique, les prlncipaux porls de la r^puhlique, Car- ihag^ne, Sahanille el Panama, favorisent son com- merce exlerieur it lui procurent d'importanls debou- clies; erifiii, il confine avec le grand empire du Bresil el les repub]i([ucs de Venezuela el de I'Lqualeur. II y avail ainsi nn grand int6r6l a en posseder une carte un pen developp^e et aussi exactc quo possible dans I'ctat acluel des connaissances. Celle que vient de pu- blier M. Acosla, malgre rincertilL'de qui restera long- temps encore sur beaucoup de pt)inls, est done un service rendu a la g^ograpbic. Avant tout, on doil se domandcr quels sont les ele- ments de cetle carte, sur (juelle base elle s'appuie , d'apres quels maleriaux elle a ete construite. Voici les principalis sources ou a puise I'auleur : les Iravaux du baron de Humboldt, les bvdrograpbes espagnols, ft tous les maleriaux inedils que M. Roussingault a mis a sa disposition; ces derniers maleriaux sont pre- cieux; ils consistent en un grand nombre de positions que le savant academicien a d^termin^es astronomi- quement, it un nivellemenl baromiilrique tr^s 6iendu. La determinalion des points de la carte, la plus im- porlante de toules, parce que le trace do la cote occi- denlale en depend, est celle de Carlliag6ne. Jusqu'a presonl, on avail adopts la |)osilion de 77° 50' longil. O. M. Acosla, s'appiixaiil sur les observalions de .MM. Lar- ( :^/.l ) tigue et Dagoin, lailes en 1835, cnlciilees paiM. Daiissy, el rapporteos a colics do Port-Uoyal ol do hi Ilavane, a adopte 77° 5A' 2/i"; celle de Bogota esl niaintenno a 76° 34' 8", d'apres M. do Humboldt. Le coins lie la Meta a etc tire en parlio des ohserva- lions faitos pendant le voyage dc MM. Roulin et Riliero, de Ciiaineiia a lOrenoque, travail entieroinent inodit et (pie M. UouHn a bien voulu nous comrnuniquer : M. Acosla a travadle sur le journal original. La partie superieuie est liree do la c;irte oiiginale de Caldas; le dislricl d'Antioquia, des Iravaux de M. Restiepo ( le ineme , je pensc , que le president de I'Academio de Bogota); la province de Carthagene, do la carle ori- ginale porlant la signature de Manuel de Anguiana, et conservee a la Bibliotbeque nationale de Paris; la pro- vince de Mariquita, en partie de la carle de M. Roulin ; onlin , ristlune de Panama , des cartes les plus re- centcs. M. Acosta a emplove aussi des itineraires mi- litaires et des details topographiques tires de ses pro- pres voyages et de journaux de routes de divers officiers de la republique , dans les diiroientos jirovinces de la Nouvelle-Grenade , materiaux dont jusqu'a ce jour il n'avait ete Tail aucun usage. Pour tracer les liinites de la Nouvelle-Grenade avon les republiques voisines, I'auleur, a defaul de traitos definitils, adopte cellos de I'ancienne vice-royaute lors de la revolution en 1810. Toulelois ces limiles dille- rent nolablemenl, dans Test, de cellos qu'on trouve dans la carte do la Cruz, an jn'olit de la Nouvelle- Grenade. II ollre modcstement ce travail a ses com|)ati'iotos romme ini ossai on un jioinl do depart pouvant elre utile, jus(prau nioinciit, i-iiron' t''I(nj;ri('' |)eiil-etro, (u'l IX. Aviui, i/r \i\i. 3. 17 ( '2h2 ) 1 1)11 pourra conslruire une carte geomelrique, londee sur des operations geodesiques. La nouvelle c;irle compte un jnlllicrde positions qui manquent sur les anciennes, A la carte est joint, pour la premiere I'ois, un delail particulier du port de Saba- nilla a rembouciiure du Rio-Magdelena, leve en 18A3 avec les sondes, par ordre du gouverneinent de la re- publique, travail reste inedit et qui sera tres utile pour les navires de guerre et du coniinercc (1); puis un detail du port de Cartliagene aussi avec les sondes, un petit plan de Bogota, et une coupe Iransversale des deux Cordilleres, de Test a I'ouest, passant a peu pres par le parallele de k' 1/2 N., entre le Rio-Mata el Clioco. Cette coupe est en ineme temps g^ologique ; elle est tracee d'apres les observations de M. Boussin- gaull. 11 y a encore, dans un angle de la carte, une petite carte d'ensemble, montranl la position de hi Nouvelle-Grenade relativemenl au Bresil, a Venezuela et aux ttats-Lnis. Quand on compare la carle de M. Acosla avec la carte de I'Amerique du Sud de la Cruz Olmedilla, cello de Spix el iMarlius une des plus r6centes, et quelques autres, on remarque des differences importantes, no- tainment en re qui regarde le trac6 de la Cordillere des Andes. La plupart des auteurs la continuent sans interruption du sud au nord par Touest; mais il paralt positil qu'il y a solution de conlinuile \ers le bassin du Rio-Atralo ; la Cordillere du sud s'abaisse de plus eu plus en longeant ce dernier lleuve, et va expirer au golle de Morosquillo; au contraire, celle du nord coni- (l) L'inteiet que present.- !<■ mouillage ile Sali.Tiiilla lul ilcMici im plan a filu^ jjianilc eclitllr. ( 243 ) mence au nord de la riviere San-Juan , se d(^tourne a J'ouest en s'^levant de plus en plus, enlre les bouches de I'Atrato et celle du Rio-Darlen, et continue par I'isthme de Panama. En second lieu, la double Cordillere du sud presenle una tres grande difference entre ses deux plateaux; la largeur de la chaine orientale est beaucoup plus grande que celle de la chaine de I'ouest. Ces differences n'a- vaienlpas 6t6 expriin^es jusqu'a pi-^scnl sur Jes cartes, ni meme suffisamnienl remarquees. La geographie physique de cette partie de TAnK?!- rique du Sud doit recevoir de ces observations una modification iniportante; au reste, pour ce qui regards le bassin du Rio-Darien, deja M. Hellert, qui I'a habile, avait lait une remarque analogue, II est peut-etre a regretter que M. Acosta, possedant de grands details de coupes geologiques propres a montrer les profiis de la (Cordillere, n'en ail donn^ qu'un seul, et encore a une trop petite echelle; il enlre d'ailleurs dans ses intentions de publier plus lard ces details; il aurait pu aussi donner une indication das lieux divers ou existent des antiquites , puisqu'on Irouve dans le pajs des monuments anciens, et que les Indiens Chibcha, ou les pouples qui hs onl precedes, paraissent avoir joui d'un degre de civilisation asse/. avanc6 : du moins les decouvertes qu'on a failes dans ce pajs depuis une trenlaine d'annees en I'ont juger ainsi. INous devons dire aussi qu'une Ir^s grande partie du terriloire de la Nouvelle-Grenade, la moins iia- bit^e , il est vrai , reste a explorer en detail, el que, par consequent , I'auteur de la carte n'a pu guere \ tracer que le cours des affluents de I'Orenoque; c est le pays compris entre la chaine orienlale et les limiles ( Uh ) clii Bresil cl dc Vene/iiela. Pour en linir avec ces le- j^eres observations, je dirai qu'on cherche sur la carle, sans les Irouver, le district ile (dioco ot la denomina- tion de Cundinaniarca, dont le baron de Hundxddt a si j.uu\enl parle comnie d'un j)latoau celebre. Je terminerai ce rajj^orl en luon Irani quclques dil- lerences cntrL' rolle carle et cclles (juc Ton connail jiisqu'a present. 11 exisle (li>s carles anf^laises de Car- thag»''ne de \7',V.) et 17Z|1, qui representent ce port dans un etai bieii dillerent de ce qu'il est dans la carte de M. Acosla. Comrnc, dans celle-ci, le dessin du port doit elre inliniaient plus exact et que I'autre est a une grande ecludle, on doit conclure que les lieux ont bien cbange depuis un siecle. La oil est aujourd'liui une grand e jiasse dile Bo(!a-Grandc , il y avail alors un isllinie , aujourd'liui plonge sous la nier. J'ajoulerai enfin cpie ia grande carte manuscrite conservee a la liibliotlieque nalionale de Paris, dunl il a ele question, et dont M. le colonel Acosla a lire ])arli, est une copie aulbentique dc la carle de la province de Carlliagene, d^posee aux arcliives du genie de celle viile, et qui date de J 810. L'eclielle est de 5 fois 1/2 celle de la carle nouvelle, et les details y abondonl (1). Quant aux cartes de I'Ameriquc du Sud, idles que celles dc la (-ruz, 1775, ct de Spix et Martins, 1825, les dUlerencus notables qu'on Irouve entre elles et celle de ^1. Acosla ne doivenl pas etonner, si Ton reflechit aux sources nouvelles oii celui-ci a puise; la Societe de geograpliie ne pent que le remercier pour une (l) I,e title est Mii}>a lopocjraflco de In provlncia de ('(iitiiyena de liidlas rii tl I\'iiei"> leyiin de (haiiiidd... tet/Hii /e< iiiejnie^ i linerurlos y uoliriiK. nublicalioii aussi iccomnuindablc sous lous Jcs rap- ports (1). JoMARD, rapporteur. NOTICE SLJR LE WADAY PAR M. KRESlNEL. OBSEKVATIOIN PRliLIMI> AlUli. Le royaunic de Waday, mentioniie par Burckhardl, etait reste presque inconnu jusqu'a ces derniers temps; ce pays a excite depuis pea I'attention et I'interet des geographes, siirtout depuis la publication du Forage au. Darfbitr ^iStV le cheykh Mobainmed el-Tounsi (1 vol. in -8°, 18^5), ouvrage dans lequel est annoncee la relation du voyage du meme aiiteur au Waday. En attendant que les circonslances deviennent favorables a la publication de ce dernier ouvrage, j'al cru devoir donner, aux lecleurs du Bulletin de la Societe de Geo- graphie, une curieuse notice de M. Fresnel , consul de France a Djeddah. Ce savant a ou occasion, dans un recent voyage a Tripoli, Benghazi et Audjelab, de re- cueillir des rcnseignernents exacts sur le Waday. Vers 1815, le roi du W'aday, le sultan Saboun, cntretenait quelques rapports avec Tripoli de Baibarie ; c'est sans doutc ce qui inspira aux mamlouks, jjourchasses par (i) >r. Arosta a place' ilans sa caile, ciUic aulies ('rhellfs, Tine ectielle de lieues ['rcnadiiips. II laut savoir que res lieues sont line tnesure nouvellc ndopte'o par la re'piililiqiie , tpii a rlomie a la vare une grandeur de 8 decimetres au lieu de o"',848, inesure de la vare ca-tillane. Ces lieues sont efjales a 6 (loo vares nenjrrenadines on a 4800 metres, l.indis ipie la lieue inyali' cspaj',nole e>i e[;ale a 8 333 vares de o'",8.'j8 cliaeune. ( -m ) le vict-i'oi (I'Kgvpto de Niihie au Korrlofan el rlii Kor- dofan au Darfour, I'idee de rcnlrer sur les boi'ds de la Medilerranee par la voie du desort, et de se rcndre a Warali, capilale du Waday, puis au Fezzan et a Tri- poli; c'est alors. c'est-a-dire en 1S23, que la celebre expf^dition de Dcnhara , Oudney ot Clapperton. ren- contra les dernicrs del)ris de cette vaillante inilice. Ces mallicureux etaient exc^des de fatigue el reduils a la plus affreuse delresse. Six ans plus lard, une caravane. venant aussi du Warah , p6rissait dans le desert. Les marchandises, retrouvees et port6es a Benghazi par des Arabes, furent I'occasion d*un changement im- portant dans la direction des caravanes; un Frangais, ^tabli a Benghazi depuis 1832, fit comprendre aux gens du Waday, venus en 1836, que la route direcle sur cette residence par Audjelah etait preferable a celle du Fezzan ; aussi, depuis 1837, le successeur de Saboun . Mohamnied-Salih . a expc^dic de nonibreuses et fortes caravanes par la voie plus courte el plus facile qui passe par Audjelah et arrive a Benghazi. J — i). EXTIUIT d'«NE notice STIR LES CARAVANES DU WADAY, PAR M. FULGENCE FRESNEL, CONSUL DE FRANCE A DJEDDAH. 5 niai i846- Dans les derniers jours de mars et le commence- ment d'avril 18/i6 est entree a Benghazi, par fractions successives, la caravane du Waday (Soudan oriental), avec deux cent Irente chameaux charges d'ivoirc et de quatre a cinq cents esclaves. On sail ce qu'elle a souf- fert par suite du manque d'eau avant d'atteindre I'oasis d'Audjelah dans le desert de Libye; elle avail perdu ( 2/.7 ) presquo tons sos cluimeaux at un tiers oli 1;i uioitit^ r\("^ esclaves eminenes du Wadav, en sorte qii'on a dA on- voyer au devant d'elle, de la province de Benghazi, Ics chameaux dont elle avail besoin pour transporter ses niarchandises jusqu'au lien de leur destination. On attend encore snr ce point des caravanes suppleinen- taires devant apporter le present annuel que Moham- med-Salih, autrement appel6 sultan scherif, roi actuel de Waday, envoie aux deux villes saintes, et qui con- siste cette annee en cent charges ( de chameau) de dents d'^lephant et vingt eunuques affectes au service des temples de la Mecque et de Medine. L'ivoire du fVakf (c'est ainsi que Ton designe tous meubles ou immeubles ayant une destination pieuse ) est vendue a Benghazi par I'agent que le sultan schdjrif a dans cette ville , et le produit de la vente (en especes) est expedi^ avec les eunuques, soit par la mer a Alexan- drie, soit a Iravers la Libye jusqu'au Caire, ou le con- voi rallie la caravane des p^lerins. Les marchands de la caravane purement commer- ciale arrivee a Benghazi sont, en majorite, des hom- ines du Waday : il n'y a parnii eux qu'un petit nombre de negociants de la province de Benghazi. En retour des marchandises qu'ils ont apportees, esclaves, dents d'elephant, plumes d'autruche, cire, pelleteries, cornes de rhinoceros, ils prennent a Benghazi des verroteries, du corail, des draps coniniuns, ecarlales et verts, des indiennes et d'autres tissus de colon, du papier, du Sucre en pain , des tabatieres a miroir, du spica cel- tica, etc. Leur sejour a Benghazi doit 6tre de six mois. [>a nouvelle qui s'etait genf^ralement repandue d'une inviision du sultan du Darfour dans le Waday, invasion qui aurait eu pour consequence la defaite et la mort • 111 Millaii sclicril, clIIc nouvellc est iloiuunlio par le rapport cles inarchands arri\es a JJenglia/.i, ot le com- merce de I'Afrique peut a hon droit s'en feliciler, car, du tous los rois du Soudan, aucun ne lui olTre plus de garanties et d'encouragements que le prince qui, ile- puis environ onze ans, gouverne le Dar-Waday. II laul savoir que le sultan actuel du Waday n'cst ronlre en possession du trone de ses ancetres (vers 1251 dc I'he- gire, ou 1835 de notre ere) qu'avec le secours du sul- tan du Darl'our et sous la condition d'un Iriluil ijui ii'a jamais etc pnyi, grace a I'opposition ciicr^itpie du conseil des uiemas du \\ aday : on sait d'ailleurs que le Darfour peut mellre sur pied une force mililairc (cavalerie) superieure a colle du ^\aday, et il est na- lurel do croire que si le sultan du Darl'our n'elait pas sans cessc inquiete par son voisin de Test, Mehemct- Al\. il aurait depuis longtemps reclame a main armec le paiement de ce qui lui est dii. \ oilu I'etat des rap- porls entre ces deux empires depuis environ (lis ans. \ oici maintcnant les circonstances anterieures (]ui out amenc I'etat present des choses, Apres la mort du cclehre Saboiin ( le premier roi du \\ aday qui ait eu des relations puliliques el connner- ciales avec la I'egence de Tripoli), le vasle pays qu'il avait gouverne avec sagesse etseverite devint la proie des guerres civiles ou de successeurs incapables, et les communications avec Tripoli souflrirenl de I'requentes interruptions. Get elat de choses dura environ vingt- deux ans, depuis 1815 ou 1816 jusqu'en 1836 ou 1837. Saboun lui contemporain dc ^ ou^oul'-Pacha, sous le- (piel llorissait la I'cgence de Tripoli; il avail ascc (•»> prince des relations d'amitie, ot ce fut \ ougouf-Paclia qui lui cnvoya los premieres pieces do canon quo Ton ( :>'iO ) ait vues clans le AVaday. Sons Ic cloublo regno dc Sa- boiin au AVaday el de Yougout-Karamanly a Tripoli, la communication entro les deux Elals n'avail lieu f{ue par le Fezzan , oasis qui des lors dcpendait de cetlc regence, et des caravancs allaient el venaient lous les ans entrc Morzouk et Warah , capitale du Waday. Durant les vingt-deux anneos qui suivirent la morl de Saboun , deux causes concoururent a I'interrup- lion des relations cornmerciales : 1" I'anarcbie on le mauvais gouvernement du Wadav et subsequem- ment la guerre civile qui eclata dans la regence dc Tripoli; 2° la revolution qui leryiina cette guerre au profit des Turcs. Ce n'est qu'en 1837 que des communications regu- lieres furent retablies entre le AVaday et la regence de Tripoli, par une route toute nouvelle, grace au con- cours fortuit d'un second Snbni'iii, iMoliammed-Salili, dit sultan scberiF, qui venait de rentrer en possession de ses Etals, et d'un negocianl t'rancais, lequel se Irou- vait a Bengliazi en 1832, et plus tard, en 1830 et 1837. pour operer un recouvrement do londs dans la Cyre- naique. Mais il no sera pas hors de propos de rappeler en passant le fait singulier d'une tentative audacieusc qui preceda de quelques annees ravenement du sultan sclieril" et le retablissement des communications regu- lieres entre le Waday et la regence de Tripoli par Ben- gliazi(l). Les marchands du Waday, n'osant plus diriger lours caravancs sur Morzouk, a cause des troubles auxquels { 1 ) Voii' \c l^nyaf/e nti Darfoiir par Ic rlu\ kli Mnh.iir.iTieil cl-Toiiii'iy, fiaduil (Ic Iniahp en finiic.Tis pnr Ic ilnc'Icnr I'diDii, ct public par M. ,Ii)rii;M(I, nvcc unc prctnre iln iiicine, cnrte et planches : in-8"; Paris, 1845, pp. 4;)^ tl lAxxviit. •250 la rpgencc et le Fezzan i-taii^nt eii proic, cdiiriiieiil lr» projet (i'aller chercher ii Alexandrift tl'hgyptc, par la route la plus directe possible, les articles ouropeeiis dont ils nc pouvaient plus se pourvoir ici, *'t uno caia- vane du VVaday lenta vers 1829 le Irajot du grand do sert de fiibve dans la direction de Syouah ( Siwali ) (I'oasis de Jupiter Ainmon). Le tail de I'existence el de la direction de cette caravane ne lul eoniui a Ben- ghazi qu'apressa destruction. Avant et6 reduite par le manque d'eau aux plus cruelles exlreniites , ayant perdu presque lous ses clianieaux ct la plus grande partie de ses esclavcs, elle fut surprise au plus fort de sa dc^tresse, assalllie et achevee par les hordes arabes qui errent au nord du desert de Lihye depuis la tVon- tierc (I'Egypte jusqu'a Audjelah (Augila), et que Ton designe sous le nom collectil de (Uiazi, enlre Sywah ct Audjelah. Co Fut un niarchand de Warah , ecliapp^ au desastre, qui en porta la nouvelle a Benghazi. Longtemps apr^s , en 18.'52, des Arahes de la Cyre- nai(]ue (ou province de Benghazi), s'etant avances du c6t6 du sud-est vers la limite du desert habilahic, trou- verent dans le sable des monceaux de dents d'elephanl, et a leur retour firent part de Icur decouverte au ne- gociant frangais cite plus haut, en qui ils avaicnt toutc conliance; inais ne sachant pas a quel regne de la na- ture rapporter une substance qu'ils venaient de voir pour la premiere I'ois de leur vie, ni comment en don- ner une id^e, ils procedaienl par voie d'exclusion dans la description a laire , et disaient : « Ce n'est pas du bois, ce n'est point du marbre; ce ne soul point des comes, car noire schagour (hachette) ne saurail les enlamer, el cela pourtanl ressemble a des cornes. » Le Fran^ais demanda a voir un echantillon de la ma- ( -251 ) tiere qu'oii lui decrivait ainsi en lui proposant de I'a- cheter. La matiere reconnue, il eut bientot fait marche aveo les Arabes, se fit apporter en secret tout ce qu'ils purent trouver dans le desert, et devint ainsi acqiiereur d'une riche parlie d'ivoire, le premier qui fiit parvenu de I'int^rieur dans la regcnce de Tripoli ; car cet article ne figure point sur la liste des anciennes importations, qui consistaient jircsque uniquementen esclaves et en s6n^. Apr^s le desastre de la caravano qui avait tente de se frayer un chemin a AJexandrie, on n'entendii plus parler du Waday jusqu'en 1836, que quelques aven- turiers de ce pays lointain vinrent a Benghazi par Wadjanka, Kebabo (le Febabo des cartes) et Audjo- lah, c'esl-a-dire par la route que suivent aujourd'hui les caravanesdu Waday. C'^tait, selon toute apparence, un voyage d'exploration ordonne par le nouveau sul- tan, Mohamnied-Salib , celui qui regne aujourd'hui. (les etrangers n'apportaient que peu d'echantillons des produits de leur pays, et venaient voir : 1° si le marcb6 de Benghazi poui'rait leur fournir quelques uns des articles dont le besoin se faisait sentir chez eux; 2" si le nouveau gouvernement turc ofTrait assez de garan- ties pour qu'on put, en toute surety, diriger du Waday une caravane sur Benghazi. Or le marche de Benghazi etait alors depourvu de presque tous les objets de- mandes, n'ayant point encore eu de relations coni- merciales avec I'interieur de I'Afrique, pas meme avec le Fezzan. Le meme negociant, qui, a cette epoque, se trouvait une seconde fois a Benghazi, prit note des demandes des Wadayens, et s'engagea a les satislaire des qu'ils reviendraient, sur ce point de la cote, avec les articles ( 252 ) africalns qu'il \oulait se procurer el qu'il Icur designa. Des marchands de liengliazi v ajouleront lours dc- niandes et leurs proinesses. Qiirlques uns inemc rcso- lurent de reconduire les oxplorateurs w adavens jiisquc dans leiir jiays, pour en apprendrc lo choniln , et sc inollrc au fail des ressources coramercialcs du AVadav. De celte facon Tut garantie de toute avanlc la premiorc caravane qui viendrait ilu ^\ ada) a Audjclah in des- tination de Benghazi. EUe ne sc fit pas altendre longtemps, car elle parul I'annee suivanlc (1837)> l'"!le apporlait plus de cent charges d'i\oire. Elle fut defendue avec succes contre la rapacite dc la douane turque, qui (chose a peine crovahle ! ) avail deja fait main hasse sur la totnlite des valeurs importees. C'esl done, en definitive, a la fer- mete d'un negociant iVanrais quo le gouvernemenl turc se trouve aujourd'luii redevable du n'ltablissement des relations commereiales avec le Waday, et, par suite, dune portion considerable des revcnus de Tri poli. En 1840, on vil arriver a Benghazi une deuxienie caravane avec plus do trois cents chameaux charges d'ivoire . v compris le wakf , ou present destine aux lioux saints. Elle avail ele considerabloinent relardec par un soulevemenl des Arabes de la Cjrenaique, (pii relusaiont do paver liuipol. L'annee 18/|Z| amena a Benghazi uiio caravane de pcu d 'importance. Cclle de cello annee (I8/16) est la plus riche que Ton ait vuc depuis 18/iO : on dlt qu'elle rapporlera au fisc de 30 a /4O milK; talaris. On pent done poser, en resume, que Benghazi n'esl devenu emporium du coinnu'i'cc inlerieur que depuis { 253 ) 1837, im oil deux aiis apies l'a\eiiemenl dn siillan sclierii", loi acliiel du AVaday, el qu'iin Fianrais a piiis- saniraent contiibue a ouviir ce noincau debouche au commerce de rAfriquo contrale avec rEiiropc. Depuis eelte epoquo, sultan scherd' a eu constammenl un agent a Benghazi charge de I'aire j)arvenir ses oU'randes au temple de la Mecque, temple dont il fut I'liole du- ranl une partle de sa \ie d'emigre, et oil il put se I'aire une idee d'(Mie civilisation sup6rieure a celle de son royaume. C'est un avanlage que n'eut pas son illustre predecesseur Snbouii, et dont il a visiblemenl profite dans rinlerei de son peiq)le. Itineraires. — 1° Route de Touat a Glial ou Rat. Le detail de cette route manque au travail de M. E, Ca- relle; elle est de dix jours plus longue qu'il ne I'avait ciu d'apres Lyon, et ne presente que deux intervalles de cinq jours entre (\gu\ puits consecutifs. Lo resle est magnifique. "2° Route direcle tie Morzouk ( Fezzan ) a Warah (Waday), beaucoup plus exacte que celle donnee ])ar Burckhardl. S" Route de Morzouk a Warah par Kanem. line por- tion de cetle route coinciderait necessairement avec celle d'un Rdkb ou Ht'djj (caravane sacree ) voulant se rendre au Iledjaz par Toual et le ^\ aday sans passer par le Fezzan. h" Itineraire de Benghaa au Waday. C'est celui de la caravane du Waday recemment arrivee a Benghazi. Tons ces itineraires me sonl donnes avec le plus grand detail, avec I'indication des ressourccs et des dangers de toules les stations, du caraclere, generale- mcul pen formidable, des peupladcs au travers des- ( 254 ) quelles passenl les caravanes. II ne s'agil que d'ecouter, d't^crire sous Ja dictee dcs vojageurs, el de comparer leurs rapporls. Tripoli est evideinnient le point de la cote le plus en rapport avec Tinlerieur de I'Afrique, ol il n'osl plus permis de douler qu'on ne puisse obtenir ici une uiasse enoruie de renseignemenls sur loulcs les regions du Sahara it du Soudan depuis I'ocean Atlantique jusqu'a la vallee du Nil. Ghat ou Rat est un point plus central que Gha- dauies, lant sous le rapport commercial que sous le rapport gcographique, et qui a le grand avantage d'etre independaul de la r^gence de Tripoli : c'est le grand march6 des Touareg (Touaricks). C'est a Ghiil que con\ergent en octobre, novembre etdecembre, toutes les caravanes du nord el du sud. 11 s'y lient one grande folre a ceite epoque, de lacon que Ion [)eiit dire, en quelque sorte, que c'est le Beaucaiir du Sa- hara. Une caravane partant de I'Algerie pour se rendre \i la Mecque par 1 inlerieur pourrait aisement »^viler la regence de Tripoli ( ainsi que le Fezzan , qui depend de celte regence ) en passant par Touat el Ghat. MOLVELLE-ZfiLANDE. liXTnAlT I)'ui>E I.UTTRK ADHKSS^K PAR l.V. VICAIBK APOSTOLIQUK UK LA AltLANiSIE i;T DK l.A MICHOM%SIH A i.'akchevkque dk cuambi'cry. Koi oiarek.i. Laic dcs lies, i. jiiiii iH.'j^. Monseigneur, J'esperc fpie Xotrc Grandeur daignera agr«'er awr f 255 bont6 la lottre que je prends la liberie de lul adresser des exlremitt!!S de i'univers. L'interet que vous avez l)ien voulu me leinoigner a nion passage a (lliainbery m'in- spire celle confiance. L'etat des indigenes de ces differentes iles est digne de toule pilie. Entierement ou presque entierenient nus, ils vivent la plupart comnie des animaux dans leurs forels, ne laisant que ce qui est absolument ne- cessaire pour ne pas mnurir de I'aim, Trop souvent une tribu altaque une autre tribu, un naturel en attend un autre derri^re un arbre puur \e peicer de sa lance ou lassominer d'uu coup de casse-t&te. Presque partout, dans les iles que j'ai deja visilees depuis mon arriv^e dans ces parages, I'anthropophagie a regne ou regne encore. Gel usage aft'reux est beaucoup plus commun qu'on ne le croit comuiunement. In missionnaire ni'a assure qu'en iSlib il y a eu a Lapou , I'une des iles Marquises, treize sacrifices buniains dans I'espace de six niois. Aux iles Fidji, les uialbeureux naufrag^s doivent s'attendre a devenir la pature des naturels, qui tressaillent de joie en les voyant atteindre leur rivage. Dans la Nouvelle-Cal^donie, un cbel" a lue un jour Ireize personncs pour essajer un tusil qu'un capilaine europeen lui avail donne. Mgr \ iard, qui est denieure vingt-lrois mois dans cette ile, a la conviction qu'on lui a tail une I'ois manger de la cliair liuniaine a son insu. II me racontalt aujourd'bui meme qu'une nuit, se irouvant dans une case des naturels, on lui donna pour oreiller une sorle de sac rempli des membres <1 un corps humain que Ton conservait j)our un leslin. II ne b'en apercut qu'a I'arrivee du jour, et comme il en manilestait son indignation au cbel' qui lui avail donne I'liospitalil^, celui-ci lui repondil avec bumilit^ ( 250 ) qu'il ne croyail pas qu'il v oiil auciin mal do manger de la chair liuinaine. et que si ccia etail dt'lendii il ii'\ I'elouclieiait plus. Je doiito lort qu'il ail Iciiu parole, car cos horril)los iestins paraissent elre une passion pour eux : uos chers Salon)oniens ne sont pas plus delicals sur ce ])oint que les habitants dcs lies voisines. Malgro lours vices et leurs extremes degradations, ces pauvres sauvages out conserve certaines qualit^s el certains usages donl los missionnalres peuvent tirer un parli a\antageux : lels sont. par oxemple, le respect ])our I'liutorite et I'liospilalito, du moins entrc les in- (lividus dos tribus amies, dispositions qti'on rotrouve a peu |)res parlout. Mon intention est dc maltacher particulierement aux pelits enfants. Les anciens missionnaji'cs convicn- nent que c'est le vrai moyen de gagnor peu a jiou I'en- semble de la population et d'operer un hlen solide. Pour obtenir cc resultal souverainement important, il luul neccssairemenl etablir des ecoles; c'est ce que je me propose de I'aire, avec le sccours do Diou, dos quo j'en aurai la possibilile. Ce n'ost ([ue le id fi^vrier dernier que jc suis arrive nioi-monio a Saint-Christoval. Le 19, j'en suis rcparli avec un des pores pour mc rendre a Sidney, oil m'at- lendaient les loltros de Rome, ol ou je devais fairo des provisions pour la mission. UAiche (F Alliance nous a conduits jusquo-la; mais ses alfaires I'appelant ensuile a Taiti, nous avons dil I'rSter une goelelle anglaise, qui nous a deposes a Kornrareka le 20 du mois de mai. De la elle est allee jusqu'a Auckland, ot doit ro\onir nous prondro dans pen di^ jours ])our nous coiiduirc au jiort Bailaile. dans la Xouvolle-Caledonie. La, nous comp- tons Irouvcr un hi-ick de l;i Socii'-ti' franraise A^' I'O- 257 ) ceanie, qui nous conduira ;'i Saint-Christoval el en t-l'aulres iles des onvirons. Je voudrais former un (^ta- blissement a Woodlarck, par 9°lat. S. etl51» longit. E. de Paris, et un autre a Bouka, a rexfremil^ nord des iles Salomon, et de la visiter pen a peu quelques points dn voisinage. Ce qui m'encourage a fairo un essai a Woodlarck et a Bouka, ce sont des renseignements tr^s avantageux qu'on m'a donnes a Sidney sur ces deux lies. J'espere que nous pourrons laisser une pe- tite mission a Saint-Christoval. f Jean-Georgbs Collovib, Kvpqtie (rAiiliplielles, vicaire apostolinucr. R X T n A I T D'LNh LETTRE DE iM. RITTER A M. JOMARD A i.'ocr.ASKix iiR l'knvoi dk son orvnu.[.. Sllfi L'/IRABIK. Mon travail de Gcoiimpliie coinparatn'c n a pas pour l)iit, comme on I'a dit, d'etal)lir un systeme scienli- fique fond6 sur une « hjpothese d'emersions succes- » sives des elevations culminanles des plateaux ot des )) terrasses, pour en faire descendre, par une aher- » ration singuliere, les peuples. » [Revue des Deux Mondes, 183Zi.) Allleurs, ce travail a 616 le snjet de jugenients absolument faux, (jui ne resullent que du manque de I'etude de I'ouvrage. Je ne nie pas que cette etude est tres peniblo et quelle coute bien des efforts; mais je nie ce qu'avance lautein' de cette an- nonce de mon volume sur I'Afrique, que tout I'ouvrage IX. AVUIL IT \1AI. 'i. 18 ( 2&8 ) se ressenle des ecails « oii sonl trop souvenl cnlriiiut^s » les esprits avontLiieux ue sa palrie. » Mon ouvrage, je le crois inoi-in6me, nest pas (icril dans Ic goilt des gens du mondo en France; ce n'^tait pas I'intenlion de rauleur. Au n)dieu de l'iinmensit6 accumulee des laits geograpliiquos dans tons les siecles el dans lous les pays, il y avail autant de fausses don- nees que de vraies. repandues, non seulement en geo- graphic, elhnographie el liistoire, n)ais aiissi dans les sciences de la politique, de la philosophic, de I'hisloire naturelle el de la physique. Lne revision dos Tails, une cpmparaison des lenips el des sources, une critique du vrai et du laux d'apres les observations direcles el les opinions des auteurs, enlin un relevt^ de fails depuis longteuips connus, mais oublies, etaienl tout aussi indispensables pour la reconstruction d'une discipline scientifiqne que la direction de I'altenlion du moment sur les Tails nouveaux. Tout cela 6lait, d'apres moi , indispensableuient necessaire a constaler, en general commo en detail, par les citations des texles, menie dans le detail le plus rainulieux, pour garanlir la verity dos Tails et preparer les materiaux pro|)res a conslniire, par le concours de loutes les sciences, et une fois pour toules, un sjsleme de science g6ogra])hique . Icquel n'exisle pas encore. Voila la quintescence du hul de mon ouvrage, qui est done loin de vouloir remplacer I'ordre acluel des choses par une hjpolhese ou par une aberialion singulierc d'un esprit syslematique; une 6tude approfondie aurait montre que parlout la marche de la melhode par laquelle on y iraile des objels est aussi difl"6rentc que le modele de la nalure m6ine, el autanl que le demandenl I'hisloire des pcu- ples, les sourc(;s des observalions et celles des lillera- ( -259 ) tures. Co n'ost pas un s\st(jine, mais une prdparalion pour un sysleme scieiiliiiqiie ; ce sont des roclierclies (le fails, de proportions, d'analogies; c'est I'enchaine- iiienl menie dos clioses, des lois et des resultats liislo- riques sur I'apparilion des lionunes dans tous les cs- paces peuples du globe. Mais le travail, jusqu'a present, ii'est avanc6 que pour I'Afrique el I'Asie el jusqu'aux portes de I'Eiirope : j'espfere encore que moii age avance me pei'meltra d'tnlrer dans ce dernier sanc- tuaire; un simple sysleme aurait pu 6lre circonscril en de plus courles limiles; la recherche de ce qui re- garde la geographic de celte partie du globe, d-clairee par les fails etles resullals de la recherche de celle de I'Afrique et de I'Asie, monlrera qu'il nous manque encore une geographic scientificjue cle I'Europe, qui est autre que ne se I'imaginent les auteurs de geogra- phic compendiaire, (itanl Irop pres de I'objel de leur 6tude et trop familiarises avec eel objet pour en recon- naitre la veillable nature. II est vrai cjue les idees de Ph. Bundle sout Ic^clair d'un genie, el j'avoue que je dois beaucoup a ses vucs lumineuses; mais je nc peux convenlr, avec le critique, que le sysleme de Buache (ce n'est qu'une hypothese) soil le meilleur, et qu'il reste la base la plus rationnelle de la geographic phy- sique et compartlie. J'esp6re que voiis me pardonnere/ cette petite explication; elle pourra conlribuer a faire juger equilablement les volumes de I'Arabie, qui ne pr^scntent que des materiaux sans sysleme, mais dans un ordre et un arrangement geographiques. Caul Ritter. ( 260 ) DE L'OBSKRNA'roiRE DE WASHING TOiN KT OK I. A CAKIK IiKS VKNTS KT DF.S COriiANTS. I'liMiic ji.it li- lieutoii iir \i\l m, Piii'ili'iii ill" I'Ol^s 'iv^iluiie. Ues nulos cl ties documtMUs ofliciels , procures par M. le consul irAinerique, nous permetlent ile donner ici un apercu de ce nouvel etahllsserncnl qui , cre6 a peine pour ainsi dire, a deja produit d'interessanls r^sultals et meme rendu d'imporlants services : on peut citer ca premiere lignc la carte publics par le directeur de I'Observaloire, M. le lieutenant Maury , sous le litre de Wind (tnd citn-piit chart , ouvrage dont M. d'Avezac a faitconnaitre la premiere feuille dans un pr6c6dcnt Bulletin (I) ; aujourd'hui Irois fcuilles sont publiees ; elles embrassent toule la parlie do I'oc^an Atlanlique comprise enlre I'equatcur et le 40'' degr6 latil. N. , avec tout le golfe du Mexique, les cotes d'Alrique el celies d'Amorique. Enlre ;>ulres instruments, I'Observatoire poss^de aujourd'liui un grand cercle de rdllexion commando a MM. Ertel de Municb, et execute avec un soin extreme par ces habiles conslrucleurs, sur les plans et dessins de M. Maurv, I'objcctif a 7 pouces avec une distance focale de 108; I'instrumenl a deux cercles de h pieds, arm^s (i) Vouz If Utilltiln (If iiovpiiihif 1847- ( 261 ) de douze inicroscopos ; le pouls clu riiisliaiiiciit est de plus dc 2 000 livies, et cependant I'execution est telle qu'on peut le retoiirner avec le petit doigt ; les artistes qui I'onl execute le legardent comme le plus parl'ait (|ui soit sorti de leurs mains. II doit servir a mesurer la parallaxe des etoiles fixes, les refractions atmosplie- riques, raction de la lune sur le fil a plomb, etc., etc. Les observaleurs de AVashington, apres s'etre mis en rapport avec les observatoires de TEurope, ont suivl le progres des d^couverles Importantes dont I'astro- nomie s'est enrichie depuis plusieurs anuees, et ils y ont ajoute par lours propres travaux : ce n'cst pas ici le lieu de les exposer; nous lirerons seulemcnl quelques faits de plusieurs documents officiels , sa- voir, un rapport imprime par ordre du Congres , uii acte de la Chambre du commerce et plusieurs cor- respondances. Le rapport a ete iait par le lieutenant J.-M. Gilliss , ancien directeur dc I'Ohservatoire , au secretaire d'fitat de Ja marine. En 18Z|2, M. Gilliss, en vertu dune mission publiquc , et apres avoir con- suite les professeurs Baclie , Barllelt , Bond , etc. , visita les aslronomes de I'Angleterre et du continent el en rapporta ensuile le plan d'un etablissement congu d'apres les perlectionnements les plus recents. Le Congres avail alloue 28 000 dollars dans la ses- sion de 18/il a 18/12. Le depot des cartes et instru- ments I'utetabli, par ordre du president des fitats- Unis, a Wasbington , place de I'Lniversitd au nord de la vilie, sur la rive seplentrionale de la riviere Po- tomac, avec lajouissance d'un terrain d'environ 10 acres. Ce bailment est a 90 pieds au-dessus des plus baules eaux. Toutes les precautions I'urent prises pour fairs de solides fondations , nolammenl les massifs ( 262 ) qui supportent les inslriiinenls aslronoiuiqnos, el pour assurer l;i (hiree do toiit(> la consU'iiction. T/rtablisso- uient devanl servir aux ohservalidns d'astronouiie , dc magnelismt' lerrestre et de ineU'orologie , on fit uno lisle (lt> lout CO qui levait dire acliele pour I'usage de retaMisscnient en instruments de toule esp^ce et en livres , et on so procura ensuite sur le continent les instruments qui suivent : 1° i'in^truni(M>t de passage , construit a Municli par les Erlol, dont I'objectif a 5 pouces 1/2, avec une distance focale do 88 pouces , provenant des successeurs de Frauenhofer (MM. Merz el MahiiM- ); 2° le cercle mural, fabriquo en Anglelerre par iassocie de Troughton , M. Siinms, sous la direc- tion de raslronome roval de Greenwich; 3" le grand vertical, construit a Berlin par MM. Pistor et Martins; 4 le cherclieur do commies , fait a Municb ; 5" les in- struments magnetiques ol meleorologiques; 6° pour la bibliotheque, 200 volumes d'ouvrages precieux donnes en present par des savants et dos etablissenients pu- blics. L'Obsorvatoire de Washington recoil les publica- tions de la Societe royale de Londres et de la Soci^le royale d'aslronomie d'Angleterre , les Observations astronomiques de Greenwich , Cambridge , Oxford , E(lini)ourg , Dorpat , Mimicli , Prague , Bruxelles , Uambourg , Madrid et Berlin, ainsi que les Annales de magnetisme et de meteorologie. (La bibliulhoque de rObservatoire doit avoir maintenant 1 000 a 1 200 \()lun)os.) Le lieutenant Wilkes (colui qui a dirige la celebre expedition de 1838 au pole sud ) otait a la tele de relablissement en 1833. M. Gilliss prit la direction en 1836, el dopuis olio a passe a .i. Mamv. Ce n'esl qu'au depart de M. Wilkes pour son ex|)loralion ( 263 ) qii'on a commence les series d'observalions regiilieres. En 1847, la Chainbro de rommorco a provoquo, an- pr^s du Congrfes, la creation d'un hurenn d'hvdrogra- pliie et des longitudes, et la publication p^rlodique d'un Nautical almanach americain , pour I'avantage de la navigation et du commerce. Par les soins de ce bu- reau, on devait suivre, sur tons les vaisseaux de gueri'e, un certain sjsteme d'observalions; le bureau devait assembler et r^pandre tous les renseigneraents hydro- grapbiques de quelque importance pour I'avantage des navigateurs et du commerce. L'Observatoire a public^ un premier volume des Washington astronomical observations , ouvrage bau- t«ment approcie en Europe ; celte publication sera continuee reguli^rement a mesure que les maferiaux en seront rassembles ; enfin il a concu nne vaste en- treprise, celle d'une nouvelle exploration generale du ciel , ayant pour objet dc determiner la position exacte de toules les ^toiles depuis la premiere jusqu'a la dixieme grandeur. La position de AVasbington est plus favorable que celle de plusieurs observatoires de I'Eu- rope , soil pour le climat et la boaute du ciel , soit a cause de sa 'alitude plus m^ridionale. Nous vovons, dans une lettre de M. le directeur de I'Observatoirs , qu'il existe un autre gulf-stream , ou courant d'eau cbaude, se dirigeant des mers de la Chine a I'Amerique N.-O ; on oonnait I'exemple de la jonque japonaise saisie en 18Zi5 sur la cote N.-O. et qui avait ete poussee par le courant a travers I'ocean Pacifique tout entiei-; un olTicier recemment rovenu d'une excursion au Japon a apporte a M. Maurv la •preuvc de I'existence d'un courant dans cette direc- tion, avant une vitesse de 60 milles par jour. ( -m ) L(-'S iiaxires tie guerre, chez loutos les iialious, pus- sedenl des inslruments, cJes moveiis et des hommes convenables pour entreprendre un syst^me suivi d'ob- scrvutions scienlii'iqucs; M. Maury projiose do les ap- pliqucr a iioter les courants, les venls, la marclie des navires, la variation de la boussole, la temperature do I'eau a la surface et au-dessous, la inetcorologie de rOcean, I'habital des animalcules, des [)oissons et animaux rampants, etc., etc. Ces remarques condui- raienl cerlainement a rendre la navigation j)lus sure. II serait beau, dil-il, de voir ainsi cliaque vaisseau de guerre devenu un observaloire flotlant j)our la deler- n:iinalion des phenomenes pbysiqucs. Les remarques suivantcs resultent de retude alien- live de la carte des vents el courants, maintenant com- posee de trois feuilles; ces remarques appartiennent a M. Maur}. 1" Les lignes de route Iracces sur la carte a rO. du 32"= degre de longitude { ineridlen de Green- wich) sonl celles des vaisscaux en retour vers I'Ame- rique ; les lignes de route a Test du 30"^ degre sonl celles des navires qui se r(>ndent a la cote d'AlVique. 2° De I'equateur au 10" parallele N., les vents sonl beaucoup plus lorts et plus constants sur les premieres lignes que sur les secondes; un couj^ d\v\\ sulllt pour montrer que les navires Iraversent babituelleinent la iigne equi- noxiale trop loin dans IE. M. Maury cite en exemple la marche direcle et rapide du vaisseau /e Crane, en iSli'\ . 3' L'annee precedente, I'auteur avail rapport^ Texorn- ple d'un bailment qui etait alle de New-York au Bresil en trente jours. Aujourd'liui il cile un navire qui a fait le Irajet de New -York a Rio-de-Janeiro en vingl-neuf jours, au lieu de quaranle ou cinquante jours, temps ordinairemenl consacre a cetlc navigation. ( --^65 ) L'aspecl des noiubreuses lignes cle navigation tra- c6es sur la carle demontre quo les vents alises du cote de rAin^rique sont beaucoup plus forts et plus constants que du cole de TAfrique ; la ligne de sepa- ration est a pen pres au milieu de I'Ocean. Le fait ainsi elabli rend paljiable Icur origine, c'est-a-dire, la grande rarefaction de I'air dans la region 6quatoriale, ces vents venant le rcniplacer et le rafraicbir inces- samment. M. Maury fait remarqucr rintluence des grandes Icrres sur les vents ; cette influence est visible dans la parlie 0. du golfc du Mexique , ou Tapproche du continent de I'Amerique du N. fait passer les vents du N.-E, au S.-E. ; enlin il est curieux de comparer les vents dominant dans le golfe du Mexique (feuille premiere de la carte ) et les vents soufFlant sous la meme latitude dans les regions plus a I'E. ( feuilles deuxieme e>t troisieme). Quoique fort occupe des observations aslronomi- ques dans I'Observatoirc de \\ asbington , M. Maury prepare de semblables carles pour les difterents oceans; il espere que la marine francaise et la marine anglaise joindront leurs efforts a la marine americaine pour en rassembler les materiaux. Plusieurs centaines de lignes de navigation viendront ainsi chaque annec, couvrir la carte des mers, perfectionner et completer les resultats deja acquis. L'auteur espere que ces nom- breux exemples de la marcbe des navires apprendront au navigateur les vents probables pour cbaque saison ou region, le lieu, la force et la direction des couranls qui peuvenl relarder ou accelerer sa marcbe et peut- elre les lois qui maintiennent I'equilibre de I'Ocean el le retiennent dans ses limiles. Les vents et les cou- ranls, en effet, jouenl un I'ole important dans I'eco- ( 266 ) nomie dii globe ; ils ralVaicliissont la /one lorride, lis teuipcrenl les zones IVoides, ils soul la peile ou le salul du maiiii ; ils peuveiit eulin , siiivant qu'il les a plus ou uioinssoigueusi'menleludi^s, lialerou rclarder son vojage. Jomard. tCOLES NAITIOIES. An niornent on il est question d'c^labiir en France une^cole nanlique a I'usage do la marine marchande, dans la viie du progr^s des connaissances comine dans I'intdrSt de nos relations commorrialos , il n'ost pas sans utility de faire conn.iilre I'ctahlissempnt qui s'est ouvert il y a quelque lemps a Annapolis (Elats- l nis) pour les aspirants de marine. On ne saurait trop df-sirer (pie les officiers de noire marine commercanle soi'iit , des 1(3 premier age, imhus dos principes et pourvus des connaissances qui doivent les rendre de plus en plus aples a representer dignemenl notie na- lion. En effet, quelque nombreuse que soil notre flotte militaire, il est impossible qu'eile soil pr^senfe partout oil les besoins des transactions portent nos vaisseaux marchands; il faut done faire en sorle que cbaque capitaine du eommerce, chaque capilaine en second, cliaque lieutenant, soit , aulant que possible, un hommc distingue, instruit, babile, et muni de sen- timents elev(3s et patriotiques , qui fassenl respecter I'M liii le pavilion francais, etdonnent, anx popula- tions lointaines connne aux navigateurs des autres nations de I'Europe, la plus liaiile id(}e du caractfere national et de la civilisation IVanc^aise. ( 267 ) Lc commandant de I't^cole navale d'Annapolis est M. Franklin Buchanan, officier distingue, depuis long- temps, dans la marine am^ricaine par I'el^vation de son caraclere et I'etendue de son instruction. Le se- cretaire d'Etat de la marine, M. Bancroft, en trans portanl I'ecole de Pliiladelphie a Annapolis, a voulu I'arracher aux distractidns aiixquclles sont necessaire- ment exposes les jeunes officiers dans les villes grandes et populeuses ; il a voulu en memo temps assurer la discipline et robsorvation des regies necessaires au service maritime ; il a agi aussi dans I'interet du corps des professeurs. Le site, de I'ecole est admirablement choisi et ada|)le a la destination de I'etablissement; le lieu est sain, isole, d'un facile acces : il a ete plac6 a romboucliure de la riviere Severn , aflluont de la Chesapeake , de maniere que les jeunes officiers ptiissent acqnerir fa cilement la pratique de leur profession. Celte acade- mie de marine est destinee a rivaliser avec la c^lebre academie de West-point ; les matht^tmatiques , I'astro- noniie, la construction, la fortification , I'artillerie , la mecanique, la fabrication des machines a vaj^euret les autres arts que la marine met a contribution , sont Tobjot de Tenseignement. Le gouvci'nement russe a cve6 I'annee derniere une ecole de marine en favour du commerce ; c'esl la meme pensee qui avait et^ niise en avant , il y a deja plu- sieurs annees , par M, Lallier , I'un de nos capitaines au long cours, et qui lui a inspire le projet qu'il a publie sous le titre de : « Projet d'une ^'cole naulique havro-parisiennc pour les jeunes gens qui se desti- nent a la marine marchande. » Les circonstances po-r litiques ont relarde I'ex^cution de cetle entreprise ( 268 ) utile; nous y rcviendroiis quand ello aura pris quehjue consislance , persuad(^s que ravancement des connais- sances , che?: les ofliciers d<; la marine du comuieice, peut contribuor puissammenl au progr^s des decou- verles geograpliiques, ot que la Societo de geographie, un jour, pourra uiettre leur zele a profii. J-o. DE LA PlvNTi: 1)1 ML BLANC DiiPi'is Li; 0" i)i:r,n£ di; i.AxrruDJi jlsqu'au confluem DE KHAHTOIM liT Dli I.A .IUSQu'a LA MKIl. Le nivelleuienl du cours des lleuves el la coiinaii,- sance de ieurs chutes el cataractes ne sont pas seule- mentn^cessaires pour savoir s'ils sont et jusqu'a quel point ils sont navigables ; ces notions sont encore d'une grande importance pour la geographie physique; elles servent a d«§terminer la circonscription des bassins, et |)erniellent de decider si ces bassins sont plus ou moins Aleves I'un que I'aulre et s'ils peuvent ou non comnui- niquer entre eux ; files apprennent enlin a apprc^cier les recits des indigenes, qui tantot exagerent le cours des rivieres et tantot sont mal compris des Europeens voyageurs, Ceux-ci , en ellet, coniondent souvent les denominations, el ils prennent des termes g^neriques pour des appellations sp^ciales. L'une des plus iniporlantes applications de cette re- marque se rapporte certainement au Nil, fleuve qui doit etre aujourd'hui repute pour un des plus grands. ( -im ) sinon le plus grand des fleiivcs, an moins quant a la longueur de son cours (1). Aussilot que la ctUebre expedilion anglaise de 1822 a 1824 eut fait connallro au inonde savant rexisleiice du grand lac central appel6 lac Tchad, quelqucs uns einirent I'opinion que Ic lac devait s'e^couler dans le l)assin du Nil. Ceux qui meltaient cette hypothese en avant se fondaient sur ce que le lac 6tant d'eau douce, selon eux, avail necessairemenl une issue; ils s'ap- puyaient aussi sur ce que le major Denliam , qui en avail fait la reconnaissance, n'avail pu contourner la partie orientale, par laquellc ce lac doit se vider, a mesure qu'il se reniplit par les eaux du Chary el de I'Yeou. Cos ai'gumenls, on le voit, olaient d'une faible valeur; mais il y avail quelque chose de sp^cieux dans une circonstance du voyage , savoir, que les oulres d'eau de rexj)edilion avaient gel6, par suite, disait-on. de la grande elevation du pays el que I'infortune doc- teur Oudney elait niorl, disait-on aussi, par suite de I'intensile du froid , altribne a celle meme elevation. II n'elait pas malaise de refuter ces assertions, et c'est ce qui a (^le fait dans le temps dans un memoire sur la comniunicalion du Nil des Noirs avec le Nil d'E- gypte (2). En ellet, le froid excessif qu'avaient soulVerl les Anglais ne s'elait j)as fait senlir aux rives du lac Tchad ; c'est a Mourzouk, dans le Fezzan, que le doc- teur Oudney a contracte le mal funeste dont il est mort. J'ai fait voir que , dans le dt^sert de I'Afrique , par suite (i) I.e cours ilu Nil, jusqu'au point ou s'cst ;iirelt'e I'expi'tliiion de decouvertes, et Lien loin encore de sa soiiree, est de i 279 lieues ki- lometriques ou 1 i5o lieues de aS au degre. (2) Ce memoire, accoinpa[;ii(> dune plnnrlie. a t'le' lu ;'i r.\ imiiun. (3) EI-.Mcklieir de la carte de Fredpric Cailliaiid. (4) El-Metammali, iilein. ( '^72 ) Kliartouin 1.5* 3;' o" i 4-' ' \V..:i(lmp.liiipli(l). 14" 34' ti" ' 5o>i Sciinar i3°37' lo" i 545 hoseres 12° lo' o" 1 6()3 F.izoql .o°46' 5n" ^ S;^ L'^l^valion de Fazoql nes'explique pas facilemenl . car cc cours n'est distant de Roseres quo de '23 lioues et 1/2 en suivanl tons Ics contours du Nil, et, dans I'intervallc on nc connalt qu'une cataracle ; niais cela importc peu pour l'ol)jcl de nos recherclies, attendu que le lieu est sur le Bahr nl-Azraq (Nil bleu), et quo lo bassin du Balir el-A])iad ( ou Nil blanc) est colui qui est en question. J'ai fait le cal(;ul des distances qui separenl I'une de laulrc les buit j)reinieres villes du tableau , depuis Assouan jusqu'au confluent de Kbaitoura , en suivant les contours du fleuve, d'apres les cartes de detail donnees par M. Frederic Cailliaud , les seules qu'on possede a une aussi grande ecbelle et qui sont dignes de confiancc, tout le nionde sacbant combion ce zele \o)ageur a ote exact et consciencieux. Quant a la dis- tance exactc d'Assouan au Cairo , mesurt^e sur les si- luiosites du Nil, je I'ai liree du grand Atlas geogra- |drK|ue do rexpodilion d'tgyplc, qui est a rocbelle do 1:100000 (2);ayantotabli, d'apres lo tableau ci-dessus, los differences de bauleur des buit licux dont il s'agit, j'ai trouve les resultals suivants pour la pcnle du fleuve pour cbaque intervalle. Pourrinlervalle du CaireaSyene, la ponte nioyenne est de l''^16 par lieue de 25 au degre. i) Oii;ul-\l»d (li>i Lillet's fii ilt-'t.iil ( 273 ) De Sjene a Korosko, 2'"'',52 par lieue. De Korosko a V Dongolah, 2'"%31 irJ. De V Dongolah a Abouhamed, 2p''%03 id. D'Abouhamed a el-Mouchereift", A'"", 73 id. D'el-Mouchereifl" a Mataemmaeh, 0i"',59 id. De Mataemmaeh a Khartoum, l'"',95 id. J'ai fait ce calcul afin de reconnaStre si les observa- tions ^taienl conformes a la loi g^nerale de la penle croissante des fleuves ( saui" les accidents de terrain). Or, on reconnait partout ici cet accroissement, excepli^ pour les deux derniers intervalles; comme on n'a au- cun motif de revoquer en doute la r^alite des observa- tions, on doit conclure que le lit du Ki\, d'ei-Mouche- reiff a Khartoum, a moins d'inclinaison qu'au-dessous, a moins cependant que, dans les cliiffres 1331 pieds el 135ii pieds, il ne se soil gliss*!; quelque erreur d(; calcul. Quant au nombre de /i'"'%73 pour la pente d'Abou- hamed a el-Mouchereilf, il ne faut pas trop s'en 6ton- ner, car c'est dans cet intervalle que sont silu^es deux cataractes, la qiiatrl^me et la cinquieme. Avant de passer a la solution de la question qui fait I'objet de celte notice, remarquons que , sur le Bain el-Azraq, la pente estmoindre qu'au-dessous de Khar- toum. (11 est vrai que les observations ont 6le failes a Sennar et au-dessous pendant les basses eaux, savoir. en f^vrier et en mars.) La pente, calculde d'apres les distances, est comme il suit : Ue Khartoum a Woadniediiu }i. . . i ',70 p.ir lieiie de 25 au degie. De Woadmedineli a Sennar i'"',8l — De Sennar a Roseres l''',26 — Maintenant, puisque le confluent du Nil blanc avec IX. AVniL FT \IAI. b. 19 . 274 ) le NiJ bleu est a l/i31 pieds cle Paris au-dessus do la mer, il suit que la pente u)0)eniH; g^nerale de Khar- toum a la mer est de 2'"'%03 par lioue de 25 au degr6. On sail que I'expOdilion A ia recherche des sources, ordonuee par le vice-roi d'tgypte sur ie Bahr el-Abiad, et qui a ete dirig^e par M. d'Arnaud, est parvenue entre le 5' et le h' dcgre de latitude. Or, vers le 9' de- gre 20', elle a rencoiilr^ uiie grande branche veiiant du S.-O. Admeltons que la pente ne soitpas plus forte au-dessus de Khartoum qu'au-dessous, m6me que la pente totale jusqu'a la mer, c'est-a-dire de 2' ''',03, on trouve, d'apres la distance de 1010 000 mc'tres me- sur6e sur la grrmde carte originale de M. d'Arnaud, dress6e au 500000", que la hauteur, au-dessus de Khartoum, est, a ce comple, de AGl pieds, et, par consequent, au-dessus de la mer, 1 892 pieds. Reiiiarquons que c'est la un minimum, et que pro- bablement les observations ulterieures donneront un chilTre plus 6leve. 11 est done de toute impossibilite que les eauxdu lac Tchad s'ecoulenl dans le bassin du Nil. Dans le memoire que j'ai cite en commencant, j'a- \ais, d'aprfes les seules donnees qu'on possedat alors, suppose le niveau du iNil , a Khartoum, dleve d'au moins 1180 pieds; la mesure de M. Russegger va jus- qu'a 1 431 pieds (1) : je donnais done avec raison ce niveau comme un minimum. A cctte epoque, on ne connaissait point I'affluent du 9* degre; cette branche paiall considerable el semble venir de Ires loin ; mais ce point du Bahr el-Abiad, d'apres la mojenno pente etabiie plus haul (penle minimum), doit^tre 6\c\& au- (i) II est a leinarquer que cent soix^nlc-uiK- ()l)>ei vations on( e'tp tailes par M. liusseg^jer pendant ies bds.ses eaux, quatre rent quitre- vingt-quatre penJani Im hautes eaux. ( 275 ) dessus tie Khartoum de plus do 460 pieds, et, par con- sequent, iiu-dessus de la iner, de plus de 1880 pieds. L'affliient ne vient done pas du lac Tchad. Ainsi lout concourt a faire voir que le bassin du lac central est non seulemenl distinct de celui de la vallee du Nil , mais qu'il lui est de beaucoup inf^rieur. Si done on d(icouvre un jour que de la rive orientale du lac Tchad s'ecoule une branche, correspondant a I'entr^e des rivieres Y6ou et Chary, il faudra en con- clure que les eaux se repandent vers le nord-est, dans des bas-fonds dont on a une vague connaissance, et qui se prolongent jusqu'au gran J desert confinant la Cyr6naique. La partie orientale non encore reconnue du lac Tchad, enlre Tangalia et Mabah, a au moins 60 lieucs d'etendue. 11 peut done y avoir plus d'une issue au lac; peul-elre, an contraire, est il encaisse de ce c6t6 , coinme au nord , a I'ouesl et au sud, el dans ce dernier cas (qui n'a rien d'iinpossible) , ce ce serait une raison de plus pour que le lac n'eut au- cune communication avec le bassin du Nil. Nousde- vons done legarder ce point comme hors de doule. Je regarde ainsi comme superflu de rechercher si le lac Tchad peut etre considere conmie un lac d'eau douce ou comme un lac sale , et je renvoie, quant a ce point, au memoire precile. Les voyageurs anglais n'ontconnu que les rives de ce vasle amas d'eau (1), el Ton sail qu'il en recoit par toutes les bouches de la riviere Chary une quantite tres considerable, Personne ii'i- gnore qu'en mcr I'eau csl souvent douce a I'embou- t'hnre des grands fleuves, memo a une grande distance des terres. Je renvoie egalement au meme memoire (i) Le lac est infeste de pirates. ( 276 ) pour la question de I'abaisscment dc la temperature dans les d(!;serts d'Afrique pendant la nuil; celle ques- tion y a itiS trail6c parce qu'on avait voulu conclure, dn fait dc la congelation de I'eau, a une liauteurabsolue de liiOOO pieds pour le lieu oil il avait etc observe, et par suite une tr^s grande elevation pour le niveau du lac Tchad. Jomard. CLIMAT DE L'EGYPTE. Dl .\()\llil'.F. DK.S JOUHS UK I'LIIE L aneienne opinion, qu'il ne plout pas en Egyple, a ete r^futee dans ces derniers temps. Cependant il est encore des voyageurs qui, passant en Egypte liors de I'epoque des pluies, conlinuent a dire que la pluie y est inconnue. Heureusement aussi les observateurs conlinuent a rcmarquer ce fait met^orique et a I'en- registrer. J'ai combatlu, il y a quelques annees, I'er- reur ou dtait ton>b6, a eel 6gard, un homme d'ailleurs fori instruit , le general Marmonl , el j'ai oppos6 des fails positifs ; aujourd'hui j'eniprunte de nouveaux ar- guments aux observations meteorologiques du docteur Perron, direcleur de I'ecole m^dicale d'Lgypte. Ce savant s'esl livre, pendant plusieurs annees con- seculives, a ces observations avec une assiduitti el un devouemenl bien dignes d'eloges : son travail est sous les yeux de I'Academie des sciences. J'exlrais les fails suivanls de ses tableaux de 18/15 el 1846, en faisant remarquer que si la quantity de plnie tombt^e au Caire est pen considorablc, il n'oii est pas nioins avere que. ( 277 ) chaque annee , la pluie tombe sur cottc viilc un assez grand nombre de fois. J'avais fix6 le lunnbre annuel des jours de piuies moyennement a 12 ou 13; mais cinq mois de I'ann^e 1845-1846 en ont donne 18 exemples. Le 15 octobre 1845, petite pluie vers 7 beures. Le 16, pluie assez abondante pendant quelques mi- nutes, a 6 heures du soir. Le 28 novembre, pluie de 9 beures et 1/2 a niidi el quart; quantity d'eau, 0™,00/i ; dopuis niidi, 0"',001 ; apr^s 3 beures, pluie a jilusieurs reprises. Le 29, pluie legere une demi-heure avant le lever du soleil. Le 30, pluie legere pendant la nuit. Le27decenibre, pluie legere a 2 beures et a 8 beures. Le 31, pluie d'un moment, a une beure apres luidi. Le 12 Janvier 1846, courte pluie a 6 beures et 1/2 . il est tombe un peu de grele a Gyzeb. Le 18, pluie de quelques instants. Le 20, pluie legere an coucber du soleil et une beure et 1/4 apres. Le 21, pluie legere pendant la nuit: quantite d'eau, 0,004. Le 22, quantite d'eau = 0'",004. Le 23, pluie d'un moment a une beure et a 3 beures. Le 24 et le 25, pluie de O'-.OOS. Le 26, legere pluie a deux repx'ises. Le 5 fevrier, pluie l^g^re. Le 23, idem. Le 26, pluie a 3 beures el a 9 beures du soir. Dans ces 18 journces, il y en a 5 qui ont vu la pluie se reproduire plusieurs fois. On a dit que si aujourd'bui il pleuvait en Egypte. c'^tait reffet des plantations nouvelles ordonn^es par ( 278 ) le vice-roi. 11 n'osf jias impossible qu'un jour, les plan- lalions <1evenant plus consi'ldrahlos, reagissent u>i peu sur lo climat de TEgypte; mais bien avaiit 1810 la pluie toDibail au Caire cbaque annee ; elle v a tou- jours lomb6, pins ou moins souvent, non pas sans doute d'line niani^re comparable a ce qui se passe dans I'Europe moridionale , mais assez pour faire re- jeter le prejuge, la fausse opinion , que la piuio est inconnue sur les bords du Nil. Nota. Cette meme annee 18/16 a ele signalee par deux cxemples de Iremblement de tcrre arrives dans la capitale dc I'ligypte. \.e 28 mars, ;i 37 minutes avanl le coucher du soleil, on a ressenti un violent iremble- ment de terre en plusieurs secousses distinctes. I-e plus fort mouvement a dur^ 8 a 10 secondes; la duree totale a ^te de 250 battements de pools evaiues a en- viron trois minutes. Six minutes apres, l^gere secousse qui a dur6 20 se- condes. La direction etail est et ouest. Le 15 juin, trcmblement de terre en deux secousses dont la duree a 6te d'environ 40 secondes. JoMAUD. RECONSTRITCTION DES VILLAGES DE L'b:GYPTE. M. d'Arnaud , membre de la commission cbargii(! par le vice-roi du travail sur In reconslruclion des ullages de I'hgyple , m'ayant communique line nolicp ( 279 ) sur cette operation, deja annonc6e au Bulletin, et qui vient d'etre accomplie au village de la Basso-Egypte nomin6 Rafr ez-Zayat, j'ai cru qu'il n'etait pas sans interet de la publier dans noire recueil, qui a constani- ment tenu les lecteurs au courant des progres de la ci- vilisation sur les bords du Nil. J — d. Le systeme adople pour la construction est en rap- port avec le climat , les mceurs et le,s usages des habi- tants du pays, cotnme on le voit par les plans (1); il est dispose de maniere qu'on puisse installer dans les niaisons line famille d'un nombre quelconque d'in- dividus les gens et aussi les animaux), par une simple ouverture de porte , am^nagee clans tous les cas dans les murs de separation, el cela sans nuire a I'har- nionie des apparlements enlre eux , comme des mai- sons entre elles : le mode de construction facilitcra beaucoup le travail et deviendra encore un avantage precieux pour les transactions futures des habitants. Afin de pouvoir ^tablir le projet et le devis approxi- malif, il a ete demande, au cheykh el-beled de chaque village a reconstruire , un releve d(^taille du nombre de families que comptent les villages, celui de leurs animaux, celui des difTerentes industries qu'on y exerce , etc. ; ce qui a conduit a ranger les nouvelles constructions en six categories dilT^rentes, savoir : 1° habitation du pauvre ou maison type; 2° habita- tion de I'homme aise ; 3" habitation du riche ; 4° ha- bitation des etrangers ; 5° industries particulieres ; 6° monuments publics, tels que mosquee , mairie , (i) Les plans (le recoiislriK-tioii des vill;i>ii'> e a puldier une Ifllre de re savant eNploratfiir. Je icj^retlo de iie nouvoir reprodiiiie les plans qui elaient joints a celte lettre. La description ( 28A ) qui la suit feia loniiaitrc Ic plus curieiix du i-us inuDuiiitiits. Le lecleur veira que M. G. SquiiM ^l■llllllt■ iiiiliiier a reyaidei I'aurieiine civilisation des Aniericains cuiiiuic .ipjiarleuaiil aux aborigenes piulol que coinme iinportee du dehors, opiniun (|ue j'ai toujours soulenue I'uinnie ties probable el qui reroil l)ien e. La longueur enlierc de la fi- gure, si ellc etait developpde, ne serait pas de nioins de 1 200 pieds. Le plan , leve et dessin^ d'apres des uiesures precises, peut seul donner une idee exacle et bien nette de la forme de cet ouvrage. La levee est liaute de 5 pieds, sur 30 pieds de base vers le milieu du corps; elle va en diniinuanl vers la tete et la queue. Le cou du serpent est etendu et legerement recourbe; sa bouche est largement ouverte et dans Taction d'avaler, ou bien de pousser en avant une figure de forme ovale Cette figure ovale, d'un contour tr6s regulier, est aussi une levee de terre, sansaucune ouverlure sensible a Tinterieur; ses deux diametres sont de 160 el 80 jjietLs. 11 y avait autrefois, au centre, une petite elevation circulaire formee de grandes pierres : un ignorant visiteur les aura renver- s6es et dispersees, dans I'idee que quclque tresor etait caclie en dessons. On paralt avoir taille, a desscin, la pointe de la montagne ou est cette figure selon le con- tour de I'ovale, en laissant tout aulouuune plate-formo dresseo, de JO pieds do large, un peu inclinee vers I'interieur : la coupe eclaircit cette description. De cliaque cote de la tete du serpent est une petite eleva- tion triangulaire de 10 a 12 pieds, qui, quoique trop dislincte pour etre passee sous silence, est cependanl trop deformee pour etre exactement retracee. » II existe une lerrasse, aussi de forme ovale, j)lacee au-dela du sevpeiil el un grand tumulus, au centre de I'isthmc joignant la montagne aver le plateau qui est IX. AVRii. i;r AUi. (5. 20 ( 290 ) au-(leh'i. 11 ii'\ a {)as d'aulios aiiciens vestiges connus, exceple peul-etre pliisieurs anciennes buttes a (S ou 8 inilles de la. II \ a aussi quelques ouvrages clans la partie iiifeiieiire de la riviere Brush -Creek, vers son einboucluirc, niais donl \c caractere n'ost pas connu. - » On a (l^couvorl dans d'aulres parlies de I'tlal dcs ouvrages d'un caractere analogue : I'un d'eux est do la forme d'un reptile gigantesque resseniblant a lalli- galor; un autre est de la forme d'uno immense croix : ils occupent des positions qui correspondent a celle du grand sei'pent de Brush-Creek, et sont aussi accom- pagn^s d'un autcl, comme ceux qu'on a decrits |)r6c6- deniment. E. G. Squibr. » ANALYSE DES OUVRAGES I'RliSEKTliS A l.A SOCIETK. VOYAGE EN J&GYPTE, EN Nl'BIE, DANS LES DESERTS DE BEYOUDA , DES BICHARYS, ET St'R LES c6ti:S DE LA MER ROUGE ; Par EUMOINI) COHUKS, vice-ionsiil de Fiaiit c. 2 Yol. in-8, avec utie ciirte itineraire. L'auteur s'est deja fait connailre par un f'oya^e en Ahyssinie, public, it y a phisieurs annees, par JM. Ta- misior et par lui en h volumes in-8°. Dans cc nouvel ouvrago, comme dais lo pr6c6dent, ce qui ticnt la plus grande place est la description des moeurs et des usages, et il lu- faul pas on (aire un reproclie au vova- geur (|ui no se donne pas poui- un archi^ologue , un ( 291 j naliiraliste ou un g6ographe. La mission qu'il s'est donn^e est d'observcr el de d^crire fidelemrnl le ca- ract^re el les habitddes dcs peuples, ot on doit lui tenir compte du zele (I dii merile avec lesquels il s'en est acqiiitt^. Moins prodigue de liors-d'ceiivres que dans la relation prec6dente, il reproduit avec clarti^ el dans un style simple et altachanl les scenes au milieu desquelles il a v^cu. Plus d un de ces tableaux merite de fixer I'altention du lecteur; bien que le sujct ne soil pas loujours neuf , les circonstances qu'il raconte sont quelquefois piquantes, par exemple, en ce qui regarde la condition des femmes; I'auleur no manque aucune occasion d'en traiter, ni de raconler de cu- rieuses anecdotes, ni de peindre les c^r^monies et les pratiques myslerieuses. La predilection de I'auteur est done pour la descrij)tion des moeurs orientales : il aime a faire connaitre les coutuines et les habitudes des deux sexes chez les diff^rentes classes, et a reveler les intrigues des bains, les secrets (iu harem. Nous ne croyons pas devoir entrer dans aucun detail sur ces points un peu Strangers a la science geographique pro- prement dite, et nous passnns au voyage que I'auteur a fait du pays compris entre le Nil de Nubie et la mer Rouge, sujet un peu plus nouveau. L'auteur, se trouvant a Berber (lat. N. 18°), concut le projet de se rendre a Souakim a travers le desert. Le gouverneur fit toules sortes d'efforts pour Ten d4- tourner, craignanl d'avoir a subir la responsabilil^ d'une catastrophe (1). M. Combes persista. II etait ( I ) II f'aut savoir que le vice-roi cffgypte est tres severe envers ses ngonts, li)r-;qu'il ieiir a recoinmaiidL' un voyageur europeen , et qu'il aiiive lualheur a criui-ri itan;, I'l'lendue ou meme au-cl. la de leur ju- ridictioii. ( 292 ) venu (le Sennaren compagnie de trois djellahs (niar- cliands d'esclaves); I'un d'ciix devail se rendre a la mer Rouge a travcis lo desert dcsBicliary, desert fameux par SI'S teinpetes dc (lots dc sable cinbrase, et non uioins dangereux par les voleurs qui le fr^quentent. Notre voyagour prefera parlir avec des guides ^prouves. On sail que le clieykh Ibrahim (Burckhardt) et I-inant-bey ensulle out traverse aussi I'espace qui separe le liaut Ml de la mer Rouge. Le 31 inai , M. Combes quilta Berber; le troisieme jour, apres Irente-deux heures, il atteignit roasls d'Aubac, oii il fut lemoin de plusieurs scenes de mceurs non depourvues d'int^ret et fort bien racontees. La route qu'il suivait alors n'aurait pas pu etre traversee avec security, ou plutot im[)unenient , par un Europeen, quelques annees auparavaiit. Mais les Bicbary ont cede soit aux menaces , soit aux riches presents du vicc-roi d'Egyple. De lous les litres de ce prince a la reconnaissance de I'Europe, il n'en est peut- etre pas de plus glorieux que le merile d'avoir ouvert aux voyageurs les tcrres voisines de I'Egypte et m6me les deserts loinlains jusqu'aux limiles des l^ays ou son puissant nom est connu. Et ce qui n'est pas le moins extraordinaire, c'est que la police des deserts, grace a riiahilete de ce prince intelligent, est faite par les Iribus niemes qui autrefois pillaient les voyageurs el les caravanes. Les recompenses qu'il leur accorde sent en proportion du nombre des assassins el des pillards donl elles auront purge les grands chemins (1). Le quatriemc jour, la niarche fut de onze heures; le sixi6me , les gens de la petite caravane manquerent (l) Uii liDUVcia .111 tcjiiii' 1 (p. Il4 •> l2o) line appuciatioii im- n.ir'iali' I't (■i|uil:i!ili' ilcs actes ilc Moliainii-.cd-Aly, si (livcrseineiit iu"i's 'II I'.Hrniic. I'.ll rciidant jiislii'c a (■(> piinrc, M. V.. ('.it\{\])f'< tic ( -i'-.S ) d'eau : ils auiaienl succombe a la soil' ardeule donl ils elaient devores par un soleil accabLmt, ot a cetle epoqiie de I'annee, sans lo d^vouemenl d'un des cha- ineliers qui se rendit a trois lieues an noid de I'oasis de Raouai, et en rapporia , non sans peine , iine outre pleine d'eau ; cclle journee, le tiajet ful coui-t; la sui- vante fut marquee par un changement d'aspccl. Lc desert absolu avait fait place a la vegetalion, sinoa a la culture; niais la plus grande parlio du sol est suscep- tible d'etre cultivee. On arriva a I'oasis .Imb cl au puits du lieu, dont les liabitants refusercnl I'usage a la oara- vane. Ces bommes y cultivent lc dourali. Lc pays au- dela est ricbe en gibier, il abonde-en gazelles, perdrix, lievres el poules sauvages, ct aussi en zebres, singes, ecureuils, chacals, autruches. Lc Hon, le tigrc, I'liyeno s'y voient ogalement, et meme I'elepbant ct le rliino- ceres. La journee se termina dans Toasis de Cheddc. C.c lieu est cultive; I'eau y est excellcnle; le betail con- siste en cli^vres, moutons et brebis. II y a quarante heures de niarche d'Aubac a Cliedde. Le lendeniain , la sc^ne s'embellit encore; c'ctait le plus gracieux paysage, une verdure luxuriante, des arln'os serres et toulFus, converts d'oiseaux a brillant ]>lumage et fai- sant entendre des cbnnts melodieux. Ce qu'il v a do singulier dans celte vallee deliciousc, est qu'on y man- que d'eau; la pente du terrain fait que les eaux plu- viales s'ecoulent comme dans un torrent et ne sejour- nont pas. Apres huil heures de marche, M. Combes rencontra une caravane partie de Souakim et se ren- dant a Berber el a Sennar ; il y avait dans le nombre se tiaine pas sur les lieux coinniuiis du la louanye fade cl vulcajre; inais il enire dans des considerations nouvelles qui permetlent au leclfur d'asseuir son juycnicnt. f 29/1 j desTakrouris itllanl ;i Bonidu u tiiivers Ic Kordulan et le Darfour. Les jours suivants, la caravane atteignil I'oasis d'Ami, puis I'oasis d'Aouquaou , puis un pays escarpe ires diflicile, luenant a uue inontagiie appelee Djebel-Oiigoual), qu'il fallail franchir, el d'oii M. Coiu- bes apcrcut onfin la mer Rouge. Souakiui esl a peu de distance de la; ils y enlrerent le Ireizieme jour du voyage. Dans Total actuel, ce port esl excellent, mais le coinuierce y est completemcnl dechu ; le vice-roi y entreliont un gouverneur; la \ille esl approvisionnee par Ics Bichary. M. Combes a re- cucilli lo nom des stations qui conduisenl par terre de Souakim a Massaouah, port plus important, sourais au naib d'Arkeko. Cos stations sont au nombre de dix- sepl, toules pourvues deau ; le voyagour en donne I'enumeralion. Nous ne negligerons pas dans cetle analyse de rendre justice a la juslesse des apercus auxquels I'auteurs'est livre en plus d'un endroil de son livre. M. Combes, frappe de la demarche et des formes des Nubiens au- dessus de la derniere cataracte , y reconnait une res- semblance etonnanle avoc les guerriers qu'on voit sur les monuments egyptiens ( t. I , p. 345-346). Cetle observalion n'esl pas absolument nouvellc ; on I'a faite dans la grande description do I'l^lgjple (I), el d'autres voyageurs I'ont verifioe depuis ; mais on aime a voir se confirmer de plus en plus cette remarque , peu favo- rable a ceuxqui ont considere les Copies actuels commo les descendants directs des figyptiens, bien quo leur conformation soil tout a fait differente; au conlraire , (i) iiif'. .Iiiltq. deiC)., I. I, |> 33- el -mv , Elmles veioppement et I'amelioration des races noires sont impossibles et que les cadeis ne pourront jamais s'ap- procher des nines? Le mal de celte opinion est le parti qu'en peut tirer tout partisan de la traile et de I'cscla- vagc. L'exemple de Liberia ne suflit-il pas pour mon- ( 2y() ) tier qu'on no iloil point desesperer cles noirs'.' Et (juaiid ineine plusieurs si^cles, un grand nomhre ineme, no sufliraicnl pas pour los porter a la liautour de la race caucasienne, serait-ce uno raison pour les condamner a toujours a une inferiorite radicale ot les marquer dii sceau de la reprobation? Pour elre equitable, ne fau- drait-il pas aussi reconnaitrc I'inferiorile de la race roup;e, de la race laponne, et de plusieurs autres races du globe ? Enlin, dans noire propre race, a laquelie les Europeans sont si Tiers d'apparlenir, que dis-je? dans un nienie pays, n'y a-t-il pas d'l^normes dilTerences physiques, morales et iniellectuelles enlre une i'amille et uno autre, un homme et un autre? II est plus utile de chercher a civiliser I'AlVique que de reproduire cetle condaninalion iinpiloyable qui tend (sans doute centre la volonte des icrivains) a eteindre en nous le sentiment de la bienveillance et de Ihunianile (1). Nous serons plus d'accord avec I'auteur quand il dil, avec \oilairc ; « Qu'est-ce que les siccles lieroujucs'.' » C.'etait le temps ou Ion s't^goigeail pour un puils, » pour une citerne, comme on fait aujourd'luil pour » une province. » M. Combes cite, a cc sujet, une scene curieuse dont il I'ut lemoin dans le desert, oil deux partis se disputaient un puits avec la derniere violence; ii eut vu le sang couler sans I'intervention des anciens do la tribu. « Les hommes du desert, dit-il, sont bien » encore ceux des temps heroiques; mais ce n'est pas »la, ce n'est jias cliez les sauvages, qu'il faut idler » chercher ses modules. On a trop exalte leur union , » leur loyaule... la violence et le meurtre sont choses (t) L'aiilcm s'est ulentlu h loisir cii soutcnant ccltc tlit'sc coiitr^ l»-s nulls (l. I, [>. 2.^4 ^ 25j ); mais lieurnisemrnt il Ifrinine en ilisant i|u"il ;erail litmciix ilc rfcoimaiirc son crrfur. ( ^97 ) )) frequontos dans le desert, et Ic sang y coule pour los » causes les plus frivoles. » J'ai remarque dans cet ouvrage une observation qui rappelle un fait cite plus haut, savoir, le IVoid tres vil' qu'on ressent la nuit dans les deserts de la region tro- picale d'AIVique (1). C'est surtout pendant I'hiver que la difference entre le jour ct la nuit, sous ce lapporl, est excessive ei que la transition est brusque; le IVoid qu'on ressent est bumido, el M. Combes ne crainl pas de qualifier cettc luimiditc de glacialo. (( Nous avions )) beau, ilil-il, nous abriter, nous cnvolopper de man )) leaux ct de couvertures, il nous etait impossible de » nous recbauffer : tous les matins nous nous levions » transis. » Cette remarque je I'ai faile moi-meme tres souvent, soil dans le desert de Libyo, soil meme dans la vallee : le froid etait si violent qu'il donnait I'onglee, rendait difficile I'usage des instruments et causail un malaise inexprimable. Apres son sejour a Souakim , noire voyageur se rendil a Djeddab , puis il vint a Tor, visita le mont Sinai, et revint au Cairo. C'est a la suite de ce vovage qu'il enlreprit avec M. Tamisier celui de I'Abyssinie , qui a donne lieu a une relation bion connue, publiee en quatre volumes il y a quelques annees (2). (1) Voye/, ci-tlcssus, p. "iGi). (2) D'apies Ic K'eittl'im T'orien, que M. Coinhes icncontia a Doii- jjolali, on feiait chaqitc annee an Darfour iiri sacrifice liumain pour olitenir du ciel iles jours prosperes et de belles moissons, et les chaii s do la victinie, rolies sur la braise, seraieiit servies en repas au roi el a sa suite, aux applnudisseinciits du piuple. (T. 11, ])p. i33-i4o.) Coniiiient ces scenes periodiques d'antliropopliajjie sont-elles restees iiicomuiis au clieykh Mohammed el-Touiisy, qui a reside sept aiis dans le pays, ipti y a exerce' dss foiulions superieures? Cela est inexplicable el jette plus que du doulc sur le leeit cii question. ( 298 ) Nous fmiroiis par oil I'aiileiir a commence, par la preface; la th^se qu'il y souticiil n'est pas indigne (Ic I'attenlion des gouvernements. On prodiguo , dit - il . les encouragements et les secours dc toule cspece aiix savanls officiors qui vunt recoiinaltre k's colos lo'm- taines; rien n'est epargne pour le succ^s des expedi- tions maritimes; cette protection ost tres digne d'6 loges, nuiis pourquoi abandonne-t-on a eux m6mes les explorateurs qui veuient piin^trer dans I'int^rieur des terres? Ces cclaireurs, ces pioitnieis, sont neres- saires pour ouvrir Ics loulos incoiinucs ct pcM-ilieuses; ce sont eux qui aplanissenl les obstacles, (jui doiinenl aux naluralisles et aux observaleurs scienlifiqucs le uioyen de porter leurs instruments dans les (errcs noii- velles et de d^crire celles-ci avec securite. 8'il n'elait pas un peu (k^friclie d'avance, le champ des d^couvertes resterail souveut sterile ; il faut des hommcs hardis, un peu a\enturoux, faisant bon marche de leur vie , afin de commencer roeuvre cb; I'oxploralion et do tracer un premier itineraire pour doblaver lo terrain ou les sa- vanls moissonneront cnsuile a pleines mains. Pourvu que la bonne foi et !e jugement s'alliciil au courage, et que les voyageurs possedent I'instruclion premiere in- dispensable avec le talent de I'observation, Ion no doit pas craindre, on doil nifime s'eilorcer de faciliter leurs excursions. Les privations qu'ils endurent, les dangers qu'ils bravcnt a cbaque pas, ce qu'ils ont a soulTrir de la part des hommes et du climal, les catastrophes ignor6es qui onl mis lin a bien ties missions de decou- v?rles ([ue s'etaionl donnees de jeunes el intrejiides voyageurs : tous ces motifs doivent leur faire trouver grace devanl les gouvernements et les corps savanls. J'ajoulerai : Qui sail si Mungo-Park, Hornemaun, le ( 299 ) major Laing, et tant d'autres glorieux martyrs de la science, n'auraienl pas evile les pt^rils auxquels ils ont succombe, s'ils avaient 6te precedes par des explora- teurs ben^voles? Jomard, OF THE ORIGIN OF THE GALLAS, KY ill vni.rs r. Br.KK. ln-8, 8 |.. 1848. Selon le savant anglais, le nom des Gallas ne vient ni de I'li^breu , ni dii grec , comme I'a cru le p^re Tellez, ni de la riviferc Gala, dans leGuragie (Gurague) .; comme on le croit dans le Choa , ni enfin des mots arabes gdl-la ( pour gdl-la ) , qui signifie : il (lit non. Ces derniers mots avaient 6le, dit-on, la reponse d'un chel de la nation ^ I'envoy^ de Mahomet, qui le pressait d'adopter I'islamisme. M. Tuschek, qui a donne un dictionnaire galla , croit (pie ce nom vient du mot galla signifiant aller a la maison. Suivant M. Beke, il n'est pas sur que le mot <^alla soil r^ellement une designation iinlii>e. 11 ajoute , ce que nous a autrefois appris M. d'Abbadie, que les Gallas se nomment eux-memes Ibnorina, c'esl-a-dire les fils des homijies, Ils appellent leur langue afnn orma, la bouche ou le langage des liommes. C'est I'ann^e 1537 qui est la premiere date precise de rap|)arition des Gallas en Abyssinie ; le lieu ou ils ujiparurent est k province do Bali, la plus reculee ( 300 ; dans le sud-esl. Dcja allaibli par I'invasioii do Mo- hammed Gran, rempereur ne put resistor aux Gallas, dont la puissance a toujours ele depuis en grandis- sant : aujouid'liui ils occupenl Enarca , Damot, God- jam, Clioa, Angol, Amhara, Biegamider; il y a plus, Ras-Ali, petit-fds do Ras-Guksa-Yedju Galla, tient les rones du gouvernement au noin de I'empercur titulairc, qui n'est plus dans ses mains qu'une puromarionnette. Pendant son sejour en Ahyssinie, en 18/|2 et 18^3, M. Beke a recueilli des Gallas eux-inemcs quelqucs traditions surla rdsidence primitive de leurs ancetres ; suivant la premiere, ils hahiterent d'abord au-dela de Gingiro, au sud de Guragie, en face d'une grande mer interieure (ou fleuvc); ils etaient tout a fait sau- vages, sans arts, sans agriculture, sans bestiaux , allaient nus et vivaient de fruits et de racines C'est encore I'etat acluel des Dnkos , peuplade sau- vage habitant au sud de Kaffa et Gingiro. Le mot doko signifie uii Galla stupide el ignorant. Suivant la se- conde tradition , le berceau des Gallas est dans le royaurae d'Angot; enfin , ime troisieme place leur si6go primitif a Tulu-W'olal ou au montWolal, ce qui, selon M. Beke, voudrait dire simplenient inont iri- connii. En resume, M. Beke arrive a cettc conclusion, que les Gallas sont venus d'un pays montagneux, situe tr^s loin au sud de I'Abyssinie , a Test d'une grande mer interieure ou riviere , et que probablemcnt le pays monlueux , le Moremongao , silu6, selon le sa- vant M. Cooley , a deux mois de marclie de Monbasa, dans I'int^rieur, correspond a cet emplacement. C'est dans le memoire que M. Beke a communique a V Jsso- ciation britanni(jnc pour C (wancement des sciences , qu'il faut lire en (U-tail les raisons sur lesquollcs it se FonHe pour appuyer son opinion. J— i). REMARKS ON THE MATS' HAFA TOMAR, CONTAINING AN ACCOUNT OF A LETTER WHICH IS SAID TO HAVE DESCENDED FROM HEAVEN TO S^ ATHANASIIS; BY CHAHLtS T. BF-KF,. In -8", 17 I'agf's; inais 1848. L'ouvrage d'ou est tire la leltre dont il s'agit est iin manuscrit elhiopien do la hibliolh^que de Tubingiie, provenanl du docleur krapf, et envoys par liii au professeur V. Ewald, qui I'a traduit en allemand. Cette traduction a ete roccasion d'un inemoire lu par M. Beke, en fevrier dernier, devant la Society syro- 6gyplienne de Londres. Mats'hafa Tomar veut dire le Iwre (le la lettre. La tradition du pays dit quo celle leltre a et6 envoy^e du Ciel a saint Allianase. M. V. Ewald remarque qu'il esisle des lettres semblables en arabe a la bibliolbuque du \ atican el au Museum bri- tannique; celles du Valican sont au nombre de trois, elles ont ete commenteos par le cardinal Mai. L'opi- nion de M. V. Ewald est que ces sorles de lellres ont pu etre fabriquees a Rome au viiT siecle , puis intro- duiles parmi les Lglisos copies el nesloriennos; mais M. B^'ke combat cette opinion cl se fonde sur ce que ces lettres rccovunandent nun seuleinent Vobsenuitioii du diinanche, r/iais OKssi cel/cs du mercredi et du veudredi... Dans les premiers siecles du cbrislianisme , dit-il, les Eglises orientales tout on quitlant le culto lu'-brni- ( iO-1 ) quo on I retenu avec perseverance ('observation du jour d(i Scibbat et infime aiijourrrbui le plus grand noinbre des liabitants cel^brent Ic sabbat mosaique aussi stric- toinent que le dimauclie lul-memo. II n'\ a pas dc inolir, ajoute M. Beke, pour rci^arder les Falachas, les Juifs d'Abvssinie , coujine les descendants dos trlbus d'Israel : leur langago diiTrre enti^renient de la classe des langues syro-aiabiques ( s^niitiqucs); il est de la I'aniille des dialectes que parlent les Agaus de Lasta et Agauniider, ciiconstance qui tend a ])rouver que les Falaclias descendent d'une race aborigine, qui a 6t(^ forc^e de faire place a una nation plus jeune venue de I'aulre c6l6 de la rner Rouge. Nous ne suivrons pas I'auleur dans la discussion de ces origines, de son com- mentaire sur la lettre apocryplie, ni dans ses recher- cbes sur le celebre moine du vn° sitjclc, Tekla-Hai- manot, qu'on a regarde dans le pays comme une des personnes de la sainto Trinitc ; nous avons seulement voulu donner une idee de I'ignorance et de la credidite des Abyssins, persuades aussi que le manteau de saint Antoine a passe successivenient a saint Macaire, a saint Pacome, el fmalemenl a Tekla-H^imanot. J — d. MfeMOlRES Srn LA VILLE ET LE I'OHT DE FREJUS, PMt M. ClIMll.KS Ti:x.iEn Paris, 1B47, ill -^"^ 1 1 i paf;es, 6 planches. L'ouvrage de M. Texier rompiond tiois parties dis- tinctes : la g^ograpliie ancienne , une description ar- cheologique des monuments de Fr^jus et la description ( 3o;i ) f^^ologique du payH, principalcmonl pour la connais- sance des matdriaux exploites par les anciens. En sa qiialite d archltecte , M. Ch. Tcxier a cunsacr*^. une autre partie de son travail a la restauration des edifices. Deux cartes , exactemenl levees par Jui-mome , font reconnaitreJe site de I'ancien Fonmi Jnlii. F^a premiere est une carte physique des environs, dans une elendue d'environ 16 000 metres, ou sont represenles la voie Jitrelia el les aulres voies romaines; les deux rivieres principales, la riviere d'Argent [Flunieii argentcunt) et le Rayrao; le canal de I'argent; les carri^res do por- phyre el de gres rouge, avec beaucoup de details geo- logiques ; enfin les monuments a I'^cart rle la ville. La deuxi^me est un plan particulier de la ville et des antiquit6s, avec I'indication des principales ruines sub- sistanles, les thermes , I'ampliithealre , le theatre, le phare , le pons argenteus , la porte doree, les deux citadelles, Templacemfnt du forum, la porte des Gaules ct la porte d'ltalie, I'aqueduc , les deux moles. C'est ici qu'on voit rimmense changeinent survenu depuis I'epoque romaine ; jadis la mcr baignait le pied de la citadelle de I'esl; aujourdliui elle en est eloign^e de plus de 1,600 metres; oil etaient le port de Jules C6sar et le port d'Agrippa, sont maintenant des jardins et des lerres labourees. Les atterrissements des rivieres et d'autres causes encore ont anient ces changements (jui ont entierement modifi6 la situation de Fr^jus et son importance. Nous ne dirons rien de plus sur les monuments , bien que cette partie de I'ouvrage soit Iraitee a fond sous le rapport architectoniquc el sous le rappoit de I'histolre des louilles; mais nous louche- rons d'autres poinis qui liennent a I'histoire de Fr(^ius et a son etal physique. La position de Frejus ne fut ( 30/i ) pas oubli»ie lorsqiic Marseille, clevenuc colonii; inde- pendanle cl rlche, \oulut fondor des olablisscnienls sur la cole jusrju'au-dela du Var; c'^tait le chef-lieu des Oxybiens ; inais on ignore quel nom porta ce lieu avant Jules Cesar. Frejus joua un role important au lenips des Triumvirs , et fut lo tliealre de graves evene- menls trop connus pour elre retraces ici. Disons seule- ijient qu'Oclave ayant confie a Agrippa la defense de la cote des Gaulos, celui-ci fit creuser a Frejus un nou- veau port capable de recevoir une tres grande flotte, dont le mole et d'aulres parties subsislenl encore main- tenant. C'est au milieu des champs, dit M. Texier, qu'il faut chercher aujourd'hui les traces du jinrt. Lo grand mole, le phare et la citadelle du couchant sonl I'ou- vrage d'Agrippa; le nouveau port fut creuse de main d'horamo pour y faire arriver de grandes galeres; selon I'auteur, lo port de Jules Cesar resta affecte aux navires de commerce. La citadelle est encore parfaite- ment conservee. Les sables amonceles par la riviere, cl non la relraite de la mer par I'abaissement de son ni- veau , sont la cause de I'eloignement actuel des eaux; des exemples pareils abondcnt sur lout K: globe : Ra- senne.Oslie, Aigucs-Mortos, jadis de grands ports, sont niaintenant dans I'intdrieur des terms. La riviere d'Argent avail pris ce iiom a cause de la couleur blanche deses eaux. Le pont avail pris son nom de celui de la riviere; el on a des lettres de Ldpnlo a Ciceron dateps ex cast/is^ e.r ponfe nr^^cnfeo, M. Texier remarque que les moles qu'on observe ici , jetes au loin dans la mer pour en defcndrc rentrcie , pr6sentonl une disposition (pio les Romains avaienl generalemenl adopt»^e. ( :i05 ) Ijne ties ohservations ciirieiisos de raiitour snr Ics environs do Frejus ni^rilc cju'on la signale ici, Des marhres et des poipliyres d'unc belle qualite, qu'on trouve abondaminent parmi les monuments de Rome, et qui passent pour veiiir de I'Orient, se trouvenl aiix carrieres de Frejus : les Romains ont nais a profit ces carrieres beaucoup plus qu'on nc croyait. Avant de decrire les belles mati^res qu'on y irouve, I'auteur donne una desciipllon de la cliaine de monta- gnesprimordiales qui ferment le rivage de Nice a Saint- Tropez. Le mont Vinaigre est le point le plus eleve (1 329 metres). A une epoque anterieure il a ete bai- gne par la mer ; le sejour des eaux est prouvc par les debris marins. Le pays a subi d'autres revolutions par les feux volcaniques : les traces en sont evidentes , les coulees de laves sont venues former un promontoire an milieu de la mer. Les dd^bris des porpbyres, roul^s par les eaux , onl forme a cette epoque de superbes pou- dlngues, enlro autres la belle brfeche , dite univer- Kelle. Nous engageons le lecteur curicux a lire ces inte- ressants memoires sur I'un des sites les plus curieux de nos cotes meridionales. J — ». CARTE DU TESSIN PAR M. MICHAELLS. DESSIN DES CAT.TES (IROGRAl'tllQUES. M. Micbaelis, savant et babile dessinateur topogra- pbe, deja mentionne dans un des bulletins prec(^dents, vient d'envoyer a la Soci^te une carte gravee du canton du Tessin, qui est une nouvelle appliration de sa m6- IX. AVRIL l-T MAi. 7. 21 ( 306 j tliode pour exprimor les inontagiies. Cette in<^lhoile consiste piincipalemenl dans I'omplni des courbes horizonlales , mofli/iees artistiquement (1). La carte re- pr^sente le Tessin a une petite eclielle; et cependanl, inalgre le nombre dos details et la complication des formes du terrain , on y voit les accidents du sol rendus assez distinctement; par cette mtthode on parvient, dans le cas d'une petite eclielle, a ex])rimer les cimes et les differentes parties plus clairement qu'on ne pour- rait le faire par le moyen des hachures divorgentes; seion I'auteur, quelqiio varices que soient les formes de montagnes et de rochers, on peut reusslr, parson moyen , a rendre a la fois , et I'aspect g6n6ral de I'en- semble, et le caract^re propre des parties s^parees. Nous avons deja eu occasion , a propos de I'estima- ble travail de M. Michaelis sur lo Spliigcn (canton des Grisons), de faire deux observations : I'uue que la methocle des courbes borizontales ou courbes de ni- veau proprement dites est autre que ceJle dont il s'agit ici, laquelle substilue bien, aux lignes de plus grande penle , des lignes courbes plus ou moins concentii- ques ; mais celles ci ne sonl pas assujetties a la condi- tion geometrique bien connue; I'autre, que MM, Avril avaient concu et mis en pratique une id^e analogue, d'une raani^re Ires remarquable, dans une carte gra- vee pour la Soci^te de geologie (2) ; leur travail con- siste en |)ortions de courbes pen etendues, plus ou raoins paralldles , interrompues partout ou il le faut pour expriraer les vari6tes de formes , les accidents des rochers et les solutions de continuity. 11 n'en faut pas ( I ) Voir le Bulletin de la Society de G^o<]raf hie de jum l 845- (a) Ibid , lie Janvier 1846-. [>• 73. ( 307 ) moins f^liciter M. Michaelis pour sa persevt^rance, et aussi parce que ce nouvel exemple de carle orographi- que est superieur, pour Ja finesse d'ex^cutioii etl'liar- monie generalo, a la cart(' du Spliigen donnee pr^ce- demment. Ce n'est pas que le nierite de ces sortes de cartes piltoresques doive dispenser de recliercher la solution du difficile problome, qui consiste a exj)riiner, avec une exactitude geonietrique, la pente, le rcliel et les formes des montagnes (suppose qu'on puisse trouvor mieux que les courbes horizontales equidis- tantes) ; mais, en attendant, on doit encourager les habiles topograplies, graveurs et artistes, tels que M. Caplin, MM. Avril et M. Michaelis, qui sont venus a bout, a force d'art, de rendre par des traits varies, et d'une maniere satisfaisanle , la configuration des ter- rains en pays de montagne. La superiorite de la carte du Tessin . sur celle du passage du Spliigen, consiste surtoul en ce que I'auteur s'est abstenu cette fois de recourir aussi souvent a I'emploi des points, genre de travail qui donnait de la nioUesse a la gravure et olait de la puret^ a Teffet general, J — d. JOURNAL ASIATIQUE; DU NO.M DONNE A LA MKK UOLGE DANS LA BIBLE. On lit dans le Journal Jsiatique (1) une curieuse dis- sertation de M. Fresnel ?,uv\e schdii, planle aquatique qui nait abondamment aux bords du golfe Arabique, notaniment aux points ou aboutissent des nappes d'eau fluvialcs. On voit dans le lexte bt^breu de la Bible que (i) I'aris, 1848, ji ay/) i'l arjo. ( 308 ) la mer Rouge osl appelee \ aui-Soul, et, ilansia version copte faite siir cello des Septaiite, qu'elie est nommee Phi-yoni-en-sclinri , c'est-a-diic la iiior du Souf ct la mer dii schnii. Souf, en h^hrcu, est un mot gj^n^rique indiquatit les plantes fluviales ct inar(^cageuses , des joncs, des roseaux. Le samar, ou jonc, dont on fait au (-aire de belles naltes, vicnt dans la mer a Tor. II est ])robable que le sari de Theopliraste [Histor. plant.) est identique avec le schari des Egyptiens : la descrip- tion de Tbeopluasle et de Pline y conviennent hien. Selon Hesychlus, les Kgypliens appclaient sari un roseau de leur ])ays. En resume , M. Fresnel considere le schari conime Wlnuulo (I'grptiaca, et il y Irouve la raison du noni egyptien donne a la mer Rouu;e P/u-roi/i-cn-sc/uiri ( la mer du schari ou des roseaux). M. Fresnel remarque encore qu'une anse de la mer Rouge est appelee en arabs la baie des roseaux (^ghoubl)et el-bous). M. Fresnel n'admot pas que les algues, les incus, ct aulros plantes marines, aienl donne leur nom a la mer Rouge : on aura confondu ces plantes avec le roseau. M. de Sacy a considere le mot Soiif comme un nom propre; M. Peyron traduit schari par soleil d'Orient; Akerblad , adoplanl pour schari le sens de percnssio, entendail ce nom egyptien donne a la mer Rouge dans le sens de mer da desastre (des Egyptiens); mnis com- ment ceux-ci, dit M. Fresnel avec raison, auraienl-ils cux-mfimes dtornise la memoire d'un ^venement qui les huniiliail? Toute cette dissertation est diclee par une ingenieuse critique, et si elle ne tranche pas la question sur Torigine de Tappellalion du golfe Arahique (1), elle (l] V (^Uf^tioin efonden. Entre 61° et 62° de lat., le plateau s'approclie de la nature des Alpes, el torme les points les plus puissants et les plus eleves de la masse des montagnes lotunfjel- dene Hiirrnngemc , qui etendent des rameaux con- siderables de lest vers I'ouest; ceux-ci sembran- cbent sur le milieu et sur la partie meridionale du ( 311 ) pays, a travels la province d'Akershus [Kiistimiid), forment les grandes excavations fuir lesquelles s'ecoii- lent les fleuvps les plus impoiinnis tie In Norvegc , h travers la province de Bergen, vers la mer , onlre autres la remarquahle Lodalskaabe. Le plateau con- tinue ensuite , se divise du c6t6 septentrional de Snc- hdtlen, si connu par sa forme alpestre , entre 62" 20' de lat. et 27" de longitude, prend d'un cote vers le nord entre 26"-27" longit. en longeant la nier de I'ouest entre 28"-29", et de I'autre c6l6 vers Test entre 62"-63" de lat. jusqu'a 29" 30' de longit., il offre sur cette elendue des embranchements vers le sud-est, qui a leur lour forment les sommets alpestres , Ron- dene et les deux grandes excavations par lesquelles s'ecoulent les rivieres les plus considerables de la Nor- vege. Gloninien et Laitgeii, avec le lac Mjoseri, longent ensuite vers le nord les frontiores de la Suede des deux cotes. Les deux branches qui renferment la profonde excavation, forrnant le bassin du golfe de Tbrondhjem, se retmissent ensuite entre 6/i°-65" lat. sept. A compter do ce moment, le plateau le plus eleve occupe toute la largeur de la Norv^ge jusqu'a la province de 7*7//- iiHirkeii propreraent dite cn're 39" 40' de longil.; en- suite, du cote septentrional de Kautokeino, a 69° de lal. sept., et a Test de Altenfjord, a 70° lat., il s'eloigne de la mer, s'allonge vers Test jusqu'a Tanafjorden , ;"i 70" 30' de lat. et /i6° de longit., et s'abaisse pen a pen a Test vers le niveau de la mer. Ce plateau elev6 du pays se penche ainsi , dans la partie septentrionale , vers la mer Glaciale du nord, du 65" jusqu'au 58*" degre de lat., ;'i travers los pro- vinces (le Bergen el Rrisliansand , et s'abaisse vers la mer Atlantique et vers la inor du Nord. ( 312 ) Sur celle eteiidue, nous rencoutrous, loii},^eant ies cotes de la province de Bergen, une masse d'iles plus ou moins grandes, nommees Skjargaarden. dun ca- ract^re alpeslre tout jiarliculier, surtoul dans la parlie septenlrionale, formanl des rochers isoles et Ires sail- lanls. La partie sud-est de la province de Kristiansand, et une portion de la province de Krisliania du cote du golfe de Rristiania, vers le grand lac M/'oren , pcuvenl etre regardees comnie I'abaissement du plateau vers Krngeroe et Kattegat et generalement dans la direction sud-est cl la j^artie septenlrionale de la Suede, comme s'abaissant progressivement vers le golfe de Botnie. Le pays est ainsi rempli en grande partie de pla- teaux, de montagnes, de marais et de forets inhabita- bles, et n'offre priiicipalement des regions occupees que les fentes des montagnes, autour des bras de mer et les golfes ou dans les excavations plus ou moins imporlantes, autour des lacs et des lleuves. Les formations alluviennes et diluvienncs que j)r6- sentent certaines parties ne sont qu'insignifiantes en proportion des masses de montagnes du pays en ge- neral. II en resulle que la partie babitable , ainsi que la population, sont minimes relativement a I'etendue du pays. Ce fait est prouve par le tableau qu'on trouvera a la fin de cette description, et qui fixe la population, d'a- pres le dernier recensement ordonni par le gouver- nement en decembre 18/i5 et I'etendue determinee par I'auteur pour cliaque sous - prefecture , savoir : 1 328 /|7i ames sur 5825,21 lieues geographiques car- rees. Les quatre provinces meridionales formant, sous tons les rapports, la partie la plus importanle du pa ys, ( 313 ) n'out qu'une etendue de 7" de lat. siir 9 a 10° de lou- git., tandis que la province septentrionale Nordland et Finmarken , bien nioins importante, occupe 6° de lat, sur 10 a 20" de longit., sur une largeur de 2 a 3" seulemcnt. Si Ton etablissait les deux parties sur une meme echelle convcnable pour une carte gen»^rale, il resullerait que la partie septentrionale, dont le terri- toire, presque completement inbabitable , n'est pas encore ( a rexception des golfes ) determine d'une manlere niathematico - geodesique , occuperait une etendue considerable sans aucune utilile, et ne servirait qu'a augmenter considerablement la depense de gra- vure. Par suite des proprietes locales dc la parlie meri- dionale, les sous-prefectures (provinces) de Smaaleli- nene, larlsberg et Laurvik, moins irnporlantes en eten- due, renferment les parties les plus cultivees et les plus peuplees (conformenient au tableau n" 1-6); Tecbelle doit en etre etablie d'une maniere plus large que pour les autres sous-prefectures (provinces); cette echelle influerait, par consequent, sur I'ctendue a donner a la partie septentrionale. Guide par ces considerations dans la construction de cette carte de ma patrie, j'ai cru devoir la diviser en deux parties : la Non>ege septentrionale et la Norvege meridionale, en adoptant pour la premi^^re , comme Echelle ralionnelle (d'apres la grandeur d'une planche d'acier ordinaire ), , „q'„„^, et , pour la soconde , «-5u'uuuo' ^^ '^ veritable grandeur, c'est-a-dirc qu'une lieue g^ographique se trouve reduile a 2'" h"" et 1'" 6"". I-A NORVicE M^RIDIOiNALE. Celle parlie du royaunie n'occupant que 7" de lal. ( 3IA ) sur 9 a 10" do longil., j'iii tiouvt' suffisant, d'apr^s I'echelle que j';ii adoptee, d'en conslruire le reseau d'apres la projection dite coniqne. La lerre est consideree coniine une spliere parlaite dont le rajon est de 859,44 lieues !^eo;j;rapliiques ; le premier merldien, 0" est aForio; le meiidien inoyen, 35° a lest de Keiro, tombe sur la carte en dehors du cadro ; la latitude nioyenne supposee et le degre de latitude = 57 008 loises frangaises =111, MO", 66 = 9 837 lieues norv6giennes; par consequent 1 lieue g6o- gra()liique = 23 608 pieds norvegiens. Dans I'echelle que j'ai adoptee ( i.' do'uoon) '^^ ''' ^'''''' table grandeur, une lieue geographiquc est ile 2'" l\"", parall^le du milieu de la Norv^ge meridionalc, = 6l°!i ; r— septentrional, =65°; — meridional, =58°. Le rayon du parall. du milieu = 11 = 859, /j/i cot. 61°* = 466,6/1 lieues geogr. = 11' 0" 1'" 2"" d^cim. du parall. septentrion. = 9' 7" 7" 3"" — — — meridional = 12' 2" 5"' 1"" — (mesures norv6giennes ). Le degre du parallele = 15 cos, p. lieue geographiquc. Par consequent Le degre du parall. p(»ur 61 {" = 7 1 57 1. g. = 1 " 6'" 2"", — 65° = 6 339l.g. =1"4"'9"", — 58'' = 7y481.g. =1"8"'7"", ( mesures norvegiennes ). Cest d'apres C(;s donnecs que le r^scau de la carte u 6le construil ct la carte conibinee. Elle a (ite iaite, (piant au golfc de Rristiania et toute retendue des cotes, avec renihoucliuic des goHes plus ou moins importants, jusqu'au 64' degro de latitude seplentrionale , d'apres les anciennes carles marines ( 315 ) de la g^odesie norv^gienne , basees sur les observa- tions astronorniques et geodesiques et le m^ridien de Kongsviiiger a 29" liO' -43" a I'est de Ferrb et a 9° ZjO' 43" a Test de Paris. Le reste des cotes, dopuis le 64°, avec le golFe de Throndhjem jusqu'a la limite septentrionale de la carte d'apres la conlinualion des anciennes cartes ma- rines, conimencee par suite des arpentages fails depuis 1828. Ce nuuvel arpentage des cotes a pour base les deux points les plus rapproclies du nord de I'ancienne trian- gulation (voir le Iriangie indique sur la carle, par lignes ponctuees, a 63" Ixb' de lat. el 27° 12' de lon- gitude.) On a cependant trouv6 necessaire, quant a la deter mination de ces deux points, de devier des anciens calculs par lesquels le meridien de Rongsvinger a etc fixe a 29° liO' 24" a I'est de Ferro ou a 9° 40' 24" a Test de Paris, ce qui fait une difl^rence de 19", 7 a I'ouest d'avec les anciens calculs. C'est ainsi que la position geographique de ces deux points, lesltingen et Kopparen, a 6te exaclement deter- minde. Cette difference, insignifiante pour la precision des cartes marines, est sans aucune importance sur la carte g^n^rale. Quant a I'intf^rieur du pays, la moilie orientale de la province de Kristiania, enlre 59°-62° 30' de lat. et 28° -30° de longil. orient., compronanl les sous-pre- fectures (provinces) d'Akcrslius, Smaalehnene et He- demarken, ainsi que la partie de la province long^'ant la cote occidenlale du golfe de Kristiania avec les sous- prefectures (provinces) de larlsberg et de Laurvick, sent exiicut^es d'apres les cartes des sous-prefectures,' ( 310 ) qui sonl nalurollt'inonl l)asees siir Ic luericlieii tie Kongsvinger. Lors de la gravurc de cette carte, il n'v avail de termine que quelques parties speciales de la partie occidentale de la province de Krisliania ou la sous- prefectnre A'ristian. Plus tard, loute la sous-pr6fecturc. ainsi qu'unc partie de cclle du Ihtrlskciud rnrridiona/, ont ele levees. Les conibinaisons et intercalations sur la carte generale de toutes ces carles speciales sont toutefois Ir^s diiricilos, et coinme du reste on ne doit pas s'altendre h unc veritable precision mathemalico- g^ographique et a uii accord parfait avant que les cartes de sous-prefectures, conlinuecs par radniinis- tration, aient paru, j'ai dil, suivant les circonstances, nie contenter de changer et d'inlcrcaler seulcment certaines parlies. Quant aux autres portions du pays non levees, j'ai du employer les cartes niilitaires plus ou moins com- pletes deposees aux arcliives niilitaires, les cartes des frontieres delenninees par les trail^s et annex^es, les observations anciennes ou nouvelles de divers voya- geurs, ainsi que les renseignements que j'ai pu moi- meme recueillir, compares a la description lopogra- phique et statistique de Kraft, qui a paru par les soins du gouvernement. Le meridien de Krisliania, qui traverse Ic nouvel observatoire , est trace a une hauteur polaire de 59" 54' h'2" de lat. sept, et par 28° 23' 0" de longit. a Test de Ferro. D'apres les observations de hauteur faites a plusieurs reprises par diverses personnes, et qui ont beaucoup contribue a I'ex^cution de la topographic de cette carte, le relief relatif de la Norvegc meridionalc est ( 317 ) represent^ sur le cole^ orioiilal , cX lo relief nature! sur Ite c6t6 occidental de la carte, ainsi que les liniilcs de la neige, du bouleau et du ble d'apr^s la liauteur in- diqude. LA NORVliGE SEPTENTRIONALE. Le i*6seau mathematico-geographique de cette partie du royaume est construit d'apres les memes principes que celui de la partie rneridionale. Le premier meridien 0° est a Fcrrci; le ineridien 35' a Test de Ferro, est ^galement adopte pour cette partie comme meridien moyen. Le degre de latitude est pris sur une latitude moyenne =: 57 008 toises = 111, 410,66 metres = 9 837 lieues norvegiennes; par con- sequent une lieue geographique =: 23 608,8 pieds nor- vegiens , ou 24 000' (somme ronde). Dans I'cchelle TTooinnr ^^ ^"^ vraie grandeur, 1 lieue geographique = 1'" 6"" decimal (le pied norvegien partage en 10 par- ties egales). Parallele du milieu de la Norvege septen Irion. = 68°; — septentrional =: 71°; — meridional ^^ 58°. Le rayon du parall. du milieu rr: R = 859, M cot. 68° = 347 240 mil. g^ogr. =: 5' 4" 5'" 1""; — du parallele septentrional = h' 7" 4'" 5"" ; — du parallele meridional =:& \" b'" 7""-, Le degre du parallele = 15 cos. p. lieue geographique. Par consequent Le degr6 du parallele 68° = 5 61 9 1. geogr.=: 8'" 8"",2 ; — 71° = 4 883 1. geogr.= 7'" 6"",6 ; — 58° = 6 3391. geogr.= 9"'9"".3. C'est d'apres ces donnees que le reseau mathema- tico-geographique a ete construit et la carle comhinee. ( 318 J Elle a et^ ex^cul^e d'apros les carles marines nouvel- loment parucs, jiisqu'a la region do Tromsb , vers le 70" (le latitude septentrionale et les 36° -37° de longi- tude orientale , el, di'piiis, d'apres d'aulros cartes marines, qui, en ISZil -18Z|'2, ont 616 lerminees le long de toute la fronti^re septenlrionale, et bashes sur dos observations aslrononiiques et geodesiques faites par radminislration de Tarju'iitage geomelriquc. Pour oblenir un reseau corrcspondant aux cartes speciales ou la position sur le globe, dans ces regions polaires, on a dil calculer divers angles de lieues car- reos ;'• des longitudes et a des latitudes diffdrentes, el c'est d'apres ce travail que la partie septentrionale du pays, avec Vnrangenuvs^ a et6 adoptee enlre70"-7j° de lalitiido et Zi6°-49" de longitude. En suivant cette voie, je suis arrive a un rdsuilat qui a dil exciter mon attention, liohn ayant, comme on Ifi sail, plac6 Vadso a 70° 40'. J'ai done hesile ; mais consideranl que les observa- tions de cette 6poquo dans les regions polaires etaient faites avec des instruments moins perfoclionn^s, j'ai opte pour mes calculs, en combinant Varangema's Les observations posterieures, jusqua Allenfjorcl e\. Nordkap { k'i° • hti" ) longitude orientale, confirment mes calculs, et le temps decidera di finitivemenl jus- qu'a quel point il pourrail y avoir erreur dans les cal culs et dans la combinaison des parlies septentrionale el orientale, ou de Varangernces proprement dit. Du reste, la lopographie do I'interieur de cette carte est basee sur les cartes des t'ronti6res a\ec les traites a I'appui et sur les observations iaites de temps en temps par les voyagcurs, comparees aux diverses descriptions stalisticjues de la partie septentrionale du royaume. ( 319 ) En 18A3-184/i, pencl.-mt Ic bt-joiir que j'ai fait a Paris, aussi dans le but de faire comniencer la gravuro de ma carte, tous les golfcs, depuis le 05" jusqu'au 68' degre de latitude septentrionale, ont ete leves et reunis sur une carle d'une etendue inoindre que celle des carles marines proprement dites. Malgre les depenses considt^rablement augmentees, je n'ai done pas h^site un moment a donner une nouvelle (Edition rectifiee de la Norvege septentrionale, qui accompagne maintenant la partie m^ridionale, egalement lermin^e. Les m^ridiens de Kristiania et de Rongsvinger sont traces sur la carle pour qu'on puisse I'adapter a la partie m^ridionale. D'apres les observations de bauteursfaitesaplusieurs reprises par diverses personnes, dans les regions sep- tenlrionales, le relief de la Norvege septentrionale se Irouve represonte sur le ciote oriental et le relief na- turtl sur le cote occidental de la carte; les limites de la neige et tlu bouleau, d'apres la iiauteur indiquee. II est r6sulle des dernieres operations, ainsi que des changcmenls de juridictions pour toute la Norvege, et j)our chacune de ses parties, une etendue nouvelle; et comme il n'y a pas de calculs mathematiques approxi- matifs de la superficie de la Norvege, j ai entrepris ce travail en me basant sur celle nouvelle carte de ma patrie. Le resultat se irouve consigne dans le tableau ci-joint, avec un apergu de la population d'apres le dernier recensement fait en decembre J845 par les soins du gouvernement. ( :m ) LKS VILI.KS FT POIH S l)E MKR AVKC I. .\ POl'l- I.A I 10 N HE C 11 A OIK I, IKU. I. a. 3. 4- 5. 6. 8. 9- lO. 1 1. I 2. i3. ■ 4. If). ■ iG. '7- uS 19. '>(!. 7.1 . '22. ■23, ',4, Kii>tiauia . . Kerjjfii. . . . Tiondlijeiii. . Stav.Tii(;ei- . . l)i':iiMni( II . . Krisli^iiisanil. Ficdorikshald Kuiij;shei<;. . Moss Laiiivik . . . Skicii .... Ai< iidal . . . Ki'i>tian:'',(ind. Kraj';eroe . . FiodLTiksslad MaiKlil. . . . Toiisl)cr{^. . . Porsjjniiid. . Troniso . . . Oslcrrisoer. . Iloliiiesli and. Flckketjord . Hicdvik . . . Uiol)ak. . . . Ji 23 •4 81 8: 8: 5 4 4- 4' 31 700 25. 52q •26. 778 •'7 e.'jG 28. 37G 29- 349 •3o. 79'>- 3i. i36 32. 023 •33. oiu 34. 677 35. 562 •36. 1(53 •37. 740 •38. 710 •3c). 3o4 •40. 245 4'. 214 •42. 01 1 •43. 008 •44. -08 45. 610 •46. 455 47- 35o •48. Sarpslioij; 1 325 Kkersund 1 23l Svflvik I 201 Molde 1 i83 Aalesund 1 i57 Fahrsuiid 1 oyS Haiiififest 927 Grimstad 806 Sandefjord .... 794 Levanger 758 Lillchainmcr . . . 6g5 Laiifjesund .... 62^ Lillcsand 57 I Tveilestrand. . . . 4^- Aasfjaardslrand. . 444 Soon 396 Vad.so 388 So{;{;endal 348 Stalhelli' 3 19 Ilulnislio ■.'.93 I'lOilu 258 Holen IC19 \'ardi) 193 llirdsleeii loo Totaux : 161 875. * I'lii'K lie nicr. ( .VJI ) ,Sin»KTU'|(;ili 1»K L.\ iNOHVl^AiK IT I'Ol'l :L.\ IK )> I.K .'> I DKOKMBHK I 845. 1 i NOMS DES SOUS PREFECTURES 1 en U — 5 a: < a. LIEUES GEOGRAPH. CAKREES LIEUES CARREES NOHVEG. POPULATION. Districts. Villcs. TOTAL de la POPULAT i 1, .Smaalelinene 2. Akeislius 22 21 18 19 15 16 9 118 9 11 15 22 57 76.01 94,00 447.98 460,24 258,46 41.00 75,25 55,77 41,77 199,11 204 51 105.97 18,24 52.55 .59,768 75.684 87,118 102,055 71,115 52 .666 56,911 15.8,54 35.748 > (;!»5 12,805 10,404 1 1 .051 75.622 85,7.Vi 87,118 102,7 (1 85,918 65,070 47,945 5. Hf'irmai ken ♦. Rnslian 5. Buskeiu.l 6. larlsberg el Lanrvik. . , 7. Bralsberg, avec rarnm- 1 dissemeiit iiord de The- leniarkeD el Baiiible . , jTdtaux de la prefecluip ile Kristiauia { Bjal.sher" , avoc l^arrond. ouest de Thelemarken , 8. Nedenoes 9. Lister el Mandal 10. .SUivanger .Tolaui de la preiecliire de Ki istiaiisand ..,,.. 1451,(10 655.95 485,295 82.5581 567,855'! 198,52 2()7,8i 107.58 150.27 88,25 92.55 48,17 09,44 298,19 2'( 940 'r6,5-25 48,560 67,!i85 7,409 15,5.58 10,2-25 24.940 53 9-.-J, 61,918: 18,210 670,01 296,18 557.22 95,66 188.014 50,992 219,0fHi 11. Bergenhiis meridional . , 12. Berg.nhus sentetilriuiial. 1.5. Romsdal, aver rarroiuiis- setneat de^Simdmrter, . Tolaiix de la prefeclure de 21 21 10 151 65 U9 87 42.51 324,01 8fi,.59 1 16 .'15 186,45 95,460 77.978 28,775 2(10.211 23.5-29 1,157 116,989 77,978 29,95()' 224 8!i7 51,584 89.529 66 rp70 52 729,06 24.6S6 fl L'arrdndissenient Bonis dal el Ni)idniiier, . . . 14. Throndli|ini meridional . 15. Tliiiindhjem .septenlno- 14 18 16 194,85 529,77 419,52 47.058 7 4,. 551 65,812 4,540 14,778 758 Tolain de pieCi'ct. dc Ti ondli- jem I'otauX de la Nurvcgc nie'ii- dionale 48 944,14 419.59 187,401 19,882 207 285 1677.74 275 .5774,21 1,060,921 I,5S 0'l8 1 219 019 16, Nnrdland 17, Fiiimai kpD Totaux de pi efecl. deTromso. Tot;mx dc luiit le rny,iuiiie . 27 16 45 706,00 l.545,(M) 515,70 597,78 65,2;.4 40,419 2.58 5,5 9 65,.M2 45 958 2051,00 911, .5* 105,675 5,777 I(i9,450 518 lT3-28,47l 5825.21 2589,28 I,l(;6,:i96 161,875 Chari.e.s B Hoosein, Capitaine dn genie an service dc la Norvr-ge, Mcnilire cle I.-* .Soric'le fran^nisr de statistir|ne nnivfi ^(-llr A Pa. is. Tiondhimi. 1847. IX. WRII, K'r MAI, 22 :i22 ) DEI AIEME SECTION. ;%rleM »oric"te. KXTRAIT TIES I'ROCKS-VKRHArX F)ES SltANCKS. Ph^vsidknck dr M. Roux df. Rochki.ij'.. Seance dii 7 r^nvv/ 1868. Le proces-verbal de la clornifere seance est lu el adopts. M. Coulier 6crlt a la Societe pour rd'clamer conlre I'appreciation de son Atlas des phares et fanaux, faito dans le Bulletin du mois d'octobre 184". M. Coulier joint a sa lettre un exemplaire de sa des- cription gencrale des phares, parvenue aujourd'hui a sa huitieme edition. M. Jomard depose sur le bureau, de la part des au- teurs, les cartes el ouvrages suivanls : Carte du Tessin, par M. Michaelis; — Carte de la republiquc de la Nouvelle-Grenade, par M. le colonel Acosta ; — No- tice sur I'origine des Gallas ct sur un livro htUiopieti. par M. Beke ; — Rapport de M. Gaudlcliaiid sur la plante introduite en France par M. l.auiare-Picquol , sous le noni de Picqiiotianu. ( 3-23 ) M. Joruard est prie de rendre coinpte de la carte de M, le colonel Acosta. Le meine membre communique quelques details sur les decouverles archdologiques faites par M. Fon- tanier, consul de France a Singapour, et sur le projel d'un nouveau voyage au fleuve Blanc par ordre du vice-i'oi d'ligyple. Seance du 5 mai 18/i8. Le proces- verbal de la derni^re stance est lu et adopts. M. Alfred Camus 6crit a la Society pour lui adresser. une notice sur un bas-fonds decouvert par M. Riva- deneyra , dans le grand Ocean, en faisant la traversee de Guayaquil a I'Am^rique centrale; M. Camus an- nonce que ce voyageur est sur le point de repartir pour Montevideo, Buenos- Ayres, le Chili, la Bolivie , le Perou, les Ltats-Unis , le Mexique , la Californie; de continuer son voyage par I'liide et de revenir par la Perse ; il prie la Society d'agreer les oflVes de M. Ri- vadeneyra , et de lui remettre des instructions. La Commission centrale accepte ces olFres , et prie M. Daussy d'examiner la notice envoyee par M. Camus. M. le capitaine Roosen ecrit a la Soci^te pour lui offrir un exemplaire de sa carte de la Norvege, accom- pagn^e d'une description geographique. — M. de La Roquetle est prie d'en rendre compte. M. Jomard fait un rapport sur la carte de la Nou- velle-Grenade, oflFerte a la Society, dans une de ses der- nitres seances, par M. le colonel Acosta. — Renvoi au comit6 du Bulletin. M. Vivien de Saint-Martin lit deux notices envoveos ( 324 ) (le Saiut-P(^lersbouig a la Socicle par i\l. le prince Emmanuel deGalitz'm : I'une siiila (l(^lenuinalioii des cotes seplentrionales de la Siberie, par MM. \\ rangell et Anjou, dans leiir voyage de 1821 a 1823; I'autre, sur la ppclie de I'omoule dans la Sdlenga. — Ces do- cuments seront inseres au Bulletin. M. Jomard annonce que M. Prax, chargd par le mi- nistere d'une mission scientifique dans I'Afrique sep- tentrionale , est arrive a Tougourt, et que , de cetle ville , il a adrcsse , a la date de Janvier, une relation de son voyage avec une description de I'Ouad-Righ. II a d6termin6 la latitude par plusieurs hauteurs meri ■ dienncs , a 33° 6'. M. Prax a eu a se louer du cheykli Ben Djellab. Depuis , plusieurs officiers fran^ais out egalement visile Tougourt. Le m6me membre annonce que M. Lamare-Picquot vient de recevoir la mission de rapporter en France la graine de la plante appelee Picquotiana , plante dont ce voyageur a donn6 un ^chantillon a la Socicle, el qui sert d 'aliment auxindiens de I'Amdrique duNord. Seance du 19 mai 1848. Le proces-verbal de la derniere stance est lu et adopts. M. Jomard communique une notice de M. Fresnel sur le Waday, et les itin^raires entre ce pays et la cote d'Afrique. Le mfime membre donne , d'apr^s une leltre de M. d'Arnaud , la nouvelle du depart du Caire d'une mission compos^e de six missionnaires, accompagnes de r^v^que de Mauricastro. Cette mission est partie a la fin de I'annee dernifere pour le Soudan dans un but il la fois rrligieux el geograpbique. ( 3!>r> ) M. de Paravey fail uno comiiiuiiicalion verbalo sur quelques points de geographie et d'histoire nalurelle dii S.-E. de I'Asie , nolamnient sur les lies et le pays de Rmni des relations arabes du moyen age , nom qu'il croit pouvoir interpreter, d'aprfes I'hebreu et I'arabe , par lies et pays des Rhinoceros, qu'il identifie avec Sumatra et le Bengale. MEMBRE ADMIS DANS I.* SOClfexi;. M. Charles Ladoucette. OUVRAGES OFFEUTS A LA S0CI^Tl5. Seance du 7 avril. Par le ittinistere de rogriculture et du commerce : Do- cuments sur le commerce exl^rieur, n"' 398 a liQIi. Par M. le colonel Acosta : Carle de la republique de la Nouvelle-Grenade. Une feuille. Par M. Coutier : Description generale des phares ct fanaux, 8« edition. Paris, IS/iS, 1 vol. in-12. Par M. le docteur Beke : On the origin of the Gallas , broch. in-8°. — Remarks on the mats'hafa Tomar, on the Book of the Letter : an Elhiopic manuscript in the library of the University of Tubingen ; containing an account of a leller wich is said to have descended from heaven to St-Athanasius , broch. in-8°. Par M. Gaudichaud : Piapport fait a I'Acad^mie des sciences sur le Memoire de M. Lamare-Picquot . relalif a une nouvelle plante alimenlaire (la picquoliane), broch. in-/j°. ( 326 ) Par M. Frafic/s Lavallee : GaKnios biographiquos- hisloriquos de la Society de slatislique univorselle , uii cabier in -8°. Par les auteurs et editeurs Extraits des travaux de la Society d'agi'lculture de Rouen, cah. d'octobre 1847. — Bullelin de la Society g^ologique de France, un cahiei-. — Journal asiatique', fevrier. — Journal des missions dvangt^liques, mars. — Recueil de la Sociele polyteclinique, Janvier. — L'lnvestigateur, journal de rinslitut hislorique, mars. — Bulletin de I'lnstitu- trice , mars. Seanees des 5 et 19 niai. Par le ministere de r agriculture et du conmierce : Do- cuments sur le commerce exterieur, n°' 405 a 409. Par M. Carl Roosen , capitaine du genie au service de la Norvege : Carte geograpliique de la Norvege, en deux I'euilles, I'une comprenaut le nord et I'autre le sud de ce royaume, Paris, 1848. — Description geo- grapliique de la Norv(^ge. Un cahier manuscrit. Par M. Michaelis : Carte du canton du Tessin et des environs de Milan, une feuille. Par M. Ch. Texier : Memoires sur la ville et le port deFr^jus, Paris, 1847, 1 vol. in-4°. Par M. E. Combes : Voyage en Egypte et en Nubie, dans les deserts de Beyouda, des Bicharys et sur les cotes de la mer Rouge, accompagne d'une carte itin^- raire. Paris, 1846, 2 vol. in-8°. Par les aiiteurs et editeurs : Seances et travaux de I'Academie de Reims, n" 11 et 12 (ann(^o 1847-1848), — Bulletin de la Societdgeologique de France, 1 cahier. — Journal asiatique , mars. — Journal des missions t .V27 ) C'vangeliqufs, ;iviil. — Annales de la j)iopagation de la toi, mai. — Tlie Journal of ihe Indian archipelago and Eartern Asia, d^cembre 18Z|7. — Journal d'education populaire, Janvier et fevrier. — Bulletin special de llnstitulrico , avril. ERRATA. I'agc a4o, ligne i i . — An lieu sy, Vivien eriale. Lc procts-verbal de pose de la pre- miere picrre de ce monument y fut enferme dans une boite dc plomlj dont le metal avait etc enfoui duranl quatorze siecles sous les decombres d'une ville romainc dont il sera question plus loin. En 1809, lAl. Ladoucelte fut appele a la prel'eclure de la Roer : c'etait une recompense assuremenl blen meritee de ses briliants debuts adininistralils. A peine installe a Aix-]a-Clia[)elle, il s'occupa des nioyens d'a- mener I'extinction de la mendicite, un des tleaux de ces contrees. II reussit dans ses eil'orts, comme dans ceux qu'il avait diriges vers les diverses branches d'in- dustrle du pays; en nieme temps il oiivrail de nou- velles routes, elevait des digues contre le Rliin, et do- tait Cologne d'un port de surelt. A la fin dc 1813, cjuand le dejiarlement de la Roer fut envahi par les troupes etrangeres, M. Ladoucelle prit les dispositions les plus actives ot les j)liis energi- ques ])oin' arrelcr les progres de lennemi , et il ne quilla son posle que lorsqu'il ne I'ut reellenu-nt plus possible de s'y maintenir. II faillit meme elre enleve ( 35/1 ) [)i.\v les Russos, qui voulaient renvoyor en Siberie pour lo punir de Icur avoir si longtemps resists. A IV'poquo des Cent Jours, los hal)itanls des llaulcs- Alpes redemanderent Icur ancien pr^fet, et Napoleon, qui, revcnant de I'ile d'Elhe, avail rocu d'eux les prcuves d'une si vive sympalliie, venait de consentir a le lour rondre; niais la gravite des ev6nements dt^cida Tcnipereur a confier de preference a M. Ladoucetto la prelcclurc de la Moselle , donl les places fortes elaient menacces par les Prussiens. Celui-ci, des son arrivee a Metz, concerta les ineillcures mcsures avec le general Miollis, qui conimandail le dt!])arlement , el parvint a conserver a la France une des clefs de son Icrriloire. La seconde Reslauration vint clore la carriere admi- nistrative de M. Ladoucetle, lequel, renlre dans la vie priv6e, so livra des lors sans parlago a I'c^lude des sciences et des leltres el aux occupations agronomi- ques. (Vest au mili(>u de ces laborioux et utiles d^lasse- menls qu'il publia successivement plusieurs ouvrages, (jui se dislingucnl par un style clair, abondanl et facile. 11 donna, cntre autres, un volume de /tib/cs en vers, qui rappellenl le genre do bon La Fontaine; une co- medie spirituellc, intilulee He/i>efiiis a roiv ;un f^oyage eiiire Mease et R/iin, offrant une statistique exacle et delaillee des pays parcourus. 11 publia aussi quelques romaiis do mreurs, qui renfermcnl des apergus assez piquanls sur la Provence ct la Mosello. Mais I'ouvrage capital de M. Ladoucetle, cclui ilu moins qui se ral- tacbe cxclusivement a la geograpbie, el sur lequel je dois appcler plus parliculi^rcment voire altenlion, est ( 355 ) une Hist aire topogrnpliique et stntisti(^ue cles Hautes- Alpes, composition oii Fautcur a Ialss6 une preuve eclatanlc de la connaissance qu'il avait acquise des localltes, de leurs usages ot dc leurs diverscs res- sources. Le livre de M. Ladoucelte se divise en trois parties : la premiere donne I'lilstoire des Hautes-Alpes depuis les conquetes des Remains jusqu'a nos jours; la se- conde olTrc la description topographiquc des vallees aI)outissant aux cinq grands bassins formes paries ri- vieres qui coulent du (lane des njontagnes de ce pays; latroisieme, enfin , prescnte le tableau des mceurs et des idiomes des habitants. Le volume, dont la derni6re edition publiee a la fin de J 867 contient plus de luiit cents pages in-octavo, est accompagne d'un atlas ren- lermant la carle du deparlement el vingt-cinq autres planches relatives, pour la plupart, aux antiquit^s du pays, et notammenl a celles dc la ville romaine de Mons-Seleucus, dont M. Ladoucetle a Irouve et decrit rcuiplacement. L'auteur de la slatlslique des Ilaules Alpes debule par un coupd'ceil general sur rensemblegeographi([ue du deparlement, dont le territoire est forme d'un gi- gan'esque amas de monlagnes couronnees de glaciers et de neigcs eternelles; territoire qui oll're lous les as- pects, toutes les expositions el loutes les temperatures, avec des vallees arrosees ou plutot ravagees par des torrents. La se voient de sastes plateaux el de vastes plaines; plus loin, quelques forets et des rocs escai'pes, vieux ossemenls du monde ; enfin, parlout se montre aux yeux du voyageur cc qu'il y a dc plus varie el de plus monotone, de plus curieux et de moins attrayant, de plus imposant et de plus simple, de plus riche el ( 356 ) do plus pauMc, lie plus riaiil cl do plus liislo, ilo plus li()ri'il)li' I'l di' idiis l)cau. (i'obl done par excellenco lo pays dcs coiitrasles et le pins proprc a f6condcr Ics inspirations du poeto ol de I'arlisti'. On porte dans ce dopartemeiit la culture dcs terros jusqu'a pros de t! "200 metres au-dessus du niveau de la nicr : de la nne grando divcrsite dans les expositions, dans la force et la duree do la vegelalion et dans les pioductions du sol. Lo dopartcment, silue ])ar 23°, 24° longil. E. et /|5° lat. N., compte 132 584 liahitants, ot son Irrriloire ■-(' compose do 553 /|18 heclares. Dans la i^arlic liisloriqnc, M. Ladoucotlc rappelle que les Haules-Alpos furent la patric des Gaulois Ca- turiges, qui avaicnt pour ca|)italc Ebroditnuin (Eni- hrun), balie sur up. roclicr dont la Durance vient laver la base. Ce lorritoire etoit compris dans I'Allobrogic et la Gaule Ccltique, el c'est par les Hautes-Alpes et le inont Geiun'ie que passa le general carthaglnois An- nibal pour so rendre d'Espagne en Italic, vers I'an 219 avant I'ere chretienne. Aiiniiial so reposa deux jours sur le mont Genovre , alors convert do neige, car on ii\i\\i 7 ) francs et les rois d'Arlos , sous les tlauplnns ou piiiircs (111 DauphiniJ , el clepiiis lors juscjira leiii' reunion a la F'rance. Tous ces cliapitrcs sont bion ecril.s, j)leins d'interet et ne pouvant qu'exciter vivenienl Ja cii- liosile clii lecteur el do I'erudit. M. de Ladoucelle a Icrniine cetle preniiere parlie par quelqnes episodes sur les fails qui so rattaclient au premier consul et a I'einpereur. On \ voit (juc ce grand g6nie du si^cle avail pour noire confrere unc cstiuie toute particuliere, et qu'il avail garde pour les bons habitants des Hautes- Alpes un profond souvenir de son passage a travers leurs montagnes. L n sejour de six ans que j'ai fait dans le pays, de 1810 a iSiL\ ma mis en position de juger ^galement des services que M, de Ladoucelle a rendus a ce patriotique deparlcment, donl j'ai vu aussi I'enlhou- siasme inexprimable , lorsque rempereur le Iraversa en niars 1815 pour se rendre a Grenoble et a Lyon. J'ai, a cette occasion, romis Fannie derni^re a i\l. deLa- doucelte une note etendue, qu'il a bien voulu insurer dans son livre. La seconde partie du volume que j'analyse Iraile des cinq grands bassins des Hautcs-Alpes et des vallees qui apparliennent a chacun d'eux. On y remarque des descriptions interessanles , notammeul sur le monl Gent'ivre , dont le col allonge, dans un bouquet de melezes, donne, par une seule el menie source, nais- sance a la Doire qui va en Italie meler sese aux a celles du P6 , et a la Durance qui vient en France, au-dessous d'Avignon, joindrc les sicnnes a celles du Pdione. Le col du mont Genevre, eleve de "2 000 metres au-dessus du niveau de la mer, est regarde comme le meilleur de tous les grands passages [)ar ou Ton peul traverser les Alpes. (Vest la que .^1. de liadoiicotlc in.uigura, le ( 358 ) 1'2 aviil ISO/i, Tohdlisqiio donlnoiis avonsparkS et pres (luquel se troiivG une maison hospitali^re aveck village du mont Genevrc, peuple sculemcnl de 156 amcs. De Turin a Marseille, par le mont Gen6vre, on conipto a peine 91 licucs , el il y en a 100 par le col de Tendc ; comme encore de Turin a Grenoble par le mont Ge- nevrc il n'y a que 53 licucs , tandis que par le mont C^nis on en coniplc 7/i. La route du mont Genevro est done aussi la plus courte, en mSme lenips qu'clle csl la plus facile et la plus agreable pour aller de France en Piemont. En decrivant la vallee du Quejras, M. de Ladoucelte donne ^galomcnt ile curictix details sur le mnul f'isu cl sur le soutcrraiii qui de Test a I'ouesl , vers 2 AGO metres au-dcssus du niveau de la mer, a 6t6 pratique dans les flancs de ccttc montagnc sur uno longueur de 72 metres, une largeur de 2 metres 1/2 et uiie liauteur de 2 metres 5 centimetres. l)cs commentaleurs out attribue ce souterrain a Aniiibal; maisM. de Ladoucelte pense que I'honneur de ce liardi travail revient a un marquis de Saluces qui \ivail i'an 1 A80 de notre^re. II se pourrait neanmoins que ce passage, vulgaiiemont nomme la Percette , eut el6 perce par les Sarrazins un siecle auparavant , et a I'epoque on ils possadaienl des forts dans le pa\s. On Irouve encore, prfes de ce souterrain, un chomin que Franc^ois I" fit taillor dans le roc pour traverser ic col, en 1525, avec son artillerie, et se rendre a celtc Pavie, qui allait fetre si fu- nesle a ce monarque. On doit a M.de Ladoucelte d'avoir d6bla}6 et rendu de nouveau pralicable ce meme sou- terrain , bien quil ne serve plus dcpuis Jongtemps qu'aux pietons et aux mulcts des deux versants des Alpes; car la route du montGenevre a rendu inutile ce ( 359 ) passage, dont I'abord est d'ailleiirs assez dilTicile on du moins n'est pas sans faticjue. C'est dans la vallee tic Labalie mont Saleon (jue se trouvent les vestiges de la ville gallo-romainc do Mons Seleiicits, que nous avons d^ja citee. La , en I'an 353 de J.-C, fut livr^e une grande bataille entre les ge est regarde comnie souverain. Si la demande du futur n'est point agrece do la jeune fdle, ccUe-ci glisse dans la poclic du galant quelques grains d'avoine, et avoir recti /'avoine si^n'iCie etrc rebufe. Si un rival lui est pr^fer^, les jeunes amis de celui-ci vent prendre un arln'e haul de 1 0 a 1 6 metres, y atlachent des rubans et des devises, meme des oignons pour exciter les larmes de Tinfortune , et ils fixent I'arbre a sa porte , I'un deux lui cbante en outre quelques refrains piquants, et enfin on porte le mai chez le prefere, qui regale ses ami?. Si une (ille doit se marier dans un autre village que celul quelle babite , les garcons prcnnenl les amies, passenl plusieurs jours au cabaret , et obligent le futur a payer leur depcnse. Que les epoux traversent plu- sieiu's villages , a rciilree de cbacun la jeunosse les attend avec une table sur laquelle sont un verre de liqueur oil ils doivent hoire tons doux, et des noix confites qu'eux seuls doivent manger. Au moment de la benediction du mariago, si I'epoux n'a jias soin de placer vitc le genou sur la robe de sa fiancee, cclle-ci aura le commandement dans la maison , el il devra toujours lui obeir. r.i's Alpins des campap,nes soul encore Ire's supcrs- IX. iriN. 3. 25 ( 362 ) titieiix : ils croient encore, en beaucuup de lieux, aux loupsgarous, auxrevenanls et aux sorciers. A la Chan- deleur on Tail benir des cicrges dans les ^gliscs du Brianconnais , on les porte uUumds jusque dans les stables , et Ton Tail avec eux un signe de croix sur cba- que lit pour le preserver de mal^fices et protegcr les amours domesliques. Je nie hate de finir , messieurs, je n'ajoute plus qu'un mot, et ce mot regarde K s dialecles donl je n'ai rien dit encore. Lc celte fut probablcment la j)remi6re langue des Gaules,mais il aetd; leilementdenature dans lesHautes- Alpes, qu'a I'excejjtion de quelques expressions, il se- rait presque impossible de I'y reconnailre. Lorsquo les Romains curent conquis la Gaule , ils firent do leur langue celle des tribunaux, des emplois et des ecoles; de la se forma , au moycn age , i elie qui Tut nommee langue roinane ; elle fait encore le fonds des divers dia- lecles qui se parlent dans les Ilaules-Alpes. 11 s'v in- troduisit une infinite de mots ou tournures tudesques, apparlenant aux armees ou iribus eirantes qui, pour passer en Italie , Iraverserent cette contr^e et \ hiis- serent bon nombre de leurs soldats. Telle est a peu pres la substance du principal ou- vrage scienlifique do noire confrere ; c'est la du moins, nous I'avons cleja dit, son titre distinclif en qualito de membre de noire Society ; il est vrai que ce litre seul suflirait pour assurer a son auleur un long et glorieux souvenir. Je n'ai pas a parler de la vie parlementaire de M. Ladoucelle dans les seize annees qu'elle embrasse : commo depute de 1834 au 2h fevrier 1848, il demeura fidole a son mandal ; il avail .salu^, avec joie la re\olu- ( 3«i3 ) tion (le 1830, et sous la djiiastio de jiiillel, il ne ccssa de montrer la lumieie a ceux qui ne voulaicnt point la voir. II a de m6me accepte la revolution de fevrier, en liomme sincere et mod^r^ ; et quelle que fut pour lui la forme du gouvernenient, il la voulait a\ec les grands principes sanctionndss par les progres de la raison. Notre confrere s'est eteint sans souffrance, dans sa soixanle-seizi^me annee , laissant a sa veuve el a ses enfants un bel heritage de sagesse et de vertus privees, comme il laisse a ses nornbreux amis de legitimes et durables regrets. COPIE DES ORDRES DES LORDS COMMISSAIRES DE I.'AMUiAUTl':, TRAINS- MIS All CAPITAIAE SIR JAMES CLARK ROSS. ENVOvt POUR UNE EXP^.DITION A LA RECHliRCHE Dl CAPITAIIS'E SIK JOHN FRANKLIN. (Coiiiinuni(]uei' par M. D^tiKsy.) Le temps pour lequel les bailments de S. M, Erebus et Terror ont 6le pourvus de vivrcs se lerminant a la fin de cet et6, el aucune nouvelje de ces deux navires ne nous 6lant parvenue depuis leur entree dans le delroil de Lancastre en 18/i5, connne il y a quelques raisons de craindre qu'ils ne se soient trouves enferm^s dans des glaces immobiles , et que les equipages ne soient exposes bienlot aux plus grandes privations, nous avons juge convenable de chercber a leur porter du secours. ( 3()/j ) Avant (lonr orHonno df prt'-paror cl (rrfinipcr iloiix haliinenls Ao dimensions ronvenaMos et do les forli- fier dc manit'ie qu'ils pussenl rc^sislor a I'efTort dos places, et a\ ant la plus cnliere confiance dans voire hahilele el dans I'expencnce que voiis avez acquise do res mors, nous avons jugo convenable de les placer sous voire coniniandement. Vons etcs, en ronscquence, iinilt' a prenilre lo commandement de rKnterprizc, ayanl aussi sous vos ordrcs I' Investigator ( capitaine Bird) , ol a vous rcndre sans delai, aussllot que cos biiti- menls seronl on olal de prendre la mer, dans le delroit do Lancaslre. En vons portantvers I'ouest a travers ce dotroil, vous visiterc/ soigneusemont les deux cotes, ainsi que cdles du d^troit de Barrow, pour prendre connaissance de loules les marques qui auraienl pu y Ctre deposeos et de toules les indications qui ten- draient a jirouver (lu'eilcs auraient eld visiteos par I'un rles batiments de sir John Franklin. Si vous airivio/. do bonne licuro dans ces parages, ou que la douceur do la saison vous penuil d'elendro de suite voire exanien sur les coles du cbenal Wel- lington, cela vous laisserait una plus grande liberie pour vous livrer enlieretnent ensuite a vos recberches vers I'ouest. Les diverses interruptions de coles qui sont marquees sur nos cartes enlre les caps Clarence et Walker devront etre explorees soigneusemcnt ; el comme cbacun de vos batimcnls est pourvu d'une cbaloupe sur laquelle est iuslalld un petit j)ropulseur a bclice, capable de donner luie \ilesse de quatre a cinq nceuds, nous avons lieu d'esperer qu'avec leur aide ct celui dcscanols, toules les recborcbes preliminaires pourront etre laites pendant la saison actuelle, el par consequent avant qu'il suit necessaire dc cbercber un ( :565 ) lieu d'libii pom passer I'hiver en surele. Coinme il serait possible que I'hiver fiit asscz sevi^re pour clore entierement I'extremite ouest de cc vasle cUlroit, et qu'il ne serait pas prudent de se mettrc dans le cas que les deux batiments y fussent enfermes, nous pen- sons qu'il serait bon de clierclier dans les environs du cap Rennell un port convenable dans lequel I'l/westi- gator put 6tre en silrete pendant I'liiver. De ce point, une etendue considt^irable de cotes peutetre explorec a pied, et an prinlemps suivant des detacbenients peu- vent etre cnvoyes par le capitaine Bird, par-dcssus la Ejlace , pour visiter soigneusenient les creeks situes le long de la cote ouest de la Bootliie, jusqu'au cap Nirolai, tandis qu'un autre detachement pourrait se diriger vers le sud , pour determiner si I'espace blanc qui se trouve sur nos carles est rorni6 par une mer ouverle a travers laquelle sir John Franklin aurait pu l)asser, ou, au contraire, s'il est occupe par une chahie d'iles au milieu desquelles il aurait pu etre bloque. Aussilot que le retour de I'ete aura pu ouvrir un passage outre la terre et la masse de glace compacte, cc batiment, qui se trouvera plus a Test C[ue F Enter- prize, devra cnvoyer la chaloupe a vapeur au detroit de Lancaster, pour rejoindre les batiments baleiniers qui visitent ordinaircmenl vers cclte epoque la parlie ouest de la baie de Baffin, et par lesquels nous avons I'inlention de vous faire parvenir de nouvelles instruc- tions, et nous comptons reccvoir de vous un rapport sur vos operations. Pendant ce temps , VEnterprize devra diriger ses efforts vers I'ouest, et tacher d'atteindre Winter-Har- bour dans File Melville; on pourrait, si vous le jugiex convenable, se diriger vers la terre de Banks; mais, ( 366 ) dans Jes deux cas, vous devriez d^poser en un lieu, dont vous seriez convenu pr^c6deimnent avec le capilaine Bird, une note pour Jui fairo connaltre vos intentions futures. De celle station occidcnlale vous pourriez envoyer des detachements pour faire quelques excur- sions courtcs, mais tr6s utiles, avanl que la saison vous enl'ermat eiitieremenl, et aussi lorsque le prin- teinps revieudra. Ln de ces detachements pourrait suivre la cote dans la direction qui paraltrait avoir dii probablement etre suivie par sir John Franklin , el determiner en meme temjis la forme g^n^rale de la partie ouest de la terrc tie Banks. De co point on se dirigerait vers le cap Batliurst ou le cap Parry sur le continent : sur chacun de ces deux points, sir J. Ri- chardson a etc charge de d^poser des provisions pour I'usiige de I'expedilion. Le d^lachement envoys a cet clTet devra ensuite s'avancer jusqu'au fort Good-Hope, oil il Irouvera des instructions pour romonter la riviere Mackenzie, et revenir en Angleterrc par la voie ordi- naire des marchands. Un autre detachement explorera la cote orientale de la terre de Banks, et de la se portera de suite sur le cap Rrusenstern : 11 trouvcra en ce point ou au cap Hearne une cache de Peniican qui y aura ete plac^e par sir John Richardson. Les hommes ainsi envoyes se reuniront immediatc- ment a lui, ainsi que cela a et6 convenu entre vous, et se placant sous ses ordres, ils I'aideront dans I'exa- men qu'il fera des cotes des lies Victoria etWoUaston ; enfin, ils rcviendront avec lui en Angleterre par la route qu'il jugera eh'c la phis convenable. Comme il nous est impossible de prevoir toulcs les circonstancesdans lesquelles vous pourrez vous trouver. ( :^67 ) et toutes los dillicult^s que voiis lencontrercz, nous nous confions cntlerement dans votre habilele, alnsi que dansle zele de tous ceux qui sont places sous volro commandemcnt , vous ne devcz done coiisiderer cos instructions que comitie lo trace general de ce que • nous desirons que vous puissiez faire, etnon pas comme 6tant destinees a vous prescriie rigoureusenient la con- duite que vous devrez tenir, surtout lorscfu'apres do mures deliberations vous serez convaincu que le but que nous nous proposons specialemenl pourra etre atteint avec plus de certitude en adoptant un autre syst^me d'operations; et s'il plaisait a la Providence que vos efl'orts ne fussenl pas couronnes de succes, nous laissons entierement a votre jugeinent de decider quand et par quelle voie vous devrez revenir en An- gleterre aussitot que vous sercz convaincu d'avoir epuise tous les nioycns qui seraient en votre pouvoir. Dans le cas ou, par suite d'un accident irreparable arriv6 a f Enterprize, vous seriez oblig6 de I'aban- donner, vous etes autorise a prendre le connnande- ment de rinvesligator et a faire tous les arrangements n^cessaires pour les ofliciers el les equipages, en v(\us conformant, aulant que possible, aux regies d(; service et au but special de I'expedition. Si vous aviez le bonheur de rcjoindre rEiebns a Hot et portant le pavilion de sir John Franklin, vous de- vi'iez vous placer sous son commandemcnt; mais si ce batimcnt se trouvait hloque dans les glaces el dans I'impossibilite d'avancer, vous devriez conscrver le commandement de Texpedilion et prendre loules les mesures n^cessaires pour le salut el le retour de son equipage et de celui de la Terror. ( 3(58 ) Si, |iiir suilc tics o\eiioinenls, la Giande-Jiretagne so troLivait cntrain(^e a la guerre avec quelque puissance etrang^re pendant voire absence, vous devez vous abs- tenir dc tout acto quclconque d'hostilite a I'egard dcs batiniontS de celte puissance; car il est admis par toules les nations civilis^esque I'on doit consid^rcr les navires occup^s a des recberches de ce genre conune n'etant pas soumis aux lois de la guerre. Les deux batimonis places sous vos ordres ont et6 ampleuient pourvus de vivres et de tout ce qui peut contribucr au bicn-etrc des equipages ; nous vous recommandons sii6cialoment de veiller avant tout a leur silrete, a lour sante ot ;'i leur bien-etre, ccs considerations devant passer cii premiere ligne dans toutes les operations quo vous pourricz entrepreudrc ; lis ont et6 pourvus aussi d'un grand nonibre d'instrunients, dans lo but do ('aire toule espece d'observations, geograpbiques , hvdrograpbiques, magnetiques, et incleorologiques, dans ccs regions borcales si rarenient visit^es : vous trouvorcz ci-jointes les instructions qui onl ete donnees a sir Jobn Franklin, afin que vous puissiez continuer les menies travaux; quoiquc nous no regardions cos observations quo connno secondaires relativement au but jirincipal de I'expedilion , vous devrez neanmoins ne laisser (icbajiper auciinc occasion dc la rondre iivaiitageuse [)our I'avancement des sciences, cc qui osl un des principaux devoirs des nations. Dans I'ex^cution de ces ordres, vous saisirez toutos les occasions pour inrorinor notrc secretaire de vos travaux, dc vos progros , ct (\i' vos intentions pour la- vonir. Enfin , lorsque vous rovicndroz on Anglotcn-ro, vous dcuuuKleroz a loulos les porsonncs des deux ba- ( 369 ) llments de vous remellre loiis lours livres de loeli , journaux, carles ct dcssins, mais en les informant que tous ces documenls leur seront rcndus. Sig. Auckland. J.-V.-D. DuNDAS. 9 iiKii 1848. SIR L'ORIGINE DES SIAMOIS, Par M. J.-l! r.M.LEGOIX, i:ve(jiie de Mallos, Vicairc ajjostoliiiue de Siam. L'origine de plusieurs peuples est envelopp^e de te- nebres obscures et presque impenetrables. Aucun ecrivain, a ce que je pense , n'a fait connaitre claire- ment l'origine des Siamois; cependant je crois qu'on peut eclaircir ce point, du moins en partie , a I'aide de leurs annales et de leurs traditions. Le pays de Siam ayant ete boulcverse par de frequentes revolutions , pendant lesquelles on brulait tout, on d^truisait tout, il n'y a presque pas de monuments qui aient survecu a ces desastrcs. A peine peut-on trouver dans les mines des anciennes villes quelques pierres avec des inscrip- tions mutilees ou quelques plaques de metal avec des caracleres presque indechiflVables. Quant aux annales du pays, il y en a de deux sortes. l°Ph6ngsavadan muang niia, ou Annales des royaumes du nord, en trois pelils volumes; 2" PhbngsihcldankrungSiajuHiaja,ou Annales de Juthia , formant un ouvrage dc Irentc volumes. Celte hisloire, qui conlient la serie des rois siamois jusqu'u la ruinc de Jutliiu , parait assez digne foi ; { 370 ) niais elle n'oclaircit pas la qucslion du I'origiiio des Sianiois , puis qii'oUe commence a la fondalioii tie Jiilhia par le pliaja L liiong , I'annee 712 de I'ere sia- moise, ou 1351 de I'ere chretienne. II nous faul done recourir aux annales des royaumes du nord , (|iii pa- raissent tronquees, remplies de lacunes et labuleuses en plusieurs endroits. \ oici comment eiles commen- cent : En ce temps-la ii y avail deux Riisi (1) c^lehres , contemporains de Sommanakliodom qui, vovant leur posleiite so multiplier beaucoup , convoquerent avant leur mort les principaux de leurs descendants et leur commanderent de batir une ville forte pour s'y reunir et se metlre a I'abri des incursions ennemies. Ceux-ci batirent alors la ville de Sangkbdlok (la ville du Ciel), environ 400 ans avant I 'ere chretienne. Quelquosann^es apres, ils batirent trois autres villes , llaripunxai (dans le Laos), Phetxabun et Kftmpoxanakhon (dans le Gam- boge. II est dit que chacune de ces villes avait son roi , et tous ces j)etits rois, qui etaient parents, ve- curent en bonne harmonic I'espace de 500 ans sans se faire jamais la guerre. lis s'appelaient alors SajAm PrSthet, la nation des Ssjam ( d'ou vient le nom de Siam ) . Sajam est un mot bali qui signifie jaune , nom qu'ils prirent ou qui leur fut donne a cause de leur teint qui tire sur le jaune. L'hisloire des SSjam ou Sia- mois se Irouve cominc interrompue jusqu'a Ian /i07 de notre ere , oii il est rapporte qu'alors ils recon- naissaienl le roi du Gamboge pour leur suzerain et lui payaicnl le lrli)nl. A celte gpoque monla sur le trone (i) Les Ri'isi rtaient des p.eir* vivanl i!p raciiies et il'ijjiiames an mijieii de$ buis. ( 371 ) de Sangklialok un roi tres celebre nomine Phra : Ruang , qui secoua le joug du Gamboge et soumit a son empire tons les pays qui I'entouiaient depuis la Cliine jiisqu'a I'Aracan et I'Assam; il etablit un de ses fils roi de Xieng-Mai, dans le Laos. On dit meme que lempereur de Chine lui donna sa fille en manage. II eut un regne tres long et glorieux; ce ful lui qui etablit I'ere acluellc des Siamois, qui compte aujourd'liui 1210 ans. Ce fut sous le regne de son fils que fut batie la ville de Phitsaniilok, celebre dans les annates de Siam. II parall que ce t'ul depuis que les Sdjam eurent secoue le joug du Camboge qu'ils chang^rentleur nom en celui de Thai , qui signifie libre ; ceux etablis au Nord prirciit le noin de Thai jai (grands libres), et ceux au Midi Thai noi ( petits libres) ; les premiers se prevalant sans doute de leur anciennete. Depuis Phra: Ruang les Thai fonderent plusieurs viiles a I'Esl , a rOuest et au Midi, dans la partie superieure do la grande plaine de Siam , formant autant de petits Etats tantol en paix, tantot en guerre. Environ I'an 700 de I'ere dePhiarRuang (de notre ere 1339), la race des rois du Camboge s'elanl eteinte , un Thai puissant fut appele au trone du Camboge : mais quelques annees apres une paste horrible s'etant declaree , il prit le parti d'emigror avec tout son peuple, et I'an 712 (de noire ere 1351) il vint fonder la ville de Juthia. Tel est le resume des Irois volumes intitules Phongsitva- dan miiang niia, ou Annales des royaumes du nord; d'ou il me paralt facile de conclure que les Siamois sont primitivemenl d'oi'igine brame et que la marclic de cette nation a eu lieu du nord au midi. D'aillcurs leur langue qui a plus de la moitie des mols balis Ires ( 372 ] pen altcree, leuis iisa^^es riui oiil Uuil dr rapporl avec ceux des Indions du iiord-esl du Bengale , confmneut encore cettc opinion. Les premiers liabitanls de Siani sent a I'E. , les Tchongs ( Iribiis qui \ivcnt dans les monlagnes reculees de Chanthabun ) et les Cariens qui liabitcnl les montagnes pres de Rorat; a I'Ouest ce sent les Djokon mel6s aux Malais , les Cariens et les Lava qui bahitont la cbaine dc montagnes a rOccidcnt jusqu'aupres de Xieng Mai. ( ^-^-^ ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. FAlllAIT DES PROr.fcS-VEHliAUX DES STANCES, Pnj';SIDENCE DK M. ROUX np. ROCHELLK. Seance du '2 jiiin ISliS. Le proc^s-verl)al de la clerniere stance est lu et adopts. M. Pallcgoix, 6vequc dc Mallos, vicaire apostolique de Siam, ecrit de Bangkok, le 28 fevrier 1848, pour annoncer a la Societe qu'il s'occupe de I'impression d'une erammaire et d'un dictionnaire de la lantjue thai (siainoise), et qu'il espere pouvoir lui en adresser hicntot un excmplaire. M. Pallegoix joint a sa lettre une Notice siirrorigine des Siamois d'apres les sources indigenes. — Renvoi de cetle communication au Co- mity du Bulletin. M. le docleur Saltzbacher, pr^lat de la metropole de Vienne, r^cemment admis dans la Societe, adresse ses I'emercimenls a la Commission centrale , et jiromet de coop(!:rer a ses utiles travaux. MiM. Gabet et Hue, missionnaiies a|ioslo]i(|ues, com- ( ^"!i ) muniquent ji la Socit'te iine copie de la reclamalion qu'ils vicnnent d'adresser an gouvcrncmont IVanoals conlre roppression que Ic gouvcrnoment cliinois leur a fait subir dans le Thiljcl en I'annee 18/10. — Renvoi de ce document au coniile du Bullelin. M. Jonaard donne communication d'une lellre de M. le doclcui" Beke, annon^ant : 1° I'envoi prochain de son memoire surlestravaux des percsPaozet Lobe, traduit en francais; 2" la lecture d'un niereux, conimuniquc'es a la Societe de Geographie par M. Armand Maubvc, capitaine an lon{; cours •^S Lettre de M. Antoine d'AflBADiE, adressee a M. Daussy ... 97 Lettre de M. HoMMAiRE DF. Hell, adressee a M. PrtKssj. ... 119 Extrait d'une lettre de M. RlvADENEvnA a la Societe la-r Note sur les nouvelles de'couvertes du docieur Rae laq Analyse des ouvrages offerts a la Societe, par M. Daussy. . . iSa iMeinhre admis dans la Socie'te \^i iVleinoire justificatif en rehabilitation des peres Pierre Paez et Jerome ljobo,missionnaires en Abyssinie, en ce qui concernc leurs visiles a la source de TAbai ( le Nil) et a la cataracts d'Alata; par C. T. Bekb 1 ji Journal de voyage de M. Dyke au\ missions etablies dans I'A- rn(|Ue aiistrale, iiotatnrnent dans le pays des Koranas , do Hillapis, dc Kurdmaii, rtc ; .uialys<' p)r M. Aliiki; 1 -Mom k- ^loM 18G ( 3S2 ) Cavcinr ili: caiiiiil),)K:< ig3 Analyse lies ouvragcs offeiis a la Societe l<)4 Ouvrapes ofFcrls a la Socielu 207 Mcmoire jiislificilif, en reliabilitation des piiies Pierre Pai"/. el Jerome Lobo, iriissionnaires en Aljyssiiiie, en ce qui concenic lenrs virites a la source de I'Abai ( le Nil) ei a la cataraele (I'Alata; par CiiAni.Es T. Peke. (Suite et Hn ) 20«l Happori a la Socii'te ile Geo{;rapliie sur la carte de la Nouvelle- Grenade de M. le colonel Acosta ; par M. Jomahd .... 239 Notice sur le Wadav, par M. Fiif.ssel. Observation prelinii- naiie (J — d) •i!\t> Exirait d'une notice sur les caravaties du Waday, par M. I'lil- gence Fhesnei. . v./|G Nouvelle-Zeiande. Exlrait dune lettie adressce par le vicaire apostolique de la Mt'lanesieet de la .Slicronesie a rarclievequc de Chambery l:t^ Kxtrait d'une Icltre de M. Ritter a .M. Jonmrd a I'occasion de {"envoi de son ouvrajje sur I'Arabie i5- J)e 1 Observatoire de Wasbingtun et de la carte des vents et des courants, pid)li("e jiar le lieutenant Mauiiy (Jomaiid). . . . 3(Jo Kcoles iiautiques (J — n) 2(>(j De la pente du Nil Rianc ilejiuis le [f degrc de lalilude ju^qu'au confluent de Kbarloum et de la jusqu'a la nier (.loMAnn) . a68 Climat de I'Egypte. Du nondjre des jours de pluie (^Jomaiid). . 176 Reconstruction des villages de I'Egypie. (JExtrait d'une Ultre de M. d'AnykVM 378 Idole trouvi^e dans I'Alriquc ceulrale (J — ii) 28 t l.i-itic de M. Georges Sqcier a M. Jomard, president de la So- ciete de Geographic, sur les antiquites ame'ricaines et la Moii- lagne-Serpcnt de Rrusb-Cieek 28.i Destriplioii dun ancii n ouvr.ige a[)pLli: le Serpent, silue sur les bords de la riviere Brush-Creek, Etat de I'Obio. (Extrait.) 288 Analyse des ouvrages offerts a la Societe : — Voyage on Egypte, en Nubie, dans les deserts de lieyouda, des lUcharys, el sur les cotes de la mcr Rouge; pai Imimomi (jOMiiks, vice-consul dc France. — On ibc ori{;in of the Gallas, par Charles T. liicKt. — Remaiks on llic Mais' Mala Toniar, par Charles T. ISkki-.. — Mcmoirts sur la ville et ie port dc Fi<''|ns, pai M. Charles Tkxii.ii. — Caifc du Tcssin, par M. .MicinKLi.'i : Dcssin de» ( 383 )