\ $.ci3i -^.h^. BULLETIN DR LA r f SOGIETE DE GEOGRAPHIE. TOSIE X. COMPOSITION DU IJCRIiAlJ UE LA SOClfilt POUR 1855-1856. Presideni. Fice-Presiiients. Scrutalriii !. Secretaire. M. LtPEBv RE-DuRUFLE, seualeiir. MM. le general AuricB, seuateur. Pauliu Tai.abot. MM. le j;eneral Auvray. Vivien de Saint-Martik. M. CiOHl'AMBERT, COMPOSITIOM DU BUREAU DE LA COMMlbSION CENTKALL PODB 1855. President. M. Guighiact (dc riiistitui). Fice-Presidents. MM. d'Avezac et Jomard (de I'lustitul). Secretaire general. M. Alfred Maury. Secretaire adjoint. M. V.-A. Malte-Brun. Section de Correspoiidance. MM. A. d'Abbadie, corr. de I'lmtitut. MM. Lal'oud. general Aupick. Moriu. general Auvray. Noel desA^ergers, corr.de I'liist. Aie.x, Botmeau. Poulaiii de Bos^ay. Gustave d'Kiclilbal. Keuard. C" d'Esrayrac de Lauture. Vivien de Saiiit-Maitin. Section de Publication. MM. Albert-Monlemoul. Cortanibert. Dans.sy, iiieiiibre de I'Inslitiit. de Froberville. Jacobs. Lourniaiid. MM. Mauruy. Morel-Kalio. PieNosI (Constant), ni. de I'liist. V'* de Sautarem, corr. de I'lnst, Sediilot. Treniaux. &1M. Demersay. Oariiier. • Isaoibert. Section de Comptabilite MM De la Koquetle. Lel'ebvre-Durufle. Talabot. Archiviste-bibliotkecaire. Tresorier de la Societe. M. Meignen, notaire, rue Saiut-Hoiiore, 370. Membren adjoints. MM. A. Barbie du Socage. Kerd Ka!)r8. M. A. de Froidefonds des Farges. M. Nsirol. agent de la Societe, ru« Christine, 5. BULLETIN 1>R L\ SOCTETE DE GEOGRAPHIE n^DlGt PAR LA SECTION DE PUBLICATIOIN ET MM. ALFRED MALRY, SECRETAIRE GENERAL DE LA COMMISSION CENTRALE , ET v.- A. MALTE-BRLI\, SECRETAIRE ADJOINT. QUATRIEME SfiRIE. — TOME DlXlfeME. ANNtE 1856. JUILLET— UECEMBRE. PARIS, C II E Z A R T H II S B E !\ T U A [S P , L I B U . I R li D li LA S O C I ^ T i D i: G ^ 0 G li A P !H E , Kllli BAUTEl-EUlI-I.t, N" i I . 1865. LISTF, DES PRfiSinfiMS IIONOR.MRES W. \.\ SOClfixf: DEPUIS SON ORlGINi:. MM. Dc Lai-i.\ce. De Pastoret. De (".HArt\i:BRi»ND. CHADnOt. DF. Voi.vic. Becquf.y. Al.tX. DF. IIUMCOLDT. CnAURoi. DE Croisoi.. Geori^c's Cuvier. Hyde dk Nfuviixe. Due Jo n0UDF.AUVlr.I.E. J.-B. Eyries. MM. Le vioc-aiiiiral tie Ricxv. l.e conlreaiuiral Uomokt d'Urvii.i.e. Due Decazes. C" de Montai-ivet. De Barakte. Le {;eiici.Tl Pei.et. GnizoT. De Salvakdy. Tcpinier. De Las Casks. MM. VlI.I.KSI AIK. Clxin-Gridaine. L'amiral Roussiw. L'aiiiiral •,auxElats•ll^is. Lei'sius (Billiard), ;i Berlin. De Martius, a Munich. KtEi'ERT (Henri), a Weimar. pETERMANN (Aiigiislus), a Golha. LISTE DES COr.RESPONDANTS ETRANGERS QUI ONT OBTENU LA GRANDE MfiOAILLE. MM. MiW. Le capit. sir J. Franklin, a Londres. Le capilaine G. Back. Le capilaine Graaii, a Coponhnijiie. Le ra|>il. James Clark Boss, a Londies. Le capitniue sir John Ross, a Londres. .Le capilaine U. Mac-Ci.iirk, a Londres PHiis, Iinpriinfrio ili- L. MARTINET, rue Mignon, 2, BLLLETIN DE L\ SOGIETE DE GEOGRAPHIE. JUILLET 1855. Meiiioires, etc. SOUVENIRS DE VOYAGE. LNE VISITE CHEZ LES ARAUCANIENS, Aucieii elive de GiigDou, et direcleur ilc TEcoIc iiaticiuule d'agriculture, a Santiago du Chili. Premiere partie. Je viens vous entretenir d'une population sauvage, qui occupe iine partie du territoire compris sous le nom de r(5publique chilienne, et dont les moeurs et Jc commerce sont j:ieu connus meme ici, ce qui n'a pas empeclie les voyageurs des deux derniers siecles de raconter des merveilies sur leur civilisation. Ce sont les Jraucans ou Araucaniens. II y a un niois que j'etais encore au milieu d'eux ; je puis done vous en parler a bon cscient. Je me Irouvais dans la province d'Arauco dans unc ferme (liacicnda) du nom de Sanla-Fe, sur les fron- tieres du pays cliilicn, quand j'appris que ces Indiens devaient tenir inccssamment unc grande assembl(^e (Junta ou parlamento) a quinze lieues au sud, environ. pies (lu ruisseau le/JoK'/Vo. — (lolail l'«^po(|ue ordinaire dosj'iiufns. lesqucUessc lieniioiil creiioraloniont an piin • temps, an moment 01*1 sortanl do la saison pluvieiiso pendant laquelle ies relations conomerciales sont res- tees 6'jspendues, Ies populations espagnole et indienne reprennenl a\ec une nouvelle activitd; lenrs ^changes, et parcourent reciproquement leur territoire, dans ce but. Cos jnntds, loujours presidees par un chef ou cacique, reunissenl un nomhre plus du moins consi- derable de guerriers des difTdrentes Iribus amies qui vivent sous la m^uae loi. Quand elles out pour objet la ra|)inc ou la guerre, elles sont secretes, el Ies hom- mes \ viennent en armes; quand au contraire elles onl un but pacifique, ce qui arrive le pbis souvent aujourd'hui, elles sonl officielles et publiques, et le gouvernemenl chilien en est averti au moyen de cour- riers qu'envoie le cacique, chef du parlamento, aux dilTerentes autorites voisines et parliculi^rement a I'inlendance de la province d'^rauco dont le siege est a Los Jngeles. Dans ce cas, Ics hommes ne sont pas amies ou du moiiis ils ne le sont pas pour le combat. La solennile indienne a laquelle je me proposais d'assister renlrait dans cette derniere cal^gorie ; elle de\ail etrc pr6sid(^e par le cacique Manil (1), dont la reputation est grande parmi los tribus (lui occupenl cette parlie de TAraucauie connue sous le nom (Vile du Bergara, territoire resserr^ entre la riviere Biobio, celle du Bergara et la Cordillifere. — Manil commande consequemuient a ties milliers de gue.rriers dont une partie avait et6 convoqu^e vers le milieu de novembre sur li's bords du Ronaico. (1) I'rononri'z Maqnil. ( 7 ) Accompagiie duti doiu«3sli(|ue ctd uiie uiule cliai'mio d'un lil de voyage, que m'avait procures inon aimablo et excellent hole, M. Anibal Pinto, fils du general de ce nom qui fut president de la Republique, je partis de Santa-Fe vers I'apres-midi, je traversai le Biobio dans un bac, puis une fois dans I'ile du Bergara , nialgre un vent violent qui soulevait avec lui des nuages de sable, j'arrivai rapidemen^ a Negrete, point fron- tiere occupe par 25 bomuies de troupes. — La, je me joignis a un p^re missionnaire resident a Nacimiento, qui se rendait egalement a la junta, et qui convoqu6 comme toujours en semblable occasion, irj'a\ait obii- geamment donn6 rendez-vous pour faire route de conserve, offre que j'avals acceptee avec empressement, sachant combien ces pretres sont respectes des Indiens, et certain d'avoir en lui un bon guide et un protec- teur assure en cas de besoin. — De Negrete, nous nous rendtmes a Malven, point le plus avance qu'occupent les missionnaires de ce cote de I'Araucanie, et oil je trouvai un second pretre dependant de celui qui ui'avait accompagne. Line miserable cabane de terre, telle est la demeure de cet apoire devout de la foi ihretienne; plus de conforlable lui est interdit i ar les Indiens qui craignent avec raison qu'un toit en tuiles ne soil I'indice d'un etablissement fixe, et d'un enipietement sur Ifur territoire. C'est assez tlire que le s^jour de ce missionnaire, a Malven, est une pure concession du cacique donl hi tribu occupe ce territoire et qui pent le cong^dier du jour au 1( ndemain. Les Indiens loutefois onl interfit a le conserver, car lis se rendont en t'oule a sa cabane pour lui demandor des remedes consistanl en berbes du ( 8) pays, ou en drogues dc pharmacie. Nous couchaines a Mahen d'oii nous rcporllmes le lendemain dc bonne heuie avec uu interprete et une troupe de 20 cu 25 Espagnols, cullivaleurs elablis dans les environs, grace au bon vouloir des Araucaniens, et nous nous avanrames au mdleu dun pajsprivede cheminsfray^s, presque enliereinent dobois6, accidentia, et sans autre vegetation que celle des palurages.qui ysont fort abon- dants. Souvenl derriere quelque repli du terrain, on apercoit un bosquet d'arbres, une case d'Indiens, puis dans la campagnc, des bestiaux, en fort bon etal, gardes par les enfants des indigenes; niais on n'y rencontre aucun terrain laboure et cullive, et quand on a depasse les frontieres espognoles, on ne voit de ble nolle part. Nous suivions une direction parallfele a la Cordilliere, el arrives a un certain point, nous aper^umes a la fois et distinctement les deux volcans les plus beaux de la cbalne du Chili, ceux A'Aittuco et Sillarica; ce dernier, presque eloint aujourd'bui, est eloigne du premier d'environ 50 ou 60 lieues, et on le d^couvre de fort loin jusqua sa base, a vaison de son isolement coiuplet. 11 prescnte a I'ceil I'aspecl d'un cone exlrfi- mement 6leve formanl pic et constaninient convert de neige. Le volcan d'Antuco, dont la derni^re et ter- rible eruption s'est produile il y a deux ans, ne laisse voir de loin que son sonimet, car une grande partie de sa base conique se trouve cacli^e par un premier chainon de monlagnes qui pour la plupart, sont sorties de ses enlraillos. Nous avions fait environ 3 lieues, quand deux Indiens a cheval arrivLienl sur nous au grand galop; c'etaient des courriers de Mafiil qui jioussaicnt une reconnais- ( ^ ) sance et qui nous engagerenl a nous hater. D^ja plu- sieurs autres s'elaient joints a noire petite troupe, se dirigeant egalement vers le lieu de la jantd. Qiielques- uns d'cntre eux porlaicnt des banderoles blanches flottant a Textremil^ de longs hambous qui croissent dans le pays et qu'on appellc co/tgue (1). L'un des notres portait Egalement un drapeau , inais celui-ci ctanl rouge et blanc, cela donna lieu de la part des envoyes du cacique a quelques observations, parce que le rouge dans la banderole etant pour eux un emblfeme de guerre, ils ne trouvaient pas convenable de mon- trer cette couleur dans une assemblee (jui n'avait que des intentions pacifiques. Nous fimes droit a leurs reclamations, niais je remarquai bienlot que s'ils repoussaient le rouge dans un drapeau coinme en- blerae de guerre, ils I'acceplaient volontiers dans les etoffes dont ils etaient couverls, et, en efl'et, une demi- heure apr^s, nous apercumes de loin le lieu de la Junta, occupe deja par une grande quantile d'Indiens, dont I'aspect efait fori singulier, cardans cette reunion d'homnies a cheval , dominait le rouge et ensuite le blanc. Les caciques nous apercurent sans doute, puis- que aussilot, deux hommcs se d^tachferent de la masse, par ordre superieur, et arriverent rapidement sur nous en brandissant leur sabre. Nous nous arre- tames pour ecouter leur message qui nous fut Iransmis par notre inlerprete. lis venaient nous recevoir ofli- ciellement, et apres les saluls d'usage, ils firent quel- ques demandes sur la composition de notre troupe, sur I'etal des choses chez les Guineas (2), e'est-a-dire (l) I'rononcez collgouet. {ij Prononce/. Ouinncas. { '0) clii'z li.'S I'ispai^iiols. II (.11 resiilUi i;ii colloque (jue je poiirrais a [)eu pies resumer en ces mots : — Y a-l-il till nouveau de I'aiilre c6[& du Biobio ? Est-on tranquille chez voiis? — Parlaitomcnt tranquilk', rien dc nouveau; lout est calme. — El il n'y a pas d'etrangers parmi vous ? ce sonl Ions des amis, dos voisins qui vous accompagnenl? — Oui, saul uu coballero. — Et qui est ce monsieur? dOu \ient-il? pourquoi vient-il ? — II est de Saiiliogo. II est veiiu xoir l;i jttnta et saluer MaiVil ; c'est un ami. C'elait de irjoi (|u'il s'agissait. Les courriers s'elaient bien aper^us qui! se tiouvail au milieu de noire bande uiic figure nouvelle, un inciumu , un etranger. Mais on ni'a\ail recommand6de ne pas dire que j'elais d'lm pays situ6 do I'autre cole de la nier, le qui eiil et6 a leurs yeux une niauvaise reccmimandation ; tandis qu'elant de Sunliago, j'^tais Clulien, et cons6quem- inenl je n't^lais pas leur enmmi mortel. Les deux peres missionnaires avaient fait eux-m^raes ma re- ponse, et je reslai sous leur protection. Nous lour demandames, a notre tour, des nouvelles de la junta el de iMafiil. lis repondirent que beaucoup des leurs elaieiit deja r(5unis; qui- Maiiil s'y trouvait; (|u'il nous atti ndait et qu'ils alhuenl nous conduire. En effet, niaichant a noire tete comme des guides, ils nous men^renl rapidement jusqu'a une dislancc d'environ 100 metres du cenlre de reunion. L'emplaoemenl de la junta avail 6te cboisi dans une sorle de petite valine siluee enlre les onduiations du terrain, au milieu de ( li ) JaqiieJIe courait le lioiiaico, et qui ii'oilVait pour tout abri (ju'un pellt liosquet d'arhres, point central de la convocation , prepare pour recpvoir les femuies in- fliennes, et divis^ dans ce bul en divers compartinienls recouverts de rameaux et de feuillages. II 6lait environ midi; le soleil etait ardent, etie vent qui souffle gene- ralement du sud avee violence dans ces regions, avait cess^. Apres un moment d'allente, deux nouveaux courriers, I'un vetii de bUinc et I'autre de rouge, vin- renl a nous, faisant le salut d'usage el nous repelant de nouveau les demandes que les deux autres nous avaient pr^cedemment adressees; ils nous donnerent enuite les instructions relatives au ceremonial auquel nous etions obliges vis-a- vis de la junta el de son chef. Tout a coup les deux envoyes brandissant leur saijre, avec des hurrahs bruyants, s'elanc^renl au grand galop en nous faisanl signe de les suivre; ce que nous times accompagn^s d'un certain nombre d'Indiens qui pous- saient des cris affreux en tournant autour du bosquet. Un tourbillon de poussiere nous enveloppe bientot de toutes parts, notre troupe perd son ordre de bataille; quelques chevaux effrayes font des ecarts subits ou se cabrenl; I'un perd sa cravache, I'autre ne trouve plus ia place de ses otriers ; au bout de dix minutes j'aper- ?us enlin les deux peres missionnaires qui s'elaienl retires de ia cavalcade en s'approchant du bosquet (les Indionnes , et je m'empressai d'en faire autant; exemple que suivirent beaucoup des notres, laissant les sauvages achevcr leur ceremonial et ex^cuter ainsi plus d'unc (len)i-douzaine di' lours, lis nous laisserent alors en repos, et nous en profitauies, les deux p^res et rnoi, pour aller nous ^tendre sur nos> [)onclios et nos ( 12 ) peaux de inoulon, dans un des abris de fcuillage (jui nous avail ol6 reservd dans Ic liou munic ou sc trou- vaienl reunis qucKjiies represenlanls de la plus belle inoltie du genre indien, fuisanl la cuisine et soignant leurs nourrissons, Mais en apjielanl le sommeil, nous avions comptc sans la fumce de loules les cuisines qui nous entouraienl, les oris des cnfanls el les aboiomcnts des chiens qui accompagnaient les hurrahs des In- diens. Nous elions d'ailleurs exposes a une poussi^rc affreuse, et a une chaleur sufTocanlc ; pour comblc de nialhcur, on nous avertit que les Indiens venaient nous rendre noire salut, cl se preparaiont a cxeculer en noire honneur une cavalcade semblable a celle que je viens de decrire. Nous nous Icvanies par conveuance, et bientot retenlirent des oris assourdissants, et s'ele- vercnt des nuages de pousslere qui enveloppLrcnt cavaliers el speclaleurs ; c'elait une confusion in- croyable. Les coslumes des sauvages elaient des plus varies ; on voyail de vieux chapeaux tromblons, des casqueltes antiques, des schakos d'ofllciers, de simples mouchoirs de couleur attaches en corde aulour de la lete; puis de vieux fracs bleus avec boutons jaunes, des blouses blanches, des jaquettes de loule couleur, quelques ponchos, et surtout de grands morceaux de drap garance jeles sur I'epaule el flottant au vent. Quelques-uns avaient des panlalons; beaucoup por- taicnt de grandes guetres ; les souliers et les botles etaient raros; d'aulres «^laient chausses d'une peau de mouton prtiparee ayanl la forme de ces antiques chausses que portaient nos chevaliers dans les lour- nois. Enlin le plus grand nombre avaient la janibc et le pied nus, avec ou sans eperons. Tout ce cortege ( 13 ) bariole, d'un aspect vraiinent sau\age, passait el re- j)assail clevant nus yeux avec rapidite, et I'examen que je chercliais a en faire, ne pouvait avoir lieu qu'avec peine, aveugl^ que j'elais par une poussiere ^paisse. Cetle seconde representation dura environ une denii-heure, puis tout se calma, relativement au moins, et nous rentramesdans notre tenia de feuillage. Je pus me livrer alors plus tranquillement a mes observations. Beaucoup d'Indiens venaienl visiter les deux peres missionnaires ; d'aulres s'approcbaient, comptant re- cevoirquelques cigarettes ou quelques rasades de vin ou d'eau -de-vie. La pluparl des pbysionomies portaient un cacliet de sauvagerie parfailement caract^rise. line taille petite, un corps ramasse, une cbair fortement brunie, des traits grossiers, les yeux petils, le nez large, epat6 , les pommettes saillantes, les levres epaisses, le front Ires bas, la figure plate et arrondie. Tels sont les Araucaniens. Quelque cbose de bestial ressortait de cet ensemble. Presque tous avaient les cheveux ras^s en cercle sur lout le sommet de la tete; le reste de la chevelure, noire et ^paisse, formait une espece de couronne flottanle qui lombait sur leurs epaules. Les eperons qui garnissaient leurs pieds nus etaient allacbes par une courroie sur le cou-de-pied. Quelqucs-uns, les cbefs sans doute, en avaient d'argent et ornement^s ; et ccs ficrs caciques qui estimaient la civilisation lout juste assez pour endosser ses vieux oripeaux donnaient a leur cerernonie le cacliet d'uue immense arlequinade. A cet egard I'lndien vulgaire ra'inleressait infiniment davantage, c'dlait bien le sau- vage que je reconnaissais en lui, le veritable sam>age ( u ) envelopp^ jusqn'aux genoiix d'un calaiiuiko , eloll'e brune rayii; qu'il fal>rique lul-m6me avec la laiiie de ses Iroiipeaux, el qui I'enlace comiiie le lange d'un enfant an maillot; los <^paules couvertes tl'une nianle de diap de coulcur eclatanir, Ics pieds nus ou ihausses de jM-au de luoulon, la I6le ceinte (I'uiie corde ou d'un luouchoir, la lij^ure peinle de rouge el de hleu, et les cheveux flottant au grand galop de son clieval. Les couleurs employees par les Araucaniens pour se teindre diflerenles parlies du visage leur sonl gen«i- ralemenl fournies par des especes de terres bolaires plus ou nioins ocreuses, et qui leur donnenl le rouge el le bleu. Quelquefois, c'est une balalre qui part de la bouclie ou du nez pour se prolonger jusqu'aux lempes, d'auties fois, le front, Ic tour des yeux, les sourcils, les poiiunettes offrent le melange arbitraire fiantes. Notre limite est ie Biobio. II faudra que » ious aillent la reprendre, sinon immediatement, au V nioins apr^s la rccolte ; qu'ils prennenl leurs dis- 7) positions en consequence. Le pere, quoique nous » I'aimions beaucoup, fera bien de quitter aussi notre » territoire, car nous ne voulons pas qu'il lui arrive )) nialheur, » Manil faisail cnsuite allusion a I'absence complete dc representants du gouvernement cliilien, que I'inlendant de la province avait cru ne pas devoir y envoyer, contrairement a ce qui avait lieu les annees pr^cedentes, elprenant ce fait comme une marque de dispositions liostiles, il ajoutail : a Les Espagiiols doiven t » savoir que nous somines prfels a lout. S'ils onl a » leur disposition des fusils, des sabres et des canons, » nous, nous avons nos lances, et cela suliit j)our lais- » ser des cadavres sur le terrain. Qu'on se rappellc a » Los Jnge/es que nous nous levons avant le soleil, )) et entiagez les E^>pagnols a ne pas rester Irop long- » temps au lit. » ( ^^ ) Ainsi, la junta avail presque fini par un appel aux armes, ou du moins par un defi jetd de I'autre cot^ de la riviere. Cependant, Manil regreltant bientot des mo- tions si belliqueuses, ou plutot, a aion avis, agissant en fin politique vis-a-vis de ses sujels comme vis-a-vis du gouveroemenl chilien, envoya deux jours apres un message de paix al'intendant de la province d'Arauco. Apr^s avoir d^cril la ceremonie a laquelle j'ai assisle, je vais faire connaitre les mcEurs des indigenes d'une maniere plus complete, d'apr^s ce que j'ai nu recueil- lir, soit par moi-meme, soil de la bouche des mission- naires qui m'accompagnaient. Les Indiens de I'Araucanie se divisent generalement en tribus amies ou ennemies, donl le territoire a presque toujours des limiles naturelles, Chaque Iribu a pour chef un Indien reconnu superieur par sa bra- voure, son intelligence, son eloquence. Celui-ci com- mando en mailre; il s'occupe des int^rets generaux de la tribu, il convoque, il achele, il vend, etc. II est generalement choisi parmi les plus riches. Sa puis- sance pourtant n'est pas a I'abri des orages : si les siens ne sont pas salisfaits de la maniere dont il admi- nistre leurs affaires, ils se revoltent, I'assassinent quel- quefois et en nomment un autre a sa place. La ricbesse unique ou presque unique des Indiens consisle en besliaux. lis en ont beaucoup et de Ires beaux. II serait mfime difficile d'en trouver de plus gras que ceux des Pehuenches ; mais ils ne cultivent pas la terre. II paraltrait, toutefois, que Ton rencontre quel- ques champs de cereales dans I'inl^rieur du pays et surtout vers les bords de la riviere l^ltnperial. II est probable que cette initiative est due a I'influeuce du ( 2/1 ) sanp; eiirop6en, car les Hollandais, c'est iin fail a pou |m6s aveie, ont cl)erclio a coloniser le bassin dc I'lm- p(5i-ial, nil ils ont sans doiilo donn6 naissance a line race croisee conniic sous Ic nom de Borons, ce qui cxplititierait comment on renconlre dans cetle paiiie de I'Araucanie des lypes enlierement differenls du type indien, des figures agreables, donees, d'nne carnalion blanche et ayant la cheveluro blonde, ainsi que uie I'assurait Tun des niissionnaircs. Du rcste, les Espa- gnols, du temps de la conquSle, avaient I'onde vers rembouchure de I'lmpeiial une villo qui ful detruile avec cinq ou six aulres, a la suite d'une violente irruption des Indiens. Les tribus ou reunions de tribus connues gent^rale- menl sous des denominations distinctes, sonl celles dont les limites sont lo plus nettement trancbees. Ainsi, celles qui occupent I'inl^rleur de la Cordilliere a la liauteur du volcan (V Antiico et plus au sud, sonl connues sous le nom de Pehuenches. Leur principale communication avec la plaine a lieu par la vallee de \i\lMJa dans laquelle il faul traverser, pendant I'espace d'une lieue environ, les scories du volcan, dont une grande partie encore en combustion aujourd'hui par suite de la decomposition des sulfures de fer, provient de la derni^re et immense eruption (jui cut lieu il y a deux ans. line journee et demie de voyage dans la chalne est n^cessaiio pour arriver jusque sur le lerri- toiri! de ces tribus. Les ViiUches occupenl la Cordilliere veis la hauteur de Villa-liica. Leur passage principal se trouve du cotti dc ce volcan. Les Picunclies occu|)ent un aulre point de celte meme Cordilliere. Ccux qui se Irouvent entre ( 25 ) la chalne et la mer sont coiinus gen^raleinent sous le nom d'Indiens tie la cote. Tclles sent les Iribus desi- gnees sous le nom d'Araucaniens, el ce qu'on appelle I'Araucanie est un pays qui s'etend dopuis le Biobio au nord jusqu'au delroit ) jamais ni a le rcnvoyor, ni a liii clcniamlor la inoliulre r6inunoralion. Mais I'ivrognoric est g(5nerale; ils abu- sout des boissons alcooliqiies suilout depuis que le commerce les introduit cliez cux en quaiUile de plus en plus considerable. Loisqu'ils n'avaient aucun rap- port comujercial avec leurs voisins, et aujourd'hui encore, surlout dans la partie 6loignee des fronlieres, le mais leur lournissait une boisson fermenlee nom- meo chic/ia de ma'i's. Apres la rccolte dc cc grain, les femmes d'une famille, d'une Iribu, se r^unissenl et assemblees en cercle, chacune prend nne pinc^e du grain, le mache un certain temps, puis crache lo lout dans un vase de terre. Quand il y en a une quantile suffisante, on le laisse en fermentation et il en resulte une liqueur forte avec laquelle s'enivrent les hommes, et qui fait leurs deiices. II ne serait pas prudent de courir alors le pays vu I'etat d'ivresse dans lequel on les rencontre souvent. Les Araucaniens sont exlremement robustes, et vivent tr^s longtemps. II faut qu'ils possedent un grand age pour montrer des chuveux gris. Beaucoup vont au dela de cent ans. Le commerce que font avec eux les provinces fron- ti^res du Chili est assez considerable aujourd'hui et il s'accroilra cerlainement. II s'est ddiveloppii au fur et a mesure que les relations sont devenues plus ami- calos, plus pacifiques. i/6poque de ces guerres a mort enlre les anciens Espagnols et les Indiens est loin dc leur nieuioire; le Cliili los a captives, et sans toulefois avoir une conliance entiere, ils considerent leurs voi- sins plulolcomme amis que comme ennemis. Un grand nonibre de commergants el surtout de courtiers, ( 33 ] paicouront meme leur pays clans lous los sens, |)our y porter les differenles niarchandises qu'ils rccher- chenl, et les Iiidiens de leur colli sorlenl de leur ter- ritoire pour venir negocier cliez leuis amis de ce cold du Biobio. L'hiver, saison de pluie et de neigc, inler- rompl complelement ces relalions commercialcs. Mais vers la fin d'octobre ou au commencement do novem- bre, les pluies cessent, la neige fond dans les pas- sages de la Cordilliere, et Ton voll j^asser d'un cote des Chiliens avec des mules ou des chevaux charges de marchandises, eloffes, perles, etriers, farine, pi- ment, etc., el de I'autre, des Indiens qui viennent remplir leurs outres de peau, prendre du ble, de la farine, elc, ou meme se promeuer avec leurs f'emmes. Les Indiens arrivent loujours les premiers ; ils envoient des courriers chez I'inlendant pour annoncer comment ils ont passd l'hiver et pour savoir comment vonl les Ouincas. Ils viennent avec leur mefiance profomle et juste sous beaucoup de rapports, savoir si les Chiliens sonl toujours des amis, s'il n'y a contre eux aucun preparalif hostile. Aussi se demande-t-on souveiit vers la fronti^re si le courrier est arrive afin de savoir si lo passage est ouverl vers la chaine. Cependanl, comme la neige ne les incommode pas beaucoup, et cpie les courriers franchissent le passage lorsqu'il est encore Ires dilficile, les conmiercanls ne partenl guere que quinze jours au plus apr^s leur arrivee. Ces courriers sont inl'atigables pour la niarche ; dans les plus mau- vais passages, ils avancent d'une maniere extraordi- naire el font ainsi des journees Ires longiies, et (jui seraient excessivement penibles pour d'autres que pour eux, Ils sonl, du reste, excellenls cavaliers quoi- X. JUILLET. 3. 3 ( :^A ) que (laoh leurs etiiers de liois ti iaitj^ulaires, ils ne pla- cfinl que I'orteil ilii pied. Ainsi, coiume nos colporltnirt. (|ui, parcoiirani le pays dans tdus les sens, vunl porter aux pnpulalions de nos vilhiges les denrees qu't'lles recluiclienl, de mdnio Irs pelils couimer^anls chiliens s'en vont avec lour cliartji' parcourant ces populations sauvages el disseujinees pour nieilie a leur poller ie resultat de leur sauvagerie m6me. J'(!!tais h Antuco quand passerenl plusieurs Pehuen- clies; I'un d'eux s'arrgta dans la niaison ou je logeais; I'hote elait une de ses connaissances, un de ses amis, un de ceux avec lesquels il enlretenait des relations comnieroiales. — Apres les salutations pr^liniinaires, le colloque suivanl s'engagea. — « Je viens chercher du ble, en as-tu ? (car I'lndien » tuloie toujoursj. — » Ah! tu as hesoin de bl61 je crois que j'en ai » encore. Combien I'en faut-il? — )) Vine Janega » (a peu pres un heclolitrej. Pendant ce temps on donnait une rasade i\ I'lndien. — (( Oui, je veux bien te le donner, mais qu'as-tu a )) me donner en relour? — )) EU bien, pour le consoler je le donnerai un joli » veau d'un an tres genlil. Je I'ai chez moi ; quand tu » viendias tu remineneras. — » Cela est bien vrai? tu I'as chez toi? c'est bon. » Ainsi tu me consoleras. Tiens-le pret; dans quinze » jours je passerai chez loi et je le prendrai. Alais ne » me manques pas. Tiens, vois-tu , je te mels sur le » livre, je t'inscris formeilementcomme mondebileur. )) Mais tu as un mauvais conipagnon avec toi; tais » attention, ne t'y lie pas. — » Oh ! ne parie pas ainsi ; il est honnete, c'est un ami. » Et I'lndien alia charger sa mule apres qu'oii lui eut verse une seconde rasade. Ainsi, I'inscription sur un livre devienl sacree puur le sauvage, quand son nom et sa delte sont couches ( o« ) siirle papier: voili'i coinnicnl s'elablissonl les ^changes. L'Indien vienl chcz 1 Kspagnol cliorclior son vin , sa farino, son Lie, son pnnont, el le Chllien , an bout d'nn niois, de six mois, d'un an, s'cn va chez i'lndien prendre en retour le l)elail qui a el6 promis : el lout cela se fait avec la plus grande loyaule. L'element principal d'cchange chez les Indiens, est done une piece de b«5lail: une vache, un veau, un nioulon; quelle que soil la valeur do la chose qui leur est offorle, c'est loujours le meme sysleme. Pour une livre de pcrles qui coutera quelques francs, une genisse, pour un niorceau de draj) (|ui en coiilera 8 ou 10, une ge- nisse ; j)our une arnie a feu qui en vaudra liO ou 50, unegL-nisse ; pour une selle qui en vaudra 100 oul50, une genisse. Mais I'lndien se decide rareinent a don- ner pour un objol quelconque, quelque valeur qu'il ait, plus d'une lete de belail a la fois; de plus on fera diflicilemenl avec lui, en un seul maroh6, un echange de plusieurs animaux a la fois, eill-on a lui ofTrir bcaucoup d'objets differenls. II en resulle que pour reunir un certain nomhre d'animaux, on est oblige a faire bien des dc^niarches el a couiir beau- coup le pays. Cejiendant avec les caciques, les echanges onl lieu avec plus de facilite. Le connnercant n'oblien- drail, par consequent, aucune reiissito s'il porlail dans I'Araucanie des objels de fanlaisie ou aulres qui au- raienl une valeur un pen ^levee. Du reste, ce sontsur- tout les beles a cornes qui sont I'objet dun grand commerce : quant aux clievanx, les Araucaniens en ont d'excellents, mais il sen dcfunt Ires dilficilemenl. lis enlretiennent aussi des moulons a laine longue el grossiere coinme celle des Provinces , el pay^e a ( 37) Concepcion a raison de 45 a 50 francs les cent llvres. Dans le colloqnc cile plus haut, mon hole rcconi- inandait a I'lrulien de se d^fior do son compagnon ; or celui-ci elait un Chilien retire en Araucanie et vivant comme les indigenes. L'Araucanie rcnferme im certain nombre de transfugcs semblables, lionimes qui en grande partie ont eu maille a parlir avec la justice de leur pays, la plupart corrompus, de mau- vaise foi, et qui vont se meltre a I'abri de I'autre c6t6 duBiobio.Ces hommes Ironipent souventlcs indigenes, et la presence de cette lie de la civilisation parmi eux est une chose facheuse: ces individus alterent la con- fiance qui regne dans les relations connnerciales, con- tribuent a rend re les Indiens plus niefianls qu'ils ne le sonl naturellement, el les encouragent a se mettre en hostility avec le gouvernement chilien. Beaucoup d'Araucaniens saventl'espagnol et tous ont une grande facilite a I'apprendre. Les Araucaniens n'ont pour ainsi dire aucune reli- gion , si CO n'ost la croyance dans le hmko ou hrujo, espece de mauvais esprit qui jetle des sorts. Jusqu'ici, tous les efforts des missionnaires pour les convertir ontele a peu pres infructueux, et I'unde ceuxqui m'ac- compagnait a la juntn se promeltait bien de ne plus accepter aucune convocation, sachant combicn son zele 6tait vain. On raconle a ce sujet qu'un Indien s'etant faill^aptiser et ayanl embrasse la religion catho- lique, manifesta au moment de sa mort le desir d'etre enseveli en Icrre sainle. Le cacique, en consequence, fit porter son corps chez le cure du village fronti^re le plus rapproche; quand il sul qu'il y avail des frais a payer pour I'enterrement de son sujel, il fut tr^s ( 88 ) (^diine 1^1 apres avoir dobaltii loi)glein|)s, il dit an cur^: « \l& hicii I I opiiMids ton chrclieii. inoi je remporle w mon Indion ; » supposant ainsi que la parlie chr6- tionne du corps pouvalt s'on detacher comiDc un Rouflle; el il s'en retourna comnie il dtait venu. Cette petite histoire m'elait raconlt^e pur un ami au moment ou il nie conduisait cliez le p^re inissionnaire de Naci- micnlo; arrives a destination, nous entiames dans la cour ou jouaienl de jeunes enfanls ses dd^ves: ceux-ci nous apergurent et un instant npr6s je Ics cntendais chuchoter enlre eux : a Vois-tu le diable qui vient » d'entrci', c'est le diable, c'est bicn lui. » Je demandai a mon compagnon ou pouvait etre le diable en question ; il m'exaniina, puis se mil a rire el me dit : « Vous compienez que cbez un peuple » cssenticllomcnt cavalier comme nous le sommes, la » population des canjpagnes devail materialiser le » dialile equestrement ; seulemenl pour le distinguer )) du commun des mortals, on ne lui a laisse qu'un » seul eperon. C'est ainsi qu'il arrive sur terre quand » il daigne nous honorer de sa visite. » Je con)pris que c'^tait a moi que s'^tait adress6 ce inechant quo- libet des enfants; j'avais perdu un de mes eperons en voyage. On a souvenl Iraile la question de savoir comment on i)ourrail refouler les Indiens de maniere a annexer d^finitivemcnt au Chili ce beau territoire de I'Arau- canie. On a deja guerroye |)lus d'une lois dans ce but; niais ces Araucaniens sonl indomptables et resisteul lous jusqu'a la mort, faisanl de leur cott^ de grands ravages dans les campagnes. La necessity de celle an- nexion e.-^t d'ailleurs d'une assez mediocre iin|)ortance ( :^^) ) pour uii pH\s aussi pen peiiple que le Cliili. Du rcsle, renvahissement a lieu assez rapidement et |)ar des moyens pacifiques, et il soivra tout naturellemenl sans violence le developpement de la population et de la prosperile de laRepublique. Gelte marche progres- sive et mod^ree a sans doule de grands avantages. Ainsi le gouverneinenl entretient sur les points fron- lieres, des capitan de amigos (capilaine des amis), c'esl- a-dire des homines qui, connaissant parfailement le langage des Indiens, servent d'inlonnediaires enlre les Iribus amies et le gouvernement. De plus, on clioie les caciques les plus impottants; on leur donne meme une certaine redevance ; aussi, on oblient des resul- tats gend'raux verilablement Ires avantageux. A I'aide de ces relalions an)icales, les Chiliens penctrent dans I'Araucanie, s'abouclient avec les chefs et obtiennent de grandes etendues de terrain a des conditions excel- lenles. Pour consacrer le marcbe, les deux parties inleressees se presenlent chez I'intendant ou le com- mandant d'armes,qui reconnalt formellement le con- trat, et I'inscrit dans les archives. L'Araucanie, dit-on souvent, serait un des plus beaux fleurons de la Republique du Chili, mais la haute reputation que Ton fait a ce territoire ne viendrait- elle pas en grande partie de ce qu'on le connalt peu, et surtout de ce qu'on ne le poss^de pas encorePQuant a moi, je croisqu'il est dilllcile de trouver un element de riche-sse agricole plus fecond pour I'avenir que ces belles terres argilo-siliceuses ou silico-argileuses qui couvrent une partie de la superbe plaine de Santiago, cfui me rappellent nos bonnes terres de Brie avec un ciel presque constamment pur, sans accidents atmos- ( AO ) j)h^riqiies, sous un soleil du 33" degie de lalitiide, ct avec un arrosngc goiu'raloineiil facile. Aiijoiird'luii, los Cliilions s'avancent sur la cote jus- qu'a Tucapel, mission situee a trente lieues au sud d'Arauco, et consequemment a cinquanle lieues envi- ron de Concepcion etdu Biobio, C'esl un pas enorme el cetle inarche en avant se I'ait plus ou moins senlir jusquau confluent de la riviere Bergara avec le Biobio. Mais ail dela, c'est-a-dire dans I'lle du Bergara , los Espagiiols n'ont pas depass6de beaucoupleur ancienne frontiere. C'est que de ce cole, les tribus iudiennes sent plus bosliies, plus rebelles ei renvabisscnaent ; les clicfs, ct .Manil enlie aulres, s'opposcnt a la conces- sion et a la venle du territoire avec une grande tcna- cite. Mais ce n'est la qu'une minime parlie de I'Arau- canio, et le Cbili doit se consoler en voyant ([ue les limiles des Indiens reculent avec taut de facility sur la plus grande rtendue de sa frontiere. — Un jour sans doute celle grande province fera partie int^grante .de la republique cbilicnne et je suis dispose a croire que, (Uiiis quinze ou vingl annees d'ici, TAiaucanie n'exislera [ilus, en ce sens que .ses babitanls actuels auront ele se confondre avec les Iribus de la Cor- dilliere, avec celles de la Plata ou avec celles de la Patagonie. H. DeLAI'ORTK. Santiago de Chili, 25 iiuvcmbre 1 854- ( hi ) iVoiivclles et coniiimiiicationsi. OBSERVATIONS SUR l'ouvrace intitule: types oi- aunkind, par mm, nott ET CLIDDON , I'Ali M, A. ij'abbauik. M. Agassiz admet liuit types liumalns primilifs, c'est-a-dire, si j'ai bien compris, il ne croil pas que la race humaine provlenne d'lin seul couple ainsiqu'il est admis d'ailleurs par la presque universalile des elres qui pensent. Le traite de M. Agassiz est associ^ a I'ouvroge de MM. Nott et Gliddon. 11 osl superflu de suivre ces der- niers dans leurs discussions philologiques ou exege- liques sur la maniere donl on a compose les livres saints. II s'agit ici d'une opinion scientifique et la science doit se suflire a elle-nieme sans s'egarer sur la Bible dans des distinctions subtiles qui acquerront malaiseuaent le caractere net et substanliel d'une preuve. On peut examiner I'origine du genre iiumain par trois melhodes. La premiere est celle qui est basee sur tous les arguments admis en histoire naturelle. Je suis peu verse dans celle-ci, mais ses procedes me paraissentsereduire, en definitive, a des fails d'appr6- cialion et de sentiment. 11 faut de longues etudes et de patientes meditations pour former son esprit a celle siirele de jugemenl qui definit les limites des genres ( A2 ) el surlout des especes, car leuib dulinitions soul Join d'avciir la fixil6 dcs dislinclions inalheiiialiqiu's. Pour se lornicr unc opinion dans ces nialicres il ne suffit pas d'apprecier les fails a la legeie, el, quand on n'a pas consacre sa vie a les comparer, on esl forceinenl anient a siiivre 1 autorit(i de ceiix qui onl eu ceile pa- tience el ce devoucinont. Or, lous les grands natura- lisles onl cm ;i I'unile de I'espece humaine : les Blu- nienbacli, los Cuvier, les Flourens n'ont pas d'autre foi. MM. Nolt el Gliddon ne sonl pas naturalisles. M. Agassiz eniin est seul de son bord el forme unc minorile insiunifiante si Ton con)pare son avis soil au nombre, soil au poids des opinions conlraires. La douxieme melhodc consisle dans les preuves indirecles fondees sur des fails conslales dans les rangs inferi( urs du regne animal : on lache do generaliser ces fails pour en deduire des lois qu'on applique en- suite, par ana/ogie, a I'espece humaine. Mais il esl loujours lemeraire de conclure ilu quadrupede a rhomme : il resle a bien prouver que les lois, plus ou moins bien signalees, s'etendent jusque la. Celte dif- ficulle de legilimer une analogic m'a semble ou eludee ou suppos^e lacitement franchie par ceux qui raison- nent de celte facon. Enfm, c'est ici surlout qu'on a besoin du flambeau dune rare sagacite pour ne pas s'(^garer, et une parcille voic ne pent dire teniae que par ceux qui out vieilli dans I'elude de I'histoire natiirelle. Les considerations qui pr6cee d'.ib-carn ou niieux ah-gbrn (suivant la pronontiation locale) lui 6tail donn6 au Darfotir, comme celui tit; borni dans le Burnou et celui de milili dans rAI'nou, ou ce rhi- noceros sembk 6lie ^gaienunt connu. ,le vous don- nerai plus tard ses noms baguermi et wadayen que je ne possede pas encore. Us m'ont aUirme ensuile, les uns, que Tab earn n'avail qu'une seule cornc fori lungtie au milieu du front, les aulres, (ju'ii en avait une giande ot line petite, au inie granite el deux peliles au n)enie endroit. Us m'ont enfin avoue tous qu'ils n'en avaient jamais vu cux-memes; I'lm deux m'avait j)rumisde me mon- ( 63 ) trer urie corne d'ab-carn, mais il m'a fiiit voir tout simplcment la corne classique et bien connue du rbi- noceros ordinaire. J'ai en consequence 6te amen^ a penser que le rhi- noceros ordinaire 6tant rare et peu counu dans le Soudan niusulman , n'elant chasse que par un petit nombre d'lionimes qui en faisaient leur metier, les noirs qui n'en onl point vu, mais qui sont habitues a voir tous les animaux cornus porter leurs cornes sur la tele, n'oiit tout bonnement tiucun motif de penser que celle du rhinoceros soit placee autre part, con- cluent d'apres I'analogie et raisonnent en passant de ce qui leur est connu a ce qui leur est inconnu. lis savent d'ailleurs que le rhinoceros n'a qu'une grande coi'ne, parce qu'ils voient que sa corne ne se vend pas par paire, conime les dents d'eidiphanls. II y a deux jours, ccpendant, un parent du sultan de Baguermi etant vtnu nie voir, je me suis inforiue de nouveau aupres de lui de I'existence el des carac- teres du monoceros. Le prince baguermien qui est un noir intelligent assez eclairu et tr6s bien inform^ de lout ce qui concerne le Soudan, m'a repondu .jue I'ab- carn exislait reellemeiit, quit /'(n>ait -vu, que c'^tait un animal trcs fcroce et Ires redoute, porlant sur le front une corne droite tres longue, tres aigue, qui,i portee sur une sorte de pedoncule cliarnu Erectile, retombait ou pendait habituellement en avant, et ne se redressait que lorsque I'ab-carn etait en proie a la ciainte ou a la colore et se preparait a se diil'endre ou a fondre sur un ennemi. D'apres lui, cette corne n'est pas seule, I'ab-carn ei\ a une autre plus courle plac6e sur la nuque, lors- ( (>ll ) qii'il combat un autre animal 11 le percc de sa corne de devanl ct le lance en I'air de telle la^on qu'il re- lombe sur sa seconde corne; lei est le recil de mon Baguermien auqiiel je ne cliange rien et que jc ne garanlis pas. J'ajoulerai que le ililnoceros, dans V Icono^rophie du regne animal 1^6 Guei'in, a 6le reconnu par le prince africain pour I'ab-carn , toules reserves elant laites d'ailleurs quant a la position des cornes. Je compte obtenir de ce Baguermien, qui se nomme Ibrabim et est descendu ici chez Ismail-Pacha , fils d'ibrabim-Pacba, des renseignemcnls precieux sur la geographic, I'liistoire , le commerce , les mceurs, les lois, la taclique militaire des Elals du Soudan, toutes choses sur lesquelles le vulgairo des inlormateurs me renseigne asse/. mal. J'ai deja obtenu de lui quelques indications hislo- riqucs inleressantes cl la liste des souverains du Dar- four, du Waday, du Baguermi, du Fitri, du Medogo, duLoggone, au moinsdepuis I'apparilion elle triomphe de I'islamisme dans ces contrees; je m'cmpresse de vous communiquer ces renseignements. Daijour. — Soliman, Solom des Arabes, Bederich du Cordofan, ayant voyag^ en Egypte, arriva dans le Darl'our, il y precha I'islamisme et y fut proclame sultan , SOS successeurs ont el6 : 2" Moussa, son fr^re ; 3" Eclris, rds de Moussa; 4° Hai him, here d'Etlris; 5° Omer-Lele, fils de Hachim ; (5° Bakor, his d'0mer-Lel6; 7" Abd-er-Bahman-Kebir, fds d'Omer-Lele; ( ^55 ) 8° Telierah, fils d'Ahd er-Raliman, qui s'empara du Cordofan sur Ic sultan de Sennar ; 9° Abd-er-Ralmian II, fils de T^herah; 10" Mohammed-Fadel, fils d'Abder-Raliman, qui r^gna quarante ans, le Cordofan fut perdu sous son regne , il elait d^fendu par le Maqdoum-Msallem qui fut tu^ a la bataille de Bara; 11° Husseyn, fils de Moliammed-Fadel, qui occupe le trone depuis quatorze ans. La mhe de Husseyn s'appelle Kaltouma (Kaltouma- Terdjem). " if^-^-^sf Ses freres de rn^re et de p^re sont: 1° Zemzeni ; 2° Ab-Bakar; 3° Faki-Noureyn, il est lui-m6me le troi- si^nie fils de Mohammed-Fadel. ^'^^^ qi .erel Ses fils sont: 1° Abou el-Becher; 2* Abd-er-Rahman; 3" Ibrahim. ^^ '"^^J- Son vizir acluel s'appelle Adeni-Tarbouch.' ^*^ " JPatlay. — Salih fut I'apotre et le premier soifver'ain du Wad ay. On pretend que bien loin d'etre Abbasside, Saleh (^tait un esclave du Bornou amene et vondu dans le Hedjas ; il y fut alteint d'ulcferes aux jambes et son mallre, pour s'en debarrasser, l'6mancipa; Saleh re- gagna le Soudan, ^vangelisa les Toundjour, epousa la fiUe de leur roi et devint sullan du Waday, il ne r^gna que deux ans; ses successeurs sont : 2° Abd-el-Kerim, son fils; 3° Issa (Aissa), fils d'Abd-el-Kerim; h" Saleh-Dered, fils d'Issa; 5° Saboun, fils de Saleh-Dered; 6° Youssouf-Kharifein, fils de Saboun; 1" Rakeb, fils de Youssouf-Kharifein ; X. JUU.LET. 5. 5 ( 66 ) 8' Daietl , fren; de llakeb; 9° C.lierir, fr^ie de Saboun , lequel r^gne clepuis ilix-hiiit ans. La lu^re de Cberil" appartient a une famille de fel- latas du Darfour. Les lils de Ch^iiF soul : !• Ali ; 2" Mabmoud ; 3° Youssouf. II a de phis une fille. Son visir est rAguid-el-Mbhamil. Ftlri. — Ngai" (1) Booli'id est le premier mi du Fitri, ii elal)lil sa capilale a Djiiu et la Iranspoita plus (aid a Yawa (2), ses successeurs sont : 1" Ab-Sekkin (le p^re du couteau ar.), son fils; 3° Djamous (le bullle ar.) ; k° Djerab (gale ar.) ; 50 Ab-Sekkin II, tu6 par les Baguermi sous Moham- med-cl-Hagg (El-Hadji) ; 6° Ab-Khodar (le pere du \ert ou des leguuns ar.); 1" liaj6; 8° Djerab II, qui regne depuis six ans. Aledugo. — Ngar-Abou-Cbouchih , ajant recul6 les Ironli^res du Medogo jusqu'alors ires peu important, peul 6lre regarde cumme le premier roi de ce pays; ses successeurs sont: 2° Muket; 3° Sara ; U" Kbodar; 5° Younes, qui regne depuis deux ans. La capilale ebl balie au pietl des monls M^d6g6 qui servent de refuge a la population en temps de guerre; (1) ^"({^ar signiHe roi, siiltnii. (3) INyai -lioolad aurait eie piuclauje roi il y a tjualie-viiigt-dix- lept ans. II s'agit d'^nue'e!) liinaires. ( 67 ) ces montagnos separent le Medbgo du Fitri, elles soiit tr6s hautes, elles ne sunt toulefois jamais couverles de neige. Baguenni. — Tenips de I'idolati ie (wakt ed djahiliali). Bernim-B^sse (I), hardi chasseur, combat les lions et les aulres betes f^roces, nourrit ceux qui s'associeiit a son genre de vie de la viande des bcetil'.s sauvages on des antilopes tu^s par ltd ; celte viande sus])endue aux brandies des tamarins vaul a la claiilere lianlee par Bernim-Bc'ss^ le noin de Mas-Dja {inas, lamarin, dja, viande, en baguermi), qui plus tard iut alter^ en celui de Massina. Bernim-Besse chasse les Fellalabsdu pays el est proclame roi par les siens, ses successeurs sent: 2" Nig6-Roubetka, son frere ; 3" Souyoul-Meimou, frere des precedents; h" Bankourou-Dendjilge (dendjilge, espece de pois- son), Ills du precedent; 5" Soro-Danlenou (dajiteuou, dokUn), lils du pre- cedent; 6° K6rlemkek6-Tchou (i. e. beaucoup de paroles, bavard), tV^re de B^rnim-Besse) ; Depuisi'islam, 7° Ban (2) Malo, appcle aussi Rwaerou (i. e. Ghazwa ou Ghazi) , fils de Bernim-B^ss^, chasse les FellataliS de D^rkanj, le cheikb Djouba coaiman- dait ces derniers. Ban-Mal6 rdgna deux ans (3); ses successeurs sont : 8<» Bar, son fils, qui r6gna deux ans; (i) Aiiterieui- de vingt-luiit ans a Baii-Malo. (■j) Bail veut dire roi, sullaii. (3) D'a[jres inou I^aguiimin, Ban-\IaI6 a ete prort.ime roi il y a deux cinl quarante-ti'uis aiis,ce qui est tres admissiljlc i;l Ires viai- semlilable. ( 68) f)o Kendun;! , fix-re de B;'r, qui iH\u,na doux ;ins; 10° Waiidja. fils de Malo ; 11° Abd-cl-Kader, lils de Wandja; 12° Aleivvin, fds d'Ahd-el-Kader ; 13''AI)d-Allah,filsd'AlawinsurnommoWan-l6l-Djigt;; ill" Bourkoumanda (i. c. Osman), fds d'Abd-Allali, sa mere se nouimail Lela-Isabala ; 15" Hadji-Abd-el-Rader II, frth'e d'Abd-Allah, qui regna Ironlc-deux ans; 16" Del-Birni, frire d'Abd-cl-Kadcr ; 17" Alawln II, fils de Del Birni; 18° Hadji-Amin , frere d'Alawin, qui s'empara du Fitri et lit luer Ab-Sckkin; 19° Abd-er-Rabnian-Goran, fils d'Amin ; 20° Bourkoumanda II (i. e. Osman), fils d'Abd-or- Rahnian, qui regiia quarante-lrois ans; 21° Abd-el-Kader III, qui r^gne depuis sepl ans. Loggon. — Le Megbais (i. e. roi) Ali (1), originairc de M^zbgon, r^gna le premier sur le Loggon ; ses suc- cesseurs sonl : 2° Al-Kerim (Abd-el-Rcriin) , sou lils; 3° Maroul" (i. e. laveur ar.), fils d'Al-Kerim ; 4" Salcb, fils d'Al-Kerim ; 5" Mobamale (Mubanimed), lils do Saleb ; 6° Yousouf, qui r^gne depuis onze ans. Les doux lisles dcs souverains du Darfour et du W'aday donn^es plus baul, ne sont pas enti^remenl conlormes a colles qui ont et6 donn^es par le cbeikli Mobammed-et-Touns}', qui cite mfime des sultans du Baguermi donl le nom ne figure point ici. Je ferai remar- (i) Meglia'i's-Ali aurait c'ti' ].rorl.'imr mi il y a soixante-lmit ans. ( ^i> ) quer en passant que la partie hislori(|iie et surloul historlco-anecdollque des oiivrages du cheikh Moliaui- ined, ne ine paiait pas meriter une grando confianco, J'ai recueilli quelques rcnseigiiemenls sur riilstoire du Boinou d'un natif de Lirbi (village sitae a 2 jours O. de Birni-le-Vieux) , et d'un nalif dc Kano, ces deux inforinatcurs s'accordenl paifaiteinenl ; je soumeltrai bientot les donnees qu'ils m'ont fournics a I'exauien de mon prince du Baguermi. En attendant voici ce qu'ils me raconlent : Le cheikh El-Kanenii (chek Lanembon) etait de Houn ou H6n, localite voisine dc Soknah dans le Fez- zan, Hon etait le pays de sa mere qui appartenait a une famille arabe, lo pere du cheikh etait chef du Kanein. Ayant enlrepris le pelerinage avec sa famille, il mouruta Medine; son jeune filsfut amene en figypte par un serviteur hdele qui le conduisii ensuite a Zeyla dans le Fezzan. De la le cheikh passa dans le Waday el le Baguermi, puis a Angorno et a Angola; il epousa la fille du roi de cette dernierc ville. Les Fellatahs occupaienl alors tout le Bornou, le cheikh leur fit la guerre, les vain(]uit trois fois et en fit un grand mas- sacre dans le Birni ou capitale; il gouverna I'Elat sous mai (I) Hamadou, mai Ingolerbmi, niai D^nama, qui Tut tue ])ar les Baguermiens, et mai Ibram (Ibrahim), laissaul le Birni an sultan, il habitait Kouka (2), ville fondee par lui dans un lieu convert auparavant de baobabs; il y mourut d'un abces a I'oreille, maladie qu'il avail conlracl^e pendant la guerre de I'Adamawa. (1) Mai veut dire roi, sultan ou kanouri. (2) Kouka ou niieux koiifja, veut dire baobab en kanouri. ( 70 ) Omar, son lils, liii succ^tla coiiime luaiie dii palais; le mai Ibrani cepondant i^crivit an sultan Ch^rif ilii Waday pour \o prior de le fl^livrer de son irop puis- sant minislre ; Cheiif so niit en marche ot arriva sur la rive c!roile du Chary pres de Kosseri, tandis que le cheikli Omar, pr^vcnu a lemps , cam|)ait sur la rive gauche du mfeme fleuve ot a peu prus a la meine hau- teur; Ihrnm etait rest^ dans son Birni refusant de se joindre a Omar cl n'osant se declarer encore; Cherif, ayanl pass6 le fleuve (1) en amonl pendant la nuit, tomi)a a I'improviste sur les bagages d'Omar et coupa la relraile a son armee, qui fut detruite. Omar parvint a traverser avec un petit nombre de fideles I'arm^e de Cherif, il se dirigea sur Angornou ou il n'eut que le temps d'egorger Ibram et so r^fugia dans le Fezzan, tandis que Cherif occupait loutes les villes du Bornou. Cherif plaga sur le Irone du Bornou mai Ali et retourna dans ses btats (2). Omar ne tarda pas a reparaltre, long- temps lraqu6 par les soldats d'Ali, il finit par avoir le dessus, fit p^rir le mai et se proclama Iui-m6me mai du Bornou ; son fr^re Derman ou Abd-er-Rahman lui a dispute derni^rement le trone et I'a m6me occup(5 un instant (3). On m'a amene un Tlbou, c'est un homme de laille moyenne, tr^s noir de peau presentant le nifime type que les gens du Bornou, du Baguermi, etc. (l) A {jue. (a) L'expedition de Cherif a du avoir lieu, d'apres M. Fresnel (autant qu'il m'en souvient), vers 1846. (3) J'ai errit loute cette liistoire en bale-beli sous la dii-lee ilu cheikh Ablc> 4 broch. in-S". M. Popv. Bjeitrag zur Natur-und Lilcrar-Geschichte der Agaveen. Mate'riaux pour servir a I'histoire naturelle et lilteraire des Agaves. Br. in-4°- D' Maiitios. Essai sur les deformations arlificielles du crane. 1 vol. in-8°. avec 7 planches. Paris, I 8.55. Le docteur L.-A. Gossb. (88 ) MEMOIRES, UECLIilLS ET JOURNAUX PfcRIODIQUES. Titres des ouvrages. Donateuts. Annates du commerce exierieur. Avril et inai. Mikist. du commerce. Bibliotheque universelle He Geneve, et archives lies sciences phy- siques et naturelles. Decembre i854, avril et naai i855. M- Paul CiiAix. Millheilungen iiber g, MM, Barlh ot Vogel ; sa position est bicn ile- leruiin^e et ses cotes out ^l^ rolcv^es sur unc grando etendue : Test et le nord seulement presentenl une lacune ; je ne puis la combler par des observations qui morilenl pleine confiance; je suis loutefois a meme de completer apjiroximativement, d'apr^s des rensei- gnenients puis6s a bonne source, le lrac6 du grand lac alricain. Les terres les plus voisines a Test et an sud-esl de I'archipel, visits derni^rement par M. Vogel, n'appar- lienncnt pas encore au continent, uiais a deux lies dont la plus orientale est tres grando ; separeos Tune de I'aulre par une sorte de canal, elles le sont du continent par un canal plus large, peu profond, gu6able en plusieurs poinls et que les Arabes du pays con- naissenl sous le nom de Bahar-el-Karga, rivi^ro ou canal de Rarga, la ville de Karga s'elevant sur sa rive orientale. C'est dans la grande lie du Tcliado, appel^e Farrain, que paralt etre la capitale des BidoumA. Farram est le refuge ordinaire des gens de Tilde et de Karga ; s'ils y sont poursuivis et d^faits, la seconde lie, plus petite, devicnt leur citadelle , ct les lies du milieu du lac leur offrent autant de r^duits imprenables. Karga a ot^ signals par le major Denham. ( 107 ) IV. — Le Chari. En outre du Yeou, snr leqiiel je n'ai rion a dire (1), le lac Tcliado regoit le Chari qui s'y jelte par plusieurs bouches; ces bouches ont prohablenient subi de fre- quents changenients : le developpement remarquable que presente le dilta du Chari porta en mSme temps a croire que le Tchad6 se comble assez rapidement; I'etude de celte question serait d'un grand int^ret et laciliterait la solution de bien des probleines d'hydro- graphie africaine. Le Chari a pour affluent sur sa rive gauche la riviere de Loggone, qui regoit elle-meme sur sa rive droite la riviere de Binder. Un peu plus haut, le Chari regoit encore, sur sa rive gauclie, le Batchikam (i. e. riviere des feuillesj, mais ce Batchikam semble 6tre plutot un bras ou un antien chenal qu'un affluent du Chari. La direction du cours du Chari en amont de ce point, fait supposer que ses sources doivent 6tre cher- chees dans le sud-estj le bassin du Chari ne peut d'ail- leurs se confondre avec celui du Benu6 ; quant a la distance a laquelle sont ces sources, il y a lieu de croire qu'elle est assez considerable, le Chari etant une des rivieres les plus imporlantes de I'Afrique. Les Africains ont sur les sources du Chari (qui paralt 6tre le Nil-el-Abid) une opinion qui, souvent cK'figur^e et souvent acceptee comme un oracle, a entrain^ les g^ographes dans de grandes erreurs : la voici telle qu'elle est. (i) Si ce n'est que Yeou est bieu son noiii, Komadouyou ne vou- lant pas dire autre chose que riviere, et lous les yens du Bornou que j'ai vus le counaissant sous le nom du Yeou. ( 508 ) C'est d'un grand lac appelo Koei-Dabo, sltiu' ;i doux inois dc marche dc ^lasiia dans le sud-sud-est, que sort le Chari, qui se dirige d'abord siir les nionlagnes de Kouba et d'Oli^, puis s'en d^lournc lorsqu'ii n'on ost plus qu'a deux journ6es pour se porter a Test et en- suite au sud. Le lac qui donne naissance au Chari donno aussi naissance au Nil d'figypto; ces deux fleuves sont alimenles par une riviere qui vient du sud; un inforniatour m'apresente toulefois celle riviere coinme un troisieme ecouleineut du luenie lac dirige , me dit-il, sur Magadoclui ; cc noiu dc IMagadoclio nie sur- prit fort, ce ne pouvait etre (|ue Magadoxo (.r se pro- nonce cJi en portugais). Je nc pus doviner oii mon informatcur avail appris co nom-la : poul-etre I'avait- il entendu a la Mecque. Au centre du lac Koei-Dabo est une grandc lie oil s'est retire Suliman-ban-Bigli ou Soliman leGros, dont j'aurai I'occasion de parler i)his has. C'esl enfin un peu a I'ouest du lac Roei-Dabo que Ton rencontre les liommes velus a large queue, les cliameaux nains, les lourmis qui construisenl des ponls et une foule d'autres nionstres dont I'existencc rend plus qu'iinprobable celle du lac Kooi-Dab6. V. — Les ('tangs du Bngiier/ni, le lac Debaha. Un peu au sud de Karga commence une cbaine d'elangs dont les plus septentrionaux onl ^le signal^s par Denliam et dont voici les noms ; !\Iae-Din6o {mac, 6tang lilt, bois, v. act. imp. Bag. Din^o \i\icr Bag.), en arabc ercees a tons les vents et nc donnonl pas toujours una omlire suffisante a ceux qui les liabitent : loutes los langiies du Soudan possedenl menie un mot pour designer ces trou<^cs que nous appellerions des jours, Leur pcu de foi eclate encore dans les noms qu'ils se donnent : parmi les Arabes du Sennar et du Gor- dofan, on Irouvc beaucoup de noms consacres par I'isianiisme; ces noms deviennent ties rares, parmi les Arabes du Darfour el du Waday qui portent encore ceuxde leurs ancetres, Asamy-ed-Djahaliyeh (les noms des temps d'ignorance) ; j'en cilerai quelques-uns ( omme exemple, et j'indiquerai le sens qui leur est allribue, parce que les dictionnaires ne meritent que peu de confiance, et sont trfes incomplels des qu'il s'agit de I'arabe des Bedouins, plus vrai cependant et plus ancien que celui des livres. Los Bedouins du Soudan s'apj^ellent : Addo', ce qui veut dire celui "qui trait (1) ; Djiddo', I'ancL'tre : on voit qu'il y a des Bedouins qui ont la pretention d'etre des ancetres; Barcbam, la garde ou plulot la croisiere de I'epee (I'epee arabe est celle des anciens cbevaliers); Maifain , Tbyene ; Cbambor, puanl, cbarogne ; Cliok en nabak, epine de lotus. L'D chef arabe s'appellc Bourma-Rassar, la bourma (i) Oil soil que la voyelle fmale iiFea, caiacteiisliqiie du iioniinalif, est conservee dans ces motJ. ( 130 ) s'esl cassee, parce qu'au moment de sa naissance, sa m^re a casse un vose de lerre. Ln autre s'appelait Tom, sorto de roseau (millet dans les diclionnaires', parce que sa m^re a ressenti les premieres douleurs de renfanlement tandis qu'elle cucillait des roseaux sur le bord d'un etang. lln autre se norame Foron-Gby, ce qui veut dire en fourien, I'appauvrisseur, parce quo lors de sa nais- sance une epizootie sevissail sur les troupeaux de son p^re, chef des Oulad-Moussa. Enfin, et c'est un nom assoz mal choisi pour un musulman, le chef des Gbawalme s'appelle Hallonf, c'est-a-dire le sanglier ; hallouf se prend m6me, dans beaucoup de pays arabes, dans le sens de pore. II est a remarquer, du resle, que ces noms signifi- califs, ou sobriquets , se retrouvent souvont cliez les noirs musulmans, et sont exclusivemeiit employes par les noil's iilolalros : Leon a fait la ni^mo observalion a propos des gens du Boinou, idolatres de son temps. On relrouve parmi les peuplades de I'Asie , de TAmerique, ou de I'Oc^anie, comme chez les patriar- ches d 'Israel, ces noms qui forment un des caracteres les plus constants de la vie sanvajje on nomade. C'est seulement lorsque les peuples deja etablis commen- cenl a posseder une liisloire, que (pieiques-uns de ces sobriquets, tantot illustres par les fondateurs ou les heros de la re[)ublique, tantot consacrds par des pro- pheles, des apotres ou des saints, sont imposes a ceux qui naissent , pour Imir fournir un module ou un patron, el sans aucun 6gard a leur signification pri- mitive tres souvent oubliee. Dans tous les Etats du Soudan , les Arabes sont ( 131 ) tenus a I'^cart : ils le sont toutefois moins au Darfour qu'au Waday et au Baguermi, ou ils paraissent 6lre fort n)^prist!!S. Les niariages niixles ne sont pas fre- quenls. Les Arabes sont apjieles Choua clans le Bornou comine Solon au Darfour : le terrae de choua n'appar- tient pas a I'arabe et ne cldsigne aucune tribu en particuiier, III. — Enumeration ties tribus, Je passe a la division des Arabes soudaniens en tribus et en groupes : Parmi les non-Roreychites, il nous faut distinguer, sur les frontl^res orientales du Darfour : Les Kubabich ; Les Houmour a Deiia ; Les Hamar a el Atouecha ; Les Cliaikies et diverses tribus du Rordofan et du Sennar; Du c6t6 du Waday, les Toundjour. Quant aux Beni-Dj^rar, ils paraissent 6tre d'origine korevchite. Les tribus koreychites du Soudan se subdivisent, comma toutes les tribus arabes, en ferkas ou peliles communaut^s, et s'unissent les unes aux aulres par des alliances offensives et defensives, de fagon a former des ligues dont la composition est sonvent assez h6t6- rogene , les alliances ne resultant pas toujours de la parente. C'cst ainsi que les tribus des Rreida el des Goraaii peiivent en faire partie integrante bien qu'elles ne soient pas arabes. Les soiiverains du Soudan, d^sireux de centraliser le gouverneinent des tribus entre les mains de quel- ( 1^2 ) ques agiiids noinmes par eux, Ics i^'unibsonl d'apres les lerriloires rju'clles liabilcnt eii (iiiolqvies gioiipcs egalenictit arlilicicls : c'cst ainsi fju'agissent tons les pouvcrnemcnts qui comptent sous leur doininalion quelques-uiis dc ces nomadcs ; nous avons adople Dous-meincs dos mosures seml)lcd)les fii Algriie. Je nc saurais pour le moment donnor uu lahloou C(miplet des ligues ct des groupes que lorraent les Arabes du Soudan. Je dois me borner a dire en pas- sant que Sous Ic nom gencriquc d'Asdllia, on romprend : Les GUawahiie; Les Khouzam; Les Toundjour; Les Djeatench; Les NedjmieU; Les Oulad-Djorso. Los Dagana; Quelqucs Asalha campcnl aupr^s de Karga; toules CCS Iribus paissenl des liceufs. Sous le nom generique d'Hawazeme : LesOulad-Gbabbouch; Les Oulad-Djima; Les Oulad-Glianem ; Les Oulad-N^el; Les Oulad-Ali; Les Oulad-Fait. Tous bouviers. — Ce sont peut-6tre los Ferkas infime des Hawazeme. Sous le uom geneiique d'Oulad-Moussa : Les Degliaghare ; Les Oulad-Hammal; Les iMal)rad ; Les Oulad-Djabbour ; LesRolamal; Les Oulad-Abdao; Les iMalour; Les Oulad-ab-Karay ; Les Oulad-Kiiesou ; Les Seleniieh. Tous bouviers. ( 13a ) Sous le noni generique tie Salamat: Les Beni-Helba; Les Oulad-Well ; Les Bederieli ; Les Oulad-Chedaral { Les Oulad-Moussa; Les Boni-Affan. Les Oulad-Clioinbor ; Tous bouviers. fOaj'Sfn Les diverses tribus sont un peu eparpill^es, quel- ques-unes portent le m6me nom sans qu'il y ait entre elles des rapports de parente : il est a reniarqiier toutefois quo Ic Darfour seul possede des Rezegat et que les Djeateneh ne se monlrent que dans le Waday et le Bagucrmi. Au Bournou on rencontre : des Salamat, il y en a dans presque tout le Soudan ; Des Misserieh; Des Oulad-Djima ; Des Asalha(Ghawalm6); Des Oidad-Ali; Des Allan ; Des Oulad-Hamid ; Des Nedjmieh ; Etc. Dans le Baguermi, on trouve : Des Kliozam ; Des Chederat ; Des Weli, qui sont les plus nombreux ; Des Oulad-Moussa ; Des Oulad-ab-Raray ; Des Oulad-IIini^t, qui paissent des chatneaux; Des Misserieh, qui paisscnl des clianieaux ; Des Oulad-Ghabboucli ; Des Oulad-Maaina; Des Allan , etc. Dans le Fitri, on trouve : Des Djeateneh; Des Dagana. ( 134 ) Le M^dogo n'a pas d'Arahes. Pariui les Arabesdu Darfour et duWadav, je cilerai, Au nord : Les Zeadieli; Les Kubabicli ; Les Mahamid; LesDjiledad; Les Beni-Djerrar; Les Maali. Los Eregat ; Tribus inijjorlanles. — Toules ces tribus paissenl des chameaux. Au sud : Les Rezegal; Les Oulad-Rachid ; Les Beni-Hflba; Les Misserieli. Les Salainat ; Tribus importantes. Les Oulad-Ghabbouch; Los Beni-Oraran; Les Taaclia ; Les Kinana; Les D^^ga, qui font par- Elc, etc. tie des Houmour: Toules ces tribus paissenl des boeufs. IV. — La fable des homines it queue. Apr^s avoir parl6 des v^ri tables babitants de I'Afrique ^quatoriale, il me resle a parler de ceiix que I'iinpos- lure ou la credulity lui allribuenl encore. Je dois revenir sur la fable des honmies a queue, fable mal appr6ci6e, parce qu'elle n'«''lail pas bion connue, et dont je vais exposer les tielails. Je suppuse que cette fable est unique; peut-6lre, cependanl, est-elle mul- tiple. J'ai indiqu6 le lac Roei-Dabo, origine prcitcndue du Nil, du Chari el du lleuve de Magadoxo, porl qui n'a ( 135 ) point de fleuve ; c'est a peu cle distance a I'ouest de ce lac, qu'on rencontre les liomaies a queue; la partie du cours du Chari qui arrose leur pays s'appelle, en sara, Bano (c'est-a-dire riviere [ba) des fourmis blan- ches [no] (1)), parce que les t'ourinis blanches ou ter- mites, commencant leurs Iravaux aux deux bords du fleuve, auraient su les rattacher de ra9on a fornaer un pont ou plutol une voule continue, que Ton devrail percer sur une epaibseur (I'un ou ileux pieds lorsqu'on voudrait puiser de I'eau. D'apres lous iiies informaleurs, les homnies a queue, Mala-Gilag6 (2) (i. e. porteurs de queue, bag), sont petits, lion point noirs comme nous le voudrions, uiais rougeatres, ainsi que cela convient mieux al'esprit de ceux qui les ont inventes; peut-itre meme sont-ils blancs : la crainte de me blesser a pu engager mes informaleurs a me dissimuler cetle particularite. Quoi qu'il en soit, ils sont tres velus; leurs cheveux longs et droits tombent sur leurs epaules ; leurs bras ne sont pas longs; leurs pieds ne sont pas plats; leur museau n'est pas proeminent; en un mot, les hommes a queue ressemblent aussi peu que possible au por- trait qu'un physiologisle en pourrait tracer. Les plus grosses plaisanteries sont les meilleures; aussi les Africains n'ont-ils pas manque de faire partir la queue tie la region lombaire ; elle porte des poils (i) Ba en baguirmien signifie aussi riviere, et je suis porte a croire que la raeme langue est parle'e par les Baguiriniens et les Kirdi-Sara. (2) G est toujours dur dans les inots que je transcris. Je voulais ecrire Bagermi, mais j'ai pense qu'il valait mieux accepter I'oilho- graphe deja employee de ee nom. ( 13(5 ) Ires longs, s'upanouit en evenlail cl no finil qu'a la hauteur du genou. Je crois que nullc part en Afrique il n'est question d'hoiiiines a queue glabie. On m'a iacont6 que Falgi, roi des Kirdi-Sara, ayanl conduit une expedition dans le voisinage du pays des Mala-Gilage, paivinl a s'eniparer de I'un d'eux, qu'il oflrit au sultan du Bagucruii : I'honime a c[ueue passa plusicurs annees a iMasfia oil tout le monde put le visiter; le sullan du Bagueiini dirigea sur le Bafio une expedition, niais la troupe exj)edilionnaire etant pen noiubreuse et ayant Irouve les Mala-Giiage tres loits, dut se contenter de les voir el rebrousserchemin. Les Mala-Gilag6 paissent des chanieaux noirs doni la taille nc depasse pas celle des anes : la providence a voulu sans doute, en leur souiuettant une race ani- male abatardie, les consoler dc leur propre degrada- tion. Ne voila-t-il pas des monstrcs fori licureux ? Je n'ai pas besoin d'ajouter que I'exislence des Mala-Gilage est aflirmee par rimniense majorile des Alricains : la pluparl d'entre eux en sont convaincus et il n'y a la rien de bien extraordinaire; I'Europe . foisonnail de nionstres lorsqu'elle n'etait peupl^e que d'ignorants, el cus nionsUes avaient 6l6 vus par tout Ic nionde. 11 y a poul-etre aussi des Africains qui, sans croire aux honmics a queue, cherchent a y faire croire les aulres:c'est ainsique,parmi nous, I'existencedu grand serpent de nier se confirme de plus en plus par le t(^moignagc d'un grand nonibre de niarins et souvcnt cl'efpiipagos lout euliers. Tandis quo le genie de I'Llu- ropc invonte |)our nous diverlir les bouinanibulos ( 1^7 ) lucides, les habitants tie la liinc, le.s escargols syin- pathiques, et les tables parlanlcs, rAfriqnc , moins spiriluelle, se conlenlo de I'homme a queue, du cha- meau nain el de quelques nialseries pareilies. 11 se peut que riiomnie a queue n'ait pas d'aulre origlne que ce besoin du merveilleux qui possede les letes vides; il est fort possible aussi que le costume de quelques peuplades africaines ait donne naissance a ce conte, ainsi que I'a ex|)lique M. Tiemeaux: o'est depuis longtemps roplniou de l\l. d'Arnaud. II me semble d'ailleurs que les peuplades qui portent dcs ])eaux et parfois des queues de bStes altaclit5es aux reins sont Ires norahreuses dans I'interieur du Soudan : la peau est le plus simple de lous les velemenls, el ce, velemenl met a I'abri des piqures des grosses lour- mis, tres communes dans la region qu'habilent les • 1 1.. jiaui idolatres. '■ t Interroges a ce sujet, mes Africains m'ont r^pondu que les Mala-Gilage ne portaienl d'autre vfitement qu'un langouli de paille tressee, et m'ont assure que ' la queue faisait partie do Icur corps. Je m'altendais a cette rc'ponse, et je ne I'avais pas allendue pour savoir ce que vaut le consentement unanime des jieuples, et en parliculier le consenlenienl unanime des Africains. X. AOUT KT SliPTKMBRK. li. 10 ( 138 ) IV* PARTIE. — UISTOIRE. I. — Historiens, coup (Coeil general. L'liistoire nous apprend peu He chose siirles peiiplos de I'Afrique interieure : les auteurs ainbes nian(|uenl souveiit de bonne foi, loujours de orilique, et le Son- dan n'est pas ouvert depuis bien longlemps anx inn- suhi^ans , an moins dans sa parlic orienlale. Ibn- Batontah place de ce c6t6 les royanmes de Kanein ot de Zap,bavvah, le premier mnsulman, le second ido- latre. Le Kanem est borne, de nos jours, a I'onost par- le Bornou donl il d^pendalt il n'y a pas fori Icngtcnips; a Test parleWadav, auquel il paie aujourd'liui tribnl; au sud par le lac Tchado, au nord par le desert. 11 n'a done jamais pn s'^tendrc en latitude, el son impor- tance n'a jamais et6 aussi grande qu'lbn-Batonlai! le supp()sait. Quant au rojaume de Zagbawah , je ne pense pas qu'il ait jamais rien existe de pareil. On ne connail tlu nom de Zagbawah qu'une tribn noire assez nombreuse, niais Ires pauvre, qui pait des cbameaux au nord tin Dar-Four et tlu \\ aday : aussi les grandes victoires remporlees par le roi de Kaneui sur les gens du Zagiuiwab me semblent- elles tlevoir elre reduiles a la proportion plus jusle de (|uelques mise- rables gbazwas. Leon, de son cole, nomnic un cerlain rcjaumc de Gaoga, que nous ne pouvons placer qu'enlru le Chary el le Nil el qui aurail embrasse tout I'espace compris entre ces deux fleuves. Leon nomnie aussi quol- ques rois deGaoga et ilitque, de son teuips, rislauiisme ( 139 ) elait professe dans celto parlie dc I'yVlVique: cette assertion malheureusemont parait l)ien peu fondt^je ; la conversion duDar Four par Soliiiian-Solon, cello du Waday par Saleh , sont inoontestablenient des fails posterieurs a I'exislence de Leon. II me parait egale- inenl certain que les peuples dii Filri, du Medogo, du Baguermi, no prolessent pas rislaiuibiuc dejuiis long- lemps. D'apres L6on, les habitants du royaume de Gaoga vivaient a peu pres a I'elat sauvage: c'est-a-dire que des sauvages nalurellement jaloux de k-ur indep^-n- dance, parlaut necessairement plusieui's jangues dil- lerenles, adoranl aussi des idoies diverses , gens que nuUe propriety n'attachait au sol, qui, ne connaissant point I'art mililaire, ue pouvaieut so conibatire qua chances egales , auraienl lonue un de ces vastes em- pires qui sont le leve des grands iiommes, I'ceuvre patiente des siecles el le triompLe de la civilisation ; el aujourd'hui que la religion de ces peuples est une, qu'ils comuiencent a se gouverner par des lois, que la guerre devient chez eux un art et un calcul , trois royaumes se seraient Aleves sur les mines de cet empire. Si Leon nous eiil d^crit le lac Tcliad6, le Chari, le lac Filri, le Jialha, s'il nous eut parle des Arabes du Soudan, du Baobab, du Deleylj, nous pourrions le cruire sur loul le resle ; mais il se tail sui' ce qui est le plus visible, el des lors ses assertions ont besoin de preuves. L'erudilion est commune, la critique est plus rare; et cependant, si elle n'esl pas ^clairee par une sage critique, l'erudilion nouslasse et ne nous instruit pas. ( ihO ) Ressouroo des csprlts sleriloi', ello porinel de parler, a lort et a Iravcrs, des clioses qu'on enlond le n)oins el d'cinbrouillerlesqucslionslcs plus simples, alagrande admiration de tons ceux qui ne liseiit que Ic litre des livres. Mais sans la connaissance pratique de I'Afri- que, ii n'v a pas de critique possildc en g^ograpliie alVicainc. I ne erreur commune, par exeniple, est de vouloir retrouverdans le Soudan toutes les villes que d'anciens auteurs y ont indiqu^es ; il ne faut pas croire que les villes du Soudan soient durables, parce que les oasis (lu Sahara se relrouvent. Les oasis sont trop rarespour n'elre pas toujours habilees; le Soudan, partout arrose, partout fertile, partout habitable, favorise les migrations de ses peuples et les deplacements capricieux de leurs princes. Les peuples du Soudan n'edificnt point de verilables villes et n'el6vent point do monuments; ils vivent sous des huttes de paille, quo lo moindre vent ronverse ; leurs plus grands villages sont delruits en un jour, rebatis en une semaine ; a chaquo guerre une capitale ou deux perissent et d'autrcs cnpitales s'elc^- vcnl au loin. Chaque ann^o les pluies manquent sur un point, sont abondantes ailleurs ; les villages alors se meuvenl et vont chercher les terres arros6es. Le caprice des rois 6leve fr^quemment de nouveauxpalais sur des points dilT^rcnts; ces palais, faits de boue el de paille, durent peu et ne content gucre. Le Dar-Four et le Waday ont cu a peu pr6s autant de capilales que de rois. II en est de m6mc du Bornou, cl Kouga , fondee par le Ranomi, n'a pas plus de rapports avec Koughal), ville morte et oubliee, que Troyes en Cham- pagne n'en a avec la ville dc Priam, Masila, cependanl. ( iAl ) et Yawa sunl des villes anciennes, mais ce sonl la clcs Tails exccplioiineh: beaucoiip do noms, du resle, se lessemblenl parcc que les langues africaines nc pos- sedent pas un grand nombre d'aiticulalions. Beau- coup de villages d'uii memo pays portent lo meme nom, parce quo ce nom est sigiiificatil" et a rapport en gonc^ral a la vegclalion arborescente du lieu (i). Je n'ai pas a me prononcei' ici sur i'unile de la race humaine, j'ignore si I'origine des AtVicains se confond avec la notre; je pense toulefois que rAlVique nest pas plus nouvelle que lEurope et que la race blanche n'a pas precede la race noire sur la lorre ; si meme on se ralliail aux th<^ories de certains pbjsiologistes, on serait port6 a regarder la race noire comme plus ancienne que la notre; a considerer le noir comme le I'cetus du blanc, sorte d'liomme imparfait par la crea- tion duquel la nature preludait a son chef-d'ceuvre. Et pourtant cetle race, antique liabitante de notre planete , qiiitte a peine do nos jours la vie sauvage, commence a peine a culliver et a batir, ignore jus- qu'aux rudiments les plus vulgaires des arts et des sciences, et perirait aujourd'hui sans iaisser sur la lerre la trace do son passage. Quelques phiiosopbes, cependant, veulent que I'bu- manite date d'bier, parcc que c'est d'hicr seulement que dalent les monuments et I'bistoire. (l) Corame 1103 iioiits ile Saussaie, Chesnaye, etc., nos villages porteiil souvenl des noins de sniius : coinbieii y a-t-il de Saiiit-Maitin en France? Ijoiii de ciler les viilayes qui possedcnl (Its huuionynies, les Adi- ( ains Client ceiix (|ui n'en possedent pas: Wara, Kobe, Niiiiroj Kal)kabieh, Masna sunt de ce noml)re. ( 142 ) Esl-ce done par des monuments que I'homine a d in[ideie!>. ( Ub ) Aiiciiiio liistoire atVicaine no seiaitplus intoressaiile a connaltre que celle des Fellatas ; peut-elic a-l-elle ete ecrile en langue fellata on en arabe ; la civilisation des Fellatas est assez ancicnne pour permellrc de le suppose!'. A delaut d'ailleurs d'un travail dc cette na- ture, les voyageurs qui visileront Sokkoto pourraient, s'ils savent s'y menager une reception aussi bienveil- lante que celle qui fut iaite au capitainc Clapperton, prendre connaissancc des archives de I'Etat, archives qui existent dans lous los Ltats du Soudan et parais- sent etre lenues avcc assez de soin. On los commu- nique sans dilTiculte aux voyageurs de distinction qui demandent alesvoir. Le clieikh Ibrahim, baguermawi, a pu consulter ainsi, en outre de celles du Baguermi, celles du Koloko , du Fitri, du Waday el du Dar- Four. Malheureusement, cornme ii n'a pas eu sous les yeux celles des Fellatas, je ne puis donner sur ce peuple que de vagues indications. Je ne puis signaler que ses cinq derniers princes, et je suis reduit a enregistrer, laute de mieux, la table accreditee de son origlne. Voicl cette fable, qui aidera peut-elre plus tard a decouvrir la verile. l]n certain Yakoub, natit' del'Inde, passa d'ligypte dans le Soudan. Lo Soudan n'ayant pas d'habitants a cette epoque, il epousa une femelle de cameleon (en lellala Douniourgali) ; lien eut une posterity nom- breusc representee aujourd'hui par la nation fellata. L'origine niiraculeuse atlribuee a cc peuple cxpliquc toutcs les fables qui ont cours sur I'liabilele de ses sorciers, de ses devins, du ses enchanteurs. { ihii ) Suivant qiielqiies-uns, Yakoul) serait revenu en tgyple et y serait iimrt; son toinbeau serail situe pr^s du \\eux Caire, clerri^re lo lombeau ct la mosquee de I'iinam Clial'ey. De louto fa^on, I'existence de Yakoub serait posle- rieure ;"i cello de Mahomet. Les derniers sullans des Fellatas soni : Ali ; Bello, son (ils ; Isniayl-Fode, appel6 Dinifodio parquelque^ auteurs. Reforniatcur et conqueranl celebre, il s'enipara de pliisicurs litats voisins. Comnio I'a fait observer le savant M. Jomard, il est conteinporain du chef waba- liile Ibn-Saoud, ol sa reforuie ressenible par quelques traits ;i cclle d'Abd-el-Wahab. Les Fellatas totitelois jie sonl [xiint regardes conime bereliques, mais plutot conime zelaleurs. Isuiavl-Fode avail ^tudie au Caire et acccm^ipli le pelcrinage. L'i.slamisme elail pen florissant chez les Fellatas avant son regno, bien qu'il y I'Qt ancicn. iMobammed-Iiello, el non pas Billali, qui fut visile par Denliain et tcnioigiia beaucoup d'estime a ce voya- geur auquel il lit present d'une esquisse du Soudan trac^c de sa propre main (i). Ali oil Aliyo, qui regnc encore aujourd'luii. (i) Jf crois ([u'il faudrait placir ciilre MoliaimiiLtl-licliu el All, Aiiko, here tie Bello. ( 1A7 ) III. — Bornou. Le Bornou paratt avoir 6le converti par Rlgaleli a line epoque Ir^s recul^e. L'islamisme s'y etait inlro- duit, dit-on, mais sans y faire de grands progr^s bien avant I'urrivee d'filyas ou Abd-el-Aziz.natifdel'Yemen, qui travaillabeaucoup a le r^pandre, et qui fut'le pre- mier sultan du Bornou. II elablit sa capitale a Rasser- Goumo, a une douzaine de jours a I'ouest de Rouga, sur ia petite riviere de Mogomi. Abd-el-Aziz regna dix-sept ans a Rasser-Gouni6 ; ii eut pour successeurs : Mai (1) Ahmed-ei-Goumsemi, son fils; Ali, His du precedent. Ici se pr^sente une lacune qui, d'apres le cheikh Ibrahim, correspondrait seulement a cinq ou six regnes. — Je chercherai plus tard a la combler. Ibram-Kebir (i. e. Ibrahim I'ancien). Ingeleroma-Kebir, fiere du precedent. Chetiiua, fils du precedent. II regna deux ans et demi. Meheiiiede, tils du precedent. II regna egalement deux ans et dcrni. Dala (Abd-Allah), tils du precedent. U n'avait pas de capitale fixe; il passa cependantdeux ans a Digoa. La duree de son regne est de quatre ans. Ibrani, tils du precedent. II battit les Fellatas ; il regna dix ans. liigeleroiiia, fds du precedent. Sous son regne les Fellatas, suus la conduite de Bello, s'eniparerent de la plus grande paitie du Bornou; il regna cinij ans. Ali, frere tin precedent. Ali-Gounisenii, fils d'Ingeleroma. II regna un an. Hamadoii (llamed), fils du precedent. II regna un an et deux niois; il fut tue dans un combat par les Fellatas. (i) Mai signifie roi en langue kanouri. ( 1/lS ) Ingclerom.i, tils d'Ali. 11 u'{;iKi deux aiis. Dcnama, fri'ic ili; liuinadoti. li fut tue a Ngala par Ics B;tgiuT- miens (sous le legne de Bourkouniaiida); .-a inort tul le ru- siillal d'uii malentendu. Ibrani, frere du pr('(;c'. ( lh9 ) il y a aiissl un Isiiiayl-Kebir, que jo ne sals oil pla- cer; peiil-etie n'cst-il autre qu'Elyas-Abd-el-Aziz, car il |)asse aussi pour le fondateur cle Kasser-Gounio. IV. — Lc A aneiui. J'ai ilonne dernierement, dans une lettre adress(5e a M. Jomard, quelques renseignemenls sur la vie du plus grand liomme de I'Afriquc moderne, le cheikli Mohammed-el-Aniin-el-Kanemi (click Lanembou); il s'est glisso quelques errcurs dans ce petit travail; j'ai altrlbue, en effel, a El-Amin quelques fails relatiis a son pere, Mobainmed-Ningami, jiremier auteur de la fortune de sa maison. C'est, a ce que je crois, le pere dc Moliammed- Nifigami qui mourut a la Mecque. Sa mere etait fille du Khalifa-Kelli (1), sultan du Kanem residant a Mao. II 6pousa lui-meme une femme arabe, native de Hon dans le Fezzan. A la suite d'une expedition lenlee par les Fezzanais contre le Kanem, le cheikb Mohammed-Ningami fut conlraint a chercber un refuge dans lc Bornou, gou- vci'ne alorspar p.iai Dala (Abd-Allab). Le Bornou (^tait ravage a celte epoque par les incursions continuellcs des Fellalas qui en occupaient une grande partie. Le mai Hamadou perit lui-m6me en cberohant a les re-" pousser. Son successeur Ibram ful plus beureux, il les dofit dans jilus\\i\ soul aid.is par Dicu ; les aiilics scjiit les soicieis, c|ul sunt aides par li- demon. II va sans dire (|u'oii juj;e des miracles par la doctrine, et de la doctrine par les miracles. ( IM ) les affaires de I'htat, et que les sorviteiirs mfiine d'Ibram ne laissaient penetrer aupres tie ce faiblc prince que ceux que son vizir avail autorises a le voir. Le Niiigami avail associe son jeune fils Mohammed-el-Amin, sur- nomm6 le Kanemi, a lous les acles de son adminis- Iration qui, du reste, 6lail sage et prevoyanle. II I'avail initio a lous les secrets de sa politique, el parvinl en mouranl a lui faire assurer par Ibram la continuation des privileges et du pouvoir dont lui-meaie avail joui. Chose remarquable, le Kanemi, fils dun honime eminent, ne laissa pas que d'etre un grand liomme. A peine 6tait-il au pouvoir que la guerre, probable- ment foment^e par lui, eclala enlre le Bornou et les Fellalas : mai Ibram mourut peu apr^s et tut remplace par mai Ali (dont la mere etait Goudjoubawi); quaiil au Kanemi, il p6n6tra a la tele d'une aruiee dans I'em- pire des Fellatas, baltil leur armee que commandail Bouba-iNg^ma, s'empara de Hadadja et lit prisonnier le sultan Moussa, tributaire et allie de I'ennemi. De rctour a Ngornou, Ic Kanemi, grandi par la vicloire, se vil le mailre de I'Etal; mais il ne se d6- partit pas de celle jjrudence qi i avail si bien servi son p^re; il quilta Ngornou, dont la j)Osition ne lui con- venait pas, el batil Kougawa (1) dans un lieu couverl auparavant de baobabs. Apres la morl de mai All, Denama el Ingeleroma, prelendants au Irone, se dis- puterenl la I'aveur du Kanemi. Denama lui [lace sur le trone, il ne I'occupa que peu tie jours; le Kanemi, (l) Kous, Fut prise, et CheriF Fut retabli. Les tribus royales des Ab-Senouii, Ab-Chareb et la tribu des Kodoy se souleverent bicntot; CheriF les baltit une premiere Fois a Boubia, ou ils laissercnt "oo inorts, et une seconde Fois a Djoulkan, ou 4""" niorts resterent sur le terrain. CheriF a Fait lonytcmps la gueire aceii.x duTama sans arri- ver a les soumcttre; niais revenenient capital de son rcgne est la guerre du IJornou, eiitreprise par liii contre le cheikh Omar, sur la demande du nia'i Ibram. CheriF regne depuis dix-huit ans, il a pour vizir I'aguid El-M6haniid; il a trois tils: 1° All, 2° Mahmoud, 3° YonsouF, et une fiile. D'apres une de nies not.s, sa mere appartiendrait aux Fellatas du Dar-Four; d'apres iin autre renseignement, elle serait issue de la tribu des MarFa. Je cruis que ceUn derniere origine est la vraie, peut-etre ai-je confondu dans mes notes la mere de Cherif avec la mere de ses deux lils aines ; cela me parait d'autant plus probable, (jue c'est son troisieme fils, YousouF, qui n'a aujourd'hui qu<- sept ans, qui est regarde comme I'heritier du trone. D'apres les dernieres nouvclles que j'ai recjues du Soudan, Cherif serait deja mort, et YousouF I'aurait remplace sans rencontrer une grande opposition. ( 163 ) IX. — Dar-Four. Soliman-Solbn (S6lou, i. e. en langue four., Bedouin, Arabe), fils d'un Toumourki et d'une fille arabe de la lrll)u des Bederieh du Rordofan, visita I'lllgyple et ne rtgagiia le Dar-Four qu'apr^s avoir embrasse I'isla- misme; il prficba cetle religion dans le Djebel-Marrah, et apres quelques conversions oblint celle du Melek Doiikkounie , chef des Toumourki , qu'il circonscrit avec un rasoir qu'il avail apporle du Caire et qui dut servir pour plusieurs milliers d'individus. Soliman prociam6 roi elablit sa capitale a Bir-Nabak (puits des lotus); son regne, si Ton peut appelcr ainsi I'exercice tres palernel d'une autorite fondee plutot sur I'opinion que sur la force, fut tres long et tres heureux. Ses successeurs sont : 2° Moussa, son frere, qui regna vingt et un ans. 3° Edris, fils de Moussa, qui regna deux ans. 4° Abou-el-Kacem, frere d'Edris, qui regna trois ans. 5° Omar-Lele, fils d Abou-el-Kafem , qui regna cinq ans; sa capitale etail Kabkabieh. 6" Bakour (Abou-Beker), fils d'Omar-Lele, qui re'gna trente ans; i! s'occupa aclivement de repandre rislamisme. 7° Abd-er-Bahman-Kebir, His d'Omar-Lele, qui re'gna deux ans et demi. 8° Teherab, fils de Bakour (i), suivant un informateur, et d'Abd- er-Rahman, suivant un autre ; il regna, suivant I'un, cinq ans, suivant I'autre, dix-huit ans; il s'einpara du Kordofan el y repandit ri>lamisme. 9° Abd-iM-Ralinian II, fils on frere de Teherab; il re'gna vingt ans. Le khalifa Deldouin, esclave de la mere de Teherab, qui avail chasse du Kordofan Hacliim de Girnir, leva I'etendard de la revolte et marcha sur le Dar-Four. Abd-er-Rahman (i) Le cheikh Mohammed en a parle comme fils de Bakour. ( 16/1 ) fill d'ahoril ulilijjc tic tuii-; iiiai^ cl.iiit rcvenii avcc iiiif arniee, il liatlit Ic khalifa et I'exila ilaiis K^s monts Marrali (i). A la suite de ce succes, Abtl-er-Raljiuan a[;i audit 'rcndelty el y fixa sa cnpitale. Ceil Abd-ei-llahinaii II (|ni (.'iilra in K.'lations aver Ic renernl riDnapartc, lors etc IVxpi'ditioii d'E^>yple. lo'- Molianiiiied-Fadel, His d'Abd-er-Kalimaii; il rcgna quar.iiilc aiis, rombauiirAboucheikliTiti, |)eiedeiMselIeiii,quis'claitic\ol'.c. Lc pieleiiilaiit Abou-Madian parviiit a lui (cliapper; Alimed-Ujouiab-el-Fil lui donna un nsile et pi<)tcj',ea sa fuite. Get Abou-^Iadian devint (lan);ereux par la suite jioui Mohammed-Fadel, par ses intrigues cf ses tentalives reiterees niipres de Mebeinet-Ali, doul il cspcrait obtenir des secours, el c'est en rtalite Abou-Madian cpii a le plus contribuo a feriner le Dar-l''our a ceux <|ui vieuuent d'Fgyptc. C'est sous le regne de Moliainined-Fadel (ju'une armee eyyptienne, commandce par le defterdar Mohanuned-Bcy, ayant baitu les Fouriens et ks Nouba riunis aupres de Bara, s'einpara du KordoFan; Ic gouverneur general on Magdouin ilu KordoFan, Mselleni, peril dans cettc balaille. Le cheF Nonba, qui comniandait au Djebel-Haraza, avail peril a Fadel pour lui deniander des secours: il prometlait d'arreter el de dctruire I'aruieo ejyplienne dans les de'filcs difliriles de ses niontagnes, defiles dans lesquels celle arme'e devait s'engager pour trouver de I'eau. Fadel espera que les gens de Haraza suftiraient ;i dcFendre Ic passage et dirigea ses troupes sur liara, alurs capitale du KordoFan ; grace a cette Faute strate'gique, le Djebel-Ilaraza Fut Franchi et raruiee I'ourienne detruite par le deFterdar. Fadel, cfFraye, n osa pas reprendrc les hostililes. 11" Hosscyn, Fds de Fadel, qui orcupe le none depuis qnator/e ans. Sa mere s'appelle Kaltouma (Kaltouina Terdjeui); ses Freres de pere et de mere sonl : Zemzem, Ab-Bakar, Fakili- ISourcyn; il est lui-incme le troisiemc tils de Fadrl. Sis lilssont: I" Abon-cl-Beclnr (Adam); 2° Abd-cr-I\aliniaii ; 3" Ibrabim. — Son vizir actuel s'appelle Adcm-Tarboucli. (1) Graric sous Mohamnied-Fadcl, il mourut a Teldawa, ville situee a six journues av\ sud du Father. ( 105 ) V'' PARTII!. c/::OGRAPHIli POLITIQUE. I. — lit (its imUpendants. L'islam, adopte par quelques Africains, leur a fourni un code de lois et un type de gouvernement ; il les a mis en rapport avec des peuples plus avanc^s, dont ils ont imite en parlie les institutions militaires ; il leur a inspire cet enlhousiasme qui nait d'une foi vive, il a assure ainsi leur prt^ponderance sur leurs voisins idolatres et permis la fondation de quelques vasles empires. On croit communement que I'Afrique cenlrale mu- sulmane sc divise en un nombre infini de royaumes; des voyageurs ]iort6s a rexageralion, ou des Iraducteurs trop classiques, ont tellemenl prodigue aux Africains le litre de roi, que le Soudan parait peupl6 de rois. L'examen attentif et serieux des fails nous montre I'yVfriquc sous un autre point de vue ; nous y relrou- vons presque I'Europe du moyen age, partag<5e entre beaucoup de princes ou de dues, mais dominee tou- jours par un petit nombre d'empereurs ou de rois. Le litre de sultan eslle seul que nous devions rendre par le mot rol, encore ne faul-il le faire que lorsqu'il designe le chef d'un Elat independanl, un prince qui ne paie de Iribut a aucun aulre; s'il designe un prince tribulaiie, il vaut mieux le traduire par le mol pr/ncf!, a moins que nous ne voulions former unc hierarchie d'eniperours et de rois , ce qui, pour TAfrique, me semblerait ambitieux. Le litre de roi, impliquanl I'exercice ind^pondant d'un pouvoir supreme, ne saurait 6trc la traduction ( 166 ) du mot arabe meiek, qui vient de miilk, bien; veut diro lilleralemenl propri^taire, seigneur, (loniinus; n'cst ajiplique en Afriqiie qu'a de pelils vassaux, ou a des agents direcis du souverain, a desgouverncurs de villes ou de provinces. II r^gne une telle confusion en celte inatit^re, qu'uii geograpbe eminent, apr^s avoir dil que le mol inek signilie roi, ajouto qu'on en a derive le mol mekdoum qui, selon lui, signide royauuie. L'angiais kingdom vient de I'anglais king, mais il ne s'ensuit pas que I'arabe maqdowu , ou mioux encore w/«^^oww/ , qui s't^crit par un qei/, vienno do I'arabe mek , qui s'^crit par un kef' (l). Maqdoiim , d'ailleurs, ne slgnifie pas royaume, inais bien gou- verneur general , vice-roi. J'ai paiie, un |)cu plus liaut, du uiaqdoum Msellem, gouverneur du kor- dolan pour le sultan du Dar-Four, qui Tut lu6 par les figjpliens a la bataille de Bara. Quant au mot mek, qui u'esl pas I'abrevialion de melek ( cumme je I'ai a de provinces; presque toutes ces provinces 6lant depuis des si^eles dans un 6tat perp^tuel d'insurrection. L'absence a peu pres complete d'un droit public reposanl sur des trait^s livretout a I'abus de la I'orci^ et fait de la guerre I'etat normal des soci^tes barbares. Les grands btats se font loutefois moins la guerre entre eux qu'ds ne la lont aux petits ; ils altaquent et ran- Qonnent les vassaux les uns des autres : chaque nou- velle lutte semble avoir pour objel , comme pour theatre, une principaule conquise dont les babilanls vaincus appellent a leur secours les ennemis de leurs vainqueurs; ceux-ci vieniient et ravagenl le pays jus- qu'a ce que ceux qui les y ont precedes soient parvenus a les en chasser. II arrive des lors tres souvent que la moitie orientale d'un de ces petils Etats paie tribut a (in roi, v.i que sa nioitie occidentale paie tribut a un autre; queltjuefois nieme I'l^llat depend de deux maitres et offre a cbacun d'eux uue ran^on propor- tionn^e a sa puissance ou a son audace. II resullo ^videmnienl du Tail que je viens d'exposer une grande diflicull^ dans Ic trace des limites des grands royaumes: lo Kanem, allribue auWaday, pour- rait I'etre au moins en parlie au Bornou, car si Ma6 paie Iribut au sultan Ciich-il', quelques villages plus occidentaux paient Iribut a Omar. Enlin les tribu- ( 168 ) laires out eux-momcs des tributairos; los vassaux, ties vavassaux: a'msi Ic Bousso est Iribulaire dii Baguermi, qui lui-infime est Iribulaire ilu Waday. II est dinicile dc bien arrfeter les limiles dans ie siid, parce que les grands royaumes cherchent surlout a s'6lendie dans Ic sud par la predication et les amies; ils gagnenl toujours de ce cole, bien que les fleuves conniie rOinm-et-Tiinan, ou des monlagnes 6lev6es el abiujitcs, puissent arreter quelquefois ou defier leurs cITuiis. Pour rtisumer en quelques niols la situation poli- tique du Soudan, je dirai que, de nos jours, les Fel- lalas sont coiitenus; le Bornou, que des princes d^gen^res acbevaient de perdre , se relive avec une dynaslie nouvelle; le ^^aday, plus receuiment con- verti ct plus barbare encore, grandit chaque jour : deja il a soumis a un Iribut humiliant le Baguermi, qui a jouti un role assez marquant a une autre epoque; d^ja sa puissance menace le Dar-Four, qui manque de celte unite et de celte audace qui font la force du Waday. Dans un travail de la nature de cclui-ci, on ne peul s atlendre a trouver la meme neltele que dans la des- cription d'uno conlrtie bien connue. Des renseigne- nienls d'origine diverse peuvent parfois se contredire: j'ajourne alors une decision qui exige une nouvelle oiujuO'te. Mes notes prises a la hate, dans le mo- luoiU (le la conversation, ne sonl pas toujours aussi completes (jue je le dtisirorais : souvcnt, a propos d'un evdnenient , je noninie une ville dont il me serail impossible de fixer la situation ; niais ces lacunes ro'grettables disparailronl pen a pen, des quo j'aurai relrouvi' mos inrormnleiirs. ( '«50 ) II, — If ndu). u\'\ ^'^.',(.\\tfV\'i\ 1?" Le Waday est habile par onze tribus ou peuj)lacle,s conqueranles, dout quatre se qiialifient de tribus royales. ' • Les tribus royales sont celies : ^-a^^ihasWz . '■.r->n cui a>> .-ojOj :/j oil fe*iLU!|il0.t iaoOpfii^ ^\\ I' De^ Ab-Senoun ( peres des dents, .parce qii'ils, se les "noir- cissent etl ies iroKanlavec du pioieiit apres les avoir soumises a des fumigations de tabac) : la famillu royale apjjarlieni a cette tiibu, qui a pour capitale xVui-Koucliak ; ■:» 2" Dl-s Ganiaia : la nieie Je LSabouii apparttnait a cette l.iihfi; i,,'>j5",P;es Marfa, dont sont sorties, Ip.s tneres de Kliarifeiiv Pt de Cherif ; a Kefia Bitcha, a Hoggene-le-Peiit et a Amboii?- touno, residence du clieikli Maiek; 4* Des Malanga, a laquelle appartenait la mere de F>ered. Les autres sont celies : • H » ; 'uv' i '■■'!' .^ ,'j'uisno 97*!d;i6d ewlq i9 ihQ'f [i" Des Ab-Charib (peres des moustacbes), ainsi nonimes parce que seuls, dans cette parlie du Soudnn , ils portent des mowstaches: ils babitent a Tibabc et Tinne; -'^L 6" Des Kodoy ; i> ,;kj\} i iu'vl. ji ^.•:. . 7° Des Kacbinire, dii totede Wadi-Ousfia ; 8" Des Kiliiian; 9" Des Karna;' 10° Des Masmadji; ou Masmadjeli ; I 1* Des Kondono. . I ; Am-Baclie [bache, sorte d'arbre ; au Rordofan, gid- dein), siluee a 2 journees deWara, est la capilalo ac- tuclle du Waday. Saleh-Dered est, je crois, le premier sullan du Waday qui en ait fail sa residence. Le Waday est divise en cinquanle gouvernemenls, donl les chels-lieux sont : 1° Bir-Tavvil (i. e. le puits protondj, a 5 journees a rE.-S.-K. iltr Wara ; 2° Andina , a a j. de Bir-Deguig el m 3 j. S.-K. de Wara : X. A OUT ET SEPTEMBBE. 0. 12 ( 170 ) 3* Bir-Bachbm (i.e. le puits tlu feniiecus), i j. au S. de Kena- Biieha; 4* Bererit (ne pas confondre aver uii autre lieu du nnui de Boiorit), 2 j. a I'O. de Bir-Tawil el a j. Ii I'E. de Doulla; 5* Aiii-Kouchak ou Anikouchak (i. e. pate ires charpi-'e d'eau: re nom est aiiplKjue a une vilie pour indi(|Uer la plrnitude de sa population), 2 j . a I'E. de Wara , 5j.au S. de Bir-Tawil , 1 j. a I'O. de Tama, I j. ^ au S. du Djiljel-Kourloum; 6* Tibalie, a 5 j. de Wara, a a j. de Koiirmoiidi , a 2 j. rle Gainara; 7* Tiniio, a 5 j. de Wara, 3 j. au S. de Tibabi- ; 8* T6n-K6a, une des capitales d'Abd-el-Keriin, a 6 hrures a I'O. de Rilifi.-in, a i j. au S. d'Aiii-Raclie; 9° Abou-Goudani, la niontagne d'Abou-Goudam djebel Abou- Goudain;,est a I j. -j ou i ^ au S.-O. d'Am-Baihe', a i j. ile Kauuri-Adald, et a i j. de Bir-Yoyo ; ID* Touran, i j. a I'li. de Wara; 11° .Am-Mnj" Ain-Kauarem (ar. Kaivarem ^ S'"g- l<^ida, et les Arabes Gbnwazem^, s'v livrent pourtant nn peu a la culture, ainsi que les Kanombous ou raneinbous, qui sont les aborigenes. Le Kanein a ete le tb^filre de presque loutes les lulles du Bornou et du Waday. Je crois que Karga d'un cottS et Mborgou de I'autre, constituent des petiles principautes ind^pendanles du Kanem, niais tribulaires du Waday. Lc Bagucrmi est le plus important des htats secon- daircs du Soudan, il cxislait comme royauuio inde- pendant avant qu'il fat question du "Waday et du Dai-Four; 11 conslitue la region la plus fertile, la inieux arros^e du Soudan (1); son peuple est aussi brave et plus induslricux que les peuples voisins. On cite, parmi les peuplades noires qui cultivent le Baguermi, les Girfa, les Araza, les Mb^maua, les Ber- g^lfe, les Daba, les L6ln6n, les Mbarma, les Liman. La capitale du Baguermi est Masna ou biiin Masna, c'esl-a-dire la cite de Masna, qui s'«ileve a environ quatre heures de distance au nord du Batcbikana ou riviere ombragde ; c'est une des plus anci(Mines et des plus belles villes du Soudan. Ella est balie sur les deux bords opposes d'un etang ou rahad, de forme un peu allongtie, nomm6 inae Manga. L'un des c6l6s de (i) Ba. en bajjuermieii, signiKe rours d'eau; baguermi me [larail nil iiom compose, mais j'ip.nore le sens de ses deux dernieres syllabes. f 175 ) la ville poss^de le triarchy et le palais du sultan, I'autre c6l6 renferme le palais du vizir actuel, Mbarama, qui est un affranchi du baii ; I'unique baobab dont j'ai parl6 plus haul, et une softe de temple consacre a line idole de bois noinra^e merein Dida, que les mu- sulmans paraissent avoir ^pargnee. II existe a IVIasna beaucoup de maisons a deux et meme trois etages. Je les ai entendu comparer aux babitalions de Djedda et de la Mecque , je les crois beaucoup moins belles et moins conforlables; elles n'en sont pas moins une des merveilles de I'Afrique cenlrale. Pour se rendre du palais du sultan a celui de son vizir, on doit, pendant Tbivernage, contourner entiere- ment le raliad; pendant la saison seche, cepeiidant, il existe enire les deux palais un pont no}e ou sorte de gu(^ am6lior6 au moyen de fascines, on y passe en ayant de I'eau jusqu'a la chcville. Je ne possede pas la division adminislralive du Baguermi. IV. — Fitri, Medogo, Si/a, Rona , Tama. Le Fltii est un Ires petit ttal dont les habitants paraissent former un seul peuple avec ceux du Medogo; les langues du Filri et du Medogo ne different que par un petit nombre de mots. En langue baguermienne, le mot////Y signifie de- sert, region inh;ibitee (en arabe kheta). On raconte que ce nom fut donne a celte contree par des Baguermiens fugitifs qui s'y ctablirenl : les Emigrants africains con- servenl presque toujours le nom de deserts a leurs petites colonies. ( 176 ) La |)iincipnule on la petite lederalion de Filri cn- toine enliereinent le liic de ce nom ; elle se divise en <|ualre j^ouvernemonts ou dislricls qui sonlceiixdo: Gamsa ; Collo, a 1 joiirnee a rouesl dc ^ awa ; Tikeli ; Kabra, au siid dii lac, a 2 journees de Tiketi et 1 jour- nee de Gamsa. Yawa (en langue fitri, ya, mere, voc. hyz douia, i. e.: ma mere, voici dudoura", capilalc du Fitri, est one des villes les plus anciennes du Soudan; elle exlblail longlemps avant Masna, et jouissait a celte epoqtie d'unc iuiporlancedont elle n'a conserve qii'une pailie. Les aulres lieux habit«5s du Filri sont Djiro, De- liounoro, Melnie el Roumlo. Le Medogo forme deux provinces: celle de Medogo, dont le chef-lieu est probablemcnt Kd^si , el celle de Barvvala. Le Djebel-Medogo, garanlie de I'independance de ce petit peuple, est tres eleve. On rapercoit d'une tres grande distance, il n'cst toulerois jamais couverl de neigo : c'est probablemenl Ic point culminant dune chalne a peu prcs continue qui, se dirigeant vers I'ouesl- hord-ouest, separe le bassin du lac Fitri de colui du lac Kendji, et ])orte successivcment les nonis de Djae, Malae, Mo)it' Dar-Rona esl, comnie le Dar-Sila, un pate de haules monlagnes ; sa capitale, Boukhas, est situee a proximile de rOnifn-(>t-Tiuiaii. Le nom de boukhas est iirahe; c'est le pluriel du mot bniiklisa, qui signifie calebassf. Le Tama a deux capitales. L'uiic, Raray, situee au has du Djijhel-Tania , est lud>iteo en temps de paix ; elle esl, du reste, bien defendue par la nalure. L'aulre, d'un ahord inacecssible a I'ennenii, porle le nom arabe de liergou-nia-Chafou (i. e. les Bergou ou Wadayens ne I'ont pas vue), parce (jue les Wadayens n'ont jamais pu s'en rapprocher heaucoup dans leurs ghazwas. Bergou- ma-Chafou sert, en temps de guerre, de cila- delle aux monlagnaids de Tama. V. — Unr-lu 'our. Le Dar-Four, limite du cole de Test par hs conqufites de I'Lgypte, s'6tend vers le sud jusqu'a TOmm-et- Timan ; la chalne du Djehel-Marrah le borne ou le traverse du sud au nord. Ln m6me soulevement paralt avoir forme la chaine des moiils Medob que les cara- f 179 ) vanes qui se rendent a Sioiit longent pendant plu- sieurs jours. Parmi les peuples soumis an sullan du Dar-Four, je citeral les Toumourki, les Mirni , les Medobi, les Z;if!,liawah, les Bego; on rencontre aussi dans le Dar- four un grand nombre de villages peuples par les Fellatas, les gens du Bornou, etc. La copitale actuelle ou residence royale [Jdcher] du Dar-Four est T^ndelty (i. e. grand concours de peuple, en lourien), dont le nom ancien etait Rinebo : c'est plulol un enorme village qu'une ville; il en est autrement de R6b6, doiil les liaisons ressemblent un peu a celles de Siout. La ville de Tendelty ne t'.iit parlie d'aucune province ni d'aucun gouvernement general ; elle est gouvernee par une sorte de lieutenant de jiolice qui porle le litre de waron (1) douloun. Le lieutenant de police acluel est le waron doulouu Bicliara, dont le pr6d6cesseur s'appelait Ahmed. Le Dar-Four est divis6 en quatre gouvernenienls generaux, a la lete de chacun desquels est place un magcloum. Le gouvernement general du nord, dont le chef acluel est le magdoum Hassan, qui reside, je crois, a Kobe, comprend sept provinces dont les chet's-lieux soul: 1° Milllt; 2" Kofol, a 2 j. de iMillit; 3" Kobe, a ij.de Kotot; 4" Kouloum, a 4 !• '""• ^- ''^ Kofot ; les Djellabs y passeiit; (l) Wnrun, signitie roi en langue tounenne. A Dongola on dit oro»i ntmer^ le rol iienier; c'est peut-etre le copte oiiro, car !')! n'est la (|ue pour marquer [3 rel.ilion (les deux mols. ( 180 ) 5o Djebel-Ere'fjat, ri'sidcnce ilu iiieiek Siljeirouii, a3 j. ; au N. ilii Kuulouiii ; fi" Arl('), n 5 a G j. ii I V.. (In Djel)el-Eie'j;;il ; 7° Djedid-es-Sel (i. e. le loircnt noiivt-aii). Le gouverneinent general de Test qui obeit a I'abuii- clioikl), le peisonnage le plus considerable duDai-Foiir aj)ies le roi , conipreud (juiiizi; piuvinces, donl les chet's-lieux sunt : 1° Sani-Rarao; 2" Ar{Tout, a I j. a I'O. de Sani-KaiMo, {jouveriie par un inelek ; 3° Toulou, occu|>p jadis par les Kidjal)i(h, aiijoMnl'liui par le-; Ilaniar ; 4° SodiM-i, ties f'raiid villajje; 5° Kadja, residence du nielek Zead : on y fabriqiic benucoup de boucliers ; 6° Souroudj ; 7° Karnak-el-Faras (i. e. ville de la jument), on Abou-M.idiaii parvint a ecbapper a ses ennemis; 8" Pjcljel-HilK-, Ires grand vi!l.Tj;e dans la inonta{>nc ; 9" Boula, tri'!5 (;ranil vilLige ; lo" Forogit ; 1 1" Deriet-Msellern ; I a" Goz-F.ifa; l3° Am-Say;da (sayala, i. e. ar. acacia seyal), a I j. a I'E. de Kcrio, au S. d'Arjjout ; 1 4" Wadi-Bera, tres grand village entre Marbouta et le Faclier, a tiois beures de cclle derniere ville; 1 5° i'oukoumare, tres grand village: a six beures au S. da Wadi- Bera. Djcdid-Ras-cl-Fil , ct Wada , silu^ a 1 journ^c au N.-E. de Djedid Ras-cl-Fil, sont les deux residences df I'alxiu-clieikh. Je no crois pas que ces villages soient chs chels-lieux de provinces. Le gouvernemenl general du sud du du said coin- prcnd quatorze provinces dent les chei's-lieux sont : ( isi ) I" I'liliildieli (i. f. ar. !(n Iciobalts), (jue je crois tu-c la iesiilciH(; ilu m.TP,(Iouni; 2* Dara; 3" Kochoclia; 4° Uil, a I j. tie Dara a lO. : 'I'elicrab en avail fait sa capitale; 5° Abouga, a 2 j. an S. tin Facher; 6° Manawachi, tres giande ville peuple'e par ties gens du Bornou; n° Korcho ; 8° Hachaba (i. e. ar. gommieis), d'Ererat, gouverne par le fakib Netljm-eil-Din ; 9° Kouli-Bela (i. c. en fourieii, beneHce considerable), tres f;rande ville; - -, lo° Arfa (i. e. en fourien, ciiai-jje, imp.), ties grande ville j;ouvei- nee par le fakili Salein ; I 1° Wadi-Saleh (qn'il ne fant pas confondie avec le M'^adi-Saleb du Djebel-JVIanah), gouverne pai le fakih Arnot : Wadi- Saleli n'est qii'a i jouinee de Rona ; cctte valle'e rist fre- qnentee par les Arabes Taacha et Misrieh ; 12° Ob a; I 3" ToboUa; if Eriilja. Le gouvernement general de I'ouest comprend dix- sept provinces, dont les chefs-lieux sont : 1° BirBidi (les mille puits', a 2 j. a I'O. de Facher par Goz-kabga; 2° Choba, a I j. de Bir-Bidi; 3° Kourou, a I j. de Choba; 4° Kabkabieh, a 2 j. de Konrou par le desert : Korga, residence royale, se trouve a une heure an S. de Kabkabieh; W Andifia, grande ville a 2 j. de Kabkabieh, daus le S. ? 6" Tiwa, a I j. d'Andina; 7" Hellel-fakih-Soliman [liellet, ar. village), a i j. deTiwa; 8" Sasa, a l j. de Hellet-fakih-Soliman ; 9° Al)dakke, a i j. de Sasa ; Id" Koulkoul, a I j. d'Abdakke; I i" Bourton, a i j. de Koulkoul; 12° Uouey, a deux heures an N.-E, de Bourlou; l3° Melkedji. a I j. i de Bourton; { 182 ) i4° Bouera, a a j. de Mellcedji ; lS° Bedine, a i j. de Bouera; 16" Djebel-Ghalla (i. e. ar. iiioiitagne du {jrain}, a a j. de Bedine; 17° Wadi-Haraz, 2 j. a I'O. du Djebel-Ghalla. Djebel-Marrah. Le Djebel-Marrah, d'oii sunt descendus Jes uialtres du Dai-Four, doil a cette ciicoiislaiice, non inoins qu'a sa lorce comuie position ii)ililairo, queiqucs privUcges; il parait ne dependre que du sullaii, qui y fail garder les prisonnieis d Elal. C'est a Toran, dans le Djubel- iManah, que sont les sepultures royales. La capilale ou place lorle des monls JVlarrah s'elfeve au milieu dun lirque auquel on ne paivienl que par une gorge elroile el Lien gardeu; le noni de cetle ville est Djelli-Bora (i. e. en lourien, lue, enlro), parce que le ineurtrier lugilil' s'y Irouve a I'abri de toule pour- suite. 11 nest loutelois pas perniis a lout le nionde d'y cbercher un refuge : un Arabe qui voudrait s'y iutroduire serail uiassacre inipiloyableujent par les Toumourkis. Les Djebel-Medob el Giniir, le Dai-F6nbr6 el quel- ques aulres petils Llals, d6pendenl du Dar-Four auquel ils paienl liabituellement Iriljut. VL — Etafs i do /at res. Parini les Elats non musulnians qui onl pu jusqu'a ce jour conserver leur iml^pendance, je cilerai le Sir6, ou pays des Kirdi (1); Sara, dont la capilale est (1) Les idolatres sont appeles en arahe lanunique, medjoxts el ( 183 ) Mbaimoka, ville tr6s forte situ6e sur la rive gauche du Chari. Le Sarwa, ou le pays cles Sarwa: les esclaves qui en proviennent sont tn^s recherch^s au Bagueruii. Aupr^s de Sarwa on trouve les villages de Bona, de Gabri et de ^clem. Les villages de Miltou, Moul, Ndani, Tomak, Somrai, Sara-Falgi, Sara-Nar, Sara-Goulai, Roumra, Tchere, me paraissent appartenir en parlie au ban Falgi, en partie au ban Barag^, dont les Etats sont plus au sud ; il est a croire aussi que quelques-uns d'enlre eux sont independanls de ces deux princes. Je crois que les peuplades Sara ont avec lesBaguer- iniens une origiue commune ; leur langage, aulant que j'en puis juger j)ar deux ou Irois mots, me paiait elre le meme. Le roi des Sara est appele Baii, mais peut-etre sont-ce les Baguermiens, et non ses sujets, qui lui donnent ce litre. Le Djebel-G6gmi est tribulaire du Baguermi ; ses habitants sont idolalres, les j.rinces seuls sont musul- mans. Le chel actuel se norame ngar Fela; son pre- d^cesseur ngar Abd-er-l\ahman est prisonnler a JVlasiia. Le Djebel-Balil est gouvern*^ par un chel qui porte aussi le nom de Fela, tres commun parmi ces idolatres, et le titre de ngar, que nous retrouvons dans le M6dogo et le Fitii. Peut-etre les peupladeh du Medogo el du abid el esnam; au Bornoii el auBajjucrmi, kirJi; au Waday, djenahher (sing, djonklior), et au Darfoiii, ferlil. Le mot arabe cjajir^ pi. aoufar^ ei auties, signifie inhdele (eltaziita ijafirou), et s'applique a tous les non niusuluians, qui se ilivisent en kitabis (chretiens et juifs), et medjous (djiaours ou guebres, disciples de Brahma, Boudha, etc.). ( i«/i ) Filri (1) \lennent-ellcs dii siul , ainsi quo cclles dii Baguciini; penl-elre y a-l-il eu un inouvoinent de mi- gralion des peuples dcrAIVique centiale vers le nord(2j, niouveiDent qui aura deplace les Fellalas ct rejele les Tibous dans lo desert. C'est une question a examiner. Les I)jel)cls : Gcra (i. c. rond), donl la capilale est Abou-Tellan ; Soin, 016, Kouba , dont la capltale du inemc noin est situec dans le voisioage de la piaine vers le" nord, sonl occupes par divers pelits peuples confondus au W aday sous le nom g^nerique de Dje» nakher. Les Fonoro , les gens de Kouba , de Banda, etc. ,^ sonl egalement les Ferlit des Fouriens. C" d'Escayrac de Lautubk. (l) Uiie parlii; des (jens du Fitii sont originaires du rornou. {2) Peut-etre pst-ce une migration rayoniianie dont on retrouve de^ trace's presque partout; je cite seuleinent on passant les Gallas {La suite prochainement.) ( i^j> ) UBSERVATIONS RELATIVES A L'ESQUISSF. D'UNE PARTIE DU SOI'DAN. Les IravauxdeDenham etCIappeiton,fle Richardson, d'Overweg, de MM. Barth et Vogel, ont fourni les posi- tions de Koiigawa, de Loggon, de Masna; I'liydrogra- phie d'une partie du lac Tchado et le trac6 dn Chari inf^rieur. Les travaux de M. d'Arnaud, du baron Ruppel et de qnelques autres voyageurs, ont servi a fixer le cours du Nil Blanc, a en noter les aifluents et ont donn6 la position de Loheidh. La longitude trop orientale don- n6e par Browne a K6be a du etre rejel^e. On pourrail porter Kerwadjit de 15' plus a I'ouest, et Doulla un peu plus a I'ouest encore; on espacerait un peu plus les etapes de Kerwadjit au Djebel-Glialla, et Ton rapprocherait celles plac^es entre Cliak et Kondjoro : on respeclerait les distances de Wara a Kerwadjit el de Wara a Chak. La position de K^ria-Biteha n'esl pas Ires bonne : K^na-Bileha est a un jour de Kanala, a un jour de Id-el-Harr et a un jour d'Am-Bach6, mais le reste des ilineraires ni'empeche de le bien placer. Am-l)jawakliin et Cadmoul me paraissent avoir 6t6 places par moi sur la route de Seyta a Wara par erreur; s'il en elail ainsi, la route serait plus directe et les stapes restantes seraient un peu plus espac^es. X. AOUT KT SEPTEMBRB. 7. 13 ( i8« ; I.o trace general clii Batha me parall bon, mais les dill'(ireiitcs 6lapes de thaque route ne sonl probalile- ment pas en ligne clroile. Le Irac^ du Bateha ne me salisfait pas enlierement. Orthographe siiwie. ^'6 b' en fiangais dans leur et dans peu, N n n espagnol dans le mot espana. w ou bref. son nasal a, 6, 6 = an, in, on francais. Lors(ju'iin mfeme nom sera ^crit diff6remment dans le niemoire el sur la carle, rorlliof;raphe du m^nioire devra 6tre pr6ter6e. ( 187 ) Analyses, iSapporls, etc. RAPPORT SUU irn OUVUAUE INTITUI.i : Retze ronflorn het ciland Celebes, en naar eenige dvi Moluksche Eilanden. Gedaan in den tare 1850, door Z. M. ScJiepen van Oorlog Argo en Broiiio , onder bevel van C. van dku Hart, kapilein tor Zee; c'est- a-dire Voyage autoiir de Vile Celebes et h quelques- unes des iles Moluques , fait en I'annee 1850 par- ies navires de guerre, V Argo et le Broiito , sous Ic coinniandemeiit dii capitaine C. van dkr Hart. Accompagii6 de planches et de carles. — Public par rinstitut royal de plillologie, de geopraphie el d'elhnologie des Imies neerlandaises. — La Haye, 185A. In.8°. — Par M. Ailred Maury. Le but du voyage donl M. ie capitaine Van der Hart vienl de publier la relation, elailde fournir au goiiver- nemenl neerlandais des renscignemenls nouveaux et aulhentiques , sur les peuplades habitant la cote orientale de Celebes el diverses iles qui en sont voi- sines, sur leurs ressources, leurs disposilions et leur elal politique. Ces populations, en effet, sont pour la plupart sujeltes, conf^derees ou feudataircs du gou- vernement des Indes neerlandaises ; mais depuis 1816, epoque ou celui-ci a ete remis en possession de ses etablissenients, il n'avait enlretenu avec elles que peu de relations. L'iaiportance croissanio que prennent de jour en jour pour la Hollande les colonies de Maca^jur { 188 ) ft lie Mohiuio, devait faire scnlir coinbion il ('■tail desi- rable i\(^ renoiier avcc Ips populations voisincs iles lapporls qui s'elaient singulioremcnt rcffoidis. Les iribus de I'archipel dc Celebes avaient (inl j>ar loni- iier, a I'egaid des Neerlandais, dans une indillerence protoiule, ot privees de leur protection alios s'etaient onfouc^es de plus en plus dans la nnsere ct I'ignorance. ('.'est pour porter reniede a cet elat de choses que M. le capitaine Van derHart qui so trouvait en station ;'j Macassar, regut I'ordre d'enlreprendre, sur la cor- vette VyJrgo, dont il avait le comniandement, de con- serve avee le vapeur Bromo, comniand(^ par M. le lieu- tenant Stoll. un voyage d'exploralion dans rarchipel des Moluques. D'apres Ics instructions qui leur elaient donneos, ces deux olficiers dovaient aller avec leurs balimenls a Bouton sur la cote oriontale de I'ilo Celi^bes, dans la bale dc Wosniaer ou de Rendari, puis remonier dans cello de Tolo ou de Tomini, afin de se rendre a Tabounkou, sur les coles de Balanlo el de Mondono, gagner onsuite les lies Bangaai el Soula, pour aller, apr6s cela , a Amboine ct a Tornate; rexpedilion devait alors revenir au nord do Celebes visiter la residence de iMonado , les sept royauuies silues sur la cote nord el ouosl qui on dependent, enfin nvenir au point de depart en prolongeanl cette cole occidenlale , et loucbant Dongala et Palos. On devait, dans ce voyage, recueillir toules les informa- tions propres a faire apprecier la valeur des plaintes qui s'elevaient conlre les uj-urpalions opdr^es par les sujets du royauiue de Boni sur le territoire des Hol- landais et sur celui de queiques-uns de leurs allies. On devait aussi rechcrcher les repaires des l)rigands { 1S9 ) et des pirates ijiii infeslenl ces |jaiages, Hfin de les aneantir, s'inforniei- de lout ce qui peut fetre avaiita- geux au commerce des sujels n^erlandais et en parli- culier a ceiui de Macassar, rivale redoutable cle Sin- gapour, enfiu dresser la carle hjdrographique de ces iiiers encore iniparfailement explorees. On avail adjoint au capilaine Van der Hart un employe d'un rang infe- rieiir, un insliluleur de Macassar, un ecrivain inler- prete pour les langues macassare el bougui. La corvette de premiere classe Y Jrgo portait 180 liomraes d'6(|ui- page, el le vapeur Bronio, de la force de 120 chevaux, et arme de six pieces de canon, en avail 100. L'expedition suivit fidelenienl I'ilin^raire qui lui avail ele trace. Nos deux navires doubiferent la pres- qu'lle meridionale de I'lle Celebes, passerenl par !e d^troit de Saleyer qui separe Tile du nit>me nom de la presqu'ile de Macassar el arrivercnl a Bouton oii les deux commandanls rendircnt visile au sultan. lis pas- serenl ensuite par le d6troil tlu meme nom qui separe la cole de Bouton de I'ile que lesgeograplies designenl encore par la n^eme denomination, el cclui deWowoni place entre i'ile du meme nom et la cote de (Idlebes, s'eleverent alors dans les eaux de I'archipel Saponda, et vinrent Jeter lancrc au sud de la plus grande de cis lies; puis, conrormemenl a lours instructions, p6ne- Ir^rent dans la baie de Kendari , aulremenl dit ile Wosmacr qui recoil la riviere Lapo-Lapo. M. Van der Hart nous donne une interessanlc description de son sejour dans ce pays, de sa rencontre avcc Ic chef de Lawoui. Ce noni est celui d'un petit royaume qui, comme celui de Kounawei, confine ei celui de Boni dont il a a redouler la |iuissancc. Lc coniinero'' de ( 190 ) LtiTvoiii consiste on sagou I'l cw riz , en tripang, en 4caille cle caret ct on uno ocorce d'arbre appelee xega, qui foiirnit line leinliire d'lin hriin noir et peut 6lre r^duilo par lo halloge en im lissu asscz minco pour servir dc \ Element. Le princo de f-awnul jirofesse le tnahometisiDo, religion a laquclle sa famille s'esl con- verlie dcpuis sopt gondralions. Son exeinple a 6le imil^ par plusiours di; ses sujets, ol I'obscrvance de la foi nouvelle est asscz ^troito pour que ces n^opliyles so sou- meltent m&me ^ la circoncisioii. Quant anx Alfourons de l*int6rieur lis uc suivenl pas lo Cnran. lis no pro- lessent guere quo queiquos suporstilions grossi^res *ntre losquclles la foi aux talismans et a la vertu magi- que des t^tes coupces joue un grand role : I'Alfourou se procure par une horrible Irabison, par un allVeux guet-apons, ce gage nierveilloux qu'il va olVrir a sa fiancee el dont il festoio la ooiiquelc. M. Van der Harl quilla la haie elit, oii peut-6lie esl-ce qn'il respecle ses adorateurs parce qu'ils pren- nent soin de le nourrir ; car dans celte parlie des hides orienlales les indigenes S(! cliargenl de poiuvoir le reptile d'aliiiienls. Qiioi qu'il en soil, ces animaiix pullulunl dans larcliipel de liouron etl'on en rencontre souvenl qui ont 18 a 20 pieds de long. On relrouve a Bourou d'aulres coLilunies bizarres qui rappellent celles qui ont t'l6 observees cbez des populations sauvages de diversos parlies du monde. A peine i'enfanl est-il ne, la ni^re va le laver a la riviere el de relour a sa demeure, elle reprend, coniine si de rien n'elait, ses occupations accoulumees. L'honiiue, tiu contraire, se met au lit et joue plaisain- nient le nialade, I'aisant seiublanl d'etre accouche lui- lueme et inangoant avec gounnandise les friandists que sa femino a dii iui preparer. Le nouveau-n6 n'est point etunjaillotle dans des langes: il est depose dans le sable cliaud el s'y roule coniuie un petit cochon de lait. Jusqu'ii douze ans, fille et gar^on vont complele- menl nus. Nos navires laiss^rent Amboine pour se rendre, par le detroit de Manipa, a Ternatc, un autre des plus importanls elablisseuienls ludlamlais dans ces parages. Les equipages y furenl re^us magnifiquenient. De la ils mirenl le caj) an nord-est el rcvinrent visiter la cote Beptentrionale de Celebes. Ils aborderonl a Reu)a d'ou ils se rendirenl pnr terre sur I'aulre ( ole a Meiiado . ( 196 ) operant leurrelour par Menahassa. Ce dernier t'ndrt)il est un des plus ravlssaiils de I'ile Celebes el un des plus beaux de tout rarcliipel indion. Entoure do halites inontagnes dont plusieiirs sonl volcaniques, ii presente un magnifique panorama , aninie par une vegetation toujours vorle el prititaniere. Tondano est le centre de ce district ou |)lul6t de celle confederation qui coinptait jadis Irente-six cantons. C'est le siege principal des missions proteslanles, missions dont les etloris out ete couronniis de succes, car le nombre des chr^liens [omrii^- serani) \ est assez considerable. Nous vondrions pouvoir tianscrire ici le recit de la visile de nos voyagems au lac de Tondano lequel, a en juger par leur description, doit 6tre singulierement piltores- que. Ce lac a environ, d'apr^s rt^vaiualion de M.Van der Hart, 2 a 3 milles du longsiir 1 mille 'e large. Sa pro? fondeur est considerable, (?n beaucoup d'eudroils la sonde accusant vingt brasses. L'eau en est douce. L'ori- gine de ce lac parait 6tre due, tlit notre auteur, a quel- que ancienne eruption volcanique ou k quelque trem- blenient de tcrre. Ce qui est reniarquable c'est qu'il ne s'y decbarge aucun cours d'eau qui puisse enlre- lenir le niveau constant au(|uel se tiennent ses ondes. Au conlraire on en voit sortir la riviere de Tondano qui va se jeler dans la uier a Menado et qui, aupara- vant, forme, entre deux rocliers, une chute d'environ 70 pieds. Eile relombe dans un bassin naturel dont elle ressort en dicrivant de Inngues sinuosil^s. Des pluies abondantes font pnrfois deborder le lac et grossir la (^alaracte et la riviere ; mais ces pluies ne sonl jamais assez contenues pour alimenler un pareil ( l-'«5 ) reservoir et il faiit iK^cessaheincnl adimllie I'lxislence de sources noinbreusu^. De Kema , dont rouvrage clonne une descnj)lioii, nos voyapeuis se reiidircnt a GoroiUalu , silue sur la cole iiord do la Iniic de Tomini. D'apres leiirs observations, le lieu du mouillage du navire se liou- vait par 0° 29' 0" lat. N. el 12;}» 13' 37" longit. E. de Greemvich. De ce poinl ils rayonnerent en diF- ferenls aulres licux de la residence de Menado. lis visilferenl Pagowal , Mouloii et Parigi ; puis, aprcs avoir quille Gorontalo, aborderenl a Menado , cbef-lieu de la residence. Les Cliinois lonl dans cellc place un commerce etendu. Ils y apporlenl tous les ans des lies Solo, des etodes de sole, de la loile, du nanking, du Ihe, du sucre el d'autres articles, lis en remportent de I'^caille (!e mcr, du tripang el des nids d'hirondelle. Nos voyageurs opereronl leur relonr a Macas>ar en suivanl poncluellemenl leurs inslruclions; visitant par consequent Palos silue au tond de la bale du meme nom et Dongola. Nous avons deja parle d'une des cartes qui sonl jointcs a la relation de M. Van der Hart. Deux aulres donnent, I'une I'liydrograpliie tie la riviere qui se jelle dans la bale de Tolo, I'autre, celle de la bale torm^e par I'ile de Bangaai. Treize planches lithograpliiees accompagnent on oulro celle inleres- sanle relation remplie, ainsi qu'on vientde le voir, de documents nouveaux |)oim- la geographic de I'archipel indien. Nous cilerons parliculi^renienl nne vue de Macassar, des costumes d'AHVuuous, des dessins de ( 197 ) leurs amies, uno I'oret \ipige dans ia bale Ji- Tolo el Jes cataracles deBatong-Gnnlong et deTondano. Nous rappellerons a projjos des planches oil soiit repr6- sent(^s des Allourous dans leiir leniie habituelle el leur habit de guerre, que M. Van der Hart a donne ca et !a dans son livrc des details I'ort precieux pour I'elhno- graphic sur celle population indigene de Celebes. C'est, dit eel oihcier, une race forlement bStie donl la peau est de couleur brun clair; malgr^ son niauvais renoin , ce n'en est j^as moins un peuple g^nereux , innolTensif, quoique tres superstitieux; il n'est pas sans intelligence et sans aptitude a recevoir la civilisation (1). Les Altourous ont souvent donne des pieuves de bra- voure, d'allacheiuenl et de reconnaissance. lis sont monogames , niais conservent I'odieuse coutuine de ne passemarier avant d'avoir tu6 un ennemi; ce qui est la cause de rhoslilile babituelle dans laquelie ils vivent avec leurs voisins. Tout Icur vetement consisle dans ce qu'on appelle le ta'idako, sorte de pagne fail d'ecorce d'arbre qu'ils se nouenl autour des reins. Les (i) II est important de ne pas eonfondre ces Alfoiirous, appeles Turajos aux Celebes, avec les Papons proprement dits, auxquejs on a parfois inipropremeiit eteiidu ce nom. Les Papons, en effet, consti- tuent nne lace noire fort inferieure aux Alfourous sous le rapport intellecfuel, et qui peuple la Nouvelie-Guinee, la Nouvelle-Bretagne, I'Australie; elle se relrouve aux iles Andaman et les indigenes de la terre de Van-Dicmen lul apparlenaient. Les AUourous, au contraire, nes s:ins dunte du melange des Malais et d(!s Papous, liabitent Borneo, Celebes, les Moluques, Mindanao et quelques autres lies. Voy. a ce sujet S'. Erskinc Perry, On the races inhahilinq Polynesia and the Indian archipelaqo, d^ns le Journal asialique de Bombay, I IV» p. 245. ( 198 ) femmes poiienl souvent des ^tnffcs que Iciir vendent les Boiiguis. Mais dans li.'s occasions solennelles les deux sexes onl un velcnient plus eleganl. Disoiis, en finissanl cc rapport, que le voyage de tM. Van der Harl esl ctirlaiiieaient un des plus iinpor- lanlsqu'ait elTectuesdans cesderniers lenips la marine neerlaiidaise et quo su publication fait honneur a i'lnslilut royal des Indes neerlandaises. f 199 ) ?llouvelle!» et eojiiiiiiuiiicatioiis. BETOUR DU D* BJLRTU. Apr^s cinq ann^es d'un voyage plein de difficull6s, de fatigues et de dangers, apres d'importantes d6cou- vertes qui niarqueionl dans I'liistoire des sciences g^ograpliiques, le docleur Baitli nous est rendu sain et sauf, et revient en Europe recevoir le prix de ses longs travaux. II a le premier i'ait connaitre le pays d'Adaniowa, el d(icouvert les giandes rivieres de Benu6 et de Faro, origines de la Tchadda; il a reconnu le cours du Kouara au-dessous de Tombouctou, et enfin il a fail une longue residence dans cetle c^lebre vilie. En i828, le major Laing et Rdne Cailli^ avaient visits Tombouctou; mais le second seul a pu revenir en Europe ; il a debarque a Marseille il y a vingt-sept ans, et est arrive a Paris en novembre 1828. Le major Denham qui avail p6netr6 jusqu'au Mandara, au midi du Bornou et du lac Tcbad, 6lait revenu aussi saiu et sauf; il a egalement passe a Paris ou nous avons eu la satisfaction d'embrasser les deux liardis voyageurs. Le docteur Barlh est, a son tour, attendu a Paris, se rendant a Hambourg, d'ou Ton croit qu'il ira en Angleterre. La symjialhie de tous les amis des sciences iui est d'avance acquise pour ses glorieux travaux et sa louable perseverance. JoM&AP. ( 200 UlTtUT. I>U I)' H\UTH IN J'.UftOPi;. Lne nouvelle clounee par )a Gazette pieinontoixe dc Turin el qui a etti rdpandue en Allemagne ])ai' M. Au- gusle P^lermann, noire correspondant Stranger, nous apprenaitque I'inlropidedocteurH.lJartli ne se trouvait plus qu'«» douze journees de Tripoli, ou il otail impa- lieminont altcndu. Cette nouvelle a ete accueillie avec d'aulanl plus de joie que les derni^ros letlres de cc cel^bre voyageur dalaient seulenienl du i"" deceni- bre ISSil, epoque ou il avail heureusemenl renconlre le clocteur Vogel au Soudan, II senible done que les liostililes qui out eclale idceiunient enlre la popula- tion arabe el ses dominaleurs lures ait lelai-de I'ar- rivee du docteur Barlh a Tripoli, puisquo, d'apr^s sa derniere leltre, il couiptail op^rer immediatemenl son relour. ,. Eniin une dep6cbe l6lograpliique du 8 septenibre, adressee de Marseille, a fail eonnaitre a M. Pelermann qu'apr^s une absence de plus de cinq annees, le doc- teur Barth avail reniis le pied sur le sol europeen et qu'il elait debarqu6 en bonne sanle a Marseille le 8 seplemlire a onze lieures du matin. NOllVELLES Dl' D' K. \0GKL. Une leltre ecrile par le docteur H. Barth de Mour- zouk, en date du 20 juiliel 1855, nous donne dcs nouvelles du docteur Vogel. Ce voyageur avail pen^tro jusqu'a Yakoba, la grande \ille des Fellala, et en avail ( 201 ) d6lerrain6 la position aslronomique (1). Et de la il s'apprfitaitapoursuivre sa route plus avant dans Ic sud, a travels le curieux pays d'Adamaoua, jusqu'a Tibeti et Baya (situes entre les 6" et 7° longit. N.); 11 comptait faire I'ascension du mont Alantika, puis prendre la direction nord-est et penetrer, s'il ^tait possible, dans rOuadai. Grace a la liberality du gouvernement an- glais, le docteur Barth a pu laisser a Kouka una sommo a la disposition du docteur Vogel. u^.vi;,.t;j;; Les coordonnees geographiques que le docteur Vogel a trouv^es pour Yakoba different notablcment de celles que Ton avail estim^es et transportent cctle ville plus au N.-O. Ces chillVes sont en effet : 10° 17' 30" longit. N. 9° 28' 0" longit. orient, de Greenwicb. L'arriv^e de ce voyageur a Yakoba est un ev6nement des plus inaportants pour les progres de nos connais- sances geographiques sur I'Afrique. Aussi , desireux de meltre a profit ce premier succ^s, le docteur Vogel a-t-il differe I'accomplisseinent de son rctour en Europe. (i) On sail (jue Lamler, Over\V(^g et Uartli n'avnient pu peneirei tlans cetie ville. X. AOUT KT SliPTiaUiRK, 8. l/l ( 202 ) Actes dc la ISoci<^(6. EXTRAITS DES PROCiiS-VERBAUX DES SliANCE*. Seance eiii 3 aoik 1855. Le proc6s-verbal de la derni^re seance est lu ct ad op to. M. de Tourcil, gerant de la legation el du consulat g^n^ral de France au Venezuela, adrtsse ses remcr- ciements k la Sociele pour I'avoir admis au nombre de ses membres, el annonce qu'il fera tous ses eCForls pour concourir a ses utiles travaux. M. Prax, vice-consul de France a Haiti, Iransmet a laSoci6te une lettre 6crite de Rio-Janeiro et contenant des details sur les niceurs du Bresil. M. Prax ajoute qu'en se livrant a I'^tude de la iangue des aborigenes, il a constate qu'il fallait ecrire a/iiti le mot Haiti, le- quel se compose de Irois racines : a, fleur; hi, grand ; ti, pays. Abiti signifio done : fleur des grands pays. M. le corate d'Escayrac adresse la premiere parlie du Memoire explicalit' qui doit accompagner sa carte du Soudan. (Voir au Bulletin.) MM. de Lesseps et V.-A. Malle-Brun font bommage a la Society d'une vue panoramique de I'islbme de Suez donnant le trac<^ direct du canal des deux iners, d'apres I'avanl-projet de MM. Liiiant-Bey et Mougel- Bey, ing^nieurs de S. A. Mobammed-Said , vice-roi d'figypte. M. Lourmand offre a la Societe de la part de ( 203 ) M. Silbormann, conservaleur ties collections clu Con- servaloire des arts et metiers, un Memoire sur les poitls et nicsurcs uietriques envoy^s par la France au gouvernement cles Etats-Unis; il est charge de transiucllre les remercienienls de la Soci^le a I'aiiteur. M. Charles PinicoT, professeur au lycee imperial d'Alen^on, est atlmis au nombre des meinbres de la Soci6t6 sur la proposition de MM. d'Avezac el de la Roquelte. M. de la Roquetle fait diverses communications a la Commission cenlrale. II lit d'abord la traduction qu'il a faite des instruc- tions in^dites donn^es par un savant italien, M. Cris- loforo Negri a M, Brun-Rollet, voj ageur zele el intel- ligent dent la Socicle connalt deja les utiles travaux, pour le diriger dans les nouvelles explorations qu'il sc propose d'ontreprendre dans I'Afriquo cenlrale et pendant lesquelles il a I'inlenlion de rcmonter le Nil Blanc et le Misselad. Cos instructions, que M. de la Roquetle a communiqu^es egalement aux Nouvelles unnales des voyages, seront remises au redacteur en chef du Bulletin qui les publiera soil integralement, soil par exlrait dans le journal de la Societo. M. de la Roquetle annonce en meme temps qu'il vient de recevoir la Iriste nouvelle que M. le docteur Martin , compatriote el collaboraleur de M. Brun-Rollet, qui devait resider a Khartoum pour s'y livrcr a des re- cherches sur la botanique, la m6teorologie, etc., vcnail de se noyer dans le Nil prfes du Caire, Ic 0 juin. M. de la Roquetle annonce aussi qu'un jeune Italien iouissant d'une grande fortune et fort instruit, M. le due de Vallombrosa, est au moment d'entrcprendro ( 204 ) un voyage aulour du montlc qui nc sera probablo- ment pas sans ulillle pour la science. Lc mfime membro donne lecture d'une Ictlre ocrile, le 17 mai dernier, de Nainry-Fal dans la province du Kumaon (Inde), par M. Adolphe Schla- gcnUveit, dont les travaux scienlifiques onl ele souvent menlionn^s dans le Bulletin et auquel la compagnie des Indes orienlales a confie una imporlanle mission. Ce savant allemand fait connailre a M. le colonel Sykes, I'un des direcleurs de I'honorable compagnie, I'itin^raire qu'il a suivi depuis son depart de Bombay, et lui rend comple des observations qu'il a faites et de celles qu'il sc pro])osc de faire de concert avec ses deux Ireres. Jung Bahadoor, chef du Nepaul, ayant refuse de le laisser p6ndtrer dans cello conlree si in- teressante et si peu connue, M. Schlaginiweit s'est d6cid6 a se rendre dans le Kumaon, province qui en est voisine et qui depend de la compagnie ; c'est la qu'il se trouve en ce moment au milieu de I'Himalaya. Le meme membre mot encore sous les yeux de la Commission cenlrale les principaux passages d'une Icltre que le pore Cornelte vicnt de lui (^crire de Mexico, sous la dale du 28 mai dernier. Ce savant et laborieux jtisuile qui a deja fait un assez long sojour dans la NouvcUe-Grcnade , pays sur lequcl il a ecrit des pages inl^ressantes dunl M. de la Ro(iuette s'est empress^ de publier des extraits, est etabli en ce mo- ment a Mexico. II se propose d'etudiersous leurs divers aspccls leMexique et sa capitale qu'il ne croit pas encore sullisamment connus on Europe, quoiqu'il lui soil dillicilo deporler aujourtl'liui sur ce pays un jugement qui morile coiirKince, |.uisqu'il nc I'habile que dopuis ( 205 ) cinq mois. II Iransnicllra plus lard aM, tie laRoqucUc ]e resiillat de ses obscrvalions ct repondra aux diffe- rentes questions que celui-cilui aadress^es. II annonce d^s a present I'envoi d'un travail a peu pres termine, sur Ic bassin du fleuve Magdalena, comme comple- ment de ses precedentes communications sur la Nou- velle-Grenade. Aussitot que M. de la Roquelte I'aura recu, il le meltra sous les yeux de la Society, ainsi que les nouvelles informations qui pourraicnt lui etre transmises. aoGfCf; ■( 206 ) OUVRAGES OFFEUTS DANS LA SEANCE DU 3 AOUT 1855. Titres des ouvrages. Doiiatctirs. Atlas special de la geograpliie physique, politique et liistoii<|ue j- Doulla ' j- Soit. . 7 jours. X. — Chak a Kerwadjit par le Balha. Loggene-Soghair 4 joi"'*- AL-Kar I j. Kataltek i j. A reporter. 6 jourt. ( 213 ) Report. . . 6 jours. Malanga i j- i- Fodje I j- Cliouiek ij. Deib-el-Alme I j. Barde V J- Doulla T J- Keiwadjit i j. Soil environ. . . 12 jours. XI. — If^ara a Hoggene dans le Sila. AbOundourou i jour. Id-el-Harr i j. Kena-Biteha , i j. Endillit i j. Atrak i j. Am-Loubana I j. Ras-el-Fil 1 j. i. Bokhas-Sogbair I j. Andila I j. Hidjer-Beidli 4 heurei. Hoggene I jour. Soil pres de. . . 11 jours. XII. — IVara a Koiirmoudi. Gatnara. i jour. Marba-Habide i j. Goz I j. Rabad i j. Kourmoudi i j. Soit. ... 5 jours. XIII. — JVara a Kobe par le Batha. Tara 2 heurei. Kilinan 2 jours. Wadi-Hamra i j. A reporter. . . 5 jours. ( 214 ) /ieport. . . 5 jours. AVadi-Ousna ' j- T- Bir-De(;i(; i j. Kerwadjit 1 j. Koure i j. Zilfa I j. Melke'dji I j- Bouera ' J- Wadi-Fili I j- AVadi-Masaha ' j. Djebel-Ghalla i j- Bedine » j- Djebel-Amer i j- Koue I j- Festoun 8 heures. Bir-Oucher i jour. Daouga i j. Kabkabieh 6 heures. Hir-Nabak i jour. Sani-Karao ^ ]. Bir-Garda 5 heures. Soil de. 22 a a3 jours. XIV. — hone a Hoggene. Koulkoal. I Masana i Ab-Dagge i Bourtou I Cadmoul i Djebel-Awadj 2 Modoine 3 Al)a 1 Mononda fi Kai'iou Bitin Tesou Belchekete A reporter. leures. our. ( 215) Report. . • >5j. f 1 1. GanachoLir. . ' J- I j. Soit. . . i8 j. i. XV. — Kobe a Hoggene, Koure lO jours. Hoggene 4 j- Soit. . . 1 4 jours. XVI. Tendeiti cm Dar-R6ha. Al)ouga 3 jours. Menawachi Korcho El-Hacbaba Kouli-Bela Arfa Wadi-Saleh La frontiere du Dar-R6na, . . . Soit de. I 1 3 5 4 j- 2 I 20 a 21 jours XVII. — Kobe au Souq-ed-Deleyba. Djebel-Kousa ou Khousa i Goz-Gerne \ Tendelli (el Faclier) i Keryo, i Ab-Tagieh i Am-Hedjlidj; i Am-Djamous 2 Tubaldieh I Dara 2 Kochocha I Am-Waragat 2 Souq-Deleyba I Soit de. . . i4 a 1 5 jours. ( 216 ) XVIII. — Keryd n Lobeidh, Djcdid-Ras-el-Fil i jour. Djemoan i j. El-Towecha 3 j. Ouad-Bichara on Dar-llammer. . . i j. J. Abou-Haraz ....-:.... 7 j. Lobei'dl) 1 j. SoJt (le. . . 14 a i5 jours, ▼a* PARTIE. PORTRAIT £T MOEURS DES SOUDANIENS. T. — Idee de ce travail, progres des Africains. Ce travail commence en Egypte, acheve en France, ne presenle pas tout I'ordre et loiite la suite desirables. J'ai voulu publier de suite des laits interessants, sauf ^ les grouper plus tard dans un ordre plus metho- diqiie : c'est done ici plulol le journal de mes (Eludes ou le ri^pertoire de mes notes que le tableau de ce que j'ai appris; ce tableau d'ailleurs serait incomplel, car je ne veux point repeler ce que j'ai dit ailleurs ; je me borne a revenir sur les erreurs et 6 combler autant que je le puis les lacunes do mes travaux pre- cedents. Le jour ou je pourrai resumer dans un livre milbodique ot complet le r^sultat de mes recberches, n'est point encore venu. Je poursuis done mes eludes avcc patience et je les poursuis avec joie, car il me sembic qu'en accumu- lant un grand nombre de fails donl la mention paralt souvent fastidieuse, je r^unis les el^menls des ]ilus bauls probl^mosqu'agilo la pbilosopbic; je m'approcbc de la connaissance de ces lois iuinuiables qui prcisi- ( 217 ) dent a la vie des societes comme d'aulres lois president k la vie de la nature. M'^loignant de I'Europe , foyer d'une civilisation industrielle sans egale, de celte Europe dont I'intelli- gence brilla d'une si vive lumiere dans les deux der- niers siecles, je gagno I'Afrique a demi musulmane, in demi barbare. J'y retrouve I'Europe du moyen age, et cette Europe germaine et gauloise, h^rissee de fordts, encombree de peuplades iniserables et i'^roces. Naturalise pour ainsi dire dans un present qui res- semble a notre passe, je comprends mieux I'histoire, je la vois se r^peter devant mes yeux : ici j'assiste a la naissance d'un peuple, j'entends les premiers begaie- mcnts d'une langue qui se foi-me ; la je vois une nation qui commence a cultiver le sol; tente les premiers essais d'une industrie grossiere; fonde un gouverne- menl; erige desautels adesdieuxr^cemment inventes, et, mise en rapports avec des peuples plus avances, en revolt quelques idees qui decident de son avenir. Je vois quelques fitals africains suivre une marche reellemenl progressive et je m'empresse de signaler ce fail. Mais ne croycz-vous pas, me demande-t-on, a rinCoriorite des Africains? Nc les croyez-vous pas diter- nellement confines dans I'ignorance et dans la bar- baric? Pensez-vous qu'ils puissent jamais s'elever a la bauleur oil nous sommes parvenus? Ma reponse est celle-ci : je crois a I'inferiorite des Africains; je crois ccpendant qu'ils peuvent progresser, meme sans le contact des aulres peuples, plus lentemcnt a la v^rite et dans une moindre mesure. Je considfere I'isolement dans lequel ils ont si longteuips vecu comme la prin- cijjale cause de lour extreme barbaric, el eel isoleraent ( 218 ) leur etait impose par la nature in6me du sol qu'ils habilont. Le contact des Arabes a deja niodifi^ leiirs moeurs el leurs idecs. Le contact dc I'Europe les el^vera plus haut, si I'Europe, plus lard, leur tend la main pour les guider au lieu de les opprimer et de les detruire. Les Indous, les fegyptiens, les Grecs et les Romains ont su creer, a Iravers les si^cles, une civilisation cju'ils nous onl legume ; sans ces niaitres illuslres, nous nc serions encore (|ue des Celtes; ne meprisons done pas lant les peuples qui n'ont point eu leur part de ce grand heritage ! Certes les noirs n'ont point I'esprit des Grecs, et, livr6sa eux-memes, n'egaleraient proba- blenienl jan)ais ce peuple d'^lite, mais s'ils n'ont point le genie qui invente, ils ont peut-6tre a un assez haul degr6 la docility qui imile, et s'ils ne peuvent s'eclai- rer d'une lunii^re qui leur soil propre , ils peuvent reflecbir une partie de celle que I'Europe verse sur le nionde ! Malbeureusenienl leur esprit est naturclle- menl futile et ils sonl plus portes a singer nos sollises qu'a imiter ce qui fail noire grandeur. IL — De la population du Soudan. Quel est le chiflVe de la j)opulalion des divers filats du Soudan, ou, en d'aulres termes, quelle est la den- sile de leur population? Celte inleressanle question me pr^occupe depuis longlemps. II ne m'a pas 6te donne de la resoudre ; niais il me sera peut-etre j)ossible de I'elucider un peu en discutanl quelques-unes de ses [uincipales donnees. ( 219 ) La polygamie on j)lul6l la promiscuite qui regne dans le Soudan est favorable a I'accroissenient Ires rapide de la population. Les villaj^es du Soudan paraissent etre tres vastes et tr^s peuples ; ceux qui servent de residence a des princes ont souvent plusieurs lieues de tour et la multitude de leurs habitants les fait res- seinbler a d'immenses fourmilieres. Ces villages, toulefois, ne sent si vastes que parce que les habitations y sont clair-seuiees; la foule n'y est si nombreuso, si agllee, si bruyante que parce que le sejour des habitations est peu confortable, et que les noirs ont I'habitude de vivre autant que possible a Tair et au soleil. Le nombre des villages est d'ailleurs tr^s restreint, il n'y a que de grands villages, parce qu'en cas d'at- taque, de grands villages seuls peuvent se defendre, et ces villages sont d'aulant plus grands et d'autant plus peuples, qu'ils doivenl rnoins de puissance defensive a la nature ou a I'art. Une petite troupe se maintient dans une forteresse, Une trou]}e un peu plus nom- breuse sulTit a defendre un de ces bourgs solidemenl batis que Ton rencontre en Espagne ; il faut presque une armee pour couvrir de miserables huttes entou- rees de baies ou de palissades. On peut done presque dire que le chiffre de ces agglomerations huniaines est en raison inverse des moyens defensifs qu'elles enipruntent a la nature ou a I'art. D'un village a I'autre s'^tendent d'ordinaire de vastes espaces incultes. Les frontieres des Etats sont des marches, c'est-a-dire des bandes de terrain dont la largeur varie enlre une el dix journees enti^rement ( 220 ) .nbandonnecs aux betes fauves, cl couvcrtcs de foruls insondi^es que Ton ne traverse pas sans crainte. C'esl ainsi qu'un ddsert arbreux separe le Dar-Four du Waday ; que d'aulres solitudes separent le Waday du Djebel-Tama, du Kaneiii ct du Baguermi. C'est ainsi que le Djebel-Gera et IcDjebel-Som sont separes du Djobel-016 et du Djebcl-Kouba, par d'immenses plaines non point inhabitablcs , niais entierexnent inliabitees. Quelles ressources alimentaires les noirs et les Arabes tirent-ils du Soudan : les Atabes sont pasteurs el des lors ne peuvent etre nombreux; les noirs ecliap- pent a peine a la vie sauvage, beaucoup d'entre eux chercbent encore leur subsistance au sein des forSts, se nourrissent des fruits que leur offre la nature ou du gibier que leur flfecbe peut abattre ; ceux-la encore ont l)esoin d'espace et ne peuvent 6tre nombreux; leuis fVeres plus avances commencent a cultiver la lerre. lis defiicbent les foiels en y mettant le feu et senienl sur les cendres aux premiers jours de la saison pluvieuse. L'etendue du sol qu'ils cultivent ainsi doit toulcfois etre bien reslieinle, puisque nulle part, dans le Soudan, la propriete Icrritoriale individuolle n'cst encore connuc. Les Soudaniens, ainsi que les Gerniains de Tacite, ne poss^dent d'autre sol que celui de I'cn- clos qui environne leurs cabanes, le champ qu'ils ont seme ne leur appartient quo jusqu'a la recollo. Depuis celtc r^collc jusqu'aux semailles procbaines, il n'a point de maitre : le droit d'y semer s'acquiert en y plantant sa lance et en semanl le niome jour. Get etat de cboses n'amene que rarement des con- testations, car, dans le Soudan, co n'cst point comme ( 221 ) cliez nous , la terre qui manque a I'liouime , mais I'houime qui manque a la terre. La principale culture dans le Soudan oriental est celle du dokhn. M. Thibaud, qui a cultive lui-m6me, dans le Rordofan, le dokhn pour la nourriture de ses domestiques, ni'a assure, au Caire, qu'un hectare de dokhn ne pouvait nourrir que de huit a dix hommes. C'est peu sans doute , chaque tige de dokhn porte beaucoup de grains, mais les tiges sont fort espacees. D'un autre cote , cependant, quelques racines et quelques tubercules feculents contribuent puissam- ment a {'alimentation des Soudaniens. Je ne crois pas que le manioc soit connu dans le Soudan oriental, mais on y rencontre un tubercule que je crois fort fetre celui du Coiwolvidus batatas ; cette plante, toute- fois, n'est I'objet d'aucune culture. La gomme, quelques fruits, celui du Lotus, par exemple, quelques graines sauvages ; la chair des boeufs, des moutons, des chameaux, de I'el^phant, de I'anlilope , de I'hippopolame el du crocodile meme, ainsi que celle de quelques poissons, ajoutent encore quelque chose a ralimenlalion des Soudaniens. L'abondance du gibier, la ft^condite des tro^ipeaux et du sol dependent surtout de l'abondance des pluies. Or, je I'ai dit ailleurs, il lombe dans le Soudan a peu pres aulant d'eau que dans I'lnde, mais cetlo eau n'est pas 6galemenl reparlie entre les differents districts : les uns sont souvcnt inond^s, landis que les autres souflrcnt de la socheresse ; cette derniere circon- stance entralne loujours la famine, car le n^gre im- pr6voyant et d'ailleurs miserable , n'a pas amasse de provisions : des millicrs d'hommcs des lors succom- ( 222 ) bent u la faim , ou p^rissenl en ilispulant a d'autres line terre moins ingrate. Les guerres se poiirsuivent avec acharnement ; comnie chez tous les barhares, Je Nainqueur ne garde pas de mesure; si le fanalisine s'en inele, il extermine los vaincLis, ainsi que lo lirent souvent les Jiiifs ; si la cupidilo I'aniiue, il les r^diiit en esclavage et les traos- porle au loin, de toule fagon il tend a I'aire de sa con- qufite une solitude, un desert! Les epidemies enfin sent Irequentes : la variole exercc les plus grands ravages dans le Soudan; la suette y r^gnait celte annee; le cholera y a deja fait au moins deux appari- tions depuis 1832. Cest pourquoi je ne pense pas que le Soudan soit extiemement peuple. Je ne pioposerai pas un chillro approxiuiatil, c'cst aux voyageurs seals qu'il ajjparlient dc I'ournir de telles evaluations, encore est-il bien iliflicile aux voyageurs d'apj)recier I'impor- tance d'une population clair-semee dans d'iimuenses villages, mobile, iusaisissable, souvent cachee dans les montagnes ou derri^re des mar^cages; ct j'avoue que je n'oserais emettre une opinion sur la popu- lation des villages du Soudan que j'ai visites moi- mfime. III. — Constitution des Soudaniens, leur alimentation, L'incurie des Alricains ou leur peu d'industrie rend leur existence precaire et miserable : tantut tourmentes par la laim, tanlot atteints par les intem- piries de I'air, ils s'atlaiblissent ou contractent des maladies qui se [)rolongent en I'absence de soins eclaires. La race ne peut que se ressenlir des souf- ( 223 ) frances de I'individu , elle tend a devenir ch^live el scrofLdeuse. Ces maux, dus a la mis^re, doivent moins alteindre las riches que les pauvres et respecter habituellement ceux qui ont regu de leurs peres un sang a la fois plus noble et moins appauvri. Je dois le dire, toutefois, bien que les pcuples bar- bares soupgonnent a peine I'hygiene et la mdidecine, leurs maux n'egalent pas les notres : les plus chetifs d'enlre les Alricains paraiiraient robustes si on les comparait a cette multitude etiolde qui encombre nos manufactures ; chez nous le mal est inv^tere, presque incurable ; les Africains, cependant, n'ont hesoin que d'un peu de bien-etre pour acquerir la force et ia sante. C'est que, comme lous les barbares, ils vivent au grand air, ignorent les fatigues d'un labeur insalubre et ne font point usage d'alimenls ou de boissons frelat^es. L'alimentation des Soudaniens est au conlraire sub- stantielle et saine , puisque la viande et le dokhn en forment la base ; leur boisson est tantot le lait, tantot la bi^re de dokhn ; I'air et le mouvement hatent la digestion de ces substances qui sont facilement assi- milees. Les Africains riches en absorbent des quantites incroyables, aussi sont-ils g^neralement robustes et de haute laille ; ceux qui font usage de la bifere de dokhn deviennent tr^s gras, mais leur embonpoint n'est pas de I'obesit^ : tout se developpe a la fois chez eux, les bras, les jambes et le corps. La fatigue, les privations leur font perdre cct embonpoint en quel- ques semaines, mais quelques jours d'abondance leur ( 22/i ) suffiscnt a lo recouvrer, tant la nature de leur constilu- lion et cclle ilu climal favorisonl la j)lenitudc dc la vie. Les Africains se portent a I'amour avec une ardcur et lino puissance dont nous avons lieu d'etre confon- dus. La polygamic, peu pratiquee des Turcsel qui eiii- barrasse mfimo IcsArabes, parait indispensable aux noirs:les princes soudaniens entrotienncnt un nouibre tel de concubines que souvent ils sonl loin de con- naitre tous leurs enfanls; ils ignorent cependant les debauches auxquelles conduit la satiete. Les peuples civilis«is et biases ont seals des vices, les peuples pri- mitifs n'ont que des defauts. Les Soudaniens possedent de grands troupeaux de moutons, de clievres el surlout de bceufs. Ces der- niers animaux sont en si grande abondance sur le fleuve Blanc que les negociants euiopeens, qui font de ce cote la traite de livoire, peuvent s'en procurer a raison de 10 piastres I'un en verroteries. Les indigtines cependant conune tous les pasteurs, se monlrent eco- nonies de la viantle de leurs troupeaux; si d'ailleurs ils viennent a tuer un boeufj I'uiage u'admel pas qu'ils en vendent la chair au detail, ils sont teuus de donner a leurs voisins ue qu'ils ne consomment pas ou de les appeler tous a uu banquet. Cette coulunie est quel- quel'uis t^ludee sur les frontieres occidentales de I'Abyssinie d'une maniere asscz ing«^nieuse el assez profitable : douze ou quinze paslcurs formenl une association pour la viande; chacun d'cux doit a son tuur livrcr un bceul" qui est mange par tous les mem- bres de I'association ; afiu d'eviter les parasites, les assocics vont s'elablir au soin de quelque clairiere ( 525 ) 6loignee et y passenl deux on Irois jours; pondunl la nuit, ils se gardent des beles f^roces par de grands feux; pendant le jour, ils dansent, ils chantent, ils racontent des hisloires, el par-dessiis lout, ils inangent du boeuf a peu pres cru; presses d'accomplir leur t&che , ils se disputent avec une noble emulation le sceptre de la gloutonnerie. Je discutais un jour avec un Fourien sur les nit- rites de la viande crue et de la viande cuite; je lui repr^sentais que la viande crue etail d'une digestion peu facile et remplissait de vers les inleslins. « Cela se pent, me dit-il, mais si je jette conlre un arbre un morceau de viande cuite, s'y colie-t-il? Non. Si c'est un morceau de viande crue, il s'y colle cependant, eh bien , notre corps est comme I'arbre, la viande crue s'y attache, elle se I'ond dans noire chair, elle est bien plus nourrissante que I'autre. » Le raisonnement de ce brave homme me parut assez absurde. Je crois toulefois , mais par ties motifs differents du sien, que la viande crue ou a moitid; cuite est ia plus nourrissante. Le nioulon se mange rarement cru. IV. — Des stigmates, Des stigmates, un tatouage particulier, la mani^re de porter les cheveux ou de taillcr la l)arbe, servent toujours a dislinguer les unes des autres les peuplades barbares; les soldats remains porlaienl la marque de leur C6sar; Constanlin leur imposa la croix ; en Ame- rique les Virginiens se marquent, les Bresiliens se lailltidenl, d'aiitres Indiens se malachont; jadis il en t^toil de meme des Goths qui so poignaieiil de cinabre, X. OCTOBUR BT NOVKUBIUi. 2. Iti ( 220 ) et des Pictes qui ont dQ leur notn u ime pratique sera- blable (1). Si done du uieuies usuges dovaieul laiie altribuer aux peuples qui Its possedent uno meuie origine, I'Ainerique aurail ele peuplee par les Picles et les Remains; I'Afrique elle-uieme leur devrait ses habitants. II est boii de montrer ;'i quelles absurdites conduit ce sysleme , pour empecher I'esprit buujain d'y descendre. J'ai indique ailleurs les signes auxquels se recon- naissent quelques peujjlades africaines et quolques tribus aiabes du Soudan. Denhani avail insure, dans les planclies de son excellent ou\rage, des figures in- diquant le dessin d'apreslequol se tailladent quil(|ues- uns des peuples qu'il a vus. Le cheikb Molianuned a parle des stigmates usiles au Dar-Four et au A\aday; la connaissance de ces marques est d'uno importance r6elle pour le voyageur et |)our k geograpbe qui veul diriger une enquete. II esl bon de savoir juger a la simple vue de son visage de la nationalile d'un noir qu'on croise dans la rue; on ne le lera pas appeler pour lui adrcsscr des questions oiseuses et on ne le laissera pas passer si son tenuiignag ■ peut elre utile. Ce|)endant la marque n'esl pas toujours un signe certain de reconnaissance : il arrive quelqueiois que des noirs portent une marque dtrangere; c'esl ainsi que j'ai connu un Baguermien qui porlait les taillacles du liornou, parce que sa ni^re 6tait de ce pays et peut-6lre par suite d'une autre circonstance. (i) FeiToque notataa I'.rlejjit I xsanyues Picio raorientfi Hjjuran. (CLiUDIKR. Veil. IfKl.) ( 227 ) La marque du Bornuu consiste dans des laillades dirjg^es depuis ies leiupes jusqu'au inenlon et dont le nombre me parait indetermine. La marque du Bagueniii consiste en une petite lail- Jade sur le front au-dessus du nez, et en deux laillades sur chaque tempe. LJn genre de marques assez commun dans le Soudan est celui des dents limees en poinle ou arrachees. Une peupiade du fleuve Blanc s'arrache Ies incisives sup6rieui'es, une autre Ies incisives interieures ; leur prononciation s'en ressont. Le langage de ces peuples ne pent etre articul6 convenableinent par ceux qui possedent toutes leurs dents : il constitue une st^rie de sifflements bizarres plutot qu'une langue humaine. Ces articulations etranges ne sonl pas des lettres, on peut Ies noter, mais ce seraiL degrader I'alphabet que de leur y donner une place. J'ai cite dans ce travail Ies Ab-Senoun, qui se dis- tinguent des autres Wadayens par leurs dents noires, ce qui ne veut pas dire que Ies Ab-Senoun soient d'origine siamoise. Les Ab-Cliarib se distinguent par leurs moustaches, d'autres par la nianiere de poiter leurs cheveiix; les Arabes en lunt des tresses; les noirs idolatres, surtout du c6l6 de I'Abyssinie, en font de graiides touffes^ des lours ou des couronnes. Les Abba-Djifar en font deux grandes liouppes , dont I'une stileve sur le front et I'autre sur la nuque. ( 228 ) V. — Les troupeattx , le lion. Les noirs du Soudan central paissenl de nombreiix troupeaux de boeufs. J'al recueilli auprt!s de quelques- uns de ces noirs des renseignements curieux sur les soins donnes aux troupeaux; los mceurs des bceufs et celles des betes feroces qui les altaquent. En outre des clairieres ou ils paissenl d'liabitude, les bcEufs sonl conduits pendant une saison dans de vastes paturages qui, dans quelquos parties du Soudan central , constituent de veritables proprietes indivi- duelles.non que Ton reconnaisse un mailre a la terre, mais parce que cette terre, sterile par elle-m&me, est f^cond^e par des irrigations dues au travail de I'honime. On n'a pas besoin de semer ces prairies artificielles, les boeufs n'y 6lant conduits qn'apres la chute de la semence. Dans quelques conlr^es voisines du Choa, on d^laie de temps a autre dans I'eau, donl on abreuveles boeufs, une terre saline qui est apporti^e de loin et que Ton paie fort cher; ce sel est probablement du natron : les troupeaux s'en trouventfort bien, leurappetits'accrolt, leur embonpoint augmente, leur poil devient luisant. D'ordinaire, on retire, pendant la nuit, les besliaux dans un simple pare forme de branchages ^pineux. Quelquefois cependant, dans les pays dont je vions de parler, on les enferme dans des sortes d'd'lables, cou- verles de paille, dans lesquelles ils sont s^par^s les uns des autres par des pieces de bois. On en place «ntre les files a hauteur de poilrail, alin d'empdclier les boeufs de se batlre. ( 229 ) Les bcBul's du Soudan, de liaule taille, lobuates, pourvus en general de cornes ^normes, sont tres ba- tailleurs; leurs luttes sont terribles. Deux laureaux, jaloux de la possession d'une genisse, se menacent par d'effroyables beuglemenls, Irepignent, fouillent et eparpillent le sable, s'eloignenl pour prendre du champ, se pr^cipltent I'un sur I'autre la t§te baissee, les cornes en avant (1) : les cornes se choquent et se croisent comme des ^pees, chacun des deux adversaires cherche a degager les siennes et a ecarler celles de son ennemi, ou se roidissant sur leurs jarrets, lous deux se poussent a la fois et cherchenl a se renverser; a peine tombe, le vaincu est decbire a coups de cornes; quelquefois, cependant, le j)lus faible a recours a la fuite, il se degage a I'aide d'une t'einte habile, tourne les talons et galope ; i'autre le poursuit alors, lui plonge ses cornes dans le bas-ventre et roule sur son cadavre. Lorsqu'un troupeau nombreux se trouve agite de quelque vell^ile subite , se precipite vers un cours d'eau ou vers un paturage, prend la fuile ou fond sur un ennemi, les petits veaux elouffes, heurles, foides par celle cohue , re^oivent plus d'un coup de corne. (i) Le Tasse, inaitant Virgile , deciit ainsi la fureur du taiireau : 11 tauro, ove I'irriti Geloso amor con stimoli pungenti, Orribiliiiente mugge, e co' muggiti Gli spirti in se lisveglia, e I'iie ardenti, E'l corno aguzza ai tronchi; e par ch'iuviti Cull vaiii coipi a la hattaglia i venti: Sparge col pie I'arena, e'l suo rivale Da lunge sfida a guerra aspra e inoiiale. ( 230 ) Presque tons les hoeufs du Soiulnn portent des cica- trices qui n'ont point d'autre ori[i;ine. Dans le Warallu, sur los fronti^res dii Choa, on calcule qu'il faiil dix-huit homines ])oiir rcnverser iin boeuf ; avec le la^o des gauclios, il n'on faiulrait qu'iin. On cgorgo les bceufs avec un sabre. Les taureaux sont chtilr^s par ^crasement. Le lion du Soudan difTere par quelques traits, comune le savent les naturalistes, de celui d'Alg^rie; il est moins robusle et moins hardi que ce dernier. II est certain que les habitants de I'Afrique centrale n'en ont pas peur. Quelquofois un lion rode pendant la nuit autour de leurs pares, les bceufs I'^ventent et beuglenl, les chiens aboienl en reculanl, les honimes sortent de leurs dcmeures et cherchcnt le lion en poussant de grands cris; le lion s'enfuit, les hommes le poursuivent et, s'ils parviennent a I'atteindre, I'atta- quent a I'arme blanche ; il arrive souvent que le lion, tr^s effrayd par cclte poursuite, lache ses excrements, qui ressemblent a ceux de rhomme. Le lion, qui chasse seul ou par families, est pr^cddd le soir par les chacals, et les hy^nes qui chassent en troupe et par battue, il les ^carte, et ces animaux afl'a- m^s attendent qu'il se soil ropu pour se jeter sur les resles do son f'ostin, ronger la peau et les os du gibier dont il a d6vor6 les chairs; aussi leurs excrements sont-ils blanclialres et remplis de poils. La hyene est (juelquelois tellement pressde par la faim , qu'elle atlaque et mange le chien, ce que les autres carnas- siers ne font pas, au moins lorsqu'ils sont librcs. Les carnivores, en elTel, ne se repaissent point de la chair d'aulres carnivores. La chair du loup, celle ( 231 ) dii vaiilour, etc., iV^pugnent a I'liomine. Des pro|>lietes ont tleclar(!( iinpins ces animaux, parce que leur iiour- riture se rapprochait de la noire. L'aigle ne mange pas I'^pervier, le lion ne mange pas le chacal, el je crois qu'il doU eprouver de la repugnance pour la chair de I'lioinme qui se repait de viande. Les resles du lion sont infects, parce que le lion declare cl iacere longtemps sa proie avec ses ongles avant de la devorer ; aussi les noirs n'y touchent-ils jamais; ils n'hesitenl pas, a ce que je crois, a manger ceux de la panlh^re. Le lion chasse quelquefois de jour, il s'approche alors de son glbier en rampant, sans se laisser (ivenler, arrive^ a une distance conve- nable, il s'elance sur elle on deux ou Irois bonds, la saisit et I'egorge. II se jeUe par derriere sur le mouton, le saisit entre ses grilles, le secoue el le clioque contre les rocbors ou les arbres et le depece. II diploic plus de ruse dans raltaqiie du IxeuI"; il bondit de lacon a lomber d'arri^ro en avant sur I'nne ou I'autre de ses ^paulos, mais de preference sur son cpaule gauche, (ju'il saisit avec ses dents. 11 lui enfonce dans le garot les grilles de sa patle droilc, tandis quo des grilles de la patle gauche il decliire les arttres de son cou, arc-boulant en menie temps au sol ses patlesde derriere, il pousse le bceut et le renverse. Le boeuf attaque ainsi pousse des beuglements plain- tils auxquels repondenl tons les bceufs qui I'entendent: lous perdent la tete, cherclient a s'abriter les uns der- riere les autres, se poussent, se pressent et se blossent; aussi le lion se rend-il plus rerioulable par le desordre qu'il met dans les troupeaux que par le nombre de ses victimes. f -232 ) Je ne Li'ois j^as que It; lion aimo la chair liumaiiie. il lui arrive copon iaiil qiiclqiurois . d'en goilter , la faiin, roccasioii \'y cntralnenl. On ma racoul6 a ce sujet le lait suivanl. line reinme qui venail de raniasser du bois fit ren- contre, dans un taillis assez eloign^ de son village, d'un lion qui passait au vent el ne I'avail pas flairee : la letnrae eul peur el laissa toaiber sonfardeau; le lion I'ut 6lonne d'abord et montra (luelque hesitation; voyant eiifin (ju'il avail alTaire a i'aible partie , il se rapprocha de la remune par des circuits, se jeta sur elle et la devora. Onn'eul conuaissance de cet evene- inenl qu'apres deux jours, mais les details du drame 6laient ecrits sur le sable , par les traces epanouies et profondes du lion. Les Soudaniens, tr^s habiles dans ce qu'ils appel- lent la lecture du sable, ne savenl pas sculement re- connaitre la trace des divers animaux, ils saveut encore distinguer le pas du male de celui de la lemelle. J'ai cru longtena|is qu'ils se basaienl pour cela sur ce que le bassin de la louif lie, plus developpe que celui du male, I'oblige a ecarter davanlagc les jauibes de der- riere: je me Irompais; ils on I remarque que le pied de la vache ^lait plus ouverl que celui du taureau , ils pretendenl qu'il en est de ni6me de celui de la jumenl par rapport a celui du cheval el, qu'au con- Iraire, le pied du chameau est j)lus ouvert que celui de sa lemelle. Des ciladins Aleves au sein de la civilisation la plus ralTinee el coiuplelenK'nl ignorants do la nature, soul lenlesde rcjolerde pareils fails; le Nubieii, cependant, auquel on a vole, pendant la nuit, un bceuf ou un ( 233 ) uiouton, cliorche au matin la trace de son voleur : il prenci un uiorceau de cuir bien sec et le d^coupe a la mesure de cette trace ; 161 ou tard son ceil lui uion- trera une trace pareille el son cuir servira a jiistifier ses soupQons ; si le vol est important, il aura d'ailleurs fait garder la trace, et c'est avec sa trace ainsi conser- v6e qu'il controntera son voleur. On dit en dongohiwi, tin adjinge dssara , il a mesur^ avec une peau de bceuf, ce qui revient a dire: il a pris ses dispositions pour retrouver son bien. VI. — Industrie, commerce. L'induslrie des Soudaniens est trfes peu avancee, ils savent extraire quelques metaux, forger le peu de fer employe dans la fabrication de leurs armes; tisser et teindre avec I'indigo quolques cotonnades. C'est le Ba- guermi surtoutqui fabrique ces bandes minces d'etoffe qu'on coud les unes a c6[6 des autres pour en con- fectionner des vfilements ; les idolatres, du resle , ne poussent pas si loin la recberche du costume, ils se contentent en general de la peau de bete dont la tra- dition affuble Hercule, parce que, nous dit Diodore, Hercule vivait aux premiers jours du monde. Quel- ques-uns, cependant portent des vetements d'une singuliere espece : les Sydamiens, par exemple, s'af- fublent (les fibres de la fcuille d'un grand bananier, ou peiit-elie du lalanier; ils les r6unissent par une extremite a un cercle qu'ils se passent au cou et les laissciit pendre librement jusque sur leurs jambes: ce velemeiil est appele par eux ghtcho ; les m6mes Sydamiens se coiffent d'un bonnet conique fait de la ( 23A ) peau poilue d'un animal que je nc connais pas, mais dont le cri esl, m'a-l-on dil, (vbrrou whrrou. Les noirs clu flciivc Blanc porlcnt quelquefois des calottes asscz liahilpniont travaill^es. M. d'Arnaud m'a montre un de scs dessins rcpresenlant un Bari , donl la cheveliire disparaissait sous un lissu de cos petites porcelaines appel^es ivade' par les Arabes. M. d'Ar- naud I'invita a lui donner sa coifl'urc en ^change de quelques verroteries, le noir accepta volontiers : inal- heureusement sa coiffure ne faisail qu'un avec sa I6le, les wade' 6taient passes dans ses cheveux, on ne pou- vail que les enlever un a un, et M. d'Arnaud disap- points dut renoncer a son acquisition. Le commerce est encore peu d(^veloppS dans le Soudan, nos monnaies sont a peine connues, et ne sont point d'usage au Dar-Four, au Waday, au Ba- guermi, au Bornou. Au Bornou et chez les Fellatas on se serl, comrae monnaie, de wad6'; en kanouri, ASngdnn; en baiSb^li, kbi'di ; il y a 20 000 de ces petites coquilles au quin- tal; un bceuf en vaut de 3 000 a 5 000; un esclave, de 15 000 a 20 000; un tob (1), AOO ; trois Ifttos de mais, 30 ou un fj;irse. Dans le Bagucrmi on so sert de ces bandes minces d'eloffe dont j'ai parld' plus haul: on se servait surtout auparavant de petites plaques de fer enfilees par pa- quels ; ces plaques de metal rappcllenl involonlaire- ment Vas ntdis de Numa Pompilius. Les tobs longs et larges de Dongolab sont employes (i) Ce toll ou piece de toile est long de trois a quatre coudees, on I'appelle ijhbaga au Ilorn plus tard, allait accomplir un progr^s plus sensible encore et plus comjilel , dans le temps nieme ou Francois Cassini, petit-fils du grand astro- nome, conccvait le projel el commcn^ait l'execulion de la carte topograpbi([ue de la France a laquelle il a laisse son nora , ceiivre memorable (jiii est reslee le premier modele des grands Iravaux chorographi- ques executes depuis lors en Europe. Delisle avail seulemenl touclie aux trails d'ensemblo et aux con- lours exl^rieurs; d'Anville allait euibrasser tous les details dans K ur diversite inlinie. Delisle, ranienanl en parlie le dessin do ses carles aux proportions de la nature, avail iiolablemcnt ailouci les monslrueuscs gibbosiles qui ligurenl les monlagnes dans les carles encore grossieies du x\ii' siecle; a d'Anville elail re- serve d'achever celte |.r(.iniere relorme , (;l d'associer la parfaile elegance du ilessiii, la proportion des di- ( 249 ) tails el rijariiionie de I'ensemble, a I'analyse appro - I'ondie des sources, a I'exactitude de la nomenclature et a la determination rigoureuse des positions. Cette perfection des cartes de d'Anville est d'autant plus digne d'admiralion, qu'elle etait sans antecedents et sans modules. Pour le fond meme des Etudes qu'elles r^sument, on peut les regarder comme I'expression, et I'expresssion la plus complete, des tendances du xvni* siecle. La geographic savante etail alors en grand honneur au sein de TAcad^mie des Inscriptions, ou les fr^queutes lectures de de la Nauze, de Bougainville, de Gibert, de de la Harre, de Bonamy , et surtout celles du profond et judicieux Freret, captivaient I'at- tenlion et devenaient I'objet des fructueuses conlro- verses. D'Anville s'etait nourri de ces fortes etudes; et son genie, determine peut-elre, mais certainement entrain^ par ce mouvement de I'erudition vers la res- titution du monde ancien, produisit cette longue suite de memoires et de cartes qui remplissent tout un demi-si^cle, et qui sent resles comme autant de mo- deles, ceux-la pour la discussion, celles-ci pour I'ex- pression figuree des elements geographiques. Le milieu ou vecut d'Anville peut done expliquer la direction de scs travaux; mais ce que rien n'ex- pllque, si ce n'est son propre g^nie, c'est la perfection exlerieiire de ses cartes. Comme tous les grands mailres, il en avait puise le sentiment en lui-mfime, et il I'avait realis^e dans sa pensee avantque le crayon et le burin no lui donnassent une forme sensible. Pour arriver a c e resultat qui nous eionne encore aujour- d'liui , d'Anville avait du tout creor et tout former aulour (ie lui, tout, jusqu'a ses graveurs. II faut com- ( 250 ) parer les belles pages He son Alias aux carles qui se publialenl dans le memo leuips en Angleterre, en Allemagne et dans les autres pays de I'Europc, si Ton vcut se former une idee exacle de la prodigieiise sup6- riorite que d'Anville avail donn^e lout A coup h la cartographie fran^aise. Malheurcusemenl d'Anville emporla avec lui le secret de sa rare elegance, on m6mo temps (jue le don de sagacity presque intuitive ompreint dans tous ses travaux. Ses oleves, s'il en avail form6, n'avaionl su garder aucune des superiorites du mallre. Bieutot ^clal^rent les lemp6tes de 89 etde 92; et dans ce san- glant holocausle de lout le pass(5 de la France, ce qui pouvait resler de traditions dans les ateliers ou les planches de d'Anville avaient 6t^ gravdes acheva de se perdre. Les carles execulees clicz nous dans les di r- ni^res annoes du xviu* si^cle et au comnjoncemcnt du siocle aclucl tenioignent assez de cetle rapidc decadence. Pour nous relever de colte d(^cadence il aurail fallu un autre d'Anville ; uiais la geographio, rhoins houreuse que d'aulres ^luiles, n'a pas rencontre jusqu'a present cetle generation conlinue d'hommes su|)erieurs qui se Iransineltont sans interruption le sceptre de la science. La France, cependant, a cu dfes le commencement de noire siocle un liomme inslniit el habile, qui pendant quarante ans de sa vie a produit un nombro immense do carles (jui m^ritent a beaucoup d'egards la haute reputation dout elles out joui et (ju'elles conservent encore ; comment done la decadence n'a-t-elle pas el6 conjurce ? Quelque j)enible que cela soil pour moi, Messieurs, pour moi qui comme bcaucoup d'entre vous ai connu ( 251 ) et aiine M. Lapie et qui renrls pleine justice a ses ttilfiils, le resj)ect pour la verity remporte sur toute autre consideration. Non, M. Lapie n'a pu conjurer la decadence de la cartogra])hie I'rancaise, el peut-etre meme,malgre 1 'Elegance relative qu'il lui a un moment rendue, a-l-il puissamment contribue, en definitive, a la pousser danslavoie fatale ou elle est entree. Excel- lent dessinateur, el bien au couranl des sources en ce qui se rapporle aux cartes etrangeres et aux mat6- riaux manuscrils que les expt^ditions de I'Empire fai- saient aflluer dans nos Depots, ne manquanl pas d'ailleurs de Ihabllele n^cessaire pour la discussion des itineraires et la combinaison des mal^riaux, M. Lapie r^unissait incontcslableinent une grande partie des qualites necessaires au geograplie savant. 11 les aurait cues loutes , je le crois , si le c6l6 commercial de ses Iravaux ne I'eilt pousse a une pro- duction multipliee, au milieu de laquelle il est im- possible de r^server a la pensde le temps n^cossaire pour la maturite des recherches. aussi bien que pour la critique dos maleriaux cl la lenle elaboration des elements accumules. D'Anville, Messieurs, a consacre (juinze annees enli^res a la publication seule de ses grandes cartes generates des parlies du monde, qui ne lorinent que vingt-trois I'euillps de moyenne gran- deur, et cela avec un Uavail de treize a (juatorze beures ciiaquejour dontauciine preoccupation elrang^re a ses Iravaux ne le detourna jamais un sen! instant; cen'est guere que trois feuilles en deux annd'es, et c'est assez pour un travail de cette nature, alors meme qu'on s'y est prepare, comme I'avaitfait notre grand geograplie, par vingl anuees assidues d'eludes silencieuses. La ( 262 ) prodigiouhe aclivile tie I'a pioducliou, cliez M. Lapie , n'esl pas d'ailleurs la seule cause qui ail enlev^ meme a ses nieilleurs Iravaux une paiiie dc la superiorile qu'il aurail pu leur donner; il en est une autre non nioins lalale el qu'il a loguee a ses imilaleurs, c'esl la rcclierche exageiee des dt^lails. Perinettez-nioi , Messieurs, d'iiisister sur ce point, ciir nous aliens louclier a une des grandes plaies de noire carlographie acluelle. Quand je parle de I'exageration des details, il ne I'audrait pas prendre mes paroles dans un sens Irop absolu ; car a cet egard ellcs senibleraient en conlra- diclion avecbeaucoupde parties des cartes ded'Anville. .Mais cliez ce grand mailre, auquel il faul toujours revenir pour y cherclier des modeles, jamais le detail n'engendre la confusion; jamais la clartc n'en e^l aheree, non plus que I'harmonie de I'ensemble. C'est que cliez lui rien n'est jete au hasard ni Jaisse a I'arbilraire du graveur; tout, jusqu'au moindre root, est eludi^ et combing de maniere a recevoir la meil- leure disposition possible et a s'liarmoniser avec les details environnants. On sent bien qu'un lei soin esl eminemmcnl ceuvre d'arliste; comment I'obtiendrail- on , I'eiit-on pris soi-n)eme, ile celui qui charge de transporter voire dessin sur le cuivre, doit suppuler avaiit tout les heures que le travail exige, et qui regarde comme perle de temps ce qui pent le d^tourner dc I'cxerution la plus rapide? Mais ceci n'est pas lout encore. Bien (pi'ens'allacliant areproduire avec la fide- lite la plus scrupuleusc le contour des coles el les sinuosites des rivieres dans les contrees bien connues, d'Anville n'aurait jamais eu la pensee de liansporter ( 253 ) dans les parties conniies seulemeiU pur dcs reconnais- sances approxiniatives ou de simples dostriplions, cette affeclalion d'exactilude uiinutieiise qui devient ici une veritable infidelity, car elle n'est propre qu'a donner de fausses notions. Depuis lui, nous avons vu les rivieres de toules les contrees du raonde indistincte- inent, qu'elles fussent bien ou inal connues, presenter le m6me aspect d'un courant contonrne, revenant ainsi a ce syslfeme lourmente que presenlaient, par exemple, les cartes deCellarius au coniinencemenl du dernier siecle. Enfin, el ceci est le reprocho le plus grave que nous ayons a faire au systeme introduil par M. Lapie dans le dessin des cartes, I'abus des montagnes a et6 pousse a un degre presque incroya- ble. Non-seulement on a pretendu representer dans leur aspect veritable toutes les clialnes principales d'une region (nous reviendrons tout a I'heure sur ce point), mais on n'a pour ainsi pas laisse un seul in- tervalle de rivieres sans y pousser des enibranche- ments, destines, croyait-on, a donner un aspect pitto- resque a I'ensemble par le cbatoiement des ombres et des lumi^res. II est bien enlendu que nous n'en- tendons pas parler des morceaux a grand point qui pennettent ces details et ces effets de topograpbie, mais seulement des carles a petite ecbelle telles que sont n^cessairement les cartes generales de toule une nonlr^e. Dans celles-ci cette rechercbc d'elTets de mon- tagnes n'est pas seulemenl inutile , elle est mauvaise et nuisible sous lous les rapports. D'abord elle est fausse ; car la oil le tei rain presentera en realite une ondulalion dequelques centaines de metres, elle devra produire , eu ^gard u Techelle, un soul^veinenl de ( 25/i ) pliisieurs lieiios de basi'. En second lieu, elle luiit in^viiablement ii la nellel6 du plan, en couvianl la carte de hachiin s qui I'assoujbrissenl el ciupeclienl de lire les nouis de lieux , qui eux-infimes coupenl dans lous les sens, de la maniere la plus disgracieuse, le trail des rivieres et les noms de provinces ou de districts. Pis quo tout cela, sil esl possible, celle de- plorable recherche d'cITelsde nionlagnes livrc la caiie tout enliere a la fantaisie du graveur : le liessiu du cartographe n'est plus d^s lors pour celui-ci qu'une sorte do livret sur lequel le inuin pcut broder au gre de ses caprices ou de I'liabikle nianuelle de I'arlisle, la carte etanl roputoe d'aulant plus belle qu'il y aura jet6 ainsi plus d'effets. Au milieu de cette recherche pour le nioins puerile du joli et du pittoresque, que deviennent, je le doniande, la seule recherche qui soil permise au geographe, celle de I'exaclitude bas^e sur la critique des sources el di; la veritable elegance goographique, celle qui resulte de la disposition har- nionieuse el sobre des details? U esl bien clair (ju'une ceuvre qui a ainsi devi6, en des conditions si essen- lieiles, du caraclere et du but qui lui sont propres, a cess6 d'etre une production scienlifique , et n'est j)lus qu'une marchandise qui cherche par des moyens factices a capter I'ai.hclour, donl elle lausse les no- tions et pervertit le goul. Au uiilieu ni6me du regne de M. Lapie s'6leva une ri^pulation rivale, qui arriva bienlot a conquerir sur le inarch6 une place Imporlanle et une reelle autorile. Vous avez lous nonuiie M. Brue. Je voudrais avant. lout faire a chacun sa |)arl equitable, quelque severes que piiissent elre les requisitions de la science. M. Brue ( 255 ) etnil un Iionniie remorquablement intelligent, done sinon d'lin grand fonds de scionce acquise, au moins de cclte volonle ferme et lenace doiit paile le poete, el qui peut arriver dans une cerlaiue niesure a suppleer aux Jacunes premieres de I'education. II coniprit Lien vile que pour se creer une place a c6t(!! doM. Lapie, il fallail se Irayer une autre route. Apres quelques taton- nements preliminaires, sa manierc fut fixee. Ses cartes ont en efi'et un aspect tout autre que celles de M. Lapie. line tres grande clarle en est le cachet distinctil". Cetle clarte provient surtoul de I'elimination des ('etails qui seraient de nature a cliarger le plan, et aussi en grande parlie de rempioi beaucoup plus restreint des em- branchements de montagnes, avec uh soin tout parti- culier d'eviter dans la carlographie Ics tons noirs que d'autres y jetaient a dessein pour obtenir des con- trastt's. Les cbaines de montagnes sont d'ailleurs rendues par un systeme notablement dilFerent de celui (les carles de M. Lapie; et ce systeme, que je n'essaierai pas de caracteriser, puisqu'il est connu de tous, est celui qui a conquis des lors le plus grand nombre d'imitateurs. S'il fallait opter, en ellet, enlre les deux, c'est celui que je choisirais , parce qu'il charge moins que la maniere de M. Lapie et lalsse ainsi plus de clarte a I'ensemble ; mais je les crois mauvais tous les deux. Je dois dire sur quels motifs se base ma conviction. On a manifeste, dans nos nouvelles ecoles carlo- graphiques, un grand dedain pour le systeme suivi par d'Anville pour exprimer les montagnes; ces im- perceptibles accents circontlexes, accompagn^s de Ires legers trails d'ombres, onl, a ce qu'il parait, ele trou- ( 256 ) v^s fort ridicules. (Ic d^dniu osl plus qu'injiislp, il est nialli;ibile. A priori, iine inaniere donl noire grand geographe a lire si I)on parli, iii^me an point de vue de I'elegance, nierilail phis de consid^ralion ; mais de plus, si Ton va au fond des clioses, il est ais6 de nionlrcr qu'elle est plus vraie que loules celles qu'on lui a substitutes. II est bicn cnlendu, je ie repfele, que je n'entends parler que dos cartes a petite echelle, telles que les cartes g^nerales d'une parlio du monde ou d'une grande coiitree. Cos signes ne sont qu'une convention: soil; uiais que sont done los votres, si ce n'est une convention d'une aulre sorte, seuleiuent plus ^loignee de la verit6? Les pelits accents de d'An- ville sonl du nioins a I'dchelle de la carte, el ils indi- quent sufiisamment I'axe des grandes chalnes el les sinuosit^s des chaines secondaires, les seides choses qui se puissent exprinier sur les carles g^nt^rales; vos ambitieux massifs, avec les accidents supposes qu'y jette le burin et les pentes qu'il y figure, n'arrivenl qu'a grossir dix fois, vingt fois peut-6tre, le trait geo- graphique , sans aucun profit pour I'expression du relief, el au grand dclslriment de la clarle de la carte. Le jour ou Ion abandonnera ces m^tbodes recentes, n^cessaireraent mensong^res au-dessous d'une cer- laine Echelle, el que Ton aura repris les signes de d'Anville pour I'indication des monlagnes, ce jour-la on sera rentre dans la voie de la bonne et saine tra- dition nialheureusement abandonnee depuis un demi- siecle. Est-ce a dire que d^s lors nous pourrons csperer de voir renaltre chez nous la sup^'riorile que la France a eue si longleinps dans le doniaine corlographi([ue? ( 257 ) H6las! d'aiitrcs condilions plus (lifTiciios rosloronl a remplir avant d'avoir reconquis la position gloiieuse que d'Anville nous avail donnee. La premiere — ou plutot I'unique, car loiites les aulrcs rentrent dans celles-la, — c'est qu'entre los mains d'un homme en qui se trouveront reunies les capacitds necessaires, la geogiaphie redevienne une science pure et non plus un commerce. Une telle transformation est-elle acluel- lement possible, el la position exceplionnelle de d'An- ville pourrait-elle so rctrouver? Je le desire sincere- ment, plus que je ne I'espere. II n'est pas commun, je crois, qu'un homme independant deja par sa for- tune se voue pendant de longues annees a des eludes pr^liminairos (jui demandenl une vocation tout a fait speciale, pour s'astreindrc ensuile a un travail assidu de loute la vie; et d'un autre cote la carriere geo- grapliique , si Ton en separe toule preoccupation commerciale, n'est pas de celles qui peuvent conduire a un grand dedommagementp^cuniaire. La reunion des malt^riaux est tro]) couteuse, I'elahoralion trop longue el ie produit trop faible. Je no voudrais pas comparer la position particuli^re que la sollicltudo de I'Acade- mio el la muuilicenco d'un prince ami des leltres avaienl faite a d'Anville, avec la condition actuelle de I'homme de leltres et du savant livr6 a ses seules ressources; mais il est bien evident que la reunion des conditions necessaires a redificalion d'une grande ceuvre g^ographique devient cliaque jour plus difficile. El puis, faut-il Ic dire, I'indiff^rence g^nerale pour les etudes puremenl speculatives y apporte un obstacle de plus. On a do bonnes carles marines pour les be- X. OCTOBRE ET NOVIiMBRE. h. 18 ( 258 ) sdins (Ic la na\lgi\lion; pour coux leau proS- que decoiii ap,eant et uialheureusement irop vrai, une question se pr^senle naturellenient ; on se demande parqucUes causes I'Anglelerre el TAlleniagne du nord, ])lacees a ce qu'il seml)le dans des conditions de vie intellecluelle seniblabies aux notres, ont marclie en sens inverse dans les voies de la carlographie scienli- fiquc ? comment, de I'etat pour le moins tres mediocre oil elles etaionl I'une el i'autre sous ce rapport il y a un quart de siecio A peine, elles sont montees au premier rang , tandis que nous, qui avons lenu le sceptre el pouvions gatder les traditions, nous sommes arrives a noire place actuelle? Je vous I'ai dit , Messieurs, je ne veax pas entrer en ce moment au ccEur d'une pareille question , a laquelle se rattacheraient des considerations de plus d'une surlo.elqui m'entraineraient inovilablojnonta de Irop longs developpemenls. Je dois me borner a iil- diquer sonnnairement les causes de ce double fait telles que je crois les apercevoir. Pour I'Anglelerre, je vois cetle caUse d'un progres rapide dans la saliitaire action de la Sociele I'oyale de geographie. Vous savez de quels elements se compose le pre- cieux recueil que noire sceur la Sociele^ de Londres puldie sous le litre de Journal. Les dissertations, les tlieories, les reclierches puremenl savantes y liennent pen (!e place; tout y est actuel et pratique. Ce sont des rclalions de toutes les contrees du tndnde, inces- sammenl parcouiues [)ar les explorateurs britanni- ques. 11 ne se passe guere de seniaine sans que les presses de Londres ne jettent dans la circulation un ( 2(50 ) on plusioiirs livrcs do \<>\ni;i s; mo'is saiifdc riu'cs ol fi,ranfles excoplions, aiicunc tic Ci s [uiljliialions. rom- nninumcnl ciilaclit'cs do cc vice conlngioux (jiic los Anglais ont si hlcn iioinnic! li' book niahiiig, n'a la valciir des niorceaux concis cl subslanlicls qui com- poscnt le Jouiual de la Gcogvapliicdl Society. C'est la que se trouve la subslancc do cello branche do iille- ralure, si i^lcndue chez nos voisins el qui a pour oux lant d'imporlance. Oi', on sail quelle place nolable tiennenl les cartes dans unc relation serieuse ; lo Journal do la Societe do Londres doil done en ren- fermer un grand nombre. Et conime les carles alla- ch6es a de lelles relations, ct publiees d'aillours au nom d'une Socielo considerable , ne pouvaient elre ni communes ni negligees, dies onl du elre I'objet d'un soin parliculier. M. John Arrousmilii, ?\h de i'ancien geographe do rauiiraule, a repondu digne- menl a cesvuos, et ses ouvragos onl proniptenient pris place a la lete de la carlographie anglaise. (Ic qui acheve de demonti-er, a nion sens, (jue telle est bioii I'origine de la remar(juable superiorilo dos carles tie M. John Arrowsmilh, c'esl la comparaison qu'on en peul ("aire tant avec les carles anglaises anlerieures a I'exislence de la Societe de geographic, qu'avec cellos qui se publienl encore actuelleuienl en dehors de son Journal. L'execuliou Jache el negligee do la plui)art de ces carles ne pout sous aucun raj)port soulenir la comparaison. Nous voyons done ici se produire un cxemplc bien remarquai)le de la puis- sante influence que peul exercer une society savante la ou se porte d'une niani^ro cireclive sa soUicilude et son concours. ( -261 ) C'lsl sous iiiiL' influence analogue a certains egards, inais (I'line nature pins geneiale, que me parait s'elre forineo cc ([uo j'ai iioinuie I'ecole alleniande. Les nouibrciises univeibiiOs que possede le noid de I'Allc- niagne y onl lepandu depuis longteuips et y entre- liennent au scin dc la jeunesse legout en m6me temps que la faciiile des fortes eludes ; de la une aptitude generalc ties favorable aux clioses de Tinlelligence. Aussi I'histoire el la geographie y sont-elles en grand honneur, ce que temoignent assez le nombrc et la natuie des livres, des journaux et des revues qui s'im- prinieiit au dela du Rhin. Cette propension naturelle do I'esprit allemand a requ en Prusse une impulsion nouvelle par Taclion que M. Alexandre de Hundjoldt et M. Carl Killer ont exercec sur le mouvement scien- tilicjue de leur pays. L'AUemagne lout emigre s'enor- gueillil , et avec raison , du vasle monument que M. C. Rilter 6levc a la geographie, oeuvre colossale qui se poursuit sans interruption depuis trente-quatre ans, et qui a valu a son savant auteur une reputation juslement europeenne, Aussi toute une 6cole esl-elle sortie de ce puissant enseignement , et I'ceuvi'e du inailre a enfanle a plusieurs reprises d'imporlants Iravaux carlograi)liiqucs. Ceux de M. Riepert , de Berlin, et de M. Petermann, de Gollia, infmiment supericurs a Iniii ce que TAlleniagne avail jamais pro- duil dans le domaine de la cartographic critique, sont certainemeut ilus a cellc influence do I'ecole do M. Riller. Ce qui distingue les cartes de ccs deux excellcnts g(!!0gra|)lies, ce n'e.sl pas seuleuient, je I'ai dit, la rare pcifeclion du dessin topographique el de ( 2(52 ) la gravure (1), inais aiissi la connaissiiiu.H' upprofoiidie ties sources et la crilique siiprrieuro (jiie lour compo- silion revele. Le dirai-je, cejMMulanl ? (lelte perfection que je me plais a reconiKiilic tians I'execution de ces belles cartes ne saurait uie locoucilior avfC lo sys- teinc d'expression des montai;nos cjuo MM. Pclermann et Kiepert ysuivent iiulistincleuicnt, quelle qu'en soit I'echelle, je veux dire I'iutroducliou de la lopograj)liie dans les represenlalions ])ureiuent g^ograpliiques. L'exlrfime habilete et la finesse de la gravtire y peuvent dissiniuler ce que cet anialgauie dedeux genres essen- licllement dislincls a de vicieux; mais que I'execution en tombe en des mains moins babiles, et ce que eel inevitable defaut de proporlion a de cbo(juant sau- lera bien vite a tous les yeux. En resume, nous vojpns tpie les recenls progres de la carlograpbie crilique en Anglelono it dans le nord de TAIlemagne sont dus priiicipalenient, sinon d'une nianiere exclusive, a une double inllutMicc cgalement eflicace, ici aux publications de la Sociele de geogra- phic de Londres, de I'autro cole du Khin a la puis- sante action d'un haul enseignenienl geograpliique. Et niainlenant, Messieurs, si nous faisons un relour sur nous-mfemes, pourquoi celle diU'erence qu'il nous faut bien reconnailre dans I'elat de la cartoiirapliio cbez nos voisius et chez nous? Cos influences (pii onl eu cbez cux una action si lieureuse, n'en possedons- nous pas aussi les ^Idinenls? L'exislenco niOmo de (i) Les oartt-s de M. Kippcrl et (\t: M. I'cliiinaini >oiit imiics pravees sur pieire, les premieres par M. .Malilmaiin, les seconiles par M. Peternjgnn lui-meme. ( 263 ) noire Sociele, la plus ancienne de loutes les associa- tions analogues qui, depuis Irente ans, se sont formees en Europe et en d'autres contrees du monde , u(. leinoigne-t-elle pas assez que le sentiment et le goiit (lej? sciences gepgraphiques ne sont pas eteints parint nous? Ne possedons-nous pas a Paris, dans le Caljinet des Carles de la Bibliotheque imp^riale, un magni- fique elablissement public sans rival en Europe, cree et dirige par un savant dont nul plus que nous n'est a meme d'apprecier Tinlatigable zele ? Des homines (Tune haute aulorite scientifique ne sidgent-ils pas dan? nos Academies? Une parole a la fois ^loquente ct pvofoiule ne rcmplit-elle pas, avidement recueillio par de nombreux auditeurs, noire chaire de haul onseignement geographique ? Pourquoi done, je le repete, celte difference d'action et de resultats? Messieurs, je dois dire ici ma pens^e lout enti^re, Oui, nous avons en France, ici meme cl aulour de nous, tous les elements d'uneglorieuse regeneration de la science geographique; fnais jusqu'a present ccs elements ne sont peut-etre pas suffisamment entres, avec assez de suit<3 et d'energie, dans une voic active et pratique. Oui, noire Societe a beaucoup fait pour la science, mais (He n'a pas fail encore tout ce qu'eile aurait pu, peut-etre memo tout ce qu'clle aurail dil I'aire. Je ne veux quant a present toucher a aucun detail ; cependant parnii les moyens qui sont a la police de notre Sociele pour relever chez nous le goilt ct Tappreciation des bonnes cartes, celte branchc capitale do la science geographique qui est a bicn diro loule l;i science, puisqu'elle en est I'expression la plus sensible cl la plus complete, parmi ces moyens ( 264 ) qui sont a noire poileo immediate, j'eii vols uii puissant, aclif, eflicace, sur Iciiuel je nic propose d'appelor la serieuse attention dc nies coUegues. Une couclie epaisse d'indilT^rence et d'inertie nous enveloppe : c'est seulenicnt au prix d'efforls inces- sants que nous pourrons vaincie cetle indillerence universelle , plus lalale qu'unc opposition direele. Quant a moi, Messieurs, je nio leliciterai d'avoir eu occasion de vous sounieltre ces reflexions, si elles peuvent contrihuer a nous rapprochcr d'un but qui est notre pensee commune. VlVIliN DE SaIM-MaRTIN. NOTES SUR LliS tl\lS Dli HONDURAS HT DE SAN-SALVADOU , DANS L'AWiuiQDE CENTRALE. La carte des nlats de Honduras el de San-Salvador, que j'ai I'honneur de presenter a la Society de geo- graphie, est hasiie sur les travaux d'une reunion d'in- genieurs envoyes sous ma direction, en 1853, pour explorer le pays dans le but de dec ouvrir une lignc praticable pour etablir un cheniin dc fer entre I'Allan- lique el le Pacifique. J'avais ete amen6 a conjecturer I'existence d'une telle ligne par les observations que j'avais I'aites anle- rieurcnient, alois que j'occupais le posle de ropre- sentant des I'Uals-lInis pres les repuhliques de I'Anie- rique centrale. Dans les c irconstances ou je me trouvais, il clait necessaire pour moi dc visitor le goll'o ou la ( 265 ) baie de Fonseca, qui olTie .sur la iiicr cles Indos une posilion g^ograpliique fori iiuportanle entro Ics Etals de Nicaragua, Honduras el San-Salvador. Pendant ma residence au perl La Union, eii 1850, mon attention fut altiree par de grands vents du nord qui balaient par- fois une partie de la baie. Ce mouvement de I'atmos- phere me fit soupconner qu'il existait une interruption dans la grande chaine des Cordili^res, qui autrement opposeraient un rempartinfrancbissable aux vents qui soufflent dans cette direction. Cette conjecture fut alTenxiie en apprenant que les vents du nord parais- saient seulemcnt dans la baie pendant la periode de leur duree sur la cote atlantique ; et elle fut confirmee par I'observation que la colonne de vent ou le courant d'air arrivant a ce poini de I'ocean Pacifique etait si etroit qu'i! n'excedait pas 10 nilllcs de largeur. Ge ne fut pas sans surprise, toutefois, qu'en gravissant le volcan deConchagua, qui domine le port de La Union, je vis que les montagnes de Honduras elaient comple- tement inlerrompues dans cette direction. A ceitc epoque, ces faits n'avaient pour moi d'autre interet que le plaisir de reconnaitre, le premier, un des traits les plus remarquables de la configuration du pays, el ci ne fut qu'en 1852 que j'arrivai a refle- chir sur I'utilite de cette coupure naturelle pour elFec- tuer une communication inleroceanique, dont on se pr6occuj)ait alors vivement aux Etals-Unis. L'cxploralion de I'islhme de Tebuantepec par le major Barnard, avail conslalti le manque deports con- venablcs sur Tun et I'aulre Ocean, jiour etal)lir dans cellc pailit; de rAmerl(iuo contrale une communica- tion avanlageuse a trusers lo conliaonl. Le resullal de ( 260 ) ccllc enquelc elail passe coinmc iiiic Iriste conviction dans I'osprit ]MiI)lic, qui voyait que jjour alteindre rapidemcnl la Calilornic el I'Oregon , comme pour les lies Saiulvvicli , le Japon ol la Cliiiio, il serait n6- cessairc fie sLiivre Iclonget insaliibro circuit de I'istbme (l(! Panama. Ce fut alors que les observations que j'avais faites a La Union, enlS50, meporlerent a recberclier s'il n'y aurail pas sur cotle ligne des lacililes ignorees pour retablissemenl d'un eheniin de t'er aboulissanl a Ira- vors le continent a I'admirable baie de Fonseca. En recourantaux arcbives espagnoles, jetrouvai que d^ja, en 1540, les ofliciers dti roi d'Espagrie avaient decou- ^ert un passage enlre les deux mers par la voie qui fixait raon attention, ct (jue c'etait dans la prevision du transit inlerocL^anique qu'avait ^le fondee la ville de Comayagua, capitale du Honduras (1). En com- niuniquant nies vucs et nies id^es a quelques amis, adesbommes animt^'s parlc sentiment du bien |)ubiic, nous resolinncs de les verifier par une exploration spe- (i) Ja's Foiidenirnls en fuicnt j'^tes en l54o pai" Alonzo Caceres, fii veitu (le st.-i iiisiiiK'tions " de trouvcf iiiie siliialion convenable pour line ville ii iiti-clutiiln ties ilritx oceans, n L'intenlion des fonda- leuis, (xprimee dans I'cxtiait oi-,i|)ii's de I'liisloire de Guatemala, [)ar Juairos, senihic etre anjonid liiii sur le puint de se realisor. II dit : 0 On vouhiil, ;iu inciyeii (!<■ cclte ville, etablir une communication facile enlre I' Allantujue el le P.acifique. La silua^oii a rni-cheinin enlre Puerto-Caballos el In Laic? dc Fonseca I'ent rcndue un lieu dVntr<'])6t interinc'diaiic convenablp ; la I'eitilite du sol ct la saluljiitc du cliniat eusscnt prevcnu les maladies ct la inortalile de la popu- lation; et Ton e6t evitfl une paitie des fatijjues ct des privations subii^s lialiitu{ll(Miic'nl prnilaiit Ic voy.i[j(! de Nmiibre dc Dios(Chanres) k Panama. » ( 267 ) ciaJe et ininutieuse des lieux, ct nous nous deciclames a en faire les frais. Je reunis immedialeuiont un petit groupe d'honimes compelents qui, paili dc Ncw-York en fevrier 1853, conimenca dans Ic coiirant d'avril ses operations sur le livage de la !jaio de Fonseca choisi pour point de depart (1). La juslesse de mcs conclu- sions prealables fiit rapidenient it pleineraenl verifide, comme on le verra dans les pages suivantes. Une ligne d'observalions et do niesures barometri- ques iut conduite a travers le conlinent par le lieute- nant JefTers. Une ligne sen)blablo tut menee par le docteur Woodliouse depiiis Leon, capitale du Nicara- gua, a Iravers le deparloincnl de Segovia jusqu'a la ville de Comayagua dans le Honduras; enfin, j'exticLttai moi-menie d'aulres niesures barometriques, depuis Comayagua jusqu'a la ville de Santa-Rosa, sur les confins du Guatemala; de la, a la ville de San-Salvador, ensuite dcjniis Sonsonate jusqu'au port de La Union, notre point do depart; et de la subsequemmcnt a travers les monlagnes Lepaterique a la ville de Tegu- cigalpa, a Comayagua, puis a Omoa , en resume sur une longueur totale d'environ 1000 mijies. C'est, cornme je I'ai deja dit, d'apres les observa- tions et les fails recueillis dans ces diverscs reconnais- sances, ainsi que dans les n^gociations auxquelles a donne lieu notre projct, que la carte ci-jointe a 6te principalement dressee, II faut ajouter que les points ' (i).Paiiiii les mcmbres de cette commission, je Jois pnrticuliere- ment nieutionner If>s noms du lieutennnt W.N. Jpffeis, professeur adjoint du {jeuic^ civil a I'Acadt'inie nav.de des Elals-Uiiis; le docleur S. W. Woodhouse, ancien memlire de I'expeditiou du Colorado de la Californie; el M, I). C. Ililclv ock, dessiiiateui. ( 2(58 ) Ics plus iaipoi'tnnts sur la ligiic clu cliemiii cic fer pro- jetc a travels le Honduras, out 6to determines par le lieulonanl Jeflers d'aj)res do nouiljreuses observations aslronomiques. lis constituent la base sur laquelle les positions respectives des localiles visit^es par la commission emigre ou scs merabres isoles, ont dte calcult^es. Ces calculs merilent d'autant plus de con- fiance, qu'il y a, lant dans I'Elat de Honduras que dans celui de San-Salvador, un grand nombre de points 6lev6s et dc pilons remarquables qui sonl conslam- menl visibles ct permettent au voyageur de dolerminer une j)osition avec unc precision parliculierc. Les re- lovemenls de ces points de repere n'ont jamais ele negliges quand I'occasion s'esl presentee de les obser- ver, ct ils nous onl fourni des elements aussi utiles que satisfaisants dans la cunslruclion de cette carle. Les lieux qui ont ete visitd's et dont la position pout etre regardee comme exaclemcnt fixee, sont indiqu6s par un soulign^ : toutes les autres localit^s ont ele ins6rees d'apres les meilleures observations quon a pu oblenir. La topograpliie n'a ^te representee qu'au- lant qu'on a ])u le faire d'apres des observations per- sonnelles. A I'exccplion du trace dc la cote, ([ui avait ett!; bien clabli par les rclcvcments des ofliciers de la marine brilannique, francaise et amiricaine, la carte que jo soumels a I'appreciation do la Socielo pout elro re- gardee comme une |)roduction originale el orjliere- menl ncuvc. II n'rxistait, en cfl'el , aucune aulorite, aucunc source accr(!:ditee de renseigneinenls (|ui put sorvir do base pour un assemblage de fails (I il'dbscrvarKms partielles. Sans protondrc ulrc ( 2(39 ) cninpl^le on ininulieiisoment cxncle, nolro carle poul elre consideroc comme correcte dans Ions los points los plus essenliels, et coixiine fonnanl un canevas ge- neral auquel pourront sc rallacher en toiile sureto ies decouveitcs iutures. Apres ces explications preliminaires et indispen- sables, il me reste a donner un apergu de ia configu- ration topographique des deux Etats specialement compris dans la carle et un sommaire du trace du chomin de fer, qui cree une nouveile importance a ces deux republiques de I'Amerique cenlrale. I. — HONDURAS. Avant I'independance des Etats espagnols de I'Ame- rique centrale, le Honduras faisait pnrtie du royaumo ou capitainerie generale de Guatemala, qui compre- nait aussi Ies provinces ou intendencias de Guatemala, San-Salvador, Nicaragua et Costo-Rica. Ces provinces secouerent le joug de I'Espagne en 1821, prirent le rang d'Etals soiiverains, ct pen apr^s se reunircnt dans une confederation appelee Ies « Etats de I'Ame- rique centrale. » Cette union, brisee a la suite de dis- sensions inlerieures, ccssa en 1839, et depuis celte 6poque ces divers Etats exercent s6parement leur puissance souveraine. La republique de Honduras comprend le terriloire que possedait autrefois la province de ce nom. Elle est born^e au nord et a Test par la baie de Honduras, la mer desCaraibes, ct presenle un d(5veloppement de cotes d'environ400milles/f'^'«H.r(l) depuis leUio-Tinto, (i) Le inille |('{'al, statute mile, vaiit l kiloinelre 609 metres. ( 270 ) lal. N. 15° /i5' ot long. O. deGrecnvvich SS" 30' jus(iii'aii cap Gracilis a Dios a rcmboucliure du l\io-^^ auks on Segovia, latil. J/|° 50' ct long. 83" 11'. Elle est Imiilce an suti par la it'inibliqiie de Nicaragua. La ligiie do diJiDarcalion suil le Rio-\\ aiiks environ lis deux liers de son cours, do la devie au sud-oucsl pour alleiii Ire les sources dii Rio-Xegro qui sc jclte dans le golie do Fonscca sur I'ocean Pacilique. Elle a sur cv goll'e unc ligne de cote d'envii'on 60 luilles dopuis le Uiu-Negro jusqu'au Rio-Goascoran, et embrasse dans ses limilcs les lies de Tigre, Sacate-Grande el Giieguensi. Elle est borntie au sud-ouest el a I'ouest par les republiques de San-Salvador el de Gualcniala. La ligne de sepa- ration est irreguliere. Commcncanl sur le golfe de Fonseca, a remboucluac du Rio-Goascoran, elb; suil cetle riviere I'espace d'environ 30 ujilles dircclcnicii I au nord jusqu'a reaiboucliurc d'un dc ses aillucnls appole Rio-Pescado ; I'e la source de ce cours d'eau, elle coloie unc brancho du Rio-Torola jusqu'a son confluent avec le Rio-Lonipa, qu'elk; renionlc jusqu'au Rio-Suni[)ul, pour longer ce dernier jusque pr6s de sa source, en un poinl oil ses eaux approclienl celles du Rio-Paza, cjui st'pare I'Etat de San-Salvador de celui du Guatemala. Dc eel endroit, la ligne de demarca- tion court presque au nord-esl, le long" de la chaliie des montagnes de Meiendon ol de Grila, laissant la ville et les ruines de Copan environ 15 mllies au sud- est, jusqu'a ce qu'olle atteigne la source du pelil cours d'eau appel6 Rio'Tinto , qu'elle suit dans la baie de Honduras. L'Etat est par consequent enlieren)ent compris enlre 83° 20' et SO" 30' de longit. occidentale, 13° 10' ( 271 ) ot 16° de Inlilucle s.'plonlrionale, el prc'senle environ oi),600 millcs cari'es. La grantle ile dePioalan avec scs dependancos, Giia- naja ou Bonacca, Ulila, Ikdena, Barbarat ct Moral appartiennent aussi a Ja republique de Honduras, mais sous la denomination de « Colonj- of the Bay Islands, » elies sont anjourd'liui occiijiees par les Anglais. L'aspect general du Honduras est monlagneux, c'esl- a-dire que le pays est traverse en differenlos directions par des cliaines de montagnes et de haules collines divergeanl de la base des Cordilleres. Gette grande chaine qui s'etend sur loule la longueur des deux Am^riques, et peul elre consideree comnie I'epine dorsale de tout le continent, se ticnl dans le Honduras a 50 ou 60 inilles de I'Dcean Pacilique. EUe ne niain- tient pas d'un bout a I'autre son caractere general de cbaine continue, mais dans sa course se repiie quel- quefois sur elle-meme , forme des groupes ou des rameaux d'ou partent de nouvelles niontagncs qui se dirigent dans lous )«?s ?ens, determinent des bassins inlerieurs et de larges \allees ou se rassembienl les sources des grands cours d'eau qui traversenl la con- tree pour se perdre dans ! 'ocean Atiantique. Vtie de la mer Pacifique, la chalno principalo prdsenle nean- moins I'apparence d'une immense muraille nalurelle, prec6d(!!e d'une chaine sectmdaire de montagnes re- baussee par des pics volcaiiiqucs d'une merveillense regularity de formes, qui se trouve enlrc elle el la mer des Indes. II pai'ait cependanl que, dans les lemps anteliisloriques, les vagues se brisaienl au pied de cclte grande barriere, et qiu; la petite ibaine coliere ( •^"•-^ ) sVst soulovt'C |iar W-ttiA dcs forces volcanirjucs. Celtp conjccUirc scnil'lo vcrificio ilansl'Elal do San-Salvador oil la chalne, d'cTiviron 2,000 pieds d'allilude, qui s'elend du volcan de San-Mii^uel a cclui d'Apcneca on Sanla-Anna, scpare dcs Cordillercs par la valine parallole du Rio-Lempa , est cnti^reinent d'origine volcanique. Onzc cones isoles se dressenl le long de la crelo, el Ic voyageur marclie d'une cxlr6niile a Taiilre de celtc province siir un lit quasi conlinu de scories cl de cendrcs rafilees de ponces, et relev^ ca el la par des coulees de laves et des couches de pierrcs. Dans lo Nicaragua, cette chalne volcanique s'abaisse par intcrvalles et se trouve seulcment marquee par des cones 6lev6s el des crateres brisks, tandis que les Cordill^res ininterrompues courent au sud-est sur le hord septentrional du hassin des lacs de Nicaragua. Comnie je I'ai deja fait remarquer, le Honduras n'a qu'environ 60 milles de cotes sur I'ocoan Pacifique el huv toute cette 6lendue la chalne coti^re manque en- tieremcnl. Mais elle est remplac^c dans la baie de Fonscca par dcs lies clevecs et d'origine volcanique apparlcnant a I'Etat. Les cotes seplentrionalc el oricntale de Honduras presenlent plusieurs groujies de montagnes qui sont les extrc'niil(^s des thaines secondaires rayonnanl au nord et a Test des Cordill^res. Ces chaines secondaires atteignent la cole seplentrionale diagonalement, s'en- chev6lrent et se recouvrent I'une I'autre de fa^on a paraitre, vues de lamer, comme une chaine continue. De cette circonslance, il esl r^sultd que sur quel- ques cartes coliurcs qui indifjuent hien rcn)bouchurc des rivieres, ces cours d'cau sonl rcndus impossibles ( 273 ) par la delineation d'unc chaino de monlngnos, sans disconlinuite, representees comme bordant lo rlvage a tine Ires courte distance dans I'intcrieur des Icrres. Les Cordilieres propicment dites on la grande chaine qui forme la ligne de partage des eanx coulant d'un cote dans rocean Pacifique et de I'autre dans I'Allaiitique, traverse le pays dans one direction g^- n^rale nord-ouest et sud-cst. Sa course est cependanl ondulee ct sur toute unc ligne se trouve notablemonl inlerronipue [)ar une large valine iranSversalc, qui odre la voie la plus favorable jiour dtablir un cbemin de fer enlre les deux mers, comme nous le vcrrons bien- tot. Partant des bauts plateaux de Guatemala, cette cbajne suit quasi a Test une ineme direction jusqu'c'i ce qu'olle atteigne la fronliere de Honduras ou die se deiourne vers le sud-est , landis qu'une chaine ou ^peron plus eleve, rivalisant de hauteur avee la Sierra- Madre, ou montagne m^re, court au nord-est vers la bale de Honduras, An point de separation, cette chaine est designee sous lo nom de montagnes de Merendon, puis de Espiritu-Sanlo et, prfes de la cote, par celui de montagnes de Grila, enfin sur la cote meme, ou elle conserve hi majestueusc hauteur dc7, 000 aS.OOOpieds, elle est appelee montagnes d'Omoa. Au pied du ver- sant septentrional, coule le Rio-Motagua qui prend sa source pr^s de la ville de Gualemahi et tombe dans la bale de Honduras; a la base du versant meridional coule le Rio-Chamelicon st^pare d'une riviere paral- l^le, le Santiago, par une chaine de hautes collines aboutissant dans la grande plaine de Sula , pres de rembouchure du Rio-Ulua. En suivant la direction de la Sierra-Madre, on voil X. OCTOBUE KT NOVEMBRE. 5. 19 ( 27/1 ) (ju'i lie s'ciilncc; ;'i qiiehjucs liciics dc dislanco des mop- l;ignos de Mcrcndop , dans uno masse ou dans iiqo iiodosile connue sous le nom do nionlagncs de Solacjue. Dans rinlervallc se trouve la large vallee ou le plateau do Sensonii, sur lequel le Rio-Sanliago prend sa source. CcUe grqude plaiiic; n'a ]ias moins de 30 milles dp longpeur sur 10 a 20 milles de largeur, et se trouve presque cernee de tous col^s par les monlagnos. Sa si'idc issue csl I'iitroile valine ou plufol la !;orge a Iravers laquelle elle est drainee par le Rio-Iliguilo ou Talgua. Les monlagnes de Selaquo, dont les sommolo attei- gnenl a la hauleurde 8,000 a lO.OOOpieds, cpiisliUicnl un des priiicipaux centres d'^lcJivation du Honduras. La iManche la plus 6levee de la riviere Santiago, ap pol6e a dilTerenls points Talgua, Higiiito, Alas el Rio- do la-Vallc, toprne autour de ces montagnes an nord ot a I'oiiest. Lpe autre branclie, leRio-Mejicote ou [lio- Grande de Gracias les separe a Test des mon(agnes du PmCc) 3vec Icur piton 6lev6, et des montagnes lerras- s^e§ d'Opalaca ou Intibucat avcc Icurs sommets tron- (jues ot leurs j)lateaux sur lesquels prosp6r(Mil l(>s cer^alos et Ips fruits de la zone lcm|)^ree. Immediatement apres vienl la vallee du Rio-Santa- Rarbara, le principal alTluent du Santiago, qui, au- dessous do lour point de jonction est souvcnt noniili*'; la Venlii. La ri\i(jre de Sanla-Rarbara, compie cpllo do Santiago, a sos soifrces dans des plaines 6le\ees donl la piincipalo ost la valine ou plaine dc Oloro s6parfie ML'ulement do colic de Comayagua par lo grpu[)e de montagnes connu sousle nom do Montocill^js.Ce grouse est lorm6 i);tr la vraie chaine dos Cordilloros ipii, i\r ( 275 ) sa direction generale ost-sud, ioiirne Ijiusquoaienl au nord et finaleinent se pei'd en chalnons divergeant vers la cole, Ces ramifications fornient un autre bassin au fond duquel s'etale le lac de Yojoa ou de Tauleb6. Nous arrivons raaintenant a la configuration topo- graphique la plus remarquablq du Honduras consider^ sous le rapport fles f'acilites qu'elle offre pour elablir ^conomiquemoiil une grande voie de transit entre les deux oceans. A la base orienlale de la chaine de Mon- tecillos, ou I'inlerruption des Cordilleres est complete, s'etend la plaine de Comayagua de laquelle part au nord la vallee du Rio-Humuya qui debouche dans I'ocean Atlanlique, et au sud la vallee du Rio-Goasco- ran qui se deverse dans I'ocean Pacifique; deux vallees jointes bout a bout et constiluant ensemble une grande vallee transversalc se |)rolongcant de I'une a I'autre mer. Ces deux rivieres naissenl pour ainsi dire dans la menie plaine, car elles ont leurs sources a c6t6 I'une de I'aulre sur la faible ligne de partage ou la petite (Eminence de lerre qui forme I'extremite meri- dionale du plateau. La plaine do Comayagua a dans sa longueur envi- ron 40 milles sur lane largeur gdndrale de 5 a 15 milles. Son axe le plus long est dirige du nord au sud et coincide avec la direction generale des deux grands couis d'eau. EUe s'incline presque imperceptiblement vers lenord, drainee par le Rio-Humuya qui coule (^^ns le milieu. EUe est separee de la plaine d'Espino, situee au nord, par de petites collines qui einpecbent uniquement ces deux plaines d'etre considerees comiue un seul ot mfiipo plaleau. Toutes deux sont d'une beauts, d'une ferlilile et dune salubritd reuiarquables: ( 276 ) ellcs occuponl environ K' licrs do la dislancf onlro Ics deux haies do Honduras el do Fonsoca. Au dela de ces plainos, los Cordillorcs se r^sunienl dans une grande masse ou f^ioupc dc hautes mon- lagnes : cellos du nord sunt designees sous le nom de monlagnes de Gomayagua, ol colles du sud sous celui de monlagnes d'Ulc ou de L6paleri(]ue. Elles s'eten- denl du nord au sud I'espace d'environ 80 millcs et, pr^sdu centre, 6inettenl unehaule chalne connuc aussi sous Ic nom de monlagnes d'Ule , aulour desfjaelles coule le Rio-Clioluleca. La vallee du Rio-Clioluleca , apres quo celte riviere a tourn6 le flanc des monlagnes (I'LHo, est large et lerlile. A mesure qu'elle ajjproche de la baie de Fon- seca, elle s'elend en immenses alluvions, couvcrles de bois epais, qui cependant sonl assez 6lcvees pour 6tre ^ I'abri des inondations et exemptes de marais (ju do I'ondri^res. Lne ramificalion do colle vallee appel^o Valle-de-Yuguare , est d'une grande beaulc. Presqu'a I'orient des monls do Couiajagun, apr^s avoir ]jasse la vallee et la riviere de Sulaco , on par- vienl a une nodosit^ ou groupe de liaulos monlagnes appele monts de Sulaco , qui s'^levenl presque au centre tlu pays et fonl divcrger dans loutes les directions les cours d'eau qui y prennenl leur source. La grande riviere Wanks ou Segovia, (jui alloiiil i'Atlantique au cap Gracias a Dios, prend la son origiiu> coiunie le lonl aussi le Rio-Aguan ou Roman, le Rio-Tinto ou riviere Noire et le Rio-Paluca, coulaul au nord dans la baie de Honduras, ainsi que les Iribulairos du Glio- luleca qui coule au sml dans la mer Paciliquo. De ce point culminant rayonncnt plusiours longues cliaines ( 277 ) quasi aussl elcvoos que leurs coirespondanles. Celle qui s'eleiid au nord-csl et separe les rivieres se jetant dans la baic dc Honduras dc la iongue vallee du Rio- Wanks, recoivenl le noui de niontagnes de Misoco. La chaine qui s'etend au nord et qui termine ses nom- breuses ramifications paries hauls i)ics echelonnes de Congrelioy, esl appelee nionls Pija, tnndis que la chaine qui, a I'autre extremile, poursuit sa course lorlueuse au sud-ouesl et linalemenl Lorde au nord la vallee longiludinale des lacs de Nicaragua est designee sous le noni de niontagnes de Chili. Cetle derniere peut elre considerec comme representant lavraieCordillfere. A la base des montagnes de Sulaco,a Test et au nord, so irouvenl les grands plateaux ou les plaines d'Olan- cho ot de Yoro, celebres nieme dans I'Anierique cen- trale, pour le nonibre et I'excellence de leur l)etail. Sur ce versant du continent, les rivieres abondent en parcelles d'or et fourniront , quand la conlree sera mieux connue, des produits presque aussi considera- bles que ceux qu'on a obtenus de la Californie. Mal- heureuseuient, la plus grande partie de la vaste region situee entre les montagnes de Sulaco el I'Atlantique, comprenanl presque la moilie du lerriloire entier de la republique de Honduras, est inhabile, exceple par des Iribus indienncs insoumises. On connalt pcu de cliose de cctte porlien du pays, si ce n'est qu'il est Ires diversilie ct riche tant par la nature du sol que par la variele de ses mineraux. Ce serait une grande crreur de supposer que la cole scptontrionale du Honduras odVc le meme caraclcre (pie la plage dos Mosquitos oil la terre est basse, reai- plic de lagunos et de marecagcs. La cote du Honduras ( -278 ) preserite, au coiitraire, uii aspect luit \aric. Une por- lion est plate cl couverte de vastes forets ou ahoiulenl le mahogony et aulies arbres precieux. Dans la partie rocheuse, les monlagnes ariivenl jns(ju'a la mer uu s'6levcnt dans rinl^rieur des terres noii Idin du rivap,e. Les inontagiies d'Omoa projellent leur omlue sur la baie d'Amutique, et cellos de Congrehoy et de Poyas, vues de rOc(^an qui se brise a leurs pieds, j)resen- tent au navigateur des points de repere reinarquables. Cost des lies siluecs a AO niilles au nord quo Colomb apergut les pics giganlesques qui jalonnenl la lerre ferme, el sur ce rivage qu'il luit le pied pour la pre- miere fois sur le continent ainericain. L'^l^vatiori moyenne des Cordill6res du Honduras, non compris les picsisolos, ne peut &tre evaluee a molns de 6,000 pieds bu ( nviron 2,000 metres. Le plateau de Tegucigalpa a uiio liautour moyenne de 3,Z|00 pieds; celuide Intibucat do 5,300 pieds, et celui de Santa-Iiosa ou plutot du dojiarleiuenl de Gracias, en general, de 3,200; la plaine de Sensoati do 2,300, et celle de Comayagua environ 1,900 pieds. L'eleva- tion des plaines d'Olanclio n'a jamais ele d^lerminee [lar des observations, mais no peul ^Ire evalude moins de 2,500 pieds. La partie ceiilrale cl inliabiteo du pays, ou ce qu'on pourrait appeler le grand plateau de Honduras, pout aussi avoir ime hauteur moyenne de 3,200 pieds, c'est-a-dire nn peu molns de la moitio du grand plateau de Mexico. On a calculo quo la tem- perature diminue dans la proportion d'un dogre Fahrenheit par chaque hauteur de :'534 pieds. La moyenne de la temperature annuelle de la cole est un peu molns de 70 degr^s Fahr. Ces elements do calcul ( 279 ) cloiineraient 60 clegres Fahr. coinnie la illdyfetiiie dc temperature meridienne du plateau de Honduras qui est egale a environ 55 degres Fahr. de basse moyenne temperature. Cotisiderc lopographiquement, le Honduras odre bealiCOUp ci'inegalile dans sa surface et beaucoup dc diversile duns la nature du terrain. Les vastes alluvionSj h'S fertiles vallees, les plaines 6levees, les raontagnes lerrassees qu'i! rcnferme, pr^senteut coUecliveineul: presquc loules les varieles de climat, de sol et dc plo- duits. Ce sont dcs conditions favorables a I'entretierj d'une grande population et au d^veloppement rapide d'un ricbe et puissant Llat. Un gouvernement stable et liberal qui donnerait tous ses soins aux inlerets niateriels du pays, et I'^lablissement de nouveaux modes de communication, ne peuvent manquer d'al- tirer dans le Honduras une invasion d'^migranls ana- logue a ceile qui aborde constaramenl sur les rivages des l6tats-Unis. La republique de Honduras est divisee en sept departements, qui sont : les ddsparlements de Gracias, Comayagua, Clioluleca, Tegucigalpa, Olancbo, Yoro et Santa Barbara. Cbaque d^parlemeut a une representation distincte au Congres general de I'Elat; il est adminislre par un ollicier nomnn^ par le gouvernement central, qui porte le litre de ye/e politico, ou diet' politique. Les departements sont subdivises en districts lant pour la convenance des babilanls (pie poui la ineilleure adiili- nislralion de la justice. Le tableau suivanl, fonde sur les meilleurs rensei- gnemenls qu'il m'a ett^ possible d'obteuir, donne la ( 280 ) supcrficie el la poj)ul;ilion ilo cliacim (!(■ cis dc()arlc- uienls, el par suite la moycnne dc la siijioificic el de la populalion dc I'Llal. I DEPARTEMENTS. Coinavafjua. T.gucicalpa. Clioluieca. . Santa-Barbara Gracias. . . Yoro I Yoro. . . Olancho. . . .|jiuicalpa Total. . . . CAPITALES. Comnjagiia. . Tegucifjalpa. . J^acaonie. . . Santa-Barbara. Giacias. . . . SUPEIIFICIE en milles caries. I. 4,8uo i,5oo 2,000 3,25o 4,o5o I.'ijIOO 1 1 ,3oo I a, OHO HABITANTS POPULATION.] par inille Carre. 70,000 60,000 5o,ooo 5o,ooo 55,000 20,000* 45,000* 141/2 43 25 i3 i3 I 4 /2 h /3 35o,ooo 8 1/3 II. CHEMIN DE FliR INTUKOCliANlQUE. Le.s details de cette vaste enlrcpri.so ayant deja 6ld soumis au public sous uno autre forme (1), je me bor- nerai ici a un resume des fails qui peuvent servir plus parliculierement a faire connailre la configuration du pays. La ligne du chemin de ferprojele passe enliferement a travers I'l^ltat de Honduras. EUe commence a Puerlo- Cabalios sur roc^an Allanlique, lat. N. 15° /i9', longit. O. de Green^Yich 87° 57', et se dirige presque exclu- sivement vers le sud, a travers le continent, jusqu'a la baie de Fonseca sur I'ocean Pacifique, lat. M. 13° 21', * La population de Yoro ot d'Olancho ne coiuprend pas les tribus iiidiennes, et la supertirie du pay.s qn'clles lialiiteiif lenlcrniant prcs- n\\r Idute la moitie oricntale de I'Etal, c,! ri-|iailie enire res ikiix departenients. (1) Chemin de fer intcioccaiiujuc dc Ifoiiiluras. liapporl de M. E. G.Squieu, ancii 11 miiiislre des Klals-Uiiis pres les rejuddiques de rAmeri(|ue centrale. I'aiis, i855. In-8°. — Malliias. ( 281 ) longil. O. 87° 35'. Sa longueur tolalc cl'un ;uicrage a I'aulre, ou de cinq brasses tl'eau surlc rivage clcPucrlo- Caballos, a cinq brasses dans la bale de Fonseca, est de 1Z|8 niilles geograpbiques equivalant a 161 milics Idgaux ou 257 kilometres. De Puerlo-Caballos, la ligne passe par la plaine de Sula , francbit le fleuve Llua, non loin de la ville de Santiago, el de la suit la vallee de ce fleuve, qui prend d^slors le nom deRio-Humuja, jusqu'a sa source dans la grande plaine de Comayagua, a une distance d'environ 100 niilles de Puerlo-Caballos. A I'extremite ai^ridionale de cette plaine, il y a une petite elevation qui forme le point culminant entre les deux mers. C'est sur cette. eminence que se trouvent les sources de I'Humuya et celles du Rio-Goascoran qui coulent en sens conlraire pour aboutir, I'un dans la baie de Honduras, I'autre dans la bale de Fonseca. Apres avoir suivi la premiere vallee le cbemin projele attaint en ligne direcle la vallee correspondante qu'il longe presque continuellemenl jusqu'a la mcv des Indes. La facilite d'ex^cution que presente ce vaste projet depend surtout dune coupure nalurelle que j'ai deja signalee comme le plus remarquable fait topograplii- que du Honduras, a savoir : — que les vallees des rivieres Humuya et Goascoran, /nirfant de la plaine centrale de Cornayagua, constituent une grande 7iallee transversale coupant coinpletement la chaine des Cordilleres et s'elen- dant du nord au sud entre les deux Oceans. Puerto Caballos. — Cortez, lors de son ex))cdition dans le Honduras, cboisit cette localite comme le meil- leur port de tout le pays connu alors sous le nom de Nouvelle-Espagnc. H y foutla une ville, appelee Nali- ( 282 ) \i(lad,(laiis le but iVvu laire le grand entrepol de TAine- rique cspagnole du nord. Piicrto-Galiallos demeura, pendant plus de deux si^cles, la villc principale de la cote, mais plus lard, a I'epoque des boucaniers, I'im- poiianoo do cet etablissenlerit ftif r^parlie entre ics ports d'Oinoa et de Sanlo-Touias. « Puerto-Caballos, n dit lo lioulenanl JefferS, qui en a lev6 le plan en 1853, i( est un borl port d'une grande capacile, d'line profon- deur d'eau sufiTisanle, d'une entree et d'une sortie lariles. Sittie a la base des montagnes, il n'y exisle ni marais ni marc^cages (jui puissent all^rer la salubrilo de la locality, laquelle offre un espace suffisanl poUr V ionder uile irrande villa. » Les vents qui dotninent sur la cole nord de Hondu- ras soufTlenl du nord-est, du nord et du nord-ouest, et le port en esl parfaiteitient abrit6. Les vents de rouestetdu sud-ouesl y sont presque inconnus; en outre, le port en esl entieremenl garanti par les bol- lines ^levees et les montagnes qui bordent la cote dans cette direction. Ce porl, d'environ 9 milles de circonl'erence, a une profondinir considerable; ello varie, dans plus des deux tiers de son 6tcnduc, dc qualre a douze brasses sur un fond solido et de bonne tenue. Une grande lagune d'eau salee se Irouve conligue au port; elle a environ 2 milles de longueur sur 1 mille 1/4 de largeur, et I'eau y est aiissi profonde que dans le j)iirt nifime. Si cela paraissail utile, le canal de jonc- lion pourrait 6tre drague de manifere a ouvrir aux batiments I'entree de la lagune, dans laquelle ils se trouveraienl conipletenicnl cnfenn^s et oii le vent ne pourrait les alteindre on aucune fa^nii. ( 283 ) Le terrain auloiir dti poll est coinpactc, eu parlie d^blaye etciillive. Conitne abbndancc d'excollente eau et cotrime ferlilile dii sol, le voisinage de Puerlo- Caballos presente loules ks conditions n^cessaiies a I'etablissement et a rentrelien d'une ville grande et florissantc. Rio-Ulna. — L'llua, la plus grande riyfere du Hon- duras, draine une jongue etendiie de territoire, coin- prenant environ 12,000 niilles Carres Ou presque un tiers de I'Ltat, el probableiiient diverse dans la rner une plus grande rnasse d'eau tju'ailcune autre riviere de I'Amerique centrale, a I'exceplion peut-etre du Rio-Wanks ou Segovia. Ses principaux tributaires sent le Santiago, le Santa-Barliara, le Blanco, I'Humuya et le Suiaco ; au-dossous dti lelir point de jbncliotl, I'L'lua devient une magnifique riviere, llpresedte a son em- boucliure une barre couverte de 9 pieds d'eaii qui peUt toujours eire francbie par des navires tirant 7 pieds, excepts durant le regne des grands vents. De legers balimenls a vapeur peuvetit remoiiter la rivi&re jusqu'a I'Huinuya et, dans la s;iison dos phiies, aller jusqu'au confluent du Suiaco. On pretend aussi que ces stea- mers pourraient remonter le Santiago a quelque dis- tance au-dessus de sa jonction avec le Rio-Santa-Bar- bara. A I'endroit oil le Santiago est traverse par la route conduisant de Yojoa a Omoa, il presente un large cours d'eau profond de 8 a 12 pieds dans son chenal. Le Rio-Blanco, qui sert de d^versoir au lac de Yoja ou Tauleb^, est ^troit, niais profond. En sorlant du lac, on dit qu'il coule I'espace de quelques milles a travers un canal souterrain. Le lac ocfcupe un de ces nombreux bassins interieurs (jui sont un des traits ( 28A ) caraclerisliqiics He la conformation du Honduras, ou Ics chtilnes deinonlagnes paraisseiit s'filre repliees sur cllcs-n)6nu's en groupes noucux, au lieu de poursnivre la course recliligne qu'on observe dans la plupart des chainos. L'Llua, a partir du confluent du Santiago ou Venta, coule a travers unc plaine d'une vaste etendue appe- l^e la plaine de Sulo. Elle forme un grand triangle dont la base repose sur la mcr el s'etend le long de la cote pendant j)ros de 50 millos, depuis les avant-postes des montagnes d'Omoa jusqu'a coux de Congrehoy, el donl la poinle se trouve droit au sud, sur la ligue du chcniin piojete, dans la direction de Comayagua. Ine parlie de cette plaine, a la droile ou a Test du Rio-Llua, estbasseelsiijette aux inondationsa I'epoque des pluios. II n'en est pas de meme jiour la partie occidenlale de la plaine sur laquolle sera elabli le cbe- min : la le terrain est fcrme, et les cours d'eau roulent sur des lits de sable et de gravier. Apr^s avoir tourne la base des montagnes, dorriere Puerto-r.aballos, la route pourra conlinuer en ligne droits jusqu'a la ville de Santiago, ou commence pour ainsi dire la valine du Rio-Humuya. Bien que I'Ulua soil navigable jusqu'a eel endroit, la compagnie ne se propose pas de lutiliser aulremcnl que pour le trans- port des maleriaux necessaires a la construction du chemin projele. Falli-e du Hio-Humuya. — Le cours de cette riviere jusqu'a la plaine d'Espino est direct, ct la vallce, d'apros Ic lieutenant JoiTcrs, csl silu6e enlre des col- lines de 50 ;'i 500 pieds do liaulour, qui en general descendcnt jusqu'au l)oid de !» riviere, mais qui, en ( 2S5 ) quelques endroits, reciilenl eii laissant dcs plateaux a I'abri des inoiulalions. Les pentes de ces collines sont rarement escarj)ees et elles n'exigeront aucun travail extraordinaire. Le [)ays environnant est generalement accidenle ; inais il est parseine de nombreuses valiees ferliles. II est plus favorable au pacage qu'a I'agriculture. Les collines sont couverles de pins et de chenes, et surles bords des rivieres se trouvent de grandes quantil6s d'acajous, de cedres, de guanacaste {lignum vita') de caoutcboucs et autres arbres pr^cioux. A mi-chemin, entre Santiago et la plaine d'Espino, la riviere Sulaco, descendant de la droite, rejointl'Hu- muya : c'est un cours d'eau cunsideralile qui baigne une large et fertile vallee, et qui s'etenddans la direc- tion du riclie departemenl d'Olancho. Plaine d'Espino. — Cetle plaine commence, pour ainsi dire, a la ville d'Ojos do Agua ; elle s'eleve dou- cement vers le nord et so Irouve seulement separee de celle de Comayagua par un groupe de collines qui ne presentent aucune difficulte pour I'etablissement du chemin et a travers lequel le Rio-llumuya s'est fray6 unc elroitc vallee. Celle belle plaine, quelquefois ap- pelee Maniani, a environ 12 milles de longueur sur 8 milles de largeur. On affirme que, sous la royaul6, le commerce se faisait par eau entro Maniani et Puerto Caballos. Dans ces derniers temps, des bateaux cliar- g6s ont descendu la riviere, el le lieutenant Jeffers v est venu d'Ojos de Agua en canot. Le courant, toulefois, est rapide, et les rocs qui I'obstfuent rendenl la navi- gation difficile eldangereuse. Plaine de Comayagua. — '06116 belle etgrande plaine ( 286 ) forme la ligiuMle parlage dos tleux versaiUs do la valine transversale, el conslilue la cqndition lopographiqiie qui rend si facilement pralicabie le railway projele. Elle est silure an centre de I'l-ltat do Honduras, a mi-cheuiin enlre los deux Oceans, et, conime le bassin des lacs du Nicaragua, s'^lend Iransversalemenl aux Cordill^res, quelle coupe a angle dioil dans le^ir direction generale. Celle plaine, feunie a cclle d'Es- pino, a plus de 50 milles de longueur sur 5 a 15 milles de largeur ; elle est bordee a I'orient et ;'i roccident de niontagnes de 5,000 a 6,000 pieds do hauteur, else trouve 6lev6e elle-meuie d'en\iron 1,900 pieds, ce qui fait qu'ello jouit d'nn climat fi'ais, egal et salubre. Les collines el les nionlagnes adjaqeutes a la plaine sont couverles de j)ins; sur burs spmuiets ct leurs penles, on cullivo le ble, les pommes de terre et aulros pro- ductions des zones lempereps, qui peuvent y venir en abondance. Les prodnits de la plaine, toutofojs, sont essentielleiuenl tiopicaux. Son sol est exlremement fertile ; hvvf, elle presenle loutes les conditions desi- rables de fertilite et d'agrenienl, re que prouve assez d'ailleurs la grande el flori^sanle populaiion qu'elle nourrissait autrefois. La ville de Comajagua, anciennemenl appe|^e Val- ladolid, a et6 fondle en 15^0 par Alonzo Caceres : ellp est situ^e sur la limito orientale de la plaiiuj it ren- ferme aujourd'bui de 8,000 a 9,000 babilanls. AVfUU 1827, elle en possedail a pen pr^s 18,000, el e[^i\. e\n- bellie de fonlaines et de nionunients. A cclle 6poquc, elle ful prise et brOlee par la faclion monarchique de Guatemala, et n'a pu dcpuis se relever enlierfnu'iil de ce desastre. ( 287 ) Slu' les cartes, la position dc Coiviayagiia a ete mar- fjLiep trop loin a Test et an siid : ellc est situee an lli° 28' lalit. N. et au 87° 39' longit. 0., sur line ligne (Irqite ou a quelqiies inilles c|'une ligno droite lir^e entre rembouchure dc rUlua et celle du Goascqran, el distante de 70 milles de la haie de Fonseca. La plaine clescend dou cement vers le no^-d et se trouve entiferement dralnee dans cette direction. Son extreniite m^ridionale est determinee par qn groupe de pelites coUines a peine 6levees au-dessus du niveau de la jilaine et entre lesquelles se trouvent plusieurs vallons qui conduisent dans la grange vallee du Rio- Goascoran aboutissant ap golfe de Fonseca. Deux de ces passages sont praticables pour le trace du cheniin dp fer, celui de Fiancho-Cliiquito et celui de Guajoca. Aucun de ces passages n'olTre un faite rocailleux q\n djvise brusquemcnt lescours d'eau se dirigeantvers les dpux grands Oceans : c'est une bpjie savapo ou une prairie naturelle bordee de chaqpecote par une chaine pgrallelede liautes naontagnes eUle coUines.Dans cetle prairie, couverte de betail, le voyageur trouve (jeux couis d'eau separ^s de 400 tjielres a peine el qui coulenl dans des directions oppos^cs : I'lin est une dessourcesdeTHumuya, qui descenc| vers 1' Allantiquo, I'autre une de celles du Gpascoran, qui tombe dans le Pacifique. Un ouyrier aclif poprrait, avec une !)epbe, en changer la direction en un jour de travail. Rio-Goascoran. — • CeJte riviere, depuis sa squrce, a rexlreinil^ meridionale de la plaine de Goniayagiia, cuule au sud, et la vallee, qui pput etre consideree conime une prolpngation de cette plaine, consiste en une s6rie de lerrasses plus mi moins larges, s£»ns allu- ( 288 ) vions propremenl elites, jiisqu'.^ la dislnnce d'cnviron 10 millescie la bale do Fonscca, oii Ic terrain s't'tend en une vasle et fiTlile plalne. A Caridatl, nu la rivi^ro se fraicun cheiuin a travcrs les dcrnieres ramifications des monts Lepatericine, la vallee est tr5s resserreo, niais soulemenl durantl'espace de quelques centaines de metres. La longueur lolalc du Rio-Goascoran eslde 70 a 80 milles. Duranl la saison pluvieuse, il charrie une grande quantite d'eau; mais, pendant la siclie- resse , il est gueahle partout sans diHiculle. II ne pent etro considere comnie un cours d'eau navigable; ce- pendanl il pourrait, sans doute, par des moyens arlifi- ciels, etre rendu a la navigation jusqu'a la ville de Goascoran. Depuis son enibouciiure jusqu'au con- fluent du Rio-Pescado, il forme la division naturelle entre les litals de Honduras et de San-Salvador. Baie de Fonseca. — L'admirabli! baie de Fonseca, terminus occidental du cbemin projete, est sans con- tredit le plus beau port, ou mioux le plus bel assem- blage de ports qui exisle sur toute la cote am6ricaine du Pacififpie. Elle a 50 milles de longueur sur une largeur d'ei peu pr6s 30 milles; die est parfaitemont protegee et renforme Iroisgrandes iles qui pr^sentent des ports inlerieurs amplem(>nt |)ourvus d'eau et d'ad- mirables sites pour y batir des villes el des ^tablisse- menls commcrciaux ou manufacluriers dc toute es- pece. Les trois I^llals do San-Salvador, do Honduras et de Nicaragua sont conligus a la baie ; le Honduras lou- tefois en occupe la plus grande portion. Le port de La Union, dans la baie inf^rieurede ce nom, est le port principal de San-Salvador; son commerce, en 1853, a d^pass6 500,000 dollars, el les revenus so sont (^lev^s ( 289 ) a pr<"'S rle 100,000 dollais. I.c princlnal port do Hon- duras est Ariiapala, sur I'ilo dii Tigie : cost un port franc et donl rimportancn s'accroit rapidenient ; sa population et son commerce onl double pendant ces deux dernieres ann^es. Cette baie, coinme on pent le voir sur la carte jointe a ce memoire, est sitiidie dans la grande vallee longi- tiidinale qui intervient entre la chaine volcanique de la cote et les vraies Cordilleies, laquellc s'etend du Guatemala a Costa-Rica. Dans I'Etat de San-Salvador, cette valine est drain^e par le Rio-Lcmpa, qui s'ouvre un brusque passage a travers la chaine cotierc pour se verserdans I'Oc^an Pacifiquc. La jneme vallee so con- tinue dansl'lilat do Nicaragua par le bassin des lacs et la riviere San-Juan, qui se fraie aussi un chemin abrupt a travers les GordiJlores pour couler dans rOoi^an Atlantique. Celte valli^e, entre San-Salvador et Nicaragua, est representee par la baie de Fonseca, que la mer a accaparoe on passant a travers la chaine volcanique et s'etendant au dela derricre cette limite natnrelle. La ])aie doit incontostablement son origins a des causes volcaniques, et son 6tude, a ce point de vue, est du plus haul inldrfit pour la science. L'enlr6e de la baie est large d'environ 18 millcs entre le volcan de Conchagua (haut de 3,800 pieds) et celui de Coseguina (de 3,000 jneds de hauteur), qui s'^l^vent de chaque cote comme des phares imuienscs et ferment des points de ropore infaillil)les jiour le marin ; sur la meme ligne, a renlroe, saillissent les hautes iles de Concliaguita et de Mianguera, et un amasde rocs appele />o^ Fare/Zones, qui prot^gent la baie contre la houle. X. OCTOBRR FT NOVKMHRB. 6. 20 { !Z<)0 ) La \osle luiie aign6 par I'Ocean Pacifi(|iio dans loule sa longueur, c'est-a-dire rcspacc de 166 milles com- pris enlre la baie dc Fonscca ct Ic Rio-Pa/o, qui le separe du Guatemala. Quoiquo le plus petit des litats do I'Am^rique centrole , il a rclativemciil la plus non)brouse population, le plus grand commerce et le j)lus d'indusfrio. La lepublique dc San-Salvador, donl la cajiitalc porte le raeme nom , csl divis^e on six ddparlcmenis donl voici la lisle el la population : ( -203 ) DPIPARTKMENTS. CAPITALES. POPULATION. 80,000 56, 00 (J 28,000 75,000 80,000 75,000 San-Viconic. . iSnii-Vircntp La Paz . . Sacatecoluca Siicliitoto San-Salvailor Santa-Anna Ciiscatlan 1 Sau-Salv.irloi- Sonsonalc To tal 3c)4,ooo j La SLiperficie de ce pclit ihal est d'a pen pres 9,600 luillos canes ou 1,066 lieiies carrecs (1). La configuration topographique de San-Salvador ost remarquable. La cote ])resente j)our la plus grando parlle une bande de terre alluviale, basse, riciie et de 10 a 15 milles do largeur. Derriere celle zone fer- tile s'tileve brusqueinent ce riu'on pcut appeler une chaine coliere, ou mieux un Jai-ge plateau d'environ ^2,000 pieds de hauteur moyenne , herisse de nom- breux j)ics volcaniques. Enlre ces moutagnes el la grande ciiaine des Cor- dilleros .so iruuve une magnifique vallee variant dans sa largeur de20a30 milles et dontla longueur depasse 100 millet. ElJe est baign«^e par une grande riviere, le (1) M. Baily cslinie la supeiKcie de San-Salvador a 577 lieues carrees, chiflVe evidcmment eironc. II place la pointe de Chiriqtii, iongit. O. 87" 4.i', coinine I'extreiiiilc siid-est de I'Etat, el le Rio- Taza sur Ic 89" 5o' do longil. O., taiidis qu'il se liouve sur le yo° i5', difference d'environ 25 milles dans la longueur totale du pays. Ce n'esi pas la seule en. ur de ce geograplie. II fixe a 45 ou 5o lieiips la lonfjneur de la cote (|ui, en supposant que I'litat ait, comnie il le dit, line supciHcic de 577 licue.-; carrees, donnerait senlemcnt en- viron 1 I li, nrs (1,- l.ugeur n.oycnnc, ce qui est matcrielicment incx>Kt. >,i l.iijj.ur n.oyenn ■ cjl de pins de 20 lirues. ( 29/i ) Rio-Lompn. Le p'.iUrau do la coto s'iihaiss'- [^(^nerale- iiient vers la valloe donl la heaiilc d la fcililUi'' ne sonl surpassees pai- aucune <''f,nlo clcndiic de torritoirc sous les tropiqiies. Sa lisi^re septentrioiiale s'appiiie sur le flanc des monlagnes de Honduras, fjui sont accl- dent^os, rabolciiscs cl donl la clnK' alloinl uno haii- leiir de 6,000 a 8,000 pieds. An sucl dii Rlo-Leiiipa, le sol s'dleve des borges de la riviere d'abord par iiiic terrasse abrupte, pnis par iino inclinaison graduello jiisqu'au soniuiet du ]>lateau. Un autre baj^sin d'uiie i)eaule ct d'lmc fcrlilite oga- leuicnl remarquables est I'orme par le syslenic l\c pe- liles rivieres qui naissent dans les parlies occidenlales de la contr6e, an pied du volcan de Sanla-Anna, el loinbent dans I'Ocean pres dc Sousonatc. II forme un iriangle donl la base longe le l)ord dela mcr cl donl le sommelporle sur le volcaii. Un autre bassin plus considerabb, relui du Rio- San-iMiguel, dans la parlie orionlalc de I'htal, s'lUend transversalcment a la vallee du Lciiipa cl n'cst scpar^ de la bale de Fonscca que par des monlagnes Isoldes. Considere sous lous les lappoi Is, Ic Iiio-Lcmpa csl lo cours d'eau Ic plus reniarquable dc la conlrce. A I'egard de la grandeur, il esl comporalile au Rio-.Vlo- lagua , dans le Gualemala, ct aux rivi(>re5 Ulua et Segovia, dans le Honduras. 11 esl navigal)le dans une grandc parlie de son cours, cl par consequent destine a acquerir unc valeur imporlantc dans le developpe- mcnl des rcssources dc I'Llal. 11 preiid naissance sur les fronli^res du Gualemala, au |)ied du haul j)iloii ou volcan de Chlrigo, cl coulc au sud-csl I'cspaci: dc plus de 100 milles au milieu du grand bassin d^cril ci des- ( 295 ) sns, puis tourne brusquement au sud, et 50 inillcs plus loin, se fiayant un passage a travers la chalne co- here, se jette clans rOcean. Son embouchure, selon le comte de Giieydon (commaridant du brick de guerre francais Genio), (jui visita cetto cote en 1847, est de 13" 12' 30"l;uil. N. ot Ql" 1' longit. 0. de Paris, equi- valant a 88° hVO. de Greenwich. Le Lempa recoil au nord phisieurs Iribulaires con- siderables, dont |es principaux sunt le Sumpul, le Guarajanibala et le Torohi. Le Rio-Sumpu! preiid sa source sur les frontieres du Guatemala, pres d'Esqui- pulas, etcoulo presqiie parallelement au Lempa I'es- pace (!e |)Uis de 90 milles avant qu'il se reunisse a ce dernier. D'un bout ;'i raulre de sa longueur, il forme la limite nalurelle entre les Etals de Honduras et de San-Salvador (1) . La majeure partie de son cours a lieu enlre de hautes Qiontagnes, dans une ^Iroite valine qui offre ]icu de place pour la culture. Le Torola est un plus petit courant qui prend sa source dans les montagncs de San-Juan du Honduras, renommeespar leurs richesses minerales, et coule au sud-ouest pour se jeter dans le Lempa : comme le Sumpul, son talweg sert de demar- cation dans la moilie de son cours, entre \^s deux fitals. Les tribulaires du Lempa pu sud sont ; la voie d'^coulement du lac Guija, le Rio-Quesalapa, qui nait (l) M. liaily, ilans sa rarle cle lAmprifiiic cnntraie, tail ilu Lempa la llinite enlic llomluias et San-Salvailiir, landis i|UC liuraiit |)resf|iie toiil scju (MHirs, il conic a Iravers le ceiilic iiieinc (111 (Iciaiier l''.tat. II SCI t (lc ftonlicrc i utie res deux ic|)iil)li{|iics jxmdaiit (|ncl(|iips iiiillcs seideiiiciit dcpuis le conllueiit du 6um[)ui jusqu'a celui de Torola. ( ^96 ) pics lie San Salvador; erWin iloiix aulros prlils ciuii-.s d'eaii, lo Titigiiapaol rAcajiiapa, i\ui prenncnl leurs sources pros de San-Vicenle. Le systeme de montaf^nes de San-Salvador (si toulc- fois des volcans isoles cl des groupes volcaniques peuvent elre appeles un systeme) est singulier etinle- ressant : onze giands volcans sl dressent le long de la cr6te du plateau qui sdpare la valltio du Lempa el le rivage de TOcean. lis niarquent presque une ligne di-oite du nord-ouest au sud-esl, coincidant parfaile- ment aveclagrande ligne d'action volcanique qui est nettcment tracee dejuiis le Alexique jusqu'au Perou. A ])artir de la IVonti^re de Guatemala, ilsapparaissent dans I'ordre suivant : Apaneca, Santa-Anna, Izalco, San-Salvador, San-Vicente, (Jsululan, Tccapa, Sacate- Cdluca, Cliinemeca, San-Miguel et Conchagua. II y a aussi d'aulres volcans moins considerables , sans compter de nombreux craleros c^leinls quelquefois remplis d'cau, et plusieurs issues ou orifices volca- niques appeles JnfevniUos. Dans la bale de Fonseca, la suite de cetle longue file est representee jar le pic vol- canique de I'ilc de Tigre et se lermim; sur 1 ■ rivage oppose par le celebre Cose-uina, puis El Viejo.Teliea, Moiiiotombo el les auties volcans de Nicaragua. Des nombreux volcans de San-Salvador, deux seule- ment, San-i\liguel et Izaico, sont encore actifs ou, comme on dit la-bas, vivo. Le premier s'eleve brus- quement de la plaine a la hauteur de 6,000 pieds, en forme de cone tronque regulier ; il emet constammenl du sommet une immense quanlile de i'umee; mais ses eruptions seborntMit, depuis la periodc bistorique, a rouverlurc de grandes crevasses qui dechirenl ses ( 297 ) flancs cl vujiiissenl i\c't: lorronls (Ic laves couhint quel- qiicfois I'espace de pliisicurs iiiilles. La ticrniuro erup- tion de ce genre eut lieu ci> I8Z18 el ne causa aucun dommage scrieux. Malgi'c sa con^lilulion volcanique, San Salvador a nioins i-duffert coniparativement dcs Ircniblenicnts do tcrrc que Guatemala et Costa-Rica. La plus grande ca- tastrophe do CO genre qui ail bouleverse la contr^e arriva dans la nuitdu 16 avril 1854 ct d(!!lruisit entie- renienl Ja capilale, Avanl eel ^veneuient, la ville de San-Salv;id(>r coniptait, sous lo rapport de la grandeur el (!e i'irnporlauco, coniine la triisieino de I'Amerique centrale. E. G. Squier. Le lecloui- curieux tie plus ainples infonnations sur les deux contrees dont M. Squier vient ile donner un apercu topographique, pourra coiisulter I'ouvrage qui a paru reremnient sous le litre de : Notes on (jKntiul Ameiuca; particularly the States of Honduras and San Salvador^ their Geography, Climate, Population, Resources, Productions., etc., and the Proposed Honduras Intcroceanic Railway; by E. G. Squier, formerly Minister of the United Stales to the Repu- blics of Central America, — With originals maps and illustialions. New- York, i855; in-8° de 4oo pages. (Note de la Redaction.) ( 298 ) %iialjNes, BCapportci, etc. RAPPORT SUB UN OUVRAGE INTITUI-l^ : lieisebeiichle aiis y^oypfrii , von Hoinrich Brugsch ; c'est-n-dirr' Helntinn (run itoya^e en Egypte , fait en 185*2 et J85/l, sous les auspices de S. M. le roi (le Vrusse, par Henri Bulgsch. In-8". Leipzig, 1855. — Par \). Alfred Mauhy. Les amis dc la g^ograpliie doivent a M. Henri Brugsch une reconnaissance louto particuliere pour la publi- cation de son voyage en Lgyple ; car il leur permet de j)rofiterd^s aujourd'huides rt^suilats importanls de ccs explorations 'ju'un ouvrage plus elendu et plus volu- mineux pr^sentera dans tout leur ensemble. M. Henri Brugsch, (|ue la publication de sa grainmaire d6mo- tique a place an [)renii( r rang des ^gyplologues alle- mands, a fail u('.o etude toule particuliere de la g^o- grapliie do i'ancienne Egypte. II a releve altontivempiit Ions los noujs de lieux et do peuples consign^s dans les inscriptions hioroglyphiques; il a 6tudi6 la no- inenciattai' fles noms el des villes de I'Lgypte sur les- cjuelles il |)rej)aie iin liavail 6lcndu. Cest dans cette exploration qu'il en a recueillilesprincipaiix ^l^uients, et chemin faisani , en nous racontant son voyage il traduil el couimente des inscriptions riches en don- nees g6ograplii(|MPs. Ainsi, aux environs de Thebes, il retrouve un liait6 de paix conclu enlro Rliamses U ( 299 ) et un chef on roi des Cliotas, noin f|ue |es Lgyptiens donnaient aux habitanls do la Chaldce. Pans ce texle, d'une importance capitale. sc; tronvent mentionnes line foule (Ic tails qui sont autanl de points do rep6re pour la construction d'une carte dii monde ancien sous les Pliaraons. M. Brugsrli nous donne egalenient une lisle des peuples et des villes soiimis par un des rois Schesclionjc do la vingt-dcuxieme dynastic. Up autre tableau, p|ac6 a la parlie nord du grand lemple d'Auimon a Karnak, i.iet sous nos ycux les victoire§ de Seti en Asic. Outre les Giioias nous voyons nienlionnees, dans ces divcrses inscriptions, la Meso- potamie sons le nom lout ht^breu de Naharaiin , la Cappadoce sous celui de Retennou, le pays des Sinkar sous le nom de Sankara, la Phc^nicie sous celui cle Pun, Ninive, Babvlone et I'Assyrie sous les noms a peine allures de Ne/iii, Ba-be-li et y/s-su-n, la ville dc Megiddo sous celui de Maketa, Circesium sous celui de Aair- kamasch, clc. 11 existe encore une loi^le d'aulres nonis dont I'identification est moins certaine : Les C/ieri ou C/ie/i vraiscmblablemeiit les Syrioiis, Httpidema , vralsemblablcuient VHapluiraini de la Bilile, ville de la tribu d'Isaciiar, ainsi que Tn-an-kari, le Tliamiach des Livres de Josue et des Juges, le Schen-ina-au, le Schunena de la Bible, et Bit-sdien-rau, le Bethsean des Livres de Josu6 el des Bois. La relation de M. Brugscb, quoique ay ant un carac- tere g^n^ralemcnt arcbeologique, renferme cependant aussi des details sur rhgypte niodcrne dont la g6o- graphie peut fairc' son profit; notamnient sur la vallee des lacs de Nalron, sur I'etal actuel des populations copies el arnicnicnnes en Lgyptc. Elle est ecrite d'un ( 300 ) style simple ol nnil qui njonlc ;i la cunlianco qu'iii- spire (leja le iiom ilo Tauleur. D;\ns Ics courts aper^us que nous donne M. Brugsch des monuments qu'il etudie, il ne perd pas Toccasion d'c'clairer la mylhologie encore si obscure dc I'an- cicnno hgypto ct surlout la dislriluitfon ou pliilot la I'pparlition dcs divinites par nemos. En effet, sur les bords du Nil, le cultc I'lait dans un rapport assoz (ilroil avec la geograpbie ; cbaque province avail sa triado, et son sysleme rcligieux qui reproduisait, sous dcs nomsnouveaux et un aspect propre, loujours une m6mc conception divine. La connaissance do la n;y- tholociie de I'Egyptc imporle done a celle de sa geo- grapbie, et les donn^es que nous fournit M. Brugsch doivenl 6tre recueillios precieusenient. Notre voyageur n'a pas neglig^ rion plus cc qui pourrait intcresser la linguistique. II a recucilli un vocabulaire de la languc nouba public en appendice a sa relation. II nous donne sur la langue dos bariibra di s details inleressanls. Le berheri ( le niot bardbra n'est que la forme pluriello oxprossion un pen feminine, ct avec de longs cheveux Ires soigneuscnicnt plies en locketi. Quant aux hahilants de Tiaiboucloii , sans doule ils ont beaucoup perdu de leur nationalile ancienne et leur langage n'a I'ien de beau; ce sont meme des gens stupides, sans dnergie et se contenlanl de leur doleno , 08 breuvage favori qui conslilue leur dejeuner. On a loujoursparledes jolies manufactures de colon, avec des brodeiies de soie, qu'on faisait ;'i Tiinl)ouc- lou ; mais c'est la une grande erreur; toutes ces dtoffes manufacturees vienneut, ou de NyfTe et Kano, ou de Sansanne (Sansandl). 11 y a hi en realile des belles manufactures de cuir; mais ce ne sont pas ies indigenes qui fabriquenl; ce sonl Ies Aiabes et Ies Touareg. II y a la (a Tiinbouclou) une nationalile balarde ou mulatre, mais fort curieuse, dont ("aillii^ (qui n'a fait qti'uii si bref sejour dans cetle ville) n'a pas parte du tout. Ce sont Ies Ernia ou Riiina. J'avais deja re^u des informations sur cettc Iribu a Egedcsli ou Agadez (1); j'cn enlendis ensuite parler beaucoup par Ies pele- rins Sonr'ay, qui passaienl par le liornou; mais je (i) J'ai ;ip[)iis, pciulaiit inon lonf; bcjoitr panni la tiiliii lU-s IiiKicliar- Auleinmideii, ijup eijfdcsli m- veul dirt- autre cliosr ipii- ufauiille. n ( 309 ) lie savai.s j)as qu'eii j)lmisci'; car on me representail ces f^cns comme les plus (incicMis habilanls, non-soulo- iinnl (Ic Tinibouctoii, mais de plusieurs aiitres villcs siliiocs sur Ja riviore, qui auraient iiieine (3ntrej)rls do Her la vilie de Walata (dont Ic nom indigene est Birou), avec la grandc r'nierc par un canal; la partie cora- niencoe par eux, mais ensuite abandonn^e, serait le cilehie Ra's el r/ia, a Irois jours ouest-sud-ouest de Timboiictou. Ensuite, pendant ma longue residence dans cclle ville, j'ai apprisque ces Ermfv seniles dcs- cendanls dos I'usiliers marocains, qui ont conquis Iculc cello partie iajporlanlc de I'Afrique contrale, d ppuis \^'alata jusqu'aux environs de Say sous le gnu- vcn;cu)onl du prince iiluslre du Maroc, Mulay-Hamode Dhahebi ; cctte armt^e, consislant en 3600 fusiliers, cnlra dans la villo do Timbouctou, du cole du di-sert, apres une faible resistance; et, s'embarquanl aKabara ct descendant la riviere, fit son entree dans la grande ct illusire villo de Gar'o (ou, comme les Touareg I'ap- pcllent, Gogo), la c;4)itale de I'empire Sonr'ay, dont le resle est un village de AGO cabanes environ, con- struiles en naltcs , mais Ires bonnes; j'y oi reside fannec passee pendant une dizaine de jours a la fin de join el au commencement de juillel, le 17 du mois Djeiiiad-secnitd, an de I'liogire Rami (pluriol, Erma) est certainement une parole arabe, (jui, on general, signifie plutot un homine qui jettc une laiue ; mais il paralt qu'on designait dans le Maroc, ;'i I'epoquo on le fusil etait une chose nouvelle, le fusilier par ( c nom , ce (jui s'est conserV(^ pendant presquc Irois .siocles poui- les tlcscendanls de ces fiisi ■ liors ciinqneraiits ol drs femmesindigenes, quiformcnl ( 310 ) mil' Iribii par euxinciiies et sp 'lislinpui ni, in j;iineral, par leur belle figure, el leurs beaux jeux; uii outre <|ue le noir dc Icur poau n'cst pas anssi foricc que celui des indigenes, el a plus de luslie. Ces Erimi conslitucnt encore aujourd'bui une grande pailio dc la populalioii non-seulemcnt a Tinihouclou , mais ;uissi a Rainba , la ville dont, jadis, Ic gouverueur iraita si genereuse- inent }c cel^bre voyagour Ebn-Balulah, ct a Garo ou Gogo. Le grand merite du journal de Rene Cailli6 doil elre manileste a tons les gens senses, qiiand ils considfe- renl qu'avec des moyens aussi faibles, el sans instru- ments exceple une simple boussole, il a d^crit si bien sa longue route, que vous. Monsieur, avez et^ capable, avec les documents fournis par lui, de restituer a la ville de Timbouctou, dont la silualion variait dans les inappesde plus de h degres, sa vraic position, qnanl a la latitude. II (^tait j)lus vriiisoniiilablc pour \ous que c'etait M" 55' que 17° 50'; or ines positions vaiient entre 17° 58' et 18" 3'. Qunnl a la longitude, vous avez certainemenl porte cette illustre ville trop vers I'ouesl et plus I r^s du Senegal; si nioi je suis oblige de la reculcr un peu vers I'est, vous ne pouvez in'en faire un reprocbe fonde sur la nationalile, car je suis Alie- inand. Je confesse que la position dc 1° /i5' ouest de Greenwicb , que j'ai assignee ^i cetto ville, estentierc- niont i'ondee sur mes observations dc distances et de men azimulb ctnonsurunc observation aslrononiique; n'^tant pas capable de fairc une bonne observation de longilude, je crois (pi'il vaut mioux no pas |)erdre do lenips pour en fairc une uiauvaise. Pour certaines personnes, k\ geog/np/iie c'est /'astro- ( 311 ) numie; il Jaudrait pJaindre la g^ographie, si e!le iHail retluile a colic condition, elle qui est destinee a revelor toiites les relations comj)liqu^es enlre rhommo et la Irrre qu'il habile (1). Pour reloiirnor a Caillie, il v a deux choses qui i'Xj)]iqiien[ j ailailement I'erreur que j'afBrme existrr dans la position en longitude, que yous avezcru devoir a^signer n la ville de Timbonctou, d'apres ses dou- nees ; preuii^rement c'est la declinaison qui, au lieu d'etre de 17 degres, est de 23" 30' a TimbouctDti, et ensuile c'esl la distance sculomenl de 2 milles anglais (ju'il croit avoir parcourue par heure, en descendant la riviere, ce qui n'ost pas asscz. En reaard que Sokclo, donl la posilion en longilude est a peu pres ^0 mi- nutes a I'ouest de la position que Clapperton lui avail atlribuec, « b\ dead reckoning, » je crois que je m'ap- procherai tout pres de la virile, si je donne ici (jus- (|u'a ce que j'aie le loisir de figurer avec exactitude les donnees de luon Journal sur une grande echellej, a la longitude de celte ville renomm^e, 2" 5' O. de Greenwich. Car, en faisant nies mappes en route (ce quo je faisais pour sauver aulant que possible les resultats de nion voyage, dans le cas ou je succom- beraisdans cette enlreprise hasardeuse), je ne pouvais pas risquer de changer bs positions que Clapperton avail assignees aux points les plus iinportants, inca- pable que j'elais de leur en substituer d'aulres bien etablies sur des calculs mathematiques. (l) La huite lie la kllie (jiio nous ahic'geons Tail comprendre la pensrc .Ir I'rciivaiii : < '< st (nie la {jcojiraphie lie coiisiste pas iiiii- n Signe : !''' dabth. P. S. J'osp^ie que dans deux ou trois jours j'aurai le bonheur tl'aller vibiler mon vicux pere a Hambourg oil je serai bien heureux d'avoir de vos nouvelles. EXTRA IT D'lJ^E LETTRE DU D' BARTH A M. JOMARD. i855. Monsieur, A llanibourg j'ai eu lo jlai'iir do recevoir deux prccieuses leltres devous, une on reponse de ma Ic^llre de Lonilros et uno autre d'uiio dale Ires aiicicnne, ( 313 ) mais neanmoiiis Ivd^ iiuporlimle |i()ur inoi : c'esl unc leltie f'al6e du 10 avril 185^1, que vous m'avez adressoe cominc President de la Society geographiqiie de Paris, en regard de la grande medallle d'encouragement , que !a Soci^t^ ni'a decernee pour mon voyage au pays d'Adanoawa, accompli en 1851. J'elais bien louche de trouver, a la fin de la nieme leltre. Its vceux de la Sociele pour mon heureux rctour de Timboiictou, et je suis sur qu'i/s out en leiir effet. Vous savez peut-elre que j'ai public (juelques exlraitsd'un ouvrage bislorique sur le Soudan, apjicle « Torihh e' Soudan » el compose ])ar un Arabc du nom d'Alimed-Baba. Cost dans les villes de Gando et de Timbouclou que j'ai lrouv6 des manuscrils de cet important ouvrage. A present que je suis de retour el puis consulter les bibliothoques dc I'Europe, je vois que M. le baron Rousseau a deja parle d'un ouvrage de ce nom dans le Bulletin de la Society (1" serie , t. VIII, p. 15, f. 158; t. IX, p. 152-153); mais il me semble qu'il n'a pas reussi a s'en procurer un ma- nuscrit; do plus, j'ai vu dans le cahier d'avril du Journal asiatiijue, 5" s^rie, t. V, p. 399, que le pro- fesseur arabe a Conslantine a trouv^ un aulre ouvrage de ce UQ^me auteur, appele : Tekmilet eddibaj, plu- sieurs fois cite dans son ouvrage historique. Si vous pouvicz me donner quelques renseignements sur ce manuscril et me dire ou il se trouve a present, je vous serais tres oblige (1). Signe : D' Barth. (l) Sidi-AJiiii.il-D.Uxi a Fait I liistoire de 1 iinboMclQu; il assigiie son originc a I'an 5l0 de riii'(>ire. J-u. ( 3^4 ) iloiivelles et eomiiniiiiieatioiis. EXPfeniTIOISS ARCTinCES DU DOCTEIK KANE ET UV LlEUTt^A^T HARTSTEIN. (^tit'/dlion t/'ajjirs le rapport oral fait par M. hnne a M. Henry Grinnell, et d'aprrs les notes dc M. Hayes et de quelqiies antres ofjiciers des deux expeditions.) Jjedoctcur Kane, de la marine des Etats-llnis, avail quitle New-York le 31 mai J 853 sur le brick r^d- i'ance, destin^ a line nouvello expedition pour aller ala recherche de sir John Franklin, et equipe aux frais du g^nereux negooiant Henry Grinnell, Depuis, on n'avait reQu aucune nouvelle de celte expedition, si ce n'est une leltre datee de juillet 1853. Le lieutenant Ilartstein partit le 4 juin 1855, pour entreprendre de decouvrir cequ'^tail devenu le docteur Kane; il a 6t6 assez heu- reux pour le renconlrer a I'lle Disco, sur la CQte du , ^ , I . : I . . ' ' ' ■ ' i ' ' i ■ ' ' ■ Groenland, et pour le ramener aux Etats-Unis avee ses compagnons, excepte trois qui sont inorts en route. Le retour (le ces voyoiieurs, le 10 octobre 1855, a ili |)our New- York un jour d'nll^grcssc cl d'^motions. \ oici au surplus la relation abregee de ces deuxexp6- ... ■•■■ :^ 1»J Ita /*. !• '. MM r. 1 .U ' *i' dilions. Le docteur Kane avait ri^ussi a traverser la baie Melvdlc et a alteuidrc ios cotes du Smith Sound des le 6 aoijt 185^. Le 10 septembre, apres des didicultes inlinies, on arrivait sur la coleN.du Groenland, a un point encore in<>xplore jusqu'alors ; les nouvelles glaces form^ps journellernont autour du vaisseau forcerenl I'exp^dition a clierchcr nn asilc |)our Ihiver. Le brick ( 315 ) s'arrSta a 78" A5' de latiluclo, ct c'esl la (ju'il csl en- core sons doute, eniprisonn^ pnr les glacos. L'hiver se montra avoc un degre de rigiioiir dont aucune ohser- valion prec^dente n'avaU enr'ore donne I'id^e : le whiskey gela en novembre; le niercure ful constam- menl a I'^lat solide ; c'est, du reste, le quartier d'hiver le plus voisin du pole qui ait jamais ete clioisi. Le scorbut sevissait ; mais on parvenail a le combattre, tandis que le tetanos [lockjcrw] ne cedait a aucun trai- temenl, cl c'esf c|e ce inal quest nioit je courageux charpentier du baliment, M. Alston. Cinquante-sept des meillcurs chiens a ti aineau perirent. Les operations de recherches comniencerent en mars : M. Kane dii'igea jes premieres en personne. On partit par un froid de 57 degres (Fahrenheit) ; plu- sieurs honnnes eurent les menibres gel6s et ont 6t6 obliges de subir I'amputation des doigts. On resta en route jusqu'au lOjuillet; I'approche de I'obscurite de la mauvaiso saison obligea alors a revenir au quartier d'hiver. Le docleur Kane avail d'abord longe et reley6 le Groenland c|ans une (Hrection leguhere du sud au nord ; mais un glacier 6noime arreta sa niarche. Cette masse de glace, taill^e a pic et haute de 500 pieds, est une barri^re entre le proenland septentrional et I'At- lanlique : elle formera toujours sansdouteun obstacle bien s^rieux aux futures explorations. Malgr^ les ava- lanches et les ice-bergs qui sed^tachaientde ce glacier, on le longea cependant en traineau, et de temps en temps sur des morceaux de glace flottants quand la iner 6tail libre. On parvint ainsl a faire 80 milles le long de la base de cette uuitisc prodigieuse; on la suivit ( 3It> ) jiis(jii';i line noiivelU' toiio I>()reale, joiiilc ainsi an Grocnland, ct qu'on nomiiiii Washington. La grande baic qui s'ctend ontrc ccltc lerro ct le Groenland a pris Icnom de Pealiody, d'apres I'lin dcs ciloyons qui avaient projele I'exix^dition. Rien de plus reinarquahic que col isthuic de glace enlre ranciennc ct la nouvcllc Icire. On cotnprendra f^ans ])oino toulo rimpoi'lance de I'cxcursion en tialnean acconiplio par nos explora- tcurs, quand on saura qu'ils onl fait ainsi lout le tour du Smith Sound ct relev^ tons les points de ce Inas do iner; mais la plus curieuse decouverte de I'exjiedition eslcertaineuicnt celle d'une mer polaiie libre.de cctte nier dcja devinee par d'autres el qu'on a ])ropose de nomnier Polynya. M. Kane a pu contemplcr au nord une nicr parfailenionl degarnic de glace, tandis qu'on voyail une masse solide s'elendrc sur les eaux, vers Ic sud, jusqu'a 125 railles sans interruption. On a evalue a 3000 mllles carres I'etendue du bras de nier enti^- romenl hbre qu'on pent apercevoir; on lui donna le nom de Kennedy, en I'honneur du secretaire de la marine americaine. On par\int a relever la cote dc la Icrrc plac^e au nord ol a I'ouest de ce bras de inei-, jusqu'a 82° 30', c'esl-a-dire jusqu'au plus haul point de latitude quo jamais navigateur ail allcint, cxccjite le capitaine Parry, (jui s'est avance jusqu'a 83° 15'. On appela cotle lerro Grinnol's Land. L'exUeme rigueur de I'hiver de 1853 a 1854 faisail bien coraprendre que le brick ne pourrait pas 6lre degago avanl I'hiver de 185/4-1855. Les provisions, (juoiqi.i; encore abondanles, paraissaient insudisanles pour resister au scorbul, ol le combustible avail ete ( 317 ) opuise en gran(l(^ parlie par I'liiver prec<^dcnl. Le doc- teiir Kane resolut alors de clierclier a gagner, avec quelques-uns de ses compagnons, I'entree du Lancas- ter Sound, afin ile rencontrer, s'il etait possible, I'ex- pedition anglaise el de procurer ainsi des secours a son i!'quipage. II partit avec un bateau {open boat] dans la direction qu'avait suivie Baffin; mais il trouva une barriere infranchissable de glace, etendue en im- mense fer a clieval depuis le Jones Sound jusqu'au Murchison's Sound. II fut force de regagner son navire. Pendant I'liiver qui suivil, on adopla les habitudes des Esquimaux : on se fit des remparts de mousse, on se nourrit de viande de morse crue. Malgre ces pre- cautions, le scorbut faisait des progres; heureusement M. Kane, a I'aide de la seule paire de chiens qui reslal, organisa une commimicalion avec un elablissement d'Esquimaux fixe a 70 miiles vers le sud. II ^tait evident que I'enorme barriere de glace qui s'^tendait an sud r>e permeltrait pas de recovoir des secours de ce cole avanl le troisieme liiver, et que le manque de combustible empecberait de resister a cet hiver : aussi le docteur Kane jugea-t-il prudent d'abandonner son navire et de cberclier a retourner vers le sud, en se servant tour a (our de Iraineaux et de bateaux. On quilla done le brick le 17 mai ; on parcourut un brasde mer gele de 8'J miiles d 'etendue ; enfin, apr^s un voyage de 361 miiles, on attcignil le cap Alexander; on trouva la la nier libre. On s'avanga toujours vers le sud, lanlot sur I'eau, lanlot sur la glace , en vivanl surloul d'oiseaux , d'ceufs et de phoques; enfin on penelra dans la baie Melville, ( 318 ) libre de glace, et lOii so, dirigeavers l<'s I'tahlissemenls dahois (lu GioonKmd seplpiitrional. On y arriva pro- >identielleinenl, lo (J aoul, apies (|uatre-vingl-uii jours des latigues el des dangers les plus grands, pendant lesquels on avail parcouru 1300 niilles. A Lpernavik, le j)riiicipal de ces elablissoineuls, les Noyageiirs s'eni- bartjuerenl sur uil Ijaliineiil ilanois qui laisait voile pour I'Anglelei're. Par une heuveiise circonslance, on louclia a bisco, oil Ton rencontra i'expedilion ducapi- taine Harbtein. Getle derni^ro avail Irouve le Smith Sound encore ferine par ies glaces ; niais elle avail coinniuni(|ue avec les Esquimaux, eiie avail appris le depart du docteur Kane et avail suivi ses traces. L'expedilion de Harlslein quilta New-Yoik le li juin 1855; elle elail coniposee du remurqueur i'^rcticel du navire ia Re/ease. Le 2'i juiu, elle d^couvrait la cole du Groenland, a 200 niiiles an nord du cap Karc^well; elle elail eaierveillee de I'aspect pilloresqiiedes I'alaises de glace de la cole, el elle donnail a luiu de ces masses (bergs) les plus elevees la denominalion de Grace-Cliurchherg, a cansL- de sa ressemblance avec I'edilice de ce riom qui decore le liroadway. Le 10 juin, on abordail a I'lle Disco el Ion debarquall au port lie Leavely 6u Go ilhaab (en anglais Godhaven), ou I'inspecteur ro\al danois; M. Olric, recevait les na- vigateurs avec la plus bienveillanle hospilalile. Leavely est une ville de 150 habitants, dont une douzaiae de Danois ; le rosle se compose de metis esquimau-danuis. Les membres de rex2)edilion y passferonl cinq jours, et I'accui'il aimable qu'on leur fit lut accompagne de danses el de fetes presque continuelles. « Les jounes niles, dit un ollicier de l'expedilion Harlstein, dan- ( 819 ) saieiit avec un art el uiie grace (|iie iios eleganle ; i\\i Broadway pourraieiil ehvicr; c elait iiile vue nouvelle pour nous que celle reunion de jeuues l)eautes velues de pantalons de peaux de plioques ; les jeunes gens jouent tres bien du violon. La dynso est le principal amusement de ces lieux. » Le 10 juillei,, les deux baliments iraversaienl le Waygat Sound; le 14 juillet, on renconlra en nier M. Peterson, un des gouverneurs des possessions da- noises, qui conduisit M. Harlslein a I'ile Harrow, oh Ton fit provision de cliarbon; le 1(5 juiliet, on airivail a Lpernavik, oil reside ^L Peterson; oil s'avanga en- suite au nord jusqu'au Smilii Souni-I, a 78° 30' de lali- lude : la on se trouva sur les traces de I'expedilion de Kane; on vit des tenies, des voiles, etc., qui ne lais- saienlpasde doute sur son passage dans ces parages. On put interroger les naturels, qui connaissaient tres bien les iioiiis de Kane el de ses com|jagnons, el qui apprirent que, depuis deux mois, ils etaienl repartis vel's le sud. l\L Hartslein revint aloi's a Leavely, oil il parvinl lel3 septenibre; il eul ie boniieur d'y Irouver ceijx qu'il cherchail avec tant d'anxiete, et, le 18 sep- tenibre, tbiis les voyageurs, desorniaib reunis, laisaieiit voile pour New-York. E, CbUTAMBKKt. { 320 ) Actcs dc la Socl6t<^. FXTHAITS DES PUOCES-VERRAUX DES Sl';.\>iCES. Seance dii 19 octobre 1855. Le procijs-verbal de la derniero seance est lu el adopto. M. le general Dauuias, directeur des ad'aires dc I'Alg^rie, dcrit a M. le president qu'il tieiiL a sa dis- position un mandat de 1000 francs representant la sul>venlion que M. le niar^chal, ministre de la guerre, a accordee a la Soci^le pour recompenser un voyage de la colonie du Senegal en Algerie , ou de I'Algerie a la colonie du Senegal , en p:issant par Tomhouctou. La Societe recoil des letlres de reniercioments pour I'envoi de son Bulletin, de plusieurs Academies et Societds savantes, anglaises, allemandes et americaines, qui lui adressent egalement leurs publications. M. Drouyn de Lhuys transniet a la Sociel6 une lettre de M. I'abbe Hue par laquelle ce missionnaire offre a la Society la deuxi^nie edition de son Voyage dans la Tartarie, le Tliibet et la Chine, el de son ouvrage sur TEmpire chinoisl'aisant suite a ce voyage. — M. Albert- Mont6niont est ])rie de rendre coniple de ces deux ouvragcs. M, Joniard, en d6posant sur le bureau la 5' livrai- son de ses Monuments de la geographic , entre dans quelques details sur les carles qui la coniposent. II offre ensuite plusieurs autres ouvrages de la pari de ( 321 ) MM. Wappiius, de Lesseps, Ernuszl el Bartlin. — (Voy. au Bulletin bibliograpliique.j — M. Alfred Maury est prie de rendre comple de I'ouvrage de M. Wappaus sur la slatislique el la geographie de rAnierique sep- lentrionale. M. de la Roquetle offre egalement, aux noms des auteurs et ^diteurs, la suile des Menioires de la Societe royale des ontiquaires da nord, et du Church inissiormary Intelligencer, une carte de la Norwege du professeur Munch et une brochure du colonel Sabine sur ses observations magneliques. M. le secretaire communique la lisle des aulres cartes et ouvrages deposes sur le bureau. M. le docteur Norton Shaw annonce a la Societe qu'il s'occupe d'un catalogue des principaux livres geographiques, atlas et cartes exislanl sur les diverses conlrees du globe, et qu'il recevra avec reconnaissance les communications qu'elle voudra bien lui adresser dans le but de facililer cette publication. M. le directeur des colonies au ministere de la ma- rine, ecrit a la Societe pour s'informer si eJle a regu deux Memoires de M. le lieutenant-colonel du genie Faidherbe sur les langues serere et sarakhole. Get envoi est parvenu a la Society, et M. le president annonce qu'il en a accusti reception. M. d'Avezac communique ensuite une nouvelle letlre de M. le lieutenant-colonel Faidherbe, gouverneur du Senegal. A celte letlre est joint un M^moire , accom- pagne d'une carte, sur les populations noires des bassins du Senegal et du haul Niger, destine a sim- plifier beaucoup la pretendue complication de races el de langues qu'on disait exister chez les n^gres. X. OCTOBRK KT NOVEMBRE. 8. 22 ( 3-i2 ) ISI. Joinard saisit I'occasion que pr^sonto I't-nvoi des int«^ressanls travaiix de M. Faidheilje |>uiir appeler de nouveau I'allenlion dc la Societe sur les noinl)rcux documcnls qui exislent dans les archives el ailleurs, et qui permellraiont de completer lo 7' volume de Ses M^moires et de Composer le 8'. 11 rojipelle qu'il serait bon de convoquer dans ce hiil la section de publication. M. le comic d'Escayrac ajoule que vers la fin de son dernier s(ijour au Cairo, M. Thibaut, I'un des compa- gnons de M. d'Arnaud dans sa memorable ex[)edition, est de tons les nigociants europ^ens etablis dans le Soudan celui qui connall le mieux colle region, lui a ofTert 1° Son Journal du voyage aux sources du Nil, entrepris en compagnie de M. d'Arnaud ; 2° divcrses notes relatives acc voyage, parinilosqu(;lles un tableaiJ deS temporalures observees sur le fleiive Blanc, u trois hioinents dilTt^rents de lajourniie, pendant ({uatro mois d'biver. A la meme epoque, iM. Vayssiore lui remellait un vocabulaire de la langue bari , recueilli par M. de Malzac, son associo ; ce vocabulairc monlre les differences qui existent enire la langue bari etdeux de sfes dialecies. II esp6re aussi se procurer les notes de M. d'Arnaud sur le d^bltdes aifluents du Nil Blanc ainsi que les coupes de ces cours d'eau dessindes par lui lors de son grand voyage. M. le comte d'Escayrac a recueilli lui-mfeme de nombreux vocabulaires afri- cains et des elements suflisanls a I'exposition succincte de six grammaires africaines. Ce travail, le vocabulairc de M. de Malzac et un vocabulairc de la langue des Bycbara qu'il doit ;\ Linant-Bey pourraient elre joints avec fruit aux travaux interessants que laSoci^te re^oit ( 323 ) (Je M. le liculcnant-coIonelFaidherhe, el il serait heu- reuxde coiiUibuerainsi a la publication d'un nouveau volume de meinoircs. Le recit, le journal et los obser- valjons JnleressantesdeM.Thibautseraientdo nature a y trouver place et presenteraient d'autant plus d'inleret que, par divers motifs, M. d'Arnaud n'a pas cru devoir encore publier lui-meme les notes importantes qu'il a recueillies et qu'il a eu I'obligeance de lu.i commu- niquer. M. Jomard communique deux leltres de M. le doc- leur Barth, datdes de Londres et de Berlin. Ce voyageur, qui avail conservii des doutes 5ur la rialhe du sejour de Ren6 Caille aTombouctou, tout en admettanl qu'il avail traverse I'inlerieur de I'Afrique, le signale comniQ UD des voyageurs les plus sinceres, et il reconnait loyalementquesesdoutesn'^taientpasfondes. M.Barlli saisil I'occasion que lui fournit I'examen des descrip- lions de Rene Caille pour entrer dans des developpe- menls hisloriques, elhnographiques et linguistiques du plus haul inleret sur les conlr^es qu'il vient de parcourir avec lanl de succes pour la geographic. Sont proposes pour faire partie de la Socieli^ : M. ie lieulenant-colonel du genie Faidlierbe, gouverneur du Senegal, par M!\l. d'Avezac el Jomard; M. Edouard Schunian, lelegrapliisle de la Belgique, par MM. Van- dermaelen el Jomard, et M. Manuel Ancizar, ancien ministre de la Nouvciie-Grenade , par MM. Francis Lavallee cl Jomard. M. E, G. Squier, des lilats-Unis, mellows les yeux de I'assemblee unc carle manuicriie y une Ircsgrande cchelle, tic I'islhme dc Iloniduras, jepresciilaut le trace (lu chcmiu de Icr iulcroceauique debli^ic a relier le ( 324 ) goHe du Mexiqiie el la incr Paciliquc. Les ciclails lopo- graphiques de celle grande ligne elablissent la |)ossi- hilitu de franchir lacilemcnl la Cordillere. Le chcinin de fer de Honduras a sur les autres projels I'avanlage (le presenler d'excellenls ports achacune de scs exlre- iniles : Puerlo caballos ot Fonsoca. La Commission cenlrale 6coulc avec le plus vif int^ret les rcnsoignc- nienls que lui donne M. Squicr sur Texeculion de ce beau travail, et ellc adresse ses felicilalions a I'aulcur. M. de la Roquelle propose I'^change du BuUelin avec le Journal de la Society des sciences de Halle. — Renvoi a la section de coniplabilit6. M. Jomard appellc I'attenlion de la Society sur les belles productions geograpbiques qui se Irouvent a I'Exposition univcrselle, et il propose de d(^signer deux niembres, MM. Garnier el Vivien de Saint-Marlin, pour aller les examiner et en rendre comple a la procbaine sc^ance. M. Heberl donne sur sa nouvcllc metbodc d'imma- triculalion de la geograpbic deslinee a I'enseignement de cetle science, des explications qui sonl ocoutecs avec interet par ses collogues. La seance est levee a dix bcurcs. Seance tin 2 nofembrc 1855. Le proc^s-verbal de la derni6rc seance est lu et adopts. M. de Montigny 6crit a la Socielci pour lui annoncer qu'il vient d'etre cbarge par le goiuerncment dune niission aupr^s du roi do Sieim, el pour lui oilVir ses services. La Commission ccnliale accepte ses offres ( ;^>25 ) avoc empresscmint rl invite la soclion c!c corrospon- tlancc a ]>r('!parcr cics instructions pour M. de Mon- Sir I. R. Murchison, directeur general cle I'tcole des uiines et des carles gc^ologirjues des iles Britan- niques , et ancien president ile la Societe royale geographique de Londres , est present a la stance. II tail part a I'assemblee des nouvolles recenles qu'il vient de recevoir du docleur Livingston. Get inlrepide et savant voyageur est parvenu h relaire la carte des vasles conlrees qu'il a explorees dans I'interieur de I'Afrique nn^ridionale. Cette carte, dent les premiers mat^riaux avaient et6 pcrdus par snite d'un facheux accident, est assujettie a un grand nouihrc d'observations de lati- tude et de longitude. M, Murchison ontrctient ensuite la Societe du monuuicnt de granit, 6leve par sous- criptions a Greenwicli, en I'honneur du lieutenant Bellot, et il ajoiite que I'exc^dant de la souscriplion doit 6tre distribut!; entre les soeurs do ce regrettable officier. — Sirl.R. Murchison, surla demande de M. le president, veut bien se charger de remellre pour le Bulletin une note plus delaill^e stir sa communication. M. Joraard communique le rapport ofliciel du doc- teur Kane, adresse au gouvernemcnt americain, a son retour du long voyage qu'il a Fail tians les mors po- laires a la recherche de I'exp^dilion de sir John Fran- klin. Depuis deuxans, on n'avail re^u aucunes nou- velles du docteur Kane, et plusieurs navires (ilaient partis r^cemment a sa recherche. — Kenvoi de cette communication au Bulletin. Le m6me membro rend compto de la reunion qui vient d'avoir lieu chez M, Ferdinand do Lesseps a 22. ( :?:26 ) Voccasicu) ilii (liparl ilt-'i, iiij^enicurs Irancais cl elran- grrs pour rislliine clu Sut'Z , afiu d'cxainincr sur Ics lieiix ravanl-projel rcdigti par MM. Linanl-Boy ct Mougel-Bey, ingonieurs du vice-roi d'Egjpte, pour le perccinent de I'isllirue. Celte conference avail pour but de uicllre en rapport tous les menihrcs do ia Commission inlernatiouale, d' examiner ct de rtisoudre plusieurs questions iniportantes. — llouvoi dc cetle coinmuuicalion au Bulletin. M. de la Roquette, au noin de la section de compla- l)ilil6, fait un rapport sur I'echange du Bulletin avec le Journal de la Society des sciences nalurelles do Halle. La Commission cenlrale adople les conclusions favorables de ce rapport. M. Vivien de Saint-Martin, charge par la Commis- sion ceiitrale de lui faire un rapport sur les j>roduils geographiques envoy(*s ^i I'Exposilion univcrselle, unnonce que le manque dc lenips ct dos diliicullos sans nondjre I'onl empeche de remplir celte misbion; mais qu'il a profile de cello circonstancc pour jeter un coup d'ceil rapide sur Total actuel de la cartogra- phic en France. La Commission cenlrale (^coule avoc interet celte communicalion el la renvoie, apr^s quel- (jues observations, a la redaction du Bulletin. AJ. le secretaire communi(jue la listc dos ouvrages deposes sur le bureau, el iM. Jomard offro de la part de I'aulcur, M. Mahiuoud, aslronoine de I'observa- loire du Cairo, un Memoiro sur les caleiidriers judaiquo ct musulman. M. le lieutenant Molschir, des Pays-Bas, oilro a la Societo los hois proujiircs livraisons du Bcpcrluiic de carles, publio pai I'lnslilul royal dos ingenicurs necr- ( 327 ) lanclais, el il la piie de vouloir bien s'inleresstT a celle publication qui a un but d'utilile generale. La de- niande de M. Nelsclier est accufiilie avec empiesseraent par la Commission cenlrale. La Societe admct au nomine de ses membres : M. le lieutenant-colonel du genie Faiuhebbe, gouverneur du Senegal ; M. Ed. Sciiuman, tdlt^grapbiste de la Belgique, et M. Manuel Ancizar, ancien minislre de la Mouvelle- Grenade au Chili el au Piiou. Seance du 16 itovcinbie 1855. Le proc^s-veibal de la dernieie seance est lu- et adopts. M. le comle de Caslelnau annonce son prochain depart pour le cap de Bonne-Esp6rance ou il va resider en qualite de consul de France, ( t il prie la Society de lui adresser des instructions pour son tils qui I'ac- compagne dans ce voyage et qui a le projet de visiter I'inlerieur de I'Afrique auslrale dans la direction de iN'gami. Celle deraande est renvoyee a la section de correspondance. M. Ic secretaire do la Socirlc philolechnique adresse des billets d'invitalion pour la prochaine stance pu- blique de celle Society. M. Vanderuiaelen, dirccteur de retablissement g^o- graphique de Bruxelles, transmcl a la Soci^tti un Memoire d'un savant suedois, M. Carl Rydwist, sur la slatislique, les chemins de ler, les lignes de t^logra- phie electrique et les autres voies de communication de la Suede, et il en demande I'insertion au Bulletin. — Renvoi a la section de publication. ( S28 ) M. Hoiir Ic prier de norninei- unc Commission (pii seiait charg^e d'exaininer lo syslc'imc d'immalricula- lioii locale (]u'il a diveloppe dans nn ocrit el clans un alias donl il a fail hoinmau;c a la Soci^te. M. le secrilaire communique la lislo des ouvragos oll'erls. M. Jomard ollVe, de la j)art de M. de Montigny, trois carles chinoises dont JM. A.Maiir) veul i)ion se chargcr de rendre comptc, M. Loui inand offre, do la part de I'auteur anonvme, nn petil volume inlilul6: Une saison a Cannes en Pro- vence. Le l>ut de cot ouvrage esl d'altirer a Cannes la vogue de Nice, el d'amener sur ce poinl Irop pen appreci^ dn sol Irancais, une affluence de vojagcurs e tl'IIoiacc a Briiules (satire V, livre l). Dissertation geogra- |ilii()uo lue ii rAcadc'mle lU's sciences, arts et l.iclles-lettres tie Macon, par lu ntst Desjardins, docteur es leltres, etc. Br. in-8° avec dtiix planches. Macon, i855. M. lirnest DESJAunns. Une saitiO!) a Cannes en Provence. I'aris, 1 856. i vol. in-12. M. LOUBMAND. Letlres sur rislande ct -poesies, par X. Marmier. 4' tnlilion. 1 vol. in-12. Paris, I 855. M. Arthus P.EUTnANn. Vfslines d'Asserho et de Sohorg de'couverts par S. M. Frederic VII, roi de Daneinaik. Menioire public par la Socic'le royale des anti- ipiaires du INord. l!ro(di. in-8". Copenlia{;ue, i855. — Bemaer- kuiifjcn, etc. Keniar ) Titfei (Ics oiitnayes. Doiinteiirs. Ri'-ppi-toire lie rarlcs |>(iljlii' par I'liistilot uiyal dp-; iii(;eiiieuis in-'i-r- landais. i'% a* ct 3' livr. La Ilayp, i854-i855. Rr. hi-8". Notice siir la vie et Ics travauv de M. le viioiiile Hpiitait de Tliuiy, par M. Villiers du Terrage (Extrait de rAuiuiaiie de la Societe des ties antiquaires de France pour i855). M. Vii.iiehs du Tt;iiiiA(;E. CARTKS ET A TLAS. Les nionunienls de la geograpliie, ou Reciieil d'aiiciciines carles europeennes et orientales, pultlies en fac-simile de la grandeur des originaux, par M. Jomard , inciiibrc de I'lnstiiut de Trance. 5' livr. ■ ' . ;\I JoMAnn. Nciicr Ilaiid-Atlas iiber alle Theile der Erde, l" livr. de 4 fcuilles. Rerlin, i855. D' llenii KitPKiir. Adolf Slieler's Hand-Atlas iiber alle Theile der Erde naeli deni neuesten Zustande und iiber dasWeltgebaiide, i" livr. de 8 feiiilles. Goilia, i855. M. Justus I'i:i\riiKS. Carte de la telegraphic electrique de I'Europe centrale. i gr. feuille. Bruxelles, i855. M. Ed. SciirsiAN. Vestiges of Assyria. Sheet i an Iconographic sketch of the remains of ancient Nineveh , with the enceinte of the modern Mosul. — Sheet a Shewing the positions and plan of the ancient cities of Ninir'ud and Selamiyeh. — Sheet 3 being a map of the country ineluJed in the angle formed by the river Tigris and the upper Zab Shewing, the disposition of the various ancient sites in the vicinity of Nineveh; from trigonometrical Suivey made by order of the Government of India, in the spring of iSSa. 3 grands feuilles. M. F. Jokes. Vue panoramique de I'isthnie de Suez, et trace direct du canal des deux mers, d'apres I'avant-projet de MM. Linant-Rey et Mougel- Bey, ingenieurs deS. A. Mohammed.SaVd, vice-roi d'Egypte. i feuille coloriee. — Isthme de Suez avee le trace direct du canal des deux mers et du canal auxiliaire-derive du Nil, d'apres I'avant-projet de MM. Linant-Bey et Mougel-Bey, ingenieurs du vice-roi d'Egypte. I feuille. M. Ferd. de Lessei>s. Kart over kongeriget Norge. i feuille. M. P. A. Moncii. BULLETIN BR I.A SOCIETE DE GEOGRAPHIE. n£CEMBRE 1855, RAPPORT KAIT, (,R a I nECEMBRF. |855, A I.A SECONDE ASSEMDI.KR OENliRiLfC DE I.A SOCllSTE DE GKOORAPniE , SIR SES TRAVAliX ET M LES PROGRES l)ES SCIE^T,F,S GEOGRAPBIQL'ES PAR M. ALFRED MAURY , Serrelnire gener;il de la Conimission rpnirale. Messieurs , C'est line des gloires les plus eclatanles tie notre siecle d'avoir, plus qu'ancun de ceux qui I'ont pr6- cide, agrandi le cercle de nos connaissances et de nos decouvertes. Depuis ciiiquanle-cinq ans, la science a marclie dans la voie du progres d'un pas plus rapide el plus sur qu'a aucune des epoques ant(5rieures. Le spectacle de ces conqueles intellectuelles remplit aujourd'hui tous les esprils d'adiniralion. Chacun sail oomhien I'astronomie, la physique, la chiniio, la 1116- canique, Fanalomle comparee, la geologic, ont avanc6 dans leurs principes et leurs applicalions; mais ce que lout le monde ne sail point, c'esl que le mouveinenl des letlres n'a pas 6te, ot moins conlinu el moins ac- X. ni'XF.MBRK. 1. 23 ( m ) celere. A I'aide du grand nombre des fails qu'elles onl rasseniblt's, des coniparaisoiis qu'elles onl pu eiablii-, il leui' esl devenu possihie dc creor des mclliocles, ol une place leur aj)pai lient mainlenant onlre les sciences positives. Les belles-lettres onl pris iin caracl^re scien- lilique, ou jiour niieux parler, ellcs sunt devenues des sciences bisloriques et pliilologiqiios. Dans ce inouvement ascensionnel, qui cnlraine loutes nos connaissances, la g(^ographie n'est point restee h I'arriere-garde. C'est, aii conlraire, Tune des premieres qui ait aspir6 a prendre rang paruii los sciences positives et susceptil)les d'apjdicalion^ Donnant une main a la geologic, a laquelle elle dis- pute r^lude du relief de notre globe, elle tend I'aulre a I'ethnologie, Scienfce n6e d'hier, et qui poursuit la recherche de la distribution ties races et de leurs mi- grations. La geographie embrasse done une sphere immense; et il n'en saurait etre aulremenl, puisque cette sphere, c'ost noire propre globe, Messieurs (1). La Societe de geographie do Paris s'honore d'avoir puissainmcnl conlribue a cos hcureux progr^s , et chaquc ann^o, elle entretient le public de la part qu'ello a prise i\ un mouvemeni qui s'acct>lere en quelquo sorle, k mesurc que les annees s'ccoulent davantage. Vous inlerosser par I'expose de pareils Iravaux ou les etudes dc dtitails d^robent si souvenl les vues d'ensenible, c'est une tache diflicile, et dont je tentcrai vainemcnt de dissimulcr la nature ingrate. Toulofois, dans le compte rendu de ces eiforls parliels, pour 4lendre le (l) Voy. a en sujtt la disseilalion (jue nous a offerle M. Ferdinand de Luca, Indole ilcllu lo XIX comparalivamento a qnella del icrnln jnecedente^ in-4°. ( 335 ) cliauip des regions qui nous sunt connues, s'il n'y a pas loujours un inleret de curiosite, il y a au moins une occasion de reconnaissance, et lei esl le uiolif qui me fait esperer quelquc altention de vous, mes- sieurs. Peut-elre aussi, en entrevoyant le resullat que nous poursuivons, ne resterez-vous pas indifferenls a la lente elaboration qui nous permettra de I'at- teindre. Je viens de vous le dire, la geographic embrasse dans son doniaine les connaissances les plus divei-ses et souvenl les nioins homogenes; mais il en est une qui constitue son principe et son fondement, et donl je dois, par consequent, d'abord vous entretenir. C'est celle de la carte, la carte, cette representation figuree d'une contree ou d'une parlie du monde lout enliere, qui d'un coup fait saisir a I'ceil les relations do j)osi- tion liant les pays entre eux, la dislribulion des po- pulations, les voies de communication et les divisions poliliques. La cartograpbie est le resume de la geo- graphic; elle met cette science comme en action, elle lui imprime son caraclere pratique et usuel. La carto- grapbie, messieurs, a, sous le rapport de I'exucution et de Texaclitude, fait bien des progres depuis cin- quante ans. Les gouvernements eux-memes en ont pris la direction, et la publication des cartes d'une foule de pays a maintenant un caract^re officiel. Nous devons a cette circonslance la possession de carles ma- gnifiques. Mais a cole de celle action des Elals, des efforts parliculiers se sont produils ; et dans ces efforts, la France n'a pas loujours ocaup6 le rang qui lui ap- partenait. Cj'est ce que nous a montr«5 un de nos plus savants confreres, M. Vivien de Saint-Martin, dans ( VMS ) des conskl^ralions interessanles qui lui out 6t6 sugge- r^es par I'Exposilion universelle. Disons, cepenrlaiit, que la Sociele de g^ographie n'a pas clans celte cir- constance aulanl failli que la science priv^e. Par le soin qu'elle a mis a publier dans son Bulletin des iti- n^raires nouveaux, des esquisses de cartes, paries r6- duclions qu'elle a donnees de celles qu'il etait difficile de se procurer, elle a prepare a la geographie critique des materiaux qui seront, sans doute, bieniot mis en oeuvre. C'est ainsi qu'elle a fait parallre une carte de C4nr6e, d'apres I'originai dresse par Andr6 Kim, au- jourd'liui deposee a la Bibliotheque imperiale, et donl nous sommes redevables a la lib^ralite de M. de Mon- ligny ; qu'elle a public des reductions de la carte du cours du Mareb et d'une partie de la baute Nubie, el une esquissc de la partie du bassin du Babr-el-Abiad, comprise entre les 11* et 5* degr^s de latitude nord. Ces deux carles sent dues a MM. Vayssiere et Malzac. L'un de nos plus aclifs collaborateurs, M. le comte d'Escavrac de Lauture, qui s'est consacre avec une si louable perseverance a I'exploration el a I'etude de I'Afrique cenlrale, a recueilli un ensemble de rensei- gnements, qui lui ont perrnis d'elablir un apercu car- tograpbique de I'interieur du Soudan. Co travail n'a pas la pretention d'atleindre a I'exactitude d'une carle veritable; mais, quand les elements nous manquenl pour pouvoir dresser une representation exacte du pays, on est lieuroux que de pareils essais lassent jouir par avance de donnees topograpbiquos et cboro- grapbiques, qui I'esteraienl sans cela longtemps frap- pees de slerilite. Un babile explorateur et bistorien de I'Amerique centrale, M. E. G. Squier, a place devanl ( 337 ) vos yeux la niagnilique carlo el la coupe geologiqiie qui repiescntenl la contree s'dlendant entre Pueito- Calnilos et le golfe de Fonseca. Le projel tl'elablii- a Iravers eel islhme un cheinin de ier relianl les deux Oceans, donne a celte carte, qui comprend une partie des 6lats de Honduras et de San-Salvador, un inl^ret tout particulier. Aussi la Societe a-l-elle pense faire une ceuvre utile en mettant a la disposition des travail- leurs europeens une reduction de la carte de M. Squier, qui fait connaitre dans les plus grands details une contree dent nous n'avions que des esquisses impar- faites. Enfin, messieurs, nous esperons terminer le Bul- letin de cetle annee par une carte de Corde que notre venerable confrere, M. Jomard, a elucidee avec cette critique et cette penetration dont vous etes habitues h recueillir les fruits. J'avais done raison de vous le dire. Messieurs, la Society a fait ce qu'elle a pu pour agrandir I'arsenal de renseignements ou puiseront les auteurs de carles nouvelles, en attendant qu'elle puisse elle-meme ele- ver a la geographic un plus digne monument, par la publication d'un atlas dont le projel lui sourit, el pour Tex^culion duquel elle voudrait possuder plus de res- sources. Toutefois, on ne saurait dire que notre com- pagnie ne prenne aucune pari a la publication d'un recueil de ce genre, ou se trouvent syslemalis6es loutes les connaissances dues a des releves positifs, a d(;s operations geodesiques, ou aux informations des \oya- geurs; puisqu'un de nos membres etrangers, M. Henri Kiepert, vienl de tenter a lui seul cetle gigantesqu« cnlreprise. Vous connaissez, Messieurs, la preinidre livraison de ce magnifique atlas, qui fail lanl d'hon- ( 338 ) neur a rAllemaj^iie savantc , et realise iin progress! marqu6 dans la carlographie. Un aulie de nos confreres, ([ui nous llcnt d'ailloiirs par dcs liens plus elroils, M. Gamier, vient aussi de pubiier les pren)i('^res carles d'un alias ou seronl mis a conlril)ution les renseignrmenls diis aux plus re- ccntes exploralions ; el choisissant, pour le dehul de eel ouvrage, les conlrees qui altircnt aujourd'hui da- vanlage rallention , il a rt-uni les cartes de I'inlerieur de i'AI'rique, el des hassins de la mer Noire el de la mcr Baltiqiio. Je dois aussi classer, pariui les oeuvros carlologiipios, une excellenle |)ublicalionde noire confrere alleniand, M. Auguste Pelermann, les Mittheilungen , qui nous font assistor periodiquemeut aux progrfes de la geo- graphic, et resument dans de peliles cartes co que des relations ne faisaient qu'imparfailement coin- prendre. La Soci^te a recu huil livraisons de ce recueil emane der^lablisserrent dc Golha, auquel M. Perthes a attach^ son noni. Mais la geographic figurde n'esl pas la seule a laquelle fasse honneur cette publica- tion. Ceque j'appeilerai volonlicrs la geographic ecrite doit aussi k M. Pelermann une reconnaissance dont nous avons eie heureiix de nous faire les inlerprfelcS, en decernant a eel hoinine distingue le litre de corres- jiondant etrangor. Les nombreuses carles quo noire compagnie a re- cues. Messieurs, prouvenl le soin apporte par les car- lograplies a nous meltrc au couranl de leurs Iravaux; elles teraoignenl de Teslime que i'on a dc noire appre- ciation, en memc Icnips (ju'elles nous inoulrenl le ik\e. dont la topographic est parloul aniinee. Nale, qu'on me passe cc neologisme. Un paleograplie distingue, sorli de celle ecole , M. H. Cocheris, nous piouiet un dictionnaire des nonis de lieiix de la France pour le nioyen age. Mais il est a craindre que nous atlendions davantage pour les aulres contr^es, et I'^poque parait encore ^loignee oil la geographie du v' au xv' sieple aura son glossaire a niettre en pendant avec celui de Du Cange. Je me suis laisse ^garer un instant. Messieurs, par ce retour vers une epoque ou de premieres etudes m'appellent volonliers, je reviens aux carles quo je vousai laisse perdrede vue : j'aurais voulu vous en (aire connaltre un plus grand nombre, il a fallu me horner. cependant. L'exameni'apideque j'en ai trace suditlouter . fois pour vous faire appvecier la valeur des ojuvres topographiques con temporal nes. En parcourant les vastes galeries de I'Exposition uni- verselle, vous avez rencontr^, ga et la, des specimens de notre industrie cartograpliique et de celle des au- lres peuples. C'est la une preuve vivante de I'ulilite que lout le nionde trouve a de pareilles publications, puisqu'elies figurent parmi les produits qui r(^pondeut a nos besoins mat^riels et commerciaux. Mais il faiit convenir cependant que cette industrie savante est loin d'avoir atteinl, choz la majorile des peuples, le degre de perfection (juc nous admirons dansd'aulres cBuvres ( Uh ) de I'adresse et de rintelligeiK e huuiaiucs. Ce jugemeiit, peul-elre un pcu s6v6re, ressort pour moi. non-seule- luent de raudition dii savant rapport de M. Vivien de Saint- .Marlin, dont je vous parlais tout a I'heure, inais encore de la Icclure d'uu examen plus circon- slaiici^, que notre confrere M. V.-A. Malte-Brun a insere dans les Jnnales des voyages. Ce compte rendu nous fait connailre ceux des produits qui 6laient de nature a moins frapper nos yeux, au milieu de ces re- presentanls magnifujues de loules les industries hu- maines. Puisque tant de conlrees deuaeurent encore en ar- riere pour la cartographic, qu'il en est si peu chez les- quclles se soit accompli un progrfes marqu^, profilons de I'avance que nous avons d^ja, pour ne pas nous iaisser depasser, engageons surtout les editeurs a ne point se hater, comme ils le font d'ordinaire, de livrer au public des cartes dont rexeculion imparfaite com- promet noire reputation; qu'ils consultent davantage les savants, et qu'ils envisagent leur mission avec I'im- portance el la dignity qui s'attachent a toute profes- sion oil Ton travaille a ravancemenl desconnaissances humaines. Les gouvernemenls leur donnent I'exem- ple; car rien n'egale le soin et I'exactitude qu'on ap- porte dans la publication des cartes oflicielles, le prin- cipal lilre de gloire de la geographic contemporaino. G'est dans de pareils Iravaux que la France garde toule sa superi(iril6. La carte de TElat-major, dont nous avons rc(;u, il ii'y a pas encore une annee, la dix-hui- lieme livraison, est uii monument acheve, qui fait au- lanl honncur a notre arm(^e qu'a un Elat qui sail for- mer dc pareils ingenieurs. ( 345 ) Je vous parlerai plus loin des cartes hvdrographi- ques qui occupent une place imporlante, mais a parl.^ flans la cartographie. J'ai hate d'arriver aux decouvertes g^ographiques dont I'initialive appartient a noire Soci6t6, ou qui onl occup6 ses seances. Le champ des decouvertes se resserre de plus en plus ; et le moment n'est pas 6loigne ou I'Europe sa- vanle et civilis^e aura op6re des reconnaissances dans tous les pays et dans tons les cantons du globe. On n'a voulu rien laisser inexplor6, pas rafeme les contrees qu'une ceinture de glaces semblait s^parer a jamais de nous, et ou la vie animale et veg^tale paraissait craindre de s'aventurer. Le gtinie hardi d'un naviga-;, teur nous a oiivert enfm I'acc^s de ces mers polaires,, et agrandi , au dela des liraites du possible , le cercle de nos investigations physiques, hydrographiques ,^_l g^od^siques. Gel homme , c'est John Franklin. Une id^e I'a doming, celle de d^couvrir ce fameux passage du Nord-Ouesl, qui s'offrait comme la clef de la navigation polaiie, et le couronnement des elForls tenths depuis trente ans. 11 a peri, tout donne a le penser, au milieu de cette glorieuse enlreprise, mais son nom a encore guide les voyageurs qui sont venus aprfes lui. II avail comme cach6 le lieu de son nau- frage, afiu que le d^sir de le relrouver, lui et les siens, soutint encore des exploraleurs que son sort pourrait rebuter. L'humanit^ est encore plus pers6v6rante que la science, et ce que I'unique dt^sir de d6couvrir le passage en question n'aurait pu laire accomplir, le d^vouement d'une Spouse, I'^mulalion heroique de fr^res d'armes, de compt^tileurs mdme, y sonl parve- ( 346 ) niis. r.'esl (lone a John Franklin que revient apres lou.l . riiohneui' de cottc clecouveiio, scellee tlesormais clu nom de Mac-Clure, do ces exploralions qui onl avec lanl do persc^verance fouill^ les iners polaires, et donl je dois vous rappeler ici la dernifere. C'est a lui qu'ap- parlieut la couroniie du vainqueur, couronrie que nous lie pouvons nialheureusement deposer sur son' front glace, sursa lombe encore inconnue! mais lout en revendiqiiant, pour cet h6uime illustro, la plus grande part dans des decouvortos ou i'amour de sa personne a soutenu laht d'oflorts, et fail braver laiit de souffrances; nous n'en payons pas moins un ecla- lanl Irihut de reconnaissance aux hoinhies odurageux qui ont couru a sa recherche. Nous le devons surlout a ceUx qui n'avaient ni connu Franklin, ni sel'vi sous le mfime pavilloil ; qui appartenaient lufeme a des ma- rines rivales ; mais qui ne se sorlt Souvijrtus de cette rivalit^ qiic pour rivaliser de coUrage et d'horoisfiie ad milieu des dangers de toule sorte. Les Anglais eiix- riifeilics I'ont senli, lorsque, lout r^cemmeiit, its cJiil^ dlevo au cceur du palriolisme naval de I'Anglelerre, a Greenwich, tirie pyramide a notro iriiniortel Bellol; monlrant par la qu'ils plaraient son devoucmenl plus haul qiie tous les Sutres, On eprouve iin sentiment analogue k la nouvelle dii relour dli docteur Kari^, qtii a voulu tenter un dernier effort pour d^couvrii* la trace de Franklin. Son expedition est la seconde que les Elats-Unis aienl organisoe dans ce noble but. D6ja eh 1850, grace a la lib^ralite de M. Henri Grinnell, deiix navires avaient, sbus le commandcment du Jieu- ienanl de Haven, elTeclue une Jjremiore exploration ou les inter^ts de la science oht oto autanl sorvis que ( 3ZJ7 ) cent de I'luiinanite ; en 1853, sous les auspices du mfeme noin, auquel s'^tait joint celui de Peabody, sous lo patronage du gouvcvnement de I'Union liti-m§me, une seconde expedition partil de New-York. Un sa- vant medecin, que son ardeur pour les voyages avail d6ja entraine dans les conlrees les plus diverses, en Chine, en Afrique, au Mexique, le docleur Kane, de Philadelphie, prit le commandettient d'uhd seconde expedition qui vient de se terniitier licureiisenlent. Les bardis explorateurs bivernerent deux fois dans ces regions glac^es, bii Ton n'osait jadis a peine s'aventurer en et6. On se figUre difficilenient comment I'homme peut endurer tant de souffrances eUle privations sans, a la fin, succomber. Quelques-uns pay^rent de leur vie leur ddvouement, mais la plus grande partie de r6(]uipage a ete ramehee lieureusement par le capi- laine Hartstein, qui 6tait alle a leur rencontre. II a Irouve ces beroiques marins a I'lle Disco siir la cote du Groenland, et le 10 octobre de cede annee, il les ramenait a New-York, au milieu dos tcmoiguages de I'all^gresse et de la joie generales. Kane avait eSpert5 retrouver les Iraces de Franklin Ct de ses compagnons sur une cote occidentale siluee par 81° 17' de latitude, inais cetle cole terrible ne prdsentait que d'immenses luurs de glace perpendiculaires, inabordables a tou(e embarcation. Rien n'egale les souirrances endureos par r^quipage de V Jchance commandee par le doctcur Kane ; plusieurs bommes eurent leurs membrcs geles, et durent subir I'ampulation des doigls. Dans Ces contrees ])olaircs, le froid tl;lail lei, que le whisky gelait des le mois de novembre, que le mercure de- uieurait a Fetal solide duranl des mois entiers, et I'ac- ( 'U^ ) lion lie celte basso lomperaturo vennnl si^ combi- ner aux influences cltM^l^ros do ten6bres continues, rhomnie se voyail sans cessc expose a elre alteinld'un mal terrible, le telanos, qui epargne si rareinent ceux quienonl (^prouvoleshorrours. Au reloui- deces expedi- tions, devanl Icsquelles les soufTraiices de la relraile de Moscou semblent n'l-tre (jue des epreuvos l^g^res, le Greenland apparalt comme une Italie, dent le ciel bienfaisant rend aux menobres leur souplesse, et au sang sa chaleur et son aclivite. L'expedition de Kane a, comnie celles qui I'avaienl proc6d6e , fait marcher les travaux scientifiques de concert avec I'exploralion du pays. Lc delroit de Smith (Smith Sound) a 61^ reconnu cl relev6 dans tous ses details, el les noms de Washington et de Peabody ont et^ donnes, par lo docleur Kane, a une terre nou- velle el a une baie qui s'elend au nord de ce detroit. Enfin, cette nier polaire libre, dont I'existence t^tail soup^onnee depuis les explorations des derniors navi- gate urs , et qu'on avail mfimo propose de designer sous le nom de Polynia, parait avoir 6te de^couvertc par le docleur Kane. Ce voyageur a pu contempler, comme un aulre Nunez Balboa, une vasto nier qui seiuble 6lre le dernier terme des terres arctiques. EUe etail enti^reiiient degariiie de glaces, tandis qu'on voyait une masse solide s'elendrc sur les eaux, dans la di- rection du midi, jusqu'a 125 000 milles sans interrup- tion. Ainsi, si nos inarins americains n'en avaienl jugd qu'a I'appa'rence, et qu'ils eussciil neglig6 ia di- rection du compas, ils auraientpu aussi, comme Nunez Balboa, appcler cette mer la grande mer du Sud ; mais ils lui donnerenl le nom de Kennedy, en I'lion- ( U9 ) neur dii secrelaire de la marine ainericaine. Kane parvinl a relever la cole de la terre placee an nord et a Toiiest de ce bras de mer, jusqu'a 82" 30', c'est-a- dire jusqu'au plus haut point de latitude que jamais navigaleur ait atteint, si Ton en excepte le capitaine Parry, qui s'est avauce jusqu'a 83° 15', ISc^^ marins appel^rent cette lerre GrinneTs Land. ■■>: '.-i Je n'ai point a vous entrelenir du voyage du capi- taine Robert Lemessure Mac-Clure, dont une voix plus savante et plus autorisee que la mienne vous a retract, dans une autre de nos assemblees publiques, la belle decouverte. Cependant une recente publication me ramfene a vous parler de cet illustre marin, que vous eles fiers d'avoir inscrit parmi vos membres et lionore de voire plus haute recompense. Un mission- naire allemand, J. Auguste Miertsching, embarque comme interprfele sur Vlnvestigateur, vient de faire connaitre, par I'impression de son journal de voyage, les perils braves pendant cinq ans pour aller a la re- cherche de Franklin. C'esl done, comme vousle voyez, Messieurs, une relation de I'exp^dition de la frigate command^e par Mac-Clure. Cette relation, 6crite sans pretentions, intdressora tons ceux d'enlre nous qui comprennent la langue allemande. Quittons les mers polaires et Iransportons-nous dans des contr^es bien dilF^renles par I'aspect et le climat ; en Afrique, cello des cinq parties du monde qui laisse encore le plus a decouvrir, el qui pique da- vantage par la notre curiosite. G'est un fait digne de remarque, que des contr^es dont les anciens avaient d6ja des notions parl'ois assez exactes demeurenl ce- pendant les derni^res a s'ouvrir a nos voyagenrs, (an- X. DKCEMBRK. 2. Ik ( 350 ) His que rAnierifnie, rl^coiiverle il n'y a pas encore qiialre siecles, n'a pour ainsi dire plus He secrels pour nou8. L'Afrique, hien plus rapjirochee (lo TEtirope, «'enveloppo encore dans les resles d'une niysld'rieuse obscurlte. Cela lient surloul aux difficulles du cliinal, et, de CO colo, ios ancicuh avaient sur nous un avantago marque. Ilubitanl dus conlrdes plus cliaudes, ^tahlis ineine en Egypte, ils pouvaienl de la rayonner dans I'inlerieur de I'Afrique, sans avoir a leur disposition les puissants nioyens de transport dont nous jouissons. I>a prolongation de noire domination en Algeria nous rendra peut-feire ces conditions meilloures, et notre colonic deviendra conimc une tete de ponl pour la conqueto pacifiijue de rAI'riquc centrale. La Soci^le I'a senti, et, alin d'encourager les tenlatives, elle a pro|)ose un prix de 5 500 francs susceptible d'etre augmenle, en favour de cclui qui sc rendrait do noire colonic du Senegal en Algerie, ou ^lice versa, en passant par Tombouctou. Cepeodaiil, s'il nous reste encore beaucoup a savoir sur rinterieui- de celle parlic du monde, les derni6res ann^es ont singuli^rement fait avanccr nos connais- sapcee. Que I'on jelle les yeux sur la carte ([u'un de nos plus savants correspondents 6lrangers, M. Auguslc Pelermann, a dressee pour son interessante publica- tion periodique , des explorations de James Ricliard- son, Overweg et Bartli, et qu'on la compare aux alias publics il y a quelque vingt ans, el Ton s'assurora des progres considerables qu'a faits la geograpliie. Ues in- dications precises ont romplac6 des denominations jeteeB vagueniLul t-ur des lieux de la carte mal definis, de nou\eaiix noms sonl venus s'insciire sur de vasles { 351 ) blancs, ct iinc simple ouvoilure de compas petit inain- tenaut r^unir les ones aux aiUres loutes les parties connues. Entre ces explorateurs, aux noms desquels les jour- naux onl deja familiarise le public, ai-je besoin de ciler le plus illustre et le plus lieureux? M. Henri Bartb, dont la morl pretendue nous avail un instant constern^s, et qui , revenu seul d'une exploration ou ses compagnons ont laisse leur vie, recueille, apr^s plus de cinq ann^es de lutte, la palme du vainqueur. C'esl lui qui, le premier, a fait connailre I'Adamawa, aprfes avoir explore le Bornou el le Mandara. C'est a lui que Ton doit aussi la d^couverte de deux grandes Hvi^res, le Benou^ et le Faro, lesquels, par leur con- fluent, donnent naissance a laTcbadda, riviere, (|ui se jelte elle-meme dans le Dioliba ou Niger. On a done aujourd'bui la certitude de pouvoir remonter bientot facilemenl par ce vaste cours d'eau dans I'interieur de I'Afrique, et Texpedillon de la Pleiade, qui a failli ren- contrer le docteur Barlb a Tombouctoii , est deja uh commencement de realisation de ce projet magnifique. Les explorations du docteur Bartb lui ont pormis de veconnaltre le cours du Kbiiatn, au-dessous de cette ville celebre, Tombouctou, dans laquelle il est le troi- si6me Europ^en qui ait pdnetr^; je (lis le Iroisierae , car en visitant cet(e ville celebre, le voyageur allemand s'esl convaincu que Ren^ Cailli^ y avail r^ellement pt^n^tre. Enregistrons ici cet 6clatant temoignage qui dissipe les doutes elevi^s sur la sincerile de noire com- palriole. Infortune Caillit^, dont le devoucment n'a ete qu'imparfaitement apjueci^, et dont I'existence s'est ^coulee sans recueillir le juste prix de ton courage, ( 352 ) nous somnies lieiireux de te rendre rollo justice pos- Ihuiiie. nous, Soci^te de g^ographie, qui couronnamos les efforts, cl qui n'avons jamais doule de ta v^racite! En meine temps, un autre voyageur, qui a et6 prendre la place que Ovcrweg iivait laissee vide, je dirais volon- lontiers la part des soufTrances et d'efforts qui avait ete trop grande pour les forces des deux compagnons de Barth, M. Vogcl, penetrait dans la capitale des Fel- latas, le plus grand empire du Soudan, et derni^re- nient encore le plus redoutable. Le docteur Vogel m^- dite, dit-on , d'operer son relour par lo Waday ; c'est. en effel, la partie comprise entre le lac Tchad et la Nuhie, qu*! nous connaissons aujourd'luii le moins Hans le Soudan. Au sud de I'Adamawa, jusque par 8 degres environ de latitude meridionale, entre Loango et la chalne de montagnes, a laquelle appartient le Kilimandjaro, existe sans doute un vaste plateau qui semble le dernier effort vers lequel tendent nos explo- rations. L'exemple de Barth el de Vogel portera des iruils, soyons-en sOrs, et TAllemagne, qui dispute aii- jourd'hui a I'Angleterre I'lionneur de ces expeditions hardies, jadispresque le domaine exclusil" du g^nie hri- tannique, I'Allemagne, oix la science comple lant de fiddles et tant de maltres, nous dolera peut-fitre bien- tot d'un autre nom a inscrire pres de la triade glo- rieuse qui s'attache d^sormais a I'histoire du Soudan. Moiiis heureux que le docteur Barth, M. Richard Burton, donl lo courage et la resolution ne le cedaient pas peul-£tre au voyageur allemand, a tenle I'explo- ration d'un point important de I'Afrique orientrale. II a cherch^ a p^netrer dans cetle contree qui s'^tend au sud-est de TAbyssinie, le long de la mer Rouge, et ( 353 ) que la barbarie de ses habitants ferine encoi c a iiotre curiosile ; il s'est rendu de Zeyla a Haiar, et etait dis- pose a penetrer plus avant dans la contree qu'arrose le Fal'an ; niais nioiiis tavorise et rnoiiis pers^veranl peul- etre que ses emules, les explorateurs du Soudan, il n'a guere pu s'a vancer dans le pays des Somalis, dont le peuple et la langue interessent vivement les ethiio- logues. Levoyageur anglais nous a gracieusement en- voye, redig^e dans notre propre langue, sa spirituelle, mais Irop courte relation. Vous avez de meme accucilli, Messieurs, dans votre Bulletin , le r^cit de ce que j'appellerai volontieis les premieres amies d'un jeune voyageur suedois. Anglais par choix, M. Gh.-J. Andersson, qui s'est rendu au lac Ngami, ce lac Tchad de I'Afrique australe. Nous eussions aiui6 a trouver des determinations geogra- phiques plus precises dans sa relation. Mais I'auteur. qui se propose d'effectuer un nouveau voyage, com- blera bienlot celte lacune. Son extreme jeunesse ^tend ilevantlui un vaste champ d'eludes; et il saura tuettre a prolit des notions scientifiques plus solides , qui lui permettront de mieux servir la geographic. Nous lui recomraandons surtout I'exploration de la cote comprise entre le cap Gross et le cap Frio. De la, en rayonnant dans I'int^i'ieur, il s'avancera dans des contrees sur lesquelles les moindres renseignements sont accueillis avec reconnaissance. La relation de M. Andersson a besoin d'etre cotnple- tee par celle qu'a donnce M. William Messum , et dont nous no connaissons malheureusement que des notices encore imparfailes. Un illustre geologue, qui apporle en luSme temps a ( 35Zi ) la geograpliie un concours eclair^, sir J. Roclrick Mur- cliison, est \enu nous enlrelenir lui-in6nie, Messieurs, du \ovagc' d'un autre exploratour, donl le tioin vous est bicn connu, M. David Livingston, auquel vous avez autrefois decerne une uiedaille d'or. Ce coura- geux niissionnaire a explore recemnient lout le basiin du Congo. Lne foule de points de la region occiden- tale de I'Afrique ont ele visiles par lui en depit de dif- ficultes de tous genres; il a conslruitune carle do ces regions, el fixe par des observations aslrononiiques la position de plusieurs points iinporlanls. II a pu dres- ser une coupe geologique de lout le pays qui s'etend depuis Luanda jusqu'a Cassange, le point extreme oil s'etend I'inlluence j)orlugaise dans le centre du conti- nent. M. Livingston inedile encore d'op^rer unesecondo fois, niais par une route nouvello, le passage du Congo a la cote Mozambique, eilectue par lui dans une direc- tion inverse. Ainsi, tandis quo I'liunianile pretc dans les regions polaires ses inspirations a la science, et la fail profiler de ses enlreprises, au sud de I'Afrique, la religion apporle ai.ssi son concours a la geograpliie, et en meuie temps (ju'elle cherche a adoucir les moeurs et a eclairer les esprilb par la parole e\angelique , elle nous donne en relour du devouemenl de nos freres les Europeens, une large moisson de renseignemenls curieux el de notions inleressantes. La France a aussi sa part dans ces Iravaux evange- liques, qui servent a la fois les inlerels du chrislia- nisuie el ceux de la geograpliie. D'autres niissionnaires ont clioisi une conlr^e voisiiie pour le lliealrc de lours Iravaux 6vangeliques; et ces nli^sio[lnaireb aj)pailieu- ( 355 ) nenl a la Sociele protestante ties missions evangp- liques tie Paris. Nos missionnaires protestants nous donnenl, siir Ics coiitrees qu'ils paroourent, des de- tails qui ne inauquonl ni (riiildret ni de nouveaute, iiotainmciil sur le pays qui s'etend au nord-est do Montilo ol (lu Kuruman, conlree qui nous etait encore completement inconnue. M. Moffat, I'auteur dc ce voyage, a visile le pays du terrible chef Mosselekalsi, dout I'autorite paralt s'elendre jusqu'au fleuve Zaui- bezc. Lin autre missionnaire, M. F. Maeder, a recueiili, sur la nation des Bassoiitos, des details curieux pour I'ethnologie. La ville priucipale de leur pays, celle oil reside leur chef, est Tliaba-Bussiou, qui est aujour- d'hui un centre de missions iinporlanL Les dispensa- teurs de la parole evangelique ont bajjlise tie noms enipruntes a la Bii)le plusieurs des stations qu'ils ont etablles. G'esl ainsi qu'on le veil ecrirc de Beerseba, de Carmel, (rHernion, tie Bolhesda. Nous aimerions niieux savoir qu'ils conservent les noms nationaux, souls monuments qui reslcront plus tard de la langue du pays, raais le petit trt)Uj)eaii de cbreliens, que son devouement a jele au sutl do I'Afritjue, nous rend, d'un autre cote, pour la connaissance de cesidiomes, d'inapprticiables services. On sail, en effet, que c'est a deux missionnaires ^vangeliques, M. Eugene Casalis ct John \V. Appleyard, que nous devons la connais- sance grammaticale ties langues sechuana el calVe, et lout recemment un autre apotre de la Coi protestante, M. S--\V. Koelle a, dans sa /'o/yg/otta a/Hca/ia, pose les fondemenls d'une elude ties idiomes africains faitc d'une manierc comparative et conduite sur une grande eehello. ( 35(i ) • Lcs Poilu^ais pohsedeul sur I'Afriquc australe, par suite de leur commerce ilans rinl^rieur, dos rensei- gnemenls precis doiil ils se sonl mallicuretitcmiMit reserve longtomps pour eux les avanlages. Nous le voyons par la carte de M. Desborough Cooley, nous I'apprenons par les coinmunicalions d'un de nos plus precieux confreres, M. levicomle deSanlarein, qui nous a fait Lonnaltro d'int^ressants details sur le journal d'une caravane qui a traverse TAlVique de Zanzibar au Benguela. Ln ouvrage, lout recemmenl j)arvenu a noire counaissance, donne sur les jKiys, qui s'elendenl a I'ouest de Mozambique, les renseignemenls les plus neufs, et donl la valeur sera aj)preci6e par notre So- ciete. Je veux parler de I'expedilion portugaise com- mandite par le major Monlciro, el dont la relation a etc donnee Tan dernier, a Lisbonne, par le major Gamitto (1). Ce voyage, quoique datant de plus de vingl annees, n'en fournit pas moins, sur les popula- tions qu'embrasse I'autoril^ du Muata-Cazcmbe, dcs renseignemenls enli^remenl nouveaux. L'ouvrage pr^- senlc une description complete de I'enipire du Ca- r^mbe, el une carle ile la conlree qui s'elend enlrc Tele sur le Zambese et Lunda. Nous esperons que eel ouvrage deviendra le point de depart de publications analogues , et que le Portugal cntrera dans la voie de publicite quo reclame aujourd'hui la civilisation coinrae la science. (i) O Muata Cazeinbe e os povoi Mnravez , Chcvns, Muizas, ^Jt^e^nbas Lundas et outroi da Africa Jintral diario da Expedirad Portuijueza commandado p^lo major Monteiro e diri^ada aquelle imperador, uos anos de l83l c i 8.{a, icdiciilo pelo major A.-(J.-1'. da- lo, Lisboii. 1854. iii-8". ( 55' ) La Ser)egainbie ii'ofTre pas un champ aussi nouveau a la g^ograpliie que TAfrique australe ; cependant une observation atlenlive y d^couvre bien des fails que la science n'avail point encore enregislres ; nous le voyons par les communications inl^ressantes que nous devons a I'officier Eminent qui a port6 nos armes victorieuses sur les bords du Senegal, M. le lieutenant-colonel Faidherbe. Sachant allier I'activite guerrierc et admi- nistrative a I'dtude patiente des fails, cet ingenieur militaire nous a communique sur la nation Serere des details inl^ressants dons nous n'avons pu faire jouir, que par exlrails, les lecteurs du Bulletiti. La Sen^gam- bie, dontnous connaissons aujourd'hui les lineaments g^n^raux, demande a 6tre explor^e maintenant en detail; et sous un gouverneur aussi eclair^ que M. Faidherbe, la g^ographie ne peut manquer de s'en- richir de donnees d'autant plus precieuses, qu'elles prendront, grace a lui , le caract^re d'une stalislique ofBcielle. Des renseigneraents recueillis avec intelligence, et controles les uns par les aulres, j)euvent, en effet, heureusement suppleer a des explorations directes ; j'en ai jug6 ainsi, en lisant le savant travail que M. le comte d'Escayrac de Lautui'e a insure dans notre Bulletin. Explorateur d'abord lui-meme, il avait ap- jiris a apprecier I'esprit des populations qu'il inter- roge aujourd'hui. II s'est transporte au Caire, pour etre plus au voisinage des pays qui Font son etude de predilection. 11 s'est enlretenu avec les individus de diverses rac<'S que lo zele religieux ou le commerce amfene en Egyple. II a confronte leurs informations, recueilli avec critique leurs dires; il a dresse des ( 358 ) vocabulaires tie leurs lanpues, des esquisses de leur itineraire , el de loiil cola il a foiuid I'interessant uienioire quo le Bulletin n'a [loinl encore achev6 de publier. Ces races noires, confondues longleinps sous Ic noni generique de ne^res, preseiitent ciilre dies les diver- siles los plus Irancheos, les vari^l^s los plus notables. Elles se sont allereos el mclang<'.'es, el il est d'aulanl plus utile de recueillir leur bisloire el leur Iradiliou, qu'elb's u'^levent aucuu munuujent, ne cynsliui- sent aucune ville durable. Ces Elals du Soudan soul aussi mobiles que le sable du desert. M. le coiule d'Escajrac veut arracher de I'oubli ces peuplades qui ont pourlanl leur genie propre, leur poesie et leur grandeur. Observalcur intelligent ot pliilost)pbe, noire confrere est niieux prepare qu'un autre a les coiii- prendre, car il a vecu de leur vie, il recounail les res- sources du desert, comme il en sait aussi les illusions, les ballucinalions , qu'il nous a racoulees dans uu nidsnioire spiriluel. Les lialluciiialions nous auienent nalurellenient duns le pays des fables et des cbim^res. L'un de nos confreres, M. Tr^niaux, a fait , apres d'autres, justice d'une de celles qui pretendaient s'ac- cr6diter au inepiis de la crilitjue, II nous a donn6 de I'existence des prelendus homines a queue, une expli- ealion plausible qui niettra lin, jo I'espere, aux invert- tions donl on amuse la credulile du |jublic. Habile artiste, il a explore la Nubie , pour en roproduire les vuis pitlorosijues et les monuments, < I il complete, par sa |)ublicalion, I'ensemldede renseiii;nements que nous possedcrons bienlot sur cc curieux pays {f"'oyage au Sou'lnn oriental). Ln autre cxploratt'uru(^ralement sur los nolres, pour I'Asio, unc su- p^rioril*^ que notre iniparlialili; nous I'orco do recon- raitre, et malgre le vif interel que des descriptions, telles que celles du royaume de Siani par Mf P<1llo- goix, onl pour lous les amis do la g^ograpbie, il y a loin de pareils livres a un voyage dans la region liima- layenne elle bassin du bas Brabmapoutrc [Himnlnyan Journnls), tel que nous le devons au fits d'un botanisle <5m^rile, botanisle eminent lui-in6me, M. J.-D. Hoo- ker. L^ , tout se trouve r^uni. finesse d'observation , exactitude g^ograpbique, appreciation pbysiquo, cnn- naissances elhiiologiques, et puissance de rapprocbe- ments. Je voudrais que le public frangais fut asscE mur pourqu'un si bonlivro, traduitdans noire langue, edt le ni6ine succos qu'il a obtonu au delu de la Mancbe. M. J.-D. Hooker, s'il n'a |)as eu a redouter les dan- gers de la persecution, coaime le venerable ^veque de Siam, a eu aussi ce])endant sa part de souffrance et de tribulations. Dans les monlagnes du Sikkim, cc n'cst pas le fanatismc et I'ignorance qui font cotder le sang du voyageur, ce sont des milliersdc sangsuesqui s'altacbent a toules les parties du corps, des insecles de uiillo C5p6ce8 qui sucent sa peau et piquent ses membres.Le botanisle anglais fut souinis acosepreuves cruelles qui n'arr6l6rent pas cependant son louable ( 3«3 ) devouement '< la science. D'autres sujets brltanniques, que )e pourrais nommer, I)iav6rent aussi des incoin- modilespareilles clans des explorations moinsfecondes, qui onl eii pourtant Icur part d'utilil6. L'Asie ne semble done pas etre le Ih^alro reserve a nos explorations scicntiliques ; nous relrouvons ail- leurs toule notre superiority, mais dans celte partie du monde nous somraes taiblement repr^scnles. Tandis que la Grande-Brelagne et les Pays-Bas nous apporlent en Europe les niat^riaux et les donnees nouvelles qui enrichissent lo tresor de nos connais- sances, I'Allemagne les soumet a un travail critique el en lire des generalisations puissantes el fecondes qui deviennentcomnie d'autres decouvertes. C'est I'Ulustre . Carl Ritter qui a fond^ , an dela du Rliin , cette branclie de la geographie, dans laquelle toutes les connaissances bumaines sont concentrees au foyer de la g^ograpbie. Son magnifique ouvrage sur I'Asie, sa- vante epopee cosmologique, se termine enfin, suivanl un ordre inverse de celui qu'alTectent les (klificos bu- uiains. Les assises s'elargisseiit d'autant plus qu'elles s'elevent davantage au-dessus de la base. On y voudrait plus de niethode et plus de clarl6 ; inais le g(5nie alle- mand brille plus par I'abondance que par la sobriete, el I'Asie otait un sujet trop vaste pour que Ton y put tracer a I'avance, on ligne droite, sa route. Fiddle aux exemples du naaitre, une pl^iade de jeunes geograpbes poursuit, en Allemagne, ces Eludes gilju^rales dont I'Asie occupe le centre; et, dans le sa- vant journal, que plusieurs disciples de cette ecole, ayant a leur t^te M. Gumprecbt, font parailre sous l>s auspices de la Societc! de Berlin, nous relrouvons la ( 36/i ) m6mo solidile cle vues el la meme Erudition. C'est la qu'il nous faul aller puiser ces r(jrnpliif iind Stalistik von Nonl- Amcvica, in-8°. ( :?7i ) L'ouvi'iigo de MM. Notl et Gliddon, sur les lypes dcs difT^rentes races, on est une jireuve frappanto, otvient contlnuer cello suite do savants oiivraties doDt I'lnsli- tution Sinitl)sonicnne a elo rinstigalrice. Plusieurs dcs publications de celle Sociele ont une importance ca- pilalo pour I'etlirfologle et la g(?ograpliie. Notre com- j)agnie, Messieurs, doit roniercier celte noble institu- tion de iViivui quelle lui a r6gulierenient fait des volumes de son magnifique rocueil. Les conlribnlions to knowledge embrassenl aujourd'liui sej)t voiuincs in-Zi°. Dans celte colleciiou, je dois vous ciior les lia- vaux (|ui loucbent a I'elhnologie ancienne de I'Amc- rique seplenlrionale. M. Sfpiier, dont jc vions do rappeler les litres a noire recomiaissauce , avail en (jUol(]ue sorle instaurd; rethnologie americainc dans le recLieil par la publicalion de ses Monuments do la vallee du Mississipi , qu'd a faite de roncoil avec M. E.-II. Davis. Ce premier travail a ete suivi do la Description des monumetils aborigenes de TElat de New-York due au memo vovageur. Dans les volumes suivanls, d'aulres savants ont con- tinue la laclie commencec par M. Squier et lait con- nailre avec une precision (jui ajoulc beauc(>u[) do prix a leurs niemoires, les constructions des anciennes tribus indiennes. M. Ch. Willlesey a public les nio- nuinenls de I'Ohio. M. J. -A. Lapham a Tail connaltrc ccnx de I'Etat de Wisconsin. Dans ce dernier m6- moirc, qui fait parlie du volume imprim^cetle annee, I'autenr donne le resullal de srs oxploralions arclieo- logiques sur la cole occidentale du lac Michigan el dans les contrei's arros^cs pai- li< Picldakn et le Hock- River. ( .'^7-> ) L'n mission II aire americain, lo reveionci R. S. Rigus, a fail sur la langiic dakola line etude a|)j)i(irondic; , de nalure a joter iin grand jour sur la philologie {■omparee des langucs aniericaines. Jamais idionie de celle famille n'avail vu sa graininaire et son vocabulaire soumis a une analyse aussi patiente et aussi complete. la geograpliie physique doit egalement au recueil dc rinstitution smillisonienne des documents impor- lanls sur I'liydrographie dc I'Oliio rassomblcs par ^]. Charles Ellet, et sur la distribution des vents dans rhf^mispli^re soptenlrionalo, travail dll aux observa- tions de M. J.-H. Colfin. Dans le rapport general, qui ])our la neuvieme fois a ele fait cetle annec aux diiec- toursde cetle institution scicnlifitjue, se Irouvcnt ega- lement consignes des travaux de geograpliie physicjue, que je ne dois jias oublier dc vous signalcM-, Messieurs. Tclles soul ies observations de M. Julius Froebel sur ]c (imiiiuMit do I'Amerique du Nord, ol celles du doc- liHir H. Gibbons sur le climal de San-Francisco. L'elhnologie et I'liistoire des ancienncs tribus an)6- ricaines j)uiseront, dans le meme rapport, des donnees (le qiicique importance. Je signalerai particulierement a I'altenlion des savants le journal d'uno excursion aux mines d'Abo, de Quarra et de Granquivira dans le Nouveau-Mexique, accoraplie sous la direction du n^ajor Henri Carleton. Tandis que Ies ttals-Unis miirissenl le projet dii cbemin de fer intor-oceanifpio dont jc vous cnlrolenais loul a riieurc, Messieurs, ils preparcnl I'cxi cutinn d'uno voio bion autronient giganlcscpio, el dnnl la conception out oUraNC, il y a quelques annees, par sa ( ;>.73 ) hardiesso; je voiix parler du clieniin de for destine a iinir la vallee du Mississi]ii aiix rives de I'ocean Paci- fique. Le gouvernement de I'Lnion a fait cUudier ce projet par des ingi^nieurs et des ofTiciers, donl voiis lirez avec int^ret les rapporls. La geograpliie a beau- coup a prendre dans I'expose que MM. Ino G. Parke, John Pope, E.-G. Beckvvitli, J.-M. Bigelow, Humph- reys et P.-K. Warren ont donne, de leurs Eludes dans la conlree qui s»^pare les deux oceans. Je cilerai de preference les curieux details sur les vastos forets de cotte partie de I'Amerique que nousdevons a M. Bigelow. Nous aurions a vous faire connaitre bien d'autres publications, dont les Etats-Lnis ont depuis peu en- richi la science, par exemple le voyage entrepris par le lieutenant S.-P. Lee, sur le brick americain, le Dau- phin, jiour I'exploration des coles de rAnierique du Sul ; I'ouNrage de M. Squier sur I'Llat do Honduras, digne pendant de son bel ouvrage sur le Nicaragua. Vous avez pu juger, Messieurs, par quelques notices que ce savant voyageur a inserees dans votre Bulletin, de I'imporlance et de la valeur des ouvrages auxquels il attache son nom. Ln do nos compatriotes, M. Myionnet-Dupuy a aussi dirige ses eludes sur les uiemes contrees, et vous lui devez une notice, accorapagnee d'une carte, sur le trac6 du canal projete a travers le Nicaragua antra les deux oceans. Tandis (jue notre conipatriole M. Francis de Cas- telnau continue la publication do son important voyage dans rAmurique du Sud, d'autres travaux s'at- laclicnt a des points specianx. Signalons d'abord le vojagc dans lo pays des Aiaucanicns, dont M. Dcla- ( 374 ) porto ridus a donn(^, dans le Bttlletin, nn exirait, puis I'intoressanl oiivrago siir \v (iliili, considc^re sous le rappoi t (!«' son agriculture el de I'oinigration ouro- peenne, [)ar Benjamin Vicuna Mackenna ; — la geogra- phic de I'ile de Cuba, j)ubliee sous les auspices do la Junle royale do Fomenlo, et qui vous a 6te olTerte par don Estpban Picliardo; — enfin, Ics publications, dont la qupstion dc la libie navigation d ; TAmazone a fourni le sujct, Pt sur Icsquelles un do nos plus ancicns cl |)lus savanls confreres, M. Isambort, vous a fait un rapporl. L'expedition de In valloo de I'Amazone par les lieu- tenants de la marine des Etats-Unis, Herndon et Gib- bon, tout interessante qu'elle soit, aura bcsoin d'etre conlrolee par la relation des deux voyageurs (jue noire gouverne ^ ent a envoyes dans la ni6me contree. MM. CarrcS qui onl longlemps s^journ^ sur I'Aniazone. La question do la libre navigation de ce fleuve touclie a un point important tlu droit des gens el a des interfels oppos(^s. Aussi n'enlrerons - nous pas dans celte polemiquo plus polili(|ue que g^ograpliique, quoiquo la g^ograpliie y Irouve aussi son profit. Deux homines dislingiios y ont pris |)arl, el nous eussions ain)e a re- cevoir les ("'crits du premier comuie du second : I'un est d'un de nos correspondants les plus zeles, M. do Angelis, I'autre est le lieutenant F, Maury, que ses tra- vauxont place a la t^le des hytlrographes americains. Si je voulais coinpleler par I'expose des dernieres pu- blications de cc luarin sur I'hibloiro physique el me- teorologi(]ue de rOceau le couiple rendu que Ton vient d'entendre, si je voulais y rallacher une analyse des progres que I'liydrographie fait parallelcmenl en { 375 ) Europe, jo serais entrain^ a vons imposer, Messieurs, comnie I'auclition d'un nouvean rapport. II ne m'ap- partient pas de in'^tendre siir un sujet pour lerpu)! la Sociele possede un juge plus haul place et phis com- petent, M. Daussy nous dira bienlot, je I'espere, tout ce que valent les cartes hydrographiques dont notre bibliotheque s'eniichit tous ies jours, par la llberalile du Dt^pot de la marine francaise et de I'Amiraule an- glaise. Nous ne rappellerons ici que des nom.s envi rs lesqucls la Sociele a contract*^ une delle particuliere de reconnaissance, ceux de MM. VVilcocks, Lieussou, Chazallon, Lariigue, Pigeart et de'Keriiallet. Je citorai particuli^rement encore ceiui de M. Baclie, qui dirige avec autant de zele que d'intelligence le magnifique travail hydrograpliique (jue le gouvernem.ent de rUnion fait ex^cuter pour toutes ses cotes, et dont noire Bulle- tin vous a plus d'une fois entretenns. Nous remercions I'Amiraul^ anglaise dti gdin^reux envoi qu'elle coptinue de nous faire de ses belles cartes, que nous deposons precieusemeut dans nos archives, et quo nous consul- tons sans cesse avec fruit. Aux travaux hydrographiques se raltachent les voyages de circumnavigation , qui ont lanl contribue a nous eclairer sur les questions de physique generale, de m^teorologie et d'histoire naturelle dont la geogra- phic a besoin de connaltre la solution. Cost a la Suede qu'appartienl, Messieurs, I'honneurdu dernier de ces voyages. Sa marine royale a, riar I'expedition de V Eu- genie, acquis un litre a notre reconnaissance et a celle des savants de toute I'Europe. Le prince Eminent rpie ce pays a le bonlieur d'avoir pour roi, a voidu Ini- lueme preparer celte expedition dont je dois ici vous ( 376 ) enlroteiiir. La fregale I' Eugenie, monlce par iin ita les lies de la Societe, Sydney, I'arcliipel des Carolines, el s'arreta notamment a File Pouinipet, gagna de la la Chine, se rendit a Manille, a Sincapour, a Batavia, et opera son retour par I'ile Maurice, le Cap et les Agores. La relation du voyage de V Eugenie dontM. R.-J. Aii- dersson avait donn6 un premier apercu , vienl d'etre publiee par i\L le lieutenant Skogmann (1). L'inleret (i) Fregattcn Eugenics Besa oinkrimj joiilen., urcn i8.Si-i853 under befal of C. A. yiri/in, nJigerad och utijifvtn of C. Skojmann. { 377 ) que presente cet ouvrage traduit presque hninecliate- ment en allemand par M. Ant. d'Etzel (Berlin, 1856), sora approcie do tous les amis de la g^ographie. L'ex- pedilion de VEngenie, qui a dure de 1851 a 1853, a recueilli pour la politique , le commerce , I'liistoire naturelle , riiydrographie et relhnologie , des docu- ments precieux qui conipl6teront ceux dont la France, I'Angleterre, la Prusse et la Russie nous avaient dot^s par (les expeditions analogues. Les cartes et les planches qui acompagnent I'ouvrage interesseront non-seule- ment celui qui lira la relation, mais encore ceux qui se borneraienl a les consuller par elles-memes et que le (l^faut de connaissance de I'allemand ou du suedois priverait de I'avanlage de puiser dans la relation ecrite. Faisons des vceux pour que le voyage de VEugenic soil hientot traduit en fran^ais. Je ne vous ai point entretenus de I'Europe, Mes- sieurs. L'Europe, en elTel, est assez connue pour que la Societe de geographic n'ait plus besoin d'en faire le sujet ordinaire de ses travaux. EUe n'en accueille pas moins avec reconnaissance les ouvrages et les carles que publient les fetals ou des personnos isolees sur des conlrf^es qu'on ne saurail Irop bien connaitre, et dont la geographic politique change d'ailleurs souvent. C'esl ainsi que vous avez re^u avec un vif interet la re- lation qu'un bolaniste italien dislingu6, M. Filippo Parlatore, a publiee de son Voyage en Scandinavie, une relation qui nous promet sur la geographic phy- sique de cetle parlie de I'Europe des details neufs et importants. Les decouvertes que Sa Majeste Frede- ric VII, roi de Danemark, a faites dans son royaume importent autant a la geographic qu'a I'liistoire, et ( 378 ) vous en liroz IVxpose avec le nieuie inloiel qui s';il- tache a loules les publicalioiis de la Societe royalo des anliquaires du Nortl. Ceile compagnie prentl soln de ne nous laisser rieii ignorer de ses cxcellenls travaux. La slalisli(iue du grand- diichc de Toscane , par M. Zuccagni Orlandini, est un documonl des plus iui- porlanls, tjue vous avoz precleusefnent enrcgislre dans voire bibllotheque. La descriplion de la (ainiee de M. Schnilzler, qui nous fait surlout connallre les voies de conimunicalion de celte pcninsule, a j)ris pour vous, par los 6\eneinents aclueJs, une impor- tance speciaic. La belle et savanle edition des Petits geographes gj-ecs, coamiencee par M. Charles Miiller, et enrichie de cartes, Tail honneurala Ijpograpiiie fran^aise et aux edileurs qui n'ont pas crainl d'en soutenir I'enorme depense. Nous ne somuies pas ha- l)ilu(^s, ih Fiance, conime on Test davanlage au dcla du Rbin, a voir les libraires songer plus aux inlerels de la science (|u'aux leurs. MM. Didol donnent chez nous un noble exenij)le. A'ous ne regrettons, en face de eel excellent buvrage, qu'une seule chose, c'eslque la science frangaise, qui avail tenle, avec Fr. Gail , de refaire I'ceuvre d'Hudson, ait recul6 dcvant un pareil labeur, et qu'un helleniste de Paris ne se soil pas trouve assez de patience el de savoir pour elever un si durable monument a I'erudition geographique. Nous complons , ce])endaut , parnii nos professeurs, des lionuues distlngues (jui cullivenl la ge()graj)Iue des ancien.s. L'l'^ssdi siir in lopugrapliie du Lnlinin de Al. Ernest Desjardins, et la dissertation sur le Fuyage d' flu/ace a Brindcs nous en sonl des temoignages. M. I)esjar- ( 379 ) dins appartient a TUniversite. Cc corps lllustro, (lui a tant rendu de seivices a I'enseignenaent et a !a snioiice, a peut-elrc longtemps eu le tort de iiegiii^er riiislnic- lion f^eographique. Un ouvrage coninie celui de M, Desjardins, coniuie cclui de M. Beule sin- le I'eio- ponesc, que vous avez accuelUi avec la faveur nieritec par un nom deja populaire dans la science, rarnene- ront peul-elre davantage nos professeurs a I'elude du globe. Le ministre eclaire et ami des lettres, qui nous presidait I'an dernier, a voulu donner une place plus large aux etudes geographiques dans nos lycees, judi- cieuse id^e qu'il uc reste plus qu'a mettre serieuse- ment en pratique dans renseignoment. II faut pour cela que des habitudes nouvelles penetrent parmi les inaitres; il laut que le sentiment serieux de Tutilite de notre science favorite animc nos professeurs; il faut, en un mot, qu'ils deviennent geograplies eux-mfemes. A en juger par le petit nonibre de professeurs des lyc^es qui aj:)partiennent a notre Society, on serait tent6 de supposer qu'ils gardent encore pour la geo- grapbie quelque chose de riiidiirerence passee. Mais les progres, pour etre soiides, ne doivent s'accomplir que lentenienl, et nous preferons iaisser h; relour vers les etudes geographiques s'operer graduilleaient et sCireuient, que de le voir s'effecluer avec une preci- ]nlalion qui nous menacerait d'une reaction la- cheuse. Une predilection bien naturelle pour les chefs- d'u3uvre de I'anliquite ramene peut-etre Irop souveut nos professeui's a la geographie des anciens, el leur fait negliger celle des len)j)S m(;dernes. La geograpiiie ancienne doit demeurer surtuul le doinaine du iiaut enseigneaient. La geographic modernes'adresse a hnd ( 380 ) le momlo. C'esl ceile geographie que noire honorable president, iM. Lelebvre-Durune expriinait , il y a six niois, la pens^e de popiilariser par dos Irailes faciles et atlrajanls. Celle pensec a re^u un connnencenient d'ex^culion dans Ic cours dc celle annexe. Un ecrivain qui s'est voue lout enlier a rinstruclion populaire, M. Ed. Cliarlon, le fondaleur du Ma<^asiii pitioresque , a, sous le litre de Foyageurs anciens et modenies, donn6 un ouvrage plein d'inlerfit, qui r^cr^e et iiistruil a la fois. Les Irois volumes (]iii ont paru parlent aulant aux jeux par lours jolies planches, qu'a rinteiligence par la solidite de liur fond. Notre Soci6te ne peul qu'applaudir a un seinblable essai et encourager son eslimable auleur. Sans la connaissance de la geogra- phic. Messieurs, on ne saurait apprecier une loule de fails, el juger un grand nombrede problemes d'econo- mie politi(jue, de stalislique, d'hisloire, de droit des gens. Que de fois dans les feuilles periodiques ni&ine les pius eslimables, on s'aporQoil du delaut dc ces con- naissances cliez nous, et des tristes elfcts ar A. Favier, ancien inspecteur pe'neral des ponts et chaussees,ir>embrede la commission d'Egjpte Paris, i855. Br. in-S". M. A. F*viiii«. AMfiRlQUE. Report of explorations tor a railway route from the Mississippi river lo the Paiitic Ocean, by lieut. A.-W. Whipple, corps of topogr* engineers, i vol. in-8°. — Report of explorations for that portii)n of a radway route, lyinfj between Dona Ana, on the Rio Grande, and Pimas villages, on the Gda, by lieut. J.-G. Parke. U. S. A. corps topofr. eng. i vol. in-S". — Report of exploration of a route for the Pacific railroad, from the Red river to the Rio Grande, by brevet captain John Pope, corps topogr. eng. l vol. in-8". — He- port of .1 reconnaissance and survey in California, in connexion with explorations for a practicable railway route from the Missis- sippi river to the Pacific Ocean, by lieut. R. S. VVilliamsou. U, S. A. corps topogr. eng. i vol. in-S". — Report of exploration of a route for the Pacific railroad, from St Paul to Puget Sound. Ry I. I. Ste- wens, governor of Washington territory. I vol. in-8°. — Report of exploration of a route for the Pacific railroad, from the mouth of the Kansas lo Sevier river, in the Great Basin, by lieut. E. G. Beck- with, third .irtillery. i vol. iri-8° An examination by direction of the hon. Jefferson Davis, secretary of War, of the reports of explorations for radroad routes from the Mississippi to the Pacific, made under the orders of the War department in 1 853-1 854, a"J of the exploration made previous to that time, which have a bear- ( 391 ) Titles dcs ouvrages. Donateurs. ijig upon the subject, by captain A. -A. Humphreys at lieut. G.-K. Warren, corps topogr. eng. i vol. in-8°. — Reports of explorations anil surveys, to ascertain ihe most practicable and economical route for a railroad from the Mississippi river to the Pacific Ocean, made under the direction of the secretary of War, in i853-i854. Vol. I. in-4°. Le Seciietaire ije i.aGierre de Washington. Report and chaits of the cruise of the L'.-S. brig Dolphin, made un- der direction of the Navy department, by lieut. S.-P. Lee, U. S. N. Washington, 1854. i vol. in-8°. Le BdREAU o'oRDONJiANCE EX D'HYDKOGBAfHIE. Report of Jos. C.-G. Kennedy, superintendent of the Census for de- cember i, to which is appended the report for dccember 1, l85i. Washington, i853. 1 vol. in-8°. J. C. G. Kenhedt. Report on the geology of the coast mountains, and part of the Sierra Nevada : embracing tlieir industrial resources in agricul- ture and mining, i! broch. in-8°. M. le D' J.-B. Trask. The United States of North America and the immigration since 1790. A statistical essay. Br. in-8°. M. Loiiis Schade. Geographie des parties centrales de I'Amerioue du Sud, et parttcu- lierement de FEquateur au tropique du Caprlcorne, d'apres les documents recueillis pendant I'expedition exe'cutee par ordre du gouvernement franc^ais pendant les annees i843 a 1847^ de ftio de Janeiro a Lima, et de Lima au Para, sons la direction du comte Francis de Casteinau. ."1' et 6' livraisons. Paris, 1 855. In-f". M. P. Bertband. CARTES ET ATLAS. Carte topographique et militaire du royaume des Pays-Bas, levee par tes bfficiers de Tetat-major general a I'echelle de 1/25,000, et gra- vee a I'echelle du i/5o,ooo au bureau topographique da niinistere de la i^uerre. Les 11 premieres feuilles. La Haye, i855. Le MitiisrEHE db la guerre des Pavs-Bas, OUVBAGES GfiNElRAUX ET M^LAiNGES. Malte-Brun. — Geographie complete el universelle, on Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau, prece'dee ( 39-2 ) Titres ties ouvrages. Donateun. d'une histoire generale de la gtographie chez les peoples aiiciens et iiiodrrnes, et d'une iJipoiie griu-rnle de la {»prir»rapliie malhem:)- lique, physique et poliliqne, noiivclle edition, toiilinuee jusqu'a nos jours, d'apres le* documents scientifiques les plus recents, les derniers voyages et les dernieres de'couverles, mise a la portee des {;ens du monde, par V.-A Malte-Ri un Ills, professeur d'his- loirc et de geo{»raphie au culle'{;e Stanislas, etc. 8 vol. in-8°. M. V.-A. Malte-Bbus. Le.< cartes {jeoeraphiques a I'Exposition universelle de 1 855, par V.-A. Malte-Brun, redacteiir eu chef" des nouvelles Annales des voyages, etc. Paris, i855. Br. in-8°. M. V.-A. Malte-Bbuh. Rapport fait par M. SilLurmann a la Societe d'encourageinent, au noin du Comite des arts economiques, concernant des propo.«iiion«i relatives aux poids et mesures en general, i feuille in-4°. M. SlLRKRMAHN. Tableau dironolofjique comprenaiit 364 '^*^s d'ouragans cycloniques qui eurent lieu aux Indes occidentales et dans le nord de I'Atlan- lique, dans una periode de 362 annees, de i493 a i855. {Extrait des Nouvelles annales iles voyaijes^ octobre l8.'>.'>.} Andre Pobt. Observations sur les orages dans les montaynes des Pyrenees par M. Larligue, capitaine de vaisseau. (Extrait des comptesrendus des seances de I'Academie des sciences.) Br. in-4°. M. Labtigi'e. Lecture on the Camel, delivered before the Smithsonian Institution. Br. in-8°. G. P. Mabsh. Adress of professor A. D. Bache, president of the American Asso- ciation for the year i85i. Br. in-8°. A. D. Bachb. Cataloj^ue raisonne des produits cauadiens exposes a Paris en i855. Br. in-i3. M. Tache. Tableaux de population, de culture, de commerce et de navigation, formaot, pour I'annee 1 852, la suite des tableaux inse'res dans le.« notices statistiques sur les colonies francaises. Le Mimisteiik oe la mabi>k. .MEVroiHES, RECUEILS ET JOURNAUX PftRlODIQUES. Smithsonian conti ibutions to knowie.,r l!n::\i; '-•t- i:s()nssi: I) I M. I'AlVni: 1)1 SOI DAN HAi'Uf.s i)F,s i{K..\SKU;-\i:.iiiLM> >tti u:ai X i.i: ((Mm: ivr.s( \yii \( i»r i,.\n t iti: ;i(l (iliii- Ir -7 -luiii l»l.V>. ...- A- *J '^ .-■'• .y ^" y .. '/ J/.-./../. ^i. .1,-..'- /{,.„; />/"".' Ai.,,..,y».,-/A,i/.i, ,1,. Jr.- ■Z."^H"T/l>! ; i .111"'' oJ/,.c,/,„ Ai: lievlAIVau " " '* .'*1ij.l^iillnjj^n^AnirvJti:.^\ FfU^i^M k «;,-'^'' » ^^.«?^™i <■"-/'.■■«■■■' '"'■■'11''' ^ -//l, ■■SfSvniT \ ^-l'jf"'« I ' I J^ ./ ■ Oi»i,viir,,7»| ^o«"_H2^^' '^ >■-/,. . /^,. 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